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Full text of "L'Intermédiaire des chercheurs et curieux"

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L'INTERMEDIAIRE 


DES 


CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


Cherchez  et  vous 
trouverez 


aUiEauE 


Il  se  faut 
entr'aider 


LINTER 


DES 

CHERCHEURS  ET  CURIEUX 

FONDÉ  EN  1864 

CORRESPONDANCE    LITTÉRAIRE,    HiSTORiaUE    ET    ARTISTIQUE 
aUESTIONS    ET    RÉPONSES,    LETTRES    ET    DOCUMENTS    INÉDITS 

trouvailles    et    curiosites,    nouvelles    de    la  litterature, 

d'art,  d'Érudition  et  d'histoire,  offres  et  demandes, 

échanges,  liste  et  compte  rendu  des  ventes  publldues,  acquisitions 

et  mouvement  des  bibliotheciues,  des  archives, 

des  collections  et  des  musees 

COMMUNICATIONS  DIVERSES  A  L'USAGE  DE  TOUS 

LITTÉRATEURS  ET  GENS  DU  MONDE,  PROFESSEURS,  ARTISTES,  AMATEURS, 
BIBLIOPHILES,  ERUDlTS,  COLLECTIONNEURS,  ARCHEOLOGUES,  GÉNÉALOGISTES,  NUMISMATES,   ETC. 


40«  ANNÉE  -■  1904 


DEUXIEME  SEMESTRE 


PARIS 


VINJERMÉDIAIRE  DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 

:jl  bis.  RUE  VICTOR  MASSÉ,  3I   bis 


309 


L*  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o  de  chaque  mou.         10  Juillet  1904. 


40«  Année 

ïl»",r.  Victor  Massé 
PARIS  (l.V) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


QUiBQUB 


Cherehiz  et 

vous  trouverez 


n  s»  faut 
entr'aider 


N»^  1045 

3I»^  r. Victor Mas«« 
PARIS  (IX*) 

Bureaux:  de2à4heures 


tùxaxxe 


DES   CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fcndi   en   1864 


QUESTIONS    KT   RÉPONSES   LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES.   SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 
1 —^ .^ 2     -— 


Oîliteôtiouô 


Un  second  Villon,  coupe-bour- 
ses. —  Loys  Guyon,  dans  son  chapitre 
Des  couppe-bourses^  de  leurs  inventions  et 
sublilite^^  écrit  ces  lignes  : 

Les  histoires  françoises  parlent  d'un  Villon, 
qui  vivoit  environ  l'an  1540,  brave,  hardi  et 
bien  versé  en  ce  mestier,  tellement  qu'il  pas- 
soit  en  subtilité  de  coupe  et  hapebourse  tous 
ceux  de  la  France. 

Diverses  leçons.  1625.  III,  492. 

Qii'est-ce  que  ce  Villon  du  xvi«  siècle,  qui 
possédait  au  moins  l'un  des  deux  talents 
de  son  illustre  homonyme  ? 

Serait-ce  un  descendant  ? 

Candide. 

Sébastien   de  Luxembourg.   — 

Sébastien  de  Luxembourg,  duc  de  Pen- 
thièvre,  plus  connu  sous  le  nom  de 
vicomte  de  Martigues,  gouverneur  de 
Bretagne  et  grand  homme  de  guerre, 
fut  tué  au  siège  de  Saint-Jean-d'Angely, 
en  1569,  mais  à  quelle  date  exacte- 
ment ? 

Dom  Taillandier  {Histoire  de  Bretagne) 
dit  que  «  il  fut  blessé  le  20  d'octobre  d'une 
mousquetadeà  la  tète  dont  il  mourut  le 
même  jour  ». 

Suivant  Moréry,  il  aurait  été  '<  tué  le 
jp  novembre  i  569  >/. 

Du  Paz  (Maisons  illustres  de  Bretagne)^ 
dans  une  notice  très  détaillée,  dit  que, 
«  le  vingt  et  neufvicsme  de  novembre.^  le 
dit   sieur    de   Martigues....   fut    attainct 


à  la  teste  d'une  harquebusade  dont  il 
mourut  peu  de  temps  après  ». 

Peut-on  expliquer  ces  divergences  et 
fixer  la  date  vraie  ? 

Il  me  semble,  dans  tous  les  cas,  qu'elle 
doit  être  cherchée  postérieurement  au  18 
novembre,  car,  suivant  les  Mémoires  de 
Castelnau,  les  opérations  du  siège  furent 
coupées  par  une  suspension  d'armes  qui 
expira  le  dit  jour,  suspension  d'armes 
dont  parle  aussi  le  maréchal  de  Vieille- 
ville,  et  après  laquelle  seulement,  il  men- 
tionne la  mort  de  Martigues,  «  tué  d'une 
arquebuzade  par  la  teste  ».      P.  du  Gué. 

Le.s  drapeaux  des  Suisses  en 
EOÛt  1792.  —  D'après  une  brochure  pu- 
bliée à  Lucerne  en  1 821,  par  le  colonel 
Pfyffer  d'Altishofen,  l'un  des  survivants 
du  10  août  1792,  le  régiment  des  gardes 
suisses  occupait,  au  moment  de  la  révo- 
lution, les  casernes  de  Rueil  et  de  Cour- 
bevoie.  Appelé  une  première  fois  à  Paris 
dans  la  nuit  du  4  août,  il  regagna,  dans 
la  journée,  ses  deux  casernements. 

Le  8,  sur  les  huit  heures  du  soir,  il  fut 
rappelé  aux  Tuileries. 

Le  détachement  de  Courbevoie  n'em- 
porta que  le  drapeau  blanc  de  la  colonelle 
et  un  autre  par  bataillon.  Ceux  des  com- 
pagnies furent  enterrés  dans  les  caves  de 
la  caserne,  en  grand  secret,  par  l'aide 
major  Gébelin,  aidé  d'un  soldat. 

Les  compagnies  de  Rueil  s'étaient  con- 
tentées de  cacher  leur  six  drapeaux  dans 
le  jardin  de  leur  caserne,  où  ils  ne  restè- 
rent pas  longtemps.  Le  28  avril  1793,  la 

L.  1 


N'  1045, 


L'INTERMÉDIAIRE 


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municipalité  de  Rueil  les  apporta  à  la 
Convention.  Dès  le  12  août  1792,  le  dra- 
peau de  la  colonelle,  ramassé  par  un  fé- 
déré de  Nancy,  avait  été  remis  à  l'Assem- 
blée, qui  avait  décidé  que  cet  einblème 
serait  suspendu  à  la  voûte  du  temple  de 
la  liberté. 

Des  recherches  ont-elles  été  faites  pour 
retrouver  les  drapeaux,  enterrés  à  Cour- 
bevoie,  dont  la  place  est  tout  indiquée  au 
Musée  de  l'armée  .Mis  avaient  «  la  croi.x 
droite  blanche,  et  chaque  quartier  présen- 
tait quatre  llammcs  ondées, bleu,  tarquin, 
aurore,  noir  et  rouge,  convergeant  vers  le 
centre  du  drapeau.  Ces  Hammes  rappe- 
laient les  couleurs  des  cantons  catholiques 
qui  participaient  au  recrutement  du 
corps  ».  E.  M. 

Les  bonnes  fortunes  de  Mira- 
beau. —  Brissot.  qui  exécrait,  et  pour 
cause,  Mirabeau,  dit,  dans  ses  Mémoires, 
que  le  célèbre  tribun  avait  vécu  aux  dé- 
pens d'une  «  comédienne  laide  et  riche  » 
(la  Saint-Huberty),  et  qu'il  avait  dû  de 
sortir  de  Vincennes  à  une  \<  ex-princesse  », 
pour  laquelle  il  avait  trahi  la  femme  du 
gouverneur  de  cette  prison  d'Etat. 

Je  n'ai  pas  vu,  dans  le  livre  consacré 
par  Edmond  de  Concourt  à  la  Saint-Hu- 
berty, que  cette  grande  artiste  ait  jamais 
été  la  maîtresse  de  Mirabeau,  mais  qu'au 
contraire  celui-ci  avait  dirigé  le  plus  ter- 
rible des  pamphlets  contre  le  comte 
d'Entraigues,  mari  de  la  Saint-Huberty. 

Qiiant  à  1'  *<  ex  princesse  »,  c'est  évi- 
demment une  allusion  à  Mme  de  Lamballe 
dont  Mirabeau  se  prétendit  l'amant.  Mais 
dans  de  récentes  publications, entre  autres 
celle  des  Lettres  de  Sophie  de  Monuier 
parue  dans  la  Nouvelle  Revue  rétrospective 
(hélas  !  disparue),  M.  Cottin  fait  bonne 
justice  delà  fatuité  de  Mirabeau. 

N'était-ce  pas  d'ailleurs  le  péché  mignon 
du  grand  homme,  que  déposer  en  émule 
de  Faublas  et  de  s'attribuer  des  bonnes 
fortunes...  imaginaires  t  d'E. 

Robespierre  sur  la  charrette.'  — 
D'après  M.  Félix  Clércmbray  {la  Terreur 
à  Rouen)  un  journaliste  decette  ville, Noël, 
aurait  donné  ce  détail  de  l'exécution  de 
Robespierre,  détail  qui,  je  crois,  est  peu 
connu  : 

Maximilien,    le    visage    ensanglanté    pa 


reur.  Le  moderne  Cromwell  voulait  sans 
cesse  se  dérober  au  peuple  et  penchait  sa 
tète  sur  ses  genoux  ;  mais  l'exécuteur  le 
forçait  de  la  lever  et  de  fixer  les  regards  du 
peuple. 

N'est-ce  pas  là  un  tableau  fait  de  chic  ? 
je  serais  bien  surpris  si  l'exécuteur  s'était 
permis,  même  vis-à-vis  un  homme  peu 
digne  de  pitié,  cette  aggravation  de  sup- 
plice,presque  «  un  crime  inutile  », comme 
le  disait  volontiers  un  des  collègues  de 
Robespierre,  H.  Quimnet. 


Le  sans-culotte  Jésus.  —  C'est 
ainsi  que  Camille  Desmoulins  avait  cou- 
tume d'appeler  le  Christ. 

Chabot  dit  également, mais  à  la  tribune, 
que  Jésus-Christ  avait  été  «  le  premier 
sans  culotte  du  monde  ». 

D'autres  conventionnels  ont-ils  donné 
le  même  nom  au  fils  de  Marie  ?  Et  quel 
fut, en  somme, l'écrivain  ou  l'homme  poli- 
tique de  la  Révolution  quia,  le  premier, 
appliqué  au  Christ  cette  facétieuse  dénomi- 
nation f  Alpha. 

Quatremère  d'Isjouval  et  les 
araignées.  —  Au  commencement  de 
l'année  dernière, .M. Louis  Laroche  a  donné 
au  musée  de  l'armée  une  lithogra- 
phie représentant  Qiiatremère  d'Isjouval, 
frère  du  savant  antiquaire  Quatremère  de 
Quincy. 

A  cette  estampe  était  jointe  une  notice 
détaillée  établissant  que  : 

Quatremère  d'Isjouval,  grâce  à  des  prédic- 
tions atmosphériques  déduites  du  travail  des 
araignées,  annonça  à  Pichegru,  pendant  l'hi- 
ver de  1791,  la  venue  de  cette  gelée  terrible 
qui  retint  la  flotte  hollandaise  prisonnière 
dans  les  glaces  et  permit  aux  armées  françaises 
d'envahir  sans  coup  férir  les  Provinces- 
Unies. 

Cette  prédiction  me  paraît  une  pure 
fantaisie. Comment, à  très  longue  échéan- 
ce, la  marche  d'araignées  aurait-elle 
pu  faire  prévoira  distance  un  hiver  rigou- 
reux f 

11  ne  faut  pas,  en  eflfet,  oublier  que  c'est 
seulement  le  23  janvier  1795,  que  le  chef 
de  bataillon  Lahure,  à  la  tète  d'une  com- 
pagnie du  3^  tirailleurs  et  d'un  e.scadron 
du  S'  hussards,  détachés  de  l'armée  de 
Pichegru,   enleva   à    l'abordage  la  flotte 


ses  blessures, offrait  un  double 'sujet  d'hor-      hollandaise  forte   de  quatorze  vaisseaux 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Juillet  1904. 


5 


qui  était  immobilisée  dans  les  glaces  du 
Texel. 

Je  serais  curieux  d'avoir  l'opinion  de 
nos  collaborateurs  sur  les  araignées  pré- 
curseurs de  Jules  Capré.  E.  M. 

Bomarsund.  —  Pourrait-on  donner 
quelques  renseignements  sur  la  prise  du 
célèbre  fort  de  Bomarsund  par  la  flotte 
anglaise  et  l'armée  française  en  1854?  De 
quels  régiments  se  composait  la  division 
française  ?  Qiii  la  commandait  ? 

Dans  quel  ouvrage  trouverait-on  des 
renseignements  sur  cette  expédition  dans 
la  Baltique  ?  P.  F. 

Les  demoisellesResico  Lebreton 
et  Granjeao.  —  Dans  l'intéressant  re- 
cueil du  Curieux  publié  autrefois  par 
M.  Nauroy,  je  vois  cités  deux  rapports 
de  police  concernant  le  duc  de  Berry. 
Dans  l'un,  du  18  août  1814,  il  est  ques- 
tion d'une  actrice  nommée  Rcsico  Lebreton^ 
avec  laquelle  il  se  promène  à  Lille  et 
dont  il  a  des  enfants  ;  et  dans  l'autre, 
daté  du  6  octobre  1814,  il  est  question 
d'une  demoiselle  Granjean  qu'il  a  installée 
avec  ses  enfants  rue  des  Mathurins. 
n°  1 .  On  ajoute  qu'elle  a  quitté  la 
France  par  ordre.  N'y  a-t-il  pas  confu- 
sion avec  Mme  Brown  qui  habitait  la 
même  rue,  au  n"  15  ?  En  tout  cas,  quel- 
que savant  confrère  pourrait-il  me  donner 
sur  ces  deux  femmes  quelques  indica- 
tions ?  Vicomte  de  Reiset. 

Légendes  relatives  à  saint  An- 
toine de  Padoue.  —  A  l'occasion  de  la 
fête  de  saint  Antoine  de  Padoue,  célébrée 
ces  jours-ci,  un  brave  prêtre  de  campa- 
gne a  cité,  à  propos  de  ce  saint,  deux 
faits  qui  m'étaient  absolument  inconnus 
et  au  sujet  desquels  je  viens  consulter  les 
collaborateurs  de  V Intermédiaire  : 

i"  On  conserve  à  Padoue  les  reliques 
de  saint  Antoine  et  en  particulier  sa  lan- 
gue, qui  serait  l'objet  d'un  perpétuel  mi- 
racle :  elle  serait  encore  telle  qu'elle  était 
lors  de  la  mort  du  saint,  survenue  en 
123  I . 

2°  Saint  Antoine,  colonel  d'un  régi- 
ment portugais  qui  l'avait  spontanément 
mis  à  sa  tète  après  une  victoire  rempor- 
tée sur  les  Sarrazins,  aurait,  bien  que  re- 
tiré loin  de  ses  anciens  compagnons  d'ar- 
mes, conservé  le  titre  de  colonel  hono- 


raire de  ce  régiment  et  aurait  continué,  à 
ce  titre,  à  percevoir  sa  solde  qu'il  em- 
ployait à  des  oeuvres  charitables.  Enfin, 
cet  usage  se  continuerait  encore  de  nos 
jours  et  le  gouvernement  portugais  entre- 
tiendrait à  ce  titre,  clans  un  orphelinat, 
dix  jeunes  enfants  en  mémoire  des  servi- 
ces rendus,  il  y  a  près  de  s?pt  cents  ans, 
par  saint  Antoine. 

Ce  sont  là  sans  doute  de  pieuses  légen- 
des ;  mais  sont-elles  connues  et  admises, 
même  à  ce  titre  ?  G.  de  Massas. 

Voir  Intermédiaire  T.  G.,  801. 

Famille  Billecault.  —  Cette  famille 
est  originaire  de  Champagne.  Marie- 
Madeleine  Billecault,  dame  de  Viâpres  le 
Grand  et  le  Petit,  épousa,  au  xviu*  siècle, 
François  de  Noël.  Quelles  sont  les  armes 
de  cette  famille  Billecault  ? 

A.  DE  B. 

J.  H.   Bosc  de  la  Calmette.  —  Il 

fut  juge  de  paix  à  Maëstricht  et  ancien  de 
l'église  réformée  de  cette  ville,  en  1807. 
Quels  étaient  ses  prénoms  .?  A-t-il  laissé 
des  descendants  't  Etait-il  fils  de  Charles- 
François  Bosc  de  la  Calmette,  ministre 
plénipotentiaire  des  Etats  Généraux  auprès 
de  la  Confédération  Suisse  et  du  gouver- 
nement de  Neufchâtel  en  1748, qui  remplit 
aussi  des  fonctions  diplomatiques  en  Por- 
tugal et  en  Danemark  ^  XVI  B. 

François  Bosc, banquier  à  Lyon 
en  1672.  —  On  trouve  dans  le  tome  2 
de  la  2"  édition  de  la  France  Protestante  : 

Bosc,  famille  noble  du  Bas  Languedoc 

Laurent  (Bosc)  sieur  de  Saint-Clément,  né  le 
30  avril  et  baptisé  à  Montpellier  le  10  mai 
1672.  Parrain,  François  Bosc,  banquier  de 
Lyon .... 

L'enfant  était  fils  de  Laurent  Bosc  et  de 
Françoise  de  .Marc  de  la  Calmette,  mariés 
le  9  juin  1667. 

Je  serais  fort  désireux  de  connaître  le 
lien  de  parenté  qu'il  y  avait  entre  le 
parrain  et  le  filleul  —  qui  étaient,  évi- 
demment de  la  même  famille  —  ainsi 
que  tous  les  renseignements  que  l'on 
pourrait  avoir  sur  ce  banquier,  ses  ascen- 
dants et  ses  descendants.  XVI  B. 

Bussy-Dinteville.  —  On  désirerait 
savoir  pourquoi  Huberte-Renée  de  Bussy- 
Dinteville,  qui    épousa,    par  contrat   du 


N»     '045 


L'INTERMEDIAIRE 


8 


26  novembre  1634,  Jean  de  Mesgrigny 
chevalier,  vicomte  de  Troyes,  baron  de 
Vandœuvre,  conseiller  d'Etat,  etc.,  avait 
dans  ses  armes  un  quartier  de  Clermont- 
Tonnerre  et  un  autre  semé  de  France  à  la 
bande  de...  (sans  doute  Bourbon)  ? 

Le  jeton  d'alliance  frappé  à  l'occasion 
de  son  mariage  olTre  un  écu  parti  de  Mes- 
grigny qui  est  d'argent,  au  lion  de  sable  et 
de  Bussy-Dinteville  qui  est  parti  de  9 
traits  coupe  d'un  qui  font  S  quartiers.^  au 
i"  de  sable,  à  2  léopards  d'or  qui  est  Jan- 
court-Dinteville  ;  au  2  d'à:(ur,  à  deux  clefs 
adossées  et  passées  en  sjiitoir  d'argent.^  qui 
est  Clermont  ;  an  j  d'or,  à  ^  chabots  de 
gueules,  qui  est  Chabot  ;  au  ^  d'apir.,  au 
lion  d'or,  armé  et  lampassc  de  gueules, 
qui  est  Saux-Tavannes  ;  au  5  d'a;iur.^  semé 
de /leurs  de  lis  d'or  et  à  la  bande  de...  qui 
est,.,  au  6  ccarteléaux  i''et^  d'urgent. à  la 
fasce  de  gueules,  qui  est  Sainte-Maure  et 
aux  2  et  :î  de  gueules,  à  la  bande  d'or,  qui 
est  Châlon  ;  au  7  d'argent,au  lion  de  gueu- 
les, cour otiné  et  anné  d'or ,  lanipassé  d'azur., 
à  la  queue  nonce,  four chée  et  passée  en  sau- 
toir, qui  est  Luxembourg  ;  au  8  de  gueu- 
les, à  r étoile  de  16  rais  d'argent  qui  est 
des  Baux,  et  sur  le  tout  du  2»  parti,  ccar- 
Ulé  d'argent  et  d'azur,  qui  est  Bussy. 

Huberte-Renée  de  Bussy-Dinteville  était 
fille  de  Joachim-Antide  de  Bussy,  comte 
de  Brion,  seigneur  d'Eyria,  de  Crangeac, 
baron  de  Lorme,  et  de  Françoise  de  Saux- 
Tavannes. 

Joachim-Antide  de  Bussy  était  lui-même 
fils  de  Claude  de  Bussy  et  de  Antoinette 
de  Dinteville,  à  laquelle  son  frère  Joa- 
chim,  mort  sans  postérité,  avait  laissé  la 
terre  de  Lorme-Châlon.  T. 


Chenillion,  sculpteur.  —  La  cathé- 
drale et  le  musée  du  Mans,  la  ville  du 
Lude,  conservent  de  nombreuses  œuvres 
de  ce  sculpteur,  né  à  Auteuil,  18 10.  Des 
églises  de  Paris,  d'après  le  Dictionnaire 
des  arts  français  de  Louis  Auvray  et  de  la 
Chevignerie  en  posséderaient  aussi.  Mais 
ce  dictionnaire  renfermant  des  erreurs 
sur  certaines  œuvres  du  Mans,  je  crains 
qu'il  en  soit  de  même  pourcellesde  Paris. 
Aux  savants  intermédiairistes  de  rectifier 
et  de  compléter  si  besoin  est. 

Louis  Calendini. 


François  de  Claris  de  Florian, 
parent  du  fabuliste.  —  François  de 
Claris  de  Florian,  conseiller  en  la  Cour 
des  comptes,  aides  et  finances  de  Mont- 
pellier, dont  le  père  était  premier  prési- 
dent de  cette  même  cour,  épousa,  le 
13  mars  1734,  Marie-Jacquette  de  Bosc. 
fille  d'un  conseiller  de  la  même  juridic- 
tion. Ce  François  de  Florian  était,  paraît- 
il,  de  la  famille  du  fabuliste  ;  un  aimable 
collègue  pourrait-il  me  faire  connaître 
leur  lien  de  parenté  f  XVI  B. 

Pean  Croullardière.  — Je  recevrai 
avec  reconnaissance  les  renseignements 
concernant  la  vie  de  Pean  Croullardière, 
auteur  de  la  Muse  chasseresse,  1626,  de 
l'Instruction  d'un  prince,  dédiée  à  Anne 
de  Rohan,  duchesse  de  Chevreuse,  etc. 

Ch. 

Famille  Huguenot  de  Monlas.  — 

La  famille  Huguenot  de  Monlas  (peut-être 
de  Bordeaux)  vint  de  France  se  fixer  en 
Angleterre  après  la  Saint-Barthélémy. 

«John  Jean  Monlas,  maître-es-arts  » 
(Magister  Artium)  «  de  Bordeaux  en 
France  »  avait  le  même  grade  à  l'Uni- 
versité d'Oxford  en  Angleterre,  30  Octo- 
bre 1635. 

La  famille  de  Monlas  porte  :  Un  che- 
vron  engrelé  entre  trois  cors  de  chasse,  au 
milieu  du  chef  une  mollette.  ]q.  ne  sais  pas 
les  émaux  de  ce  blason  français. 

J'accepterais  avec  reconnaissance  les 
réponses  des  intermédiairistes  sur  l'origi- 
ne et  l'histoire  de  cette  famille  de  Monlas 
(Ardvoulan  Torquay,  Angleterre). 

Rév.  Edwin  Marriner. 

Loubet.  graveur.  —  Je  trouve  au 
bas  du  portrait  d'un  archiprêtre  de 
l'église  d'Ypres,  nommé  de  Roo,  mort  en 
1797,  les  signatures  du  peintre  Boudens 
et  du  graveur  Loubet.  A-t-on  des  rensei- 
gnements sur  ce  graveur  .?  est-il  de  la 
même  famille  que  le  président  actuel  de 

la  R.F  i  CÉSAR  BlROTTEAU. 


L'Espinasse  (de).  —  Lt  Dictionnaire 
de  la  Mayenne  de  M.  Angot  (II,  126)  ren- 
ferme sur  cette  famille  normande  quel- 
ques notes  que  je  prie  les  aimables  collè- 
gues de  y  Intermédiaire  d'augmenter.  Je 
désirerais  surtout  connaître  les  ascendants 
et  les  descendants  d'un  certain  «  citoyen 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet   1904 


10 


Lespinasse  »  qui  demeurait  à  Sainte- 
Suzanne  (Mayenne)  avant  1793  et  qui. 
depuis,  occupa  la  place  de  régisseur  des 
terres  du  duc  de  Praslin  à  La  Flèche. 

Louis  Calendini. 

Famille  de  Marc  de  la  Calmetta. 
— Où  pourrait-on  trouver  une  généalogie 
complète  de  cette  famille  î 

Dans  la  «  France  Protestante  »  2™'' 
édition,  tome  2  —  on  voit,  à  l'article 
Bosc  : 

Françoise  de  Marc  de  la  Calmette,  qui 
épousa,  le  9  juin  1667,  Laurent  Bosc  —  Jean- 
Louis  de  Marc  de  la  Calmette, représenté  par  son 
père  Marc-Antoine  de  Marc  de  la  Calmette, qui 
fut  parrain,  à  Montpellier,  le  19  août  1674, 
de  Jean-Louis  Bosc  (fils  de  Laurent  Bosc  et  de 
Françoise  de   Marc  de  la  Calmette  ci  dessus). 

On  lit  aussi  dans  V Armoriai  du  Lan- 
guedoc (L.   de   la    Roque)  tome,    I,  page 

Pierre  de  Marc  épousa  Claude  de  Canet 
dont  il  eut  Guillaume  et  Imbert  de  Marc  ;  ce 
dernier  se  marin,  le  20  mai  1560,  avec  Gil- 
lette d'Andréa  dame  de  la  Calmette  dont  il 
eut  :  Jean  de  Marc  de  la  Calmette,  enseigne 
dans  le  Régiment  de  Saint-Rémy,  lequel 
épousa,  le  28  mars  1607, Marguerite  de  Gines- 
tous  ;  il  en  eut  Antoine  de  Marc  s'  de  la 
Calmette.  Celui-ci  épousa,  le  22  mars  1653, 
Jeanne  Ricard  et  fut  maintenu  dans  sa  no- 
blesse par  jugement  souverain  du  5  janvier 
1670. 

Quel  était  le  lien  de  famille  qui  unis- 
sait entre  eux  tous  ces  Marc  de  la  Cal- 
mette .?  XVI  B. 

Un  portrait  de  Montluc.  —  Il  y  a, 

à  l'exposition  des  Primitifs,  n»  207,  un 
portrait  de  l'Ecole  de  Clouet  appartenant 
à  M.  Thiébaut-Sisson  et  indiqué  comme 
étant  le  portrait  de  Montluc. 

Toutefois,  il  y  a  un  point  d'interroga- 
tion. Une  personne  de  mes  amies  col- 
lectionnant les  portraits  de  Montaigne, 
croit  y  reconnaître,  au  contraire,  la  figure 
de  notre  grand  philosophe.  Quelqu'un 
d'autorisé  en  la  matière  pourrait-il  tran- 
cher la  question?  J.  V.  P. 

Jean  de  Roëll. — Jean  de  ou  de  la  Roëll 
estnéauxenvirons  de  Strasbourgen  Alsace, 
en  1594  environ.  Le  lieu  de  naissance  est, 
dit-on,  une  campagne,  nommée  «  Der 
Teùfel  ».  En  1614  environ,  Jean  était  étu- 
diant à  l'Université  de  Strasbourg.  Le  pré- 
nom du  père  est  inconnu.    La  famille  de 


Roëll  était,  d'après  la  tradition  de  famille, 
d'origine  française,  avait  quitté  sa  patrie 
avant  1545  et  résidé  quelque  temps,  de 
passage,  à  Genève. 

Tout  renseignement  sur  cette  famille, 
son  origine,  sa  généalogie,  sur  le  nom  du 
père  de  )ean,  sur  la  susdite  campagne  sera 
reçu  avec  remerciements. 

D".  Stephan  Kekule  de  Stradonitz. 

Famille  de  Willinghof  deChelles 
de  Ghellembersj.  —  Cette  famille  est 
originaire  de  Bavière.  Prière  de  vouloir 
bien  me  donner  des  renseignements  sur 
cette  famille  et  me  déterminer  ses  armes. 
Elle  est  alliée  aux  de  Zandt. 

A.  deB. 

Compositeurs  à  retrouver  (suite) 

(XLIX,  789). 

20  Amor  Tirannico  ;  Rome,  théâtre  Ga- 
pranica,  carnev.  171  3. 

21  Amor  Vendicato. Turin, Théâtre  Royal, 
carnevale   1688. 

22  Amori  d'Alidaura  ;  Piazzola  (près 
Padoue)  Th.  delle  Vargini,  1680. 

23  Amori  delusi  da  amore.  Turin,  car- 
nev. 1688,  texte  ital.  et  français. 

24  Al' Amori  di  Cefilo  e  d'Endimione, 
Lisbonne^  Palais  Royal,  22-10-1722. 

25  Amori infelici  felici  ;  Mantoue,  1698. 

26  Le  Ajnorose  Pazzie.  Milano,  168 1. 
Livret  de  F.  Leva. 

27  S.  Andréa  Corsini.  Ancône,  Ecoles 
ss.  Rosario,  17 19. 

28  Andromaca.  Vicence,  Théâtre  s<  delle 
Grazie  »,  automne,  1746. 

29  Angelicain  India,  Vicence,  1656. 

30  Angelico,  del  Pona,  avec  prologue 
et  intermèdes  de  musique,  Vérone,   1650. 

31  Anima  Pcenitens.  Venise,  Mendi- 
canîi,  1706, 

Marche  des  Portes  de  fer. —  Dans 

les  Récits  de  campagne  du  duc  d'Orléans, 
publiés  par  ses  fils, le  comte  de  Paris  et  le 
duc  de  Chartres,  la  lettre  du  2  novembre 
1839  dit  :  (ty?  suivre). 

Quand  je  passe  sous  la  porte  de  Bab- 
Azoum,  la  musique  du  2e  (léger)  fait  enten- 
dre la  marche  que  je  t'ai  envoyée  et  qui  a 
été  baptisée  :  Marche  des  Portes  de  fer. 

Pourrait-on  dire  ce  qu'est  devenue  cette 
marche  et  où  l'on  pourrait  la  retrouver  ? 

E.  G. 


N»  1045, 


L'INTERMEDIAIRE 


T  I 


12 


Ce  ne  sont  pas  l'3s  iieux,  c'est  son 
cœur  qu'on  habite.  —  De  qui  est  ce 
vers  : 

Ce    ne  sont    p.is  les  lieux,    c'est    son    c<eur 

[qu'on  habite  ! 

D"^  Cordes. 

Dictionnaire  des  termes  politi- 
ques. —  11  }'  a  quelques  années,  environ 
dix  ans,  a  paru  un  ouvrage  intitulé,  ou  à 
peu  près,  JDiciionnaire  on  Lexique  des  ter- 
mes de  la  langue  politique. 

Sait-on  quel  en  est  l'auteur  et  qui  l'a 
édité  ? 

L'ouvrage  est-il  encore  en  librairie  ? 

SOULGF.T. 

Éditeurs  ignorés.  —  Je  serai  re- 
connaissant aux  excellents  collaborateurs 
de  X Intermédiaire  de  me  dire  chez,  qui 
ont  été  édités  les  livres  suivants  : 

Tadot\  Frisemiiche  et  Patata,qui  est  un 
volume  de  Habeneck  ; 

Le  Palefrenier,  de  Rochefort,  œuvre 
tout  à  fait  supérieure  ; 

Comme  dans  un  miroir  :  roman  anglais 
dont  la  traduction  a  paru  dans  la  Nou- 
velle Revue,  il  y  a  environ  15  ans,  mais 
l'a-t-on  publié  en  volume  ? 

V.  J.  D. 

Lou  Lavament.  —  Sous  ce  titre  : 
Lou  Lavament,  conte  foirons,  per  Moussu 
Pouiringo,  apouthicari,  parut  à  Marseille, 
in-8°  en  18^4  «  une  gauloiserie  dont  le 
principal  mérite  est  l'originalité  des 
expressions  et  le  pittoresque  de  la  lan- 
gue, »  dit  Larousse  dans  son  dictionnaire. 
Lou  Lavament  eut  trois  éditions. 

Le  conte  est  un  peu  malséant  pour  être 
rapporté  dans  nos  colonnes  :  aussi  ne  le 
résumerai-je  pas  On  en  trouvera  d'ailleurs 
un  récit  dans  le  Dictiomiaire  Larousse.  Je 
demande  seulement  quel  est  ce  Poutringo, 
s'il  a  fait  d'autres  ouvrages,  et  ses  dates 
de  naissance  et  de  mort.  G. 

La  rue  et  le  nom  do  Courtalon. 

—  La  rue  Courtalon  est  une  des  plus  an- 
ciennes de  Paris.  Elle  va  de  la  rue  Saint- 
Denis  à  la  place  Sainte-Opportune.  Il  est 
généralement  admis  qu'elle  doit  son  nom 
à  un  certain  Guillaume  Courtalon,  qui 
possédait  deux  de  ses  maisons  vers  1550. 
Ne  serait-ce  pas,  au  contraire,  la  famille 


de  Guillaume  Courtalon  qui  aurait  pris  le 
nom  de  la  rue  ? 

Jadis  on  disait  de  certain3S  femmes 
qu'elles  avaient  les  talons  courts  pour 
expliquer  plaisamment  pourquoi  elles 
tombaient  à  la  renverse  avec  tant  de  faci- 
lité. Dès  le  XIV*  siècle,  cette  facétie  est 
populaire.  Au  xv%  en  feuilletant  V Evan- 
gile des  Qjienouilles,  je  ne  trouve  pas 
moins  de  quatre  filles  ou  femmes  surnom- 
mées de  la  sorte  :  Janne  Court-Talon, 
Belottc  Court-Talon,  Calle  Court-Talon  et 
Berte  au  Court-Talon.  (1)  La  plaisanterie 
avait  du  succès. 

Or  quelle  est  la  ruelle  parisienne  que 
le  peuple  avait  nommée  ainsi  ?  Précisé- 
ment une  rue  chaude,  qui  n'était  habitée 
que  par  des  filles  de  plaisir.  Guillaume 
Courtalon  portait  évidemment  le  nom  de 
sa  mère.  N'est-il  pas  juste  de  restituer  à 
celle-ci,  ou  à  l'une  de  ses  homonymes, 
l'honneur  d'avoir  baptisé  cette  vénérable 
rue  de  Paris  .?  Candide. 


Bornes  -  canons.  —  D'où  vient 
l'usage,  autrefois  très  répandu,  de  se 
servir  comme  bornes  chasse-roues,  dans 
certaines  voies,  de  petits  canons  ou  de 
couleuvrines  ?  Ne  se  servait-on  pas  éga- 
lement, comme  pieux  d'amarrage,  de 
canons  et  de  caronades,  hors  de  service, 
surtout  dans  les  ports  militaires  ? 

D'où  provenaient  ces  canons  et  ces 
couleuvrines  ainsi  employés  ?  Etaient-ils 
livrés  par  les  arsenaux  ?  Peut-on  citer,  à 
Paris  ou  ailleurs,  de  nombreux  exemples 
de  cet  emploi  des  canons  ou  couleuvrines 
comme  bornes  dans  les  rues  ?  Qiiels  sont 
les  ouvrages  où  cet  emploi  serait  signalé  ? 

G.  D. 


Les  trirèmes  de  Caligula.   —  On 

vient  de  retrouver,  au  fond  du  lac  de 
Nemi,  les  somptueuses  trirèmes  de  Cali- 
gula. Il  les  aurait  coulées  lui-même  .:  où 
se  rencontre  le  texte  précis  qui  prouve  cet 
événement  ?  A.   B.  X. 


(1)  Au  xviii*  siècle,  le  même  surnom  se 
donnait  encore  et  était  compris  du  public. 
Pâquette  Courtalon  est  un  personnage 
d'une  parade  de  Salle  :La  Vache  et  le  Veau. 


DES 


:ii£RCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet   1904 


Bonnes  villes  (XLIX,  889).  —  Le 
Traité  du  blason  de  Pautet  du  Parois  (édi- 
tion Roret)  dans  sa  5'  seéîion,  intitulée 
«  signes  distinctifs  de  la  noblesse  de  l'Em- 
pire »,  comprend,  à  la  page  187,  un  para- 
graplie  relatif  aux  Bonnes  villes  de  /*■■,  de 
2'  et  de  f  ordre  ;  dans  ce  paragraphe 
sont  détaillés  les  ornements,  différents 
pour  chacun  des  trois  ordres,  mais  com- 
muns à  toutes  les  villes  du  même  ordre, 
qui  surmontaient  l'écusson  présentant  le 
blason  particulier  à  chaque  ville.  Plus 
loin,  pages  217  et  218,  Pautet  du  Parois' 
donne  les  armes  particulières  de  treize 
%s  bonnes  villes,  ou  du  premier  ordre  » 
(Amsterdam,  Anvers,  Bruxelles,  Gênes, 
Hambourg,  Lyon,  Paris,  Aix-La-Chapelle, 
Brème,  Cologne,  Dijon,  Florence,  Parme). 

Viennent  à  la  suite  les  descriptions  des 
armes  d'une  «  ville  du  second  ordre  » 
(Asti)  et  d'une  '<  ville  du  3*  ordre  »  Neuf- 
château. 

Il  semble  y  avoir  contradiction,  car 
d'après  la  page  187,  il  semble  qu'il  y  eut 
trois  ordres  do  Bonnes  villes  ;  et  d'après 
la  page  217,  trois  ordres  de  villes,  celles 
du  1"  ordre  seulement  ayant  l'épithète 
de  «  Bonnes.  » 

Dans  le  même  ouvrage,  et  à  la  page  94, 
dans  la  partie  consacrée  aux  armoiries 
de  l'ancien  régime,  sous  le  titre  Code 
Héraldique^  titre  1,  chap.  II,  on  lit  : 

Article  1 1  .  Les  armoiries  de  villes  sont  celles 
que  les  cités,  au  moyen  âge,  lors  de  l'affran- 
chissement des  communes,  firent  graver  sur 
leurs  sceaux,  peindre  sur  leurs  bannières  et 
sculpter  au  fronton  de  leurs  hôtels  de  ville. 

Art.  12,  Ces  armoiries  sont  simples  ou  de 
patronage. 

Art.  13.  Les  armoiries  simples  des  villes 
sont  celles  qui  se  sont  conservées  dans  leur 
symbolisme  primitif,  telles  qu'elles  furent 
choisies  par  les  jurés  (;;/;-^/2)  de  la  commune. 

Art.  14.  Les  armoiries  composées  des  villes 
ou  de  patronage,  sont  celles  qui  portent  en 
chef  celles  du  souverain  comme  souvenir  de 
résistance  h  l'ennemi, ou  de  services  rendus  au 
prince  ou  à  l'Etat. 

Seraient-ce  ces  villes,  portant  en 
chef  de  leurs  armoiries  celles  du  souve- 
rain, auxquelles  était  réservé  le  titre  de 
bonnes  villes  .f*  V.  A,  T. 


'4 

# 
*  * 


U  est  des  villes  qui, en  différents  temps, 
ont  été  traitées  avec  plus  de  faveurs  que 
d'autres,  telles  sont  celles  que,  sous  l'an- 
cien régime, le  gouvernement  avait  quali- 
tiées  de  bonnes  villes. 

Cette  dénomination,  abolie  sous  la  Ré- 
volution, avait  été  ressuscitée  sous  Napo- 
léon et  conservée  sous  le  gouvernement 
de  la  Restauration  qui  avait  même  dé- 
terminé le  rang  que  ces  villes  devaient 
a\oir  entre  elles. 

Mais  cette  dénomination  de  bonne 
ville  est  aujourd'hui  tombée  en  désué- 
tude. 

La  première  ordonnance  royale  que 
l'on  trouve  (et  elle  a  été  précédée  par 
d'autres,  comme  il  résulte  du  texte  même 
de  cette  ordonnance),  est  du  2  octobre 
1314,  par  laquelle  Philippe  IV  appelle  à 
Paris  deux  ou  trois  notables  de  chaque 
bonne  ville  pour  régler  les  monnaies.  Cette 
ordonnance  donne  la  liste  de  quarante- 
trois  villes  qui  ne  sont  pas  rangées  d'après 
leur  importance  ;  la  liste  commence  par 
Compièane  et  finit  par  MontpeUier.  Paris 
n'est  pas  compris  dans  cette  liste,  puis- 
que la  réunion  avait  lieu  à  Paris  ;  sans  cela 
les  bonnes  villes  auraient  été  au  nombre 
de  44. 

Mais  Paris  était-il  une  bonne  ville  ? 
Nous  le  verrons  plus  loin  sous  Charles  Vl, 

en  1413. 

Dans  cette  liste  sont  compris  les  noms 
de  quatre  villes  de  Normandie  :  Caen, 
Bayeux.  Rouen  et  Dieppe  avec  le  rang  res- 
pectit  de  26%  28%  29*^  et  32^ 

Ces  notables  se  réunirent  à  Paris  le  _i" 
novembre  13 14,  et  décidèrent  de  faire 
prendre  la  vaisselle  d'argent  pour  avoir 
plus  de  matière  à  faire  la  monnaie,  avec 
défense  de  faire  de  la  vaisselle  d'argent 
pendant  onze  ans,  à  partir  de  ce  jour,  de 
façon  que  le  peuple  ait  de  bonne  monnaie 
(l'orthographe  des  mots  de  l'ordonnance 
n'est  pas  celle  usitée  en  1904). 

Le  12  mars  1310,  eut  lieu  à  Paris  une 
nouvelle  assemblée  des  députés  des  bonnes 
villes  et  en  conséquence  des  décisions  de 
cette  assemblée,  Philippe  V  établit  des 
capitaines  et  une  force  armée  dans  les 
villes  et  cités,  pour  le  maintien  de  la 
tranquillité  publique  dans  les  bonne^ 
villes  et  autres  du  royaume.  C'était 
comme  une  garde  nationale  dont  l'établis- 


N"  1045. 


L'INTERMEDIAIRE 


15 

mécontenta 


16 


vivement  les    sei- 


sement 
gneurs. 

Le  14  mai  1358,  sous  la  royauté  du  roi 
Jean,  et  la  régence  de  Charles  son  fils 
aîné,  nouvelle  mention  des  bonnes  villes 
dans  l'ordonnance  relative  au  recrute- 
ment des  gens  des  bonnes  villes  habiles 
pour  les  armes  et  qu'il  y  avait  lieu  de 
recevoir  comme  gens  d'armes,  pourvu 
qu'ils  soient  suffisamment  armés  et  mon- 
tés. 

En  141 3,  les  6  et  7  juillet,  sous  Char- 
les VI,  il  est  encore  fait  mention  des 
bonnes  villes  dans  les  lettres  par  lesquelles 
le  roi  et  le  dauphin  demandent  aux  pré- 
lats, nobles  et  bourgeois  des  bonnes  villes 
de  les  délivrer  de  l'oppression  où  ils  sont 
tenus  par  le  peuple  de  Paris. 

Paris,  en  141 3, était-il  une  bonne  ville  ? 

On  arrive  au  sénatus  consulte  du  8 
fructidor  an  X,  qui  désigne  les  villes 
dont  les  maires  seront  présents  à  la  pres- 
tation de  serment  du  citoyen  nommé  pour 
succéder  au  premier  consul. 

Les  villes  sont  au  nombre  de  24. 

La  i'"  est  Paris,  la  dernière  est  Nice. 

Les  villes  de  Normandie  sont  réduites  à 
deux  :  Rouen  qui  ocupe  sur  la  liste  le  5*^ 
rang  ;  Caen  qui  occupe  le  18*. 

Des  43  bonnes  villes  de  13 14,  sept 
seulement  sont  citées  sur  la  liste  de  l'an 
dix  :  ce  sont  : 

Toulouse  qui,  6^  en  13 14,  devient  12*= 
en  l'an  Dix  ;  Reims  qui,  20%  devient  iq*  ; 
Amiens  qui,  22*",  devient  2  1»  ;  Caen  qui, 
26*.  devient  18^  ;  Orléans  qui,  27%devient 
14*;  Rouen  qui,  29^  devient  5"=  ;  et  Mont- 
pellier qui,  43*,  devient  16^. 

Un  décret  du  3  messidor  an  12  (24 
juin  1804),  désigne  les  villes  dont  les 
maires  assisteront  au  serment  de  l'Empe- 
reur, en  exécution  de  l'article  52  du  séna- 
tus-consulte  du  28  floréal  an  12,  et  fixe 
leur  nombre  à  36. 

La  !'■''  est  Paris,  la  dernière  est  Nice. 

La  liste  contient  deux  villes  de  Nor- 
mandie : 

Rouen  avec  le  n°  5,  Caen  avec  le  n°  21 . 

Le  premier  mars  1808,  Napoléon  !*■■, 
visant  le  sénatus-consulte  du  14  août 
1806,  décrète  par  l'article  8  que  les  mai- 
res des  trente-sept  bonnes  villes,  qui  ont 
droit  d'assister  à  son  couronnement, 
porteront,  pendant  leur  vie,  le  titre  de 
baron. 

Je  n'ai  pu  retrouver  ce  décret   et   n'ai 


pu  savoir  qu'elle  était  la  ^7'  ville^  le  dé- 
cret de  1804  n'en  désignant  que  trente- 
six. 

Enfin  Louis  XVIll,  le  23  avril  1821, 
fixa  le  nombre  des  bonnes  villes  à  qua- 
rante et  indiqua  leur  ordre  respectif:  la 
r'  est  Paris,  la  dernière  est  Abbeville, 
Des  villes  de  Normandie,  deux  restent  sur 
cette  liste  :  Rouen  avec  le  5"  rang  et  Caen 
avec  le  quinzième. 

Les  sept  bonnes  villes,  que  nous  re- 
trouvons toujours  sur  les  quatre  listes, 
sont  -.Toulouse  qui,  la  6"  sur  la  liste  de 
1314,  est  la  12*  sur  la  liste  de  Tan  10,  la 
12®  sur  la  liste  de  l'an  12  et  la  8^  sur 
la  liste  de  1S21. 

Reims,  qui  occupe  dans  le  même  ordre 
les  20,  19,  35  et  26^  rangs, 
Amiens,  22-21 -17-1 1, 
Caen,  26-18-21-15. 
Orléans,  27-14-16-10. 
Rouen,  29-5-15-5. 
Et  Montpellier,  43-16-19  et  13. 
Outre  toutes  ces  décisions,  des  décrets 
de  1808,    18 10,    1816,    18 17,     1821    ont 
statué  à  titre  individuel. 

Les  43  villes  indiquées  en  1314  sont, 
d'après  leur  rang  :  1  Compiègne,2  Meaux, 
3  Mondidier,  4  Beauvais,  5  Pontoise,  6 
Toulouse,  7  Cahors,  8  Montauban,  9  Li- 
.moges,  10  Narbonne,  11  La  Rochelle,  12 
Saint-Jean  d'Angely,  13  Châlons,i4  Sens, 
15  Tours,  16  Laon,  17  Soissons,  18  Sen- 
lis,  19  Tournai,  20  Reims,  21  Arras,  22 
Amiens,  23  Saint-Quentin,  24  Chartres, 
25  Noyon,  26  Caen,  27  Orléans,  28 
Bayeux,  29  Rouen,  3oTroyes,  31  Nevers, 
32  Dieppe,  33  Aux,  34  Nîmes,  35  Albi, 
36  Poitiers,  37  Moissac,  38  Bourges,  39 
¥\gCit,  40  Clermont,  41  Béziers,42  Carcas- 
sonne,  et  43  Montpellier. 
Les  24  villes  de  l'an  X  sont  : 
I  Paris, 2  Lyon, 5  Bordeaux, 4  Marseille, 
5  Rouen, 6  Nantes, 7  Bruxelles, 8  Mayence, 

9  Anvers,  !0  Liège,  11  Lille,  \2  Toulouse, 
13  Strasbourg,   14  Orléans,  15  Versailles, 

10  Montpellier,  17  Rennes,  18  Caen,  IQ 
Reims,  20  Nancy,  21  Amiens,  22  Genève, 
23  Dijon.  24  Nice. 

Les  36  villes  de  l'an  XII  sont  : 
1  Paris, 2  Marseille, 3  Bordeaux,  4  Lyon, 
5  Rouen,  6  Turin,  7  Nantes,  8  Bruxelles, 9 
Anvers,  10  Gand,  11  Lille,  12  Toulouse, 
13  Liège,  14  Strasbourg,  15  Aix-la-Cha- 
pelle, 16  Orléans,  17  Amiens,  18  Angers, 
19   Montpellier,    20  Metz,    21    Caen,  22 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1904. 


17 


Alexandrie,  23  Clermont,  24  Besançon, 25 
Nancy,  26  Versailles,  27  Rennes,  28  Ge- 
nève, 29  Mayence,  30  Tours,  31  Bourges, 
32  Grenoble,  33  Larochelle,  34  Dijon,  35 
Reims,  et  36  Nice. 

Des  40  villes  de  1821  sont  : 

1  Paris,  2  Lyon,  3  Marseille,  4  Bor- 
deaux, 5  Rouen,  6  Nantes,  7  Lille,  8  Tou- 
louse, 9  Strasbourg,  10  Orléans,  11 
Amiens,  12  Angers,  13  Montpellier,  14 
Metz,  içCaen,  ib  Clermont,  17  Besan- 
çon, 18  Nancy,  19  Versailles,  20  Rennes, 
21  Tours,  22  Bourges,  23  Grenoble,  24 
Larochelle,  25  Dijon,  26  Reims,  27  Mon- 
tauban,28  Troyes,  29Nimes,  30  Antibes, 
31  Cette, 32  Carcassonne,  33  Avignon,  34 
^ux,  35  Pau,  36  Vesoul,  37  Toulon,  38 
Colmar,  39  Cambrai,  40  Abbeville. 

A.  Beaujour, 

Ambroise-Louise-Marie  d'Ho- 
zier,  chevalier,  vérificateur  des 
armoiries  près  la  commission  du 
sceau  en  1828,  et  la  famille  de 
Boscal  de  Réals  de  Mornac  (XLIX, 
726,  870,  918).—  M.  Hobby  trouvera  le 
nom  du  général  de  division  de  Boscal  de 
Réals  de  Mornac,  dans  YAnniiaire  de 
r Etat-major  général.  Le  général  de  Mor- 
nac, du  cadre  de  réserve, est  né  à  Beaufou 
(Vendée)  en  1830. 

La  famille  est  militaire  ;  il  y  a  six  offi- 
ciers de  ce  nom  à  Y  Annuaire.        A.  D. 

Monument  commémoratif  de  la 
Révocation  de  ledit  de  Nantes 
(XLIX,  385,  627,846,  909).  —  L'arc  de 
triomphe  du  Peyrou,  à  Montpellier,  a  été 
élevé,  par  les  Etats  du  Languedoc,  à 
Louis  XIV,  en  souvenir  de  la  Révocation 
de  l'édit  de  Nantes.  C'est  le  monument 
tout  entier  et  non  point  un  simple  mé- 
daillon, qui  est  commémoratif  de  cette 
malheureuse  décision. 

Pourrait-on  citer  d'autres  édifices  élevés 
pour  rappeler  et   glorifier  la  Révocation  ^. 

XVI  B. 

Régiment  de  May  (XLIX,  844,  915, 
973),  —  Indépendamment  du  régiment 
May  signalé  (colonne  916)  sous  le  rè- 
gne de  Louis  XV,  il  en  a  existé  un  sous 
le  règne  de  Louis  XIV. 

Celui-ci,  levé  en  Suisse  par  capitula- 
tion du  i^""  janvier  1690,  s'appela  d'abord 
Salis  jeune,  du  nom  de  son  premier  colo- 


nel, le   chevalier 


18    

de    Salis. 


En   1702    il 


change  de  colonel  et  de  nom,  le  nouveau 
colonel  est  Jean-Rodolphe  May  qui  reste 
à  sa  tête  jusqu'au  28  mai  1 7 1 5 . 

Devenu  alors  Du  Buisson,  puis  Dies- 
bach,  il  subsiste  jusqu'à  la  fin  de  1792, 
époque  à  laquelle  il  est  licencié. 

Sous  le  nom  de  régiment  de  May,  il 
fait  la  campagne  de  la  Guerre  de  la  Suc- 
cession d'Espagne  et  se  trouve  à  Ramillies, 
Malplaquet  et  Denain.  E.  G. 

Un  réquisitoire  célèbre  fXLIX, 
502,  636,  73^,  916).  —  [M.E.  Pinard 
contre  Gustave  Flaubert). M.  Ernest  Pinard, 
ancien  ministre  de  l'intérieur,  sous  Napo- 
léon III,  qui  a  requis,  comme  avocat  gé- 
néral, contre  Madame  Bovary.,  a  bien 
voulu  prendre  connaissance  de  la  question 
posée  dans  nos  colonnes,  sur  le  sentiment 
que  lui  inspire,  à  quarante-six  ans  de  dis- 
tance, le  célèbre  réquisitoire.  11  nous  fait 
l'honneur  de  nous  écrire  en  nous  ren- 
voyant aux  troisvolumesde  ses  Mémoires 
(Mon  Journal,  Dentu  éditeur),  qui  sont  de 
précieux  matériaux  pour  l'histoire  du 
second  Empire. 

«  Quant  aux  réponses  aux  questions 
posées,  nous  dit  M.  Ernest  Pinard,  elles 
me  semblent  avoir  été  faites  déjà,  dès 
1892,  dans  un  livre  fort  modeste  que  j'ap- 
pelais Mon  Journal.  » 

M.  Pinard  rappelle  que  ce  fut  le  subs- 
titut chargé,  au  service  central,  de  l'exa- 
men des  livres  et  des  journaux,  qui  si- 
gnala le  roman  Madame  Bovary  comme 
devant  être  poursuivi.  M.  Cordoën,  pro- 
cureur impérial,  avait  accepté  cet  avis,  et 
la  citation  avait  été  donnée  devant  la 
chambre  correctionnelle  où  M.  Pinard 
siégeait  comme  substitut.  L'affaire  sem- 
blait délicate  à  M.  Cordoën  ;  il  tint  à  lui 
exposer  les  motifs  de  sa  décision  :  «  Le 
roman  de  madame  Bovary,  lui  dit-il,  ré- 
vèle un  vrai  talent  ;  mais  la  description 
de  certaines  scènes  dépasse  toutes  mesu- 
res. Si  nous  fermons  les  yeux,  Flaubert 
aura  beaucoup  d'imitateurs,  qui  iront  au- 
trement loin  sur  cette  pente  ;  puis  la 
chambre  correctionnelle  vient  de  condam- 
ner les  Fleurs  du  mal,  de  Baudelaire, 
elle  a  infligé  une  amende  à  l'auteur  et 
ordonné  la  suppression  de  certains  pas- 
sages. Si  nous  nous  abstenons,  on  dira 
que  nous  ménageons  les  forts  et  les  chefs 
d'école  ;  que  nous  sommes  complaisants 


N*   1045. 


L'INTERMEDIAIRE 


'9 


20     


pour  les  nôtres,  inflexibles  avec  les  oppo- 
sants ». 

Baudelaire  avait  des  amis  parmi  les  ré- 
publicains et  Flaubert  était  fêté  chez  la 
princesse  Malhilde. 

Comme  M.  Cordoën  voyait  M.  Pinard 
hésiter,  il  lui  ofTrit  défaire  venir  l'aflfaire 
à  un  autre  jour  que  celui  où  il  occupait  le 
siège  du  ministère  public. 

<♦  J'étais  certain,  dit  M.  Pinard,  qu'en 
cas  d'acquittement  ou  de  condamnation, 
le  substitut  qui  porterait  la  parole  serait 
fort  malmené  ;  mais,  après  examen  du 
livre,  je  n'acceptai  pas  l'offre  de  mon  chef. 
Si  la  poursuite  était  inopportune,  elle  était 
fondée  en  droit  strict  :  je  pouvais  la  sou- 
tenir sans  blesser  ma  conscience  ;  céder 
la  place  à  un  autre,  parce  que  la  tâche 
était  ingrate,  parce  qu'elle  m'attirerait  des 
attaques  faciles  à  prévoir,  c'eût  été  faillir 
à  la  dignité,  je  ne  l'avais  point  fait  encore 
et  je  ne  voulus  point  commencer  ;  j'allai  à 
l'audience  et  je  ne  m'en  repens  pas.  » 

Telle  est,  exprimée  loyalement  et  nette- 
ment et,  après  bien  des  années,  l'opinion 
de  M.  Ernest  Pinard,  sur  son  rôle  dans 
une  poursuite,  qu'il  jugea  «  inoppor- 
tune »,  mais  «  fondée  en  droit  »,  et  qu'il 
n'eût  pu  se  refuser  à  soutenir,  qu'en 
se  dérobant  sous  le  poids  d'une  tâche 
ingrate. 

Le  texte  sténographié  du  réquisitoire, 
placé  en  tête  de  l'édition  de  Madame  Bo- 
vary^ (Charpentier  1874)  n'a  pas  été 
communiqué  à  M.  Ernest  Pinard  comm.e 
le  veut  l'usage,  aussi  n'estime- t-il  comme 
correcte  que  la  version  qui  figure  dans  ses 
Œuvres  judiciaires  (E.  Pédone-Lauriel, 
édit.  1  vol.  p.  135.)  M. 

Marquise  de  Favras  (XLIX,  834, 
971). — Le  comtede  Chastellux  (Notes  pri- 
ses aux  archives  de  l'Etat-civil  de  Paris,  p. 
413)  rapporte  l'acte  de  naissance  d'une 
fille  de  la  marquise  de  Favras.  Cependant 
ce  document  ne  sert  point  à  déterminer 
à  laquelle  des  branches  de  la  maison 
d'Anhalt  appartenait  cette  dame  puis- 
qu'elle y  est  nommée  tout  simplement 
Vidoire-Hedioige-Caioline  d' Aiiha It. 

E.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

J'ai  réuni,  en  vue  d'un  ouvrage  sur  le 
marquis  de  Favras,  un  grand  nombre  de 
documents,  qui  me  permettent  de  répon- 
dre avec  quelque  précision  aux  questions 


proposées  dans  le  numéro  du  10  juin  1904- 

1*  Le  petit-fils  de  Favras, von  Stillfried- 
Ratenic,  est  l'auteur  d'un  ouvrage  intitulé 
Thomas  de  Mahy,  marquis  de  Favras^  uni 
seine  Gemahline.  Ce  livre  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  nationale,  sous  la  cote  Ln  -"^ 
33029. 

j'en  possède  un  exemplaire,  que  j'ai  fait 
venir  de  Vienne.  Je  crois  pouvoir  affirmer 
qu'il  n'existe  pas  de  traduction  française. 
Qiiant  à  la  valeurhistorique  de  ce  travail, 
elle  est  beaucoup  moins  considérable  que 
je  ne  l'avais  pensé  :  il  s'y  trouve  pourtant 
un  grand  nombre  de  détails  intéressants, 
et  qui  m'ont  paru  exacts. 

2"  La  participation  du  comte  de  Pro- 
vence au  complot  de  Favras  n'est  pas 
douteuse  :  les  indices  et  les  preuves  de 
cette  complicité  sont  fort  nombreux,  bien 
qu'empruntés  à  des  textes  de  valeur  di- 
verse. 

Je  me  contenterai  de  signaler  l'opinion 
de  Robespierre,  exprimée  dans  la  séance 
de  la  Constituante  du  15  juillet  1791,  les 
mémoires  du  marquis  de  Maleissye,  les 
mémoires  de  Thiébault,  les  mémoires  de 
Barère. 

Un  document  fort  suggestif  à  ce  sujet, 
c'est  un  récit  du  marquis  de  Sémonville, 
publié  par  le  comte  d'Hérisson  dans  son 
livre  intitulé  :  Autour  d'une  révolution. 
Ce  récit,  qui  est  postérieur  de  plus  de 
quarante  ans  aux  événements,  doit  d'ail- 
leurs être  examiné  de  très  près,  comme 
les  textes  cités  plus  haut. 

La  conduite  du  comte  de  Provence  au 
moment  de  l'arrestation  de  Favras  confir- 
me pleinement  les  indications  des  textes. 

3"  Je  ne  me  suis  pas  encore  occupé  de 
fixer  les  sommes  reçues  par  la  veuve  de 
Favras. 

J'ai  du  moins  noté  quelqueschifTres, qu'il 
me  semble  jusqu'ici    difficile  d'accorder. 

Suivant  Mme  Campan,  qui  est  une  au- 
torité peu  sûre,  Alarie-Antoinette  aurait 
donné  à  Mme  de  Favras  «  quelques  rou- 
leaux de  cinquante  louis  /,. 

Suivant  Stillfried-Ratenic,  Louis  XVI 
aurait  envoyé  à  la  veuve  du  marquis  une 
somme  de  30.000  francs. 

Je  n'ai  pas  encore  rencontré  dans  un 
texte  digne  de  foi  le  chiffre  de  400.000 
livres,  qui  me  parait  très  exagéré.  Je  ne 
sais  où  le  Dictionnaire  LarousscVâ  pris. 


E.  Le  Gallo. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet    1904. 


21 


Mémoires  du  roi  Louis  de  Hol- 
lande (XLIX,  828,  887,  913).  —  Ce  n'est 
pas  dans  une  lettre  écrite  après  la  mort 
de  son  fils  aîné,  c'est-à-dire  en  1831.  que 
le  roi  Louis  pouvait  dire  «  Foilà  trois  ans 
que  J'ai  qitiiiJ  la  reine,  »  cela  n'eût  rien 
prouvé.  11  doit  y  avoir  erreur  de  date 
dans  cet  article.         César  Birotteau. 

ComplicQS  de  l'attentat  du  prince 
Louis-Napoléon  à  Strasbourg  (XLVl; 
XLIX,  512,  653,  858).  —  A  propos  de 
Mme  Gordon,  la  célèbre  cantatrice  qui  a 
pris  part  à  l'attentat  de  Strasbourg,  un 
mot,  en  passant,  sur  Louis  Blanc.  Cet 
illustre  petit  bout  d'homme  a  été,  comme 
on  sait,  du  dernier  bien  avec  la  chanteuse. 
Il  l'a  beaucoup  aimée.  Ça  été  même  au 
point  que,  ne  faisant  d'ordinaire  que  de 
la  prose,  la  passion  qu'il  éprouvait  pour 
elle  l'a  poussé  jusqu'à  faire  des  vers. 
Entre  nous  soil  dit  et  sans  que  je  veuille 
égratigner  sa  mémoire,  il  faut  convenir 
qu'ils  ne  valaient  pas  le  diable,  ces  vers, 
Parmi  ces  chants,  dont  quelques-uns  ont 
été  publiés,  on  en  a  arrêté  un  au  passage 
d'une  structure  à  part.  C'était  une  ro- 
mance dont  la  belle  avait  composé  la 
musique  et  qui  avait  pour  refrain  ce  cri 
du  cœur  dans  lequel  on  trouve  une  allu- 
sion à  l'art  professé  par  la  dame  : 

Chantez,  ma  maîtresse,  chantez  1 
J'ai  eu  la  pièce  entière  entre  les  mains. 
Bien  mieux,  il  m'a  été  donné  de  l'entendre 
moduler  sur  le  piano,  mais  je  n'ai  pu  en 
retenir  que  quehjues  bribes.  Ce  lambeau, 
par  exemple,  m'est  resté  dans  l'esprit,  où 
l'imberbe  historien,  se  met  à  adorer  la 
conspiratrice  : 

Du  Temps  êtes-vous  la  courrière 
Q^ii  dit  les  nouvelles  des  deux 
Ou  bien  quelque  folle  ouvrière 
De  mensonges  délicieux  ? 

Chantez,  ma  maîtresse,  chantez  1 

Mais  je  retrouve  en  moi,  après  soixante 
ans,  dans  les  replis  du  souvenir,  un  cou- 
plet non  tronqué.  A  la  vérité,  c'est  une 
strophe  bizarre,  curieuse,  bien  typique 
des  temps  bigarrés  que  nous  traver- 
sions, (les  dernières  années  du  règne  de 
Louis-Philippe.)  En  cette  sorte  d'élégie 
l'auteur  de  \' Histoire  de  dix  ans  mélan- 
ge à  dose  égale  l'amour  et  la  politique. 
11  chante  la  femme  qu'il  cultive  et  il  sti- 


pule pour  les  grands  principes  de  la  Ré- 
volution. Spectacle  peu  commun  :  l'en- 
cens à  la  musicienne  et  le  reproche  fait 
aux  masses  populaires  qui  ont  oublié  la 
première  République  (1844- 1847).  Au 
surplus,  voici  le  morceau  dans  sa  teneur 
exacte  : 

Je  hais  le  vulgaire  sans  gloire. 
Du  peuple  inutile  héritier, 
11  a  renié  la  mémoire 
Et  le  peuple  est  mort  tout  entier. 
Du  moins  que  de  sa  voix  chérie 
Les  échos  soient  ressuscites  : 
Allons,  enfants  de  la  patrie . ,. 
Chantez,  ma  niaitresse,  chantez! 

Les  échos  de  la  voix  chérie  du  peuple, 
quand  il  chante  l'hymne  des  combats  que 
dites-vous  de  ça  en  tant  que  madrigal  t  Ça 
me  rappelle  qu'en  1881,  dans  un  dîner 
du  Voltaire,  donné  par  Jules  Laffitte,  Au- 
rélien  SchoU  et  moi,  collaborateurs  du 
journal,  nous  avions  à  parler  du  chant 
sublime  de  Rouget  de  l'Isle  et  que  nous 
étions  tombés  d'accord  sur  cette  formule  : 
«  Le  peuple  n'a  jamais  su  qu'un  couplet 
de  la  Marseillaise  et  il    le  sait  mal.   » 

Mais  je  reviens  vite  à  Louis  Blanc  et  à 
Mme  Gordon.  L'association  des  colères 
démocratiques  et  de  la  tendresse  pour 
une  femme,  ces  sortes  de  choses  ne  se 
comprendraient  pas  en  1904,  mais,  avant 
1848,  quand  la  ferveur  révolutionnaire 
était  à  la  mode,  ça  ne  souffrait  aucune 
difficulté.  Le  même  mécanisme  d'idées  si 
dissemblables  se  voit  déjà  dans  les  Roa- 
ries  de  Trialph,  le  fameux  roman  de 
Charles  Lassailly.  La  même  rhétorique 
peut  être  constatée  dans  les  drames  de 
Félix  Pyat  et  dans  ceux  d'Emile  Souvestre 
et  de  Félicien  MallefiUe.  C'était  aussi  ce 
qui  se  vo\'ait  dans  les  romans  de  George 
Sand  et  d'Auguste  Luchet,  d'abord,  et, 
bientôt  après,  dans  les  grands  récits 
d'Eugène  Sue.  Chez  tous,  alors,  grands 
et  petits,  la  consigne  était  de  tout  faire 
converger  au  triomphe  de  la  Républi- 
que 

Pour  en  revenir  à  Mme  Gordon,  il  me 
semble  bien  que  la  liaison  dont  je  viens 
de  parler  avait  été  rompue,  mais  douce- 
ment, à  la  veille  de  la  Révolution  de  Fé- 
vrier. Personne  n'ignore,  du  reste,  qu'à 
dater  de  ce  mouvement,  Louis  Blanc, 
fortement  compromis  dans  la  journée  du 
15  mai,  a  été  emporté  par  l'orage  et  jeté 
sur  les  côtes  d'Angleterre,   d'où  il  n'est 


N*  1045 


L'INTERMEDIAIRE 


23 


24 


revenu,   mais  triomphalement,    qu'après 
Sedan.  Son    exil,   d'ailleurs   entièrement 
consacré  à  l'étude  et  à  des  travaux  histo- 
riques, a  été  aussi  digne  que  glorieux. 
Philibert  Audebrand. 


Lieu  de    naissance    du   duc   de 

Morny(XLlX,  164,  281,341,  405,  509, 
792,  914).  —  La  paternité  du  général  de 
Flahaut,  imputée  à  Talleyrand,  n'a  rien 
d'invraisemblable,  car  le  mariage  d'Adé- 
laïde-Marie-Emilie Filleul,  à  l'âge  de  18 
ans,  avec  le  maréchal  de  camp  Charles- 
François  de  Flahaut,  âgé  de  51  ans,  ma- 
riage célébré  à  Saint-Jacques-du-Haut-Pas 
ie  30  novembre  1779,  ne  fut  pas  de  lon- 
gue durée,  et  les  relations  de  la  comtesse 
de  Flahaut  avec  Talleyrand  sont  conco- 
mittantes  avec  la  naissance,  en  1785,  de 
l'enfant  qui  devait  être  l'amant  de  la 
reine  Hortense  et,  par  elle,  le  père  du  duc 
de  Morny,  avant  définir  grand  chancelier 
de  la  Légion  d'honneur.  On  voit  que  Cu- 
pidon  mène  à  tout  ! 

Toutefois,  ce  n'est  pas  Adélaïde-Mârie- 
Emilie  Filleul  qui  serait  «  née,  dit-on, 
d'une  passade  de  Louis  XV  »,  c'est  sa 
sœur  ainée,  Marie-Françoise-Julie-Cons- 
tance  Filleul,  née  à  Falaise  en  1751,  qui 
devint  marquise  de  Marigny.  La  naissance 
d'Adélaïde-Marie-Emilie  Filleul,  surve- 
nue rue  du  Mail,  en  1761,  a  été, avec  plus 
de  vraisemblance,  attribuée  au  fermier- 
général  Bouret,  qui  fut,  du  reste,  son 
parrain. 

Toute  cette  filiation  des  Filleul  a  été 
minutieusement  élucidée  dans  une  confé- 
rence faite,  le  18  juin  1904,  à  la  mairie  de 
Passy,  par  M.  Félix  Bouvier,  le  savant  et 
scrupuleuxhistoriendeBonaparte  en  Italie, 
devant  la  «  Société  historique  de  l'arron- 
dissement, »  étude  ayant  pour  titre  :  Une 
concierge  de  Passy  en  Van  //.  Cette  confé- 
rence avait  précisément  pour  objet  la  fa- 
mille Filleul,  concierges  de  père  en  fille, 
des  châteaux  royaux  de  France, chargés  de 
tenir  la  chandelle  aux  hauts  et  puissants 
seigneurs  desdits,  quand  ils  en  montaient, 
à  la  nuit,  les  larges  escaliers  de  marbre. 

Alfred  Duqj'et. 


Erratum. —  Dans  la  réponse  de  C.d'Ar- 
juzon,  XLIX,  405,  ligne  20  et  29,  lire 
Prégny  et  non  Régny, 


Arbres  de  la  liberté  encoreexis- 
tants  (XLIII  ;  XLIV  ;  XLIX,  607.  772, 
858,  916).  —  Sur  une  place  de  l'église  de 
Saint-Aubin,  canton  de  Nolay,  on  voit 
un  superbe  peuplier  qui  est  l'arbre  de  là 
liberté  planté  en  1848.  Il  mesure  trois 
mètres  de  circonférence  à  1'°  50  c/m  du 
sol.  Dr  Lejeune. 

Armes    de   le    Galois   d'Aulnoy 

(XLIX,  898).  —  Il  s'agit  de  la  famille 
d'Âulnoy  ou  à' Aunoy^  dont  les  membres 
prirent  le  surno'.ii  de  :  Je  Galois  à  partir 
du  xiv''  siècle. 

Ses  armes  anciennes  étaient  :  d*or,  ait 
chef  de  gueules,  chargé  d'une  molette  de  sa- 
ble, an  canton  dextre. 

A  la  suite  d'une  alliance  avec  la  famille 
de  Montmorency  au  xiv*  siècle,  elle 
adopta  pour  armes  :  d'or,  au  chef  de  gueu- 
les^ à  l'écusson  de  Montmorency  au  canton 
dextre  du  chef,  irisé  d'une  molette  de  sable 
au  /'■■  canton. 

Jacqueline  d'Aunoy\  née  en  1475,  et 
femme  de  Jean  de  Maricourt,  seigneur  de 
Mouchy-le-Chàtel,  fut  l'une  des  dernières 
représentantes  de  cette  famille. 

E.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Armoiries  à  déterminer  :  de  gueu- 
les, au  château  de...  (XLIX, 617,  750, 
876). —  La  présence  du  chef  d'azur, à  trois 
fleurs  de  lis  d'or,  ne  me  laissait  pas  de 
doute  sur  l'appartenance  de  ces  armoiries  à 
uneville.Lechâteau  sur  champ  de  gueuleâ 
me  renseignait  bien  sur  Castellane  la  Vail- 
lante, mais  aucun  des  ouvrages  spéciaux 
sur  les  armoiries  devilles  n'attribue  à  Cas- 
tellane le  chef  fleurdelisé...  Je  le  trouve 
enfin  dans  Achard  reproduit  par  l'abbé 
Feraud.Donc  c'est  Castellane(Basses-Alpes) 
qui  porte  :  de  gueules,  an  château  sominéde 
trois  tours  d'argent  ;au  chef  d'a:{ur,  à  trois 
flairs  de  lis  d'or.  A.  S..E. 

Armoiries  à  déterminer  :  aux  1 
et  4  de  sable,  fretté  d'argent  (XLIX, 

898).  —  Le  i^'r  et  le  4'  «  de  sable  fretté 
d'argent  etc.  »  est  de  Champagne  au  Maine, 
anciennement  Mathéfelon,  le  2"  et  le  3* 
Laval  (branche  de  Loué).  Sur  le  tout  : 
Parti  d'a:(ur.^à  la  bande  d'argent,  accompa- 
gnée de  2  bandes potencées  et  contrepotencéei 
d'or.^  qui  est  des  comtes  de  Champagne, 
et  d'azur,  semé  de  fient  s  de  Us  d'or.,  au  lion 
*  d'or.<\vi\  est  des  comtes  de  Brienne, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


26 


10  Juillet  1904. 


Ces  armes  sont  celles  de  la  famille  de 
Champagne  a»  A/rt?'/!^  qui  a  pris,  sur  le 
tout,  celles  des  comtes  de  Champagne. 
La  filiation  de  cette  maison,  les  raisons 
pour  lesquelles  elle  porte  ces  armes  com- 
pliquées seraient  longues  à  expliquer  ici. 
Descendant  des  Champagne  par  les  femmes, 
je  me  tiens  à  la  disposition  du  question- 
neur. Ses  branches  ont  été  nombreuses. 
J'ignorais   Harduine.  dame  de  Vieuxpont. 

Renault  d'Escles. 


—  Les  armes  données  par  notre  col 
lègue  me  semblent  être  celles  de  Brande- 
lis  de  Champagne,  marquis  de  Villaines 
la  Juhel,  fils  puîné  de  Gaspard  de  Cham- 
pagne, comte  de  la  Suze,  et  de  Françoise 
de  Laval-Lezay.  Celle-ci,  fille  de  Gui  I  de 
Lezay  et  de  Claude  de  la  Faille,  avait  été 
épousée  le  26  mai  1547. 

Ce  fut  Brandelis  qui, le  26  février  1609, 
conduisit  le  deuil  de  Gui  XX  de  Laval, 
mais  il  n'hérita  pas  de  la  terre  de  Laval 
échue  à  Henri  de  la  Trémoille. 

Les  msa  Clairambault  (2 120) conservent 
Un  sceau  de  Brandelis,  antérieur  à  l'érec- 
tion de  Villaines  en  marquisat  ;  il  pré- 
sente un  écu  écartelé  :  aux  i  et  ^  un  fretté 
sous  un  chef  au  lion  issant  ;  aux  2  et  3  de 
Laval  :  d'or,  à  la  croix  [de  gueules]  chargée 
de  cinq  coquilles  [d'argent]  et  cantonnée  de 
sei:(e  alérions  [d'apir]^  ^  à  chaque  canton  \ 
sur  lé  tout  un  écusson  à  la  bande  coticée^po- 
tencée  et  contre-potencée,  parti  d'une  demi- 
croix  vidée,  clcchée  et  potnmetêe.  L'em- 
preinte est  d'avril  1586. 

Les  sceaux  de  son  père  de  1 548  et  1556 
(2124-2125J  ne  portent  que  le  fretté  sous 
un  chef  au  lion  issant,  armes  de  cette 
vieille  famille  dont  l'origine  n'est  pas 
éclaircie,  qui  se  rencontre  au  Maine  dès  le 
xiii''  siècle,  et  qui  est  bien  connue  au  pays 
fiéchois  par  ses  prouesses  et  ses  procès. 
Elle  s'est  éteinte,  croyons-nous,  au  xviii* 
siècle.  Louis  Calendini. 


Arinoir'es  à  déterminer  :  d'or  au 
bouquetin  de  sable  (XLIX,  898).  — 
Les  familles  Almentz,  Berneck,  Bouquet, 
Ramensperg  portaient  les  armes  au  bou- 
quetin demandées.  LaCoussière. 


Un  document  runique  (XLIV).  — 
Il  a  été  posé  une  question  de  Louis  de 
Lutèce  sous  ce  titre    et    ainsi  conçue  : 

Le  Vova^re  au  centre  de  la  terre  de  Jules 
Verne  débute  plr  la  traduction  d'un  docu- 
ment runique.  Je  me  souviens  avoir  entendu 
parler  d'un  ouvrage  intitulé  :  La  tête  de  Mi- 
ner ou  de  Minerve, (\\x\  commence  par  le  dé- 
chiffrage d'un  document  écrit  sur  peau 
humaine.  Quel  est  le  titre  exact  du  second 
ouvrage  et  le  nom  de  l'auteur  ? 

Le  titre  donné  à  cette  question  a  pu 
égarer  les  recherches.  Je  me  rappelle 
aussi  avoir  lu  les  premières  pages  du 
second  ouvrage,  mais  j'en  ai  oublié  le 
titre  exact.  Je  crois  toutefois  me  souve- 
nir que  la  similitude  des  données  a  été  là 
cause  d'un  procès.  Un  de  nos  collabora- 
teurs, certainement,  me  rappellera  ce  fait. 

Ch.  Ratier. 


Familles  de  Guyenne,  Gascogne 
et  Languedoc  (XLIX,  504,  645).  —  Si 
je  ne  m'abuse,  Sobiac  doit  être  une  erreuf 
de  transcription  pour  Scoj'biac.Il  existe  en 
effet,  à  Montauban,  ville  principale  du  bas 
Qiiercy  qui  faisait  partie  de  la  Guyenne  — 
une  famille  de  Scorbiac —  on  a  écrit  aussi 
d'Escorbiac-dont  le  nom  patronymique  est, 
je  crois,  Delbreil.  A.  S..E. 

Maisons d'Estouteville  (XLlX,898) 
—  Je  lis  dans  Suite  à  Vessai  sur  Vai"^ 
mariai  de  V ancien  diocèse  du  Mans 
p.  130: 


•  > 


ESTOUTEVlLLE(à'),  très  ancienne  et  illus- 
tre famille  de  Normandie  connue  au  x'  siè- 
cle. Plusieurs  branches  :  celle  du  Boucliet 
a  commencé  avec  N d'Estouteville,  sei- 
gneur du  Lude.  au  î^Iaine,  1417  ;  celle  de 
Villehon  était  alliée  avec  la  Ferrière-Tessé  : 
hurelè  d'argent  et  de  gueules  de  dix  pièces^ 
au  lion  de  sable,  hrocliant  sur  le  tout,  armé, 
lar.i passé  et  couronné  d'or  (La  Ch  [enaye]j ^ 

Je  ne  puis  préciser  l'origine  de  cette 
famille  dont  un  membre,  Robert  d'Estou- 
teville, fut,  au  xv^  siècle,  allié  à  la  famille 
d'Ambroise  de  Loré.mais  je  puis  du  moins 
affirmer  qu'en  1417  la  famille  d'Estoute- 
ville ne  possédait  pas  Le  Lude.  Cette  sei- 
gneurie appartenait  à  Alarie  d'Orange, 
veuve  de  Jean  de  Vendôme  et  épouse  de 
Thomas  Le  Moyne.  Sur  la  famille  de  là 
Ferrière-Tessé,  cf.  Cauvin,  Essai  sur  l'Ar- 
moriai^ P-  91'  Louis  Calendini, 


N"  1045. 


L'INTERMÉDIAIRE 


27 


28 


Familles  delaBnmière,  de  Ray- 
neval,   d'Angennes,    de     Girardin 

(XL1X,838,  977).  —  Une  famille  Bnilhv 
de  la  Bruniète^  originaire  de  Sézanne,  qui  a 
donné  un  évêque  de  Mende  et  un  mission- 
naire tué  sur  les  bords  de  l'Amour  en  1846, 
portait  :  d'a^itr^  an  chevron  d'or^  accompa- 
gné de  )  feisde  lance  d'argent  {Annuaire de 
la  noblesse  de  France,  1869  Comptant).  Elle 
était  encore  représentée  en  1900. 

Un  ISivelbon  de  h  Brnnicre  se  maria  en 
1887  :  je  n'en  connais  pas  les  armes. 

Pour  Rayneval.^  il  y  avait  une  famille 
de  ce  nom,  qui  a  donné  un  grand  pane- 
lier  de  France,  mais  elle  s'est  éteinte  au 
commencement  du  xv^  siècle  ;  elle  por- 
tait :  d'or,  à  la  croix  de  sable,  chargée  de  5 
coquilles  d'argent  (ï*.  Anselme.  VIII,  614). 
La  Chesnaye  des  Bois  [Dictionnaire  de  la 
noblesse,  XVI,  745)  donne  la  notice  de  la 
famille  des  comtes  de  Rayneval  et  deFau- 
quemberghe,  qu'il  dit  issue  de  la  précé- 
dente, encore  représentée  en  177=5,  dont 
les  armes  étaient:  écarteJè  :  aux  i  et  ^ 
d'or,  au  lion  de  gueules,  couronné  du  même  : 
aux  2  et  ^  d'or,  à  la  croix  de  sable, chargée 
de  ^  coquilles  d'argent . 

Il  y  a  dans  les  Titres  de  la  Restauration, 
parle  vicomte  Révérend  (t.  III,  170),  un 
article  sur  la  famille  Gérard  de  Rayneval, 
qui  reçut  le  titre  de  comte  en  1828,  qui 
n'est  plus  représentée  que  parles  femmes, 
et  qui  porte  ;  d'argent,  à  y  tourteaux  de 
gueules,  posés  2  et  2. 

A  la  fin  du  xix'  siècle,  il  y  avait  aussi 
une  famille  Le  Clerc  de  Rayneval  ;  je  n'en 
connais  pas  les  armes. 

La  famille  d'Angennes,  établie  en  Pié- 
mont, éteinte  en  1869,  avec  l'archevêque 
de  Verceil,  portait  :  de  sable,  an  sautoir 
d'argent,  comme  les  d'Angennes,  marquis 
de  Maintenon,de  Rambouillet, etc.  D'après 
la  notice  que  donnent  Brayda  et  Rondo- 
lino  (Villarbasse,  la  sua  torre,  i  suoi  si- 
gnori),  elle  serait  issue  de  Louis  d'A., 
ambassadeur  de  France  à  Rome. 

Emile  de  Gz.'vz/ï//;/,  l'écrivain,  était  le 
fils  naturel  d'Alexandre,  comte  de  Girar- 
din, lieutenant  général.  ]oseph-Jules- 
Eleuthère  de  Girardin,  prélat  romain,  né 
en  1808,  mort  le  22  janvier  1881,  était 
issu  du  mariage  de  Louis,  comte  de  Gi- 
rardin, député  (frère  du  comte  Alexan- 
dre) avec  Jeanne-Victoire-Henriette  de 
Navailles,  veuve  du   i\v.c  d'Aiguillon,  sa 


seconde  femme.  Ils 
issus  de  germain. 

E.  P. 


étaient  donc  cousins 
Le  Lieur  d'Avost. 


Pierre  Collin,    prétendu  comte 

de  Civri  (XLIX,  786,  867).  —  Au  sujet 
de  la  famille  de  Civry,je  trouve  dans  mes 
notes  un  extrait  de  la  688*  feuille  des  si- 
gnalements du  mmistre  de  l'Intérieur  du 
mois  de  mars  1872,011  on  lit  ce  qui  suit  : 

Collin  (Elisabeth)  née  Wilhelmine,  pre- 
nant le  nom  de  comtesse  de  Civry,  com- 
tesse de  Bari~ien ,    est    âgée     de  45   à 

=;o  ans,  elle  est  assez  grande  et  grosse,  et 
les  cheveux  grisonnants,  les  yeux  noirs,  le 
teint  assez  coloré  et  une  tournure  très  dis- 
tiniruée,  elle  se  dit  fille  du  duc  de  Bruns- 
wick,  contre  lequel  elle  a  intente,  il  y  a 
quelques  années,  un  procès  en  recherche 
de  paternité. 

Un  ancien  cul  de  singe. 

»  » 

La  famille  de  Civry  a  habité  Arlon  pen- 
dant un  certain  temps,  à  partir  du  4  juil- 
let 1849  ;  elle  venait  de  Bruxelles  où  elle 
est  retournée  en  quittant  Arlon.  Je  me 
rappelle  très  bien  cette  famille  dont  les 
membres  avaientgrand  air  et  qui  vivaient 
très  retirés,  bornant  leurs  relations  à  des 
prêtres  et  à  quelques  officiers  supérieurs 
de  la  garnison. 

Voici  l'extrait  du  registre  de  popula- 
tion d'Arlon  qui  les  concerne  : 

1°  de  Civry,  Pierre-Antoine-Eugène, 
vicomte. 

2"  de  Brùnsv/ich-Este. 

3°  de  Civry,  comtesse. 

4°  de  Civry,  Thérèse-Elisabeth. 

5°  de  Civry,  Pierre-Alexandre,  né  à 
Nancy,  26  ans. 

6°  Decker,  Sophie,  Nancy,  20  ans. 

7°  Boges.  Edmond,  Lostwilhire,  26  ans, 
ecclésiastique. 

8°  Boges,  Gauthier,  Plumfaden,  17  ans. 

C'est  à  cela  que  se  bornent  les  indica- 
tions, on  le  voit,  fort  incomplètes  du  re- 
gistre otificiel  de  population. 

Elles  pourront,  dans  tous  les  cas,  éclai- 
rer quelque  peu  la  question  posée. 

D'après  mes  souvenirs,  une  des  dames 
de  cette  famille  se  donnait  sur  une  carte 
de  visite  le  nom  de  comtesse  de  Marseille- 
Civry.  E.  T. 

*  * 
La  Chesnaye  des    Bois  {Dict.  de  la  jVo- 

hksse  t.  VI,  p.  58)  et  Saint-Allais  (Nohil . 

univ.  t.  III,  p.  36)  donnent  la  notice  d'une 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1904, 


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30 


famille  de  Collin  issue  de  Perrinel  Collin, 
anobli  par  le  duc  de  Bourbon,  au  mois  de 
mai  141 3,  dont  la  postérité  était  repré- 
sentée, au  commencement  du  xix'  siècle, 
par  les  branches  de  Collin  de  Bar,  dans 
l'Inde  française,  et  de  Collin  de  Barisien^ 
en  Champagne. 

Pierre-Eus;ène  Collin  de  Bar,  comte  de 
Civry,  épousa  Elisabeth-Wilhelmine,  fiUe 
naturelle  de  Charles  duc  de  Brunswick, 
née  le  5  juillet  1826,  créée  comtesse  de 
Colmar,parlettresducales  d'octobre  1827, 
dont  au  moins  huit  enfants  rapportés  par 
V Annuaire  de  la  Noblesse  de  France^  1898, 
p.  83-84.  G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Clinchamp  (XLIX,  838).  —  Dès  le 
xi"  siècle,  une  famille  de  Clinchamp 
existait  au  Perche,  et  tirait  son  nom  du 
château  de  Clinchamps  et  d'un  fief  consi- 
dérable situé  en  Chemilly  (Orne).  Je  ren- 
contre par  exemple:  Hamiericus  deClino- 
Campo,  Odo  de  Clincamp,  Robertus  de 
Climcampo  {Cartitlaire  de  saint  Vincent 
édité  par  M.  d'Elbenne  et  R.  Charles  p. 
326,  355,  366).  Ailleurs  fin  xn")  Heme- 
ric  de  Clinchamp  [Cartnlaire  de  la  Cou- 
ture et  de  Solesnies  p.  93). Au  xni*  siècle 
Eudes  (12 10)  et  Jean  (1291)  de  Clinchamp 
furent  prieurs  de  Solesmes  (ibid.  p.  432). 

Gervais  de  Clinchamp,  fils  d'Eudes, 
seigneur  de  Groestel,  grand  archidiacre 
de  léglise  du  Mans,  créé  cardinal,  mou- 
rut à  Rome  en  1287.  Il  fut  inhumé  en 
l'église  Saint-Silve>tre  et  Saint-Martin 
aux  Monts  ;  son  cœur  fut  r.pporté  en  la 
cathédrale  du  Mans.  (Province  du  Maine 
I,  p.  20). 

Son  neveu  (.?)  Robert  de  Clinchamp  de- 
vint évèque  du  Mans,  avril  1258  et  mou- 
rut le  29  septembre  1309.  Un  neveu  de 
ce  dernier,  Raoul  de  C,  était  légiste  à 
Paris  vers  133  i . 

Au  temps  des  croisades,  Alain  de  C, 
chevalier  (1089),  portait  :  d'argent,  au 
gonfanon  de  gueules  ;  Rodolphe  de  C. 
était  avec  saint  Louis  en  Palestine  et 
portait  de  même.  11  était  sire  de  Mirepoix 
à  cause  du  château  de  ce  nom  qu'il  avait 
pris  aux  Albigeois  au  nom  du  roi  (de 
Maulde  Suite  à  V  Armoriai  du  diocèse  du 
Mans,  p.  ici). 

Au  xvi"  siècle,  Jean  de  Clinchamp, 
sieur  de  la  Rongère,  avait  pour  fils  Fran- 
çois, Mathurin  et  Pierre.  Ce  dernier,  sei- 
gneur de  la  Buissardière,au  Maine,  mou- 


rait en  son  fief  de  la  Quintinière  près 
Saint-Calais,  le  jeudi  16  août  1576  (Hau- 
réau.  Hist.  littéraire  du  Maine,  III,  p. 
61). 

A  cette  époque,  une  famille  Le  Roy 
portait  le  nom  de  Clinchamp  et  blason- 
nait  :  ecartelé  an  1  et  /f  d'argent,  à  la  ban- 
de de  gueules,  aux  2  et  ^  de  Dreux  à  cause 
de  l'alliance  de  Guillaume  Le  Roy  avec 
Jeanne  de  Dreux,  fille  de  Germain  de 
Dreux.  Au  mois  de  décembre  1565  la 
seigneurie  de  Clinchamps  fut  érigée,  en 
comté  pour  François  Le  Roy,  seigneur 
de  Chnchamps.  (de  Maulde  in  loc.  cit.). 

Au  début  du  xvu'  siècle,  je  rencontre 
Louis  de  Clinchamp,  seigneur  de  la  Mé- 
nardière,  demeurant  à  Saint- Marceau 
(1629)  (Province  du  Maine,  I,  p.  1 16). 
Une  inscription  de  Saint-Marceau  (Sarthe) 
datée  de  1656,  mentionne  comme  sei- 
gneur :  Louis  de  Clinchamp,  De  cette 
famille  était  Claude  de  C,  seigneur  de 
Villiers  et  de  la  Cenerie,  dont  le  fils, 
Louis  de  C,  vint  se  fixer,  en  1640,  à  la 
terre  de  Puyz  en  Saint-Martin-deConnée 
fMa}'enne).  Il  fut  maintenu  dans  sa  qua- 
lité d'écuyer,  le  15  juillet  1667,  avec  ses 
deux  fils  Jacques  de  C,  seigneur  de  Saint- 
Marceau  et  de  Tilly,  et  Louis  de  C,  sei- 
gneur de  Puyz,  capitaine  réformé  d'une 
compagnie  de  cavalerie  étrangère.  Il  dé- 
clara ne  connaître  personne  autre  portant 
ses  nom  et  armes  qui  sont,  dit-il  :  d'ar- 
gent, à  une  bande  ondée  de  gueules,  bordée 
de  sable,  accompagnée  de  six  merlettes  de 
même.  (Angot.  Dict.  de  la  Mayenne,  I. 
680).  Cette  famille  avait  un  hôtel  au 
Mans  détruit  par  un  incendie  en  novem- 
bre 1893.  (Province  du  Maine,  I,  388). 

Un  descendant  de  cette  lignée  (pour 
plut)  de  détails  cf.  Char  trier  français,  IV, 
p.  124),  Gabriel-Grégoire  de  C.  eut 
quinze  enfants  de  Marie-Françoise-Jeanne 
de  la  Roche,  dont  Antoine  Jean  de  C, 
né  1735,  au  château  du  Tertre,  en  Mont- 
bizot,  prieur  de  la  Trinité  de  Clisson 
(Bénédictins)  et  vicaire  général  de  Sis- 
teron,  mourut  sur  l'cchafaud  le  20  avril 
1793,  à  Paris;  son  père  Jérôme-François 
de  C.,  né  à  Montbizot  (Sarthe),  curé  de 
Greez-en-Bouère  (1760),  refusa  le  serment 
et  se  retira  à  Paris  (Angot,  in  loc.  cit., 
Province  du  Maine,  I.  344). 

Pendant  la  Révolution,  un  de  Clin- 
champ fut  chef  royaliste  (Province  du 
Maine .^  II,  363). 


N»  1045. 


L'INTERMEDIAIRE 


31 


32 


M.  Aniiot  mentionne  une  autre  famille 
de  Clinchamp  originaire  de  Normandie 
etblasonnant  J'ar^d'///  à  j/nnonsdegueuîes. 
Plusieurs  de  ses  membres  vivaient  au 
xvii'  siècle,  {op.  cit.). 

Au  xMi'  siècle,  une  famille  de  Clin- 
champ  existait  à  Neuvillette.  Odeline  de  C. ,. 
en  épousant  Patrice  de  Sourches,  porta 
la  vavassorerie  de  Clinchamp,  dans  la 
maison  de  Sourches,  dont  les  membres 
prirent  dès  lors  le  titre  de  sires  de  Clin- 
champ (A.  Ledru  et  duc  de  Cars.  Le  châ- 
teau lie  Sourches  et  ses  seigneurs,  p.  42). 

Des  diverses  notes  que  nous  venons  de 
donner,  il  résulte  que  plusieurs  familles 
de  Clinchamp  existaient  au  Maine  et  en 
Normandie  avant  la  Révolution.  Saint- 
Allais  veut  que  les  Clinchamp  du  Maine 
soient  originaires  de  Champagne,  ce  qui 
est  peu  vraisemblable.  La  maison  du 
Maine  a  dû  avoir  pour  origine  —  une 
fois  la  première  famille  de  Clinchamp 
éteinte  —  les  Le  Roy  de  Chavigny  et  de 
Clinchamp  qui,  peu  à  peu,  abandonnèrent 
leur  nom  patronymique  pour  prendre 
celui  de  leur  terre,  et  qui  portèrent  :  d'a- 
:^uf.^  à  la  bande  vivrée  de  gueules.,  accompa- 
gnée de  SIX  merJettcs  de  même  eu  orlc.  De 
Maulde  (o/.  <-//.,  p.  102),  dit  que  cette 
famille  s'est  éteinte  dans  notre  province 
en  1857,  et  que  d'autres  membres,  no- 
tamment N...  de  Clinchamp  médecin, 
étaient  établis  en  Orléanais  en  1859. 
Peut-être  est-ce  par  là  que  M.  Pierre 
Meller  pourrait  se   renseigner  ? 

Outre  les  ouvrages  cités,  on  peut  con- 
sulter les  onze  volumes  de  la  Province  du 
Maine  qui  renferment  quelques  détails 
sur  plusieurs  membres  de  cette  famille  ; 
les  Monographies  de  Saint-Cos7ne  de  Vair 
par  Tabbé  Vavasseur,  et  de  ChemiUy  par 
l'abbé  Lacroix,  le  Cartulaire  de  Persei- 
gne  édité  par  M.  G.  Fleury,  les  Recher- 
ches historiques  sur  Assê  le  Boisnc  par  P. 
Moulard,  p.  183  sq.  etc. 

Louis  CALENomi, 


Vo'wMaison  de  Clinchamp  par  Noulens, 
Paris, chez  l'auteur,  1884, fort  volume  in-80. 

Je  possède  dans  mes  archives  une  gé- 
néalogie très  complète  plus  complète,  que 
l'imprimé  de  cette  famille  dont  deux 
branches  issues  des  collatéraux  de  Jeanne 
d'Arc . 

C'  Henry  Le  Court. 


Eugénie  d'Sckarî  (XLIX,  896).  -— 
La  IJgiliinitc  a  traité  cette  question  d'un 
prétendu  mariage  du  duc  de  Berry  avec 
une  demoiselle  Eugénie  d'Eckart,  dans  ses 
numéros  de  mars. avril  et  juillet  1899.  ^^ 
temps  nous  manquant  absolument  pour 
résumer  ici  les  articles  de  notre  collabo- 
rateur Verax  sur  ce  fantaisiste  roman, 
nous  les  avons  f^iit  passer  à  noire  distin- 
gué collègue,  M.  le  vicomte  de  Reiset. 
Peut-être  jugera-t-il  à  propos  d'en  dire 
quelque  chose  aux  lecteurs  de  Y  Intermé- 
diaire. Albert  Renard. 

Cliiire  Gambatta,  cliantouse  da 
café-concert  (XLIX,  614,  692,  869).— 
Les  documents  les  plus  précis  concer- 
nant Claire  Gambetta  doivent  se  retrou- 
ver, non  dans  les  journaux  d'histoire, 
mais  dans  les  revues  de  médecine. 

L'anatomie  extérieure  de  cette  personne 
présentait  en  effet  une  particularité  assez 
rare,  que  les  médecins  ne  manquent  jamais 
de  noter  lorsqu'ils  l'observent  :  un  naevus 
considérable  de  la  région  humérale. 

Un  de  nos  collaborateurs  nous  a  dit 
avoir  vu  de  ses  yeux,  sur  le  corps  de  la 
chanteuse,  «  une  ligne  dorsale  de  colora- 
tion pigmentaire,  couverte  d'un  duvet  noir 
et  complétée  en  croix  (dans  la  projection 
verticale,)  par  deux  petites  houppes 
ejusdem  nalura;.,  olantées  sur  les  épau- 
les !  »(Xll,  273).' 

Si  comme  M..  Eugène  Grécourt  nous 
l'apprend  (XLIX,  869),  Claire  Gambetta 
était  en  traitement  à  IHôtel-Dieu  en  mars 
1873,  il  est  à  peu  près  certain  que  les  re- 
vues médicales  se  sont  occupées  d'elle 
vers  la  même  époque.  C'est  une  piste  à 
parcourir. 


*  » 


:t  +  * 


M.  Séché,  directeur  de  la  Revue  d'Art 
Dramatique  et  Musical,  2^,  rue  d'Ulm, 
demande  des  renseignements  complémen- 
taires sur  cette  personne. 

11  ne  m'est  pas  possible,  actuellement, 
de  faire  les  recherches  nécessaires. 

Je  suis  certain  que  le  Figaro  s'en  est 
occupé,  mais  peut-être  est-ce  en  1874  et 
non  1873. 

En  effet,  le  Nouvelliste  du  23  mai  1874 
annonce  le  renvoi  à  3  semaines  du  procès 
intenté  par  C.  Gambetta  au  Figaro  (9^ 
Chambre). 

Voir  aussi  Cri  du  Peuple  du  3  décembre 
1884.  (Police  politique). 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1904, 


33 


34 


La  hoiiveUe  Presse  du.  4  décembre  1884. 
Articles  relatifs  à  C.  Gambetta. 

E.  G. 

Hélisenne  de  Crenno  (XLIX,  904). 
—  Oui,  l'on  connaît  maintenant,  grâce  à 
une  publication  récente  de  M.  E.Prarond, 
le  fécond  historien  abbevillois.le  nom  vé- 
ritable de  la  femme-auteur  qui  a  pris  ce 
pseudonyme  ;elle  était  née  à  Abbeville  et 
s'appelait  Marguerite  Briet.  Voici  le  pas- 
sage qui  lui  a  été  consacré  par  un  chro- 
niqueur abbevillois,  son  contemporain  : 

Anno  1540,  mcnse  Maio,  perdocta  mil- 
lier, ortu  qiiidem  Abbavillse,  nomen  Mar- 
garitîE  Brietœ  habens  (vulgo  dicebatur  He- 
lisenna  Crennea),  gallico  poemate  corusca- 
bat  apud  insignem    Parisiorum   Augustam. 

Voy.  Nicolas  et  François  Ruinet,  histo- 
riens d' Abbeville  au  sei^^ième  siècle.  De 
Ahbavillâ capite  comiiatus  /'o;;//rî,..publ., 
par  Ernest  Prarond,  p.  37.  Paris,  A.  Pi- 
card, 1902.  In-4".  Alcius  Ledieu, 

François  Mons  (XLIX,  840, 980).  — 
Paul-François  Mons,  qui  n'était  pas  sans 
talent,  a   fait  représenter  : 

Campaspe,  drame  en  un  acte,  en  vers, 
(Gaîté,  matinées  Ballande,2o  avril  1873)  ; 

U Apprenti  de  Clcoinène,  comédie  en  i 
acte,  en  vers  (Odéon,  30  octobre  1873)  ; 

Le  Dernier  Klephte,  pochade  en  i  acte, 
(Folies-Dramatiques,  27  juillet  1877)  ; 

La  Bourse  ou  la  vie,  comédie  en  i  acte, 
(Odéon,  18  octobre  1886)  ; 

L' Expertise.,  comédie  en  1  acte  (Gym- 
nase, I''  juin  1888). 

Je  possède  de  lui  le  manuscrit  d'une 
comédie  en  un  acte,  Les  Raisins  de  Zeuxis, 
présentée,  le  14  octobre  1873,  au  direc- 
teur d'un  «  Illustre  théâtre  >>  qui  n'ouvrit 
jamais. 

Paul-François  Mons  avait  pris  part  à 
diverses  entreprises  théâtrales  qui  le  rui- 
nèrent ;  il  mourut  par  suicide  en   1899. 

L'avant-veille  de  sa  mort,  il  sollicitait 
par  lettre,  de  la  Société  des  Auteurs  et 
Compositeurs  dramatiques, une  somme  de 
deux  cents  francs,  déclarant  que  si  ce 
secours  lui  était  refusé  il  se  brûlerait  la 
cervelle  ;  il  tint  parole  des  que  le  rejet 
de  sa  demande  lui  fut  signifié.  La  Société 
des  Auteurs  contribua  à  ses  obsèques;  elle 
eût  mieux  fait,  sans  doute,  en  lui  sauvant 
la  vie.  L. -Henry  Lecomte. 


LabibliothèqueHarléienne(XLIX, 
901,  993).  —  La  s<  Bibliothèque  Har- 
léienne  »  (Harleian  Librarv),  contenant 
environ  7.0Ô0  manuscrits,  outre  de  rares 
imprimés,  est  maintenant  au  British  Mu- 
séum. Elle  a  été  formée  par  Edward  Har- 
ley,  créé  comte  d'Oxford  en  1705,  mort 
en  1724,  qui  y  consacra  une  grande  par- 
tie de  son  temps  et  de  sa  fortune. 

On  a  publié  à  Londres,  en  1744  et  en 
1808,  sous  le  titre  de  The  Harleian  Miscel- 
lany.^  un  choix  de  pièces  rares  extraites 
de  manuscrits  et  de  livres  imprimés  de 
cette  bibliothèque. 

La  «  lettre  conservée  à  la  Bibliothèque 
Harlayennc  »,  concernant  la  reine  Chris- 
tine, fait  peut-être  partie  de  cette  collec- 
tion de  mélanges,  dont  un  exemplaire  se 
trouve  sans  doute  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale. E.  O. 

Shakespeare  fouetté  (XLVII1,894). 
—  je  me  suis  laissé  dire  que  Pouchkine, 
(1799-1837J  le  célèbre  poète  russe,  avait 
eu  maille  à  partir  avec  les  verges,  de  par 
ordre  de  son  souverain.  Mais  en  quelle 
année  et  dans  quelles  circonstances  ^. 
L'exécution  eut-elle  lieu  réellement  ou 
seulement  en  effigie  ^  Voilà  ce  que  l'his- 
toire ne  dit  pas.  V Intermédiaire  est  peut- 
être  mieux  informé  que  moi.  Q, 
* 

Un  de  nos  confrères  parle  des  hommes 
célèbres  qui  ont  subi  le  châtiment  du 
fouet  dans  leur  âge  mûr  et  à  titre  de  con- 
damnation —  (car  ^<  le  fouet  comme 
moyen  d'éducation  »  a  été  traité  anté- 
rieurement ici).  Ayant  étudié  François 
Villon  à  plusieurs  reprises,  je  tiens  à  dire 
mon  mot  sur  sa  condamnation  au  fouet. 
11  dit  lui-même  : 

J'en  fus  battu,  comme  a  rutelles 

Tout  nud  ;  jà  ne  le  quiers  celer. 

Et  dans  le  François  Villon  de  Gaston 

Paris,   de    l'Académie    française,     Paris, 

Hachette    1901,     in-12.    Collection    des 

grands  écrivains  français)  on  lit, page  40  ; 

Catherine  de  Vausselles  dont  la  trahison 
lui  avait  valu  un  beau  jour  d'être  battu  coptme 
le  linge  au  ruisseau. 

Mais  où,  quand  et  comment  fut  exécu- 
tée la  sentence  ^  Voilà  ce  qu'on  ne  sait 
pas.  Gaston  Paris  est  mort  en  1903  ; 
seul  M.  Longnon,  de  l'Institut,  qui  a  con- 
sacré à  Villon  de  beaux  travaux,  pourrait 
peut-être  nous  renseigner.  L.  C. 


N'  1045, 


L'INTERMÉDIAIRE 


35 


56 


Balzac  i,XLlX,  895).  —  A  quels  habi- 
tants de  Gènes,  de  Bologne  ou  de  Flo- 
rence, notre  confrère  V.  J.  du  D.  s'est-il 
donc  adressé  pour  les  avoir  surpris  en 
leur  parlant  du  Piclie  Génois  et  de  Pelle- 
gro  Piola^  cités  par  Balzac  ? 

L'illustre  auteur  de  la  Coiucdie  hniuaine 
a  créé  de  toutes  pièces  bien  des  types  ; 
mais  il  n'a  cependant  inventé  ni  le  Prêtre 
Génois,  ni  Pclh{rro  Piola. 

Que  notre  confrère  veuille  bien  ouvrir 
le  Dictionnaire  historique  des  peintres  de 
tontes  les  écoles^  depuis  l'origine  de  la 
peinture  jusqu'à  nos  jours^  par  Siret  (Paris, 
Paul  Daftis  et  A.  Lacroix  et  Cie,  1874,  gr, 
in-8)  et  il  y  pourra  lire,  p.  705  : 

PiOLA  (Pellegro  ou  Pellegrino),  frère  de 
Dominique  le  Vieux.  E  [colej  1  [talienne] 
1  617-16^0.  Histoire. 

Elève  de  J.  D.  Cappellino  ;  mort  assas- 
siné à  cause  de  la  jalousie  qu'excitait  déjà 
son  génie  naissant.  —  Pinceau  doux, agréa- 
ble, gracieux. 

Dans  le  même  dictionnaire,  p.  724,  on 
lit  : 

Prêtre  Génois  fLe).  V.  Strozzi  ; 
et  à  la  p.  8q4  : 

Strozzi  (Bernard)  dit  le  Prêtre  Génois  ou 
//  Capiicino  E.  1.  1581-1644.  Histoire  et 
portrait. 

Suit  une  assez  longue  notice  sur  ce 
peintre,  élève  de  Pierre  Sorri. 

Mais  à  défaut  du  «  Siret  »,  qui  peut 
n'être  pas  entre  toutes  les  mains,  La- 
rousse —  le  vulgaire  Larousse^  cher  à  feu 
Ch.  Floquet — aurait  pu  donner  à  notre 
confrère  des  renseignements  sur  les  deux 
artistes  cités  par  Balzac.       Taillevent. 

Une  erreur  persistants  (XLIX, 
901). —  Ce  n'est  pas  l'erreur  qui  persiste, 
c'est  la  mauvaise  foi  !  —  Que  Larousse 
continue  à  attribuer  au  vicomte  d'Arlin- 
court  des  vers  cocasses,  il  est  dans  son 
rôle,  d'Arlincourt,  auteur  des  célèbres 
pamphlets,  Dieu  le  veut  et  Place  au  Droit, 
ayant  toute  sa  vie  été  royaliste  intransi- 
geant ;  mais  les  autres?  V Intermédiaire  a 
depuis  longtemps  tranché  la  question  des 
Vers  tragiques  ridicules, tn  de  nombreuses 
et  documentées  réponses.  Voir  T.  G., 
922.  A.  S..  E. 

Revue  rétrospective  (XLIX,  900). 
—  Je  possède  deux  exemplaires  de  cette 
publication,  dont  un  seul  a  bien  les  n°'  32 


et  3 3, qui  ne  forment  qu'un  seul  fascicule 
paginé  497  à  523.  La  page  524  présente 
la  Table  des  matières  de  l'Appendice^  ainsi 
conçue  : 

Lettres  de  II.  Mole  à  Louis-Philippe, 
pag.  498. 

lestainent  du  duc  d'Orléans,  d'après  l'o- 
riginal trouvé  aux  Tuileries  dans  le  sac 
du  château,  le  24  février,  p.   502, 

Correspondance  de  la  famille  royale  avec 
M.  le  Prince  de  Joinville,  et  journal  tenu 
pour  ce  prince,  pendant  son  voyage  à  Ste- 
Hélène,  p.  506 . 

Ce  dernier  fascicule  porte,  comme  le 
premier,  l'adresse  de  Paulin,  éditeur,  rue 
de  Richelieu,  60. 

Chacun  de  mes  exemplaires  est  privé 
du  n°  27  (447  à  448)  lequel  est  ainsi. pour 
moi,  plus  rare  que  les  n'^'  32-33. 

j.   C.  WlGG. 

«  Après  le  Bal  »  (XLIX,  903).  —Je 
ne  connais  sous  ce  titre  qu'une  seule 
pièce  de  théâtre.  C'est  une  comédie  en  un 
acte,  de  Siraudin,  A.  Choler  et  Delacour, 
représentée  sur  la  scène  du  Gymnase  le 
15  mars  1862.  C.  H.  G. 

»  * 

Deux  pièces  seulement  ont  paru  sous 
ce  titre  : 

1°  Après  le  bal,  comédie  en  i  acte, 
mêlée  de  couplets,  par  Siraudin,  Alfred 
Delacour  et  Adolphe  Choler,  représentée 
sur  le  théâtre  du  Gymnase  le  1 5  mars 
1862.  (Michel  Lévy  frères,  1862,  in-i8 
de  2  fif.  et  26  p.) 

2°  Après  le  bal,  comédie  en  i  acte,  en 
vers,  par  le  Docteur  Gélineau.  Surgères, 
].  Tessier,  1876,  in-8  de  36  p.  (non  repré- 
sentée). 

On  peut  y  ajouter  : 

Pauvre  Pierrot,  ou  Après  le  bal.^  panto- 
mime en  1  acte,  par  Séverin  et  Thaïes, 
musique  de  Léopold  Gangloff,  représen- 
tée au  concert  de  l'Eldorado  le  6  février 
1891  (non  éditée). 

L. -Henry  Lecomte. 

Mariage  à  la  Langaac  (XLIX, 
842).  —  Allusion  au  mariage,  contracté 
dans  ces  conditions,  entre  le  marquis  de 
Langeac  et  madame  Sabattin,  maîtresse 
du  comte  de  Saint-Florentin,  ministre, 
secrétaire  d'Etat sousie  règnede Louis  XV. 

d"E. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  juillet  1904. 


37 


38     - 


Détail  des  anciens  prix  d^s 
dônrées   et   marchandises.   (T.  G., 

270  :  XLI  ;  XLII  ;  XLIV  ;  XLVI  ;  XLVII  : 
XLVIII;XL1X.  1^,  265,376,  546,  884). 
—  Bulletin  de  la  Société  académique  de  Var- 
roudissanent  de  BouJogue-siir-Mer,  t.  II. 
(1873-1878).    Boulogne,    8°   p.  i  i  : 

Charles  Henneguier. Mesures  aux  grains 
de  Boulogne  et  du  Boulonnais,  qualité 
et  payement  des  grains  de  rentes  et  rede- 
vances par  Sebastien  Gressier  et  Domini- 
que Nassiet, hommes  d'affaires  à  Boulogne 
(1728).  ^ 

Société  des  antiquaires  de  la  Morinie^ 
Bulletin  historique  trimestriel,  t.  IV.  (1867 
à  187 1).  Saint-Omer,  1872,  8°,  p.  89  : 

Henri  de  Laplane.  Variation  du  prix 
des  céréales  à  Saint-Omer  de  1750  à  1783. 

Archives  historiques  et  statistiques  du 
Rhône...  t.  VI  (1827)8"  p.  5  : 

Bregot  du  Lut.  Prix  du  pain  à  Lyon 
dans  le  xvi'  siècle. 

Revue  Savoisienne.^  t.  XXII  (1881).  An- 
necy. 4°.  p.  113  : 

G.  E.  Pissard.  Le  prix  des  denrées  à 
Annecy  en  1599. 

Revue  des  sociétés  savantes  des  départe' 
menfs,  j"  série,  t.  VI.  (1882).  Paris.  8', 
p.  215  : 

Léopold  Duhamel.  Règlements  sur 
le  taux  des   vi\'res  et   sur   la  valeur  des 

1595- 
A.  S..E. 


monnaies  dans  l'Etat  d'Avignon  en 


Patois  Orléanais  (XLVII,  449.  592  ; 
XLVIII,  537,  656  ;  XLIX,  931).  —  L'In- 
iermédiaire,  me  semble-t-il,  a  déjà  fait 
remarquer  que  pour  former  un  lexique 
Orléanais,  il  suffirait  de  faire  un  tri  dans 
le  Glossaire  du  centre  de  la  France  du 
comte  jaubert,  dans  celui  du  Dialecte 
Biaisais  de  Thibault  et  parmi  les  imita- 
tions dudit  parler  qu'en  ont  mlsQS  pass un 
Cyrano  de  Bergerac  et  Molière  dans  la 
bouche  de  leurs  personnages  ;  j'ajouterai  : 
et  dans  les  Mémoires  de  la  Société  A  rchéo- 
logique  de  l'Orléanais.  Souteux  m'est  in- 
connu, mais  j'ai  dit  souvent  à  un  cama- 
rade, en  lui  lançant  la  balle,  figotte-la, 
jamais  raguette-la.  Ceux  qui  ont  des  préten- 
tions au  beau  langage  disent  arigotte-la. 
Ce  mot  viendrait-il  d'tj/r/oé/e?, lever, dresser 
la  main  pour  attraper  la  balle  au  vol  .^  Les 
Angevins  emploient  recépcr  (recipere), 
beaucoup  moins  expressif.  C/iarnier.,irès 


usité  au  sens  d'échalas  dans  tout  le  pays 
vignoble  entre  Orléans  et  Tours,  vient,  à 
mon  sens,  de  carpinarimn  (R.  carpinns, 
charme),  ce  bois  ayant  servi  à  fabriquer 
des  échalas.  Quant  à  jard,  jarre,  dont 
j'ignore  l'étymologie,  c'est  le  plus  gros 
sable  de  Loire.  Je  préfère  l'orthographe 
jard^  que  l'on  rencontre  déjà  dans  des 
documents  du  moyen  âge.  D'ailleurs /^ri 
est  masculin,  tandis  que  la  désinence  en  e 
muet  convient  mieux  k  jarre  (grand  vase 
de  terre)  qui  est  féminin. 

Lpt.  du  Sillon. 


Le  nom  He.rvé(XLlX,  676,  810,882, 
931).  —  Je  n"ai  jamais  contesté  que 
uechus  fût  la  traduction  de  vvik  vvig  subs- 
tantifs des  verbes  vvigan,  vvikan,  vvihan.^ 
vihjan,  veihan,  qui,  en  vieux  haut  alle- 
mand et  moyen-haut  allemand,  sont 
homonymes  et  signifient  à  la  fois  com- 
battre et  consacrer,  je  m'en  suis  tout  ré- 
cemment expliqué.  Mais  ce  que  je  con- 
teste absolument,  c'est  que  wik  et  vvig 
signifient  victorieux.  Je  défie  M.  Bougon 
de  me  montrer  cette  racine  dans  un  mot 
germanique  avec  cette  signification  ;  il 
commet  une  confusion  qui  résulte  de  sa 
culture  latine.  La  racine  germanique  qui 
comporte  l'idée  de  victoire  est  sig  et  non 
vvik. 

Quant  au  radical  Her,  moyen  haut  alle- 
mand,en  Vieux  haut  allemand  hari,  heri, 
il  n'entre  en  composition  dans  ces  ancien- 
nes langues  que  dans  le  sens  de  guerre. (Voir 
Schade  Altdeutsches  Worterbuch). //^?t'^ 
signifie  donc  non  pas  victorieux  seigneur, 
mais  soit  :  combattant  de  Tarmée,  soit 
consacré  ou  sacré  par  l'armée.  Herman- 
rick  signifie  :  soldat,  héros  ;  mot  à  mot 
armée,  homme,  héros. 

Paul  Argelès. 


Il  n'y   a  pas  que...  Il  n'est  pas 

que...  (XLVIll  ;  XLIX,939).—  M.  Alfred 
Duquet,  dans  sa  note  du  20  juin  dernier 
(col.  939-941),  déclare  fautives  et  n'ap- 
partenant pas  à  «  la  prose  des  grands 
écrivains  >>  plusieurs  locutions,  celle-ci, 
entre  autres  :  «  On  ne  doit  pas  se  con- 
duire de  la  sorte .  » 

Pascal,  qui  a  écrit  (Proi'/z/c.,  XVIII)  : 

Ceux  qui  en  useraient  de  la  sorte    ; 
Corneille,  qui  a  dit  {Horace.  III,  6)  : 


N'  104!^. 


L'INTERMÉDIAIRE 


59 


40 


Dieux  I  verrons-nous  toujours  des  malheurs 

[de  la  sorte  I 

Bossuet,  qui  s'est  écrié  (i"'  sermon^  Di- 
manche de  la  Passion)  : 

«Seigneur,  vous  me  donnez  une  règle  à 
laquelle  je  ne  puis  me  joindre...  aussi  n'en 
est-il  pas  de  la  sorte  »  ; 

ne  sont-ils  pas  de  «  grands  écrivains  », 
et  cette  locution  de  la  sorte  est-elle  vrai- 
ment si  contraire  aux  traditions  de  notre 
langue?  —  G.  G. 

Préférer.  —  Causer  (XLV  ;  XLVI  ; 
XLIX,  542,  813,  932).  —  Au  sujet  de  Va 
explétif  signalé  par  le  collaborateur  XXX  ; 
dans  tout  le  midi  de  la  France,  principale- 
ment à  Toulouse  et  lieux  circonvoisins, 
une  mère  ne  demande  pas  à  son  enfant  : 
m'aimes-tu  ?  ou  tu  m'aimes  ?  mais  bien 
tu  m'aimes  à  moi  ? 

Molière  connaissait  bien  cette  particu- 
larité, car  faisant,  dans  une  de  ses  pièces, 
parler  un  gascon,  il  met  dans  sa  bouche  : 

«  Comment  !  tu  me  traites  à  moi  avec 
cette  hauteur  ?» 

Dans  un  ouvrage  qu'on  devrait  bien 
réimprimer,  à  l'usage  des  citoyens  de  la 
cité  palladienne  :  Les  Gasconismcs  corrigés, 
Desgrouais.  professeur  au  Collège  royal, 
consacre  une  dizaine  de  pages  à  Va  dans 
le  langage. 

Quant  à  Gz«5^r  ^, l'expression  est  abso- 
lument parisienne.  C'est  de  Paris  et  par  le 
canal  de  la  presse  quotidienne,  qu'elle 
s'est  répandue  dans  le  reste  de  la  France. 

—  A.S..E. 

Pinchinat(XLlX,902,  987).  —Le  Tré- 
sor du  Fclibrige^  de  Mistral,  et  le  grand 
Dictionnaire  de  Larousse  ont  sur  ce  mot 
des  détails  à  peu  près  suffisants. 

Ce  mot  vient  du  provençal  penchina  ou 
pinchina,  peigner,  carder. 

Le  participe  pcissé  pincbina  signifie  bien 
peigné,  bien  cultivé  :  de  là,  ce  nom  est 
donné  à  des  familles  provençales  :  Pin- 
chinai  ;  à  Nice,  Pencinenati. 

Substantif,  le  pinchina  ou  pinchinat, 
c'est  la  laine  peignée,  c'est  le  gros  drap 
dont  les  bergers  se  font  des  capes.  A  Aix, 
il  y  a  un  quartier  des  Pinchinats  ou  des 
cardeurs;  à  Nice,  une  rue  Penchienati. 

Ce  gros  drap  se  fabriquait  dans  bon 
nombre  de  villes  du  midi  :  Toulon,  Col- 
mars,  Beauvezer, Digne,  etc.  De  là,  le  mot 
a  très  bien  pu  passer  dans  les  autres  ré> 
gions. 

Eugène  J. 


A  propos  de  bottes  (T.  G,,   132  ; 

XLIX,  903).  —  Le  Distiait  est  de  1697. 

Dès  1694,  le  Dictionnaire  de  l'Académie 
françoisc  cite  le  proverbe  : 

On  dit  :  A  propos  de  bottes,  pour  entrer 
dans  un  discours  qui  n'a  aucune  liaison  avec 
les  choses  dont  on  parle. 

Dès  1640,  on  lit  dans  les  Curiosité:^ 
françoises  d'Antoine  Oudin  : 

Parler  à  propos  de  bottes  =  parler  hors  de 
propos. 

Regnard  étant  né  en  1645,  il  est  maté- 
riellement impossible  qu'il  ait  inventé  le 
dicton.  '  *  * 

Attigerla  cabane  (XLIX,  619,  812, 
883,  935).  — Je  reviens  sur  l'explication 
que  j'ai  déjà  proposée  et  la  complète. 

Evidemment,  c'est  un  terme  d'argot, 
plus  spécialement  usité  à  la  caserne,  et 
mon  beau-fils,  à  son  retour  de  Nancy,  l'a 
rapportée  du  régiment  et  s'en  sert  abon- 
damment. 

Pour  lui,  si  l'on  plaisante  quelqu'un,  si 
l'on  en  médit,  on  attige  la  cabane. 

Mais  en  Normandie,  tout  au  moins 
dans  la  Manche,  il  est  employé  couram- 
ment, toujours  dans  le  sens  de  débiner, 
de  chiner,  d'asticoter,  par  les  gens  les 
mieux  élevés  et  qui,  s'en  servant,  ne 
croient  pas  le  moins  du  monde  parler 
argot,  mais  bel  et  bien  français. 

Ils  disent,  par  exemple  :  Ce  n'est  pas 
étonnant  qu'il  se  soit  fâché,  il  y  a  assez 
longtemps  qu'on  l'aitigeait. 

Lorédan  Larchey  avait  raison  ;  le  mot 
est  de  vieille  souche,  il  vient  d'attingere  ; 
de  bonne  compagnie  d'abord,  il  a  eu  des 
malheurs  et  s'est  laissé  choir  dans  l'ar- 
got. SoULGEf. 

Les  Ecreignes  (XLIX,  901).  — 
En  Haynaut,  pays  qui  fut  bourguignon, 
tout  comme  Dijon, ^s^mz^  ou  écrine  signi- 
fie une  veillée. 

Assemblée  de  fileuses  pendant  les  soirées 
d'hiver,  dans  laquelle  se  glissent  parfois  des 
garçons  et  où  l'on  débite  des  contes  de  reve- 
nants, de  loups-garous,  etc...  A  onze  heures 
de  la  nuit  se  sépare  ordinairement  la  réu- 
nion . 

[\-\ézzx{,Dictionnaire  ;-0H(:Z!/,Valencienncs]. 

Ces  veillées  du  foyer  et  du  crachct, 
crasset,  lampe  à  l'huile,  avaient  autour 
de  Condé  le  nom  d'écriène.  Soirée,  ainsi 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1904, 


41 


42 


que  escrène,  semblent  formées  et  dérivées 
de  serena,  ou  séréné,  sereine. 

Ed.  Martfx. 

L'auberge  de  «  l'Etoile  d'or  »,  à 
Paris  (XLIX,  895).  -  Un  hôtel  à  trente 
sols  c'est  déjà  un  hôtel  recommandable  ; 
les  hôtels  à  quarante  sols  en  1700  sont 
parmi  les  plus  luxueux  ;  il  y  en  a  à  vingt, 
à  quinze  et  même  à  cinq  sous.  «  Les  gens 
qui  ne  peuvent  faire  qu'une  très  médiocre 
dépense,  trouvent  d'ailleurs  dans  tous  les 
quartiers  de  Paris,  de  petites  auberges  où 
on  a  de  la  soupe,  de  la  viande,  du  pain  et 
de  la  bière  à  suffisance  pour  cinq  sols  », 
dit  le  Livre  comuwJe  (qui  est  de  1692).  11 
mentionne  de  nombreux  hôtels,  non  tou- 
tefois «  l'Estoile  d'or  »  qui  n'est  pas  suffi- 
samment réputé.  Y. 

Un  héritage  colossal  (XLVIll,  562, 
715  ;  XLIX,  269)  —  La  succession  Jean 
Thiéry.  —  Cette  affaire  vient  de  recevoir 
une  solution.  Le  Temps  (5  juin  1904) 
résume  cette  affaire  en  les  termes  sui- 
vants ;  il  fait  connaître  la  suite  que  le 
Conseil  d'Etat  lui  a  donnée  : 

En  1676  mourait  à  Venise  un  Français,  Jean 
Thiéry.  11  laissait,  entre  autres  valeLUS, 
800.000  écus  à  la  croix  placés  sur  la  Banque 
de  Venise, à  intérêts,  et  remboursable,  parait-il, 
à  toute  réquisition. 

La  valeur  de  l'écu  à  la  croix  représentant 
12  fr.  50  de  notre  monnaie,  la  somme  mon- 
tait ainsi  à  environ  9  millions  900.000  francs. 
Elle  avait  été  léguée  au  défunt  par  un  sieur 
Typaldi. 

Une  ordonnance  des  magistrats  de  Venise 
en  date  du  14  mai  166 1,  qui  est,  paraît-il, 
déposée  avec  le  testament  Typaldi  à  nos  Ar- 
chives nationales, 
ces  800.000  écus 
Thiéry  et  à  ses  héritiers. 

Le  défunt  Thiéry  instituait  pour  héritière 
la  branche  champenoise  de  sa  famille.  Mais, 
à  sa  mort,  personne  ne  se  présenta,  et  la 
somme  resta  à  la  Banque. 

11  semble  qu'en  1679  des  faussaires  aient 
fabriqué  un  brevet  du  roi  de  France  leur  fai- 
sant don  de  la  succession  Thiéry,  supposé 
mort  sans  héritiers.  Pendant  plusieurs  années 
ils  parvinrent  à  se  faire  remettre  par  la  Répu- 
blique de  Venise  des  sommes  considérables. 
Mais  en  1697  un  jugement  fut  rendu  pour 
ordonner  une  information  contre  ces  faus- 
saires, et  opposition  fut  mise  au  nom  du  roi 
pour  sauvegarder  les  valeurs  restées  aux  mams 
de  la  Banque. 

fendant  le  dix-huitième  siècle,  cette  suc- 


décidait   que    la   rente   de 
à    la  croix    serait    payée  à 


cession  fit  l'objet  de  réclamations  nombreuses- 
Les  prétendants  surgirenten  foule. Ils  s'élevaient 
à  3.000  en  1791,  époque  à  laquelle  l'Assem- 
blée constituante  renvoya  la  question  au  tri- 
bunal devant  lequel,  bien  que  la  République 
de  Venise  ne  contestât  pas  son  obligation, 
nul  ne  parvint  à  établir  sa  qualité  d'héri- 
tier. 

En  1796,  pendant  la  campagne  d'Italie,  le 
Directone  ordonne  au  général  Bonaparte  de 
réclamer  du  gouvernement  vénitien  les  mil- 
lions de  la  succession  Thiéry.  «  Une  partie, 
ajoutait  le  Directoire,  vous  servira  à  vos 
plus  pressants  besoins,  »  Les  négociations 
entamées  à  cet  effet  n'aboutirent  pas.  Mais 
quelques  jours  après,  l'armée  française  en- 
trait à  Venise,  et  on  soutient  que  le  général 
Bonaparte  prit  alors  possession  de  la  succes- 
sion Thiéry.  On  en  donne  comme  preuve  la 
présence  à  nos  Archives  des  principaux  docu- 
ments se  rattachant  à  l'affaire  ;  le  testament 
de  Jean  Ihiéry,  celui  de  Typaldi,  l'ordon- 
nance des  magistrats  de  Venise,  etc. 

Le  gouvernement  français  a  donc  été  l'objet 
de  plusieurs  réclamations  émanant  de  per- 
sonnes se  prétendant,  à  tort  ou  à  raison,  hé- 
ritières de  Jean  Thiéry.  En  1871,  une  dame 
Cotton,  bien  que  reconnue  descendante  de 
Thiéry,  fut  déboutée  par  la  Cour  de  Paris, 
tn  1873,  un  nouveau  jugement  la  renvoya 
à  se  pourvoir  devant  l'autorité  administrative. 
Elle  s'adressa  au  ministre  des  finances  qui  re- 
fusa d'accueillir  sa  demande. 

Plus  tard,  en  189 1,  une  autre  prétendante, 
la  dame  Roussel,  s'adressa  au  Conseil  d'Etat. 
L'administration  lui  objecta  que  l'enlèvement 
des  caisses  publiques  d'un  Etat. par  unearmée 
ennemie  nepeutavoir  pour  effet  de  subiogerde 
plein  droit  la  nation  victorieuse  aux  obligations 
de  cet  Etat  envers  ses  propres  créanciers. D'ail- 
leurs, les  conventions  intervenues  entre 
Thiéry  et  la  Banque  ne  pouvaient  avoir  pour 
conséquence  de  conférer  aux  héritiers  la  pro- 
priété d'un  dépôt  ;  il  se  serait  agi,  disait  l'ad- 
ministration, d'un  simple  droit  de  créance 
tombé  depuis  longtemps  sous  le  coup  des  lois 
sur  la  déchéance  quinquennale. 

La  dame  Roussel  perdit  son  procès. 
Aujourd'hui,    de    nouveaux    héritiers    ont 
surgi,  les  consorts  Révol.  Ils  se  sont  eux  aussi 
pourvus  devant  le  Conseil   d'Etat,  qui  vient 
de  rendre  son  arrêt. 

Le  Conseil  d'Etat  déclare  que,  s'il  est  à 
présumer  que  Thiéry  était  encore,  à  son  décès 
en  1676,  créancier  d'une  somme  importante 
placée  à  la  Banque  de  Venise,  les  consorts 
Révol  ne  p;uvent  justifier  ni  que  la  banque 
était  restée  débitrice  au  moment  de  l'occupa- 
tion de  Venise  par  l'armée  française  ni  qu'il 
se  trouvât  alors  dans  les  caisses  de  cet  établis- 
sement des  fonds  affectés  au  remboursement 
de  cette  créance. 
L'arrêt  ajoute  qu'en  tenant  pour  établis  jej 


N"   1045 


LiNTERMEDlAIRÊ 


43 


44    - 


dires  des  requérants,  et  en  admettant  que 
l'armée  victorieuse  se  soit  emparée  des  deniers 
existant  dans  les  caisses  publiques,  ce  fait  de 
guerre  ne  saurait  donner  ouverture  contre 
l'Etat  français  à  un  recours  en  action  de  la 
part  des  créanciers  de  ces  caisses. 

En  conséquence,  le  Conseil  d'Etat,  sans 
s'arrêter  au  défaut  de  toute  justification  de  la 
qualité  d'héritiers  de  Jean  Thiéry,  a  rejeté  la 
requête  des  consorts  Révol. 

Le  serpent  de  mer  du  Consti- 
tutionnel (T.  G.  834  ;  XLVII,  544V  — 
Le  fameux  serpent  de  mer  vient  de  faire 
sa  réapparition  dans  les  colonnes  des  jour- 
naux. A  ce  sujet,  je  prie  les  lecteurs  de 
Xliitenncdiaire  de  vouloir  bien  me  per- 
mettre une  réminiscence. 

En  1862,  j'eus  à  Rouen,  avec  le  capi- 
taine armateur  Tessa,  du  Trois-mats 
Le  Coq,  du  port  de  Bordeaux,  l'entretien 
suivant  : 

Tessa  m'exhibait  de  superbes  et  ruti- 
lantes pièces  d'or  de  96  fr.. toutes  à  l'effi- 
gie de  Louis  XV  ;  elles  paraissaient 
n'avoir  jamais  été  mises  en  circulation 
tant  la  frappe  était  restée  nette.  Je  lui  en 
fis  la  remarque. 

—  Elles  proviennent, me  répondit-il, du 
trésor  royal  d'un  roi  noir  des  Namaquas, 
en  échange  d'une  livraison  de  pipes  de 
rhum.  Il  s'en  est  séparé  avec  regret, 
attendu  qu'il  les  tenait  de  ses  ascendants 
qui  les  conservaient  avec  un  soin  jaloux, 
mais  il  n'a  pu  résister  à  mon  excellent 
tafia,  la  gourmandise  a  eu  le  dessus.  J'en 
ai  un  plein  sac  dans  ma  cabine  et  c'ect 
dans  ce  voyage,  que  je  viens  d'accomplir, 
que  j'ai  vu  le  serpent  de  mer. 

—  Le  serpent  de  mer  !!!  m'écriai-je, 
surpris  au  possible,  celui  du  ConstUntion- 
nel,  naturellement,  et  où  ça  .'' 

—  Au  large  de  la  pointe  d'Afrique.  Au 
moment  où  il  me  fut  signalé  par  la  vigie, 
il  se  trouvait  à  300  mètres  environ  de 
mon  navire,  il  nous  suivit  à  la  même 
distance  pendant  plus  de  quatre  heures 
et  je  n'étais  pas  sans  appréhension  dans 
le  cas  où  il  se  serait  heurté  contre  mon 
bord,  enfin  il  disparut. 

j'accablai  Tessa  de  questions. 

—  je  l'ai  examiné  à  l'aide  de  ma  lon- 
gue vue,  me  dit-il,  mais  il  m'a  été  im- 
possible de  me  rendre  exactement  compte 
de  sa  structure,  à  cause  de  l'éloignement, 
je  le  voyais  onduler  à  la  surface,  puis 
plonger  et  reparaître;  d"après  mon  estime, 


sa  longueur  peut  approcher  de  50  mètres. 
J'ai  consigné  le  fait  sur  mon  livre  de  bord 
et  mon  équipage  peut  en   témoigner. 

L'équipage  que  le  capitaine  Tessa  avait 
recruté,  se  composait  de  22  hommes, 
Français,  Italiens,  Espagnols,  Maltais  et 
de  nègres.  Le  maître-coq  préposé  à  la 
cuisine  était  un  grand  diable  de  Chi- 
nois ! 

J'espère  que  par  V Intermédiaire  on  arri- 
vera à  élucider  la  question. 

Paul  Hédouin. 

Cheveux  de  femmes  célèbres 
(XLIX,  843,  941).  —  M.  Dablin,  le  col- 
lectionneur bien  connu,  possède  une  mè- 
che de  cheveux  qu'on  dit  avoir  appartenu 
à  la  dame  de  Beauté.  R.  B 


* 

*  * 
cachet   de 


signée 


Dans  le  cachet  de  la  lettre 
Jeanne,  et  adressée  par  Jeanne  d'Arc  à  ses 
chers  et  bons  amis,  les  habitants  de  Riom 
(9  novembre  1429)  il  y  a  un  cheveu 
noir. 

\J Annuaire  dn  conseil  héraldique  (17^ 
année),  conteste  la  valeur  de  l'attribution 
de  ce  cheveu.  L'auteur  de  l'étude,  M. 
Oscar  de  Poli,  conclut  que  Jeanne  d'Arc 
était  blonde. 


*  * 


J'aurais  un  intérêt  particulier  à  savoir 
qui  est  le  collectionneur  possédant  ac 
tuellement  les  cheveux  d'Agnès  Sorel 
achetés  en  1897,  à  la  vente  du  baron  Pi- 
chon.  Notre  conirère  G.  V.  dit  en  igno- 
rer le  détenteur.  Qiielqu'un  pourrait-il 
me  l'indiquer  ? 

Mac'  Ramey, 

Iconographie  du  meurtre  rituel 

(XLVII  ;XLV11I;XLIX,67, 455,  511).— A 
propos  du  meurtre  rituel,  je  communique 
aux  lecteurs  de  V Intermédiaire  la  lettre 
suivante  concernant  le  B^  Simon  (à  l'oc- 
casion duquel  précisément  la  question  a 
été  posée).  La  lettre  a  été  envoyée  par  le 
secrétaire  de  l'évêque  de  Trente  à  M .  Henri 
Desportes  : 

Monsieur  le  professeur, 

En  réponse  à  votre  lettre  du  26  février 
dernier,  je  vais  vous  donner  les  renseigne- 
ments suivants  à  l'égard  de  l'assassinat  com- 
mis par  les  juifs,  le  23  mars  (mercredi  saint) 
de  l'an  1475,  à  l'heure  italienne  vingt  trois 
(deux  heures  de  nuit)  sur  l'enfant  Simon  Un- 
verdorben,  d'environ  deux  ans, 

1°  La  tradition  manitenue  ici  jusqu'à  pré- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Juillet  1904, 


45 


46 


sent    rapporte  qu'il  a  été   tué  par  les  juifs  en 
haine  du  Ciirist  et  de  sa  religion. 

2"  L'église  de  Saint-Pierre  est  une  des  trois 
églises  paroissiales  de  notre  ville.  Le  corps 
du  saint  se  conserve  dans  une  chapelle,  qui  a 
été  bâtie  au  côté  septentrional  de  cette  église, 
environ  un  siècle  après  le  martyre  de  l'enfant. 
Plus  tard  elle  fut  restaurée  par  Maîhias  Ga- 
lasso,  de  l'armée  autrichienne,  dans  la  guerre 
de  Trente  ans.  De  nouvelles  restaurations  y 
ont  été  faites  il  y  a  trois  ans. 

3"  Les  reliques  du  saint  sont  très  soigneu- 
sement conservées.  Outre  le  corps  dans  son 
urne,  on  garde  en  sept  reliquaires,  le  couteau 
sacrificateur,  le  verre  où  les  juifs  burent  le 
sang,  le  bassin  pour  le  recueillir,  la  petite 
robe  du  saint,  deux  boîtes  remplies  de  son 
sang.  Dans  la  paroisse  de  Saint-Pierre  existent 
deu-x  chapelles,  l'une  bâtie  sur  le  lieu  où 
il  naquit  (palais  Bostolazzi,  via  del  Fossato) 
et  l'autre  où  il  fut  martyrisé  ;  ce  dernier  en- 
droit était  l'ancienne  synagogue  (palais  Sal- 
vadosi,  via  Lunga). 

4°  Saint-Simon  est  regardé  comme  le  second 
patron  du  diocèse  et  de  la  ville.  On  en  célèbre 
la  fête  chaque  année  le  quatrième  dimanche 
après  Pâques. 

5°  Plusieurs  ouvrages  ont  été  publiés  sur 
ce  martyre  ;  et  nos  historiens  et  chroniqueurs 
en  parlent  diffusément. 

Piro  Pincio  :  Croniche  di  Trcnio. 

Alberti  :  Annalia. 

Bonnelli  :  Mormmenta ,  Ecclesiœ  Iriden- 
tinœ.  Mari  an  i. 

«  Opusculum  Calphurini  et  Zovenzonii  de 
beato  puero  Simone  martyre,  éd.  1481.  —  in 
beatum  Simonem  etEpigràmmœ,  éd.   1482.  » 

De  Ponte.  Super  inqiiisttione  contra  ju- 
dœos  in  processu  Beati  Simonis. 

Ces  ouvrages  sont  très  rares,  on  ne  les  trouve 
guère  que  dans  les  bibliothèques,  qui  ne  les 
prêtent  à  personne. 

Le  procès  contre  les  juifs  a  été  approuvé 
par  le  pape  Sixte  IV,  par  la  bulle  dcllo  XII 
Kal.  Jiilii  1478. 

Dans  l'espoir  d'avoir  satisfait  votre  rechei- 
che  le  mieux  qu'il  m'était  possible,  je  vous 
pré  sente,  Mon  sieur,  m  es  salutations  empressées. 

Trente  le  16  mars  i88q. 

Signé  :  Jos.   Rigoki 
Secrétaire 

Cette  lettre  est  extraite  de  l'ouvrage 
de  Henri  Desportes  :  Le  Mystère  du  sang^ 
pages  162  et  163.  G.  La  Brèche. 


»  * 


La  bibliographie  sur  le  meurtre  rituel 
est  copieuse.  Elle  prouve  avec  quelle  pas- 
sion ce  problème  a  été  posé,  et  l'on  dirait 
résolu,  s'il  en  existait,  ce  dont  je  doute, 
une  solution  satisfaisante.  11  se  dégage  de 
ces  lectures  l'impression  que  le  fanatisme 


a  pu 


ens:endrer   certains   actes 


doctrine  n'est  pas  prouvée. 


dont 
Y. 


la 


Alfred d'Aunay  (XLVIII  ;  XLIX,  1 86). 
—  11  n'a  jusqu'à  présent  pas  été  possible 
de  connaître  ladate  delà  mort  de  Descu- 
dié  Le  concierge  de  la  rue  Boursault  est 
en  fonctions  depuis  peu  de  temps.  A  la  mai- 
rie des  Batignolles,  au  Palais  de  lustice, 
on  ne  sait  rien  et  le  Figaro   reste  muet  ! 

Voici  le  titre  exact  de  l'ouvrage  auquel 
il  a  été  fait  allusion  (XLVIII,  9 15)  :  Voya- 
ges en  France^  par  Alfred  d'Aunay.  Paris, 
Paul  Dupont,  1881,  in-40.  La  publication 
est  arrêtée  au  département  de  l'Ardèche 
(inclus).  A.  S..  E. 

JeaiîEe  Hachette  (XLIX,  945).  — 
Rien,  jusqu'ici,  n'est  venu  infirmer  —  ou 
compléter  —  les  conclusions  du  savant 
article  publié  en  1866  parPh.  Tamizey 
de  Larroque  dans  la  Revue  des  Qiiestions 
historiques. 

Jeanne  était  une  femme  du  peuple, 
s'appelait  Jeanne  Laisné,  était  fille  de 
Mathieu  Laisné;  et  en  1472,  lorsque  les 
Bourguignons  firent  le  siège  de  Beauvais 
et  que  les  femmes,  les  enfants  même  con- 
tribuèrent avec  un  admirable  courage  à 
la  défense  de  la  ville,  elle  «  print  et  arra- 
cha, sans  autre  baston  ou  ayde.à  l'un  des 
dits  Bourguignons  l'estendart  qu'il  te- 
noitet  le  porta  en  l'église  des  Jacobins  ». 

Là  se  borna  son  «  héroïsme  »  :  tout 
le  reste  est  pure  légende  —  y  compris 
l'anecdote  de  la  hachette. 

Insoutenable  aussi  l'identification  de 
l'étendard  pris  par  Jeanne  avec  celui  con- 
servé comme  tel  à  Beauvais.  Sur  l'origine 
réelle  de  ce  dernier,  il  faut  lire  l'article 
de  Paulin  Paris  dans  la  Revue  archéologi- 
que as.  1850,  l'étude  de  M.  E.  Charvet 
dans  les  Mémoires  delà  Société  académique 
de  l'Oise  en  1885  {d.V Intermédiaire,  X\X^ 
450,  539,  554),  et  surtout  cette  note 
curieuse  présentée  en  1901  par  un  érudit 
belge,  M.  Ernest  Matthieu,  au  Congrès 
archéologique  et  historique  de  Tongres  : 

Jeanne  Laisné,  connue  sous  le  nom  de 
Jeanne  Hachette,  avait,  lors  du  siège  de  Beau- 
vais en  1472,  enlevé  un  drapeau  aux  troupes 
de  Charles  le  Téméraire  ;  ce  drapeau  fut  porté 
en  l'église  des  Jacobins  et  suspendu  à  la  voûte 
de  la  nef. 

En  1790,  à  la  requête  des  citoyennes  de 
Beauvais,  la  municipalité  résolut  le  transferts 
l'hôtel  de  ville  de  l'étendard,  «  monument  de 


N°  1045. 


L'INTERMEDIAIRE 


47 


48 


la  bravoure  de  Jeanne  Laisné  dite  Hachette  ». 
Le  procès-verbal  descriptif  fut  accompagné 
du  dessin  reproduit  ici. 


A  la  séance  des  jurés  du  20  juin  1555, 
nous  apprennent  ces  archives,  «  les  harquebu- 
tiers  de    cette    ville      remonstrent    que,  à    la 


Or,  le  simple  examen  de  ce  dessin  permet 
de  constater  que  cet  étendard  n'appartient  pas 
au  quinzième  siècle,  mais  est  de  l'époque 
de  Charles-Quint.  11  ne  peut  donc  pas  être 
le  drapeau  enlevé  par  Jeanne  Hachette  en 
1472. 

On  y  voit  en  effet  lesarmoiriesde  l'empereur 
Charles-Quint,  accostées  des  deux  colonnes 
d'Hercule  et  de  la  devise  Plus  oultre^  que  le 
dessinateur  de  1790  a  mal  lue  Plus  que  tre. 
Au-dessous,  les  armes  de  Binche  :  le  lion 
d'argent  sur  champ  de  sable. 

Saint  Laurent  est  aussi  figuré  sur  le  drapeau. 
Sa  présence  s'explique  tout  naturellement,  — 
car  cet  étendard  est  celui  de  la  corporation 
des  arquebusiers  de  Binche, placée  sous  le  pa- 
tronage de  ce  saint.  D'autres  associations 
militaires,  en  Hainaut,  avaient  été  établies 
sous  le  même  vocable,  notamment  les  canon- 
niersà  Mons,  les  arquebusiers  à  Beaumont. 

Deux  arquebuses  posées  en  sautoir  indi- 
quent, au  surplus,  sur  l'étendard,  le  caractère 
de  la  corporation. 

Enfin, la  grande  inscription  gothique  tracée 
en  caractères  de  487  millimètres  de  hauteur, 
est  le  nom  de  la  ville  «  Binq  »  ou  «  Bin- 
che ». 

Précisément,  les  archives  communales  de 
Binche  constatent  que  le  drapeau  ou  guidon 
du  serment  des  arquebusiers  de  cette  ville  fut 
enlevé  en  1554,  lors  de  la  prise  de  Binche  par 
les  soldats  du  roi  de  France  Henri  II, 


prinse  de  la  ville  ilz  ont  perdu  leur  ghuidon 
et  tambourin,  de  quoy  ilz  se  aydoient  à  aller 
à  l'église  aux  jours  de  sacrement  et  jours  de 
procession  ;  pourquoy  ilz  requièrent  que  pour 
la  procession  prochaine  ilz  puissent  avoir 
argent  pour  ravoir  nouveau  ghuidon  et  tam- 
bourin. Ordonné  de  leur  faire  payer  par  le 
massart  si  avant  que  faire  le  polra  ». 

Il  est  donc  établi  que  l'étendard  dont  le  des- 
sin fut  pris  en  1790  à  Beauvais,  ne  peut  s'in- 
terpréter naturellement  que  comme  ayant 
appartenu  aux  arquebusiers  de  la  ville  de 
Binche,  à  qui  les  Français  l'avaient  enlevé  en 

•554  ! 

)'ai  fait  faire  pour  V Intermédiaire  un 
cliché  du  dessin  reproduit  dans  la  note  de 
M.  Matthieu,  et  je  le  lui  envoie.  Le  pré- 
tendu «  drapeau  de  Jeanne  Hachette  >>  fi- 
gure aussi  dans  le  recueil  de  Willemin.les 
notices  de  Paulin  Paris  et  E.  Charvet, 
V Histoire  de  France  de  H.  Bordier  et  Ed. 
Charton...  A.  Bogkaert  Vaché. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon  St-Amand- 
Mont-Rond. 


L*  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mois.  20  Juillet  1904. 


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N»  1046 

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PARIS  (iXM 

Bureaux:  de 2 à  4 heures 


ntexmébiaixt 


DES   CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Poadé   «n   1364 


QUKSTlonS    KT   RÉl'ONSES    LITTÉKAIRES,     HISTORIQUES,   SCIENTIFIQUES    ET     ARTiSTlQOfS 


TROUVAILLES    ET   CURIOSITES 


49 


(fiHucôtianô 


Peintures  de  Delacroix  dans  la 
bibliothèque  du  Sénat.  —  Quelque 
intermédiairiste  posséderait-il  des  lettres 
de  Delacroix  relatives  à  la  coupole  et  aux 
pendentifs  qu'il  a  peints,  de  1844  à  1847, 
dans  la  Bibliothèque  de  la  Chainbre  des 
Pairs,  au  Palais  du  Luxembourg  ? 

A.  HUSTIN. 
Secrétaire  général  de  la   questure  du  Sénat. 

Les  Mémoires  de  Louis-Philippe. 

—  Dans  une  lettre  datée  de  Claremont 
(21  juillet  1848),  Cuvillier-Fleury  écrit  du 
roi  exilé  Louis-Philippe  : 

Il  m'a  donné  à  lire  le  récit  d'une  curieu- 
se entrevue  qu'il  eut  avec  Danton  après  la 
bataille  de  Vaimy  et  dans  laquelle  Danton 
lui  fit  l'apologie  des  massacres  de  septem- 
bre et  s'en  déclara  l'auteur. 

Ce  récit  était  une  page  de  l'autobiogra- 
phie du  roi,  à  laquelle  ce  prince  donnait, 
paraît-il, la  dernière  main,  quand  il  reçut  la 
visite  de  Cuvillier-Fleury. 

Sait-on  ce  que  sont  devenus  ces  Mé- 
moires et  s'ils  seront  jamais  publiés  ? 

d'E. 

Le  club  Breton,  les  amis  de  la 
Constitution   et   les    Jacobins.    — 

Après  avoir  quitté  Versailles,  et  avant  de 
s'installer  aux  Jacobins  Saint-Honoré,  les 
amis  de  la  Constitution  s'installèrent  pro- 
visoirement place  des  Victoires. M. Aulard 
désigne  le  n°  7  sans  indiquer  de  quel   nu- 


mérotage il  parle  :  Royal,  sectionnaire» 
1806  ou  actuel  ? 

Je  suis  parvenu  à  identifier  la  maison, 
grâce  à  une  petite  histoire  manuscrite  de 
la  Révolution  que  je  possède  : 

11  s'agit  de  l'hôtel  Massiac,  ancien  hôtel 
Pomponne  du  chef  de  Snnon  Arnauld. 

En  1789,  cet  hôtel  appartenait  à  Louis- 
Claude-René  Mordant  de  Massiac,  qui 
émigra  par  la  suite,  et  à  sa  femme  Mlle  de 
Bongars. 

D'après  Thiery  (Guide  des  amateurs.... 

h  435)  : 

La  rue  des  Vieux  Augustins  qui  est  au- 
dessus  du  bureau  académique  conduit  à 
celle  du  Petit  Reposoir,  au  bout  de  laquelle 
se  trouve  l'Hôtel  de  Massiac,  donnant  sur 
la  place  des  Victoires,  et  faisant  l'angle 
de  la  rue  des  Fossés-Montmartre,  à  l'entrée 
de  laquelle  sont,  à  droite  l'hôtel  et  les  bu- 
reaux de  Isl.  Maréchal  de  Sainsay. 

Cet  hôtel  qui  avait  porté  le  n»  13  Royal 
et  21  sectionnaire  fut  vendu  comme  bien 
national  36^.517  fr.  le  5  thermidor 
an  IV,  à  Ducamp-Bussy,  fondé  de  pouvoir 
du  Cl  Godard  demeurant  85,  faubourg 
Saint-Honoré.  Godard  était  un  gros  spé- 
culateur ;  il  acheta  un  grand  nombre  de 
biens  nationaux  et  finalement  fit  la  cul- 
bute. L'hôtel  Massiac  fit  retour  à  la  nation 
et  nous  le  trouvons  successivement  cccupé 
par  la  caisse  des  comptes  courants  et  en 
1806  la  Banque  de  France  avant  son  ins- 
tallation dans  l'hôtel  de  Penthièvre,  où 
elle  est  encore  aujourd'hui . 

L'hôtel  avait  changé  de  propriétaire  le  2 

fructidor  an  V,  le  14  floréal  an  Vil    et  le 

'  21  août    1812.  Le    28    mai    1834,  il  fut 

L.  2 


N*   1046. 


L'INTERMÉDIAIRE 


51 


52 


vendu  aux  fins  du  jugement  du  Tribunal 
civil  de  i^"»  instance  de  Paris,  à  la  liqui- 
dation du  baron  Guillaume-Louis  Ter- 
naux  le  grand  marchand  de  Shalls.  Il  fut 
acheté  par  Eléonore-Elisabeth-Pauline  de 
Cressy,  veuve  de  Achille-Victor-Fortuné 
Piscatory,  vicomte  de  Vaufreland,  et  par 
ses  deux  fils  mineurs  ;  il  portait  alors  le 
n»  2,  rue  Vide-Gousset. 

Il  fut  acheté  ensuite  par  l'assurance 
financière  Lyonnaise.  Sur  ces  entrefaites 
eut  lieu  le  percement  de  la  rue  Etienne 
Marcel  ;  M.  Blondel,  architecte,  le  fit  dé- 
molir et  construire  sur  partie  de  son  em- 
placement et  sur  des  terrains  en  façade 
provenant  du  domaine,  un  immeuble  en 
alignement  sur  la  place  des  Victoires  où 
il  porte  Rctuellement  les  n"^  7  et  9.  Il  fait 
l'angle  de  la  rue  Etienne  Marcel  (percée 
sur  l'ancienne  rue  du  Petit-Reposoirj  et  de 
la  rue  d'Aboukir  (ou  rue  des  Fossés-Mont- 
martre), 

Qui  était  Mordant  de  Massiac  ?  A-t-il 
joué  un  rôle  politique  ?  Etait  il  Breton  ? 
Etait-il  membre  du  Club  des  amis  de  la 
Constitution  ?  Cette  dernière  hypothèse 
n'est  pas  vraisemblable  puisqu'il  émigra, 
mais  elle  est  néanmoins  possible. 

J.  G.  Bord. 

Documents  à  trouver  relatifs  aux 
rapports  et  à  la  demeure  en  France 
d'Améric  Vespuce  et  de  Laurent 
et  Jean,  fils  de  Pierre-François 
de  Médicis.  —  Pour  expliquer  les 
raisons  de  cette  question,  je  rappelle- 
rai : 

i<^  Que  ce  fut  Waldseemuller,  surnom- 
mé Hylacomilus,  qui  donna  le  nom 
d'Améric  Vespuce  au  Nouveau  Monde. 

Voir  entre  autres  :  Gallois  L.  Les  géo- 
graphes allemands  de  la  Renaissance^ 
Paris,  E.  Leroux,  1890,  p.  44-47  '» 

2°  Que  le  navigateur  Florentin  adressa 
au  roi  René  de  Lorraine  une  relation  de 
son  voyage  et  que  deux  des  premières 
éditions  du  Mundus  Novus  furent  impri- 
mées à  Paris  en  1504,  l'une  chez  Jehan 
Lambert  et  l'autre  par  Gilles  de  Gour- 
mont.  (Voir  :  F.  A.  de  Varnhagen.  Ame- 
rigo  Vespiicci.  Son  caractère,  ses  écrits 
(même  les  moins  authentiques),  sa  vie  et  ses 
navigations,  Lima,  1865,  p.  17  et  Har- 
risse  H.,  Bibliotheca  Americana  Vctustis- 
sima,  Paris,  1866,  et  Additions  1872  ; 

3"  Qu'il  existe  des  documents  d'où  il 


attaché  d'ambas- 
avec   son  parent 


résulte  qu'Améric  était 

sade  à  Paris  en    1480, 

Guidantonio  Vespucci  envoyé  par  la  ville 

de  Florence   auprès   du     roi   de    France 

Louis  XI  (Toscanelli^  N°   i,  janvier   1893, 

p.  23-26); 

4*'  Qu'Améric  Vespuce  était  employé 
dans  la  maison  de  commerce  de  Laurent 
et  de  Jean,  fils  de  Pierre-François  de  Mé- 
dicis et  qu'il  alla  en  Espagne  en  1492 
pour  le  compte  de  ses  patrons.  (Voir  mon 
édition  de  l'ouvrage  de  Bandini  A.  M. 
Fita  di  Amerigo  Vespucci  etc,  Firenze, 
<\  auspice  il  Comune?y,i898  p.  22  et  25  et 
mes  notes  p.  83,  a  etb); 

5°  Que  Laurent  et  Jean, filsde  Pierre  Fran- 
çois de  Médicis,  eurent,  dès  l'année  1494 
sinon  avant,  des  charges  honorifiques  et 
lucratives  à  la  cour  du  roi  Charles  VIII  et 
que  Laurent  alla  en  France  en  1483-84, 
comme  ambassadeur  de  la  République  de 
Florence  auprès  du  Roi, 

G.   UziEI-Ll. 

La  fortune  et  les  papiers  d'Ega- 
lité. —  Où  pourrait-on  trouver  —  tout 
au  moins  — des  traces  des  dépenses  poli- 
tiques considérables  qu'a  dû  faire  le  duc 
d'Orléans-Egalilé  à  partir  de  1789  ? 
Celui-ci  a-t-il  laissé  des  papiers  où  l'on 
trouverait  ces  indications  ?  Y  a-t-il  eu 
une  saisie  faite  par  l'Etat  au  moment  de 
sa  condamnation  à  mort  ?  Et  alors  où  se 
trouvent  les  documents  saisis  ? 

A  défaut,  quel  était  le  montant  de  la 
fortune  d'Egalité  avant  la  Révolution  et 
quel  était-il  après  .^  H,  T. 

Cambronne  à  Waterloo.  —  Quel- 
ques collègues  auraient-ils  l'obligeance  de 
m'indiquer  des  documents  inédits  ou  peu 
connus  sur  le  général  Cambronne  et  son 
fameux  mot  à  Waterloo  ?         La  Résie, 

Le  mot  de  Cambronne .  \o\x  Intermédiaire 
T.  G.  163. 

Campagne  de  Hollande (1809).— 

Quels  sont  les  ouvrages  ou  mémoires  à 
consulter  sur  cette  campagne  ?  Quels  sont 
les  corps  qui  y  ont  pris  part  ^ 

La  Résie. 

Un  archevêque  emprisonné.  — 

Dans  Rome,  Naples  et  Florence^  Stendhal 
raconte  l'histoire  d'un  archevêque,  fils 
d'un  ministre  du  pacha  d'Egypte,  jeté   à 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1904, 


53 


54 


la  côte  calabraise  par  une  tempête  et  qui, 
livré  à  la  cour  de  Rome,  aurait  été  en- 
fermé au  château  Saint-Ange. 

Stendhal  n'en  dit  pas  long  ;  c'est  un 
peu  sommaire. 

Pourrait-on  préciser  et  donner  d'autres 
détails  plus  circonstanciés  .?  J 

Mac-Mahon  blessé.  —  Le  matin  de 
Sedan,  Mac-Mahon  affirme  avoir  été  blessé 
ou  contusionné  suffisamment  pour  avoir 
dû  se  démettre  de  ses  fonctions  de  com 
mandant  en  chef  de  l'armée  de  Châlons. 
11  serait  intéressant  de  savoir  : 

1°  Si  cet  événement  a  eu  des  témoins  ; 

2°  Si  ces  témoins  en  ont  fait  mention 
dans  des  écrits  ou  des  conversations  au- 
thentiques ; 

3°  Quelle  aurait  été  exactement  la  cause 
de  cette  mise  hors  de  combat  du  duc  de 
Magenta  ? 

Etait-ce  une  blessure  ou  une  contusion  ? 

■  N. 


Leta  Pane,  —  Plusieurs  livres,  pu- 
bliés dans  la  seconde  moitié  du  xvi®  siècle, 
portent  cette  souscription.  Est-ce  le  nom 
d'une  ville  ^  Cette  ville  existe  elle  en- 
core ? 

Quelque  intermédiairiste  pourrait-il  me 
dire  à  quel  moment  l'imprimerie  y  a  été 
installée  ?  Le  nom  n'est  pas  dans  La  Serna. 

0.  Gy. 

?3eauvillé. —  Je  serais  fort  obligé  que 
l'on  voulût  bien  m'indiquer  les  armes  de 
la  famille  de  Beauvillé, alliance  des  Vieux- 
pont.  Ne  serait-ce  pas  :  d'or,  à  2  taureaux 
pasiants  de  gueules  ?  T. 

Les  statues  de  Thouret,  de  Mira- 
tbeau,  de  Condorcet  enlevées  de  la 
chambre  des  Pairs.  —  On  lit  au  bas 

|de  la  notice  sur  Thouret,  publiée  par  son 
ïîls  pour  «  V  Abrégé  des  Révolutions  de  l'an- 

zcten  gouvernement  français  »,  la  note  sui- 
vante : 

La  chambre  des  Pairs  a  fait  disparaître  de 
son  palais  la  statue  de  Thouret,  ainsi  que 
celles  de  Condorcet,  de  Mirabeau  et  de  plu- 
sieurs autres  illustres  défenseurs  de  la  liberté. 

Que  sont  devenues  ces  statues?  Y  eut-il 
une  délibération  au  sujet  de  leur  enlève- 
ment. Rédigea-t-on  un  procès  verbal  ? 

E.  L. 


Un  portrait 
par  Calcar,  au 
école  italienne. 


d'homme  inconnu, 
musée  du  Louvre, 
—  Ce   portrait   a    été 
ainsi  décrit  par  Frédéric   Villot,  dans   sa 

Notice  des  tableaux  du  musée  du  Louvre  : 

Il  a  la  barbe  rousse  et  fourchue,  la  tête  nue, 
vue  de  trois  quarts,  tournée  à  gauche  et  les 
cheveux  courts  ;  il  est  vêtu  d'une  robe  noire 
mise  par  dessus  un  pourpoint  violet  ;  la  main 
gauche  posée  sur  la  hanche,  et  la  droite  ap- 
puyée sur  le  piédestal  d'une  colonne,  tient  un 
papier.  On  remarque  sur  la  colonne,  unécus- 
son  portant  :  d'a:[ur,  à  trois  tètes  de  pavot 
d'or,  et  on  lit  cette  inscription  :  Anno  1^40, 
celatis  26 .  Ce  blason  est  répété  sur  la  bague 
que  porte  le  personnage,  avec  l'addition  de 
trois  lettres  :  A'',   V.  B. 

L'identification  de  ce  beau  portrait  se- 
rait très  intéressante.  Toute  la  question 
peut  se  résumer  en  ceci  :  quel  est  le  per- 
sonnage qui, en  1 540,  avait  26  ans  et  por- 
tait les  armes  ci-dessus?  Rappelons  que, 
quoiqu'élève  du  Titien  et  quoique  mort  à 
Naples  en  1 546  et  classé  parmi  les  peintres 
italiens,  Johan-Stephan  von  Calcar  était 
né  dans  le  duché  de  Clèves  en  1499  !  '^ 
avait  dû  conserver  des  relations  avec  son 
pays  natal,  et  le  personnage  à  déterminer 
peut  être  par  conséquent  un  italien  ou  un 
allemand,  un  allemand  plutôt,  car  la 
lettre  V  ci-dessus  est  probablement  la 
particule  allemande  von. 

Théodore  Courtaux. 

Le  cardinal  de  Vendôme,  Léop- 
pard  Amyot.  --  Léopard  Amyot,  fils 
de  Magdalaine  Thomas,  était,  en  1579, 
secrétaire  de  Mgr  le  cardinal  de  Ven- 
dosme,  grand  prieur  d'Auvergfïe  et  au- 
mosnier  de  la  Reine  mère. 

Pourrais-je  savoir  quel  était  ce  Ven- 
dosme  :  son  secrétaire  était-il  parent  du 
célèbre  Amyot,  professeur  de  grec  pen- 
dant dix  ans  à  l'université  de  Bourges  et 
auteur  de  la  Vie  des  grands  hommes  ? 

J'ai  recours  à  l'obligeance  et  au  grand 
savoir  de  M.  Tardieu  pour  éclaircir  cette 
question  qui  a  rapport  à  l'Auvergne, 
province  dont  il  connaît  si  bien  l'histoire. 

E.  Tausserat. 

Famille  Bosc  de  la  Calmette.  — 
La  France  protestante,  dans  son  tome  II, 
donne  une  partie  de  la  généalogie  de  cette 
famille  noble  du  Bas-Languedoc,  dont  les 
armes  sont  :  d'or,  au  corail  de  gueules,  sur 
une  terrasse   de  sinople.    Elle  mentionne. 


N»  104b. 


L'INTERMÉDIAIRE 


55 


sans  autres  renseignements  sur  cette  bran- 
che, un  Henri  Bosc,  fils  de  Laurent  Bosc 
et   de  Jaquette    de    Scorbiac,   mariés    le 
1*'  juin  1079,  qui  fut  conseiller  à  la  cour 
des  comptes  de  Montpellier,   épousa  An- 
toinette de  Sartre,  et  par  lequel  la  famille 
s'est    continuée,    parait-il,    jusqu'à    nos 
jours,  je  serais  désireux  d'avoir  des  ren- 
seignements  sur    la    descendance    Henri 
Bosc  de  Sartre  et  remercie  d'avance  l'ai- 
mable collègue  qui  pourra  soit  m'en  don 
ner,  soit  me  faire  connaître  des  ouvrages 
où  je  pourrai  me  documenter. 

XVI  B. 

Familles  de  Bourdaloue  et  de 
Rochechouart-Chandenier.— Existe- 

t-il  encore,  de  l'une  ou  l'autre  de  ces 
deux  familles,  des  parents  au-dessous  du 
12"  degré  ? 

2°  Sait -on  quels  furent  leurs  héritiers, 
parents  ou  étrangers  ? 

3°  Le  général  de  Rochechouart,  né  à 
Paris  en  1788,  était-il  un  membre  de  la 
même  famille  de  Rochechouart-Chande- 
nier ?  J.  B.  d'Arnal. 

Famille   Bugnot     de   Farémont. 

—  jean-Bugnot,  écuyer  1 567-1 571-1576, 
chef  du   conseil    de  Mme  Antoinette   de 
Bourbon,  douairière   de  Guise,  prévôt  de 
Joinville,   qualité   qui    lui  est   donnée  en 
1572    dans  le  contrat  de  mariage  de  Hu- 
gues Bugnot  son  fils,  épousa,  à  Orléans, 
Marie   Tardieu,    comme    il  paraît   par  le 
partage  de  ses  biens  du    28  juillet  1574. 
Je  me  recommande  à  l'obligeance  d'un 
savant   correspondant    de   VlnterméJiaiie 
et  particulièrement   de  M.  Tardieu,  pour 
connaître  la  date  du    contrat  de  mariage 
de  Jean  Bugnot  et  le  nom  et  résidence  du 
notaire  qui  l'a  reçu.  E.  Tausserat. 


Famille  de  Jassaud.  —  Pierre- 
Guillaume  de  Jassaud,  chevalier,  seigneur 
de  Lazenay,  épousa  Michelle  Auger,  sui- 
vant acte  reçu  Robineau,  notaire  au  Châ- 
telet  de  Paris,  le  26  août  1737,  et  laissa 
sept  enfants  : 

i"  Pierre,  2°  Ambroise-Auguste,  3»  Ca- 
therine -  Michelle  f"":  de  Charles  Louis 
Scaron,  4"  Marie-Jeanne,  5"  André-Charles, 
clerc  tonsuré,  b"  Marie-Charlotte,  7"  Ma- 
rie. 

Je  désirerais  connaître  le  sort  de   ces 


enfants  et  savoir  si 
des  représentants. 


56 

cette  famille  a  encore 


E.  Tausserat. 


L'Espinasse  (de).  —  L?:  Dictionnaire 
de  la  Mayenne  de  M.  Angot,(lL  126)  ren- 
ferme sur  cette  famille  normande  quel- 
ques notes  que  je  prie  les  aimables  collè- 
gues de  V Intermédiaire  d'augmenter,  je 
désirerais  surtout  connaître  les  ascendants 
et  les  descendants  d'un  certain  citoyen 
Lespinasse  »  qui  demeurait  à  Sainte- 
Suzanne  (Mayenne)  avant  1793  et  qui 
depuis  occupa  la  place  de  régisseur  des 
terres  du  duc  de  Praslin  à  La  Flèche. 

Louis  Calendini 


Familles  de  la  Marinière,  et  Le 
Marinier  (ou  Mariner). —  Le  Diction- 
naire de  la  Noblesse  publié  à  Paris  en  1771 
a  pour  auteur  La  Chesnaye  des  Bois  ;  — 
(la  seconde  édition,  qui  date  de  1775,  por- 
te cette  indication  :  chez  Antoine  Boudet, 
rue  Saint-Jacques). 

Dans  le  tome  IX  de  ce  dictionnaire,  on 
ne  trouve  rien  sur  la  famille  «  de  la  Mari- 
nière »  ;  mais  il  est  dit  que 

«  Les  Marinier  »  en  Normandie  (près  de 
Rouen  et  Caen)  ont  été  maintenus  dans 
leur  noblesse  les  20  février  et  13  juillet 
1668,  et  qu'ils  portaient  :  J^^z/ra/ii-s.  au  pal 
d'argent,  chargé  de  trois  coquilles  d'azur. 

Peut-on  m'indiquer  si  la  famille  «  de  la 
Marinière  »  et  aussi  la  famille  le  Marinier 
(ou.  Mariner)  existe  encore  à  notre  épo- 
que en  Normandie,  ou  en  France  ? 

A  l'Université  d'Oxford  en  Angleterre, 
«  25  August  1624,  l'Honorable  James 
'/  (Jacques)  de  la  Marinière,  baron  de 
«  Montmartin,  Cruches,  Borrivet,  le  Vi- 
«  gnies,  et  Guhebert  avait  actuellement  le 
«  grade  de  maître  es  arts  »,  (Magister 
Artium). 

En  1500  1504,  Le  Marinier  a  été  secré- 
taire de  l'empereur  Maximilien  d'Allema- 
gne. 

La  famille  Le  Marinier  [ou  Mariner) 
a  donné  des  Barons  et  Marquis  de  Cany, 
en  Normandie,  près  de  Rouen  et  Caen. 

J'accepterais  avec  reconnaissance  les  ré- 
ponses des  intermédiairistes  sur  la  famille 
«  de  la  Marinière  »,  et  la  famille  «  le  Ma- 
rinier {pu  Mariner)  ». 

Rév.  Edwin  Marriner. 

Advoulan,  Torquay,  Angleterre. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1904 


57 


58 


Famille  de  Vin  ou  Devin.  —  Dans 
V Armoriai  Je  la  Restauration ^  tome  II, 
page  380,  à  l'article  De  Vin,  M.  le  vi- 
comte Révérend  cite  comme  référence  le 
Curieux  de  Ch.  Nauroy,  tome  I.  Pour- 
rait-on savoir  si  cet  article  du  Curieux 
est  plus  complet  pour  la  famille  De  Vin 
que  ne  l'indique  M.  Révérend,  et  si  l'on 
fait  connaître  les  parents,  les  frères  et 
sœurs  de  Claude  Devin,  cité  comme  au- 
teur de  la  fi.unille  ?  On  désirerait  particu- 
lièrement trouver  la  parenté  de  ce  Claude 
Devin  avec  Renée  De  Vin,  épouse  de  Mau- 
rice Blouin,  Md  Bourgeois  de  Paris  vers 
1640.  T.  L. 

Un  roman  de  Balzac  :  Le  Prêtre 
catholique.  —  Balzac  écrivait  un  jour 
à  Mme  de  Surville  :  ^<  Je  vais  faire  un  tri- 
«  pie  feu  sur  le  public,  à  savoir  :  Eugénie 
\<  Grandet, les  Aventures  tV une  idée  heureuse 
«  et  mon  Prêtre  catholique,  l'un  de  nos 
*<  plus  beaux  sujets...  » 

Ce  dernier  ouvrage  a-t-il  été  commen- 
cé ou  bien  n'at-il  jamais  été  qu'à  l'état 
de  projet  .''  Gustave  Fustier, 

Balzac  imprimeur.  Les  éditions 
compactss.  —  Madame  Laure  Surville, 
sœur  de  Balzac,  dans  son  étude  biogra- 
phique :  Bal{ac,sa  vie  et  ses  œuvres, d'après 
sa  correspondance.  Paris,  Librairie  nou- 
velle, 1858,  attribue  à  son  frère  (page  77) 
l'idée  première  des  éditions  compactes 
«  qui  enrichirent  depuis  la  librairie  ». 
Suivant  elle,  il  entreprit  et  mena  de  front 
la  double  publication,  en  un  volume,  des 
œuvres  complètes  de  La  Fontaine  et  de 
celles  de  Molière.  Mais  leur  vente  ne  mar- 
cha pas  :  ce  fut  le  début  de  ses  embarras 
financiers. 

Dans  leur  étude  si  intéressante  el  si 
documentée  :  «  La  jeunesse  de  Balzac. 
Balzac  imprimeur  »  Paris,  Ferroud,  1903, 
M.M.  G.  Hanotaux  et  G.  Vicaire  s'expri- 
ment ainsi  : 

11  est  démontré  maintenant  que  l'idée  des 
éditions  compactes  n'appartient  pas  à  Bal- 
zac. L'affaire  était  décidée  avant  qu'il  s'en 
occupât.  D'ailleurs,  s'il  s'agit  d'un  type 
analogue  à  celui  du  La  Fontaine  et  du  Mo- 
lière, la  conception  assez  banale  est  en 
même  temps  des  plus  médiocres.  La  non 
réussite  de  l'opération  s'explique,  sans 
qu'on  s'en  prenne, comme  l'a  fait  Mme  Sur- 
Ile,  k  l'a  jalousie  «  des  confrères    paten- 


VI 

té 


Madame  Surville  n'avait  peut-être  pas 
tout  à  fait  tort. 

Nous  avons  pu  trouver,  par  occasions 
diverses,  et  réunir  trois  volumes  dont 
l'assemblage  est  réellement  curieux,  en  ce 
sens  qu'ils  font  naître  l'idée  d'une  concur- 
rence faite  à  Balzac,  au  moment  même  où 
il  publia  les  éditions  compactes  en  un 
volume  des  œuvres  de  La  Fontaine,  de 
Molière,  etc.  En  voici  la  description  som- 
maire : 

\°  CEuvrescompVetes de  LaFontaine ornées 
de  trente  vignettes  dessinées  par  Devéria 
et  gravées  par  Thompson.  Paris,  Bau- 
douin frères,  rue  de  Vaugirard.  A.  Sau- 
telet  et  Cie,  place  de  la  Bourse,  imprime- 
rie de  Rignoux,  rue  des  Francs  Bourgeois- 
Samt-Michel,  M  DCCCXXVI  —  Au  verso 
de  la  feuille  de  garde,  on  lit  :  H.  Balzac, 
éditeur-propriétaire,  rue  des  Marais  Saint- 
Germain,  n"  17.  La  préface  est  signée 
H.  Balzac.  —  Volume  in-8,  de  vm-493 
pages,  texte  en  deux  colonnes,  caractères 
minuscules,  vignettes  en  tête  de  page, 
forme  médaillon  allongé. 

2°  Œuvres  complètes  de  La  Fontaine, 
précédées  de  l'éloge  de  l'auteur  par  Cham- 
fort,  nouvelle  édition,  ornée  d'un  portrait 
et  de  douze  gravures.  Paris,  Igonette, 
libtaire,  rue  de  Savoie,  n"  3,  1826.  —  Au 
verso  de  la  feuille  de  garde  :  imprimerie 
d'Hippolyte  Tilliard,  rue  de  la  Harpe, 
n°  78.  —  Volume  in-8,  un  peu  plus  petit 
que  le  précédent,  de  xxii-554  pages,  plus 
un  extrait  du  Catalogue  des  livres  de  fonds 
de  la  librairie  Igonette,  —  texte  en  deux 
colonnes,  caractères  extrêmement  fins, 
gravures  hors  texte,  à  mi-page,  d'après 
des  dessins  de  Devéria  également. 

30  Œuvres  complètes  de  La  Fontaine, 
précédées  d'une  notice  de  M.  Auger,  de 
l'Académie  française  ;  Paris, Delongchamps, 
libraire-éditeur,  boulevard  Bonne-Nou- 
velle, n"  3,  1826.  —  Au  verso  et  au  bas 
de  la  feuille  de  garde:  Imprimerie  de  Jules 
Didot  aîné,  imprimeur  du  roi,  rue  du  Pont 
de  Lodi,  n"  6.  —  Volume  grand  in-8,  de 
xv-518  pages,  texte  en  deux  colonnes, 
petits  caractères,  quelques  vignettes-mé- 
daillons en  tête  de  page  {comme  au  iV"  i) 
sans  nom  de  dessinateur  ni  de  graveur  ; 
—  au  commencement  portrait  en  pied  de 
La  Fontaine  par  Desenne,  gravé  par  Bur- 
det. 

N'est-il  pas  surprenant  qu'en  cette 
même  année  1826,  aient  paru  trois  édi- 


N'  1046. 


L'INTERMÉDIAIRE 


59 


60 


tions  distinctes  des  mêmes  œuvres,  sous 
le  même  format  et  du  même  type, publiées 
par  trois  éditeurs  différents  ?  Ce  ne  peut 
être  par  coïncidence.  Ne  serait-ce  point 
plutôt  par  l'effet  d'une  concurrence  collec- 
tive,d'une  sorte  de  ligue  ?  Mais  qui  en  au- 
rait été  l'initiateur  ?  et  comment  se  fait-il 
que  Devéria,le  dessinateur,  ami  de  Balzac, 
ait  prêté  simultanément  son  concours  à 
deux  rivaux.  11  est  vrai  qu'ils  étaient  deux 
frères  Devéria,  Achille,  ayant  alors  vingt- 
six  ans,  et  Eugène,  n'ayant  que  vingt  un 
ans. 

Si,  comme  je  l'espère,  nous  avons  la 
bonne  fortune  de  compter  parmi  nos  col- 
lègues intermédiairistes  MM.  G.  Hano- 
taux,  G.  Vicaire  et  M.  le  vicomte  de 
Spoelberch  de  Lovenjoul,  l'érudit  balza- 
cien, nul  doute  qu'ils  n'élucident  cette 
question  bibliographique,  et  je  les  en  re- 
mercie d'avance.  Gros  Malo. 

Auteur  à  retrouver.  —  «  Les  meil- 
leurs livres  sont  ceux  qu'on  n'écrit  pas.  » 
Qui  a  dit  cela  .''  Gustave  Fustier. 

Dieu  nous  garde  de  l'équité  de 
messieurs  du  Parlement.  —  Origine 
de  ce  dicton  ?  Le  Blond. 

Marie  ouMarion?  — Musset  a  écrit  et 
il  avait  le  droit  d'écrire  : 

Je  hais  plus  que  la  mort  l'état  de  plagiaire. 

Comment  donc,  dans  Rolla,  publiée  en 
1533,  a-t-il  écrit  ce  vers  : 

Son  nom  était  Marie  et  non  pas  Marion. 

Deux  ans  avant,  le  11  août  1831,  avait 
été  joué  pour  la  première  fois  à  la  Porte 
Saint-Martin^  le  drame  de  Victor  Hugo, 
Marion  de  Lormc,  où  se  trouve,  à  la  scène 
6  du  dernier  acte,  le  fameux  dialogue  : 

«  Marion,  . . 
Parle-moi,  voyons  parle  ;  appelle-moi  Marie  ! 

Didier. 
Marie  ou  Marion  ? 

Comment  supposer  que  Musset  ait 
ignoré  ce  passage?  Et  comment  expliquer 
qu'il  l'ait  reproduit  presque  littéralement  ^ 

O.  Gy. 

Il  monte  sur  son  âne  et  la  chau- 
sonle  dit.  —  Lit-on  dans  la  fable  le 
Meunier  son  Fils  et  l'Ane.  Quelle  chanson  ^ 
a  demandé  dans  \' Intermédiaire.^  un  de 
nos  confrères  en  curiosité. 


J'ai,  non  sans  peine,  retrouvé  les  cou- 
plets visés  par  La  Fontaine  et  je  voudrais 
les  faire  connaître  au  questionneur. 

Mais  sous  quelle  rubrique  la  question 
a-t-elle  paru  ^  Quelque  attentives  qu'aient 
été  mes  recherches,  il  in'a  été  impossi- 
ble de  la  retrouver.  Toute  ma  reconnais- 
sance est  acquise  d'avance  à  l'aimable 
chercheur  qui  voudra  bien  me  venir  en 
aide.  .\.  S..E. 

Minuter  sa  retraite.  — -  C'est  une 
expression  de  vieux  français  ('xvii"  siècle) 
qui  indique  vraisemblablement  un  départ 
discret.  On  se  fait  petit  pour  s'en  aller 
sans  être  vu.  C'est  ce  qu'on  appelle,  dans 
un  salon, //t?;-  à  V anglaise,ti.^  dansla.  rue, 
en  argot,  s'esbigner. 

En  voici  deux  exemples  tirés  d'un  petit 
livre  rare  : 

Mémoires  très  particuliers  pour  servir 
à  l'Histoire  d'Henry  III,  Roy  de  France  et 
de  Pologne,  et  d'Henry  IV,  Roy  de  France 
et  de  Navarre.  A  Paris,  chez  Denis 
Thierry,  etc.,  MDCLXVII,  in-i8. 

Ces  mémoires  ont  été  écrits,  dans  sa 
vieillesse,  par  le  duc  d'Angouléme  qui 
n'avait  pas  encore  seize  ans  à  l'époque  de 
l'assassinat  de  son  oncle  Henri  III,  à  Saint- 
Cloud,  par  le  moine  Jacques  Clément. 

Il  dépeint  les  derniers  moments  du  roi, 
sa  mort  et  l'arrivée  du  roi  de  Navarre 
que  le  moribond  avait  désigné  pour  son 
successeur.  Tout  le  monde  n'était  pas 
satisfait  de  la  venue  du  futur  Henri  IV  : 

L'estonneraent  avoit  tellement  saisi  les 
esprits,  que  chacun  se  regardoit  sans  se 
parler  ;  et  les  affections  étoient  si  diverses, 
que  les  uns  minutoicnt  leur  retraite  pour 
éviter  les  rencontres  malheureuses  qu'ils 
prcvoyoient  devoir  suivre  un  tel  accident, 
les  autres,  sous  prétexte  de  la  Religion  pro- 
testoient  de  ne  pouvoir  servir  un  Roy  Hu- 
guenot, etc. 

L'expression  semble  familière  à  l'écri- 
vain. 11  y  revient  plus  loin,  à  propos  des 
combats  devant  Dieppe  entre  l'armée 
d'Henri  IV  et  celle  du  duc  de  Mayenne 
qui  fut  repoussée  : 

Les  Ennemis  après  avoir  esprouvé  la 
valeur  des  armes  du  Roy,  commençoient  à 
s'amollir,  et  plùtost  ^minuter  leur  retraite, 
qu'à  songer  à  de  nouvelles  attaques,  etc. 

Nous  n'avons  pas  trouvé  dans  les  lexi- 
ques cette  expression  imagée  *<  minuter 
sa  retraite  »  qui  nous  parait  fort  jolie. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1904. 


61 


62 


Etait-elle  propre  à  l'écrivain  ?  en  connaît- 
on  d'autres  exemples  à  citer  ?  La  signifi- 
cation que  nous  attribuons  au  mot  '<  mi- 
nuter »  est-elle  la  bonne?  Nous  le  pen- 
sons, mais  sans  le  garantir. 

Gros  Malo. 


Prôtérir,  prétériter.  —  Certains 
journaux  étrangers  qui  prétendent  savoir 
très  bien  le  français,  se  servent  fréquem- 
ment des  mots  prc'icritcr,  préin-iti\  pour 
dire  omettre^  passé  sons  silence.  J'avoue 
que  ces  mots,  qu'aucun  bon  dictionnaire 
n'accueille,  m'ont  toujours  paru  être  de 
simples  barbarismes.  Le  verbe  latin  prœ- 
terire  est  formé,  comme  une  série  d'autres 
de  la  même  famille,  de  ite^  aller,  et  d'une 
préposition  :  siibirc,  pcriic^  etc.  Ces  der- 
niers composés  ont  passé  directement 
dans  notre  langue  :  subir,  périr .]t  ne  sais 
^ou.X(\\io\prétcrir  n'a  pas  eu  la  même  for- 
tune :  le  mot  est  bien  formé,  il  sonne 
bien,  et  il  exprime  une  nuance  que  n'ex- 
priment, par  exemple, ni  rayer .^  ni  omettre. 
et  que  passer  sous  silence  ne  rend  qu'en 
trois  mots.  On  raie  un  nom  sur  une  liste 
pour  cause  d'indignité,  d'illégalité  ou 
d'incompatibilité  ;  on  l'omet  par  étourde- 
rie,  ou  par  négligenc^^,  ou  par  mauvais 
vouloir  ;  on  le  prétérite  sans  nulle  inten- 
tion désobligeante  et, en  général,  d'accord 
avec  l'intéressé,  et  sur  sa  demande.  Le 
mot  est  donc  utile  et  mérite  qu'on  le  res- 
suscite. Mais,  alors,  il  faut  l'écrire  et  le 
conjuguer  comme  tous  ses  congénères  ; 
il  faut  dire  prêter ir  et  non  piélériter  ; 
nous  pretérissons^^nous  pi ciérirons  (comme 
on  dit  :  nous  périssons.^  nous  subirons).^  et 
non  nous  préléritons,  nous  prctériterons. 
Qliant  au  participe  prétérit.^  qui  est  resté 
dans  la  langue,  avec  une  acception  spé- 
ciale, il  est  barbare  de  le  travestir  en  /i/-^- 
/tV//^.  Que  pensent  de  tout  cela  les  gram- 
mairiens de  y  Intermédiaire  ? 

Paul. 

«  Etant  donné  ». —  M.  Paul  Bourget, 
dans  la  très  intéressante  thèse  soutenue 
par  lui  dans  le  roman  :  Un  divorce,  qu'il 
vient  de  publier  dans  la  Revue  des  Deux- 
Mondes.^  écrit   à   la    page    73=5    (iç    juin 

1904)  :  « étant  donné  ses  idées  sur  la 

moralité  de  Mlle  Planât......  Le  participe 

doit-il  rester  invariable  ?  Ne   faudrait-il 
pas  :  étant  données  ?  J-  Lt. 


Vénus  ci;  la  femme  à  barbe.  — 
Dans  l'ile  de  Chypre,  un  culte  était  rendu 
à  la  Vénus  barbue,  Fenus  harbata.  Existe- 
t-il  des  représentations  de  la  déesse  avec 
le  visage  orné  de  poils  ^  B. 

Entrées  gratuites.  — je  n'apprendrai 
rien  à  personne, en  rappelant  que,  dans  la 
plupart  des  niusic  hall  parisiens  et  autres 
«  établissements  »,  les  entrepreneurs  de 
cette  lucrative  industrie  donnent  leur  en- 
trée gratuite  à  certaines  dames  de  moyen- 
ne vertu,  dont  la  beruité,  l'élégance  et 
l'engageaiit  sourire  constituent  une  des  at- 
tractions les  plus  suggestives  de  ces  lieux 
de  plaisir. 

De  quelle  époque  date  ce  quasi-privilè- 
ge .?        _ 

Je  vois  dans  Y Aliiianach  des  spectacles 
pour  1792  de  Beffroi  de  Reigny,  que  le  fa- 
meux Nicolet,  propriétaire  du  théâtre  que 
l'on  sait  «dormait  leurs  entrées  aux  filles». 

Sir  Graph. 

Marie  -  Antoinette  jugée  par 
Louis  XVÎII.  —  M.  Daudet  a  publié 
dans  la  Revue  des  Deux-Mondes  un  mé- 
moire inédit  de  Louis  XVIII,  sous  forme 
de  lettre  à  un  ami,  contenant,  prêtes  à 
être  publiées,  des  «  Réfiexions  historiques 
sur  Alarie-Antoinette  ».  C'est  un  portrait 
sym'pathique  de  l'infortunée  reine,  qui  la 
venge  de  la  bassesse  de  bien  des  juge- 
ments que  la  haine  seule  inspira.  Mais 
pourrait-on  savoir  où  M.  Daudet  a  fait 
cette  découverte,  et  quelle  preuve  il  a  de 
l'authenticité  du  document  royal  ? 

Evidemment  il  s'est  informé,  mais  il 
ne  nous  informe  pas.  Sa  très-importante 
découverte  qui  apporte  une  contribution 
si  précieuse  et  si  neuve  à  l'histoire  du 
règne    de  Louis    XVI,    gagnerait   à   cet 


éclaircissement. 


Y. 


Compositeu'i^s  à  retrouver  (Suite). 
(XLIX,  789  ;  L,  10) 

47  Ballo  d'Armida   ridotto  a  finale  con 
varie  voci.  Roma  1780. 

48  Barilotto,  intermezzi.  Padoue,  Théâ- 
tre Obizzi,  carn.  1714. 

49  la  Battagliadi  Montaperti,  fragment 
d'un  drame  lyrique.  Abaque  nota. 

50  Batto  e  Lisetta,  intermezzi.  Venise, 
Théâtre  St-Ange,  carn.  1713. 

(À  Suivre). 


N»  1046. 


L'INTERMEDIAIRE 


65 


64 


0H0e 


Si  À, 


Quelle  est  la  véritable  Laure  de 
Pétrarque  (T.  G.,  500  ;  XLIX,  927). 
—  Adolt'o  Bartoli,  dans  la  partie  de  son 
ouvrage  relative  à  Pétrarque,  conteste 
seulement  l'identification  de  la  Laure  de 
Pétrarque  avec  Laure  de  Noves,  identifi- 
cation adoptée  par  la  plupart  des  ouvra- 
ges biographiques  et  des  dictionnaires 
depuis  l'abbé  de  Sade. 

Quant  à  la  généalogie  de  la  famille 
de  Sade,  elle  n'est  pas,  je  crois,  contesta- 
ble. Les  pièces  originales  l'établissant  ont 
été  fournies  en  17 18,  l'abbé  de  Sade  avait 
alors  13  ans.  Les  copies  et  les  traductiorls 
existent  dans  les  carrés  ded'Hozier.  On  y 
trouve  le  contrat  ce  mariage  d'Hugues 
de  Sade  du  6  Janvier  1325  avec  Laure  de 
Noves,  fille  de  feu  Messire  Audibert  de 
Noves,  chevalier  du  lieu  du  Nouan,  et 
de  dame  Ermecende,  la  future  reçoit 
6.000  livres  tournois  d'argent  du  roi  de 
France. 

Egalement  le  testament  en  latin  de 
dame  Laure  «  des  Noues  »,  femme  de 
Messire  Hugues  de  Sade,  citoyen  d'Avi- 
gnon, par  lequel  elle  nomme  Hugues  de 
Sade  le  jeune  son  fils,  Jacques,  Pierre, 
Jeannet  et  Audibert  de  Sade,  aussi  ses 
fils,  lesdits  Pierre  et  Audibert,  chanoines 
de  l'église  métropolitaine  d'Avignon  et 
elle  fait  des  legs  à  Augière,  Garcende  et 
Hermessinde  de  Sade,  ses  fils,  soit  donc 
8  enfants  vivants  ;  elle  en  aurait  eu  onze. 
Laure  de  Noves  mourut  de  la  peste  de 
1 348  et  fut  enterrée  dans  l'église  des 
Cordeliers.  Sa  postérité  est  nombreuse 
dans  la  noblesse  de  Provence,  dans  la 
descendance  des  Sade  et  des  d'Astoaud 
de  Murs. 

Mais  les  ouvrages  anciens,  \\i  Histoire 
héroïque  de  Provence  »  d'Artefeuil,  n'as- 
socient jamais  le  nom  de  Laure  de  Noves 
à  celui  de  Pétrarque.  Tous  désignent, 
comme  ayant  été  l'inspiratrice  du  poète. 
Une  Laure  de  Sade,  belle-sœur  de  Noves; 
fille  d'un  second  lit  de  Paul  de  Sade,  père 
d'Hugues  le  Vieux.  Laure  de  Sade  serait 
née,  en  13 14,  dans  le  bourg  de  Sade,  ce 
qui  lui  donnerait  une  dizaine  d'années  de 
moins  que  sa  belle-sœur.  Elle  aurait  été 
élevée  auprès  de  sa  tante  Etiennette  Gan- 
telmi,  une  des  dames  de  la  cour  dlamour 


du  château  de  Romanil,  Elle  n'aurait  pas 
été  mariée,  serait  morte  le  5  juin  1348  et 
aurait  été  enterrée  également  dans  l'église 
des  Cordeliers. 

C'est   son   tombeau 


que    François    1 


er 


et  ou  on  aurait 
de   plomb,  un 


aurait  fait  ouvrir  en  153,, 
trouvé,  dans  un  coffret 
sonnet  de  Pétrarque. 

Je  n'ai  jamais  vu  d'acte  authentique  la 
nommant.  Peut-être,  dans  la  difficulté 
d'établir  historiquement  son  existence, 
et  la  tradition  disant  que  la  Laure  de  Pé- 
trarque était  une  Sade,  l'abbé  de  Sade 
a-t-il  désigné  Laure  de  Noves,  qui  semble 
avoir  dû  être  une  mère  de  famille  un  peu 
mûre  quand  Pétrarque  l'aurait  connue. 

Je  crois  que  la  seule  indication  qui  ait 
servi  de  base  aux  suppositions  faites  jus- 
qu'ici est  une  annotation  attribuée  à  Pé- 
trarque sur  le  premier  folio  d'un  manus- 
crit lui  ayant  appartenu,  annotation  di- 
sant que  Laure  était  morte  en  1348  et 
que  son  tombeau  est  dans  l'église  des 
Cordeliers  d'Avignon.  L'authenticité  de 
cet  autographe  est  même  contestée. 

E.  DE  LA  L. 

Saint  Pierre  à  Rome  (XLIX,  947). 
—  Je  ne  vois  pas  sans  un  peu  d'appréhen- 
sion, je  l'avoue,  poser  cette  question  daris 
V Intermédiaire  ;  elle  est,  en  effet,  de  celles 
qui  suscitent  non  des  réponses  de  fait, 
mais  des  polémiques  et  facilement  arden- 
tes, puisqu'il  s'agit  de  foi  religieuse  plu- 
tôt que  de  vérités  historiques.  Sans  doute 
V Intermédiaire  pourrait  être  une  arène 
ouverte  aux  discussions  de  cet  ordre  ; 
mais  la  déjà  longue  pratique  d'un  journal 
où  j'ai  commencé  d'écrire  encore  jeune  et 
auquel  je  collabore  vieux,  une  expérience 
personnelle  de  l'inconvénient  qu'ily  a  d'y 
traiter  certains  sujets,  la  conviction  de  la 
parfaite  inutilité  de  tout  ce  que  l'on  peut 
dire  dans  cet  ordre  d'idées,  le  sentiment, 
enfin,  de  cette  nervosité  extrême  qu'ap- 
porte si  facilement  le  Français  d'aujour- 
d'hui dans  descontestationsbeaucoup  plus 
indifférentes,  tout  cela  me  fait  plutôt 
regretter  la  position  d'une  question  inso- 
luble en  ce  sens  que  toute  démonstration 
est  impossible. 

Pour  moi,  je  considère  la  venue  de 
Pierre  à  Rome  et  sa  mort  sous  Néron, 
comme  des  faits  suffisamment  fondés 
pour  être  acceptés  par  l'histoire,  et  c'était 
l'opinion   de    Renan.    Mais    les  preuves 


r 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


îo  Juillet  1904. 


66 


documentaires  font  défaut,  et  pas  un 
auteur  paiyen  ne  fait  allusion  à  la  pré- 
sence de  Pierre  à  Rome.  Ce  n'est  pas  une 
raison  pour  déclarer  apocryphe  la  tradi- 
tion de  l'Eglise  ;  il  n'y  aurait  guère  de 
faits  admis  si  l'on  était  aussi  exigeant  en 
matière  de  preuve.  Puis  il  s'en  faut  que 
nous  possédions  tous  les  témoignages 
contemporains;  ensuite  on  doit  bien  com- 
prendre que  Pierre  n'a  dû  être  à  Rome 
qu'un  personnage  très  obscur,  connu 
seulement  dans  le  monde  des  chrétiens  et 
dont  l'apostolat,  la  condamnation  et  la 
mort  passèrent  absolument  inaperçus  des 
pouvoirs  publics  et  de  la  haute  société  du 
temps. 

Il  ne  put  être  connu  qu'au  sein  du 
troupeau  fidèle.  Mais  reconnaissons  même 
que  les  documents  chrétiens  contempo- 
rains ou  de  peu  postérieurs  aux  événe- 
ments, manquent  comme  les  autres.  Je  ne 
crois  pas  qu'il  y  ait  rien  aux  Catacombes 
qui  rappelle  le  souvenir  de  Pierre,  ou  du 
moins  je  n'y  ai  rien  rencontré  de  sem- 
blable. 

Tout  de  même  étant  données  les  condi- 
tions de  la  preuve  quand  il  s'agit  des 
origines  lointaines,  la  venue  et  le  séjour 
de  Pierre  à  Rome  sont  historiquement 
très  probables.  Une  chose  certaine,  c'est 
que  le  Christianisme  s'est  rapidement  dé- 
veloppé au  sein  de  cette  bonne  et  honnête 
population  romaine  des  petites  gens  ; 
or  pour  que  se  produisît  un  tel  phéno- 
mène historique, il  a  fallu,  selon  moi,  que 
la  parole  nouvelle  fut  prêchée  par  une 
voix  de  grande  autorité  ;  et  il  semble  que 
seule  pût  avoir  une  telle  puissance  celui 
qui  avait  de  si  près  approché  le  maître 
lui-même. 

Je  viens  d'écrire  un  mot  qui  a  peut- 
être  besoin  d'être  expliqué,  j'ai  parlé  de 
la  bonne  et  honnête  population  romaine. 
Sans  doute  il  ne  faut  pas  être  absolu,  et  il  y 
avait  à  Rome  une  plèbe  très  corrompue, 
mais  pour  que  le  Christianisme  se  fit 
dans  le  peuple  un  si  grand  nombre  de 
fidèles  dévoués  jusqu'à  la  mort,  et  quelle 
mort  !  il  fallait  bien  que  ces  vertus  qui 
vont  devenir  les  vertus  chrétiennes,  y  exis- 
tassent déjà,  du  moins  en  germe.  Et  je 
pense  au  mot  que  Pascal  prête  au  Christ  : 
«  Tu  ne  me  chercherais  pas  si  tu  ne 
m'avais  déjà  trouvé  ».  D'une  manière 
générale,  il  ne  faut  pas  juger  la  société 
romaine  à  ses  divers  niveaux, par  une  for- 


mule de  condamnation  sans  merci  ;  il  y 
avait, et  en  nombre, de  fort  honnêtes  gens 
dans  la  Rome  impériale. 

Je  conclus  donc  que  l'évangélisation 
de  celle-ci  par  saint  Pierre  est  un  fait  qui 
peut  être  accepté  en  dehors  de  tout  com- 
mandement de  la  foi. 

Un  mot  encore  :  oil  a  longtemps  admis 
que  saint  Pierre  était  ou  avait  été  marié, 
si  bien  qu'il  aurait  eu  une  fille  martyre  à 
son  tour,  sainte  Pétronille.  Aussi  dans 
certaines  représentations  anciennes  de  la 
Dormition  de  la  Vierge,  on  voit  un  des 
apôtres  tenant  un  eiifant,  ce  serait 
saint  Pierre  avec  sa  fille.  Mais  en  icono- 
graphie comme  en  histoire  religieuse, 
c'est  une  tradition  abandonnée  depuis  le 
XVI'  siècle.  H.  C.  M. 


*  * 


Je  n'ai  pas  lu  l'ouvrage  indiqué  par  la 
question,  mais  voici  quels  sont  les  argu- 
ments qu'on  peut  faire  valoir  en  faveur 
de  l'affirmation  que  jamais  saint  Pierre 
ne  serait  venu  à  Rome  où  il  aurait  occupé 
pendant  vingt-cinq  ans  le  siège  pontifi- 
cal. 

Il  faut  laisser  de  côté  la  chaire  où  aurait 
prêché  saint  Pierre,  le  père  Tillemont,  le 
cardinal  Baronius  et  d'autres  catholiques 
romains  ne  cachent  pas  leurs  doutes  sur 
son  authenticité.  De  même  les  colonnes 
où  il  aurait  été  flagellé.  Découvertes  eh 
1563,  elles  ont  été  reconnues  appartenir 
aux  ruines  du  mausolée  de  Scipion  l'Afri- 
cain. De  même  la  prison  Mâmmertineqûi 
ne  servait  qu'aux  condamnés  politiques. 
Quant  aux  endroits  où  aurait  eu  lieu  la 
crucifixion,  on  en  montre  plusieurs  à 
Rome. 

Reste  l'autorité  des  Pères. 

On  a  invoqué  le  témoignage  du  pape 
Clément  (épit.  aux  Cor.  V),  mais  il  man- 
que de  précision.  Il  ne  dit  pas  que  saint 
Pierre  est  mort  à  Rome. 

On  cite  saint  Ignace,  au  commence- 
ment du  second  siècle,  mais  l'authenti- 
cité du  passage  invoqué  est  contestée. 

Saint  Denis  dit  bien,  d'après  Eusèbe 
{Hist.  ecclés.  liv.  11,25)  '^^^  saint  Pierre  et 
saint  Paul  ont  planté  ensemble  l'église  de 
Corinthe,  qu'ils  ont  prêché  ensemble  en 
Italie  et  souffert  ensemble  le  martyre. 

Mais  il  y  a  une  grave  erreur  dans  le 
témoignage  de  saint  Denis,  l'église  de 
Corinthe  a  été  fondée  par  saint  Paul  seul. 
On  cite  encore  un  fragment  de  la   prédi- 


N*  1046. 


L'INTERMÉDIAIRE 


67 


68  - 


cation  de  saint  Pierre  à  Rome  rapporté 
par  saint  Cyprien.  C'est  une  erreur,  il  se 
trouve  dans  le  traité/)^  non  itcrandoBap- 
tisino,  qui  n'est  pas  de  saint  Cyprien. 

Saint  Irénée  (adv.  Hœres.  III.  i.)  et 
Tertullien  (Prœscnp.  30),  deux  cents  ans 
après  les  événements,  placent  le  martyre 
de  saint  Pierre  à  Rome,  et  selon  eux  il 
aurait  été  subi  sous  Néron,  en  l'an  66.  Si 
l'on  déduit  de  ce  nombre  les  vingt-cinq 
années  du  pontificat  de  l'apôtre,  on  peut 
dater  de  l'an  41  son  arrivée  à  Rome.  Or, 
c'est  de  cette  année  ou  même  de  l'an  43, 
que  date  la  persécution  d'Hérode,  et  saint 
Pierre  était  à  Jérusalem. 

En  effet,  les  Actes  des  Apôtres  portent  : 
Le  roi  Hérode  se  mit  à  persécuter  quelques- 
uns  de  l'Eglise.  Il  fit  mourir  par  le  olawe 
Jacques^  frère  de  Jean.  Et  voyant  que  cela 
plaisait  aux  Juifs.,  il  fit  aussi  prendre 
Pierre . 

D'un  autre  côté,  on  place  la  mort  de  la 
Vierge  Marie  en  43  et  le  cardinal  Baronius 
(^Annalcs^  an  43)  dit  que  tous  les  apôtres 
étaient  auprès  d'elle,  sauf  Thomas  qui 
arriva  trois  jours  en  retard. 

D'autre  part,  les  Acfes  des  Apôtres  ra- 
content que  l'empereur  Claude  avait  or- 
donné à  tous  les  juifs  de  sortir  de  Rome. 
Ce  décret  fut  très  rigoureusement  appli- 
qué jusqu'en  l'an  47.  Saint  Pierre,  en  tant 
que  Juif,  ne  pouvait  donc  s'asseoir  en- 
core sur  le  trône  pontifical. 

Il  était  à  cette  époque  à  Babylone,  d'où 
il  écrivit  sa  première  épitre  vers  l'an  45. 

On  objecterait  en  vain  que  lorsque 
saint  Pierre  dit:  V  Eglise  qui  est  dans  Baby- 
lone élue  comme  vous  et  Marc,  mou  fils., 
vous  saluent,  on  doit  entendre  la  ville  de 
Rome  d'où  l'Apôtre  aurait  écrit. 

iMais  ce  serait  un  anachronisme,  car 
Rome  n'a  été  désignée  par  l'épithète  de 
«  Grande  Babylone»  qu'après  l'apparition 
de  r/3(/)0(;^/);/)5t!  de  saint  Jean  qui  date  de 
la  fin  du  premier  siècle. 

Saint  Paul  est  arrivé  à  Rome  à  la  fin 
de  l'an  60,  ou  au  printemps  de  61,  après 
la  captivité  de  Césarée.  Il  a  dû  y  trouver 
saint  Pierre  qui  y  était  venu  au  moins 
après  l'édit  de  Claude.  Or,  quand  saint 
Paul  écrivit  de  Corinthe  son  épitre  à  l'E- 
glise de  Rome  vers  l'an  58  ou  59,  il  ne 
fait  pas  saluer  saint  Pierre,  ce  qui  ne 
peut  être  un  oubli  puisqu'il  cite  par  leurs 
noms  27  membres  de  cette  Eglise  (Ep. 
aux  Rom.  16). 


Quand  saint  Paul  est  prisonnier  à  Rome, 
il  reçoit  pendant  deux  ans  la  visite  des 
frères  chrétiens  :  celle  de  Pierre  n'est 
jamais  mentionnée  {Actes  28-15  ^  3  0- 

Prisonnier  de  Néron,  près  de  mourir, 
saint  Paul  écrit  à  Timothée  que  les  prin- 
cipaux de  l'Eglise  l'ont  abandonné  : 

Luc  seul  est  avec  uioi.,  dit-il  (II  Tim  IV. 
1 1).  Il  savait  cependant  quel  était  l'évèque 
de  Rome  à  ce  moment. 

C'était  Linus  de  la  part  de  qui  Paul 
avait  déjà  salué  Timothée  dans  une  épi- 
tre. 

Au  surplus,  Eusèbe  [Hist.  eccl.  llî.  2) 
et  Irénée(lll,5.3)disent  :  Les  saints  apôtres 
Pierre  et  Paul  ont  fonde  l'Eglise  et  remis  à 
Linus  la  charge  d'cvéque.  C'est  lui  qui  fut 
le  premier  èvcque  auquel  succède  Anacle- 
tus,  puis,  en  troisième  lieu  Clément. 

Qiiant  à  l'objection  qu'on  pourrait  faire 
des  difficultés  qui  avaient  existé  entre  les 
deux  apôtres  et  expliqueraient  le  silence 
de  saint  Paul,  saint  Pierre  y  répond  ainsi: 
Croyc:^  que  la  longanimité  de  Notre  Sei- 
gneur est  un  moyen  de  salut  comme  notre 
très  cher  frère  Paul  lui-même'  vous  l'a  écrit 
selon  la  sagesse  qui  lui  a  été  donnée.  (II, 
Pierre,  3-15). 

Enfin,  serait-il  naturel  d'admettre  que 
saint  Pierre  qui  avait  pour  mission  rf'A'fl//- 
géliser  les  nations  se  fût  immobilisé  vingt- 
cinq  ans  dans  la  Ville  Eternelle? 

Il  semblerait  vraisemblable  d'admettre 
qu'il  n'a  pas  quitté  l'Asie. 

Paul  Argelès. 

Qu'est  devenu  le  cercueil  du 
cardinal  de  Retz(XLIX,  721,  905). — 
La  Galette  anecdotiqne  s'est  occupée  de 
cette  question  autrefois.  On  trouve  dans 
son  numéro  du  15  janvier  1888,  la  note 
et  la  lettre  suivante  : 

En  faisant  des  recherches,  il  y  a  plus  de 
vingt  ans,  dans  les  caveaux  de  l'église  abba- 
tiale de  Saint-Denis,  nous  avions  aperçu,  relé- 
gué dans  un  coin  obscur,  un  long  cercueil  de 
plomb,  sans  inscription.  Après  renseigne- 
ments pris,  nous  dûmes  conclure  que  ce  cer- 
cueil ne  pouvait  être  que  celui  du  cardinal  de 
Retz  qui  avait  échappé  en  1793  aux  fureurs 
des  violateurs  des  tombes  royales.  Notre  ami 
Chantelauze,  qui  vient  de  mourir,  et  qui  était 
l'écrivain  le  plus  autorisé  du  cardinal  de 
Retz,  était  alors  à  Lyon.  Nous  lui  fîmes  part 
de  notre  découverte,  et  il  nous  répondit  par 
la  lettre  suivante,  que  nous  retrouvons  dans 
nos  papiers,  et  qui  est  demeurée  inédite. 


DES  CHERCHEURS  ET  CORIEUX 


69 


20  Juillet  1904, 


70 


Lyon^  le  5   mai  186S, 

—  Mon  cher  d'HeylliJe  leçoisetje  lis  avec 
bien  de  l'intérêt  les  curieux  renseignements 
que  vous  me  donnez  sur  !a  découverte  faite, 
il  y  a  trois  ans,  à  l'abbaye  de  Saint-Denis, 
d'un  cercueil  en  plomb  dans  lequel  on  sup- 
pose que  se  trouve  le  corps  du  cardinal  de 
Retz.  Le  lieu  où  vous  me  dites  que  l'on  a 
trouvé  ce  cercueil,  qui  aurait  éciiappé  ainsi 
aux  insultes  des  terribles  croque-morts  de 
93,  me  semble,  en  effet,  désigné  dans  le 
grand  ouvrage  de  Corbinelli.  Vous  savez  qu'il 
a  publié,  quelque  temps  après  la  mort  de 
Retz,  une  ample  généalogie  des  Gondi.  Or, 
on  lit  dans  cet  ouvrage,  à  propos  des  funé- 
railles du  cardinal,  qu'il  fut  enterré  à  Saint- 
Denis,  «  hors  le  chœur,  proche  la  grille  de 
fer  qui  le  ferme,  et  près  le  grand  pilier  de  la 
croisée, vis-à-vis  du  tombeau  de  François  !'='"». 

—  Vous  me  dites  aussi  que  ce  cercueil  ne 
porte  aucune  inscription,  ce  qui  serait  éton- 
nant, surtout  pour  un  te!  personnage.  Cela 
est  cependant  très  bien  explicable:  en  effet, 
les  ministres  de  Louis  XIV,  lorsque  Retz  fut 
mort,détendirent  que  l'on  rappehàtla  mémoire 
du  défunt  par  des  inscriptions,  et  encore 
moins  par  des  monuments. 

—  Enfin, si  le  cercueil  n'a  pas  été  trouvé  en 
93,  malgré  l'acharnement  qu'y  mirent,  sans 
nul  doute,  les  carmagnoleuxqui  le  cherchaient, 
c'est  que  le  roi  exigea  qu'il  fût  enfoui  beau- 
coup plus  profondément  que  les  autres  sous 
le  sol,  et  même  dans  le  plus  grand  secret. 
D'ailleurs,  remarquez  bien  que  le  rapport  du 
bénédictin  dom  Poirrier,  que  vous  reproduisez 
dans  votre  histoire  des  tombeaux  de  Saint- 
Denis,  et  qui  donne  en  détail  le  récit  de 
l'extraction  de  chaque  cercueil  des  rois  et  de 
personnages  qui  étaient  inhumés  dans  l'abbaye, 
ne  dit  pas  un  seul  mot  du  cercueil  de  Retz,  ce 
qu'il  n'eût  pas  manqué  de  faire  pour  un  aussi 
fameux  personnage,  s'il  eût  alors  été  retrouvé. 

—  Le  cercueil  que  les  travaux  exécutés 
dans  l'abbaye  ont  fait  mettre  à  découvert 
il  y  a  trois  ans,  est  donc  probablement  ce- 
lui de  Retz.  Mais,  mon  cher  ami,  cela  de- 
mande un  examen  sérieux,  et  la  conviction 
définitive  ne  pourrait  être  faite  qu'au 
moyen  de  l'ouverture  du  cercueil.  Je  con- 
nais assez  M  VioIIet-le-Duc  pour  pouvoir 
lui  demander  un  avis  d'abord,  puis  une 
constatation,  (1)  si  elle  est  possible.  Je  le 
ferai  à  mon  retour  de  Lyon,  car  vous  savez 
à  quel  point  tout  ce  qui  touche  à  Retz  me 
tient  au  cœur.  Donc,  lorsque  je  serai  re- 
renu,  je  vous  prierai,  avant  tout,  de  m'ac- 


(1)  Cette    constatation     n'a    jamais 
faite,  et   le   grand  cercueil    de   plomb, 
repose    hypothétiquement    le    cardinal, 
toujours  sur  le  sol  du  caveau  où    nous 
vons  vu  pour  la  première  fois  en  1868. 


ete 
où 
gît 


compagner  à  Saint-Denis  pour  me  mon- 
trer cette  relique  qui,  à  coup  sûr,  n'est  pas 
celle  d'un  saint  ! 

-•  Adieu,  mon  cher  ami,  et  merci  de  la 
communication  du  mémoire  de  M.  Topin 
sur  Retz  (i),  il  contient  des  points  de  vue 
ingénieux,  et  méritait  le  prix  qui  lui  a  été 
attribué. Rappelez-moi  aussi  au  bon  souve- 
nir de  M.  et  de  Mme  Roger  quand  vous 
les  verrez.  «  Votre  affectionné  ». 

Chantelauze. 

Dans  le  n°  du  30  avril  1888,  nouvelle 
lettre  de  M.  de  Chantelauze. 

A  M.  Georges  d'Heylli, 

Paris,  le  4  août  1S69, 
Mon  cher  ami. 

Ainsi  que  j'en  avais  l'intention  depuis 
longtemps,  j'ai  fini  par  aller  trouver  M. 
Viollet-le  Duc  au  sujet  de  notre  fameux 
cercueil  de  Retz  ;  mais  il  paraît  qu'il  était 
dans  la  destinée  de  ce  personnage  considé- 
rable et  singulier  d'échapper  jusqu'après  sa 
mort  aux  investigations  de  l'histoire. 

M.  Viollet-le-Duc,  qui  dirige  cependant 
en  chef  les  travaux  de  Saint -Denis,  ne  m'a 
pas  semblé  bien  comprendre  ce  dont  je 
venais  lui  parler.  Il  m'a  eu  l'air  de  ne  se 
souvenir  que  très  vaguement  qu'il  y»eût  un 
cercueil  de  plomb  déposé  dans  le  petit 
caveau  royal  de  la  crypte  (2),  et  il  n'a  ja- 
mais entendu  dire  que  ce  fût  plutôt  celui 
de  Retz  que  celui  detoutautre  personnage. 
Je  lui  objectai  alors  qu'il  serait  bien  facile 
d'établir  la  vérité  sur  ce  point  en  faisant 
ouvrir  le  cercueil.  A  'ce  mot,  ce  grand 
architecte  a  bondi  de  toute  sa  hauteur.  Je 
lui  proposais  là  une  choseabsolument  inat- 
tendue et  qui  n'était  pas  de  sa  compé- 
tence. 

Comme  architecte,  il  se  bornait  à  res- 
taurer, et  voilà  tout.  Mais  ouvrir,  ou  faire 
ouvrir  un  cercueil,  celui  lui  semblait  devoir 

(i)  Le  Cardinal  de  JRel~,  son  génie  et  ses 
écrits,  mémoire,  par  Marins  Topin,  qui  a 
obtenu  le  prix  d'éloquence  à  l'Acad. franc., 
le  23  juillet  1S63 . 

(2)  Ce  caveau  est  situé  à  gauche  du  ca- 
veau royal,  qui  contient  les  restes  de  Louis 
XVHI,  de  Louis  XVI, de  Marie-Antoinette, 
du  duc  de  Berry,  etc..  On  y  plaça,  sous 
la  Restauration,  tout  ce  qu'on  retrouva 
d'ossements  des  rois  et  des  reines  jetés 
pêle-mêle  dans  la  fosse  commune  de  1793. 
Des  plaques  de  marbre,  encastrées  dans  la 
muraille,  portent  les  noms  des  personnes 
royales  et  autres  qui  sont  là,  ou  qui  du 
moins  sont  supposées  y  être.  Ce  caveau 
est  tellement  étroit  que  le  cercueilen  ques- 
tion le  remplissait  tout  entier,  et  qu'il  était 
nécessaire  d'y  monter  pour  lire  les  noms 
gravés  sur  les  deux  murailles. 


N"  1046. 


l'INTERMHDlAîRE 


être  plutôt  du  ressort  du  Chapitre  de  Saint- 
Denis,  sur  l'autoritc  duquel  il  ne  se  croyait 
pas  le  droit  d'empiéter.  11  nie  recommanda 
même  d'aller   voir   à   ce   propos   un   abbé, 
membre  dudit  chapitre,  M.  Jacquemet,  qui 
possède  ù  fond  son  église   t.bbatiale    et  qui 
a  même  publié  un  livre  sur  les   tombeaux. 
11  se  trouva   que,    précisément,    cet    abbé, 
chez  lequel   ie    m'en   fus   aussitôt,   était   le 
frère  d'un  ancien  grand-vicaire  de  l'arche- 
vêque  Alïre,    que   j'avais    connu   dans   ma 
jeunesse,  et  qui  est  devenu  évoque  de  Nan- 
tes, je  crois.  Cet  abbé  Jacquemet  me  parut, 
en  effet,  savoir  beaucoup    ds   choses,    hor- 
mis cependant  celle  qui  m'intéressait.  11  me 
parla  longuement  des  travaux  de  restaura- 
tion de  l'église,   de   l'abaissement    du     sol 
qu'on  lui  faisait   subir,    du     chœur    d'hiver 
des  chanoines  qu'on  voulait   supprimer,  ce 
qui  l'enrageait  fort  ;  mais,    en  réalité,  il  ne 
savait  pas  le   premier   mot   de    ce   dont   je 
venais  lui  parler. 

Il  paraît  donc,  mon  cher  ami,  que  le 
cercueil  de  la  crypte  n'intéresse  personne 
de  ces  messieurs,  et  qu'il  leur  importe  peu 
qu'on  y  trouve  ou  qu'on  n'y  trouve  pas  ce 
qui  peut  rester  du  cardinal  de  Retz.  Car 
remarquez  bien  que  Retz  ne  fut  pas  em- 
baume, —  et  cela  par  ordre  de  la  Cour,  — 
qu'on  procéda  à  ses  funérailles  nuitamment, 
et  en  quelque  sorte  en  cachette,  tant  on 
redoutait  encore  l'influence  du  personnage, 
même  après  sa  mort.  J^Ialgré  tout,  Retz  fut 
mis  en  son  cercueil  revêtu  de  ses  orne- 
ments sacerdotaux  ;  sa  mître,  sa  crosse 
peut-être,  doivent  se  trouver  auprès  de  lui. 
La  constatation  du  fait  serait  donc  des  plus 
intéressantes,  mais  il  paraît  qu'il  faut  yre- 
noncer.  Le  chanoine  Jacquemet,  à  qui  m'a- 
vait renvoyé  M.  VioUet-le-Duc,  m'a,  à  son 
tour,  renvoyé  à  M.  VioUet-le-Duc  lui- 
même.  «  C'est  lui  seul  qu'une  semblable 
initiative  concerne  !  »  me  répondit  l'abbé. 

De  telle  sorte,  mon  cher  ami,  que  je  ne 
suis  pas  plus  avancé  qu'au  premier  jour,  et 
qu'à  moins  d'un  ordre  très  supérieur,  le  pau- 
vre cardinal,  —  si  tant  est  que  ce  soit  lui,  — 
continuera  à  être  foulé  aux  pieds  dans  sa  chape 
de  plomb  par  les  visiteurs  de  la  crypte,  — 
,  supplice  mérité,  d'ailleuis,  et  que  Dieu  lui- 
même  lui  a  peut-être  infligé  dans  sa  suprême 
justice. 

Je  ne  veux  cependant  pas  perdre  tout  espoi'' 
de  tirer  cetle  affaire  au  clair.  Quand  vou^ 
serez  de  retour,  nous  en  conférerons  de  nou- 
veau ;  il  doit  y  avoir,  me  semble-t-il,  quel- 
que moyen  pour  obliger  cet  architecte,  si  émi- 
nent  qu'il  soit,  à  faire  ouvrir  le  cercueil  que 
nous  supposons  recouvrir  les  restes  d'un  per- 
sonnage, lequel,  malgré  ses  vices  et  son  esprit 
de  duplicité  et  d'intrigue,  était  de  beaucoup 
plus  éminent  que  lui  !  Ceci  soit  dit  sans  vou- 


loir diminuer  les  grands  mérites  de  JM.Viollet- 
le-Duc  ;  mais  enfin  il  n'a  pas  encore  écrit  les 
Mémoires  du  cardinal  de  Retz.  Je  lui  en  veux 
un  peu  à  cet  architecte,  je  l'avoue,  et  vous  le 
voyez  à  mon  aigreur  ;  mais,  malgré  tout,  je 
ne  me  tiens  pas  encore  pour  définitivement 
battu . ..  Chantelauze. 

Edit  de  Henri  ïï  (XLIX,  833,  959). 
—  La  France  Médicale,  dans  son  numéro 
du  25  avril  1903,61  le  Bulletin  de  la  So- 
ciété française  de  F  Histoire  de  la  Méde- 
cine, dans  son  fascicule  2-3  de  la  même 
année,  ont  publié  un  document  commu- 
niqué par  M.  le  P''  R.  Blanchard  qui  ren- 
seignera de  la  façon  la  plus  complète  no- 
tre collègue  Boiscarnus  sur  l'Edit  de 
Henri  II.    {Interm.  (XLIX,  833). 

Ce  document  est,  en  effet,  la  reproduc- 
tion en  fac-similé  du  Mandement  de  Mgr 
Vévêque  d'Aiixerre  pont  la  publication  de 
V Edit  du  Roi  Henry  II,  contre  les  femmes 
et  files  qui  recèlent  leur  grossesse  et  leur 
enfantement  (15  octobre  1710). 

Et  ce  mandement  (rédigé  en  vertu  de 
l'ordonnance  de  1708)  contient  justement 
redit  d'Henri  II  de  I756. 

Notre  collègue  aura  donc  ainsi,  dans 
une  même  pièce,  les  deux  réponses  qu'il 
cherchait.  D'  Albert  Prieur. 

Télégraphie    à  coups  de  canon 

sous  Louis  XV  (XLIX,  893).  —Notre 
collaborateur  A.   Dieuaide  me  permettra 
de  lui  faire   remarquer  que   si  sa  télégra- 
phie à  coups  de  canon  est   historique,  ce 
dont  je  ne  me   doute   pas,  les    résultats, 
tels  qu'ils  sont  consignés   dans  Mercier, 
tendraient  à  faire  supposer  qu'ils  ont  été 
observés  plutôt   à   Tarascon  qu'à  Stras- 
bourg. En  dépit  de  la  célèbre  observation 
du  capitaine  Parry,  il  faut  bien  admettre 
aujourd'hui  que    la    transmission  du  son 
par  l'air  est. à  une  température  moyenne, 
d'environ  340"-'  au  plus  ;  la   transmission 
simple  sur  400.000  mètres  serait  donc  en 
secondes    de   400.000/340,    soit  de  118 
secondes.  Comme  d'un  autre  côté,  il  n'est 
pas  possible  que  les  artilleurs  soient  res- 
tés, pendant  des  heures,  dans  la  position 
que   nos  correspondants    militaires  défi- 
niraient «  sous  le  commandement  Garde 
à  vous  »,    un  minimum  de    10  secondes 
par  pièce  est  à  compter  comme  retard  de 
manœuvre,  soit  250  secondes    en  totalité 
qui, additionnées  aux  118  secondes  précé- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1904 


jy 


74 


dentés, fournissent  bel  et  bien  un  minimum 
de  temps  de  6  minutes,  8  secondes.  Enfin 
je  ne  vois  pas  très  bien  comment  2  5  canons 
suffirent  à  diviser  un  espace  de  cent  lieues, 
en  25  fractions  de 4  lieues  ou  même  d'une 
longueur  quelconque,  du  moment  que, 
comme  l'expose  le  texte  cité,  arrivée  et 
départ  sont  comptés  dans  ces  canons,  et 
m'est  avis  que  26  étaient  nécessaires.  A 
part  ces  regrettables  particularités,  je  ne 
vois  aucun  inconvénient  à  ce  que  le  fait 
soit  autiientique.  El  Kantara. 

Combat  de  Bossut  (XLIII,  519, 
682,  779,  891,  936,  993).  —  En  octo- 
bre 1793,  jourdan  marchait  à  la  déli- 
vrance de  Maubeuge  dont  sa  belle  vic- 
toire du  16,  à  Watignies,  devait  abso- 
lument briser  le  blocus.  Le  général  Elie, 
un  simple  fusilier  qu'on  porta  aux  hon- 
neurs suprêmes  pour  la  part  qu'il  avait 
prise  à  l'assaut  de  la  Bastille,  eut  ordre 
de  seconder  Jourdan  par  une  diversion 
faite  sur  sa  droite.  Son  entrée  en  campa- 
gne fut,  le  10  octobre,  une  attaque  san- 
glante à  Bossut-lez-Walcourt,  l'irrup- 
tion dans  Chimay,  le  lendemain  ;  le 
rejet  de    Benjowsky   hors  de  Silenrieux. 

Mais  le  is,  Benjowsky  prenant  sa 
revanche,  battait  son  adversaire  à  Bossut 
lez-Walcourt  même,  et  le  ramenait  en 
désordre  dans  les  murs  de  PhilippeviUe. 
Elie,  relatant  la  conduite  piteuse  de  ses 
troupes,  écrivait  à  la  Convention  :  «J'en 
pleure  de  rage  !  » 

Ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'être  envoyé 
en  disgrâce  à  Verdun,  huit  jours  plus 
tard. 

Le  village  de  Bossut  fut  donc  le  théâtre 
de  quatre  combats  :  24  août  1689  ;  10 
oct.   1793  ;  15  oct.    1793  ;  26  av.    1794. 

HiSTOR. 


Education  patriotique  (XLIX,  721). 
—  Je  lis  dans  Une  famille  vendéenne  pen- 
dant la  grande  guerre  a jç^j-z^j^^  (Mémoi- 
res d'un  père  à  ses  enfants)  par  Bouttillier 
de  Saint-André  (Pion,  1896)  p.  251  ; 

Au  nombre  des  gens  de  sa  suite  (du  gé- 
néral Huchet)  qui  restèrent  avec  nous,  je 
reconnus  un  entant  de  mon  âge  avec  le- 
quel j'avais  étudié  au  collège  :  il  était  de 
Cholet  et  se  nommait  Brosseau,  Huchet 
avait  fait  fusiller  son  père  le  matin  et  il 
avait  gardé  le  fils  pour  en  faire  son  domes- 
tique. Il  comptait  sur  la  fidélité  d'un  enfant 


qu'il  avait  rendu  orphelin.  Quelle  idée 
il  avait  de  sa  lâcheté  ou  de  la  bassesse  de 
son  âme  ! 

Alpha. 

Le  comte  de  Provence  et  l'émi- 
gration (XLIX,  946). —  On  peut  consul- 
ter aux  archives  du  ministère  des  affaires 
étrangères  le  fonds  Bourbon  ;  aux  Ar- 
chives nationales  les  immenses  dossiers 
sur  les  émigrés  et  les  dossiers  de  police  ; 
à  Chantilly  les  correspondances  des 
princes  pendant  l'émigration. 

Voilà  les  trois  principales  sources  à 
signaler  à  première  vue. 

Un  rat  de   BlBLIOTHÈaUE. 

Date  de  naissance  de  Napo- 
léon r'  (XLIX,    501,  568,  632,974). 

—  M.  Marcellin   Pellet,  toujours  si    bien 
documenté,    me   semble    avoir    parfaite- 
ment résumé  la  question  dans  son   article 
sur  le  général  Bonaparte  (yariétés  révolu- 
tionnaires^ t.  I,  p.  269,  Paris,  in- 18°,  Fé- 
lix Alcan  1885).  Les  biographes    officiels 
font  naitre  Napoléon,  un  an  après  Joseph, 
le  15  août  1769.  Il  est  plus  probable  qu'il 
naquit  à  Corte,  le  7  janvier  1768,  et  qu'il 
fut  le   premier    enfant  de   Charles  et  de 
Lœtitia.  Cinq  documents  publiés   établis- 
sent cette  date,  tandis  qu'un  seul    indique 
le  15  août  1769.   Et  Napoléon    lui-même 
écrivit  à  Paoli  :  «  Je  naquis  quand   la  pa- 
trie périssait  ;  trente  mille  français  vomis 
sur   nos   côtes...     tel    fut    le     spectacle 
odieux  qui   vint  le  premier   frapper    nos 
regards.  »  S'il  était  né  le  15   août    1769, 
fait  observer  M.  Pellet,  Bonaparte    n'au- 
rait pu   parler    des    combattants,  ce   qui 
n'est  pas  le  cas,  étant  né  en  janvier  1768. 
Pourquoi  cette  supercherie  ?  En   voici 
l'explication     très      vraisemblable.     Les 
Ecoles  militaires,  sous  la  monarchie,  ne 
recevaient  des    élèves   qu'au-dessous   de 
l'âge  de  dix  ans  ;  quand,  en  1779,    Char- 
les Bonaparte  obtint  une  bourse  à  Brienne 
pour  l'un  de  ses    fils.    Cette   bourse   ne 
pouvait  revenir  qu'à  celui  de  ses   enfants 
né  en  1769.  Mais  Joseph   n'avait   aucune 
disposition  pour  l'état   militaire,   et   les 
états  civils  des  deux  enfants  furent  échan- 
gés. Henry  Lyonnet. 

* 

Ilestdifficile  de  concilier  lessuppositions 
de  M.  X.  avc'"  le  document  ^uiy^nî,    pu- 


N»     10^6 


L'INTEP.MEDIAIRE 


75 


76 


blié  par  M.  Saffroy  dans  son  catalogue  n" 

33  : 

23^06^/3'  Napoléon  i"'.  Lettre  aut.  sign. 
de  Louis  Kelleimann,  officier  au  service  de  lu 
France,  à  son  frère  le  célèbre  Général.  Ce  2 
may,  3  pag.  1/2  in-4.  (Epoque  de  la  Restau- 
ration). 40  fr. 

Lettre  pleine  d'intérêt  sur  les  auteurs  des 
jours  de  Napoléon  i^r  et  sur  l'époque  de  la 
naissance  du  grand  honinie  de  guerre,  fort 
controversée.  Kellermann  faisait  partie  de 
l'Expédition  de  Corse  au  printemps  de  1768. 
Charles-Marie  Bonaparte  fut  fait  prisonnier 
dans  la  Biera  de  la  Rocca,  amené  à  Ajaccio  et 
confié  à  un  corps  de  garde  ainsi  que  Lcçtitia 
qui  arriva  au  bout  de  peu  de  temps. 

Kellermann  était  lié  d'amitié  avec  l'ex-offi- 
cier  genevois  Fœscli  et  sa  femme  qui  lui  re- 
commandèrent les  prisonniers.  Kellermann 
avait  la  consigne,  sous  prétexte  de  suspicion, 
de  ne  les  laisser  communiquer  entre  eux.  (Ils 
avaient  eu  deux  enfants  en  peu  de  temps). 
Laissons-lui  la  parole  :  «  Il  (Bonaparte)  me 
plut  au  premier  apore,  c'était  un  belle  homme 
de  l'esprit  et  un  bon  vivant,  sa  femme  était 
belle  dame  et  extrêmement  interessande  Elle 
avait  deux  Enfants  dont  l'un  à  son  sin  que  je 
présume  être  l'Empereur  de  France....  Je  vous 
assure  que  je  me  doutais  pas  de  porter  quel- 
quefois un  Empereur  de  France  sur  mes  pras 
et  consollerson  père  et  maire.  » 

Kellermann  resta  peu  en  Corse,  il  fut 
rappelé  au  bout  de  quelques  mois.  Il  par- 
le donc  de  1768  et  non  de  1769.       Sy. 

Les  chevaux  de  Napoléon  1"' 
fXLlX,  945).  —  On  peut  consulter,  à  cet 
égard,  la  préface  du  catalogue  de  l'expo- 
sition de  la  Révolution  et  de  l'Emnire, 
1895,  8°. 

On  peut  consulter  aussi  la  série  O-  aux 
Archives  nationales,  service  du  grand 
écuyer. 

Quant  au  cheval  actuellement  au  mu- 
sée de  l'armée,  il  peut  avoir  servi  à  Na- 
poléon ;  il  est  couleur  Isabelle,  et  petit, 
du  genre  des  chevaux  que  montait  Napo- 
léon. Le  fait  qu'il  lui  ait  appartenu  n'est 
donc  pas  invraisemblable,  mais  rien  ne 
vient  toutefois  apporter  une  preuve  à  cette 
assertion. 

Un  rat  de  bibliothèque. 

♦  ♦ 
Mon  grand-père,  Pierre  de  G**,  habi- 
tait le  château  de  Moissy-Moulinet  dans 
la  Nièvre  :  un  brave  homme  des  environs 
lui  devait  200  fr.et  se  faisait  tirer  l'oreille 
pour    les    rembourser  !   Ma   grand'mère, 


née  de  Sermizelles,  décida  un  jour  son 
mari  à  monter  à  cheval  et  à  aller  réclamer 
la  somme  due. 

Pas  moyen  d'amener  le  bonhomme  à 
lâcher  son  argent,  mais  il  offrit  à  la  place 
un  cheval  de  race,  maigre  et  décharné, 
dont  il  avait  fait  l'acquisition  quelques 
jours  avant  :  ce  cheval  avait  porté  l'em- 
pereur pendant  la  campagne  de  Russie  ! 
Il  y  avait  en  outre  tout  le  harnachement 
et  la  selle  avec  le  manteau.  Mon  grand- 
père  n'hésita  pas:  il  donna  reçu  des  200 fr. 
et  revint  triomphalement  à  Moissy,  avec 
son  impérial  coursier. 

je  ne  crois  pas  qu'il  ait  été  félicité  par 
ma  grand'mère,  mais  il  lui  dit  :  «  Ce 
clieval  a  porté  un  graiid  liomme  dont  le 
nom  restera  dans  l'histoire  :  je  veux  con- 
server sa  selle  et  son  manteau  et  qu'on 
soigne  sa  monture.  » 

Le  cheval  est  mort  longtemps  après  à 
Moissy,  mais  la  selle  et  le  manteau,  qui 
auraient  fait  si  bien  dans  ma  collection 
napoléonienne,  que  sont-ils  devenus  ? 

je  crois  que,  dans  leur  enfance,  mon 
père,  ses  frères  et  sœurs  s'en  servaient 
quelquefois  comme  d'une  tente  qui  met- 
tait à  l'abri  de  la  pluie   la  bande  jO}'euse. 

L'anecdote  ci-dessus  m'a  été  racontée 
par  mon  oncle,  l'abbé  de  G**,  le  vénéra- 
ble curé  de  Vauclaix,  mort  chanoine  de 
la  cathédrale  de  Nevers. 

La  Guesle. 

Le  lion  de  ^A^aterloo  en  1832 
(XLIII  ;  XLIV  ;XLVI1  ;  XLVIII,  32). —La 
Ga;ietie  de  Bruxelles  {2g  juin  1904)  pu- 
blie ces  lignes: 

Bien  que  l'on  eût  tant  parlé  et  tant  écrit 
au  sujet  du  lion  de  Waterloo,  la  naissance  de 
cet  animal  célèbre  était  restée  entourée  d'un 
certain  mystère.  Qi^iels  ont  été  ses  parrains, 
qui  a  fait  les  frais  de  son  élévation  —  nous 
allions  écrire  élevage,  —  les  gens  de  l'épo- 
que le  surent  sans  doute,  mais  on  oublia  dans 
tous  les  documents  et  ouvrages  relatifs  au 
monument,  de  transcrire  ce  renseignement. 

II  y  a  quelque  temps,  V Intermédiaire  des 
chercheurs  et  curieux  ouvrit  une  enquête  sur 
ce  problème.  On  trouva  que  le  projet  du  mo- 
nument fut  adopté  par  le  gouvernement  des 
Pays-Bas  vers  la  fin  de  1819,  que  la  butte 
fut  commencée  en  1824  et  que  le  lion,  coulé  à 
Seraing  avec  de  la  fonte  de  fer  ordinaire,  fut 
hissé  sur  son  piédestal  le  28  octobre  1820. 
C'est  tout.  Il  n'y  eut  même  dans  les  journaux 
de  l'époque  nulle  trace  d'une  cérémonie 
d'inauguration. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


II 


78 


20  Juillet  1904, 


Le  problème  s'est  donc  piésenté  tout  entier 
à  propos  de  la  cérémonie  d'hier,  et  les  lecher- 
ches  faites  yiar  les  plus  fins  limiers  dans  toutes 
les  bibliothèques  et  archives  faillirent  rester 
infructueuses.  Des  gens  doués  d'un  flair  spé- 
cial fouillèrent  d'innombrables  bouquins  et 
documents  sans  trouver  le  moindre  indice. 
On  peut  dire  que  ce  n'est  pas  le  côté  le  moins 
curieux  de  l'histoire  de  la  célèbre  bataille  et 
du  monument  qui  a  donné  lieu  à  toute  une 
littérature  ! 

On  désespérait  donc  quand,  enfin,  on  trou- 
va la  clef  du  mystère.  Ce  fut  dans  les  Annales 
parlementaires  du  royaume  des  Pays-j3as  oii 
l'on  découvrit  au  budget  extraordinaiie  de 
•817-1818  un  crédit  de  500,000  florins  pour 
l'érection  du  fameux  monument.  A  la  ques- 
tion d'un  membre  d'une  section  —  il  y  en 
avait  déjà  d'indisciets  alors  —  le  gouverne- 
ment déclara  que  ce  travail  répondait  à  un  vœu 
des  puissances  alliées,  mais  que,  par  un  sen- 
timent de  dignité  bien  compréhensible,  le 
gouvernement  néerlandais  tenait  à  en  faire 
les  frais. 

Et  maintenant,  chercheurs  et  curieux,  dor- 
mez en  paix... 

Le  collier  de  la  Légion  d'honneur 
(XLIX,  951).  —  je  connais  un  de  ces 
colliers  datant  du  premier  empire  :  il 
appartient  au  prince  de  Wagram. 

De  plus,  le  O  de  Reviers  a  publié  dans 
la  Sahrclachc  une  étude  sur  les  insignes 
de  la  Légion  d'honneur,  et  Frédéric 
Masson  a  réuni  des  notes  sur  l'idée  de 
Napoléon  pour  la  conception  des  dessins 
des  seize  médaillons. 

Il  existe  aussi  un  collier  du  second  em- 
pire chez  M.  Raimbaud. 

Un  rat  de  BIBL'.OTHÈdUE. 

Le  riz,  ration  militaire  (XLIX, 
785,  975).  —  Da"s  son  très  remarquable 
ouwx^gQ  Le  soldat  impérial,  (Pion),  M.Jean 
Morvan  a  consacré  un  long  et  documenté 
chapitre  à  l'alimentation  de  l'armée,  sous 
le  premier  Empire. 

On  voit  le  riz  entrer  dans  l'alimenta- 
tion. 

A  Barcelone,  Duhesme  saisit  les  grains 
des  négociants,  .s  c'est  dans  tel  pays  où  ses 
troupes  ont  presque  toujours  reçu  des  lé- 
gumes et  du  ri{...  ». 

A  peine  entrée  en  Portugal, elle  (l'armée) 
ne  voit  que  villes, villages,  hameaux  déserts, 
à  tel  point  que  Masséna  ne  trouve  aucun 
guide.  Cependant  l'extrême  fertilité  du 
pays,  l'abondance  des  vins,  celle  des  fruits 
et  des  plantes   potagères   offrent   beaucoup 


de  facilités  d'existence    au  soldat  qui,  d'ail- 
leurs, a  du  biscuit  et  du  ri^  dans  son   sac,.« 

Page  419  ; 

Dans  la  Prusse  orientale,  nous  voyons 
le  riz  entrer  dans  l'alimentation  comme 
ration  normale  : 

Comment,  écrit  M.  Jean  Morvan, arrêter 
la  Garde  qui  cependant  absorbe  tous  les 
soins  de  l'administration, réduite,  dès  le  20 
iuin,  à  360  grammes  de  pain,  150  de  farine 
et  50  de  rii  par  homme...  pp.  439. 

Napoléon  demande  du  r/{,  substance  qui 
fournit  beaucoup  de  nourriture  dans  un 
petit  volume  et  qui  arrête  la  dyssenterie. .. 

P-  434. 

Enfin,   nous  voyons  Napoléon   faire,  à 
ce  point  état  du  riz,  qu'il  écrit  à  Daru  : 

«  I^lon  année  n'est  point  nourrie  :  vingt 
quatre  onces  de  pain,  une  de  riz,  huit  de 
viande  sont  insuffisantes  pour  le  soldat. Les 
règlements  de  tous  les  temps  accordent  en 
ouerre  28  onces  de  pain,  plus  les  pommes 
de  terre  et  les  légumes  qu'elle  peut  se  pro- 
curer dans  le  pays,  aujourd'hui  vous  ne 
donnez  que  7  onces  de  pain,  3  de  riz  et  8 
de  viande,  aucune  discipline  ne  pourra  em- 
pêcher le  soldat  d'abattre  des  bœufs  autant 
qu'il  en  trouvera,  et  cependant  la  viande 
nous  manquera  plutôt  que  le  pain.  Les  3 
onces  de  riz  doivent  être  supprimés  aujour- 
d'hui. Les  troisième,  cinquième,  onzièn-ie 
corps  sont  réduits  à  8  onces  de  pain  depuis 
cinq  jours., .  » 

Ces  citations  suffisent  à  démontrer  que 
le  riz  entrait  dans  l'alimentation  réglemen- 
taire du  soldat  sous  Napoléon  V\        Y. 


Le  riz  était  compris  dans  la  ration  nor- 
male du  soldat  en  temps  de  guerre,  lors 
de  la  campagne  de  Russie  ;  depuis  long- 
temps déjà,  il  entrait  dans  sa  composi- 
tion. 

La  loi  du  21  juillet  1793  fixe  la  ration 
à  28  onces  de  pain,  8  de  viande  et  une 
once  de  riz  ou  deux  de  légumes  secs. 

Le  21  novembre  1805,  à  Vienne,  la  ra- 
tion est  de  38  onces  de  pain,  une  demi- 
livre  de  viande,  quatre  onces  de  riz  ou  de 
lé"-umes   secs   et    une   demi-bouteille    de 


"o 

vin 


Le  20  juin  1812,  la  ration  est  fixée  à 
12  onces  de  pain,  5  onces  de  farine,  1  once 

de  riz. 

Enfin,  le  11  juillet  1812,  àWilna,  l'em- 
pereur détermine  ainsi  le  taux  de  la  ra- 
tion : 

Une  1/2  ration  de  pain,  2  onces  de  riz, 


N*  1046 


L'INTERMEDIAIRE 


79 


80 


I  livre  de  viande.  En  outre,  il  décide  que 
toutes  les  troupes  devaient,  avant  de  par- 
tir, prendre  8  jours  de  pain  et  de  riz. 

Dans  ces  conditions,   la  question  que 
Napoléon  pose  à   Rapp,  sur  le  champ  de 
bataille  de  la  Moskowa,  se  conçoit  facile- 
ment. E^  Q 
* 

¥    * 

Les  troupes  françaises  ont  fait  emploi 
du  riz  en  temps  de  guerre,  et  en  route 
depuis  Louis  XIV,  comme  le  témoigne 
\ Encyclopédie  {Ct  1738). 

Louvois  avait  conçu  le  projet  de  faire 
délivrer  aux  troupes  de  la  poudre  ou 
farine  de  riz,  à  raison  de  2  onces  par 
homme,  parce  que  le  transport  en  est 
plus  facile  que  celui  du  riz  en  grain. 
Dans  la  guerre  de  1741  et  dans  celle  de 
Sept  Ans,  on  distribuait,  tous  les  vendre- 
dis, 2  onces  de  riz  à  chaque  soldat,  en 
remplacement  de  viande,  parce  que  les 
troupes  ne  faisaient  pas  gras  ce  jour-là. 

D'après  le  règlement  du  5  avril  1792 
et  l'instruction  du  13  février  1797  sur  les 
subsistances,  le  riz  était  devenu  l'objet 
d'une  fourniture  fixe,  accordée  même  aux 
officiers,  mais  à  diverses  reprises,  sus- 
pendue ou  rétablie. 

^  Pendant  les  guerres  du  Consulat  et  de 
l'Empire,  le  riz  était  distribué  aux  trou- 
pes. Il  en  fut  de  même  lors  de  la  campa- 
gne d'Espagne  en  1823  et  depuis  la  con- 
quête de  l'Algérie. 

DÉSIRÉ  Lacroix. 


* 

*  * 


Dans  l'armée  du  Nord,  sous  le  géné- 
ral Faid'herbCj  tout  le  monde  recevait 
une  ration  de  riz.  pendant  la  guerre  4e 
1870.  C'était  meilleur  et  plus  léger  à 
l'estomac  que  le  biscuit,  et  délicieux  avec 
du  lard,  des  œufs  ou  du  sucre,  ou  encore 
avec  du  chocolat.  D--  Bougon. 


♦  * 


Sous  le  premier  Empire,  le  riz  entrait, 
comme  le  sel,  le  pain,  etc,  dans  l'alimen- 
tation du  soldat.  En  effet,  dans  les  Mé- 
moires du  capitaine  During,  aide  de  camp 
du  général  Rapp,  on  lit  que,  pendant  le 
siège  de  Dantzig,  en  1813,  on  forma, 
pour  suppléer  au  défaut  des  combattants, 
un  corps  de  non-combattants,  commis 
aux  vivres,  etc..  commandé  par  l'inspec- 
teur aux  vivres  Reybaud,  et  que  ce  corps 
fut  nommé  plaisamment  «  le  bataillon  riz- 
pain-sel  ».  \)r  y^_  T^  Vercqutre. 


Les  sous-marins  en  1859  (XLIX» 
838,  974).  —  En  étudiant  la  guerre  de 
Crimée  et  celle  d'Italie,  j'ai  bien  trouvé, 
dans  les  différents  papiers  du  ministère 
de  la  guerre  et  dans  ceux  du  ministère  de 
la  marine,  des  propositions  de  toutes  sor- 
tes, les  unes  comme  celle  de  l'amiral 
Boiiet-Willaumez,  tendant  à  faire  boucher 
la  passe  de  Sébastopol  avec  des  vieux  ba- 
teaux chargés  de  pierres  — très-rationnel- 
les, puis  d'autres  invraisemblables  parais- 
sant émaner  de  fous,  mais  je  n'ai  trouvé 
aucune  trace  de  propositions  de  sous-ma- 
rin? ;  je  n'ai  pas  vu  trace  non  plus  du  nom 
de  Viileroy  :  mais  M.  J.  G.  Bord  pourrait 
s'adresser  à  M.  Bertin  qui  l'édifierait  cer- 
tainement. Germain  Bapst. 


*  * 


je  remercie  le  collaborateur  E.  M.  de  sa 
très  exacte  rectification,  dont  je  me  dou- 
tais d'autant  plus  que  la  lettre  de  M.  de 
Viileroy  ne  contient  pas  que  cette  inexac- 
titude. Ce  qu'il  serait  intéressant  de  sa- 
voir,c'est  de  connaître  la  valeur  de  la  dé- 
couverte de  M.  de  Villeroi.  les  suites 
qui  lui  furent  données,  et  les  résultats 
obtenus  .f' 

M.  de  Villeroi  n'était  peut-être  qu'un 
rêveur  ;  ce  genre  de  poëte  se  rencontre 
quelquefois  dans  le  monde  des  inventeurs. 

J.  G.  Bord. 


G.,  219; 

ans    cette 


Coiffure  au  Bec  Noir  (T. 
XLIX,  262).  —  Depuis  trente 
question  reste  sans  réponse  dans  Y  Inter- 
médiaire, bien  qu'elle  ait  été  posée  deux 
fois,  et  tout  récemment  encore  par  notre 
distingué  collaborateur  A.  S..E. 

Citant  une  page  charmante  de  madame 
de  Brancas,  Sainte-Beuve  avait  écrit  né- 
gligemment :  «  Le  bec  noir  est  un  détail 
de  toilette  qui  demanderait  tout  un  com- 
mentaire ».  {Nouveaux  Lundis^  Vlll,  300). 
On  a  vu  dans  cette  réticence  une  sorte  de 
silence  pudique  et  on  a  voulu  établir  un 
rapprochement  entre  ce  détail  de  toilette  et 
le  «  morion  indécent  »  qui  coiffait  les 
femmes  de  Rayonne.  La  vérité  est  plus 
simple. 

Toute  coiffure  de  femme  comportait 
trois  parties  ;  le  fond  (coiffe),  les  barbes 
("dentelles  tombantes)  et  le  bec  (avant). 
La  coiffure  entièrement  noire  était  la  plus 
habillée.  Celle  à  fond  blanc  et  à  bec  noir 
était  de  petite  tenue.  Sainte-Beuve  s'est 
abstenu  de  commenter  le  mot,  parce  qu'il 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1904. 


81 


82 


ne  voulait  pas  fatiguer  le  lecteur  par  une 
digression  inutile,  mais  il  n'y  voyait  pas 
malice. 

Examinons  d'ailleurs  le  passage  cité. 
M'""  de  Brancas  raconte  en  souriant  qu'a- 
près la  convalescence  de  Louis  XV  (août 
1744),  la  duchesse  de  Luynes,  dame 
d'honneur,  ayant  un  jour  trouvé  le  roi 
«  en  état  de  donner  à  la  reine  les  marques 
certaines  d'une  réconciliation  sincère,  fit 
changer  le  lit  de  la  reine  en  une  couche 
nuptiale  et  mettre  deux  oreillers  sur  le 
traversin  ». 

A  cette  nouvelle,  grand  émoi  chez  les 
femmes  delà  cour. 

La  reine,  depuis  la  convalescence  du 
Roi,  étoit  mise  à  merveille  ;  elle  portoit  des 
robes  couleur  de  rose.  Les  vieilles  dames 
annonçoient  leurs  espérances  par  des  ru- 
bans verts  ;  enfin,  depuis  longtemps  la  pa- 
rure de  la  toilette  n'avoit  été  aussi  spiri- 
tuelle. 

Hélas  !  peu  de  temps  après  avoir  appris 
que  le  roi  était  redevenu  amoureux,  la 
triste  reine  fut  amenée  à  penser,  comme 
dit  le  vieux  poète  :  «  Mais  le  pis  est,  que 
ce  n'est  pas  demôy.  » 

C'en  étoit  assez  pour  déterminer  ces 
dames  à  changer  leur  toilette.  Les  unes 
prirent  des  couleurs  plus  modestes,  les 
autres  baissèrent  leurs  coiffures,  d'autres 
mirent  moins  de  rouge  ;  enfin  les  vieilles 
dames  poussèrent  la  prudence  jusqu'à  re- 
placer dans  leurs  cheveux  le  bec  noir. 

Comment  imaginer  que  ces  respecta- 
bles veilles  personnes  eussent  posé  sur 
leurs  cheveux  blancs  une  coiffure  ultra- 
galante, dans  une  circonstance  qui  l'était 
si  peu  ?  Candide. 

Claudiae  Mignot  (XLIX,  61  s,  741, 
847,  980).  —  Sur  Claudine  Mignot,  la 
Dauphinoise,voirtomelide]a  Bibliographie 
dii-  Daiiphiné  par  Adolphe  Rochat  (Paris. 
Charavay  éditeur,  1860),  page  144.  vo  Mi- 
gnot ;  ce  que  ne  dit  pas  le  bibliographe 
Rochat,  c'est  qu'il  est  de  tradition  que  ce 
fut  la  Liaudia  qui  donna  naissance  à  ce 
iproverbe  fort  cité  en  Dauphiné  :  E  iet  Ion 
ecret  de  la  Liaudia^  y  ^  y  san  tiii^  Ce  qui 
signifie,  c'est  le  secret  de  Claudine,  ils  le 
savent  tous  (pour  tout  le  monde  le  con- 
naît) ;  proverbe  qui  prit  cours  lors  du 
mariage  du  roi  Casiniir  avec  la  Liaudia, 
mariage  que  l'on  essaya  de  tenir  secret, 
et  qui  s'ébruita  rapidement.         E.   B. 


Délimitation  de  la  paroisse  Saint- 
Sauveur  (XLIX,  948/  —  Elle  est  don- 
née dans  l'Histoire  de  la  ville  et  dtt  dio- 
cèse de  Paris  de  l'abbé  Lebeuf,  t.  I,  p.  73 
de  la  réimpression  de  1883.  F.  B. 


* 
*  ♦ 


Aux  termes  du  décret  du  4  février 
1791,  le  territoire  de  ladite  paroisse  était 
borné  :  au  nord  par  le  boulevard  (actuelle- 
ment Bonne-Nouvelle)  et  au  sud  par  la 
rue  Mauconseil  ;  à  l'est  par  la  rue  Saint- 
Denis  et  à  l'ouest  par  les  rues  Poisson- 
nière, des  Petits -Carreaux  et  Montor- 
gueil.  P.  Lbe. 

Les  dalles  de  la   rue    Mazarine 

(XLIX,  895).  —  |e  souhaite  que  notre 
collaborateur  obtienne  le  renseignement 
qu'il  désire  et  que  je  suis,  du  reste,  inca- 
pable de  lui  fournir,  mais  la  question 
manque  un  peu  de  précision,  au  moins 
pour  ceux  qui  voudraient  trouver  ces  ins- 
criptions à  l'endroit  indiqué. 

Je  les  ai,  en  effet,  en  simple  badaud, 
cherchées  en  face  de  la  voûte  qui  de  la 
rue  Mazarine  conduit  à  la  cour  de  l'Insti- 
tut, mais  sans  résultat.  C'est  beaucoup 
plus  haut  dans  la  même  rue  qu'elles  sont 
visibles  à  la  sortie  du  Passage  du  Pord- 
Nenf,  à  gauche. 

L'ancre  désignée  n'est  peut-être  qu'une 
flèche  comme  on  en  voit  quelquefois  sur 
les  bordures  des  trottoirs  et  semblerait, 
dans  ce  cas,  une  simple  indication  4^ 
service  de  la  voirie.  Rolin  Poète. 

Tableau  de  Boucher  (XLIX,  953). 
—  Le  même  sujet  que  Boucher  a  traité 
dans  le  tableau  que  cite  M.  La  Résie,  est 
représenté  par  un  bas -relief  qui  surmonte 
l'entrée  de  la  prison  municipale  de  Gand, 
laquelle  forme  le  rez-de-chaussèe  du  bef- 
froi de  cette  ville. Ce  bas-relief,désigné  par 
le  nom  tîamand  de  Mammelokker ,  sert  ai}ssi 
à  dénommer  la  prison  municipale  elle-mê- 
me, dont  il  décore  l'accès.       V.  A.  T. 

Familles  françaises  contempo- 
raines (XLIX,  950).  —  M.  C.  B.  trou- 
vera à  la  bibliothèque  de  la  rue  Richelieu 
le  Dictionnaire  des  familles  françaises^ 

Lascombes. 

M.  de  la  Bourdaisière  et  Gabrielle 

d'Estrées  (XLIX,  838,  962).  —  La  note 

1  que  M.  La  Résie  a  publiée  ici  (col.  962)  est 


No  1046. 


L'INTERMEDIAIRE 


83 


84 


un  pamphlet  qui  courut  Paris  vers  la  fin 
du  règne,  sous  le  titre  de  :  Généalogie  de 
Louis  Xy  par  las  femmes. 

On  trouve  cette  facétie  dans  la  plupart 
des  Recueilsdc pièces  manuscrites,  composés 
à  l'époque  des  incidents  Maupeou.  Elle  est 
généralement  suivie  d'une  Généalogie  des 
Dubarry  qui  n'est  pas   moins  malicieuse. 

A  propos  des  Babou  de  la  Bourdaisière, 
je  serais  heureux  de  savoir  si  l'on  a  publié 
des  études  récentes  :  i"  sur  la  fuite  de 
Françoise  Babou  à  Issoire  avec  le  marquis 
d'Allègre  et  sur  leur  assassinat  ;  2°  sur  la 
première  jeunesse  de  Gabrielle  d'Estrécs, 
antérieurement  à  la  rencontre  d'Henri  IV 
en  Picardie.  S. 

Boerhaave  (XLIV,  948).  —  Puis- 
qu'une question  est  posée  sur  ce  célèbre 
médecin  hollandais,  et  que  quelque  lec- 
teur peut  en  faire  le  point  de  départ  de 
recherches,  j'en  profite  pour  poser  une 
autre  question  par  voie  d'amendement. 

Le  Journal  de  la  Santé  du  6  juillet  1902 
donne  une  très  courte  notice  sur  Boer- 
haave (signée  D''  Monpart)  et  j'y  lis,  tou- 
chant la  jeunesse  du  personnage  : 

Il  abaiidonn.1  bientôt  la  t'néologie  après 
avoir  es;ayé  de  traiter  cette  brûlante  ques- 
tion :  pourquoi  le  christianisme,  prêché  au- 
trefois par  des  ignorans,  avoit  fait  tant  de 
progrès,  et  en  faisait  aujourd'hui  si  peu, 
prêché  par  des  sçavans?  On  conçoit  oiJ  ce  su- 
jet, qui  n'avait  pas  été  choisi  au  hasard,  de- 
vait le  conduire,  et  quelle  mordante  satize  du 
ministère  ecclésiastique  en  général  il  pouvait 
renfermer. 

Il  n'y  a  rien  de  semblable  dans  la  liste 
des  œuvres  de  Boerhaave  au  catalosrue, 
aujourd'hui  imprimé,  de  la  Bibliothèque 
nationale  ;  ni  aucune  allusion  dans  la 
longue  notice  de  la  Biographie  Michaud. 
S'agit-il  ici,  sinon  d'un  écrit  de  Boerhaave, 
au  moins  d'un  de  ses  projets  ?  N'est-ce 
pas  simplement  une  boutade  satirique  .? 
En  tout  cas,  il  serait  curieux  d'être  ren- 
seigné sur  l'origine  et  l'histoire  de  cette 
boutade.  G.  Servandy. 

Famille  de  Braiier  fXLlX,  786, 
916,  976).  —  Je  remercie  M.  Le  Lieur 
d'Avost  de  la  descendance  Braiier  qu'il 
veut  bien  me  donner  ;  elle  m'était  en  par- 
tie inconnue.  Mais  c'est  l'ascendance 
d'Adolphe  de  Br.,  commandant  de  la  lé- 
gion de  Nassau,  que  je  voudrais  connaî-  j 


tre  ;  aussi  bien  que  l'ancienneté  de  cette 

Jehan. 


famille  et  son  origine. 


Familles    de    La   Brunière,    de 
Riiynevaljd'Angennes,  de Girardin 

(XIV,  838,  977  ;  L,  27).  —  Je  me  permets 
de  rectifier  une  légère  erreur  de  M.  Ca- 
lendini,  au  sujet  de  la  terre  d'Angennes. 
Le  château  d'Angennes,  qui  existe  encore 
tel  qu'il  était  au  xvii'  siècle,  est  situé 
commune  de  Crucey  canton  de  BrezoUes 
(Eure-et-Loir),  et  non  Brizoles,  ce  qui 
n'est  qu'une  faute  d'impression  11  appar- 
tient aujourd'hui  à  M.  Revel  Saint-Ange. 

Martellière. 


Comminges  (XLIX,  839,  978).  — 
On  lit  dans  Y  Histoire  des  Princes  de  Condé 
(tome  V,  p.  261,  note  4)  : 

Son  grand-père  (de  Guitaut)  qui  s'appelait 
Pons  de  Pechepeyron,  ayant  épousé  Françoise 
de  Comminges,  fut  substitué  aux  noms,  ar- 
mes et  biens  de  la  famille  à  laquelle  il  s'al- 
liait. . . 

Or  Pons  de  Pechepeyron,  gentilhomme 
du  Quercy,  fut  substitué,  en  efïet,  aux 
noms,  biens  et  armes  de  la  branche  de 
Guitaut,  mais  de  cette  branche  seulement 
et  non  de  \à  famille  de  Comminges  qui,  à 
cette  époque,  subsistait  encore  en  plu- 
sieurs rameaux  directs  et  masculins,  déta- 
chés de  la  branche  principale  de  Pé- 
guilhan  —  laquelle  branche  a  pour  au- 
teur Bernard,  3''  fils  de  Bernard  Odon, 
comte  de  Comminges,  et  de  Laurence  de 
Toulouse  au  xu''  siècle. 

Ce  ne  fut  que  postérieurement  au  ma- 
riage de  Pons  de  Pechepeyron  avec 
Françoise  de  Comminges  que  ces  rameaux 
(Saubole-Mancioux,  Escoubas  et  Saint- 
Lary)  s'éteignirent  successivement,  à  l'ex- 
ception d'un  seul,  celui  des  Comminges- 
Péguilhan,  barons  de  Saint-Lary,  en  Gas- 
cogne, qui  s'est  perpétué  également  en 
ligne  directe  et  masculine  jusqu'à  nos 
jours. 

Or,  juste  avant  la  Révolution,  Bernard 
de  Comminges  était  lieutenant  des  maré- 
chaux de  France  et  premier  baron  du 
pays  de  Comminges  que  cette  branche  n'a 
pas  cessé  d'habiter. 

Un  comte  de  Comminges  fut  ensuite 
officier  en  Espagne, son  fîls  fut  officier  aux 
Guides  de  la  Garde  vers  1859.  Le  fils  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


85 


20  Juillet  1904 


86 


celui-ci  fut  également  officier  et  est  encore 
propriétaire  au  pa}'s  de  Comminges. 


Emilia  Contât  (XLIX,  220,  361,  588, 
866,  979).  —  La  question  posée  par... 
ne  concernait  pas  les  enfants  de  Louise, 
mais  bien  ceu.x  d'Emilie.  Je  connais  quatre 
enfants  à  Louise  :  un  fils  de  Maupeou, 
un  fils  du  comte  d"Artois,  une  fille  de 
Louis  de  Narbonne  (Amalricque)  et  un 
fils  légitimé  du  marquis  de  Parny.  Sous 
peu,  je  donnerai  des  renseignements 
complets  (?)  sur  les  Contât  dans  l'histoire 
du  Théâtre,  je  pose  donc  à  nouveau  la 
question  :  Est-ce  que  Emilie  eut  comme 
sa  sœur  quatre  enfants,  comme  l'affirme 
Fortia-Piles  dans  le  Préservatif  à  la  bio- 
graphie des  contemporains  et  le  collabo- 
rateur.. ?  Qiii  était   le  quatrième  enfant  ? 

J.  G.  Bord. 


Descendants  de  Pierre  Corneille 
(XLIX,  949).  —  En  1787,  il  existait  à 
Tilly  (.?)  une  meunière,  Marie-Angélique 
Corneille,  descendante  de  la  famille  du 
grand  tragique.  On  trouve  son  portrait 
au  cabinet  des  Estampes,  dans  la  collec- 
tion Michel  Hernnin. 

J-C.   WlGG. 

Drayer  du  Planté  (Nicolas)  (XLI). 
—  Ce  n'est  pas,  comme  le  dit  la  question, 
en  1896,  mais  en  1796,  que  se  place  la 
publication  en  question. 

Je  vois  dans  Les  Archives  Je  l'art  fran- 
çais 1879  '  P-  ^8s,  que  Druyer  du  Planté 
était  un  amateur  de  peinture  dont  la  vente 
eut  lieu  le  15  Messidor  an  V,  qui  possé- 
dait huit  émaux  de  Petitot  dont  il  avait 
proposé  l'achat  au  roi  en  1767.  A  cette 
époque,  il  habitait  rue  du  Sépulcre. 

J.C.   WlGG. 


I 


Famille  de  Chamblanc(XLIX. 

469,587,  79q).  —  11  n'3^a  paseu  de  famille 
de  Chamblanc  en  Bourgogne.  Mais  une 
branche  de  la  famille  Jeannin  oujehannin 
a  pris  le  titre  de  la  seigneurie  de  Cham- 
blanc,et  a  fourni  au  Parlement  de  Dijon  les 
conseillers  Philibert  Jehannin  de  Cham- 
blanc en  1 7 1 7  et  François  Jehannin  de  Cham- 
blancen  1 741 .  A  consulter, par  conséquent, 
les  continuations  de  Palliot  par  Petitot  et 
Des  Marches.  F.  R.  E.  D. 


Les  frères  Géramb  (XLIX,  614,  802, 
917).  —  Puisque  plusieurs  personnes 
s'intéressent  aux  Géramb,  qu'il  me  soit 
permis  de  faire  quelques  observations  de 
détail  sur  l'intéressante  notice  de  notre 
confrère  P.  Montarlot. 

Je. ne  crois  pas  que  le  père  de  François- 
Julie  de  Géramb  aitété  ministre  dejoseph  IL 
dans  des  pièces  datées  'de  1782  (90  ans 
après  sa  naissance),  il  est  désigné  comme 
ayant  été  conseiller  impérial  et  royal  de 
commerce  et  de  banque  en  Basse-Autri- 
che. Il  n'était  que  chevalier  du  Saint- 
Empire,  le  titre  de  baron  de  Géramb  ayant 
été  conféré  seulement  le  19  juillet  1808,  à 
Ferdinand  de  Géramb,  chambellan  de 
l'empereur  François  IL  Pourtant,  si  je  me 
trompais,  je  serais  obligé  à  M.  Montarlot 
de  me  dire  à  quelle  source  il  a  puisé  ce 
renseignement. 

Quant  à  la  petite  fille  de  François-Julie 
de  Géramb,  mariée  à  François  Denizot, 
fils  du  Président  du  baillaare  de  Chalon, 
elle  laissa  une  fille  unique, ma  grand'mère, 
de  laquelle  je  tiens  les  papiers  et  portraits 
des  Géramb  en  ma  possession. 

Je  suis  entièrement  d'accord  sur  tout  le 
reste,  j'ai  encore  les  passeports  ayant 
servi  à  M.  de  Géramb,  en  1792  et  1798, 
pour  les  voyages  auxquels  il  est  fait  allu- 
sion. E.  DE  LA  L. 

Le  portrait  de  M.  Frosper  Gic- 

quel(XLIX,  949).  —  M.  A.  d"E.  pourra 
s'adresser  utilement  au  vicomte  Alain  de 
Rougé,  qui  a  épousé  la  fille  unique  de 
M.Gicquel  et  qui  demeure  avenue  du  Bois 
de  Boulogne,  26  (16').  A.  P.  L. 

La  famille  Hustin,  de  Douai  et  de 
Lille  (XLIX,  949).  —  Une  brochure  très 
rare  aujourd'hui,  publiée  en  1810,  et  inti- 
tulée :  Notes  historiques  relatives  aux 
offices  et  aux  officiers  de  la  gouvernance  de 
Douai  et  Orchies,  contient,  page  33,  art. 
26,.une  descendance  de  la  famille  Hustin. 
Elle  commence  à  Claude  Hustin,  lieute- 
nant général  de  la  gouvernance,  fils  de 
Robert-François,  et  de  Marie  Lesellier, 
et  va  jusqu'en  1810.  J'en  offre  une  copie 
à  M.  Labadie,  si  elle  lui  est  inconnue. 

—  j'ajoute  qu'une  fille  de  ce  Claude 
Hustin,  lieutenant  général,  qui  n'est  pas 
mentionnée  dans  l'ouvrage  ci-dessus, 
épousa  Jacques-Robert  Reniy,  sii;ur  d'E- 
vin,  fils  de  Martin-Louis  Remy,  sieur  du 


N"  1046, 


L'INTERMEDIAIRE 


87 


88 


Maisnil,  et  de  Marie- Françoise  Cordouan. 
Cette  famille  Remy  est  une  des  plus  an- 
ciennes de  Douai  ;  on  y  voit  encore  un 
vieil  hôtel  qu'elle  construisit  rue  du  Clo- 
cher Saint-Pierre  en  i6i6.  Q.uant  aux  Le 
sellier,  j'ai  vu,  au  musée  de  Douai,  des 
pierres  tombales  les  intéressant . 

JEHAN. 

Malgaigne  (XLIX,  783,  919).  —  Si 
yapcieau(iS6^)reste  muet  sur  la  présence 
de  ce  chirurgien  français  sur  les  champs 
de  bataille  de  la  Pologne,  à  tout  le  moins 
cite-t-il  son  Coup  d'œil  sur  la  Médecine  en 
Pologne  (1832),  Ce  dut  être  pendant  la 
révolte  de  1850-31  que  Malgaigne  alla 
donner  ses  soins  aux  malheureux  patrio- 
tes. Le  fait  a  été  trop  souvent  invoqué 
dans  son  cours  de  médecine  opératoire 
pour  qu'un  doute  soit  possible.  C'était 
surtout  en  signalant  la  déplorable  influence 
de  la  défaite  sur  les  amputés  qu'il  en 
venait  à  parler  de  cette  malheureuse  cam- 
pagne. 

L'éloge  de  Malgaigne  a  sans  doute  été 
prononcé  en  séance  de  l'Académie  de 
Médecine.  C'est  de  ce  côté  surtout  qu'il  y 
aurait  lieu  de  chercher  des  informations 
plus  complètes.  Lédà. 

Le  tombeau  de  Ronsard  (XLIX, 
833,  957).  —  Je  ne  veux  rien  ajoutera 
l'excellent  et  si  exact  article  de  M.  Dufay, 
mais  qu'il  me  soit  permis  de  raconter,  au 
sujet  des  fouilles  de  Saint-Cosme  en  1870. 
une  anecdote  que  les  journaux  locaux 
s'empressèrent  de  reproduire  avec  une 
joie  malicieuse . 

En  fouillant  le  terrain, on  exhuma  quel- 
ques ossements,  et  certains  membres 
amateurs  de  l;i  société  archéologique  de 
Touraine,  enthousiasmés,  croyaient  déjà 
avoir  mis  la  main  sur  les  restes  authen- 
tiques du  grand  poète. 

Le  cultivateur  qui  procédait  au  terras- 
sement, un  peu  gouailleur  comme  tout 
bon  Tourangeau,  les  laissa  s'emballer  et 
finit  par  déclarer  que  les  os  en  question 
étaient  ceux  de  sa  bique  qu'il  avait  en- 
fouie à  cet  endroit,  mais  qu'à  sa  connais- 
sance il  n'y  avait  jamais  eu  d'ossements 
humains.  Martellière. 

Les  familles  Vinci  (XLIX,  672, 
805,  874,  925).  —  Dansl'église  de  Saint- 
Andeux   (Côte-d'Or)  se  trouve   l'inscrip- 


tion suivante   sur    une    plaque   de    mar- 
bre : 

t 
Souvenez-vous  dans  vos  prières  des  déîunts 

dont  les  corps    reposent    dans  cette  église  en 

attendant  la  résurrection  : 

Charles  de  Tiliy  prêtre,  abbc,  chanoine  de 

l'église  Notre-Dame   de   Paris,   grand  vicaire 

du  diocèse    de  Langres  décédé  le  5   novembre 

1801 ,  âgé  de  Ô3  ans. 

Anne -Marie- Louise- rlenrietle  de  Tilly 
épouse  de  Jean-François  Vasserot  baron  de 
Vincy,  décédée  le  22  août  1799,  âgée  de  23 
ans. 

Le  comte  de  Tilly,  père  de  la  baronne 
de  Vincy,  gouverneur  de  la  Guadeloupe 
perdit  la  vie   dans  un  naufrage.   Il    avait 
acheté, en  1760,1a  terre  de  Saint-Andeux. 

T. 

*  * 

D'après  quelques  notes  prises  rapide- 
ment au  crayon  dans  l'église  de  Saint-An- 
deux (Côte-d'Or),  Anne-Marie-Louise-Hen- 
riette de  Tilly,  fille  de  Charles  de  Tilly, 
gouverneur  de  la  Guadeloupe. avait  épousé 
Jean-François  Vasserot,  baron  de  Vincy. 

Le  comte  de  Tilly,  qui  avait  acheté,  en 
1760,  la  terre  de  Saint-Andeux,  périt 
dans  un  naufrage.  La  baronne  de  Vincy 
serait  morte  en  1799.  T. 

Recueils  de  chartes  à  retrouver 
(XLIX,  610,  731,927).  —  Peut-être  le 
renseignement  qui  suit  pourrait- il  servira 
mettre  sur  la  trace  des  documents  que 
j'ai  signalés  dans  la  question  que  j'ai  po- 
sée moi-même  dans  X Intermédiaire.  Ce 
renseignement  est  tiré  du  livre  de  M, 
Alexandre  Pinchart.  chef  de  section  aux 
Archives  générales  du  royaume  de  Belgi- 
que, livre  intitulé  :  Archives  des  arts., 
sciences  et  lettres.  Documents  inédits.  Gând., 
1863.  3  vol.  in-8.  M.  Pinchart  (Tome  II, 
p.  51)  s'exprime  ainsi  : 

Au  mois  de  mai  18^5,  on  vendit  publique- 
ment chez  le  libraire  Heussner,  à  Bruxelles, 
une  grande  quantité  des  archives  qui  appar- 
naient  à  un  amateur  belge,  disait-on,  et  qui 
provenait  en  majeure  partie  de  la  collection 
du  baron  de  Joursanvault,  vendue  à  Paris  en 
1838.  Un  des  lots  concernant  la  Champagne 
fut  acquis  par  M.  le  comte  de  Villermont, 
qui  nous  a  permis  à  cette  époque  de  prendre 
note  de  quelques  pièces  intéressantes  pour 
l'histoire  des  Beaux-Arts. 
j  Les  Recueils  d'Archives  mis  en  vente  à 
'  Liège  en  1841,  et  dont  il  a  été  impossible 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


89 


::o  Juillet  1904, 


90 


de  constater  l'adjudication    publique,  au-  |  cette  occasion,    les  journaux   rappellent 


raient  pu  être  achetés  alors  en  bloc  par 
l'amateur  belge  dont  parle  M.  Pinchart, 
puis  dispersés  en  1855.  Peut-être  pour- 
rait-on retrouver  la  trace  de  cette  disper- 
sion en  s'adressant  aux  successeurs  du  li- 
braire Heussner,  de  Bruxelles,  si  cette 
maison  existe  encore.         Le  Besacier. 

«  Controversies  >/  de  Sénèque 
(XLIX,842,  985).  — LeN°  du  50  juin  con- 
tient (col.  985,986) des  réponses  à  la  ques- 
tion, mais  ce  sont,  me  semble-t-il,  des 
réponses  à  côté.  En  effet,  elles  ne  visent 
pas  le  dernier  document  paru,  et  elles 
renvoient  à  une  édition  épuisée,  introuva- 
ble, et  des  plus  imparfaites,  si  l'on  se  re- 
porte à  la  préface  de  M.  Bornecque. 

Je  suis  étonné  qu'aucune  mention  n'ait 
été  faite  de  ce  dernier  travail,  ni  des  re- 
marquables études  critiques  de  M.  Gas- 
ton Boissier.  Les  réponses  publiées  sont 
un  peu  en  retard,  quoi  qu'en  dise  Can- 
dide. 

Voici,  je  crois,  la  réponse  à  la  question. 
Vient  de  paraître,  chez  Garnier,  6  rue  des 
Saints-Pères:  «Séncquc  le  Retheiir, contro- 
verses et  suasoires,  traduction  nouvelle, 
texte  revu  par  M.  H.  Bornecque  ». 

Aucune  traduction  n'avait  paru  en 
France  depuis  1563.  H.  Potas. 

Une  phrase  imprudente  de  Re- 
nan (XLIX,  955).  —  Il  me  semble  me 
souvenir  que  la  phrase  incriminée  consiste 
en  ces  quatre  mots  :  s<  un  homme  presque 
divin  »>,  appliqués  au  Christ. 

Et  à  ce  sujet,  je  formule  une  observa- 
tion générale,  les  auteurs  feraient  bien 
mieux  de  citer  ou  de  nommer  les  choses 
et  les  hommes,  plutôt  que  de  procéder 
par  des  allusions  saisies  seulement  par  le 
très  petit  nombre.  J'enrage  souvent,  en  fai- 
sant une  lecture, de  rencontrer  une  énigme 
là  où  il  était  si  simple  de  mettre  un  nom 
propre  ou  une  citation.  «.  Cela  n'a  pas  be- 
soin d'être  dit  », faisait-on  remarquer  dans 
une  conférence  avec  le  prince  de  Talley- 
rand.  \<  Cela  sera  encore  mieux  en  le  di- 
sant »,  répondit  celui-ci. 

Et  on  ne  peut  mieux  dire.     H.  C.  M. 

Vers  attribués  à  Victor  Hugo 
(T.  G.,  92o;XLlIIàXLVi).— La  villede 

"Nantes  où  est  né  Charles  Monselet, vient 
de  lui  élever   un   modeste  monument.  A 


que  le  spirituel  et  érudit  écrivain  gastro- 
nome dînait  régulièrement  tous  les  jeudis 
chez  V.  Hugo  qui  lui  avait,  une  fois  pour 
toutes,  fait  son  invitation  par  le  quatrain 
suivant  : 

Qiiecheznous  désormais  chaquejeudi  t'amène. 
Et  je  m'adresse  à  Dieu  lui-même  et  je  lui  dis  : 

«  Fais  nous  la  semaine 

Des  quatre  jeudis  ». 

Ces  vers  nous  remettent  en  mémoire  un 
quatrain  de  Monselet,  que  nous  avons  lu 
au  bas  d'un  de  ses  portraits  gravés  et 
dans  lequel  le  fin  poète  a  dépassé  les  der- 
nières limites  de  loriginalité  de  la  ririie  et 
de  Lenjambement  : 

Mon  portrait  à  moi  !  Merci  car 
C'est  bien  de  la  bonté  de  reste 
Et  vous  en  serez  puni  par 
Ce  quatrain  plus  que  modeste, 

Théodore  Courtaux. 

Chanson  de  Nadaud  :  «Les  Deux 
gendarmes  »  XXXVll  ;  XLIX,  996).  — 
La  preuve  que  le  dernier  couplet  est  apo- 
cryphe, c'est  qu'on  en  a  donné  diverses 
variantes.  En  voici  une  troisième,  qui 
nous  paraît  meilleure  encore  que  les  deux 
autres  : 

J'ai  servi  sous  la  République 
L'Empire  et  la  Restauration, 
Sous  Philippe  le  démocratique 
Et  sous  Louis-Napoléon  ; 
Même  je  me  souviens  encore 
De  l'avoir  conduit  en  prison. 
Brigadier,  répondit  Pandore, 
Brigadier  vous  avie^  raison  ! 

En  1860,  tout  le  monde  connaissait  le 
nom  de  l'auteur  de  ce  dernier  couplet,  un 
familier  des  Tuileries  :  On  n'est  jamais 
trahi  que  par  les  siens  ;  mais  je  ne  me 
rappelle  plus  qui.  Il  y  en  a  eu  tant  ! 

Cela  se  chantait  à  table,  à  gorge  dé- 
ployée, à  la  fin  des  repas,  au  milieu  des 
éclats  de  rire  universels.  On  en  chantait 
bien  d'autres  !  C'était  le  beau  temps  de 
la  chanson.  Les  enfants,  avec  leur  mé- 
moire prodigieuse,  retenaient  l'air  et  les 
paroles,  quand  ils  les  avaient  entendu 
chanter  pour  la  première  fois. 

D'  Bougon. 

Bévues  des  municipalités  au  su- 
jet des  plaques  commémoratives 
(XJCXVI  ;  XXXVII  ;  XXXVIll  ;  XLlil).  — 
Je  ne  sais  si  jamais  on   a  relevé  celle  que 


N'  1046. 


L'INTERMÉDIAIRE 


01 


92 


nous  allons  citer,  mais  elle  est  digne  de 
figurer  dans  le  musée,  toujours  ouvert, 
des  gaffes  municipales. 

Au  numéro  70  de  la  rue  des  Archives, 
on  lit  sur  une  plaque  de  marbre  : 

L  AMENAIS 

né  à  Saint-Malo 

le 

est  mort  dans  cette  maison 

le 

Or,  j'ai  vu  bien  des  signatures  de  l'il- 
lustre philosophe  ;  et  les  unes  portent  de 
la  Mcnnais,  les  autres  de  Lamennais,  d'au- 
tres enfin  Lamennais,  mais  pas  une  Lame- 
iiais  avec  une  seule  n.  Je  sais  bien  que, 
tout  récemment,  un  ministre  a  décrété 
l'indépendance  de  l'orthographe  ;  et  je  ne 
désespère  pas  de  lire  un  jour  au  coin 
des  rues  ^nricaire,  Moliair  et  Boiîô.  En 
attendant,  je  supplie  notre  nouvelle  muni- 
cipalité de  veiller  d'un  peu  près  à  l'épi- 
graphie  du    Paris  moderne. 

Sir  Graph. 
Voir    Intermédiaire^   XLV.    Prononciation 
du  nom  et  ortiiographe- 

Catalogue  pour  vente  de  vieux 
livi'es  (XLIX,  842,  991)  —  L'usage  des 
catalogues  date  de  loin. 

Parmi  les  anciens  que  je  possède,  le 
premier  daté  (je  ne  dis  point  en  date)  est 
celui  dQ  Jacques  Le  Fehvre  an  derniei  P illier 
de  la  grand' Salle^  vis-à-vis  les  Requêtes  du 
Palais  et  à  côte  des  Eaux  et  Forests,  l6Sp. 

11  porte  les  prix  marqués. 

Au  xviii*  siècle,  on   eut  des  catalogues 
spéciaux  :  Livres  de   théologie  et  de  piété 
qui  se  trouvent  che:^  Humhlot.  libraire,  rue 
Saint-Jacques^     près    Saint-Yves   (1768) 
On  y  trouve  un  ouvrage  de  1 564. 

Catalooiie  des  livres  à  V usage  militaire 
(1750)  où  figurent  des  ouvrages  anciens. 

Les  livres  imprimés  et  reliés  en  Hol- 
lande portaient  souvent  des  catalogues 
dans  leurs  fins.  On  a  ainsi  ceux  de  David- 
Paul  Marret  et  Etienne  Valat,  à  Ams- 
terdam, 1722  ;  —  Pierre  Humbert,  Ams- 
terdam, 1728  et  aussi  1743  ;  —  J.  Meiul- 
me,  àLaHaye,  1750,  etc.. 

Quant  à  l'honneur  d'avoir  vulgarisé 
les  Catalogues  de  livres  anciens,  à  prix 
marqués,  il  revient  en  premier  lieu  à  j. 
Techener  avec  ses  volumes  :  Description 
bibliographique  des  livres  choisis  en  tout 
genre  composant  la  librairie].  Techener, 
tome  I,  1835.  in-8°  xiu-526  pages,  plu- 
tôt qu'à  Aubry,  1857.  C.  P.V. 


"Vers  à  rsti'ouvor  :  «  Par  une  telle 
nuit»  (XLIX,  954).  — Ces  strophes  se 
trouvent  au  3*  acte  du  Sliylock  d'Edmond 
Haraucourt,  représenté  à  l'Odéon  en 
1889. 

Par  une  telle  nuit  du  li;iut  îles  nuus  de  Troie, 
Troïios  exhalait  sa  peine  vers  la  joie 
Et  pleurait  vers  la  tente  où  riait  Cressida. 

Un  quart  de  siècle  auparavant,  Berlioz 
s'était  déjà  inspiré  de  cette  scène  du 
Marchand  de  Denise,  pour  le  duo  (renfer- 
mant une  jolie  phrase  de  cor  anglais)  que 
chantent  Enée  et  Didon  au  3"  acte  des 
Troyens. 

Henry  Gauthier-Villars. 

♦ 

Ces  vers  sont  nécessairement  dans  une 
traduction  du  marchand  de  Venise.  Us  re- 
produisent en  fi-ançais  les  fameux  couplets 
de  la  scène  entre  Lorenzo  et  Jessica,  au 
commencement  du  dernier  acte  :  In  snch 
anight...  H.  M. 

L'auteur  de  ces  vers  ne  figure  ni  dans 
Y  Antholos.ie  Lemerre  ni  dans  le  Dictionnaire 
Mendès. 

Ce  n'est  qu'Hector  Berlioz. 

Voici  la  première  strophe  qu'on  nous 
demande  de  reproduire  : 

DIDON 

Par  une  telle  nuit,  le  front  ceint  de  cytise 
Votre  mère  Vénus  suivit  le  bel  Anchise 
Aux  bosquets  de  l'Ida. 

HNHE 

Par  une  telle  nuit,  fou  d'amour  et  de  joie 
Troïius  vint  attendre  au  pied  des  murs  de  Troie 
La  belle  Cressida. 

H    Berlioz.   Les  Troyens.  Acte  IV.  se.   7. 

Je  regrette  bien  de  ne  pas  pouvoir  aussi 
recopier  la  musique... 

M.  M.  C.  ne  se  trompe  pas  en  croyant 
que  son  souvenir  remonte  à  une  douzaine 
d'années.  Les  Troyens  ont  été  repris  le  2 
juin  1892, à  l'Opéra  Comique  delà  place  du 
Châtelet,  pour  le  début  triomphal  de  Mlle 
Delna.  Candide. 

Modifications   dans    le    langage 

(XLVlll,  840  ;  XLIX,  43,  932).  —  Littré 
avait  bien  raison  d'insister  sur  la  pro- 
nonciation correcte  de  /  mouillée,  et  de 
réprouver  la  manière  parisienne  de  n'en 
pas  tenir  compte. 

On  ne  s'explique  guère  que  des  lin- 
guistes autorisés  puissent  admettre  la 
prononciation  mouyé,  vayant  ! 

L'usage,  il  est  vrai,  fait  loi  en   matière 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1904. 


95 


94 


de  langage  et  de  prononciation  ;  mais 
quiconque  a  le  sentiment  et  le  respect  de 
son  idiome  a  le  devoir  de  protester  con- 
tre l'usage,  lorsqu'il  se  fourvoie. 

En  règle  générale,  la  prononciation 
d'un  vocable  devrait  s'établir  d'après  son 
orthographe,  sur  le  principe  que  les  let- 
tres figurant  dans  un  mot  ne  sont  pas  des 
signes  superflus,  et  qu'il  y  en  a  d'essen- 
tielles qu'il  faut  articuler.  Dans  les  mots 
contenant  des  1  mouillées,  ces  lettres  sont 
essentielles. 

Prenons,  par  exemple,  les  deux  parti- 
cipes cveiUé,  effravc.  Est- il  admissible  que 
deux  mots  d'une  structure  si  différente 
se  prononcent  l'un  comme  l'autre  ? 

LÉON  Sylvestre. 

Noms  de  lieux  altérés  ou  détour- 
nés de  leur  sens  primitif  (XLVIII, 
612,  821,  99o;XLlX,  68,433,  822,862). 
—  Un  collège,  à  Oxford,  porte  le  nom 
extraordinaire  de  Brasenose  (nez  brasé,  ou 
encore  nez  de  bronze)  ;  or,  ce  mot  n'est 
qu'une  déformation  de  brasen-hus^  signi- 
fiant au  moyen  âge  brasserie^  le  collège 
ayant,  en  effet,  été  construit  en  1509,  sur 
l'emplacement  d'une  brasserie  du  xiu' siè- 
cle. D''  A.  T.  Vercoutre. 

Avoir  l'air  fXLlX,  95s).  —  La  ques- 
tion posée  par  XXX  est  longuement  dis  - 
cutée  par  Girault-Duvivier  dans  sa  Grant' 
maire  des  Grammaires.  11  cite, entre  autres, 
Sicard,  qui  dit:  Ces  deux  mots  s'unissent 
tellement  qu'ils  ne  forment  qu'une  seule 
et  même  idée  :  avoir  l'air  et  paraître 
sont  synonymes;  avoir  l'air  est  un  verbe 
neutre,  ainsi  que  paraître.  Cette  femme 
a  l'air  bonne,  gracieuse  ».  Cela  équivaut 
à  sous-entendre  toujours  d'ÉTRE,  et  à  ne 
jamais  appliquer  à  air,  la  qualification  re- 
présentée par  l'adjectif.  Mais  Girault-Du- 
vivier fait  une  distinction,  que  j'approuve 
et  que  je  crois  pouvoir  résumer  ainsi  : 

Lorsque  l'adjectif  peut  s'appliquer  à 
air,  on  le  fera  accorder  avec  ce  mot. 
Cette  femme  a  l'air  bon,  gracieux  ;  — 
l'air,  l'aspect,  peut  être  bon  ,  —  Si  l'ad- 
jectif ne  peut  pas  qualifier  air,  on  ne  le 
fera  pas  accorder  avec  ce  mot.  Cette  dame 
a  l'air  bien  faite.  —  L'air  ne  peut  pas 
être  bien  fait  ;  on  sous-entend  donc 
d'ÉTRE,  et  faite  qualifie  la  dame. 

S'il  s'agit  de  choses,  l'adjectif  ne  s'ac- 
cordera jamais  avec  air.  Cette  pyramide 


a  l'air  HAUTE, sous-entendu  d'ÉTRE;  l'air 
(dans  ce  sens)  ne  peut  pas  être  haut.  Cette 
dernière  règle  me  semble  un  peu  trop  abso- 
lue. 

Le  vers  de  V.  Hugo  peut  se  justifier 
ainsi  (s'il  a  été  correctement  imprimé), 
lia  peut-être  suivi  la  règle  posée  par  Si- 
card et  sous-entendu  d'ÉTRE.  Puis  il  a  eu 
sans  doute  l'intention  de  faire  une  oppo- 
sition plus  vive,  en  é,cx\\^ni,lumi'cre  noire, 
qu'en  écrivant  air  noir.  Au  surplus  :  air 
(aspect)  noir  ne  se  justifierait  guère. 

La  salle  a  l'air  nioric  sonne  un  peu 
moins  mal  que  la  salle  a  l'air  mort.  L'hé- 
mistiche cité  est  en  concordance  avec  la 
règle  posée  par  Girault-Duvivier.  Il  me 
semble  néanmoins  qu'on  peut  dire  qu'une 
salle  a  Vair  (l'aspect)  noir.  Les  poètes  ont 
des  licences.  D'  Cordes. 

* 
*  * 

La  question  posée  par  notre  collabora- 
teur XXX  est  une  difficulté  sur  laquelle  de 
nombreux  grammairiens  ont  émis  des 
avis  différents  ;  La  Grammaire  des  Gram- 
maires de  Girault-Duvivier  (chez  Janet  et 
Cotelle,  1822)  contient,  aux  pages  9  et 
suivantes  des\<  Remarques  détachées  »  qui 
terminent  le  second  volume  de  l'ouvrage, 
le  résumé  et  la  discussion  des  avis  de 
Levizac,  de  Sicard,  de  Lemare,  de  Do- 
inergue  et  de  Boniface.  Girault-Duvivier 
termine  cette  discussion  en  donnant  son 
avis  personnel  (pages  12  à  14),  dont 
voici  le  résumé  : 

Az'oir  Vair  se  dit,  ou  des  êtres  animés,  ou 
des  choses. 

î'  S'il  se  dit  des  êtres  animés  : 

a)  ou  l'adjectif  qui  suit  le  mot  air  exprime 
une  faculté  morale,  une  qualité,  une  distinc- 
tion métaphysique,  cet  adjectif  s'accordera 
avec  air. 

Ex  :  cette  dame  a  l'air  grand  (une  physio- 
nomie noble). 

b)  ou  il  exprime  une  forme,  une  manière 
d'être  purement  physique  ;  alors  l'adjectif 
s'accorde  avec  le  sujet. 

Ex  :  cette  dame  a  l'air  grande  (parait  d'une 
haute  taille). 

2°  S'il  se  dit  des  choses,  l'adjectif  s'accorde 
avec  le  sujet . 

Ex  :  Cette  boule  a  l'air  bien  ronde. 

A  cette  dernière  règle  il  peut  y  avoir  des 
exceptions,  tenant  à  ce  que  l'auteur  semble 
donner  la  vie  à  des  objets  privés  de  senti- 
ment : 

Ex  :  l.a  tuile  a  l'air  plus ^^zi  que  le  chaume. 

Le  Dictionnaire  raisonné  des  difficultés 


N.  1046. 


L'INTERMÉDIAIRE 


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96 


de  J.   Ch.   Laveaux    (Hachette,    1847)  se 
prononce  dans  le  même  sens. 

V.  A.  T.  . 

L'imparfait  du  subjonctif  (XLIX, 
955).  —  On  demande  si  l'imparfait  du 
subjonctif  est  sur  le  point  de  tomber  en 
désuétude  ?  Je  ne  suis  pas  en  situation  de 
m'en  rendre  compte;  mais  l'imparfait  du 
subjonctif  fait  partie  intégrante  de  la  lan- 
gue, et  il  semble  qu'une  syntaxe  correcte 
ne  puisse  pas  s'en  passer. 

Ce  qui  lui  attire  peu  de  sympathie, 
c'est  sa  forme  tant  soit  peu  pédantesque, 
traînante,  mal  venue  dans  la  conversa- 
tion usuelle. 

Toutefois  ce  n'est  guère  que  dans  les 
verbes  de  la  première  conjugaison  que  le 
subjonctif  en  asse,  assions,  répugne  au 
langage  ordinaire.  Il  y  a  même  des  ver- 
bes de  ce  genre  où  l'imparfait  parait  d'un 
usage  impossible. 

Qui  s'aviserait  jamais  de  dire  :  que  je 
chassasse^  que  nous  nous  anbarrassassions  ! 

Quoi  qu'il  en  soit, les  temps  du  subjonc- 
tif sont  nécessaires  dans  le  style  relevé, 
pour  l'expression  correcte  de  nos  idées,  et 
la  suppression  de  l'imparfait  laisserait 
une  lacune  dans  notre  langue  dérivée  du 
latin  ;  et  les  Latins,  on  le  sait,  faisaient 
un  usage  copieux  du  subjonctif. 

LÉON  Sylvestre. 

Je  m'en  suis  allé.  Jq  me  suis  en 
allé  (XLIX,  224,  480,  604,  764,  988).  — 
M.  de  Bonald  répond  :  <>  M.P.  L.  ne  sau- 
rait invoquer  l'usage  à  l'appui  de  son 
opinion, qui  est  en  contradiction  avec  tous 
les  dictionnaires  et  tous  les  grammai- 
riens ». 

Nous  ne  discutons  pas  ici  mon  opinion, 
mais  celle  de  M.  Paul  Hervieu,  qui  est 
seule  intéressante.  J'y  souscris,  sans 
l'avoir  inventée. 

J'ai  invoqué  l'usage,  précisément  parce 
qu'il  contredit  Noël  et  Chapsal.  Si  l'usage 
était  d'accord  avec  la  grammaire,  la  ques- 
tion ne  se  poserait  même  pas.  Ici. la  gram- 
maire est  en  retard  sur  l'usage,  comme 
cela  lui  arrive  toujours  et  comme  il  est 
normil  que  cela  soit.  En  effet,  la  gram- 
maire prend  ses  ordres  de  l'Académie,  qui 
établit  elle-même  son  dictionnaire  d'après 
les  bons  écrivains  de  son  époque,  lesquels 
ont  commencé  par  soumettre  leur  syntaxe 
à  l'usage  le  plus  récent.  Par  conséquent, 


c'est  toujours  l'Usage  qui  est  le  grand- 
maitre,  mais  il  ne  faut  pas  s'étonner  que 
ses  lois  mettent  souvent  un  demi-siècle  à 
parvenir  jusqu'aux  instituteurs  primaires 
qui  ont  mission  de  les  rédiger  à  l'usage 
des  petits  enfants. 

Lorsqu'une  tournure  de  phrase  est  1° 
conforme  au  génie  de  la  langue,  2°  adop 
tée  par  l'usage,  3°  employée  par  un  des 
meilleurs  écrivains  contemporains,  j'es- 
time qu'il  ne  lui  manque  rien  pour  être 
inscrite  à  sa  place  dans  les  dictionnaires 
de  demain. 

M.  de  B.  demande  en  terminant  si  l'on 
doit  écrire  «  je  me  suis  en  sorti  ».  Evi- 
demment non  ;  mais  je  n'écrirais  pas  non 
plus  «  je  m'en  suis  sorti  »,  car  si  le  verbe 
*<  se  sortir  >^  est  du  vocabulaire  de  M.  de 
B.,  il  n'est  pas  du  mien.  Au  xvi'  siècle, 
c'est  encore  du  français.  Au  xx",  c'est 
presque  du  patois.  Ainsi  se  transforment 
les  langues.  Beaucoup  d'expressions  fami- 
lières se  sont  imposées  au  style  châtié, 
tandis  que,  par  une  évolution  inverse,  la 
plupart  des  expressions  vicieuses  em- 
ployées dans  nos  provinces  venaient  d'an- 
ciennes formes  élégantes,  tenues  aujour- 
d'hui pour  vulgaires.  P.  L. 


De    même  qu'on 


* 
a  dit 


Je  m'en  suis 
fui,  avant  de  dire  je  me  suis  enfui  ;  de 
même  on  a  dit  je  m'en  suis  allé,  avant  de 
dire  je  me  suis  en  aile.  Ce  qu'il  y  a  de 
plus  drôle,  c'est  de  voir  le  verbe  ^f(v  rem- 
placer le  mot  aller,  dans  ces  phrases  :  ou 
avez-vous  été,  hier  t  pour  :  où  êtes-vous 
allé  promener?  11  est  clair  qu'ici,  il  s'agit 
de  l'élision  de  mots  :  où  avez-vous  été, 
pour  où  êtes-vous  allé  promener  ^. 

D^  B. 

Conjugaison  du  verbe  ^<  agonir  » 
(XLIX,  790J.  —  Ce  mot,  qui  n'est  pas 
dans  le  Diciionuaire  de  l'Académie,  se 
trouve  dans  Uttre\  dans  Hat:^feld.  qui  ne 
l'indiquent  pas  comme  irrégulier  ;  il  se 
conjugue  donc  comme  finir.  Le  Diction- 
naire des  vcrhcs  français.^  de  Bescherelle, 
en  donne  d'ailleurs  la  conjugaison. 

J.  Lt. 

Philogyne  (XLVIll  ;  XLIX,  603,764). 
—  M.  G.  de  Massas  (764)  voudrait  don- 
ner à  p/;//.?,  placé  à  la  fin  d'un  mot,  un 
sens  passif^  et  au  commencement,  un  sens 
actif  ;  ne  serait-ce  pas  plutôt  le  contraire  .f' 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


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98 


20  juillet  1904. 


I 


Lui-même  reconnaît  que  les  exceptions 
sont  nombreuses,  et  il  cite  bibliophile  qui 
ne  veut  pas  dire  qui  est  aiir.é  des  livres, 
mais  qui  aime  les  livres. 

D'après  notre  collègue  S.  également 
(618,  V  philanthrope),  la  syllabe  phil, 
employée  comme  préfixe,  est  active  ; 
comme  suffixe,  elle  est  passive. 

Je  connais  bien  des  mots  où  le  verbe, 
placé  à  la  fin,  suffixe.^  a  le  sens  actif', 
hydrophobe,  anthropophage,  Carnivore, 
pyrophore,  thermomètre,  pédicure,  ver- 
mifuge, etc.  ;  quels  sont  donc  ceux  où  il 
aurait  le  sens  passif?  Et  puis,  je  veux  bien 
que  Théophile  signifie  g iti  est  aimé  de  Dieu^ 
et  Philothée,  qui  aime  Dieu  ;  mais  y  a-t-il 
une  différence  entre  Thcotime  et  Timo- 
ihée^  entre  Théodore  et  Dorothée,  pour  la 
signification,  bien  entendu  ?  J.  Lt. 

Savoyard  ou  SavoyenfXLIX.  956). 

—  Il  est  vrai  que  Troie  a  donné  Troyen^ 
mais  ce  n'est  peut-être  pas  une  raison 
suffisante  pour  légitimer  Savoyen  (quoi- 
que Littré  dise  ce  mot  employé  par  Boni- 
vard  et  ne  le  désapprouve  pas). 

De  ce  que  les  habitants  de  la  Bretagne 
sont  des  Bretons.^  se  croirait-on  autorisé  à 
dire  :  Espons^  Champons,  Limons^  Cer- 
clons, etc.  ? 

Quant  à  Savcisien,  notre  confrère  re- 
marque avec  raison  que  ce  vocable  est 
d'une  formation  très  fantaisiste.  Il  paraît 
avoir  été  édité  par  Moréri,  mais  les  au- 
teurs du  Dictionnaire  de  Trévoux,  et 
Littré  après  eux,  sont  loin  de  le  recom- 
mander. 

Pourquoi  ne  pas  s'en  tenir  à  Savoyaid.^ 
malgré  la  prétendue  susceptibilité  que  les 
Auvergnats  ont  le  bon  esprit  de  ne  pas 
partager  .-*  P.  du  Gué. 

Pinchinat  (XLIX,902,  987;  L,    39). 

—  Comme  notre  co-intermédiairiste  Viva- 
rez,  je  ne  répondrai  pas  directement  à  la 
question  posée. 

Mais  ce  que  je  puis  affirmer,  c'est  que 
le  mot,  ou,  plutôt  le  nom  Penchinat^  et 
non  Pinchinat., est  bien  d'origine  méridio- 
nale, et  signifie  peigné,  en  languedo- 
cien. 

J'ajoute  que  c'est  le  nom  d'une  famille 
que  j'ai  bien  connue,  originaire  de  Som- 
mières  (Gard),  sur  les  confins  de  l'Hé- 
rault, et  dont  le  membre  le  plus  en  vue, 
après  avoir  été  un  des  plus  brillants  avo- 


cats de  Nîmes,  est  mort  Premier  Président 
à  la  Cour  d'appel  de  Montpellier. 

L.  DE  Leiris. 

Godiveau  (XLIX,  956).  —  Voir  T. 
G.,  390.  —  La  question  a  été  amplement 
traitée  en  1889,  colonnes  538,  574. 

* 

♦  ♦ 

Dans  l'état  présent  de  la  science  culi- 
naire, on  appelle  _^o^/wa7/x  des  boulettes 
formées  de  veau,  graisse  de  bœuf,  œufs, 
sel,  poivre  et  fines  herbes,  le  tout  haché 
et  pilé.  Chacun  en  a  mangé  dans  les  vol- 
au-vent  de  pâtissier,  autrefois  tourtes  aux 
godi  veaux. 

L'étymologie  du  mot  est  très  obscure  ; 
on  peut  penser  à  god  vel  pour  good  veal., 
comme  god  aie  pour  good  aie.  Mais  rien 
n'est  plus  mystérieux  que  l'origine  de 
certains  mots  de  cuisine,  par  exemple  de 
quenelle.^  salmis.^  etc.  N.  Doum. 

*  * 

Je  crois  qu'il  suffira  de  voir  le  Diction- 
naire de  Trévoux.  P.  du  Gué. 

♦ 
»  * 

Suivant  Littré,  origine  inconnue.  Ori- 
gine également  inconnue  pour  MM.  Hats- 
feld,  Darmesteter  et  Thomas.  Scheler  y 
voit  un  dérivé  de  l'ancien  verbe  goder. 
Borel  le  rattache  à  godebillaux. 

Voici  maintenant  ce  que  dit  M.  Pavot 
dans  ses  Etymologies    dites  inconnues  (p. 


7? 


) 


Un  point  sur  lequel  on  s'accorde,  c'est  que 
le  veau  jouait  le  premier  rôle  dans  la  compo- 
sition du  mets. 

11  ne  s'agit  plus,  alors,  que  de  déterminer 
le  sens  de  godi  qui  est  gode  dans  godebil- 
laux, tripes  de  bœuf. 

Tout  d'abord,  tripe  est  venu  du  grec  trepo, 
tourner.  C'est  :  enroulement,  circonvolution, 
et, pour  cela, le  bas  peuple  appelle  le  cerveau, les 
boyaux  de  la  tête.  Or, présenter  des  courbures 
alternées  de  saillies  et  de  dépressions,  c'est 
goder  qui  se  dit  d'une  étoffe  cousue  en 
fror.cis.  Godron  qui  est  une  moulure  d'orfè- 
vrerie était  aussi  le  pli  en  S,  qu'on  imprimait 
aux  jabots,  aux  manchettes  —  d'où  Tadjectif 
godronné  pour  les  grandes  collerettes,  aux 
rebords  contournés,  à  l'instar  de  la  fraise  du 
veau. 

Ce  n'est  pas, dit-on,  cette  partie  de  l'animal 
qu'on  utilise  pour  le  godiveau,  ce  serait  le 
ris. 

Peu  importe  !  cette  glande  également  bien 
nommée  ride,  a  des  lobes  séparés  par  des 
rainures  dont  le  trait  serpente  comme  les  on- 


N°  1046 


L'INTERMEDIAIRE 


99 


100 


duleux  sillons    de  l'intestin    et   du    cerveau. 
L'idée  foncière  Bst  donc  toujours  la  même. 

Gustave  Fustier. 

La  Patte  da  chat  (XLIX,  790,  938, 
994). —  L'homme  au  legs  d'un  million  est 
bien  celui  de  la  Patte-de-chat.  Il  s'appe- 
lait Pruvot  et,  n'ayant  jamais  pu  mettre 
qu'un  numéro  sur  son  établissement  pen- 
dant savie,  il  voulait  pouvoir  y  mettre  un 
nom  après  sa  mort. 

Les  revendications  de  la  famille  ont 
bien  amené  la  transaction  dont  on  parle. 
Un  autre  procès  réduisit  encore  la  libéra- 
lité du  testateur.  Une  dame  Hennion  sou- 
tint devant  les  tribunaux  que  son  fils,  mis 
en  rapport  avec  ce  tenancier,  par  un  M. 
de  Civry,  avait  été  décidé  à  l'achat  d'un 
immeuble  qu'il  paya  200.000  francs  trop 
cher,  et  en  la  prenant  pour  garantie  ; 
d'où  des  procès  engagés  qui  ruinèrent  la 
famille.  Bref,  Mme  Hennion  réclamait 
700.000  fr.  de  dommages  et  intérêts,  à 
la  ville  de  Paris,  légataire  de  Pruvost  et  à 
M.  de  Civry,  intermédiaire.  Devant  la 
première  chambre  du  tribunal  civil  de  la 
Seine,  la  ville  de  Paris  et  M.  de  Civry 
succombèrent.  Us  furent  réduits  à  payer 
solidairement  280.000  francs  de  domma- 
ges-intérêts à  la  veuve  Hennion. 

Qiie  peut-il  bien  rester  du  legs  Pruvost, 
après  ces  revendications,  ces  transactions 
et  ces  procès  ?  D'  L. 

** 

La  situation  exacte  de  cette  maison  close 

était  sur  le  boulevard  de  Courcelles  en 
face  de  la  rotonde  du  Parc  Monceau. L'ou- 
verture de  la  rue  de  Thann  a  fait  dispa- 
raître la  moitié  de  l'immeuble  ;  le  surplus 
du  terrain  a  été  longtemps  sans  trouver 
acquéreur.  Anatole  Pautre. 

♦  ♦ 
Si  le  prototype  s'éleva  au  rond  point 

de  Courbevoie  —  lieufortdésert  cependant 

pour  un  établissement  pareil  —  la  Faite  de 

chat  de  i8b2  ornait  bien   les   abords   du 

boulevard   de   Courcelles,   à  preuve  que 

dans  l'argot  du  quartier  Latin,  l'omnibus 

de   Panthéon- Courcelles  en    devint  Pan- 

théon-paiie  de  chat  !  Le  succès   n'ayant 

pas  couronné  l'entreprise,  on  établit  dans 

ce  vaste  bâtiment,  des   logements  à  bon 

marché.  Je    le   sais   très    pertinemment, 

pour  y  être  allé  voir   un   ancien  clerc  de 

mon   père    dont    l'appartement     n'avait 

d'autre  perspective  que   le  ciel.  J'attends 


d'autres  souvenirs  pour  plus  amples  ren- 
seignements. Par  ce  beau  temps,  mes 
amis  sont  à  la  campagne. 

Patte  de  chat  a  remplacé  patte  de 
velours,  trop  souvent  prise  en  mauvaise 
part  (appréciation  demandée  par  l'auteur 
de  la  question). 

A  quand  l'historique  des  maisons  <:(?7(?- 
hres^  notamment  au  quartier  Latin  ^  Les 
Quatre  vents, la  Bottede  paille,  alias  gerbe 
d'or,\di  mère  Malard  et  la  mère  Homicide, 
ces   deux  dernières  ont  disparu. 

La  mère  homicide  me  fait  penser  à  Viot 
r empoisonneur^  triste  gargotier  poursuivi, 
condamné  et  obligé  de  fermer  boutique. 
On  n'avait  plus,  en  i855,queViot  Vaqua- 
tique^  alors  rue 'Voltaire,  aujourd'hui  Casi- 
mir Delavigne.  C'était  la  dernière  res- 
source des  bourses  plates.  J'ai  connu 
cependant  un  autre  restaurant  non  moins 
économique,  rue  Racine.  Le  progrès  les  a 
fait  disparaître.  Léda. 

Ouvrages  sérieux  mis  en  vers 
(T.  G.,  665  ;  XXXV  à  XLU  ;  XLIV  à 
XLVIll  ;  XLIX,  129,  429,537). 

Contrat  de  mariage  en  vers. 

LaGa^eitedes  Tribunaux  du  13  avril  1837 
donnait  le  compte-rendu  d'un  procès, 
jugé  par  le  tribunal  de  Bourgoin,  où  il  est 
question  d'un  curieux  contrat  de  mariage, 
à  propos  d'une  succession  et  ce  contrat 
de  mariage  était...  en  vers. 

Il  ne  s'agit  pas  d'un  contrat  de  mariage 
léonin  envers  une  des  parties  contractantes, 
mais  bien  d'une  jolie  pièce  de  poésie,  œu- 
vre d'un  tabellion  moins  morose  que 
beaucoup  des  officiers  ministériels  de  nos 
jours. 

Le  tribunal,  tout  en  déclarant  le  con- 
trat valable  (quoique  les  vers  s'y  soient 
mis)  exprime  le  regret  de  voir  un  notaire 
se  départir  de  la  gravité  que  lui  comman- 
dent SCS  fonctions  et  de  se  livrer  à  un  pa- 
reil badinage  dans  un  acte  sérieux  entre 
tous. 

Voici  le  contrat  : 

Par  devant  M=X....ont  comparu  les 
sieurs  et  dame  Z... 

Article  premier 

Lesquels,  ayant  promis  se  prendre  en  mariage, 
Veulent  qu'un  nœud  légal  et  requis  les  engage, 
A  peine  de  dépens  et  condamnations, 
Pour  être  mariés  sous  les  conditions 
Oue  d'un    commun    accord,  comme  suit,  ils  arrê- 
tent. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  juillet  1904, 


lOI 


102 


Article  deuxième 

Au  régime  dotal  les  époux  se  soumettent, 
Et  les  biens  de  la  femme,  actuel?,  à  venir, 
Sont  tous  constitués  sans  en  rien  retenir. 
Cependant,  le  futur  en  pourra  passer  vente 
A  charge  de  remploi  pouivu  qu'elle  consente 

Article  TROISIÈME 

Son  trousseau,  composé  d'effets,  linges,  habits. 
Et  prisé  trois  cents  francs  par  les  communs  amis, 
L'époux  le  recevra  le  jour  du  mariage  ; 
La  célébration  en  deviendra  le  gage. 

Article    quatrième 

Le  père  de  l'épouse  en  faveur  du  présent, 

A  sa  susdite  fille  a  fait  don  et  présent 

De  quatre  mille  francs  en  espèces  de  France, 

Que  le  futur  reçoit  et  dont  il  fait  quittance^ 

Plus  lui  donne  ledit  six  paires  de  draps  fins. 

Six  oreillers  en  plume  et  quatre  traversins. 

Une  commode,  un  lit,  six  nappes,  vingt  serviettes. 

Trois  cuillers  en  argent,  en  argent  trois  fourchettes. 

Ces  effets,  seulement,  donnés  par  préciput. 

Sont  prisés  trois  cents  francs  pour  fixer  le  tribut, 

•Sans  être  aliénés,  car  l'épouse  future 

Pourra,  s'il  lui  convient,  les  reprendre  en  nature. 

Ou  bien  en  exiger  le  prix  estimatif 

Cela  sera  pour  elle  etfet  facultatf. 

Comme  pour  le  trousseau,  le  jour  du  mariage 

De  ces  effets  donnés  vaudra  quittance  et  gage. 

Article  cinquième 

Les  deux  futurs  entre  eux  se  font  donation 
De  l'usufruit  des  biens  de  leur  succession, 
Desquels  le  survivant  aura  la  jouissance  ; 
De  fou-nir  caution  s'accordant  la  dispense  ; 
Mais  s'ils  ont  des  enfants  le  susdit  usufruit 
De  la  franche  moitié  se  trouvera  réduit. 
Et  ainsi  convenu,  sous  toutes  garanties 
Dont  l'acte  fait,  passé,  lu  devant  les  parties, 
A  Bourgoin,  en  l'Etude,  où  se  trouvaient  présents 
Les  témoins,  bas  nommés,  audit  lieu  demeurants  ; 
Messieurs  Louis  Orcel,  adjoint  à  la  mairie, 
Antoine  Deschenaud,  maître  d'hôtellerie  ; 
Lesquels,  ainsi  que  nous  et  chaque  contractant. 
Après  lecture  faite  ont  signé  le  présent. 

Mon  avis  est  qu'on  n'a  pas  dû  s'ennu)'er 
à  cette  noce-là,  car  il  est  bien  certain  que 
les  futurs  époux  et  leurs  beaux-parents 
devaient  être  de  joviale  compagnie  pour 
s'être  payé  le  luxe  d'un  pareil  contrat. 

Moi  aussi,  j'aurais  assez  aimé  trouver 
dans  cette  poétique  étude  de  Bourgoin, ou 
même  dans  une  de  celles  de  Louviers  un 
bon  testament  en  vers  (je  l'accepterais 
même  en  prose),  déposé  en  ma  faveur  par 
une  main  inconnue  autant  que  généreuse  ; 
peut-être  est- il  temps  encore  de  suggérer 
cette  idée  à  l'un  de  nos  collaborateurs. 
D'avance  je  proclame  un  tel  testament  un 
chef-d'œuvre  et  m'engage  à  le  publier, 
comme  je  le  fais  pour  le  contrat  que  je 
viens  de  signaler  aux  bienveillants  colla- 
borateurs de  V Intermédiaire. 

Le  Code  Napoléon  a  été   mis   en  vers 


par  Decombrousse,    se    disant  ex-législa- 
teur. 

Jehan  de  Louviers. 

Automobiles  en  1827  (XLIX,  895, 
995).  —  Je  remercie  l'aimable  collabora- 
teur G.  S.  de  son  intéressante  communi- 
tion  et  je  lui  demande  de  vouloir  bien  la 
compléter  en  me  faisant  savoir  si  la  Pyro- 
ballistique  eut  un  sort  ^  Cela  a  un  intérêt 
français. 

Existe-t-il  une  histoire  de  l'automobile  ? 
Voici  ce  que  j'ai  pu  réunir  jusqu'ici  sur  ce 
sujet  intéressant  : 

En  1757,  l'américain  Robison,en  1772, 
son  compatriote  Olivier  Evans  et  en  1784 
le  célèbre  JaiTies  Watt  proposèrent  de  subs- 
tituer la  vapeur  aux  chevaux,  mais  ces 
propositions  ne  semblent  pas  avoir  eu  de 
suites. 

En  1771,  un  officier  d'artillerie  nommé 
Cugnot  inventa  une  voiture  à  vapeur  sur 
laquelle  je   n'ai  aucun  renseignement. 

}e  possède  dans  mes  archives  un  inté- 
ressant procès-verbal,  sur  lequel  je  ne 
puis  remettre  la  main,  au  sujetd'un  essai 
fait,  je  crois^  en  1791  à  l'école  militaire  de 
Paris.  La  voiture  était  l'œuvre  d'un  offi- 
cier français.  L'essai  eut  une  fin  presque 
tragique  ;  au  moment  de  la  mise  en  mar- 
che, la  voiture  bondit  avec  une  telle  vio- 
lence qu'elle  traversa  la  cour  de  l'Ecole 
militaire  et  alla  se  briser  contre  le  mur  ; 
il  n'y  eut  heureusement  pas  mort  d'homme. 
Ce  procès-verbal  fait  partie  des  papiers  Mo- 
lard  ou  des  papiers  Servières. 

En  1802,  un  anglais,  Richard  Trevetick 
fit  également  une  tentative  infructueuse, 
mais  au  lieu  de  bondir,  sa  voiture  resta 
sur  place  ;  quelques  perfectionnements 
furent  apportés  en  18 12  et  la  nouvelle  in- 
vention parvint  à  circuler  sur  route  lors- 
que les  côtes  n'étaient  pas  trop  raides. 

Plus  tard,  on  imagina  de  donner  à  ces 
machines  «  des  espèces  de  jambes  de  fer, 
qui,  s'appuyant  sur  le  sol,  à  Vimitation  de 
la  marche  des  animaux,  faisaient  avancer 
la  voiture  ».Mais  ce  système  dégradait  les 
routes  et  produisait  peu  d'effet  ,  il  fut 
abandonné. 

En  1825,  nouveaux  essais  infructueux  ; 
les  Anglais  persistaient  à  chercher  la  solu- 
tion dans  les  jambes  dont  nous  avons 
parlé. 

M.  Gurney  parvint  à  faire  cheminer 
péniblement  dans  ces  conditions  un  mons- 


N'   1046 


L'INTERMEDIAlKfc 


103 


104 


tre  de  8.000  kgs.  Après  quelques  perfec- 
tionnements, Gurney  parvint  néanmoins 
pendant  4  mois,  en  183 1,  à  parcourir 
journellement  la  route  qui  conduit  de 
Glocester  à  Cheltenham  (3  lieues  anglaises 
eX  demie,  soit  17  kilomètres)  la  voiture 
faisait  le  trajet  en  une  heure  et  portait  36 
personnes,  avec  leurs  bagages,  mais  la 
route  étant  devenue  molle  par  suite  de 
réparation,  la  machine  se  brisa  sous 
l'effort. 

Les  intrigues  des  entrepreneurs  de  trans- 
port parvinrent  à  faire  échouer  de  nou- 
veaux essais  en  faisant  frapper  d'impôts 
excessifs  les  voitures  à  vapeur. 

Néanmoins,  le  D'  Church  de  Birmin- 
gham et  les  ingénieurs  Hancock,  Ogle  et 
Summers  lancèrent  de  nouvelles  machines 
qui  semblent  avoir  réussi  au  moins  pen- 
dant un  certain  temps.  Ls  Magasin  uni- 
versel (1833,  p  124  et  125)  donne  deux 
gravures  de  la  voiture  Church  et  de  l'au- 
topsy  de  Hancok  et  C° 

La  voiture  Church  est  curieuse  par  sa 
masse  :  c'est  un  immense  mail-coach  porté 
par  trois  roues  ;  l'autopsy,  plus  légère, 
est  particulièrement  intéressante,  car  sa 
chaudière  a  quelques  rapports  avec  le 
système  Serpollet.  Elle  était,  en  effet, 
divisée  «  en  chambres  étroites,  par  des 
plaques  de  fer,  de  sorte  que  l'eau  y  était 
partagée  en  tranches  minces  et  qu^elle  s'y 
échauffait  sur  une  grande  étendue  à  la 
fois  ». 

La  chaudière  Church  ressemblait  encore 
plus  que  la  chaudière  Hancock  au  système 
Serpollet  :  «  l'eau  y  était  contenue  dans 
des  tubes  minces,  de  sorte  qu  elle  était 
chaurréri  à  la  fois  sur  un  grand  nombre  de 
points  ». 

L'autopsy  faisait  le  service  entre  Lon- 
dres et  Pentonville. 

En  1833,  Ogle  et  Summers  se  rappro- 
chent encore  plus  de  la  chaudière  Serpol- 
let. Le  moteur  de  leur  voiture,  pesant 
6.000  kg  sans  compter  le  poids  des  voya- 
geurs, était  alimenté  par  une  chaudière 
«  formée  de  tubes  si  minces  qu'alors 
même  que  l'un  deux  se  serait  brisé  par  la 
force  de  la  vapeur,  cela  ne  faisait  pas  plus 
d'effet  que  le  jet  de  vapeur  qui  s'échappe 
de  temps  à  autre  des  soupapes. . .  » 

C'est  avec  cet  instrument  que  Ogle 
parvint  à  conduire  en  3 1  minutes  du  bazar 
de  Portman  Street  à  Londres,  à  la  campa- 
gne de  M.  de  Rothschild  à  Skamford-Hill, 


plusieurs  gentlemen  au  nombre  desquels 
était  le  savant  M.  Babbage.  Le  trajet  fut 
parcouru  avec  une  vitesse  de  25  kilomè- 
tres à  l'heure. 

Peu  de  temps  après  cet  essai.  Sir  Fran- 
cis Macerone  fit  le  voyage  d'aller  et  retour 
de  Londres  à  Windsor,  avec  une  vitesse 
de  40  km.  à  l'heure,  sur  un  terrain  hori- 
zontal et  une  moyenne  de  30  km. 

En  1834,  Seguier,  de  l'Institut,  faisait 
en  France  des  essais  sur  lesquels  je  ne  suis 
pas  documenté. 

Je  passe  la  plume  à  un  automobilogra- 
phe  plus  savant  que  moi.       J.  G.  Bord. 

Anthropophages  français  (XLIX, 
217,  369,  399.  550).  — Voici  un  cas  qui 
peut  passer  pour  le  plus  extraordinaire  de 
tous  : 

En  1573,  la  ville  protestante  de  San- 
cerre  était  assiégée  parles  troupes  catho- 
liques commandées  par  La  Châtre.  Le 
siège  durait  depuis  le  mois  de  mars  et  la 
famine  était  grande,  quand,  le  21  juillet, 
un  vigneron  nommé  Simon  Potard  et  sa 
femme  s'avisèrent  de  manger  leur  propre 
fille... 

Aucun  doute  ne  peut  s'élever 
thenticité  de  cette  histoire.  Elle 
rapportée  par  Jean  de  Léry  qui 
des   assiégés   et    qui   est  entré 
chez  l'anthropophage  au  milieu 

Le  vigneron  et  sa  femme  étaient  à  table 
avec  une  invitée,  une  vieille  voisine, nom- 
mée l'Emorie.  Ils  avaient  «  curé  et  rongé» 
le  crâne, mangé  les  oreilles  et  fait  cuire  la 
langue  qui  était  sur  un  plat.  Jean  de  Léry 
vit  encore  : 

les  deux  cuisses,  jambes  et  pieds  dans 
une  chaudière  avec  vinaigre,  espices  et  sel, 
prests  à  cuire  et  mettre  sur  le  feu  ;  les  deux 
espaules,  bras  et  mains  tenans  ensemble, 
avec  la  poitrine  fendue  et  ouverte,  appa- 
reillez aussi  pour  manger... 

Le  père,  la  mère  et  la  vieille  furent  prins 
prisonniers,  lesquels  sans  tergiverser  con- 
fessèrent le  faict. 

On  trouvera  les  détails  du  procès  dans 
Jean  de  Léry,  Histoire  mémorable  [du  siège'] 
de   la    Ville    de   Sancerre...  fidèlement 
cueillie  sur  le  lieu.  s.  1.  1 574P- 146,  '  7 1 

Candide 


sur  l'au- 

nous  est 

était  l'un 

lui-même 

du  dîner. 


re- 


Le  Directeur- s.êr a nt  : 
GEORGES  .MONTÔRGUEIL 


Imp, 


Daniel-Chambon  St-Amand- 
Mont-Bond. 


L*  Volume 


Paraissant  les  lO,  30  et  ^o   de  chaqtie  mots.  30  Juillet  1904. 


408  Annéb 

-»1*"  ,r.  Victor  Massé 
PAitlâ  (IV) 

'<8ureaui  :  de  2  à  4  heures 


Cherchez  et 
vaut  trouverez 


g        II  te  faut 

B        tntr'aider 

o 

o 


N»  1047 

3I»^  r.Vlctorllla»aé 
IPAKI8  (IX*) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


€3nUxmébiaxte 


DES   CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé  an  1884 


QUESTIONS   ET   RÉPONSES   LITTÉRAIRES,     H 

TROUVAILLES 

105    


ISTORIQUES,   SCIENTIFIQUES 

ET   CURIOSITÉS 

10  6  ■ 


ET     ARTISTIQUES 


flUucôttoîîô 


Ronsard.  —  La  date  de  sa  naissance 
a  été  fixée  par  le  poète  lui-même,  qui  dit 
dans  une  de  ses  élégies,  la  20*^  : 

Mon  Belleau,  sans  mentir  je  diray  vérité 
Et  de  l'an  et  du  jour  de  ma   nativité. 
L'an  que  le  roy  François  fut  pris  devant  Pavie 
Le  jour  d'un  samedy  Dieu  me  presta  la  vie 
L'onziesme  de  septembre.... 

La  bataille  de  Pavie  eut  lieu  le  24  fé- 
vrier 1525.  Comme  l'année  alors  ne 
commençait  qu'à  Pâques,  on  rapportait 
cette  bataille  à  la  date  de  1524. 

En  conséquence,  Ronsard    serait  né  le 

1 1  septembre  1524.  C'est  ce  que  répètent 

tous  ceux  qui   parlent  de  lui,  en  dernier 

-lieu    M.  Faguet  (Seizième  siècle,    Etudes 

littéraires,  1894,  page  199). 

Mais  le  11  septembre, qui  tombe  sur  un 
samedi  en  15 18  et  en  1529,  ne  tombe 
pas  sur  ce  jour  dans  les  années  intermé- 
diaires. En  1524,  il  tombe  sur  un  diman- 
che ;  en  1525,  sur  un  lundi,  etc. 

Ronsard  s'est  trompé.  Mais  comment 
corriger  l'erreur  ?  On  ne  saurait  dire  s'il 
est  né  le  dimanche  11  septembre  1524, ou 
le  samedi  10.  Deb.'\sle. 

La  sentinelle  qui  empoche  de 
passer  le  Petit  Caporal.—  Un  soldat 
en  faction  barra  la  route  à  Napoléon, 
c'était  sa  consigne  ;  on  sait  la  réponse  qu'il 
fit  à  l'empereur  :  «  Qiir.nd  vous  seriez  le 
Petit  Caporal,  on  ne  passe  pas  !  » 


Ce  soldat  s'appellerait  Coluche  ;  il  sera 
originairede  Gastins,(en  Seine-et-Marne). 
C'était  l'avis  de  M.  Lhuillier,  si   nous  en 
croyons  une  note  manuscrite  de  lui. 

11  est  donc  permis  de  demander  : 

1°  L'anecdote  célèbre  est-elle  vraie  ? 

2"  Si  elle  est  vraie, la  sentinelle, héroïne 
de  l'aventure,  s'appelait-elle  Coluche  ? 

}"  Et  en  ce  cas  qu'est  devenu  Coluche  ? 

M. 

Un  livre  ignoré  sur  Louis  XVII. 

—  Je  possède  dans  ma  bibliothèque  un 
ouvrage  russe  intitulé  Destinée  malheu- 
reuse du  Dauphin,  fils  de  Louis  Xf^l  par 
l'abbé  de  Ferment  (sic)  probablement  Ed- 
geworth  de  Firmont)  traduit  de  l'alle- 
mand, publié  en  181  5,  à  Moscou  (Impri- 
merie de  l'Université),  84  pages  in-8  avec 
cette  épigraphe  : 

Deposuit  pot  eut  es  de  sede 

Et  divites  dimisii  inanes  (Luc). 

En  consultant  les  bibliographies  fran- 
çaises et  allemandes,  je  ne  trouve  aucune 
mention  de  la  publication  de  cet  ouvrage, 
soit  en  français,  soit  en  allemand.  D'autre 
part, l'indication  «  traduit  de  l'allemand  » 
montre  clairement  que  l'original  a  été  écrit 
en  langue  allemande.  11  s'agirait  donc 
d'un  manuscrit  écrit  en  allemand  par  l'ab- 
bé Edgeworth  de  Firmont,  peut-être  à 
l'époque  où  il  se  trouvait  à  Mitau  et  rem- 
plissait les  fonctions  de  confesseur  du  roi 
Louis  XVlll. 

Cet  ouvrage,  qui  offre  le  plus  grand  in- 
térêt, débute  par  un  *<  extrait  des  Mémoi- 
res »  du  citoyen  Dessault,  chirurgien  du 

L.  e 


■N*   1047. 


L'INTERMEDIAIRE 


107 


108 


«Grand  Hospice  de  l'humanité». Il  parle  de 
la  mission  qui  lui  a  été  confiée  par  la  Con- 
vention de  soigner  le  dauphin,  de  remé- 
dier à  son  état  de  faiblesse  physique  et 
intellectuelle,  d'améliorer  sa  situation  ma- 
térielle. Il  donne  des  détails  sur  sa  manière 
de  vivre,  sur  ses  occupations,  ses  jeux, 
ses  entrevues  avec  sa  sœur.  Il  parle  en- 
suite des  tentatives  de  corruption  exercées 
sur  lui  (Dessault)  par  les  agents  de  Cha- 
rette  et  le  comité  royaliste  de  Paris,  de  la 
remise  qui  lui  est  faite  d'une  boite  renfer- 
mant 500  louis  et  de  l'invitation  qui  lui 
est  adressée  de  favoriser  l'évasion  du  dau- 
phin. Dessault  fait  part  de  ces  proposi- 
tions à  la  Convention  qui  le  charge  d'y  ré- 
pondre et  envoie  des  espions  pour  tâcher 
de  prendre  en  flagrant  délit  leurs  auteurs. 

Le  récit,  interrompu  par  la  mort  subite 
de  Dessault,  est  repris  par  un  certain 
Felsac,  agent  de  Charette,  qui  est  l'âme 
du  complot  et  l'auteur  des  tentatives  de 
corruption  exercées  sur  Dessault.  Felsac, 
pour  arriver  à  ses  fins,  a  gagné  la  con- 
fiance de  Cyprien  f?)  aide  de  Dessault. 
Profitant  de  ce  que  Cyprien  est  atteint 
d'une  maladie  grave,  il  s'empare  du  per- 
mis, délivré  par  la  Convention,  qui  l'au- 
torise à  visiter  à  toute  heure  les  prison- 
niers du  Temple.  Muni  de  ce  permis, 
Felsac  pénètre  dans  la  prispn,  gagne  la 
confiance  des  gardiens  et  enlève  le  dau- 
phin en  lui  substituant  un  enfant  orphelin 
qu'il  a  introduit  dans  un  cheval  de  bois 
destiné  à  l'évasion  du  dauphin.  L'opéra- 
tion ne  s'effectue  pas  sans  peine  :  la  gou- 
vernante placée  auprès  du  dauphin  s'op- 
pose d'abord  à  son  enlèvement, mais  la  re- 
misedecent  louiset  la  menaced'uncoupde 
pistolet  ont  bientôt  raison  de  sa  résistance. 

Le  dauphin  est  emmené  ensuite  par 
Felsac  en  Vendée.  Avant  d'arriver  au  cam- 
pement de  l'armée  royale,  ils  tombent 
dans  une  embuscade  de  gendarmes  lancés 
à  leur  poursuite,  sont  délivrés  par  un  parti 
de  chouans  et  finissent  par  arriver  au 
quartier-général  de  l'armée  de  Charette. 
Après  une  brillante  réception,  la  recon- 
naissance du  dauphin  comme  héritier  lé- 
gitime de  la  couronne,  Charette  redou- 
tant une  trahison,  car  une  partie  de  l'ar- 
mée vendéenne  est  travaillée  par  les  émis- 
saires de  la  Convention  et  est  sur  le  pointde 
déposer  les  armes, confie  le  dauphin  à  la  du 
chesse  de  V***  (ou  B***.  la  lettre  V  est  re- 
présentée  en  russe  par  le  signe  B)  qui  s  est 


réfugiée  avec  sa  famille,  au  temps  de  la^ 
Terreur,  dans  une  île  située  non  loin  de 
l'embouchure  de  la  Loire  près  de  Paim- 
bœuf.  La  duchesse  de  V**'*,  qui  a  connu  le 
dauphin  à  Versailles,  le  reconnaît  et  se 
fait  reconnaître  de  lui.  Un  armistice  ayant 
été  conclu  entre  les  Républicains  et  les 
Vendéens,  et  une  des  clauses  de  cet  ar- 
mistice stipulant  la  remise  du  dauphin 
entre  les  mains  des  commissaires  de  la 
Convention,  Charette,  qui  n'a  cessé  de 
protester  contre  cette  trahison,  ordonne 
de  faire  transporter  l'enfant  dans  une  île 
située  sur  le  littoral  des  Etats-Unis. A  pei- 
ne sorti  du  port,  le  navire  est  capturé  ; 
le  dauphin  et  Felsac  sont  repris  et  enfer- 
més dans  la  prison  du  Temple.  Le  dau- 
phin est  atteint  de  convulsions  et  meurt 
bientôt  de  chagriti  et  de  désespoir.  . 

Il  est  encore  fait  mention, dans  le  livre, 
de  la  mort  subite  de  Dessault  à  la  suite 
de  sa  constatation  de  la  substitution  opérée 
et  de  son  rapport  à  la  Convention.  On  y 
parle  aussi  de  la  maladie  et  de  la  mort  de 
l'enfant  subtitué,  du  rapport  fait  cinq 
jours  après  par  Sévestre  à  la  Convention 
au  sujet  de  cet  événement  et  de  l'enterre- 
ment de  l'enfant  dans  le  cimetière  de 
Sainte-Marguerite. 

Tel  est  le  résumé  des  principaux  faits 
contenus  dans  ce  livre  étrange  qui  me 
paraît  renfermer  une  foule  de  détails  iné- 
dits, notamment  l'extrait  des  mémoires 
de  Dessault. 

je  serais  curieux  de  savoir  quelle  est 
la  valeur  de  cette  version  nouvelle  de  l'en- 
lèvement et  de  la  mort  de  LouisXVll. Est- 
ce  une  supercherie  littéraire  ou  bien  l'abbé 
Edgeworth  de  Firmont  qui,  par  ses  fonc- 
tions, devait  connaître  tous  les  secrets  de 
la  cour  de  Louis  XVIIl,  a-t-il  fourni  la 
vraie  solution  de  la  question  qui  passion- 
ne depuis  si  longtemps  le  parti  légitimisteet 
les  chercheurs  .?  Faut-il  y  voir  aussi  la  ge- 
nèse d'une  légende  qui  aurait  peut-être 
inspiré  Naundorf  et  les  autres  préten- 
dants ?  F.  Tastevin. 

M.  Otto  Friederich  qui  a  recueilli  tout  ce 
qui  a  été  publié  sur  le  dauphin  et  à  qui  nous 
avons  communiqué  cette  lettre,  nous  a  dit  en- 
tendre parler  de  ce  livre  pour  la  première  fois. 

L'impératrice  Béatrix  de  Bour- 
gogne. —  Existe-t-il  une  étude  histori- 
que ou  un  article  de  revue  sur  la  femme 
de  Frédéric  Barberousse  ? 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1904 


109 


1 10 


Je  ne  vois  rien  qui  la  concerne  dans  la 
Bibliographie  Ungherini.  —  En  cherchant 
son  nom  dans  \  Intermédiaire,  j'ai  trouvé 
les  anecdotes  connues  qui  se  rattachent  à 
sa  personne  :  la  révolte  de  Milan,  la  dou- 
ble histoire  de  la  mule,  etc.  On  nous  a 
rappelé  pourquoi  les  Milanais  avaient  su- 
jet de  lui  garder  rancune,  mais  on  n'a 
pas  su  nous  expliquer  le  sens  du  monu- 
ment injurieux  qu'ils  lui  avaient  élevé 
jadis  et  qui  est  aujourd'hui  au  Palais 
Brera. 

Qiie  signifie  cette  statue  ?  A  quel  trait 
son  geste  fait-il  allusion  ? 

Nous  comptons  parmi  nos  collabora- 
teurs intermittentsles  meilleurs  historiens 
actuels  de  l'Italie  ;  je  serais  très  recon- 
naissant à  celui  d'entre  eux  qui  pourrait 
et  voudrait  donner  le  mot  de  l'énigme. 

S. 

L'affaire    du    Pot-au-Lait.  —  Je 

trouve,  dans  le  carton  i  i228dts  Archives 
de  la  Bastille,  la  note  suivante  : 

22  Avril  1733. 

Geneviève  de  la  Marre. 

Pour  l'affaire  du  Pot-au-lait  (on  ne  voit 
point  ce  que  c'est  que  cette  affaire)  et  pour 
celle  de  de  Licq,  imprimeur  à  Sainte-Mene- 
hould. 

Il  parait  que  c'est  elle  qui  a  trahi  tous 
les  complices  dans  cette  atïaire,  qu'elle  les 
a  dénoncés  et  qu'elle  en  a  reçu  récom- 
pense. 

Sortie  le  28  avril  1733. 

Quelle  pourrait  bien  être  cette  affaire 
du  Pot-aii-Lait  ?  Ne  s'agirait-il  pas  de 
l'impression  ou  de  la  distribution  clan- 
destine des  Nouvelles  ecclésiastiques  et  au- 
tres pamphlets  jansénistes,  qui  circulaient 
sous  le  manteau,  grâce  aux  plus  ingé- 
nieux subterfuges  l  Paul  Edmond. 

La  Régence.  —  N'existe-t-il  pas  une 
bibliographie  des  ouvrages  ayant  trait  à 
la  Régence  ?  H.  F.  S.  V. 

La  Police  sous  le  Directoire.  — 
Le  Bureau  de  surveillance.  — Les 

agents  du  Bureau  de  surveillance  sous  le 
Directoire  étaient  payés  tous  les  15  jours. 
Je  possède  deux  feuilles  d'émargement 
intéressantes. 

L'une  delà  r^  quinzaine  de  prairial  an 
IV,  la  seconde  de  nivôse  an  V. 

La  première  a  pour  titre  : 


Traitement  des  employés  à  la  surveil- 
lance générale  fixé  par  le  ministre  d'après 
son  arrêté  de  floréal  an  III  : 

Traitement  annuel 
8.000 


8.000 
6.000 


6.000 


4.200 


3.000 


Noël  Inspecteur  Général 

D'Ossonville    inspecteur 
général  adjoint 

Agents  d'exécution  : 

Pasté,   Maugas,  Mariette,  Le- 
sueur,  Warin  et  Pépin 

Agens  de  i'*  classe  : 

Chambellan,   Ricard,  Bourdon, 
Piccini,  Barbier, Pehé,  Decamps,, 
Lefranc,  Lalande. 

Agens  de  2°"  classe  : 

PeroUet.  Leroy,  Romain,  Van- 
dervelle.  Folleville,  Chernelle, 
Waillemet,  Dufresnoy,  Millet, 
Barsolezy,Laporte,Fouché,  Noël, 
Bourgade,  Jansions,  Colin,  Che- 
valier. 

Agens  de  3"^  classe  : 

Gorju,      Chartier,      Rougeot, 
Maillefert,Pezeux,  Redon,  Moul, 
Duflos,  Varon,  Leclerc,  Cousin, 
Leviez,  Laumonier,  Gagnard. 

Le  C"  Bazin  n'a  pas  été  porté  à  la  2'°° 
classe  et  les  C''^  Juneau,  Boulanger,  Barré 
et  Mathieu  à  la  3"'  classe,  parce  qu'ils 
n'ont  point  encore  fait  de  service. 

L'état  signé  de  tous  les  agents  est  certi- 
fié exact  par  Noël  et  d'Ossonville  et  il 
porte  les  vus  de  Garon  directeur  de  la 
2™'  division  et  de  Vimar, secrétaire  géné- 
ral. 

Il  serait  intéressant  de  compléter  cette 
liste  et  dans  un  prochain  n"  de  Y  Intermé- 
diaire je  pourrai  donner  celle  de  l'an  V. 

Quelles  étaient  les  attributions  du  bu- 
reau de  surveillance  ^  Etait-ce  la  police 
secrète  .''  J.  G.  Bord. 

Une  statue  de  Napoléon  I'"^  à 
Lyon.  —  Il  y  avait  à  Lyon  une  sta- 
tue représentant  Napoléon  I"  à  cheval 
Cette  statue  était  l'œuvre  de  Nieuwer- 
kerke  et  avait  été  exposée  au  rond  point 
des  Champs-Elysées,  à  Paris,  le  15  août 
185 1.  avant  d'être  envoyée  à  Lyon  où 
elle  fut  inaugurée  quelques  mois  après. 
Ceci  résulte  de  documents  absolument  in- 
discutables. 

Vers  1884,  j'eus  la  chance  de  découvrir 
la  tète  de  cette  statue,  à  Lyon  ;  elle  avait 
été  tranchée  du  tronc  suivant  la  ligne  infé- 
rieure des  maxillaires  et  du  menton  pour 


N*  104) 


L'INTERMÉDIAIRE 


m 


iiâ 


aboutir,  par  derrière,  au  haut  du  cou,  à  la 
ligne  des  cheveux. 

Je  désirerais  savoir  ; 

1°  Si  cette  statue  a  été  enlevée  oftlciel- 
lement  de  l'emplacement  qu'elle  occu- 
pait ; 

2°  Si,  au  contraire,  il  est  vrai  que  cette 
statue  a  été,  en  totalité  ou  en  partie, 
jetée  bas,  la  nuit  par  vandalisme,  sans 
que  la  ville   de  Lyon  y  ait  été  pour  rien  ; 

y  A  quel  emplacement  se  trouvait  cette 
statue.  C.  B.  I. 

Le  saint-sacrement  donné  à 
manger  à  un  cheval.  —  Durant  les 
guerres  de  religion,  un  chef  de  bande 
allemand  ou  suisse  entra  à  cheval  dans 
une  église  et  fit  manger  à  son  cheval  le 
saint-sacrement.  Il  a  été  fait  un  vers  à 
ce  sujet. Quel  vers  et  à  quel  incident  pré- 
cis fait-on  allusion  ?  M.  R. 

La  Russie  pendant  la  guerre  de 
1870.  —  Le  colonel  Stoffel,  dans  une 
brochure  intitulée  :  De  la  possibilité  d'une 
future  alliance  franco-allemande^  raconte 
ce  qui  suit,  page  17  : 

L'impératrice  Eugénie  écrivit  à  l'empereur 
Alexandre,  dans  les  termes  les  plus  nobles, 
pour  lui  demander  ses  bons  offices,  deux 
lettres  pleines  d'un  patriotisme  élevé.  Les 
réponses  du  csar  sont  une  fin  de  non-rece- 
voir  polie  dont  la  lecture  est  navrante. . . 

Peut-on  savoir  qui  détient  actuellement 
ces  lettres  et  si  elles  ne  doivent  pas  un 
jour  être  publiées  <: 

M.  O.  Stora. 

Saint  Baronte.  —  Baronte,  selon  les 
Acta  Sanctoriim  (Martii  t.  III  Antverpiœ, 
Meursium,  MDCLXVIll",  p.  568  a)  fut, 
avant  d'être  sanctifié,  un  seigneur  français 
du  vil'  siècle  qui,  se  repentant  d'une  vie 
dissolue,  entra  avec  son  fils  dans  le  mo- 
nastère bénédictin  appelé  «  Longoretum, 

Longoretus  et  Langoritus vulgo   Lon- 

rey  en  Bvaine  ;  nunc  autem  passim  dicitur 
5.  Siran  en  Braine  a  S.  Sigiranno  fun- 
datore  ». 

Là,  il  eut  une  vision  fameuse  qu'Oza- 
nam  (^Etudes  sur  les  sources  poétiques  de  la 
Divine  Comédie.  Voir  en  Œuvres  complè- 
tes^ 1855-02,  t.  V,  p.  420-21),  Alexandre 
D'Ancona  (/  Precursori  di  Dante,  Firenze, 
1874,  p.  72)  et  autres  écrivains  ont  men- 
tionné, comme  une  des  nombreuses  sour- 


ces qui  ont  pu  avoir  inspiré  au  Dante  le 
plan  de  la  Divine  Comédie. 

Dans  la  brochure  intitulée  San  Baronto, 
leggenda  del  secolo  f^II.^  édita  a  cura  di  un 
Predicatore  Cappuccino^  Pistoia,  Eredi 
Bracali,  1869,  on  dit,à  la  p.  16,  que  Mon- 
talembert  dans  ses  Moines  d' Occident .,  t. 
IV%  parle  de  la  vision  de  saint  Baronte 
comme  une  des  sources  de  la  Divine  Co- 
médie. 

Cet  opuscule  a  été  écrit  très  négligem- 
ment par  le  chanoine  G.  Breschi,  avec  la 
collaboration  des  Pères  Romolo  da  Pistoia 
et  Raffaello  da  Gavinana.  Montalembert 
parle  en  vérité,  dans  le  t.  IV,  p.  94  (éd, 
1860-67)  des  visions  de  Fursy  comme 
une  des  sources  poétiques  de  la  Divine 
Comédie,  mais,  sauf  erreur,  il  ne  nomme 
pas  saint  Baronte,  dans  aucun  des  cinq 
volumes  de  son  ouvrage. 

Plus  tard,  saint  Baronte  se  rendit  en 
Italie  et  vint  fonder  en  Toscane,  sur  un 
des  sommets  de  la  chaîne  du  Monte  Al- 
bano  —  non  loin  de  Vinci,  patrie  de 
Léonard  et  d'où  l'on  a  une  vue  merveil- 
leuse de  la  moitié  de  la  Toscane  — 
un  hermitage  avec  une  église  plus  tard 
reconstruite,  mais  où  l'on  voit  encore, 
dans  la  crypte,  les  restes  de  l'ancien  édi- 
fice qui  est  antérieur  à  l'an  mille,  comme 
le  prouvent  les  colonnes  et  les  chapiteaux 
caractéristiques  de  cette  époque. 

L'église  avec  la  maison  du  curé  s'appelle 
encore  aujourd'hui  Saint-Baronto  et  se 
trouve  à  cinq  kilomètres  au  nord-est  de 
Lamporecchio  et  à  quinze  kilomètres  à 
l'ouest  de  Pistoia. Mabillon  ajoute  {Annales 
Ordinis  S.  Benedicti  etc.  Lucae,  Venturini 
t.  I,  MDCCXVIII,  p.  504)  à  la  narration 
des  Bollandistes,  que  le  texte  complet  de 
la  vision  de  saint  Baronte  se  trouve  dans 
le  codex  Remigianus  avec  le  portrait  du 
saint,  portrait  que  Mabillon  a  reproduit 
dans  son  ouvrage  avec  un  autre  portrait 
du  saint  dont  l'original  existe,  dit-il,  dans 
l'église  de  S.  Albini  (Aubin)  apud  Andc- 
cavos  (Angers). 

Qiiand  je  visitai  Saint-Baronteen  1872, 
l'église  possédait  les  os  du  saint  et  de  ses 
disciples, et  dans  la  crypte,  sur  les  parties 
verticales  de  l'autel,  il  y  avait  24  sta- 
tuettes en  bronze  émaillé  en  vert,  bleu, 
blanc  et  or,  d'un  prix  inestimable  et  pro- 
bablement peu  postérieures  au  temps  du 
saint  (vi'  siècle).  La  statuette  du  milieu 
représentait  saint  Baronte  et  avait  50  cm. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30'juillef  1504. 


115 


114 


de  hauteur.  Les  autres  24  statuettes  en 
bronze  avaient  15  cm.  de  hauteur  et 
consistaient  en  une  ou  en  plusieurs  figures 
dorées  et  sans  émail  et  représentaient  les 
faits  et  les  miracles  du  saint. 

Quelques  années  plus  tard,  quand  je 
visitai  de  nouveau  l'église, quatre  statuettes 
avaient  disparu. 

Il  y  a  dix  ans,  à  peu  près,  quelques 
étrangers  visitèrent Saint-Baronte  et  expri- 
m.èrent  hautement  leur  admiration  pour 
ces  bronzes.  Qiielques  jours  après,  tous 
avaient  disparu.  On  fit  un  semblant  d'en- 
quête et  naturelleriient  on  ne  découvrit 
rien. 

îl  est  sûr  que  ces  bronzes  se  trouvent 
actuellement  dans  quelque  collection 
étrangère. 

Voici  maintenant  les  questions  que  je 
n'ai  pas  pu  résoudre: 

1°  Quels  sont  les  noms  actuels  de  Lon- 
rey  en  Braine.et  de  Saint-Siran  enBraine, 
que  j'ai  cherchés  en  vain  dans  les  diction- 
naires (Dict.  de  Géographie  de  Vivien  de 
Saint-Martin  et  Schrader,  Grande  Encyclo- 
pédie, etc.)  sans  trouver  des  équivalents 
exacts  et  certains  ? 

2°  Où  se  trouve  actuellement  le  codex 
Remigiamis,  cité  par  Mabillon  et  existe- 
t-il  d'autres  manuscrits  contenant  le  texte 
complet  de  la  vision  de  saint  Baronte, 
avec  ou  sans  son  portrait  ? 

3"  Le  portrait  de  saint  Baronte,  exis- 
tant à  Angers  au  temps  de  Mabillon,  se 
trouve-t-il  encore  parmi  les  restes  de 
Léglise  et  de  l'abbaye  de  Saint-Aubin  con- 
servés dans  le  palais  de  la  préfecture  à 
Angers  ? 

4°  Existe-t-il  quelque  travail  critique  sur 
les  sources  de  la  légende  de  saint  Baronte 
et  sur  le  caractère  historique  de  ce  per- 


sonnage 


? 


Prof.  Luigi  P. 


Bourbon  Lavedan  —  Bégole — La 
Corne.  — Jean-Jacques  de  Bourbon,  vi- 
comte de  Lavedan,  testa  le  25  août  1610, 
et,  comme  il  était  sans  enfants,  il  laissa 
la  vicomte  de  Lavedan  à  Marie  de  Gon- 
taut  sa  seconde  femme  qui,  au  lieu  de  la 
transmettre  aux  seigneurs  de  Bégole.  ne- 
veux de  son  mari,  en  fit  don  à  Philippe  de 
Montaut. 

Cependant,  une  des  sœurs  du  dernier 
vicomte  de  Lavedan  ayant  épousé  Antoine, 
seigneur  de  Bégole,  près  de  Tarbes.elle  en 
eut,  entreautres  enfants,  Catherine  de  Bé- 


gole, femme  de  Gilles  de  la  Roche,  sei- 
gneur de  Fontenilles,  dont  lean-François 
de  la  Roche  appelé  le  baron  de  Lavedan, 
probablement  à  cause  des  prétentions  de 
sa  mère,  père  de  Charles  de  la  Roche, 
comte  de  Lavedan.  Une  autre  sœur  du 
vicomte  de  Lavedan  épousa  Louis,  sei- 
gneur de  la  Corne,  près  de  Randan. 

On  demande  des  détails  généalogiques 
et  héraldiques  sur  les  familles  de  ces  sei- 
gneurs de  Bégole  et  de  La  Corne. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Bourbon  Basian  —  Garisson  — 
d'Aliez  ou  Dallez.  —  Louis  de  Bour- 
bon, baron  de  Basian,  épousa,  en  167 1, 
Anne  de  Garisson  dont  N.  de  Bourbon, 
baron  de  Basian. qui  vivait  marié  en  1725. 

Anne  de  Garisson  hérita  de  son  fils  la 
baronnie  de  Basian,  qui  passa  à  sa  petite- 
nièce  Marie-Catherine  d'Aliez  de  Réalville, 
mariée,  en  1754,  à  Pierre-Jacques  de  Go- 
daille, marquis  de  Cieurac. 

Peut-on  me  donner  des  détails  sur  ces 
derniers  représentants  d'une  branche  de 
la  maison  Royale  de  France.^ 

La  marquise  de  Cieurac  était  fille  de 
N.  d'Aliez  ou  Daliez,  Président  à  la  Cour 
des  Aides  de  Montauban,  et  de  Jeanne- 
Marie-Gabrielle  du  Faur, issue  du  mariage 
de  Tristan  du  Faur, marquis  de  Cardaillac, 
avec  N.  Ferrand. 

Je  crois  que  Anne  de  Garisson  pouvait 
être  fille  de  Jonathan  de  Garisson, seigneur 
de  Lustrac  et  de  Bressots.  secrétaire  du 
roi,  et  qui  avait  au  moins  eu  quatre  autres 
filles,  alliées  avec  les  familles  d'Augeard, 
de  Clauzade,  de  Caussade  et  de  Scorbiac. 
Comment  Anne  de  Garisson  était-elle  la 
grand'tante  de  la  marquise  de  Cieurac  .'' 
G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Portraits  de  madame  de  Cha- 
brillan.  Quels  portraits  existent  de  Mme 
Lionel  de  Chabrillan,qui  a  publié  des  mé- 
moires sous  le  nom  de  Céleste  Mogador.? 

Truth. 

* 

La  question  a  été  directement  transmise 
à  M^fî  de  Chabrillan  qui  a  répondu 
en  nous  communiquant  ses  portraits  re- 
produits déjà  dans  la  Vie  illustrée  : 

Céleste  Mogador  à  16  ans  : 

Dansant  avec  Adèle  Page,  aux  Variétés, 
1852; 

Dans  son  costume  de  Mabille,  1849  ; 


N*   1047 


L'INTERMEDIAIRE 


I  r 


1 16 


Chantant  la  Gauloise^  1870  ; 

Au  moment  de  son  mariage,  1855  ; 

Après  la  mort  de  son  mari,  1859  ; 

Dans  sa  retraite,  1896. 

En  tète  des  mémoires  est  un  joli  por- 
tait d'elle,  gravé  d'après  un  dessin  de 
Thomas  Couture. 


Les  demeures  de  Chateaubriand. 

—  M.  Bord  a  déjà  publié  dans  Vlntcniié- 
diaire  une  notice  sur  le  domicile  de  Cha- 
teaubriand, rue  Miromesnil.  Pourrait-on 
nous  donner  quelques  indications  aussi 
précises  sur  les  autres  domiciles  de  Cha- 
teaubriand (sauf  rue  Denfert,  Vallée  aux 
Loups)  ?  Edouard  Champion. 

L'iogénieur  Daudet.  —  En  1724, 
le  prince  de  Conti  eut  l'intention  de  faire 
construire  un  canal  sous  le  nom  de  canal 
de  Bourbon,  qui  devait  amener  à  Paris, 
au  faubourg  Saint-Martin,  les  eaux  de  la 
rivière  d'Oise  prises  à  Stors,  près  l'Isle- 
Adam.  Les  travaux  devaient  être  exécutés 
par  les  soins  de  l'ingénieur  Daudet,  de 
Nîmes.  Cet  ingénieur  serait-il  un  des  an- 
cêtres du  célèbre  romancier  Alphonse 
Daudet .?  Paul  Pinson. 

Mademoiselle  de    Fontaines.  — 

M.  Cousin,  dans  l'ouvrage  qu'il  consacre 
à  M""*  de  Longueville  (2=  édition,  Saint- 
Simon  p.  86.  et  suiv.)  parle  d'une  demoi- 
selle de  Fontaines.Je  serais  heureux  de  pou- 
voir établir  sa  parenté  et  de  connaître  ses 
armoiries,  H.  F.  S.  V. 

Les  armes  d'Angélique  de  Mau- 
riac, épouse  du  marquis  de  La 
Grange.  —  Je  serai  fort  obligé  que  l'on 
veuille  bien  médire  quelles  étaient  les 
armes  de  Angélique-Adélaïde  Méliand  de 
Mauriac,  qui  épousa  le  marquis  de  la 
Grange,  par  contrat  des  5  et  6  janvier 
1766.  T. 

Le  duc  da  Richelieu .  —  Voltaire  a 
adressé  une  épitre,  datée  de  Lunéville,  18 
novembre  1748,  à  M.  le  duc  de  Richelieu , 
à  qui  le  Sénat  de  Gènes  avait  érigé  une 
statue  : 

Je  la  verrai,  cette  statue 
Q_ue  Ghne.  élève  justement 
Au  héros  qui  l'a  défendue,.. 

.  Cette  statue  existe-t-elle  encore  à  Gê- 
nes ?  Debasle. 


Un  roman  d'Eugène  Sue  à  re- 
trouver. —  Dans  un  roman  d'Eugène 
Suc,  un  quaker  de  passage  à  Paris  achète 
unmalheureuxcheval  tout  près  de  succom- 
ber sous  les  coups  d'un  charretier. 

L'animal  dépouille  sa  chrysalide  de  mi- 
sère, c'est  un  superbe  barbe,  éta'on  d'un 
grand  prix. 

Serait-ce  l'histoire  de  Godolphin,  père 
de  la  race  anglaise  ^ 

On  serait  heureux  d'avoir  le  titre  du 
roman  difficile  à  reconnaître  sur    les  cata- 


logues de  librairie. 


LÉDA. 


La  romance  d'Aspasie.  —  Elle  est 
citée  par  d'Alembert,  dans  un  morceau 
publié  par  l'éditeur  de  ses  Œuvres  pos- 
thumes :  Sur  la  tombe  de  mademoiselle  de 
Lespinasse.  «  Je  ne  saurais  trop,  dit-il,  me 
redire  ces  mots  de  la  romance  d'Aspasie, 
que  je  relis  tous  les  jours  : 

Si  réclamez  ?  sa  douce  fantaisie, 
Elle  dira  :  Q.ue  ne  l'inspirez-vous  ! 

Quel  est  l'auteur  de  cette  romance  .? 
Où  le  texte  s'en  trouve-t-il  ? 

Debasle. 

Bachaumont,     pseudonyme.    — 

De  renseignements  verbaux  qui  confir- 
ment l'indication  fournie  par  le  Diction- 
naire de  Georges  d'Heylli,  il  résulte  que 
les  ouvrages  et  les  articles  de  journaux 
(Gil  Blas)  publiés  il  y  a  vingt-cinq  ou 
trente  ans  sous  ce  pseudonyme,  sont  d'un 
écrivain  dont  le  vrai  nom  était  Gérard. 
Que  sait-on  de  lui  à  V Intermédiaire  ?  Pré- 
noms ?  Dates  de  naissance  et  de  décès  ? 
Particularités  quelconques  ^ 

P.  Lee. 

La  mémoire.  —  La  mémoire  a-t-elle 
progressé  depuis  les  temps  anticiues,  et 
pour  quelles  causes  ^ 

Alphonse  Renaud. 

Ces  t  tout  réfléchi.  —  «Réfléchis- 
sez-y... —  C'est  tout  réfléchi  ».  Cette 
manière  de  parler  est-elle  correcte  et 
peut-on  employer  dans  ce  sens  le  parti- 
cipe passé  du  verbe  neutre  «  réfléchir  »  ^ 

On  dit  bien  :  un  homme  réfléchi  (qui  a 
l'habitude  de  la  réflexion)  ;  une  aversion 
réfléchie  (qui  a  le  caractère  de  la  réflexion  ), 
mais  le  sens  n'est  pas  exactement  le 
même.  «  C'est  tout  réfléchi  »  veut  dire  en 
effet  :  «  J'y  ai  déjà  réfléchi  ». 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  i9o4' 


117 


118 


Que  pensent  nos  savants  intermédiai- 
ristes  de  cette  expression  ? 

Le  mot  «  revoir  »  parait  pris  substan- 
tivement dans  l'expression  «  au  revoir  ». 
Peut-on  dire,  par  extension  :  les  douceurs 
du  revoir,  l'espérance  du  revoir  ?  (Bien 
entendu,  je  laisse  de  côté  le  substantif 
«  revoir  »,  terme  de  vénerie). 

X.  Y   Z. 

Aller  en  Portugal,  au  Monténé- 
gro, etc.  —  Il  n'est  pas  comme  les  étran- 
gers pour  faire  remarquer  les  bizarreries 
d'une  langue.  Dernièrement,  un  Italien 
me  demandait  pourquoi  nous  disons  : 
Aller  en  Portugal,  aller  au  Monténégro, 
Je  ne  sus  que  lui  répondre. 

J'étends  la  question  et  j'observe  qu'on 
emploi  le  an  surtout  pour  les  pays  hors 
d'Europe.  Si  nous  disons  :  aller  en  Dane- 
marck,  en  Anjou,  nous  dirons  en  revan- 
che :  aller  au  Brésil,  au  Japon,  avec  des 
exceptions  comme  :  aller  en  Afghanistan. 
(Euphonie  .?)  Nos  aïeux  disaient  autrefois: 
Aller  en  Maroc,  en  Alger,  Mais  alors  pour- 
quoi dire  :  aller  au  Tyrol  et  aller  en  Ara- 
gon ? 

Et  pour  les  noms  féminins  :  Aller  en 
Suisse  et  aller  à  la  Guyane.  Pour  deux 
provinces  du  même  pays  :  aller  en  Cali- 
fornie, aller  à  la  Louisiane.  D'autre  part  : 
aller  à  la  Nouvelle-Ecosse,  et  aller  en  Nou- 
velle-Calédonie (il  est  juste  de  reconnaître 
qu'on  dit  autant  à  la  Nouvelle-Calédonie, 
et  en  Nouvelle-Zélande  que  à  la  Nouvelle- 
Zélande).  On  me  répondra  qu'il  s'agit  ici 
d'un  nom  propre  formé  avec  un  adjectif. 
Mais  pourquoi  dire  aller  en  Terre-Sainte 
et  non  à  la  Terre-Sainte.?  Oroel. 

Les  femmes  célèbres  qui  ont 
posé  nues.  —  Qiielles  sont  les  femmes 
célèbres  qui  ont  posé  nues,  pour  leurs 
statues  ou  leurs  portraits,  depuis  la  mai- 
tresse  d'Alexandre,  jusqu'à  la  sœur  de 
Napoléon  ?  Candide. 

Tableaux  sur  la  Ligue.— J'ai  cher- 
ché vainement  un  travail  d'ensemble  sur 
les  tableaux  contemporains  de  la  Ligue  et 
sur  la  Ligue. Peut-être  n'en  existe  t-il  pas.^* 

Gravure  démarquée.  — Je  possède 
une  petite  estampe  oblongue  251  x  100 
qui  a  servi  de  titre  à  une  suite  de  figures; 


dans  un  cartouche  central  auquel  sont 
adossés  des  amours,  lequel  est  surmonté 
d'une  tête  de  chérubin,  on  lit  :  Cayerpo- 
pre  aux  aspiinnts  an  génie  militaire  et  civtt 
qui  ont  besoin  d'apundre  à  dessiner  à  la 
plume  et  se prcpaicr  à  opérer  d'aptes  nature. 
Au  dessous  en  une  li^ne:  Diverses  veu'és  de 
Rome  et  composition  libres  d'Architecture 
remises  en  Inniilrc  p.ir  (2.  Nsudet.  Et  plus 
bas  :  avec  privilège  du  Rov. 

Les  mots  ici  en  italiques  sont  les  seuls 
qui  appartiennent  à  l'inscription  primi- 
tive de  l'époque  de  Louis  XIV  ou  peut- 
être  Louis  XIII  que  le  mot  «  veuës  »  peut 
faire  supposer  ;  les  mots  :  «  composition 
libres  d'architecture  w  et  le  nom  «  C.  Nau- 
det  »  ont  été  mis  en  place  d'autres  au 
XIX'  siècle,  probablement  par  Caroline 
Naudet.Un  obligeani  intermédiairiste  con- 
naîtrait il  l'auteur  de  ce  Cayer  propre,  etc. 
et  l'époque  de  sa  première  publication  ? 

CÉSAR    BiROTTEAU. 


Écusson  à  déterminer.  —  L'écus- 
son  représenté  ci- 
contre,  figure  sur  une 
créJence  Renaissance 
en  noyer,  de  LEcole 
lyonnaise.  Une  tradi- 
tion de  famille  veut  que 
ce  meuble  vienne  de 
l'évêché  d'Autun.  Que 
sont  ces  armoiries? 
Comte  de  J. 

Compositeurs  à  retrouver  (Suite). 
(XILX;  789;  L.  10,  62). 

32  Anima  Pentita,  Venise,  mendicanti, 
1667, 

33  Apollo  Pacificatore.    Padoue,  Théâ- 
tre Nuovo,  1812. 

34  Arcadia  in  Brenta,  Théâtre   d'Esté, 
octobre  1752. 

33    Armida   nemica,    amante,   esposa. 
Venise  1669. 

36  l'Arrivo  di  Rossini  ai  Camp!  Elisi, 
vaudeville.  Savone,  s.  d. 

37  Artaserse.    Turin,    Théâtre    Cari- 
gnano,  automne  1730. 

38  Artaserse,   Breslau,    1733.    Opéra 
italien. 

39  le  Arti.  Naples,   Théâtre  Fiorentini, 

1837. 

40  l'Assalone,  oratori   ;  Florence  a  St- 

Philippc  Ner/,  1785.  (A  suivre). 


N°   1047, 


L'INTERMEDIAIRE 


IK 


120 


ïlépon^es 


Les  drapeaux  des  Suisses  en 
août  1792  (L,  2).  —  A  supposer,  ce  qui 
est  bien  invraisemblable,  que  les  dra- 
peaux des  Suisses  enterrés  à  Courbevoie 
n'aient  pas  été,  peu  de  temps  après,  déni- 
chés et  promenés  en  triomplie  par  la  ca- 
naille, il  est  très  évident  qu'on  ne  retrou- 
verait dans  la  cachette,  si  elle  existait 
encore,  que  du  terreau  à  la  place  des  dra- 
peaux confiés  à  la  terre. 

En  effet,  il  serait  absolument  miracu- 
leux que  les  étoffes  et  les  hampes  aient 
résisté  à  plus  d'un  siècle  d'humidité,  alors 
qu'on  voit  des  drapeaux  plus  modernes, 
conservés  dans  des  conditions  bien  plus 
favorables,  détruits  déjà  par  le  temps. 

Voyez  les  drapeaux  pris  à  l'ennemi  sous 
le  règne  de  Napoléon  P"",  qui  entourent  le 
tombeau  de  l'empereur  aux  Invalides.  Ils 
n'ont  plus  de  couleurs  et  sont  d'une  teinte 
grise  presque  uniforme. 

Si  on  les  touche  du  doigt,  l'étoffe,  qui 
n'a  plus  de  corps,  cède  et  tombe  en  pous- 
rière. 

Nous  pensons  donc  que  de  toute  façon, 
il  faut  faire  son  deuil  des  drapeaux  des 
Gardes  Suisses,  Cottreau. 

Un  curieux  fossile  humain 
trouvé  dans  la  forêt  de  Fontaine- 
bleau (XLIX,  785,  905).  —  Si  la  réponse 
de  M.  Stanislas  Meunier  ne  laisse  rien  à 
dire,  au  point  de  vue  scientifique,  tou- 
chant le  prétendu  fossile  humain,  trouvé, 
en  1823,  dans  la  forêt  de  Fontainebleau, 
la  question  de  M.  Louis  Tesson  n'en  reste 
pas  moins  entière.  La  roche  a-t-elle  été 
conservée  .?  Où  se  trouve-t-elle  actuelle- 
ment ? 

Sur  ce  point,  je  vous  signalerai  le  pas- 
sage d'un  roman  d'Auguste  Luchet,  paru 
en  1849,  ^'Eventail  d'ivoire.  Auguste  Lu- 
chet, né  à  Fontainebleau,  était  alors  gou- 
verneur du  château  ;  dans  ses  romans, 
aujourd'hui  profondément  oubliés,  il  in- 
troduisait des  bribes  d'histoire  locale,  qui 
méritent  d'être  recueillies.  C'est  ainsi  qu'il 
nous  apprend  que  le  fameux  fossile  hu- 
main «  est  honteusement  enfoui  dans  une 
cave,  à  Rouen,  où  le  salpêtre  achève  sans 
doute  d'effacer  l'empreinte  vague  qui  le 
rendit  si  dangereusement  précieux  à  son 
infortuné  possesseur  ». 


Et  comme,  au  moment  où  paraissait 
l'Eventail  d'ivoire,  personne  ne  croyait 
plus  au  caractère  fossile  de  la  roche,  Lu- 
chet émet  une  nouvelle  hypothèse,  qu'il 
serait  curieux  de  vérifier  :  «  c'était  tout 
bonnement  l'ébauche  à  peine  dégrossie 
d'un  bas-relief  équestre,  entrepris  pour 
François  !'='■  par  Sarho,  dans  le  genre  des 
caryatides  colossales  qu'on  admire  encore 
à  l'un  des  bouts  du  Palais  ». 

Encore  un  mot  sur  ce  prétendu  fossile, 
qui  a  fait  couler  tant  d'encre.  Tout  le 
monde  fait  honneur  de  sa  découverte  au 
colonel  juncker  et  au  docteur  Ganot.  Ce- 
pendant, d'une  lettre  de  Cuvier  au  sous- 
préfet  de  Fontainebleau  du  27  octobre 
1823,  il  résulte  que  le  rocher  a  été  trouvé 
par  les  enfants  du  colonel  Le  François, 
son  parent,  et  qu'aussitôt  il  a  envoyé  son 
aide,  M.  Rousseau,  pour  l'examiner. 

F.  H. 

Les  «  Memoranda  «  de  J.  Barbey 
d'Aurevilly  (XLIX,  842).  —  L'un  des 
Memoranda  publiés  en  1883  avec  une  pré- 
face de  M.  Paul  Bourget,  \t Mémorandum 
de  1856,  débute  ainsi  ; 

Trébutien  veut  que  je  lui  fasse  un Memo- 
ra-ndtim  de  tous  les  jours.  Je  recommence 
donc  pour  lui  ce  que  j'avais  fait  pour  Gué- 
rin  à  une  autre  époque.  Avant  de  quitter 
Paris  et  de  m'en  aller  en  Normandie,  je 
m'étais  promis  de  faire  aussi  de  mon  voya- 
ge,un  Mcmorandum  ^omi celle  (\\xt]e  nomme 
l'Ange  Blanc  ;  je  l'ai  commencé,  mais  il 
est  resté  à  la  seconde  page. 

Cette  promesse  que  Barbey  s'était  faite 
en  1856,  il  ne  l'a  réalisée  qu'en  1864,  et 
c'est  justement  à  celle  qu'il  nommait  V An- 
ge Blanc  qu'il  a  adressé  le  journal  intime 
qui  intéresse  notre  collaborateur  Valley- 
res.  Cq.  journal  avant  le  commencement 
de  publication  qui  a  paru  dans  la  Revue 
Bleue  des  19  et  26  décembre  1903  (pages 
769-772)  et  26  décembre  1903  fp.  804- 
807),  n'était  pas  tout  à  fait  inédit.  Une 
main  pieuse,  celle  de  l'Ange  Blanc  elle- 
même,  avait  transcrit  ces  pages  et  les 
avait  livrées  aux  presses.  11  en  est  résulté 
une  charmante  brochure  de  lormat  in-8°, 
luxueusement  imprimée,  et  composée  de 
38  pages  de  texte  typographie  (y  compris 
le  titre). Ces  38  pages  sont  précédées  d'un 
faux-titre,  portant  simplement  le  mot  Me- 
morandum^Qt  suivies  d'un  autre  faux-titre 
sur  lequel  se    lit  l'intitulé  :  ^  Six    lettres 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1904, 


121 


122 


(1856-1888)  de  Jules  Barbey  d'Aurevilly 
né  à  Saint-Sauveur-le-Vioomte,  1808, 
mort  à  Paris,  1889,  muni  des  secours  de  la 
religion».  Alasuite  se  trouve  sur  12  feuillets 
de  beau  papier  fort  (3  feuillets  seulement 
sont  blancs)  la  reproduction,  en  fac-simi- 
lé, de  six  lettres  adressées  à  l'Ange  Blanc ^ 
dont  la  plus  ancienne  est  datée  du  4  sep- 
tembre 1856,  et  la  plus  récente,  du  1'' 
janvier  1888. Deux  de  ces  lettres  sont  écri- 
tes à  l'encre  rouge  ;  les  quatre  autres 
sont  en  noir.  Le  titre  (il  compte  dans  la 
pagination  et  son  verso  est  blanc)  est  sur- 
monté d'une  flèche,  placée  verticalement, 
servant  d'ornement  supérieur.  Au  dessous 
de  cette  flèche  le  mot  Mémorandum  en  ca- 
,  pitales,  puis  cette  dédicace  :  Pour  l'A... 
B...  (sic).  Entin,  la  date  :  1864,  puis  une 
flèche,  placée  horizontalement,  formant 
fleuron.  Au  bas  de  la  page  est  imprimée 
une  note  sur  la  personnalité  de  TAnge 
Blanc,  note  que  l'on  ne  s'étonnera  pas  de 
ne  pas  voir  transcrite  ici. 

L'Intermédiaire  est  un  salon  où  l'on 
cause,  mais  heureusement  pour  nous  tous 
et  pour  son  sympathique  directeur —  c'est 
un  salon  qui  a  beaucoup  d'écho,  et  je  ne 
me  crois  pas  autorisé  à  sortir  du  domaine 
purement  bibliographique. 

La  brochure  en   question  ne  porte   ni 
lieu   d'impression,  ni  nom  d'imprimeur  ; 
et  j'avoue  que  je  suis,  sur  ce  point,  dans 
une  ignorance  absolue.  Je  doute  qu'elle 
ait  été  exécutée  à  Paris  et  je  crois  y  recon- 
naître le  faire  d'un  imprimeur  de  certaine 
ville  du  midi  de  la  France.  Mais  ce   n'est 
qu'une  hypothèse.  Ce  dont  je  crois   être 
plus  certain,  c'est  que  ce  mince  volume 
a  été  imprimé  en  1899- 1900.  Il  a  été  tiré 
340  exemplaires  dont  une  dizaine, à  peine, 
'%    a  été  distribuée.  Il  est  à  ma  connaissance 
que  sept  personnes  seulement  possèdent  le 
Mémorandum  de  1864  ;  je  ne  puis  pas  don- 
ner leur  nom,  non  plus  que  celui  de  l'édi- 
teur des  deux  articles  de   la   Revue  Bleue. 
Je  dirai  seulement   que   la  publication  de 
ceux-ci  a  été  interrompue  sur  réclamation 
très  justifiée. La  partie  publiée  par  la  Revue 
I       Bleue  correspond  aux  24  premières  pages 
!       de    la    brochure    ;  la   lacune   représente 
donc  un  peu  plus  que  le  tiers  de  celle-ci, 
plus  les  six  lettres  fac-similisées.  La  trans- 
cription est  à  peu  près  fidèle,  à  peu  d'ex- 
ceptions près.  Je  signalerai    par   exemple 
l'inexactitude  de  l'initiale  A  (page  769  de 
la  Revue  Bleue) .^  l'inexactitude  aussi  de  la 


date  du  51  (sic  !)  novembre  1864  placée 
en  tête  du  Mémorandum  ;  elle  existe  bien 
dans  le  texte, à  la  4*  ligne  de  la  brochure, 
mais  elle  ne  figure  pas  dans  l'original,  à 
côté  de  l'épigraphe.  En  plusieurs  endroits, 
enfin,  des  initiales  trop  transparentes  ont 
été  supprimées  dans  la  Revue. 

La  Revue  Bleue  n'est  pas  le  seul  recueil  où 
l'on  trouve  une  allusion  au  Mémorandum 
de  1864,  morceau  plein  de  charme  et  que 
je  suis  bien  près  d'appeler  un  chef-d'œuvre. 
Dans  h  Carnet  de  décembre  1903,  p.  354, 
au  cours  d'un  article  sur  Barbey  d'Aure- 
villy, Al.  Louis  Sonolet  en  a  parlé  d'après 
M.  Eug.  Grêlé  qui,  lui  non  plus,  n'en  a 
pas  ignoré  l'existence,  mais  qui  s'est  tenu 
sur  une  discrète  réserve.  M.  Sonolet  a 
compris,  lui  aussi,  toute  la  pureté  et  tout 
l'idéal  de  l'attachement  de  Barbey  pour 
VAnge  Blanc,  et  il  Ta  fort  bien  exprimé. 
C'est  dans  la  même  pensée  que  je  me  suis 
eff'orcé  de  montrer  la  même  discrétiondans 
cette  noto  à  laquelle  j'ai  voulu  laisser  un 
caractère  simplement  bibliographique. 

Paul  Lbe. 

Saint  Denis,  évêque  des  Gaules* 
a-t-il  existé?(XLII;XLIll).— -L'ancienne 
théorie  de  Dupuis  et  de  Dulaure  a  été  re- 
prise par  M.  Charles  Sellier,  conservateur 
du  Musée  Carnavalet,  et  formulée  en  ces 
termes  : 

...  ainsi  les  fêtes  de  Bacchus  qui  étaient 
annoncées  dans  le  calendrier  païen  (?)  par 
ces  mots  Festmn  Dionysii.,  Eleutheri,  Rus- 
tici,  sont  devenues  à  la  date  du  9  octobre, 
c'est-à-dire  à  la  même  époque,  trois  saints 
du  calendrier  latin  :  Saint  Denis,saint  Rus- 
tique et  saint  Eleuthère.    (XLII,    987.  ) 

La  thèse  est  fort  jolie  ;  elle  a  eu  grand 
succès.  Toutefois,  ne  pourrait-on  pas 
objecter  : 

1°  Qiie  Festum  Dionvsii  ne  signifie  pas 
Fête  de  Dionysus  (Bacchus),  mais  deDio- 
nysîus  (saint  Denis).  Il  n'y  a  que  la  dif- 
férence d'un  iota  entre  le  dieu  et  l'hom- 
me ;  mais  c'est  précisément  le  nœud  de  la 
question.  N'oublions  pas  de  mettre  le 
point  sur  cet  /. 

2°  Que  jamais  un  poète  grec  n'a  donné 
à  Bacchus  l'épithète  de  eleulheros.  — Voi? 
Bruchmann.  Epitheia  Deorum  qiice  apud 
poetas  grœcos  leguntur.   1893,  p.  83. 

3"  Que  jamais  un  poète  latin  n'a  donné 
à  Bacchus  l'épithète  de  rusticus.  —  Vol 
J.  B.  CaRtér.  Epitheta  Deorum  quai  apud 


N*  1047 


L'INTERMEDIAIRE 


123 


124 


pcetas  latinos  legutitiir.    —  1902,   p.    62. 

40  Qti'à  supposer  que  les  principales 
fêtes  bachiques  eussent  lieu  en  octobre 
(et  c'est  inexact),  on  ne  saurait  identifier 
pour  cette  seule  raison  le  dieu  et  le  saint, 
pas  plus  qu'on  ne  peut  nier  l'existence  de 
la  Vierge  Marie  en  constatant  que  sa  fête 
et  celle  de  Diane,  la  Vierge  antique,  tom- 
bent toutes  les  deux  au  milieu  d'août. 

5''  Qu'il  semble  bien  résulter  de  tout 
ceci  que  Dulaure  et  Dupuis  ont  pris  les 
mots  Fesitim  Dionysii,  Eleuthen\  Riistici^ 
dans  un  calendrier  chrétien  et  que  par 
conséquent  toute  la  théorie  repose  sur  le 
néant.  Candide. 

Un  édit  de  Henri  II  (XLIX,  833, 
959  ;  L,  72).  —  Entre  l'édit  de  février  1556 
et  la  déclaration  du  1 5  février  1 708,  il  existe 
une  ordonnance  de  Henri  III, de  1585, que 
les  collaborateurs  Candide  et  Ed.  D.  n'ont 
pas  connue,  dans  laquelle  il  est  dit  : 

Afin  que  nulle  femme,  servante  et  cham- 
brière, ne  puisse  prétendre  cause  d'ignorance 
de  redit  ci-dessus  (15S6),  enjoint  à  tous  curés 
de  publier  et  dénoncer  au  peuple  le  contenu 
audit  édit  à  leurs  prônes  des  messes  paroissia- 
]es  de  trois  mois  en  trois  mois. 

Qiiant  à  la  déclaration  du  15  février 
1708,  en  outre  des  prescriptions  qui  y 
sont  énumérées,  elle  ordonne  aux  curés  et 
vicaires  de  faire  ladite  publication  et  d'en 
envoyer  un  certificat  signé  d'eux  aux  pro- 
cureurs des  bailliages  et  sénéchaussées 
dans  rétendue  desquels  leurs  paroisses 
sont  situées.  Et  qu'en  cas  de  refus  ils 
puissent  être  contraints  par  la  saisie  de 
leur  temporel. 

On  voit  par  ce  dernier  paragraphe  que 
les  curés  de  cette  époque  pouvaient  être 
traités  par  le  '<  fait  du  prince  »  comme  ils 
le  sont  de  nos  jours. 

Un  ancien  cul  de  singe. 

Le  texte  intégral  communiqué  par  T  a  e'té 
envoyé  à  l'auteur  de  la  question. 

Le  serment  des  ecclésiastiques 
sous  la  Révolution  (XLIX,  837,  964), 
—  Ce  serment  devait  comporter  adhésion 
à  la  constitution  civile  du  clergé,  et  les 
décrets  de  l'Assemblée  nationale  prescri- 
vaient dans  quels  termes  le  serment 
ordonné  serait  prêté. 

La  question  posée  doit  donc  être  réso- 
lue  dans  le    sens  de   l'adhésion   à  cette  ' 


constitution  si  l'on  se  place  au    point  de 
vue  juridique. 

Si.  au  contraire,  on  consulte  les  docu- 
ments b.istoriqucs,  la  question  peut  faire 
doute,  car  dans  bien  des  villes  et  villa- 
ges les  autorités  locales  donnèrent, comme 
on  dit,  une  entorse  aux  décrets,  dans  la 
bonne  intention  de  ménager  les  scrupules 
des  ecclésiastiques, ou  d'éviter  des  troubles. 

Tous  les  ecclésiastiques  âgés  furent  dis- 
pensés du  serment  officiel,  on  les  fit  jurer 
seulement  de  veiller  avec  zèle  sur  les  fi- 
dèles de  la  paroisse. 

Nous  pourrions  citer  plusieurs  faits  à 
l'appui  de  notre  opinion  : 

A  Nantes,  M  Lefeuvre,  curé  de  Saint- 
Nicolas,  et  M.  Delaville,  curé  de  Sainte- 
Croix,  prêtèrent  un  serment  qu'ils  com- 
mentèrent par  des  discours  nullement  en 
harmonie  avec  la  lettre  et  l'esprit  des  dé- 
crets. Procès-verbal  fut  dressé  par  les  au- 
torités de  Nantes,  le  23  janvier  1791 . 

A  Redon,  il  y  avait,  au  mois  de  janvier 
1791,  vingt  prêtres  domiciliés  dans  la 
ville. 

Un  seul  se  montra  disposé  à  prêter  ser- 
ment dans  les  termes  prescrits  par  les  dé- 
crets de  l'Assemblée  nationale  ;  le  curé, 
M.  Loaisel,  ancien  député  à  la  Consti- 
tuante, refusa  de  se  soumettre  aux  lois 
que  la  majorité  de  ses  collègues  avait 
votées,  et  même  d'assister  à  la  cérémonie 
organisée  pour  recevoir  le  serment  des 
ecclésiastiques  qui  se  soumettraient. 

Cette  cérémonie  à  laquelle  aucun  prê- 
tre n'assista,  eut  lieu  quand  même  à 
l'église  paroissiale,  le  7  février  1791,  à 
quatre  heures  du  soir. 

Procès-verbal  fut  dressé  qui  mentionne 
toutes  les  avanies  faites  au  prêtre  qui 
donnait  l'exemple  de  la  soumission  aux 
décrets,  il  en  fut  récompensé  par  une 
volée  de  cailloux  qu'il  reçut  en  guise 
d'acclamations. 

L'évêque  constitutionnel  de  Rennes, M. 
Claude  le  Coz,  était  accueilli  de  même 
quand  il  faisait  ses  tournées  pastorales. 

Pourtant  M.  le  Coz  était  le  parfait  mo- 
dèle des  prélats  partisans  des  concessions, 
mais  en  1791  était-il  facile  d'être  bon 
évêque,  bon  catholique  et  excellent  fonc- 
tionnaire ^ 

De  nos  jours,  ces  idées  ont  gagné  du 
terrain,  elles  ne  sont  pas  encore  admises 
sans  conteste  dans  certains  milieux  catho- 
liques. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1904 


125 


126 


On  comprend  la  prudence  des  munici- 
palités de  1791,  soucieuses  de  veillera  la 
sécurité  de  leurs  administrés. 

Voulant  prévenir  les  troubles  et  les 
scandales.souvent  ils  violèrent  les  décrets, 
reçurent  des  serments  à  huis  clos  et  accep- 
tèrent des  formules  en  contradiction  avec 
les  lois  promulguées  et  que  le  parti  ca- 
tholique ne  voulait  pas  admettre. 

Joseph  de  Trémaudan. 

Arbres  de  la  liberté  encoi'e  exis- 
tants (XLllI  ;  XLIV  ;  XLIX,  607.772, 
858,  916  ;  L,  24).  —  A  un  carrefour  de 
routes,  près  l'église  très  peu  monumen- 
tale de  la  Trémouille  (Vienne),  on  voit 
un  marronnier  des  Indes,  de  grosseur 
moyenne,  mais  pourvu  d'une  belle  ra- 
mée. 

C'est  l'arbre  de  la  liberté  planté  là  en 
1848.  Il  était  né  dans  un  beau  parc  du 
voisinage,  d'où  il  fut  transplanté. 

Ce  parc  a  été  mutilé,  mais  il  en  reste 
une  allée  de  superbes  marronniers,  frères 
de  notre  arbre  de  la  liberté. 

BOISCARNUS. 

Bomar?und  (L,^). —  Le  général  Niel 
commandait  en  chef  le  génie  de  la  divi- 
sion de  la  Baltique.  La  croix  à  double  tra- 
verse inclinée^  en  cuivre  doré,  qui  sur- 
montait le  dôme  de  l'église  russe  de  Bo- 
marsund,  fut,  par  le  général,  offerte  à  la 
ville  de  Muret,  chef-lieu  de  l'arrondisse- 
ment où  Adolphe  Niel  avait  «  ouvert  les 
yeux  à  la  lumière  ».  On  peut  voir  cette 
croix  en  l'unique  église  de  Muret. 

Le  premier  bombardement  de  Bomar- 
sund  eut  lieu  le  22  avril  1854. 

A.  S..E. 

*  » 
Le  corps  expéditionnaire  de  la  Baltique  fut 

commandé  par  Baraguey  d'HiUiers,  alors 
général  de  division.  11  avait  pour  aides- 
de  camp  les  capitaines  Melin  et  Foy  ;  pour 
chef  d'état-major,  le  colonel  de  Gouyon 
de  Saint  Loyal.  Le  général  de  division 
Niel  commandait  le  génie,  et  le  lieute- 
nant-colonel de  Rochebouët,  l'artillerie. 

La  i""»  brigade  avait  à  sa  tète  le  général 
d'Hugues,  et  elle  se  composait  du  3*  de 
ligne  (colonel  Ducrot),  et  du  48*  de  ligne 
(colonel  Vidal  de  Lauzun). 

La  2'  brigade  (général  Grezy)  comptait 
le  51*  de  ligne  (colonel  Perrin  jonquières) 
elle  77''  (colonel  Suau). 


Pour  plus  amples  détails,  voir  :  Siège 
de  Bjinarsnud  en  i^p4.,  journal  des  opéra- 
tions de  l'artillerie  et  du  génie  [rédigé 
par  le  général  Niel  et  le  colonel  de  Ro- 
chebouët], publié  avec  l'autorisation  du 
ministre  de  la  guerre.  Paris,  1855,  J. 
Coréard,  in-8.  Nothing. 

Inceste  suivi  de  mariage  (XLIV, 
58).  —  Sous  cette  rubrique,  on  nous  de- 
mandait, il  y  a  trois  ans,  si  l'histoire  de 
France  offrait  un  exemple  d'inceste  entre 
frère  et  sœur  suivi  de  mariage  régulier. 
Personne  n'a  répondu.  Voici  pourtant  un 
cas  parfaitement  établi  et  qui  mérite  d'ê- 
tre cité. 

Jean  IV  d'Armagnac  eut  cinq  enfants  : 
i"  Jean  de  Lomagne,  né  en  1420;  2^ 
Charles  ;  3°  Marie,  qui  épousa  Jean  d'A- 
lençon  ;  4"  Eléonore  qui  devint  princesse 
d'Orange  ;  ^^  Isabelle,  née  en  1433. 

Celle-ci,  la  cadette  des  trois  filles, «estoit 
tenue  une  des  belles  femmes  du  Royalme 
de  France  »  dit  Mathieu  d'Escouchy.  Elle 
n'avait  que  neuf  ans  lorsque  Henri  VI 
d'Angleterre  devint  amoureux  de  son 
portrait  et  voulut  épouser  le  modèle.  Il 
demanda  sa  main,  l'obtint  sans  peine  et 
le  mariage  était  proche,  quand,  pour  des 
motifs  politiques,  tout  fut  rompu  (1442). 

Evincée  avant  d'être  nubile,  Isabelle 
regretta  moins  son  trône  que  sa  nuit  de 
noces.  11  lui  fallut  des  consolations,  elle 
les  chercha  dans  le  lit  de  son  frère  Jean 
qui  avait  treize  ans  de  plus  qu'elle  et  qui 
se  laissa  séduire  éperdument,  dit  Thomas 
Basiîi,  par  ses  tentations  et  ses  caresses  : 
delininmitis  atque  hlanditiis. 

Jean  de  Lomagne,  devenu  comte  d'Ar- 
magnac sous  le  nom  de  Jean  V,  garda  au- 
près de  lui  sa  petitesœurcommemaitresse 
en  titre.  Par  amour  pour  elle,  il  ne  voulut 
pas  chercher  femme.  Leur  commerce  était 
public.  Elle  lui  donna  plusieurs  enfants. 

Cependant,  malgré  leur  passion  mu- 
tuelle, un  dissentiment  s'accusa  entre  eux 
sur  un  singulier  cas  de  conscience  :  Isa- 
belle trouvait  plus  convenable  de  vivre  en 
concubinage  avec  son  frère  sans  deman- 
der à  un  prêtre  de  consacrer  le  fait  ac- 
compli. Jean,  par  scrupule  religieux,  pré- 
férait l'épouser.  Ils  se  marièrent  enfin, 
mais  non  sans  une  longue  résistance  de 
la  part  de  la  jeune  fille. 

Un  référendaire  du  pape,  nommé  Am- 
broise  de  Cambray,  donna  des   bulles  de 


N"  «047, 


L'INTERMÉDIAIRE 


—    127 


128 


dispense  qui  étaient  sans  doute  apocry- 
phes, et  les  noces  furent  célébrées  avec 
toutes  les  cérémonies  de  l'Eglise  par  le 
chapelain  du  château. 

Isabelle  accoucha  encore,  des  œuvres 
de  son  frère  devenu  son  mari.  Bannie  de 
France  avec  lui  le  13  mai  1460,  elle  le 
suivit  en  Aragon,  mais  ce  fut  pour  pren- 
dre le  voile  au  couvent  de  Mont-Sion 
(Barcelone)  où  l'on  pense  qu'elle  finit  ses 
jours  en  odeur  de  sainteté.  —  Zurita  .  A  na- 
les  de  la  Corona  de  Aragon.  —  Saragosse. 
1562,  XVI,  66).  Candide. 

Bonnes  villes  (XLIX,  889  ;  L,   15). 

—  Dans  \' Armoriai  général  de  V Empire 
français  de  Henry  Simon,  Paris,  chez  l'Au- 
teur, 1812,  deux  volumes  grand  in-folio 
avec  planches  gravées,  on  pourra  trouver 
les  armoiries  figurées,  avec  la  descrip- 
tion des  dites  armoiries,  de  diverses  Bon- 
nes villes  de  l'Empire  français. 

Voir  notamment,pour  les  Villes  de  pre- 
mier ordre,  au  tome  P',  la  planche  69  et 
le  texte  imprimé  page  86,  les  armoiries 
de  :  Angers,  —  Aix-la-Chapelle,  —  Bour- 
ges, —    Brème,  —  Cologne,    —  Dijon, 

—  Florence,  —  Grenoble,  —  La  Ro- 
chelle, —  Marseille,  — Nancy,  —  Parme, 
et  au  tome  II,  la  planche  69  également  et 
le  texte  imprimé  page  72,  les  armoiries 
de  :  Amsterdam,  —  Anvers,  —  Bor- 
deaux, —  Bruxelles,  —  Gand,  —  Gênes, 

—  Hambourg,  —  Lyon, —  Lille, —  Lièae, 

—  Montauban,  —  Paris.  Toutes  :  au  chef 
cousu  des  Bonnes  Villes  de  l'Empire  :  De 
gueules.^  chargé  de  trois  abeilles  d'or. 

Puis,  au  tome  h'"',  planche  70,  et  texte 
imprimé  page  87,  pour  les  Bonnes  Villes 
de  second  ordre  :  Avranches,  —  Cher- 
bourg. —  Granville,  —  Lierre,  —  Lou- 
dun,  —  Malines,  —  Moissac,  —  Savone, 

—  Saint-Lô,  —  Troyes,  —  Verceil,  — 
Valognes,  et  aussi  au  tome  II,  planche 
70, et  texte  pages  73,74  :  Aix,  —  Asti,  — 
Bayonne,  —  Castel-Sarrazin,  —  Chia- 
vari,  —  Chartres, —  Grasse, —  Hières,  — 
Toulon.  Toutes  :  Au  franc  quartier  des 
Bonnes  Villes  de  second  ordre,  qui  est  à 
dextre  d'a:(iir^  chargé  d'une  N  d'or,  surmon- 
tée d'une  étoile  rayonnante  du  même. 

Et,  enfin  au  tome  II,  également  plan- 
che 70,  et  texte  imprimé  page  74,  pour  les 
Bonnes  Villes  de  troisième  ordre  :  Mire- 
court,  —  Neufchâteau,  —  Paimbœuf. 
Toutes  :  au  franc-quartier   des  Villes   de 


troisième  ordre, qui  est, à  sénestre,  de  gueu- 
les chargé  d'une  N  d' argent  .surmontée  d'un» 
étoile  rayonnante  du  même,  brochant  an 
neuvième  de  Vécu. 

Il  est  ici  à  remarquer  que  le  susdit  Ar- 
moriai général,  du  graveur  Henry  Simon, 
étant  daté  de  l'an  1812,  ne  peut  contenir 
les  reproductions  des  diverses  autres  ar- 
moiries qui  purent  encore  être  octroyées, 
par  Napoléon  1*',  de  1812  à  la  chute  de 
l'Empire,  en  1815.  Ulric  R.-D, 

La  fontaine  de  la  place  Dau- 
phine  à  Paris  (T.  G.,  272,  355J.  — 
La  ville  de  Riom  ayant  demandé  le  don 
de  «  fragments  »  de  l'ancien  monument 
élevé  de  1801  à  1803,  par  souscription 
publique,  fragments  «  dont  la  ville  de 
Paris  est  propriétaire  et  qui  sont  sans 
emploi  aux  magasins  de  la  Ville  v>,  le 
conseil  municipal,  dans  sa  séance  du  12 
juillet  1904,  a,  sur  un  rapport  présenté 
par  M.  Chautard,  au  nom  de  la  4*  com- 
mission, décidé  d'accorder  ce  don  à  la 
ville  natale  de  Desaix, étant  entendu  qu'il 
sera  constaté  par  une  plaque  de  marbre 
placée  sur  le  monument, 

II  existe  un  certain  nombre  de  gra- 
vures représentant  ce  petit  monument  ; 
je  signalerai  particulièrement  celle  qui 
sert  de  frontispice  àl'Almanach  des  beaux- 
arts  pour  l'an  XII  (par  Landon).  II  serait 
à  désirer  que,  avant  que  ces  fragments 
quittent  Paris,  on  essayât  de  reconstituer 
la  liste  des  souscripteurs  qui  entourait  la 
base  de  la  fontaine  de  Percier,  afin  d'en 
conserver  le  souvenir.  P.  L^®. 

Les  sous-marins  en  1859  (XLIX, 
858,  974  ;  L.  80). —  Erratum.  —  ligne  4, 
lire  de  Rigny^tX.  non  de  Bigny. 

Les  Cantaouzèiie  (XLIX,  89s).  — 
Les  Cantacuzèr.e  appartenaient  aux  plus 
illustres  familles  de  l'empire  d'Orient  ;  ils 
allaient  de  pair  avec  les  Comnène,  les  Pa- 
léologue,  les  Uukas,  les  Lascaris,  etc. 

Johannes  Cantacuzène,  dont  la  mère 
était  Marie  Comnène.  princesse  de  la  mai- 
son impériale,  fut  le  tuteur  du  jeune  em- 
pereur }ohannes  V  (Paléologue)  ;  il  le  ma- 
ria avec  sa  fille  Hélène  Cantacuzène,  mais 
bientôt  après,  il  fit  détrôner  l'empereur, 
son  beau-fils,  usurpa  le  trône  et  se  fit  pro- 
clamer empereur  de  Byzance  (1340}.  II 
abdiqua  en  1356  et  se  retira  avec  l'impé- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


;o  Juillet  1904, 


129 

femme,  au 


no 


couvent 
1380,  à 


de 


l'âge 


ratrice  Irène,    sa 
Mangana,  où  il  mourut  en 
de  88  ans. 

C'était  d'ailleurs  le  seul  empereur  d'O- 
rient sorti  de  la  famille  Cantacuzène  ;  il 
était  vraisemblablement  d'origine  grecque, 
comme  son  nom  semble  l'indiquer,  car,  à 
notre  avis,  sa  prétendue  descendance,  soit 
des  paladins  français  selon  les  uns,  soit 
d'un  roi  de  Naples  de  la  maison  d'Anjou 
selon  d'autres,  ne  mérite  aucune  créance; 
c'est  une  légende,  et  comme  toutes  les 
légendes,  est  sujette  à  caution. 

A  la  prise  de  Constantinople  par  les 
Turcs  et  la  chute  du  Bas-Empire,  toutes 
les  familles  illustres  dans  les  fastes  de  By- 
zance  commencèrent  par  se  retirer  au 
Phanar,  un  faubourg  de  Constantinople. 
D'autres  familles,  moins  illustres,  mais 
également  de  haute  lignée,  les  y  sui- 
virent et  formèrent  une  sorte  de  clan, au- 
quel on  donna  la  dénomination  de  Pha- 
nariotes. 

Avec  la  suite  du  temps,  ces  familles 
phanariotes  émigrèrent  peu  à  peu  dans 
d'autres  pays, principalement  enValach'ie, 
en  Moldavie,  en  Bessarabie,  et  ensuite 
bon  nombre  de  ces  familles  vinrent  s'éta- 
blir en  Russie. 

Les  membres  de  la  famille  Cantacuzène 
étaient  de  tous  temps  excessivement  nom- 
breux ;  c'est  par  centaines  qu'il  faudrait 
les  compter,  tant  en  Russie,  que  dans  les 
pays  danubiens. Mais  cette  famille  s'esttou- 
jours  maintenue  à  la  hauteur  de  son  illus- 
tre origine. 

Dans  les  pays  danubiens, les  Cantacuzène 
ont  été  revêtus  de  très  hautes  charges  et 
dignités. 

Serban  II  Cantacuzène,  né  en  1640  et 
mort  en  1688,  un  descendant  direct  de 
l'empereur  Johannes  Cantacuzène,  dont 
nous  avons  parlé,  fut  prince  régnant  de 
Valachie  (Hospodar),  et  sonfrèie  Demeter 
fut  également,  à  la  même  époque,  prince 
régnant  de   Moldavie  (HospodarJ. 

Etienne  111,  Cantacuzène,  prince  régnant 
de  Valachie  en  1714,  fut  décapité  par  or- 
dre du  sultan,  suzerain  suprême  du  pays, 
le  7  juin  1716. 

Costaki  Cantacuzène  fut  un  homme  d'E- 
tat très  hautement  estimé  au  temps  du 
règne  du  prince  Couza. 

D'autres  membres  de  cette  famille,  très 
nomoreux  d'ailleurs,  ont  continué  à 
compter  parmi  les  familles  les  plus  mar- 


quantes des  pays  danubiens. N'oublions  pas 
la  princesse  Olga  Cantacuzène- Altieri, 
une  femme  de  lettres  de  beaucoup  de  ta- 
lent, que  les  lecteurs  de  la  Revue  des 
Deux-Mondes  n'ont  pas  certainement  ou- 
bliée. 

En  Russie,  les  Cantacuzène  sont  éga- 
lement fort  nombreux.  Je  n'en  citerai  pour 
mémoire  que  quelques-uns,  et  qui  étaient 
nos  contemporains.  Ainsi,  une  sœur  du 
chancelier  prince  Gortchakow..  fut  mariée 
à  un  prince  Cantacuzène,  et  sa  fille,  une 
Cantacuzène, avait  épousé  M.  N.  K.  Gjers, 
ministre  des  affaires  étrangères  de  Russie. 

Dans  ces  temps  derniers,  le  prince  Gré- 
goire Lw^owitch  Cantacuzène,  chambellan 
et  maître  de  la  Cour  impériale,  fut  minis- 
tre de  Russie  à  Stuttgart  et  ambassadeur 
à  Washington,  il  est  mort, il  y  a  quelques 
années  à  peine,  ainsi  que  son  frère  le  prin- 
ce Aristide  Cantacuzène. également  cham- 
bellan de  la  Cour  impériale. 

Un  prince  Cantacuzène,  dont  je  ne  me 
rappelle  pas  le  nom  de  baptême,  hérita, 
en  sa  qualité  de  petit  fils  du  comte  Spe- 
ranski,  le  célèbre  homme  d'Etat  et  minis- 
tre russe,  du  nom  et  du  titre  de  comte  de 
son  grand-père,  et  fut  autorisé  à  les  join- 
dre aux  siens  et  il  s'appela  dorénavant  : 
prince  Cantacuzène,  comte  Speranski.  11 
était  écuyer  de  la  Cour  impériale  et  direc- 
teur général  du  département  des  cultes 
étrangers, au  ministère  de  l'Intérieur. 11  est 
mort  à  Arcachon,  en  France,  depuis  peu 
d'années. 

La  généalogie  et  le  personal  status  de  la 
famille  Cantacuzène, établie  en  Roumanie, 
se  trouve  dans  l'ouvrage  de  M.  Ranghabé, 
a3'ant  pour  titre  le  Livre  d'or  des  familles 
phanariotes.  et  pour  les  membres  de  cette 
famille  établis  et  résidents  en  Russie  et 
devenus  sujets  russes,  dans  la  Liste  of- 
ficielle des  familles  titrées  et  dont  les  titres 
sont  confirmés  en  Russie.  Cette  liste  publiée 
en  russe  par  le  regretté  baron  Rummel, 
archiviste  du  Département  héraldique  du 
Sénat  russe  .  et  traduite  en  français  par 
M.  Ermerin,  donne,  autant  que  je  puis 
m'en  souvenir,  une  nomenclature  exacte 
et  complète. 

Cependant,  si  l'on  voulait  avoir  des 
renseignements  très  précis  sur  la  famille 
Cantacuzène,  on  ferait  bien  de  s'adresser 
directement  au  prince  Michel  Mikhaylo- 
witch  Cantacuzène.  colonel  et  aide  de 
camp  du  Grand  Duc  Michel  Nicolayewitch 


N*   1047 


L'INTERMEDIAIRE 


131 


»3- 


feld-maréchal,  en  adressant  la  lettre  au 
palais  du  Grand  Duc  à  Pétersbourg.  Nous 
avons  tout  lieu  de  croire  que  ce  prince 
Cantacuzène  se  ferait  un  plaisir  de  fournir 
les  renseignements  demandés. 

11  est  bien  entendu  que  les  Cantacuzè- 
ne, aussi  bien  que  les  autres  familles  ap- 
partenant à  la  même  catégorie,  ne  jouis- 
sent d'aucune  prérogative  spéciale,  due  à 
leur  illustre  origine,  et  ressortant  simple- 
ment du  droit  commun.  Duc  Job. 

Dominicains  (armoiries)  (XLIX, 
6,  128,  197,  308).  -  L'ordre  a  évidem- 
ment plusieurs  écussons  différents.  A 
Florence,  celui  du  couvent  de  San  Marco, 
célèbre  par  les  peintures  de  Fra  Angelico 
et  le  séjour  de  Savonarole,  est  simplement 
chappé  blanc  et  noir  avec  une  étoile  sur 
la  partie  noire.  Gerspach. 

Blason  de  la  famille  de  Thumery 
(XLVII,  499,  634).  —  La  réponse  ou 
renseignements  complémentaires  à  celle 
qui  a  été  trouvée  si  intéressante  (livrai- 
son du  20  avril  1903,  Petite  correspon- 
dance) est  la  suivante  :  Voici  un  rensei- 
gnement qui  établit  sans  conteste,  pour- 
quoi on  voyait  figurer  les  armoiries  des 
Thumery,  sur  un  vitrail,  dans  l'église 
Saint-Jacques  de  Rheims  ;  en  effet,  «  An- 
toine Feret,  S''  de  Montlaurent,  qui  était 
controlleur  au  grenier  à  sel  de  Reims  en 
1504  et  gist  à  Saint-Symphorien.  avait 
épousé  Jeanne  de  Thumery.  11  fut  l'un  des 
dix  Remois  qui  signèrent,  en  1516,  la 
convention  du  mariage  d'Isabelle  de 
France  avec  Charles-Qumt  »  [Bibl.  Nat'*"; 
Dossiers  bleus  :  vol.  265  ;  dossier  Feret 
6837  ;  fo  3  ] 

Comme  dans  la  demande  qui  figure 
XLVIII,  col.  499-500,  il  est  spécifié  que 
les  armes  <\  originales  »  sont  reproduites 
sur  un  vitrail  de  l'église  Saint-Jacques,  et 
que,  d'après  ce  qui  est  indiqué  ci  dessus, 
M"^^  Antoine  Feret  «  gist  »  à  Saint-Sym- 
phorien, deux  hypothèses  se  présentent, 
admissibles  toutes  deux.  1"  Jeanne 
de  Thumery,  veuve  de  Antoine  Feret, 
aurait  été  enterrée  à  Saint-Jacques,  et  ses 
armoiries  figurent  dans  le  vitrail  en  ques- 
tion ;  ou  2*  l'église,  autrefois  sous  le  vo- 
cable de  saint  Symphorien  aurait  passé 
sous  celui  de  saint  Jacques.  —  A  un  éru- 
dit  rémois  d'élucider  la  question  et  de 
fixer  ce  point.  F. 


Bautru  (XLIX,  504,  643).  —  Bautru  * 
volumes  reliés  202  :  Clairambault,  io6o,p- 
151  ;  Lancelot,  volume  22,  français  ma" 
nusc.  32,462,  p.  35. 

Bautru  de  Mastrats  ou  Matras,  comte 
de  Serrant,  marquis  de  Vaubrun,  marquis 
du  Tremblay,  Nogent,  généalogie  Carrés 
d'Hozier,  70  français,  32733.  Pièces  origi- 
nales 230,  français  32,356,  p.  405  :  Nou- 
velles acquisitions  françaises.  3615  et 
58S9. 

Bautru  ou  Botru  de  la  Poterie  à  Etam- 
pe,  généal.  dans  Pièces  originales,  427. 

La  généalogie  des  Bautru  est  aussi  don- 
née dans  \3i  France  protestante  de  Haag,  et 
dans  l'ouvrage  de  Gontard  sur  les  maires 
d"Angers,tome  IV. 

Enfin  il  faut  aussi  citer  l'ouvrage  inti- 
tulé :  Les  Bautru  et  Mlle  de  Nogent,  par 
Asse.  Paris.  1897. ,8°. 

Comte  DE  BoNY  de  Lavergne. 

*  *  _  ^ 
M.   Kerviler   a   publié    une    excellente 

étude  sur  Bautru  dans  les  Mémoires  de  la 

Société  Nationale  d'agriculture,  sciences  et 

arts  de  la  Sarthe. 

M.  de    La  Bourdaisière    et    Ga- 

brielled'Estrées(XLlX,838,962;L,82). 
—  Un  correspondant  qui  signe  de  la  Fure- 
tière,  et  de  qui  nous  avons  reçu  de  pré- 
cieux renseignements  en  matière  généalo- 
gique, nous  a  indiqué  des  inexactitudes 
dans  certaines  réponses  faites. 

Nous  avons  déjà  prié  notre  correspon- 
dant de  rompre  l'incognito.  Le  secret  du 
nom  des  collaborateurs  est  rigoureusement 
gardé,  mais  nous  avons, pour  le  bon  ordre, 
le  devoir  de  le  connaître. 

Famille  de  Chsmblanc  (XLIX,  336, 

469,  587,  799  ;  L,  85).  —  11  y  a  eu   une 

famille  Guyot,  seigneurs  de  Champblanc, 

mais  je  ne  sais  si  elle  était  bourguignonne. 

Comte  DE  BoNY  de  Lavergne. 

Famille  de  Chamilly  (XLIX,  107, 
2}6,  360,  58»).  —  Voir  les  inscriptions 
tombales  dans  l'église  de  Bièvres  (Seine- 
et  Oise). 

Chenillion,  sculpteur  (L,  7).  —  Le 

musée  de  Chartres  possède  des  moines 
greffant  des  arbres,  que  .*^ainte-Beuve 
avait  fait  acheter  par  l'Etat  à  Chenillion. 
J'ai  gardé  de  ces  moines  une   photogra- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  juillet  1904 


133 


134 


phie  offerte  par  Chenillion  à  Sainte-Beuve. 
Inutile  de  rappeler  que  Chenillion  est 
l'auteur  d'un  petit  buste  de  Sainte-Beuve, 
daté  de  1868,  et  qui  est  un  document  in- 
dispensable pour  la  connaissance  de  la 
physionomie  du  grand  critique  à  la  fin 
de  sa  vie. 

Viollet-le-Duc  en  fit  faire  un  moulage 
en  bronze,  qu'il  voulut  bien  m'offrir  après 
la  mort  de  Sainte-Beuve.  Une  des  statues 
des  rois  de  France,  du  portail  de  Notre- 
Dame,  exécutée  par  Chenillion,  repré- 
sente Viollet-le-Duc,  à  la  barbe  fleurie. 

Jules  Troubat. 

Cochu  (XLIX,  388,526).  —  Je  ne  sais 
pas  ce  qu'était  ce  Cochu^  mais  je  connais 
l'ouvrage  important  dont  il  annonce 
l'apparition  à  monsieur  Le  Gras  (du 
Luart)  ;  en  voici  le  titre  exact  : 

Tradition  des  faits  qui  mayrifestent  le 
système  d'indépendance  que  les  èvêqiies  ont 
opposé,  dans  les  différents  siècles,  aux  prin- 
cipes invariables  de  la  justice  souveraine  du 
Roi  sur  tous  ses  sujets  (1753)  in-4  et  in- 
12    Csans  nom  d'auteur). 

Cet  ouvrage  est  attribué  à  l'abbé  Chau- 
velin.  Il  contient  beaucoup  d'assertions 
hasardées,  comme  le  démontre  l'auteur 
anonyme  de  «  l'Examen  d'un  libelle  qui 
a  pour  titre  :  Tradition  des  faits,  etc., 
^1754)  in- 12,  réimprimé  sous  le  titre  de 
Lettres  critiques  et  historiques  (i754)m-i2.» 

Ces  trois  ouvrages  doivent  sûrement  se 
trouver  à  la  Bibliothèque  nationale. 

F. Jacotot. 

Emilie  Contât  (XLIX,  220,361,  588, 
866,  979  ;  L,85).  —  M.  Romain  Rolland, 
a  fait  jouer  à  Louise  Contât,  un  rôle  con- 
tre lequel  Mme  Louise  Abbéma,  comme 
descendante  des  Contât, a  protestédans  le 
Gaulois,  par  cette  lettre  : 

Cher  monsieur, 

Voulez-vous,  je  vous  prie,  accorder  l'hos- 
pitalité du  Gaulois  à  ces  quelques  lignes? 

En  lisant  ce  matin  dans  les  journau.x  le 
compte  rendu  de  la  pièce  :  Le  14  juillet,  je 
vois  que  son  auteur,  M.  Romain  Rolland, 
y  présente  Louise  Contât  sous  un  jour  ab- 
solument inexact. 

Ayant  l'honneur  d'être  i'arrière-petite- 
fille  de  celle  qui  fut, de  1776  à  1808, une  des 
gloiies  de  la  Comédie-Française,  j'ai  le 
droit  et  le  devoir  de  défendre  sa  mémoire 
en  protestant  énergiquement  contre  cette 
étrange  idée  de  travestir  en   une   sorte   de 


Théroigne  de  Méricourt  la  femme  qui,  ho- 
norée de  l'amitié  de  la  reine  Marie-Antoi- 
nette, fut  toujours  une  royaliste  fervente  et 
fidèle. 

Incarcérée  pendant  la  Terreur,  elle  fut 
la  plus  menacée  de  ses  camarades  et  ne  dut 
son  salut  qu'à  La  Bussière  et  au  9  thermi- 
dor. 

Si  vous  consultez  la  Biographie  univer- 
selle de  Michaud,  publiée  en  1813,  vous  y 
trouverez,  à  la  date  même  où  M.  Rolland 
la  représente  distribuant  au  peuple  des  co- 
cardes tricolores,  l'anecdote  suivante  : 

«  Un  trait  peut  faire  connaître  à  la  fois 
son  esprit  et  la  noblesse  de  ses  sentiments. 

»La  reine  ayant  désiré, en  1789, aller  à  la 
Comédie-Française  et  y  voir  représenter  la 
Gouvernante,  fît  savoir  à  Mlle  Cont:it 
qu'elle  souhaitait  la  voir  dans  ce  rôle,  qui 
n'était  pas  de  son  emploi.  11  fallait  des 
efforts  surnaturelspour  apprendre  en  vingt- 
quatre  heures  plus  de  cinq  cents  vers. 

>Mlle  Contât  tit  ce  qu'on  aurait  pu  croire 
impossible  et,  satisfaite  d'elle-même,  écri- 
vit à  la  personne  qui  lui  avait  fait  part  du 
désir  de  la  reine  : 

«  J'ignorais  où  était  le  siège  de  la  mé- 
moire, je  sais  à  présent  qu  il  est  au  cœur. 
>  Cette  lettre, qui  fut  publiée  par  ordre  de 
la  reine,  faillit  bientôt  après,  coûter  la  vie 
à  son  auteur  et  devint,  pendant  les  orages 
de  la  Révolution,  le  motif  de  son  arresta- 
tion. 

»  Louise  Contât,  devenue  marquise  de 
Parny,  détruisit,  peu  de  temps  avant  sa 
mort,  un  recueil  assez  considérable  d'ou- 
vrages en  vers  et  en  prose,  qu'elle  anéan- 
tissait parce  qu'ils  contenaient  quelques 
traits  de  satire  personnelle». 

Je  ne  connais  d'elle  que  ces  vers,  écrits 
après  la  mort  de  la  Reine,  et  qui  n'indi- 
quent guère  une  âme  révolutionnaire  : 

Ainsi  finit  la  Royauté, 
La  beauté,  la  grâce  enfantine. 
Le  niveau  de  l'Egalité, 
C'est  le  fer  de  la  guillotine. 

Pardonnez-moi  cette  longue  lettre;  mais 
je  tenais  absolument  à  ce  que  l'on  sache 
bien  qu'au  sombre  temps  de  la  Terreur, 
mon  arrière-grand-mère  était  du  côté  des 
victimes  et  non  du  côté  des  bourreaux. 

Veuillez  agréer,  cher  monsieur,  mes 
meilleurs  sentiments.  Louise  Abbéma. 

Descendants  de  Pierre  Corneille 
(XLIX,  949).  —  Notre  confrère  H.  L.  au- 
rait grand  profit  à  consulter  sur  Pierre 
Corneille  et  ses  descendants,  l'étude  de  M. 
Arthur  Heulhard  (Rouam  édit.  1884). 

Il  y  eut  deux  demoiselles  Corneille  dont 
on  parle. 


N*   1047. 


L'INTERMEDIAIRE 


135 


L'une,  Marie-Françoise,  fille  de  Jean- 
François  Corneille,  artisan  à  Evreux,  ne- 
veu du  grand  Corneille  à  la  mode  de  Bre- 
tagne. 

Ce  fut  pour  le  père  de  cette  jeune  fille 
que  la  Comédie-Française  donna  une  re- 
présentation à  bénéfice. 

Appelée  chez  Voltaire,  où  elle  jouait  la 
comédie,  elle  se  maria, le  12  février  1763, 
au  sieur  Dupuits  de  la  Chaux,  jeune  cor- 
nette de  dragons. 

Un  petit-fils  de  Corneille,  petit-fils  illé- 
gitime, commerçant  en  bois,  à  Nevers, 
avait  laissé,  dans  la  misère  un  fils  et  une 
fille,  à  laquelle  s'intéressa  Malesherbes. 
La  fille  s'appelait  Jeanne-Marie.  Elle  fut 
pensionnée  par  Louis  XVI,  par  la  Comédie 
Française,  par  Louis  XVIII.  Elle  figura 
dans  une  représentation  à  son  bénéfice  en 
1816,  elle  y  fut  détestable. 

Marty  Laveaii,  dans  son  édition  de  Cor- 
neille, a  établi  Lt  généalogie  des  descen- 
dants du  poète.  D''  L. 

Famille  de  la  Fontaine  de  Saint- 
Clément  (XLVII,  446),  -  Ayant  au- 
jourd'hui tous  les  renseignements  néces- 
saires pour  la  famille  de  la  Fontaine  de 
Saint-Clément,  résidant  à  Paliseul  dans  le 
Luxembourg  belge,  je  prie  le  confrère 
«  Qui  ne  fut  pas  cul  de  singe  »  d'agréer 
mes  remerciements  pour  la  peine  qu'il 
s'est  donnée  en  m'envoyant  des  docu- 
ments vrais  et  des  indications  précieuses. 
Cela  a  permis  à  M.  La  Fontaine  de  faire 
rectifier  son  nom  tout  en  facilitant  son 
incorporation  dans  la  Noblesse  de  Belgi- 
que. 

Le  comte  P.  A.  duChastel, 

Familles  de  Guyenne,  Gascogne 
et  Languedoc  :  armoiries  (XLIX, 
504,  645  ;  L,  26).  —  La  famille  de  Scor- 
biac  dont  parle  M.  A.  S.,  e.  habite  en 
effet  Montauban,  mais  elle  est  originaire 
de  la  Saintonge  où  se  trouvait  la  seigneu- 
rie de  Scorbiac.  Jamais  elle  n'a  porté  le 
nom  de  «  Delbreil  »  qui  est  le  nom  d'une 
famille  entièrement  différente. 

Le  V"  de  Bonald 


Ma  remarque  au  sujet  de  Sro^biac  peut, 
sans  doute,  s'appliquer  à  Foui,  qui  à  mon 
avis  devrait  être  écrit  Pour.  Une  famille 
de  Pouy,  apparentée  aux  Dubourg  par  les 


T36 


Montratier  de  Parazols, existe, en  effet  dans 
la  Gascogne  toulousaine.  A.  S.,  e. 

Claudine  Ivlignot  la  Dauphinoise 

(XLIX,  615,  741,  847,  980  ;L.  81).- Le 
P.  Menestrier  donne,  à  la  maréchale  de 
l'Hôpital  qu'il  prénomme  Françoise,  les 
armes  suivantes  : 

lyor,  au  chevron  d'azur,  à  trois  doubles 
chaînons  entrelassés  en  sautoir,  au  chef  de 
gueules,  à  une  table  de  diamant  en  triangle, 
en  pointe,  d'argent,  ■  T. 

Pierre  de  Rigaud  (XLIX,  278,  417). 
—  Pierre  de  Rigaud,  marquis  de  Vau- 
dreuil,  mort  en  1778,  à  Québec,  où  il  fut 
le  dernier  gouverneur  général  de  la  Nou- 
velle France,  après  l'avoir  été  à  la  Loui- 
siane, était  l'un  des  huit  fils  (dont  six  seu- 
lement vécurent),  et  des  trois  filles  issus 
du  mariage  célébré  à  Québec  le  21  no- 
vembre 1690,  de  M^e  Louis-Philippe  Ri- 
gaud, chevalier,  seigneur  et  baron  de 
Vaudreùil,  devenu  successivement  capi- 
taine des  vaisseaux  du  Roy,  gouverneur 
et  lieutenant  général  pour  S.  M.  au  Ca- 
nada, Gouverneur  de  Montréal  et  de 
Revel  en  Lauraguais,  Grand'Croix  de  l'O. 
R.  et  W^  de  Saint-Louis,  avecD"'  Louise- 
Elisabeth  dejoybert  11  était  fils  de  Louis 
de  Rigaud,  chevalier,  baron  de  Vaudreùil, 
cornette-commandant  l'arrière-ban  de  la 
sénéchaussée  en  Lauraguais,  et  de  D"' 
Marie  de  Chasteau-Verdun.  Il  mourut  à 
Québec,  au  château  de  Saint-Louis,  le  10, 
et  fut  inhumé  le  13  octobre  181  5,  «  âgé 
de  82  ans  »,  ce  qui  le  ferait  naître  vers 
1643.  Il  avait  été  fait  marquis  de  Vau- 
dreùil en..,  à  raison  de  ses  éminents  ser- 
vices. Sa  femme  était  revenue  en  France, 
où  en  1712,  elle  fut  nommée,  grâce  à 
l'influence  de  Mme  de  Saint-Simon, 
(femme  de  l'auteur  des  célèbres  mémoi- 
ras),  sous-gouvernante  des  enfants  du 
duc  de  Berry. 

Voilà  d'ailleurs  ce  qu'en  dit  Saint- 
Simon  dans  ses  Mémoires  : 

En  1712,  M""  de  Pompadour  fut  déclarée 
gouvernante  des  enfants  du  Duc  de  Berry,  et 
M""^  de  Saint-Simon  (femme  de  l'auteur  des 
célèbres  Mémoires),  fit  donner  la  place  de 
sous-gouvernante  à  M°"  de  Vaudreùil  qui  était 
une  femme  d'un  vrai  mérite.  Cela  était  fort 
au-dessous  d'elle.  Son  mari  était  de  bon  lien, 
et  gouverneur  général  du  Canada  ;  mais  elle 
avait  peu  de  bien,  beaucoup  d'enfants  à  pla- 
cer, puis  à  pousser,  qui  se  sont  depuis  avan- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1904. 


«37 


138 


ces  par  leur  mérite,  et  avec  beaucoup  d'affai- 
res qui  l'avaient  fait  revenir  à  Québec. 

[Mém.  du  duc  de  SainUSimon  ;  Edition 
Chéruel  ;  t.  IX,  p.  317]. 

Et  plus  loin  {Ibidem  :  t.  X  ;  p.  190)  on 
lit  : 

M°°  la  Duchesse  de  Berry  se  blessa  dans  sa 
chambre,  le  samedi  16  juin  (17141,  d'une 
fille  qui  ne  vécut  que  12  heures.  Le  Roi  qui 
était  à  Rambouillet,  nomma  M"*  de  Saint- 
Simon,  comme  duchesse,  pour  mener  le  petit 
corps  à  Saint-Denis,  et  le  cœur  au  retour  au 
Val  de  Grâce.  Deux  heures  après,  il  dit  qu'il 
l'avait  nommée  parce  qu'elle  lui  était  venue  la 
première  dans  l'esprit  comme  étant  à  Versailles, 
et  M°"î  de  Pompadour  de  même  pour  femme 
de  qualité,  mais  que  s'il  eût  pensé  que  l'une 
était  dame  d'honneur,  l'autre  gouvernante, 
laquelle  par  son  emploi  y  devait  toujours  aller, 
il  aurait  nommé  une  autre  duchesse  et  une  au- 
tre dame.  Mais  la  chose  était  faite,  et  de  Ram- 
bouillet, et  M"""  de  Saint-Simonen  eutla  corvée. 
L'evêquede  Séez, premier  aumônier  de  feu  M.  le 
Duc  de  Berry,  était  avec  elle,  et  à  droite  au 
fond  du  carrosse,  portant  le  cœur,  M™«  de 
Pompadour  et  M°"  de  Vaudreùil  gouvernante 
et  sous-gouvernante  au-devant  ;  le  curé  à  la 
portière,  et  à  l'autre  portière  le  petit  corps  : 
des  gardes,  des  pages,  des  carrosses  de  suite; 
ils  en  eurent  pour  quatorze  ou  quinze  heu- 
res. 

M,  de  Vaudreùil  était  brigadier  des  ar- 
mées du  Roy  en  1745,  après  avoir  été 
nommé  à  ces  fonctions  en  i"] j\^\_Almanach 
Royal,  pour  1745;  p.  93].    Furetières. 

Madame  de  Roussy  (XLIX,  666, 
805).  —  M.  Arm.  D.  me  demande  par 
lettre  l'indication  bibliographique  du  livre 
que  j'ai  cité.  Je  suis  heureux  de  la  lui 
donner  en  le  remerciant  des  intéressan- 
tes communications  qu'il  a  bien  voulu 
m'envoyer  : 

Rapports  inédits  du  Lieutenant  de  Police 
René  d' Avgenson,  publiés  avec  introduc- 
tion, notes  et  index  par  Paul  Cottin.  — 
Paris,  Pion,  1891.  S. 

La  famille  Saugraia.  les  impri- 
meurs et  libr;  ires  de  ce  nom  (XLIX, 
222,305.418,  873.984).  —  La  famille  Sau- 
grain  était  originaire  de  Normandie.  Jean 
Saugrain,  premier  imprimeur  de  ce  nom, 
naquit  en  1518.  à  Ferrières-Haut-Clocher 
prés  Evreux,  commune  qui  fait  partie  ac- 
tuellement du  département  de  l'Eure.  Jean 
Saugrain,  après  avoir  voyagé  en  Espagne, 
en  Italie  et  en  Allemagne,  s'établit  comme 


imprimeur  à  Lyon,  où  il  reçut  le  titre  de 
premier  imprimeur  du  roi.  —  Henri  IV, 
alors  roi  de  Navarre,  le  fit  ensuite  venir  à 
Pau,  comme  libraire  et  imprimeur  de 
l'académie  de  Pau.  Après  sa  mort,  son  fils 
vint  s'établir  à  Paris,  où  la  plupart  de  ses 
descendant  furent  imprimeurs  et  libraires. 

Lesmembres  de  cette  famille  qui  exis- 
tent encore,  sont  M''  Saugrain, avocat  à  la 
cour  d'appel  de  Paris, et  les  descendants  du 
docteur  Antoine  Saugrain  qui  s'établit  à  la 
Louisiane,  à  la  fin  du  xviue  siècle. 

Les  Saugrain  s'allièrent  à  plusieurs  fa- 
milles de  libraires  et  d'imprimeurs,  no- 
tamment aux  familles  Emery,  Knapen, 
Prault,  Holtz,  Prudhomme,  Guyllin,  de 
BureetDidot.  Imprima. 


Roussel  deTilly(XLIX,840,983).— 

Le  Nobiliaire  d'Auvergne  de  Bouillet  ne 
cite  point  cette  famille.  L'on  trouve  à  ce 
nom  : 

N.  Roussel  de  Tilly  et  du  Bost..  anobli 
le  3  avril  1700  {Revue  historique,  nobi- 
liaire et  biographique,  V,  283). 

N.  Roussel  de  Tilly,  gouverneur  de 
Mauléon,  père  de 

1)  N.  Roussel,  marquis  de  Tilly,  conseiller 
d'Etat,  maréchal  de  camp,  commandeur  de 
l'ordre  de  Saint  Louis,  ministre  plénipoten- 
tiaire auprès  de  l'Electeur  Palatin  et  de  l'évê- 
que  d'Orange. 

2)  N.  Roussel,  dit  le  chevalier  de  Tilly, 
capitaine  de  carabiniers,  chevalier  de  l'ordre 
de  Saint-Louis,  tué  le  11  mai  1745  à  la  ba- 
taille de  Fontenoy. 

3)  Elisabeth  Roussel  de  Tilly  épousa,  en 
1723,  Nicolas-Louis  de  Biotièie,  seigneur  de 
Chassincourt.  La  Chesnaye  des  Bois,  Dict,  de 
la  Noblesse,  Biotiere. 

Charles  Roussel  de  Tilly  (le  marquis  de 
Tilly  qui  précède  ?)  brigadier  envoyé  au- 
près de' l'Electeur  palatin,  chambellan  du 
duc  dOrléans,  chevalier  de  l'ordre  de 
Saint-Louis,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint- 
Lazare  et  du  Mont-Carmel  (25  février 
172 1), portait  pour  armes  :  écartelé aux  i  et 
4  d'a:(iir,  au  sautoir  d'or,  accompagné  en 
chef  d'une  étoile  d'argent,  et,  en  pointe, 
d'une  rose  du  même  ;  au  2  d'argent,  à  la 
bande  de  gueules,  chargée  de  )  croisettes 
d'argent  ;  au  ^  de  sable,  à  )  épées  d'argent 
en  pal,  garnies  d'or,  la  pointe  en  /;ûm/ (Cata- 
logue et  armoiries  des  chevaliers  de  l'or- 
dre de  Saint-Lazare.  Bulletin  héraldique, 
.897). 


N.   1047. 


L'INTr-RMÉDIAlRE 


139 


140 


La  famille  de   Tilly  en  Normandie  est 

d'ancienne  chevalerie,  et  sa  généalogie  est 

rapportée  par  plusieurs   nobiliaires  :   ses 

armes  sont  :  d'or^  à  la  fîeur  de  lis  de  gueules. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Famille  de  Willingliof  de  Chel- 
les  de  Chellemberg  (L,  10).  —  Il 
serait  impossible  de  trouver  les  armoiries 
de  cette  famille  sous  la  forme  fantaisiste 
que  M.  A.  de  B.  a  donnée  à  son  nom,  car 
elle  s'appelle  réellement  ;  Vcti  Vitlin- 
ghoff,  dit  Schell  ^w  ScJiellenherg.  Elle 
reçut  reconnaissance  du  titre  de  baron  le 
24  juin  18 18  et  le  31  août  1844.  Ses 
armoiries  sont  :  d'argent,  à  la  bande  de 
sable,  chargée  de  trois  boules  d'or.  Cimier  : 
un  chapeau  de  tournoi  de  sable,  retroussé 
de  gueules,  supportant  un  renard  passant 
au  naturel,  tenant  en  sa  bouche  une  boule 
d'or.  Lambrequins  :  d'argent  et  de  sable. 
Supports  :  deux  lions  d'argent,  armés  et 
lampassés  de  gueules. 

Le  comte  P.  A.  du  Chastel. 

« 

Cette  famille  qui  n'est  pas  originaire  de 
la  Bavière,  mais  bien  de  la  Westphalie, 
s'écrit  VietinghofF  ou  VittinghofF  Scheel 
de  Schellenberg.  Consulter,  pour  les 
armes  et  la  généalogie,  le  Gotha  des  fa- 
milles baronales,  années  1853,  page  508 
et  1896  page  1052.  A.  de  Doerr. 

Armoiries  à  déterminer  :  trois 
croissants  (XLIX,  563).  —  Plusieurs 
familles  portent  ces  armoiries.  Je  citerai 
celle  des  Essars,  marquis  de  Lignières,qui 
portait  :  de  gueules,  à  trois  croissants  d'or, 
Vécu  timbré  de  la  couronne  de  marquis  et 
supporté  par  deux  aigles.  Jehan. 

Une  lettre  de  Rousseau(T.G.,79o). 
—  Cette  lettre  est  intitulée  :  Lettre 
de  J.-J.  Rousseau,  de  Genève,  qui  contient 
sa  renonciation  à  la  Société  civile,  et  ses 
derniers  adieux  aux  hommes  ;  adressée  au 
seul  ami  qui  lui  reste  dans  le  monde. 

C'est  au  milieu  de  cette  lettre  que  se  trouve 
le  passage  auquel  Rousseau  (Confessions, 
livre  VllI)  a  fait  allusion  :  «  Je  n'ai  pu 
m'empêclier,  monsieur,  de  vous  avouer 
mon  étonnement  sur  ce  passage  de  votre 
lettre,  où  vous  me  parlez  d'exil  et  de 
bannissement  ;  je  vous  dirai  même  qu'il 
m'est  échappé  d'en  rire,  quoique  cela  ne 
me  soit  arrivé  que  deux  fois  en  ma  vie  : 


la  première,  à  la  vue  du  rôle  de  Crispin, 
dans  la  comédie  des  Nouveaux  Philosophes; 
et  la  seconde,  ad  hoc. 

Les  Supercheries  littéraires  dévoilées,  de 
Qiiérard  (seconde  édition,  III,  459)  attri- 
buent cette  prétendue  Lettre  de  J.-J.  Rous- 
seau à  Pierre-Firmin  La  Croix,  de  Tou- 
louse, et  lui  donnent  la  date  de  1755, 
qui  est  certainement  fausse,  puisqu'on 
vient  de  voir  une  allusion  à  la  comédie 
des  Philosophes,  de  Palissot,  qui  fut  repré- 
sentée au  printemps  de  1760.  La  France 
littéraire,  de  Qiiérard,  datait  cette  lettre  de 
1763,  date  également  fausse,  puisque 
Marc-Michel  Rey  l'a  insérée  dans  une  édi- 
tion du  Contrat  social,  de  1762  :  Edition 
sans  cartons,  dit  le  titre,  à  laquelle  on  a 
ajouté  une  Lettre  de  l'auteur  au  seul  ami 
qui  lui  reste  dans  le  inonde.  Cette  lettre 
occupe  les  pages  361  à  376.  Rr. 

Msrie  ou  Marion  (L,  59).  —  11  est 
très  vrai  que  Alusset  avait  le  droit  de 
dire  : 

Mon   verre    n'est  pas   grand,  mais  je   bois 

[dans  mon  verre 

Mais  nous, nous  avons  le  droit  de  cons- 
tater qu'il  buvait  aussi  (comme  il  savait 
boire)  dans  le  verre  des  autres  ;  et  la  vé- 
rité est  que,  comme  plagiaire,  c'est-à- 
dire  comme  auteur  pillant  autrui  sans  le 
dire,  Musset  n'a  rien  à  envier  aux  plus 
éhontés,  Molière,  Lamartine,  etc.,  etc. 
Tout  le  monde  sait  que  Lorreniaccio  a 
été  pris  à  Varchi  ;  La  quenouille  de  Bar- 
herine,  à  Bandello  ;  On  ne  saurait  penser  à 
tout,  à  Carmontelle  ;  maint  passage  de 
On  ne  badine  pas  avec  l'amour,  aux  let- 
tres de  George  Sand  (il  ne  faut  rien  lais- 
ser perdre)  ;  le  Saule,  à  Ducis  ;  etc.,  etc. 
Il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'être  surpris  que 
Musset  ait  plagié  Hugo,  qui,  lui-même, 
du  reste,  pratiquait  le  plagiat,  comme 
nombre  d'autres. 

D""  A.  T.  Vercoutre. 
* 

♦     ¥ 

La  remarque  avait  été  faite  à  Alfred  de 
Musset  lui-même  après  qu'il  eut  donné  à 
la  Revue  des  Deux-Mondes,  son  poème  de 
Rolla,  les  premiers  vers  du  poète  que  la 
Revue  ait  publiés.  Ils  parurent  dans  la 
livraison  du  15  août  1833.  A  la  fin  de  la 
livraison  se  trouve  cette  note  : 

Page  381,  vers  6  : 
Son  nom  était  Marie,  et    non  pas  Marion. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1904, 


141 


142 


Au  moment  de  la  publication  de  ces 
feuilles,  un  ami  me  fait  apercevoir  que  ce 
vers  appartient  à  peu  de  choses  près  à  un 
drame  représenté  à  l'Odéon  et  à  la  Porte 
Saint-^Iartiu.  Le  lecteur  me  pardonnera 
une  erreur  de  mémoire,  qui  sera  rempla- 
cée (?)  dans  le  recueil  dont  le  poème  de 
Relia  fait  partie. 

Alfred  de  Musset. 

On  est  un  peu  surpris  aujourdhui  du  ton 
légèrement  dédaigneuxavec  lequel  Musset 
parle  du  drame  de  Victor  Hugo.  Du  reste, 
il  eut  encore  une  «.  erreur  de  mémoire  » 
et  ne  changea  rien  à  son  poème. Non  plus 
que  malgré  Tobservalion  de  Sainte-Beuve 
il  ne  donna  une  rime  au  versde  RoJIa  qui 
n'en  a  pas  (12'  vers  de  la  seconde  partie). 

Au  point  de  vue  bibliophilie^W  faut  rete- 
nir que  les  collectionneurs  d'éditions  ori- 
ginales de  Musset  qui  ont  la  Revue  des 
Deux- Mondes  à\i  15  août  1833  doivent, 
s'ils  séparent  le  poème  de  RoUa  du  recto 
de  la  livraison,  ne  pas  manquer  de  le 
compléter  de  la  note  que  nous  avons  re- 
produite. H.  M. 


»  * 


Ainsi  que  je  l'ai  signalé  page  214  de 
mes  Lundis  d'un  chercheur,  Musset  a  pu- 
blié dans  le  n°  même  de  la  Revue  des 
Deux  Mondes  qui  contenait  Roîla,  une 
lettre  au  sujet  du  vers  en  question.  J'ai 
d'ailleurs  cité  cette  lettre  dans  mon  livre. 
Musset  ne  tint  aucun  compte  ensuite  de 
son  contenu.      Spoelberch  Lovenjoul. 

Revue  rétrospective  (XLIX, 900  ;L, 
35).  —  Le  collabo  Wiggdit  qu'il  possède 
deux  exemplaires  de  cette  Revue,  dont 
aucun  n'a  le  n*^  27.  Il  ajoute  que  ce  no  27 
est  paginé  447-448  ;  c'est, sans  doute,  une 
erreur  d'impression,  car  ce  n°  occupe  les 
pages  417  à  432  ;  il  contient  la  liste  des 
fonds  secrets  distribués  du  22  février  1836 
au  18  mars  1837. 

Voici  la  collation  de  cet  ouvrage  très 
intéressant,  publié  par  Taschereau. 

Revue  Rétrospective  ou  Archives  secrè- 
tes dii  dernier  gouvernement.  1830- 1848, 
1  feuillet  ;  table  des  matières,  autre  feuil- 
let. 

Le  le'' numéro  porte  au  recto  :  «  Revue 
Rétrospective  ou  Archives  secrètes  du 
dernier  gouvernement.  Recueil  non  pério- 
dique, n"  I.  On  ne  reçoit  pas  d'abonne- 
ments, chaque  numéro  se  vend  séparé- 
ment. Prix  50  centimes.  Paris,  Paulin, 
éditeur,  rue  Richelieu,  60.  Mars  1848.    » 


Les  autres  numéros  ne  sont  pas  datés. 

Le  tout  forme  un  vol,  in-40  de  523  p. 
non  compris  le  titre  général  et  la  table, 
mais  y  compris  les  n"^  32  et  33,  quoique 
les  matières  de  ces  deux  n"'  ne  figurent 
pas  à  cette  table. 

Dans  l'exemplaire  que  j"ai  sous  les  yeux, 
les  n°'  2,  3,  5,  1 1,  16,  32,  33  sont  impri- 
m.és  par  Claye  ;  les  autres,  ainsi  que  la 
couverture,  par  Lacrampe.  Au  dos  de  la 
couverture,  on  lit  :  Prix  15.  50 

J,  BrIvois. 


*  * 


Le  numéro  27  (p.  417-432  et  non  447 
comme  une  coquille  l'a  fait  dire),  est  en 
effet  le  plus  rare  de  tous, ayant  été  recher- 
ché et  détruit  par  un  des  personnages  ci- 
tés. 

11  est  presque  entièrement  consacré  à 
la  publication  des  fonds  secrets  du  minis- 
tère de  T intérieur  (presse  officielle,  etc.). 
et  se  termine  par  trois  curieuses  lettres 
sur  les  Affaires  du  Maroc  (juillet  et  août 
1844).  J'en  détache  cette  phrase  qui  est 
toute  d'actualité  : 

Le  gouvernement  de  Sa  Majesté  [Britanni- 
que] n'entend  appuyer  en  aucune  façon  le 
gouvernement  marocain  dans  son  opposition 
aux  demandes  justes  et  modérées  de  la  France, 
si  malheureusement  une  pareille  opposition 
avait  lieu. 

[Signé]  :  Aberdeen. 

P.  ce.  s. 

* 

Ce  recueil  a  été  arrêté  d'abord  à  la  page 
496^  et  terminé  sur  une  post-face.  «  Nous 
arrêtons  ici  ce  recueil,  »...  etc.  Puis,  au 
bas  le  mot  Fin. 

Mais  il  fut  tiré  ensuite  deux  autres  n°*, 
32  et  ^^.^  qui  portèrent  à  523  les  pages 
de  ce  recueil.  En  sorte  qu'il  est  à  la  fois 
complet  avec  31  numéros  seulement, mais 
qu'il  est  bien  plus  complet  avec  les  n°' 
supplémentaires. 

C'est  parce  que  les  n"'  32  et  33  furent 
rajoutés,  l'ouvrage  une  fois  fini,  qu'ils  ne 
figurent  pas  à  la  table  des  matières. 

Ouvrages   sérieux  mis   en  vers 

(T.  G.  665  ;  XXXV  à  XL  ;  XLll  ;  XLIV  à 
XLIX,  129,429,  537,770;  L,  100).  — 
Voici  quelques  ouvrages  qui  ne  figurent 
pas, que  je  sache, sans  cependant  l'affirmer, 
dans  les  nombreuses  listes  publiées  jus- 
qu'à ce  jour  : 

Hygie  militaire,  ou  l'art  de  guérir  aux 


N*    104^; 


L'INTERMÉDIAIRE 


'43 


144 


armées,  poème  en  quatre  chants,  par  Louis 
Brad.  Gi'enoble  et  Paris,  181  t,  \n-9>. Abrégé 
chronologiqni'  de  l'histoire  de  France  en  vers 
techniques  à  l'usage  des  élèves  de  la  pension 
de  M.  Bertrand^  Faubourg  Saint-Honoré, 
par  Portier.  Paris,  Moutard,  1770,  in-8. 
Histoire  de  France  en  vers  lyriques ^accoiU" 
pagnée  de  la  biographie  des  rois  et  des 
grands  personnages  qui  y  figurent  avec  le 
plus  d'éclat,  par  C.V.  P.  Paris,  1854, in-8. 
Précis  chronologique  de  l'histoire  des 
papes ^  en  vers  techniques  par  G.  Herpin. 
Paris,  Jouaust,  i858,  in-8.  Précis  de 
l'histoire  de  France^  en  vers  techniques  avec 
des  dates  intercalées  dans  le  texte,  par  le 
même.  Paris,  1869,  \x\-9,. Précis  de  l'histoi- 
re de  Suède  en  vers  techniques, p&r  le  même. 
Paris,  Nilson,  1876,  in-12.  Précis  de  l'his- 
toire du  Portugal,  aide-mémoire  en  vers 
techniques^  par  le  même.  Paris,Bastier,s. 
d.,  in-8.  Paul  Pinson. 

Dictionnaire  des  termes  politi- 
ques (L,  u).  —  En  1890,  uniquement 
pour  être  agréable  au  courtier,  je  sous- 
crivis au  «  Dictionnaire  politique.  tncyc\o- 
pédie  raisonnée,  etc,  etc..  ouvrage  indis- 
pensable à  tout  Français  soucieux  d'exer- 
cer ses  droits...  »,  par  Aubert-Dolfus. 
Paris  (5.  d.)  rue  Saint-jacques,  40.  Pa- 
raissant le  15  de  chaque  mois,  par  fasci- 
cules à  I  fr. 

Je  payai  12  fr.  et  ne  reçus  que  9  livrai- 
sons au  lieu  des  12  qui  m'étaient  dues... 
l'avais   parcouru  quelques   articles,  je  ne 

réclamai  pas.  A.  S..E. 

* 

Comme  on  va  le  voir,  ce  petit  volume  ne 
date  pas  tout  à  fait  d'hier  !  En  voici  d'ail- 
leurs le  titre  exact  :  Petit  Dictionnaire 
du  langage  politique.^  diplomatique  et  pari e- 
ftientaire,  pour  faciliter  la  lecture  et  r  intel- 
ligence detom  les  journaux ,  par  M.N.-E.-D. 
Vaumène.  Epigraphe  :  «  11  y  a  bien  peu 
de  personnes  qui  soient  en  état  d'entendre 
une  gazette.  »  Du  Marsais.  —  Paris, 
Abel  Ledoux,Johanneau  et  Biaise  éditeurs, 
i83i,un  vol. petit  in-12  de  viii-419  pages. 
—  A  la  suite  de  ce  petit  Dictionnaire, 
l'éditeur  a  ajouté  un  Vocabulaire  explicatif 
de  quelques  mots  latins  qui  peuvent  se  ren- 
contrer dans  les  lectures  ;  un  Sommaire 
historique  des  Dynasties  françaises  (de  Pha- 
ramond  à  Louis  XVI).  et  un  Vocabulaire 
géographique  (ce  dernier,  imprimé  en  très 
petit  texte).  Ulric  R.-D. 


Lou  Lavament(L,  11  ).  —  Je  ne  puis 

donner  la  bibliographie  de  M.  Poutringo, 
apothicaire,  mais  je  puis  apporter  un 
éclaircissement  sur  cet  élégant  pseudo- 
nyme, 

Potringue,  en  lyonnais,  signifie  valétu- 
dinaire, personne  toujours  en  remède, 
qui  passe  sa  vie  vêtue  d'une  robe  de  cham- 
bre, entre  un  pot  de  tisane  et  l'instrument 
cher  à  Molière. 

D'aucuns  prétendent  même  que  potrin- 
gue est  un  mot  fait  de  deux  syllabes  em- 
pruntées à  chacun  des  ustensiles  pré- 
cités. 

Pour  Puitspelu,  l'immortel  auteur  du 
Littré  de  la  Grand'Côte^  Potringue  vien- 
drait de /)«//^;;2,  bouillie,  devenue  ^ow/r^, 
selon  certaines  transformations  habituel- 
les ;  de  bouillie,  l'acception  a  passé  à  re- 
mède, en  général  ;  puis  un  suffixe  ingue  y  a 
été  ajouté,  par  analogie,  sans  doute  avec 
ringue,  maladif  ;  ringa,  diarrhée  (dauphi- 
nois). 

En  matière  d'étymologie,  depuis  qu'il 
est  démontré  que  Babet  vient  de  Clovis, 
il  ne  faut  plus  douter  de  rien. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Poutringo  et  Potrin- 
gue sont  cousins  germains,  sinon  frères  — 
et,  autant  qu'il  se  peut,  entre  Lyonnais 
et  Marseillais.  A.  S. 


* 


En  patois  languedocien,  j'ai  entendu 
souvent  appeler  poutinguo  une  drogue 
quelconque  provenant  d'une  otficine  phar- 
maceutique. Se  poutingua  équivaut  à  se 
droguer.  D'après  cela,  moussu  Poutringuo 
signifierait  «  monsieur  qui  drogue  ».  Ce 
n'est  donc  pas  un  nom  propre. 

A.  S..  E. 


* 
*  * 


Je  ne  sais  rien  sur  cet  ouvrage,  ni  sur 
son  auteur  «  Moussu  Poutringo  ».  Mais  ce 
nom  me  semble  un  pseudonyme,  tiré  des 
fonctions  de  l'apothicaire  ou  pharmacien. 

Dans  le  parler  genevois,  potringuer 
signifie  médicamenter,  droguer.  On  dit 
surtout  se  potringuer.  Il  se  pourrait  que  le 
parler  marseillais  eût  un  mot  analogue. 
Etant  à  la  campagne,  je  n'ai  pas  sous  la 
main  mes  glossaires  genevois,  qui  me  don- 
neraient sans  doute  une  information  sur 
ce  sujet.  D''  Cordes, 

Chanson  de  Nadaud  :  «  Les  deux 
gendarmes  »  (XLIX,  996  ;  L,  90).  — 
M.  Léon  Mêflîn  dans  la  Revue  siëpbanoise, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


-      145 


146 


30  Juillet  1904. 


a  cherché  à  détruire  l'anecdote  qui  montre 
Nadaud  invité  par  l'Empereur  à  chanter 
les  Deux  gendarmes,  avec  un  prétendu  cou- 
plet agressif,  et  recevant  pour  sa  récom- 
pense la  croix. 

Le  26  novembre  1886,  Gustave  Nadaud 
contribuait  lui-même  à  ruiner  cette  légende 
par  la  lettre  suivante  qui  fut  adressée  à 
M.  Merlin  : 

Je  n'ai  jamais  été  bonapartiste.  Les  légendes 
qui  me  leprésentent  comme  l'hôte  de  l'Em- 
pereur sont  absolument  fausses,  on  ne  m'a 
jamais  vu  aux  Tuileries,  ni  à  Compiègne,  ni  à 
Fontainebleau,  je  n'y  ai  jamais  été  invité. 

On  trouverait  dans  mes  papiers  bon  nombre 
de  vers  contre  l'Empire  et  l'Empereur, que  j'au- 
rais trouvé  de  mauvais  goût  de  publier  après 
leur  chute. 

Gustave  Nadaud  ne  faisait  pas  de  poli- 
tique, mais  était  de  cœur  orléaniste. 

Dans  cette  lettre,  il  ne  dit  point  n'être 
pas  allé  chez  la  princesse  x'Vlathilde  :  ce 
serait  là  que, d'après  l'anecdote  publiée  ici, 
il  aurait  vu  l'Empereur.  Car  il  n'aurait 
pu  le  voir  que  là,  puisqu'il  n'alla  ni  aux 
Tuileries,  ni  à  Compiègne,  ni  à  Fontaine- 
bleau ;  mais  l'Empereur  allait-il  chez  sa 
cousine  i  S'il  n'y  allait  point,  voilà  une 
anecdote  dont  il  ne  reste  rien,  absolument 

rien. 

* 

»  * 
M.    Eugène    Baillet,   le  chansonnier  si 

connu, qui  peut  passer  pour  l'archiviste  de 
la  chanson,  grand  ami  de  Nadaud,  sur  la 
question  posée  nous  donne  cette  intéres- 
sante réponse  : 

<s  Je  ne  crois  pas  à  l'authenticité  de 
l'anecdote  :  elle  n'est  pas  dans  le  carac- 
tère de  Nadaud  ;  elle  n'est  pas  dans  la  na- 
ture de  ses  relations. 

«  Comme  nous  parlions  devant  Nadaud 
de  cette  histoire  et  de  quelques  autres  de 
même  tendance,  je  l'ai  entendu  nous  ré- 
pondre—  et  ceci  me  paraît  péremptoire  :  — 
«  On  m'ennuie  avec  toutes  ces  légendes 
stupides.  L'Empereur  !  je  ne  lui  ai  jamais 
parlé».  Eugène  Baillet. 

Biographies  épiscopales  moder- 
nes (XLIX,  506,  705,  928).  —  Histoire  de 
monseigneur  Olivier,  évêque  d'Evreux,  par 
Adolphe  de  Bouclon.  Evreux,  Damame, 
1852,  m-\ 2. Vie  de  Son  Eminence  monsei- 
gneur le  cardinal  Mathieu,  archevêque  de 
Besançon,  par  Mgr  Besson,  Paris,  Bray, 
2    vol.  1882,  in-i2.  P.  SoNPiN. 


Le  serpent  da  raor  du  Constitu- 
tionnel (T.  G.  834  ;  XLVIl,  :  L  43}. 
—  Voir  au  sujet  de  cette  question  i 
Ahnanach  Hachette,  année  1899  ;  page 
370  et  suivante.  Quidonc. 


La  musique  de  Lulli  (XLV  ;  XLVl, 
—  J'ai  conseillé  de  faire  une  inves- 
tigation dans  les  manuscrits  de  diverses 
bibliothèques,  mais  je  m'aperçois  que  la 
véritable  source  à  consulter  est  plutôt 
la  bibliothèque  de  Versailles  où  se  sont 
naturellement  concentrés  les  souvenirs 
du  célèbre  compositeur. 

Les  partitions  des  ballets  royaux  de 
Lulli  se  trouvent  dans  les  mss  1077  à 
1 120  passim. 

le  signalerai  : 

Partitions  réduites  pour  le  clavecin  : 

1092  1093,  ^^'^  5 

1 100,  Roland  ; 

1 101,  Phaëton. 

Symphonies.  1"  et  2«  dessus,  basse 
continue  : 

1105-1107.  Bellérophon,  Thésée,  Phaë- 
ton, Amadis,  Roland,  Armide. 

Symphonies,  i""  et  2»  dessus  de  vio- 
lon: 

1 108-1 109.  Les  fêtes  de  l'Amour  et  de 
Bacchus,  Psyché,  Cadmus,  Le  Triomphe 
de  l'Amour,  Le  Temple  de  la  Paix, Idylle 
sur  la  Paix,  La  Grotte  de  Versailles. 

Symphonies,  i"  dessus  de  violon, 
2' dessus,  basse  continue.  1''  dessus  de 
flûte  : 

1 1 10- 1 1 13.  Alceste,  Proserpine,  Persée, 
Atis,  Isis  et  Galatée. 

Symphonies.    !  114-1 116: 

ro  basse,  2^  basse,  i"  dessus, 2*  dessus 
de  violon. 

Basse  chantante.  Dessus  chantants  et 
basse  continue  : 

1118-1120.  VlEUJEU. 


Une  erreur  persistante  (XLÎX,  90 1  ; 
L.  ^-).  _  Mais  non, la  question  n'est  pas 

résolue. 

]J Intermédiaire  a  parlé  du  vicomte  d'Ar- 
lincourt  aux  pages  suivantes  que  la  Table 
des  Matières  n'indique  pas  toutes  :  V. 
147,227,    298,    411;    XXVI.    81,345, 

Il  a  démontre  que  d  Arhncourt  n  avait 
écrit  aucun  des  vers  que  les  Dictionnaires 


N'  1047, 


L'INTERMÉDIAIRE 


147 


148 


lui  attribuent,  et  c'est  ce  que  j'ai  constaté. 
Mais  il  n'a  pas  retrouvé  l'auteur  de  ces 
vers  et  c'est  ce  que  je  demande.       ***. 

Ce  ne  sont  pas  les  lieus,  c'est 
son  cœur  qu'on   habite  (L,  11).  — 

...  Comme  dit  Satan  dans  Milton  :  Ce  ne 
sont  pas  les  lieux,  c'est  son  cœur  qu'en 
habile  ! 

(Mémorandum  de  Port-Vendres,  22  sep- 
tembre 1858.  —  J.  Barbey  d'Aurevilly). 

L.  R. 

Quos  vult  perdere  Jupiter  de- 
mentat  (T.  G.  745  ;  XLIX,  564,  707). 
—  Brunetière,  s'il  avait  le  bonheur  d'être 
lecteur  de  \ Intermidiaire,  où  cette  ques- 
tion a  dé)à  été  traitée  bien  des  fois,  serait 
fixé  depuis  longtemps. 

L'Abeille  latine  de  M.  Issanchou  cite 
non  seulement  \' Intermédiaire^  mais  aussi 
le  Gentleman  s  Magapnc^  les  Notes  and 
Qiieries^  ainsi  que  VBsprit  des  Autres 
d'E.  Fournier  et  l'accompagne  de  notes 
intéressantes.  Piétro. 


* 
*  * 


L'origine  de  cet  adage  a  exercé  la  saga- 
cité des  ophélètes  dans  les  premières 
années  de  la  publication  de  Vlntermé- 
diairc. 

M.  Henri  Issanchou  a  résumé  en  ces 
termes,  dans  son  Abeille  latine,  l'apport 
collectif  des  recherches  de  nos  collègues 
d'antan  : 

«  Il  résulte  des  recherches  du  Gentle- 
man s  Magazine  (177 1),  des  Nota  and 
Qjieries  et  de  Vlntennédiaire  des  chercheurs 
et  curieux  (1864-65  66-69)  qu'on  en  trouve 
la  pensée  dans  plusieurs  auteurs  grecs  et 
latins,  notamment  dans  Homère  [Iliade^ 
IX,  377  (i),)  Hésiode,  Sophocle  [Ajax, 
VII,  234)  Eschyle  (fragm.  151  (2),  Edit. 
Dindorf),  Ammien  Marcellin  (X1V,XI,  12) 
et  Velleius  Paterculjs  (II,  LVII  et 
CXVIII)  et  que  les  vers  grecs 

Ov  6i6i  Sliti  ÙTToHcat.1  npSir  Knoppévïi  | 
Iry.v  Si  Aai'awv  «vSpi  tto/sïÙv»)  x«x« 
To'v    voûv  iSXa.ips  ttoûtov, 

(i)  Voici  la  traduction  du  vers  d'Homère 
où  se  trouve  l'idée  primordiale  de  l'adage  fa- 
taliste qui  nous  occupe  :  «  Qu'il  périsse  en- 
dormi dans  sa  folie,  car  le  prévoyant  Jupiter 
l'a  privé  de  sa  raison,  » 

(2)  Ont  cité  ce  fragment  :  Platon,  de  Republ. 
II,  p.  380,  Plutarque,  de  Aud  poet,  2  et 
Stobée,  II,  7. 


souvent  attribués  à  Euripide  ne  figurent 
dans  aucune  de  ses  pièces  connues  et  que 
les  deux  derniers  ont  été  cités,  d'après 
un  vieux  scholiaste,  par  J.  Barnès  dans 
son  édition  des  Jncertœ  tragediœ  (V,  436- 
7)  et  par  Duport  dans  sa  Gnomologia  ho- 
merica{  Cantab.,  1660,  p.  282),  en  les 
accompa,u;nant  de  cette  imitation  : 

Qjiem  Jupiter  vnlt  perdere  dementatprius. 

"  Cette  traduction  littérale  du  texte  grec 
est  donc  l'ouvrage  de  J.  Barnès;  mais 
l'honneur  de  la  paternité  de  la  pensée 
revient  tout  entier  à  Homère  (i). 

«  Quant  à  la  disposition  des  mots  de 
cette  phrase  latine,  M.  Boissonnade  (V. 
y  Esprit  deî  Antres^  4'  édit.  1864)  est  par- 
venu à  en  faire  un  vers  ïambique,  en  pla- 
ça.nt  Jupiter  aprcs  vult,  et  c'est  à  cette  cons- 
truction que  nous  nous  sommes  arrêté, 
quoiqu'on  ait  souvent  cité  avec  Jupiter 
après  perdere.  » 

11  serait  à  désirer  qu'on  ne  pose  plus  de 
question  relative  à  une  citation  latine 
avant  de  s'être  assuré  que  V Abeille  latine 
n'en  contient  pas  la  réponse. 

Thulmin. 

M""=  Depol,  E.  M  . ,  baron  de  Roure  de  Pau- 
lin, de  Leiris  renvoient  particulièrement  à 
Edouard  Fournier. 


Res  est  sacra  miser  (XLIX, 
706).    —    Qi-iel     est     l'auteur     de 


554, 
cette 

maxuTie  .'* 

«  L'espoir  d'une  solution  »  n'est  pas  si 
incertain  qu'on  aurait  pu  le  croire,  et  la 
question  est  résolue  depuis  longtemps. 

Ed.  Fournier,  dans  son  ouvrage  si 
connu,  l'Esprit  des  Autres  (8*  éd.  chez 
Dentu,  1857),  écrit,  p.  41,  que  \*  Sénèque- 
«  le-Philosophe  faisait  un  adage  chrétien, 
«  lorsque,  dans  l'une  de  ses  trop  rares 
'<  Epigrammes.^  il  lançait  cet  hémistiche  : 
«  Res  est  sacra  miser  ». 

C'est,  en  effet,  le  début  du  premier  vers 
de  la  cinquième  épigramme,  intitulée  : 
Qiierela . 

On  la  retrouve,   notamment  dans  une 


(i)  «Je  ne  puis  m'empêcher  de  rire,  li- 
sons-nous dans  le  Carpentariana  pp.  41-42, 
lorsque  je  me  souviens  que  c'est  à  l'occasion 
du  chien  d'Ulysse  que  les  valets  de  ce  prince 
laissent  manger  aux  poux,  aux  puces  et  à  la 
gale,  que  ce  poète  (Homère)  débite  une 
maxime  si  belle  et  fait  une  si  judicieuse  re- 
marque. » 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1904 


140 


150 


h 


édition  de  Senèque,  qui,  pour  n'être  pas 
signalée  dans  les  bibliographies  que  j'ai 
consultées,  n'en  est  pas  moins  excel- 
lente. 

Cette  édition  est  de  1602,  (MDCII)  petit 
in-f",  publiée  à  Paris  :  Parhiis^  apud  Bar- 
thohmœus  Macœum  inmonU  D .  Hilariisiih 
sciito  Britanniœ,  cuin  privilegio  Régis. 

Elle  renferme  des  notes  d'Erasme  et  de 
Muret. 

Quant  à  l'épigramme  dont  il  s'agit,  la 
voici  tout  entière,  (p.  485).  C'est  encore 
le  meilleur  moyen  de  pouvoir  comprendre 
le  sens  de  l'hémistiche. 

Quisquis  es,  et  nomen  dicam  ?  Dolor  oninia  cogit. 

Qui  noslrum  cinerem  nunc,   iniœice,  premis  ; 
Et  Don  contentus  tantis  subitisque  ruiais, 

Stringis  in  exstinctum  tela  craenta  caput. 
Crede  mihi,  vires  aliquas  natura  sepulchris 

Attribuit  :  tuniuîos  vindicat  umbra  suos. 
Ipsos,  crede,  Deos  hoc  ounc  libi  dicere,  Livor  ; 

Hoc  tibi  nunc  Mancs  dicere,  crede,  meos. 
Ros  est  sacra  miser  :  noli  mea  tangere  fata, 

Sacrilegiœ  bustio   abslinuere  manus. 

Je  n'oserais  me  porter  garant  de  la  va" 
leur  littéraire  de  cette  épigramme.  En 
revanche,  il  en  est  une  autre,  De  qualitate 
tcmporis^  qui  me  parait  infiniment  remar- 
quable et  curieuse,  et  qui  vaut  bien  la 
peine  d'être  recommandée,  quand  ce  ne 
serait  que  comme  témoignage  des  idées 
de  Sénèque  sur  la  fragilité  de  la  vie  et  la 
contingence  de  ce  monde. 

C'est  celle  qui  commence  ainsi  : 
OniDia  tempus  edax  depascitur,  oinnia  carpit. .. 

L.  DE  Leiris. 


Le  nom  de  Hervé  (XLIX  ;  L,  38). 
—  11  est  facile  de  répondre  au  défi  de  notre 
savant  ophélète.  IVig  est  traduit  par  victo- 
rieux dans  les  notes  étymologiques  de  «  la 
Conquête  de  l'Angleterre  par  les  Nor- 
mands »,  d'Aug.  Thierry.  D'ailleurs,  M. 
Paul  Argelès  remarquera  que  le  sens 
des  radicaux  a  évolué  et  que  la  signi- 
fication primitive  des  radicaux  ici  g  et 
sig  est  différente  de  victorieux  ;  bien 
qu'ils  aient  pu  avoir  ce  sens  plus  tard, l'un 
et  l'autre,  dans  les  mots  latins  ou  les  mots 
allemands,  dérivés  de  ces  racines  primi- 
tives. 

Mais  notre  bienveillant  ophélète  se 
trompe  du  tout  au  tout,  quand  il  con- 
fond le  radical  Hcr  avec  le  radical  Erm^ 
d'Ermanaric,  avec  ou  sans  l'aspiration 
gutturale  germanique  initiale.  11  lui  suf- 
fira de  remonter  à  l'origine  primitive  du 


nom  d'Hermier,  pour  voir  que  les  radi- 
caux her  et  bcrin  sont  tout  à  fait  distincts 
l'un  de  l'autre. 

Nous  sommes  tout  disposé  à  entrer 
dans  les  détails  à  ce  sujet,  si  cela  peut  lui 
faire  plaisir  ;  car  le  plus  grand  service 
qu'un  homme  puisse  rendre  à  un  autre 
homme,  en  ce  monde,  c'est  de  lui  faire 
voir  ses  erreurs.  D^'  Bougon. 

Les  Ecreignes  (XLIX,  901  ;  L,  40). 
—  Le  mot  Ecreignes, dont  le  souvenir  pa- 
raît avoir  à  peu  près  disparu  en  France, 
n'est  que  la  transformation  des  termes 
Screo,  screona,  screuna  ,  employé  dans  les 
textes  de  la  loi  Salique,  et  dont  le  sens 
paraît  être  simplement  habitation,  cabane. 

Dans  le  bas  latin,  nous  rencontrons  les 
mo\s  SCI  inia,  scriniiim,  avec  le  sens  de 
châsse,  coffre, cercueil.  Dansle  vieux  fran- 
çais, nous  avons  les  mots  escrain,escrin, 
aujourd'hui  écrin. 

Du  sens  de  cabane  fermée,  on  a  facile- 
ment passé  à  celui  de  boîte. 

Les  veillées  du  soir  en  Bourgogne 
avaient  lieu  soit  dans  des  souterrains, 
soit  dans  des  cabanes  analogues,  à  en 
juger  par  le  texte  de  Tabourot,  à 
celles  que  construisent  encore  les 
bûcherons  dans  les  exploitations  fores- 
tières. Les  veillées  se  tenant  dans  les  Ecrei- 
gnes, ce  mot  a  fini  par  désigner  la  réu- 
nion elle-même. 

Le  souvenir  de  la  Screona  de  la  loi  Sali- 
que s'est  perpétué  dans  certains  noms  de 
localité,  les  Ecrennes  (Seine-et-Marne), 
EscragnoUes,  (Alpes-Maritimes),  Escren- 
nes  (Loiret),  EscrignoUes  (Loiret),  Les 
Escrins  (Hautes-Alpes).  A  Escrennes  du 
Loiret,  il  existe  encore  des  souterrains 
creusés  dans  le  tuf  calcaire. 

Martellière. 

Eaaddansle  Morbihan  (XLIX,  165, 

374). —  Je  crois  que  ce  nom  serait  moyen- 
âgeux ;  ce  qui  tendrait  à  le  prouver,  c'est 
que  les  plus  anciennes  mentions  de  cette 
localité  ne  sont  pas  antérieures  au  milieu 
du  xiii''  siècle. 

M.  Rosenzweig,  l'auteur  du  Diction- 
naire topographique  du  Moibikan  dit  que 
Baitd  s'écrivait  Baut  en  "1259,  Burgus  en 
12S2,  Bciiilt  en  1322. 

Il  doit  avoir  subi  primitivement,  com- 
me tant  d'autres, des  altérations  ignorées; 
peut-être  s'appelait-il  Bauch  ou  Bourch, 


No  1047. 


L'INTERMEDIAIRE 


151 


152 


mot  celtique  signifiant  Bourg,  cité  dans  le 
Glossaire  polyglotte  de  Latour  d'Auvergne 
Corret,  ouvrage  plus  que  rare  et  qu'on 
devrait  bien  éditer  de  nouveau. 

Les  Allemands,  Anglais,  Hollandais 
disent  hurg,  l'Espagnol,  burgo,  l'Italien, 
horgo,  etc. 

Dans  le  midi  de  la  France,  on  désigne 
un  monticule,  une  falaise,  un  escarpe- 
ment par  Bau,  Baou,  Vau. 

Mistral  ne  dit-il  pas  : 

Di  Batis  farieu  ma  capitale  ! 

Sur  lou  Roucas  que  inei  rebalo, 

De  nou  rebastirieu  noste  viel  castelas. 

Dans  les  Alpes-Maritimes,  on  donne  le 
nom  de  Bau  à  d'énormes  quartiers  de 
roche  éboulés. 

Baugé  (Maine-et-Loire)  du  vieux  fran- 
çais Bauge,  désigne  aussi  un  tas,  un  mon- 
ceau, une  élévation.  Baugeium,  i.ioo, 
Baugi,  1150,  Tertrum  de  Bauge,  1273. 

La  commune  de  Carnac  (Morbihan)  a 
bien  son  rocher  Beaumer. 

Bullet,  dans  ses  Mémoires  sur  la  langue 
celtique,  Besançon  1759,  3  vol.  in-f°,  dit 
ce  qui  suit  : 

Bauc,  le  même  que  Bail  et  Mali. 

Bau,  le  même  que  Bal,  rocher, 

Bau  le  même  que  Fau,  Gau,  Mau,  Pau, 
Vau. 

Bauc  le  même  que  Bau. 

Bau,  pierre,  roc,  le  même  que  Bal,  roc, 
pierre. 

Bauc,  caverne,  antre,  grotte,  habitation 
en  général.  —  Bogium,  Bogis,  Bugia. 

Baud,  Beud,  Baoud,  Bout,  mouton. 

Baux,  sur  un  roc,  Balz,  rocher. 

On  sait  que  les  Mémoires  de  Bullet 
sont  remplis. d'érudition,  ils  n'ont  qu'un 
tort,  c'est  d'avoir  pour  base  un  système 
fort  contesté. 

L'Armoriai  d'Hozier  donne  des  Baud  en 
Bretagne, Montpellier,  Montauban,  Orléa- 
nais, Toulouse,  Bourgogne,  Dauphiné  et 
Limousin. 

Comme  en  fait  d'étymologies,  qui  veut 
trop  prouver  ne  prouve  rien,  peut-être 
faudrait-il  en  croire  les  continuateurs  de 
Bollandus,  Baud  ne  serait  autre  chose 
que  Don  de  Dieu  ou  gratification  :  Voir  la 
Vie  de  saint  Hervé,  en  latin  Herlaudus^ 
Appendix  junii^  t.  i.  A.  Dieuaide. 

11  n'y  a  pas  que.  .  il  n'est  pas 
que  (XLVllI;  XLIX,  939  ;  L,  38).  —Je 
suis  dans  mon  tort,  je  le  reconnais.  En 
donnant  la  locution  de   la   sorte  comme 


vicieuse,  j'aurais  dû  répéter  ce  que  j'ai 
dit  tant  de  fois,  qu'elle  avait  été  souvent 
employée  par  les  maîtres  de  la  langue 
française,  tandis  que  émérit-c^  au  sens  du 
vulgaire,  et  averti  d'avance^  ne  se  lisent, 
bien  entendu,  jamais  chez  les  grands  écri- 
vains. J'aurais  dû  faire  la  distinction  ; 
G.  G.  a  raison. 

Revenant  à  de  la  sorte^  «  il  n'y  a  pas  que  » 
Pascal,  Corneille  et  Bossuet  qui  s'en 
soient  servis;  Voltaire  et  bien  d'autres  les 
ont  imités.  Dans  la  Pucelle,  la  Trémouille 
dit  à  Dorothée,  qu'il  prend  pour  un  An- 
glais : 

Cest  bien  à  toi  de  parler  de  la  sorte. 

Seulement  tout  en  m'inclinant  jusqu'à 
terre  devant  ces  génies  littéraires,  je  ne 
suis  pas  forcé  d'admirer  toutes  leurs  tour- 
nures. 

Alors  que  sur  les  gens  on  prétend  se  régler 
C'est  par  les  beaux  côtés  qu'il    leur  faut  res- 

[sembler. 
Aussi,  je   crois  que  la  vraie  locution 
est  celle  employée   par  La  Fontaine  dans 
Le  Rat  retiré  du  monde  : 

Ayant  parlé  de  cette  sorte, 

Le  nouveau  saint  ferma  sa  porte. 

Justement,  je  causais  de  la  question  avec 
Paul  Adam,  lors  de  son  retour  d'Amé- 
rique, et  je  lui  citais  de  la  sorte  comme 
une  mauvaise  expression  de  nos  meilleurs 
auteurs.  Nous  sommes  tombés  tous  les 
deux  d'accord  que  l'on  ne  saurait  trop 
faire  attention  à  sa  phrase  et  tâcher  de 
butiner  le  miel  des  maîtres  sans  se  croire 
obligé  de  les  suivre  dans  leurs  erreurs. 

Sans  doute,  je  préférerais  une  phrase 
incorrecte,  disant  quelque  chose,  à  une 
phrase  impeccable  ne  disant  rien.  Jean- 
Jacques  Rousseau  a  écrit  :  «  Je  soutiens 
qu'il  faut  faire  quelquefois  des  fautes  de 
grammaire  pour  être  lumineux.  »  Des 
fautes  de  grammaire,  soit  I  mais  de  bon 
sens,  jamais  !...  Et  puis,  de  la  sorte  est-il 
si  lumineux .?  Alfred  DuauET. 

Eglises  fortifiées  (T.  G.,  308  ; 
XXXVIII  ;  XXXIX  ;  XLI  à  XLIV  ;  XLIX, 
814,  929).  —  11  n'est  guère  de  vieilles 
églises  rurales  dans  l'Ouest  où  l'on  ne 
trouve  bien  encore  trace  des  anciens 
moyens  de  défense.  On  voit  presque  tou- 
jours, notamment  derrière  les  portes,  les 
profondes  dépressions  qui  recevaient  les 
coulisses  destinées  à  les  renforcer  ;  aux 
fenêtres,  des  marches  semblables  à  celles 


DÈS  CHERCHEURS  Et  CURIÈUX 


30  juillet  19041 


153 


154 


des  escaliers  pour  faciliter  l'accès  des 
tireurs  d'arbalètes. Les  mâchicoulis  mêmes 
ne  sont  pas  rares. 

L'architecte  Loué  avait  fort  maladroite- 
ment démoli  un  corps  de  garde  sur  les 
voûtes  de  l'église  abbatiale  de  Saint-Louis 
des  Marnes  (Deux-Sèvres)  et  Saint- 
Maixent  (même  départ.),  les  protestants, 
après  avoir  abattu  l'église  de  l'abbaye,  en 
gardèrent  la  tour  pour  leur  servir  d'échau- 
gLiette.  Près  de  La  Rochelle,  l'église 
d'Esnandes,  monument  historique,  but 
d'excursion  des  touristes, asans  doute  reçu 
des  pièces  d'artillerie  sur  les  plates-formes 
créées  au-dessus  de  ces  voûtes.  L'église 
de  Verrines-sous-Celles  (Deux-Sèvres)  a 
conservé  son  mur  d^enceinte  entourant  le 
cimetière  contigu. 

Décrire  toutes  ces  traces  de  défenses 
dans  nos  églises  exigerait  beaucoup  de 
temps.  Le  moment,  cependant,  en  serait 
venu.  Rebâtir  son  église,  même  à  la  dia- 
ble^ c'est  toujours  une  excellente  note 
pour  un  curé  en  quête  d'avancement. 
Bientôt  tous  nos  curieux  clochers  romans 
seront  remplacés  par  d'affreuses  flèches 
forme  canule,  doigt  peu  mystérieux  pour 
montrer  le  ciel  (Dupanloup)  ou  rendre  ses 
forces  au  voyageur  fatigué  (Chateau- 
briand). LÉDA. 

Bornes-canons  (L,  12).  ~  Dans 
une  vue  d'optique  représentant  une  ville 
maritime,  on  remarque  des  canons- 
amarre.  J'en  ai  vu  d'authentiques  au  Tré- 
port,  où  il  m'en  a  été  parlé  ;  mais  mes 
souvenirs  en  sont  faibles.  A.  Sy. 


Cheveux    dô    femmes   célèbres 

(XLIX  ;  L.  44).  —  Dans  le  cachet  de  la 
leltre  adressée  par  Jeanne  d'Arc  aux  ha- 
bitants de  Riom,il  y  avait  un  cheveu  noir, 
mais  ce  cheveu  a  été  dérobé.  [Intermé- 
diaire, XLIII,  992).  S. 

Proverbes  et  dictons  météorolo- 
giques (T.  G.  734  ;  XLII  ;  XLlll  ;XLIV). 

21 
En  maïfresquieyro  ;  en  Juïn  chalous, 
Cabo  e  granio,  prépare  lous. 
En  mai  fraîcheur,  en  juin  chaleur, 
Cave  et  grenier,  prépare-les. 

22 
De  Pasquos  à  Pentécousto 
Tout  lou  dissert  es  uno  crusto. 


De  Pâques  à  Pentecôte. 
Tout  le  dessert  est  une  croûte 

Quan  ploou  lou  jour  de  San-Me'dar 
L'annado  gogno  ou  perd  d'un  quar, 
S  il  pleut  le  jour  de  Saint-Médard 
L'année  gagne  ou  perd  d'un  quart. 

A.  P. 


Traite  des  blanches  (XLVIII,  505  ; 
XLIX,  431,  718).  —  En  1875,  venaient 
de  Suisse  des  cartes  sur  papier  mince,  por- 
tant, imprimé  au  recto,  ce  qui  suit  :«  No- 
tre siècle  supportera-t-il  longtemps  encore 
la  traite  des  blanches^  leur  vente  de  maison 
de  tolérance  en  maison  de  tolérance  .^Leur 
séquestration  sous  les  grilles  et  les  ver- 
rous des  Bastilles  de  la  prostitution  ^.  » 
Comte  A.  de  Gasparin,  Pensées  de  liberté, 
page  151.  —  Et,  au  verso, en  deux  lignes 
d'imprimerie  :  Envoyé  par  la  comtesse 
de  Gasparin,  Le  Rivage,  près 
D'  A.  T.  Vercoutre. 


Agénor 


Genève,  Suisse. 


Faire  la  belle  en  jouant  aux  car- 
tes (XLVlll,  896  ;  XLIX,44).  —  lo  La 
Belle  était  un  jeu  de  hasard  importé  à 
Paris  par  un  Italien.  Elle  comprenait  un 
tableau  de  104  numéros,  divisé  en  treize 
bandes  de  huit  cases  chacune  ;  les  six 
premières,  de  i  à  48,  s'appelèrent  le  petit 
côté.  La  septième  bande  était  réservée  au 
banquier  ;  les  six  dernières,  de  57  a  104, 
formaient  le  grand  côté. 

On  tirait  des  numéros  renfermés  cha- 
cun dans  un  étui  de  bois.  Le  plein  ou 
enjeu  sur  un  seul  numéro  gagnait  96 
fois  la  mise,  le  demi-plein  48  fois,  etc., 
comme  à  la  roulette,  qui  a  simplifié  le 
système.  La  belle  case  était  celle  qui 
gagnait. 

2"  Une  autre  Belle  se  jouait  avec  52 
cartes.  Chacun  avait  deux  cartes  couver- 
tes ;  on  distribuait  une  troisième  carte 
découverte,  et  la  plus  belle,  en  partant  du 
roi,  gagnait,  à  moins  qu'il  n'y  eût  deux 
cartes  pareilles,  auquel  cas  on  doublait 
l'enjeu  qui  était  gagné  à  un  autre  coup. 

Cet  enjeu  se  mettait  dans  trois  paniers, 
le  panier  de  la  belle,  celui  àw  flux  et  celui 
du  trente  et  un. 

La  belle  carte  gagnée,  on  passait  au 
flux  ou  brelan,  trois  cartes  pareilles,  la 
plus  élevée  l'emportant,  puis  au  trente  et 
un  le  chiffre  s'en  rapprochant  le  plus^ 
Vas  étant  pris  pour  onze. 


N.     i04f. 


L'INTERMEDIAIRE 


155 


156 


3"  Lorsque  l'on  joues^*-,  le  succès  d'une 
partie  décide  du  gain  ou  de  l'attribution 
de  l'enjeu  ;  mais  si  l'on  joue  deux  parties 
liées^  la  seconde  seule  décide  de  la  vic- 
toire. Celui  qui  gagne  les  deux  parties 
l'obtient,  cela  va  sans  dire,  mais  si  c'est  le 
premier  perdant,  une  troisième  partie  doit 
trancher  la  question,  la  situation  restant 
égale  pour  chacun  des  joueurs.  C'est  cette 
troisième  partie  qui  s'appelle  la  Bdlle. 

Est-ce  par  un  sou\enir  des  anciens 
tournois  et  parce  qu'on  la  compare  à  la 
Belle  qu'il  s'agit  de  conquérir  ?  Est-ce 
parce  que  c'est  la  helJc  partie,  la  seule 
qui  soit  décisive  ? 

D'une  idée  à  l'autre,  il  n'y  a  pas  loin  ; 
c'est  peut-être  le  tout  ensemble. 

Paul  .^rgelès. 

Quatremère  d'Isjouval  et  les 
araignées  (L,  4).  —  Quatremère  Dis- 
jouval  et  non  pas  D'Isjouval  —  frère  du 
Quatremère  de  Quincy,  si  drôlatiquement 
accommodé  à  la  Cambronne  par  Louis 
XVIII,  était  un  toqué  de  la  science  qui 
voulait  trouver  dans  l'araignée  le  type  de 
l'hygromètre  parfait. 

Nous  avons  publié,  il  y  a  quelque  vingt 
ans,  dans  une  Revue  dont  il  nous  est 
impossible  de  retrouver  le  nom,  la  bio- 
graphie anecdotique  de  Disjonval  et  l'ana- 
lyse des  systèmes  bizarres  d'après  les- 
quels cet  original  déterminait  ses  proposi- 
tion scientifiques. 

Mais,  déjà,  notre  collaborateur  E.  M. 
trouvera  d'autres  renseignements  sur  Dis- 
jonval dans  l'article  que  lui  a  consacré  la 
Biographie  pjrtativ>-\  article  où  nouslisons 
cette  phrase  :  «  Ce  sont  ses  pronostics 
aranéologiques  qui, selon  lui,  décidèrent  le 
passage  des  Alpes  en  1800  ;  il  le  prouve 
par  une  correspondance  suivie  avec  Ber- 
thier,et  par  un  procès-verbal  envoyé  jour 
par  jour  au  gouvernement  etc.,    etc.. 

D'ailleurs,  son  Aranéologie  (Paris  an  V 
1797)  qui  se  trouve,  je  crois,  à  la  biblio- 
thèque de  la  ville  de  Paris,  suffira  pour 
édifier  E.  M.  sur  les  théories  du  bonhomme 
mieux  avisé  et  plus  heureux,  s'il  eût 
soigné...  l'araignée  {aranea  miJitaris) 
qu'il  avait  dans  le  plafond.  d'E. 

Marie-Antoiuettejugéa  par  Louis 
XVIII  (L  62).  —  M.  Ernest  Daudet  nous 
fait  l'honneur  de  nous  adresser  la  lettre 
suivante  : 


Monsieur, 

En  mentionnant  dans  votre  numéro  du  20 
juillet  l'écrit  de  Louis  XV)1I,  communiqué 
par  moi  à  la  Revue  des  Deux-Mondes,  vous 
voulez  bien  me  demander  quelles  preuves  j'ai 
de  l'authenticité  de  ce  document.  Je  réponds: 
La  plus  décisive  des  preuves  ;  je  l'ai  indiquée 
dans  la  Revue.  Le  manuscrit  et  la  lettre,  qui 
le  précède  sont  entièrement  de  la  main  du 
roi,  ainsi  qu'a  été  mise  à  même  de  s'en  con- 
vaincre la  direction  de  la  Revue  des  Deux- 
Mondes. 

Laissez-moi  ajouter,  monsieur,  qu'ayant 
publié  depuis  vingt  ans,  tant  de  documents 
inédits  sans  que  l'authenticité  d'aucun  d'eux 
ait  pu  jamais  être  contestée,  j'ai  acquis  le 
droit  d'être  cru  sur  parole  jusqu'au  jour  où 
libéré  d'une  réserve  qui  m'est  imposée  au- 
jourd'hui, je  pourrai  dire  d'où  me  vient  cette 
pièce  ainsi  que  celles  qui  figureront  dans  mes 
plus  prochaines  publications.  Vous  serez  le 
premier  à  reconnaître,  lorsque  je  désignerai 
la  source,  que  leur  authenticité  n'est  pas  dis- 
cutable. Personne,  d'ailleurs, si  ce  n'est  vous, 
ne  l'a  mise  en  doute,  en  ce  qui  touche  le  ma- 
nuscrit que  vous  avez  bien  voulu  signaler  à 
vos  lecteurs. 

Croyez,  monsieur,  à  mes  sentiments  dis- 
tingués. Ernest  Daudet. 

Les  Petites  Dalles,  Seine-Inférieure,  25  juil- 
let 1904. 

Que  notre  distingué  correspondant  nous 
permette  de  lui  affirmer  que  nous  savons 
quel  prix  s'attache  à  ses  remarquables  et 
nombreux  travaux  et  de  quel  crédit  légi- 
time ils  jouissent. 

Le  document  qu'il  a  produit  est  d'une 
importance  capitale,  et  il  suffisait  qu'il  en 
affirmât  l'authenticité  pour  qu'on  n'en 
doutât  point.  La  question  ne  tendait  qu'à 
savoir  les  circonstances  de  sa  découverte. 

M.  Ernest  Daudet  veut  bien  nous  con- 
fier ce  qui  lui  est  permis  de  dire  Jusqu'au 
moment  où  libéré  de  la  réserve  qui  s'im- 
pose, il  satisfera  complètement  à  notre 
curiosité. 

Un  point  demeure  acquis,  et  c'est  l'es- 
sentiel, M.  Ernest  Daudet,  fidèle  à  ses 
habitudes,  apporte  à  l'histoire  un  docu- 
ment inédit  d'un  exceptionnel  intérêt. 

La  famille  Sanson  (T.G.820;  XLIX, 
923). — Pour  l'histoire  des  Sanson,  les  do- 
cuments suivants  ne  sont  pas  sans  intérêt  : 
ils  se réfèrentà  Henry  .Sanson, fils  du  bour- 
reau de  la  Terreur,  et  à  son  fils  Henry-Clé- 
ment Sanson, qui  fut  bourreau  sous  Louis- 
Philippe  et  révoqué  en  1847.  Les  let- 
tres qui  suivent  et  qui  appartiennent  à  M. 


Ï57 


Noël  Charavay,  prouvent  que  le  bourreau 
était  un  ami  des  lettres,  tout  au  moins 
faisait-il  quelques  sacrifices  pour  ses  lec- 
tures. 

Le    billet  suivant   à   son     libraire    le 
prouve  : 


Monsieur, 
Je  me  réabonnerai  pour  vingt  autres  li- 
vraisons au  Voyage  Pittoresque.  En  consé- 
quence ayez  la  complaisance  d'envoyer  quand 
vous  le  jugerez  à  propos,  le  porteur  qui 
vient  ordinairement,  et  à  telle  heure  qui 
vous  conviendra,  attendu  qu'il  y  a  toujours 
quelqu'un  à  la  maison 

Je  vous  salue  et  suis  votre  serviteur 

Sanson  (père). 
Paris,  le  2  février  1834 

rue  des  Marais  du  Temple,  n°  31  bis 

Le  libraire  avec  qui  les  Sanson  entre- 
tiennent le  plus  intime  commerce  est 
Bossange,  rue  de  Provence,  n°  63  bis. 

Bossange,  en  faisant  présent  d'un  ou- 
vrage,a  demandé  au  bourreau  une  faveur 
qu'on  peut  supposer  :  il  a  voulu  voir  dans 
sa  cellule  un  condamné  à  mort,  le  jour 
de  l'exécution. 

Bon  cela  faittouj  ours  passer  une  heure  ou  deux 

11  en  a  prévenu  le  bourreau  qui  est 
absent,  mais  le  fils  l'assure  qu'on  fera  le 
nécessaire  : 

Paris,  ce  19  août  1832 

Monsieur, 

En  l'absence  de  mon  père,  en  ce  moment  à 
Beauvais,  je  vous  prie  de  recevoir  mes  remer- 
ciements pour  votre  ouvrage  que  vous  avez  eu 
la  bonté  de  lui  envoyer  :  a  son  retour,  il  aura 
l'honneur  de  vous  adresser  le  sien. 

Relativement  à  Benoit,  le  moyen  le  plus 
sûr  serait  d'obtenir  de  monsieur  le  Procureur 
général  la  permission  de  le  voir.  Cependant, 
je  pense  que  mon  Père  pourra  vous  procurer 
ce  que  vous  désirez  .Dans  tous  les  cas,  j'aurai 
l'honneur  de  vous  prévenir  la  veille  au  soir  de 
l'exécution  si  les  ordres  nous  parviennent  assez 
tôt. 

Je  suis  avec  respect  et  la  plus  parfaite  con- 
sidération, 

Monsieur,  votre  très  humble  serviteur 

Sanson  fils. 

La  décision  judiciaire  a  été  prise  trop 
vite  :  le  libraire  n'a  pu  être  prévenu  à 
temps.  Très  désolé,  le  bourreau  s'est 
excusé  :  il  a  été  bouleversé  et  il  y  a  des 
moments  où  l'on  perd  la  tête. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX                          30  Juillet  1904. 
158     : 

Lorsque  je  suis  revenu  de  la  campagne, 
mon  fils  m'a  remis  le  volume  que  vous  m'avez 
fait  l'honneur  de  m'envoyer.  Je  le  lirai  avec 
toute  l'attention  dont  je  puis  être  susceptible, 
pour  ma  propre  instruction. 

Mon  fils  aurait  bien  désiré  vous  prévenir  sur 
l'objet  dont  vous  parlez  dans  votre  lettre, 
mais  ayant  reçu  les  ordres  à  huit  heures  du 
soir,  il  lui  a  fallu  commander  le  service  dont 
il  est  chargé  ainsi  que  le  mien  en  mon  absence, 
et  il  avait  à  peine  douze  heures  pour  le  tout. 
Dans  une  pareille  circonstance,  je  me  serais 
fait  un  devoir  de  vous  avertir  moi-même. 


Daignez  agréez, monsieur, les  hommages  très 
respectueux,  et  me  croire  avec  la  plus 
grande  considération, 

Votre  très  obéissant  serviteur, 

Sakson. 
Paris,  le  /\  septembre  1832. 


On  nous  demande  de  rappeler  dans  le 
corps  de  la  Revue,  la  note  qui  fut  publiée 
aux  Petites  nouvelles,  sur  la  couverture, 
et  qui  est  la  reproduction  de  la  pierre  tom- 
bale des  Sanson,  au  cimetière  Montmar- 
tre : 

Ici 

reposent 

Charles-Henry, 

SANSON 

NÉ    A    PARIS 

LE  15  FÉVRIER   I739 

DÉCÉDÉ    LE  4  JUILLET   1S06 

CETTE    PIERRE  FUT  ÉRIGÉE 

PAR  SON  FILS  ET  SA  FAMILLE 

DONT  IL  FUT  REGRETTÉ 


Henry  SANSON 

NÉ  A  PARIS  LE  24  SEPTEMBRE   I767 

DÉCÉDÉ   LE   iS  AOUT    1840 

IL  FUT  LE  BIENFAITEUR 

DE  TOUTE   SA    FAMILLE 

QUI  NE  CESSERA  DE  PRIER  POUR  LUI 


MARIE-LOUISE  DAMIDOT 

VEUVE  DE  HENRY  SANSON 

NÉE    A  PARIS  LE  14    OCTOBRE  I776 

DÉCÉDÉE  LE   iS  JUIN   185O 

REPOSE  EN   PAIX    BONNE    ET  TENDRE  INIÈRE 

TU  N'AS  FAIT  QUE  DU  BIEN 
DIEU  TE  RÉCOMPENSERA  SELON  TES  G-X'VRES 


Virginie-Emilie  LEFEBUR' 
femme  sanson 
dècèdée  le  29  avril 

1S60 
DANS  SA  62e  ANNÉE 


Henry-Clément  SANSON 

DÉCÉDÉ    LE  25  JANVIER   lS8(> 
A    l'AGE  de  89  ANS 


N*  1047. 


L'INTERMÉDIAIRE 


—     159 


160 


Jlates,   ivoumulUs   ^i  Cîuviosités 


La  chanson  de  Pipe  en  bois.  — 

A  propos  d'Henriette  Maréchal^  nous 
parlions  récemment  de  Georges  Cavalier, 
surnommé  Pipe  en  bois  par  Vallès,  et  qui 
fut  l'un  des  lieutenants  de  Gambetta.  C'é- 
tait un  garçon  d'allures  un  peu  débraillées, 
mais  d'esprit  distingué,  élève  de  l'Ecole 
polytechnique  et  de  l'Ecole  des  Mines, 
qui  aurait  été  absolument  étranger  au 
tumulte  d'Henriette  MarccJial.  11  assistait 
bien  à  la  première,  mais  il  applaudissait 
d'enthousiasme. 

Comment  s'est  formée  la  légende.? 
M.  liane  l'a  raconté  ainsi  : 

A  la  sortie  de  la  première  représentation, 
Vallès  qui,  dans  un  entr'acte,  avait  rencontré 
Cavalier,  raconta  à  M.  Albert  Wolff,  sans  pen- 
ser à  mal,  que  le  quartier  Latin  avait  passé 
les  ponts,  qu'il  avait  envahi  le  théâtre  sous 
la  direction  du  célèbre  Pipe  en  bois. 

C'est  ainsi  que  commença  la  gloire  de  Ca- 
valier, cette  notoriété  dont,  à  la  fin,  il  a 
beaucoup  souffert. 

Quoi  qu'il  en  soit,  usurpée  ou  non,  il 
eut  cette  gloire,  et  la  chanson  la  consa- 
cra. Il  existe  sur  lui  des  couplets  que 
nous  avons  retrouvés  dans  un  cahier  po- 
pulaire à  deux  sous,  et  qui  sont  certaine- 
ment, pour  l'allure  et  la  vivacité,  des  chefs- 
d'œuvre  du  genre.  Nous  ne  les  avons  ja- 
mais rencontrés  dans  les  diverses  pages 
consacrées  au  pittoresque  bohème  et  l'on 
aura,  pensons-nous,  quelque  plaisir  à  les 
lire  à  cette  place. 

PiPE-EN-BOIS 
AiR  :  Voye:i  sur  cette  roche   (fra  diavolo). 

Quel  est  ce  fanatique 
Qui,  du  fond  du  quartier  latin, 
Avec  son  sifflet  clandestin, 

Trouble  notre  destin  ? 

Cet  être  fantastique 
Qui  semble  embusqué  dans  un  bois, 
Et  mit,  nouveau  Robin  des  bois. 

Les  Concourt  aux  abois  ? 
Tremblez  !.,.  ce  terrible  jeune  homme, 

Mes  amis,  il  se  nomme 
Pipe-en-bois  !     {1er.) 

k\ec  crainte  on  s'aborde  : 
«  Ce  Pipe  en-bois,  le  connais-tu  ? 
>«  Porte-t-il  un  chapeau  pointu 

-«  Ou  le  col  rabattu  ? 


«  Est-il  chef  d'une  horde  ? 
«  Ou  n'est-ce  pas  plutôt,  je  crois, 
«  L'ante-christ  prédit  autrefois 

«  Par  l'almanach  liégeois  ?  » 
Tremblez  !...  j'ai  lu  sa  circulaire  : 

Il  est  fort  en  colère, 
Pipe-en-bois  ! 

Dans  une  brasserie 
Personne  n'a  vu  ce  Shylock 
Le  soir,  faire  une  bille  au  bloc. 

Ou  consommer  un  bock; 

Nul,  à  la  Closerie, 
Ne  le  vit,  au  son  du  hautbois. 
Esquisser  un  cancan  grivois 

Devant  un  frais  minois. 
Tremblez  !...  on  pressent  la  te:npête, 

Et  tout  bas  l'on  répète  : 
Pipe-en-bois  ! 

Chacun  sait  la  cabale 
Dont  il  fut  l'agent  infernal, 
Pauvre  Henriette  Maréchal^ 

11  t'a  bien  fait  du  mal  1 

jamais  pareil  scandale 
Depuis  Hernani,  je  le  crois. 
N'avait  fait  vibrer  les  parois 

D'un  orchestre  courtois. 
Tremblez  I.  . ,  des  Français  que  j'honore 

L'écho  redit  encore  : 
Pipe-en-bois  ! 

Les  théâtres  frémirent  ; 
L'Odéon  d'effroi  recula, 
Disant  :  «  QLiel  est  cet  homme-là, 

«  Ce  moderne  Attila  ?  » 

Tous  les  journaux  redirent 
Le  nom  du  farouche  Iroquois, 
Et  Trimm  lança,  d'un  ton  narquois, 

Les  traits  de  son  carquois. 
Tremblez,  braves  gen<;  qu'il  menace. 

De  rencontrer  en  face 
Pipe-en-bois  ! 

Pourtant,  qu'on  se  rassure  ; 
Car,  sachez  tous  la  vérité  : 
Ce  Pipe-en-bois  si  redouté 

N'a  jamais  existé. 

C'e<t  une  bourde  pure  ; 
On  prétend  même,  ô  bons  bourgeois, 
Q;ie  le  bœuf  gras  va,   dans  un  mois, 

S'appeler  Pipe-en-bois. 
Sonnez,  clarinette  et  trombonne, 

Et  que  chacun  couronne 
Pipe-en-bois  I 

Eugène  Grange. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


Imp.  Daniel-Chambo»  St-Amand- 
Mont-Rond. 


L*  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mots. 


10  Août  1904. 


40«  Ann'éb 

Si»"  ,r.  Victor  Massé 
PAItlS  (LV) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


QUJEQUB 


Cherchez  et 
vout  trouverez 


Il  se  faut 
entr'aider 


N"  1048 

3>»",  r. Victor >2a88é 
PARIS  (IX'J 

Bureaux  :  de  2  à  1  heures 


ntexmébiaxxi 


DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fondé   en  1884 


QUESTIONS    KT   KÉl'ONSKS    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIËISTIFIQUES    ET     ARTISTIQOLS 


161 


TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


162 


(âucôtianô 


Consultât    suse     conscientiae.   — 

Dans  une  des  pièces  appartenant  au  dos- 
sier de  la  question  pendante  entre  le 
Saint-Siège  et  les  Cultes,  l'expression 
Consultât  suce  conscientiœ,  a  été  traduite 
par  «  qu'il  consulte  sa  conscience  ».  Ce 
n'est  pas  le  sens,  dit-on  à  Rome.  Q.uelle 
serait  la  traduction  exacte  ?       A.  B.  X. 

Flaubert  et  Du  Camp  photogra- 
phes. —  Pendant  leur  voyage  de  1850 
en  Egypte,  Nubie  et  Syrie,  Flaubert  et  son 
ami  prirent  174  photographies  18  X  24 
des  monuments  égyptiens,  grecs  ou  ara- 
bes qu'ils  visitaient  au  jour  le  jour. 

Depuis  une  dizaine  d'années,  j'ai  le 
plaisir  d'en  posséder  la  collection  com- 
plète, sous  la  forme  de  trois  grands 
albums  reliés,  offerts  jadis  par  Du  Camp 
à  Bida. 

Ces  documents  sont  précieux,  non  seu- 
lement parce  qu'ils  illustrent  la  biogra- 
phie de  Flaubert  et  la  genèse  delà  Tenta- 
tion de  saint  Antoine^  mais  surtout  parce 
qu'ils  reproduisent  un  certain  nombre  de 
temples  antiques,  aujourd'hui  disparus. 
Beaucoup  de  monuments  égyptiens  ont  été 
démolis  par  la  suite  sur  l'ordre  de  Saïd 
Pacha  qui  avait  besoin  de  matériaux  pour 
construire  des  sucreries. 

Existe-t-il  une  autre  série  d'épreuves 
des  mêmes  clichés  ^  A-t-on  publié  les 
planches  les  plus  intéressantes  ^. 

Pierre  Louys. 


Terre  noble.  —  Je  trouve  dans  un 
livre  de  raison,  à  la  date  du  16  novembre 
1698,  ces  mots  : 

J'ai  payé  mon  entière  cote  de  la  taille  de 
quelques  terres  de  la  Brugerete  qui  est  presque 
toute  noble. 

Qu'entendait-on,    au  xvii=   siècle,    par 


«  terre  noble  »  ? 


B.  DE  C. 


La  promenade  sur  l'âne  au  X"VII' 
siècle.  —  Les  deux  éditions  du  Fmctie- 
rana  donnent  la  note  suivante  : 

M.  le  Duc  D***  deffunt  fit  promener  le 
neveu  dont  parle  M.  de  P***  dans  ses  Satyres, 
toute  nuë  sur  un  asne  par  toutes  les  rues  de 
Paris. 

Furetierana.  Paris,  p.  224. Hollande,  p.  154. 

Ces  lignes  sont  défigurées  par  deux 
coquilles  qui  en  rendent  la  lecture  incom- 
préhensible au  premier  abord. 

Au  lieu  de  M.  de  P.  lisez  M.  des  P. 
[réaux]. 

Au  lieu  de  le  neveu  lisez  la  Neveu. 

Il  est,  en  effet^  question  de  la  Neveu 
dans  la  IV'  satire  de  Boileau.  Cette 
femme  a  été  connue  d'abord  comme 
courtisane  sous  la  Fronde,  puis  comme 
procureuse  (^Mémoires  de  Roche/art)^  et 
chacun  sait  que  la  promenade  sur  l'àne 
était  le  châtiment  ordinaire  de  ses  pa- 
reilles. {Interm.  t.  XXXVllI). 

Or,  la  Neveu  était  morte  depuis  plu- 
sieurs années  quand  Boileau  composa  la 
IV"  satire  (1664),  et  vers  la  même  époque 
Sauvai  parle  de  la  promenade  sur  l'àne 
comme  d'une  ancienne  coutume  dont  il 
a  entendu  parler  par  quelques  vieillards, 

L.  4 


N*  1048. 


L'INTERMÉDIAIRE 


163 


164 


mais  dont  on  n'a  pas  repris  l'usage  de  son 
temps.  Comment  concilier  son  témoi- 
gnage avec  celui  de  Furetière  ? 

Qui  est  le  duc  D***  ?  Pour  quelle  rai- 
son la  Neveu  a-t-elle  été  condamnée  à 
être  promenée  «  toute  nuë  »  ?  La  coutume 
dont  il  s'agit  a  été  reprise  longtemps 
après,  au  xviu'  siècle,  et  j'ai  sous  les 
yeux  deux  estampes  du  temps  qui  repré- 
sentent cette  ridicule  cérémonie,  mais  la 
patiente  est  habillée  des  pieds  à  la  tête 
et  je  n'ai  vu  nulle  part  qu'antérieurement 
elle  ne  le  fût  point.  S. 

Napoléon  Bonaparte  appelé  Ni- 
colas. —  Dans  un  ouvrage  anonyme  in- 
tulé  :  Amouis  et  galanteries  de  Jupiter 
Scapin  oîi  de  Nicolas  Bonaparte,  Paris, 
chez  Tiger,  sans  date,  in- 12,  le  nom  de 
Nicolas  est  toujours  accolé  à  celui  de  Bo- 
naparte. 

On  sait  que  Bonaparte  n'a  jamais  joint 
son  prénom  à  la  signature  de  son  nom 
patronymique,  jusqu'à  ce  que  ce  nom 
fût  devenu  celui  d'une  dynastie  impériale. 
Comme  on  a  constaté  des  irrégularités 
dans  les  actes  de  l'Etat  civil,  Napolione 
Bonaparte  aurait-il  eu  un  autre  prénom 
plus  français,  tel  que  celui  de  Nicolas. 

La  généalogie  du  baron  de  Coston  inti- 
tulée :  Biographie  des  premièies  années  de 
Napoléon  Bonaparte^  indique  dans  la  bran- 
che établie  à  Florence,  Nicolas  I"  et  Nico- 
las II,  un  autre  Nicolas  Bonaparte,  poète, 
le  pape  Nicolas  V.Le  mari  de  la  marraine 
de  Napoléon  s'appelle  Nicolas. 

Le  père  de  Napoléon  s'appelle  Charles- 
Marie,  ses  ancêtres  sont  des  François, 
Gabriel,  Jérôme,  Joseph,  Sébastien,  Lu- 
cien ;  ses  frères  et  sœurs  sont  encore  des 
Joseph,  Lucien,  Elisa,  Louis,  Pauline,  Ca- 
roline et  Jérôme. 

Ce  nom  baroque  de  Napolione  aurait 
bien  pu,  par  un  grattage  savant,  icmpla- 
cer  celui  plus  vulgaire  de  Nicolas. 

A.    DiEUAIDE. 

Le  trésor  des  Chartreux.  —  D'a- 
près M.  Ernest  Daudet  (^Histoire  d^  V Emi- 
gration) dans  les  derniers  jours  de  1789, 
le  comte  d'Artois,  émigré,  se  trouvant  à 
bout  de  ressources,  fit  appel,  pour  son 
œuvre  de  contre-révolution,  aux  trésors 
des  Grandes  Abbayes  de  France,  entre  au- 
tres celle  de  la  Grande  Chartreuse. 

Toutes, paraît-il, firent  la  sourde  oreille. 


De  quelle  nature  pouvait  bien  être  le 
trésor  de  la  Grande-Chartreuse  } 

d'E. 

L'if,  arbre  sacré  des  druides.  — 

L'if,  taxus  haccata  de  Linné,  est  un  des 
arbres  qui  ont  été  prisés  depuis  la  plus 
haute  antiquité. 

La  toxicité  de  son  ombre,de  ses  feuilles, 
de  ses  fruits  a  été  l'objet  des  opinions  les 
plus  diverses.  (Voir  Intermédiaire,  XVI, 
243,  347  ;  Larousse,  Dictionnaire , etc. ).U. 
était  des  plus  répandus  comme  l'indique 
une  fois  de  plus  notre  Recueil  (XL1X,862, 
863. 

On  désirerait  savoir  s'il  était  considéré 
par  les  Druides  comme  arbre  sacré  et 
aussi  pourquoi  il  a  été  choisi  comme 
arbre  funéraire  dans  nombre  de  régions. 
(Normandie,  Bretagne,  etc.). 

L.  Depal. 


«  Canale  Dei  Mulini.  Schuna. 
Auscenti  »  en  Bretagne.  —  Luca 
degli  Albizzi,  capitaine  des  navires  flo- 
rentins se  rendant  d'Espagne  en  Angle- 
terre, et  en  Flandre  dit,  dans  son  journal 
de  bord,  dont  je  prépare  la  publication, 
qu'il  se  trouva,  en  novembre  1429,1a  nuit, 
après  une  tempête,  dans  un  passage  qu'il 
crût  être  le  «  canale  dei  Mulini  tra  Schu- 
na e  Auscenti  »  (le  canal  des  Moulins  entre 
Schuna  et  Auscenti)  en  Bretagne.  Le  jour 
venu,  il  s'aperçut  qu'il  n'était  point  près 
des  côtes  de  la  Bretagne,  mais  près  de 
celles  de  l'Angleterre. 

Le  chenal  où  Albizzi  croyait  être,  se 
trouve  certainement  dans  l'Archipel  situé 
à  l'extrémité  de  la  Bretagne.  Auscenti  est, 
sans  doute,  l'île  à'Ouessant.  Alors  le 
canal  des  Mulini  doit  être  celui  appelé 
actuellement  passage  du  Fromveur.  Mais 
eut-il  jamais  le  nom  de  Moulins  ?  Et  quel 
est  le  nom  actuel  de  Schuna  certainement 
une  île  près  de  celle  d'Ouessant  ? 

Prof.  Luig  P. 

Famille  Benoist.  —  Etienne  Benoist, 
écuyer,  était  officier  de  milice,  chevalier 
de  Saint-Louis  ;  son  père, Etienne  Benoist, 
était  écuyer,  contrôleur  ordinaire  des 
guerres  à  Chalon-sur-Saône.  Prière  de  me 
déterminer  leurs  armes.  Etienne  se  faisait 
appeler  Benoist  de  Vaugrenand. 

A.  DE  Baux. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Août  1904, 


165 


[66 


Un  portrait  des  Bruslys  à  retrou- 
ver. —  Je  désire  connaître  le  possesseur 
actuel  du  portrait  de  Félicité-Louise-Mar- 
guerite  de  la  Rousselière,  épouse  du  gé- 
néral baron  Nicolas  Ernault  Des  Bruslys 
(1757-1809),  mort  gouverneur  de  Bour- 
bon, et  cela  dans  le  but  d'en  obtenir  une 
copie  photographique  pour  un  ouvrage 
que  j'ai  en  main. 

Voici  les  indications  que  je  possède  : 
En  1855,  le  portrait  de  madame  Des 
Bruslys  se  trouvait  au  château  de  W..., 
près  d'Odratzheim, canton  de  Wasselonne, 
(Alsace)  où  habitait  le  fils  du  général,  le 
lieutenant-colonel  baron  Henri  Des  Brus- 
lys, (1805-1864).  A  la  mort  de  ce  der- 
nier sans  postérité,  le  portrait  a  peut-être 
passé  à  madame  Delbalat,  sa  parente^ 
veuve  d'un  ingénieur  des  Ponts  et  Chaus- 
sées ou  de  Constructions  Navales,  à  Lo- 
rient  ;  dont  descendance. 

En  1845,  Monsieur  Jules  Duhazier,  fils 
de  la  baronne  Des  Bruslys,  de  son  pre- 
mier mariage,  avait,  à  l'Hôtel  des  Mon- 
naies, dont  il  était  Directeur,  le  portrait 
du  général  Des  Bruslys.  Il  a  peut-être 
aussi  possédé  dans  la  suite  celui  de  sa 
mère. 

Mademoiselle  Duhazier  a  épousé  un 
Monsieur  Picard,  d'Odratzheim,  ingénieur 
des  Ponts  et  Chaussées  à  Aurillac. 

Le  portrait  se  trouve  donc  probable- 
ment dans  l'une  des  familles  Delbalat, 
Picard  ou  Panon  Duhazier. 

Etant  actuellement  à  l'étranger  et  ne 
connaissant  l'adresse  d'aucune  de  ces 
familles,  je  serais  reconnaissant  aux  col- 
laborateurs de  V Intermédiaire  qui  pour- 
raient me  mettre  en  communication  avec 
elles.  D^  P. 

Baron  de  Grunstein.  —  Existe-t-il 
des  documents  sur  ce  personnage  alsa- 
sien  ou  allemand  d'origine  ?  Il  était  aide 
de  camp  du  duc  d'Enghien  au  moment 
de  son  arrestation.  Le  duc  d'Enghien  avait 
épousé  la  princesse  Charlotte  de  Rohan 
et  avaiteupourtémoinslebaronde  Gruns- 
tein et  le  marquis  de  Thumery,  c'est 
même  ce  nom  de  Thumery  qui  a  été 
cause  de  Tarrestation  du  duc, le  gendarme 
ayant  lu  Dumouriez  pour  Thumery.  Le 
prêtre  qui  a  officié  pour  le  mariage  était 
l'abbé  Weinborn,  longtemps  grand  vi- 
caire du  cardinal  de  Rohan. 

BOOKWORM. 


Famille  de  Guibert.  —  Je  serai  très 
reconnaissant  à  l'aimable  confrère, à  l'éru- 
dit  collaborateur,  qui  voudra  bien  indi- 
quer, avec  preuves  à  l'appui,  dans  quelles 
circonstances  la  branche  de  Guibert- 
Cabrières  a  contracté,  avant  1635,  une 
alliance  avec  la  famille  de  Gimel. 

Madel. 

Prononciation  du  nom  de  Mon- 
taigne. —  Généralement  on  prononce 
Montagne.  Mais  parmi  les  personnes  qui 
s'occupent  le  plus  de  l'auteur  des  Essais^ 
j'en  connais  qui  protestent  contre  cet 
usf  ge  et  prononcent  toujours  Montagne, 
de  même  qu'on  prononçait  Espagne,  alors 
même  qu'on  écrivait  Espa/gne. 

Quelqu'un  pourrait-ïl,  en  s'appuyant 
sur  des  textes,  dire  qui  a  raison  de  ceux 
qui  prononcent  Montagne,  ou  de  ceux 
qui  prononcent  Montègne  ?  H.  M. 

\ on  Intermédiaire,  T .  G.,  606. 

Famille  Paudevani  de  Sully.  — 

Un  des  lecteurs  de  V Intermédiaire  pour- 
rait-il me  fournir  des  renseignements 
sur  la  famille  Pandevani  de  Sully  ^ 

Malatesta. 

Famille    Reynard  de  Boissieux. 

—  David-François  Reynard  delà  Rochette 
et  de  Boissieux,  conseiller  du  Roi,  con- 
trôleur aux  gabelles  du  Beaujolais,  épousa 
Suzanne-Marguerite  Perrin. 

Les  familles  de  Boissieu  ou  de  Boissieux 
sont  nombreuses  et  on  peut  lesconfondre. 

Le  titre  de  conseiller  du  roi  indique 
aisément  que  David-François  avait  des 
armoiries.  Prière  de  les  fournir. 

Peut-être  pourrait-on  retrouver  égale- 
ment des  renseignements  sur  la  famille 
Perrin.  Suzanne  Marguerite  mourut  à 
Lyon  le  9  novembre  1763.  Quels  étaient 
ses  père  et  mère  ?  A.  deBrux. 

Un  portrait  de  l'imprimeur  J.- 
J.  Marcel.' —  L'Intermédiaire^  dans  les 
Petites  nouvelles  de  la  couverture  du  n» 
1045,  nous  apprend  que  M.  Christian, 
directeur  de  l'Imprimerie  nationale,  vient 
de  doter  cet  établissement  d'un  très  beau 
portrait,  par  Dumont,  de  l'un  de  ses  pré- 
décesseurs, J.-J.  Marcel,  qui  dirigea  l'im- 
primerie pendant  le  Consulat  et  l'Empire, 
de  1802  à  1814. 

M.  Marcel,  qui  fut  un  érudit  et  unorien- 


N-  1048. 


L'INTERMÉDIAIRE 


167 


168 


taliste  des  plus  appréciés,  fut  l'un  des 
principaux  collaborateurs,  effectifs,  de  la 
grande  Dcscripiion  de  l'Egypte,  qui  s'im- 
prima, d'ailleurs,  sous  sa  direction.  Sur 
le  choix  même  de  Bonaparte,  il  avait 
aussi  été  Directeur  de  l'Imprimerie  na- 
tionale de  l'Armée,  durant  l'Expédition 
française  en  Egypte  (de  1798  à  1801). 
Ses  grandes  Aflllches  de  ce  temps,  ses 
Proclamations  de  nos  grands  chefs,  son 
Procès  de  Souleymàn-el-Halebi,  l'assas- 
sin de  Kléber,  imprimés  mi-partie  en 
français,  en  arabe  et  en  turc,  tout  ainsi 
que  son  Oraison  dominicale,  de  1805, im- 
primée en  cent  cinquante  langues  ou  dia- 
lectes différents  (i),  restent,  tous,  comme 
l'œuvre  d'un  Maître,  et,  cependant  son 
propre  Portrait  manque,  inexcusable 
oubli,  dans  la  collection  des  petits  Por- 
traits de  profil  des  Membres  de  l'Expédi- 
tion, dessinés  et  gravés,  en  Egypte,  par 
Du  Tertre. 

Assurément,  aujourd'hui,  M.  Christian 
ferait  une  œuvre  pie,  s'il  se  décidait  à 
faire  reproduire  par  les  procédés  mo- 
dernes de  gravure,  de  lithographie  ou  de 
photogravure,  son  très  beau  portrait  de 
J.-J.  Marcel,  de  Dumont.  Ce  serait,  à  la 
fois,  une  bonne  action  et  la  réparation 
d'un  long  oubli,  immérité. 

Ulric  Richard-Desaix. 


(i)  Cette  curieuse  édition  polyglotte  de 
V Oraison,  forme  un  volume  ir)-4°  de  164 
feuillets,  Titre, Faux-titres, Dédicace  et  Tables 
compris,  dont  toutes  les  pages,  imprimées  en 
noir,  quant  au  texte,  sont  encadrées  d'un  large 
filet  ornementé,  tiré  en  rouge.  — Qu'il  nous 
soit  permis,  au  sujet  de  ce  livre,  de  citer  cet 
intéressant  passage  de  la  Notice  historique  sur 
J.-J.  Marcel,  de  M.  A.  Taillefer  (Paris,  in-S" 
1854  )  :  «  En  1805.  le  pape  Pie  VU,  visitant 
l'imprimerie  impériale,  reçut  des  mains  du  Di- 
recteur un  magnifique  in-folio,  imprimé  sur 
satin,  intitulé  :    Adlocutio  et    encomia,  vcr- 

riis  linguis   expressa,  summo.  Pontificii 

ohlata,  contenant  des  discours  et  pièces  de 
vers  composés  par  lui  en  neuf  langues  diffé- 
rentes. Une  autre  surprise  était  réservée  à  Sa 
Sainteté.  M.  Marcel  avait  fait  imprimer,  ad 
hoc,  VOraison  dominicale,  en  i^o  langues. 
Chacune  des  cent  cinquante  presses  que  pos- 
sédait l'impiimerie  tirait,  lors  du  passage  du 
saint  Père,  une  feuille  qui  lui  était  remise.  A 
la  cent-cinquantième  presse,  l'ouvrage  était 
complet  ;  et  une  magnifique  reliure,  exécutée 
presque  instantanément,  convertissait  en  un 
beau  volume  les  feuilles  offertes  au  souverain 
pontife,  qui  se  retira  émerveillé,  en   donnant 


Abbé  Weinborn.  —  Longtemps 
grand  vicaire  du  cardinal  de  Rohan.  Un 
ophélète  peut-il  me    renseigner    sur  son 


compte 


BOOKWORM  . 


Armes  de  la  Rivière.  —  Charles  de 
la  Rivière,  écuier,  seigneur  de  Hostieux 
ou  des  Hoteux  en  Noimandie  et  de  Pré- 
daulge,  vendit,  en  1571,  une  partie  de  la 
seigneurie  d'Ancey,  au  bailliage  de  Dijon, 
à  Jacques  des  comtes  de  Vintimille.il  y 
avait  en  Normandie  plusieurs  familles  de 
la  Rivière  portant  des  armes  différentes  ; 
je  désirerais  connaître  celles  de  ce  Charles 
de  la  Rivière.  P.  le  J. 

Singulières  armoiries  papales.  — 

Quel  est  donc  le  Pape  qui  eut  pour  armoi- 
ries :  d'or,  surchargé  de  trois  pots  (l^iilgo  : 
cruches),  de  sable,  deux  et  un)  armoiries 
que  je  trouve  ainsi  dessinées, dans  le  fond 
d'un  petit  frontispice  signé  :  Harrewijn 
fecit,  représentant  un  Pape  assis  sur  son 
siège  apostolique,  recevant  en  audience 
des  évêques  grecs  et  arméniens  et  qui  est 
placé  en  tète  d'un  assez  rare  petit  volume  : 
Etat  présent  des  Nations  et  Eglises  grecque, 
arménienne  et  maronite,  en  Turquie,  par 
le  sieur  De  La  Croix.  Paris,  Pierre  Héris- 
sant,petit  in- 12, 1695.  Treize  feuillets  non 
chiffrés  pour  le  Titre,  le  Frontispice,  l'Epî- 
tre  dédicatoire  au  Roi,  et  la  Préface,  266 
pages  de  texte,  et  in  fine,  pour  la  Table  et 
Privilège  :  huit  feuillets,  non  chiffrés. 

Truth 
Innocent  Xll,  Pignatelli  (1691-1700). 

La  fleur  de  lis  dans  les  armes  des 
Peretti  délia  Rocca.  — 

1°  Pourquoi  la  famille  corse  de  Peretti 
délia  Rocca  porte-t-elle  dans  ses  armes 
une  fleur  de  lis  d'or  sur  champ  d'a:^tir  ? 

2"  Descend-elle  du  patricien  romain 
Ugo  Colonna  qui  passa  en  Corse  en  775  et 
dont  l'un  des  descendants  appelé  Simicello 
délia  Rocca  fut  comte  de  Corse  en  1280  ■ 

3°  La  famille  de  Peretti  délia  Rocca 
a-t-elle  actuellement   des   représentants  .'' 

Edmond  S 

Armoiries  à  déterminer  :  D'or  à 
3  roseaux  de  sinople!...  — D'or  à 
^  roseaux  de  sinople  ;  att  chef  d'à  {ur  chargé 

au   Directeur  les  témoignages  de  la  plus  vive 
satisfaction.  » 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


169 


10  Août  1904 


de  7  étoiles  d'or  ;  à  la  rivière  ondée  d'a:(ur 
en  pointe. 

Ecu  ovale  surmonté  d'une  couronne  de 
marquis. 

Ces  armoiries  se  trouvent  sur  un  ex- 
li bris  dans  le  Recueil  des  Foiages  qui  ont 
servi  à  l'établissement  et  au  pt  agrès  de  la 
compagnie  des  Indes  orientales  formée  dans 
les  Provinces  Unies  des  Pais-Bas.  Amster- 
dam, 1716. 

J'ai  trouvé  cet  ouvrage  chez  un  bou- 
quiniste de  Bordeaux,  il  y  a  une  vingtaine 
d'années.  D'  P. 


Ordrj  de  la  Félicité.  —  Dans  son 
Histoire  des  sociétés  badines  an  xvui^ 
siècle,  (II.  301  et  suivantes),  M.  Arthur 
Dinaux  fait  un  récit  très  détaillé  et  très 
intéressant  de  «  l'Ordre  de  la  Félicité  » 
fondé  entre  1740  et  1745.  et  dont  le 
premier  chef  aurait  été  Moët,  le  disciple 
de  Swedenborg. 

Cette  société,  qui  n'employait  que  des 
expressions  maritimes,  mêlées  à  une  ter- 
minologie maçonnique,  me  semble  avoir 
été  surtout  une  société.... bizarre.  L'argot 
d'un  certain  milieu  à  mœurs  étranges  res 
semble  d'une  façon  singulière  au  langage 
des  membres  de  l'Ordre  de  la  Félicité. 
Je  ne  m'étendrai  pas  plus  longuement, 
en  commentaires  sur  ce  terrain  scabreux. 

Je  me  bornerai  à  reproduire  ici  la  for- 
mule d'un  brevet  de  cette  société,  brevet 
que  je  possède  annexé  à  ma  carte  fantai- 
siste Je  l'Ile  de  Félicité  : 

Scipion  de  la  Garde,  marquis  de  Chain- 
bonas  par  la  grâce  de  Saint-Nicolas 

Grand  maître  du  sublime  ordre  de  la 
Félicité. 

A  tous  ceux  qui  ses  présentes  verront, 
vent  en  poupe  et  jubilation.  Connaissant  le 
carracthère,  l'esprit,  les  talents  et  l'expérience 
dans  le  service  de  Mer  de  notre  très  cher  et 
très  aimé  fils  Dotté,  lui  avons  octroyé  et 
octroyons,  donné  et  donnons  de  notre  plein 
pouvoir  et  pleine  science,  la  charge  de  chef 
d'escadre  dans  le  susdit  sublime  ordre,  pour 
en  cette  qualité,  posséder  et  jouir  de  tous  les 
honneurs  et  prérogatives  y  attachées,  porter 
son  ancre  amararée  à  quatf^e  cables  verds. 

Lui  enjoignons  seulement  d'observer  et 
faire  observer  les  règles  prescrites  par  les 
statuts. 

En  foy  de  quoi  nous  lui  avons  fait  expé- 
dier la  présente  signée  de  notre  main,  contre- 
signée par  le  secrétaire  de  l'ordre  et  à  icelle 
fait  apposer  notre  grand  sceau  de  cire  verte. 


170 


Donné  en  la  rade  de  Paris  le  quatorie 
avril  m\\  sept  cent  quarante  cinq  et  de  notre 
magistère  \q  cinquième. 

Permission   de    recevoir    partout    on    la 
troupe     des    gensdarmes     se    trouvera,    en 
l'absence  de  notre  f.  de  la  salle. 
Le  M.  DE  Chambonas.  G.  M. 
Par  Monseigneur 

Contant,    secrétaire. 
Fait  par  les  soins  de  notre  F.  Pecquet,  garde 
de  nos  archives  1745. 

Cette  dernière  phrase  gravée  en  bas  du 
brevet  à  gauche  à  l'endroit  où  l'on  met 
généralement  le  nom  du  graveur. 

Tous  les  mots  en  italiques  sont  écrits  à 
l'encre  verte  ;  le  reste  est  gravé.  Le  di- 
plôme est  encadré  d'un  très  joli  motif;  le 
tout  sur  parchemin. 

En  bas,  à  gauche,  un  sceau  de  cire 
verte  représentant  une  ancre,  avec  les 
lettres  I.  S  ;  en  haut  à  droite,  une  em- 
preinte analogue,  à  l'encre   verte. 

La  carte  de  l'isle  de  la  Félicité  est 
curieuse  : 

Sur  le  point  culminant,  le  temple  du 
bonheur  parfait. 

Au  sud  de  l'isle,  le  port  de  la  Félicité 
dans  une  «  mer  Favorable  »  où  l'on  si- 
gnale «  recueil  de  la  volupté  et  l'écueil 
de  l'ambition  »  à  l'est  «  l'écueil  de  l'en- 
nui »  en  face  du  port  de  l'égalité  ;  à  l'ouest 
les  écueils  ^<  de  la  suffisance,  en  face  du 
port  de  richesse  ;  du  caprice  en  face  du 
port  de  beauté,  et  de  la  fadeur  en  face 
du  port  de  la  complaisance  ». 

Au  nord,  la  mer    sauvage   avec  le  port 
de  vertu    rendu    impraticable  par  le  pla- 
teau des  rochers  de  pruderie. 
Les  villages  s'appellent  : 
Philosophie,    harmonie,  cajolerie,  le  je 
ne  sais  quoi. 

On  remarque  également  le  château  de 
santé,  le  marais  des  plaisirs  innocents,  la 
tour  des  badinages  et  la  montagne  des 
honneurs. 

Le  graveur  a   signé  Weis.  Arg.  Fecit 

1743- 
Existe-t-il  sur  cet  ordre  des  détails  plus 

complets  que   ceux    donnés    par   M.    A. 
Dinaux  t 

Est-ce  que  l'ordre  de  la  Félicité  se  rata- 
chait  d'une  façon  quelconque  à  la  franc- 
maçonnerie  t  J.-G.  Bord. 

Recueil  de  Corona.  —  On  conserve 
dans  les  bibliothèques  d'Italie  quatre  ou 
cinq  copies  d'un  fameux  manuscrit  connu 


N«  1048. 


L'INTERMEDIAIRE 


171 


172 


sous  le  nom  de  Recueil  de  Corotta  et  qui 
contient  un  grand  nombre  d'anecdotes 
originales  sur  une  des  époques  les  plus 
importantes  de  l'histoire  italienne. 

11  y  a  dix  ans,  ce  recueil  était  encore 
inédit.  L'a-t-on  publié  depuis.''  Que  sait- 
on  sur  son  auteur  ?  S. 

La  chanson  de  M.  de  la  Palisse. 

—  Au  nombre  des  œuvres  de  M.  de  la 
Monnoye,  poète  de  la  fin  du  xvii*  siècle 
et  membre  de  l'Académie  française, figure 
la  célèbre  chanson, en  cinquante  strophes, 
qui  commence  par  celle-ci  : 

Messieurs,  vous  plaît-il  ouïr 
L'air  du  fameux  La  Galisse  {sicj 
Il  pourra  vous  rejouir 
Pourvu  qu'il  vous  divertisse. 

et  qui  s'est  popularisée  plus  tard,  sous  le 
nom  de  chanson  de  M.  de  la  Palisse. 

Peut-on  savoir  pourquoi,  comment  et 
par  qui  s'est  faite  cette  transformation  de 
nom  :  La  Galisse  en  la  Palisse  ^ 

La  Monnoye  est-il  le  véritable  auteur 
de  cette  poésie  niaise  .?  A-t-elle  eu  des 
variantes  ? 

Je  n'y  trouve  pas  le  couplet  final  qui  se 
réveille  dans  ma  mémoire  : 

M.  de  la  Palysse  est  mort 
Mort  de  maladie 
Un  quart  d'heure  avant  sa  mort 
II  était  encore  en  vie. 

celui-ci    qui     reproduit 


mais 
idée 


la 


même 


Regretté  de  ses  soldats 
Il   mourut  digne  d'envie 
Et  le  jour  de  son  trépas 
Fut  le  dernier  de  sa  vie. 

Henry  Vivarez. 

«Souvenirs  de  la  Guerre  d'Espa- 
gne par  un  adjudant  dechasseurs». 

—  Peut-on  me  dire  quel  est  l'auteur  de 
ces  intéressants  Souvenirs  et  surtout  à 
quel  régiment  il  appartenait  ? 

La  Résie. 

Le  sang  royal  de  Franco.  —  Cette 
publication  commencée  en  1889  dans  \' Ar- 
moriai Français,  a-t-elle  été  continuée 
après  la  disparition  de  cette  revue  (1893  "i .? 
Où  ?  O  Le  Court. 

Quatre  hors-d'œuvre  deRossini. 

—  Parmi  les  manuscrits  de  Rossini  exis- 
tant  actuellement    dans   la  bibliothèque 


Rossinienne  de  Pesaro,  il  y  a  ces  quatre 
morceaux  de  cet  homme  célèbre,  aussi 
grand  comme  musicien  que  comme  cui- 
sinier :  lo  Les  radis;  2"  Les  anchois 
(thème  et  variations)  ;  3°  Les  Cornichons 
thème  et  variations  ;  4"  Le  Beurre  (thème 
et  variations). 

Ces  quatre  morceaux  ont-ils  été  jamais 
imprimés  ou  simplement  joués  ? 

Archestrate. 

Les  documents  phalliques.  —  Il 

existe  au  musée  archéologique  de  Nantes 
une  gravure  en  creux  sur  pierre  calcaire 
barlongue, représentant  une  tétede femme 
aux  longs  cheveux,  de  face,  cantonnée  de 
quatre  phallus  ailés. 

Cette  pierre  bien  connue  des  archéolo- 
gues, a  été  trouvée  engagée  dans  les  fon- 
dations, près  de  la  porte  de  l'ancienne 
église  de  Rezé  (Loire-Inférieure), lors  des 
fouilles  dirigées  par  M.  Sabot  en  1854. 
{Cat.  Fortuné  Parenteau,  pp.  35-36,  pi. 
10). 

L'auteur  du  catalogue  a  été  conduit  à 
se  demander  s'il  s'agit  d'un  monument 
religieux,  à  cause  de  la  provenance,  sans 
doute,  ou  d'une  enseigne  de  Lupanar. 
Nous  nous  en  tiendrions  volontiers  à  cette 
dernière  attribution,  tout  en  nous  repor- 
tant à  une  époque  de  beaucoup  antérieure 
au  vi"  siècle,  date  marquée  par  F.  Paren- 
teau. 

On  vient  de  trouver  dans  les  Deux- 
Sèvres,  et  l'on  peut  voir  au  musée  de 
Niort,  une  autre  pierre  qu'il  est  impossi- 
ble de  ne  point  comparer  à  l'enseigne  de 
Nantes,  bien  qu'elle  ne  porte  qu'un  seul 
phallus  et  que  la  tète  féminine  soit  dans 
le  prolongement  du  phallus  et  non  plus 
perpendiculaire  à  son  axe. 

Existe-t-il  en  France  des  documents 
semblables  ^  Léda. 

Un  distique  :  «  casta  placent  »   — 

M.Joseph  Galtier,  dans  le  Temps  14  mai 
1904,  Promenades  et  visites.,  raconte  que 
dans  le  palais  du  comte  Joseph  Primoli  à 
Rome,  sur  le  bas-relief  d'une  fontaine, 
une  main  a  écrit  ce  distique  : 
Casta  placent    superto  :    pura   cum   mente 

[venite, 
Et  manibus  puris  sumite  fontis  aquam 

La  charité  plaît  aux  dieux  ;  venez 
d'une  main  pure,  et  de  vos  mains  pures, 
prenez  l'eau  de  la  fontaine. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août   1904 . 


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174 


11  ne  dit  pas  de  qui  les  vers  ? 
Peut-être  un  chercheur    pourra  t-il   en 
nommer  l'auteur  ?  Bookworm. 

<*  J'appelle  un  chat  un  chat  ».  —  Boi- 
leau  ne  serait-il  pas  l'auteur  de  cette 
formule  ?  Je  trouve  dans  un  très  rare  et 
précieux  recueil  d'anciens  proverbes,  le 
ta  Ici  in  de  Rccr  cation  (1611)  : 

Chacun  debvroit  appeler  le  chat  chat. 

Je  lis  aussi,  dans  l'Appendice  des   Cu- 
riosité? françaises  d'Antoine  Oudin  : 

J'entends  bien   .Viiiion   sans  dire  chat  =  Je 
devine  ce  que  vous  voulez  dire. 

Ces  deux,  proverbes  n'ont  pas  été  re- 
cueillis par  Leroux  de  Lincy.  P.  L. 

Mai  d'amour.  —  11  existe  dans 
le  Bas-Maine,  lors  des  mariages,  une 
vieille  coutume  qui  porte  le  nom  de  «Mai 
d'amour  ». 

A  l'entrée  de  la  salle  où  doit  avoir  lieu 
le  repas  de  noces, on  plante  un  arbrisseau 
généralement  une  assez  grosse  branche, 
garnie  de   rubans.  Les  nouveaux  mariés 
doivent  l'enlever,  puis  s'ils  ne  peuvent  le 
faire,  c'est  au  garçon  et  à  la  «  fille  d'hon- 
neur »,  comme  l'on  dit,  de  l'enlever,  et 
bientôt  tous  en  bras  de  chemise  essaient 
de    le     faire.  Cette     branche,     ce    mai, 
doit  être    enlevé    ou    arraché,    ou    bien 
alors  laissé  en  place,  mais  il  ne  doit  être 
ni    brisé    ni    coupé.     J'ai    entendu     dire 
qu'une  rixe  avait  failli  s'élever  dans  une 
noce,   parce  qu'un  des  garçons  d'honneur 
avait   coupé  le  «  Mai  ,y.   Inutile  de   dire 
que  l'ingéniosité  est  grande  pour  fixer  so- 
lidement en  terre   le  «  Mai  ».   Voici,  en 
général,  comment  on  procède  :  la    bran- 
che qui  atteint  en  général    3  ou  4  mètres 
de  hauteur,  est  enfoncée  dans  le  moyeu 
d'une  roue  de  charrette  et  fixée  très  soli- 
dement au   moyen   d'une  cheville.  Cette 
roue  est  enterrée  dans  un  trou  d'une  pro- 
fondeur de  I  mètre  environ.  La  terre  est 
foulée  par  dessus,  et  même  on  ajoute  de 
grosses  pierres,  si  bien  que  pour  pouvoir 
déraciner  le  «  mai  »   il  faut   enlever   en 
même  temps  la  roue  et  la  terre  qui  la  re- 
couvre, ce  qui  exige   une  force  considé- 
rable. 

Quelque  aimable  intermédiairiste  pour- 
rait-il me  dire  si  cette  coutume  existe  dans 
d'autres  pays,   et   en  outre   quelle  est  la 

signification    symbolique    de   cette   cou- 


tume en  même  temps  que   l'étymologie 
du  nom  de  s<  Mai  d'amour  »  ^ 

Dr  A.  L. 

Le  jeu  de  boules.  —    Peut-on    me 
renseigner  sur  les  origines  du  très  anti 
que /t'«    de  boules  .?J"ai    bien  consulté  la 
table  de  Vliitemicdiair^  (où   l'on   trouve 
tout),  mais  cette  fois,  sans  résultat. 

Rabelais  mentionne  (chap.  XXII  de  la 
Vie  de  Gargantua]  le  jeu  de  cochonnet  va 
devant  qui  pourrait  bi.n  se  rapporter  à 
ma  question. 

Notre  journal  ayant  déjà  prêté  ses  co- 
lonnes à  des  questions  du  même  genre, 
pour  le  père  de  la  Chaule  (T.  G.  208)  et 
plus  récemment  pour  le  Jeu  de  bouchon, 
celle-ci,  je  n'en  doute  aucunement,  pro- 
voquera des  réponses  également  intéres- 
santes. PlETRO. 

La  société  desDébris  de  la  Vieille 
Armée.  —  Il  existait,  sous  le  second 
Empire,  une  Société  dite  s<  des  Débris  de 
la  Vieille  Armée.  »  Comment  trouver  des 
détails  précis  sur  la  fondation,  les  règle- 
ments, le  nom  des  membres  de  cette  so- 
ciété, etc.,  etc.  ^  C.  B.  I. 

La  plantation  des  arbres.  —  Exis- 
te-il un  décret  sur  la  distance  à  observer, 
de  propriété  à  propriété,  dans  la  planta- 
tion des  arbres  ?  A.  R, 

Bramant.  —  «  J'vons  bramant  »  di- 
sait le  père  Racalin  conduisant  Claudine  à 
l'examen  et  l'auteur,  dans  une  note,  tra- 
duit ce  mot  par  «  confortablement,  à 
l'aise  ».Ne  serait-il  pas  plus  exactd'y  voir 
une  abréviation  de  bravement  —  de  l'ad- 
jectif brave  —  qui  joue  un  si  grand  rôle 
dans  le  langage  des  paysans  quand  ils 
éprouvent  un  contentement  de  la  part 
d'un  être  animé  ou  d'un  objet  matériel  ? 
Dans  ce  cas,  l'orthographe  bramant  pa- 
raîtrait devoir  être  plus  grammaticale 
pour  un  adverbe.  Sus. 

Les  caractères  physiques  de 
Leibnitz.  —  Il  y  aurait  un  intérêt  scien- 
tifique à  connaître  les  caractères  physi- 
ques de  Leibnitz  :  faillie,  corpulence,  for- 
ce musculaire,  etc.  Ces  caractères,  les 
connaît-on  ?  Ont-ils  été  relevés  ?  Où  ? 

A.  B.  X. 


N'   1048. 


L'INTERMEDIAIRE 


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176 


%é^mu^ 


Saint  Pierre  à  Fome(XLIX,  947; 
L,  64).  —  Depuis  sa  fondation,  sous  des 
directeurs  dont  les  idées  ou  les  croyances 
étaient  loin  d'être  les  mêmes,  notre  cher 
intermédiaire  s'est  toujours  abstenu  de 
traiter  des  questions  politiques  ou  reli- 
gieuses. Cela  a  fait  à  la  fois  son  charme 
et  sa  force.  Je  ne  puis  donc,  dans  le  temps 
troublé  où  nous  vivons,  que  m'associer 
au  collaborateur  H.  C.  M.  pour  proposer 
de  clore  toute  discussion  sur  la  question 
saint  Pierre.  E,  M. 


*  * 


La  discussion  est  close  parce  qu'elle 
peut  amener  des  froissements  d'une  na- 
ture délicate.  Mais  quelle  controverse 
n'est  pas  susceptible  d'irriter  des  convic- 
tions ardentes  ?  Nous  l'avons  éprouvé 
ici  même  avec  tant  de  questions,  qui 
étaient  à  l'ordre  du  jour  et  qu'on  pou- 
vait traiter  utilement  et  en  toute  cour- 
toisie. Il  suffisait  d'admettre  la  liberté  de 
toutes  les  opinions  et  d'en  pratiquer  large- 
ment le  respect. 

Ce  fut  de  tous  temps  la  tradition  de 
V Intermédiaire. Onyoudra.h\Qn  reconnaître 
que  nous  faisons  pour  la  suivre  les  efforts 
les  plus  impartiaux.  G.  M. 

Balzac  imprimeur.  Les  éditions 
compactes  (L.  57).  — Je  ne  suis  pas  en 
mesure  de  répondre  à  l'aimable  appel 
de  M.  Gros  Malo,  sur  ce  sujet,  ne  sachant 
rien  de  plus  que  MM.  Hano^aux  et  Vicaire, 
auxquels  j'ai  communiqué  tout  ce  que  je 
possède  relativement  à  Balzac  imprimeur. 
Maisle  meilleur  moyen, me  semble-t-il,  de 
savoir  qui  publia  la  première  de  ces  édi- 
tions compactes,  serait  de  consulter  le 
dépôt  légal,  et  de  vérifier  dans  la  Biblio- 
graphie de  la  France  laquelle  y  fut  indi- 
quée d'abord. 

SpOELBERCH  LOVENJOUL. 

* 

Notre  distingué  confrère,  M.Duhamel- 
Surville,  nous  adresse  l'intéressante  lettre 
suivante  : 

Mon  cher  directeur, 

M.  Gros  Malo  se  demande  si  M"""  Laure 
Surville,  sœur  d'Honoré  de  Balzac,  n'aurait 
pas  eu  raison  d'écrire  que  beaucoup  d'édi- 
teurs firent  en  1826  concurrence  à  Balzac  qui 
venait  alors  d'éditer,  d'après  une  nouvelle  for- 


mule,les  œuvres  complètes  de  La  Fontaine  et 
de  Molière.  11  avait  eu  l'idée  de  réunir  en  un 
seul  volume  Tœuvre  de  La  Fontaine  puis  celle 
encore  plus  compacte  de  Molière. 

Votre  collaborateur,  ainsi  d'ailleurs  le  fait- 
il  remarquer,  apporte  la  preuve  de  la  concur- 
rence dont  Balzac  eut  à  souffrir  puisqu'en 
dehors  des  livres  sortis  des  presses  de  l'impri- 
meur de  Balzac,  il  a  pu  se  procurer  deux  au- 
tres éditions  du  même  genre,  publiées  par 
deux  éditeurs  différents  et  mises  à  la  dispo- 
sition du  public  en  l'année  1826,  à  l'époque 
où  l'illustre  romancier  fit,  de  son  côté,  paraî- 
tre ses  deux  éditions  du  La  Fontaine  et  du 
Molière. 

Les  éditions  mises  en  vente  par  les  éditeurs 
patentés  ?u  cours  de  l'année  1820,  sont-elles 
antérieures  ou  postérieures  à  celles  de  Balzac? 
Là  est  le  nœud  de  la  question.  Si,  comme  je 
le  crois,  elles  sont  postérieures  de  quelques 
mois  aux  éditions  de  Balzac,  la  preuve  est 
aussi  apportée  que  ce  dernier  —  ainsi  que  i"a 
affirmé  en  connaissance  de  cause  M'°'=  Sur- 
ville —  eut  l'idée  première  des  éditions  com- 
pactes des  œuvres  d'auteurs  classiques.  J'ai 
tendance  à  les  supposer  postérieures,  et  voici 
pourquoi   : 

Ma  mère  m'a  souvent  parlé  de  l'époque  où 
son  oncle  avait  des  velléités  de  devenir  édi- 
teur. Ma  mère,  Mlle  Valentine  Surville,  de- 
venue Mme  Duhamel,  n'était  pas  née  en 
1826,  mais  plus  tard,  étant  jeune  fille,  elle 
servit  un  peu  de  secrétaire  à  Balzac,  durant 
les  dernières  années  de  la  vie  du  grand  écri- 
vain. Et,  elle  se  souvenait  parfaitement  que 
sa  mère,  Mme  Surville,  l'entretint  souvent  des 
difficultés  qui  suivirent  l'apparition  des  édi- 
tions. Elle  se  souvenait  aussi  que  son  oncle 
s'était  lamenté  plusieurs  fois  devant  elle  sur 
ses  embarras  financiers  et  qu'il  en  faisait  re- 
monter la  source  à  cette  déplorable  affaire  que 
fut,  en  définitive,  la  fameuse  publication.  Il 
racontait  que  des  éditeurs  avaient  été  jaloux 
de  lui,  de  l'idée  qu'il  avait  le  premier,  mise 
à  exécution  et  qui  —  si  elle  était  «  dans  l'air  » 
n'était  connue  que  parce  qu'il  s'en  était  ou- 
vert à  beaucoup  de  personnes,  avant  de  la 
réaliser.  Elle  disait  encore  qu'on  s'était  ligué 
contre  lui,  qu'on  avait  à  la  hâte  mis  sur  le 
chantier  ou  achevé  des  éditions  ayant  même 
aspect,  même  format,  mêmes  dessins  ou 
presque,  que  le-  siennes  et  qu'on  s'était  em- 
pressé de  les  offrir  au  public  afin  d'établir  une 
concurrence. 

Tout  cela  est  possible,  car  on  conviendra 
que  les  éditeurs  cle  carrière  avaient  beaucoup 
plus  d'influence  et  d'autorité  sur  les  libraires 
qui  vendaient  les  livres,  que  Balzac. 

Si  ma  grand-mère,  Mme  Surville,  a  ajouté 
que  les  éditions  compactes  dont  son  frère 
n'eut  pas  pécuniairement  à  se  louer,  enrichi- 
rent cependant  la  librairie,  c'est  que  Balzac  le 
croyait  ou  le  voulait  croire. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


to  Août  1904, 


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-    178 


Les  éditeurs  patentés  de  l'époque  ont  co- 
pié servilement,  lis  supposaient  sans  doute 
que,  même  en  librairie,  le  génie  ne  pouvait 
pas  se  tromper.  Ceci  est  une  boutade,  car  en 
1826,  Balzac  était  loin  d'avoir  donné  sa  me- 
sure. Plus  tard,  quoique  ses  éditions  l'aient 
appauvri,  il  se  plut  à  laisser  entendre  que  des 
éditeurs,  bien  servis  par  les  circonstances, 
s'étaient  enrichis  en  exploitant  une  idée  qui 
lui  était  propre  et  qu'il  estimait  bonne.  Ma 
grand-mère  à  ce  sujet  s'est  contentée  de  ré- 
péter ce  que  son  frère  avait  souvent  dit. 

En  ce  qui  concerne  l'édition,  MM.  Hano- 
taux  et  Vicaire  trouvent  qu'elle  est  d'une 
conception  banale  et  médiocre.  Selon  eux,  elle 
était  vouée  à  l'insuccès.  Pour  être  amusante  à 
feuilleter,  elle  n'est  certes  pas  facile  à  lire. 
Mais,  ce  point  n'est  pas  en  discussion.  11  suf- 
fit de  prouver  que  les  éditions  des  concurrents 
de  Balzac  n'étaient  ni  mieux  ni  pires,  identi- 
quement les  mêmes,  le  texte  en  deux  couleurs, 
les  caractères  minuscules, des  vignettes  en  tête 
de  page.  On  a  même  pris  à  Balzac  un  dessi- 
nateur ou  le  nom  de  son  dessinateur. 

Qu'on  rapproche  cet  ensemble  de  faits  des 
paroles  échappées  à  Balzac  dans  l'intimité  et 
on  peut  conclure. 

L.   DUHAMEL-SURVILLE. 
neveu  de  Balzac. 


Savoyard,  Savoisien,   Savoyen, 

(XLIX,  956  ;  L,  97).  —  «  Savoyard  suis, 
mentir  ne  puis  ».  Pour  être  correct,  non 
au  point  de  vue  grammatical,  philologi- 
que, linguistique,  mais  à  notre  point  de 
vue  national,  il  faut  dire  aujourd'hui 
SAVOYARD.  U  s'est  fait  un  mouvement 
d'opinion  en  ce  sens  et  je  crois  que  tout 
bon  sabaiidisant  sera  de  cet  avis. 

Peu  de  noms  de  peuples  ont  été  tortu- 
rés comme  celui  des  modernes  Allobroges  ; 
l'onomatologie  historique  en  offre  peu 
d'exemples.  La  question  soulevée  n'est 
pas  neuve  ;  elle  a  été  bien  des  fois  con- 
troversée ;  comme  quelques  autres,  elle  a 
déjà  fait  verser  beaucoup  d'encre.  MM. 
G. -M.  Raymond,  L.  Pillet,  Pascalein  et 
V.  de  Saint-Genis,  entre  autres,  l'ont  étu- 
diée consciencieusement. 

Le  mot  Savoie  et  le  nom  du  peuple  se 
sont  écrits  de  neuf  manières  différentes, 
suivant  les  âges  et  la  langue  dominante. 
Divers  auteurs  ont  écrit  tantôt  un  voca- 
ble, tantôt  un  autre.  Aussi  est-ce  un  dé- 
dale complet. 

Froissart  nous  appelait  déjà  :  les  tou- 
jours avant  SAVOYENS  ;  ce  qui,  soit 
dit  en  passatit,  semble  démORtf-îr    l'an- 


cienneté du  cri  national  :  En  avant^  Sa- 
voyards !  Sempre  avanti  Savoia  !  qui  a 
retenti  en  Crimée, en  Italie, à  Béthancourt, 
en  1871,  dans  la  bouche  du  marquis  A. 
Costa  de  Beauregard.commandantles  mo- 
biles de  la  Savoie,  et  qui  est  resté  la  de- 
vise de  la  reine  douairière  Marguerite  de 
Savoie. 

D'autre  part,  Froissart  nous  apprend 
aussi  que  le  comte  Amédée  Vil  de  Savoie 
conduisit  au  siège  d'Ypres  sept  cents  lances 
dépars  SAVOISIENS. 

Le  nom  de  Froissart  me  fait  souvenir 
d'un  texte,  ou  plutôt  d'une  copie  de  texte, 
où  j'ai  lu  le  nom  SAVOYEUX,  et  d'une 
autre  lecture  paraissant  justifier  l'exis- 
tence de  cette  appellation  à  un  moment 
donné.  Ne  pouvant  retrouver  actuelle- 
ment la  copie  et  la  note  relatives  à  ce 
vocable  assez  original,  je  le  cite,  pour 
mémoire,  aujourd'hui,  avec  mention  du- 
bitative. 

Symphorien  Champier  dit  en  15 16: 

Les  Allobroges  prirent  le  nom  de  SA- 
VOISIENS et  leur  pays  s'appelle  Savoie  ou 
Sabaadia,  qui  vaut  autant  à  dire  comme 
Salva-via,  c'est  à  entendre  vie  sauve  on  au- 
trement Chemin  de  sùfeté,  pour  ce  que  les 
Savoysiens  ont  gardé  et  maintenu  bonne 
justice  en  leurs  terres  et  seigneuries,  car  là 
où  est  bonne  justice,  chacun  a  toujours  vie 
sauve  et  chemin  sûr.  Et  aussi  le  mot  Sa- 
voie veut  dire  voie  salutaire,  parce  qu'on 
peut  en  toute  sûreté  traverser  les  monta- 
gnes, vu  l'honnêteté  et  l'hospitalité  des  ha- 
bitants. 

Pour  M.  E.  H.  Gaullieur,  quiaétadié 
les  Chroniques  de  Savoie,  le  nom  de  Sa- 
voisien ou  Savoyard  serait  une  espèce  de 
sobriquet  honorable, comme  celui  qui  fut, 
'dit-on,  donné  aux  Francs,  à  cause  de  la 
franchise  de  leur  caractère. 

Aucune  des  étymologies  du  mot  Sa- 
voie ne  lui  paraît  bien  satisfaisante. 
Ammien  Marcellin  l'appelle  Sapaiidia^  et, 
après  l'invasion  barbare,  on  trouve  indif- 
féremment Sahoja^  Savoia,  Savoyia  (bu 
Savogia  .?),  Ager  Savoyensis,  Burgundia 
Sabaudica. 

Dans  un  acte  des  Archives  de  Mau- 
rienne,de  l'an  looo,  on  trouve  :  Humbert. 
Cornes  in  Agro  Savoyensi,  et  dans  la  fon- 
dation du  prieuré  du  Bourget,  en  1030  : 
Amedeiis  Cames  Savogie. 

Suivant  Albanis  Beaumont  et  d'autres 
savants,  le  mot  Allobroge  est  un  mot  cel- 
tique (\\:às\gïi\ï\Q  compatriotes  montagnards. 


N°  l'.^S. 


L'INTERMÉDIAIRE 


i-yy 


180 


Quant  au  mot  Sahandia ^Sah-audia  ou  bien   ' 
encore  Sapaudia^  Scp-andla^  il  dériveiait 
également  du  celte  et  signifierait  ^aj'^  de 
montngncs. 

Gédéon  Ponlier,  reprenant  l'opinion  de 
S.  Champicr,  dit  que  : 

la  Savoie  fut  appelée  de  ce  nom,  comme 
qui  dirait  sauvc-voic  ou  bon  chemin^  et  ce, 
depuis  qu'elle  fut  purgée  de  plusieurs  bri- 
gands et  meurtriers  qui  rendaient  les  che- 
mins dangereux  et  impraticables  ;  ou  bien 
d'un  village  nommé  Sabatie  que  Piolémée 
place  dans  les  Alpes,  ou  enfin  de  Sabaudus 
archevêque  d'Arles,    qui  la    fit  catholique. 

Léon  Menabrea.  après  avoir  parlé  de 
Scilva-via,  par  opposition  à  Mala-Via^  de 
Sine  via,  àt  Jupiter  Scibadiiis,  nous  rap- 
pelle un  terme  germanique  Sap-lVaîd^ 
forêt  de  sapins,  que  l'on  a  donné  comme 
étymologie  de  Savoie.  Ce  mot,  avec  la 
prononciation  hoch-dcuisch {haiitaWemand) 
parait  assez  approprié  à  cette  application. 
Il  ne  faut  pas  oublier  que  l'on  retrouve  en 
Savoie  beaucoup  de  vestiges  germaniques 
et  burgondes. 

Papire  Masson  et  Alphonse  Del  Bene, 
appelant  la  Savoie  Sahaiidia  quasi  Sehusia- 
en  désignent  les  habitants  sous  le  nom  de 
Savoisiani  quasi  Sebiisiaui,  expressions 
déjà  employées  par  Cœnalis,  évêque 
d'Avranches. 

SAVOISIEN.  —  Bayard  répondait  à 
François  I",  qui  lui  demandait  pourquoi 
il  n'avait  que  des  Savoyards  dans  sa  com- 
pagnie : 

Sire,  les  Savoisiens  sont  si  lourds  et  si 
pesants  à  la  guerre  qu'ils  ne  savent  s'enfuir 
et  ils  ont  la  main  si  pesante  qu'ils  ne  la 
peuvent  arracher  du  dos  de  l'ennemi. 

Clément  Marot  chantait  à  propos  de 
Louise  de  Savoie  : 

i^IettezYOS  monts  et   pins  en   non    chaloir, 
Venez  en  France,  ô  Nymphes  de  Sayoye, 
Pour  faire  honneur  à  celle  qui  valoir 
Feit  par  son  los,  son  pays  et  sa  \oye, 
Savoisienne  estoit  bien  la  Savoye; 
Si  faictes  vous,  etc. 

Commines,  Claude  de  Seyssel,  Villon, 
Marc-Claude  de  Buttet, Louis  de  Buttet,(les 
Décades  savoisiennes) ,  Honoré  d'Llrfé,  (au- 
teur de  7^7  Savoysiade),RovLS,2,ïà.^  Guillaume 
de  Villeneuve,  Fodéré,  Pierre  de  Lam- 
bert, Henri  Estienne,  Paradin,  Jean  Me- 
nenc,  le  président  Favre,  saint  François- 
de  Sales  ont  écrit  SAVOYSIEN  ou  SA- 
VOISIEN, comme  les  éditions  de  Froissart 


de  1559  (Lyon,  J.  de  Tournes)  et  de 
Commines  (1S29).  Les  traités  publics,  à 
partir  de  1672,  les  récentes  éditions  de 
saint  François  de  Sales,  quelques  écrits 
de  I.  de  Maistre  portent  SAVOISIENS. 

Marc-Antoine  de  Buttet,  le  polémiste, 
pour  répondre  aux  pamphlets  de  France 
et  de  Genève,  fait  imprimer  à  Genève,  en 
1605,  le  Cavalier  de  Savoye  et  il  y  em- 
ploie l'épithète  SAVOISIEN. 

L'historien  Guichenon,  le  jurisconsulte 
de  Ville  ont  écrit  SAVOISIEN. 

Antoine  Arnaud  et  B.  de  Rechignevoi- 
sin  ont  publié  la  première  et  seconde  sa- 
voysiennes.,  pamphlets  auxquelsle  P.  Monod 
répondit  par  son  apologie  de  la  Scrénis- 
sime  Maison  de  Savoie. 

Olivier  de  Serres,  faisant  l'éloge  du  sa- 
voir-faire des  cultivateurs  de  la  Savoie, les 
appelle  SAVOISIENS. 

Vaugelas,  à  propos  d'une  réunion  de 
tir  à  l'Arquebuse, 

a  vu  une  grande  dispute  à  Grenoble, 
pour  savoir  si  l'on  devait  appeler  les  peu- 
ples de  Savoie  Savoyards  ou  Savoisiens, 
jusque-là    même  que  l'on   faillit   en    venir 

aux  mains,  et  on   décida  qu'il    fallait 

appeler  les  peuples  de  Savove  des  SAVOI- 
SIENS. 

On  verra  plus  loin  une  citation  de  Lit- 
tré  à  ce  sujet. 

Le  vocable  Savoisien  ne  se  rencontre 
plus. dans  la  seconde  moitié  du  xvii"  siècle, 
sous  la  plume  des  écrivains  français.  On 
ne  connaît  presque  pas  ce  mot  à  Paris,  dit 
Vaugelas.  Aussi  ajoute-t-il  :  «  Je  ne  vou- 
«  drais  pas  condamner  ceux  qui  disent  Sa- 
«  voyard,  en  toutes  manières,  puisqu'un 
«  grand  nombre  de  bons  auteurs  ne  parlent 
«  pas  autrement.  » 

Voltaire  a  employé  les  deux  formes. 
Les  historiens  Grillet,  Thiers  &  Henri 
Martin  ont  écrit  SAVOISIEN. 

Pour  A.-L.  Millin,  «  l'habitant  de  la 
«  Savoie  doit  grammaticalement  s'appeler 
«  Savoyard  et  le  substantif  Savoie  ne  peut 
«  produire  l'adjectif  Savoisien  ;  il  faudrait 
«  qu'on  écrivit  Savois.  Si  on  veut  dériver 
«  le  nom  du  peuple  du  mot  latin  Sabaii- 
«  dia,  il  faut  dire  Sabaudieiis  ou  Savau- 
«  diens  et  non  Savoisiens.  » 

M.  Emile  Maison,  à  propos  d'une  pro- 
clamation de  la  Convention  française  au 
Peuple  SAVOISIEN  (1792),  trouve  qu'on 
doit  dire  Savoyard  et  non  Savoisien^  en  se 
basant  sur  l'opinion  de  Millin. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août  1904. 


—    i8[ 


182 


Félix  Platel  (fgrofus  du  Figaro)^  un,  des 
écrivains  qui  ont  écrit  avec  quelque  vérité 
sur  la  Savoie, défendait  vigoureusement  le 
terme  Savoisien  et,  en  forme  de  boutade, 
il  trouvait,  entre  le  mot  Savoisien  et  le 
mot  Savoyard, \3.  différence  qu'il  y  a  entre 
un  tablier  de  cuisine  et  une  cuirasse. 

Littré  voit  dans  Savoisien  un  mot  mal 
fait  de  Savoie  pour  éviter  Savoyard  qui 
déplaît  aux  gens  du  pays.  11  en  sera  reparlé 
plus  loin. 

SAVOYEN.  —  M.  Pascalein  fait  remar- 
quer que  ce  vocable  dérive  de  Savoie, 
comme  Troyen  de  Troye.  Royen  de  Roye, 
Pistoyen  de  Pistoïe,  Versoyen  de  Versoye 
et  qu'il  correspond  à  la  plus  éclatante  pé- 
riode de  V Histoire  de  Savoie. 

Parmi  les  auteurs  qui  l'ont  emplo}'é.on 
cite  Le  Dante,  Froissart,  Commines,  Ican 
Cabaret  d'Orreville,  Perrinet  du  Pin, 
fehan  Servion,  Monstrelet,  Guillaume 
Paradin.  Georges  Chastelain,  Olivier  de 
la  Marche,  Lemaire  de  Belges.  Cambiano, 
Bonivard,  Henri  Estienne.La  Popellinière. 

Il  correspond  au  mot  S.AVOIANO,  SA- 
VOINO,  employés  autrefois  en  Italie.  On 
a  trouvé  aussi  SAVOINCHO,  dans  une 
Histoire  du  Marquisat  de  Saluées.  M.  V. 
de  Saint-Genis,  dit  que. parmi  les  Italiens, 
28  sur  30  adoptent  la  forme  SAVOINO, 
au  lieu  de  SAVOIARDO.et  il  cite  plusieurs 
sources. 

Le  même  auteur,  fervent  partisan  de 
Savoyen^  estime  que  l'usage  aurait  dû 
adopter  de  préférence  cette  expression  si 
correcte  des  manuscrits  de  Froissart  et  de 
ConuTiines, reproduite  en  même  temps  que 
la  variante  Savoisien  dans  les  Froissart 
d'Antli.  Verart  (1^00),  de  Michel  Le  Noir 
(1505),  d'Anth.  Couteau  (1530),  et  seule 
dans  le  Commines  de  1747.  Mais,  à  ren- 
contre de  son  dire,  le  savant  et  conscien- 
cieux G. -M.  Raymond, dans  des  recherches 
bien  antérieures,  dit  n'avoir  trouvé  dans 
Froissart  que  SAVOYSIEN.  [  Cependant 
je  cite  un  exemple  de  SAVOYEN  dans 
Froissart  au  début  de  cet  article  ]  M.  L. 
Pillet  dit  n'avoir  jamais  lu  que  SAVOY- 
SIEN  dans  les  Commines  de  1680  et  1747 
et  dans  le  texte  de  Paradin  cité  par  M.  de 
Saint-Genis. 

A  la  suite  de  son  plaidoyer, M. de  Saint- 
Genis  rappelle  qu'il  existe  en  Savoie  de 
nombreuses  familles  du  nom  de  SAVOYEN 
et  il  ajoute  qu'il  n'invente  donc  pas  en  le 


]  choisissant.  11  ne  fait,  dit-il,  que  rajeuni'" 
un  mot  vieilli  :  «  //  a' y  a  de  nouveau-  que 
ce  qui  est  oublié  ». 

De  plus,  ajoute-t-il,  la  fierté  patriotique 
de  certains  partisans  du  mot  Savoyard  ne 
peut  pas  se  croire  brisée  par  le  retour  au 
vieux  nom  de  Savoycn.  ce  nom  glorieux 
qu'écrivait  Froissart  et  que  Dante  avait 
chanté. 

E.-H.  Gaullicur  mentionne  un  libelle 
de  1791,  excitant  les  S.WOYENS  à  la 
révolte. fsans  commentaire. 

Francis  Wey,  qui  dit  Savoyard,  ordi- 
nairement, trouve  très  correcte  l'expres- 
sion de  Savoycn,  mais  sans  insister. 

S.A VOISIN.  —  Le  mot  Savoisin  a  été 
employé  par  un  chroniqueur  de  la  Réfor- 
me (1526)  dans  le  passage  suivant  : 

Partant  de  Neufchàtel,  il  alla  à  deux 
journées  de  là  à  une  bourgade  auprès  des 
Valeysans,  appelée  Aigle,  qui  est  sous  la 
Seigneurie  de  Berne,  eu  laquelle  on  parle 
SAVOISIN.  (Corresp.  des  ;,Réformateurs. 
Genève  et  Paris,   1S66,  6  vol.  8°,  I,  461.) 

SAVOYARD.  —  Les  partisans  de  ce 
vocable  ont  été  nombreu.x  aux  xvii*, 
xvin*  et  xix^  siècles.  Après  les  ducs  Em- 
manuel-Philibert et  Charles-Emmanuel 
V\  le  mot  Savoyard  obtint  la  plus  reten- 
tissante renommée  et  sa  diffusion  se  fit 
surtout  par  Genève.  Le  terme  Savoyard 
s'appliquait  indistinctement  aux  Sa- 
voyards et  aux  Piémontais.  Il  est  d'im- 
portation piémontaise  parce  qu'en  patois 
piém.ontais  on  dit  Savojardo  et  Ni{:^ardo. 

].-].  Rousseau  écrivait  qu'il  allait  à  Aix 
«  revoir  ses  bons  amis  les  Savoyards.,  le  meil- 
leur peuph\  à  son  avis,  qui  soit  sur  la 
terre  >*.  Cette  opinion  de  Jean-|acques 
n'a  pas  varié,  on  la  retrouve  dans  les 
Confessions  où  pourtant  il  ne  fait  grâce  à 
personne. 

Tout  le  monde  connaît  la  Profession  de 
foi  du  Vicaire  Savoyard.,  contenue  dans 
V Emile  ;  mais  on  connaît  moins  le  Petit 
Savoyard,  ou  la  vie  de  Claude  Noyer.,  dont 
le  manuscrit  original  a  été  découvert  en 
1855,  par  E.-H.  Gaullieur,  dans  la  Biblio- 
thèque de  Neuchâtel. 

Voltaire  disait  Savoyard  et  Savoisiem 
je  le  répète. 

Le  journal  de  l'Avocat  Barbier  parle  des 
Savoyards. 

Joseph  de  Maistre  a  publié  les  Lettres 
d' un    Rovaliste    Savoisien    et  Y  Adresse  de 


N"  1048 


L'INTERMEDIAIRE 


183 


J84 


quelques  parcns  des  Militaires  Savoisicns 
à  la  Convention^  mais  il  a  aussi  parlé 
d'une  dame  Savoyarde^  dans  une  lettre  du 
14  mai  1814. 

Besson,  auteur  d'une  Histoire  ecclésias- 
tique de  Savoie,  écrivait  Savoiard. 

M.  deVerneilh,  préfet  du  département 
du  Mont-Blanc  écrivait  Savoyard. 

Grillet  emploie  Savoyai'd,  mais  plutôt 
Savoisien  dans  son  Dictionnaire  histori- 
que. 

Au  moment  de  la  Restauration  des  Rois 
de  Sardaigne,  1814-1815,  on  disait  5fl- 
voyard. 

L'auteur  anonyme  des  Lettres  à  un  ami 
sur  Jôs  visites  de  Vévêqiie  de  CImmbcry  et 
de  Genève  dans  son  diocèse  (Lyon,  1809, 
80,  p.  134)  donne  son  choix  au  mot  Savo- 
yard; mais  il  donne  une  explication  longue 
et  embrouillée  de  son  aversion  pour 
Savoisien  n'apportant  aucune  lumière 
dans  le  débat. 

Millin  trouve  qu'on  appelle  mal  à 
propos  Savoyards  les  montreurs  de  mar- 
mottes : 

Il  y  a  très  peu  de  marmottes  dans  la 
Savoie.  Les  enfants  qui  font  ce  métier 
viennent  du  Briançonnais  et  il  reproche  à 
Marsollier  d'avoir  fait,  dans  sa  pièce  intitu- 
lée Us  Deux  Petits  Savoyards,  une  lourde 
faute  géographique  en  plaçant  la  vallée  de 
Barcelonnette  dans  la  Savoie. 

L'active  industrie,  l'amour  filial,  l'atta- 
chement aux  lieux  qui  les  ont  vus  naître, 
la  probité,  la  fidélité  des  SAVOYARDS 
sont,  sans  doute,  des  titres  à  l'estime  des 
hommes. 

C'est  pourtant  parce  qu'on  appelle  de  ce 
nom  tous  ceux  qui  manient  la  brosse  et  la 
râcloire,  de  quelque  pays  qu'ils  viennent. 
que  les  habitants  de  la  Savoie,  ne  pouvant 
renier  leur  patrie,  prennent  le  nom  de 
SAVOISIENS  pour  se  distinguer  de  ceux 
qui  vont  mettre  à  profit  leur  force  et  leur 
adresse  :  vaine   distinction  ! 

M.  G. -M.  Raymond,  dans  une  longue 
dissertation,  très-documentée,  lue  à  l'Aca- 
démie de  Savoie  (1829),  trouvait  que  le 
terme  SAVOYARD  est  relativement  mo- 
derne, qu'à  l'étranger  il  ne  signifie  pas 
un  individu  né  en  Savoie,  mais  pas  autre 
chose  qu'un  décrotteur,  un  ramoneur,  un 
porteur  de  marmotte,  un  commission- 
naire, de  quelque  pays  qu'il  soit,  car  la 
plupart  de  ces  individus  n'appartiennent 
pas  à  notre  pays.  Et  par  l'effet  naturel 
de  cette  habitude  d'associer  constamment 
l'idée  d'une  basse  profession  au   nom  de 


tologie 


Savoyard,  ce  nom  ne  représente  plus  aux 
yeux  des  étrangers  qu'un  individu  quel- 
conque, grossier,  sans  éducation  et  sans 
instruction. 

Si  cenom,  dit-il,  est  souvent  donné  par 
dérision  ou  par  mépris,  c'est  encore  à  sa 
terminaison  que  l'on  peut  s'en  prendre. 
Cette  terminaison  annonce  ordinairement 
«quelque  cljose  d' ignoble  ou  de  déréglé», 
comme  l'indiquent  les  mots  campagnarde^) 
montagnard (J), fuyard, hagard,  mouchard, 
pendard,  cafard,  bâtard,  bavard,  nasillard, 
blafard,^  couard^  etc. 

Puis,  après  des  considérations  d'onoma- 
et  de  grammaire,  assez  sédui- 
santes, il  pense  qu'on  ne  doit  pas  être 
plus  obligé  de  faire  Savoyard^  en  vertu  de 
l'analogie,  que  d'Espagne  Espagnard,  de 
Gascoone  Gascogiiard.^  de  Troye  Troyard,^ 
de  l^ouraine  Tourainard. 

Sa  dissertation  conclut  donc  au  rejet 
du  terme  SAVOYARD  et  à  l'adoption  du 
terme  SAVOISIEN,  conclusion  acceptée 
parl'Académie  de  Savoie,  en  1829. 

Sabaudus. 
{A  suivre). 

Sailnt  Jean  l'Evangéliste  (XLVIII  ; 
XLIX,2i2,  762),  —  Ajouter  à  la  série 
une  peinture  sur  bois  du  \<  Maître  de 
Moulins  »,  appartenant  au  musée  du  Lou- 
vre, qui  a  figuré  sous  le  n°  105,  à  l'ex- 
position des  Primitifs  français  ouverte  au 
pavillon  de  Marsan  et   récemment   close. 

Le  saint  Jean,  sous  le  patronage  duquel 
l'artiste  a  placé  Anne  de  Beaujeu,  porte 
une  barbe  courte  et  frisée.  F.  BL, 

Les  clous  de  la  Passion  fXLIV  ; 
XLV  :  XLVIII.  —  Personne  n'a  répondu 
à  l'invitation  de  M.  Gerspach  et  je  n'en 
suis  aucunement  surpris.  Un  crucifix  à 
cinq  clous  serait  une  insigne  rareté. 
Notre  confrère  eût  vivement  intéressé 
ceux  des  intermédiairistes  qui  ont  par- 
fois à  s'occuper  d'iconographie  chrétienne 
en  leur  fournisssant  des  explications 
complémentaires.  On  comprend  l'emploi 
de  trois  clous  et  mieux  encore  de  quatre 
clous  pour  fixer  à  la  croix  les  mains  et  les 
pieds  du  crucifix,  A  quoi  eût  servi  le  cin- 


qu 


lenie 


F.  BL. 


Les  Cornes  (T.  G.,  259)  ;  Saint 
Gengoux  (T.  G.,  805);  Saint  Martin 
et  les  cornes  (XLVIII,  790,  940). 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Août  1904. 


185 


186 


Saint  Gengoult  ayant  été  mis  à  mort  par 
l'amant  de  son  épouse  infidèle,  —  la  veille 
de  sa  fête,  le  10  mai, le  peuple  (en  Lorraine) 
avait  coutume  autrefois  de  placer  aux  volets 
ou  à  la  porte  de  la  maison  du  mari  réputé 
trahi  par  sa  femme,  deux  cornes  de  bœuf 
ou  un  gros  bouquet  de  fleurs  jaunes  :  quel- 
que fois  le  mari  lui-même,  sans  plus  de 
façon,  portait  en  ce  jour  de  fête,  une  fleur 
jaune  à  sa  boutonnière,  affichant  ainsi  aux 
yeux  du  public   ses    infortunes  conjugales. 

Bulletin  de  la  Société  d'Archéologie  lor- 
raine I.  56. 

P.  c.  c.  A.  S.  .K. 


Tableaux  sur  la  Ligue  (L,  1 17). — 
Le  musée  Carnavalet  a  acquis, en  1899,  un 
tableau  représentant  une  procession  de  la 
Ligue  dans  la  place  de  Grève. 

Ce  tableau  provient  du  château  de 
Valençay. 

»  » 

Je  ne  connais  pas  de  monographie  sur 
ces  peintures  et  je  le  regrette.  J'aurais 
peut-être  pu  y  trouver  quelques  lumières 
sur  un  tableau  qui  est  en  ma  possession 
depuis  fort  longtemps,  qui  rappelle  celui 
dont  Carnavalet  a  fait  l'acquisition  récem- 
ment. 


Jeanne  Hachette  (XLIX,  945  ;  L, 
46).  —  Le  Fourquet  d'Hachette  dont  no- 
tre confrère  E.  M. invoque  le  témoignage, 
pour  se  créer  une  généalogie,  «  in- 
venta »  une  biographie  de  Jeanne,  et  par- 
vint à  faire  insérer  dans  plusieurs  recueils 
ses  renversantes  notices.  Mais  si  l'hé- 
roïne s'appelait,  en  réalité,  sans  qu'aucun 
doute  puisse  s'élever  sur  ce  point,Jehanne 
Laisné  ou  Lay  né  (lettres  patentes  de  Louis 
XI  datées  de  Senlis  le  22  février  1474. 
perdues  aujourd'hui,  mais  imprimées  en 
161 7  par  Loisel  dans  ses  Mémoires  sur 
le  Beauvaisis  ;  lettres  d'entérinement  du  31 
mai  1474,  conservées  aux  Archives  com- 
munales de  Beauvais),  le  nom  de  Jeanne 
Fourquet  est  celui  que  lui  donne  déjà  l'au- 
teur, certainement  contemporain,  du  Dis- 
cours vériîMe  du  sicce  mis  devant  la  ville 
de  Beauvais.  Quant  au  nom  de  Jeanne  Ha- 
chette, c'est  André  Favyn  qui  l'en  a  gra- 
tifiée pour  la  première  fois,  dans  son  His- 
toire de  Navat  re  publiée  en  1 6 1 2  et  en  une 
phrase  dont  pas  un  mot  n'est  vrai  :  «  On 
voit  à  l'hostel  de  ville  de  Beauvais  Tefifigie 


de  cette  femme  nommée  Jeanne  Hachette, 
peinte  tenant  une  épée  à  la  main  >\ 

Ce  texte,  tout  d'imagination,  où  Jeanne 
«  Hachette  »  brandit  une  «  épée  »,  esty 
au  surplus,  très  intéressant,  parce  qu'il 
prouve  que,  contrairement  à  la  croyance 
générale.  Hachette  n'est  point  un  sobri^ 
quet  donné  à  Jeanne  à  raison  de  Larme 
dont  elle  se  serait  munie.  On  sait  par  le 
Discours  véritable  qu'elle  n'avait  aucun 
«  baston  >>,  et  la  tradition  de  la  hachette 
n'apparut  que  dans  le  dernier  quart  du 
xvni'  siècle  —  inspirée  précisément  par  le 
nom  de  Jeanne  Hachette  devenu  le  plufe 
populaire  des  trois,  consacrée  par  J.-J. 
Fr.  Lebarbier  dans  son  tableau  le  Siège 
de  Beauvais  (1781). 

D'où  est  donc  venu  ce  surnom  de  Ha- 
chette ?  D'où  est  venu  celui  de  Fourquet .? 
On  a  fait  là-dessus  d'innombrables  conjec- 
tures, recueillies  par  M.  Ernest  Charvet 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  académique 
de  l'Oise,  tome  XII,  Beauvais,  1885, pages 
576  3578  ;  mais  aucune  neme  semble  sa- 
tisfaisante. Je  croirais  volontiers  que  Fa- 
vyn, dont  l'exactitude  était  la  moindre 
qualité,  a  écrit,  ou  laissé  imprimer  dans 
son  livre,  Hachette  pour  Fourquet  (çé 
nom,  accepté  sans  défiance  parMézeray, 
Moreri,  Hénault,  devant  triompher  grâce 
à  eux,  grâce  aussi  à  sa  physionomie  plus 
martiale),  et  que  Fourquet  est  un  surnom 
qu'on  donnait  aux  Laisné  de  Beauvais^ 
suivant  la  coutume  si  répandue  autrefois. 
Loisel,  qui  connaissait  admirablement  le 
Beauvaisis,  écrit  :  «  Jeanne  Laisné,  dite 
Fourquet  »  (16 17). 

Autre  chose  :  Dans  ma  communica- 
tion du  10  juillet  dernier  kV Intermédiaire^ 
j'ai  mentionné  quelques-unes  des  études 
consacrées  au  prétendu  «  drapeau  de 
Jeanne  Hachette  >  conservé  à  Beauvais, 
dont  un  érudit  belge.  De  Vigne,  dans 
le  Belgisch  Muséum  de  1839,  contestait 
déjà  l'authenticité,  et  qu'un  autre  Belge, 
M.  Ernest  JVlatthieu,  au  Congrès  archéo^ 
logique  de  Tongres  de  1901,  a  définiti- 
vement démontré  être  un  ancien  étendard 
des  arquebusiers  de  Binche.  Guidé  par 
une  pensée  de  justice  distributive,  je  tiens 
à  constater  ici  que  dès  1898  M. l'abbé  Renet 
écrivait  en  son  livre  Beauvais  et  le  Beau- 
vaisis dans  les  temps  modernes  : 

Le  drapeau  que    nous  conservons  à 

Beauvais  est  donc     bien     certainement    le 
drapeau  des  arquebusiers  de    Binche,    pris 


N»   lo.iS 


L'INTERMEDIAIRE 


.87 


188 


le  22  juillet  1354,  au  sac  de  cette  ville  du 
Hainaut.  C'est  la  conclusion  à  laquelle  ten- 
daient nos  études  personnelles  et,  plus  ou 
moins,  celles  de  plusieurs  de  nos  conci- 
toyens les  plus  instruits  et  les  plus  judi- 
cieux. Mais  nous  laissons  à  M.  Derbaix,  le 
distingué  bourgmestre  de  Binche,  et  à  M. 
Matthieu,  le  savant  secrétaire  général  de 
]a  Fédération  historique  et  archéologique 
de  Belgique,  le  mérite  et  l'honneur  d'avoir 
mis  le  cachet  de  la  certitude  et  de  la  pré- 
.  cision  sur  les  considérations  qui  nous 
avaient  conduit  aux  portes  de  Binche  et 
fait  solliciter  les  précieux  renseignements 
qui  nous  ont  été  donnés  avec  une  obli- 
geance extrême. 

La  critique,  très  serrée,  des  documents 
relatifs  au  drapeau  occupe  les  pages  Ç97 
à  628  de  ce  volume.  Mais  là  ni  ailleurs, 
il  n'est  question  de  la  hampe,  qui  a  été 
détachée  de  l'étendard  lorsqu'on  a  réparé 
celui-ci, collé  aujourd'hui  sur  toile  et  placé 
dans  un  cadre  de  bois,  sous  verre.  Voici 
une  indication  que  me  fournit  Y  Inventaire 
sommaire  des  archives  communales  de  Beau- 
vais^  rédigé  par  M.  Renaud  Rose  (page 

243)  : 

Série  II.  Documents  divers.  —  II,  s6, 
Hampe  en  bois.  Longueur,  5  ".ôS.  —  Hampe 
del'étend.ird  pris  aux  Bourguignons  par  Jeanne 
Laisné  en  1472  pendant  le  siège  de  Beauvais. 
Elle  est  entourée  d'un  bourrelet  en  cuir,  à  la 
hauteur  de  50  centimètres,  puis  évidée,  dans 
une  longueur  de  13  centimètres  (place  de  la 
main  de  celui  qui  la  portait),  enfin  cannelée 
jusqu'à  la  hauteur  de  1  "".  40  et  unie  dans 
tout  le  reste  de  sa  longueur.  Elle  a  20  centi- 
mètres de  tour  à  sa  partie  la  plus  renflée,  près 
du  bourrelet,  et  9  centimètres  près  du  fer  de 
lance  qui  la  termine  et  qui  est  en  fer-blanc 
(par  conséquent  moderne).  Elle  est  peinte  en 
rouge  et  percée  d'un  grand  nombre  de  trous 
de  ver. 

M.  Rose  a  été.  sur  la  question  du  dra- 
peau, un  des  derniers  défenseurs  de  la 
tradition.  A.  Boghaert-Vaché. 

Le  mot   des  Vêpres  Siciliennes 

(XLIX.  555,  731,  846).  —  M.  Neuville, 
dans  sa  communication  du  20  mai  der- 
nier, résume  de  façon  peu  exacte  l'his- 
toire des  Matines  Brugeoises.  je  me  per- 
mets de  le  renvoyer  à  l'étude  du  regretté 
Jules  Frederichs  :  le  Cri  de  guerre  des  Maii- 
nes  Brugeoises,  publiée  dans  le  Compte- 
rendu  des  Srances  de  la  Commission  royale 
d'histoire  de  Belgique,  5*  série,  tome  III, 
1893,  pages  263  à  274.  m,M^k^^ 

A.  Boghaert-Vaché. 


Marquise  de  Favras  (XLIX,  834, 
971  ;  L,  19).  —  Dans  mon  étude  sur  la 
place  Royale  (Procès-verbal  de  la  Com- 
mission du  Vieux-Paris  du  18  décembre 
1902)  et  à  propos  du  pavillon  habité  par 
le  marquis  et  la  marquise  de  Favras  de 
1776  a  1790,  j'ai  publié  certains  docu- 
ments qui  intéresseront  peut-être  notre 
collègue.  11  y  trouvera,  notamment,  l'in- 
ventaire du  mobilier  de  l'infortuné  mé- 
nage dont  le  récolcmcnt  fut  fait  le  27  fé- 
vrier 1790,  c'est-à-dire  huit  jours  après 
la  pendaison  de  la  place  de  Grève. 

Lucien  Lambeau. 

Robespierre  (T.  G.,  776).  —  Notre 
collaborateur,  le  maître  bibliographe  A. 
Claudin,  met  en  vente,  n"  19.617  de  sa 
dernière  livraison  des  Archives  du  Biblio- 
phile : 

Délibération  de  la  Commune  de  Toulon 
et  du  Conseil  général  tenu  le  4  juin  1791 
décernant  à  l'unanimité  «  à  M.  Robes- 
pierre le  titre  de  citoyen  de  la  ville  de  Tou- 
lon »  suivi  de  la  copie  d'une  lettre  écrite 
de  Paris,  le  24  mai  1791  par  Robespierre 
à  la  municipalité  de  Toulon.  Toulon  impri- 
merie de  Surre  llls,  1791. 

A.   S..  E. 

Le  serment  des  ecclésiastiques 
sous  la  Révolution  (XLIX,  837,  964  ; 
L,  123).  —  A  ce  sujet,  voici  quelques  pa- 
roles qui  méritent  d'être  recueillies.  Elles 
sont  extraites  d'un  discours  prononcé,  le 
1^'  mai  1794,  par  le  citoyen  Delpech, 
procureur  syndic  du  district  de  Sauve- 
terre  d'Aveiron,  (sic)  devant  les  citoyens 
du  ressort  : 

Qu'un  prêtre  ait  ou  n'ait  pas  satisfait  à 
la  loi  du  serment,  c'est  son  affaire  et  nul- 
lement la  nôtre...  S'il  est  pacitique  et  tolé- 
rant, laissons-le  vivre  en  raix...  Chacun 
est  libre  de  suivre  les  impulsions  de  sa 
conscience...  Noire  opinion  est  notre  pro- 
priété... La  persécution  est  l'opposé  de  la 
liberté.,     etc.  etc. 

A.  S..E. 


*  * 


L'Intermédiaire  a  donné,  en  1899,  le 
serment  de  Félix  Piat. 

Les  archives  départementales  du  Cher 
conservent  un  assez  grand  nombre  de  ces 
serments  dont  plusieurs  cités  dans  Vier- 
^on  et  SCS  environs^  page  493,  se  font  re- 
marquer par  leur  cynisme  et  la  négation 
absolue  de  toute  croyance.  A  côté  d'eux, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août  1904  , 


iSç) 


190 


celui  de  Félix  Piat  paraît,   sinon   modéré, 
du  moins  relativement  convenable. 

E.  Tausserat. 

Cambronne  à  "Waterloo  (L,  =52). — 
Lire  dans  les  Nouveaux  Lundis,  tome  troi- 
sième, la  fin  du  deuxième  article  de  Sainte- 
Beuve  sur  Waterloo  : 

«...Rendez-vous  !  —  La  garde  ne  se  rend 
pas. —  Voilà  le  mot  dans  toute  sa  simplicité, 
tel  qu'il  a  dû  s'échapper  à  la  fois  de  toutes  les 
poitrines  et  de  toutes  les  lèvres,  tel  qu'il  n'a 
pas  pu  ne  pas  être  dit.  L'acte  répondait  aux 
paroles.  On  ne  se  rendait  pas,  et  l'on  mou- 
rait. Qiie  vous  faut-il  de  plus? 

«J'ai  souffert, je  l'avoue, de  cette  discussion 
dernière  »  si  prolongée  au  sujet  de  ce  cri  su- 
piême.  Serions-nous  devenus  des  rhétoriciens 
ou  des  byzantins. .  .  ?  » 

(Ceci  était  écrit  en  1862, dans  un  moment  où 
l'on  opposait  le  Waterloo  des  Misérables  à 
celui  de  M.  Thiers^.  Sainte-Beuve  terminait 
ainsi  : 

«C'est  à  regret  et  à  mon  corps  défendant  que 
je  me  suis  vu  forcé  de  toucher  ce  point  litté- 
raire et  de  goût,  à  la  fui  d'un  récit  où  toute 
littérature  s'oublie  et  cesse,  où  ce  serait  le 
triomphe  de  la  peinture  elle-même  de  ne  point 
paraître  une  peinture,  où  l'histoire  doit  à 
peine  laisser  apercevoir  l'historien,  et  où  la 
page  la  plus  belle,  la  plus  digne  du  héros 
tombé  et  de  la  patrie  vaincue  avec  lui,  ne 
peut  se  payer  que  d'une  larme  silencieuse.» 

Tous  les  patriotes,  dans  le  sens  où  on 
l'entendait  encore,  qui  avaient  recula  tra- 
dition directe,  — non  frelatée, — qu'ils  fus- 
sent républicains  ou  bonapartistes,  pen- 
saient comme  Sainte-Beuve,  et  celui  qui 
eut  la  primeur  de  cette  page,  en  l'écrivant 
sous  la  dictée  du  maître,  ne  se  défend  pas 
d'avoir  eu  la  «  larme  silencieuse.  »  — 
Tant  pis  pour  qui  rirait  ! . . . 

Jules  Troubat. 
* 

Je  peux  indiquer  à  La  Résie  un  docu- 
ment ignoré,  mais  qui  n'en  est  pas  moins 
concluant  et  formel  au  sujet  du  mot  de 
Cambronne  à  Waterloo.  Il  se  trouve  dans 
une  brochure  de  M.  l'abbé  Radigois  : 
Saint-Sebastien  d' Aignes.  On  y  lit  la  dé- 
position d'un  témoin  oculaire  et  auricu- 
laire, le  chanoine  Eugène  Peigné,  décla- 
rant que  Cambronne,  interrogé  pour  sa- 
voir si  à  Waterloo  il  avait  répondu  : 
«  Merde  !»  à  la  somm.ation  de  l'ennemi, 
répondit  qu'il  avait  riposté  :  «  Va  te  faire 
foutre  !  »  B,-F. 


Bomarsund  (L,  5,  125).  —  Notre  col  - 
laborateur  peut  utilement  consulter  dan^ 
le  tome  II  de  V Expédition  de  Crimée  —  l'^ 
marine  —  par  de  Bazancourt,  le  livre  111 
Campagnes  de  la  Baltique^  1854-1855. 

E.  M. 

Un  curieux  fossile  humain  dans 
la  forêt  de  Fontainebleau  (XLIX, 
783,905  ;  L,  1  19).  —  L'Abeille  de  Fontaine 
bleau^coxrwTit  contribution  à  notreenquête 
exhume  le  curieux  document  suivant. C'est 
une  lettre  de  Cuvier  au  sous-préfet  de 
Fontainebleau  : 

27  octobre  1823. 

M.  le  marquis  de  Bonnay,  Monsieur,  ne 
m'avoit  point  encore  fait  l'honneur  de  m'é- 
crire,  ou  du  moins  sa  lettre  ne  m'étoit  point 
encore  arrivée,  lorsque  M.  Rousseau,  l'un  de 
mes  aides,  sur  l'invitation  de  Mme  de  Saint- 
Léger,  sa  cousine,  et  avec  ma  permission, 
partit  pour  aller  voir  une  pétrification  que 
cette  dame  lui  annonçoit  avoir  été  trouvée 
dans  la  forest,  par  des  enfants  de  M.  le  colo- 
nel Le  François,  l'un  de  mes  parents. 

Voilà  sans  doute  pourquoi  il  ne  s'est  pas 
cru  en  droit  de  se  présenter  chez  M.  le  Gou- 
verneur du  ch.îteau.  Du  reste  son  voyage 
n'avoit  rien  d'officiel,  c'était  une  simple  pro- 
menade de  naturaliste,  comme  il  s'en  fait  tous 
les  jours,  et  dont  le  résultat  ne  devoit  pas  lui 
paroître  de  nature  à  concerner  l'autorité  lo- 
cale ;  ce  jeune  homme  est  fort  éloigné  de 
donner  tant  d'importance  à  ce  qu'il  voit,  ni 
de  vouloir  imposer  à  personne  l'opinion 
qu'il  pourroit  avoir  prise.  C'est  un  observa- 
teur modeste  qui  croit  qu'il  faut  beaucoup  de 
réflexions,  d'études  et  d'expérience  pour  dé- 
cider d'un  phénomène  et  surtout  pour  ensei- 
gner aux  autres  comment  on  doit  s'y  prendre 
dans  la  recherche  de  ces  sortes  de  vérités. 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  une  considération 
distinguée.  Monsieur,  votie  très  humble  et 
très  obéissant  serviteur, 

le  Bon  Cuvier 
conseiller  d'Etat. 

La  découverte  dont  il  s'agit  est  celle 
de  «  l'homme  fossile  » 


L'abbaye  dô  Bongouvert  (XLIX, 
838,  975).  —  L'abbaye  de  Bongouvert 
donne  lieu  dans  ï Intermédiaire  à  des  re- 
cherches savantes.  N'y  a-t-il  pas  une  re- 
lation entre  ce  nom  et  celui  par  lequel  les 
habitants  de  Strasbourg  désignent,  avec 
leur  accent  alsacien,  le  pont  couvert  sur 
rill,qu'ilsprononcent  Bongouvert  .? 


No   1048. 


L'INTERMEDIAIRE 


191 


192 


L'abbaye  de  Bongouvert  n'est-elle  pas 

ois 
A.  F. 


le  résultat  d'une  facétie  strasbourgeoise  ? 


Inhumation?  hors  des  cime- 
tières (XLVIII;  XLIX,  153,606,883,989). 
—  J'ai  assisté  aux  obsèques  de  M.  jeandet 
(Abel),  ancien  bibliothécaire  de  Mâcon, 
ancien  archiviste  de  Lyon,  il  y  a  quelques 
années,  et  je  l'ai  vu  inluimer,  conformé- 
ment à  ses  dernières  volontés,  à  Verdun- 
sur-le-Doubs,  dans  son  jardin,  au  carre- 
four de  deux  allées.  Bibl.  Mac. 

Puits  dans  les  églises  (XLIV  ;  XLV; 
XLVI  ;XLV1I1  ;  XLIX,  152,  261). 

Au  milieu  du  chœur  (de  l'église  Saint- 
Eloy,  à  Rouen),  il  y  a  un  puits  de  source  au 
bas  duquel  est  une  voûte  en  forme  de  ca- 
veau ;  on  en  puisait  l'eau  avec  une  chaîne  en 
fer,  d'où  est  venu  le  proverbe  commun  h 
Rouen  :  il  est  froid  comme  la  corde  du  puits 
de  Saiht-Eloy.  On  l'a  fermé  depuis    peu. 

{Histoire  de  Rouen  (par  Farin),    173 1,4» 
part., page  103). 

D'  A.  T.  Vercoutre. 


Peintures  de  Delacroix  dans  îa 
bibliothèque  du  Sénat  (L,  49).  — 
L'honorable  secrétaire  général  de  la  ques- 
ture du  Sénat  connaît  certainement  les 
deux  lettres  de  Delacroix  dans  lesquelles 
il  est  accessoirement  question  de  ses  tra- 
vaux à  la  Chambre  des  pairs  ;  la  première, 
adressée  à  M.  C.  Dutilleux,  peintre  à 
Arras  et  datée  du  27  mai  1846,  contient 
cette  phrase  :  «  je  viens  précisément 
«  d'achever  une  coupole  au  Luxembourg, 
«  et  c'est  une  besogne  des  plus  fatigantes 
«  du  monde  »  ;  la  seconde  lettre,  datée 
de  Paris  le  6  mars  1847  et  dont  M.  Roche 
était  le  destinataire,  commençait  ainsi  : 

j'ai  été  repris  au  commencement  de  l'au- 
tomne d'accidents  très-fàcheux  à  la  gorge, aux- 
quels j'étais  sujet  et  dont  je  me  croyais  en 
partie  délivré.  De  plus,  je  me  suis  vu  forcé  de 
terminer  enfin  les  peintures  de  la  Chambre 
des  pairs.  Ce  travail,  qui,  au  point  où  il  en 
était,  aurait  été  peu  de  chose  en  toute  autre 
situation,  me  devint  tellement  pénible  —  car 
c'était  une  voûte  —  que  j'étais  obligé  de 
laisser  après  chaque  séance  des  intervalles  de 
repos  absolu.  Il  m'aurait  été  impossible  même 
de  rien  achever  pour  le  Salon. 


Ces  deux  lettres  figurent  parmi  celles 
d'Eugène  Delacroix  publiées  en  1878  par 
Philippe  Burtv,chez  l'éditeur  Qiiantin. 

C.  H.  G. 

Dalles  de  la  rue  Mazarino  (XLIX, 
895  ;  L,  82).  —  Merci  a  M.  Rolin  Poète  ; 
il  a  raison  et  je  précise.  Les  dalles  en 
question  sont  en  effet,  à  la  hauteur  du 
Passage  du  Pont-Neuf,^;*  droit  des  immeu- 
bles portant  les  n""  42  et  54  de  ladite  rue 
Mazarine. 

Les  ancres  sont  bien  des  ancres  et  non 
des  flèches.  Je  viens  de  le  constater  sur 
place.  Mais  que  peuvent-elles  donc  bien 
signifier  .^  A  d'E. 


* 
*  ♦ 


Les  divers  services  de  TEtat  et  de  la 
'Ville  de  Paris,  (et  ils  sont  nombreux), 
qui  à  cause  de  la  nature  de  leurs  travaux, 
sont  amenés  à  fouiller  et  à  excaver  le  sol 
de  la  ville,  ont  l'habitude  de  se  répéter 
en  gravant  ou  incrustant  des  signes  par- 
ticuliers sur  les  points  qui  restent  fixes, 
pierres,  dalles  de  trottoir  et  même  pavés. 

Si  A.  d'E.  veut  bien  examiner  à  ce 
point  de  vue  la  bordure  des  trottoirs  de  la 
rue  des  Ecoles,  il  pourra  relever  diverses 
indications,  comme  je  l'ai  fait  il  y  a  quel- 
ques années. 

Quant  à  leur  signification,  j'avais  inter- 
rogé à  ce  sujet  un  agent  supérieur  du  ser- 
vice de  la  voirie  qui  n'a  pu  me  renseigner 
à  cause  de  la  multiplicité  des  services 
usant  de  ce  procédé,  comme  le  font  aussi 
parfois  certains  tâcherons.      L.  Depal. 

Beauvilîé  (L,  53).  —  Cette  famille 
porte  :  de  gueules^  à  la  hande  cchique- 
tce  d'or  et  d'azur  (alias  :  d'or  et  de  sahle)^ 
accompagnée  en  chef  d'une  hache  d'argent. 
Cimier  :  une  licorne  issante.  Supports  : 
deux  licornes  regardantes.   Devise   :   sine 

LaBORE  NIHIL.  P.  LE  J. 


Familles  de  la  Brunière,de  Ray- 
neval,    d'Angennes,   de   Girardin 

(XL1X,838,977  ;  L.27,84).—  j'ai  eu  Poc- 
casion  de  rencontrer  un  M. de  la  Brunière, 
qui  habite  Meaux  (Seine-et-Marne)  et  qui 
y  a  été  notaire  ;  j'ai  même  vu  ses  armes 
et  il  me  semble  me  souvenir  que  ce  sont 
celles  qu'attribue  E.  P.  Le  Lieur  d'Avost 
aux  Brulley  de    la   Brunière,  de  Sézanne 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août  loÇi 


193 


194 


Je  crois  qu'on  peut  s'adresser  à  M.  de  la 
Brunière,  de  Meaux,  avec  chance  de 
succès,  BiBL.  Mac. 

Bussy-Dinteville  (L,  6).  —  J'ai 
dressé  le  tableau  des  64  quartiers  d'Hu- 
berte-Renée  de  Bussy-Dinteville,  qui  épou- 
sa, en  163^1,  Jean  de  Mesyrigny.  Les 
voici  : 

(i)  de  Biissy  ;  (2)  de  Montluel  ;  (3)  de 
Clermont  ;  (4)  de  Poitiers  ;  (5)  de  Men- 
thon  ;  (6)  de  Varax  ;  (7)  de  Coligny  ;  (8) 
de  Courcelles  ;  (9)  Palmier  ;  (10)  Beaujean; 
(11)  Cyrolde  ;  (12)  Briçonnet  ;  (13)  de 
Virieu  ;  (14)  de  Beauvoir  ;  (15)  de  Sasse- 

nage  ;    (i6) ;    (17)  de   Dinteville  ; 

(18)  de  Pontaillier  ;  (19)  de  Vergy  ;  (20) 
d'Haraucourt  ;  (21)  de  Sainte  Maure  ; 
(22)  d'Estouteville  ;  (23)  de  Cbalon  ;  (24) 
de  Banquetin  ;    (25)  de     Stainville  ;  (26) 

(27)  Spinola  ;  (28) (29)  Luil- 

lier  ;  (30)  de  Vitry  ;  (31)  de  Villiers  de 
l'Isle  Adam;  (32)  de  Nesle  ;  (33)  de  Saiilx; 
(34)  de  Crux  ;  (35)  de  Quingey  ;  (36)  de 
Montjeu  ^  (37)  de  Vergy  ;  (38)  de  Roche- 
chouart  ;  (39)  de  Bourgogne  Palais  ;  (40) 
[d'Ayette]  ;  (41)  de  la  Baume  Mont  Saint- 
Sorlin  ;  (42)  de  Thoraise  ;  (43)  de  la 
Baume  Montrevel  ;  (44)  de  Neufchàtel  ; 
(45)  de  Vienne  ;  (46)  de  Vienne  ;  (47)  de 
Granson  ;  (48)  de  Neufchàtel  ;  (4g)Chûbot; 
(50)  de  Montberon  ;  (51)  dt  Luxejubourg  ; 
(52)  de  Melun  ;  (53)  de  Longwy;  (54)  de 
Bauffremont  ;  (55)  d'Orléans  d'Angoulème; 
(56)  [de  Polignacj;(^7)  Gouffier  deRouan- 
nais  ;  {^S)  de  Montmorency  ;  (59)  d'Han- 
gest  ;  (60)  de  Moy;  (61)  de  la  Trémoïlle  ; 

(62)  d'Amboise  ;  (63)  d'Azay  ;  (64) 

—  L'on  y  trouve  tous  les  quartiers  qui 
figurent  dans  le  jeton  d'Huberte-Renée  de 
Bussy  (ceux  qui  sont  soulignés)  excepté 
ceux  de  Baux  et  de  Bourbon, 

Cependant,  en  remontant  encore  dans 
le  quartier  de  Poitiers  (4),  l'on  rencontre 
deux  fois  l'alliance  avec  la  famille  de  Bniix^ 
qui  se  trouve  aussi  parmi  les  ascendants 
des  quartiers  de  Châlon  (23),  de  Monthe" 
ron  (50)  et  de  Liixeinhourg  (51). 

D'ailleurs,  par  le  quartier  de  la  Tré- 
moïlle (61)  l'on  arrive  à  une  alliance  avec 
une  demoiselle  de  Sully,  qui  descendait 
du  mariage  contracté,  le  6  juillet  1520, 
entre  Jean  II  sire  de  Sully,  et  Marguerite 
de  Bourbon^  fille  de  Louis  i''  duc  de  Bour- 
bon, et  de  Marie  de  Hainaut. 

Comme  je  n'ai  sous  la  main  que  mes 


notes,  j'ai  dû  limiter  mes  recherches  ;  en 
remontant  aussi  par  plusieurs  des  autres 
quartiers,  il  est  probable  que  l'on  ren- 
contrerait de  nouveau  ceux  de  Baux  et  de 
Bourbon  . 

J'adresse  à  VInfermcdiaire  plusieurs  ta- 
bleaux ascendants  qui  démontrent  ce  que 
je  viens  de  résumer,  avec  prière  de  les 
communiquer  à  M.  T.  qui  a  posé  la  ques- 
tion. G.  P.  Le  Lieur  d^Avost. 

Druyer  du  Planté  (XLI  ;  L,  85).  — 
Il  faut  lire  Druyer  du  Pointé. 

Famille  de  Jassaud  (L,  55).  —  Une 
demoiselle  Alexandrine-Reine  de  Jassaud 
épousa,  en  i786,Jean-Pantaléni  de  Butler, 
chef  d'escadrons  du  Royal-Dragons,  mort 
en  1815.  Elle  fut  guillotinée  en  1794. 
j'ignore    si   elle  était    fille  du   chevalier 

Pierre- Guillaume  de  jassaud.       Nérac. 

* 

*  * 

La  famille  dejassaud  dont  parle  le  confrè- 
re Tausserat,  est-elle  celle  qui  a  possédé 
l'hôtel  Le  Charron,  15,  quai  Bourbon  ? 

A.  Callet. 

*  * 

La  famille  dejassaud^originaire  d'Italie, 

vint  s'établir  en  Provence,  en  1416,  ainsi 
qu'il  appert  d'un  acte  passé, le  3  octobre  de 
la  même  année, entre  Hugues  de  Jassaud  et 
les  seigneurs  de  Fos. 

Tandis  que  la  branche  aînée  de  cette  fa- 
mille continuait  à  vivre  en  Provence, Isnard 
de  Jassaud,  fils  de  Georges,  se  rendit  à 
Paris,  en  l'année  1594,  en  qualité  de  se- 
crétaire ordinaire  de  la  chambre  du  roi 
Henri  IV  (titre  original  donné  par  ce  mo- 
narque, le  24  novembre  1  594)  et  y  créa  la 
branche  dite  des  marquis  d'Arquinvilliers. 

De  son  mariage  avec  Jeanne  de  Tristan, 
Isnard  de  Jassaud  eut  un  fils  Nicolas,  qui 
fut  marquis  d'Arquinvilliers,  vicomte  de 
La  Borde,  etc  ... 

Nicolas  dejassaud  épousa  Marie  de  Flan- 
dres, qui  lui  donna  quatre  fils  :  André- 
Jean,  Guillaume,  André-Nicolas  et  Augus- 
tin-Nicolas. 

André-Jean  succéda  aux  titres  et  charges 
de  son  père  ;  il  eut  deux  fils  qui  mouru- 
rent sans  postérité.  Avec  eux  s'éteignit  la 
branche  dite  d'Arquinvilliers. 

Guillaume,  second  fils  de  Nicolas  de 
Jassaud,  fut  père  de  quatre  fils.  L'aîné  seul 
eut  des  enfants,  qui  formèrent  la  branche 
dite  des  comtes  du  Gué.  Elle  s'éteignit  en 


N-   104S 


L'INThRMEDIAIRE 


19^ 


196 


la  personne  d'Auguste  dejassaud,  maré- 
chal de  camp, lieutenant-major  de  la  com- 
pagnie des  Gardes  du  corps,  commandée 
par  le  prince  de  Croy.  Auguste  de  Jassaud 
mourut  le  28  décembre  1849. 

C'est  certainement  à  la  branche  du  Gué 
qu'appartiennent  les  sept  enfants  de  Pierre- 
Guillaume  de  Jassaud,  qui  fait  l'objet  de 
la  demande  de  M. 

Les  autres  brandies,  établies  dans  l'Ile 
de  France  avaient  disparu  bien  avant  l'an- 
née 1757. 

En  elTet,  André-Nicolas,  5"  fils  de  Nico- 
las de  Jassaud,  n'eut  que  deux  filles  :  les 
marquises  de  Roncherolles  et  de  Mau- 
peou.  Avec  André-Nicolas  s'éteignit  la 
branche  dite  de  Vaupereaux. 

Le  4*  fils  de  Nicolas,  Guillaume, épousa 
Edmée  de  Charny  ;  il  en  eut  plusieurs  en- 
fants qui  vécurent  dans  le  célibat, à  l'excep- 
tion de  l'aîné. Celte  4*  branche, fixée  à  Sois- 
sons,  s'éteignit  peu  de  temps  après. 

La  branche  de  Provence,  dite  de  Tho- 
rance,  compte  encore  trois  représentants  : 
MM.  Henri,  Adrien  et  Octave  de  Jassaud. 

Jass.^ud. 

Les  demeures  de  Chateaubriand 
(L,  115).  —  Rue  du  Bac,  120,  se  lit  celte 
inscription,apposéepar  lessoinsde  l'admi- 
nistration municipale  :  «  Chateaubriand, 
né  à  Saint-Malo  le  4  décembre  1768,  est 
mort  dans  cet  hôtel,  le  4  juillet  i848>/.— 
Telle    est    l'avant-dernière   demeure  ;  la 

dernière  est  au  Grand-Bé.  Petit-B. 

« 

*  * 
En  1800, Chateaubriand  habita  quelques 

jours  chez  Fontanès,    rue  Saint-Honoré, 

hôtel   d'Etampes,  qui  portait  alors  les  n°' 

84  et  85  (section  des  Piques)   ancien  544 

(Royal),  et  qui  porta, en  1806,  le  n°    372 

qu'il  porte  encore  actuellement. 

Après  un  court  séjour  en  1801,  dans  un 
entresol  de  la  rue  de  Lille  (ci-devant  Bour- 
bon) près  de  la  rue  des  Saints-Pères, Cha- 
teaubriand vint  habiter  de  nouveau  hôtel 
d'Etampes  ;  l'hôtel  d'Etampes  était  voisin 
de  la  rue  Neuve  de  Luxembourg  (Cambon 
actuelle)  où  habitait  Pauline  de  Beau- 
mont. 

Fontanès  demeurait  alors  rue  Saint- 
Honoré,  près  Saint-Roch,  maison  deMes- 
nard,  aîné,  notaire,  n"  1449  (Section  de 
la  Butte  des  Moulins)  ancien  279  (Royal), 
n°  290  (1806)  et  partie  du  284  actuel  au 
coin  de  la  rue  des  Pyramides. 


Le  n°  282  (1806)  a  gardé  son  numéro  ; 
c'était  l'ancien  1439  sectionnaire  (angle 
S.E.  du  croisement  des  rues  Saint-Honoré 
et  des  Pyramides.  La  rue  des  Pyramides  a 
supprimé  les  n»'  1440  à  1448  sectionnai- 
res  (284  à  288  de  1S06)  et  le  284  actuel  a 
absorbé  desn°'  1449  a  1455  sectionnaires 
(290  à  294  de  1806).  L'église  Saint-Roch 
portait  les  n"*  1456  et  1457. 

Les  magasins  à  droite  et  à  gauche  de 
l'hôtel  d'Etampes  étaient  occupés,  en 
1804,  par  Rousseau  papetier  et  Glaise 
tapissier.  Avant  la  Révolution,  Thôtel 
était  habité  par  le  marquis  et  la  marquise 
d'Etampes  et  leur  fils.  La  marquise  de  la 
Ferté-lmbault  ;née  Geoffrin)  habitait  éga- 
len-ient  l'hôtol  (Voir  Corresp.  Bernis  dans 
YInfermèdiaireàn  10  mai  1903  et  d'Haus- 
sonville.  Le  salon  de  M""  Necker). 

En  1805,  le  marquis  et  la  marquise 
d'Etampes  étaient  rentrés  de  l'émigra- 
tion. Dans  cet  hôtel,  qui  était  devenu  une 
maison  meublée,  habitaient  deux  législa- 
teurs :  jubié  et  Frémyn-Beaumont. 

La  boutique  du  1449  était  occupée  par 
Porche,  quincaillier. Dans  la  maison  habi- 
tait le  danseur  Gardel. 

En  l'an  V,  Boucher,  du  Conseil  des 
Anciens,  y  avait  son  domicile,  ainsi  que 
Sièyes  et  Dumolard.  J.-G.  Bord. 

Frédéric  de  Knauss  (XLIX,  896). 
—  Le  livre  en  question  :  Wundermaschi- 
iien  se  trouve  à  la  Bibliothèque  impériale, 
à  'Vienne,  et  porte  la  fiche  34  P.  15. 

Auguste  de  Doerr. 

Les  statuaires  Gois,  père   et  fils 

(XLIX,  449).  —  Sur  Etienne-Pierre- 
Adrien  Gois  et  sur  son  fils,  Edme-Etienne- 
François,  après  le  Dictionnaire  de  Bellier 
de  la  Chavignerie,  on  consultera  utile- 
ment les  Archives  de  Vart  français  t.  1,  II 
et  V  (cf.  la  table  à  la  fin  du  t.  VI),  la 
Nouv.  biographie  générale,  de  Hoefer,  et 
aussi,  sur  une  des  œuvres  d'Adrien  Gois, 
la  note  intitulée  h  saint  Bruno  de  la  Char- 
treuse de  Boîiibon-le^-Gaillon^  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  des  Amis  des  Arts 
du  département  de  VEurc,  10*  fascicule, 
(1894),  p.  74-80.  F.  BL. 

Familles  de  La  Marinière  et  Le 
Marinier  ^ou  Mariner)  (L.  56).  — 
M.  Louis  de  La  Marinière,  ancien  préfet 
en    1848   et    sous   M.  Thiers,   habitait  la 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Août  1904, 


IQ7 


198 


Nièvre,  près  de  Cosne.  II  a  laissé  deux 
fils  dont  l'un,  croyons-nous,  est  encore 
dans  l'administration. 

M.  Louis  Le  Marignier, avocat  à  la  Cour 
d'Appel  de  Paris,  qui  fut  candidat  aux 
dernières  élections  municipales  dans  le 
quartier  de  la  Sorbonne  (i  et  8  mai  1904) 
et  qui  est  originaire  des  environs  d'Ar- 
gentan, doit  descendre  des  Le  Marinier 
(de  Normandie)  qui  occupent  le  Rcv. 
Edwin  Marriner.  A  d'E. 

Claudino  Mignot  (XLIX;  L,  81 ,  1 56). 
—  Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  jusqu'ici  indi- 
qué comme  ouvrage  à  consulter  le  Dic- 
iionnairc  cn'iiqne  de  Jal,  qui  donne,  avec 
un  long  article  sur  Françoise  (et  non 
Claudi.:e)  Mignot,  un  fac-similé  de  la 
signature.  J.  Lr. 

François  Mods  (XLIX,  840,  980  ; 
L,  33).  —  N'avait-il  pas  épousé  une  de- 
moiselle Samary  ?  Etait  il  veuf  ou  divorcé 
quand  il  eut  recours  à  Yidtima  ratio  des 
désespérés  ? 

Famille  do  WiUiagliof  de  Chelles 
de  Chellemberg  (L,  10,  139).  — 
Rietstap  blasonne  les  armes  de  la  famille 
Vittinghoff  dit  Schell  zu  Schellenberg, 
en  Westphalie  et  Province  rhénane  : 
d'aiiycntM  la  bande  de  sable.char^ée  de  trois 
houles  d'or.  P.  leJ. 

Armoiiies     de     deux     familles 

(XXXVll).  —  Margane  de  la  l^alirie  ; 
Roclieblave. 

Marganne  (rien  de  la  Valtrie)  Breta- 
gne :  tiercé  en  bande  ;  d'or,  d'hermine  et 
de  vair. 

Roclieblave.  Languedoc  :  d'a^tir^  à  trois 
rocs  d'échiquier  d'or.  A.  S..  E. 

Monnaies  <>  Caramboles  >/  (XLIX, 
c)04).  —  Voici  l'explication  donnée  par 
M.  Ed.  Vanhende,  dans  la  Numismatique 
Lilloise  : 

Les  premieresmonnaiesfrappéesàLille, d'après 
les  lettres  de  fondation  (rétablissement  d'un  ate- 
lier monétaire  par  Louis  XIV,  en  1685),  fu- 
rent des  pièces  de  quatre  livres,  de  40  sols,  de 
20  sols,  de  io  sols  et  de  5  sols  aux  coins  et 
armes  de  France  écartelees  de  Bourgogne 
ancienne  et  nouvelle,  au  titre  de  dix  deniers 
sept  grains  de  fin,  au  remède  de  deux  grains. 
Les  pièces  de  quatre  livres,  à  la  taille    de    six 


pièces  et  demie  au  marc,  au  remède  d'un 
seizième  de  pièce,  du  poids  d'une  once  cmq 
deniers  six  grains  trébuchant  chacune,  et  celle 
de  40  sois,  de  20  sols,  de  10  sols  et  de  5  sols, 
à  proportion. 

Cette  monnaie  reçut  le  nom  de  Bourgui- 
gnonne et  de  CARAMBOLh  à  cause  des  armes  du 
revers. 

11  y  a  dans  cette  expression  carambole 
un  jeu  de  mots  qui  m'échappe. 

PiCAILLON. 

Flaque  de  cheminée  à  identifier  : 
croix  chargée    de   cinq  coquilles 

(XLVIl).  —  Cette  question  n'a  pas  reçu  de 
réponse.  Je  prévois  cependant  une  solu- 
tion d'après  une  réponse  incidente  de  M. 
E  P.  Le  Lieur  d'Avost  (I,  col.  27)  au 
sujet  de  la  famille  Rayneval,  dont  les 
armes  sont  :  Ecarlelé  :  aux  i  et  ^d'or,au 
lion  de  gueules.,  couronné  du  même  ;  aux  2 
et  3  d'or, à  la  croix  de  sable,  ehargéc  de  cinq 
coquilles  d'argent.  Ces  armes  sont  bien 
celles  de  la  plaque  à  identifier  aux  i*^'  et 
4'  quartiers,  à  la  différence  que  sur  la 
plaque  le  lion  n'est  pas  couronné,  mais 
cette  brisure  est  secondaire.  II  reste  donc 
à  savoir  si  l'on  trouve  une  alliance  entre 
les  Rayneval  et  les  Cordier  en  Vimeu, 
Godart  en  Ponthieu,  ou  toute  autre  famille 
portant  un  cor  de  chasse  accompagné  de 
trois  étoiles.  N'ayant  pas  à  ma  disposi- 
tion le  grand  Dictionnaire  de  la  Noblesse 
de  La  Chesnaye-Desbois,  je  prie  M.  Le 
Lieur  d'Avost  de  voir  si  dans  le  tome XVI, 
on  ne  trouverait  pas  le  renseignement 
demandé.  P.  le  J. 

<s  Controversise  »  de  Sénèque 
(XLIX  ;  L,  89).  —  Lesfargues  n'est  pas 
le  seul  traducteur  du  xvii=  siècle  des  Con- 
troversiœ.  Voici  une  indication  que  je 
trouve  dans  le  dernier  catalogue  de  Le- 
planquais,  n°  156,  25  juillet  1904  : 

503  SENECA(Marcus).  Les  Controver- 
ses et  suasoires  de  ^L  Marcus  Seneca, 
rhéteur,  traduction  de  M.  Mathieu  de  Chal- 
vet.  A  Rouen,  che^  Caillove,  1634,  \  vol. 
pet.  in-4. 

^  J.  Lt. 

Saint  Roch  et  ses  trois  chapeaux 

(XLIX,  113).  —  Du  silence,  facile  à  pré- 
voir,des  correspondants  de  X Intermédiaire., 
il  y  a  une  conclusion  à  tirer.  L'éditeur  des 
Œuvres  de  Diderot,  Brière,  a  manifeste- 
ment abusé  ses  lecteurs  dans  la  note  où  il 


N.   1048. 


L'INTliflMÈDlAlRE 


199 


200  -- 


dit  ;«  ...  Sainl-Roch  avait  trois  chapeaux  ; 
on  le  voit  souvent  ainsi  représenté». «  Sou- 
ventv>est  quelque  peu  audacieux  quand  au- 
cun exemple  ne  peut  être  cité  à  l'appui  de 
sonlaniaisiste  commentaire. Il  faut  donc  en 
revenir  à  celui  du  Larousse,  si  faible  que 
soit  Tautorité  du  fameux  Dictionnaiie  : 
«  Etre  comme  saint  Roch  en  chapeau  : 
être  abondamment  pourvu  d'une  chose, 
en  avoir  plus  qu'il  ne  faut,  par  allusion  à 
saint  Roch  qui  portait  un  chapeau  d'une 
grandeur  démesurée.  //  On  sait  que,  au 
nombre  les  attributs  dont  les  sculpteurs 
ont  doté  les  statues  du  bienheureux,  était 
le  vaste  chapeau  des  pèlerins,  aux  larges 
bords  relevés  en  avant  et  agrémentés  de 
coquilles  ou  de  clefs  croisées  en  sautoir  à, 
cause  du  voyage  de  Rome. 

QUARTEBLANCHE. 

Un  roman  da  Balzac  :  «  le  Prêtre 
catholique  »  (L.  57).  —  Le  Prêtre  ca- 
tholique, roman  qui  préoccupa  si  long- 
temps Balzac,  a  été  commencé  en  1833,  et 
sa  dédica,Ce  autographe  à  Mme  Hanska,  a 
même  été  communiquée  par  elle,  en  1867, 
à  M.  Frond,  pour  le  Panthéon  des  illiistra- 
tioiis  françaises  au  xix"  siècle,  où  le  fac- 
similé  de  cette  page  accompagne  le  por- 
trait du  raaitre.  Aucune  indication  n'y 
étant  jointe,  elle  fut  imprimée  ensuite 
comme  lettre,  dans  la  Correspondance  de 
Balzac,  et  abusivement  datée  de  1844  (!). 
Elle  y  porte  le  n"  269. 

Tout  le  début  de  l'ouvrage  est  entre 
mes  mains.  Balzac  ne  le  poussa  pas  plus 
loin.  Ce  qui  en  existe  est  superbe.  11  l'é- 
crivit après  h  Médecin  de  campagne, 
concurremment  avec  Eugénie  Grandet,  le 
surprenant  début,  -^  inédit  aussi,  pour 
la  plus  grande  partie,  — ^  des  Aventures 
adininistrativcs  d'une  idée  heureuse^  ta 
Duchesse  de  Langeais,  et  avant  la  Recherche 
de  C Absolu,  c'est-à-dire  pendant  une  des 
périodes  les  plus  fécondes  en  œuvres  su- 
périeures de  toute  l'admirable  carrière 
du  grand  écrivain. 

Spoelberch  Lovenjoul. 

Un  roman  d'Eugène  Sus  à  re- 
trouver (L,  î  16).  —  En  voici  le  titre  : 
Deleytar.  Arabiau  Godolphin,  Kardikè,  par 
Eugène  Sue.  Paris,  Paulin,  éditeur,  rue  de 
Richelieu,  60.  1846.  i  vol.  in-18,  format 
Ca,zin  ;  impr.  par  Pion  frères,  publié  à 
I  fr. 


Cet  ouvrage  avait  paru  précédemment, 
en  2  vol.  in-8.  J.  Brivos. 

Conversation  du  P.  Canaye  et 
du  maréchal  d'Hoc  quincourt(XLl). 

—  Depuis  le  débat  soutenu  ici,  touchant 
l'auteur  de  ce  fameux  dialogue,  M.  Fré- 
déric Lachèvre  a  publié  son  excellente 
Bibliographie  qui  a  plus  que  doublé  nos 
connaissances  sur  les  petits  poëtcs  du 
xvu*  siècle. 

Il  attribue  la  pièce,  sans  discussion,  à 
Charlcval. 

QlJelles  sont  les  raisons  de  M.  Lachè- 
vre ?  Elles  ne  peuvent  être  que  fondées, 
mais  je  serais  curieux  de  les  connaître. 

S. 

Leta  Pane  (L,  53).  —  Le  Diction- 
naire de  Gcograf)hie  à  l'usage  de  ï amateur 
de  livres  de  P.  D.  dit  que  plusieurs  loca- 
lités de  Hongrie  et  de  Bohême  portent  le 
nom  de  Leta,  et  qu'il  ne  peut  préciser 
dans  laquelle  auraient  été  faites  les  im- 
pressions en  question,  généralement  dues 
à  la  secte  des  frères  moraves. 

J.-C.  WlGG. 


* 


M.  O.  Gy  demande  quelle  est  cette 
ville.  Ce  n'est  pas  une  ville.  Deschamps 
s'était  posé  la  même  question.  Dans  son 
Dictionnaire  de  géographie  à  l'usage  du 
libraire,  il  s'exprime  ainsi  : 

Leta  pane  (?),  localité  dont  nous  ne  pou- 
vons déterminer  exactement  la  situation, 
plusieurs  bourgs  et  villages  de  Hongrie  et 
de  Bohême  portant  le  nom  de  Leta.  *  Et 
Deschamps  ajoute  :  «  Ce  nom  tchèque  de 
Letâ  Pane  se  trouve  à  partir  de  l'^îy  sur 
un  assez  "rand  nombre  de  livres  bohé- 
miens,  etc. 

Dans  son  Catalogue  n"  VII, un  marchand 
de  vieux  livres  de  Londres,  M.  Voyniché 
qui  a  fait  des  recherches  intéressantes  sur 
les  impressions  des  xv''  et  xvi*  siècles, s'ex- 
prime ainsi  à  l'occasion  d'un  ouvrage  im- 
primé à  Prague  en  1562  et  portant  cette 
suscription  :  Leta  Panie  (je  traduisde  l'an- 
glais) : 

M.  Descharaps,  col.  727,  a  cru  aussi  que 
Leta  Pairie  était  le  nom  d'une  ville,  et 
dans  une  longue  note  sur  divers  livres  im- 
primés dans  cette  ville,  il  exprime  son  re- 
gret de  n'avoir  pu  l'identifier.  Ces  deux 
mots  en  langue  bohémienne  signifient  sim- 
plement :  Anno  Domini. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août   1904 


201 


—    202 


On  remarquera  la  différence  entre  Leta 
Fane  et  Leta  Panie^  mais  je  ne  pense  pas 
qu'il  y  ait  lieu  de  s'y  arrêter. 

Henri  Mûnod. 

Une  erreur  persistante  (XLIX,  901  ; 

L,  35,  146).  —  Puisque  X Intermédiaire  di 
parlé  récemment  des  vers  grotesques  attri- 
bués,—  faussement, paraît-il —  au  vicomte 
d'Arlincourt,  il  ne  faut  pas  priver  nos 
chercheurs  de  celui-ci,  qui  ne  déparera 
pas  la  collection. 

Il  est  de  P.-l.  Raymond. 

Le  poète  visite  le  bagne  et  s'exprime 
amsi  : 

Et  tout  ne  s'y  vend  pas  au  visiteur  pour  rien  : 
Tout  est  en  montre  et  fait  par  maint  c;al6rien 
Une  pipe  en  coco  me  vend  un  ex  notaire. 
Envojé  lu  pour  taux  dans  une  grave  aQ'aire. 

P.  F.  Raymond  a  publié  plusieurs  vo- 
lumes. Eugène  Baillet. 

Catalogua  pour  vente  de  vieux 
livres  (XLIX,  842,  991  ;  L,  91).  —  A 
propos  de  catalogues  de  livres,  pourquoi, 
à  partir  de  iQj'j ,  \c  Jonrval  de  la  Librai- 
rie,WihMographiQ  de  la  France,  ne  les  en- 
registre-t-il  plus  comme  précédemment? 
Je  comprends  qu'on  ne  tienne  aucun 
compte  des  catalogues  de  marchands  de 
nouveautés  ;  tant  importants  qu'ils  de- 
viennent, ce  ne  sont  que  des  prospectus  ; 
mais  des  catalogues  de  ventes  de  livres, 
comme  ceux  de  A.  Dinaux,  Didot,  Lu- 
zarche,  Piat,  Morante,  Potier,  Destailleur, 
Ronard,  Pichon,  LigneroUes,  Taylor, 
Hérédia,  Yéméniz,  etc.  sont  de  vérita- 
bles ouvrages  de  bibliographie  qui  méri- 
teraient de  laisser  des  traces. 

CÉSAR  BiROTTEAU. 

Modifications    dans   le  langage 

(XLVIII;  XLIX,43,932;  L,92).— L'usage 
sans  doute,  est  souverain.  Mais  il  faut 
distinguer  entre  le  bon  usage  et  le  mau- 
vais. L'I  mouillée  est  une  articulation 
bien  française,  qu'il  serait  regrettable  de 
voir  disparaître,  et  qui  a  motivé  une  or- 
thographe spéciale. 

L'imonillèe  se  prononce  à^^f/^r^i comme 
li  dans  famille,  par  exemple  ;  elle  repré- 
sente h  du  latin  familia.  Une  pronon- 
ciation spéciale  a  exigé  une  notation  spé- 
ciale ;  car  la  parole  a  précédé  l'écriture, 
et  l'orthographe  n'est  que  la  notation 
de  la  parole. 


Si  quelques  lexicographes  ont  figuré 
parjv  la  prononciation  de  VI  iuoiiil'èe,  ils 
ont  consacré  une  prononciation  nouvelle 
qui  prive  notre  langue  d'une  articulation 
qui  lui  appartenait. 

Nous  avions  l'y  prononcé  comme  deux  / 
et  17  moiiillcô  ;  ces  lexicographes  nous  en- 
lèvent une  articulation  ;  ils  appauvrissent 
la  langue  ;  cela  vaut  bien  une  protestation. 
«  Vox  clamantis  in  deserto  »,  probable- 
ment, car  V  est  plus  facile  à  prononcer 
que  \'l  mouillée,  et  la  doctrine  «  du  moin- 
dre effort  »  risque  fort  de  prévaloir. 

D'"  A.  Cordes. 

Je  m'en  suis  allé.  Je  me  suis  en 
allé  (XLIX,  224.   480,  604,  764,  988  ; 


L,  9: 


D'accord  sur  l'autorité  et  l'in- 


fluence de  l'usage,  M.  P.  L.  et  moi,  nous 
différons  sur  son  essence  :  question  de 
fait  qu'une  plus  longue  discussion  ne  par- 
viendrait pas  à  éclaircir. 

Mais  je  veux  remercier  mon  honorable 
contradicteur  de  m'avoir  signalé  l'incor- 
rection du  verbe  <<  se  sortir  />.  J'avoue 
humblement  qu'elle  m'avait  échappé. 
Que  voulez-vous  ^  On  entend  employer 
ce  verbe  bien  souvent  ;  il  n'a,  en  soi,  rien 
de  moins  conforme  au  génie  de  la  langue 
que  le  verbe  «  se  tirer  »,  et  il  suffirait 
qu'un  membre  de  l'Académie  l'eût  em- 
ployé une  fois  par  mégarde,  pour  qu'il 
eût  quelques  droits  à  s'imposer  au  nom 
de  l'usage,  mais,  je  me  hâte  de  le  dire, il 
ne  figure  dans  aucun  dictionnaire.  Qu'il 
ne  compte  donc  pas  sur  moi  pour  le  dé- 
fendre. 

En  terminant,  M.  P.  L.  veut-il  me  per- 
mettre de  lui  signaler  une  acception  du 
verbe  «  manquer  »  que  je  ne  trouve  pas 
dans  Littré,  mais  qui  a  pour  elle  l'auto- 
rité d'un  écrivain  assez  connu  .f*  <<  Il  man- 
qua à  renverser  du  pan  de  son  habit  la  sta- 
tuette. . .  »  Est-il  correct  de  parler  ainsi  ? 
Le  vicomte  de  Bonald. 


Experte   crede    Roberto   (T.   G. 

331  ;  XLVII).  — On  chercherait  vaine- 
ment cet  hémistiche  dans  le  De  Guerra 
Romana  où  renvoie  l'annotateur  anonyme 
cité  par  M.  Maurice  Lecomte.  C'est  le 
troisième  vers  du  Consilium  pro  dansato- 
ribus.,  poème  postérieur  au  précédent. 

Ces   deux   œuvres    macaroniques   ont 
paru  l'an   ij2g  et  ne  peuvent  avoir  été 


N«   1048 


L'INTERMEDIAIRE 


203 


204 


la  guerre 


de  Rome 


composées   qu  après 

('527;.  ^     .      , 

Or   dans   une    lettre    datée    du   5  août 

1536,  Luther  écrit  : 

Experto  crede  Rupeito,  ut  est  proveibium . 

Est-il  vraisemblable  que  sept  ans  à 
peine  après  la  publication  d'un  poème 
facétieux,  Luther  eût  déjà  pris  l'un  de  ses 
vers  pour  un  proverbe  ? 

D'ailleurs,  quel  personnage  du  Cousi- 
liiim  se  nomme  Robert?  Aucun, si  je  com- 
prends bien  la  langue  extraordinaire  que 
parle  Antoine  d'Arène.  Ou  son  vers 
n'ofTre  aucun  sens,  ou  il  fait  allusion  à 
un  proverbe  antérieur,  —  peut-être  à  ce- 
lui qui  est  cité  par  Fournier  comme  da- 
tant du  moyen  âge,  mais  malheureuse- 
ment sans  indication  de  source. 

Candide. 

Rue  des  Imborgères  (XLVIII,  953) 
Terrain  des   Envierges  (T.  G.  317). 

—  Ces  deux  noms  devraient  évidemment 
rentrer  sous  la  rubrique  «  Noms  de  lieux 
détournés  de  leur  sens  primitif  ». 

N"est-il  pas  permis  de  supposer  que 
leur  «  sens  primitif  »  était  Rue  des  Cinq 


questions).  Du  Cange  donne  luiniiiare  = 
niiniitini  (pour  viimitalim)  covnninuere 
(morceler,  affaiblir). 

Th.  Courtaux. 


Berger  ce  et   Terrain   des  Cent  Vierges  ?  Le 


C  initial  aurait  disparu  par  un  phénomè- 
ne identique  dans  les  deux  cas,  cette  lettre 
absente  se  trouvant  remplacée  dans  la  pro- 
nonciation par  la  liaison  de  l'S  entre  le  mot 
des  et  la  première  voyelle  du  nom. 

Le  moindre  document  à  l'appui  de  ce^ 
hypothèses  serait  le  bienvenu...         S. 


Minuter  sa  retraite  (L,  60).  —  Cette 
expression  est  évidemment  un  latinisme. 
Dans  les  Sonnets  franc-comtois  inédits 
du  commencement  du  XVII^  siècle  que  j'ai 
publiés  en  1892,  avec  une  introduction 
historique  et  des  notes,  se  trouvent,  au 
sonnet  XXX,  les  vers  suivants  : 

Fuis  la  soudaineté,  elle  est  aveugle  et   nuit 
Fuis  la  tardiveté,  elle  est  sourde  et    ne  bruit 
Que  l'Estat  offencé  n'ait  souffert  de  la  honte. 
Ny  trop    prompt,  ny  trop  lent.  Tandis  que 

les  Romains^ 
Minutoient   au   Sénat  s'ils  delïendroient  Sa 

gunte], 
Sagunte  se  rendit  aux  Pœnois   inhumains. 

Minuter  est  évidemment  pris  ici  dans  le 
sens  de  délibérer.  On  trouve  dans  Cicéron 


Je  suis  surpris  que  Gros-Malo  n'ait  pas 
cité  l'exemple  le  plus  connu  : 

Je  le  remerciais  doucement  de  la  tête. 
Minutant  à  tout  coup  quelque  retraite  honnête 

tiré  du  grand  récit  d'Eraste  qui  ouvre  la 
comédie  des  Fâcheux  (i65i). 

Minuter  est  ici  synonyme  de  méditer, 
préparer  :  c'est  dans  ce  sens  que  l'ava  ien 
employé  Régnier,  Malherbe  et  Vaugelas 
avant  Molière  et  le  duc  d'Angoulème. 

Georges  Monval. 

Galbanuni  (XLVII  ;  XLIX,  930).  — 
Puisqu'un  confrère  revient  sur  la  question 
du  galbanum,  je  demande  la  'permission 
de  faire  observer  que  Napoléon  écrit  dans 
sa  lettre u  faites  mettre  ces  deux  in- 
dividus en  galbanum  ». 

S'il  avait  voulu  dire  de  les  soumettre 
au  régime  du  galbanum,  il  aurait  écrit  : 
au  galbanum,  comme  on  dit  :  mettre  à  la 
diète,  etc. 

J'en  conclus  qu'il  faut  entendre:  mettre 
en  galbanum,  mauvaise  graphie  pour  : 
mettre  en  cabanon,  formule  encore  usitée 
aujourd'hui  à  Bicètre. 

D'autre  part,  et  comme  le  faisait  remar- 
quer dernièrement  un  de  nos  confrères, 
lorsqu'une  question  soulève  des  incidentes, 
il  y  a  plutôt  avantage  que  inconvénient, 
à  les  traiter  et  à  les  éclaircir  à  cette  occa- 
sion. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  je  consignerai 
ici,  à  toutes  fins  utiles,  les  renseignements 
suivants  circà  Galbanum. 

La  gomme  résine  connue  sous  ce  nom 
est  fournie  par  une  ou  plusieurs  espèces 
de  végétaux  originaires  d'Abyssinie. 

D'après  Théis  (Glossaire  de  Botanique  ou 
Dictionnaire  étymologique^  1810),  ce  nom 
de  galbanum  est  dérivé  degalb^  ou  galban. 
gras,  onctueux  en  celtique,  tout  ce  dont 
on  fait  des  onguents  ou  des  parfums.  Ce 
mot  galb  serait  le  radical  de  plusieurs 
noms  qui  tous  expriment  des  choses 
grasses  ou  d'une  odeur  forte  :  Galipot  ; 
Myrica  gale  (prononcez  gale)  arbuste  à 
odeur  résineuse  ;  camphre  en  anglo  saxon; 
galiot,  nom  ancien  de  la  Benoiteou  Geum 


minutaiim    interrogare    (faire    de    petites  ji  urbanum,  dont  la  racine  est  très  odorante; 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août  19*4 


205 


206 


y«Aï>),  belette  puante.  Le  galbanum  entrait 
dans  la  composition  des  parfums  qui  de- 
vaient être  brûlés  sur  l'autel.  [Exode.  Job. 

447) 

Théis  écrivait   à   une   époque   où  tout 

devait  venir  du  celtique.  A  noter  cepen- 
dant les  rapports  qui  existent  entre  les 
formes  celtiques  et  celles  indiquées  ci- 
dessous  comme  dérivées  de  l'hébreu  et 
des  langues  orientales. 

D'après  Mératet  Delens,  Dictionnaire  de 
matière  médicale,  1829-1845,  galbanum 
vient  de  khelbenah,  d'où  les  Grecs  ont 
fait  ;<a/ôav>),  et  les  Latins  galbanum. 

Littré  dit,  en  1863,  à  l'article  galbanum 
de  son  dictionnaire;  vient  du  grec  x!'^«''*i 
Le  mot  est  d'origine  sémitique.  Hébreu 
chelbnah,  même  sens,  de  cheleb,  graisse. 
11  ajoute  :  «  Le  moyen  âge  prononçait  On 
la  finale  latine  Um.  Ce  qui  noui  ramène 
à  galbanon,  cabanon. 

Le  passage  du  Pentateuque  où  figure  le 
galbanum,  est  traduit  comme  suit  dans 
une  vers  on  du  xiir  siècle  : 

Et  por  ce  est  bien  (pour  que  celasoit  bien)., 
dit  à    Moysen  :  prend   espèzes    stactcn,    gal- 

bancn    et  onica Sien    feras    un    tymiane 

(parfum)  confit  solunc  l'œvre  de  céaz  Kl  les 
unguemenz  funt. 

Mentzel,  Index  nominum  plantariuii 
Berlin  1696,  indique  une  forme  Chalbane 
qui  procède   de  l'hébreu    Chelbnah  et  du 

grec   ;^«/?av>9 . 

Enfin  Bubani.^  flora  Virgiliana,  Bologne 
1869,  cite  les  deux  vers  des  Géorgiques  où 
le  Galbanum  estmentionnécommeparfum. 

Galbaneoqueagitare  graves  nidorechelydros. 

G .  3 .  v .  415. 
Hase  jam  galbaneos  suadebo  incendereodores. 
G.  4.  V.  264.  L.  Depal. 

A  propos  de  bottes(T.  G.  132; 
XL1X,903  ;  L.40).  — Exemples  antérieurs 
au  Distrait  de  Regnard  publié  en  1698  : 
1°  «  à  propos  de  bottes  nous  ne  sommes 
pas  loin  de  la  maison  de  Florinde  ».  Co- 
médie des  proverbes,  I.  i.  (1636).  Cité  par 
Littré,  tom.ll,  p.  1355,  col.  i. 

2°  «  A  propos  de  bottes,  combien 
l'aulne  de  fagots  ».  Oudin,  Curiosités  de 
la  langue  française  publiées  en  1640. 

L.  Depal. 

Mario  ou  Marion  (L.  59  140),  — 
Colonne  141,  ligne  23,  lire  du  reste  et 
non  du  recto. 


Attendez-moi  sous  l'orme  (T.  G- ^ 

67).  —  Je  répare  l'omission  de  ceux  d^ 
nos  collaborateurs  qui  se  sont  occupés  de 
cette  question  (XVI,  675,  727),  en  citant 
l'ouvrage  suivant  : 

Francisque  Michel.  Attendez-moi  sous 
l'Orme,  dissertation  sur  un  ancien  pro- 
verbe. 1868,  in-8  de  42  pages. 

Fort  curieuse  dissertation,  tirée  à  très 
petit  nombre. 

A.    S..  E. 

La  poignée  de  main  (XLIX,  844). 
—  Elle  me  parait  venir  de  I  usage  où  l'on 
était,  autrefois  plus  qu'aujourd'hui,  de 
terminer  une  négociation,  un  arrange- 
ment, un  marché,  voire  une  querelle,  en 
se  frappant  dans  la  main.  Topez,  là.  On 
était  d'accord  après  avoir  bataillé  comme 
adversaires  et  maintenant  on  était  amis. 
Le  geste  s'est  généralisé  ensuite  ;  il  est 
devenu  familier.  Lorsqu'on  se  rencontrait 
on  s'abordait  en  se  tendant  la  main  pour 
témoigner  de  ses  intentions  pacifiques  et 
bien  marquer  qu'on  l'on  ne  songeait  pas 
à  recourir  à  cette  arme  naturelle  pour 
attaquer  ou  se  défendre. 

Qiiant  au  mot  fringuant,qui  figure  dans 
la  question  deJ.-G.  Bord,  ne  vaudrait-il 
pas  mieux  l'écrire  fringant  ? 

11  est  employé  aujourd'hui  dans  le  senè 
légèrement  péjoratif  d'élégant  avec  un 
peu  de  recherche  et  d'afïectation. 

Avec  cette  idée  d'élégance,  il  évoquait 
autrefois   celle    de  mouvement,  d'agita- 
tion et  de  bruit.  Par  exemple,  un  cheval 
fringant  ou  qui   fringuait,  était  celui  qui 
piaffait  et  faisait  du  bruit. 

Fringuer  a  conservé  cette  valeur  dans 
quelques  parlers  du  Midi.  Ainsi,  quand 
clefs  ou  pièces  de  monnaie  remuent  et  se 
font  entendre  dans  votre  poche,  on  dit 
qu'elles  fringuent.  L.  Depal. 

Le  droit  du  seigneur  (T.G.  290). 

11  n'est  personne, à  coup  sûr,  qui  en  parlant 
de  l'usage  abominable  connu  sous  le  nom  de 
droit  du  seigneur,  n'ait  énergiqi"'ment  flétri 
une  époque  où  pouvait  se  commettre  impuné- 
ment,/^^a/f;«^w/,un  aussi  monstrueux  outrage 
à  la  religion, à  la  morale,  à  la  dignité  humaine. 
Mais  aussi,  et  c'est  là  un  de  ces  travers  de 
l'esprit  qu'on  ne  peut  excuser  que  par  la  plus 
inconcevable  prévention,  il  est  peu  de  gens 
qui  n'aient  cru,  les  yeux  fermes,  à  l'existence 
de  cette  coutume  sauvage,  dont  la  seule  idée 
nous  révolte. 


N»  1048 


L'INTERMEDIAIRE 


207 


208 


D'où  vient  cette  foi  aveugle  en  une  chose 
qui  répugne  à  la  pensée?  Où  a-t  elle  pris 
naissance  ?  Comment  nous  mêmes  l'avons-nous 
partagée  si  longtemps?...  No;is  ne  saurions 
le  dire,  sans  doute  ;  mais  enfin  c'était  devenu 
pour  nous  comme  un  de  ces  faits  accomplis, 
qu'on  accepte  tout  en  les  stigmatisant. 

Cependant  un  jour  arrive  où  lassé  de  croire 
à  des  oui-dire,  on  veut  savoir  à  quoi  s'en  te- 
nir sur  ces  contes  avec  lesquels  on  a  été  bercé  ; 
et  que  trouve-t-on  ?  Rien  ! 

C'est  ce  dontj'ai  récemmentfaitl'expérience. 

J'avais  entendu,  bien  des  fois,  attester  que 
le  droit  du  seigneur  avait  été  exercé  dans  notre 
pays,  non  seulement  par  les  seigneurs  laïques, 
mais  encore  par  les  seigneurs  ecclésiastiques. 
J'avais  même,  si  mes  souvenirs  ne  me  trom- 
pent pas,  entendu  citer,  parmi  ces  derniers, 
les  Bénédictins  du  prieuré  de  Saint  Nicolas-de- 
Port. 

Je  me  suislivré  à  de  minutieuses  recherches, 
dans  le  désir,  je  ne  dirai  pas  de  découvrir  la 
chose,  mais  de  satisfaire  ma  curiosité  et  d'é- 
clairer ma  conscience  d'historien  ;  eh  bien  !  je 
le  répète,  je  n'ai  rien  trouvé,  et  je  suis  sur  que 
personne,  pas  plus  que  moi,  n'a  rien  trouvé  à 
cet  égard. 

je  ne  suis  pas  tout  à  fait  aussi  indulgent 
que  M .  .  .  .  à  l'égard  de  la  féodalité  ;  et  il  faut 
avouer  qu'il  y  a,  dans  ses  codes,  beaucoup 
d'exigences  absurdes,  vexatoires,  dont  jj'ai 
donné  la  trop  longue  énumération  (dans  les 
Communes  de  la  Meurthe).  Mais  ces  exigen- 
ces sont-elles,  en  définitive,  barbares,  immo- 
rales, honteuses,  comme  on  veut  bien  le  dire  ? 
Y  en  a-t-il  une  surtout,  dans  le  nombre,  qui 
approche  du  droit  infâme  du  seigneur  ?  Il  n'y 

EN    A  PAS   UNE  SEULE. 

Les  redevances  dues  par  les  nouveaux  ma- 
riés, —  et  j'en  cite  plusieurs  exemples  —  n'ont 
aucune  analogie  avec  l'idée  qu'on  s'est  faite 
de  ce  droit. 

Si  celui-ci,  —  et  on  peut  contester  le  fait 
jusqu'à  production  de  preuves,  —  a  jamais 
été  exercé,  cet  acte  ne  doit  être  considéré  que 
comme  un  déplorable  abus  de  la  force,  mais 
non  comme  la  mise  en  pratique  d'un  droit  re- 
connu, avoué,  inscrit  dans   la  législation. 

Je  ne  puis  rien  dire  de  ce  qui  s'est  passé 
dans  les  autres  provinces, mais  je  puis  affirmer 
pour  l'honneur  de  notre  pays,  que  le  droit  du 
seigneur  n'a  jamais  existé  en  Lorraine.  On  a 
dit  le  contraire,  je  le  jsais  ;  l'a-t-on  démontré  ? 
Pour  les  choses, de  cette  nature  ;  pour  les  cho- 
ses qui  font  honte  à  l'humanité,  il  ne  suffit 
pas  d'affirmations  ;  il  faut  des  arguments  pé- 
remptoires,  des  documents  incontestables,  et 
je  défie  d'en  produire.  Henri  Lepage 

Archiviste  du  département   de   la  Meurthti. 

Journal  de  la  Société d' Archcolooie'et  du 
Comité  du  Musée  lorrain,  lorne  III  (1854) 
page  131.  P.  c.  c.  A.  S..E. 


La  modo  dans  les  noms  de  bap 
tême  (XLIV  ;  XLV  ;  XLVlj.  --  Une 
chose  assurément  bien  curieuse,  c'est  de 
voir  avec  quelle  touchante  unanimité  la 
mode  des  noms  gallo-romains  est  subite- 
ment transformée  en  mode  des  noms 
franco-germaniques,  dans  les  nombreuses 
listes  d'évêques  de  nos  anciens  diocèses, 
vers  l'époque  de  Clovis  et  de  ses  fils. 
Nous  pouvons  donner  quatre  de  ces  listes. 
On  verra  que  les  exceptions  sont  telle- 
ment peu  nombreuses,  qu'elles  sont  insi- 
gnifiantes et  parfois  même  confirment  la 
règle.  Ainsi  le  nom  propre  Germanus  est 
un  nom  gallo-romain  (comme  Langlois 
ou  Lescot  est  un  nom  français)  et  non  un 
nom  germanique,  malgré  ses  radicaux. 

1°  Liste  des  premiers  évèques  du  Ver- 
mandois  :  Hilarius,  Martinus,  Germanus, 
Maximinus,  Fossonius  (le  superbe  en 
grec),  Aeternus  (l'aiglon),  Divitianus, 
Remedius,  Mercorinus  (voué  à  Mercure), 
Promotus,  Sophronius  (le  prudent,  en 
grec)  ;  —  Alomer,  saint  Médard,  Austin, 
Gondulf,  Ebrulf,  Bertmund,  Crasmar, 
Acher,  Eloi,  Mummole,  Otger,  Gonduin, 
Garulf,  Framenger,  etc. 

2°  Liste  des  premiers  évèques  de  Reims  : 
Sixtus,Sinitius,  Amandus,  Betausus.Aper, 
Discolius,Maternus,Donatius,Vivens,Seve- 
rus,  Nicaisus,  Baruch,  Barn.ibé,  Bennage, 
Remigius,  Romanus,  Flavianus  ;  —  Mapi- 
nien, Gilles,  Romulf,  Sonnace.Léodegisile. 
Anglebert,  Landon,  Nivard,  Rémi,  Rigo- 
bert,  Abel,  Turpin,  Violfher,  Ebbon, 
Hincmar,  Foulques,  Hervé,   etc. 

3°  Liste  des  premiers  évèques  de  Sois- 
sons,  Sinitius,  Divitianus,  Rufinus,  Filia- 
nus,  Mercorinus,  Onesimus,  Vincenculus, 
Onesimus  II,  Hilirius,  Principius,  Lupus  ; 
—  Baudaride,  Dragtégésile,  Auctar,Théo- 
debold,  Trudulf,  Landulf,  Ansaric,  Adlo- 
bert,  Drausin,  Antbert,  Warenbert,  Adal- 
bert,  Gaudin,  Mathar,  Gualbold,  Guar- 
bert,  Madalbert,  Gualcon,  etc. 

40  Liste  des  premiers  évèques  de  Rouen  : 
Nicaisius,  Mello,  Avitianus,  Severus,  Eu- 
sebius,  Marcellinus,  Petrus,  Victriv, 
Innocens,  Sylvester,  Malso,  Germanus, 
Crescentius,  Gildard,  Flavius,  Evodius, 
Prœtextatus  ;  —  Melantius.  Idulf,  Roma- 
nus, Ouen,  Ansbert,  Grippo,  Hugues, 
Radbert,  Grim,  Raginfried,  Rémy,  Ma 
gnard,  Gilbert,  Ragnoard,  Gombaud, 
Paul,  Venilon,  Àdalhard,  Riculf,  etc. 

Assurément,    on   peut   trouver  un   ou 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août  1904, 


209 


210 


deux  noms  germaniques  parmi  les  noms 
des  évêques  avant  Clovis,  ainsi  que 
quelques  noms  gallo-romains  après  ses 
fils  ;  mais  ces  exceptions  ne  figurent 
guèreque  dans  la  proportion  de  1  sur  10; 
et  encore,  que  de  choses  n'y  aurait-il  pas 
à  dire  à  ce  sujet  !  C'est  ainsi  que  si  Remi- 
giusaété  parfois  pris  pour  Remedius  qui 
est  un  nom  gallo-romain,  le  nom  de 
Remy^  Remwig,  est  un  nom  germani- 
que, comme  Gilles,  bien  qu'on  le  con- 
fonde à  tort  avec  Œgidius,  qui  a  un  tout 
autre  sens  !  D''  Bougon. 

Cendrières  (XLIX,  452,  603).  —  J'ai 
vu  des  cendrières  sur  les  monticules  de 
Berru,  près  Reims,  non  loin  de  Germaine, 
quand  j'ai  construit  le  petit  chemin  de 
fer  qui  devait  servir  à  transporter  depuis 
la  gare  de  Witry-les-Reims  les  matériaux 
de  construction  et  l'armement  des  forts 
de  Witry,  Berru  et  Nogent  l'Abbesse. 
C'étaient  des  amas  de  matière  pulvéru- 
lente grise  que  les  agriculteurs  em- 
ployaient pour  fumer  leurs  vignes  et  au- 
tres terrains  de  culture.  Cette  matière 
était  bien  de  la  cendre  ;  mais  seulement  à 
la  surface  du  sol.  Quand  on  fouillait  un 
peu  profondément,  la  matière,  toujours 
pulvérulente,  était  noire  et  combustible. 
C'était  du  charbon  qui,  à  l'époque  des 
fortes  chaleurs,  pouvait  se  mettre  à  brû- 
ler sans  flamme  ni  fumée,  sous  la  simple 
action  du  soleil,  bien  exposé  qu'il  était  à 
flanc  de  montagne  pour  se  dessécher. 
Mais  la  combustion  s'arrêtait  à  la  limite 
de  la  partie  bien  desséchée.  Voilà  pour- 
quoi ces  amas  de  combustible  s'appellent 
jcendrières.  La  surface  était  presque  tou- 
ours  consumée. 

Cendrière  est  l'équivalent  de  mine  ou 
carrière  de  cendres. 

Quel  est  ce  combustible  ? 

De  la  tourbe,  comme  disent  les  diction- 
naires, ou  du  lignite,  comme  dit  votre 
première  explication  .? 

A  mon  avis,  c'est  de  l'anthracite,  c'est- 
à-dire  du  charbon  minéral  sorti  du  sein 
de  la  terre  et  non  du  combustible  d'ori- 
gine végétale  comme  la  tourbe  qu'on  ren- 
contre dans  les  pays  marécageux  ou  le 
lignite  provenant  d'amas  d'arbres  charriés 
par  les  grands  fleuves. 

En  effet,  dans  ce  charbon  pulvérulent, 
on  ne  voit  pas  trace  de  végétaux  herbacés 
ou  ligneux. 


Sur  les  monticules  dont  je  parle,  il  n'y 
a  pas  trace  de  terrains  d'alluvion  ou  de 
transport. 

Dans  la  plaine,  il  y  a  dix  centimètres 
de  terre  arable,  puis  de  la  craie  sur  des 
centaines  et  peut-être  des  milliers  de 
mètres  d'épaisseur.  C'est  le  terrain  de  sé- 
diment formé  à  une  époque  où  la  contrée 
devait  se  trouver  plus  bas  que  le  niveau 
de  la  mer. 

Les  terrains  des  coteaux  sont  d'origine 
plutonienne.  Ils  sont  sortis  d'autant  de 
cratères  qu'il  y  a  de  monticules. 

On  trouve  surtout  du  sable  siliceux 
étalé  par  couches  de  diff'érentes  couleurs, 
très  propre,  tous  les  grains  de  la  même 
couche  ayant  la  même  couleur  et  la  même 
grosseur. 

On  trouve  des  blocs  isolés  de  roche 
siliceuse,  vitreuse^pleine  de  cavités,  qu'on 
appelle  meulière,  parce  qu'on  en  fait  des 
meules  de  moulin.  On  s'en  sert  surtout 
pour  empierrer  les  routes 

On  trouve  aussi  sur  ou  près  des  som- 
mets de  l'argile  chimiquement  pure,c'est- 
à  dire  du  silicate  d'alumine  et  non  de 
la  terre  glaise,  qu'on  appelle  aussi  argile 
et  qu'on  trouve  dans  les  terrains  d'allu- 
vions...  Cette  argile  est  en  couches  de 
couleurs  variées  et  vives,  rose,  blanc, 
bleu  etc. 

Enfin,  par  endroits,  on  trouve  les  amas 
de  matière  pulvérulente  et  combustible 
dont  la  surface  esta  l'état  de  cendre. 

Tout  cela  est  sorti  du  sein  de  la  terre, 
et  quand  cela  présente  ces  aspects,  c'est 
que  les  points  d'éruption  étaient  encore 
noyés  par  la  mer.  Les  éruptions  violentes 
qui  ont  craché  de  la  silice  en  pâte  ont  pu 
l'envoyer  plus  haut  que  le  niveau  de  la 
mer  et  en  retombant  elle  s'est  transformée 
en  sable  au  contact  de  Teau,  comme  on 
le  voit  dans  les  hauts  fourneaux  quand 
on  fait  couler  dans  un  canal  le  laitier  ou 
crasse  siliceuse  qui  surnage  sur  la  fonte 
de  fer. 

Quand  les  points  d'éruption  se  sont 
trouvés  au  dessus  de  la  mer,  la  silice  en 
fusion  est  tombée  sur  un  terrain  sec  où  elle 
s'est  aplatie,  car  c'est  généralement  la 
forme  aplatie  qu'ont  les  blocs  isolés  de 
meulière  avec  aplatissement  dans  le  sens 
horizontal. 

Les  éruptions  d'anthracite  dont  nous 
trouvons  aujourd'hui  des  amas  ont  dû  se 
faire  au-dessous  du  niveau  de  la  mer,  au- 


N»  1048. 


L'INTERMÉDIAIRE 


21 1 


212 


trenrtefrt  l'anthracite  se  serait  brûlé  en  sor- 
tant à  l'air  libre  et  le  vent  aurait  dispersé 
les  cendres 

Les   cendrières     sont    des    formations 
géologiques    probablement   fort  rares,  à 
cause  de  la  rareté  des  cas  où  les  circons- 
tances ci-dessus  se  sont  trouvées  réunies  : 
Eruption   sous   l'eau  puis  relèvement  du 
sol   pour   nous   montrer   ce    travail  des 
milliers  d'années  après  qu'il  s'est  produit. 
En    fouillant   le   sol    du  monticule  de 
Witry,    (le   moins  élevé  des  trois  qu'on  a 
fortifiés)  pour  creuser  le  fossé  d'enceinte 
du  fort,  j'ai  trouvé   deux  ou  trois   petits 
cratères.  Le  plus   grand   avait   deux  ou 
vrois  mètres  de  diamètre,  sur  le   fossé  du 
front  Est.  On  aurait  dit  une  vieille  chemi- 
née culottée;  elle  était  pleine  de  meulière 
en  morceaux  noyés  dans  de  l'argile  rouge 
comme  ce  qu'on  trouvait,  en  une  couche 
de  2  ou  3    mètres    d'épaisseur   seulement 
sur  le  sommet  du  mamelon. 

Au  dessous,  c'était  la  craie  bien  blan- 
che craquelée  par  endroits  sous  la  pous- 
sée venue  d'en  bas. C'était  uncratèrebénin. 
A  diverses  profondeurs  dans  la  craie 
fouillée,  j'ai  trouvé  des  pyrites  sulfureu- 
rer,  arrondies  grosses  comme  des  œufs 
de  poule  qui  avaient  dû  être  crachées  par 
les  cratères  voisins  plus  élevés  et  plus 
méchants  et  qui  après  s'être  refroidies  et 
durcies  en  décrivant  leur  parabole  dans 
l'espace  étaient  venues  s'enfoncer  dans  la 
craie  sous-marine  encore  à  l'état  de  vase 
ou  peu  dure  comme  un  biscayen  dans  de 
la  terre.  Garden, 

Les  Sirènes  (XXXVI).   —  Question 
qui  n'a  pas  encore  reçu  de  réponse. 

Les  deux  sirènes  citées  par  le  Père  Bou- 
hours  sont  connues. 

La  première  parut  en  Hollande  sur  la 
cote  de  Westfrise,  non  au  xvi*  siècle, 
mais  en  1430.  Des  jeunes  filles  la  portè- 
rent à  Edam  où  elle  se  laissa  habiller  et 
nourrir.  *<  On  lui  apprit  à  filer.  On  la 
mena  à  Harlem  ;  elle  y  vécut  quelques 
années  sans  pouvoir  apprendre  à  parler 
et  conservant  toujours  un  instinct  qui 
la  conduisoit  vers  l'eau  ».  La  figure  de 
cette  sirène  a  été  oravée  au  xvi*  siècle 
d  après  des  dessins  plus  anciens.  Cette 
planche,  que  je  ne  connais  pas,  la  repré- 
sentait filant  et  assise  sur  sa  queue  de  pois- 
son repliée.  —  Voir  Sponde, ainsi  que  les 
Délices  de  la   Hollande  et  les  Ephémérides. 


La  seconde,  celle  de  1 548,  est  citée  par 
Boaistuau  en  ces  termes  : 

L'archeduc  d'Autriche,  troisième  fils  de 
l'Empereur  Ferdinand,  fist  apporter  à  Gènes 
avec  luy,  l'an  1548,  une  Syrène  morte,  de 
laquelle  on  luy  avoit  faict  présent,  qui  en- 
gendroit  si  grand  esbahissement  aux  specta- 
teurs, que  la  plupart  des  hommes  doctes 
d'Italie  vindrent  visiter  et  contempler  cest 
estrange  spectacle. 

BousTUAu.  Histoires  prodigieuses,  1560. 
p.  6^  verso. 

Cf.J.  DE  Marconville.  Recueil  d'aucuns  cas 
mémorables  1564.  p.  94.  verso. 

Voici  enfin  une  troisième  sirène  sur 
laquelle  je  serais  heureux  d'avoir  quelques 
éclaircissements. 

Celle-ci  a  été  montrée  à  la  Foire  Saint- 
Germain  en  1758,  et  gravée  par  Gautier 
Dagoty,  anatomiste  du  Roi.  Je  n'ai  sous 
les  yeux  qu'une  copie  de  cette  planche 
et  j'ignore  dans  quel  ouvrage  se  trouve 
l'estampe  originale  en  couleurs.  La  Sirène 
est  représentée  avec  de  longs  bras  et  des 
mains  prenantes,  ce  qui  semble  exclure 
l'idée  d'une  confusion  avec  un  cétacé 
quelconque,  dugong  ou  lamentin.       S. 

Ouvrages   sérieux  mis   en  vers 

(T.  G. ,  665  ;  XXXV  à  XLI  ;  XLll  ;  XLl V  à 
XLIX  ;  L,  100  142). — Parmi  les  Ouvrages 
sérieux  mis  en  vers  builesques^  Vlnteimé- 
diaire  a-t-il  déjà  cité  les  Misérables  !  Par- 
faitement Les  Misérables  ont  été  mis... en- 
vers. 

J'ai  une  brocliure,  imprimée  à  Rennes, 
en  1866,  chez  Leroy  et  intitulée  :  Quel- 
ques chapitres  des  Misérables  de  yictor 
Hugo  traduits  en  vers  burlesques  par  Dela- 
rue  Meunier  à  Autrain. 

Voulez-vous  l'épisode  de  Jean  Valjean  .? 
Voici  comment  est  traité  le  fameux  cha- 
pitre :  Soir  d'un  jour  de  marche  : 

Un  jour,  un  voyageur  à  pied 
Traversait  la  ville  de  D. 
Culotte  percée  au  genou 
Cravate  en  corde  autour  du  cou, 
De  grosse  toile  une  chemise. 
Vieille  casquette  et  blouse  grise, 
Dans  ses  souliers  des  pieds  sans  bas, 
Une  tète  tondue  à  ras  ; 
Tel  était  le  piètre  équipage 
De  ce  délabré   personnage, 
Q.ui  portait  jusque  sur  le  sein 
Une  barbe  de  capucin. 
Aussitôt  qu'on  le  vit  paraître 
Vite  on  ferma  porte  et  fenêtre, 
Car  vous  saurez  que  ce  luron 
Tenait  en  main  un  gros  bâton. 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Août  1904. 


—    215     - 


214 


11  suivait  tout  au  long  la  rue 
Que  l'empereur  a  parcourue 
Allant  de  Cannes  à  Paris 
Tous  deux  par  les  gamins  suivis. 
(Admirez  un  peu,  je  vous  prie 
En  passant,  ce  trait  de  génie, 
De  faire  ainsi  marcher  de  front 
Ces  deux  sortes  de  vagabond 
L'auteur  a  dû  tressaillir  d'aise 
Quand  il  trouva  cette  antithèse) 

Vers  une  heure, une  heure  et  demie, 

11  se  rendit  à  la  mairie. 

Je  me  doute  pour  quel  objet  ; 

Il  trouva,  comme  il  en  sortait, 

Un  bon  gendarme  en  exercice 

A  la  porte  de  l'édifice  ; 

Il  lui  fit  un  profond  salut 

Que  ce  fonctionnaire  reçut 

Sans  s'empresser  de  le  lui  rendre 

Ce  qui  commence  à  me  surprendre 

Car,  généralement  parlant 

Le  gendarme  est  très  bon  enfant. 

Vexé  de  cette  impolitesse, 

Le  va-nu-pieds  que  la  faim  presse 

Vous  gagne  aussitôt,  à  grands  pas, 

L'hôtel  de  la  Croix  de  Colbas 

Dont  le  maître,  nommé  Labarre, 

Cuisinier  d'un  mérite  raie, 

Etait,  de   plus,  un  des  cousins 

De  l'hôtelier  des  Trois  Dauphins, 

Célèbre  auberge  de  Grenoble 

Où  des  voyageurs  le  plus  noble 

L'illustre  et  grand  Napoléon 

Vint  en  passant  prendre   un  bouillon. 

Notre  gaillard  tout  hors  d'haleine 

Entre  et  va  s'installer,  sans  gêne, 

Auprès  d'un  grand  feu  qui  flambait 

Pendant  que  la  broche  tournait. 

On  entendait  de  la  cuisine 

Rire  dans  la  salle  voisine  ; 

C'étaient  des  rouliers  très  joyeux 

Qui  prenaient  un  repas  copieux 

L'hôte  en  voyant  ce  malotru 
Lui  dit  d'un  ton  sec  et  bourru  : 

—  Que  voulez-vous, ici,  bonhomme  ? 

—  Moi,  dit  une  voix  de  rogomme, 
J'ai  des  sous  dans  mon  boursicot 
Et  je  veux  manger  du  fricot  ;^ 
Faites-moi  cuire  une  entre-côte. 

—  Un  instant, s'il  vous  plaît, ditl'hôte 
Ce  n'est  pas  pour  vous,  mon  petit, 
Que  chez  Labarre  le  four  cuit. 

Je  ne  vous  dirai  rien  de  rude 
Car  je  suis  poli  d'habitude  ; 
Mais  on  vous  nomme  Jean  Valjean, 
Ainsi  filez,  allez-vous  en... 

Il  y  a  5.000  vers  comme  ceux-là.  Il 
semble  que  la  chose  valait  d'être  signalée 
pour  son  indéniable  drôlerie. 

G.  Lenotre. 


gotcs,   irouuaiU(|s    \i  afurioBtté» 

L'acte  de  naissance  de    l'ingé- 
nieur Philippe  Lebon...  et  le  véri- 
table «  découvreur  »  du  gaz  d'éclai- 
l.age.    —   Une  polémique   récente  avec 
M.  le  chevalier  Edmond  Marchai,  secré- 
taire perpétuel  de  l'Académie  royale  de 
Belgique,  m'a  obligé  à  quelques  vérifica- 
tions sur  les  origines   de   l'éclairage  au 
gaz,    auxquelles    j'avais    consacré    une 
«  Encyclopédie  »  dans  le  Soir,  de  Bruxel- 
les, l'ai  dû  préciser,  notamment,  certains 
points  de  la  biographie  de  Philippe  Lebon 
au  sujet  de  qui    les  auteurs  abondent  en 
contradictions  ,  les  publications  de  l'Aca- 
démie belge   en  erreurs   de   dates  et  de 
faits:  j'ai    constaté,    par   exemple,    que 
Lebon  naquit  à  Brachay  (dans  l'arrondis- 
sement et   à  20    kilomètres    de  Wassy, 
Haute-Marne),  non   en    1769  comme  on 
le  répète  partout,  mais   le  29  mai   1767, 
comme  a  bien  voulu  me    le  faire  savoir 
M.  Antoine  Consigny,  maire  de  Brachay. 
Voici  Tacte  de  naissance  du  célèbre  in- 
génieur français. Le  document  n'a  jamais, 
que  je  sache,  été  publié,  et  je  l'ai  réservé 
pour  l'Intermédiaire.  J'en   dois  la  copie  à 
M.  H.  Aubriot,  curé  de  Brachay,  licencié 
es  sciences  : 

Philippe,  fils  légitime  du  sieur  Jean-Fran- 
çois Lebon,  garde  du  Roy,  vétéran  de  la 
prévôté  de  son  hôtel  et  grande  prévôté  de 
France,  et  de  dame  Marie  Antoinete  Vic- 
torine  Mauvoism,  son  épouse,  paroissiens 
de  Brachey. 

Est  né  le  vingt-neuvième  jour  du  mois  de 
May  mil  sept  cent  soixante  sept,  a  été  ba- 
tizé  le  même  jour  par  moy  prêtre,  curé 
dudit  Brachey  soussigné,  lequel  a  eu  pour 
parein  le  sieur  Philippe  Legendre  de  Be- 
toncourt,  écuyer  ancien  maréchal  des  logis 
de  gendarmerie  et  chevalier  de  l'ordre 
royal  et  militaire  de  l'ordre  de  Saint  Louis 
et  pour  m.areine  dame  Françoise  Laureiit, 
épouse  ûu  sieur  Joseph  François  Bouquin 
ancien  controlleur  des  patrimoines  de  la 
ville  de  Joinville  qui  ont  signé  ainsy  que 
ledit  sieur  Lebon  père  de  l'enfant. 

Durand  curé 
Françoise  Laurent  Bout^yiN 
Le  Bon         Legendre  de  Betoncourt 

Charpentier 

11  résulte  d'une  heureuse  trouvaille  de 
M.  Pîot,  l'instituteur  actuel  de  Brachay, 
que  Charpentier,  le  dernier  signataire  de 


N»   1048. 


L'INTERMÉDIAIRE 


215 


216 


l'acte,  était   en    1767    *s   régent,    maître 
d'études»  à  Brachay. .. 

Maintenant,  me  permettra-t-on  d'ajou- 
ter que  ni  Lebon  (1795),  ni  Murdoch 
(1792),  ni  même  Minkelers  (1783)  à  qui 
Maestricht  a,  le  10  juillet  1904, élevé  une 
statue,  ne  mérite  réellement  le  titre  de 
«  décou\reur  du  gaz  d'éclairage  »  ?  J'ai 
trouvé  hier  en  effet, dans  1  Histoire  de  l'Aca- 
démie royale  des  sciences  de  Paris,  année 
lySi ^  un  mémoire  sur  la  décomposition 
de  l'acide  vitreux  lu  par  Berthollet  à  la 
Compagnie  le  7  février  1781,  et  qui  dé- 
bute par  ces  lignes  restées  jusqu'ici  igno- 


rées de  tous  les  historiens 

au  gaz  (pages  228-229)    même 


de  l'éclairage 


de  ceux 
qui  sont  en  même  temps  des  chimistes: 

Avant  que  de  considérer  la  décomposi- 
tion du  nitre  par  le  charbon,  j'ai  pensé 
qu'il  convenoit  d'examiner  avec  plus  de 
soin  qu'on  ne  l'a  fait,  le  gaz  que  le  char- 
bon lui-même  contient,  et  qu'il  est  possi- 
ble d'en  chasser  par  une  forte  chaleur. 

Haies  a  retiré  180  pouces  cubiques  d'air 
de  158  grains  de  charbon  de  Newcastle. 
Mais  il  confond  cet  air  avec  l'air  atmosphé- 
rique ;  d'ailleurs  le  charbon  de  terre  est 
un  bitume,  et  c'est  le  véritable  charbon 
que  j'ai  en  vue. 

M.  Prustley  dit  qu'il  reçut  en  trois  por- 
tions d'environ  une  chopine  chacune,  l'air 
dégagé  de  deux  mesures  de  charbon  qu'il 
avoit  mises  dans  un  grand  vaisseau  de  verre 
et  auxquelles  il  avoit  appliqué  l'action  de 
la  chaleur.  11  observa  que  dans  chaque  pé- 
riode de  procédé  l'air  troubla  l'eau  de 
chaux,  qu'il  y  eut  plus  d'air  fixe  dans  la 
première  portion  que  dan;  les  suivantes, et 
que  le  résidu  était  inflammable... 

M.  Sage  dit  dans  son  Analyse  des  blés 
(pape  96)  qu'ayant  distillé  de  la  poudre  de 
charôon,  le  récipient  qu'il  avoit  adapté  à 
la  cornue  se  trouva  rempli  de  vapeurs  qui 
s'enflammèrent  lorsqu'on  approchoit  la 
flamme  d'une  chandelle  ;  elles  ne  répan- 
doient  pas  d'odeur  sensible  et  brùloient  à 
la  manière  de  la  vapeur  inflammable  déga- 
gée du  zinc  et  du  fer  par  l'acide  marin. 

M.  Schéele  a  observé  que  le  charbon 
donnoit  par  l'action  du  feu  un  gaz  dont  la 
première  portion  était  de  l'air  phlogistiqué, 
et  le  reste    de  l'air  inflammable... 

J'ai  soumis  du  charbon  en  noudre  à 
l'action  d'une  grande  chaleur  dans  un 
appareil  pneumato-chimique  ;  j'ai  retiré 
environ  720  pouces  cubiques  de  gaz  par 
once. 

Les  textes  auxquels  Berthollet  fait  allu- 
sion et  que  j'ai  recherchés,  sont  extrême- 
ments    intéressants.  En    voici   deux    de 


Priestley,  qui  se  rapportent  spécialement 
au  gaz  de  houille  et  que  j'emprunte  à  la 
vieille  traduction  française,  faite  par  Gi- 
belin, des  Expeiiinenis  and  Observations 
on  différent  kinds  of  air  (Londres,   1774- 

•777): 

J'ai  trouvé  qu'on  peut  obtenir  de  l'air 
inflammable  du  charbon  de  terre  non  cal- 
ciné. (Tome  I,  Paris  1777,  page  303). 

Le  charbon  de  terre  distillé  dans  un 
vaisseau  de  verre  ne  donne  point  d'air  fixe, 
mais  seulement  de  l'air  inflammable  qui, 
étant  allumé  dans  une  jarre  à  grande  ou- 
verture, brûle  avec  une  flamme  vive,  lé- 
chante sans  explosion.  (Tome  IV,  Paris 
1780,  préface,  page  XLVIj. 

Bien  d'autres  «  précurseurs  »  ont  été 
nommés  par  Schilling  dans  son  traité 
classique  de  l'éclairngeau  gaz,  par  Victor 
Fournier  dans  le  Vieux-heuf,  par  moi- 
même  dans  mes  articles  sur  Minkelers. 
En  présence  d'une  suite  beaucoup  plus 
ininterrompue  qu'on  ne  le  soupçonnait, 
il  nous  faudra,  décidément,  tout  en  lais- 
sant à  chacun  sa  juste  part  dans  l'inven- 
tion de  l'éclairage  au  gaz,  considérer 
comme  le  premier  «  découvreur  »  ce  mé- 
decin français,  Jean  Tardin  de  Tournon, 
qui,  dès  1618,  était  parvenu  à  extraire 
l'hydrogène  bicarboné  de  la  houille,  ainsi 
qu'il  l'a  raconté  en  son  Histoire  naturelle 
de  la  fontaine  qui  briisle  près  de  Grenoble  : 
Jean  Tardin  dont  j'ai  parlé  déjà  ailleurs, 
mais  sans  lui  rendre  suffisamment  jus- 
tice. A.  Boghaert-Vaché. 

Un  billet  de  Balzac. —Petit  billet 
adressé  par  le  romancier  à  son  éditeur,  le 
lendemain   de   la  déroute  de  Qiiinola  : 

Mon  cher  ami. 
Je  mets  en  ce  moment  la  main  au  dernier 
chapitre  du  roman  que  vous  allez  éditer. 
Comme  mon  dernier  ouvrage  n'a  pas  reçu 
l'accueil  qu'il  méritait,  faites-moi  le  plaisir 
d'imprimer  celui-là  s\.\x  papier  à  sucre,  il  ne 
faut  pas  jeter  de  perles  au  nez  des  pourceaux, 
dit  l'Homme-Dieu.  Le  papier  à  sucre  suffit 
pour  le  public  d'à  présent. 

Tout  à  vous. 
Honoré  de  Baizac. 
Figaro,  du    22  octobre  1863. 

Gustave  Fustier. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon  St-Amand- 
Monî-For.d. 


X*  Volnme 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mots. 


20  Août  1904. 


40»  Annéb 

SI»' , r.  Victor  MasHé 
PAItlS  (IX«) 

Préaux  :  de  2  à  4  heures 


QU^EQUE 


Chtrehtz  et 
vaut  troiiveriz 


Il  se  faut 
entr'aider 


No  1049 

31*^  r.VictorMasaé 
PARIS  (IX*> 

Bureaux:  de2à4heare3 


DES    CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

?oadé   en   1864 

<3UEST10NS   ET   RÉPONSES    LITTÉKAIRES,     HISTORIQUES,   SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


217 


218 


(âucôttanô 


ment    sur    les   circonstances  qui    avaient 
déterminé  sa  vocation  d'écrivain    ? 

M.  Tx.   . 


Joseph  Doucet.  —  L'un  de  nos  cor- 
respondants saurait-il  quelques  détails  sur 
la  vie  de  cet  écrivain  ignoré   des    diction- 
naires   biographiques   et  des    répertoires 
généraux  ?  Otto  Lorenz  qui   a  enregistré 
de  lui  les  Tentations  d'un  curé  de  campa- 
gne (1863  in- 12)  et  le  Diocèse  de  Chamho- 
ran  (1869,  in-12)  n'en  dit  pas  davantage, 
car  le  Diocèsede  Chamhoran.qnt  je  viensde 
relire, est  un  livre  absolument  remarquable 
tant  par  la  malice  et  l'ironie  des  portraits 
qui  le  composent  que  par  la  forme  toujours 
châtiée  et    nettement   française  du   style. 
C'est  de  la  satire  sans  doute,   mais    nulle- 
ment   injurieuse   ni    déclamatoire   et  qui 
devait  être  très  proche  parente  de  la  vérité. 
Quant  aux  modèles  qui  ont,   à    leur    insu, 
posé  devant  l'auteur,  un  seul. — Mgr  Orose 
(dont   le   prototype   dut   être  M.  Dupan- 
loup),  —  est  aisément  reconnaissable  ;  les 
figures  de  second  plan  qui  lui  font  cortège 
sont  plutôt,  sans  doute,  à  proprement  par- 
ler, des  types  que  des  portraits  véritables, 
et  bien  des  traits  qui  ont  servi  à  les  com- 
poser s'appliqueraient  encore  aujourd'hui 
au    personnel   de  diocèses   moins    imagi- 
naires que  celui  de  Chamboran. 

L'auteur  qui  a,  si  je  ne  me  trompe, 
collaboré  au  Monde  illustré  et  au  Natio?ial 
de  1859,  annonçait  deux  autres  volumes 
qui  n'ont  pas  paru  :  le  Grand pa';^  roman, 
et  les  Souvenirs  de  [sur  Lamennais.  Q.ue 
sait-on  de  plus  sur  son  compte  et  notam- 


Xavier  de  Maistre. 


Ajoutant, 


vers  1867,  une  note  à  un  article  qu'il 
avait  publié  en  1830  sur  l'auteur  delà 
Sibérienne,  Sainte-Beuve  écrivait  : 

Son  ami,  le  comte  Marcellus,  doit  être 
mis  en  possession  des  manuscrits  qui  per- 
mettront de  faire  un  travail  définitif  sur 
cet  homme  sensible  et  ce  talent  aima- 
ble- 

Peut-on  savoir  si  quelque  chose  a  été 
publié,  ou  doit  l'être  de  ces  manuscrits? 

H.  M. 


Chassin  et  les  souvenirs  d'un 
Etudiant  de  1848.  —  Ces  souvenirs 
viennent  de  paraître.  Pourrait-on  m'en 
donner  la  clef  ?  Ch.-L.  Chassin  nomme 
en  toutes  lettres  Jules  Vallès.  Je  reconnais 
Castagnary  dans  Tagnary, Arthur  Arnould 
dans  Renoul.  Mais  les  autres.^         Ego. 

Origine  du  nom  de  Jourdain, 
dans  risle  Jourdain  (Vienne).  —  Il 
existe  dans  l'arrondissement  de  Mont- 
morillon  (Vienne)  un  canton  dit  l'Isle 
Jourdain, 

D'où  vient  Jourdain,  ajouté  à  l'Isle  ? 

On  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale, 
section  des  titres,  un  Jourdain  du  Pin, 
chevalier  du  Rov,  seigneur  de  l'Isle. 
(1269). 

Ne  serait-ce  pas    lui  qui  aurait  donné 
son  nom  au  lieu  de  l'Isle.  ? 

L.  5 


N*  1049. 


L'INTERMÉDIAIRE 


219 


220 


Ce  Jourdain  était  peut-être  originaire 
de  Normandie.  On  trouve  dans  l'Histoire 
de  Normandie  de  Du  Moulin  16. . .  un  chef 
croisé  de  ce  nom.  Ce  Jourdain  semble  en 
descendre. 

Issu  de  cette  famille  du  Pin  de  Norman- 
die, j'ai  en  manuscrit  un  historique  con- 
sidérable de  cette  famille  du  xi'  siècle  à 
nos  jours  sans  interruption, et  avant  de  le 
livrer  à  l'impression  je  voudrais  élucider 
cette  question  de  Jourdain,  en  recherchant 
si  ayant  quitté  la  Normandie  il  ne  serait 
pas  venu  donner  son  nom  à  l'Isle. 

Un  membre  de  cette  famille,  le  croisé 
Jourdain,  fut  sous  Richard-Cœur-de-Lion 
gouverneur  de  Messine.  Ce  qui  indique 
qu'il  avait  accepté  un  bannissement,  il  y 
a  aussi  l'Isle  en  Angleterre. 

Du  Moulin  donne  des  détails  très  in- 
complets. 

Où  pourrais-je  me  renseigner  sur  ce 
Jourdain  et  sur  les  origines  du  nom  de 
lieu  risle-Jourdain  ?  D. 

Outillage  gallo-romain.  —  Quels 
sont  les  instrum.ents  retrouvés  dans  les 
fouilles  et  dont  les  Gallo-Romains  ont  fait 
usage  .f* 

En  raison  de  la  civilisation  avancée  que 
Rome  introduisit  en  Gaule,  il  serait  peut- 
être  utile  d'énumérer  et  de  décrire  les 
outils  employés  dans  notre  pays,  pen- 
dant les  premiers  siècles  qui  suivirent  la 
conquête.  Je  désirerais  qu'on  m'en  indi- 
quât le  plus  grand  nombre  possible,  et 
pourrais,  en  retour,  présenter  successi- 
vement ici,  ceux  que  mes  fouilles  des 
Cléons  ont  mis  au  jour  depuis  une  ving- 
taine d'années,  si  la  question  paraît  inté- 
resser nos  érudits  collaborateurs. 

FÉLIX  Chaillou. 

L'hommage  des  rois  de  France 
au  tombeau   de   Charlemagne.   — 

Sous  ce  titre,  on  trouve,  dans  le  journal 
la  Vérité  française  au  2%  juillet  (page  2, 
•col.  2),  la  communication  qui  suit  : 

Je  lis,  dit  M.  H.  de  L  ,  dans  le  dernier  nu- 
méro de  la  Revue  des  Questions  Historiques 
(juillet  1904,  p.  306),  la  notice  d'un  intéres- 
sant travail  publié  en  Allemagne  sur  les  rela- 
tions de  la  ville  d'Aix-la-Cliapelle  avec  les 
rois  de  France,  et  dans  lequel  il  est  parlé  de 
«  la  coutume  des  rois  de  France  d'envoyer,  à 
leur  couronnement,  un  drap  mortuaire  pour 
^tre  déposé  sur  le  tombeau  de  Charlemagne», 


Il  me  paraît  intéressant  de  citer  à  ce  pro- 
pos une  belle  page  de  M.  de  Chateaubriand, 
dans  ses  Mémoires  d'outre-tombe,  (Edition 
de  1849,  tome  II,  p.  55)  : 

«...  Le  drap  mortuaire  qui  servait  à  l'en- 
terrement d'un  monarque  très  chrétien  était 
envoyé  au  tombeau  de  Charlemagne,  comme 
un  drapeau-lige  au  fief  dominant.  Nos  rois 
prêtaient  ainsi  foi  et  hommage  en  prenant 
possession  de  l'héritage  de  l'éteinité  ..  » 

H,  deL, 

Nous  désirons  savoir  de  la  manière 
la  plus  précise  d'après  les  documents  au- 
thentiques, quel  était  le  cérémonial  de  la 
cour  à  cet  égard .  La  Benotte. 

Vengeance  de  comédienne.    — 

Un  anecdotier  du  xviiie  siècle  raconte,  à 
propos  de  la  jolie  pièce  de  Favart,  la 
Chercheuse  d'Esprit,  cette  historiette  qui  a 
défrayé  depuis  tous  les  recueils  ananas  : 

Les  principaux  vaudevilles  de  cet  Opéra- 
Comique  furent  parodiés  par  un  jeune  bel- 
esprit,  qui  crut  que,  pour  donner  plus  de 
vogue  à  ses  couplets,  il  devait  les  rendre 
très  méchants,  11  prit  pour  objet  de  ses- 
satires,  toutes  les  actrices  qui  jouaient  alors- 
dans  la  pièce  qu'il  parodiait  et  les  déchira 
cruellement.  Ces  pauvres  victimes  de  la 
licence  poétique  convoquèrent  entre  elles^ 
une  assemblée  secrète  pour  m<5diter  une- 
vengeance  d'éclat. 

Mlle  Brill . . .  (ant)  se  mit  à  la  tête  du  com- 
plot; et,  dès  le  lendemain,  toutes  les  mesu- 
res étant  prises,  elle  alla  se  placer  à  côté 
du  petit  bel-esprit  qui  se  pavanait  à  l'am- 
phithéâtre. Elle  le  comble  de  politesses  et 
parle  de  sa  chanson  avec  les  plus  grands 
éloges. 

—  Vous  ne  m'avez  pas  ménagée,  lui  dit- 
elle,  mais  je  suis  bonne  princesse  ;  j'en- 
tends raillerie  et  je  ne  saurais  me  fâcherquand 
les  choses  sont  dites  avec  autant  de  finesse 
et  d'esprit.  11  y  a  de  mes  compagnes  qui 
sont  des  bégueules  ;  je  veux  les  désoler  en 
leur  chantant  moi-même  vos  couplets  pu- 
bliquement.11  m'en  manque  quelques-uns, 
faites-moi  l'amitié  de  venir  les  écrire  dans 
ma  loge. 

Le  jeune  homme  la  suit  après  le  specta- 
cle sans  se  douter  du  piège.  Dès  qu'il  est 
entré,  toutes  les  actrices  qui  l'attendaient 
armées  de  longues  poignées  de  verges,fon- 
dent  sur  lui  toutes  à  la  fois  et  l'étrillent 
impitoyablement. 

L'officier  de  police,  accouru  aux  cris 
aigus  du  patient,  eut  beaucoup  de  peine 
à  faire  cesser  cette  sanglante  exécution  et 
beaucoup  plus  encore  à  s'empêcher  de 
rire. 

Dès  que  l'auteur  fustigé  se  vit  en  liberté, 


Dès  Chercheurs  et  curieux 


20  Août  1904. 


221 


222 


sans  se  donner  le  temps  de  se  rajuster,  il 
traversa,  voiles  au  vent,  une  foule  de 
monde  que  cette  rumeur  avait  attirée.  11 
alla,  toujours  courant  jusque  chez  lui, 
accompagné  de  huées  et  de  brocards  et  fut 
si  honteux  de  son  aventure  qu'il  partit  pour 
les  îles  troisjours  après  :  on  n'a  point  eu  de 
ses    nouvelles. 

D'abord,  cette  anecdote,  qui  se  recom- 
mande d'antécédents  moyen  âgeux,  est- 
elle  authentique  ?  J'y  vois  bien  figurer, 
comme  initiatrice  du  complot, une  sémil- 
lante actrice,  dont  l'esprit  et  la  tournure 
justifiaient  en  quelque  sorte  le  nom  et  qui 
était  assurément  capable  d'une  vengeance 
si  particulièrement  féminine. 

Mais  on  ne  prête  qu'aux  riches.  Si  tou- 
tefois le  fait  est  vrai,  comment  s'appelait 
la  victime  ;  a  t-on  conservé  sa  chanson  , 
et  son  départ  pour  les  îles  est-il  exact  ? 
En  tout  cas,  Favart  ne  souffle  mot  de 
l'aventure  dans  sa  Correspondance. 

d'E. 

Les  archives  des  loges  maçonci- 

quesbretonnes.  —  Auxviii''siècle,  ilexis- 
tait  de  nombreuses  loges  maçonniques. 
Nous  trouvons  ainsi  à  Brest,  «  L'Heureuse 
rencontre  ^,  à  Nantes  «  La  Parfaite  v>,  à  Ren- 
nes «  La  Parfaite  union  »,  à  Guingamp 
r  «  Etoile  des  maçons,  »  à  Quimper  «  La 
Parfaite  union  »  et  1'  '^Heureuse  maçonne  », 
à  Saint-Malo  «  La  Triple  essence  »,  à  Di- 
nan  la  «  Fraternité  »,  à  Morlaix  la  «  No- 
ble amitié  >>  et  1'  «  Ecole  des  mœurs  »,  à 
Saint-Brieuc  la  «  Vertu  triomphante  ». 
Ces  loges  n'existent  plus.  Où  pourrait- 
on  trouver  des  documents  sur  ces  loges  et 
leurs  membres,  sur  leur  action  dans  la 
politique  de  l'époque  ?  On  sait  que  la  Bre- 
tagne vit  le  réel  commencement  de  la 
Révolution  et  que  ses  députés  y  jouèrent 
d'abord  un  très  grand  rôle.  Que  sont  de- 
venues les  archives  de  ces  loges  lors  de 
leur  disparition  .?  J'ai  besoin  de  ces  ren- 
seignements pour  un  travail  en  prépara- 
tion'^sur  la  Bretagne  politique  à  la  fin  du 
xvin'  siècle.  An  Den. 

Sobriété  et  gourmandise  de  Na- 
poléon I^^  —  Arthur  Lévy,  dans  son 
livre  Napoléon  Intime.^  en  résumant  une 
foule  de  témoignages,  écrit  (9""=  éd,i894, 
p.  524)  : 

Les  plaisirs  de  la  table  n'existaient  pas 
pour  l'Empereur.  Par  suite  de  son   invariable 


sobriété, les  mets  plus  simples, tels  que,  suivant 
Constant  son  fameux  valet  :  les  œufs  au  mi- 
roir {œufs  sur  le  plat),  les  haricots  en  sa- 
lade, presque  jamais  de  ragoûts,  un  peu  de 
fromage  parmesan,  arrosés  de  chambertin 
étendu  d'eau,  étaient  ceux  qu^il  aimait  le 
mieux , 

Or  Carême  dit  dans  un  de  ses  ouvrages 
que  D.'Cussy,  chef  de  la  cuisine  impé- 
riale, affirme  que,  après  son  mariage  avec 
Marie-Louise,  l'Empereur  devint  très 
gourmand,  au  point  que  pendant  la 
campagne  de  Russie  il  était  suivi  d'une 
foule  de  cuisiniers,  avec  un  fourgon  plein 
de  l'argenterie  pour  50  couverts, que  celle- 
ci  lut  prise  par  les  Russes,  fondue  et  em- 
ployée à  faire  à  Saint-Pétersbourg  la  ba- 
lustrade de  l'autel  de  Notre-Dame  de 
Kazan. 

Où  est  la  vérité  .?  Archestrate. 


Le  Champ  de  Mars  dans  l'his- 
toire. —  Sous  ce  titre,  M.  J.  B.  de  Lam- 
bres  a  publié  dans  la  Liberté  du  26  juillet 
(1904)  un  article  où  se  trouve  ce  pas- 
sage : 

Depuis  l'heure  lointaine  où  Eudes,  comte 
de  Paris,  infligea,  sur  l'emplacement  de  la 
Tour  Eiffel  et  de  la  Galerie  des  machines, 
une  sanglante  défaite  aux  barbares  du 
Nord,  le  «  Champ  de  la  Victoire  »  a  été 
associé  aux  événements  les  plus  marquants 
de  notre  vie  nationale. 


Le  fait  a-t-il  été  narré  par  quelques- 
uns  des  historiens  iïf/- Paris  et,  dans  l'affir- 
mative, quelle  est,  au  jugement  des  inter- 
médiairistes,  la  créance  qu'il  convient  de 
leur  accorder  ? 

NOTHING. 


La  fête  de  la    Sainte-Barbe.  — 

J'ai  entendu  dire  par  un  vieillard  ayant 
servi  dans  l'artillerie  que,  de  son  temps 
(c'est-à-dire  sous  Louis-Philippe)  on  ne 
fêtait  pas  la  Sainte-Barbe  dans  son  régi- 
ment ;  il  n'y  aurait  eu  qu'une  seule  fête 
pour  toute  l'armée,  c'était  la  fête  du  Roi, 
le  i'"'  mai. 

Je  serais  bien  aise  de  savoir  si  cela  est 
exact  et,  dans  ce  cas,  d'être  fixé  sur  la 
date  approximative  à  laquelle  on  a  insti- 
tué cette  fête  de  la  Sainte-Barbe  qui  de- 
vient de  plus  en  plus  une  occasion  offi- 
cielle de  désordre  dans  certains  corps  de 
troupe.  X, 


N"  1049. 


L'iNTERMEDîAlRÈ 


223 


224 


Question  de  droit.  —Je  serais  bien 
reconnaissant  à  mes  confrères  d'éclairer 
mon  ignorance  au  sujet  d'un  fait  qui  me 
suscite  des  doutes  relativement  à  l'authen- 
ticité du  document  dans  lequel  il  est  relaté. 

Il  s'agit  d'un  Belge  àtabli  en  Fiance^ 
qui  aurait  divorcé  en  1820.  Cela  est-il 
possible  ?  A.R. 

Belem.  —  Deux  villes,  l'une  en  Por- 
tugal et  l'autre  au  Brésil,  portent  le  nom 
de'^Belem.  Y  a-t-il  entre  elles  quelque  ori- 
gine commune  ?Q.uelle  est  la  signification 
du  vocable  ?  Serait-ce  un  diminutif  de 
Bethléem  ?  Je  crois  avoir  lu  jadis  que 
Vasco  de  Gama,  à  la  suite  d'un  vœu  et 
du  succès  d'une  de  ses  expéditions,  avait 
fait  bâtir,  non  loin  de  Lisbonne,  là  où  se 
voit  aujourd'hui  un  couvent  d'Hiéronymi- 
tes.  une  église  de  Notre-Dame  de  Beth- 
léem, mais  il  me  faudrait  un  renseigne- 
ment plus  précis.  F.  BL. 

M.  Bareilher.  —  Je  lis  dans  les  Dr- 
hais  du  7  août  : 

Un  riche  amateur,  M.  Bareilher,  avait 
léo-ué  à  l'empereur  Guillaume  II  une  im- 
portante collection  de  tableaux  et  de  tapis- 
series, en  désignant  toutefois  les  musées 
français  auxquels  il  serait  heureux  qu'allât 
ce  précieux  héritage,  en  cas  de  refus  de 
l'empereur.  Or,  l'empereur  a  refusé,  et  le 
Louvre  va  recevoir  les  tableaux  de  M.  Ba- 
reilher, et  le  musée  des  Gobelins,  ses  ta- 
pisseries. 

Q.ui  était  ce  M.  Bareilher  ?  11  serait  cu- 
rieux d'avoir  d'amples  détails"  sur  son 
origine^  sa  vie,  et  de  savoir  à  la  suite  de 
quelles  circonstances  ou  de  quelle  évolu- 
tion d'idées  il  arriva  à  cette  décision,  tout 
au  moins  étrange  pour  un  Français. 

E. 

Famille  Bourkart.  —  Marie-Anne 
Bourkart,  mariée  à  Claude  Tupigny,  sei- 
gneur du  Pigny,  secrétaire  général  de  la 
grande  Fauconnerie  de  France,  avait  pour 
père  un  officier  des  gardes  du  corps  de 
Louis  XIV.  Cette  famille  est  sans  doute 
parisienne,  mais  comme  il  y  a  plusieurs 
familles  du  nom  de  Bojrkart,  il  est  assez 
difficile  de  retrouver  les  armoiriesde  cette 
famille-là.  Prière  de  les  indiquer. 

A.   DE  BrIX. 

Dailly.  —  Quels  sont  les  rôles  joués 
pu  repris  par  Dailly  depuis  le  14  septem- 


bre 1893.  —  Gorenflot  de  la  Dame  de 
Monsoreau  —  (Porte  Saint-Martin)  jus- 
qu'au 18  février  1867.  — Oscar  du  Pom- 
pier de  service  aux  Variétés  ^.  —  Ce  rôle 
fut-il  le  dernier  créé  par  lui  ^  Qiielle  est 
la  date  précise  de  sa  mort  t  (1''  semestre 
1897).  Où  fut-il  inhumé  .^  H.  L. 

Damala,mari  de  Mme  SarahBer- 
nhardt.  —  Qiiel  était  son  vrai  nom  : 
Aristide  Darall  ou  Jacques  Damala  ^  —  La 
date  de  sa  naissance  ?  1854.''  —  En  Grèce  .'^ 
Avait-il  été  diplomate  ^  Quelle  était  la 
valeur  de  son  mariage  en  Angleterre  .?  A 
quelle  date?  1882.?  H.  L. 

Gatayes  (Antoine  et  Léon). — Dans 
son  Dictionnaire  des  artistes  publié  en 
183  I,  Gabet  dit  que  le  père  de  Léon  Ga- 
tayes, le  harpiste,  ami  de  Victor  Hugo, 
était  le  fils  du  prince  de  C***et  de  la  mar- 
quise de  S***. Peut-on  compléter  ces  indi- 
cations t  CÉSAR  BiROTTEAU. 

Famille  Holtzin.  —  Claude-François, 

baron  de  Noël,  chevalier,  seigneur  de  Sa- 
vonnières,  capitaine  commandant  une 
compagnie  de  dragons, chevalier  de  Saint- 
Louis,  épousa  Anne-Catherine  Holtzin.  Je 
désirerais  avoir  des  renseignements  sur 
cette  famille  Holtzin  ;  je  voudrais  connaître 
les  noms  et  prénoms  des  père  et  mère 
d'Anne-Catherine.  Cette  famille  est-elle 
noble  ou  bourgeoise  .^  S'ils  avaient  des 
armoiries,  prière  de  les  déterminer.  Les 
de  Noël  sont  du  Languedoc,  mais  fixés  en 
Champagne.  A.  de  Brix. 

Luzarche.  —  Quelqu'un  pourrait-il 
donner  la  bibliographie  des  œuvres  de 
Victor  Luzarche,  membre  de  la  Société  de 
l'hibtoire  de  France,  qui  publia  en  1852, 
à  Tours,  le  Journal  historique  de  Pierre 
Faxct  sur  les  troubles  de  la  Ligue,  et  dont 
l'importante  bibliothèque  fut  vendue  par 
M.  Claudin  en  1869.?  H.  M. 

Famille  de  Pontet.  —  Je  désirerais 
savoir  les  armes  de  la  famille  de  Pontet, 
seigneurs  de  Perganson,  la  Croix-Maron, 
et  Romefurt,  convoqués  en  1789,  à  l'as- 
semblée de  la  noblesse  de  Bordeaux,  alliée 
aux  familles  de  Larose,  Martin  de  Montsec, 
de  Furneron,  Gauthier  de  Latouche,  de 
Pereyra,  du  Sault,  de  Bonsol. 

Pierre  Meller. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Août  1904 


225 


226 


brun 


Mme  de  la  Poplinière  ou  Pou- 
pelinière.  —  Quelle  est  la  véritable  or- 
thographe ?  Quelle  était  sa  mère?  M. 
Em.  Campardon  dit  :  Mimi  Dancourt,  la 
cadette.  M.  G.  Monval  :  Manon  Dancourt, 
Taînée.  Qui  a  raison  ?  H.  L. 

Famille  Fanon  Dssbassayns.  — 
Cette  famille,  originaire  de  l'île  Bourbon, 
a  été  anoblie  sous  la  Restauration,  L'un 
de  ses  membres  devint  comte  de  Riche- 
mont,  et  un  autre,  baron  de  Montbrun. 

Etant  dans  l'impossibilité  de  consulter 
les  nobiliaires  de  la  Restauration,  je  fais 
appel  à  l'obligeance  d'un  collègue  pour 
me  dire  : 

1.  Le  lieu  d'origine,  en  France,  de  la 
Famille  Panon  ; 

2.  Les  prénoms,  dates,  etc.  des  Panon 
Desbassayns,  anoblis  par  Louis  XVlil. 
L'un  des  deux  fut  créé  baron  le  17  mars 
1815; 

Leur  mère,  née  Gonneau  de  Mont- 
,  était-elle  alliée  à  la  famille  d'Alexan- 
dre de  Montbrun,  général  de  brigade, 
chevalier  de  l'Empire, etc.  .?,^XLVI1I,  893). 
4.  Les  Panon  Desbassyns  étaient-ils 
alliés  au  colonel  du  génie  de  Richemont, 
qui  eut  la  direction  des  fortifications  des 
iles  de  France  et  Bourbon,  vers  1804  ^ 

D^P. 

Iconographie   de    Catherine 

Sforza.  — J'ai  sous  les  yeux  une  grande 
pièce  d'échecs  en  ivoire  (haut  :  o™i8), 
travail  allemand  du  xvi' siècle  qui  repré- 
sente une  four  sur  laquelle  une  femme  de- 
bout relève  ses  jupes  jusqu'au  dessus  du 
nombril  et  ouvre  les  jambes.  Je  ne  dissi- 
mulerai pas  que  cette  figurine  est  très,  in- 
convenante, mais  les  sculpteurs  allemands 
de  la  Renaissance  aimaient  les  détail  sprécis. 
Quelle  est  la  signification  de  l'objet  ? 
Ne  serait-ce  pas  une  représentation  popu- 
laire du  geste  célèbre  attribué  à  Catherine 
Sforza  sur  la  tour  de  Forli  ?  En  connait-on 
d'autres  î  Candide. 

Famille  de  Sommariva.  —  On  sait 
que  la  comtesse  d'Houdetot,  à  la  fin  de 
sa  vie  (1810-1813),  se  lia  d'amitié  avec 
M. de  Sommariva, venu  d'Italie  en  France. 
11  avait  un  hôtel  à  Paris,  et  un  château  à 
Epinay,  dans  la  vallée  de  Montmorency.  | 
Les  objets  d'art  y  abondaient.  * 


Je  désire  savoir  si  la  famille  de  ce  grand 
seigneur  italien  existe  encore. 

HiPPOLYTE  BUFFENOIR. 

Saulnier  de  Beauregard  (Armoi- 
ries). —  Je  désirerais  connaître  les  ar- 
moiries de  Anne-Nicolas-Charles  Saulnier 
de  Beauregard,  né  à  Joigny  (Yonne)  le  20 
août  1764,  et  conseiller-clerc  au  parle- 
ment de  Paris.  11  fut  abbé  de  la  Trappe 
de  Lulworth  (Angleteri-e)  en  1814,  puis 
de  Melleray  (Loire-Inférieure).  Comme 
abbé,  il  ne  portait  que  les  armes  de  son 
monastère.  St-Saud. 

Une  phrase  à  expliquer.  —  Qie 

faut-il  entendre  par  cette  phrase  trouvée 
dans  un  livre  du  xv=  siècle  :  La  table  d'or 
offerte  au  temple  du  soleil  représente  la 
vierge  Marie  en  l'histoire  scolastique .? 

L.  D. 

HerbJère.  —  On  lit  couramment  dans 
les  compilations  modernes  que  hcrhicre 
est  un  vieux  mot  français  qui  désignait  et 
qui  désigne  encore  les  prostituées  des 
champs. 

Je  voudrais  bien  savoir  de  quelle  épo- 
que datent  le  mot  et  la  chose.  Herbière 
n'est  donné  avec  ce  sens  spécial  ni  par 
Godefroy,  ni  par  Duez,  ni  par  Oudin,  ni 
par  Richelet.  ni  par  Leroux,  ni  par  S.  de 
l'Aulnaye,  ni  par  Liltré,  ni  par  Darmes- 
teter. 

Dans  quel  village  de  France  existerait-il 
ou  aurait-il  existé  des  paysannes  faisant 
métier  de  prostitution  .?  11  semble  que 
cette  idée  soit  étrangère  à  tout  ce  que 
nous   savons  des  mœurs   campagnardes. 


Langue  celtique.  —  Existe-t-il  un 
dictionnaire  celtique  récent,  au  courant 
de  la  linguistique  actuelle,  un  peu  plus 
dans  le  train  du  jour  que  celui  de  Bullot, 
point  à  dédaigner,  et  celui  de  Legonidec? 

C.  P.V. 

Domiciles  parisiens.  —  Le  petit 
Dictionnaire  de  l'ancien  Paris  de  Fréd. 
Lock  a  fait  une  assez  large  part  à  «  l'ha- 
bitation des  parisiens  célèbres  ».  Y  a  t-il 
dautres  ouvrages  sur  Paris  où  l'on  trouve 
a'utant,  ou  même  encore  plus  d'indica- 
tions des  domiciles  des  célébrités  ? 

CÉSAR  B'ROTTE.^U. 


N*  1049. 


L'INTERMÉDIAIRE 


227 


228 


epon^eô 


Louis  XVII.  Documents  inédits 
(T.  G..  532;  XLIX,  684,  857).  —Je 
possède  dans  une  bibliothèque  un  «  Jour- 
nal politique  »  publié  en  russe  d'après  les 
nouvelles  de  Hambourg  (Moscou,  impri- 
merie de  l'Université,  chez  Ridiger  et 
ClauJi),  dans  lequel  je  relève  les  infor- 
mations suivantes  sur  Louis  XVll  : 

A'"  de  Décembre  ijp^  pages  54-55  "• 

Le  jeune  fils  de  Louis  XVI  et  sa  sœur  se  trou- 
vent actuellement  dans  une  situation  diffé- 
rente. Le  parti  au  pouvoir  a  donné  l'ordre  de 
les  traiter  avec  égards.  Le  Comité  de  sûreté 
générale  a  placé  auprès  du  prince  trois  com- 
missaires, hommes  éclairés  et  honnêtes;  deux 
de  ces  commissaires  sont  chargés  de  son  édu- 
cation et  so  1  instruction  ;  le  troisième  doit 
avoir  soin  de  son  entretien  et  veiller  à  ce  qu'il 
ne  manque  de  rien.  Pkisieurs  personnes  affir- 
ment avoir  rencontré  le  prince  se  promenant 
dans  les  rues  en  compagnie  de  ses  trois 
gardiens. 

Cela  me  parait  très  vraisemblable.  Ce  qui 
est  certain,  c'est  que  cet  auguste  enfant  est 
bien  traité  et  a  auprès  de  lui  des  gens  bien 
pensants. 

iV"  de  décembre  1^64  pages  i  ^^- 1 67 : 

Le  bruit  que  la  contre-révolution  faisait  de 
rapides  progrès  ayant  été  répandu  partout  par 
les  Jacobins,  le  Comité  de  sûreté  générale 
s'est  vu  dans  la  nécessité  de  modifier  sa  ma- 
nière d'agir  surtout  en  ce  qui  concerne  le  fils 
dumaliieureuxLouisXVLDanscebut.ilachargé 
un  de  ses  membres  de  déclarer  publiquement 
que  les  nouvelles  répandues  par  les  journaux 
sur  les  mesures  prises  en  faveur  du  fils  de  Capet 
sont  fausses  et  dénuées  de  fondement,  et  que 
le  Comité  s'est  contenté  de  renforcer  la  garde 
du  Temple  très  affaiblie  sous  le  régime  de 
Robespierre;  que  le  jeune  Capet  a  actuellement 
auprès  de  lui  trois  gardiens  et  qu'il  est  in- 
juste de  dire  que  cette  mesure  a  été  prise  par 
attachement  au  parti  royaliste.  Le  Comité  a 
horreur  des  rois  et  ignore  comment  on  élève 
leurs  enfants. 

II  ressort  cependant  des  faits  eux-mêmes 
que  cette  déclaration  de  .Mathieu  n'est  que  le 
fait  d'une  politique  nécessaire.  On  sait  à  Paris 
que  Von  na  pas  séparé  les  deux  enfants  de 
Louis  XVI  mais  qu'il  peuvent  se  voir  ;  que 
l'on  a  placé  auprès  du  jeune  prince  trois  per- 
sonnes instruites  et  expérimentées  dont  l'une 
est  déléguée  chaque  jour  par  les  Comités, 
Les  deux  premières  qui  sont  en  permanence 
auprès  de  l'enfant  sont  désignées,  pour  éviter 
les  run^eurs,  sous  le  nom  de  gardiens.  Elles  se 
promènent  avec  le  prince  et  sont  chargées  de 


son  éducation.  On  lui  enseigne  l'écriture,  le 
dessin,  la  géographie  et  l'histoire.  Auprès  de 
sa  sœur  on  a  placé  une  dame  de  compagnie. 

La  prudence  exigeait  donc  que  l'on  démentît 
les  soupçons  de  vouloir  rétablir  la  dignité 
royale.  Cela  était  d'autant  plus  nécessaire  que 
le  parti  au  pouvoir  était  indécis  sur  le  but  à 
atteindre.  Beaucoup  de  membres  étaient  dis- 
posés en  faveur  du  jeune  duc  d'Orléans,  les 
autres  tenaient  pour  le  dauphin.  De  son  côté 
le  parti  jacobin  s'efforçait  d'augmenter  ses 
partisans  en  répandant  le  bruit  que  l'on  vou- 
lait rétablir  la  royauté. 

Mars  ijç^  ; 

Apres  avoir  parlé  des  divers  partis  qui 
divisent  la  Convention,  le  journal  ajoute  : 

Il  existe  un  parti  qui  est  dévoué  au  jeune 
prisonnier  du  Temple  et  voudraitleplacersurle 
tiône.  Ce  parti  agit  avec  la  plus  grande  cir- 
conspection, attend  les  circonstances  et  tâche 
de  les  faire  servir  à  ses  desseins.  Il  cherche  à 
éveiller  l'intérêt  sur  le  sort  du  prince  en  ré- 
pandant de  nombreuses  anecdotes. 

Avril  lypj  : 

Les  feuilles  publiques  donnent  dei  nou- 
velles de  la  situation  actuelle  du  fils  de 
Louis  XVI.  11  est  bien  traité,  mais  il  mani- 
feste une  grande  indifférence  pour  tout  ce  qui 
l'entoure  et  à  toutes  les  questions  ne  répond 
que  par  oui  ou  par  non.  Le  «  fils  du  Tem- 
ple »,  comme  on  le  nomme,  a  beaucoup  de 
partisans. 

Avril  ijg^  '. 

A  en  croire  des  lettres  écrites  par  des  parti- 
culiers, les  désordres  survenus  à  Paris  ont 
été  beaucoup  plus  sérieux  que  l'annoncent 
les  feuilles  publiques.  Presque  chaque  jour 
la  foule  se  rassemblait  devant  la  prison  du 
Temple  en  criant  «  Vive  le  roi  ».  Un  jour, 
elle  demanda  avec  tant  d'insistance  qu'on  lui 
montrât  le  jeune  prince  quel'on  futobligéde  le 
faire  paraître  à  une  fenêtre.  Ce  qui  prouve 
la  vérité  de  ce  bruit,  c'est  le  ioin  que  les  répu- 
blicains ont  mis  h    l'étouffer. 

Avril  ijç^  : 

Au  dire  de  personnes  dignes  de  foi  on 
n'aperçoit  plus  au  Temple  le  malheureux 
Louis  XVIL  Les  uns  disent  qu'il  est  mort  par 
suite  des  agissements  de  Robespierre,  d'autres 
affirment  qu'il  a  été  enlevé . 

Mai  ijç^  : 

Hier,  30  avril,  devant  la  porte  de  la  salle  du 
Comité  on  a  foulé  aux  pieds  la  cocarde  trico- 
lore en  criant  :  «  Vive  Louis  XVll  ». 

Mai  /7P5  : 

Dans  une  lettre  écrite  de  Suisst  on  afiirme 
tenir  de  Charette  lui-même  que  la  prix  entre 
la  Convention  et  la  Vendée    n'a   été    conclue 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Août  1904 


229 


230 


I 


que  conditionnellement  et  que  sa  ratification 
définitive  dépend  à'ariicles  secrets. 

Juin  lyg^  ; 

Le  9  juin  on  annonça  au  Comité  la  mort  de 
l'infortuné  fils  de  Louis  XVI.  11  était  malade 
depuis  longtemps  et  dernièrement  était  atteint 
de  tumeurs  au  genou  droit  et  au  bras  gauche. 
11  est  mort  dans  le  cachot  qu'il  occupait  au 
Temple, le  8  juin  à  2  heures  de  l'aprés-midi. 
La  mort,  en  délivrant  ce  malheureux  souve- 
rain d'une  vie  douloureuse  accompagnée  de 
circonstances  obscures  et  inconnues,  est  un 
événement  qui  amènera  de  graves  événements 
et  aura  des  suites  sérieuses.  Nous  laissons  au 
cœur  du  lecteur  le  soin  de  s'approfondir  sur 
la  destinée  de  ce  prince  et  de  former  des  con- 
jectures sur  le  contre-coup  que  sa  mort  aura 
en  France  et  dans  les  cabinets  des  différentes 
cours. 

Lettre  de  Vienne  du  l 'yjnin  : 

Aucun  des  objets  que  poursuivait  la  guerre 
entreprise  contre  la  France  n'a  été  atteint.  La 
paix  signée  par  le  roi  de  Prusse  n'a  pas  abouti 
à  la  restauration  delà  royauté  en  France.  Un 
accord  a  été  conclu  avec  la  République,  mais 
les  orphelins  de  Louis  XVI  sont  oubliés  dans 
la  tour  du  Temple. 

Juillet  lyçy  : 

On  se  demande  ici  1  Vienne'  quelle  sera  la 
conduite  de  notre  cour  après  la  mort  du 
malheureux  Louis  XVII.  Le  décès  de  ce  prince, 
fils  et  héritier  présomptif  de  Louis  XVI.  a  été 
annoncé  dans  les  jouinau.x  de  la  cour.  On  ne 
sait  rien  encore  au  sujet  de  la  reconnaissance 
du  nouveau  roi  Louis  XVllI.  D'ailleurs  cette 
reconnaissance  dépendra  de  la  conduite  de 
l'Angleterre  et  des  succès  des  émigrés  qui  ont 
été  débarqués  sur  les  côtes  de  Bretagne. 

Août  7795  : 

Les  électeurs  de  Mayence  et  de  Trêves  ont 
reçu  du  comte  de  Provence  à  Vérone  la  nou- 
velle de  la  mort  au  Temple  du  fils  de  Louis  XVI 
et  celle  de  l'avènement  au  trône  de  Louis  XVllI. 
La  réponse  a  causé  quelque  embarras  et  est  res- 
tée secrète. 

Août  /795  : 

Le  général  Charette  annonce  que,  s'il  a  re- 
pris les  armes,  c'est  que,  après  a«voir  reçu  des 
délégués  du  Comité  et  du  général  Caudaux 
l'assurance  que  la  monarchie  serait  rétablie 
dans  six  mois,  il  a  appris  que  Louis  XVII  était 
mort  et  que  sa  mort  n'était  pas  naturelle. 

Octobre  1795  : 

On  prétend  que  la  cour  de  Vienne  se  déci- 
dera bientôt  à  reconnaître  Louis  XVII,  soit 
publiquement,  soit  parun traité  secret. 

Novembie  i/Ç^  : 

Récit  de  la  mort  de  Louis  XVII  se  ter- 
minant par  ces  mots  : 


11  résulte  de  témoignages  à  peu  près  cer- 
tains que  la  mort  de  ce  malheureux  enfant  a 
été  hâtée  par  le  poison. 

Les  historiens  connaissaient  ils  ces  nou- 
velles intéressantes  au  moins  par  leur  re- 
flet de  l'opinion  ?  Tastevin. 

Une  fille  natarelle  de  Louis  XIV 
(XLVIII,  6ii).  —  L'Aniioriul  du  Comté 
de  Montfort-l' Aiiianrv  (par  Maquet  et  de 
Dion)  que  j"ai  eu  scus  la  main,  après 
rinsertion  de  cette  question,  donne  des 
renseignements  à  ce  sujet.  Louise  de  Mai- 
sonblancJje^  nommée  ailleurs  Louise  de 
Bourbon-Mai sonblanchc ^  fille  non  recon- 
nue de  Louis  XIV  et  d'une  femme  de 
chambre  de  la  reine,  fut  mariée  à  Ber- 
nard de  Près,  clievalier,baron  de  laQiieue, 
capitaine  de  cavalerie,  lieutenant  du  roi 
en  la  province  de  Flandre  (?),  dont,  d'a- 
près l'Etat  civil  de  Montfort-l' Amaury, 
elle  eut  au  moins  six  enfants,  nés  de  1703 
à  1716  (Maquet  et  Dion  p.    127   et  384- 

385). 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 


Le  Club  breton,  les  Amis  de  la 
consLitution  et  les  Jacobins  (L,49). 
—  M.  J.  G.  Bord  trouvera  quelques 
notes  sur  la  vie  du  marquis  de  Mas- 
siac  dans  le  Bulletin  héraldique  de  France, 
1890,  col.  21 1-2 15  et  280-281.  aussi  bien 
que  sur  son  hôtel  situé  place  des  Vic- 
toires, je  ne  connais  pas  le  lieu  de  sa 
naissance,  mais  sa  famille  appartenait  à 
la  Normandie. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 
* 

*  * 

M.    Bord  ne  commet-il  pas  une  erreur 

en  disant  que  l'hôtel  Massiac  servit  de 
lieu  de  réunion  au  club  des  Amis  de  la 
Constitution  ?  N'abritait-il  pas  plutôt  le 
Club  de  Vhôtel  Massiac^  formé  en  grande 
partie  de  colons  de  Saint-Domingue,  et 
appelé  aussi  Club  breton,  qui  ferma 
1794,  et  dont  les  riches 
conservées   aux  Archives 

NÉRAC. 

* 

♦  * 

Le  marquis   de  Massiac  (Claude-Louis) 

fut  ministre  de  la  marine,  du  i'""  juin  1758 
au  30  octobre  de  la  même  année. 

Antérieurement,  jepuis  citer  Jacques  Gas- 
pard, marquis  d'Espinchal,  seigneur  de 
Massiac,  accusé  de  meurtres, d'exactions  et 
de  violences  sur  ^s  vassaux,  condamné  à 


ses  portes  en 
archives  sont 
nationales  .? 


N'  1049 


L'INTERMliOlAIRB 


mort,  par  contumace,  L  25  janvier  16Ô6, 
aux  Grands-jours  de  Clcrmont.  Le  lo 
août  1678,  il  obtint  des  lettres  d'aboli- 
tion. 

Massiac  est  un  chef-lieu  de  canton  dans 
le  Cantal.  E.  M. 

Le  serment  des  eccîésîiastiques 
sous  la  Révolution  (XLIX,  837,  964  ; 
L,  123,  188).  —  Sans  cesse  et  en  toute 
occasion  et  expressément  dans  Vlnstntc- 
/?on  du  21  janvier  1791,  l' Assemblée  cons- 
tituante affirma  et  jusqu'au  dernier  jour 
rappela  que  l'organisation  nouvelle  du 
clergé  n  affectait  anciDienicnt  le  spirituel. 

Ainsi  la  détermination  et  la  nouvelle 
circonscription  des  paroisses,  le  rempla- 
cement des  prêtres  et  des  évèques  inser- 
mentés, l'élection  des  constitutionnels, 
tout  cela  était  pure  réforme  d'administra- 
tion. Le  pape  n'avait  rien  à  y  voir,  car 
ces  mesures  qui  s  imposaient  d'urgence 
ne  concernaient  pas  le  spirituel.  Voilà  le 
langage  de  la  majorité  des  Constituants. 

Manifestement,  on  ne  s'entendait  pas 
sur  la  notion  du  spirituel.  L'Assemblée, 
sans  le  savoir,  distinguait  entre  le  pou- 
voir d'ordre  et  le  pouvoir  de  juridiction  ; 
pour  elle,  le  pouvoir  de  juridiction  ne 
faisait  pas  partie  du  domaine  spirituel. 
C'est  ainsi  qu'on  voulait  bien  consentir  à 
reconnaître  au  souverain  pontife  une  pri- 
mauté d'honneur,  mais  on  lui  refusait  en 
fait  toute  primauté  de  juridiction. 

Avec  une  telle  conception  de  la  consti- 
tution de  l'Eglise,  je  ne  m'étonne  pas  que 
l'Assemblée  ait  voté  la  constitution  civile 
du  clergé  «  cette  organisation  imaginée  à 
rencontre  de  la  raison  et  de  la  justice  >> 
comme  l'écrivait,  en  1888,  M.  Port, 
membre  de  l'Institut,  archiviste  de  Ni^Àna- 
tX-Lo\ïe  {Vendée  Angevine.^  I,  144). 

M.  Aulard  prétend  que  le  serment  or- 
donné le  27  novembre  1790  ne  compre- 
naitpas  la  constitution  civile  du  clergé. On 
sait  que  le  2  janvier  1791,  l'évèque  de 
Clermont,  au  nom  de  toute  la  députation 
ecclésiastique,  proposa  de  prêter  le  ser- 
ment à  l'exclusion  du  spirituel.  <.<  Dans  le 
cours  du  tumulte,  dit  le  Mercure  histori- 
que et  politique,  un  opinant  du  côté  gau 
che  a  crié  que  c'était  un  crime  de  lèse- 
nation  de  discuter  les  lois  constitution- 
nelles. »  Apparemment  M.  Aulard  n'est 
pas  de  l'avis  de  cet  *<  opinant  ».  pour  qui 
la  constitution   civile  0fx    cierge  faisait 


partie  de  la  constitution  générale  du 
royaume, que  les  assermentés  juraient''-'de 
maintenir  »  de  tout  leur  pouvoir. 

F.   UZUREAU. 
Directeur  de  VAnjoti  Historique. 

Une  statue  de  Napoléon  I'^  â 
Lyon  (L,  1 10).  —  La  statue  équestre  de 
Napoléon  I'"",  s'élevait,  à  Lyon,  au  milieu 
du  square  Perrache  ;  elle  constituait,  au 
surplus,  une  œuvre  d'art  des  plus  sujettes 
à  la  critique.  Cette  statue  a  été  jetée  bas, 
au  lendemain  du  4  septembre,  à  quelques 
jours  près, —  j'ignore  la  date  précise,  par 
une  populace,  que  l'absence  de  toute  auto- 
rité laissait  libre  dans  ses  actions  les 
plus  fantaisistes.  Cette  même  plèbe  res- 
pecta—  on  ne  sait  pourquoi  —  la  statue 
de  Louis  XIV,  qui  se  dresse  encore  au 
centre  de  la  place  Bellecour. 

Albert  Gâte. 

* 

*  *     , 
Sans  êire  en  état  de  répondre  à  toutes 

les  questions  posées  par  M.  C.  B.  L,  au 
sujet  de  cette  statue,  je  puis  dire  qu'elle 
était,  avant  la  guerre  de  1870,  sur  une 
grande  place,  appelée  alors  la  «  place  Na- 
poléon »,  aujourd'hui  «  place  Perrache  », 
à  quelques  pas  de  la  gare,  que  Napo- 
léon avait  la  figure  tournée  du  côté  de  la  ba- 
silique de  Fourvière,  alors  que  Louis  XIV, 
dont  la  statue  équestre  est  sur  la  place 
Bellecour,  regarde  la  Croix-Rousse,  — 
qu'elle  disparut  après  le  4  septembre,  — 
que  j'ai  vu  les  débris,  au  moins,  du  pié- 
destal, déposés  dans  un  terrain  qui  dépen- 
dait de  la  compagnie  du  chem.in  de  fer  de 
P. L.  M, derrière  une  grille,  — et  qu'elle  est, 
actuellement,  remplacée  par  une  monu- 
mentale statue  de  la  République,  qui  rap- 
pelle celle  de  Paris. 

Avant  d'édifier  en  cet  endroit  la  statue 
de  la  République,  on  avait  eu  la  pensée 
d'y  élever  une  fontaine  :  mais  le  projet 
n'eut  pas  de'suite,  et  la  fontaine  fut  cons- 
truite sur  la  place  des  Jacobins. 

On  a  fait  couler  beaucoup  de  Ilots  d'en- 
cre, au  sujet  de  cette  très  importante 
question:  mais  cela  n'intéresserait  que  mé- 
diocrement les  lecteurs  de  Vlnlerinêdiairc. 

L.  DE  Leiris. 

1.  Cette  statue  n*â  pas  été  enlevée  offi- 
ciellement de  l'emplacement  qu'elle  occu- 
pait à  Lyon  ;  du  moins  elle  a  été  suppri- 
m'é's  de  sOn  pîéy^'stal  dans  l'c  nxov-,  àt  nO» 


DES  CiiHRCHËUR-S  ET 


20  Août  1904. 


233 


234 


vembre  1S70.  avec  Tagrcmcnt  ds  la  nui- 
nicipaliîé  de  l'époque  et  sur  l'ordre  du 
Comité  Révolutionnaire,  appelé  «  Comité 
de  la  Rue  Gioslée  />,  qui  dirigeait  alors  la 
ville.  Dans  ce  comité  figurait  notamment 
le  citoyen  Chepié. 

II.  Ce  n'est  pas  pendant  la  nuit  qu'elle 
a  été  jetée  bas; c'est  à  l'aide  de  nombreux 
ouvriers  et  par  des  opérations  successives 
faites  en  plein  jour  qu'elle  a  été  dessoudée 
morceau  par  morceau,  en  présence  de  la 
population  et  de  nombreux  citoyens,  qui 
applaudissaient  à  cet  acte  de  vandalisme, 
qu'ils  considéraient  comme  une  revanche 
politique  en  haine  de  l'empire  tombé.  Ce 
travail  de  dépeçage  fut  assez  long  et  ne 
rencontra  pas  partout  dans  la  ville  de 
Lyon  des  approbateurs  On  cite  même  ce 
mot,  qui  fut  dit  alors  dans  le  langage 
lyonnais,  quand  le  travail  touchait  à  sa 
fin  et  qu'il  ne  restait  plus  sur  le  piédes- 
tal que  les  quatre  pieds  du  cheval  : 

^{.  Il  y  avait  là  la  statue  de  Napoléon,  on 
ne  voit  plus  que  chcsfieds  ». 

On  faisait  ainsi  allusion  au  citoyen 
Chepié. 

III.  Cette  statue,  œuvre  assez  médiocre 
du  statuaire  Nieuwerkerke,  avait  été  éri- 
gée dans  le  courant  de  l'année  1852  sur 
la  place,  appelée  alors  «  PlaceNapoléon», 
en  face  de  la  gare  de  Perrache,  et  qui 
porte  actuellement  le  nom  de  «  place 
Perrache  ».  C'était  le  produit  d'une  sous- 
cription, organisée  par  un  comité  de  no- 
tabilités Lyonnaises,  à  la  tête  duquel  se 
trouvait  le  colonel  en   retraite    Duhamel. 

A.  DE  Brix. 

*  * 
Cette    statue    représentant    Napoléon, 

arrêté  et  paraissant  adresser   une  allocu- 
tion, s'élevait  sur  la  grand' place  plantée, 
en  avant  de  la  gare  de  Perrache.  C'était 
une   œuvre  correcte,   mais   médiocre  et 
sans  caractère  monumental,  une  statuette 
amplifiée.  Le  piédestal  avait  été  dessiné, 
si  je  ne  me  trompe,  par  l'architecte  Quies- 
tel,  l'auteur  de  la   fontaine  de  Pradier,  à 
Nimes.  Il  me  semble  qu'on  y  lisait  ces 
paroles  prononcées   par  l'empereur  dans 
un  de  ses    voyages    à    Lyon,   peut-être 
quand  il  y   rentra  triomphalement   le  9 
mars  1815:  »<  Lyonnais  je  vous  aime.  » 
Des  réponses  plus   complètes    et  plus 
assurées,  seront  certainement  envoyées  à 
Y  Intermédiaire  ;   elles  nous  apprendront 
dans  qu'elles  drconstatuc'es  a  été  détruit 


un  monument  qu'aurait  dû  protéger  le 
souvenir  de  ce  que  Ljon  devait  à  Napo- 
léon 1.  Mais  ma  communication  a  surtout 
pour  but  d'appeler  l'attention  sur  une 
minuscule  erreur  de  date  rencontrée  dans 
l'article  signé  C.B. I.  Ce  n'est  pas,  je  pen- 
se, en  1854  que  fut  exposée  au  rond-point 
des  Champs-Elysées,  l'œuvre  en  bronze 
de  M.  de  Nieuwerkerke,  mais  le  15  août 
1852,  à  la  première  célébration  de  la 
fête  impériale  redevenue  fête  nationale 
même  avant  le  rétablissement  de  l'Em- 
pire. H.  C.  M. 


* 
*  * 


Puisqu'on  recherche  les  statues  de  Na- 
poléon I''',  plus  ou  moins  cahotées,  ne 
pourrait-on  nous  faire  savoir  les  décisions 
prises  au  sujet  du  Napoléon  au  petit  cha- 


peau, de  la  colonne  Vendôme  ? 


B. 


Napoiéoa  Bonaparte  appelé  Ni- 
colas (L,  163).  —  Ce  fut  en  effet  une 
des  plaisanteries  des  tristes  pamphlétaires 
de  la  première  restauration.  Quant  au 
nom  de  Napoléon,  je  l'ai  rencontré  au  xvi* 
siècle,  porté  par  un  cardinal  Orsini,  au- 
tant qu'il  m'en  souvienne.  11  est  possible 
qu'on  l'ait  d'abord  trouvé  singulier,  et  il 
l'est  en  effet,  du  moins  par  sa  rareté,  car 
il  est,  à  tout  prendre,  d'une  belle  sonorité 
et  d'une  non  moins  belle  signification 
grecque. 

En  tous  cas,  je  ne  crois  pas  que  depuis 
plus  d'un  siècle  il  se  rencontre  personne 
pour  le  trouver  baroque.  H.  C.  M. 

*  * 
L'ouvrage     auquel    le     collaborateur 

A.  Dieuaido  fait  allusion  est  un  pamphlet 

et   le   prénom    de  Nicolas  n'est  pas  plus 

exact   que  ceux  de  Jupiter  Scapin. 

Il  est  vrai  que  le  général  Bonaparte  ne 
signait  pas  de  son  prénom  ses  lettres  offi- 
cielles ;  cel:i  n'avait  du  reste  aucune  uti- 
lité puisqu'il  était  le  seul  général  de  ce 
nom,  et  en  signant  Buonaparte  puis  Bo- 
naparte il  se  conformait  à  l'usage. 

Mais  pardevant  notaire,  il  a  toujours 
signé  Napolione  Buonaparte,  puis  Napo- 
léon Bonaparte. 

Chez  M®  Raquideau,  sa  dernière  signa- 
ture A^^^o/éo/zc  Buonaparte  est  une  procu- 
ration du  i^'  frimaire  an  IX,  et  sa  pre- 
mière signature  Napoléon  Bonaparte  est 
sur  une  procuration  donnée  à  MoUien  efi 
date  du  34  vendémiaire  an  X. 


N»  1049, 


L'INTERMÉDIAIRE 


235 


236 


Cambronne  à  "Waterloo  (L,  ^2. 
189). —  Il  est  probable  que  ni  Cambronne 
ni  ceux  qui  l'entouraient  ne  se  souvinrent 
du  mot  qui  fut  prononcé.  Fut-il  même 
pononcé  un  mot  ?  Je  crois  volontiers 
qu'on  leur  fit  signe  de  se  rendre  et  qu'ils 
répondirent  :  Non  !  par  un  geste  et  par  des 
coups  de  fusil. 

Les  uns  marmottèrent  non,  les  autres 
m...  suivant  leur  éducation  et  leurs  habi- 
tudes. 

Je  possède  des  lettres  de  Cambronne 
qui  prouvent  que  dans  son  langage  habi- 
tuel :  Non  =  M...e 

Ce  que  pouvons  affirmer,  mais  pas  très 
sérieusement, c'est  que  ce  général  français 
né  à  Nantes,  heureusement  pour  lui,  ne 
mâchait  pas  ses  mois. 

J.-G.  Bord. 


* 


La  Revue  Universelle  a  publié,  le  15 
juillet,  un  intéressant  article  de  M.  Léon 
Brunschwig  sur  Mme  Roussin,  la  fille 
adoptive  de  Cambronne,  et  sur  son  mari, 
morts  tous  deux  en  1903.  Il  nous  apporte 
ce  double  témoignage  : 

Quand,  à  propos  de  la  bataille  de  Water- 
loo, on  en  arrivait  à  s'expliquer  sur  la  fa- 
meuse phrase  :  «  La  garde  meurt...»  et  sur  le 
mot  non  moins  fameux  dans  lequel  l'histoire 
ou  la  légende  s'est  plu  à  embaumer  Cam- 
bronne, ls\.  Roussin  n'hésitait  pas  à  décla- 
rer que  jamais  le  général  ne  s'était  servi  de 
semblable  expression  :  il  était  trop  bien  élevé 
pour  cela.  Lui  objectait-on  que  le  premier 
historiographe  de  Cambronne,  Rogeron  de  La 
Vallée,  qui  écrivait  sous  l'inspiration  et  sur 
les  renseignements  de  Mme  Cambronne,  par- 
lait comme  d'un  fait  hors  de  doute  de  la  néga- 
tion énergique  du  général  et  de  ce  mot  im- 
mortel que  «  tout  le  monde  sait  bien,  que 
nul  n'ose  ledire  »,  M.  Roussin  n'en  persis- 
tait pas  moins  dans  sa  conviction.  D'après 
lui,  il  ne  fallait  pas  conclure  à  une  sorte  de 
collaboration  entre  Mme  Cambronne  et  Ro- 
geron de  La  Vallée,  La  veuve  du  général, 
d'origine  étrangère,  parlait  incorrectement  le 
français  ;  elle  était  tout  à  fait  incapable  de 
surveiller  une  rédaction  dans  notre  langue  : 
personne  n'a  certainement  prononcé  devant 
elle  le  mot  dans  sa  crudité,  et  quant  à  de 
simples  insinuations  elle  n'a  pu  les  com- 
prendre. 

Mme  Roussin  elle-même  n'avait  connu  que 
bien  longtemps  après  la  moit  du  général  le 
terme  réaliste  qu'on  lui  attribuait,  et  ce  qu'elle 
se  plaisait  à    déclarer    comme    un   hommage 


rendu  à  la  vérité,  c'est  que  jamais  elle  n'a- 
vait entendu  parler  de  rien  de  semblable,  pas 
même  en  termes  voilés  ou  par  allusion,  pen- 
dant les  longues  années  qu'elle  avait  vécu 
auprès  du  général. 

Au  contraire,  ce  sont  des  témoignages 
affirmatifs  quant  au  «  mot  »  —  et  iné- 
dits, eux  aussi  —  que  nous  donne 
M.  Georges  Barrai,  l'éminent  %<  napoléo- 
nisant  >•»,  en  une  curieuse  étude,  Gam- 
betta  et  Cambronne,  dont  la  première  par- 
tie a  paru  dans  le  Pelit  Bleu  de  Bruxelles 
le  26  juin  1904,  et  dont  on  attend  impa- 
tiemment la  suite.  M.  Barrai  a  reproduit 
déjà  les  paroles  de  Berryer,  qui  défendit 
Cambronne,  et  de  Debay.  qui  fit  son 
buste  : 

«  Cambronne  —  dit  l'avocat  —  ne  m'a  ja- 
mais nié  la  formule  de  sa  réponse  aux  An- 
glais, Au  contraire,  il  me  l'a  confirmée,  en 
m'expliquant  qu'elle  ne  pouvait  être  que  sol- 
datesque, presque  monosyllabique,  puisque 
la  finale  est  muette.. ,  » 

«  En  travaillant  ma  terre  —  dit  le  sculpteur, 

—  certes  oui,  nous  avons  parlé  de  Waterloo. 
Mais  de  quoi  vouliez-vous  donc  que  nous 
parlions!  j'ai  dit  :  «  Mon  général,  vous  avez 
fait  une  rude  réponse  à  l'Anglais.  »  Cam- 
bronne m'a  fait  d'un  ton  bourru  et  avec  hu- 
meur :  «  Laissez  ça.  Il  l'a  avalé  tout  de 
même  !  » 

Et  il  termine  ainsi  son  premier  article  : 

J'exposerai  une  autre  fois  les  opinions  du 
roi  Jérôme,  du  prince  Napoléon  et  du  général 
Vaillant  Elles  concordent  avec  celles  de  Ber- 
ryer et  de  Debay.  Le  sujet  est  scabreux,  mais 
avouez  que  ma  documentation  historique  est 
inattendue,  inattaquable  et  peu  banale  !  Je 
défendrai  aussi  la  cause  du  général  Michel, 
C nique  suum. 

A  moins  de  supposer  que  ces  déclara- 
tions, recueillies  en  1862  par  Gambetta 
et  M.  Barrai,  aient  été  mal  comprises  par 
ceux-ci  ;  que  Berryer  et  Debay  aient 
menti  autrefois,  ou  pour  dépasser  d'un 
bond  les  limites  de  l'invraisemblance,  que 
M.  Barrai  mente  maintenant,  on  doit 
considérer  la  question   comme   tranchée. 

Il  ne  me  reste  qu'à  indiquer  les  conclu- 
sions de  l'enquête  de  M.  Henri  Houssaye 

—  lequel  réunira  et  discutera  bientôt 
tous  les  témoignages  sous  le  titre  :  La 
Garde  meurt  et  ne  se  rend  pas  !  Histoire 
d'un  mot  historique  : 

i"  De  l'ensemble  de  ces  témoignages,  i^ 
paraît  certain  que  le  général  dit  ou  la 
«  phrase  »  (la  garde  meurt  et  ne  se  rend  pas  !) 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Août  1904. 


238 


ou  le   «  mot  »,  ou   encore   ceci  :    «  Des 
comme  nous  ne  se  rendent  point  !  » 

2"  Cambronne  a  toujours  nié  ënergiquement 
avoir  prononcé  la  «  phrase  »,  qui  semble 
avoir  été  inventée  à  Paris,  quelques  jours 
après  la  bataille  de  Waterloo,  par  un  rédac- 
teur du  Journal  général. 

3°  Cambronne   a    nié    aussi,    bien  qu'avec 


plus 


d'embarras  il  est  vrai,  avoir  dit  le 
«  mot  À.  Mais  alors  qu'on  ne  s'explique  pas 
pourquoi  il  a  nié  la  «  phrase  »  si  vraiment 
il  l'a  prononcée,  on  comprend  facilement 
qu'il  ait  nié  le  «mot  »,  même,  s'il  l'a  dit. 
Cambronne,  qui  avait  eu  la  faiblesse  de  se 
faire  nommer  vicomte  par  Louis  XVill.  et  qui 
avait  épousé  une  Anglaise,  tenait  à  pobcr 
pour  un  f    homme  bien  élevé  ». 

4"  A  Nantes,    où   est   mort    Cambroime  en 

de    notoriété   publique   que, 

d'ailleurs   pleines  de 


gens  !  Si  les  ouvrages  spéciaux  cités  par  no- 
'  tre  collaborateur  n'ont  jamais  donné  à 
Bacchus  l'épithète  de  eleiilheros,  certains 
dictionnaires  mythologiques  universels 
ayant  au  moins  une  aussi  grande  auto- 
rité, mentionnent  parfaitement  ses  sur- 
noms d'Eîeuthcreitset  d' Ele7ilherios  (n'ou- 
blions pas  de  mettre  le  point  sur  cet  /). 
Ils  nous  disent  aussi  que  l'on  célébrait  en 
beaucoup  d'endroits  des  ièXts Dionysiaques 
et  à  Platée  des  fêtes  nommées  Bleiithé- 
ries.  PiETRO, 


1843,    il    était 


maigre 


ses  dénégations 


réticences,  il  avait  dit  le  «  mot». 

5°  En  se  représentant  par  la  pensJe  la  scène 
du  18  juin  1815  ;  en  songeant  à  l'état  d'es- 
prit où  se  trouvait  Cambronne,  à  l'exaspéra- 
tion que  devaient  produire  sur  lui  les  som- 
mations des  Anglais,  on  arrive  à  juger  que 
le  «  mot  »  était  absolument  en  situation.  11 
est  psychologiquement  vrai.  Or.  comme  Cam- 
bronne a  dit  quelque  chose,  ce  quelque  chose 
doit   être  cela. 

A.  BoghaertVacké. 

P. -S.  —  Au  moment  où  je  corrige  ces 
épreuves,  je  reçois  la  dernière  série  du 
Nouveau  Larousse  illustré.  Dans  l'article 
«  Waterloo  »,  il  n'est  pas  même  fait  allu- 
sion au  mot  de  Cambronne.  En  revanche, 
nous  avons  là  un  récit  fort  inattendu  de  la 
bataille,  où  le  rôle  de  la  Garde  apparaît 
tout  à  fait  transformé,  où  l'on  enseigne  que 
le  prince  d'Orange  —  le  futur  Guillaume 
II  —  lut  tué  par   les   grenadiers  français... 


Bomarsund  (L,  5,  125,  190).  —  Le 
commandant  russe  était  le  général  Bo- 
disco,  qui  fut  emmené  prisonnier  de  guerre 
en  France.  Les  journaux  illustrés  le  repré- 
sentèrent âgé,  débarquant  au  Havre,  sou- 
tenu par  le  bras  de  sa  femme  notable- 
ment plus  jeune.  H.  C.  M. 

Saint  Denis,  évêqde  des  Gaules, 
a-t-il  existé?  (XLII  ;  XLllI  ;  L,  112).— 
M.  Ch.  Sellier  est  de  taille  à  défendre  lui- 
même  son  opinion  sur  l'authenticité  delà 
légende  de  saint  Denis,  mais  si  l'on  veut 
se  reporter  à  sa  réponse  déjà  ancienne,  il 
ne  parait  nullement  qu'il  ait  attribué  com- 
me surnoms  à  Bacchus  ce  qui  n'était  que 
des  noms  de  fêtes. 


Saint  Salve,     errr-ite.     abbé     de 
Montreuil-sur-Mer,     puis    évêque 

d'Amiens  (XLVIII)  —  Une  notice  pu- 
bliée par  l'abbé  Bertin,  Saint-Saire  à  l'épo- 
que franqiie  et  an  moyen  âge,  conclut  à 
l'identification.  V.  Annuaire  de  V Associa- 
tioji  normande,  70'^  année  (1903),  p.  265 
et  s.  Une  statue  du  saint  évoque,  ayant  à 
ses  pieds  les  trois  sacs  remplis  d'écus,  y 
est  signaL'e  dans  la  chapelle  du  château 
de  Trefforêt,  à  BeaubcC-la-Rosière,  can- 
ton de  Forges.  De  là,  sans  doute,  est 
venue  la  question  posée  aux  collabora- 
teurs de  \' Intermédiaire. 

QU.SSITOR. 


Légendes  relatives  à  saint  An- 
toine de  Padoue  (L,  5).  —  Le  Rév. 
Alban  Butler,  dans  son  ouvrage  T}:e  Lives 
of  the  Faîhers,  Martyrs  and  oîher  Princi- 
pal Saints,  Philadelphie,  1822,  cite  non 
comme  une  légende,  mais  comme  un  fait, 
le  perpétuel  miracle  de  la  langue  de 
saint  Antoine  de  Padoue. 

11  raconte,  en  effet,  que  trente-deux  ans 
aorès  la  mort  du  saint,  ses  restes  furent 
transportés  à  Padoue.  On  constata  alors 
que  la  chair  avait  disparu,  sauf  la  langue 
qui  était  rouge  et  aussi  fraîche  que  du- 
rant la  vie  du  saint.  Saint  Bonaventure 
prit  la  relique  dans  ses  mains,  l'arrosa  de 
ses  larmes  et  la  baisa  avec  grande  dévo- 
tion. L'auteur  ajoute  que  la  langue  est 
conservée  encore  (1822)  dans  l'église  des 
Franciscains,  à  Padoue. 

Le  père  de  saint  Antoine,  Alartin  de 
BuUones,  avait  été  officier  dans  l'armée 
du  roi  Alphonse  1,  du  Portugal  ;  mais 
rien  n'indique  que  son  fils  eût  été  autre 
chose  qu'un  religieux  canonisé  un  an 
après  sa  mort.  D""  P. 


N'   JO/j'», 


L'INTERMÉDIAIRE 


359 


240 


Saint  Baronte  (L,  m).  —  Saint  | 
Cyran  en  Brenne  ou  Lonrey.  Sancfus 
Sigiranuus  in  Brenva^  Monasteriitni  sancti 
Sigirani  in  Biionia^  Longoretian.  Abbaye 
du  diocèse  de  Bourges,  ordre  de  saint 
Benoit,  fondée  au  vu*  siècle  dans  le 
Berry  ;  unie  à  lévêché  de  Nevers.  Au- 
jourd'hui commune  de  Saint-Michel,  can- 
ton de  Mézières,  arrondissement  du 
Blanc  (Indre).  Cf.  Gallia  christiana,  II. 
13  I,  et  Catherinot,  Sanctuaires  dn  Berry. 

Armoiries  :  D'a^^iir.  à  deux  crosses 
d'or^  adossées  et  passées  en  sautoir  et  un 
pal  de  gueules,  brochant  sur  le  tout^^ctjargc 
d'une  mitre  d'argent.  A.  S.,  e. 

Villages  Mayeux  et  Cave  (XLIX, 
948).  —  Ainsi  pris  à  partie  et  en  termes 
trop  flatteurs,  je  répondrai  à  M.  Albert 
Gâte  en  le  renvoyant  à  la  page  27  de  ma 
monographie  historique  de  Clichy-la- 
Garenne  (  1 903).  Il  y  lira  le  texte  de  la  dé- 
libération municipale  de  cette  commune, 
mentionnant,  à  la  date  du  24  août  1857, 
parmi  les  nouvelles  agglomérations  for- 
mées sur  le  territoire  de  Clichy  :  «  Le 
village  Mayeux  à  l'angle  des  routes  de  la 
Révolte  et  d'Asnières...  et  le  village  Gavé 
au  bord  de  la  Seine,  près  de  Courcelles  ». 

Ces  deux  écarts  devaient  évidemment 
leur  dénomination  aux  premiers  proprié- 
taires qui  avaient  bâti.  Ils  furent  incor- 
porés à  la  commune  de  Levallois-Per- 
ret,  formée  par  la  loi  du  30  juin  1866, 
avec  des  territoires  provenant  de  Neuilly 
et  de  Clichy.  La  ligne  de  démarcation 
entre  Clichy  et  Levallois  fut  faite  par  les 
voies  du  chemin  de  fer  de  l'Ouest.  Il  n'y 
a  pas  de  rue  Mayeux  à  Levallois,  mais  il 
y  a  une  rue  Gavé,  allant  de  la  rue  Gide  à 
la  Seine  ;  le  tramv/ay  Madeleine-Leval- 
lois  la  parcourt  et  y  a  son  terminus. 

Fernand  Bournon. 

Porte  Bannier  à  Orléans  (XLIX, 
57,  213,  291,  929).  — Je  crois  de  plus 
en  plus  que  ce  mot  de  «  Bannier  »  a,  non 
pas  seulement  une  origine  locale,  propre 
à  Orléans,  mais  un  sens  général. 

Témoin  la  petite  découverte  que  je 
viens  de  faire,  par  hasard,  à  Courbevoie, 
d'une  «  Impasse  Banier  »  qui  doit  être 
cousine  germaine  de  la  rue  Bannier  d'Or- 
léans et  avoir,  comme  elle,  le  sens  de 
hanal  qui  se  disait  aussi  jadis  :  banier  ou 
bannier.  Hector  Hogier. 


Familles  de  Bourdaloae  et  de 
Rocheciîouart-Ghandenier  (L,    55). 

—  Il  n'y  a  qu'une  branche  de  la  famille 
Bourdaloue  qui  prit  la  particule  celle  de  la 
Noue  :  cette  branche  s'éteignit  en  la  per- 
sonne de  Marie  de  Bourdaloue,  mariée  le 
22  février  i666,  à  M'*  Charles  le  Fuzel- 
lier,  chevalier,  seigneur  de  Cormeray  et 
morte  sans  enfants  le  21  mai  1729,  après 
avoir  institué  pour  légataires  universels 
les  Gassot  de  Rochefort. 

La  branche  du  prédicateur  prit  fin  à  la 
mort  de  sa  sœur,  Anne  Bourdaloue,  et  se 
fondit  dans  la  maison  de  Chamillart. 

Un  autre  rameau  qui  a  encore  actuelle- 
ment des  représentants  et  que  nous 
n'avions  pu  relier  en  1900  (Etude  généa- 
logique sur  les  Bourdaloue),  s'est  détaché, 
au  commencement  du  xvii^  siècle,  de  la 
grande  branche  de  Mehun  qui,  elle- 
même,  sortait  de  la  souche  principale  de 
Vierzon. 

De  sorte  qu'on  peut  affirmer  aujour- 
d'hui que  tous  les  membres  de  cette  fa- 
mille en  Berry  ont  la  même  origine.  La 
bifurcation  des  branches  de  Mehun  et  de 
Vierzon  ne  dut  pas  se  produire  avant  la 
fin  du  xv'  siècle.  Tausserat, 


Le  général  comte  de  Rochechouart, 
dont  les  petits-fils  existent,  appartenait  à 
une  branche  sortie  de  celle  de  Chandenier 
ou  Champdeniers.il  a  écrit, en  deux  volu- 
mes, l'histoire  de  sa  famille.  M.d'Arnal 
pourra  y  recourir.  Oroel. 

Portraits  de  Mme  de  Chabrillan 

(L,  114).  —  L'Intermédiaire  du  ■^o  juillet 
1904  porte,  en  réponse  à  la  question, 
après  rénumération  des  différents  por- 
traits de  «  Mogador  »,  l'alinéa  sui- 
vant : 

Bu  tête  des  Mémoires  est  un  joli  por- 
trait d'elle  gravé  d'après  un  dâssin  de  ThO' 
mas  Couture. 

je  possède  l'édition  originale  des 
.Adieux  au  Monde.  Mémoires  de  Céleste 
Mogador.    Paris.  7^5^,  ^  vol.  in-8°. 

Le  portrait  dont  il  s'agit  n'y  figure  pas 
et  n'y  a,  que  je  sache,  jamais  figuré. 

Quelque  obligeant  correspondant  de 
Vlnternicdiaire  pourrait-il  compléter  la 
note  ci-dessus  en  indiquant  dans  quelle 
édition  des  dits   mémoires   se    trouve  le 


DES  CHHRCHBURS  HT  >..UR1EUX 


20  Août  1904 


241 


242 


portrait   en    question,  et  s'il  est  possible 
de  se  le  procurer. 

Outre  l'édition  originale  précitée,  im- 
primée à  Fontainebleau,  chczjacquin,  et 
qui  fut  saisie  par  la  police  impériale,  j'en 
connais  trois  autres  : 

Berlin.  —  18 y ^  —  9  vol  in- 18  ; 

Paris —  Librairie  N"^  /i'5(S',  4vol.in-i2. 

Paris —         id  i8^ç,4\o\.\n-i2. 

Aucune  de  ces  éditions  ne  fait  mention 
d'un  portrait. 

S'agirait-il    d'un    portrait    ajouté   par 
quelque  amateur  à  Tune  des  éditions  'i 
L'abonné  H.  C.  d. 

L'édition  ornée  d'un  poi  trait  est  celle  de 
la  Librairie  nouvelle,  1876,  en  2  v. 

Maurice-Jules-Louis  Clarion  dô 
Beauvais  (Beauval)  (XLVII,  168,351, 
416,  916).  —  J'ai  eu  pour  camarade  de 
classe  à  Stanislas  et  pour  voisin  à  la  4^ 
compagnie,  à  Saint-Cyr, Maurice  de  Beau- 
val.  Entré  à  l'Ecole  en  1877,  il  en  est 
sorti  sous  lieutenant  au  3c/  régiment 
d'infanterie  à  Rouen,  le  i"" octobre  1879. 
Il  a  fait  toute  sa  carrière  à  ce  régiment, 
sauf  de  courtes  fugues  à  je  ne  sais  plus 
quels  régiments,  au  moment  de  sa  nomi- 
nation aux  grades  de  lieutenant,  puis  de 
capitaine. 

Ainsi  que  le  dit  mon  ami  de  Massas, 
c'était  le  garçon  le  plus  charmant  et  le 
plus  modeste  ;  toujours  gai,  toujours  ser- 
viable,  adoré  de  tous. Tous  ceux  qui  l'ont 
connu  en  ont  conservé  le  meilleur  sou- 
venir. 

Pour  les  renseignements  de  famille,  le 
marquis  de  Beauchesne  ne  peut  mieux 
faire  que  de  s'adresser  à  madame  de  Beau- 
val,  sa  veuve,  au  Houlme  (Seine-Infé- 
rieure) ou  à  monsieur  de  Beauval,  son 
frère,  ancien  directeur  de  la  succursale  de 
la  Banque  de  France  de  Beauvais.  demeu- 
rant à  Neuilly  (Seine).  L.  A, 

Clircbamp  (XLIX,  838  ;  L,  29).  — 
On  lit  au  catalogue  du  libraire,  L.  Clouzot 
rNiort,  Deux-Sèvres),  dernier  n'^)  : 

4536.  Documents  manuscrits  (27  novembre 
164c).  —  Extrait  du  Registre  des  Cent  Mino- 
ritay  que  son  Eminence  Grand  Maistre  (de  l'or- 
dre de  Maltej,  a  pouvoir  de  donner  en  vertu 
du  brief  donné  par  nostre  Saint- Père, le  18  de 
novembre  1639 

Le  27  novembre  1640, son  Eminence  le  grand 
Maître,   accorde  à   M.    Bellotte   une   grâce    de 


minorité  pour  noble  Louis  d'Amours,  fils  de 
noble  Gabriel  d'Amours  et  de  Damoyselle 
Anne  d'Anniau,  pour  estre  reçu  au  rang  de 
frère  chevalier  au  prieuré  de  France. 

Pièce  papier  (o'°29xo°'2i)  signée.  16  fr, 
4^56  bis  Documents  manuscrits.  (2^  juin 
1641).  Reçu  du  trésorier  de  l'ordre  de  Malte, 
du  montant  des  droits  payés  pour  l'exemp- 
tion de  minorité,  accordée  .à  Louis  d-  Amours . 
—  Mention  de  frère  Louis  de  Clinchamp . 

Belle  pièce  papier,  en  Italien  (o"'29Xq°'2  1). 
Signature  de  :  Fra,  Ottaviano  Bandindli. 
10  fr. 


Emilie  Contât  (XLIX,  220,  361,588, 
866,979;  L,  85,  133).  —  M"=  Louise 
Abbema  descend  en  effet  de  Louise  Con- 
tât,par  la  grand'mère  de  son  père,Louise- 
AmalriqueBathilde-Isidore, fille  de  Louise 
Contât,  et  de  Louis-Marie-Jacques-Amal- 
ric  de  Narbonne. 

A  l'époque  oij  le  Gaulois  publia  la  lettre 
de  Mlle  Abbema,  X Intermédiaire  repro- 
duisait (XVII.  122)  une  lettre  de  Louise 
Contât.  Cette  lettre  est  fausse  ou  mal  lue 
et  mal  datée. 

En  effet,  en  tête,  elle  est  datée  du  17 
septembre  1793,  et,  à  la  fin,  du  i"  sans- 
culotte  de  l'an  II. 

Or  le  i^''  sans-culotte  de  l'an  II  est  le  17 
septembre  1794,  et  non  le  17  septembre 
1793.  Du  reste,  en  septembre  1793,1e 
calendrier  révolutionnaire  n'était  pas  en- 
core en  vigueur. 

La  lettre  contient  une  seconde  erreur 
plus  grave  :  en  la  supposant  authentique, 
il  faut  lire  17  septembre  1794.  A  cette 
époque,  Louise  Contât  ne  pouvait  deman- 
der la  mise  en  liberté  des  Girondins,  guil- 
lotinés le  30  octobre  1793.  Il  s'agit  pro- 
bablement des  frères  Girardin,  arrêtés  à 
Sézanne  et  qui  ne  furent  mis  en  liberté 
qu'après  le  9  thermidor.  Louise  Contât 
avait  mis  en  effet  au  monde,  le  12  août 
1793  à  Chaillot.un  fils  de  Girardin  :  Ama- 
bie-Ours-Louis-Alexandre,  qui  mourut  le 
20  juin  186^.  à  Sainl-Germain-en-Laye, 
général  de  brigade. gouverneur  du  château 
de  Saint-Germain.  J-"G.  Bord. 

* 

II  est  certain  que  Louise  Contât  n'eût 
pu  jamais  passer  pour  révolutionnaire. 
En  1790,  lors  de  la  grande  querelle  sus- 
citée à  la  Comédie- Française  par  le 
Charles  IX  de  Marie  Joseph  Chénier  et  les 
réclamations  de  Talma,  Mlle  Contât  fai- 


No  1049. 


L'INTERMEDIAIRE 


243 


244 


sait  partie  de  la  droite  de  la  Comé- 
die, tandis  que  la  gauche  était  repré- 
sentée précisément  par  Talma,  Duga- 
zon,  Mme  Vestris  et  quelques  autres.  Et 
quand  cette  querelle  devmt  violente, 
Mlle  Contât  et  Aille  Raucourt  refusèrent 
de  continuer  leur  service  avec  Talma,  et 
la  première  le  fit  connaître  par  une  lettre 
adressée  à  ses  camarades,  lettre  que  Fleury 
vint  lire  un  soir  devant  le  public  et  qui 
était  ainsi  conçue  : 

Paris,  31  octobre  ijgo. 

Messieurs  et  chers  camarades, 
J'ignore  ce  qui  s'est  passé  à  votre  théâtre, 
mais  la  lettre  que  je  reçois,  en  m'annonçant 
une  nouvelle  preuve  de  l'indulgence  du  pu- 
blic, excite  eu  moi  la  plus  vive  sensibilité; 
ses  bontés  seront  long-tems  l'objet  de  mes 
vœux,  et  seront  toujours  celui  de  ma  respec- 
tueuse reconnaissance.  Les  motifs  qui  m'ont 
forcée  à  renoncer  au  bonheur  de  lui  consa- 
crer mes  faibles  talens  sont  connus  et  subsis- 
tent :  ils  ne  prennent  pas  leur  source,  ainsi 
qu'on  l'a  calomnieusement  supposé,  dans  un 
esprit  de  parti,  mais  bien  dans  une  impé- 
rieuse nécessité.  11  est  des  sentimens  avec  les- 
quels on  ne  compose  pas  :  tels  sont  ceux  qui 
m'ont  fait,  au  mois  de  juillet  dernier,  signer, 
après  vous,  une  délibération  qui  vous  parut 
alors  indispeusable  et  juste,  et  que  depuis 
vous  avez  rendue  publique.  Les  nouveaux 
chagrins  qui  vous  ont  été  suscités  par  M.  Tal- 
ma ne  peuvent  me  paraître  un  motif  pour  re- 
venir sur  cette  résoluiion,  pour  consentir  à 
le  regarder  jamais  comme  mon  associé, 
comme  mon  catnarade.  Son  existence  à  la 
Comédie-Française  compromet  toutes  les  au- 
tres ;  ses  volontés  nuisent  à  l'intérêt  général  ; 
ses  amis  troublent  le  repos  public,  calomnient 
les  actions,  les  pensées,  et  sont  enfin  parvenus, 
à  l'époque  de  la  liberté,  à  faire  traiter  les  co- 
médiens comme  de  vils  et  malheureux  escla- 
ves, à  ravir  à  leur  société  le  droit  qu'on  ne 
peut  disputera  nulle  autre,  celui  de  se  régir 
d'après  ses  règlemens,  et  pour  son  plus  grand 
avantage. 

L'idée  d'un  pareil  asservissement  ne  peut, 
je  crois,  s'allier  aux  moyens  nécessaires  pour 
cultiver  un  art  moral  .  du  moins  éprouvé-je, 
pour  ma  part,  qu'il  détruit  cette  liberté  d'es- 
prit indispensable  à  son  exercice.  Les  motifs 
ci-dessus  détaillés  sont  ceux  de  ma  retraite  ; 
en  l'imputant  à  M.  Talmn,  je  ne  prétends 
appeler  contre  lui  aucun  ressentiment  ;  mais 
je  dois  au  public,  qui  m'a  comblée  de  ses 
bontés,  qui  m'adonne  des  marques  précieuses 
de  son  intérêt,  je  lui  dois  le  soin  de  me  dis- 
culper d'une  ingratitude  qui  me  rendrait  cou- 
pable à  mes  propres  yeux.  Veuillez  bien, 
Messieurs,  être   près  de   lui  les  interprètes  de 


mon  profond  respect,  de  mes  vifs  et  durables 
regrets.  Vous  ne   pourrez  jamais   lui    peindre 
qu'imparfaitement  la  reconnaissance  dont  je 
serai  pénétrée  jusqu'au  dernier  jour. 
Je  suis    etc. 

Contât, 
Cependant   les  choses  s'arrangèrent... 
pour  le  moment,  Talma  se  réconcilia  avec 
ses  camarades,    et  Mlles  Contât  et  Rau- 
court consentirent  à  reparaître  à  la  Co- 
médie. Mais  la  paix  fut  de  peu  de  durée, 
et  l'on  sait  que  les  choses  s'envenimèrent 
à  ce    point    qu'une   scission    finit  par  se 
produire,    et    que  Talma,    avec  ceux  de 
son  bord,  s'en  alla  au  théâtre  de  la  rue 
de  Richelieu,  qui  n'allait  pas  tarder  à  de- 
venir le  «  Théâtre  de  la  République,  »  et 
qui   faisait  une  concurrence  directe  à  la 
Comédie,  devenue  elle-même  le  *<  Théâ- 
tre de  la  Nation.  »  On   sait   aussi    qu'en 
1793.  à  la  suite  des  représentations  ora- 
geuses de  Paméla.  la  fameuse  comédie  de 
François  de  Neufchàteau,  et  de  celles  de 
y  Ami  des  lois,   de  Lava,   les   artistes  du 
Théâtre  de  la  Nation,   depuis  longtemps 
en  butte  à  la   haine  des  Jacobins,  furent 
arrêtés  en  masse  et  incarcérés,  en  atten- 
dant leur  jugement.    Louis   Contât  et  sa 
sœur  Emilie   subirent,   naturellement,  le 
sort  de  leurs  camarades,  et  ne  furent  dé- 
livrées que  par  le  Neuf-Thermidor.  Or,  à 
cette  époque,  quelques  misérables  ou  im- 
béciles ne  craignirent  pas  d'oser  dire  que 
Talma  était  l'auteur  de  la  proscription  de 
ses  anciens  camarades,  et  qu'elle  était  due 
à  son  esprit  de  vengeance  en  même  temps 
qu'au  désir  qu'il  avait  de  supprimer  toute 
rivalité  et  toute  concurrence  au  théâtre  de 
la  République,  dont  il  était  le  plus  solide 
soutien.   C'était   une    infamie   en    même 
temps   qu'une    calomnie,    mais,    comme 
toutes  les  calomnies,   celle-ci  avait  la  vie 
dure,  si  bien  que  Louise  Contât  crut  de- 
voir elle-même  en   disculper  Talma  par 
cette  lettre  rendue  publique  : 

A  Paris,  ce  3  germinal,  l'an  3*  de  la  Répu- 
blique. 

[Mars  1795]. 
Ce  fut  à  l'époque  même  de  notre  persécu- 
tion que  je  reçus  de  Talma  et  de  sa  femme 
(que  je  ne  voyois  plus  depuis  long-tems)  des 
marques  d'un  véritable  intérêt.  Je  les  jugeai 
si  peu  équivoques  qu'elles  firent  disparaître 
les  légers  nuages  de  nos  anciennes  divisions, 
et  nous  rapprochèrent.  Je  m'empresse  de  ren- 
dre cet   hommage   à   la  vérité.  Puisse-t-il  dé- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


!o  Août 


245 


246 


1094. 


I 


truire   une  inculpation    que  je  ne  savois  pas 
même  exister  ! 

Je  ne  concevrai  jamais  qu'un  artiste  spécule 
froidement  sur  la  ruine  des  autres,  et  je  pense 
que  Talma  n'étoit  pas  alors  plus  disposé  à  pro- 
fiter de  nos  dépouilles  que  nous  ne  ferions  au- 
jourd'hui à  bénéficier  des  siennes.  Je  àisnotfs, 
sans  avoir  consulté  mes  camarades,  mais  je  le 
dis  avec  la  certitude  de  n'en  être  pas  désa- 
vouée. 

Louise  Contât. 

On  voit  que  Mlle  Louise  Abbéma  avait 
raison  de  protester  contre  le  rôle  qu'on  a 
prétendu  faire  jouer  pendant  la  Terreur 
à  sa  glorieuse  bisaïeule.  Je  connaissais  la 
lettre  de  Mlle  Abbéma,  et  je  l'avais  soi- 
gneusement classée  dans  mes  notes  comme 
un  document  utile.  Mais,  si  elle  veut  bien 
me  le  permettre,  je  compléterai  ici  le 
couplet  de  Louise  Contât,  dont  elle  n'a 
donné  que  la  seconde  moitié  et  qui  com- 
portait huit  vers.  On  assure  que  la  cé- 
lèbre comédienne  l'écrivit  dans  sa  prison, 
quelques  jours  avant  le  Neuf  Thermidor, 
et  qu'elle  se  déclarait  prête  à  le  chanter 
sur  la  charrette  qui  devait  la  conduire  à 
l'échafaud.Le  voici  en  entier  : 

Je  vais  monter  sur  l'échafaud, 
Ce  n'est  que  changer  de  théâtre. 
Vous  pouvez,  citoyen  bourreau, 
M'assassiner,  mais  non  m'abattre. 
Ainsi  finit  la  Royauté, 
La  valeur,  la  grâce  enfantine... 
Le  niveau  de  l'égalité, 
C'esUe  fer  de  la  guillotine. 

Arthur  Pougin. 

La  mort  de   Paul-Louis  Courier 

(T.  G.,  244).  —    Le  Magasin  pittoresque, 
dans  son  n*^  du   15  juin    1904,  publie  un 
article   sur    La    Charonnicre,    maison  du 
bourg  de  Véretz,  habitée   par  Paul-Louis 
au  moment  de  sa  mort.  L'auteur  rapporte 
la  conversation  qu'il  a  eue  avec  des  habi- 
tants aux  souvenirs  desquels  il  a  fait  appel. 
A  l'un,   on  a  toujours  répété  que  «  M"'° 
Courier  fut   l'instigatrice   du    guet-apens 
où  son  mari  a  été  tué.  Mais  aussi,  ajoute- 
t-il,  comme  cette  mort  rendait  service  au 
gouvernement,  il  se  peut  qu'il  y  ait  eu  sa 
part  ».  Un  autre  tient  de  son  grand-père, 
qui  était  le  coiffeur  de  la  famille  Courier 
«  plusieurs   dictons  sur   l'assassinat.  Pour 
les  uns,  c'est  sa  femme, qui  le  haïssait,  qui 
s'en  est  débarrassée  :  pour  d'autres,  c'est 
le  gouvernement  ;    enfin,  il  y  a  eu  dans 
tout  çà,  parait-il^  un  jésuite  de  Tours  qui 


manigançait  on  ne  sait  trop  quoi.  C'est  du 
moins  le  bruit  du  pays  >>. 

Le  mystère  a-t-il  chance  d'être  éclairci  .^ 

J.  Lt. 

L'ingénieur  Daudet  (T.  G.,  262; 
L.  115).  —  Voir  Intermédiaire^  XV, 
389,443,  500,  532.  '<  Le  chevalier  Dau- 
det, ingénieur  géographe  ». 

A.  S..  E, 

Mademoiselle  de  Fontaines  (L, 
115).  —  Je  ne  connais  qu'une  comtesse 
de  Fontaines,  fille  du  marquis  de  Givry, 
commandant  de  Metz.  C'était  une  femme 
de  lettres  auteur  du  roman  La  comtesse  de 
Savoie  (Voltaire,  Epître  II,  1713,1,  X  édi- 
tion Garnier,  1877).  Elle  est  morte  le  8 
septembre  1730.3  70  ans.  1  lie  était  veuve 
de  Nicolas  de  Fontaines  maréchal  de 
camp.  Le  poète  Vergier  (1655-1720)  avait 
dédié  sa  fable  Les  Gorgones  (œuvres  de 
Vergier,  Londres,  Cazin  1780,  3  vol.  p. 
in-i2,  t.  I,  p.  (55)  aux  demoiselles  de  Gi- 
vry. Plus  récemment,  la  fable  Les  deux 
Rivales  (t.  I,  p.  84)  était  destinée  à  Mme 
et  à  Mlle  de  Fontaines  II  composa  encore 
pour  Mme  de  Fontaines  deux  petits  vaude- 
villes (t.  I,  p.  225  et  226). 

J'ignore  si  madame  de  Fontaines  dont 
je  viens  de  parler,  était  de  la  même 
famille  que  la  prieure  du  couvent  du 
Carmel  de  la  rue  Saint-Jacques,  dont 
Cousin    parle  avec  détail  dans  La  jetinesse 


de  madame  Je  Longneville. 


E.  M. 


Familles  de    Guyenne,    Gasco- 
gne   et     Languedoc  :    Armoiries 

(XLIX,  504,  645  ;  L,  2ô,  135).  —  Scor- 
biac  :  Ce  que  je  puis  affirmer  à  M.  le  vi- 
comte de  Bonald,  c'est  que  j'ai  connu, 
dans  l'armée  pontificale,  un  volontaire, 
originaire  de  Montauban,  qui  portait  le 
nom  de  Delbreil  de  Scorbiac. 

A.  S..  E. 

La  bosse  de   Victor  Hugo  (T.  G., 

389).  —  La  question  se  pose  à  nouveau 
dans  les  colonnes  de  la  Libre  Parole^du  1 1 
août  1904.  Dans  un  alerte  article  signé 
Billey,  on  cite  Henri  Heine  : 

En  un  mot,  tout,  chez  lui,  est  barbarie 
baroque, dissonance  criante  et  horrible  diffor" 
mité.  Quelqu'un  a  dit  du  génie  de  Victor 
Hugo  :  c'est  un  beau  bossu.  Ce  mot  est  plus 


N"   1049 


LMNTERMBDIAIRE 


247 


248 


celui 


un    homme    gratifié    d'une 


profond  que  ne  le    suppose  peut-être 
qui  l'a  inventé  . 

Le  chroniqueur  complète  cette  exclama- 
tion en  racontant  ce  que  Henri  Heine 
s'était  flatté  d'apprendre  de  Renduel  tou- 
chant cette  particularité  : 

Henri  Heine  '•aconta  comment,  se  trou- 
vant en  France, il  avoua  certaiii  jour  à  Eugène 
Renduel,  éditeur  de  Victor  Hugo,  son 
étonnement  —  étant  donné  l'opinion  qu'il 
s'était  faite  du  poète,  —  de  ne  pas  avoir 
trouvé  en  lui 
bosse. 

—  Oui,  murmura  par  distraction  M.  Ren- 
duel. On  ne  voit  pas  sa  difiormité. 

—  Comment  !  il  n'en  est  donc  pas  tout  à 
fait  exempt  ? 

—  Non, pas  tout  à  fait, réponditM. Renduel 
avec  embarras. 

Henri  Heine,  vous  le  pensez  bien,  ne  se 
tint  paspour  satisfait  d'une  pareille  réponse. 
Il  insista  et  finit  par  apprendre  de  M.  Ren- 
duel lui-même  qu'un  beau  matin  notre  édi- 
teur avait  surpris  Victor  Hugo  au  moment 
où  il  changeait  de  chemise  et  qu'alors  il 
avait  remarqué  un  vice  de  conformation 
dans  Tune  de  ses  hanches,  la  droite,  qui 
avançait  un  peu  trop,  comme  chez  les  per- 
sonnes dont  le  peuple  a  l'habitude  de  dire 
qu'elles  ont  une  bosse,  sans  qu'on  sache  où. 
Le  peuple, dans  sa  naïveté  sagace  nomme  ces 
gens  des  bossus  manques,  de  faux  bossus, 
de  même  qu'il  appelle  les  albinos  des  nè- 
gres blancs. 

A  la  question  déjà  posée  dans  nos  co 
lonnes  il  y  a  vingt  ans  —  et  qu'on  nous 
demande  de  poser  à  nouveau, il  n'a  pas  été 
fait  de  réponse.  On  s'en  est  tiré  par  un 
trait  d'esprit  que  nous  demandons  la  per- 
mission de  reproduire  (XVIII,  290)  : 

Est-il  bien  vrai  que  Hugo  soit  bossu  ? 

l*ar  deux  écrivains  on  l'a  su. 
Deux  écrivains  connus  dans  la  critique 
Heine  et  Charles  l'ont  dit  :  ça  parait  sans  réplique 
Cependant  maintes  et  maintes  fois 
Pour  constater  ce  défaut  d'harmonie 
J'ai  regardé  son  dos  et  pour  ma  part  je  crois 
Qu'il  a  tout  simplement  la  bosso  du  génie. 

C'est  une  boutade  :  ce  n'est  pas  une 
réponse  :  les  indiscrets.  paraît-iL  ne  s'en 
contentent  pas. 

Le  Noir,  lieutenant  cTe  la  police 

(XLVII  ;  XLVIII).  —  A  citer  le  portrait 
in-folio  de  Le  Noir  par  Courteille,  gravé 
en  manière  de  crayon,  et  à  la  sanguine, 
avec  la  devise  suivante  due  à  Vigée  : 

Magistrat  éclairé,  bienfaisant,  équitable, 


Le  crime  à  son  aspect  demeure  confondu;       morino.    Après    la    guerre,    il    revint  en 


Mais  si  son  œil  actif  veille  sur  le  coupable, 
11  veille  aussi  sur  la  vertu. 

Sus, 

Famille  de  la  Marinière  et  le  Ma- 
rinier (XL,  =56,  196).  — Je  possède  un 
fragment  de  la  filiation  des  Le  Marinier 
de  Canv  d'Âiippegaid,  de  Saint-Mars,  etc. 
pendant  le  xvi«  et  le  xvii^  siècle,  aussi 
bien  que  quelques  notes  isolées  sur  des 
personnages  de  cette  famille  qui  était  en- 
core représentée  en  1748.  L'on  trouve 
aussi  N.  le  Marinier  de  la  Jonquière,  qui 
fut  convoqué  aux  assemblées  électorales 
de  la  noblesse  du  bailliage  de  Neufchàtel, 
en  1789;  mais  je  ne  sais  pas  s'il  était  issu 
de  la  même  souche.  Si  le  Rév.  Ed'win 
Marriner  le  désire,  je  lui  communiquerai 
mes  notes. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Malgaigne  (XLIX.  783,  919  ;  L,  87). 
—  En  18Ô2, l'illustre  chirurgien  Malgaigne 
professait  encore  à  l'école  de  Paris,  avec 
un  brio  particulier  qui  donnait  à  son 
cours  une  caractéristique  spéciale  très 
goûtée  de  ses  nombreux  auditeurs  ;  tout 
en  parlant,  il  allait  et  venait,  son  «  bon- 
net grec  »  enfoncé  jusqu'aux  oreilles,  de- 
vant la  table  de  démonstrations  encom- 
brée d'instruments,  d'appareils,  de  plan- 
ches «  Firmin  »  trouvera  dans  plusieurs 
dictionnaires  biographiques  modernes,  les 
renseignements  dont  il  a  besofh  sur  Mal- 
gaigne et  son  œuvre. 

L'insurrection  polonaise  de  1830-31, 
suscita  en  France  un  mouvement  géné- 
reux, qui  se  manifesta,  en  particulier,  très 
intense  parmi  le  monde  médical  jeune  ; 
beaucoup  de  médecins, au  sortir  de  l'école, 
partirent  pour  la  Pologne  ;  je  n'en  cite- 
rai que  deux  :  i"  Bellangé,  qui  a  long- 
temps exercé  dans  les  environs  de  Paris  ; 
il  sut  faire  sortir  son  nom  de  l'obscurité 
en  prenant  une  part  très  active  aux  vives 
discussions  relatives  à  l'hydrophobie. qu'il 
offrit,  dans  le  temps,  à  l'académie  de  mé- 
decine, de  se  faire  inoculer.  2°  Félix  Puray 
né  à  Clermont-Ferrand,  fils  d'un  officier 
de  gendarmerie  ;  nature  ardente  et  géné- 
reuse, lui  aussi  alla  en  Pologne  ;  son  intré- 
pidité dans  un  incendie  et  différents  com- 
bats lui  valut  la  «  croix  d'or  du  mérite 
militaire  >»  que  lui  décerna  le  Gouverne- 
ment, sur  la  proposition  du   général  Ra- 


DES  CHERCHIîURS  ET  CURIEUX 


20  Août  1904 . 


249 


!50 


France,  traversant  toute  l'Europe  sur   un  v  famille  du  marquis  de  Sieyès,   qui,   ainsi 

_j3f.".^    j-     r.-!  j     j_    ._^     c^  --     ' •    -  1-   j:*     „'„    _: J„ „, 


affût  de  canon,  par  un  froid  de  17°,  Sa 
santé,  déjà  ébranlée  par  la  guerre,  ne  put 
résister  à  cette  dernière  épreuve  ;  il  ren- 
tra épuisé  dans  sa  famille,  et  s'y  éteignit 
peu  après.  Je  suis  convaincu  qu'il  y  a  eu 
d'autres  praticiens,  rien  que  pour  le  Puy- 
de-Dôme,  qui  partirent  aussi  ;  mais  les 
années  ont  fait  disparaître, en  même  temps 
que  ces  héros,  les  documents  indispensa- 
ble pour  faire  revivre  leur  mémoire. 

D'H. 

Un  portrait  de  liiiipiimeui'  J.-J. 

Marcel  (L,  166).  — Je  possède  un  por- 
trait de  toute  rareté,  de  Jean-Joseph  Mar- 
cel, dont  il  sagit.  Il  a  été  peint  par 
Dutertre,  en  1834,  lithographie  par  A.  C. 
in-4°,  de  profil,  et  m'avait  été  donné  par 
sa  veuve.  Il  fait  partie  de  nia  collection, 
unique  en  son  genre',  de  personnages  nés  à 
Paris,  d'environ  5.000  portraits,  qui  m.é- 
riterait  de  n'être  jamais  dispersée  et  qui  a 
demandé  10  années  à  recueillir  avec  pa- 
tience. AmBROISE  T.A.RDIEU. 

Prononciation  du  nom  àa  Mon- 
taigne (L,  166).  —  Sainte-Beuve  pro- 
nonçait Montagne,  comme  Champagne, 
qui  s'écrivait  aussi  avec  un  i  (Philippe  de 
Champaigne).  C'est  le  même  cas,  et  la 
prononciation  naturelle  est  évidemment 
Montagne,  Champagne,  Espagne  (citée  en 

exemple  par  M.  H.  M.),  etc.  J.  T. 

* 

*  * 
Voir  Dictionnaire  des  proverbes  français 

publié  à  Amsterdam,  chez  P.  Walsîcin,  en 

1751. 

Je  copie  textuellement  :  «  Prelater. 
Prendre  l'air  grave  et  majestueux  d'un 
prélat  ;  Montagne  s' tst  servi  de  ce  terme  » 

Si  en  1751  on  pouvait  imprimer  Monta- 
gne pour  Montaigne,  c'est  qu'évidemment 
la  prononciation  laissait  l'i  de  côté. 

Littré  donne  ainsi  l'étymologie  du  verbe 
réfléchi  «  se  prélasser  »>. 

La  formation  régulière  serait  celle  de 
Montaigne  :  se  prelater,  mais  elle  n'est  pas 
usitée.  Doctus  cu.vi  i.ibro. 

Sieyès.  Ortliograplie  de  ce  r/oni, 
sa  prononciation  (T.  G..  839  ; 
XLVil).  —  Le  D^  B.  nous  dit  qu'il  a  eu 
pour  camarade  de  collège  de  Sieyès,  qui 
se  prononçait  com.me  liesse.  Il  s'agirait, 
probablement,  ici,    d'un   membre    de  la 


que  ce  dernier  le  dit,  n'a  rien  de  commun 
avec  celle  du  célèbre  abbé.  Le  rapproche- 
ment établi  par  le  D""  B.  n'a  donc  de  valeur 
que  pour  confirmation  de  la  prononciation 
du  nom  de?^  de    Sieyès,  avec   la  particule. 

En  ce  qui  me  concerne,  j'ai  été  cama- 
rade de  collège, à  Vaugirard.de  M.  Sieyès, 
arrière-neveu  du  consul  de  ce  nom,  le 
même,  vraisemblablement,  qui  est  mort 
chef  d'escadrons  de  cavalerie.  Nous  l'apr 
pelions  Séyès. 

Notre  érudit  collègue,  M.  Germain 
Bapst,  qui,  autant  qu'il  m'en  souvient, 
fut  aussi  son  camarade  de  classe,  pour- 
rait peut-être  historiquement  et  par  sou- 
venir personnel,  élucider  définitivement 
ce  point  de  controverse.  L.  A. 

Fàmillri  Pandevani  de  Sully  (L, 

166).  —  Il  doit  y  avoir  là  une  erreur 
orthographique  et  il  faut  lire  sans  doute 
Pandevant  ou  plutôt  Pandevan,  je   crois. 

La  famille'Pandevan  a  été  très  honorable- 
ment connue   à  Sully-sur-Loire  (Loiret), 

Le  père,  notaire  à  Sully,  est  mort,  il  y 
a  quelques  années  ;  le  fils,  Pierre  Pande- 
van, ancien  sous-préfet  à  Montargis,  est 
actuellement  receveur  particulier  des 
finances  à  Gien  (  Loiret). 

C'est  lui  qui  pourrait  le  mieux  donner 
des  renseignements  sur  sa  famille.     W. 

Le  comte  de  Tilly  (XLIX,  217,  306, 
419).  —  Le  chevalier  Jacques  de  Tilly, 
garde  du  corps  du  roi,  dans  la  compagnie 
de  Villeroy,  épousa,  le  22  mai  1760,  au 
Mans, en  l'église  de  Saint-Pierre-le-Réitéré, 
Anne  Suzanne-Madeleine  Le  Bourdais  de 
Chamillé,  fille  de  François-Louis  Le  Bour- 
dais de  Chamillé,  conseiller  au  siège  pré-^ 
sidial  du  Mans,  et  de  Suzanne  Esnault 
d'Asseiines. 

Son  fils,  Jacques-Pierre  de  Tilly,  naquit 
au  Mans,  paroisse  du  Crucifix,  le  7  août 
1761.  Sa  mère  mourut  neuf  jours  après  et 
fut  inhumée,  le  17  août,  dans  l'église  de 
Saint-Pierre-le-Réitéré. 

Voici  ce  que  dit  dans  ses  Mémoires  sur 
i  ces  Tillv,  le  chanoine  de  la  Marconillère, 
au  3  avril  1785  : 

«  Madame  de  Ch.^ssilly  a  un  petit-fils 
qu'on  appelle  M.  de  Tilly,  âgé  de  24  ans, 
qui  est  un  fou.  lequel  a  déjà  été  enfermé 
pour  dettes  et  l'est  encore  ;  il  va  en  sor- 
tir  


N*   1049 


L'INTKRMEDIAIRB 


251 


2Î2 


«  Son  père,  iM.  de  Tilly,  qui  est  veuf,  et 
est  sénéchal  de  Beaumont-le-Vicomte, 
dont  il  a  mérité  d'être  chassé,  ne  vaut 
pas  mieux  que  lui  et  encore  moins  ». 

Mémoires  de  René-Pierre  Nepveu  de  la 
Marconi  Hère,  publiés  par  l'abbé  G.  Es- 
nault.  Le  Mans.  Pellechat,  éditeur,    1878, 

2  volumes  in-8",tome  II,  page  113. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'or  à 

3  roseaux  de  sinople  (L,  168).  — 
Cet  ex-libris  est  celui  de  Ruau  du  Tron- 
chet  (Bordeaux). 

S.^FFROY. 

Ecusson  à  déterminer  (L,  118),  — 
Il  me  semble  que  c'est  dans  la  famille 
Bret  OU  le  Bret,  originaire  du  Beauvois  et 
par  conséquent  de  l'évêché  d'Autun,  qu'il 
faille  chercher  le  propriétaire  de  ces  ar- 
moiries. On  trouve  dans  \'  Armoriai  géné- 
ral de  1696  : 

1*  Jean-Baptiste  Bret,  procureur  au  par- 
lement de  Dijon  :  d'azur,  à  la  fasce  bastil- 
lée,  accompagnée  en  chef  de  deux  étoiles  et 
en  pointe  d'un  croissant,  le  tout  d'or. 

20  Louis  le  Bret,  notaire  et  procureur  au 
bailliage  de  Beaune  :  d'a\iir,  à  la  fasce 
d'or,  accompagnée  en  chef  d'une  rose  du 
même  entre  deux  étoiles  d'argent,  et  en 
pointe  d'une  aigle  essorante  du  second. 

La  combinaison  de  ces  pièces  et  meu- 
bles par  un  membre  de  cette  famille, a  pu 
donner  naissance  à  l'écusson  demandé. 

^  P.   LEj. 

Singulières  armoiries  papales(L. 

168). — Ces«  \ioXs{vnlgo  cruchesj»  portent 
en  héraldique,  le  nom  de  pignates.  Les 
armoiries  du  pape  Innocent  XII,  de  la  fa- 
mille princière  de  Pignatelli,  au  ro3aume 
de  Naples,  sont  rf'or,  à  trois  pignates  de 
sable,  les  deux  du  chef  affrontés.  Armes 
parlantes. 

En  italien  ^/"^-M^f/o,  n.  m.  signifie  pot  ; 
pignatta,  n.  f.  cruche.  A.  S.,  e. 

Quos  vult  perdere  Jupiter  de- 
mentat(T.  G.,  745  ;  XLIX,  564,  707  ; 
L,  147).  — On  est  parvenu,  en  déplaçant 
les  mots,  à  faire  un  vers  iambique  de  ces 
paroles. 

Mais  le  vers  n'y  est-il  pas  dans  cet 
ordre  même,  si  l'on  redouble  simplement 
ja  consonne  p  dejuppiter,  rendant  ainsi  la 


syllabe  longue,    licence   que    se   permet- 
taient les  latins  ? 

Chez  nos  érudits,  qu'en  croit-on  .? 

C.  P.V. 

Conversation  du  P.  Canaye  et  du 
maréchal  dHocquincourt  (XLl;  L, 
200).  —  le  l'avais, moi  aussi,  toujours  crue 
de  Saint-Evremond,  et  le  fait  est  qu'elle  lui 
est  attribuée  dans  toutes  les  éditions  de  ses 
œuvres  qui  m'ont  passé  par  les  mains  : 
celles  de  Des  Maizeaux,  de  Techener,  de 
Merlet  et  de  Gidel. 

Aussi  n'est-ce  pas  sans  surprise  que  je 
lus,  un  jour,  dans  la  Séimc  de  Meilhan  de 
M.  de  Lescure,  (Poulet-Malassis,  1862,  p. 
169,  en  note),  le  passage  suivant  : 

La  charmante  Conversation  du  P.  Cunaye 
et  du  maréchal  d'Hocquincourt,  est  de  M. 
de  Charleval  ;  et  le  président  de  Ris,  son 
parent,  ne  l'avouait  pas,  parce  qu'il  n'était 
pas  convenable,  disait-il,  à  un  homme  de 
condition  d'être  auteur.,. 

En  poursuivant, à  ce  sujet,  mes  recherches, 
je  trouvai,  dans  le  «  Siècle  de  Louis  XIV,de 
V0ltaire3.au  chapitre  les  «  Ecrivainsfrançais» 
la  même  opinion,  qui  fut,  vraisemblable- 
ment, le  point  de  départ  de  la  note  de 
Sénac  de  Meilhan. 

«  La  fameuse  Conversation  du  maréchal 
d'Hocquincourt  et  du  P.  Canaye,  imprimée 
dans  les  œuvres  de  Saint-Evremont,dit  Vol- 
taire, est  de  Charleval.  jusqu'à  la  petite  dis- 
sertation sur  le  jansénisme  et  le  molinisme, 
que  Saint-Evremond  y  a  ajoutée. Le  style  de 
cette  fin  est  très  différent  de  celui  du  com- 
mencement... » 

(Ed.  Beuchot,  t.  iq,  p.  79). 

L'auteur  de  l'art.  Charleval,  dans  la 
Biooraphiegcnérale  du  D"-  Hœfer,  (t.  9,  col. 
938)  est  du  même  sentiment. 

En  revanche,  Vapereau  (Dictionnaire 
ïuiiversel  des  Htt  é  rat  mes,  SiU  moi  Charleval 
p.  433),  est  d'un  avis  contraire,  et  déclare 
nettement  que  c'est  à  tort  que  la  conver- 
sation dont  il  s'agit  a  été  attribuée  à  Char- 
leval. 

On  ne  sait  ainsi  à  qui  entendre,  et, 
quoiqu'il  ne  soit  pas  question  de  gram- 
mairiens, c'est  le  cas  de  répéter  :  «  Adhuc 
sub  judice  lis  est  ». 

L.  DE  Leiris.. 


*  ♦ 


C'est  par  erreur  que  j'ai  donné  ce 
fameux  dialogue  à  Charleval,  aussi  ai-je 
rectifié  cette  attribution  dans  le  t.  III 
de  ma  Bibliographie  des    recueils  coUec- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Août  1904 . 


253 


254 


tits  de  poésies  (qui  paraîtra  à  la  fin  de 
cette  année,  1904).  en  le  rendant,  d'après 
M.  Charles  Giraud,  à  Saint-Evremond. 

Lach. 

Recueil  de  Corona  (L,  170).  —Je 
crois  avoir  donné  à  peu  près  tout  ce  qu'on 
sait  sur  Corona  et  son  œuvre  dans  une 
étude  publiée  jadis  à  la  Nouvelle  Revue ^  et 
reproduit  à  la  tin  de  mon  livre  Nnplcs  con- 
temporaine. Du  moins  tout  ce  que  l'on  sa- 
vait il  y  a  douze  ou  quinze  ans. 

Marcellin  Pellet. 

Chanson  de  Nadaud  :  «  les  Deux 
Gendarmes  »  (XXXVll  ;  XLIX,  996,  L, 
90,  144).  —  Voici  un  extrait  qui  me 
parait  résoudre  la  question  de  la  rencon- 
tre du  chansonnier  avec  Napoléon  111. 

En  1854,  \t  Musée  des  Familles,  recueil 
alors  très  estimé,  publia,  sous  la  rubri- 
que L'art  et  les  artistes  contemporains.  Gus- 
iave-Nadaud,  —  une  étude  signée  Pitre- 
Chevalier,  dans  laquelle  je  copie  les  deux 
citations  suivantes. 

Après  avoir,  page  87,  reproduit  la 
chanson  de  Pandore,  l'auteur  ajoute  : 

Vous  riez,  ami  lecteur  ?  Q_ue  serait-ce  donc 
si  vous  entendiez  Nadaud  chanter  ces  cou- 
plets avec  sa  verve,  sa  bonhomie,  sa  malice, 
ses  hésitations  et  ses  poses,  son  chic  troupier 
et  son  accent  alsacien.  C'est  littéralement  à 
se  tordre  les  côtes.  L'Empereur  lui-même  a 
perdu  son  inébranlable  sang-froid  en  écoutant 
Pandore  l'hiver  dernier,  chez  la  princesse 
Mathilde. 

Et  plus  loin  : 

Lorsque,  s'élevant  de  la  romance  à  la  par- 
tition, Nadaud  créa,  l'an  dernier,  l'opéra  de 
salon,  par  le  petit    chef-d'œuvre  du  Docteur 

Vieux  Temps la  princesse  Mathilde  fit 

une  surprise  vraiment  royale  à  l'auteur.  Elle 
réclama  sa  pièce  et  sa  troupe  pour  un  petit 
comité  --  et  ce  petit  comité  se  composa  de 
l'Empereur,  de  la  Cour,  des  ministres,  de 
toutes  les  grandeurs  et  de  toutes  les  beau- 
tés du  jour.  Nadaud  gagna  cette  ba- 
taille d'Austerlitz  avec  l'arme  qui  est  son 
infaillible  talisman,  avec  sa  simplicité  char- 
mante et  son  inaltérable  modestie.  C'est  là 
que  Pandore  triompha  de  l'impassibilité  na- 
poléonienne, —  et  qu'un  illustre  général 
s'écria  en  l'applaudissant  :  —  Pourquoi  in- 
terdire cette  chanson  dans  les  concerts?  Moi, 
je  la  mettrais  à  l'ordre  du  jour  de  l'armée, 
comme  haute  leçon  d'obéissance  passive  1  — 
Excellent  général  ! 

Je  viens  de  parcourir  les  numéros  pos- 


térieurs du  Musée  des  Familles.^  ainsi  que 
des  revues  et  journaux  de  cette  époque 
lointaine  et  je  n'ai  lu  nulle  part  que  Na- 
daud ait  jamais  protesté  contre  les  affir- 
mations topiques  de  Pitre-Chevalier. 

A.  S  .E. 

Mémoires  de  Sanson  et  Mémoires 
des  Sanson  (T.  G.,  820).  —  Puisque 
V Intermédiaire  nous  donne  les  épitaphes 
des  Sanson,  pourrait-il  nous  dire  quels 
sont  les  auteurs  qui  collaborèrent  aux  A/^- 
;;7o/r^5  du  bourreau,  publiés  par  Dupray 
de  la  Maherie  ?  Eco . 


La  question  a  été  posée, tomes  V, VI, XV, 
et  n'a  pas  été  résolue. 

Dans  son  livre  La  Guillotine  pendant  la 
révolution  (Perrin,  1893),  M.  G.  Lenôtre 
a  consacré,  chap.  111,  une  étude  à  ces  Mé- 
moires. 

Ceux  de  1829,  attribués  à  Sanson,  en 
réalité  de  Lhéritier  (de  Caeny,  spécula- 
tion de  libraire  à  laquelle  Balzac  prit  part, 
pour  certains  chapitres  et  l'introduction. 

Sept  générations  d'exécuteurs,  parus  en 
1863,  furent  une  entreprise  de  Dupray  de 
la  Maherie,  imprimeur.  L'idée  du  livré 
appartiendrait  à  un  nommé  d'Olbreuse, 
qui  écrivit  les  trois  ou  quatre  premiers 
chapitres.  Sanson, qui  reçut  pour  sa  parti- 
cipation 30.000  francs,  ne  prêta  aucun 
concours  sérieux  et  ne  donna  aucun  docu- 
ment :  il  se  borna  à  fournir  une  généalo- 
gie des  Sanson  réputée  suspecte. 

Voilà  donc,  dit  M.  Lenôtre,  nos  biogra- 
phes rejetés  en  plein  roman.  Il  leur  fallut 
trouver  le  romancier.  Celui-ci  exigea  une 
somme  assez  forte  pour  prix  de  son  imagina- 
tion, et  encore  mit-il  à  son  concours  cette 
condition  qu'il  n'écrirait  pas  le  sixième  vo- 
lume. Ce  sixième  volume  devait  contenir  les 
faits  et  gestes  du  dernier  des  Sanson  et  notre 
écrivain  ne  se  souciait  guère  d'être  obligé  d'en- 
trer en  relations  directes  avec  l'ancien  bour- 
reau. Après  trois  mois  de  pourparlers,  on  finit 
par  s'entendre.  Le  romancier  livra  le  «  ma- 
nuscrit de  Charles-Henry  Sanson  ». 

Mais  si  M.  Lenôtre  ajoute  que  ce  ro- 
mancier reçut  12.590  fr.,  il  ne  le  nomme 
pas.  Est-ce  discrétion  ?  ou  l'ignore-t-il  ? 

Y. 

Quatremère  d'Isjouvaletles  arai- 
gnées (L,   4,    155).  —  L'aranéologie   a 
1  déjà  fait  l'objet  d'une   communication  à 


N« 


10  49 


L'iNTERMHLiiAlKE 


■-)~> 


256 


Vlntcftnédiûne  en  iSBî,  sous  le  titre:  Les 
Avàignces  et  la  coiiquclc  de  la  Hollande. 

Sus. 

Editeurs  ignorés  (L,  i  \).  —  Ma- 
dame Adam  a  publié  la  traduction  du 
roman  anglais  «  As  in  a  looking  glass  >" 
(Comme  dans  un  miroir)  par  F.C.  Philips 
dans  la  Noirvi'llc  Revue  et  en  voUmie. 

A.   DE  DOERR, 

Réponse  à  retrouver  de  George 
Sand  (XLVIII,  616).  —  Venant  enfin  de 
découvrir  le  mot  de  cette  énigme,  je  ré- 
ponds moi-même  à  ma  question. 

Il  ne  s'agit  ni  à." Elle  et  Lui.,  ni  de 
Malgrctoiti,  mais  bien  de  l'Autre^  ia 
pièce  de  George  Sand  représentée  à  l'O- 
déon  le  215  février  1870.  Dans  la  Préface 
de  l'ouvrage,  l'auteur  protesta  contre 
certaines  interprétations  dont  son  œu- 
vre avait  été  l'objet.  Datée  du  5  mars 
1870,  cette  préface  parut  d'abord  dans 
VEiitr'acte  du  8,  où  Mme  Arnould  Plessy, 
—  certainement  abonnée  à  ce  journal  des 
théâtres,  —  dut  la  lire  aussitôt,  et  écrire 
le  jour  même  à  George  Sand  le  billet  dont 
nous  avons  donné    un  extrait  dans  notre 

question.  SPŒLBERCH-L0VE?<iJ0UL. 

XTne  phrase  imprudente  do  Re- 
nan (XLIX,  9t5  ;  L,  89).  —  La  réponse 
donnée  dans  le  n°  du  20  juillet  est 
parfaitement  exacte  au  fond,  mais  un  peu 
incomplète. 

Permettez-moi  de  vous  donner  le  texte 
même  de  la  phrase  incriminée,  tel  qu'il 
se  trouve  dans  le  discours  prononcé  au 
Collège  de  France,  par  Ernest  Renan,  le 
21  février  1862.  (Voir  Mr langes  d'histoire 
et  (le  voyages.^  p.  18). 

Au  milieu  de  l'énorme   fermentation 

où  la  nation  juive  se  trouva  plongée  sous  les 
derniers  Asmonéens,  l'événement  moral  le 
plus  extraordinaire  dont  l'histoire  ait  gardé  le 
souvenir,  se  passa  en  Galilée.  Un  homme 
incomparable  —  si  grand  que, bien  qu'ici  tout 
doive  être  jugé  au  point  de  vue  de  la  Science 
positive,  je  ne  voudrais  pas  contredire  ceux 
qui,  frappés  du  caractère  exceptionnel  de  son 
œuvre,  l'appellent  Dieu,  —  opéra  une  réforme 
du  judaïsme,  réforme  si  profonde,  si  indivi- 
duelle, que  ce  fut,  à  vrai  dire,  une  création 
de  toutes  pièces.. . . 

Là  phrase  dont  il  s'agit  commence  à 
Un  /fùmuie  incoviparabde. j'ai  donné  ce  qui 
p'r'^è'de  p*d\ir  plus  db  clarté.      Ch.  Rr. 


Un  roman  d'Rugèao  ï^ue  (L,  116, 
199).  —  Ce  doit  être  Arahian  Godolbbin. 

Rosa  Bonheur  a  trouvé  dans  ce  livre  un 
sujet  de  tableau  :  un  combat  de  deux  pur 
sang  que  j'ai  s'u  dans  son  attelier  à  By. 

Ego, 

j'ai  lu  autrefois  ce  roman  dont  le  nom, 
si  mes  souvenirs  sont  exacts,  serait 
Arabian  Godolphin.  et  il  s'agit  bien  de 
l'histoire  romanesque  du  célèbre  étalon 
Godolphin,  considéré  comme  le  père  de 
la  race  chevaline  anglaise. 

*  * 
|e  me  permets  de  faire  remarquera  M.}. 

Brivois  que  dans  le  titre  donné  par  lui,  il 
doit  être  fait  une  réunion  de  trois  nou- 
velles distinctes  ;  il  faudrait  donc  rempla- 
cer les  virgules  par  des  points. 

H.  CM. 
* 

Le  titre  de  ce  roman  est  :  Deleytar,  et 
Q.x\  soi\s-W\.v<i  :  Arahian  Godolphin.,  Kar- 
diki. 

L'édition  que  j'ai  sous  les  yeux  (format 
dit  Cazin)  a  été  donnée  à  Paris  en  1846, 
par  Paulin,  60  rue  Richelieu,  Dans  l'édi- 
tion des  œuvres  complètes  d'Eugène  Sue,  ce 
même  ouvrage  comprendrait  deux  volu- 
mes in-S". 

Il  contient  l'histoire  dramatique  et  in- 
téressante du  célèbrecheval, appelé  Scham, 
connu  plus  tard  sous  le  nom  d'Arabian 
Godolphin,  l'un  des  huit  chevaux  barbes 
envoyés  en  hommage  au  roi  Louis  XV, 
par  le  bey  de  Tunis  en  1751.  Cet  étalon, 
retrouvé  à  Paris,  à  demi-assomme  par 
un  brutal  charretier,  fut  recueilli  dans  le 
haras  de  lord  Godolphin,  et  y  devînt  la 
souche  de  la  race  anglaise  des  chevaux 
de  course.  Cz. 

Bacbaumont,  pseudonyme  (L, 
1 16).  —  Gérard  a  laissé  aussi  des  romans, 
écrits  en  collaboration  avec  Léon  Duche- 
min,  Rolande  entre  autres,  où  il  y  a  du 
talent  et  de  la  vie,  c'est  un  livre  à  clef.  Il 
avait  fondé  la  Nouvelle  Revue  de  Paris. 

Ego. 

Une  cote  (XLIX, 56).  -~  Ma  requête  à 
propos  de  Valpy  est  restée  sans  réponse  ; 
faut-il  conclure  que  le  Clasu'cal  Journal  hy 
A.-Jolin  Valpy  (1810-1829)  ne  se  ren- 
contre pas  dans  les  collections  publiques 
de  Paris  ?TQirelle  laïTlini?  re'grettabTe . . .  La 


DÈS  CHlillCliEURS  I-ï  CURIBUX 


20  Août  1^)0 i 


257 


258    - 


question  semble  donc  relever  de  l'entente 
cordiale,  et  c'est  en  toute  confiance  que  je 
la  soumets  à  M.  d'Estournelle  de  Cons- 
tans.  JACQ.UES  Saintix. 

Savovard,  Savoisien,  Savoyen 
(XLIX,  90  ;  L,  97,  177).  —  L'ins- 
pecteur de  l'Académie  de  Chambéry, 
M.  de  Haillecourt,  demanda  en  1870, 
à  l'Académie  de  Savoie  de  quel  nom  il  con- 
viait d'appeler  les  populations  de  la  Savoie  ? 
M.  L.  Pillet,  rapporteur  de  la  commission 
(composée  de  MM.  de  Jussieu,  Guilland 
et  Pillet).  se  basant  sur  l'ancienne  disser- 


Selon  liii,  les  Savoyards  étaient  les  mon- 
treurs de  singes,  d'oilrs  de  marniottes,  les 
joueurs  de  cornemuse,  etc.  Ainsi,  ce  fut 
pour  n'être  pas  assimilé  à  de  si  petites 
gens  que  Claude  de  Buttet  créa  ce  mot 
SAVOISIEN,  îfiot  plus  prétentieux  que 
grammatical^  car  malgré  l'usage  établi 
par  de  Buttet,  l'habitant  de  la  Savoie  doit. 
grammaticalement,  s'appeler  SAVOYARD, 
répétant  en  cela  l'avis  de  fvlillin. 

Le  mot  Savoyen  ou  Savoien,  lui,  parait 
avoir  tout  autant  de  valeur  que  celui  de 
Savoyard 

Guiraud,  Michelet,  Paul  de  Kock.  Hovc- 


tation  de  M    Raymond,  sur   l'autorité  de  i  lacque,  Amédée   Achard,  Francis  Wey  et 
Froissart,  de  Marot,  de  Joseph  de  Maistre,      les  écrivains  suisses     TopfiTer,     Hornung, 


du  Président  Favre,  du  Dictionnaire  de 
l'Académie  française  (1843),  sur  les  actes 
officiels  émanés  du  gouvernement  fran- 
çais et  même  du  gouvernement  sarde,  des 
historiens  modernes  Thiers  et  Henri  Mar- 
tin, etc,  conclut  à  la  conservation  du  ter- 
me SAVOISIEN,  déjà  adopté  en  1829. 

M.  Pillet  reconnaît  toutefois  que  le 
vocable  Savoyards,  été  également  préféré 
par  des  hommes  d'un  grand  savoir  : 
H.  Costa  de  Beauregard,  Léon  Menabrea 
et  d'autres, qui  ont  vu  peut-être  dans  cette 
forme  populaire  un  cachet  d'autonomie. 

On  peut  remarquer  aussi  que,  malgré 
la  prédilection  de  l'Académie  de  Savoie 
pour  SAVOISIEN,  quelques  membres  se 
sont  servis  du  terme  SAVOYARD  dans 
leurs  discours  de  réception  (MM.  Ch.  Buet, 
l'abbé  Morand,  par  exemple)  et  dans  leurs 


ouvrages. 


M.  de  Pastoret,  dans  ses  ouvrages  d'une 
fantaisie  assez  particulière,  se  sert  du  ter- 
me Savoyards,  mais  pour  désigner  les 
habitants  du  département  des  Hautes-Al- 
pes. 

M  André  Theuriet,  qui  a  habité  long- 
temps la  Savoie  et  qui  La  beaucoup  chan- 
tée, a  parlé  du  grand  étonnement  d'une 
dame  qui,  voyageant  en  Savoie,  se  plai- 
gnait de  n'avoir  pu  y  rencontrer  un  seul 
Petit  Savoyard. 

Claude  Genoux  fait  observer  que  les  Sa- 
voyards jouissaientdéjàd'une  grande  répu- 
tation de  probité  au  xvi*  siècle  et  que 
beaucoup  d'étrangers,  bohémiens  de  tous 
les  pays,  pour  se  faire  un  titre  de  recom- 
mandation, prirent  la  qualification  de 
Savoyard  ;  ce  que  voyant.  Marc  Claude 
de  Buttet  crut  devoir  changer  le  mot 
SA\'r)YARD,  pb-wr  eduî  de  èAWISlEN 


j    I 


Gaullieur,  etc,  nous  appelaient  6'rtvt>ria';j5. 

Le  baron  Raverat,  qui  a  parfaitement 
étudié  la  Savoie,  sous  tous  les  rapports, 
qui  a  surtout  fort  bien  apprécié  les  qualités 
et  les  défauts  de  nofre  caractère  national, 
préfère  le  nom  de  SAVOYARD, par  opposi- 
tion à  Savoisien  et  à  Savoien,  parce  qu'il 
rappelle  l'honneur  et  la  bravoure,  la  pro- 
bité, l'amour  du  travail,  les  mâles  vertus 
domestiques,  etc. 

Le  Di"  Bouvier,  dans  une  réunion  de 
botanistes  savoyards  et  autres, insistait  sur 
le  mot  SAVOYARD  ; 

Quelle  sottise  de  se  qualifier  de  Savoisien  ! 
11  me  semble  entendre  un  Aionsictir.,  parlant 
de  son  épouse^  on  un  paysan  de  ses  demoi- 
selles . 

Soyons  ce  que  nous  sommes.  On  peut  être 
Savoyard  et  en  être  fier,  etc,  etc. 

M.  H.  Semmig,  ancien  professeur  à 
Chambéry,  sans  parler  de  ses  préférences 
comme  nom,  fait  bonne  justice  de  la  lé- 
gende des  ramoneurs  et  des  marmottes  et 
il  renvoie,  comme  sources,  au  Cantal  et 
aux  Basses-Alpes,  ajoutant  :<.<  Lé  Français 
«  voyage  difficilement.  Comment  se  con- 
«  vaincrait-il  de  ses  erreurs  '■  v^ 

Raoul  Bravard,  dans  son  livre  :  Ces 
Savoyards.^  répond  aux  allégations  de  la 
presse,  en  général,  etdeM.Texier  en  par- 
ticulier.Qiioique  disanttoujours  Savoyard., 
il  se  sert,  en  passant,  de  l'expression  Sa- 
voisien : 

C'est  ma  propre  cause  que  je  défends  : 
ie  suis  un  peu  Savoisien  et  beaucoup  Auver- 
gnat. Nos  cliers  confrères  de  la  presse  ont 
peu  ménage  noire  pays  :  je  ne  les  accuse 
pas  d'intentions  malveillantes;  cette  manie 
d'abaisser  un  peuple  n'est  pas  nouvelle, 
elle  €5t  ordinairement  le  propre  des  éci'i~ 
vains  ^ui   rédigent   leurs    impYe»'ai(Dns  de 


N"   1049 


L'INTERMEDIAIRE 


259 


260 


voyage  dans  leur  cabinet   de  travail.     .     . 

Quant  aux  ramoneurs,  j'en  suis  vraiment 
désolé  pour  M.  Texier,  mais  la  Savoie  fait 
venir  ses  ramoneurs  de  l'Auvergne  et  je  les 
revendique. 

Le  marquis  A.  Costa  de  Beauregard  dit 
de  préférence  SAVOYARD.  Cependant, 
dans  son  discours  de  réception  à  l'Acadé- 
mie de  Savoie,  il  parle  «  des  livres  sortis 
des  premières  presses  savoisienncs  »  ;  mais 
ne  serait-ce  pas  par  condescendance  pour 
la  docte  compagnie  qui  a  adopté  cette 
dénomination  à  deux  reprises  (1829  et 
1870).^ 

Dans  l'Introduction  de  l'un  de  ses  ou- 
vrages sur  Charles-Albert,  il  nous  dit  : 

Chez  nous,  au  service  du  prince,  le 
franc-parler  a  toujours  égalé  le  dévoue- 
ment. Comme  Montluc,  avec  son  roi  Hen- 
ri IV,  le  c.  sur  la  selle,  on  était  Compa- 
gnons. 

Et  cela  aduré  800  ans,où  le  SAVOYARD 
a  rudement  besogné,  qu'il  eût  une  vérité  à 
dire  ou  un  coup  d'épée  à  recevoir. 

M.  Hervé,  lui  répondant  à  l'Académie 
française,  en  1897,  rappelle  que  Claude 
Favre  de  Vaugelas  n'était  pas  né  Français, 
mais  qu'il  Tétait  devenu  et  qu'il  put  donc 
occuper,  dès  la  fondation  de  cette  Acadé- 
mie, un  des  quarante  fauteuils  établis  par 
le  cardinal  de  Richelieu.  Personne,  ajou- 
te-t-il,  ne  connaissait  les  finesses  de  la 
langue  française  mieux  que  ce  SA- 
VOYARD. 

Après  les  finesses  de  la  langue  fran- 
çaise, voyons  un  peu  celles  des  Diction- 
naires : 

Le  Dictionnaire  de  l'Académie  (1843) 
donne  : 

SAVOISIEN.  Habitant  de  la  Savoie, 
qui  appartient  à  la  Savoie  ou  à  ses  habi- 
tants. 

SAVOYARD.  De  même,  et,  à  la  suite  : 
Savoyard  se  dit,  par  extension,  des  petits 
ramoneurs.  Savoyard  se  dit,  au  figuré, 
d'un  homme  mal  élevé.  En  général,  quand 
on  parle  des  habitants  de  la  Savoie,  on 
dit  m\t\x\  Savoisien. 

SAVOYEN. (Vieux  langage)  ;  il  s'estdit 
pour  Savoyard  ou  Savoisien.  Je  parlerai 
d'un  gentilhomme  Savoyen  (Saint-Etien- 
ne). 

La  7°  édition  (1878)  du  même  Diction- 
naire a  supprimé  le  mot  SAVOYEN  et  à 
la  définition  ordinaire  de  SAVOYARD, 
elle  ajoute  :  *<  On  dit  plus  ordinairement 


«  SAVOISIEN.  On  a  adopté  cette  dernière 
«  dénomination  parce  que  SAVOYARD  se 
«  prend,  dans  un  langage  très  familier, 
«  pour  homme  grossier  :  Oest  un  Savoyard, 
un  vrai  Savoyard,  quclSavovardl  » 

Le  Dictionnaire  de  Littré  : 

SAVOYARD,  i"  Habitant  de  la  Savoie. 
—  Il  fut  résolu  dans  une  assemblée  de 
plus  de  3.000  hommes  tous  armés  qu'on 
ne  les  appellerait  plusSAVOYARDS,mais 
SAVOISIENS  (Vaugelas). 

2"  — Il  se  dit  populairement  d'un  hom- 
me grossier:  C'est  un  Savoyard. 

30  _  SAVOYARDE,  sur  le  canal  de 
Lunel,  petite  barque  chargée  de  fumier. 

SAVOISIEN. Qiii  appartient  à  la  Savoie. 
«  Si  le  Soleil  luit  le  jour  delà  Chandeleur, 
Fours  rentre  pour  40  jours  dans  sa  tan- 
nière,  dit  un  proverbe  Savoisien.  »  —  Les 
Savoisiens,  les  habitants  de  la  Savoie. 

—  Etymologie  :  Mot  assez  mal  fait  de 
Savoie,  pour  éviter  Savoyard  qui  déplaît 
aux  gens  du  pays.  Bonivard  disait  mieux 
Savoyen. 

Le  Dictionnaire  de  Larousse  : 
SAVOYARD.  Définition  ordinaire,  puis 
Ex  :  Un  Savoyard,  les  mœurs  savoyar- 
des. —  Il  se  pourrait  à  toute  force  que  le 
goût  des  Savoyards  ne  fût  pas  celui  des 
Parisiens. (Voltaire).  Près  de  trente  mille 
Savoyards  émigrent,  etc. 

—  Par  extension  :  Fumiste,  ramoneur; 
la  Savoie  fournissant  un  grand  nombre 
d'hommes  et  d'enfants  qui  exercent  cet 
état. 

—  Par  dénigrement  :  Personne  sale  ou 
mal  élevée  :  Quel  Savoyard  !  Tu  manges 
comme  une  Savoyarde. 

—  Technologie  :  Contre-poids  suspen- 
du à  l'une  des  extrémités  du  rouleau  sur 
lequel  est  monté  le  poil  des  velours  fri- 
sés et  des  velours  coupés.  —  Barque  sur 
le  canal  de  Lunel  (comme  Littré). 

SAVOISIEN.  Habitant,  etc.  —  Les  Sa- 
voisiens, la  population  Savoisienne.  Les 
habitants  de  Genève  chassèrent  les  Sa- 
voisiens. (Voltaire).  On  dit  aussi  Savo- 
yaid.  Mais  à  cette  dernière  forme  est  atta- 
ché aujourd'hui  un  sens  de  dénigrement 
qui  lui  fait  préférer  la  première. 

[On  remarquera  que  Voltaire  emploie 
les  deux  vocables.] 

Les  Dictionnaires  de  Boiste  et  de  Na- 
poléon Landais  donnent  des  définitions 
qui  se  répètent  : 

SAVOISIEN  diffère  de  Savoyard  qui  ne 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Août  1904* 


261 


262 


se  dit  que  des  enfants  venus  de  ce  pays. 

SAVOYARD.  Etyinol.  :  Sabandus,  de 
Savoie,  (terme  de  mépris)  :  homme  sale, 
grossier  et  brutal. 

Et  encore,  voyons  aussi  les  finesses  des 
Dictionnaires  étrangers.  Le  Dictionnaire 
dlemand  français  de  Mozin  -  Peschier 
(Stuttgart,  1863.  tome  IV.  Geographisches 
yeiieicJmiss,  p.  1388)  accompagne  le 
mot  Savoisien  de  la  mention  -  ironique 
—  (entre  parenthèses),  c'est-à-dire  tout  an 
rebours  des  dictionnaires  français,  qui  attri- 
buent cette  mention  au  mot  Savoyard. 

J'avoue  qu'à  cette  constatation,  à  cette 
/évélation,  survenue  au  cours  de  cette 
étude,  j'ai  posé  le  livre  et,  pour  ce  que  le 
rire  est  le  propre  de  l'homme.^  je  me  suis  hâté 
d'en  rire.,  ne  pouvant  en  pleurer  :  SA- 
VOYARD, ironique  sur  la  rive  gauche, 
SAVOISIEN,  ironique  sur  la  rive  droite 
du  Rhin.  Où  est  la  vérité  .?  J'avais  donc 
raison  de  dire  au  début  de  ce  travail  qu'il 
était  une  petite  tour  de  Bibel. 

Pour  être  complet,  je  dirai  que  les  An- 
glais nous  appellent  SAVOYARD  ;  les 
Allemands  SAVOIER  et  SAVOYARD  ;  les 
Italiens,  SAVOYARDO  ;  et  autrefois  Sa- 
voiano.,  Savoino  et  même  Savoïncho.  Délia 
Chiesa  a  dit  aussi  Saviardo  ;  les  Espa- 
gnols :  SABOYANO  ;  avec  la  mention, 
au  figuré  :  grosero,  piierco,  brutal  que  ca- 
rece  de  toda  iiea  de  civili^acion,  que  je 
laisse  à  dessein  dans  la  langue  de  Cervan- 
tes. Et  cependant  les  Espagnols  conser- 
vent 'încore  le  souvenir  de  la  Saboyana 
(Marie-Louise-Gabrielle  de  Savoie,  pre- 
mière femme  de  Philippe  V). 

CONCLUSION.  —  SAVOYEN  serait 
le  mot  rationnel,  d'après  la  philologie  et 
la  grammaire,  mais  il  est  archaïque,  su- 
ranné. Il  a  été  peu  employé.  On  peut  dou- 
ter de  son  emploi  futur. 

SAVOISIEN.  En  dehors  des  exceptions 
de  convention  ou  de  tolérance  d'usage, 
on  peut  dire  que  le  mot  Savoisien  est  au- 
jourd'hui prétentieux,  le  plus  souvent 
accompagné  d'un  air  de  condescendance 
protectrice,  de  commisération  familière, 
d'indulgence  banale,  comique  ou  déplai- 
sant. C  est  le  mot  du  Monsieur,  avec  sa 
dame  et  ses  demoiselles,  dont  parle  le 
D""  Bouvier.  C'est  le  mot  de  Joseph  Pru- 
dhomme,  de  Jérôme  Paturot,  de  Gaudis- 
sart,  du  parvenu.  C'est  le  mot  de  l'Admi- 
nistration française,  style  Louis-Philippe 


ou  second  Empire,  spencer  ou  crinoline^ 
dont  les  suppôts  demandaient  una  buona 
caméra^  dans  la  Savoie  de  1860. 

M.  Pascalein  a  dit  très  justement  : 
«  SAVOISIEN  est  employé  par  beaucoup 
de  personnes  auxquelles  le  mot  SAVO- 
YARD n'agrée  point. Elles  n'appartiennent 
pas  toutes  à  la  Savoie,  ni,  comme  on  pour 
rait  le  croire,  aux  classesélevées  de  la 
société,  du   moins  aujourd'  hui.  » 

Les  mots,  comme  les  choses,  ont  leur 
temps.  Malgré  la  consécration  de  l'Aca- 
démie de  Savoie,  en  1829  et  en  1870,  je 
crois  que  le  vocable  SAVOISIEN  a  fait 
son  temps. 

SAVOYARD  est  le  terme  populaire 
dans  le  bon  sens  du  mot.  11  est  national, 
mâle,  historique,  et  il  rappelle  tout  ce 
qui  a  fait  mériter  à  notre  nation  l'estime 
et  la  considération  dont  elle  jouit,  dans 
le  monde  éclairé. 

Les  Savoyards  ont,  les  premiers,  écrit 
le  français  avec  quelque  netteté  (CL  de 
Seyssel)  ;  ils  ont  introduit  l'imprimerie 
en  France  (G.  Fichet)  ;  ils  ont  fondé  la  pre- 
mière Académie  trente  ans  avant  l'Acadé- 
mie française  (Académie  Florimontane 
(1606),  saint  François  de  Sales  et  le  pré- 
sident Favre)  ;  ils  ont  donné  à  la  langue 
française  son  premier  législateur  (Vauge- 
las)  ;  ils  ont  créé  la  chimie  avec  Berthollet  ; 
la  médecine  légale  avec  Fodéré  ;  la  méde- 
cine aliéniste  moderne  avec  Daquin  ;  ^  ils 
peuvent  revendiquer,  comme  originaire, 
le  créateur  de  la  géométrie  descriptive  et 
le  principal  fondateur  de  l'Ecole  poly- 
technique (Monge).  Le  cadastre  auquel 
travaillait  J.-J.  Rousseau,  et  le  premier 
essai  de  timbres-poste  (1818)  viennent 
du  régime  sarde.  Les  tunnels  du  Mont- 
Cenis  et  du  Saint-Gothard  ont  été  percés 
par  des  Savoyards  :  Sommeiller  et  Favre 
(ce  dernier  originsire). 

Je  ne  parle  que  des  esprits  créateurs  et 
des  choses  nouvelles  et  je  renvoie  à  l'ou- 
vrage de  Jules-Philippe,  où  l'on  trouvera 
une  liste  de  noms  comme  aucune  province 
de  France  ne  peut  en  montrer  :  saint  Ber- 
nard de  Menthon,  saint  François  de  Sales, 
le  cardinal  de  Brogny,  le  cardinal  Gerdil, 
le  prince  Eugène  de  Savoie,  Saint-Réal, 
Duas,les  de  Maistre,Tochon,les  Michaud, 
les  astronomes  Bouvard  et  NicoUet,  quinze 
généraux  de  la  Révolution  et  de  l'Empire, 
et  toute  une  légion  de  savants,  de  littéra- 
teurs et  d'esprits  supérieurs. 


N'  10494 


L'INTERMÉDIAIRE 


263 


264 


Ce  petit  peuple,  si  intellectuel^  comme 
le  disait  déjà  Lamartine,  le  chantre  de  ses 
lacs  ;  ce  petit  peuple,  un  des  premiers 
pour  l'instruction  et  qui  a  rempli  le  monde 
d'éducateurs  ;  ce  petit  peuple,  dis  je,  en 
dehors  de  toute  suceptibilité  ridicule, 
peut  bien  choisir  le  nom  qui  lui  paraît  le 
plus  convenable,  en  faisant  litière  des 
préjugés  ignorants,  de  la  jactance  et  de 
la  gouaillerie  des  grandes  nations^  des 
vieilleries  ressassées  et  des  définitions 
surannées. 

L'auteur  d'Un  Homme  J'autrefois,  au- 
jourd'hui membre  de  l'Académie  française 
(le  marquis  A. Costa  de  Beauregard)  pour- 
rait bien  aviser  et  faire  introduire,  dans 
telle  définition  que  j'ai  citée,  la  mention 
autrefois. 

Le  mot  SAVOYARD  est  sorti  de  la  bou- 
che et  de  la  plume  d'hommes  de  haute 
valeur.  Avec  tout  le  respect  dû  aux  idées 
adverses,  c'est  celui  que  je  choisis.  Les 
Sabaudisanis,  comme  je  l'ai  dit,  seront 
de  mon  avis,  je  l'espère. 

}e  m'excuse  d'avoir  été  trop  prolixe.  Le 
sujet,  pour  être  complet,  exige  des  détails, 
des  développements  et  peut-être  de  la 
bibliographie. 

Pour  la  bibliographie,  je  dois  me  borner 
aux  citations  des  auteurs  ayant  écrit  des 
articles  spéciaux  sur  le  sujet,  ou  cités  pouf 
renvois. 

RAYMOND  (G. M.)  Quelques  remarques 
sur  les  mots  Savoisien  et  Savoyard. 
(Journal  de  Savoie,  3"  Année,  20  février 
1818  ;  Mém.  de  l'Acad.  de  Savoie,  IV. 
1830,  p.  256-274.) 

P1LLET(L.)  Savoisien,  Savoyard,  Sa- 
voyen.  Rapport  sur  l'emploi  de  ces  mots 
(Mém,  de  l'Acad.  de  Savoie,  2=  Série, 
Xll,  1872,  p.  CLll). 

PASCALEIN  (E).  Des  mots  Savoy  en, 
Savoisien  et  Savoyard.  Annecy.  1888. 
broch.  S\ 

SAINT-GENIS  (V.  de)  Pourquoi  il  faut 
rejeter  les  mots  de  Savoyard  et  de  Savoi- 
sien, pour  écrire  Savoyen  ;  in.  Histoire 
de  Savoie  par  V.  de  St-Genis.  Chambéry. 
1868.  3  vol.  in-i2  (tome  1,  p.  69  et  tome 
III,  Documents  N»  134). 

PHILIPPE  (J.)  Les  Gloires  de  la  Savoie. 
Paris,    Annecy   et   Chambéry,   1863.  8°, 


RAVERAT  (Baron  Achille)  Savoie  et 
Haute-Savoie  Lyon,  1872.2  vol. 8°. (Haute- 
Savoie,  p.  34).  Sabaudus. 

Pour  conduire  les  Français,  il 
faut  avoir  une  main  de  fer  recou- 
verte d'un  gant  de  velours  (XLVIII  ; 
XLlX,252.37ij. — Au  diner  qui  lut  donné, 
je  crois,  le  30  avril  1814,  aux  souverains 
alliés  réunis  à  Compiègne,  dans  le  but 
de  faire  accepter  une  Constitution  à 
Louis  XVIII,  Bernadotte,  qui  se  trouvait 
parmi  les  convives,  aurait  parlé  des 
Français  comme  du  peuple  qui,  avec  le 
mot  de  liberté  toujours  à  la  bouche,  se 
pliait  le  plus  facilement  au  pouvoir 
absolu 

«  Faites-vous  craindre,  sire,  aurait-il 
dit  à  Louis  XVIII,  et  ils  vous  aimeront  ; 
ayez  une  main  de  fer  dans  un  gant  de 
velours  ». 

Charles  X  a  donc  justement  attribué  le 
mot  à  Bernadotte. 

Cet  incident  du  dîner  de  Compiègne 
est  cité  dans  Y  Histoire  de  la  Restauration 
par  F.-P.  Lubis,  tome  1,  p.  307.  Paris, 
1837.  Félix  Locquin,  imprimeur. 

D^P. 

Autel  à  chanter  (XLVIII  ;  XLIX, 
258,  701,  876).  —  L'indiscrétion  consis- 
tera à  encombrer  par  d'inutiles  redites  les 
colonnes  de  notre  cher  Intermédiaire. 

L'erreur  dans  laquelle  est  tombé  M.  G. 
La  Brèche  (il  me  semblait  le  lui  avoir 
assez  explicitement  indiqué)  tient  à  ce  qu'il 
s'obstine  à  prendre  le  mot  chanter  dans  le 
sens  restreint  qu'on  lui  donnerait  aujour- 
d'hui et  que  ne  comportait  pas  son  accep- 
tion liturgique.  En  veut-il  une  nouvelle 
preuve  ^  Recourons  à  un  auteur  d'une 
indiscutable  ccmpétence,le  cardinal  Bona  : 

«  Rathéiius  évêque  de  Vérone,  —  écrit  dans 
sa  lettre  synodale  à  ses  prêtres  :  «  Qu'aucun 
de  vous  ne  chante  la  messe  étant  seul.  »  Or, 
chanter  la  messe,  dans  la  manière  de  parler 
des  anciens  ^signifie  aussi  célébrer  sans  chant 
et  sans  appareil.  Ainsi  s'expriment  les  abbés 
de  Cluny  dans  leurs  règlements  écrits  il  y  a  plus 
de  six  cents  ans  et  édités  dans  le  Spicilège: 
«Les  prêtres  peuvent  sans  permission  chanter 
des  messes  privées  ».  Le  livre  des  usages  de 
Citcaux, composé  il  y  a  plus  de  cinq  cents  ans, 
s'exprime  de  même  :  «  Pendant  toute  l'année, 
les  Frères  peuvent  chanter  la  messe  en  parti- 
culier pendant  le  temps  de  la  leçon  et  aprè 
l'oblation  de  la  messe  commune»,  c*est-à-dir 
après  l'offertoire  de  la  messe  conventuelle.  E 


265 


ÔES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


266 


20  Août  1904 


plus  bas  :  «  Ceux  qui  chantent  des  messes 
privées  et  ceux  qui  leur  répondent  doivent 
baisser  leur  voix  pour  ne  pas  troubler  les 
autres  »,  De  la  liturgie,  trad.  Labry,  Paris, 
1854,  t,  I,  p.  206-207. 

Ces  messes  solitaires,  dites  par  le  prêtre 
seul,  sans  ministre  pour  répondre  et  sans 
assistant,  ou  ces  messes  privées  célébrées 
dans  une  église  monastique  pendant  la 
haute  messe  conventuelle,  n'étaient  évi- 
demment autres  que  des  messes  basses. 
M.  G.  L.  B.  devra  en  convenir. 

J'ai,  d'ailleurs,  le  plaisir  de  constater 
qu"il  a  déjà  abandonné  sa  première  posi- 
tion. Selon  ses  théories  (XLVIII,  814)  ces 
mots  «  autel  à  chanter  »  s'appliquaient 
exclusivement  à  l'autel  principal  ou  maî- 
tre-autel d'une  église.  Depuis  (XLIX, 
877),  il  en  est  arrivé  à  reconnaître  qu'on 
appelait  aussi  de  ce  nom  les  nombreux 
autels  des  chapelles  de  confréries,  mais, 
malgré  cet  amendement,  il  est  encore 
loin  de  la  vérité. 

«  Chanter  »  se  disant  autrefois  de  toutes 
les  messes  sans  exception,  son  composé 
«  autel  à  chanter  »,  dans  les  anciens  textes, 
servait  à  désigner  tout  autel  sur  lequel  le 
prêtre  pouvait  célébrer.  Il  n'y  a  pas  ici 
lieu  à  distinguer  entre  hautes  messes  et 
messes  basses  plus  qu'on  ne  songerait  à 
le  faire  dans  des  locutions  analogues  «  ca- 
lice à  chanter  »,  «  fers  à  façonner  le  pain 
à  chanter  »,  «  burettes  à  mettre  le  vin  et 
l'eau  à  chanter  »  etc.  F 


BL. 


(T.   G. 


308   ; 
XLIX, 


Eglises    fortifiées 

XXXVUI  ;  XXXIX  ;  XLI  à  XLIV  , 
814,829  ;  L,  152).  —  Il  serait  intéressant 
de  savoir  si  les  Espagnols  et  les  Portugais 
ne  fortifiaient  pas  autrefois  les  églises 
dans  leurs  anciennes  colonies  d'Extrême- 
Orient. 

Au  cours  de  mes  nombreux  vo3'ages. 
je  me  souviens  de  n'avoir  vu  qu'une  seule 
église  fortifiée  et  celle-là  dans  un  îlot 
très  peu  fréquenté  et  sans  doute  généra- 
lement ignoré  du  monde.  A  Guyo,  chef- 
lieu  de  l'île  de  ce  nom,  dans  la  mer  de 
Jolo,  entre  les  îles  Panay  et  Paragua,  se 
trouve  la  petite  église  San  José,  dans  une 
enceinte  fortifiée  qu'elle  occupe  presqu'en- 
tièrement.  Le  mur  qui  est  de  pierre,  est 
surmonté  d'une  tour  octogone  d'où  la 
vue  embrasse  tout  l'horizon.  L'église  for- 
tifiée est  le  seul  édifice  de  pierre  dans 
l'île.  J'ignore  la  date  de  sa  construction, 


mais  je  crois  me  souvenir  que  la  tour, 
moins  ancienne  que  les  murs,  porte  la 
date  récente  de  1829.  Les  habitants  de 
l'île,  tous  Malais  d'origine,  me  dirent  que 
l'église  était  leur  refuge  lors  des  incur- 
sions jadis  fréquentes  des  pirates  de  Min- 
doro. 

A  Paco,  faubourg  de  Manille,  se  trou- 
vait, il  y  a  quelques  années,  une  église, 
laquelle  sans  être  fortifiée  comme  celle  de 
Cuyo,  était  d'une  construction  tellement 
massive  qu'elle  avait  le  cachet  plutôt  d'un 
fort  que  d'un  sanctuaire.  Les  insurgés 
s'y  étant  retranchés  lors  de  l'attaque 
qu'ils  firent  sur  Manille,  le  4  février 
1899,  l'église  fut  détruite  de  fond  en 
comble,  et  aujourd'hui  il  n'en  reste  plus 
pierre  sur  pierre.  D'  P. 

Automobiles  en  1827  (XLIX,  895, 
99,  ;  L,  102).  —  Ce  n'est  pas  de  l'année 
183 1,  —  ainsi  que  le  dit  M.  J.-G.  Bord 
—  que  datent  les  expériences  de  Gurney 
avec  sa  voiture  routière  à  vapeur,  mais 
de  1829,  car  je  trouve  dans  VAlmanach 
des  Bons  conseils  pour  Van  de  grâce  i8jo^ 
Paris,  librairie  de  Henry  Servier  (imp.' 
Smith),  in-i8,  à  la  page  43,  une  descrip- 
tion de  la  voiture  à  vapeur  ;  où  il  est  dit  : 
«  La  voiture  à  vapeur  sans  chevaux  a 
«  déjà  fait,  le  28  juillet,  un  premier 
«  voyage  de  Londres  à  Bath,  et  elle  est 
«  revenue  à  Londres,  le  3  août,  sans  au- 
«cun  accident, en  parcourant  près  de  qua- 
tre lieues  par  heure,  etc. 

Or  ceci  se  rapporte  évidemment  à  l'an- 
née qui  a  précédé  celle  où  parut  VAlma- 
nach d'où  j'extrais  cette  mention. 

Albin  Body. 

Les  sous-marins  en  1859  (XLIX, 

838,  974  ;  L,  80,  128).  —  J'ai  lu  autre- 
fois une  notice  concernant  le  sous-marin 
de  M.  Villeroy,  sa  forme  n'était  pas  celle 
de  nos  sous-marins  actuels,  il  se  compo- 
sait d'une  série  de  couronnes  dont  la 
réunion  formait  un  cylindre,  lequel  était 
terminé  à  ses  deux  extrémités  par  deux 
cônes  semblables,  je  ne  sais  s'il  a  été 
construit,  mais  il  pouvait,  prétendait-on, 
descendre  dans  la  mer  à  une  trentaine  de 
mètres  de  «profondeur,  je  trouvais  alors 
que  c'était  peu,  comparé  aux  exploits  du 
Nautilus  de  Jules  Verne  et  je  pensais  que 
M.  Villeroy  avait  voulu  réaliser  le  rêve 
du  célèbre  romancier. 


N^  1049. 


L'INTERMÉDIAIRE 


267 


-  268 


Cependant  la  date  de  1859  (ou  même 
1854)  montre  qu'au  contraire  c'est  lui 
qui,  peut-être,  a  donné  à  Jules  Verne  l'i- 
dée de  son  Nautilus,  ce  qui,  dans  ce  cas, 
nous  aurait  valu  son  chef-d'œuvre.  C'est 
un  intérêt  de  plus  qui  s'ajoute  à  la  ques- 
tion posée  par  M.  J.-G.  Bord. 

Pila. 

La  famille  Sanson  (T.  G.;  S20  ; 
XIX,  923  ;  L,  136).  —  J'ai  eu  comme 
locataire  verbal  d'une  chambre  à  Ver- 
sailles, I  î  rue  Royale,  un  M.  He;in\ 
homme  paisible,  honnête,  solitaire,  mélan- 
colique, voire  même  mystérieux.  C'était 
dans  les  derniers  jours  de  sa  vie. 

J'ai  appris  depuis  que  c'était  Henry 
Sanson,  petit-fils  du  bourreau  de  la  Ter- 
reur. 

Je  crois  me  rappeler  aussi  avoir  entendu 
dire  qu'il  écrivait  ou  avait  écrit  des  Mé- 
moires. 

Depuis,  j'ai  changé  de  concierge  plus- 
sieurs  fois  et  la  maison  ne  contient  plus 
de  locataires  contemporains.  Je  ne  sais 
trop  où  je  pourrais  trouver  d'autres  rensei- 
gnements locaux. 

Reithé-Prack. 

* 
*  « 

La  lettre  suivante  est  d'un  intérêt  excep- 
tionnel :  c'est  la  plainte  du  bourreau  dé- 
possédé de  ses  droits,  qui  en  fait  lui-même 
l'historique.  Pour  l'histoire  des  exécu- 
teurs on  trouvera  là  les  détails  les  plus 
curieux.  Cette  lettre  nous  a  été  commu- 
niquée par  M.  Noël  Charavay  dont  le  ca- 
binet est  si  riche  en  documents  im- 
portants : 

A   Monsieur    le    Premier   Président   de    la 
Cour  de   justice    criminelle    séante   à    Paris, 
commandant  de  la  Légion  d'honneur. 
Monsieur, 

En  vertu  d'une  lettre  écrite  par  Son  E.xcel- 
lence  le  grand  juge  au  Préfet  du  départe- 
ment de  la  Seine  :  Monsieur  le  .Préfet  vient 
de  suspendre  mon  mémoire  de  frais  et  four- 
nitures faites  pour  les  dernières  exécutions  en 
janvier,  liquidées  par  vous  et  par  Monsieur 
le  Procureur  General  impérial.  Cette  lettre 
me  prouve  trop  clairement  que  Son  Excellence 
n'est  pas  bien  instruit  en  ce  qui  regarde  ma 
partie,  et  que  celui  de  ses  chefs  de  bureaux 
qui  a  rédigé  cette  lettre  a  (faute  de  connais- 
sance lui  même)  induit  en  erreur,  Son  Excel- 
lence, sur  plusieurs  articles  de  cette  lettre. 

11  est  de  toute  nécessité  que  j'expose  a  votre 
sagesse  un  précis  exact  de  la  place  d'Exécu- 


teur, dans  lequel  je  serai  le  plus  laconique 
que  faire  se  pourra,  pour  ne  pas  abuser  de  vos 
moments  précieux. 

Depuis  un  tems  immémorial,  l'Exécuteur 
de  Paris  percevoit,  tant  pour  existence,  que 
revenue,  un  droit  que  Ton  appelloit  droit  de 
Nava.-e.  Cette  perception  se  faisoit  a  l'entrée 
des  portes  de  la  Ville  et  sur  les  marchés  sur 
chaque  espèce  en  grains,  légumes  et  autres 
comestibles.  Cette  rétribution  modique  pour 
chaque  individu  personnellement,  eu  égard  a 
la  consommation  et  a  la  population  de  la 
ville  de  Paris,  rapportoit  a  l'Exécuteur  de 
quarante,  a  soixante  mil  livres  par  année,  ce 
qui  lui  donnoit  la  faculté  de  vivre  lui  sa  fa- 
mille et  tous  ses  préposés  de  cette  recette  les- 
quels etoient  en  grand  nombre  et  bien 
payés. 

Quoique  l'Exécuteur  fut  soutenu  dans  le 
droit  de  perception,  par  les  authorités,  comme 
il  resultoit  des  plaintes  souvent  renouvellées 
sur  les  disgrâces  de  cette  perception  que  les 
habitants  des  campagnes  refusoient  quelque- 
fois d'effectuer,  ce  qui  donnoit  lieu  souvent 
a  des  rixes  et  a  des  disputes  :  le  Gouverne- 
ment, fatigué  de  ces  plaintes,  changea  ce 
droit  de  perception  en  un  traitement  fixe 
comme  indemnité  de  ce  droit. 

Ce  fut  en  172 1  que  Monsieur  le  Duc  d'Or- 
léans alors  Régent  du  Royaume  supprima  le 
droit  de  Navage  à  Paris  et  accorda  a  l'Exécu- 
teur par  forme  d'indemnité  de  ce  droit  un 
traitement  annuel  de  la  somme  de  seize 
mil  livres  qui  fut  payé  par  le  Trésor  royal 
jusqu'en  1727... 

Par  arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  Roy  rendu 
le  14  janvier  même  année,  il  fut  ordonné  que 
dorenav.int  cette  somme  de  16.000  fr.  seroit 
payée  par  les  administrateurs  des  Domaines 
et  Bois  de  la  Généralité  de  Paris  :  ce  qui  eut 
lieu  jusqu'en   1793 , 

Les  lettres  de  provisions  de  l'office  d'Exécu- 
teur accordées  à  Charles  Jean  Baptiste  Sanson, 
ayeul  du  reclamant,  sont  du  19  septembre 
172Ô,  le  Roy  étant  a  Fontainebleau,  regis- 
trées  en  la  Chambre  des  Comptes  le  18  fé- 
vrier 1727.  Celles  du  père  du  réclamant  sont 
du  douze  aoiit  1778  et  portent  que  l'Exécu- 
teur jouira  du  traitement  annuel  de  16.000  fr. 
attaché  au  dit  office,  plus  du  logement  de  la 
maison  du  Pilory,  port  d'armes  offensives  et 
deffensives,  exemptions  de  contributions  et 
autres  droits. 

Les  preuves  ostensibles  sont  bien  en  con- 
trariété avec  la  lettre  de  Son  Excellence  qui 
dit  que  l'Exécuteur  jadis  n'avoit  point  de 
fixe. 

Malgré  le  traitement,  les  frais  de  fourni- 
tures qu'entrainoient  les  exécutions  etoient 
payés  sur  mémoires  présentés  par  l'Exécuteur 
et  basés  d'après  des  tarifs  reconnus  et  qu'on 
peut  encore  se  procurer  tels  que  ceux  de  1755 
et  celui  de  1770,  présentés  par  Messieurs  les 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


269 


20  Août  1904. 


270 


Procureur  du  Roy,  et  Lieutenant  Criminel,  et 
qui  furent  homologues  par  arrêt  du  Conseil 
du  16  septembre  1770.  Le  reclamant  pour 
ne  pas  abuser  des  moments  précieux  de  ses 
Magistrats,  passe  sous  silence  une  quantité 
considérable  de  frais  qui  lui  etoient  payés 
pour  les  exécutions  des  autres  Cours  Souve- 
raines et  Juridictions  ayant  droit  de  haute  jus- 
tice dans  toute  l'étendue  de  la  Généralité  de 
Paris  et  Gouvernement  de  l'Ile  de  France,  ce 
qui  etoit  d'un  grand  rapport  et  dont  la  veiité 
peut  être  facilement  reconnue  par  les  pièces 
existantes,  tant  au  greffe  du  cy  devant  Parle- 
ment, qu'a  la  Chambre  des  Comptes  et  a  la 
Grande  Chancellerie. 

Mais  s'il  ne  s'étend  pas  sur  ces  articles  il 
ne  croit  pas  devoir  passer  sous  silence  l'acte  de 
justice  et  de  bienfaisance  que  le  Gouverne- 
ment repandoit  sur  les  veuves  des  Exécuteurs. 
Jadis  un  Exécuteur  défunt,  s'il  avoit  un  en- 
fant mâle  en  bas  âge,  cet  enfant  etoit  reçu 
d'office,  et  on  nommoit  jusqu'à  ce  qu'il  eut 
atteint  l'âge  compétent  et  la  capacité  d'exer- 
cer, un  homme  qui  eloit  reçu  par  le  Parle- 
ment pour  faire  les  fonctions,  mais  le  traite- 
ment etoit  reçu  par  la  veuve  au  nom  de  son 
fils,  ce  qui  la  faisoit  exister,  ayant  en  plus  le 
droit  d'exiger  même  de  son  fils  une  pension 
convenable  a  son  âge  de  majorité. 

S'il  n'y  avait  point  d'enfant  mâle,  la  veuve 
avoit  acquit  le  droit  de  traiter  de  son  office, 
et  celui  qui  en  etoit  pourvu  etoit  tenu  de  lui 
assurer  une  pension,  persuadés  qu'il  falloit 
qu'elle  exista  elle  et  ses  filles  et  que  le  mal- 
heureux préjugé  attaché  à  cette  place  leur 
empechoit  de  faire  un  état  pour  mil  raisons 
justes  qu'on  ne  peut  détailler. 

Tous  ces  droits  sont  changés  par  la  loi  du 
13  juin  1793.  Le  reclamant  s'est  vu  il  y  a 
peu  d'années  avoir  a  sa  charge  sa  grand-mère^ 
son  père  et  mère,  deux  tantes,  dont  une  veuve 
de  l'Exécuteur  de  la  ville  de  Rheims,  sans 
pension,  un  grand  oncle  très  âgé  n'avoit 
qu'un  faible  secours,  lui  même,  sa  femme, 
son  enfant.  En  tout  dix  personnes  composant 
sa  maison,  sans  compter  plusieurs  parents 
qu'il  soutenoit  et  soutient  encore,  à  vivre 
sur  son  traitement  de  10.000  fr.,  sans  exemp- 
tions de  loyer  et  d'impositions  comme  par  le 
passé.  Dans  le  moment  actuel  il  n'a  en  moins 
a  sa  charge  que  son  grand  oncle,  sa  grand' 
mère  et  son  père  qui  sont  défunts  depuis 
quels  qu'années. 

La  Convention  Nationale  par  son  décret  du 
13  Juin  1793,  en  donnant  une  nouvelle  orga- 
nisation pour  les  Exécuteurs,  a  fixé  son  traite- 
tement  annuel  a  10.000  fr.  11  a  donc  perdu  sur 
le  champ  6.000  fr.  et  tout  son  casuel  :  mais 
comme  il  etoit  a  lui  impossible  de  tenir  a  sa 
place  avec  cette  somme  sans  casuel,  il  a  fait 
des  représentations  tant  en  son  nom  qu'en  ce- 
lui de  ses  confrères  par  différentes  pétitions 
auxquelles  on  a  eu  égard  puisque  la  Conven- 


tion a  rendu  le  Décret  du  trois  frimaire  an 
deux.  Ce  second  Décret  ne  statuant  en  rien 
sur  les  fournitures  autres  que  celles  relatives  à 
la  machine  a  décapiter,  d'après  d'auties  récla- 
mations, il  fut  rendu  le  Décret  du  douze  prai- 
rial an  deux  interprétatif  de  celui  du  trois  fri- 
maire. Il  fut  donc  bien  entendu  que  l'Exécu- 
teur ne  devait  pas  faire  a  ses  frais  les  fournitu- 
res de  tous  les  objets  nécessaires  aux  exécu- 
tions, lesquelles  fournitures  sont  considé- 
rables. 

Le  Département  de  la  Seine  après  s'être  fait 
représenter  les  anciens  tarifs  qui  fixoient  les 
droits  de  ces  frais,  et  après  s'être  entendu  avec 
le  Président  du  Tribunal  et  le  Commissaire  du 
Pouvoir  executif  près  le  Tribunal  criminel  ; 
discuta  les  frais  article  par  article  et  il  fut  fait 
par  le  Département  un  tarif  en  brumaire  an 
cinq  ;  dont  copie  fut  envoyée  au  Ministre  de 
la  Justice  et  au  Tribunal  Criminel.  Le  tarif  n'a 
point  éprouvé  de  rejet  de  la  part  du  Ministre 
de  cette  époque,  on  s'en  sert  depuis  dix  ans  et 
plus  sans  qu'il  y  en  ait  eu  de  postérieur.  Par 
quelle  fatalité  pour  l'instant  me  fait-on  éprou- 
ver a  la  Préfecture  du  Département  une  sus- 
pension a  la  délivrance  du  mémoire  de  frais 
qui  y  est  déposé  ;  sur  l'exposé  d'une  lettre  qui 
cite  sans  connoissance  qu'anciennement  je 
n'avois  ny  fixe,  ny  frais  tandis  que  je  prouve 
le  contraire  ;  et  pourquoy  encore  auroit-on 
attendu  dix  années  pour  reformer  ou  modifier 
(si  c'est  la  le  terme)  un  tarif  sans  en  proposer 
ou  donner  un  autre  après  l'avoir  laissé  subsis- 
ter si  longtems. 

Je  le  répète  avec  peine  la  loy  du  13  Juin 
1793  ma  accordé  10.000  fr.de  traitement  annuel 
plus  quatre  mil  francspourmes  quatre  aides.J'ai 
déjà  en  plusieurs  circonstances  réclamé  contre  le 
modique  traitement  de  mes  aides, j'ai  démontré 
jusqu'à  l'évidence  que  je  ne  pouvois  trouver 
des  hommes  pour  faire  cet  état  (qui  n'est  pas 
exempt  de  préjugé)  pour  la  somme  de  1000  f. 
par  an.  Je  suis  donc  obligé  pour  en  avoir 
d'honnêtes  et  de  capables  de  prendre  sur  mon 
traitement  afin  d'augmenter  le  leur  pour  les 
engager  de  rester  a  mon  service  qui  a  toujours 
ete  bien  fait  a  Paris  ou  on  n'a  jamais  eu,  com- 
me dans  certains  départements  ;  le  désagré- 
ment de  voir  mutiler  par  des  gens  maladroits 
les  condamnés  a  la  peine  capitale  :  Jajoute 
encore  que  je  suis  obligé  d'avoir  a  l'année  deux 
voitures  et  deux  charettiers  qui  a  la  véiité  me 
sont  en  partie  remboursés  par  mes  mémoires 
de  frais,  mais  que  je  ne  puis  prendre  au  be- 
soin comme  le  cite  la  lettre  de  Son  Excellence 
en  m'appuyant  de  la  loy  du  22  germinal  an 
4eme  qui  met  les  ouvriers  a  la  réquisition  des 
authorites.  Mais  cette  loy  révolutionnaire  qui 
na  pas  été  faite  pour  nous  a  été  rendue  a  une 
époque  dont  on  ne  devroit  plus  parler  dans 
ces  tems  heureux,  que  pour  s'en  rappeller  avec 
craintes  et  frayeur  ;  je  ne  crois  pas  même 
qu'on  put  l'exécuter  maintenant  qu'avec  Tem- 


N.  1049. 


L'INTERMÉDIAIRE 


271 


272 


ploy  de  la  force  et  de  la  violence  qui  provoque- 
raient des  scènes  bien  désagréables  aussi  ne  m'y 
exposerai-je  pas, persuadé  qu'onn'estpas  en  droit 
deforcer  un  individu  quelconque  de  travailler  par 
réquisition  et  aux  prix  courants  a  un  genre  de 
besogne  unique  a  Paris,  qui  na  rien  que  de 
désagréable  et  repoussant,  et  qu'il  est  même  de 
la  prudence    d'en  traiter  de  gré  a  gré. 

Si  toutes  ces  considérations  que  je  crois  jus- 
tes et  vraies  sont  un  motif  pour  être  entendu 
des  magistrats  en  l'équité  desquels  je  me  con- 
fie, je  prie  Monsieur  le  Premier  Président  de 
vouloir  bien  me  protéger  dans  mes  justes  ré- 
clamations que  je  lui  soumets  ayant  toujours 
eu  le  bonheur,  de  père  en  fils,  de  capter  les- 
time  et  la  bienveillaiîce  de  nos  Magistrats  et 
Supérieurs  ;  et  qui  ont  bien  voulu  interposer 
leur  authorité  pour  nous  faire  rendre  justice. 
Je  vous  supplie  donc,  Monsieur,  d'appuyer 
mes  réclamations  auprès  de  Son  Excellence  le 
Grand  Juge  et  de  Monsieur  le  Préfet  du  Dé- 
partement de  la  Seine. 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  le  plus  profond 
respect 

Monsieur  le  Président 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Sanson 

Paris  le  premier  février 
1S08. 

^obs,   ^rcuitailles  ti  (Çuvtasttes 

Le  parc  aérostatique  de  Meudon 
en  1796.  —  Entre  deux  sorties  du  Le- 
baudy  ditïgeable,  et  une  enlevée  du  Ballon 
captif,  la  lettre  suivante,  vieille  déjà  de 
cent  huit  ans,  intéressera  peut-être  à 
Y Iniermédiaiie.  Elle  est  datée  du  10  mars 
1796  —  moins  de  quatre  ans  après  Valmy 
—  et  appartient,  pour  ainsi  dire,  à  l'his- 
toire aérostatique  du  parc  de  Meudon  : 
je  la  transcris  de  l'original,  aux  Archives. 
Dejvunde  pour  une  place  dans  les 
aérostiers 

Le  citoyen  Deloyne,  âgé  de  22  ans  natif 
de  Vitry-sur-Marne,  demande  à  être  admis 
dans  les  aérostiers.  Une  éducation  soignée, 
ses  connaissances  mathématiques  le  dessin 
le  mettent  à  même  d'être  de  quelque  utilité 
dans  cette  partie  à  laquelle  par  l'étude  qu'il 
a  faite  de  la  Phisique  {sic)  en  particulier, 
il  est  loin  d'être  étranger.  Il  espère  par  son 
assiduité  son  exactitude  à  remplir  les  de- 
voirs que  lui  imposerait  ce  nouvel  état,  sa- 
tisfaire ses  supérieurs  et  mériter  leur  con- 
fiance. 

Vitry-sur-Marne,  le  20  Ventôse  l'an  4  de 
la  République  une  et  indivisible. 

Deloyne. 

Je  certifie    la  vérité    des    faits   contenus 


dans  le  mémoire  ci-dessus  et  notamment 
que  le  citoyen  Deloyne  sait  les  mathéma- 
tiques. 

Paris,  ce  25  ventôse  l'an  4 
Le  chef  de  bataillon  du  génie 
Boucher. 

Ce  citoyen  réunit  les  qualités  propres  à 
l'aérostation. 

Conté. 
Directeur  de  l'Ecole  Nationale  aérostatique 

Aérostation 

Le  i^r  Gai  an  IV 

Le  Directoire  exécutif  instruit  que  le  ci- 
toyen Deloyne,  âgé  de  22  ans,  natif  de 
Troyes,  demeurant  à  Vitry-sur-Marne,  a  des 
connaissances  propres  au  service  de  l'aéros- 
tation, arrête  ce  qui  suit  : 

Le  C^  Deloyne  est  requis  de  se  rendre  à 
Meudon  pour  être  employé  à  l'Ecole  Na- 
tionale aérostatique  quiy  est  établie  ;  comme 
élève  de  cette  Ecole. 

Carnot,  P.  Barra,  Reubell 

(Archives Nationales  AFIII  1566-357). 

P.  C.  C.  JACaUES  SaINTIX. 

L'œil    de   verra    de    "Waldeck- 
Rousseau.  —    Comment  se  fait-il  que 
l'œil  de  verre  de   son  confrère   Gambetta 
soit  devenu  célèbre  et  qu'on  n'ait  jamais 
parlé   de   l'œil   de    verre   de    Waldeck- 
Rousseau   ?     Cette     particularité   semble 
avoir   été  ignorée  jusqu'ici.  Je  connais  le 
fait  depuis  fort  longtemps,  mais   comme 
Waldeck-Rousseau   mettait    une   certaine 
coquetterie  à  dissimuler  cette  infirmité,  je 
n'ai  pas  cru  devoir   la  divulguer  de  son 
vivant.   Ce  fut  à  la  chasse,  avant  1870, 
qu'il  perdit  l'œil  gauche,  qui,  du  reste,  ne 
fut  remplacé  que  quelques   années   plus 
tard  par  un  œil  de  verre. 

C'est  pour  cette  raison  que  son  père,  en 
septembre  1 870  et  février  1 87 1 ,  put  écrire 
au  Phare  de  la  Loire  et  à  l'Union  Bretonne 
que  son  fils  aine,  quoique  marié,  et  son 
plus  jeune  fils,  quoique  réformé,  s'étaient 
l'un  et  l'autre  engagés  dans  la  garde  na- 
tionale mobilisée, 

Jean  Pierrefitte. 

Cette  note"a  été  comm  uniquée  à  la  presse 
et  a  déjà  donné  lieu  à  plusieurs  enquêtes. 
Nous  en  ferons  connaître  les  résultats. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  .MOMTORGUEIL 

Imp.  Daniei.-Chambov  St-Amand- 
Mont-Rond. 


L*  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mois. 


30  Août  1904 


40»  Année 

Sl^i'.r.  Victor  Massé 
PARIS  (IX*) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


Cherchez  et 
vous  (rouverts 


tl  se  faut 
entr'aider 


N»  1050 

3t'^  r.  Victor  Massé 
PARIS  (IX«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


€3nUxmébxaixe 


DES   CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé  en   1864 


QUKSTIONS    KT   RËl'ONSES    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,   SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET   CURIOSITÉS 


273 


274 


(fiHucôtione 


Pétrarque  à  Liège  en  1333.  — 

Dans  les  Œuvres  publiées  en  1854,  par 
Dupont-Delporte,  page  1066,  se  trouve, 
du  baron  de  Stassart,une  lettre  à  J.  Grand- 
gagnage,  du  25  avril  1853,  dans  laquelle 
le  fabuliste  belge  donne  la  phrase  suivante 
comme  venant  d'une  traduction  des  œu- 
vres de  Pétrarque,  de  Barthélémy  Bon- 
homme d'Avignon,  1555  :  <^  j's^^  veu  Liège 
«  la  fille  aisnée  de  Rome  :  elle  est  excellente 
«  par  son  orthodoxie,  sa  splendeur  et  le 
«  double  fâme  [renommée]  de  sapience  et 
«  de  vertu  dont  jouissent  ceux  qui  la  com- 
«  posent».  Cette  phrase,  assure  de  Stas- 
sart,  figurerait  dans  une  missive  du  poète 
de  Vaucluse  à  son  ami  l'évêque  de  tom- 
bez, Jacques  Colonne,   frère  du  cardinal. 

Or, vérification  faite  :  Toutes  les '<  Eu vres 
vulgaires  de  François  Pétrarqve,  mises  en 
françois  par  Vasquin  Philieul  de  Carpen- 
tras,  publiées  en  Avignon,  de  l'imprime- 
rie de  Barthélémy  Bonhomme,  1555  >/,  ne 
renferment  pas  cette  citation.  Pourrait-on 
nous  dire  où  de  Stassart  l'aurait  puisée  .^ 
Le  chevalier  Edm.  Marchal. 

Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  Royale 
de  Belgique. 

Zepulmeda.  —  Dans  son  histoire  de 
Charles  IX  (Cologne,  Pierre  Marteau, 
1684,  t.  Il,  p.  224),  Varillas  écrit  : 

Elle  (Catherine  de  Médicis)  n'ignoroit  pas 
que  quelques  Théologiens  soûtenoient  que  le 
commandement  de  Dieu  qui  deffend    de  tuer 


n'obiigeoit  pas  les  Souverains  à  l'égard  de 
leurs  Sujets,  lorsque  la  rébellion  de  ceux-cy 
estoit  si  évidente  que  personne  n'en  pouvoit 
douter,  et  il  met  en  marge  :  Zupelmada  en  a 
fait  un  Traité . 

Quelqu'un  pourrait-il  fournir  des  éclair- 
cissements sur  ce  traité  et  sur  son  au- 
teur .?  H.  M. 

La  châtelaine  de  Vergi.  Icono- 
graphie de  la  légende.  —  Dans  une 
récente  édition  de  la  Châtelaine  de  Vergi, 
poème  du  xii'  siècle  (Paris,  Geuthner, 
1903),  M.  L.  Brandin  reproduit  un  ivoire 
du  Louvre  représentant  cette  légende  (C. 
P.  Molinier,  Catalogue)  et  ajoute  qu'il  n'a 
pu  trouver  aucun  autre  document  qui  en 
soit  inspiré.  «  11  doit,  dir-il,  y  en  avoir 
beaucoup  d'autres  »,En  tapisserie  particu- 
lièrement, ce  conte  a  dû  souvent  être  re- 
présenté et  nous  espérons  que  quelque 
lecteur,  amateur  de  recherches  archéolo- 
giques, sera  amené  à  poursuivre  les  inves- 
tigations en  d'autres  directions  et  ne  sera 
pas  découragé  par  l'inutilité  de  nos  pro- 
pres efforts  //(Introduction pp.  xxii-xxin). 

Préparant  une  traduction  de  ce  poème, 
je  viens  renouveler  les  vœux  de  M. 
Brandin,  aux  lecteurs  de  votre  si  pré- 
cieuse revue,  qui,  je  l'espère,  pourront 
donner  une  réponse  à  cette  question  que 
mes  recherches  personnelles  ne  m'ont 
pas  permis  de  résoudre.      H.  Massion. 

Les  archives  de  l'arrondissement 
d'Yvetot.  —  Comment  expliquer  ce  fait 
que,  dans  la  plupart  des  communes  de 
l'arrondissement  d'Yvetot,   les    registres 

L.  6 


N'   1050. 


L'INTERMÉDIAIRE 


275 


276 


d'état  civil,  ou  plus  exactement  registres 
paroissiaux,  ne  remontent  pas  au-delà  de 
1630  ?  L'ordonnance  de  Villers-Cotterets 
aurait-elle  été  cent  ans  sans  application 
dans  ce  pays  ?  Cela  est  inadmissible,  et 
alors  où  sont  ces  documents  si  précieux 
pour  l'histoire  locale  ? 

A  propos  de  ces  registresjeme  permet- 
trai une  observation.  Je  trouve  absolu- 
ment illogique  d'instituer  comme  dépo- 
sitaires de  pièces  des  j.^ens  absolument  in- 
capables de  les  lire,  tels  que  sont  la  plu- 
part des  secrétaires  de  mairies,  et  d'au- 
tant mieux  que  de  par  la  loi,  ils  sont  obli- 
gés d'en  délivrer  expédition. 

Il  me  semble  qu'il  serait  avantageux 
d'établir,  aux  archives  de  chaque  dépar- 
tement,une  section  d'état  civil  où  seraient 
déposés  les  registres paroissiauxantérieurs 
à  une  certaine  époque  et  conservés  dans 
les  mairies,  tout  en  laissant  subsister  le 
dépôt  de  chaque  greffe  civil.  Les  avanta- 
ges d'une  telle  institution  sautent  aux 
yeux  :  garantie  de  savoir  de  la  part  des 
dépositaires,  garantie  de  bonne  conserva- 
tion, centralisation  favorable  aux  érudits 
et  chercheurs. 

Où,  à  l'époque  de  la  Révolution, furent 
transportés  les  actes  et  archives  des  an- 
ciennes juridictions  existant  alors  sur  le 
territoire  qui  forme  aujourd'hui  l'arron- 
dissement d'Yvetot,  et  plus  généralement 
du  pays  de  Caux  tout  entier  :  bailliages, 
justices  seigneuriales,  amirautés,  greniers 
à  sel,  etc  ?  Quels  décrets  ou  lois  ont  or- 
donné et  réglé  ces  transports  ?  Dans  quelles 
conditions  et  par  l'intermédiaire  de  quels 
agents  furent-ils  exécutés  ?  A.  F. 

Charles  de  Bourbon-Montmo- 
rency. —  Où  pourrais-je  me  procurer  le 
plus  possible  de  détails  sur  ce  personnage, 
connu  sous  le  nom  d'Alexandre  de  Cré- 
quy.  Il  se  disait  issu  d'un  mariage  secret 
de  Louis  XV  et  d'une  dame  de  Montmo- 
rency et  fut  détenu  de  longues  années, sous 
les  règnes  de  Louis XV  et  Louis  XVI.  Après 
la  Révolution, il  adressa  pièces  et  pétitions  à 
-  l'Assemblée  nationale  et  à  la  Convention, 
dénonçant  les  «  horreurs  de  la  tyrannie  et 
du  despotisme» et  réussit...  à  se  faire  en- 
voyer à  la  guillotine.  Ellic. 

Un  adorateur  de  Sophie  Ar- 
nould.  —  Les  livres  ayant  appartenu  à 
Sophie  Arnould  sont  très  rares.  En  voici 


un  qui  paraît  avoir  échappé  aux  biogra- 
phes de  la  spirituelle  chanteuse  : 

Recueil  de  Chansons.  Manuscrit  contenant 
26  chansons  avec  la  musique  notée.  —  Ma- 
roq.  rouge, dos  orné,  filets,  fleurons  et  ro- 
saces sur  les  plats,  doublé  de  tabis  bleu 
ciel.  (Derôme). 

En  tête  du  manuscrit  se  trouve  un  en- 
voi en  vers  : 

Quel  présent  pourrait-on  vous  faire,  belle   Arnoud 
Qui  VOUE  fût  agréable  ?...  etc. 

Aimez  donc  ces  chansons.  Tout  faible  qu'est  l'hoin- 

[mage 
Qu'à  vos  heureux  talents  j'ose  olfriren  ce  jour, 
De  mou  zèle  du  moins  qu'il  soit  un  témoignage 
S'il  n'en  est  un  d'amour. 

Pourrait-on  recueillir  une  indication 
quelconque  sur  l'auteur  de  cet  envoi  ? 

P.L. 


Ravoux,Rézé(évêc[ues).— Auguste 
Ravoux  fut,  en  1868,  vicaire  apostolique 
de  Montana,  et  N . . .  Rézé,  évêque  de  Détroit 
en  1833,  tout  cela  aux  Etats-Unis.  S'ils 
étaient  Français,  comment  avoir  quelques 
courtes  notices  sur  eux  ? 

St-Saud. 


Chateaubriand  ou  Chateau- 
briand. —  Faut-il  ou  ne  faut-il  pas 
l'accent  circonflexe  sur  le  premier  a  de  ce 
nom  illustre  }  Le  Dictionnaire  historique 
de  Ludovic  Lalanne  en  met  un,  le  petit 
Larousse  n'en  met  pas.  De  même  pour  le 
chef-lieu  d'arrondissement  de  la  Loire- 
Inférieure  ;  Lalanne  et  le  Dictionnaire  des 
Postes  l'écrivent  par  un  d,  Larousse  et 
Joanne  par  un  t.  Où  est  la  vérité  ? 

Axel. 


J.  Lafon  Labatut.  —  Je  désirerais 
savoir  ce  qu'est  devenu,  après  la  publica- 
tion de  son  volume  Insomnies  et  Regrets^ 
en  1845  (Paris,  Fume),  le  poète  aveugle 
Joseph  Lafon  Labatut,  né  à  Messine,  vers 
1820,  d'un  ancien  militaire  originaire  du 
Bugue  et  d'une  Sicilienne.  Il  fut,  paraît-- 
il,  couronné  par  l'Académie  et  pensionné 
du  gouvernement.  Mais  où  vivait-il  et 
comment  finit-il  ?  L-  M. 

Pestalossi,  médecin  agrégé  au 
collège  de  Lyon  (1721).  —  J'ai  un 
bel  exemplaire  de  ce  curieux  petit  vo- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


277 


278 


30  Août  1904. 


lume  :  Avis  de  précaution  contre  lu  mala- 
die contagieuse  de  Marseille^  ouvrage  néces- 
saire â  fous  jcuna  médecins  et  chirurgiens 
destine:^  au  secours  des  Pesiiférei,  pu  sente 
à  S.  M.  Royale  Monseigneur  le  Duc  de 
Lorraine,  par  M.  Pestalossi,  médecin 
agrégé  au  Collège  Se  Lyon.  A  Lyon, chez 
les  frères  Bruyset,  rue  Mercière,  1721. 
Un  volume  grand  in- 12  de  douze  feuillets 
non  chiffrés  pour  le  Titre,  l'Epître  dédica- 
toire,  les  Approbations,  le  Privilège  et  la 
Table  et  204  pages  de  texte. 

Pourrait  on  me  donner,  sur  ce  savant 
médecin  lyonnais,  au  nom  prédestiné 
pour  un  écrivain  qui  se  spécialisa  dans 
l'étude  des  maladies  épidémiques,  quel- 
ques renseignements  biographiques  et 
littéraires  intéressants,  et  nie  dire  aussi 
il  existe  de  lui,  un  portrait  authentique 
qui  soit  connu?  Truth. 

Une  habitation  de   Voltaire.   — 

Dans  un  récent  ouvrage  de  M.  Edouard 
Drumont  :  Vieux  portraits^  vieux  cadres^ 
on  trouve,  à  la  page  196,  un  dessin  de 
Gaston  Coindre,  représentant  la  gracieuse 
construction  de  la  fm  du  xvii«  siècle  qui 
fait  l'angle  des  rues  Saint-Augustin  et  de 
Richelieu,  sur  laquelle  elle  porte  le  n"  75. 
Au  bas  du  dessin,  on  lit  cette  légende  ; 
Hôtel  de  Villarceaux^  rue  Richelieu^  ha- 
bité par  Voltaire.  —  M.  Edouard  Dru- 
mont  voudra-t-il  bien  me  faire  l'honneur 
de  me  dire  où  il  a  trouvé  la  trace  de  cette 
habitation  de  Voltaire  dans  un  logis  qui 
me  tient  d'autant  plus  à  cœur  que  j'y 
suis  né  .?  NoTHiNù. 


Armoiries  à  déterminer  :  d'azur 
à  trois  glands  d'or.  ~  A  qui  appar- 
tiennent les  armoiries  suivantes  :  d'azur, 
à  5  glands  (?)  d'or^  2  et  i  ?  Elles  figurent 
sur  une  verrière  donnée,  en  1874,  à  l'é- 
glise de  Blosseville,  arrondissement  d'Y- 
vetot,  par  deux  personnes  :  un  M.  Bazire, 
curé  de  la  paroisse,  et  un  M.  François- 
Marie  Anquetil,  maire  de  la  commime. 

Les  dites  armoiries  n'auraient- elles 
point  une  relation  avec  ce  dernier  .?  Ce 
qui  me  le  fait  supposer,  c'est  l'analogie 
qui  existe  entre  elles  et  celles  portées  par 
des  familles  de  ce  nom  :  d'or  ou  d'argent, 
à  ^  feuilles  de  chêne  de  sinople^  2  et  l . 

A.  F. 


Sautoir.  —  Se  disait  au  moyen  âge 
d'une  pièce  du  harnais  du  chevalier  lui 
servant  d'étrier  pour  monter  sur  son  che- 
val. L'expression  est  passée  dans  le  bla- 
son où  le  sautoir  est  représenté  en  forme  de 
croix  de  Saint-André. 

La  réunion  de  la  bande  et  de  la  barre 
dans  l'écu  en  forme  de  croix  de  Saint- 
André,  se  dit  sautoir. 

Existe-t  il  des  images  du  sautoir  aussi 
fidèles  que  possible  et  le  montrant  confec- 
tionné en  soie,  comme  il  était  d'usage  ^ 
Existe-t-il,  en  quelque  musée,  des  selles 
encore  garnies  de  cet  objet  ^ 

G.   DE  M. 

Portail  de  Vaudreuil.   —  Sur  un 

couvert  d'argent, dans  un  cartouche  Louis 
XIV  (ou  commencement  Louis  XV)  sont 
gravées  les  armoiries  suivantes  :  d'azur., 
semé  de  fleurs  de  lis  de...  à  la  vache  d'ar- 
gent clarinée  et  couronnée  de  même  (?)  Cou- 
ronne de  marquis,  chapeau  de  prélat  (2 
rangs  de  houppes  :  trois  glands),  ce  qui 
semble  indiquer  un  abbé  ;  pas  de  crosse 
ni  de  mitre. 

Ce  sont  les  armoiries  de  la  famille  Por- 
tail de  Vaudreuil.  Ce  couvert  vient  du 
Poitou,  mais  le  Gallia  ChrLsfiana.,au  tome 
traitant  de  l'archevêché  de  Bordeaux(d'où 
dépendaient  les  trois  évêchés  s' étendant 
alors  en  Poitou)  est  muet  sur  un  person- 
nage de  ce  nom.  Qiii  pourrait  avoir  l'o- 
bligeance de  me  renseigner  sur  a  prélat 
et  ses  rapports  avec  le  Poitou  ?  S'agirait- 
il  de  Jean -Charles  Portail,  prieur  com- 
mendataire  de  Sainte-Catherine  du  Val- 
des-Ecoliers,  mort  en  1739,  dont  le  frère 
Antoine  fut  premier  président  au  parle- 
ment de  Paris  en  1724,  ou  de  cousins 
X...  et  Y...  Portail,  ecclésiastiques,  fils 
de  N...  sieur  de  Chefraisons,  trésorier  de 
France  à  Tours,  marié  vers  1660  ? 

Ces  Portail  ont  donné  plusieurs  con- 
seillers aux  parlementsde  Metzet  de  Paris. 

La  Coussière. 

Une  pièce  de  50  sous  de  Maurice. 
—  11  m'a  été  donné  à  l'ile  Maurice,  une 
pièce  de  monnaie  que  l'on  m'a  dit  être 
rare,  et  sur  l'origine  de  laquelle  personne 
n'a  pu  me  renseigner. 

On  voit,  au  centre,  deux  plants  de 
canne  à  sucre,  et  autour,  gouv.  (erne- 
ment)  de  Maurice  et  dep.  (endances). 


N.  1050. 


L'INTERMÉDIAIRE 


279 


280 


Au   revers  :   reçu   au   bur.    (eau),    du 

TRES,   (or)  POUR   50    sous. 

Cette  pièce  a  été  frappée  après  la  ces- 
sion de  l'île  aux  Anglais  ;  mais  à  quelle 
occasion  ?  D'  P. 

Finis  Galliae.  —  Dans  quel  journal 
et  à  quelle  date  exacte  parut  un  article  de 
Sarcey,  intitulé  «Fhiis  Galliœ  »,  peu  de 
jours  après  les  incendies  allumés  par  la 
Commune  ? 


*«r* 


Une  épître  de  Boileau.  —  je  trouve, 
dans  le  premier  volume  des  Œuvres  mê- 
lées de  Mme  du  Noyer,  publiées  à  La 
Haye,  chez  Pierre  Husson,  en  1729,  (p. 
450),  le  passage  suivant  : 

On  vient  de  me  donner  un  nouvel  ouvrage 
de  M.  Boileau,  qu'on  m'assure  n'avoir  pas 
été  inséré  dans  ses  œuvres  :  ainsi,  je  croi  {sic) 
que  le  Public  ne  sera  pas  fâché  de  le  trouver 
ici    : 

Réponse  de  M.  des  Préaux  à  une  critique 
de  MM.  les  Jésuites  de  Trévoux  : 

Grands  et  fameux  auteurs  dont  la  docte  critique 
Se  donne  sur  mes  vers  un   pouvoir  despotique, 
Vous  tremblez  que,  lassé  de  suivre  Juvénal, 
Je  ne  devienne  enfin  le  singe  de  l^ascal  :  etc.. 

Cette  épître  compte  quarante  vers. 

Je  n'ai  pas  souvenir  de  l'avoir  jamais 
rencontrée  dans  aucune  édition  de  Boileau. 

Je  désirerais  savoir  si  elle  est  bien  au- 
thentique, et,  dans  le  cas  de  l'aftlrmative, 
où  et  quand  elle  aurait  été  publiée. 

(Quelqu'un  de  nos  co-intermédiairistes 
voudrait-il  bien,  ou  pourrait-il,  résoudre 
cette  question  .?  L.  de  Leiris. 

Lettres  sur  le  Salon  ôle  1834.  — 

Pourrait-on  me  dire,  exactement,  le  nom 
de  l'auteur  du  rare  volume,  anonyme, 
suivant, nom  que  je  ne  trouve  mentionné, 
ni  dans  les  Diction,  des  Anonym.  de  Bar- 
bier et  de  De  Manne,  ni  (vu  sa  date  de 
publication)  dans  la  Table  alphabétique  des 
Critiques  des  Salons.,  de  1673  à  1800,  de 
M.  J.-J.  Guiffrey,  Paris  1873  : 

Lettres  sur  le  Salon  de  i8^.  — 
Epigraphe  :  «  La  vérité  avant  tout.  »  — 
A  Paris,  chez  Delaunay  libr.  au  Palais- 
Royal,  1834,  Poussielgue  imprimeur,  rue 
du  Croissant-Montmartre,  un  vol.  in-8'' 
de  477  pages,  sur  papier  vergé,  plus  un 
feuillet  pour  les  errata  et  une  liste  (de  six 
pages^  des  artistes  nommés  dans  l'ouvra- 
ge. Volume  illustré  de  sept  lithographies. 


reproductions  de  tableaux,  tirées  hors 
texte,  sur  papier  vélin  fort,  dont  cinq 
se  dépliant,  et  toutes  signées  d'artistes 
connus. 

N.-B.  —  Prière  de  ne  point  confondre 
ce  volume  anonyme,  avec  les  deux  autres 
ouvrages  suivants,  tout  différents,  bien 
qu'ils  soient  aussi  consacrés  au  Salon  de 
1834,  et  également  illustrés  :  1°  Le  Sa- 
lon de  18 ^  de  Gabriel  Laviron,  Paris, 
1834,  in-8"  avec  vignettes  hors  tex- 
te ;  et  2°  Le  Musée.  Revue  du  Salon  de 
18^4.,  par  Alexandre  D*****'*  [Decamps, 
frère  du  peintre.  Voyez,  à  ce  nom,  la 
Table  Générale  de  lTntermédiaire]^ur\  vol. 
petit-in-4°  carré,  sans  date,  sans  nom  de 
lieu  ni  d'éditeur.  (Paris,  P.-J.  Chalamel), 
102  pages  de  texte  et  nombreuses  illus- 
trations hors  texte,  par  Célestin  Nanteuil, 
].  Gigoux,  Barye,  Decamps,  etc.,  reports 
sur  pierre  par  le  procédé  de  Delaunois. 

Ulric  R.-D. 

Roman  à  rechercher.  —  Pour  des 

travaux  sur  un  sujet  donné,  un  de  nos 
collaborateurs  désirerait  retrouver  un  ro- 
man moderne  dont  il  a  oublié  le  titre  et 
le  nom  de  l'auteur. 

L'action  se  passe  en  Dauphiné  en  1715. 
L'héroïne  qui  se  nomme  Lucie  de  Procental, 
étant  au  château  du  baron  des  Adrets, 
le  soir  de  ses  noces,  ayant  fait  impru- 
demment jouer  un  ressort,  fut  précipi- 
tée dans  une  oubliette  ;  un  accident 
semblable  arrivé  à  un  jeune  homme  la  fit 
retrouver  à  Tétatde  squelette  par  celui-ci 
qui  resta  enfermé  auprès  d'elle  pendant 
trois  jours  :  un  chat  fut  le  moyen  de  sa 
délivrance. 

Saint-Malo,   nom  d'homme.  —  A 

la  fin  d'une  édition  des  Œuvres  de  maître 
Adam  Billaut,  menuisier  de  Nevers,  por- 
tant pour  épigraphe  ce    vers  de   Colle- 
tet  : 
Des lauriersdu  Parnasse, il  a  faitseschevilles, 

et  publié  à  Paris,  chez  Hubert  et  C'^ 
MDCCCVl,  on  trouve  une  collection  de 
sonnets,  de  stances,  d'élégies  et  autres 
vers  faits  à  la  louange  de  l'auteur  des 
Chevilles  par  «  un  grand  nombre  de  poè- 
tes célèbres  de  son  temps  »  (maître  Adam 
Billaut  était  né  au  commencement  du 
xvii^  siècle  et  les  Chevilles  parurent  en 
1644,  in-4»). 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1904. 


281 


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Parmi  les  élucubrations  louangeuses,  je 
relève  cette  épigramme  : 

Si  j'avais  de  telles  chevilles 
Pour  placer  les  aimes  du  roi, 
Mille  curieuses  familles 
Adam,  s'adresseraient  à  moi, 
Pour  voir  les  admirables  charmes 
Des  chevilles  comme  des  armes. 

Cette  platitude  est  signée  «  Saint- 
Malo  ». 

C'est  uniquement  cette  signature  qui 
m'intrigue.  Quel  pouvait  bien  être  le  ri- 
meur  portant  ce  nom,  qui  m'a  tout  l'air 
d'un  pseudonyme .f'  A-til  existé  une  fa- 
mille «  de  Saint-Malo  »  ? 

Gros  Malo. 

Toss3,  tosen,  tozal.  —  M.  A.  de 
Paniagua,  pour  étayer  sa  thèse  de  Celtes 
Bretons  et  de  Phocéens  venus  peupler  les 
Landes  de  la  Gascogne,  écrit  dans  le  Bul- 
letin de  la  Société  de  Géographie  commer- 
ciale de  Bordeaux^  du  1-15  août  derniers, 
p.  248  : 

Tossc  est  breton,  tosen  pour  torosen  si- 
gnifie «  élévation,  tertre  »,une  dune  apparem- 
ment. En  breton  la  lettre  s  est  toujours  douce 
et  non  sifflante,  elle  ne  se  double  jamais.  La 
grammaire  justifie  ainsi  l'étymologie  de  Tosse 
venant  de  tosen. 

Ce  que  nous  demandons, c'est  de  savoir 
si  les  Bretons  ont  peuplé  aussi  l'Aragon 
et  la  Catalogne,  puisque  dans  ces  pays  un 
sommet  de  montagne  un  peu  arrondi  est 
souvent  appelé  To^al  {{  doux,  Aragon), 
Tossal  (Catalogne).  N'est-il  pas  plus  sim- 
ple d'établir  une  corrélation  entre  le 
Tosse  (hauteur)  des  Landes,  et  le  To^al  ou 
Tossal  (sommité)des Pyrénées  espagnoles.'' 
Qj-i'en  pensent  les  linguistes  de  Ylnter- 
mcdiaire  ?  Oroel. 


î^e  verbe  poigaer.  —  Dans  le 
Gil  Blas  du  g  août  courant,  on  fait  dire  à 
M.  Anatole  France  : 

Je  sais  bien  que  je  lis  actuellement  un  ro- 
man dont  l'auteur  ne  sait  pas  conjuguer  le 
verbe  peigner  ;  mais  Corneille  ne  savait  pas 
conjuguer  le  verbe  se  souvenir.  * 

Bien  que  M.  Anatole  France  soit  un 
parfait  écrivain,  je  demande,  après  lui  : 
Qu'est-ce  que  le  verbe  poioner  ?  Existe- 
t  il  ^  je  ne  le  connais  que  par  la  forme  du 
prétérit,  poigiia,  ^  éritable  barbarisme  à 
mon  sens,  employé,  s'il  m'en  souvient 
bien,   par   Zola.   Poigner    n'a  jamais  été 


écrit  par  un  styliste.  C'est  poindre  qui  es 
français,  prétérit  poignit  ;  poindre  (de 
piingere)  signifie  à  la  fois  pointer  et  pi- 
quer, naître  et  atteindre  au  vif.  Je  serais 
heureux  que  l'auteur  de  Cratnquebille 
s'expliquât  sur  poigner  et  nous  dit  si  l'au- 
teur dont  il  parle  a  raison  ou  a  tort  de  ne 
pas  savoir  conjuguer  ce  verbe.  Pour 
nous,  il  a  raison. 

Enfin  à  quelle  phrase  se  rapporte  l'igno- 
rance du  grand  Corneille  au  sujet  du 
verbe  se  souvenir  ?  Marc  Legrand. 

S^empierger.  —  En  patois  de  Cham- 
pagne, on  dit  d'une  personne  qu'elle  s'em- 
pierge,  lorsqu'elle  se  prend  le  pied  par 
mégarde  dans  une  ronce  ou  une  corde  qui 
entrave  sa  marche. 

D'où  vient  le  mot  ?  de  pied  ?  de  piège  ? 
ou  de  pierre  ^ 

Par  analogie  avec  enfer ger  (T.  G.  315), 
où  le  radical  est  resté  intact,  on  pourrait 
considérer  la  troisième  racine  comme  la 
plus  vraisemblable  ;  mais  le  sens  parait 
l'exclure.  S'empiergern'est pas  synonyme 
de  buter.  *** 

Les  Incinérations.  —  La  Société 
pour  la  propagation  de  l'incinération,  a 
fourni  récemment  quelques  chiffres. 

Pour  la  France,  elle  donne  6710  inci- 
nérations dans  l'année  1892, mais  ce  chif- 
fre ne  nous  apprend  absolument  rien  sur 
les  progrès  de   l'incinération. 

Envoyer  au  four  crématoire  des  débris 
de  dissection  et  des  cadavres  de  la  Mor- 
gue et  des  hôpitaux  ne  constitue  pas  un 
progrès. 

Ce  qui  est  intéressant  à  connaître,  c'est 
le  nombre  d'incinérations  opérées  par  la 
volonté  du  défunt,  ou  par  la  famille,  si 
aucune  volonté  n'a  été  exprimée. 

Nous  prions  la  Société  de  vouloir  bien 

nous  renseigner.  Ignis. 

* 

Le  nombre  ûes  incinérations  faites  sur  la 
demande  des  familles  est, pour  Paris,de  250 
à  300  par  an.  Le  four  crématoir  fonctionne 
depuis  quinze  ans  :  les  incinérations  au  dé- 
but étaient  annuellement  de  150;  ce  nombre 
n'a  que  doublé  en  une  aussi  longue  période. 
La  crémation  ni  en  France,  ni  à  l'étranger 
ne  fait  de  réels  progrès. 

11  se  fait,  en  moyenne,  3000  incinérations 
aux  Etats-Unis,  500  en  Angleterre,  1000  en 
Allemagne,  350  en  Italie,  250  en  Suisse, 
50  en  Suède  et  50  en  Danemark. 


N»  1050. 


L'INTERMÉDIAIRE 


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284 


IBié^ome^ 


Un  portrait  de  Montluc  (L,  9).  — 

11  me  semble  qu'il  est  facile  de  se  rendre 
compte  si  le  portrait  exposé  aux  Primitifs 
est  bien  celui  de  Montluc  ou  celui  de  Mon- 
taigne. Les  portraits  de  Montaigne  sont 
fort  nombreux  ;  le  docteur  Payen,  un  de 
ses  historiographes,  en  avait  réuni  trois 
cents  gravés  ou  lithographies  ;  il  y  a  au 
château  de  Montaigne,  en  Périgord,  un 
portrait  à  l'huile  du  célèbre  philosophe. 
Il  existe  également  plusieurs  portraits 
gravés  de  Montluc  ;  je  signale  à  ).  V.  P. 
un  portrait  à  Ihuile  du  terrible  capitaine 
qui  se  trouve  au  musée  d'Avignon. 

Pierre  Meller. 

*  * 
Le  portrait  peint  qui  portait  le  n"  207 

à  V Exposition  des  Primiii/s  français  n'est 

certainement  pas  celui  de  Montluc. 

Ce  n'est  pas  l'absence,  dans  cette  pein- 
ture,des  deux  signes  noirs  (dits  grains  de 
beauté)  presque  symétriques  que  Montluc 
portait  à  la  face,  qui  doit  faire  écarter 
cette  attribution,  car  plusieurs  des  gra- 
vures qui  le  représentent  —  celle  de  Ma- 
riette en  particulier  —  n'ont  pas  repro- 
duit ces  signes. 

Mais  cette  attribution  s'élimine  toute 
seule,  à  notre  avis,  par  l'absence  de  toute 
ressemblance  avec  les  traits  assez  connus 
du  capitaine  gascon.  Par  contre,  on  y 
retrouve,  à  ce  qu'il  me  semble,  la  phy- 
sionomie de  Montaigne,  autant  que  l'ab- 
sence de  portraits  absolument  authenti- 
ques de  l'auteur  des £55^/5  permet  de  parler 
ainsi. 

Les  traits  de  Montaigne  nous  sont  re- 
présentés sous  des  formes  assez  diverses, 
par  les  nombreux  portraits  peints  ou  gra- 
vés que  nous  connaissons. 

A  défaut  d'originaux,  on  n'a  quelque 
chance  de  rencontrer  une  image  tant  soit 
peu  ressemblante  qu'en  remontant,  soit  à 
une  gravure  de  Ficquet  reproduisant  un 
portrait  peint,  en  IÇ78,  par  Dumoustier, 
contemporain  de  Montaigne,  et  auquel 
ressemble  aussi  beaucoup  une  gravure  de 
Thomas  de  Leu,  également  contemporain 
de  Montaigne,  soit  au  portrait  peint  et 
sans  nom  d'auteur  qui  se  trouve  au  châ- 
teau de  Montaigne,  et  qui  n'est  qu'une 
copie  provenant,  nous   avons  toutes  rai- 


sons de  le  croire,  d'une  des  branches  de  la 
famille  de  Montaigne. 

Or,  ces  deux  reproductions  de  la  phy- 
sionomie de  Montaigne,  paraissent  au 
premier  abord,  n'offrir  entre  elles  aucune 
ressemblance  et  ne  pouvoir  se  rapporter  à 
la  même  personne  ;  et  un  doute  vient 
naturellement  à  l'esprit  sur  la  valeur  docu- 
mentaire de  l'une  et  de  l'autre  effigie. 

Mais  en  comparant  attentivement  ces 
deux  types  si  différents  au  premier  aspect 
au  portrait  peint  qui  figurait  ces  jours-ci 
à  V Exposition  des  Primitifs  français,  au 
Pavillon  Marsan,  on  retrouve  dans  ce 
dernier  document,  un  certain  nombre  de 
traits  assez  caractéristiques  qui  servent 
de  transition  entre  les  deux  premiers,  et 
qui  me  font  conclure  que  ce  portrait  du 
xvi"  siècle  qui  n'est  pas  celui  de  Montluc, 
est  celui  de  Montaigne.  J'ajoute  qu'il  est 
bien  à  désirer  que  nous  ayons  enfin  mis 
la  main  sur  un  portrait  ressemblant  de 
l'auteur  des  Essais,  car  il  n'est  probable- 
ment pas  d'auteur  qui,  au  même  degré, 
fasse  naître  chez  ses  lecteurs  le  désir 
d'avoir  son  image  vraie. 

D'  Armaingaud. 

Lo  prince  Eugène  (T.  G.,  328). — 
Depuis  longtemps,  le  bruit  courait  que  des 
faux  s'étaient  glissés  dans  les  actes  de 
l'état  civil  de  Napoléon  P"" et  de  sa  famille. 
Chateaubriand  s'était  fait  l'écho  de  ces 
rumeurs,  dans  ses  Mémoires  d'Outre- 
Tombe. 

11  est  certain  qu'à  leur  mariage,  Napo- 
léone  Buonaparte  et  la  vicomtesse  de 
Beauharnais,née  de  Tascher,  firent  sciem- 
ment de  fausses  déclarations  qui  furent 
consignées  dans  l'acte  passé  le  dix-neu- 
vième jour  du  mois  de  ventôse  an  IV  de 
la  République  française,  au  II"  arrondis- 
sement de  Paris. 

D'autres  erreurs  existaient-elles  dans 
les  actes  de  l'état  civil  de  la  famille  impé- 
riale ? 

La  question  se  posait  pour  Eugène  de 
Beauharnais,  fils  de  l'impératrice  José- 
phine, fils  adoptif  de  Napoléon  et  vice-roi 
d'Italie. 

[J Almanach  impérial  de  l'année  1806 
fixe  la  date  de  la  naissance  d'Eugène  au  3 
septembre  1782. 

La  main  de  Joséphine  se  devine  dans 
celte  affaire.   L'impératrice,    d'après    le 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Août  1904 


285 


286 


même  almanach,  serait  née  le  24  juin 
1768.  Il  est  évident  qu'Eugène  doit  aussi 
être  rajeuni  et  qu'il  faut  le  faire  naître  en 
1782,  pour  que  sa  mère  ait  14  ans  au 
moment  de  sa  naissance. 

Mais  cette  date  de  1782  est  invraisem- 
blable. Elle  disparaîtra  plus  tard  de  l'an- 
nuaire. 

On  discute  seulement  pour  savoir  si  le 
prince  Eugène  a  vu  le  jour  en  1780  ou  en 
1781. 

Le  consciencieux  Margry,  l'ancien  bi- 
bliothécaire de  la  marine,  donne  à  main- 
tes reprises  la  date  du  3  septembre  1780. 

Jal,  dans  son  savant  Dictionnaire^ 
tranche,  semble-t-il  Je  différend  par  la  pu- 
blication (1)  in-extenso  de  l'acte  de  bap- 
tême d'Eugène  : 

Eugène  (Eugène-Rose  de  Beauharnais 
dit  :  le  Prince). 

Le  dictionnaire  Bouillet  fait  naître  cet 
homme  illustre  en  1 781.  Un  biographe 
assure  qu'il  vint  au  monde  en  Bretagne  le 
}  septembre  1780  (le  journal  la  Patrie  11 
septembre  iSîi).  La  vérité  est  qu'il  naquit 
rue  Thevenot,  à  Paris,  le  3  septembre  1780. 
En  voici  la  preuve  tirée  du  Reg.  de  Saint- 
Sauveur. 

«  Le  mardi  quatre  (septembre  17S0)  a  été 
baptisé  Eugène  Rose,  né  d'hier,  fils  de  h' 
et  pt  seigneur  messire  Alexandre  François 
Marie,  vicomte  de  Beauharnais,  capitaine 
au  Régiment  de  la  Ferre,  chevalier,  et  de 
haute  et  puissante  dame  Marie-Joseph-Rose 
de  Tascher  de  la  Pagerie,  son  épouse,  rue 
Thevenot,  parain  ht  et  pt  seigneur  Mire 
François,  marquis  de  Beauharnais,  baron 
de  Bauville,  chevalier  de  l'ordre  royal  et 
militaire  de  Saint-Louis,  chef  d'Escadre 
des  armées  navales,  ancien  gouverneur  et 
lieutenant  général  pour  le  Roi  de  la  Marti- 
nique et  des  isles  adjacentes,  ayeul  paternel  ; 
maraine  haute  et  puissante  dameRose-Claire 
Des  Desvergers  de  Sanois,  épouse  de  haut  et 
puiss'  seigneur  Messire  Joseph  Gaspard 
Tascher  de  la  Pagerie,  chevalier  de  l'ordre 
royal  et  militaire  de  St-Louis,  capitaine  de 
dragons,  ayeul  maternel,  présent  ;  repré- 
sentée par  h<e  et  p  te  dame  Marie  Euphé- 
mie  Désirée  Tascher  de  la  Pageiie,  dame 
Renaudin,  tante  maternelle  (signé)  Tascher 
de  Lapageiie,le  mis  de  Beauharnois,  le  Vt« 
de  Beauharnois,  Tascher  de  lapagerie, 
Bégon,  Jacquin,  curé  ». 

Dans  la  plainte  déposée  contre  le  vi- 
comte de  Beauharnais  par   la  vicomtesse 

(i)  Jal  D"  critique  de  biographie  et  dliis- 
toire,  p.  552,  Paris  1872.  Cote  Bib.  nat. 
Casier  C.  106, 


de  Beauharnais, sa  femme  et  qui  se  trouve 
aux  Archives  r.ationales  (i),  il  est  dit 
que  leur  fils  Eugène  naquit  le  trois  sep- 
tembre mil  sept  cent  quatre-vingt-un. 

Ne  s'agissait-il  pas  d'une  erreur  de  la 
part  du  scribe  qui  rédigea  cet  acte  ? 

En  effet,  on  avait  éciit  primitivement 
«  trois  septembre  mil  sept  cent  quatre 
vingt  ».  Le  mot  «  un»  a  été  ajouté  après 
coup.  Ne  pouvant  pas  être  placé  entre  le 
mot  «  vingt  »  et  le  mot  suivant  «  sem- 
blait »,  ce  «  un  »  a  été  mis  un  peu  au-des- 
sous de  la  ligne. 

Il  aurait  fallu  recourir  à  l'acte  original, 
mais  il  a  été  détruit  en  1871. 

Où  trouver  ime  copie  authentique.? 

On  sait  que  Napoléon  I''  donna  l'ordre  à 
Cambacérés  de  réunir  tous  les  actes  de 
l'état  civil  de  la  famille  impériale. 

Ces  copies  des  actes  de  l'état  civil  sont 
conservées  aux  Archives  nationales  dans 
l'armoire  de  fer. 

Sur  la  chemise  qui  contient  la  copie  de 
l'acte  de  naissance  de  son  altesse  impé- 
riale le  Prince  Eugène, on  lit  simplement  : 
septembre  1780. 

Dans  l'intérieur  de  la  chemise  se  trouve 
une  copie  en  bonne  et  due  forme  faite  au 
greffe  du  Palais  de  Justice  de  Paris,  le  23 
décembre  1807  et  signée  E.  de  Margueri. 

Voici  ce  texte  : 

L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt,  mardi 
4  septembre  a  été  baptisé  Eugène  Rose,  né 
d'hier  (2), .  . 


Eugène  est  donc  né 


en  1780.  Cette 
date  officielle  va  être  consignée  invariable- 
ment dans  tous  les  almanachs  impériaux, 
à  partir  de  i8oq. 

Qu'Eugène  fût  né  le  3  septembre  1780, 
il  n'y  avait  aucune  invraisemblance  à 
l'admettre.  En  effet,  Marie-joseph-Rose 
de  Tascher  de  la  Pagerie  s'était  mariée 
avec  le  vicomte  de  Beauharnais  le  13  dé- 
cembre 1779.  Eugène  naissait  le  3  sep- 
tembre 1780,  c'est-à-dire  264  jours  après. 
C'était  normal. 

En  cherchant  la  confirmation  de  cette 
date,  nous  fûmes  amené  à  découvrir  l'acte 
authentique  du  mariage  du  prince  Eugène 
à  Munich.  Cet  acte  sur  parchemin,  qui 
date  de  1806,  est  revêtu   des  signatures 

(1)  Arch.  nation.  Série  p.  13.975. 

(2)  Voir  plus  haut.  C'est  la  reproduction 
de  l'acte  donné  par  Jal. 


N'  1050. 


L'INTERMEDIAIRE 


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288 


des  personnages  impériaux  et  royaux  qui 
assistèrent  à  cette  union. 

Dans  ce  document,  le  ministre  d'Etat, 
Maret,  déclare  que  le  prince  Eugène  est 
âge  de  vingt- quatre  ans. 

Si  en  mai  1806.  date  du  mariage.  Eugène 
a  24  ans,  c'est  qu'il  est  né  en  1782, 
comme  le  fait  était  consigné  dans  l'Al- 
manach    impérial   de  l'époque. 

Mais  plus  loin,  dans  cet  acte  de  mariage 
original,  on  lit  que  le  prince  Eugène  est 
né...  septembre  mil  sept  cent  quatre 
vingt. 

Comment  Eugène,  au  moment  de  son 
mariage,  en  mai  1806,  pouvait-il  avoir 
24  ans  et  être  né  en  1780? 

Il  y  avait  là  une  erreur  manifeste.  11 
suffit  d'attentivement  regarder  l'acte  pour 
constater  un  grattage  très  net  et  très  évi- 
dent sur  le  parchemin.  Après  les  mots 
«.  est  né  à  Paris  »,  il  y  a  un  espace  gratté. 
A  côté  et  un  peu  d  biais,  car  la  place  dis- 
ponible était  restreinte,  on  a  écrit  «  sep- 
tembre mil  sept  cent  quatre  vingt  »,  sans 
indication  de  la  date  du  mois. 

Primitivement,  on  avait  dû  écrire  en 
chiffres:  1782,  année  qui  correspondait 
bien  à  l'âge  que  faussement  l'on  donnait 
au  prince  (24  ans) 

L'acte  fut  gratté  postérieurement  au 
mariage.  On  a  vu  que  c'est  en  décembre 
1807  que  la  copie  de  l'acte  de  baptême 
d'Eugène  fut  rédigée,  suivant  les  ordres 
de  Napoléon. 

Quand  l'Empereur  eut  cette  copie  entre 
les  mains  il  donna  probablement  l'ordre 
de  rectifier  l'âge  d'Eugène  sur  l'acte  de 
mariage  du  Vice-Roi. 

Le  parchemin  fut  grossièrement  gratté. 
La  date  du  mois  de  la  naissance  d'Eugène 
fut  omise.  On    se   contenta   décrire  «  né 

le septembre   mil   sept   cent   quatre 

vingt  ». 

Oti  ne  prit  même  pas  la  précaution  de 
faire, à  propos  de  l'âgé  d'Eugène,  la  cor- 
rection qui  était  devenue  nécessaire  par  le 
changement  qu'à  l'aide  du  grattoir  on 
avait  opéré  sur  la  date  delà  naissance. 

Si  Eugène  était  né  en  septembre  1780, 
comme  il  appert  de  l'acte  de  mariage,  le 
prince  devait  avoir,  au  moment  de  la  si- 
gnature du  document,  non  pas  24  ans, 
mais  26  ans.  On  laissa  l'âge  primitive- 
ment inscrit,  sans  rature. 

Un  indice,  cependant,  venait  jeter  le 
doute  sur  l'exactitude  de  cette  date  du 


3  septembre  1780  qui   semblait  pourtant 
bien  établie  : 

Dans  la  copie  de  l'acte  de  baptême  d'Eu- 
gène  conservée  dans  l'armoire  de  fer  et 
fixant  à  l'année  1780  la  naissance  du  fils 
du  vicomte  de  Beauliarnais,  on  trouve  la 
mention  suivante  : 

Registre  58  n"  i  Etat  civil 

1"  44  naissance  de  Beauhainais 

Ville  de  Paris 
Paroisse  de  Saint-Sauveur 
Extrait  du  registre  des  actes  de  naissance 
de  l'année  1781 , 
L'an    mil     sept  cent    quatre  vingt,   le   mardi 
quatre  septembre  a  été  baptisé  Eugène  Rose  etc. 

Eugène,  né  en  mil  sept  cent  quatre  vingt, 
ne  pouvait  pas  avoir  son  acte  de  baptême 
original  inscrit  sur  les  registres  de  l'année 
1781. 

11  existait  certainement  une  erreur. 

M.  de  Margueri  avait-il  commis  un  lap- 
sus et  fallait-il  lire  «  extrait  du  registre 
des  actes  de  naissance  de  l'année  1780.''  » 
Ou,  bien, dans  le  texte  même  de  la  copie, 
s'était-il  trompé  en  inscrivant  l'année  mil 
sept  cent  quatre  vingt,  au  lieu  de  mil  sept 
cent  quatre  vingt-un? 

Pour  résoudre  le  problème,  il  restait 
un  moyen. 

Il  est  dit  dans  l'acte  de  baptême  qu'Eu- 
rrène  fut  baptisé  le  mardi  quatre  septem- 
bre. Etait-ce  le  4  septembre  1780  ou  le  4 
septembre  1781  ? 

Il  suffisait  de  consulter  un  calendrier. 
Le  4  septembre  1780  tombait  un  lundi. 
Le  4  septembre  1781  était  bien  un 
mardi . 

Eugène  de  Beauharnais  est  donc  né  le  3 
septembre  1781. 

Cette  démonstration  était  faite  quand 
le  duc  Tascher  de  la  Pagerie  voulut  bien 
nous  communiquer  une  lettre  de  Mme  La- 
mairge  de  Faverolles  au  marquis  de 
Beauharnais.  Cette  lettre  originale  et 
inédite,  datée  de  Mône,  le  1 1  septembre 
1781,  tranche  la  question.  «Je  prends 
toute  la  part  possible  à  votre  satisfaction 
à  celle  de  M*  de  Renaudin,  à  M.  le  vi- 
comte et  à  M"  son  épouse  qui  doit  être 
bien  contente  d'avoir  donné  l'être  à  un 
beau  garçon.. . .  » 

11  s'ensuit  que  la  copie  de  l'acte  de  nais- 
sance d'Eugène  déposée  aux  archives  est 
entachée  d'une  grave  erreur.  Le  scribe 
s'est-il  simplement  trompé  et  a-t-il,  dans 
l'inscription  de  l'année   de   la  naissance 


DES    CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  t904« 


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mil  sept  cent  quatre-vingt-un,  omis  de 
mettre  le  «  un  »  final  laissé,  par  inadver- 
tance, au  bout  de  sa  plume  ? 

Dans  tous  les  cas,  la  copie  de  l'acte 
de  naissance  d'Eugène  est  inexacte. 

Quant  à  l'acte  original  sur  parchemin 
du  mariage  princier  du  Vice-Roi,  il  a  subi 
un  grattage  évident,  il  a  été  matérielle- 
ment falsifié  et  après  coup. 

D'abord  le  mmistre  Maret  avait  donné 
à  Eugène  24  ans  en  mai  1806.  Il  avait 
écrit  qu'Eugène  était  né  en  1782:  première 
inexactitude. 

Plus  tard,  pour  faire  concorder  la  date 
de  naissance  d'Eugène  inscrite  sur  son 
acte  de  mariage  avec  la  copie  de  son 
acte  de  baptême,  on  soumit  le  parchemin 
à  des  opérations  frauduleuses.  Cet  acte, 
revêtu  des  signatures  impériales  et  royales 
fut  gratté  et  on  ajouta,  pour  établir  la 
date  de  naissance  d'Eugène,  mil  sept  cent 
quatre  vingt,  deuxième  inexactitude. 

Cet  acte  a  donc  été  l'objet  d'une  falsi- 
fication et  constitue  un  faux.  Eugène  n'est 
pas  né  en  septembre  1780,  comme  on  a 
voulu  le  faire  croire  et  comme  il  est  écrit 
en  toutes  lettres,  mais  le  3  septembre 
1781. 

C'est  du  reste  la  date  donnée  par  le 
Prince  Eugène  lui-même  dans  ses  Mé- 
moires. Bizarres  procédés  pour  constituer 
le  dossier  historique  de  la  famille  impé- 
riale et  pour  établir  l'identité  des  parents 
de  Napoléon  ! 

D'  R.   PiCHEVIN. 

Un  édit  de  Henri  II  (XLIX,  833, 
959;  L,  72,  123).  —  On  trouvera  un 
article  très  documenté  du  D""  Rondelet, 
pseudonyme  qui  cache  un  des  plus  an- 
ciens collaborateurs  de  V Intermédiaire,  où 
redit  de  Henri  II  est  très  longuement  com- 
menté. 

L^article  est  intitulé  :  La  Médecine  dam 
le  Passé,  avec  pour  sous-titre  :  La  Recher- 
che de  la  paternité  sous  l'ancien  régime. 
J'allaisoublier  de  dire  que  l'article  a  paru, 
cette  année  même, dans  le  journal  La  Mé- 
decine internationale  illustrée^  1 3  rue  de 
Poissy,  Paris.  P.-C. 

Marquise  de  Favras  (T.  G.,  336  ; 

XLIX, 834, 971  ;  L,  19, 188).  —  M.  Tuetey, 
dans  un  article  que  publie  la  Révolution 
française  (14  août  1904),  Le^  archives  an- 
ciennesdu  ministère  de  la  justice  auxArchives 


nationales,  parle  du  dépôt  qui  vient  d'être 
fait  de  ces  importantes  archives  :  il  en  fait 
une  analyse  sommaire.  Nous  en  extrayons 
ce  passage  : 

33 .  Chalelet.  Prévôts  de  V Hôtel.  Officiers 
municipaux  1789-1790  :  i  carton. 

...  Le  second  dossier  présente  un  intérêt 
exceptionnel  parce  qu'il  est  entièrement  zon- 
s-a.cxé  2.UX  procès  pour  crimes  àe  lèse-nation 
qui  furent  jugés  au  Châtelet  en  1790  et  qu'il 
constitue  dans  une  certaine  mesure  la  série  des 
procédures  existant  aux  archives  nationales. 

Ce  sont  en  premier  lieu,  les  informations  et 
additions  d'informations,  les  confrontations  et 
interrogatoires  du  marquis  de  Favras,  dont  le 
dossier  n'existe  plus  au  Châtelet. 

Je  me  permets  de  signaler  à  M.  E.  Le 
Gallo  la  très  intéressante  et  très  complète 
étude  publiée  par  M.  Paul  Gaulot,  sous 
le  titre  l'Affaire  Favras,  dans  son  volume 
Amours  d'autrefois,  paru  chez  OUendorff 
en  1903.  Il  y  trouvera,  p.  241,  un  extrait 
des  documents  provenant  de  l'armoire  de 
fer  et  conservés  aux  Archives  nationales, 
duquel  il  résulte  que  la  marquise  de 
Favras  obtint  dès  1790,  une  pension  de 
4.000  livres  sur  la  liste  civile,  réduite  à 
1.200  livres  après  1791  et  qui  paraît  avoir 
été  continuée  par  le  comte  de  Provence 
pendant  quelque  temps. 

Quant  à  la  complicité  de  Monsieur, 
tout  semble,  en  effet,  la  démontrer.  Tou- 
tefois, M.  E.  Le  Gallo  fera  bien  d'écarter 
l'argument  tiré  par  le  comte  d'Hérisson 
dans  son  livre  Autour  d'une  Révolution 
(p.  60)  d'une  prétendue  lettre  du  comte  de 
Provence  adressée  à  Favras  le  i  *■■  novembre 
1789  et  que  M.  Louis  Blanc, dans  le  tome 
III  de  l'Histoire  de  la  Révolution  française., 
dit  avoir  copiée  en  Angleterre  sur  l'ori- 
ginal. M.  Feuillet  de  Conches  a  discuté 
l'authenticité  de  cette  lettre,  à  laquelle  M. 
Paul  Gaulot  n'accorde  sans  doute  aucune 
valeur,  puisqu'il  n'en  parle  même  pas.  Si 
elle  était  vraie,  elle  serait  absolument 
écrasante  pour  la  mémoire  de  Louis 
XVIII.  Bien  avant  d'être  publiée  par  M. 
Louis  Blanc,  elle  avait  paru  dans  un  ro- 
man fort  oublié  aujourd'hui  {Les  Prison^ 
niers  du  Temple  par  Regnault-Warin, 
Paris,  1800).  L'auteur  est  coutumier  d'in- 
ventions de  ce  genre.  Dans  ses  Cames 
des  excès  de  la  Révolution.^  Dulaure  avan- 
ce, mais  sans  preuve,  que  Regnault-Wa- 


N*  1050. 


L'INTERMEDIAIRE 


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292 


rin  avait  vu  cette  lettre  dans  les  papiers 
du  Directoire.  Comment  est-elle  passée 
dans  la  collection  de  lord  Hoiighton,  où  M. 
Louis  Blanc  l'aurait  copiée  et  quelle 
créance  mérite  un  tel  document  ?  Une 
réponse  satisfaisante  à  cesquestions  ferait 
cesser  la  plupart  des  incertitudes  qui 
obscurcisent  encore  l'affaire  Favras. 

SOUVIRON. 

Robespierre  sur  la  charrette 
CL,  3).  —  Quand  donc  se  lassera-t-on 
d'appeler  Robespierre,  «  Cromwell  »,avec 
lequel  il  n'a  pas  le  moindre  rapport  ? 
C'est  méconnaître  le  grand  homme  d'E- 
tat de  l'Angleterre,  et  c'est  ignorer  celui 
que  Michelet,  tout  dantoniste  qu'il  se 
soit  montré  dans  son  Histoire  de  la  Révo- 
lution, n'a  pu  s'empêcher  de  proclamer, 
à  son  tour,  un  grand  homme.  Pour  la 
connaissance  des  hommes  de  la  Révolu- 
tion, dérouillés,  restaurés,  remis  à  point 
comme  des  tableaux  du  Louvre,  nettoyés 
de  la  haine  des  partis,  lire  les  antago- 
nistes les  plus  ardents,  tels  que  Michelet, 
pour  l'Histoire  générale,  le  docteur  Ro- 
binet, qui  a  vengé  et  réhabilité  le 
grand  patriote  Danton,  Ernest  Hamel 
qui  a  écrit  sur  Saint-Just  et  Robespierre 
les  livres  les  plus  impartiaux  qui  se 
puissent,  et  tout  chargés  de  documents. 
Sainte-Beuve,  qui  n'était  pas  suspect  de 
jacobinisme,  —  mais  qui  n'était  pas  non 
plus  un  ennemi  de  la  Révolution,  tant 
s'en  faut,  —  écrivit  à  Hamel,  au  reçu  de 
son  Histoire  de  Robespierre  :  «  Je  salue  en 
vous  l'historien  intègre...  »  Napoléon 
lui-même  rendit  justice  au  grand  homme 
d'Etat  que  fut  Robespierre,  et  mérita  pour 
cela  qu'on  l'appelât  «  un  Robespierre  à 
cheval.  »  Ils  n'avaient  rien  l'un  de  l'autre, 
et,  sans  doute,  sans  le  9  thermidor, 
on  n'aurait  pas  eu  l'épopée  impériale, 
qui  a  coûté  si  cher  à  la  France.  On  se 
serait  contenté  du  général  Bonaparte,  qui 
fut  quelque  peu  jacobin,  —  mais  pour  le 
bon  motif,  —  dans  son  Dîner  de  Beati- 
caire. 

Quant  à  avoir  peur  de  montrer  son  vi- 
sage ensanglanté  au  peuple,  sur  la  sinis- 
tre charrette  qui  le  conduisait  à  l'écha- 
faud,  j'aimerais  à  savoir  comment  s'y 
prendraientjpour  tenir  la  tête  droite,  ceux 
qui  auraient  eu,  comme  Robespierre, 
la  mâchoire  fracassée  par  le  coup  de 
pistolet  de  Merda.         Jules  Troubat. 


Le  Club  breton,  les  Amis  de  la 

Constitution  et  les  Jacobins  fL,  49, 
250).  —  Le  document  auquel  j'ai  fait 
allusion  dans  mon  premier  article  a  pour 
titre  :  Abrégé  du  Règne  de  Louis  XUl  et 
des  principaux  événements  de  la  Révolution 
de  France  depuis  ijy^  Jusqu'à  la  fin  de 
'799  (45  ^'")-  E"  réalité, le  manuscrit  ne 
va  que  jusqu'au  18  prairial  an  11.  Je  ne 
connais  pas  le  nom  de  l'auteur. 

De  ce  manuscrit  j'extrais  :  «  ...  Le  Club 
breton,  ainsi  nommé  parce  que  la  plupart 
des  membres  qui  le  composaient  étaient 
députés  de  Bretagne.  Lorsque  le  Roi  et 
l'Assemblée  furent  établis  à  Paris,  le  Club 
breton  quitta  aussi  Versailles  et  vint  s  éta- 
blir place  des  Victoires^  Hôtel  de  Massiac. 
Il  procéda  avec  moins  de  mystère...  il  loua 
alors  un  emplacement  plus  vaste,  ce  fut 
celui  du  couvent  des  leligieux  Jacobins  ». 

D'autre  part,  M.  Aulard  indique  le  7  de 
la  place  des  Victoires  comme  ayant  été  le 
local  provisoire  du  Club  des  amis  de  la 
Constitution.  J.-G.  Bord. 

Le  serment  des  ecclésiastiques 
sous  la  Révolution  (XLIX,  837,  964  ; 
L,  123,  188,231). —  Extrait  des  /imtales 
historiques  et  chronologiques  de  la  Ville 
d'Arbois  (Jura),  année  1791,  page  528  : 

23  janvier  1791.  Prestation  du  serment  des 
ecclésiastiques  à  la  Constitution  civile  du 
Clergé^  décrétée  par  l'assemblée  nationale  le 
26  décembre  1790.  La  cérémonie  a  lieu  le 
dimanche  à  l'issue  de  la  messe  de  paroisse,  en 
présence  des  officiers  municipaux, des  notables, 
d'un  détachement  de  la  garde  nationale  en 
armes,  et  d'un  grand  nombre  de  citoyens. 

Ont  comparu  MM.  Ignace-François-Xavier 
Bruct,  Docteur  en  théologie,  curé  :  Jean-Bap- 
tiste Noirot,  Charles-Louis  Bonnedouce,  An- 
toine-Philippe Saron  et  Remi-Sébastien  Ver- 
mot,  vicaires  ;  Claude-Pierre  Gravier,  Jacques- 
Hugues  Malfroy  et  Jean-lierre  Plumey,  le  der- 
nier principal  du  collège,  prêtres  lesquels  ont 
individuellement  prêté  le  serment:  De  veiller 
avec  soin  sur  les  fidèles  de  la  paroisse  qui 
leur  est  confiée,  d'êtres  fidèles  à  la  nation,  à 
ta  loi  et  au  roi,  et  de  maintenir  de  tout  leur 
pouvoir  la  constitution  décrétée  par  l'assem- 
blée nationale  et  acceptée  par  le  roi. 

Deux  discours  sont  prononcés  par  MM.  Bruet 
et  Plumey,  et  unanimement  applaudisà  cause 
des  sentiments  patriotiques  qui  y  sont  expri- 
més. Il  est  délibéré,  séance  tenante,  qu'ils 
seront  textuellement  inscrits  à  la  suite  du 
procès-verbal.  Suivent  ces  discours  dans  le 
registre. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1904, 


^93 


294 


Emm.  Bousson  de  Mairet.  Pointurier 
Père,  Imprimeur-Lithographe  à  Dole. Edi- 
teur iS^6.  Imprimerie  de  Madame  Javel, 
Arbois.  B.  de  M. 


* 
*  » 


Cf.  Les  Prêtres  sons  la  Première  Républi- 
que dans  le  Gaulois  du  dimauche  des  13- 
14  août  1904,  p.  2,    3.  L.  C. 

Louis XVIÎ  — Documents  inédits 
(T.  G.  532  ;  XLIX,  684,  S57  ;  L.  326.)  — 
Colonne  227.  ligne  28,  lire  1794  au  lieu  de 
1764  ;  colonne  229.  ligne  55,  au  lieu  de 
reconnaître  Luuis  Xf^I!,  lire  recouiiaitre 
Louis  XVIII. 

Napoléon  Bonaparte  appelé  Ni- 
colas (L,  163,  234).  —  Colonne  234, 
ligne  48, au  lieu  deNapol/one  Buonaparte, 
lire  Napohbne  Buonaparte. 

J.  G.  Bord. 

Le  Lion  de  "Waterloo  en  1832 
(XLIII  ;  XLIV  ;  XLVII  ;  XLVlll,  32  ;  L, 
76).  —  Dans  ma  communication  du  20 
juillet  1901  à  V Intermédiaire,  communi- 
cation à  laquelle  la  Galette  fait  allusion, 
j'ai  cité  des  sources  nombreuses  :  il  eût 
suffi  de  s'y  reporter  pour  être  édifié  sur  la 
pensée  qui  a  inspiré  le  monument.  Voici, 
par  exemple,  en  quels  termes  le  Mercure 
belge  commentait,  en  1817,  le  projet  de 
l'architecte  Vanderstrate,  auquel  le  gou- 
vernement du  royaume  des  Pays-Bas  ve- 
nait de  donner  son  approbation  : 

Il  s'agissnit  de  célébrer  un  événement  qui 
a  raffermi  notre  in.lépendance  nationale  ;  on 
proposait  d'élever  un  monument  dans  les 
plaines  de  Waterloo. 

Ce  sujet  présentait  de  nombreuses  difficul- 
tés. 

Depuis  que  des  soldats  ont  cessé  de  repré- 
senter les  peuples,  il  n'est  plus  permis  d'ou- 
trage un  peuple  respectabfe  dont  une  faible 
poition  a  cédé  à  des  armes  étrangères,  mais 
en  se  couvrant  de  gloire.  D'un  autre  côté, 
nous  eussions  manqué  de  noblesse  en  imi- 
tant l'égoïsme  de  l'Angleterre  qui  prétend 
usurper  un  honneur  si  chèrement  payé  par 
le  sang  de  ses  alliés,  par  le  sang  du  petit-fils 
des  Nassau.  C'était  moins  un  succès  de  car- 
nage que  le  retour  de  la  paix  et  de  la  liberté 
que  le  monument  devait  consacrer,  sans 
néanmoins  que  cette  intention  principale  ré- 
prouvât quelques  souvenirs  de  victoire  et 
môme    d'expiation  funéraire. 

L'antiquité  nous  offrait  ses  arcs  detriomphe, 
ses  colonnes    triomphales,     ses    obélisques    et 


ses  pyramides.  Les  premiers,  faits  pour  cou- 
ronner le  passage  du  vainqueur,  étaient  con- 
venablement placés  sur  les  grandes  routes, 
aux  portes  de  la  Ville  Eternelle.  Les  co- 
lonnes semblent  destinées  à  orner  l'inté- 
rieur des  cités  ;  et  quand  elles  sont  isolées, 
elles  marient  mal  leurs  proportions  grêles 
avec  l'immense  horizon  des  campagnes. 
L'obélisque  a  quelque  chose  de  mystérieux 
qui  eût  trompé  la  postérité.  Enfin,  la  pyra- 
mide rappelait  des  idées  de  tombeau  et  de  ser- 
vitude qui  dépareraient  un  édifice  auquel  un 
peuple  libre  attache  les  trophées  de  sa  gloire. 
L'artiste  se  voyait  donc  forcé  à  voler  de  ses 
propres  ailes,  et,  placé  dans  une  situation 
neuve,  à  créer  un  monument  d'uii  genre  neuf. 
Si  le  rapport  qu'on  nous  a  fait  est  fidèle, 
voici  quel  est  à  peu  près  son  projet,  qui  a 
obtenu  l'approbation  du  gouvernement  : 

Un  cône  tronqué  en  terre,  de  500  pieds  de 
diamètre  environ  à  sa  base,  et  dont  une  masse 
de  maçonnerie  formera  le  noyau,  s'élèvera  à 
peu  près  à  125  pieds  et  sera  surmonté  d'un 
piédestal,  avec  un  lion  colossal  en  bronze 
appuyé  sur  le  globe.  Ce  superbe  animal,  em- 
blème de  la  force  et  de  la  valeur  belgique, 
dominera  le  paysage,  et  secouant  sa  large 
crinière  au-dessus  des  arbres  qui  l'environ- 
neront, semblera  le  génie  de  la  patrie,  posté 
là  pour  veiller  sur  la  cendre  de  nos  défenseurs 
et  défendre  à  l'étranger  de  rentrer  en  ennemi 
sur  notre  sol.  L'architecte,  dont  toutes  les 
conceptions  sont  poétiques,  a  imaginé  de 
faire  exécuter  les  terrassements  par  l'armée 
elle-même.  Le  piédestal,  enfin,  sera  couvert 
d'inscriptions  simples  et  significatives,  telles 
que  celle-ci  :  Virtuti  de tunctœ  et  superstiti. 
Ces  mots  de  Strada  n'y  seraient  peut-être  pas 
déplacés  ;  Quasi  uno  in  Belgio  de  Europat 
imperio  diiniccttir. 

Le  Lion  est  donc  bien  «  hollando- 
belge  »,  et  il  n'y  a  plus  lieu  d'élever, 
comme  le  proposent  en  ce  moment  même 
quelques  Flamands,  un  monument  à  la 
mémoire  des  Belges  et  des  Hollandais  tom- 
bés sur  le  champ  de  bataille.  Les  textes 
parlementaires  de  1817-1818  invoqués  à 
1  encontre  de  cette  conclusion  n'ont  point 
la  portée  qu'on  a  prétendu  leur  donner  ; 
ils  prouvent,  au  contraire,  selon  moi,  que 
le  gouvernement  des  P^ys-Bas  a  voulu, en 
se  hâtant  de  faire  commencer  la  butte  du 
Lion,  prévenir  une  initiative  possible  de 
ses  anciens  alliés.  Nous  soumettons  d'ail- 
leurs ces  textes  mêmes  à  l'appréciation  de 
nos  collaborateurs; 

VRAGEN   GEDAAN   DOOR   DE   AFDEELLING.     Afd. 

6.  Art.  7.  Waarom  rigt  men    een    monument 
te  Waterloo  op,  en  konde  dit  niet  tôt  gunstiger 


N*  1050. 


L'INTERMÉDIAIRE 


295 


tijden  worden  uitgestoid  ?  (Vierde  afdeeliiig). 

ANTWOORDEN    GEGEVEN     DOOR     DE     RhGEERING.    — 

AIzoo  van  ondeischeiden  kanten,  en  zelfs  van 
wege  andere  Mogendheden,  het  verlangen 
werd  geuit  om  een  monument  te  Waterloo  te 
inogen  oprigten,  zoo  heeft  men  gemeend  dat 
de  welvoegelijkheid  en  de  waaidigheid  der 
Nederlandsche  Natie  vereischte,  dat  zooJanig 
monument  niet  ten  koste  van  vreemde,  maar 
ten  haren  koste  weid  opgeiigt,en  men  heeft 
daaiom  gemeend  niet  langer  te  moeten  uits- 
tellen  eene  som  tôt  aanvang  van  hetzclve  te 
moeten  viagen,  tôt  einde  het  siiccessivelijk  te 
voleindigen,  zijnde  er  op  het  budget  van  1818 
slechts  aangeviaagd  een  vijfde  van  de  koste 
van  500.000  gulden  waarop  het  monument 
wordt  geschat. 

A.  Boghaert-Vaché. 


* 

4-    * 


M.  Léon  van  Neck,  secrétaire  du  Co- 
mité belge  du  monument  français  de 
Waterloo,  a  publié  à  Bruxelles  un  superbe 
\olume,  Waterloo  inusiré.  Les  pages  198 
à  203  sont  consacrées  à  la  question  du 
Lion,  désormais  complètement  élucidée. 
Et  l'auteur  rappelle  que  «  M.  Boghaert- 
Vaché, dans  Mnterincdiaire  des  chercheurs  et 
<:m>'»Vî<a:  du  20  juillet  1 901, résuma  magistra- 
lement la  discussion, démontrant,  citations 
et  preuves  à  l'appui, que  le  Lion  a  toujours 
eu  l'allure  que  nous  lui  connaissons  ».     Y. 

Le  droit  du  seigneur  (T.  G.  290; 
L,  206).  —  Voici  ce  qu'on  lisait  dans  Le 
journal,  numéro  du  24  septembre  1900  : 

Les  journaux  de  Privas  rapportent  que 
des  touristes  montés  dernièrement  auCha- 
raïx  (la  plus  haute  montagne  autour  de 
Privas),  ayant  eu  l'idée  de  fouiller  les  rui- 
nes de  l'abbaye,  ont  découvert  une  espèce 
de  réduit  voûté  contenant  un  certain  nom- 
bre de  volumes  tombant  en  poussière,  par- 
chemins réunis  en  cartulaires,  coutumiers, 
livres  liturgiques,  etc.  La  pièce  de  choix 
est  un  fort  manuscrit  que  sa  reliure  en 
peau  avait  assez  bien  garanti  des  injures 
du  temps.  L'écriture  très  contournée  et  le 
style  des  quelques  pages  qu'on  a  pu  déchif- 
frer permettent  de  reporter  à  François  l" 
la  date  de  sa  rédaction.  Les  premières 
pages  de  ce  manuscrit  sont  consacrées  à 
l'origine  en  Vivarais  et  dans  toute  la  Gaule 
du  droit  du  seigneur. 

Que  faut-il  penser  de  cette  trouvaille  .? 
est-elle  réelle  ?  Quelqu'un  parmi  nos  con 
frères  a-t-il  vu  le  fameux   manuscrit  et 
pourrait-il  donner   la  copie   ou   l'analyse 
de  ce  qui  a  trait  au  droit  du  seigneur  ^ 

Gros  Malo. 


2C)b 

Terre  noble  (L,  162).  —  Tout  le 
monde  sait  ce  qu'était  une  terre  noble  au 
point  de  vue  des  exemptions  fiscales  et 
du  régime  successoral,  je  pense  donc  que 
la  question  aurait  besoin  d'être  complé- 
tée. P.  DU  Gué. 

«  Canale  dei  Mnlini.  Schuna. 
Auscenti  /*  en  Bretagne  (L.  164).  — 
M.  le  professeur  Luigi  P.  a  parfaitement 
raison  de  voir  dans  Auscenti,  l'île d'Oues- 
sant.  Importante  par  elle-même,  elle  l'est 
bien  davantage  par  la  situation  maritime 
et  militaire  qu'elle  occupe  au  large  de  la 
côte  de  Bretagne;  aussi  toutes  les  cartes 
du  moyen  âge  et  du  xvi'  siècle,  quand 
bien  même  la  France  n'y  a  que  huit  à 
dix  centimètres  de  haut,  ont-elles  bien 
soin  de  l'indiquer.  Uxcant,  Uscenti,  Aus- 
centi, telles  sont  certaines  des  dénomina- 
tions qu'on  relève  sur  les  portulans  et 
notamment  sur  les  portulans  italiens. 

Si  Luca  degli  Albizzi  s'est  figuré  être  à 
la  suite  de  la  tempête  qu'il  venait  d'es- 
suyer dans  le  canal  des  Moulins  entre 
Schuna  et  Auscenti,  il  faut  chercher  ce 
canal  des  Moulins  dans  les  parages 
d'Ouessant,  or,  nous  avons,  dans  le  voi- 
sinage immédiat,  l'ile  Molène  qui  répond 
absolument  au  mot  italien  Mulini.  Le 
passage  de  Fromveur  dont  parle  M.  L.  P. 
est  situé  entre  Ouessant  et  l'ile  Bannec, 
c'est  un  étroit  passage,  un  des  trois  cou- 
loirs qui  séparent  l'ile  de  Molène  d'Oues- 
sant. 

Quant  à  Schuna,  il  y  a  là  pour  moi 
une  mauvaise  lecture,  soit  dans  le  manus- 
crit de  Luca  degli  Albizzi,  soit  dans  la 
carte  qui  aurait  servi  à  ce  navigateur. 
C'est  d'ailleurs  un  fait  excessivement  fré- 
quent et  dont  on  trouve  des  exemples 
sur  presque  toutes  les  cartes   anciennes. 

je  propose  la  lecture  Schina.  En  efïet. 
Pile  de  Sein  est  pour  tous  ceux  qui  fré- 
quentent les  côtes  de  Bretagne,  une  loca- 
lité d'une  importance  exceptionnelle, 
aussi  ne  faut-il  pas  s'étonner  de  la  voir 
figurer  sur  les  portulans  sous  les  noms 
de  Seina,  Saim  ou  Sein.  Le  portulan  dont 
se  servait  Albizzi  devait  porter  les  noms 
d'Uxent  ou  Auscenti,  Moline  et  Seina,  il 
croyait  donc  avoir  passé  par  l'Iroise. 

Au  xv"  siècle,  on  était  incapable  de 
faire  des  observations  astronomiques,  on 
prenait  les  hauteurs  à  l'astrolabe,  on  na- 
viguait à  l'estime  sur  des  cartes  qui  ne 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


297 


298 


30  Août  Jot>4. 


portaient  avec  les  latitudes  que  les  aires 
des  vents.  Il  fallait  au  marin  Vœs  triplex 
dont  parle  Horace.  L'ile  d'Ouessant,  celle 
de  Aloléne,  celle  de  Sein  suffisent  pour 
indiquer  les  parages  où  se  trouvait  le 
marin  italien.  —  G.  M. 

Famille  Beaoist  (L,  164).  —  Au 
Maine,  Benoist  de  Suint-Martin  se  fit 
représenter  à  l'assemblée  de  la  noblesse 
en  1789  :  d'aigenî,  à  l'aigle  éployéc  de 
sable,  becquée  et  onglée  de  gueules. 

Louis  Calendini. 

Claire  Gambotta,  chanteuse  de 
café-concert  (XLIX,  614,  692,  869  ; 
L,  32).  —  M.  Eugène  Grécourt  répond, 
dans  le  n°  du  10  juillet  de  X Intermédiaire^ 
à  une  lettre  que  je  lui  avais  écrite  pour 
l'informer  que  suivant  ses  indications, 
j'avais  fait  des  recherches  dans  le  Figaro 
du  mois  de  mars  1873,  afin  de  découvrir 
certains  articles  conservés  à  Claire  Gam- 
betta.  recherches  qui  furent  infructueuses. 

Je  remercie  M.  Grécourt  de  la  rectifica- 
tion qu'il  apporte  à  sa  première  note  et 
des  nouveaux  renseignements  qu'il  veut 
bien  me  fournir. 

Toujours  en  m'inspirant  des  notes  de 
M.  Grécourt.  j'ai  écrit  à  Marseille  pour 
savoir  si  l'on  ne  pourrait  pas  retrouver 
des  traces  du  père  de  Georgina  :  Abraham 
Gambetta.  Les  recherches  aux  archives, 
dans  les  registres  de  l'éiat  civil  et  dans 
les  publications  du  temps,  n'ont  donné 
aucun  résultat.  11  n'existe  aucune  men- 
tion non  plus,  de  cet  Abraham,  dans  les 
différentes  exploitations  de  messagerie. 

Où  M.  Grécourt  avait-il  donc  trouvé 
les  renseignements  qu'il  a  donnés  dans 
l'Intermédiaire  ? 

M.  Grécourt  disait  aussi  que  Geor- 
gina était  né  à  Crémone  (Italie).  J'ai  écrit 
au  maire  de  cette  ville,  qui  s'est  empressé 
de  me  faire  connaître  que  ses  recherches 
avaient  été  négatives.      Alphonse  Séché. 

Prononciation  du  nom  de  Mon- 
taigne (L,  166.  249).  —  La  finale  aigne  a 
le  même  sens  que  la  finale  agne  dans  Mon- 
tagne, et  cela  veut  dire  mont  aigu,  mont 
terminé  en  pointe,  s'affinant  au  sommet. 
On  a  prononcé  le  radical  og.,  aigu,  de 
diverses  façons,  selon  les  pa3'S  :  ^7^,  aig, 
èg,  eig  et  ig  (  dans  Montigny).  C'est  donc 
là  une  simple  question  de  patois  local. 

D'  Bougon. 


J'étais  très  lié  d'amitié  avec  M.  Jos.- 
Dés. -Louis  Gilbert-Schneider,  l'érudit  édj>. 
teur  et  commentateur  des  œuvres  de 
Vauvenargues  et  de  La  Rochefoucauld, 
trois  fois  lauréat  des  prix  d'éloquence  de 
l'Académie  française,  mort  à  Paris,  pen- 
dant le  siège,  en  octobre  1870. 

A  Paris,  chez  lui,  vers  1865,  je  me 
souviens  d'avoir  assisté,  à  une  toute  pre- 
mière lecture  académique  —  avant  la  let- 
tre —  de  son  Eloge  de  Regnard,  le  célè- 
bre poète  comique,  éloge  que  peu  après 
couronna  l'Institut. 

A  cette  lecture,  se  trouvaient  MM .  Henri 
Baudrillart  l'économiste,  Désiré  Nisard, 
Ernest  Legouvé  Patin, Henri  Martin  l'his- 
torien, tous  les  quatre  de  l'Académie,  le 
vicomte  Henry  de  Bornier,  alors  encore 
peu  connu,  Prévost-Paradol,  le  brillant 
polémiste,  et  trois  ou  quatre  autres  nota- 
bilités littéraires  dont  ma  mémoire  a 
laissé  se  perdre  les  noms. 

Pour  moi,  il  me  faut  vous  le  dire,  je 
n'étais  là,  que  comme  simple  enfant  de  la 
maison,  mais  j'y  étais,  <-<  pour  de  vrai  »  : 
tout  yeux  et  tout  oreilles  ! 

Ce" fut  le  regretté  M.  Legouvé,  un  in- 
comparable lecteur,  comme  chacun  sait, 
qui  reçut  des  mains  de  M.  Gilbert  le  ma- 
nuscrit (présentement,  en  ma  possession, 
par  parenthèse)  et  qui  se  chargea  d'en 
faire  la  lecture,  ce  dont,  au  reste,  il  s'ac- 
quitta avec  un  charme  et  un  esprit  infi- 
ni?. 

duand,  entouré  des  applaudissements 
de  tout  l'auditoire,  il  eut  terminé,  je  me 
souviens  que  l'un  des  assistants(M.  Henri 
Martin,  je  crois)  se  leva  et,  très  discrète- 
ment, demanda  pourquoi  M.  Legouvé 
avait,  toujours  et  partout,  prononcé  Re- 
nard (sans  le  g),  le  nom  de  Regnard, 

M.  Patin  qui,  à  ce  moment,  était  le 
plus  rapproché  de  siège  de  M.Henri  Mar^ 
tin,  lui  répondit,  fort  gentiment,  à  peu 
près  ceci,  —  le  sens,  seul,  des  paroles  de 
M.  Patin,  après  trente-neuf  ans  écoulés, 
s'est  conservé  dans  mon  souvenir  —  : 
«  Mais,  mon  ami,  tout  simplement,  parce 
que  les  vieux  noms  propres  qui  sont  for- 
més d'anciens  substantifs,  de  noms  com- 
muns, comme  ceux-ci  :  Regnard,  ^Mon- 
taigne et  ses  dérivés  :  Montaignon,  Moti- 
taignac,  de  IHospitat'i  IWustn  chancelier, 
-  Charles  c/w   Molin  le  grand  jiiriscon- 


Ji,*    1050. 


L'INTERMEDIAIRE 


299 


300 


suite  —  les  académiciens  Bernard  de 
la  Monnoye,  et  du  Ciiastelet,  —  Da- 
moustiers,  le  poète  d'Emilie,  —  Ladvocat, 
le  grand  libraire  — ,  tous  ces  noms, 
bien  que  ayant  conservé  leur  aspect 
orthographique  des  xv'  et  xvi''  siècles, 
se  prononcent,  aujourd'hui,  et  se  doi- 
vent prononcer,  littéralement,  comme 
se  prononcent  et  comme  s'écrivent, de  nos 
jours, leurs  équivalents  mêmes, originaires, 
les  noms  communs  dont  ils  sont  issus  ». 

Pour  ceux  de  nos  lecteurs  que  l'explica- 
tion,cependant  bien  claire, de  feu  M. Patin, 
dérouterait  ou  laisserait  incrédules,  j'en 
appellerai,  s'il  leur  plaît,  à  l'aréopage  de 
la  Maison  de  Molière.  C'est  là,  par  excel- 
lence, le  dernier  sanctuaire  où  se  conser- 
vent le  plus  sûrement, avec  les  traditions, 
et  la  netteté  de  la  prononciation, et  la  pu- 
reté du  beau  langage. 

QjLie  notre  ami  M.  Georges  Monval,  un 
fidèle  de  \' Intermédiaire^  s'il  vient  à  lire 
ces  lignes,  veuille  donc  bien  prendre  le 
soin  de  nous  dire  comment,  exactement, 
se  prononcent,  à  la  Comédie-Française, 
les  noms  de  Rdgnard  et  de  Montaigne? 

Je  serais,  pour  ma  part,  bien   surpris, 
que  l'avis  de  la  Comédie  ne  restât  pas  en 
tout  conforme  à  celui  du  bon  M.  Patin. 
Ulric  Richard-Desaix. 

L'intelligence  artistique  de  Ra- 
chel  (XLVII;  XLVIII).  —  Entre  autres 
documents,  sur  cette  curieuse  question, on 
peut  consulter  avec  intérêt  :  Mes  souvenirs 
de  la  <\  Revue  des  Deux-Mondes  ».  (Revue 
internationale,  ^^  année,  t.  XVllI,  p.  25 
et  s.),  par  H.  Blaze  de  Bury,  qui  semble 
sévère,  et  Soixante  ans  de  souvenirs  (t.  IV, 
p.  5  et  s.,)  par  E.  Legouvé,  qui  est  plus 
bienveillant.  L.  de  Leiris. 

Souvenirs  de  Simon  de  Grand- 
champ  (XLIV).  —  Ces  souvenirs,  on  les 
peut  lire  dans  \' Annuaire  de  la  Société 
philolechnique^  année  1868,  Paris-Hachette, 
1869.  8». 

Si  ces  pages  ne  reproduisent  pas  le 
manuscrit  visé  par  A.  S.,  elles  racontent 
du  moins  le  récit  que  M.  Henri  Beaune 
entendit  de  la  bouche  de  Simon  de  Grand- 
champ  en  1853,  dans  une  pauvre  auberge 
de  Vitteaux   (Côte-d'Or). 

Jean-Baptiste  —  fils  de  Denis-Joseph  Si- 
mon de  Granchamp,  président-trésorier 
de  France,  général  des  finances  de  Bour- 


gogne et  Bresse,  et  de  dame  Françoise 
Rémond,  —  naquit  à  Semur-en-Auxois, 
le  7  mars  1767.  Quand  il  eut  atteint  sa 
onzième  année,  ses  parents  le  mirent  au 
collège  d'Autun,  dont  son  oncle  paternel, 
l'abbé  de  Granchamp,  était  principal. 
C'est  là  qu'il  connut  non  seulement  le 
futur  empereur,  mais  encore  et  surtout 
son  frère  Joseph  : 

Autun,  dit-il,  tut  le  premier  séjour  de 
Napoléon  en  France,  quoi  qu'on  en  ait  dit  ; 
je  l'y  ni  vu,  je  me  suis  battu  avec  lui,  et  je 
vous  prie  de  croire  que  malgré  sa  petite  taille, 
c'était  un  rude  gaillard  I  Autant  son  frère 
Joseph  était  doux,  aimant,  bon  camarade 
(c'était  mon  ami  intime,  mon  copin,  celui 
que  je  chérissais  le  plus),  autant  l'autre  était 
taciturne,  obstiné,  rêveur,  irascible.  Je  le  vois 
encore  avec  son  habit  gris  perle,  sans  collet, 
avec  une  veste  de  soie  par  dessous,  son  petit 
tricorne,  sa  culotte  courte  et  ses  souliers  à 
boucles.  Joueur  infatigable  aux  ^obilles,  dé- 
fiant ses  camarades,  et  pour  échapper  à  leurs 
coups,  s'enfuyant  dans  un  des  angles  de  la 
cour  des  récréations,  et  là,  du  poing,  du 
pied,  repoussant  les  assaill.nts.  .  . 

11  a  passé  six  mois  à  Autun  et  l'a  quitté 
pour  aller  à  Brieiine.  Son  père  et  sa  mère  l'y 
avaient  amené  de  Corse,  et  revinrent  Tannée 
suivan  e  pour  se  rendre  aux  eaux  de  Plom- 
bières. D'eux  aussi  je  me  souviens  comme  si 
je  les  avais  vus  hier.  M.  de  Buonaparte  père 
était  de  haute  taille,  sec,  maigre,  un  peu  bour- 
geonné. 11  portait  une  perruque  en  fer  à  che- 
val, avec  une  bourse  et  un  double  cordon  de 
soie  noire  qui  en  sortait  et  venait  se  rattacher 
au  jabot,  une  épée  et  un  habit  de  soie  passe- 
mentée  avec  des  brandebourgs.  Sa  femme, 
Mme  Lœtitia,  jeune  encore,  d'une  prestance 
romaine,  avec  cheveux  bruns  en  chignon, 
barbes  de  dentelles,  robe  de  soie  blanche  à 
fleurs  vertes,  taille  en  paniers.  Je  sens  encore 
sa  main  caresser  ma  chevelure  ;  j'entends  sa 
voix  sonore  et  accentuée  m'appeler  son  petit 
ami,  l'ami  de  son  fils  aîné,  de  son  Joseph. 

Napoléon,  qui  était  alors  âgé  de  huit  ans 
environ,  avait,  lui  aussi,  un  accent  étran- 
ger, l'accent  de  son  pays,  il  prononçait  son 
nom  Napoillonc,  et  cela  lui  avait  valu  parmi 
nous  je  ne  sais  quel  sobriquet.  11  ne  savait 
pas  l'orthographe,  jabolait  mal  le  français  et 
ne  mordait  guère  au  latin... 

11  passait  le  temps  des  classes  à  rêver  ou  à 
graver  son  nom  sur  les  bancs  et  les  pupitres 
voisins.  Peut-être  retrouverait-on  encore  cette 
griffe  du  lion...  si  le  mobilier  du  collège 
n'avait  pas  été  détruit. 


Son  frère  Joseph,  quoique  plus  âgé,  subis- 
sait son  ascendant  comme  par  instinct.  Il  tra- 
vaillait davantage  et  se  montrait  docile- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1904 . 


501 


502 


Plus  âgé  que  son  frère,  Joseph  était  aussi 
plus  grand,  plus  développé  physiquement,  et 
avait  une  figure  plus  française.  Il  portait  déjà 
la  tonsure,  car  sa  famille  le  destinait  à  l'E- 
glise. Pendant  que  nous  courions  à  perdre 
haleine,  Joseph  et  nioi,  Napoléon  s'asseyait 
dans  un  coin  de  la  cour  :ivec  l'abbé  Bertrand 
et  entamait  une  partie  d'échecs  dont  il  sor- 
tait le  plus  souvent  vainqueur.  Chaque  jeudi, 
les  deux  frères  allaient  passer  la  journée  à  l'é- 
véché  chez  Mgr  de  Maibeuf  dont  le  frère,  gou- 
verneur de  la  Corse,  avait  connu  là  M.  et 
Mme  de  Buonaparte. 

Après  sa  sortie  du  collège,  Granchamp 
fut  tour  à  tour,  soldat,  sergent  au  batail- 
lon auxiliaire  des  colonies,  sous-lieutenant 
au  bataillon  de  la  Guyane  en  1788.  Ren- 
tré en  France  en  1792,11  fit,  comme  capi- 
taine au  I"  bataillon  de  la  197"  demi-bri- 
gade, la  guerre  contre  les  chouans.  Mis  en 
disponibilité  en  1793,  notre  officier  s'en- 
rôla dans  une  troupe  de  comédiens  et  de- 
vint successivement  régisseur  des  théâtres 
d'Aix,  de  Grenoble,  de  Montpellier,  de 
Rouen.  Rentré  dans  son  pays  natal  en 
1853,  il  mourut  à  l'hospice  de  Semur, 
âgé  de  quatre-vingt-dix  ans. 

Effem. 

Le  comte  de  Tilly  (XLIX,  217, 
306,  419  ;  L,  250).  —  Voici  les  derniers 
degrés  de  la  branche  de  Prémarest  de  la 
famille  de  Tilly, d'après  le  Nobiliaire  iini- 
veis^l  de  Saint-AUais  (t.  VIII,  p.  259;  t. 
X,  p.  473)-  Pierre,  marquis  de  Tilly,  né 
le  22  octobre  1696,  mort  le  15  février 
1768,  épousa,  le  8  mai  1724,  Françoise- 
Renée  de  Guéroult  (fille  de  Jean,  Sgr  de 
Saint-Loup  X),  décédée  le  25  octobre 
1778,  dont  cinq  enfants  : 

I.  René-Pierre-François-Amédée, marquis  de 
Tilly,  capitaine  au  régiment  de  Navarre, 
chevalier  de  Saint-Louis,  né  le  8  février  lysc), 
épousa,  le  27  avril  1753,  Jacquette-Madeleine 
de  Guéroult,  dont  : 

Pierre-Jacques,  marquis  de  Tjlly,  né  le  11 
octobre  1735,3  Contilly  (Maine),  admis  en 
1765  à  La  Flèche,  en  1770  à  l'école  militaire 
(Geoffray.  Preuves  de  noblesse  pour  les 
Ecoles  viilitaires],  mort  sans  postérité,  avait 
épousé,  le  7  mai  1791,  Antoinette-Charlotte 
de  Chevrel  de  Frileuse. 

II.  Jacques,  marquis  de  Tilly,  bailli  d'épée  à 
Beaumont-Ie-Vicomte,  mort  le  25  juin  1791, 
épousa  ;  N.  de  Chassille;  2°  Antoinette-Jac- 
queline Ameslon  de  Saint-Cher  ;  de  la  i"  il 
eut  : 

1)  Pierre-Alexandre,  comte  de  Tilly,  page 
de  la  reine  Marie-Antoinette,  colonel  de  cava- 


lerie, commandeur  de  Malte,  chevalier  de 
Saint-Louis  et  de  la  Légion  d'honneur,  mort 
sans  alliance,  le  22  décembre  1816. 

De  la  seconde,  naquirent  : 

2)  Louis-Stanislas-Xavier-Elisabeth- Marie, 
Lomte  de  Tilly,  né  le  10  juin  1778,  admis, 
en  1788,  à  l'Ecole  militaire  (Geofïiay)  capie 
taine  dans  les  armées  royales  en  Vendé- 
épousa,  le  31  mal  1800,  Madeleine-Suzanne 
Rivault  (fille  de  Jean,  seigneur  de  Chardon- 
neux)  dont  : 

(1)  René-Louis-Ernest  de  Tilly,  moit  en 
bas  âge  ; 

(2)  Marie-Madeleine-Edmée  de  Tilly  ; 

3)  Renée-Jeanne-Jacqueline  de  Tilly,  refue 
à  la  maison  royale  de  Saint  Cyr,  chanoinesse 
du  chapitre  noble  de  l'Argentière  ; 

III  Henée-Jeanne  de  Tilly  ; 

IV  Louise  de  Tilly  ; 

V  René-Louis,  comte  de  Tilly,  brigadier 
des  gardes  du  corps,  chevalier  de  l'ordre  de 
Saint-Louis,  né  le  22  octobre  1736,  décédé  en 
prison  le  14  janvier  1794,  épousa,  le  30  jan- 
vier 1765,  Anne-Elisabeth-Perrine  Champion 
de  Qiiincé  (fille  du  seigneur  de  la  Maulnière) 
dont  quatre  enfants  : 

i)  René-Pierre-Charles-Antoine,  comte  de 
Tilly  d'Escarbouville,  né  le  1''  ou  le  17  jan- 
vier 1766,  à  Neufvillalais  (diocèse  du  Mans) 
admis  en  1774  à  l'Ecole  militaire  (Geoffray) 
capitaine  d'infanterie,  tué  le  31  juillet  1799 
dans  les  guerres  de  la  Vendée. 

2)  Clément,  comte  de  Tilly,  né  le  3  ou  le  4 
février  1769  à  Neufvillalais,  admis  en  1778  à 
l'école  militaire  (Geoffray)  lieutenant  au  régi- 
ment de  Bresse,  chevalier  de  l'oidre  de  Saint- 
Louis  en  1817, allié, le  25  novembre  1803, avec 
Geneviève-Henriette  de  Lancrau  de  Bréon 
(fille  d'Alexis  et  de  Geneviève  de  la  Barre), 
dont  : 

Clément-Henii,  marquis  de  Tilly,  né  le  5 
avril  1805,  mort  le  10  janvier  1873  au  châ- 
teau de  Vosnes,  près  Nuits,  le  dernier  de  sa 
branche,  avait  épousé,  lé  4  février  1837,  Ma- 
thilde  de  la  Bretèche  dont  il  n'eut  qu'une  fille. 

;)  Anne-Marie-Henriette  de  Tilly,  nc'e  le  2 
juillet  1771,  épousa,  le  5  mars  1810,  Clair- 
Pierre-Charles  de  la  Touche 

4)  Renée  de  Tilly,  née  le  2  septembre  1781, 
épousa,  le  8  septembre  1802,  Mr.  du  Mesnil- 
Tilly. 

V.    aussi    d'Hozier.    Armoriai  géttéial. 


Reg 


1. 


La  Chesnaye  des  Bois,    Dict.  nobl.   t. 
XIX.  p.  1. 

Chamillart,  Recherche  de    la  Nohl.    de 
Caen  en  1666. 

Magn\',  Nobiliaire  de  Normandie. 

G    P.  Le  LiEUR  d'Avost. 


N"   io=;o. 


L'INTERMÉDIAIRE 


303 


304 


Voltaire.  Statues  et  portraits 
faits  de  son  vivant  (T.  G   937).  — 

Que  de  reproductions  en  peinture  et  au 
pastel,  en  sculpture  et  en  orfèvrerie,  en 
gravure  et  en  lithographie,  en  toutes 
matières  et  sous  toutes  les  formes,  de 
l'etfigie    du    Dieu-Voltaire  ! 

Voici,  par  exemple,  un  de  ses  portraits, 
bien  peu  connu,  et  que  je  vois  annoncé 
dans  une  lettre  du  chevalier  de  Roufflers  à 
sa  mère,  la  petite  reine  de  la  cour  de  Sta- 
nislas : 

Je  vous  envoie  pour  vos  étrennes  un  petit 
dessin  d'un  Voltaire  pendant  qu'il  perd  une 
partie  aux  échecs.  Cela  n'a  ni  force,  ni  cor- 
rection, parce  que  je  l'ai  fait  à  la  hâte,  à  la 
lumière  et  au  travers  des  grimaces  qu'il  fait 
toujours  quand  on  veut  le  peindie  ;  mais  le 
caractère  de  la  figure  est  saisi  ;  et  c'est  l'essen- 
tiel. II  vaut  mieux  qu'un  dessin  soit  bien 
commencé  que  bien  fini, parce  qu'on  commence 
par  l'ensemble  et  qu'on  finit  par  les  détails, 

Qu'est  devenu    ce    portrait  ? 

N'ayant  pas  sous  les  yeux,  le  livre  de 
Maugras  sur  Stanislas  et  la  cour  de  Luné- 
ville,j'ignore  si  l'auteur  de  cette  pittoresque 
et  gracieuse  reconstitution  de  la  Lorraine 
galante  a  parlé   du  croquis   de  Bouffllers. 

d'E. 


A.  E,  1.  O.  U.  Austriae  est  impe- 
rare  orbi  universolT.G.  25  ;  XLVIU). 
—  On  peut  ajouter  aux  explications  déjà 
citées  : 

1°  La  traduction  allemande  de  Aitsîriœ 
est  ùnperare. . . 

Ailes  Erdreich  Ist  Oesterreich  Unter- 
than,  avec  la  variante  finale  :...  Unfer- 
ivoifcn.  (Tout  r  univers  est  soumis  à  l'Au- 
triche). 

Le  IVappenbuch  de  Conrad  Griinenberg 
(1483)  dit,  en  vieil  allemand  : 

Al  Ere  Ist  Osterich  Unterton,  et  Al 
Ere  Ist  Ob  Uns. 

Un  mauvais  plaisant  disait  déjà  mé- 
chamment en  1442  : 

Aller  Erst  Ist  Oesterreich  Verdorben, 
que  l'on  peut  traduire  littéralement  par  : 

L'Autriche,  la  toute  première,  est  cor- 
rompue. 

2°  La  variante  :  Aquila  Ejns  Jtisto 
Omnia  Vincit. 

3°  L'interprétation  personnelle  de  l'em- 
pereur Frédéric  III  : 


Amor  Ehctis  Injvistis  Ordinat  Ulior. 

(L'amour  aux  élus,  le  châtiment  aux 
injustes). 

4"  Austria  Erit  In  Orbe  Ultima. 

(L'Autriche  durera  autant  que  le  monde.) 

J'ai  trouvé  les  trois  premières  notules 
dans  un  excellent  petit  ouvrage  que  je 
recommande  aux  héraldistes  familiers 
avec  la  langue  allemande  :  Das  Wappen 
in  Kuiist  und  Geiverbe^  par  E.  A,  Stiic- 
kelberg.  Zurich,  E.  Cotti,  petit  8",  250  p, 
avec  214   illustrations. 

Sabaudus. 

Familles  de  Guyenne,  Gascogne 
et  Languedoc.  Armoiries  (XLIX, 
504,  645  ;  L,  26,  135,  246).  — Scorbiac. 
La  solution  d'une  partie  de  cette  question 
se  trouvera  dans  le  tome  IV  de  Y  Armoriai 
du  /"■  Empire^  de  Révérend,  à  l'article 
Scorbiac.  M.  de  Scorbiac  fonda,  en  181 1, 
un  majorât  au  titre  de  baron  et  laissa  trois 
fils  et  une  fille,  qui  épousa  M.  Delbrcil, 
dont  les  fils,  pour  se  distinguer  d'autres 
familles  homonymes  Çt),  ont  ajouté  à 
leur  nom  celui  de  leur  mère.  X. 


Armes  de  la  Rivière  (L,  168).  — 
La  famille  de  La  Rivière,  seigneurs  de 
Pré-d'Auge  (terre  érigée  en  comté  par 
lettres  patentes  du  roi  Louis  XV,  données 
au  mois  de  mars  1766),  des  Authieux,  de 
Brocotte,  de  Trehan,  de  Hoiot,  du  Menil- 
aux-Crottes,  de  Thuilebert,  de  5aint-De- 
nis-des-Monts,  de  l'Epée,  de  Funebret, 
de  la  Chattière,  etc.,  portait  pour  armes  : 
de  gueules,  à  2  bars  adossés  en  pal  d'or, 
entravailUs  dans  deux  fasces  ondées  d'azur . 
L'écu  surmonté  d'un  casque  de  chevalier, 
orné  de  ses  lambrequins,  et  timbré  d'une 
couronne  de  comte,  ayant  pour  cimier  un 
lion  d'or,  tenant  de  sa  patte  une  épée. 
Supports,  2  lions.  Devise  :  Fans  ignotiis, 
virf us  cognita  (Magny.  Nobiliaire  Je  Nor- 
mandie^ II,  p.  640). 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Beau  ville  (XLl).  —  Les  armes  :  d'or, 
à  deux  taureaux  passants  de  gueules 
sont  celles  de  la  famille  de  Bcauville  (sic) 
ou  Boville  (de  Bovisvilla),  qui  apparte- 
nait au  midi  de  la  France  (Geliot,  646 
O'Gilvy  et  Boarrousse  de  Lafifore.  Nobi- 
liaire de  Guyenne.  Art.  Raignac). 

La  famille  de  Vieuxpont  est  normande  : 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Août  1904 


305 


306 


c'est  probablement  dans  la  Normandie 
qu'il  faut  chercher  l'origine  de  ses  allian- 
ces. Dans  la  notice  de  Vieuxpont  que 
donnent  Moreri  et  La  Chesnaye  des  Bois, 
l'on  ne  trouve  pas  celle  de  bcanviUc  par- 
mi les  familles  alliées.  11  y  a  bien  Jeanne 
de  Beusville,  dame  de  Monsliers,  qui 
épousa  au  xv^  siècle  Guillaume  de  Vieux- 
pont  Sgr  de  Chailloué.  Est-ce  qu'il  s'agit 
de  la  famille  de  Beuj^cviJle,  maintenue 
dans  sa  noblesse  en  1463  par  Montfaut, 
et  en  1.666  par  l'Intendant  de  Caen  et  qui 
portait  pour  armes  :  d'i^ur,  à  j  étoiles 
d'or.  2  et  I  (Chamillart.  Recherche  de  la 
noblesse  de  Caen,  en  i6b6)  alias  à  ^ 
Peurs  de  lys  d'or  ?  (St-Allais.  Aob/liaiie 
universel  t.  VI,  2*  partie,  p.  26). 

Geliot  (p.  561)  donne  aussi  pour  Beu- 
zeville.  en  Normandie  :  d'argent  à  lafasce 
de  sable,  accompagnée  de  ^  qidntefeuillcs 
du  même.  E.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Mémoires  d'une  Contemporaine 
(T.  G.,  234).  —  En  1885,  le  collabora- 
teur <s  Pellavius  »  a  demandé  quel  était 
l'auteur  des  Mémoires  d' une  Contemporaine . 

Il  fut  répondu  à  la  question  d'une  façon 
fort  exacte,  mais  quelque  peu  succinte.  Je 
demande  donc  la  permission  de  revenir 
sur  ce  sujet  et  même  de  m'y  étendre; 
mon  excuse  sera  dans  l'attrait  que 
présentent  pour  certains  curieux  de  M  In- 
termédiaire ces  petits  cotés  de  l'histoire 
littéraire.  J'ai  puisé  mes  renseignements 
dans  une  série  d'articles  que  le  Figaro 
publia  en  1860  sur  le  libraire  Ladvocat. 
Ces  articles  sont  signés  «  Darthenay  ». 

C'est  le  hasard  qui  amena  Ladvocat  à 
publier  les  Mémoires  d'une  contempo- 
raine : 

Un  benu  matin,  Ladvocat  était  allé,  selon 
son  habitude  de  tous  les  jours,  faire  la  coar  à 
Chateaubriand  qui  demeurait  rue  d'Enfer,  131. 
Il  s'arrêta,  en  revenant,  au  cate  qui  fait  l'an- 
gle des  rues  Molière  et  de  Vaugirard,  et  qui 
était  tenu  par  une  personne  de  sa  famille, 
m'a-t-on  dit,  le  beau-frere    de  sa    femme..  . 

Les  habitués  de  ce  café  rem3rquaient,depuis 
quelques  mois, une  femme  d'une  cinquantaine 
d'années,  d'une  mise  plus  que  modeste,  et 
dont  les  traits  laissaient  voir  sous  les  rides  les 

traces  de    sa    beauté Cette    femme    venait 

chaque  matin  dans  le  café  situé  place  de 
rOdéon,  en  face  de  la  grille  du  Luxembourg, 
contigu  à  la  maison  que  M,  Jules  Janin  a 
habitée  pendant  plus  de  trente  ans.  Une  sim- 
ple tasse  de  café  composait  tout  son  déjeuner, 


puis  elle  se  mettait  à  griffonner  pendant  une 
heure  ou  deux.  Elle  rédigeait,  disait-elle  à 
qui  voulait  l'entendre, ses  Mémoires. 

Cette  femme  était  à  peu  près  dans  la  mi- 
sère. Elle  avait  ^u,  par  des  confidences  et  le 
récit  de  ses  malheurs,  gagner  la  confiance  de 
la  maîtresse  de  la  maison.  Le  jour  où  Ladvo- 
cat la  rencontra  pour  la  première  fois  elle 
excita  chez  lui  un  sentiment  de  pitié.  Elle 
devait,  depuis  trois  mois,  son  humble  déjeu- 
ner. Elle  avait  foi,  du  reste,  dans  la  vente  de 
ses  Mémoires  ,  bien  que  déjà  elle  les  eût 
offerts  inutilement  à  plusieurs  libraires,  La 
maîtresse  de  la  maison  s'empressa  de  signaler 
à  Ladvocat  les  occupations  quotidiennes  de 
cette  femme  qui  déjà  excitait  si  bien  sa  sym- 
pathie. Ladvocat  s'approcha  d'elle,  la  fit  cau- 
ser et  emporta  quelques  feuillets  de  ses  pré- 
tendus Mémoires . 

Ladvocat  ne  manquait  pas  d'initiative,  mais 
toujours  il  consultait  les  hommes  de  lettres 
qui  venaient  le  voir  presque  tous  les  jours, 
Charles  Nodier,  Armand  Malitourne,  Amédée 
Pichot, Gentil. Ladvocat  se  mit  alors  à  lire  quel- 
ques-uns de  ces  feuillets  informes  et  l'on  fut 
généralement  frappé  des  singulières  aventures 
de  celte  femme  ;  il  était  de  toute  évidence 
qu'elle  avait  connu,  d'une  manière  plus  ou 
moins  intime,  un  grand  nombre  d'illustra- 
tions militaires. 

A  cette  époque,  les  mémoires  pleuvaient  de 
tous  côtés.  Les  Républicains,  les  hiipérialis- 
tes,  les  Royalistes  publiaient  leurs  Mémoires 
à  l'envi...  Les  faits  que  la  Contemporaine  — 
car  on  la  désignait  ainsi  —  avait  griffonnés 
en  français  médiocre  et  avec  force  fautes  d'or- 
thographe, firent  une  vive  sensation  sur 
l'aréopage  littéraire  réuni    chez  Ladvocat, 

L'éditeur  s'empressa  donc  de  retourner  voir 
cette  femme  étrange  qui  rédigeait  ses  Mémoi- 
res dans  un  café  ;  il  lui  fit  des  propositions 
sérieuses, que  la  Veuve  de  la  Grande  Armée, 
—  comme  elle  fut  surnommée  depuis,  —  se 
montra  fort  heureuse  d'accepter. 

Ladvocat,  du  reste,  généreu.x  et  magnifique 
plus  que  jamais,  —  car  il  était  à  l'apogée  de 
sa  prospérité,  —  fit  si  bien  les  choses,  que  la 
Contemporaine,  dans  l'excès  de  sa  joie  et  de 
sa  reconnaissance,  lui  baisa  les  mains,  elle 
qui,  vingt  ans  auparavant,  s'amusait  à  jeter 
au  feu,  dans  un  dépit  de  coquetterie,  les  bil- 
lets de  banque  dont  la  main  d'un  galant  di- 
plomate lui  avait  fait  des  papillottes.  Ida 
Saint-Elme  mettait  pour  qui  voulait  l'enten- 
dre, cette  galanterie  sur  le  compte  du  prince 
de  Talleyrand. 

Le  marché  fut  donc  bientôt  réglé,  conclu 
et  signé. 

D'après  ce  traité,  Mme  Ida  Saint-Elme  s'en- 
gageait à  fournir,  chaque  jour,  huit  ou  dix 
pages  manuscrites,  que  Ladvocat  avait  la  fa- 
culté d'amplifier  pour  arriver  à  faire  plusieurs 
volumes.. . . 


N"  1050 


L'INTERMEDIAIRE 


307 


308 


On  s'occupa  dès  lors  d'organiser  la  publica- 
tion des  Mémoires  d'une  contemporaine,  et 
Ladvocat  choisit  son  ami  Malitoiiriie  pour  les 
rédiger  en  chef 

Malitourne,  au  moment  où  Ladvocat  lui 
confia  la  rédaction  des  Mémoires  d'une  Con- 
temporaine avait  trente  et  quelques  années... 
Ladvocat  connaissait  parfaitement  le  fort  et 
le  faible  de  Malitourne  ;  il  savait  quelle  répu- 
gnance cet  homme  d'espr  t  et  de  talent  avait 
à  toucher  à  une  plume.  Il  savait  qu'il  n'écri- 
vait dans  la  Quotidienne  ti  dans  les  Annales 
de  la  littérature  et  des  arts  de  charmants 
articles  qu'à  son  corps  défendant.  Alors,  cet 
ingénieux  Ladvocat  traita  l'affaire  en  h.nbile 
diplomate  ;  il  fut  convenu  que  Malitourne 
qui  occupait  alors,  au  deuxième  étage,  un 
appartement  de  garçon,  place  Louvois,  vien- 
drait demeurer  dans  l'hôtel  de  Ladvocat.  Lad- 
avocat  fit  donner  à  Malitourne  une  chambre 
meublée  avec  élégance. Malitourne  s'y  installa 
et  dès  le  lendemain  matin  il  se  mettait  à  la 
besogne. 

Grâce  aux  prudentes  mesures  prises  par 
Ladvocat,  le  travail  fut  organisé  d'une  façon 
régulière,  Malitourne  couchait  dans  une 
chambre  contiguë  à  celle  où  couchait  Ladvo- 
cat. L'éditeur  éveillait  son  écrivain  ;  à  neuf 
heures  Malitourne  se  mettait  à  l'œuvre,  et 
jetait  à  plaisir  d'éblouissantes  broderies  anec- 
dotiques  sur  les  quelques  feuillets  que  chaque 
jour  lui  apportait  la  Contemporaine. 

Malitourne  s'asseyait  au  centre  d'une  lon- 
gue table  sur  laquelle  étaient  rangés  par  ordre 
plus  de  deux  cents  volumes  des  Mémoires 
contemporains  de  toutes  les  couleurs,  la 
Biographie  Universelle  de  Michaud  et  beau- 
coup d'autres  ouvrages  sur  la  République  et 
l'Empire. 

Toutes  les  fois  que  la  Contemporaine  citait 
dans  son  gribouillage  un  nom  nouveau,  Ma- 
litourne aidé  par  les  tables  alphabétiques  des 
ouvrages  qu'il  avait  sous  les  yeux, y  puisaitde 
nombreuses  anecdotes  et  de  piquantes  appré- 
ciations sans  compter  tout  ce  que  sa  mémoire 
lui  suggérait. 

C'est  de  cette  façon  que  les  Mémoires  d'une 
Contemporaine  furent  faits.  Ladvocat  ne 
quittait  pas  Malitourne  un  seul  moment  ; 
Malitourne,  chaque  matin,  à  l'heure  habi- 
tuelle ;  il  se  mettait  à  l'œuvre  et  cessait 
d'écrire  à  onze  heures  et  demie,  et,  en  trois 
heures  environ,  il  improvisait,  sur  les  notes  de 

la  Contemporaine    deux    feuilles    in-S" 

A  midi,  l'on  déjeunait  et  l'on  mangeait  beau- 
coup moins  que  l'on  ne  causait  ;.  .  .  Vers  une 
heure,  Ladvocat  emmenait  Malilourne  dans 
son  tilbury  ;  ils  allaient  de  journal  en  jour- 
nal, après  quoi  ils  dinaient  au  café  de  Paris, 
puis  ils  passaient  la  soirée  au  spectacle  ou 
ailleurs...  et  le  lendemain  le  travail  recom- 
mençait. L'éditeur  avait  ainsi    trouva  le  seul 


moyen    de    faire    rédiger  par   Malitourne    les 
Mémoires  d'une  Contemporaine . 

Ce  n'était  pas  un  mystère  que  cette  rédac- 
tion des  Mémoires  ;  tous  les  hommes  de  let- 
tres qui,  le  matin,  venaient  chez  Ladvocat, 
pouvaient  voir  Malitourne  au  travail... 

Malitourne  malgré  son  étonnante  facilité, 
n'allait  pas  encore  assez  vite  au  gré  de  Ladvo- 
cat, qui,  encouragé  par  le  succès  inouï  du  li- 
vre, était  pressé  de  satisfaire  cette  vogue  ines- 
pérée: il  adjoignitdonc  à  Malitourne  plusieurs 
écrivains. 

Cinq  ou  six  chapitres  ont  été  rédigés  par 
Maxime  de  Viilemarest,  rédacteur  de  la  Quo- 
tidienne. 

Charles  Nodier,  —  qui  n'était  pas  encore 
membre  de  l'Académie. et  qui  travaillait  jour- 
nellement pour  Ladvocat  en  rédigeant  préfa- 
ces, notes  et  réclames, — ■  a  fait  pour  sa  part  à 
peu  près  un  volume  des  Mémoires  signis  par 
Ida  Saint-EIme. 

M.  Amédée  Pichot  fut  un  des  complices. 
II  a  commis  les  chapitres  où  la  Contemporaine 
prétend  avoir  rencontré  à  Venise  l'illustre 
poète  anglais  au  génie  chevaleresque  qui 
venait  de  mourir  glorieusement  pour  la  cause 
de  l'indépendance  grecque  (i) 

La  critique  tança  vertement,  pour  cette  in- 
cartade, la  Veuve  de  la  Grande  Armée,  et 
Jules  janin  qui  débutait  dans  le  feuilleton, 
après  avoir  lu  les  chapitres  où  Ida  baint- 
Elme  raconte  ses  relations  familières  avec  le 
général  Ney,et  surtout  avec  le  général  Moreau, 
ne  l'appelait  que  la  Veuiie  Moreau.  Ida 
Saint-EIme  était  pour  scn  âge  si  étourdie, 
qu'elle  accepta  gaiement  le  prestige  de  cette 
légèreté  contre   la    mémoire   de   lord  Byron, 

qu'elle  n'avait  jamais  ni  vu  ni  connu 

Gustave  Fustier. 

«  Le  poète  au  siècle  »  (XLVI).  — 
Ma  question  étant  restée  sans  réponse  au 
sujet  du  jeune  versificateur  A.  Baron,  j'ai 
dû  croire  que  ce  jeune  homme  n'avait  pro- 
duit que  cet  écrit,  œuvre  sans  importance 
d'un  collégien.  Mais  j'étais  dans  l'erreur, 
car,  il  y  a  quelques  jours,  le  hasard  m'a 
fait  tomber,  sous  la  main,  un  petit 
volume  intitule  :  Lldce  de  la  Commune^ 
(Paris,  Ghio,  1879,  in-12,)  ouvrage  de 
M.  A.  Baron  rempli  de  bon  sens  et  qui  fait 


(1)  Dans  une  lettre  adressée  au  Figaro  (n" 
du  i"  juillet  1S60J,  M.  Amédée  Pichot  pro- 
testa contre  les  dires  de  M.  Darthenay,  lui 
attribuant  les  chapitres  où  la  Contemporaine 
prétend  avoir  été  connue  de  lord  Byron  à  Ve- 
nise. Dans  cette  lettre,  M.  Amédée  Pichot 
reconnaît  d'ailleurs  que  trois  feuilles  des 
Mémoires  ont  été  rédigées  par  lui.  iG.  F.) 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1904 


309 


310 


justice  des  excentricités  socialistes  et  col- 
lectivistes, tout  en  reconnaissant  que  notre 
société  est  loin  d'être  parfaite  et  qu'il  y 
a  lieu  d'améliorer  le  sort  de  bien  des 
déshérités. 

Connaît-on  d'autres  écrits  de  cet  an- 
cien élève  du  lycée  Bonaparte  ? 

P.   NONSPI. 

Les  salons duX VIII' siècle  (XLVIII, 

55,  149,  225,  926).  —  Consulter,  à  ce 
sujet,  l'ouvrage  de  M.  Feuillet  deConches, 
intitulé  :  Les  salons  de  conversation  an 
XVIII'  siècle,  et  publié  chez  les  frères  Cha- 
ravay,  à  Paris,  en  1882  (p.  in- 18). 

L.  DE  Leiris. 

Mai  d'amour  (L,  173).  —  Consulter 
à  ce  sujet  :  Les  Bouquets  de  mai  dans  le 
Maine,  par  M.  Henri  Chardon,  article 
publié  dans  le  journal  :  Le  Progrès  (du 
Mans)  no  du  2  mai  1864. 

llouis  Calendini. 

Les    documents    phalliques    (L, 

172).  —  Lire  le  très  intéressant  article 
de  M.  Raphaël  Blanchard,  professeur  à  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris  et  président 
de  la  Société  française  d'histoire  de  la 
Médecine,  dans  le  Bulletin  de  cette  so- 
ciété :  Persistance  du.  culte  phallique  en 
France,  t.  III,  n°  i,  fol.  106. 

D""  Paul  Triaire. 


Lou  Lavamsnt  (L,  i:,  144).  —  Pas 
plus  que  mes  honorables  co-intermédiai- 
ristes,  je  ne  connais  la  bibliographie  de 
M.  Poutringo. 

Ce  que  je  sais,  c'est  que  le  mot,  —  qui, 
paraît-il,  a  son  équivalent,  ou  à  peu  près, 
à  Lyon,  et  même  à  Genève,  —  est  d'ori- 
gine essentiellement  méridionale. 

Dans  le  bas-languedocien,  «poutringo» 
signifie, en  effet, drogue  :  tt,«  sépoutringa» 
se  droguer. 

J'ajoute  que  «  poutringo  »,  '<  se  pou- 
tringa  »  comportent  une  certaine  idée  de 
mépris  ou  d'ironie, que  n'implique  pas  né- 
cessairement le  fait  de  se  droguer. 

On  prend  en  pitié  les  gens  qui,  par  ma- 
nie, se  «.poutringuent,  »  quand  on  ne  les 
tourne  pas  en  ridicule. 

Enfin,  comme  le  languedocien  est  un 
idiome  riche  et  se  prêtant  facilement  à  la 
création  d'expressions  que,  là-bas,  tout  le 


monde  comprend  en  naissant,  nous  trou- 
vons, se  rattachant  au  même  mot  :  a:  pou- 
tringur  »,  celui  qui  drogue,  —  pouttin- 
gairé  »,  celui  qui  a  Thabilude  de  se  dro- 
guer. 

Et  peut-être  encore  d'autres. 

L.  DE  Leiris. 

Catalogues  pour  vente  de  vieux 
livres  (XLIX,  842,  991  ;  L,9i,  201).  — 
Parmi  les  catalogues  <■<  de  livres  d'occa- 
sion »  les  plus  anciens  et  répondant  le 
mieux,  pour  la  rédaction, à  la  question  de 
M.  A.  jy,  il  convient,  je  crois,  de  citer 
celui  que  j'ai  sous  les  yeux  et  dont  voici 
le  libellé  : 

Livres  en  tous  genres 
propose's 
A  un  rabais  considéiable 
Depuis  le  le""  avril  jusqu'à  la  fin  d'août    1787 

à  Paris 
chez  Crapait,  libraire,  place  St-Michel  à  l'en- 
trée de  la  rue  d'Enfer,  n*  127. 

Suit  la  description  d'environ  410  ou- 
vrages numérotés  et  portant  chacun,  en 
regard,  le  prix  de  vente. 

Hector  HogIer. 

Tout  lasse,  tout  casse,  tout  passe 

(XXXVII;  XXXVIII;  XLIX,  371).  — 
Ce  qui  suit  remonte  à  1850  ;  la  deuxième 
République  était  en  train  d'agoniser. 

Devrient,  le  Talma  de  l'Allemagne, pré- 
senta au  grand  chanteur  Roger,  alors 
dans  tout  l'éclat  de  son  magnifique  talent, 
un  album  où  était  écrit  le  proverbe  ci-des- 
sus. Roger  prit  une  plume  et  répondit  par 
ces  vers  de  ...  ténor  : 

Toutlasse?Oh!  non Monsieur,si votre  cœurl'ignore. 
Pour  J'Art  et  pourleBien  rien  ne  doit  nous  glacer. 
Racliel  et  Devrient  !  vous  que  le  monde  adore, 
Irait-on  vous  revoir  et  vous  entendre  encore 
Si  tout  devait  lasser  ? 

Tout  casse?  Il  est  trop  vrai  ;  je  le  dis  avec   peine. 
C'est  un  cruel  dicton  qu'on  ne  peut  elTacer  1 
Et  notre  République,  et  les  biens  qu'elle    amène. 
Et  ma  voix  de  ténor,  avec  ma  porcelaine, 
Tout  doit  un  jour  casser. 

Tout  passe, dites-vous  ?  Ah  !  que  Dieu  vous  entende  ! 
Dans  ma  malle,  avec  soin,  j'irais  vite  entasser 
Vos  émaux  de  Meissen,  votre  Sèvre  allemande. 
Au  nez  de  la  douane,  et  sans  payer  d'amende. 
Si  tout  devait  passer. 

—  A.  S..  E. 

«J'appelle un  chat  un  chat»  (L,  173). 
—  Le  vers  de  Boileau  : 

J'appelle  un  chat  un  chat  et  Rolet  un   Iripon 
est  bien  connu.  H.  C,  M. 


No  1050. 


L'INTERMEDIAIRE 


5" 


312 


Attendez-moi  sous  l'orme  (T.  G. 

67  ;  L,  2ot)).  —  Victor  Hugo  avait  donné 
rendez-vous  à  une  actrice  (Mlle  Juliette 
Drouet  peut-être,  qui,  à  la  première  re- 
présentation de  Lucrèce  Borgia,  en  1833, 
remplissait  le  rôle  de  la  princesse  Nc- 
groni).  L'actrice  nes'étant  pas  trouvée  au 
rendez-vous,  reçut  du  grand  poète  le 
distique  suivant  : 

Un  arbre  quelqucfuis  brusquement  se  traiîsforme  : 
On  était  sous  le  charme  et  l'on  attend  sous  l'orme. 

Th.  Courtaux. 

Minuter  sa  retraita  (L.  60,  203).  — 
Merci  aux  aimables  confrères  qui  ont 
bien  voulu  éclairer  mon  ignorance  au 
sujet  de  cette  expression, dont  j'avais  mal 
interprété  le  sens  réel.  Maintenant,  je 
réponds  à  ma  propre  question,  en  indi- 
quant le  Dictioiinnire  de  Littré  ;  parmi  les 
diverses  acceptions  du  verbe  «minuter», 
il  signalela  locution  «minuter  sa  retraite». 
En  ce  cas, «  minuter  »  s'emploie  au  figuré 
et  familièrement,  avec  la  signification  de 
«  projeter  quelque  chose  pour  l'accom- 
plir bientôt  ».  On  «  minute  »  une  entre- 
prise, une  fuite,  une  retraite  ;  on  «  mi- 
riute  »  de  changer  de  nom,  etc.  (Voir  les 
exemples). 

J'avais  eu  la  naïveté  de  rechercher 
cette  forme  de  langage,  passablement 
archaïque,  dans  de  vieux  lexiques  :  La- 
combe,  Roquefort,  La  Curne  de  Sainte- 
Palaye,  etc.,  où  je  ne  l'ai  point  trouvée, 
tandis  qu'elle  était  bien  en  place  dans 
Littré. 

Au  demeurant,  l'expression  est  jolie  : 
il  est  regrettable  qu'on  l'ait  abandonnée. 
Connaît-on  par  hasard  des  auteurs  mo- 
dernes qui  s'en  soient  servis  ? 

Gros  Malo, 

Diadesté  (XLIX,507,  657,  710).  — Le 
7  septembre  1836,  le  théâtre  Favart  don- 
nait la  première  représentation  d'un  opé- 
ra-comique en  deux  actes,  intitulé  le  Dia~ 
desté^  paroles  de  Priot  et  Saint-Hilaire, 
musique  de  Jules  Godefroid.En  en  rendant 
compte, un  journal  expliquait  ainsi  le  titre 
de  l'ouvrage  :  —  *<  Le  Diadesté  est  un  jeu 
arabe,  ou  plutôt  une  gageure  ;  les  deux 
joueurs,  homme  et  femme,  ne  doivent, 
pendant  un  temps  déterminé,  recevoir 
aucun  objet  de  la  main  l'un  de  l'autre, 
sans  prononcer  le  mot  Diadesté.  Celui  qui 


l'oubliera  paiera  l'enjeu.  »  Voilà  tout,  en 
effet,  et  de  ce  jeu,  qui  me  paraît  ressem- 
bler un  peu  à  notre  philippine,  je   ne   sau- 

A.  P. 


rais  dire  davantage 


Le  nomd8Hervé(XLIX;  L,  38,149). 
— Pourquoi  M.  Bougon,  au  lieu  de  me  par- 
ler de  mes  erreurs,  ne  me  les  fait-il  pas, 
de  suite,  toucher  du  doigt  ?  11  m'épargne- 
rait cette  réponse  et  ménagerait  les  co- 
lonnes précieuses  de  V Intermédiaire. 

En  attendant  la  bonne  nouvelle,  qu'il  me 
permette  de  lui  demander  pourquoi,  dé- 
composant le  sujet  de  cet  article  en  her 
et  vé,  il  décompose  Hennan  e  n  henn  et 
en  an  ?  Pourquoi  ne  pas  prendre  comme 
type,  pendant  qu'il  y  est,  le  mot  Her- 
mite  ! 

Au  surplus,  la  discussion  portait  i»sur 
le  sens  du  mot  her  dans  la  composition 
de  Hervé  et  là-dessus  il  ne  répond  pas  ; 

2"  Sur  le  sens  de  wig  et  sur  ce  dernier 
point  il  n'invoque  que  l'autorité  d'Augustin 
Thierry. 

Or,  cette  autorité,  en  matière  d'étymo- 
logie  germanique,  et  malgré  la  valeur 
reconnue  de  ce  grand  historien  (en  ma- 
tière historique),  me  fait  vis-à-vis  de  celle 
de  Schadc  et  des  étymologistes  allemands 
l'erfet  de  l'autorité  de  l'illustre  Newton 
vis-à-vis  de  celle  de  Fresnel  en  matière 
d'ondulations  lumineuses,  en  tenant 
compte,  par  dessus  le  marché,  de  la  diffé- 
rence de  compétence.      Paul  Argelès. 

L'origine  des  mots  :  '<  chic  »  et 
«  mic-mac  »  (T. G.,  204).  —(La  mère  de 
Goethe  d'après  sa  correspondance,  p.  Paul 
Bastier  lektor  à  l' Université  de  Konigsberg. 
Paris.  1902,  chezPerrin  et  Cie.) 

Je  trouve  dans  cet  ouvrage,  fort  inté- 
ressant d'ailleurs,  deux  questions  d'éty- 
mologie,  et  bien  que  toutes  les  deux  aient 
été  traitées  dans  V Intermédiaire  (t.  I.  275, 
334,  t.  Il,  48,  431,  590  ;  m,  14,  270; 
X,  220),  je  me  permets  cependant  d'y 
revenir,  car  l'étymologie  qu'en  donne 
M.  Bastier  n'a  rien  de  commun  avec 
celles  que  nous  connaissons  déjà. 

Dans  une  phrase,  que  l'on  trouve  dans 
une  lettre  de  Mme  Goethe,  adressée  à  Marie 
Amélie,  duchesse  de  "Weimar,  on  lit  ces 
paroles  :  Jamais  de  ma  vie  je  n'ai  été 
aussi  «  chic  ». 

L'auteur  du  volume,  qui  est  professeur 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1904, 


3Ï5 


314 


Konigsberg, 


de  français  à  l'Université  de 
fait  un  renvoi  et  dit  au  bas  de  la  page  97 
du  volume  :  Le  mot  chic  est,  comme  on 
sait,  allemand  d'origine  —  <v  Was  sich 
schickt  :  »ce  qui  convient,  ce  qui  sied,  est 
seyant  ». 

Cette  étymologie  nous  parait  tirée  par 
les  cheveux,  car  dans  le  vrai  sens  du  mot 
«  chic  >>,  tel  que  nous  le  comprenons  dans 
son  emploi  dans  la  langue  courante,  il 
ne  veut  pas  dire  :  «  Ce  qui  convient  ou 
ce  qui  est  convenable,  ou  bien  seyant  », 
mais  exprime  une  qualité  sni  gencris^  fort 
difficile  à  expliquer.  Les  dénominations  : 
chicard,  chicocandard,  qui  étaient  fort  en 
usage  en  la  moitié  du  siècle  passé,  ne  vi- 
saient rien  moins  que  le  «  convenable  /•> 
et,  dans  tous  les  cas,  ce  qui  est  «  chic  » 
n'est  pas  toujours  «  convenable  »,et  quel- 
quefois même,  pas  «  seyant  »  du  tout. 
D'ailleurs  l'expression  allemande  :  was 
sich  schickt.  veut  dire  :  ce  qui  est  con- 
venable de  faire,  ce  qui  se  fait  ».  D'où 
viendrait  le  mot  «  chic  »  ?  pas  de  l'alle- 
mand, pour  sûr,  mais  plutôt  de  l'espa- 
gnol :  chico  —  petit  —  gentil. 

Une  autre  fois,  dans  le  même  volume 
p.  190,  l'auteur  cite  un  passage  de  la 
lettre  de  Mme  Goethe  à  son  fils, où  elle  dit: 

Toi  et  Schiller,  vous  me  causez  une  ioie 
inexprimable  en  ne  répondant  pas  aux  criti- 
ques, en  méprisant  tout  ce  mic-mac,  tous  ces 
cancans,  tous  ces  radotages  de  vieilles  filles  : 
vous  vous  contentez  à  les  envoyer  à  tous  les 
diables.  Continuez  dans  cette  voie,  vos  œu- 
vres à  vous  demeureront  pour  l'éternité. 

M.  Paul  Bastier  ajoute  en  post-scrip- 
tum  :  mic-mac  n'est  que  la  traduction  du 
mot  allemand  :  mischnmich,  dont  la  tra- 
dliction  serait  :  méli-mélo. 

Que  mic-mac  dérive  de  mischmarch^  cela 
peut  s'admettre  à  la  rigueur,  comme  il 
serait  également  admissible  que  le  mot 
allemand  tirât  son  origine  du  mot  fran- 
çais ;  mais  dans  tous  les  cas  :  mie  mac  ne 
saurait  être  traduit  par  :  mèli  mélo  ;  je  le  tra- 
duirais plutôt  par  le  mot  maniganccy  dont 
le  sens  s'en  rapproche  davantage.  Cette 
question  de  :  mic-mac  a  été  posée  au  vol. 
X,  226,  mais  n'a  pas  été  suivie  d'une  ré- 
ponse. 

Il  serait  assez  curieux  desavoir  si  l'éty- 
mologie  de  ces  deux  mots,  donnée  par 
M.  Paul  Bastier,  est  soutenable.  C'est  à 
nos  correspondants,  savants  philologues, 
à  répondre  à  Cette  question.       Duc  ]ô8. 


Consulat    suae    conscientise    (L. 

161).  —  Est-ce  bien  consultât  l  U  y  a,  en 
apparence,  une  forme  subjonctive,  qui, 
grammaticalement, exigerait  «  consultet  ». 
N'est-ce  point  plutôt  consulat^  de  «  con- 
sulere  »  t  L'expression  nous  semble  vou- 
loir dire  :  «  Qu'il  surveille  sa  conscience, 
qu'il  en  prenne  souci,  pour  ne  pas  se 
mettre  dans  un  mauvais  cas  et  pour  s'épar- 
gner des  remords  »,  dans  le  même  sens 
que  «  famîe  suœ  consulere  »  signifie  : 
«ménager  sa  réputation» et  non  pas«  con- 
sulter sa  femme  »  comme  finiront  par  tra- 
duire nos  arrière-neveux  délatinisés.  Il 
faudrait,  d'ailleurs,  avoir  le  contexte  pour 
apprécier  la  valeur  exacte  du  terme,  d'a- 
près l'idée  générale  et  l'intention  pour- 
suivie. Gros  Malo. 


* 
*  * 


Cette  expression  veut  dire  :  «  Qu'il 
pourvoie  à  sa  conscience.  »  On  retrouve 
fréquemment  ces  mots  dans  les  brefs  pon- 
tificaux, par  exemple  dans  ceux  du  5  oc- 
tobre 1793,  du  i*""  avril  1794,  du 
26  juillet  1794,  du  22  avril  1795,  tous 
relatifs  au  serment  de  liberté  et  d'égalité 
exigé  des  ecclésiastiques  par  la  loi  du 
14  août  1792.  Cf.  Les  serments  pendant  la 
Révolution,  par  l'abbé  Uzureau,  directeur 
de  ï Anjou  historique ,  Paris,  LecofFre,  1904. 

B. 

■» 

*  *. 
Le  titre  de  celte  question  comportait  en  effet 

une  faute     typographique  :    consultât    pour 

consulat. 

Un  distique  :  «  Casta  placent  » 
(L,  172).  —  U  doit  y  avoir  quelque  inad- 
vertance dans  la  traduction  ;  mais  le  sens 
de  casta  et  mente  se  rétablit  de  soi. 

Superto  doit  être  aussi,  sans  doute, 
pour  :  superno  ou  supernis. 

P.  DU  Gué. 

Colonne  5 1 ,  lire  «  la  chasteté  »  et  non 
la  «  charité  »  ;  «  venez  d'une  âme  pure  » 
au  lieu  de  :  «  venez  d'une  main  pure  ». 

Inscriptions  des  cadrans  solai- 
res (T.  G.,  158  ;  XLVI  à  XLVIII).  -  II 
y  a  une  quinzaine  de  jours,  le  Figaro  citait 
un  cadran  solaire  situé  -a  aux  environs  de 
Venise  »  et  portant  cette  jolie  devise  : 
Horas  non  numéro  nisi  serenas.  «  Je  ne 
compte  que  les  heures  sereines.  » 

Il  n'y  a  pas  besoin  d'aller  si  loin  pour 


N»  1050. 


L'INTERMEDIAIRE 


315 


516 


découvrir    ce   cadran  solaire  :  c'est  celui 
du  Jardin  des  Plantes  de  Paris. 

J.-C.    WlGG. 

Baud  dans  le  Morbihan  (XLIX, 
165,  374;  L,  150).  — L'étymologie  qui 
vient  le  plus  naturellement  à  l'esprit  me 
semble  être  habieum.  —  Sans  autre  ga- 
rantie, toutefois.  —  Dans  tous  les  cas, 
rien  de  celtique,  je  crois.       P.  du  Gué. 

Attiger  la  cabane  (XLIX,  6iq,  812, 
883,  935  ;  L,  40).  —  Dans  l'Anjou,  dans 
mon  enfance  j'ai  souvent  entendu  em- 
ployer l'expression  «  attiger  »,  dans  le 
sens  d'exciter,  de  chiner,  d'agacer  ;  tout  à 
fait  dans  le  sens  de  la  phrase  que  notre 
collaborateur  Soulget  cite  en  exemple. 
Dans  le  pays  nantais,  on  l'emploie  aussi 
ou  du  moins  on  l'employait  il  y  a  30  ans. 
Jamais  je  n'avais  entendu  «  attiger  la  ca- 
bane ».  An  Den. 
* 

Attiger  ne  serait-il  pas  le  même  mot 
qu'atiainer  ou  atténer, employé  couram- 
ment dans  la  Bretagne  du  Nord-Ouest, 
pour  :  agacer,  faire  perdre  patience  î  — 
Rapprocher  de  ce  que  dit  notre  confrère 
M.  Soulget  pour  la  Normandie. 

P.  DU  Gué. 

«  Etant  donné  »  (L,  61).  —  Etant 
donné  peut  être  considéré  comme  expres- 
sion proverbiale  et  alors  il  n'y  a  pas  lieu 
à  accord. 

L'un  et  l'autre  s'écrit  ou  s'écrivent. 
—  L.  Depal. 

Je  m'en  suis  allé.  Je  me  suis  en 
allé  (XLIX,  224,  480,  604,  764,  988  ;  L, 
95,  202).  — J'ai  une  répugnance  invin- 
cible pour  l'emploi  dans  la  conversation 
de  façons  de  parler  dont  se  servent  cou- 
ramment, presque  avec  une  sorte  d'affec- 
tation, certains  écrivains  qui  font  cepen- 
dant quelque  figure.  Par  exemple  :  «  Je 
me  suis  en  allé;  malgré  que;  sortir  un 
objet  de  sa  poche  »,  Et  jamais  je  ne  les 
permettrai  à  ma  plume,  ayant  en  matière 
de  langage  parlé  et  surtout  écrit,  certaines 
traditions  puritaines  ou  puristes,  comme 
on  voudra,  et  je  suis  bien  trop  vieux  pour 
me  renouveler.  Mais  je  rencontre  une  de 
ces  locutions  au  moins  douteuses,  celle 
qui  précisément  est  en  litige,  dans  une 
lettre  de  Boileau  du  27  mars  1687,  citée 
dans  un  article  signé  Fred,  au  Bulletin  his- 


torique et  scientifique  de  V  Auvergne,  i^  sé- 
rie 1903,  n"  de  novembre.  On  y  lit  en 
toutes  lettres,  probablement  par  l'effet 
d'une  distraction  de  plume,  «  ne  s'est 
point  en  allé  ».  H.  G.  M. 

Inhumations  hors  des  cimetiè- 
res (XLVllI  ;  XLIX  ;  L,  191). —  Dans  le 
département  de  Lot-et-Garonne, commune 
de  Clairac,  je  me  souviens  d'avoir  vu  plu- 
sieurs fois  des  sépultures  privées  dans  les 
champs. 

Du  temps  des  Français,  à  l'île  Maurice, 
l:i  famille  de  Rochecouste  enterrait  ses 
morts  dans  un  cimetière  privé,  qui  existe 
encore  sur    sa  propriété,  au  Grand-Port. 

On  voit  aussi  quelques  anciennes  sépul- 
tures privées  sur  plusieurs  autres  pro- 
priétés. D*"  P. 

Construction  des  églises.  —Droit 
de  sépulture  (XLIX,  392,  516,  639).  — 
Le  22  décembre  1675,1e  conseil  de  l'église 
et  fabrique  de  Notre-Dame  de  Vitry-le- 
François,  en  reconnaissance  des  bons  ser- 
vices que  M' Jérôme  Bugnot,  vivant  lieu- 
tenant en  l'élection  de  cette  ville,  a  ren- 
dus pour  la  construction  et  avancement 
des  tours  et  chapelles  de  leur  église,  per- 
mit à  Jérôme  Bugnot,  son  petit-fils,  aussi 
lieutenant  en  la  même  élection,  de  faire 
élever,  sur  le  côté  gauche  de  la  nef,  une 
chapelle  sous  le  titre  de  saint  Jérôme,  son 
patron,  pour  être  à  toujours  appelée  la 
chapelle  de  la  famille  de  messieurs  Bugnot. 

Tous  les  membres  de  cette  famille  fu- 
rent, en  conséquence,  enterrés  sans  aucun 
droit  de  fabrique^  jusqu'à  la  Révolution, 
dans  le  caveau  de  leur  chapelle. 

(Consulter  pour  détails  le  testament  de 
M'"  Louis  Bugnot,  chanoine,  du  17  juillet 
1717,  déposé,  le  17  octobre  suivant,  en 
l'étude  de  M"  Blanchard,  notaire  à  Vitry 
et  scellé  de  ses  armes). 

Nous  terminerons  cette  réponse  par  le 
texte  d'un  procès-verbal  authentique  : 

Je  soussigné,  Claude  Battelier,  architecte, 
demeurant  à  Vitry,  certifie  qu'à  la  réquisi- 
tion de  M,  de  Balldar,  procureur  du  roi  à  Vi- 
try, j'ai  été  commis  pour  me  transporter  en 
l'église  paroissial  d'icelle  ville  pour  prendre  les 
mesures  et  dimentions  d'un  caveau  audessous 
du  pavé  de  rez  de  chaussée  de  la  chapelle 
Saint-Gérome,  appartenant  d  messieurs  Bu- 
gnot, pour  cause  de  l'inhumation  duS'  Pierre 
Etienne  Bugnot,  décédé  le  onze  novembre  mil 
sept  cent  soixante  et  dix  sept,   pour  rendre 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1904, 


317 


318 


conte  à  mondit  s'  le  procureur  du  roy  si  le  ca- 
veau dont  est  question  est  conforme  à  la  dé- 
claration du  roy  en  datte  du  10  mars  1776 
qui  doivent  les  dits  caveaux  avoir  soixante  et 
douze  pieds  ;  mesure  prise  du  caveau  dont 
est  question,  j'aurais  trouvé  qu'il  contient 
environ  vmgt  pieds  quarrés  de  plus  que  l'or- 
donnance susdattée  ne  demande  et  qu'après 
le  corps  inhumé  en  terre  à  plus  de  six  pieds 
au  dessous  de  la  chapelle,  a  été  pavé  avec 
pavées  de  grande  pierre  de  taile  posées  à  mor- 
tier dans  l'étendue  du  dit  caveau  au  dessus  de 
la  fausse  ;  pour  quoi  j'affirme  le  présent  sin- 
cère et  véritable  à  Vitry  ce  23  may  1780 
(signé)  Claude  Battelier. 

E.  Tausserat. 


La  plantation  des  arbres  (L,  174). 
—  Existe-t-il  un  décret  sur  la  distance  à 
observer,  de  propriété  à  propriété,  dans 
la  plantation  des  arbres  ? 

L'article  671  du  Code  civil  répond  à  la 
question  :  il  n'est  permis  de  planter  des 
arbres  de  haute  tige  qu'à  la  distance  pres- 
crite par  les  règlements  particuliers  ac- 
tuellement existants  ou  par  les  usages 
constants  et  reconnus,  et  à  défaut  de  rè- 
glements et  usages,  qu'à  la  distance  de 
deux  mètres  de  la  ligne  séparative  des 
deux  héritages  pour  les  arbres  à  haute 
tige  et  à  la  distance  d'un  demi-mètre  pour 
les  autres  arbres  et  haies  vives. 

En  Normandie,  les  distances  sont  ré- 
glées par  l'édit  du  17  août  175 1  :  le  long 
des  chemins  vicinaux  et  de  traverse  dans 
les  terres  non  closes,  qu'à  dix  pieds  (^"248) 
du  chemin  ; 

Les  poiriers  et  pommiers  à  sept  pieds 
(2°'274)  du  fonds  voisin  ; 

Les  arbres  de  haute  futaie,  dans  les 
terres  non  closes,  à  sept  pieds  du  fonds 
voisin,  les  branches  seront  coupées  jusqu'à 
quinze  pieds  (4°'873)  de  hauteur  ; 

Quand  le  terrain  voisin  est  occupé  par 
un  vignoble,  les  poiriers  et  pommiers 
seront  plantés  à  douze  pieds  (3"898)  et 
les  arbres  de  haute  futaie  à  vingt-quatre 
pieds  (7'"796). 

Le  jonc  marin  sera  planté  à  trois  pieds 
(o°c)75)  le  bois  taillis  à  sept  pieds  (2"'274) 
lorsqu'il  n'y  aura  pas  de  fossé  entre  les 
deux  voisins, et  à  cinq  pieds  (  i  '"624)  quand 
il  y  aura  un  fossé. 

Les  haies  à  pied  seront  plantées  à 
I  pied  et  demi  du  voisin  (o'"487  5),  tondues 
tous  les  6  an?  et  réduites  à  5  à  6  pieds 
(i'"624  =  i"949)  Beaujour. 


* 
*  * 


La  distance  à  observer,  de  propriété  à 
propriété,  dans  la  plantation  des  arbres, 
est  réglementée  par  les  articles  671  et 
672  du  Code  civil,  modifiés  par  la  loi  du 
20  août  1881.  YsEM. 

Cendrièrô  (XLIX,  452,  603  ;  L, 
209).  —  Il  faut  s'entendre.  Les  lignites 
du  terrain  soissonnais,  qui  produisent  nos 
cendrières,  sont  considérés  comme  l'ABC 
de  la  géologie  ;  de  sorte  qu'il  n'y  a  pas 
un  seul  géologue,  qui  ne  soit  d'accord  sur 
ce  point  :  nos  terrains  sue^sioniens  ren- 
ferment des  lignites  et  non  pas  de  l'an- 
thracite, ni  encore  moins  de  la  tourbe. 
Cette  dernière,  en  effet,  appartient  aux 
terrains  quaternaires,  et  le  suessionien  est 
de  l'époque  tertiaire. 

J'ajouterai  que  la  craie  n'a  pas,  chez 
nous,  des  milliers  de  mètres  d'épaisseur, 
mais  seulement  des  centaines  ;  c'est  déjà 
bien  joli,  comme  cela. 

Il  est  de  plus  absolument  inexact,  qu'on 
ne  trouve  pas  trace  de  végétaux  herba- 
cés ou  ligneux  ;  car  on  y  trouve  des  cryp- 
togames et  des  monocotylédones  arbo- 
rescentes, avec  maints  débris  d'animaux 
fossiles.  Nous  pourrions  en  dire  long,  à 
cet  égard  :  car  nous  connaissons  les  gens 
qui  les  ont  trouvés  et  qui  les  ont  dénom 
mes  depuis  plus  de  40  ans. 

D""  Bougon. 


Les  femmes  célèbres  qui  ont 
posé  nues  (L,  1 17).  —  Ce  titre  me  fait 
songer  aux  deux  toiles  de  Goya,  lu  Maja 
dcsnuda  et  la  Maja  vestida^  intentionnel- 
lement rapprochées,  à  Madrid,  dans  l'A- 
cadémie de  San-Fernando. 

La  légende  qui  st-  rattache  à  ces  soi- 
disant  portraits  de  la  duchesse  d'Albe, 
Maria-Teresa  de  Silva,  est  bien  connue, 
mais  ce  n'est  qu'une  légende. Si  toutes  les 
anecdotes  relatives  à  telle  ou  telle  dame 
que  l'on  prétend  avoir  été  peinte  ou 
sculptée  ad  vivam  dans  le  costume  d'Eve 
avant  la  faute,  ont  l'authenticité  de  celle- 
ci,  il  y  aurait  beaucoup  à  en  rabattre. 

F.  BL. 

Cheveux   de    femmes    célèbres 

(XLIX,  843,941  ;  L,4,  153).  —  Question 
préjudicielle  pouvant  expliquer  les  avis 
divers  sur  la  couleur  indiquée.  Dans  quelle 


N*  1050. 


L'INTERMEDIAIRE 


319 


320 


mesure  les  cheveux  sont-ils  sujets  à  se  dé- 
colorer, selon  qu"ils  ont  été  coupés  sur  le 
vivaut  ou  non  ;  selon  leur  naturel  plats, 
ronds,  elliptiques,  lisses  ou  non,  etc., 
leur  ancienneté,  leur  âge  et  les  conditions 
dans  lesquelles  ils  ont  été  conservés  ? 

L.  Depal. 

L'if,  arbre  sacré  des  Druides 
(L,  164).  —  Nous  ne  répondrons  qu'à  la 
seconde  question.  On  a  choisi  l'if  comme 
arbre  funéraire,  à  cause  de  la  couleur 
sombre  de  son  feuillage,  et  en  outre  parce 
que  cet  arbre,  dont  le  bois  résineux  pais- 
sait pour  être  imputrescible, était  comme  un 
symbole  de  l'immortalité  des  âmes  après 
la  mort.  D"'  Bougon. 

Détail  des  anciens  prix  des  den- 
rées et  marchandises  (T.  G.,  270  ; 
XLI  ;  XLll  ;  XLIV  ;  XLVl;  XLVll;  XLVIII  ; 
XLIX  ;  L,  37).  —  Bulletin  de  la  Société  de 
T Histoire  de  Paris^  t.  VII,  Paris,  1880, 
8°,  page  107. 

G.  Grassoreille.  -  Prix  du  ble  à  Paris  du 
xiv^  au  xvMi'  siècle  d'après  les  registres  du 
chapitre  Notre-Dame. 

IdeniA.  VIII,  fi88i),  page  145. 

Gaston  Raynaud.  —  Prix  des  vivres  pen- 
dant le  siège  de  Paris  en  1590. 

Mémoires  de  la  Société  havi aise  d'études. 
T.  IV.  Le  Havre,  1837,  8",  page  38. 

Oursel.  — Sur  le  prix  des  denrées  au  Havre 
à  diverses  époques. 

Mémoires  de  la  Société  d' Emulation 
d'Ahbevilh^  t.  X,  Abbeville,  1867,  8° 
page  211. 

E.  Pannier.  —  Prix  des  grains  sur  le  mar- 
ché d'Abbeville  depuis  l'année  1590. 

Bulletin  de  la  conférence  littéraire  et 
scientifique  de  Picardie,  t.  111.  Amiens  188 1 
8",  page  39. 

Georges  Lecoq.  —  Prix  des  denrées  à 
Amiens  en  1637. 

Bulletin  de  la  Société  d' Etudes  scientifi- 
ques et  archéologiques  de  la  ville  de  Dragui- 
gnan.  t.  i.  Draguignan,  s.  d.  8°,  page 
112. 

Philibert  Poulie.  —  Recherches  sur  le  flo- 
rin de  Provence  et  le  prix  des  denrées  alimen- 
taires aux  xvie,  xvu'  et  xvui*  siècles. 

Idem^  ibidem,  p.   118  et  XXIV,  217. 

Magloire  Giraud.  —  Tarif  du  prix  du  fro- 
ment et  de  l'huile  sur  le  marche  de  Toulon 
pendant  les  xvi*  xvii«  et  xvui'^  siècles. 


Annuaire  départemental  de  la  Société 
d'émulation  de  la  Vendée,  t.  XV,  La  Ro- 
che-sur-Yon.  1872,  8",  page  139. 

P .  Marchegay.  —  Approvisionnement  et 
dépenses  de  table  au  milieu  et  h  la  fin  du  xv' 
siècle. 

Bulletin  de  la  Société  académique de 

Poitiers,    t....    Poitiers,     1885,   8",   page 
1 19. 

X.  Deloze.  —  De  la  monnaie  et  de  ses  rap- 
ports avec  le  prix  des  denrées  et  marchan- 
dises. 

A.  S..E. 

La  mémoire  (L,  116).  —  11  faut 
s'entendre.  Les  anciens  et  les  hommes  du 
moyen  âge  avaient  une  excellente  raison 
pour  cultiver  leur  mémoire,  c'est  qu'ils 
ne  possédaient  pas  de  livres  et  que  les 
manuscrits  étaient  rares  et  coûteux.  D'où 
la  nécessité  d'emmagasiner  dans  sa  tète 
beaucoup  de  faits,  beaucoup  d'idées,  avec 
la  préoccupation  constante  de  les  garder, 
faute  d'avoir,  comme  nous,  la  ressource 
d'ouvrir  unebibliothèque, petite  ou  grande, 
et  d'y  trouver  aussitôt  sans  mal  et  à  bon 
compte,  le  renseignement  cherché.  En 
outre,  les  connaissances  de  l'époque,  infi- 
niment plus  restreintes  qu'aujourd'hui, 
permettaient  aux  savants  d'être  véritable- 
ment encyclopédiques  ;  et  Ton  cite  à  cet 
égard  des  exemples  qui  nous  paraissent 
fabuleux. 

Les  anciens  détiennent  donc  vraisem- 
blablement le  record  de  la  mémoire. 

Ce  qui  n'empêche  pas,  et  c'est  là  l'au- 
tre côté,  le  vilain  côté,  de  la  question, 
qu'actuellement  la  mémoire  ne  soit,  sur- 
tout en  France,  extraordinairement  exer- 
cée, mais  sans  profit  aucun  et  à  l'exclu- 
sion du  raisonnement. Tous  nos  concours, 
tous  nos  examens  sont  uniquement  basés 
sur  la  mémoire  et  nous  avons  quotidien- 
nement ce  spectacle  navrant  d'hommes 
de  quarante  ans  et  plus,  en  quête  d'une 
chaire,  la  tête  bourrée  de  manuels,  réci- 
tant encore  comme  des  écoliers. 

On  change,  on  allonge  les  programmes 
sans  jamais  se  rebuter,    sans  jamais  non 
plus,  ce  qui  serait  le   point  capital,  modi- 
fier les  méthodes.    A   tous   les  degrés  et 
dans  toutes  les  branches,  l'enseignement 
chez  nous  est  purement  théorique, de  mé- 
I  moire  par   conséquent,   rarement  expéri- 
i  mental.  A  tel  jour,  à  telle   heure,  le  can- 
'  didat  est   prêt.  Un  mois  après,  il  a  tout 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1904 


_ 321  _ 

oublié.  La  mémoire  n'a  rien  gardé,  et 
c'est  ainsi  que,  soumise  à  un  entraînement 
irrationnel,  elle  ne  présente  pas,  chez  le 
français  d'aujourd'hui,  la  sûreté,  la  soli  • 
dite  et  l'étendue  des  temps  anciens. 

SOULGET. 

Ouvrag.3    sérieux    mis    en  vers 

[Y.  G.  665  ;  XXXV  à  XL  ;  XLIl  ;  XLIV  à 
XLIX  ;  L,  100,  142,  212).  —  On  nous 
communique  la  curieuse  pièce  suivante 
datée  de  1820,  a-t  elle  été  authentique- 
ment  produite.  Pourquoi  pas  .?  Est-il  in- 
terdit de  penser  que  la  procédure  a  pu,  au 
pays  de  Clémence  Isaure  et  des  jeux  flo- 
raux, emprunter  la  langue  des  dieux  .? 

DIRECTION  DE  PERPIGNAN 

Inspection  de  Perpignan 

Municipalité  de  Céret 
BUREAU    DE    LAMANÈRE 


322 


R.4PP0RT 

du  1"  juillet  1820  à  l'impor- 
tation contre  des  inconnus 
fugitifs . 

Loi  du  28  Avril  1816,  art:  41 

O'oir  la  circulaire  n'  439, 
tome  3.  page  282. 


RAPPORT 


Aujourd'hui,  de  Juillet  la  première  journée. 
Du  règne  de  Louis  la  vingl-cinquième  année, 
Au  Bom  de  notre  chef,  Kouvernant  à  !a  lois 
La  Douane  iranraise  et  t-availlônt  aux  lois, 
l'ius  conseiller  d'   tat  et  bien  digne  de  l'ôtre, 
A  la  requête  enQn   de  Saint    Cricq,  notre  maître, 
Dont  le  bureau  central  est  de  droit  à  Paris, 
Oii  du  nls  de  Cérès  brillent  les  favoris. 
Lequel  fonctionnaire  élit  son  domicile 
Chez  le   sieur  Jean   Tauron,  dun  commerce  facile, 
Receveur  principal,  demeurant  à  Céret, 
Ville  du  Roussillon  d'un  petit  intérêt. 
Légalement  chargé,  d'après  son  savoir  faire 
Des  suites  du  présent  dont  il  tait  son  alTaire, 
Nous,  Louis  Alazet  et  Vincent  Forigas, 
l'uis  Nicolas  Bobo,  Pierre  Roc,  Jean  Forga?, 
Tantôt  er.  proie  au  chaud,  tantôt  à  la  froidure, 
.Mal  logés,  mal  nourris  et  couchant  sur  la  dure. 
Toujours  en  embuscade  et  faiblement  payés^ 
Tous  les  cinq,  lieutenant  et  simples  employés. 
Habitant  Lamanère,  affreuse  résidence. 
Où  chacun  de  ses  maux  se  fait  la  confidence, 
Nous  tous  certifions  avoir  saisi  dûment. 
Prêts  à  renouveler  partout  notre  serment. 
Pour  avoir  transgressé,  se  mettant  trop  à  l'aise, 
La  loi  du  mois  d'Avril  de  l'an  mil  huit  cent  seize 
Article  trois  fois  dix,  deux  fois  cinq  et  plus  un, 
Nous  avons,  disons-nous,  tous  les  cinq  en  commun 
Saisi  sur  inconnus,  inilruils  par  Jean  Nivelle, 
Qui  se  sont  empressés  d'enfiler  la  Venelle, 
Les  objets  ci-dessus  désignés  clairement 
En  qualité,  valeur,  savoir:  premièrement,  etc.,  etc.. 
Nous  leur  avons  crié  jusques  à  perdre  baleine, 


Au  moment   qu'ils  fuyaient  comme  des   dains  en 

[plaine, 

Que  nous  exercions  tous  notre  petit  emploi 
Et  que  nous  agissions  en  vertu  de  la  loi. 
Nos  cris  sur  les   fuyards  font  l'effet  du  tonnerre, 
Us  jettent  aussitôt  la  marchandise  à  terre. 
Nous  courons  après  eux  dans  des  bois  inconnus. 
Sans  pouvoir  arrêter  aucun  des  inconnus. 
Le  vaisseau  qui  sillonne  une  mer  écumante, 
La  flèche  dont  Céphnie  atteignit  son  amant?. 
Les  ailes  qu'un  mortel  adroit,  audacieux, 
S'aiîacha  pour  voler  dans  la  plaine  des  cieux 
Sont  un  laible  tableau  de  la  course  légère 
Du  fraudeur  revenant  d'une  plage  étrangère. 
Essouflés,  demi-morts,  n'y  pouvant  plus  tenir. 
Il  fallut,  sans  captifs,  sur  nos  pas  revenir. 
Cependant  les  objets,  ramassés  dans  leur  fuite. 
Authentiques  témoins  d'une  vive  poursuite. 
Malgré  tous  les  détours  qu'ils  ont  vainement  pris. 
Pour  soustraire  à  nos  soins  un  légitime  prix 
Et  pour  faire  échouer  la  ruse  et  la  prudence. 
Ont  été  transportés  à  notre  résidence 
Et.  le  poids  reconnu,  comme  il  est  toujours  fait. 
Inscrits  sur  le  registre  ouvert  à  cet  effet. 
Nous  les  avons  laissés  munis  d'une  étiquette 
A  monsieur  Trimolet,  receveur  et  poète. 
Qui  par  ses  fonctions  dudit  dépôt  chargé 
Signera  le  rapport  sur  le  chîmp  rédigé. 
Et  voulant  procéder  dans  la  langue  sonore. 
Chère  aux  fils  de  Latour  et  que  tout  peuple  honore. 
Nous  avons  fait  connaître  en  termes  positifs 
Aux  susdits  inconnus,  prudemment  fugitifs. 
Qu'après  citation  ils  devront  comparaître 
A  Céret  ou  Thémis  se  fera  reconnaître. 
Pour  y  voir  prononcer  la  confiscation 
Des  différents  objets  dont  il  est  question. 
Seul  moyen  d'effrayer  la  désobéissance 
Afin  que  le  présent  aille  a  leur  coi:naissance 
El  qu'ils  soient  hors  d'état  de  pouvoir  apporter 
Le  plus  léger  motif  pour  le  faire  avorter. 
Nous  l'avons  affiché,  sans  aucune  rature 
A  l'endroit  apparent  oii  l'on  en  prend  lecture. 
Fait  clos  audit  bureau  de  l'ère  de  Jésus, 
A  quatre    heures  du    soir;    jour,    mois    et  an  que 

[dessus, 
Et  nous  tous  employés  que  la  misère  cerne 
L'avons  signé  chacun  en  ce  qui  nous  concerne. 

Communiqué  par  M.  Bonneau. 

Pharmaciens  ayant  été  des  sa- 
vants (XXXIX  à  XL  ;  XLVIl  ;  XLVIII, 
loi.  148).  —  Parmi  les  anciens,  il  faut 
ajouter  les  suivants  :  P.  Braillier,  auteur 
de  l'ouvrage  ayant  pour  titre  :  Déclaration 
des  abus  et  ignorances  des  médecins,  œuvre 
très  utile  à  un  chacun  studieux  et  curieux 
de  sa  santé,  composé  par  P.  Braillier,  mar- 
chand apothicaire  de  Lyon,  pour  response 
contre  Lisset  Benancio,  médecin.  Lyon,  par 
Michel  Jove,  1557,  ii^-'^- 

Claser,  Christophe,  apothicaire  ordi- 
naire du  roi,  a  publié  :  Traité  de  la  Chy- 
mie.^  enseignant  par  une  briève  et  facile  me^ 
thode  toutes  ses  plus  nécessaii  es  réparations. 
Paris,  d'Houry,  1673,2  vol.  in-12. 

G.  Claser,  ainsi  que  son  associé  Sainte- 


N»  1050 


L'INTERMEDIAIRE 


323 


324 


Croix, périrent  en  distillant  leurs  drogues, 
et  c'est  alors  que  la  justice  ayant  pénétré 
dans  leur  ténébreuse  officine,  fit  la  décou- 
verte de  certaines  pièces  qui  motivèrent 
l'arrestation  de  la  Brinvilliers  et  de  ses 
complices,  et  fiirent  le  point  de  départ  de 
l'afFaire  des  poisons. 

Parmi  les  contemporains,  il  ne  faut  pas 
oublier  notre  savant  conlVère  et  collabora- 
teur à  V Intermédiaire,  M.  E.  Grave,  auteur 
d'un  grand  nombre  d'écrits  historiques  sur 
la  ville  de  Mantes  et  ses  environs. 

Paul  Pinson. 

Anthropophages  français  (XLIX, 
2i7,369,399,55o;L,i04). — Notre  confrère 
Candide  nous  a  conté  l'histoire  du  vigne- 
ron (qui  portait  un  nom  d'apothicaire) 
Simon  Potard,  lequel,  pendant  le  siège  de 
Sancerre,  en  1573,  avait  mangé  sa  propre 
fille,  et  ce,  en  compagnie  de  sa  femme  et 
d'une  vieille  voisine  qu'il  avait  invitée. 

Le  crime  de  Potard  n'est  pas  niable, 
mais,  dans  l'intérêt  de  l'histoire  et  de  la 
justice,  on  ne  doit  pas  lui  enlever  le  bé- 
néfice des  circonstances  atténuantes  aux- 
quelles il  a  droit. 

D'abord  sa  fille  n'avait  que  3  ans,  ce 
n'est  peut-être  pas  une  raison,  mais  elle 
était  morte,  ce  qui  en  est  une  ;  et  même 
elle  était  morte  de  faim,  cela  montre  bien 
la  misère  extrême  dans  laquelle  était  la 
famille  Potard.  De  plus,  Potard  n'avait 
pas  poussé  le  cynisme  jusqu'à  inviter  sa 
voisine  à  déjeuner,  celle-ci,  la  vieille  Phi- 
lippe de  la  FeniUée^  n'a  participé  au  repas 
que  parce  qu'elle  logeait  chez  les  Potard. 

Nous  savons  que  Jean  de  Leri  les  sur- 
prit et  les  fit  arrêter. 

Voici  la  fin  de  l'aventure  : 

Sur  le  champ  on  les  conduit  en  prison,  où 
a  vieille  Philippe  mourut  le  lendemain  :  les 
deux  autres  avouèrent  le  fait,  mais  la  femme 
déclara  que  son  mari  avait  fait  cuire  la  chair 
de  sa  fille  d'abord  à  son  insu,  puis  malgré  elle 
quand  elle  s'en  fut  apperçue,  et  qu'enfin  à  sa 
persuasion  elle  en  avait  mangé  avec  lui  et 
avec  la  vieille  Philippe, 

Comme  ces  gens  n'avaient  pas  bonne  répu- 
tation d'ailleurs,  on  compulsa  les  registres  du 
Consistoire,  et  1  on  trouva  bien  des  choses  à 
leur  charge.  Potard  fut  convaincu  d'autres 
crimes  ;  en  conséquence,  le  28  juillet,  le  Con- 
seil de  la  ville  le  condamna  à  être  brûlé  vif 
et  la  femme  à  être  étranglée  ;  puis  on  déterra 
le  corps  de  la  vieille  Philippe  que  l'on  jeta  au 
feu  avec  celui  de  la  femme. 

Nous  préférons  donc  savoir  que  Potard 


et  sa  femme  avaient  d'autres  crimes  sur 
la  conscience  car,  dans  les  conditions  où 
les  choses  se  sont  passées  leur  châtiment 
aurait  peut-être  pu  paraître  excessif,  sur- 
tout quand  nous  aurons  dit  que  d'autres 
faits,  aussi  extraordinaires,  se  sont  pro- 
duits pendant  le  même  siège. 

Bernot  de  Charaut,  qui  fut  bailli  de  San- 
cerre en  1685,  assure  avoir  vu  dans  le 
dépôt  du  Greffe  de  cette  ville  une  sentence 
publiée  par  les  soldats  qui,  après  avoir 
essayé  de  manger  les  corps  des  gens  tués 
par  les  ennemis  (il  est  vrai  que  ce  n'étaient 
pas  leurs  enfants)  avaient  délibéré  que,  si 
la  famine  continuait,  ils  se  jetteraient  sur 
les  vivants. 

Hàtons-nous  d'ajouter  que  le  siège  fut 
terminé  peu  après  et  qu'ils  n'eurent  pas  à 
recourir  à  cette  extrémité. 

Il  n'en  est  pas  moins  certain  que  Potard, 
sa  femme,  et  la  vieille  Philippe  n'ont  pas 
été,  pendant  le  siège  de  Sancerre,  les 
seuls  anthropophages,  et  que  si  les  Potard 
ont  commis  le  crime  de  manger  leur  fille, 
ils  n'ont  pas  commis  celui  de  la  tuer  ;  ils 
ont  donc  droit,  de  ce  chef,  aux  circons- 
tances atténuantes.  Pila. 

L'œil  de  verre  de  M.  "Waldeck- 
Rousse^is  (L,  272).;—  Toute  la  presse 
s'est  intéressée  à  la  révélation  de  ce  petit 
fait  :  M.  Waldeck  -  Rousseau  n'avait 
qu'un  œil.  Ce  fait,  ignoré,  n'était  pas 
niable,  il  ne  fut  pas  nié.  Mais  le  Temps  qui 
s'était  documenté  à  la  meilleure  source, 
a  officieusement  répondu  en  contestant 
que  l'œil  perdu  ait  été  remplacé  par  un  œil 
de  verre  : 

V! Intermédiaire  des  chercheurs  et  curieux 
publie  une  lettre  signée  d'un  pseudonyme  où 
il  est  dit,  à  tort,  que  M.  Waldeck-Rousseau 
avait  un  œil  de  verre,  comme  Gambetta.  Ce 
qui  est  vrai,  c'est  que  M.  Waldeck-Rousseau 
n'y  voyait  plus  de  l'œil  gauche,  à  la  suite 
d'une  opération  qu'il  avait  subie  dans  sa  jeu- 
nesse et  qui  ne  l'empêcha  pas,  d'ailleurs,  de 
s'engager  dans  la  garde  mobile  en  1871. 

Il  résulterait  de  cette  note  que  M.  Wal- 
deck n'y  voyait  presque  plus  de  l'œil  gau- 
che à  la  suite  d'un  accident,  c'est  une 
atténuation:  M. Waldeck-Rousseau  n'avait 
plus  d'œil  gauche. 

Le  Gaulois,  à  la  suite  de  notre  informa- 
tion,a  fait  une  enquête  très  curieuse,  agré 
mentée  de   spirituelles  anecdotes   sur   ce 
petit  mystère.  Il  s'en  est   entretenu  avec 
le  docteur  Trousseau  ; 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1904. 


-    325 


326 


L'éminent  oculiste,  dit  notre  confrère,  nous 
expliquait  que  l'on  peut  très  bien  avoir  un 
œil  de  verre  sans  que  personne  s'en  aper- 
çoive. 

—  J'ai  vu  M.  Waldeck-Rousseau,  nous  dit- 
il,  l'année  dernière,  à  un  dîner  de  chasse.  Je 
vous  avoue  que  je  n'ai  pas  pris  garde  à  son 
œil  de  verre.  Les  convenances,  d'ailleurs, m'in- 
terdisaient de  porter  trop  fixement  mes  re- 
gards sur  les  siens. Pourtant,  je  savais,  ou  plu- 
tôt j'avais  entendu  dire  vaguement,  que  M. 
Waldeck-Rousseau  portait  un  œil  artificiel. 
Est-ce  vrai  ?  Est-ce  une  légende  ?  Je  ne  veux 
pas  prendre  parti  dans  cette  controverse  ». 

M.  Trousseau  nous  donna  ensuite  une  très 
intéressante  consultation  sur  la  matière. 

—  «  L'œil  de  verre,  fit-il, peut  être  parfaite- 
ment conforme  à  l'œil  resté  sain,  comme 
forme  et  couleur.  On  imite  aujourd'hui  admi- 
rablement la  nuance  et  même  l'expression  de 
l'autre  œil.  Toutefois,  quand  l'œil  de  verre  a 
été  placé  après  l'enlèvement  complet  de  l'or- 
gane malade,  il  est  doué  d'une  mobilité  infé- 
rieure à  celle  de  l'autre.  Dans  ce  cas,  il  existe 
toujours  un  enfonrement  caractéristique  de  la 
paupière  supérieure.  C'est  ce  qui  fait  qu'un 
oculiste  exercé  reconnaît  en  général,  à  pre- 
mière vue,  la  présence  d'un  œil  artificiel. 

»  Pourtant  les  élèves  qui  commencent 
l'étude  de  l'ophtalmologie  sont  souvent  trom- 
pés par  les  apparences.  11  m'est  arrivé  de  sou- 
mettre à  l'examen  de  mes  élèves  des  malades 
portant  un  œil  de  verre  et  de  les  voir  fort  em- 
barrassés, cherchant  et  recherchant  quelle  pou- 
vait être  l'affection  de  cet  œil  artificiel. 

»  En  résumé,  l'œil  artificiel  est  facilement 
reconnaissable,  s'il  y  a  eu  enlèvement  com- 
plet du  globe  oculaire.  Il  est  presque  absolu- 
ment invisible  si  l'enlèvement  de  ce  globe  n'a 
été  que  partiel,  car  alors  l'œil  artificiel  a  un 
support  plus  régulier  et  doué, en  même  temps, 
d'une  mobilité  bien  plus  satisfaisante.  Aussi, 
faisons-nous  tous  nos  efforts  pour  conserver  la 
plus  grande  partie  du  globe  quand  il  n'y  a 
pas  de  danger  pour  l'autre  œil.  L'opération, 
du  reste,  n'offre  aucun  danger  pour  le  malade. 
En  cinq  ou  six  jours,  le  malade  qui  n'a  gardé 
le  lit  que  vingt-quatre  heures  se  trouve  guéri, 
et,  trois  semaines  après,  on  peut  l'autoriser  à 
porter  la  pièce  artificielle  s». 

L'œil  artificiel  tel  qu'on  le  fabrique,  aujour- 
d'hui a  l'avantage  de  pouvoir  être  posé  et 
retiré  sans  difficulté.  On  arrive  à  lui  donner 
presque  l'illusion  de  la  vie,  c'est-à-dire  qu'il 
est  mobile  et  brillant  comme  l'œil  naturel. 

Comme  Gambetta,  M.  Waldeck-Rousseau 
va  avoir,  lui  aussi,  sa  légende  :  la  légende  de 
l'œil  de  verre. 


Le  Phare  de  la  Loire  nous  communique 
l'extrait  suivant  de  son  numéro  du  9  no- 


vembre 1870,  auquel  il  était  fait  allusion 
dans  l'article  de  notre  collaborateur  : 

M.  Waldeck-Rousseau,  maire  de  Nantes, 
nous  adresse  la  lettre  suivante,  que  nous  pu- 
blions avec  un   sympathique  empressement  : 

«  Donnez  place,  je  vous  prie,  dans  votre 
journal,  à  la  note  que  voici. 

»  Mon  plus  jeune  fils,  attaché  au  barreau 
de  Saint-Nazaire,  fait  partie  de  la  garde  na- 
tionale et  va  partir  avec  elle.  //  pouvait  se 
prévaloir  cT exemptions  pèremptoircs  :  il  ne 
s'est  pas  présenté  au  conseil  de  révision. 
Mon  fils  aîné,  qui  est  au  barreau  de  Nantes, 
est  marié  et  père  de  famille.  11  appartient  au 
ban  de  la  garde  nationale  sédentaire  qui  vient 
d'être  mobilisée  et  n'en  décline  aucun  des  de- 
voirs. 11  a  accepté  de  faire  partie  de  l'état- 
major  du  colonel  alors  que  les  hommes  ma- 
riés n'étaient  pas  appelés  au  service  actif.  Il 
résignera  son  grade  si  l'état-major  est  empê- 
ché de  faire  campagne. 

»  Des  lettres  sans  signature  me  reprochent 
d'avoir  placé  mes  enfants  en  dehors  des  de- 
voirs périlleux  qui  sont  imposés  à  tous  les 
citoyens.  Je  ne  puis  tolérer  plus  longtemps 
cette  indigne  imputation  ;  et  puisqu'il  ne 
m'est  pas  donné  de  connaître  ses  auteurs,  je 
suis  contraint  de  protester  publiquement,  au 
nom  de  mes  enfants  et  au  mien .  Si  ceux  qui 
m'ont  écrit  ont  voulu  me  causer  une  douleur, 
qu'ils  soient  satisfaits  ,  ils  ont  largement 
réussi...  Waldeck-Rousseau, 

{Phare  de  la  Loire ^  9  novembre  1870). 

Le  père  dit  de  son  fils  qu'il  pouvait  se 
prévaloir  à' exemptions  péremptoires  :  c'est 
l'allusion  à  la  perte  de  l'œil  gauche. 

M.  Waldeck-Rousseau  n'avait  bien 
qu'un  œil. 

Entrées  gratuites  (L,  62).  —  11  est 
certain  que,  de  tout  temps,  les  entrepre- 
neurs de  spectacles  publics  ont  laissé  pé- 
nétrer gratuitement  dans  leurs  salles,  les 
personnes  qui  pouvaient  leur  être  utiles 
à  un  titre  quelconque. 

En  ce  qui  concerne  plus  particulière- 
ment les  filles,  il  est  non  moins  certain 
qu'elles  ont  toujours  été  reçues  gratuite- 
ment, et  même  rétribuées,  dans  les  éta- 
blissements où  leur  présence  était  néces- 
saire pour  attirer  la  clientèle  masculine. 

Cela  n'a  jamais  été  guère  possible  dans 
les  salles  de  théâtre  proprement  dites  où 
la  fille,  restant  assise  une  partie  de  la 
soirée,  ne  peut  être  abordée  que  pendant 
les  entr'actes  ou  à  la  sortie  du  spectacle, 
mais,  dans  les  salles  de  bal,  dans  les  jar- 
dins consacrés  aux  fêtes,  concerts,  etc., 
en  un  mot  dans  la  plupart  des  établisse- 


N*  1050 


L'INTERMEDIAIRE 


32: 


328 


ments  publics  fréquentés  par  les  viveurs 
et  où  l'on  peut  se  promener,  la  fille  a 
toujours  été  admise  sans  rétribution. 

C'est  surtout  depuis  la  création  des 
mmic-balh  que  les  filles  ont  trouvé,  en 
dehors  des  salles  de  bal,  un  asile  gratuit 
pour  l'exhibition  de  leurs  charmes. 

Personne  n'ignore,  en  effet,  que  les 
premiers  de  ces  établissements  sont  de 
véritables  marchés  de  chair  humaine  et, 
ainsi  que  le  fait  si  justement  remarquer 
sir  Graph,  tout  le  monde  sait  que,  quelles 
que^soient  les  attractions  de  la  scène,  la 
salle  serait  vite  désertée  si  les  courtisanes 
qui  en  font  le  principal  ornement  n'y 
étaient  plus  reçues. 

On  peut,  d'ailleurs,  faire  la  même 
observation  pour  certains  cafés  et  restau- 
rants fréquentés  par  les  noctambules,  où 
la  prostitution  s'étale  publiquement,  et 
qui  seraient  obligés  de  fermer  leurs  por- 
tes si  les  filles  n'y  trouvaient  toutes  les 
facilités  désirables  pour  y  exercer,  sans 
frais,  leur  triste  et  pénible  profession. 

En  résumé,  à  la  question  de  sir  Graph, 
je  crois  que  l'on  peut  répondre  :  Ce 
quasi-privilège  existe  depuis  aussi  long- 
temps que  les  salles  de  divertissements 
elles-mêmes. 

Maintenant  puisqu'il  s'agit  d'entrées 
gratuites,  je  me  permets  d'étendre  un  peu 
le  sujet,  en  rappelant  ce  fait  assez  peu 
connu,  je  crois,  que  sous  Louis  XIV,  les 
officiers  et  les  gens  du  roi  s'arrogeaient 
le  droit  de  pénétrer  dans  les  théâtres  sans 
bourse  délier  et.  qu'à  la  demande  des 
comédiens,  le  roi  édicta  des  règlements 
pour  interdire  cet  abus  qui  ne  s'en  renou- 
vela pas  moins  plus  tard,  si  Ton  en  croit 
les  Mémoires  de  Lekain  qui  contiennent 
une  lor/gue  réclamation  contre  cet  usage 
avec  une  liste  des  noms  et  des  qualités 
des  amateurs  de  théâtre  gratuit. 

Louis  XVI  dut  aussi  renouveler  les 
défenses  maintes  fois  faites  par  ses  prédé- 
cesseurs et  on  trouve  dans  une  ordon- 
nance royale  du  2  avril  1780,  la  disposi- 
tion suivante  : 

Sa  Majesté  lait  très  expresses  inhibitions 
et  défenses  à  toutes  personnes,  de  quelque 
qualité  et  conditions  qu'elles  soient,  même 
aux  officiers  de  sa  maison,  gardes,  gendar- 
mes, chevau-Iégers,  aux  pages  de  S.  M., 
ceux  de  la  Reine,  des  princes  et  princesses 
de  son    sang,    d'entrer   à    l'Opéra,    ni   aux 


Comédies  Française  et  Italienne,  et  à  tous 
autres  spectacles,  sans  payer. 

Cette  ordonnance  présente  en  outre 
une  particularité  curieuse,  car  elle  indi- 
que que  Louis  XVI  n'avait  pas  attendu  la 
Révolution  pour  supprimer  certains  pri- 
vilèges de  caste  et  établir  un  commence- 
ment d'égalité  entre  les  citoyens. 

Elle  se  termine,  en  effet,  ainsi  : 

Veut  et  entend  Sa  lAzjesié  qu'il  tiy  ait 
aucune  préséance  marquée  ni  place  pour  les 
carrosses,  et  qu'ils  aient  tous,  sans  aucune 
exception  ni  distinction,  à  se  placer  à  la  file 
les  uns  des  autres,  au  fur  et  à  mesure  qu'ils 
arriveront  aux  entrées  des  spectacles,  sans 
pouvoir  même  doubler  ni  embarrasser  le 
devant  des  spectacles  qui  sera  réservé  libre 
pour  la  facilité  du  défilé,  de  façon  que  la 
voie  publique  ne  puisse  être  embarrassée, 
et  qu'à  l'entrée  et  à  la  sortie  des  dits  spec- 
tacles, les  cochers  soient  tenus  de  prendre 
la  file,  sans  en  former  plusieurs,  ni  sans  se 
couper  les  uns  les  autres. 

Toute  infraction  à  ces  dispositions  était 
punie  d'emprisonnement. 

Sous  le  Premier  Empire, les  comédiens  se 
plaignirent  de  nouveau, par  l'intermédiaire 
de  M.  de  Rémusat,  de  l'abus  des  entrées 
gratuites.  Napoléon  I"  répondit  en  s'ins- 
crivant  pour  12.000  fr.  d'augmentation 
sur  le  prix  de  sa  loge  et  en  donnant  ordre 
que  toutes  les  personnes  attachées  au 
gouvernement  imitassent  proportionnel- 
lement son  exemple. 

Puis,  dans  le  règlement  du  25  avril 
1807,  sur  les  théâtres,  il  fit  insérer  l'ar- 
ticle suivant  : 

Les  spectacles  n'étant  point  au  nombre 
des  jeux  publics  auxquels  assistent  les  fonc- 
tionnaires en  leur  qualité,  mais  des  amuse- 
ments préparés  et  dirigés  par  des  particu- 
liers qui  ont  spéculé  sur  les  bénéfices  qu'ils 
doivent  en  tirer,  personne  n'a  le  droit  de 
jouir  gratuitement  d'un  amusement  que 
l'entrepreneur  vend  à  tout  le  monde. 

Les  autorités  n'exigeront  donc  d'entrées 
gratuites  des  entrepreneurs,  directeurs  ou 
régisseurs  de  spectacles  et  concerts,  que 
pour  le  nombre  d'individus  jugé  indispen- 
sable pour  le  maintien  de  l'ordre  et  de  la 
sécurité. 

Eugène  Grécourt. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Da!<iel-Ch.am80n  St-Amand- 
Mont-Rond. 


!•  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  50   de  chaque  mots.     10  Septembre  1904 


40»  Année 

sa'"  ,r.  Victor  Hlaesé 
.   PAKIS  (IX') 

3ureaux  :  de  2  à  4  heures 


QUjEQUB 


Cherchez  et 
vaut  trouverez 


Il  se  faut 
entr'aidtr 


No  1051 

3I*^  r.VIctorMasflé 
PARIS  (JX«; 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


€3nUxmébxaxx€ 


DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fondé   an   1864 

»«♦»« 

QUESTIONS    ET   RÉt'ONSKS    LITTÉ«A1RES.     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ST     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


329 


330 


(fiHucôtionô 


Manuscrits  inédits  d'André  Ché- 
nier.  —  L'Intermtdiaire,  grâce  à  l'obli- 
geance de  ses  collaborateurs,  pourrait-il 
me  fournir  le  renseignement  suivant  : 

Quels  ont  été  l'héritier  ou  les  héritiers 
de  Madame  Elisa  de  Chénier,  veuve  de 
M.  Gabriel  de  Chénier  qui  a  légué  à  la 
Bibliothèque  nationale  les  manuscrits  de 
son  oncle,  le  poète  André  Chénier  ? 

M.  Gabriel  de  Chénier,  outre  les  ma- 
nuscrits légués  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale et  à  celle  de  Carcassonne, devait  pos- 
séder (il  le  dit  dans  la  notice  mise  en  tète 
de  l'édition  en  3  volumes  qu'il  publia  chez 
Lemerre,  en  1874)  et  a  dû  laisser  à  Ma- 
dame Elisa  de  Chénier  des  lettres,  des  pa- 
piers, les  vers  de  jeunesse,  les  livres 
d'André  Chénier. 

Dans  quelles  mains  ont  passé  ces  pré- 
cieuses  reliques  ? 

Avec  tous  mes  remerciements  anticipés. 
José- Maria  de  Heredia, 
à  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal.  1,  rue  de  Sully. 

Le  manuscrit  de  Don   Juan.  —  1 

On  a  beaucoup  parlé, ces  derniers  temps,  \ 
du  manuscrit  du  Don  Juan  de  Mozart.  Où  i 
se  trouve-t-il  exactement  ;  et  quels  en  ont  ! 

été  les  vicissitudes?  Y         ! 

_  ! 

Les  mousraclies  de  Molière.  —  Il  ' 
est  d'un  usage  constant  de  représenter  1 
Molière  avec  des  moustaches.  Le  buste  ' 
de  Houdon,  inspiré  sans  doute  par  le  Mo-  \ 


lière  couronné  de  Pierre  Mignard,  le  Mo- 
lière de  Coypel,  le  ^^  vray  portraict  de 
M.  de  Molière  en  habit  de  Sganarelle  », 
le  Molière  du  tableau  des  farceurs  fran- 
çais et  italiens,  pour  ne  citer  que  les  ima- 
ges les  plus  classiques,  nous  font  voir  le 
poète  avec  des  moustaches.  Seul  le  por- 
trait gravé  par  Ad.  Lalauze  d'après  le 
portrait  peint  vers  1658,  et  placé  en  tête 
du  livre  de  M.  J.  Loiseleur,  nous  montre 
un  Molière  jeune,  la  lèvre  supérieure  à 
peine  garnie  d'un  léger  duvet. 

Or,  une  question  se  pose.  La  plupart  des 
rôles  créés  par  Molière,  tels  que  ceux  d'Har- 
pagon, d'Argon,  etc.,  se  jouent  5a«5  mous- 
taches. Que  faut-il  en  conclure  ?  Que  Mo- 
lière jouait  tous  ses  rôles  avec  des  mous- 
taches, et  que  ce  sont  ses  successeurs  qui 
ont  pris  sur  eux  de  changer  la  tradition.? 
Ou  bien  que  Molière  jouait  tantôt  avec 
des  moustaches,  et  tantôt  sans }  Pour  le 
rôle  d'Orgon.  il  n'y  a  pas  de  discussion 
possible.  Dorine  parle  de  la  '<  large  bar- 
be »  au  travers  du  vitrage  de  son  maître. 
Qu'en  disent  les  moliéristes  ^  Se  repré- 
sentent-ils le  maître  jouant  sans  mous- 
taches ^  Mais  alors  que  faut-il  penser  des 
portraits  ?  Nous  rappellerons  que  les  ac- 
teurs italiens  de  l'époque  —  ainsi  du  reste 
qu'aujourd'hui  —  conservaient  presque 
tous  leurs  moustaches  au  théâtre.  Molière 
n'a-t-il  pas  suivi  l'usage  de  ses  collègues 
italiens  ^  H.  L. 

L'examen   de   la  fiancée  royale. 

—  En  racontant  les  préliminaires  du  ma- 
riage conclu  en    1385,  entre  x<  le  jone  roi 

L.  7 


N*  1051 


L'INTERMÉDIAIRE 


33» 


332 


de  France  et  madame  Isabel,  fille  au  duc 
Estiène  de  Bavière  »,  Froissart  écrit  : 

Il  est  d'usage  en  France  que  quelconques 
dame,  com  fille  de  hault  signeur  que  elle  soit 
que  il  convient  que  elle  soit  regardée  et  avisée 
toute  nue  par  dames,  à  savoir  se  elle  est  pro- 
pise  et  formée  à  porter  enfans. 

Froissart.  éd.  G.  Raynaud,  1899,  t.  XI,  p. 
224. 

Cette  coutume  existait  déjà  un  siècle 
auparavant,  comme  paraît  l'établir  une 
note  que  j'ai  récemment  publiée  ici  même 
dans  une  question  qui  n'a  pas  reçu  de 
réponse  (XLIX,  555.)  La  fiancée  était 
examinée  tantôt  par  des  matrones,  taniôt 
par  des  ambassadeurs,  et  toujours  toute 
nue. 

A  quelle  époque  remonte  ce  singulier 
usage  ?  Quand  fut-il  abandonné  ?       S. 

Le  portrait  peint  de  la  Laure  de 
Pétrarque,  par  Simone  di  Martino. 

—  Vers  5  du  Sonnet  LVIU  et  vers  1  du 
sonnet  LIX  du  Pétrarque, figure  le  nom  de 
Simone. 

Or,  ce  Simon  n'est  autre  que  l'ami  de 
Pétrarque,  le  célèbre  Siennois  Simone  di 
Martino,  le  seul  rival  de  Giotto,  avec  qui 
il  travailla  à  la  Navicella  de  l'ancienne 
église  Saint-Pierre,  à  Rome,  qui  était  allé 
s'installer  à  Avignon,  où  il  peignit,  pour 
Benoit  XII,  l'Histoire  des  martyrs,  et  où  il 
mourut  en  1344.  Serait-il  possible  de  re- 
trouver ce  portrait  de  la  Laure  de  Pétrarque 
dont,  au  surplus,  Vasari  avait  déjà  parlé, 
mais  qu'il  a  erronément   appelé  Memmi? 

H.  A.  H. 

Duc    d'Aiguillon  ;    son   rôle   en 

1789.  —  Le  mémoire  de  Louis  XVllI  sur 
Marie-Antoinette,  publié  par  M.  Ernest 
Daudet  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes^ 
renferme,  à  propos  du  duc  d'Aiguillon, 
la  phrase  suivante  : 

«  11  s'est  acquis  une  hideuse  célébrité 
dans  la  nuit  du  6  octobre  1789  ». 

M'occupant  de  reconstituer  dans  leurs 
menus  détails  les  scènes  des  5  et  6 octobre 
1789,  je  n'ai  trouvé  nulle  part  trace  de 
l'intervention,  dans  la  nuit  du  6  octobre, 
du  duc  d'Aiguillon,  dont  je  ne  savais 
qu'une  chose  :  c'est  que  dans  une  autre 
nuit,  celle  du  4  août,  il  monta  le  second  à 
la  tribune  de  l'Assemblée  Nationale  pour 
voter  l'abolition  de  la  féodalité.  Je  serais 
heureux  si  quelqu'un  pouvait  m'expliquer 


en  quoi  a  consisté  la  hideuse  célébrité  ac- 
quise par  le  duc  d'Aiguillon  dans  la  nuit 
du  6  octobre,  d'après  le  royal  écrivain. 

G.  B.  T. 

Mariage  du  duc  d'.Enghien.  —  Le 

mariage  du  dernier  duc  d'Enghien  a  été, 
à  plusieurs  reprises  et  notamment  dans 
ces  derniers  temps,  vivement  contesté, 
et  les  arguments  mis  en  avant  des  deux 
côtés  ne  paraissaient  pas  reposer  sur  des 
bases  irréfutables. 

V Intermédiaire  du  10  août,  col.  165, 
affirme  non  seulement  que  le  mariage  a 
eu  lieu,  mais  encore  qu'il  a  été  bénit  par 
l'abbé  Weinbron,  grand  vicaire  du  cardinal 
de  Rohan,  et  que  les  témoins  étaient  le 
baron  de  Grunstein  et  le  marquis  de  Thu- 
mery. 

Aurait-on  retrouvé  l'acte  de  mariage  et 
quelle  en  serait  la  date.  Si  non  sur  quelle 
preuve  se  base-t-on  pour  donner  des  ren- 
seignements aussi  précis  ?  A.  E, 

Ce  problème  a  déjà  été  soulevé  dans  Vln- 
termèdiaire,  tomes  IX,  X,  XIV  —  Voyez 
l'Amie  du  duc  d'Enghien.  — L'opinion  com- 
mune penchait  vers  la  négative. 

Louis  II  de  Bavière.  —  Existe-t-il 
une  bibliographie  des  ouvrages  le  concer- 
nant? E.  L. 

Un  chancelier  de  Savoie  suppli- 
cié. —  Guillaume  de  Bolomier,  chance- 
lier de  Savoie,  fondateur  du  chapitre  de 
Poncin  (Ain),  érigé  le  8  août  1440,  par  le 
pape  Félix  V,  s'était  fait  préparer,  dans 
le  chœur  de  la  collégiale,  un  tombeau 
magnifique.  Il  eût  pu  s'éviter  cette  dé- 
pense, car  «  il  fut  enseveli,  ai-je  lu  quel- 
que part,  une  pierre  au  cou,  au  fond  du 
lac  de  Genève.  »  Je  voudrais  bien  ap- 
prendre pour  quel  méfait  ce  personnage 
fut  ainsi  traité  ?  Axel. 

Les  servantes  dans  l'ancienne 
famille  française.  —  duel  est  le  meil- 
leur ouvrage  à  consulter  sur  les  servantes 
à  gages  dans  l'ancienne  France  ?  (Situa- 
tion sociale,  droits  et  devoirs,  costume, 
mœurs,  etc.) 

A  défaut  de  bibliographie,  quelques 
lecteurs  pourraient-ils  nous  communiquer 
leurs  notes  sur  Je  sujet  }  Tour  à  tour  la 
servante  parait   être  une  esclave  ou  une 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Septembre  1904. 


333 


amie.    Entre  ces  deux   extrémités,  quelle 
était  sa  situation  normale  ?  S. 

Hugues  van  der  Goes,  minia- 
turiste ?  —  Un  jeune  écrivain  et  histo- 
rien d'art,  M.  Sander  Pierron,  étudiant 
dans  VÂrt  moderne  de  Bruxelles  (7,  14  et 
21  août)  l'œuvre  de  Hugues  van  der  Goes 
et  rappelant  qu'on  a  fait  parfois  honneur 
au  maitre  gantois  de  quelques-unes  des 
merveilleuses  miniatures  du  Bréviaire  Gri- 
mani^  se  demande  s'il  ne  faudrait  pas  lui 
attribuer,  avec  beaucoup  plus  de  vraisem- 
blance, celles  des  manuscrits  consacrés 
par  Jean  Gielemans  à  la  vie  des  saints  du 
Brabant. 

Si  l'affirmative  était  démontrée,  l'exa- 
men minutieux  de  ces  miniatures  permet- 
trait de  fixer  enfin  les  caractéristiques  du 
style  de  van  der  Goes  et  de  déterminer 
les  œuvres  dont  il  est  l'auteur, la  Nativité 
de  Florence  étant  jusqu'ici  la  seule  dont 
l'authenticité  soit  indiscutable. 

On   voit    immédiatement  l'importance 


334 


du  problème.  L'argumentation  de  M. 
Pierron  est  très  séduisante,  et  il  eût  pu  la 
préciser  davantage,  comme  je  vais  essayer 
de  le  faire  ici. 

Jean  Gielemans,  né  en  1427,  était  un 
moine  de  Rouge-Cloître, près  de  Bruxelles. 
C'est  là  qu'il  composa,  outre  son  Primor- 
diale Riihece  Fallis  et  son  Hystoriologium 
Brabant inorum,  les  ouvrages  suivants  : 
Sanctilogium  (4  vol.,  le  deuxième  écrit  en 
147 1,  le  troisième  en  1479)  ;  Agyolooium 
Brabautinum  (2  vol.,  1476-1484)  ;  Novale 
Sanctorum  (2  vol.,  1483- 1485).  Il  mourut 
en  1487. 

Or,  Hugues  van  der  Goes,  doyen  du 
métier  des  peintres  de  Gand,  de  la  Noël 
1473  à  la  Noël  1475,  s'était  retiré  dès  la 
fin  de  son  décanat  à  <*  Roode  Clooster  »  et 
il  n'y  mourut  qu'en  1482,  succombant  à  la 
maladie  mentale  dont  il  avait  été  frappé  très 
peu  de  temps  auparavant.  11  a  donc  vécu 
plus  de  six  années  auprès  de  Gielemans, 
alors  sous-prieur.  Etdiversdocuments, sur- 
tout la  chronique  de  son  contemporain  Gas- 


N*   1051 


L'INTERMEDIAIRE 


335 


336 


par  Ofhuys,un  autre  moine  de  Rouge-Cloi- 
tre,nous  apprennent  que  Huguescontinuait 
dans  sa  retraite,  d'ailleurs  fort  peu  sévère, 
ses  travaux  artistiques.  «  Le  frère  convers 
dont  il  est  ici  question,  dit  Ofhuys,  avait 
acquis  une  grande  réputation  dans  notre 
ordre  ;  grâce  à  son  talent,  il  y  était  deve- 
nu plus  célèbre  que  s'il  fût  resté  dans  le 
monde... Et  comme  il  excellait  à  peindre  le 
portrait, des  grands  et  d'autres,  même  le 
très  illustre  archiduc  Maximilien,  se  plai- 
saient à  le  visiter...  Il  était  préoccupé  à 
l'excès  de  la  question  de  savoir  comment 
il  terminerait  les  œuvres  qu'il  avait  à 
peindre  et  qu'il  aurait  à  peine  pu  finir, 
disait-on,  en  neuf  années.  » 

Ne  semble-t-il  pas  probable  que  le  pieux 
hagiographe  aura  fait  appel  à  l'aide  de 
son  compagnon  pour  illustrer  ses  livres, 
VAgvoIoginm  qu'il  écrivait  à  ce  moment 
même  et  dont  les  miniatures  émerveillè- 
rent jusqu'au  xvni*  siècle  les  visiteurs  du 
couvent  —  avertis  par  le  Voyage  littéraire 
de  deux  religieux  bénédictins  de  la  congré- 
gation de  Saint-Maur,  de  la  valeur  de  la 
«  collection  de  Guillimans  »  .^ 

Van  der  Goes,  écrit  M.  Sander  Pierron, 
était  le  seul  peintre  contemporain  capable 
de  commencer  et  de  mener  à  bonne  fin 
pareille  entreprise.  Les  frères  van  Eyck 
étaient  morts  depuis  une  quarantaine  d'an- 
nées ;  Roger  van  der  Weyden  avait  suc- 
combé en  1462  (liseï:  1464)',  Hans  Mem- 
ling  oeuvrait  à  Bruges  dans  l'ivresse  de  sa 
jeune  gloire.  A  Bruxelles,  Hugues  van  der 
Goes  n'avait  point  de  rival,  point  même  de 
disciple.  Les  scriptoria  monastiques  de  la 
forêt  de  Soignes  comptaient,  à  vrai  dire, 
de  son  temps  des  enlumineurs  ;  mais  c'é- 
taient plutôt  des  ornemanistes  que  des 
compositeurs.  Et  l'atelier  de  Rouge-Cloî- 
tre, moins  célèbre  que  ceux  de  Groenen- 
dael et  de  Sept-Fontaines,  n'avait  que  des 
copistes,  que  des  calligraphes...  On  pour- 
rait objecter  que  tout  le  monde  ignore  si 
vraiment  van  der  Goes  a  pratiqué  la  minia- 
ture ;  mais  tous  les  peintres  gothiques 
étaient  à  proprement  parler  des  miniaturis- 
tes, comme  ce  fut  le  cas  aussi  pour  les  pri- 
mitifs italiens.  Entre  les  plus  fameux,  Fra 
Angelico,  Cimabue  et  Giotto  ne  s'adonnè- 
rent-ils pas  également  à  la  peinture  sur 
vélin  et  à  la  peinture  sur  panneau  ?  En 
somme,  selon  une  heureuse  expression  de 
Louis  Viardot,  les  maîtres  primitifs  sont 
des  miniaturistes  agrandis. 

Une  vérification  s'impose,  et  je  viens 
solliciter  le  concours  de  nos  collabora- 
teurs viennois,  érudits   et  critiques.  Le 


manuscrits  hagiographiques  de  Jean  Gie- 
lemans  se  trouvent  aujourd'hui,  en  effet, 
avec  son //v5/o;/o/o^/h;;?,  dans  la  biblio- 
thèque de  l'empereur  d'Autriche(Voir  M.- 
A.  Becker,  Die  Sammlnngen  der  vereinten 
Famihen'iind  P rivât -Bihliothek  Sr.  M. 
des  Kaisci s ,\.ovl\c  I, Vienne  1873, col.  X- 
XI,  et  Anahcta  Bollandiaiia^  tome  XIV, 
Bruxelles  1895,  pages  5  à  88).  Peut-être 
le  texte  lui-même  fournira-t-il  une  indi- 
cation ;  en  tout  cas,  il  faudra  étudier  les 
miniatures  en  prenant  pour  base  de  com- 
paraison le  triptyque  certainement  au- 
thentique de  van  der  Goes  :  la  Nativité 
du  musée  des  Offices. 

Il  existe  de  ce  tableau  une  bonne  pho- 
tographie faite  par  Alinari,  de  Florence, 
et  M.  Henri  Hymans,  dans  son  admirable 
traduction  annotée  du  Scbilder-Boeck  de 
van  Mander,  signale  deux  autres  repro- 
ductions :  une  gravure  sur  cuivre  dans  E. 
Foerster,  Denkmale  deutscher  Kunst^  tome 
XI  ;  une  gravure  sur  bois  dans  Wolt- 
mann,  Geschichle  der  Ma/erei,  tome  II. 
Foerster  en  a  donné,  en  outre,  une  des- 
cription extrêmement  détaillée. 

J'ai  fait  faire,  spécialement  pour  \' Inter- 
médiaire^ un  croquis  de  cette  Nativité  de 
Hugues  van  der  Goes  et  lui  en  envoie  le 
cliché.  A.  Boghaert-Vaché. 

P.  S.  —  Depuis  que  ceci  a  été  écrit, les 
polémiques  ont  commencé  :  Voir  les  ob- 
jections de  M.  l'abbé  Henry  Moeller  dans 
VArt  moderne  au.  28  août  et  dans  Durendal^ 
livraison  d'août,  et  ma  réplique  dans  la 
Flandre  libérale  du  30  août. 

Ecrivains  latins  ayant  écrit  en 
grec.  —  Pourquoi  Hérodien,par  exemple, 
a-t-il  écrit  en  grec  son  Histoire  romaine, 
alors  qu'il  vécut  à  Rome^  et  qu'il  remplit 
une  fonction  auprès  d'un  prince  .?  Est-ce 
pour  empêcher  quelques-uns  de  ses  con- 
temporains, ne  sachant  pas  le  grec,  de 
prendre  connaissance  de  son  manuscrit  ^ 
Est-ce  pour  une  autre  cause  ?  A-t-on 
quelques  données  sur  ce  point  ^ 

Marcel  Baudouin. 


Le  procès  des  79  voleurs.  —  Où 

pourrait-on  trouver  des  détails  circons- 
tanciés sur  le  procès  «  des  79  voleurs  » 
qui  émut  Paris  en  1841-1842.  Le  verdict 
fut  rendu  en  août  de  cette  dernière  année. 

L. 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Septembre  1904. 


337 


338 


Martin, dit  Baudinière.et  Plouzin. 

—  Ces  deux  officiers  des  armées  vendéen- 
nes furent  nommés  colonels  et  anoblis 
sous  la  Restauration  en  i8i8  et  1819. 
Jean-Baptiste-lVlarie  Martin,  dit  Beaudi- 
nière  de  la  Pommeraye,  est  né  à  la  Pom- 
meraye  (Maine-et-Loire)  le  20  février  1769 
et  Guillaume  Plouzin  est  né  à  Belligrie 
(Loire-Inférieure)  le  7  avril  1767.  Pour- 
rait-on donner  des  renseignements  sur 
leurs  familles  et  leurs  descendances  ? 

A.  R. 

Théophile  Mercier.  —  Pourrait-on 
me  donner  des  renseignements  sur  ce  per- 
sonnage à  qui,  en  juillet  1871,  l'avocat 
Lachaud  écrit  une  lettre  pour  lui  repro- 
cher (avec  bonne  grâce)  de  trop  corriger 
sur  épreuves  les  écrits,  probablement  les 
Mémoires.ào.  madame  Lafarge  ? 

Théophile  Mercier  demeurait  alors  rue 
Saint-Honoré,  398.  Ego. 

Madame  Lafarge,  le  Glandier  et 
les  Chartreux.  —  En  1869,  les  Char- 
treux firent  l'acquisition  du  Glandier, 
«  château  de  la  Corrèze  »  où  Mme  La- 
farge fut  accusé  d'avoir  empoisonné  son 
mari.  Les  Chartreux  l'occupaient-ils  en- 
core au  moment  des  derniers  décrets  et 
pourrait-on  me  renseigner  ?  Ego. 

Comtesse  Mac-Namara.  —  Un 
obligeant  confrère  d'Angleterre  et  de 
Notes  and  Qneries  pourrait-il  donner 
quelques  renseignements  sur  les  père  et 
mère,  les  prénoms  du  mari,  leur  descen- 
dance (s'il  y  a),  leurs  familles  et  leurs  ar- 
moiries —  de  Anne  Peele  de  Nelson,  veuve 
de  S.  G.  de  Mac-Namara,  née  à  Somerdy- 
Park  (Angleterre)  le  i^'  août  1797.  Elle 
fut  créée  comtesse,  à  titre  personnel,  par 
lettres  patentes  du  roi  Charles  X  du  3 
mai  1828, sans  autres  détails  et  par  excep- 
tion sans  règlement  d'armoiries  qui  per- 
mettraient d'identifier  les  familles  Mac- 
Namara  et  Peele  de  Nelson. 

RÉVÉREND. 

La  comtesse  Mavie-Francisca  de 
Montijo.  — Quelest  le  lien  deparentéqui 
doit  exister  entre  l'impératrice  et  la  com- 
tesse de  Montijo  (Maria-Francisca  de  Sales 
de  Porto-Carrero-Guzman  et  Zuniga)  qui 
avait  des  propriétés  en  Catalogne,  vers 
1795  ?  R.  F. 


L'oraison  dominicale  en  150 
langues.  — Exemplaire  de  S.  S.  le 
Pape  Pie  VÏI.  —  V Intermédiaire  qui 
ne  fait  pas  de  politique,  et  qui  n'est  point, 
lui,  que  je  sache,  en  rupture  de  relations 
avec  le  Vatican  :  ne  pourrait-il  pas,  alors, 
nous  faire  savoir,  si  l'Exemplaire  tout 
spécial  de  r  Oraîson  dont  il  vient  d'être 
parlé  ci-dessus  (L,  167),  et  qui  fut  tiré, 
feuillet  par  feuillet,  par  cent  cinquante 
presses  différentes,  à  l'Imprimerie  impé- 
riale en  1805,  et  relié,  séance  tenante, 
sous  les  yeux  mêmes  du  Pape  Pie  VII  et 
à  lui  offert,  par  le  Directeur  d'alors,  M. 
J.-J.  Marcel,  —  se  trouve,  encore  aujour- 
d'hui, conservé  à  la  Bibliothèque  papale 
du  Vatican  ?  Ulric  R.-D. 


Armoiries  à  déterminer  :  à  une 
aigle  au  vol  abaissé.  — D'a{ut\à  une 
aigle  ail  vol  abaissé  de...  et  an  chef  d'or, 
chargé  de  trois  glands  de  sinople. 

L'écu  est  surmonté  d'une  couronne  de 
comte,  surmontée  elle-même  d'un  cha- 
peau d'évêque  à  10  houppes  de  chaque 
côté.  Au  sommet  dextre  de  l'écu,  une 
mitre,  une  crosse  à  sénestre, 

Ces  armes  se  trouvent  sur  des  plaques 
de  cheminée.  T. 

Titres  celtiques.  —  Quel  aimable 
érudit  veut-il  bien  m'expliquer  comment 
se  conservent, se  transmettent  et  se  recon- 
naissent en  Ecosse,  en  Irlande  et  au  pays 
de  Galles,  les  vieux  titres  héréditaires  qui 
y  existent,  paraît-il,  depuis  des  temps 
immémoriaux,  tels  The  Master  of  Napier, 
The  Knight  of  Glyn,  The  O'  Connor 
Don,  etc.,  etc.  ? 

Ces  titres  sont-ils  reconnus  par  l'usage 
ou  bien  par  les  autorités  nobiliaires  com- 
pétentes ?Je  sais  qu'ils  sont  admis,  même 
à  la  cour.  Est-ce  en  vertu  de  quelque  for- 
malité ou  concession  spéciale  ^ 

Zanoni. 

Histoire  d©    Vilîe  d'Avray.    — 

Au  mois  de  mai  1896,  M.  Anatole  de  Bar- 
thélémy, membre  de  l'Académie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres,  m.ort  récem- 
ment, avait  sur  le  métier, depuis  plusieurs 
années,  un  travail  historique  sur  la  com- 
mune de  Ville  d'Avray.  Ayant  appris  que 
j'étais  l'auteur  d'une  Bibliographie  du 
département  de  Seine  et-Oise   restée  ma- 


No  1051. 


L'INTERMEDIAIRE 


nuscrite,  il  me 
liste  des  ouvrages 
mes  et  manuscrits 
concernant   cette 


■    339 
pria  de 


340 


lui  envoyer  une 
et  documents  impri- 
que  j'avais  catalogués 
localité,  ce  que   je   fis 


avec  le  plus  grand  plaisir. 
fff  Je  désirerais  savoir  si  cette  histoire  du 
savant  numismate  a  vu  le  jour.  Dans  le  cas 
contraire,  pourrait-on  me  faire  connaître 
le  nom  de  la  personne  détentrice  du  ma- 
nuscrit ? 

Paul  Pinson. 

Une  correspondance  du  Père 
Didon.  —  Sait-on  à  qui  furent  adressées 
les  :  Lettres  du  Pire  Didon  à  un  ami,  pu- 
bliées chez  Perrin  en  1902  ?  F-y. 

«  Je  lis  pourm'élever  etnon  pas 
pour  m'instruire  »;  citation  àretrou- 
ver.  —  De  qui  ce  mot  d'un  moraliste  : 
«jelispour  m'élever  et  non  pas  pour  m'ins- 
truire  ?  »  G.  F. 

Termes  de  marchands  drapiers 

—  Je  relève  ce  qui   suit   dans  un   ancien 
manuscrit  : 

1441.  Colin  du  Breil  eust  de  la  garde- 
robe  du  Duc  5  aulnes  de  fin  gris  de  Montre- 
villiers  pour  une  robe^  et  2100  de  fin  gris  à  9 
tires  pour  l'asseoir,  avec  100  vestes  de  gris  en 
timbre  pour  les  retz  ;  Item,^  aulnes  de  fin 
morguain  pour  aultre  robe,  et  1600  de  me- 
nue.. .  pour  l'asseoir. 

Je  comprends  à  peu  près  ce  que  devaient 
être  le  fin  gris  et  le  fin  morguain^  mais 
pourrait-on  me  fournir  quelques  éclair- 
cissements sur  ces  iires^  ces  vestes,  ce 
griscniimhre^cts  ret:^\  sur  l'aulnage  un  peu 
démesuré,  à  première  vue,  de  certains  ar- 
ticles, et  sur  la  signification,  dans  ce 
texte,  du  mot  asseoir  ^ 

V*  DU  Breil  de  Pontbriand. 

Les  calembours  dans  les  déno- 
minations.  —  On  vient   de  découvrir, 
un   nouvel  anesthésique   supérieur  à    la 
cocaïne  et  moins  dangereux  qu'elle  :   il  se 
nomme  la  siovaïne. 

Or,  il  tire  son  nom  de  l'anglais  stove^ 
fourneau,  parce  que  c'est  un  M.  Fourneau 
qui  Ta  découvert. 

Un  autre  IVl.  Fourneau,  le  chansonnier, 
a  traduit  son  nom  en  latin  :  Fornax  et 
l'a  retourné  en  russe  «  Xanrof  ».  Quelle 
belle  chose  que  de  savoir  plusieurs 
langues  !  On  les  met  toutes   à  contribu- 


tion !  Ainsi  \^  fuchsine  a  été   inventée  par 
un  M.  Renard^  en  allemand ///c/js. 

Nos  collaborateursconnaissent-ils  d'au- 
tres exemples  du  même  genre? 

Paul  Argelès. 


Lancier  du  Roi.  —  11  a  été  plu- 
sieurs fois  question  dans  Ylntcrmédiaiie 
m  ;  XIV;  XXII,  d'un  sieur  Bligny,  mar- 
chand d'estampes  et  lancier  du  Roi.  11  y 
a  si  longtemps  de  cela,  que  je  ne  sais 
plus  si  on  a  cité  un  autre  «  lancier  »  qui 
se  nommait  Clair-Christophe  Mercier, 
et  à  sa  mort  (1757)  s'intitulait  peintre  et 
<<  lancier  de  la  grande  écurie  du  Roi.  » 
Comme  Bligny,  il  demeurait  dans  la  cour 
du  manège,  aux  Tuileries,  et  Bligny  lui 
avait  probablement  succédé  dans  sa 
charge  ;  mais  n'y  avait-il  qu'un  seul 
«  lancier  »  à  la  fois  et  les  réponses  des 
tomes  III,  XIV  et  XXII  que  je  ne  puis  vé- 
rifier, ont-elles  expliqué  cette  fonction  .'' 

CÉSAR  BiROTTEAU. 

Jeu  de  massacre  :   son  origine. 

—  On  sait  en  quoi  consiste  ce  jeu,  dans 
les  foires.  Le  joueur  frappe  des  person- 
nages avec  une  boule. 

D'où  vient  l'expression  massacre  ?  Non 
de  massacrer^  évidemment,  mais  de  mas- 
quer. Masque  se  dit  en  WdWtn  maschera,  qui 
a  fait  à  certaine  époque  mascte,  en  fran- 
çais d'oc,  mascarade,  etc.,  puis  massacie. 

Quelle  est  l'origine  de  ce  jeu  et  l'éty- 
mologie  de  son  nom  .''Les  traités  spéciaux 
sur  la  matière  sont  muets  à  ce  sujet. 

G.  DE  M. 


Fer  de  cheval  dans  les  églises. 

—  Dans  deux  églises  de  l'arrondissement 
de  Mantes,  j'ai  trouvé  des  fers  de  cheval 
dans  l'ornementation.  Ils  sont  au  tympan 
de  la  petite  église  de  Villers-en-Arthis,  et 
ce  tympan  est  de  l'époque  de  la  Renais- 
sance ;  et  ils  font  encore  motif  d'ornement 
dans  l'encadrement  très  simple  d'une  fe- 
nêtre de  l'église  de  Preneuse  près  Bon- 
nières.  Cette  fenêtre  sans  grand  caractère, 
peut  être  du  xv'  siècle.  QLuelle  est  la  signi- 
fication de  ces  fers?  Les  deux  églises  sont 
dédiées  à  saint  Martin.  L'abbé  Corblet  ne 
dit  rien  de  cet  attribut,  dans  son  Focabu- 
laire  des  symboles.  E.  Grave. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


341 


ùn^iB 


Prononciation  du  nom  de  Mon- 
taigne (L,  166,  249,  297).  —  La  ques- 
tion a  déjà  été  traitée  abondamment  et 
savamment  dans  les  colonnes  de  Vliiter- 
viédiaire^  en  1866,  1867,  1868,  1869  et 
1878.  Cette  discussion  ne  me  parait  pas 
avoir  abouti  à  une  solution  ferme, mais  il 
semble  en  résulter  que  la  question  doitêtre 
décomposée  en  trois  questions  différentes  : 

1°  Comment  prononçait-on  le  nom 
de  l'auteur  des  Essais  dans  le  pays  de 
Montaigne,  c'est-à-dire  dans  le  Bordelais 
et  dans  le  Périgord  ? 

2"  Comment  le  prononçait-on  à  Paris  ? 

3°  Comment  Montaigne  lui-même  pro- 
nonçait-il et  voulait-il  que  l'on  prononçât 
son  nom  ? 

I.  M.  S.R-D.,qui  est  certainement  le 
plus  autorisé  parmi  tous  ceux  qui  ont 
traité  la  question,  nous  apprend  que  le 
poète  bordelais  de  Brach,  l'intime  ami  de 
Montaigne,  écrivait  Montiîgne. 

Cette  constatation,  jointe  à  ce  que, 
dans  le  Bordelais, comme  le  remarque  éga- 
lement M.  S.  R-D,  on  prononce  actuelle- 
ment de  Lachass^gne  le  nom  qui  s'écrit  de 
Lachassa/gne,  rend  très  vraisemblable, 
mais  non  certain,  à  mon  sens,  que  la  pro- 
nonciation usuelle,  dans  le  Bordelais,  au 
seizième  siècle, était  Montagne. 

Mais,  dans  le  Périgord  et  autour  du 
château  où  il  est  né,  et  où  il  a  passé  son 
enfance  et  une  partie  de  sa  vie, prononçait- 
on  Montagne  ? 

Sur  ce  point,  aucun  renseignement  di- 
rect ;  mais  j'avoue  que  lorsque  j'observe 
que  dans  le  Périgord,  pays  des  marrons 
et  de  Montaigne,  le  mot  châtaigne  se  pro- 
nonce chat^gne,  et  non  chatagne,  bien 
que  le  mot  vienne  de  castanea^  je  croirais 
volontiers  qu'on  devait  prononcer  aussi 
Monté'gne. 

II.  Dans  les  discussions  ci-dessus  rappe- 
lées, on  a  affirmé  qu'Etienne  Pasquier, 
contemporain  et  ami  de  notre  philosophe, 
écrivait  Montagne,  et  par  conséquent  ne 
devait  pas  prononcer  Montagne.  Mais  la 
remarque  est  inexacte.  En  effet,  dans  la 
seule  de  ses  lettres  où  Pasquier  ait  écrit  le 
nom  de  l'auteur  des  £"55^/5  (Lettre  I  du 
Livre  XVIII,  adressée  à  M.  Pelgé),  son 
nom  revient  cinq  fois  ;  il  est  écrit  Montai- 
gne et  non  pas  Montagne. 


10  Septembre    1904» 

342  

On  m'a  fait  remarquer  aussi  que 
dans  de  Thou,  auteur  contemporain  du 
philosophe,  il  y  a  Montagne.  Mais  de 
Thou,  ayant  écrit  son  admirable  et 
non  encore  assez  admirée  Histoire  en  la- 
tin, l'orthographe  Montagne  est  le  fait  du 
traducteur  et  non  celui  de  l'historien 
lui-même,  qui  a  écrit  Montanns,  ce  qui 
ne  nous  éclaire  pas  sur  la  manière  dont  il 
prononçait  Monta/gne  ;  car  bien  qu'on 
prononçât  »<  des  Moiilaigiiards  »  (habi- 
tants des  montagnes),  il  eût  certainement 
écrit  en  latin,  comme  Tite-Live  :  Mon- 
tani. 

En  faveur  de  la  prononciation  Monlè- 
gne,  à  Paris,  on  rappelle  de  nombreux 
vers  de  poètes  contemporains  de  Montai- 
gne, où  les  mots  en  aiguë  riment  avec  les 
mo:s  en  eigne  :  campa/gne  par  exemple, 
y  rime  avec  ens^/gne,  ce  qui  prouve  que 
ces  poètes  prononçaient  campagne  ;  et  le 
nom  de  La  Chassa/gne  qui,  dans  Du 
Bellay, rime  également  avec  ens^/gne,  se 
prononçait  donc  aussi, en  dehors  du  Borde- 
lais du  moins  :  de  Lachassfgne.  et  non  de 
La  Chassagne. 

j'ajouterai  deux  autres  vers  de  Du 
Bellay,  plus  significatifs  encore  : 

Rome  qui  as  veu  de  tes  sept  monta/gnes 
Tout  l'Univers  plié  sous  tes  ens^/gnes. 

On  prononce  aujourd'hui  «  les  Monta- 
gnes »  parce  qu'on  n'écrit  plus  les  «  mon- 
taignes  >:^,  et  on  prononçait,  au  xvi=  siè- 
cle «  les  montègnes  »  parce  qu'on  écrivait 
«  les  monta/gnes  ».  N'est-il  pas  assez 
vraisemblable  qu'à  cette  époque,  les 
mêmes  auteurs, à  Paris,  devaient  pronon- 
cer f<.  Michel  Montagne  »  puisqu'ils  écri- 
vaient '<  Michel  Monta/gne  ». 

j'ajoute  enfin  que, dans  une  note  ;»awM5- 
crite  de  Catherine  de  Médicis,le  nom  est 
écrit  «  Montègne  »,  ce  qui  parait  indiquer 
qu'à  la  Cour  on  prononçait  ainsi. 

III.  Il  semble  donc  qu'au  xvi*  siècle  il  y 
avait  deux  prononciations  différentes  du 
nom  de  Montaigne  :  celle  de  Paris  et  pro- 
bablement du  reste  de  la  France, y  compris 
le  Périgord, et  celle  du  Bordelais. 

Mais  ce  qui  ferait  mieux  notre  affaire 
et  nous  tirerait  tout  à  fait  d'embarras,  ce 
serait  de  savoir  comment  l'auteur  des 
Essais  lui-même  prononçait  son  nom,  et 
comment  il  désirait  qu'il  fût  prononcé. 

On  croirait  tout  d'abord  qu'il  a  voulu 
aller  au  devant  de  nos  désirs  dans  une 
annotation  spéciale.    Mais    malheureuse- 


N"   1051. 


L'INTERMEDIAIRE 


!43 


344 


,  hieht,  ici  comme  dans  certains  Jiassàges 
des  Essais,  sa  pensée  peut  être  interprétée 
soit  dans  un  sens,  soit  dans  le  sens  ùia- 
Inétralement  opposé. 

Sû)r  le  précieux  exemplaire  de  l'édition 
des  Essais  que  possède  la  Bibliothèque 
municipale  de  Bordeaux  et  dont  les  mar- 
ges sont  couvertes  de  corrections  et  d'ad- 
ditions écrites  de  la  main  de  Montaigne 
en  vue  d'une  prochaine  réédition,  on 
trouve  en  efTet,  également  écrites  de  sa 
rtiain,  au  verso  du  frontispice,  des  recom- 
mandations à  son  imprimeur  sur  l'ortho- 
graphe de  certains  mots  II  lui  recom- 
mande, en  particulier,  de  ne  pas  omettre 
i'î  dans  Campa7gne,Espa/gne,Gascou/gne, 
d'écrire  ces  mots  de  la  même  manière 
qu'on  écrit  «  Moniaigne  »,  et  de  ne  pas 
écrire:  Camp^7gne,  Espagne. 

M.  Torne2y,  en  1866,  tire  de  la  forme 
donnée  à  cette  recommandation  cette  con- 
clusion que  Mon ir igné  prononçait  son 
nom  Mont^rgne,  cet  avis  signifiant  que  1'/ 
d'Espaigne,  de  Campaigne,  etc.,  n'empê- 
che pas  de  prononcer  Espagne,  Campa- 
gne. 

M.  1.  B.  0,(1867)  conclut,  au  contraire 
du  libellé  de  ce  même  \<  Avis  à  l'Impri- 
meur», que  l'auteur  des  Essais  prononçait 
Montagne,  et  qu'il  voulait  qu'on  pronon- 
çât ainsi  ;  mais  il  ne  justifie  pas  sa  con- 
clusion. 

Je  penche  pour  cette  dernière  interpré- 
tation, et  ma  raison  est  tirée  non  pas  de 
la  seule  recommandation  relative  aux 
mots  Esp.-z/gne,  Campj/gne,etc.,  mais  de 
l'ensemble  et  du  caractère  général  de 
l'Avis  à  l'Imprimeur. 

Le  but  principal  de  Montaigne,  dans 
cet  Avis,  est,  en  effet,  de  simplifier  l'or- 
thographe des  mots  qu'il  cite,  en  suppri- 
mant les  lettres  parasites  et  les  lettres 
étymologiques  qui  obscurcissent  le  lan- 
gage, et  souvent  sans  compensation  au- 
cune. Il  recommande  d'imprimer  :  mon- 
tre, montrtr,  sans  s  (bien  que  ces  mots 
Viennent  de  izonstfâre),  afin  qu'on  itie  les 
confonde  pas  avec  monstre,  monstrueux  ; 
d'imprimer  cet  homme  au  lieu  de  cest 
homme  ;  d'écrire  rt'gle,  r/gler,  au  lieu  de 
r«gle,  rt'/gler. 

N'est-il  pas  dès  lors  vraisemblable  qu'il 
prononçait  réellement  Camp%ne,  Espè- 
gne,et  Montc'gne  ? 

Dans  tout  le  reste  de  cet  Avis,  ce  qu'il 
a  voulu,  c'est  qu'on    écrivît    comme  on 


prononçait  et  que  l'on  simplifiât  le  plus 
possible.  Or,  s'il  avait  voulu  dire  que 
l'or,  remit  ïi  dans  campa/gne  et  Espa/- 
gue,  alors  qu'on  prononçait  campagne  et 
Esp(3gne,  il  eût  voulu  compliquer  et  non 
simplifier,  et  faire  le  contraire  de  ce  qu'il 
faisait  en  recommandant  de  retrancher  \'s 
dans  monstre  et  1'/ dans  reigler.  Est-ce 
vraisemblable?  J'ajoute  que  s'il  avait  pro- 
noncé MonttJgne,  il  eût  écrit  Montagne  et 
non  Montaigne.  Le  sacrifice  de  1'/,  dans 
récriture  de  son  nom  ne  lui  eût  rien  coûté. 
La  facilité  avec  laquelle  il  a  sacrifié,  pour 
des  motifs  futiles,  non  pas  seulement  une 
lettre,  mais  la  moitié  et  la  principale 
moitié  de  son  nom  :  «  Eyquem  »,  le  nom 
que  portait  son  père  qu'il  aimait  si  ten- 
drement, ne  nous  permet  guère  d'en  dou- 
ter. D''  ArmaingaUd. 
* 

*  * 
Je  ne  sais  si  on  doit  prononcer  Moniègne 

Ou  Montagne.  J'ai  le  plus  souvent  entendu 
dire  Montaigne  ;  mais  je  crois  devoir  faire 
remarquer  qu'il  y  a  fort  peu  de  temps, me 
trouvant  dans  l'ancien  Perche  Gouet,  j'ai 
entendu  des  cultivateurs  prononcer  Cham- 
paigne,  Compaignie  et  Bordaige  (petite 
ferme).  Les  enfants  qui  vont  à  l'école 
prononcent  Champagne,  Compagne,  mais 
les  anciens  n'ont  pas  adopté  cette  manière 
de  parler.  Ne  serait-ce  pas  un  souvenir 
de  l'ancienne  prononciation  .^  Il  ne  faut 
pas  trop  s'en  rapporter  à  ce  que  l'on  im- 
primait au  xviu*  siècle,  le  langage  litté- 
raire était  peut-être  meilleur,  mais  il  était 
bien  différent  du  langage  parlé.  J'ai 
connu  dans  ma  jeunesse  une  vieille  dame, 
ancienne  émigrée,  qui  prononçait  toujours 
adret  pour  adroit,  étret  polir  étroit.  Je 
dois  dire  que  je  ne  l'ai  jamais  entendu 
parler  de  Montaigne.        Martellière. 

Saint  Dônis,  évêque  des  Gaules 
a-t-il  existé  ?  (XLII  ;  XLIII  ;  L,  112,, 
237). —  Elenthereus  et  Eleuiberios(en  latin 
EleutlKriiis)  signifient  le  Libérateur, le  Sau- 
veur :  ce  sont  des  épithètes  divines.  Eleii- 
iffe'05 (en  latin  £"/t'////^^n«)  signifie  Libre  ou 
Affranchi  :  c'est  une  épithète  humaine. 

Or,  le  nom  latin  de  saint  Eleuthèré  est 
Èlciitherus  ;  les  textes  sont  Unanimes. 

«  EleUtherus  >>  était  un  nom  d'homme. 
On  en  a  d'autres  exemples.  (Voir  Mura- 
TORi.  Novus  Thésaurus  Veterum  Inscrip- 
tioniim.  1 1 10.  2).  Jamais,  je  le  répète,  un 
auteur  grec  n'a  donné  l'épithète  d'eleuthe- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Septembre   1094. 


.4- 

ros  à  Bacchus,  si  ce  n'est  peut-être  le  lexi- 
cographe Hesychius,  et  encore  ce  témoi- 
gnage est-il  plus  que  suspect,  d'abord 
parce  qu'il  est  seul  contre  tous  ;  ensuite 
parce  qu'il  ne  s'appuie  sur  aucune  cita- 
tioh  ;  enfin  parce  qu'il  est  illogique.  Le 
Dionysos  mystique  étant  le  Libérateur, ne 
peut  pas  être  l'Affranchi. 

Bref,  on  nous  demande  aujourd'hui  de 
traduire  D'ionysii  Eleuiher:  comme  si  Du- 
puis  avait  écrit  :  Dionysi  Eleutherii.  C'est 
inadmissible.  La  théorie  serait  déjà  bien 
hypothétique  si  la  lecture  était  exacte, 
mais  comme  la  lecture  est  doublement 
fausse,  je  crois  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'in- 
sister (i).  Candide. 

*  * 
M.Charles  Sellier  n'a  fait  que  repro- 
duire une  fantaisie  littéraire  qui  n'a 
jamais  eu  la  prétention  d'être  un  point 
d'histoire  et  que  personne  jusqu'ici  n'a 
jamais  pris  au  sérieux.  Les  deux  derniers 
auteurs  qui  se  soient  occupés  de  saint 
Denis,  iVlM.  J.  Havet  et  F.  Bournon,  n'y 
ont  même  pas  fait  allusion.  L'un  et  l'au- 
tre ont  cru  à  l'existence  de  saint  Denis 
et  M.  }.  Havet  a  même  été  jusqu'à  établir 
que  saint  Denis,  loin  d'avoir  été  marty- 
risé à  Montmartre,  avait  trouvé  la  mort 
à  Saint  Denis  même.  D'ailleurs,  serait-il 
raisonnablement  possible  de  douter  de 
l'existence  d'un  personnage  dont,  dès  le 
v'  siècle,  sainte  Geneviève  venait  vénérer 
les  reliques,  dont  parle  saint  Grégoire  de 
Tours,  et  dont  les  reliques  se  sont  trans- 
mises de  siècle  en  siècle,  jusqu'à  nos 
jours,  dans  la  ville  de  Saint-Denis  ? 


346 


(i)  L'honoi-able  collaborateur  qui  a  ré- 
pondu à  la  question,  a  pris  ses  renseigne- 
ments dans  un  Dictionnaire  mythologique 
"uniKersel  auquel  il  attribue  quelque  auto- 
rité. On  devine  sans  peine  qu'il  s'agit  de 
jacobi.  Ce  petit  ouvrage,  qui  date  de 
soixante  ans,  est  maintenant  trop  arriéré 
pour  être  consulté  avec  truit.  —  Ceux  de  nos 
lecteurs  qui  s'intéressent  aux  religions  anti- 
ques connaissent  probablement  la  publica- 
tion considérable  qui  se  poursuit  à  Leipzig 
depuis  vingt  ans  sous  la  direction  de  W, 
H,  Roscher  et  qui  compte  déjà  près  de 
9000  colonnes,  bien  qu'on  tt'âit  pas  encore 
achevé  la  lettre  P.  C'est  le  répertoire  fon- 
damental de  la  science  mythologique  dans 
l'état  actuel  de  nos  connaissances.  Aucun 
autre  recueil  encyclopédique  ne  peut  lui 
être  comparé. 


La  vraie  et  la  seule  question  qui  se  soit 
posée  à  propos  de  saint  Denis,  premier 
évêque  de  Paris,  fut  celle  de  savoir  s'il 
était  le  même  que  l'Aréopagite  dont  parle 
saint  Paul.  G.  la  Brèche. 


Tableaux  sur  la  Ligue  (L,    117, 

185).  —  Le  Musée  Carnavalet  possède  un 
tableau  représentant  une  procession  de  la 
Ligue. 

J'en  ai  un  autre  exemplaire  paraissant 
plus  ancien. 

Voici  la  description  qu'en  faisait,  vers 
182 1, son  ancien  possesseur,  le  D"'  Leclerc, 
inspecteur  des  eaux  de  Luxeuil,  dont  mon 
père, le  D""  Revilloutfson  successeur  comme 
inspecteur  des  eaux)  a  acheté  la  collection 
il  y  a  65  ans. 

«  Le  tableau  a  p...'pde  longueur  sur 
p...  p.  de  hauteur. 

«  11  est  sur  toile, sans  nom  d"'auteur,  ce 
qui  doit  être,  surtout  si  le  tableau  date  du 
temps  de  la  Ligue  ou  durant  la  vie  de  beau- 
coup de  personnes  qui  y  sont  maltraitées. 

«  En  regardant  le  tableau,  le  commen- 
cement de  la  procession  est  à  droite  ;  daiis 
la  gravure  qui  se  trouve  dans  la  Satire 
Ménippée  et  qui  n'est  qu'une  bien  faible 
imitation  de  ce  tableau,  le  commencement 
est  à  gauche. 

«  On  compte  à  peu  près  168  à  172  fi- 
gures bien  faites.  On  croit  que  beaucoup 
sont  des  portraits  ». 

L'édition  et  le  volume  niême  de  la  Satire 
Ménippée  qu'a  en  vue  le  Y>'  Leclerc,  âe 
trouvait  dans  sa  bibliothèque  que  je  pos- 
sède également. 

C'est  la  nouvelle  édition  faite  à  Ratis- 
bonne,«chez  les  héritiers  de  Mathias  Ker- 
ner  7,  cl  qui  porte  la  date  de  M.DCC.XIV, 
La  gravure  renversée  du  tableau  s'y 
trouve  en  face  de  la  p.  1 1.  Elle  comporte 
certaines  différences,  entre  autres  la  sup- 
pression de  la  légende. 

J'ai  eu  en  ma  possession  une  autre  gra- 
vure sur  plus  grand  format  et  meilleure, 
qui  a  disparu  je  ne  sais  comment. 

Je  viens  de  parler  de  la  légende.  Voici 
comment  elle  a  été  copiée  par  le  D''  Le- 
clerc. 

D'abord  ce  titre  immédiatement  au- 
dessous  des  personnages  : 

Amburhica  armafis  sacricoLirum  agrmnis 
pompa  LuUtiœ  CIC ICXCIII .IV  eid  febr. 
cxhibiba  dno  Rose  collegii  Sorbonici,  Navàt- 


N»  1051. 


L'INTERMÉDIAIRE 


347 


348 


reni  procfecio  et  acad.  rcctor.  duce  gladio- 
hipenni  et  crucis  simulacyo  prœunte. 

Puis  les  vers  latins  suivants  (qui  ont 
été  isolément  reproduits  à  la  page  200  de 
mon  édition  de  la  satire  Ménippée,  avec 
cette  annotation  : 

«  Vers  mis  sous  la  grande  estampe  de 
la  procession  de  la  ligue. 

Rcgioa  miillis  terra  seclis  ginllia 
Ouid  heu  t  Thycstoo  illigata  fascino, 
Superlia  Iberi  frena  inaudai  sustines 
Quo  prisca  virlus,  genlibus  quondam  omnibus 
Ouà  par  vigebas,  puisa  cessit  ?  quo  fides 
Spectala  duris,  auri  utaura  in  ignibus  ? 
Quin    Martium  résume    lortis  spiiitura, 
Kmancipari  nec  coronani  vertici 
Tuo  pcrenno  debilam,  prclio  sinas, 
Salutis  et  memor  solo  procul  tuo 
Plorare  coge  ac  vapulare,  quos  juvat 
Mutarc  libres,  sacra,  ritus  hostibus, 
Armis  avita  jura  demergentibus. 
Plebem  duceto  concitare  ut  priucipem 
Gallum  ejerenl,  lyrannum  iboricum. 

Enfin  viennent  les  vers  français  sui- 
vants aussi  copiés  par  le  D""  Leclerc. 

Brave,  race  de  Mars  engeance  de  Belione 
Qui  d'un  seul  monde  as  faictune  seulle  couronne 
Planté  les  lis  sacrés  au  plus  fort  des  hasards 
Faict  trembler  l'univers,  ensanglanté  ton  glaive 
Devers  notre  occident  jusqu'où  Titan  se  lève 
El  range  sous  tes  lois  les  plus  braves  Cœsars. 
Regarde  en  ce  pourtraict  Ion  orgueil  et  ta  rage 
Aprend  à  tes  dépens,  devien  un  peu  plus  sage 
Ne  fais  l'oreille  sourde  à  discours  si  sacré 
Ou  le  bras  foudroiant,  qui  tes  crimes  menace, 
Epancfiera  ton  sang  par  les  tigres  de  Thrace 
Et  sèmera  du  sel  sur  i'émail  de  tes  prés. 
11  ne  te  chante  plus  (\)  une  amante  abusée. 
Par  les  apas  charmeurs  d'un  perfide  Thésée 

Ni  la  présomption  du  fils  de  (2) 

Qui  haletant  après  un  honneur  téméraire 
Osa  bien  atteler  les  courciers  de  son  père 
Dont  il  porta  la  peine  au  fonds  de  l'Eridan, 
Mais  les    braves  desseins  que  couvait  Encelade 
Enterré  sous  le  mont  que  ses  foudres  lui  darde. 
Ayant,  boufi  d'orgueil,  du  grand   Hercule  français 
Attaqué  le  massue,  attenté  la  personne 
Arreste  de  ravir  son  sceptre  et  sa  couronne 
'Et  tiran  le  ranger  sous  ses  maudites  loix  ; 
Qui,  pour  mieux  enfanter  une  ruolesans  peine 
Assemble  les  primats  d'Espagne  et  de  Lorraine 
...  l'italien,  les  Teutons,  les  Ambrons 
L'Esclavon,  le  Tuscan  et  le  noir  Janisère, 
Voudrait  même  au  besoin  se  servir  de  Cerbère 
Et  tirer  de  là-bas  les  fumeux   escadrons 


(i)  On  ne  voit  pas  à  quoi  se  rapporte  ce 
pronom  «  il  ». 

(2)  M.  Leclerc  écrit  en  note  :  «  Si  c'est 
Phaéton  il  était  fils  du  soleil  et  de  Climène 
qui  ne    rime  guère  avec  Eridan  ». 

Je  dois  dire  que  j'aperçois  à  la  place  de 
«  de. .  »  «  ...  ener...u  »  que  je  restituerais  : 
«  trop  genereu  ».Mais  alors  plus  loin  il  fau- 
drait ;  Erideu. 


Aiant  ainsi  huche  la  puissance  du  munde 
Fureté  tous  les  coins  de  l'air  la  terre  et  l'onde 
Qui  ssmblait /trt/e^er  (I)  un  second  univers 

Un  les  états  où  l'on  no  doit  rien  (2)..  . 

Qui  ne  tourne  au  profit 

Ues  Guisards. ..  notamment  du  l'ape... 
Va  pour  mieux  commencer  une  action  sy  sainte 
Et  attirer  sur  eux  le  bonheur  par  contrainte 
Les  états  d'un  accord  font  la  procession 
Vout  lléchir  les  genoux  et  entendre  leurs  mains  (?) 
Oiïrir  en  sacrifice  et  leurs  corps  et  leurs  biens 
I^t  vanter  de  leurcieur  l'ardente  ambition  (?) 
Là  chacun  tient  îou  rang  ;  le   point  d'honneur   se 

[garde 
Les  muses  on  ce  lieu  servent  h  l'avant  garde. 
Rose  (3)  de  trais  rasé  jette  son  capucho  n 
Prend  l'épieu    à  la  main,  au  liane  la  coutebce 
Son  brillant  aussc  col,  son  rochet,  sa  cuirasse 
Et  s'en  va  des  premiers  olrir  son  oraison. 
Boucher  (4)  suivait  de  près  Amlton  (5)  et  Liouces- 

[tre  (6) 
Trois  bons  curés  soldats  acoustrés  à  la  prestre, 
A  la  pointe  de  l'host  trois  novices  frisées 
Ayant  la  targe  en  main,  sous  leur  cap  le  casque 
....  déjouer  quelque  nouvelle  masque 

le  devant  et  sur  le  cul  trousés. 

Le  curé  Pelletier  (7)  ordonne  cette  bande. 

C'est  a  cestuy  la  commande 

11  tourne  (son)  visage  il  donne  ailleurs... 
Il  va,  il  sue,  il  tempeste,  il  enrage. 
11  fait  le  moulinet,  se  tapit  sous  sa  targe 
Il  faict  doubler  la  file  et  renforcer  les  rangs 
Un  monde  de  Feuillans  (8),de  Cordelicrs,de  Carmes 
Minimes,  Jacopins,et  autres  tels  gens  d'armes 
Suivaient  ces  trois  guerriers  arrangés  trois  à  trois 
Planetfes  malheureux  qui  décevaient  la  France 
Par  leurs  signes  menteurs  et  leur  vaine  vantancc 
Qui  nous  sembloient  promettre  un  Lycurgue  et  ses 

[lois. 
Mais  sur  tous  esclatoit  uue  efroiable  troupe 
De  six  vieux  Capuchins  qui  portoient  Mars  en  croupe 
Lo  camail  sur  le  dos,  les  morillons  briilans 
Des  plumes  de  leurs  coqs,  avec  la  grande  banière 

Un Hèclie,  une  lance  guerrière 

élemens 
Après  marcboit  Vulcan,  trois  Minimes  derrière 
Monsieur  lo  Grand  prieur,  armés  à  la  légère 
Quatre  grands  Mendians,  les  seize  conseillers, 
Le  prévost  des  marchands,  (9)  la  garde  italienne. 
Espagnole,  Flamande  et  Bretonne  et  Lorraine 

(;)  En  note  :  «  désirer  ». 

(2)  Peut-être  «  faire  >. 

(3)  Voir  Satire  Ménippée  11,  14,  42,  73, 
74,  80.  89,  95,  327,  347,  349,  412  sur  le 
recteur  Rose. 

(4)  V.  Satire  Ménippée  p.  12,  24,  loi, 
133,  166,  191,  220,  262,  297,  328,  329, 
347,  349,  3S0,  351,  412,  sur  Lucien  Pelle- 
tier curé  de  Saint- Jacques. 

(5)  Sur  Amiltion  v.  Satire  Ménippée.  p. 
12. 

(6)  Sur  Lincestre, écossais,  curé  de  Saint- 
Corne,  voir  Satire  p.  12. 

(7)  Pelletier  curé  de  Saint-Jacques,  voir 
Satire  Ménippée   p.  12. 

(8)  Feuillants  (voir  Satire  Ménippée,  p. 
12. 

(9)  Boucher  (Satire  Ménippée,  p.  1 01-107). 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Septembre   1904, 


349 


Du  parti  (les  ligueurs,  seurs  et  fermes   pilliers. 
Mais  comme  le  soleil,  au  haut  de  sa  carrière 
Malgré  l'horreur  des  nuits  nous  fait  voir  sa  lumière 
Fendant  ces  noirs  frimats  de  ses   briHans  rayons 
Ainsi  ces  Rodomonts  animés  de  Bellone 
Voulant  montrer  l'ardeur  que  leur  cieur  espoironne 
Deschargent  à  l'euvy  leurs  ensoufrés  canons 
Quand  une  pasle  peur  vint  faire  sa  retraite 
Au  plus  profond  du  ceur  du  légat  de  la  Beste    (12) 
Se  voyant  entouré  do  dars  et  de...  de  hazards, 
11  prie  iuconllncnt  (]u'on  réserve  à  la  guc  ro 
Le  bruit  de  ses  canons,  l'tiorreur  du  cimettère 
Va  qu'on  charge  la  croix  au  liej  des... 
Ja  le  sénat  parait  où  l'on  ne  voit  reluire 
Cette  antique  veilu  qui  lui  servait  d'eaipire  (13) 
C'nt  nobles  nouveaux,  mais  de  terre  ou  de  rochers 
Kstoicnt  avant  coureurs  du  vice  roi  de  Mayne   (14) 
Qu'il  a  hault  éslevez  sans  travail  et  sans  peine 
Ses  mignons,  ses  soldats  et  ses  plus   chors  archers 
L'on  veut  tenir  rang  et  quitter  son  eslape 
f.e  cardinal  Pelvé,  (15)  le  beau  légat  du  (16)  Pape, 
Un  porte  lîogalo  (17)  qui  doit  vendre  les  cieux 
Promit  à  Lanion  (18)  le  racquit  de  ses  deples 
Les  superbes  lauriers  de  cent  mille  conquestes 

,.,....  ennemis,  le  destin  et  les  dieux 

Les    de  Nemours  (19),  Bellin  (20),  Bus- 

[si (21) 

Et  Montpens;er(22)....  Vestus(23) 

Marchaient  un  pas  devant  le  viceroy  (îaillois  (21) 

Superbe  Phaetoii    pensait  que  sa  prie... 

du  plus  grand  roy  des  Rois. 

(12)  Expression  injurieuse  désignant  le  pape 
sous  les  traits  de  la  Bête  de  l'Apocalypse,  chez 
les  protestants.  Le  légat  était  le  cardinal  de 
Plaisance  (Satire  p.  49). 

(13)  La  copie  paraît  ici  douteuse. 

(14)  Le  duc  de  Mayenne  (voir  Satire,  p.  9, 
II,  14,  15,  22,  26,  27,  31,  36,  42,43,  70,85, 
91,  113,  130,  1)8,  158,  159,  192.  298,  301, 
312.  3-7.  332,  346,  35i>  364,  376,392,  409, 

415- 

(15)  Voir  Satire  p.  2,  5,  9,    17,  27,  44,  33, 

56.  58,  62,  72,  123,  153,  171,  176,  187,    188, 
sur  le  cardinal  Pellevé,  archevêque  de  Reims. 

(16)  Voir  Satire,  p.    14. 

(17)  Rogatons. 

(18)  Il  s'agit  ici  du  célèbre  général  ligueur 
Jean  de  Lagny  (voir  Satire,  223,  232,  256, 
367,  281,  290). 

(19)  Le  duc  de  Nemours  (Satire  37,  47,  48, 
85,90,  167,  181,  302,358,  363,  366,  367, 
375,  etc. 

(20)  M.  de  Belny  (Satire  p.  43)  (8)  satire  8, 
14,  2^,  30,  68,  94,  132,  etc. 

.  (2  i)  Pour  Bussy  le  Clerc,  voir  Satire  8,   14  et 
pas  suiv. 

(22)  La  duchesse  de  Montpensier  qui  dans  la 
description  en  prose  de  cette  procession  parait 
également  (Satire  p.  14).  Voir  aussi  Satire  17, 
27,  73,  80,  88,  136,  153,  167,  301,  339,347, 
352.  ^66,  397,  410,  413. 

Le  duc  de  Montpensier  n'est  nommé  qu'une 
fois  p.  108  et  cela  en  note,  à  propos  de  toute 
autre  chose. 

-   (23)   Le  président  Vêtus  es!  cité  p.  58  et  358 
de  la  satire. 


350 


Ses  troupes  s'avançoient  et  parvindrent  au    temple 
Ou  chacun  ii  l'cstreif  veut  montrer  bon  exemple. 
L'an  fait  fumer  l'encens,  l'autre  brise  son  cœur. 
Mais  surluut  le  Hecteurqui  dépouillant  scsarmes(2o) 
C'est  un  cieur  de  rocher  do  marine  et  de  vacarmes 
Voulant  montrer  à  l'œil  qu'il  n'est  pas  sans  vaUur, 
Il  ne  chmtequo  paix, seul  repos  de  nos  âmes 
Et  veut  faire  gorger  la  France  de  gens  d'armes. 
Sy  les  deniers  du  Roy  luy  passent  par  les  mains 
11"  (.n  peut  assembler  plus  de  seize  cent  mille 
Il  armera  Neptune  et  les  champs  et  la  ville. 
Bref,  au  son  de  sa  \o.x,  on  verra  des  essaims. 
Il  nous  montre  ce  coup  que  bien    dire  et  bien  faire 
Ne  lui  sont  moins  connus  qu'esloit  sa  chambrière, 
(ju'il  assemble,  s'il  veut,  Vénus  avec  Pallas 
Tous  ses  mots  sont  dorés  et  semble  que  nature 
Lui  ait  voulu  prester  sa  langue  et  sa  liguro 

Pour..  ..  aux  humains  la  vie 

A  ces  mots  (26)    les  Cordeliers,  les  Carmes, 
Font  retentir  le  temple  et  ondoier  leurs  armes. 
Le  courage  leur  enlle  h  l'ombre  du  clocher  ; 
Leurs  désirs  sont  ell'ects  d'une  douce  victoire 
La  victoire  ,  frais  vent  dune  éternelle  gloire 
Qui  repnist  leurs  esprits  de  chimère  en  l'air. 
Voila,  France,  voila  les  états  et  leurs  ordres. 
Protestes  très  certains  de  cent  mille  desordres. 
Voila  les  stratiots  (27)  de  tes  sanglantes  pleurs 
Quand  tu  pensais  jouir  des  souhaits  de  ton  àme 
C'est  lors  que  ta  fortune  t'enserre  sous  la  lame 
El  que  sens  vivement  tes  poignantes  douleurs. 
Mais  lorsque  tu  craignais  que  le  reste  des  liâmes 
Fut  noyé  des  torrouts  do  tes  sanglantes  larmes 
Ce  ;;rand  Hercul  gauloi-sau  plus  fort  des  malheurs, 
A  désarmé  la  foudre  et  calmé  les  orages 
Refermé  le  portail  du  père  aux  deux  visages 
fruits ou  de  fleurs.  (28) 

Les  vers  français  forment  huit  colonnes 
et  se  trouvent  sous  le  texte  latin.  Peut- 
être  pourrat-on  les  rétablir  entièrement  (2) 
si  l'estampe  originale  les  contient,  ce  dont 


(24)  Le  nom  a  dû  être  mal  lu  et  je  ne  puis 
bien  vérifier.  Peut-être  s'agit-il  du  duc  de 
Guise  dont  le  nom  suit  celui  du  duc  de 
Mayenne,  lieutenant  d'Estat  et  couronne  de 
France  dans  le  récit  de  la  procession,  p.  1 1  de 
la  Satire. 

(25)  C'est  M.  Roze  <«:  naguère  évêque  de  Sen- 
lis  et  maintenant  grand  maître  du  collège  de 
Navarre,  directeur  de  l'Université  :i>.  Voir  Sa- 
tire, p.  II  el  12.  II  a  déjà  été  nommé  plus 
haut. 

(26)  je   ne  puis   lire   le  mot  qui  se   trouve  f 
ici  dans  ma  copie  et  j'ai  laissé  celle  du  D'  Le- 
clerc  à  Paris. 

(27)    O-T/SatUT/Ji. 

(28)  J'avoue  que  je  n'ai  pas  le  temps  de  tout 
vérifier  sur  l'original, qui  a, d'ailleurs,  subi  des 
détériorations  quand  mon  père  l'avait  envoyé 
après  la  fondation  du  Musée  de  Versailles 
sous  Louis-Philippe. 

En  serait-ce  une  copie  que  possède  aussi  ce 
Musée,  m'a-ton  dit?  Je  n'ai  pu  vérifier. 

Au  point  de  vue  de  l'art,  il  y  aurait  un 
examen  sérieux  h  faire  des  diverses  œuvres  sem- 
blables ou  analogues. 


N?  IQ51. 


LMNTERMliDIAlRE 


?? 


je  ne  me  souviens  plus.  Le  savant  conser- 
vateur franc-comtois  du  cabinet  des  es- 
tampes, mon  ami  Bouchot,  qui  a  orgatiisé 
l'exposition  des  Primitifs  français  de  1350 
à  1509,  pourra  peut-être  pousser  ses  re- 
cherches jusqu'en  1593,  poin-  nousdirece 
qu'il  en  est. 

C'est  par  cette  seconde  question  que  je 
terminerai  mon  article. 

Si  les  vers  ci-dessus  sont  inédits,  ils 
viennent  compléter  heureusement  le  récit 
en  prose  de  la  procession  tel  qu'il  a  été 
donné  p.i  i  et  suiv.de  la  Satire  Menippée. 

N'en  formeraient-ils  même  pas  la  pre- 
mière édition  qui  aurait  été  peinte  avant 
d'être  glosée  et  imprimée  ?  On  peut  se  le 
demander,  d'autant  plus  que  la  Satire  Me- 
nippée renvoie  elle-même,  nous  l'avons 
vu,  à  l'estampe  primitive. 

Eugène  Revillout. 

Les  Archives  des  loges  maçon- 
niques bretonnes  (L,  221).  —  On 
trouvera  à  la  Bibl.  nat.  fonds  Joly  de  FJeiiry 
1404,3  !  5-321  ,des  renseignements  curieux 
sur  les  loges  fondées  à  Luçon  et  aux  Sa- 
bles d^Olonne  (1776). 

Le  duc  de  Chartres,  chef  avoué  par  les 
francsi-maçons,  a  subi  une  grave  maladie, 
les  fr.  m.  de  Luçon  veulent  faire  célébrer 
une  messe  avec  Te  deum  au  sujet  de  son 
rétablissement.  La  messe  devait  être  dite 
en  l'honneur  de  saint  Jean  que  les  fr.  m. 
avaient  pris  pour  patron. 

De  Loynes,  baron  de  Boisbaudran,  de- 
mande si  l'évêque  de  Luçon  refuse,  par 
ordre,  d'autoriser  cette  messe. 

Le  peuple  refuse  de  manger  le  pain 
donné  en  aumônes  par  les  fr.  m.  et  le 
jette  aux  chiens,  d'autres  le  lavent  dans 
l'eau  bénite  avant  de  le  manger.  Les  ma- 
lades repoussent  le  bouillon,  le  vin,  la 
viande,  parce  qu'on  croit  que  le  don  est 
fait  par  des  réprouvés,  ce  que  la  messe 
demandée  ferait  cesser. 

Chants  ou  chansons  de  différents  merp- 
bres  des  loges.  Lépa. 

Cambronns  à  "Watarloo  (L,  52, 
189,  235).  —  Vuici  ce  qu'on  peut  lire  dans 
Histoires  Jepetitc  ville;  édition  (3*)Dentu, 
Î875,  page  284  et  suivantes  :  «  Peu 
d'hommes  ont  eu,  comme  Canibronne,  le 
bonheur  de  survivre  au  dernier  carré,  et 
on  doute  qu'il  en  reste  aujourd'hui  J'en 
connais  un.  Il  s'appelle  Antoine  Deleau  et 


habite  le  village  de  Vicq,  canton  do  Cou- 
dé, arrondissement  de  Valenciennesl  Nord). 
C'est  un  honnête  et  intelligent  cultiv^i- 
teur,  adjoint  au  maire  de   sa  commune  » 

«  A  l'époque  de  la  bntai'.Io  de  Waterloo,  il 
étnit  âgé  de  23  à  24,  ans  car  il  ne  faut  pas 
oublier  qu'au  retour  de  l'île  d'Elbe,  l'Eriipe- 
reur  avait  comblé  les  vides  de  la  vieille  garde 
avec  les  soldats  de  la  jeune 

«  ...  11  était  h  dix  pas  de  Cambronne, quand 
ce  dernier  prononça  la  sublime  phrase  qu'on 
prétend  qu'il  n'a  pas  prononcée.  Or,  voici  ce 
que  m'a  conté  bien  des   fois  Antoine  Deleau  : 

«  — J'étais  au  premier  rang, avantage  que  je 
devais  à  ma  grande  taille.  L'artillerie  anglaise 
nous  foudroyait,  et  nous  répondions  à  chaque 
décharge  par  une  fusillade  de  moins  en  moins 
nourrie.  Entre  deux  décharges,  le  général  an- 
glais nous  cria  :  «  Grenadiers, rendez  vous  !  » 
Le  général  Cambronne  répondit  (je  l'ai  par- 
faitement entendu)  <<  La  ga7  de  meurt  et  ne  se 
rend  pas  !  » 

—  «  Feu  !  »  fit  le  général  anglais. 

«  Nous  reformâmco  le  carré  et  nous  ripos- 
tâmes avec  nos  fusils.  «  Grenadiers,  rendez- 
vous  !  vous  serez  traités  comme  les  premiers 
soldats  du  monde  !  »,  reprit  d'une  voix  triste, 
le  général  anglais. 

«  La  garde  meurt  et  ne  se  rend  pas  !  » 
répondit  Cambronne,  et  sur  toute  la  ligne  les 
officiers  et  les  soldats  répétèrent  :  «  La  garde 
meurt  et  ne  se  rend  pas  !  »  Je  fis  comme  les 
autres. 

«  Nous  essuyâmes  une  nouvelle  décharge, 
et  nous  y  répondîmes  de  notre  mieux.  «  Ren- 
dez-vous, grenadiers,  rendez-vous  !  »  nqus 
crièrent  en  masse  les  Anglais,  qui  nous  enve- 
loppaient de  toutes  parts.  C'est  alors  que,  fou 
d'impatience  et  de  colère,  Cambronne  lâcha  le 
mot  que  vous  savez.  C'est  le  dernier  que  j'en- 
tendis, car  je  reçus  dans  mon  kolback  un 
boulet  qui  m'étendit,  sans  connaissance,  sur 
un  tas  de  cadavres... 


Le  ^o 


juin  1S62,  M.  Antoine  Deleau, 
ex-grenadicr  de  la  vieille  garde,  2'^  régiment, 
a  été  mandé,  par  dépèche  télégraphique,  à  la 
préfecture  de  Lille,  pour  y  déposer  di^  Çe  Qu'il 
savait  sur  la  phrase  mémorable  attribuée  au 
général  Cambronne. 

«  Là,  en  présence  de  M,  le  màréchalde  Mnc- 
Mahon,  de  M.  Vallon,  préfet  du  Nord,  de  M. 
le  général  Maissiat,  commandant  la  3=  division 
militaire,  et  de  plusieurs  autres  officiers  supé- 
rieurs, le  brave  grenadier  a  maintenu  sa  vir- 
sion  première .  Procès-verbal  a  été  rédigé  en 
ce  sens  et  expédié  h  Paris. 

«  Nous  recevons  d'Antoine  Deleau,  la  lettre 
suivante 

P.  S.  «Je  vois  dans  X  Esprit  public  d'au 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Septembre  1004  ' 


355 


354 


jourd'hui  que  M.  le  préfet  de  la  Charente  ré- 
clame pour  son  père  (le  c,-énéral  Michel,  tué  à 
Waterloo,  dans  le  fameux  carré)  d'avoir  dit  la 
môme  chose  que  le  général  Cambronne.  11 
peut  bien  avoir  crié  aussi,  car  les  officiers  et 
les  soldats  ont  répété  le  cri  du  général  Cam- 
bronne sur  toute  la  ligne,  ainsi  que  je  l'ai  dit.» 

Albert  Gâte. 

Joseph  Le  Bon  (T. G,  504).  —  Le 
trop  fameux  conventionnel  arageois,  Jo- 
seph Le  Bon,  qui  institua  la  guillotine  en 
permanence  dans  les  départements  du 
Nord  et  du  Pas-de-Calais,  a  laissé  deux 
enfants,  une  fille  morte  jeune  et  un  fils 
nommé  Emile,  qui  fut  élevé  à  Bruxelles 
par  un  professeur  libre  nommé  Masson, 
élève  et  beau-frère  dejosepli  Le  Bon,  et 
qui  devint  ensuite  juge  au  tribunal  de  pre- 
mière instance  de  Chalon-sur-Saône. 

En  184=5,  Emile  Le  Bon  publia  un  livre 
intitulé  '.Joseph  Le  Bon  dam  la  vie  prives 
et  dans  sa  carrière  politique,  dans  lequel  il 
cherche  à  atténuer  les  infamies  commises 
par  son  père,  entreprise  qui  le  desservit 
et  le  fit  mettre  de  bonne  heure  à  la  re- 
traite. 

Triste  et  taciturne,  Emile  Le  Bon  mit 
fin  à  ses  jours  par  le  suicide,  le  23  août 
1871,  et  non  en  1870,  comme  on  l'a  cru 
jusqu'à  ce  jour  ainsi  que  cela  résulte  de 
l'extrait  suivant  du  registre  des  actes  de 
l'état  -  civil  de  la  commune  de  Sainte- 
Marie-sur-Ouche  (Côte-d'Or),  qui  a  été 
communiqué  à  Y  Echo  du  Nord  par  M.  le 
vicomte  d'Hespel. 

L'an  mil  huit  cent  soixante  et  onze,  le 
vingt-trois  août,  à  six  heures  du  matin,  est 
décédé.  Le  Bon  Hmile,  âgé  de  soixante  seize 
ans,  rentier  domicilié  a  Pont-de-Pany,  ancien 
juge  au  tribunal  de  première  instance  de  Cha- 
lon-sur-Saône, né  à  Arras,  le  treize  brumaire 
nn  !!I,  de  Joseph  Le  Bon  et  de  Elisabeth  Ré- 
gniez. 

Paul  Pinson. 


Uns  status  de  Napoléon  !"•  à 
Lyon  (L.  1 10,  232).  —  La  ressemblance 
existant  pour  les  mauvais  yeux  comme 
les  miens,  entre  le  i  et  le  4,  m'a  fait  dire 
dans  ma  réponse,  col.  234,  que,  d'après  |  gnale,en 
JVl.  C.  B.  1,  la  statue  de  Napoléon  l'"'  avait  |   vant  être 


son  n"  qui  a  suivi  le  15  août  1852,  VII- 
liislraiion  a  donné  en  première  page  un 
grand  bois  représentant  la  statue  montée 
au  rond  point  des  Champs-Elysées,  sur  le 
piédestal  de  Qiiestel,  ou  une  représenta- 
tion en  matériaux  provisoires,  et  qui  était 
très  beau.  Au  renouveau  de  la  fête  na- 
tionale qui,  du  reste,  fut  contrariée  à 
Paris  par  un  vent  furieux,  les  gens  supers- 
titieux y  virent  un  présage,  on  avait  fait 
dessiner  par  Barye  un  aigle  immense  qui, 
déployant  ses  ailes  au  dessus  de  LArc  de 
l'Etoile,  devait  se  détacher  le  soir  en  traits 
de  flamme.  Mais  la  tempête  contraria 
absolument  le  jeu  du  gaz. 

On  en  vit  assez,  toutefois,  pour  juger 
que  cet  oiseau  démesuré  n'était  pas  à 
l'échelle  du  monument,  «  c'est  faire  de 
l'arc  un  perchoir  »,  dirent  les  Parisiens; 
et  ce  n'était  pas  si  mal.  On  avait  voulu 
essayer  le  projet  qu'une  vingtaine  d'an- 
nées plus  tôt  Barye  proposait  pour  le 
couronnement  de  l'arc,  projet  que  l'expé- 
rience de  1852  fit  condamner  sans  retour. 

Maintenant,  sans  faire  d'excursion  sur 
le  terrain  politique,  et  me  plaçant  unique- 
ment sur  celui  de  l'histoire  et  de  l'art,  je 
ne  puis  que  déplorer  ces  destructions 
auxquelles  se  livraient  à  l'envi  les  partis  en 
France.  Et  je  dis  cela  non  seuleme-nt  pour 
les  déboulonneurs  de  Paris  et  lesdépeceurs 
de  Lyon,  mais  aussi  pour  ceux  qui,  il  y  a 
plus  d'un  quart  de  siècle,  ont  fait  briser  à 
Dijon  la  statue  de  la  Résistance.,  parce 
qu'un  bout  de  bonnet  phrygien  dépassait 
quelque  peu  la  couronne  murale. 

H.  CM. 


* 
*  * 


été  exposée  à  Paris  en  1854.  L'erreura  été 
commise  par  moi  en  corrigeant  mal  l'é- 
preuve reçue,  et  je  la  prends,  bien  en- 
tendu, à  mon  compte. 

Mais  puisque  j'ai  l'occasion   de    revenir 
sur  ce  point  de  détail,  je   dirai   que   dans 


Je  remercie  les  aimables  correspondants 
qui  ont  bien  voulu  me  répondre  au  sujet 
de  la  statue  équestre  de  Napoléon  V  à 
Lvon. 

M.  H.  C.  M.  a  parfaitement  raison  au 
point  de  vue  de  la  date  de  l'érection  de 
cette  statue.  On  m'a  fait  dire  1854  ou 
j'ai  dit  1854  par  inadvertance,  je  possède, 
en  eiïet,  qn  programme  sur  papier  ordi- 
naire des  fêtes  du  15  août  1852,  où  on  si- 
tre  autres,  cette  statue  comme  de- 
exposée  ce  jour-là  au  rond-point 
des  Champs-Elysées  avant  son  départ 
pour  Lyon,  et  ce  pendant  plusieurs  se- 
maines. Une  autre  feuille,  vendue  sépa- 
rément donne  la  reproduction  de  la  statue 
entière  avec  l'explication  complète  de 
tous  ses  détails. 


N*   10=^1 


L'INTERMEDIAIRE 


355 


356 


Un  tableau  sans  valeur  artistique  au- 
cune, que  je  possède  également,  donne 
la  vue  d'ensemble  de  l'inauguration  de 
cette  statue  par  le  Prince  Président. 

Ce  qui  m'intéressait,  c'était  de  savoir 
comment  elle  avait  disparu,  et  les  érudits 
correspondants  de  l'Intermédiaire  m'ont 
parfaitement  renseigné  ;  je  les  en  remer- 


cie sincèrement. 


C.  B. 


Livre  ignoré  sur  Louis  XVII  (L, 
106).  —  D'après  l'analyse  qu'en  donne 
M.  Tastevin,  ce  livre  est  tout  simplement 
une  traduction  de  la  dernière  partie  du 
roman  de  Regnault-Warin,  Le  Cimetière 
de  la  Madeleine,  (Paris,  1801)  t.  IV,  p. 
64  et  suiv.On  y  retrouve  le  même  narra- 
teur, l'abbé  Edgeworth,  le  prétendu  ex- 
trait du  journal  de  Desault,  la  tentative 
de  corruption  signalée  par  lui  à  la  Con- 
vention, les  manœuvres  de  Felsac,  agent 
de  Charette,  pour  introduire  au  Temple 
l'enfant  orphelm  dans  un  cheval  de  bois, 
l'évasion  du  dauplim,  son  arrivée  à  l'ar- 
mée de  Charette  et  ....  tout  le  reste,  jus- 
ques  et  y  compris  la  devise  :  Deposnit  pa- 
tentes^ etc. 

Tout  cela  est  sorti  de  l'imagination  de  Re- 
gnault-Warin.Personne  n'a  jamais  pris  au 
sérieux  ces  aventures  extraordinaires,  non 
plus  que  les  documents  forgés  à  l'appui, 
tels  que  les  mémoires  de  Desaulx  et  autres 
«  pièces  justificatives  >/  dont  ce  roman- 
cier fantaisiste  a  soin  d'étayer  ses  inven- 
tions. SOIIVIRON. 

Iconogrsphie  do  Catherine  Sforza 

^L,  225).  —  Le  geste  de  Catherine  Sforza 
du  haut  de  la  tour  de  Forli.  est  attribué, 
en  Poitou,  à  la  dame  deMoncontour,  sur- 
prise dans  une  attitude  semblable  sur  la 
plate- forme  de  son  célèbre  donjon  roman, 
alors  presque  achevé,  au  retour  inattendu 
de  ses  maçons. 

Si  l'antiquité  de  cette  légende  était 
mieux  démontrée,  on  pourrait  y  voir  la 
contre-partie  d'une  tradition  bretonne 
bien  connue  des  folkloristes,  où  certaine 
vieille  se  retrousse  a  l'opposite  d'un  vent 
de  mer  importun  pour  lui  témoigner  son 
mépris  ;  car,  en  Poitou,  c'est  au  contraire 
avec  un  sentiment  d'orgueil  que  s'exhibe 
la  noble  dame,  toute  glorieuse  de  sa  ma- 
gnifique tour.  On  en  aurait  pour  preuve 
un  scabreux  soliloque,  surpris  comme  le 


geste,  origine  du  nom  donné  à  la  forte- 
resse. 

Pour  tous  cependant,  cette  désignation 
topique  remonte  fort  loin  dans  l'histoire 
et  vers  la  Renaissance,  tout  au  plus,  elle 
a  pu  donner  lieu  à  l'affreux  jeu.  de  mots 
dont  la  légende  est  sortie.  Nous  en  avons 
dit  assez  pour  l'intelligence  du  monolo- 
gue prêté  à  la  dame  de  Moncontour. 

11  n'en  est  pas  moins  curieux  de  retrou- 
ver à  Moncontour  le  geste  de  Forli.  C'est 
un  apport  du  dehors,  une  réminiscence, 
comme  il  en  afivient  si  souvent  en  ma- 
tière de  Folklore.  Léda. 

Quatrômère  d'Isjouval  et  les  arai- 
gnées (L,  4,  155,254).— Le  rôle  baromé- 
tral  des  araignées  n'est  pas  nouveau.  Les 
chroniques  de  Sanudo  qui   était  un  Talle- 
mentdes  Réaux  vénitien,  raconte quevers la 
moitié    du    xiv^    siècle,    un    gardien  du 
Palais   Ducal   qui  s'appelait  Zuane  (Jean) 
PoUastrini,  entretenait  des  araignées   dans 
une  petite   voûte  qu'elles   tapissaient  de 
leurs  toiles.  11  Ls  nourrissait  de  mouches 
et  elles   étaient  tout  à  fait  domestiquées. 
Ces  araignées  avaient,  ainsi  raconte   gra- 
vement   Sanudo,  le  don    singulier  de   se 
mettre  en  grande  agitation  deux  ou    trois 
jours  avant  un  orage.   Peu  à  peu,  cela  fut 
connu   et   les   patriciens  et  sénateurs  qui 
allaient  à  leurs  villas  sur  la  Brenta  et  de- 
vaient traverser  la  lagune  où  il  y  a  quel- 
ques fois  des  tempêtes  minuscules,  avant 
de  décider  cette  terrible  traversée, disaient: 
—  Andenio  a  veder  i  ragni  de  sior  Zuane  — 
(Allons  voir  les  araignées  du  sieur  Jean) — 
et  se  montraient  toujours  satisfaits  de   la 
consultation.   Or,  il  advint  que   le    Doge 
Antonio  Grimani  devantaller  accomplir  la 
cérémonie  annuelle  du  mariage  de  la  Ré- 
publique de  Venise  avec  la  mer  Adriatique 
accompagné  du  Sénat  et  à  bord  du  Bucen- 
taure,  alla  consulter,lui  aussi, les  araignées 
de  sior  Zuane — Seren issiwo  prencipc  ]u\  dit 
celui-ci, /(7  pot  ar.dar  a  oci  se  n  ai  {vous  t^ow- 
vez  partir  les  yeux  fermés)  Lejour  de  la  cé- 
rémonie, un  orage  épouvantable  dispersa 
le  cortège  naval  etmiten  danger  le  Bucen- 
taure.  Et  le  doge  furieux   fit   expulser    el 
sior  Zuajie  et    ses  araignées.   Xe   sia  dito, 
ajoute  tranquillement  le  vieux  Sanudo,  che 
un  nemigo  de  ■iior  Zuane  gaveva  hutà   nella 
vôlta  dei  grani  de  papavero  che  gaveva   in- 
donnensà    i    ragni.    (11    a   été    dit    qu'un 
ennemi  du  sior  Zuane  avait  jeté  dans  la 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Septembre   1904, 


357 


358 


I 


voûte  des  graines  de  pavot  qui  endormi- 
rent les  araignées).  Voilà  un  point  d'his- 
toire qui  sera  difficile  à  éclaircir.    Caponi. 

LaSociètédcsDébris  de  la  Vieille 
Armée  (L,  174.)  —  Je  possède  le  dra- 
peau de  la  Société  philantliropique  des 
Débris  de  la  Vieille  Armée  —  Second  Empire 
—  avec  lesdécorations  du  Président  de  cette 
société  —  Légion  d'honneur —  Sainte-Hé- 
lène —  Médaille  de  la  dite  Société. 

Or,  je  viens  de  lire  dans  un  opuscule 
que  je  n'ai  pas  sous  la  main  et  intitulé 
Napoléon  III  et  les  Médaillés  de  Sainte-Hé- 
lène^ un  passage  dans  lequel  il  est  dit  que 
le  maréchal  Magnan,  je  crois,  donna  à 
cette  société  l'aigle  des  Guides  de  la  Gar- 
de Impériale  (P'  Empire)  comme  aigle  du 
drapeau  de  cette  Société. 

Pourrais-je  savoir  : 

1"  Si  rais:le  des  Guides  de  la  Garde 
Impériale  du  l'^r  Empire  existe  encore  : 

2°  Sinon,  à  quels  signes  je  pourrais 
reconnaître  que  l'aigle  du  drapeau  que  je 
possède  est  l'aigle  des  Guides  '^. 

3°  L'aigle  est  en  bronze  creux  sur  un 
socle  sans  inscription  aucune,  dans  l'atti- 
tude des  aigles  de  drapeau  de  l'armée.  Ce 
drapeau  m'a  été  donné  par  une  personne 
qui  se  disait  amie  du  Président  de  la  Socié- 
té philanthropique  des  Débris  de  la  Vieille 
Armée,  il  y  a  15  ans  environ.       C.B.I. 

Origine  du  nom  de  Jourdain  dans 
risle  en  Jourdain  CVienne)  (L.  218). 
—  Je  trouve  aussi  une  famille  du  Mesnil- 
Jourdain,  autour  de  Mantes,  que  je  ne  puis 
identifier.  Elle  vient  certainement  de  Nor- 
mandie, peut-être  du  département  de 
l'Eure.  Vers  1480,  Ysabel  du  Mesnil-Jour- 
dain  est  dame  de  Champ-Dolent,  d'Aspre- 
mont  et  de  Buchelay.  Ses  armes  sont  : 
d'ai gei2t^  à  la  bande  de  gueules,  accompa- 
gnée de  6  coquilles  de  vicme^  posées  en  orle. 

E.  Grave. 

Bautru  (XLIX,  504,  643  ;  L,  132).  — 
Le  collaborateur  M.  Boni  de  Lavergne  se 
trompe.  11  n'y  a  jamais  eu  à  Etampes  de 
famille  portant  le  nom  de  Bautru  de  la 
Poterie,  mais  bien  Baudry  de  la  Poterie, 
ce  qui  est  différent.  Paul  Pinson. 

Les  demeures  de  Chateaubriand 

(L,  1I7,  195J.  — Chateaubriand  habita  le 
n°  25  de  la  rue  de  l'Université  depuis  son 


retour  de  Gand,  en  juillet  1815,  jusqu'à 
1818.  A  cette  époque,  il  s'en  fut  au  42  de 
la  rue  du  Bac  ;  en  1S20  seulement  il  se 
transporta  au  n"  27  de  la  rue  Saint-Do- 
minique Saint-Germain.  (Cf  Biré,  L'an- 
née 181J.  Paris,  1875,  in-8°,  268  et  suiv.) 

Ed.  Ch. 

Clinchamp  (XLIX,  838;  L,  29,241). — 
Au  commencement  du  xvii" siècle,  Gabriel 
de  Clinchamp,  dit  Menemores,  seigneur 
de  Bellegarde,  fut  marié  à  Antoinette  de 
Mornay,  fils  de  Louis,  seigneur  de  Villar- 
ceaux  (c.  de  Chaussy,  canton  de  Magny, 
S.-et-O.). 

Un  baron  de  Clinchamp  figure  en  1652, 
dans  les  relations  de  la  Fronde.  Il  est  cité 
à  cette  date  par  le  cardinal  de  Retz,  par 
Mlle  de  Montpensier.  11  était  à  Mantes 
avec  le  duc  de  Nemours,  au  commence- 
ment du  mois  de  mars.  Il  commandait  les 
troupes  espagnoles  qui  venaient  des 
Flandres.  V.  encore  les  Mémoires  de  Co- 


li^nY-Saligity. 


E.  Grave. 


La  mort  de  Paul-Louis  Courier. 

—  (T.  G.  244  ;  L,  245).  —  L'illustre  écri- 
vain a  eu  pour  avocat,  dans  ses  nombreux 
procès,  M.  Saint-Albin  Berville.  C'était 
un  homme  d'esprit  qui  n'avait  pas  seule- 
ment défendu  son  client,  mais  l'avait 
étudié  en  psychologue.  Sur  la  fin  de  sa 
vie,  avant  1870,  je  crois,  il  avait  gardé 
un  souvenir  très  net  de  ses  rapports  avec 
Paul-Louis,  et,  il  n'y  a  pas  à  le  cacher,  son 
impression  n'était  pas  favorable.  Si  Ar- 
mand Carrel  a  dit  :  ^  Quelques  amis  de 
Courier  savent  seulement  qu'il  est  devenu, 
dans  ses  dernières  années,  d'une  humeur 
asse:^  difficile,  »  Al  Saint-Albin  Berville 
déclarait  nettement  qu'il  était  parfaitement 
insociable  et  l'avait  toujours  été.  L'homme 
des  pamphlets  qu'on  jugerait  un  bon  vi- 
vant, comme  on  croirait  Bernardin  de 
Saint-Pierre  parfaitement  idyllique,  était, 
comme  ce  dernier,  d'un  commerce  abomi- 
nable, et  madame  Courier,  comme  Félicité 
Didot,  a  été  le  souffre-douleur  de  son 
mari.  Donc,  il  n'était  pas  douteux  pour 
M.  Berville  que  l'assassinat  de  Courier  par 
son  garde-chasse  était  tout  à  fait  d'ordre 
intime.  De  quelle  nature  était  la  conni- 
vence entre  l'assassin  et  madame  Courier  ? 
Mes  souvenirs  sont  aujourd'hui  trop  loin- 
j  tains  pour  que  je  puisse  rien  préciser.  Pour 
I  M. -Berville,  )a  femme  de  Paul-Louis  n'était 


N"   !03i, 


L'INTERMEDIAIRE 


359 


;6o 


pas  étrangère  au  crime,   et  il  l'excusait 
dans  une  certaine  mesure. 

Courier  avait  tenu  une  certaine  place 
dans  la  carrière  de  M.  Saint-Albin  Berville, 
et  je  no  serais  pas  étonné  que  celui-ci  eût 
conservé  des  notes  sur  ses  relations  avec 
son  combatif  client.  Ce  serait  à  M.  |.  Lt. 
de  savoir  si  elles  existent  et  ce  qu'elles 
sont  devenues.  E.  Grave. 


*  * 


Il  y  a  4  ans  environ,  un  journal  de 
Tours  a  publié  une  étude  très  détaillée 
sur  ce  sujet.  Les  auteurs  étaient  deux 
professeurs  du  lycée  de  Tours,  ]V1M.  Des- 
terne et  Galland.  Celui-ci  est  maintenant 
à  Bordeaux  et  celui-là  à  Paris,  je  ne  sais 
si  leurs  articles  très  intéressants  ont  été 
réunis  en  volume. 

Martin  Ereauné. 

Joseph  Doucet  (L.  217).-— M.Louis 
Teste,  rédacteur  au  Gaulois,  et  l'un  des 
esprits  les  plus  curieux  de  notre  temps, 
ayant  vu  sur  ma  table  le  dernier  numéro 
de  V Intermédiaire ,  me  donne  à  ce  sujet 
quelques  détails  : 

«  Joseph  Doucet  était  prêtre  dans  le 
diocèse  de  Grenoble,  aux  environs  de  la 
Côte  Saint-André,  où  est  né  Berlioz.  11 
quitta,  pour  des  motifs  d'ordre  privé,  le 
saint  ministère,  et  vint  à  Paris. 

«Là, il  écrivit  dans  le  National  dont  M. 
H.  Rousset,  le  frère  de  l'académicien, 
était  directeur, avec, comme  collaborateurs 
Th.  de  Banville  et  La  Bédoyère.  Joseph 
Doucet  écrivait  en  même  temps  à  la  Vie 
parisienne.  Prêtre  attaché  à  la  Madeleine, 
son  office  se  bornait  à  chanter  au  choeur, 
à  figurer  aux  cérémonies  et  quelquefois 
à  accompagner  les  morts.  Il  avait  la  ma- 
nie de  m'attaquer  tous  le-^  jours  dans  le 
National,  par  deux  ou  trois  articles.  Un 
beau  jour,  je  finis  par  lui  demander  dans 
\t  Journal  de  Paris  où  il  avait  laissé  sa 
soutane. Alors  il  m'écrivit  une  lettre  éplo- 
rée  :  je  lui  avais  fait  la  plus  grande  peine 
du  monde  ;  si  j'avais  connu  son  histoire, 
ajoutait-il,  j'aurais  eu  pour  lui  plus  de 
charité.  11  paraît  tout  simplement  qu'il 
avait  enlevé  une  femme, laquelle  lui  avait 
été  enlevée  à  son  tour  par  un  cocher  de 
fiacre.  D'où,  profonde  humiliation  ! 

«  Enfin,  sa  lettre  se  terminait  de  façon 
charmante  et  il  m^envoyait  sa  Tentation 
d'îin  curé  de    campagne,  qui  est  un   petit 


chef-d'œuvre,  je  le  dis  et  je  l'ai  écrit.  Le 
Diocèse  de  Cham'oorand  n'est  qu'une  redite 
de  ce  dernier,  et  c'est  le  diocèse  de  Gre- 
noble qui  y  est  peint  (avec  Mgr  Ginou- 
Ihiac)  et  non  pas  Mgr  Dupanloup...  Sa 
vocation  d'écrivain  ^  11  était  obligé  de 
vivre,  et  comme  tout  homme  non  pré- 
paré aux  lettres,  il  se  raconte.  C'est  la  lit- 
térature des  primitifs)*. 

M.  Louis  Teste  a  quelques  lettres  de 
Joseph  Doucet  et  les  communiquerait  vo- 
lontiers. Edouard  Champion. 


Famille  de  Jassaud  (XL, 55, 194).— 
Pierre-GuillaunTe  de  ].,  chevalier,  sei- 
gneur du  Gué,  de  Vernon,  de  la  Borde, 
(de  Lazenay),  conseiller  au  parlement  de 
Paris,  en  1722,  épousa  Michelle  Auger, 
dont  il  eut  : 

i)  Pierre,  baron  de  Jassaud,  seigneur 
de  Boischantel,  Bourneville,  etc.,  officier 
d'infanterie,  né  le  4  octobre  172 1,  mort 
le  16  janvier  1791,  marié  en  1755,  avec 
Marie-Anne  Thomas  de  Boischantel,  dont, 
au  moins:  Marie-.Alexandrine-Reine  dej., 
femme  de  Jean-Pantaléon,  vicomte  de 
Butler  ; 

2)  Ambroise-Auguste  de  J.,  comman- 
deur de  l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Mont- 
pellier, né  le  18  novembre  1726; 

3)  André  Charles  de  J.  garde  de  la  ma- 
rine ; 

4)  Catherine-Michelle  de  J.,née  le  29 
juillet  1729,  épousa,  après  1776,  Antoine- 
Bernardin,  comte  du   Chatelet,   mort  en 

1785; 

5)  Marie-Michelle  de  J.  (la  même  que 

la  précédente  t),  femme  de  Charles-Louis 
de  Scarron,  marquis  de  Dionne  ; 

6)  Marie-Jeanne  deJ.  épousa,  en  1767, 
Thomas-François- Honoré  de  Francini, 
comte  de  Villepreux  ; 

7)  Marie-Charlotte  de  J.  ; 

8)  Marie  de  ).  ; 

Louis -Charles-Auguste,  baron  de  Jas- 
saud, maréchal  de  camp,  compiandeuf 
de  la  Légion  d"honneur,  chevalier  de 
l'ordre  de  Saint-Louis,  né  vers  1782,  dé- 
cédé le  29  décembre  1849,  à  Paris,  le 
dernier  de  sa  famille,  appartenait  proba- 
blement à  la  branche  qui  précède,  puînée 
de  celle  d'Arquinvilîiers,  éteinte  au  xviii' 
siècle  et  de  celle  de  Thoraine  encore  re- 
I  présentée  vers  1860. 

E.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Septembre  190^^ 


361 


36: 


Famille  Pandcvant,  de  Sully  (L, 

166,  2^0).  —  Vers  1862,  M  Pandevant 
était  notaire  àSuUy-s  -Loire.Son  fils  a  été 
sous-préfet  de  Montargis  pendant  environ 
vingt  ans.  Depuis  quelques  années,  il  est 
receveur  particulier  à  Gien.C'eLt  un  ama- 
teur de  gravures  ;  sa  collection  a,  dit-on, 
une  certaine  valeur.  Il  est  aussi  bibliophile 
à  ses  heures.  Martellière 

Famille  Panon  Desbassayns  (L, 
22,).  —  Cette  famille,  d'après  Borel 
d'Hauterive, serait  originaire  de  Guyenne, 
elle  se  serait  fixée  à  l'île  Bourbon,  vers  la 
fin  du  xviii*^  siècle. 

Philippe  Panon  Desbassayns  de  Riche- 
mont, conseiller  d'Etat, député  du  corps  de 
l'Amirauté  (d'après  Bachelin-Defiorenne  : 
Dictionnaire  des  Anoblis  3®  partie  ;  1 14)  a 
été  créé  comte  par  lettres  patentes  du  6 
octobre  1827,  avec  érection  de  majorât 
en  rente. 

Eugène  Panon,  comte  Desbassr:3nis  de 
Richemont,  né  en  1800,  ancien  gouver- 
neur des  établissements  français  dans 
l'Inde. est  décédé  le  26  juin  18^9. 

Paul  Desbassayns, baron  de  Richemont, 
membre  du  Corps  Législatif,a  été  créé  sé- 
nateur par  Napoléon  III,  le  16  août  1859. 
Son  fils,  Paul-Alfred,  enseigne  de  vais- 
seau, est  mort  à  24  ans,  le  14  avril  1869. 

Il  ne  paraît  pas  y  avoir  eu  de  liens  de 
parenté  entre  cette  famille  et  le  général 
Louis-Auguste  Camns^  baron  de  Riche- 
mont, né  à  MontmarauIt,en  Bourbonnais, 
le  21  décembre  1771,  -;<  directeur  des  for- 
tifications des  possessions  françaises  à 
l'est  du  cap  de  Bonne-Espérance  »,  de 
1803  à  1807,  et  qui  résidait,  en  cette 
qualité,  à  l'île  de  France.  Ce  général  de 
Richemont,  baron  de  l'Empire,  qui  com- 
manda l'Ecole  militaire  de  Saint-Cyr  en 
1814  et  après   1830,  est  mort  en  1853. 

Le  D""  P.  trouverait  sans  doute  des  ren- 
seignements plus  complets  auprès  des 
membres  vivants  de  la  famille  Desbas- 
sayns de  Richemont,  dont  je  relève  les 
adresses  au  Tout- Paris  de  1904  :  C'^  Des- 
bassayns de  Richemont,  69,  avenue  Mar- 
ceau. 

Vicomte  Paul  de  Richemont,  56,  rue  de 
Londres. 

Vicomte  Alfred  de  Richemont,  le  peiri- 
tre  connu,  73,  boulevard    de    Courcelles. 

M.  Gabriel  de  Gossellin,  132,  boule- 
vard Haussmann. 


iVI.  Maurice   de   Gossellin,   19,  avenue 
de  Messine. 

Ces   dcuK   derniers,  fils    d'une   demoi- 
selle de  Richemont. 

H.  Baguenier-Desormeaux. 

*  * 
Paulin   Panon    Desbassayns,    chevalier 

de    Saint-Louis. épousa, en  1770,  Ombline 

Gonneau  de    Montbrun,   dont  il  eut  entre 

autres  enfants  : 

i)  Julien-Augustin-Paulin-Gertrude  Pa- 

non-Desbassayns  de  Montbrun,   receveur 

génér^il  des  finances,  né  en  1771,  ■[•  le  i''^ 

février  1856,  au  Bréau  ; 

2)  Philippe  Panon  Desbassayns  reçut, 
par  lettres  patentes  du  17  mars  181  5,  le 
titre  de  baron  (sous  la  dénomination  de 
baron  de  Richemont)  ;  de  nouvelles  lettres 
patentes  du  6  octobre  1827  constituèrent 
un  majorât,  avec  titre  de  comte. Il  était  né 
à  l'île  Bourbon,  le  3  février  1774  et  mouT 
rut  le  7  novembre  1 840  ;  il  avait  épousé, 
en  1798,  Jeanne -Catherine- Fulcrande- 
Aglaé  Mourgue,  décédée  le  20  mai  1855, 
à  Paris  ; 

3)  Mélanie-Barbe-Ombeline  Panon  Des- 
bassayns, née  vers  1781,  f  le  24  avril 
1855,  à  Toulouse, mariée  au  comte  Joseph 
de  Villèle,  Président  du  Conseil  des  minisr 
très) Carré  de  'Qusso.xoWt, Armoriai  de  Ton- 
7-aine,  p.  727  et  suiv.) 

G.  P.   Le  Lieur  d'Avost. 

L^  Noir,  liautena,nt  de  polioa 
(XLVII  ;  XLVIII  ;  L,  247).  —  Le  collabo- 
rateur Sus,  qui  cite  une  sanguine  de  Le 
Noir,  par  Courteille,  pourrait-il  me  dire 
où  il  a  vu  cette  gravure,  et  s'il  pense 
que  je  puisse  me  la  procurer  facilement  ? 

Jehan. 

Famille   Reynard   da  Boissieux 

(L,  lôô).  —  Il  v  eut  autrefois  une  famille 
Salvaing"  de  Boissieu,  aujourd'hui  complè- 
tement éteinte.  Sa  généalogie  est  fort  con- 
nue. 

Il  y  eut  plus  tard  une  famille  Perrin, 
dont  une  branche  prit  tout  d'abord  le  stir- 
nam  de  Boissieu,  puis  remplaça  gratuite- 
ment son  nom  de  Perrin  par  le  prénom  de 
Salvaing.  La  généalogie  de  cette  famille, 
actuellement  nombreuse,  est  donnée  par 
le  III"  volume  du  V"*  Révérend  (Anoblis- 
sements et  pairies  delà  Restauration), 

Une  troisième  famille,  également  repré- 
sentée de  nos  jours,   eut  pour  auteur  Jean 


N.  1051. 


L'INTliRMÉDlAlRE 


365 


564 


Boissieu,  bourgeois  de  Saint-Germain-La- 
val, secrétaire  et  maître  de  la  garde-robe 
de  la  reine  Marguerite  de  Valois  en  1608. 
Les  éléments  de  sa  généalogie  se  trouvent 
aux  Archives  de  la  Côte-d'Or  (B.  1 1 .  694). 
Par  une  étrange  destinée,  elle  est  alliée 
aux  Salvaing  de  Boissieu  actuels  (ci-de- 
vant Perrin). 

Enfm  voici  un  rameau,  que  je  ne  sais  à 
quel  tronc  rattacher,  et  qui  pourrait  inté- 
resser notre  collègue  :  Jean  Boissieux,  ou 
de  Boissieux,  conseiller  du  Roi  à  Lyon(?), 
marié  à  Adrienne  Richoux,   eut  huit  en- 
fants, parmi  lesquels  :  \°)  Siméon,  magis- 
trat,   qui  eut,  de  Bonne  Reynard  de  la  Ro- 
chette  (morte  en  1842)  une  fille  Zéphyrine, 
morte  à  Chalon-sur-Saône,  le    21    février 
1895, veuve  de  Lazare  Carnot.  — 2°)Apollo- 
nie  mariée  à  N.  Vincent.  —  y)  Isaie,  pro- 
cureur général  à  Lyon,  puis   conseiller  à 
la  cour  de  cassation,  qui,  de  son   mariage 
avec  N.  Faure,   eut  deux   filles  :  Amélie, 
mariée  à  M.  Richerand  et  Berthe  ;  et  un 
fils  Isaïe,  marié  à  la  fille  de  l'amiral  Bruet 
et  père  lui-même   de  M.  Armand  de  Bois- 
sieux, actuellement  officier  de  cavalerie, 
et  de  deux  filles  dont  l'une   a  épousé,  en 
1902,  M.  d'Autemarre.  —  4")  Ennemond 
Antoine-Marguerite,  dit  Tony,  né  en  1783, 
mort  en    1802.   —  5")  Séverine,    née  en 
1785,  morte  en  1821,  femme  du  docteur 
Louis-Auguste  Ginet.  —  6")  Saint-Loup, 
célibataire.  Je  connais   un   cachet  de  ce 
dernier   rameau,    portant   des    armoiries 
parlantes  (Bois-cieux)  :  d' argent ^à  tut  bois 
de  sinopie  ;    au  chef  d'azur   semé  d'étoiles 
d'or. 

C'est  à  dessein  que  je  néglige  ici  quel- 
ques autres  familles  Boissieu,  du  Dauphiné 
ou  des  Cévennes,  qui  ne  me  paraissent 
avoir  aucun  rapport  avec  les  précédentes, 
car  cet  écheveau  généalogique  me  paraît 
suffisamment  difficile  à  débrouiller. 

Peut-être  notrecollègue  pourrait-il  nous 
y  aider  par  quelques  indications    de  dates 

et  de  sources.  Nolliacus. 

* 

*  » 
V Armoriai  de  Dauphiné,     par    G.    de 

Rivoire  de  la  Bâtie    (Lyon,    1867),    con- 
tient les  d^ux  articles  suivants  : 

Perrin  de  Boissieux.  —  Pierre-Joseph 
Perrin-Boissieux,     de    Villard-Chevrières, 


eut  de  D""  Marguerite  Efïantin 
Hugues-Antoine    Perrin    de 
écritures  de   la 


commis  aux 

chefort,  où  il  est  mort 


Boissieux, 
marine  à  Ro- 
janvier    17S1, 


laissant  de  D""^  Catherine  Durand-d'Elbos  : 

N.  Perrin  de  Boissieux, né  à  Rochefort,  le 
2  août  175s  et  père  de  ^i.  de  Salvaing  de 
Boissieux,  conseiller  à  la  Cour  impériale  de 
Paris. 

Les  Salvaing  de  Boissieu  portaient  :  De 
l'Empire  à  la  bordure  de  France. 

Salvaing  de  Boissiku.—  Notre  célèbre  pré- 
^ident  Denis  de  Salvaing  de  Boissieu  a  larci 
sa  généalogie  de  tant  de  rêveries  qu'il  de- 
vient fort  difficile  de  distinguer  le  vrai  du 
faux  dans  l'histoire  de  cette  maison,  d'ail- 
leurs bonne  et  ancienne.... 

II  faut  retrancher  sommairementde  cette 
généalogie  la  prétendue  communauté  d'o- 
rigine des  Salvaing  avec  l'illustre  maison 
d'Allonges,  en  Savoie,  dont  elle  se  serait 
séparée  en  l'an  1012  ;  supprimer  l'existence 
de  Guiflrey  de  Salvaing,  grand  maître  des 
Templiers  en  1090,  celle  d'Aymon  de  Sal- 
vaing, dit  Tartarin  ou  le  Chevalier  Hardy, 
compagnon  supposé  d'Antoine  d'Arces, 
d'imbaut  de  Rivoire  etde  Gaspard  de  Mon- 
tauban  ;  et  mettre  au  rang  des  fables  la 
prétendue  concession  d'armoiries  •.'DcVEm- 
pirc  à  la  bordure  de  France  ;  la  devise  :  A 
Salvaiîig  le  plus  gorgias  ;  les  alliances  avec 
les  maisons  de  Saluces,  de  Clermont,  de  la 
Chambre,  de  Poitiers  et  et  Terrail  ;  et  pres- 
que tout  ce  que  le  digne  président  a  inséré 
dans  les  ouvrages  de  Vulson  de  la  Colom- 
bière,  dont  il  paraît  le  véritable  auteur... 

J'ajouterai  qu'un  portrait  d'Aymon  VI 
de  Salvaing,  exécuté  certainement  par 
ordre  du  président  Denis  de  Salvaing, 
avec  tous  les  attributs  fantaisistes  attri- 
bués au  prétendu  chevalier  errant  dans  le 
livre  de  Vulson  de  la  Colombière,  a  été 
acheté,  il  y  a  environ  35  ans,  par  le  con- 
seiller de  Boissieux  à  un  marchand  d'an- 
tiquités de  Chambéry.  Ce  portrait,  qui 
provenait  d'un  vieux  château  ayant  appar- 
tenu à  la  famille  d'Arces,  était  prédestiné 
à  orner  les  galeries  d'ancêtres  de  hauts 
magistrats  portant    le    même    nom  sans 


être  parents. 


XXX, 


Armesde  la  Rivière  (L,  168, 304). — 

Nous  pensons  que  cette  famille  existe  enco- 
re ;  elle  a  possédé  des  terres  en  Beauce 
et  s'est  alliée,  au  xix''  siècle,  aux  familles 
de  Courcy  et  Outrequin  de  Saint-Léger. 

Robert'de  la  Rivière,  seigneur,  patron 
du  Pré  d'Auge  (près  Lisieux),  à  la  stipu- 
lation de  Marie  Descorches, sa  mère,  veuve 
de  Robert, 

Maintenu  21  septembre  1668. 

Armes  :  de  gueules,  à  2  bars  adossés  en 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Septembre   1904. 


365 


366 


pal  d'or^  leur   queue  traversée  en  fasce  de  2 
petites  rivières  ou  fasces  ondées  d'argent. 

Supports  et  cimier  :  lions  d"or  (Recherche 
de  la  nobhsse^par  la  Galissonnière, vicomte 
d'Auge. Manuscrit  aux  archives  de  Lierre- 
mont, Trouville). 

Le  Q  Henry  Le  Court. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'or  à 
trois  roseaux  de  sinople  (L,  168,25 1). 
—  Ce  sont  les  armes  de  la  famille  Ruau 
d'Anserville,  de  Trouchet,  en  Ile-de- 
France.  P.leJ. 

Ecusson  à  déterminer  (L,  118, 
251).  —  Rectification  :  la  famille  Bret  ou 
le  Bret  est  originaire  du  Beaunois   et  non 


du  Beauvois. 


P.   LE]. 


Singulières     armoiries    papales 

(L,  168,  251).  —  )'ai  lu  dans  une  an- 
cienne publication,  à  propos  des  armoi- 
ries du  pape  Innocent  Xll  dont  la  mère 
était  née  Carajfa.,  le  quatrain  suivant  : 

On  pourra  boire  à  tous  propos, 
Sous  le  règne  de  ce  Saint-Père  ; 
Son  nom,  ses  armes  sont  des  pots, 
Une  Caraffe  était  sa  mère. 

Le  comte  P. -A.  du  Chastel. 
* 

»  * 
Il  semble  que    ces  vers  d'une  chanson 

de  Coulanges    sur   Innocent  Xll,    ne   se- 
raient pas  de  contrebande  ici  : 

Son  nom,  ses  armes,  sont  des  pots, 
Une  caraffe  était  sa  mère. 
(^Carajjt'a^  famille  princière  napolitaine). 

F-Y. 

Plaque  de  cheminée  à  identifier  : 
croix  chargée    de  cinq    coquilles 

(XLVII  ;  L,  198).  —J'ai  consulté,  à  l'in- 
tention de  Al.Palliot  le  Jeune, mes  extraits 
du  P.  Anselme  et  du  Dict.  de  la  Noblesse 
pour  les  Rayneval  et  du  Nobiliaire  de 
Ponthieu  et  de  Vimeu  de  Belleval  pour 
les  Cordier  et  les  Godart,  mais  sans  trou- 
ver aucune  alliance  directe  entre  ces 
familles. 

La  filiation  que  rapporte  La  Chesnaye 
des  Bois  pour  la  branche  de  Fauquember- 
ghe  de  la  famille  de  Rayneval,  donne 
seulement  trois  alliances,  avant  leur  émi- 
gration :  d'Ongnies,  Pastoureau  et  Le 
Febvre  de  Parfondru,  mais  dans  mes 
notes  je  ne  trouve  qu'aucune  des  familles 


de  ces  noms  ait  porté  pour  armes  :  un  cor 
de  chasse  accompagne  de  ^  t  toile  s. 

Il  y  a  bien  les  Le  Febvre  de  Vatimesnil 
dont  les  armes  sont  :  d'a:^ur,  au  huchet 
dais;ent.  eno-niché  et  virole  du  même,  can- 
tonné  de  4  molettes  d'or,  mais  je  ne  sais 
s'ils  sont  issus  de  la  même  souche  que  la 
famille  Le  Febvre  de  Parfondru, dont  d'ail- 
leurs je  ne  trouve  aucune  indication  par- 
mi les  nombreuses  familles  Le  Fébure,  Le 
Febvre,  Le  Fevre,  sur  lesquelles  je  pos- 
sède des  notes. 

J'ajoute  enfin  que  je  n'ai  pas  sous  la 
main  le  volume  de  Y  Intermédiaire  qui 
porte  la  question,  dont  la  lecture  peut- 
être  permettrait-elle  de  circonscrire  les 
recherches. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

La  fleur  de   lis  dans  les  armes 
des  Peretti  délia  Rocca  (L,  168). 
I 

La  famille  de  Peretti   délia  Rocca  porte 
en  chef  de  ses  armes  :  d'a^iir,  à  la  fleur  de 
lis  d'or,  par  concession  de  Henry  II  roi 
de    France,    qui   voulut   ainsi  témoigner 
toute  son  admiration  pour  la  belle  con- 
duite  du    capitaine  Napoléon    Peretti  de 
Levie,  des  comtes  délia  Rocca,  au  siège 
de  Renty  en  15^54.  Le  roi  le  reçut  cheva- 
lier, lui  donnant  de  sa  main   l'accolade, 
et  lui   concéda    «  pour    perpétuel   témoi- 
«  gnage,  pour    lui   et  sa  postérité,  de  ses 
«  vertus  et   noblesses,   le  droit  d'ajouter 
«  en  l'écu   et  blason   de   ses   armoiries, 
«  telles  qu'elles  sont  ici  peintes  et  écrites, 
«  la  fleur  de  lis  d'or  sur  champ  d'azur.  » 
(Lettres   patentes    données   à    Saint-Ger- 
main-en-Laye,au  mois  de  novembre  1 5  58). 
—  Les  armes  peintes  sur  ces  lettres  sont  : 
parti  au  I  de  Colonna  plein,  au  II  de  Rocca- 
Cinarca  ;  en  chef,  la  concession. 

On  sait  que  les  rois  de  France  ne  pro- 
diguaient pas  la  fleur  de  lys  d'or  sur 
champ  d'azur  et  que  cette  concession  fut 
toujours  regardée  conmie  un  des  plus 
grands  honneurs  que  le  roi  pouvait  faire 
à  un  gentilhomme. 

(Napoléon  Peretti  de  Levie  est  le  pre- 
mier corse  du  nom  de  Napoléon).  Cf. 
Grégorovius  Corsica,  liv.  IV,  chap.  V; 
A.  Chuquet  Jeunesse  de  Napoléon,  tome  1, 
page  63 . 

II 

Les  Peretti  délia  Rocca  descendent  en 
ligne  directe  de   Sinucello  délia   Rocca, 


h"    105I, 


L'INTERMÉDIAIRE 


367 


368 


comte-souverain  de  Corse  en  1280.  Ce- 
lui-ci descend  de  Cinarca,  lils  du  patri- 
cien romain  Ugo  Colonna,  qui  passa  en 
Corse  en  775  sur  l'ordre  de  Charlema- 
gne.  Ugo  chassa  les  Sarrazins  de  l'île  et 
en  récompense  obtint  du  grand  empe- 
reur la  souveraineté  de  la  Corse  pour  lui 
et  ses   descendants  (d'après  Alcuin  (775- 

804). 

Vers  1219,  1  un  de  ces  derniers, 
Guillaume  de  Cinarca,  dont  l'arrière 
grand -père  avait  été  dépouillé,  rentra  en 
possession  des  seigneuries  de  La  Rocca 
et  de  Levie,  que  les  gentilhommes  de  ces 
provinces  lui  donnèrent,  à  la  condition 
qu'il  les  défendrait  contre  les  Génois  qui 
venaient  d'envahir  Tile.  Guillaume  fut  le 
premier  seigneur  délia  Rocca  et  de  Levie. 
Ses  descendants  s'appelèrent  délia  Rocca, 
de  même  que,  comme  ils  étaient  Cinarca, 
le  territoire  délia  Rocca  et  de  Levie  s'ap- 
pela <r  paése  Cinarchese  »  (d'après  Filip- 
pini  «Storia  di  Corsica»). 

Guillaume  avait  un  frère,  Guy,  sei- 
gneur de  Léca  et  chef  de  la  branche  des 
Colonna,  princes  de  Leca. 

Guillaume  eut  deux  fils  :  l'aîné  s'appe- 
lait Sinucello.  «  Il  est  devenu  célèbre  sous 
<<  le  nom  de  Giudice  délia  Rocca.  Son  pa- 
<i  Vriotisme,  son  courage  héroïque,  sa  sa- 
«  gesse  et  sa  justice  lui  ont  marqué  une 
«  place  parmi  les  hommes  qui  en  ces 
<<  temps  barbares  se  sont  illustrés  par 
ss  leurs  qualités  personnelles  ».  (Grégoro- 
vius  Histoire  des  Corses,  chap.  VU). 
_^  Napoléon  1",  dans  ses  Lettres  sur  la 
Corse ^  a  dit  : 

La  Corse  sut  maintenif  son  indépen- 
dance grâce  à  Sinucello  délia  Rocca,  un 
de  ces  'nommes  rares  que  la  nature  jette 
sur  la  terre  pour  l'étonner. 

Le  deuxième  fils  dé  Guillaume  s'appe- 
lait Truffetta,  c'est  le  chef  de  la  branche 
des  Colonna  marquis  fet  comtes  d'Or- 
nano. 

Arrigo,  fils  aîné  de  Sinucello,  reçut  en 
apanage  les  seigneuries  de  La  Rocca  et 
de  Levie  ;  Salnese,  le  second,  eut  la  sei- 
gneurie d'Istria  ;  c'est  le  chef  de  la  bran- 
che Colonna  d'Istria. 

En  1370  apparut  '<  le  second  homme 
«  remarquable  de  la  famille  de  Cinarca 
«  ou  Rocca  ;  Arrigo,  comte  de  Corse,  ar- 
«  rière  petit-fils  de  Sinucello  délia  Rocca, 
«  comme  lui,  né  pour  le  commandement, 
«  opiniâtre,    plein  de  fougue  et  d'éner- 


«  gie 


;>  (Grégorovius,  Hist.  des  Corses, 
chap.  IX). 

Arrigo  gouverna  l'île  en  qualité  de 
vice-roi  de  Corse  et  de  Sardaigne  pour 
les  rois  d'Aragon  don  Pedro  (1377)  et 
don  )uan  (1393).  (Archives  de  la  Corona 
d'Aragon,  registres  1044  et  1941);  ses 
descendants  héritèrent  de  ses  droits  sur 
l'île  jusqu'à  Giudice  II,  comte  de  Corse, 
son  arrière  petit-fils  et  père  de  PerettO, 
seigneur  de  Levie,  des  comtes  délia  Rocca, 
chef  de  la  branche  des  Peretti. 

Cette  époque  marque  la  fin  de  la  féo- 
dalité en  Corse  ;  l'île  étant  tombée  au  pou- 
voir des  Génois, 

PerettO  n'eut  qu'un  fils,  Angelo-Santo, 
colonel  en  li^so,  père  du  fameux  Napo- 
léon Peretti  de  Levie,  capitaine  dans  les 
armées  du  roi  Henri  II  et  compagnon 
d'armes  de  Sampiero.  Napoléon  de  Levie 
fut  l'objet  de  la  concession  dont  noUs 
avons  parlé  plus  haut.  En  1569,  il  com- 
mandait une  galère  au  siège  de  la  Ro- 
chelle. 

Depuis,  les  Peretti  délia  Rocca  n'ont 
jamais  cessé  de  se  distinguer.  Cette  fa- 
mille a  fourni,  tant  en  Italie  qu'en  France, 
une  cinquantaine  d'officiers  dont  quinze 
colonels  et  lieutenants  généraux  ;  des  car- 
dinaux, des  évêques,  parmi  lesquels  mon- 
seigneur Charles  de  Peretti  della  Rocca, 
député  du  clergé  de  Corse  aux  Etats  Gé- 
néraux de  1789. 

Ajoutons,  avant  de  terminer,  que  la 
famille  della  i<occa  est  la  branche  aînée 
des  Colonna  de  Cinarca  (Corse),  qui,  elle- 
même,  forme  la  quatrième  ligne  de  la 
I  maison  princière  des  Colonna  de  Rome. 
[Lettres  des  princes  Colonna  de  Rome 
(1597,  1735,  1775)  reconnaissant  co'mme 
leurs  parents  les  descendants  des  Colonna 
de  Corse  (della  Rocca,  Leca,  Ornano, 
Istria,  Bozzi.)] 

La  famille  Colonna  de  Peretti  della 
Rocca  de  Levie,  a  porté  les  titres  de  ju- 
ges-princes de  Cinarca,  comtes-souve- 
rains de  Corse,  etc..  (Borel  d'Haute- 
rive). 

La  maison  de  Peretti  della  Rocca 
porte  : 

Parti:  ùti  I de  guenles^'k  là  colonne  d'ar- 
gent^ la  hase  et  le  chapiteau  d'or,  somm-éc 
d'une  conro'Mic  de  même  à  l'antique  (qui 
est  de  Colonna)  ;  au  U  de  gueules,  an  châ- 
teau d'argent,  maçoniié  de  sàhlc  et  surmonté 
d'une  balance  é'or,   tenue  par    une  main 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


369 


d'or,  tiionvaiile  dn  chef,  (qui  est  de  Rocca- 
Cinarca)  ;  nu  chef  d'a:^itr,  à  la  fleur  de  lis 
d'or  ^soutenue  par  deux  lions  du  même  (con- 
cession de  Henri  II). 

L'écu  accolé  à  l'aigle  du  Saint-Empire 
au  naturel  (donné  par  Charlemagne  à 
Ugo  Colonna  d'après  la  tradition). 

Casque  taré  de  front  et  ouvert,  sommé 
de  la  couronne  conitale  des  comtes  sou- 
verains, alias  la  couronne  princière.  — 
Cimier  :  la  colonne  ;  tenants  :  deux  mau- 
res Canciennes  armes  delà  Corse)  Devises  : 
sous  le  i*"^  parti  ;  Tiifa  conîemnit  pro- 
cellas;  sous  le  2^,  Virtiis  et  honor  — Cri  : 
Rocca-Rocca. 

Pour  avoir  des  renseignements  plus 
précis  sur  les  membres  marquants  de  cette 
famille,  consulter  :  Filippini,  Storia  di 
Corsica^  tomes  il  et  III,  Tcette  histoire  im- 
primée en  1592  donne  la  généalogie  de 
la  famille  depuis  Ugo  Colonna  (775) 
jusqu'à  Napoléon  de  Lévie  (1558)1.  — A. 
Ch\x(\uQ\.  Jeunesse  de  Napoléon^  tome  I,  page 
63  ;  tome  II,  pages  245,  254,  346,  350, 
3=51  ;  tome  III,  page  52  et  258. —  Valéry, 
yovageeyi  Corse ^  tome  I,  page  209  et  tome 
II  page  379.  —  Marquis  d'Ornano,  la 
Corse  militaire^  pages  LVII  et  44.  —  X. 
Poli,  Histoire  militaire  des  Corses^  tome  I, 
pages  3,  60,  62  ;  tome  II,  pages  1 14,  139, 
etc..  Frédéric  Masson,  Napoléon  incon- 
nu^ «  Lettres  sur  la  Corse  ». — Grégorovius 
«Histoire  des  Corses  » — et  toutes  les  his- 
toires de  la  Corse  de  Poramereul,  Grégory, 
jacobi,  Robiquet,  etc.,  etc.. 

Les  représentants  actuels  sont  : 

Edouard  de  Peretti,  comte  délia  Rocca, 
directeur  de  l'Enregistrement  et  des  do- 
maines. 

Le  comte  Emile  de  P.  délia  R.,  officier 
de  cavalerie. 

Le  comte  Emmanuel  de  P.  de  Là  R., 
secrétaire  d'ambassade. 

Le  comte  Jacques  de  P.  de  la  R.,  vice- 
consul. 

Nous  ne  connaissons  que  ceux-là  et 
nous  les  indiquons  sous  toute  réserve'. 

M.  DE  LApouzat. 

Eglises  fortifiéas  (T.  G.,  308  ; 
XXXVIII  ;  XXXIX  ;  XLI  à  XLIV  ;  XLIX, 
814,  929  ;  L,  152,  265).  —  Je  ne  sais 
si  dans  les  très  nombreuses  et  très  inté- 
ressantes communications  sur  les  églises 
fortifiées,  on  a  fait  suffisamment  ressortir 


10  Septembre  1  904 
370  

ce  fait  que  sans  être  des  forteresses 
complètes,  certains  édifices  religieux  pré- 
sentent, dans  leur  structure,  des  disposi- 
tions accessoires  propres  à  les  mettre  à 
l'abri  d'un  coup  de  main,  ou  à  les  faire 
servir  de  réduit,  je  signale  ainsi  dans  la 
Côte-d~Or,  les  églises  de  Gémeaux  et  de 
Bèze,  dont  les  tours  de  croisée  sont  des 
manières  de  donjons,  et  celle  de  Pichan- 
ges,  qui  fait  saillir  au  dessus  de  la  porte 
occidentale  et  de  la  grande  fenêtre  de 
l'abside  rectangulaire,  les  corbeaux  en 
pierre  de  deux  brctèches,  sans  doute  en 
bois,  et  qui  n'existent  plus.  On  pourrait, 
je  pense,  multiplier  beaucoup  ces  exem- 
ples. L'église  de  Gémeaux  est  de  la  fin  du 
xii^  siècle,  les  deux  autres,  du  corhménce- 
ment  du  xiii^  H.  C.  M. 


Domiciles  parisiens  (L,  226).  — 

Consulter      Lefeuve   :  Histoire  de    Paris^ 

rue   par   fue^   maison  par  maison,    Paris, 

Reinwald,l875  et  aussi  le  Dictionnaire  dés 

frères  Lazare.  Gustave  Fustier. 

* 

Peut  être   aussi    pourrait-oh    consulter 
en  cours  de  publication  chez 


un  ouvrage 


l'éditeur   Sevin,  b*^    des  Italiens. 


Un  roman  d'Eugène  Sue   à  re" 


trouver  (L,  116,    19g,  256). — Je  lisi 
col.  256,  signé  des  initiales  H.  C.  M.  : 

Je  me  permets  de  faire  remarquer  à  M.  J. 
Brivois,  que  dans  le  titre  donné  par  lui,  il 
doit  être  fait  une  réunion  de  trois  nouvelles 
distinctes  ;  il  faudi'ait  donc  remplacer  les  vir- 
gules par  des  points. 

Je  me  permettrai,  à  mon  tour,  de  faire 
remarquer  que  j'ai  suivi  la  ponctuation 
de  la  couverture  imprimée,  en  mettant 
une  virgule  après  Arabian  Godolphin. 

Deleytar  n'est  pas  une  nouvelle,  comme 
paraît  le  croire  M.  H.  G.  M.,  mais  bien 
le  titre  du  volume  qui  comprend  deux  nou- 
velles :  Arabian  Godolphin  (p,  i  à  141), 
Kardiki  (p.  142  à  la  fin). 

].  Brivois. 

Balzac  imprimeur.  Les  éditions 
compactes  (L,  57,  175).  —  Colonne 
177,  ligne  2i,  au  lieu  de  :  «  le  texte  en 
deux  couleurs  »   lire  :  «  le  texte  en  deux 

colonnes  ». 

Il  n'est  pas  exact  de  dire  que  Balzac  eut 


No   1051 


L'INTERMEDIAIRE 


371 


372 


le  premier  l'idée  des  éditions  compactes. 
Dès  1818,  le  libraire  Desoer  a  donné 
une  édition  compacte  des  Essais  de  Mon- 
taigne^ avec  glossaire  et  table  analytique, 
en  un  seul  vol.  in-8de  près  de  500  pages  ; 
impr.  par  Fain  en  petits  caractères  sur 
deux  colonnes,  C'était  là,  si  je  ne  m'abuse, 
le  prototype  des  éditions  compactes. 

Vers  la  fin  de  1824,  cinq  libraires  se 
mirent  d'accord  pour  éditer  en  éditions 
compactes  les  œuvres  de  Voltaire  et  de 
].-J.  Rousseau;  et  le  26  février  1825,  la 
Bibliographie  de  la  France  enregistrait  le 
début  de  cette  publication  comme  suit  : 
Œuvres  complètes  de  Voltaire,  en  un  seul 
vol.  in-8.  Œuvres  complètes  de  J.-J  Rous- 
seau, un  seul  vol.  in-8.  impr.  de  Jules  Didot 
l'aîné,  h  Paris.  A  Paris,  chez  Baudoin  frères, 
chezj.  Didot  l'aîné,  chez  Roux-Dufort,  chez 
Froment,  chez  Bossange  père. 

Le  Rousseau  paraîtra  en  25  livraisons,  le 
Voltaire  en  70.  Prix  de  chaque  livraison  1  fr. 
A  partir  du  i"^'  mars  on  promet  une  livrai- 
son tous  les  15  jours;  une  livraison  de  Vol- 
taire et  une  de  Rousseau. 

Qiiant  aux  trois  éditions  compactes  de 
La  Fontaine,  voici  comment  elles  ont 
paru. 

Le  prospectus  de  l'édition  Igonette  a 
été  enregistré  dans  la  Bibliographie  de  la 
France  le  7  mai  1825,  et  la  8*  et  dernière 
livraison,  le  28  décembre  de  la  même  an- 
née. Le  texte  est  entouré  d'un  double 
filet.  Le  vol.  est  terminé  par  une  table 
alphabétique  bien  comprise  rendant  les 
recherches  faciles. 

Il  a  été  tiré  des  exemplaires  sur  papier 
rose. 

La  r*  livraison  de  l'édition  Delon g- 
champs^  a  été  enregistrée  le  18  juin  1825, 
et  la  4*  et  dernière,  le  28  décembre  sui- 
vant. 

Cette  édition  n'a  pas  de  table.  Elle  est 
ornée  de  25  gravures  sur  bois  :  portrait 
en  pied  de  La  Fontaine  sur  le  titre  et  24 
entêtes  de  pages  réparties  dans  le  vol. 
Elles  ne  sont  pas  signées  ni  les  mêmes 
que  celles  de  l'édition  suivante  et  la  gra- 
vure en  est  moins  lourde.  La  couverture 
imprimée  porte  qu'elles  ont  été  gravées 
par  les  meilleurs  artistes  anglais. 

Le  prospectus-spécimen  de  l'édition 
Santelet,  dite  édition  Balzac,  a  été  enre- 
gistré le  14  mai  1825  et  la  8'^  et  dernière 
livraison,  le  29  juillet  1826.  Elle  est  ter- 
minée par  une  table  sommaire. 

L'édition  Sautelet-Balzac  a  donc  paru 


sept    mois    après  les  éditions  Igonette  et 
Delongchamps 

Pourquoi  ce  retard,  puisque  ces  trois 
éditions  avaient  été  annoncées  presqu'en 
même  temps.  Serait-ce  que  Balzac  (associé 
au  début  de  cette  publication  avec  le  li- 
braire Urbain  Canel),  n'aurait  pu  obtenir 
de  Godard,  la  gravure  des  dessins  de  De- 
véria  ;  qu'il  aurait  dû  avoir  recours  à 
Thompson  ;  —  et  que  ce  dernier  (sachant 
probablement  ce  qui  s'était  passé  avec 
Godardj,  l'aurait  traîné  en  longueur? 

Quoi  qu'en  ait  dit  Mme  Surville,  les 
éditions  compactes  n'ont  pas  enrichi  la 
librairie.  Pas  celles  dont  nous  venons  de 
parler,  en  tout  cas.  Le  Voltaire,  énorme 
vol.  de  plus  de  5.500  pages,  a  été  une 
entreprise  folle  (de  192  fr.  il  est  descendu 
à  40  fr.).  11  y  manquait  une  chose  essen- 
tielle :  une  table  analytique,  Une  édition 
compacte  n'est  pas  faite  pour  être  lue, 
mais  consultée.  Q.uant  au  Rousseau,  il  est 
tombé  rapidement  de  50  fr.  à  18  fr. 

Les  trois  éditions  de  La  Fontaine  ne  se 
sont  pas  mieux  soutenues,  (i)  Publiées  à 
20  fr.  elles  étaient  tombées  à  6  ou  8  fr. 
L'édition  Sautelet-Balzac  paraît  repren- 
dre ;  les  exempl.  br.  avec  couverture  im- 
primée se  vendent  de  20  à  25  fr. 

Le  nom  de  l'imprimeur  est  au  verso  du 
faux  titre  et  non  au  verso  de  la  feuille  de 
garde. 

Balzac  avait  cédé  aux  frères  Baudouin, 
au  cours  de  l'impression,  500  exempl.  du 
La  Fontaine.  Ceux-ci  firent  imprimer  des 
couvertures  avec  leur  nom  et  adresse,  sur 
lesquelles  au  nom  de  Thompson  comme 
graveur,  ils  ajoutèrent  celui  àt  John  Mar- 
tin. 

Brunet  dit  qu'il  a  été  tiré  6  exempl.  sur 
chine  du  La  Fontaine  Sautelet-Balzac. 
Jusqu'à  présent  onn'enconnaît  que  trois: 
celui  de  la  bibliothèque  Pixérécourt,  ce- 
lui de  la  bibliothèque  San  Donato  ;  et 
celui  relié  par  Thouvenin  pour  Balzac,  en 
demi  veau  fauve,  dos  à  nerfs, avec  les  ini- 
tiales H.  B. 


{A  suivre) 


J.  Brivois. 


(i)  Quérard,  en  citant  ces  trois  éditions, 
leur  donne,  à  tort,  la  date  de  1823  au  lieu 
de  1826  :  et  Brunet  aussi,  sauf  pour  l'édi- 
tion Sautelet-Balzac,  à  laquelle  il  indique 
la  date  exacte  1826. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


373 


Autel  à  chanter  (XLVIII  ;  XLIX,258, 
701,  876;  L,  264). —  Lesquestions,  dans 
l'Intermédiaire, prennent  facilement  de  l'ex- 
tension.Bien  que  celle  des  autels  à  chanter 
ait  été  traitée  à  fond,  voici  une  note  que 
je  relève  dans  le  P.  Anselme,  (Ed.  en  2 
vol.  t.  II,  p.  1197.  A.).  Elle  a  trait  cer- 
tainement au  même  objet. 

Raoul  VI,  seigneur  de  Gaucourt  et 
d'Argicourt,  «  avait  épousé  Jeanne  de 
Preuilly...  à  laquelle  le  pape  permit,  le 
18  des  kalendes  de  décembre  1439,  ^'^' 
voir  un  autel  portatif  pour  la  commodité 
de  sa  demeure  ».  E.  G. 


*  * 


M.  F.  Bl.  me  permettra  peut-être  de  lui 
faire  remarquer  que  s'il  trouve  l'expres- 
sion «  chanter  la  messe  »  dans  les  règles 
de  saint  Benoit,  c'est  que  saint  Benoit 
fit  sa  règle  au  vi^  siècle^  au  moment  où 
la  messe  privée  commençait  à  peine  à 
s'introduire  et  que  tnême  alors  cette 
messe  privée  n'était  pas  encore  une  messe 
hasse^  mais  bien  une  messe  chantée.  D'où 
il  me  semble  très  légitime,  même  en 
ce  cas,  de  prendre  le  mot  ^f.  chanter  » 
dans  son  sens  restreint,  le  seul  dans 
lequel,  au  point  de  vue  liturgique,  on 
l'ait  jamais  entendu. 

Même  de  nos  jours,  une  messe  privée 
n'est  pas  essentiellement  une  messe  basse, 
et  dans  les  liturgies  orientales,  toutes  les 
messes  sont  chantées,  les  messes  basses 
sont  inconnues. 

En  second  lieu,  l'expression  '<  autel  à 
chanter  »  n'est  pas  une  expression  cou- 
rante, employée  habituellement  pour  dé- 
signer tout  autel  quel  qu'il  soit  ;  force  est 
donc  de  lui  trouver  une  explication  par- 
ticulière, et  M.  F.  Bl.  ne  nous  la  donne 
pas  encore.  G.  la  Brèche. 

La  chanson   do  M.  de  La  Palisse 

(L,  i7i)'  — Après  la  bataille  de  Pavie 
(1525)  où  périt  l'illustre  maréchal  de  la 
Palice  et  non  de  la  Palisse  (Jacques  II  de 
Chabannes),  un  soldat  de  l'armée  de 
Charles-Quint  composa  sur  cette  bataille 
et  la  mort  du  maréchal  une  chanson  sati- 
rique dont  le  premier  couplet  est  ainsi 
conçu  : 

Hélas  !  La  Palice  est  mort, 
Il  est  mort  devant  Pavie. 
Hélas  !  s'il  n'estoit  point  mort, 
Il  feroit  encore  envie. 

Le  comte  Henry  de  Chabannes  a  naguère 


10  Septembre  1904. 

374    ■ 

publié,  en  9  gros  volumes  in-40,  une 
gigantesque  histoire  de  sa  maison.  Au 
volume  l'Histoire,  p.  386,  Preuves.p.  636, 
on  trouvera  le  texte  intégral  de  cette 
chanson  qui  ne  compte  pas  moins  de  20 
couplets.  Selon  le  comte  Henry  de  Cha- 
bannes, ce  vers  :  Il  feroit  encore  envie  est 
devenu,  par  suite  d'une  erreur  de  copiste, 
//  serait  encore  en  vie. 

La  chanson  dont  parle  M.  Henry  Viva- 
rez  est  bien  l'œuvre  de  Bernard  de  la 
Monnoye,  membre  de  l'Académie  fran- 
çaise (1641-1728).  Th.  COURTAUX. 

»  « 
Ménage  a  discouru  sur  cette  chanson. 

Dans  son  Ménagiana,  en  17 16,  il  fait 
remonter  la  paternité  à  M.  de  la  Monnoie 
qui  amis  un  '<.  homme  imaginaire  »  ap- 
pelé La  Galisse.  en  cinquante  quatrains. 
Donc, il  n'est  pas  douteux  que  La  Galisse 
est  le  nom  du  personnage  chansonné,  que 
ce  personnage,  qui  n'a  jamais  existé,  n'a 
aucun  rapport  avec  le  maréchal  qui  com- 
battit à  Pavie, et  que  les  couplets  ne  roulent 
que  sur  un  pacifique  rêve  burlesque  ; 
que  le  couplet 

Respecté  de  ses  soldats, 

11  mourut  digne    d'envie, 
semble  avoir  été  ajouté.    11   conviendrait 
de  voir, dans  le  recueil  original  de  La  Mon- 
noie, si  ce  couplet  s'y  trouve. 

Plus  tard,  une  confusion  s'est  faite. 
Comme  on  ne  comprenait  pas  ce  que  La 
Galisse  voulait  dire,  on  songea  à  M.  de  La 
Palice, le  héros  des  guerres  de  François  \^\ 
Dans  le  Théâtre  de  la  Foire  et  dans  les 
Œuvres  de  La  Monnoie  (1770).  La  Galisse 
est  devenu  La  Palisse.  L'air  alors  était 
langoureux.  C'était  celui  d'un  ancien 
noel.  L'air  chanté  aujourd'hui  est  du 
commencement  du  siècle,  d'après  Dumer- 
san. 

On  dut  trouver  que  le  nom  de  La  Pa- 
lisse, qui  était  celui  d'un  vaillant  soldat, 
était  plus  explicable  que  celui  de  La  Galisse, 
qui  ne  rappelait  aucun  souvenir.  Pour 
fortifier  cette  conviction,  n'existait-il  pas 
un  quatrain  connu,  également  déna- 
turé, on  ne  sait  où  ni  comment.  Il_  n'est 
pas  dans  la  chanson,  et  nous  aimerions  à 
connaître  sa  version  originale, 
trouver  ^ 

Hélas  !  La  Palice  est  mort, 

U  est  mort  devant  Pavie  ; 

Un  quart  d'heure  avant  sa  mort. 

Il  était  encore  en  vie. 


Mais  où  la 


N»  iot;i 


L'INTERMEDIAIRE 


375 


376 


Un  descendant  du  maréchal  de  La  Pa- 
lice,  le  comte  de  Chabannes,  a  cai  pou- 
voir établir  que  ce  quatrain  n'est  qu'une 
parodie.  L'auteur  avait  primitivement 
écrit  : 

Hélas  I  La  Palice  est  mort, 
Il  est  mort  devant  Pavie, 
Helas  1  s'il  n'était  pas  mort, 
11  ferait  encore  envie. 

C'est  par  erreur  ou  malice  qu'on  a  dit 
plus  tard,  et  ce  fut  l'origine  de  toutes  les 
méprises  et  railleries  : 

11  serait  encore  en  vie. 

Voilà  souvent  à  quoi  tiennent  les  légen- 
des. Y. 

J'appelle  un  chat  un  chat  (L,  175, 
310).  —  L' IntermédiaireÇX .  G.  781)  s'est  oc- 
cupé autrefois  du  fameux  Rolet,  procureur 
au  parlement,  mais  sans  contester  à  Boi- 
leau  la  formule  en  question.  Il  semble- 
rait que  c'est  le  premier  président  de  La- 
moignon  qui  avait  baptisé  Rolet  du  nom 
de  fripon.  Rolin  Poète. 

Consulat  conscientiaesu©  (L,i6i, 
314).  — Pour  le  Saint-Siège,  la  phrase 
signifie  évidemment  :  «  Qii'il  éclaire  sa 
conscience  ». 

Estimant  que  le  prélat  en  questiona  été 
mal  inspiré,  le  Vatican  l'invite,  non  à 
consulter  sa  conscience,  qui  est  mauvaise, 
mais  à  la  i:o«5(?///^;',c'est-à-direà  lui  trans- 
mettre le  conseil  du  pape. 

Le  traducteur  officiel  avait  compris 
tout  à  rebours. 

Sa  méprise  est-elle  si  ridicule  ?  Moins 
que  le  Temps  ne  paraît  le  croire.  Dans  la 
meilleure  latinité,  considère  alicui  signifie 
à  volonté  conseiller  ou  consulter.  Freund 
etTheil  citent  ce  passage  de  Salluste(Cati- 
lina.  51.  7)  :  Nen  magis  irce  vostrce  quam 
famce  consulatis  ;  et  ils  le  traduisent  ainsi  : 
«  Consulte:^  moins  votre  colère  que  l'in- 
térêt de  votre  réputation  >v 

Notre  latiniste  est  donc  excusable.  Il  a 
mal  deviné  l'intention  de  la  lettre  ponti- 
ficale, mais  grammaticalement  sa  version 
était  correcte. 

L'erreur  est  imputable  au  rédacteur 
romain  qui  s'est  servi  d'un  mot  amphibo- 
logique, et  la  seule  conclusion  à  tirer  de 
l'incident  est  que,  si  le  français  est  une 
bonne  langue  diplomatique,  le  latin  en 
est  une  dangereuse,  ***. 


Belem  (L,  223).  —  Le  mot  Belem  en 
portugais  et  Belen  en  espagnol,  signifie 
tout  ^implement  Bethléem.  II  existe,  aux 
portes  de  Lisbo.:ne,  sur  la  rive  droite  du 
Tage,  avant  d'arriver  à  son  embouchure, 
tout  un  quartier  dit  de  Belem  C'est  là  que 
se  trouve  l'ancien  palais  datant  du  règne 
dejoâo  IV.  On  y  voit  une  collection  de 
46  voitures  royales.  A  quelques  centaines 
de  mètres  plus  loin  se  trouve  le  couvent 
des  Hiéronymites  et  la  célèbre  église  de 
Belem  élevée  à  la  suite  d'un  vœu,  au  re- 
tour d'une  expédition  de  Vasco  de  Ga- 
ma. 

Les  bâtiments  du  couvent  on  été  trans- 
formés en  musée  industriel  et  commercial, 
mais  la  basilique,  un  des  plus  beaux  mo- 
numents du  Portugal  —  style  gothique 
fleuri  —  est  intacte.  Elle  renferme  les  cen- 
dres de  divers  rois,  de  Vasco  de  Gama,de 
Camoëns  et  d'Alexandre  Herculano. 

Près  du  fleuve  s'élève  la  Tour  de  Belem, 
massif  carré  d'environ  35  mètres  de  haut 
datant  du  règne  dejoâo  11.  Lors  du  fameux 
tremblement  de  terre  de  Lisbonne  (17=55) 
la  famille  royale  fut  protégée  parce  qu'elle 
se  trouvait  au  Palais  de  Belem  dont  les 
murs  furent  seulement  lézardés. 

Barcelone  possède  une  église  de  Bclen^ 
au  centre  de  la  ville,  sur  la  Rambla.  On  y 
conserve  l'épée  d'Ignace  de  Loyola. 

H.   Lyonnet. 

Herbière  (L,  226). —  je  partage  entiè- 
rement la  façon  de  voir  de  l'ophélète  ***. 
L' herbière  est  un  produit  tout  moderne  et 
parisien.  Je  ne  trouve  point  dans  mes  no- 
tes d'exemple  plus  ancien  que  celui-ci  : 

Le  vocabulaire  est  singulièrement  riche  de 
mots  servant  à  désigner  la  prostituée  :  Fille  à 
soldats,  rouleusé,  herbière,  désignent  les  filles 
de  la  plus  basse  prostitution. 

Jeannel  :  De  la  Prostitution,  1874. 

Gustave  Fustier, 

Bramant  (L,  174).  —  Maintes  fois 
j'ai  entendu  cette  expression  dans  la  bou- 
che des  campagnards  bourguignons,  dans 
le  sens  de  «  tranquillement,  sans  crainte 
aucune  >v  J'ai  toujours  supposé  que  c'é- 
tait une  abréviationdu  mot  «bravement», 
c'est  pourquoi  je  n'hésite  pas  à  dire  que 
si  j'avais  eu  à  écrire  ce  mot  je  l'aurais 
orthographié  «  brament  ».  Ysem. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Septembre  1904 


577 


378 


*  * 


Dans  le  Cher  où  le  mot  bramment  est 
fort  usité  (prononcer  branm'ment),  il  si- 
gnifie très  bien,  bravement.  Par  exemple, 
demandez  à  un  Berrichon  de  ce  départe- 
ment s  il  a  fait  une  chose  qu'on  lui  a  com- 
mandée, il  vous  répondra  :  «je  l'ai  bram- 
ment faite» 

«  Elle  est  bramment  habillée  »veut  dire 
bien, très  bien. 

«  Je  lui  ai  bramment  dit  ce  que  je  pen- 
sais ».  je  lui  ai  dit  bravement,  correcte- 
ment, loyalement. 

Jaubert,  dans  son  Glossaire  du  centre  de 
la  France^  donne  la  même  signification  : 
«  Bien  bravement  ».  E.  L. 

Jeu  d'échecs  (T. G. 304). —  Quelques 
traités  et  recueils  de  problèmes  attribuent 
l'invention  des  Echecs  à  Palamède  pendant 
le  siège  de  Troie.  Nous  ne  croyons  pas, 
pour  notre  part,  que  ce  jeu  si  compliqué 
ait  été  trouvé  d'un  seul  jet  ;  nous  inclinons 
à  penser,  au  contraire,  que  les  pièces  qui 
le  composent  ayant  une  marche  particu- 
lière ont  été  successivement  ajoutées  les 
unes  aux  autres  par  périodes,  dans  le  but 
évident  d'accroître  les  difficultés  et  princi- 
palement les  combinaisons  dont  le  nom- 
bre, depuis  qu'il  est  au  complet,  est  incal- 
culable. 

On  a  dû  commencer  à  le  jouer  seule- 
ment avec  des  pions,  pièces  primitives 
qui  ont  nécessairement  amorcé  les  suivan- 
tes. A  l'origine,  il  suffisait  que  l'un  des 
Pions  arrivât  à  l'extrémité  de  l'échiquier 
pour  gagner  la  partie.  C'est  alors  que 
pour  leur  défense  on  imagina  un  deuxième 
genre  de  pièces.  Fou  noir  et  Fou  blanc, 
qui  ne  peuvent  parcourir  que  les  diago- 
nales de  leur  couleur.  A  partir  de  ce  jour, 
les  combinaisons  devinrent  plus  intéres- 
santes et  ne  laissèrent  pas  de  mettre  l'ima- 
gination en  éveil.  Enfin,  pour  compliquer 
la  partie,  la  Tour,  la  Reine,  le  Roi  et  le 
Cavalier  firent  leur  appiarition.  Le  Roi  qui 
ne    figure    que    comme    un    personnage 

Que  sa  grandeur  attache  au  rivage. 

puisqu'il  ne  peut  faire  qu'un  pas  à  la  fois, 
même  en  cas  d'échec,  a  fait  changer  le 
but,  et  c'est  vers  lui  mamtenant  que  con- 
vergent toutes  les  attaques. 

La  seule  preuve  que  nous  puissions 
apporter  à  l'appui  de  nos  observations  est 
celui-ci  :  la  Dame,  pièce  de  première  puis- 


sance, n'arrive  qu'en  quatrième  ordre, 
attendu  qu'elle  possède  la  faculté  de  se 
mouvoir  et  d'attaquer  comme  toutes  les 
pièces  précédentes  réunies.  Quant  au  Ca- 
valier, son  irruption  dans  la  lice  avec  sa 
voltige  par  quart  de  cercle  en  fait  la  pièce 
la  plus  dangereuse,  inventée  pour  aug- 
menter agréablement  le  brouillamini  de 
cet  extraordinaire  casse-tête  oriental. 

Nous  supposons  que  la  table  de  l'échi- 
quier était  d'une  nuance  uniforme  et  divi- 
sée en  25  cases,  dont  le  nombre  a  aug- 
menté en  même  temps  que  les  pièces  de- 
venaient plus  nombreuses.  Mais  à  cette 
époque  reculée,  les  arts  progressaient 
indubitablement  et  les  artistes  eurent  l'ins- 
piration de  varier  en  les  alternant  les  cou- 
leurs des  carrés  pour  en  faire  un  objet  de 
récréation  plus  attrayant  à  la  vue, il  en  ré- 
sulta que  le  damier  était  trouvé  avec  ses 
diagonales  distinctes  ;  c'est  alors  que  les 
Fous  établis  en  second  lieu  prirent  posses- 
sion de  leur  ligne  spéciale. 

Dès  les  premiers  siècles  de  leur  appari- 
tion, les  échecs,  passe-temps  favori  des 
seigneurs  et  des  princesses,  prirent  une 
extension  considérable  dans  toute  l'Asie. 
Puis,  cette  marche  des  pièces  les  unes 
contre  les  autres  eut,  aux  yeux  de  beau- 
coup de  personnes,  une  certaine  analogie 
avec  deux  corps  d'armée  qui  s'apprêtent  à 
se  livrer  bataille  et  on  les  désigna  :  Roi, 
Reine,  etc.  C'était  une  grave  erreur,  on 
peut  citer  des  tacticiens  fameux  aux  échecs 
qui  seraient  incapables  de  commander 
quatre  hommes  et  un  caporal,  tandis 
qu'Alexandre  et  Napoléon  suffisamment 
connus  comme  stratégistes,  n'étaient  aux 
échecs,  paraît-il,  que  d'assez  médiocres 
joueurs. 

Il  est  facile  de  s'apercevoir  que  dans  ce 
jeu  de  construction  géométrique,  les  piè- 
ces, dans  leurs  évolutions,  ne  tracent  que 
des  lignes  brisées,  horizontales,  vertica- 
les et  diagonales.  Il  était  nécessaire,  pour 
compléter  la  série,  d'y  ajouter  la  circon- 
férence au  moyen  d'une  pièce  qui  étendit 
sa  sphère  d'action  sur  la  ligne  du  cercle 
dont  elle  occuperait  le  centre,  et  ce  n'était 
pas  une  petite  difficulté  à  vaincre.  Mais  il 
ne  faudrait  guère  apprécier  à  quel  degré 
l'esprit  de  recherche  est  développé  chez  un 
observateur  attentif,  le  jour  où  il  s'est 
aperçu  qu'une  lacune  devait  exister  en 
certaines  choses,  pour  le  croire  suscepti- 
ble  de  porter  ailleurs  ses  investigations 


N*   1051 


L'INTERMEDIAIRE 


379 


380 


avant  d'avoir  trouvé  le  mot  de  l'énigme. 
Et  il  s'agit, en  la  matière  qui  nous  occupe, 
de  calculateurs  subtils  et  pénétrants,  des 
Arabes,  inventeurs  des  chiffres,  de  ces 
Orientaux,  extracteurs  de  quintessence... 
On  chercha  et  on  trouva.  Le  Cavalier  pos- 
sède en  effet  cette  qualité  supérieure  dont 
nous  venons  de  parler.  11  attaque  par 
rayonnement  et  par  quart  de  cercle  les 
pièces  à  sa  portée,  donc  circonférence  ! 

Sous  le  second  Empire,  Mariette-Bey 
ayant  été  chargé  par  le  gouvernement 
français  d'opérer  des  fouilles  dans  la 
Haute-Egypte,  mit  à  jour  un  échiquier  en 
marbre.  L'Egyptologue  prétendit  que  cette 
table  rarissime  avec  ses  64  cases,  remon- 
tait à  plus  de  deux  mille  ans. 

Nous  ne  voyons  pas  bien  Palamède, 
trouvant  tout  de  suite,  au  débotté  ce  ter- 
rible jeu  des  échecs,  afm  de  charmer  les 
loisirs  d'un  long  siège.  Il  devait  exister 
déjà  lorsqu'il  le  fit  connaître  aux  chefs  de 
son  entourage.  Mais  il  ne  nous  déplait 
point  de  distinguer,  à  travers  les  brouil- 
lards de  ce  lointain  passé,  Achille  sous  sa 
tente  faisant  une  partie  d'Echecs  avec  son 
ami  Patrocle  ! 

C'est  une  opinion  personnelle  que  nous 
émettons,  mais  nous  serions  heureux  que 
l'on  nousfit  la  démonstration  contraire. 

Paul  Hédouin. 

Détail  des  anciens  prix  des  den- 
rées et  marchandises  (T.  G  ,  270  ; 
XLI  ;  XLII  ;  XLIV  ;  XLVl  ;  XLVII  ; 
XLVllI  ;  XLIX.  154,  265,  476,  546).  — 
Voir  :  i .  Bulletins  de  la  Société  duuoise, 
t.  I.  (1864-69).  Châteaudun,  8°,  page  16, 
Prix  moyen  des  grains, vendus  sur  le  mar- 
ché de  Châteaudun,  depuis  l'année  1583 
jusqu'en  1867. 

2.    Mémoires   de  l'Académie    royale  du 
43,    44.  Nîmes    1844,   page 
Notice  sur  la  cherté  des 
1812. 

S...  E. 


Sans 


Gard,  1842,  ^;,, 
174.  V.  Vincens. 
grains  de  181 1  à 


qu  on 
de   la 


Vénus  à  barbe  (L,  62).  - 
pouvoir  l'affirmer,  je  ne  crois  pas 
possède  une  seule  image  antique 
Vénus  barbue, 

En  revanche,  on  en  a  qui  datent  du 
moyen  âge.  Elles  sont  figurées  sur  une 
coupe  de  marbre  (Musée  de  Vienne),  sur 
un  coffret  (Duc  de  Blacas),  etc. 


Ce  culte  est  un  de  ceux  qui  ont  sur- 
vécu le  plus  longtemps  à  la  ruine  du  pa- 
ganisme, parce  qu'il  se  confondit  de 
bonne  heure  avec  celui  de  Satan. 

A  l'époque  où  le  péché  de  la  chair  fut 
considéré  peu  à  peu  comme  le  premier 
des  péchés  mortels,  on  en  vint  tout  natu- 
rellement à  représenter  le  Diable  sous  la 
forme  des  deux  divinités  païennes  qui 
symbolisaient  l'appétit  charnel  :  Vénus  et 
Pan.  La  seconde  a  prévalu  de  nos  jours, 
mais  la  première  se  maintint  concurrem- 
ment jusqu'au  seizième  siècle. 

Les  bibliophiles  qui  ont  acquis  la  pre- 
mière édition  des  Histoires  Prodigieuses  de 
Boaistuau,  (in-4",  1560)  trouveront  à  la 
page  I  une  remarquable  figure  sur  bois 
qu'on  ne  paraît  pas  avoir  signalée  à  cet 
égard,  et  qui  ne  saurait  mieux  illustrer  le 
sujet.  Satan  est  représenté  comme  une 
femmebarbue,  assise  sur  un  trône.  'Z  Elle  » 
est  nue,  les  mamelles  pleines  et  pendantes, 
les  cuisses  largement  écartées  pour  lais- 
ser voir  un  sexe  féminin  en  forme  de 
gueule. C'est  incontestablement  l'ancienne 
déesse  d'Amathonte  ;  mais  jusqu'à  quel 
point  s'est-elle  altérée  depuis  l'origine  ? 
nous  ne  le  savons  pas. 

Candide. 


Le  chien  de  Jean  de  Nivelle.   — 

(XLVll  ;  XLVIII).  —  Notre  érudit  collabo- 
rateur, M.  O.  Colson,  pense  que  ce  pro- 
verbe n'a  qu'une  popularité  toute  livres- 
que et  qu'il  est  relativement  moderne 
(1656). 

Sur  le  premier  point,  je  puis  affirmer, 
pour  l'avoir  entendu  bien  souvent  répéter, 
qu'il  n'en  est  pas  de  plus  répandu  dans  le 
milieu  même  le  moins  lettré.  11  suffit  d'en 
prononcer  la  première  partie  devant  n'im- 
porte quel  paysan  pour  qu'aussitôt  celui- 
ci  le  termine. 

Mais  je  crois  aussi  que  le  même  po- 
pulaire a  fait  erreur  en  attribuant  à  Jean 
de  Nivelle  un  chien  qui  toujours  fuit 
quand  on  l'appelle.  C'est  Jean  de  Ni- 
velle lui-même  qui  prenait  la  poudre  d'es- 
campette, ainsi  qu'en  font  foi  les  mémoi- 
res du  temps. 

J'ai  lu,  en  effet,  dans  une  chronique 
contemporaine  (est-ce  celle  de  Châtelain, 
est-ce  celle  d'un  Bourgeois  de  Paris,  ou 
toute  autre?  ma  mémoire  est  sur  ce  point 
imprécise)   le   récit  des  démêlés  du  di 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


381 


Jean  avec  ses  proches  et  avec  la  justice 
royale  et  celui  de  sa  fuite  en  Flandre.  Il 
est  facile  de  contrôler  cet  incident  histo- 
rique. 

Comme  conséquence  de  la  popularité 
sans  épithète  de  ce  dicton, il  découle  qu'il 
doit  remonter  à  une  époque  assez  voisine 
du  fait  qu'il  rappelle.  Voilà  pour  le  second 
point. 

Au  surplus,  qu'on  me  permette  de 
citer  ici  quelques  lignes  d'une  publication 
aujourd'hui  disparue  le  Magasin  utile  (n° 
51),  qui,  précisément,  recherchait  l'ori- 
gine de  cette  locution. 

Nivelle  ou  Nivelles  est  une  petite  ville  de 
Belgique  située  à  35  kilom.  de  Bruxelles,  qui 
doit  son  origine  à  un  monastère  des  Bénédic- 
tines fondé  en  665  par  sainte  Gertrude  et 
dont  les  Abbesses  portaient  le  nom  de  dames 
de  Nivelle.  En  1422,  Jeanne,  héritière  des  S'^ 
de  Nivelle,  la  fit  passer,  par  son  mariage  dans 
la  famille  de  Montmorency. 

Un  des  seigneurs  de  cette  famille  avait    un 
fils  d'un  caractère  emporté  et    qu'on    appelait 
Jean  de   Montmorency    ou    Jean    de  Nivelle. 
Celui-ci  s'oublia  un  jour,  dans  un    des   accès 
de  violence   auxquels    il    était    sujet,  jusqu'à 
sever  la  main  sur  Son  père.    Les    lois    punis- 
aient  sévèrement    cette  faute,  l'une    des   plus 
outrageantes  pour  la  nature   et    Dieu,  dont  la 
répression  soit  commise  aux  hommes.  Jean  de 
Nivelle  fut  cité  à  comparaître  devant  le  Parle- 
ment et  sommé  à  son  de  trompe  par  tous  les 
carrefours  de  Paris  suivant  l'usage  de  cette  épo- 
que,  mais  vainement  ;  i]  avait  pris  soin  de  se 
soustraire    au   châtiment   qu'il    encourait,    et 
tant  plus  on  l'appelait,  comme  dit  un  auteur 
du   temps,  tant  plus  il  se  hâtait  de  courir  et 
de  fuir  du  côté  de  Flandre. 

Cette  fuite  et  la  réprobation  que  le  coupa- 
ble inspirait  firent  alors  dire  parmi  le  peu- 
ple :  «  Chien  de  Jean  de  Nivelle  !  Il  s'enfuit 
quand  on  l'appelle.  »  De  là  est  venu  le  pro- 
verbe qui  a  cours  aujourd'hui  et  dont  le  sens 
altéré  est  loin,  comme  on  le  voit,  de  rappeler 
l'origine. 

Une  particularité  à  ajouter  à  cettj  note,  c'est 
que  la  maison  de  Montmorency  porte  un 
chien  pour  cimier  de  ses  armes,  probablement 
par  suite  de  ce  que  Bouchard  IV  de  Montmo- 
rency fut,  en  1 102,  le  fondateur  de  l'ordre  mi- 
litaire du  Chien,  dont  lei  insignes  consis- 
taient en  un  collier  fait  en  façon  de  tête  de 
cerf  avec  une  médaille  où  se  trouvait 
u,i  chien. 


lo  Septembre  1904, 

382 ■ 


grave 


Je  ne  prétends  pas  me  porter  garant  de 
tous  les  détails  énoncés  par  cette  citation. 
Elle  renferme  cependant  des  indications 
qui  peuvent  éclairer  le  débat,  si  l'on  veut 
bien  remonter  aux  sources.  L.  A. 


9ot<;s,   SrautiatUes  ^t   (f^i^^ositis 


Les  bibliothécaires  masqués.  — 
j  On  a  ouvert  récemment  un  concours  con- 
tre  les   ennemis  des   bibliothèques  :   les 
mites.  Au  xviii«  siècle,  on  cherchait  à  se 
défendre   contre   l'ennemie  des  bibliothé- 
caires ou  des  lecteurs  :  la  poussière.  Le 
moyen  proposé  par  un  membre  de  l'aca- 
démie des  sciences  est  assez   curieux   :  il 
s'agit   d'un   masque   sur  lequel  l'Acadé- 
micien  Macquer,  directeur  de    la    manu- 
facture de  Sèvres,  qui  en  est  l'inventeur, 
donne  dans  la  lettre  suivante,  de  bizarres 
détails.    On  a  dû   penser  que   le   remède 
était  pire  que  le  mal  et  au  risque  d'avaler 
un   peu    de  poussière,    on   a   préféré   se 


passer  des 
torture. 


secours  de  cet  instrument   de 


La  lettre  est  adressée  à 

Monsieur  l'ahbé  de  Hounages, docteur  et 
bibliothécaire  de  la  maison  et  société  de  Sor- 
bonne.,  des  académies  de  Rouen.,  de  Caen,  de 
Lyon.,  etc.  En  Sor bonne  : 

12  Janvier  1781 

Il  est  bien  vrai,  Monsieur,  que  la  poussière 
des  bibliothèques,  et  en  général  toute  espèce 
de  poussière,  peut  occasionner  des  maladies 
très  funestes,  parce  que  c'est  de  l'air  et  non 
de  la  terre  que  nous  devons  respirer.  Il  est 
par  conséquent  très  essentiel  de  trouver  des 
moyens  de  se  garantir  de  ces  matières  étran- 
gères à  l'air  et  malfaisantes  quand  on  est  obligé 
de  s'y  exposer,  et  l'on  ne  peut  qu'applaudir 
au  zèle  que  vous  a  dicté  ce  que  vous  avez  fait 
insérer  sur  cet  objet  dans  la  feuille  du  11  jan- 
vier du  Journal  de  Paris. 

C'est  pour  entrer  dans  de  si  bonnes  vues 
que  je  vais  vous  faire  part,  Monsieur,  du 
moyen  qui  me  paraît  le  plus  facile  et  le  plus 
sûr  pour  se  préserver  de  toute  poussière  visi- 
ble, comme  l'est  celle  des  bibliothèques  et  en 
général,  de  tout  ce  qu'on  appelle  poudre  ou 
poussière.  Vous  remarquerez,  s'il  vous  plaît, 
que  ce  sont  les  seules  choses  nuisibles  dont  je 
parle  ici,  et  que  je  conviens  que  le  moyen 
que  je  vais  avoir  l'honneur  de  vous  proposer, 
ne  pouvait  garantir  du  mauvais  air,  des  éma- 
nations putrides,  contagieuses,  pestilentielles 
et  aultres  de  ce  genre  qui  ne  troublent  point 
la  transparence  de  l'air;  mais  je  crois  le  moyen 
que  j'ai  dans  l'idée,  très  efficace  contre  toute 
poussière  proprement  ditte  et  visible. 


N"   1031, 


L'INTERMÉDIAIRE 


383 


-     384 


Rien  n'est  plus  simple  :  il  ne  s'agit  que  de 
faire  faire  un  demi-masque  qui  couvre  exacte- 
ment le  nez  et  la  bouche.  Ce  masque  doit 
être  garni  à  la  partie  intérieure  d'un  tamis  de 
soie  ou  même  de  crin  un  peu  serre. 

Qiiar.d  on  voudra  se  servir  de  ce  masque, 
on  aura  soin  d'entretenir  la  toile  du  tamis 
toujours  mouillée.  L'eau  dont  il  sera  humecté 
n'empêchera  pas  l'air  de  passer  par  les  inters- 
tices des  fils  ;  mais  si  cet  air  est  chargé  de 
poussière,  les  particules  même  les^  plus  fines 
de  cette  poussière  se  trouveront  arrêtées  tant  par 
les  fils  mouillés  de  la  toile  du  tamis,  que  par 
la  vapeur  aqueuse  dont  leurs  interstices  se- 
ront toujours  pleins,  en  sorte  que  ce  tamis  de- 
viendra un  filtre,  par  lequel  l'air  sera  séparé 
de  la  poussière  et  parviendra  dans  le  poumon 
avec  son  degré  de  pureté  ordinaire. 

Vous  devinés  bien  aisément  sans  doute, 
Monsieur, qu'au  bout  d'un  certain  temps, la  toile 
du  tamis  se  trouvera  tellement  garnie  de  la  pous- 
sière mouillée  qu'elle  ne  pourra  plus  donner 
un  passage  assez  facile  à  l'air  pour  la  liberté  de  la 
respiration  :  mais  vous  trouverez  tout  aussi 
facilement  le  remède  à  cet  inconvénient.  C'est 
d  avoir  plusieurs  toiles  toutes  montées  sur  des 
châssis  qui  puissent  se  bien  adapter  au  mas- 
que. Cela  donnera  la  facilité  de  changer  de 
toile,  toutes  les  fois  qu'il  en  sera  besoin,  rien 
n'étant  si  facile,  ni  sitôt  fait  que  de  laver  la 
toile  engorgée  pendant  qu'on  se  servira  de 
celle  qui  lui  aura  été  substituée  :  il  n'en  fau- 
drait que  deux  pour  chaque  travailleur. 

Si  vous  essayez.  Monsieur,  de  l'expédient 
que  j'ai  l'honneur  de  vous  proposer  et  que 
vous  soyez  content  de  l'effet,  vous  serez  bien 
le  maître  de  le  publier  ou  d'en  faire  tel  usage 
que  vous  voudrez. 

J'ai  l'honneur  d'être,  avec  infiniment  de 
respect  et  de  considération, 

Monsieur, 
Votre  très  humble  et  très  obéissant 
serviteur. 

Ce  12  janvier  1781 . 

MACQ.UER, 

de  l'Académie  des  Sciences. 

Cette  lettre,  très  certainement  inédite, 
que  M.  Charavay  nous  communique,  n  a 
pas  eu  le  résultat  que  son  auteur  en 
attendait.  L'ingénieux  académicien  en  a 
été  pour  son  invention.  Les  savants  pen- 
chés sur  des  bouquins  ont  préféré  avaler 
quelques  microbes  que  de  s'imposer  béné- 
volement une  torture  qui  aurait  fait  d'eux 
autant  d'hommes  au  masque  de  fer. 

Y. 


M.  "Waldeck-Rousseau  et  sa  lettre 
sur  la  pêche  à  la  ligne.  —  L'éminent 
homme  d'Etat  consulté,  un  jour,  sur  ses 
travaux, par  un  rej^orter,  répondit  qu'il 
s'occupait  et  se  préoccupait  surtout  de 
cette  grosse  affaire  :  la  pêche  à  la  li- 
gne. Quelque  collaborateur  de  Vlnter- 
médiairc,  collectionneur  d^  curiosités, 
pourrait-il  réimprimer  ici  cette  lettre 
que  je  cherche,  que  je  voudrais  relire 
et  que  je   n'ai  pas  ?  Ego. 

*  * 
«  La  Société   des    pêcheurs   à    la  ligne  de 

Roanne  ayant  offert  la  présidence  d'honneur  à 
.MM.  Waldeck-Rousseau  et  Audiffred,  séna- 
teurs de  la  Loire,  et  Abeille,  sous-préfet  de 
l'arrondissement,  reçut  trois  lettres  d'accep- 
tation. Celle  de  M,  Waldeck-Rousseau  était 
ainsi  conçue  : 

«  Je  suis  très  sensible  à  l'aimable  pensée  du 
bureau  de  votre  société  et  j'accepte  avec  grand 
plaisir  les  fonctions  qu'il  veut  bien  m'attri- 
buer. 

«  La  présidence  d'une  société  de  pêcheurs 
à  la  ligne  est  peut-être  celle  à  laquelle  je  me 
sens  le  mieux  préparé  par  des  études  conscien- 
cieuses et  une  pratique  pour  laquelle  je  ne 
trouve  jamais  assez  de  loisirs. 

«  Recevez,   monsieur,  etc. 

«  Waldeck-Rousseau.  » 

Nécrologie 

Nous  avons  le  très  vif  regret  d'appren- 
dre la  mort  subite, au  cours  d'une  excursion 
en  Suisse,  de  notre  distingué  collabora- 
teur M.  Léon  Brunswicg.  II  n'avait  pas 
encore  cinquante  ans.  Nantais  d'origine, 
reste  fidèle  aux  souvenirs  etaux  traditions 
de  sa  ville  natale,iladonné  à  Nantesle  meil- 
leur de  son  esprit  et  de  son  activité. 11  a  été 
le  collaborateur  du  Phare  de  la  Loire  où 
ses  articles  d'érudition  étaient  très  goû- 
tés. Il  possédait  une  collection  remarqua- 
ble de  documents  qui  donnaient  une  assise 
à  tous  ses  travaux. On  lui  doit  une  Histoire 
de  Camhronlle3i\^(\u&\\t  nous  faisions  encore 
de  larges  emprunts  tout  récemment. 

C'est  un  deuil  imprévu  que  les  amis 
des  lettres  ressentiront  vivement. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  .MONTORGUEIL 


Imp,  Daniel-Chambok  St-Amand- 
Monl-Rond. 


L'  Volume 


Paraissant  les  lO,  20  et  ^o    de   chaque  mots      20  Septembre  1904 


40*  Annéb 

»l»",r.  Victor  Massé 
PAKIS  (I.V) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


Cherchez  et 
vous  trouverez 


Il  se  faut 
entr'aidtr 


N»  1052 

31^^  r.VictorMassé 
PARIS  (IX'J 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


€3nUxméHaire 


DES    CHEKCHtURS    ET   CURIEUX 

Fondé   en   1864 


QUKSTIONS    KT   KÉl-ONSKS    LITTÉRAIRES.     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    KT     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 
385    386  

La  Pudeur  et  la  Mort.  —  On  se 

souvient  encore  du  scandale  qui  accueillit 
l'Abbesse  de  Joiiarie,  \\  y  a.  une  vingtaine 
d'années.  L'hostilité  de  la  critique  visait 
moins  le  drame  lui-même  qu'un  paragra- 
phe de  la  préface,  celui  qui  commence 
par  cette  phrase  : 


Olllueôtiane 


Les  chats  de  Kilkenny.   —  Le  3 

janvier  1865,  Mérimée  écrivait  àPanizzi: 
<<    EUis  m'a  apporté  des  journaux  amé- 
ricains très  curieux  qui  contiennent   une 
relation  de  la  bataille   de   Frédéricsburg. 
C'est  une  horrible  boucherie  sans  le  moin- 
dre résultat.  11  y  a  de  part  et  d'autre    de 
très  bons  soldats,  mais  pas  de  généraux. 
Cela     continuera     probablement    encore 
cette  année  et  le  destin  des  chats  de    Kil- 
kenny est   le  seul  augure  que  l'on    puisse 
tirer  pour  l'avenir  du  pays  7y.    Le  25  juin 
1866,  quelques  jours  avant  la  bataille   de 
Sadowa.il  se  sert  encore  de  la  même  com- 
paraison :  «  Je  ne    suis   ni    Prussien,    ni 
Autrichien,  et  je  crois  que  les  Allemands 
n'ont  pas  une  âme  immortelle  ;  je  les  ver- 
rais avec  assez  de  philosophie  s'entreman- 
ger  comme  les  chats  de  Kilkenny...  » 

A  quelle  anecdote  ou  à  quelle    légende 
Mérimée  fait-il  allusion?  M.  Tx. 


Mémoires  de  Potot  de  Montbel- 
liard.  —  La  Bihliotheca  Americami  de 
Leclerc,  (Paris,  Maisonaeuve,  1878)  indi- 
que,sous  le  n°  770, des  «  Mémoires  inédits 
de  Potot  de  Montbelliard,  commandant 
l'artillerie  lors  de  la  défense  de  Québec  en 

1759  ».  Pourrait-on  savoir  où  se  trouvent 
ces   Mémoires,   dont  il  doit  exister    deux 

ou  trois  exemplaires  manuscrits  '^ 

G.  Servandy. 


Ce  qui  doit  revêtir  à  leur  mort  un  caractère 
de  sincérité  absolue,  c'est  l'amour.  Je 
m'imagine  souvent  que  si  l'humanité  acqué- 
rait la  certitude  que  le  monde  dût  finir  dans 
deux  ou  trois  jours,  l'amour  éclaterait  de 
toutes  parts  avec  une  sorte  de  frénésie. 
{Drames  philosophiques,  1888,  p.  411-412). 

En  ce  qui  concerne  l'époque  révolution- 
naire, il  paraît  démontré  que  la  théorie  de 
Renan  trouve  là  sa  confirmation  histori- 
que. Aussitôt  après  le  9  thermidor,  le 
prisonnier  libéré  Ph.  E.  Coittant  publia  ce 
qu'il  avait  vu  pendant  une  année  de  déten- 
tion dans  différentes  prisons.  11  rapporte 
qu'à  la  Conciergerie,  aux  heures  de  parloir, 
les  rapprochements  se  faisaient  en  présen- 
ce de  tous,  «  à  la  faveur  des  vêtements 
larges  »  qui  avaient  remplacé  les  modes 
de  l'ancien  régime. 

Il  semblait  qu'on  fût  convenu  de  se  dé- 
pouiller de  cette  pudeur  grimacière,  très 
bonne  quand  on  peut  attendre  des  momens 
plus  favorables  ou  chercher  des  lieux  plus 
commodes, 
p.  20). 


{Almanach  des  Prisons,    1794, 


A-t-on    constaté  le  même   phénomène 
psychologique  à  d'autres  époques,   dans 


des  circonstances  analogues  ? 


S. 
L.   8 


N"  1052. 


L'INTERMEDIAIRE 


387 


588 


Le  talisman  de  Charlemagne.  — 

Dans  les  Papiers  des  Tuileries^  on  a  trouvé 
les  comptes  de  Bure,  antérieurs  à  l'avè 
nement  au  trône  de  Napoléon  III,  à  la  date 
de  l'évasion  de  Ham,  et  dans  le  chapitre 
des  dépenses  afférentes  aux  préparatifs 
pittoresques  de  cette  évasion,  achat  de 
blouse,  de  tablier,  de  pantalon  d'ouvrier, 
etc.,  figure  cette  mention  : 

facture  d'un  cliché 


Charlemagne.  » 


«  Payé  à  M.  Paulin 
du  talisman  de 

Ce  cliché  avait  dû  être  demandé  par  le 
prisonnier.  C'était  une  superstition  ;  il  se 
rendait  le  destin  favorable.  Mais  qu'est-ce 
que  pouvait  bien  être  «  le  talisman  de 
Charlemagne  »  .?  Y. 

Le  conventionnel  Joseph  Ché- 
nier,  accusé  de  fratricide.  —  D'au- 
cuns ont  prétendu  que  le  conventionnel 
Marie-Joseph  Chénier  avait  provoqué 
l'arrestation  de  son  frère  André  et  même 
son  exécution.  Y  a-t-il  quelque  chose  de 
vrai  dans  cette  terrible  accusation  ^ 

P.  Ipsonn. 

Le  maréchal  Lannes.  —  Le  suisse 
de  la  bâtisse,  la  sentinelle  de  la  voirie... 
tous  nous  nous  y  sommes  heurtés  :  c'est 
lui  qui,  d'un  geste  large  et  énergique, 
barre  la  route  aux  passants  en  face  des 
immeubles  livrés  aux  couvreurs.  Ses  fa- 
çons autoritaires  sont  connues  et  aussi 
son  épée  de  bois.  Pierre  Véron  voulait 
même  voir  dans  ce  pauvre  diable,  impro- 
visé gardien  de  quelque  chose,  pitoyable 
hier,  implacable  ce  matin,  le  parangon  de 
la  sottise  humaine,  la  personnification  de 
l'homme  autoritaire  par  instinct.  Mais 
passons  : 

On  ne  s'attendait   guère 
A  voir  le  maréchal  en  cette  affaire  ! 


C'est  une  question  de  philologie  histori- 
que :  j'ose  demander  la  réponse  à  un  pa- 
risien de  Paris  :  comment  le  héros  d'Essling 
est-il  devenu  agent  voyer  ^ 

Jacques  Saintix. 


Un  curé  de  Saint-Paul.  —  «  Tite, 

\_Perseval,  vicr.ire  de  Saint-Paul]  par  vingt 
années  de  service  dans  une  seconde  place, 
n'est  pas  encore  digne  de  la  première,  qui 
est  vacante  :  ni  ses  talents,  ni  sa  doctrine, 
ni  une  vie  exemplaire,  ni  les  vœux  de  ses 
paroissiens,  ne  sauraient  l'y  faire  asseoir. 
Il  naît  de   dessous    terre    un   autre  clerc 


pour  la  remplir.  [Le  Seui\  qui  n'était  pas 
prêtre  quand  il  fut  fait  curé  de  Saint-Paul]. 
Tite  est  reculé  ou  congédié,  il  ne  s'en 
plaint  pas,  c'est  l'usage.  »^  {Caracières  de 
Labruyère.  Lefèvre,  18 18,  8°,  tome  II, 
page  1 12). 

Il  y  eut  à  la  fin  du  xvii*  et  au  début  du 
xviu'  siècle,  un  curé  de  Saint-Paul  nom- 
mé Gilles  Le  Sourd,  et  non  Le  Seur.  Ses 
armes  sont  enregistrées  dans  \ Armoriai 
de  1696,  où  il  est  qualifié  de  curé  de 
Saint-Paul,  docteur  en  théolotrie  et  rec- 
teur  de  l'Université  de  Paris.  La  Bibliothè- 
que nationale  possède  de  lui  un  discours 
imprimé  à  Paris.  Un  Jacques  Le  Sourd, 
avocat,  probablement  parent  de  Gilles  Le 
Sourd,  figure  dans  le  même  Armoriai 
avec  des  armes  analogues. 

Pourrait-on  me  donner  quelques  ren- 
seignements sur  ces  deux  personnages,  et 
notamment  leur  lieu  et  date  de  naissance 
et  le  nom  de  leurs  parents  ^.  L.  P. 

L'état  civil,  les  actes  notariés  et 
le  Conseil  général  de  la  Seine-In- 
férieure. —  Dans  la  séance  de  ce  con- 
seil, du  vendredi  26  août  1904,  un  des 
membres,  M.  le  D""  Daputel,  de  Rouen, 
dit,  dans  un  rapport,  qu'il  se  propose  de 
demander  que  dans  les  actes  notariés  et 
de  l'état  civil  on  remplace,  pour  les  gens 
qui  ne  savent  pas  signer, l'apposition  d'une 
croix  par  l'empreinte  du  pouce, usitée  dans 
le  service  anthropométrique. 

Est-ce  qu'un  collaborateur  de  Vlnter- 
mèdiaire^  plus  au  courant  que  le  D''  Dupu- 
tel  de  l'application  de  la  loi  touchant  ces 
actes  authentiques,  pourrait  nous  citer 
pour  la  Seine-Inférieure,  depuis  cinquante 
ans,  un  seul  acte  notarié  ou  de  l'état  civil 
portant  une  croix  tenant  lieu  d'une  signa- 
ture ?  La  Vicomte. 

Elèves  de  Raphaël.  —  On  sait  que 
François  I*'  appela  d'Italie  de  célèbres 
artistes  qui  devaient  initier  lesFrançais  au 
grand  art  de  la  peinture. 

Certains  de  ces  artistes,  disciples  de 
Raphaël,  ont-ils  laissé  en  France  grande 
trace  de  leur  passage  ?  Ont-ils  copié,  par 
exemple,  ces  belles  Loges  du  Vatican  imi- 
tées des  thermes  de  Titus, lesquelles  étaient 
inspirées  des  peintures  de  Pompéi  .^  Existe- 
t-il  soit  sur  des  voûtes,  soit  sur  des  murs 
quelques-unes  de  ces  fines  arabesques 
qui  font  l'admiration  des   connaisseurs  ? 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Septembre  1904, 


389 


390 


François  I"  ne  fut  pas  le  seul  à  emmener 
des  artistes  d'Italie  ;  d'autres  guerriers, 
et  nous  en  connaissons,  imitèrent  son 
exemple.  La  voûte  d'un  charmant  ora- 
toire du  château  du  Lude  est  due  au  pin- 
ceau de  tels  artistes.  Aux  chercheurs  et 
savants  de  V Intermédiaire  de  répondre. 

L.  C. 

Le  docteur  Chassaing.  —  Dans 
Paris-Guide  publié  à  l'occasion  de  l'expo- 
sition de  1867,  il  est  dit  (p.  1949)  que 
Bicêtre  servit  de  lieu  de  détention  à 
Latude,  à  un  Complice  de  Cartouche,  au 
marquis  de  Sade...  et  enfin  au  docteur 
Chassaing  ! 

N'est-ce  pas  Castaing  qu'il  faut  lire  ? 

Il  ne  faudrait  pourtant  pas  que  nos 
arrière-neveux  croient  qu'il  s'agit  de  l'ho- 
norable docteur  qui  fut  député  de  la 
Seine.  César  Birotteau. 

Dudin,  censeur  en  1789.  —  Qui 

était  un  nommé  Dudin,  qui,  jusqu'en  1789, 
semble  avoir  exercé  les  fonctions  de  Cen- 
seur, comme  l'indique  r««  Approbation  » 
placée  à  la  fin  de  VEtat  miWaitede  Roussel. 
J'ai  lu  par  ordre  de  monseigneur  le  garde 
des  Sceaux  le  manuscrit  intitulé  :  Elat  mili- 
taire de  France,  pour  Vannée  178c,  et  je 
crois  que  l'impression  en  sera  utile  et  agréable 
au  public.  A   Paris,  le  20   avril  1789.  Dudin. 

S.  Churchill. 

Les  256  quartiers  du  comte  de 
Chambord.  —  A-t-on  donné  quelque 
part,  et  où,  les  256  quartiers  du  comte  de 
Chambord .?  A.  B. 

Famille     Gonet     du     Four.    — 

Françoise  Gonet  du  Four  était  la  nourrice 
du  Grand  Dauphin  ;  son  mari,  contrôleur 
général  de  la  Maison  de  Madame  la  Dau- 
phine.  Pourrait-on  retrouver  la  généalo- 
gie de  cette  famille  avec  ses  armoiries  ? 

Comment  se  rattachait-elle  avec  la  fa- 
mille de  Noël  de  Buchères,  en  Cham- 
pagne .? 

Pierre  Gonet  du  Four  ou  Dufour  avait 
épousé  Marie-Marguerite  Hébert. 

Mignard  fit  le  portrait  de  Mme  Gonet 
du  Four.  A.  B. 

Famille  de  Gottreau  de  Pen- 
sier.  —  Est-elle  française.?  Je  ne  la 
trouve  dans  aucun  annuaire  de  châteaux, 
high-life,  ou  autres  similaires.  Qiaelles  sont 


ses  armoiries.''  Où    réside-t-elle,  car  elle 


existait  encore  en  1899. 


St-Saud. 


Le  docteur  Mathanasius,  auteur 
du  N<  Chef  d'œuvre  d'un  inconnu  ». 

—  Quel  est  l'auteur  d'un  petit  livre  in- 12 
fort  curieux:  le  Chef-d'œuvre  d'un  inconnu^ 
poème  heureusement  découvert  et  mis 
au  jour  pour  des  remarques  savantes  et 
recherchées,  par  le  docteur  Chrisostome 
Mathanasius,  La  Haye,  aux  dépens  de  la 
Compagnie  1714.  C'est  une  glose  ironique, 
pastichant  la  manière  des  scoliastes,  d'une 
chanson  populaire  en  6  couplets  sur  les 
amours  de  Colin  et  de  Catin.  Je  serais 
curieux  de  connaître  le  vrai  nom  de  ce 
pseudon3'me.  D""  Viùen. 

Hyacinthe  Cordonnier,  dit  le  chevalier  de 
Saint-Hyacinthe. 

Le  marquis  de  Mirieu.  —  Connaît- 
on  le  nom  patronymique  de  ce  gentil- 
homme .f"  Il  est  cité  dans  des  Mémoires  d'un 
anonyme  qui  avait  été  son  page,  à  Paris, 
aux  environs  de  1670.  S.  A. 

«  Notice  sur  la  comtesse  de  Mu- 
lissac  »  —  Je  désirerais  connaître  l'auteur 
d'une  brochure  in-8°  de  112  pages,  tirée 
à  1 50  exemplaires  et  intitulée  :  Notice 
biographique  sur  M'^^  la  comtesse  de  Mulissac. 

Cette  brochure  a  paru  à  Paris,  impri- 
merie Paul  Dupont,  41,  rue  J.-J.  Rous- 
seau, en  1872. 

Les  noms  propres  employés  dans  l'ou- 
vrage ne  cachent-ils  pas  des  personnalités 
connues,  de  l'époque  ^  Desmartys. 

Onfroy,  libraire  à  Paris  en  1789. 

—  On  désirerait  des  renseignements,  bio- 
graphiques ou  autres,  sur  Onfroy,  qui,  en 
1789,  était  libraire  à  Paris,  1 1,  rue  Saint- 
Victor,  et  éditait  Y  Etat  militaire  de  France. 

S.  Churchill. 

Le  baron  Herald  de  Pages  et  «  le 
Petit  Journal  ».  —  Prendre  un  vo- 
lume de  la  collection  de  Y  Intermédiaire  et 
le  parcourir  en  s' arrêtant  ici  et  là,  c'est 
un  régal  Chaque  fois  qu'on  a  loisir  de 
le  faire,  on  est  davantage  stupéfait  de  la 
quantité  énorme  des  sujets  traités  et  des 
idées  qu'ont  remuées  les  intermédiairis- 
tes  ;  parfois  un  détail  arrête  l'attention  et 
se  pose  en  point  | d'interrogation.  C'est  ce 
qui  vient  de  m'arriver. 


N*  1052 


L'INTERMEDIAIRE 


391 


392 


Je  trouve,  en  effet,  dans  une  note  si- 
gnée N  — r  (XLVI,  210)  ce  passage  : 

«  Le  livre  introuvable  des  Quatrains 
anonymes est  dû  à  l'amicale  collabo- 
ration de  M.  Isidore  Salles  qui  fut  l'un 
des  plus  jeunes  préfets  de  feu  l'Empire,... 
et  du  BARON  HERALD  DE  Pagf.s,  un  éblouis- 
sant  causeur  qui  porte  gaillardement  ses 
quatre-vingt-sept  ans  et  qui  se  trouve 
avoir  été  par  rencontre  le  père  réel  du 
Petit  Journal. 

M.  N — r  voudrait-il  bien  donner  quel- 
ques détails  sur  cet  épisode  ignoré  de 
l'histoire  de  la  presse  parisienne  ? 

NOBODY. 

Pouparî  de  Beaubourg  couîre 
Beaupoil  de  Sainte-Aulaire.  —   On 

me  parle  de  l'existence  d'une  brochure, 
publiée  en  1788,  par  un  anonyme, et  inti- 
tulée :  Le  Pour  et  le  Contre  dans  l'affaire 
qui  fit  tant  de  bruit  entre  M.  de  Beaupoil 
SaintemAiilaire  et  M.Ponpart  de  Beanhourg. 
Quelque  aimable  collaborateur, connais- 
sant cette  brochure,  pourrait-il  avoir 
l'obligeance  de  me  dire  quelle  est  cette 
affaire,  et  s'il  est  exact  qu'à  la  page  167  il 
soit  question  d'un  arrêt  du  parlement  in- 
terdisant à  une  branche  de  Beaupoil  (pas 
celle  des  Mareuil  en  Saintonge)  de  se  dire 
Sainte-Aulaire  et  d'en  porter  les  armes  ? 

—  S.S. 

Jacques  de  Roussel,  auteur  de 
r  «  Etat  milttaire  de  France  ».  — 
M.  Léon  Hennet,  dans  le  Carnet  de  la  Sa- 
bretache,  a  donné  des  détails  intéressants, 
mais  incomplets,  sur  ce  personnage  qui, 
de  1761  à  1793, publia, d'aborden  collabo- 
ration avec  MM  de  Montandre,  puis  seul. 
l'Etat  militaire  de  France. l\  aurait  émigré 
vers  1793,  avec  ses  deux  fils,  sous-lieu- 
tenants au  Régiment  d' Orléans-Infanterie, 
Ceux-ci  semblent  s'être  nommés  Claude 
et  Adrien-Pierre, être  nés  en  1771  et  1772 
et  avoir  fait  leurs  preuves  de  noblesse 
pour  le  service  en  novembre  1782. 

Quelque  érudit  collègue  pourrait-il  me 
donner  des  renseignements  complémen- 
taires sur  ces  trois  personnages,  dates  et 
lieux  de  naissance,  de  décès,  leur  carrière 
à  partir  de  la  Révolution,  etc.  ? 

S.  Churchill. 


De  Torche,  bitterrois.  —  Béziers 
m'est  connu  ;  mais  je  n'y  ai  jamais  en- 
tendu citer  ce  nom  de  Torche.  On  attri- 


bue à  un  certain  abbé  de  T.  l'ouvrage 
intitulé  :  Le  chien  de  Boulogneou  l'Amant 
fidelle,  nouvelle  galante,  1668. 

Dans  cet  ouvrage, dit  Claudin, l'auteur  fait 
sous  le  nom  de  Linganfer,]e  portrait  satirique 
d'une  dame  Ferlin:. ham  dont  la  fille  avait 
repoussé  sa  flamme  amoureuse.  La  dame 
outragée  chargea  ses  deux  fils  de  châtier 
l'insolent.  Ceux-ci  se  trompant  faillirent 
faire  périr  sous  le  bâton  un  pauvre  abbé 
étranger  à  l'affaire.  De  Torche,  effrayé, 
s'enfuit  à  Béziers,  son  pays,  et  mourut  à 
Montpellier  en  1675. 

Je  serais  très  heureux  d'avoir  des  dé- 
tails biographiques    sur  de  Torche  et  sa 


famille. 


Axel. 


Aiinoiries  à  déterminer  :  d'ar- 
gent ;  à  cinq  losanges  de  gueules. — 

je  désirerais  savoir  à  quelle  famille  appar- 
tiennent les  armes  suivantes  :  d'argent,  à 
cinq  losanges  de  gueules.^  accostés,  posés  en 
forme  de  croix,  trois  en  long  et  trois  en  large ^ 
couronne  de  marquis,  supports^deux  lions. 
Elles  se  trouvent  sur  un  très  beau  vase  en 
faïence  de  Moustiers,  dessins  de  Berain, 
acheté  dans  le  village  de  Saint  Maximin 
près  Uzès  (Gard), dont  le  chanoine  Séonin, 
oncle  de  Racine,  était  prieur  et  où  il  pos- 
sédait le  château  ;  mais  la  seigneurie 
appartint,  jusqu'en  1714,  à  la  famille  de 
Thézan.  B.  de  C. 

Le  premier  Tolleben.  —  Qiii  est 
l'auteur  de  la  biographie  scandaleuse  dont 
voici  le  titre  : 

La  Vie  du  comte  de  Totleben,  ci-devant 
colonel  au  service  des  Etats-Généraux  des 
Provinces-Unies  et  dernièrement  lieutenant- 
général  des  armées  de  Sa  Majesté  l'Impéra- 
trice de  toutes  les  Russies  ;  —  contenant  ses 
Avantures  et  ses  Campagnes  avec  un  traité 
intitulé  le  comte  de  Totleben  ressuscité  et 
disculpé.  —  Traduite  du  hollandais.  A 
Cologne,  chez  Pierre  Marteau,  1762,  pet. 
in-8°,  150  pages. 

Est-ce  le  même  ouvrage  que  la  Vie  du 
comte  de  Tottleben,  indiquée  par  Oettinger 
comme  publiée  à  Leipzig  en  1762,  et  qui 
fut  traduite  en  allemand  l'année  suivante  .? 

Où  trouver  une  biographie  impartiale 
du  même  personnage .? 


Une  adaptation  du  «  De  Profon- 
dis ».  — J'ai  trouvé,  dans  les  papiers  de 
mon    père,    une    adaptation    en    quatr 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Septembre  1904. 


-    393 


394 


strophes  du  «  De  Profundis  »,  écrite  de 
sa  main,  sans  aucune  indication  de  nom 
d'auteur.  Voici  cette  adaptation  qui  m'a 
paru  fort  belle  dans  sa  simplicité  : 

Des  profondeurs  de  l'abîme 
Nous  crions  vers  toi,  Seigneur. 
Ecoute,  ô  père  sublime, 
La  voix  de  notre  douleur  ; 
Délivre-nous,  Dieu  sauveur  ! 

Dieu  tout-puissant,  vois. ..Sans  cesse 

La  mort  frappe  autour  de  nous  ; 

Ni  science,  ni  richesse 

Ne  préserve  de  ses  coups  ; 

Tour  à  tour,  nous  tombons  tous. 

Dieu  clément,  juge  équitable, 
Dont  les  décrets  sont  cachés, 
Donne,  en  ta  grâce  adorable, 
Aux  morts  sous  le  sol  couchés, 
Le  pardon  de  leurs  péchés. 

Que  ia  pauvre  àme  dolente 
Naisse  au  monde  de  clarté 
Et  contemple,  rayonnante, 
Dans  son  immortalité. 
Ta  divine  Majesté  ! 

Je  serais  très  reconnaissant  à  qui  pour- 
rait me  dire  quel  est  l'auteur  de  ces  vers 
écrits  très  certainement  avant  1872. 

RusTicus. 

Cimer,  simer.  —  Qiielle  est  l'ortho- 
graphe et  l'étj^mologie  de  ce  mot  sainton- 
geois  qui  signifie  sourdre^  suintera  Exem- 
ple :  un  puits  n'a  pas  de  source,  il  n'a  que 
des  dmis  ;  une  barrique  cime  ou  cimasse 
quand  elle  perd. 

Ce  vocable  est-il  employé  dans  les  au- 
tres patois  .^  est-il  le  produit  d'une  sorte 
d'harmonie  imitative  ?  11  y  a  l'anglais 
5i?^w,  veine,  cicatrice,  qui  ne  parait  pas 
applicable,  bien  que  l'anglais  ait  laissé 
pas  mal  de  traces  dans  l'idiome  de  la 
Saintonge.  D''  Vigen. 

Sur  les  mots  sa^îisme  et  sadique. 
—  Si  l'on  cherche  ces  deux  mots  dans  les 
dictionnaires  usuels,  même  les  importants 
(Littré,  Larousse,  etc.),  on  ne  les  trouve 
point  ;  et  lorsqu'on  cherche  et  trouve 
ailleurs  ces  deux  mots,  on  lit  en  général 
que  le  nom  même  du  célèbre  et  porno- 
graphique marquis  de  Sade  est  pour  quel- 
que chose  dans  leur  origine  étymologi- 
que. Brunet,  publiant  en  1866  un  petit 
in-i2,  aujourd'hui  très  rare  et  très  recher- 
ché sur  ce  personnage  et  ses  écrits,  mar- 
que, comme  lieu  de  librairie,  SadopoUs, 
qui  est  ici  Bruxelles. 


L'origine  et  l'étymologie  de  sadisme  et 
sadique  ne  pourrait-elle  pas  être  différente 
et  recherchée  dans  la  langue  française  ? 

Littré  et  quelques  autres  lexicographes, 
muets  sur  sadique  et  sadisme^  citent  deux 
vieux  mots  :  l'adjectif  5aié,  aimable,  gen- 
til, et  son  diminutif  sadinet,  sadinette. 

On  trouve  notamment  ces  deux  mots 
dans  Villon, ce  poète  si  français. 

Dans  le  Grand  testament,  au  huitain  n° 
CXL,  il  cite  la  Grosse  Margot,  femme 
apparemment  de  ce  genre  spécial  que  fré- 
quentaitle  poète  ,et\a.  quaWûela  donlce  sade . 

L'une  des  poésies  attribuées  à  Villon,  la 
Seconde  repene  de  V épidémie,  au  septième 
huitain,  parle  d'un  gallant  —  un  coureur 
de  femmes  —  qui  estait  miste,gent  et  sade. 
Voici  trois  qualificatifs  qui  ont  bien  l'air 
de  dire  la  même  chose,mais  il  doit  y  avoir 
une  nuance  entre  eux,  car,  en  aucune  lan- 
gue, il  n'existe  deux  synonymes  parfaits. 
Sade  doit  bien  exprimer  l'idée  de  gentil, 
aimable,  mais  avec  une  acception  un  peu 
spéciale. 

Villon  l'emploie  au  sujet  d'une  femme 
douteuse  et  d'un  homme  douteux. 

En  outre,  le  diminutif  mJ?»^/  était  pris 
substantivement  dans  une  acception  plus 
spéciale  encore. 

Villon,  dans  sa  très    belle   ballade  Les 
regrets  de  la  Belle  Heauhnière  (jà   parve- 
nue à  vieillesse)  fait  regretter  par 
La  belle  qui  fut  heaulmière 


ces 


hanches  charnues. 


Eslevées,  propres,  faictisses 
A  tenir  amoureuses  lysses  ; 
Ces  larges  reins,  ce  sadinet 
Assis  sur  grosses  feimes  cuisses, 
Dedans  son  joly  jardinet, 

11  est  évident  qu'ici  le  curieux  diminu- 
tif désigne  la  nature  de  la  femme,  comme 
disent,  avec  une  juste  pudeur,  les  anno- 
tateurs du  poète. 

Mais,  si  un  diminutif  de  sade  a  pu  avoir 
un  sens  aussi  spécial,  c'est  sans  doute  que 
sade  lui-même  signifiait  gentil,  aimable, 
avec  une  nuance  qui  fait  penser  à  certain 
emploi  du  mot  mignon  a  une  époque  de 
notre  histoire. 

En  ce  cas. pourquoi  ne  penserait-on  pas 
que  le  radical,  l'étymologie  même  de  5^- 
disme  et  sadique,est  le  vieux  français  sade  ? 

Le  marquis  de  Sade  avait  véritablement 
un  nom  prédestiné. 

Maurice  Lecomte. 


N*   1052 


L'INTERMEDIAIRE 


395 


396- 


Eéponee^ 


Marquise  de  Favras  (T.  G.,  336; 
XLIX,  834,  971  ;  L,  19,  188,  289).  —je 
suis  d'autant  plus  reconnaissant  à  M.Sou- 
viron  de  la  très  bienveillante  appréciation 
de  mon  étude  sur  Y  Affaire  Favras,  que, 
de  tous  mes  travaux  historiques,  c'est 
peut-être  celui  qui,  par  la  difficulté  de  se 
documenter,  m'a  coûté  le  plus  de  peines. 
Les  personnages  mêlés  à  l'affaire  ont.  en 
effet,  pris  grand  soin  de  faire  disparaître 
les  traces  de  leur  complicité  dans  une 
aventure  qui  n'a  été  heureuse  pour  aucun, 
ni  honorable  pour  la  plupart  d'entre  eux. 

Quant  à  la  lettre  adressée  le  le""  novem- 
bre 89  par  le  comte  de  Provence  à  Favras, 
elle  me  semble  tellement  en  contradiction 
avec  tout  ce  que  l'on  sait  du  caractère  et 
des  habitudes  de  ce  prince,  qu'il  faudrait 
être  très  certain  de  sa  provenance  pour 
pouvoir  ajouter  foi  à  son  authenticité,  et 
ce  n'est  pas  le  cas. 

Paul  Gaulot. 

«  Le  Poète  au  siècle  »  (XLVI  ;  L, 
308).  —  )e  m'excuse  de  n'avoir  pas  satis- 
fait plus  tôt,  comme  j'aurais  pu  le  faire, 
la  curiosité  de  P.  Nonspi.  Sa  question 
renouvelée  me  rappelle  à  l'ordre  et  je  vais 
réparer  ma  négligence. 

J'avais,  en  effet,  deviné  depuis  long- 
temps dans  le  jeune  versificateur  du  Lycée 
Bonaparte  sur  lequel  il  demandait  des 
renseignements,  un  excellent  homme, 
Arnauld  Baron,  que  j'eus  jadis  comme 
professeur  de  rhétorique  et  dont  j'ai  gardé 
un  excellent  souvenir. 

Si  je  ne  me  trompe,  il  fut  professeur  au 
Lycée  de  Douai  puis,  vers  1875,  quitta, 
l'Université  pour  venir  à  Paris  où  il  pro- 
fessa dans  des  établissements  libres.  Il  fai- 
sait le  cours  de  rhétorique,  vers  1880, 
dans  des  pensions  du  Quartier  latin,  dites 
<*  boîtes  »  ou  «  fours  à  bachots  ».  C'est 
dans  une  de  ces  pensions  sise  rue  du 
Puits-qui-Parle  (actuellement  rue  Amyotj, 
que  je  l'ai  connu.  Plus  tard  il  tint  lui- 
même,  pour  son  compte,  un  établisse- 
ment analogue,  rue  Guy  de  la  Brosse. 

Depuis  lors,  je  ne  sais  ce  qu'il  est  de- 
venu. 

C'était  un  esprit  enjoué  et  d'une  tour- 
nure originale.  Indépendamment  de 
Vidée    de     la    Commune   dont    il    est    en 


effet  l'auteur,  il  avait  publié  différentes 
choses,  notamment  une  Ode  à  M.  Thiers^ 
h  libérateur  du  territoire.  On  y  lisait  ce 
vers  qui  venait  là  compléter  je  ne  sais 
quelle  figure  : 

Stériles  nénuphars  des  camaraderies 

C'est  le  seul  qui  soit  resté  gravé  dans 
ma  mémoire,  pour  la  bonne  raison  que  les 
élèves  d'Arnauld  Baron  ne  prononçaient 
jamais  le  mot  de  camaraderie,  sans  parler 
de  SCS  stériles  nénuphars.  Baron,  qui  était 
d'humeur  accommodante,  était  le  premier 
à  en  rire. 

11  y  a  aussi  de  lui  un  poème  sur  les  mi- 
neurs et  enfin  un  roman  ou  deux.  Les 
titres  de  ces  derniers  ouvrages  m'échap- 
pent ;  mais  pour  peu  que  cela  intéresse 
l'intermédiairiste  qui  a  posé  la  question, 
je  les  rechercherai,  car  une  partie  des  pu- 
blications d'Arnauld  Baron,  sinon  toutes, 
doivent  être  dans  ma  bibliothèque. 

A.  DE    B. 

Le  droit  du  seigneur  (T.  G.,  290  ; 

L,  206,  295).  —  Il  n'existe  aucun  vestige 
de  Tabbaye  de  Charaïx,  et  la  nouvelle 
reproduite  par  le  Journal  du  24  septembre 
1900  me  paraît  entièrement  fantaisiste. 

M.  M.  Privas. 

Dans  le  Messager  ardéchois,  journal  de 
Privas,  portant  la  date  du  15  septembre 
1900,  un  rédacteur  facétieux  publia  un 
pastiche  en  vieux  français  où  il  mettait 
en  scène  très  spirituellement,  le  fils  de 
M.  Cruchon,  préfet  de  l'Ardèche  mort 
depuis  préfet  d'Agen. 

Le  morceau  avait  peur  titre  :  Une  dé- 
couverte archéologique.  Il  n'était  pas  diffi- 
cile au  lecteur  attentif  de  deviner  le  sens 
de  la  plaisanterie.  Mais,  voilà  !  le  rédac- 
teur avait  fait  précéder  son  mirifique 
récit  d'un  court  préambule,  en  français 
de  notre  époque,  annonçant  une  décou- 
verte archéologique  faite  au  quartier  de 
Charaïx,  où  se  trouvent  les  ruines  d'une 
ancienne  abbaye. 

Ces  lignes  sont  tombées  sous  les  yeux 
de  quelque  correspondant  de  journal, 
d'un  étourdi  quelconque,  peut-être  aussi 
d'un  spirituel  pince-sans-rire,  héritier  de 
cet  excellent  Lemice-Terrieux.  Et  jugez 
de  la  stupéfaction  des  privadois.  en  trou- 
vant quelques  jours  après,  dans  tous  les 
grands  journaux  parisiens,   un  écho  ré- 


DES  CHERo  HEURS  ET  CURIEUX 


20  Septembre  1904. 


397 


398 


digé  en  termes  identiques,  et  dont  la  lec- 
ture plongea  les  amis  de  la  gaieté  dans 
une  intense  délectation.  C'est  cet  écho 
que  \e  Journal  du  24  septembre  1900  pu- 
blia et  dont  V Interwcdiairc  vient  de  rap- 
peler le  texte. 

C'est  lé  cas  ou  jamais 
mot  de  Villemessant  : 

—  Elle  est  bien  bonne  ! 


de    répéter    le 


J.  Galland. 


Terre  noble  (L,  162,  296).  —  Au 
xvu*  siècle,  comme  au  xvni*  et  pendant 
le  régime  dit  de  la  féodalité,  on  entendait 
par  cette  expression,  celle  définie  dans  la 
jurisprudence  générale  de  Dalloz,  volume 
38,  aux  pages  362  et  363,  des  n°'  127  à 
146. 

On  lit,  en  effet,  au  n°  128  qu'en  ce 
temps-là,  quatre  sortes  de  propriétés  se 
partageaient  le  sol  :  la  propriété  tnaùi- 
mortahle,  la  propriété  censuelle^  la  pro- 
priété/io^rt/é*,  et  la  propriété  allodiale.  Au 
n"  140,  que,  «  toutes  les  possessions  et 
jouissances  dont  il  vient  d'être  parlé,  se  ran- 
geaient, en  outre,  dans  deux  catégories  »  : 
les   terres    nobles   et   les   tci rcs    roturières. 

Toute  terre  possédée  à  titre  de  /?<'/ était 
noble,  tant  pour  le  seigneur  dominant  que 
pour  le  vassal.  Et  le  jief  était,  dit  le 
n°  131,  la  concession  d'un  immeuble 
moyennant  la  promesse  de  fidélité,  la  re- 
connaissance de  sujétion  à  la  personne  du 
concédant  et  l'obligation  de  certaines  rede- 
vances. Elie  Gil. 


La  promenade  sur  l'âne  a.u  xvn* 
siècle  (L,  162).  Le  11  juillet  1750, 
Jeanne  Moynon,  fille  publique,  eut  le  fouet 
et  la  fleur  de  lis,  puis  fut  conduite  depuis 
le  Grand-Châtelet  jusqu'à  la  porte  Saint- 
Michel  [où  se  fit  l'exécution  du  fer  chaud] 
sur  un  âne  avec  un  chapeau  de  paille,  la 
tête  tournée  vers  la  queue,  avec  un  écri- 
teau  :  Maquerelle  publique.  Elle  ne  fut 
point  fouettée  dans  les  diflférents  marchés, 
mais  seulement  en  sortant  du  Grand-Chà- 
telet.  Elle  avait  le  visage  couvert  d'un 
mouchoir,  ainsi  que  ses  complices  qui 
l'accompagnaient,  «  ce  qui  se  souffre  par 
grâce  ». 

Cf.  C.  B.  Warée,  Curiosités  judiciaires. 
Paris,  A.  Delahays,  1858,  p.  424. 

L.  C. 


guidon 


Jeu  de  Tête-Bêche  (T.  G.,  876).  — 
Une  représentation  de  ce  jeu  était  brodée 
en  trois  couleurs  sur  le  guidon  de  «  l'In- 
fanterie Dijonnoise  »  qui  célébrait  chaque 
année  la  Fête  des  Fous  dans  la  capitale 
de  la  Bourgogne. 

Au  milieu  du  xvin"  siècle,  ce 
figurait  dans  la  collection  de  M.  du  Til 
liot,  gentilhomme  ordinaire  de  S. A. R.Mgr 
le  Duc  de  Berry.  Du  Tilliot  fit  dessiner  la 
curieuse  figure  du  jeu  en  question,  et  la 
publia  dans  ses  Mi  moires  pour  servir  à 
l'histoire  de  la  Fête  des  Faux.  (Lausanne, 
1751,  planche  Yll.) 

Qu'est  devenu  ce  drapeau  singulier  ? 
—  S. 

L'if,  arbre  sacré  des  Druides  (L, 

164,  319).  —  Ne  pourrait-on  pas  dire 
aussi  que  Ton  a  attribué  un  caractère  fu- 
nèbre aux  conifères  parce  qu'ils  ne  re- 
poussent pas  du  pied,  de  même  que  l'être 
mort  ne  peut  être  1  appelé  à  la  vie  ^  C'est 
le  sens  que  j'ai  toujours  entendu  recon- 
naître à  la  pomme  de  pin,  dont  le  plus 
bel  exemple  est,  à  ma  connaissance,  le 
bronze  colossal  qui  surmontait  le  mauso- 
lée d'Hadrien,  et  que  l'on  voit  aujour- 
d'hui au  Vatican,  dans  la  cour  de  la  Pi- 
gna,  qui  lui  doit  son  nom.       H.  C.  M. 


Légendes 


relatives  à  saint  An- 
toine de  Padoue  L.  5,238).  -  C'est  en 
1263  que  l'on  transporta  à  la  nouvelle  ba- 
silique de  Padoue  les  reliv:[uesde  saint  An- 
toine. Le  corps  était  alors  décomposé, 
mais  la  langue  intacte. 

Tel  est  le  récit  que  nous  rapporte,  pour 
la  première  foi  s, le  Liber  miracnlorum,  na- 
guère réédité  dans  la  chronique  des  XXIV 
Généraux  des  Mineurs  (Analecta  Francis- 
cana.,  tom.  111).  Ce  liber  est  de  la  fin  du 
XIV*  siècle  ;  il  n'est  au  fond  qu'une  compi- 
lation de  documents  de  valeur  très  iné- 
gale. 

Salimbene,  dans  la  chronique  de  Parme 
à  la  fin  du  xui*^  siècle,  mentionne  aussi  le 
fait  de  la  translation  de  1263,  mais  sans 
parler  du  miracle  de  la  langue. 

La  langue  du  saint  est  encore  aujour- 
d'hui à  Padoue,  conservée  intacte. 

Cf.Lepitre,  Saint  Antoine  de  Padoue.  Pa- 
ris, 190 1 , in- 12.       P.  Ubald  d'Alencon. 

Les  Archives  de  l'arrondisse- 
ment d'Yvetot  (L,  274}.  —  A  défaut 
d'archives     communales      antérieures    à 


N»  JQ53, 


L'INTERMEDIAIRE 


599  

1630,  pour  l'arrondissement  d'Yvetot, 
dont  j'ai  eu,  pour  ma  part, à  regretter  sou- 
vent l'absence,  on  pourrait  peut-être  con- 
sulter avec  fruit  :  i"  La  Mémoriaux  de 
la  chambre  des  comptes  de  Rouen  (i  ^86- 
jyço.  La  société  des  antiquaires  de  Nor- 
mandie, dans  un  volume  de  ses  mémoi- 
res, (je  ne  sais  lequel),  a  publié  une 
table,  avec  les  noms  des  fiefs,  ceux  des 
noms  d'hommes  possesseurs  de  fiefs, 
gardes  nobles,  elc.  (Les  Mémoriaux  sont 
d'ailleurs  aux  archives  de  la  Seine-Inlé- 
rieure. 

2°  Les  Mémoriaux  de  la  cour  des  Aides, 
aussi  aux  archives  de  la  Seine  Inférieure, 
avec  table  chronologique  et  table  alpha- 
bétique des  noms  de  personnes.  Je  serais 
très  reconnaissant  au  collègue  obligeant 
qui  voudrait  bien  nie  communiquer,  pour 
quelques  jours,  w  volume  des  Mémoires 
de  la  Société  des  a  iquaires  de  Normandie , 
contenant  la  tahlr  des  Mémoriaux  de  la 
Chambre  des  Comptes  de  Normandie.  — 
Quelle  est  la  date  et  le  no  du  tome  de  l'ou- 


400    — 


vrage 


Hobby. 


Quelle  est  la  véritable  La^u-e  da 
Pétrarque?  (T.  G.,  500;  XLIX,  927  ; 
L_^  63).  —  M.  de  Valori,  dans  la  biblio- 
thèque de  Saint  Marc,  a  découvert  un 
manuscrit  latin  du  xiv*  siècle,  resté 
inédit.  Il  était  de  Boccace  et  sur  Pétrarque. 

Boccace,  contemporain  de  Pétrarque,  ne 
croit  pas  à  l'existence  de  Laure, 

Qvielquefois,  dit- il,  plutôt  harcelé  que 
vaincu  par  le  désir  des  sens,  s'il  semble  qu'il 
va  succomber,  si  sa  première  pensée  n'a  pas 
été  chaste,  selon  le  commandement  de  l'Apôtre, 
il  s'en  détourne  avec  une  prudente  réserve,  et 
quoique,  dans  des  nombreux  poèmes  vulgaires, 
il  démontre  avoir  aimé  très  ardemment  cer- 
taine Lauretta  qu'il  chante  très  clairement, 
cela  n'empêche  pas  que  je  pense  bien,  et  que 
yts\\mQcomme  lui,  qu'il  faut  prendre  allégo- 
riquement  cette  Lauretta  pour  la  couronne  de 
laurier  qu'il  conquit  par  la  suite. 

Document  historique  de  Boccace  par  le 
marquis  de  Valori  sur  Pétrarque.  Paris, 
Dentu,   1866. 

La  châtelaine  de  Vergi.  Icono- 
graphie de  la  légende  (L.  274).  — 
Je  n'ai  pas  la  prétention  de  répondre  à  la 
question  ici  posée  ;  je  ne  puis  qu'essayer 
de  donner  une  indication  peut-être  utile, 
à  l'aide  d'un  petit  livre  très  rare,  ainsi 
intitulé  :  «  Mémoires  historiques  sur  Raoul  de 


Coucy.  On  y  a  joint  le  recueil  de  ses  chan 
sons  en  vieux  langage,  avec  la  traduction 
et  l'ancienne  musique  ».  (Paris,  de  l'im- 
primerie de  Ph.-D.  Pierres,  1781,  2  vol. 
in  32),  \S Avertissement  placé  en  tête  de  ce 
petit  ouvrage  est  ainsi  conçu  : 

Ce  qui  a  rapport  à  l'illustre  et  an- 
cienne maison  de  Coucy  nous  a  paru  si 
intéressant,  que  nous  avons  rassemblé  en 
deux  petits  volumes  tout  ce  qu'en  a  dit 
l'auteur  de  VEssai  sur  la  musique  [le  fer- 
mier général  Jean  Benjamin  de  La  Borde]. 
Nous  y  avons  ajouté  l'extrait  d'un  Mé- 
moire intitulé  Fragment  de  la  généalooie 
delà  maison  de  Coucy,  etc.,  par  M.  Ché- 
rin,  pour  la  présentation  de  MM.  de 
Coucy  à  la  cour  ;  et  nous  avons  orné  cette 
édition,  faite  avec  le  plus  grand  soin,  des 
portraits  du  Châtelain  de  Coucy  et  de  M. 
et  de  M™*  de  Faïel,  tirés  d'un  manuscrit 
du  treizième  siècle  ayant  pour  titre  :  Ro- 
mans du  Clmstilain  de  Coucy  et  de  la  dame 
de  Faiel.  que  Ton  peut  voir  à  la  Bibliothè- 
que du  Roi,  N°  195.  » 

La  cote  indiquée  a  certainement  changé 
depuis  cent  vingt-trois  ans,  mais  on  doit 
pouvoir  retrouver  ce  manuscrit  à  la  Bi- 
bliothèque nationale,  avec  les  portraits 
qui  l'accompagnent.  Or,  ces  portraits, 
reproduits  avec  un  encadrement  cerlaine- 
ment  ajouté,  sont  charmants.  Le  premier 
est  celui  de  «  Raoul  de  Coucy,  châtelain 
de  Coucy  :  »  le  second,  celui  «  d'Aubert, 
sire  de  Fayel  ;  »  et  le  troisième,  celui  de 
«  Gabrielle  de  Levergies,dame  de  Fayel  ». 
Ce  que  1'  «  avertissement  »  ne  mentionne 
pas,  c'est  une  vjue,  probablement  mo- 
derne, de  Coucy-le-Château,  qui  n'est 
pas  moins  charmante  que  les  trois  por- 
traits. Arthur  Pougin. 

Le  serment  des  ecclésiastiqi'es 
sous  la  Révolution  (XLIX,  837,  964  ; 
L,  123,  188,  231,  292).  —  Le  4  février 
1790,  tous  les  membres  de  l'Assemblée 
Constituante  prêtèrent  le  serment  qui 
suit:  «  le  jure  d'être  fidèle  à  la  nation,  à  la 
loi  et  au  roi,  et  de  maintenir  de  tout  mon 
pouvoir  la  constitution  décrétée  par  l'As- 
semblée nationale  et  acceptée  par  le  Roi  ». 

Le  14  juillet  1790,  ce  même  serment  fut 
prêté  par  tous  les  constituants.  11  faut 
toutefois  faire  une  remarque.  —  Dans  la 
séance  du  9  juillet,  tandis  qu'on  discutait 
sur  le  programme  de  la  fête  du  14  et  sur 
la  manière  dont  se  ferait  le  serment  civi- 


DES   CHERCHEURS  HT  CURIEUX 


20  Septembre  1904. 


401 


102 


que,  Mgr  de  Bonal,  évêque  de  Ciermont, 
monta  à  la  tribune  pour  faire,  au  nom  de 
la  députaîion  ecclésiastique,  une  déclara- 
tion solennelle^  que  le  Moniteur  résume 
de  la  sorte  :  «  J'excepterai  de  mon  serment 
tout  ce  qui  regarde  les  choses  spirituelles: 
cette  exception  qu'exigeait  ma  conscience, 
doit  vous  paraître  une  preuve  de  la  fidé- 
lité avec  laquelle  je  remplirai  toutes 
les  autres  parties  du  serment.  »  Pourquoi 
cette  déclaration  ?  A  cause  de  la  consti- 
tution civile  du  clergé,  qui  était  alors  en 
discussion,  qui  fut  votée  le  12  juillet,  et 
sanctionnée  par  le  roi  seulement  le  24 
août  1790. La  constitution  civile  du  clergé 
n'étant  devenue  loi  constitutionnelle  que 
le  24  août  il  est  évident  qu'elle  ne  faisait 
pas  encore  partie  de  la  constitution  géné- 
rale du  royaume  le  14  juillet,  jour  de  la 
prestation  du  serinent. 

Le  décret  du  27  novembre  1790,  sanc- 
tionné par  le  roi  le  26  décembre  suivant, 
portait  :  «  Dans    la   huitaine   à   dater  de 
cette  publication,  tous  lesévêques  et  curés 
actuellement  présents  dans  leurs  diocèses 
et  cures  jureront  solennellement,  s'ils  ne 
l'ont  pas  encore  fait,  de  veiller  avec  soin 
sur  les  fidèles  des   diocèses   et  cures  qui 
leur  sont  confiés, d'êtres  fidèles  à  la  nation, 
à  la  loi  et   au  roi,    de  maintenir  de  tout 
leur  pouvoir  la  constitution  décrétée  par 
l'Assemblée    nationale  et  acceptée  par  le 
Roi  ».  Le  même  décret  ajoutait  cet  article 
suggestif  :  «  A  défaut  de  prêter  le  serment, 
lesdits  évêques   et   curés   seront    réputés 
avoir  renoncé  à  leurs  offices,  et    il   sera 
pourvu  à  leur  remplacement,  comme  en 
cas  de  vacance,  suivant  les  formes  prescrites 
par  h  titre  II  du  décret  du  12  juillet  der- 
nier sur  la  constitution  civile  du  cletgé.  » 
—  De  savoir  si   la  constitution   civile  du 
clergé  était  contenue  dans  la  constitution 
générale   du  royaume   et,  partant,  faisait 
partie  du  nouveau  serment,  la  question 
était  au  moins   douteuse.  Mais  voilà  qu'à 
la  séance  du   27  décembre    1790,    l'abbé 
Grégoire  modifia,   de  sa  propre  autorité, 
la   formule  trop   vague  d'adhésion   à  la 
constitution  générale   du  royaume,  telle 
que  l'avait  prescrite  le  décret,  et  y  intro- 
duisit une  clause  formellement  indicative 
de  la  constitution  civile  du  clergé  :  «...  Jfe 
jure  de  maintenir  de  tout  mon  pouvoir  la 
constitution  française,   et   notamment    les 
décrets  relatifs  à  la  constitution  civile  du 
eclrgéy-',    exemple    qui  fut   suivi  par   un 


certain  nombred'autres  ecclésiastiques,  (i) 
L'équivoque  s'affirmant  de  plus  en  plus, 
l'évèque  de  Ciermont  voulut  reprendre, 
dans  la  séance  du  2  janvier  1791,  la  dé- 
claration qu'il  avait  déjà  faite  le  9  juillet 
précédent  ;  au  nom  des  ecclésiastiques  de 
la  Constituante,  il  proposa  d'excepter  de 
son  serment  ce  qui  regardait  les  choses 
spirituelles,  et  présenta  à  l'Assemblée  une 
formule  en  ce  sens  :  «  Je  jure  de  veiller 
avec  soin  sur  les  fidèles  dont  la  conduite 
m'a  été  ou  me  sera  confiée  par  l'Eglise, 
d'être  fidèle  à  la  nation,  à  la  loi  et  au  roi, 
et  de  maintenir  de  tout  mon  pouvoir,  en 
tout  ce  qui  est  de  l'ordre  politique,  la 
constitution  décrétée  par  l'Assemblée  na- 
tionale et  acceptée  par  le  roi,  exceptant 
formellement  les  objets  qui  dépendent  de 
l'autorité  spirituelle  »>.  L'orateur  ne  put 
même  parvenir  à  donner  à  la  majorité 
lecture  du  texte  qu'il  proposait  ;  bien  plus, 
obligé  de  quitter  la  tribune,  au  milieu  des 
huées  et  des  menaces,  il  vit  même  refu- 
ser le  dépôt  de  cet  amendement  par  le  bu- 
reau de  la  Chambre. 

A  chaque  instant,  la  Constituante  affir- 
mait qu'elle  ne  touchait  en  rien  au  spiri- 
tuel. 'Voilà  un  prélat  qui  prête  serment  en 
excluant  le  spirituel.  Un  violent  tumulte 
arrête  l'évèque  ;  on  lui  dit  que  son  ser- 
ment ne  vaut  pas,  et  que  lui-même  est 
un  séditieux  ! 

11  est  donc  évident  que  les  objets  spiri- 
tuels étaient  compris  dans  le  serment  de 
novembre-décembre  1790.  Pourquoi,  si 
la  Constituante  n'avait  eu  d'autre  inten- 
tion que  d'exiger  un  serment  civique.avoif 
refusé  d'admettre  les  exceptions  proposées 
par  Mgr  de  Bonal  .?  (2)  Pourquoi  avoir 
rejeté  le  serment  du  cardinal  de  Bernis  ? 
A  M.  Aulard  de  répondre. 


705)- 


Pig-eons-voyageurs  (T. G., 
—  Dans  un  article  de  La  Revue^  15  mars 
1904,  page  206  :  Le  Roi  Victor-Emma- 
nuel et  le  maréchal  Canrobert^  par  M.  Ger- 
main Bapst,  le  maréchal  Canrobert,  par- 
jant   du   commencement    des    hostilités 


(i)  Interm-édiaire^  XLIX,  967,  article  de 
G.  La  Brèche. 

(2)  Le  4  janvier  1791,  Cazalès  proposa 
de  déclarer  que  PAsseniblée  ne  voulait 
point  toucher  au  spirituel  et  que,  pour  le 
prouver,  elle  acceptait  ta  formule  de  l'évè- 
que de  Ciermont.  Les  Constituants  refusè- 
rent... 


No  1052. 


L'INTERMEDIAIRE 


403 


404 


dans  la  campagne  d'Italie  de   1859,  dit 
ceci  : 

...  Un  Carabinier  arrive  à  bride  abattue 
remettre  un  pli  au  Roi.  C'est  une  dépêche 
annonçant  le  passage  du  Tessin  par  les  Autri- 
chiens sur  trois  points. 

Le  Roi  me  montre  cette  dépèche  et  me  dit 
qu'elle  vient  du  colonel  Govone,  le  chef  de 
son  service  de  renseignements,  qui  a  organisé 
un  système  particulier  de  surveillance  de  la 
frontière  au  moyen  de  douaniers  et  de  cara- 
biniers déguisés.  Chargés  de  transmettre  les 
nouvelles  par  des  pigeons  voyageurs,  car  il 
est  intéressant  de  rappeler  que  c'est  le  colo- 
nel Piémontais  Govone  qui  est  l'inventeur  de 
la  Colombophilie,  et  qu'il  l'essaya  et  en  dé- 
montra l'utilité  en  1859,  malgré  les  moque- 
ries des  sceptiques. 

Sabaudus. 

Question  de  droit  (L,  223).  —  11 
s'agit  d'un  Belge  établi  en  France  ;  si  le 
personnage  avait  été  naturalisé  Français, 
il  est  bien  évident  qu'il  n'aurait  pu  di- 
vorcer en  1820.  Mais  s'il  était  seulement 
habitant  de  la  France,  il  avait  conservé 
sa  nationalité,  et  rien  ne  lui  était  plus 
facile  que  de  faire  prononcer  son  divorce 
par  un  tribunal  étranger. 

Un  ancien  Magistrat. 

Anciens  pairs  de  France  et  sé- 
nateurs (XLIX,  334,  408.  466).  —  Par- 
mi les  anciens  représentants  encore  vi- 
vants, on  a  omis  le  baron  Eugène  Eschas- 
sériaux,  de  la  Charente-Inférieure,  qui  a 
été  député  sans  interruption  pendant  plus 
de  44  ans:  du  8  mai  1849  au  20  août 
1893,  et  onze  fois  réélu,  fait  unique,  je 
crois,  dans  les  annales  parlementaires 
françaises.  C.  V. 


Sur  le  collège  da  Boissy  (T.  G. 
469).  —  On  peut  consulter  pour  l'histoire 
du  collège  de  Boissy,  outre  le  grand  ou- 
vrage de  Guillaume  Hodey  et  Henry  Vas- 
sault  cité  par  M.  Pinson  : 

Félibien,  Histoire  de  Paris,  I,  p.  612. 
Preuves,  III.  p.  103  et  suiv.,  Lettre  d'a- 
mortissement enregistrée  au  Parlement, 
1640, publiée  dans  les  appendices  et  Pièces 
justificatives  dans  la  Topographie  du  Vieux 
Paris.  Région  occidentale  de  l'Université. 

Sauvai,  Antiquités  de  Paris,  tome  11.  liv. 
VIII  p.  373.  Leheuf, Histoire  de  la  Ville  du 
Diocèse  de  Paris,  çd.  H.Cocheris,tome  l^p. 
612. 


Denifle  et  Châtelain,  Cartulaire  de  VU- 
niversiiéde  Paris,  III.  p.  2^2  (La  partie  du 
cartulaire  qui  traite  des  petits  collèges  de 
Paris  n'a  pas  encore  été  publiée.) 

Berty-Tisserand,  Topographie  historique 
du  Vieux  Par/s, Région  occidentale  de  l'U- 
niversité, rue  Suger. 

Appendices  et  pièces  justificatives  du 
même  volume,  p.  643.  V  Inventaire  des 
pièces  d'archives  que  possédaient  les  col- 
lèges de  Pans, etc. Bibliothèque  de  la  ville 
de  Paris  (manuscrits). 

Albert  Bonneau. 

M.  Eareilher(L,  223).  —  Il  y  a  une 
quinzaine  d'années,  habitait  à  Boissise-le- 
Hoi  un  M.  Bareilher,  qui  vivait  d'une 
façon  fort  singulière.  C'était  un  homme 
instruit  ;  il  avait  été  inscrit  au  tableau  de 
l'ordre  des  avocats  de  la  Cour  de  Paris. 
C'était  surtout  un  misanthrope  qui  avait 
trouvé  le  moyen  de  se  rendre  odieux  à 
tout  le  monde  par  son  caractère  désa- 
gréable, et  qui  vivait  à  l'écart.  Il  était  à 
la  tête  d'une  exploitation  agricole  assez 
considérable,  mais  son  avarice,  ses  exi- 
gences, ses  emportements  l'empêchaient 
de  trouver  des  ouvriers,  ses  récoltes  pour- 
rissaient sur  pied.  Ses  voisins  pouvaient 
impunément  se  permettre  des  empiéte- 
ments ou  des  méchancetés  ;  nul  témoin 
ne  consentait  à  déposer  contre  eux,  et 
M.  Bareilher  en  était  réduit  à  user  de  la 
photographie  pour  appuyer  les  plaintes 
incessantes  et  probablement  motivées  qu'il 
formait  devant  le  tribunal  de  Melun.  Son 
intelligence  et  sa  connaissance  du  droit 
ne  lui  servaient  qu'à  défendre  ses  intérêts 
avec  une  âpreté  excessive. 

Un  jour,  un  domestique,  recruté  à  grand' 
peine  venait  lui  réclamer  son  compte  ; 
excité  par  l'atmosphère  de  haine  dont  son 
patron  était  entouré,  il  se  montrait  agressif, 
grossier,  brutal.  M.  Bareilher,  sans  hési- 
ter, prit  son  revolver  et  tira.  L'homme 
fut  grièvement  blessé.  Pour  ce  fait,  qui, 
dans  d'autres  circonstances,  aurait  pu 
être  excusé  par  la  légitime  défense,  M.  Ba- 
reilher fut  condamné  par  le  tribunal  cor- 
rectionnel à  un  an  de  prison.  Il  fit  sa 
peine,  rentra  chez  lui,  et  mourut  peu  de 
temps  après.  Sans  proches  parents,  sans 
amis,  il  îvvait  institué  pour  légataire  uni- 
versel l'empereur  d'Allemagne,  qui  refusa 
la  succession. 

Tels  scmt  les  souvenirs  que  le  passage 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


405     -~ 


des  Débats^  publié  par  l'Intermédiaire^  a 
fait  remonter  un  peu  confusément  dans 
ma  mémoire.  Mais  le  Bareilher  de  Boissise- 
le-Roi  ne  passait  pas  pour  posséder  des 
œuvres  d'art.  Est-ce  le  même  ^ 

F.  H. 


« 


Du  Temps  : 

On  a  annoncé  récemment  qu'un  riche  ama- 
teur, M.  Bareillier,  avait  légué  à  l'empereur 
d'Allemagne  Guillaume  11,  une  importante 
collection  de  tableaux  et  de  tapisseries,  avec 
cette  condition  qu'en  cas  de  refus,  les  objets 
seraient  donnés  à  divers  musées  français. 

Le  fait  est  exact  dans  ses  lignes  principales, 
mais  il  n'est  pas  nouveau  ;  il  remonte  à  treize 
ou  quatorze  ans  au  moins,  comme  on  pourra 
s'en  assurer  aux  archives  du  musée  du  Louvre, 
des  Gobelins  et  des  Arts  décoratifs. 

Bareilher  n'était  pas  non  plus  un  riche  ama- 
teur ;  il  était  peintre  fort  ordinaire,  paraissait 
avoir  de  quoi  vivre  et  possédait  des  objets 
d'une  qualité  secondaire. 

C'était  un  homme  névrosé,  vivant  en  soli- 
tude dans  un  château  près  de  Melun,  à  demi- 
détruit  par  un  incendie  et  resté  en  l'état. 

Bareilher,  un  jour,  se  disputant  avec  un 
homme  à  son  service,  lui  tira  un  coup  de  pis- 
tolet à  bout  portant.  Il  fut,  pour  ce  fait, 
condamné  à  la  prison  ;  il  fit  sa  peine  dans  la 
maison  centrale  de  Melun.  Là,  pendant  sa 
détention,  il  rédigea  un  testament  : 

11  légua  ses  objets  d'art  et  son  château  à 
l'empereur  d'Allemagne,  à  la  condition  que 
le  château  serait  aménagé  pour  recevoir  des 
ouvriers  allemands  pauvres  ;  en  cas  de  refus 
de  l'empereur,  les  objets  d'art  seront  donnés 
aux  musées  du  Louvre,  des  Gobelins  et  des 
Arts  décoratifs. 

L'empereur  refusa,  et  les  musées  se  parta- 
gèrent ce  qu'il  y  avait  d'acceptable. 

Beauvillé  (L,  53, 192,304).  —  Le  ta- 
bleau généalogique  de  la  maison  de  Vieux- 
pont  dressé  au  commencement  du  xvu*= 
siècle  pour  Guillaume-Alexandre,  cheva- 
lier, marquis  de  Vieuxpont,  lieutenant 
général,  etc,  marié  i°  à  Marie-Thérèse 
Aubery;  2°  à...  d'Argouges  ;  3°  à  Fran- 
çoise-Chrestienne  Dauveter  ;  40  à  Marie- 
Louise  de  Beringhen,  porte  que  Guillau- 
me de  Vieuxpont,  fils  de  Yves,  5*^  du 
nom,  et  de  Blanche  d'Harcourt,  cheva- 
lier seigneur  de  Chailloué.fut  marié  deux 
fois  :  i»  à  Marguerite  d'Estouteville,  fille 
de  Blanchet,  seigneur  de  Villebon  ;  2°  à 
Jeanne  de  Beauvillé,  dame  de  Moiistiers 
en  Auge  :  Jeanne  de  Beauvillé  devait  donc 
bien  être  de  famille  normande.  Evidem- 
ment, c'est  la  même  que  Jeanne  de  Beus- 


20  Septembre   1904 

406    

ville  indiquée  par  Moréri  et  la  Çhesnaye 

des  Bois.  Mais  qui  a  raison  ?  Je  le  répète, 
le  tableau  généalogique  que  j'ai  sous  les 
yeux  lui  donne  pour  armes  :  d'or,  à  deux 
taureaux  passants  de  gueules.  Devrait-on 
supposer  qu'une  branche  des  Beauvillé  de 
Guyenne  se  serait  fixée  en  Normandie  .?  Il 
n'y  aurait  rien  d'impossible,  mais  on 
pourrait  aussi  supposer  le  contraire  et 
dire  que  les  Beauvillé  ou  Boville  de  Nor- 
mandie ont  été  se  fixer  en  Guyenne. 

T. 

Les  Cantacuzène  (XLIX,  895  ;  L. 
128).  —  Pr.  Michel  Rodionovitch  Canta- 
cu{éne.,  comte  Spéranski,  né  1818,  con- 
seiller d'Etat  actuel,  écuyer  de  S.  M. 
l'Empereur,  ministre  des  cultes,  était 
marié  à  Elisabeth  Karlovna  Sicar,  fille 
d'Alexandrine  Frolor-Bagraïev  et  de  Char- 
les Sicar,  auteur  et  président  de  la  So- 
ciété d'agriculture  de  la  Russie  méridio- 
nale. 

Le  célèbre  législateur  Spéranshi  (N[\c\ïq\- 
Michaïlovitch)  était  né  1772'}- 1 1  févr.  1839 
et  créé  comte  par  oukase  du  i«r  janvier 
1839.  J'ai  connu  personnellement  le  prince 
Cantacuzène, comte  Spéranski, et  ai  été  aussi 
avec  lui  en  correspondance  au  sujet  de  la 
prononciation  de  la  langue  grecque  se- 
lon le  célèbre  Désidérius  Erasmus.  Il  est 
mort  en  1894.        Doct.  jUR.  Ermerins. 

Chateaubriand  ou  Chateaubriand 

(L,  276).  —  Chateaubriand  écrivait  son 
nom  sans  accent  circonflexe. 

Voir  dans  les  Cent-et-un.,  tome  XV,  les 
signatures  de  tous  les  collaborateurs.  En 
tête  est  la  signature  de  Chateaubriand  : 
point  d'accent. 

Famille  de  Chamblane(XLIX,  336, 

469,  587,  799  ;  L,  8t.  132),  —  En  don- 
nant la  généalogie  de  la  famille  Jehannin, 
je  disais  que  le  titre  de  seigneur  de  Cham- 
blanc  restait  à  expliquer,  puisque  d'après 
les  registres  de  la  chambre  des  Comptes 
de  Dijon,  cette  terre  n'était  pas  entrée  en 
possession  des  }ehannin.J'étaisdans  l'erreur 
et  le  hasard  vient  de  m'en  donner  la 
preuve  dans  les  Titres  de  familles  des  Ar- 
chives de  la  Côte-d'Or,  à  rarticle/a/7«o«, 
série  E.,  cotes  956  et  suivantes.  Cette 
famille  Jannon,  qui  n'a  rien  de  commun 
avec  les  Jehannin,  avait  pour  armes  :  de 
gueules, à  trois  quinte  feuilles  d'argent. 


N*  1052, 


L'INTERMÉDîAiRE 


407 


408 


La  seigneurie  de  Chamblanc  mouvait 
de  la  baronnie  de  Saint-Georges,  près  de 
Seurre,  et  comme  arrière-fief,  les  reprises 
en  avaient  lieu  à  Seurre  ;  c'est  ce  qui  expli- 
que les  lacunes  dans  les  titres  de  la  cliam- 
bre  des  Comptes.  Jean  Jehannin  dut  acqué- 
rir, vers  la  fin  du  xvni"  siècle,  une  partie 
de  la  seigneurie  de  Chamblanc  de  demoi- 
selle Françoise  de  Penessot  ;  je  n'ai  rien 
trouvé  de  précis  à  ce  sujet,  mais  voici  les 
faits  établis  sur  documents. 

Par  son  testament  olographe  du  2  sep- 
tembre 1718,  messire  Jean  Jehannin,  sei- 
gneur de  Chamblant,  conseiller  du  roy  au 
parlement  de  Dijon,  dit  :  «  Je  veux  que 
Anthoine  Jehannin,  le  troisicnic  de  mes 
fils,  prélève  et  prenne  pour  sa  part  et 
portion,  ou  ma  charge  de  conseiller  au 
parlement,  ou  une  pareille  charge  avec 
toutes  les  sommes  qui  auront  ou  qui  se- 
ront nécessaires  pour  l'y  faire  recevoir, 
plus  la  terre  et  seigneurie  de  Chamblant 
avec  tous  les  meubles  qui  y  seront,  et 
tout  ce  qui  me  peut  appartenir  audit  lieu 
de  Chamblant,  en  quoi  qu'il  puisse  con- 
sister ». 

Le  4  mars  1720,  messire  Anthoine 
jehannm-Arviset,  conseiller  au  parlement 
de  Bourgogne,  donne  procuration  à  maî- 
tre Jean  Treillard,  notaire  royal  à  Seurre, 
pour  reprendre  de  fief  de  la  terre  et  sei- 
gneurie de  Chamblanc,  à  lui  advenue  par 
le  décès  de  son  père.  La  reprise  àt  partie 
de  la  seigneurie  de  Chamblanc  eut  lieu  le 
26  mars  suivant,  à  Seurre,  entre  les 
mains  de  Pierre  Bretagne,  bailly  au 
bailliage  du  marquisat  de  Seurre  dont  dé- 
pend la  baronnie  de  Saint-George,  maire 
.  perpétuel,  etc.,  au  nom  des  héritiers  de 
S.  A.  S.Mgr  Louis-Henry,  duc  de  Bourbon, 
prince  du  sang,  pair  et  grand-niaître  de 
France,  etc. 

Jean-Baptiste-François  jehannin  succéda 
à  son  père  Antoine,  mais  il  n"y  a  pas  de 
reprise  de  fief  de  lui.  Il  existe  la  minute 
sans  date,  d'un  contrat  de  vente  à  N. 
Brunet.  de  la  terre  et  seigneurie  de  Cham- 
blanc.par  Jean-Baptiste  Jehannin, seigneur 
de  Chamblanc,  conseiller  au  parlement, 
'moyennant  la  somme  de  125.200  livres 
et  la  jouissance  du  i^'  janvier  1769.  Il  y 
est  dit  :  «Demeure  permis  au  vendeur  de 
porter,  sa  vie  durant,  le  nom  de  Cliam- 
blanc,  ainsy  quïl  a  toujours  porté  ». 

Le  i^""  mai  1772,  aveu  et  dénombre- 
ment donné  à  S.  A.  S.  Mgr  le  comte  de  la 


Marche,  prince  du  sang  en  sa  qualité  de 
baron  de  Saint-George,  par  Nicolas  Jan- 
non,  seigneur  de  Chamblan,  de  ladite 
terre  de  Chamblan,  de  laquelle  Gérard 
Brunet  de  Monthélie,  écuyer,  demeurant 
à  Beaune,  lui  a  fait  rétrocession  par  acte 
du  14  juillet  1769.  et  dont  ledit  seigneur 
Jannon  a  fait  la  reprise  de  lief  par  devant 
le  sieur  bailly  du  marquisat  de  Seurre  et 
baronnie  de  Saint-George,  le  10  du  mois 
d'avril  dernier. 

11  résulte  de  ces  documents  que  jean- 
Baptiste-François  Jehannin  fut  le  dernier 
de  sa  famille  qui  porta  le  titre  de  seigneur 
de  Chamblanc  :  j'ignore  la  date  de  sa 
mort,  mais  à  la  Restauration  il  aurait  été 
centenaire,  et  je  crois  plutôt  qu'il  faut 
chercher  le  personnage  demandé  par  La 
Résie  dans  la  famille  Jannon.  Je  continue- 
rai mes  recherches  et  lui  en  ferai  part, 
s'il  y  a  lieu.  Palliot  le  Jeune. 

Mademoiselle  de  Fontaines  (L, 
1 1 5,  246).  —  Notre  érudit  collaborateur, 
qui  répond  à  ma  question  sur  Mlle  de 
Fontaines,  parle  de  la  comtesse  née  de 
Givry  (Marie  Louise-Charlotte  de  Pellart), 
fille  de  Bernard,  seigneur  de  Givry,  ma- 
réchal de  camp,  etc.,  etc.,  qui  s'était 
mariée  par  contrat  du  2  juin  1687,  à  Ni- 
colas IV'^  du  nom, comte  de  Fontaine?, che- 
valier seiofneur  de  la  Neuville  au  Bois,  etc. 
Cette  comtesse  de  Fontaines  n'est  donc 
point  la  même,  et  sa  fille  encore  moins, 
que  Mile  de  Fontaines, supérieure  des  car- 
mélites de  la  rue  Saint-Jacques,  dont  parle 
Cousin  dans  la  Jeunesse  de  M'"*  de  Lon- 
gueville  (11"  édit.  Perrin,  Paris,  page  88), 
qui  était  née  en  1578  et  décédée  en  1637. 

Je  regrette  bien  vivement  de  n'avoir 
pas  une  bonne  réponse.  J'aurais  tenu  à 
être  renseigné  à  ce  sujet  ;  ma  familleayant 
habité  la  Touraineà  cette  époque,  j'aurais 
voulu  savoir  si  Mlle  de  Fontaines  lui  était 
alliée.  H.  F.  S.  V. 

Claire  G-^mbetta,  chanteuse  de 
café  concert  (XLIX,  614,  692,  869  ; 
L,  32,  297).  —  Je  me  fais  un  plaisir  de 
satisfaire  la  juste  curiosité  de  M.  A.  Sé- 
ché en  lui  affirmant  très  nettement  que 
les  renseignements  fournis  par  moi  dans 
le  n°  du  10  juin,  émanent  de  déclarations 
faites  par  C.  Gambetta  elle-même,  il  y  a 
quelque  trente  ans. 

le  considère  Vlntermcdîaire  comme  un 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


409 


recueil  trop  sérieux  pour  lui  envoyer  des 
communications  fantaisistes,  et  si  je  n'a- 
vais pas  eu  une  source  de  renseignements 
certams,  je  me  serais  abstenu. 

D'ailleurs,  ma  réponse  n'affirmait  rien  ; 
elle  indiquait  simplement  une  piste  à 
suivre  pour  arriver  à  élucider  une  ques- 
tion que  je  n'ai  pas  eu  la  prétention  de 
résoudre. 

En  un  mot.  je  garantis  l'authenticité 
des  déclarations  de  C.  Gambetta  quant  à 
son  état  civil  et  à  sa  parenté  avec  Léon 
Gambetta,  mais  je  n'en  garantis  nulle- 
ment l'exactitude. 

Néanmoins,  puisque  M  A.  Séché  in- 
siste, je  tâcherai,  dès  que  j'aurai  quelques 
loisirs,  de  lui  procurer,  si  possible,  des 
renseignements  plus  précis  sur  cette 
pseudo-parente  de  Gambetta. 

Eugène  G  recourt. 

*  * 

Voir  La  Libre  Parole^  deux    articles  de 

M.  Gaston  Méry. 

Gatayes  (Antoine  et  Léon)  (L, 
224 .) — Guillaume-Pierre  Antoine  Gatayes 
(qui  porta  d'abord  le  nom  d'abbé 
Venicourl),  était  le  fils  de  Louis-François 
de  Bourbon,  prince  de  Conti,  (V.  Inter- 
médiaire^ XLV,  911,  914  :  Nauroy^Le  Cu- 
rieux^ t.  Il,  p.  202). 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

*  * 

Je  crois  que  M.  César  Birotteau  se 
trompe  en  faisant  de  Léon  Gatayes 
l'ami  de  Victor  Hugo  ;  c'est  surtout  avec 
Alphonse  Karr  que  Gatayes  était  lié  d'une 
amitié  quasi  fraternelle.  Quoi  qu'il  en  soit, 
je  vais  remplir  les  initiales  indiquées  par 
notre  collaborateur.  Guillaume-Pierre- 
Antoine  Gatayes,  le  père  de  Léon,  qui 
était  lui-même  un  harpiste  habile  et  un 
compositeur  distingué,  dont  certaines  ro- 
mances (/<?  Délire,  entre  autres)  obtinrent 
un  succès  de  vogue,  était  le  fils  naturel 
du  prince  de  Conti  et  de  la  marquise  de 
Silly.  Celle-ci  )e  destinait  aux  ordres  et  le 
fit  entrer  au  séminaire  sous  le  nom 
d'«  abbé  Vénicouit  »,  parce  qu'elle  vou- 
lait laisser  sa  fortune  à  un  autre  enfant 
naturel,  le  marquis  de  Montréal.  Mais  le 
jeune  homme,  fou  de  musique  et  peu  en- 
clin à  la  -rêtrise,  s'évada  du  séminaire  et 
voulut  vivre  en  liberté  Sa  mère  alors  ne 
voulut  plus  s'occuper  de  lui. 

Les  troubles  de  la  Révolution  forcèrent 


20  Septembre    1904, 
_ 410 — — — 

d'ailleurs  le  prince  et  la  marquise  à  sortir 
de  France,  et  leur  fils  dut  s'Ingénier 
à  gagner  sa  vie  à  l'aide  de  la  musique. 
C'est"  alors  qu'il  abandonna  le  nom  de 
Vénicourt  pour  prendre  celui  de  Ga- 
tayes. On  raconte  que  le  hasard  le  fit  lo- 
ger à  cette  époque  dans  la  maison  de  Ma- 
rat,  et  qu'il  se  trouva  ainsi  en  relations 
avec  «  l'ami  du  peuple  ».  Antoine  Ga- 
tayes a  publié  de  nombreuses  composi- 
tions pour  la  harpe,  pour  la  guitare  et 
pour  le  chant.  11  fut  le  premier  maître  de 
son  fils  Léon,  qui  devint  un  harpiste  re- 
marquable, et  plus  tard  un  critique  musi- 
cal et  un  écrivain  de  sport  très  écouté. 
Son  second  fils,  Félix, pianiste  fort  habile, 
qui  fut  élève  de  Liszt,  devint  aussi  un 
compositeur  d'un  véritable  talent,  qui 
gâcha  une  belle  vie  d'artiste  par  ses  ca- 
prices et  ses  fantaisies  folles. 

Arthur  Pougin. 

Baron  de  Grunstein  (L,  165).  Dès 
le  xvi"  siècle,  la  famille  de  Grunstein  pa- 
rait être  française,  car  elle  possédait  à  cette 
époque,  en  Poitou,  à  titre  de  fief,  la 
seigneurie  de  Chaillé  près  Melle  (Deux- 
Sèvres).  C.  DE  St  M. 

Famille  Hustin  de  Douai  et  de 
Lille  (XLIX,949  ;  L,86).— Je  ne  puis  don- 
ner des  renseignements  sur  l'origine  de 
cette  famille,  comme  il  est  demandé. mais 
je  croisdevoir  signaler  à  M.  Labadie  l'exis- 
tence d'une  chaise  à  porteurs  aux  armes 
des  Hustin,  qui  a  paru  à  plusieurs  foires 
de  Bordeaux,  chez  un  antiquaire.  Elle  était 
assez  bien  conservée,  mais  d'une  peinture 
médiocre  ;  elle  doit  être  une  trace  du  pas- 
sage de  Jacques  Hustin,  venu  à  Bordeaux 
en  17 10.  D''  H.  DE  C. 


T 


Laîon  Labatut  (L,  276).  —  Le 
poète  à! Insomnies  et  Regrets  résidait  en 
Périgord,  au  Bugue  auprès  de  sa  famille, 
et  il  est  mort  il  y  a  une  quinzaine 
d'années.  La  biographie  qui  précède  ses 
poésies,  est  signé  Pellissier,  et  ce  Pellis- 
sier,  —  parent  de  Lafon  Labatut,  —  ou 
plutôt  Pellissier  de  Labatut,  collabora- 
teur de  Raynouard,  l'auteur  des  Templiers 
et  auteur  dramatique  à  ses  heures  (son 
Médicis  et  Machiavel  fut  applaudi  en  son 
temps)  était  le  grand  oncle  maternel  de 
Jules  Claretie  et  Léo  Claretie,  son  cousin. 


N"  «052 
411   

Lafon  Labatut  est  donc  aussi  allié  à  nos 
confrères  et  collaborateurs.  Ego. 

Il  est  mort  en  juillet  1877. Consulter  sur 
lui  :Conférence  faite  à  Périgueux.par  Gazais 
[Avenir  de  la  Dordogiw,  28  juin  1892)  — 
Ses  Œuvres  posthumes  ont  été  publiées  en 
1878,  par  Gabriel  Lafon  (Périgueux,  Ras- 
touil),  quia  donné  sur  ce  poète  une  bio- 
graphie en  tête  du  volume.  Ge  même  ne- 
veu a  publié,  en  1889,  Derniers  tâtonne- 
ments de  Lafon  Labatut. 

Nul  doute  que  M.  Gabriel  Lafon,  no- 
taire à  Terrasson  (Dordogne),  ne  donne 
sur  son  oncle  tous  détails  désirés, 

La  GoussiÈRE. 

Pestnlozzi.  médecin  agrégé  au 
collège  de  Lyon  (1721)  fL,  276).  — 
Pestalozzi  (Jean-jérome),  médecin  agrégé 
au  collège  de  médecine  de  l'Hôtel-Dieu, 
possesseur  d'un  riche  cabinet  d'histoire 
naturelle,  auteur  de  plusieurs  ouvrages, 
né  à  Venise,  le  23  juin  1674,  mort  à 
Lyon,  le  26  avril  1742. 

Pestalozzi  (Antoine  Joseph),  probable- 
ment fils  du  précédent,  médecin,  de 
l'Académie  de  Lyon,  né  le  17  mars  1703, 
mort  le  2  avril  1779,  auteur  d'écrits  sur 
l'électricité  (  Les  Lvonuais  dignes  de  mé- 
moire). Voir  Pernetti  ;  II,  310.  Bibliogra- 
phie. Univers  ;  Bibl.  de  Richelet. 

A.  S. 

Philis  de  la  Tour  du  Pin  de  la 
Charce  (XLIX,  108,  593).  —  Le  cher- 
cheur DAUPHINOIS  qui  a  répondu  déjà  à 
cette  question  l'a  fait  plus  en  poète  en- 
thousiaste qu'en  froid  historien.  Geux  qui 
voudront  avoir  des  notions  exactes  sur 
notre  héroïne  feront  bien  de  lire  l'ouvrage 
que  lui  a  consacré  l'abbé  Lesbros  (Paris, 
Tequi,  1883).  En  m'en  envoyant  un 
exemplaire,  le  comte  Henry  de  la  Tour 
du  Pin  de  la  Gharce.  le  savant  historien 
de  sa  maison,  m'écrivait  la  lettre  repro- 
duite ci-après,  qui  apprécie  très  justement 
les  divers  historiens  de  Philis. 

Albert  de  Rochas. 

Mon  cher  ami, 

Voilà  bien  longtemps  que  je  suis  privé  du 
plaisir  d'avoir  de  vos  nouvelles,  quoique  ie 
puisse  bien  vous  assurer  que  tout  ce  qui 
vous  intéresse  me  touche  infiniment,  et 
peut-être  avez-vous  oublié  ce  que  je  vous 
avais  dit  d'un  ouvrage  que  voulait  faire  pa- 


L'INTERMEDIAIRB 


41: 


raître  l'abbé  Lesbros,  curé  de  Bruis  (Hau- 
tes-Alpes), sur  la  vie  et  les  faits  et  gestes 
de  Mlle  de  la  Charce  Je  vous  l'adresse  de 
suite  comme  je  vous  l'avais  promis. 

Si  vous  avez  jeté  les  yeux  précédemment 
sur  le  roman  de  l'anonyme  de  173 1,  sur 
celui  de  la  comtesse  Dash  et  sur  celui  de 
madame  Drevet, vous  verrez  qu'iln'y  après- 
que  aucun  rapport  entre  la  jeune  et  sédui- 
sante héroïne  dont  ils  avaient  raconté  les 
amours  présentés  comme  mobile  de  ses 
belles  actions  et  la  femme  remarquable, 
vieille  fille  de  47  ans  bien  sonnés,  inspirée 
par  son  patriotisme,  dont  ledit  curé  a 
ess;iyé  de  faire  le  portrait. 

Le  but  de  ce  modeste  ecclésiastique,  qui 
vit  en  véritable  bénédictin  dans  son  pres- 
bytère, n'a  été  aucunement  de  faire  passer 
son  propre  nom  à  la  postérité  ;  il  ne  vou- 
lait pas  d'abord  le  placer  sur  la  couverture 
de  son  livre.  Son  seul  désir  a  été  de  dé- 
mêler le  vrai  et  le  faux  parmi  tous  les 
éloges  emphatiques  et  les  exagérations, les 
mensonges  et  les  dénio-rements  des  uns  ou 
des  autres.  11  s'est  donc  appuyé  sur  quel- 
ques titres  possédés  par  M.  Morin  Pons, 
sur  ceux  que  je  me  suis  fait  un  plaisir  na- 
turellement de  mettre  à  sa  disposition,  sur 
la  fort  bonne  notice  de  M«  Albert  du  Boys 
dont  il  a  rectifié  quelques  erreurs,  et  sur 
votre  très  intéressante  Campagne  de  j6ç2. 
En  un  mot  il  s'est  borné  à  dire  :  Voilà  ce 
qui  a  été  dit  de  faux,  voilà  ce  qui  a  été  dit 
de  vrai,  voici  tous  les  titres  connus  jus- 
qu'à présent.  Et  il  a  tiré  ses  conclusions  en 
présentant  son  livre  comme  une  simple 
étude  historique  pouvant  servir  de  base  et 
de  point  de  départ  à  ceux  quiseraient  tentés 
par  la  suite  de  s'occuper  des  faits  et  gestes 
de  mademoiselle  de  la  Charce. 

Cet  ouvrage  a  ce  bon  coté  qu'auparavant, 
à  part  la  notice  de  M.  du  Boys,  on  ne  sa- 
vait guère  autre  chose  sur  elle  que  ce  qu'il 
avait  plu  aux  romanciers  d'en  dire,  tandis 
qu'aujourd'hui  on  sait,  et  très  exactement, 
tout  ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans  son  histoire. 
Seulement  les  documents  sont  rares  et  il  y 
aurait  évidemment  des  recherches  à  faire 
dans  les  ministères  pour  détcminer  exac- 
tement ce  que  Philis  a  fait  en  1692  ;  par 
exemple  dans  la  correspondance  de  M.  de 
Durfort-Boissière  avec  le  marquis  de  Bar- 
bésieux,  si  elle  existe  encore. 

La  vérification  que  j'ai  faite  récemment 
des  lettres  du  marquis  de  Larrey  (1693)  et 
du  sieur  Souchat  me  fait  regretter  de  ne 
pas  les  avoir  communiquées  in-extenso  au 
curé  de  Bruis  :  l'une  est  signée  Larray,  et 
l'autre  Souchon.  Il  s'est  borné  à  reproduire 
les  extraits  inexacts  que  d'autres  ouvrages 
avaient  cités.  J'en  suis  fâché  parce  que  ce 
Souchat  était  un  personnage  complètement 
inconnu    et  que    M.    Souchon    des    Praux 


I 


413 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX             20  Septembre  1904. 
■ 414    — 


étaitjsi  je  ne  me  trompe  pas,  subdélégué  de 
l'intendance  ou  des  finances  à  Gap  en  1692 
et  fut  nommé  premier  président  au  bureau 
des  finances  à  Aix  en  1693  ;  il  était  en 
grandes  relations  avec  l'intendant  Bouchu, 
comme  le  prouve  une  dolèancc  pour  Guil- 
lestre  que  vous  avez  citée  dans  votre  Cam- 
pagne de  1692  (p.  81)  et  il  en  résulte  que 
son  témoignage  n'était  pas  9»nsun  certaine 
autorité.  Dans  quelque  temps,  quand  j'au- 
rai une  expédition  légalisée  de  ces  lettres 
précieuses,  j'en  donnerai  communication  à 
la  Société  d'étude  de  Gap  et  à  la  Société 
archéologique  de  la  Drôme  afin  de  rectifier 
les  textes  incomplets  qui  ont  été  produits 
jusqu'ici. 

Je  vous  envoie  donc  cette  étude  un  peu 
cléricale  en  vous  demandant  votre  indul- 
gence pour  elle  et  je  joins  ii  cet  envoi, mon 
cher  Rochas,  l'assurance  de  ma  bien  sin- 
cère amitié. 

Le  comte   de    la    Tour  du  Pin  de  la  Charge 
Ch,  de  Bezonville  par  Sermaises,    (Loiret.) 

ler  août  83 


Ravoux,  Rézé  (évêques)  (L,  276). 
—  De  Rézé,  je  ne  sais  rien.  De  Ravoux, 
voici  ceque  je  puis  dire  :  Ravoux, Auguste, 
vicaire  apostolique  de  Montana,  était  de 
Saint- Flour  ;  du  moins  sa  famille  en  était 
originaire.  Il  y  a  vingt  ans  tout  au  plus, 
son  frère  était  encore  professeur  élémen- 
taire, sixième  ou  septième,  au  collège  de 
la  ville  et  avait  épousé  une  marchande  de 
mercerie  et  nouveautés  de  l'endroit, encore 
de  ce  monde,  si  j'en  crois  le  Bottin,  en 
ce  cas  fort  âgée.  Trois  fils  étaient  nés 
de  cette  union  :  le  plus  jeune,  que  j'ai 
connu  personnellement,  mort  de  bonne 
heure,  après  a\^oir  été  deux  ou  trois  ans 
élève  en  pharmacie  à  Paris  ;  le  second, 
pharmacien  à  Langeac  (Haute-Loire)  ; 
l'aîné,  avoué  à  Salnt-Flour, 

j'ai  tout  lieu  de  les  croire  également 
décédés. 

La  famille,  fort  méritante  d'ailleurs, 
était  honorablement  connue  dans  le  pa}'S. 
Il  serait  donc  facile  et  profitable  à  notre 
confrère  Saint-Saud  de  diriger  ses  recher- 


ches de  ce  côté. 


SOULGET. 


Roussel  de  Tilly  (XLIX,  840,  983  ; 
L,  138).  —  Les  armes  de  Charles  Roussel 
de  Tilly,  données  par  M.  G.  P.  Le  Lieur 
d'Avost,  doivent  être  rectifiées  et  com- 
plétées comme  suit  :  Ecartele  -.au  i  d'azur , 
an  sautoir  d'or^  accompagné  en  chef  d'une 
étoile   d'argent,  et  en  pointe  d'une   rose  du 


second  (Roussel  de  Tilly,  en  Bourbonnais 
et  en  Nivernais)  ;  au  3  d'argent, au  lion  de 
sable  \au  chef  du  même  (alias,  de  gueules), 
chargé  de  trois  coquilles  d'or  (Roussel 
d'Inval,  en  Blaisois  et  Russell,  en  An- 
gl.:terre)  ;  au  ^  d'argent,  à  la  fasce  de 
gueules,  chargée  de  trois  croisettes  du  champ 
(Roussel,  en  Normandie)  ;  au  4  de  sable, 
à  trois  épées  d'argent,  garnies  d'or, 
appointées  à  la  base  del'écn  (Poulet  de  Mar- 
cilly,  en  Picardie,  Paulet  et  PowLETT,en 
Angleterre).  Sur  le  tout  de  t'SERCLAES  de 
TiLLY  en  Belgique  qui  est  '.de  gueules,  au 
lion  d'argent,  armé,  lampassé  et  couronné 
d'or,  la  queue  fourchée  et  passée  en  sautoir, 
chargé  sur  l'épaule  d'un  écusson  d'or,  au  chef 
échiqneté  d'argent  et  de  sable  de  deux  tires 
(Bygaerden,  en  Belgique).  Couronne  de 
duc.  Supports  :  deux  coqs  regardants. 

Ces  armes  ont  été  décrites  par  M.  Emile 
Perrier  dans  les  Archives  de  la  Société  des 
Collectionneurs  d'Ex-Lihris,^"  année, page 
35,  à  propos  d'un  ex-libris  de  Charles  de 
Tilly  et  d'un  fer  de  reliure  du  même,  ce 
dernier  faussement  attribuée  la  famille 
des  Courtils  de  Merlemont,*  par  Joannis 
Guigard.  dans  son  Nouvel  Armoriai  du 
Bibliophile. 

On  voit  que  la  famille  Roussel  de  Tilly, 
anoblie  en  1700,  marchait  rapidement 
vers  les  honneurs,  et  que  ses  prétentions 
égalaient  sa  vanité.  Non  satisfaite  de  tim- 
brer son  écu  d'une  couronne  ducale,  elle 
cherchait,  par  son  blason,  à  se  rattachera 
tous  les  Roussel  existants  et  même  à  l'an- 
cienne famille  belge  des  t'Serclaes  de 
Tilly. 

Cette  famille  possédait  en  Nivernais, 
dans  les  châtelleniesdeNevers  et  de  Mon- 
ceaux-le- Comte,  les  seigneuries  des 
Réaux  et  de  Saint-Gérémanges  ;  et  en 
Bourbonnais,  dans  la  châtellenie  de  Sou- 
vigny,les  seigneuries  de  Vitry,  de  Bost,  du 
Treuil,  du  Chaffault,  de  la  Garenne,  de 
Ris,  de  la  Tour-Boursard,  et  enfin  le  mar- 
quisat de  Tilly,  qui  passa,  vers  le  milieu 
du  xviii=  siècle,  dans  la  famille  tie  Biotière. 
Elle  s'allia  en  Nivernais  avec  les  familles 
du  Feuilloux,  de  Troussebois,  Carpentier, 
Brisson  et  Gascoing  ,  et  en  Bourbonnais 
avec  les  familles  Becquas,  de  Launay,  de 
Louan  et  d'Alaudière. 

François  Roussel  de  Tilly,  parent  de 
Charles  de  Tilly,  naquit  à  Moulins,  fut 
évêque  d'Orange,  de  1730  à  1774  ;  il 
mourut  à  Caderousse,  le  29  juillet  1775, 


N*  105: 


L'INTERMÉDIAIRE 


415 


416 


et  fut  inhumé  dans  l'église  de  l'abbaye  de 
Saint-Benoit, dont  sa  sœur  avait  été  abbesse 
(Bastet,  Essai  historique  sur  les  cvéques 
d'Orange^  p.  255). 

Mgr  de  Tilly  portait  des  armoiries  iden- 
tiques à  celles  de  Charlesde  Tilly  ;  on  les 
rencontre  sur  ses  mandements  et  sur  le 
titre  de  cet  ouvrage  :  La  régie  du  bienheu- 
reux patriarche  saint  Benoit.  Avignon, 
I757,in-i2.  P.  LE.  J. 

Saint-Malo,  nom  d'hoî.r.nie  (L. 
280).  —  Une  famille  de  Saint-Malo,  à  la- 
quelle appartenait  le  savant  M.  Renard  de 
Saint-Malo,  doit  exister  encore  à  Perpi- 
gnan. A.  S..  E. 

Portrait  de  Sartines  (XLIX,  897). 
—  Les  portraits  de  M.  de  Sartines  et 
d'Emilie  de  Sainte-Amaranthe,  sa  femme, 
ont  paru  dans  un  livre  intitulé  Madame  de 
Sainte-Amaranthe  ou  le  Régime  de  la  Terreur 
par  Madame  C.  L.  (C.  de  La  Baume)  édité 
chez  T-J.  Trouvé,  imprimeur,  rue  Notre- 
Dame  des  Victoires,  en  1827. 

Voici  ce  qu'en  dit  le  manuscrit  original 
et  autographe  de  Mme  de  La  Baume  ;  après 
avoir  expliqué  comment  elle  conçut  la 
pensée  d'écrire  l'histoire  de  Sainte-Ama- 
ranthe : 

Plein  de  cette  idée, 
des  recherches  sur  la 
Amaranthe.  Une  de  mes  amies,  pour  secon- 
der mon  dessein, me  fit  faire  la  connaissan 
ce  d'une  dame  qui  avait  été  intimement  liée 
avec  Enube  de  Sainte-A.,  épouse  de  Charles 
de  Sartines.  Cette  dame,  veuve  depuis  peu 
d'années,  logée  dans  un  des  beaux  quartiers 
déserts  du  Marais,  m'accueillit  avec  bonté... 
Elle  me  ht  passer  dans  un  salon  reculé  où 
je  trouvai  les  portraits  de  Sartines  et  sa 
femme,  tels  qu'où  les  voit  en  tète  de  ce 
livre 

Tous  deux  sont  représentés  en  buste 
seulement,  les  bras  liés  derrière  le  dos,  le 
torse  recouvert  de  la  chemise  rouge  des 
parricides.  Ces  portraits  sont  signés  Jacob. 

fignore  le  nom  de  la  dame  qui  possé- 
dait l'original  des  deux  gravures. 

M.  Roos. 

Souvenirs  de  Simon  do  Grand- 
cliamp  (XLIV  ;  L,  299).  —  A  propos 
du  séjour  de  Napoléon  et  de  son  frère  Jo 
seph  à  Autun,  le  Journal  des  Débats  du 
24  juin  1804  fait  remarquer  que  si  lors 
du  vote  (on  ne  disait  pas  encore  plébiscite) 


je  m'occupai  à  faire 
famille   de  Sainte- 


qui  eut  lieu  à  la  fin  de  mai  1804  sur  l'hé- 
rédité de  l'Empire,  l'arrondissement  d'An- 
tun,  dont  la  population  est  très  faible, 
donna  plus  de  dix  mille  oui ,  c'est  qu'  «  Au- 
tun a  eu  l'avantage  de  posséder  pendant 
toute  la  durée  de  son  éducation  le  prince 
Joseph,  et,  pendant  plusieurs  mois,  l'em- 
pereur lui-même.  »  Fernand  B. 

Faiv.iiîe  dô  Sonima.riva  CL,  225). 
—  Je  ne  sais  si  la  famille  Sommariva 
e?<iste  encore,  mais  je  le  présume,  car  il  y 
a  sur  le  lac  de  Côme  une  villa  dite  Villa 
Sommariva.  Je  n'ai  aucun  guide  sous  la 
main.  11  est  facile,  en  tout  cas,  d'écrire  à 
la  villa  pour  se  renseigner. 

Malatf.sta. 


de 


Wittinghof-Scheel 


Famille 

(L,  10,  137,  197).  —  Ancienne  famille 
westphalienne,  qui  s'est  établie  au  xiv® 
siècle  en  Courlande. 

Cette  famille  portait  anciennement  le 
nom  de  Scheel  ou  Scheele  (surnom  qui 
signifie  louche)  ;  Vietinghof  leur  vient 
d'une  seigneurie  près  d'Essen. 

Rahod  Scheel  ou  «  le  louche  >■>  épousa 
Elisabeth  v.  Schledenhausen  ;  il  hérita  de 
cette  seigneurie,  qu'il  appela  alors  Sche- 
lenburg. 

Les  Vietinghof  portaient  anciennement  : 
d'argent.,à  la  bande  de  gueules.^  chargée  de 
5  boulets  (Kugchi)  d'or  .  ils  portent  à  pré- 
sent :  d'argeiit^à  la  bande  de  gueules  char- 
gée de  3  coquilles  d'or  . 

von  //(?/;/(?/?, Westphalischen  Geschichte, 
m,  i9'5.  Fahne.  Gesch.  der  Koln.  Jul.  et 
Bergischen  Geslechter,  puis  Y  Annuaire  de 
la  Nobl.  de  Russie,  2^  Année  1892,  p.  26. 

D'J.  Er.merins. 

Saulnier  da  Beauregard  (armoi- 
ries) (L,  226).  —  Je  vois  dans  :  La  vraye 
et pa7-faite  science  des  Aimoiries  ou  l'Indice 
Armoriai  de  feu  Maistre  Louvan  Geliot 
advocat,  édit.  i66o,pag.626  : 

Jean  Saulnier,  abbé  de  Cernon,  conseiller 
au  Parlement  de  Dijon,  portoit  une  teste  de 
more  bandée,  accompagnée  de  trois  étoiles. 

Dans  V  Armoriai  Général  de  France., 
Généralité  de  Bourgogne,  Recueil  Offi- 
ciel dressé  en  vertu  de  l'édit  de  1696, par 
Charles  d'Hozier,  publié  par  Henry  Bou- 
chot, Bourgogne,  tome  II,  pag.  87,  édit. 
1876  (Henri  Champion.  Paris)  —on  lit, 
195  : 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


417 


Saulniei-,  Paul,  conseiller  du  Roy,  receveur 
en  titre  de  Sa  Majesté  au  bureau  de  Montluel  : 
d'a:iur,  à  un  chevron  brisé  d'or,  accompaçriié 
de  trois  trèfles  de  même,  posés  deux  en  chef 
et  un  en  pointe. 

Dansï Arinon'al  Général  de  Toi!raine,pai- 
}.X.  Can-é  de  BusseroUe,  publié  par  la  So- 
ciété archéologique  de  Touraine,  édit. 
1867, pag.  902,  on  lit  : 

Saulnier  (François)  grand  prieur  de  l'abbaye 
de  Cormery  f'1707-1708)  :  «  de  sable,  au  che- 
vron d'or,  accompagné  en  chef  de  deux  étoi- 
les de  même,  et  en  pointe  dun  croissant  d'ar- 
Dent  mouvant  sur  une  mer  de  même. 

o 

Mon  avis,  dans  ce  cas,  est  que  je  m'en 
rapporterais  bien  plus  à  ce  que  dit  Lou- 
van  Geliot  à  ce  sujet  qu'aux  deux  autres, 
car  chacun  sait  que  l'édit  de  i5g6  (Ch. 
d'Hozier)  était,  à  cette  époque,  bien  plus 
une  mesure  fiscale  que  tout  autre  chose 
et  que  l'on  blasonnait  des  écussons  aux 
familles  un  peu  ot  même  beaucoup  à  tort 
et  à  travers.  H.  S.  F.  V. 

P.  S.  —  j'ai  trouvé  depuis,  par  le  plus 
grand  hasard,  dans  le  catalogue  H.  Cham- 
pion, librairie  ancienne  et  moderne,  9, 
quai  Voltaire  Paris,  7,  Catalogue,  mai 
1904,  page  47,  n^  1365. 

"Vie  du  R.  P.  Antoine  (Anne-Nicolas- 
Charles  Saulnier  de  Beauregard),  abbé  de 
la  Trappe  de  la  Melieray,  rédigée  par  deux 
de  ses  amis.  Paris,  1840,  in-8,  dem.  rel. 
V.    f.  portrait  5  fr,. 

H.  F.  S.  V. 


Ordre  de  la  Félicité  (L,  169).  —  A 
l'époque  où  les  loges  furent  condamnées 
pour  la  première  fois  en  1738,  par  Clé- 
ment XU,  beaucoup  de  sociétés  badines  ou 
d'agrément  s'étaient  fondées  en  s'ins- 
pirant  des  rituels  maçonniques.  En  Au- 
triche, d'abord,  celle  des  Mopses,  la  plus 
connue,  qui  eut  des  ramifications  jusqu'en 
France. On  n'y  admettaitquedes catholiques 
romains,  disposés  à  s'amuser. 

En  France,  l'ordre  de  la  Félicité  est  un 
des  plus  anciens.  Il  avait  été  institué  à 
Paris  par  M.  de  Chambonnet,  et  sous  le 
patronage  de  saint  Nicolas.  Comme  dans 
la  plupart  des  sociétés  de  ce  genre,  les 
statuts  étaient  plus  ou  moins  imités  de 
ceux  qui  étaient  alors  en  usage  dans  la 
franc-maçonneiie.  Thory,  dans  ses  Anna- 
les (Paris  1812  ,  donne  beaucoup  de 
détails  sur  les   mystères   de   cet  ordre  et 


20  Septembre   1904 
-^-.-^   418    

affirme  que  ses  membres  appartenaient  au 

meilleur  monde,  mais  il  ajoute  :  «  Nous 
ne  nous  appesantirons  pas  sur  les  équivo- 
ques que  pourraient  présenter  quelques 
expressions  du  serment  ou  du  rituel  de 
cette  société.  />  On  lit  dans  \ Encyclopédie 
Maçonnique  deMackey  (Philadelphie,  1879) 
sur  ce  même  sujet  : 

Société  Androgyne  secrète,  fondée  en 
1743  P^'  '^'  Chambonnet.  Elle  a  été  une 
des  premières  associations  ou  coteries  pseu- 
do-maçonniques inventées  par  les  francs- 
maçons  français  pour  flatter  la  curiosité 
des  femmes  et  obtenir  leur  appui.  Son  ri- 
tuel et  son  vocabulaire  étaient  empruntés 
aux  termes  maritimes  et  était  un  peu  exces- 
sif quant  au  côté   galant 

PlETRO. 

Arœes  delà  Rivière  (L,  i68,  304, 
364).  —  La  Rivière^du  Alaine:  d'azur, à  cinq 
hures  de  saumon  d'argent.^  posées  en  sautoir,  2, 
/,  2.  François  de  la  Rivière,  écuyer,  sei- 
gneur, de  la  Groirie  à  Tfangé  (Sarthe), 
épouse  par  contrat  du  26  juin  1620,  Marie 
du  Monceau  et  meurt  le  6  août  1671,  lais- 
sant au  moins  quatre  enfants  :  1°)  François 
qui  suit;  2°)  Léonor  de  la  Rivière,  écuyer, 
seigneur  de  la  Groirie,  de  Marie,  enterré  à 
Trangé  le  10  février  1689;  3  )  Elisabeth 
de  la  Rivière  épousa  :  1°)  Denis  Le  Vayer, 
chevalier,  seigneur  de  la  Chevalerie  et  2°) 
(1684)  Anne-François  de  Couterne,  che- 
valier, seigneur  d'Etival  ;  4°)  Henriette  de 
la  Rivière,  religieuse  à  Longpré. 

François  de  la  Rivière,  seigneur  de  la 
Roche-de-Vaux  (en  Requeil,  Sarthe)  du 
Bouchet- aux -Corneilles,  etc.,  baptisé  le 
17  septembre  1623,  conseiller  du  roi  çn 
son  parlement  de  Metz  en  mars  1648, 
épouse  Louise-Madeleine  de  Lomblon  des 
Essarts  et  meurt  à  la  Roche-de-Vaux  le 
4  mai  1683.  Il  avait  eu  :  1°)  Michel 
Léonor  de  la  Rivière,  baptisé  à  Requeil, 
le  12  octobre  1681  et  mort  en  17 19, 
inhumé  à  Requeil,  sans  alliance  ;  2"  Louise- 
Madeleine-Josèphe- Marie  de  la  Rivière, 
dame  de  Corbion,  épouse,  21  mai  1704, 
Joseph  de  Mailly  d'Harcourt,  auquel  elle 
porte  les  terres  de  son  frère  et  de  son 
oncle  Léonor,  mort  sans  postérité. 

Revue  Historique  du  Maine^  t.  XXII,  p. 
255,  Bibl.  nat.  Pièces  orig.  t.  2495,  La  Ri- 
vière, 56.090  cote  209.  A.  Ledru,  La  Mai- 
son de  Mailly,  t.  I,  p.  504  : 

La  Rivière,  de  la  Flèche,  1698  :  de  sable  à 


N.  1052. 


L'INTERMÉDIAIRE 


419 


une  bande  d argent,  brisé  en  chef  d'une  étoile 
de  même. 

De  Maulde,  Suite  à  V Armoriai  du  diocèse 
du  Mans^  P-  3i'7  ^ 

La  Rivière,  seigneur  de  Saint-Calais  et  de 
Mondoubleau,  tire  son  nom  d'une  baronnie  du 
Nivernais.  Charles,  seigneur  de  Montdoubieau 
•j- 1429,  fils  de  Bureau  de  laRivière  (-f  1400) 
chambellan  de  Charles  V  et  de  Charles  VI, 
vendit,conjointement  avec  Blanche  de  Trie  sa 
femme,  la  seigneurie  de  Saint-Calais  et  celle 
de  Mondoubleau  :  de  sable,  â  la  bande  d'ar- 
gent. 

De  Maulde  donne  aussi  à  cette  famille 
les  armoiries  de  la  première  famille  de  la 
Rivière  ici  mentionnée. 

Pesche,  Dictionnaire  ;  Cauvin,  Essai  sur 
V Armoriai  du  Diocèse  du  Mans,  p.  203  ;  De 
Maulde  op.  cit.  p.  315.  La  Chesnaie-Des- 
bois,  Dictionnaire.  La  Rivière^  nombreuses 
familles  de  ce  nom  dans  la  Mayenne.  Cf. 
abbé  Angot.  Dictionnaire  de  la  Mayenne, 
t.  111,  p.  417.  Louis  Calendini. 

Les  armes  d'Angélique  de  Mau- 
riac, épouse  du  marquis  de  la 
Grange  (L,  115).  —  Je  fais  de  nouveau 
appel  à  l'obligeance  de  mes  aimables  cor- 
respondants pour  connaître  les  armes 
des  Méliand  de  Mauriac,  alliance  de  la 
famille  Lelièvre  de  la  Grange.  T. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'azur, 
à  trois  glands  d'or  (L,  277)  —  Ce 
sont  les  armes  des  Poret  :  d'a{ur,à  trois 
glands  versés  d'or,  2  ^/  /.  Il  y  a  en  Nor- 
mandie plusieurs  familles  de  ce  nom. 
Poret  de  Civille,  Poret  de  Blosseville, 
Poret  de  Berjou.  Ces  familles,  originaires 
de  la  même  province,  ont  les  mêmes 
armes  ;  on  peut  en  conclure  qu'elles  ont 

une  souche  commune.  J.  P. 

♦ 
*  * 

Les  armes  indiquées  sont  celles  de  la 
famille  Poret 

Bénigne- Etienne-François,  Poret,  sei- 
gneur de  Boisemont,  procureur  général 
à  la  cour  des  Comptes  de  Rouen,  épousa 
Jeanne-Augustine  Marye  de  Blosseville, 
unique  descendante  de  cette  famille  Ma- 
rye, originaire  d'Ecosse. 

Leur  fils,  Bénigne  Poret,  ex-seigneur 
d'Amfreville-la- Campagne  (Eure),  joi- 
gnit à  son  nom  celui  de  Blosseville  et 
épousa,  à  la  fin  du  xvm"  siècle,  Marie- 
Henriette  de  Civille. 


-^ — -   420 

De  ce   mariage   sont 
branches  des   Poret    de 


issues   les   deux 
Blosseville  et  de 
Civille,  encore  vivantes  en  Normandie. 

De  Magny,  Nobiliaire  de  Normandie,  11. 
621).  C-^  Henry  Le  Court. 


Ces  armoiries  sont  celles  de  la  famille 
Poret  de  Blosseville.         C.  de  S'T-  Marc. 


Tout  d'abord,  je  vous  dirai  qu'il  est  très 
difficile  de  spécifier  d'une  façon  bien  au- 
thentique la  famille  à  qui  appartiennent 
ces  armoiries. 

Des  armoiries  parfaitement  semblables 
comme  fers  et  émaux  sont  souvent  por- 
tées par  des  familles  différentes. 

Ainsi,  discutons  celles-ci  :  d'azur,  aux 
trois  glands  d'or  posés  2  et  l . 

Dans  la  «  Vraie  et  parfaicte  science  des 
Armoiries  »  de  Louvan  Géliot,  advocat, 
augmenté  par  Palliot,  édit.  1660,  vous 
voyez,  page  357,  que  ces  armoiries  : 
d\i{ur.^  aux  trois  glands  d'or ^  posés  deux  et 
7»?, sont  également  portées  par  les  familles 

i°deThoisy,   au    duché   de  Bourgon- 

gne  ; 

2°  de  Breteville  en  Normandie  ; 

30  La  Jarrie  ; 

40  Clervaux  ; 

z,"  de  Lingendes. 

Dans  le  «  Trésor  Héraldique  ou  Mercure 
Armoriai  »  de  M.  Charles  Ségoing,  Paris, 
Clouzier,  1657,  page  345,  on  voit  : 
«  Breteville  en  Normandie  j  D'azur, aux 
«  Thoisy  en  Bourgongne  /  trois  glands 
«  La  Jarrie  (     <i'or. 

«  Clervaux 

Dans  la  Science  héroïque 


de    Marc  de 


Vulson,  seigneur  de  laColombière,  Paris, 
Sébastien  Cramoisy,  1644,  on  voit,  page 
212  : 

29.  Bretfeville,  La   Jarrie,  Clervaux,  Gau- 
Sauguin,  portent  tous  :  d'a{nr,à  trois 
"        ■    "  la  tige 


mm,  Gauguin,  portent  tous  :  d aper 
glands  d'or,  verse-,  c'est-à-dire  que 
est  mouvante  du  chef; 

Dans  pareil  cas,  l'affaire  est  difficile. 

11  y  a  aussi  dans  notre  Poitou  une  vieille 
famille  :  du  Chesne,  escuyer,  seigneur  de 
Vauvert,  qui  porte  également  d'a{nr,aux 
trois  glands  d'or  2  et  i  (D'Hozier,  édit. 
Clouzot,  Niort,  1887,  tome  1,  p.  276,  n» 

MS). 

Dans  le  cas  présent,  ce  ne  peut  être  que 
la  famille  de  Bretteville. qui  est  normande, 
ou  mieux  la  famille  Anquetil,  qui  porte 
bien  en   effet  d'or  (et    non   d'argent)  aux 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Septembre  1904* 


-     421 


trois feitilles  de  chêne?  de  sinople.  Mais  sur 
cette  verrière,  il  doit  être  facile  de  distin- 
guer des  glands  des  feuilles  et  de  distin- 
guer si  les  pièces  sont  d'or  ou  de  sinople, 

—  à  moins  quele  peintre  verrier, peu  ferré 
en  art  héraldique,  ait  confondu,  ce  qui 
est  arrivé  ailleurs. 

Le  plus  simple,  dans  ce  cas,  serait  d'é- 
crire au  curé  de  ladite  paroisse  qui  ne  re- 
fuserait pas  la  communication  de  son  re- 
gistre du  conseil  de  Fabrique,  où  le  fait 
d'établir  une  verrière  nouvelle  ou  neuve 
est  certainement  relaté  et  même  détaillé. 

H.  F.  S.  V. 

"Une  pièce  de  50  sous  de  Maurice. 
(L,  278).  —  Cette  pièce  est  de  la  catégo- 
rie des  pièces  dites  de  nécessité,  créées 
lors  des  crises  monétaires  et  dont  la  va- 
leur nominale  est  de  beaucoup  supé- 
rieure à  la  valeur  intrinsèque.  En  181 5, 
sous  la  domination  des  Anglais,  on  frappa 
à  l'île  Maurice  deux  pièces  de  nécessité, 
l'une  de  50  sous  pesant  6  gr.  7  d'argent,  et 
l'autre  de  25  sous  pesant  3  gr,  3  ;  cette  der- 
nière est  de  facture  beaucoup  plus  simple, 
car  elle  porte  simplement  :  recu-(7«-tresor, 
et  au  revers  :«  pour  25  sous»,  en  trois 
lignes  de  chaque  côté.  L'une  et  l'autre 
sont  gravées  dans  V Encyclopédie  monétaire 
d'Alphonse  de  Bonneville,  1849,  in-folio. 
Elles  ne  sont  pas  rares  et  leur  valeur 
marchande  n'atteint  pas  un  prix  élevé.  A 
la  vente  du  colonel  Mailliet,  qui  s'était 
fait  une  spécialité  des  monnaies  obsidio- 
niales  et  de  nécessité,  la  pièce  de  50  sous 
s'est  vendue  3  francs  et  celle  de  25  sous, 

2  fr.  PlCAILLON. 

Eglises  fortifiées)  T.  G.,  308  ; 
XXXVIIl  ;  XXXIX  ;  XLI  ;  XLII  ;  XLIII  ; 
XLIV  ;  XLlX,8i4,  829  ;  L,  152,  265, 369). 

—  A  Agde(Hérault)rex-cathédrale,sous  le 
vocable  de  saint  André,  est  ornée  à  l'in- 
térieur de  grandes  arcatures  qui  se  repro- 
duisent à  l'extérieur  et  forment  des  mâ- 
chicoulis, les  plus  anciens  peut-être  du 
moyen  âge  ;  tour  carrée,  semblable  à  un 
donjon  et  couronnée  de  mâchicoulis. 

A.  S..E. 

♦  * 

A  citer  celle  d'Eus,  arrondissement  de 
Prades,  et  de  nombreuses  autres  dans  les 
Pyrénées-Orientales,  vestiges  des  inva- 
sions. Lachaise. 


422 


*  * 


L'église  de  Vorges,  près  de  Laon, était 
une  forteresse  dressée  au  milieu  d'une  en- 
ceinte, ayant  ses  fossés,  ses  portes,  son 
donjon.  On  commença  à  détruire  ces  for- 
tifications dès  1368,  si  j'en  juge  par  des 
lettres  conservées  à  la  bibliothèque  de 
Laon,  qui  donnent  de  curieux  détails  sur 
ce  ^<  bel  moustier,  de  très  belle  et  forte 
«  maçonnerie  et  une  grant  et  grosse  tour 
«  de  pierre  et  sur  ycelle  un  bel  et  haut 
\<  clochier  tel  que  quant  une  gaîte  est  au- 
«  dit  clochier,  il  puet  bien  veoir  par  tout 
«  le  dit  terrouer,  pour  faire  retraite  en 
*<  cas  de  péril  audit  moustier,  tous  les 
^<  laboureurs  qui  seroient  en  leurs  labou- 
«  rages...  » 

Les  habitants  réfugiés  dans  l'église 
avec  leurs  bestiaux  et  leurs  provisions, 
buvaient  l'eau  d'un  puits  qui  se  trouve 
sous  une  dalle  du  bas-côté  gauche.  Celui- 
ci  n'est  pas  tari  et  l'on  y  puise  encore  de 
l'eau  pour  l'entretien  de  l'église. 

Jehan. 

Domiciles  parisiens  TL, 226, 370). — 
Le  volume  \n\\iu\i:  Statistique  des  lettres  et 
des  sciences  en  France.  Dictionnaire  des 
hommes  de  lettres,  des  savants  existant  en 
France,  leurs  ouvrages,  leur  domicile,  etc. 
par  Guyot  de  Fère,  Paris,  chez  l'auteur, 
1834,  in  8°,  contient  de  nombreuses 
adresses  d'hommes  de  lettres  et  de  sa- 
vants de  l'époque,  tant  à  Paris,  qu'en 
province.  Un  Valenciennois. 

Outillage  gallo-romain  (L,  219). — 

Dans  une  brochure  du  colonel sur  le 

camp  de  Romainville,près  Paris,  au  temps 
de  César,  on  trouvera  une  description 
d'outils  de  terrassiers,  accompagnée  de 
figures.  A  la  suite  d'un  événement  mili- 
taire ou  politique, les  terrassements  furent 
abandonnés,  puis  comblés.      Saffroy. 

Introduction  du  poivre  en  France 

(XLIX,  58,  263).  —  En  1229,  Marie, 
comtesse  de  la  Tour  du  Pin,  fait  donation 
aux  chartreux  de  Portes  (Ain)  décent  sols 
viennois  de  rente  dont  vingt  pro  pipr. 
emendo  «  pour  acheter  du  poivre  ». 

A.  S..E. 

Automobiles  en  1827  (XLIX,  895, 
995  ;  L.  102,  266.)  —  Le  collaborateur 
I.-G.   Bord  veut-il   me  permettre  de  lui 


/ 


N*  I0S2, 


L'INTERMEDIAIRE 


423 

rappeler  que  des  essais  de  voitures  sans 
chevaux  ont  été  faits  av?.nt  1757. 

Dans  son  Journal  des  {^orages  (1666 
Lyon),  M.  de  Monconys  raconte,  en  etïet, 
qu'il  a  vu  à  Nuremberg,  en  1663,  chez 
un  ouvrier,  un  carrosse  destine  au  roi  de 
Danemark  s<  lequel  carrosse,  dit-il, 
<i  avance,  recule  et  tourne  sans  chevaux, 
«  et  fait  3.000  pas  géométriques  en  une 
«  heure,  seulement  par  des  manivelles 
«  que  tournent  des  enfants,  qui  sont  dans 
«  le  corps  du  carrosse,  qui  font  tourner 
«  les  roues  de  derrière,  et  celui  qui  est 
*  dedans  tient  un  bâton  qui  fait  tourner 
«  le  dedans  du  carrosse  où  sont  attachées 
«  les  deux  petites  roues  pour  braquer  à 
«  l'endroit  qu'il  veut.  7^ 

Il  est  probable  que  l'mventeur  de  ce 
carrosse  devait  être  un  nommé  Jean 
Hautsch  que  les  traités  spéciaux  sur  l'his- 
toire des  moyens  de  transport  désignent 
comme  ayant  fabriqué,  à  Nuremberg,  des 
«  chariots  qui  allaient  par  ressorts  et  fai- 
«  saient  deux  mille  pas  en  une  heure.  » 

Eugène  Grécourt. 


Les    documents    phalliques    (L, 

172,  309).  —  Léda  demande  s'il  existe  en 

France  des  documents  comparables  à  ceux 

de  Nantes  et  de  Niort.   Oui,  il   en  existe 

(ou  du  moins  il  en  a  existé), à  Nîmes. 

Mais  comment  traiter  un  pareil  sujet  ? 
11  n'y  a  pas  que  des  hommes,  à  V Inter- 
médiaire ;  et  d'ailleurs  le  lecteur  français 


.-    424 


veut,  aussi  bien 


que 


la  lectrice,  être  res- 


pecté. Boileau  pensait  que  tout  pouvait  se 
dire  en  latin  ;  c'était  une  grave  erreur  : 
quand  les  latins  avaient  quelque  chose  de 
délicat  à  secommuniquer,  ils  parlaient  grec. 
Allons-nous  parler  en  grec  ^  Non.  Un  peu 
de  gaze  suffira  pour  mettre  notre  dis- 
cours dans  une  pudique  pénombre. 

Une  question  préalable  :  pourquoi  sup- 
poser que  la  pierre  de  Nantes  a  fait  partie 
d"un  mauvais  lieu  .?  L'objet  qu'elle  porte 
gravé  en  creux  est  devenu,  avec  la  civili- 
sation chrétienne,  une  monstruosité  qui 
met  en  déroute  la  délicatesse  de  notre 
langage  et  de  nos  regards  ;  mais  l'Anti- 
quité en  parait  ses  monuments  les  plus 
grandioses, en  faisait  des  colliers,  des  amu- 
letteSy  des  hochets  pour  les  enfants,  des 
bijoux  pour  les  dames  les  plus  distinguées 
comme,  pour  les  femmes  du  peuple.  Pour- 
quoi chaque  progrès  de  l'humanité  est-il 


salué  d'une  bordée  d'injures  à  l'adresse  de 
ce  qui  cesse  d'être  ^ 

Dans  les  rues  de  Pompéi,  d'énorm.es 
phallus  se  dressent  au  devant  de  maisons 
nobles. 

Arrivons  à  Nîmes.  'Voici  ce  qu'on  peut 
lire  dans  l'histoire  de  cette  ville  par  le 
sieur  H.  Gautier,  architecte,  ingénieur,  et 
inspecteur  des  grands  chemins,  ponts  et 
chaussées  du  Royaume  (1724)  : 

—  (page  60).  Des  Priapes. —  On  voit  en 
trois  endroits  de  l'amphithéâtre  deNismes, 
des  Priapes. 

Le  premier  est  près  du  Palais, après  avoir 
passé  le  pilastre  de  la  Louve,  où  l'on  dé- 
couvre le  Priape  en  question,  bsqueté  par 
des  oiseaux.  Ce  Priape  est  aîlé  ;  il  porte 
deux  autres  Priapes,  l'un  à  la  queue,  et 
l'autre  sur  le  devant.  Le  plus  grand  de  ces 
Priapes  est  bequeté  par  deux  oiseaux  à 
longs  becs,  dont  un  porte  une  crête  sur  la 
tète  à  peu  près  semblable  à  celle  d'une 
huppe.  Le  Priape  qui  sert  de  queue  à  ce 
grand,  et  qui  est  beaucoup  plus  petit,  sem- 
ble être  bequeté  par  un  oiseau  qui  lui  porte 
une  patte  dessus.  Le  troisième  Priape,  qui 
sert  de  Phallus  au  grand,  a  été  décrit  por- 
tant une  sonnette  ;  mais  des  personnes  qui 
ont  voulu  l'aire  un  trou  à  ce  pilastre,  ont 
ruiné  ou  effacé  cette  figure, que  l'on  estime 
qu'elle  avait  des  pieds  de  cerfs. 

Le  second  Priape  est  aussi  ailé,  vu  de 
profil,  monté  par  une  femme  qui  le  gou- 
verne par  des  rênes,  et  qui  semble  le  vou- 
loir conduire.  Le  Phallus  de  celui-ci,  que 
l'on  veut  qu'il  porte  aussi  une  sonnette, 
m'a  paru  n'être  appuyé  sur  la  terre  qu'avec 
un  soutien  ou  appui  sur  lequel  il  repose, 
à  la  place  de  la  sonnette,  avec  des  pieds  de 
cerf,  ou  de  cheval,  tels  que  l'on  voudra  lui 
donner;  car  il  est  très  difficile  de  pouvoir 
les  distinguer,  ressemblant  plutôt  à  ceux 
d'un  cheval,  qu'à  ceux  d'un  cerf. 

Le  troisième  Priape  se  trouve  sur  le  lin- 
teau d'un  vomitoire  du  Portique  du  second 
rang  d'arcades  de  l'ampliithéâtre,  vis-à-vis 
du  jeu  de  Paume.  Ce  Priape  est  double 
seulement,  l'un  grand,  et  l'autre  qui  lui 
sert  de  queue,  est  petit  et  sans  pieds. 

Et  le  sieur  Gautier  ajoute  :  «  Il  n'y  a 
point  de  doute  que  l'on  ne  les  doive  re- 
regarder comme  le  Phallus  du  roi  Osiris 
déifié,  suivant  l'Histoire^  qui  était  adoré 
en  Egypte  sous  cette  laide  figure  ». 

Nîmes,  dont  l'emblème  était  un  croco- 
dile enchaîné  aux  branches  d'un  palmier, 
cultivait  tous  les  souvenirs  de  l'Egypte  ; 
et  dès  lors  quoi  d'étonnant  que  son  am^ 
phithéâtre  ait  rappelé  le  phallus  d'Osiris 
dévoré  par  des  poissons  ou  des  oiseaux, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


425 


426 


20  Septembre  1904 


retrouvé  et  sauvé  par  l'inconsolable  Isis, 
et  représenté  sous  trois  aspects  différents 
par  les  Egyptiens  ?  Plutarque,  dans  son 
traité  d'isis  et  d'Osiris,  montre  comment 
les  Grecs,  à  d  mi-initiés  aux  mystères  de 
l'Egypte,  comprenaient  cette  philosophie 
que  nous  jugeons  un  peu  trop  nature. 

Luc  DE  Vos. 

Dédicaces  excentriques  et  sia- 
gulières  (T.  G.,  266).  —  Autcar  qui  se 
déJie  son  ouvrage  :  «  Le  secrétaire  critique 
du  S.  B.  P.  dit  du  Jonquier,  doct.,  dédié 
à  moy-même.  »>  Amsterdam,  Waesberg  (à 
la  Sphère),  1680.  A.  S..E. 

Roman  à  rechercher  (L,  280).  — 
Votre  correspondant  trouvera  tout  ce 
qu'il  faut  pour  ses  travau.x  dans  l'ouvrage 
intitulé  :  Le  Baron  des  Adrets,  par  Théo- 
phile niénard,  3"*  édit.,  Tours,  Alf.  Manie, 
1873.  La  malheureuse  héroïne  de  cette 
histoire  était  Mlle  Lucie  de  Pracontal  et 
non  Procental.  L'histoire  se  trouve  à  la 
fin  du  volume,  p.  299,  sous  le  titre  de  : 
Appendice  :  Les  Mystèrt^  du  château  de 
Moniséiyur.  H.  F.  S.  V. 

o 

•k 

*     * 

Le  roman  en  question,  dont  je  n'ai  pas 
l'exemplaire  sous  la  main,  doit  être  le 
Dernier  des  Rabasteins,  par  Alexandre 
Mazas.  Il  a  été  publié  en  1844,  ^  ^'^  librai- 
rie Périsse  frères,  à  Paris,  en  i  vol. 
grand  in-8''  de  408  pages.  G.  H.  G. 

*  * 

Je  connais  non  pas  un  roman,  mais  une 

simple  »>  Nouvelle  »en  laquelle  une  femme, 
d'abord,  un  homme,  ensuite,  dégringo- 
lent jusqu'au  fond  d'une  obscure  oubliette. 
Ce  récit,  qui  a  pour  titre  Comment  on  se 
marie  et  pour  auteur  M.  le  vicomte  Oscar 
de  Poli  de  Saint-Troquet,  fait  partie  du 
volume  Les  hommes  à  bonne  fortune,  paru 

en  1869,  chez  E.  Lachaud.        A.  S.,  e. 

* 

*  ♦ 

Ne  s'agirait-il  pas.  si  ma  mémoire  ne  me 

fait  pas  défaut,  car  il  y  a  35  ans  environ 
que  j'ai  lu  ce  livre,  du  roman  ad  tisum  ju- 
ventutis  intitulé  Le  dernier  des  Rabastens  ; 
—  Le  prisonnier  ou  la  prisonnière  avait 
attaché  son  mouchoir  de  poche  à  la  patte 
du  chat.  La  Coussiére, 

Dictionnaire  de  Richiilet  (T.  G., 
772).  —  Les  bibliophiles  nous  sauront 
gré  de  les  mettre  en   garde   contre  une 


rigoureuse- 


notice  qu'ils  voient  passer  périodique- 
ment dans  les  catalogues  de  presque 
tous  les  libraires  ;  et  disant  presque 
tous,  je  n'en  excepte  pas  les  plus  savants. 

Chaque  fois  qu'un  libraire  annonce  la 
première  édition  du  Richelet,il  a  soin  d'a- 
jouter :  i»  que  cette  édition  est  rare  ;  2° 
qu'elle  est  recherchée  pour  une  quantité 
de  traits  satiriques  que  ne  contiennent 
pas  les  éditions  suivantes  ;  3°  que  son 
entrée  en  France  a  été 
ment  prohibée  sous  Louis  XIV. 

Or.  tout  ceci  est  controuvé. 

i"  Rien  n'est  plus  commun  que  cette 
édition  originale  de  Genève  1680.  Elle 
est  en  vente  chez  vingt  libraires. 

2"  Les  fameux  «  traits  satiriques  » 
qu'elle  contient  sont  reproduits  dans  tou- 
tes les  éditions  suivantes  pendant  un  quart 
de  siècle  et  n'ont  été  expurgés  que  dans 
les  dernières  réimpressions.  11  est  même 
établi  que  l'édition  de  1680  est  la  moins 
satirique  de  toutes  les  premières,  et  dès 
1855,  le  Bulletin  du  bibliophile  signalait 
celle  de  17 10  comme  plus  complète  à  cet 
égard. 

3'^  S'il  est  vrai  que  le  livre  ait  été 
prohibé  au  moment  de  son  apparition,  il 
est  évident  que  la  mesure  a  été  immédia- 
ment  rap{)ortée  puisque  la  même  année 
un  libraire  de  Lyon,  Benoist  Bailly,  entre- 
prenait la  réimpression  du  Dictionnaire^ 
avec  Permission  donnée  pour  le  Roi,  les 
22  et  26  novembre  1680,  et  loin  de  re- 
trancher aucune  des  célèbres  tacéties  qui 
parsemaient  le  premier  tirage,  il  en  ajou- 
tait plusieurs  qui  jusque-là  s'étaient  dis- 
simulées dans  les  «  Remarques  »  séparées 
du  texte. 

Cette  «  seconde  édition  revue,  corrigée 
et  augmentée»  (Lyon,  1681)  ne  parait 
avoir  été  connue  ni  par  Brunet,  ni  par 
Gay.ni  par  les  auteurs  des  autres  manuels 
que  j'ai  pu  consulter.  S. 

Catalogues  pour  vente  de  vieux 
livres  (XLIX,  842,  991  ;  L,  91,  201, 
310).  —  Le  catalogue  du  libraire  Crapart 
cité  par  M.  Hector  Hogier,  à  la  date  de 
1787,  me  paraît  être  un  catalogue  offici- 
nal de  livres  de  fonds  en  feuilles,  offerts 
au  rabais  pendant  un  temps  déterminé. 
Le  même  libraire  en  avait  publié  un  autre 
dix  ans  auparavant  qui  est  ainsi  inti- 
tulé : 

Ouvrages  propesés  à  un  rabais  considé- 


N»  1052. 


L'INTERMEDIAIRE 


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428 


rable.  Crapart,  libraire,  Paris  Saint-Michel, 
à  l'entrée  de  la  rue  d'Enfer,  vis-à-vis  le 
corps  de  garde  à  Paris,  a  acquis  un  certain 
nombre  des  livres  suivants  qu'il  propose  à 
un  prix  de  rabais  considérable  jusqu'au 
mois  d'avril  prochain  1777,  le  tout  en  feuil- 
les, passé  lequel  temps  il  n'en  sera  plus 
donné  qu'au  prix  ordinaire. 

Quant  aux  catalogues  de  livres  anciens 
rares,  il  était  d'usage  autrefois  à  Paris 
d'annoncer  que  la  vente  à  l'amiable  se 
ferait  pendant  un  certain  nombre  de  jours 
de  telle  heure  à  telle  heure,  durant  les- 
quelles les  livres  seraient  exposés  dans  le 
magasin  d'un  libraire,  avec  les  prix  mar- 
qués sur  chaque  ouvrage.  Voici  les  titresde 
quelques-uns  de  ces  catalogues  que  j'ai 
en  ce  moment  sous  les  yeux  : 

Catalogue  de  livres  choisis  et  curieux 
provenant  du  cabinet  de  M.  B***,  dont  la 
vente  se  fera  à  l'amiable  le  mercredi  3  fé- 
vrier 1779  et  jours  suivans  jusqu'au  20, 
depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  neuf 
du  soir,  chez  Bailly,  libraire,  quai  des  Au- 
gustins  entre  le  Pont  Saint-Michel  et  la  rue 
Gît-le-Cœur.  Les  prix  seront  marqués  sur 
chaque  livre. 

Catalogue  des  livres  choisis  et  curieux  de 
la  plus  belle  condition  reliés  en  maroquin 
et  veau  doré  sur  tranche,  provenant  d'une 
bibliothèque  que  vient  d'acquérir  Froullé, 
libraire,  Pont  Notre-Dame,  en  face  du 
quay  de  Gèvres  et  qui  seront  vendus  à 
l'am'iable  le  lundi  8  février  1779.  Les  prix 
seront  portés  au  commencement  de  chaque 
volume. 

Vente  à  l'amiable  d'une  bibliothèque  con- 
sidérable contenant  beaucoup  d'articles 
intéressants  chez  J.  G.  Mérigot  jeune,  li- 
braire, quai  des  Augustins  au  coin  de  la 
rue  Pavée,  Cette  vente  sera  ouverte  le 
lundi  8  mars  1779  jusqu'au  20  du  même 
mois.  —  Les  prix  à  l'amiable  seront  mar- 
qués sur  chaque  article. 

Vente  à  l'amiable  d'un  cabinet  de  livres 
bien  choisis.  Cette  vente  commencera  le 
lundi  21  février  1780,  se  continuera  jus- 
qu'au mardi  29  du  même  mois  inclusive- 
ment depuis  huit  heures  du  matin  jusqu'au 
soir  chez  Cressonnier  libraire,  Q_uai  des 
Augustins,  entre  le  Pont  Saint-Michel  et 
la  rue  Gilles-Cœur, maison  de  la  Marchande 
de  Modes  au  premier,  —  Les  prix  seront 
marqués  sur  chaque  livre. 

Cette  manière  de  vendre  ainsi  les  vieux 
livres  paraît  avoir  cessé  à  l'époque  de  la 
Révolution,  lors  de  la  suppression  de  la 
Chambre  syndicale  de  l'Imprimerie  et  de 
la  Librairie,  Sous  la  Restauration,  on  vit 


paraître   en  France  quelques    catalogues 
contenant  des  livres  anciens  à  prix  mar- 
qués. Brunet,  dans  son  Manuel  du  Libraire, 
cite  des  catalogues  de  la  librairie  De  Bure. 
Nousavonsvu  des  catalogues  de  la  librairie 
de  Roye7..J.Téchener,le  père, qui  avait  fait 
son  apprentissage  chez  ce  dernier,  publia 
sous  forme  de  catalogue  à  prix  marqués  le 
Bulletin  du  Bibliophile   qui   acquit  depuis 
une  si  grande  notoriété.  Le  premier  nu- 
méro portait  le  titre  suivant  :  «  1834,  Té- 
chener,  libraire.  Extrait  du  catalogue  de 
sa  librairie,  contenant  les  livres  réimpri- 
més à  petit  nombre,  facéties,   poésies  an- 
ciennes,   livres    du    Moyen  Age  publiés 
pour  la  première  fois  sur  des  manuscrits, 
ouvrages  sur  l'Histoire  de  France,  ouvra- 
ges imprimés   en  province,    etc.».    Le 
deuxième  numéro  est  intitulé  :  «  Bulletin 
du  Bibliophile  et  de    l'amateur  ou  notice 
de  livres  vieux  et  nouveaux  tant  impri- 
més   que    m  muscrits,    lettres     autogra- 
phes, etc.,  qui  sont  en  vente  à  la  librai- 
rie de  Téchener,  place  de  la  Colonnade  du 
Louvre  ».  Depuis,   les  catalogues  tant  de 
livres  que  d'autographes  à  prix  marqués, 
se  sont  succédé    et  ont  été  en  augmen- 
tant, au  point  qu'à  partir  de  1857  la  Bi- 
bliographie de  la  France  cessa  de  les  enre- 
gistrer.   Charavay  et  Lécureux   s'étaient 
entendus  pour  publier  périodiquement  et 
en  commun  une  feuille  où  étaient  annon- 
cés par  moitié  des    autographes    et    des 
livres.  On  vit   ensuite    paraître  successi- 
vement à  Paris  des  catalogues  périodiques 
à  prix  marqués,  chez    Aubry,     Claudin, 
Meugnot  et  autres,  à  Nantes  chez  Petit- 
pas;  à  Lille  chez  Malo,LeleuetVanackère; 
à  Lyon,  chez  Richarme,Brun  etBouilleux, 
à  Marseille,  chez  Boy,  etc.,  etc. 

Ce  mouvement  s'est  accentué  surtout 
depuis  que  la  liberté  de  l'imprimerie  et  de 
la  librairie  a  été  proclamée  avec  le  gou- 
vernement de  la  République  et  bat  au- 
jourd'hui son  plein  à  Paris  et  en  province. 
Aujourd'hui,  dès  qu'on  a  réuni  quel- 
ques livres  anciens  ou  modernes  d'occa- 
sion, on  cherche  à  les  écouler  par  la  voie 
de  la  publicité  d'un  catalogue,  soit  auto- 
graphié,  soit  imprimé.  Des  particuliers 
qui  ne  sont  pas  libraires  s'en  mêlent  et 
cotent,  la  plupart  du  temps,  à  des  prix 
ridicules,  les  livres  qu'ils  veulent  vendre. 
Nous  ne  parlons  pas  des  catalogues  pu- 
bliés à  l'étranger.  C'est  en  Angleterre, 
croyons-nous,  que  l'on  trouvera  les  plus 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Septembre  1904. 


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430 


anciens  exemples  de  catalogues  de  vieux 
livres  vendus  à  prix  marqués. 

Un  vieux  libraire. 

Zepulmeda  (L,273).  —  L'auteur  cité 
par  Varillas  et  dont  notre  confrère  H.  M. 
n'a  pu  retrouver  trace  dans  les  biogra- 
phies générales, ne  s'appelle  ni  Zepulmeda 
ni  Zupelmada.  C'est  l'éloquent  philo- 
sophe, historien  et  polémiste  espagnol 
Juan  Gines  de  Sepulveda  (1490-1573). 

Voici  quelques  détails  sur  le  «traité» 
qui  intéresse  notre  distingué  collabora- 
teur 

Sepulveda,  qui  n'en  était  pas  à  son  pre- 
mier livre,  avait  publié,  en  1535,  son 
Démocrates  primiis.  seu  de  convenientia 
militaris  disciplinée  :  une  violente  apo- 
logie de  la  guerre  et  une  tentative  de 
conciliation  entre  cette  apologie  et  les 
doctrines  du  christianisme. 

Quelques  années  plus  tard,  tout  en  me- 
nant une  campagne  acharnée  contre 
Luther  et  Calvin,  Sepulveda  écrivit  (mais 
ne  publia  point)  un  autre  livre  qui,  bien 
qu'inédit,  eut  un  retentissement  considé- 
rable dans  toute  l'Europe  et  qui  se  répan- 
dit à  l'état  de  copies  manuscrites  :  Démo- 
crates secundus,  seu  de  justis  bellt  causis. 
Dans  cet  ouvrage  (c'est  celui  auquel  Varil- 
las fait  allusion),  Sepulveda  étendait  la 
légitimité  de  la  guerre  à  presque  tous  les 
casus  helli  même  les  plus  discutés  au  point 
de  vue  religieux.  Casiis  belli,  le  simple 
désir  de  conquête,  casus  helli,  les  groupe- 
ments d'hérétiques  sur  le  territoire  du 
royaume.  On  comprend  comment  cette 
philosophie  a  pu  exercer  une  certaine 
influence  sur  les  instigateurs  de  la  Saint- 
Barthélémy,  influence  d'autant  plus  di- 
recte que  la  campagne  de  Sepulveda  con- 
tre la  Réforme  était  présente  à  tous  les  es- 
prits. 

Cependant,  les  théories  du  De  justis 
helli  causis  soulevèrent  une  opposition 
indignée,  même  et  surtout  chez  les  catho- 
liques espagnols.  11  y  avait  alors, à  l'évê- 
ché  de  Chiapa,  un  prélat  qui  était  le 
Tolstoï  de  son  époque  et  dont  le  nom  est 
encore  plus  connu  que  celui  de  Sepulveda  : 
Bartolomé  de  Las  Casas.  Entre  lui  et  l'au- 
teur du  Démocrates,  \di  bataille  était  inévi- 
table, et  si  jamais  guerre  eut  une  «  juste 
cause  »,  ce  fut  bien  celle-là. 

Las  Casas  défia  son  ennemi  au  colloque 
de  Valladolid  (1550),  le  fit  condamner  et 


publia  aussitôt  après,  en  espagnol,  le 
compte  rendu  de  la  discussion  (Séville, 
1552.  Paris,  1667).  Antérieurement,  Se- 
pulveda s'était  défendu  devant  le  public 
par  son  Apologia  pro  Ubro  De  Justis  helli 
causis  (R.on\z,  1560).  L'affaire  n'eut  pas 
d'autres  suites.  On  prétend  que  Sepulveda 
en  mourut  de  chagrin.  La  vérité  est  qu'il 
rendit  son  âme  à  Dieu  vingt-trois  ans  plus 
tard,  octogénaire.  Candide. 

Ouvrages  sérieux  mis  en  vers 
(T.  G.,  665  ;  XXXV  à  XL  ;  XLI  à  L,  100, 
142,  212,  321).  —  Il  y  a  une  cote  et  une 
trouvaille  dans  l'envoi  suivant,  lettre  et 
acrostiche  se  complètent, 

aller ius  sic 

Altéra  poscit  opem  res  et  conjura  amice. 
(Hor.  Ad  Pis.  410) 

Je  m'assure  que  par  son  aimable  naïveté 
(le  poète  accuse  76  ans),  par  son  origine 
{Archives  nationales  AF'",  276)  et  par  sa 
destination  (à  Bonaparte,  retour  d'Egypte) 
cette  pièce  sera  favorablement  accueillie 
des  lecteurs  de  Vlnîermédiaii'e. 

Mézières,  7  brumaire,  an  8  républicain. 
Citoyens  Directeurs, 
Je   prend    la   liberlé    de   vous   envoyer   un 
double  du  compliment  que  Je  fais   au  général 
bonaparte. 

Comme  je  ne  sçais  pas  son  adresse,  je  joins 
le  pareil  ouvrage  à  sa  copie  que  je  vous  fais 
passer  dans  l'espoir  que  vous  voudrez  bien  le 
lui  remettre. 

Salut  respect  et  obéissance 
Mahaut  notaire 
à  Mézières. 

Aux  citoyens  Directeurs, 
Hôtel  du  Directoire, 
Paris. 

Brave  et  vaillant  guerrier.héros  insurmontable. 

Un  Césard  contre  toi  sérail  indéfensable  ; 

On  te  prend  ici-bas  pour  un  second  Dieu  Mars. 

Neptune  de  coccerl  conduit  tes  étendarts. 

Au  Nil,  en  arable  et  partout  la  victoire 

Parle  dans  tous  les  cœurs  pour  former  ton  histoire. 

Au  faîte  de  la  gloire  où  Ion  bras  t'a  monté 

Rien  ne  peut  altérer  ta  belle  humilité  ; 

Ton  non  cher  et  sacré,  sans  que  tu  veuille  y  croire. 

Est  gravé  près  des  Dieux,  au  temple  de  Mémoire 

Mon  nom  n'est  pas  en  bas,  tu  peux  donc  l'ignorer! 
A  la  fin  cependant  si  tu  veux  le  trouver, 
Hàte-toi  d'enlever,  du  haut  à  la  finale, 
A  chacun  de  ces  vers  la  lettre  capitale 
Unis-les  à  mesure^  et,  sans  ajouter  rien 
Tu  trouveras  ton  nom  qui  précède  le  mien. 

Comme  je  sçais  que  les  honneurs  et  les 
louanges  répugnent  au  général  buonaparte, 
telles  justes  qu'elles  soient,  j'ai   eu  soin    pour 


N'  1052. 


L'INTERMÉDIAIRE 


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réparer  mon  tort  envers  lui, de  peindre  sa  mo- 
destie dans  les  quatre  derniers  vers  de  cet 
ouvrage. 

Si  j'avais  le  bonheur  qu'il  vous  plût  je 
serais  bien,  flatté  d'avoir  un  petit  mot  de 
réponse  de  vous,  qui  me  le  témoignerait  pour 
accréditer  un  petit  ouvrage  de  ma  composi- 
tion intitulé  :  Levain  de  la  révolution  fran- 
çais', poème  en  ^o  chants,  contenant  tous 
les  p.paux  faits  qui  se  sont  passés  à  Paris 
pendant  les  ^o  premières  journées  de  cette 
révolution,  il  sera  précédé  d'une  5i7/^riî  contre 
mon  esprit  et  suivi  de  pièces  fugitives.  ]&  suis 
âgéde76et  ai  commencé  la  versification  en  1789. 

C'est  donc  un  numéro  à  ajouter  à  la 
série  de  \' Histoire  de  France.,  ensemble  un 
manuscrit  à  sauver  de  l'oubli  ;  avis  aux 
confrères  des  Ardeniies  et  merci  d'avance. 
A  défaut,  et  pour  faire  suite,  je  citerai  : 

Un  Poème  géologique  :  Le  Terrain  Ur- 
gonien,  par  C.  C.  Ventre,  Marseille  1897, 
in-i2  ; 

Le  Nouveau  cours  de  Philosophie  en  vers 
français.  Paris,  1655,  in-12  : 

Enfin,  Pitellarum  Avenionensiiun  adver- 
siis  Parrhisinas  de  forma  prœsiantià  Can- 
cer tatio  ex  L.-Claudii  Ensts  vigilationibus. 
Tholoza,  1522,  in-40. 

P. -S.  L'Histoire  de  France  en  vers,  par 
une  Religieuse.,  histoire  signalée  par  un 
correspondant  de  V  Intermédiaire  (Cf. 
XXXV,  25)  ne  formerait  elle  pas  un  seul 
et  même  ouvrage  avec  la  Chronologie  des 
rois  de  Fiance,  à  l'usage  de  Na{areth. 
Montmirail,  1844,  in- 16  .?  — Au  tambour 
de  Montmirail.  Jacques  Saintix. 

Pharniiciens   ayant  été   des    sa- 

vant3(XXXIX  ;  XL  à  XLV;  XLVII  ;  XLVllI  ; 
L,  332).  —  Est-ce  que  l'histoire  de  Sainte- 
Croix  mourant  de  l'etîet  des  poisons  qu'il 
manipulait,  n'est  pas  une  légende  sans  la 

moindre  preuve  ?  H.  C.  M. 

♦ 

*  * 
Je  suis  tout  confus  de  ce  que  M.   Paul 

Pinson  vient  d'écrire  de  si  flatteur  pour 
moi.  Je  le  suis  d'autant  plus  qu'avant 
d'arriver  à  sa  signature,  j'allais  prendre 
ma  plume  pour  défendre  les  pharmaciens  : 
quorum  pars  parva  fui. 

Si  les  pharmaciens  ont  été  des  savants  ^ 
Pour  en  bien  discuter,  il  faudrait  d'abord 
s'entendre  sur  la  valeur  des  mots.  Tout  est 
relatif  en  ce  monde.  Si  je  n'étais  retenu 
par  la  crainte  de  blesser  mes  érudits  con- 
frères intermédiairistes  qui  mettent  un  D' 
devant  leur  nom,  je  dirais  que  les  Riolan, 
les  Guy    Patin    et   tous  les  médecins   de 


Louis  XIV  étaient  les  gens  les  plus  ins- 
truits du  monde,  de  véritables  humanis- 
tes comme  on  disait  alors  ;  mais  au  point 
de  vue  scientifique,  c'était  une  autre 
affaire.  La  vieille  faculté  parisienne,  fille 
trop  soumise  de  la  religieuse  Université, 
pendant  plus  de  cent  ans  a  ligoté  dans  ses 
langes,  la  véritable  science  médicale. 
Sans  la  rivalité  passionnée,  violente, 
mais  bienfaisante  de  Montpellier,  elle  se 
serait  usée  à  nier  la  circulation,  à  persé- 
cuter Théophraste  Renaudot,  à  lutter 
contre  la  thérapeutique  chimique,  à  voci- 
férer contre  le  mercure  et  l'antimoine, 
Raymond  Lutte  et  Paracelse,  et  à  décré- 
ter gravement  que  le  pain  mollet  était  un 
poison. 

Dès  le  grand  siècle,  Martin,  l'apothi- 
caire du  grand  Condé,  était  le  protecteur 
de  Lémery.Celui-ci  travaillait  à  Chantill}-, 
dans  un  laboratoire  princier,  et  y  faisait 
des  conférences  devant  le  prince  et  ses 
hôtes.  Pendant  que  Molière  écrivait  et 
jouait  le  Malade  imaginaire,  déversant 
peut-être  sa  rancœur  sur  les  médecins  et 
les  apothicaires  qui  allaient  le  laisser  mou- 
rir en  pleine  gloire  et  dans  la  force  de 
l'âge,  Lémery  attirait  une  foule  considéra- 
ble dans  sa  maison  de  la  rue  Galande.  Et 
ce  n'était  pas  seulement  la  foule  des  étu- 
diants qui  prenait  d'assaut  cette  petite 
maison  au  sous-sol  obscur.  Non,  il  y  avait 
là,  des  équipages  dorés  qui  amenaient  les 
princes  et  les  grands  seigneurs,  et  des 
chaises  à  porteurs  d'où  descendaient  des 
grandes  dames  avides,  elles  aussi,  d'écou- 
ter le  novateur.  Le  pauvre  Lémery,  déjà 
persécuté  comme  protestant,  se  fit  rece- 
voir docteur  pour  déjouer  les  tracasseries 
des  médecins  ! 

Le  D"'  Sangrado  de  Le  Sage,  était  bien 
français,  quoi  qu'on  dise,  et  c'est  l'apothi- 
caire Bourdelin  qui,  avant  Dodart,  com- 
mença la  réaction  contre  la  saignée  à  ou- 
trance. 

Que  de  découvertes  on  doit  aux  vieux 
apothicaires  !  Bottger,  l'inventeur  de  la 
porcelaine  dure  de  Messine,  la  porce- 
laine de  Saxe,  avait  quitté  la  boutique 
d'un  apothicaire  de  Berlin,  pour  se  li- 
vrer à  ses  recherches  sur  la  céramique 
translucide.  C'est  à  un  apothicaire  de  Li  • 
moges  qu'on  doit  la  découverte  des  gise- 
ments de  kaolin  de  Saint-Yrieix  ;  ils  ont 
permis  à  Sèvres  de  faire  de  la  porcelaine 
dure. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Septembre  1904. 


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Chr.  Glazer  et  non  Gazer  n'était  pas  à 
citer,  puisqu'il  fut  le  complice  de  Sainte- 
Croix,  mais  Houel,  Cluzel,  les  Geoffroy, 
Rouelle,  Baume,  Guyton  Morvaud, étaient 
des  savants  pour  leur  temps.  C'est  poussés 
par  un  goût  particulier,  par  leur  fréquenta- 
tion et  une  émulation  heureuse,  qu'on  vit 
alors  des  gens  du  monde,  un  duc  de  La  Ro- 
chefoucauld,un  chevalier  Dolomieu,et  tant 
d'autres,  étudier  les  sciences  naturelles  et 
chimiques,  et  le  fermier  général  Lavoisier 
découvrir  l'hydrogène,  et  de  là  avec  Ber- 
tholet  créer  toute  la  chimie  moderne. 

J'ai  dit  tout  cela,  le  premier  peut-être, 
il  y  a  vingt-cinq  ans,  dans  un  petit  livre  : 
L'Etat  de  la  Pharmacie  en  France,  et,  de- 
puis, de  plus  jeunes  ont  poursuivi  ces  re- 
cherches. Elles  intéressent  peu  les  érudits. 
Je  leur  rappelle  cependant,  que  J.-B. 
Dumas,  Claude  Bernard,  et  le  maître  des 
maîtres,  M.  M.  Berthelot,  ont  commencé 
leur  vie  de  travail  et  de  gloire  dans  des 
pharmacies.  Si  on  veut  en  savoir  davan- 
tage sur  les  pharmaciens  qui  ont  été  des 
savants,  il  n'y  a  qu'à  prendre  la  liste  des 
membres  de  l'Académie  des  Sciences  ;  on 
sera  longuement  édifié.  E.  Grave. 

Baud  dans  le  Morbihan (XLIX,  165, 
374  ;  L,  iço,  315).  —  Y  a-t-il  un  rapport 
entre  Baud  dans  le  Morbihan,  Herband 
dans  le  Blaisois  et  la  syllabe  initiale  de 
Baudouin,  finale  de  Gondebatid^  je  ne  sau 
rais  le  dire,  mais  ce  dont  je  suis  sûr,  c'est 
que  l'adj.  è^i/i apparaît,  dès  le  xii^  siècle, 
dans  la  poésie  française.  Il  signifie  l'î/, 
allèore.  sautillant: 

Parler  m'orrez  d'un  buen  brachet  : 
Qens  ne  rois  n'out  tel  berserez. 
Il  est  isneaus  et  toz  tens  prez, 
Quar  il  ert  bau^,  legiers,  non  lenz. 
Et  si  avait  a  non  Hiisdenz. 

(Tristan,  1441-44). 
Husdenz  li  bau:{  en  crie  en  haut 

(Ibid.     1610). 
d'où  Baudor,  entrain,  allégresse 

Baudet,  l'animal  folâtre  (w/r  Brachet) 
S'esbaudir,  se  réjouir,  folâtrer 
Esbaudie,appani\on  rapide, incartade. 
Baudisson^  nom  d'une  source  vive  dans 
le  pays  Blaisois. 

Baudement  :  «  Après  disner  tous  allèrent 
(pesle-mesle)  à  la  saussaie,  et  là  sus  l'herbe 
dure  dancerent  au  son  des  joyeux  flageol- 
lets  et  douces  cornemuses  :  tant  baude- 


ment que  c'estoit  passe  temps  céleste  les 
voir  ainsi  soy  rigoUer.  »  (Rabelais,  Gar- 
gantua, liv.  I,  ch.  IV). 

Lpt.   du  Sillon. 

L'origine  des  mots  :  «  chic  »  et 
micmac»  (T.  G.  204;  L,  312).  — 
F  Génin  qui,  il  y  a  un  demi-siècle,  avait 
une  certaine  réputation  de  philologue  — 
je  ne  sais  ce  qu'il  en  subsiste  aujourd'hui 
—  a  traité  la  question  du  mot  chic  ;  je 
pense  jque  c'est  dans  son  volume  les 
«  Récréations  philologiques  »,  je  ne  suis 
pas  absolument  certain  du  titre,  mais 
l'indication  suffit.  Autant  qu'il  m'en  sou- 
vienne, Genin  fait  de  «  chic  »  le  radical 
de  chicane  ;  le  «  chic  »  serait  alors  l'art 
de  se  conduire  au  mieux  dans  toutes  les 
circonstances  de  la  vie.  Et  l'auteur  cite 
même  un  texte  d'ancien  langage  français 
où  se  rencontre  le  mot  «chic  »  lui-même. 
Ce  serait  donc  un  mot  français  qui  aurait 
son  parallèle  en  allemand. 

H.  C.  M. 

♦  * 
Puisque  le  terme  mie  mac  n'est  pas  un 

mot  français  (on  ne  le  trouve  pas  dans  Lit- 

tré),  et  qu'au  contraire  le  mot  Mischmasch 

est  bien  et  dûment  admis  dans  le  vocabulaire 

allemand,  il  est  clair  que  c'est  cedernier  qui 

est  le  prototype  du  premier, et  que  M.  Paul 

Bastier     est   dans   le    vrai    en    émettant 

cette  opinion.  Que   le  sens  de  la  locution 

mic-mac  se  soit  altéré  jusqu'à  un  certain 

point,  et    ne   réponde    pas    exactement  à 

méli-mélo,  cela  ne  change  rien  à  l'étymo- 

logie  qui  est  évidente. 

Mischmasch,  dérivé  du  verbe  mischen, 

mêler,  mélanger,  a,  en  allemand,  le   sens 

de  galimathias.  Léon  Sylvestre. 


S'empierger  (L,  282),  —  Je  crois  que 
s'empierger  se  dit  pour  s'empiéger,  se 
prendre  à  un  piège.  Cette  épenthèse  du  r, 
injustifiée,  explicable  à  peine  par  le  voi- 
sinage de  quelque  mot  d'assouffrance 
approximative,  se  rencontre  en  plusieurs 
dialectes. 

Pour  le  Blaisois,  je  puis  citer  :  recurler 
=  reculer,  escarmorter  ■=  escamoter  ver- 
drier  =  verdier,  etc.,  etc.  (V.  Glossaire 
du  pays  blaisois).  Il  est  probable  qu'on  la 
trouve  aussi  dans  d'autres  mots  du  parler 
champenois.  Adrien  Thibault, 


N»   1052. 


L'INTERMEDIAIRE 


435 


•  * 


436 


Ce  terme  champenois  existe  aussi  dans 
le  dialecte  picard,  l'abbé  Corblet  lui  donne 
le  sens  de  empêtrer,  entraver,  empoisser. 

Dans  plusieurs  patois,  on  rencontre  les 
termes  empeiger,  empiger^  empegi,  em- 
pega,  avec  le  sens  de  entraver,  empêcher, 
ensorceler,  enduire  de  poix.  Celui  qui  est 
ensorcelé  est  empoissé  par  un  sortilège. 
On  trouve  aussi  empicasser  avec  le  même 
sens. 

Empierger  du  champenois  et  du  picard 
est  évidemment  le  même  mot,  sans  qu'on 
puisse  bien  clairement  expliquer  l'addition 
de  f . 

Tous  ces  mots  usités  dans  l'ancien  fran- 
çais avec  le  sens  de  poisser,  goudronner, 
sont  restés  dans  les  dialectes  locaux,  et 
viennent  du  latin  impicare,  poisser. 

Une  phrase  de  Rabelais  dans  Pantagruel 
fait  comprendre  parfaitement  le  sens 
d'empeiger  : 

Vous  me  semblez  à  une  souris  empeigée, 
tant  plus  elle  s'efforce  à  se  dêpestrer  de  la 
poix,  tant  plus  elle  s'en  embrenne. 

Martellière. 

Herbière  (L,226,  376J.  — Ce  mot  est 
plutôt  de  l'argot  parisien.  (V.  Raphaël 
de  Noter  :  Dict.  d'argot,  Paris-Méricant 
[rue  du  Pont  de  Lodi].)  11  est  inconnu 
dans  les  campagnes...  aussi  bien,  du 
reste,  que  la  chose. 

Les  dictionnaires  spéciaux  ne  donnent 
rien  d'approchant  (laubert.  Montesson, 
Martellière,  Pluquet,  Coulabin,  Eveillé, 
Maze,  Eudel,  etc.). 

Cependant,  il  existe  au  pays  de  Saint- 
Malo  un  terme  paraissant  avoir  avec  ce 
mot  quelque  air  de  famille  :  Herhaiide, 
fille  ou  femme  débauchée.  Ce  vocable  est 
employé  par  Noël  DufaW  {Propos  rustiques, 
IX,  in  fine). 

D'autre  part,  Hippeau  donne  :  harre- 
banne,  femme  débauchée   (Ducange  here- 

bannum).  Charlec. 

* 

C'est  un  mot  d'argot  assez  peu  en  usage, 
que  l'on  n'emploie  pas  plus  dans  une  con- 
trée que  dans  une  autre,  et  qui  sert  à  dé- 
signer, non  les  prostituées  des  champs, 
mais  les  filles  de  bas  étage  exerçant  leur 
profession  sur  l'herbe  des  fortifications 
des  villes  de  garnison  ou  dans  les  prés 
avoisinant  les  centres  peu  fructueux.^ 

La  prostitution  proprement  dite  n'existe 


pas,  en  effet,  dans  les  campagnes,  pour 
l'excellente  raison  qu'elle  serait  d'un  rap- 
port peu  fructueux. 

Les  herbihres  appartiennent  à  la  même 
catégorie  que  les  terrières  et  les  pierreuses. 
Ce  sont,  en  général,  d'ignobles  créatures 
fanées  par  l'âge,  la  débauche  et  l'alcoo- 
lisme, qui  ne  se  montrent  guère  pendant 
le  jour,  qui  sont  le  plus  souvent  sans  do- 
micile et  qui,  pour  un  salaire  de  quelques 
sous,  se  livrent  aux  ivrognes,  aux  soldats, 
etc,  qu'elles  peuvent  emmener  dans  les 
terrains  vagues  (d'où  le  nom  de  terrières), 
dans  les  fossés  des  fortifications,  sur  les 
berges  des  fleuves  ou  des  rivières,  sur  les 
bancs  des  promenades  publiques,  etc. 

Est-il  besoin  d'ajouter  que  ces  immondes 
mégères,  envahies  par  la  vermine,  d'une 
saleté  repoussante,  sont  presque  toutes 
atteintes  de  la  gale  et  de  la  syphilis  et 
qu'elles  constituent  un  foyer  d'infection 
permanent  } 

11  est  évident  que  l'autorité  a  le  devoir 
de  surveiller  ces  malheureuses  qui  sont 
un  danger  pour  la  morale  et  pour  la  santé 
publiques,  et  il  est  non  moins  évident 
qu'en  les  mettant  hors  d'état  de  nuire,  on 
rend  un  réel  service  aux  classes  popu- 
laires. El  cependant,  l'argument  favori 
des  abolitionnistes  en  matière  de  régle- 
mentation de  la  prostitution  consiste  pré- 
cisément à  reprocher  à  l'autorité  d'être 
plus  sévère  à  l'égard  des  filles  pauvres 
qu'à  l'égard  des  riches. 

Ne  voit-on  pas  qu'en  prenant  la  défense 
du  «  prolétariat  de  l'amour  »,  on  va  à 
rencontre  des  intérêts  du  vrai  prolétaire 
qui,  plus  facilement  que  tout  autre,  con- 
tracte dans  des  «  accouplements  hideux  ». 
des  maladies  dont  les  conséquences  rejail- 
lissent sur  sa  descendance  et,  par  suite, 
sur  la  classe  populaire  tout  entière  .? 

Eugène  Grécourt, 


Les  femmes  célèbres  qui  ont  posé 
nues  (L,  117,  318).  —  Quelques  petits 
problèmes  se  rattachant  à  cette  rubrique  : 

1°  M.  Henri  Bouchot  écrit  dans  son 
Catalogue  de  l'Exposition  des  primitifs  que 
Marguerite  de  Savoie,  sœur  de  Henri  II, 
fut  représentée  entièrement  nue  lorsqu'elle 
était  duchesse  de  Berri,  c'est-à-dire  encore 
jeune  fille. — Qui  nousa  rapporté  cetteanec- 
dote .? 

2°  Dans  un  manuscrit  de  1731,  je  trouve 
mention  d'un  Portrait  de  Mlle  C...,  peint 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Septembre   içoij 


437 


438 


par  Rigaiid,  où  elle  est  représentée  toute  nue 
en  Nayade^de  grandeur  naturelle. — Qjji  est 
M""  C...  ?  N'est-ce  pas  la  Camargo  ?  Où 
se  trouve  le  portrait,  actuellement  ? 

y  Notre  collaborateur  F.  BL.  s'élève 
ici  même  contre  la  «  légende  »  de  la  du- 
chesse d'Albe  posant  nue  devant  Goya 
pour  la  Maja  Desniida.  Je  n'ai  pas  étudié 
personnellement  la  biographie  de  Goya; 
mais  le  dernier  historien  du  grand  pein- 
tre (W.  RoTHSNSTEiN,  Gova.  London, 
1900,  pet.  in-4°,  p.  16,  17),  raconte  tout 
au  long  l'intimité  amoureuse  de  la  du- 
chesse d'Albe  avec  son  portraitiste  et 
l'exil  de  la  duchesse  à  la  suite  du  scandale 
causé  par  ces  relations.  Il  affirme  enfin 
que  laMaja  Desnuda  est  bien,pourlecorps. 
le  portrait  de  la  duchesse  d'Albe.  M.  F. 
BL  a  sans  doute  de  bonnes  raisons 
d'affirmer  le  contraire,  mais  novis  serions 
heureux  de  les  connaître.  ^^^ 

Cheveux  de  femiaes  célèbres 
(XLlX,843,94i  ;L,4,  153,318).— Puisque 
la  question  tient  toujours  et  parait  inté- 
resser, je  signale  à  la  Pinacothèque  de 
VAmhrosienne,  à  Milan,  une  mèche  de 
cheveux  de  Lucrèce  Borgia.  Elle  se  trouve 
dans  la  petite  salle  du  rez-de-chaussée,  à 
côté  des  lettres  autographes  au  cardinal 
Bembo.  Italienne  par  sa  mère,  espagnole 
par  son  père,  on  espérait  voir  des  che- 
veux d'un  beau  noir.  Ils  sont  d'un  blond 
gris  déconcertant,  si  on  ne  pensait  qu'ils 
ont  dû  être  décolorés  à  la  chaux,  selon  la 
méthode  des  dames  Vénitiennes.  Ce  qui  est 
peut-être  plus  intéressant  que  les  cheveux 
de  Lucrèce,  c'est,  à  Tétage  au  dessus,  une 
série  de  portraits  ou  études  de  divers  ar- 
tistes du  xvi**  siècle,  où  l'on  reconnaît, 
à  ne  pas  s'y  tromper,  le  type  de  la  Joconde 
de  Léonard  de  Vinci.  Je  ne  sais  si  les  cri- 
tiques y  ont  fait  attention,  ou  s'en  sont 
souvenus.  E.  Grave. 

Inhumations  hors  des  cimetières 

(XLVIII  ;  XLIX  ;  L,  191.  316).  —Famille 
Chaumel,  à  Clairac,  (Lot-et-Garonnej.  Fa- 
mille Coustère,  à  Salies-de-Béarn.  Tom- 
beau-caveau, à  Collioure  (Pyrénées-Orien- 
tales). Chateaubriand,  inhumé  dans  un 
îlot  désert  de  la  rade  de  Saint-Malo. 

Lachaise. 
* 

*  » 
Aux  environs  de  Niort, vers  La  Crèche^ 

pays  protestant,  presque  chaque  champ 


renferme  un  cimetière  minuscule  avec  un 
ou  deux  cyprès,  bien  fermé  d'une  haie.  Ce 
sont  des  sépultures  de  protestants,  j'igno- 
re si  la  tolérance  qui  a  permis  cette  sé- 
pulture particulière  existe  encore  ;  mais 
elle  a  existé  et  les  monuments  en  subsis- 
tent en  grand  nombre.  Du  chemin  de  fer 
on  peut,  en  passant,  les  constater  très 
facilement.  Emile  Faguet. 

Du  mot  politique  Opporîuni^^me, 
Origine  de  ce  mot  (T,  G.,  658).  — 
Est-il  encore  temps  .?  Je  retrouve  un  au- 
tographe qui  a  passé,  je  crois,  inaperçu 
au  milieu  des  sinistres  et  des  fêtes  de 
Tannée  1879  (Szégedin,  12  mars  :  Mur- 
ciE,  15  octobre)  et  qui  appartient  au 
dossier  du  mot  incriminé.  Cette  transcrip- 
tion docile  peut-être,  politique  assuré- 
ment, suffit- elle  pour  établir  un  état-civil 
à  un  mot  «  qui  déplaisait  »  dit-on  ?  Il  est 
du  moins  permis  d'y  voir  un  demi  aveu 
de  paternité.  C'était  au  lendemain  de  la 
victoire  ;  à  cette  époque  lointaine,  il  n'était 
question  que  de  «  difficiiltés  à  sérier  ». 
André  Gilî  caricaturait  sainte  Opportune^ 
vierge  et  martyre^  et  volontiers  ses  types 
posaient  rue  des  Lavandières  de  même  nom  ! 
Il  y  avait  donc  de  la  foi  plutôt  que  de  la 
coquetterie  dans  la  reconnaissance  de  ce 
néologisme  bruyant... 

Sur  l'album  Paris  Murcie,  Gambetta 
signe  l'extrait  suivant  : 

Car  ainsi,  cummedehiles  sont  les  armes  au 
dehors.,  si  le  conseilnest  en  la  maison  ;  ainsi 
vaine  est  V étude  et  le  conseil  inutile.,  qui  en 
temps  OPPORTuyi  par  vertus.,  n'est  exécuté  et  à 

son  effet,  m-/M//(GARGANTUA,l.,  ch.  XXIX). 
Pour  extrait  conforme 

Léon  Gambetta. 

«Cette  période  est  de  Rabelais,  jamais 
je  n'ai  rien  vu  de  si  beau  »  comme  dit, 
d'une  autre  période,  madame  de  Sévigné 
(8  avril  167 1).  Voilà  pour  le  mot,  car 
pour  ce  qui  est  de  la  chose, elle  est  vieille 
comme  la  Sagesse  des  nations,  vieille 
comme  les  proverbes  «  fruit  de  l'expé- 
rience des  peuples  »  (de  Maistre).  Je  prende 
au  hasard,  quelques  noms  autorisés  de 
cette  école  : 

Fabius  Cunctator  :  Temporiser. 

Mazarin  :  Le  temps  et  moi. 

Victor-Emmanuel  :  Le  temps  est  galant 
homme. 

Et,   par    delà   les   siècles,    on    retrou- 
verait, en  s'y  employant,  la    pratique   et 


N*  io=;2. 


L'INTERMÉDIAIRE 


439 


440 


même  la  formule  :  Et  exinde  quœrebat  op- 
portiinitatcm  ut  traderet  eum  (S.  Math. 
XXVI).  Jacqiies  Saintix. 

L'œil  de  verre  de  M.  Waldeck- 
Rousseiiu  (L,  272.  324).  —  De  la  Nou- 
velle Revue,  i""  septembre    1904,  p.  76: 

Il  (Waldeck-Rousseau)  se  fait  inscrire  à 
Saint-Nazaire.  Le  lieu  est  triste.  L'horizon  est 
e'troit.  Madame  Waldeck-Kousseau  veut  elle- 
même  y  installer  ce  fils  obligé  de  s'éloigner 
du  foyer.  Elle  le  chérissait  d'autant  plus  qu'il 
avait  été  blessé  à  l'œil  gauche  dans  une  partie 
de  chasse  et  que  cet  œil  en  était  resté  atro- 
phié. 

Et  plus  loin  : 

...  En  1S67,  il  avait  été  exempté  du  service 
militaire  pour  paralysie  de  l'œil  gauche... 

{yValdeck-Rousseaii  intime.  Article  si- 
gné M.). 

Le   manuscrit  de   Don    Juan  (L, 

329).  —  11  est  facile  de  suivre  les  pérégri- 
nations du  manuscrit  de  Don  Juan,  grâce 
à  une  lettre  que  je  possède,  de  Mme  Pau- 
line Viardot,  qui  a  bien  voulu  me  confir- 
mer verbalement,  il  y  a  quelques  jours, 
tous  les  renseignements  contenus  dans 
sa  lettre  : 

7  sept.  1887. 

J'aurais  été  charmée  de  vous  montrer  le 
manuscrit  de  Don  Juan,  mon  plus  grand 
trésor  ;  quant  à  des  renseignements,je  n'au- 
rai rien  de  nouveau  à  dire.  On  sait  que  j'ai 
acheté  ce  manuscrit  à  Ernst  Panez,  à  Lon- 
dres, qui  était  chargé,  par  M"""  Streicher,  sa 
cousine,  de  le  vendre.  André, d'Offenbach, 
était  l'éditeur  de  Mozart, et,  à  sa  mort  le  Don 
Juan  échut  en  partage  à  sa  fille  M""  Streicher. 
Le  manuscrit  fut  otïert  à  toutes  les  bibliothè- 
ques, à  Vienne, à  Berlin. à  Londres,  etc..  A 
Londres,  le  British  Muséum  voulait  obtenir 
une  réduction  de  25  guinées.Dès  que  j'appris 
que  !e  précieux  autographe  était  à  vendre, 
je  m'empressai  de  m'en  rendre  acquéreur. 
Dès  que  ce  fut  connu,  il  y  eut  un  toile  dans 
la  presse  de  tous  les  pays  où  on  avait  refusé 
de  l'acheter.  Depuis,  on  m'a  souvent  fait 
de  belles  offres,  mais  inutilement,  comme 
bien  vous  pensez,  A  ma  mort,  ce  manus- 
crit ira  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire. 
Il  ne  sortira  jamais  de  France. 

Agréez  etc. 

Pauline  Viardot. 

Madame  Viardot,  qui  a  83  ans  depuis 
le  18  juillet  dernier,  n'a  pas  attendu  une 
époque  trop  éloignée  et  a  trouvé  plus  gé- 
néreux et  plus  spirituel  de  donner  to.:t  de 
suite  le    manuscrit  au   Conservatoire,  et 


c'est  vers  1890  ou  1892  que  M.  Ambroise 
Thomas  a  été  en  prendre  possession. 

Malgré  le  grand  âge  de  Madame  Viar- 
dot, nous  aurions  été  exposé  à  attendre 
longtemps,  à  en  juger  par  son  frère  Ma- 
nuel Garcia  qui,  fixé  à  Londres  depuis 
1850, en  dépit  de  ses  99  ans, improvise  en- 
core de  temps  en  tempsdesdéplacements, 
tant  au  Caire  qu'à  Pétersbourg  ou  Nev^- 
York.  J.  G.  Bord. 

Le  manuscritacheté  en  1844  a  été  payé 
6000  fr. 


Quatre  filles  et  un  tsarévitch.  — 

En  feuilletant  un  vieux  livre  pris  dans  ma 
bibliotiièque  de  voyages,  je  tombe  sur  ce 
passage  qui  rappelle  un  curieux  précédent 
à  l'histoire  de  notre  époque. 

Si  [en  Russie]  on  croit  sa  femme  stérile, 
on  doit  faire  ce  qu'on  peut  pour  lui  per- 
suader de  se  retirer  dans  un  couvent,  et  si 
elle  n'y  consent  pas,  on  a  la  liberté  de  l'y 
faire  entrer   à  coups  de  bâton. 

On  dit  que  l'Impératrice  se  seroit  fait 
Religieuse,  sans  la  naissance  du  czaroïdg 
[tsarévitch]  ou  prince,  dont  elle  accoucha 
le  2  de  juin  1661,  après  avoir  eu  quatre  filles 
de  suite. 

Nouveau  voyage  vers  le  septentrion^ 
i6ji  (édit.  de  1708,  p.   140). 

L'Impératrice  dont  il  est  ici  question 
était  une  pauvre  fille  qui,  avant  de  monter 
sur  le  trône,  avait  été  servante  de  cabaret 
chez  son  père,  Eliah  Danilovitch  Milos- 
lavski.  Elle  était  femme  du  tsar  Alexis 
Mikhaïlovitch  (le  second  des  Romanoff) 
dont  le  fils  Pierre  le  Grand,  lui  aussi, 
épousa  plus  tard  une  servante,  aïeule  de 
l'empereur  actuel. 

11  s'en  fallut  de  peu  en  effet,  comme 
le  dit  notre  voyageur,  qu'elle  ne  fut 
chassée  et  cloîtrée,  quand  le  tsar  Alexis, 
dans  la  seizième  année  de  son  règne,  faillit 
désespérer  d'obtenir  avec  elle  un  héritier 
mâle.  Mais  à  la  cour  de  Russie,  la  cin- 
quième grossesse  est  la  bonne.  L'heureuse 
naissance  du  tsarévitch  Fédor,  qui  devait 
succéder  à  son  père,  sauva  la  tsarine  et 
la  jeune  dynastie.  S. 

Le  Direcieur-géranî  : 
GEORGES  .MONTORGUEIL 


Imp.  Daniel-Chambow  St-Amand- 
Mont-Rond. 


L"  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mois     30  Septembre  1904. 


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DES   CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé   en    1864 

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QUESTIONS    ET   RÉPONSES    LITTÉKAIRES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


441 


442 


Boccace  et  la  peste  de  1348.  — 

J'ai  lu,  je  ne  sais  plus  où,  que  Boccace 
n'était  pas  à  Florence,  mais  à  Naples  pen- 
dant la  peste  de  1348,  qu'il  a  cependant 
décrite  dans  le  Décaméron,  comme  un  té- 
moin oculaire.  Le  savant  confrère  floren- 
tin P.  U.  pourrait  évidemment  nous  four- 
nir des  renseignements  sur  la  question. 

A.  B.  C. 

La  robe  de  Pâques.  —  J'ai  sous 
les  yeux  une  note  autographe  signée  de 
Michel  de  Marillac,  garde  des  sceaux  en 
1626,  indiquant  qu'il  lui  est  dû  400  livres 
pour  un  quartier  de  ses  gages  comme 
maître  des  requêtes  et  Cent  livres  pour  la 
rôle  de  Pâques  ! 

Quelle  était  cette  robe  de  Pâques  ? 

Arm.  D. 


Petrus  Faber.  —  Il  existe  dans  la 
commune  de  Saint-Jean  de  Sixt  (Haute- 
Savoie),  sur  le  bord  de  la  route  qui  con- 
duit de  cette  commune  au  Grand  Bornand, 
et  tout  près  des  limites  de  cette  dernière 
localité,  au  milieu  du  hameau  dit  le  Villa- 
ret,  une  petite  chapelle  consacrée  à  la  mé- 
moire de  Petrus  Faber.  Cette  chapelle  est 
carrée,  avec  une  toiture  à  quatre  pans 
triangulaires,  du  sommet  commun  des- 
quels s'élève,  non  sans  élégance,  un  petit 
clocher  octogonal.  La  façade,  tournée  vers 
la  route,  et  à  laquelle  on  accède  par  une 


dizaine  de  marches,  n'a  d'autre  ouverture 
que  la  porte,  percée  d'une  sorte  de  judas 
grillé,  et  un  œil-de-bœuf  au  dessus.  De 
part  et  d'autre  de  la  porte  sont  deux  petits 
bénitiers  extérieurs.  La  chapelle  est  habi- 
tuellement fermée  à  clef,  et  on  n'y  dit  la 
messe  que  de  loin  en  loin.  Mais  en  regar- 
dant par  le  judas  de  la  porte,  on  aperçoit, 
contre  le  mur  à  droite,  un  portrait  qui 
doit  être  celui  ,de  Petrus  Faber.  Sur  la 
façade,  à  droite  est  une  inscription  gravée 
dans  la  pierre,  et  que  nous  avons  relevée  ; 
en  voici  le  texte  : 

D.  0.  M. 

Usée    oîim    fuit  fabri  domus  humilis  ;  nunc  est  do~ 

mus  dei. 

!Ve  mireris,  viator,  Jam,    Ne  mireris  erat  domus  dei 

anno  1506,cum  in  ea  nalus  est  Petrus. 

Faber,  gui  fuit  et  pritnus  socius  BB  Ign.  Loyola  ac 

Fr.  Xavier  et  primust 
Oinnium    Iheologus  pr.  presbyler   pr.  prœdicat    e. 

fundalor  in  ger maniai 
Lusitaniaque  mult.  ord.  rel.    ita  ut  petrus  faber  ei 

petra  et  faber  die 
Pdssit .    adconc.  trid.    ilurus  obiil  Romae  1546  in 

amplexu  B.  Igna. 
Ad  gl.  dei  et  mem.  Fabri  marehio  Vallis  rom.  P.C. 

(1)  erexit  Î620   hoc 
Sacellum  quod  everlit  funditus  impietas  1793. 
Insignia  vero  pietas  ec  studlum  J.  A'.  Enlremont  (2) 

loci  nalus  et  parochi. 
Hoe   reœdificaverunt  omn.  applausu  anno  sancto 

Jubilœi  i836. 

En  résumé,  cette  inscription,  dont  la  fin 
est  d'une  latinité  médiocre,  nous  apprend 
que  Petrus  Faber,  compagnon  de  Loyola 
et  de  François  Xavier,  est  né  en  1506, 
dans  une  maison  du  Villaret,  occupant 
l'emplacement  même  de  la  chapelle  ac- 
tuelle ;  qu'il  a  été  un  théologien  de  renom, 

(1  )  Ceci  veut  dire   sans  doute  :  le  marquis  de  la 
Vallée,  camérier  du  pape  (?) 
(2;  Enti-emont  est  le  nom  d'une  localité  voisine. 

L.  9 


a*  1053. 


L'INTERMÉDIAIRE 


445 


444 


et  qu'après  avoir  fondé,  en  Portugal  et  en 
Allemagne,  plusieurs  maisons  du  nouvel 
ordre  des  Jésuites,  il  est  mort  à  40  ans,  à 
Rome,  dans  les  bras  d'Ignace  de  Loyola, 
au  moment  où  il  allait  être  envoyé  au  con- 
cile de  Trente. Et  que  la  chapelle  édifiée  en 
1620,  démolie  en  1793,  a  été  reconstruite 
lors  du  jubilé  de  1826. 

Connaît-on  quelque  chose  de  plus  sur 
Petrus  Faber  —  son  véritable  nom  —  et 
quelques  détails  complémentaires  sur  sa 
vie,  son  activité,  ses  écrits  s'il  en  a 
laissé  ? 

Le  portrait  exposé  dans  la  chapelle  pa- 
raît être  celui  d'un  homme  de  35  ans  en- 
viron. V.  A.  T. 

Louvois.  —  Pour  identifier  un  auto- 
graphe intéressant,j'aurais  besoin  de  con- 
naître le  nom  du  ministre  qui  suppléait 
provisoirement  M.  De  Louvois  au  dépar- 
tement de  la  guerre,  au  mois  de  septem- 
bre 1682,  pendant  sa  tournée  en    Alsace. 

Arm.  D. 

Les  dames  d'honneur  de  Marie  - 
Antoinette.  On  désirerait  savoir  s'il 
existe  des  descendants  ou  proches  parents 
de  mesdames  de  Monteil,  de  Deux-Ponts, 
de  Poulpry,  de  Langeron,  de  Brunoy,  de 
la  Vaupalière.  d'Angivilliers,  de  Pardail- 
lan  et  de  Polastron,  toutes  Dames  d'hon- 
neur de  la  reine  Marie-Antoinette  ou  de 
la  princesse  de  Lamballe.  R.  F. 

Barère,  l'Anacréon  de  la  Guillo- 
tine. —  Je  voudrais  savoir  qui  a  le  pre- 
mier employé  cette  qualification  Dans 
son  article  sur  Barère  {Grande  Encyclo- 
pédie), M.  Aulard,  qui  a  pourtant  l'habi- 
tude de  citer  ses  origines,  nous  dit  :  «  On 
l'a  appelé  \  Anacréon  de  la  Guillotine  »  ; 
mais  qui  est  cet  On  .?  G.  B...T. 

Le  trilDunal  Révolutionnaire.  — 

Je  désirerais  avoir  des  renseignements  sur 
la  vie  de  Dumas  appelé  le  Rouge  et  qui 
fut  un  certain  temps  juge  au  tribunal  Ré- 
volutionnaire. 

Lorsque  la  duchesse  de  Lauraguay  passa 
en  jugement,  Dumas  n'occupait-il  pas  la 
présidence  ?  H.  P. 

Le   couvent   de  Panthemont.  — 

Le  couvent  de  Panthemont  n'est-il  pas  le 
.même  que  celui  de  Bellechasse  ?  Existe 


t-il  des  notices  sur  cet  établissement  reli- 
gieux où  l'on  recevait  des  filles  nobles 
qui  payaient  800  livres  par  an,  pour  leur 
éducation  ?  R.  F. 


Familles  fixées  en  Bordelais.  — 

Pourrait-on  me  donner  des  renseigne- 
ments sur  les  familles  dont  les  noms  sui- 
vent : 

Danville  :  Famille  portant  les  qualifi- 
cations nobles,  qui  a  donné  à  la  fin  du 
xvui®  siècle,  un  commandant  du  fort  du 
Hâ,  à  Bordeaux. 

Dillon  :  Famille  convoquée  en  1789  à 
l'Assemblée  de  la  noblesse  de  Bordeaux, 
alliée  aux  maisons  d'Osmond  (1778), Sim- 
burne  (1761),  de  Martinville  (1766),  de 
Lavie  (17Ô9). 

Doîidinot  de  la  Boissière  :  Elle  a  donné 
un  conseiller  au  parlement  de  Bordeaux 
en  1775. 

Dupiiy  de  la  Grand-Rive  :  Originaire 
d'Auvergne,  fixée  en  Libournais  au  xix« 
siècle  ;  elle  a  fourni  un  intendant  au  Ca- 
nada. 

Filley  de  la  Barre  :  Chevaliers  de  l'Em- 
pire (181 1). 

Flavigny  (de)  :  Seigneurs  du  Luc,  à 
Blanquefort,  près  Bordeaux,  convoquée, 
en  1789,  à  l'Assemblée  de  la  noblesse  de 
Bordeaux,  fixée  en  Bordelais,  probable- 
ment à  la  suite  d'un  mariage  avec  une 
demoiselle  de  Lamestrie. 

Est-ce  une  branche  des  marquis  de  Fla- 
vigny, de  Bourgogne  .? 

Pierre  Meller. 


Armoiries  à  déterminer  :  à  trois 
molettes    d'éperon    de    sable.    — 

Ecartelé  :  aui'^'  coiipèémanché  de  gueules 
et  d'or,  parti  d'or  à  ^  chevrons  de  sable  ; 
aux  2etj  Bouvbon-Condé  ;  au  ^  parti  d'ar- 
gent à  la  bande  de  gueules  accompagnée  de 
6  flanchis  de  même  en  orle,  et  sur  le  tout 
d'azur  à  )  molettes  d' éperon  de  sable  et  au 
chef  d'or. 

Ces  armes  devaient  appartenir  à  un 
évêque  d'Auxerre.  T. 

Bjzet.  —  Existe-t  il  un  ouvrage  don- 
nant la  biographie  du  célèbre  auteur  de 
Carmen  ?  A-t-il  eu  des  descendants  ?  Vi- 
vent-ils encore  .?  Leur  adresse  .-' 

Guy  Blotois. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Septembre  1904 


445 


446 


BaufPremont.  —  Dans  une  lettre 
sans  date,  mais  qui  paraît  remonter  à  la 
fin  du  XV me  ou  au  commencement  du 
xvni'  siècle,  un  Bauffremont  supplie  le 
roi  de  lui  accorder  le  cordon  bleu  en  con- 
sidération de  ses  services  ne  le  cédant  en 
rien  à  ceux  de  ses  cadets  de  service  ayant 
déjà  obtenu  cette  faveur . 

Quel  était  ce  Bauffremont  ?  Ses  services 
militaires  sont- ils  connus?       Arm.  D. 

De  Cabrières.  -  A  quelle  famille 
appartenait  Joseph -Gaspard  de  Cabrières, 
fils  d'un  receveur  de  dîmes  à  Rodez  et  né 
en  cette  ville,  docteur  en  théologie, prieur 
commendataire  de  Rouessenac,  chanoine 
du  Mans,  vicaire  général  de  Mgr  de  Gri- 
maldi,  évêque  du  Mans,  1769. 

11  blasonnait  :  d'a:(ur,  à  trois  chevrons 
d'or.  Ce  sont  du  moins  les  armoiries  d'une 
de  ses  lettres. 

Les  villages  du  nom  de  Cabrières  sont 
assez  nombreux  dans  le  Midi.  Une  famille 
de  ce  nom  était  représentée,  dernièrement 
encore,  par  un  lieutenant  colonel  de  dra- 
gons, mort  à  Lille  en  1903,  dont  j'ignore 
le  nom  et  les  armes.  Je  crois  qu'il  faut,  en 
tous  les  cas,  éliminer  la  famille  de  Rove- 
rié  de  Cabrièr^  dont  est  issu  l'évêque 
actuel  de  Montpellier,  et  qui  blasonne  : 
d'azur ^aii  chêne  d'or^  déraciné,  je  remercie 
d'avance  les  aimables  intermédiairistes 
qui  me  répondront.  L.  Calendini. 

Projet  de  mariage  de  Gambatta. 

—  Une  personne  autorisée  m'assure  que 
le  petit  billet  ci-dessous  transcrit,  écrit 
par  Arnaud  de  l'Ariege,  le  1 1  mai  1881, 
fait  allusion  à  la  nouvelle  du  prochain 
mariage  de  Gambetta  circulant  alors  à 
Paris  dans  les  milieux  parlementaires  : 

Comment  !  vous  qui  êtes  journaliste,  vous 
tombez  dans  des  panneaux  pareils  !  Eh  bien, 
si  nous  ne  devions  faire  la  noce  vous  et 
moi,  que  le  jour  où  le  protecteur  (comme 
vous  dites)  se  mariera,  nous  serions  joliment 
embêtés  tous  les  deux. 

Bonjour  mauvais  sujet,  à  un  de  ces  jours. 

Signé  :  F.  Arnaud 

Ce  bruit  a-t-il  couru  ^  Avec  qui  mariait- 
on  le  grand  patriote?  Arm.  D. 

Madame  de  Sévigné  avait-elle 
un  «  teinturier  »  ?  —  On  lit  dans 
l'Echo  de  Paris,  n"  du  11  septembre 
1904  : 


Le  nom  de  Mme  de  Sévigné  est  pro- 
noncé... 

Impassible,  avec  un  grand  front  à  la  Le- 
conte  de  Lisle,  M.  Léon  Dierx,  prince  des 
poètes,  jusqu'ici  n'avait  point  parlé.  Ses 
cheveux  blancs,  sa  moustache  blanche 
étaient  restés  perdus  derrière  la  fumée  de 
sa  cigarette  :  «  Ce  sont  des  bavardages  in- 
supportables »,  déclare  M.  Dierx  sur  les 
lettres  de  la  marquise.  Alors  M.  Mendès, 
dont  la  mémoire  est  inépuisable  et  dont 
l'érudition  embrasse  les  sujets  les  plus  di- 
vers, nous  dit  qu'on  a  retrouvé  des  brouil- 
lons de  Mme  de  Sévigné,  dénués  si  com- 
plètement de  syntaxe  et  de  toutes  règles 
grammaticales,  que  cela  laisserait  supposer 
qu'il  y  eut,  auprès  de  la  grande  épistolière, 
un  ami  éclairé  et  anonyme,  qui  l'aida... 

Faut-il  ajouter  foi  à  cette  assertion  et, 
si  oui,  quel  serait  1'  «  ami  éclairé  et  ano- 
nyme »  .?  Gustave  Fustier, 

Le  Fleuron  '  royal  de  Jean 
Mégret.  —  Où  trouve-t  on  l'ouvrage 
suivant,  de  l'écrivain  bourbonnais  Jean 
Mégret  : 

Le  Fleuron  royal...  (1663). 

Des  renseignements  bibliographiques 
complets  seraient  les  bienvenus. 

Un  livre  de   Seb.  Marcaille.  — 

Dans  quelle  bibliothèque  publique  ou 
privée, de  France  ou  de  l'étranger,  trouve- 
t-on  le  volume  ci-dessous  que  divers  au- 
teurs signalent  (généralement  d'après  le 
n°  5.171  du  Cat.  Secousse)  : 

Vie  et  Miracles  de  saint  Menoiix.,  evesqiie 
breton.,  patron  de  l'abbaye  de  Saint-Menoux 
en  Bourbonnais.,  par  Seb.  Marcaille. 

Molins,  P.  Vernoy,  1606. 

*  * 
Ce  livre  n'est  ni  à  la    Nationale,  à  Paris,  ni 
au  Britisch  Muséum. 

Salières  en  céramique  italienne 
des  XVI*  siècle  et   suivants.  —  Un 

amateur,  qui  fait, depuis  quelques  années, 
collection  de  ces  objets,  désirerait  savoir 
s'il  existe  de  pareilles  collections  dans  les 
musées  ou  chez  les  particuliers. 
Et  s'il  y  a  des  écrits  sur  ce  genre. 

Keramos. 

Rue  d'Assas.  —  Dans  lequel  de  ses 
romans  Alphonse  Daudet  a-t-il  placé  une 
scène  se  passant  rue  d'Assas,  68  (autre- 
fois rue  de  l'Ouest,  36).? 

NOBODY. 


N'  1053 


L'INTERMEDIAIRE 


447 


448 


Le  mot  roman.  —  L' Intermédiaire 
a  déjà  posé  la  question  sur  le  mot  Roman- 
tique^ créé  par  J.-].  Rousseau,  (XVII, 417, 
472,  524)  ;  les  réponses  seraient  à  com- 
pléter,venant  de  lire  que  Paulin  Crassous, 
dans  ses  remarques  sur  le  Voyage  senti- 
mental^ de  Sterne,  Paris,  Didot,  1801, 
tome  III,  page  30,  dit  qu'il  est  emprunté 
de  l'anglais. 

Le  mot  Romantic  se  trouve  en  effet  dans 
les  premières  éditions  du  Dictionnaire 
royal  anglais-français  de  Boyer  (1664- 
1729). 

Claude  Duverdier  (1566-1649),  dans  sa 
critique  de  tous  les  auteurs  anciens  et 
modernes  {Claudii  Verdii  in  autores 
cessiones  et  correctiones  (Lyon,  1586), 
prétend,  contrairement  à  ce  que  nous 
supposons  tous,  que  le  mot  Romans  vient 
de  celui  de  Normans. 

La  langue  romane  a  i)\en  servi  à  écrire 
les  romans  héroïques  et  amoureux,  mais 
le  nom  de  ce  langage  a-t-il  également 
servi  à  les  désigner  comme  tels  ? 

Le  roman  peut  être  vrai  et  peut  être 
faux,  tout  comme  le  Normand  (hom.  de 
North  en  Roman.  Chronique  Normande 
de  Robert  Wace  (i  160)  vers  106'^),  mais 
est-il  d'origine  normande  ?    A.  Dieuaide. 

L'Angevine.  —  Dans  l'Anjou,  le 
Maine  et  une  partie  de  la  Bretagne,  la 
fête  du  8  septembre  est  appelée  Notre- 
Dame  l'Angevine.  Il  }'  a  la  foire  de  V Ange- 
vine à  Laval  et  dans  plusieurs  autres 
villes.  Y  a-t-il  d'autres  régions  où  on 
donne  ce  nom  d'Angevine  à  la  fête  de  la 
Nativité  de  la  sainte  Vierge  ?  U. 

Maçon.  —  Littré  hésite  dans  l'éty- 
mologie  du  mot. 

J'ai  relevé  la    phrase  suivante   dans  le 
testament  du  grand-père  du  célèbre  pein- 
tre Antonello    de  Messine,  daté   de  Mes- 
sine, décembre  1438  :   Legavit   magistro 
loanni  ma^ono  filio  sito. 

Le  mot  est-il  passé  de  l'Italie  en  France 
ou  de  France  en  Italie  ^  Gerspach. 

Il  y  a  belle  lurette.  —  On  dit  :  «  Il 
y  a  belle  lurette  »  pour  «  Uy  a  longtemps 
que  ».  Cette  expression,  d'où  vient- elle  .? 
Les  dictionnaires  n'y  font  pas  allusion  et 
l'argot,  qui  la  recueille  rarement  (car  ce 
n'est  pas  de  l'argot)  n'en  sait  pas  l'étymo- 
logie.  D^  L. 


A  bicyclette  ou  en   bicyclette  ? 

—  L'Académie  s'est-elle  prononcée 
entre  les  deux  locutions  rivales  :  «  à  bicy- 
clette »  et  «  en  bicyclette  »  .?  Car  pour 
trancher  pareille  question,  qui  intéresse 
la  langue  à  un  si  haut  point,  il  ne  suffit 
pas  qu'un  grammairien  de  fantaisie  pro- 
nonce d'un  ton  doctoral,  dans  un  alma- 
nach  quelconque,  l'oracle  suivant  :  «  Ne 
dites  pas  monter  eji  bicyclette  »,  dites  : 
monter  à  bicyclette  » . 

Lpt.  du  Sillon. 


* 
*  * 


L'Académie  a-t-elle  tranché  laquestion  ? 
Nos  collaborateurs  le  diront.  Mais  qu'il  soit 
permis  de  rappeler  comment  la  question 
fut  posée.  Ce  fut  M.  Bailly,  secrétaire  du 
Touring  Club, qui  interrogea  tous  les  régents 
de  la  langue.  Voici  trois  des  réponses  qu'il 
reçut  : 

Monsieur, 

Votre  distinction  entre  la  hicvcïette  et  le 
tricycle  me  paraît  juste  :  Tune  est  une 
monture,  l'autre  un  véhicule.  La  préposi- 
tion à  semble  donc  mieux  convenir  à  la 
bicyclette,  la  préposition  en  au  tricycle. 

Cependant,  ce  n'est  là  qu'un  avis  de  lo- 
gicien, et  l'usage  est  déjà  bien  établi. 

Vous  ferez  bien  de  prendre  d'autres  con- 
sultations, notamment  celle  de  M.  Fran- 
cisque Sarcey.  • 

Recevez,  Monsieur,  l'expression  de  mes 
sentiments  les  plus  distingués. 

Gréard. 


25  nov.  93 
Cher  Monsieur, 

Je  suis  absolument  de  l'avis  de  M. Gréard; 
je  crois  que  l'on  doit  dire  à  bicyclette  et  en 
tricycle.  Mais  il  a  raison  aussi,  lorsqu'il 
ajoute  que  l'usage  tranche  tout.  La  ques- 
tion serait  donc  de  savoir  si  l'usage  est  déjà 
si  fortement  établi  que  la  logique  ne  puisse 
l'emporter. 

Cordialement  à  vous, 

Emile  Zola. 

Monsieur, 

Laissons  s'établir  l'usage. 

Je  crois  que,  par  analogie,  il  vaudrait 
mieux  dire  monter  à  bicyclette,  comme  on 
dit  monter  à  cheval  ou  à  âne.  Mais  il  me 
semble  qu'il  va  une  tendance  à  dire  :  mon- 
ter en  bicyclette.  Cela  vient  sans  doute  de 
ce  qu'on  est  entre  deux  roues  et  que  la  bi- 
cyclette rappelle  vaguement  la  voiture. 

je  n'ai  pas  d'opinion.  Ce  que  décidera  la 
foule  sera  bien  décidé. 

Je  vous  serre  la  main, 

Francisque  Sarcey. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Septembre   1904^ 


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Le  canot  automobile.  —  Un  jour- 
nal a  demandé  à  la  sagesse  de  nos  acadé- 
miciens la  solution  d'un  problème  de  lin- 
guistique d'une  difficulté  épineuse.  Il 
s'agit  de  désigner,  par  une  appellation 
technique,  brève  et  précise,  l'embarcation 
marchant  toute  seule,  par  ses  propres  or- 
ganes, sous  une  impulsion  autre  que  celle 
donnée  par  la  voile  ou  par  la  rame,  c'est- 
à-dire  le  canot  que  l'on  a  qualifié  à'aiito- 
mobile,  faute  de  mieux. 

Nos  régisseurs  du  dictionnaire  n'ont 
pas  tous  répondu.  Quelques-uns  nous 
proposent  :  aittoscaphe  ;  ce  mot  est  de 
formation  régulière,  c'est  la  soudure  de 
deux  mots  grecs...  Mais  que  signifie  le 
terme  ?  —  littéralement  :  une  barque  qtii 
est  elle-même^  comme  «  autographe  >^  veut 
dire  :  l'écriture  elle-7iiéme,  telle  qu'elle 
est  tracée  par  l'écrivain.  Pour  comprendre 
«  autoscaphe  »,  il  faut  suppléer  le  suffixe 
intermédiaire  sous-entendu  «  mobile  », 
qui,  lui,  ne  vient  pas  du  grec,  mais  du 
latin,  ce  qui  donnerait  pour  avoir  l'ex- 
pression complète,  «  automobiloscaphe  »  ; 
ce  serait  une  jolie  salade  !  Vous  insinuez 
qu'on  peut  dire  «  automotoscaphe  »?... 
Attendez  ! 

Motoscaphs  est  présenté  par  un  autre 
académicien.  C'est  un  terme  hybride, 
forgé  du  français  «  moteur  »  (qui  vient 
du  verbe  latin  movere,  au  supin  inoiiim)  et 
du  grec  «  scaphè  »,  Notons  que  <■>  motos  » 
en  grec,  signifie  linge  effilé,  charpie,  et 
n'a  rien  à  voir  ici. 

C'est  déjà  coquet  !  Mais  que  penser  de 
quatre-z-immortels,  justement  renommés 
pour  leurs  fortes  études  et  leur  grand  et 
réel  talent,  qui  préconisent,  l'un  \<  auto- 
nef  »  et  les  trois  autres  «  autocanot  »  .?... 

Nous  jouissions  déjà,  dans  le  haut  et 
bas  langage,  de  certains  mots  hybrides, 
tels  que  :  minéralogie,  bureaucratie,  cho- 
léra-morbus,  sans  nous  enfoncer  jusqu'à 
soulographie.  On  nous  dota,  il  y  a  peu 
de  temps,  d'  «  automobile  »,  mariant 
ainsi  un  mot  grec  avec  un  mot  latin, 
sous  le  spécieux  prétexte  que  nous  avions 
déjà  «  locomobile  ».  Permettez  !  celui-ci, 
du  moins,  a  ses  papiers  en  règle,  puisque 
c'est  l'union  de  deux  mots  de  race  la 
tine 

Voilà  qu'on  nous  conseille  à  présent 
d'accoupler  des  mots  français  ou  francisés 
avec  un  mot  grec  employé  dans  un  sens 
argotique,  car  il  est  à  la  connaissance  de 


tous  que  le  mot  «  auto  »,  couramment 
usité,  n'est  que  l'abréviation  châtrée 
d'  «  autom.obile  »,  au  même  titre  que 
«  tram  »,  que  «  fortifs  »,  «  Boul'Mich'  », 
«  Bat'  d'af  »  et  un  tas  d'autres,  dont  four- 
mille le  jargon  le  plus  vulgaire. 

C'est  par  ces  mésalliances  incorrectes  et 
vicieuses  que  s'abâtardit  une  langue  du 
meilleur  aloi.  N'est-il  pas  dommage  que 
ceux  qui  tiennent  la  lampe  majestueuse 
pour  nous  éclairer,  en  fassent  sortir  tant 
de  fumée  ^ 

Toujours  rhomme  en  sa  nuit  trahi   par  ses 

[veilleurs, 
disait  Victor  Hugo.  Rêverait-on  par  ha- 
sard, en  haut  lieu,  de  dissoudre  aussi  la 
congrégation  des  règles  grammaticales  et 
étymologiques  parce  qu'elles  ne  sont  plus 
comprises  ni  respectées  .^ 

L'opinion  de  nos  confrères  serait  bien 
intéressante  à  connaître  sur  la  dénomina- 
tion cherchée.  Gros  Malo. 

Le  père  du  Bridge.  —  Le  «  bridge  » 
fait  fureur.  Tout  le  monde  joue  au 
«bridge  ». 

S'est  onjamaisdemandéqui  avait  inventé 
ce  jeu  accaparant  .?  Je  voudrais  bien, pour 
ma  part,  le  savoir.  A.  d'E. 


Les  testaments  et  les  legs  étran- 
ges. —  Le  legs  Bareilher  donne  l'occa- 
sion d'ouvrir  la  question  dans  l'Intermé- 
diaire et  de  rappeler  les  testaments  et  les 
legs  étranges.  Z. 

Couleur  bleue  chassant  les  mou- 
ches. —  Je  lis  dans  Lectures  pour  tous^ 
numéro  de  juin  1904,  page  767  :  «Les 
étables  [  des  environs  de  Paris  ]  sont  pein- 
tes entièrement  en  bleu,  couleur  qui  a 
l'avantage  d'éloigner  les  mouches». 

Je  désirerais  savoir  si  cette  assertion 
est  fondée  et  si  l'on  connaît  d'autres 
exemples  de  répulsion  ou  de  préférence 
des  animaux  pour  telle  ou  telle  couleur 
déterminée,  Cincinnatus, 

Les  cahiers  d'Ange  Pitou.  —  Le 

célèbre  chansonnier,  frondeur  de  la  Ré- 
volution, Ange  Pitou,  —  dont  M.  Fernand 
Engerand  a  écrit  l'histoire  —  vendait  ses 
chansons  en  cahiers.  Ses  volumes  sont 
bien  connus;  mais.de  ses  cahiers,  en 
existe-t-il  encore  et  de  quoi  se  compo- 
saient-ils ?  A.  B.  X. 


N»   1055 


L'INTERMEDIAIRE 


451 


Kép0n0e0 


La  tombe  de  Mirabeau  (T.  G., 
^g^).  —  Une  légende  veut  que  Mirabeau, 
enlevé  du  Panthéon, ait  été  porté  au  cime- 
tière dit  de  Clamart.  A  plusieurs  reprises, 
on  a  procédé,  en  cet  endroit,  à  des  fouil- 
les, afin  de  retrouver  les  restes  du  grand 
tribun.  Les  journaux,  depuis  plusieurs 
jours  (notamment  VEclair  des2\,  22,  23, 
24  septembre)  à  nouveau,  s'occupent  de 
cette  question  :  des  historiens  et  des  éru- 
dits  ont  donné  leur  avis.  Mais  il  nous 
semble  que  l'on  étudie  le  problème  à  l'en- 
vers. Il  conviendrait  d'abord  de  recourir 
aux  pièces  officielles,  base  de  toute  dis- 
cussion sérieuse  et  précise. 

Comment  Mirabeau  fut-il  extrait  du 
Panthéon,  à  qui  fut  remis  son  cercueil  ? 
Documents  à  citer. 

Le  laissa-t-on  dans  son  cercueil  de 
plomb  ? 

A-t-on  ôté  ce  cercueil  pour  ne  laisser 
que  le  cercueil  de  bois  ? 

Si  on  a  ôté  le  cercueil  de  plomb,  où  ce 
cercueil  fut-il  déposé  ?  Preuves. 

Où  furent  portés  les  restes  de  Mira- 
beau, à  la  sortie  du  Panthéon  .?  Il  est  im- 
possible qu'il  n'y  ait  pas  trace  authenti- 
que de  cette  translation.  Les  traces  ? 

Est-ce  au  cimetière  de  Saint-Etienne-du- 
Mont,  comme  le  voulait  la  logique  ? 

La  famille  est-elle  intervenue  avant 
l'inhumation  .?  Est-elle  intervenue  après? 
Pourquoi  aurait-on  fait  choix  d'un 
cimetière  taxé  d'infamie,  pour  y  déposer 
la  dépouille  d'un  homme  qui  avait  cessé 
d'être  une  idole,  mais  qui  n'en  restait  pas 
moins  respecté  î 

Mirabeau  à  Clamart,  dans  une  bière  de 
plomb,  cela  a  tout  Tair  d'une  légende 
forgée  de  toutes  parts  et  aggravée  par 
l'imagination.  C'est  le  pendant  des  deux 
tombeaux  de  Voltaire  et  de  Rousseau, 
violés  et  vides.  A  V  Intermédiaire  de  nous 
éclairer,  mais  avec  des  textes,  qui  soient 
mieux  que  des  traditions  toujours  orales 
et  plus  ou  moins  romanesques.  Y. 

Les'  moustaches  de   Molière  (L, 

^29).  —  Une  coquille  d'imprimerie  m'a 
fait  dire  que  Dorine  parlait  d'une  «  large 
barbe  »  au  travers  le  vitrage  de  son  maî- 
tre. Les  lecteurs  auront  deviné  sans  doute 
qu'il  s'agissait  de  son  visage.         H.L. 


452 

* 

*  » 
Nous   lisons  dans  Amoureux  et  Grands 

Hommes   (De   Lerne,    Didier,    éditeur  p. 

50: 

Boileau  fut  député  dans  ce  but  vers  son 
ami  (Molière)  :  «  Votre  santé  dépérit  lui  dit- 
il,  parce  que  le  métier  de  comédien  vous 
épuise  ;  que  n'y  rer.oncez-vous  ?  —  Hélas  ! 
répondit  Molière  en  soupirant,  c'est  le  point 
d'honneur.  —  Et  quel  point  d'honneur  ?  ré- 
pliqua Boileau.  Quoi  !  Vous  barbouiller  le  vi- 
sage d'une  moustache  de  Sganarelle  pour 
venir  sur  le  théâtre  recevoir  des  coups  de  bâ- 
ton t.. . 

Il  s'agirait  de  savoir  si  ce  dialogue  a 
bien  été  tenu  entre  Boileau  et  Molière,  ou 
si  l'auteur  ne  l'a  imaginé  que  pour  don- 
ner plus  de  clarté  et  plus  de  vivacité  à  son 
récit.  Dans  le  premier  cas,  la  réponse  à  la 
question  posée  par  Monsieur  H.  L.  serait 
des  plus  faciles,  car  si  Molière  avait  porté 
des  moustaches,  il  n'aurait  pas  eu  besoin 
de  se  barbouiller  le  visage  d'une  moustache 
pour  jouer  Sganarelle,  et  il  aurait  pu  de 
même  jouer  sans  moustaches  les  rôles 
qui  n'en  comportent  pas. 

D'autre  part,  Montfleury  fils,  dans 
\ Impromptu  de  l'Hôtel  de  Condè^nt  fait  pas 
mention  des  moustaches,  dans  ces  quel- 
ques vers  où  il  satirise  Molière  : 

Il  vient  le  nez  au  vent, 

Les  pieds  en  parenthèse  et  l'épaule  en  avant. 
Sa  perruque,  qui  suit  le  côté  qu'il  avance, 
Plus  pleine  i.le  lauriers  qu'un  jambon  de  Mayence 
Les  mains  sur  les  côtés  d'un  air  peu  négligé, 
La  tête  sur  le  dos  comme  un  mulei  chargé, 
Les  yeux  fort  égarés 

Enfin  mademoiselle  Poisson,  contem- 
poraine de  Molière  et  qui  fit  même  partie 
de  sa  troupe,  trace  de  lui  ce  portrait  dans 
sa  Lettre  sur  la  vie  etr  Us  ouvrages  de  Mo- 
lière et  sur  les  Comédiens  de  son  temps  : 

Il  avait  la  taille  plus  grande  que  petite,  le 
port  noble,  la  jambe  belle  ;  il  marchait  grave- 
ment, avait  l'air  très  sérieux,  le  nez  gros,  la 
bouche  grande,  les  lèvres  épaisses,  le  teint 
brun,  les  sourcis  noirs  et  forts,  et  les  divers 
mouvements  qu'il  leur  donnait  lui  rendaient 
la  physionomie  extrêmement  comique. 

Le  visage  de  Molière  se  trouve  ici  mi- 
nutieusement décrit,  l'auteur  ne  fait  pour- 
tant aucune  allusion  aux  moustaches  ;  il 
nous  semble  fort  que  ce  détail  n'aurait 
pas  dû  passer  inaperçu  aux  yeux  de  quel- 
qu'un voulant  tracer  un  portrait  exact  et 

fidèle. 

C.  Roche. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Septembre  1904, 


Cette  question 
pas    traitée   dans 


453 

* 

♦  * 
que 

ses  dix 


454 


le 


Moliériste  n'a 
années  d'exis- 
tence préoccupait  l'ancien  doyen  de  la 
Comédie,  Monsieur  Got,  qui  n'a  pas,  que 
je  sache,  publié  sa  solution.  Nous  tâche- 
rons d'y  suppléer. 

Il  convient  tout  d'abord  d'écarter  le 
portrait  apocryphe  gravé  par  Lalauze, 
d'après  une  peinture  appartenant  à  Mon- 
sieur Courtois,  qije  nous  n'avions  expo- 
sée au  Jubilé  de  1873  que  sous  les  plus 
expresses  réserves,  et  qui  pourrait  tout 
aussi  bien  représenter  Racine.  Négligeons 
également  le  portrait  par  Coypel  et  le 
buste  de  Houdon  qui  ne  sont  que  des  in- 
terprétations tardives  du  Molière  couronné 
de  Mignard.  Mais  ce  dernier,  représentant 
César  dans  la  Mort  de  Pompée,  sutfit  à  dé- 
montrer que  Molière,  au  temps  où  il 
jouait.encore  la  tragédie, c'est-à-dire  avant 
Les  Précieuses,  portait  les  moustaches  à  la 
ville. 

Comment  supposer,  en  effet,  qu'il  eût 
infligé  la  moustache  à  un  empereur  ro- 
main, s'il  n'eût  tenu,  avec  une  certaine 
coquetterie,  (les  plus  grands  hommes  ont 
leur  faiblesse  !)  à, cet  ornement  parasite.^ 
C'est  d'3'Ueurs  avec  la  même  moustache 
re'-  vce  en  «  barbe  de  chat  »  que  Mignard 
1  a  peint  plus  tard,  chez  lui,  en  robe  de 
chambre,  dans  le  petit  portrait  ovale 
que  Monsieur  Emile  Perrin  a  acquis  en 
Angleterre  pour  le  compte  de  la  Comé- 
die. 

Remarquons,  en  passant,  que  le  mot 
barbe  était  alors,  et  notamment  dans  le 
théâtre  de  Molière, fréquemment  employé 
pour  désigner  la  moustache.  C'est  ainsi 
que  Martine,  dans  le  Médecin  malgré  Z/t/, 
signale  Sgnanarelle  comme  portant  «  une 
large  barbe  noire  »  ;  que  Dorine  dans  le 
Tartuffe  parle  à  Orgon  de  «  sa  large  barbe 
au  milieu  du  visage  »  ;  que  Pourceaugnac 
déplore  d'avoir ^^un  peu  de  barbe  »  quand 
il  se  déguise  en  femme,  et  que  dans  Le 
Malade  Imaginaire^  Toinette  dit  à  Argan 
que  «  sa  barbe  fait  plus  de  la  moitié  d'un 
médecin  ».  Il  est  vrai  que  dans  cette  der- 
nière pièce,  s'il  faut  en  croire  l'estampe 
d'un  viel  almanach  du  temps,  Molière 
portait  non-seulement  la  moustache,  mais 
une  barbe  de  plusieurs  jours,  comme  il 
sied  à  un  maniaque  qui,  par  crainte  de 
s'ébranler  le  cerveau,  doit  avoir  horreur 
du  rasoir. 


Ainsi  donc,  soit  barbe  ou  moustache, 
il  est  constant  que  Molière,  depuis  Mas- 
carille  jusqu'à  Argan,  a  joué  tous  ses  rô- 
les sans  exception  avec  sa  moustache  na- 
turelle, qu'il  rabattait  le  plus  souvent  en 
parenthèse, à  la  Scaramouche,  l'allongeant 
ou  la  renforçant  part' -i s  à  l'aide  du  fusain 
ou  du  bouchon  brûlé,  même  dans  les 
rôles  qui  n'exigeaient  ni  ne  comportaient 
de  barbe,  tels  que  So^ie.  Harpagon,  Mon- 
sieur Jourdain,  Chrysale  et  Argan  (voir 
les  estampes  de  Simonnin,  Chauveau  et 
Brissart). 

Sans  attacher  à  la  question  plus  d'im- 
portance qu'elle  n'en  a  réellement,  voilà 
pourquoi  j^incline  à  croire  que  Molière, 
dans  sa  trop  courte  vie,  a  toujours  om- 
bragé sa  lèvre  de  ces  fines  moustaches 
qu'un  poète  autrichien,  Monsieur' Dingels- 
tedt,  regardait  comme  les  deux  petits  ser- 
pents de  l'ironie  et  de  la  satire. 

Georges  Monval. 
* 

»  « 
Voir   le  Journal  des  Débats  (septembre 

1904). 

Un  diancelier  de  Savoie  suppli- 
cié :  Bolomier  (L,  332).  —  Guillaume 
de  Bolomier,  vice-chancelier  de  Savoie, 
dont  la  rapide  élévation  et  la  richesse 
excitaient  l'envie,  fut,  à  l'instigation  du 
comte  de  Varembon,  enfermé  au  château 
de  Chilien,  où  des  commissaires,  après 
l'avoir  soumis  à  la  torture,  le  condamnè- 
rent à  avoir  la  tête  tranchée,  pour  avoir 
excité  la  défiance  entre  Félix  V  (le  duc 
Amédée  VIII  de  Savoie,  qui  fut  pape  sous 
ce  nom)  et  son  fils  le  duc  Louis,  et  pour 
s'être  livré  à  la  sorcellerie.  Cette  peine 
fut  commuée  en  celle  de  la  submersion, 
et  il  fut  précipité  dans  le  lac  [de  Genève] 
par  le  bourreau, le  12  septembre  1446. 

A.  Perrin.  Histoire  de  Savoie ^  des  ori- 
gines à  1860.  Chambéry.  1900,  in-12,  p. 
108. 

Baulacre  :  Œuvres  histotiqucs  et  lit- 
téraires. Genève,  1857.  2  vol.  8°.  Tome 
II,  p.  1 13  :  Lettre  sur  la  mort  tragique  de 
Bolomier.  Sa  fortune,  véritable  cause  de 
sa  condamnation.  Supplice  de  l'immer- 
sion. 

F.  MuGNiER.  Guy  de  Feysigny  et  Jac- 
ques de  Montmayeur.  Paris.  1894.  8", 
page  22. 

A.  DE  Foras.  Armoriai  et  Nobiliaire  de 
l'ancien  duché  de  Savoie.   Grenoble,   1883- 


N-   1053 


L'INÏERMSDIAIRH 


4^5 


456 


1904, partie  parue  2  vol.  in  fol.,(Bolomier: 
Historique,  héraldique  et  généalogie). 

Sabaudus. 

Biîo    d" Aiguillon,    son    rôle   en 

1789  (L,  331).  —  Il  y  eut,  je  crois,  in- 
vasion d'un  couvent  de  nonnes.  D'Ai- 
guillon y  prit  part  sous  des  vêtements 
féminins,  ce  pourquoi  \cs  .'^ctes  des  apôtres 
lui  décochèrent  l'aménité  suivante  : 

De  d'Aiguillon    la  vile  et  lourde  masse 
De  Conculix  a  le  sort  incertain  ; 
Mais,  admirez  son  bizarre  destin  ! 
En  homme  c'est   un  lâche,  en  femme  un  as- 

[sassin. 

A,  S..E. 

*  * 
Partisan  déclaré  du  duc  d'Orléans,  le 
duc  d'Aiguillon  fut  accusé  d'avoir  soudoyé 
la  populace  qui  envahi.  Versailles  les  5  et 
6  octobre  1789. On  prétendait  même  l'avoir 
vu  se  mêler  à  la  foule,  déguisé  en  femme. 

S.  Churchill. 


Le  cardinal  de  Hohan  et  la  franc- 
maçonnerie  (XLIX,  667).  — De  l'Aca- 
cia (juillet    1902). 

Un  lecteur  de  rinterinèdiaire  des  cher- 
cheurs et  des  cufieiix  demande  dans  le  n°  du 
IQ  mai  de  cette  publication  si  le  cardinal  de 
Rohan,  la  «Belle  Eminence  »,qui  fut  compro- 
mis et  acquitté  dans  l'Affaire  du  Collier,  était 
franc-maçon.  C'était  l'opinion  de  Bailly,  qui 
fut  maire  de  Paris  au  début  de  la  Révolution. 
Il  s'appuyait  pour  cela  sur  la  liaison  du  cardi- 
nal avec  Cagliostro. 

Pour  répondre  à  cette  question,  il  faudrait 
d'abord  décider  si  la  fameuse  loge  égyptienne 
de  Cagliostro  doit  être  rangée  dans  la  Franc- 
Maçonnerie.  Que  cette  loge  fût  une  société 
initiatique  —  du  moins  en  apparence,  — 
mystique  s'efforçant  de  rappeler  les  anciens 
mystères  grecs,  c'est  certain  ;  mais  toutes  les 
sociétés  de  ce  genre  ne  sont  pas  maçonni- 
ques. 

Il  n'y  a  de  Maçonnerie  véritable  que  les  so- 
ciétés qui  procèdent  de  l'ancien  ordre  des 
francs-maçons  professionnels,  et  dont  le  rituel 
des  trois  premiers  grades  est  celui  de  ces  an- 
ciens Maçons.  Or,  tel  n'était  pas  le  cas  de  la 
oge  égyptienne , 

Mariage  du  diic  dEngliian  (L, 
332).  —  Le  collaborateur  qui  signe 
Bookworm  voudra  bien  dire  sans  doute, 
comme  on  l'en  prie,  où  sont  les  preuves 
du  mariage  du    duc   d'Enghien   avec  la 


princesse  Charlotte  de  Rohan.  Il  nomme 
les  témoins  :  où  sont  les  actes  .? 

Le  comte  Boulay  de  la  Meurthe,  a  pu- 
blié,par  les  soins  delà  «  Société  d'histoire 
contemporaine  »,la  Correspondance  du  duc 
d'Eughien  (1801-1804).  (Picard,  Paris, 
1904).  Si  nous  résumons  son  travail  sur 
ce  point, nous  n'aurons  qu'à  emprunter  ce 
passage  à  la  critique  du  comte  Marc  de 
Germiny  dans  la  Revue  des  qucsUons  histo- 
riques^ car  le  livre  n'est  pas  sous  nos 
yeux  : 

Tout  d'abord,  la  correspondance  du  duc 
d'Enghien  ruine  la  légende  du  mariage  secret 
avec  la  princesse  Charlotte  de  Rohan-Roche- 
fort.  Détruite  aussi,  la  version  souvent  adop- 
tée de  l'union  légitime  qui,  sans  le  lugubre 
drame  du  21  mars  1804,  eût  sanctifié  un  jour 
prochain  les  doux  liens  des  amants;  constata- 
tion pénible  et  déco  certanîe  !  Victime  des 
sopbismes  de  l'époque  et  aussi  du  spectacle 
offert  depuis  son  plus  jeune  âge  dans  sa  pro- 
pre famille,  Enghien  ne  croyait  à  l'amour 
qu'en  dehors  du  mariage.  Sous  l'égide  aveu- 
gle ou  étrangement  indulgente  d'un  triste  car- 
dinal, deux  jeunes  gens  s'aimaient  follement, 
mais  elle  ne  serait  jamais  que  maîtresse.  De 
cette  situation  avouée,  moins  anormale  du 
reste  que  nous  le  pensons  pour  ces  enfants 
d'un  siècle  imbu  de  principes  peu  austères,  la 
princesse  Charlotte  semble  s'être  contentée, 
il  n'existe  point  de  trace  qu'elle  ait  essayé  de 
s'attacher  à  Enghien  par  des  liens  plus  légiti- 
mes. 

De  son  côté,  loin  de  cacher  ses  intentions  à 
ce  sujet,  son  amant  les  proclame.  C'est  ainsi 
que  le  8  octobre  1801,  Enghien  a  catégori- 
quement écrit  à  son  père  :  «  ...  Je  serais 
bien  curieux  à  propos  d'elle  (la  princesse 
Charlotte)  de  savoir  si  le  grand-père  vous  en  a 
parlé.  Longtemps  il  a  craint  des  choses  sé- 
rieuses et  je  ne  sais  s'il  est  encore  revenu  de 
ses  soupçons...  Je  ne  lui  ai  jamais  donné  lieu 
de  croire  que  j'eusse  assez  mauvaise  tête  pour 
être  un  jeune  homme  à  grandes  sottises,  et  ce 
serait,  ce  me  semble,  la  plus  grande  possible 
que  de  contracter  un  pareil  engagement.  Je 
n'y  ai  jamais  pensé...  » 

Le  livre  de  M.  Boulay  de  la  Meurthe 
prouve  des  choses  plus  intéressantes  ~-' 
et  comme  quoi,  notamment,  le  duc  d'En- 
ghien n'a  jamais  conspiré  avec  Georges, 
—  mais  celle-ci  a  son  importance  quand 
miême,  puisque  sans  cesse  on  y  revient. 
—  '         V. 

Cnm'broane  à  \¥2tarloo  (L,  52, 
189,  235,  3ti).  —  Le  témoignage  d'An- 
toine Deleau,  reproduit  dans  Vlntermc- 
diaire    du    10  septembre,  a   été  apprécié 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Sep  tembre   1904 


—   457 


458 


ainsi  par  Edouard  Fournier  en  son  beau 
livre  l'Eipril.  cian%  l'hisfoire  (4^  édition, 
Paris,  Dentu,  1882,  p.  413-414)  = 

Toujours  Cambronne  se  défendit  nette- 
ment de  la  phrase  qu'on  lui  prétait...  H  ne 
s'est  pas  moins  trouvé  un  grenadier  qui  pré- 
tendit lui  avoir  entendu  dire  deux  fois  ce 
qu'il  soutenait,  lui,  n'avoir  pas  dit  une 
seule. 

Il  est  vrai  que  ce  grenadier,  le  sieur  An- 
toine Deleau,  qui,  mandé  devant  le  maré- 
chal de  Mac-Mahon  et  le  préfet  du  Nord, 
tint  courageusement  à  ne  pas  démentir  ce 
qu'il  répétait  depuis  quarante-huit  ans, 
prétendait  aussi  avoir  très  distinctement 
entendu  Poniatowsid  s'écrier  à  Leipzig,  en 
se  précipitant  dans  l'Elster  :  «  Dieu  m'a 
confié  l'honneur  des  Polonais  ;  je  ne  le  re- 
mettrai qu'à  Dieu  !  »  Q.uand  on  a  en- 
tendu cette  phrase-là,  on  doit  avoir  en- 
tendu l'autre.. . 

V Intermédiaire  réclame  surtout, en  cette 
nouvelle  enquête,  des  témoignages  inédits 
ou  peu  connus.  M.  Camille  Quenne,  qui 
signe  du  pseudonyme  Jean  Bar.  dans  la 
Chronique'^ de  Bruxelles,  de  si  intéressants 
interviev/s,  vient  de  nous  donner  celui 
du  major  retraité  Michel  qui  habite  cette 
ville  et  est  un  parent  éloigné  du  général 
Michel  dont  onsait  le  rôle  à  Waterloo  : 

Cambronne  n'a  lâché  aucune  invective, 
n'a  poussé  aucune  exclamation. C'est  le  gé- 
néral Michel,  dont  je  suis  l'arrière-cousin, 
qui  a  prononcé  les  paroles  :  «  La  garde 
meurt  et  ne  se  rend  pas  ». 

C'est  qu'on  le  contestait  hier   encore. 

A  tort,  croye.x-moi.  Certes,  la  ques- 
tion a  été  considérée  longtemps  comme  un 
problème  historique  ;  mais  aujourd'hui,  la 
lumière  est  complète. 

Le  oénéral  Cambronne  fut  en  rapport 
avec  mon  grand-père,  lequel,  soit  dit  en 
passant,  était  parmi  les  décorés  de  Sainte- 
Hélène.  Or,  à  différentes  reprises,  mon 
aïeul  déclara  à  mon  père  que  les  paroles 
attribuées  au  général  Cambronne  étaient 
bel  et  bien  du  général  Michel,  qui,  con- 
trairement à  certaines  assertions,  ne  fut  pas 
tué  pendant  l'attaque  du  plateau  par  la 
vieille  garde.  Le  témoignage  de  mon  père 
trouve,  d'autre  part,  une  confirmation  irré- 
cusable dans  VHistoire  de  la  captivité  de 
Sainte-Hélène,  par  le  général  Montholon, 
qui,  enmème  temps  que  M. de  Las  Cases, les 
généraux  Gourgaud  et  Bertrand,  fut  un  des 
secrétaires  de  l'empereur  exilé.  Il  écrit,  à  ce 
propos,  à  la  page  74  du  deuxième  vo- 
lume : 

<■<  Les  anniversaires  étaient  toujours, pour 
l'Empereur,  la  cause  du  retour  de  ses  pen- 
sées vers  les  événements  qu'ils  rappelaient. 


Le  18  juin  1820  le  ramena  aux  souvenrirs  de 
Waterloo.   11    voulut    revoir  ce  qu'il    avait 
dicté  au  général    Gourgaud    et    passa    huit 
jours  à  refaire  le  récit  de  cette  courte  mais 
décisive    campagne.     Des    renseignements 
recueillis  depuis  sa  première  dictée  avaient 
modifié  son  opinion  sur  quelques  faits  impor- 
tants: l'inaction  du  premier  corpspendantla 
journéedeLigiiy,la  mollessede  l'attaquedes 
Quatre-Bras.  Il  reconnaissait  qu'il  avait  été 
trop  sévère  dans  son  blâme.  11  voulait  aussi 
dire  la  mort    héroïque  du  général    Michel, 
répondant   au  nom   de  la  vieille  garde  qu'i'» 
commandait  :  «  La  garde    meurt    et  ne  se 
repd  pas  !  »,  paroles  sublimes   que  les  pre- 
miers rapports  avaient    attribuées  au  brave 
général  Cambronne,  mais    que    le    général 
Bertrand,  qui  se  trouvait  à  portée  de  les  en- 
tendre, a  assuré  avoir  été  dites  parle  géné- 
ral Jilichel.  » 

Après  cela,  on  est  mal  venu  à  attribuer 
au  général  Cambronne  un  geste  dont  il 
était  capable,  mais  qu'il  ne  fit  pas  et  dont 
tout  l'honneur  revient  à  quelqu'un  de  ma 
lignée. 

Le  sympathique  officier  retraité  me  mon- 
tre des  documents  qui  ont  appartenu  au 
général  Michel,  notamment  deux  livrets 
militaires,  l'un  relatif  au  -k  soldat  Michel  », 
ouvrier  menuisier,  engagé  volontaire  ;  l'au- 
tre à  l'élève  de  Saint-Cyr,  où  fut  admis 
plus  tard  le  héros  de  181  5,  Il  me  fait  voir 
ensuite  une  tabatière  d'argent  au  chiffre  na- 
poléonien, don  de  l'Empereur,  à  laquelle 
se  rattache  cette  histoire  inédite,  d'une  drô- 
lerie succulente  : 

(c  II  y  a  une  quarantaine  d'années,  mon 
père  reçut  la  visite  de  Victor  Hugo,  à  qui 
il  offrit  une  prise  du  tabac  qui  avait  appar- 
tenu au  général  Michel  et  que  ma  famille 
gardait  avec  un  soin  pieux.  Or,  il  était 
advenu  ceci  :  une  vieille  cuisinière  qui  se 
trouvait  à  notre  service  depuis  de  nom- 
breuses années  et  qui  raffolait  du  tabac  à 
priser,  avait  tout  simplement  humé  le  con- 
tenu de  la  tabatière  et  l'avait  remplacé  par 
du  vulgaire  caporal... 

—  Mais  vous  ne  me  dites  pas  comment 
Hugo  dégusta  le  tabac  prétendument  histo- 
rique ? 

—  En  faisant  la  grimace  !» 

P.  c.  c.       A.  Boghaert-Vaché. 

Louis  îî  de  Bavière  (L,  332).  — 

Lire  le  livre  de  M.  Jacques  Bainville  pur- 
blié  sur  Louis  II  de  Bavière.  (Perrin,  édi- 


teur, 1900). 


Louis  Bigot. 


Los  q'ous  da  la  Passion  (XLIV  ; 
XLV  ;  XLVÎil  ;  L,  184).  —  On  me  de- 
mande des  explications  complémentaires 
sur  la  crucifixion  à  cinq  clous  dont  j'ai  si- 


N"  1053. 


L'INTERMÉDIAIRE 


459 


460 


o-nalé  l'existence  dans  V Intermédiaire  du 
20  octobre  1903.  Personne  n'ayant  ré- 
pondu à  ma  question,  qui  avait  pour 
objet  de  savoir  s'il  existait  d'autres  cru- 
cifixions pareilles,  j'entre  dans  quelques 
détails. 

Les  pieds  du  Crucifié  sont  posés  sur  un 
support  ;  ils  ne  sont  ni  tout  à  fait  croisés 
ni  complètement  séparés,  le  talon  du  pied 
droit  étant  seulement  engagé  sous  le  pied 
gauche. 

Chaque  pied  est  percé  par  un  clou,  ce 
qui,  avec  les  clous  des  mains,  fait  quatre. 

Le  cinquième  clou  a  la  forme  d'un  T  et 
est  très  long,  car  il  traverse  les  deux 
pieds  en  biais,  de  la   droite  à  la  gauche. 

Je  ne  connais  pas  d'autres  exemples  de 
crucifixion  à  cinq  clous  ;  celui  que  j'ai 
relevé  est  à  Trévise,  dans  une  fresque 
que  je  crois  de  la  fin  du  xn-  ou  des  pre- 
mières années  du  xui^  siècle. 

Gerspach. 

* 
*  » 

Dans  rénumération  des  clous  de  la 
Passion,  il  ne  faut  pas  oublier  que  l'ins- 
cription.que  Pilate  fit  apposer  sur  la  croix, 
y  était  fixée  par  un  clou  semblable  à  ceux 
qui  fixaient  les  mains  et  les  pieds  du  Christ 
(du  moins,  c'est  la  tradition;.  On  a  donc 
ainsi  cinq  clous.  G.  La  Brèche. 

Le  père  Loriquet  (T.  G.,  528  ; 
XLIX,  705).  —  Il  faut  renoncer  à  mettre 
plus  longtemps  au  compte  du  Père  Lori- 
quet l'imputation  portée  à  la  tribune  le 
29  avril  1844,  par  M.  Hippolyte  Passy. 
Celui-ci  dénonçait  une  Histoire  de  France 
dans  laquelle  Napoléon  n'était  «qu'un  mar- 
quis, lieutenant  général  au  service  de 
S.  M.  Louis  XVIll,  dont  il  conduisait  à 
Vienne  les  armées  ». Cette  phrase  était  prê- 
tée au  Père  Loriquet. 

Le  Père  Loriquet  n'a  jamais  écrit  cette 
phrase-là  ;  ce  n'était  pas  lui  qui  altérait 
l'histoire,  c'étaient  ses  adversaires  qui 
lui  prêtaient  des  propos  qu'il  n'avait  pas 
tenus. 

Mis  en  demeure  d'appuyer  son  accusa- 
tion, M.  Passy  se  contenta  d'affirmer  que 
le  «  livre  existait  »  où  se  rencontrait  la 
phrase  ridicule. 

Le  Père  Loriquet,  le  13  juillet  1844, 
défia  ses  détracteur?  «  de  montrer  un 
seul  exemplaire  de  quelque  édition  que  ce 
fût,  où  se  trouverait  la  sotte  phrase  sur 
le  marquis  de  Buonaparte  ».  M.  Passy  ne 


rétracta  rien  et  se  déroba.  Il  était  évident 
que  l'accusateur  du  Père  Loriquet  avait 
été  mystifié. 

La  maison  Poussielgue  offrit  30.000  fr  à 
qui  présenterait  un  exemplaire  sortant  de 
ses  presses, contenantles  expressions  incri- 
minées. Nul  ne  releva  le  défi,  mais  la 
légende  persistait. 

«  Si  la  phrase  est  quelque  part,  disait 
M.  Cucheval-Clarigny,  c'est  dans  l'édition 
de  1816  ;  malheureusement  cette  édition 
est  introuvable  ?>. 

Elle  était  si  peu  introuvable  qu'elle 
était  à  la  Nationale  ;  M.  P.  Bliard  qui 
aura  dit  le  dernier  mot  de  la  question, 
dans  un  remarquable  article  de  cette  re- 
marquable publication  qu'est  la  Revue 
des  questions  historiques  (i"  juillet  1904) 
assure  avoir  lu  «  de  la  première  à  la  der- 
nière ligne  tout  ce  qui  concerne  Bonaparte 
et  n'a  point  trouvé  l'appréciation  en 
litige  ». 

Si  ce  n'est  pas  dans  l'édition  de  18 16, 
ont  dit  encore  les  détracteurs  du  P.  Lori- 
quet, c'est  dans  celle  de  181  5  ;  or  elle  a 
été  complètement  supprimée  par  les 
jésuites  eux-mêmes  et  pour  celle-là,  même 
à  la  Nationale,  vous  ne  trouverez  rien. 
Ce  qui  permet  d'insinuer  :  «  Si  l'on  avait 
l'édition  originale,  l'édition  de  1815,  on 
verrait  enfin,  imprimée,  cette  phrase  ridi- 
cule qui  couvrira  de  conîusion  le  Père 
Loriquet  à  travers  les  siècles.  Mais  on 
n'a  pas  l'édition  originale  :  elle  a  été  dé- 
truite. Et  elle  a  été  détruite  parce  que  la 
fameuse  phrase  est  dedans  ». 

Voici    qui    va  mettre  fm    aux  débats. 

Cette  édition  de  181 5  qui  n'est,  dit-on, 
nulle  part,  est  entre  les  mains  de  M. 
P.  Bhard. 

J'ai  en  ce  moment,  dit-il, sur  mon  bureau, 
ces  deux  petits  volumes,  cause  de  tant  de 
débats. Eh  bien,j'en  suis  désolé  pour  les  ama- 
teurs de  légendes,  la  phrase  grotesque,  mise 
en  circulation  par  M.  Passy,  ne  s'y  trouve 
pas. 

Ceux  qui  désireraient  s'en  rendre  compte 
par  eu.x-mèmes  pourront,  quand  ils  le  vou- 
dront, voir  et  examiner  mon  exemplaire,  dès 
ce  moment,  à  la  disposition  de  tous. 

V Intermédiaire  s'est  occupé  à  tant  de 
reprises  de  cette  polémique  que  nous  avions 
le  devoir  d'exposer  longuement  sa  conclu- 
sion. 

Le  Père  Loriquet  a  pu  avoir  sur  Bona- 
parte   des   opinions   qui,   tout    en  étant 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Septembre  1904. 


--—    461 


462 


outrées,  sont  loin  d'égaler,  en  violetice 
haineuse,  celles  qu'on  voit  mettre  à  la 
mode  aujourd'hui,  mais  le  ridicule  des 
propos  qu'on  lui  prête  n'est  qu'une  impos- 
ture de  ses  adversaires.  Et  la  preuve  en 
est  faite  si  éclatante  que,  seuls,  continue- 
ront à  affirmer  une  fausseté  aussi  notoire, 
ceux  qui  opposent  à  la  sérénité  de  l'his- 
toire  l'aveugle   passion    des   polémiques. 

V. 

La  promenade  sur  l'âne  au  XVÏF 
sièoie  (L,  162,  397).  — Qj.ioi  qu'en  dise 
Sauvai,  le  châtiment  de  la  promenade  sur 
ràne,  la  tête  tournée  vers  la  queue,  était 
infligé  par  les  lois  en  vigueur,  aussi,  bien 
au  xvii"  qu'au  xvin'  siècle,  mais  il  était 
assez  rarement  appliqué. 

En  ce  qui  concerne  le  cas  de  la  Neveu, 
je  n'en  ai  pas  trouvé  d'autres  traces  que 
celles  indiquées  par  le  collaborateur  S.  11 
esta  peu  près  certain, cependant,  que  cette 
punition  n'a  dû  être  prononcée  que  pour 
«  maquerellage  »,  et  j'ajoute  que,  parfois, 
notamment  quand  il  s'agissait  de  proxé- 
nètes ayant  débauché  des  fillettes  de  moins 
de  1 5  ans,  les  coupables  étaient  promenées 
dans  un  état  de  nudité  presque  complet, 
puis  fouettées  publiquement  ;  on  leur 
couvrait  cependant  le  visage  avec  un 
mouchoir. 

Barbier  cite  une  exécution  de  ce  genre 
qui  eut  lieu  le  11  juillet  1750. 

De  son  côté,  Mercier  dit  avoir  vu  une 
proxénète  promenée  sur  un  âne  et  fouettée 
nue. 

Depuis,  et  sous  la  Révolution  elle  même, 
on  a  pu  assister  à  ce  spectacle  grotesquCj 
en  pleine  place  du  Palais-Royal. 

En  effet,  le  4  août  lygi,  le  tribunal  du 
IP  arrondissement  de  Paris,  sur  appel  d'un 
ingénient  rendu  par  le  3"'  tribunal  établi 
en  vertu  de  la  loi  de  mars  1791,  condam- 
nait la  nommée  Marie-Louise  Bertaut, 
veuve  Desbleds,  demeurant  rue  Fromen- 
teau, 

«  à  être  conduite  par  l'exécuteur  des 
«jugements  criminels,  dans  tous  les  lieux 
si  et  carrefours  accoutumés  de  la  ville  de 
«  Paris,  notamment  à  la  place  du  Palais- 
«  Royal,  comme  plus  voisine  de  la  rue 
«  Fromanteau,  monte  sur  un  âne^  la  face 
«  tournée  vers  la  queue,  ayant,  sur  la 
«  tête,  un  chapeau  de  paille,  avec  écriteau 

devant  et  derrière  portant  ces  mots  : 
^^  femme  corniptvice  de  la  Jeunesse,  battue 


«  et  fustigée  nue  de  verges,  par  ledit  exécu- 
<•<  teur,  et,  en  ladite  place  du  Palais-Royal, 
«  flétrie  d'un  fer  chaud  en  forme  d'une 
«  fleur  de  lys  sur  l'épaule  droite.  Ce  fait, 
«  être  conduite  à  la  maison  de  force  de 
«  l'hôpital  général  de  la  Salpêtrière  pen- 
«  dant  le  temps  et  espace  de  3  ans...  >>. 

La  veuve  Desbleds  avait  livré  une  ga- 
mine de  13  ans,  pour  3  livres,  à  quatre 
particuliers  revêtus  s*  le  premier  d'un  ha- 
«  bit  gris,  le  second  d'un  habit  blanc,  le 
\<  troisième  d'un  habit  bleu  et  le  quatrième 
«  d'un  habit  blanc  >/. 

Il  est  à  présumer  que  si,  de  nos  jours, 
la  promenade  sur  l'âne  était  infligée  aux 
proxénètes,  la  circulation  serait  souvent 
interrompue  sur  la  place  du  Palais-Royal, 
car  cette  immonde  industrie  a  pris,  depuis 
quelques  années,  des  proportions  effra- 
yantes. 

Rappelons  qu'au  moyen  âge,  dans  la 
plupart  des  pays  de  l'Europe,  la  femme 
qui  avait  battu  son  mari  devait  aussi 
monter  à  rebours  sur  un  âne  et  parcourir 
la  ville  ou  le  village  en  tenant  cet  âne  par 
la  queue. 

En  1593,  le  bailli  de  Hombourg  décida 
que  «  la  femme  qui  aurait  battu  son  mari 
«  devrait,  suivant  l'ancien  usage,  monter 
«  sur  un  âne,  et  que  l'homme  qui  se  se- 
«  rait  laissé  battre  conduirait  l'âne  par  la 
«  bride  ». 

La  même  peine  était  souvent  infligée 
au  mari  (V.  Ducange,  Asinns). 

C'est  égal,  on  ne  s'ennuierait  pas  à 
Paris,  si  tous  les  maris  battus  étaient  en- 
core sous  le  coup  de  ces  anciens  règle- 
ments !  Eugène  Grécourt. 


Diane  et  saint  Hubert(XLV  ;  XLVl). 
—  jO/(7;?t'((/.y.T£//[,-),  qui,  sur  la  terre,  était, 
pour  les  Grecs,  la  déesse  de  la  chasse,  et 
aussi  de  la  chasteté,bienqu'ellefût  invoquée 
par  les  femmes  enceintes  et  qu'elle  eût  eu, 
suivant  la  fable,  certaines  faiblesses  pour 
Endymion.  pour  Pan  et  pour  Arion,  était, 
dans  le  ciel,  la  personnification  de  la  lune, 
sous  le  nom  de  Phœbé  sœur  d'Apollon. 

Ce  mot  de  Phœbé,  ne  dériverait-il  pas 
de  poijoç,  peur,  crairite,  terreur,  parce  que 
la  nuit,  quand  brille  le  croissant  de  la 
lune  que  Diane  portait  sur  le  front,  naît 
en  nous  une  crainte  instinctive,  une  appré- 
hension vague  de  l'incertitude  que  pro- 
voque la  demi-obscurité  et  des  fantômes 


M»  1053. 


L'INTERMEDIAIRE 


465 


-    464 


qu'évoquent  les  blanches  clartésdes  rayons 
lunaires. 

Diane,  qui,  chez  les  chrétiens,  s'est  mé- 
tamorphosée ou  masculinisée  en  saint 
Hubert  le  patron  des  chasseurs,  était  re- 
présentée accompagnée  d'une  biche, 
comme  saint  Hubert  l'est  d'un  cerf,  Rappe- 
lant la  métamorphorse  d'Actéon,  changé 
en  cerf  pour  avoir  contemplé  de  trop  près 
les  charmes  de  la  déesse  qui  se  baignait, 
par  une  belle  nuit  de  l'Hellade,  dans  les 
eaux  étoilées  de  l'ilissus. 

Diane,  disons-nous,  Y crpre/jn;  des  Grecs 
ne  descendrait-elle  pas  de  VÀrdiienna 
Sylva  ?  de  ces  sombres  forêts  du  Nord  qui 
inspiraient  la  crainte  et  où  les  druides, 
qui  observaient  le  culte  de  la  nature,  pra- 
tiquaient leurs  sacrifices  aux  mystérieuses 
clartés  de  la  lune  ? 

N'est-ce  pas  dans  ces  forêts  où  abondait 
le  fm  gibier,  qu'est  née  et  que  s'est  sur 
tout  conservée  cette  passion  delà  chasse? 

Saint  Hubert,  qui,  avant  sa  conversion, 
occupait  un  emploi  éminent  à  la  cour  de 
Pépin  d'Herstal  et  qui  fut  un  fervent 
chasseur  devant  l'Eternel,  quitta,  vers 
683  de  notre  ère,  les  plaisirs  du  monde 
pour  suivre  les  prédications  de  saint  Lam- 
bert, évêque  de  Maestricht.  11  succéda  à 
celui-ci.  dont  il  transporta  l'épiscopat  à 
Liège  et  mourut  en  730,  àTervueren,  près 
de  Bruxelles,  dans  la  forêt  de  Soignes, 
prolongement  de  la  forêt   des  Ardennes. 

Son  corps  fut  transporté  plus  tard  dans 
l'abbaye  qui  devint  le  berceau  de  la  ville 
de  saint  Hubert  (Luxembourg  belge). 

D'-  V.  D.  C. 

Le  chien  de  Jean  de  Nivelle 
(XLVll  ;  XLVIII  ;  L,  380).  —•  L'auteur  de 
l'article  paru  sur  ce  sujet  dans  le  no  51  du 
Magasin  utile  n'a  pas  compris  qu'il  ne 
pouvait  y  avoir  de  seigneur  à  Nivelles  en 
Brabant,  puisque  l'abbesse  du  chapitre  de 
Sainte-Gertrude  était  dame  de  cette  ville. 
De  plus,  il  n'a  connu  la  famille  de  Mont- 
morency que  par  ouï-dire,  autrement  il 
aurait  su  que  le  Nivelle  des  Montmorency 
s'écrit  sans  s  et  qu'il  est  identique  à  Nevele- 
le^-Gand.  Voyez  17/;/^/;;/ tv//.7/r6?,t. XLVIII, 
col.  256.      Le  comte  P. -A  du  Chastel. 

Evêques  français  en  Italie  et  en 
Allemagne  (XLVIII  ;  XLiX,  71,  293, 
461).  — Mgr  Joseph-Louis  Colmar,  né  à 
Strasbourg,   le   22  juin  1760,   évoque  de 


Mayence  le  7  juillet  1802,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  baron  de  l'Empire  le 
10  février  1809.  Mgr  Antoine-Eustache 
d'Osmond,  né  à  Saint-Domingue,  le  6  fé- 
vrier 1754,  sacré  évoque- de  Comminges 
le  i"'  mai  1785,  évêque  de  Nancy  le 
30  janvier  1805,  archevêque  de  Florence 
le  22  octobre  1810,  officier  de  la  Légion 
d'honneur,  i^""  aumônier  du  roi  de 
Hollande,  baron  de  l'Empire  en  mai  1808, 
comte  de  l'Empire  le  16  décembre  1810. 
Mgr  François-André  Dejean,  né  à  Castel- 
naudary  le  24  mars  1748,  évêque  d'Asti 
le  9  février  1S09,  baron  de  l'Empire  le  3 
mai  1809.  {Ahmiuach  Royal  de  1787,  par 
Laurent  d'Hour}-,  p.  d}  ;  Almanach  Impé- 
rial de  1812,  par  Tesîu,  p.  262,  267  et 
269  ;  Liste  de  la  Noblesse  Impériale,  par 
Emile  Campardon,  p.  48,  56  et  142). 

Marquis  de  L   C. 

Bautru  (XLIX,  504,  643  ;  L,  132, 
357).  —  Le  collaborateur  M.  Paul  Pinson 
s'est,  je  crois,  trop  pressé  dans  sa  rectifi- 
cation :  je  maintiens  qu'une  famille  Bau- 
tru ou  Botru  de  la  Potherie,  branche  des 
Bautru  de  Nogent,  était  fixée  à  Etampes 
vers  1670  ;  et  à  l'appui,  je  peux  faire  voir 
de  nombreuses  pièces  originales  à  ce  nom 
et  non  à  celui  de  Baudry,  qui  est  en  effet 
bien  différent  :  je  serais  désireux  de  con- 
naître les  références  de  la  famille  Baudry 
de  la  Potherie  que  je  ne  possède   pas. 

A  mon  tour,  je  demande  une  petite 
rcctification/Tro(r'L?7«<9  :  mon  nom  ne  s'écrit 
plus  depuis  longtemps  Boni,  mais  de  Bony 
de  Lavergne  ;  je  ne  donnerai  pour  réfé- 
rence que  Y  Annuaire  militaire  de  1904  où 
l'on  trouve  deux  de  Bony  de  Lavergne, 
officiers  d'artillerie. 

Les  noms  portés  à  l'Annuaire  militaire 
sont  pris  d'après  les  extraits  de  naissance. 
C'"  DE  BoMY  DE  Lavergne. 

Manuscrits  inédits  d'André  Che- 
nicr  (L.  329).  —  H.  Thabaud  de  La 
Touche,  littérateur  distingué  de  l'époque 
de  la  Restauration  et  du  règne  de  Louis- 
Philippe,  né  à  La  Châtre,  en  Berry,  en 
1785,  mort  à  V/ulnay  en  185 1,  eut  le 
double  mérite  d'être  à  la  fois  le  parrain 
littéraire  de  George  Sand  et  le  premier 
éditeur,  en  1819,  des  œuvres  alors  encore 
inconnues  de  André  Chénier. 

En  1873,  à  Chàteauroux,  M.  Emile  Pé- 
rigois,  de  La  Châtre,  qui  fut  depuis  député 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


465 


de  rindré,  pour  inaugurer  le  feuilleton 
littéraire  d'un  petit  journal  politique, 
l'Ordid  Républicain  qu'il  venait  de  fonder 
à  Clîâteauroux,  eut  la  bonne  pensée  d'y 
reproduire  les  Lettres  de  Clcmev.t  XIV  et 
de  Carlo  Bertinai:(i^  de  H.  de  La  Touche, 
reproduction  qu'il  fit  précéder  d'une 
courte  mais  substantielle  notice  sur  l'au- 
teur. (Numéro  du  5  février  1873). 

De  cette  notice,  nous  extrayons  les  li- 
gnes suivantes  qui  pourront  intéresser 
les  lecteurs  de  V Intermédiaire  : 

«  H.  de  La  Touche  s'était  retiré  à  Wul- 
nay,  un  joli»  village  caché  derrière  les 
arbres,  près  de  Paris, 

«Sa petite  maison  n'était  qu'une  sorte  de 
presbytère,  dont  il  avait  fait  une  habita- 
tion saine  et  commode.  Elle  eut  pour  vi- 
siteurs Benjamin  Constant,  Adolphe 
.  Thiers,  Armand  Carrel,  Godefroid  Cavai- 
gnac,  Béranger  et  Lamennais,  noms  qu'à 
des  titres  divers  honore  la  démocratie. 

« Comme  le  toit  de  Pindare,  comme 

la  maison  d'Aristote,elle  devait  être  sacrée, 
même  pour  l'envahisseur  étranger.  Mais 
on  n'avait  pas  prévu  le  retour  des  inva- 
sions barbares.  Les  poètes  sont  les  en- 
fants chéris  des  Dieux  ;  au  moins  notre 
émincnt  compatriote  a  eu  cette  fortune 
de  mourir  à  propos.  Il  n'a  vu  ni  le  retour 
de  l'Empire,  ni  ses  suites  si  fatales  à 
l'honneur  et  aux  prospérités  de  la  Patrie. 
La  femme  si  distinguée,  poète  elle-même, 
qui  avait  pris  soin  de  ses  derniers  jours  et 
recueilli  son  modeste  héritage,  surprise 
par  ces  Prussiens  auxquels  le  second 
Empire  n'avait  plus  d'Excelmans  victo- 
rieux à  opposer,  se  vit  forcée  d'abandon- 
ner à  la  hâte  sa  demeure,  sans  rien  pou- 
voir sauver  des  reliques  confiées  à  son 
culte  pieux.  C'est  en  vain  que  vous  y 
cherciieriez  aujourd'hui  les  souvenirs  qui 
la  faisaient  vivante  !  Les  toiles,  les  des- 
sins signés  d'artistes  célèbres,  les  livres 
qui  reconstituaient  une  période  littéraire, 
les  vieux  meubles  apportés  du  Berry,  et^ 
chose  inestinable,  les  maniiscrils  cT André 
Cherii';\  inut  a  disparu.  Dans  quelle  bau- 
ge 'de  ravageur  prussien,  chez  quel  juif 
d'Allemagne  irons-nous  reprendre  ces 
trésors  ?  Hélas  !  c'est  une  revendication 
qu'il  nous  faut  comme  tant  d'autres  léguer 
à  nos  fils  !  Revenue  après  la  guerre. 
Mlle  Pauline  de  Flaugergues  n'a  retrouvé, 
entre  les  quatre  murs  nus  de  l'Ermitage 
profané,  qu'un  banc  de  jardin  oublié,  seul 


30  Septembre  1904, 

lit  de  repos  réservé  à  son  indigence.  Hâ- 
tons-nous d'ajouter  que,  grâce  à  l'inter- 
vention toujours  active  de  George  Sand, 
le  Ministère  de  l'Instruction  publique  a 
subvenu  à  ses  premiers  besoins. 

«  11  restait  d'ailleurs  au  poète  et  à  son 
Antigone,  un  asile  qu'on  n'eût  pas  osé 
violer  :  c'est  le  tombeau  élevé  par  celle-ci 
dans  l'humble  cimetière  d'Antony.  C'est 
là  qu'un  buste  de  bronze  rend  à  ceux  qui 
ont  connu  de  La  Touche,  sa  tête  énergi- 
que et  Hère,  gardant  toutefois  quelque 
chose  de  cette  ironie  fine  et  de  cette  sève 
eauloise  si  traditionnelles  en  deçà  de  la 
Loire.  Au  dessous,  une  plume  et  une  pal- 
me croisées,  semblent  un  dernier  appel  à 
la  postérité.  >> 

Ulric  R.-D. 

Daiily  (L,  223).  —  Dans  le  cimetière 
d'Asnières,  à  gauche  en  entrant,  est  le 
tombeau  surmonté  du  buste  assez  ressem- 
blantdeVailly.  Au-dessous  on  lit  l'inscrip- 
tion suiva  nte  : 

J.  DAILLY 
artiste  dramatique, 
Talent.     Gaîté.    Bonté. 
1837-1897. 

Pour  le  surplus  de  la  question,  le  talen- 
tueux auteur  dramatique  M.  Blondeau, 
qui  fut  l'ami  de  l'artiste  et  habite  Asniè- 
res,  impasse  des  Carbonnets,  pourrait  y 
répondre.  Je  me  propose  de  lui  communi- 
quer l'exemplaire  de  Y luîcrmédiâire  d\x  20 
août.  A.  S..E. 


Josepli Doucet  (L,  217,359).  — Je 
n'apporte  aucun  renseignement  particulier 
sur  cet  écrivain,  prêtre  en  rupture  avec 
son  évêque.  Je  veux  simplement  donner 
quelques  noms  qui  pourront  peut-être 
éclairer  les  biographes  futurs. 

M.  Doucet  était  chef  d'Etat  major  à 
Paris  en  181 2. 

Auguste  Doucet,  prêtre,  du  clergé  de 
Saint-Thomas  d'Aquin,  à  Paris,  vivait  au 
xix^  siècle.  J'ai  son  portrait  gravé  par 
Al.  Legrand.  Imprimerie  Lemercier  Bé- 
nard  et  O^. 

Jean  Doucet  était  professeur  à  Juilly, 
de  1819  à  1853,  ^^  maria  à  Juilly,  et  eut 
plusieurs  enfants  qui  demeurèrent  à  Paris. 
L'un  d'eux,  Edouard,  habitait  à  Paris, 
rue  Béaurepaire  34,en  1889. 


N"   1033, 


L'INTERMEDIAIRE 


467 


468 


Une  famille  Doucet  habitait  Le  Luart 
(Sarthe),et  les  environs  dès  le  xvu*  siècle. 
Certains  de  ses  membres  émigrèrent  à 
Paris.  Une  autre  résidait  dans  la  Mayenne 
et  a  donné,  au  xix*  siècle,  plusieurs  prêtres 
au  diocèse  de  Laval. 

Jean  Doucet,  dont  j'ai  parlé,  avait  été 
tonsuré.  11  a  laissé  des  lettres  et  une  tra- 
duction de  Virgile  assez  curieuses. 

L.  C. 

Baron  do  Grunstein  (L,  165,  410). 
—  Le  baron  de  Grunstein  paraît  avoir 
servi  dans  le  Rcoiment  d'Infanterie  d' Alsace 
sous  le  nom  d'Auguste  de  Schwengsfeld, 
ou  Schwensfeld.  Devenu  capitaine  en 
1778,  il  fut  nommé  major  du  régiment 
d'infanterie  Royal  Liégeois  lors  de  la  for- 
mation de  ce  corps  en  1787.  Le  21  octo- 
bre 1790,  ce  régiment,  étant  en  garnison 
à  Belfort,  offrit  un  repas  de  corps  aux 
officiers  de  Lait^nn-Hitssards.  Environ  six 
semaines  auparavant,  les  deux  corps 
avaient  combattu  dans  l'armée  de  Bouille 
contre  les  insurgés  de  Nancy.  Apparem- 
ment que  l'on  but  ferme,  car  à  la  fin  du 
repas,  le  colonel  de  Royal  Liégeois,  le 
comte  Baillet  de  La  Tour  (de  la  même  fa- 
mille que  le  colonel  des  célèbres  dragons 
autrichiens  de  ce  nom),  s'écriait  :  «  Vive 
le  Roi  !  au  diable  la  nation  !  »  et  au  sortir 
du  dîner,  devant  le  café,  M.  de  Grunstein 
déclarait  :  «  Nous  sommes  les  maîtres, 
nous  avons  des  sabres,  il  faut  hacher  les 
bourgeois  !  » 

Mettant  en  pratique  ces  aimables  pro- 
pos, officiers  et  soldats  se  répandent  dans 
la  ville  et  maltraitent  bourgeois  et  muni- 
cipalité. C'est  ce  jour-là  que  Kléber,  ins- 
pecteur des  bâtiments  de  la  ville  et  ancien 
officier  au  service  d'Autriche,  se  fit  re- 
marquer pour  la  première  fois  en  prenant 
la  défense  de  la  municipalité. 

Dès  le  lendemain, le  marquis  de  Bouille 
accourait  et  mettait  aux  arrêts  le  colonel 
La  Tour,  le  major  Grunstein,  deux  autres 
officiers  de  Royal- Liégeois,  un  de  Lau:^un. 
Puis  le  Roi  octroyait  deux  mois  de  pri- 
son à  M.  de  La  Tour,  six  semaines 
aux  autres.  Mais  l'Assemblée  Nationale, 
s'emparant  de  l'affaire,  décrétait,  le 
30  octobre,  la  mise  en  arrestation  et 
en  accusation  de  La  Tour  et  de  Gruns- 
tein. Sans  attendre  l'exécution  de  ce  dé- 
cret, ceux-ci  s'enfuirent  de  Bitche  où  le 
régiment  avait  été  envoyé  et  émigrèrent 


dans  les  premiers  jours  de  novembre  1790. 
Nous  retrouvons  M.  de  Grunstein  à 
l'armée  de  Condé,  en  avril  1793.  Il  y 
servait  alors  comme  capitaine  en  premier 
aux  Hussards  de  Salon.  Il  servit  ensuite 
aux  Hussards  de  Buscby,  même  armée. 
Lors  de  la  «  formation  russe  »  de  1798, 
en  Volhynie,  le  baron  de  Grunstein  fut 
versé  avec  les  autres  corps  de  cavalerie 
soldés  de  l'armée  de  Condé  dans  les  Dra- 
gons d'Enghien  et  y  fit  les  dernières 
campagnes  de  cette  armée.  Le  9  décem- 
bre 1800,  il  fut  blessé  au  combat  au-des- 
sus de  Rosenheim,  en  Bavière. 

Le  31  janvier  1801,  son  régiment  étant 
alors  cantonné  en  Styrie  avec  les  autres 
débris  de  l'armée  de  Condé,  la  majeure 
partie  du  premier  escadron  qu'il  comman- 
dait, mécontente  de  l'annonce  d'un  licen- 
ciement prochain  montait  à  cheval  pen- 
dant la  nuit  et  passait  aux  Républi- 
cains avec  armes  et  bagages.  L'escadron 
perdit  du  coup  72  hommes  et  82  chevaux 
et  devait  être  réduit  à  peu  de  choses  lors- 
qu'il fut  licencié  avec  le  reste  de  l'armée 
au  mois  d'avril  suivant. 

M.  de  Grunstein  était  alors  chef  d'esca- 
dron. Il  alla  se  fixer  dons  le  Brisgau  et  en 
mars  1804  il  se  trouvait  à  Ettenheim  au- 
près du  duc  d'Enghien,  son  ancien  colo- 
nel. «  Il  était  attaché  au  service  du  prince 
et  chargé  de  faire  les  honneurs  de  sa 
maison  ».  C'est  à  tort,  d'ailleurs,  qu'à 
cette  époque  la  police  du  Premier  Consul 
le  signalait  comme  un  intrigant,  récem- 
ment arrivé  de  Londres  et  servant  de 
confident  au  duc.  Grunstein,  le  chevalier 
Jacques  et  d"autres  compagnons  du 
Prince  l'avaient  en  vain  supplié  de  quit- 
ter Ettenheim.  Dans  la  fatale  nuit  du  14 
au  15  mars,  le  baron  de  Grunstein  se 
trouvait  aux  côtés  du  duc.  Vers  cinq  heu- 
re>  du  matin  il  l'aurait  empêché  de  tirer 
sur  les  gendarmes  qui  cernaient  la  mai- 
son, lui  faisant  observer  que  la  résistance 
était  inutile.  D'après  la  Biographie  Mi- 
chaud,  le  prince  aurait  alors  fait  promet- 
tre à  Grunstein  de  se  présenter  comme 
étant  le  duc  d'Enghien,  ce  qui  aurait  pu 
permettre  au  vrai  prince  de  s'échapper. 
Mais  lorsque  l'officier  de  gendarmerie 
aurait  demandé  :  «  Qtii  de  vous  est  le  duc 
d'Enghien  ?  »,  Grunstein,  perdant  la  tête 
n'aurait  rien  répondu,  et,  sur  ce,  l'ofiicier 
aurait  déclaré  :  «  Puisque  vous  ne  vou- 
lez pas  l'indiquer,  marchez  tous  !  »   Alais 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Septembre  1904, 


469 


470 


l 


tout  ceci  paraît  controuvé,  bien  que,  dans 
la  suite,  les  royalistes  aient  amèrement 
reproché  à  Grunstein  une  conduite  qu'il 
ne  semble  pas  avoir  tenue. 

Le  récit  d'un  témoin  oculaire,  le  lieu- 
tenant Schmitt,  exonère  complètement 
Grunstein  de  ces  accusations;  et  la  prin- 
cesse Ciiarlotte  de  Rohan-Rocliefort,  écri- 
vant en  1821  au  duc  de  Bourbon,  le  sup- 
pliait «  de  ne  pas  ajouter  foi  aux  calomnies 
atroces  dont  le  mallieureux  (Grunsteinj 
avait  été  victime  >*. 

Le  colonel  Grunstein  (c'est     le    grade 
que  lui  donnent  les  relations  de  l'époque) 
fut  emmené  à  Strasbourg  avec  le  Prince 
et  ses  autres  compagnons.    De   Rlieinau, 
sur  la  rive  française,  jusqu'à    Strasbourg, 
il  prit  la  route  dans  une  voiture  avec  le 
duc  d'Iinghien  et   le   commandant  Char- 
lot.  Ils  furent  enfermés  dans  la  citadelle  le 
15  mars,  à  cinq    heures  du   soir.   Le   19 
mars,  un  jour  après  que  le  duc  eut  été 
dirigé   sur  Paris,  Grunstein,  Schmitt,    le 
chevalier  Jacques  et  quelques  autres  pré- 
tendus    complices     de    la    conspiration 
d'Etteinheim  prirent  la  même  route.    A 
leur  arrivée  on  les  enferma  dans  diverses 
prisons  de  la  capitale.  Ils  y  restèrent  huit 
mois,  se  refusant  à  reconnaître  la  réalité 
d'une  conspiration  qui  n'avait  pas  existé. 
L'Electeur  de  Bavière  s'intéressait  au  sort 
de  M.    de  Grunstein,   ce   qui    indiquerait 
peut-être  pour  cet  officier  une  origine  ba  - 
varoise  ou  palatine,  à  moins  que  cet  inté- 
rêt ne  provînt  du  fait  que  l'Electeur  avait 
été  son  colonel   dans   Alsace.  De    guerre 
lasse, on  les  mit  tous  en  liberté  en  novem- 
bre  1804.  Le  baron  de  Grunstein   se  re- 
tira en  Russie,  où    l'on    croit    qu'il   est 
mort  ».  (Noies  extraites  de  Vouvrage  de  M. 
IVelschinger     sur    le   Duc    d'Enghieii.,    de 
Théodore  Muret,  Michaudje  Moniteur)  etc. 

S.  Churchill. 

Madame  Lafarge,  le  Glandier  et 
les  Chartreux  (L.  337).  —  Glandier 
était  un  ancien  monastère  qui  devint 
château  après  qu'on  en  eut  chassé  les 
moines.  L  Armoriai  général  ms.  de  1696 
lui  attribue  les  armoiries  suivantes  :  de 
siuople^  à  la  fasce  componée  d'or  et  d'apir. 

En  1879,  M.  Bruneta  \')uh\\é.  Notice  his- 
torique sur  l'ancienne  chartreuse  de  Glan- 
dier, in-i8.  A.  S..E. 


Prononciation  du  nom  de  Mon- 
taigne (L,  166,  249,297,  341).  —  Assu- 
rément, il  y  a  des  cas  difficiles  :  ainsi, 
comment  deviner  que  Claretie  se  pro- 
nonce comme  garantie  et  non  comme 
facétie?  Cependant,  par  analogie  avec 
l\1algaigne,qui  s'est  toujours  prononcé  ai, 
je  crois  que  Montaigne  s'est  aussi  pro- 
noncé ai.  Au  surplus,  pour  éviter  toute 
difficulté  cï  Vavenir,  pourquoi  n'inscrirait- 
on  pas,  en  marge  du  registre  de  l'état- 
civil,  la  vraie  prononciation  d'un  nom  .?  Il 
y  aurait  là,  (  sans  le  moindre  frais),  pour 
les  individus  et  les  familles,  un  signe  d'i- 
dentité nouveau  et  d'une  réelle  valeur. 
Dr  A.  T.  Vf.rcoutre. 


* 


On  avait  cité  à  l'appui  de  la  prononciation 
Montagne,  les  noms  des  familles  françai- 
ses qui  ont  conservé,  avec  l'orthographe 
aigne,  la  prononciation  ag}ie:  Malgaigne, 
La  Chassaigne,  Champaigne,  Despaigne, 
Saint-Aignan,  etc. 

M.  le  D""  Armaingaud  répond  que  Du 
Bellay  fait  rimer  La  Chassaigne  avec  ensei- 
gne et  qu'il  s'ensuit  qu'au  xvi*  siècle  on 
prononçait  La  Chassègnc.  Comme  il  ne 
précise  pas  la  référence  de  cette  rime  inté- 
ressante, on  me  pardonnera  de  la  donner 
à  sa  place  avec  la  citation  du  passage  où 
elle  se  trouve.  ' 

Ballor,  chanler^  sonner,  folaslrer  dans    la    couche. 
Avoir  le  pias  souvent  deux  langues  en  la    bouche. 
Des  courtisannes  sont  les  ordinaires  jeux  ; 
.Mai.':  quel  besoing  est-il  que  je  te  les  enseigne  ? 
Si  tu  les  V3uls  sçavoir  (Gordes)  et  si  tu  veuls 
En  sçavoii-  plusencor,  demande  à  La  Chassaigne.(\) 

Pour  trouver  dans  ces  vers  un  argument, 
M.  Armaingaud  regarde  sansdoute  comme 
démontrée  la  prononciation  ^«.';t"'^/7^? 

Alors,  comment  explique-t-il  les  rimes 
suivantes  que  je  copie  dans  le  même  vo- 
lume, quelques  pages  plus  loin. 

Avoir  veu  devaller  une  triple  montagne 

Apparoir  une  Biche  etdisparoir  soudain 

Et  dessus  le  tombeau  d'un  Empereur  Romain 

Une  vieille  Carad'e  eslever  pour  enseigne. 

Ne  voir  qu'en! rer  soldats  et  sortir  en  campagne 

Emprisonner  seigneurs  pour  un  crime  incertain 

l^elourner  forussiz  et  le  Napolitain 

Commanderen  son  nomal'orgucil  Ael'Espagno.Ci) 

Telle  est  l'orthographe  de  ces  vers  dans 
l'édition  originale,  imprimée  du  vivant  de 
l'auteur.  J'ai  cette  édition  sous  les  yeux. 

(i)  J.  DU  Bellay.  Les  Regrets.   1558,   folio 
23,  verso. 
(2)  J.  DU  Bellay.  Les  Re^^rets.i'^^S.îoVvo  27. 


No  1033. 


L'INTERMEDIAIRE 


471 


Du  Bellay  prononçait  donc  ensagne,  et 
par  conséquent  Zrt  Chassagne  ? 

Cherchons  d'autres  exemples. Les  meil- 
leurs ne  se  trouvent  pas  dans  Joachim, 
dont  l'orthographeest  parfois  capricieuse, 
mais  dans  Baïf.  On  sait  que  le  rêve  de 
Baïf  était  de  réformer  l'orthographe  fran- 
çaise et  d'écrire  les  mots  comme  on  les 
prononçait.  Aucun  témoignage  n'est  donc 
plus  précis  que  le  sien.  Voici  quelques 
vers  pris  dans  son  œuvre...  je  veux  dire 
dans  son  Euvre  : 

Tous  les  joyaux  qns  la  mer  bagne...  [baigne] 

Bagne  l'esprit  tirti  par  l'oreille  ravie. 

Ne  dedagne  ecouîercas  soiispirs  que  j'eslance. 

Non  en  vain,  non.  au  haut  d'une  montagne 
Les  anciens  ont  loge  !a  vertu 
Qu'il  (àut  gagner  par  maint  monstre  abattu 
Qui  le  chemin  de  nobie  saug  ensagne.  (1) 

Ainsi  la  prononciation  agite  pour  aigne 
était  plus  répandue  au  xvie  siècle  que  de 
nos  jours.  Baïf  retendait  même  à  certains 
mots  qui  l'ont  rejetée  depuis,  comme  bai- 
gner, dédaigner,  saigher  (2). 

Toutefois  je  n*ai  garde  d'opposer  à  la 
conviction  de  M.  Armaingaud  une  thèse 
absolue.  La  vérité  est  qu'au  seizième  siè- 
cle, non  seulement  l'orthographe  était 
incertaine,  mais  la  prononciation  elle- 
même  n'était  pas  fixée.  Ronsard  en  per- 
sonne prend  la  peine  de  nous  la  dire,  et 
voici  comment  ils'explique  à  ce  sujet  dans 
V Averiisseiûent  au  Lecteur,  qui  précède  la 
1"  édition  des  Odes  (1550). — Je  n'insiste 
pas  sur  lintérêt  capital  que  présentent  ces 
lignes  au  cours  de  notre  discussion  : 

Tu  ne  trouveras  fascheux  si  j'ay  quelque- 
fois changé  la  lettre  E  en  A,  et  A  en   E... 

E  est  fort  voisin  de  la  lettre  A,  voire  tel 
que  souvent,  sans  y  penser  nous  les  con- 
fondons naturellement. 

Et  comme  preuve  de  cette  confusion 
entre  les  deux  lettres,  ou  plutôt  les  deux 
sons,  tantôt  par  archaïsme  il  change  a  en 
AI  ; 

Tantôt  par  une  licence  dialectale  il  écrit 

AiLLES  pour  EILLES  t 

...  qu'il  sça^.che 
Toutes  les  passions  que  peut  causer  sa  llèche.  (3) 

(;)  Baïf.  Amours  de  Francine.  —  Poè- 
mes, livre  VII. 

(2)  «  Ensagne  »  ne  vient  pas  de  «  ensei- 
gner», mais  d'un  second  verbe  «ensaigner», 
synonyme  d'  «  ensanglanter 


472 


Les    marchez 


(5)  Poëmes. 
seul. 


II.  A  Christophle   de  Choi- 


nestbient    point,    ni   les  peaux  des 

fousilles 

No    scrvoientaux  .-.ontracls  ;  les  paisibles  orailles 
N'enlcndoient  U  trompetlc...  (1; 

Tantôt  il  ne  prend  même  pas  la  peine 
d'accorder  ses  rimes  pour  Tœil  : 

Dirons  nous  quand  fortune  ennemie  à  nos  armes 
Mit  en  route  le  camp  du  Mareschal  de  Termes (2) 
Et  toi,  tombeau  qui  dur~ment  enfermes 
Ci'  qui  joiîrnil  les'Ma.ses  et  les  Ar/nss  (3) 

Mais  il  n'est  pas  besoin  d'autres  exem- 
ples pour  arriv^er  à  cette  conclusion  que 
les  contemporains  de  Michel  Eyquem  oro- 
nonçaient  à  volonté  A  ou  AI,  Montagne 
ou  Montaigne,  et  que  la  question  leur 
était  assez  indilTérente.  Des  lors  pourquoi 
nous  intéresserait-elle  ?  —  Les  deux  pro- 
nonciations sont  également  authentiques 
et  justifiées.  Félicitons-nous  de  clore  sur 
ces  mots  une  discussion  dont  le  résultat 
n'a  donné  tort  à  personne.        Candide. 


Pétrarque  à  Liège  en  1333  (L.^ 
273).  —  La  lettre  du  baron  de  Stassart  ^ 
J.  Grandgagnage,  datée  du  25  avril  1853» 
a  paru  d  abord,  dans  le  Bulletin  de  Vins' 
iitut  archéologique  liégeois,  au  tome  i'"", 
(année  1853,  p.  481), qui  avait  inséré  peu 
auparavant  un  article  de  Ferdin-Hénaux 
intitulé  «  Pétrarque  à  Liège  ».  Et  c'est  à 
la  suite  de  cette  publication  que  le  baron 
de  Stassart  adressa  à  son  coUèeue  de  l'A- 
cadémie,  la  lettre  dont  il  est  question. 
M.  Hénaux  ayant  eu  connaissance  de  cette 
lettre  par  le  comité  de  rédaction,  répon- 
dit à  ce  dernier  quelques  mots  où  entre 
autres  observations,  on  lit  ceci  : 

M.  de  Stassart  met  sur  le  compte  de  Pétrar- 
que une  mauvaise  phrase  française,  d'après 
laquelle  il  paraîtrait  que  !e  touriste  italien 
aurait  fait  un  pompeux  éloge  de  Liège,  or  la 
lettre  qne  le  poète  adressa  au  cardinal  Colonne 
est,  comme  chacun  sait,  en  latin,  et  elie  ne 
consacre  à  notre  bonne  cité  que  cinq  mots  : 
Vidt  Leodiinn,  iîis-'gnem  clero  lociim  ;  rien 
de  plus. 

Albin  Body. 

Famille  EeynarddsBoi^îSieuxet 
de  la  Hocliôtta  (L,  166,  362).  —  David 
Reynard  de  la  Rochette,  conseiller  du 
Roi,  eut  de  Marguerite  Perrin  quatre  en- 

(i)  Elégie  IV.  Cf.  plus  haut,  Baïf:  oreille. 
(2)  L'Hymne  de  Charles, cardinal  de  Lor- 
raine. 

(?)  Epitaphe  du  seigneur  de  Scillac. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


473 


fants  :  1°  Bonne  Reynard  de  la  Rochette, 
mariée  à  Joseph  Charreton  (1763-1850), 
dont  :  David  et  Jenny  Charreton,  épouse 
de  Siméon  de  Boissieux,  ces  derniers, 
père  et  mère  de  Zéphyrine,  veuve  de 
Lazare  Carnot  ;  —  2°  Jeanne  (1761);  — 
3° François  Reynard  de  Boissieux  (1759- 
1822),  marié  à  Anne  Duouis,  dont  une 
fille  unique,  Marie-AméHe  Reynard  de 
Boissieux,  qui  eut  de  Jean-Auguste  Cha- 
vanis  quatre  enfants  représentés  aujour- 
d'hui par  les  familles  fvlorand  de  Jouffrey, 
Souchon  du  Chevalard,  de  Courcel  et 
Boutechoux  de  Chavanes  ;  —  4°  Thérèse 
Reynard  de  Boissieux.  m.ariée  à  Laurent 
Nièpce,  écuyer,  conseiller  du  Roi,  conser- 
vateur des  eaux  et  forêts,  née  le  29  mars 
1762,  décédée  le et  dont  les  descen- 
dants existent  encore. 

Le  nom  patronymique  de  cette  famille 
est  Reynard.  Ce  sont  les  armoiries  de 
cette  famille  que  je  désirerais  connaître  ; 
elle  en  possédait  sûrement  puisque  David- 
François  Reynard  de  la  Rochette  et  de 
Boissieux  était  conseiller  du  roi.  Le  ra- 
meau dont  parle  notre  bienveillant  collè- 
gue, M.  NoUiacus,  se  rattache  effective- 
ment à  cette  famille.  Je  le  remercie  de 
m'avoir  indiqué  les  armoiries  parlantes 
des  de  Boissieux  ;  j'espère  le  mettre  main- 
tenant sur  la  voie  pour  retrouver  celles 
des  Reynard.  Ce  qu'il  répond  sur  les  Per- 
rin  m'a  vivement  intéressé.  La  mère  de 
David-François  Reynard  de  la  Rochette, 
déjà  cité,  s'appelait  Marie  Jeannin. 

Les  Reynard  de  la  Rochette  et  de  Bois- 
sieux sont-ils  bien  les  m.èmes  que  les  Sal- 
vaing  de  Boissieu  ?  A.  B. 

Une  habitation  de  Voltaire  (L, 
277J.  — 11  semble  que  la  critique  adressée 
à  l'auteur  de  Vieux poriraits  et  vieux  cadres 
n'a  rien  de  justifié.  C'est  à  l'artiste  et  non 
à  l'écrivain  qu'il  faudrait  reprocher  la 
confusion  commise  entre  l'hôtel  de  Villar- 
ceaux  situé  rue  Richelieu,  à  l'angle  de  la 
rue  Saint-Augustin,  et  l'hôtel  du  même 
nom,  représenté  actuellement  par  les  no^ 
102-104  <^s  'a  ri-ie  dont  feu  Auguste  Vitu 
nous  a  laissé  une  excellente  histoire  dans 
son  livre  sur  La  maison  mortuaire  de  Mo- 
lière. Du  reste.  Voltaire  n'a  habité  ni  l'un 
ni  l'autre  de  ces  hôtels,  et  M.  Drumont 
s'est  bien  gardé  d'en  parler  dans  son 
texte.  11  ne  pouvait  ignorer,  en  effet,  les 
communications    faites   à  ce    sujet     par 


30  Septembre    1904, 
_ 474    : 

M,  Jules  Cousin  à  la  «  Société  de  l'histoire 
de  Paris  »,en  1876, communications  insé- 
rées dans  le  Bulletin  de  ladite  Société, 
t.  111,  p.  76  et  130.  Tout  au  plus  pourrait- 
on  reprocher  à  l'auteur  du  volume  de  ne 
pas  avoir  assez  sévèrement  revisé  l'ins- 
cription fantaisiste  d'un  artiste  qui  a  trop 
de  talent  pour  qu'on  lui  fasse  un  crime 
de  son  ignorance. 

La  communication  de  Cousin  avait  été 
motivée  par  l'acquisition  qu'il  venait  de 
faire  des  plans  de  l'hôtel  que  Voltaire  se 
fit  bâtir  à  la  fin  de  sa  vie.  Si  l'auteur  de 
la  question  va  quelquefois  à  la  Bibliothè- 
que historique  de  la  Ville,  il  pourra,  je 
l'espère, les  y  consulter. 

je  dis  -.je  l'espère.^  sans  pouvoir  l'affir- 
mer, car,  à  la  suite  de  la  (kcheuSQ  réorga- 
nisation de  nos  collections  historiques 
municipales,  perpétrée  après  la  retraite 
de  Cousin,  toutes  les  estampes  et  un  cer- 
tain nombre  de  documents  graphiques 
sont  restés  au  musée  Carnavalet,  dislo- 
cation qui  offre  de  graves  inconvénients 
pour  les  travailleurs. 

Paul  Lacombe. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'azur 
à  trois  glands  d'or  (L. 277, 419).  — Ces 
armoiries  sont  celles  de  la  f^^mille  Poret, 
qui  possède  Blosseville  depuis  1739,  par 
suite  du  mariage  de  Bénigne-Etienne- 
François  Poret,  seigneur  de  Boisemont, 
conseiller  au  Parlement  de  Rouen,  avec 
Louise-Mary e  de  Blosseville. 

A.  F.  P.  V. 

*  * 

Ces  armoiries  reproduites  sur  la  nou- 
velle verrière  donnée,  en  1874,  à  l'église 
de  Blossevilîe-en-Caux,  arrondissement 
d'Yvetot,  appartiennent  aux  Poret  de 
Blosseville, famille  normande  qui  fut  main- 
tenue dans  sa  noblesse  lors  des  recherches 
de  1463,  159S  et  1666. 

La  vicomte  de  Blosseville  entra  dans  le 
domaine  de  la  famille  Poret,  en  1739,  par 
le  mariage  de  François  Poret.^  chevalier, 
seigneur  de  Boisemont,  conseiller  au  Par- 
lement de  Normandie,  procureur  général 
en  la  cour  des  Aides,  avec  Louise  Mdrye 
de  Biosseville. 

Celle-ci  mourut  en  couches  en  1748, 
laissant  un  fils  unique.  Bénigne  Poret, 
chevalier,  vicomte  de  Blosseville,  né  en 
1748,  marié  en  1767  à  Marie-Henriette 
de     Civille,     fille    de     Pierre  -  Auguste- 


N.  1053. 


L'INTERMÉDIAIRE 


475 


476 


Alphonse,  marquis  de  Civille,  chevalier, 
seigneur  deSaint-Mards,  baron  de  Buchy, 
châtelain  de  Bois-Héroult. 

Bénigne  Poret,  fut  le  dernier  seigneur 
féodal  de  la  vicomte  de  Blosseville,  mais 
resta  propriétaire  de  ce  domaine  aujour- 
d'hui possédé  par  M.  de  la  Croix  de  Che- 
vrières,  marquis  de  Sayves,  au  nom  de 
son  épouse,  née  Jeanne  de  Margeot  et 
fille  de  Raoul  de  Margeot  et  d'Athénaïs 
Poret  de  Blosseville. 

De  cette  famille  était  issu  Ernest-Béni- 
gne Poret,  marquis  de  Blosseville,  ancien 
député  au  Corps  législatif,  membre  du 
Conseil  général  de  l'Eure,  président  de  la 
Société  de  l'Histoire  de  Normandie, décédé 
en  1886,  en  son  château  d'Amfreville-la- 
Campagne  (Eure). 

Voir  Bulletin  de  la  Société  de  V Histoire 
de  Normandie,  1886,  p.  295  et  suiv. 

Dergny,  Cloches  du  Pays  de  Bray^  W"^ 
partie  ;  p.  596  et  suiv.  ;  les  Epaves  du 
Passé ^  2^   partie,  Yvetot,  p.  153. 

E.  O. 

Plaque  de  chemfnèâ  à  identifier  : 
croix  chargée  de  cinq  coquilles 
(XLVII  ;  L,  198,  365).  —  Les  familles  por- 
tant un  cor  de  chasse  accompagné  de 
trois  étoiles  bien  ordonnées,  que  donne 
Rietstap,  sont  en  dehors  des  Cordier  et 
Godart,  de  la  Font  de  Savine  [d'azur,  à  un 
cor  de  chasse  d'or^  lié  de  sable,  accompagné  de 
j  étoiles  du  second)  et  van  Hoorn  (d'or,  à  un 
cor  de  chasse  de  sahle^  lié  de  gueules^  en- 
guiché^  virole  et  paviilonné d'argent^  accom- 
pagné de  trois  étoiles  de  gueules.  Qiiant  aux 
familles  portant  une  croix  chargée  de  ^  co- 
quilles.^ elles  sont  au  nombre  de  =53,  aux 
pages  383  et  384  du  tome  III  du  Diction- 
naire des  figures  héraldiques  de  M.  le 
comte  Th.  de  Renesse. 

Le  C'°  P.  A.  DU  Chastel. 

Décors  peints  parPuvis  de  Gha- 
vannes  (XLVIII,  788).  —  Hélas  !  les 
deux  décors  dont  il  est  question  et  qui 
avaient  été  brossé-  par  le  maître  lyonnais 
pour  la  représentation  du  Tricorne  en- 
chanté et  du  Pierrot  posthume  de  Théo- 
phile Gautier,  sont  à  tout  jamais  per- 
dus. 

]e  sais,  de  source  certaine, que  dès  1872 
ils  étaient  devenus  la  pâture  des  rats... 
On  les  avait  oubliés  sous  une  voûte  d'en- 
trée de  cave,  dans  la  ville  de  Neuilly,  et, 
il  y  a  trente-deux  ans,  il  n'en  restait  déjà 


que...  des  traces  !  On    a    dû    les   brûler 
comme  vieux  chiffons.. . 
Et  c'est  «  grand  pitié  »  ! 

Hector  Hogier. 

Bomicilfis  parisiens  (L,  226,  370, 
422).  —  M.  Edmond  Beaurepaire  a  publié, 
dans  le  Dictionnaire  géographique  et  admi- 
nisltatif  de  la  France  de  M.  P.  Jeanne,  un 
inventaire  sommaire  des  Maisons  historiques 
et  curieuses  de  Paris,  qui  ne  comprend 
pas  moins  de  38  colonnes  in-4°,  petit 
texte.  Ce  travail  a  paru  en  1897.  Trois 
ou  quatre  ans  plus  tard,  M.  le  vicomte  de 
Villebresme  a  fait  paraître  chez  Flamma- 
rion, Ce  qui  reste  du  Vieux  Paris  ;  puis, 
en  1903,  est  venu  le  Guide  pratique  à  tra- 
vers le  Vieux  Paris,  du  marquis  de  Ro- 
chegude  (chez  Hachette),  .ouvrage  très 
consciencieusement  rédigé  et  d'une  con- 
sultation facile,  ce  qui  manque  au  travail 
de  M.  Edmond  Beaurepaire,  son  protago- 
niste. NOBODY. 

Hôtel  Torpanne(XLVIII,  676, 883).— 
Réponse  partielle  à  la  question  de  }i.an  de 
Nivelle  : 

L'Hôtel  de  Torpane  {sic),  situé  au  quar- 
tier Saint-Victor,  dans  la  rue  des  Bernar- 
dins, était  l'ancienne  maison  paternelle  des 
Bignon,  qui  se  sont  fait  un  nom  illustre 
dans  la  mao-isîrature  et  les  lettres. 

Ainsi  s'exprime  M.  F.  de  Guilhermy 
dans  son  Itinéraire  archéologique  de  Paris .^ 
p.  365.  On  peut  voir,  dans  la  cour  inté- 
rieure de  l'Ecole  des  Beaux-Arts,  l'étage 
inférieur  de  LHôtel  de  Torpane  dont  les 
sculptures  allégoriques  sont  datées  de 
1567.  Hector  Hogier. 


Belem(L, 223, 376).  — Sans  répondre  à 
la  question  de  notre  confrère  F.  BL., 
l'ajouterai  qu'outre  les  deux  villes  de  Be- 
lem  qu'il  cite,  la  Carcel  Nacional  de  Mexi- 
co est  également  connue  sous  le  nom 
de  Prison  de  Belem,  sans  doute  parce 
qu'elle  occupe  depuis  1862,  l'ancien  cou- 
vent des  Filles  de    San  Miguel   de  Belcrn. 

Dans  la  même  ville  de  Mexico,  je  con- 
nais encore  une  chapelle  de  Belem,  et 
l'église  de  Belem  de  Los  Padres  ;  cette  der- 
nière fondée  en  1678  et  achevée  en  1735. 

Histoire  de  Ville-d'Avray  (L, 
338).  —  M.  de  Barthélémy  a  achevé  l'an- 
née    dernière     son    Histoire     de    Ville- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


477 


30  Septembre  1904. 
-  478 


d'Avrav  ',  il  a  remis  le  manuscrit  à  la 
Commission  des  Antiquités  et  des  Arts  de 
Seine-et-Oise,  qui  doit  le  publier  inces- 
samment. GOMBOUST. 

♦ 

Le  manuscrit  de  VHistoire  de  Viile 
d'Avray,  par  M.  A.  de  Barthélémy,  a  été 
remis,  complètement  prêt  pour  l'impres- 
sion, au  commencement  de  cette  année,  à 
la  Commission  administrative  des  antiqui- 
tés et  des  Arts  de  Seine-et-Oise,  qui  a  son 
siège  à  la  préfecture  de  Versailles  et  pu- 
blie chaque  année  un  fascicule.  C'est  dans 
cette  publication  que  paraîtra  le  travail 
du  regretté  académicien,  décédé  le  24 
juin,  c'est-à-dire  quelques  jours  seule- 
ment avant  la  séance  de  la  Commission, 
où  il  espérait  se  rendre  pour  indiquer  Ijs 
illustrations  dont  il  désirait  beaucoup 
voir  orner  son  texte. 

Fernand  Bournon. 

Une  corre.sîDondance  da  P.  Bi- 
don (L,  339).  -^  Les  lettres  du  P.  Didon 
étaient  adressée^;  à  son  am\,  M^  Camby, 
l'avocat  bien  connu.  G.  Ty. 

L'Oraison  dominicale  en  150 
langues  —  Exemplaire  de  S.  S.  h  Pape 
Pie  FIL  (L,  338).  —  Je  ne  pourrais 
dire  à  notre  distingué  collaborateur  M. 
Ulric  R.-D.  si  l'on  retrouverait  à  la  bi- 
bliothèque du  Vatican  l'exemplaire  de 
l'Oraison  dominicale  traduite  en  150  lan- 
gues, qui  fut  offert  au  pape  Pie  VII  par  le 
savant  directeur  de  l'Imprimerie  impériale, 
J.  Marcel,  lors  de  sa  visite  à  cet  établisse- 
ment en  1805. 

On  ne  refuserait  certes  pas  à  Rome 
de  faire  les  recherches  nécessaires,  mais 
elles  pourraient  être  vaines  ,  en  tout  cas, 
il  s'écoulerait  du  temps  avant  d'arriver  à 
un  résultat,  Mais  je  peux  mdiquer  à  M. 
Ulric  R.  D.,  une  librairie  parisienne  où 
il  pourra  se  procurer  un  exemplaire  de 
ce  livre  rarissime,  tiré  à  un  petit  nombre 
d'exemplaires.  M.  Maisonneuve,  éditeur- 
libraire  (rue  de  Mézières,  6,  VI^  arr.)  a 
mis  en  vente  ce  volume  au  prix  de  12  fr. 
Il  a  pour  titre  Oiafio  Dominica  in  CL  lin- 
guas  versa  et  exoticis  characteribus  ple- 
rumque  expressa,  1805,  gr.  in-80  carton. 
Edidit.  J.-J.  Marcel.  Paris.     Typis    impe- 

rialibus. 

On  trouve  à  la  même  librairie  une  tra- 
duction du  Pater  en    2^0  langues  en  180 


caractères  d'imprimerie  différents,   édité  à 
Rome  en  1870,  par  Marietti  (prix,  20  fr.j 

AUG     PARAD.ikN. 

La  couverture  imprimée  des  li- 
vres broch-és  (T.  G.  247  ;  XXXV, 
137,  451  ;  XXXVII,  163  ;  XXXIX,  441, 
649;  XLVII,  777).  —  (Il  a  semblé  utile  de 
rappeler  ici  tous  ces  renvois  qui,  pour  la 
plupart  et  à  cause  de  différences  dans  les 
rubriques,  n'ont  pas  encore  été  reliés 
entre  eux.) 

Dès  longtemps  les  fonctionnaires  de  la 
Bibliothèque  nationale  ont    pris  pour   rè- 
gle de  conserver  et  de  signaler  les  cou- 
vertures imprimées  dans  la  rédaction  des 
cartes  de  catalogue,  quand  les  couvertures 
tiennent  lieu  de  titre,  quand  elles  portent 
un  intitulé  différent  de  celui  qui  se  trouve 
à    l'intérieur    du    volume,    ou    quand,  a 
défaut  du  titre,  elles   donnent  le   nom  de 
l'auteur.  Mais   les  bibliophiles  qui   lisent 
le  Bulletin  mensuel  des  récentes  publications 
françaises,  rédigé  avec    tant  de  soin   par 
les   bibliothécaires   et   les    conservateurs 
du    département  des   imprimés,   ont   été 
agréablement  surpris  de  constater,  dans 
la  livraison  de  juin  1904,  une  innovation 
et  un  perfectionnement    dans    la  descrip- 
tion bibliographique  de  certains  ouvrages. 
On  trouve,  en  effet,  non    seulement  l'in- 
dication    de  «  planches     en    couleurs  » 
(p.  315    et  316).  mais   aussi  la  mention 
«  couverture   illustrée  »  (p.  322  et  330). 
Cela   méritait   d'être  signalé,    m.ais  nous 
sera-t-il  permis  d'émettre   un  vœu  .?  Nous 
souhaiterions   de  voir  disparaître  l'habi- 
tude d'inscrire  à   l'extérieur   du    volume 
cette   indication    destmée     au    relieur    : 
«  Conserver  la  couverture  ».  Que  la  règle 
soit  générale,  et   cette  inscription  devien- 
dra, nous  semble-t-il,  superflue.  Les  cou- 
vertures  des   volumes,  les  volumes  eux- 
mêmes, sont  déjà  bien  assez  malmenés  dans 
leur  voyage  des  préfectures  au  Ministère, 
dans  le  maniement  auquel  ils  sont  soumis 
par  les   employés    d'administration,  sans 
qu'on  leur   inflige  encore  une  maculature 
qui  peut  être  inutile. 

Un  bibliophile  a,  le  premier,  soulevé  la 
question  des  couvertures  imprimées,  dans 
les  colonnes  deVhitennédiaire  (10  janvier 
1879).  11  n'était  alors  qu'un  «  apprenti 
ignorant  »,et  ce  n'est  pas  sans  satisfaction 
qu'il  a  vu   son  idée  réussir  auprès  de   ses 


N'  iQ53. 


L'INTERMÉDIAIRE 


479 


480  ™ 


confrères,  maintenant  qu'il  est  bien  forcé 

Un  vétéran. 


de  signer 


Inscriptions  des  cadrans  solai- 
res (T.  G.  158  ;  XLVIàXLVIII  ;  L,  314). 
—  Elles  ne  sont  pas  très  gaies,  ces  ins- 
criptions solaires,  le  plus  souvent  d'ins- 
piration religieuse,  et  l'Académie  des  Ins- 
criptions et  Belles-Lettres  retiendra  le 
petit  nombre  ;  en  voici  une  qui  tranche 
avec  le  ton  général,  elle  enveloppe  une 
pensée  gracieuse,  un  souhait,  et  de  plus 
elle  a  eu  les  honneurs  d'une  corbeille 
royale.  A  l'adverbe  près,  elle  ne  man- 
que pas  d'élégance,  l'image  aussi  est 
neuve,  l'heure  y  prend  la  forme  d'un 
fleuve,  et  coule  avec  des  présages  de  bon- 
heur —  passe  pour  beata  !  Elle  se  lit  sur 
le  timbre  d'or  qui  surmonte  la  pendule 
de  bureau  commandée  par  Madame  la 
comtesse  de  Paris  pour  être  offerte  à 
S.  A.  R.  Mgr  le  prince  Antoine  d'Orléans 
à  l'occasion  de  son  mariage  avec  l'Infante 
Eulalie  (6  mars  1886). 

Perpetuo  vobis  hora  teata  fliiat. 

Œuvre  d'un  art  délicat,  emprunté  à  la 
riche  série  des  petites  horloges  de  la  Re- 
naissance française,  cette  pendule,  sur 
les  dessins  d'Henri  Camere,  a  été  cons- 
truite en  argent,  par  MM.  Froment-Meu- 
rice,  Jacques  Saintix. 

Prèt.érir,  prétériîer  (L,  61).  — Un 
néologisme  a  pour  premier  devoir  d'être 
clair.  Prétérir  viendrait  du  latin  preete- 
rire  ;  prétêriier,  du  français  prétérit  ;  on 
préférera  le  second. 

D'ailleurs  tous  les  mots  en  it  dont  le  / 
se  prononce  forment  leurs  verbes  à  la 
première  conjugaison. 

Transit  ne  donne  pas  //ï7;;5;V,mais  tran- 
siter (latin  transire),  coit  ne  donne  pas  cdir, 
mais  coïter  (latin  coïre)^  etc. 

L'habitude  française  de  former  les  ver- 
bes nouveaux  d'après  le  participe  latin  ou 
même  d'après  le  substantif  verbal,  est 
très  répandue  à  notre  époque.  Cest  notre 
système  actuel  de  dérivation  populaire. 
Si  l'on  essayait  de  revenir  aux  principes 
du  ix''  siècle,  les  néologismes  proposés  ne 
seraient  ni  compris,  ni  acceptés.  —  Nous 
n'avons  p^s  le  verbe  ascendre  qui  signi- 
fierait/iî/'r«  l'ascension  de  ;  mais  il  est  inu- 
tile de  le  proposer  aux  alpinistes  :  ils  se 
servent  déjà  du  mot  ascerisionner  et  c'est 
le  seul  verbe  qui  soit  clair  pour  eux.      *** 


Pasîorien  on  pasteurien  ?  (XLVIII  ; 
XLIX).  —  je  découvre  dans  certaines 
feuilles  publiques,  une  orthographe  qui 
vient  à  l'appui  des  théories  de  M.  Paul 
Argelès,  (XLIX,  254)  ici  «  les  troupes 
éguaienrienncs  »,  là  «  les  jardiniers  primeu- 
ristes  ».  J'altends  patiemment  sur  celle 
question  la  décision  de  l'Académie. 

Lpt.  du  Sillon. 

S'empiergor  (L, 282, 434). — En  Bour- 
gogne on  dit  au  même  sens  «  s'empiger  ». 
Pour  ce  qui  est  de  l'étymologie,  on  peut 
hésiter  entre  pied  et  piège  ;  pour  moi,  je 
suis  porté  à  admettre  la  seconde  et, 
comme  le  collaborateur  ***,  rejette  abso- 
lument celle  de  pierre. 

Il  me  semble  qu'Alexandre  Dumas  père 
parle  quelque  part  d'un  garde  qui  disait 
invariablement  «piergev*  pour  piège. Et  cela 
se  passait  à  Villers-Gotterets  ;  peut-être 
était-ce  une  forme  de  patois  local,  d'où 
viendrait   assez   naturellement  «  empier- 

H.  G.  M. 


ger  » 


*  * 


Ge  mot  vient,  croyons-nous,  de   piège. 

En  effet,  cette  adjonction  de  l'R  est  très 
fréquente  dans  nos  patois. 

Dans  rille-et-Vilaine,  on  entend  cou- 
ramment :  baRqnct,  tonRjours,iisiiRfruit^ 
vcrniRe^  etc.,  pour  :  baquet,  toujours, 
usufruit,  verrue 

Dans  le  Haut-Maine  (Montesson),  on 
trouve  chardRon,  soldaRt^  usités  dans 
rille-et-Vilaine. 

Jaubert  donne,  dans  son  Glossaire  du 
Centre  de  la  France,  les  formes  ci-après; 
jardRin,  dRès^  paRpillou^  etc. 

De  plus,  on  rencontre,  dans  Jaubert  : 
s'empiger  et  dans  Bos  (Dict.  de  la  langue 
d'oïl:  s'empiegnier;empigier,pom',se  pren- 
dre au  piège,  s'entraver). 

Notons  qu'au  pays  de  Dol  (llle-et -Vi- 
laine) on  dit,  dans  le   même  sens  :  s'em- 

pirouiller.  Gharlec. 

* 

*  * 
Golonne  434,  ligne  42, au  lieu  d'assouf- 

rance,  lire  assonnance  ;  ligne  46    i>u    lieu 

de  escarniortcr,  lire  escanuoter, 

Attigerla  çabané  (XLIX,  619,  812, 
883,  935  ;  L,  40,  315).  —  Vers  le  milieu 
du  siècle  dernier,  on  disait,  dans  le  sud- 
est  de  la  Bretagne,  atiigner  :  attigner  un 
chien,  l'agacer,  le  mettre  en  fureur. 

Q.UID. 


DES    CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


481 


Les  calembours  dans  les  déno- 
minations (L.  339).  — On  en  pourrait 
citer  nombre  d'exemples  ;  en  voici  deux 
qui  me  reviennent  en  mémoire,  à  la  lec- 
ture de  la  question  posée  : 

La  liqueur  de  vespéiro,  en  grande  fa- 
veur voilà  trente  à  quarante  ans,  mais  bien 
délaissée  maintenant,  avait  la  réputation 
d'être  digestive  et  d'empêcher  la  produc- 
tion des  gaz  intestinaux.  Ceux-ci,  comme 
on  sait,  sortent  par  l'un  ou  l'autre  bout 
du  tube  digestif,  d'où  le  nom  de  la  liqueur, 
en  trois  mots  que  je  ne  saurais  écrire  ici. 

Voilà  quelques  mois,  les  murs  de  New- 
York,  V/ashington  et  de  toutes  les  grandes 
villes  des  Etats-Unis  étaient  couverts  d'af- 
fiches annonçant  un  produit  nouveau  pour 
le  traitement  des  hémorrhoïdes.  Le  pro- 
duit était  présenté  sous  le  nom  de  sorasol^ 
mot  très  anodin  en  apparence,  et  d'abord 
incompris,  mais  qui  causa  grand  scandale, 
quand  on  y  trouva  la  transcription  pure 
et  simple  des  trois  mots  anglais  wrc  ass 
hole  que,  en  français,  on  peut  traduire  (en 
gazant)  par  ulcère  de  l'anus. 

ToU318-EL-SRIR. 


*  * 


M.  Ar^elès  a  raison  de  s'écrier  :  Qiielle 
belle  chose  que  de  savoir  plusieurs  lan- 
gues. On  les  met  toutes  à  contribution  ! 

Notre  savant  collaborateur  n'ignore 
sans  doute  pas  que  l'usage  date  de  loin 
parmi  ceux  que  nos  ancêtres  qualifiaient 
de  doctes,  et  qu'aujourd'hui  nous  appel- 
lerions simplement  àts pédants.  C'est  sur- 
tout au  xvi°  siècle  que  cette  manie  sévit 
parmi  les  littérateurs  et  même  les  philo- 
sophes, les  mathématiciens  et  les  auteurs 
mystiques  eux-mêmes  habituellementplus 
modestes. 

Les  deux  célèbres  réformateurs,  disci- 
ples de  Luther,  Œcolanipade  de  Bàle,  et 
Melanchthon  préférèrent  transformer  ainsi 
en  deux  mots  grecs  leurs  nomstrop  vulgai- 
res allemands  deHaiislicht  et  de  Schioar^erde 
(Lampe  de  la  maison  et  Terre  noire).  Le 
savant  hébraïsant  Reuchlin  adopta  le  nom 
grec  latinisé  de  Kapnius  tiré  du  grec  Kap- 
nos  (fumée).  L'astronome  allemand  Mill- 
ier délaissa  son  nom  pour  prendre  celui 
de  Regiomontanus  qui  est  la  traduction  la- 
tine de  Kœnigshcrgensis^  parce  qu'il  avait 
vu  le  jour  près  de  Kœnigsherg  (Mons  re- 
gius).  etc.. 

Le  prédicateur  jésuite  Canisius^  si  célè- 
bre parmi  les  catholiques  allemands  du 


30  Septembre  '■'^oj^, 
482 

xvi=  siècle,  avait  également  délaissé  son 
nom  hollandais  de  :  f^an  den  Hond  (m.  à. 
ni)dH  chien.,  pour  latiniser  ce  nom  trop 
vulgaire  sans  doute.  Il  serait  à  souhaiter 
qu'un  érudit  publiât  un  petit  dictionnaire 
usuel  de  ces  noms  propres  d'hommes  con- 
nus de  leur  temps,  qui  ont  ainsi  changé 
leur  nom  propre  pour  en  adopter  un  au- 
tre, soit  sous  forme  de  calembour,  soit 
le  plus  souvent  grécisés, latinisés  ou  écrits 
par  anagramme  ou  métagramme. 

J'ai  longtemps  cherché  quel  pouvait  être 
le  savant  désigné  dans  les  ouvrages  du 
moyen  âge  et  de  la  Renaissance  sous  le 
nom.  à'Abulensis  ;  (ut  ait)  Abulensis.il  s'a- 
git du  roi  de  Castille,  Alphonse  X,  qui 
s'occupait  d'astronomie  et  publia  ses  élu- 
cubraiions  dans  la  ville  d'Avila  (Abula) 
en  Espagne.  On  aurait  dû  nous  prévenir. 

AuG.  Parapan, 

L'origine  ries  n30ts«ciiic  »  6t«miQ- 
mac  »  (T,  G.  204 ,  XLV  ;  XLVI  ;L,  312, 
43^).  —  A  la  rescousse,  collabo  Daron, 
vous  qui  êtes  si  ferré  sur  «  la  discipline 
grecque,  sans  laquelle,  dit  Rabelais  {Pari' 
iaoruel.,  II,  8)  c'est  honte  qu'une  per- 
sonne se  die  savant  !  »  Est-ce  bien  sé- 
rieux ce  que  prétendent  nos  deustchtico- 
teurs  de  haute  bosse,  à  savoir  que  mic' 
mac  n'est  autre  chose  que  l'allemand  misch- 
macsh  ?  Ne  viendrait-il  pas  plutôt  du  grec 
/^t7y.5'.(mig"ma)par  l'intermédiaire  des  alchi- 
mistes et   chercheurs   de  pierre   philoso- 

phale  du  xv^  siècle?         Lpt. du  Sillon. 

* 

Au  sujet  de  Lorigine  de  ce  mot, voici  ce 
qu'écrit  Edouard  Fournier,dans  :  Enigmes 
des  Rues  de  Paris.,  page  261  : 

Qji'un  gamin  comparaissant  en  police 
correctionnelle  pour  quelque  tour  de  son 
métier,  se  laisse  aller  jusqu'à  dire  :«  Dame, 
c'est  que  j'ai  le  chic,  »le  président  ne  man- 
quera pas  de  le  rappeler  à  un  langage  plus 
convenable,  et  il  fera  bien.  Et  cependant 
c'est  terme  de  Palais,  Monsieur  le  magis- 
trat ;  ce  mot-là,  qui  n'est  qu'un  diminutif 
de  chicane.,  s'est  longtemps  prélassé  dans 
vos  prétoires  avant  de  descendre  dans  les 
ateliers  et  de  là  dans  la  rue.  Ecoutez  ce  que 
Du  Lorens,  en  sa  XIP  satire,  fait  dire  à  un 
plaideur  du  temps  de  Louis  XIII  : 

J'use  des  mît.'?  de  l'art,  je  mats  en  mnrge  hic. 
J'espère  arec  le  temps,  que  j'entendrai  le  cliic 

Ecoutez  aussi  ces  deux  vers  de  la  Hen- 
riade  travestie . 


N*  1055, 


L'INTERMÉDIAIRE 


483 


484    " 


La  Discorde  qui  sait  le  chic 
Kn  fait  taire  un  dùcrct  public. 

Pourquoi  faire  dériver  de  l'espagaol  ou 
de  l'allemand  un  niot  que  nous  trouvons 
dans  nos  vieux  auteurs,  et  qui  a  l'allure  si 
française  ? 

Plus  loin,  parlant  de  Chicart,  le  même 
auteur  écrit  : 

Ainsi  le  peuple  n'a  pas  inventé  son  lan- 
gage, n'a  pas  inventé  son  esprit.  11  n'a 
même  pas  créé  les  types  dont  il  se  vante. 
Son  fameux  C/ncart,  qui  passe  pour  être 
sorti  tout  armé,  casque  en  tête  et  bottes 
fortes  aux  jambes,  d'une  bacchanale  éche- 
velée  du  carnaval  de  1835,  est  un  produit 
rajeuni  de  l'esprit  populaire  du  xvi"  siè- 
cle. 

Lisez  les  Sérècs  de  Guillaume  Bouchet, 
(Sérée  XXV),  vous  y  verrez  que  dès  ce 
temps  on  disait  :  Brave  comme  Chicart. 

Nous  ne  croyons  pas,  quant  à  nous, que 
le  type  de  Chicard,  genre  xix*"  siècle,  soit 
le  même  que  celui  dont  nous  entretient 
Guillaume  Bouchet  dans  ses«  Sérées  »  chi- 
cart pris  dans  la  récente  acception  ne  vou- 
lant pas  dire  brave.  Cela  tendrait  seule- 
ment à  prouver  que  notre  moderne  chi- 
card z.  eu  un  ancêtre,  et  un  brave  ancêtre. 

C.  Roche. 

«J'appelle  uu  chat  un  cîiat »(L,  173, 
310,  375}-  —  J'ai  oui  dire  que  Despréaux, 
voyageant  en  pays  Blaisois,  avait  été  for- 
tement échaudé,  à  Blois  même,  par  un 
aubergiste  du  nom  de  Rolet.  Quelle 
créance  faut-il  ajouter  à  ce  récit  ^  Je  l'i- 
gnore, mais  ce  que  je  sais,  c'est  qu'une 
des  éditions  de  Boileau,  delà  bibliothèque 
Sainte-Geneviève  (qu'on  nie  pardonne  de 
ne  pas  préciser  d'avantage  ;  c'est  en  1857 
que  j'ai  eu  l'occasion  de  la  consulter) 
porte  en  marge  :  Rolet,  fameux  hôtelier 
du  pays  Biaisais. 

Aussi  je  m'empresse  de  poser  cette 
question  aux  lecteurs  de  Y  Intermédiaire  : 
Rolet,  le  Rolet  de  Boileau,  était-il  (com- 
me on  l'a  cru  jusqu'ici)  procureur  au  par- 
lement de  Paris,  ou  hôtelier  à  Blois  't 

Lpt.  du  Sillon. 

Termes  de  marchands   drapiers 

(L,  339).  —  Voici  une  s<  esquisse  »  d'ex- 
plication au  mot  :  timbre  qui  intrigue  no- 
tre confrère. 

En  anglais,  le  mot  iimler  —  équiva- 
lent certain  de  notre  mot  timbre  —  signi- 


fie, entre  autres  choses,  étoffe  en  pièce  ou 
rouleaux  d'étoffes. 

Ce  gris  en  timbre  ne  signifierait-il  pas 
gris  cil  pièce  ? 

L'explication  me  semble  plausible. 

Hector  Hogier. 

Lancier  du  roi  (L,  340).  —  Parmi 
les  créanciers  de  Germain  Pichault  de 
la  Aiartinière,  premier  chirurgien  de 
Louis  XV  et  de  Louis  XVI,  '\-  à  Bièvre  le 
17  octobre  1783,  figure  Bligny,  graveur 
et  lancier  du  roi,  pour  189  livres  repré- 
sentant des  ouvrages  faits  aux  voitures. 

(D"'  Léo  Desaivre.  Germ.  Pichault  de  la 
Mart.  Blois,  PaulGirardot  1873)  p.  66-67, 
en  note  :  La  lance  était  un  instrument 
dont  se  servaient  les  graveurs. 

Aux  Estampes  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale existe  un  portrait  de  Germ.  P,  de  la 
Mart.  d'après  Latinviile  :  présenté  par 
Bligny,  lancier  du  roi.  Et  se  vend  à  la 
cour  du  manège  aux  Thuileries. 

LÉDA. 


Borie   ne  serait-ce  pas  métairie 

(XLiV). 

Borie,  boriage,  borde,  borderie  (dans  les 
langues  du  Midi)  veulent  dire  maison  des 
champs  (La  Coussière,  XLIV,  258). 

Et  dans  l'Est  de  la  France,  Borde  était 
le  nom  générique  donné  aux  habitations 
communes  aux  lépreux  : 

On  appelait  bordes,  écrit  Lepage,  Diction, 
topogr.  de  la  Meiirthe,  des  baraques  isolées, 
en  planches,  dont  on  se  servait  pour  placer 
les  lépreux  avant  de  les  enfermer  dans  les 
hôpitaux  ;  plus  tard,  on  appliqua  ce  nom  aux 
léproseries  elles-mêmes. 

A.  S..   E. 


Entrées  gratuites(L,62,326). — Que 
Sir  Graph  se  reporte  à  l'Histoire  de  la 
Vie  et  des  Ouvrages  de  Molière.^  de  M.  J. 
Taschereau,  y  édit.  Hetzel,  1844,  page 
69,  et  2.  Molière  son  Théâtre  et  son  Ménage 
par  Eug.  Noël,  3' édit.  Bécus,  1880,  page 
132.  Il  y  trouvera  des  renseignements 
curieux  sur  les  difficultés  qu'eut  Molière 
avec  les  mousquetaires,  les  gardes  du 
corps,  les  gendarmes,  les  chevau-légers, 
qui  tous  les  soirs,  emplissaient  gratuite- 
ment son  parterre,  de  leurs  tumultueuses 
et  colossales  personnes. 

C.  Roche. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


485 


La  plantation  des  arbres  (L,  174, 
317).  — Non,  il  n'existe  pas  de  décret, 
mais,  ce  qui  est  plus  fort,  il  existe  des 
usages  dits  locaux  d'abord,  que  l'on  ne 
trouve  que  dans  des  ouvrages  spéciaux, et 
la  loi  ensuite  que  l'on  trouve  dans  le  code 
civil,  art.  671,  672  et  673. 

Pour  les  plantations,  l'art.  67idudit 
code  civil  (modifié  p^r  la  loi  de  1881) 
s'exprime  ainsi  : 

Il  n'est  permis  d'avoir  des  arbres,  arbris- 
seaux et  arbustes  près  la  propriété  voisine 
qu'à  la  distance  prescrite  par  les  règlements 
particuliers  actuellement  existants,  ou  par 
des  usages  constants  et  reconnus,  et,  à  dé- 
faut de  règlements  et  d'usages,  qu'à  la  dis- 
tance de  deux  mètres  de  la  ligne  séparative 
des  deux  héritages,  pour  les  plantations 
dont  la  hauteur  dépasse  deux  mètres,  et  à 
la  distance  d'un  demi-mètre  pour  les  autres 
plantations. 

La  loi  ne  fait  donc  plus  que  deux  dis- 
tinctions, quelle  que  soit  l'essence  des 
arbres  employés  aux  plantations  :  ou  ils 
auront  moins  de  deux  mètres,  ou  bien  ils 
dépasseront  cette  hauteur. 

11  s'ensuit  que  les  haies  vives,  qui  n'at- 
teignent généralement  pas  deux  mètres  de 
hauteur,  seront  plantées  à  cinquante  cen- 
timètres du  voisin  :  quant  aux  arbres 
fruitiers  ou  autres,  présentant  un  cer- 
tain développement  et  dépassant  deux 
mètres  en  hauteur,  leur  pied  sera  planté  à 
deux  mètres  de  l'héritage  du  voisin. 

Avant  1881.  il  n'en  était  pas  ainsi  : 
pour  la  distance  à  observer,  on  tenait 
compte  de  la  nature  de  l'arbre  sans  se 
préoccuper  que  l'arbrisseau  planté  restait 
inoffensif  pendant  un  certain  nombre 
d'années. 

Le  texte  nouveau  de  l'art.  671  est 
beaucoup  plus  clair  et  coupe  court  à  tout 
commentaire. 

Mais  cette  règle  ne  doit  pas  s'appliquer 
aux  espaliers.  En  effet,  le  deuxième  alinéa 
de  l'art    671  s'exprime  ainsi  : 

**  Si  le  mur  n'est  pas  mitoyen,  le  pro- 
priétaire a  seul  le  droit  d'y  appuyer  ses 
espaliers  ». 

Reste  un  point  important  à  examiner, 
c'est  de  savoir  comment  se  mesure  la  dis- 
tance pour  effectuer  les  plantations. 

Voici  :  La  limite  divisoire  étant  déter- 
minée exactement,  les  distances  de  o,°50 
et  de  2  mètres,  se  prennent  à  partir  de 
cette  limite  jusqu'au  centre  du  pied  de 
l'arbuste  ou  de  l'arbre. 


30  Septembre    1904» 
486 

Et  dans  le  cas  où  les  arbustes  et  ar- 
brisseaux ne  sont  pas  plantés  à  la  distance 
légale,  l'art  672  (modifié  par  la  loi  du  20 
août  1881)  pose  les  règles  à  suivre  : 

Art.  672.  —  Le  voisin  peut  exiger  que  les 
arbres, arbustes  et  arbrisseaux, plantés  à  une 
distance  moindre  que  la  distance  légale, 
soient  arrachésou  réduitsà  la  hauteur  déter- 
minée dans  l'article  précédent,  à  moins 
qu'il  n'y  ait  titre,  destination  de  père  de 
famille,  ou  prescription  trentenaire. 

Si  les  arbres  meurent,  ou  s'ils  sont  cou- 
pés ou  arrachés,  le  voisin  ne  peut  les  rem- 
placer qu'en  observant  les  distances  léga- 
les. 

Ainsi,  la  loi  actuelle  n'exige  pas  l'arra- 
chage des  arbres  plantés  à  une  distance 
moindre  de  deux  mètres,  mais  seulement 
leur  réduction  à  une  hauteur  de  deux 
mètres:  le  propriétaire  peut  bien  les  arra- 
cher, mais  il  est  des  cas  où  la  réduction  à 
la  hauteur  légale  suffit  pour  les  conser- 
ver. 

Mais,  demandera-t-on,  la  loi  fixant  une 
hauteur  invariable  de  deux  mètres,  doit- 
on,  tous  les  ans,  exécuter  la  réduction  de 
la  végétation  annuelle  à  cette  hauteur  lé- 
gale ? 

11  semble  qu'en  droit  cela  doit  être 
exigé,  bien  que  cela  paraisse  un  peu  dra- 
conien: toutefois, comme  laloi  est  muette, 
il  y  a  lieu  d'interprétation  dans  chaque  cas 
particulier,  soit  qu'il  s'agisse  d'arbres 
fruitiers,  forestiers  ou  d'agrément. 

Le  seul  cas  où  l'arbre  doit  être  arraché, 
c'est  lorsqu'il  a  été  planté  à  une  distance 
moindre  que  la  distance  légale  ou  coutu- 
mière  portée  par  les  nouveaux  articles  et 
que  ladite  plantation  ait  été  effectuée 
depuis  leur  promulgation. 

Enfin,  nous  complétons  cette  note  par 
l'art.  673  (modifié  par  la  loi  de  1881)  : 

Art.  673.  —  Celui  sur  la  propriété  duquel 
avancent  les  branches  du  voisin,  peut  con- 
traindre celui-ci  à  les  couper.  Les  fruits 
tombés  naturellement  de  ces  branches  lui 
appartiennent. 

Si  ce  sont  les  racines  qui  avancent  sur 
son  héritage,  il  a  le  droit  de  les  y  couper 
lui-même. 

Le  droit  de  couper  les  racines  ou  de 
faire  couper  les  branches  est  imprescrip- 
tible. 

En  sorte  que  tout  propriétaire  peut  ne 
pas  vouloir  supporter  la  servitude  de 
branches  occupant  son  terrain,  même 
lorsque    les   arbres   qui    les  portent  sont 


N»   «053. 


L'INTERMÉDIAIRE 


487 


488 


placés  à  la  distance  légale  ;  il  y  a  donc 
lieu  de  les  couper  à  l'aplomb  de  la  limite 
divisoire,  et  ce  soin  incombe  au  proprié- 
taire de  l'arbre.  Pour  les  fruits  tombés 
naturellement  de  ces  arbres,  il  n'y  a  pas 
de  doute,  s'il  y  a  servitude,  il  doit  y  avoir 
profit.  Pour  les  racines,  c'est  le  proprié- 
taire lésé  qui  doit  en  faire  la  coupe, 
parce  que  le  voisin  ne  peut  venir  faire  des 
entreprises  chez  celui-là  et  qu'il  ne  peut 
savoir  bien  exactement  quel  est  le  dom- 
mage qu'il  porte  au  voisin. 

Mais  existe-t-il  un  usage  local  ou 
quelque  règlement  précisément  sur  le  lieu 
où  peut  se  trouver  le  litige  en  semblable 
matière  ? 

Comme  les  usages  dits  locaux  sont 
très  nombreux  en  France  et  qu'ils  varient, 
pour  ainsi  dire,  dans  chaque  c?nton, voire 
souvent  de  commune  à  commune, 
nous  ne  saurions  répondre  à  cette  der- 
nière question  sans  connaître  d'avance  sur 
quel  point  du  territoire  il  faut  faire  les  re- 
cherches. 

Que  le  curieux  intermédiairiste  pré- 
cise dans  un  prochain  numéro,  et  immé- 
diatement il  sera  satisfait.         Elie  Gil 

Ouvrages  sérieux  mis  en  vers 

(T.  G.,  665  ;  XXXll  à  XL  ;  XLIl  ;  XLIV  a 
XLIX,  129,  429,  537,  770;  L,  100,  142). 
Et  la  mer  montait  toujours... 
Afin  de  s'y  reconnaître,  à  marée  basse 
—  en  1924  I  —  il  convient  d'écarter  dès 
aujourd'hui  :  1°  les  Poèmes  didactiques, 
2°  les  ouvrages  burlesques,  3°  les  com- 
positions mnémoniques^  et  de  ne  retenir 
dans  ce  genre  si  compréhensif  de  la  Poé- 
tique Curieuse  (Peignot)  que  sept  ou  huit 
séries  nettement  caractérisées  : 

I  La  Poésie  gnomiqtie, 

II  La  Médecine, 

III  Le  Droit, 

IV  L'Histoire  et  la  Géographie, 

V  Les  Mathématiques, 

VI  Les  Grammaires, 

Vil  Les  Beaux-Arts  et  les  Arts, 

VIII  Les  Miscellanea. 

Entre  les  auteurs  les  plus  osés  :  Forget, 
Durosiers,  Pichenot,  Montandon,  Chavi- 
gnand,  Wauthier,  Demoyencourt  de  Bli- 
gnieres,  Ducros,  Leclerc,  l'abbé  Flèches 
de  Mazade,  Lancelot,  le  P.  Buffier,  j'en 
passe  et  des  meilleurs  :  ils  sont  légion, 
ces  bâtards  du  Parnasse  !  Je  ne  voudrais 
décourager   personne,   car   le  nombre  de 


mes  fiches  n'a  pas  encore  dépassé  sept 
cents,  mais  quand  la  bibliographie  n'est 
pas  enjeu,  à  partir  de  1770  surtout,  un 
choix  s'impose  :  l'esprit  et  la  manière  ont 
disparu.  Voici  quelques  numéros  à  titre 
de  contribution,  et  dans  l'ordre  : 

1 0  Catéchisme  en  vers  sut  les  sacrements  de 
la  Pénitence  et  de  V Eucharistie...  (par 
M"  Dupuy,  chanoine  de  Saint-Jacques  de 
l'hôpital  de  Paris).  A  Dijon,  chez  Claude 
Michard,  imprimeur  et  marchand  libraire 
au  dessus  delà  place  Saint-Jean  l'Evangé- 
liste,  1696,  in-32  : 

La  Quenclomachie  ou  l'Histoire  de  la 
Constitution  Unigenitus ...  Amsterdam, 
1741  ;  in-i2  ; 

Petit  sommaire  de  la  doctrine  chrétienne, 
mis  en  vers  françois  avec  les  hymnes  et 
odes  spirituelles  qu'on  chante  devant  et 
après  la  leçon  d'icelle  par  Michel  Coys- 
sard  S.  J.  Lyon,  Jean  Pillehotte,  1591, 
in-8° ; 

Réflexions  ou  sentences  et  Maximes 
morales  de  M.  le  Duc  de  la  Rochefou- 
cauld mises  en  vers  par  M.  Boucher,  Pa- 
ris 1684,  in-i2  ; 

Méditation  sur  chacun  des  chapitres  du 
Livre  des  pensées  consolantes  de  saint  Fran- 
çois de  Sales,  par  P.  Roussel,  Bar-le-Duc, 
1886,  grand  in- 16  ; 

La  Civilité  de  Jean  Sulpice.  imitée  en 
français  par  Pierre  Broë,  i  552  ; 

Les  Méditations  de  saint  Augustin, 
mises  en  vers  françois  par  Pierre  Tamisier, 
Lyon,    1587,  in-i2. 

Les  ICI  propositions  du  P.  Quesnel, 
mises  en  vers  par  l'abbé  Galabert,  Arras, 
1901,  in-8°. 


♦  ♦ 


la 


2°  L'Art  d'être  heur  eux  ou  l'Origine  de 
gale,  par  M-N  C***,  Paris  1817,  in-8°. 

Condyles  du  fémur,  vous  leur  donnez  attache  : 
Et   loi,  calcaneum,  songe  à  remplir  ta  tâche. 
Quand  tu  vois  accourir  par  de  graisseux  sentiers 
Les  tendons  réunis  de  ces  muscles  altiers... 

MyoJogia  heroico  carminé  expressa,  par 
Spon,  correspondant  de  Guy  Patin  ///  BibL'' 
Anatomica,  publiée  à  Genève  en  1680  par 
Leclerc  et  Manget  ; 

Le  Lombric  terrestre,  vulgairement  ap- 
pelé Ver  de  terre,  huit  couplets  avec 
notes  parj.  Charrin,  Paris,    1852,  in-8". 

L'Ecole  de  Salerne  en  vers  burlesques, 
Elzévir,  165  i,  in-12. 

De  morhis  venereis...  Parisiis,  1847, 
in-4°. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


489 


30  Septembre  1904 
490    


Histoire  naturelle  en  vers,  par  un  mem- 
bre de  plusieurs  sociétés  savantes,  petit 
in-i2,  Lyon  1883  ; 

Diagiiose  des  Zoophytcs  et  des  Cœlentérés 
par  le  D'  T.  Prat,  Toulon,  1886,  in-8°  ; 

Décades  de  la  description  des  animaux, 
par  Barthélémy  Aneau.  Lyon,  1549,  in-8°. 

La  Fistule. ..  conseils  aux  gens  atteints 
de  cette  triste  maladie,  par  un  fistuleux 
E.-L.  Desnost,  salle  Cochin,  n°  5  Paris, 
1856,  in-8°. 

Et  bien  avant  La  Plombéide,  le  poème 
manuscrit  du  sous-préfet  d'Agenis  : 

L'Odontotechnie,  ou   l'art   du   Dentiste, 
poème  en  4  chants,  par  ).  Marmont^chi- 
rurgien  dentiste,  Paris,  1824,  in-8°  ; 
Des  dents  d'un  lier  dragon  CaJmus  semant  la  terre 
Inventa  —  le  premier  —  la  science  den  —  taire. 

Voltaire  devait  se  souvenir  qu'Esculape 
est  fils  d'Apollon  ;  à  plusieurs  reprises,  il 
a  sacrifié  à  la    Muse   de   Gerberon  et  de 

Quillct  : 

11  vous  prenait  très  galamment 
Un  morceau  du  C...  du  pauvre  homme 
Et  puis  au  nez  très  proprement 
Vous  l'ajustait    —    si  bien  qu'en  somme 
Etc.,  etc 
Après  la  Greffe  animale.  Cf.  Le  Chyle, 

le  Procès .1  le  Moka. 

{Mélanges   littéraires    XVIII,    28).     De 

même,  Victor  Hugo,    {Les   Quatre   Vents 

de  ï Esprit).  Jacq.ues  Saintix. 

Arbres  de  la  liberté  encore  exis- 
tants (XLIII  ;  XLIV  ;  XLIX,  607,  772, 
858,  916  ;  L,  24,  125).  —  En  Seine-et- 
Oise,  à  Bennecourt,  canton  de  Bonnière, 
non  loin  du  fleuve,  sur  une  petite  place 
qui  sépare  les  deux  hameaux  de  Triple- 
val  et  de  Cachalos,  à  côté  d'une  croix  sou- 
tenue d'un  piédestal  bâti,  existe  un  arbre 
de  la  liberté  planté  en  1848. C'est  un  orme 
d'une  vigueur  telle  que  les  racines,  soule- 
vant le  massif  de  maçonnerie,  ont  fait 
pencher  le  dé  de  pierre  et  s'incliner  la 
croix  de  fer.  Anatole  Pautre. 

Procès  aux  animaux  (XLIIIàXLVlI). 
—  C.  B.  Warée,  dans  ses  Curiosités  judi- 
ciaires, consacre  deux  pages  aux  «  Procès 
condamnations,  excommunications  contre 
des  animaux  »,  p.  440-443.  Ayrault.  Des 
procès  faits  aux  cadavres,  aux  bêtes  brutes .,  etc. 
Atigers,  1591,  in-4°  ;  Em.  Agnel,  Procès 
contre  les  animaux,  1858,  br.  in-8°.  A  con- 
sulter aussi  :  Ludovic  Lalanne,  Curiosités 
des  Traditions .^  Paris  ;  Delahays,  in- 16, 
p.  429.  Louis  Calendini. 


*  * 


Par  sa  parole  et  son  excommunication, 
saint  Bernard  fit  mourir  une  incroyable 
quantité  de  mouches  qui  étaient  dans 
son  église  de  Foigny  avant  qu'elle  fût 
dédiée,    Mgr.    Guérin   Petits   Bolland.   t. 

IX,   p.  63.  L.   C.  DE  LA  M. 

Fer  de  cheval  dans  les  églises  (L, 
340).  —  Dans  un  petit  volume  intéres- 
sant, la  Chronique  des  rues.,  à  la  page  167, 
M.  Edmond  Beaurepaire  a  donné  une 
explication  qui  satisfera  peut-être  E, 
Grave  : 

C'était,  dit-il,  un  vieil  usage,  lorsqu'on 
entreprenait  un  voyage,  d'invoquer  pour  son 
succès  l'assistance  de  saint  Martin.  Pour  té- 
moigner de  son  invocation,  on  attachait  un 
fer  de  cheval  à  l'un  des  battants  de  la  porte 
principale  de  l'église,  et  pour  que  le  saint 
protégeât  le  voyageur  et  sa  monture,  on  fai- 
sait rougir  au  feu  du  fêvre,  la  clef  de  sa 
chapelle,  et  on  en  marquait  l'animal.  11  en 
était  de  même,  d'après  Grégoire  de  Tours, 
quand  les  chevaux  avaient  des  maladies,  ou, 
simplement,  pour  les  p.éserver  d'accidents. 

A  propos  de  cet  ouvrage  de  M.  E.  B., 
pourrait-on  savoir  quand  paraîtra  la 
deuxième  série  annoncée  plusieurs  fois 
par  le  libraire  Sevin  et  toujours  ajournée  ^ 

CD. 
* 

Dans  l'église  romane  de  Cunault  près 
Saumur  (M.-et-LJ  le  chapiteau  d'un 
pilier  du  transept  nord  est  décoré  d'une 
série  de  fers  à  cheval  disposés  en  feuilles 
d'acanthe,  reconnaissables  à  leurs  clous  et 
à  la  forme  très  spéciale  du  fer  à  cheval  à 
cette  époque.  Léda. 

On  sait  que  le  sanctuaire  de  saint 
Martin  de  Tours  a  été  le  centre  de 
la  vie  religieuse  en  Gaule.  Les  barbares 
pèlerins  du  vi'  siècle  venaient  visiter  le 
tombeau  de  saint  Martin,  et  pendant  tout 
le  moyen  âge  se  manifesta  la  dévotion  au 
saint  ;  les  chevaliers,  avant  de  partir  pour 
un  long  voyage,  clouaient  à  la  porte  de 
l'église  un  fer  à  cheval  en  l'honneur  de 
saint  Martin.  (Cf.  Mâle,  Lart  religieux  au 
xiii**  siècle  en  France,  Paris,  1898). 

D'  A.  T.  Vercoutre. 


Les  servantes  dans  l'ancienne 
famille  française  (L,  332).  —  S'il  est 
permis  de  répondre  à  côté,  je  conseillerai 


N»  1053. 


L'INTERMEDIAIRE 


491 


492 


à  notre  confrère  S.  de  regarder  ce  qui  se 
passe  encore  actuellement  en  Espagne  où 
la  jeune  fille  —  puis  la  jeune  femme  — 
à  quelques  exceptions  près,  sont  au  même 
degré  que  les  jeunes  femmes  françaises  au 
xvn"  siècle. 

Une  jeune  espagnole  de  bonne  famille 
entre  au  couvent  où  elle  n'apprend  guère 
qu'à  réciter  le  rosaire  et  à  faire  quelques 
travaux  à  l'aiguille.  Rentrée  dans  sa  fa- 
mille, elle  se  croirait  déshonorée  si  elle 
s'occupait  de  quelque  soin  intérieur. Veut- 
elle  sortir,  elle  est  immédiatement  flan- 
quée delà  suivante  qui, soit  dit  en  passant, 
est  bien  le  meilleur  porte-lettres  que 
puisse  rencontrer  un  galant. 

Dans  de  telles  conditions,  la  servante 
si  elle  est  une  fine  mouche  —  et  neuf  fois 
sur  dix,  comme  intelligence  et  débrouil- 
lage, elle  rendrait  des  points  à  sa  maî- 
tresse —  la  servante,  dis-je,  prend  sur  le 
faible  cerveau  de  la  jeune  fille  ou  de  la 
jeune  femme  une  autorité  indiscutable. 
Elle  commence  par  donner  des  avis  ; 
bientôt  elle  commande. 

Que  l'on  veuille  bien  se  reporter  à  notre 
théâtredu xvii=  siècle. Les  jeunesmaîtresses 
ne  sont  que  de  pauvres  «  dindes  »  effa- 
rouchées. Dorine,  Lisette,  Martine,  Né- 
rine  tiennent  le  haut  du  pavé.  Il  ne  s'agit 
donc  ni  d'esclave, ni  d'amie.  Il  s'agit  d'une 
débrouillarde  et  d'une  rouée  dont  on  ne 
peut  plus  se  passer.  H.  Lyonnet. 


La  Patte  de  chat  (XLIX,  790,  938, 
994,  L.  99). —  La  réponse  de  notre  collè- 
gue Ave  est  inexacte. La  Patte  de  chat  n'a 
jamais  été  dans  la  partie  du  boulevard  de 
Courcelles  avoisinant  la  rue  Fournial  et  la 
rue  Chazelles. 

Enfant  j'ai  habité  parla,  il  y  a  36  ans. 
La  Patte  de  chat  n'existait  plus.  Mais  son 
souvenir  vivait  encore  très  bien.  On  disait 
alors  qu'elle  avait  été  sur  le  boulevard 
de  Courcelles,  à  peu  près  à  la  hauteur  de 
la  rotonde  du  parc  Monceau,  à  l'endroit 
où  les  rues  de  Prony,  de  Thann,  Legen- 
dre  et  de  Phalsbourg  débouchent  sur  le 
boulevard. 

L'anecdote  que  notre  collaborateur 
Soulget  raconte  a- eu  lieu  en  mars  189 1 
(elle  est  rapportée  dans  la  France  Sociale 
et  Politique  par  A.  Hamon,  p.  5 68, année 
1891).  Il  s'agit  de  M.  Pruvost  qui  laissait 
à  la  ville  de  Paris  près  d'un  million.  Ce 


tenancier  millionnaire  était-il  un  des  pro- 
priétaires de  la  Patte  de  chat  .f'Je  ne  me 
rappelle  pas  le  fait,  et  dans  le  livre  en 
question,  il  n'est  pas  indiqué  qu'il  s^a- 
gisse  de  la  Patte  de  chat.  An  Den. 


Bien  qu'il  ne  s'agisse  pas  ici  d'une 
question  historique  passionnante,  je  crois 
devoir  néanmoins  rectifier,  ou  plutôt 
compléter,  les  renseignements  déjà  four- 
nis, en  faisant  connaître  que  la  Patte  de 
chat  était  située  à  l'ancien  11°  52  du  bou- 
levard de  Courcelles  (précédemment  bou- 
levard Monceau,  62),  c'est-à-dire  sur  la 
partie  actuelle  du  boulevard  comprise 
entre  l'avenue  de  Villiers  et  la  rue  de 
Tharn. 

Contran-ement  à  ce  qui  a  été  dit,  cette 
maison,  qui  jouissait  d'une  réputation 
spéciale,  rapportait  de  gros  bénéfices,  et 
cela  est  si  vrai,  que  le  S'  Pruvot,  Aimé, 
mari  de  la  dernière  tenancière,  a  pu,  dans 
les  conditions  que  nous  indiquerons  plus 
loin,  léguer  près  d'un  million  à  la  ville 
de  Paris. 

Quant  à  la  femme  Pruvot,  c'était, 
comme  la  plupart  de  ses  «.  collègues  », 
une  solide  gaillarde  n'ayant  pas  froid  aux 
yeux,  qui  expulsait  elle-même  les  clients 
trop  bruyants,  en  les  menaçant,  au  be- 
soin, de  faire  appel  à  «  un  réfugié  polo- 
nais »  et  à  <<  un  décoré  de  Juillet  »,  qu'elle 
tenait  en  réserve  pour  lui  prêter  main- 
forte,  le  cas  échant. 

La  Patte  de  chat  était,  contrairement  à 
l'usage,  divisée  en  salons  spéciaux  où  les 
diverses  catégories  de  clients  ne  se  mé- 
langeaient pas.  Il  y  avait,  notamment,  un 
salon  particulier  à  l'usage  des  décorés 
alors  moins  nombreux  qu'aujourd'hui. 

Une  des  pensionnaires  de  cette  maison 
hospitalière  est  devenue  l'épouse  légitime 
d'un  homme  célèbre,  et,  comme  elle 
avait  l'habitude  des  «  Salons  »,  son  ava- 
tar a  passé  inaperçu. 

Une  autre,  montée  en  grade  depuis,  et 
devenue  à  son  tour  dame  de  maison,  c'est-à- 
dire  patronne  de  lupanar, vit  aujourd'hui, 
grâce  à  «  sa  conduite  et  à  son  esprit  d'or- 
dre' et  d'économie  »  retirée  des  «  affaires  » 
après  fortune  faite.  Elle  occupe  un  appar- 
tement des  plus  luxueux  dans  un  riche 
quartier  de  Paris,  appartement  qu'elle  a 
choisi  spécialement  parce  qu'il  est  situé 
juste  en  face  du  banc  sur  lequel  la  police 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Septembre  1904 


493 


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des  mœurs  l'a  «  cueillie  »  pour  la  pre- 
mière fois,  il  y  a  une  cinquantaine  d'an- 
nées.Cette  «  honorable  »  douairière  avait, 
d'ailleurs,  de  puissantes  relations,  car 
elle  a  marié  son  unique  héritière  à  un 
assez  haut  personnage,  et  c'est  elle,  je 
crois,  qui  a  fourni  à  Guy  de  Maupassant 
les  éléments  de  Iz  Maison  Tellier. 

En  ce  qui  concerne  plus  particulière- 
ment Pruvot,  Aimé,  il  est  décédé  le  26 
juillet  1890  «  en  sa  maison  de  campagne» 
à  Solesmcs  (Nord),  après  avoir  fait  un 
testament  aux  termes  duquel  il  laissait  à 
la  ville  de  Paris,  près  d'un  million,  pour 
la  création  d'un  asile  de  nuit  avec  four- 
neau dans  le  XVI1=  arrondissement,  sous 
la  condition  que  cet  asile  porterait  son 
nom. 

Le  Conseil  municipal,  sur  le  rapport  de 
M.  Bompard,  décida,  le  27  mars  1891, 
d'accepter  ledit  legs  sous  bénéfice  d'in- 
ventaire, et,  après  transaction  avec  la  fa- 
mille, il  fut  entendu  que  le  nom  du  dona- 
teur ne  figurerait  pas  à  l'extérieur  de 
l'asile,  mais  serait  inscrit  sur  une  plaque 
commémorative  à  l'intérieur. 

Au  surplus,  ne  soyons  pas  sévères  pour 
la  mémoire  de  Pruvot  qui,  mû  par  un 
sentiment  de  vanité  peut-être,  n'en  a  pas 
moins  voulu  faire  bénéficier  les  malheu- 
reux d'une  fortune  acquise  d'une  façon 
immorale. 

Combien  de  personnages  solennels  et 
corrects,  jouissant  de  l'estime  publique, 
se  sont  enrichis  personnellement,  sans 
penser  aux  pauvres,  en  commanditant 
des  «  confrères  »  de  Pruvot  ou  en  leur 
louant,  moyennant  un  loyer  écrasant,  des 
immeubles  qu'ils  savaient  devoir  être 
affectés  à  la  débauche  ;  ce  qui  ne  les  em- 
pêchait d'ailleurs  pas  de  s'indigner  contre 
la  traite  des  blanches  et  de  jeter  l'ana- 
thème  sur  la  police  qui  tolère  ce  que  la 
morale  réprouve  ! 

Eugène  Grécourt. 

Talma,  poète.  —  Talma  étant  mort 
le  19  octobre  1826,  ses  costumes,  puis 
les  objets  d'art  (tableaux,  dessins  et  gra- 
vures) de  son  cabinet,  furent  vendus  le 
22  mars  suivant  ;  les  26,  27  et  28  mars, 
ce  fut  le  tour  de  son  mobilier  ;  enfin 
l'adjudication  de  ses  livres  commença  le 
17  avril,  à  onze  heures  du  matin,   dans 


sa  maison,  rue  de  la  Tour  des  Dames, 
n"  9,  et  donna  lieu  à  huit  vacations.  Les 
Sciences  et  Arts  étaient  représentés  par 
10 1  numéros;  les  Belles-Lettres  par  171 
et  l'Histoire  par  351. 

Un  exemplaire  sur  papier  vélin  de 
V  Odoniotechnie  ou  Y  Art  du  Dentiste, 
poëme  par  M.  Marmont,  publié  en  18215, 
rappelait  la  première  profession  de  l'ar- 
tiste ;  pour  l'Art  dramatique,  il  fournis- 
sait seulement  44  articles  dont  un,  il  est 
vrai,  détaillé  par  lots,  comprenait  de 
nombreuses  <'  tragédies  et  comédies  an- 
ciennes et  modernes,  la  plupart  jouées  au 
Théâtre-Français  ». 

On  trouve  dans  le  catalogue  de  la  bi- 
bliothèque de  Talma  une  importante  série 
de  voyages,  40  volumes  du  Journal  de 
Paris,  un  exemplaire,  relié  en  maroquin 
rouge,  du  Plan  de  Paris  de  1739,  dit  plan 
de  Turgot,  mais  peu  de  livres  concernant 
l'histoire  du  Théâtre-Français.  Si  les 
Recherches  sur  les  Théâtres  de  Fiance,  par 
Godard  de  Beauchamps,  y  figurent,  on 
n'y  voit  ni  les  ouvrages  des  frères  Par- 
faict,  ni  ceux  du  chevalier  de  Mouhy. 

Nous  avons  eu  entre  les  mains  plu- 
sieurs livres  provenant  de  cette  bibliothè- 
que et  reconnaissables  à  un  envoi,  à  une 
reliure  emblématique  ou  à  cette  inscrip- 
tion frappée  en  lettres  dorées  sur  le  plat  : 
M""  TALMA.  Un  de  ces  volumes  contenait 
une  épitre  assez  médiocre  comme  facture, 
mais  intéressante  pour  l'hommage  qu'elle 
rend,  pour  le  renseignement  qu'elle  four- 
nit. 

Delrieu,  dont  trois  tragédies  et  une 
comédie  furent  représentées  au  Théâtre- 
Français,  obtint,  en  1808,  un  grand  suc- 
cès avec  Artaxerce,  joué  22  fois  dans  sa 
nouveauté. Suivant  les  conseils  de  Talma, 
il  fit,  en  1826,  de  nombreux  change- 
ments à  cette  tragédie  en  vue  d'une  re- 
prise dans  laquelle  Talma  aurait  tenu  le 
rôle  d'Artaban  créé  par  Saint-Prix.  Del- 
rieu offrit  à  son  «  ami  Talma  »  un  exem- 
plaire dî Artaxerce  corrigé  à  la  main  et 
accompagné  d'une  Epitre  manuscrite  dans 
laquelle  il  lui  disait  : 

De  ton  zèle  éclairé  que  je  te  remercie  ! 
De  mon  sage  censeur,  j'écoutai  les  avis. 
Je  suis  heureux  et  fier  de  les  avoir  suivis. 
Ta  raison  m'inspirait  ;  et  ma  plume  docile 
De  ta  bouche  a  souvent  rei;u  le  vers  facile. 
Ta  modestie  en  vain  s'attache  à  contester 
Ce  fait  :  j'en  suis  témoin  et  j'aime  à  l'attester. 
Oui,  Talma  !  du  génie  éloquent  interprèle  ! 


N»  '053 


L'INTERMEDIAIRE 


495 


496    — 


Tu  mérites  encor  le  beau  nom  de  poète  1 

De  cette  \érilé  j'ai  le  garant  certain. 

Riche  de  ton  talent,  épuré  par  ta  main, 

Artaxerce  aujourd'iiui  te  doit  ua  nouvel  être. 

Enseveli  dix  ans  Artaban  va  renaître  ; 

Kt,  fier  do  les  conseils,  de  la  nuit  du  tombeau. 

S'élève,  sous  tes  traits,  plus  brillante!  plus   beau. 

Après  la  mort  de  Talma,  Artaxerce  fut 
repris  le  7  mars  1827,  avec  Desmous- 
seaux,  dans  le  rôle  d'Artaban.  Une  nou- 
velle édition,  revue,  corrigée  et  conforme 
à  la  représentation,  publiée  à  cette  occa- 
sion donne  VEpître  à  Talma,  mais  elle  est 
modifiée  et  ne  contient  plus  les  vers  ci- 
dessus.  C. 

La  France  et  le  Vatican  en  1818. 
Lettre  inédite  du  comte  Portalis. 

—  Voici  une  lettre  du  comte  Portalis,  le 
fils  d'un  des  principaux  rédacteurs  du 
Code  civil  et  l'un  des  négociateurs  du 
Concordat.  Elle  est  écrite  de  Rome  où  il 
était  en  mission,  pour  essayer  de  faire 
aboutir  un  nouveau  Concordat  dont  les 
bases  avaient  été  repoussées  par  les  Cham- 
bres en  1817.  Il  est  assez  curieux  de  voir 
que,  d'après  Portalis  les  libéraux  de  la 
Restauration  —  les  rouges  à' bXoïs  —  vou- 
laient déjà  enlever  aux  prêtres  toute  in- 
gérence dans  la  vie  civile.  Portalis  va 
même  plus  loin  :  ils  accusent  les  mêmes 
libéraux  de  poursuivre  la  destruction  de 
tout  sentiment  religieux. 

La  lettre  se  continue  par  de  courtes 
remarques  sur  l'esprit  de  la  cour  pontifi- 
cale. C'est  le  cas  de  le  dire  :  Thistoire  est 
un  perpétuel  renouvellement. 

Quoique  je  vous  aie  écrit  par  le  dernier 
courrier,  mon  cher  maître,  je  ne  veux  pas 
laisser  partir  celui-ci  sans  vous  remercier 
de  votre  nouvelle  lettre.  C'est  un  bienfait 
de  plus,  mais  il  ne  peut  ajouter  à  ma  re- 
connaissance et  à  mon  attachement  pour 
vous.  Je  commence  à  croire  que  je  vaux 
quelque  chose  en  voyant  ce  que  vous  m'es- 
timez. Il  serait  vraiment  à  désirer  que  l'on 
eût  autant  de  facilité  à  faire  le  bien  qu'on 
en  a  à  prévoir  le  mal,  le  mal  à  venir.  Il  y 
aurait  alors  du  remède  et  je  déjouerais  de 
tout  mon  cœur  les  calculs  de  ma  pré- 
voyance. J'ai  peur  que  nous  ne  soyons 
dans  un  cercle  vicieux.  On  ne  veut  rien 
faire  pour  le  clergé,  parce  qu'il  est  ultra- 
montain,  et  il  continuera  d'être  ultramon- 
tain  parce  qu'on  ne  fera  rien  pour  lui.  Il 
faudrait  pourtant  sortir  de  là  et  intéresser 
le  sacerdoce  catholique  au  nouvel  ordre  de 
choses.  Bonaparte  en  avait  senti  la  néces- 
sité, quoiqu'il  ne  fût    pas    partial  pour   les 


prêtres  et  il  n'y  avait  pas  mal  réussi.  On 
peut  aisément  lier  à  un  régime  constitu- 
tionnel une  église  nationale  qui  a  ses  maxi- 
mes propres  et  qui  fait  un  corps  à  part, 
mais  si  l'on  veut  qu'elle  tienne  à  ses  maxi- 
mes, il  faut  que  ses  maximes  lui  profitent 
et  qu'on  s'en  serve  pour  elle  et  non  contre 
elle.  Il  ne  faut  pas  l'associer  au  nom  de  ses 
libertés, il  ne  faut  pas  conclure  de  la  liberté 
des  cultes  à  l'égalité  de  tous  les  cultes  et  de 
la  tolérance  civile  à  l'indifférence  religieuse 
ou  à  l'abolition  de  tout  principe  religieux. 
Or,  il  y  a  de  cette  tendance  là  au  fond  du 
cœur  de  nos  libéraux.  Dieu  fasse  que  leur 
règne  n'arrive  pas  ;  c'est  ce  que  je  lui  de- 
mande tous  les  jours.  Je  désire  de  tout 
mon  cœur,  vous  n'en  doutez  pas,  que  ma 
mission  ait  un  bon  résultat,  mais  je  dois 
toujours  répéter  que  je  le  souhaite  bien 
plus  que  je  ne  l'espère.  Ici  on  s'occupe  de 
soi  plus  que  de  la  conservation  de  la  Religion 
en  France.  Les  hommes  religieux,  par 
principe  même  de  Religion,  mettent  les 
intérêts  du  Saint-Siège  avant  tout:  c'est  la 
doctrine  locale.  Les  hommes  qui  ne  le  sont 
pas  pensent  de  même  :  c'est  le  conseil  de 
leur  intérêt  personnel.  A  Paris  on  n'est 
préoccupé  que  de  la  crainte  d'être  accusé 
de  regarder  en  arrière,  de  n'être  pas  assez 
fidèle  aux  principes  de  notre  droit  public 
national,  assez  soigneux  des  prérogatives 
de  la  puissance  législative,  assez  appliqué 
à  maintenir  la  sécularisation  de  toutes  cho- 
ses et  à  écarter  les  prêtres  de  toute  parti- 
cipation aux  affaires  civiles.  Il  est  difficile 
de  s'entendre  en  partant  de  points  si  oppo- 
sés, cependant  j'accepte  avec  joie  l'augure 
favorable  qui  est  contenue  dans  votre  let- 
tre et  je  me  livre  presque  sans  réserve  à 
votre  aimable  optimisme.  Sans  doute  nous 
avons  beaucoup  gagné,  nous  sommes  sur 
un  bon  terrain,  mais  il  faut  nous  y  mainte- 
nir. Les  Israélites  édifiaient  le  second  tem- 
ple en  tenant  la  truelle  d'une  main  et  l'é- 
pée  de  l'autre.  Au  reste  nous  perdons  ici, 
depuis  dix  jours,  notre  temps  en  d'inter- 
minables fêtes.  Le  Roi  de  Naples  y  est 
venu  chercher  son  frère  le  roi  Charles  IV, 
Rome  s'est  ébranléejusque  dans  ses  fonde- 
ments pour  le  bien  recevoir. 


Je  vous  prie  d'agréer  l'assurance  de  mon 
inviolable  et  respectueux  attachement. 

Votre  affectionné  disciple 
Le  Cte  Portalis 
à  Rome  ce  6  novembre  1818. 

Le  Directeur-gêrayit  : 
GEORGES  .MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon  St-Amand- 
Mont-Rond, 


L«  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mots  10  Octobre  1904. 


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QUKSTIOINS    ET    RËFONSKS    LITTERAIRES,     H 

TROUVAILLES 


LSTOUIQUES,    SCIENTIFIQUES    Eï 
ET    CURIOSITÉS 


ARTlSTIUUtS 


497 


498 


Olllueôtians 


Des  vers  de  Dumas  père  à  re- 
trouver. —  Un  intermédiairiste,  au  cou- 
rant des  romantiques,  pourrait -il  me  citer 
les  vers  qu'Alexandre  Dumas  père  écrivit 
en  marge  de  l'exemplaire  de  Ronsard 
donné  par  Sainte-Beuve  à  Victor  Hugo  ? 
(Je  n'ai  pas  sous  la  main  le  livre  d'Asse- 
lineau).  11  a  dû  parler  de  ces  vers,  s'il  m'en 
souvient  bien.  Ego. 


Correspondance  originale  de  Be- 
naben.  —  Benaben,  ancien  oratorien  de- 
venu fougueux  révolutionnaire,  fut  nom- 
mé par  l'Administration  du  département 
de  Maine-et-Loire  (alors  Mayenne-et- 
Loire),  commissaire  civil  près  les  armées 
républicainesopérantcontre  les  Vendéens  ; 
il  a  fait  imprimer  le  rapport  de  sa  mis- 
sion et  a  laissé  une  correspondance  assez 
copieuse,  sur  le  même  sujet.  Le  tout  a  été 
publié  dans  la  Revue  de  la  Révolution,  de 
M.  Gustave  Bord,  années  1884  à  1886. 
Ces  documents  ne  manquent  pas  d'inté- 
rêt ;  mais,  par  suite  de  circonstances  et 
d'incidents  absolument  étrangers  à  la 
Revue  qui  lésa  publiés,  leur  importance 
historique  gagnerait  considérablement,  si 
on  pouvait  confronter  l'imprimé  avec  les 
originaux  eux-mêmes. 

Une  note  du  copiste  de  ces  documents 
annonce  qu'une  partie,  tout  au  moins, 
existait  encore,  au  moment  de  leur  publi- 
cation, entre  les  mains  d'une  dame  G... 


de  Bordeaux.  Serait-il  possible  d'avoir 
communication  de  ces  originaux  .?  Quel- 
que confrère  pourrait-il  me  dire  où  ils 
sont  aujourd'hui  ? 

H.  Baguenier  Desormeaux. 


Camilla  Selden,  livre  sur  Henri 
Hôine.  —  Peut-on  fournir  des  rensei- 
gnements sur  Camille  Selden,  (v.  \' Inter- 
médiaire du  20  février  1902,  col.  241)  qui 
a  publié  un  livre  sur  H.  Heine  et  qui  était 
autrefois  professeur  à  Rouen  ?  Vit-elle 
encore  '^  Où  ?  L- 

Le  serment  maçonnique.  —  Sans 

entrer  dans  la  polémique  des  partis  et 
au  seul  point  de  vue  documentaire  et  his- 
torique, peut-on  demander  quelle  est  la 
formule  du  serment  maçonnique,  si  cette 
formule  n'est  pas  secrète, et  même  si  elle 
est  secrète?  E   F. 

Le  lieu  des  exécutions  à  Paris. 

—  L'on  en  connaît  plusieurs,  place  de 
Grève,  place  de  la  Révolution,  place  du 
Trône  renversé,  barrière  Saint-Jacques, 
place  de  la  Roquette.  Un  confrère  bien 
ferré  sur  l'histoire  de  Paris  pourrait-il 
taire  suivre  ces  noms  de  places  de  quel- 
ques dates  ?  Ainsi,  je  désirerais  savoir  où 
l'on  exécutait  le  9  brumaire  an  V  —  30 
octobre  1796.  Faute  d'un  petit  tableau 
chronologiqne,  je  l'ignore  encore. 

H.  L. 

Voir  Intermédiaire  XLIV,  XLV,    XLVI. 

L.  10 


N*  Ï054. 


L'INTERMÉDIAIRE 


499 


500 


L'écharpe  de  Camille  Desmou- 
lins.  —  Le  savant  baron  de  Girardot 
possédait  l'écharpe  de  ce  conventionnel  et 
plusieurs  objets  de  toilette  ayant  appar- 
tenu à  Lucile,  sa  femme,  lesquels  ont  été 
vendus  au  mois  de  juin  1879,  P^''  ^^^ 
soins  de  M.  Etienne  Charavay.  Connaît- 
on  les  acquéreurs  de  ces  reliques  ? 

Paul  Pinson. 

Tentative  de  fusion  du  Parti  roya- 
liste au  mois  d'octobre  1863.   —  Le 

II  octobre   1863,  le  comte  de   Locmaria 
écrivait  à  un  membre  du  Comité  royaliste  : 

La  mesure  que  je  propose  ne  doit  être 
connue,  qu'au  moment  où  il  sera  possible 
de  l'expliquer,  car  le  parti  royaliste,  qui 
acquerrait  tant  de  force  par  la  fusion,  a 
dans  son  sein  un  homme  habile  à  profiter 
des  moindres  indiscrétions,  à  s'en  faire  une 
arme  contre  ceux  qui  devraient  être  consi- 
dérés par  lui  comme  des  amis, et  qu'il  traite 
comme  des  obstacles,  dans  l'intérêt  de  sa 
domination  ou  de  ses  spéculations  commer- 
ciales. 

Quel  est  le  personnage  auquel  fait  allu- 
sion le  comte  de  Locmaria  ? 
Ce  projet  de  fusion  fut-il  sérieux  ? 

Arm.  D. 

Armoiries  à  déterminer:  d'or  à  la 
fasce  de  sable. —  Sur  unjoliex-librisdu 
XVI118  siècle  :  d'or  à  la  fasce  de  sahle  chargée 
de  trois  sabots  ou  souliers  d' argent  .accompa- 
gnée de  trois  membres  d'aigle  ou  de  griffon  au 
naturel^  2  et  i .  Masny. 

Un  hôtel  delà  rue  de  la  Verrerie. 

«Le  dauphin, qui  depuis  futCharles  VII, 
y  avait  eu  son  hôtel  ;  c'est  là  que  dans  la 
nuit  du  28  au  29  mai  1418,  après  la  trahi- 
son de  Perrinet  Leclerc,  Tanneguy  Ducha- 
tel"  était  venu  l'arracher  de  son  lit  pour 
l'emporter  à  la  Bastille  ». 

{La  Cité.  Bulletin  de  la  société  his- 
torique et  archéologique  du  IV'  arrondis- 
sement de  Paris,  n°  1 1  —  :  la  Rue  de  la 
Verrerie,  signé  A.  Demmler). 

Le  comité  de  direction  de  cette  société 
n'a  certainement  pas  accueilli  à  la  légère 
la  communication  de  M. Demmler, et  par  le 
fait  même  de  l'avoir  publiée  dansson  bul- 
letin,il  lui  a  donné  un  caractère  d'autorité. 

Donc  nous  devons  croire  que  le  Dau- 
phin, qui  depuis  fut  Charles  Vil,  a  eu  un 
hôtel  rue  de  la  Verrerie  ;  mais  où  se  trou- 
vait cet  hôtel  ?  Nothing. 


Le  grenier   de   Déranger.  —  Le 

grenier  qui  inspira  la  chanson  célèbre 
existerait  toujours,  au  50  de  la  rue  de 
Bondy.  M.  Eugène  Baillet,  témoin  véri- 
dique,  tient  do  Béranger  lui-même  que 
la  mansarde  qu'on  aperçoit  encore  en  cet 
endroit  est  celle  où  il  chanta  Lisette. 

Mais  son  biographe  Paul  Boiteau  indi- 
que comme  maison  du  grenier,  celle  dans 
la  même  rue  portant,  en  1861,   le  n^gS. 

La  version  de  M.  Eugène  Baillet  est 
solide,  mais  d'où  vient  que  Paul  Boiteau, 
si  précis,  a  pu  s'égarer  ?  Sait-on  d'autres 
témoignages  directs  qui  expliqueraient 
cette  contradiction  .? 

Y. 

Balagny.  —  Je  possède  la  lithogra- 
phie d'un  portrait  peint  par  Weber,  avec 
la  mention  suivante  :  Balagny,  {Jean  de 
Montluc.  seigneur  de)  3  i  mai  i  594.  Maré- 
chal de  France,  f  1603. 

Peut-on  me  dire  s'il  y  a  relation  entre 
ce  personnage  et  la  famille  Rossignol  de 
Balagny,  sur  laquelle  M.  le  comte  de 
Bony  de  Lavergne  a  fourni  quelques  ren- 
seignements dans  Y  Intermédiaire  \XLN , 
855)?  Iaphet. 

Bernot  de  Charaut.  —  Dans  V Inter- 
médiaire du  30  août  1904,  notre  collabo- 
rateur Pila  cite,  dans  son  article  sur  les 
anthropophages  français,  un  nommé  Ber- 
not de  Charaut,  bailli  de  Sancerre  en  1685, 
Ne  serait-ce  pas  Bernot  de  Charant  ?  Si 
oui,  je  serais  fort  heureux  de  connaître  sa 
descendance.  P.  de  M. 

Comtesse  de  Genlis.  —  M.  Olivier 
Besnard  étant  à  Paris  en  1824,  où  son 
fils,  qui  devint  plus  tard  officier  de  ma- 
rine, était  à  l'Ecole  Polytechnique,  acheta 
des  meubles  ayant  appartenu  à  Mme  la 
Duchesse  d'Angoulême  ;  l'un  d'eux  ren- 
fermait un  album  de  soixante-dix  feuilles 
de  plantes  peintes  à  l'aquarelle  par  Mme 
la  comtesse  de  Genlis.  Connaît-on  d'autres 
peintures  d'elle;  ont-elles  de  la  valeur.? 

F.  P.  Mac  Rebo. 

Madame  Huyghens.  —  Madame 
Huyghens,  née  Lowendahl  et  petite-fille 
du  comte  de  Charolais,  se  réfugia  en 
France  (1810)  avec  deux  de  ses  enfants, 
à  la  suite  de  dissentiments  avec  son 
mari,  ministre  du  roi  Louis  Bonaparte  à 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobre  1904 


501 


;o2 


Cassel.  La  postérité  de  cette  dame  d'hon- 
neur de  la  reine  Hortense  existe-t-elle  en- 
core aujourd'hui  ?  H.  de  W. 

Maîemoiselle   Liegallois.    —    Le 

maréchal  marquis  de  Lauriston,  grand- 
veneur  et  ministre  d'Etat,  mourut  subi- 
tement le  10  juin  1828,  dans  la  chambre 
à  coucher  de  Mlle  Legallois,  danseuse  à 
l'Opéra,  et  non  pas  exactement  «  dans  les 
bras  de  la  Religion», comme  le  dit  \t  Mo- 
niteur du  lendemain. 

Cette  phrase  malheureuse  et  célèbre, 
qui  valut  un  surnom  à  Mile  Legallois, est 
tout  ce  que  je  connais  de  l'anecdote.  Que 
sait-on  de  plus  sur  la  petite  danseuse  chez 
qui  M.  de  Lauriston  commit  l'indiscrétion 
de  trépasser  ?  ***. 

M.  de  S.  B.  —  Dans  les  tomes  V  et 
VI  des  Documents  inédite  qu'il  publiait 
avec  sa  très  regrettée  Revue  de  la  Révo- 
lution^ M.  Gustave  Bord  donne  une  Cor- 
respondance du  général  Turreau. 

Je  désirerais  savoir  quel  est  le  correspon- 
dant du  général  désigné  sous  les  initiales 
«  de  S.  B...  ».  Je  serais  reconnaissant  à 
l'intermédiairiste  qui  voudrait  bien,  avec 
le  nom,  donner  quelques  détails  sur  le 
personnage. 

H.  Baguenier  Desormeaux. 


Ouvrages  sur  le  Tintoreî. 


En 


dehors  des  livres  de  Ridolfi  et  de  Zabeo, 
mdiqués  par  la  Bibliographie  biogra- 
phique d'Œttinger,  pourrait-on  me  faire 
connaître  d'autres  ouvrages  concernant 
le  Tintoret  et  la  vie  de  ce  grand  peintre  ? 

Malatesta. 

"VrainLucas.  —  Qii'est  devenu  le 
célèbre  mystificateur  après  le  procès  Mi- 
chel Chasles  } 

Quelle  est  la  date  de  sa  m.ort  ?       S. 

L'aigle  de  Prusse  dans  les  armes 
d'une  famille.  —  Je  possède  les  lettres 
de  noblesse  conférées  en  1796,  à  un  ca- 
pitaine du  régiment  de  Manstein,  nommé 
Louis  de  Bertram,  par  Frédéric- Guil- 
laume II. 

Les  armoiries  figurant  dans  ces  lettres 
peuvent  se  lire  ainsi  :  coupé  ;  au  i  : 
d'azur ^à  l'aigle  de  Prusse^  issant  du  coupé; 
au  2  :  losange  d'or  et  de  sable. 


Je  poserai  à  leur  sujet  deux  questions  : 
1°  L'aigle  de  Prusse  étant  de  sable,  ces 
armoiries  ne  contiennent-elles  pas  une 
dérogation  aux  règles  héraldiques  ?  Ce 
qui  peut  paraître  singulier  venant  d'une 
cour  allemande  où  ces  règles  semblent 
mieux  observées  qu'ailleurs. 

2'^  Le  fait  de  faire  figurer  dans  les 
armes  d'une  famille  une  pièce  de  son  bla- 
son n'est-il  pas  rare  chez  un  prince  et 
n'est  ce  pas  une  faveur  particulière  ? 

X. 

La  véritable  «  Edition  princeps  » 
des  oeuvres  du  chevi'lier  de  Bouf- 
flers.  —  Cette  édition,  ne  serait  elle 
point  celle-ci  :  Œuvres  du  chevalier  de 
Boufflers  A  La  Haye,  chez  Detune  li- 
braire, 1781,  petit  in- 12  de  144  pages? 
Elle  est  moins  complète  et  aussi  moins 
élégamment  imprimée  que  la  jolie  petite 
édition  Cazin.  A  Genève  [Paris],  1782, 
168  pages.  Dans  ces  deux  éditions,  les  piè- 
ces sont  disposées  dans  un  ordre  identi- 
que :  l'une  a  dû,  nécessairement,  ser- 
vir de  modèle  à  l'autre.  Mais  Ledit. 
Cazin  renferme,  en  plus,  ajouté  à 
la  fin,  le  petit  poème  en  sept  chants  : 
Caquet- Bonbec,  la  poule  à  ma  tante,  le- 
quel n'est  pas  de  Boufflers  et  que  l'Edi- 
teur n'a  placé  là  (dit  une  note)  que  pour 
que  le  volume  soit  aussi  gros  que  les 
autres  de  la  même  collection. 

Le  Manuel  de  Brunet  ne  mentionne 
pas  ces  deux   premières  petites  éditions. 

En  connaitrait-on  d'autres  qui  leur 
soient  antérieures  de  date  .? 

Ulric  R.-D. 

«  Pathslin  ».  Sûnte-Beuve.  — 
Parmi  les  livres  de  Sainte-Beuve,  vendus 
peu  de  temps  après  sa  mort,  il  y  avait  un 
exemplaire  de  la  Farce  de  Pathelin,  édition 
de  Génin,  1854,  que  Sainte-Beuve  avait 
annoté  sur  les  marges,  au  crayon  et  à  la 
plume.  Qui  sait  ce  que  ce  précieux  exem- 
plaire de  Pathelin  est  devenu  ?  A  moins 
que  je  ne  me  trompe,  les  notes  de  Sainte- 
Beuve  restent  inédites.  R.  T.  H. 

Bibliotlièque  du  baron  de  Guerne. 

—  M.  le  baron  de  Guerne,  ancien  maire 
de  Douai, possédait  une  bibliothèque  riche 
en  ouvrages  précieux  dans  tous  les  gen- 
res, mais  il  s'était  attaché  principalement 
à  ceux  imprimés  à  Douai.  Sait-on  si  cette 


N»  1054 


L'INTERMEDIAIRE 


503 


504 


bibliothèque  a  été  conservée  par  ses  héri- 
tiers, ou  si  elle  a  été  livrée  aux  enchères  ? 

P.   SiNPON. 


Les  verbes  en  eler,  eter.  —  Sans 
entrer  dans  des  considérations  linguisti- 
ques trop  complexes,  on  peut  rappeler  ici 
que  notre  langue,  dans  la  refonte  de  la 
conjugaison, a  ramené  les  formes  du  verbe 
à  un  typede  radical  emprunté  tantôt  aux 
formes  fortes  comme  je  dois^  tantôt  aux 
formes  faibles  comme  je  cck. 

Lorque  la  voyelle  accentuée  du  radical 
était  un  e  libre,  la  forme  faible  le  conser- 
vait. Sans  donc  se  perdre  dans  les  profon- 
deurs de  la  philosophie  du  langage,  on 
peut  dire  que  si  des  pluriels  comme  appe- 
lons^ épelons  et  même  jetons  pouvaient  se 
prononcer  :  applons^  épions  et  mèmey/c)«5, 
il  ne  pouvait  en  être  de  même  au  singu- 
lier du  temps  auquel  ils  appartiennent,  ce 
qui  aurait  abouti  a]apple,j'eple  et  surtout 
jejfe.   _ 

La  simple  loi  du  moindre  effort  a  donc 
amené  l'accentuation  de  Ve  muet  du  radi- 
cal à  quatre  personnes  du  présent  de  l'indi- 
catif et  du  subjonctif,  au  futur  et  au  condi- 
tionnel. 

Mais  au  lieu  d'écrire,  dans  ces  diffé- 
rents cas,  en  employant  l'accent  comme 
on  l'a  fait  pour  acheter^  becqueter^  bourre- 
h'r^  celer ^  colleter^  épousseter,  écarteler^ 
geler,  harceler,  ma?'îeler,  modeler,  peler, 
on  a  pour  tous  les  autres  verbes  doublé 
r/ou  le  t. 

11  y  a  là  un  défaut  d'unité  que  rien  ne 
justifie  et  qui  est  une  source  de  difficultés, 
à  une  époque  où  l'orthographe  a  pris  une 
importance  si  exagérée.  Que  de  temps 
perdu  qui  pourrait  être  employé  plus  fruc- 
tueusement, pour  fourrer  cette  inutilité, 
entre  toutes,  dans  la  tête  de  nos  enfants! 
Cette  anomalie  disparaîtra  certainement, 
mais  c'est  à  l'usage  à  aller  de  l'avant. 

Dans  quel  sens  nos  collaborateurs  pen- 
sent-ils que  devrait  se  faire  la  réforme  .? 
En  adoptant  pour  tous  les  verbes, l'accent 
grave,  système  plus  logique,  mais  très 
exceptionnel  jusqu'ici, ou  en  doublant  par- 
tout 1'/  ou  le  /,  système  plus  ancien,  mais 
beaucoup  plus  général,  et  surtout  plus 
habituel  ?  Ce  serait  peut-être  préférable 
comme  plus  pratique. 

Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  qu'il  n'y  a 
dans  les  façons  différentes  d'écrire  actuel- 


lement qu'un  pur  caprice  d'orthographe 
sans  l'ombre  d'une  raison. 

Paul  Argelès. 

Le  lit  de  famille.  —  L'usage  était 
jadis  en  France  de  n'avoir  qu'un  seul  lit 
dans  chaque  famille,  un  lit  très  vaste, 
large  de  six  pieds  ou  davantage.  Toute  la 
famille  y  reposait  ensemble,  les  parents, 
les  enfants  et  même  les  servantes. 

Cet  usage  existe-t-il  encore  dans  cer- 
taines provinces,  chez  des  paysans  rela- 
tivement aisés  .^  Bien  entendu,  la  question 
ne  porte  pas  sur  les  familles  tout  à  fait 
misérables.  S. 

Les  tripes  à  la  mode  de  Gaen  do 
Bourbon-Lvîontmorency-Créqui.  — 

Ce  n'est  pas  un  problème  très  palpitant, 
mais  c'en  est  un  tout  de  même. 

M.  Quesnay  de  Beaurepaire,  dans  un 
article  du  Gaulois  (27  septembre  1904), 
passant  en  revue  les  bizarreries  de  la  jus- 
tice sous  la  Révolution,  cite  ce  trait  : 

Cevtain  aventurier  parisien,  ancien  mar- 
chand de  tripes  h  la  mode  de  Caen,  conçut 
l'ingénieuse  pensée  de  se  présenter,  au  début 
de  l'émigration,  comme  l'aîné  d'une  grande 
maison,  naguère  dépouillé  et  séquestré  par 
d'abominables  gentilshommes.  Cette  attitude 
dans  le  goût  du  jour  le  rendit  un  moment 
sympathique  et  quasi  populaire.  Peu  ferré  sur 
l'Armoriai,  notre  homme  accum.ula  sur  sa  tête 
les  noms  et  les  titres,  afin  d'augmenter  ses 
chances, et  se  fit  appeler  modestement  «  Bour- 
bon-Montmorency-Créqui  ».  Inutile  d'ajouter 
qu'il  réclamait  la  restitution  d'immenses  do- 
maines. On  l'accueillit  à  merveille  comme  une 
victime  ;  Mme  Rolland.  Bailli,  Robespierre 
lui-même,  lui  prêtèrent  leur  appui.  Puis  vint 
la  Terreur.  Le  tripier  alors  cessa  peu  à  peu 
de  paraître  l'ennemi  des  nobles  à  force  de 
faire  sonner  sa  noblesse  prétendue.  Ses  procès 
civils  appelèrent  sur  lui  l'attention  malveil- 
lante, puis  la  foudre.  Un  orateur  du  club  le 
dénonça,  et,  finalement,  l'aventurier  fut  guil- 
lotiné en  sa  qualité  de  plaideur  et  grâce  aux 
titres  dont  il  s'affublait,  j'ai  trouvé  aux  Archi- 
ves son  arrêt  de  condamnation  sous  le  nom 
de  «  Créqui-Montmorency  ». 

L'intérêt  est  certainement  dans  le  cas 
de  ce  marchand  de  tripes  à  la  mode  de 
Caen  devenu,  par  la  grâce  de  la  tour- 
mente, Créqui-Montmorency.  Une  chose 
à  côté  me  frappe  :  les  tripes  à  la  mode  de 
Caen  importées  à  Paris  sous  la  Révolu- 
tion :  je  croyais  cette  importation  infini- 
ment postérieure.  Les  gourmets  qui  font 
de  l'histoire,  qu'en  pensent-ils  ?  Y. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobre   1904. 


505 


506 


Eépan^es 


Le  docteur  Mathanasius,  auteur 
du  «  Chef-d'œuvre  d'un  inconnu  » 
(L,  390).  —  Le  véritable  auteur  se  nom- 
mait Hyacinthe  Cordonnier,  né  le  24  sep- 
tembre 1684.  à  Orléans,  plus  connu  sous 
le  nom  deThémiseuil  de  Saint-Hyacinthe. 
Il  était  fils  de  J.  J.  Cordonnier,  écuyer 
porte-manteau  de  Monsieur,  frère  de 
Louis  XIV.  Sa  mère,  une  demoiselle  de 
Mauléon,  après  la  mort  de  son  mari  sur- 
venue en  1701,  vint  se  fixer  à  Troyes  et 
lui  fit  achever  ses  études  chez  lesOrato- 
riens.  Elle  fit  prendre  à  son  fils  le  nom  de 
chevalier  de  Themiseuil  et  lui  obtint,  à 
dix-neuf  ans,  un  brevet  d'officier  de  cava- 
lerie.Fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Hochs- 
tett,  le  jeune  officier  fut  conduit  en 
Hollande.  Il  revint  à  Troyes,  qu'il  quitta 
définitivement  pour  aller  se  fixer  en  Hol- 
lande où  il  avait  contracté  des  amitiés. 
Là  il  se  mariii  avec  Aille  de  Marcona}', 
fille  d'un  gentilhomme  poitevin  réfugié 
pour  cause  de  religion  et  se  retira  en  der- 
nier lieu  à  Genecken,  près  Bréia,  où  il 
mourut  en  1746.  Le  Chef-d'œuvre  d'tm 
inconnu  qu'il  mit  au  jour  en  17 14  est  la 
chanson  populaire  des  amours  de  Colin 
et  de  Catin  qu'il  orna  d'un  commentaire 
ironique  et  de  tous  les  prolégomènes  dont 
les  savants  hollandais  accompagnaient 
alors  les  éditions  des  auteurs  classiques 
dont  le  texte  disparaissait  sous  un  déluge 
de  notes.  C'était  la  critique  la  plus  ingé- 
nieuse et  la  plus  piquante  de  l'abus  de 
l'érudition. 

Il  fut  aidé  par  S'Gravesande,  Sal- 
lengre,  Prosper  Marchand,  Van  Effen  et 
autres  littérateurs  de  son  entourage.  L'ou- 
vrage fut  attribué  d'abord  à  Fontenelle  et 
à  La  Monnoye  ;  on  n'en  connut  le  vérita- 
ble auteur  que  plus  tard.  Le  Chef-d'œuvre 
d'un  inconnu  eut  dans  son  temps  un  succès 
extraordinaire  et  a  été  souvent  réimprimé 
avec  des  augmentations.  L'édition  la  plus 
complète  est  celle  qu'a  publiée  P.  X.  Les- 
chevin,  en  1807.  Elle  comprend  2  volu- 
mes qui  sont  précédés  d'une  notice  de 
103  pages  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
Saint-Hyacinthe.  A.  Claudin. 

La    tombe  de   Mirabeau  (T.    G.. 

594  ;  L,  45  1). — On  a  fait  des  fouilles  pour 
retrouver  le  cercueil  de  Mirabeau,  au  fau- 


bourg Saint-Marcel.  Sur  la  foi  de  témoi- 
gnages oraux,  on  cro3'ait,  et  on  croit  en- 
core, que  Mirabeau  a  dû  y  être  inhumé. 

De  cette  inhumation  il  n'existe  pas  de 
preuves. 

Un  document  officiel,  au  contraire,  éta- 
blit que  Mirabeau  a  été  transporté  à  sa 
sortie  du  Panthéon,  non  au  cimetière 
Sainte-Catherine  (Clamart), comme  le  veut 
la  légende,  mais  au  cimetière  de  Saint- 
Etienne-du-Mont.  Ce  document  a  été 
trouvé  par  M.  Coyecque,  qui  a  porté  le 
fait  à  la  connaissance  de  la  Commission  du 
Vieux-Paris  (Séance  du  7  juillet  1904).  C'est 
une  lettre  adressée  à  la  sœur  de  Mirabeau. 

27  Vendémiaire  an  VU. 
L'Administration  du  département  de  la  Seine 
à  la  citoyenne    Lasteyrie  du    Saillant,    rue  de 
Seine,  maison  Mirabeau. 

Pour  satisfaire  à  votre  désir  de  recueillir  les 
restes  funéraires  du  citoyen  Riquetti  Mira- 
beau, nous  vous  autorisons  à  les  faire  exhu- 
mer du  cimetière  Etienne  du  Mont,o;V  il  a  été 
déposé  à  sa  sortie  du  Panthéon,  à  la  charge 
par  vous  de  nous  faire  connaîtie  le  lieu  où 
vous  l'aurez  fait  transporter.  Que  des  membres 
de  l'administration  municipale  du  XI'  arron- 
dissement en  produisent  procès-verbal. 

Quant  à  la  remise  du  cercueil  de  plomb  qui 
recelait  le  corps  de  votre  frère,  nous  vous 
observons  que  c'est  au  ministre  des  finances  à 
l'ordonner. 

Salut  et   fraternité. 

A.  Sauzay. 

(Archives  de  l'Hôtel  de  Ville,  n°  636) 
(Bibliothèque  Paient  de    Rosan^  manuscrit 

Ainsi  le  17  vendémiaire  an  Vil  éi8  oc- 
tobre 1798),  le  cercueil  de  Mirabeau  était 
à  Saint-Etienne-du-Mont  «  où,  disait  la 
réponse  officielle,  il  avait  été  déposé  à  sa 
sortie  du  Panthéon  ». 

Mirabeau,  jusqu'à  cette  date  (1798) 
n'avait  donc  pas  été  transporté  au  cime- 
tière Sainte-Catherine,  au  faubourg  Saint- 
Marcel. 

Voudrait-on  soutenir  que  retiré  de 
Saint-Etienne-du-Mont,  madame  Lasteyrie 
du  Saillant  transporta  à  Clamart  le  corps 
de  son  frère  ^ 

Faute  de  documents  probants,  on  ignore 
si  madame  de  Lasteyrie  est  venue  prendre 
les  restes  qu'elle  réclamait.  Et  si  elle  est 
venue  les  prendre,  on  ignore  où  elle  les  a 
portés.  Mais  alors  qu'elle  estimait  indécent 
que  son  frère  fût  inhumé  à  Saint-Etienne- 
du-Mont,  ne  l'en  aurait-elle  sorti  que  pour 


N»  1054. 


507 


le  porter  dans  un  cimetière  qui  était  celui 
des  réprouvés  ?  C'est  totalement  inadmis- 
sible. 

Dans  tous  les  récits  qu'on  nous  fait  de 
la  présence  de  Mirabeau  au  cimetière 
Sainte-Catherine  (Clamart),  il  est  parlé 
des  souvenirs  d'anciens  fossoyeurs  qui  ont 
vu  tout  au  fond,  dans  la  fosse  commune, 
sa  bière  en  plomb. 

Or,  deux  dossiers  découverts,  il  y  a 
quatre  ans,  par  M.  Coyecque,  sont  relatifs 
à  ce  cercueil  et  à  celui  de  Marat. 

Lorsque  l'on  rapporta  pour  ces  person- 
nages les  honneurs  du  temple,  on  ne  se 
borna  pas  à  les  mettre  hors  du  Panthéon, 
on  les  mit  aussi  hors  de  leurs  cercueils 
pour  en  garder  le  plomb.  Dans  le  dos- 
sier des  Domaines,  nous  voyons  (Bul- 
letin  de  la  Société  de  V Histoire  de  France, 
lojuillet  1900,  page  129)  que  des  cer- 
cueils de  plomb  —  vides, bien  entendu  — 
furent  disposés  dans  une  des  salles  atte- 
nantes au  cimetière  Saint-Etienne-du-Mont. 
Dans  une  lettre  écrite  le  12  Messidor  an 
VI  (30  juin  1798),  l'architecte  Radel  dé- 
clare que  ces  cercueils  «  sont  tout  à  fait 
mutilés  et  presque  mis  en  pièces  »  ;  il 
propose  de  les  envoyer  au  Muséum,  qui 
les  emploiera  à  des  travaux  de  couver- 
ture. On  a  remarqué  dans  la  lettre  publiée 
plus  haut  que  l'administrateur  qui  répond 
à  madame  de  Lasteyrie  du  Saillant,  lui 
fait  observer  que  c'est  au  ministre  des 
finances  à  ordonner  la  remise  du  cercueil 
vide  qui  a  contenu  les  restes  de  son  frère. 

Elle  adresse  donc  une  demande  spéciale 
à  cet  effet,  puisque  satisfaction  lui  est 
donnée  le  i^''  décembre  1798  par  le  Direc- 
toire Exécutif. 

Le  28  décembre  suivant,  il  est  établi 
que  l'un  des  cercueils,  celui  de  Marat,  a 
été  transporté  dans  le  dépôt  de  l'Abbaye  ; 
l'autre,  (celui  de  Mirabeau), a  quitté  l'abri 
de  Saint-Etienne-du-Mont.  Pour  qu'il 
n'ait  pas  suivi  celui  de  Marat,  il  faut  qu'il 
ait  reçu  une  autre  destination,  qui  fut, 
selon  toutes  probabilités,  sa  remise  à  la 
réclamante.  (Archives  de  la  Seine,  fonds 
des  Domaines,  carton  34,  dossier  32,  et 
carton  59,  dossier  8062). 

En  dehors  des  racontars,  c'est  tout  ce 
que  nous  savons  de  la  question  jusqu'à  ce 
jour.  Madame  de  Lasteyrie  a-t-elle,  comme 
elle  l'a  sollicité,  fait  exhumer  son  frère  ? 
Une  fois  exhumé,  s'il  le  fut,  où  l'a-t-elle 
transporté .'' 


L'INTERMÉDIAIRE 

508      

L'autorisation      contenait    l'obligation 
pour  elle  de   faire  connaître  la   sépulture 


cercueil 


d'où 


de 
on  le 


Radel  pro- 
Museum  le 


qu'elle  aurait  choisie.  Si  elle  l'a  fait,  on 
n'a  pas  encore  trouvé  trace  de  sa  réponse. 
C'est  pour  jeter  les  chercheurs  dans  une 
grande  perplexité.  Aux  différents  endroits 
où  l'on  supposait  qu'avait  pu  être  trans- 
porté le  cercueil,  on  ne  trouve  ni  indices 
ni  tradition  d'un  événement  de  cette  im- 
portance. 

De  toutes  façons,  ce  qu'on  sait  de  pro- 
bant, d'irréfutable,  ruine  le  crédit  accordé 
aux  propos  de  Nodier,  de  Dumas  et  de 
tous  ces  charmants  conteurs  qui  ne  se 
mettaient  pas  assez  en  garde  contre  les 
broderies  de  leur  imagination.  Aucun  do- 
cument historique  n'aboutit,  même  par  le 
prolongement  de  l'hypothèse,  au  cimetière 
Sainte-Catherine,  au  lugubre  Clamart. 

Chronologiquement,  les  pièces  officielles 
que  nous  possédons  se  juxtaposent  ainsi 
Mirabeau    enfermé  dans    son 
plomb,    sort    du    Panthéon, 
chasse. 

jo  Juin  l'jçS.  L'architecte 
pose  de  faire  transporter  au 
cercueil  de  Mirabeau  qui,  vide,  est  déposé 
dans  une  salle  attenante  au  cimetière 
Saint-Etienne-du-Mont. 

18  octobre  i/ç8.  La  sœur  de  Mirabeau, 
ayant  demandé  qu'on  lui  remette  les 
restes  de  son  frère  et  les  débris  du 
cercueil,  on  lui  répond  d'une  manière 
favorable  pour  les  restes. 

/*"•  décembre  iyp8.  On  lui  répond  d'une 
manière  favorable  pour  le  cercueil. 

28  décembre  i/qS.  Le  cercueil  n'est  plus 
à  Saint-Etienne-du  Mont. 

En  résumé,  toutes  les  pièces  officielles 
que  nous  possédons  concordent  pour 
montrer,  déposés  à  Saint-Etienne-du-Mont 
dès  sa  sortie  du  Panthéon,  et  le  corps  de 
Mirabeau  et  son  cercueil. 

Aucune  pièce  officielle,  aucun  document 
sérieux,  ne  permet  de  dire  déposé  au  ci- 
metière de  Clamart,  où  on  l'a  tant  cherché 
el  où  on  le  cherche  encore,  le  cercueil 
contenant  les  restes  de  Mirabeau. 

La  légende  qui  l'y  place  a  toutes  les 
apparences  d'une  mystification. 

Le  serment  des  ecclésiastiques 
sous  la  Révolution  (XLIX,  837,  964  ; 
L,  123,  18S,  231,  292,  400).  —  Dans  la 
polémique  ouverte  entre   MM.   Aulard  et 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Octobre    1904, 


509 


îio 


Uzureau,  et  à  laquelle  s'intéressent  les 
lecteurs  de  Vlntenncdiaire^  il  semble  que 
la  pièce  suivante  puisse  aider  à  trancher 
le  différend.  Il  s'agit  de  l'Instruction  sur 
la  constitution  civile  du-  clergé^  délibérée 
par  TAssemblée  Constituante  dans  sa 
séance  du  21  janvier  1791,  et  envoyée  par 
elle  à  tous  les  départements. 
En  voici  les  passages  saillants  : 
L'Assemblée  Nationale,  après  avoir  porté 
un  décret  sur  l'organisation  civile  du  clergé 
(12  juillet  1790),  après  que  ce  décret  a  été 
accepté  par  la  loi  comme  constitutioknel  (24 
août),  a  prononcé  un  second  décret  par  lequel 
elle  a  assujetti  les  ecclésiastiques  fonctionnai- 
res publics  à  jurer  qu'ils  maintiendraient  la 
constitution  de  l'Etat  (27  novembre). Les  mo- 
tifs de  ce  second  décret  n'ont  été  ni  moins 
purs  ni  moins  conformes  à  la  raison  que  ceux 
qui  avaient  déterminé  le  premier. 

Il  était  arrivé  d'un  grand  nombre  de  dépar- 
tements UNE  MULTITUDE  DE  DÉNONCIATIONS  d'aCTES, 
tendants  par  divers  MOYENS,  TOUS  COUPABLES, 
A     EMPÊCHER      l'eXÉCUTION     DE      LA       CONSTITUTION 

CIVILE  DU  CLERGÉ.  L'Assemblée  pouvait  faire 
rechercher  les  auteurs  des  troubles  et  les  faire 
punir  ;  mais  elle  pouvait  aussi  jeter  un  voile 
sur  de  premières  fautes,  avertir  ceux  qui 
s'étaient  écartés  de  leur  devoir,  et  ne  punir 
que  ceux  qui  se  montreraient  obstinément 
réfractaires  à  la  loi.  Elle  a  piis  ce  dernier 
parti. 

Elle  n'a  donné  aucune  suite  aux  dénoncia- 
tions qui  lui  avaient  été  adressées  ;  mais  elle  a 
ordonné,  pour  l'avenir,  une  déclaration  so- 
lennelle à  faire  par  tous  les  ecclésiastiques 
fonctionnaires  publics, semblable  à  celle  qu'elle 
avait  exigée  des  laïques  chargés  des  fonctions 
publiques,  qu'ils  exécuteraient  et  maintien- 
draient LA  LOI  DE  l'Etat. 

L'Assemblée  a  laissé  à  chacun  sa  manière 
de  pens-r  ;  elle  a  déclaré  que  les  personnes 
dont  elle  était  en  droit  d'interroger  l'opinion, 
comme  fonctionnaires  publics,  pourraient  se 
dispenser  de  répondre.  Elle  a  seulement  pro- 
noncé qu'alois  ils  seraient  remplacés,  ils  ne 
pourraient  plus  exercer  de  fonctions  publiques, 
parce  qu'en  effet  ce  sont  deux  choses  évidem- 
ment inconciliables,  d'être  fonctionnaires  pu- 
blics dans  un  Etat, et  de  refuser  de  maintenir 
LA  LOI  DE  l'Etat. 

Tel  a  été  l'unique  but  du  serment  ordonné 
par  la  loi  du  16  décembre  dernier,  de  préve- 
nir ou  de  rendre  inutiles  les  odieuses  recher- 
ches qui  portent  sur  les  opinions  individuel- 
les. Une  déclaration  authentique  du  fonction- 
naire public  rassure  la  nation  sur  tous  les 
doutes  qu'on  élèverait  contre  lui.  Le  refus  de 
la  déclaration  n'a  d'autre  effet  que  d'avertir 
que  celui  qui  a  refusé,  ne  peut  plus  parler  au 
nom  de  la  loi,  parce  qu'il  n'a  pas  juré  défaire 
maintenir  la  loi... 


Joseph  Lebon(T.  G.,  504;  L,  353). 
—  Sans  la  moindre  intention  de  tenter  la 
réhabilitation  impossible  de  Joseph  Lebon, 
il  est  vraisemblable  que  l'homme  privé 
ait  été  fort  différent  en  lui  de  l'homme  pu- 
blic.Ce  dédoublement  du  pauvre  être  «  on- 
doyant et  divers  »  que  nous  sommes  tous, 
ne  serait  pas  un  cas  psychologique  isolé. 

J'ai  beaucoup  entendu  parler  autrefois 
d'Emile  Lebon,  mais  ne  me  suis  jamais 
rencontré  avec  lui  et  n'ai  point  lu  son 
livre.  Toutefois,  j'ai  recueilli,  en  faveur 
de  la  thèse  filiale,  un  témoignage  direct 
et,  à  mes  yeu.x,  considérable.Jeune  homme, 
j'ai  connu  intimement  un  ancien  archiviste 
de  Toulon,  M.  Henri  Vienne,  mort  à 
Gevrey-Chambertin ,  dans  l'extrême 
vieillesse,  il  y  a  plus  de  quarante  ans. 
Tenant  fort  à  la  précision  en  ces  matières 
de  biographie,  j'aimerais  à  donner  ici  des 
dates  exactes,  mais  je  suis  à  la  campagne 
et  écris  de  mémo  re.  Je  me  bornerai  donc 
à  dire  que  Henri  Vienne  avait  vu  le  prince 
de  Condé  tenir  les  Etats-Généraux  de 
Bourgogne  et  se  souvenait  parfaitement 
du  passage  de  Voltaire  à  Dijon,  en  1778. 
C'était  vraiment  un  répertoire  vivant, 
inépuisable, de  faits  sur  les  hommes  et  les 
choses  de  la  Révolution,  sans  compter  le 
reste  ;  avec  cela  un  esprit  très  vrai,  point 
passionné  et  suffisamment  sceptique  pour 
n'être  jamais  suspect  de  complaisance. 
Oratorien  au  moment  oii  s'ouvrit  la  Révo- 
lution, il  avait  connu  Fouché,  Ysabeau, 
surtout  Joseph  Lebon  dont  il  conservait, 
malgré  tout,  un  souvenir  affectueux. 
Maintes  fois  je  l'ai  entendu  vanter  les 
vertus,  la  douceur,  le  dévouement  chari- 
table de  son  collègue.  Niait-il  les  crimes 
révolutionnaires  du  proconsul  d'Arras.? 
Pas  le  moins  du  monde,  tout  en  affirmant 
qu'on  lui  en  avait  prêté.  Les  justifiait-il .? 
Encore  moins  ;  mais  il  les  expliquait  par 
l'obsession  de  cette  maudite  éducation 
classique  —  en  cela  il  devançait  Taine  — 
qui  depuis  tant  de  générations  nous  a 
bourré  la  tête  de  maximes  sur  les  rigueurs 
nécessaires,  les  sacrifices  sanglants  faits  à 
la  patrie  ;  par  l'ivresse  de  l'homme  jeune 
et  r^rdent,  à  qui  on  met  en  main  un  pou- 
voir aussi  illimité  que  celui  d'un  empereur 
romain  ;  enfin  par  cette  fièvre  révolution- 
naire dont  lui-même,  honnête,  modéré  et 
doux  il  avait  ressenti  les  effets,  sans  aller 
plus  loin,  d'ailleurs^  que  des  paroles  jetées 
dans  les  clubs. 


N*   1054 


L'INTERMEDIAIRE 


511 


512 


La   conclusion   de  Henri   Vienne   était 
celle-ci,et  elle  m'est  toujours  demeurée  pré- 
sente :  «  On  s'imagine  volontiers  que  les 
crimesde  la  Révolution  ont  été  commis  par 
des  scélérats  ;  eh  non,  les  terroristes  étaient 
des  hommes  moyens,   fort  semblables  à 
nous,  et  qui,  je  parle  des  survivants,  sont 
redevenus  après  la  crise  rouge  ce  qu'ils 
avaient  été  avant.  Et  je  dis  cela  non  pour 
les    justifier,    mais    pour   reconnaître    ce 
qu'il  y  a,  même  dans  l'iiomme  ordinaire, 
de  penchant  trop  facile  à  la  cruauté  et  de 
folie  dangereuse.  Mettez  l'un  de  nous  dans 
les  circonstances  où   se  sont  trouvés  les 
conventionnels,  et  qui  sait  ce  que  lui  fera 
faire  la  fièvre  du  danger  et  du  pouvoir  ?  » 
Ces  paroles  du  vieil  Henri  Vienne,  un 
des  hommes  les  plus  sages,  mais  aussi  les 
mieux  avertis  qu'il  m'ait  été  jamais  donné 
de  connaître,  je  les  ai  retenues.  J'y  ajou- 
terai seulement  ceci  :  ces  révolutionnaires 
étaient  de   terribles  convaincus  ;    assurés 
de  posséder  par  le  raisonnement  la  vérité 
absolue,  ils  s'exaspéraient,  à  la  française, 
contre  ceux  qui   résistaient  à  cette  pré- 
tendue évidence,  les  traitaient  naturelle- 
ment de  scélérats  et  les  supprimaient  sans 
remords  comme  on  abat  un  animal  dan- 
gereux. J'ajoute,  pour  exprimer  toute  ma 
pensée,  que  si  cette  foi  dans  une  doctrine 
abstraite  a   fait  les  crimes  de  la  Terreur, 
on  lui    doit  aussi  l'énergie    désespérée  et 
victorieuse  de  la  défense  nationale. 

Henri  Vienne  a  laissé  beaucoup  de  notes 
manuscrites  demeurées  en  la  possession 
de  son  petit-fils,  La  Société  bourguignonne 
de  Géographie  et  d' Histoire  3^  publié  deux 
écrits  d'une  certaine  étendue  :  Souvenirs 
des  trente  premières  années  de  ma  vie, 
dans  lesquels  il  est  amplement  parlé  de 
Joseph  Lebon,  Q.iUn  séjour  à  Paris  en  1820. 
Henri  Vienne  se  trouvait  à  Paris  en 
juillet  1830  et  a  raconté  ce  qu  il  a  vu  des 
trois  journées,  avec  ses  qualités  ordinaires 
d'observateur  avisé  et  sincère,  d'homme 
sans  imagination  ni  rhétorique. 

H.  C.  M. 

Le  conventionnel  M.-J.  Chénier 
accusé  de  fratricide  (L,  387).  — Tout 
au  contraire.  M.-J.  Chénier  obtint  du  Co- 
mité de  Salut  Public  que  le  dossier  de  son 
frère  serait  placé  en  dessous  des  autres, 
c'est-à  dire  retardé. 

Ce  fut  leur  père  à  tous  deux  qui  fit  par 
maladresse  auprès  de  la  Commission  po- 


pulaire instituée  le  2^  ventôse  an  11,  la 
funeste  démarche  de  prairial  qui  rappela 
l'attention  sur  le  prisonnier  oublié  à  Saint- 
Lazare  et  hâta  son  supplice. 

Le  mot  de  Rivarol  appelant  Marie- 
Joseph  «  le  frère  d'Abel  Chénier  »  est 
aussi  injuste  qu'il  est  cruel.  S. 


»  * 


C'est  une  de  ces  infamies,  comme  les 
partis  ne  se  font  pas  faute  d'en  prodi- 
guer. 

Le  vieux  Michaud,  de  la  Qjiotidienne, 
et  de  l'Histoire  des  Croisades,  disait  de 
Marie-Joseph  :  «  Nous  lui  avons  attaché  à 
la  queue  une  poêle  dont  il  ne  se  débar- 
rassera jamais  ,  .  » 

L'auteur  de  Tibère  et  du  Chaut  du  Dé- 
part a  confondu  ses  calomniateurs  dans 
sa  belle  pièce  de  vers,  intilulée  :  La  Ca- 
lomnie. Jules  Troubat. 

Même  réponse  :     Prochon. 


* 


Dans  ma  jeunesse,  j'ai  entendu  racon- 
ter à  M.  Sarrette,  (qui  a  été  le  premier 
directeur  au  Conservatoire)  que  Marie- 
Joseph  Chénier  était  caché  chez  lui  en 
1794,  et  qu'il  fut  témoin  de  son  déses- 
poir lorsqu'il  apprit  la  condamnation  et 
la  mort  de  son  frère.  Et  M.  Sarrette  ajou- 
tait :  «  11  était  assis  devant  mon  piano, 
«  qui  était  inondé  de  ses  larmes,  et  qui 
«  en  a  gardé  bien  longtemps  les  traces  ». 

M.  L.  D.  P. 


*  * 


M.  Michaud  fut  le  premier  qui  écrivit 
queJ.-M.  Chénier  avait  laissé  périr  son 
frère  (Sainte-Beuve,  Causeiies  du  Lundi, 
t,  VII,  page  20),  M.  L.  J.  G.  de  Chénier, 
neveu  d'André  et  de  Marie-Joseph,  dans 
une  brochure  in-S", parue  a  Paris  en  1844, 
La  Vérité  sur  la  famille  de  Chénier,  a 
longuement  réfuté  cette  erreur. 

A  ce  propos,  peut-on  savoir  exacte- 
ment où  fut  exécuté  A.  Chénier  .f' A.  de 
Vigny  dans  Stella,  A.  Houssaye  dans  la 
Galerie  du  XVIII''  siècle,  IIP  série,  le  font 
mourir  place  de  la  Révolution,  actuelle- 
ment place  de  la  Concorde, alors  que  dans 
la  brochure  précitée,  nous  lisons  (page 
57)  qu'il  mourut  «  sur  la  place  publique 
de  la  barrière  de  Vincennes  ».  Monsieur 
le  marquis  de  Rochegude  {Guide  Pratique 
à  travers  le  vieux  Paris)  semble  se  ranger 
à  Cet  avis  en  écrivant  (art.  Place  de  la 
Concorde) : 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobre   ipo/j. 


515 


514 


Après  avoir  été  Place  du  Trône-Renver- 
sée, la  Guillotine  revint  Place  de  la  Révo- 
lution le  9  thermidor  pour  Robespierre  et 
ses  complices. 

Où  est  la  vérité  ?  C.  Roche. 


li  est  des  choses  teilement  monstrueu- 
ses que  l'on  ne  doit  y  croire  que  sur 
bonnes  preuves  à  l'appui  et  en  absolue 
connaissance  de  cause. 

Du  nombre  est  l'accusation  de  fratricide 
portée  contre  Marie-Joseph  Chénier. 

Elle  est  vieille,  cette  accusation,  et  plus 
que  centenaire.  Elle  a  été  cent  fois  réfu- 
tée. Aucun  homme  un  peu  au  courant  de 
la  vie  des  Chénier,  du  caractère  et  des 
sentiments  fraternels  de  Marie  -  Joseph, 
et  de  cette  période  de  l'histoire  révolu- 
tionnaire, n'a  jamais  ajouté  la  moindre 
foi  à  cette  odieuse  et  basse  médisance, 
qui, paraît-il,  a  toujours  quelques  mauvai- 
ses racines,  et  continue  à  courir  le 
monde. 

M.-J.  Chénier  y  avait  déjà  répondu, 
avec  indignation,  lui-mêm.e,  dans  son 
Epttre  sur  la  Calomnie,  qui  est  de  1797  ; 
(Œuvres  de  M.-J.  Chénier,  t.  3,  p.  7  ; 
Paris,  Guillaume, libraire, rue  Kautefeuille, 
14,  1823-1826). 

Aux  funérailles  de  M.-J.  Chénier,  le  1 1 
janvier  181 1,  Arnault,  membre  de  l'Insti- 
tut, pour  la  classe  de  la  Langue  et  de  la 
Littérature  françaises, protesta  à  son  tour  ; 
(t.  1^',  p.  XLIV). 

On  peut  encore  consulter,  sur  ce  sujet, 
les  préfaces  écrites  par  Becq  de  Fouquiè- 
res  pour  les  Poésies  d'André  Chénier^  2* 
éd.  p.  Lxn  et  s.,  —  et  pour  ses  Œuvres  en 
prose,  ^.  xLix  et  s.  (Charpentier,  1872). 
On  lira,  surtout,  avec  fruit  la  biogra- 
phie d'André  Chénier,  par  Becq  de  Fou- 
quières,  en  tête  de  l'Examen  critique  de 
la  nouvelle  édition  de  ses  œuvres,  qu'avait 
donnée  chez  Lemerre,  en  trois  volumes, 
Gabriel  de  Chénier.  (Charpentier,  1875, 
p.  54  et  s.). 

V.,  également,  la  préface  d'Eugène 
Manuel,  dans  l'édition  des  Œuvres  poéti- 
ques d' André  Chénier^  publiée,  en  1884, 
par  Jouaust.  ^Librairie  des  Bibliophiles,  p. 
xxxi)  ;  —  dans  les  Etudes  sur  la  fin  du 
xvm*  siècle,  de  Caro,  (Hachette,  2*  éd., 
î88i)  l'article  sur  André  Chénier,  (t,  2, 
p.  355,  et  s.)  —  Vapereau,  Dict.  des  Lit- 
térateurs (Hachette,  1876)  p.  448, 

L.  DE  Leiris. 


Consulter  Emile  Faguet,  dans  la  collec- 
tion des  Grands  Ecrivains  français,  André 
Chénier,  pages  155  à  156. 

L'Etat  civil,  les  actes  notariés  et 
îe  Conseil  général  de  la  Seine-In- 
îérieure  (L,388).  —  J'ai  vu, il  y  a  moins 
de  quarante  ans,  des  minutes  de  notaire 
dont  la  formule  finale  était  ainsi  conçue  ; 

«  Lecture  faite,  les  parties  ont  signé  ou 
marqué  avec  les  notaires.  » 

Au  lieu  de  : 

«  Lecture  faite,  les  parties  ont  signé  avec 

les  notaires  à  l'exception  de qui,  de  ce 

interpellé, a  déclaré  ne  le  savoir  (art.  13  et 
14  de  la  loi  de  ventôse).  » 

La  croix  était  considérée  comme  une  si- 
gnature. N'existe-t-il  pas  aujourd'hui  de 
nombreuses  signatures  qui  ne  sont  qu'une 
grimace  ou  une  abréviation  même  trop 
abrégée  du  nom  des  signataires.'' 

Aujourd'hui, la  première  formule  a  dis- 
paru, mais  elle  n'a  disparu  qu'avec  peine, 
à  cause  de  l'importance  que  les  parties  qui 
savaient  signer  attachaient  à  la  croix  tra- 
cée sur  l'acte  par  les  parties  qui  ne  savaient 
pas  signer,  et  près  de  laquelle  croix,  le  no- 
taire écrivait  :  «  marque  au  signe  de  M.X  », 
tout  en  constatant  pour  la  validité  que  ce 
M.  X.  ne  savait  pas  signer. 

Et  les  progrès  seuls  de  l'instruction  ont  • 
fini  par  l'emporter  sur  le  préjugé. 

Beaujour. 

Châtelaine  de  Vergy.  Iconogra- 
pîîie  de  la  légende  (L,  274,  399).  — 
je  vois,  par  l'indication  que  M.'  Arthur 
Pougin  a  été  assez  aimable  de  me  don- 
ner, qu'il  semble  confondre  deux  lé- 
gendes qui  n'ont  rien  de  commun  entre 
elles  :  le  roman  du  Châtelain  de  Coucy  et 
celui  de  la  Cljûtelaine  de  Vergy.  L'erreur 
était  d'ailleurs  facile,  étant  accréditée,  et 
c'est  ainsi  que  bien  souvent  la  fiction 
devient  de  l'histoire. 

L'origine  du  malentendu  remonte  au 
xvine  siècle.  Mademoiselle  de  Lussan  (i), 
auteur  des  Anecdotes  de  la  Cour  de  Pbù- 
lippe-Auguste,  rapportant  les  amours  du 
châtelain  de  Coucy  et  de  la  dame  de  Faiel, 
crut  bon  de  donner  le  nom  de  Vergy  à 
son  héroïne  qui  devint  alors  Gabrielle  de 
Vergy,  dame  de  Fayel,  et  qui  n'a  aucun 


(i)  Cf.  Gaston  Raynaud.  Romania  t,  XXÏ. 


N"  1054. 


L'INTERMEDIAIRE 


5^5 


516 


rapport  avec  la  châtelaine  de  Vergy  de 
notre  poème  du  xiii*  siècle.  Cette  méprise, 
comme  je  le  vois  par  les  renseignements 
de  M.  A  Pougin,  fut  plus  tard  partagée 
par  la  Borde  qui,  se  plaçant  sous  l'auto- 
rité de  Froissart,  affirme  l'identité  de  la 
dame  de  Fayel  et  de  la  châtelaine  de 
Vergy  (Méjiioires  historiques  de  Coucy).LQ 
passage  ci-dessous  de  Froissart  mêle,  en 
effet,  tous  ces  noms  dans  une  phrase 
assez  embrouillée  pour  qu'à  première  vue 
on  puisse  ne  faire  qu'une  seule  et  même 
personne  de  ces  deux  héroïnes. 

Qu'en  avint  Tristan  et  Yseus 
Qui  furent  si  vrai  amoureus 
La  Castellainne  de  Vregi 
Et  le  Castellain  de  Couchi 
Qui  oultre  mer  mourut  de  doel  ? 

L'erreur  était  donc  facile  pour  qui  ne 
comprenait  pas  bien  le  texte  :  elle  s'est 
d'ailleurs  propagée  et  étendue  et  n'avons- 
nous  pas  vu  récemment  sur  la  scène  une 
opérette  intitulée  :  Le  Sire  de  l^ergy  ? 

Excusez  la  longueur  de  ces  détails, 
mais  je  tiens  à  préciser  ces  faits  pour 
l'avenir,  afin  d'éviter  tout  nouveau  ma- 
lentendu. 

Les  lecteurs  qui  voudront  bien  m'ai- 
der  à  compléter  l'iconographie  de  la  châ- 
telaine de  Vergy  trouveront  le  poème  pu- 
blié et  accompagné  d'éclaircissements  par 
Gaston  Raynaud,  au  tome  XXI  de  la  Ro- 
mania.  Elle  fut,  en  outre,  souvent  ana- 
lysée et  l'on  pourra  consulter  les  résumés 
qu'en  ont  faits  récemment  M.  Clédat 
{Revue  de  Philologie  française^  t.  VIII)  et 
Ch.  V.  Langlois  (La  Société  française  au 
XIII*  siècle,  Paris,  Hachette  iço^). 

Henri  Massis. 


♦  * 


M.  Arthur  Pougin  confond  probable- 
ment le  Sire  de  Vergy  (musique  de 
Claude  Terrasse)  avec  la  Chastelaine  de 
Vergi  (Bibliothèque  nationale  f.  fr.  375). 

II  n'y  a  aucun  rapport  entre  les  deux  ; 
rien,  mais  rien,  pas  même  un  personnage 
commun. 

Les  Mémoires  historiques  sur  Raoul  de 
Coucy  (d'où  MM.  Robert  de  Fiers  et  A.  de 
Caillavet  ont  tiré  leur  spirituelle  opérette) 
ont  pour  sujet  une  toute  autre  légende, 
celle  du  Châtelain  de  Couci  (Bibliothèque 
nationale,  f.  fr.  15098.)  Leur  auteur, 
J.-B.  de  La  Borde,  copie  Mlle  de  Lussan, 
laquelle,  racontant  cette  histoire,  avait 
imaginé,  on  ne  sait  pourquoi,  d'appeler  la 


dame  de  Faiel  :  Gabrielle  de  Vergi.  Elle 
créait  ainsi  une  confusion  entre  les  deux 
poèmes  ;  et  son  invention  était  d'autant 
plus  hasardeuseque  le  prénom  de  Gabrielle 
est  parfaitement  inconnu  au  xni*  siècle. 

Dans  le  poème  original  de  la  Châte- 
laine de  Vergi ^  il  n'est  question  ni  du  sire 
de  Faiel,  ni  de  sa  femme,  ni  de  Raoul  de 
Couci.  Le  sujet  du  poème  est  tout  à  fait 
distinct  et  comme  il  est  charmant,  comme 
c'est  un  des  plus  jolis  morceaux  que  nous 
ait  légués  le  moyen  âge,  je  ne  crois  pas 
pouvoir  mieux  faire  que  d'indiquer  à 
M.  Pougin  le  tome  XXI  de  Romanià  où 
M  G.  Raynaud  l'a  publié  en  1892  (p.  145), 

Les  trois  petits  portraits  de  1781  se  rap- 
portent donc  à  la  légende  de  Couci,  ex- 
clusivement. Ils  sont,  j'en  conviens,  déli- 
cieux. J'ai,  comme  M.  Pougin,  ce  petit 
maroquin  rouge  dans  ma  bibliothèque,  et 
je  voudrais  bien  qu'il  fût  rare,  mais  j'ai 
peur  qu'il  ne  le  soit  point. 

Candide. 


Famille  de  Chamblanc  (XLIX,  336, 
409.  587,  799  ;  L-  85,  132,  406).  —  Rec- 
tification :  col.  407,  ligne  7  ;  au  lieu  de  : 
vers  la  fin  du  xviii*  siècle,  lire  xvii=  siècle. 

P.  LE  J. 

Chateaubriand  ou  Chateaubriand 

(L,  176,  406).  —  II  est  possible  que, dans 
sa  signature.  Chateaubriand  ait  négligé 
l'accent  en  question.  Les  signatures  ont 
souvent  de  bien  autres  négligences.  Mais 
il  n'en  est  pas  moins  certain  que  cet  ac- 
cent est  de  rigueur  dans  le  nom  de  l'illus- 
tre auteur,  comme  dans  tous  ceux  qui  dé- 
riventde<;a5/nn«,C(35/é//«m, en  conséquence 
de  la  suppression  del's. —  L'orthographe, 
du  reste,  est  restée  longtemps  chasteau. 
C'est  celle  de  du  Pas.  André  du  Chesne.le 
Laboureur,  et  encore  de  Lubineau  au 
commencement  du  xvni*  siècle. 

Quant  à  la  syllabe  finale,  on  écrivait 
originairement  Chasteaubriant,  ou  plutôt 
Chasteaiihrient  (Castellum  Brientii).  On 
s'explique  aisément  que  Y e  ait  disparu  et 
se  soit  mué  en  a  ;  mais  il  est  plus  singu- 
lier que  le  /  soit  devenu  d  pour  le  nom  de 
famille  seulement,  tandis  qu'il  s'est  con- 
servé pour  le  nom  de  la  ville  de  Château- 
briant.  L'usage,  à  ce  double  égard,  est  ce- 
pendant aujourd'hui  absolument  fixé. 

P.  DU  Gué. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobre   1904. 


517 


5.8 


Portraits  à  retrouver  :  Bois- 
Briant  ;  Antoine  de  Lamothe-Ca- 
dillac  ;  Antoine  de  Crozat  ;  de 
l'Epinay  (XLVU  ;  XLIX,  277,  412,  644). 
— Cro:(at  :  Avant  Law,  Crozat  avait  essayé 
de  mettre  en  valeur  la  Louisiane  et  n'y 
avait  pas  réussi. 

Il  était  d'origine  méridionale  et  sa  fa- 
mille paraît  avoir  été  depuis  longtemps 
dans  les  finances.  Le  premier  auteur  de  !a 
fortune  est  probablement  «  un  nommé 
Crozat,  habitant  du  bourg  de  Lançon, 
appartenant  au  marquis  de  Vaillac,  qui, 
dit  une  note  manuscrite  de  la  Bibliothèque 
nationale,  s'accrut  en  biens  par  vexations 
et  excès  ». 

Un  Guillaume  Crozat,  marchand  en  dé- 
tail à  Albi,  avait  épousé,  en  1616,  une 
demoiselle  Boissonnade,  de  Marvejols,  et 
un  Antoine  Crozat,  banquier  à  Toulouse, 
fut  condamné,  en  1654,  pour  usurpation 
de  noblesse,  mais  n'en  devint  pas  moins 
capitoul  en  1673  et  1683.  Crozat  aîné 
ét.iit  le  fils  d'Antoine.  Sorti  des  bureaux 
d'un  intendant  de  province,  il  vint  se  fixer 
à  Paris,  où  il  fit  une  rapide  fortune  par 
les  opérations  si  nombreuses  auxquelles 
donnaient  lieu  les  embarras  du  Trésor,  à 
la  fin  du  règne  de  Louis  XIV. 

Il  devint,  dit  Saint-Simon,  «  le  plus 
riche  des  hommes  de  Paris  >>.  Le  roi  rendit 
hommage  à  son  habileté  financière  et  à  sa 
probité  en  le  chargeant  de  régler  les 
affaires  du  duc  de  Vendôme,  dont  le  dé- 
sordre faisait  scandale.  Le  prince  fut  si 
content  de  son  liquidateur  qu'il  alla  vivre 
chez  lui,  dans  sa  maison  à  Clich" 

C'est  Crozat  aîné  qui  construisit  le  pre- 
mier hôtel  de  la  place  Vendôme  ;  celui 
qui  porte  le  n°  17. 

Un  traité  de  géographie  qui  fut  long- 
temps en  usage  dans  les  écoles  avait  été 
dédié  à  Mlle  Crozat,  par  son  auteur  l'abbé 
Le  François.  11  était  connu  sous  le  nom  de 
Géographie  de  Cro{ai. 

Le  frère  du  précédent,  Crozat  le  cadet 
ou  Crozat  le  pauvre^  comme  on  l'appelait 
par  plaisanterie,  renonça  de  bonne  heure 
aux  affaires.  Il  avait  formé  un  cabinet, 
comprenant  des  tableaux,  des  bronzes, 
des  statues  et  surtout  des  dessins. 

Crozat  cadet  se  fit  édifier  un  hôtel  près 
la  porte  Richelieu.  Pendant  qu'on  le 
construisait,  un  pan  de  mur  s'écroula  et 
quatorze  ouvriers  furent  écrasés.  Crozat 


fit  une  pension  de  mille  livres  à  chacune 
des  veuves. 

Tous  les  dimanches  le  financier  réunis- 
sait à  sa  table  un  certain  nombre  de  grands 
artistes. Ils  organisaient  des  quatuors  où  le 
nonce  du  pape  faisait  sa  partie  sur  l'ar- 
chibuth.  Le  peintre  Charles  de  la  Fosse, 
et  plus  tard  sa  veuve,  le  sculpteur  Le 
Gros,  Wateau,  la  violoniste  Rosalba  Car- 
riera  turent,  pendant  des  années,  logés  et 
nourris  à  l'hôtel  Crozat. 

Crozat  aîné  laissa  deux  fils  :  le  marquis 
du  Châtel  et  le  baron  de  Thiers.  Le  mar- 
quis du  Châtel  eut  deux  filles  qui  furent  la 
duchesse  de  Gontaut  et  la  comtesse  de 
Stainville,  plus  tard  duchesse  de  Choiseul. 

Le  duc  de  Choiseul,  en  mourant,  laissa 
3  millions  de  dettes  que  la  duchesse  paya 
en  réalisant  toute  sa  fortune  ;  elle  se  re- 
tira ensuite  dans  un  couvent  de  la  rue  du 
Bac. 

Le  baron  de  Thiers,  second  fils  de 
Crozat  aîné,  avait  épousé  Marie-Louise-- 
Augustine  de  Montmorency-Laval  et  en 
avait  eu  trois  filles  mariées  au  comte  de 
Béthune,  au  duc  de  Broglie  et  au  marquis 
de  Bellune.  Quant  à  la  comtesse  d'Evreux, 
elle  mourut  sans  enfants.  X.X.X. 

Dailly  fL, 224, 466). —  Après  avoirjoué 
Gorenflot  dans  la  Dame  de  Monsoreau^ 
Dailly  reprit,  au  Gymnase,  le  rôle  de 
Morisson  dansTv^os  hons  villageois  (19  sep- 
tembre 1894),  puis  celui  de  Sancho  dans 
Don  Oiiichotte  (Châtelet,  9  février  1895)  ; 
il  rentra  au  Gymnase  pour  y  créer  Ra- 
buté,  dans  Disparu  (19  mars  1896)  et 
Bourras,  dans  .4zt  bonheur  des  dames  (4 
juin). 

Le  rôle  d'Oscar,  dans  Le  Pompier  de  ser- 
vice^ç-si  bien  le  dernier  qu'il  joua  ,  il  dut, 
après  un  mois,  l'abandonner  pour  subir 
l'opération  de  la  hernie  ombilicale  étran- 
glée, à  la  suite  de  laquelle  se  déclara  une 
embolie  au  cerveau,  qui  l'emporta  en 
quelques  heures  (28  mars  1897).  11  mou- 
rut dans  sa  petite  propriété  de  Courbevoie 
et  fut  inhumé  le  30  mars,  dans  le  cime- 
tière d'Asnières. 

L.-Henry  Lecomte. 

Gatayes  (Antoine  et  Léon)  (L, 
224,  409).  —  «  César  Birotteau  »  ne  se 
trompe  pas  en  faisant  de  Léon  Gatayes 
l'ami  de  Victor  Hugo.  M.  Arthur  Pou- 
gin  en  sera  convaincu  s'il  veut  bien  relire 


N°  «054. 


L'INTERMEDIAIRE 


519  - 


520 


cette   lettre    si  coniuie,    qu'un  lapsus  de 
mémoire  lui  a  fait  omettre. 

Votre  prénom  ressemble  à  Lion  et  votre 
nom  sonne  comme  iJataille.Vous  serez  donc 
à  votre  place,  mon  cher  et  bon  camanide^ 
dans  la  mêlée 'de  demain. 

V.  H. 


«  La  mêlée  de   demain 
nani. 


ce    fut  Her- 

Candide. 


Famille  Gonet  du  Four  (L,  389). 
—  François  Gonet,  bourgeois  de  Saint- 
Julien  sur  Reyssouze,  en  Bresse,  fit  enre- 
gistrer ses  armes  à  VAnnoiial  général  de 
1696  :  d'azur,  à  vn  cœur  d'or,  soutenu 
d'un  croissant  d'argent.  P.  le  J. 

Famille  de  Gottrean  de  Fensier 
(L,  589).  —  Cette  famille  doit  être  suisse. 

Un  de  Gottrau,  premier  lieutenant  aux 
Gardes  Suisses.^  fut  tué  à  la  défense  des 
Tuileries,  le  10  août  1792.  A  la  même 
époque,  un  Gottrau  de  Pensier  était  sous- 
lieutenant  de  grenadiers  au  même  régi- 
ment, et  un  de  Gottrau  était  capitaine 
aide-major  au  régiment  suisse  de  Castella. 

S.  Churchill. 

Baron  de  Griinstein  (L,  165,  410, 
467).  —  Colonne  468,  lignes  5  et  6  lire  au 
lieu  de  Hussards  de  Salon  —  Hussards  de 
Solm  et  Hussards  de  Baschy  au  lieu  de 
Hussards  de  Buschy. 


Le   baron   Herald  de 


Pages 


et 

«  le  Pcîtit  Journal»  (L,  390).  —je 
me  permettrai  de  faire  remarquer  que  le 
10  février  1903  (XVll,  163)  j'ai  pris  la 
liberté  de  solliciter  du  grand  collabora- 
teur N — R  un  renseignem.ent  sur  la  part 
effective  du  baron  de  Pagesdans  là  création 
du  Petit  Journal  et  que  tna  prière  n'a  pas 
été  exaucée,  je  fais  des  vœux  pour  que  la 
voix  du  bon  confrère  Nobody  soit  enten- 
due de  N — R  et  que  ce  dernier  consente  à 
nous  renseigner  sur  «  cet  épisode  ignoré 
de  l'histoire  de  la  presse  parisienne.  » 

Alex. 

Comtesse  Mac  Namara  (1,357).  — 
Réponse  très  à  côté  :  Une  dame  Mac  Na- 
mara  était,  ces  dernières  années,  et  est 
peut  être  encore,  supérieure  du  couvent 
de  l'Assomption,  à  Auteuil.  Femme  de 
haute  distinction  et  de  grande  intelli- 
gence. H.  B.  D. 


Martin  dit  Baudmière  et  Plou- 

zin  (L,  337).  —  Martin  Baudinière  est 
mort  à  un  âge  fort  avancé,  à  Saint-Pierre- 
Maulimart  (Maine-et-Loire),  je  crois  que 
ses  descendants, qui  se  font  appeler  Martin 
de  Baudinière  ou  delà  Baudinière, habitent 
la  Loire-Inférieure.  —  Quant  à  Plouzin,  il 
doit  exister  encore  une  famille  de  ce  nom 
aux  environs  de  Belligné  (et  non  Belligrie) 
ou  de  Varades.  H.  B.  D. 


32 


Les  moustaches  de  Molière  (L. 

9,  451).  —  Sur  la  question  de  savoir  si 
Molière  portait  la  moustache,  les  Débats 
ont  reçu  la  réponse  suivante  : 

Parlant  de  la  «  moustache  naturelle  dont 
«  Molière  forçait  l'effet  en  la  noircissant  et 
«  en  la  faisant  reto  r.ber  sur  le  coin  des  lèvres», 
M.  Henri  Lavoix,  dans  son  étude  sur  les  Por- 
traits de  Molière,  ajoutait  :  «  Il  la  portait 
toujours  ;  elle  était  légèrement  marquée.  » 
Cette  assertion  répond  à  la  question  que  le 
Journal  des  Débats  mettait  dernièrement 
sous  les  yeux  de  ses  lecteurs,  mais  il  serait 
difficile  de  l'appuyer  sur  des  preuves. 

Si  l'on  examine  les  frontispices  qui  ornent 
cinq  tles  éditions  originales  de  Molière,  la 
seconde  édition  du  Tartuffe  et  l'édition 
collective  de  1666,  on  voit  que  Mascarille 
des  Précieuses  ridicules,  les  Sganarelles  du 
Cocu  imaginaire^  de  VEcole  des  maris,  de 
VAinotir  médecin  et  du  Médecin  malgré  lui; 
Arnolphe  de  VEcole  des  femmes  ;  Alceste  du 
Misanthrope  et  Orgon  du  Tartuffe  étaient 
joués  avec  la  moustache  relevée  chez  les  uns, 
tombante  chez  les  autres.  La  rarissime  gra- 
vure de  Simonin  :  le  Vray  Portrait  de 
M.  de  Molière  en  habit  de  Sçranarelle,  et 
le  Molière  du  tableau  des  Farceurs  français 
et  italiens,  confirment  ces  renseignements 
pour  Sganarclle  et  VEcole  des  femmes.  En- 
fin, le  texte  même  de  Molière  dépeint  Sga- 
narelle  :  «  Un  homme  qui  a  une  large  barbe 
noire  et  qui  porte  une  fraise  »,  et  montre 
Orgon  avec  sa  «  large  barbe  blanche  au  mi- 
lieu du  visage  ». 

A  ces  documents,  représentant  Molière 
jouant  certains  rôles  avec  la  moustache,  il 
convient  d'ajouter  le  portrait  de  Molière  dans 
César  ue  la  Mort  de  Pompée,  qui  est  attri- 
bué à  Mignard,  et  cette  gravure  de  1670, 
dans  laquelle  L.  Weyen  met  en  scène,  sous 
le  nom  d'Elomire,  Molière  étudiant  et  em- 
pruntant l'habit  et  la  moustache  de  son  maître 
Scaïamouche. 

Le  problème  semblerait  donc  résolu  si  le 
charmant  petit  portrait  cval«  conservé  à  la 
Comédie-Française,  si  le  beau  portrait  de 
Cliantilly,  et  si  la  gravure  de  Nolin,  faite  en 
16S5,  d'après  Mignard,  ne  nous  montrait  un 
Molière  à  la  lèvre  rasée.  Remarquons  en  ou- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Octobre   1904, 


521 


522 


tre  qu'il  n'y  a  aucun  argument  à  tirer  de 
l'admirable  Molière  de  Houdon.  Ce  «  Molière 
de  la  postérité  »,  selon  l'heureuse  expression 
de  M.  Emile  Perin,  a  été  exécuté  en  1778. 

Que  conclure  ?  il  est  possible  que  Molière, 
dans  sa  jeunesse  et  peut-être  jusqu'à  sa 
grande  maladie  de  1667,  ait  porté  la  mous- 
l  .;he  à  la  royale  ;  mais  elle  était  rasée  quand 
tut  peint  le  portrait  du  musée  Condé,  et  cela 
explique  que  Pourceaugnac  n'ait  qu'un  peu 
de  barbe.  Un  Moliériste. 

Prononciation  du  nom  de  Moii- 
t-:i;7n&(L,  166  249,297,  341,470). — Le 
D'  Armaingaud  se  plaignait  dernièrement 
dans  VIittennédmiu\de  ce  que  nous  ne  pos- 
sédions aucun  renseignement  direct  sur  la 
prononciation  du  nom  de  Montaigne,  de 
ce  que  nous  ne  sachions  pas  comment 
dans  le  Périgord  et  autour  du  château  oh  il 
est  né  et  oii  il  a  passé  une  partie  de  sa  vie^ 
on  prononçait  le  nom  de  l'auteur  djs 
Essais. 

Cette  lacune  vient  d'être  comblée  par 
M.  Joseph  Neyrac,  curé  de  Saint-Michcl- 
Montaigne,  dans  un  ouvrage  avant  pour 
titre  :  «  Montaigne  »>  et  pour  sous-titre  : 
Le  château., Montaigne  intime^  Pierre  Ma- 
gne, la  Paroisse.  C'est  un  volume  in- 12  de 
xi-338  pages  (la  pagination  est  inscrite 
au  bas  des  pages)  imprimé  chez  J.  Casta- 
net,  à  Bergerac,  en  1904.  Le  i'='' exem- 
plaire a  été  vendu  le  16  septembre  der- 
nier. 

L'Avant-Propos  est  entièrement  consa- 
cré à  la  prononciation  du  mot  Montaigne 
et  la  conclusion  de  l'auteur  est  que  l'on 
doit  prononcer  Montagne  et  non  Montè- 
gne.  Brondineuf. 

Denis-Nicolas  du  Paget  (XLVIU  ; 
XLIX,  82).  —  Ayant  sous  presse  un  tra- 
vail où  j'ai  l'occasion  de  m'occuper  lon- 
guement de  cette  famille,  travail  qui  pa- 
raîtra prochainement  dans  un  volume  de 
Mélanges,  je  répondrai  sommairement  ici 
à  la  question  de  notre  honoré  confrère 
M.  Le  Lieur  d'Avost, concernant  les  ascen- 
dants et  les  armoiries  de  Denis-Nicolas  du 
Puget. 

Denis-Nicolas  était  fils  de  Pierre,  ingé- 
nieur du  roi,  puis  grand  bailli  de  Troyes 
en  1739,  seigneur  de  la  Marche-les-Saint- 
Cloud,  de  la  Planche  et  autres  lieux,  et  de 
Aimée-Jeanne-Charlotte  Morin  du  Mesnil. 
Denis-Nicolas,  né  à  Troyes  le  i''  mai 
1733,  avait  été  enseigne,   puis  lieutenant 


de  la  compagnie  de  Molandé  au  régiment 
de  Belsunce  le  27  octobre  1750,  et  capi- 
taine au  même  régiment  le  20  juin  1758; 
enfin  capitaine  au  régiment  de  Flandre  et 
chevalier  de  Saint-Louis  le  8  mai  1763  ; 
il  était  alors  qualifié  /' chevalier  du  Puget». 
Il  avait  deux  frères  et  une  sœur,  dont  il 
était  l'ainé. 

Leur  grand-père, Pierre-Alexandre, avait 
épouse  Anne-Denise  LeFebvre  des  Cheva- 
liers. 

Leur  bisaïeul  qui  portait  les  mêmes 
prénoms,  avait  fait  une  mésalliance,  et 
s'était  marié,  malgré  les  siens,  avec  une 
demoiselle  Anne  Godefroy. 

Leur  trisaïeul,  qui  s'appelait  également 
Pierre,  était  seigneur  de  Montauron  des 
Caries  et  Caussidière,  de  la  Chevrette  et 
de  la  Marche-les-Saint-Cloud,  conseiller 
du  Roi  et  Premier  Président  au  Bureau 
des  finances  de  Montauban.  Sa  femme  se 
nommait  Diane  Michel. 

C'est  ce  «  Monsieur  de  Montauron  », 
devenu  un  gros  financier,  qui  fut  si  à  la 
mode  que  Corneille  lui  fit  l'honneur, 
—  moyennant  une  énorme  gratification  — • 
de  lui  dédier  sa  tragédie  de  Cinna.  j'ai 
conté  ses  aventures  dans  le  dernier  volume 
des  Mémoires  de  la  Société  de  V Histoire 
de  Paris  et  de  Vile  de  France,  à  propos  du 
curieux  tombeau  de  son  fils,  qui  est  con- 
servé à  Senlis. 

Ce  Pierre  du  Puget  de  Montauron  avait 
pour  père  Gabriel  du  Puget,  seigneur  de 
Montauron,  commissaire  de  l'artillerie 
royale  en  1595,  l'un  des  cent  gentils- 
hommes ordinaires  de  la  maison  du  roi 
en  1610,  enfin  écuyer  d'écurie  du  roi  en 
1613,  et  de  Anne  d'Ariat  ou  d'Arial,d'ori- 
oine  béarnaise. 

Un  des  frères  de  Gabriel,  Etienne  du 
Puget,  seigneur  de  Pommeuse,  de  Chery 
et  de  Tillemont,  marié  à  Louise  Prévôt, 
d'abord  trésorier  général  de  l'artillerie  en 
1^92,  devint  conseiller  d'Etat  et  trésorier 
de  l'Espagne.  Plusieurs  de  ses  dix-neuf 
enfants  firent  une  belle  fortune,  mais  il 
rn'est  impossible  de  m'étendre  sur  ce  sujet 
dans  cette  courte  note  destinée  seulement 
à  répondre  à  la  question  posée  par  notre 
confrère. 

Ces  Puget  de  Montauron  affirmaient 
être  de  la  même  famille  que  les  Puget  de 
Toulouse,  et  ceux  ci,  à  leur  tour,  préten- 
daient appartenir  au  même  estoc  que  les 
Balbs   ou   Puget-Théniers    de   Provence. 


N'  1054, 


L'INTERMÉDIAIRE 


523 


524 


Mais  ces  deux  prétentions  étaient  égale- 
ment mal  fondées,  et  on  ne  pouvait  en 
fournir  aucune  preuve.  Les  Puget  de  Tou- 
louse appartenaient  en  réalité  à  une  an- 
cienne famille  de  Capitouls  qui  avait  fait 
son  chemin  dans  le  Parlement.  Je  sais  bien 
que  l'un  d'entre  eux,  Pierre  de  Pujet,  ba- 
ron de  Saint-Alban,  reconnut  les  Mon- 
tauron-Pommeuse  comme  ses  parents, 
mais  c'était  pour  obtenir  Tappui  d'une 
fille  de  cette  famille,  de  la  branche  Puget 
de  la  Serre,  qui  avait  épousé  un  prince  de 
Nassau-Sieghen.  Et  défait,  cette  complai- 
sance lui  réussit,  puisque,  avec  l'aide  de 
cette  «  cousine  »  du  roi, le  baron  de  Saint- 
Alban  eut  la  joie  de  voir  ses  prétentions 
reconnues  par  des  lettres  patentes  du  30 
avril  1687,  à  la  grande  indignation  de 
l'abbé  Robert,  de  Briançon,  l'auteur  du 
Nobiliaire  de  Provence. 

Ce  savant  généalogiste  soutenait,  en 
effet,  qu'il  y  avait  en  Provence  trois  an- 
ciennes familles  de  Puget  ou  du  Puget, 
toutes  différentes  les  unes  des  autres  ;  Les 
Balbs  ou  Puget-Théniers,  (^'or,  au  bélier 
de  sable)  ;  les  Puget  de  Roquebrune  {d'or, 
a  la  montagne  de  giieuiei,  surmcniêe  dune 
fleur  de  lis  au  pied  nourri  de  même)  ;  les 
Puget  de  Barbentane  (  d'argent^  à  la  vache 
de  gueules,  surmontée,  entre  les  deux  cor- 
nes, d'une  étoile  dor).  Et  il  ajoutait  que 
ces  trois  familles  étaient  complètement 
étrangères  aux  Montauron-Pommeuse  et 
à  leurs  homonymes  toulousain?. 

Le  baron  de  Saint-Alban  affectait  au 
contraire,  de  faire  une  véritable  «  salade  » 
de  tous  ces  Puget,  suivi  en  cela  par  ses 
prétendus  cousins  Montauron.  Nous  en 
avons  la  preuve  dans  les  armoiries  qu'ils 
prirent  successivement  et  que  nous  don- 
nons ici  pour  répondre  à  la  seconde  partie 
de  la  question  de  notre  confrère. 

Les  Pommeuse  -  Montauron  prirent 
d'abord,  en  effet,  l'écu  à  la  vache dts  Pu- 
get de  Barbentane, comme  nous  le  voyons 
par  le  petit  monument  funéraire  dont 
nous  parlons  plus  haut  et  qui  a  été  l'occa- 
sion de  nos  recherches.  Puis,  dans  leur 
production  de  17 15  devant  l'Intendant  de 
Picardie  et  d'Artois,  ils  se  firent  attribuer 
les  armes^  suivantes  :  de  gueules,  à  une 
étoile  à  16  rais  dor,  surmontée  d'un  lamhel 
d'argent,  écartelé  d'or,  à  un  bélier  de  sable, 
accole'  d'argent  (Balhs  ou  Puget-Théniers). 
C'est  cet  écusson  que  leur  donne  La  Ches- 
aj'C  des  Bois  dans  son  Dictionnaire. 


Les  Puget  auxquels  appartenait  Denis- 
Nicolas,  eurent  du  reste  quelques  belles 
alliances  et  firent  brillamment  leur  che- 
min dans  le  monde,  je  crois  que  Denis- 
Nicolas  du  Puget  n'eut  que  des  filles,  et 
je  n"ai  pas  trouvé  trace  du  mariage  de 
ses  deux  frères. 

Vicomte  de  Caix  de  St-Aymour. 

De  Torche  bitterrois  (L,  391).  — 
L'abbé  de  Torche  est  né,  vers  1(335,  à 
Béziers  où  son  père  remplissait  la  charge 
de  lieutenant  au  Sénéchal  et  fit  ses  études 
au  collège  de  cette  ville  sous  les  Jésuites. 
Ce  renseignement  est  donné  par  Weiss 
dans  la  Biographie  Universelle  de  Michaud. 

Voire  collaborateur  Axel  y  trouvera 
plus  amples  détails  sur  l'aventure  relatée 
par  le  menu  dans  le  catalogue  Claudin. 

Le  bibliophile  Mercier  de  Saint-Léger  a 
consacré  un  article  fort  curieux  à  l'abbé 
de  Torche, dans  le  Magasin  encyclopédique 
de  Alillin,  3^  année,  VI,  183-98,  auquel, 
pour  plus  de  détails,  se  réfère  l'auteur  de 
l'article  inséré  dans  la  Biographie  Univer- 
selle. La  Biographie  générale  de  Hœfer  a 
omis  le  nom  de  de  Torche.      J.  Verax. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'ar- 
gent à  cinq  losanges  de  gueules 


(L,    392). 


Arlatan,     marquis   de    la 


Roche,  en   Provence,   porte  :    dargent,  à 
cinq  losanges  de  gueules,  rangées  en  croix. 

P.  leJ. 


* 
*  » 


On  trouve dar\s\e  Dictionnaire  historique 
de  Ludovic  Lalanne  : 

Arlatan,  maison  arlésienne  d'où  sont  sortis 
les  seigneurs  de  Chàteauneuf-!es-Martigues,  de 
Beaunard  et  de  Beaumont.  Les  armes  sont  : 
d'argent, à  cinq  losanges  en  croix  de  gueules. 
(Vov.  VEtat  de  la  Provence,  par  Robert,  et 
l'Histoire  de  la  noblesse  de  Provence,  par 
Artefeuil). 

A.  S..  E. 


Armoiries  à  déterminer  :  à  une 
aigle  au  vol  abaissé  (L,  338).  — •  Au 
lieu  d'une  aigle  au  vol  abaissé,  ne  pour- 
rait-on pas  voir  un  épervier  ?  Ces  armes 
seraient  alors  celles  de  Louis-Gaston  Fleu- 
riau,  évéque  d'Aire  en  1698,  puis  d'Or- 
léans en   1706. 

La  famille  Fleuriau  porte  :  da^ur,  à  «« 
épervier  d'argent,  membre,  longé  et  grillcte 
du  même,  perché  sur  un  bâton  de  gueules  ; 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre  «904. 


525 


526 


au  chef  d'or ^  chargé  de  trois  glands,  feuilles 
et  tiges  de  sinople.  P.  le  J. 

Plaque  de  cheminée  à  identifier  : 
croix  chargée  de   cinq   coquilles 

(XLVII  ;  L,  198,  365.  475).  — Je  remercie 
sincèrement  M.  le  Lieur  d'Avost  de  sa 
communication  ;  mais  c'est  antérieure- 
ment au  XVIII''  siècle  qu'il  faut  faire  re- 
monter les  reclierclies.  La  plaque  de  che- 
minée est  de  l'époque  Louis  XIV  et  ne 
doit  pas  dépasser  la  fin  du  xvii=  siècle. 

Palliot  le  Jeune. 

Les  chats  de  Kilkenny  (L,  385). 
—  Ceux  d'entre  nous  qui  ont  eu  jadis  une 
gouvernante  anglaise  se  rappelleront  les 
«  Kilkenny  Cats  ». 

Il  y  avait  une  fois  deux  chats  qui 
étaient  tombés  dans  une  fosse,  {a  sazv-pit, 
une  de  ces  tranchées  droites  qui  servent 
aux  scieurs  de  long).  Ils  se  précipitèrent 
l'un  sur  l'autre.  Leur  combat  fut  terri- 
fiant. Lorsqu'on  accourut  pour  les  sépa- 
rer, les  deux  chats  s'étaient  dévorés  iim- 
tuellement  :  il  ne  restait  que  leurs  queues 
sur  le  champ  de  bataille. 

Telle  est  la  célèbre  facétie  à  laquelle 
Mérimée  faisait  allusion. 

On  n'en  connaît  pas  l'origine  ;  mais, 
hélas  !  on  en  connaît  les  suites.  Au 
xviii"  siècle,  la  mode  se  répandit  en  An- 
gleterre de  jouer  aux  Kilkenny  Cats, 
c'est-à-dire  d'attacher  deux  matous  en- 
semble par  leurs  queues  réunies  et  d'as- 
sister aux  combats  sanglants  des  dcuX 
malheureuses  bêtes.  Hogarth  protesta 
publiquement  contre  la  cruauté  de  ce 
jeu  :  l'estampe  des  chats  de  Kilkenny  est 
cataloguée  sous  le  n°    1 1 1  dans  le  Manuel 


de  Le  Blanc. 


P.  L. 


Les  calembours  dans  les  dénomi- 
nations (L,  339,  481).  —  On  trouverait 
certainement  de  multiples  exemples  de  ces 
sortes  de  calembours,  dans  les  actes  du 
xvi»  siècle.  En  1539,  parut,  en  effet,  un 
édit  par  lequel  il  était  ordonné  que  les 
actes  passés  en  France,  devraient  l'être 
en  français.  Prenant  cet  édit  au  pied  de 
la  lettre,  on  traduisait  jusqu'aux  noms 
étrangers  quand  ils  étaient    traduisibles. 

Pierre  de  Larivey,  poète  comique  de 
cette  époque,  était  d'origine  italienne  (les 
Giunti,  imprimeurs  célèbres  à  Venise, 
étaient  ses  parents)  et   s'appelait  de  son 


vrai  nom  Giunto  qui,  en  italien,   signifie 
l'arrivé. 

Ces  noms  traduits  étaient  d'un  usage 
courant  à  cette  époque  et,  comme  nous 
venons  de  le  dire,   souvent  obligatoires. 

C.  Roche. 


La  Couverture  imprimée  des  li- 
vres brochés  (T.  G.  247  ;  XXXV  ; 
XXXVII  ;  XXXIX  ;  XLVII  ;  L,  478)  —  Le 
plus  ancien  ouvrage  avec  couverture  im- 
primée et  illustrée  que  je  connaisse,  est 
daté  de  181 1. En  voici  l'indication: 

Fables  de  La  Fontaine,  avec  de  nouvelles 
gravures  exécutées  en  relief.  A  Paris, 
chez  Ant.  Aug.  Renouard.  MDCCCXI  : 
2  vol.  in-i2,  impr.  de  P.  Didot,  l'aîné. 

La  couverture  de  chaque  volume  est 
en  papier  vert  clair.  Le  plat  recto  porte 
en  tête  Fables  de  La  Fontaine,  et  au  bas 
de  la  page  :  Tome  premier  (ou  Tome  se- 
cond) ;  le  milieu  est  occupé  par  une 
grande  gravure.  Le  plat  verso  a  une 
grande  gravure  différente.  Le  dos  de 
chaque  volume  est  couvert  de  petites  vi- 
gnettes et  d'une  étiquette  imprimée  sur 
papier  blanc, 

L'Avertissement  de  l'éditeur  placé  en 
tête  du  tome  !«%  dit  que  les  gravures  ont 
été  exécutées  en  relief,  par  les  soins  et 
avec  les  nouveaux  procédés  de  M.  Du- 
plat,  graveur  en  bois  fort  estimé  ;  et  que 
l'ouvrage  imprimé  sur  très  beau  papier 
est  orné  de  266  gravures. 

Voulant  savoir  ce  qu'était  cette  gra- 
vure en  relief,  je  consultai  le  rapport  de 
Mérimée,  secrétaire  de  l'Ecole  des  beaux- 
arts,  inséré  dans  le  Moniteur  du  7  no- 
vembre 1810.  J'y  trouvai  les  passages 
suivants  : 

Après  cinq  années  d'attente,  vos  espérances 
sur  le  peifectionnement  de  la  gravure  sur 
bois,  sont  remplies...  M.  Duplat  est  le  pre- 
mier qui  se  soit  présenté...  en  outre  des 
preuves  qu'il  donne  de  son  talent  pour  décou- 
per le  bois. . .  » 

M'étant  ensuite  reporté  à  l'ouvrage  de 
M.  G.  Vicaire  {Manuel  de  l'amateur  de 
livres  du  xix'  siècle)  où  il  est  dit  :  Fi- 
gncttes  sur  bois  dans  le  texte^  je  croyais 
être  fixé.  Mais  voulant  avoir  une  preuve 
surabondante,  je  consultai  le  catalogue 
de  la  bibliothèque  d'un  amateur,  Paris, 
18 19:  par  Renouard,  l'éditeur  du  La 
Fontaine  en  question,     et  j'y   lus  ceci  : 


N"    1054 


L'INTERMEDIAiRH 


527 

Cette  sorte  Je  (rravure  a   l'eau-forte  sur 

PIERRE... 

Mes  recherches  s'arrêtèrent  là.  Mais 
alors  que  penser  du  rapport  de  Mérimée, 
où  il  n"est  pas  question  une  seule  fois 
d'eau-forte  ni  de  pierre  ?        J.  Brivois. 

Catalogues  pour  vente  de  vieux 
livres  (XLIX;  L,  91,  201,  310,426).  — 
Gomme  le  dit  le  <\  Vieux  Libraire  »,  c'est 
en  Angleterre  que  l'on  trouve  les  plus 
anciens  exemples  de  catalogues  de  vieux 
livres  vendus  à  prix  marqués. 

Dans  une  biographie  de  Jacques  Lac- 
kington,  bouquiniste  de  Fuisbury-Square, 
racontée  par  l'intéressé  lui-même  et  pu- 
bliée par  le  Magasin  Pittoresque^  il  est  dit 
qu'avec  un  fonds  de  vieux  volumes  pou- 
vant valoir  5  livres  sterling,  Lackington 
ouvrit  une  échoppe,  le  24  juin  1774.  à 
Featherstone-Street,  et  que,  quelques  an- 
nées après,  ses  affaires  étaient  devenues  si 
prospères  qu'il  pouvait  publier  un  premier 
catalogue  contenant,  à  ce  qu'il  assure, 
12.000  vieux  livres,  et  un  second,  en 
1784,  qui  en  contenait  30.000.  En  1792, 
les  bénéfices  de  son  commerce  s'élevaient 
à  125.000  fr.  par  an,  et  pour  les  augmen- 
ter, il  imagina  de  mettre  en  circulation 
un  demi-penny  portant  son  effigie,  son 
adresse  et  cette  inscription  ■><  Libraire  au 
meilleur  marché  qui  soit  au  monde  ». 

En  résumé,  Lackington  s'attribue  l'idée 
du  premier  catalogue  de  vieux  bouquins. 

Quant  au  premier  catalogue  de  livres 
anglais  imprimés,  il  est  dû,  d'après  L.  La- 
lanne  (V.  Curiosités  Bibliographiques)  à 
Maunsell  qui  le  publia  en  1595. 

Eugène  Grécourt. 

Mémoires  d'une  contemporaine 
(T. G. ,234  ;  L,  305).— J'ai  rencontréà  Ro- 
yan,chez  un  bouquiniste, une  pièce  fort  ra- 
re, sans  doute  :  le  Portrait  de  la  contempo- 
raine,\dâ  Saint-Elme.de  son  vrai  nom  Elzé- 
lina  Van  Aif  de  Fonghe  :  elle  était  fla- 
mande. 

C'est  une  lithographie  de  38  sur  30, 
signé  Déterix,  imprimée  chez  Léonorin. 

Ce  portrait  représente  une  femme  fri- 
sant la  soixantaine,  aux  grands  traits, 
ayant  les  traces  d'une  grande  beauté,  les 
yeux  très  beaux,  aux  regards  pensifs,  le 
nez  est  long  ;  la  bouche  fermée,  le  men- 
ton fort  et  arrondi. La  figure  est  accom- 
pagnée dé  deux  gros  rouleaux  de  cheveux 


528    - 


sur  les  tempes,  la  tête  est  couverte  d'un 
turban  retenu  sous  la  gorge. 

Au  bas  est  un  fjc-siinfle  de  l'écriture 
d'Ida 

Comme  nous  passons  et  comme  je  suis  passée 
La  Contemporaine 

183^  P.  V. 

Editeurs  ignorés  (L,  11,255).  —  Ta- 
dot\  Fn'semuche  et  Patata,  par  Habeneck, 
parut  en  1872  à  la  Librairie  Internatio- 
nale (Lacroix),  en  un  volume  in-12. 

Le  Palefrenier^  d'Henri  Rochefort,  fut 
publié  en  1880,  par  la  librairie  Charpen- 
tier en  un  volume  du  même  format. 

Comme  dans  un  miroir  n'a  jamais  paru 
en  librairie. 

L. -Henry  Lecomte. 

Outillage   gallo-romain  (L,  219; 

422).  —  11  suffit  d'ouvrir  le  livre  de 
l'abbé  F.  Baudry  {Les  pinis  funéraires  du 
Bernard,  Vendée,  1873)  pour  trouver  une 
longue  énumération  d'outils  de  puisa- 
tiers gallo-romains  trouvés  dans  les  puits 
découverts  en  ce  point  et  qui  se  trouvent 
pour  la  plupart  au  musée  de  la  Roche- 
sur-Yon.  On  trouvera  là  la  mention  de 
se.iux  en  bois,  de  pics^  de  pioches,  de 
boues^  etc,  etc.,  qui  sont  indiscutables,  et 
d'ailleurs  figurés  dans  l'ouvrage  en  ques- 
tioil. 

En  1903,  nous  avons  trouvé  nous- 
même,dans  Tun  de  ces  puits  (n°  XXXll  de 
la  nécropole),  un  grand  seau  de  bois  et 
de  fer  à  douelles  très  reconnaissables. 

Marcel  Baudouin. 

Les    documents    phalliques    (L, 

172,  309,  423).  —  A  Nimes,  dans  l'en- 
ceinte qui  entoure  la  Maison  Carrée,  on 
voyait  et  on  voit  peut-être  encore  un  do- 
cument bizarre,  une  corbeille  de  pêches, 
grandeur  nature,  pour  les  fruits  présen- 
tant leur  face  inférieure  En  approchant, 
on  voyait  que  ce  n'étaient  pas  des  pêches. 

A  côté  se  trouvait  un  autre  monument, 
celui-là  proprement  phallique.  Je  ne  sais 
si  c'est  un  de  ceux  qu'a  décrits  Gautier. 
On  voyait  une  femme  sur  un  char  condui- 
sant trois  phallus  de  front,  le  premier 
tout  fringant,  le  second  calme,  le  troi- 
sième abattu,  n'avançant  que  sous  le 
fouet . 

Au  temps  où  ne  sévissait  pas  encore  la 
carte  postale,  mais  où  cependant  on  ven- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobre 


1904, 


529 


550 


dait  aux  touristes  des  feuilles  de  papier  à 
lettre  avec  en-tête  lithographiées  repré- 
sentant les  curiosités  locales, on  avait  réuni 
sur  le  tiers  supérieur  d*une  page  les  di- 
vers monuments  phalliques  de  Nîmes, 
dont  ceux  que  je  viens  de  décrire,  avec 
une  inscription  latine  un  peu  truquée, 
pleine  de  joyeux  sous-entendus  ;  j'ai  ces 
feuillets  à  Paris,  mais  je  suis  en  ce  mo- 
ment à  la  campagne.  O.  S. 
* 

*  * 

Eh  !  oui,  sans  doute,  le  sujet  est  sca- 
breux ;  l'est-il  cependant  davantage  que 
la  question  relative  au  geste  de  Catherine 
Sforza  et  à  tant  d'autres  acceptés  par 
V Intermédiaire  ?  Il  faudrait  pourtant  bien 
s'y  reconnaître  à  travers  toutes  ces  repré- 
sentations diverses  et  arriver  à  faire  la 
part  de  ce  qui  est  du.^  domaine  religieux, 
de  la  vie  civile,  des  passions,  de  la  fan- 
taisie artistique  ou  individuelle.  Bacon 
disait  déjà,  au  xvi^  siècle,  que  par  la  com- 
paraison seule  on  peut  juger. 

Et  puis,  saurions-nous  nous  montrer 
plus  exigeants  que  nos  grands-parents  .? 

L Histoire  des  antiquités  de  la  ville  de 
Nismesei  de  ses  environs  ^ar  Ménard, n'est, 
après  tout,  a^u'xin  guide.  11  est  dit  sur  la 
couverture  qu'on  le  trouvait  chez  les  con- 
cierges des  monuments.  J'ai  sbus  les  yeux 
la  réédition  de  Perrot  (1832)  où  je  ne 
retrouve  pas  moins  de  trois  figurations 
phalliques. 

Elles  intéresseraient  notre  honorable 
correspondant,  car  deux  d'entre  elles  se 
rapportent  à  des  bas-reliefs  signalés  par 
H.  Gautier  dès  1724,  qui  sans  doute  sub- 
sistent encore.  Pour  ce  qui  est  du  y  aussi 
mentionné  par  cet  architecte, il  est  simple- 
ment décrit  par  Ménard.  Ce  singulier  mo- 
nument offre  trois  phallus  surmontés  de 
trois  oiseaux,  circonstance  peu  commune, 
car  nous  n'avons  rencontré  rien  de  pareil 
à  Naples,  ni  ailleurs. 

Ces  oiseaux  sont-ils  des  sirènes'^  C'est 
possible  ;  la  sirène  est  une  enchanteresse, 
et.  jusque  sur  les  sarcophages  des  cata- 
combes,on  en  fait  un  oiseau  à  tète  humaine  ; 
de  là  à  l'oiseau  parfait,  la  distance  n'est 
pas  bien  grande,  surtout  en  matière  de 
sculpture.  Ainsi,  ce  bas-relief  aux  trois 
oiseaux  ou  sirènes  confinerait  d'assez  près 
à  cette  autre  figure  relevée  encore  par 
Gautier  et  Ménard,  portant  une  écuyère 
menant  à  grandes  guides  une  triade  phal- 
lique et  par  là  nous  toucherions  presque  à 


nos  têtes  de  femmes  cantonnées  dé  phal- 
lus de  Nantes  et  de  Niort  ?  Ajoutons  que 
trois  des  bas-reliefs  de  Nîmes  ont  aussi 
des  pattes  et  des  ailes. 

Un  4"  groupe  reproduit  par  Ménard 
décorait  un  cippe  funéraire,  ce  qui  per- 
met, à  mon  avis  de  lui  décerner  une 
attribution  religieuse,  il  est  aile  et  a  deux 
têtes. 

Malheureusement,  les  autres  ne  sont 
pas  aussi  faciles  à  grouper. 

Nous  en  demandons  simplement  le 
moyen  et,  pour  y  arriver, il  faut  beaucoup 
voir  et  savoir. 

Et  nous  revenons  à  notre  point  de  dé- 
part, le  contingent  de  Nîmes,  d'ailleurs 
fort  intéressant  à  cause  de  la  diversité 
des  types,  ne  donne  point  celui  de  Nantes 
et  de  Niort,  le  retrouve-t-on  ailleurs  que 
dans  l'ouest  de  la  France  ?  Léda. 


ï.es   femmes 
posé   nues   (L, 


célèbres    qui  ont 

117,  318,  436).  — 
Laura  de  Dianti,  msîtresse  du  duc  Al- 
phonse d'Esté,  époux  de  Lucrèce  Borgia. 
Laura  de  Dianti  est  représentée  nue  et  te- 
nant une  ileur.  C'est  la  Flore  du  musée 
de  Florence.  Th.  Courtaux. 


(T.  G.,  308; 
à  XLIV  ;  XLIX  ; 
—  A  Saint-Nico- 


Sgiises  fortinées 
XXXVIll;  XXXIX;  XLl 
L,  152.  265,  369,  421). 
las-de-Brem  (Vendée)  vieille  église,  du 
ix=  siècle,  fortifiée  jadis  (fenêtres  en  meur- 
trières, etc.).  M.  B. 


* 


Le  journal  V Ecole  de  dessin  a  publié  une 
bonne  lithographie  de  Victor  Petit,  repré- 
sentant la  curieuse  église  fortifiée  de  Pier~ 
refitte  (Hautes-Pyrénées).       A.  S V. 

ïnliumations  hors  des  cimetières 
(XLVIU;  XLIX;  L,  191,  316,  437)- — 
Dans  le  parc  du  château  de  l'Etang,  situé 
aux  pieds  de  la  colline  de  Sancerre,sur  les 
bords  de  la  Loire,  se  trouve  une  chapelle 
où  reposent  les  corps  du  baron  Hyde  de 
Neuville,  de  sa  nièce  la  vicomtesse  de 
Bardonnet,  du  mari  de  cette  dernière  le 
vicomte  de  Bardonnet. 

Le  château  est  aujourd'hui  la  propriété 
du  vicomte  Henri  de  Bardonnet,  fils  des 
précités.  P.  de  M. 

A  côté  de  Saint-Révérend,  en  Vendée 
maritime,  tout  passant  peut  voir,  à  l'angle 


No   1054. 


L'INTERMEDIAIRE 


531 


532 


ouest  du  croisement  de  chemins  de  Saint- 
Révérend  à  l'Aiguillon  et  de  Coex  à  Saint - 
Gilles-sur-Vie,  le  magnifique  tombeau  de 
Goupilleau,  vendéen  célèbre,  situé  dans 
un  petit  bois.  M.  Baudouin. 

Ouvrages  sérieux  mis  en  vers 
(T.  G.,  665  ;  XXXU  à  XL;  XLll  ;  XLIVà 
XLIX,  129,  429,  534,770;  L,  100,  142, 
212,  321,  430,  487).  (suife) 

3°  Les  axiomes  du  Droit  français^  par  le 
sieur  Catherinot,  Bourges,  14  août  1683, 
in-40  ; 

Le  Livre  des  Institutions  translaté  du  la- 
tin en  rimes  françoises,  in-fol.  sans  nom 
de  lieu,  ni  d'imprimerie  et  sans  date  ; 

Le  Code  civil  en  vers  par  iVl.  Amédée 
Pons-Euzières, avocat,  Aix,  Mackaire  1882, 
in- 12  ; 

Némésis  burlesque,  14'' cahier,  par  Jean 
Guêtre  ex-Saint-Cyrien,  Perpignan,  1882, 
in-8°  ; 

Le  Formulaire  drolatique  du  Notariat, 
illustré  dans  le  texte  de  gravures  à  l'eau- 
forte.  par  E.  Clerc-Joyeux,  Paris,  Jouaust- 
Chardon,  éditeur. 

Le  Code  civil  des  Français  parj. -H. Fla- 
con Rochelle,  avocat  au  Conseil  du  Roiti 
à  la  Cour   de   cassation.    Leclerc,    Paris, 
1805,  2^  de  l'Empire': 
Art.  276  : 

Pour  divoicer  valablement 
Les  époux  ne  feront  usage 
Du  mutuel  consentement 
Qu'après  deux  ans  de  mariage. 

« 
*  ♦ 

4.  Le  «  Catalogue  de  l'Histoire  de 
France  »  ne  relève  pas  moins  de  65  cotes 
T.  I  :  L40,  1-30  ;  LU  ,  1-12.  T.  X  :  L^o, 
22  35  ;  L  1^7-18,  etc.,  etc. 

Tableau  de  l'Histoire  Universelle  en  vers 
par  le  comte  de  Dion,  in-8,   Paris,  1826  ; 

Histoire  de  France  en  vers  in-8''.  Impr. 
Reboux-Leroy,  Lille,  1836. 
^  «  finit  au  règne  de  Louis  XVIU.  Napo- 
léon n'est  pas  nommé,  ni  disigné  une 
seule  fois  »  (Beuchot).  Le  Constitutionnel 
a-t-il  connu  cette  particularité  ? 

Chronique  métrique  de  Philippe-le-Bel, 
par  Godefroy  de  Paris  :  8277  vers  ; 

Géographie  universelle  par  le  P.  Buflfier, 
10^  édition. Paris,  1727,  in-12  ; 

Le  Jeu  de  Géographie  ou  Nouvelle  mé- 
thode pour  apprendre  d'une  manière  facile 
et  agréable  les  éléments  de   cette  science 


par  Pierre  Violier,   ministre   du   S,  Evan- 
gile... Genève,  Jean  Tournes,  1706,  in-12; 

* 
»  * 

5°  Carmen  de  Algorismo^  Traité  d'arith- 
métique en  vers  latins  par  Alexandre  de 
Villadieu,  xiii®  s. 

Extrahe  radicem  semper  sub  parte  sinistrà 

Traité  de  Vorigine,  de  l'excellence  et  effets 
des  mathématiques  par  Guillaume  Forget, 
avocat  au  siège  présidial  d'Evreux,  Paris, 
1608,  pet.  in-8  , 

Hygini  Poeticon  astronomicon  libri,  Fer- 
rarite  1725,  in-4°. 

L Ai.trojîomie  par  Jean  Sinuda  in  Bul- 
letin de  la  Société  Astronomique  de  France^ 
juin  ,1902. 

Inventions  nouvelles  des  esperviers  et  glo- 
hcs  de  guerre^  par  le  sieur  Ezanville,  Paris 
1610,  in-12  ; 

Le  Périésfèse  —  les  Poids  et  Mesures  — 
poésies  de  Priscien  traduites  pour  la  pre- 
mière fois  en  français  par  E-T.  Corpet, 
in-8'',  Paris,  1845  ; 

L'Univers,  moins  les  planètes,  cosmo- 
graphie en  vers,  par  Aristide  Leroux  (Cf. 
Revue  Anecdotique  1860,  11*  semestre, 
page  37). 

De  Accuratà  circuit  dimensione  et  quadra- 
turà  c:nn  silvulà  epigrammatmn...  antbore 
Joanne   Sturmio  Mechliniano  medicinœ  doc- 
tore  etc.,  Lovanii^  typis  Francisci  Simonis, 
1633,  in-40  in  ff  non  cotés.  72  pages  ; 

L'Ellipse^  narration  en  vers  et  contre 
tous,  par  A-H.  Fournier,  capitaine  de  fré- 
gate, in-4°,  2  pages  avec  figures.  Toulon, 
1882  ; 

*  * 
6"  Doctrinale,  Grammaire  en  vers  hexa- 
mètres   léonins    préimprimée   de    1472  à 
1521)  par  Alexandre  de  Villedieu. 

Vers  homonymes  suivis   des  homogra- 
phes, par  Fraville,  Paris  1804,  in-12  ; 
Autour,  oiseau  de  proie  est  funeste  aux  dindons 
Autour  de  nous,  bon  Dieu,  que  Je  vois  de  fri- 

[pons  ! 

Déjà  .? 

Entretiens  sur  les  dix  parties  du  dis- 
cours, suivis  de  notions  sur  la  Logique, 
la  Rhétorique  et  la  Philosophie,  ouvrage 
écrit  en  vers  et  dédié  à  ses  élèves  par  D. 
Chartier,  ancien  instituteur. 

Synonvma  et  Alquivoqua,  traité  gram- 
matical de  Jean  de  (.3arlande   (xui*  siècle). 

Grammaticœ  methodus  rhitmica,  Mogun- 
tiœ,  IVl  CCCC  LX  VI  in-ff. 

Nouvelle  Grammaire  française^  en  vers 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Octobre   1904. 


533 


534 


libres...    par   H.-.    Montet  de    Laroche, 
in-i2,Genève  et  Paris,  1855. 

Abrégé  de  la  grammaire  latine  et  de  la 
grammaire  française   de  Lancelot    enrichi 
de  vers  techniques  dont  Sacy  —   le  pfo- 
meneiir  —  réclame  la  paternité  ; 
*  * 

7.  L'Art  de  peindre,  poème  avec  des 
réflexions  sur  les  différentes  parties  de  la 
peinture,  par  Watelet,  petit  in-S",  Paris, 
1760  ; 

L'Art  musical  par  P.  A.  Michel,  accor- 
deur de  pianos,  Paris,  1854,  in-8°  ; 

La  Xiphonomie,  ou  l'Art  de  l'Escrime, 
par  P. -F. -M.  Lhomandie, amateur  et  élève 
de  Texier  de  Labussière,  in-8°,  Ângou- 
lème,  1820  ; 

La  Potichomanie  ou  l'art  d'imiter  les 
porcelaines  de  Chine,  de  Sèvres,  de  Saxe, 
in-8,  Paris  1854,  par  A... 


* 


8°  Le  Parfaict  macquereau  suivant  la 
cour...  —  Anonyme  s.  1.  —  Paris,  1622, 
in-80  ; 

Huchaldii  Elnonensis  monachi^  De  lande 
Calvomm  (ix^  siècle).  Paris,  Corpet.1853, 
in-i2. 

La  Question  juive  par  Henry  Causel, 
Dijon.  1893.  in-i8,  jésus. 

La  Procédure  faite  contre  les  filles  de 
joye  à  la  requeste  des  bourgeois  de  Paris 
et  le  jugement  sur  ce  intervenu  —  Ano- 
nyme s.  1.  —  1619,  in  8°. 

Dysergie  Lugdunoprotechique,  ou  Déca- 
dence du  premier  des  Arts  de  Lyon, 
poème  latin  sur  la  typographie,  par  JHa- 
zoyer,  bachelier,  correcteur  de  typogra- 
phie, Lyon,  1848,  in-8  ; 

Le  Jeu  des  écliecz  translaté  de  Vida  par 
L.  Desmazures,  Lyon,  1557,  in  4°. 

Traité  sur  le  Whist  smor  de  40  précep- 
tes sur  ce  jeu,  in-8°,  Ruffec,  1855. 

L'Art  de  ponter,  par  Alygè,  Paris,  1854, 
m-8°. 

Les  40  Préceptes  du  jeu  de  Whist  en 
distiques  rimes  —  français  et  anglais,  par 
le  général  Pernety  et  C  (J.  Brunton)  Pa- 
ris, 1856,  in-i6. 

Je  passe  la  main... 

Jacques  Saintix. 

Sur  les  mots  sadisme  et  sadique 
(L,  393).  -Non,  non,  certainement  non, 
sadisme  ne  vient  pas  des  adjectifs  sadc  et 
sadinet. 


Jamais  l'un  ni  l'autre  n'ont  eu  de 
signification  erotique.  Villon  écrit  «  ce 
sadinet  »  à  propos  de  la  nature  de  la 
femme  :  ce  n'est  qu'une  épithète  et  non 
un  synonyme.  De  même,  La  Fontaine 
écrit  «  ce  pelé,  ce  galeux  »  en  parlant  de 
l'àne,  et  cela  ne  signifie  pas  qu'on  puisse 
traduire  asinns  par  «  galeux  »,  ni...  teter- 
vima  helli  causa  par  «  sadinet  »  (i). 

-K  Sade  »  est  un  des  mots  les  plus  char- 
mants de  l'ancien  français  (Etym  :  sapi- 
dns^  sapide,  sade).  Il  avait  perdu  peu  à 
peu  le  sens  originel  de  savoureux  pour 
absorber  celui  d'agréable,  par  une  évolu- 
tion analogue  à  celle  qui  s'est  achevée  en 
espagnol  autour  des  mots  gusto,  guslar  et 
des  locutions  adjacentes.  On  ne  le  rencon- 
tre guère  après  1550.  Rabelais  est  le  der- 
nier à  l'employer  sans  affectation.  Ron- 
siird  ne  le  connaît  plus,  ni  Brantôme.  Ba'if 
et  Régnier,  qui  aimaient  tous  deux  les 
archaïsmes,  essayèrent  de  l'exhumer  et 
furent  imités  par  quelques  disciples  ; 
l'Académie  se  crut  obligée  de  l'inscrire  en 
i694,bien  qu'il  fût  tout  à  fait  hors  d'usage, 
mais,  quelques  années  plus  tard,  elle  le 
supprima.  Aujourd'hui,  il  n'en  reste  plus 
qu'une  trace  :  la  seconde  syllabe  de  maus- 
sade. 

Qiiant  à  sadisme,  il  est  hors  de  doute 
que  ce  terme  désigne  exclusivement  la 
maladie  du  marquis  de  Sade,  et  rien  au 
monde  n'est  moins  sade  que  Sade. 

Qui  fut  le  créateur  du  mot  ?  Je  ne  sais. 
Sainte-Beuve  l'employait  déjà  en  i8b2 
(Nouveaux  Lundis,  t.  IV,  p.  71),  mais 
Sainte-Beuve  n'a  rien  inventé.  Il  faut 
chercher  au  dessus  de  lui.        Candide. 


♦  * 


L'analogie  entre  les  mots  sade  pris  au 
sens  agréable,  et  sadisme  qui  a  une  signifi- 
cation tout  autre,  ne  doit  pas,  selon  moi, 
faire  illusion.  L'étymologie  du  second 
terme  est  assurément  dans  le  nom  même 
du  célèbre  maniaque.  Le  sadisme  c'est,  en 

(1)  A  propos  de  Villon, l'auteurde  la  ques- 
tion parle  de  la  Grosse  Margot  «  femme 
apparemment  de  ce  genre  spécial  que  fré- 
quentait le  poëte  ».  On  est  aujourd'hui  cer- 
tain que  «  la  Grosse  Margot  »  n'a  jamais 
existé  en  chair  et  en  os  :  c'était  une  ensei- 
o-ne  peinte  qui  se  balançait  dans  la  rue 
Saint-Jacques.  La  ballade  de  Villon  est  une 
pure  plaisanterie  comme  pourrait  l'être  une 
ode  de  Ponchon  à  «  la  Petite  Jeannette  », 
ou  à  la  «  Belle  Jardinière  ». 


N"  1054. 


L'INTERMEDIAIRE 


■555     ~ 


536   - 


effet,  la  recherche  du  plaisir  dans  la  souf- 
france infligée. 

Il  y  a  eu  de  tout  temps  des  sadiques,  à 
Rome  et  au  xvi*  siècle,  surtout,  on  dit 
qu'ils  sont  nombreux  en  Angleterre, 
Brantôme,  dans  ses  Dames  galantes, donne 
plusieurs  exemples  de  la  forme  la  plus 
ordinaire  du  sadisme.  Mais,  à  mon  avis, 
on  ne  peut  disputer  au  trop  célèbre  théo- 
ricien et  pratiquant  du  plaisir  cherché  dans 
la  cruauté  d'avoir,  et  justement,  donné 
son  nom  à  la  forme  la  plus  odieuse  de  la 
passion  sexuelle  dégétiérée  en  folie. 

H.  C.  M. 

*  * 

Pas  d'erreur  possible,  ils  tirent  leur  ori- 
gine du  délicieux  marquis  ;  ils  signifient  la 
perversion  sexuelle  qui  a  besoin  de  la 
souffrance  d'autrui  pour  arriver  au  pa- 
roxysme de  jouissance.  Rentrent  dans  la 
catégorie  sadique,  les  criminels  tels  que 
Vacher  ou, dans  un  ordre  moins  sanglant, 
l'esthète  qui  faisait  des  seins  de  ses  vic- 
times des  pelotes  d'épingles. 

Quant  au  saâe  de  notre  vieille  langue, 
voici  des  documents. 

En  1881,  mon  excellent  ami  Gérome 
Coquard,  de  l'Académie  du  Gourguillon, 
écrivait  à  son  collègue  Nizier  du  Puits- 
pelu  (Cour/' te?'  de  Lyon)  : 

<<  11  y  a  encore  saiù,  sur  lequel  nous  ne 
nous  entendons  pas  tout  à  fait.  Vous  le 
traduisez  par  sain,  salubre,  bon  ai;  goût. 
je  ne  sais  si  je  ne  préfère  pas  l'ancien 
§ens  :  gentil,  coquet,  mignon.  Chez  Vil- 
lon, il  est  même  le  radical  d'un  substan- 
tif, iarZ/we/,  dont  la  terminaison  ajoute  à 
la  mignardise  du  mot.  Dans  la  ballade 
où  le  pendard  chante  les  beautés  de  la 
Belle  Heaulmière,  on  le  trouve. ce  mot  ;  il 
rime  avec  jardinet.  Vous  pensez  de  quoi 
il  s'agit.  Le  traduire  là  par  bon  au  goût 
me  semblerait  plutôt  a\enturé. 

On  lit  aussi  dans  Pantagntel  : 

En  rimes  mille  virades 

Des  plus  gentes  et  des  plus  sades. 

Ça  ne  peut  guère  signifier  sain^  salu- 
bre , . .  » 

Puitspelu,  dans  son  Dictionnaire  étymo- 
logique du  Patois  Lyonnais  (1887-1890) 
dit  : 

SADO,  savoureux,  de  bon  goût. Les  mé- 
decins disent,    sapide  ;  de  sapidum,  par  la 
chute  à\x  p. 

Enfin,  dans  le  Litiré  de  la  Grand  Cote, 
du  même  Puitspelu,  on  trouve  : 


SADE.  Savoureux,  de  bon  goût,  avec 
idée  de  salubrité,  de  chose  saine. 

Un  vieux  texte  du  moyen  âge  dil  que  le 
vin  doit  être  sck.sayn  et  sadc .  Par  extension, 
se  dit  des  objets  qui  ne  sont  ni  pour  boire  ni 
pour  manger. 

Reignier  parle  des  femmes  : 
Qiii  gcntcs  en  habits  et  sades  en  façons 
Parniy  leur  point  coupé  tendent  leurs  hame- 

[çons, 
et  sadisme  ; 

Il  résulte  à  l'évidence  des  documents 
ci-dessus  : 

Qii'il  n'y  a  rien  de  commun  entre  sade 
et  sadisme  ; 

Et  que  Coquard  (Gérome)  n'a  pas  con- 
vaincu son  collègue  du  Puitspelu  (Nizier), 
comme  il  sied,  d'ailleurs,  en  matière 
d'étymologic,  et  entre  membres  de  So- 
ciétés savantes. 

L'un  d'eux  :  A.  S. 

L'origine  des  mots  «  ciiic  »  et 
<s  micmac»(L,5i3,434,482). —  je  con- 
nais deux  étymologies:  celle  de  M.Paul  Bas- 
tier  rapportée  par  le  duc  Job  et  celle  des 
Matinées  Senonoises  que  voici  : 

Mic-mac,  intrigue  secrète  pour  quelque 
mauvaise  vue.  On  ne  connaît  rien  à  tout  ce 
mic-mac.  Huet  dit  que,  dans  le  Pérou  on 
donne  ce  nom  aux  colonies  qui  passent  d'une 
pro-vince  dans  une  autre.  Ce  mot  a  passé  en 
Espagne  et  de  là,  chez  nous. 

On  trouve  mie  inac^  intrigue,  dans  Cot- 
grave,  et  dans  les  Curiosités  françaises 
d'Oudin:  il  y  a  du  mic-mac,c.  à.d.il  y  a  de 
la  malice,  de  la  confusion.  Et  Oudin 
ajoute  :    expression    vulgaire 

Il  savoit  qu'en  iustice  on  doit  fuir  tout  mic- 
mac .   (Hauteroche  :  Amant  qui  trompe). 

Serait-ce  point  la  dame  Croupillac 
Qlii  sourdement  fait  ce  maudit  mic-mac. 

(Voltaire) 
Gustave  Fustier. 

Jeu  de  massacre  :  son  origine  (L, 
340).  —  Mais  je  m'en  tiens  très  volontiers 
à  l'étymologie  donnée  par  le  nom  même 
du  jeu.  N'est-ce  pas,  en  effet,  un  véritable 
massacre  que  fait  des  poupées,  offertes  en 
file,  la  mitraille  des  boules  lancées  d'une 
main  plus  ou  moins  vigoureuse  et  adroite  î 

H.  C.  M. 

S'empierger  (L,282, 434,480).  —  On 
disait  en  vieux  français  empeiger,  de  pix., 
poix. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX                      lo  Octobre  T904. 
,„ 538  : 


«Vous  me  semblez  à  une  souris  empeigée; 
tant  plus  elle  s'efforce  soy  depestrerde  \apoix, 
tant  plus  elle  s'en  embiene.  »  (Rabelais  : 
Pantagruel). 

Rapprochez  du  parler  Vendômois  :  em- 
picasscr,  ayant  le  même  sens  et  la  même 
étymologie.  V.  Martellière  :  Glossaire  du 
Vcndômois,  1893.  —  Dans  la  Côte-d'Or, 
le  peuple  donne  le  nom  d'einpige  ^ux  liens, 
aux  entraves  qu'on  m.et  aux  jambes  de 
certains  anmiaux.  V.  Cunisset-Carnot  : 
Vocables  dijonnais.^  1889. 

Rapprochez  aussi  du  patois  du  Tarn  : 
empeqa,  poisser,  engluer.  V.  Gary  :  Dic- 
tionnaire du  patois  du  Tarn^   1845 

Nous  avons  enfin  le  verbe  s  empier geon- 
ner,  créé,  je  crois,  par  Richepin  : 

Margot,  dans  sa  cotte  et  ses  bas 
S'empiergeonna  là-bas,  là-bas. 
(Richepin) 

Gustave  Fustier. 

Le  verbe  poigner  (L,  281).  —  La 
Curne  de  Sainte-Palaye,  tome  8,  p.  355, 
donne  le  mot  poigner  comme  synonyme 
de  combattre  et  il  renvoie  au  glossaire 
du  P.  Martini,  tome  V.  P.  V. 

Cimer,  simer  (L,  393).  —  Les  modi- 
fications phonétiques  du  langage  étudiées 
dans  le  patois  d'une  famille  de  Cellefrouiii 
(  Charente) ^te\  est  le  titre  d'une  thèse  pré- 
sentée à  la  Facultédes  Lettres  de  Paris, le  28 
mai  1892,  par  M.  l'abbé  Rousselot.  je  ne 
possède  pas  cette  thèse,  qui  a  été  éditée  à 
Paris,chez  Welter  ;  mais  j'ai  sous  les  yeux 
le  compte-rendu  que  M.  Antoine  Thomas 
a  fait  de  ce  travail  (Essais  de  Philologie 
française.,  Paris,  Bouillon,  1898,  p.  140  et 
suiv.) 

Voici  ce  que  dit  M.  Thomas  : 
L'ctyniologie  de  stima,  suinter  [suminare, 
de  sumen,  lait  de  truie)  se    trouve   appuyée 
par  la  forme  berrichonne  suner,ê\.ve  en  sè- 
ve, comparée  à  scner,  semer.  Je  rapproche- 
rais plutôt   suvta  de  l'ancien  provençal  se- 
mar    m^arseillais  actuel  suma,  diminuer  par 
évaporation  (Mistral),  dont  l'étymologie  est 
toute  différente.  Il  faut  remarquer    que    le 
catalan  du  Roussillon,  d'après  Mistral,  em- 
ploie 5^ffîa  exactement  au  sens  du  berrichon 
sîiner,  ce  qui  semble  indiquer  que    ce  der- 
nier est  pour  sumer. 

P. ce.  Gustave  Fustier. 

♦  * 
En  Basse-Bourgogne.on  dit  simer  d'une 


qui  laisse  suinter    un  liquide, 
gras,  etc.  A. 


un 
S.. 


corps 
..  Y. 


La  Pudeur  et  la  Mort  (L,  386).  — 
Réponse  à  la  question  :  «  A-t-on  constaté 
le  même  phénomène  psychologique  à 
d'autres  époques,  dans  des  circonstances 
analogues  ^  » 

Oui,   dans   les   Mémoires   de   Beugnot, 
qui    raconte    des    rapprochements    sem- 
blables, à   travers  les  barreaux 
paraient  les  sexes  à  la 
dantla  Terreur. 


Conciergerie  nen- 


qui    sé- 
rie r 
I.  T. 


Jeu  de  Têta-Bêcîie  (T.  G.,  875  ;  L, 
^ç)8).  —  Ce  drapeau  qui  se  voit  à  Dijon, 
au  Musée  archéologique,  est  une  curiosité 
plutôt    scatologique   et   sans  la    moindre 
valeur  d'art.  ]e  ne  sais  en  quelles  mains 
il   passa  quand  fut  dispersée  la  collection 
Du  Tilliot,  mais   au    dernier    siècle  on  le 
retrouve  dans  le  cabinet  d'un  collection- 
neur. Félix  Baudot,  dont  le   père,  Louis- 
Bénigne,  avait  formé,  pendant  la  Révo- 
lution,  une  précieuse  collection  d'objets 
du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance,  par- 
tagée, après  sa  mort  survenue  avant  1848, 
entre  ses  deux  fils  Henri  et  Félix.  La  part 
de  celui-ci  fut  vendue  à   Dijon,  en   1852 
ou  1853  —  étant  à  la  campagne,  j'écris 
de  mémoire  et  suis  peu  assuré  des  dates 

mais  Félix   reconstitua  une  nouvelle 

collection  dispersée  aux  enchères  après 
son  décès,  à  Beaune,  en  1883.  C'est  alors 
que  la  Commission  départementale  des 
Antiquités  de  la  Côte-d'Or  acheta  le  dra- 
peau dont  il  s'agit. 

J'ignore  s'il  provient  de  la  collection 
primitive  de  Louis-Bénigne,  auquel  cas  il 
aurait  été  réservé  lors  de  la  première 
vente  de  Félix  Baudot,  ou  d'une  acqui- 
sition personnelle  de  celui-ci.     H.C.  M. 

îîîscriptions  des  cadrans  solaires 

(T.  G.  158  ;XLVlà  XLVIU  ;  L,  314, 
4yc))^  _  Je  me  rappelle  avoir  lu,  il  y  a 
une  douzaine  d'années,  autour  de  l'horlo- 
ge d'une  villa  des  environs  de  Marly,  un 
distique  latin,  qu'on  pourrait,  autant  qu'il 
m'en  souvient,  traduire  ainsi  : 

«  La  première  m'a  vu  pleurant  parmi 
des  gens  qui  riaient.  Puisse  la  dernière  me 
voir  riant  parmi  des  gens  qui  pleurent.  » 

Cette  devise  accompagnerait  tout  aussi 


tn  Kasse-tJourgogne.uuuiu  =..ii.v,^.x«..v-  ^ 

feuillette  ou  detout  autre  objet,   récipient  l  bien  un  cadi an  solaire. 


N.  1054. 


L'INTERMÉDIAIRE 


539 


540 


Transformant  cette  réponse  en  question, 
je  demanderai  si  quelque  intermcdiairiste 
ne  nous  donnerait  pas  le  distique  lui-mê- 
me et  le  nom  de  son  auteur  ?  X. 

Proverbes  et  dictons  météorolo- 
giques... méridionaux  (T.  G.,  734  ; 
XLIlàXLIV  ;  L,  15?). 

I.  —  Mar,  t.Tiito  es  niva  e  tanto  es  clar. 
Mars  est  tantôt  nuageux,  et  tantôt  clair; 

II.  —  En  abiioii,  t'alaoujeirigués  pa  d'un 
flou  ; 

En  avril,  ne  t'allège  pas  d'un   fil. 

III.  —  En  maï,  faï  ce  que  té  plaï,  é  encara 
noun  saï". 

En  mai,  fais  ce  qui  te  plaît,  et,  encore,  je  ne 
sais. 

L.  DE  Leiris. 


* 


Quand  per  joun  compté    l'on  maïssouno, 
L'on  dïou  paga  de  sa  persouno. 

Quand  pour  son  compte  l'on  moissonn^ 
On  doit  payer  de  sa  personne. 

Que  maïssouno  é  sémèno  al  cop, 
A  l'Espital  courr'  a!  galop. 

Qui  moissonne  et  sème  en  même  temps, 
A  l'hôpital  court  au  galop. 

Qiian  lou  jâs   sério  de  toun  gous 
Duermiès  pas  al  soulel  daugous. 

Quand  même  la  couche  serait  à  ton  goût, 
Ne  dors  pas  sous  le  soleil  d'août. 

De  Sén-Laurens  à  Nostro-Damo 
Lo  pléjo  n'affligeo  pas  l'amo  ; 

DeSaint-Ldurent(le  io)hNotre-Dame(le  15) 
La  pluie  n'attriste  pas  l'âme  ; 

Mes  Se  plaou  lou  jour  de  San  Bertoumiou 
Se  tu  t'en  moqès,  noun  faï  pasïéou 

Mais  s'il  pleut  le  jour  de  Saint-Barthélémy, 
Si  tu  t'en  moques,  certes  je  n'en  fais  rien. 

En  maï  poussïéro,  en  agous  fanjos. 
Fan  paourès  granios  et  granjos. 

En  mai  poussière,  en  août  fanges 
Tout  pauvres  greniers  et  granges. 

Quan  si  faï  tard  cigale  entendre 
Crompès  pas  blat  per  lou  rébendre 

Quand  la  cigale  se  fait  tardivement  entendre 
N'achète  pas  du  blé  pour  le  revendre. 

P.  c.  c.     AuG.  Paradan. 


Concession  royale    à  Marly-le- 

Roi  (XLVI,  671).  —  Les  recherches 
n'ayant  pas  réussi  aux  trois  sources  d'in- 
formations citées  dans  l'énoncé,  je  de- 
manderai, à  mon  tour,  de  vouloir  bien 
vérifier  si  le  renseignement  désiré  ne  se 


26 


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»7 


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30 


31 


trouverait  pas  dans  les  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  de  Versailles,  par  exemple 
aux  n"'  609  (notes  de  l'abbé  Caron)et  802 
(notes  diverses  relatives  à  la  machine  de 
Marly)  sans  préjudice  de  toutes  les  autres 
pièces  qui  peuvent  s'y  rapporter. 

L'idée  se  présente  tout  naturellement  de 
s'adresser  aux  Archives  départementales  ; 
mais  a-t-on  pensé  à  la  Bibliothèque  de 
Versailles?  Vieujeu. 

Tanneries  de  peau  humaine  (T. 
G.,  869  ;  XLII  ,).  —  Reliures  en 
peau  humaiae  (T.  G.,  761).  —  La 
peau  de   Carapi  ea  reliure  (T.  G., 

164),  —  \J Intermédiaire  s'est  occupé  lon- 
guement de  ces  questions  qui  peuvent 
être  réunies  en  une  seule,  mais  il  n'a  pas 
été  répondu  à  celle  relative  à  la  peau  de 
Campi. 

Je  crois  intéressant  de  compléter  les 
renseignements  donnés  ici  en  reprodui- 
sant les  révélations  faites  à  ce  sujet  par 
Rossignol,  ancien  inspecteur  principal  du 
service  de  sûreté,  dans  ses  mémoires  pu- 
bliés en  1900  chez  Ollendorflf. 

A  la  suite  d'une  exécution,  je  faillis  passer 
en  coriectionnelle,  comme  inculpé  de  viola- 
tion de  sépulture. 

Le  31  août  1887,  Pranzini  fut  exécuté.  Je 
n'assistai  pas  à  l'exécution,  mais  le  lende- 
main j'allai  voir  Godinet, garçon  d'amphithéâ- 
tre à  l'Ecole  pratique.  Le  corps  de  Pranzini  s'y 
trouvait  encore,  l'autopsie  avait  été  faite. 

De  retour  au    bureau,  je  dis    à  M.  Goron  : 

—  Je  viens  de  voir  le   corps  de  Pranzini. 
Lui,  collectionneur,  me  répond  : 

■ — Je  n'ai  rien  de  lui.  Je  voudrais  avoir 
quelque  chose,  ne  serait-ce  qu'un  bouton  de 
son  pantalon. 

Le  lendemain  matin,  je  retourne  voir  Godi- 
net. Par  terre,  au  milieu  de  la  cour,  se  trou- 
vaientles restes  de  Pranzini, en  morceaux, parmi 
d'autres  débris. 

Ces  débris  de  plusieurs  individus  sont  habi- 
tuellement mis  dans  un  cercueil  qui,  une  foi 
plein,  est  envoyé  au  cimetière. 

Je  dis  à  Godinet  : 

—  M.  Goron  voudrait  avoir  quelque  objet 
ayant  appartenu  à  Pranzini.  As-tu  la  moindre 
chose,  ne  fût-ce  qu'un  bouton  de  culotte  ? 

—  Non,  me  répondit-il,  le  pantalon  et  la 
chemise  ont  été  emportés  à  l'annexe.  Prends 
donc  un  morceau  de  peau  et  fais-en  un  por- 
tefeuille. 

L'idée  me  sembla  originale.  Je  pris  dans  le 
tas  un  morceau  qui  était  le  côté  gauche  de  la 
poitrine  ;  je  fis  retirer  la  chair  et  la  graisse,ne 
gardant  que  la  peau. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Octobre  1904. 


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Rentréchez  moi, je  continuai  mes  opérations, 
dégraissage  et  passage  à  l'iilun.  Le  lendemain 
cette  peau  était  sèche  et  dure.  Je  mis  toute  la 
journée  à  la  frotter  dans  mes  mains  pour 
l'assouplir,  et  quoique  épaisse,  elle  devint  très 
souple,  en  même  temps  que  très  blanche. 

Je  me  rendis  chez  un  fabricant  de  porte- 
feuilles et  je  lui  présentai  le  morceau  de  peau, 
le  priant  de  me  confectionner  deux  porte- 
cartes... 

Ce  fabricant  regarda  la  peau  qui  était  assez 
velue.  Ne  pouvant  en  définir  la  nature,  il  y 
pas  a  la  langue.  Je  ne  lui  dis  pas  d"où  elle 
provenait. 

Deux  jours  après,  j'allai  chercher  mes  porte- 
cartes.  La  façon  me  coûtait  vingt  francs.  C'est 
alors  que  je  lui  dis  que  c'était  la  peau  de 
Pranzini. 

Pour  se  faire  faire  une  réclame,  le  fabricant 
raconta  la  chose  au  Figaro  et  un  rédacteur  de 
ce  journal,  M.  Grison,  fit  un  article  à  ce  su- 
jet. 

II  n  y  avait  pas  de  quoi  crier  au  scandale  : 
il  y  avait  assez  de  précédents.  Je  connais  une 
personne  qui  possède  non  seulement  des  têtes 
de  criminels,  mais  des  têtes  ou  crânes  de  vic- 
times. 

Quelques  jours  avant,  se  trouvait  encore, 
dans  la  salle  des  dépêches  du  Figaro,  un  mor- 
ceau de  la  peau  de  Camp: .  Un  livre  avait  été 
aussi  relié  avec  la  peau  de  cet  assassin. 

Je  fus  mandé  chez  M.  Vasseur,  juge  d'ins- 
truction.qui  m'interrogea  et  m'inculpa  de  vio- 
lation de  sépulture. 

Je  lui  répondis  : 

—  Il  n'y  a  pas  eu  violation  de  sépulture, 
vous  à&vtz  confondre  entre  violation  de  sépul- 
ture et  détournement  de  débris  anatomiques. 
Je  n'ai  rien  déterré.  J'ai  pris  à  terre.  Du  reste, 
s'il  fallait  reconstituer  le  corps  de  Pranzini  ce 
ne  serait  pas  commode,  un  journaliste  a  em- 
porté une  oreille,  un  autre  un  doigt,  un  troi- 
sième une  lèvre,  chacun  en  a  pris  un  peu,  et 
notamment  la  peau  des  cuisses  est  en  ce  mo- 
ment chez  un  tanneur. 

Le  juge  me  demanda  de  lui  faire  un  rap- 
port sur  les  faits  et  je  ne  parus  plus  à  l'ins- 
truction . 

Je  lui  dis  en  m'en  allant  : 

—  Mais  les  porte-cartes  que  vous  avez  sai- 
sis vont  se  promener  un  de  ces  jours  dans  la 
poche  de  lun  ou  de  l'autre 

—  Non  pas,  me  répondit  il. 

Et,  en  effet,  il  fit  venir  M.  Coron  et,  en 
présence  du  procureur  de  la  République  il 
brûla  les  porte-cartes. 

Godinet  se  mit  à  rire  lorsque  le  juge  d'ins- 
truction l'inculpa,  lui  aussi,  de  violation  de 
sépulture  : 

—  Mais,    Monsieur,  répondit-il,  c'est    mon 


e  retire  la  chair  des  os  à  150  cadavres 
j'ai   pour  cela,    4    fr.  par   corps.    Ils 


métier, 

par  an 

vont  ensuite  chezTramon,  le  naturaliste,   qui 

en  fait  des  squelettes. 

Le  commissaire  de  police  Clément  fut  chargé 
de  rechercher  chez  les  tanneurs  la  peau  des 
cuisses  de  Pranzini.  Je  me  gardai  bien  de  le 
renseigner  ;  il  aurait  aussi  trouvé  la  peau  des 
cuisses  d'un  :  ègre  que  Godinet  faisait  tanner 
pour  s'en  fairï  des  pantoufles! 

Cette  affaire  finit  e  queue  de  poisson.  Il  y 
eut  non-lieu.  Mais  Godinet  perdit  sa  place.  Ce 
que  j'avais  fait,  d'autres  le  font  encore  tous 
les  jours,  et  je  ne  me  croyais  pas  coupable. 

Eugène  Grécourt. 

Fer  de  cheval  dans  îes  églises  (L, 
340,  490).  —  Le  fait  que  les  deux  églises 
dont  parle  le  collaborateur  E.  Grave, sont 
sous  le  vocable  de  saint  Martin  me  paraît 
de  nature  à  fournir  une  explication  satis- 
faisante.   Saint   Martin,    en  effet,    fut    de 
tout  temps,  le    patron    des  voyageurs,  et 
j'ai  lu  en  plusieurs  livres  que  l'usage  était 
de  suspendre    un   fer    à    la    porte    d'une 
église  à  lui  dédiée,  pour  implorer  sa   pro- 
tection  au  moment   de    partir    pour   un 
voj'age  périlleux   —  ils  l'étaient  tous  au 
moyen  âge  et  même  plus  tard  —  ou  pour 
le  remercier  de  l'avoir  favorisé. C'est  dans 
le  même  esprit  que  d'autres    se   conten- 
taient de  graver  plus  ou  moins  sommaire- 
ment un  fer  de  cheval   sur    le    piédestal 
d'une  croix  élevée  à  la  porte  d'une  ville 
ou  bourgade  de  gîte. 

j'en  citerai  un  exemple  :  au  sommet  de 
la  pente  longue  et  raide  qui  descend  au 
bou/g  de  Saint-Seine  -  l'Abbaye  (Côte- 
d'Or)  s'élève  une  croix  moderne,  mais 
qui  en  remplace  une  autre  remontant  aux 
premières  années  du  xvi'  siècle  ;  proba- 
blement même  celle-ci  remplaçait  un 
monument  beaucoup  plus  ancien  ;  Saint- 
Seine,  en  effet, est  une  des  quatre  abbayes 
mérovingiennes  du  diocèse  primitif  de 
Langres,  et  les  approches  du  couvent  hos- 
pitalier devaient  être  signalées  de  temps 
immémorial  par  de  nombreuses  croix.  Eh 
bien,  toutes  les  descriptions  antérieures  à 
1789  nous  apprennent  que  le  piédestal 
était  couvert  de  fers  de  cheval  gravés 
pèle  mêle,  ce  qui  est  expliqué  comme  je 
viens  de  le  faire. 

Seulement,  je  ne  connaissais  pas 
d'exemple  de  fers  de  cheval  employés 
dans  l'ornementation  même  d'une  église, 
et  remercie  M.  E.  Grave  d'avoir  signalé  le 


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L'INTERMÉDIAIRE 


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cas  très  curieux,  très  intéressant  des  pa- 
roisses Saint-Martin, de  Villers-en-Artliis 
et  de  Preneuse.  H.  C.  M. 

La  mémoire  (L,  116,  320J.  —  L'opi- 
nion de  Soulget  me  paraît  vraie  :  la  rareté, 
la  cherté  des  livres  obligeaient  les  anciens 
à  faire  des  efforts  de  mémoire  qui  nous 
sont  inconnus.  Sur  le  haut  prix  des  livres 
à  Rome,  nous  avons  le  témoignage  de 
Martial  {Epigrammes^  livre  1,  cxviii),  qui 
annonce  le  prix  de  son  i"  livre,  soit  cinq 
deniers. Si  nous  mettonsle  denier  à  ofr.85, 
nous  comprendrons  ce  qLi'il  en  coûtait,  à 
l'époque  de  Domitien,  pour  faire  l'acqui- 
sition d'un  parchemin  de  750  vers.  Martial 
complet  ayant  quatorze  livres,  il  fallait 
débourser  59  fr.  50  pour  se  le  procurer. 
Que  de  gens  préféraient,  à  ce  prix,  se 
payer  un  flacon  de  Falerne  ! 

Les  livres,  plus  chers  et  plus  rares, 
étaient  en  outre  d'une  consultation  moins 
facile  que  les  nôtres.  Les  anciens  semblent 
n'avoir  pas  connu  ce  que  nous  appelons 
les  tables  des  matières.  En  tête  des  clia- 
pitres,  ils  mettaient  parfois  un  court  résu- 
mé, tel  que  ceux  du  Polvhistor  de  C.  julius 
Solinus.  C'était  peu  de  chose.  On  ne  pra- 
tiquait pas  l'art  des  citations  rendues  fa- 
ciles par  d'immenses  répertoires  ouverts 
aux  ignorants.  Chaque  homme  avait  sa 
valeur  propre,  et  ne  pouvait  suppléer  ins- 
tantanément au  manque  d'étude  par  une 
excursion  rapide  à  travers  des  tables  bi- 
bliographiques, analytiques  et  autres.  On 
portait  son  savoir  dans  sa  tête,  et  non 
sous  son  bras. 

Il  y  avait  là  un  parti-pris  qui  rendait  le 
savoir  inaccessible  à  qui  n'avait  pas  blan- 
chi sous  le  harnais.  La  science  antique  se 
dérobait  devant  le  non-initié.  L'antiquité 
vivait  de  tradition,  de  mystère.  Ceux  qui 
savaient  gardaient  jalousement  leur  tré- 
sor. Il  y  avait  à  cela  deux  motifs,  l'un 
méprisable,  l'autre  d'une  inspiration  plus 
noble. 

Le  motif  méprisable  était  de  faire  payer 
très  cher  aux  profanes  les  renseignements 
dont  ils  avaient  besoin.  Les  juristes  ro- 
mains refusèrent  pendant  longtemps  de 
publier  leurs  arrêts.  Ils  préferaient  les 
rééditer  de  vive  voix,  à  chaque  consulta- 
tion nouvelle.  Du  reste,  lorsque  le  pro- 
grès amena  la  publication  du  droit,  on  se 
trouva  devant  un  tel  enchevêtrement  de 
broussailles  que  pour  la  plupart  des  indi- 


vidus, la  situation  resta  la  même.  Et,  lors 
même  que  Justinien  eut  fait  rédiger  le 
Code  qui  porte  son  nom,  peut-on  dire  que 
l'amélioration  fut  sensible?  L'absence  de 
méthode  est  telle  dans  cet  indigeste  fatras 
qu'une  bibliothèque  de  commentaires  n'est 
pas  de  trop  pour  y  tracer  quelques  sen- 
tiers incertains. 

Le  motif  noble  était  de  ne  livrer  la  clef 
des  sciences  qu'aux  individus  capables 
d'en  bien  user.  A  notre  époque,  la  science 
s'étale  au  grand  jour,  comme  le  soleil. 
L'anarchiste  peut  s'emparer  des  secrets  de 
la  chimie  et  s'en  servir  contre  la  société  à 
laquelle  il  est  redevable  des  progrès  de 
son  esprit.  Jadis,  la  science  était  une  dé- 
pendance de  la  religion  et  s'abritait  dans 
les  temples. 

Dans  sa  Vie  â' Apollonius  de  Tyane 
(liv.  11,  chap.  xxx),  Philostrate  nous 
apprend  que  très  peu  de  jeunes  gens  étaient 
admis  à  l'honneur  de  recevoir  les  leçons 
des  sages  de  l'Inde.  .A  18  ans,  pas  avant, 
le  ieune  homme  se  présentait  à  leur  école 
et  subissait  un  examen  préalable  qui  re- 
montait jusqu'aux  parents  de  ses  grands- 
parents.  Une  enquête  sévère  était  faite  sur 
ses  ascendants  paternels  et  maternels  et 
devait  aboutir  à  cette  conclusion  qu'aucun 
d'eux  n'avait  péché  par  violence,  par  in- 
continence, par  usure.  Le  candidat  lui- 
même  était  ensuite  passé  au  crible.  On  se 
renseignait  sur  ses  mœurs,  et  l'on  éprou- 
vait sa  mémoire.  Les  sages  de  l'Inde  esti- 
maient inutile  d'entreprendre  l'éducation 
d'un  individu  à  qui  il  faudrait  répéter  dix 
fois  la  même  chose  avant  de  la  lui  mettre 
dans  la  tête. 

Il  fallait  une  mémoire  souple  et  tenace, 
car  l'enseignement  se  donnait  de  vive 
voix.  Une  grande  partie  de  la  science  an- 
tique n'a  jamais  été  consignée  par  écrit. 
Il  ne  sera  pas  déplacé,  croyons  nous,  de 
rappeler  ici  que  le  fondateur  delà  religion 
chrétienne  n'a  rien  écrit. 

Platon  estimait  que  c'était  folie  d'en- 
fermer danscette  chose  inerte  qu'est  l'écri- 
ture une  doctrine  vivante.  S'il  a  écril,  ce 
fut  après  que  son  maître  Socrate  eut  parlé. 

La  parole  était  si  belle,  en  ces  pays  de 
lumière,  où  l'air  était  si  doux  à  respirer  ! 
Qiiand  un  homme  éloquent  surgissait  en 
quelqu'une  des  villes  de  la  Grèce,  on 
accourait  l'entendre  des  quatre  coins  de  la 
terre.  Dans  son  éloge  funèbre  de  l'empe- 
reur Julien,  Libanius  nous  apprend  que 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


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son  héros,  étudiant  à  Athènes,  était  en- 
touré d'un  cercle  compacte  d'auditeurs 
venus  de  toutes  parts.  Et  ceux  qui  avaient 
goûté  à  cette  parole,  enchanteresse  comme 
celle  des  sirènes,  ne  retournaient  qu^avec 
peine  en  leur  pays  natal. 

Ce  qui  se  disait  sous  les  portiques  où 
flottaient  les  souvenirs  de  Socrate  et  de 
Platon,  personne  ne  songeait  à  l'écrire.  Le 
livre  n'existait  pas,  la  mémoire  suffisait. 

La  culture  de  la  mémoire  produisit  des 
prodiges.  On  peut  voir  dans  le  Polyhistor 
de  Solinus,  chap.  vu,  une  liste  de  ces 
merveilleuses  organisations  cérébrales. 
Solinus  cite  Cyrus,  Scipion,  Cynéas,  Mi- 
thridate,  Métrodore,  Messala,Corvinus,etc. 

Apollonius  de  Tyane,  à  l'âge  de  cent 
ans,  fit  preuve  d'une  mémoire  supérieure 
à  celle  même  de  Simonide.  (Philostrate, 
livre  1,  chap.  xiv).  Et  cependant  Simonide 
de  Cos  avait  fait  l'admiration  de  l'anti- 
quité. Quintilien  parle  de  lui  comme  d'un 
être  miraculeux. 

Hippias  d'Elée  était  doué  d'une  telle 
mémoire  qu'il  retenait  cinquante  noms  et 
les  répétait  dans  l'ordre  où  il  les  avait 
entendus. 

Certaines  mémoires  paraissaient  telle- 
ment extraordinaires  que  l'opinion  pu- 
blique les  attribuait  à  la  magie. 

Dans  ses  *s  Vies  des  sophistes  »,  Philos- 
trate rapporte  (chap.  xxu)  que  Denis  de 
Milet  fut  accusé  de  mettre  en  usage  l'art 
des  Chaldéens  pour  donner  de  la  mémoire 
à  ses  élèves. 

En  parlant  de  l'empereur  Julien,  dont 
la  mémoire  était  immense,  Ammien  Mar- 
cellin  dit  sérieusement  (livreXlV,  chap.  v)  : 
«  S'il  est  vrai,  comme  le  prétendent  divers 
auteurs,  que  le  roi  Cyrus,  le  poète  Simo- 
nide, et  le  puissant  sophiste  Hippias  pui- 
sèrent leur  mémoire  dans  certains  breu- 
vages, il  est  à  croire  que  Julien  but  un 
tonneau  entier  de  cette  merveilleuse  li- 
queur. >/ 

Mais,  à  côté  de  cette  explication  fantai- 
siste, les  anciens  surent  placer  une  théorie 
plus  rationnelle. 

Platon  dit  que  le  sophiste  d'Elée,  Hip- 
pias, était  l'inventeur  d'un  procédé  mné- 
motechnique ( u.vY,jj.o-jix6v  rix^riKx).  —  (In 
Hippia  minore). 

Et  Philostrate,  après  avoir  rapporté  le 
bruit  qui  courait  sur  Denis  de  Milet,  ajoute: 
«  Pourquoi  ses  auditeurs  avaient- ils  tant 
de  mémoire  ?  Parce  qu'ils  ne  se  fatiguaient 


jamais  de  l'écouter,  et  l'obligeaient  à  répé- 
ter ce  qu'ils  entendaient  avec  tant  de 
plaisir.  » 

La  mémoire  paraissait  aux  anciens  une 
faculté  qui  s'acquiert  par  le  travail,  par  la 
méthode  ;  mais  ils  reconnaissaient  que 
Part  ne  peut  suppléer  à  la  nature.  «  La 
mémoire,  dit  Philostrate  {loco  citaio)^  est 
un  don  de  la  nature,  c'est  une  portion  de 
l'âme  immortelle,  qu'on  la  dise  mère  ou 
fille  du  temps.  » 

Et,  dans  la  vie  d'Appollonius  (liv.  111, 
chap.  xvi),  les  sages  de  l'Inde  appellent 
la  mémoire  «  leur  divinité  préférée  ». 

Simonide  avait  composé,  en  Phonneur 
de  la  mémoire,  une  ode  dans  laquelle  il 
disait  :  «  Tout  se  flétrit  avee  le  temps; 
mais  le  temps  lui-même  ne  vieillit  ni  ne  se 
corrompt,  parce  que  la  mémoire  le  con- 
serve. » 

je  crois,  comme  Soulget,  que  les  an- 
ciens détiennent  le  record  de  la  mémoire, 
mais  je  ne  voudrais  pas  me  plaindre  que 
l'on  exerce  cette  faculté  chez  les  hôtes  de 
nos  écoles.  Sans  une  mémoire  étendue,  il 
est  impossible  d'obtenir  autre  chose  que 
des  esprits  secs,  ignorants  du  passé,  inca- 
pables de  prévoir  l'avenir,  ahuris  devant 
l'idée,  comme  devant  une  révélation  per- 
pétuelle .  La  mémoire  fait  participer 
chaque  individu  au  travail  des  siècles  et, 
seule,  lui  permet  de  dégager  sa  personna- 
lité en  poussant  les  résultats  déjà  obtenus 
vers  une  limite  un  peu  plus  reculée.  Sans 
mémoire,  on  ne  peut  que  compiler,  res- 
sasser ce  qui  a  été  dit,  feuilleter  des  dic- 
tionnaires; ou  secondamneràchercher  dans 
des  bibliographies,  faites  par  d'autres,  des 
idées  que  l'on  n'aura  ni  le  temps  ni  la 
force  de  s'approprier. 

Jamais  on  ne  cultivera  trop  la  mémoire, 
mais  il  faut  le  faire  constamment,  avec 
méthode,  et  non  pas  seulement  en  vue, 
et  à  la  veille  d'examens.  La  mémoire 
exercée  ainsi  «  in  extremis  »  ressemble  à 
une  pluie  d'orage  qui  fatigue  la  terre  sans 
la  féconder.  Luc  de  Vos. 

Légendes  relatives  à  saint  An- 
toine de  Padoue(L, 5, 238, 398). — Qu'il 
me  soit  permis  d'ajouter  ces  quelques 
notes  à  la  question  posée  dans  le  dernier 
numéro  de  V  Intermédiaire  :  Légendes  rela- 
tives à  saint  Antoine  de  Padoiie  (L,  238), 
à  laquelle  a  déjà  répondu  l'aimable  inter- 
médiairiste,  P.  Ubald  d'Alençon. 


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L'INTERMÉDIAIRE 


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J'ai  dans  ma  bibliothèque  un  vieil  in- 
folio, très  intéressant  et  peu  répandu,  je 
crois,  de  M.DCCXXI,  imprimé  à  Grenoble, 
avec  privilège  du  roi,  che{  André  Faure^ 
imprimeur  ordinaire  du  Ro\\  rue  du  Palais. 
De  l'usage  des  fiefs  et  autres  droits  sei- 
gneuriaux EN  Dauphiné,  par  Messire  Denis 
de  Salvaing,  seigneur  de  Salvamg  et  de 
Bcissieu.^  conseiller  du  roy  en  ses  conseils 
et  premier  président  en  sa  Chambre  des 
Comptes  en  Dauphiné. 

V Intermédiaire  nous  a  dit  récemment 
que  la  famille  de  Boissieu  avait  fourni  au 
Dauphiné  de  nombreux  savants. 

J'ai  personnellement  connu, il  y  a  trente 
ans  environ,  aux  portes  de  Grenoble,  à 
St-Martin-le-Vinoux,  un  membre  de  cette 
famille,  archéologue  très  réputé  et  savant 
très  estimé  à  Grenoble. 

Or,  dans  la  deuxième  partie  de  YUsage 
des  Fiefs^  au  titre  des  Epaves.^  je  lis  ceci  : 

Du  reste  Coquille,  en  son  Institution  au 
Droit  François  tit.  des  droits  de  justice,  dit 
que  le  mot  d'épave  a  donné  occasion  à  aucuns 
chrétiens  de  facile  créance  de  s'adresser  par 
prières  à  saint  Antoine  de  Padoùe  de  l'ordre  de 
saint  François,  pour  recouvrer  les  choses  éga- 
rées, parce  qu'en  ancien  langage  italien  que 
les  Contadins  retiennent  encore,  on  appeloit 
Pava  ce  qu'aujonrd'liuy  on  appelle  Padoùa,  en 
laquelle  ville  repose,  et  grandement  vénéré,  le 
corps  de  saint  Antoine,  dit  de  Padoùe  ou  de 
Pade,  que  d'ancienneté  on  appeloit  S.  Antoine 
de  Pave. 

Je  ne  scay,  ajoute  de  Boissiru,  s'il  en  faut 
croire  Coquille.  Qiioy  qu'il  en  soit,  la  dévo- 
tion que  cette  simplicité  produit,  n'est  pas 
moins  agréable  à  Dieu  que  si  elle  avoit  un 
autre  fondement.  Ambrosius  Catharinus,  de 
l'ordre  de  S.  Dominique, traite  amplement  des 
suffrages  de  saint  Antoine  de  Padoiie  pour  le 
recouvrement  des  choses  égarées  ou  perdues, 
lib  2  de  Certa  Sanctorum  gloria.  §.  de 
Peculiaribus  graiiis  Sanctorum  pa^r.  2^,  où 
il  allègue  sa  propre  expérience. 

Suivant  ces  auteurs,  la  dévotion  à  saint 
Antoine  de  Padoùe,  pour  retrouver  les 
objets  perdus,  reposerait  donc  sur  ce  ca- 
lembour facile  :  Saint  Antoine  de  Pava 
transformé  en  Saint  Antoine  d' Epaves. 

Je  me  garderai  bien  d'insister  et  vous 
transmets  ce  document  sans  commentai- 
res. Berlot-Francdouaire. 


Marquise  de  Favras  (T.  G.  336  ; 
XLIX,  834,  971  ;  L,  19,  188,289,395).— 
Dans  le  recueil  des  pièces  justificatives  de  |   Belgique. 


l'acte  énonciatif  des  crimes  de  Louis  Ca- 
pet,  réunies  par  la  Commission  des  vingt- 
un,  à  la  septième  production  du  second 
inventaire,  je  trouve  6  pièces  se  rappor- 
tant à  la  pension  de  4.000  livresque  Louis 
XVI  s'était  engagé  à  faire  à  la  marquise  de 
Favras. 

La  première  est  une  lettre  de  Laporte 
à  M.  de  Septeuil,  demandant  d'avancer 
un  quartier,  soit  i.ooo  livres,  sur  la  pen- 
sion de  la  marquise  de  Favras  qui  ne  doit 
échoir  que  le  mois   suivant,  et  il  ajoute    : 

Vous  vous   ressouvenez    que   nous  somme 
convenus  qu'il  ne   serait    plus  pour    cet  objet 
expédié  d'ordonnance  et  que  vous    vous    ferez 
décharger  par  le  Roi  des  paiements   que  vous 
ferez  faire  à  madame  de  Favras. 

La  seconde  est  la  quittance  des  mille 
livres  ci-dessus  et  est  signée  :  Marquise  de 
Favras,  née  Princesse  d'Anhalt. 

La  troisième  est  un  billet  de  la  mar- 
quise de  Favras  à  M.  de  Septeuil,  daté  de 
Ath,  2  février  1792,  par  lequel  elle  lui 
demande  de  verser  entre  les  mains  du 
chevalier  de  Favier  le  prochain  quart  de 
sa  pension  échéant  le  2  mars  suivant. 

La  quatrième  est  le  reçu  de  la  somme 
sus- indiquée,  signé  de  la  marquise  de  Fa- 
vras et  daté  de  :  Ath, 26  février  1792. 

La  cinquième  est  une  nouvelle  lettre  de 
Laporte,  en  date  du  12  mars  1792,  qui 
demande  à  ce  qu'on  ne  fasse  aucune  diffi- 
culté à  M.  de  Favier  pour  lui  rem.ettre  les 
1.000  livres  de  la  pension  échue. 

La  sixième  est  le  reçu  de  la  marquise  de 
Favras,  daté  de  «  Ath  i*^' juin  1792,  »  du 
1/4  de  sa  pension  échéant  dans  le  dit  mois 
de  juin. 

A  l'annonce  des  dites  pièces,  Louis  XVI 
répondit  «  qu'il  se  souvient  avoir  donné 
de  l'argent  par  charité  à  la  veuve  Favras, 
mais  qu'il  n'a  jamais  eu  aucune  relation 
avec  son  mari  ».  P.  de  M. 

* 

Pour  faire  suite  aux  diverses  commu- 
nications concernant  la  marquise  de  Fa- 
vras, voici  une  lettre  inédite,  qu'elle 
adressait  à  M.  de  Sartine  avant  son  ma- 
riage. 

je  viens  de  découvrir  cette  lettre,  pou- 
vant servir  de  point  de  départ  à  de  nou- 
velles recherches  sur  les  aventures  et  les 
malheurs  de  la  jeune  princesse,  dans  un 
lot  d'autographes   récemment   acheté   en 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Octobre  1904, 


549 


550 


Je  respecte  l'orthographe  fantaisiste  de 
Carohne  princesse  d'Anhalt. 

Au  haut  de  la  lettre,  de  la  main  de  M.  de 
Sartines,  se  trouve  cette  mention  :  M.  de 
MaroUes. 

La  lettre  est  adressée  à  Monsieur,  Mon- 
sieur De  Sartine-Sœul. 

Monsieur, 
Ma  mère  répand  dans  le  public  que  l'année 
1763,  lorsque  j'ai  voulu  aller  rejoindre  mon 
père  qui  me  demandait  et  que  pour  mon  mal- 
heur Je  n'ai  pas  pu,  ma  mère  si  étant  opposée 
donnant  pour  prétexte  qu'elle  m'avait  marié 
en  france  pour  la  religion  :  Elle  dit,  2^lonsieur, 
que  vous  m'avez  fait  mettre  à  Ste-Pélagie  pour 
mes  beaux  exploits, j'avais  alors  treize  où  qua- 
torze ans  et  je  ne  fuyez  {sic)  ma  mère  que 
pour  me  soustraire  au  joug  malheureux  sous 
lequel  je  pensais  que  j'allais  succomber  en 
restant  avec  elle. 

Je  suis  sur  le  poind  d'aller  rejoindre  le 
prince  mon  père,  mais  je  vous  avoue,  mon- 
sieur, que  je  ne  partirais  pas  avant  que  ce  fet 
soit  éclairsie  et  devant  que  Ste  Pélagie  soit 
biffé,  s'il  est  vrai  que  j'y  ai  été.  Je  me  sou- 
viens parfaitement  bien,  que  lorsque  j'ai  quitté 
ma  mère,  vous  donnât  ordre,  pour  que  J'aille 
dans  un  couvant,  en  attendant  qu'il  fut  décidé 
si  l'on  me  rendrais  à  ma  mère,  où  que  j'irais 
rejoindre  mon  père  comme  il  le  désirait  ; 
mais  je  ne  scais  pas,  monsieur,  que  ce  fut  à 
Ste-Pelagie  n'ayant  rien  fait  pour  cela,  mon 
innocence  m'en  était  un  sur  garand. 

C'est  à  vous,  monsieur,  que  je  m'adresse 
avec  confiance,  cet  affaire  s'étant  passé  devant 
vos  yeux.  D'ailleurs  vous  connaissez  mes  mal- 
heur ;  et  ce  serait  un  bien  grand  pour  moi, 
si  étant  auprès  du  prince  d'Anhalt,  ma  mère 
avait  à  méchanceté  d'en  voier  cette  erreur  qui  est 
fait  pour  deshonorer  partout;  et  quel  oppinion 
mon  père  et  toute  la  famille  d'Anhalt  pren- 
drait-elle de  moi  sachant  que  j'y  ay  étais  mise 
par  ordre  du  ministre.  S'il  y  a  quelque  vrais- 
semblance  à  cette  histoire,  c'est  vous,  mon- 
sieur, qui  l'avez  ordonné.  C'est  aussi  à  vous 
que  je  m'adresse  pour  vous  prier  de  faire  biffer 
la  cause,  s'il  en  existe  une. 

Je  pars  dans  quinze  jours  :  J'espère  que  vous 
voudrez  bien  donner  des  ordres  en  conséquence 
afin  que  cette  affaire  soit  finie  avant  mon  dé- 
part. J'ose  l'espérer,  comme  une  chose  juste 
et  une  suite  de  de  vos  bontés  pour  moi.  Ne 
doutés  pas,  je  vous  prie  de  ma  reconnaissance 
et  des  sentiments  distinguer,  avec  lesquels  j'ai 

l'honneur  d'être 

Monsieur, 
Votre  très-humble  et  tres-obéissante  servante. 
Caroline  princesse  d'Anhalt. 

J'aurai  l'honneur  de  vous  aller  voir  pour 
savoir  le  résultat  de  cette  affaire,  vous  remer- 
cier de  vos  soiris  et  prendre  vos  ordres  pour 
L'allemagne.  P-  c  c.  Arm.  D. 


Uotes,   irouuaill^s  ^t   (îfumsttis 

Une  lettre  au  prince  de  Joinville. 

—  La  lettre  qui  suit,  que  veut  bien  nous 
communiquer  M.  A.  Glinel,  est  écrite  par 
M.  Trognon.  Il  n'est  pas  ditficile  de  devi- 
ner qu'elle  est  adressée  au  prince  de  Join- 
ville Le  précepteur  tient,  pour  son  ancien 
élève,  un  journal  des  choses  de  la  ville  et 
de  la  cour  ;  il  n'en  excepte  ni  les  cancans  ni 
les  scandales.  Il  insiste  tout  particulière- 
ment sur  une  histoire  qui  tit  alors  grand 
bruit. Les  noms  sont  écrits  toutàtrac  dans 
la  lettre  de  M.  Trognon, et  le  G,  dont  il  est 
question  est  qualifié  par  ses  titres  :  nous 
croyons  devoir,  même  après  66  ans,  nous 
montrer  plus  discrets  et  taire  les  noms  des 
héros  de  cette  anecdote. 

Aux  Tuileries,  29  septembre  1838. 

Mon  cher  ami. 
Voici  la  Naïade  qui  va  partir  pour  déposer 
à   Haïti   notre  consul,    M.    Levasseur,    et  qui 
doit  ensuite  aller  toucheràl'île  Sacrificios.C'est 
une  trop  bonne  occasion  pour  la  manquer,  et, 
sans  avoir  grand'chose  à   vous   dire,   je   suis 
très-empressé  de  causer  un  peu  avec  vous.  Je 
ne  vous  parle  point  de  votre   famille  :   je  sais 
que  la  Reine   vous   écrit,    et   avec  elle   M.  le 
Duc  de  Nemours  et  Mme   la  P"'  Clémentine. 
L'un  vous   parlera  sans   doute  de  son    bal,  et 
puis  de  la    visite  de   M.  le    Duc  d'Oiléans,   à 
qui  les  populations  de  l'Est  ont  fait  un  accueil 
aussi  enthousiaste  que  celles  d'Arras  et  de  St- 
Omer.   Votre   sœur   vous    racontera    tous   ses 
plaisirs  de  Randan,  et  le  charme  qu'elle  trouve, 
elle  et  vos  deux  jeunes  frères,  dans    ce  séjour 
assez  peu  goûté  autrefois.  La  Reine  enfin  vous 
donnera  des  nouvelles  de   Mme   la  P^s»  Marie, 
à  qui  ses  forces  ne    reviennent  guère   et  qui  a 
toujours  un  air  de  faiblesse  et  de  langueur  dont 
on  aimerait  à  la  voir  délivrée. 

Vous  apprendrez  aussi  la  tournure  favorable 
que  vient  subitement  de  prendre  l'affaire  suisse, 
un  moment  si  menaçante  :  Louis  Bonaparte  se 
retirant,  nous  n'insisterons  pas  pour  obtenir 
contre  lui  un  arrêt  d'expulsion  désormais  inu- 
tile à  imposer  à  la  Diète.  C'est  une  question 
désormais  résolue,  et  de  façon  à  délivrer  le 
ministère  d'un  de  ses  plus  graves  embarras. 
Ayez,  mon  ami,  un  succès  prompt  et  décisif; 
emportez  St-Jean  d'UUoa,  permettez-nous 
d'accepter, virtorieux,la  médiation  anglaise,  et 
puis  vous  aurez  dissipé  un  des  nuages  qui 
obscurcissent  le  plus  notre  horizon.  Le  minis- 
tère pourra  alors  aborder  la  session  sans  crainte 
ou  du  moins  sans  autre  danger  que  celui  de  sa 
faiblesse.  Malheureusement  elle  est  grande,  et 
je  dois  vous  avouer  que  comme  le  général 
Bernard  dont   vous  avez  vu   le  discrédit  dans 


N'    1054. 


L'INTERMEDIAIRE 


551 


552 


l'opinion,  amiral  Rosamel  commence  à  être 
vivement  attaqué.  M.  Mole,  dit-on,  s'écriait 
l'autre  jour  :  «  II  est  par  trop  bête.  »  Hernoux 
est  décidé  néanmoins  à  le  soutenir,  dans  la 
crainte  de  voir  revenir  l'amiral  Duperré  qu'il 
regarderait  comme  un  fléau.  Outre  ces  causes 
d'affaiblissement,  il  faut  compter  le  mauvais 
renom  que  donnent  à  l'administration  le  pro- 
cès B  et  le  procès  G.  Vous  avez  lu,  sans  doute, 
avec  tristesse  les  détails  du  premier  :  voici  le 
fond  du  second.  Il  paraît  que  G.  entrete- 
nait à  la  fois  de  honteuses  relations  avec 
Mlle  X.  et  une  Mme  Z.  Mlle  X.  horriblement 
jalouse  finit  par  découvrir  qu'elle  avait  une 
rivale,  et  après  avoir  fait  cent  scènes  affreuses 
à  G.  elle  prit  le  parti  d'écrire  à  M.  Z.  pour 
lui  découvrir  l'infidélité  de  sa  femme.  Bien 
des  gens  prétendent  que  M.  Z.  le  savait  très 
bien  et  fermait  les  yeux  en  faveur  de  l'argent 
qui  en  revenait  au  ménage  :  d'autres  assurent 
qu'il  en  reçut  là  la  première  nouvelle,  et  que, 
dans  un  juste  accès  décolère,  il  força  le  secré- 
taiie  de  sa  femme  et  y  prit  toutes  les  lettres 
qu'elle  avait  reçues  de  son  amant.  Or.  il  pa- 
raît que  ces  lettres  prouvent  que  G.  soldait  sa 
maîtresse  aux  dépens  des  contribuables.  M.  Z. 
saisi  de  ce  paquet,  en  donna  immédiatement 
co::naissance  à  un  journal  et,  sur  l'offre  qui 
lui  fut  faite  par  G.  de  le  lui  racheter,  deniers 
comptants,  fit  ou  fit  faire  contre  l'ancien  fonc- 
tionnaire les  deux  ou  trois  articles  qui  ont 
mis  celui-ci  dans  la  nécessité  d'en  appeler  en 
diffamation.  Qu'y  gagnera-t-il  ?  M.  Z.  étant 
derrière  le  journal  et  prêt  à  lui  administrer 
toutes  les  pièces  constatant  la  turpitude  du 
plaignant,  y  a-t-il  pour  lui  espoir  de  bien 
sortir  de  ce  procès  ?  Ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'est  que  toutes  ces  saletés  dévoilées  indispo- 
ser.t  l'opinion  contre  la  corruption  qui,  sur  tant 
de  points,  se  montre  dans  l'adniinistration  et 
que  le  mmistère  aura  à  porter  l'endosse  de  ce 
mécontentement  devant  les  Chambres. 

je  laisse  à  la  Reine    le  soin    de  vous   entre- 
tenir   des   promenades  faites  avec   les  enfants, 
de  l'accident  de  voiture  arrivé   au  Roi    avant- 
hier,  et  enfin  de  la  visite  qu'à  l'instant  même 
on  vient  de  faire  à  la  Madeleine.  Elle  vous  par- 
lera aussi  sans  doute  du    général    Tacon  que, 
d'après  vos  récits,  nous  désirions  tous  beaucoup 
connaître.  Rien  n'annonce  dans  son  apparence 
extérieure    l'étendue   d'esprit  et  la  fermeté    de 
caractère  qu'il    a  déployées  dans  son  adminis- 
tration à  la    Havane.  Sauf  sa  perruque   noire 
il  a  une  frappante  ressemblance  avec  le  général 
d'Anthouard,  Il  parle   mal   français,  et   le  Roi 
ne  cause   avec    lui  qu'en  espagnol.    Malgré  la 
beauté  du  théâtre  qu'il  a  fait  construire,  il  n'en 
a  pas  moins  beaucoup  admiré  celui   du  palais 
de  Versailles,   tout   étincelant    des    feux  de  la 
grande  illumination. 

La  Reine  pensait  à  vous  ce  matin  en  lisant 
un  article  du  Journal  des  Débats  qui  semble 
indiquer  comme  imminente  la  crise  des  affaires 


d'Orient,  Il  est  dit  que  Méhémet-Ali  va  pro- 
fiter de  la  désorganisation  amenée  par  la  peste 
dans  la  flotte  et  l'prmée  turques,  pour  frapper 
contre  elles  un  grand  coup.  J'ignore  ce  qui  en 
est  au  juste,  et  jusqu'à  quel  point  il  faut  s'en 
rapporter  à  ces  bruits  de  journaux,  mais  ce  que 
je  sais,  c'est  que  toutes  les  personnes  qui 
connaissent  cette  grande  affaire  s'accordent  à 
dire  qu'elle  est  à  la  veille  d'échapper  à  tous 
les  ajournements  de  la  diplomatie.  Qu'importe 
pour  vous  ?  Ce  n'est  pas  chose  qui  doive  finir 
du  jour  au  lendemain,  et  si  le  canon  com- 
mence à  gronder,  il  vous  restera  à  coup  sûr 
plus  d'un  boulet  à  envoyer,  je  n'ai  pas  besoin 
de  vous  dire,  à  ce  propos,  combien  on  a  joui 
ici  de  la  manière  dont  l'amiral  Baudin  s'ex- 
prime sur  votre  compte  dans  une  lettre  qu'il 
a  écrite  à  Heymès  :  le  témoignage  d'un  homme 
aussi  loyal  ne  saurait  être  suspecté  de  flatterie, 
et  il  est  bien  honorable  pour  vous  d'avoir  été 
apprécié  par  lui  de  la  sorte.  Continuez  à  méri- 
ter de  pareils  suffrages,  et  il  n'y  aura  pas  une 
voix  qui  osera  s'élever  pour  vous  disputer 
le  haut  rang  auquel  vous  êtes  destiné  dans  la 
marine  française. 

Adieu,  mon  bien  cher  ami  ;  Hernoux  est  à 
Mantes  depuis  lundi,  et  ne  m'a  rien  envoyé 
pour  vous.  Je  lui  écrirai  un  de  ces  jours.  J'es- 
père que,  quand  ces  lignes  vous  arriveront 
vous  serez  bien  près  de  nous  revenir.  Jusqu'à 
cet  heureux  moment,  mille  bien  tendres  et 
bien  sincères  amitiés. 

A.  Trognon., 

Nécrologie 

Nous  avons  le  très  vif  regret  d'annoncer 
la  mort  de  notre  collaborateur  M.  Samuel 
Rousseau.  11  avait  été  l'un  des  coopéra- 
teurs  les  plus  dévoués  de  la  présente  di- 
rection de  \' InUrmédiaire.  Grand  prix  de 
Rome,  professeur  au  Conservatoire,  maître 
de  chapelle  de  Sainte-Clotilde,  le  composi- 
teur de  ces  ouvrages  de  noble  allure,  Mè- 
rowig,  La  Cloche  du  Rhin,  était  aussi  un 
amoureux  des  lettres.  11  tenait  la  plume 
du  critique  avec  autorité.  Dans  les  rares 
loisirs  de  sa  tâche  absorbante,  il  donnait 
à  Y  Intermédiaire  des  preuves  de  sa  flat- 
teuse sympathie. 

L'homme  était  affable,  distingué,  cor- 
dial, dévoué  ;  il  complétait  le  maître  et 
l'artiste.  Ses  obsèques  ont  été  dignes  de  sa 
probe  et  haute  réputation. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


Imp.  Daniel-Chambon  St-Amand- 
Mont-Rond. 


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Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mots  20  Octobre  1904. 


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DES   CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé   en    1864 

QUESTIONS    ET   RÉPONSES    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


553 


554 


amucôtiouô 


Les  Grandes  Charités  de  Paris. — 

•Qu'élaient-ce  que  «  les  Grandes  Charités 
•de  Paris  ?  »  Dans  beaucoup  de  régions  de 
France,  le  public  croit  qu'il  existe  et  qu'il 
existait  surtout,  il  y  a  une  trentaine  ou 
une  quarantaine  d'années,  à  Paris,  une  as- 
sociation charitable  appelée  «  les  Grandes 
Charités  de  Paris  ».  Cette  Association  au- 
rait eu  pour  but  de  soulager  les  pauvres 
honteux,  de  venir  en  aide  à  des  misères 
cachées,  par  de  petites  rentes  faites  dis- 
crètement, et  cela  non  seulement  à  Paris, 
mais  encore  dans  tous  les  départements. 

Je  désirerais  bien  savoir  si  cette  «  sorte 
de  Société  de  Saint-Vincent  de  Paul  »  a 
réellement  existé  ? 

En  parlant  de  quelqu'un  avant  de  petites 
ressources  dont  l'origine  était  ignorée, 
on  aurait  dit,  paraît-il  :  «  11  est  des  Gran- 
des Charités  de  Paris  >/,  D''  Bo. 

Le  vaillant  capitaine  Cigongne. 

—  Leroux  de  Lincy  écrit  dans  sa  Notice 
sur  la  Vie  et  la  Bibliothèque  de  M.  B.  A . 
Cigongne  : 

Les  amis  de  M.  Cigongne  lui  ont  entendu 
■dire  qu'il  croyait  pouvoir  se  rattacher  au 
vaillant  capitaine  Cigongne,  serviteur  dévoué 
de  Henri  IV,  qui  compte  aussi  au  nombre 
des  poètes  satiriques   de  la  fin  du  xvie  siècle. 

On  a  quelque  peine  à  reconnaître  en  ce 
«  vaillant  capitaine  »,  le  poète  gouver- 
neur de  Dieppe,  N.  de  Beauxoncles  de 
Sigongne,  Cigongne  ou    Sygognes,  au- 


quel Pierre  de  l'Estoile  a  dédié  une  terri- 
ble oraison  funèbre  en  trois  phrases  assez 
connues.  Mais  c'est  bien  lui,  n'en  doutons 
pas. 

Est-il  exact  que  le  bibliophile  Cigongne 
ait  appartenu  à  la  même  famille  .? 

Les  érudits  normands  ont-ils  étudié 
l'histoire  de  leur  ancien  gouverneur  diep- 
pois,  depuis  les  recherches  de  Paulin  Pa- 
ris et  de  M.  F.  Lachèvre  ? 

Sigongne  est  un  mystérieux.  On  ne 
connaît  guère  qu'une  date  importante  de 
sa  vie,  celle  qui  en  marque  le  terme  : 
avril  161 1.  Par  malheur,  l'état-civil  de 
Dieppe  ne  remonte  pas  au  delà  de  1620. 
—  Colletet  avait  écrit  sa  biographie, 
mais  personne  n'a  pris  la  peine  de  la  co- 
pier avant  que  l'incendie  de  1871  ne  vînt 
l'anéantir.  P.  L. 

La  fille    aînée    de    l'Eglise.  — 

Quand  et  par  qui  la  France  a-t-elle  été 
ainsi  surnommée  '?  P.  Ponsin. 

Julien,  domestique  de  Chateau- 
briand. —  M.  Edouard  Champion  vient 
de  publier  Vltinéraii'e  de  Julien,  le  do- 
mestique dont  parle  Chateaubriand  comme 
l'ayant  accompagné  dans  son  voyage  en 
Palestine. 

«  Ce  qu'il  était,  où  il  était  né,  écrit 
M.  Edouard  Champion,  nous  n'avons  pas 
réussi  à  le  découvrir  et  nous  laissons  ce 
soin  à  quelqu'un  de  nos  confrères  plus 
habile  et  plus  heureux  de  V Intermédiaire 
des  chercheurs.  » 

Justifions    la    confiance    que     l'érudii; 

L.  41 


N*  1055. 


L'INTERMEDIAIRE 


?7? 


556 


écrivain  place  en  nous.  Où  est  né  Julien  ? 
Comment  s'appelait-il,  quel  fut  son  sort 
après  son  retour  de  Jérusalem  ? 

<s  C'était,  dit  Joubert.  le  frère  de  la 
camériste  ». 

«  Je  fis  entrer  Julien,  selon  son  désir, 
écrit  Chateaubriand,  à  l'hospice  des 
vieillards  :  il  y  acheva  le  grand  et  der- 
nier vo3age.  >/ 

N'y  a-t-il  pas  là  une  piste  sur  laquelle 
le  flair  d'un  Gustave  Bord  n'hésiterait  pas 
longtemps .''  M. 

Dernières  paroles  de  Danton.  — 

Sénar,  dans  ses  Mcinoircs,  rapporte  que 
Danton,  quelques  instants  avant  de  partir 
pour  son  exécution,  aurait  prononcé  ces 
paroles  :  Qii'  hnporte^  si  je  niems?  j'ai  bien 
joui  dans  la  Révolution,  J'ai  bien  dépensé, 
bien  ribolW,  bien  caresse  des  filles  ;  allons 
dormir  !  Bien  que  Sénar  ait  vécu  dans  un 
milieu  où  il  s'est  passé  des  choses  des 
plus  malpropres,  il  y  a  lieu  de  suspecter 
son  témoignage.  Ces  paroles  de  Danton 
ont-elles  été  rapportées  par  d'autres  his- 
toriens ou  chroniqueurs  du  temps? 

Paul  Pinson. 


ILe  plus  ressemblant  des  portraits 

de  Napoléon  I'^  —  Quel  est  le  por- 
trait de  Napoléon,  entre  iSo^et  181 1,  ré- 
puté le  meilleur  comme  ressemblance  et 
facture?  Où  pourrait-on  se  procurer  une 
bonne  reproduction  ?  Ferragus. 


Les  chapeaux  de   Napoléon  ^^ 

—  M.  Germain  Bapst  est  certainement 
l'homme  le  mieux  instruit  de  ces  détails 
familiers.  Lors  de  la  discussion  qui  s'é- 
leva à  l'Institut  sur  la  non  acceptation  ou 
l'acceptation  du  chapeau  de  Napoléon  l"'^ 
légué  par  le  peintre  Gérôme,  il  n'a  pas 
pris  la  parole  dans  la  presse,  à  la  sollici- 
tation des  reporters  qui,  si  volontiers, 
l'assiègent ;c'estsansdoutequ"il  estabsent. 
Aussi  a-t-on  lamentablement  erré.  On 
eût  trouvé  l'historien  de  Canrobert  qu'il 
eût  répondu,  avec  sa  précision  ordinaire, 
si  riche  en  anecdotes  contées  avec  une 
verve  fougueuse,  et  Ton  eût  connu  l'his- 
toire de  chacun  des  chapeaux  authenti- 
ques. 

Puisse  cette  note    lui  tomber  sous  les 
j^eux.  Y. 


UnBulletin  de  la  Grande  Armée* 

—  Pendant  la  retraite  de  Russie,  quelques 
jours  avant  de  rentrer  en  France, Napoléon 
fit  insérer  au  Journal  officiel  ce  29°  bulle- 
tin daté  de  Malodeozens,  qui  sonna  le 
premier  glas  de  l'Empire. 

je  désirerais  savoir  si  ce  bulletin  a  été 
imprimé  en  placard  et  alTiché. 

V.J.  D. 

La  «  comnaandature  »  allemande 
à  Paris  en  1871  —  Lorsque  les  trou- 
pes allemandes  pénétrèrent  dans  Paris  en 
1871,  elles  occupèrent  la  f>artie  ouest  de 
la  capitale,  et  le  général  allemand  com- 
m.andant  la  place  —  «  commandature  ■»> 

—  s'installa    avenue    des    Champs-Ely 
sées. 

Un  intermédiairiste  pourrait-il  nous  dire 
dans  quel  immeuble  s'installa  la  n  com- 
mandature »,  quel  numéro  il  portait  et  à 
qui  il  appartenait  ?  Pourrait-il  nous  indiquer 
également  un  ouvrage  dans  lequel  se  trou- 
vent des  renseignements  relatifs  au  séjour 
des  troupes  allemandes  à  Paris. ^      C.  F. 

Marquis  de  Biron.  —  Au  mois  de 
mai  1865,  le  marquis  de  Biron  donnait  sa 
démission  de  président  d'un  cercle  pari- 
sien, à  la  suite  d'une  lettre  du  ministre  de 
l'Intérieur,  motivée  par  un  incident  créé 
par  le  comte  Adalbert  de  Talleyrand-Pé- 
rigord. 

Un  de  nos  confrères  pourrait-il  me  faire 
connaître  le  nom  du  cercle  présidé  par  le 
marquis  de  Biron  et  la  nature  de  l'incident 
ayant  provoqué  sa  démission  rendue  pu- 
blique par  la  voie  de  la  presse,  vers  le 
12  ou  14  mai  1865 .? 

Je  n'ai  pas  sous  la  main  les  journaux  de 
l'époque.  Arm.  D. 

Famille  de  Bertin.  —  Un  comte 
Henry  de  Bertin  de  Chalup  épousa,  en 
1835,  mademoiselle  Frignet-Despreaux, 
nièce  du  duc  de  Trévise.  Borel  d'Haute- 
rive,  (probablement  dans  l'Annuaire  de  la 
Noblesse  de  1851,  p-200,  que  je  n'ai  pas 
en  mains)  dit  que  ce  Bertin  était  petit-fils 
du  Ministre  de  Louis  XV.  Fut-il  père  d'A- 
lexis de  Bertin  de  Chalup,  ancien  officier 
des  Haras,  décédé  à  Paris  en  décembre 
1878,  à  l'âge  de  37  ans  (donc  né  en 
1841),  et  fils  d'un  Alexis  de  Bertin  qui 
figure  sur  la  liste  des  Emigrés  deman- 
dant l'indemnité  ?   De  qui  peut-il  descen- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURFEUX 


20  Octobre  19O4. 


557 


558 


dre  ?  Certainement  pas  du  ministre,  car 
ni  lui  ni  ses  frères  n'eurent  de  posté- 
rité. St-Saud. 

Lg  ventre  d'argent  da  général 
de  Galliffet.  —  A  la  suite  de  blessures 
reçues  à  l'abdomen  pendant  la  campagne 
du  Mexique,  on  dut,  paraît-il,  mettre  un 
ventre  d'argent  au  général  de  GalIitTet  ; 
mais  d'aucuns  prétendent  que  c'est  une 
légende.  Où  est  la  vérité  ? 

Un  ancien  cul  de  singe. 

His  de  Lasalle,  collectionneur. 
—  Saint-Marcel-Gorbin,  peintre.  — 

]e  bloque  en  un  seul  article  les  deux 
questions  que  je  pose  à  \' Intermédiaire. 

D'abord,  je  désirerais  avoir  des  détails, 
lieux,  dates  de  naissance  et  de  décès, 
noms  des  père  et  mère,  et  autres  rensei- 
o-nements  de  famille,  notes  relatives  à  la 
vie  de  l'homme  et  a  la  formation  de  la 
collection,  sur  le  collectionneur  Aimé- 
Charles,  dit  Horace  de  Lasalle.  Je  rencon- 
tre bien  un  article  d'aimable  causerie  dans 
\q  Journal  des  Arts  an  24  septembre  1904, 
iT.ais  il  n'y  a  pour  moi  pas  assez  de  da- 
tes et  de  noms  propres.  A  la  vérité,  j'y 
vois  indiquée  une  notice  lue  par  M.  Gru- 
ger à  la  séance  annuelle  de  l'Institut  en 
188 1,  seulement,  je  doute  que  je  puisse 
mettre  la  main  dessus. 

Je  souhaiterais  aussi  des  renseignements 
semblables  sur  Charles-Edme  Saint-Mar- 
cel-Corbin,  peintre  et  aquafortiste,  élève 
de  Delacroix  et  d'Aligny  —  une  singu- 
lière rencontre  dans  la  formation  d'un 
artiste  pour  le  dire  en  passant.  11  me  sem- 
ble avoir  lu,  il  n'y  a  pas  très  longtemps, 
un  article  sur  ce  peintre  dont  la  renom- 
mée n'a  pasje  crois,  égalé  le  mérite,  sur- 
tout dans  la  représentation  des  animaux; 
mais  où  ^  C'est  probablement  dans  la 
Galette  des  Beraix-Arts  ;  auquel  cas  il 
suffirait  à  un  collaborateur  mieux  rensei- 
gné que  moi,  de  m'en  donner  l'ind'cation 
bibliographique.  H.  C.  M. 

Jourdain  du  Pin.  — Jourdain  du  Pin., 
descendant  des  seigneurs  de  le  Pm  en 
Normandie,  commande,  en  1190,  avec 
l'amiral  Margarit,  la  flotte  de  Richard 
Cœur  de  Lion  ;  croisé  il  fut  gouverneur  de 
Messine.  (Voir  Histoire  de  Normandie  de 
l'abbé  du  Moulin). 

On  trouve  Bibliot.  nat.  cab.  des  titres  : 


Jourdain  du  Pin,  chevalier,  seigneur  du 
Roy,  sire  de  l'Isle,  fils  de  feu  noble  homm- 
Jourdain  son  père,  en  1296. 

Ce  Jourdain  ne  serait-il  pas  le  fils  du 
croisé  Jourdain  précité  .^ 

(Les  armoiries  du  croisé  sont  ^  boure 
dons  de  gueules  sur  champ  d'argent).  Ce 
Jourdain,  s'il  avait  les  mêmes,  serait  vrai- 
semblablement le  fils  ^ 

Trouve-t-on  des  traces  de  sa  descen- 
dance ?  Où  ? 

Il  existe  une  localité  chef-lieu  de  canton 
arrondissementde  Montmorillon  (Vienne)' 
nommé  l'Isle  Jourdain.  Ne  serait-ce  pas 
de  ce  lieu  qu'il  serait  seigneur  ■ 

Cette  famille  du  Pin  passa  en  Bour- 
bonnais puis  en  Poitou  en  1356  ;  c'est  un 
indice. 

Il  y  a  aussi  :  Isle  Abbots,  comté  de 
Somerset,  district  d'Abdick  sur  l'Isle  (An- 
gleterre). A  remarquer  quejourdain  du  Pin 
sert  TAngleterre.  Sa  famille  avait  été  dé- 
portée par  Henri  i",  roi  d'Angleterre, 
après  la  conspiration  de  Saint-Leuffroy  et 
le  supplice  d'Odorad  du  Pin,  en  la  per- 
sonne du  frère  Morin  du  Pin  qui  habitait 
Canteby  ou  Cateby.  fVoir  Histoire  de  la 
maison  d' Harcourt^  par  Gilles  de  La 
Roque). 

Quelle  serait  la  tlliation  de  ce  seigneur 
de  risle  .? 

Où  trouver  des  documents  ^  D. 


Les  La  Valette,  de  Provence.  — 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  Héraldique 
et  Généalogique  de  France,  7*  année,  V 
vol.  page  87  (février  1886),  il  est  fait 
mention  d'une  famille  provençale  ano- 
blie «  De  La  Valette  »,  qu'on  supposait 
complètement  éteinte.  Cependant  il  y  a 
des  De  La  Valette,  d'origine  française 
(provençale),  naturalisés  hollandais  de- 
puis 1822,  portant  les  armes  de  cette 
famille  et  prétendant  en  descendre.  Les 
documents  étant  incomplets  (ils  s'arrê- 
tent à  I7i4),un  intéressé  établi  aux  colo- 
nies et  n'y  pouvant  consulter  ni  archives, 
ni  bibliothèques,  s'adresse  à  la  complai- 
sance des  généalogistes  de  l'Intermédiaire, 
pour  de  plus  amples  renseignements  que 
ceux  contenus  dans  la  notice  du  Bulletin, 
soit  pour  lui  indiquer  des  documents, 
imprimés  et  manuscrits,  à  consulter  ou  à 
faire  consulter.  Pourrait-on  désigner  aussi 


No  1055 


L'INTERMEDIAIRE 


559 


560 


les  branches  de  cette  famille  de  La  Valette 
ayant  dérogé  d'après  le  Bulletin. 

Ferragus. 

Marc  Fournier,  sa  correspon- 
dance. —  Directeur  du  Théâtre  de  la 
Porte-Saint-Martin,  auteur  dramatique, 
collaborateur  de  Barrière,  Dennery,  Mire- 
court,  et  à  «  Paris  chantant  »,  à  la 
«  Grande  Ville...  »  etc.,  etc.  Marc  Four- 
nier (Genève,  1818  —  Saint-Mandé,i879) 
a  laissé  des  lettres  et  impressions  de 
voyage  toutes  de  fantaisie  et  d'humour, 
datées  d'Aix,  de  Brides,  de  Salins,  Mou- 
tiers  et  autres.  Le  Figaro,  à  deux  reprises, 
a  publié  des  fragments  de  cette  corres- 
pondance :  ces  lettres  ont-elles  été  réunies 
en  volumes  ?  Jacciues  Saintix. 


Majorât  de  Claude  Monet.  —  Ces 

trois  mots  se  lisent,  gravés -en  creux,  sur 
le  beffroi  de  Calais. 

Claude  Monet  fut,  je  le  sais,  maïeur  de 
Calais  en  1609,  Je  serais  heureux  de  sa- 
voir d'où  il  était  originaire  et  s'il  a  laissé 
des  descendants  existant  encore.  Quel- 
qu'un de  nos  collègues  d'Artois  pourrait 
sans  doute  me  renseigner .''  —  Je  lui  en 
saurais  grand  gré.  A.  d'E. 

Famille  de  Monlas,  ou  Moulas, 
(peut-être  de  Monloises).  —  Dans  le 
Nobiliaire  universel  de  France  (Paris,  1880, 
Vol.  XV,  Art.  Rochery,3,est  le  suivant  : 

Rochery  de  Marcenay,  Bourbonnais,  Ni- 
vernais, et  Ile  Maurice,  seigneurs  de 
Rochery,  de  Givernon,  de  Saint-Didier, 
de  Rangloux,  de  Marcenay,  etc. 

Originaire  du  Bourbonnais  appartenant 
à  la  meilleure  noblesse  de  cette  province... 
Passée  en  Nivernais  au  xvi'  siècle. 

X.  Jean  Rochery,  écuyer  en  1530,  alla  se 
fixer,  par  mariage,  en  la  province  du  Ni- 
vernais et  y  épousa  demoiselle  Marie  de 
Bazet,  fille  de  Jean  de  Bazet,  écuyer  et  de 
Marie  à^  Mo!ilas,qm  le  rendit  père  de 

XI .  Philippe  Rochery,  écuyer,  capitaine.... 
Il  avait  épousé  demoiselle  ^Iarguerite  Gas- 
coing  [Charte  conservée  aux  Arch.  nat.  à 
Paris.  Voir  les  registres  de  la  chambre  des 
comptes  de  Bourbonnais]. 

En  1405-6,  est  le  suivant,  John  de 
Monlaur, chevalier, de  S.  Emilion,Gascony. 

(Catalogue  des  RoUes  Gascons,  Nor- 
mans  et  François.  London,  1743). 

]Et  le  suivant,    1455-6.  John  de  Mon- 


laur, Armiger,  de  Bordeaux  (Burdegalas). 

(Ibid.  Catalogue  des  Rolles,  etc). 

Dans  Hozier,  Armoriai  Général  ou  Re- 
gistres delà  Noblesse  de  France  (Paris,  1764) 
est  le  suivant.  1523.  Seigneurie  de  Mon- 
loises-Bar,  appartenant  à  la  famille  De 
Braque  de  l'Ile  de  France, Normandie,Tou- 
raine,  etc.  (Art.  De  Braque.  Reg.  3, 
Parti  ,83). 

Aussi,  1627,  Sti^TiQurie  (de  M074.I a  s). 

(Hozier,    Art.    De  Rozet,  Reg.    6,  pp. 

lO-Il). 

La  famille  huguenote  de  Monlas,  ou 
Moulas, vint  de  France  se  fixer  en  Angle- 
terre après  la  Saint-Barthélémy.  Jean 
Monlas  maître-es-arts  (Magistcr  Artium) 
«  de  rUniversité  de  Bordeaux  »  avait  le 
même  grade  à  l'Université  d'Oxford  en 
Angleterre,  30  octobre  1635, 

La  famille  de  Monlas  porte  :  Un  chevron 
engrele  entre  trois  cors  de  chasse,  au  milieu 
du  chef  une  mollette.  Je  ne  sais  pas  les 
émaux  de  ce  blason  français. 

J'accepterais  avec  reconnaissance  les 
réponses  des  intermédiairistes  sur  l'origine 
et  l'histoire  de  cette  famille  de  Monlas 
ou  Moulas. 

(Rév.  Edwin  J.  Marriner. 
Ardvoulan,  Torquay, 
Angleterre). 

Famille  de  Saint-Simon-Courto- 
mer.  —  Pourrait-on  m'indiquer  le  lieu 
et  la  date  de  naissance,  le  lieu  et  la  date 
de  décès,  le  grade  dans  l'armée  avant 
1789  et  la  description  des  armoiries  d'An- 
toine-Léon-Pierre de  Saint-Simon,  comte 
de  Courtomer,  chambellan  de  l'Impéra- 
trice Joséphine  en  février  1805,  créé 
comte  de  l'Empire  avec  majorât  le  20  août 
1809.^  Aide  de  camp  de  La  Fayette  en 
1789  et  chef  de  la  2^  division  de  la  garde 
nationale  parisienne,  il  fut  promu  maré- 
chal de  camp  le  19  mai  1790.  Il  était  fils 
de  Philippe-Antoine-Nicolas  de  Saint-Si- 
mon, marquis  de  Courtomer,  et  de  Louise- 
Rose  de  Thiboutot.  Les  armes  de  la  fa- 
mille originaire  du  Cotentin  étaient  :  de 
sinople,  à  trois  lionceaux  de  gueules. 

Furent-elles  modifiées  par  Napoléon  ? 

Eloigné  pour  un  certain  temps  de  toute 
grande  bibliothèque,  je  voudrais  à  la  fois 
des  renseignements  précis  et  des  référen- 
ces que  je  puisse  citer  comme  pièces 
justificatives  du  travail  que  j'ai  à  faire 
sur  cette  famille, 

M's  DE  L.  C. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


561    -- 


Famille  de  Zandt  (en   allemand 

von  Zandt).  —  Quels  sont  les  noms 
des  père  et  mère  de  Jean  Frédéric,  baron 
de  Zandt,  et  de  Loche-Winchelhausen, 
grand  maître  général  des  armées  de  Ba- 
vière, tué  à  Landshut  en  1809  ?  Cette  fa- 
mille est-elle  encore  représentée  ?  Je  la 
crois  originaire  de  Bavière.  A.  B, 

Histoire  da  l'ordre  de  Saint-Louis 

—  Existe-t-il  une  liste  complète  et  authen- 
tique des  membres  de  cet  ordre  ?  L'ou- 
vrasre  de  M.  Théodore  Anne  offre  beau- 
coup  de  lacunes.  (^Histoire  de  l'ordre  de 
Saint-Louis  en  3  volumes).  A.  B. 

Entrebas.  —  Une  famille  porte  : 
d'apir,  à  Ventrebas  d'or.  Je  ne  trouve 
cette  expression  dans  aucun  livre  de 
blason  ancien  (Père  Menestrier)  ni  mo- 
derne (Renesse,  Grandmaison,  Gheusy, 
O'Kelly).  Que  peut-elle  signifier?  Je  me 
demande  si  le  livre  d'où  c'est  tiré  ne  con- 
tient pas  une  faute  d'imprimerie  ;  si  on 
n'a  pas  voulu  dire  entrclac,  peut-être  cn- 
irelas  en  vieux  français. 

La  Coussière. 

Les  tresses    de   Navarre,.  —  On 

lit  dans  un  article  du  journal  l'Eclair   du 
vendredi  30  septembre,  5=col.  :  Les  sceaux 
de  France^  ces  mots  :  «  L'écu  de  France 
flanqué  des  tresses  de  Navarre  ». 
Qu'est-ce  que  c'est  ?  A,  T.  Blés. 

Gironnéde...etde...  dedouzepiè- 
ces.  —  Je  serais  fort  obligé  que  l'on  vou- 
lût bien  me  dire  à  quelle  famille  apparte- 
naient les  armes  :  gironné  (peut-être  d'a- 
:(ur  et  d'or)  de  doit:^e  pièces  qui  étaient 
celles  d'une  dame  le  Bascle  d'Argenteuil. 
On  voit  ces  armes  sur  l'une  des  façades 
du  château  de  Pouy  en  Champ  igne.  Elles 
sont  accolées  aux  armes  des  le  Bascle 
d'Argenteuil, seigneurs  de  Pouy, qui  sont  : 
Ecartelé  aux  i"^  et  4  fascé^  enté  et  onde 
d'argent  et  de  gueules,  qui  est  Roche- 
chouart  ;  aux  2  et  ^  d'azur  semé  de  fleurs 
de  Ivs  d'or  et  à  la  bordure  de  gueules  qui 
est  Bourbon-Anjou,  et  sur  le  tout  de 
gueules  à  trois  inaclcs  d'argent  qui  est  le 
Bascle.  Les  deux  écussons  ont  pour  sup- 
ports 2  lions  et  sont  surmontes  d'une 
couronne  de  marquis  au  dessus  de  la- 
quelle est  un  liston  portant  la  devise  des 
le  Bascle  ;  Sine  macula  niacla.  T. 


20  Octobre  1904. 
562    -■ — — — 

A-rmoiries  à  déterminer  :  d'azur, 
au  lion  léopardé  d'argant. —  Z)a^?«-, 
au  lion  Icopardc  d'argent, au  chef  de  gueules, 
chargé  d'une  tour  entre  deux  croissants  ados- 
sés, accompagnés  chacun  de  quatre  croi- 
settcs  posées  en  croix,  le  tout  d'argent. 

Je  trouve  ces  armoiries  peintes  en  mi- 
niature sur  la  première  page  d'un  très 
vieux  missel  (date  illisible)  ayant  appar- 
tenu à  la  chapelle  des  Pcnitans  d'Olliou- 
les  (Var).  Pourrait-on  également  me  don- 
ner la  devise  de  cette  famille  ? 

DE  La  Pom  . . . 

Armoiries  à  déterminer  :  d'or,  à 
trois  bars  entrelacés.  —  A  quelle 
famille  appartiennent  les  armes  ci-des- 
sus ?  La  Sanoliette. 

Papiers  peints  de  1848.  —  J'ai  vu 
àValleraugue  (Gard),  chez  mon  ami  M. 
Camille  Chabal,  ancien  receveur  des  fi- 
nances, un  curieux  paravent  de  1848,  en 
bon  état  de  conservation.  Jl  est  recouvert 
d'un  papier  peint  sur  lequel  alternent  deux 
médaillons,  représentant  l'un  une  scène 
de  barricade,  l'autre  Louis-Philippe  au 
bord  de  la  mer,  prêt  à  s'embarquer,  avec 
le  parapluie  légendaire  sous  le  bras.  Ce 
paravent  aurait  sa  place  au  musée  Carna- 
valet. 

Connait-on  d'autres  tentures  de  ce  pa- 
pier ou  de  papiers  analogues  ?  J'en  avais 
autrefois  des  morceaux  pour  raccords, 
plus  anciens,  non  en  rouleaux,  mais  en 
feuilles  carrées.  Il  y  avait  une  large  bor- 
dure de  dromadaires  rappelant  l'expédi- 
tion d'Egypte.  Ils  ont  disparu  dans  quel- 
que déménagement. 

Marcellin  Pellet. 

Compositeurs  à  retrouver  (Suite) 
(XLIX,  789). 

47  Ballo  d'Armida  ridotto  a  finale  con 
varie  voci,  Roma  1780. 

48  Barilotto,  intermezzi.  Padoue,  Théâ- 
tre Obizzi,  carn.  17 14. 

49  la  Battagliadi  Montaperti,  fragment 
d'un  drame  lyrique.  Absque  nota. 

^o  Batto  e  Lisetta,  intermezzi,  Venise, 
Théâtre  St-Ange,  carn.  1713. 

51  la  Bella  addormentata  nel  bosco, 
Rome,  Palais  de  Monte  Giordano  ;  17 
avril  1893. 

52  Betulia  Liberata.  Lisbonne,  Théâtre 
Rua  dosCondes,  carême  1773. 


N"  '055. 


L'INTERMÉDIAIRE 


563 


564 


53  Birba.  Venise, Th.  St-Samuël,  1735. 

54  Bleso  e    Lesba,   intermezzi,  Venise, 
Th.  St-Ange,  1705. 

55  la  Bottega  da  Café.  Venise,  Th.  St- 
Samuël  automne  1756. 

560°  Venise,  carn.  1744. 

57  la   Bradamante.  Venise,    Th.    St- 
Ange  1747. 

58  der  Brave  Mann.   Vienne,    Théâtre 
Leopoldstadt,  1806. 

(A  suivre  lettre  C). 

La  conscience  de  Monsieur  Coco. 
—  Quels  sont  l'auteur,  l'éditeur  et  la  date 
du  livre  qui  porte  ce  titre  .?  La  préface 
commence  ainsi  :  «  Puisque  la  papauté, 
par  sa  récente  encyclique,  vient  de  prou- 
ver une  dernière  fois  qu'elle  sera  toujours 
l'ennemie  déclarée  du  progrès,  de  la  li- 
berté et  de  la  civilisation...  ».  Le  livre  a 
été  imprimé  par  A.  Bouret,  à  Poissy. 

Pierre  Meller. 

Mémoires  d'une  femme  de  qua- 
lité sur  JLouis  XVIII,  sa  cour  et  son 
règne.  —  4  vol.  in-8°, Paris  1829  (Marne 
et    Delaunay-Vallée).    D'après     Quérard 
[Dictionnaire  des  anonymes),  ces  Mémoires 
très  curieux  ont  pour    auteur    Lamotbe- 
i-zi;?^OH  appelé  aussi  Lamothe-Houdancourt, 
qui,  très  probablement,  aurait  écrit  sur  les 
notes  de  Madame  O...,  comtesse  D...  En 
tête  du    t.    m,   se   trouve    une  lettre  de 
Savary,  duc  de  Rovigo,  adressée  à  l'édi- 
teur et  où  on  lit  :  «...  je  n'ai   pas  le  pro- 
jet de  forcer  l'anonyme  à  se  faire  connaî- 
tre ;  je  ne  crois  pas  cependant  qu'elle  soit 
autorisée  à  signer  O...  D...  C...,  mais  je 
crois  qu'elle  pourrait,  avec  bien   plus  de 
vérité,  signer   O...    Q..-N.   ou    O...  D... 
N...  ».    Suit  une  lettre  de  «    Mme  O... 
comtesse  D,..,  auteur  des  Mémoires  d'une 
femme  de  qualité  à  M.  le  Duc  de  Rovigo» 
(15  mai  18:29),  lettre  dans  laquelle  on  lit 
notamment  p.  IX  «...    j'ai   été    légère,  je 
l'avoue,  Monsieur  le  Duc,  quoique  je   ne 
croyais  pas  que  ce  fût  à  vous  de  m'en  faire 
un  reproche...  >\  La  lettre  est  sigukO...^ 
comtesse  D. .. 

duelle  est  cette  Madame  O...  comtesse 
D...  ';!  Pierre  Meller. 

«La  Vogue  >\  —  La  Vogue ^  nouvelle 
série,  (janvier  1899), Paris, rue  des  Ecoles, 
54,  salle  du  Parthénon. 

Veut-on    m'apprendrc    combien    celte 


nouvelle  série  de  la  Ko^2(^  eut  de  numéros.'' 
Où  se  les  procurer  ?  de  La  Powm. 

Numérotage  révolutionnaire.  — 
D'une  pièce  publiée  par  M  .Léopold  Lacour 
dans  Trois  femfiies  de  la  Révolution^  p. 
298-299,  il  résulte  que  Théroigne  de 
Méricourt  demeurait,  en  dernier  lieu, 
«  rue  Honoré,  section  de  la  Montagne, 
n°  273  ».  Or,  dans  une  note  parue  dans 
l'Intermédiaire  (XLVlll,  99),  M.  J.  G. 
Bord,  parlant  du  numérotage  de  la  rue 
Saint-Honoré,  dit  textuellement  ceci  :  — 
«  La  section  du  Palais-Royal  (Montagne, 
Butte  des  Moulins)  de  la  place  Vendôme  à 
la  rue  des  Bons-Enfants  avait  un  numé- 
rotage compris  entre  15  16  et  1338.»  Donc 
pas  de  no  273. 

Quelque  intermédiairiste  obligeant,  et 
particulièrement  M.  Bord,  toujours  si 
aimable,  toujours  si  curieux  de  résoudre 
les  petits  problèmes  de  l'histoire,  voudra- 
t-il  bien  me  renseigner  sur  ce  dernier 
domicile  de  Théroigne  ?  Nobody. 

A  la  bonne  heure!  — Quel  est  le 
sens  exact  de  l'expression  «  à  la  bonne 
heure  !  »,  pour  dire  :  c'est  bien  ?  Quelle 
est  l'origine  de  cette  périphrase  ?  Quelle 
est  son  étymologie  ?  D"'  B. 

Armoiries  de  familles  bourgui- 
gnonnes. —  J'adresse  aux  érudits  bour- 
guignons les  questions  suivantes,  aux- 
quelles je  ne  trouve  pas  de  réponses  sa- 
tisfaisantes,malgré  de  longues  recherches. 

A  quelles  familles  bourguignonnes  du 
xv°  siècle  pourraient  appartenir  les  armes 
suivantes  : 

1. D'argent  à  ^  fasccs  d'aiur. 

2.  D'azur  au  coq  d'or  {x\tn  des  Vogué). 

3.  D'argent  au  griffon  de  gueules,  écar- 
tclc  de  gueules,  à  3  tètes  de  léopard  d'or. 

^.Eqtiipolé  ou  échiquctéd'or  et  de  gueides, 
le  2°  point  chargé  d'un  iion  dor,  ècarlelé 
d'or  au  lion  de  gueules . 

5.  D'or  à  la  bande  de  gueules,  acconipa- 
gnce  de  2  colins  d'azur  et  chargée  de  ^  lo- 
sanges d'argent,  écartclé  d'or,  à  la  croix  de 
sable. 

Cet  écu  se  voyait  à  une  verrière  de  l'é- 
glise d'Arnay-le-Duc. 

RoBlT. 


Coqueluche.    —  Pourrait  on  donner 
une  explication  sur  ce  mot  .'  F. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


565 


20  Octobre  1904 . 


566 


meB 


L'écharf»0  de  Caaîille  Desmou- 
lins (L,  499).  —  L'écharpe  de  Camille 
Desmoulins  a  figuré,  sous  le  n°  972,  dans 
la  5™°  vente  de  la  collection  particulière 
d'Etienne  Charavay  (17  et  18  mai  1901). 

file  a  été  achetée, au  prix  de  210  francs, 
par  M.  H.  Lavedan,  le  spirituel  auteur  du 
P'ince  d'Aurcc  et  de  yareufies.  La  même 
vente,  n"  973,  contenait  le  sac,  en  forme 


de  réticule,  de  Lucile. 


R.  B. 


\ 


\ 


Les  cahiers  dAngs  Pitou  (L,45o). 
—  M.  Coudray-Maunier  a  publié,  aussi 
à  Chartres,  une  brochure  assez  documen- 
tée, qui  doit  être  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, mais  qui  existe  certainement  encore 
chez  les  libraires  de  Chartres,  je  suis  sûr 
qu'on  y  trouverait  peut-être  de  quoi  répon- 
dre à  la  question  de  M.  A.  B.  X. 

E.  Grave. 

* 

*  * 
J'ai   retrouvé    deux    cahiers   de    chan- 
sons d'Ange  Pitou  à  la  Bibliothèque  de  la 
ville  de  Paris  ;  je  les    ai  mentionnés  dans 
mon    livre    sur   Ange    Pitou,    page    124, 

note  3.  F.  E. 

* 

»  * 
Lorsque   M.  Fernand  Engerand   écrivit 

son  remarquable  ouvrage  sur  Ange  Piton, 
je  me  proposais  de  lui  signaler  une  trou- 
vaille que  j'avais  faite  sur  les  quais  :  celle 
d'un  gros  cahier  de  chansons  datant  de  la 
Révolution  et  du  Directoire.  Il  était  formé 
de  ces  chansons  qui  se  vendaient  sur  la 
place  publique.  La  personne  qui  les 
avait  acquises,  lei  avait  rassemblées  et 
cousues.  Ce  procédé  les  sauva  de  la 
ruine  qui  menace  les  productions  po- 
pulaires. 

Je  me  trouve  avoir  ainsi  les  chansons 
que  débitaient,  à  leur  clientèle,  bayant 
devant  Lurs  tréteaux,  les  Aubert,  les  Ne- 
veux, les  Lottée.  les  Daniel,  le  citoyen 
Cadot  et  le  citoven  Leveau  dit  Beauchant, 
et  Ladre  dit  Divertissant  et  les  autres  ; 
mais  plus  précieuses  sont  celles  d'Ange 
Pitou. 

Lorsqu'on  arrêta  Ange  Pitou, le  28  bru- 
maire an  IV,  le  procès  verbal  constate 
qu'on  trouva  chez  lui,  rue  Saint-Jacques, 
n'  5  : 

Un  cahier  de  chansons  imprimées,  un  petit 
livret  contenant  seize  feuillets,    couvert   d'un 


papier  bleu,  renfermant  treize  chansons  dont 
la  première  intitulée:  Le  désespoir  du  peuple 
contre  les  agioteurs  sur  l'air  du  Réteil  du 
peuple,  et  la  dernière  le  Portrait  du  peuple 
sur  l'air  de  Figaro. 

Or,  ces  chansons  qui  n'existent  nulle 
part,  ce  sont  précisément  celles  que  ren- 
fermait ce  cahier  trouvé  sur  les  quais. 
La  police  de  l'an  V  a  saisi  seize  feuillets, 
je  n'en  possède  que  douze,  contenant  dix 
chansons,  sur  Ls  treize  qu'annonce  le 
procès  verbal. 

Chaque  cahier  se  compose  de  quatre 
feuillets  numérotés  de  i  à  4. 

En  voici  la  nomenclature  : 

1°  Le  Désespoir  il  n  peuple  contre  les  agio- 
teurs par  L.  A.  Pitou.  — Le  citoyen  actif  et 
le  citoyen  passifs  par  L.  A.  Pitou.  Rue 
Saint-Jacques,  numéro  5. 

2°  Le  Bonheur  de  ta  Révolution  ou  les  for- 
tunes rapides  par  L.  A.  Pitou,  suivi  d'une 
chanson  sans  titre  sur  le  même  sujet  : 

Pour  trouver  fortune  jadis, 
Des  quatre  coins  du  monde 
On  accourait  à  Paris. 

3"  Le  Sénat  des  cocus  par  L.  A.  Pitou. 
Le  Souvenir  du  bon  vieux  temps .^  élégie  ba- 
chique, par  L.  A.  Pitou.  «  A  Paris,  rue 
Saint-Jacques,  no  5,près  la  fontaine  Saint- 
Séverin,  chez  l'auteur,  qui  procurera  aux 
curieux  toutes  les  ariettes  et  livres  nou- 
veaux. Se  charge  de  la  commission  par 
la  librairie  et  des  envois  cans  les  Dépar- 
tements ». 

4"  Le  Cri  des  mères  de  famille  contre  les 
élégantes  à  cocarde  verte  Jes  agioteuses  et  les 
royalistes.  —  Les  Irrésolus,  par  L.  A. 
Pitou.  A  Paris  (comme  plus  haut), 

5°  Le  Plaisir  et  le  déplaisir  de  la  queue 
par  L.  A  Pitou.  Le  Monde  renversé.  A  Paris 
(comme  plus  haut). 

6^  Portrait  du  peuple  de  Paris  «  par  le 
même  auteur  »,  suivi  d'une  chanson 
annoncée  à  la  feuille  3. 

Toui  les  faiseurs  d'esprit    étant   les   guides 
des  Parisiens,  voici  le  pendant  du  dernier  mo- 
dèle :  Réveillej^-vous,  belle  donneuse  : 
Au  bon  peuple  de  cette  ville 
Qiii  voit  tout  et  croit  tout  savoir, 
Un  marchand  d'esprit  fort  habile 
Vendra  bien  du  blanc  pour  du  noir. 

iVi.  Fernand  Engerand  dit,  en  note,  (p. 
1 16),  à  la  suite  de  la  saisie  faite  le  jour  de 
l'arrestation  d'Ange  Pitou  : 

Pour  ses  chansons,  Ange  Pitou  utilisait 
assurément  les  couplets  divers  de  son  Tableau 


N"  1053. 


L'INTERMÉDIAIRE 


567 


568 


de  Paris  en  vaudeville,  aussi,  il  est  bien  évi- 
dent que  ce  Portrait  du  peuple  n'est  autie  que 
le  vaudeville  du  neuvième  numéro  qui  débute 
ainsi  : 

C'est  un  être  bien  étrange 

Qiie  ce  peuple  de  Paris. 

Sa  prescience  a  adn.irablement  servi 
M.  Enj^erand.  En  effet,  puisque  le  voici, 
sous  nos  yeux,  l'unique  exemplaire  sauvé 
de  ce  cahier  saisi  chez  Ange  Pitou,  et 
c'est  bien  le  Portrait  qui  commence  ainsi  : 

C'est  un  être  bien  étrange. 
On  y  rencontre  ce  couplet  sur  Paris,  que 
M.  Engerand  ne  cite  pas  : 

Toujours  franc,  toujours  novice 
Aveugle  en  sa  volonté, 
11  commande  son  supplice 
Pour  voir  d^  la  nouveauté 
Ne  suivant  que  son  caprice 
Ou  celui  de  ses  bourreaux 
11  applaudit  à  ses  maux. 

Je  ne  regarde  jamais  sans  une  émotion 
très  vive,  ces  quelques  petites  feuilles  de 
papier  à  chandelles  imprimées  à  la  diable, 
avec  des  têtes  de  clous.  C'était  là  le  cail- 
lou de  la  fronde  de  David,  le  caillou  qui 
atteignit  le  géant  en  plein  front  et  le  fit 
chanceler,  puis  reculer.  Ce  sont  ces  feuil- 
les volantes  dont,  par  miracle,  il  nous 
reste  ces  six  là,  qui  ont  affolé  le  despo- 
tisme, et  terrifié  la  Terreur.  Je  ne  don- 
nerais point  pour  bien  des  souvenirs  plus 
opulents,  ces  pages  héroïques,  effrontées 
et  narquoises,  l'honneur  de  la  chanson  et 
son  orgueil.  M. 

Les  dames  d'honneur  de  Marie - 
Antoineîta  (L,  443).  —  i\îadame  de 
Langeron  appartenait  à  la  famille  An- 
drault,  originaire  du  Nivernais  et  qui  a 
projeté  en  Bourgogne  la  branche  des  mar- 
quis de  Maulévrier.  Elle  est  subsistante 
et  l'on  trouvera  le  nom  et  l'adresse  de  ses 
représentants  dans  tous  les  annuaires 
spéciaux. 

Madame  de  Brunoy  était  la  femme  du 
fameux  marquis  de  Bruno3\  qui  dissipa, 
par  ses  excentricités,  la  colossale  fortune 
amassée  par  son  père,  Paris  de  Alontmar- 
tel,  fermier  général.  Il  mourut  jeune,  sans 
laisser  de  postérité.  D.  des  E. 

Bonapo.rle  appe'é  N'Coias(L,  163, 
234,292). —  Qiiel  pamphlétaire  a  jugé  spi- 
rituel de  donner  à  Napoléon  le  prénom  de 
Nicolas  ?  Ce!;!  importepeu  et  je  ne  sens  pas 


le  sel  de  l'épigramme.  Mais  si  M. A.  Dieu- 
aide  va  consulter  les  registres  d'Ajaccio, 
il  lira,  sur  le  livre  paroissial,  l'acte  du 
baptême  de  Napoléon  Bonaparte  :  sans 
autre  prénom,  sans  grattage  savant. 

Lo  masque  mortuaire  de  Napo- 
léon (T.  G.,  629).  —  A  signaler, sous  cette 
rubrique,  cette  pittoresque  annotation 
ajoutée  à  l'un  des  nombreux  moulages  du 
docteur  Antommarchi 

Monsieur  Adolphe  Sénac,  beau-fils  de  M.  La- 
biche, capitaine  au  long  cours  v.;uant  d'un 
long  voyage  sur  mer. 

C'est  en  débarquant  à  l'île  Sainte-Hélène, 
où  il  aborda  pour  faire  de  l'eau,  qu'il  apprit 
la  mort  du  gr^nd  homme  décédé  la  veille.  11 
en  rapporta  de  cette  île  la  face  de  ce  grand 
homme  qu'il  en  fit  hommage  à  M.  Labiche, 
ancien  secrétaire  de  M.  de  Montalivet  père, 
ministre  sous  Napoléon  i""  qui  lui-même 
(M.  Labiche)  en  fit  cadeau  à  M.  Porcheron, 
ancien  maire  de  Pouilly,  son  ami  qui  à  son 
tour  la  donna  en  présent  à  M.  Midoii,  nu- 
mismate distingué  pour  être  placée  au  nombre 
de  sa  précieuse  collection. 
Pouilly-sur-Loire  (Nièvre)  le  15  octobre  1858. 

Porcheron, 

D- 

Le  Courrier  de  Lyon  (XLIX,  502, 
635,  734).  —  Le  fy'ere  Léûtadc  —  M.  A. 
Boghaert- Vaché  a  cent  fois  raison.  Léotade 
était  innocent  ;  il  fut  la  première  victime 
de  la  révolution  de  Février  1848.  Son  pro- 
cès se  poursuivait  devant  le  jury  de  la 
Haute-Garonne  et  le  verdict  d'acquitte- 
ment ne  faisait  doute  pour  personne  — 
lorsqu'en  pleine  audience, pendant  la  plai- 
doirie de  AI*  Joly,  avocat  de  la  partie 
civile,  une  nouvelle  éclata  comme  un 
coup  de  foudre  :  <<■  Le  trône  est  renversé, la 
république  proclamée  !...  >>  Stupeur  des 
magistrats,  des  jurés  et  du  public... 

Quelle  venette,mes  amis  !  et  quel  appla- 
tissement  général  devant  ce  basochien  su- 
bitement acclaméproconsul  avec  pouvoirs 
illimités  !  Joly  quitta  immédiatement  le 
prétoire  pour  monter  au  capitole.  Les  avo- 
cats de  l'accusé, deux  célébrités  du  barreau 
toulousain,  MM^^  Jean  Gasc  et  Saint-Gresse 
eurent  beau  démontrer  l'innocence  par  des 
preuves  certaines  et  d:.s  arguments  irréfu- 
tables, le  siège  du  jury  était  fait. 

Hypnotisés  par  la  peur, les  jurés, sur  leur 
«  honneur  »  et  leur  «  conscience  v>,  décla- 
rèrent l'acousc  coupable.  Ils  eurent  la  gé- 
nérosité, pouitant,  d'accorder  les  circons- 


DES  CHERCHllIRS  tT  CURIEUX 


:o  Octobre  1904 


-   569 


—    570 


tances  atténuantes  et  mon  camarade  Louis 
Bonafous  fut  envoyé  au  bagne  de  Toulon. 
Je  dis  -;<  mon  camarade  »  parce  qu"en  mes 
neuvième  et  dixième  années    j'étais   avec 
lui,  et  je  m'en  honore,   élève  des   Frères 
des  Ecoles  chrétiennes   de  Saint-Affrique. 
Même  qu'aux  distributions  «  solennelles» 
des  prix  je  lui   donnai  la   réplique    en   un 
dialogue  de  circonstance,  composé   par  le 
très  cher  frère  Zime,d;rec:eur. C'est  bizarre 
tout  de  même  ;  en  ce  temps  et   dans  ces 
contrées  reculées, c'était  u  •.  honneur  d'  «  al- 
ler   aux    frères  ».    Les  protestants   eux- 
mêmes,  nombreux  en  cette  sous-préfecture 
aveyronnaise,   envoyaient    «  aux  frères  » 
leurs  enfants  —  au  moins  jusqu'à  leur  en- 
trée au  collège..  Aujourd'hui... 

L'avocat  Cazeneuve  —   on  prononçait 
comme  lui  Cazenûve  —  avait  suivi  atten- 
tivement les  débats  et,  convaincu  de  l'in- 
nocence de  Lcolade,  il  écrivit  coup  sur  coup 
plusieursmémoiresdémontrant  l'iniquité  de 
la  sentence.  U  réussit...  à  se  faire  condam- 
ner pour  outrages  à  la   magistrature.    Ne 
s'avouant    pas    vaincu,   et  puisqu'on  lui 
défendait  d'écrire,  à  sa  sortie  de  prison  il 
se  mit  à  parler  ;  et   les   ancêtres  qui  fré- 
quentaient en    1855-56  et  peut-être   plus 
tard,  au  quartier  latin,     se    souviendront 
encore  de  cet  apôtre  au  fort   accenl   tou- 
lousaiii,     qui   pérorait  de  neuf  heures  à 
minuit  dans  les  catés  de  la  rive  gauche. 

Louis  Bonafous  mourut  en  i850.j'ig;"!ore 
la  date  du  décès  de  Cazeneuve.  jusqu'à 
la  dernière  minute  ils  ont  protesté  l'un  et 
l'autre*  de  l'innocence  du  frère  Léotade.  A 
cette  double  protestation,  je  m'associe  de 
tout  cœur.  A.  S.,  e. 


Voici  !a  liste  des  ouvrages  ùe  l'avocat  Caze- 
neuve dont  les  titres  me  sont  connus  : 

Relation  historique  de  la  procédure  et  des 
débats  delà  cour  d'assises  de  la   Haute-Ga- 
ronne, dans  la  cause  de  Louis  Bonafous,  frère 
Léotade,  des  écoles  chrétiennes  de   Toulouse, 
condamné  pour  viol  et   assassinat   sur   la  per- 
sonne de  Cécile  Combettes  aux  travaux  forcés 
à  perpétuité,  subissant  actueileinent  sa   peine 
aux  bagnes  de  Toulon.  M.  de  Labeaume  pré- 
sident de  ia  cour   d'Assises  :   Vialas,  Quevillac 
juges  ;  M.  d'Oms,    procureur  général  ;  MM"^ 
Joly  et  Rumeau,  avocats   de   la   partie  civile  ; 
MM'*  Jean  Case    et   Saint-Gresse,   avocats  de 
l'accuié.  Par  M«  Jean-Michel  Cazeneuve,  avo- 
cat   près   la   cour  d'Appel    de   loulouse,  etc. 
i'"  et  2»  parties.  Deux  volumes  inS"    ensem- 
ble de  49  feuilles  3/4  plus  deux  pi. et  un  fac- 
similé.  Toulouse,  Paris  1649. 
Abrégé  de   la  telation   historique  de  la 


procédure  et  des  débatsMc,  etc., par  M°  Jean- 
Michel  Cazeneuve  et  in-8"  de  20  feuilles  3/4. 
Toulouse   1852. 

B;=ptêmo  (XLVII  ;  XLVîll).  —  Un 
des  fifs  de  François  d'Esparbès,  vicomte 
d'Aubet-jrre,  naquit  et  fut  baptisé  à 
Blaye  (Gironde),  le  20  juillet  1617,  alors 
que  son  père  était  gouverneur  de  cette 
ville  ;  il  reçut  le  nom  de  Louis  de  Blaye 
et  fut  présenté  au  baptêm.e  par  le  maire 
et  les  jurats.  Est-ce  le  même  qui  fut  lieu- 
tenant général  et  qui  se  signala  à  Rocroi 
et  à  Nordlingue  ?  Pierre  Meller. 

Outillage  g^lîo-ronjain     (L,    219, 

422,  528).  —  Merci  à  notre  collaborateur 
Saffroy.  Peut-on  se  procurer  la  brochure 
dont  il  parle,  ou  tout  au  moins  l'avoir 
en  communication  ? 

Je  commence  la  série  découverte  aux 
Cléons,  par  un  petit  instrument  à  l'usage 
des  femmes  :    une   tige   de   bronze  de  la 
.rrosseur  moyenne  d'une  forte   aiguille  à 
tricoter,  longue  de  6  centimètres  et  com- 
plètement recouverte  de  la   belle  patine 
ant-que.   La    partie    haute,   un   peu    plus 
grosse  et  légèrement  aplatie,  montre  deux 
épaulements  opposés,  auxquels  fait  suite 
une  soie  appointée  qui   pénétrait  dans  un 
manche  aujourd'hui  disparu.  L'autre  bout, 
arrondi,    porte,   à   8    millimètres  de  son 
extrémité,  un  cran   dont   la    profondeur 
dépasse   la  moitié    de   l'épaisseur    de  la 
tige. 

C'est  indubitablement  un  crochet  à  bro- 
derie ;  et,  nul  doute  à  ce  sujet  ne  fut  ja- 
mais manifesté  par  les  nombreux  visi- 
teurs du  Musée  Local. 

]e  me  souviens  qu'il  y  a  quelque  cin- 
quante ans,  les  dames  brodèrent  au  cro- 
chet. On  fit  d'abord  de  petites  bourses, 
nuis  des  blagues  à  tabac,  des  dessous  de 
lampes  ;  plus  tard,  des  couvertures  de 
chaises,  de  canapés,  de  lits,  voire  des  ri- 
deaux entiers.  Cette  mode,  rapidement 
généralisée,  paraissait  indiquer  que  nous 
étions  les  inventeurs  plutôt  que  les  réno- 
vateurs de  ce  genre  de  travail. 

Il  ne  peut  plus  y  avoir  aucun  doute 
à  ce  sujet  :  les  dames  gallo-romaines 
faisaient  du  crochet. 

Deux  importants  ou.vrages  récemment 
parus  :  La  Grande  Encvclopédie  et  Le 
Nouveau  Laronsse  Illustré,  n'en  parlent 
pas  à  leurs  articles  crochet  et  broderie^  du 


N-   1055, 


L'INTERMEDIAIRE 


57' 


572 


origines 


égaiement 


moinscommed'une  antiquité  aussi  reculée. 
Il  n'en  est  pas  question  dans  le  Diction- 
naire des  AnU'quitcs  Grecques  et  Romaines 
d'Anthony  Rich. 

Cet  intéressant  outil  gisait  en  profon- 
deur, sur  le  sul  de  la  salle  d'entrée  du  ^,7/- 
neiiiii. 

Au  point  de  vue  tcchniciue,  il  serait 
important  de  savoir  si  quelque  objet  ana- 
logue a  été  trouvé  par  mes  confrères,  et 
si  l'on  en  voit  au  musée  de  Saint-Ger- 
main. FÉLix  Chaillou. 

Diane  et  saint  Hubert  (XLV  ; 
XLVl  ;  L,  462).  —  L'étymologie  d'Ar te- 
rnis n'est  pas  connue  avec  cerliiude.  On 
hésite  entre  deux 
vraisemblables. 

Selon  la  première,  Arlemis  viendrait  de 
artcmcs  =  intacte,  sauvée,  «  c'est-à-dire  » 
échappée  à  tous  les  périls  auxquels  sa  vir- 
ginité était  exposée. 

Selon  la  seconde,  il  faudrait  chercher 
en  Asie  et  spécialement  en  Perse  la  source 
du  nom,  qui  signifierait  «  la  Grande 
Déesse  ».  [Ad.  Claus.  De  Dianœ  antiqnis- 
sima  apud  Grœcos  natnra.  —  Breslau, 
1 88 1 ,  p .  10]. 

Quant  à  Phoibê,  c'est  un  simple  adjec- 
tif qui  n'est  pas  uniquement  affecté  à  la 
sœur  d'Apollon.  Il  signifie  la  Lumineuse, 
l'Eclatante.  On  peut  le  rapprocher  de 
phaos^  lumière  céleste.  '** 

Le  chien  de  Jean  de  Niveîl«(XLVll; 
XLVIII  ;  L,  380,^63).  -  Le  proverbe, 
est-il  vraiment  d'origine  franco  flamande  ? 
Nos  collaborateurs  ont  cité, d'après  Leroux 
de  Lincy ,  cette  ligne  du  jaViUn  de  Récréa- 
tion (1611)  : 

Il  ressemble  le  chien  de  Nivelle,  il  s'enfuit   quand 

[on  l'appelle 

Mais  Leroux  de  Lincy  et  ses  lecteurs 
paraissent  avoir  ignoré  que  le  même  re- 
cueil de  proverbes  dop.ne  à  une  autre  page 
ce  premier  dicton  : 

Comme   le  chien    d'Arlollo  il  s'en  fuit  quand  on 

[l'appelle. 

Jardin   de  Récréation,  fol.  Dij . 
Gomes  de  Trier,  auteur  dyi  Jardin,  tra- 
duisait des  parémiologues  italiens.  Qii'est- 
ce  que  le  chien  d'Arlotto  ?  PL. 

Les  chats  de  Kilkenny  (L,  385 ,525). 
—  Le  Rév.  E  G.  Brewer,  dans  son 
Reader' s  haiidhook  of  A  lliisions, Références, 


Plots  and Stories,  donne  ces  deux  varian- 
tes : 

L'anecdote  tA  que  deux  chats  se  bat- 
taient dans  une  fosse  avec  tant  de  férocité 
qu'à  la  fin  de  la  bataille  il  ne  restait 
que  la  queue  de  cli,-cun  des  combattants, 
pour  prouver  la  rencontre  merveilleuse. 
C'est  une  allégorie  à  propos  des  munici- 
palités irlandaises  de  Kilkenny  et  d'Irish- 
town  qui  se  disputaient  si  âprement  au 
sujet  de  frontières  et  de  droits  jusqu'à  la 
fin  du  xvh"  siècle,  qu'elles  s'appauvrirent 
mutuellement  —  se  mangèrent  l'une  l'au- 
tre, ne  laissant  qu'une  queue. 

L'autre  anecdote  est,  que  l'amusement 
favori  d'un  certain  régiment  en  garnison  à 
Kilkenny  était  de  lier  deux  chats  par  la 
queue,  puis  de  les  jeter  à  califourchon  sur 
une  corde  tendue,  et  de  regarder  les  atta- 
ques féroces  t|u'ils  se  livraient  pour  re- 
couvrer leur  liberté.  Les  autorités  décidè- 
rent d'interdire  ce  «  sport  »  cruel,  et  un 
jour,  au  moment  où  deux  malheureux 
chats  venaient  d'être  placés  sur  la  corde, 
l'alarme  fut  donnée,  le  colonel  arrivait  à 
toute  vitesse.  Un  olTicier  qui  se  trouvait 
là,  coupa  avec  son  épée  les  deux  queues, 
et  les  chats  se  sauvèrent  avant  la  venue 
du  colonel.  Was. 


Chanoines  de  Saint  Denis(XLfX,3, 
2 32, 287, 3 54, 407081).  —  Claude  Rey.néà 
Aix  en  Provence  le  27  nov.  1773, était  vi- 
caire général  capitulaire  de  Mgr  Cham- 
pion de  Cicé,  archevêque  d' Aix,  lorsque 
par  ordonnance  royale  du  9  juillet  183  i, 
il  fut  appelé  à  l'évèché  de  Dijon.  Sacré  à 
Notre-Dame  des  Doms,  cathédrale  et 
métropole  d'Avignon,  le  23  septembre 
1832,  il  fit  son  entrée  en  sa  ville  épisco- 
pale  le  8  novembre.  Mais  c'était  un  mau- 
vais administrateur,  et  le  8  mai  1838,3  la 
suite  d'un  accord  entre  le  Vatican  et  le 
gouvernement  français,  il  donna  sa  dé- 
mission dont  il  informa  officiellement  le 
chapitre  le  21  du  même  mois,  et  quitta 
aussitôt  Dijon.  Il  fut  nommé  chanoine  de 
Saint-Denis  et  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur; le  15  décembre  1820,  il  présida  à 
la  cérémonie  de  débarquement  du  cercueil 
de  Napoléon  à  Courbevoie  et  donna  l'ab- 
soute. 

Mgr  Rey  mourut  à  Aix  le  17  août  1858 
Il  portait  :  dargent,  à  la  bande  de  gueules 
chargée  dune  couronne  dn  premier, Wmhrt, 


DES  C'riER^iliEURS  tîT  CURIEUX 


20  Octobre  1904 


-    573 


une  couronne  ducale,  devise  :  Non  hic... 
sedfuinrtim  viqm'siinus. 

Les  fautes  d'administration  diocésaine 
qui  amenèrent  la  démission  de  Mgr  Rey 
laissaient,  du  reste,  intacts  son  honneur 
et  sa  dignité  d'évêque  et  d'iiomme. 

H.  C.   M. 

Couvent  de  Panlhemont  (L,  443). 
—  Ce  couvent  n'était  pas  le  même  que 
celui  de  Bellechasse,  il  lui  élait  contigu. 
Le  couvent  de  Bellechasse  a  été  supprimé 
en  1790,  et  la  rue  du  même  nom  passe 
sur  son  emplacement.  Le  couvent  de  Pan- 
themont  a  été  transformé  en  caserne  de 
cavalerie,  occupée,  sous  le  second  Empire, 
par  les  Cent-Gardes,  et  encore  actuelle- 
ment par  la  direclio  i  du  génie.  La  cha- 
pelle  a    été   affectée,   en    1846,   au   culte 

réformé.  César  Birotteau. 

* 

*  » 
L'abbaye  N.  D.  de  Pantliemont  ou  Pen- 

temont,  monastère  de  filles  fondé  en  1217, 

au    faubourg  Saint-joan  de  Beauvais,  par 

l'évoque  Philippe   de  Dreux  et  le  peuple 

beauvaisien.  Eile  était  de  l'OrJ.re  de  sai  't 

henoit  et  embrassa,  en  1221,    la  règle  de 

Citeaux. 

Devint  prieuré  d'hommes  de  1483  à 
1647.  A  cette  dernière  date,  les  bàtinienîs 
furent  remis  à  12  religjieuses  venues  de 
Pont-aux- Dames,  qui  ne  tardèrent  pas 
à  se  réfugier  eii  ville  à  la  suite  d'une 
inondation  de  r...01S;:  !  dit  le  Diciioniuire 
de  .Mio^ne. 

En  1672,  les  dames  de  Panthemont, 
autorisées  à  venir  à  Paris,  prirent,  le  12 
avril,  possession,  au  faubourg  Saint- Ger- 
main, du  couvent  des  religieuses  du  Verbe 
Incarné,  qui  venait  d'être  supprimé. 

En  1749,1e  dauphin,  père  de  Louis  XVI 
posa  la  première  pierre  de  l'église.  Elle 
est  présentement  affectée  au  culte  pro- 
testant, t  uidis  que  les  bâtiinents  conven- 
tuels servent  de  caserne  du  arénie,  rue  de 
Bellechasse. 

Les  religieuses  du  Verbe  Incarné  se 
consacraient  à  l'instruction  les  jeunes 
filles;  les  dames  cfe  Panthemont  étaient 
d'un  ordre  contemplatif,  mais  quand  elles 
vinrent  à  Paris,  elles  n'en  continuèrent 
pas  moins  les  traditions  des  dames  qu'elles 
remplaçaient. 

Cf.  Gallia  Cbrisli.ina.  VII,  925.  Migne, 
Dictiounaire  des  Abbayes,  620.  Louvet, 
Histoire  du  Beaiivoisis.  A.S..E. 


574 


Le  couvent  de  Panthemont  se  trou- 
vait à  côté  de  celui  de  Bellechasse, 
mais  en  était  tout  à  fait  distinct.  Ses  bâ- 
timents, situés  rue  de  Grenelle,  avaient 
d'abord  été  occupés  par  une  congrégation 
de  femmes,  dite  congrégation  du  Verbe 
Incarné.  Cette  communauté,  fondée  à 
Lyon,  en  163  i,  s'était  fixée  dans  le  fau- 
bourg Saint-Germain,  en  vertu  de  lettres 
patentes  de  juin  1643,  et  avait  été  sup- 
primée par  arrêt  du  parlement  en  date  du 

4  septembre  1671,  malgré  de  nombreuses 
protestations.  Dans  le  local  qu'elle  laissait 
disponible,  vinrent  s'installer  l'abbesse  et 
les  religieuses  Bernardines  de  l'abbaye  de 
Panthemont  fondée  en  1217,  près  de  Beau- 
vais. Le  30  mars  1677,  Nicolas  de  la 
Reynie.  lieutenant  de  police,  approuva 
cette  installation,  en  se  fondant  sur  l'im- 
portance et  l'ancienneté  de  l'abbaye,  mais 
en  déclarant  que,  vu  le  nombre  des  mai- 
sons religieuses  sises  à  Paris,  et  surtout 
dans  le  faubourg  Saint-Germain,  on  ne 
devrait  plus  tolérer  l'établissement  d'au- 
cune  d'elles. 

Au  commencement  du  xviii*  siècle,  les 
religieuses  étaient  au  nombre  de  25  et 
jouissaient  d'un  revenu  de  4.200  livres. 
En  1745,  le  prieuré  des  Bernardines  d"Ar- 
genteuil  fut  uni  à  cette  abba^-e.  Les  reli- 
gieuses furent  dispersées  à  la  Révolu- 
tion. 

Le  terrain  occupé  par  l'abbaye  fut  vendu 
en  1803.  La  partie  de  la  rue  de  Belle- 
chasse, qui-  s'étend  entre  la  rue  de  Gre- 
nelle et  le  boulevard  Saint-Germain,  s'ou- 
vrit sur  son  em.placement.  et  une  partie 
des  bâtiments  fut  affectée  au  ministère  de 
la  guerre  :  une  caserne  et  la  bibliothèque 
du  cercle  militaire  de  P.u'is  y  furent  suc- 
cessivement installées  L'église  en  façade 
de  la  rue  de  Grenelle,  est  l'œuvre  de  l'ar- 
chitecte Pierre  Coûtant  d'ivry  ;  la  pre- 
mière pierre  en  a  été  posée  le  26  avril 
1747,  et  la  bénédiction  a  eu  lieu  le  3  juin 
1756.  Elle  a  été  cédét  à  la  ville  pour  l'exer- 
cice  du  culte  protestaîit,   par  une  loi  du 

5  avril  1844, 

Consulter  pour  la  bibliographie  du  cou- 
vent les  '<  rectifications  et  additions  »  par 
Fernand  Bournon  à  VHislûire  de  la  ville 
et  du  diocèse  de  Paiis^  de  l'abbé  Lebeuf. 
(Paris,  chez  Honoré  Champion,  1901, 
page  272). 

Le  couvent  de  Bellechasse  fondé  en  1 63  5 , 


N. 


10=; 


L'iNÏERMEDiAikc 


575 


576 


par  les  chanoinesses  augiistincs  du  Saint- 
Sépulcre,  venues  de  Charleville,  était  si- 
tué en  façade  de  la  rue  Saint-Dominique, 
vis-à-vis  la  rue  Bellechasse,  qui  fut  pro- 
longée sur  son  emplacement  jus:;u'à  la 
rue  de  Grenelle,  au  commencement  du 
xiv«  siècle.  L'enclos,  qui  s'étendait  fort  loin 
vers  l'ouest,  fut  vendu  à  la  même  épo- 
que. Des  maisons  particulières  furent 
construites  sur  ce  terrain  au  milieu  du- 
quel une  place  fut  ménagée  C'est  sur 
cette  place  qu'a  été  bâtie  l'église  Sainte- 
Clotilde.  [Même  ouvrage,  page  257.] 

Ivan  d'Assof. 

li'état-civil,  les  actes  notariés  et 
le  Conseil  ginèralde  la  Seino-Infé- 
rievire(L,388,  514).  —  J'ignore  si  dans  ce 
département  quelques  maires  ignorants 
(on  en  a  vu  quelquefois)  ont  fait  apposer 
une  croix  au  bas  d'un  acte,  par  ime  per- 
sonne ne  sachant  signer.  Si  ce  cas  s'est 
présenté,  il  n'a  pas  dû  se  renouveler  au 
bout  d'un  an,  car  lors  de  la  vérification 
annuelle  des  actes  de  l'état-civil,  le  minis- 
tère public  aurait  fait  remarquer  qu'une 
pareille  façon  de  procéder  est  absolument 
illégale.  Dans  tout  acte  authentique, 
l'officier  instrumenteur  doit  se  borner  à 
constater  qu'une  partie  comparante  ne 
sait  signer. 

Hugues  Capet.qui  ne  savait  pas  signer, 
apposait,  il  est  vrai,  sa  croix  au  bas  des 
chartes  ou  diplômes,  mais  le  scribe  ajou- 
tait au-dessous  la  mention  Sis^.ium  Hu<ro- 
nis.  Mais  depuis  cette  époque  les  choses 
ont  changé  quelque  peu. 

L'empreinte  du  pouce  serait  tout  aussi 
irrégulière  que  l'apposition  d'une  croix. 
Ça  serait  du  reste  peu  pratique  et  peu 
propre,  je  me  tlgure  difficilement  une 
mariée  illettrée  s'enduisant  le  pouce  d'en- 
cre d'imprimerie,  quitte  à  l'essuyer  avec 
son  voile. 

D'ailleurs  Tempreinie  du  pouce  dans  le 
service  anthropométrique  est  une  mesure 
de  police  assez  vexatoire,  qu'on  ne  peut 
nullement  imposer  à  des  gens  qui  n'ont 
commis  d'autre  crime  que  de  ne  pas  avoir 
appris  à  écrire. 

Ce  qui  a  pu  donner  lieu  à  l'erreur  du 
Conseiller  général,  c'est  qu'au  moment 
de  la  rédaction  des  actes  de  baptême  et  de 
mariage  dans  certaines  paroisses,  on  invite 
les  assistants, bien  que  n'étant  pas  parties 
aux  actes. à  signer  honoris  causa]  un  illet- 


tré peut  apposer  sa  croix, mais  il  ne  s'agi 
pas  là  d'un  acte  authentique,  les  registre 
paroissiaux  n'ayant  de  valeur  qu'au  poin 
de  vue  religieux. 

Un  ancien  magistrat. 


Faznilles  fixées  en  Bordelais 
(L,  444).  —  La  famille  de  Flavigny  ori- 
ginaire du  Cambrésis,  se  fixa  en  Verman- 
dois  ;  elle  n'a  rien  de  commun  avec  la 
Bourgogne  ;  elle  blasonnait  :  cchiqucié 
d'argent  et  d'a:(ur.  D.  des  E. 


* 
*  * 


Les  du  Puy  (aliàs  Dupuy)  de  la  Grand- 
Rive  portent  :  coupa  au  i^'' de  sable  à  2 
croissants  d'argent,  l'un  tourne,  l'autre 
contourné,  surmontés  de  ^  ctciles  de  même  ; 
au  2  Je   gueules,  au  lion   léopardé  d'or. 

Claude-Thomas  du  Puy,  né  à  Grand- 
Rive,  prèsd'Ambert.en  1680,  mourut  en 
1738,  intendant  au  Canada.  André-Julien 
Dupuy,  né  à  Brioude  en  1753,  fut  inten- 
dantgénéral  aux  Colonies,  comme  son  pa- 
rent ci  dessus,  puis  préfet  de  Bourbon  en 
1803,  comte  de  lEmpire,  etc..  On  croit 
que  ces  deux  personnages  sont  de  même 
souche  que  les  du  Puy  de  Chabreugheol, 
près  de  Brioude  qui  ont  donné  des  magis- 
trats   municipaux  aux  xiV  et  xv*  siècles. 

Sur  les  Filley  de  la  Barre,  Y  Armoriai 
du  I"'  Empire,  de  Révérend,  est  très  mai- 
gre. Petrocore. 

Bizet  (L,  444),  — A  toutes  les  ques- 
tions :  Oui. 

Pour  tous  renseignements,  s'adresser  au 
fils  du  célèbre  compositeur,  M.  Jacques 
Bizet.  Ux  lecteur. 

*  * 
L'ouvrage  réclamé  par  M.  Guy  Blotois 
a  paru  chez  OUendorf,  il  y  a  sans  doute 
un  an  ou  deux.  Bizet  a  eu  un  tlls,  aima- 
ble garçon  qui  doit  approcher  de  la  tren- 
taine et  qui  habite  du  côté  du  boulevard 
Malesîxorbes.  Il  s'est  battu  en  duel  l'année 
dernière,  avec  M.  Picard,  le  jeune  auteur 
dramatique.  Sa  mère  —  la  femme  de  l'ad- 
mirable musicien  —  vit  encore.  Peu  de 
temps  après  la  mort  de  son  mari,  elle 
épousa  M.  Strauss,  avocat.  Comme  ce 
nom  est  fort  répandu,  elle  est  générale- 
ment appelée  Aladame  Strauss-Bizet.  Le 
Tout-P.iris  apprendra  sans  mystère,  pa;;e 
555,  à  M.  Guy  Blotois,  qu'elle  demeure 
104,  rue  de  Miromesnil. 

Pic  de  la  Mirandole. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre  1904» 


577 


578 


Il  existe  deux  ouvrages  principaux  sur 
Bizet  : 

Georges  Bi^et  et  son  œuvre,  par  Charles 
Pigot.  —  préface  d'Ernest  Guiraud,  — 
I  vol.  in-iS.  3  fr.50  — (E.  Dentu,  éditeur, 
i836). 

Georges  Bis^et,  souvenirs  et  correspon- 
dance. Brochure  d'Edmond  Galabert,  (Cal- 
mann-Lévy,  1877).  —  Consulter  aussi 
l'Ouvrage  de  Camille  Bellaigue,  (Delà- 
grave,  éditeur). 

Georges  Bizet  avait  épousé  la  fille  du 
célèbre  compositeur  Halévy,  —  Mademoi- 
selle Geneviève  Halévy —,laquelle,deux  ou 
trois  ans  après  la  mort  de  Bizet,  s'est 
remariée,  et  qui  habite  Paris. 

L.  Brunet. 
* 

11  existe  sur  l'auteur  de  Carmen  et  de 
la  délicieuse  musique  de  \'  Arlésienne  un 
livre  très  étudié  et  très  complet  :  Georges 
Bi{et  et  son  ceiivre,  par  M.Charles  Pigot 
(Dentu,  1886,  in- 12). 

En  dehors  de  ce  livre  intéressant, diverses 
notices  :  Georges  Bi:(et.^  souvenirs  et  cor- 
respondance, par  Edmond  Galabert  (Lévy, 
1877,  brochure  in-8)  ;  Georges  Bi^^et,  sa 
vie  et  ses  œuvres,  par  Cam.ille  Bellaigue 
(Delagrave,  1890,  in-12  de  85  pp.); 
Georges  Bi^et.  {s.  1.  n.  d.  ni  nom  d'auteur 
[impr.  Chaise,  1875],  in-8  de  26  pp.  avec 
une  vue  du  tombeau  de  Bizet)  On  a  publié 
aussi  en  Italie  deux  écrits  sur  Bizet  : 
Giorgio  Bi^et,  la  sua  vita  e  le  sue  opère, 
da  Leopoldo  Mastrigli  (Rome,  Paravia, 
1888,  in-i2\  et  Giorgio  Biiet,  cenui  hio- 
grafici  di  Archimède  Montanelli  (Massa, 
Medici,  1893,  in-8  àz  58  pp.)  Enfin,  dans 
\.\x\  volume  de  M.  Hugues  Imbert  (Fisch- 
bacher,  1894,  in-8),  on  trouve  une  série 
de  lettres  de  Bizet,  avec  son  portrait  à 
l'eau-forte. 

Bizet  avait  épousé  une  des  deux  filles 
de  son  maître  Halévy,  l'auteur  de  la  Juive, 
mademoiselle  Geneviève  Halévy,  qui, 
depuis,  sest  remariée  avec  un  avocat,  M. 
Strauss.  Il  laissait  à  sa  mort  (1875)  un 
fils  âgé  de  cinq  ans,  qui  vit  à  l'heure  pré- 
sente. Il  ne  doit  pas  être  difficile  de  se 
procurer  l'adresse  de  l'un  ou  de  l'autre, 
que  j'ignore,  quant  à  moi. 

Arthur  Pougin. 


On  a  déjà  posé  (et  résolu)  la  question 
dans  Y  Intermédiaire,  il  y  a  moins  d'un  an 
(XLVIII,  501,  593)- 

La  photographie  de  M.  J-icques  Bizet, 
fils  du  compositeur,  a  été  publiée  dans  l'a- 
vant-dernier  numéro  de  la  Vie  heureuse 
(septembre  1904).  *** 

Ea-'^ïremont  (L,  44^).  —  La  noblesse 
de  France  aux  croisades,  Paris  1845,  donne 
les  renseignements  suivants  : 

Maison    illustre,     originaire     de     Lorraine. 
Liébaud  i^',  baron  deBauiïremont,  pritpartà  la 
troisième  croisade  et   vivait  encore   en    1203. 
Son    petit-fils,    Liébaud  II,    eut  la    charge  de 
maréchal  de  Bourgogne  vei s  la  fin  du  treizième 
sièrle.  On  disait  au  moyen  âge  :    Li  Baujf re- 
mont Il  bons  barons.  Parmi    les  seigneurs  de 
cette  maison,  on  trouve  :  Jean  de  Bauffremont 
tué  à  la  bataille  d'Azincourt  ;  Nicolas  de  Bauf- 
fremont, lieutenant  général  au    gouvernement 
de  Bourgogne  en  1596  ;  Louis  Bénigne,  mar- 
quis de  Bautfremont,  prince  de  Listenois,  sei- 
gneur héréditaire  du  duché  de  Pont-de-Vaux, 
prince   du   Saint-Empire  ;  Joseph   de   Bauffre- 
mon%   chef   d'escadre    sous   Louis  XV.  Cette 
maison  compte  quatre    hevaliers  de  la  Toison 
d'or,  deux  chevaliers  de  l'ordre  du  Saint-Esprit, 
et  s'est  alliée  aux  d'Aubusson  de  la   Feuillade, 
Courtenay,  Gontaut-Biron,  La   Rochefoucaud, 
La  Vauguyon,    Montmorency,  Narbonne-Lara, 
Polig.;ac,    Toulongeon,  etc.    Chef  de  nom    et 
d'armes  (1845)  :  M.     Alphonse-Charles-Jean, 
duc    de    Bauffremont.  Devise  :  Dieu  ayde   au 
premier  cliresHen.    Légende  :  Plus  de  deuil 
que  de  joie. 

La  Nouvelle  biographie  universelle,  Fir- 
min  Didot, donne  de  nombreux  renseigne- 
ments sur  la  fam.ille,  notamment  sur  Al- 
phonse duc  de  Bauffremont. 

Ch.  Rev. 

Bautru(XLIX,  504,  643  ;  L,  132,357, 

464).  —  Les  références  que  je  puis  don- 
ner a  M.  de  Bony  de  Lavergne  au  sujet  de 
la  famille  Baudry  de  la  ï'otrie  sont  les 
suivantes  : 

Au  milieu  du  xvii*  siècle,  on  trouve,  à 
Etampes,  Gabriel  Baudry  de  la  Potrie, 
conseiller  du  roi,  commissaire  à  faire  la 
montre  et  revue  à  la  maréchaussée  d'Etam- 
pes,  marié  à  Marguerite  Rousse.  De  ce 
mariage  naquit  Gabriel  Baudry  de  la  Po- 
trie,lieutenant  de  la  maréchaussée  d'Etam- 
pes,  qui  eut  :  Jean-Gabriel  Baudry  de  la 
Potrie,  lieutenant  invalide  pensionné, pré- 
sident du    grenier  à  sel  d'Elampes,  dont 


N"  1055, 


L'INTERMEDIAIRE 


579 


580 


Thomas-Gabriel  Baudry  de  la  Potrie,  offi- 
cier des  Cent-Suisses  de  la  garde  du  corps 
du  roi. 

Qi-iant  à  la  famille  Bautru,  ou  Botru  de 
la  Potherie,  je  n'ai  jamais  rencontré  ce 
nom  dans  mes  recherches  sur  les  familles 
étampoises.  M.  de  Bony  de  Lavergne  serait 
bien  aimable  de  me  fournir  quelques  indi- 
cations  à  l'appui  de  son  dire. 

Paul  Pinson. 

De  Cabrières  (L,  445). — Joseph- 
Antoine-Gaspard  de  Cabrières,  j^rieur  de 
Roussennac,  vicaire  général  du  Mans, 
chanoine  de  Noyon,  reclus  à  Cliantilly 
pendant  la  Révolution,  délivré  après  le 
9  thermidor,  était  fils  de  je.m-Claude  de 
Cabrièrcs,  conseiller  du  Roi,  lieutenant 
particulier  au  sénéchal  de  Rodez  et  de 
Marie-Anne  de  jouéry. 

La  famille  dont  il  s'asfit  remonte  à 
Aymeric  de  Cabrières,  vivant  en  1450,  à 
Marcillac  d'Aveyron,  «  s'est  éteinte  avec 
Jacques-François-Gaspard,  marié,  en  1830, 
à  Mlle  Coste  et  décédé  vers  1867.  Il  avait 
eu  deux  fils  qui  moururent  avant  lui. 

Les  armes  de  cette  famille  sont  :  de 
gueules,  à  la  chèvre  saillante  d'or.  Ce  sont 
des  armes  parlantes,  la  chèvre  rappelant 
le  nom  de  Cabrières.  (En  patois,  chèvre 
se  dit  :  cabre,  et  chevreau  cabri). 

Le  vicomte  de  Bonald. 

Châtiaubriand  ou  Chateaubriand 

(L,  276,  406,  516).  —  11  n'y  a  pas  d'ac- 
cent circonflexe  sur  l'a  dans  Chateau- 
briand. Voyez  la  signature  autographe 
que  donne  V Amateur  d'autographes  (15 
août  1904).  Il  est  impossible  qu'on  trouve 
une  signature  de  l'auteur  des  Marivrs, 
flanquée  d'un  accent.  On  pourrait  arguer 
qu'il  ne  savait  pas  signer  son  nom,  mais 
ce  serait  peut-être  excessif.  V. 

Petrus  Faber  (L,  441).  —  Ce  n'est 
pas  une.  histoire  banale  que  celle  de  ce 
berger  savoyard  devenu  l'un  des  fonda- 
teurs de  l'ordre  des  Jésuites. 

Le  bienheureux  Pierre  Lefèvre,  —  car 
il  a  été  béatifié  par  Pie  IX  et  l'on  célèbre 
sa  fête  le  8  août,  —  est  un  personnage 
fort  célèbre  dans  l'histoire  de  la  Compa- 
gnie de  Jésus.  On  peut  consulter  sur  ses 
écrits  et  sur  les  principales  sources  de  sa 
biographie,  \di  Bibliothèque  de  la   Coiupa- 


gnic  de  Jésus  par  le  P.Carlos  Sommervogel? 
article  Le  Fèvre,  Faber,  Favre  (Pierre)i 
t.  V,  col.  16^7-16^8. 

Cretineau-Joly,  dans  son  Hi.loire  de  la 
Compagnie  de  Jésus,  3*  édition,  in- 12,  lui  a 
consacré  plusieurs  passages  t.  I  pages  2-3, 
134,  144,  148,  150.  Voir  aussi  la  récente 
publication  documentaire  intitulée  Docu- 
menta historien  Societ  a  lis  Jesu,  éditée  parles 
jésuites  d'Espagne.  Le  P.  Caussette  a  pro- 
noncé i:n  excellent  panégyrique  de  Pierre 
Lefèvre,  qui   a   été  imprimé  dans   ses  Mé- 


langes oratoires. 

o 


Henri  Chérot. 


*  * 


Les  livres  traitant  de  rhi:,toirecles  ordres 
religieux  et  les  Dictionnaires  biographiques 
donnent  des  renseignements  sur  Pii-:rre 
Favre.  Voici  ce  qu'en  dit  Jules  Philippe 
( Les  Gloires  de  la  Savoie,  Pari-s,  Annecy  et 
Chambéry,  1863,  S",  p.  134): 

Dans  le  xvi"  siècle,  la  Savoie  a  vu  naître 
des  philosophes  et  des  jurisconsultes  dis- 
tinguos. 

Le  premier  qui  se  présente  est  le  Père 
Favre,  du  Grand-Bornand  [Hameau  :  Le 
Villaret,  Haute-Savoie  actuelle,  ancien  dio- 
cèse de  Genève],  plus  connu  sous  le  nom 
de  PiiiiE  Le  Fèvre.  Pierre  Favre,  né  en  1506, 
exsrça  d'abord  le  métier  de  berger  ;  à 
l'âge  de  d\x  ans,  il  commença  à  apprendre 
à  lire  et  à  écrire  et, deux  ou  trois  ans  après, 
il  fut  reçu  au  collège  de  La  Roche.  Il  mon- 
tra une  intellio-encc  si  o-rande.dans  le  cours 
de  ses  premières  études,  que  ses  supérieurs 
obtinrent  de  le  faire  entrer,  sans  rétribution, 
au  collège  de  Sainte-Barbe  ,  à  Paris,  où  il 
se  lia  avec  François-Xavier,  ainsi  qu'avec 
Ignace  de  Loyola,  dont  il  fut  le  répétiteur. 
Sa  liaison  avec  le  fondateur  de  l'ordre  des 
Jésuites  décida  de  son  avenir  ;  il  fut  de 
compte  à  demi  dnns  l'entreprise  de  l'illus- 
tre chef  de  ce  corps  religieux  qui  a  soulevé, 
par  ses  intrigues,  de  si  formidables  tem- 
pêtes partout  où  i!  s'est  i.mplanté.  Je  dirai 
plus  :  si  Ignace  de  Loyola  a  eu  l'idée  pre- 
mière de  la  création  des  Jésuites,  le  P. 
Favre,  de  son  côté,  a  contribué,  pour  la 
plus  grande  part,  à  la  réputation  que  ces 
religieux  acquirent  avec  une  si  étonnante 
rapidité. 

Le  P.  Favre  se  consacra  avec  ardeur  à  lu 
mission  qu'il  s'était  donnée  et  passa  plu- 
sieurs années  en  Italie,  prêchant  dans  les 
principales  villes.  Charles-Quint  l'envoya  à 
la  diète  de  Ratisbonne  avec  son  aujbassa- 
deur  ;  il  assista  aussi  à  celle  de  Nuremberg, 
en  1542;  puis  il  parcourut  en  missionnaire 
un  grand  nombre  de  villes  d'Allemagne, 
[fondant  le  collège  de  Cologne,  1544] 
passa  en  Portugal  et  ensuite  en  Espagne  où 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre   190;^] . 


581 


582 


il  fut  l'objet  d'ovations  princières  ffonda- 
tion  des  collèo-es  de  Coïmbre  et  de  Vallado- 
lid,   1546]. 

Choisi  par  Paul  III  pour  le  représenter, 
en  qualité  de  premier  théologien,  au  con- 
cile de  Trente,  le  P.  Favre  se  rendit  à 
Rome  ;  mais  il  n'eut  pas  le  temps  d'accom- 
plir cette  mission,  et  il  mourut  le  i"  août 
1546,  à  rage  de  40  ans,  usé  par  ses  travaux 
apostoliques. 

Cet  homme  extraoïdiaire,  qui,  de  simple 
berger,  était  parvenu  un  instant  à  captiver 
le  monde  religieux  entier,  possédait  une 
érudition  immense.  11  prêchait  aussi  bien 
en  italien,  en  allemand,  en  portugais,  en 
gr.ec,  en  latin  qu'en  français.  Son  esprit 
sincèrement  religieux  le  posa  partoutcomnie 
un  vrai  disciple  du  Clirist  et  contribua, pour 
la  plus  grande  part,  ainsi  que  je  l'ai  déjà 
dit,  à  illustrer  le  corps  auquel  il  apparte- 
nait. Beaucoup  le  considérèrent  comme 
aussi  saint  qu'Ignace  de  Loyola. 

Puisque  nous  sommes  sur  ce  sujet, nous 
pou\ons  ajouter,  toujours  avec  J.  Phi- 
lippe, que  le  P.  Favre  ne  fut  pas  le  seul 
Savoyard  qui  se  fit  un  nom  illustre  au 
commencement  de  l'existence  des  Jésuites. 
Il  enrôla  dans  la  Compagnie  un  de  ses 
compatriotes,  le  P.  LeJay,  d'Aïse,  qui, de 
son  côté,  acquit  une  grande  réputation, 
comme  orateiu"  et  comme  savant,  dans 
diverses  parties  de  l'Europe.  Il  assista  au 
Concile  de  Trente  et  réorganisa  l'univer- 
sité d'Ingolstadt  qui  plaça  son  buste  dans 
une  de  ses  salles.  1!  mourut  le  6  août 
1552,  laissant  une  grande  réputation 
dans  l'Allemagne  entière. 

A  la  même  époque,  la  Compagnie  de 
Jésus  compta,  parmi  ses  mem'ores  les 
plus  remarquables,  deux  frères,  origi- 
nairesde  Sallanches  (Haute-Savoie),  Louis 
et  Annibal  Codret.  Le  premier  fonda  un 
collège  à  Chambérv,  ainsi  qu'à  Turin  et 
à  Mondovi  ;  il  établit  dans  la  capitale  du 
Piémont  diverses  associations  de  charité. 
Le  second  acquit  une  grande  réputation 
comme  professeur.  Avant  d'entrer  dans 
les  Jésuites,  il  suivit  un  cours  de  méde- 
cine à  Paris  et  à  P.iduue,  où  un  grand 
nombre  de  Savoyards  allaient  alors  étu- 
dier le  droit  et  la  médecine  Ayant  pris  la 
robe  en  i  548,  il  fut  d'abord  envoyé  à  Mes- 
sine, pour  y  enseigner  les  belles  lettres, 
puis  il  revint  en  France  et  fut  successive- 
ment recteur  des  collèges  de  Lyon,  de 
Chambéry,  de  Turin  et  de  Tournon.  Il 
mourut  provincial  d'Aquitaine  en  1599. 
Le     P.     Annibal    Codret     est     regardé 


comme  un  des  plus  savants  professeurs 
de  son  temps,  et  cette  réputation  n'est 
pas  usurpée,  car  il  connaissait  à  fond  le 
français,  l'italien,  l'espagnol.  !e  grec  et 
l'hébreu .  Sabaudus. 

Famille  Gonet  du  Four  (L,  389, 5 19). 

—  A  l'aide  du  Dictimnaire  de  la  Noblesse 
(VIII,  496)  et  du  Mercure  dd  France  (fé- 
vrier 175  I.  p.  203)  l'on  peut  reconstruire 
un  fragment  de  la  filiation  de  la  famille 
iJn  Four. 

Pierre  du  Four,  secrétaire  du  roi,  con- 
trôleur s,\înéral  de  la  maison  de  la  Dau- 
phine,  maître  d  hôtel  de  la  Reine,  épousa 
Françoise  Gonet,  nourrice  du  Dauphin, 
■  nremière  femme  de  chambre  de  la  dau- 
phine,  dont  : 

i)  N.  du  Four,  qui  épous;i,  le  [14  février 
i75i,N.  Binet  de  Boisgiroux,  mestre  de 
camp  de  cavalerie. 

2)  Pierre  du  Four,  chargé  des  affaires 
du  roi  en  Allemagne,  gentilhomme  de  la 
chambre  et  maître  d'hôtel  du  Roi,  maître 
d'hôtel  de  la  Reine,  marié,  au  mois  de 
février  175 1,  avec  Marie-Marguerite  Hé- 
bert, fille  de  Thomas -Joachim  Hébert, 
secrétaire  du  roi.  dont  : 

(i)  Alexandre  du  Four,  maître  d'hôtel 
du  Roi,  né  le  9  janvier  1752. 

(2)  Louise  du  Four,   née   le   17  juillet 

1755- 
Pas  d'indication  d'armoiries. 

Pour  ces  dernières,  il  faudra  probable- 
ment recourir  à  \ Aiuiorial  général  de 
1696. 

Dans  les  registres  du  Bureau  de  Versail- 
les, publiés  par  le  Bulletin  héraldique 
(1888  et  1889),  l'on  trouve  deux  person- 
nages du  nom  de  :  du  Four  attachés  à  la 
maison  royale. 

Perrine  du  Four,  première  femme  de 
chambre  du  duc  de  Berry  :  d'argent^  au 
lion  de snb'e. 

Antoine  du  Four,  garde -meuble  de  Ma- 
dame :  de  sinoph\à  la  gerbe  d'o!\  surmontée 
de  2  étoiles  d'argent. 

Est-ce  que  l'un  des  deux  appartenait  à 
la  famille  qui  intéresse  M.  A    B    ï 

O.P.  Le  LiFX'R  d'Avost. 

Bn'cii  de  Grunstein  fL,  165,  410, 
467,  519)-  —  Dans  l'Intermédiaire  du  30 
septembre  dernier, colonne  468,  lignes  5  et 
6,  rétablir  la  vraie  orthograplie  :  «  Hus- 
sards de  Saîm  »  et  «  Hussards  de  Baschv  ». 


N'  1055. 


L'INTERMEDIAIRE 


583 


584 


Il  y  avait,  sans  doute,  quelques  <*  officiers 
de  salon  »  à  l'armée  de  Condé,  mais 
l'histoire  ne  mentionne  pas  qu'ils  aient 
été  réunis  en  corps.  S.  Churchul 

Le  compositeur  !I";rvà  (T.  G., 
422;  XXXV;  XXXVI.).  —M.  Adolphe 
Brisson  a  trouvé  chez  un  bouquiniste  de 
Montmartre,  une  iiitéressantc  autobiogra- 
phie d"Hervé,  probablement  inédite. 

Détachons-en  ce  passage  qui  répond 
aux  questions  posées  : 

Eli  1847,  j'étais  engagé  comme  acteur  lyri- 
que au  Tliéâtre  Montmartre,  sous  la  direc- 
tion de  Laudé.  Je  n'avais  pas  d'appointements 
et  j'étais  chargé  de  me  fournir  mes  costumes. 
Heureusement,  je  cumulais  avec  cette  place 
celle  d'organiste  du  grand  orgue  de  Saint- 
Eustache,aux  appointements  de  800  fr.-incspar 
an.  Comme  cela  ça  pouvait  marcher. 

J'avais  toujours  en  outre  l'orgue  de  la  cha- 
pelle de  Bicêtre,  où  je  me  faisais  quelquefois 
suppléer  par  ma  femme  à  qui  j'avais  enseigné 
mon  art.  Et  Là,  nous  avions  la  nourriture,  le 
logement,  plus  une  somme  de  12  fr.50  par 
mois  :  une  fortune  enfin  !  Je  passe  sous 
silence  les  leçons  de  piano  à  deux  francs  le 
cachet;  parfois  moins,  rarement  plus.  Je  n'en 
avais  pas  moins  de  cœur  au  ventre.  Que  vou- 
lez-vous? j'étais  persuadé  que  je  prendrais  la 
suite  des  affaires  de  Mozart,  Meyerbeer, 
Rossini  et  Auber. 

J'avais  de  l'énergie  à  revendre.  Vous  ririez 
si  je  vous  disais  que  je  me  sens,  encore  à  mon 
âge,  la  même  ardeur  qu'au  début.  Même 
courage,  plus  de  facilité  de  travail,  mêmes 
illusions. 

Un  de  mes  camarades  de  théâtre.  Désiré, 
qui  devait  être  plus  tard  l'étoile  des  Bouffes- 
Parisiens,  me  pria  de  lui  composer  pour  son 
bénéfice,  une  scène  musicale  qui  serait  jouée 
par  lui  et  par  moi.  Il  était  gros  et  court,  j'étais 
long  et  mince.  Je  choisis  Don  Quichotte  et 
Sancho  Pança  pour  sujet. 

Cette  pochade  fit  assez  de  bruit  pour 
qu'Adolphe  Adam  vînt  l'entendre.  I!  me 
complimenta,  m'engagea  comme  trial  au 
théâtre  de  l'Opéra-National  (boulevard  du 
Temple),  dont  il  était  directeur,  et,  le  5  mars 

1848,  il  me  fitreprendie  ma  pièce. 

Cette  fois,  ce  fut  Joseph  Kelm  qui  remplit 
le  rôle  de  Sancho.  La  ronde  eut,  grâce  à  lui, 
beaucoup  de  retentissement,  on  en  mit  l'air 
dans  les  principaux  vaudevilles  du   jour,  et   il 

n'est  pas  sûr  que  vous  n'ayez  jadis    fredonné 

vous-même  : 

Je  sais  que  les  filles 
Sont  vraiment  gentilles 
Et  que  tous  les  drilles 


En  sont  amoureux. 
Mais  sous  l'aubépine, 
La  corde  argentine 
De  ma  mandoline 
Sait  me  rendre  heureux; 
Oui,  ma  guitarine 
Sait  me  rendre  heureux. 

Ainsi,  Don  Quichotte  et  Sancho  Pança  fut 
la  première  opérette  et  elle  reçut,  je  puis  le 
dire,  une  consécration  solennelle  à  l'Opéra- 
National.  L'orchestre  do  quatre-vingts  musi- 
ciens, était  dirigé  par  Georges  Bousquet,  le 
même  qui  fut  plus  tard  chef  d'orchestre  au 
Théâtre  Italien  et  l'imprésario  était  Adolphe 
Adam,  l'auteur  du  Chalet  et  de  Si  j'étais  Roi. 

Hervé  est  présenté  à  M.  de  Morny  qui 
lui  fait  obtenir  le  privilège  d'ouvrir  les 
Folies  Concertantes^  devenues  plus  tard 
les  Folies-Nouvelles. 

Théodore  de  Banville  rima  le  prologue 
d'ouverture.  On  joua  le  Compositeur 
Toijiir,  le  Chameau  à  deux  bosses,  le  Duo 
impossible.,  Un  Drame  en  I/66,  bouffonne- 
rie, Agamemnon.,  parodie. 

Ce  fut  sur  cette  scène  que  fut  montée  la 
première  opérette  d'Ofrenbach,Oji'a)'i^y^, pa- 
roles de  Jules  Moinaux,  Deux  sous  dj  char- 
bon^ musique  deDelibes,et  que  débuta  José 
Dupuis. 

Pour  Hervé,  l'origine  de  l'opérette  c'est 
le  Petit  Orphée,  une  pièce  représentée  en 
1792  sur  le  Théâtre  des  Variétés.  Les 
auteurs  étaient  Rouhier-Deschamps  pour 
le  poème,  Deshays  pour  la  musique, 
Beaupré-Riché  pour  le  ballet. 
Hervé  écrit 

Ni 
Orp/u 

la  graine  de  l'évangile,  celle  qui  tombe  sur  la 
roche  sèche  et  qui  ne  doit  pas  y  enfoncer  de 
racines,  ni  pousser  de  rejetons...  Plus  tard, 
cependant,  elle  germa. 

Au  moment  oii  l'on  redore  à  grand 
bruit  le  bla?on  de  l'opérette,  et  que  le 
nom  d'Hervé  flamboie  sur  la  façade  des 
Variétés^  fêté  à  l'égal  d'un  précurseur, 
ces  considérations  sont  curieuses  à  repro- 
duire. 

Nous  serait  il  permis  de  demander  ce 
qu'était  le  Petit  Orphée  .?  Y  en  a-t-il  trace 
quelque  part .?  D'  L. 


Huo-us':;  Vaa  der  Goes,  miniatu- 
riste (L,  3^,3).  —  La  question  et  les  ci- 
tations qu'elle  contient,  peuvent  donner 
lieu  à  de  nombreuses  réponses. 


Nul  ne    soupçonna   l'importance   du    Petit 
rphée,  qui  passa  presque     inaperçu.    C'était 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre  1904. 


585 


586 


1°  Je  ne  pense  pas  qu'une  peinture  à 
personnages  de  f^ra^deur  naturelle  puisse 
servir  de  point  de  départ  pour  la  spécifi- 
cation de  miniatures  du  même  artiste. 

2"  La  Nativité  de  Van  der  Goes  est-elle 
le  seul  tableau  authentique  du  peintre  ? 

En  Italie,  la  Madone  et  V Enfant  de  la 
Galerie  Corsini  à  Florence,  le  Portrait 
de  Froimont  à  la  galerie  de  Venise,  la 
Pic-ta  de  la  galerie  Correr  de  Venise,  la 
Madone  et  V Enfant  de  la  collection  Car- 
rand  à  Florence,  ne  seraient  donc  pas  de 
Van  der  Goes,  pas  plus  que  le  Cardinal 
Chartes  de  Bourbon  à  Nuremberg  et  la 
Madone  avec  l'Enfant  à  Francfort  ? 

M.  Bode,  l'éminent  directeur  des  mu- 
sées de  Berlin,  se  serait  donc  trompé 
en  achetant  récemn:!ent  une  Adoration  de 
Van  der  Goes,  provenant  d'Espagne  ? 

3°  Pour  la  Nativité,  il  y  a  bien  mieux 
que  les  photographies  ;  il  y  a  le  panneau 
central  gravé  par  Léopold  Flameng  ;  ce 
remarquable  travail  a  figuré  à  l'Exposition 
universelle  de  1900. 

Dans  ce  triptyque,  certaines  parties  sont 
excellentes,  d'autres  sont  franchement 
mauvaises  :  l'Enfant  Jésus  est  mal  venu, 
chétif,  souffreteux,  c'est  un  avorton  en 
un  mol;  il  serait  difficile  de  trûus'er  chez 
les  peintres  flamands  et  italiens  l'Enfant 
représenté  d'une  façon  aussi  misérable. 

4°  «  Tous  les  peintres  gothiques 
étaient,  à  proprement  parler,  des  minia- 
turistes »  dit  une  des  citations  de  la 
question. 

Mais  nullement,  il  y  en  a  qui  ont  fait 
des  miniatures  et  de  la  grande  peinture, 
mais  de  Duccio,  de  Cim.abue,  pour  ne  citer 
que  deux  des  plus  célèbres  parmi  les  Ita- 
liens, on  ne  connaît  aucune  miniature. 

Gerspach. 

Fardlle  Panon  Desbassyns  (L^ 
225,  361).  — j'ai  connu  intimement  deux 
Desbassyns  de  Montbrun,  fils,  je  crois,  du 
trésorier  général.  L'aîné  s'est  suicidé  vers 
18(09,  le  second, attaché  au  Consulat  géné- 
ral de  France  à  Barcelone,  est  mort  quel- 
que temps  après  son  frère.         V.  }.  D. 

Camille  Seldan,  liv.re  sur  Henri 
Heine  (L,  498).  —  J'ai  publié  quelques 
notes  sur  Camille  Selden  dans  les  articles 
suivants,  parus  dans  la  Ga:(ette  nicdicale 
de  Paris,  à  propos  de  son  cas  d'hallucina- 
tion   télépathique,   relative  à  la    mort  de 


M.  Heine.  —  J'y  renvoie  le  lecteur.  — 
Un  cas  historique  de  télépathie  :  pressenti- 
ment de  la  mort  de  Henri  Heine  par  V  une  de 
ses  amies  ;  in  Ga{ette  médicale  de  Paris^ 
1 902, 8 1-82  ;  89-9 1  (Reproduction  partielle 
des  Annales  des  sciences  psychiques,  1902). 
A  cette  époque,  j'ai  essayé,  mais  en  vain, 
de  retrouver  Camille  Selden,  si  bien  que 
j'ai  émis  l'h)'pothèsc,  peut-être  inexacte, 
d'un  pseudonyme. 

Marcel  Baudouin, 

*  ♦ 

}e  crois  que  Camille  Selden  est  le  pseu- 
donyme d'une  sœur  d'H.  Taine,  et  n'a 
donc  jamais  été  professeur  à  Rouen. 

Spoelberch  Lovenjoul. 

*  * 

l'ai  beaucoup  entendu  parler  de  Camille 

Selden  par  une  de  ses  amies  M"^  M.  L. 
qui  pourra  fournir  les  renseignements  les 
plus  curieux  sur  cette  femme  distinguée 
et  méconnue.  Fiancée  de  Taine,  elle  a  en- 
tretenu une  longue  correspondance  avec 
l'illustre  écrivain.  Ses  ouvrages  sur  la 
littérature  étrangère  ont  été  présentés  au 
public  par  Taine  lui-même  ;  des  fragments 
d'articles  qui  lui  ont  été  consacrés  se  re- 
trouvent à  la  fin  du  livre  récent  de  M.Gi- 
raud  «  Essai  sur  Taine  ».  Ils  attestent 
l'admiration  qu'inspiraient  la  variété  de 
ses  connaissances  et  la  distinction  de  son 
esprit. 

Mme  Camille  Selden,  professeur  d'alle- 
mand au  Ij'cée  de  jeunes  filles  de  Rouen, 
est  morte  dans  ces  dernières  années. 

Un  bibliothécaire. 


* 
+  * 


L'écrivain  qui  avait  adopté  dans  les 
lettres  le  pseudonyme  de  Camille  Selden, 
et  qui  s'appelait  de  son  vrai  nom  Mme  de 
Krinitz,  est  mort  à  Orsay,  prés  Paris,  en 
août  1896.  Camille  Selden  était  née,  je 
pense,  aux  environs  de  1830.  En  dehors 
du  livre  très  émouvant  et  plein  d'intérêt 
qu'elle  a  consacré  à  Henri  Heir.e.elle  avait 
publié  un  roman,  Daniel  Vlady^  histoire 
d'un  musicien  (Charpentier,  1862,  in-12), 
et  sous  ce  titre  ;  la  Musique  en  Allemagne: 
Mendelssohn  (Germer-Baillière,  1867,  in- 
12).  un  petit  volume  qui  n'est  qu'une 
sorte  de  paraphrase  d'un  certain  nombre 
de  lettres  de  l'auteur  de  Paulus  et  du 
Songe  d'une  nuit  d'été^  et  qui  ne  donne 
ni  une  biographie  du  maître,  ni  un  juge- 
ment raisonné  sur  son  œuvre  et  son  gé- 
nie ;    c'est   simplement  une    dissertation 


N* 


1055 


L'INTERMEDIAIRE 


587 


588 


assez  élégante  au  point  de  vue  de  la 
forme,  mais  sans  valeur  historique,  esthé- 
tique ou  critique.  De  l'existence  de  cette 
femme  distinguée,  qui  semble  avoir  été 
très  retirée,  j'avoue  ne  rien  savoir. 

Arthur  Pougin. 

L'œil  de  v^rro  de  "Waldeck- 
Soussenu  (L,  272,  324,  439).  --  De  la 
Chronique  Médicale  (oct.  1994,  p.  637J 
parlant  de  l'information  que  \Inicnnc- 
diaire  a  lancée  : 

Waldeck-Rousseau  avait-il  un  œil  de  verre  ? 
A  en  croire  un  journal  imprimé  dans  le  pays 
même  du  défunt  homme  d'Ktnt,  le  fait  ne  se- 
rait pas  douteux. 

Nous  pouvons  affirmer,  écrit  un  rédacteur 
du  Phare  de  Li  Loire,  (qui  parait,  on  le  sait, 
à  Nantes)  nous  pouvons  affirmer,  d'après  des 
Nantais  qui  ont  connu  intimement  M.  Wal- 
deck-Rousseau, que  l'ancien  président  du 
Conseil  avait  bien  effectivement  un  œil  de 
verre.  «  Personne  dans  son  entourage  et  par- 
mi ses  amis  ne  l'ignorait.  » 

A  cette  .iffirmation  catégorique,  on  a  opposé 
sinon  une  dénégation  formelle,  du  moins  un 
silence  dédaigneux. 

Il  nous  semble  que  voilà  un  point  d'his- 
toire qu'un  médecin  de  l'entourage  de  l'an- 
cien ministre  pourrait,  s'il  lui  plaisait,  facile- 
ment élucider. 

• 

Armoiries  à  déterminer  :  à  trois 
raclettes  d'éperon  de  sable  (L,  444). 
—  Ce  sont  les  armes  de  Mgr  Tubières  de 
Caylus,  évêque  d'Auxerre  de  1704  à  1754. 

D.  DES  E. 

* 
»  » 

Armoiries  de  Daniel-Charles-Gabriel  de 
Tubières  de  Grimoard  de  Pestels  de  Lévis 
de  Caylus,  évêque  d'Auxerre  de  1704  à 
1754.  Né  à  Paris,  sur  la  paroisse  Saint- 
Sulpice,  le  20  avril  1669,  il  était  fils  de 
Charles-Henri  de  Tubières,  marquis  de 
Ca>lus  et  de  Claude  de  Fabert,  et  mourut 
au  mois  d'avril   1754. 

Ses  armes  patrimoniales  ne  sont  pas 
trois  molettes  de  sable,  ce  qui  serait  une 
hérésie  héraldique  sur  un  champ  d'azur, 
mais  trois  molettes  d'or. 

Voici,  du  reste,  son  écu  complet  correc- 
tement blascnné  :  écaih'lé:  an  i  de  gueu- 
les, au  chef  emmanché  d'or  de  trois  pièces 
(qui  est  Grimoard),  parti  d'or,  à  trois  che- 
vrons de  sable  (qui  est  Lévis)  ;  -  ait  2  et 
3,  d'azur,  à  trois  fleurs  de  lis  dor,  an 
hâion  de  gueules^  péri  en  bande  (qui  est 
Bourbon-Malauze)  ;  -   au  4  d'argent,  à  la 


bande  de  gneiilcs,accompagne'e de  sixflanchis 
de  même  posés  en  orlc  (qui  est  PestelsJ, 
parti  d'or^  à  trois  chevrons  de  sable  (qui  est 
Lévis).  —  Sur  le  tout  :  d'a^ur^  à  trois 
molettes  d'or,  au  chef  de  même  (qui  est  Tu- 
bières). Henri  M. 

Armoiries  à  déterminer:  à  une 
aigle  au  vol  abaissé  (L, 338, ^24).  —  Il 
est  très  facile, en  blason,  de  confondre  cer- 
tains meubles  et  plus  encore  les  différents 
oiseaux  employés  dans  cette  science  :  leur 
représentation  n'étant  toujours  pas  très 
rigoureusement  exacte. 

C'est  ce  qui  est  arrivé  à    l'auteur   de  la 
question  qui  nous  occupe.  L'aigle  de  ces 
armoiries  n'est   pas    une  aigle,    mais  bien 
un  épervier.    Ainsi    rectitlee,  la   demande 
peut  être  solutionnée  immédiatement. 

Louis-Gaston  Fleuriau  d'Armenonville, 
fils  de  Charles  Fleuriau  d'Armenonville  et 
de  Françoise  Guillemin,  naquit  à  Paris  le 
15  juin  1062,  fut  évêque  d'Aire  de  1698  à 
1706,  puis  d'Orléans  de  1706  a  1733,  et 
mourut  sur  ce  siège  le  9  juin  de  celte  der- 
nière année.  A  l'époque  de  son  élévation  à 
l'épiscopat,  il  était  trésorier  de  la  Sainte- 
Chapelle  de  Paris. 

Ses  armes  se  blasonnent  :  d'a^'ir,  à  un 
épervier  d\irgent,  membre  longé  et  grilleté 
de  même, perché  sur  un  bâton  de  gueules  ;  au 
chef  d'or  chargé  de  trois  glands^  feuilles  et 
tiges  de  siuople. 

J'ajoute  que  de  1500  à  1790,  aucun  pré- 
lat français  ne  porta  une  aigle  surmontée 
de  trois  glands.  Ceci  est  absolument  cer- 
tain pour  moi.  Henri  M. 

Les  armes  d'Angélique  de  Mau- 
riac,   épouse   du    mar:iuis  de    La 

Grange  (L,  115,  419).  —  Avec  la  notice 
de  cette  famille,  La  Chesnaye  des  Bois 
donne  aussi  les  armes  de  la  famille  Mé- 
liaud  {Dict.  de  la  Nohl.  édit.  SJilesinger 
XIl!,  594)'.  d'azur,  à  la  croix  d'or^  câu- 
tonnée  aux  i  et  4  d'une  aigle,  aux  2  et  ^ 
d'une  ruche^  le  tout  d'or. 

G    P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Histoire  de  Ville-d'Avray  (L,  338, 
476).  —  En  mon  nom  et  en  celui  de  M.  Fer- 
nand  Bournon,j'apporte  une  petite  rectifica- 
tion à  nosdernières  noits. L'Histoire  de  Paille 
d'Avray,  de  M.  A.  de  Barthélémy,  que 
nous  avions  annoncée  comme  devant  pa- 
raître dans  le  fascicule  de  la  Commission 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


589 


20  Octobre   1904, 


~   590 


des  Antiquités  et  des  Arts  de  Seine-et-Oise, 
ne  pourra  y  être  publiée  en  raison  des 
nombreuses  illustrations  qui  doivent  l'ac- 
compagner. C'est  la  Revue  de  l'Histoire  de 
yeisailhsy0rg-à\\t  de  la  Société  des  Sciences 
morales  de  Seine-et  Oise,  qui  va  inces- 
samment entreprendre  la  publication  du 
travail  du  regretté  membre  de  l'Institut, 
que  tous  les  amateurs  d'histoire  locale 
attendent  avec  impatience. 

GOiMBOUST. 

Catalogues  pour  vente  de  vieux 
livres  (XLIX,  842,  991  ;  L,  91  ;  201,  310, 
426,  ^27).  —  Le  système  de  vente  à  l'a- 
miable, à  jours  et  à  heures  fixés  d'avance, 
est  toujours  en  usage  à  Florence.  C'est 
très  commode  pour  l'acheteur  qui  peiit 
consulter  les  livres  à  loisir  le  malin  du 
jour  d 
à  la  main 
ment  une  semaine. 

Un  BOUQ.UINISTE. 


a  vente,  le  catalogue  du    libraire 
Les  ventes  durent  générale- 


\ 


Croix  vivants  (XLIX,  558,703); — Le 
tableau  du  musée  de  Beaune  esta  rappro- 
cher d'une  peinture  sur  bois,  école  fran- 
çaise, XV®  siècle,  que  cite  Guénebault  sous 
la  désignation  de  «  croix  brachiale  »  et 
qui  se  voit  au  musée  de  Cluny  (n"  1695 
du  catalogue).  Le  sujet  y  est  traité  à  peu 
près  identiquement  et  avec  des  détails  qui 
traduisent  la  même  pensée  mystique.  11 
conviendrait  de  les  comparer.  Les  Beau- 
nois  ne  possèdent  peut-être  qu'une  copie. 

QU^SITOR. 

Autel  àchan^.er  (XLVIII  ;  XLIX  ;  L, 
264,  373).  —  11  me  faut  encore  relever, 
dans  la  réponse  précédente,  une  erreur 
qu'un  peu  d'attention  eût  évitée.  Les  sta- 
tuts monastiques  cités  en  exemple,  loin 
d"être  des  extraits  de  la  règle  de  saint 
Benoit  et  d'appartenir  au  vi"^  siècle,  sont 
tout  au  plus,  ainsi  que  le  marquait  le 
contexte,  des  xn®  et  xin"  siècles.  L'objec- 
tion tombe  donc  d'elle-même. 

Comme,  à  part  cette  petite  diversion, 
aucun  argument  nouveau  n'est  produit  au 
débat,  M.  G.  L.  B.  se  bornant  à  mainte- 
nir ses  dires,  nous  pourrons  peut-être  en 
rester  là.  Ceux  de  nos  érudits  confrères 
qui  ont  eu  la  patience  de  suivre  la  ques- 
tion, malgré  ses  trop  longs  développe- 
ments, penseront  sans  doute  que  la  cause 
est  entendue.  Je  m'en  rapporte  volontiers 


à  leur  jugement.  Entre  le  sentiment  de 
glossateuis  aussi  autorisés  que  Du  Cange, 
La  Curne  de  Sainte-Palaye  ou  Godefroy, 
de  liturgistcs  tels  que  D.  Martène  ou 
Bona,  et  une  opinion  particulière,  d'ail- 
leurs insuffisan.ment  élayée,  il  n'est  pas 
possible  d'hésiter  longtemps.       F.  BL. 

Eglises  fortifiées  (T.  G..  308  ; 
XXXVIII;  XXXIX;  XLI  ;  XLII  ;  XLIII  ; 
XLIV;  XLIX;  L,  152,  2(05,  369,421, 
530).  —  CiiU!  lièies  ïorcifîés  XLIX, 
951)  —Hunawihr  (canton  de  Ribeauvillé, 
Haut-Rhin)  est  le  seul  village  d'Alsace  qui 
ait  gardé  son  cimetière  fortifié,  avec,  au 
centre,  l'église  formant  donjon.  Au 
moyen  âge  il  y  en  avait  beaucoup  d'au- 
tres. C'est  derrière  leur  enceinte  flanquée 
de  tours  que  les  habitants  se  réfugiaient 
avec  leurs  familles,  leurs  biens  et  surtout 
leurs  barriques  de  vin.  On  y  soutenait  des 
sièges.  Tandis  que,  sur  les  murs,  les  hom- 
mes repoussaient  les  assaillants,  dans 
l'église  les  femmes  priaient,  et  du  clocher 
s'envolaient  les  appels  du  tocsin,  criant  à 
Laide.  La  terre  des  morts  devenait  le 
suprême  refuge  des  vivants. 

Jeanne  et  Frédéric  Régamey. 
[Notes  d'un   Vieil  alsacien). 

Prêtérir,  préîérifer  (L,  61,  479). 
—  J'en  demande  bien  pardon  à  mon  ho- 
norable confrère  ***  ;  mais  il  ne  m'a  pas 
convaincu.  H  me  parait  avoir  oublié  que 
«comparaison  n'est  pas  raison».  J'ad- 
mets pleinement  les  néologismes  pour 
exprimer  une  idée  nouvelle.  C'est  le  cas 
du  verbo  technique  transiter^  qui  dérive 
très  correctement  du  substantil,  technique 
aussi,  transit,  et  n'a  aucun  rapport  de 
sens  avec  le  participe  ou  adjectif  transi, 
bien  que  l'étymologie  première  soit  la 
même.  De  même,  ascensionmr,  qui  s\- 
g\\\f\Q  faire  une  ascension,  a  une  autre  si- 
gnification que  celle  qu'aurait  ascendre, 
dont  le  sens  serait  simplement  monter 
par  opposition  à  descendre.  Mais  je  ne 
comprends  pas  qu'on  déforme  à  plaisir 
les  conjugaisons,  tout  en  conservant  la 
signification  primitive  du  mot  ;  ce  n'est 
plus  alors  un  néologisme,  c'est  un  bar- 
barisme. Le  verbe  prétéiiter  me  paraît 
appartenir  à  la  même  famille  que  le  verbe 
sacher  (nous  ne  «  sachons  »  pas),  et  il  se 
trouve  sous  la  plume  des  mêmes  écrivains 
un    peu  pressés.   De   grâce,    tâchons  de 


N»  1055. 


l'intl::.:.iedia!RE 


591 

parler  français  et  non  patois.  Nous 
sommes  déjà  bien  assez  envaliis  par  les 
mots  nouveaux  nécessaires.  Est-il  utile, 
par  exemple,  de  faire  grand  accueil  au 
verbe  cinot:onnei\  dérivé  d'émotion,  alors 
que  nous  avons  déjà  émouvoir  ? 

Paul 

Cimcr,  simer  (L,  393,  537)0— J'ai 
souvent  entendu  ce  vocable  dans  notre 
Nivernais,  mais  avec  une  autre  significa- 
tion :  celle  de  se  taire,  rester  silencieux. 
Ainsi  on  dit  de  quelqu'un  qui  ne  répond 
pas  à  une  question  :11  ne  cime  pas  le  mot, 
il  reste  bouche  close. 

Me  trouvant  à  la  campagne,  et  n'ayant 
pas  le  moindre  vocabulaire  à  ma  disposi- 
tion, je  ne  saurais  dire  d'où  vient  cette 
expression,  si  commune  pourtant  que  je 
la  croyais   fort  connue    partout. 

Ln.  g. 

.  *  *     ,    . 
C'est  cimer  qu'il  faut  écrire  :    Glossaire 

du  Potion^  de  la  Sainionge  et  de  VAiiiiis^ 

par  L.  Favre.  Niort,  1867.  P.  V. 

Eorie  ue  serait-ce  pas  métairie 
(XLIV  ;  L,  484).  —  A  propos  des  noms  : 
Borie,  Boriage,  Borde,  etc., 

11  suffit  de  jeter  un  simple  coup  d'œil 
sur  les  cartes  de  Cassini,  pour  voir  que 
la  France,  au  xvii^  siècle,  était  couverte 
de  villages  et  hameaux  portant  ces  noms. 
Le  nom  Borde  était  surtout  répandu  à 
l'infini  dans  nos  régions  du  centre. 

De  loin  en  loin,  on  trouve  une  autre 
modification  de  ce  nom  et  cette  modifica- 
tion, si  légère  qu'elle  soit,  fait  qu'on  n'ose 
plus  le  prononcer  ni  l'écrire  en  bonne 
compagnie. 

Comment  doit-on  entendre  cette  appel- 
lation appliquée  à  des  maisons  situées  en 
rase  campagne  ? 

Faut- il  toujours  admettre,  avec  cette 
nouvelle  forme  de  dénomination,  l'expli- 
cation donnée  L,  484. 

Il  est  certain  que  ces  maisons  se  trou- 
vaient souvent  près  des  léproseries. 

BoiSCAMUS. 

Le  mot  roman  (L, 447).  —  Roman^doni 
la  forme  ancienne  est  roinan:^,  désignait, 
au  xn'^  siècle,  tout  récit  écrit  en  langue 
romane  ou  vulgaire.  Le  mot  vient  certai- 
nemenl  de  romanus,  par  lintermédiaire 
d'un  dérivé  bas-latin  qui  n'est  pas  exacte- 


592 


m.ent  connu  :  *  roinaitice,  ou, selon  l'hypo- 
thèse la  plus  récente,  *  lotnancium  (Koer- 
ting).  ♦♦♦ 

Nor-ïs  de  lieux  altérés  ou  détour- 
nés de  le  u-  sens  pnmitif  (XLVIU  ; 
XLIX,  68,  433,  822,  862  ;  L.  93).  —  On 
n'a  jamais  cité,  je  crois,  comme  exemple 
typique  de  ces  altérations,  la  rue  Fro- 
mentel  (cette  ruelle  escarpée  de  la  Butte 
Sainte-Geneviève  où  se  font,  en  ce  mo- 
ment, des  fouilles  intéressantes) et  dont  le 
vrai  nom  est  Froid- Mantel^  ainsi  qu'il  ré- 
sulte du  cartulaire  de  1243  de  Sainte-Ge- 
neviève qui  la  mentionne  ainsi  :  Vicus 
qui  dicitiir  Fiigidum  m^ntelhim. 

Hector  Hogier. 

Les  calembours  dans  les  déno- 
minations (L,  339,481,  525)  —  Les  mé- 
decins n'ont  pas  attendu  à  ces  dernières 
années  pour  trouver  des  dénominations  où 
le  calembour  joue  un  rôle  important. — Tous 
ceux  qui  ont  jadis  fréquenté  les  cliniques 
célèbres  du  professeur  Félix  Guyon, encore 
en  fonction  à  l'hôpital  Necker,  ont  entendu 
ce  Maître  en  inventer  tous  les  jours  au  lit 
des  malades.  C'était  alors  sa  distraction 
favorite, imitée,  dit-on, d'une  manie  analo- 
gue, très-développée  chezVelpeau.  —  Au- 
jourd'liui,  je  n'en  citerai  qu'un  exemple, 
parce  qu'il  m'a  beaucoup  frappé, le  i^''jour 
ou  (il  y  a  vingt  ans  !)  je  pénétrai  pour  la 
première  fois  dans  b  sa-ctuaire  de  Necker  ! 

Al.  Guyon  appelle  spus-cartilagineux  les 
hypochondriaques, c'est  à-dire  les  malades 
nerveux,  les  neurasthéniques  de  nos 
jours.  Or  *<  sous-cartilagineux  »  n'est  que 
la  traduction  grecque  du  français  «  hypo- 
chondriaque  », parce  que  irro  signifie  scus^ 
et  ;/ovJ,c5?i  cartilage.  —  Ce  qui  fait,  pour 
les  initiés,  le  charme  de  ce  calembour, 
c'est  que  le  terme  hypochondriaqite  n'est 
lui-même  qu'une  figure!  On  supposait  en 
effet, autrefois  que  la  neurasthénie, (l'hypo- 
chondrie  du  temps)  avait  son  siège .^o/f5  les 
caiiilages  costaux. 

Marcel  Baudouin. 

Le  CEKOf-automobilo  (L,  449).  - 
l'ignore  vraiment  pourquoi  on  invite  les 
académiciens  à  se  mettre  l'esprit  à  la  tor- 
ture pour  trouver  un  mot  grec  ou  latin 
désignant  une  embarcation  mue  par  un 
moteur  léger,  lorsqu'il  est  si  facile  de  la 
nommer  en  bon  français. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre 


1904 


I 


^.^ .™ 593     _^. _ 

Le  mot  automobile  est  déjà  mal  fait, 
étant  composé  n-ioilié  de  grec  et  moitié  de 
latin  ;  mais  en  outre  il  exprime  une  idée 
fausse.  Ça  veut  dire  qui  se  meut  lui-même. 
Or  une  voiture,  de  quelque  marque  quelle 
soit,  ne  marche  jamais  toute  seule,  il  lui 
faut  une  machine  et  un  mécanicien,  pro- 
noncez chauffeur.  Si  on  tenait  absolument 
à  parler  grec,  on  aurait  pu  trouver  nchê- 
ma  couphocinète ^voiture  à  léger  moteur,  ou 
anhippophorion.  véhicule  sans  cheval,  ce 
qui  aurait  été  plus  exact  ;  mais  quel  effet 
auraient  produit  ces  mots .?  Remarquons 
en  passant  que  lé  type  de  l'automobile, 
c'est  la  locomotive. 

Mais  le  terme  automobile  étant  passé 
dans  la  langue, on  peut,  sans  inconvénient, 
l'adjoindre  a  canot  ou  à  barque.  On  pourra 
objecter  que  les  grandstransaîlantiques  ne 
sont  que  des  bateaux  automobiles,  qui 
sont  mus  par  une  machine,  comme  le  sim- 
ple canot.  On  avait  bien  inventé  le  mot 
Pyroscaphe^  mais  le  public,  avec  son  gros 
bon  sens, a  rapidement  fait  justice  de  cette 
expression  et  a  dit  tout  simplement  :  un 
bateau  à  vapeur. 

Pourquoi  ne  dirions-nous  pas  naïve- 
ment un  bateau  ou  un  canot  à  pétrole  ou 
à  alcool  ?  Mais  ça  aurait  un  immense  in- 
convénient, ça  serait  français  et  tout  le 
monde  le  comprendrait. 

Martellière. 

*  *     . 

Contrairement  à  l'opinion  du  question- 
neur, autos  ne  signifie  pas  seulement  lui- 
incme^  mais  de  lui-même^  spontanément.  De 
là  à  lui  donner  le  sens  d'automobile,  il 
n'y  a  pas  si  loin.  Autoscaphe  se  com- 
prend sans  peine. 

Espère-t-on  traduire  exactement  en 
grec  tous  nos  néologismes  scientifiques  ? 
N'est-il  pas  bien  connu  que  nous  donnons 
aux  racines  helléniques  une  extension 
très  supérieure  à  celle  que  leur  accordaient 
les  anciens  .?  Qu'on  veuille  bien  analyser 
protoxvde  avec  un  dictionnaire  grec  et  on 
verra  si  l'on  obtient  un  sens  quelconque. 

Autoscaphe  est  un  mot  élégant, rapide, 
facile  à  entendre  et  à  retenir.  Je  souhaite 
qu'on  l'adopte.  "** 

A  bicyolsiis    ou   en   bicyclette 

(L,  448).  —  Par  analogie  avec  la  posi- 
tion d'un  cavalier  sur  son  cheval,  on  dit, 
correctement,  à  cJieval  pour  dire  «  à  cali- 
fourchon, jambe  deçà,  jambe  delà  ».   Il 


.^ 594 ^ 

faut  donc  dire,  d'après  les  grammaii-iens  : 
à  cheval  sur  un  âne  et  non  à  âne.  Par  aria- 
logie  encore,  on  dit  «  Son  pince-nez  est 
à  cheval  sur  son  nez  »  :  les  tailleurs 
disent:  «  Bordure  à  cheval», d'une  bordure 
qui  dépasse  également  des  deux  côtés  le 
bord  de  l'étoffe.  L'expression  correcte 
serait  donc  :  à  chcvsd  sur  une  bicycleite 
ou  simplement  «  sur  une  bicyclette  »; 
car  on  enfourche  la  bicyclette  comme 
un  cheval.  L'usage  qui  est  souverain, 
tant  qu'il  ne  viole  pas  le  génie  de  la  langue, 
tend  à  admettre  à  bicyclette  ;  ce  me  semble 
être  une  ellipse  acceptable. 

En  hicvclette  ne  me  parait  pas  ration- 
nel, et  par  conséquent,  pas  français  ;  car 
en  signifie  dans,  et  le  cavalier  est  sur  et 
non  dans  sa  bicyclette.  En  automobile  est 
aussi  juste  que  c:  voiture,  car  on  est  plus 
ou  moins  encaissé,  enfermé  dans  l'auto- 
mobile, comme  on  l'est  dans  une  voiture, 
même  découverte. 

En  tricycle  est  aussi  correct  ;  car  le 
voyageur  est  placé  entre  les  trois  roues  — 
trois  points  déterminent  une  surface  — 
En  bicyclette  ne  l'est  pas,  car  deux  points 
—  les  deux  roues  —  ne  déterminent 
qu'une  ligne,  et  non  une  surface. 

D^C. 


L'origine  des  rûot?.<'<  chio*  .  t«mic- 
m'ic  »  (T. G., 204;  XLViXLVI;  L,3 12,434, 
4S2,  53Ô).  11  en  est  décidément  du  mot 
f  Me  comme  de  tant  de  vocables  qui  se  sont, 
un  jour,  faufilés  dans  la  langue  usuelle. 
Voyez  en  lui  un  enfant  trouvé,  une  sorte 
de  bâtard  dont  personne  au  monde  ne 
saurait  exhiber  au  juste  l'état  civil.  Tout 
ce  que  feu  Edouard  Fournier  et  trois  ou 
quatre  autres  savants  étymologistes  ont 
pu  émettre  à  ce  sujet,  est  sans  doute  à 
prendre  en  haute  considération  et  je  n'y 
contredis  en  rien.  Voilà  donc  qui  va  pour 
le  mieux,  mais  il  est  une  autre  interpréta- 
tion d'un  caractère  assez  curieux  qui  m'est 
venue  par  ricochet  et  dont  je  demande 
à  faire  part  aux  bienveillants  confrères  de 
V Intermédiaire  c es    chercheurs . 

Ce  que  j'ai  à  dire  à  propos  de  ce  mot 
si  controversé  est  bien  plus  un  souvenir 
qu'une  scholie.  Se  rappelle-t-on  encore 
Charles  Romey,  l'auteur  d'une  Histoir^ 
d'Espagne  inachevée,  mais  assez  estimée  ? 
Ce  pauvre  garçon  était  un  esprit  fantasqu' 
un  peu  dégingandé  au  physique  et  au  m 
I  rai,  borgne,  capricieux,   mais  un  conse 


N.   1055. 


L'INTGRM.SDiAlRE 


595 


596 


valeur  à  cheval  sur  la  grammaire  et  qui 
n'admettait  pas  l'intrusion  des  néologis- 
mes,  de  quelque  nature  qu'ils  fussent.  J'ai 
eu  à  me  trouver  avec  lui  dans  les  jour- 
naux littéraires  d'il  y  a  cinquante  ans  et 
c'était  de  là  qu'était  résultée  entre  nous 
un  peu  de  familiarité.  (11  aimait  fort  à 
discourir.) 

Un  jour,  vers  1860,  à  une  époque  où 
il  travaillait  à  un  recueil  bibliogra- 
phique, je  l'ai  entendu  disserter  sur 
l'origine  du  mot  chic,  un  monosyllabe 
que  les  délicats  n'avaient  pas  encore  ac- 
cepté. 

—  Savez-vous  me  disait-il,  d'où  vient 
ce  mot-là  ? 

—  Mon  Dieu,  non.  11  me  semble  qie 
c'est  de  l'argot. 

—  Point  du  tout,  mon  cher  ;  c'est  de 
l'histoire. 

—  Conmnent  ça  : 

—  Ecoutez  bien. 

—  j'écoute. 

—  Oui,  c'est  de  l'iiistoire,  mêlée  de 
philologie.  Vous  allez  voir. 

—  Eh  bien,  parlez. 

11  s'arrêta  une  demi-minute  et,  après 
avoir  pris  un  air  de  solennité  comique,  il 
ajouta  : 

—  Voici  la  chose  :  Louis  David, le  grand 
peintre  de  la  Révolution,  l'immortel  au- 
teur du  Serment  dit  jeu  de  paume  et  de 
Lrà;n'Jii5,  avait  parmi  ses  élèves,  un  jeune 
homme  nommé  Chique  ;  c'était  son  disci- 
ple f.ivori.  11  lui  trouvait  beaucoup  de  ta- 
lent et,  par  conséquent,  un  bel  avenir. 
Point  de  jour  qu'il  n'applaudit  à  se;  essais 
Par  malheur,  le  jeune  homme  vint  à 
mourir, ce  qui  remplit  de  chagrin  l'âme  du 
grand  artiste.  A  tout  moment,  il  expri- 
niait  ses  regrets  sur  ce  disparu.  Et  lors- 
qu'en  parcourant  son  atelier, il  passait  en 
revue  les  ébauches  des  autres  élèves,  on 
l'entendait  s'écrier  :  «  Ah  !  ce  n'est  pas 
comme  Chique  ?  Ce  n'est  pas  Chique  !  Or, 
ce  nom  si  souvent  répété  avait  fini  par 
agacer  les  autres  élèves  et  ceux-ci,  par 
dérision,  jetaient  ce  nom,  ce  mot  plai- 
samment au  dehors, et  ce  serait  de  ce  fait 
qu'il  serait  venu,  un  peu  rogné,  un  peu 
édulcoré  mais  ayant  bien  fait  son  che- 
min, puisqu'on  s'en  sert  journellement, 
même  dans  le  monde  des  duchesses. 

Telle  est  la  légende  que  j'ai  entendu 
formuler  et  que  j'ai  recueillie.  Repose-t  elle 
sur  la  vérité  ou   n'est-ce   qu'une  fantaisie 


en  l'air  f  fe  ne  me  prononce  pas  là  dessus, 

en  me  bornant  à  être  un  écho  dégagé   de 

toute  responsabilité. 

Philibert  Audebrand. 

« 

*  * 
Dans  l'arrondissement    de  Saint-Malo, 

on  appelle  mic-mac  (et  plus  souvent  mie 
par  apocope)  un  café  servi  avec  le  sucre, 
et  par  extension  tout  café  de  qualité  infé- 
rieure, vendu  15  centimes  avec  l'eau-de- 
vie. 

Ceci  cadre  d'autant  mieux  avec  l'opi- 
nion de  l\l.  Paul  Bastier,  qui  fait  venir  ce 
mot  de  l'allemand  <<.  mischasch  »  [meli- 
melo,  galimatias  '  qu  2  les  Prussiens  séjour- 
nèrent à  Dol  (centre  de  l'arrondissement), 
du  II  au  30  septeinbre  181  5.  Ils  se  mon- 
trèrent sans  doute  friands  de  ce  breuvage, 
et  le  nom  est  resté  qu'ils  avaient  sans 
cesse  sur  les  lèvres.  Charlec. 

Piquer  uns  méduse  (XLVII).  — 
L'autre  jour, près  de  Boulogne-sur-Mer,  j'ai 
avisé  deux  gamins  en  train  de  se  livrer, 
au  bord  d'un  ruisseau, à  la  pèche  aux  sang- 
sues. Sur  mon  interpellation,  ils  répon- 
dirent t  :xluellement  :  On  est  en  ronti  à 
pccJier  d:'s  iii'Jduses  (sic). 

le  n'ai  pu  en  savoir  plus  ;  mais  les  su- 
çoirs des  sangsues  ne  sont  pas  sans  ana- 
logie avec  les  tentacules  des  méduses  (ou 
galles  de  mer)  qu'on  trouve  souvent  sur 
nos  plages  du  Nord. 

«  Piquer  une  méduse  »  à  quelqu'un,  se- 
rait dès  lors  synonyme  de  lui  mettre  une 
sangsue  et,  par  extension,  de  lanciner, 
de  molester  quelqu'un  't 

Peut-être  est-ce  dans  ce  sens-là  que 
M.  Huysmans  a  employé  l'expression 
qui  intriguait,  l'an  dernier,  M.  Gustave 
Fustier  ^  Hector  Hogier. 


Il  y  a  belle  lurette  (L,  447).  — J'ai 
lu  quelque  part  dans  le  Courrier  de  Vaii- 
getas  }  dans  les  Récréations  philologiques  ^ 
—  que  nos  ancêtres  avaient  commencé 
par  dire  :  Il  y  a  belle  heure  que  telle  chose 
est  faite  (heure  se  prononçant  hùre)  ;  puis 
qu'ils  employèrentlediminutif  heurette  :« 
Ilya  belle  Z'»ré//i.'», et  que  cette  expression, 
par  suite  d'ignorance  ou  pour  toute  autre 
cause, ayant  cessé  d'être  comprise, le  popu- 
laire finit  par  transformer  Thurette  en 
lurette,  mot  qui  est  resté  dans  la  locution: 
I  11  y  a  belle  lurette.  A.  S.,  e. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre    1904) 


597 

* 
*  » 


598 


Question  intéressante. Le  mot  manque  en 
effet  à  tous  les  dictionnaires  français, 
excepté  le  Nouveau  Larousse  et  quelques 
répertoires  d'argot  :  Villatie,Delesalie,etc. 
On  ne  le  trouve  catalogué  nulle  part 
avant  l'époque  contemporaine  et  pourtant 
l'expression  doit  avoir  au  moins  deux  siè- 
cles d'existence,  si  ce  n'est  davantage. 

Au  XI*  siècle,  heure  s'écrit  et  se  pro- 
nonce nrc  (Ch.  de  Roland,  172).  Au  xvie, 
Montaigne  écrit  asture  pour  à  c  l'heure.  Il 
est  probable  c\uiL  y  a  belle  lurette  est  une 
faute  pouv  belle  hnrette  ou  heurette.  Le  peu- 
ple d'aujourd'hui  dit  encore  :  Il  y  a  belle 
heure  que...  et  la  nouvelle  formule  a  le 
même  sens  que  l'ancienne. 

A  quelle  date  remonte  cette  expression  .? 
Nous  ne  le  saurons  pas  exactement  tant 
qu'on  ne  nous  aura  pas  donné  le  Diction- 
naire du  langage  populaire  aux  y.vn"  et 
xviii"  siècles  que  personne  n'a  encore  ébau- 
ché. Les  matériaux  abonderaient  pour  un 
pareil  travail  :  Théâtre  de  la  foire, Parades, 
Chansons,  Œuvres  poissardes,  Mazarina- 
des,  Facéties  révolutionnaires. le  Diction- 
naire satyrique  de  Leroux  n'avait  d'autre 
but  que  d'expliquer  à  son  époque  le  lan- 
gage des  «  poètes  satyriques  »  (1580- 
1640).  C'est  sommairement  que  l'argot  de 
1750  y  figure.  Tout  le  travail  est  à  re- 
faire. Qjii  s'en  chargera  ^         Candide. 

Les  femmes  célèbres  qui  ont 
poséîiues  (L,  117,  318,436,  530). —  Pas 
plus  que  notre  collaborateur  ***,  je  n'ai 
spécialement  étudié  Goya  et  son  œuvre. 
Je  parlais  de  souvenir.  Où  avais-je  donc 
lu  ce  détail  concernant  les  toiles  jumelles 
de  Madrid  .?  Je  viens  de  retrouver  l'ou- 
vrage. Dans  une  relation  de  voyage  en 
Espagne,  Mme  Jane  Dieulafoy  rapporte,  de 
laçon  charmante,  la  version  controuvée  et 
conclut  ainsi  : 

L'anecdote  serait  de  tous  points  déli- 
cieuse si  elle  était  véridique.  Mais  il  ne 
semble  pas  que  la  duchesse,  dont  Goya 
était  en  effet  fort  épris  et  dont  il  a  laissé 
d'inoubliables  portraits, ait  terni, ce  jour-là, 
le  blason  de  la  famille  d'Albe.  La  jeune 
personne  qui  contribua  si  galamment  à  la 
a'ioire  de  l'artiste,  était  la  bonne  amie  du 
prince  de  la  Paix,  et  ces  deux  portraits 
furent  commandés  par  Godoï  lui-même. 
La  vérité  est  plus  prosaïque  que  la  légende; 
ne  vous  en  désolez  pas  ;  elle  sera  tôt  ou 
tard  étouffée  par  sa  rivale. 


(Aragon  et  Valence.,  dans  le  Tour  du 
monde ^  année  1900,  2™«  semestre,  p. 
392). 

Ces  lignes  si  formelles,  l'auteur  ne  les 
a  pas  écrites  sans  y  avoir  été  mu  par  les 
sérieuses  raisons  que  réclament  les  cher- 
cheurs et  curieux  de  \ Intermédiaire,  et  ne 
se  refusera  pas  à  les   leur  communiquer. 

F.  BL. 

Les  documents  p'jalliques  (L,  172, 
309,423.^28^.— Danslaréponsedelapage 
323,  on  lit  :  «  Dans  les  rues  de  Pompei, 
«  d'énormes  phallus  se  dressent  au  de- 
«  vant  de  maisons  nobles.  » 

Depuis  plusieurs  années,  ces  phallus 
ont  été  supprimés  et  quelques-uns  sont 
au  musée  de  Naples,dans  l'ancien  cabinet 
secret. 

Puis  à  Pompei  les  phallus  n'étaient 
pas  au  devant  de  maisons  nobles,  mais 
tout  naturellement  devant  les  lupanars, 
comme  ont  pu  s'en  convaincre  les  visi- 
teurs qui  ont  pénétré  dans  ces  maisons 
dont  les  intérieurs  sont  encore  décores  de 
sujets  obscènes.  Un  touriste. 

Les  testaments  et  les  legs  étran- 
ges (L,  450).  —  Dans  un  travail  de 
M.  Gerspach,  La  collection  Canand  au 
musée  national  de  Florence.,  publié  récem- 
ment par  la  maison  Goupil  et  Cie,  l'au- 
teur donne  un  extrait  du  testament  de 
Carrand  mort  en  ;S88   : 

Finalement,  je  lègue  toute  ma  collection 
d'objets  d'art  de  l'antiquité,  du  moyen  agi 
et  de  la  Renaissance  à  la  cité  de  Florence 
pour  être  mise  et  exposée  au  musée  national 
du  Bargello.  .  .  Et  moi,  quoique  Français,  je 
choisis  l'Italie  pour  en  être  dépositaire  ayant 
peu  de  confiance  dans  mon  malheureux 
pays.  Et  quant  aux  républicains  et  aux  révo- 
lutionnaires, je  leur  lègue  ma  haine  et  mon 
mépris. 

La  collection  Carrand  est  très  remar- 
quable et  comprend  plus  de  3.000  pièces. 

Carrand  n'avait  jamais  eu  à  se  plaindre 
de  la  France.  Un  florentin. 


Les  servantes  dans  lancienne 
familie  française  (L,  332,  490).  — 
Madame  Dufaux  de  la  Jonchere  répond  en 
grande  partie  à  la  question  posée  par  S. 
Voirlevolume  publié  en  i884,parMM.Gar- 
nicr  :  Ce  que  les  maîtres  et  les  dome%tique$ 
doivent  savoir.  Ch.  Rev, 


N*  1055. 


L'INTERMÉDIAIRE 


599    

* 

*  * 
Que  M.  H.  Lyonnet  me  permette  de  ne 

pas  être  de  son  avis  sur  les  jeunes  filles 
espagnoles  actuelles  ;  j'en  ai  beaucoup 
connu  dans  plusieurs  milieux  et  plusieurs 
villes  pour  lui  assurer  qu'elles  ne  sont  pas 
si  «  faibles  cerveaux  »  que  cela.  Très  dé- 
lurée, très  babillarde,  très  coquette  même 
dès  l'âge  de  puberté,  la  jeune  fille  espa- 
gnole n'a  nul  besoin  d'une  servante  «  fine- 
mouche  ».  Elle  a  l'esprit  vif,  le  regard  id., 
la  répartie  spirituelle.  Qu'elle  ne  soit  pas 
très  instruite,  c'est  possible,  mais  je  pro- 
teste absolument  contre  ce  que  notre  col- 
laborateur dit  que,  dans  les  couvents,  on 
ne  leur  apprend  que  le  rosaire  et  les  tra- 
vaux d'aiguille.  Elle  n'a  pas  besoin  d'une 
servante  débrouillarde  pour  se  tirer 
d'affaires  en  ce  qui  concerne  le  pelar  la 
pava.  Elle  voit  assez  son  novio^  elle  lui 
parle  assez  librement  pour  n'avoir  pas 
besoin  d'un  porte  lettres. 

El  conde  deTorla 


La  promenade  sur  l'âne  au  XVIP 
siècle  (L,  162,  397,461).  —  M.  LéoCla- 
retie  raconte  dans  sa  dernière  «  Chronique 
parisienne  »  du  Journal  de  Saint-Péters- 
bourg^ à  pr<bpos  du  château  de  Montreuil- 
Bellay  : 

t*.\i  pied  du  château  s'étendent  les  défenses, 
munies  de  grosses  tours  crénelées  qui  domi- 
nent la  rivière,  où  clapote  le  moulin.  Une  de 
ces  tours  s'appelle  la  Tour  de  l'abbé  dans 
l'eau.  Elle  rappelle  un  amusant  épisode.  Au 
xve  siècle,  le  seigneur  ayant  eu  à  se  plaindre 
de  son  abbé,  décréta  que  tous  les  ans,  à  la 
même  date,  l'abbé,  puis  chacun  de  ses  succes- 
seurs, serait  jeté  à  l'eau  du  haut  des  remparts. 
Durant  deux  cents  ans,  l'abbé  de  Montreuil- 
Bellay  dut  se  soumettre  à  ce  bain  annuel.  Des 
gens  en  barque  le  repéchaient.  L'un  d'eux  fut 
noyé  et  mourut.  Par  la  suite,  l'abbé  fut  rem- 
placé par  un  mannequin  ;  mais  il  dut  subir  la 
promenade  ridicule,  à  califourchon  à  l'envers 
sur  un  âne.  Et  ce  jour-là,  c'était  fête  et  bal 
au  village. 

Preneuse. 

Les  plantations    des   arbres  (L, 

''74'  317^  4^^)'  —  M.  Elie  Gil  (col.  486, 
5*  alinéa)  demande  si  la  loi  fixant  une 
hauteur  invariable  de  deux  mètres,  on 
doit  tous  les  ans  exécuter  la  réduction  de 
la  végétation  annuelle  à  cette  hauteur  lé- 
gale. 
Je  lui  réponds  : 


600 


En  Normandie,  l'article  10  de  l'Edit  de 
17^1,  toujours  en  vigueur,  porte  que  les 
haiesàpied  pourront  être  plantées  à  pied  et 
demi  du  voisin  et  seront  tondues  au  moins 
tous  les  six  ans  du  côté  du  voisin  et  seront 
réduites  alors  à  la  hauteur  de  cinq  à  six 
pieds.  Beaujour. 

Fers  de  cheval  dans  les  églises 

(L,  340,490,542).  —  Longtempsavant  MM. 
Mâle  et  Edm.  Beaurepaire,  un  archéolo- 
gue normand,  Raymond  Bordeaux,  avait 
signalé  et  expliqué  cette  sorte  d'ex-voto  : 

Voyez,  par  exemple,  ces  fers  à  cheval 
qui  garnissent  d'une  manière  un  peu  gros- 
sière, mais  très  pittoresque,  la  porte  de 
quelques  églises. Un  ouvrier  faiseur, appelé 
là  pour  une  réparation, se  hâtera  d'arracher 
ces  morceaux  de  fer  qui  lui  semblent  inu- 
tiles, sans  se  douter  de  la  pensée  qui  les 
avait  fait  clouer  sur  le  vantail  du  temple. 
Or,  toute  une  légende  se  rattachait  peut- 
être  à  chacun  de  ces  débris  fixés  là  d'ordi- 
naire en  vue  d'un  voyage  lointain.  C'est 
ainsi  que  jadis  un  des  battants  de  la  porte 
de  l'église  Saint-Séverin,  à  Paris,  était  cou- 
vert de  fers  à  cheval.  Saint  Martin  était  un 
des  patrons  de  cette  paroisse,  et  c'était 
son  assistance  que  l'on  invoquait  quand  on 
entreprenait  une  longue  route.  Le  voya- 
geur attachait  un  fer  à  cheval  à  la  porte  de 
l'église  ou  à  celle  de  la  chapelle  qui  était 
spécialement  consacrée  à  saint  Martin  et 
partait  plus  rassuré  contre  les  périls  et  les 
hasards  qui  l'attendaient. 

(Traite' de  la  réparation  des  églises,  2"® 
édition,  Evreux,  Hérissey,  1862,  p.  95- 
96). 

j'ai  eu  occasion,  moi  aussi,  de  consta- 
ter la  présence  de  ces  curieuses  ferrures 
sur  les  vantaux  des  portes  de  plusieurs 
églises  rurales  qui  toutes  étaient  dédiées 
à  saint  Martin,  —  à  Brosville  (cant.  nord 
d'Evreux),à  la  Roquette  (cant.  des  Ande- 
lys)  etc.  Sur  un  de  ces  fers, plus  petits  que 
nature,  se  lisait  une  date  de  la  seconde 
moitié  du  xviii*  siècle,  ce  qui  montre  la 
continuation  de  cette  ancienne  coutume 
jusqu'à  l'époque  moderne.  F.  BL. 

* 

»  ♦ 
Dans  toute  la  Vendée,  le  fer  à  cheval, 

trouvé  sur  une  route,  est  considéré  comme 
un  talisman  et  un  porte-bonheur.  J'ai  en- 
core, dans  mon  laboratoire  de  Vendée  (Zoo- 
logie et  Préhistorique),  suspendu  au  pla- 
fond par  un  beau  ruban  rouge  un  peu  dé- 
fraîchi,  le  fer  à  cheval  que  ma  sœur 
recueillit  un  jour,  et  auquel  elie  attribuait 


DES  CHERCHEURS  Et  CURIEUX 


20  Octobre  1904. 


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alors  tous  les  bonheurs  qui  lui  sont  ar- 
rivés ! 

Je  crois  cette  coutume  très-ancienne  et 
en  rapport  surtoui  avec  l'époque  où  l'on 
voyageait  beaucoup  à  clieval. 

Il  faut  la  rapprocher  évidemment  du 
culte  de  saint  Martin  d'une  part,  mais 
aussi,  d'autre  part,  des  légendes  relatives 
au  pied  du  cheval  de  saint  Martin,  légendes 
qui  sont  très  fréquentes  pour  les  Mégalithes 
dont  la  roche  constitutive  est  un  grès  à 
grains  fins  [présentant  des  cavités  natu- 
relles, en  forme  de  fer  à  cheval]  bien  connu 
des  géologues  sous  le  nom  de  Grès  Cénoma- 
cien,  au  moins  pour  l'ouest  de  la  France. 
Marcel  Baudouin. 


Les  armoiries   de  Victor  Hugo 

(XLV  ;  XLVI).  —  Dans  sa  Vie  littéraire 
du  Temps ^  M.  Gaston  Deschamps  ayant 
posé  cette  question  :  «  Victor  Hugo  est-il 
noble  ?  »  a  reçu  de  M.  Paul  Meurice  une 
lettre  d'où  nous  extrayons  le  passage  sui- 
vant : 


Victor  Hugo,  dans  sa  jeunesse, ne  croyait 
pas  être  noble,  et  vous  avez  constaté  que, 
dans  ses  premières  odes,  il  a  parlé  de  sa 
roture.  C'est  sous  Louis-Philippe  qu'un  de 
ses  amis,  Henri  d'Escamps,  je  crois,  lui 
a  apporté  l'arbre  généalogique  des  Hugo  de 
Lorraine,  et  lui  a  persuadé,  sans  grand 
effort,  qu'il  en  était  un  fruit.  Je  ne  dissimu- 
lerai pas  que,  comme  Balzac,  il  avait  la 
faiblesse  d'en  être  très  content.  Il  nous 
disait  :  «  Vous  ne  savez  pas?  Je  suis  no- 
ble 1  »  Et  nous  en  étions  contents  aussi. 
C'est  alors  qu'il  a  arboré  son  grand-oncle, 
l'évèque  de  Ptolémaïs,  et  qu'il  a  raconté, 
dans  Les  Rayons  et  les  Oiitbres,  comme  quoi 
Charles  X  l'avait  questionné  sur  ses  aïeux. 
Depuis,  il  est  bien  revenu  là-dessus,  et 
vous  avez  vu,  dans  la  Correspondance, 
comme  à  Guernesey  il  parle  négligemment 
de  sa  naissance,  «  chose  insignifiante  », 
disant  qu'il  descend  seulement  peut-être  de 
quelque  bâtard  de  la  famille  Hugo.  Ce  en 
quoi  il  se  trompe,  car  on  ne  porte  un  nom 
de  famille  dans  les  actes  de    l'état-civil 


que  si  on  est  enfant  légitime. 


que 


Inhumations  hors  des  cimetières 

(XLVIII  ;  XLIX  ;  L,  191,316,  437). 
—  Sur  les  terres  de  Soisy,  petit  village 
situé  entre  Enghien  et  Eaubonne  à  14  kil. 
environ  de  Paris,  il  existe  un  bois,  dit  le 
bois  Jacques, planté,  dit-on,  par  Jacques  II 
roi  d'Angleterre,   lorsque,  chassé  de  ses 


États,  il  fut  accueilli  par  Louis  XIV  qui 
lui  donna  comme  résidence,  le  château  de 
Saint-Germain  ;  à  cette  époque  il  venait 
souvent  passer  quelque  temps  à  l'un  des 
châteaux  de  Soisy,  et  comme  distraction 
y  planta  ce  bois,  qui,  depuis,  a  conservé 
son  nom. 

Auprès  de  ce  bois,  et  dans  un  champ  se 
trouve  un  tombeau  entouré  de  cyprès, 
qu'on  dit  être  le  tombeau  d'un  M.  de  La- 
mane,  (?)  jeune  et  riche  châtelain  de  Soisy, 
qu'il  avait  fait  édifier  au  milieu  de  son 
parc,  à  la  suite  de  la  mort  d'une  jeune 
femme  qu'il  aimait  éperduemenl  ;  déses- 
péré, et  ne  voulant  pas  que  les  restes  de 
cette  femme  adorée  puissent  se  trouver 
confondus, un  jour, avec  ceux  du  cimetière 
commun. 

Par  une  étrange  bizarrerie,  il  choisit  et 
fit  abattre  quatre  chiens,  des  espèces  ré- 
putées les  plus  fidèles,  et  les  fit  enterrer 
aux  quatre  coins  de  ce  tombeau  comme 
emblèmes  de  sa  fidélité  ;  puis  par  testa- 
ment, il  fit  don  d'une  partie  de  sa  fortune 
à  l'hospice  de  Montmorency,  afin  de 
réunir  sa  dépouille  mortelle  à  celle  de  la 
femme  qu'il  avait  aimée  et  de  pourvoir  à 
l'entretien  du  parc  et  du  tombeau  !... 
(Ah  !  le  bon  billet;  Mais,  ainsi  qu'ajoute 
M.  Victor  Poupin,  auquel  j'emprunte  une 
partie  de  ce  récit  :  l'administration  des 
hospices,  désireuse  de  s'éviter  la  crainte 
d'un  oubli  et  le  cruel  reproche  d'ingrati- 
tude s'est  empressée  (comme  toujours)  de 
vendre  le  parc  et  ses  dépendances  et  a  en- 
caissé... le  couple  fidèle  dans  une  sorte  de 
pigeonnier  sans  toit,  où  on  peut  le  voir 
encore.  E.  G.  Taverny. 


*  * 


Léda   a   écrit  (p.  882)  :  «  Les  tombes 
catholiques    en    pleine     campagne    sont 
rares  dans   l'Ouest».    Comme  Vendéen, 
je  ne  puis  être  de  cet  avis  ;  car  j'en  con- 
nais  plusieurs  exemples,    sans    compter 
ceux  que  j'ignore.  Je  n'en  citerai  ici  qu'un 
seul  :  c'est  le  tombeau  de  Goupilleaù,  qui 
s'élève  au  croisement  des  routes  de  Saint- 
Gilles  à  Aizenay  et  de  Saint-Révérend,  en 
pleine  campagne, près  Coex  ;  et,  de  celui- 
là,  je  suis  certam,  car  je  suis  passé  à  ses 
pieds  des  centaines  de  fois  !  On   m'a   cité 
d'autres   cas,    en   particulier    celui   d'un 
Clemenceau,  branche  dite  du  Colombier, 
parent   du  sénateur  actuel,  aux  environs 
de  Rochetejoux.    Je  ne  parle  pas  de   la 
tombe  du  curé  Amérand,  située    en  rase 


No  1055. 


L'INTERMEDIAIRE 


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campagne,  à  la  Croisée-Amérand  (Lande- 
vieille),  car  il  ne  s'agit  peut-être  là  que 
d'une  légende  révolutionnaire. 

Marcel  Baudouin 


*  * 


M.RaiiTie,professeurau  lycée  d'Evreux, 
et  sa  femme  ont  été  inhumés  (avant  1874 
dans  leur  bois  de  la  Musse,  à  baint-Sébas- 
tiendeMorsens,  près  Evreux  ;  du  chemin 
de  fer  on  aperçoit  leurs  tombes  jumelles. 

Le  cimetière  de  la  famille  Le  Gouës- 
lier  d'Argence  existe,  entouré  de  sapins 
au  milieu  de  la  campagne  de  Saint-Julien- 
sur-Calonne  (Calvados),  dont  cette  famille 
a  possédé  le  manoir  jusqu'en  1850. 

Q  Henry  Le  Court. 


Eglises  communes  aux  catho- 
liques et  aux  protestants  (XLVI, 
260).  —  Ajoutons  :  et  aux  Israélites.  En 
1853,  allant  à  pied  de  la  petite  ville  de 
Visé  (Limbourg  belge)  à  Maëstrich,  en 
suivant  la  rive  droite  de  la  Meuse,  je  passe 
par  le  gros  bourg  de  Eysden,  que  Boileau 
appelle  Heusden,  où  l'on  me  fit  visiter 
l'église,  partagée  en  trois  compartiments: 
un  pour  le  culte  catholique,  un  autre 
pour  le  culte  protestant,  un  troisième 
où  se  célébraient,  le  samedi,  les  cérémo- 
nies du  culte  israélite.  J'ignore  si  en 
Hollande  l'on  donne  un  nom  particulier 
à  ces  temples  tn'partiies. 

Lapointe  du  Sillon. 


L'argent  n'a  pas  d'odeur  (XLVIII, 
448,  658,  884).  —  Il  y  a  encore  un  3'' 
auteur  contemporain,  que  le  duc  Job  ne 
cite  pas,  à  propos  de  Vespasien  ;  c'est 
Denis  d'Halicarnasse  abrégé  plus  tard  par 
Xiphilin,  où  nous  lisons  ceci,  dans  une 
vieille  traduction  : 

Comme  Titus  se  fâchait  de  quelques 
impôts,  et  entre  autres  de  celui  qu'on  le- 
vait sur  les  urines  (d'après  les  conseils  de 
Cénis,  la  maîtresse  de  l'empereur),  il  lui 
montra  des  pièces  d'or  qui  en  provenaient 
et  lui  demanda  s'il  trouvait  qu'elles  sen- 
taient mauvais. 

Il  est  donc  à  croire  que  c'est  dans  le 
texte  grec  de  Denis  d'Halicarnasse,  que 
l'on  retrouverait  la  parole  attribuée  à  Ves- 
pasien, correspondant  au  latin  «  non 
olet  ,►>,  l'argent  n'a  pas  d'odeur  1 

D""  Bougon. 


Les  Femmes  russes  aiment-elles 
à  être  battues?  (T.  G.,  342).  —  J'ex- 
trais ces  lignes  d'un  Nouveau  Voyage  vers 
le  Septentrion  (Amsterdam,! 708, i"^'édit., 
167 1)  qui  aurait  pour  auteur,  selon  Bar- 
bier, un  certain  F.  Martin  de  la  Marti- 
nière  sur  lequel  je  ne  possède  aucun  ren- 
seignement. 

[Le  nouveau  marié^  a  un  fouet  clans  une  de 
ses  bottines,  et  unjo3'au  ou  quelque  argent 
dans  l'autre.  11  commande  h  la  mariée  de  le 
déchausser  et  s'il  arrive  qu'elle  tire  première- 
ment la  bottine  oi'i  est  le  joyau,  il  le  lui 
donne  et  c'est  une  marque  de  bonheur  pour 
elle  ;  mais  on  la  croit  malheureuse  si  d'abord 
elle  rencontre  le  fouet  et  son  mary  lui  en 
donne  un  coup  pour  la  punir.  Ce  n'est  que  le 
commencement  de  ce  qu'elle  aura  à  souffrir 
dans  la  suite,  [p.    136J . 

La  manière  dont  les  Russiens  traitent  leurs 
femmes  est  encore  fort  inhumaine  quoiqu'elle 
le  soit  beaucoup  moins  qu'elle  ne  l'était  autre- 
fois. 11  y  a  trois  ou  quatre  ans  qu'un  marchand 
après  avoir  battu  sa  femme  le  plus  cruelle- 
ment du  monde,  la  força  de  mettre  une  che- 
mise trempée  dans  de  l'eau-de-vie,  où  il  mit 
le  feu  et  la  fit  périr  misérablement  dans  les 
flammes.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  étrange,  c'est 
que  personne  ne  poursuivit  cette  m.urt,  parce 
qu'il  n'y  a  point  de  loy  contre  ceux  qui 
tuent  leurs  femmes  sous  prétexte  de  correc- 
tions. 

D'autres  de  ces  barbares  pendent  les  leurs  par 
les  cheveux,  les  dépouillent  toutes  nues  et  les 
fouettent. 

J'ai  remarqué  néanmoins  que  les  pères 
prennent  depuis  peu  des  précautions  pour 
prévenir  le  mauvais  traitement  qu'on  pourrait 
faire  à  leurs  filles,  et  qu'ils  stipulent  dans 
quelques  articles  de  leurs  contrats  de  mariages 
que  leurs  maris  ne  les  fouetteront  point, 
qu'ils  ne  les  maltraitteront  ni  à  coups  de  pied 
ni  à  coups  de  poing,  etc.   [p.   138,139]. 

Dans  tout  ceci,  je  vois  bien  qu'en  Rus- 
sie les  maris  battaient  leurs  femmes,  mais 
je  ne  vois  pas  que  celles-ci  «  aimaient  à 
être  battues  »  ;  bien  au  contraire.        S. 

La  robe  de  Pâques  (L,    441),  — 

Chacun  sait  qu'au  moyen  âge,  le  roi,  les 
grands  et  les  petits  seigneurs,  et  les  villes 
distribuaient  à  Pâques  Fleuries  et  aux 
grandes  Pâques, des  livrées  ou  vêtements, 
à  leurs  officiers  ou  serviteurs. 

C'était  unegratificationen  plus  des  gages. 
Cette  mention  se  rencontre  fréquemment 
dans  les  anciens  comptes. Comme  exemple, 
et  on  pourrait  les  multiplier.je  me  conten- 
terai de   citer   ce  compte   de    1381,  aux 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre  1904, 


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\ 


archives  de  Mantes  :  Pour  les  robes  au 
clerc  et  aux  sergents,  pour  le  bois  de  Pas- 
ques  Flories,  etc.  Victor  Gay  dans  son 
Glossaire,  en  a  donné  d'autres  au  mot 
fourrure.  Peu  à  peu,  comme  pour  les 
épices  des  juges,  on  cessa  de  donner  la 
gratification  en  nature  et  on  la  changea  en 
une  valeur  équivalente  en  argent.  De  là, 
la  formule  dans  les  anciens  comptes  :  Pour 
robes  ou  houppelandes, tant. Ce  qui  est  in- 
téressant dans  la  question  posée,  c'est  de 
voir  qu'en  1626, l'indemnité  avait  persisté 
sous  le  nom  de  tohe  de  Paquet. 

E.  Grave. 

«  J'appelle  un  chat  unchat»  (L.  173, 
3  10,375,483).  —  Je  ne  comprends  pas  bien 
la  réponse  de  notre  distingué  collabora- 
teur H.  G.  M.  Le  vers  qu'il  a  pris  la  peine 
de  citer  est  en  effet  \<  bien  connu  7/,  si 
connu  même  que  je  n'avais  pas  cru  né 
cessaire  de  l'écrire  ;  mais  l'un  des  deux 
proverbes  que  j'ai  retrouvés  est  de  161 1, 
et  Boileau  étant  né  en  1636,  il  s'ensuit 
qu'il  n'a  pas  inventé  le  dicton. 

11  arrive  souvent  que  nous  attribuons 
ainsi  à  nos  auteurs  célèbres  certaines  lo- 
cutions courantes  dont  ils  sont  à  peine 
les  adaptateurs.  Je  m.e  trouvais  un  soir 
aux  Français,  à  une  représentation  des 
Plaideurs.  Dans  la  loge  voisine  de  la 
mienne,  un  vieux  magistrat  de  province 
ne  se  tenait  pas  d'enthousiasme. 

.\ia  foi,  sur  l'avenir  bien  fou  qui  se  fiera  ! 
Tel  qui  rit  vendredi,  dimanche  pleurera. 

On  apprend  à  hurler,  dit  l'autie,  avec  les  loups. 

Mais  sans  argent,  1  honneur  n'est  qu'une  ma- 

[ladie 

Point  d'argent,  point  de  Suisse... 

Qui  veut  voyager  loin  ménage  sa  monture. 

«  C'est  admirable  !  criait-il.  Tous  les 
vers  de  la  pièce  sont  devenus  proverbes  !  » 
Non.  Ils  étaient  proverbes  bien  avant  Ra- 
cine. Le  rôle  de  Petit-Jean  est  un  centon 
parémiologique  comme  la  comédie  de 
Montluc.  P.  L. 

*     * 

Je  n'avais  pas  voulu  répondre  à  la 
question,  pensant  que  dix  réponses  vien- 
draient avec  la  copie  d'Edouard  Fournier, 
dans  l'Esprit  des  autres.  Voici  comment  il 
raconte  la  petite  ficelle  dont  usa  Boileau, 


pour  faire  passer  sa  boutade  sans  malen- 
contre  pour  son  dos  : 

Rolet,  était  un  procureur  d'intraitable  hu- 
meur ;  il  craignait  d'avoir  affaire  à  lui  ;  que 
fit-il  donc  ?  il  capitula  avec  son  audace.  11 
laissa  le  nom.  mais  pour  ne  pas  avoir  l'air 
d'avoir  attaqué  celui  qu'il  désignait,  il  fit  im- 
primer sur  la  marge  à  côté  du  nom  de  R.olet  : 
«  C'est  un  hôtelier  du  pays  Blaisois  ».  Il 
avait  fait  sa  malice  et  se  croyait  tranquille. 
Mais  il  arriva  que  dans  les  environs  de  Blois 
se  trouvait  réellement  un  aubergiste  du  nom 
de  Rolet,  à  qui  l'on  répéta  1  hémistiche  et 
qui,  furieu.x,  adressa  par  la  poste  au  poète 
tout  ébaubi  et  tremblant,  cent  coups  de  bâ- 
ton en  attendant  qu'il  pût  aller  les  lui  admi- 
nistrer lui-même. 

Le  Rolet  de  Boileau  n'était  donc  pas 
un-aubergiste  du  Blaisois,  mais  bien  vé- 
ritablement un  procureur  de  Paris,  et 
qui  plus  est  un  procureur  au  parlement, 
IVlais  méritait-il  la  dure  épithète  que  Boi- 
leau a  épinglée  pour  toujours  à  son  nom  ï 
Malgré  les  gloses  et  les  critiques,  ce 
n'était  peut-être  pas  aussi  sûr.  Né  lui- 
même  dans  la  basoche,  le  fils  du  greffier 
Giles  Boileau  pouvait  obéir  à  quelques 
rancunes  de  voismages  ou  simplement 
de  plaideur  grincheux. 

Eh  bien  !  non  !  la  réputation  de  Rolet 
était  universellement  connue  au  Palais  et 
personne  ne  se  gênait  pour  le  dire.  L'amu- 
sant, c'est  d'en  avoir  trouvé  la  preuve' 
dans  une  ennuyeuse  recherche  généalo- 
gique. 

Je  prenais,  l'année  dernière,  des  notes 
au  Cabinet  des  Titres  (Bibl.  nat.  p.  orig. 
n»  2952),  afin  de  débrouiller  les  origines 
d'une  famille  modeste,  les  Vedeau  de 
Grandmont,  dont  quelques  membres 
furent  seigneurs  du  Mesniî-Aubourg,  ha- 
meau de  la  commune  de  Soindres,  près 
Mantes. 

Originaires  du  Midi,  de  noblesse  con- 
testée, ces  Vedeau  soutenaient,  à  fin  d'hé- 
ritage, un  interminable  procès  au  Parle- 
ment. Us  avaient  fourni  beaucoup  de 
preuves  et  leur  avocat  avait  fait  imprimer 
l'inévitable  factiim^  cette  pièce  fastidieuse 
qui  fait  parfois  la  joie  d'un  chercheur.  C'est 
une  phrase  de  ce  factum  que  j'ai  relevée 
avec  une  réelle  surprise  puisqu'elle  est 
un  argument  irréfutable  de  critique  litté- 
raire. Cette  phrase,  la  voici  ;  elle  s'adresse, 
comme  on  pense,  aux  adversaires  de  Ve- 
deau : 

><  Charles  Le  Roy  des  Bordes,  neveu  d 
Rolet.,  cy -devant  Procureur  en  la  Cour,  qui 


N«  1055. 


L'INTERMÉDIAIRE 


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608 


ne  cède  en  rien  à  son  oncle  en  fourberies  et 
faussetés  leur  a  offert  son  ministère.  >> 

Il  n'y  a  pas  de  doute  possible,  c'est 
bien  de  Rolet  le  fripon  qu'il  s'agit.  Four- 
beries et  faussetés  ne  sont  pas  des  termes 
plus  amènes  que  celui  de  fripon. 

Boileau  n'avait  donc  pas  même  été  mé- 
chant ;  il  avait  donné  une  forme  concise 
à  un  lieu  commun  qui  courait  au  palais. 
Si  le  goût  de  déchiffrer  de  vieux  parche- 
mins devient  jamais  une  vertu,  on  saura 
que  cette  vertu  est  parfois  récompensée. 
Elle  me  permet  d'affirmer  aux  lecteurs  de 
V Intermédiaire  que  le  Rolet  de  Boileau 
était  un  procureur  au  parlement  de  Paris 
et  non  un  hôtelier  du  Blaisois. 

E.  Grave. 


* 


Brossette,  l'ami  et  le  commentateur  de 
Boileau,  a  répondu  par  avance  à  la  ques- 
tion posée  par  M.  Lpt.  du  Sillon  :  p.  12  de 
redit,  des  Œuvres  de  M.  BoileauDes- 
préaux,  avec  des  éclaircissements  histori- 
ques, donnés  par  lui-même,  t.  i.  Genève 
1716  : 

Charles  Rolet,  Procureur  au  Parlement,  étoit 
fort  décrié,  etoa  Pappeloit  communément  au 
Palais,  l'ame  damnée..  M.  le  Premier  Président 
de  Lamoignon  emploïoit  le  nomdei?o/^/  pour 
signifier  un  fripon  insigne  :  Cest  un  Rolet, 
disoit-il  ordinairement.  On  peut  voir  le  carac- 
tère de  ce  Procureur,  sous  le  nom  de  Volli- 
clion,  dans  le  Roman  bourgeois  de  Furetière, 
pages  30  et  34.  il  avoit  souvent  été  noté  en 
justice,  mais  enfin  aiant  été  convaincu  d'avoir 
fait  revivre  une  obligation  de  cinq  cens  livres, 
dont  il  avoit  déjà  reçu  le  paiement  ;  il  fut  con- 
damné, par  Arrêt,  au  bannissement  pour  neuf 
ans,  en  4000  livres  de  réparation  civile,  en 
diverses  amendes,  et  aux  dépens.  La  minute  et 
la  grosse  de  cette  obligation  furent  déclarées 
nulles  et  il  fut  ordonné  qu'elles  seroient  lacé- 
rées par  le  Greffier  en  la  présence  de  Rolet. 
Cet  Arrêt  est  du  12  août  16S1.  Kolet  fut  en- 
suite déchargé  de  la  peine  du  bmnissement,  et 
obtint  une  place  de  Garde  au  château  de  Vin- 
cennes,  où  il  mourut.  Dans  la  seconde  édition 
des  Satires,  l'Auteur  mit  cette  note  à  côté  du 
nom  de  Rolet  :  Hôtelier  du  Pais-Blaisois, 
afin  de  dépaïser  les  Lecteurs  :  mais  par  mal- 
heur il  se  trouva  en  ce  païs-là  un  Hôtelier  de 
même  nom  qui  lui  en  fit  faire  de  grandes 
plaintes.  Dans  une  première  Edition  qui  fut 
faite  en  i66s  à  Rouen,  sans  la  participation  de 
l'Auteur  on  avoit  mis  un  autre  nom  que  celui 
de  Rolet. 

Lach. 
Même  réponse  :  Léon  Sylvestre. 


La  sentinelle  qui  empêcha  de 
passer  le  Petit  Caporal  (L,  105).  — 
Aucun  doute  :  la  sentinelle  qui,  à  cheval 
sur  sa  consigne,  à  Ebersdorf.  en  1809, 
dit  à  Napoléon  :  «  Quand  bien  même 
vous  seriez  le  Petit  Caporal,  on 
ne  passe  pas  »,  était  un  nommé  Jean 
Coluche,  originaire,  de  Gastins,  canton 
de  Nangis,  en  Seine-et-Marne.  Le  fait  est 
vrai,  tout  légendaire  qu'il  paraisse  ;  le 
héros  de  l'anecdote  a  bien  existé. 

C'était  un  original, très  fier  de  sa  répu- 
tation, et  dont  toute  la  gloire  tenait  dans 
sa  réponse  fameuse.  Elle  était  bien  en 
harmonie  avec  son  caractère  peu  facile. 
Coluche  était  un  grincheux  ;  il  avait  des 
principes  et  n'en  démordait  pas.  Ses  con- 
citoyens, flattés  de  sa  présence, songeaient 
à  le  combler  d'honneurs  ;  ils  s'y  prirent 
mal  et  l'indisposèrent.  Il  adressa  au  sous- 
préfet  la  lettre  suivante  —  qui  figure  dans 
la  collection  particulière  de  M.  Noël  Cha- 
ravay  : 

Gastin,  8  novembre  1831. 
Monsieur  le  Sous-Préfet, 

Ayant  été  nommé  candidat  composant  le 
conseil  de  notre  commune,  j'aurais  accepté 
avec  le  plus  grand  plaisir  si  les  élections 
s'était  faites  lovaleman  mais  comme  il  est 
parcourue  dans  toutes  les  maisons  des  soli- 
citeurs  et  M'  le  maire  luy-mème  et  que 
sela  na  pas  ete  fait  dans  la  forme  voulue  je 
vous  prie  d'achepter  ma  démission  et  de 
me  rayé  sur  la  liste  de  candidature. 

Recevez  M"'  le  Souprefet  les  salutations 
les  plus  sincères  de  celuy  qui  a  lonneur 
d'être  votre  serviteur.  Coluche. 

Coluche  est  l'homme  du  devoir  étroit 
et  de  la  consigne  absolue.  Cette  fois  c'est 
à  lui-même,  qui  va  passer,  qu'il  dit: «On 
ne  passe  pas  !  » 

Unjour  au  cours  d'une  présentation  des 
autorités  du  pays  qu'il  visitait, Napoléon  III 
distingua,  dans  les  rangs  des  vieux  soldats, 
accouri:s  à  sa  rencontre,  Coluche.  Il  s'était 
paré  d'un  baudrier  gigantesque  sur  le  quel 
étaient  brodés  les  mots  qui  lui  méritaient 
sa  célébrité  «  Quand  vous  seriez  le  Petit 
Caporal,  on  ne  passe  pas  ». 

L'empereur  se  fit  expliquer  ce  singulier 
accoutrement  ;  et,  en  souvenir  de  l'on- 
cle, complimenta  Coluche  et  lui  promit 
une  pension. 

Coluche  en  jouit  assez  longtemps  ;  il 
n'est  mort  qu'en  1865. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.DANiEL-CHAMBON  St-Amand- Mont-Bond. 


L'  Volume 


Paraissant  les  to,  20  et  ^o   de  chaque  mots  30  Octobre  1904, 


40"  Année 

»1»"  .r.VIctor  Massé 
PAKIS  {IX') 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


Cherchez  et 
vous  trouverez 


Il  se  faut 
entr'aider 


N"  1056 

3I»^  r. Victor  Mass« 
PARIS  (1X«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


3nUxméh%axxe 


DES 


CHERCHEURS 

Fondé   en 


ET    CURIEUX 

1864 


QUESTIONS    ET    UÉl'OSSES    LITTÉRAIRES. 

TROUVAILLES 
609    


HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET 

ET    CURIOSITÉS 
610 


ARTISTIQUES 


aJlneôtione 


Chronique  scandaleuse  de  Roanne 
sous  Napoléon  I^"'.  —  le  possède  un 
curieux  manuscrit  non  daté,  qui  a  pour 
titre  : 

Satire  on  Lanterne  Magique  de  la  Ville 
de  Roanne. 

II  se  compose  de  deux  cahiers  brochés 
in-folio,  papier  vergé  3i\ixé.  sous  couver- 
ture de  même.  D'après  divers  indices,  on 
peut  supposer  qu'il   a  été  écrit  vers  1809. 

L'auteur  anonyme  de  cette  longue  sa- 
tire en  vers  prend  prétexte  d'un  événe- 
ment contemporain  pour  passer  en  revue 
toute  la  société  de  Roanne.  Plus  de  cent 
noms  sont  cités  en  toutes  lettres.  Le 
poète  choisit  pour  devise  :  '<  Je  ne  veux 
point  offrir  d'énigme  au  lecteur.  >^  C'est- 
à-dire  qu'il  prend  le  parti  de  diffamer 
-avec  clarté.  Il  dit  crûment  et  il  dit  tout. 
—  Origine  des  familles,  source  des  for- 
tunes, anoblissements  spontanés,  liste 
des  amoureuses  et  même  des  lesbiennes, 
anecdotes  galantes  ou  financières  détails 
secrets  sur  les  jeunes  filles,  il  énumère 
tout  ce  qu'il  sait,  peut-être  ce  qu'il  in- 
vente, avec  une  patiente  haine  contre  ses 
concitoyens  ;  et  de  longues  notes  au  bas 
des  pages  viennent  encore  ajouter  leurs 
éclaircissements  à  ceux  du  texte. 

Le  seul  Roannais  épargné  est  un  cer- 
tain D'  Vorbe  qui  doit  être,  sinon  l'auteur, 
au  moins  son  ami  intime.  Quels  rensei- 
gnements pourrait-on  me  donner  sur 
lui.? 


Ce  médecin  était  alors  en  procès  avec 
un  de  ses  clients  nommé  Taron  et  le  no- 
taire Barbier.  Quelle  est  la  date  de  cette 
affaire?  elle  fixera  celle  du  poème.  La 
m.ême  année,  M.  l'abbé  Arbel,  curé  de 
Roanne,  avait  exorcisé  une  fille  de  la  rue 
Elisabeth  qui  avait  un  démon  dans  le 
bas-ventre.  Si  l'on  a  conservé  trace  de 
cet  exorcisme,  il  établira  non  moins  faci- 
lement la  date  que  je  recherche. 

Candide. 

Isotta  de  Rimini.  —  Sur  cette  femme 
qui  a  joué  un  rôle  historique  et  littéraire 
si  important  au  xv'  siècle,  on  ne  cite  que 
deux  dissertations,  celle  de  Mazzuchelli 
(1756)  et  celle  de  Battaglini  (1794). 
N'existe-t-il  pas  de  travaux  plus  récents 
à  son  sujet  ^ 

C'est  un  des  personnages  sur  lesquels 
il  est  le  plus  difficile  de  se  renseigner 
dans  les  ouvrages  de  références.  Son 
nom  ne  figure  à  peu  près  nulle  part,  et 
quand  on  la  cite,  c'est  pour  la  confondre 
avec  son  homonvme  Isotta  Nogarola. 

P.  L. 

La   conquête    de    l'Egypte    par 

Cambyse.  —  Cette  conquête  est  un  pe- 
tit problème  intéressant  et  dont  les  phases 
s'éclaircissent  chaque  jour. 

J'ai  le  premier  établi  que  Cambyse 
avait  fait  son  expédition  en  Egypte  tout 
au  début  de  son  règne.  En  effet,  une 
stèle  de  Sérapeum  étudiée  par  moi  nous 
apprend  qu'un  Apis  mort  en  Tan  4,  pa- 
chons  de  Darius,  était  né  la  5^  année  (tyb. 

L.  12 


I 


N*  1056. 


L'INTERMEDIAIRE 


611 


612 


aSjde  Cambyse,  et  elle  ajoute  que  la  durée 
totale  de  sa  vie  fut  de  8  ans  trois  mois  5 
jours.  Pour  que  8  ans  séparent  ainsi  la  5* 
année  de  Cambyse  de  la  4*=  de  Darius,  il 
faut  que  le  règne  égyptien  de  Cambyse 
n'ait  pas  été  moindre  de  beaucoup  que  son 
règne  asiatique  qui  atteignit,  selon  le  cal- 
cul toujours  si  exact  du  canon  des  rois  de 
Ptolémée,  confirmé  du  reste  par  toute  la 
série  des  tablettes  babyloniennes,  la  hui- 
tième année,  en  dehors  de  l'année  d'avè- 
nement toujours  mise  à  part  chez  les  Ba- 
byloniens. 

En  effet,  si  le  mage  Smerdis,  en  babylo- 
nien Barzia,  dont  le  canon  ne  tient  pas 
compte,  parce  que  Darius  se  considérait 
comme  le  successeur  légitime  de  Cam- 
byse, fut,  au  contraire,  conservé  sur  la 
liste  des  règnes  en  Egypte  où  le  satrape 
Aryandès  établi  par  Cambyse  se  condui- 
sait d'une  façon  si  indépendante  que 
Darius  finit  par  le  mettre  à  mort  ;  si,  par 
conséquent,  le  règne  de  Darius  n'y  com- 
mença officiellement  qu'après  l'assassinat 
de  Barzia,  le  prétendu  mage,  cela  ne  nous 
donnerait  encore  qu'un  intervallede  10  ans 
au  plus  entre  l'avènement  de  Cambyse  et 
l'avènement  de  Darius  sur  le  trône  égyp- 
tien, puisque  le  règne  de  Barzia  ne  paraît 
pas  avoir  dépassé  sa  première  année  après 
son  année  d'avènement.  L'Apis  mort  en 
pachons  a  vécu  près  de  quatre  ans  sous 
Darius.  En  admettant  qu'Aryandès  eût  re  ■ 
tardé  de  deux  ans  le  comput  égyptien  de 
Darius  après  la  mort  de  Cambyse,  il  fau- 
drait encore  que  cet  Apis  eût  vécu  plus 
de  deux  ans  sous  Cambyse  depuis  la  cin- 
quième année  de  son  règne,  ce  qui  obli- 
gerait à  supposer  que  Cambyse  conquit 
l'Egypte  dans  l'année  qui  suivit  celle  de 
son  avènement  en  Asie.  Nous  possédons 
d'ailleurs  au  Louvre  une  stèle  de  l'an  6 
de  Cambyse  dont  nous  reparlerons. 

11  faut  noter  que  Cambyse  —  Hérodote 
nous  l'a  fait  voir  — se  considérait  comme 
roi  légitime  de  rEg3'pte,  par  suite  d'une 
alliance  royale  persane  avec  une  prin- 
cesse de  la  famille  d'Apriès.  C'est  pour 
cela  qu'il  fit  brûler  le  corps  d'Amasis  à 
Sais  et  le  corps  de  la  reine  Anhlinas,  hé- 
ritière des  droits  d'Apriès,  à  Thèbes. 

La  guerre  avait  été  déclarée  par   Cam- 
byse à  Amasis  durant  la  vie  de   celui-ci. 
Mais  pendant  qu'on    en  faisait   les  prépa- 
-ratifs,  Amasis   mourut  et  son  fils   Psam- 
métique  ou  Psamménite  fut  proclamé  roi. 


Celui-ci,  d'après  le  Manéthon  d'Africainf 
ne  régna  que  six  mois,  et  il  fut  vaincu  et 
fait  prisonnier  dans  la  Basse-Egypte. 
Cambyse  ordonna  de  tuer  les  enfants  de 
ce  malheureux  prince  devant  leur  père.. 
Mais  il  fut  ému  (comme  Crésus)  par  sa 
fermeté  d'âme  à  cette  occasionjointe  à  la 
sensibilité  qu'il  montrait  aux  malheurs 
de  ses  amis.  11  lui  laissa  donc  la  vie  et 
le  conserva  assez  longtemps  près  de  lui. 
«  Mais  Psamménite  ayant  conspiré  contre 
l'Etat  en  reçut  le  salaire;  car  ayant  été 
convaincu  par  Cambyse,  ce  prince  le  con- 
damna à  boire  du  sang  de  taureau  (i), 
ce  dont  il  mourut  sur  le  champ  ». 

Ce  fut  après  cela  que  Cambyse  fit  son 
expédition  dirigée  à  la  fois  contre  les 
Ammoniens  et  les  Ethiopiens.  Il  partit 
vers  Thèbes  avec  toute  son  armée,  ne 
laissant  en  Egypte  que  les  Grecs  qui 
l'avaient  accompagné.  «  Lorsqu'il  fut  ar- 
rivé à  Thèbes,  il  choisit  environ  cinquante 
mille  hommes  à  qui  il  ordonna  de  réduire 
les  Ammoniens  en  esclavage  et  de  mettre 
le  feu  au  temple  où  Jupiter  (Amon)  ren- 
dait ses  oracles.  Pour  lui,  il  continua  sa 
route  vers  l'Ethiopie  avec  le  reste  de  son 
armée  ».  Cette  armée  fut  obligée  de  reve- 
nir à  Thèbes  d'abord,  puis  à  Memphis,. 
faute  de  vivres,  tandis  que  l'armée  en- 
voyée à  l'oasis  étiit  entièrement  détruite. 
C'est  alors  que  Cambyse  furieux  de  voir 
les  Memphites  se  réjouir  de  la  théophanie 
d'un  nouvel  Apis,  après  ses  désastres, 
blessa  cet  Apis  de  son  épée. 

Tel  est  le  récit  du  père  de  l'histoire  et 
il  est  confirmé  par  les  documents  con- 
temporains. 

L'Apis  blessé  par  Cambyse  est  celui 
qui,  né  en  l'an  5  de  Cambyse,  est  mort  en 
l'an  4  de  Darius,  nous  en  avons  parlé 
déjà.  Quant  à  son  prédécesseur,  mort  en 
cet  an  5  de  Cambyse,  on  retarda  ses  fu- 
nérailles solennelles  jusqu'à  l'an  6,  le 
^50  épiphi,  c'est-à-dire  19  mois,  ce  qui  ex- 
cède beaucoup  les  70  jours  fixés  par  le 
rituel.  Ce  fait  doit  être  attribué  à  la  fu- 
reur du  roi. 

D'une  autre  part,  si  Hérodote,  con- 
firmé par  les  stèles  de  Serapeum,  nous 
fait  retarder  jusqu'à  l'an  5  de  Cambyse 
l'expédition  de  ce  conquérant  à  Thèbes, 

(1)  Nom  d'une  plante  vénéneuse  indiquée 
souvent  dans  les  papyrus  magiques  ou  gnos- 
tiques. 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Octobre  1904. 


613 


614 


d'autres  documents  nous  prouvent  que, 
jusque-là,  son  occupation  n'avait  pas  été 
considérée  comme  légitime  par  les  Thé- 
bains. 

En  effet  nous  possédons  un  contrat  thé- 
bain  (de  mariage  par  coemptio)  daté  de  la 
tin  de  Tannée  4  de  Psammetique  III  (du  20 
méseré)  :  nous  voyons  par  là  que  cefirince 
alors  était  toujours  considéré  à  Thèbes 
comme  roi  (ce  qui  explique  les  monuments 
importants  que  nous  trouvons  de  lui  dans 
cette  ville).  C'est  sans  doute  à  cause  de 
cela  que  Cambyse  le  fit  mourir  notable- 
ment avant  de  partir  pour  Thèbes. 

Mais  Psammetique  III  mort,  les  Thé- 
bains  ne  renoncèrent  pas  pour  cela,  à  la 
dynastie  nationale.  En  effet  un  bronze  qui 
m'a  récemment  passé  par  les  mains  et  au 
sujet  duquel  j'ai  fait  une  communication 
à  l'Académie  des  Inscriptions  dans  la 
séance  du  vendredi  23  septembre,  nous 
montre  que  la  malheureuse  victime  des 
Perses  eut  un  successeur. 

Disons  d'abord  que  ce  bronze,  au  sujet 
duquel  des  doutes  se  sont  élevés  et  que 
j'ai,  pour  cela,  refusé,  au  Louvre,  de  le 
présenter  à  l'acquisition,  me  paraît  par- 
faitement authentique  D'abord  le  mar- 
chand qui  le  présentait  et  que  je  connais 
depuis  30  ans  est  un  des  plus  honnêtes 
que  j'aie  vus.  Puis  il  a  acheté  ce  bronze  à 
Thèbes  d'un  Arabe  qu'il  nomme  et  de- 
vant des  témoins  dignes  de  foi  également 
nommés  par  lui,  et  au  moment  où  on  le 
lui  montra,  il  était  enveloppé  de  la  gangue 
semi  métallique  ordinaire  aux  bronzes 
égyptiens  et  qui  rendent  impossible 
l'examen  même  du  sujet.  Un  peu  d'or  seu- 
lement paraissait.  Le  bronze  fut  mis  dans 
un  acide  et  l'on  vit  qu'il  s'agissait  d'un 
roi  assis,  ayant  des  incrustations  d'or. 
On  lisait  sur  le  tablier  le  cartouche  pré- 
nomd'Amasis. Derrière  la  ceinture  on  aper- 
çoit aussi  les  traces  encore  distinctes  du 
cartouche  prénom  Amenra  wé?;/ apparte- 
nant à  un  autre  priice,  qui,  sans  doute 
était  fier  de  sa  filiation  le  rattachant  a 
Amasis.  11  me  semble  qu'il  s'agit  du 
prince  royal  Pséchons,  fils  d'Amasis  et 
d'une  autre  mère  que  celle  de  Psamme- 
tique III.  Ce  prince  aurait  été  proclamé 
roi  par  les  thébains  après  la  mort  de  son 
frère  et  avant  l'expédition  de  Cambyse  à 
Thèbes,  expédition  qui  aurait  sans  doute 
motivé  sa  fuite,  soit  à  l'oasis  d'Amon,  où 
l'armée  du  Persan  fut   détruite,   soit  en 


Ethiopie,  où  le  même  conquérant  ne  put 
parvenir. 

Telle  est  l'hypothèse  que  je  soumets 
aux  intermédiairistes  avec  un  peu  plus 
de  détails  que  je  ne  l'avais  fait  dans  ma 
communication  à  l'Institut. 

Le  problème  me  paraît  vraiment  im- 
portant et  je  désire  vivement  une  solu- 
tion. M.  Maspero  pourra  y  aider  en  vé- 
rifiant,en  Egypte, les  affirmations  du  mar- 
chand. Revillout, 

La  grossesse  de  la  duchesse  de 
Bourgogne.  —  On  a  écrit  que  la  gros- 
sesse de  la  duchesse  de  Bourgogne,  dans 
un  esprit  de  courtisanerie  assez  bizarre, 
mit  à  la  mode  les  gros  ventres  pour  les 
femmes,  et  que  l'imagerie  populaire  la 
propagea.  En  existe-t  il  des  preuves  ^ 

A.  B.  X. 

Les  colonies  françaises  protes- 
tantes en  Allemagne.  —  Les  colonies 
françaises  fondées  en  Allemagne  par  les 
protestants  français,  par  suite  de  la  révo- 
cation de  l'Edit  de  Nantes,  n'ont-elles  pas 
été  un  objet  d'étonnement  pour  les  offi- 
ciers français  qui  furent  faits  prisonniers 
à  Rosbach  ou  qui  séjournèrent  si  long- 
temps en  Allemagne  pendant  les  guerres 
de  la  Révolution  et  de  l'Empire  ?  Les 
Mémoires  militaires  de  ces  deux  époques 
ne  relatent-elles  rien  à  ce  sujet .? 

Vandevelde. 

La  Sainte-Barbe,  data  de  l'ori- 
gine. —  Depuis  quelle  époque  exacte- 
ment les  artilleurs  français  ont-ils  l'habi- 
tude de  fêter,  en  corps,  la  Sainte-Barbe, 
le  4  décembre  de  chaque  année  .? 

Sous  la  monarchie  de  Juillet,  en  parti- 
culier entre  1830  et  1835,  cette  coutume 
était-elle  observée  dans  tous  les  corps  et 
n'y  en  avait-il  pas  qui  se  contentaient  de 
célébrer  la  fête  du  roi,  le  i^""  mai,  la 
Saint-Philippe  '^ 

Sait-on  si  le  7=  d'artillerie  était  de  ceux- 
ci  .? 

(Ce  régiment  résida  à  Besançon,  de 
1832  à  1837).  Le  commandant  A. 

TJn  prédécesseur  du  capitaine 
Dutertr^.  —  Un  gentilhomme  français, 
prisonnier  les  Anglais,  fut  envoyé  en 
mission  pour  inviter  des  français  qui 
défendaient    une  place,  à  se  rendre,  mais 


N'  1056. 


L'INTERMÉDIAIRE 


615 


616 


ce  fut  à  la  résistance  qu'il  les  excita.  11 
paya  cette  audace  de  sa  vie.  Cet  acte  est 
le  pe,:dant  de  l'acte  héroïque  de  Dutertre 
à  Sidi-Brahim.  Le  nom  de  l'officier  P  La 
date  et  les  circonstances  exactes  de  ce  fait 
glorieux  ?  Lt.C. 

L'Algèbre  du  jeu.  Dans  ses  Élo- 
ges des  membres  de  l'Académie  des 
Sciences,  et  principalement  d'Ozanam,de 
Montmort  et  de  Dangeau,  Fontenelle 
affirme  que  les  jeux  de  hasard  ont  une 
algèbre  dont  certains  savants,  Leibnitz 
entre  autres,  ont  pénétré  tous  les  secrets. 
11  dit,  par  exemple,  de  Montmort  :  «  11 
donna,  en  i-joS,  son  Essai  d'analyse  sur 
les  jeux  de  hasard^  où  il  découvrait  ce  nou- 
veau monde  aux  géomètres.  Au  lieu  des 
courbes  qui  leur  sont  familières,  des  sec- 
tions, des  cycloïdes,  des  spirales  et  des 
logarithmiques,  c'étaient  le  pharaon,  la 
bassette,le  lansquenet, l'ombre,  le  trictrac, 
qui  paraissent  sur  la  scène,  assujettis  au 
calcul  et  domptés  par  1  algèbre  » 

Fontenelle  dit  encore  qu'Ozanam  le 
mathématicien  «  jouait  bien  et  heureuse- 
ment. »  Dangeau,  grâce  à  son  «  algèbre 
naturelle  »,  avait  un  bonheur  insolent  au 
jeu  de  la  Cour  ;  et  Colbert  mettait  pres- 
que en  doute  sa  loyauté. 

Messieurs  de  l'Académie  des  Sciences, 
aux  xvii''  et  xviii*  siècles,  nous  parais- 
sent avoir  sérieusement  cultivé  \2i  Martin- 
gale. Ces  combinaisons  mathématiques 
qui  rendent  la  fortune  favorable,  sont- 
elles  possibles?  Et  Fontenelle  tout  le  pre- 
mier, n'en  a-t  il  pas  connu  les  amères 
déceptions  ?  d'E. 


Les  miracles  de  Marc  Daviano. 
—  A  la  fin  du  xvii*  siècle,  un  capucin 
d'origine  italienne  nommé  Marc  Daviano, 
parcourait  la  France,  et  par  ses  miracles 
les  populations  se  pressaient  sur  son  pas- 
sage. La  vie  de  ce  religieux  a-t-elle  été 
écrite  ?  Quelles  sont  les  villes  où  il  s'est 
arrêté  et  quels  miracles  a-t-il  opérés  ^ 

Paul  Pinson. 


Créquy-Montfort.  —  Pourquoi  les 
Le  Compasseur  ont  ils  ajouté  à  leur  nom 
ceux  de  ces  deux  maisons,  et  à  quelle 
date  f  De  Rupe. 


Famille  Doynel  ou  Doisnel.  — 

Georges  Doisnel  de  la  Chapelle  était  ca- 
pitaine de  dragons  et  aide-de-camp  du 
marquis  de  Rânes,  sous  Louis  XIV.  Par 
lettres  patentes  de  1692,  il  fut  nommé 
lieutenant  de  robe  courte  au  bailliage  de 
Domfront.  Pourrait-on  retrouver  ses  ar- 
moiries ^ 

Comment  se  rattache-t-il  à  la  famille 
Doynel  ou  Doisnel,  citée  par  de    Magny  ? 

Jean  du  Val. 

Druon-Demailly.  —  De  Bourgade 

de  Lagarde.  —  Cette  première  famille, 
de  vieille  bourgeoisie  picarde,  avait-elle 
des  armoiries  ^ 

Est- elle  encore  représentée  t  Où  mou- 
rut un  abbé  Druon-Demailly,  aumônier 
des  armées  de  la  Loire  en  1870  et  supé- 
rieur de  Saint-Louis  des  Français  à  Rome, 
peu  après  ? 

La  seconde  est-elle  française  ^  Si  oui, 
quelles  armoiries?  La  Coussière. 

Jean  Facio,  dit  Vulteius,  poète 

rémois.  —  En  1538  parurent  simulta- 
nément, chez  Simon  de  Colines,  à  Paris, 
deux  petits  volumes  de  vers  latins  signés 
Jo.  ViiUeius,  Rhemensis. 

Ces  vers  sont  fort  jolis  et  ils  sont  de 
ceux  que  l'on  regrette  le  plus  de  ne  pas 
voir  traduits  en  français  à  une  époque  où 
les  lecteurs  de  latin  moderne  deviennent 
assez  rares  parmi  les  lettrés. 

Qui  était  johannes  Vulteius  ^  On  igno- 
rait si  complètement  sa  vie  au  siècle  der- 
nier qu'on  n'était  même  pas  d'accord  sur 
son  nom  véritable.  Entre  s<  Voulté  », 
«  Voultier  »,  «  Vautier  »,  les  biographes 
hésitaient.  M.  Claudin,  paraît-il,  a  re- 
trouvé le  véritable  nom  qui  serait  Jean 
Facio.  Quelle  est  l'origine  de  cette  dé- 
couverte et  que  sait-on  de  plus  sur  l'écri- 
vain .?  Les  érudits  rémois  ont-ils  dirigé 
des  recherches  de  son  côté .?  *** 


Lefèbre  de    Cheverus.  —   Cette 

famille  était-elle  noble  ^  Quelles  étaient 
ses  armoiries  ?  Le  cardinal  de  ce  nom 
naquit  à  Mayenne.  11  prit  deux  armoiries 
différentes  :  une  croix  latine  d'argent  sur 
champ  d'azur  y  avec  devise  dans  l'écu  lui- 
même,  lorsqu'il  fut  évêque  de  Boston; 
puis  d'argent,  à  la  croix  ancrée  de  sable 
lorsqu'il  fut  archevêque  de  Bordeaux  en 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Octobre  1904, 


617 


618 


I 


1826.  Cela  ferait   supposer  qu'il   n'était 
guèrefixé  sur  les  armoiries  de   sa  famille. 
Comte  DE  St-Saud. 

Alfred  Mousse.  —  Oiielque  aimable 
et  érudit  intermédiairiste  pourrait  il  me 
fournir  des  notes  biographiques  sur  Al- 
fred Mousse,  auteur  de  De  Profundis^  ro- 
man édité  en  1834,  chez  Lecomte  et  Pou- 
gin.  P.  DE  Th. 

Le  peintre  "W.  de  Nune  (XLIX,  788). 

—  Où  trouver  des  renseignements  —  en 
dehors  du  Nagler  —  sur  un  peintre  nommé 
W.  de  Nune,  qui  faisaitdes  portraitsà  Edin- 
bourgh  (Ecosse),  en  1732  et  après  ?  Peut- 
on  dire  quels  portraits  il  a  exécutés  ? 

K.  C.  Benett. 

Madame  de  Polignac,  née  Fleury. 

—  Connaît-on  la  date  et  le  lieu  du  ma- 
riage, avec  les  noms  des  père  et  mère  de 
Madeleine-Elisabeth  de  Fleury,  décédée  à 
Montpellier  le  7  septembre  1788,  à  l'âge 
de  32  ans  environ  et  qui  aurait  été  la 
deuxième  femme  de  Louis-Melchior-Ar- 
mand,  vicomte  de  Polignac,  ambassadeur 
en  Suisse,  ainsi  que  la  date  et  le  lieu  de  la 
mort  de  ce  dernier  ?  Ce  mariage  est  très 
sommairement  indiqué  dans  les  histoires 
modernes  de  cette  maison  i  Révérend. 

Famille  de  Villefort.  —  Je  vou- 
drais obtenir  des  renseiarnements  sur  une 
famille  de  Villefort,  laquelle  doit  être  ori- 
ginaire du  midi  de  la  France,  peut-être 
du  département  de  Lot-et-Garonne.  Une 
branche  de  cette  famille  doit  avoir  émigré 
au  canton  de  Vaud,  en  Suisse,  il  y  a 
environ  iso  ans,  y  laissant,  comme  des- 
cendante unique,  mademoiselle  Marianne 
de  Villefort.  Tous  les  détails  qu'un  com- 
plaisant collègue  voudra  bien  me  donner 
sur  cette  famille,  et  spécialement  sur  sa 
branche  de  Suisse,  seront  reçus  avec  une 
grande  reconnaissance. 

C.  Barbey  Boissier 

Armoiries  à  déterminer  :  coupé 
de  gueules,  au  lion  d'or.  —  Tranché 
mi^pjili  :  à  dextie,  coupé  de  gueules^  au 
lion  d'or,  tenant  un  livre  ouvert^  et  d'azur, 
aux  deux  êpées  croisées  d'argent;  à  sénesfre, 
d'argent^  au  chevron  d'azur ^  accompagné  de 
trois  merlettes  de  sable,  2  et  t . 

Jean  du  Val. 


Une  maxime  latine.  —  Dans  une 
de  mes  lectures,  déjà  fort  ancienne,  je 
suis  tombé, un  jour, sur  une  maxime  égale- 
ment admirable,  comme  fond  et  comme 
forme,  et  qui,  pour  tout  pessimiste,  con- 
tient le  mot  suprême  de  la  philosophie  : 
Ingens  solatinm  iinà  cuin  universo  rapt, 
maxime  qu'on  pourrait  interpréter  ainsi, 
afin  de  la  rendre  parfaitement  claire  en 
français  : 

«  C'est  une  grande  consolation  de  son- 
ger que  dans  le  mouvement  cruel  et 
mystérieux  qui  nous  emporte,  tout  l'Uni- 
vers est  emporté  avec  nous.  » 

J'ai  su  quel  est  l'auteur  de  cette  maxime, 
l'une  des  plus  belles,  selon  moi,  qui 
soient  sorties  de  l'esprit  humain,  mais 
je  ne  le  sais  plus.  Toute  ma  gratitude  à 
la  personne  dont  je  le  rapprendrais. 

Edmond  Thiaudière. 

Les  enfants  de  Voltaire.   —  On 

n'en  connaît  aucun  et  on  lui  en  a  prêté 
beaucoup. 

Da.ns  \e  Journal  de  Mulot ^  si  heureuse- 
ment découvert  par  M.  H.  Harrisse  et 
récemment  publié  par  M.  Maurice  Tour- 
neux,  celui-ci,  en  savant  et  consciencieux 
commentateur,  proteste  contre  l'attribu- 
tion faite  par  le  chanoine-chroniqueur  à 
Voltaire,  de  la  paternité  du  duc  de  Niver- 
nais. D'autres  contemporains  ont  pareil- 
lement prétendu  que  le  libraire  Lambert 
était  un  fils  de  Voltaire. 

Enfin, pour  nous  résumer,  l'illustre  phi- 
losophe a-t-il  jamais  eu,    que  l'on  sache, 
des  enfants  ?  Et  pouvait-il  en  avoir  ?  Car 
on  a  dit,  pour  lui  comme   pour    Boileau 
qu'une   imperfection     physiologique     lu  i 
avait  interdit  l'espoir  de  la  paternité. 

Alpha. 

Les  papiers  de  Martin  Folkas.  — 

Un  chercheur  anglais  pourrait-il  me  dire 
où  sont  conservés  les  papiers  et  la  corres- 
pondance du  savant  Martin  Folkes  (1690- 
1754)  fellow  ofthe  Royal  Society  et  pré- 
sident de  cette  assemblée,  en  1741  ? 

M.  T. 

Livres  imprimés  sur  les  vais- 
seaux de  l'Etat.  —  Le  chevalier  de 
Sade  est  l'auteur  de  l'ouvrage  suivant  : 
Mes  loisirs  sur  le  vaisseau  amiral  eu  Let- 
tres aux  Etats  Généraux  sur  une  nouvelle 
1  constitution  du  gouvernement  de  la  France. 


N»  1056 


L'INTERMEDIAIRE 


619 


620 


Ce  livre,  de  format  in-8,  est  daté  de 
Toulon  :  «  Imprimerie  du  vaisseau  Ami- 
ral, 1789  7/. 

Cette  indication  est-elle  exacte  ?  Depuis 
quand  imprime-t  on  sur  les  vaisseaux  de 
l'Etat.  Connait-on  d'autres  livres  portant 
la  même  mention  ? 

A.    DiEUAlDE. 

Les  mots  anglais  introduits  dans 
la  langue  française.  —  Existe-t-il,  en 
dehors  du  Dictionnaire  éty œnologique  de 
Darmesteter-Hatzfeld,  un  ouvrage  récent 
donnant  la  liste  complète  des  mots  rn 
glais  introduits  dans  la  langue  française, 
avec  leur  date  d'importation  .?  Quels  sont 
les  ouvrages  à  consulter  en  ce  qui  concerne 
principalement  l'origine  des  anglicismes 
d'introduction  déjà  ancienne  ^ 

E.-X.-B. 

Les  veilleurs  de  nuit  au  XVIÎI* 
siècle.  —  Parmi  les  ciis  de  Paris  au 
siècle  dernier,  peut-on  retrouver  les 
paroles  que  prononçaient  les  veilleurs  de 
nuit,  aux  heures  sonnantes  .?  La  notation 
musicale  de  ces  paroles  a-t-elle  été  faite  ^ 
Kistner  n'en  dit  rien  dans  son  ouvrage 
pourtant  si  documenté.  M.  T. 

Au  pique  du  soleil.  —  D'où  peut 
venir  cette  expression,  si  non  du  moment 
où  le  soleil  pique, où  il  darde  ses  plus  forts 
xavons?  Est-elle  employée  autrement  que 
dans  le  langage  figuré  .?        Petrocore. 

Têtes  à  l'huile.  —  On  lit  dans  la 
Croix  du  1 1  octobre  : 

Les  figurants  de  théâtres  ne  veulent  pas 
restei-  dans  la  coulisse  au  moment  où  toutes 
les  corporations  et  toutes  les  professions  mar- 
chent syndicalement  à  la  conquête  de  multi- 
ples droits. 

Les  voilà  à  leur  tour  qui  entrent  en  scène 
et  font  parler  d'eux. 

Au  cours  d'une  réunion,  les  figurants  de 
théâtres  ont  pris  entre  autres  enoagements, 
celui-ci:  'l^tZ^-*^^-'^''^--*    'A  "■?%? 'I-'fà;;- 

f-'.Dc  travailler  à  la  suppression  des  ^  têtes  à 
l'huile  »  qui  sans  le  vouloir,  en  prenant  la 
place  des  tiavailleuis,  empêchent  ceux  ci  de 
gagner  leur  vie. 

La'suppression  des  s<  tètes  à  l'huile  ?  » 
Que  peut  bien  signifier  cette  qualification 
pittoresque?  La  Coussière. 


Le  Nard  des  Romains.  —  Le  Nard 
vrai  ou  indien  était  bien  connu  des  Ro- 
mains, comme  le  prouve,  entre  autres,  un 
passage  de  la  deuxième  élégie  de  Tibulle: 
...  pnro  distillent    tcwpora  t^ARDO.. . 

Mais  les  naturalistes  prétendent  que 
cette  plante  ne  pousse  guère  qu'à  lîle  de 
Java.  Les  Romains  connaissaient-ils  donc 
les  îles  de  la  Sonde  et  l'Australie  ?  On  a 
répondu  affirmativement. Mais  sur  quelles 
preuves  s'appuie-t-on  ? 

Marcel  Baudouin. 

Le  Livre  d'amour  de  Sainte- 
Beuve. —  Sans  entrer  dans  les  considéra- 
tions morales  que  cette  question  soulève, 
mais  puisque  le  problème  est  posé,  pour- 
rait-on demander  ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans 
cette  histoire  qui  court  les  journaux, 
d'une  corresponce  de  madame  Victor  Hugo 
détruite.  Cette  correspondance  serait  à 
rapprocher  du  Livre  d'amour.       D'  M. 

Capilupi.  —  Qiielque  lecteur  de  Vfn- 
termédiaire  posséderait-il  du  Stratagema 
di  Carolonono,  non  pas  l'édition  pet.  m-8» 
publiée  avec  la  traduction  française  en 
1574,  mais  une  édition  petit  in  4°,  de 
14  flf.  non  paginées,  avec  le  texte  italien 
seulement?  Pourrait-on  indiquer  le  lieu 
et  la  date  de  la  pubHcation,  ainsi  que  le 
nom  de  l'éditeur  .?  Michaud,  dans  sa  Bio- 
graphie universelle,  cite  le  livre  et  ajoute  : 
Roma  1572.  Hector  de  la  Perrière  {La 
Saint-Barthélémy,  1893,  p.  148)  est 
encore  plus  précis  :  «  La  première  édition 
de  Stratagème  parut  à  Rome  le  18  sep- 
tembre 1572  ».  11  ajoute  (p.  149)  qu'il  a 
paru  une  seconde  édition  en  octobre. 
Celle  de  1574,  avec  la  traduction  fran- 
çaise, serait  donc  la  troisième.  Ces  indi- 
cations sont-elles  exactes  ?  H.  M. 

La  lampe  de  Bon  Boulogne.  — 

Bon  Boulogne,  ou  Boulogne,  peintre  de 
l'époque  de  Louis  XIV.  travailhiit  dès 
quatre  heures  du  matin,  dit  Charles  Blanc, 
«  avec  une  lampe  fixée  à  son  chapeau 
dont  les  bods  étaient  relevés  à  cet  ciïet  ■•. 
Un  intermédiairiste  pourrait-il  complé- 
ter ce  renseignement  <:  Quelle  sorte  de 
lampe  l'artiste  pouvait-il  employer,  et 
quel  rôle  jouaient  «  les  bords  du  chapeau 
relevés  à  cet  effet  »  ^  (sir)  ? 

Henry  H. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Octobre   1904. 


621 


622 


Eép0n0e0 


Le  portrait  peint  de  la  Laure  de 
Péîrarque  par  Simone  di  Mi^rtino 
(L,  331).  —  Simone  Memmi  et  Simone  di 
Martino  ne  sont  qu'un  seul  et  même 
peintre,  qu'on  appelle  en  France  plus 
généralement  Simon  de  Sienne. 

Il  a  fait  plusieurs  fois  le  portrait  de 
Laure.  Celui  dont  parle  Pétrarque  semble 
bien  perdu,  et  il  est  impossible  de  le 
reconnaître  dans  le  médiocre  portrait  sup- 
posé de  la  Laure  de  Pétrarque  dont  le 
South-Kensington  Muséum  a  fait  l'acqui- 
sition Mais  un  second  portrait  du  même 
modèle  parait  exister  encore  à  Florence, 
dans  une  des  fresques  de  la  chapelle  des 
Espagnols,  à  Santa  Maria  Novella.  Dans 
un  groupe  de  Voluptés  et  de  Vains  Plai- 
sirs, Madonna  Laura  serait  représentée 
vêtue  de  vert,  avec  une  petite  flamme 
entre  la  poitrine  et  la  gorge.  Quel  est 
Tauteur  de  ces  fresques  ^.  On  les  attri- 
buait autrefois  à  Simon  de  Sienne,  mais 
le  peintre  était  mort  depuis  six  ans  lors- 
qu'en  1350  on  a  construit  la  chapelle. 

S. 

La  tombe    de   Mirabeau  (T.  G., 

594;  L.45 1  ,=505).  —  Le  problème  a  été  très 
rationnellement  posé  par  le  collabo  Y  et 
je  vais  m'efforcer  de  suivre  sa  méthode. 
Aux  documents  qu'il  cite,  il  convient 
d'ajouter  les  suivants  qui  font  partie  de 
la  Série  Fi  C  111  Seine  aux  Arch.  Nat. 

1°  Le  28  thermidor  an  VI  (15  août 
1798)  le  ministre  des  finances  avise  le 
ministre  de  l'intérieur  de  la  réclamation 
du  Cn  Baude  d'autant  plus  justifiée  que  la 
maison  où  se  trouvent  les  cercueils  a  été 
vendue  le  15  germinal  précédent. 

2"  Le  6  vendémiaire  an  VI  (27  septem- 
bre 1798),  le  ministre  de  l'Intérieur, 
François  (de  Neufchàteau)  avise  Cabanis 
que  le  ministre  des  finances  (Ramel- 
Nogaretj  «  l'ayant  consulté  pour  savoir 
où  doivent  êtie  placés  définitivement  les 
cercueils  de  Marat  et  de  Mirabeau,  qui 
sont  déposés  depuis  trois  ans  dans  une 
maison  nationale  aliénée  au  C"  Baude,  il 
a  écrit  à  ce  sujet  à  l'administration  cen- 
trale. La  connaissance  qu'il  a  de  l'amilié 
qui  unissait  Cabanis  à  Mirabeau  lui  fait 
un  devoir  de  lui  communiquer  la  lettre 
ci  dessous  : 


30  Paris  26  fructidor  an  VI  (12  septem- 
bre 1798).  Le  ministre  avise  l'administra- 
tion centrale  de  prendre  des  mesures 
pour  enlever  les  cercueils  et  indemniser 
le  principal  locataire. 

11  ressort  de  l'ensemble  des  documents 
déjà  publiés  et  de  ceux  que  je  viens  de 
citer  : 

Que  c'est  François  de  Neufchàteau  qui 
a  invité  Cabanis  à  s'occuper  du  corps  et 
du  cercueil  de  Miir.bcau  le  27  septembre 
1798;  que  vraisemblablement,  sur  le  con- 
seil de  Cabanis,  Mme  du  Saillant  fit  la 
demande  d'exhumation,  demande  qui  lui 
fut  accordée  le  18  octobre.  Elle  réclame 
le  cercueil  le  1"  décembre  et  le  cercueil 
n'est  plus  le  28  décembre  dans  la  maison 
Baude. 

Une  pièce  citée  par  l'iiitermédiaire  et 
datée  par  erreur  typographique  du  \b 
vendémiaire  an  XÎl  au  lieu  de  an  VII, 
permettait  au  contraire  de  supposer  que 
le  cercueil  n'avait  pas  été  enlevé. 

11  est  vraisemblable  que  les  formalités 
et  opérations  de  l'exhumation  furent 
faites  par  Cabanis  et  la  M'*  du  Saillant. 

On  a  supposé  que  conformément  au 
désir  exprimé  par  Mirabeau,  on  l'avait 
transporté  près  de  son  père  et  de  sa  grand' 
mère  de  Castellane  à  Argenteuil.  M. 
Coyecque  conclut  à  la  négative  et  je  crois 
qu'il  a  raison. 

M.  Pallain  n'a  rien  trouvé  au  Bignon  ; 
on  n'a  rien  trouvé  non  plus  au  Saillant. 

Ce  qui  semble  certain,  c'est  que  le 
corps  et  le  cercueil,  l'un  remis  dans  l'au- 
tre, furent  enlevés  entre  le  i"  et  le  28 
décembre  1798. 

Si  l'on  retirait  de  la  fosse  où  il  était 
enfoui, le  corps  de  Mirabeau.c'était  assuré- 
ment pour  lui  donner  une  tombe  plus 
décente.  Alors  pourquoi  le  transporter  à 
Clamart,  cimetière  des  réprouvés. 

Pourquoi  au  cimetière  Sainte-Catherine 
confondu  souvent  à  tort,  j'en  conviens, 
avec  le  cimetière  de  Clamart  ^ 

La  mère  de  Mirabeau,  morte  non  pas  le 
28  brumaire  an  III, mais  le  19  floréal  an  IV, 
rue  Matignon,  avait  du  régulièrement  être 
enterrée  au  cimetière  de  la  Madeleine.  On 
a  supposé  aussi  que  l'inhumation  avait 
été  faite  au  cimetière  de  l'ouest  parce  que 
Mme  du  Saillant  habitait  l'hôlel  de  la  rue 
de  Seine. 

Le  fait  est  inexact  ;  Mme  du  Saillant  ne 
possédait  que  le  tiers  de  l'hôtel,  les  2  au- 


N*  1056. 


L'INTERMÉDIAIRE 


623 


624 


très  tiers  appartenaient  à  la  nation,  et  au 
moins  depuis  l'an  IV,  d'après  une  corres- 
pondance que  je  possède,  elle  habitait 
chez  sa  fille,  Mme  d'Arragon,  à  Guer- 
mantes,  près  Lagny.  11  ne  serait  donc  pas 
invraisemblable  que  le  corps  de  Mirabeau 
ait  été  enterré  soit  à  Guermantes,  soit  à 
Lagny. 

Enfin,  ce  que  je  ne  crois  pas, si  le  corps 
de  Mirabeau  a  été  transporté  en  Limousin, 
ce  n'est  pas  sur  une  terre  des  du  Saillant 
qu'il  a  dû  être  inhumé,  mais  plus  vrai- 
semblablement sur  une  terre   de    Vassar. 

D'après  une  correspondance  que  je 
possède  du  régisseur  des  héritiers  Mira- 
beau, la  marquise  de  Vassar-Mirabeau 
avait  laissé  à  ses  enfants  : 

1°  La  terre  d'Aigueperse,  située  au  lieu 
du  même  nom,  commune  de  Saint-Bon- 
net la  Rivière,  Cette  terre  revint  pour  une 
faible  partie  à  la  sœur  religieuse,  et  pour 
le  reste  à  la  M^^  c[|j  Saillant. 

2"  La  terre  de  Pierre  BufiFière,qui  revint 
aux  du  Saillant. 

3°  Ce  qui  restait  de  la  terre  de  Glanges, 
canton  de  Saint-Germain,  arrondissement 
de  Saint-Yrieix,  devint  la  propriété  de 
Mme  de  Cabris. 

4°  et  15°  Les  terres  de  Bris  et  Chéranac 
en  Poitou  furent  cédées  à  un  créancier  de 
la  succession, M.  de  Vérinas,  avant  1798. 

Donc,  si  l'on  admet  l'hypothèse  de 
l'inhumation  en  Limousin,  les  terres  d'Ai- 
gueperse, de  Pierre  Buffière  et  de  Glan- 
ges me  semblent  plus  qualifiées  que  la 
terre  du  Saillant. 

L'Intermédiaire  a  des  collaborateurs  un 
peu  partout.  A  eux  de  chercher. 

Dans  tous  les  cas,  ce  qui  est  bien 
acquis,  c'est  que  Mirabeau,  à  sa  sortie  du 
Panthéon,  ne  fut  pas  inhumé  à  Clamart. 

Comment  est  née  cette  légende  dont  je 
ne  trouve  pas  trace  avant  Charles  Nodier? 

Comme  dans  toutes  les  légendes,  il  y  a 
une  part  de  vérité  : 

Mirabeau  a  été  inhumé  dans  le  cime- 
tière de  la  section  du  Panthéon  ;  les  sec- 
tions se  sont  fondues  dans  les  arrondisse- 
ments ;  le  cimetière  de  Saint-Etienne-du- 
Mont  est  désaffecté  et  le  cimetière  de 
l'arrondissement  est  le  cimetière  de  Sainte- 
Catherine  avec  son  annexe  de  Clamart. 

Comme  en  sortant  du  Panthéon,  on  ne 
peut  aller  qu'à  l'égout  ou  en  terre  mau- 
dite, on  a  transporté  Mirabeau  à  Clamart. 


Si  l'on  ne  l'y  a  pas  mis  on  a  eu  tort — 
Et  une  légende  de  plus  court  le  monde. 

j.  G.  Bord. 


Duc    d'Aiguillon,    son    rôle    en 

1789  (L, 3  3  1,455).  —  Dans  l'épigramnie 
empruntée  aux  Actes  des  Apôtres, un  vers  — 
le  troisième  —  a  été  omis.  Nous  la  repro- 
duisons ici  : 

De  d'Aiguillon  la  vile  et  lourde  masse 
De  Conculix  a  le  sort  incertain  ; 

Souventchez  lui  Monsieurà  Madame  faitplace, 
Mais  admirez  son  bizarre  destin  ! 

En  homme  c'est  un  lâche,  en  femme, un  assas- 

[sin. 

Généalogie  de  la  maison  de 
Franca  (XLVIII,  553).  —  Si  l'on  s'en 
rapporte  à  Moréri,  il  y  a  une  bien  autre 
difficulté  relativement  à  cette  Catherine 
de  Valois  ;  notre  confrère  ne  l'a-t-il  pas 
remarqué  ? 

L'auteur  du  Dictionnaire  dit  en  effet, 
en  propres  termes,  que  Robert  d'Artois 
«  ne  laissa  de  Jeanne,  dame  de  Beauçay  en 
Lodunois,  veuve  de  Geofroy  de  Beau- 
mont...  qu'il  avait  épousée  (après  Jeanne 
de  Valois),  vers  le  mois  de  mai  ijôo^  que 
Louis  d'Artois,  mort  jeune,  et  Catherine 
d'Artois,  mariée  avant  le  mois  d'octobre 
/Î20,  à  Jean  de  Ponthieu,lPdu  nom,  comte 
d'Aumale,  morte  en  novembre  1368». 
—  La  fille  mariée  quarante  ans  avant  la 
mère  ! 

Dans  tous  les  cas,  ce  n'est  nullement 
Jeanne  de  Valois,  mais  Jeanne  de  Beauçay 
qui  est  dite  mère  de  Catherine,  et, 
comme  cette  maternité  serait  peu  ordi- 
naire, on  atout  droit  et  tout  lieu  de  ratta- 
cher celle-ci  à  une  génération  précédente. 

P.  DU  Gué, 


L6  serment  des  ecclé.^iastiques 
sous  la  RÔYolation  (XLIX,  837,  964; 
L,  123,  188,  231,  292,  400,  508V  —  On 
prêtait  serment  de  maintenir  de  tout  son 
pouvoir  la  Constitution  décrétée  par  V Assem- 
blée Nationale  et  acceptée  par  le  Roi. 

Or,  les  premiers  articles  qui  formaient 
la  Constitution  française,  visaient  la  di- 
vision et  la  répartition  des  pouvoirs  ;  ces 
articles  avaient  été  décrétés  au  mois  de 
septembre  1789  et  acceptés  le  5  octobre 
suivant.  Ces  articles  décrétés  et  acceptés 
par  Louis   XVI   étaient  aussi   considérés 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Octobre 


1904. 


•— -^ 625     

comme  faisant  partie  essentielle  de  la 
Constitution.  Or,  tel  était  le  cas  de  la 
Constitution  civile  du  clergé,  décrétée  le 
12  juillet  1790  et  sanctionnée  par  le  mo- 
narque, le  24  août  suivant. 

U  est  donc  impossible  d'admettre  que 
le  serment  ne  comprenait  pas  la  Consti- 
tution civile  du  clergé.  Au  reste,  personne 
ne  s'y  trompait.  C'est  ainsi  que  l'auteur 
d'une  brochure  Intitulée  Bxaiiien  pacifique 
du  serment  exigé  par  la  Constitution,  qui 
fut  répandue  en  France  à  profusion, 
éprouve  le  besoin  de  défendre  tous  les 
points  attaqués  par  les  ecclésiastiques 
réfractaires. 

Louis  XVII.  Sa  mort  an  Tsmple 

(T.  G.,  534;  XLIX,  911).  —  iVl.  de  Rei- 
set  a  découvert  aux  archives,  cartons  de 
la  Grande  aumônerie  (cote  o'^  19)  une 
lettre  du  cardinal,  prince  de  Croy,  grand 
aumônier  de  France,  au  ministre  de  la 
maison  du  roi,  datée  du  12  novembre 
1825  : 

Indépendamment,  dit  M.  de  Croy,  de  la 
garde  des  insignes  de  la  royauté  qu'un  très 
ancien  usage  nvait  conférée  à  la  basilique  de 
Saint-Denis,  cette  église  eut  encore  la  préro- 
gative également  immémoriale  de  recevoir 
une  couronne  de  vermeil  pour  chacun  des 
corps  placés  dans  le  caveau  rov^T/, Depuis  la 
Restauration,  sept  corps  y  ont  été  déposés  et 
deux  couronnes  seulement  ont  été  données 
par  Mesdames  Adélaïde  et  Victoire.  En  con- 
séquence, cinq  couronnes  ivianqucnt .  La 
dépense  pour  ces  quatre  couronnes  royales 
en  vermeil,  et  celle  ducale  en  argent,  s'élè- 
vera de  3.500  h  4.000  fr.  Cette  dépense  étant 
peu  considérable,  en  raison  du  nombre  de 
ces  couronnes  et  de  l'importance  de  leur 
objet,  je  sollicite  l'autorisation  de  faire  exé- 
cuter cinq  couronnes  pour  les  corps  de 
Louis  X  VI,  de  Marie  -  Antoinette,  de 
Louis  XVII,  de  Louis  XVHl  et  du  duc  de 
Berry,  etc.,  etc. 

Il  est  probable  que  la  demande  du 
grand  aumônier  ne  souleva  aucune  objec- 
tion de  la  part  de  Charles  X,  car  la  pièce 
suivante  du  même  dossier,  datée  du  26 
juillet  1826,  autorise  le  paiement  de  la 
somme  de  5.230  francs  pour  5  couronnes 
en  vermeil  enrichies  de  perles  et  de 
pierres  fines,  données  par  le  roi  au  cha- 
pitre royal  de  Saint-Denis.  Le  tout  est 
payable  à  M.  Bertrand  Paraud,  orfèvre 
des  chapelles  royales  de  la  Grande  Aumô- 
nerie, à  l'enseigne  du  Soleil-d'Or,  rue  des 
Arcis  à  Paris. 


626 


M.  de  Reiset  s'étonne  de  cette  lettre. 
N'est-ce  pas  la  première  fois  qu'on  lit 
dans  un  document  officiel  que  le  corps 
du  dauphin  était  dans  les  caveaux  de 
Saint-Denis  t 

Q.ue  veut  dire  cette  lettre  '■  M. de  Reiset, 
quoique  non  partisan  de  la  survivance,  le 
demande  :  nous  nous  le  demandons  avec 

lui.  :, 

La  formule  du  procès-verbal  d'autopsie 
de  l'enfant  mort  au  Temple  est  l'un  des 
arguments  des  partisans  de  la  survivance. 
Us  observent  que  les  médecins  qui  ont 
autopsié  l'enfant,  s'ils  avaient  été  cer- 
tains de  son  identité,  n'eussent  pas  em- 
ploA'é  cette  forme  prudente  ;  «  on  nous  a 
présenté  un  corp»  qu'on  nous  a  dit  êtr 
celui  du  fils   de  Louis  Capet  ». 

Leurs  adversaires  ripostent  :  «  C'est 
une  formule  loyale,  l'expression  est  toute 
de  style  et  ne  comporte  dans  l'esprit  des 
rédacteurs  aucune  réserve  » 

Si  cette  formule  n'est  pas  employée 
pour  la  première  fois,  si  elle  est  courante 
dans  les  autopsies  judiciaires,  on  doit  la 
retrouver  sur  d'autres  pièces.  Peut-on 
citer  d'autres  procès-verbaux  d'autopsie 
commençant  de  la  même  façon  ou  à  peu 
près  :  «  on  nous  a  présenté  un  corps 
qu'on  a  dit  être...  » 


*  * 
retrouvé 


M.  G.  Lenôtre  a  retrouvé  un  très  cu- 
rieux dossier  qui  établit  la  preuve  qu'une 
tentative  fut  réellement  faite  pour  enlever 
le  dauphin, que  des  concours  furent  acquis, 
des  agents  soudoyés,  des  sommes  énor- 
mes prodiguées  :  et  qu'un  enfant  fut 
réellement  livré  aux  organisateurs  du 
complot  —  mais  cet  enfant,  de  leur  pro- 
pre aveu,  n'était  pas  le  dauphin. 

Quel  pauvre  enfant  a  servi  à  jouer 
cette  abominable  comédie  .?  Comme  dans 
le  romanesque,  toutes  les  suppositions 
sont  permises,  nous  plaçons  tout  de  suite 
au  dessous  de  ce  point  d'interrogation  la 
lettre  suivante  que  nous  adresse  notre 
collaborateur  Martellière  : 

Pithiviers2i  août  1904. 

Monsieur  le  Directeur, 

j"ai  l'honneur  de  vous  adresser  un  rensei- 
gnement, mallieureusement  assez  vague,  mais 
qui  peut  avoir  un  certain  intérêt  pour  ceux 
qui  s'occupent  de  la  question  de  Louis  XVIL 

Dans  mon  enfance  ayant  entendu  parler  du 
Duc  de  Normandie,  je  demandai  à  mes  pa- 
rents quel  était  ce  personnage.  Ils  me  répon- 


N»  1056. 


L'INTERMEDIAIRE 


— ~    627     — 

dirent  que  c'était  un  imposteur  qui  se  faisait 
passer  pour  Louis  XVII  moit  à  la  prison 
du  Temple.  A  cette  occnsion  ma  mère 
me  raconta  que  vers  le  moment  de  la  mort 
du  Dauphin,  un  enfant  ayant  à  peu  près  son 
âge  et  lui  ressemblant,  paraît-il,  d'une  ma- 
nière frappante, avait  mystérieusement  disparu 
de  Vendôme  sans  que  la  police  de  l'époque 
ait  pu  arriver  à  le  retrouver.  Cet  enfant  était 
le  fils  d'une  lingère  ou  couunière  qui  travail- 
lait pour  l'école  centrale  du  département, 
installée  dans  les  anciens  bâtiments  du  col- 
lège de  l'Oratoire, et  dirigée  alors  par  MM. Ma- 
réchal et  Dessaignes,  anciens  oratoriens.  Ma 
mère  née  en  1800,  fille  de  M.  Maréchal  avait 
été  élevée  dans  le  Collège  et  avait  connu  la 
femme  en  question  qui  continuait  à  travailler 
pour  la  maison.  Elle  m'avait  dit  son  nom, 
mais  je  n'ai  pu  le  retrouver.  11  y  a  quelques 
années,  lorsque  la  question  Naundoif  revint  sur 
le  tapis, l'histoire  se  représenta  à  ma  mémoire. 
Ma  sœur  décédée  en  1900,  âgée  de  83  ans, me 
confirma  la  tradition,  mais  sans  pouvoir  se 
rappeler  le  nom.  j'ai  vainement  tenté  de  faire 
une  enquête  à  Vendôme,  mais  parmi  les  per- 
sonnes les  plus  âgées,  le  souvenir  de  ce  fait  ne 
s'était  pas  conservé,  ce  qui  n'a  rien  de  surpre- 
nant, un  fait  divers  la  disparition  d'un  enfant 
ayant  peu  d'importance  pour  ceux  qui  ne  tai- 
saient pas  le  rapprochement  entre  cette  cir- 
constance et  le  sort  de  Louis  XVII. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  vous  livre  ce  souvenir 
tel  quel,  regrettant  qu'il  soit  à  peu  près  im- 
possible de  le  tirer  au  clair. 

Recevez,  monsieur  le  directeur,  l'assurance 
de  mes  sentiments  les  plus  distingués. 

Martellière. 

*  * 
Dans  le  livre  du  comte   Gruau    de   La 

Barre,  intitulé  :  non  !  Louis  XVII  n'est 
pas  mort  au  Temple.  Réputation  de  l'ou- 
vrage de  M. A,  deBeauchesne^xxn  vol.  in-8°, 
Bruxelles  et   Leipzig,  1858,    on  lit,  page 

M.  de  Chateaubriand  a  dit,  en  1838,  que 
les  plus  effroyables  crimes  pâlissent  devant 
le  long  assassinat  du  fils  de  Louis  XVI,  et 
que  la  pitié  pour  les  auteurs  de  son  mar- 
tyre serait  un  crime  contre  la  morale  pu- 
blique et  contre  la  Conscience  du  genre 
humain. 

En  quelle  circonstance,  dans  quel  ou- 
vrage, en  1838,  Chateaubriand  a-t-il  écrit 

cette  phrase  ?  Victor  Déséglise. 

* 
»  * 

La  question  historique  :  «  le  Dauphin 
est-il  mort  au  Temple, ou  l'a-t-on  fait 
évader  »  n'a  pas  récusa  solution  jusqu'à 
présent.  Un  millier  de  volumes  et  de  bro- 
chures s'en  sont  occupés  stérilement.  Der- 


628 


nièrement  encore  M.  de  Granville,  dans 
un  article  très  documenté  de  la  Revue  de 
Faris.^  a  établi  le  pour  et  le  contre,  sans 
se  prononcer. 

J'ai  suivi  —  de  temps  en  temps  —  ce 
qu'on  a  dit  et  imprimé  sur  ce  problème, 
y  compris  le  plaidoyer  de  Jules  Favre  en 
faveur  du  baron  deNaundorfT,  et  j^ai  fmi 
par  me  faire  l'opinion  de  sa  mort  au  Tem- 
ple, et  cela  par  un  raisonnement  bien  sim- 
ple. Admettons  pour  un  moment  que  les 
royalistes  aient  réussi  à  sauver  le  Dauphin. 
Cela  aurait  eu  lieu  —  n'est-ce  pas  ?  — 
quelques  jours  avant  le  8  juin  1795,  jour 
où  sa  mort  vraie  ou  simulée  a  été  cons- 
tatée par  les  commissaires  de  la  Conven- 
tion, il  avait  à  ce  moment  dix  ans  et  qua- 
rante-deux jours, étant  né  le  27  mars  1783. 
Et  il  était  âgé  de  trente-et-un  ans  à  peu 
près,  le  jour  où  Louis  XVIII  a  été  ramené 
en  France  par  la  coalition. 

Où  a-t-il  vécu  pendant  les  dix-neuf 
années  qui  suivirent  son  évasion  t 

Où  a-t-il  été  élevé  et  par  qui  ? 

Y  a-t-il  des  traces  sûres  —  et  non  des 
romans  ou  des  histoires  forgées  après  coup 
—  de  son  existence  .? 

Comment  est  il  possible  qu'il  n'ait  pas 
fait  valoir  ses  droits  pendant  l'Empire  et 
que  aucune  des  puissances  en  guerre  avec 
Napoléon  ne  se  soit  servi  de  l'arme  ter- 
rible de  son  existence  pour  émouvoir 
l'opinion  de  l'Europe.? 

Sa  sœur  qui  avait  partagé  avec  lui  la 
captivité  du  Temple,  cette  triste  duchesse 
d'Angoulème  qui  plus  tard  figurait  à  la 
cour  de  Louis  XVIll,  connaissait-elle 
l'existence  de  ce  roi  légitime  de  la  France  ^. 

Comment  se  fait  il  que  cet  enfant  de- 
venu homme  —  il  avait  trente-et  un  ans  — 
que  ce  prétendu  Louis  XVII  n'ait  pas  élevé 
la  voix  pour  protester  au  moment  où  son 
oncle  usurpait  la  couronne  '^ 

Voilà,  —  si  je  ne  me  trompe  —  le  véri- 
table terrain  où  devraient  se  placer  ceux 
qui  s'occupent  encore  de  ce  grand  pro- 
blème historique,  le  seul  terrain  qui  peut 
donner  un  résultat  définitif.  Rechercher 
encore  si  Louis  XVII  est  mort  oui  ou  non  au 
Temple,  est  et  restera  un  travail  stérile, 
faute  de  preuves  irrécusables.  C'est  dans  la 
vie  du  Dauphin  de  1795  à  18 14,  qu'on  con- 
naîtra la  vérité.  Les  savants  intermédiai- 
ristes  peuvent,  sur  ce  terrain,  la  re- 
chercher et  la  retrouver.  C'est  pour  cela 
que  je  leur    pose  la  question  :    Que  sait- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


629 


630 


30  Octobre    1904, 


on  de  la  vie  du  prétendu  Louis  XVII 
sur  les  années  qui  s' écoulèrent  entre  l'jÇy  et 
1S14  ?  Caponi. 

La  Padeur  et.  la  Mort  (L.  386,548). 
Le  passage  cité  des  Mémoires  de  Beugnot, 
(I,  202)  au  sujet  des  amours  à  travers  la 
grille  de  la  Conciergerie,  est  un  peu  alam- 
biqué,  mais  le  sens  en  est  clair.  Peut-être 
les  éditeurs  ont-ils  volontairement  obscurci 
le  texte  primitif. 

On  retrouverait  facilement,  je  crois,  des 
scènes  analogues  dans  les  récits  de  gran- 
des épidémies,  de  sièges  et  de  naufrages.. 
Il  est  certain  que  l'approche  ou  la  menace 
d'une  fin  prochaine  exerce  chez  les  gens 
bien  portants  une  influence  désastreuse 
pour  le  respect  humain  et  le  souci  des 
convenances  sociales.  C'est  dans  ce  sens 
qu'on  peut  dire  que  l'amour  est  le  frère 
de  la  mort.  Orsola. 


Lo  chien  de  Jean  de  Nivelle 
(XLVll;  XLVni  ;  L,  380,  463.  571)  — 
La  version  que  donne  le  Magasin  Utile 
pour  démontrer  l'origine  du  dicton  en 
question,  ne  parait  pas  s'appuyer  sur  des 
documents  précis.  Je  crois  cependant  qu'il 
a  raison  de  la  fan"e  remonter  à  |ean  de 
Montmorency,  seigneur  de  Nivelle.  Ce 
qui  est  douteux,  c'est  cette  légende  qu'il 
rapporte  de  Jean  s'enfuyant  loin  de  son 
père  après  l'avoir  frappé  et  refusant  de 
revenir  à  son  appel.  Je  m'en  rapporterais 
davantage  à  Désormaux,  l'historien  des 
Montmorency,  qui  donne  cette  raison 
(t.  l''^  p.  336):  Jean  II  de  Montmorency, 
seigneur  de  Damville,  ayant  vu  deux  de 
ses  fils,  Jean  de  Nivelle  et  Louis  de  Pos- 
seux,  embrasser  le  parti  du  duc  de  Bour- 
gogne contre  Louis  XI,  il  les  somma  à  son 
de  trompe  de  revenir  au  service  du  roi. 
Aucun  d'eux  ne  s'étant  présenté,  il  les 
appela  chiens  et  les  déshérita.  De  là  on  a 
dit  :  «  Il  ressemble  au  chien  de  Jean  de 
Nivelle  qui  fuit  quand  on  l'appelle  ».  car 
«  tant  pkis  on  l'appelait,  tant  plus  il  se 
hâtait  de  courir  du  côté  de  Flandre  ». 

Contrairement  à  ce  qu'affirme  M.  le 
comte  du  Chastel  en  disant  qu'il  ne  pou- 
vait y  avoir  de  seigneur  à  Nivelles  en 
Brabant,  puisque  l'abbesse  du  Chapitre 
était  dame  de  cette  ville,  je  pense  qu'il 
pourrait  s'agir  de  cette  même  ville,  puis- 
que Jean  était   seigneur  de  Nivelle  et  que 


Jeanne,  sa  mère,  était  appelée  «  dame  de 
Fosseux,  de  Nivelle  et  de  Wime.  » 

Ed   Marc. 

Belem  (L, 223, 376,476).  —  La  denomi- 
nazione  esatta  délia  capitale  del  Para  (che, 
per  antonomasia  è  comunemente  chia- 
mata  «  Para  »  )  è  Santa  Maria  Je  Nazareth 
de  Belem  do  Grâo  Para.  Belem  non  è  il  di 
minutivo,  ma  la  traduzione  portoghese  di 
Bethléem.  Fra  la  cittadina  portoghese  che 
sorge  nei  dintorni  di  Lisbona  ed  la  capi- 
tale paraense  non  vi  è  alcuna  comunanza 
di  origine.  Tra  costume  dei  viaggiatori 
porloghesi  di  far  rivivere  nei  nomi  délie 
località  nuovamente  scoperte  ed  occupate, 
il  ricodo  délia  patria  lontana  :  e  si  parter- 
ravano  quindi  i  villaggi  o  le  località  indi- 
gène con  nomi  di  città  e  paesi  e  località 
portoghesi.  Nello  stesso  Para  altri  nomi  di 
luoghi  ripetono  quelli  del  Portogallo. 
L'attuale  Belem,  che  sorge  nella  baja  del 
Guajarà,  esisteva  allô  stato  rudimentale 
all'epoca  délia  scoperta  e  si  chiamava  : 
Sape  ver  a.  A.  M. 

Bonnes  villes  (XLIX;  L,  13,  127). 
—  Il  a  dé)à  été  question  des  «  Bonnes 
villes  »  dans  le  tome  XXXIX,  158,  358. 
Cette  dernière  colonne  358  contient  le 
«  Tableau  alphabétique  des  trente-sept 
villes  dont  les  maires  assistèrent  au  cou- 
ronnement de  S.  M.  l'Empereur  ». 

Nuaiérota'^ce  révolutionnaire  (L, 
564).  —  Par  suite  de  l'impossibilité  pres- 
que absolue  de  comprendre  le  numéro- 
tage sectionnaire  (qui  du  reste  n'était  pas 
le  même  dans  toutes  les  sections),  tout  en 
nommant  la  section  dans  laquelle  se  trou- 
vait un  immeuble,  on  le  désignait  fré- 
quemment par  son  ancien  numéro  royal. 
11  suffit,  pour  se  convaincre  de  cette  pra- 
tique, de  consulter,  soit  les  Petites  Affiches, 
soit  les  Alsnanaihs,  soit  même  les  pièces 
officielles  des  sommiers  des  biens  natio- 
naux. Je  signale,  tout  particulièrement  le 
fait  à  MM.  Lambeau  et  Taxile,  qui  pu- 
blient en  ce  moment  un  travail  fort  inté- 
ressant sur  les  concordances  des  numé- 
rotages anciens  et  actuels. 

Revenons  à  la  maison  de  Terwagne.  Le 
n"  273  est  certainement  un  numéro  royal. 
En  1789,  jo  vois  cette  maison  occupée  par 
un  certain  Pompée,  qui  annonce  dans  les 
Petites  Affiches  qu'il  a   une  jument   et  un 


N"    1056. 


L'INTERMEDIAIRE 


631 


632 


whisky  à  vendre  ;  il  indique  que  la  mai- 
son est  près  de  Saint- Roch. 

En  1791 ,  je  trouve  parmi  les  locataires  : 
Parmentier. 

Cet  immeuble  a  été  détruit  par  le  per- 
cement de  la  rue  des  Pyramides.  Il  devait 
prohablcinent  porter  le  n°  1440  section- 
naire  (2S4  de  1806,  trottoir  est  de  la  rue 
des  Pyramides,  à  côté  du  2S2  actuel).  Je 
dis  probablement ,  car,  jusqu'à  nouvel 
ordre,  à  un  ou  deux  numéros  près,  je  ne 
puis  encore  identifier  un  certain  nombre 
d'immeubles  minuscules  dans  la  partie  de 
la  rue  Saint-Honoré  comprise  entre  la  rue 
de  l'Echelle  et  la  rue  du  marché  Saint- 
Honoré,  par  suite  du  numérotage  section- 
naire,qui,non  seulement  numérotait  toutes 
les  portes,  mais  encore  entrait  dans  les 
impasses  et  faisait  le  tour  des  pâtés  de 
maisons.  J--G.  Bord. 

Un  hôtel  de  la  rue  de  la  Verre- 
rie (L,  499).  —  jusqu'à  présent,  l'opi- 
nion générale,  d'après  les  historiens  de 
Paris,  était  que  le  Dauphin  habitait  l'hôtel 
du  Petit-Musc,  Tune  des  constructions  qui 
formaient  l'hôtel  de  Saint-Paul,  dit  aussi 
«  hôtel  des  grands    esbattements  ». 

CÉSAR  BiROTTEAU. 

Sur  le  collège  de  Eoissy  (T.  G., 
469  ;  L,  403).  —  11  f^uit  ajouter  à  la  liste 
des  ouvrages  imprimés  sur  le  collège  de 
Boissy  : 

Besnard.  —  Généalogie  des  fondateurs 
du  collège  de  Boissv  ou  de  la  lignée  de  Cha- 
lo-Saint-Maid.  Reproduction  en  fac-similé 
par  la  photogravure  des  éditions  origina- 
les précédée  d'une  notice  explicative. 
Champion  1900, in-folio, blasons. 

La  disparition  des  anciennes  bourses 
est  clairement  exposée  dans  le  chap.  VI 
d'un  petit  livre  paru  en  1900  chez  Cham- 
pion ;  Un  recteur  de  l'Université  de  Paris  an 
XV^  siècle  Jean  Pluyette,  notice  par  Charles 
Pluyette.  On  remarquera  la  note  de  la 
page  217  relative  à  l'aliénation  des  biens 
des  fondations  des  anciens  collèges. 

Pour  les  sources  manuscrites,  on  doit 
consulter  : 

Archives  nationales  cartons  de  Boissy 
M  Î02,  103,  246.  —  Abrégé  chronologi- 
que et  généalogique  de  la  fomille  Char- 
tier,  signé  des  membres  de  l'Assemblée  de 
1680  Archiv.  nat.  Boissy  M  103, 

Le  Ministère  de    l'Instruction   publique 


possède  des  consultations  et  réclamations 
mémoires  manuscrits  qui  ont  été  présentés 
en  faveur  de  descendants  d'anciens  fonda- 
teurs de  bourses,  on  trouve  souvent  des 
tableaux  généalogiques  à  l'appui.  La  com- 
munication de  ces  pièces  est  assez  diffi- 
cile. Un  bibliothécaire. 

M.  Crépy,  archiviste  paléographe  qui 
avait  choisi  le  collège  de  Boissy  comme 
sujet  de  thèse  à  l'Ecole  des  Chartes  pu- 
bliera l'histoire  de  ce  collège  dans  un  pro- 
chain volume  des  «  Mémoires  de  la  société 
de  l'Histoire  de  Paris  et  de  l'Ile  deFrance.» 

L'état-civil,  les  actes  notariés  et 
le  Conseil  général  de  la  ûeine-In- 
i-ieuro  (L,  588,  514.  575).  --  Je  puis 
citer  une  commune  de  la  Seine-Inférieure, 
dont  les  registres  de  l'état-civil,  depuis 
cinquante  ans,  contiennent  des  actes  por- 
tant une  croix  tenant  lieu  de  signature. 
C'est  la  ville  du  Tréport.  Les  croix  ainsi 
apposées  n'apparaissent  peut-être  plus, 
actuellement,  au  bas  des  actes,  mais  on 
peut  en  trouver  de  nombreux  exemples 
sans  remonter  bien  des  années  en  arrière. 
DE  NoLis. 

Balagny  (L,  500).  —  Aucun  rapport 
entre  le  Montluc  (un  Montesquiou)  du 
portrait  en  question  et  des  Rossignol  de 
Balagny.  La  Coussière. 

Bernot  de  Gharant  (L,  500).  —  Un 
Bernot  de  Charant  était,  au  xviii«  siècle, 
capitaine  au  régiment  de  Lyonnais.  Son 
petit-fils,  colonel  en  retraite  à  Nevers,  a 
lui-même  un  fils,  capitaine  de  cuirassiers 
à  Paris.  (Voir  V Annuaire  de  la  cavalerie). 

NOLLY. 

Manuscritii  inédits  d'André  Ché- 
nier  (L,  329,  464).  —  Les  compositeurs, 
par  deux  fois,  m'ont  fait  dire  V/ulnay,  ce 
qui,  appliqué  à  un  nom  d'une  localité  si- 
tuée près  de  Paris,  n'a  aucun  sens  ;  C'est 
Aulnav,  qu'il  eût  fallu  lire,  Aulnay  par 
Châtenay,  près  de  Sceaux.  C'est  à  Aulnay 
que  se  trouve,  sur  le  territoire  de  la  com- 
mune de  Châtenay,  l'ancien  petit  henni- 
tatïe  où  vécut  et  mourut  H.  de  La  Tou- 
che et  que  celui-ci  célébra  dans  un  de  ses 
meilleurs  livres  :  La  Fallée  aux  Loups. 

Après  le  pillage  par  les  soldats  alle- 
mands, ;en  187 1.'  de  la  propriété,  Mlle 
Pauline  de  Flaugérgues,   l'héritière  de  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


;o  Octobre  1904 


.-     -    633 


634 


La  Touche  et  la  dernière  et  pieuse  déten- 
trice de  ceux  des  manuscrits  d'André  Ché- 
nier,  qu'avait  par  devers  soi  conservés  le 
premier  éditeur  du  poète,  âgée  et  tombée 
par  suite  des  désastres  de  la  guerre,  dans 
un  état  voisin  du  dénùment,  se  retira 
à  Sainte-Anne- d'Auray,  maison  de  re- 
traite pour  les  vieillards  à  Chàtillon-sous- 
Bagneux,  où  elle  mourut  à  l'âge  de  81 
ans,  le  9  février  187S.  —  Fille  du  député 
de  l'Aveyron,  Pierre  François  de  Flauger- 
gues,  [1759-1824],  elle  était  née  à  Rodez 
en  1797. — On  lui  doit  plusieurs  petits 
volumes  de  poésies  :  An  bord  du  Taoe  ; 
la  Violette  d'or  ;  les  Bniyc7'es  (1854).  Son 
corps  repose  aujourd'hui  dans  le  tombeau 
même  de  de  La  Touche,  qui, d'ailleurs,  fut 
édifié  par  ses  soins  propres,  dans  le  cime- 
tière de  Châtenay,(et  non  point  à  Antony, 
comme  l'a  écrit,  par  erreur,  dans  un  pas- 
sage cité  plus  haut  par  nous,  M.  Emile  Pé- 
rigois). 

Le  tombeau  de  H. de  La  Touche, comme 
il  arrive  trop  souvent  pour  les  tombes  des 
personnes  qui  s'éteignent  sans  laisser  de 
postérité,  est  actuellement  dans  un  état 
de  vétusté  et  d'abandon  absolu.  Le  buste 
en  bronze  du  poète,  placé  dans  l'intérieur 
du  monument,  est  présentement  invisible, 
l'entrée  et  les  abords,  obstrués  par  les 
ronces,  étant  devenus  impraticables.  Sic 
transit gloria  mundi.  Ulric  R.-D. 

Dama  la,  mari  de  Mme  Sarah 
Bernhardî  (L,  224).  —  Les  journaux 
racontent  que  la  célèbre  artiste  doit  pro- 
chainement donner  quelques  représenta- 
tions en  Grèce.  A  ce  sujet,  elle  a  dû  s'en- 
tendre avec  M.  Damala,  maire  du  Pirée, 
à  la  famille  duquel  la  grande  Sarah  est 
alliée,  ajoutent  les  papiers  publics. 

Est-ce  que  ce  fait  divers  ne  répond  pas 
à  la  question  posée  le  20  août  dernier  ? 

A.  S..E. 

Projet  de  mariage  de  Gambstfca 
L,  445).  ~  La  personne  dont  il  est  parlé 
dans  ce  billet  doit  être  celle  que  les  amis 
de  Gambetta  ont  tous  connue.  Discrète, 
de  parfaite  éducation,  elle  a  su  conserver 
dans  la  retraite  une  grande  dignité.  Elle 
se  nommait  Léonie  L. 

C'est  d'elle  qu'on  a  dit  qu'il  avait  reçu 
le  coup  de  pistolet  dont  il  est  mort,  ver- 
sion absolument  controuvée  ;  Gambitta 
est  mort  d'un  simple  accident,  pour  avoir 


examiné  un  revolver  chargé  sans  pren- 
dre les  précautions  d'usage.  V. 


* 
*  * 


La  personne  dont  il  était  question, 
lorsqu'on  a  parlé  d'un  mariage  pour 
M.  Gambetta,  en  1881,  n'était  autre  que 
celle  qu'on  a  dit  lui  avoir,  plus  tard,  tiré 
un  coup  de  pistolet,  des  suites  duquel  il 
serait  mort,  c'est-à-dire  Mme  L.,  d'une 
famille  de   Bordeaux. 

Un  fils  de  cette  femme  a  passé  par  une 
université  allemande.  Scio  Well. 

Gatayes  (Antoine  et  Léon)  (L,224, 
409,  Ç18)  —  Je  remercie  bien  notre  con- 
frère Candide  qui  m'a  fourni  le  texte  de  la 
lettre  que  je  recherchais  pour  une  réponse 
qu'il  a  rendue  inutile. 

CÉSAR  BlROTTEAU. 

Comtesse  de  Genlis  (L,  500).  —  Le 
texte  suivant,  que  je  crois  peu  connu,  et 
que  je  possède,  se  rapporte  peut-être  à 
l'Album  de  70  feuilles  de  plantes  peintes 
à  l'aquarelle  par  Mme  de  Genlis  : 

«  La  Botanique  historique  et  littéraire, 
«  suivi  d'une  nouvelle  intitulée  '<  Les 
«  Fleurs,  ou  les  Artistes  »  ;  à  Londres 
^<  chez  Colburn,  181 1,  » 

ln-i2,  2  tomes  de  vii-240  et  238 
(pages).  Mon  exemplaire  est  relié  en  2 
volumes.  M.  C. 

J.  Lafcn  Labatut  (L, 176,410). — En 
ce  temps-là, (vers  i845)ilsepubliaitàlafm 
de  chaque  année  des  almanachs  très  inté- 
ressants :  VÂIiiiaiiach  populaire,  Pagnerre, 
éditeur,  était  de  ceux-là.  Celui  de  1846 
contient  un  long  et  curieux  article  inti- 
tulé Joseph  Lahaiiit^  signé  Alfred  Pourchel, 
et  se  terminant  par  deux  poésies  :  Ma 
mère  et  A  un  enfant.  Le  volume  Insomnies 
et  regrets  n'étdXt  pas  encore  publié. 

Bien  que  certaines  parties  de  cet  article 
soient  répétées  dans  la  préface  de  M.  Pel- 
lissier,il  contient  des  détails  et  des  obser- 
vations qui  pourront  être  utiles  à  tous 
ceux  qui  s'intéressent  au    poète   aveugle. 

Eugène  Baillet. 

Lafitte  de  Pslleport  (XLVlll,  892  ; 
XLIX,  79,  192).  —  Il  me  semble,  qu'au 
point  de  vue  historique,  il  y  a  encore 
plus  d'un  «  coin  obscur  »  à  éclaircir  dans 
la  carrière  du  pamphlétaire  Anne-Gédéon 
Lafitte,  marquis  de   Pelleport   (ou  Pelle- 


N*  1056 


L'INTERMEDIAIRE 


635 


636 


porc,  ou  Pellepore,  mais  c'est  Pelleport 
que  l'on  trouve  dans  la  plupart  des  ou- 
vrages qui  le  mentionnent). 

Plusieurs  Lafitte-Pelleport  ont  joué,  au 
cours  de  la  Révolution,  comme  on  va  l-: 
voir,  des  rôles  subalternes  et  quelquefois 
équivoques,  et  il  se  pourrait  que  quel- 
ques-uns d'entre  eux  n'aient  été  autres 
que  le  sujet  de    cette  notice. 

Michaud  fait  naître  Anne-Gédcon  vers 
1755,  à  Stenay,  dit  qu'il  fut  sous-lieute- 
nant d'infanterie  et  se  dégoûta  bientôt  de 
la  carrière  des  armes.  M.  Alf.  Bégis  nous 
apprend  qu'il  fut  réformé  comme  officier 
des  troupes  coloniales  :  et  nous  mention- 
nerons, en  passant,  que  VFhit  /jiililaire 
de  1789  porte  un  «  Laffitte-Pelport  » 
comme  capitaine  en  second  de  grenadiers 
au  Réoiment  de  Vivarais.  Si  Anne-Gé- 
déon  fut  bien  effectivement  embastillé  de 
1786  à  1788,  l'officier  de  Vivarais  ne 
pourrait  être  qu'un  frère  ou  un  parent. 

Laissant  de  côté  les  Petits  soupers  et  les 
Nuits  Je  l'hôtel  de  Bouillon  le  Diable  dans 
un  bénitier,  et  autres  œuvres  «  gaillardes  » 
du  pamphlétaire,  ainsi  que  son  existence 
agitée  avant  la  Révolution,  nous  arrivons 
à  une  discussion  de  l'Assemblée  Législa- 
tive du  14  février  1792.  Ce  jour-là,  «  un 
«  courrier  extraordinaire  de  la  ville  de 
«  Stenay  »  (lieu  de  naissance  d'Anne-Gé- 
déon)  «  entre  dans  la  salle  et  remet  un 
«  paquet  à  M.  le  président...  M.  Pelle- 
«  port,  courrier  du  cabinet  des  Tuileries, 
«  a  paru  suspect  à  la  municipalité  de 
v<  Stenay.  Il  a  été  arrêté  et  emprisonné 
«  malgré  ses  réclamations.  Il  écrit  à 
«  M.  Delessart.  ministre  des  affaires  étran- 
«  gères,  pour  lui  donner  avis  de  ce  re- 
«  tard  ;  il  envoie  la  lettre  sous  le  couvert 
«  de  l'Assemblée  nationale,  afin  qu'elle 
«  ne  soit  pas  arrêtée.  L'Assemblée  fait 
«  porter  la  lettre  à  M.  Delessart  par  un 
\<  huissier  ». 

A  la  séance  du  17  février  suivant,  le 
Comité  diplomatique  fit  savoir  à  r.A.ssem- 
blée  «  que  les  frères  Pelleport  étaient 
«  réellement  chargés  d'une  mission  de  la 
«  part  du  gouvernement  qu'ils  avaient 
«  des  passe-ports  en  règle  »,  et  que 
c'était  à  tort  qu'ils  avaient  été  arrêtés 
arbitrairement  par  les  municipalités  de 
Stenay  et  de  Neuville.  Le  Comité  propo- 
sait que  l'Assemblée  décrétât  que  «  MM. 
a  Pelleport  et  Lemblay  seront  élargis  sur 
«  le  champ,  et  que    le  scellé  mis  sur  les 


«  effets  de  M.  Pelleport  sera  levé  ».  Il 
s'ensuivit  une  longue  discussion,  car, 
au  sein  du  Comité  diplomatique,  il  y 
avait  eu  de  vives  réclamations.  Brissot 
avait  dit  à  Delessart  :  «  Vous  saviez, 
Monsieur,  que  M.  Pelleport  était  un  par- 
fait aristocrate  ;  pourquoi  donc  l'cnvoyez- 
vous  aux  émigrés.^»  Delessart  avait  ré- 
pondu :  «  Si  j'avais  envoyé  un  patriote, 
les  ennemis  auraient  pu  s'en  défier.  » 
Saladin  déclara  que  «  la  nation  toute  en- 
'^  tièrc  doit  savoir  l'objet  de  la  mission 
«  de  MM.  Pelleport.  » 

Brissot  lit  savoir  que  «  MM.  Pelleport 
étaient  employés  à  Coblentz  lors  de  l'éva- 
sion du  Roi  »,  et  Grangeneuve  '<  que  le 
'ï:  ministre  des  affaires  étrangères...  ne 
«  faisait  aucun  fond  sur  la  probité  de 
«  MM.  Pelleport  »,  et  qu'  «  ils  pourraient 
«  donc  être  véritablement  des  traîtres  ». 
L'Assemblée  passa  à  l'ordre  du  jour. 
{Moniteur,  1792,  n°^  47  et  49). 

Est-il  téméraire  de  supposer  qu'un  de 
ces  deux  agents,  semi-royalistes  et  semi- 
constitutionnels,  pouvait  bien  être  Anne- 
Gédéon  t 

Un  peu  plus  tard,  en  juin  1793,  M. 
Chu  guet  (dans  son  ouvrage  sur  le  siège 
de  Valeiiciennes)  nous  montre  le  ministre 
des  affaires  étrangères,  Tondu-Lebrun, 
employant  un  agent  occulte,  le  marquis 
de  Lafiltte-Pelleport,  qui  se  cachait  à  Chi- 
rnay  sous  le  nom  de  Dona.  Le  Brun  pro- 
posait de  l'envoyer  à  Bruxelles  pour  en- 
tamer des  négociations  avec  l'Autriche. 
Ce  Pelleport  écrivait,  le  6  juillet  1793, 
que  la  popularité  de  Custine  était  dange- 
reuse pour  la  nation  :  «  le  monarchisme 
de  l'armée  ajoutait-il,  mange  le  républi- 
canisme de  l'Etat  «.  Un  agent  fut  envoyé 
à  Rocroy,  pour  donner  à  Dona  (Pelleport) 
des  instructions  précises  ;  «  mais  le  1 1 
août,  des  dragons  de  Cobourg  arrêtaient 
Dona  et  saisissaient  ses  papiers.  » 

Laissons  ce  Laffitte-Pelleport  (dont  il 
n'est  plus  fait  mention)  aux  mains  des 
Dragons  de  Cobourg  et  transportons- 
nous  sur  les  bords  du  Rhin,  un  peu 
moins  de  deux  ans  plus  tard. 

En  juin  1795,  à  Steinstadt  où  campait 
alors  l'armée  de  Condé,  nous  retrouvons 
un  Laffitte-Pelleport,  et.  cette  fois-ci,  le 
comte  Gérard  de  Contades  n'hésite  pas  à 
reconnaître  en  lui  Anne-Gédéon,  le  pri- 
sonnier de  la  Bastille.  Notre  pamphlé- 
taire,   devenu    membre    de    l'armée   de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Octobre   1904 , 


637 


638 


t 


Condé,  contribue  à  fonder  à  cette  époque, 
à  Steinstadt,   l'Académie  des  Condéens  ; 
bien  plus,  il  est  un  des  piliers   de  cette 
institution   littéraire.   Il    écrit    un    poème 
sur  la  défense  de   Maëstricht  contre  les 
troupes  républicaines,   ce  qui  permet  de 
supposer   qu'il    s'était   trouvé    parmi  les 
émigrés  qui  défendaient  cette   place  (fé- 
vrier-mars 1793).  Pendant  quelques  mois. 
il   semble   avoir   été    la   coqueluche  des 
beaux-esprits   de   l'armée   de    Condé.  Le 
27  juin,   «  on  montre  aux  Princes,   qui 
visitaient  le  camp,   des    vers  écrits    par 
Pelleport  sur  un  cabinet  de  verdure  dans 
le  genre  anglais,  fait   par  dix  sept  de  no- 
tre   compagnie  »    {Journal   de  Jacques   de 
Thibault).    Le    16    juillet,    le   Prince   de 
Condé  (qui   ne   hait   pas   les  lettres  :   on 
assure  même  qu'il  n'est  pas  sans  préten- 
tions personnelles  à  ce    sujet)  revient  au 
camp,   demande    Laft'itte  de  Pelleport  et 
lui  dit  «  des  choses  obligeantes  ».  Le  30 
juillet  :  .'^  Laffitte,   étant  de  garde  ce  ma- 
tin, a  fait  des  vers  sur  le  départ  du  duc 
de  Bourbon  ».  Mais,  dès  novembre  1795, 
Pelleport  quittait    lui-même    l'armée    de 
Condé  pour  se  rendre   aux  Etats-Unis,  à 
Philadelphie,     où     l'appelait     l'affection 
«  d'une  sœur  chérie  ».  Le  départ  du  plus 
bel  ornement  de  la    «  Condéichère  »  fut 
un  grand  coup  pour  l'Académie  naissante 
et  donna  lieu   à    plus   d'un    «  adieu  poé- 
tique ».  Mais   c'est    ici   que    les   affaires 
s'embrouillent.  Le  comte  Gérard  de  Con- 
tades,  dans  Eiuiorés  et   Chouans,    p.    190, 
ajoute  que,  quelques  semaines  après  son 
arrivée  en  Amérique.   Pelleport  mourut 
de  la  fièvre  jaune     D'un  autre  côté.  Mi- 
chaud  ne  le  fait  mourir  à  Paris  que  vers 
1810.11  y  a  donc  une  erreur  quelque  part. 
Est-ce  le  même  Pelleport  qui,    d'abord 
pamphlétaire  et  prisonnier  d'Etat,  a  été, 
en  1792,  agent  de  Delessart  à  Coblentz, 
puis,  en   1793,  agent  de  Tondu-Lebrun 
auprès    des  Autrichiens,    et  qui,   arrêté 
par  ces  mêmes  Autrichiens,  aurait  «  chan- 
gé son  fusil   d'épaule  »  et   serait  devenu 
sans  grand  effort,    le  littérateur  Condéen 
de  1795  ?  Les  conjectures  sont  autorisées, 
jusqu'à  ce  qu'un  érudit  collègue  soit  venu 
remettre  les  choses  au  point. 

S.  Churchill. 

Mademoiselle  Legallois  (L,  501). 
—  Un  de  mes  collègues  de  la  Société  his- 
torique du  xvi*^  arrondissement  me   disait 


dernièrement  que  le  maréchal  de  Lauris- 
ton  était  mort  subitement  dans  les  bras 
de  sa  maîtresse,  rue  du  Bel-Air. 

Depuis  1864,  cette  rue  a  reçu  le  nom 
de  rue  Lauriston.  Curieuse  coïncidence  I 

C.  Chandebois. 

* 

Amélie-Marie-Antoinette  Legallois,  née 
à  Paris  en  1804,  entra  de  bonne  heure  à 
l'école  de  danse  de  l'Opéra,  fit  ensuite 
partie  du  corps  de  ballet,  puis  débuta 
comme  sujet,  le  6  septembre  1822.  dans 
le  ballet  de  Clan\  dont  elle  joua  le  rôle 
principal,  créé  avec  éclat  par  Mlle  Bigot- 
tini.  Extrêmement  jolie  et  douée  d'une 
taille  avantageuse,  elle  ne  fut  pas  sans 
obtenir  quelque  succès,  et  joua  ensuite 
Nina,  CefidiiUon,  Aline,  le  Page  incons- 
tant, puis  créa  différents  rôles  dans  la 
Somnambule,  la  Belle  au  bois  dormant^ 
Manon  Lescaiit,  la  Fille  du  Danube,  l'Or- 
gie, etc. 

Elle  était  beaucoup  plus  remarquable, 
dit-on,  comme  mime  que  comme  dan- 
seuse, réel  avantage  à  une  époque  où  le 
ballet  d'action,  aujourd'hui  si  fâcheuse- 
ment délaissé  à  l'Opéra, exigeait  des  dan- 
seurs qui  fussent  en  même  temps  des 
comédiens.  C'est  cet  avantage  qui  lui  va- 
lut l'occasion  de  jouer  assez  fréquemment, 
et  avec  succès,  le  rôle  de  Fenella  dans  la 
Muette  de  Poitici.  Un  chroniqueur  s'ex- 
primait ainsi,  en  1831,  sur  le  compte  de 
Mlle  Legallois  : 

Cette  jolie  personne  a  beaucoup  d'ex- 
pression, de  mobilité  dans  la  physionomie. 
Sa  pantomime  est  parlante  :  c'est  le  meil- 
leur éloge  qu'on  puisse  en  faire.  Elle  a 
obtenu  récemment  un  succès  complet  dans 
l'Orgi;.  Comme  danseuse,  elle  est  ultra- 
médiocre. Mlle  Legallois  est  célèbre  par  la 
fatalité  qui  pèse  sur  ses  amants.  Elle  en  a 
déjà  mis  trois  au  tombeau,  deux  par  déses- 
poir amoureux,  le  troisième,  M.  le  marquis 

de  L ,  maréchal  de  France,  par...  (Voir 

les  détails  sur   ce  dernier   accident  dans  le 
Figaro  de  l'époque). 

Mlle  Legallois  disparut  de  l'Opéra  vers 
1840.  Arthur  Pougin. 

Les  caractères  pby?-iques  de 
Leibnifz  (L,  174).  —  Lire  V Eloge  de 
Leibnit:(  dans  les  œuvres  de  Fontenelle 
(Eloges  des  membres  de  l'Académie  des 
Sciences).  Tous  les  renseignements  deman- 
dés par  A.  B.  X.  ne  s'y  trouvent  pas, mais 
certaines  particularités  qui  ont  bien  leur 
intérêt.  d'E. 


N*  1056. 


L'INTERMEDIAIRE 


659 


640 


Prononciation  du  ncm  de  Mon- 
taigne (L,  166,  249,  297,  341,  470,  521). 
~  Le  marquis  de  R...  ambassadeur  de 
France,  propriétaire  actuel  du  château  de 
Montaigne  par  la  Motte  Montravel  (Dor- 
dogne)  qui  a  appartenu  à  l'auteur  des 
«  Essais  »  prononce  Montagne. 

Tabac, 

«  Nof.iCR  sur  îa  comtesse  de  Mu- 
iissac  »  (L,  390).  —  L'auteur  de  cette 
plaquette  est  M.  Edouard  Delessert.  C'est 
une  simple  fantaisie,  sans  clef.  Elle  n'est 
pas  citée  au  Manuel  de  Vamaleur  de  livres 
du  XiX^  siècle  à  l'article  de  Delessert. 
Alexandre  de  Méréville. 

Denis-NicoloS  du  Puget  (XLVIII  ; 
XLIX  ;  L,  521).  Je  remercie  bien  M.  le 
vicomte  de  Caix  de  Saint-Aymour  de  sa 
réponse  qui  me  permet  enfin  de  savoir  à 
aquelle  des  familles  du  nom  de  :  du 
Puget  rattacher  le  comte  Denis-Nicolas, 
qui  formait  objet  de  la  question. 

La  «  salade  »  de  toutes  les  familles  du 
Puget,  qu'il  reproche  au  baron  de  Saint- 
Alban,  se  trouve  dès  1664  dans  le  Palais 
de  la  Gloire  du  P.  Anselme,  qui  fait  des- 
cendre toutes  les  familles  de  ce  nom  (en 
Provence,  en  Languedoc,  en  Picardie)  du 
même  auteur  :  Guillaume  de  Claustra!, 
cadet  de  la  maison  de  Sabran,  qui  vivait 
en  1225,  mari  de  Béatrix  de  Claustral, 
dame  du  Puget,  qui  avait  épousé  d'abord, 
en  1203,  André  de  Bourgogne,  Dauphin 
de  Viennois,  dont  elle  avait  été  séparée  à 
cause  de  parenté. 

M. le  vicomte  de  Caix  de  Saint-Aymour, 
qui  connaît  si  bien  les  du  Puget, pourrait- 
il  me  dire  si  la  famille  de  ce  nom,  qui 
existe  encore,  et  dont  les  dernières  allian- 
ces sont  avec  les  familles  :  Aubert  de 
Montoviller,  Sanson,  de  Bicquilley,  de 
Cambourg,  Espiventde  la  Villeboisnet.de 
Ribes,  a  quelque  rapport  avec  quelqr.'une 
de  celles  dont  il  parle  dans  sa  réponse  t 
G   P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Une  habitation  da  Voltaire  (L,  4, 
277,  473).  —  L'hôtel  possédé  par  Vol- 
taire, du  27  avril  1778  jusqu'à  sa  mort 
(30  mai  1778),  comme  l'a  dit  M.Vitu  [La 
Maison  de  Molière) occu])2M  l'emplacement 
du  102  actuel  de  la  rue  de  Richelieu,  plus 
une  languette  d'environ  6™  de  façade,  qui 
a  été  cédée  au  104,  lorsque  les  corps  de 


bâtiments  sur  la  rue  ont  été  reconstruits. 

La  \  ente  consentie  le  27  avril  1778, 
devant  Dutertre,  par  Rolland  de  Villar- 
ceaux  (Rolland  est  un  patronymique')  à 
Voltaire  et  à  sa  nièce  Louise  Mignot  «  est 
faite  viagèrcment  sur  leurs  têtes,  et  celle 
du  survivant  d'entre  eux  >/.  Elle  consis- 
tait «  en  une  maison  que  le  vendeur  avait 
fait  construire  sur  le  terrain  de  basse- 
cour  et  dépendances  d'une  maison  »  le 
tout  acquis  du  marquis  de  Bussy,  le  9 
mars  1777-  L'achat  fait  par  Voltaire  et  sa 
nièce  s'élevait  à  la  somme  de  40  000  fr, 
La  propriété  vendue  tenait  d'un  côté  au 
vendeur  (104)  et  de  l'autre  à  la  dame  de 
Saint-Julien  (100). C'était, à  enjuger  par  le 
prix,  une  maison  des  plus  modestes, 
n'ayant  aucun  rapport  avec  le  superbe 
hôtel  de  Villarceaux  que  celui-ci  vendit 
plus  de  500.000 fr.  devant  Duclos,le28 
juillet  1784,  seulement,  à  Joseph  du 
Ruey. 

Cette  vente  comportait  deux  grandes 
maisons  «  ou  hôtels  scizes  à  Paris  rue  de 
Richelieu,  l'un  appelé  le  grand  hôtel, 
l'autre  la  petite  maison,  lesquelles  deux 
maisons  ne  faisaient  qu'une,  la  petite 
ayant  été  construite  sur  partye  du  terrain 
de  la  grande  ». 

Les  plans  achetés  par  M.  Cousin  et  qui 
font  partie  de  la  Bibliothèque  de  la  ville 
de  Paris,  comprennent  : 

4  dessins  à  l'encre  de  chine,  au  net, 
non  signés,  et  sans  mentions  ; 

4  minutes  à  l'encre  de  chine. sans  men- 
tion, signés  D.  V/  (deWailiy)  1774  ; 

I  croquis  avec  la  mention  au  dos  : 
Maison  de  M.  Voltaire  et  de  Villarseau, 
rue  de  Richelieu  ; 

4  plans  de  distribution,  teintés  en 
rose,  ni  signés  ni  datés. 

Sur  ces  plans,  on  a  ajouté  postérieure- 
rement  des  mentions  indiquant  que  l'hô- 
tel avait  appartenu  à  Voltaire. 

Sur  trois  d'entre  eux.  les  ajoutés  ne 
sont  pas  à  l'alignement  normal  et  sont 
d'une  encre  plus  pâle  ;  sur  le  4e,à  travers 
le  grattage  et  les  surcharges,  l'on  voit 
très  nettement  à  la  loupe  qu'il  y  avait,  au 
lieu  du  nom  de  Voltaire,  le  nom  de  Vil- 
larceaux. 

C'est  donc  un  faux  manifeste  en  tant 
qu'attribution,  du'on  se  rappelle,  au  sur- 
plus, que  Voltaire  ayant  possédé, quelques 
semaines  seulement,  l'immeuble  du  102, 
n'a  pas  eu  le  temps  matériel  d'en   faire 


DES  CHERCHEURS  ET  CURîEUX 


641 


642 


30  Octobre   li;o4. 


faire  les  plans  et  encore  moins  de  les  faire 
exécuter.  Une  simple  vue  des  plans  ne 
permet  pas  de  douter  que  l'hôtel  repro- 
duit ne  pouvait  être  vendu  40.000  fr. 

Ces  plans  visent  manifestement  un 
immeuble  à  construire  ailleurs  que  sur  le 
terrain  du  102,  peut-être  sur  partie  du 
104  et  comme  ils  ont  été  faits  en  IJ774,  ils 
ont  été  faits  pour  le  marquis  de  Bussy, 
qui  a  dû  les  remettre  à  M.  de  Villarceaux 
en  lui  vendant  l'iiôtel.  Ont-ils  été  exécutés? 
Ce  document  faux  est  la  cause  de  la 
légère  erreur  de  M.  Vitu  qui,  du  reste, 
pour  ne  pas  être  trop  affirmatif,  a  englobé 
plusieurs  immeubles  dans  .la  même  ori- 
gine de  propriété. 

A  peu  près  à  la  même  époque,  la  nièce 
de  Voltaire  faisait  une  spéculation  de  ter- 
rains qui  aurait  pu  prêter  à  une  certaine 
confusion  sur  l'emplacement  de  la  mai- 
son acquise  par  Voltaire,  si  l'on  n'avait 
pas  retrouvé  l'acte  authentique  de  l'hô- 
tel de  la  rue  de  Richelieu. 

Le  9  janvier  1779,  ^^  ^^^"^^  Charles  Mi- 
chel, marquis  de  Villettc,  chevalier  de 
Saint-Louis,  ancien  maréchal  général  de 
la  cavalerie, à  titre  d'échange  avec  la  terre 
de  Ferney,  cédait,  devant  M'=  Raffeneau, 
une  annexe  (3  actuel  de  la  rue  du  Mail) 
de  1  hôtel  de  Villarceaux(i  rue  du  Mail)  à 
Marie-Louise  Mignot,  veuve  de  Nicolas- 
Charles  Denis,  écuyer,  capitaine  au  régi- 
ment de  Champagne,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  commissaire  ordinaire  des  guer- 
res. Et,  coïncidence  singulière,  peu  de 
temps  après  son  achat,  Louise  Mignot 
revendait  cette  propriété  à  Joseph  du 
Ruey,  celui  précisément  qui  acheta,  en 
1784,  l'hôtel  Villarceaux  de  la  rue  de 
Richelieu. 

Le  Wattin  de  1789  confirme  bien,  du 
reste,  l'identité  de  la  maison  de  Voltaire. 
Nous  vo}-ons  en  effet  : 

No  83Vime  de  Saint-Julien. 

84  M.Duvivier  et  Dlie  Denis(Veuve) 
son  épouse,  nièce  de  M.  de  Vol- 
taire. 

85  M.  Duruey,  secrétaire  du  Roi, 
banquier  de  la  cour  pour  les  affaires  étran- 
gères. 

D'après  les  sommiiers  des  biens  natio- 
naux, M.  Vitu  aurait  fait  une  erreur  dans 
le  num.érotage  sectionnaire,  le  104  cor- 
respondant au  152  (et  non  153)  et  le  102 
au  153  (et  non  1:541. 

En  l'an  II,  le  102  était    estimé   par  les 


domaines  :  72.000  fr.,  en  assignats,  bien 
entendu,  et  l'Hôtel  Villarceaux, 2 16.000  f. 
Ils  furent  restitués  l'un  et  l'autre  aux 
héritiers  de  du  Ruey  condamné,  (arrêté  de 
la  commission  des  finances  de  la  Conven- 
tion, du  16  fructidor,  III). 

J.  G.  Bord. 

Le  plus  çrand  ex-libris  (XLIX, 
564,652,  751,  876).  —  Le  plus  grand 
ex-libris  français  ancien,  est  celui  de  la 
famille  Perrot  de  Fercourt  (Suisse,  Cham- 
pagne, Ile  de  France, Lorraine!  ;  il  mesure 
300  mil.  de  haut  sur  326  de  large.  Il  date 
du  xvu''  siècle,  c'est  une  pièce  héraldique 
des  plus  curieuses.  A.  Saffroy. 

Eiblioîhèque  du  baron  de  Gueme 
(L,  502).  —  Pour  avoir  des  renseigne- 
ments sur  la  bibliothèque  du  baron  de 
Guerne,  ancien  maire  de  Douai,  M.  P. 
Simpon  pourrait  sans  doute  s'adresser 
utilement  à  M.  Rivière,  bibliothécaire 
actuel  de  la  ville  de  Douai,  qui  sem.ble 
bien  placé   pour   être    informé    sur  cette 

question.  A.  Pé 

* 
*  * 

La  bibliothèque  du  baron  Frédéric  de 
Guerne  a  été  conservée  par  son  fils,  le 
baron  Jules  de  Guerne,  6,  rue  de  Tour- 
non. Paris.  ÎSKATEL. 


Des  vers  de  Dumas  père  à  retrou- 
ver (L,  497).  —  Asselineau  cite,  p.  p. 
76-77  de  la  2*^  édition  de  son  livre,  un 
sonnet  de  Fontaney  écrit  en  marge  de 
l'exemplaire  de  Ronsard  donné  par  Sainte- 
Beuve  à  Victor  Hugo  et  adressé  à  celui-ci 
au  moment  où  il  venait  de  refuser  l'indem- 
nité que  lui  offrait  le  ministère,  en  com- 
pensation du  refus  de  laisser  jouer  Marion 
Delorme. 

Asselineau  fait  remarquer,  p,  iio  du 
même  volume,  que  Dumas  père  a  écrit 
également  sur  les  marges  de  l'exemplaire 
du  Ronsard  et  à  l'occasion  du  même  évé- 
nement, une  longue  pièce  en  vers  libres. 
Il  ne  cite  pas  les  vers  de  Dumas  et  renvoie 
au  Tableau  de  la  poésie  française  au  xvi' 
siècle  dt  Sainte-Beuve,  p.  315  de  l'édition 
Charpentier,  et  au  n°  4  de  la  r"  année  de 
la  Correspondance  littéraire  de  Ludovic 
Lalanne.  je  crois  que  ces  deux  ouvrages 
n'ont  cité  que  des  fragments  de  la  pièce  en 
question.  Martin  Ereauné. 


N.   1056. 


L'INTERMÉDIAIRE 


643    

* 

*  * 
Les  vers  en  question  ont    été   réimpri- 
més dans  le  volume  intitulé  :  La  couronne 
poétique  de  Victor  Hugo,  paru    en    1902, 
chez  l'éditeur   Fasquelle. 

Spûei.berg  de  Lovenjoul 

Un  air  et  une  chanson  de  l'Em- 
pire à  retrouver  (XXXVlIIj.  —  Au- 
jourd'hui seulement  je  suis  en  mesure  de 
répondre  à  la  question  posée  le  30  août  1 898 

—  il  y  a  six  ans  !  —  par  M.  le  comte  B. 
Notre  aimable  confrère  apprendra  enfin 
avec  plaisir  —  ses  actives  recherches 
ayant  été  si  longtemps  infructueuses  — 
que  les  paroles  et  l'air  que  fredonnait  Na- 
poléon à  Austerlitz  «  en  vo}'ant  avec  joie 
les  Russes  arriver  peu  à  peu  au  point  où 
il  voulait  les  amener  en  manœuvrant  »  : 

Ah,  ah,  ah,  comme  il  y  viendra 

n'appartiennent  pas  à  une  chanson  de 
l'Empire,  mais  sont  tirés  de  la  scène  ix® 
de  Rose  et  Colas,  comédie,  prose  et  mu- 
sique, de  Sedaine,  représentée  pour  la 
première  fois  par  les  Comédiens  Italiens 
ordinaires  du  Roi,  le  8  mars  1764. 

A.  S..  E. 

Catalogues  pour  v^-nte  de  vieux 
livres  (XLIX;  L,  91,201,  310,  426,  527, 
589).  —  M.  Eugène  Grécourt  veut-il  me 
permettre  de  rectifier  et  de  compléter  ce 
qu'il  a  dit  de  Jacques  Lackington  ?  Ce 
n'est  pas  pour  augmenter  les  bénéfices  de 
son  com.merce,  mais  pour  sauver  celui-ci 
de  la  ruine  que  le  libraire  de  Finsbury 
Square  fit,  comme  d'ailleurs  bien  d'autres 
commerçants,  frapper  des  pièces  de  1/2 
penny  à  son  effigie,  lors  de  la  grande 
crise  monétaire  qui  sévit  en  Grande-Bre- 
tagne —  à  l'égale  de  celle  de  la  France  — , 
à  la  fin  du  xviii*  siècle.  J.  Lacicington  se 
fit  représenter  de  face,  de  trois  quarts  à 
gauche  et  de  profil  ;  il  existe  vingt  va- 
riétés de  ces  pièces  qui  sont  décrites  dans 
Tl}e  Tradcsmens  Tokcns  of  the  eighieeuth 
Ceniury,  par  James  Atkins.  Le  type  prin- 
cipal du  revers  est  une  Renommée  ou 
Vulcain  forgeant  des  armes. 

Ces  tokens  émis  par  des  particuliers 
étaient  remboursables  en  monnaie  royale 
dans  certains  lieux  indiqués  généralement 
sur  la  tranche  de  ces  pièces  ;  ceux  de  J. 
Lackington  l'étaient  à  Londres, Liverpool, 


644 


Bristol,  Birmingham,  Swansea,  etc.,  ce 
qui  prouve  que  son  crédit  commercial 
était  solidement  établi  ;  on  trouve  même 
cette  légende   poétique  :  payable   at  the 


TEMPLE  OF   THE  MUSES  ! 


PiCAILLON. 


La  couverture  imtjrimée  des  li- 
vres brochés  (T.  g'  247  ;  XXXVII  ; 
XXXIX  ;  L,  478,  526).  —  Un  alma- 
nach  de  1801,  intitulé  Li  Postillon  de 
la  paix  ei  et  de  la  guerre,  a  sa  couver- 
ture illustrée  ;  il  est  vrai  que  ce  n'est 
pas  une  couverture,  le  texte  commen- 
çant a  la  page  2,  et  que  ce  n'est  pas  un 
livre  dans  Tacception  du  mot. 

duant  à  la  dernière  question  de  M.  F. 
Brivois,  tout  d'abord  il  faut  bien  faire 
attention  que  l'expression  «  gravure  sur 
bois  »  a  fini  par  devenir  à  peu  près  syno- 
nyme de  gravure  en  relief,  à  cause  de  la 
difficulté,  sinon  de  l'impossibilité,  de  re- 
connaître si  une  image  est  produite  par 
un  relief  en  bois  ou  un  relief  en  cuivre, 
et  cela  dès  le  xvi-  siècle  où  bon  nombre 
de  gravures  prétendues  sur  bois,  et  pres- 
que toutes  ies  tètes  de  pages,  fleurons  et 
lettres  ornées,  destinés  à  un  service  plus 
fréquent,  sont  gravés  en  relief  sur  cuivre, 
ou  peut-être  même  sont  des  clichés  en 
alliage  comme  les  caractères  typogra- 
phiques. 

Ceci  dit,  et  pour  en  revenir  à  Duplat, 
je  ne  sais  s'il  était  graveur  en  bois.  C'est 
probable  si  Mérimée  parle  de  son  talent 
pour  découpei  le  bois  ;  mais  ce  n'est  pas 
ainsi  qu'ilest  connu,  mais  bien  pour  avoir 
produit  des  gravures  chimiques  en  relief 
sur  pierre. 

On  sait  que  c'est  en  voulant,  en  1796, 
de  cette  façon,  reproduire  de  la  musique, 
ce  qui  ne  lui  donna  pas  un  bon  résultat, 
que  Senefeider  aboutit  à  l'invention  de  la 
lithographie 

Cette  tentative  fut  poursuivie  par  Du- 
plat qui,  pour  cet  objet,  prit  un  brevet  à 
la  date  du  27  avril  18 10,  mais  il  s'en 
occupait  peut-être  déjà  en  même  temps 
quo  Senefeider,  car  je  connais  une  petite 
vignette  servant  de  frontispice  à  une  bro- 
chure sur  les  victoires  des  années  Je  la  Ré- 
publique publiée  en  l'an  lit,  qui  est  signé 
Dugoure  et  Duplat  et  qui  parait  due  à  un 
autre  procédé  que  la  gravure  sur  bois. 

En  iSot,  la  Société  d'encouragement 
voyant  la  rénovation  de  la  gravure  sur 
boi-^  qui  se  produisait  en  Angleterre,  pro- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Octobre   1904, 


645 


posa  un  prix  de  2.000  fr,,  pour  stimuler 
les  graveurs  sur  bois  français  ;  malheu- 
reusement il  n'y  en  avait  plus  !  Huault, 
le  dernier,  était  probablement  mort,  et 
Godard  d'Alençon  n'avait  encore  que  huit 
ans.  Duplat  concourut  avec  des  gravures 
en  relief,  mais  sur  pierre,  obtenues  moi- 
tié chimiquement,  moitié  manuellement  ; 
il  reçut  un  encouragement,  mais  le  rap- 
porteur, qui  était  déjà  Mérimée,  déclara 
que  le  but  n'avait  pas  été  atteint. 

Le  concours  fut  prorogé  jusqu'en  1808 
et  en  18 10.  Alors,  Duplat  se  représenta 
avec  ses  mêmes  procédés  améliorés  et 
obtint  le  prix  (V.  Histoire  de  la  gravure 
sur  bois^  par  Ambroise  Firmin  Didot). 
C'est  alors  qu'il  fit  pour  A.  A.  Renouard 
les  Fables  de  La  Fontaine^  et  quelques 
années  plus  tard,  un  grand  nombre  de 
figures  pour  une  Histoire  de  T ancien  et  du 
nouveau  Testament  publiée  à  Tours,  sans 
date,  par  les  frères  Marne. 

Mais  les  procédés  de  Duplat  ne  donnè- 
rent jamais  d'aussi  bons  résultats  que  les 
gravures  manuelles  sur  bois  ou  sur  cui- 
vre, et  lorsque  d'habiles  graveurs  anglais, 
tels  que  Thompson  et  autres,  vinrent  à 
Paris,  leurs  œuvres  contribuèrent  à  l'a- 
bandon de  la  gravure  sur  pierre. 

Gabet,  dans  son  Dictionnaire  des  artis- 
tes au  XIX"  siècle  ne  fait  aucune  mention 
de  Duplat  sur  lequel  on  ne  trouve  que 
quelques  lignes  dans  les  auteurs  qui  se 
sont  occupés  des  procédés  typographi- 
ques. 

La  recherche  de  la  gravure  chimique 
en  relief  sur  pierre  fut  pourtant  reprise 
par  Paul  Dupont,  alors  imprimeur  à  Pé- 
rigueux,  par  Girardet  et  par  Tissier 
(  sous  le  nom  de  Tissierographie)  lesquel- 
les obtinrent  de  meilleurs  résultats  et 
produisirent,  à  partir  de  1840,  un  grand 
nombre  d'illustrations  qu'on  appelle  sou- 
vent figures  sur  bois,  de  même  que  celles 
obtenues  plus  tard  par  le  procédé  Gillot 
(paniconographie,  ou  gillotage)  et  par  la 
photo-zinco-gravure  actuelle. 

J.-C.  WlGG. 

Une  inscription  latine  à  traduire. 
Vers  rétrogrades  (XLVI  ;  XLVII  : 
XLVIll  ;  XLIX,  38)  —  Les  remarques 
des  confrères  Gros  Malo  et  Y.  Z. ,  en  ce 
qui  concerne  le  mot  Roma^  sont  parfaite- 
ment justes  au  point  de  vue  versification: 
l'a  est  bref.  Mais  si  l'on   veut  trouver  un 


646  — 
il  faut 


sens  a  ce  vers,  il  laut  n'en  pas  tenir 
compte,  car  avec  Ronia  vocatif,  tibi  de- 
vient le  régime  de  ibit^  ce  qui  ne  se  peut, 
grammaticalement. 

Au  confrère  Y.  Z.,  je  répondrai  en 
outre  que  c'est  l'auteur  de  la  question 
(XLVI,  912),  qui  lui-même  a  présenté  ces 
deux  vers  comme  un  distique.  Le  disti- 
que latin  se  compose,  il  est  vrai,  d'un 
hexamètre  et  d'un  pentamètre,  mais  le 
distique,  en  général,  consiste,  avant  tout, 
en  deux  vers  consécutifs  dont  la  réunion 
est  nécessaire  pour  former  un  sens  com- 
plet. Or,  je  me  suis  toujours  demandé  si 
c'était  bien  le  cas  pour  les  deux  vers  dont 
il  s'agit,  m'appuyant  d'ailleurs  sur  un 
passage  de  Sidoine  Apollinaire,  qui  les 
cite  l'un  après  l'autre,  mais  en  les  sépa- 
rant. 

Pour  conclure,  et  après  mûr  examen  de 
tout  ce  qui  a  été  dit  ici  sur  ce  sujet,  il  me 
semble  rationnel  d'admettre  que  l'auteur  ou 
les  auteurs  de  ces  deux  vers,  ayant  voulu, 
avant  tout,  faire  un  tour  de  force  prosodi- 
que, n'ont  pas  craint  d'altérer  les  accents 
des  mots  Roma  et^r(r/^,enlaisbantau lecteur 
le  soin,  d'ailleurs  facile,  de  les  rétablir  lui- 
même  pour  donner  un  sens  à  la  phrase, 
absolument  comme  nous  altérons  l'ortho- 
graphe lorsque  nous  voulons  faire  un 
calembour.  Qiiant  à  obtenir  une  traduc- 
tion satisfaisante  en  respectant  la  mesure 
de  ces  vers,  la  chose  ne  me  paraît  pas 
possible  ;  c'est  pourquoi  je  me  vois  forcé 
de  maintenir  ma  traduction,  faute  de 
mieux  ;  elle  ne  s'oppose  nullement  d'ail- 
leurs, à  ce  que  l'on  considère  ces  deu.K 
vers  comme  indépendants.  O.  D. 

Vers  équivoques  (T.  G.,  920; 
XXXVIII  ;  XLVil).  —  Le  hasard  de  mes  lec- 
tures m'a  faittrouverdans  la  Grammaire  des 
Grammaires  de  Duvivier,  le  vers  suivant  : 
Le  daim  sur  les  rochers  y  paît  en  bondissant. 

(Roucher,  Poème  des  Mois.  Décembre). 

Ce  vers  est  analogue  au  suivant,  qui  a 
été  cité  dans  l'Intermédiaire,  je  n'ai  pu  le 
retrouver  : 

La  vache  paît  en  paix  dans  de  gras  pâturages. 

Docteur  Cordes. 

Vers  tragiques  ridicules(T.G.  ,920  ; 
XXXV;  XXXVI  ;  XLVIII).— Un  ophêlète,éru- 
dit  et  obligeant,  pourrait-il  me  dire  où  se 
trouvent  les  deux  vers  suivants,  que  notre 


N»   1056. 


L'INTERMÉDIAIRE 


647 


648 


professeur  de  rhétorique  au  Lycée  de 
Lyon,  attribuait  en  18159,  2'  "'''^  mémoire 
me  sert  bien,  à  Racine? 

As-tu  pu,  cher  amant,  me  causer  tantd'aL;rmes  1 
J'ai  trop  été,  Madame,  amoureux  de  vos  charmes. 

La  question  a  déjà  été  posée(XLVII,434), 
mais  elle  n'a  pas  reçu  de  réponse  à  ma 
connaissance. 

Oserai-je  poser  de  nouveau  la  question  : 
Où  se  trouve  le  vers  suivant,  attribué,  je 
crois,  par  le  même  professeur,  à  Racine  ? 

Ma  plus  grande  fureur  fut  celle  de  l'aimer. 

Ce  vers  a  été  cité  (XXXIII,  98),  sans 
mention  du  nom  de  l'auteur. 

Docteur  Cordes. 

«  Lettr-^s  sur  1-^  Salon  de  1834  » 
(L,  279).  —  Un  libraire-antiquaire  de 
Reims,  honorablement  connu,  M.  F.  Mi- 
chaud,  nous  écrit  qu'il  possède  un  exem- 
plaire de  ce  même  ouvrage  qui  contient, 
en  plus  du  titre  imprimé,  anonyme, 
signalé  par  nous,  un  titre  et  un  faux-titre, 
gravés,  ornés  d'arabesques, et  qui  donnent, 
eux,  le  nom  et  l'adresse  de  Tauteur  même 
du  volume  :  «  M.  Hilaire.  L.  Sa^erac. 
A  Paris,  cJu'i  l'Auteur^  rue  de  la  Rochefou- 
cauld^ n°  24  et  chez  Engelmann  et  Cie, 
Cité  Bergère,  n°  i.  —  1834  ». 

11  est  assez  vraisemblable  que  ces  titre 
et  faux-titre  gravés,  firent  partie  d'une 
seconde  émission,  postérieure  de  date  à  la 
publication  première  du  volume. 

Ce  qui  nous  le  donne  à  croire,  c'est  que 
nous  avons  acheté  autrefois  notre  exem- 
plaire, bien  complet  de  toutes  ses  plan- 
ches hors  texte,  broché,  non  coupé,  non 
rogné,  à  l'état  vierge,  avec  son  seul  titre 
imprimé,  anonyme,  chez  un  maître  li- 
braire, d'une  haute  réputation, M. Auguste 
Fontaine,  passage  des  Panoramas,  lequel 
assurément  se  fût  fait  un  scrupule  de  lais- 
ser sortir  de  sa  maison,  sans  en  avoir 
signalé,  au  préalable,  l'irrégularité,  un 
livre  incomplet  et  défectueux  par  suite 
d'un  manque  de  double  titre, 

Ulric  R.-D. 

L'origine  des  mots  «  chic  »  et 
«  micmac  »  (T.  G.,204,588;  L,  313,434, 
482,  536,  594).  —  11  parait  qu'il  y  a  des 
intermédiairistes  qui  s'effarouchent  de  ce 
qu'on  puisse  attribuer  une  étymologie 
allemande  à  certains  mots  d'origine  dou- 
teuse, et  qu'ils  s'en  effarouchent  au  point 


de  gratifier  les  partisans  d'une  telle  éty- 
mologie de  l'épithète  de  deutschticoieurs  ! 
D'après  l'un  d'eux,  le  vilain  petit  mot  de 
mic-mac  serait  d'origine  hellénique,  et  les 
alchimistes  en  seraient  les  introducteurs 
dans  la  langue  française  ! 

J'objecterai,  sans  recourir  aux  épithètes 
malsonnanîes,  qu'il  est  naturel  de  suppo- 
ser et  de  soutenir  que  le  contact  tant  de 
fois  séculaire  entre  deux  grands  peuples 
voisins  a  dû  favoriser  un  échange  de  ter- 
mes et  de  locutions  de  leurs  vocabulai- 
res. 

Est-ce  que  les  mercenaires  allemands 
connus  sous  le  nom  de  lansquen«ts,  rei- 
très,  suisses,  qui  ont  guerroyé  dans  les 
rangs  des  armées  françaises,  du  xv^  siècle 
jusqu'à  la  Révolution  ;  est-ce  que  les  con- 
tingents allemands  des  armées  napoléo- 
niennes n'auraient  pas  laissé  quelques 
vestiges  de  leur  langage  parmi  nous  ? 
Est-ce  que  nos  propres  soldats  qui  ont 
foulé  en  tous  sens  les  pays  d'Outre-Rhin 
n'en  auraient  pas  rapporté  quelques  bri- 
bes d'allem.and  .'* 

En  voilà  plus  qu'il  n'en  faut  pour  jus- 
tifier l'attribution  à  l'idiome  allemand 
d'un  terme  de  jargon,  plutôt  que  de  le 
faire  remonter  à  l'antiquité  grecque. 

Si  la  langue  française  rebelle  aux  voca- 
bles étrangers,  n'en  a  admis  qu'un  nom- 
bre restreint,  la  langue  allemande,  en 
revanche,  fourmille  d'expressions  françai- 
ses ;  ce  qui  montre  bien  qu'il  y  a  eu  une 
certaine  pénétration  réciproque  des  deux 
idiomes  ;  et  de  nos  jours  cette  pénétration 
se  poursuit  encore.       Léon  Sylvestre. 


*  » 


Du  Figaro  : 


Sait-on  que  le  mot  chic,  auquel  l'Acadé- 
mie vient  d'accorder  ses  lettres  de  natura- 
lisation, est  d'origine  allemande  et,  selon 
toute  vraisemblance,  a  été  importé  en 
France,  par  nos  soldats,  au  cours  de  la 
guerre  de  Trente  ans  ? 

Le  mot  schick  avait  alors  en  Allemagne 
le  sens  qu'il  a  chez  nous  aujourd'hui.  Rap- 
pelez-vous la  sixième  scène  de  la  première 
pièce  de  Schiller  dans  sa  trilogie  de  \Vallens- 
tein.  Le  poète  introduit  dans  le  théâtre  un 
vaguemestre  et  deux  cavaliers.  Les  cavaliers 
se  vantent  de  leurs  prouesses  et  de  leurs 
fredaines  et  se  flattent  que  la  postérité  en 
parlera  pendant  des  siècles. 

Le  vaguemestre  répond  avec  dédain  : 
«Faut-il  parler  de  ces  choses?  Ce  n'est 
pas  la  vie  de  bombance  qui  fait  le  soldat.  Il 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


649 


lui  faut  du   temps  pour   acquérir  son  esprit 
et  son  schick.  » 

Le  mot  schick  est  évidemment  un  mot 
patois  :  c'est  l'abrégé  de  gcschick,  qui  veut 
dire  «  avoir  une  belle  tournure,  une  belle 
façon  ».  11  n'est  d'ailleurs  pas  usité,  en 
Allemagne,  dans  la  bonne  société. 

Origines  du  mot  boulotter  (XLIX, 
279,542. 604, Snj. —  Rappelons, en  atten- 
dant plus  ample  informé,  que  dans  la 
boulangerie  parisienne  il  y  a  une  sorte  de 
pain  que  l'on  nomme  :  «  pain  boulot  >^, 
bien  qu'il  n'ait  pas,  ou  n'ait  plus,  la  forme 
arrondie  en  boule  qui  pourrait  justifier 
son  nom. 

Peut-être  vaudrait-il  mieux  rattacher  ce 
terme  de  pain  hoidot  au  verbe  bouler  qui ,  dans 
le  vieux  français,  signifie:  enfler,  gonfler. 
Hatzfeld,  dans  le  Dictiommire  général, cite 
la  phrase  «  Le  pain  boule  à  la  cuisson  ». 
La  pâte  bien  travaillée  et  riche  en  levure, 
lève  ou  boule  bien  et  donne  un  pain  bou- 
lot estimé  au  début  comme  meilleur,  plus 
friand,  et  tenant  la  place  de  ce  que  nous 
appelons  aujourd'hui  pain  de  luxe. 

Boulotter  parait  avoir  signifié  d'abord  : 
avoir  du  bon  pain  boulot  à  manger,  puis, 
par  extension, manger  tout  ce  qui  peut  ac- 
compagner le  pain. 

Quant  à  boulotter  dans  le  sens  de  vi- 
vre cahin-caha,  tant  bien  que  mal,  de 
vivoter,  il  paraît  dériver  de  boule,  ou 
mieux  du  jeu  de  boule  où  parfois  l'on 
boiiloite  c'est-à-dire  on  pousse  sa  boule 
doucement  ou  dans  un  sens  inattendu, 
pour  préparer  un  coup  à  son  partenaire, 
au  lieu  de  jouer  franc-jeu  A. M. 

Maçon  (L,  447).  —  Dans  le  Diction- 
naire des  mois  de  la  basse  latinité^  de  Ali- 
gne, on  trouve  Massom  en  1225  et  Massa- 
neria  vers  le  même  temps  ;  Massonerius 
en  1358.  Q.uoique  je  n'aime  guère  à 
m'aventurer  sur  ce  terrain,  je  pense  que 
le  mot  doit  avoir  une  relation  certaine 
avec  celui  de  Mansion,  ou  Masio,  maison. 

M,  L.  Delisle  ne  donne  pas  de  texte, 
mais  cite  d'après  Lechaudé,  qu'en  1247,  à 
Vernon,  les  bordiers  aident  les  maçons  et 
les  couvreurs  en  paille  et  préparent  le 
mortier.  Puis  en  1453  •  Servir  les  maçons 
à  couvrir  le  manoir  ;  en  1454  :  Servir  les 
mâchons  et  couvreurs.  (La  Classe  Agri- 
cole). On  voit  que  le  mot  a  servi  parallè- 
lement en  Italie,  mais  n'y  est  pas  né. 

E.  Grave. 


650 


*  * 


30  Octobre  1904 


Larousse  fait  provenir  ce  mot  du  lat. 
pop.  wcic/o,  d'origine  inconnue.     L.  B. 

Pastorienoupasteurien  .?(XLV1II  ; 
XLIX  ;  L,  480).  — Je  regrette  de  voir  que 
M.  du  Sillon  ne  m'a  pas  encore  compris. 

fe  n'ai  jamais  rien  soutenu  de  pareil  à 
l'emploi  d'une  expression  comme  «  jardi- 
niers primcuristes  ».  Les  primeurs  sont, 
comme  les  pasieurs.  des  choses  ou  des 
personnes  désignées  par  des  noms  com- 
muns ;  employez  donc,  pour  ce  qui  les 
concerne,  des  dérivés  tirés  du  latin,  vous 
opérerez  toujours  sur  le  même  mot.  Mais 
(pour  mettre  les  points  sur  les  i),  vous  ne 
pouvez  pas  confondre  M.  Pasteur  avec  un 
pasteur  quelconque,  et  c'est  ce  que  je 
vous  blâme  de  faire, que  vous  (X\s\tz  pastc- 
rien,  pastoral, pastor eux  ou  autrement,  car 
vous  n'avez  pas  trouvé  encore  en  français 
une  règle  d'après  laquelle  la  désinence  de 
votre  suffixe  distinguerait  un  nom  propre 
d'un  nom  commun. 

Je  le  répète  «  vous  ne  pouvez  pas  faire 
les  dérivés  d'un  nom  propre  avec  le  nom 
commun  d'une  autre  langue,  qui  est  la 
traduction  de  son  homonyme.  Ou  alors 
vous  faites  un  mauvais  calembour.  M. 
Pasteur  n'est  pas  plus  M.  Pastor  qu'il 
n'est  un  pasteur. 

Dans  ces  conditions,  si  des  troupes 
sont  tout  simplement  employées  à  l'équa- 
teur  de  la  terre  ou  par  un  pays  quelcon- 
que qui  en  soit  voisin,  je  les  appellerai 
équatoriales  ou  éqnatoriennes.  Si,  au  con- 
traire, elles  appartiennent  à  la  république 
de  l'Equateur, je  les  appellerai  e'quateiirien- 
71CS,  l'Etat  de  l'Equateur  n'ayant  pas  pour 
fonction  de  partager  la  terre  en  deux  par- 
ties. Paul  Argelès. 


Cimer,simer(L,393,537,59i).— 5"»- 
masuinter  est  à  rapprocher  du  soma  sanscrit, 
la  plante  qui  fournissait  la  liqueur  des 
sacrifices  solennels  védiques  et  la  liqueur 
qu'on  en  extrayait  par  pressurage. 

Ce  mot  était  dérivé,  comme  le  latin 
sudare  suer,  de  la  racine  su,  verbe  qu'a 
conservé  le  sanscrit  et  qui  signifie  pressu- 
rer, dérivés  sunoti,  suta,  siij>até,  sunute. 

En  irlandais,  suth,  lait,  parait  avoir  la 
même  origine. 

En  picard,  on  dit  sun  pour  suint. 

Dans  le  patois  d'IUe-et-'Vilaine,  seumer 


N"  1056. 


L'INTERMEDIAIRE 


651 


652 


'emploie  pour  <k  aspirer  »  par  le  nez  un 
breuvage  quelconque. 

Dans  le  patois  lorrain,  simcr  se  dit  d'un 
tonneau  qui  perd. 

En  wallon,  suner  se  dit  d'une  liqueur, 
d'une  humeur  qui  s'écoule  insensiblement. 
Suneg^  suintement. 

En  cévenol,  semar  signifie  extraire, 
sema  itiio  tino^  tirer  le  moût  d'une  cuve 
pour  y  remettre  de  la  vendange. 

|e  ne  prétends  tirer  de  tout  cela  aucune 
conclusion, me  contentant  de  fournir  pour 
ma  part  des  documents  à  ceux  qui  croi- 
ront pouvoir  le  faire.      Paul  Argelès. 


Prôtérir, prêter i ter  (L, 6 1,479, 590). 
—  Comme  le  dit  notre  collaborateur,  il 
faut  distinguer  entre  la  dérivation  latine 
et  la  dérivation  française.  Le  latin  que 
nous  parlons  (j'entends  le  français,  et 
l'expression  est  empruntée  à  Gaston  Paris) 
est  si  éloigné  du  latin  primitif  qu'il  a  une 
tendance  à  s'en  éloigner  également  dans 
la  dérivation. 

L'ancien  langage  populaire  (le  véritable 
fonds  de  la  langue^  formait  lui-même  ses 
dérivés,  les  dérivés  tirés  du  latin  directe- 
ment sont  de  création  savante,  sortis 
d'une  époque  et  d'un  milieu  où  l'on  par- 
lait et  connaissait  le  latin  classique.  La 
situation  n'est  plus  la  même,  les  besoins 
non  plus,  et  personne  ne  soutiendra,  par 
exemple,  sans  remonter  si  haut,  que  le 
langage  du  siècle  de  Louis  XIV  soit  suffi- 
sant aujourd'hui.  11  faut  des  termes  nets, 
précis,  et  on  n'a  pas  à  perdre  son  temps 
dans  des  scrupuleslittéraires  ou  classiques. 

Prètérir  n'a  pas  sa  raison  d'être  comme 
prêt  éviter. 

Admettra-ton  que  le  mot  solutionner 
ne  dit  pas  mieux  ce  qu'il  veut  dire  que  le 
mot  résoudre,  par  exemple  ;  est-ce  qu'il 
n'en  est  pas  de  même  de  pétitionner^ 
ascensionner,  etc. 

Qu'on  se  reporte  à  l'ouvrage  de 
M.  Gohin  sur  les  transformations  de  la 
Langue  française  au  Xf^IIP  siècle  et  on 
verra  que  la  plupart  des  mots  employés 
maintenant  dans  le  langage  irréprocha- 
ble, ont  été  condamnés  et  repoussés 
d'abord  par  les  auteurs  et  l'Académie. 

Messieurs  les  puristes  qui  les  emploient 
acceptent  donc  l'évolution  du  langage 
après  et  malgré  la  perfection  du  grand 
siècle,  pourquoi   en    serait-il    autrement 


aujourd'hui  et  à  quelle  date  exacte  s'arrête 
hur  pu  ris  fer  ie  ?  Paul  Argelès, 

S'empierger  (L,  282,  434,480,536). 
—  Le  mot,  dans  l'acception  que  lui 
donne  ***,  est  usité,  non  seulement  en 
Champagne  et  en  Picardie,  mais  encore 
dans  l'Ile  de  Franco.  Dans  une  petite  ville 
du  Laonnois,  Notre-Dame  de  Liesse,  où  je 
villégiature  depuis  plus  de  trente  ans,  on 
dit  quotidiennement  :  s'empierger. 

Paul  Edmond. 

*  * 

Je  ne  saurais  partager  l'opinion  parti- 
culière de  notre  collaborateur  Fustier  et 
je  pense  qu'on  doit  se  rallier  à  celles  qui 
l'ont  précédée. 

Empierger  est  tout  simplement  le  verbe 
evipièger  augmenté  d'une  r  epenthétique. 
On  a  donné  de  nombreux  exemples  dia- 
lectaux de  cette  addition  arbitraire,  on 
en  trouve  dans  la  langue  ordinaire,  tels 
que  chanvre,  encre,  rustre,  etc. 

Empicger  se  trouve  dans  Rabelais  en  la 
phrase  suivante  «  empestré  comme  la 
souris  empiégée  »  (Rab.  II,  3)  et  dans 
Diderot  (IV,  18)  «  Le  rat  coupa  un  jour 
«  la  maille  qui  empiégeait  le  lion  ». 

Les  exemples  ciiés  par  notre  confrère 
ne  sont  pas  concluants.  De  ce  que  la  sou- 
ris est  enipeigéed^ns  \a.  poix, ceci  ne  prouve 
pas  plus  que  empierger  ait  ce  mot  pour 
origine  qu'il  n'est  prouvé  qu'il  en  serait 
de  même  d'empêtrer,  parce  qu'elle  ne  peut 
s'en  depestrer . 

Au  surplus,  l'étymologie  de  empeiger 
parait  être  le  latin  impedicare,  empêcher. 

Je  laisse  empicasser,  qui  ne  paraît  avoir 
aucun  rapport  avec  notre  mot. 

Le  mot  empige,  usité  dans  la  Côte-d'Or 
pour  les  entraves  mises  aux  jambes  de 
certains  animaux,  rentre  bien  dans  notre 
sens  de  piège,  latin  pcdica. 

Du  reste,  phonétiquement,  pix  ne  peut 
donner  piège  ni  pierge^  le  ie  français  pro- 
venant d'un  e  latin  (voir  tous  les  mots 
qui  le  renferment  «fier,  matière, pied, tic.) 
tandis  que  l'i  latin  a  donné  oi  [boire, poil, 
soif,  etc.)  ou  e  dans  admettre,  pêcher,  etc. 
quand  il  n'est  pas  resté  invariable, notam- 
ment dans  les  noms  de  création   savante. 

Paul  Argelès. 

Les  calembours  dans  les  dénomi- 
nations (L,  339,  481,  525,  592).  —  Nous 
trouvons  de  ces  calembours,   à  des  épo- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Octobre  1904 


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654 


ques  très  différentes.  Ainsi,  au  vi=  siècle 
Dcns  dédit  pour  Théodore  Dieudonné, 
Adeodatus  ;  avec  d'autres  noms  analogues, 
à  l'époque  de  l'empereur  Justinien.  Sous 
François  I»"",  nous  trouvons  dans  un  tes- 
tament le  nom  d'un  aumônier  militaire 
allemand,  traduit  en  français  ;  comme 
Chéri  de  Disii^  pour  Gottlieb  ! 

Enfin  de  nos  jours, le  vin  de  Lieben  frau- 
enmilch  n'est-il  pas  appelé  le  lait  de  nos 
chères  femmes,  par  les  Allemands  venus  en 
France  ?  D'  Bougon. 

Pharmaciens  ayant  été  des  sa- 
vants (XXXIX:  XL  à  XLV  ;  XLVII; 
XLVllI;  L,  332,  431).  —  A  ce  propos, 
peut  on  médire  s'il  existe  encore  dans  la 
vieille  France, des  pharmaciens  appliquant 
eux-mêmes  les  remèdes  en  leur  boutique, 
comme  faisaient  naguère  leurs  ancêtres  les 
anciens  «  apothicaires  .?  »  Par  exemple,  y 
aurait-il  encore  des  échoppes  ou  des  bou- 
tiques où  l'on  pourrait  aller  boire  une 
tisane,  se  faire  poser  un  emplâtre,  etc  ^ 

G. 

Les  femmes  célèbres  qui  ont 
posé  nues  (L,  117,  318,  436,  530, 
597).  — J'ai  omis  de  dire  ou  on  a  omis 
d'imprimer  que  la  Flore  du  musée  de 
Florence  était  l'œuvre  du  Titien.  Au  salon 
carré  du  Louvre  se  trouve  un  merveilleux 
portrait  du  même  peintre  représentant 
une  femme  d'une  grande  beauté, à  sa  toi- 
lette, et  un  homme  tenant  deux  miroirs. 
Ces  deux  personnages  ne  seraient  autres 
qu'Alphonse  1*'  d'Esté,  duc  de  Ferrare,  et 
Laura  de  Uianti,  devenue  l'épouse  de  ce 
prince.  Th.  Courtaux. 


Si  mes  souvenirs  de  Florence  sont 
exacts,  la  Flore  du  Titien  n'est  pas  nue  ;  à 
la  vérité  elle  porte,  et  fort  décolletée, une 
tunique  blanche  plissée  qui,  sans  être 
transparente,  laisse  deviner  les  formes 
du  plus  beau  corps.  Mais  on  ne  peut  pas 
dire  qu'elle  soit  nue  comme  le  sont  les 
deux  Vénus  couchées  de  la  Tribune  et  cel- 
les du  m,usée  de  Madrid.  Si  nous  avons  là 
le  portrait  de  Laura  Diant  ,  je  ne  pense 
donc  pas  que  l'on  puisse  compter  celle- 
ci  parmi  les  femmes  qui,  sures  de  leur 
parfaite  beauté,  ont  bien  voulu  que  l'i 
mage  en  fût  conservée  sur  la  toile  ou  dans 
le  marbre.  H.  G.  M. 


Inhumations  hors  des  cimetières 

(XLVIll  ;  XLIX  ;L,i9i, 316, 437, 530,601). 
—  Dans  V Annuaire  de  içoj  du  Club  Alpin, 
paru  récemment,  on  lit,  p.  306  :  (il  s'agit 
d'un  voyage  en  Corse  et  des  environs  de 
Bastia)  : 

Dans  plusieurs  jardins  nous  apercevo  is  des 
édioLiles  coustniits  avec  soin  ;  ce  sont  des 
monuments  funéraires.  La  sépulture  dans  les 
propriétés  privées,  si  rarement  tolérée  en 
France,  est  pratiquée  universellement  en 
Corse  parla  population  aisée, 

DE  TORLA. 


Pour  faire  suite  à  la  note  signée  Emile 
Faguet  parue  dans  YInlerme'diaire,au  sujet 
des  inhumations  hors  cimetières,  je  puis 
affirmer  que  dans  l'arrondissement  de 
jVielle  (Deux-Sèvres)  et  notamment  dans 
les  communes  protestantes  du  canton  de 
La  iVlothe  Saint-Héray,  les  morts  sont 
inhumés  dans  les  vergers  ou  les  champs 
appartenant  à  leurs  familles;  ce  qui  s'ex- 
plique par  la  distance  souvent  considéra- 
ble qui  sépare  les  villages  des  cimetières 
qui  ne  sont  qu'au  chef-lieu  de  la  com- 
mune et  encore  toutes  les  communes  n'en 
sont-elles  pas  pourvues. 

Ces  petits  cimetières,  qui  contiennent 
plusieurs  tombes  sont  quelquefois  clos  de 
murs  en  pierres,  mais  le  plus  souvent  ils 
sont  bornés  par  des  cyprès  plantés  aux 
quatre  coins. 

Ce  fait  n'est  pas  rare  dans  ce  pays  poi- 
tevin et  je  citerais  certains  villages  inté- 
gralement protestants  gardant  tous  leurs 
morts  dans  le  jardin  qui  entoure  la 
demeure  des  vivants. 

Et,  à  mon  sens,  il  y  a  une  saine  leçon 
de  philosophie  à  tirer  de  ces  coutumes. 

Jean  de  Bougon. 


Arbres     de    la    liberté    encore 

existants  (XLII!  ;  XLIV  ;  XLIX,  607. 
772,  858,  Q16  ;  L,  24,  125,  489).  —  A 
Aignay-le-Duc,  chef-lieu  de  canton,  de 
l'arrondissement  de  Châtillon-sur-Seine, 
département  de  la  Cote-d'Or,  il  existe  sur 
la  place,  en  face  de  l'église,  un  superbe 
peuplier.  C'est  un  arbre  de  la  liberté, 
planté  en  1830  et  qui  n'a  pas  moins  de 
deux  mètres  de  diamètre  au  pied  et  de 
quatre  mètres  de  diamètre  à  la  ramifica- 
tion des  branches.  E.  M. 


N.  105e 


L'INTERMEDIAIRB 


655 


656 


La  mémoire  (L,  116,  320.543). — 
L'écriture  a  tué  I.1  mémoire,  j'ai  eu  autre- 
fois, dans  la  Lozère,  un  fermier  d'une 
rare  intelligence, mais  complètement  illet- 
tré, il  ne  savait  ni  lire  ni  écrire.  11  avait 
une  dizaine  de  bergers  et  de  valets  de 
ferme,  et  occupait  en  été  de  boà  80  mois- 
sonneurs. La  plupart  de  ces  ouvriers 
étaient  loués  séparément, les  uns  au  mois, 
les  autres  à  la  semaine,  ou  à  la  journée, 
et  à  des  salaires  différents.  Jamais  mon 
fermier  ne  commettait  une  erreur  dans 
ses  règlements  de  compte.  Il  savait  que 
le  no  25  loué  à  3  fr.  25  la  première  se- 
maine, à  2  fr.  75  la  troisième,  avait  reçu 
comme  à  compte  8  fr.  50, plus  un  double- 
décalitre  de  froment  et  2  kilog.  de 
laine  ;  que  le  n°  37  avait  92  fr  par  mois, 
avec  une  avance  de  27  francs  ;  que  le  n° 
41  avait  travaillé  d'abord  cinq  jours  à 
3  fr.  150,  puis  deux  jours  à  2  fr.  25,  et 
avait  touché  un  agneau  estimé  11  fr.  75. 
11  n'avait  pas  oublié  que  le  même  moison- 
neur  avait  travaillé  à  la  ferme  cinq  ans 
auparavant  et  avait  touché  127  fr. 70. Il  est 
évident  que  si  cet  homme  avait  su  écrire, 
jamais  sa  mémoire  n'aurait  retenu  tous  ces 
détails,  oubliés  aussitôt  qu'inscrits. 

M.  P. 

Coqueluche  (L,  564).  —  Voir  le  Dic- 
tionnaire d'Hatzfeld,  Darmesteter  et  Tho- 
mas. Gustave  Fustier. 

* 
*  ♦ 

Je  lis,  dans  le  Dictionnaire  de  V Ency- 

clopédi'e^sous  ce  mot, les  lignes  suivantes  : 

Coqueluche  endémique,  en  latin,  Ctr- 
cularis  tnorbiis,  maladie  épidémique  et 
maligne,  qui  règne,  de  temps  en  temps, 
en  Europe,  et  qui  y  fait  quelquefois  de 
grands  ravages. 

Cette  maladie,  qui  paraît  communément 
l'automne  ou  l'hiver,  et  dont  lescauses  sont 
aussi  inconnues  qu'imprévues,est  une  espèce 
de  fièvre  catarrheuse,  accompagnée  de  mal 
de  tète,  de  faiblesse,  d'oppression  ou  de 
difficulté  de  respiration,  de  toux,  de  douleur 
dans  l'épine  dorsale  et  autres  symptômes 
plus  ou  m.oins  graves  ou  variés,  suivant  les 
temps,  les  lieux  et  les  personnes. 

M.  de  Thou  croit  que  le  nom  de  coquelu- 
che, donné  à  cette  maladie,  est  né  en  isio, 
sous  le  règne  de  Louis  XII  ;  mais  il  se 
trompe,  car  Mézeray  (i)  dit  qu'il  parut  en 
France,     sous     Charles    IV,     en    1414,  un 


(1)  L'autorité  de  Mézeray  ??  ? 


étrange  rhume,  qu'on  nomma  coqueluche^ 
lequel  tourmenta  toutes  sortes  de  personnes 
et  leur  rendit  la  voix  si  enrouée,  que  le  bar- 
reau et   les    collèges  en  furent  muets. 

Valeriola,  dans  l'appendice  de  ses  lieux 
communs,  prétend  que  le  nom  de  coquelu- 
che fut  donné,  par  le  peuple,  à  cette  mala- 
die, de  ce  que  ceux  qui  en  étaient  attaqués 
portaient  une  coqueluche,  ou  capuchon  de 
moine,  pour  se  tenir  chaudement.  Ménage 
et  Monet  sont  du  même  avis  En  eiletjCoquelu- 
chesignifie  proprement  un  ^^^«<:/zo«. Cepen- 
dant, un  médecin  français  appelé  Le  Bon, 
a  écrit  que  cette  maladie  a  été  appelée 
coqueluche,  à  cause  du  remède  qu'on  y 
apportait,  qui  était  du  loch  de  codion  fait 
avec  la  tète  de  pavot  ou  tète  de  coquelicot, 
qui  est  appelée  codionen  grec. 

On  lit  encore  dans  l'ouvrage  de  Ch. 
Rozan,  intitulé  :  Petites  ignorances  de  la 
conversation^  (Paris,  Ducrocq,  8°  éd.  p. 
346): 

Le  coqueluchon  est  la  coqueluche  était  une 
sorte  de  capuchon  que  tout  le  monde  a 
porté  à  une  certaine  époque,  et  qui  paraît 
avoir  donné  son  nom  à  la  maladie  que 
nous  désignons  encore  ainsi  ,  car  ceux  qui 
en  étaient  attaqués  portaient  une  coquelu- 
che, ou  capuchon  de  moine,  pour  se  tenir 
chaudement. 

A  l'époque  où  la  maladie  fut  générale 
l'usage  de  la  coqueluche  se  répandit  beau- 
coup (1). 

N'est-ce  pas  le  cas  de  redire  ;  «  Gram- 
matici  certant...  ».  L.  de  Leiris. 


(i)  «Nous  vîmes,  en  l'an  1557,  ^"  plein 
«  été,  s'élever  par  quatre  jours  entiers,  un 
«rhume  qui  fut  presque  commun  à  tous, par 
«  le  moyen  duquel  le  nez  distillait  sans  cesse 
«  comme  une  fontaine,  avec  un  grand  mal 
«  de  tète,  et  une  fièvre  qui  durait  aux  uns 
«  douze,  et  aux  autres,  quinze  heures,  que 
((  plus,  que  moins  :  puis,  soudain,  sans 
«  œuvre  de  médecin,  on  était  guérie  ;  la- 
ce quelle  maladie  fut  depuis,  par  un  nou- 
((  veau  terme,  appelée  par  wons  coqueluche. 
«  Il  me  souvient,  il  est  vrai,  que  lorsque 
«  MM.  Mangot,  de  Monselon,  Béchet,  avo- 
«  cats,  et  moi,  ayant,  sous  divers  person- 
«  nages,  à  plaider  une  cause  aux  générau.x 
«  des  Aides,  concernant  le  diocèse  d'Au- 
«  tun,  nous  fûmes  inopinément  surpris  de 
«  cette  fluxion  et  toux,  de  telle  façon  que, 
<(  pour  le  jour,  et  deux  ensuivants,  nous 
«  eûmes  surséances  d'armes.  (ET.  Pas- 
«  Quler, Recherches  delà  France)  ». 

Cette  maladie  avait  déjà  régné  en  13  10, 
et  reparut  avec  les  mêmes    symptômes    en 

1577- 


DÈS  CHERCHEURS  ET  CÙRIÉUk 


30  Octobre  1904 


657 


658 


A  bicyclette,    ou  en  bicyclette 

(L,  448).  —  A  mon  avis,  on  dira  m  bicy- 
clette et  non  à  bicyclette,  c'est  plus  logi- 
que,plus  doux,  plus  acceptable. On  na  pas 
à  s'occuper  et  on  ne  s'occupera  pas  si  l'on 
a  deux  ou  trois  roues.  A.  S....  y. 

Outillage  gallo-romain  (L,  2,  19, 
422,  528).  —  Ma  brochure  est  avec  d'au- 
tres documents  en  paquet  sur  les  environs 
de  Paris.  S'adresser  pour  en  connaître  le 
titre  à  M.  Husson,  ancien  maire  de  Ro- 
mainville  à  qui  je  l'ai  indiquée  et  qui  l'a 
copié  à  la  Bibliothèque  nationale 

A.  S. 

La  chanson  de  M.  de  la  Palisse 

(L,  171,  373).  —  Dans  l'édition  du  Mé- 
nagiana  de  1729,  qui  a  été  donnée  par 
La  Monnaie,  cette  chanson  est  classée 
dans  le  style  Jiiais,  et  ne  lui  est  pas  attri- 
buée. CÉSAR  BlROTTEAU. 

La  Vogue  (L,  563).  —  La  Vogue 
(nouvelle  série)  a  paru  mensuellement 
jusqu'au  15  avril  1901.  Elle  forme  trente 
fascicules  difficiles  à  trouver  actuelle- 
ment. Ad.  V.  B. 

Eglises  fortifiées  :  (T  G.  308  ; 
XXXVIII  ;  XXIX  ;  XLI  à  XLV  ;  XLIX  ; 
L,  152,  265,  369,421,  530,  590).  —  Une 
des  églises  fortifiées  les  plus  curieuses  de 
France  est  certainement  celle  des  saintes 
Marie  de  la  Mer,  dans  les  Bouches  du- 
Rhône.  Elle  date  du  xii^  siècle  et  contient 
à  l'intérieur  un  puits  qui  servait  aux  dé- 
fenseurs en  cas  de  siège.  G.  B. 

Documents  phalliques  (L.  172, 
309,  423.  528,  598).  —  On  montrait  au- 
trefois, sur  une  pierre  de  l'Amphithéâtre 
des  Arènes  de  Nimes,  côté  de  l'Hôtel  du 
Cheval-Blanc,  un  phallus  très  visiblement 
gravé. Y  est-il  encore  .''....  L.  de  Leiris. 

L'écharpe  de  Camille  Desmou- 
lins (L,  499,  565).  —  A  L'Exposition  de 
1900,  dans  la  section  rétrospective  du  vê- 
tement, se  voyait  une  vitrine  dans  laquelle 
M.  Claretie  avait  exposé  divers  sujets, 
provenant  de  personnages  de  la  Révolu- 
tion, et  entr'autres,  de  Camille  Desmou- 
lins et  de  Lucile. 

J.-C.  WlGG. 


Le  père  du  bridge  (L,  450).  —  j'ai 
entendu  dire  que  malgré  son  apparence 
britannique,  le  mot  bridge  provenait  d  un 
mot  vieil  allemand  —  bretch. 

Le  bretch  était  un  jeu  de  cartes  qui  se 
jouait  en  Allemagne  au  xvi'  siècle. 

Malheureusement,  je  ne  me  rappelle 
plus  la  personne  qui  m'a  donné  ce  rensei- 
gnement et  qui  peut-être  était  fort  docu- 
mentée. Tabac. 


Anthropophages  français  (XLIX  ; 

L,  104,  323).  —  Voici  une  pièce  rare 
que  je  retrouve  dans  ma  collection  de 
Mazarinades  et  qui  mérite  d'être  citée  ici  : 

Le  Récit  Véritable  du  funeste  accident 
arrivé  dans  la  F^icardie  au  Village  de  Mareiill 
sur  Daule  entre  Soissons  et  Feime,  où  deux 
enfants  ont  esté  trouvés  se  nourrir  des  Cada- 
vres ou  corps  de  leur  Père  et  Mère.  —  A  Pa- 
ris. Chez  Simon  le  Porteur.  iM.  D  C.  LU. 

En  cataloguant  cette  pièce  sous  le  n* 
3031  de  sa  bibliographie,  Moreau  écrit  : 
«  je  le  garantis  rare, mais  véritable,  non  ». 
C'est  juger  bien  légèrement  un  fait  qu'on 
ne  prend  pas  la  peine  d'étudier.  L'auteur 
du  récit,  devançant  l'objection,  prie  le 
lecteur  de  se  transporter  «:  au  faux-bourg 
Saint-Germain,  à  la  rue  des  Fessez,  entre 
la  porte  de  Nesle  et  la  porte  Dauphine 
[aujourd'hui  rue  de  l'Ancienne-Comédie] 
à  l'enseigne  du  roi  de  Pologne  où  est  le 
logement  du  colonel  allemand  qui  a  des- 
couvert cette  horrible  accident  ».  En  un 
mot,  il  cite  ses  témoins. 

Ce  colonel  donc  estant  entré  dans  une  mai- 
son ne  trouva  que  deux  garçons  de  sept  à 
huit  ans,  couchés  à  terre,  si  maigres  et  si  dé- 
faits qu'ils  n'estoient  que  deux  squelettes  ani- 
mées. 11  leur  demanda  :  «  Que  faites-vous 
icy,  mes  enfants  ?  »  et  ils  respondirent  qu'ils 
estoient  restez  tous  seuls  malades,  et  leur 
ayant  demandé  de  quoi  ils  se  nourrissoient,  et 
où  estoient  leur  Père  et  leur  Mère,  un  de  ces 
garçons  se  leva  et  mena  le  colonel  à  un  lieu 
peu  escarté  dans  le  logis  et  lui  monstra  deux 
Ladavres  qui  estoit  le  Père  et  la  Mère  de  ces 
enfans,  disant  qu'ils  n'avoient  vescu  depuis 
huit  jours  d'autre  nourriture, sinon  que  quand 
la  faim  les  pressait,  ils  coupo  ent  quelques 
morceaux  de  ces  corps  pour  assouvir  leur 
faim. 

Il  faudrait  nier  toutes  les  horreurs  et 
les  famines  qui  suivirent  l'armée  d'Erlach 
en  Champagne  pour  jurer  que  cette  his- 
toire n'est  pas  véritable. 

Candide, 


N"  1056. 


L'INTERMEDIAIRE 


659 


660 


^oUs,   §rouiaUU^s  ^t    Oturiosites 


Une  lettre  de  J.  B.  d'Ansse  de 
Villeloison.  OrléariS  ^ous  la  Révo- 
lution. —  ]'ai  trouvé  dans  la  collection 
d'un  mien  neveu  en  passe  de  devenir  un 
rival  redoutable  comme  ramasseur  d'au- 
tographes, la  lettre  suivante  qui  pourrait 
bien  intéresser  les  intermédiairistes  de 
l'Orléanais.  Elle  n'est  ni  signée,  ni  datée, 
mais  elle  est  sûrement  de  Thelléniste  J.B. 
d'Ansse  de  Villeloison, mort  en  1805,  Elle 
lut  écrite  vraisemblablement  peu  de  temps 
après  le  plus  fort  de  la  tourmente  révolu- 
lionnaire  et  adressée  à  un  M.  de  Loane. 
On  va  voir  qu'elle  est  remplie  de  noms 
propres  et  je  dois  avouer  qu'ils  me  sont 
étrangers.  Mais  je  ne  serais  pas  étonné 
qu'ils  piquassent  la  curiosité  de  nos  colle- 
gues.Je  ne  puis  doncquela  leur  livrer  telle 
que  je  lai  fidèlement  copiée,  en  espérant 
qu'elle  sera  éclairée  et  commentée  par  eux. 

E.  Grave. 

Comment  est-il  possible,  Monsieur  et 
cher  ami,  que  vous  me  laissiez  ignorer  les 
plus  importantes  nouvelles  d'Orléans  ;  le 
mariage  de  Mlle  Michel  avec  M.  Depons 
auquel  elle  a  donné  deux  cent  mille  francs 
en  numéraire,  qu'il  a  préférés  à  deux  mil- 
liards en  papier,  celui  de  MlieBonafau  avec 
M.  Darcey  de  Paris,  qu'on  dit  un  hoQime 
accompli,  l'évasion  de  l'Emigré  M.  de 
Besoncle,  qui  s'est  échappé  de  la  prison  des 
Ursulines  en  mangeant  la  galette  des  rois  et 
en  emportant  le  chapeau  et  la  redingotte 
d'un  de  ses  compagnons  d'infortune,  le 
mandat  d'arrêt  lancé  sur  M.  Lhuillier,  de 
la  rue  des  Cures  pour  avoir  insulté  les 
Administrateurs  en  fonction,  et  leur  avoir 
fait  des  reproches  trop  vifs  au  sujet  de  sa 
taxe  à  l'emprunt  forcé  ;  la  perte  que  Mlle 
Bonafau  avait  faite  de  plus  de  quarante  sacs 
de  bled,  qu'elle  faisoit  venir  de  sa  terre,  et 
qu'on  a  pillés  en  passant  par  Meun,  etc., 
la  rixe  qui  s'est  élevée  au  Département 
entre  Trumeau  et  Boucher,  Molandon  et 
Simon  auquel  Trumeau  reprochait  de  sou- 
lager la  ville  d'Orléans  pour  écraser  celle 
du  district  sous  le  poids  de  l'empruntforcé, 
les  craintes  qu'on  a  que  Mersan  n'éprouve 
le  sort  de  Job  Aymé  ;  iurpius  ejicitur  qiiàin 
non  adinittitiir  hospes,  etc  ,  etc.,  etc.,  puis 
que  vous  êtes  décidé  à  ne  me  marquer  au- 
cunes nouvelles,  je  vois  bien  qu'il  L'ut  que 
je  les  aille  chercher  moi-même. 

Aussi  bien  je  brûls  d'impatience  de  voys 


embrasser,  de  présenter  mon  respect  à 
Mme  de  Loane,  Mme  Schmedlin,  Mlle 
Rosette,  Madame  Girard,  d'être  plus  à  por- 
tée d'être  instruit,  tous  les  jours, de  lasanté 
de  Madame  le  Brun  à  laquelle  je  vous  prie 
de  faire  agréer  mes  très  humbles  homma- 
geg.  Je  [brûle  etj  me  meurs  d'envie  de 
vous  entendre  politiquer  et  plaindre  le  Ba- 
ron des  Grilles.  Que  j'aurai  de  plaisir  à 
vous  revoir,  cher  ami,  à  jouer  avec  ce  pau- 
vre Lubin,  mon  disciple  ?  Les  livres  que 
j'avois  emportés  avec  moi,  et  qui  mont 
occupé  toute  la  journée  à  pithiviers,  se- 
lon mon  usage  constant,  touchent  à  leur 
fin. 

En  attendant  mon  retour,  je  profite  de 
l'occasion  favorable  que  m'offre  M.  le  Che- 
valier de  Bouville,  frère  de  M.  le  comte  de 
Rocheplate,  pour  me  rappeller  à  votre  sou- 
venir,vous  prier  de  me  donner  le  plutôt  pos 
sible  de  vos  nouvelles, de  me  marquer  quel 
est  ce  y\.  Darcy,  quel  est  son  âge,  son  état- 
s'il  compte  rester  à  Paris  après  la  révolu-, 
tion  et  nous  enlever  M.  et  Mlle  Bonafau, 
si  M.  de  Luillier  est  en  prison,  quelles  sont 
les  suites  de  l'évasion  de  M.  de  Besoncle,  si 
]*>I.  Depons,  nouvel  épouxde  Mlle  Michel, 
est  le  fils  de  l'Intendant  ;  si  vous  voyer  Jean 
Buisson,  s'il  a  des  nouvelles  de  Mme  de 
Casteliane,  si  la  citoyenne  Rosette  à  des 
nouvelles  de  son  frère,  mais  de  grâces  ré- 
pondez moi  sans  allégorie,  et  sans  figure  ; 
proportionnez  vous  à  la  faiblesse  de  mon 
esprit  et  daignez  vous  mettre  à  ma  portée. 
Je  n'aurais  pas  pu  comprendre  l'histoire 
des  voleurs  qui  avoient  voulu  attaquer  la 
maison  de  la  femme  d'un  inviolable  si  on 
ne  me  l'avoit  pas  apprise  d'autre  part,  en 
termes  clairs  et  intelligibles. 

Ma  sœur,  ^ille  de  Laumoi  et  Pauline 
vous  font  mille  complimens,  la  première  et 
la  dernière  me  prient  de  les  rappeller  au 
souvenir  de  J^Ime  de  Louane,  sans  oublier 
notre  ami  commun  Lubin.  Je  partage  bien 
sincèrement  le  chai^rin  du  baron  des  Gril- 
les. 

J'aurais  cru  que  l'emprunt  forcé  auroit 
du  moins  servi  à  nous  délivrer  des  assi- 
gnats. Mais  pourquoi  en  créer  pour  qua- 
rante milliards,  je  n'y  comprends  rien,  et 
je  m'y  perds,  Danscs sum  non  Œdipus .  Mes 
respects,  je  vous  prie,  et  complimens  à  M. 
et  Mme  Boilève,  et  à  Mme  de  Velard,  l'in- 
fortunée !  Qui  la  consolera  elle  î  Quelle  est 
la  cause  de  la  rupture  de  Codorlamor  (?), 
ou  en  est  cette  affaire  ?  Je  vous  prie  devou- 
loir  bien  me  faire  la  plus  prompte  réponse, 
et  de  la  remettre  à  Mlle  de  Givet  qui  vou- 
dra bien  agréer  l'hommage  de  mon  res- 
pect, et  avoir  la  bonté  de  me  faire  passer 
votre  lettre.  Vale  et  me  ama. 

à  Pithiviers  ce  mardi  soir. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Octobre  1904^ 


661 


662 


Un  livre  et  une  héroïne  retrou- 
vés. —  René  d'Argenson  écrivait  à  M. de 
Pontchartrain,  le  30  avril  1702  : 

La  femme  du  nommé  Auroy,  libraire,  m'a 
dit  qu'elle  avoit  pris  la  liberté  de  vous  faire 
ses  plaintes  contre  un  auteur  insolent  qui  se 
fait  nommer  le  chevalier  de  Mailly  et  ses 
plaintes  sont  très  bien  fondées. 

Elle  l'avoit  chargé  de  composer  un  petit  ou- 
vrage en  forme  de  nouvelle  historique,  sous 
le  titre  :  «  La  Fille  capiLune  »,  et  elle  lui 
avoit  confié  les  mémoires  de  cette  personne  si 
connue  dans  Paris  par  le  cordon  bleu  quelle 
porte  en  écharpe  et  par  l'habit  extraordi- 
naire dont  elle  est  vêtue.  Elle  prétend  même 
que  madame  la  duchesse  de  Bourgogne  l'avoit 
chargée  de  ce  soin  ;  mais  le  chevalier  de 
Mailly,  au  lieu  de  se  borner  à  une  narration 
simple  et  modeste,  y  a  mêlé  plusieurs  histoi- 
res que  la  pudeur  la  moins  scrupuleuse  ne 
pourroit  souffrir  :  la  mort  du  chevalier  de  la 
Bazinière,  surpris  avec  une  femme  qu'il  aimoit 
et  tué  d'une  manière  qui-  représente  trop  la 
peine  du  talion,  aussi  bien  que  l'enlèvement 
de  la  religieuse  qui  en  déterra  une  autre,  mit 
le  feu  à  sa  cellule  et  courut  le  monde  pendant 
plusieurs  années.  Ces  aventures  sont  même 
décrites  dans  des  termes  si  indécents  qu'on  ne 
peut  s'empêcher  d'en  concevoir  une  juste  hor- 
reur, et  la  nommée  Auroy  qui  lui  avoit  donné 
cinquante  écus  pour  cet  ouvrage,  n'a  pu  obte- 
nirqu'il  en  retranchât  ces  ordures,  ni  tirer  de 
lui  d'autre  léponse  que  des  blasphèmes  et  des 
injures. 

BiBL.  NAT.  Mss.  f.  fr.  8.  123.  fol.  230.  — 
Pierre  Clément.  La  Police  sous  Louis  XLV. 
1866.  p. 456. — Larchey.  Notes  de  René  d'Ar- 
genson.  iS66.  p.  71, 

A  la  suite  de  cet  esclandre,  le  chevalier 
de  Mailly  fut  relégué  hors  Paris  et  se  re- 
tira à  Rouen  où  il  vécut  jusqu'en  171 1.  A 
cette  date,  ayant  pris  sur  lui  de  revenir 
sans  permission  après  neuf  années  d'exil, 
il  fut  conduit  pour  un  mois  au  Châtelet. 
Le  15  septembre  171 1,  René  d'Argenson 
adressait  un  nouveau  rapport  à  M.  de 
Pontchartrain,  rapport  où  il  recopiait  ou 
à  peu  près  l'exposé  des  circonstances  qui 
avaient  motivé  le  premier  : 

je  prendray  la  liberté  de  vous  faire  ressou- 
venir qu'il  fust  accusé  par  la  femme  d'un 
libraire,  d'avoir  composé  un  petit  ouvrage  en 
forme  de  nouvelle  historique,  sous  le  titre  ce: 
«  La  Fille  capitaine  »,  en  abusant  des  mé- 
moires qu'elle  luy  avoit  confiez  pour  faire  seul- 
lement  un  tissu  des  avantures  de  cette  femme 
extraordinaire  qui  estoit  si  connue  dans  Paris 
par  le  cordon  bleu  qu'elle  portoit  en  écharpe 
et  par  l'habit  hétéroclite  dont  elle  estoit  vcs- 
tue. 


René  d'ARCENSoN.  Rapports  inédits,  -publiés 
par  Paul  Cottin.  Paris,  1891.  p.  277. 

Qui  était  cette  femme  ? 

Qu'était    devenu  le  manuscrit   de  ses 

aventures  ? 

Ces  deux  mystères  avaient  souvent  intri- 
gué les  curieux  depuis  la  première  publica- 
tion,il  y  a  une  quarantaine  d'années. J'ai  eu 
le  plaisir  d'en  trouver  le  mot  depuis  assez 
longtemps  déjà,  mais  je  m'étais  borné  à 
communiquer  la  solution  au  savant  édi- 
teur de  René  d'Argenson,  M.  Paul  Cottin, 
en  souhaitant  qu'il  voulût  bien  lui  faire 
l'honneur  de  la  noter  un  jour  dans  l'édi- 
tion complèie  des  Rapports  que  nous  aime- 
rions à  réclamer  de  lui. 

Si  je  me  décide  aujourd'hui  à  écrire 
tout  un  article  sur  cette  question  dont 
l'intérêt  est  simplement  anecdotique, 
c'est  qu'on  vient  d'émettre  une  hypothèse 
assez  imprévue  et  qui  risquerait  d'égarer 
un  lecteur  inattentif.  Un  historien  récent, 
constatant  d'abord  que  l'ouvrage  de  Mailly 
demeure  «  introuvable  »,  suppose  que 
son  héroïne  «  est  peut-être  la  Mau- 
pin  ».  (i) 

Eh  bien  non,  ce  n'est  pas  la  Maupin. 
Si,  en  1904,  une  célèbre  actrice  n'ob- 
tient pas  le  ruban  rouge,  à  plus  forte  rai- 
son,en  1702, Mlle  Maupin  ne  pouvait  rece- 
voir le  cordon  bleu.  L'ordre  de  Saint-Louis 
n'a  pas  été  créé  pour  les  chanteuses, 
mais  pour  les  officiers,  et  la  seule  femme 
qui  le  portât  était  justement  capitaine  au 
régiment  de  Turbilly.  Elle  se  nommait 
Geneviève  Premoy,  et  elle  était  dra- 
gonne. 

C'est  elle  qui,  âgée  de  quarante  ans, 
couverte  de  blessures,  combattant  depuis 
l'âge  de  seize  ans  dans  les  armées  du  Roi, 
et  sentant  peut-être  que  sa  carrière  mili- 
taire approchait  de  sa  fin,  venait  d'écrire 
ses  Mémoires. 

La  Duchesse  de  Bourgogne,  sa  protec- 
trice, avait  fait  remettre  le  manuscrit  à 
madame  Amable  Auroy, libraire,  quai  des 
Augustins,  près  du  pont  Saint-.Michel.  et 
Mme  Auroy,  voulant  donner  un  tour  plus 
littéraire  à  cette  œuvre  d'une  plume  inex- 
perte, avait  remis  cinquante  écus  à  M.  de 
Mailly  pour  lui  refaire  cela. 

Ce  que  M.  de  Mailly  lui  donna  en 
échange,   était,  paraît-il,  tellement  libertin 

(i)  Letainturier  Fradin.  —  La  Maupin. 
1904.  p.  41. 


No  1056. 


L'INTERMEDIAIRE 


663 


664 


que  la  pauvre  libraire  n'osa  pas,  d'abord, 
le  faire  imprimer  ;  mais  on  se  tromperait 
fort  si  l'on  imaginait  qu'après  avoir  fait 
bannir  le  mauvais  plaisant  elle  a  passé 
les  cmquante  écus  aux  profits  et  pertes  et 
jeté  le  manuscrit  au  feu. 

Pressée,  tout  au  contraire,  de  le  faire 
imprimer,  elle  le  ratura,  semble-t-il,  de 
sa  main,  biffa  quelques  scènes,  atténua 
quelques  passages,  (i)  sema  çà  et  là  dans 
le  récit  certaines  protestations  de  bien- 
séance qui  produisent  l'effet  le  plus  comi- 
que aux  endroits  où  elles  s'expriment  ;  — 
pour  surcroît  de  précautions  elle  changea 
le  titre  du  li\'re  dénoncé  par  elle  même 
et  le  porta  sans  mot  dire  chez  Monseigneur 
le  Chancelier,  aux  fins  d'approbation. 

Sa  dispute  avec  Mailly  s'était  passée  au 
mois  d'avril.  Dès  le  23  août,  le  manus- 
crit revenait  à  la  librairie  avec  cette 
note  : 

J'ai  lû  par  ordre  de  Monseigneur  le  chan- 
celier le  manuscrit  intitulé  Histoire  de  la 
Dragone  et  je  croi  qu'on  en  peut  souffrir  l'im- 
pre^sio^. 

Le  23  août  1702  Pavillon. 

On  remarquera  l'extrême  réserve  de  la 
formule  :  «Je  croi  qu'on  en  peut  souffrir 
l'impression  »>  Le  censeur,  le  poëte  Etienne 
Pavillon,  auteur  de  la  Métamorphose  du  Cu 
d'Iris  en  Astre,  n'était  cependant  pas 
sévère,  si  Ion  en  juge  du  moins  par  ses 
propres  œuvres,  mais  malgré  l'expurga- 
tion sommaire  dont  la  Fille  capitaine  avait 
été  l'objet,  V Histoire  de  la  Dragone  res- 
tait fort  inconvenante.  —  C'est,  en  614 
pages,  le  récit  des  amours  de  Geneviève 
Premoy  avec  toutes  les  jeunes  filles 
qu'elle  rencontre  dans  sa  vie  aventureuse 
et  qui  la  prennent  pour  un  bel  officier. 
Commencée  par  des  ceillsdes  et  par  des 
billets,  chaque  intrigue  s'achève  invaria- 
blement dans  un  lit,  et  c'est  là  que  la 
bonne  libraire  s'imagine  avoir  tout  sauvé 
lorsqu'elle  remplace  une  page  licencieuse 
par  deux  lignes  de  «  bienséances  ». 

Après  les  formalités  du  privilège  (1^'' 
octobre)  et  de  l'enregistrement  (13  octo- 
bre), le  livre  s'imprima  et  parut  enfin  le 


(i)  Un  exemple  au  hasard.  Geneviève, 
habillée  en  homme,  défait  une  partie  de 
ses  vêtements  afin  de  montrer  à  une  femme 
«  les  marques  évidentes  de  son  sexe  ». 
Mme  Amable  Auroy  imprime  la  phrase  avec 
quelque  hésitation,  mais  elle  ajoute  en  note  : 
«  Son  sein  ». 


1 5  janvier  1703,  sous  le  titre  suivant  : 

«  Histoire  de  la  Dragone^  contenant  les 
Actions  Militaires  et  les  Avantures  de  Ge- 
neviève Prémov,  sous  le  nom  du  chevalier 
Balladur.  —  Dédie  au  Roi.  —  A  Paris, 
chez  Amable  Auroy,  à  l'entrée  du  quai 
des  Augustins,  du  côté  du  Pont  St-Michel^ 
au  grand  Saint-Jérôme.  —  MDCCIll.  » 

On  a  lu  plus  haut  en  quels  termes 
René  d'Argenson  parlait  de  <<  cette  femme 
extraordinaire  si  connue  dans  Paris  par 
le  cordon  bleu  qu'elle  portait  en  écharpe 
et  par  l'habit  hétéroclite  dont  elle  estoit 
vestue  >v  Voici  comment  l'Histoire  de  la 
Dragone  décrit  le  costume  de  son  hé- 
roïne : 

Depuis  qu'elle  a  été  reconnue  pour  femme, 
le  Roi  lui  aïant  ordonné  de  prendre  une  jupe 
elle  la  porte  à  la  Cour  et  dans  Paris  :  elle  esi 
souvent  d'écarlate,  galonnée  d'or,  mais  tout  le 
reste  de  son  habillement  est  celui  d'un  officier 
de  distinction  ;  elle  a  avec  cet  habit  une  per- 
ruque à  l'espagnole,  tantôt  brune,  tantôt 
blonde,  un  chapeau  bordé  et  orné  d'un  plu- 
met blanc,  quelquefois  d'autre  couleur,  un 
juste  au  corps  d'écarlate  magnifiquement  ga- 
lonné d'or  et  qui  n'est  pas  toujours  de  la  même 
couleur  mais  ce  qui  l'orne  et  le  distingue 
beaucoup  plus  que  toutes  les  riches  parures 
qu'elle  pourroit  avoir,  c'est  l'Ordre  de  Cheva- 
lier de  St-Louis  qu'elle  a  le  privilège  de  porter 
en  écharpe... 

Cet  officier  qui  portait  une  jupe  avec 
son  habit  militaire,  devait  en  effet  pro- 
duire une  certaine  sensation  dans  les  rues 
de  Paris. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  raconter  son 
histoire.  D'ailleurs  V Intermédiaire  s'est 
occupé  déjà  de  Geneviève  Prémoy.  Un  de 
nos  collaborateurs  a  même  retrouvé  sur 
les  registres  de  Saint-Sulpice,  son  acte 
mortuaire.  (VI. 457.)  Cette  pièce  est  pré- 
cieuse en  ce  qu'elle  authentifie  à  la  fois  le 
personnage,  l'adresse,  le  grade  et  la  dé- 
coration. Sans  elle  on  pourrait  se  deman- 
der si  l'Histoire  de  la  Dragone  n'est  pas  un 
simple  roman.  J'ai  écrit  au  département 
des  archives  du  ministère  de  la  guerre 
pour  obtenir  les  états  de  service  de  cette 
femme  capitaine  et  on  a  bien  voulu  me 
répondre  qu'il  n'en  restait  pas  de  traces. 

Pierre  Louys. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


lmp.DAN'iiiL-CHA,v\BON  St- Amani- Mont-R ond . 


L*  Volnme 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mots      10  Novembre  1904. 


40»  Année 

Bl"*'  ,r.  Victor  Massé 
PAKIS  (IX«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


Chtrchez  et 
vous  trouvtrtz 


g         11  se  faut 

«        tntr'aidtr 

o 
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No  1057 

31»^  r.  Victor  Massé 
PARIS  (IX«J 

Bureaux:  de2à4heures 


€3nUxmébxaxxe 


DES  CHERCHEU 

Fondé 


RS    ET    CURIEUX 

en    1864 


QUESTIONS    ET    KKl'ONSES    LITTÉRAIRES,     H 

TROUVAILLES 


665 


ISTORIQUES,    SCIËÏSTIFIQDES    El     AUTIST^'OES 

ET    CURIOSITÉS 

666 


(ïllucôtionô 

Le  boulet  qui  tua  Turenne. 

Monsieur, 

On  a  beaucoup  parlé  ces  temps-ci  de  Tu- 
renne,  de  sa  famille  et  de  son  monument  qui 
se  trouve  à  Salzbach,  dans  le  grand  duché  de 
Bade,  et  selon  certains  auteurs,  serait  territoire 
français. 

J'ai  visité  maintes  fois  ce  monument  et  le 
petit  musée  y  attenant.  Dans  ce  musée  on 
montre  le  boulet  qui   tua   Turenne. 

Mais  on  montre  ce  même  boulet  aux  Inva- 
lides. Alors  je  vous  demande  lequel  est  le 
vrai  ? 

Salutations  très  distinguées. 

MassonForestier. 

Voir  T.  G.  897. 

La  Némésis  ouvrière.  —  Quelque 
vieux  marseillais  pourrait-il  donner  des 
renseignements  biographiques  sur  Fran- 
çois Mazuy,  auteur  de  satires  politiques 
publiées  à  Marseille  (1849.  Imprimerie 
Nationale,  quai  du    Canal,  i   vol.  in-8°)  ^ 

Ego. 

Lettres  inédites  oupeu  coniiuesde 
Berlioz.  —  «  Connaît-on.  en  France  et 
à  l'étranger,  des  lettres  inédites  du  com- 
positeur Hector  Berlio:^  ou  adressées  à 
lui  ?  Quels  en  sont  les  possesseurs  actuels  ? 
Pourrait-on  indiquer,  en  dehors  des  vo- 
lumes de  correspondance  publiés,  et  des 
lettres  publiées  par  le  Ménestrel^  le  Temps 
et  le  Guide  musical,  depuis  une  trentaine 
d'années,  des  lettres  de  Berlioz  imprimées 


dans  des  journaux  ou  revues  .?  Connait-on 
des  souvenirs  sur  Berlioz  publiés  dans  les 

mêmes  conditions  .?  » 

Prod'ho.mme. 

Paule  et  Madelaiae  de  Lyonne. 

—  En  dehors  des  chansons  et  des  pam- 
phlets contemporains  sur  Paule  Payen, 
femme  de  Hugues  de  Lyonne, et  sur  sa  fille 
Madelaine,  marquise  de  Cœuvres,  existe- 
t-il  une  sérieuse  étude  historique  à  leur 
sujet .? 

Les  documents  originaux  ne  manquent 
pas.  Les  a-t-on  consultés  et  publiés.? 

S. 

Antoine,  artiste    dr.^matique.   — 

Je  possède,  manuscrit,  un  poème  inti- 
tulé :  Le  Combat  des  Trente.  Poème  en 
trente  vers  et  en  trois  chants,  signé  :  An- 
toine, artiste  dramatique.  Le  papier  et 
l'écriture  datent,  je  crois,  d'une  cinquan- 
taine d'années.  Quelqu'un  pourrait-il  me 
dire  quel  fut  cet  Antoine,  qui  faisait  des 
vers  dans  le  goût  de  ceux  ci  : 

Les  Anglais  sont  Taillans,  les  Bretons  tiennent  tête, 
Et  l'un  d'eux,  un  hercule,  armé  d'une  hachelte, 
En  sept  coups.desept  corps, faitquatorzemorceaux. 

_  J   B. 

Famille    Caillot    de   Pommares. 

—  Je  serais  reconnaissant  à  celui  de  nos 
collègues  qui  pourrait  me  donner  des  ren- 
seignements généalogiques  sur  une  fa- 
mille Caillot  de  Pommares,  originaire  de 
Rouen,  et  me  faire  savoir  si  elle  n'est  pas 
éteinte.  X. 

L.  ■(3 


No  1057. 


L'INTERMEDIAIRE 


667 


668 


Statue  de  Henri  IV,  sur  le  Pont 
Neuf.  —  A  la  fin  de  l'article  du  Grand 
Dictionnaire  de  Larousse  (t.  IX,  p.  187, 
col.  3),  consacré  à  la  statue  d'Henri  IV 
sur  le  Pont  Neuf,  on  lit  : 

Détail  piquant  et  peu  connu  :  un  des 
pieds  du  cheval  renferme  une  petite  sta- 
tuette de  Napoléon  I",  protestation  de 
l'artiste  contre  l'œuvre  qu"il  érigeait. 

Monsieur  le  baron  Lemot,  et  Clisson, 
petit-fils  du  statuaire,  possède  un  dossier 
de  documents  concernant  l'érection  de 
cette  statue.  11  y  est  dit  que  dans  le  sabot 
antérieur  droit  du  cheval,  qui  ne  repose 
pas  sur  le  socle,  son  grand-père  fit  placer 
en  présence  de  plusieurs  personnes,  sept 
médailles  en  or,  mais  il  n'est  pas  fait 
mention  de  la  statuette  de  Napoléon  1". 

Faut-il  cependant  ajouter  foi  à  Taffir- 
mation  de  l'auteur  de  l'article  du  Grand 
Diclionnaire  ?  Dr  Mignen. 

Compositeurs  à  retrouver  (Suite) 
(XLIX;  L.  10,  62,  562). 

41  Astianatte,  Florence,  à  la  villa  de 
Pratûlino,  1701. 

42  Athalia,  Madrid,  Théâtre  Canos  del 
Peraî,  carême  1800. 

43  Attalia.  Ferrare,  1704. 

44  A  un  vencido  vence  Amôr,o  ElPro- 
meteo,  opéra  espagnol  Vienne,  Palais 
Impérial,  1669. 

45  Auridalba,  Piazzola,  près  Padoue, 
Théâtre  délie  Vergini,  1686. 

46  Avvenimenti  di  Cileno,  Rovigo, 
Théâtre  Venezza,  carn.  1740. 

la  Bella  addormentaîa    ne!  bosco, 


51 


17 


Rome,   Palais  de   Monte  Giordano 
avril  1893. 

52  Betulia  Liberata.  Lisbonne,   Théâtre 
Rua  dos  Condes,  carême  1773. 

c;3  Birba.  Venise,  Th.  St-Samuël,i735. 

154  Bleso  e    Lesba,   intermezzi,  Venise, 
Th.  St-Ange,  1705. 

55  la  Bottega  da  Café.  Venise,  Th.  St- 
Samuël  automne  1736. 

56  D"  Venise,  carn.  1744. 

56  la  Bradamante.  Venise,  Th. St-Ange 

1747- 

s8  der   Brave  Mann.   Vienne,   Théâtre 

Leopoldstadt,  1806. 

Famille  de  Goes.  — Pourrait-on  me 
donner  des  renseignements  sur  la  famille 
de  Goes,  d'origine  belge,  établie  vraisem- 


blablement en  Autriche  vers  1675  ?  Jean- 
François  Goes,  prince-évêque  de  Guerck, 
chef  de  l'ambassade  impériale  au  Congrès 
de  Nimègue  en  1076,  aurait  eu  un  Irère, 
créé  baron  de  Goes.  Quels  sont  ses  pré- 
noms, quelle  année  reçut-il  le  titre  de  ba- 
ron, cette  famille  a-t-elle  laissé  descen- 
dance et  quelles  sont  ses  armoiries  .'' 

L.  W. 


Edme  le  Bascle,  marquis  d'Ar- 
genteuil.  —  On  désirerait  savoir  à 
quelle  branche  des  le  Bascle  appartenait  ce 
personnage,  de  qui  il  était  fils,  s'il  se  ma- 
ria et  quand  il  mourut. 

Edme  le  Bascle,  marquis  d'Argenteuil, 
fut  reçu,  en  1769,  aux  Etats  de  Bourgo- 
gne, et  fut  élu  de  la  Chambre  de  la  no- 
blesse pour  la  triennalité  de  1778  à  1781. 
Il  fut  ensuite  à  l'armée  de  Condé. 

T. 


Lorenzo  Doria.  —  J'ai  trouvé  le 
nom  Lorenzo  Doria  écrit  à  la  main,  d'une 
écriture  du  seizième  siècle,  sur  une  gra- 
vure anonyme  de  l'Ecole  de  Fontainebleau. 
Quelqu'un  pourrait-il  me  donner  des  ren- 
seignements sur  cet  amateur  ou  sur  cet 
artiste  .?  F.  H. 


D"^  Trésal  :  Géographie  poétique 

de  la  France.  —  Dans  V Eloge  du  doc- 
teur Alexandre  Trésal,  et  dans  la  préface 
à  ses  Œuvres    (Moutiers,   Ducloz,     1883, 
in- 16,  392  pages,  CV  ff .  liminaires),  il  est 
question  à   deux   reprises  de   pages    en 
prose  ou  en  vers  jetées  çà  et  là,   ou  res- 
tées   en    portefeuille,  et    expressément, 
f.  LXX,  d'une   Géographie  poétique   de    la 
France  bien  connue  des  familiers  de  l'au- 
teur.   Le    Figaro   de    1886  en  a  accueilli 
quelques  vers  que  je  citais  de  mémoire  et 
qui,    depuis,     ont    eu    les    honneurs    de 
l'illustration.  Les  amis  du   docteur  Trésal 
sont  nombreux, et  vivant  le  souvenir  qu'il 
a  laissé  en  Savoie  :  touristes,  baigneurs, 
compatriotes,  et  dans  un  cercle  plus  res- 
treint, intimes,  parents,  confrères  retrou- 
veront   peut-être  une  indication  ou  une 
note  sur  les  manuscrits  du  D""  Solanum  : 
je   serais   très   reconnaissant    d'en   avoir 
communication  à  l'Intermédiaire. 

jAcauES  Saintix. 


DÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


669 


670 


Lieutenant-général  d'Auvray.  — 

Dans  le  Moniteur  universel  du  7  février 
1818,  il  est  parlé  du  lieutenant-général 
d'Auvray,  de  l'armée  russe,  qui  négocia 
le  traité  entre  la  Prusse  et  la  Russie  pour 
la  démarcation  des  frontières  du  royaume 
de  Pologne  en  1818.  11  fut,  à  cette  occa- 
sion, décoré  de  l'ordre  de  Saint-Alexandre 
Nevv'ski  (en  diamant). 

Je  serais  heureux  d'avoir  des  rensei- 
gnements sur  ce  lieutenant-général,  sur 
ses  origines  et  celles  de  sa  famille. 

Ramuntcho. 


Panonceau    révolutionnaire.   — 

Ayant  découvert  une  sorte  d'enseigne  ou 
panonceau  de  la  Révolution  portant  sur 
fond  blanc  le  bonnet  phrygien,  le  fais- 
ceau de  licteur  et  l'inscription  :  la  Liberté 
ou  la  Mort, le  tout  assez  effacé,je  serais  cu- 
rieux d'être  renseigné  sur  l'usage  de  cette 
curieuse  peinture  sur  bois. 

N'était-ce  pas  placé  à  la  porte  des  sec- 
tions ?  Nulle  part  je  ne  rencontre  cette 
particularité.  H.  P. 

Famille  Héraartde  la  Cbarmoye. 

—  Cette  famille  comprend  :  Hémart,  mem- 
bre du  Conseil  des  Cinq-Cents  et  beau-père 
de  C.  L.  Féry  d'Esclands,père  du  nouveau 
duc  romain.  — Le  baron  Hémart  (Pierre- 
Charles)  capitaine  des  dragons  de  l'Impé- 
ratrice. —  Hémart  (Pierre-Elie),  baron  de 
la  Charmoye  (1827- 1871),  fils  unique  du 
précédent,  propriétaire  du  château  de 
Louvois. 

On  désirerait  avoir  des  renseignements 
sur  l'origine  de  la  famille  Hémart  et  du 
titre  de  la  Charmoye,  et  quelques  détails 
biographiques  sur  le  député  Hémart,  le 
premier  cité  des  trois  noms  qui  précèdent. 
Une  de  ses  filles  aurs.it  épousé  M.  de  La- 
coste, consul  de  France  et  ami  de  Béran- 
ger.  Que  sait-on  sur  M.  de  Lacoste  ^  A 
quelle  famille  appartient  il  ?  S. 

Le  gravcur  Huquicr  et  les  Jé- 
suites. —  Dans  t'  utes  les  biographies  du 
graveur  Gabriel  Huquier,  il  est  dit  qu'il 
fut,  à  une  certaine  époque,  accusé  d'avoir 
publié  une  estampe  satirique  contre  les 
Jésuites. 

Une  descente  de  police  eut  lieu  chez  lui 
et  ne  donna  aucun  résultat;  néanmoins  il 
crut  plus  prudent  de  quitter  la  France  et 


alla  s'établir  en  Angleterre.  Ceci  devait  se 
passer,  je  pense,  vers  le  milieu  du  xvnie 
siècle.  11  ne  revint  dans  sa  patrie  que  lors- 
que les  Jésuites  eux-mêmes  en  furent 
expulsés.  Si  quelqu'un  pouvait  me  don- 
ner des  détails  sur  ce  fait,  sa  date  exacte, 
la  description  de  l'estampe, ou  toute  autre 
chose  s'y  rattachant,  on  me  rendrait 
grand  service. 

Inutile  de  dire  que  j'ai  consulté  tous 
les  ouvrages  spéciaux  sur  les  graveurs  du 
xviii''  siècle  et  que  c'est  en  dehors  de  ceux- 
ci  que  je  désire  trouver  des  documents  ou 
la  marche  à  suivre  pour  me  les  procurer. 

1.  V.  P. 

Le  peintre  et  dessinateur  La- 
guiche  (Claude).  —  Quel  est  le  nom 
véritable  de  cet  artiste  qui  s'appelait 
Claude  X...,  dit  Laguiche^  et  qui  vivait 
de  1820  à  1850,  époque  à  laquelle  il  a  fait 
les  illustrations  d'une  Iconographie  grecque 
et  romaine  ?  Il  devait  être  originaire  du  dé- 
partement de  Saône-et-Loire. 

BiBL.  Mac. 

Antoine  de  Marc,  seigneur  de  la 

Calmette.  —  Antoine  de  Marc,  seigneur 
de  la  Calmette,  qui  épousa  Judith  de  Si- 
gilory  —  avant  1649,  car  leur  fille,  Fran- 
çoise, femme  de  Laurent  Rose,  conseiller 
du  Roi  et  Contrôleur  Général  des  Rentes 
en  la  Généralité  de  Montpellier,  mourut 
en  eltet,  à  25  ans  8  mois,  le  30  aoiit  1674 
—  n'est-il  pas  le  même  personnage  que 
Antoine  de  Marc,  seigneur  de  la  Calmette, 
marié  le  22  mars  1653,  à  Jeanne  Ricard  .'' 
Cela  en  a  bien  l'air,  mais  j'aimerais  à  avoir 
une  certitude,  n'ayant  rien  trouvé  dans 
les  actes  de  l'état  civil  des  Protestants 
conservés  aux  archives  de  la  ville  de 
Montpellier  qui  offrent,  malheureusement, 
à  ces  époques,  des  solutions  de  conti- 
nuité ;  au  reste,  il  est  possible,  d'ailleurs, 
que  les  deux  mariages  d'Antoine  de  Marc 
aient  eu  lieu  dans  le  diocèse  de  Nîmes  où 
la  terre  de  la  Calmette  était  située. 

XVI  B. 

Gaspard  Momertz,  officier-— date 
de  sa  mort.  —  Famille  Momert:^.  Un 
ancien  officier  de  cette  famille,  Joseph- 
Gaspard,  né  a  Liège  en  1788,  était  marié 
à  dame  Désirée-Catherine  Mairesse,  née 
à  Cambrai  en  1792  ;  elle  est  décédée  à 
Liège  en  1835,  veuve  du  sus-nommé.  Un 


N*  1057. 


L'INTERMÉDIAIRE 


671 


672 


bienveillant  lecteur  pourrait-il  me  rensei- 
gner sur  la  date  du  décès  de  l'ancien  offi- 
cier ?  Colonel  ViLBRENNINCH. 

Famille  de  Sigilory.  —  Pourrait- 
on  me  donner  ses  armes  et  m'indiquer  où 
il  est  possible  d'en  avoir  une  généalogie  ? 
Cette  famille  était,  sans  doute,  languedo- 
cienne ;  je  retrouve  aux  archives  muni- 
cipales de  Montpellier  —  état  civil  des  Pro  • 
testants  —  dans  le  Livre  des  publications 
des  annonces  Je  mariage  de  i66j  à  1668  — 
une  promesse  d'union  entre  Laurent  Bosc, 
conseiller  du  Roi  et  contrôleur  Général 
des  Rentes  en  la  généralité  de  Montpellier, 
et  damoiselle  Françoise  de  Marc  de  la 
Calmette  • —  fille  de  noble  Antoine  de 
Marc,  seigneur  de  la  Calmette,  et  de  feu 
dame  Judith  de  Sigilory.  mariés,  habitant 
Montpellier.  XVI  B. 

Antoine  de  Vermeil.  —  Je  signale 
ce  nom  à  l'auteur  de  la  brochure  intitulée: 
Antoine  Vermeil.  Notes  hiograpJiiques  et 
Souvenirs  de  famille,  par  son  fils  Frank 
(Lyon,  imprimerie  Schneider  frères,  R. 
Schneider,  quai  de  l'hôpital  9,  1899.)  — 
C'est  peut-être  un  ancêtre  qui  a  échappé 
aux  recherches  de  ce  fils  pieux  et,  dans 
tous  les  cas,  c'est  un  homonyme  qui  a 
joué  un  rôle  considérable,  et  paraît  appar- 
tenir, comme  l'illustre  pasteur,  d'origine 
nîmoise,  qui  fait  le  sujet  de  la  susdite 
brochure,  à  l'histoire  du  Protestantisme 
français.  —  Les  Biographies  Michaud, 
Didot,  le  Dictionnaire  de  Larousse,  la 
Grande  Encyclopédie  récente,  mentionnent 
en  effet  un  Antoine  de  Vermeil  —  et  se 
répètent  à  son  sujet  —  comme  ayant  pris 
part,  probablement  en  qualité  de  défen- 
seur et,  par  conséquent,  de  calviniste, 
au  siège  de  Montpellier,  en  1622.  11  passa 
là,  à  la  suite  d'autres  aventures  extraor- 
dinaires, qui  prouveraient  qu'il  n'était 
pas  bien  en  Cour  de  France,  au  service  du 
Nègus  d'Ethiopie,  dont  il  devint  le  grand 
favori  et  même  le  généralissime.  Je  ren- 
voie aux  Biographies  susnommées,  où  je 
puise  toute  mon  érudition.  A  Montpellier, 
on  n'a  gardé  aucun  souvenir  de  cet  An- 
toine de  Vermeil,  dont  le  pasteur  du  xix^ 
siècle,  né  de  parents  nîmois,  Antoine  Ver- 
meil, a  porté  le  nom  et  le  prénom  sans 
particule.  —  11  paraîtrait  même  qu'il  fut 
poète,  car  M.  Paul  Olivier  le  cite,  avec 
Stances  sur  le  gris  à  l'appui,  dans  son  cu- 


rieux livre  :  Cent  poètes  lyriques,  prêcieu^ 
onbmlesques  du  xvu*  siècle,  avec,  en  guise 
de prcface^^un  Poème  de  Jean  Richepin  (Paris 
G.  Havard  fils,  éditeur,  27,  rue  de  Ri- 
chelieu, 1898).  —  Cet  Antoine  de  Vermeil 
est  une  énigme  à  déchiffrer. 

Jules  Troubat. 

Bérain  et  le  baldaquin.  —  Le  dé- 
corateur Bérain,  qui  a  donné  son  nom  à 
un  dessin  spécial,  et  qui  a  signé  plusieurs 
cartons  des  tapisseries  du  garde-meuble, 
paraît  ignoré  de  la  plupart  des  Diction- 
naires. 

Quand  est-il  né  ? 

Qiiand  est-il  mort .? 

Quelle  époque  est  plus  spécialement  ca- 
ractérisée par  l'emploi  de  son  décor  bal- 
daquin? Quel  ouvrage  parle  de  lui  ^ 

Armoiries  à  expliquer  — De...  à 
V aigle  de...  Parti  de...   à  la   bande  de  .. 
accompagnée  de  deux  lévriers  (?)  ;  au  chef 
chargé  de  trois  besants. 

Chapeau  d'évêque.  Ecusson  xviii*  siècle. 

C'est  un  grand  cachet  frappé  en  noir 
sur  le  feuillet  de  garde  d'un  exemplaire 
du  a  Dialogue  des  Damoiselles.  Lyon 
1583.  »  L'empreinte  est  mal  venue  et  je 
regrette  de  ne  pouvoir  la  décrire  avec  plus 
de  précision. 


*♦♦ 


Armes  à  indiquer.  —  Prière  de  dire 
quelles  étaient  les  armes  des  familles  de 
Boucher,  le  Tenneur,  de  Rogres  de  Lusi- 
gnan,  le  Veneur,  Barjot  de  Roncée, allian- 
ces des  le  Bascle  d'Argenteuil.  T. 

Evêchés,  abbayes,  etc..  (Armoi- 
ries des).  —  Pourquoi  peu  d'évêchés  de 
France  ont-ils  des  armoiries  ?  Est-ce  que 
cela  vient  de  ce  qu'au  Concordat  leurs 
circonscriptions  furent  modifiées  ?  Quelles 
sont  les  armes  de  l'archevêché  de  Besan- 
çon ?  Existe-t-il  un  livre  donnant  les  ar- 
moiries des  évêchés,  abbayes,  commu- 
nautés, chapitres  de  France  ? 

St-Saud. 

Histoire   de  la  Restauration.  — 

Qiiel  est  l'auteur  de  l'ouvrage  intitulé  : 
Histoire  de  la  Restauration  et  des  causes  qui 
ont  amené  la  chute  de  la  branche  aînée  des 
Bourbons  —  par  un  homme  d' Etat  —  pu- 
blié à  Paris  1831-33,  chez  Dufey  et  Vé- 
zard?  Pierre  Meller. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novembre  1904. 


673 


674 


Histoire  du  Tribunal  révolution- 
naire, par  Charles  Monselet.  —  M. 
Georges  Vicaire  {Manuel  de  V amateur  de 
livres  du  XIX"  siècle^  tome  V,  colonne 
103 1)  indique  l'ouvrage  suivant  :  Histoire 
du  tribunal  révolutionnaire^  par  Charles 
Monselet.r'  partie.  —  Paris,  D.  Giraudet 
J.  Dagneau,  libraires-éditeurs,  7,  rue  Vi- 
vienne,  au  premier,  7,  Maison  du  Coq 
d'Or  (Impr.  G.  Gratiot)  1852,  in-i8. 
Puis  il  ajoute  :  «  Edition  originale.  Pu- 
blié à  2  fr.Je  n'ai  pu  voir  de  cette  édition 
que  le  titre  et  la  couverture.  C'est  tout  ce 
qu'en  possède  la  Bibliothèque  nationale. 
M.  André  Monselet  dit  que  le  texte  s'ar- 
rête court  à  la  page  252  ».  Or,  j'ai  sous 
les  yeux  l'édition  décrite  ci-dessus,  mais 
mon  exemplaire  contient  323  pages  (et 
non  2152),  de  même  que  l'ouvrage  indi- 
qué à  l'article  suivant  par  M.  G.  Vicaire 
comme  la  première  édition  complète, sous 
le  titre  de  :  Histoire  anecdotique  du  Tribu- 
nal révolutionnaire^  avec  la  date  de  1853. 
chez  les  mêmes  éditeurs,  mais  de  l'impr. 
centrale  de  Napoléon  Chaix  et  C^ 

Je  crois  donc  posséder  l'édition  origi- 
nale, mais  complète,  avec  323  pages. 
Qu'en  pense  V  Intermédiaire?         ].  Lt. 

Livre  des  poinçons.  —  Il  existe  un 
livre  anglais  mtitulé  s*  Old  french  plate  », 
donnant,  dans  un  format  réduit  et  bon 
marché,  les  poinçons  et  l'historique  de 
l'orfèvrerie  française.  Ne  connaît-on  pas 
un  livre  français  répondant  au  même  but  ? 

L.  C. 

Vers  à  retrouver  :  «  C'est  en  vain 
que  d'eux  tous...  » 

C'est  en  vain  que  d'eux  tous  le  sang  m'a  fait 

[descendre 
Si  j'écris  leur  histoire,  ils  descendront  de  moi. 
Je  remercie   d'avance  l'intermédiairiste 
qui  me   dira  de  qui  sont  ces  vers...  cor- 
néliens et  de  quel  ouvrage  ils  sont  tirés. 

Martin  E. 

Raid,  randonnée.  —  Les  «  sportifs  », 
depuis  quelque  temps,  nous  font  souvent 
revenir,  devant  les  yeux,  ces  deux  mots,  à 
propos  de  courses  longues  et  périlleuses. 
Raid  doit  être  un  mot  anglais,  bien  qu'on 
ne  le  trouve  pas  dans  Nugent.  Randonnée 
est  un  terme  de  vénerie  qui  ne  s'appli- 
quait jadis  qu'à  la  bête  poursuivie  et  qu'on 


aura  étendu  aux  chasseurs.  Ces  deux  mots 
sont-ils  synonymes?  ne  doivent-ils  s'en- 
tendre que  d'une  course  à  cheval  ou 
d'autres  moyens  de  locomotion.^  Enfin, 
quelle  est  la  signification  exacte  de  chacun 

d'eux?  CÉSAR  BiROTTEAU, 


Mots  étrangers  entrés  dans  la 
langue  française  avac  un  sens  pé- 
joratif. —  Je  n'ai  pas  les  tables  sous  la 
main  et  ne  me  souviens  pas  exactement 
si  la  question  n'a  pas  été  déjà  posée,  mais 
il  me  sem.blerait  intéressant  d'établir  ici 
un  petit  glossaire  de  tous  les  mots  étran- 
gers entrés  dans  la  langue  française  avec 
un  sens  de  dénigrement.  Ces  acquisitions 
sont  anciennes,  car  aujourd'hui,  le  sno- 
bisme aidant,  on  ne  francise  pas  les 
mots  étrangers,  on  les  introduit  tels  quels 
dans  la  langue  en  bavant  d'admiration. 
On  objectera  peut-être  que  nos  pères  en 
ont  fait  autant.  Mais  nos  pères  étaient 
moins  «  daims  »,  si  j'ose  m'exprimer 
ainsi,  ils  empruntaient  bien  les  mots  an- 
glais qui  leur  convenaient  et  dont  ils 
avaient  besoin,  mais  ils  ne  se  donnaient 
pas  le  ridicule  de  les  prononcer  à  l'an- 
glaise :  ils  disaient  le  clUb  des  Jacobins 
et  non  le  <<  cLEUb  ». 

Alon  brave  ami  Eugène  SpuUer,  qui 
n'aimait  pas  beaucoup  qu'on  détériorât  la 
bonne  vieille  langue  française,  répétait 
volontiers  :  «  Le  jour  où  on  a  appelé  l'au- 
teur du  Barbier,  Rossini  et  non  M.  Rossin, 
comme  on  disait  autrefois  ;  M.  de  Parti- 
celle  pour  Particelli  d'Emery  ;  et  M.  de 
Broglie  pour  Broglio,  l'iniuence  française 
a  été  bio.n  malade  ». 

Mais  revenons  à  notre  glossaire.  En 
voici  l'amorce,  parmi  les  mots  les  plus 
usuels  qui  me  reviennent  à  la  mémoire  : 

Ross  (allemand)  cheval  dans  le  sens 
poétique  de  «  coursier  »,  devenu  «  rosse  » 
mauvais  cheval. 

Land  (ail.)  terre  au  sens  noble,  sol 
sacré  de  la  patrie,  devenu  lande,  terre 
stérile. 

Herr  (ail.)  seigneur,  en  français  pau- 
vre hère,  misérable. 

Zapata  (espagnol)  chaussure,  devenu 
savate^  mauvais  soulier. 

Hablar  (esp.)  parler,  en  français  hâ- 
bleur, menteur. 

On  pourrait  continuer  indéfiniment 
cette  liste.  M.  P. 


N»  1057. 


L'INTERMÉDIAIRE 


675 


676 


Compère  babillard.  —  Dans  un 
acte  de  baptême  inscrit  dans  les  re- 
gistres de  l'église  Saint-Seurin,  de  Bor- 
deaux, le  10  juillet  17 17,  je  vois  figurer 
parmi  les  présents  :  André  Lislefermé 
«  compère  babillard  ».  Quie  signifiait 
cette  expression  ?  Pierre  Meller. 

Herboristes.  —  L'herboriste  n'est 
pas  le  pharmacien  :  comme  son  nom  l'in- 
dique, il  vend  plus  spécialement  les  plantes 
médicinales  et  les  herbes.  Je  voudrais  sa- 
voir : 

1°  depuis  quand  existent  les  boutiques 
d'herboristes  ?  2°  Si  l'apothicaire  d'autre- 
fois est  devenu  l'herboriste  d'aujourd'hui 
ou  s'il  est  simplement  le  pharmacien  ?  3" 
s'il  y  a  des  herboristes  qui  appliquent 
eux-mêmes,  dansleur  échoppe,  les  remèdes 
qu'ils  débitent,  ou  s'ils  se  contentent  de 
les  vendre  ?  G. 


Le  Salon  des  refusés  en  1864.  — 

Dans  les  articles  qui  ont  paru  sur  le 
peintre  Fantin-Latour,  j'ai  lu  que  cet  ar- 
tiste, refusé  au  Salon  officiel,  avait  dû 
exposer  ses  œuvres  au  Salon  des  refusés. 
Je  demande  : 

1°  Quels  artistes  ont  pris  part  au  Salon 
des  refusés  et  combien  d'années  ce  salon 
se  continua  ; 

2°  Quels  sont  les  membres  du  jury  du 
Salon  officiel  qui  ont  écarté  vers  1863- 
1864  les  artistes  qui  émigrèrent  au  Salon 
des  refusés. 

Je  ne  trouve  ce  renseignement  nulle  part 
et  je  m'en  remets  à  l'obligeance  et  au  sa- 
voir de  Y  Intermédiaire.  G. 


Carte  de  visite  cornée.  —  D'où 
vient  l'usage  de  corner  une  carte  de  visite 
laissée  en  l'absence  d'une  personne .?  Qiie 
signifie  cette  coutume  .?  G.  B. 

Les  membres  de  l'Académie  des 
Beaux-Arts.  —  Sous  ce  titre,  M.Albert 
Soubicsafait  paraître, chez  Marpon-Flani- 
marion,  un  intéressant  ouvrage.  Malheu- 
reusement, je  n'y  ai  pas  trouvé  un  ren- 
seignement dont  je  viens  demander  à 
Y InieiDiédiaire  de  vouloir  bien  m'indi- 
quer  la  source. 

loje    voudrais    savoir   ou  je  pourrais 


trouver  un  tableau  complet  des  membres 
de  l'Académie  des  Beaux- Arts,  de  1795  à 
Î905.  La  Grande  Encyclopédie  Ladmirault 
n'a  fait  que  reproduire  le  tableau  du  Dic- 
tionnaire Larousse  qui  est  très  incomplet, 
puisque  d'une  part  il  s'arrête  a  1889  et 
que  d'autre  part  il  omet  tels  académiciens 
de  la  création  de  l'Institut,  par  exemple  : 
Pajou  (1795),  Julien  (1795),  Chaudet 
(1805),  Moitte  (1795),  Vien  (1795),  David 
(179s),  Dumarest  (1800),  BouUée  (179^), 
Antoine  (1799),  De  Wailly  (1795),  Chal- 
grin  (1799),  Raymond  (1795),  Grétry 
(i795),Monvel  (1795), etc.,  etc., j'ignore 
pourquoi,  d'ailleurs. 

2°  je  voudrais  aussi  connaître  le  résul- 
tat des  scrutins  pour  les  élections  des 
académiciens  et  j'aurais  souhaité  que  M. 
Albert  Soubies,  dans  son  livre,  fit  suivre 
chaque  notice  du  détail  du  scrutin  qui  eut 
lieu  pour  l'académicien  élu.  Par  exemple, 
je  veux  savoir  si  Ingres,  si  Delacroix,  si 
Delaroche,  si  Pradier,  si  Gounod,  si  Féli- 
cien David  ont  été  élus  facilement  ou  s'il 
y  eut  bataille  à  leur  sujet.  Où  me  rensei- 
gner .^Je  ne  puis  consulter  les  journaux 
du  temps.  Il  y  a  environ  230  membres 
titulaires,  60  membres  libres,  autant 
d'étrangers.  Ce  serait  un  peu  long... 

P.  A. 


Armoiries  à  déterminer  —  Sur  un 

cachet  en  argent  venant  du  Languedoc  se 
trouvent  les  armoiries  suivantes  : 

De...  au  chevron,.,  surmonté  d'une  étoile 
accostée  en  chef  de  deux  croisettes  et  en 
pointe  d'un  croissant. 

Casque  de  chevalier. 

Sur  un  autre  en  fer,  même  provenance 
sont  celles-ci  : 

De.. .  à  la  bande...  chargée  de  trais  her- 
mines et  accompagnées  de  deux  larmes.^  une 
en  chef.^  Vautre  en  pointe.  Couronne  de 
baron. 

A  quelles  familles  pouvaient-ils  appar- 
tenir ?  B.  DE  C. 


L'œil  de  verre  de  Paul  Del  met. 
—  Le  lendemain  de  la  mort  de  Paul  Del- 
met,  VHcho  de  Paris  a  publié  une  anecdote 
sur  le  charmant  musicien,  où  celui-ci  s'ex- 
cuse vis-à-vis  d'une  personne,  alléguant 
qu'il  a  un  œil  de  verre.  Le  fait  était- il 
exact  ?  G.  B. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


677 


678 


10  Novembre  1904, 


1 


upoiiBei 


Napoléon  Bonaparte  appelé  Ni- 
colas (L,  163,  234,  293,  567).  —  On 
peut  lire  dans  Las  Case  et  aussi,  il  me 
semble,  dans  Gourgaud,  Texplication  que 
Napoléon  donnait  lui-même  de  ce  surnom. 
Il  raconte,  à  Sainte-Hélène,  qu'à  l'époque 
du  traité  de  Tolentino,  il  fut  reçu  à  Flo- 
rence par  un  chanoine,  Nicolas  Buona- 
parte,  vieil  homme  de  nature  assez  pape- 
rassière, qui  descendit  un  matin  au  jeune 
général  de  l'armée  d'Italie,  quantité  de 
vieux  parchemins,  tendant  à  prouver  non 
seulement  la  noblesse  des  Buonaparte, 
mais  les  liens  directs  qui  unissaient  la 
branche  de  Corse  à  celle  de  Sarzanne. 
Napoléon  ajoutait  que  ce  vieillard  étant 
mort  quelques  années  plus  tard,  on  trouva 
chez  lui  un  testament  instituant  l'empe- 
reur son  héritier.  Le  bruit  se  répandit 
alors  de  la  parenté  de  Napoléon  avec  ce 
Nicolas  Buonaparte,  et,  comme  à  cette 
époque  quantité  de  distingués  généalo- 
gistes cherchaient  une  antique  et  illustre 
origine  au  nouveau  César,  le  nom  du  vieux 
chanoine  de  Florence  fut  mis  sur  le 
même  plan  que  celui  de  Jacopo  Buona- 
parte, l'historien  du  Sac  de  Rome  par 
le  connétable  de  Bourbon,  un  des  ancêtres 
célèbres  qu'avait  préconisés  l'oncle  à  héri- 
tage. De  là  le  nom  de  Nicolas  dont  profi- 
tent les  libellistes. 

M.  R. 

La  Courrier  de  Lyon  (XLIX,  502. 
635,  734  ;  L,  568).  — Je  suis  d'accord 
avec  le  collaborateur  A.  S.  e.,  ie  frère 
Léotade  n'était  pas  l'assassin  de  Cécile 
Combette,  et  je  tiens  son  innocence  pour 
aussi  évidente,  ou  peu  s'en  faut,  que  celle 
de  Calas  ;  je  ne  puis  dire  plus.  Mais  si  je 
ne  me  trompe,  les  choses  ne  se  passèrent 
pas  tout  à  fait  comme  il  est  dit. 

Dès  que  l'on  eut  retrouvé  le  corps  de  la 
jeune  victime,  il  }'  eut  un  déchaînement 
général,  dans  Toulouse,  «  un  frère  seul 
pouvait  avoir  fait  le  coup  ».  Ce  fut  une 
clameur  de  haro,  un  de  ces  emballements 
féroces  contre  lesquels  sont  impuissantes 
la  raison  et  la  justice.  Journaux,  magis- 
trats suivirent  à  l'envi  ;  on  joua  du  ((  pe- 
rinde  ac  cadaver  »,  on  parla  de  cette 
«  chasteté  condensée  /,  seule  cause  du 
crime  ;  on  incrimina  comme  des  complots 


de  mensonge  et  de  parjure  les  mesures 
légitimes  de  défense  prises  par  l'Institut 
visé  avec  la  dernière  violence  par  dessus 
la  personne  d'un  de  ses  membres. 

Dans  ces  conditions,  étant  donnée  l'im- 
prressionnabilité  d'un  jury,  surtout  d'un ju- 
y  méridional,  le  frère  Léotade  était  perdu. 

Le  coup  de  foudre  de  février  1848  ne 
créa  pas  cet  état  des  esprits, il  préexistait. 
Toules  les  préventions  voltairiennes  et 
anticléricales,  toujours  très  vives  dans  la 
classe  bourgeoise  et  moyenne  qui  n'avait 
pas  encore  pris  peur  du  socialisme,  se 
donnèrent  pleine  carrière,  et  l'événement 
qui  fit  un  personnage  public  de  l'avocat 
de  la  partie  civile  fut  sans  influence  ap- 
préciable sur  un  verdict  imposé  par  une 
opinion  aveuglée. 

Le  procureur  général,  M.  d'Oms,  se 
montra  déclamateur  et  passionné,  c'était 
ainsi  que  Ion  comprenait  alors  le  rôle  du 
ministère  public  ;  mais  enfin,  il  était  là 
pour  accuser,  et  on  le  peut  trouver  mo- 
déré si  on  le  compare  avec  le  président, 
M.  Goirand  de  la  Baume,  dont  la  partia- 
lité fut  révoltante.  Hélas,  c'était  alors  plus 
ou  moins  le  ton  ordinaire  des  présidents 
d'assises;  pas  de  tous  cependant,  et  j'en- 
ai  connu  d'irréprochables,  même  dans  le 
résumé  si  heureusement  supprimé  au- 
jourd'hui. Mais  je  ne  crois  pas  que  l'on 
ait  entendu  jamais  un  magistrat  dire  au 
défenseur:«Vous  n'êtes  pas  de  bonnefoi», 
comme  se  l'entendit  dire  M^Gasc. 

Je  ne  sais  ce  que  devint  M.  d'Oms, sans 
doute  il  disparut,  au  moins  momentané- 
ment, dans  la  tourmente  de  1848.  Quanta 
M.  Goirand  de  la  Baume,  il  devint  pre- 
mier président  de  la  cour  de  Montpellier, 
et  ayant  habité  pendant  quelques  années 
une  ville  du  ressort, j'ai  beaucoup  entendu 
parler  de  lui. On  le  donnait  pour  un  hom- 
me d'une  certaine  valeur  juridique  et 
honnête,  mais  impérieux,  menant  sa  cour 
comme  une  étude  de  lycéens,  passionné 
et  ne  revenant  jamais. 

J'étais  un  enfant  lors  du  procès  Léotade, 
et,  pour  préciser,  je  venais  d'entrer  dans 
ma  douzième  année.  Autour  de  moi,  dans 
ma  famille,  on  parlait,  mais  à  mots  cou- 
verts, du  procès  de  Toulouse,  pas  autant, 
toutefois,  que  des  Girondins  de  Lamar- 
tine, qui  venaient  de  paraître. 

Il  laut  que  les  comptes-rendus  des  jour- 
naux aient  été  dans  leur  ensemble  défavo- 
rables à  l'accusé,  car  il  me  souvient  très 


N*  1057, 


^INTERMÉDIAIRE 


679 


680 


bien  que  l'on  était  porté  à  le  condamner. 
IS Illustration,  que  l'on  recevait  à  la  mai- 
son, publia  un  portrait  en  profil  de  Léo- 
tade,  auquel  le  dessinateur  donnait  une 
expression  bestiale  et  fausse.  Mais  en  ce 
temps  où  le  daguerréotype  ne  faisait  pas 
même  pressentir  la  photographie  prête  à 
naître,  les  portraits  donnés  par  les  jour- 
naux illustrés  n'avaient  aucune  authenti- 
cité. 

J'ai  rapproché  l'accusé  célèbre  de  1847-48 
au  procès  de  Calas  en  1S62  ;ce  sont  bien, 
selon  moi,  mais  en  sens  contraire,  deux 
accès  de  fanatisme, de  passion  aveugle  qui 
emportèrent  tout.  Q.uand  on  lit  à  distance 
les  comptes  rendus,  on  se  demande  avec 
stupeur  comment  il  s'est  rencontré  des 
hommes  de  bonne  foi  —  je  ne  suspecte 
celle  de  personne  —  pour  condamner  des 
accusés  contre  lesqu^  s  on  ne  relevait  au- 
cun indice  capable  de  faire  impression  sur 
un  esprit  raisonnable. 

Comme  Calas  dans  les  tortures  de  la 
question  et  sur  la  roue,  Louis  Bonafous 
mourant  attesta  son  innocence  ;  celle  du 
premier  ne  fait  pour  moi  aucun  doute, 
celle  du  second  me  paraît  presqu'aussi 
assurée.  Mais  moins  heureux  que  le  mar- 
chand protestant  de  Toulouse,  le  pauvre 
ifrère  n'a  pas  obtenu  sa  réhabilitation  offi- 
cielle ;  je  crois  cependant  qu'elle  est  faite 
dans  la  conscience  de  tout  homme  impar- 
tial. 

Quand  donc  s'éteindront  ces  doctrines 
de  haine  qui  s'exerçant  alternativement 
en  sens  contraire,  ont  fait,  font  et  feront 
encore  tant  de  mal  à  la  France  !  Homo 
homini  lnpus,d\t  un  vieux  proverbe, Gallus 
Gallo  lupissiwits,  c'est  l'épigraphe  que  l'on 
pourrait  mettre  à  notre  histoire  nationale 
si  belle  par  maints  côtés,  si  vilaine  par 
d'autres. 

Une  dernière  observation  au  sujet  du 
procès  de  1847-1848;  la  lecture  des  déposi- 
tions à  décharge  des  collègues  etsupérieurs 
de  l'accusé,  celle  des  réponses  de  celui-ci 
dans  son  interrogatoire,  ne  sont  pas  sans 
causer  parfois  un  peu  d'impatience.  Im- 
possible d'obtenir  des  paroles  nettes,  pré- 
cises, ce  ne  sont  que  à  peu  près,  hésita- 
tions, formules  évasives,de  là  des  accusa- 
tions de  connivence, de  mensonge, de  faux 
témoignages.  Rien  de  plus  injuste,  et  c'est 
bien  mal  connaître  la  psychologie  du  prê- 
tre ou  du  religieux  non  prêtre.  Au  temps 
lointain  où  j'avais  l'honneur  de  figurer 


au  barreau  de  ma  ville  natale,    un   maître 
avocat  me  dit  un  jour  où   nous  avions   à 
parler  dans  le   même    procès    criminel  : 
«  Si  vous  avez  dans  une  aftaire    des    té- 
moins ecclésiastiques,  fasse  le   ciel  qu'ils 
soient  à  charge,  non  à  décharge  >v   Com- 
me sans  être    un    pratiquant    c'était  un 
homme  respectueux  des  choses  religieu- 
ses, je  manifestai  un  certain   étonnement 
dont  il  s'aperçut.  «  Voyez-vous,  ajouta-t-il, 
pour  ce  monde  là,  il  n'y  a  qu'une  vérité 
au  monde,  mais  absolue,  celle  de  la  foi. 
Tout  le  reste,  j'en  excepte  les  vérités  ma- 
thématiques, n'existe  pas,  n'est  qu'appa- 
rence, illusion,  incertitude.  Dans  les  cho- 
ses humaines,  toute  affirmation   est  donc 
dangereuse,  et  quand  on   prête  serment, 
la  conscience   est  plus  directement  inté- 
ressée encore. 

<'  C'est  pourquoi  l'homme  d'église  n'em- 
ploiera jamais  que  des  formules  par  à  peu 
près,  n'osera  pas  affirmer  ce  qu'il  sait, 
paraîtra  se  troubler  à  la  question  la  plus 
simple  et  donnera  souvent  l'idée  de  la 
dissimulation,  du  mensonge  même,  men- 
songe toujours  bien  maladroit,  d'ailleurs  ; 
ce  ne  sont  cependant  que  des  apparences. 
Cet  état  d'âme  est  fait  pour  impatienter, 
indisposer  le  jury,  le  président  et  l'avo- 
cat général  ;  mais  rien  n'y  fait,  le  pli  est 
pris  depuis  le  séminaire  et  un  Renan  le 
conservera  toute  sa  vie  ». 

J'ai  pu  reconnaître,  au  cours  d'une  vie 
déjà  longue,  que  M.^  ***  avait  raison. 

H.  C.  M. 

La  «  commandature  »  allemande  à 
Paris  en  1871  (L,556).  —  «  Le  général 
de  Kammcke  »,  commandant  le  corps 
d'occupation  «  avait  établi  son  quartier 
général  dans  Thôtel  de  la  reine  Christine, 
à  l'avenue  des  Champs-El3'sées  ».  (Char- 
les-Yriarte,  les  Prussiens  à  Paris  et  le  18 
mars,  page  63).  Situé  au  n"  9  de  l'avenue 
des  Champs-Elysées,  cet  hôtel  est  au- 
jourd'hui la    propriété    de    M.    Sabatier 

d'Espeyran.  Gomboust. 

* 

•  * 
La  réponse  à  la  question  se  trouve  dans 

le  huitième  volume  du  Siège  de  Paris  par 
Alfred  Duquet,  volume  ayant  pour  titre  : 
Paris,  La  Capitulation  et  l'Entrée  des 
Allemands.  Tous  les  détails  de  cette  en- 
trée se  lisent  de  la  page  293  à  la  page 
346.  On  y  voit,  notamment,  page  307, 
que  le  quartier  général  (commandature) 


.-   68 1 


DES  CHERCHEURS  HT  CURIEUX                  lo  Novenabre  1904 
682   


du  général  de  Kammcke  avait  été  établi  à 

avenue  des 
Sic. 


l'hôtel  de  la  reine   Christine, 
Champs-Elysées. 


Le  sernientmaconnique  (L,498).  — 
11  y  a  pour  la  Française  autant  de  ser- 
ments que  de  grades,  soit  sept.  11  serait 
trop  long  de  les  donner  touâ  ici  ;  on  les 
trouvera  dans  la  Maçonnerie  pratique,  2 
vol. Ed.  Baltemveck  éditeur  (1885-1886). 
Le  serment  n'a  rien  de  bien  important  par 
lui-même,  il  fait  simplement  partie  du 
rituel  qui  contient  des  réponses  aux  ques- 
tions du  Ven  .•.,  réponses  dans  lesquel- 
les se  trouvent  des  engagements  bien  au- 
trement importants  que  ceux  du  ser- 
ment. F. 

Le  cardinal  de  Rolianet  la  franc- 
maçonneria  (XLIX,  667  ;  L,  455).  — 
L'Acacia  commet  certainement  une  erreur 
en  affirmant  que  la  loge  «  égyptienne  » 
fondée  par  Cagliostro  ne  fut  pas  une  loge 
rnaçonnique. 

Tous  les  auteurs  maçonniques  sans 
exception  attribuent  à  Cagliostro  la  fon- 
dation du  rite  maçonnique  dit  «  de  Mis- 
raïm  ^>  et  ont  vu  dans  la  loge  «  égyptienne  » 
le  point  de  départ  de'  ce  rite  si  particulier, 
qui  n'a  de  commun,  avec  les  autres  rites 
maçonniques,  que  les  trois  premiers 
grades. 

Ce  rite  «  de  Misraïm  »  qui  compte 
jusqu'à  90  grades,  alors  que  les  autres 
n'en  ont  que  33,  a  encore  à  l'heure  ac- 
tuelle des  garants  d'amitié  auprès  du 
Grand-Orient  de  France. 

G.  LA  Brèche. 

Couvant   da  Panthomonî  (L,  443, 

573).  —  Colonne  =574,1!  faut  lire  Contant 
dTvry  et  nom  Coûtant  ;  cela  n"est  peut- 
être  pas  bien  important,  mais  justement, 
le  député  actuel. d"lvry  se  nommant  Con- 
tant, pour  le  distinguer,  on  a  pris  l'habi- 
tude de  l'appeler  Contant,  d'ivry,  et  il  y 
aurait,  malgré  la  différence  des  époques, 
une  confusion.  César  Birotteau. 

Barffremont  (L,  445,  578).  —  Con- 
sulter VHisîoire  de  Senuècey-ïe-Grand  en 
I  vol.  et  l'Histoire  du  canton  de  Sennecey^ 
en  2  vol.,  par  M.  Léopold  Niepce,  con- 
seiller à  la  cour  de  Lyon.  Ces  ouvrages 
donnent  des  renseignements  précis  sur  la 
famille  de  Bauffremont.  A.  B. 


Cheniilion,  sculptaqr  (L,  7,  132). 
—  i"  Dans  ses  Intéressants  Souvenirs'  du 
dernier  Secrétaire  de  Sainte-Beuve,  M.  J. 
Troubat,  écrit,  au  chap.  XX'VI  : 

Paul  de  Saint-Victor  a  assigné  au  buste  de 
Sainte-Beuve  par  Chenillion  sa  place  entre 
deux  rayons  de  bibliothèque,  avec  les  œuvres 
de  l'auteur  des  Ltindis  dans  le  fond. 

Je  me  permets  de  demander  aux  inter- 
médiairistes  dans  quel  ouvrage,  dans 
quelle  chronique.  Paul  de  Saint-Victor  a 
fait  cette  classification.  M.  J.  Troubat, 
interrogé  sur  ce  point,  répond  aimable- 
ment qu'il  croit  se  souvenir  avoir  vu  cette 
classification  dans  un  article  de  la  Presse. 
Aux  collègues  qui  me  donneront  plus 
amples  détails,  j'adresse  d'avance  un  cor- 
dial merci. 

2")  M.  J.  Troubat  a  écrit  aussi,  dans 
V Intermédiaire  (col.  133)  «  qu'une  des 
statues  des  rois  de  France,  du  portail  de 
Notre-Dame,  exécutée  par  Chenillion,  re- 
présente Viol!et-le-Duc'à  la  barbe  fleu- 
rie »,  Quel  est  ce  roi  ? 

Louis  Calendini. 


Famille  Gonet  du  Four  (L,  389, 
519,  =582).  —  Je  ne  puis  répondre  à  Ja 
question  précise  que  me  pose  M.  G.  P.  Le 
Lieur  d'Avost.  Le  fragment  de  la  nliatiou 
qu'il  m'indique  m'intéresse  vivement  ; 
mais  je  voudrais  savoir  si  les  du  Four 
ont  eu  des  descendants  actuellement  vi- 
vants.Louise  du  Four,  née  en  1755, épousa 
Julien  Jean,  comte  de  Tesson,  le  16  février 
1776;  ils  n'eurent  pas  d'enfants  —  Alexan- 
dre a-t-il  laissé  postérité  .?  —  Comment 
les  du  Four  se  rattachent-ils  à  la  famille 
de  Noël  de  Buchères,  en  Champagne  ^ 
Parmi  les  parents  de  Claude-François  de 
Noël  se  trouvait  M-"^  du  Four,  fille  d'un 
riche  financier,  dont  le  baron  de  Noël 
devait  hériter.  Je  désirerais  connaître  leur 
degré  de  parenté.  A.  B. 

His  de  Lasalle,  collectionneur 
—  Saint  P.ïarcelGorbin,  paintre  (L, 

557).  —  M.  Eugène  Lecomte  a  lu  sur  His 
de  Lasalle  une  notice  dont  il  est  l'auteur, 
à  l'Assemblée  Générale  des  «  Amis  du 
Louvre  »  le  12  janvier  1903. 

11  y  a  également  une  notice  dans  le 
cataloo-ue  de  la  "collection  His  de  Lasalle 
du  Musée  du  Louvre,  par  M.  de  Tau- 
zia. 


N*  1057, 


L'INTERMÉDIAIRE 


683 


-™    684 


Enfin,  M.  de  Chennevières  a  fait  cette 
année,  à  l'Ecole  du  Louvre,  une  leçon  en- 
tièrement consacrée  à  ce  généreux  dona- 
teur. 

Voici  les  quelques  détails  qui  se  trou- 
vent dans  ces  diiTérenles  études  : 

Aimé-Charles  (dit  Horace)  His  de  La- 
salle  naquit  à  Paris  le  11  février  1795  et 
mourut  dans  cette  ville  le  28  avril  1878  ; 
il  est  inhumé  au  Père  Lachaise. 

Sa  mère,  Hélène  de  Nervo,  avait  épousé 
en  premières  noces  le  marquis  de  Mont- 
geroult  ;  c'était  une  musicienne  accom- 
plie. En  1792,  M.  de  Montgeroult,  atta- 
ché comme  général  de  brigade  à  la  léga- 
tion de  Naples,  fut  fait  prisonnier  et  con- 
duit à  Mantoue  où  il  mourut.  Sa  veuve 
se  mit  courageusement  au  travail  ;  elle 
passa  en  Angleterre  où  elle  fut  applaudie 
dans  une  série  de  concerts.  Mme  de 
Montgeroult  rentra  en  France  au  lende- 
main du  9  termidor  et  épousa  M.  His  de 
la  Salle,  rédacteur  du  Moniteur^  origi- 
naire de  Senonges  dans  la  Beauce,  entre 
Dreux  et  Chartres.  Nommée  professeur 
au  Conservatoire  de  musique,  dès  sa  fon- 
dation, sa  santé  ne  lui  permettait  pas 
d'y  rester  plus  de  deux  ans  ;  auteur  d'une 
Méthode  de  piano,  ses  contemporains  la 
mettaient  au  rang  même  de  Haendel. 

A  vingt  ans,  le  jeune  His  de  La  Salle 
s'engagea  dans  les  Gardes  du  corps  de 
Louis  XVlll,  compagnie  du  duc  de  Raguse, 
puis  au  2*  régiment  de  Cuirassiers  de  la 
Garde  Royale.  En  1826,  il  démissionnait 
pour  accompagner  sa  mère  malade  à  Flo- 
rence où  elle  mourut  en  1828  ;  elle  fut 
enterrée  dans  le  cloître  de  Santa  Croce. 
Le  futur  collectionneur  parcourut  alors 
l'Italie,  puis  les  Flandres,  recueillant 
d'abord  les  gravures  dont  il  faisait  une 
vente  en  1856  pour  s'adonner  unique- 
ment aux  dessins.  L'histoire  de  cette  col- 
lection remarquable  est  connue  et,  avant 
sa  mort,  elle  entrait  au  Louvre  le  19  fé- 
vrier 1878. 

His  de  Lasalle  avait  un  demi-frère  plus 
jeune,  le  comte  His  de  Butenval,  qui 
était  dans  la  carrière  diplomatique  et  fut 
chargé  d'affaires  à  Constantinople. 

L.  Greder. 

Le  Noir,    lieuteûant    de    police 

(XLVll  ;  XLVIII  ;  L,  247,  362).  —Le Noir 
était-il  parent  et  à  quel  degré  de  : 

1°  Jean  Charles  Le  Noir  qui,  dans  la 


seconde  moitié  du  xvin"  siècle  fit  partie,  à 
Pondichéry,  du  conseil  de  la  compagnie 
des  Indes  et  dont  la  fille  (Marie-Jeanne  Le 
Noir)  épousa,  vers  1760,  Charles-François 
Léopold  de  Pavons,  baron  de  Ceciatti, 
major-général  des  troupes  de  ladite  com- 
pagnie des  Indes,  commandées  alors  par 
Lally-Tolendal. 

2°  et  de  Louis- Alexandre  Le  Noir,  vi- 
dame  de  Châlonssur-Marne,  Directeur  et 
Receveur  général  des  Domaines  du  Roi, 
de  la  généralité  de  Châlons. 

B.  DE  Mairet. 

Majorât   de    Claude    Monet  (L, 

559).  —  6  mai  1594.  Arrêt  accordant  à 
Claude-Monnet,  receveur  général  des  do- 
maines de  Calais,  surséances  de  six  mois 
pour  rendre  compte  des  sommes  par 
lui  fournies  au  sieur  de  Gourdan,  pour 
l'entretien  de  la  garnison  de  Calais.  Bibl. 
nat.  ms  p.  18159  f'  136  v".  [Valois,  arrêt 
du  Conseil  d'Etat,  767]. 

30  septembre  1599.  —  Arrêt  enjoi- 
gnant à  M«  Nicolas  Le  Beau,  receveur  par- 
ticulier des  traites  domaniales  à  Calais, 
et  à  M.  Jean  Colas,  commis  à  la  recette 
de  la  traite  foraine  en  la  dite  ville,  de 
verser  tout  le  produit  des  dits  iir.pôts 
entre  les  mains  de  M=  Claude  Monnet 
receveur  général  des  finances  de  Calais. 

[Valois,  arrêt  du  Conseil  d'Etat,  5517]. 

1600.  août.  Dans  un  acte  notarié  : 

Noble  homme  Claude  Monet,  conseiller 
du  roi,  trésorier  receveur  général  des 
domaines  et  finances  de  Calais  et  pays 
reconquis  vend  un  corps  d'hôtel  consis- 
tant en  deux  maisons, rue  des  Andouilles, 
avec  jardin  et  courasse,  tenant  par  der- 
rière à  la  rue  Saint-Martin.  Sa  femme  : 
Marguerite  Baudoin. 

1606.  21  janvier.  —  Son  Testament. 
Il  institue  pour  légataire  universel  son 
cousin  et  compagnon  d'office,  André  Mo- 
net ;  lui  donne  son  office  et  tous  ses  biens, 
mais  fait  des  legs  à  sa  sœur  Marie,  à  son 
frère  prieur  d'Ancienneville,  à  Judith 
Boutillier  femme  de  David  Toisson,  à 
Judith  du  Fresnoy,  à  Frise  du  Chesne. 

1606.  15  février.  —  Testament  de  An- 
dré Monet,  conseiller  du  roi,  receveur 
général,  etc. 

i6u6.  10  juillet.  —  Inventaire  en  suite 
du  décès  d'André. 

1608.  Claude  Monet,  mayeurde  Calais, 
et  Marguerite  Landrin,   sa  femme,  ven- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


68: 


10  Novembre  1904. 


686 


dant  à  Espagnolet  Prévost  et  Marie  De- 
latre,  sa  femme,  une  censé  à  Vieille  Eglise 
avec  120  mesures  de  terres.  Joire. 

Famille  de  Saint-Simon  Courto- 

mer  (L,  5t>o).  —  Antoine-Léon-Paul, 
marquis  de  Saint-Simon  Courtomer,  né  à 
Pans,  le  23  octobre  1750  f  ....  reçut 
pour  armoiries,  avec  le  titre  de  comte  de 
l'Empire  :  de  sinople  à  ^  lions  rampant 
d'argent,  armés  et  lampassés  de  gueules^ 
l'extrémité  de  la  queue  de  gueules  ;  au  franc 
quartier  des  comtes  présidents  de  collège 
électoral.  J.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Bernot  de  Charant(L,  500,632). — 
La  famille  Bernot  de  Charant  a  toujours 
été  comptée  parmi  les  plus  honorables 
familles  de  la  Charité.  Pour  ce  qui  la  con- 
cerne, on  peut  consulter  VArmorial  de  la 
généralité  de  Bourges  et  \'  Armoriai  du  Ni- 
vernais. Elle  est, en  effet, encore  représentée 
par  le  colonel  de  Charant, actuellement  do- 
micilié à  lYiontargis,  quia  eu  de  Mlle  Pou- 
gin  de  la  Maisonneuve  quatre  enfants  : 
André,  le  capitaine  de  dragons,  Charles, 
la  baronne  de  la  Villéon  et  Cécile.  Retiré 
d'abord  à  Nevers  où  sa  vie  était  entière- 
ment consacrée  aux  bonnes  œuvres,  le 
colonel,  par  son  départ,  y  a  causé  le  plus 
grand  vide,  emportant  les  regrets  de  tous 
ceux  qui  avaient  l'honneur  de  le  connaître. 

T. 

Bautru  (XLIX  ;  L,  132,  357,  464, 
578).  —  Je  copie  pour  M.  Paul  Pinson  le 
résumé  de  la  pièce  dont  j'ai  parlé  et  qui  est 
un  Inventaire  ou  production  de  pièces 
pour  la  Recherche  de  1700  : 

Election  d'Etampes. 

Demoiselle  Jeanne  Le  Jars  veuve  de 
Charles  de  Botru  écuyer  s'  de  la  Potherie, 
demeurant  à  Estampes  et  J.  B.  de  Bautru 
fils  unique  dudit  défunt  et  de  la  dite  de- 
moiselle, assisté  de  Me  2»Iaillard  son  avocat 
et  conseil,  Déclarent  pour  satisfaire  à  l'assi- 
gnation qui  leur  a  été  donnée  devant  vous 
Mgr  Phelipeaux  le  22  février  1700  à  la  re- 
quête de  Claude  Marchand  subrogé  de  M. 
Charles  de  la  Cour  de  Beauval.,. 

Qu'étant  ladite  demoiselle  le  Jars  veuve 
dudit  Charles  de  Bautru,  il  suffit  pour  sa 
décharge  d'établir  la  qualité  de  son  fils,  car 
en  montrant  que  son  fils  est  issu  de  fa- 
mille noble  il  s'ensuivra  qu'elle  est  veuve 
de  noble  et  en  a  leurs  privilèges. 

J.  B.  de  Bautru  est  né  à  Paris  le  18  août 
1680,  sa  famille  est  originaire  du  Perche  et 


depuis  elle  a  été  s'établir  en  Picardie,  et 
consiste  à  présent  en  lui  et  en  demoiselle 
Jeanne  Marie  de  Bautru  sa  sœur  d'un  pre- 
mier mariage  de  son  père. 

11  a  pour  armes  :  d'azur  au  chevron  brisé 
d'argent  et  une  tête  de  loup  arrachée  en 
pointe  face  de  2  roses  d'argent. 

A  la  suite  sont  produites  toutes  les 
preuves  desquelles  il  résulte  la  généalogie 
suivante  : 

Etienne  de  Bautru  ou  Botru  père  de 
Jacques  de  Bautru. 

Jacques  de  Bautru  épouse  Simonne 
Damour,  d'où  : 

Innocent  de  Bautru  épouse  Jacqueline 
de  Baugier,d'où  : 

César  de  Bautru  épouse  Suzanne  de 
May,  qui  a  deux  fils  : 

1'^  Pierre,  seigneur  d'Inneville,2"  Char- 
les,seigneur  de  la  Potherie  qui  épouse, en 
r*^  noces, demoiselle  Choderlotet  en  2"°", 
Anne  Le  Jars. 

Du  I"  mariage  de  Charles  est  né 
Jean-Baptiste  de  Bautru,  lieutenant  au 
Régiment  d'Arbois,  assigné. 

Comte  DE  BoNY  de  Lavergne. 

Lefebvre  de   Cheverus   (L,  616). 

—  Renée  Taignier  égousa,  à  la  fin  du 
xvn''  siècle,  René  Lefebvre  de  Cheverus, 
juge  civil  et  criminel  de  Pabbaye  de  Savi- 
gny,  lieutenant  de  la  maréchaussée  à 
Mayenne.  Sa  fille,  Marguerite,  devint  re- 
ligieuse du  Calvaire,  à  Mayenne,  sous  le 
nom  de  sœur  Saint-Léon  ;  son  fils,  Vin- 
cent-Gilbert, fut  chapelain  de  Notre-Dame 
de  Paris.  Dans  le  nombre  de  ses  descen- 
dants, les  plus  distingués  au  xviii'  et  au 
xix'  siècles,  citons  :  Louis-René  Lefebvre 
de  Cheverus,  curé  de  Notre-Dame  de 
Mayenne  ;  Jean-Vincent-Marie  Lefebvre 
de  Cheverus,  juge  général  civil  et  de  po- 
lice du  duché  de  Mayenne  ;  Julien-Jean- 
François  Lefebvre  de  Champolin,  lieute- 
nant-général au  même  siège,  maire  de 
Mayenne,  ses  petits  enfants  ;  Jean-Louis- 
Anne-Madeleine  Lefebvre  de  Cheverus, 
cardinal  archevêque  de  Bordeaux,  son 
arrière  petit-fils. 

La  famille  de  Cheverus  avait  pour  ar- 
moiries :  de  gueules,  à  trois  têtes  de  chèvres 
arrachées  d'argent,  posées  2  et  /,  mais  était- 
elle  noble  ^  11  semblerait  que  non.  M. 
Grosse-Duperon  a  écrit  dans  Souvenirs  du 
Vieux-Mayenne  que  Renée  Taignier,  de- 
venue   veuve,    craignit   d'être    troublée 


N"  1057. 


L'INTERMEDIAIRE 


687 


688 


dans  la  jouissance  des  privilèges  et  exemp- 
tions attribués  à  sa  noblesse  et  qu'elle  s'y 
fit  maintenir  par  lettres  royales  en  date  à 
Versailles,  du  31  août  1734. 

VIdImUs. 

Créquy-Montfort  (L,  6i  5).  —  On 
lit  dans  la  Vcriié  sur  les  deux  maisons  de 
Saiilx-Courtivron ^  par  ].  d'Arbaumont  : 

Le  sceau  de  Nicolas  de  Courtivroii  de  la 
maison  de  Saulx,(niort  avant  13  57)  porte  un 
écu  de  trois  bandes^avec  un  frauc-quartier, 
où  l'on  soupçonne  plutôt  qu'on  ne  distin- 
gue, vu  l'état  de  vétusté  de  la  pièce,  le 
crèquier  à  cinq  branches  qui  brisait  déjà  les 
armes  de  son  aïeul. 

11  est  permis  de  croire  que  celles-ci  pro- 
venaient d'une  première  maison  de  Cour- 
tivron,  éteinte  au  xii°  siècle  dans  celle  des 
sires  de  Saulx,  et  j'ajoute  qu'il  est  très  cu- 
rieux de  les  retrouver,  à  une  époque  beau- 
coup plus  récente,  intimement  unies,  sur 
l'écu  des  derniers  seigneurs  et  marquis  de 
Courtivron,  aux  trois  compas  d'or  en  cliamp 
d'a:itir^  de  leur  blason  héréditaire. 

Les  armes  de  Le  CompasseUr-Créquy- 
Montfort,  marquis  de  Courtivron,  sont  en 
effet  :  coupé  :  au  i  d'a:^nr  à  trois  compas 
ouverts  d'or,  parti  d'or  à  un  crèquier  de 
gueules  ;  au  2  d'azur  à  trois  bandes  d'or. 

Le  même  auteur  nous  apprend,  dans 
V Armoriai  de  la  Chambre  des  Comptes  de 
Dijon,  que  ce  fut  Claude  le  Compasseur 
qui  modifia  ainsi  les  armes  de  sa  famille 
et  il  le  fit  après  l'ach^  de  la  seigneurie  de 
Courtivron,  dont  sa  reprise  de  tief  est  du 
23  janvier  1640.  En  ajoutant  à  son  blason 
les  armes  des  anciens  seigneurs  de  Cour- 
tivron, il  pécha  par  ignorance  en  les 
attribuant,  lui  ou  ses  descendants,  aux 
familles  de  Créquy  et  de  Montfort,  dont 
le  nom  s'ajouta  au  leur. 

11  me  semble  que  le  collaborateur  Dont 
Care  doit  connaître  sur  ce  sujet  des  cho- 
ses intéressantes  et  qu'avec  sa  haute  com- 
pétence, il  nous  édifierait  complètement. 

D.  DES  E. 

Les     La    Valatîe    de  Provence 

(L,  558).  Au  xvii"  siècle  il  y  avait  à  Uzes, 
en  Languedoc,  une  famille  de  Valette 
maintenue  dans  sa  noblesse  par  jugement 
du  II  décembre  1669. 

Robert  Valette,  en  1672,  était  docteur 
en  médecine  et  homme  de  beaucoup  de 
valeur. 

Dans  des  actes,  j'ai  trouvé  des  Valette 
de  Laudun,  seigneurs  de  Gatigues  ;  sont- 


ce  les  mêmes  ?  A  Nîmes,  il  y  a  une  fa- 
mille protestante  de  la  Valette  dont  un 
des  membres, ancien  magistrat,  a  fait  une 
brochure,  ie  crois,  sur  l'Edit  de  Langue- 
doc. Loin  dé  iries  notes,  mes  renseigne- 
ments restent  vagues, mais  peuvent  encore, 
j'espère,  rendre  service.  B.  de  C. 

Famille  de  Zandt  (L,  561).  —  La 
fille  du  baron  de  Zandt  épousa  un  brave 
officier  français,  M.  Niepce,  aide-de- 
camp  du  roi  Jérôme,  et  lui  donna  quatre 
fils,  dont  deux  sont  devenus  colonels 
d'infanterie  et  un  conseiller  à  la  cour  de 
Lyon. 

La  veuve  du  colonel  Max  Niepce,  qui  a 
conservé  ses  papiers  et  souvenirs,  habite 
Sennecey-le-Grand  (Saône-et-Loire). 

De  Rocca. 

Des  descendants  de  cette  famille  existent 
encore  au  château  de  A4ûnchv/eiler,  dans 
lesenvironsdeSan"elouis(Prusse  Rhénane). 

V  ILLEROY. 

Jourdain  du  Pin  (L,  557).  —  Il 
semble  que,  à  moins  de  preuve  contraire, 
rien  ne  s'oppose  à  ce  que  les  sires  de 
risle  fussent,  l'un  le  fils,  et  l'autre  (en 
1296)  le  petit-fils  de  Jourdain  du  Pin,  le 
Croisé.  —  Si  la  Bibliothèque  nationale  ne 
fournit  aucun  renseignement  sur  la  des- 
cendance dudit  Jourdain  du  Pin,  ni  sur 
l'ascendance  des  sires  del'Isle,  ses  homo- 
nymes ,  peut-être  trouverait-on  quel- 
quelque  moyen  d'élucider  la  question, dans 
les  chroniques  ou  anciennes  histoires  pro- 
vinciales, notamment  à  la  bibliothèque 
de  Poitiers? 

Il  y  a  aussi  un  Isle-Jourdain  ("arr  de 
Lombez)  dans  le  Gers,  et  un  Isie  (arr. 
de  Limoges)  dans  la  Haute-Vienne. 

Adel. 

Les  enfants  de  Voltaire  (L,6i8).  — 
Il  ne  répugnait  pas  à  l'esprit  dépravé  du 
marquis  de  Villette  d'afficher  qu'il  était 
fils  de  Voltaire. 

Grimm  assure  même  qu'il  était  persuadé 
de  cette  paternité  par  la  raison  que  sa 
mère,  fort  belle,  fort  galante,  très  à  la 
mode,  avait  été  particulièrement  connue 
de  l'auteur  de  Candide.  Ce  pourrait  être, 
semble-t-il  —  et  cette  déduction  est 
venue  tout  naturellement  à  l'esprit  de 
quelques  auteurs  —  le  motif  de  l'étrange 


DES   CHSRCHEURS  Eï  CURIEUX 


689 


10  Novembre  s  904* 
690 ; 


attachement  du  philosophe  pour  ce  peu 
recommandable  personnage  auquel,  mal- 
gré ses  vices, il  fit  épouser  Belle  et  Bontie^ 
qui  lui  tenait  tant  au  cœur,  et  chez  qui  il 
mourut.  Lucien  Lambeau. 

Vierges  noires  (XXXVIII  ;  XL).  — 
Je  ne  vois  pas  qu'il  ait  été  fait  mention  de 
la  vierge  noire  conservée  en  l'abbaye 
Saint-Victor-de-Marseille  dont  M.  H.  Gui- 
chenné  a  écrit  l'histoire.  Marseille.  1873. 

A.  S...E. 

La  fleur  de  lis  dans  les  armes 
desPeretti  délia  Rocca(L,  168,  368,) 
-—  Selon  V Armoriai  Corse  du  comte  Co- 
lonna  de  Cesari  Rocca,  Paris,  petit  in-4°, 
1892,  p.  65,  cette  famille  serait  issue, 
d'après  la  tradition,  de  Piretto,  fils  dé 
Giudice  délia  Rocca.  Le  28  avril  1772, elle 
obtint  du  Conseil  Supérieur  de  la  Corse 
un  arrêt  établissant  sa  filiation  depuis 
Napoléone  deile  Vie,  capitaine  au  service 
de  la  France,  autorisé  par  Henri  II  à  por- 
ter comme  armes  :  d'a:(ur  à  une  jleur  de 
lis  d'or  sbiitemie  par  deux  lions  du  même. 
Voir  Anton' Pieti'o  Filippini,  La  Historia 
diCorsica. 'Xouxxïon^  1594,  etPise,  1829, 
4  vol,  in-S". 

La  famille  Peretti  délia  Rocca  compte 
parmi  ses  membres  :  Mgr  P.  délia  /R., 
délégué  du  clergé  aux  Etats  Généraux  de 
1789  ;  Mgr  P.  délia  R.,  évêque  auxiliaire 
d'Ajaccio,  mort  en  1892. 

Th.  Courtaux. 

.  * 
♦  * 

i"^  La  fleur  de  lis  d'or  sur  cdamp  d'azur 
fut  donnée  par  Henri  II  roi  de  France  à 
Napoléone  de  Levie  (1558). 

Cet  événement  est  relaté  par  un  diplôme 
original  de  noble  et  de  chevalier,  octroyé 
en  1=558,  par  le  duc  de  Guise,  au  nom  du 
roi  de  France,  Henri  II,  à  l'un  de  mes 
ancêtres,  Napoléone,  gentilhomme  cbrse, 
capitaine  au  service  de  la  France,  qui 
s'était  distingué  particulièrement  a  la  ba- 
taille de  Renty,  contre  Charles-Quint.  Le 
rbi  liii  avait  donné  l'accolade  sur  le  champ 
de  bataille    (/555J. 

2"  Des  pièces  authentiques  prouvent  la 
descendance  directe  avec  Giudice  délia 
Rocca,  ou  Sinuceflo  délia  Rocca  lui-même, 
descendant  direct  de  second  fils  de  Hugo 
Colonna,  le  comte  de  Cinarca  du  Cinar- 
chesi.  La  1"  branche  de  Hugo  Colonna, 
les  Biancolacci^éXa'ïi  éteinte. 


Nous  descendons  directement  et  ne 
i^e  ligne,  de  Hugo  Colonna,  comte  de 
Corse. 

Je  crois  que  les  autres  Colonna  de 
Corse  sont  venus  plus  récemment  de 
Rome. 

La  preuve  en  est  dans  ce  détail  :  après 
Hugo  Colonna,  nous  voyons  les  Bianco- 
lacci  et  les  Cinarchesi  à  la  tête  de  la  Corse. 

Forte  de  Cinosca  épouse  la  dernière  des 
Biancolacci  et  devient  chef  de  la  famille  : 
(des  deux  branches). 

Après,  les  Cinarchesi  deviennent  délia 
Rocca,  jusqu'à  Giudice,  2' du  nom,  assas- 
siné,comte  de  Corse, en  1450  ou  àpeuprès. 
Or,  ce  Giudice,  avant-dernier  comte  de 
Corse  (il  fut  remplacé  par  un  cousin  qui 
ne  laissa  qu'une  fille)  est  notre  aïeul  di- 
rect et  l'arrière-grand-père  de  Napoléone 
de  Lévie,  le  même  qui  ajouta  la  fleur  de 
lys  d'or  à  ses  armes  en  1558  (Bataille  de 
Renty,  1555.)  J-  de  Renty. 

L'aigle  de  Prusse  dans  les  armes 
d'une  iamillB  (L,  501).  —  Il  n'y  a  pas 
de  faute  héraldique  ;  dans  tous  les  pays 
de  langue  allemande,  on  n'observait  nul- 
lement la  règle  française  qui  prescrivait 
de  ne  pas  mettre  rnétal  sur  métal  ni  cou- 
leur sur  couleur.  Le  fait  rliêniê  d'avoir 
changé  l'émail  du  champ,  ne  paraît  pas 
devoir  être  une  concession.  Les  cbnces- 
ssions  faites  par  les  souverains  allemands 
étaient  nombreuses, et  c'est  par  centaines, 
par  exemple,  qu'on  peut  compter  l'aigle 
impériale  sur  des  armes  de  particuliers; 
soit  entière,  soit  motivante  d'un  parti  bu 
d'un  coupé.  P.  le  J. 

Dans  la  XXV^  Dissei-tatibn  sur  l'His- 
toire de  Saint  Louis,  par  Du  Cange,  trai- 
tant De  la  Communication  des  armoiries 
des  Familles  ou  d'une  partie.^  accordée 
par  les  Princes  à  diverses  personnes,  par 
forme  de  privilège  on  de  récompense.^  — 
l'auteur  débute  ainsi  : 

C'est  encore  une  espèce  d'adoption  d'hon- 
neur que  les  t'nnces  et  les  Rois  ont  prati- 
quée lorsqu'ils  ont  communiqué  leurs  ar- 
moiries à  divers  gentils  hommes  de  léiirs 
sujets  bu  étrangers.  Car  comme  les  armes 
sont  les  véritables  marques  d'une  famille, 
ceux  qui  en  sont  ainsi  honorés  semblent 
devoir  participer  à  ses  prérogatives.  Ce  sont 
des  moyens  qu'ils  ont  choisis  pour  récom- 
penser les  services  de  ceux  qu'il  voulaient 
gratifier  ;    et  aussi   pour    les    attacher  plus 


N"  1057. 


L'INTERMEDIAIRE 


691 


692 


fortement  à  l'avenir,  et  leur  postérité  à 
leur  service.  Cette  attribution  de  parties 
d'armoiries,  suivant  Guy  Coquille,  en  VHis- 
toire  de  Nivernois,  se  lait  avec  diminution 
notable  par  changement  de  couleurs  ou  di- 
minution de  nombre  des  pièces  qui  sont  es 
armes  des  bienfaiteurs,  en  sorte  qu'on  peut 
connaître  qu'ils  ne  sont  pas  du  lignage, 
mais  qu'ils  tiennent  par  bienfaict. 

LÉON  Sylvestre. 

Singulières  armoiries  papales 
(L,  168,25  1 ,365). —  Permeitez-moi  d'ajou- 
ter quelques  détails  sur  ces  armoiries  vrai- 
ment singulières.  Ce  ne  sont  pas  d'abord 
des  pots,  mais  des  marmites, en  latin  Ol/a, 
en  italien  pignaffa,  d'où  est  venu  le  nom 
de  Pignatelli  que  portait  Innocent  XII  avant 
son  élévation  au  souverain  Pontificat.  Elles 
sont  :  de  sable  pos~ces2^l  sur  champ  d'or.  Les 
historiens  s'accordent  à  faire  remonter 
leur  origine  à  l'époque  du  roi  Roger  de 
Sicile,  au  commencement  du  xu*  siècle. 
Parmi  les  différentes  versions  que  l'on 
apporte  de  ces  armoiries  assez  étranges, 
celle-ci  paraît  la  plus  acceptable.  Quand 
le  roi  Roger  alla  à  Constantinople  pour 
venger  l'injure  que  l'empereur  Emmanuel 
avait  faite  aux  Latins,  un  chevalier  appar- 
tenant à  la  famille  des  ducs  de  Bénévent 
pénétra  dans  le  palais  impérial,  et  comme 
preuve  de  son  fait  d'armes,  en  rapporta 
trois  vases  d'argent  noircis  de  fumée  et 
ornés  de  la  couronne  impériale.  Le  roi 
Roger  les  accepta,  et  les  donna  comme 
armes  à  la  descendance  de  ce  chevalier 
qui  prit  le  nom  de  Pignatelli. 

Dans  la  prophétie  attribuée  à  saint  Ma- 
lachie,  ce  pape  est  désigné  par  la  devise  : 
«  Rastriun  in  porta  »,  le  râteau  à  la  porte. 
Or,  coïncidence  étrange,  la  famille  Pi- 
gnatelli, d'où  est  sorti  Innocent  XII,  habi- 
tait alors  près  d'une  porte  de  la  ville  et 
s'appellait  Pignatelli  del  Rastrello. 

D^  A.  B. 

Les  tresses  de  Navarre  (L,  561). 
—  C'est  probablement  «  les  chaînes  »  qu'il 
faut  lire.  César  Birotteau. 

Si  M.  A.  T.  Blés  prend  une  pièce  de 
5  fr,  de  1814,  ou  du  moins  un  louis  de 
cette  époque,  il  verra,  dans  les  armoiries 
de  Navarre,  accolées  à  l'écu  fleurdelysé, 
non  des  lresscs,md.\s  des  cha'ines.  Ces  chaî- 
nes figurent  dans  l'écu  navarrais  depuis, 
dit-on,  la  bataille  de  Las  Navas,    où    des 


chaînes  entouraient  le  camp   maure  pris 
d'assaut.  La  Coussière. 

*  ♦ 
D'après     le     Père   Anselme    (Histoire 

généalogique  de  la  manon  de  France,  et  des 

grands  officiers  de  la  couronne.,  t.    I,    page 

144  et  suiv.)  les  rois  de  France,  à   partir 

de  Henri  IV, portèrent  pour  armes  :  parti: 

au  /'■■  de  France  :  au  2'  de  Navarre,   qui 

est  :  de  gueules  aux  cha'ines  'd'or.,  posées   en 

or  le,  en  croix  et  en  sautoir. 

Sont-ce  ces  chaînes  que  l'on  a  pris  pour 

d.<:s  tresses  i       G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Armoiries  à  déterminer  :  à  trois 
molettes  d'éperon  de  sabla  (L,  444, 
587).  — Je  remercie  MM.  D.  des  E.  et 
Henri  M.  d'avoir  bien  voulu  m'apprendre 
que  ces  armes  étaient  celles  de  Ms""  de 
Caylus,  évêque  d'Auxerre  de  1704  à  1754. 
Seulement  M.  Henri  M.  me  permettra  de 
lui  dire  que  les  3  molettes  en  question 
sont  bien  (à  tort  ou  à  raison)  de  sable  et 
non  d'or.  |e  constate  la  chose,  sachant 
bien  du  reste  qu'on  ne  doit  pas  mettre 
métal  sur  métal  ni  couleur  sur  couleur, 
bien  qu'il  y  ait  des  exceptions  pour  les 
armes  à  enquerre. 

Maintenant,  en  ce  qui  est  du  premier 
quartier,  le  premier  parti  est  bien  coupé  et 
éinanché  de  gueules  et  d'or.,  l'émanché  de 
gueules  qui  est  en  chef  ayant  les  mêmes 
dimensions  que  l'émanché  d'or  partant  de 
la  pointe: 

En  ce  qui  est  du  2®  et  du  3*  quartier 
d'apir  à  ^  fleurs  de  lis  d'or  au  bâton  de 
gueules  péri  en  bande  et  aie :(é,  je  n'ignore 
pas  que  Magdeleine  de  Bourbon-Malause 
avait  épousé,  en  1636,  un  comte  de  Cay- 
lus; mais  les  armes  en  question  sont  bien 
celles  de  la  maison  de  Condé  et  les  Bour- 
bon-Malause, branche  des  Lavedan.  d'ori- 
gine bâtarde,  n'avaient  pas  le  droit  de  les 
prendre. 

En  résumé,  les  armes  en  question  et 
dont  l'image  qui  les  reproduit  a  dû  être 
détachée  d'une  pièce  émanant  de  l'ancien 
évêché  d'Auxerre,  doivent  bien  être  ainsi 
blasonnées  : 

Ecartelé  :  au  i^^  coupé  et  emanché  de 
gueules  et  d'or.,  parti  d'or  à  ?  chevrons  de 
sable  ;  aux  2  et  ^  d'azur  à  ^  fleurs  delis  d' or., 
au  bâton  de  gueules  péri  en  bande  entre  les 
f.eurs  de  lys  ;  au  .^,  parti  d'argent  à  la 
bande  de  gueules  accompagnée  de  de  6  flan- 
chis  de  même  en  orle  et  d'or  à  ^  chevrons  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novembre   1904. 


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sahîe  :  Sur  le  tout  d'à ^tir  à^  molettes  d'é- 
peron de  sable  et  au  chef  d'or . 

P.  S.  Les  vieux  auteurs  tels  que  le  père 
Menestrier  disent  eniancké  pour  les  parti- 
tions où  les  pièces  s'enclavent  en  forme 
de  longs  triangles  comme  dans  le  cas 
présent  et  emmanché  quand  il  s'agit  de 
haches,  marteaux,  etc.,  ayant  un  man- 
che. T 

Les    documents    phalliques    (L, 

172,  309,  423,  528,  598).  —  il  est  re- 
grettable qu'  «  Un  Touriste»  aitcrudevoir 
contredire  M.  Luc  de  Vos  sur  un  point  où 
notre  collègue  était  exactement  informé. 

Le  phallus  à  Pompei,  n'est  pas  une  en- 
seigne de  lupanar,  —  pas  plus  que  dans 
l'Inde  la  fleur  de  lotus  n'est  une  enseigne 
de  fleuriste. 

C'est  un  emblème  religieux,  un  objet 
sacré,  qui  porte  bonheur  à  la  maison  sur 
laquelle  il  est  sculpté.  On  ne  répétera  ja- 
mais assez  qu'aux  yeux  des  anciens  le 
phallus  n'est  pas  une  image  licencieuse. 

Nous  seuls  avons  fait  de  Priape  une 
figurine  de  cabinet  secret.  En  Grèce  et 
dans  tout  l'Empire  Romain,  sa  statue  de 
grandeur  naturelle  se  dresse  sur  les  voies 
publiques  devant  les  plus  honnêtes  femnies 
qui  ne  songent  pas  à  s'en  offusquer.  Son 
attribut  particulier  décore  le  haut  des 
portes  à  la  place  même  où  nous  mettrions 
aujourd'hui  une  branche  de  buis,  et  les 
pères  n'en  cachent  pas  l'objet  aux  regards 
de  leurs  filles,  bien  au  contraire  :  c'est 
une  sainte  image. 

11  faut  cependant  noter  cette  nuance, 
que  le  dieu  des  jardins  n'est  pas  un  dieu 
terrible  ;  on  lui  parle  avec  familiarité.  Les 
hommes  le  traitent  en  bon  vivant.  Les 
femmes  le  trouvent  un  peu  ridicule,  mais 
sympathique  et  à  tout  prendre,  elles  n'ont 
pas  peur  de  ce  dont  il  les  menace  à  titre 
de  châtiment.  Une  charmante  petite  pièce 
latine  de  la  meilleure  époque  fait  parler 
un  Priape  des  champs  qui  commence  en 
criant  de  sa  voix  grondeuse  :  «  Insipide 
petite  fille,  de  quoi  ris-tu  ?  Insulsissimaquid 
puella  rides  ?  ?.>,  mais  l'accès  d'hilarité  qui 
avait  saisi  la  fillette  romaine  à  l'aspect  du 
dieu  champêtre  n'a  pas  cédé  à  sa  voix,  car 
avant  la  fin  de  la  pièce  il  lui  reproche  de 
rire  encore. 

Priape  est  donc  un  bonhomme  de  dieu. 
Dans  toutes  les  religions  on  trouve  des 
dieux   ou  des   saints,  auxquels  le  peuple 


s'adresse  avec  familiarité  ;  et  ils  n'en  sont 
pour  cela  ni  moins  divins,  ni  moins  vé- 
nérés à  l'heure  du  culte. 

La  question  des  peintures  libres  est 
plus  complexe.  Sont-elles  purement  phal- 
liques, elles  décorent  aussi  l'entrée  des 
maisons,  comme  on  peut  le  voir  à  la 
porte  des  Vettii, devant  la  plus  somptueuse 
demeure  de  Pcmpéi.  On  a  retrouvé  là  une 
peinture  en  parfait  état  de  conservation, 
représentant  un  homme  qui  pose  dans  une 
balance,  d'un  côté  sa  fortune,  de  l'autre 
sa  virilité  qui  fait  pencher  le  plateau" 
Les  femmes  d'une  des  premières  familles 
pompéiennes  passaient  tous  les  jours 
devant  cette  priapée  pour  rentrer  chez 
elles.  La  question  est  donc  tranchée. 

Les  peintures  erotiques  à  deux  person- 
nages étaient,  par  contre,  dissimulées  ; 
mais  dans  la  plupart  des  cas  on  les  retrouve 
dans  des  maisons  vastes  et  riches,  dont  le 
plan  architectural  exclut  absolument  l'idée 
de  lupanar.  Les  meilleures  sont  encore 
en  place  dans  la  Casa  del  centenaiio  (Pom- 
pei. Région  IX,  ilôt  7),  mise  au  jour  vers 
1890.  D'autres  sont  visibles  dans  la  mai- 
son n'5  i^  de  l'ilot  5,  région  IX,  à  laquelle 
on  avait  attribué  tout  d'abord  une  desti- 
nation reconnue  fausse.  D'autres  décorent 
aussi  la  Casa  Ahiova  et  sont  placées  dans 
une  petite  pièce  située  derrière  la  cui- 
sine, etc.  Presque  toutes  ont  été  décou- 
vertes à  une  époque  récente. 

Mais  nous  voilà  loin  de  la  question  ori- 
ginale qui  concernait  seulement  les  docu- 
ments phalliques  découverts  en  France. 
Comment  n'a-t-on  pas  cité  encore  le  cippe 
tumulaire  trouvé  à  Lectoure  et  reproduit 
dans  GRiVAUD  de  l,i  vincelle,  pi.  XII, 
fig.  =;  ;  les  quinze  phallus  gravés  sur  la 
planche  X  du  même  recueil,  et  surtout  le 
supplément  de  Forgeais,  Plombs  ti cuvés 
dans  la  Seine  (^25  figures).  Voir  aussi 
GUILLAUME,  Bron^es  trouvés  à  Reims  en 
i8j8.^tt  un  grand  nombre  d'autres  publi- 
cations archéologiques  dont  la  bibliogra- 
phie serait  longue  à  établir.     Candide. 

Consulat  conscientiae  suse(L,  161, 
314,  375). —  La  formule  «  Oiator  consulat 
conscientice  suce»,  est  une  formule  d'usage 
ecclésiastique,  et  dont  le  sens  doit  être 
fourni  par  ceux  qui  l'emploient.  C'est 
ainsi  que  le  mot  transubstantiation  a  été 
adopté  par  le  Concile  de  Trente  pour  ex- 
primer le  miracle  de  la  consécration. 


N"  1057, 


L'INTERMEDIAIRE 


695  — 


696 


Or  Consulere  conscicntice  suce  veut  sim- 
plement dire,  <<  qu'il  pourvoie  à  sa  cons- 
cience »,  ou  en  d'autres  termes  qu'il  pense 
au  salut  de  son  àme  (  mis  en  péril  par 
les  faits  qu'on  lui  reproche).  Tel  est  le 
sens  ecclésiastique  constant  de  celte  ex- 
pression. Mais  il  est  aussi  classique.  Ainsi 
Cicéron  a  cette  phrase  :  Consulere  parti 
a'vhtm,  qui  V eut d'irt  s'occuper  d'une  partie 
des  citoyens  ;  Cornélius  Nepos,  Consulere 
mjle pitn'cv,  faire  le  malheur  de  son  pays. 

Quand  une  Congrégation  romaine  en- 
voie Une  pareille  formule  à  une  personne, 
c'est  un  signe  qu'elle  en  reconnaît  la  cul- 
pabilité et  lui  dit  de  prendre  les  mesures 
pour  pourvoir  à  sa  conscience. 

L'erreur  n'est  donc  pas  imputable  au 
rédacteur  romain  qui  a  employé  une  for- 
mule d'usage  constant  dans  sa  chancelle- 
rie, mais  au  traducteur  romaih  qui  n'a 
point  su  se  rendre  compte  d'un  latin  que 
par  état  il  doit  cependant  bien  connaître. 

D-'.  A.  B. 

Le  mot  roman  (L,  447,  591).  —  Je 
possède  un  volume  dépareillé  du  xvm® 
siècle,  auquel  il  manque  la  date, intitulé  : 
Le  spectacle  de  la  nature  ;  au  tome  VII  on 
y  trouve,  pages  189  et  suivantes,  un 
entretien  sur  la  Paléographie  Françoise. 
L'auteur  explique  comment  se  forma  la 
langue  romane  vulgaire  sous  la  première 
race  des  rois  francs  ;  on  l'appela  Saino 
Romamïs.^  et  par  abréviation,  Romans  ou 
Romance. Au  x^  siècle  et  dans  les  suivants, 
le  goût  de  l'étude   tomba  totalement  : 

On  regarda  pour  lors  tomme  utie  langue 
savante,  la  mince  latinité  qui  aidôit  encore  un 
petit  nombre  de  personnes  à  entendre  les 
prières  de  l'Eglise,  et  à  rédiger  les  actes  judi- 
ciaires. Mais  cette  latinité  aussi  barbare  et 
moins  énergique  que  le  Romans,  eut  encore 
Ip  malheur  de  n'être  plus  parlée  nulle  part. 
Elle  se  réfugia  dans  les  écoles,  d'où  le  bon 
goût  a  soilvent  essaye  de  la  débusquer,  et  où 
elle  a  toùjbùrs  cherche  à  se  maintenir  en  vertu 
de  la  coutume.  Mais  n'étant  plus  entendue  ni 
du  gentilhomme,  ni  du  bourgeois,  moins 
encore  de  l'homme  de  campagne,  on  com- 
mença à  faire  beaucoup  plus  d'usage  de  la 
langue  vulgaire  dans  ce  qui  avoit  rapport  au 
public.  On  s'en  servit  plus  communément 
qu'auparavant  pour  l'instruction.  L'usage 
s'introduisit  d'écrire  en  Romans,  et  l'on  don- 
noit  le  nom  de  Romans,  ou  de  Romance,  ou 
de  Romancier,  à  tout  ce  qui  s'écrivoit  en 
langue  vulgaire,  soit  vers,  soit  prose.  Ce 
n'étoit  pas  déshonorer  une  histoire  ou  un  ser- 
mon, que  de  dire  qu'ils  étoient  écrits  en  Ro- 


mans. C'étoit  la  même  chose  que  de  dire 
qu'ils  étoient  écrits  en  François  :  expression 
qui  n'auroit  pas  été  juste  dans  les  commence- 
mens  de  la  monarchie  où  ce  dernier  terme 
auroît  signifié  non  la  langue  vulgaire  des 
François,  mais  la  vieille  langue  Franque  ou 
Allemande  qu'ils  avoient  quittée.  Les  contes 
de  chevalerie,  qu'on  fit  pour  amuser  les  Croi- 
sés quand  ils  étoient  dans  l'inaction,  étant 
bien  reçus  par  tout,  le  Romans  prit  à  son 
tour  plus  de  laveur  que  jamais.  On  ne  parloit 
plus  que  de  lire  ou  d'écrire  le  Romans  ;  ce 
qui  signifioit  aimer  la  lecture  ou  la  composi- 
tion des  livres  François.  Ces  livres,  pleins 
pour  la  plupart  d'avantures  imaginaires,  plu- 
rent par  la  facilité  même  de  les  entendre,  et 
par  un  effet  de  leur  conformité  avec  tous  les 
désordres  du  coeur  humain. Le  nom  de  Romans 
leur  est  demeuré, et  on  le  donne  encore  à  tout 
ce  qui  est  propre  à  corrompre  l'esprit  par  un 
faux  merveilleux. 

Cette  citation  est  un  peu  longue,  mais 
elle  répond  bien  à  la  question ._ 

D.   DÈS  É. 

Cimer.  sim6r(L,  395, 537.  591,650). 
—  C'est  bien  cimer  qu'il  faut  écrire  :  ce 
mot  vient  de  cime  et  veut  dire  remuer  par 
le  faite,  par  la  citne, d'où  l'expression  usitée 
dans  les  campagnes  du  Nivernais  et  du 
Morvand  et  dont  M.  Ln.  G.  donne  l'équi- 
valent :  Il  na  pas  cime,  c'est-à-dire  il  n'a 
rien  dit,  il  est  resté  coi.  T. 

Borie  ne  serait-ce  pas  métairie  ^ 

(XLIX  ;  L,  484,  590-  —  ^^  "'y  ^  pas  de 
doute,  c'est  même  l'expression  méridionale 
usuelle. 

Nous  ajouterons  même  que  les  expres- 
sions borie,  borde,  grange,  bastide,  mas, 
ne  sont  autre  chose  que  des  synonymes 
des  noms  français,  ferme,  métairie,  cense^ 
masure,  ménil,  manoir,  mense, 

Etymologiquement  parlant,  d'ailleurs, 
le  mot  borie  vient  de  la  basse  latinité 
boria  qui  signifie  fond  de  terre,  maison  de 
campagne,  dérivé  du  latin  hoaria,  étable 
à  bœufs. 

En  Languedoc,  on  dit  hori,  borio  ;  boii- 
vrio  en  rouergue  ;  hur  en  vieil  allemand  ; 
casan  en  Provence,  La  Borie,  Laborie,  Les 
Bories,  Bory,  Borie,  sont  des  noms  de 
lieu  et  de  famille  très  fréquents  en  Gas- 
cogne, Languedoc  et  Périgord. 

Elie  Gil. 


Le  canot  automobile  (L,  449,  592 
—  11   faut    souhaiter   que   l'on  arrête  au 
passage  cette  expression  ridicule  d'auto- 


)■ 
au 


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( 


canot.  Automobile  devrait  suffire  au 
bonheur  de  la  laneue  française.  Il  est 
certain  que  le  terme  logique  pour  voiture 
automobile  était  simplement  voiture  auto- 
matique (ou  absolument  automate),  oii  si 
on  voulait  à  toute  force  un  hybride  gré- 
co-latin :  auiomotive.  Mais  l'usage  nous  a 
imposé  ce  stupide  néologisme  :  automo- 
bile qui  ne  signifie  d'abord  que  le  contraire 
de  ce  qu'on  veut  lui  faire  dire  puisque 
mobile  est  une  forme  passive  n'impliquant 
nullement  une  action  spontanée  et  auto- 
nome, mais  qui  de  plus  a  perdu  sa  moitié 
essentielle  pour  se  voir  réduit  à  ce  simple 
suffixe  <s  auto  ».  N'est-ce  point  un  titre  à 
faire  rêver  que  celui-ci  qu'étalent  tous  les 
journaux  : 

ALGER-TOULON  AUTOMOBILE 

Pourquoi  n'avoir  point  nommé  la  nou- 
velle science  aiito-naut/que,  comme  on 
dit  l'économique,  la  politique,  —  la  racine 
grecque  yaù;  est  admirable  :  elle  donne 
d'abord  des  diminutifs,  ensuile  et  surtout 
elle  a  par  elle-même  une  signification 
puisqu'elle  provient  directement  du  verbe 
véu  qui  exprime  l'action  de  nager, de  ramer  : 
àùrdvxu;  qui  rame  par  soi-même  est  donc 
un  peu  plus  logique  qu'auto-canot,  puis- 
que tout  canot  est  par  destination  canot 
de  lui-même  et  par  lui-même. 

Mais,  de  plus,  auto-nautique  nous  don- 
nerait auto-iiautisme  pOur  l'application 
pratique,  puis  le  diminutif  auto-nantile 
a.hzovxùrù'Ji  qui  aurait  l'avantage  de  faire 
figure  d'homologue  à  auto-mobile  :  nous 
aurions  même  au  besoin  auto-nautes. 

N'est-ce  point  un  séduisant  parrainage 
pour  la  navigation  de  l'avenir  que  celui 
des  fabuleux  Argonautes  qui  voguèrent 
à  la  conquête  de  la  Toison  d'Or,  ou  même 
celui  des  rhoins  légendaires  Nautes  pa- 
risiens dont  la  corporation  fonda  Lutèce. 

M.R. 

îl  y  a  belle  lurette  (L,  447,  596^. — 
Littré,  au  mot  Lurette^  supplément: 

ïernae  iamilier  et  de  fantaisie  qui  ne  se 
dit  que  dans  cette  locution: il  y  a  belle  lu- 
rette, il  y  a  longtemps.  Etym  :  corruption 
de  belle  heurette. 

J.  Lt. 

Aîa  bonne  heuro  !  (L,  564).  —  Le 
Courrier  de  l^auoeîas  (Vll,C)i)  donne  cette 
explication,  avec  exemples  à  l'appui  : 

L'expression  à  la  bonne  heure^qui  avait 
en    quelque  sorte,  comme  pendant  à   la 


maie  heure,a.  été  autrefois  en  usage  dans  le 
sens  de  par  bonheur^  heureusement.  Puis, 
par  extension,  à  la  bonne  heure  a  fini  par 
s'employer  comme  terme  d'assentiment, 
de  félicitation.  Enfin,  attendu  que,  géné- 
ralement, on  approuve  quelqu'un  qui 
répond  bien  à  une  question  qu'ori  lui 
adresse,  et  que,  dans  le  cas  où  il  le  fait 
du  premier  coup,  on  lui  dit  :  c'est  bien,  ou 
c'est  très  bien^on  a  réservé  à  la  bonne  heure 
pour  celui  où  une  réponse  satisfaisante  ne 
vient  qu'après  une  ou  plusieurs  qui  ne 
l'ont  pas  été. 

Voir  aussi  Littré,  Hai^feld.      J.  Lt. 

Inhumations  hors  des  cimetières 

(XLVin;XLIX;L,  191,316,437,530,  ôot, 
6'^À).  —  Dans  la  commune  de  Lormes 
(Nièvre),  au  village  de  Fréfontaine,datis  le 
parc  d'une  maison  de  campagne  apparte- 
nant à  la  famille  Heulhard  de  Montigny,  il 
existe  une  petite  chapelle  où  sont  enterrés 
deux  membres  decette famille: M.Charles- 
Gilbert  Heulhart  de  Montigny,  président 
de  chambre  honoraire  à  la  Cour  de  Bourges, 
mort  à  Lormes  le  12  janvier  1872,  à  l'âge 
de  cent  ans  et  2  mois,  et  Marie-Philibert- 
Eugène  son  fils,  sous-préfet  de  V^  classe 
en  retraite,  mort  à  l'âge  de  79 ans.     T. 

Droit  de  navàge(L,267).—  Là  famille 
Saiisoii.  —  L'Intermédiaire  reproduit  une 
lettre  de  l'exécuteur  Sansdn  qui  expose 
que  «  l'exécuteur  de  Paris  percevoit  un 
droit  que  l'on  appelloit  droit  de  Navage  i>: 

<i  Cette  perception  se  faisoit  à  l'entrée  des 
portes  de  la  ville  et  sur  les  marchés  sur 
chaque  espèce  en  grains,  légumes  et  au- 
tres comestible  ». 

Les  Annales  politiques  et  littéraiyes  (18 
septembre  1904,  p.  183)  disent  que 
«  parmi  les  droits  qui  étaient  concédés  au 
bourreau,  il  y  avait  celui  du  lavage,  qui 
lui  permettait  de  lever  un  impôt  sur  les 
herbages,  légumes  verts  et  céréales  que, 
chaque  marchand  exposait  en  vente  sur  le 
carré  de  la  halle  ». 

Je  ne  trouve  nulle  part  ni  navage.^  m 
lavage  ;  mais  le  Dictionnaire  de  Jrévoux 
donne  : 

Levage.  Terme  de  coutumes.  Dans  l'An- 
jou et  dans  leMaine  le  levage  est  un  droit 
appartenant  au  Seigneur  Justicier  :  il  se 
lève  sur  les  denrées  qui  ont  séjourné  huit 
jours  en  son  fief,  et  y  ont  été  vendues  et 
transportées  ailleurs  ;  c'est  l'acheteur  qui 
paye  ce  droit  au  seigneur. 


N*   1057 


L'INTERMEDIAIRE 


699 


700 


Le  Glossaire  français  de  Du  Gange,  le 
Glossaire  de  la  langue  romane  de  Roque- 
fort, donnent  également  levage  avec  le 
même  sens. 

Comment  doit  s'appeler  le  droit  qui 
constituait  les  émoluments  du  bourreau 
et  qui  fut  supprimé  sous  la  Régence  en 
1721  el  remplacé  par  un  traitement 
fixe  ?  J.  Lt. 

Grammaire  catalane  (XLVIII,  839, 
985,XLIX,  36,  ).  —  La  grammaire  cata- 
lane, publiée  par  L'Avenç  de  Barcelone, 
est  en  langue  catalane,  tandis  qu'on  de- 
mande une  grammaire  écrite  en  français. 
Luigari  a  publié  une  Grannnaiie  Cafalàne- 
Fra/içaise  (Perpignan,  Alzine,  1852). 

F.-B. 

Le  Jocelyn  de  Lamartine  (XLIX, 
224,312,370).  —  C'est  l'abbéDumont, ami 
et  contemporain  de  Lamartine,  qui  était 
curé  de  la  petite  paroisse  de  Bussières,  à 
côté  de  Milly.  Bibl.   Mag. 

Catalogues  pour  ventes  de  vieux 
livres  (XLIX,  842,  991  ;  L,  91  ;  201, 
310,  426).  —  Le  système  de  vente  à 
l'amiable  àjours  et  à  heures  pris  d'avance 
est  toujours  en  usage  à  Florence.  C'est 
très-commode  pour  l'acheteur  qui  peut 
consulter  les  livres  à  loisir  le  matin  du 
jour  de  la  vente,  le  catalogue  du  libraire 
à  la  main.  Les  ventes  durent  générale- 
ment une  semaine.       Uu  bouquiniste. 

Collection  de  gravures  prove- 
nant do  journaux  illustrés  (XLIII, 
XLIV,  ici).  —  Un  de  mes  amis  a  formé 
une  collection  considérable  sur  la  typo- 
graphie parisienne,  dont  plus  de  la  moi- 
tié provient  des  journaux  illustrés.  Moi- 
même,  je  réunis  ainsi  toutes  les  pièces 
que  je  trouve  sur  l'imprimerie, l'ornemen- 
tation bibliographique, portraits  de  biblio- 
philes et  tout  ce  qui  touche  au  livre  en 
France.  Avis  aux  confrères,  pour  échange 

ou  dons   gratuits  que  j'accepterais et 

ferais  aussi.  J.-C.  Wigg. 

Il  n'y  a  pas  que...  il  n'est  pas 
que  (XLVIII,  224,  371,  491,  602,  708, 
766,  885  ;  XLIX,  939;  L,  38,  151). 
—  N'en  déplaise  à  M.R.G.et  à  feu  Vauge- 
las,  l'usage  et  la  règle  sont  deux  choses, 


distinctes  :  il  y  a,  même  dans  le  langage, 
des  usages  bons  et  des  usages  mauvais, 
c'est  par  la  règle  qu'on  les  distingue  ;  il 
faut  une  police  partout.  Il  n'est  pas  exact 
d'ailleurs  de  prétendre  que  c'est  le  peu- 
ple, c'est-à-dire  la  masse  qui  ait  fait  la 
langue  ;  l'élite  intellectuelle  c'est-à-dire 
les  écrivains,  les  lettrés,  les  savants,  en 
un  mot  tous  ceux  qui  ont  acquis  de  l'ins- 
truction et  du  savoir, y  est  bien,  je  pense, 
aussi  pour  quelque  chose.  Le  peuple,  lui, 
fait  la  langue  comme  il  a  fait  les  chemins 
de  fer,  les  routes,  les  canaux,  mais  pas 
tout  seul.  Et  n'est-ce  pas  un  devoir  que  de 
l'empêcher  de  détériorier  ou  de  détruire 
l'ouvrage  commun,  et  de  se  nuire  à  lui- 
même  ?  La  loi  du  nombre  est  absurde  ; 
elle  conduit  au  triomphe  de  la  sottise  ; 
on  ne  la  voit  apparaître  que  chez  les 
peuples  en  décadence,  dont  elle  présage 
la  fin  prochaine. 

Pour  en  revenir  au  langage,  il  n'est  pas 
exact  non  plus  de  dire,  avec  M.  R.  G. que 
«  les  mots  et  les  locutions  n'ont  qu'un 
sens,  celui  que  leur  donne  l'usage  ».  Il 
y  a  des  mots,  des  phrases,  qui  ont  été 
créés  avant  l'usage,  avec  un  sens  bien 
défini  ;  les  mots  et  les  locutions  scienti- 
fiques inventés  depuis  soixante  ans,  sont 
dans  ce  cas  ;  à  des  choses  nouvelles  il 
faut  des  mots  nouveaux,  et  le  toul  le 
monde  de  M.  R.  G.  n'y  est  pour  rien,  car 
il  n'est  pas,  fort  heureusement,  aussi  sou- 
verain qu'il  en  a  l'air. 

M.  R.  G.  qui  prétend  que  si  on  écou- 
tait les  grammairiens,  on  ne  pourrait  plus 
ouvrir  la  bouche,  aurait  pu  ajouter  ;  ni 
tenir  la  plume  ;  car  il  aime  en  prendre  à 
son  aise,  surtout  quand  il  écrit  :  Le  jour 
que  l'usage  dit...  Ceci  me  rappelle  un 
amateur  de  violon  avec  lequel  j'exécutais 
une  partie  de  piano, et  qui  ne  tenait  aucun 
compte  de  la  mesure  ;  comme  je  le  priais 
de  compter  ses  temps,  il  s'écria  :  «  Ah  ! 
s'il  faut  aller  en  mesure,  c'est  ennuyeux  ! 
Moi  je  fais  de  la  musique  pour  m'amu- 
ser,  je  ne  compte  jamais  les  temps  !  >^ 

Si  tout  le  monde  peut  faire  ce  qui  lui 
plait  et  dire  impunément  qu'un  carré  est 
rond,  ou  de  l'Eau  d'anum  pour  du  lauda- 
num (j'ai  même  connu  un  méridional 
qui  disait  de  VEau  d'ânon),  un  centimètre 
pour  un  mètre,  et  un  centime  pour  un 
franc,  les  grammaires,  les  dictionnaires, 
l'orthographe  (déjà  mutilée  d'ailleurs), 
les  écoles,  les  professeurs,  même   et  sur- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novembre 


1904, 


701 


702 


tout  l'Académie,  deviennent  parfaitement 
inutiles. 

Lorsque  toutes  ces  choses  gênantes  au- 
ront disparu,  M.  Tout  le  monde , ne.  se  con- 
tentera plus  d'avoir  créé  l'Eau  danum  : 
l"huile  de  ricin  deviendra  promptement- 
de  l'huile  d'hérisson  ou  de  l'huile  d'Henri 
cinq  ;  le  sulfate  de  cuivre,  de  la  surface  de 
cuistre  ;  le  sulfate  de  zinc,  de  la  surface 
des  Indes  ;  le  nitrate  d'argent  de  la  mi- 
traille d'argent  ou  du  Mithridate  ;  le  sirop 
de  Désessarts,  du  sirop  des  Césars  ;  l'ou- 
vrier qui  aura  un  mal  de  gorge,  se  plain- 
dra de  ne  plus  pouvoir  avaler  son  sa- 
laire, et  celui  qui  aura  un  eczéma  du  cuir 
chevelu,  priera  son  médecin  de  lui  ôter 
l'examen  qu'il  a  dans  la  tête  ;  on  enten- 
dra une  petite  maîtresse  dire  qu'elle  est 
crottée  jusqu'au  barbet  ;  une  dame  du 
monde  s'écrier  en  regardant  le  vaisseau 
de  Notre-Dame  :  Quelle  jolie  nèfle  ! 

Nous  verrons  ainsi  persister  et  s'accroî- 
tre les  usages  singuliers  et  la  déraison, 
qui  d'après  M.  R.  G.,  régnent  dans  les 
langues,  ainsi  que  les  absurdités  que,  se- 
lon lui,  on  trouvera)'  douzaines  chez  les 
grands  écrivains  français. 

Mais  M.  R.  G.,  fort  heureusement,  va 
nous  fournir  lui-même  des  armes  pour  le 
vaincre.  Pour  prouver  que  nous  disons 
qu'un  canr'  est  rond^  il  cite  comme  exem- 
ple :  un  cadran  est  rond,  et  il  ajoute  que 
cadran,  c'est  le  latin  qiiadrans,  qui  signi- 
fie carré.  C'est  là  une  erreur  qu'il  partage 
d'ailleurs  avec  Bescherelle,  Larousse,  Lit- 
tré,  etc.  Qiiadrans  n'a  jamais  signifié 
carré  ;  il  signifiait  un  quart,  un  quartier, 
la  quatrième  partie  d'une  chose  ;  on  s'en 
servait  pour  désigner  le  quart  de  la  mon- 
naie romaine  connue  sous  le  nom  d'as,  le 
quart  d'une  mesure  ;  quadrans  pedis^  le 
quart  du  pied.  Un  carré,  c'est  quadratiim. 

Le  mot  cadran  (quadrans)  vient  de  ce 
que  les  premiers  cadrans,  qui  étaient  des 
cadrans  solaires,  avaient  surtout  la  forme 
d'un  quart  de  cercle  (et  non  d'un  carré), 
comme  d'ailleurs  l'instrument  de  marine 
appelé  quart,  qui  s'est  aussi  appelé  qua- 
dran  ;  en  trigonométrie,  ce  mot  signifie 
un  quart  de  cercle  ;  il  a  servi  aussi  autre- 
fois pour  désigner  la  figuration  du  globe 
terrestre,  lorsque  celui-ci  était  représenté 
coupé  en  quatre  quartiers  par  l'équateur 
et  le  méridien  {Glossaire  de  du  Cange).  Le 
mot  cadre  a  eu  la  même  signification,   on 


disait  :  la  derraine  cadre  de  la  lune,   pour 
le  dernier  quartier  de  la  lune. 

Ce  qui  précède  démontre  péremptoire- 
ment qu'il  ne  suffit  pas  que  tout  le  inonde^ 
en  matière  de  langage  dise  une  absurdité, 
pour  que  cette  absurdité  devienne  raison- 
nable ;  car  M.  R.  G.,  en  admettant  sans 
examen,  avec  M.  tout  le  monde,  que  ca- 
dran veut  dire  carré,  a  été  conduit  à  faire 
une  appréciation  erronée  de  la  locution  ; 
Ml  cadran  est  rond.  D'où  la  nécessité  de 
corriger  M.  tout  le  monde,  quand  il  a  tort, 
pour  ne  pas  être  exposés  à  nous  tromper 
sans  cesse.  O.  D. 

Rue  de  la  Paroisse  (XLVl).  —  Il  est 
impossible  qu'il  se  soit  trouvé  une  rue  de 
la  Paroisse  dans  la  section  de  l'Unité,  par 
l'excellente  raison  qu'il  n'y  avait  pas 
d'église  paroissiale  dans  son  périmètre, 
et  qu'il  n'y  avait  aucune  rue  conduisant 
directement  à  Saint-Sulpice,  dont  elle  dé- 
pendait. 

11  y  a  évidemment  une  faute  d'impres- 
sion dans  le  Moniteur.  Gomboust. 

Rue  Antoine  (XLVIIl,  506).  —  La 
rue  Antoine  ne  saurait  être  que  la  rue 
Saint-Antoine,  et  la  rue  ci-devant  Royale 
la  rue  de  Birague,  qui  a  pris  ce  dernier 
nom  par   arrêté  préfectoral   du  24    août 

1864.  Gomboust. 

* 

*  m 

A  l'époque  révolutionnaire,  les  nom* 
de  saints  ayant  été  supprimés,  la  rue 
Saint-Antoine  portait  le  nom  de  rue  An- 
toine. Dans  cette  rue  tombait  à  hauteur 
de  la  rue  Beautreillis  une  rue  Royale  qui 
allait  de  la  place  Royale,  actuellement 
place  des  Vosges,  à  la  rue  Saint-Antoine. 

Il  y  avait  une  autre  rue  Royale,  allant 
de  la  rue  des  Petits-Champs  à  la  rue  Thé- 
rèse. 

Elle  débouchait  au  nord,  en  face  de 
l'hôtel  Pontchartrain,  et  se  prolongeait 
au  sud  par  la  rue  des  Moulins,  dont 
elle  a  pris  le  nom  actuellement.  La 
maison  de  l'éditeur  de  la  gravure  citée 
par  M.  J.  C.  Wigg,  portait  le  n»  216,  ce 
qui  indique  qu'elle  se  trouvait  dans  une 
rue  très  longue.  Celle-ci  ne  pouvait  être 
ni  la  rue  des  Petits-Champs  qui  a  tou- 
jours conservé  son  nom,  ni  la  rue  Thé- 
rèse qui  était  très  courte.  La  maison  en 
question  était  donc  à  l'angle   de  la  pre- 


N.   1057. 


L'INTERMÉDIAIRE 


—  703 


704    - 


mière  rue  Royale  et   de  la   rue   Saint-An- 
toine actuelle. 

(Voir  le  plan  de  Paris  de  l'abbé  Dela- 
grive  pour  servir  au  IV*  tome  du  Traité 
de  la  Police.  Paris,  1735). 

Ivan  d'Assof. 

Pour  MM.  Léda,  Leclerc,  et  Nobody, 
la  rue  Antoine  est  la  rue  Saint-Antoine, 
e|:  la  rue  Royale,  la  rue  de  Birague. 

Origine  du  nom  de  Jourdain  dans 
risle  Jourdain  (Vienne)  (L,  218, 
357).  —  Il  existe  également  dans  le  Gers 
un  canton  du  nom  de  l'isle  Jourdain.  A 
propos  de  celui  de  la  Vienne,  on  a  parlé 
d'un  Jourdain  du  Pin,  seigneur  de  l'isle, 
en  demandant  s"il  n'aurait  pas  donné  son 
nom  à  risle  (Vienne).  Peut-être  ;  mais 
il  est  plus  probable  que  les  du  Pin,  dont 
il  y  a  eu  plusieurs  seigneurs  du  nom  de 
Jourdain,  ont  donné  leur  nom  a  l'isle 
(Gers).  Dans  la  Gascogne,  le  Coorsin  et 
l'Agénois,  il  existe  encore  plusieurs  bran- 
ches de  la  famille  du  Pin.  Un  détail  cu- 
rieux à  propos  de  l'isle  Jourdain  du  Gers  : 
le  comté  fut  octroyé,  en  1772,  à  Jean 
du  Barry,  frère  de  Guillaume  du  Barry, 
mari  de  la  fameuse  maîtresse  royale, 

B.-F. 

Julien,  domestique  de  Chateau- 
briand (L,  554).  —  Le  collabo  M.  me 
met  trop  aimablement  en  cause  pour  que 
je  n'essaie  pas  de  lui  donner  satisfaction. 

Mais,  hélas  !  les  documents  certains 
sont  bien  minces  pour  que  le  flair  qu'il 
veut  m' attribuer  soit  suffisant.  Et  puis  je 
ne  crois  pas  au  flair  en  matières  histori- 
ques ;  le  flair,  fût-il  d'artilleur,  fùt-il  de 
policier,  ne  me  parait  pas  suffisant  pour 
conduire  la  chasse  et  sonner  l'hallali  ! 

Mon  mode  de  recherche  est  plus  maté- 
riel que  le  flair,  plus  terre  ^  terre.  Si 
vous  le  voulez  bien,  je  ferai  ma  démons- 
tration en  cherchant  avec  vous,  ô  col- 
labo M,  trop  heureux  si  mon  procédé 
d'ouvrier  d'histoire  peut  être  uti|e  aux 
jeunes  ;  les  autres  en  savent  autant  que 
moi. 

L'Itinéraire  de  Julien,  cela  sonne  bien. 
On  songe  d'abord  à  l'Itinéraire  d'Antonin 
et  on  cherche  machinalernent  la  carte  de 
Peutinger. 

Voyons  d'abord  comment  se  pose  le 
problème.  Quels  sont  nos  a,  Z>,  f,  d,...  et 
nos  X,  y,:^  : 


a.  Etant  donné  un  homme  qui  s'appelle 
julien,  qui  avait  46  ans  en  1806,  nous 
pouvons  assurer  qb'il  est  né  en  1760,  un 
peu  avant  ou  un  peu  après. 

h.  Chateaubriand  ayant  parlé  de  sa 
mort  en  1839,  nous  pouvons  assurer 
qu'il  est  mort  au  plus  tard  en  1839  et 
dans  un  hospice  de  vieillards  à  Paris  ou 
près  de  Paris. 

c.  Chateaubriand  ayant  eu  besoin  de 
l'appui  de  quelqu'un  pour  faire  entrer 
Julien  dans  le  dit  hospice,  ce  n'est  donc 
pas  pendant  la  Restauration  ;  ce  quelqu'un 
étant  Joubert,  mort  en  182^,  c'est  donc 
avant  181 5  qu'il  y  est  entré  et  pas  après 
1830. 

d.  En  1806,  à  des  dates  précises,  Julien 
s'est  embarqué  à Trieste,  Smyrne,  Alexan- 
drie, Tunis, 

Qii'est-ce  que  je  cherche  ? 

X.  Le  nom  de  famille  de  Julien. 

y.  La  date  de  sa  mort, 

et  si  possible 

^.   le  lieu  et  la  date  de  sa  naissance. 

Q.ue  vais-je  faire  .?  Que  puis-je  faire  ? 

1"  Je  me  suis  adressé  à  l'Assistance  pu- 
blique pour  rechercher  dans  les  registres 
de  Bicêtre  et  de  Sainte-Perrine  si  un 
nommé  Julien  X,  né  vers  1760,  n'est  pas 
mort  dans  un  de  ses  asiles. 

Que  j'en  trouve  un,  deux,  trois...  par 
des  recoupes  à  l'état-civil,  j'arriverai  Cer- 
tainement à  identifler  mon  personnage  et 
du  même  coup,  je  connaîtrai  a;  et  ji/  et 
probablement  {. 

2°  En  attendant,  j'ai  écrit  aux  consuls 
de  France  à  Trieste,  Smyrne,  Alexandrie 
et  Tunis  pour  savoir  si  dans  leurs  archi- 
ves ils  ne  trouvent  pas  trace  du  passage 
de  Chateaubriand  et  de  Julien  dans  leurs 
ports  aux  dates  indiquées. 

Si  oui,  j'aurai  x  et  à  l'état-civil  je  trou- 
verai V  et  probablement  {.  C'est  tout. 

J'ai  déjà  reçu  du  très  aimable  consul 
général  à  Trieste,  M.  de  Laigne,  une  ré- 
ponse qui,  pour  nêtre  pas  favorable, 
n  est  pas  non  plus  désespérée.  L'affaire 
est  en  bonnes  mains  ;  M.  de  Laigne  est 
un  confrère,  rnembre  de  l'Académie 
Royale  espagnole  d'Histoire,  correspon- 
dant du  Ministère  d§  rinstructiori  publi- 
que, etc. 

Voici  ce  qu'il  a  bien  voulu  me  repon- 
dre :  .  ,      j 

«  Malheureusement,  bien  que  les  do- 
cuments conservés  en  Chancellerie  soient 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


705 


10  Novembre 
706  


1904» 


en  parfait  état  sous  tous  égards, il  n'existe 
aucune  trace  des  passeports  délivrés  en 
i8o6,  le  plus  ancien  registre  afférent  à 
ces  titres  de  voyage  datant  de  1850  seu- 
lement. 

«  Néanmoins,  le  scrupuleux  compul- 
saire  auquel,  sous  ma  direction,  s'est 
livré  le  vice-consul,  a  établi  qu'à  l'épo- 
que indiquée,  le  titulaire  du  Consulat 
était  non  M.  de  la  Garde,  mais  M.  de 
Seguier,  membre  de  la  Légion  d'hon- 
neur, chevalier  de  l'Empire.  Peut-être 
M.  dp  la  Garde  était-il  au  nombre  des 
officiers  consulaires,  et  comme  tel  gérait- 
îl  alors  le  poste  de  Trieste. 

<<  Quoi  qu'il  en  puisse  être...  je  vais 
faire  des  démarches  afin  de  savoir  si, 
dans  les  dépôts  de  pièces  existant  auprès 
des  autorités  locales,  l'on  trouverait  trace 
des  rôles  d'équipages  et  de  passagers  re- 
montant à  la  date  même  que  vous  indi- 
quez... » 

Si  nos  recherches  sont  couronnées  de 
succès,  nous  trouverons  ensuite,  non 
seulement  x^y,:(,  mais  encore  l'état  social 
de  Julien  :  était-il  marié  .?  le  nom  de  sa 
femme  ?  l'état  de  sa  succession  .?  ses  des- 
cendants ^  ses  papiers.  Après  tout,  Cha- 
teaubriand n'a  peut-être  été  que  le  vil 
plagiaire  de  Julien  ;  peut-être  en  aurons- 
nous  la  preuve  par  devant  notaire.  Je 
m'arrête,  nous  en  saurions  trop. 

Vous  voyez,  cher  collabo  M,  qu'il  n'y  a 
dans  tout  cela  ni  flair  ni  tour  de  passe- 
passe  et  que  si  vous  continuez  les  recher- 
ches à  ma  place,  vous  arriverez  infailli- 
blement au  même  résultat  que  moi. 
Attendons  le  courrier  du  Levant  et  celui 
de  l'avenue  Victoria.  J.  G.  Bord. 

Livre   ignoré    sur   Louis  XVII 

(L,  106,  355),  —  La  Légitimité  (novem- 
bre 1904)  fait  suivre  la  réponse  de  M. 
Souviron  (L,  355)  de  ce  questionnaire. 

A  notre  tour,  de  poser  deux  questions  à 
V Intermédiaire,  avec  prière  à  ses  lecteurs 
d'y  répondre. 

D'abord,  quelqu'un  d'entre  eux  pourrait-il 
nous  dire  pourquoi  Tabbé  Edgeworth  de 
Firmont,  mort  en  1807,  ne  protesta  point 
contre  les  allures  romanesques  du  Cimetière 
de  la  Madeleine^  ouvrage  qu'il  devait  assu- 
rément connaître  et  qui  était  de  nature  à 
fausser  déjà  l'histoire  au  sujet  du  Dauphin  ? 
Serait-ce  parce  que  son  ambitieux  pénitent, 
si  avide  de  régner,  et  désireux  de  faire  perdre 
la  vraie  piste  de  son  neveu  évadé,  aurait  usé 
à  son   égard    d'une   rouerie  bien    digne    de 


lui  ?  —  Peu  importait  sans  doute  au  prince 
usurpateur  l'aveu  de  l'évasion  de  Louis  XVII, 
du  moment  où  on  le  faisait  mourir  ensuite 
prématurément.  —  Eh  I  qui  sait  même  si 
cet  oncle  machiavélique  ne  fut  pas  un  inspi- 
rateur de  Regnault-Warin  ? 

Ensuite,  —  seconde  question,  —  si  le  Ci- 
metière de  la  Madeleine  n'eût  été  qu'un 
roman  pur  et  simple  sans  aucun  fond  de  vé- 
rité, comment  nous  expliquera-t-on  ces  lignes 
mystérieuses  du  Grand  Dictionnaire  univer- 
sel de  Pierre  Larousse,  au  nom  de  Reç-nault- 
Warin  :  «  Arrêté  en  1801  pour  un  ouvrage 
royaliste  intitulé  le  Cimetière  de  la  Made- 
leine (4  vol.  in-12).  il  dut  sa  liberté  à  l'in- 
tercession de  Joséphine  auprès  du  Premier 
Consul»?  —  N'oublions  pas  que  Joséphine 
fut  l'ange  tutélaire  du  Dauphin,  après  avoir 
été  l'une  de  ses  libératrices,  de  l'aveu  de 
l'ex-impératrice  Eugénie,  veuve  de  Napo- 
léon III.  —  Citons  encore  ces  aatres  lignes 
non  moins  précises  de  la  Biographie  univer- 
selle de  Michaud  :  «  Cet  ouvrage  eut  un 
succès  dont  il  faut  attribuer  au  moins  une 
partie  à  l'intérêt  du  sujet.  C'était  du  reste  à 
cette  époque  un  acte  de  courage  et  qui  attira 
sur  l'auteur  toutes  les  haines  du  parti  révo- 
lutionnaire encore  très  puissant.  Le  livre  fut 
saisi  par  la  police  consulaire,  et  l'auteur,  mis 
en  arrtstation,  n'en  sortit  que  par  l'interven- 
tion de  Madame  Bonaparte  qui  l'avait  lu  et 
qui  avait  pleuré  sur  les  malheurs  de  la  fa- 
mille royale.  »  —  Pourquoi  donc  cet  empri- 
sonnement plus  qu'étrange  d'un  romancier, 
sinon  parce  que — comme  il  l'observe  lui-même 
dans  la  Chronique  indiscrète  du  XIX^  siècle 

—    «   IL   MARIA   LA   FICTION    A     l'hISTOIRE  et  publïa 

son  Cimetière  de  la  Madeleine  »  ? 

Il  y  a  là,  pensons-nous,  matière  assez  in- 
téressante à  creuser  et  à  tirer  au  clair  pour 
les  infatigables  Chercheurs  et  Curieux  de 
V  Intermédiaire. 

Enfin,  une  dernière  question,  toute  simple, 
celle-là  :  Quelle  pouvait' bien  être  cette  du- 
chesse de  V...  mentionnée  au  tome  IV,  page 
142,  du  Cimetière  de  la  Madeleine  ? 

Alexis  Dubosc. 


Le  plus  ressemblant  des  portraits 
de  Napoléon  (L,  555).  — Une  personne 
de  ma  famille,  qui  avait  souvent  vu  Na- 
poléon, disait  que  le  plus  ressemblant  de 
ses  portraits  était  la  pièce  de  cent  sous. 
—  Il  existe  un  croquis  fort  curieux  fait  sur 
le  Bellerophon,  par  Planât  de  la  Paye, 
officier  d'ordonnance  de  l'Empereur.  Il  doit 
être  au  cabinet  des  Estampes. 

M.  L.  D.  P. 

*"* 
Tous  les  portraits  ofTicielsde  l'empereur 
sont  évidemment  suspects. 


N°   «057 


L'INTERMEDIAIRE 


707 


708 


Une  gravure  représentant  Napoléon  l*'', 
faisant  partie  de  la  collection  du  comte 
Primoli.  porte  l'attestation  suivante  écrite 
par  le  prince  ("labrielli  ;  «  Seul  portrait  de 
l'empereur  Napoléon  Bonaparte  qui  lui 
ressemble,  acheté  à  Paris  par  le  prince 
Dom  Pierre  Gabrielli  en  décembre  1809  ». 
Le  dessin  est  de  Vigneux,  la  gravure 
d'Henry.  —  Si  profonds  qu'aient  été  les 
changements  survenus  avec  l'âge  dans  la 
personne  physique  de  Napoléon,  ils  ne 
peuvent  vraiment  suffire  pour  expliquer 
l'énorme  dissemblance  qui  existe  entre  ce 
portrait  et  celui  de  Bonaparte  au  pont 
d'Arcole  par  Gros.  La  ressemblance  de  ce 
dernier  nous  est  cependant  affirmée  par 
Stendhal  :  «  c'est  le  seul  de  cette  époque 
ressemblant  »,  écrit-il  dans  la  Vie  de  Na- 
poléon . 

Plusieurs  croquis  exécutés  par  Girodet 
d'après  nature,  et  à  l'insu  de  l'empereur, 
paraissent  très  vivants  et  sont  sans  doute 
ressemblants.  L'un  d'eux  fait  partie  de  la 
collection  de  M.  Chéramy. 

Ramuntcho. 

Les  colonies  françaises  protes- 
tantes en  Allemagne  (L,  614).  — 
Dans  les  très  intéressants  Mémoires  du 
B:V-on  de  Tricornot,  puhWés  en  1894,  cet 
officier  mentionne  la  rencontre  qu'il  fit, 
au  cours  de  la  campagne  de  1760  ou 
1762,  en  Allemagne,  de  réfugiés  protes- 
tants français  ayant  conservé  leur  langue 
et  leurs  habitudes. 

S.  Churchill. 

Le   chien   de   Jean   de    Nivel;e 

(XLVII;  XLVIII  ;  L,  380,  463,  ^-ji,  629). 
—  M.  Ed.  Marc  a  tort  de  penser.  Lors- 
qu'il s'agit  d'une  question  historique,  si 
minime  qu'elle  puisse  être,  il  vaut  mieux 
prouver  que  penser  et  dire.  M.  Marc  ne 
paraît  pas  être  instruit  des  publications 
belges  qui  se  rapportent  au  village  de  Ne- 
vele  et  à  la  ville  de  Nivelles.  Nous  allons 
lui  en  faire  connaître  quelques-unes  : 

La  terre  et  seigneurie  de  Nevele  au  quar- 
tier de  Gand  appartenoit  jadis  aux  chaste- 
lains  de  Courtray,  et  après  avoir  esté  tom- 
bée es  familles  deschastelainsde  Tournay  et 
seigneuri  de  Mortagne,  des  seigneurs  de 
Boulers,  de  Gavre,  Bailleul  (i),  est  dévolue 

(i)  Bailleul-en-Hainaut.  Lisez  pour  la 
famille  de  Condet-Belœil-Morialmei,  car 
Bailleul  est  aujourd'hui  nommé  Belœil. 


a  ceux  DE  Montmorency  par  V alliance  d'une 
fille  DE  FossEux.  Et  estant  décrétée  en  l'an 
mil  cinq  cent  nouante  deux  au  Conseil  de 
Malines  sur  les  héritiers  du  comte  de 
Hoochstraeten,  demeura  à  Martin  de  la 
Faille  dont  les  fils  la  possèdent  encore 
pour  le  présent. 

(Philippe  DE  l'Espinoy,  escuier,  vis- 
comte  de  Thérouanne,  etc..  Recherches  des 
antiquités  et  noblesse  de  Flandres,  Douay, 
V-^  Marc  Wyon,  M.  DC.  XXXI,  in-folio, 

p.    lOl). 

Au  mot  Nevele,  dans  le  tome  III  de 
l'ouvrage  sur  les  Sceaux  anuoriés  des  Pays- 
Bas,  etc.,  publié  par  M.  }.-Th,  de  Baudt, 
à  la  page  34,  on  trouve  une  série  de  sei- 
gneurs de  Nevele-lez-Gand,  des  Maisons 
de  Courtrai  et  de  Mortagne,  finissant  à 
Robert  de  Nivicle  époux  de  Marguerite  de 
Ghistelles.  C'est  la  fille  de  ces  derniers, 
Marguerite  de  Mortagne,  dite  de  Niviele, 
qui  épousa  Jean  de  Longueval,  chevalier, 
sire  de  Longueval,  du  Hemet  de  Maigre- 
mont,  et  mourut  avant  le  23  août  1335, 
selon  une  charte  citée  par  F.-V.Gœthals 
dans  son  Miroir  des  'biotabilités  nobiliaires 
t.  II,  p.  794. 

Marguerite  de  Longueval,  dame  de 
Nevele  et  de  Warcoing,  châtelaine  de 
Courtrai, épousa,  en  premières  noces,  Jean 
de  Fosseux.,  chevalier,  sire  de  Fosseux. 
de  Visme,  etc.,  et  en  secondes  noces,  par 
contrat  du  27  mai  1366,  Engelbert  d'En- 
ghien,  chevalier,  seigneur  de  Rameru,  la 
Folie,  Tubise.  etc.  Elle  mourut  en  1369, 
n'ayant  eu  d'enfants  que  du  premier  lit. 
Son  fils  aîné,  Mgr.  de  Fosseux,  chevalier, 
possédait  la  terre  de  Nevele  en  1373 
(F.-v.  Gœthals,  Miroir.,  t.  II,  p.  795  ; 
—  J.  Th.  DE  Quarts.  Les  Sceaux  armoriés 
des  Pays-Bas,  t.  Il,  p.  60,  article  Hembise). 

C'est  la  petite-fille  de  ce  dernierjeanne 
DE  Fosseux  (ex-matre  :  de  Preurk)  qui 
fut  la  première  femme  de  Jean  II,  sire  de 
Montmorency,  et  mère  de  Jean  et  de 
Louis.  A  cause  d'elle,  Jean  fut  sire  de 
Nevele  et  quant  à  Louis,  M.  Ed.  Marc 
apprendra  ce  qui  le  concerne  en  lisant  les 
Mémoires  de  Jacques  DU  Clercci  publiés 
par  le  baron  de  Reifîenberg  (Bruxelles, 
1836,  in-S",  t.  m,  pp.  244-47).  Il  y  verra 
que  Louis,  seigneur  de  Fosseux,  attenta  à 
la  vie  de  son  frère  aîné  Jean,  <<.  seigneur  de 
Nieuvelles  en  Flandres,  qui  est  un  gros 
village.  »  Il  se  convaincra  de  ce  que  ce 
Louis,    homme   d'un   caractère    violent, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novembre  1904, 


709 


710 


à  qui  tout  réussit  malgré  ses  délits  et  ses 
crimes,  épousa  une  servante,  nommée 
Marguerite  des  Wastines  (dont  les  père 
et  mère  sont  encore  inconnus  des  bons 
généalogistes),  qui  lui  donna  cinq  fils, 
(naturels)  avant  le  mariage  qui  les  légi- 
tima. C'est  de  l'un  de  ces  fils  légitimes 
que  sont  issus  les  derniers  Montmorency, 
dits,  depuis  près  de  trois  siècles,  Mont- 
morency-Luxembourg. 

Les  reliefs  de  Nevele  aux  Archives  de 
la  Flandre  orientale,  à  Gand,  sont  encore 
là  pour  prouver  mes  assertions,  et  pour 
avoir  la  preuve  que  les  Montmorency  ne 
furent  jamais  rien  à  Nivelles  en  Brabànt, 
il  suffit  de  lire  Louvrage  suivant  :  La 
Belgique  ancienne  et  moderne.  Géogra- 
phie et  histoire  des  coiniimmes  belges,  par  jiûes 
Tarlier  et  Alphonse  Wauters  (ouvrage 
patronné  par  l'Etat),  l^ille  de  Nivelles^ 
volume  très  grand  in  8",  à  2  colonnes, 
impression  compacte,  Bruxelles,  Decq, 
1882,  in-8°,  pp.  22  et  suivantes. 

Le  comte  P. -A,  du  Chastel. 

La  mort  de  Paul-Louis  Courier 

(T.  G.  244  ;  L,  245,  358).  —  L'étude, 
très  documentée,  de  MM.  L.  Desternes 
et  G.  Galland,  a  été  publiée  dans  le 
journal  le  Figaro^  en  cinq  chapitres  et 
sous  ce  titre  :  L'Assassinat  de  P.  L.  Cou- 
rier. Notes  inédites.  Le  dernier  en  a  paru 
dans  le  numéro  du  mercredi  5  septembre 
1894.  —  Les  auteurs  de  cette  intéressante 
monographie  donnent  bien  Mme  Cou- 
rier, qui  s'abandonnait,  parait-il,  à  la 
valetaille  rurale,  comme  l'instigatrice  de 
l'assassinat  de  ce  mari  trop  clairvoyant 
pour  elle,  et  devenu  aigri  (on  le  serait  à 
moins  I)  par  la  constatation  de  si  abjects 
débordements.  Je  serais  aussi,  moi,  bien 
désireux  de  savoir  si  ce  travail  a  été  réim- 
primé en  volume  et,  dans  ce  cas,  chez 
quel  éditeur  il  a  pu  paraître,  à  Paris  ou 
en  province. 

A  propos  de  P.-L  Courier,  je  signale- 
rai aux  chercheurs  et  collectionneurs  et 
plus  spécialement  aux  amateurs  touran- 
geaux, comme  objet  de  curiosité  histo- 
rique, locale,  une  collection  de  plats  et 
d'assiettes  en  fayence  populaire,  relati- 
vement ancienne,  ayant  authentiquement 
appartenu  et  servi  à  Paul-Louis  et  por- 
tant son  nom  : 

Cne 
Courier 


ainsi  peint,  très  simplement  sous  la 
couverte,  en  grosses  lettres  noires,  au 
centre  d'un  petit  médaillon  rond  com- 
posé d'un  large  filet  bleu  et  d'un  filet 
jaune,  dans  un  encadrement  rustique- 
ment  agrémenté  de  gros  points  bleus, 
de  feuilles  vertes  et  de  fleurettes  rouges. 
—  Plats  et  assiettes,  tous  d'un  dessirj 
uniforme,  et  ayant  subi  quelques  petites 
écornures,  mais  insignifiantes,  quelques 
petites  craquelures,  mais  peu  apparentes, 
sur  la  blancheur  d'un  émail  resté  pur, 
comme  il  sied  à  d'honnêtes  vaisselles  qui 
ont  dû  faire  unions:  somme  dans  l'ombre 
paisible  de  quelque  placard. 

Celles-ci,  sans  marque  aucune,  mais 
que  je  crois  être  de  fabrique  lorraine, 
doivent  dater  des  dernières  années  de  la 
République  ou  du  commencement  de 
l'Empire  ;  P.-L  Courier,  en  effet,  ayant 
été  promu,  à  l'armée  de  la  Moselle,  ca- 
pitaine d'artillerie,  à  la  fin  de  juin  1795. 
(Nonv.  Biogy.  Didot,  t.  VII,  col.  193).  — 
je  les  ai  vues,  durant  l'automne  de  1884, 
à  Tours,  chez  une  vieille  antiquaire  de  la 
rue  Colbert,  Mme  Veuve  Dupré,  dont  le 
défunt  mari,  brocanteur  de  son  état, 
s'étant  laissé  piquer  de  la  tarentule,  sur 
la  fin  de  sa  vie,  était  devenu  collection- 
neur pour  son  propre  compte. 

Mme  Dupré  possédait  alors  environ 
dix-sept  de  ces  assiettes,  plus  deux  petits 
plats  ronds  et  un  petit  plat  long,  tous  du 
même  modèle. 

Feu  son  mari  avait  acheté  le  tout  en 
bloc,  à  Véretz,  près  de  Tours,  (chef-lieu 
de  la  commune  dont  fait  partie  «  la  Cha- 
vonnière  »,  l'ancienne  propriété  du  «  Vi- 
gneron »  P.-L.  Courier. 

Cette  brave  dame  ne  voulut  me  vendre 
que  deux  assiettes,  seulement,  mais  point 
de  plats.  Je  les  conserve  encore  aujour- 
d'hui intactes.  Le  reste,  elle  le  réservait, 
me  dit-elle  alors,  «  pour  le  Musée  de 
Tours.  » 

Comme  elle   passa  de   vie   à    trépas 
peu  de  temps  après  ma  visite,  il  est  vrai- 
semblable qu'elle  avait  encore  ces  divers 
objets   en  sa  possession,   au  moment  de 
sa  mort. 

Les  amateurs  pourront  donc,  bien  pro- 
bablement, les  trouver,  indiqués  dans  le 
catalogue  imprimé,  orné  de  photogra- 
phies, de  la  \ente  après  décès,  laquelle 
eut  lieu,  à  Tours,  du  19  au  24  octobre 
1885. 


N. 


1057 


L'INTERMEDIAIRE 


711 


—  712     ^ 


II  est  assez  douteux,  toutefois,  que  ces 
assiettes  et  ces  plats,  si  intéressants  qu'ils 
puissent  être,  soient  restés  à  Tours  — 
qui,  lui,  ne  possède  même  pas  le  mé- 
daillon de  bronze  de  H.  de  Balzac,  l'illus- 
tre fils  de  Tours,  de  David  d'Angers  ! 

Je  me  suis  laissé  dire  que  la  clientèle 
habituelle  des  antiquaires  de  Tours,  bien 
que  ceux-ci  soient  assez  nombreux,  se 
composait  bien  plus,  des  étrangers  de 
passage,  que  des  indigènes  de  la  localité. 

UlricR.-D. 

Légendes  relatives  à  saint  An- 
toine de  Padoue  fL,  5,  238,  398, 
1546).  —  Dans  le  n"*  du  10  octobre  der- 
nier, on  a  donné  une  explication  du  juris- 
consulte Coquille  pour  expliquer  les  de- 
mandes populaires  à  saint  Antoine  de 
Padoue,  afin  de  retrouver  les  objets  per- 
dus. Cette  explication  est  fort  curieuse  et 
n'était  pas  connue.  Mais  de  peur  qu'on 
ne  s'égare,  je  dois  rappeler  que  cette  dé- 
votion s'explique  depuis  longtemps  par 
un  trait  du  Liber  Miiaculorum  (n.  20  de 
l'édition  des  Ada  Sanctonim)  :  il  s'agit 
d'un  manuscrit  volé  à  Montpellier  par 
un  novice  au  saint  lui-même  et  retrouvé 
à  la  suite  de  ses  prières.  L'anecdote  était 
très  connue  au  moyen  âge.  Elle  a  encore 
été  reproduite  récemment  par  le  peintre 
Ville,  pour  la  chapelle  des  Capucins  de 
Paris.  P.  Ubald  d'Alençon. 

Coqueluche  (L,  564,  655).  —  «  Co- 
queluche est  un  capuchon  de  moine  «jui 
vous  tient  chaudement  ». 

Je  suis  assez  de  l'avis  de  M.  L.  de  Lei- 
ris  :  Etre  la  coqueluche  de  quelqu'un, 
être  coiffé  de  quelqu'un,  dans  le  langage 
populaire,  c'est  tout  un. 

Ecoutons  le  chansonnier  : 

Moi,  je  suis  D 

Grand  comme  un  sapin, 
Jambe  comme  une  autruche. 
Et  voilà  pourquoi 
Des  dames,  ma  foi, 
Je  suis  la  coqueluche. 

Beaiijour. 

Les  calembours  dans  les  déno- 
minations (L,  339,  481,  525,  592,  652). 
—  On  a  cité,  sous  cette  rubrique,  des 
noms  propres  simplement  latinisés.  Je  ne 
vois  pas  qu'il  y  ait  là  du  calembour.  A 
l'époque  où  tous  les  traités  sérieux  s'écri- 


vaient en  latin,  l'auteur  lui-même  tradui^ 
sait  en  latin  son  nom,  lorsqu'il  s'y  prêtait, 
ou  le  latinisait  en  lui  donnant  simplement 
une  désinence  en  us,  pour  en  orner  le 
titre  de  son  ouvrage.  Un  nommé  Marteau 
ou  Meunier  devenait  Malleus  ou  Molitor. 
Les  exemples  de  noms  ainsi  latinisés  sont 
innombrables  au  xvi"  siècle,  surtout  en 
Allemagne. 

A  ce  propos,  je  prends  la  liberté  de  re- 
lever une  petite  méprise  du  D""  Bougon, 
qui,  lorsqu'il  parle  du  vin  de  Liebfrauen- 
milch,  croit  pouvoir  traduire  cette  déno- 
mination par  «  le  lait  de  nos  chères 
femmes  ». 

Unsere  liche  Fiau,  en  langue  allemande, 
est  l'équivalent  de  Notre-Dame.  Le  vin  de 
Liebfrauenmilch  provient  d'un  vignoble 
qui  entoure  l'ancienne  église  de  Notre- 
Dame,  de  Worms.  Ce  vin  étant  très  ap- 
précié des  Allemands,  ils  lui  ont  donné  le 
nom  de  Lait  de  Notre-Dame. 

LÉON  Sylvestre. 

Tètes  à  l'huile  (L,  619).  —  Selon 
Lucien  Descaves  (Zt'/owHM/  du  25  oct. 
1904),  le  figurant  amateur  est  ironique- 
ment appelé  tête  à  Vhnile  par  les  figurants 
professionnels,  parce  que  ceux-ci  le  con- 
sidèrent comme  un  veau.  Si  cette  expli- 
cation n'est  pas  bonne,  ajoute  l'éminent 
écrivain,  je  suis  prêt  à  en  accueillir  une 
meilleure.  Je  crois,  pour  ma  part,  que  M. 
Descaves  a  raison.  Faire  le  pied  de  veau  ne 
signifie-t-il  pas  montrer  tme  basse  complai- 
sance ?  Voir,  au  mot  veau,  Le  Nouveau 
Larousse  qui  énumère  diverses  locutions 
analogues.  Les  infortunées  têtes  à  l'huile 
sont  payées  à  raison  de  o  fr.70  par  soi- 
rée. Th.  Courtaux. 


La  mode  dans  les  noms  de  bap- 
tême (XLIV  à  XLVI  ;  XLIX  ;  L,  208).  — 
J'ai  relevé  les  noms  de  baptême  donnés 
aux  enfants  baptisés  en  1675,  dans  l'église 
Saint- André  de  Bordeaux,  la  cathédrale. 

Jean  149  fois,  Marie  120,  Jeanne  J03, 
Pierre  84^  Catherine  45,  François  38, 
Marguerite  33,  Anne  32.  Françoise  29, 
Jacques  26,  Isabeau  22,  Antoine  21, 
Etienne  21,  [oseph  19,  Bertrand  17,  Ber- 
nard 16,  Arnaud  13,  Léonard  13,  Louise 
1 1,  Philippe  10,  Suzanne  9,  Guillaume  9, 
André  9,  Raymond  8,  Peyronne  8,  EIie7, 
Marianne  7,   Elisabeth   7,   Madeleine   7, 


DÉS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novemtre  1904, 


713 


7M 


Nicolas  6,  Martial,  Charlotte,  Dominique 
et  Barthélémy  5,  etc.  etc. 

11  y  a  beaucoup  de  ces  noms  qui  sont 
maintenant  peu  portés  comme  Isabeau, 
Bernard,  Arnaud,  Léonard,  Peyronne, 
Nicolas,  Dominique.  Par  contre,  de  nos 
jours,  d'autres  sont  devenus  plus  à  la 
mode,  comme  Thérèse  qui  ne  figure  que 
4  fois  en  1675,  Gabriel,  Marthe  et 
Charles  3  fois,  Antoinette  et  Paul  2  fois, 
Claire,  Daniel,  Gabrielle,  Hélène,  Henri, 
Léon,  René,  Rose,  Renée,  Simone  seule- 
ment une  fois,  Gaston,  Germaine,  Aliette, 
Colette,  Yvonne,  Yvon,  Silvaine,  Guy, 
Edgard,  Arthur,  et  bien  d'autres  très  en 
faveur  dans  ces  dernières  années  ne  sont 
pas  mentionnés  en  1675. 

Les  noms  de  la  Bible  étaient  fréquem- 
ment portés  par  les  protestants  dans 
leurs  registres  bordelais  de  167!^  à  1684, 
comme  chez  les  catholiques  Jean,  Marie, 
Jeanne,  Pierre,  Anne,  Catherine,  sont 
ceu.x  qui  se  rencontrent  le  plus  ;  il  faut  y 
ajouter  Suzanne,  Elisabeth  et  Jacques  qui 
sont  relativement  plus  en  honneur 
chez  les  catholiques,  et  les  noms  bibliques 
comme  Daniel  (18  fois),  Moïse  (13  fois), 
Judith  (13  fois),  Jacob  (16  fois)  Esther 
(12  fois)  Elie  (17  fois),  Paul  (15  fois), 
David  (8  fois),  Aaron,  Esaïe,  Elisée,  Ge- 
deon,  Josué,  Joseph,  Isaac,  Josias,  Jonas, 
Jérémie,  Mathias,  Marthe,  Mathieu,  Né- 
rée,  Noé,  Rachel,  Samuel,  Sara,  Zacharie. 

Pierre  Meller. 

Eglises  communes    aux  catholi- 
ques et  aux  protestants  (XLV  ;  XLVll  ; 
XLVllI,    107,    207  ;  L,     603).   —    Sans 
m'occuper  de  questions  religieuses  qui  ne 
m'ont  jamais  intéressé,  j'ai    trouvé    tout 
récemment,  en  suivant  une  piste  très  pro- 
fane,   un    exemple     remarquable    d'une 
église  utilisée  par  les  cultes  catholique  et 
protestant.  Il  s'agit  de  la  belle  cathédrale 
deWetzlar,  petite  ville  rhénane  devenue 
célèbre    parmi    les  basochiens,  par  l'an- 
cien  tribunal  suprême  du   Saint-Empire 
qui  était  le  plus  terrible  de  tous  les  «  ma- 
quis de  procédure  »   produits  dans  la  vie 
moderne  par  l'ancien  droit  romain';  célè- 
bre aussi  parmi  les  âmes  sentimentales, 
par  le  suicide  dont  Goethe  s'est  servi  pour 
son  Werther,  et  finalement  célèbre  parmi 
les  dilettanti  par  la  superbe  partition  que 
Massenet  a  greffé  sur  l'œuvre  du  grand 
poète  allemand. 


Cette  cathédrale  que  je  connais  de  vvu 
est  un  monument  fort  beau, mais  qui  com- 
mence à  menacer  ruine.  Or,  je  viens  de 
trouver  dans  un  journal  d'outre-Rhin  un 
article  exposant  la  nécessité  d'une  restau- 
ration de  la  cathédrale  Wetzlar  «  qui  sert 
au  culte  catholique  autant  qu'au  culte 
protestant  ». 

Si,  cette  assertion  du  journal  allemand 
est  exact  —  sa  vérification  est  très  facile 
—  la  cathédrale  de  Wetzlar  serait,  sans 
contredit,  l'exemple  le  plus  illustre  d'une 
église  «  utraquiste  »,  comme  on  disait 
autrefois  dans  le  langage  théologique  des 
pays  d'outre-Rhin.         O.  Berggruen. 


Le  pays  de  la  beauté  (XLVlII,  506, 
770).  —  Aux  vers  cités  par  M.  X.  pour 
caractériser  les  principales  villes  belges, 
on  peut  ajouter  les  suivants,  qui  se  lisent 
en  haut  de  la  porte  monumentale,  servant 
d'entrée  au  marché  aux  poissons,  place 
Sainte-Pharaïlde  ;  cette  porte  est  surmontée 
de  trois  statues,  par  Kessel,  savoir  :  Nep- 
tune, l'Escaut  et  la  Lys. 

On  lit  sous  la  statue  de  l'Escaut  : 

Hannonias  servit  Scaklis,  Gandamque  secàndo 
In  mare  festinas  volvere  pergit  aquas. 

Et  sous  celle  de  la  Lys  : 

Lisa  vehit  merces,  quas  hue  Artesia  mittit 
Et  placido  gaudens  flumine,  pisce  scatet. 

V.  A.  T. 

♦  » 
Je  ne  saurais  m'empêcher  de  vous  dire 
un  mot  des  beautés  de  cette  province.  On 
m'en  avait  dit  beaucoup  de  bien  à  Paris  ; 
mais,  sans  mentir,  on  ne  m'en  avait  encore 
rien  dit  au  prix  de  ce  qui  en  est,  et  pour 
le  nombre  et  pour  leur  excellence.  Il  n'y 
a  pas  une  villageoise,  pas  une  savetière, 
qui  ne  disputât  de  beauté  avec  les  Fouil- 
lons et  les  Mennevilles.  Si  le  pays  avait 
un  peu  plus  de  délicatesse,  et  que  les  ro- 
chers y  fussent  un  peu  moins  fréquents, 
on  le  prendrait  pour  un  vrai  pays  de  Cy- 
thère.  Toutes  les  femmes  y  sont  éclatantes, 
et  s'y  ajustent  d'une  façon  qui  leur  est  la 
plus  naturelle  du  monde.  Et  pour  ce  qui 
est  de  leur  personne,  Color  vents,  corpus 
soltdum  et  Siicci  plénum . 

{Voyages  amusanh,  par  Hilaire-le-Gai), 
Paris,  chez  Passand,  1852. 

Vandevelde. 


N"  1057. 


L'INTERMÉDIAIRE 


7'5 


716 


^oles,   ©vouuciille^s  (^t    d^uriosit^'s 


Paris  en  i790  d'après  le  père 
d'André  Chenier.  —  \S IiticrmkUaiyc 
s'est  beaucoup  occupé  d'André  Chénier  et 
de  Marie-Joseph  dans  ces  derniers  temps. 
On  y  a  parlé  de  leurs  papiers  inédits  et 
des  manuscrits  provenant  de  Mme  Veuve 
Gabriel  de  Chénier, actuellement  conservés 
à  la  Bibliothèque  de  Carcassonne.  Ceci 
m'autorise  à  communiquer  à  nos  confrères 
une  lettre  assez  curieuse  du  père  des  Ché- 
nier, que  j'y  ai  récemment  copiée  et  qui 
est  sans  doute  inédite.  Elle  donne  une 
image  assez  vivante  des  opinions  politi- 
ques et  des  préoccupations  parisiennes 
d'un  habitant  de  Paris  en  1790  Je  pense 
qu'on  la  lira,  avec  plaisir. 

Chateaufort. 

A  Paris  le  20  février  1790. 

j'ay  receu  en  son  tems,mon  cher  monsieur, 
votre  très  chère  lettre  du  30  septembre  du  Cap 
de  Bonne  Espérance  où  je  vous  ay  su  avec 
beaucoup  de  plaisir.  J'  en  ay  un  bien  sensible 
encore  de  tous  les  détails  que  me  mande  ma 
fille,  qui  ne  m'ont  pas  permis  de  douter  des 
agréemens  passagers  qu'elle  a  eus  dans  un 
voyage  dont  elle  craignoit  avec  raison  les  inco- 
modités.  11  me  reste  à  désirer  que  la  satisfac- 
tion qu'elle  a  eue  dans  la  relâche  au  cap  de 
Bonne  Espérance  soit  de  bonne  [sic)  augure 
pour  tout  le  reste  et  qu'elle  puisse  jouir,  et 
vous  aussi,  de  toutes  les  satisfactions  que  vous 
désirés  et  que  je  vous  souhaite  de  bien  bon 
cœur. 

Vous  verres  dans  une  longue  lettre  que 
j'écris  à  votre  épouse,  Monsieur  le  Comte, une 
suite  des  détails  qui  ont  suivi  la  Révolution  ; 
il  n'est  plus  possible  à  la  vérité  de  la  mettre 
en  doute,  mais  il  reste  à  désirer  que  l'on 
puisse  en  jouir  avec  traiu|uillité.  11  est  cepen- 
dant à  craindre  que  Ton  ne  parvienne  que 
tard  à  ce  but  désiré  par  la  dificulté  qu'il  y  a 
d'accoutumer  les  esprits  à  un  ordre  de  choses 
entièrement  opposé. 

11  n'y  a  eu  aucun  changement  dans  le  mi- 
nistère. Les  départements  sont  fixés  à  Paris  et 
Versailles  est  presque  désert.  Les  plans  de 
M.Necker  relatifs  aux  finances, quoy  qu'aplau- 
dis  par  l'assemblée  nationale  oij  tout  le  monde 
n'a  pas  les  mêmes  vues  et  les  mêmes  connois- 
sances,  ont  essuyé  bien  des  contradictions  et 
l'on  est  incertain  du  succès  des  amendements 
qui  y  ont  été  faits  :  la  rareté  de  l'argent  la 
(iiticulté  de  recevoir  les  impots  dans   les  pro- 


vinces, où  tout  le  monde  est  armé,  et  où  le 
pouvoir  exécutif  est  sans  force,  présentent  la 
plus  grande  incertitude  sur  la  dette  nationale 
et  sur  le  sort  d'une  nation  qui  abuse  de  sa 
liberté,  et  qui  n'est  pas  en  état  d'en  jouir. 
Nous  avons  été  et  nous  sommes  encore  dans 
cette  situation  critique  que  les  personnes  por- 
tées à  douter  de  tout  craignoient  avant  votre 
départ,  et  Dieu  sait  comment  la  nation  sortira 
de  cet  état  violent  pour  reprendre  une  tran- 
quillité incompatible  avec  son  caractère  léger 
et  inconstant.  Quelque  confiance  que  l'on  ait 
à  l'Assemblée  Nationale,  elle  est  composée 
d'hommes  divisés  par  une  diversité  d'intérêts 
et  d'opinions  qui  dégénèrent  presqu'en  fac- 
tions dont  on  a  autant  h  craindre  qu'à  espé- 
rer  Le  moment,  Monsieur,  le  comte,  n'est 

plus  propre  aux  grâces,  et  il  faut  y  renoncer 
pour  s'occuper  de  ce  que  l'on  a  fort  ;  heureux 
si  on  peut  le  conserver,  je  n'ay  encore  fait 
aucune  démarche  pour  les  divers  objets  qui 
concernent  vos  intérêts,  attendu  que  les  mi- 
nistres eux  mêmes  sont  incertains  del'étendue 
de  leur  pouvoir  et  iie  répondent  à  personne. 
Le  peu  d'influence  de  M.  Necker  sur  l'assem- 
blée l'a  rendu  fort  réservé. Chacun  cependant, 
selon  la  convenance  de  son  opinion,  le  loue  ou 
le  blasme,  et  en  général  il  a  perdu  dans  l'opi- 
nion du  public,  qu'on  est  habitué  à  respecter 
quoy  qu'elle  le  mérite  peu. Ce  ministre,  élevé 
à  la  place  de  premier  ministre  des  finances,  a 
été  malade  et  en  danger,  mais  il  est  mieux. 
M.  Lambert  fait  les  fonctions  et  la  place  de 
contrôleur  général. 

La  campagne  des  Turcs  l'année  dernière  n'a 
pas  été  à  beaucoup  près  aussi  brillante  que  la 
précédente.  Ils  ont  perdu  Belgrade  et   Bender 
et  autres  places,  mais  Ortova, moins  forte  que 
Belgrade    et   mieux  commandée,  a  résisté  jus- 
qu'à présent  aux  effoits   des   Autrichiens.  Les 
Ottomans  ont  consenti  à  parler  de  paix  et  on 
en  est  actuellement  occupé   ;  mais  elle  paroît 
très  incertaine,  parce    que   les    Turcs   veulent 
profiter  de  l'insurrection  qu'il  y  a  eue  en  Bra- 
bant  et  en  Flandre,  où  les   sujets  ont    secoué 
le  joug  de  l'Empereur  et  se  sont  emparés   des 
pl.ices  et  en  ont  chassé  les  garnisons  ;  et  cette 
circonstance  pourroit  bien  retarder  ia  paix  ou 
la  rendre  plus  favorable   aux  Ottomans.  D'au- 
tre part  les  Polonais  sont  à  la  veille  de   s'unir 
à  ceux-cy,  et  le  Roy   de    Prusse  va  faire  avec 
eux  une  alliance  qui  pourroit  bien   étendre  la 
guerre  en  Allemagne  où  on  la  regarde  inévi- 
table au    printems   prochain.    Indépendament 
de  la  diversion  que  la  Prusse  et  la  Suède  font 
en  faveur  de  la  Turquie,  le  reste   de   LEurope 
paroît  occupé    des    affaires    du    Brabant  que 
quelques    puissances   voudroient    réunir    aux 
Hollandois  :  et  d'autres  puissances  et  les  Bra- 
bançons eux-mêmes  désireroient  qu'yls  fussent 
indépendants, ou  tout  au  moins  que  la  France 
par  son  voisinage  ne  peut  y  avoir  aucune  in- 
I   fluence  ;  en  vertu  de  ces  dispositions  qui  doi- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Novembre  1904. 


7 '7 


718 


vent  se  manifester  incessamment,  l'Empereur 
fait  des  grands  efforts, de  même  que  le  Roy  de 
Prusse, et  les  Anglois  arment  aussi  et  augmen- 
tent leur  militaire,  tandis  que  de  notre  côté 
nous  sommes  spectateurs,  si  tant  est  que  du 
côté  de  nos  colonies  nous  ne  devenions  les 
victinles  de  ces  préparatifs.  Par  surcroît  dem- 
baras  pour  la  maison  d'Autriche,  l'Empereur 
est  très  mal,  et  on  l'assure  dans  un  état  à  ne 
pouvoir  en  revenir  ;  on  ne  s'occupe  nullement 
-d'un  Roy  des  Romains,  et  on  regarde  comme 
possible  et  du  vœu  des  électeurs  de  laisser 
l'Empire  vacant  et  de  n'avoir  plus  de  chef.  Il 
est  certain  que  jusqu'à  présent  on  ne  s'est 
apperçu  d'aucune  brigue  pour  l'obtention  de 
cette  dignité. 

On  vous  en  diroit  beaucoup  plus  au  caffé  de 
Foy,  qui  est  le  rendes  vous  des  politiques  ; 
quoyque  dans  le  moment  on  s'y  occupe  peu 
d'affaires  étrangères  :  celle  de  la  Révolution 
et  du  décret  de  l'Assemblée  agite  tous  les 
esprits, et  on  est  moins  occupé  de  gazettes  que 
de  la  lecture  de  mille  et  quelques  journaux  qui 
instruisent  peu,  qui  tiennent  les  esprits  dans 
l'inquiétude  et  produisent  plus  de  mal  que  de 
bien.  Le  Palais  Royal  a  été  dabort  le  princi- 
pal foyer  de  la  Révolution.  On  s'y  trouvoit 
Pété  d[erni]er  à  côté  d'une  foule  d'ouvriers  à 
tablier  qui  formoient  des  pelotons  et  etoient 
toujours  prêts  à  brûler  et  à  ditruire.  A  pré- 
sent les  courtisanes  y  ont  repris  leurs  droits  et 
on  n'y  voit  guères  qu'elles  et  une  foule  de 
soldats  nationaux  qui  se  sont  consacrés  poui 
la  défense  de  la  liberté  et  font  ce  qu  ils  veu- 
lent. Vous  êtes  à  portée  de  juger  de  la  force 
d'une  armée  qui  ne  connoît  pour  discipline 
que  sa  volonté. 

Le  Colisée,que  vous  avés  vu  commencer  et 
presque  finir  au  Palais  Royal,  a  servi  cette 
année  à  donner  des  bals  publics  ;  mais  je 
doute  que  la  recepte  ait  suffi  à  payer  les  illu- 
minations et  les  violons.  On  y  a  annoncé  et 
exécuté  plusieurs  assauts  d'armes,  qui  d'abort 
ont  attiré  quelques  curieux  :  mais  cela  n'en 
valoit  pas  la  peine  ;  ce  n'étoit  en  général  que 
quelques  soldats  des  ancienes  gardes  françoises, 
qui  de  fort  mauvaise  grâce  escrimoient  en 
ferrailleurs  et  non  en  maîtres  ;  on  y  a  vu 
très  rarement  ce  qu'on  appelle  la  bonne  com- 
pagnie. 

Mon  épouse  et  ma  famille.  Monsieur  le 
Comte,  sont  infiniment  sensibles  à  votre  sou- 
venir. Ils  me  chargent  de  vous  assurer  à  leur 
tour  de  tous  leurs  sentiments  et  des  vœux 
qu'ils  font  pour  tout  ce  qui  vous  intéresse,  je 
vous  prie  d'agréer  les  miens  et  d'être  aussi 
pirsuadé  de  leur  sincérité  que  de  J'attache- 
ment  inviolable  avec  lequel  j'ay  l'honneur 
■d'être,  mon  cher  monsieur, 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  servi- 
teur 

Chénier 
rue  du  Sentier,  n°  24. 


(Sans  suscription). 

Cette  lettre  est  contenue  dans  une  chemise 
portant  ces  mots  «  Lettre  de  mon  grand  père 
à  son  gendre  .Vu  Latour  de  Saint  Ygest.  »  (de 
la  main  de  Gabriel  de  Chénier.) 

II. 812    1°  (n"  du  catalogue). 

Le  Centenaire  de  Sainte-Beuve. 
—  Le  23  décembre  prochain  on  fêtera  le 
centenaire  de  Sainte-Beuve,  né  à  Boulo- 
gne-sur-Mer  en  1804,  et  le  Journal  des 
Débats,  dont  Sainte-Beuve  a  été  le  colla- 
borateur de  1843  ^  '849,  a  constitué  un 
Comité  en  vue  de  cette  célébration. 

Par  les  soins  de  ce  Comité,  un  médail- 
lon, œuvre  du  médailleur  Vernier,  sera 
placé  sur  la  maison  natale  du  Critique  et 
un  Livre  J'or^  beau  volume  in-4°,  sera 
publié.  (1)  Comme  un  chapitre  de  cet 
ouvrage  doit  être  consacré  aux  rapports 
de  Sainte-Beuveavec  le  Collège  de  France, 
voici  une  lettre  qu'il  écrivit  au  sujet  de  la 
candidature  de  Renan  à  la  chaire  d'hé- 
breu : 

Ce  6  décembre  1861. 

Cher  Confrère,  — Je  ne  dis  pas  Collè- 
gue, car  je  ne  me  considère  plus  comme 
faisant  partie  du  Collège  de  France, et  pour- 
tant c'est  du  Collège  de  France  que  je  viens 
vous  parler  : 

Je  viens  de  voir  M.  Renan  :  vous  savez 
plus  et  mieux  que  moi  sa  valeur  ;  il  a  été 
une  fois  écarté  du  Collège  par  ceux  qui 
n'étaient  pas  philosophes  ;  il  se  représente 
aujourd'hui  avec  de  meilleurs  chances  :  je 
lui  ai  dit  que  je  n'allais  plus  au  Collège, 
n'en  étant  plus  en  réalité.  —  Parmi  les 
noms  que  je  lui  nommais  des  premiers 
comme  étant  de  ceux  de  juges  honorables 
de  ses  droits,  de  ses  titres,  votre  nom  a  été 
prononcé.  Il  m'a  paru  avoir,  d'un  suffrage 
si  précieux  pour  lui,  plus  de  désir  et  plus 
d'estime  que  de  certitude. Je  me  suis  avancé 
alors  jusqu'à  lui  dire  que  je  vous  écrirais  et 
que  je  jeterais  [sic)  tout  au  fond  de  votre 
amitié  une  petite  pierre  dont  je  n'écoute- 
rai (sic)  pas  l'écho,  et  qui  tombera  comme 
elle  pourra,  —  sans  réponse. 

(i)  Une  réduction  du  médaillon  doit  être 
frappée  à  la  Monnaie  ;  son  prix  est  de  dix 
francs  pour  les  exemplaires  en  bronze  et 
de  trente  pour  ceux  en  argent.  Le  prix 
du  Livre  d'or  est  de  dix  francs  pour  le  pa- 
pier ordinaire  et  de  vingt  pour  le  grand 
papier.  Les  souscriptions  sont  reçues  au 
Journal  des  Débats  qui  enregistrera  avec 
reconnaissance  les  versements  les  plus  mini- 
mes ayant  simplement  objet  de  coopérer  à 
l'œuvre. 


W  1057. 


L'INTERMEDIAIRE 


-719 


720 


Et  maintenant,  cher  Confrère,  excusez- 
moi  et  sachez-moi  toujours, 

Tout  à  vous, 
S"=  Beuve. 

La  tombe  de  la  femme  de  Lucien 
Bonaparta  suspectée  d'inconve- 
nance. —  Nous  sortons  de  la  semaine 
du  souvenir  :  nos  morts  ont  été  visités. 
En  parcourant  les  allées  du  cimetière, 
nous  avons  distraitement  laissé  errer  nos 
regards  sur  les  inscriptions.  Il  en  est  de 
vaniteuses,  de  touchantes  et  de  puériles  ; 
aucune,  certes,  ne  nous  a  indignés. 

Ce  n'est  pas  le  cas  du  comte  de  Choi- 
seul  qui,  en  18 16,  en  référait  au  ministre 
pour  faire  disparaître,  ou  tout  au  moins 
pour  atténuer,  une  inscription  funéraire,  à 
ses  yeux, inconvenante. Deux  mots  l'y  cho- 
quaient :  celui  de  Bonaparte  et  celui 
d'amante.  11  les  trouvait  rassemblés  sur 
la  pierre  tombale  de  la  femme  de  Lucien 
Bonaparte. 

En  1794,  Lucien  qui  n'était  qu'inspec- 
teur dans  l'administration  militaire,  avait 
épousé  une  jeune  fille  sans  fortune,  Mlle 
Christine  Boyer,  qu'il  perdit  en  1800.  Il 
la  fit  inhumer  à  Chamans,  près  de  Senlis, 
où  il  résidait.  La  Restauration  trouva 
le  tombeau  de  cette  femme  dans  l'église 
du  pays,  et  s'en  alarma,  comme  d'un 
scandale,  qui  donna  lieu  à  un  échange 
de  correspondances,  que  nous  fait  con- 
naître Al.  J.  G  Bord,  qui  l'a  relevé  aux 
Archives  nationales  (Série  F^,  Exhuma- 
tions, département  de  l'Oise). 

Beauvais  3  septembre  1816.  Lettre  du 
comte  de  Choiseul,  préfet  de  l'Oise,  au  min"= 
de  l'Intérieur  : 

Monseigneur, 

Lucien  Bonaparte  perdit  sa  femme  en  1800 
et  la  fit  inhumer  dans  son  parc  du  Plessis- 
Chamant.  Les  changemens  qu'il  fit  exécuter 
dans  ses  jardins  quelques  années  après,  obli- 
gèrent de  suppiimer  e  monument,  et  les  res- 
tes de  l'Epouse  de  Lucien  furent  déposés 
dans  une  chapelle  piès  du  chœur  de  l'église 
de  Chamant,  où  l'on  éleva  à  cet  effet  un 
mausolée  recouvert  d'une  pierre  tombale, 
portant  cette  insciiption  : 

Christine  Elconore  Boyer,  femme  de  Lu- 
cien Bonaparle,  amante,  épouse,  mère  sans 
reproches,  le  28  prairial  an  8. 

Le  souspréfet  de  Senlis    me    fait   observer 

que  les  ministres  catholiques  ont  toujours  vu 

l'existence  de  ce  monument  avec  peine,  en  ce 

que    la   Dlle    Boyer    était    considérée    comme 


étant  de  la  religion  protestante.  Voulant" 
d'ailleurs  effacer  jusqu'au  souvenir  d'une 
famille  qui  nous  rappelle  et  nos  égarements 
et  nos  malheurs,  il  me  propose  de  faire  inhu- 
mer dans  le  cimetière  de  cette  commune,  les 
restes  de  la  Dlle  Boyer,  avec  le  cercueil'  de 
plomb  qui  les  renferme,  de  faire  disparaître 
le  monument,  et  vendre,  après  en  avoir  effacé 
l'inscription,  Li  pierre  tombale,  en  marbre 
blanc,  qui  la  recouvre,  pour  le  prix  être  em- 
ployé aux  frais  de  ce  déplacement. 

Peut-être  aussi  pourrait-on,  pour  ne  pas 
troubler  la  cendre  des  morts,  laisser  subsister 
le  monument,  en  se  bornant  à  effacer  de  l'ins- 
cription les  mots  :  femme  de  Lucien  Bona- 
parte et  celui  à'amnnte  qui  précède  le  titre 
d'épouse,  épithète  indécente  pour  la  sainteté 
du  lieu  et  que  réprouve  la  pureté  de  la  mo- 
rale. 

J'ai  au  surplus  etc.. . 

Le  préfet  de  l'Oise, 
DE  Choiseul. 

Réponse  du  ministre  de  l'Intérieur  au 
comte  de  Choiseul.  Après  avoir  rappelé 
la  lettre  de  ce  préfet,  le  ministre  con- 
clut : 

Je  pense  qu'il  faut  respecter  l'asile  des 
morts  et  se  garder  d'éveiller  l'attention  du 
public  sur  le  monument  qui  ne  parait  pas 
l'attirer,  par  une  mesure  qui  retracerait  des 
scènes  odieuses  et  dont  la  malveillance  cher- 
cherait à  profiter  pour  calomnier  le  gouverne- 
ment. Il  pourrait  cependant  être  convenable 
d'effacer  une  partie  de  l'inscription,  mais 
cet  objet  dèlic-at  exige  de  la  prudence.  Jy 
réfléclurai  et  je  vous  ferai  connaître  par  fa 
suite  ce  que  j'aurai  décidé. 

Les  mots  soulignés  sont  ajoutés  et 
d'une  autre  écriture  que  le  reste  de  la 
pièce.  Dans  un  double  de  la  minute,  le 
ministre  demande  qu'on  efface  le  mot 
«  amante  »,  mais  sans  faire  d'éclat. 

En  181 7,  nouvelle  émotion  :  la  tombe 
est  aperçue  par  le  grand  vicaire  de  Beau- 
vais, au  cours  d'une  tournée  diocésaine  ; 
il  consulte  le  comte  de  Germigny,  préfet 
de  rOise,  qui,  le  19  mai  1817,  demande 
des  instructions  au  ministre.  —  Réponse 
du  ministre  le  27  mai  1817  :  «  Il  vaut 
mieux  ne  pas  s'en  occuper  ».  —  Le  préfet 
donne  au  ministre  l'avis  de  réception  de 
cette  réponse 

C'était,  en  effet,  le  plus  sage.  Que  ne 
s'en  était-on  avisé  plus  tôt  t 

Le  Direcieur-oérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon  St-Amand-  Mont-Bond,„ 


L"  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mots      20  Novembre  1904. 


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DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUESTIONS    ET   RÉPONSES    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES.   SCIENTIFIQDRS,  ET     ARTISTIQDES 

TROUVAILLES    ET   CURIOSITÉS 


'21 


722 


(fiHuestionô 


Une  toile  de  Rembrandt  datée 

1670.  —  On  vient  d'exposer  au  inusée 
du  Louvre  une  toile,  —  don  de  M.  Kaemp- 
fen  — ,  attribuée  à  Rembrandt.  Dans  l'an- 
gle droit  et  en  bas  de  la  toile,  à  côté  d'un 
monogramme  que  je  n'ai  pu  déchiffrer, 
on  lit  une  date  :  1670. 

Rembrandt  étant  mort  en  octobre 
1669,  pourrait-on  me  dire  comment  se 
peuvent  concilier  cette  date  et  l'attribu- 
tion du  tableau  ? 

Un  curieux  ignorant. 

Livre  de  bord  delà  «  Sémillante  />. 

—  Je  désirerais  savoir  où  sont  conservés 
les  livres  de  bord  des  navires  de  l'Etat? 
Se  trouvent-ils  aux  Archives  du  ministère 
de  la  marine  ou  dans  les  préfectures  mari- 
times ?  Pourrait-on,  en  particulier,  retrou- 
ver celui  de  la  frégate  la  Sémillante^  sur 
laquelle  mourut,  en  1797,  le  commissaire 
du  Directoire,  Georges-Pierre  Leblanc,  en- 
voyé à  Saint-Domingue  ^  Nérac. 

Jeanne  la  Grise.  —  Ronsard  parle 
d'elle  en  ces  termes  dans  sa  29®  Elégie  : 

Or  si  tu  veux  trouver  une  santé  parfaite, 
Je  te  rendray gaillard  ette  diray  qomment  : 
Va  où  le  cours    de  Seine   en    deux  bras  se 

[divise 
Baignant  ce  grand  Paris. Cherche  Jeanne  la 

[Grise, 
De  Vénus  courratière,  et  entre  le  troupeau 
Des  filles  qu'elle  garde  au  logis  le  plus  beau 


Esli  d'un  œilaccort  celle  qui  plus  ressemble 
A  ta  dame, et  soudain, en  te  soûlant  assemble 
Ton  flanc  contre  le  sien  .  ..  etc, 

Elle  demeurait  donc  dans  la  Cité, et  elle 
avait«  le  logis  le  plus  beau  »  entre  toutes 
les  «  courratières  »  (courtières)  de  Vénus. 
Je  retrouve  son  nom  un  peu  plus  tard 
dans  une  chanson  de  1570  {Recueil  de 
Maurepas  I,  19  de  Tédition  Gay)  Est-ce 
tout  ce  qu'on  sait  sur  cette  «  amie  de 
Ronsard  »,  dont  Prosper  Blanchemain  ne 
s'est  pas  occupé  ?  *** 

Le  second  mariage  de  la  du- 
chesse de  Berry.  —  Dans  le  tome  II 
de  ses  Souvenirs  (pages  289-294),  M.  de 
Reiset  parle  du  comte  LucchesiPalli  et 
dit  qu'en  1832  celui-ci,  étant  chargé  d'af- 
faires de  Naples  à  La  Haye,  passait  toutes 
ses  soirées  chez  le  comte  de  Waldburg- 
Truchsess,  ministre  de  Prusse,  dont  il  vou- 
lait épouser  la  fille,  Mathilde.  Lucchesi- 
Palli s'exprimait  sans  cesse  sur  le  compte 
de  la  duchesse  de  Berry,  alors  en  Vendée, 
avec  un  vif  enthousiasme.  Peu  après  on 
apprit  à  La  Haye  le  scandaleux  accouche- 
ment de  Blaye  et  l'annonce  du  mariage 
secret  de  la  duchesse  avec  le  même 
Lucchesi-Palli.  Comment  se  fait-il  qu'à 
une  époque  où  le  ministre  napolitain  solli- 
citait ouvertement  la  main  de  Mlle  de 
Walburg-Truchsess,  il  fût  marié  depuis 
peu  avec  la  duchesse  de  Berry  ?  On  pré- 
tendit qu'il  avait  reçu  deux  millions  pour 
couvrir  de  son  nom  la  faute  de  la  prin- 
cesse. 

L.  U 


Vo  1058. 


L'INTERMEDIAIRE 


724 


M.  de  Reiset  raconte  l'entrevue  étrange 
qu'eut  celle-ci  avec  son  mari  putatif  à  bord 
du  bâtiment  qui  la  ramenait  dans  le 
royaume  des  Deux-Siciles.  Le  véritable 
père  de  l'enfant  né  à  Blaye  aurait  été  le 
comte  de  M...,  chevalier  d'honneur  de 
la  duchesse,  «  homme  déjà  d'un  certain 
âge  ».IVlme  du  Cayla, l'ancienne  favorite  de 
Louis  XVIII,  aurait,  suivant  M.  de  Reiset, 
eu  la  première  idée  du  faux  mariage 
Lucchesi-Palli,  et  l'aurait  négocié  par  l'en- 
tremise d'un  missionnaire,  l'abbé  Mary, 
confesseur  de  Lucchesi.  Mais  qui  était  le 
comte  de  M...,  père  vraisemblable,  sinon 
réel  de  l'enfant  de  la  duchesse  ?  Pourrait- 
on  expliquer  ce  petit  mystère  rétrospectif? 

M.  P. 

Parenté  d'Henri  "VIII  et  d'An- 
toine de  Ligne.  —  On  lit  dans  une 
lettre  de  Piiilibert  Naturelli  au  roi  de 
Castille,  datée  de  Paris,  23  décembre  1^18, 
que  le  roi  d'Angleterre  Henri  VIII  «  aime 
ledit  sieur  de  Ligne  comme  son  parent  de 
par  ceulx  de  Luxembourg  >v  Antoine  de 
Ligne  avait  épousé  Philippine  de  Luxem- 
bourg, fille  de  Jacques,  seigneur  de 
Fiennes.  Est-ce  de  ce  côté-là  qu'il  faut 
chercher,  et  si  oui  jusqu'où  faut-il  re- 
monter ?  DeMortagne. 

La  duchesse  Henri  de  Rohan.  — 

La  femme  de  Henri  I^^  duc  de  Rohan, 
était  une  demoiselle  de  Sully.  Je  demande 
des  dates  de  naissance,  de  mariage  et  de 
mort,  et  les  noms  de  ses  enfants.  Etait- 
elle  fille  du  ministre  de  Henri  IV  ? 

G. 

Thomas  Morus.    —  J'ai    lu,  il  y  a 

quelques  mois  dans  un  journal  (je  ne  sais 
plus  lequel)  que  des  chercheurs  anglais 
s'étaient  mis  en  quête  de  tout  ce  qui  tou- 
chait à  l'histoire  de  Thomas  Morus.  Me 
serait-il  possible  de  savoir  les  noms  et 
adresses  de  ces  chercheurs  ? 

La  Guesle. 

La  banqueroute  du  prince  de 
Guéménée.  —  Cette  catastrophe,  qui 
remonte  à  l'année  1782,  est  bien  connue; 
la  plupart  des  Mémoires  du  temps  en  par- 
lent. Mais  existet-il  quelque  part  un 
travail  spécial,  une  sorte  de  monographie 
sur  ce  sujet?  L.  P. 


Titulaires  de  majorais.  —  Quelle 
est  l'adresse  des  titulaires  de  majorats  en 
dotation  que  l'Etat  va  racheter  et  dont 
les  noms  suivent  : 

Bâillon,  Burgraflf,  Galz  de  Malvirade, 
Hastrel,  Fain,    Frachon,    Ordener,  Tho- 


mas 


R.  F. 


Habitants  delà  Place  des  Victoi- 
res en  1703.  —  Est-il  possible  de  re- 
trouver le  nom  exact  d'une  dame  R t, 

qui  demeurait  place  des  Victoires  en  1703- 
1705. 


♦♦* 


Alizon,  comédie.  —  Cette  comédie 
bourgeoise  et  réaliste  de  1637,  si  intéres- 
sante pour  l'histoire  de  notre  théâtre,  a 
été  deux  fois  réimprimée  au  xix'  siècle,  et 
deux  fois  d'après  la  seconde  édition  de 
1664.  L'originale  est  si  rare  que  M.  de 
Soleinne  ne  l'avait  pas,  et  que  Brunet 
n'a  pu  que  la  noter  sans  la  décrire.  Pierre 
Jannet  la  cite  d'après  les  frères  Parfaict, 
et  avoue  ne  l'avoir  jamais  vue. 

J'en  connais  un  exemplaire  que  je  vou- 
drais croire  unique,  par  la  raison  qu'il 
m'appartient  et  qu'un  bibliophile  pousse 
volontiers  à  l'extrême  la  rareté  de  ses 
livres. 

Aliion^  comédie  dédiée  aux  jeunes 
veufves  et  aux  vieilles  filles.  —  A  Paris, 
chez  Jean  Guignard,  au  premier  pillierde 
la'grand'salledu  palais. —M. DC.XXXVII. 
—  8°,  138  pages,  la  dernière  portant  le 
privilège  daté  du  15  juillet  1637,  et 
l'avant-dernière  la  signature  K. 

Le  texte  de  cette  première  édition  est 
riche  en  variantes  curieuses  qui  corrigent 
en  maint  endroit  le  texte  de  l'Ancien 
Théâtre  fiançais^  (tome  VII,  p.  393)  iden- 
tique à  celui  de  Fournier,  Théâtre  XFII" 
siècle,  p.  400. 

On  se  demandait  où  et  comment  la 
pièce  avait  été  représentée.  Un  paragra- 
phe inconnu  du  premier  Avertissement  au 
Lecteur  répond  à  la  question. 

En  trois  représentations  que  j'en  ay  fait 
faire  dans  des  meilleures  maisons  de  Paris  et 
devant  un  grand  nombre  de  personnes  qua- 
lifiées et  de  mérite, aucun  nes'y  est  ennuyé: 
tous  les  spectateurs  en  ont  ri  jusques  au 
poinct  que  la  femme  d'un  notaire,  pour  ne 
tremper  ny  sa  chemise  ny  ses  juppes,  pissa 
dans  le  gant  d'un  gentilhomme  qui  l'avoit 
amenée  et  le  jetta  dans  la  cour  afin  que  la 
salle  ne  parust  mouilliée  en  la  place  où  elle 
estoit. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre  1904. 


725 


726 


Il  s'agissait  donc  de  représentations  pri- 
vées, et  même  quelque  peu  sans  façon. 

Un  autre  paragraphe,  qui  n'a  pas  été 
non  plus  réimprimé,  exprime  les  griefs 
de  l'auteur  contre  un  spectateur  mécon- 
tent et  termine  ainsi  : 

Il  falloit  qu'il  considerast  que  les  acteurs 
n'estaient  point  comédiens  ;  que  je  ne  faits 
point  profession  d'esire  poète  ;  que  ma  con- 
dition n'est  point  ignorée  de  luy,  etc. 

Si  la  condition  de  l'auteur  n'était  point 
ignorée  du  Cyrano  brouillon  qui  troubla  le 
spectacle  (Est-ce  Cyrano  lui-même  ^),  elle 
est  fort  ignorée  de  nous.  L'auteur  signe 
L.  C.  D'**  ou  L.  C.  Discret  :  initiales  ou 
pseudonyme  également  mystérieux.  Deux 
petites  poésies  dédiées '<  Au  sieur  D.  sur 
sa  comédie  d'Alizon  »  portent  les  initiales 
D.  R.  et  C.  M.  —  Ces  faibles  indications 
suffiront-elles  à  éclairer  un  de  nos  érudits 
lecteurs  ?  M.  Frédéric  Lachèvre  doit  être 
consulté  le  premier.  P.  L. 

Pourquoi  la  couronne  de  comte 
a-t  elle  été  si  souvent  usurpée  d?ns 
les  armoiries  ?  Louis  XIV  n'a  ja- 
mais pensé  à  transformer  la  France  en 
une  nation  d'hidalgos.  On  s  'it  que  l'ins- 
cription à  VAimorial  de  d'Ho^ier,  souvent 
infligée  d'office,  ne  conférait  ni  noblesse, 
ni  titres,  mais  uniquement  le  droit  de 
porter  des  armes  non  sommées.  Ce  décor 
flattant  la  vanité,  voilait  mal  un  véritable 
impôt  frappé  sur  des  individus  jugés  en 
état  de  le  payer. 

En  Poitou,  beaucoup  d'inscrits  trouvant 
leur  blason  un  peu  nu,  n'hésitèrent  pas  à 
le  gratifier  d'u  i  timbre  qui  fut  presque 
toujours  une  couronne  de  comte  ;  pour  des 
intrus,  c'était  aller  vite,  alors  qu'un  sim- 
ple casque  d'anobli  eût  déjà  signalé  une 
usurpation  manifeste. 

Je  cherche  en  vain  pourquoi  ces  tard- 
venus  arborèrent  ainsi  les  neuf  perles  .? 

l'observe  cependant  que  dans  notre 
province  pas  mal  d'anoblis  s'étaient  déjà 
gratifiés  sans  droit  du  cercle  d'or  des 
comtes. 

Y  avait-il  une  certaine  tolérance  à  ce 
sujet  ? 

Il  pourrait  bien  se  faire  qu'en  la  pre- 
nant à  leur  tour, les  blasonnés  de  l'Armo- 
riai aient  voulu  se  faire  passer  pour  des 
anoblis. 

Je  ne  dis  pas  qu'anoblis  ou  inscrits  aient 
pris  ouvertement  le  titre  de  comtes,  mais 


qu'ils  firent  graverlacouronne  à  perles  sur 
leurs  cachets  et  sur  leur  argenterie. 

LÉDA. 

Armes  de  trois  faiTiilles  bour- 
guignonnes. —  i"  De  la  Sarra, seigneur 
d'Avelanges  près  Is-sur-Til  au  xv*  siècle. 

2°  Griffon,  maison  considérable  de 
Dijon  au  xiv^  siècle. 

3°  Porteret,  de  Dijon,  au  xv^  siècle. 

ROBIT. 

Les  armos  des  CoUot.  —  Pernette 
Collot,  dame  de  Sagy  et  de  Raigny,  fit, 
au  xve  siècle,  des  fondations  à  Nola)'.  Elle 
était  fille  de  Guy  Collot  et  Marguerite  d'Ys. 
Quelles  sont  les  armes  de  ces  Collot  ou 
Coulot  auxquels  Palliot  donne  un  écu  : 
de  gueules,  au  rosier  d'or,  ce  qui  parait  une 
attribution  douteuse.  Q.uelles  sont  celles 
de  cette  famille  d'Ys  .?  Robit. 

Armes  de  l'abbé  de  Chaulieu.  — 

Une  broderie  du  xvii^  siècle,  provenant 
probablement  d'un  ornement  d'église, 
porte  dans  un  beau  cartouche,  les  armoi- 
ries suivantes  :  Ecartelé  :  aux  i  et 4  d'a{ur, 
à  trois  faucons  ou  éperviers  d'argent,  grille- 
tés  d'or  ;  au  2  paie  d'hermines  et  de  gueules  ; 
auj  de  gue:iles.  an  chevron  d'or.,  accompagné 
de  trois  poissons  du  même.^  posés  en  pals.,  2  en 
chef  et  I  en  pointe.  Sur  le  lo!itd'a{ur.^à  trois 
triangles  mal  ordonnés  d'argent,  au  chef 
de  gueules.,  chargé  d'une  tête  et  col  de  licorne 
d'argent,  entre  deux  croisettes  du  même. 
(.Aufrie  de  Cliaulieu).  Couronne  de  duc. 
Le  cartouche  sommé  à  gauche  d'une  mi- 
tre et  à  droite  d'une  volute  de  crosse 
tournée  en  dehors. 

Les  armes  du  surtout  sont  évidemment 
celles  de  l'abbé  de  Chaulieu,  poète  et  lit- 
térateur,abbé  commendataire  de  l'abbaye 
d'Aumale,  né  à  Fontenay  dans  le  Vexin 
Normand  en  1636  ou  1639  et  mort  le  27 
juin  1720;  mais  à  quelles  alliances  des 
Aufrie  se' rapportent  les  armes  des  autres 
quartiers  .?  P.  le  J. 


Trois  cacîiets   à  ideatifler  —   1° 

d'azur.,  à  deux  poissons  posés  en  pals  et  ados- 
sés de...  Couronne  de  comte. 

2"  de au  chevron  abaissé  de...,  sur- 
monté d'une  fasce  haussée  de. . . ,  accompagnée 
en  chef  d'une  fleur  de  lis  entre  les  lettres  R  et 
PL  (ces  deux  dernières  réunies  en  mono- 


N*  1058. 


L'INTERMÉDIAIRE 


727 


728 


gramme).    Pas   de  couronne    ni  d'orne- 
ments extérieurs. 

3°  Coupé  :  au  i  d'a:{ni\à  un  enfant  posé 
de  face,  les  bras  étendus^  sénestrè  d\in  lion 
assis  et  contourné^  la  tête  de  front  ;  au  2  de 
gueules^  à  un  rocher  d'argent .  Couronne  à 
sept  fleurons  en  forme  de  quintefeuilles. 

C,  DELA  s. 


Devaines  (Jean).  — Connaît-on  la 
date  et  le  lieu  de  naissance  de  Jean  De- 
vaines,  l'ami  et  le  correspondant  de  Tur- 
got  et  des  grands  écrivains  de  son  temps, 
membre  de  TAcadémie  française  à  la 
réorganisation  de  1803  .?  R.B. 


Dutailli,  frère  de  Bernardin  de 
Saint-Pierre. —  La  suite  des  six  figares 
de  Dutailly  pour  une  édition  anglaise 
(1795)  de  Paul  et  Virginie,  esi-elle  l'œu- 
vre d'un  frère  de  l'auteur  qui  portait  ce 
nom  ? 


Estoublon. 

Estoublon  étoit  de  condition  et  pro- 
vençal, un  fort  honnête  homme,  mais  plai- 
sant'au  dernier  point,  et  un  grand  homme 
noir,  olivâtre,  qui  ne  riait  jamais,  avec  je 
ne  sais  quel  air  niais  et  naturel  dont  il 
attrapoit  les  nouveaux  venus.  (Saint-Si- 
mon. Note^  au  journal  de  Dangeau). 

Je  voudrais  avoir  les  dates  de  naissance 
et  de  mort  de  ce  personnage,  savoir  qui  il 
épousa,  s'il  eut  des  enfants.  Il  y  a  actuel- 
lement un  Estoublon  professeur  :  est-il 
son  descendant?  G. 


Ginestous  de  la  Tourette.  —  Com- 
ment cette  famille,  dont  l'Armoriai  du 
Languedoc^  de  Louis  de  la  Roque,  donne 
une  généalogie  sous  le  n»  260,  est-elle 
parente  de  celle  des  Ginestous  qui  figure 
au  même  ouvrage  n"  257  ?  —  L'origine 
commune  est  indiquée  par  les  armes  : 
l'une  portant  en  écartelure  :  d'or, an  lion 
de  gueules,  arme  et  lampassé  de  sable^  l'au- 
tre ayant  le  même  écusson  en  abime.  Ce 
que  je  voudrais  serait  pouvoir  rattacher 
Bérard  de  Ginestous  de  la  Tourette  — 
souche  de  cette  famille  —  à  un  descen- 
dant d'Hugues  de  Ginestous  qui,  en  1181, 
prêta  serment  de  fidélité  à  Roger,  vicomte 
de  Béziers.  XVI  B. 


Renseignements  demandés  sur 
plusieurs  personnes  du  nom  d3 
Ginestous.  — Je  désirerais  fort  connaî- 
tre les  noms  et  prénoms  et  les  dates  des 
mariages  des  pères  et  mères  des  Gines- 
tous qui  suivent  et  qui  sont  tous  cités  dans 
Y  Armoriai  du  La^iguedoc,  de  Louis  de  la 
Roque,  mais  ne  figurent  pas  dans  la  gé- 
néalogie des  diverses  branches  de  la  fa- 
mille de  Ginestous,  que  renferme  aussi 
cet  ouvrage  : 

1.  —  Marguerite  de  Ginestous -des- 
Plantiers  de  Montdardier  qui  épousa,  10 
novembre  1591,  Antoine  de  Malbosc, 
seigneur  de    Mirai,    etc..    (tome  1,    page 

334). 

2.  —  Jacquette  de  Ginestous-de  Mont- 
dardier —  qui  se  maria,  avec  Jean  de  Be- 
noist,  seigneur  de  la  Cisternette,  le  10 
décembre  1593  (t.  I.   p.  69). 

3.  —  Marguerite  de  Ginestous  —  qui, 
le  28  mars  1607,  devint  femme  de  |ean 
de  Marc,  seigneur  de  la  Calmette,  ensei- 
gne   au     Régiment     de    Saint-Rémy   (n° 

367). 

4.  — Jeanne  de  Ginestous  —  qui  s'u- 
nit, le  6  novembre  1625,  à  Pierre  de  Fo- 
rés, seigneur  de  Tréguier  (t,  I  ;   p,  213). 

5.  —  Marie  de  Ginestous-Montdardier 
—  elle  épousa,  le  24  juin  1628,  Aldebert 
de  Seguin,  seigneur  de  Rochevalier  (t.  I  ; 

p.  482). 

6.  —  Louise  de  Ginestous —  laquelle, 
en  1644,  s'unit  à  Jacques  de  Soubeiran, 
écuyer,    seigneur    de    Montgiraud  (t.    I  ; 

p.  48b). 

7.  —  Marguerite  de  Ginestous  —  qui 
devint  femme,  le  4  novembre  1645,  de 
Pierre-Antoine  de  Rochefortd'Ailly,  ba- 
ron de  Saint-Vidal,  vicomte  de  Beaufort, 
gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du 
roi  (t.  I,   p.  432). 

8.  —  Gabrielle  de  Ginestous  la  Tou- 
rette —  qui,  le  24  décembre  1680,  s'unit 
à  Philibert  d'Apchier,  comte  de  Vabres 
(t.  l;p.  21). 

9.  —  Anne  de  Ginestous  —  qui  devint 
femme,  en  1686,  de  Charles  de  Faret, 
seigneur  de  Montfrin  et  de  Saint-Privat 
(t.  1;  p.  199). 

10.  —  Charles  de  Ginestous  —  marie, 
le  22  juillet  1565,  à  Anne  d'Agrain  des 
Ubaz  (t.  I  ;  page  5). 

11.  —  Guillaume  de  Ginestous —  époux 
de  Marie  de  Chanaleilles  (t.  1  ;  p.  139). 

12.  —  Louis  de  Ginestous  —  veuf  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre  1904 


729 


Marie-Jeanne-Henriette  de  Julien  de  Vine- 
zac,  qui  épousa  en  secondes  noces,  Rose 
de  Girard,  alors  veuve  de  Charles  de  Bos- 
cas(t.  II  ;  p.  433). 

12. —  François-Armand  de  Ginestous 
—  marié  le  14  février  1762,  à  Françoise 
de  Villardi  de  Quinson  (p.  140). 

La  famille  de  Ginestous  étant  fort  an- 
ciennement connue,  j'espère  qu'il  sera 
possible  à  quelque  aimable  collaborateur 
de  vouloir  bien  me  donner  ces  renseigne- 


ments. 


XVI  B.. 


Victor  Hugues.  —  Sait  on  la  date 
e.xacte  et  le  lieu  du  décès  du  commissaire 
Victor  Hugues,  né  en  1770,  à  Marseille, 
gouverneur  de  la  Guyane  en  1799,  et  qui 
mourut  dans  les  environs  de  Bordeaux, 
en  novembre  1826.?  Un  obligeant  cher- 
cheur Bordelais  serait-il  à  même  de  nous 


renseigner 


? 


NÉRAC. 


Famille  lePhilipponnat  de  Maî- 
penne  (Champagne).  —  D'Hozier  (t. 
III,  reg.  2)  donne  la  note  suivante  : 

Jean  Guérin,  écuyer,  seigneur  de  Brus- 
lard,  batisé  le  9  août  1613,  fut  maintenu 
dans  sa  noblesse  par  ordonnance  de  M.  le 
Fèvre  de  Caumartin,  intendant  en  Cham- 
pagne, du  8  juillet  1667,  en  conséquence 
des  titres  qui  en  prouvoient  une  possession 
constante  depuis  l'an  1541. 

Il  avoit  épousé  en  premières  noces,  le 
16  février  1637,  Demoiselle  Anne  le  Phi- 
lipponat,  fille  de  noble  Jwmim  Pierre  de 
Philipponcit,  écuyer,  seigneur  de  Malpenne . 

Deux  pages  plus  haut,  d'Hozier  cite 
«  Jean  le  Philipponat  >>  qui  avait  épousé, à 
la  fin  du  xvi"  siècle,  Eléonore  Guérin  de 
Bruslard.  (Dormans,  Champagne). 

Isaac  le  Philiponnat  (1633- 17 16)  est 
maire  d'Ay  en  1677  et  lieutenant  de  po- 
lice dans  la  même  ville  en  1699. 

Son  fils  aine, Isaac  de  Philiponnat  (1662- 
1727;,  est  procureur  au  Parlement  de 
Paris,  et  se  fait  inscrire  à  l'Armoriai  de 
1699  portant  e'chiqueté  d^or  et  de  gueules, 
au  chef  d'a:^ur^  chargé  de  trois  besants  d'ar- 
gent. 

Pourrais-je  recueillir  d'autres  renseigne- 
ments sur  cette  famille  et  sur  ses  alliances 
aux  xvi'  et  xvii^  siècles  ?  S. 

Descendants"  de  Béraut  de  ?vTer- 
cœur.  —  Existe-t-il,  outre  la  famille  de 
Chavagnac,  des  descendants  de  Béraut  de 


730 


Mercœur,  seigneur  du  Crest,  baron  en 
partie  de  Chavagnac,  etc.  qui  vivait  au 
xiv'  siècle  .? 

A  qui  est  passé  le  nom  de  Mercœur 
après  lui  .?  X. 

Pic  de  Replonge. —  Un  membre  de 
cette  famille  habitait,  vers  1875,  rue  de 
-Montparnasse,  à  Paris.  Q.u'est-il  devenu? 
Quelles  sont  ses  armoiries  et  sa  généalo- 
gie ? 


Louis  Calendini. 


Un  parent  de  Rembrandt.  —  Un 
livre  que  j'ai  sous  les  yeux  a  été  offert  en 
prix,  en  juillet  1701,  par  le  Gymnase 
d'Amsterdam  ingeimo  nuignœqiie  spei  ado- 
lescenti  Cornelio  van  Rhyn. 

Le  vrai  nom  de  Rembrandt  était  Har- 
mensz  van  Ryn.  Sa  fille  s'appelait  Corne- 
lia.  Ce  Cornélius  van  Rhyn  est-il  un  de 
leurs  parents .?  *** 

Le  peintre  Terburg.  —  Quels 
sont  les  ouvrages  qui  ont  été  écrits  sur 
le  peintre  Terburg  ^ 

Existe-t-il  des  œuvres  de  ce  peintre 
dans  des  musées  de  province  ?  X. 

Approbation  des  livres  au  XVIII* . 
siècle.  —  On  sait  qu'aucun  ouvrage  ne 
pouvait  être  imprimé  sans  que  le  manus- 
crit eût  été  soumis  à  l'autorité  civile,  qui 
en  permettait  ou  en  défendait  l'impres- 
sion. 

Le  comité  de  censure  placé  dans  les 
attributions  du  chancelier  de  France, 
pouvait-il  déléguer  ses  pouvoirs  à  des 
prêtres  ^ 

J'ai  sous  les  yeux  un  livre  de  Didot  fils 
aîné, intitulé  :  L'ami  des  jeunes  demoiselles, 
Paris, Didot  1789,  in-12  et  je  lis  à  la  fin  ce 
qui  suit  : 

APPROBATION 

J'ai  lu,  par  ordre  de  monseigneur  le  garde 
des  sceaux,  un  manuscrit  intitulé  :  Vami  des 
jeunes  demoiselles,  suivi  d'une  E pitre  aux 
célibataires . 

Ces  deux  productions  qui  ne  respirent    que 
la  vertu,  seront  accueillies  avec  plaisir  et  lues 
avec  intérêt,  A  Paris,  ce    14  novembre   1788. 
Signé  :  Bossu, 

curé  de  Saint-Paul. 
A.    DlEUAlDE. 

Auteur  d'un  «Voyage  à  Madagas- 
car »  —  Qiiel  est  l'auteur  de  l'ouvrage 
suivant  : 


N*  105S. 


L'INTERMEDIAIRE 


73' 


■32 


Voyage  de  Madagascar,  connu  aussi  sous 
le  nom  de  risle  de  Saint-Laurent^  par  M. 
de  V...  [sic]  commissaire  proviciai  {sic) 
de  l'Artillerie  de  France.  —  Paris,  Nyon. 
1722. 

La  dernière  édition  de  Barbier  se  borne 
à  constater,  d'après  l'approbation,  que  le 
V03''age  remonte  à  1663, et,  d'après  la  dédi- 
cace, que  l'édition  est  signée  «  Carpeau  du 
Saussay  ».  C'est  avouer  qu'on  en  ignore 
l'auteur. 

Quel  est  le  voyageur  qui  a  exploré  Ma- 
dagascar en  1663,  sous  l'administration  de 
M.  de  Champmargou  ?  S. 

Auteur  allemand  traduit  en  fran- 
çais. —  11  s'agit  de  J.  J.  Engel  (1741- 
1802)  auteur  du  Herr  Loren  Stark,  dont 
la  librairie  H.  Le  Soudier  a  fait  paraître 
une  nouvelle  édition  dans  sa  bibliothèque 
de  l'enseignement  pratique  des  langues 
vivantes. 

La  préface  parle  de  deux  traductions 
françaises  de  ce  charmant  petit  tableau 
de  mœurs. 

Je  désirerais  savoir  de  qui  elles  sont  et 
où  elles  ont  vu  le  jour,  deux  points  sur 
lesquels  il  m'a  été  impossible  jusqu'à  ce 
jour  d'être  fixé.  K.  Rip. 

Deux  œuvres  inédites  de  M.Paul 
Bourget.  —  M.  Paul  Bourget,  de  l'Aca- 
démie française, a,  paraît-il,  dans  ses  car- 
tons un  ouvrage  sur  Balzac,  dont  il  pu- 
blia jadis  un  extrait  dans  la  revue  Mi- 
nerva.  lia  également  un  roman  intitulé  : 
le  Petit  frère  qui,  annoncé  successive- 
ment dans  Mincrva  et  dans  le  Gaulois^ 
n'a  finalement  jamais  paru. 

Le  très  informé  Intermédiaire  peut-il 
me  dire  si  ces  ouvrages  paraîtront,  et 
quand  .^  M.  Paul  Bourget  lui-même  aura 
peut-être  l'obligeance  de  nous  renseigner. 

G. 

Un  vers  étrange  de  Saint- Ju st. 
—  Dans  son  poème  à' Or  gant,  Saint-Just 
dépeint  une  femme  comme  ayant  : 

Des  bras  d'ébène,  une  gorge  de  lait. 

Organt,  t.  I,  p.  90. 

Quel  peut  être  le  sens  de  ce  vers  singu- 
lier .''  Rien  ne  l'explique  ni  ne  le  prépare. 

Supercheries  typographiques  — 

Pourrait-on  donner  quelques  détails  sur 
les  supercheries  typographiques  qui  ont 
été  tentées  depuis  .:iuelques  années  ? 


J'entends  par  là  les  fausses  éditions  ori- 
ginales comme  celles  du  Portefeuille  d'un 
talon  rouge  (1780)  ou  des  Amies  de  Ver- 
laine (1870)  qui,  autrefois  rarissimes,  en- 
combrent aujourd'hui  les  boutiques  des 
libraires.  S. 

La  quête  de  l'hirondelle  à  Rho- 
des.— Sainte-Beuve.  Tableau  hist.  etcrit. 
delà  poésie  française  et  du  Théâtre hrançais 
au  A>7^  siècle  (Nouvelle  édition,  Paris, 
Charpentier,  p.    463,  n.    2). 

«  (De  l'esprit  de  malice  au  bon  vieux 
temps.   La  Mounoie). 

«...  Les  Anciens  avaient  aussi  leur  ma- 
nière de  Ahëls.  A  une  certaine  époque  de 
l'année,  chez  les  Rhodiens5;/r/<?///,  les  en- 
fants allaient  faire  la  quête  de  Vhirondclle^ 
ils  chantaient  aux  portes  : 

Elle  est  venue  l'hirondelle,  amenant  les 
belles  saisons  et  la  belle  année  ;  blanche 
sous  le  ventre  et  sur  le  dos  noire.  Ne  tire- 
ras-tu pas  hors  de  ta  grasse  maison  un  pa- 
nier de  figues  et  un  gobelet  de  vin,  et  une 
éclisse  de  fromage  et  du  froment  ? 

L'hirondelle  ne  refuse  pas  même  un  pe- 
tit gâteau.  Est-ce  que  nous  nous  en  irons, 
ou  bien  aurons-nous  quelque  chose  ?  Si  tu 
nous  donnes,  nous  nous  en  irons  ;  sinon, 
nous  ne  laisserons  pas  la  place  ou  nous 
emporterons  la  porte  ou  le  dessus  de  la 
porte,  ou  bien  la  femme  qui  est  assise  là- 
dedans.  Elle  est  petite  la  femme  et  nous 
l'emporterons  aisément.  Allons,  donne,  si 
peu  que  tu  nous  donnes  ce  sera  beaucoup. 
Ouvre,  ouvre  la  porte  à  l'hirondelle,  car 
nous  ne  sommes  pas  des  vieillards,  nous 
sommes  des  petits  enfants. 

«  M.  Rossignol  (1),  nous  le  savons,  a 
recueilli  beaucoup  de  détails  érudits  sur 
ces  jolis  chants  et  ces  Noëlsde  l'antiquité, 
il  rendrait  service  en  les  publiant  ». 

On  demande  si  ce  savant  s'est  rendu 
au  désir  de  Sainte-Beuve. 

Le  chat  de  la  critique  n'indique  point  où 
il  a  pris  cette  citation  ;  c'est  une  traduc- 
tion, dit-il,  d'une  des  plus  jolies  pièces 
des  anciens,  et,  nous  l'avouons,  ce  ren- 
seignement est  insuffisant  pour  nous  per- 
mettre de  remonter  à  la  source.  Aucune 
des  trois  anthologies  grecques  que  nous 
avons  consultées,  ne  donne  ce  curieux 
récit.  LÉDA. 


(1)  Jean-Pierre  Rossignol,  de  l'Acadtmie 
des  inscriptions. 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


7->  -> 
y-1 


La  bibliotlièque  du  D'  Court  — 
Le  7  mai  1884,  on  vendait  à  Paris,  à 
l'hôtel  de  la  rue  Drouot,  la  bibliothèque 
du  D""  Court  qui  habitait  (10  ans  aupara- 
vant) rue  du  Centre,  4.  Cette  bibliothè- 
que renfermait  des  raretés,  en  particulier 
le  volume  du  P.  Yves  d'Evens,  capucin  : 
Suitte  de  l'histoire  des  choses  plus  ineiiiora- 
hles  advenues  en  Maragnan  es  années  161^ 
et  16 14.  Paris,  Fr.  Huby,  161  v  Le  ^' 
Court  avait  acheté  ce  volume  800  fr.,  il 
fut  vendu  1000  ou  1200  fr.  On  voudrait 
savoir,  si  c'est  possible,  ce  que  devint  ce 
volume,  plus  complet  que  l'exemplaire  de 
la  Bibliothèque  nationale  sur  lequel 
M.  Ferdinand  Denis  publiait  une  réédition 
de  cet  ouvrage  en  1864.       Arch.  Cap. 

Mémoires  sur  la  vie  de  madame» 
de  Villeneuve.  —  Je  serais  reconnais- 
sante auK  aimables  collaborateurs  de 
XI  nier  médiane^  de  m'aider  à  me  procurer 
les  Mémoires  sur  la  vie  de  Madame  de  Vil- 
leneuve, née  V Huillier^  par  M™*  Chaufour- 
naud,  mémoires  dont  il  est  question  dans 
la  vie  manuscrite  du  commandeur  de  Sil- 
léry.  Comtesse  de  la  Selle. 

Le  vent  d'à,  ut  an.  —  Si  vous  allez  à 
Toulouse,  vous  ferez  connaissance  avec  le 
vent  d'autan.  C'est  un  vent  désagréable 
et  malicieux  auquel  on  prête  tous  les  mau- 
vais procédés.  Il  fatigue  le  passant,  dé 
coiffe  et  trousse  les  filles,  et  préside  à 
mille  incohérences  ou  folies.  On  lui  mon- 
tre, d  ms  tout  le  sud-ouest,  un  certain 
etïroi,  d'ailleurs  sympathique. 

Si  l'oa  demande  aux  méridionaux  : 
Pourquoi  ce  vent  s'appelle-t-il  le  vent 
d'autan?  Ils  répondent  —  caries  méridio- 
naux répondent  toujours,  —  mais  ils  ré- 
pondent :  «  On  l'appelle  ainsi  parce  que 
c'est  son  nom  ».  La  raison  est  père  m  p- 
toire.  Mais  pourquoi  est-ce  son  nom  : 
Que  veut  dire  vent  d'autan  ?     Surville. 

Casserole.  —  C'est  un  mot  souvent 
employé  depuis  quelque  temps.  Dans  l'ar- 
got des  voleurs,  il  signifie  moucixard,  dé- 
nonciateur. Toutefois,  il  est  d'introduc- 
tion assez  récente.  Delvau  le  cite,  mais 
l'auteur  de  Cartouche  on  Le  Vice  puni  ne  le 
cite  pas  dans  le  lexique  qui  termine  son 
poème  (1725). 

Point  de    doute   sur    le   sens  du  mot. 


20  Novembre  190  4 

734   

Mais  que  sait-on  de  l'origine  et   des   rai- 
sons de  son  emploi.?  Y. 

Avaleur  de  sabres.  —Je  crois  que 
dans  l'argot  des  mécaniciens,  et  surtout 
des  mécaniciens  de  chemin  de  fer,  un  ou- 
vrier soigneux  et  con-^cicncieux  s'appelle 
un  avaleur  de  sabres.  Hst-ce  exact  et  pour- 
quoi cette  appellation  '<! 

Gustave  Fustier. 

Le  cas  de  M  G-aérin.  —  En  faisant 
des  recherches  sur  le  lieu  de  la  sépulture 
de  Mirabeau  dans  la  série  Es,  (cimetières 
et  inhumations),  j'ai  parcouru  une  série 
de  rapports  provenant  des  autorités  du 
département  de  l'Oise,  sur  une  mons- 
truosité pathologique  que  j'ai  tout  lieu  de 
supposer  assez  rare. 

Vers  1820  mourait  un  jeune  homme 
de  14  ans,  contrefai  .  mal  venu,  ayant 
au  côté  droit  une  tumeur  énorme.  A 
l'autopsie,  on  constata  la  présence  d'un 
fœtus  dans  des  conditions  bizarres.  Ce 
fœtus  n'avait  que  deux  bras  et  une  jambe, 
mai=,  par  contre,  un  système  pileux  qui 
pénétrait  dans  l'intestin  en  sorte  que  son 
frère,  devenu  son  père,  avait  de  fréquents 
vomissements  de  cheveux.  Le  dossier  des 
archives  contient  les  détails  les  plus  com- 
plets et  les  plus  curieux  sur  ce  phéno- 
mène. Connait-on  d'autres  cas  sembla- 
bles? Q.u'cn  pense  le  D'  Cabanes  toujours 
si  bien  documenté  sur  ce  qui  touche  ces 
curiosités  de  la  médecine  ;  qu'en  pense 
le  D'  Baudouin  ? 

J.  G.  Bord. 

Lafemnio  de  Bern  rdia  de  Sait  t- 
Pierro  :  «  Félicité  Didot,  a  été  le 
sounre-douieur  do  son  mari.  »  — 
C'est  en  ces  termes  précis,  nets,  tran- 
chants, que  le  collabo  E.  Grave  s'exprime 
dans  y  Intermédiaire,  (L.  358.) 

D'autre  part,  M.  Ruinât  de  Gournier 
qualifie  Bernardin  de  Saint-Pierre  à'iufer- 
nal  mari  (i). 

C'est  bientôt  dit,  mais  la  preuve? 

Les  lettres  dont  M.  de  Gournier  donne 
copie  vont  plutôt  à  l'encontre  de  sa  thèse. 
Alors  ?  J.  Brivois. 


(i)  Amour  de  philosophe.  Bernardin  de 
Saint-Pierre  et  Félicité  Didot.  Paris,  Ha- 
chette 1905,  in-i2. 


N"  1058. 


L'INTERMÉDIAIRE 


735  --'" 


736 


i? 


^<  Le  Livre  d'amour  »  de  Saiate- 
Beuve  (L,  620).  —  Oui,  il  y  eut  des 
lettres  de  J\imc  Victor  Hugo  à  Sainte- 
Beuve  ; 

Oui,  elles  étaient  en  la  possession  du 
docteur  Chéron,  lils  de  M.  Paul  Chéron  à 
qui  Sainte-Beuve  les  avait  léguées  ; 

Oui,  elles  ont  été  brûlées. 

Preuve  authentique  de  cette  destruction 
existe. 

Il  existe  bien  autre  chose  que  cette 
preuve  authentique. 

On  peut  estimer  que  Sainte-Beuve  com- 
mit un  acte  répréhensible  en  mettant  à 
l'appui  du  Livre  d'amour  une  correspon- 
dance dont  l'obje'-  ne  se  devine  que  trop, 
mais  il  ne  s'agit  pas  de  savoir  si  Sainte- 
Beuve  a  eu  tort  l  u  a  eu  raison,  il  s'agit 
de  savoir  si  la  destruction  des  lettres  est 
vraie.  Cela,  qu'on  le  veuille  ou  non,  c'est 
de  rhistoire  littéraire,  et  c'est  vrai. 

Deux  térnoins  du  fait  sont  morts,  deux 
sont  vivants.  Les  morts  sont  le  D'  Chéron 
et  M.  Paul  Foucher.  Les  vivants  sont 
l'un, un  écrivain  d'art  ;  l'autre, un  membre 
de  la  famille  Hugo. 

Je  ne  me  prononce  pas  sur  le  sens  des 
lettres  ;  je  ne  me  prononce  pas  sur  le  fond 
du  débat.  }'ignore  et  veux  ignorer  quelle 
était  la  nature  des  relations  entre  l'auteur 
du  Livre  d'amour  et  l'héroïne  de  ce  livre. 

J'apport  une  contribution  moins  déli- 
cate et  plus  précise. 

Vérifiera  qui  voudra  ou  pourra.      A, 

Le  droit  du  seigneur  (T.  G.,  290; 
L,  206,  295,  396).  —  Au  milieu  des 
droits  bizarres  qui  furent  concédés  à 
l'abbaye,  nous  avons  cru  devoir  signaler 
un  singulier  privilège  dont  nous  n'avons 
trouvé  trace  dans  aucun  auteur  et  que 
Ducange  lui-même  semble  avoir  ignoré. 

11  s'agit  d'une  variété^w  droit  de  jambage 
sur  laquelle  il  n'est  pas  permis,  comme 
sur  tant  d'autres,  d'élever  le  moindre 
doute,  d'après  la  preuve  que  nous  avons 
entre  les  mains.  En  1238.  Marguerite 
Chesnard,  belle-sœur  d'un  noble  cheva- 
lier, Hugues  de  Saumery,  fit  un  échange 
avec  l'abbaye  de  Voisins.  Dans  cet  acte, 
les  religieuses  lui  abandonnaient  une 
rente  que  leur  avait  donnée  jadis  la  Dame 
de    Saumery,    sa    sœur,    et    Marguerite 


leur  cédait  comme  compensation  le  droit 
de  jambage  dont  elle  jouissait  à  Meung 
depuis  longtemps  et  qui  est  ainsi  défini 
dans  le  texte  latin  :  quidquid  hahehat  in 
jambis  porcoriim  in  vigilià  beati  Martini 
bieiiialis  apud  macgdiinum  maetaîonuii  ab 
borà  vespertinà  ipsins  vigiliae  usque  adbo- 
ramprimain  dieifcsti  (Histoire  de  l'abbaye 
DE  Voisins  ordre  de  Citeaux.  Orléans 
1832,  p.  23). 

Statue  do  Henri  ÏV  sur  le  Pont 
Neuf(L,  667). —  Evidemment,  il  fau- 
drait avoir  mieuxqu'un  propos  légendaire. 
Le  Henri  IV  du  Pont  Neuf  est  fait  avec  le 
Desaix  de  la  Place  des  Victoires  et  le  Na- 
poléon de  la  colonne  Vendôme.  On  pré- 
tend en  effet  que  le  fondeur,  par  manière 
de  protestation,  a  mis  une  statuette  de 
Napoléon  le  dans  l'une  des  jambes  du 
cheval.  Mais  rien  n'est  venu  confirmer, 
jusqu'à  ce  jour,  cet  on-dit. 

Ce  qui  est  vrai  (voyez  Intermédiaire  t. 
XXVII  et  XXXI),  c'est  que  la  statue  ren- 
ferme officiellement  vingt-cinq  médailles 
relatives  aux  événements  du  règne  de 
Louis  XVllI,  et  trois  ouvrages  richement 
reliés,  les  Economies^  de  Sully,  la  Henriade, 
de  Voltaire  et  la  Vie  d'Henri  IV,  de  Péréfixe. 

Il  est  vraisemblable  que  le  peuple  sa- 
chant que  l'on  avait  mis  dans  le  cheval 
ces  médailles  et  ces  volumes  imagina 
qu'on  y  avait  mis  ce  qu'il  souhaitait  d'y 
voir  mettre,  L. 

Je  me  souviens  que, vers  1869  ou  1870, 
j'ai  connu  dans  un  village  de  l'Oise  où  il 
vivait  retiré,  un  brave  homme,  ancien 
fondeur,  je  crois, nommé  Prière.  11  y  avait 
sur  sa  cheminée  une  petite  statuette  qui 
excitait  ma  curiosité  d  enfant  ;  elle  repré- 
sentait Napoléon  1'=',,  coiffe  du  légendaire 
chapeau,  debout  sur  un  socle  rappelant  le 
sommet  de  la  colonne  Vendôme. 

A  cette  époque,  M.  Prière  nous  a  ra- 
conté que,  lorsque  le  gouvernement  de  la 
Restauration  avait  fait  fondre  la  statue  de 
Napoléon  I""",  surmontant  la  colonne  Ven- 
dôme, pour  en  taire  la  statue  de  Henri  IV, 
actuellement  sur  le  Pont-Neuf.les  ouvriers 
fondeurs,  (dont  il  était,  si  je  ne  me 
trompe),  très  bonapartistes,  se  cotisèrent, 
pour  soustraire  à  ce  qu'ils  considéraient 
comme  une  sorte  de  profanation,  tout  ce 
qu'ils  purent  du  bronze  de  la  statue  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


737 


Napoléon  et  le  remplacer  par  du  bronze 
neuf. 

Puis  ils  fabriquèrent  avec  le  bronze  du 
Napoléon,  un  certain  nombre  de  statuet- 
tes pareilles  à  celle  qu'il  possédait,  et  en 
bourrèrent  le  Henri  IV  ;  ils  s'en  réservè- 
rent quelques  exemplaires  comme  souve- 
nir. )e  n'ai  jamais  su  si  le  fait  était  vrai, 
mais  je  n'ai  aucune  raison  de  suspecter  la 
bonne  foi  de  M.  Prière.  J.  L.  L. 

L'emploi  clu  terme  de  citoyen, 
citoyenne  (T.  G.,  212). —  Dans  un  ou- 
vrage de  Fanny  de  Beauharnais  :  L'Ile  de 
la  Félicité  OH  Anaxis  et  Thèone,  à  la  page 
144  figure  une  <^  Epitre  à  Messieurs  de  la 
Société  patriotique  Bretonne,  pour  les  re- 
mercier de  l'honneur  qu'ils  m'ont  fait  en 
me  proclamant  citoyenne.  » 

Or,  cette  épitre,  datée  de  1783,  est 
accompagnée  de  la  note  suivante  : 

La  Société  patriotique  bretonne  doit  son 
origine  et  son  institution  à  M.  le  comte  de 
Serent,  ancien  commissaire  des  états  de 
Bretagne  au  bureau  de  l'administration, 
gouverneur  de  la  presqu'île  de  Rhuys, 
membre  de  plusieurs  académies,  etc.  C'est 
dans  la  salle  académique  de  son  château 
de  Keralier  que  se  tiennent  les  assem- 
blées. On  y  voit  une  tribune  portant  cette 
inscr;ption  :  «  Ici  on  sert  son  Dieu  sans  hy- 
pocrisie, son  roi  sans  intérêt  et  sa  patrie 
sans  ostentation  ».  On  a  donné  à  ce  lieu  le 
nom  très  mérité  de  Temple  de  la  Patrie. 
Les  patriotes  bretons,  pour  augmenter  l'é- 
clat de  leurs  assemblées,  se  sont  associé 
plusieurs  femmes  célèbres  par  leurs  vertus 
et  leurs  talents.  C'est  madame  la  comtesse 
de  Nantais,  qui,  reçue  la  première,  a  été 
leur  introductrice,  et  je  suis  forcée  de  dire 
la  mienne,  parce  qu'on  m'u  fait  l'honneur 
de  ni'ad mettre. 

].-G.  Bord. 

La  tombo  do  Mirabeau  (L,  451, 
505,621).  —  L'amphithéâtre  des  hôpitaux 
s'élève  sur  l'emplacement  du  cimetière 
de  Clamart.Vers  1865, il  subsistait  encore 
au  milieu  des  pavillons  de  dissection,  un 
petit  coin  intact  de  l'ancienne  nécropole 
transformé  en  un  bien  modeste  parterre 
de  quelques  mètres  carrés. On  y  lisait  une 
longue  épitaphe  inaltérée  d'un  M. Crapelet, 
hnprimeur,  mort  au  commencement  du 
XIX*  siècle. Le  cimetière  de  larue  de  Vaugi- 
rard,  très  rapproché  de  la  demeure  du  dé- 
cédé, n'a  été  fermé  que  vers  1824, comme 


20  Novembre    1904» 

— —  738    — 

la  plupart  des  lieux  de  sépultures  de  la 
rive  gauche.  Il  paraîtra  bien  probable  que 
l'imprimeur  fut  enterré  là  où  reposaient 
de  longue  date  les  membres  de  sa  famille. 
On  est  donc  porté  à  croire  que  le  cime- 
tière de  Clamart  recevait,  avant  1789, 
aussi  bien  les  restes  des  gens  morts  à  leur 
domicile  que  les  cadavres  des  hôpitaux. 
Ceux  qui  sont  encore  nommés  dans 
nos  campagnes  les  «  désespérés  »  furent- 
ils  reçus  à  Paris  dans  cet  unique  champ 
de  repos  \ 

Le  lugubre  souvenir  pourrait  bien  s'ex- 
pliquer par  le  vol  si  fréquent  des  cada- 
vres. On  en  déroba  jusqu'à  40  dans  la 
miême  nuit.  Ce  cambriolage  macabre 
devait  jeter  une  sinistre  renommée  sur  ce 
quartier  fangeux.  Ces  morts  allaient  aux 
amphithéâtres  clandestins.  Fermait-on  un 
peu  les  yeux  sur  ces  odieux  détourne- 
ments ^  Il  est  permis  de  le  croire.  Sans 
doute  Clamart  offrait  un  asile  peu  sûr, 
mais  de  là  à  en  faire  un  cimetière  de  ré- 
prouvés, il  y  a  certaine  marge. En  somme, 
la  dépouille  de  Mirabeau  peut  y  avoir  été 
déposée  tout  aussi  bien  qu'ailleurs,  mais 
après  tant  de  remaniements  le  champ 
d'exploration  me  paraît  aujourd'hui  bien 
restreint. 

Outre  celui  de  Saint-.Médard  rendu 
célèbre  par  les  convulsionnaires,  attenant 
comme  on  le  sait  à  l'église  toujours  exis- 
tante, on  trouvait  encore  sur  ce  versant 
de  la  montagne  Sainte-Geneviève,  au 
moins  un  3*  cimetière  s'étendant  jusqu'au 
n'^  80  du  boulevard  Saint-Marcel  (Entre- 
pôt des  tabacs).  Près  de  là  se  sont  élevéesi 
les  églises  de  Saint-Marcel  et  de  Saint« 
Martin. 

En  1903,  j'ai  vu  découvrir,  vers  le  hau't 
de  la  rue  de  la  Montagne  Sainte-Gene- 
viève, des  sépultures  remontant  san*; 
doute  au  cimetière  de  Saint-Etienne-du- 
Mont. 

Tandis  que  les  champs  de  repos  de  Is 
rive  droite  disparaissaient  dès  le_  com- 
mencement du  xix=  siècle,  par  suite  de  la 
création  des  cimetières  du  Nord  et  de  l'Est, 
il  est  évident  que  bon  nombre  des 
anciens  cimetières  de  la  rive  gauche 
ont  dû  être  pratiqués  jusqu'en  1824, 
date  de  l'ouverture  du  cimetière  de  Mont- 
parnasse ;  celui  de  Vaugirard,  quoique 
fermé  depuis  longtemps  déjà, n'a  été  aliéné 
que  vers  1870. 

Il  serait  curieux   de  relever  les   dates 


N*  1058 


L'INTERMEDIAIRE 


739 


740 


d'aliénation  ou  tout  au  moins  de  ferme- 
ture des  ditïérenls  cimetières  de  la  rive 
gauche,  celui  de  Saint-Sulpice  était  sans 
doute  fermé  lorsqu'on  y  installa  le  bal 
des  vie  t  mes .  L  h  d  a  . 


La  sentinelle  qui  empêcha  de 
passer  le  Petit  Caporal  (L,io5,  ^^8). 
—  Le  Journal  des  Débats  a  reçu  des  dé- 
tails complémentaires  sur  l'information 
que  nous  avons  publiée.  Ils  sont  extrême- 
ment intéressants.  Une  coquille  s'était 
glissée  dans  notre  note  :  Goluche  est  mort 
en  1868  et  non  1865. 

Jean-Baptiste  Coluche  est  obscur  et  célèbre. 
L'histoire  a  négligé  son  nom,  mais  la  légende 
a  recueilli  de  ses  lèvres  une  phrase  ininior- 
telle.  C'est  Cohiche  qui  a  dit  à  l'Empereur  : 
«  Fussiez-vous  le  Petit  Caporal, vous  ne  passe- 
rez pas  ».  V Intermédiaire  des  chercheurs  et 
curieux  a  tiré  de  l'oubli  ce  héros  de  la 
consigne  en  lui  consacrant,  il  y  a  quelques 
semaines,  une  courte  biographie  que  nous 
avons  reproduite.  Un  de  nos  lecteurs, M.  Bon- 
nel,  de  Vouziers,  veut  bien  nous  adresser 
quelques  détails  complémentaires.  Détails 
précis  et  dignes  de  foi,  car  M.  Bonnel  a 
connu  personnellement  Coluche  qui  l'a  honoré 
de  ses  confidences  et  lui  a  fait  cadeau  de  son 
portrait. 

Comme  il  arrive  toujours,  le  second  histo- 
rien rectifie  le  premier.  Le  fait  reste  avéré  ;  les 
circonstances  diffèrent.  Ce  n'est  pas  à  Ebeis- 
dorf,  mais  à  Vienne  que  la  scène  s'est  passée. 
Napoléon  avait  fait,  ce  jour-là,  dans  la  capi- 
tale autrichienne,  son  entrée  triomphale  et 
s'était  installé  dans  le  palais  désert  de  Fran- 
çois II.  Le  soir  venu,  il  voulut  s'assurer  par 
lui-même  que  les  factionnaires  observaient  la 
consigne.  S'approchant  à  l'improviste  d'une 
des  portes  du  palais  :  «  Il  faut,  dit-il  à  la 
sentinelle,  que  je  voie  sans  tarder  l'empereur. 
Si  tu  veux  me  laisser  passer,  ta  fortune  sera 
faite.  —  Si  tu  avances,  répondit  simplement 
Jean-Baptiste  Coluche,  Je  te  f...  ma  baïon- 
nette dans  le  ventre.  »  Phrase  énergique  et 
belle.  L'histoire  lui  attribuait  une  forme  plus 
lapidaire.  Mais  la  version  de  Coluche, éloquent 
sans  apprêt,  est  bien  plus  vraisemblable.  Voilà 
le  mot  historique  ;  l'autre  est  un  mot  d'histo- 
rien. 

Coluche,  croisant  la  baïonnette,  se  disposait 
à  joindre  l'action  à  la  parole.  L'empereur  n'in- 
sista point  ;  il  se  retira,  amplement  satisfait. 
Relevée  de  sa  faction,  la  sentinelle  raconta 
l'incident  en  arrivant  au  poste.  Les  camarades 
avaient  vu  passer  Napoléon.  Ils  s'amusèrent  à 
effrayer  Coluche  :  «  Ton  affaire  est  claire,  lui 
dirent-ils  :  tu  as  empêché  le  Petit  Caporal  de 
rentrer  chez  lui  ;  demain  matin,  tu  seras  fu- 
sillé ».  Les  braves  ne  connaissent  pas  la  peur. 


Coluche,  tout  de  même,  était  un  peu  inquiet. 
Aussi,  quand  le  lendemain,  l'empereur  fit  de- 
mander le  soldat  qui,  à  telle  heure,  était  de 
garde  à  telle  porte,  Coluche,  craignant  une 
algarade,  s'esquiva  par  la  fenêtre.  Plus  avisé, 
un  de  ses  camarades  répondit  à  l'appel  du 
commandant  de  poste,  se  rendit  au  palais  et 
reçut  de  Napoléon,  avec  des  compliments, 
la  croix  de  la  Légion  d'honneur.  Lorsque 
Coluche,  remis  de  son  inquiétude,  rentra 
dans  la  chambrée,  il  apprit  avec  désespoir  la 
bonne  fortune  qui  venait  de  lui  échapper  ;  il 
réclama,  mais  Napoléon  n'ai.niait  point  à  se 
déjuger.  Il  ne  revint  pas  sur  ce  qu'il  avait 
fait.  Et  ce  fut  Louis  XVllI  qui,  plus  tard,  dé- 
cora le  fidèle  factionnaire,  tout  comme  si  Bo- 
naparte eût  été  «  lieutenant  général  désarmées 
du  Roy  » . 

Coluche  vécut  très  vieux.  Retiré  en  Seine- 
et-.Viarne,  à  Gastins  (canton  de  Nangis),  on 
l'informa  un  jour  que  Napoléon  111  était  à 
Fontainebleau.  Coluche  mit  à  la  boutonnière 
de  son  plus  beau  vêtement  sa  médaille  de 
Sainte-Hélène  et  sa  croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur et  il  partit  pour  voir  le  neveu  de  son 
maître.  A  la  porte  du  château,  il  fut  à  son 
tour  arrêté  par  la  garde  qui  lui  demanda  de 
montrer  sa  lettre  d'audience  :  «  Je  n'en  ai  pas 
besoin,  grommela  le  grognard.  Vous  direz  à 
l'empereur  que  c'est  moi  ;  il  me  laissera  en- 
trer. »  Après  de  longs  pourparlers,  le  chef  de 
poste  fit  avertir  Napoléon  111.  Sa  Majesté, 
curieuse  de  voir  le  bonhomme,  doiina  ordre 
qu'on  l'introduisît.  Coluche,  nourri  dans  les 
camps,  ignorait  l'étiquette  des  cours.  Sans 
s'attarder  à  de  vaines  politesses  :  «  J'ai  bien 
connu  votre  oncle,  dit-il  à  l'empereur  ;  nous 
avons  voyagé  longtemps  ensemble  ;  aussi  je 
tenais  à  faire  votie  connaissance.  —  C'est  très 
bien,  mon  vieux  brave.  Avcz-vous  besoin  de 
quelque  chose  ?  —  Absolument  de  rien.  Je 
suis  chez  mon  gendre  Varvaët,  qui  tient  l'au- 
berge du  Cheval  Blanc,  à  Gastins,  où  j'ai 
tout  ce  qui  me  faut.  —  Eh  !  bien  alors,  vous 
pouvez  vous  retirer,  car  j'ai  beaucoup  à  faire. 
—  On  m'a  dit  que  vous  aviez  une  belle 
femme,  répliqua  l'avantageux  Coluche  ;  je 
voudrais  bien  la  voir.  »  A  ce  moment,  par 
une  heureuse  fortune,  l'impératrice  entrait. 
Une  telle  admiration  se  peignit  sur  les  traits 
du  vieux  brave,  que  les  deux  souverains  en 
furent  amusés  et  flattés. 

Revenu  à  Gastins,  Coluche  trouva  dans  la 
poche  de  son  paletot  un  rouleau  de  vingt-cinq 
napoléons  qu'y  avait  discrètement  glissé  la 
main  d'un  adroit  chambellan. 

Notre  correspondant  ajoute  que  Coluche, qui 
lui  donna  sa  photographie  le  3  mars  1S66,  et 
qui  avait  alors  quatre-vingt-sept  ans,  ne 
jouissait  d'aucune  pension  de  retraite.  Il  au- 
rait pu,  s'il  l'avait  voulu,  se  créer  des  ressour- 
ces. Un  établissement  de  confections  de  Paris, 
qui    avait   pour   enseigne  :  A  la    Redingote 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


741 


grise,  lui  avait  proposé  i.Soo  fr.  de  traite- 
ment, le  logement  et  la  nourriture  pour  pou- 
voir ajouter  à  son  enseigne  :  «  C'est  ici  que 
demeure  Coluche  ».  Coluche  ne  voulait  point 
d'argent  ;  la  gloire  lui  suffisait,  avec  la  li- 
berté. Quand  il  mourut,  peu  de  monde  suivit 
son  enterrement.  Mais  le  général  Duberne,qui 
résidait  dans  les  environs  de  Gastins,  voulut 
assister  en  grand  uniforme  aux  obsèques  de 
Coluche.   —  Z. 

Louis  XVII.  Sa  mort  au  Temple 

(T.  G.,  534  ;  XLIX,  Qii  ;  L,  625).  —  Le 
corps  de  Louis  XVII  n'a  certainement 
jamais  été  déposé  dans  le  caveau  royal  de 
la  Basilique  de  Saint-Denis. 

)'ai  vu' les  procès-verbaux  de  dépôt  des 
corps,  procès-verbaux  insérés  dans  le 
registre  des  procès-verbaux  du  chapitre 
de  Saint-Denis,  il  n'en  existe  aucun  con- 
cernant le  corps  du  fils  de  Louis  XVI. 

G.  La  Brèche. 
* 

Dans  le  recueil  intitulé  :  Copie  des  piè- 
ces saisies  dans  Je  local  que  Bahœnf  occu- 
pait lors  de  son  arrestation,  Paris,  Ni- 
vôse an  V,  fio^  liasse,  page  245,  lettre 
de  l'agent  du  XIP  arrondissement  en  date 
du  19  floréal  an  IV)  je  trouve  les  lignes 
suivantes  : 

Il  m'a  été  assuré  aujourd'hui  que  les  sept 
personnes  qui  ont  été  assassinées  à  Vitry  il  y 
a  dix  jours,  ne  l'ont  été  que  par  l'ordre  du 
gouvernement,  que  le  motif  est  que  \s.  Dau- 
phin n'était  pas  mort  (une  ligne  effacée),  et 
qu'il  n'y  avait  de  témoin  de  son  enlèvement 
furtif  du  Temple,  ainsi  que  du  lieu  où  il  est 
déposé,  que  ces  personnes  là,  ainsi  que  Dus- 
sault,  chirurgien  de  rHôtei-Dieu,  qui  a  été 
empoisonné  par  le  même  ordre  ;  que  l'on  y 
avait  laissé  un  sabre  et  un  collet  blanc  pour 
en  accuser  la  légion. 

A  quelles  personnes  est-il  fait  allusion 
dans  cette  lettre  ^.  Possède -t-on  des  ren- 
seignements sur  cet  événement  ? 

Tastevin, 


Le  père  Loriquet  (T.  G.,  528  ; 
XLIX,  705  ;  L,  459).  —  On  lit  dans  la 
Révolution  française  (14  novembre  1904)  : 

On  a  lu  dans  notre  numéro  de  mars  1904 
l'étude  de  M.  jule^  Claretie  sur  l'histoire  de 
France  du  Père  Loriquet.  et  dans  le  numéro 
du  mois  suivant  la  lettre  de  M.  Bliard  à  ce 
sujet.  Nous  avons  reçu   depuis,  sur   le  même 


sujet,  de  M 
que  voici 


L.  Grasilier,   l'intéressante  lettre 


20  Novembre   190/J. 

_     742     • 

Monsieur  et  honoré  confrère, 

Voulez-vous  me  permettre  d'apporter,  moi 
aussi,  mon  filet  d'encre  aux  flots  qu'a  déjà 
fait  verser  la  question  Loriquet,  même  après 
votre  très  spirituel  président  et  Térudit  M. 
Bliard. 

Le  mot  attribué  au  P.  Loriquet  a  bien  été 
dit,  mais  pas  par  cet  historien,  ad  usum  del- 
pJiini. 

Et  s'il  lui  a  été  attribué,  ce  n'a  été  que 
pour  accabler  cet  instituteur  sous  le  ridicule, 
«  qui  tue  »,  dit-on . 

Le  mot,  selon  les  savants  collaborateurs  de 
V Intermédiaire,  lui  a  été  attribué  par  de  facé- 
tieux rédacteurs  du  Journal  des  Débats. 

Or,  c'est  précisément  un  des  frères  Bertin, 
Bertin  d'Antilly,  qui  en  est  l'inventeur,  ou  à 
peu  près. 

Le  6  août  1797,  dans  un  journal,  Le  Thé, 
Bertin  publiait  un  fantaisiste  :  Tableau  de  la 
maison  du  roi  constitutionnel  de  la  monarchie 
française,  dans  lequel  on  trouve  : 

Grand  Connétable  :  Buonaparte 

Et  : 

S.  A.  LE  Duc  DE  Chartres,  roi  par  la  Cons- 
titution. 

De  là  à  lieutenant  général  du  royaume,  il 
n'y  a  guère  de  distance. 

Maintenant,  en  admettant  que  le  P.  Lori- 
quet eût  réellement  écrit  «le  marquis  Buona- 
parte, etc.  »,  croyez-vous  que  sa  Compagnie 
eut  été  assez  naïve  pour  le  laisser  imprimer? 

Mais  je  ne  veux  pas  discuter  sur  ce  point, 
mon  objet  étant  de  rendre  à  Bertin  ce  qui  lui 
appartient,  et  non  d'  «  embêter  »  Loriquet  et 
sa  Compagnie. 

Veuillez  croire,  etc. 

LÉONCE  Grasilier. 


Le  nard  des  Romains  (L,  620).  — 
Notre  confrère  va  pouvoir  choisir,  entre 
les  différends  nard^  connus,  celui  qui  ré- 
pond le  mieux  à  sa  question.  D'abord  les 
connaissances  géographiques  des  anciens 
ne  s'étendaient  pas  au  delà  de  l'ile  de 
Ceylan  ;  mais  comme  ils  recevaient  la 
soie  de  la  Chine,  il  n'est  pas  impossible 
qu'ils  aient  aussi  reçu  le  nard  de  Java  ; 
cependant,  c'est  peu  probable. 

Le  nard  indien  actnel  est  le  Nardosta- 
ch\'s  ;  mais  il  y  a  une  quantité  d'autres 
nards,  qui  viennent  de  moins  loin,  et  qui 
sont  des  espèces  différentes  de  valériane  : 
nard  de  Crête,  nard  celtique,  nard  cham- 
pêtre, nard  de  montagne.  Le  nard  d'Italie 
était  la  lavande  ;  mais  le  nard  des  Ro- 
mains devait  être  \ Andropogon  nardm, 
que  l'on  appelle  encore  aujourd'hui  narc^ 
syriaque  et  nard  indique. 


No  1058. 


L'INTERMEDIAIRE 


743 


744 


En  effet,    si    !e   nard  des   anciens  était  1   se  développent  en  épis  barbus.  De  là  vient 
venu  d'un  pays  aussi  éloigné  que  Java,  son       ciue  le  nard  est  si  fameux  pour    sa    double 


prix  aurait  été  bien  pluscievé  encore  qu'il 
ne  l'était  à  cette  époque  ;  car  il  se  serait 
alors  vendu  bien  au-delà  de  son  pesant 
d'or.  D'ailleurs  le  nard  du  Gange  vient 
du  Népaul,t'^  noti  de  Java  ;  comme  le  N. 
jatamansi  également.  Ces  espèces  hima- 
layennes  sont  des  genres  de  valérianes  : 
on  leur  a  même  donné  ce  nom  tout  d'a- 
bord,en  botanique. 

D''  Bougon. 

* 

*  *        . 
Pour  traiter  cette  question,   il  faudrait 

de  longues  pages,  et  elles  seraient  bien 
ennuyeuses  par  leur  nature  spéciale.  Le 
nard  indique  vient  du  Népaul  où  il  est 
encore  employé  comme  parfum.  Comme 
ni  Tibulle,  ni  Ovide,  ni  Celse  ne  nous  ont 
dit  de  quel  nard,  parmi  vingt  espèces  de 
provenances  très  différentes,  se  servaient 
les  dames  romaines,  il  serait  bien  oiseux 
de  chercher  s'il  venait  plutôt  de  Java  que 
du  Népaul  ou  simplement  de  Grèce.  Pline 
cite  même  un  nardum  gallicwn  et  un 
nardiim  nisiicum.  (V.  Guibourg  et  Plan- 
chon,  Dictionnaire  des  drogues  simples). 
duant  aux  produits  de  même  nature 
venus  de  l'Inde  ou  d'Orient,  il  n'y  a  pas 
à  douter  que  les  Grecs  et  les  Romains  les 
ont  connus.  La  Bible  nous  montre  que 
les  hébreux  employaient  un  grand  nom- 
bre de  ces  produits  aromatiques,  comme 
la  myrrhe,  l'encens,  la  cinnamome,  etc., 
d'origine  orientale.  Comment  arrivaient- 
ils  en  Occident  ?  Mais  demandez  aux 
grands  savants  comment  sont  venus  les 
grès  ou  les  porcelaines  de  Chine  qu'on  a 
trouvés  dans  les  sarcophages   ég3'ptiens. 

E.  Grave. 

»  * 
Le  livre  des  parfums  par  Eugène  Rimmel 
donne  les  renseignements  suivants: 

Ptolémée  dit  que  le  nard  est  une  plnnte 
odoriférante  qui  croît  principalement  à 
Prangamati,  sur  les  frontières  du  pays 
qu'on  nomme  maintenant  le  Bootan. 

Pline  en  reconnaît  douze  espèces.  Il 
met  en  première  ligne  celui  des  l:!des,puis 
le  syriaque,  le  gaulois,  celui  de  Crète,  etc. 
Il  décrit  ainsi  le  nard  indien  :  «  C'est  un 
arbuste  à  racine  épaisse  et  lourde,  mais 
courte,  noire  et  cassante,  quoique  onc- 
tueuse en  même  temps.  L'odeur  ressem- 
ble beaucoup  à  celle  du  cyperus  ;  le  goût 
est  acre,  les  feuilles  sont  petites  et  vien- 
nent   en  touffes.    Les    sommités    du   nard 


production,  l'épi  barbu  et  !a  feuille. 

Le  prix  de  ce  nard  était  alors  de  cent  de- 
niers la  livre  (environ  85  francs).  Les  au- 
tres sortes,  qui  n'étaient  que  des  herbes, 
coûtaient  beaucoup  moins  cher  et  pou- 
vaient s'obtenir  pour  quelques  deniers. 

Gaiien  et  Dioscoride  parlent  du  nard  à 
peu  près  dans  les  mêmes  termes.  Ce  der- 
nier auteur  prétend  toutefois  que  le  nard 
connu  sous  le  nom  de  syrien  venait  en 
réalité  des  Indes  et  était  apporté  en  Syrie, 
d'où  on  l'expédiait  sur  divers  points. 

Les  anciens  paraissent  avoir  confondu  le 
n:'.rd  avec  les  "raminées  odorantes  de  la 
famille  des  Andropogon  qui  croissent  en 
abondance  dans  presque  toute  l'Asie.  C'est 
ainsi  qu'Arien,  dans  son  Histoire  de  l'ex- 
pédition d'Alexandre  aux  Indes.,  raconte 
que  le  nard  ^ies  plaines  de  Gédrosie,  foulé 
aux  pieds  par  les  chevaux  et  les  éléphants 
de  l'armée,  répandait  une  odeur  si  agréa- 
ble que  les  soldats  phéniciens,  avec  l'esprit 
mercantile  qui  ne  les  abandonnait  jamais, 
en  faisaient  d'abondantes  provisions  pour 
les  revendre  dans  leur  pays. 

Le  docteur  Blanc,  cité  par  Calmet,  dit 
aussi  avoir  trouvé  le  nard  sous  forme 
d'herbe  odoriférante,  et  le  grand  Linné  lui- 
même  paraît  avoir  partagé  cette  erreur  en 
classant  le  célèbre  aromate  sous  le  nom 
àCAndropogon  iiardus,  plante  qui  donne 
aux  parfumeurs  l'essence  dénommée  géra- 
nium des  Indes . 

Sir  William  Jones, orientaliste  distingué, 
fit  une  étude  spéciale  de  cette  question  ar- 
due,et  finit  par  découvrir  que  le  nard  était 
une  espèce  de  valériane  appelée  par  les 
Arabes  sunibul,  ce  qui  signifie  épi  barbu, 
et  par  les  indous,  jatamausi  ou  mèche  de 
cheveux,  noms  dus  tous  deux  à  la  forme  de 
la  tige,  qui  ressemble  à  la  queue  d'une 
hermine  ou  d'une  belette.  11  lui  donna 
donc  la  dénomination  de  Valeriana  jata- 
mausi, qui  a  été  acceptée  par  tous  les  bota- 
nistes modernes.  —  Le  mot  nard  paraît 
être  dérivé  du  mot  tamul,  war,  qui  désigne 
une  foule  de  substances  odorantes,  telles 
que  nardrum  pillu,  verveine  des  Indes  ; 
■nardujn par.er ,)Sisnnn ,  nartamaninn,  orange 
sauvage,  etc. 

Si,  après  toutes  les  autorités  que  nous 
venons  de  citer,  il  nous  est  permis  de  ha- 
sarder notre  opinion  personnelle,  ajoute 
M.  Rimmel,  nous  dirons  que  le  nard  des 
anciens  était  probablement  un  nom  géné- 
rique sous  lequel  ils  désignaient  les  par- 
fums les  plus  exquis,  de  même  que  les 
Chinois  qualifient  leurs  principaux  aroma- 
tes du  nom  de  hiang,  qui  proprement  dit 
signifie  encens,  ce  parfum  étant  pour  eux 
le  type  de  tous  les  autres.  C'est  ainsi   que 


745 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  20  Novembre  1904. 

. -^.-    746 -~ 


les  Romains  appellent  tour  à  tour  nard  un 
onguent  exotique  fabriqué  à  Laodicée  ou  à 
Tarsus  et  la  lavande  employée  pour  le  bain, 
Nardiis  Italica. 

Ce  qui  tend  à  confirmer  cette  idée,  c'est 
que  le  nard  indien,  Valcriana  jatamaiisi, 
que  nous  avons  eu  occasion  d'examiner  à 
l'exposit;  1  de  Londres  en  1862,  possédait 
une  faible  odeur  à  peine  agréable,  et  qui 
se  perdait  à  la  combustion. 

Le  Dictionnaire  d'histoire  naturelle  par 
Vaîmont  Bromare  comporte  aussi  de 
nombreux  renseignements  sur  le  nard,  je 
m'abstiens  de  les  reproduire  dans_  la 
crainte  d'abuser  des  colonnes  de  Y  Inter- 
médiaire. Je  cro's  donc  devoir  me  conten- 
ter de  renvoyer  M.  Marcel  Baudouin  à  ce 
dictionnaire  déjà  bien  vieux,  mais  sou- 
vent intéressant.  Ch.  Rev. 

* 
*.  * 

Le  D""  Marcel  Baudoin  nous  écrit  : 

Le  nard  vrai  ou  indien  était  bien  connu 
des  Romains,  comme  le  prouve  entre  au- 
tres, un  passage  de  la  deuxième  élégie  de 
ïibuîle  : 

...  puro  dislilient  tempora  nardo  (Iibulle, 
Il    "'1 

mais  les  naturalistes  prétendent  que  cette 
plante  ne  pousse  guère  qu'à  Tile  de  Java. 
(L.  620). 

Je  ne  vois  pas  bien  ce  qui  signifie 
«  indien  »  dans  le  vers  que  cite  M.  Bau- 
douin. Est-ce  puro?  Est-ce  distillent^  ou 
tempo;  a?  L'expression  puro  nardo  signifie 
simplement  «  de  nard  sans  mélange  ». 
Sans  mélange  de  poussières,  sans  falsifi- 
cations. Cela  ne  préjuge  en  rien  de  Lori- 
gine  du  nard. 

Le  nard  était,  en  effet,  bien  connu  des 
Romains,  et  il  y  avait  à  cela  une  raison 
majeure,  c'est  qu'ils  le  récoltaient  partout 
dans  leur  empire,  en  Syrie,  en  Crète,  et 
jusque  dans  les  Gaules: 

In  nostro  oibe  proximo  laudatur  Syriacum, 
mox  Gallicura,  tertio  loco  Creticum. 

Pline  XII.  12. 

Sans  aller  chercher  nos  preuves  chez 
les  petits  géographes  latins,  nous  les 
trouverons  chez  Tibulle  lui-même,  puis- 
que M.  Baudouin  a  un  Tibulle  entre  les 
mains.  En  feuilletant  le  même  .volume 
quelques  pages  plus  loin,  notre  distingué 
confrère  trouvera  cet  autre  hexamètre  qui 
donne  une  indication  géographique  pré- 
cieuse : 

...  5mo,madefactus  temnora  nardo.  (Ti- 
bulle. III.  7). 


Ce  parfum,  se  récoltait  et  se  récolte 
encore  dans  tous  les  pays  où  poussent  cer- 
taines valérianacées.  Le  meilleur,  en  effet, 
vient  des  îles  de  la  Sonde  ;  mais  les  Ro- 
mains n'avaient  pas  besoin  d'aller  jusque 
là  pour  l'acheter.  Aucune  ligne  de  navi- 
2;ation  ne  nous  relie  à  l'Alaska  et  cela 
n'empêche  pas  l'or  du  Youkon  d  arriver  a 
Paris.  Le  commerce  a  toujours  eu  des 
intermédiaires.  C'est  de  l'Inde  que  venait 
le  nard  indien,  comme  son  nom  l'indi- 
que assez. 

Lesanciens  l'achetaient  dans  le  royaume 
de  Pandion  (pointe  nnéridionale  de  Llnde) 
d'où  ils  tiraient  aussi  mainte  autre  richesse 
exotique  :  perles, pierres  précieuses, mous- 
selines, poivre,  malabathrum,  écaille, gin- 
gembre, etc.  Pline  entre  dans  les  plus 
longs  détails  à  ce  sujet,  et  ce  serait  abu- 
ser de  nos  lecteurs  que  de  les  recopier  ici. 
Qii'il  suffise  de  rappeler  que  le^  nard  in- 
dien valait  100  deniers  la  livre  (82  fr.), 
chiffre  considérable  pour  l'époque. 

Les  Romains  connaissaient-ils  Java  ? 
Ils  étaient  ailés  bien  plus  loin.  En  Lan 
166,  Marc-Aurèle  envoie  une  ambassade 
auTonkin.  Néanmoins  la  question  de  Java 
reste  controversée.  On  pourrait  soutenir 
que  l'ile  était  connue  même  desGrecs, mais 
le  développement  de  cette  théorie  nous  en- 
traînerait en  dehors  delà  question. 

La  famille  Sanson  —  Le  droit  de 
havage  (T. G,  820  ;  XLIX,  923  ;  L,  156, 
267,  698).  —  On  a  niai  lu  ;  ce  n'est  ni 
kavage  ni  lavage,  mais  havage, avec  un  h. 
ou  havié.  Ce  droit  consistait,  dans  l'ori- 
gine, à  prendre  sur  les  marchés  publics 
une  poignée  de  tous  les  grains,  fruits  et 
légumes  qu'on  y  apportait.  Ce  mot  paraît 
dérivé  du  bas  breton  havaich,  haiivach^  qui 
siscnifie  une  Doignée.  Le  mot  havaî a  dsins 
Du  Cange  s'applique  à  la  fois  a  une  cer- 
taine mesure  de  grains  et  au  droit  de  la 
prélever. 

A  Paris,  le  droit  dû  au  bourreau  sur  les 
principales  denrées  apportées  aux  halles 
avait  été  réglé  par  une  ordonnance  de 
Charles  'Vlli,  datée  de  1497. 

■Voir  J.  Loiseleur.  Les  Crimes  et  les  Pei- 
nes dans  l'antiquité.,  etc,   1863. 

—  Patchouna. 

Le  cardinal  de  Rohan  et  la 
Franc- •■/laçonnetie  (XLIX,  667  ;  L, 
4515,  681).  —  Les  auteurs  maçonniques 
dont    notre   collaborateur  cite  l'opinion, 


1058, 


L'INTERMEDIAIRE 


747 


748 


mais  qu'il  ne  nomme  pas,  se  trompent 
lourdement  s'ils  attribuent  à  Cagliostro 
la  fondation  du  rite  de  Misraïm. 

L'imposteur  en  question  était  mort  en 
1795  et  aucun  auteur  sérieux  ne  fait  re- 
monter à  une  date  antérieure  à  1805  la 
fondation  de  cet  ordre  irrégulier,  qui  ne 
fut  même  introduit  en  France  que  vers 
18 14.  C'est  pourquoi  l'ouvrage  si  complet 
de  Thory,  Annales  01  iginis  iiiagni  Gallia- 
rum  Orieniis  (Paris  1812)  n'en  parle 
même  pas,  bien  qu'il  s'étende  longue- 
ment sur  Cagliostro  et  ses  fourberies. 
Mais  d'autres  auteurs  comme  Clavel  (vers 
1846),  Ragon  en  1853  fi''><-'cl  (allemand) 
en  1861,  Rebold  en  1864,  Mackey  (améri- 
cain) en  1879,  nous  apprennent  que  le 
Rite  de  Misraïp.i,  fondé  à  Milan  en  1805 
et  introduit  plus  tard  en  France,  ne  fut 
jamais  reconnu  comme  ordre  maçonnique 
régulier  bien  qu'ayant  existé  à  différeatcs 
reprises.  Les  quelques  loges  qui  végètent 
peut-être  encore  sans  aucunes  relations 
officielles  avec  les  différents  rites  maçon- 
niques n'ont  certamement  pas  de  garants 
d'amitié  auprèsduGrand Orientde France. 

La  réponse  de  V Acacia  que  je  connais 
seulement  par  la  citation  faite  dans  notre 
journal  (col.  455)  serait  donc  parftite- 
ment  exacte.  Piétro. 

Le  seraient  maçonnique  (L^  498, 
681)  (i). —  La  formule  du  serment  maçon- 
nique est  secrète  et  il  tst  très  difficile 
de  s'en  procurer  le  texte  authentique. 

La  formule  varie  quelque  peu,  suivant 
les  différents  rites. 

En  voici  quelques-unes  : 

1"  Serment  d'apprenti  dans  la  Loge  «  la 
Clémente  Amitié  »,  Orient  de  Paris  •' 

Le  Vénérable  :  Citoyen,  étendez  votre 
main  droite  sur  ce  livre  de  lu  loi  maçonnique, 
sur  ce  glaive  et  sur  cette  équerre.  Je  vais  vous 
lire  la  formule  de  votre  obligation. 

Obligation  :  Sur  ce  gl'aive,  symbole  de 
l'honneur  ;  sur  cette  équerre,  emblème  de  la 
rectitude  et  du  droit  ;  sur  ce  livre  de  la  loi 
des  Francs-maçons  qui  sera  désormais  la 
mienne,  je  m'engage  à  garder  inviolablement 
le  secret  maçonnique,  à  ne  jamais  rien  dire 
ni  écrire  sur  ce  que  j'aurai  pu  voir  ou  enten- 
dre dans  les  assemblées  de  maçons  et  sur 
toute  question  pouvant  intéresser  l'ordre,  à 
moins  que    je    n'en    aie   reçu   la    permission 

(1)  Cet  article  a  été  communiqué  en 
épreuves  à  la  presse  qui  l'a  abondamment 
reproduit. 


expresse  et  seulement  de  la  manière  qui  pourra 
nrC'tre  indiquée. 

—  ^  je  consens,  si  jamais  je  venais  à  man- 
quer à  ces  engngemenls,  à  subir  les  peines 
méiitéespar  mon  indignité  et  à  ce  que  ma 
mémoire  soit  en  exécration  à  tous  les  maçons. 

Le  promettez-vous  .' 

Le  récipiendiaire  :  Sur  mon  honneur,  je  le 
piomets. 

{Rituel  du  grade  d'Apprenti  et  du  grade  de 
compagnon.  «  Clémente  Amitié  »  p.  13,14). 

2"  Voici  un  second  extrait  des  Calners 
des  grades  symboliques  du  Grand  Orient 
de  France  : 

Le  Vénérable  :  Monsieur,  posez  la  main 
droite  sur  cette  équerre  et  sur  ce  livre  qui  con- 
tient la  loi  maçonnique.  Je  vais  vous  lire  la 
formule  de  votre  obligation.  Vous  direz  en- 
suite :  Je  le  promets. 

Sur  cette  équerre,  emblème  de  la  rectitude 
et  du  droit, et  sur  ce  livre  de  la  loi  des  Francs- 
maçons,  je  promets  de  travailler  avec  zèle  et 
constance   à  l'œuvre  de  la  Franc-maçonnerie. 

Je  promets  d'aider  mes  frères^  d'observer 
fidèlement  la  loi  maçonnique,  et  de  ne  rien 
révéler  de  ce  qui  me  sera  confie  sous  le  sceau 
du  secret. 

Le  promettez-vous,  Monsieur  ? 

Après  que  le  récipiendnu'e  a  dit  :  Je  le  pro- 
mets: «  Au  nom  de  la  Franc-Maçonnerie  Uni- 
verselle, je  prends  acte  de  votre  promesse.» 

{Cahiers  des  grades  symboliques,  p.  40- 
41). 

3'^  Voici  le  serment  en  usage  dans  la 
Maçonnerie  Ecossaise.  Deuxième  obliga- 
tion [de  V Apprenti)  : 

Moi.  ..,  de  ma  propre  et  libre  volonté,  en 
présence  du  Grand  Architecte  de  l'Univers, 
qui  est  Dieu, et  de  cette  respectable  assemblée 
de  maçons,  je  jure  et  promets  solennellement 
et  sincèrement  de  ne  jamais  révéler  aucun  des 
mystères  de  la  Franc-maçonnerie  qui  vont 
m'ètre  confiés. 

Je  préférerais  avoir  la  gorge  coupée,  être 
enterré  dans  les  sables  de  la  mer  afin  que  le 
flux  et  le  reflux  m'emportent  dans  un  éternel 
oubli,  plutôt  que  de  manquer  à  ce  serment  I 

Que  le  Grand  Architecte  de  l'Univers  me 
préserve  d'un  tel  malheur  et  me  soit  en  aide. 
Amen  ! 

{Rituel  des  trois  premiers  degrés  symboli- 
quesde  la  Franc-maçonnerie  Ecossaise  ,\^  .^2^ . 

4*  Voici  enfin  le  serment  usité  dans  la 
Grande  Loge  symbolique  Ecossaise  : 

Monsieur,    écoutez  la    formule  du  serment, 
Vous  de  votre  propre  et    libre    volonté,    en 
présence  de  cette  respectable  assemblée  de  ma 
cens,  vous  promettez  et  jurez  solennellement, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


:o  Novembre  190/J 


749 


7=iO 


sincèrement,   de  ne  jamais   révéler  aucun  des 
mystères   de    la   Franc-maçonnerie.  Le  jurez- 


vous 


Le  récipiendaire  :  Je  le  jure. 
Le  Vciicrable  :  Répétez  avec  moi  : 
Je  préférerais  avoir  la  gorge  coupée,  plutôt 
que  de  manquer  à  ce  serment. 


21). 


(Grande  Loge. 


Rituel. . .  pnge  20 
G.  La  Brèche. 


et 


Le  portrait  peint  de  ia  Laure  do 
Pétrarque,  par  S  mone  di  Martino 
(L,  331,  621). —  La  fresque  de  Santa  Maria 
Novella  de  Florence,  qui  a  été  longtemps 
attribuée  à  Simone  di  Martini  et  où  se 
trouve  le  prétendu  portrait  de  la  Laure  de 
Pétrarque  ainsi  que  celui,  tout  aussi  peu 
authentique,  de  Sin^one  di  Martini  lui- 
même,  est  aujourd'hui  montrée  aux  vi- 
siteurs comme  étant  l'œuvre  de  Andréa  da 
Firenze  (.?)  élève,  m'a-t-on  dit,  de  Giotto. 

G.  B. 

Sur  le  collège  de  Boissy  (T.  G., 

469;  L,  403,  631).  —  L'identification 
topographique  de  ce  collège  est  faite 
depuis  longtemps,  mais  il  manquait  les 
preuves  définitives  ;  c'est  pourquoi  je 
crois  intéressant  de  publier  ici  les  pièces 
suivantes  qui  placent  cet  établissement, 
rue  Suger  7  et  7  (anciennement  rue  du 
Cimetière  Saint  André-des-Arts). 

Aux  Archives  de  la  Seine,  dans  le  f"ond 
des  H3'pothèques,  se  trouve  la  lettre  de 
ratification  n"  3472  (i^*  série^dont  suit  la 

teneur  : 

Antoine  Henry  Voisin,  maître  horloger  rue 
Dauphine,  nous  a  fait  exposer  que  par  sen- 
tence d'adjudication  faite  à  l'audience  des 
cryées  du  Châtelet  de  Paris,  le  26  mars  1774, 
duement  insinuée,  rendue  sur  licitation  entre 
Armand  Louis  Lejuge  de  Bouzouville,  che- 
valier, mousquetaire  de  la  seconde  compagnie 
de  notre  garde  ;  héritier  pour  un  tiers  de 
Louis  A'jgustine  Lejuge,  écuyer,  seigneur  de 
Bouzouville,  son  père  esdites  qualités  pour- 
suivant d'une  part  ;  Nicolas  Chuppin,  garde 
des  rolles,  au  nom  et  comme  tuteur  ad  hoc  de 
Jeanne  Louise  Lejuge  de  Bouzouville,  fille 
mineure  du  dit  Lejuge,  père  de  la  dite  dame 
Petit,  sa  veuve, aussi  héritière  pour  un  tiers  de 
son  père  ;  Eustache  Gobereau,  greffier  de  la 
cour  des  Monnaies  au  nom  et  comme  tuteur 
ad  hoc  de  Catherine  Françoise  Lejuge  de  Bou- 
zouville, fille  mineure  du  dit  Lejuge,  père  et 
de  dame  Duval,  sa  première  femme,  et  Mag- 
deleine  Louise  Petit, veuve  du  dit  Lejuge, père, 
tant  comme  habile  à  accepter  la  communauté 
entre   eux,    que  comme   se   prétendant  dona- 


taire d'une  part  d'enfant  esdites  qualités  de 
collicitant;  d'autre  paît  ;  le  dit  exposant  est 
adjudicataire  d'une  maison  size  à  Paris,  rue 
du  Cimetière  Saint-André-des-Aits,  bâtiments, 
cour  et  jardin,  appartenances  et  dépendances 
ainsy  que  le  tout  se  poursuit  et  comporte,  aux 
charges  de  toutes  servitudes  aux  autres  char- 
ges ordinaires  et  accoutumées,  moyennant 
la  somme  de  70.000  livres. 

Ladite  maison  appartenant  aux  callicitants 
comme  ayant  été  vendue  au  Sieur  Lejuge  de 
Bouzouville  père  et  à  Magdeleine  Louise  Petit, 
son  épouse,  par  les  administrateurs  du  collège 
Louis-le- Grand,  autorizés  par  délibération  du 
bureau  de  l'administration,  ladite  vente  faite 
par  acte  du  2^  novembre  1764  ;  auxquels 
administriiteurs  ladite  maison  appartenait, 
composant  cy-devant  deux  maisons  réunies 
en  une  seule  et  formant  plus  anciennement 
le  collège  de  Boissy.  etc. 

L'horloger  Voisin  était  encore  proprié- 
taire de  l'immeuble  au  com-nencement  du 
xix""  siècle. 

La  consultation  du  Sommier  foncier  de 
l'Enregistrement  donne  les  mutations  sui- 
vantes : 

Reg.  312 
n"  du  Sommier  249  — 


Ancien 


Rue    du  Cimetière  St- 
André  des  Arts. 
7,   nouveau  5. 


Voisin  (Henry)  quai  des  Grands  Augustins 
n°  37  et  Mandron  (Augustin-Guillaume),  Rue 
Saint-Honoré  n°  240,  vente  des  2/3  par  indi- 
vis, 20  mai  181 1,  devant  Chambelle  n" 
moyennant  30.000  fr.avec  Angelot  (madame), 
plus  bas  dénommée,  dans  deux  maisons,  n"  5 
et  7,  à  Angelot,  l  rançois-Marie  avoué,  dé- 
noncé y  demeurant  pour  1815,  et  à  Mandron 
(Marie-Antoinette-Isabelle)  épouse  Angelot, 
rue  du  Cimetière  Saint-André,  n»  7. 

La  dite  dame  meurt  le  8  décembre  1826,  la 
succession  ouverte  donne  lieu  au  partage  entre 
ses  enfants  :  1.  Victor-François  y  demeurant, 
2.  Elisabeth,  y  Aglaé-Isabelle  ':  au  mari  de 
cette  dernière,  devenue  Madame  Loriot  de 
Boutrai,  la  maison  fut  adjugée  le  2  mars  1833 
moyennant  la  somme  de8i. 233  francs.  L'héri- 
tière fut  sa  fille  (Claire-Elisabeth),  femme  Du- 
rand, décédée  en  1883,  qui  laissa  l'immeuble 
à  ses  enfants  :  r  Claire-Elisabeth-Louise 
Durand,  veuve  Lehup,  2"  Gabrielle-Claire- 
Lucie  Durand,  ses  filles,  et  1/4  en  propriété  et 
1/4  en  usufruit;!  M.  Durand  (Jean-Augustin - 
Albert\  son  époux. 

H.   VlAL. 

*  * 

Aux  ouvrages  cités  sur  le  collège  de 
Boissy,  il  faut  ajouter  les  documents  judi- 
ciaires suivants  peu  connus  : 

Factum  insinictif  des  abus  qui  régnent 
dans  le  collège  de  Boissy.,  pour  M^  Charles 


N-  1058, 


L'INTERMEDIAIRE 


IV 


752 


Huei.  contre  M'  Guillaume  Hodey.  s     1. 
n.  d..  in-40  de  4  pp. 

Factinn  pour  M"  Charles  du  Lis^  princi- 
pal du  collège  de  Boissy,  contre  M"  Pierre 
deXaintes,  avocat  au  bailliage  de  Chartres. 
Paris,  s.  d.,  infol. 

Facium  pour  M^  Gervais  Lenoir,  licen- 
cié en  cïroit,  principal  du  collège  de  Boissy^ 
contre  Pierre  et  Michel  Fougeranges  frères, 
soi-disant  écoliers  étudiants  en  V Université 
de  Paris,  s.  1.  (167 1),  in-fo). 

Recueil  de  toutes  les  délibérations  impor- 
tantes prises  depuis  ij6^,  par  le  bureau 
d' administration  du  collège  de  Louis-le- 
Grand  et  des  collèges  y  réunis.^  concernant 
le  collège  de  Boissy.  Paris,  1781,  in-4''. 

Les  Vraies  généalogies  par  lesquelles  est 
amplement  vérifié  comment  M.  Charles  du 
Lis  est  de  la  parenté  des  fondateurs"  du  col- 
lège de  Boissy.  Paris,  s.  d..  in-fol. 

Paul  Pinson. 


Couvent  de  P?.nthemoiit  (L.  443, 
573,  681).  —  Errata  :  L,  68 1,  lignes  5,  6 
et  7,  il  faut  lire  coûtant  et  non  contant. 

Manuscrit^  inédits  d  André  Ckè- 
iiiar  (L,  329,464,632).  —  M.et  Mme  Ga- 
briel de  Chénier  ont  longtemps  habité  le 
village  de  Cormeille  en  Parisis.  Y  sont-ils 
décédés.?  je  ne  le  pourrais  dire.  Mais  j'es- 
time que  M.  de  Hérédia  a  quelque  chance 
d'être  renseigné  en  écrivant  au  maire  de  la 
commune.  —  A.  S.,  e. 

Drouon-Dsmailly  —  De  Bourgade 
de  Lagarda  (L,  616).  —  Dans  la  Revue 
Historique  de  l  Ouest,  1892,  il  y  a  un  frag- 
ment de  filiation  de  la  famille  Drouon  de 
Bruneau,  qui,  au  xvui^  siècle,  a  donné 
deux  conseillers  au  bailliage  et  un  mayeur 
de  Noyon,  alliée,  au  xix'  siècle,  à  la  fa-, 
mille  Waubert  de  Genlis,  et  à  laquelle 
appartenait  la  mère  du  général  Cambronne, 
mais  il  n'y  a  point  d'indication  d'armoi- 
ries. 

Louis-Fabien  Bourgade,  avocat,  jurât 
de  Bordeaux,  fut  anobli  à  l'occasion  de 
l'avènement  au  trône  du  roi  Louis  XVI. 
J'ai  relevé  cette  notice  dans  le  Bulletin 
i)éraldique  de  France  (1891,  col.  258)  qui 
ne  donne  pas  les  armes  du  nouvel  ano- 
bli. G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


Projet  de  mariaga  de  Gambetta 

(L,    44^.   633).  —    En    1838,    Gambetta 
alla  en  Allemagne  incognito.  Il  voyageait 


sous  le  nom  de  sa  tante  Massabie.  Mme 
Léonie  Léon  l'accompagnait  Ils  allaient 
voir  le  fils  de  ceLte  femme,  qui  faisait  ses 
études  dans  ce  pays. 


*  * 


Sur  les  relations  discrètes  de  Mme  Léo- 
nie Léon  et  de  Gambetta,  il  a  été.  publié 
un  article  très  documenté  de  M.  Jules 
Laffitte,  dans  le  journal  même  de  Gam- 
betta, la  République  Française.  Je  m'en 
étais  entretenu  avec  son  auteur,  qui 
voulut  bien  joindre,  dans  cette  conversa- 
tion privée  quelques  détails  plus  précis. 
Ils  n'ajoutent  rien,  toutefois,  aux  lignes 
principales  de  cet  important  récit  : 

C'était  en  1877,  à  l'hôtel  de  la  Chaussée- 
ci' Antin.  11  était  sept  heures  et  demie  du 
soir,  il  faisait  presque  nuit  ;  l'heure  du  dîner 
avait  sonné,  les  rédacteurs  de  ia  République 
étaient  tous  partis,  et  j'allais  sortir  moi-môme 
lorsque,  de  mon  bureau  qui  était  situé  au 
rez-de-ch-iussée,  j'entendis  piaffer  fortement 
un  cheval  et  je  l'entrevis  5e  cabrant  furieuse- 
ment dans  la  cour  d'entrée  pavée  en  pierres, 
je  m-î  précipitai.  C'était  la  voiture  de  Gam- 
betta conduite  par  le  cocher  Luis.  Par  la  por- 
tière du  coupé,  fortement  secoué,  je  distin- 
guai une  silhouette  de  femme;  je  courus  à  la 
portière  et  aussitôt,  d'un  seul  élan,  la  dame 
tenant  ses  jupes,  sauta  lestement  à  terre  et 
franchit  rapidement  le  vestibule  éclairé. 
François,  le  valet  de  chambre,  était  accouru, 
la  dame  m^'Stérieuse  entra  rapidement  dans 
l'appartement  particulier  du  «  patron  ». 

Tout  cela  fut  l'affaire  d'un  instant,  mais 
j'avais  pu  cependant  distinguer  les  traits  delà 
prestigieuse  personne  et  remarquer  qu'elle 
était  en  grande  toilette  de  soirée  :  en  cheveux, 
les  mains  couvertes  de  longs  gants  blancs, 
retenant  à  ses  doigts  effilés  une  sortie  de  bal. 
La  mantille  relevée  m'avait  laissé  entrevoir 
une  figure  longue,  brune,  au  nez  aquilin, 
avec  des  yeux  et  des  cheveux  très  noirs.  La 
tournure  m'était  apparue  fort  élégante,  svelte, 
élancée. 

La  porte  de  la  salle  à  manger  refermée,  je 
partis  à  mon  tour  en  me  recommandant  bien 
d'être  discret,  et  je  le  fus.  C'est  bien  plus  tard 
que  j'appris  qui  était  la  dame  du  dîner  en 
tête-à-tête  chez  Gambetta,  une  fois  la  se- 
maine. C'était  en  efîet  son  jour  de  réception. 
I!  mettait  les  petits  plats  dans  les  grands, 
illuminait  sa  salle  à  manger  et,  dans  son,  sa- 
lon, il  recevait  la  préférée  de  son  cœur  qui 
venait  chez  lui  comme  elle  serait  allée  à  une 
soirée  de  l'Elysée,  je  ne  sais  si  Gambetta 
passait  ce  soir-là  son  habit  et  sa  cravate  blan- 
che, mais  je  suppose  que  oui,  car  j'ai  vu  plus 
d'une  fois  le  «  patron  »  venir  faire  son  tour 
de  minuit  dans  la  salle  de  rédaction  en  grande 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre   Î004. 


753 


754 


'enue.  Seulement,  certains  de  ces  soirs-là,  il 
n'écrivait  pas  sa  lettre  quotidienne,  dont  je 
vous  parlerai  plus  loin. 

Revenons  maintenant  au  début  de  Tidylle. 

Après  la  guerre,  Gambetta,  entouré  de 
l'auréole  du  patriotisme,  vit  venir,  rue  Mon- 
taigne, une  jeune  personne  remplie  d'admira- 
tion pour  lui. 

C'était  Mlle  Leonie  Léon,  fille  d'un  colonel 
de  l'armée  française,  qui  vivait  à  Paris  avec 
sa  mère  devenue  veuve.  Cette  demoiselle, 
âgée  d'une  vingtaine  d-'années,  avait  écrit  rue 
7vlontaigne  et  avait  fini  par  être  reçue  malgré 
la  tante  Massabie  qui  n'aimait  pas  voir  des 
dames  demander  après  son  Léon. 

Les  visites  se  renouvelèrent  pendant  quel- 
que temps  sous  ses  yeux  soupçonneux  et  mé- 
contents ;  mais,  comme  la  jeune  personne 
était  d'une  haute  intelligence,  très  instruite, 
qu'elle  avait  suivi  avec  la  plus  grande  atten- 
tion la  campagne  de  la  guerre  et  que  son 
cœur  s'épanouissait  devant  le  héros  de  la  dé- 
fense nationale,  il  s'ensuivit,  malgré  la  tante 
Massabie,  une  liaison  qui  ne  se  refroidit  plus, 
et  dont  Gambetta  ne  parla  jamais  à  personne, 
pas  mième  à  ses  plus  chers  amis. 

La  mort  seule  vint  dévoiler  sous  son  vrai 
jour  ce  roman  d'amour. 

On  avait  deviné,  vaguement,  et  on  s'était 
tu,  par  discrétion,  qu'il  y  avait  au  cœur  de 
Gambetta  une  affection  de  longue  date,  c'était 
tout.  On  apprit  alors  qu'il  y  était  toujours 
resté  fidèle  et  l'on  se  rappela  qu'à  certains 
jours,  il  se  dérobait.  On  comprit  qu'il  allait 
rendre  les  visites  qu'il  recevait. 

C'est  dans  ces  entretiens  intermittents  avec 
Mme  Léon  que  Gambetta  trouvait  un  repos 
d'esprit  nécessaire  à  sa  vie  active  et  dévorante. 
C'est  pour  l'avoir  plus  complet,  qu'il  préleva 
plus  tard  sur  la  petite  fortune  qui  lui  était 
arrivée  si  à  propos  par  la  Petite  République 
Française,  les  quelques  milliers  de  francs 
nécessaires  pour  acheter  «  Les  Jardits  ».  C'est 
là  qu'il  aima  à  se  retremper  en  compagnie  de 
celle  qui  fut  pour  lui  une  force  secrète,  mais 
réelle. 

La  jeune  femme  qui  avait  vécu  de  la  vie 
de  Gambetta  pendant  douze  ans  était  devenue 
une  compagne  accomplie.  L'élévation  de  son 
esprit  et  la  no'olesse  de  son  cœur  avaient  suffi 
au  bonheur  de  son  illustre  ami.  En  retour,  les 
sentiments  de  Gambetta  s'élevèrent  au-dessus 
des  préjugés.  Après  s'être  toujours  dérobé 
aux  propositions  qui  ne  lui  avaient  jamais 
manqué  dans  le  cours  de  sa  brillante  carrière, 
Gambetta  avait  décidé  qu'il  n'épouserait  ja- 
mais d'autre  femme  que  celle  qui  s'était  con- 
sacrée complètement  à  lui. 

Elle,  généreuse  et  aimante,  se  refusait  à 
éder  à  ce  désir  de  mariage  :  «  Un  homme 
comme  Gambetta,  dans  sa  position,  n'épouse 
pas  sa  maîtresse  »,  répondit-elle. 

Lui  revenait   à  la    charge   avec  l'assurance 


d'un  devoir  accompli, et  il  finit,  après  la  chute 
de  son  ministère,  par  obtenir  un  consente- 
ment tardif  en  invoquant  les  soins  constants 
que  commençait  à  exiger  sa  santé. 

Si  Gambetta  n'était  pas  mort,  le  mariage 
aurait  donc  été  très  probablement  accompli 
dans  un  bref  délai. 

Tel  fut  Gambetta,  homme  de  cœur. 

Tout  cela  nest  pas  basé  sur  des  supposi- 
tif.'ns.  La  preuve  en  existe  dans  une  immense 
correspondance, dans  deux  ou  trois  mille  lettres 
oij  tout  ce  roman  se  déroule  au  grand  jour, 
jamais  Gambetta  ne  se  couchait  sans  écrire 
à  celle  qui,  seule,  posséda  toute  sa  pensée,  à 
ceiie  qui  fut  pour  lui  une  conseillère  sûre.  Si 
ces  lettres  voient  le  jour  dans  l'avenir,  on  y 
trouvera  peut-être  un  tableau  très  curieux  des 
hommes  et  des  choses  de  notre  République 
à  ses  débuts. 

Quand  les  quelques  amis  appelés  à  s'occu- 
per de  la  succession  se  trouvèrent  en  face  de 
cette  partie  de  la  vie  de  leur  ami,  jusque  là 
ignorée,  pour  ainsi  dire,  ils  allèrent  saluer 
avec  respect  la  femme  dont  le  dévouement 
avait  dépassé  le  leur  auprès  du  grand  mort. 

Ils  trouvèrent  la  jeune  dame  qu'ils  avaient 
vue  au  pied  du  lit  de  mort  de  Gambetta  dans 
un  appartement  plus  que  modeste.  Elle  était 
plongée  dans  les  larmes  et  ne  réclamait  rien. 

On  sait  que  Gambetta  n'a  laissé  aucune  dis- 
position testamentaire,  ce  sont  ses  lettres  seu- 
le": qui  ont  révélé  son  projet.  Et  dire  que 
c'est  de  la  main  de  cette  femme  d'élite  qu'on 
a  osé  dire  que  Gambetta  avait  reçu  sa  blessure  ! 

Jules  Laffitte. 

Edme  Le  Bascls,  marquis  d*Ar- 
geirteuiî  (L,  668).—  Une  bibliothèque 
d'un  membre  de  cette  famille  fut  vendue 
à  Paris,  en  1785  ou  1795.  Guigard  {Armo- 
lial  du  bibliophile,  II,  297),  reproduit  le 
fer  de  reliure,  qui  est  celui  de  Jean-Louis- 
Marie  Le  Bascled'Argenteuil,  grand-prieur 
de  l'ordre  du  [''ont-Carmel,  mais  contrai- 
rement à  son  habitude,  il  ne  parle  pas  de 
la  vente  et  de  son  catalogue,  qui  se  rap- 
portent peut-être  au  personnage  qui  fait 
l'objet  de  la  question.  J.-C.  Wigg. 

LefebvredeCîieverLis  (L. 616. 686). 
—  Voir  une  notice  sur  cette  fam.ille,  qui 
n'appartenait  pas  à  la  noblesse,  dans  le 
t.  IV  des  Titres  de  la  Restauration  du  vi- 
comte Révérend.  Armes  :  de  gueules^  à 
^  têtes  de  chèvres  arrachées  d'argent. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


Alfred  Mousse  (L,  617).  — Le  ro- 
man De  profundis,  paru  en  1834,  est 
attribué  à  Arsène  Houssaye.       A.  Patay. 


N.   1058. 


L'INTERMÉDIAIRE 


-    y;>?  - — 

* 

*  * 
Le  De  ProfiifuU^,  publié  sous  le  pseu- 
donyme d'Alfred  Mousse,  est   le  premier 
roman  d'Arsène  Houssaye. 

Spoelberch  Lovenjoul. 

Famillo  Panon-Desbassayns  (L, 
22^,  361,  585).  —  D'après  les  notes  et 
les  faire-part  de  décès  que  j'ai  recueillis, 
je  trouve  qu'il  y  avait  au  commencement 
du  xix"  siècle  au  moins  trois  frères  Panon- 
Desbassayns  de  Richemont  : 

i°N.  qui  eut  au  moins  :  a)  le  comte 
de  Richemont  marié,  dont  Romuald, 
Marie, et  Marie-Madeleine  mariée  en  1SS9 
à  N.  Tissot  de  Merona  ;  b)  le  comte 
Edgard  ;  c)  la  baronne  de  Dampierre, 
morte  en  1878  ; 

2°  Alfred,  vicomte  de  Richemont,  rece- 
veur des  finances,  marié  à  Athénaïs  de 
Renty  dont  :  a)  Alfred,  marié  en  1890,  à 
Marie  Peltier  ;  b)  madame  Alexandre  de 
Gosselin,  morte  en  1897. 

3°  Paul,  baron  de  Richemont,  sénateur, 
père  de  Paul-Alfred,  mort  en  1869,  ma- 
dame Exshaw, morte  en  1888  et  madame 
Clouet  des  Perruches.     Pierre  Mf.ller. 

Quatremère    d'îsjcuval     et     les 


756 


araignées 


(L,   4, 


V->' 


254,   35^)-    — 


C'est  Disjouval  qu'il  faut  lire. 

CÉSAR  BlROTTEAU, 

Antoine  de  Verm-sii  (L,  671).  — 
J'ai  donné  la  liste  des  poésies  d'Antoine  de 
Vermeil,  ou  plutôt  d'Abraham  de  Ver- 
meil, dans  ma  Bibliograpbi  des  recueils 
collectifs  de  poésies  publiés  de  1^97  Jà 
1700,  t.  1,  p.  323.  Le  t.  IV  de  la  dite 
Bibliographie,  qui  paraîtra  en  juin  pro- 
chain, contiendra  une  liste  supplémen- 
taire de  pièces  de  ce  même  poète.     Lach. 

Famille  de  Zandt  (en  allemand 

von  Sandt)(L,  561,688).  —  Il  existait  en 
Bavière  un  baron  Maximilien  de  Zandt, 
lieutenant  général  de  cavalerie  à  Wurtz- 
bourg,  marié,  en  18 16,  à  Emilie  Walpurge, 
baronne  de  Reinach  Steinbronn.  Son  fils 
Max  a  laissé  quatre  enfants  parmi  les- 
quels :  le  baron  de  Zandt,  capitaine  au 
i«"  régiment  des  grenadiers  de  la  garde  à 
Munich,  et  la  chanoinesse  de  Zandt  au 
château  de  Klingenfeld  par  Wipfeld 
(Bavière). 

Le  général  de  Zandt  a  aussi  pour  petite- 


fille  la  baronne  de  Bodeck  Elgau,abbe5se 
du  chapitre  noble  Albert  Caroline,  à  Fri- 
bourg  en  Brisgau.  R.  F, 

Familles  fixées  en  Bordelais  (L, 

444,  576).  La  famille  de  Flavigny  fixée 
en  Bordelais  et  sur  laquelle  j'avais  de- 
mandé des  renseignements,  portait  les 
qualifications  de  seigneurs  du  Luc  Cen 
Bordelais),  Lagorsse,  Contoi,  Belair,  Ma- 
jolan. 

Julien-Gabriel  de  Flavigny,  écuyer, 
mousquetaire  du  roi,  épousa  en  1766, 
Anne  de  Lamestrie,  dont  il  eut  plusieurs 
enfants  nés  à  Bordeaux  ;  il  assista,  en 
1789,  à  l'assemblée  de  la  noblesse  de  Bor- 
deaux ;  il  y  est  qualifié  comte   de   Flavi- 

Trois  familles  de  Flavigny  portaient  les 
mêmes  armes  :  la  première,  les  vicomtes 
de  Renansart  et  de  Monampteuil,  barons 
d'Aubilly.  répandue  en  Picardie  et  en 
Champagne  ;  la  seconde,  les  vicomtes 
d'Acy,  seigneurs  de  Clugny,  joncourt, 
Chevesne  et  autres  places  ;  la  troisième, 
les  marquis  de  Flavigny,  barons  de  l'em- 
pire en  [810,  seigneurs  de  Cliambry.  A 
laquelle  de  ces  trois  branches  ou  de  ces 
trois  familles  (si  elles  sont  distinctes  entre 
elles)  appartient  julien-Gabriel  <: 

Pierre  Meller. 

Les  miracles  de  Marc  Daviano. 

(L,  615)  —  Marc  d'Aviano  (le  nom  doit 
être  ainsi  rectifié)  a  été,  ces  années  derniè- 
res, l'objet  de  plusieurs  travaux  parus  dans 
la  revue  Les  Etudes  Franciscaiues,  publiées 
par  des  religieux  de  V ordre  des  frères  milieu} s 
Capucins,  et  dont  la  direction  était  naguère 
au  couvent  de   la   rue  de  la  Santé,   mais 
aujourd'hui   en  Belgique,  à  Couvin,    pro- 
vince  de  Namur.  Je   citerai  :  Les   Petits- 
Fils  du   Grand  Roi   par   le    P.    Edouard 
d'Alençon   (tome    111,    1900,    pag.  66   et 
225),  où   il    est  question    du    voyage    en 
France  du  P.  Marc,  de  ses  relations  épis- 
tolaires  avec  la  Dauphine,  Marie  Christine 
de  Bavière.    (Existe   en  brochure   séparée 
avec  le  portrait  du  capucin,  gravé  à  Paris, 
à  la  date  de  son  voyage  :  1681J.  —  Un 
thaumaturoe  au  XVII''  siècle,  le  P.    Marc 
d'Aviano^  par  le  P.  Hilaire  de  Barenton 
(tom^e  X,    1903,    pag.    136  et  403)  ;  on  y 
trouve   en    particulier  de    curieux    docu- 
ments tirés  des  Archives  du  Ministère  de 
la  guerre. 


DES  CHERCHEURS  hT  CURIEUX 


20  Novembre  1904, 


757 


758 


De  nombreux  opuscules  parurent  en 
Flandre  et  en  Bavière,  au  moment  des 
séjours  que  le  thaumaturge  fit  dans  ces 
pays.  11  existe  une  vie  en  flamand,  publiée 
voilà  quelques  années,  et  j'ai  eu  entre  les 
mains  plusieurs  opuscules  en  allemand. 
Comme  biographie  proprement  dite,  on 
trouve  les  2\oti{ie  Sloriche  concernenti 
l'illustre  servo  di  Dio  E.  Marco  d'Aviano, 
compilate  dal  P .  Pedele  da  Qara.  Venise 
1798,  cet  ouvrage  est  devenu  fort  rare. 
En  1888,  Onno  Klopp  a  publié  la  Corris- 
ponden^a  epistolare  ira  Leopoldo  I  Impera- 
iore  ed  il  P.  Marco  d'Aviano  cappiiciuo, 
Graz. 

Pour  répondre  à  la  question  sur  le  pas- 
sage en  France  du  célèbre  capucin,  je  puis 
dire  qu'à  la  fin  de  mai  1681, Marc  d'Aviano 
était  a  Lyon, se  rendant  à  Paris  où  l'atten- 
dait la  Dauphine.  Il  n'y  arriva  cependant 
pas,  car  à  Villeneuve-Saint-Georges,  il  fut 
enlevé  et  conduit  à  la  frontière  de  Belgi- 
que. 11  plane  un  certain  m^'stère  sur  les 
causes  de  cet  enlèvement,  on  croit  devoir 
l'expliquer  par  les  relations  assez  tendues 
alors  entre  la  cour  de  France  et  le  Pape. 
On  l'explique  aussi  par  la  crainte  des 
attroupements  que  causait  sa  présence.  A 
Lyon,  200.000  personnes  étaient  accou- 
rues pour  le  voir,  et  l'on  avait  peur  de 
son  arrivée  à  Paris,  avec  une  telle  suite. 

Arch.  Cap. 

Les  membres  ds  l'Académie  des 
Beaux-Aiîs  (L,  675).  —  Le  collabora- 
teur P.  A.  trouvera  les  renseignements 
qu'il  désire  dans  :  L'Institut  national  de 
France,  Us  diverses  organisations,  sesmem- 
bres,  ses  associes  et  ses  correspondants,  20 
novembre  l'jç^.  iç  novembie  i86ç,  par 
Alfred  Potiquet  ;  Paris,  187 1,  in-i6.  (à  la 
librairie  académique.  35,  rue  des  Grands- 
Augustinsj.  R.  B. 

Le  s9londes  refusés  en  1884  (L, 
677^.  — Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  eu  de 
Salon  des  refusés  en  1864.  En  tous  cas, 
j'ai  vu  celui  de  1863,  qui  occupait  les 
salles  du  sud-ouest  du  Palais  de  l'Industrie. 

Le  catalogue  forme  80  pages,  y  com- 
pris 12  de  supplément  et  avait  été  publié 
par  les  Beaux-Arts,  revue  de  V Art  ancien 
et  moderne,  dont  les  bureaux  étaient  rue 
Taranne  ;  19.781  ouvrages  avaient  été 
exposés,  j'y  relève  les  noms  de  Berne- 
Bellecourt,  Bracquemont,  Chintreuil,  Fan- 


tin-Latour,  qui  avait  exposé  une  féerie 
et  un  portrait, Harpignies,  Lansyer,  Jean- 
Paul-Laurens,  Manet  et  VoUon. 

Les  membres  du  Comité  étaient  :  Chin- 
treuil, Jean  Desbrosses,  L.  Desbrosses,  P. 
Félix  Dupuis,  Frederick  juncker,  Lapos- 
tolet,  Levé,  Jules  Pelletier. 

Les  membres  du  jury  du  salon  officiel 
se  trouvent  à  la  page  xxxiii  du  catalogue 
officiel.  GoMBOusT. 

Eévain  et  la  baldaquin  (L,  672). 
—  Jean  Bérain  est  né  à  Saint-Àlihiel  en 
163S,  et  mourut  à  Paris  en  171 1,  aux 
Galeries  du  Louvre,  où  il  était  logé  depuis 
1677.  Son  fils  Jean  II  Bérain,  né  en  1674, 
eut  son  logement  après  sa  mort  et  mourut, 
lui,  en  1726,  11  avait  un  frère,  Claude  Bé- 
rain, également  dessinateur  et  graveur, 
qui  demeurait  quai  des  Orfèvres.  V.  la  col- 
lection des  Archives  deV art  français,  le  Dic- 
tionnai'e  des  arts  décoratifs  de  P.  Rouaix, 
le  Dictionnaire  de  }al  et  autres  ouvrages 
biographiques.  J.  C.  Wigg. 


* 
*  * 


Jean  Bérain  P%que  Ton  nomme  ainsi  pour 
le  distinguer  de  son  fils  Jean  II, également 
dessinateur,  né  à  Saint-IVÎihiel  (Lorraine) 
en  1630  ou  1637,  mourut  à  Paris  en  171 1, 
au  Palais  du  Louvre  où  il  était  logé.  11  fut 
attaché  au  cabineù  du  roi  avec  le  titre  de 
dessinateur  des  jardins,  d'abord,  puis 
ensuite  des  fêtes  et  cérémonies  si  nom- 
breuses sous  le  règne  de  Louis  XIV.  Con- 
trairement à  ce  que  suppose  l'intermé- 
diairiste  qui  demande  des  renseignements 
sur  lui,  il  n'inventa  pas  le  baldaquin  qui 
qui  était  connu  et  employé  depuis  fort 
longtemps  déjà.  Le  genre  d'ornements 
qu'il  a  inventé  a  conservé  son  nom.  De 
nombreux  auteurs  lui  consacrent  des 
articles  :  Jal,  Mariette,  Dussieux,  Paul 
Rouaix  dans  son  Dictionnaire  des  Arts 
décoratifs.  Destailleurs  dans  son  recueil 
d'Estampes  relatives  à  l'ornementation 
des  appartements  etc.,  etc.  Ce  dernier 
donne  une  liste  très  complète  des  œuvres 
de  Jean  Bérain  ;  il  s'y  trouve  de  tout  : 
des  plans  de  châteaux,  des  pièces  de  ser- 
rurerie, des  meubles,  arabesques,  che- 
minées, etc.  des  projets  de  fêtes;  illumi- 
nations et  feux  d'artifices,  une  série  de 
mausolées,  des  sujets  de  genre  :  mais 
nulle  part  il  n'est  question  de  baldaquin. 

Bérain  se  maria  en  1673  et  eut  six  en- 
fants. J.  V.  P. 


N»  «ojS 


L'INTERMEDIAIRE 


759 


760 


Les  documents  phalliques  (L,  172, 
309,423, 528,  598,  657,693).  —A  Visau, 
petite  ville  faisant  partie  autrefois  de  la 
principauté  d'Orange,  il  a  été  trouvé  une 
plaque  canée,  en  bronze,  avec  un  anneau 
ayant  10  cent,  de  hauteur  dont  la  patine 
paraît  ancienne,  et  représentant,  comme 
les  sculptures  phalliques  de  Nimes,  trois 
Priapes  conduits  par  une  femme,  en  des- 
sous les  trois  sonnettes. 

Est-ce  réellement  de  l'époque  romaine.? 
A-t-on  imité  ou  imite-t-on  encore  ces 
objets  là  .?  B.  de.  C. 


*  * 


Je  me  rappelle  avoir  vu  sur  un  des  tym- 
pans du  pont  du  Gard,  côté  aval,  un  phal- 
lus visiblement  gravé  ;  je  crois  même  qu'il 
en  existe  plusieurs  sur  cet  ouvrage. 

E.  A. 


* 


Le  collègue  Leda  consultera  avec  inté- 
rêt le  livre  intitulé  :  Le  culte  de  Priape 
et  ses  rapports  avec  la  théologie  mystique 
des  anciens^  etc.  par  Richard  Payne  Kni- 
ght,  Bruxelles,  chez  J.J.  Gay,  lib.  édit. 
1883. 

Je  me  ferai  un  plaisir  de  communiquer 
cet  ouvrage  à  notre  collègue,  à  la  seule 
condition  qu'il  me  le  rende.       Demole. 

Escaliers  en  bois(XLlX, 730, 815). — 
Il  existe  à  Québec,  basse-ville,  rue  Saint- 
Paul,  181,  un  escalier  en  bois,  avec  rampe 
en  bois,  qui  date  de  la  période  de  1750. 
Il  part  du  sol,  monte  en  vis  quatre  étages 
de  10  à  12  pieds  de  hauteur  et  n'est 
appuyé  que  sur  deux  points,  au  départ  sur 
le  sol,  puis  sur  le  plancher  de  chaque 
étage  en  montant.  Il  paraît  aussi  solide 
que  jamais,  malgré  la  dimension  de  son 
diamètre. 

On  l'attribue  à  Cadet,  celui  impliqué 
dans  le  fameux  procès  Bigot,  et  ci-devant 
propriétaire  de  la  maison. 

P.  B.  Casgrain. 


Eglises  fortiâées  (T.  G.,  308  ; 
XXXVIII  :  XXXIX  ;  XL!  à  XLIV  ;  XLIX  ; 
L.  152,  265,  369.  421,  530,  590,  657). 
—  Je  n'ai  pas  vu  le  dessin  dont  parle 
M.  A.  S...  Y.  (L,  530),  mais  il  doit  être 
question  de  l'église  de  Luz  Saint- Sauveur, 
ancienne  église  fortifiée  des  Templiers,  car 
à  Pierrefitte  il  n'y  a  pas  d'église  fortifiée. 
Luz  est  à  une  vingtaine  de  kilomètres  de 
Pierrefitte.  Villeroy. 


Les  calembours  dans  les  déno- 
minations (L,  339,  481,  525,  592,  052, 
711). —  Un  des  meilleurs  est  celui-ci. 
Mais  est-il  nécessaire  de  rappeler  une 
anecdote  si  connue  ? 

Quand  Linné  eut  à  cataloguer  le  genre 
Biiffonia^  ainsi  nommé  d'après  son  enne- 
mi Buffon,  il  se  donna  le  méchant  plaisir 
d'oublier  l'un  des  deux/,  et  malicieuse- 
ment écrivit  : 

Bufonia^  de  hufo^  crapaud. 

Gênera  Plantarum^  n°  i68. 

La  postérité  n'a  pas  admis  cette  ortho- 
graphe ni  cette  étymologie. 


♦  ¥* 


Phcrmaciens  ayant  été  des  sa- 
vants (XXXiX  ;  XL  à  XLV  ;  XLVII  ; 
XLVIII;  L,  332,  431,  653).  —  On  de- 
mande maintenant  s'il  existe  encore  des 
pharmaciens,  qui  pratiquent  comme  les 
anciens  apothicaires.  A  coup  sûr  on  peut 
répondre  non.  Il  y  a  pour  cela  deux  rai- 
sons :  la  première,  c'est  que  la  loi  de 
germinal  le  défend  absolument  ;  la  se- 
conde, c'est  qu'il  y  aurait  toujours  tout 
près,  un  médecin  qui  aurait  le  droit  de 
s'en  plaindre.  La  défense  de  la  loi  ne 
serait  pas  une  raison,  rien  n'étant  allé- 
chant parfois,  comme  de  braver  la  loi. 
L'intérêt  très  respectable  du  médecin,  a 
infiniment  plus  de  poids.  Cependant,  et 
cela  peut  paraître  bizarre,  il  n'est  pas 
un  pharmacien  en  France  qui  ne  soit 
obligé  chaque  jour  de  violer  la  loi  et  cela 
avec  la  complicité  du  public.  Il  suffit  de 
lire  les  faits-divers  des  journaux,  pour 
voir  que  le  pharmacien  est  tout  indiqué 
pour  les  pansements  de  tous  les  accidents 
qui  se  produisent  sur  la  voie  publique. 
«  Le  blessé  a  été  transporté  dans  une 
pharmacie  où  il  a  reçu  les  premiers  soins  ». 
est  un  cliché  d  'un  emploi  courant. 

E.  Grave. 

Un  livre  et  une  héroïne  retrou- 
vés (L,  661).  — On  peut  lire  dans  cet 
article  que  la  dragonne  Geneviève  Pre- 
moy  portait  en  sautoir  le  «cordon  bleu»  de 
Saint  Louis.  —  Est-il  possible  d'avoir 
quelque  explication  à  ce  sujet,  le  cordon 
de  l'ordre  de  Saint-Louis  ayant  toujours 
eu  la  réputation  d'être  de  couleur  feu  .? 
Les  rubans  des  ordres  royaux  étaient,  dit- 
on,  noir  pour  l'ordre  de  Saint-Michel, 
orange,  je  crois,  pour  Saint -Lazare,  bleu 
pour  le  Saint-Esprit  et  rouge  pour  Saint- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre   1904, 


761 


762 


Louis.  Il  ne  peut  être  question  du  Saint- 
Esprit  lorsqu'il  s'agit  de  cette  héroïne, 
le  seul  ruban  bleu  qui  lui  eût  con- 
venu serait  celui  du  Mérite  Militaire, 
lequel  fut  bleu  foncé,  mais  cet  ordre  n'a- 
yant été  créé  qu'en  1759  par  Louis  XV, 
ce  n'est  point  ce  cordon  qui  pouvait 
orner  le  justaucorps  de  Geneviève  Pre- 
moy.  A  propos  du  Saint-Esprit,  pour- 
rait-on connaître  la  signification  du  mono- 
gramme qui,  sur  le  collier  de  cet  ordre, 
sépare  l'une  de  l'autre  les  fleurs  de  lis  ? 
Quelquefois,  c'est  le  simple  H,  ou  mo- 
nogramme bien  connu  d'Henri  111,  mais 
quelquefois  aussi  c'est  un  autre  entrelace- 
ment de  lettres  qu'on  y  voit  et  qui  res- 
semble beaucoup  au  monogramme  habi- 
tuel de  la  Vierge.  M.  R. 

Roman  à  reoherclier  (L,  280,  425). 
—  On  La  dit.  11  s'agit  du  :  Dernier  des 
Rahasîeins,  par  Alexandre  Mazas,  écri- 
vain royaliste  d'une  certaine  notoriété 
au  siècle  dernier.  Ce  roman  fit  le  bonheur 
de  mon  bel  âge  et  ses  péripéties  drama- 
tiques s'imprimèrent  fortement  dans  mon 
jeune  cerveau.  Lucie  de  Pracomtal  n'en 
est  pas  l'héroïne,  ce  n'est  pas  un  person- 
nage imaginaire  et  sa  disparition  le  jour 
neses  noces  serait  un  fait  réel.  La  décou- 
verte de  son  cadavre  par  le  jeune  de  Ra- 
basteins  n'est  qu'une  épisode  du  ro- 
man, 

j'aimerais  à  savoir  si  d'autres  qu'A. 
Mazas  ont  mentionné  cette  étrange  et 
mystérieuse  disparition,  le  jour  de  ses 
noces,  d'une  jeune  femme  appartenant  à 
la  noble  famille  dauphinoise  des  Pracom- 
tal. F-Y. 

La  couverture  imprimée  des 
livres  brochés  (T.  G  ,  247  ;  XXXVU  ; 
XXIJX  ;  L,  478,  526,  644).  —  Prière  de 
considérer  comme  nul  ce  qui  se  rapporte 
aux  figures  d'une  Histoire  de  V  Ancien  et  du 
Nouveau  Testament  de  Mame.  Ces  figures 
qui  ne  doivent  pas,  elles  non  plus,  être 
gravées  sur  bois,  et  qui  sont  signées  de  la 
majuscule  anglaise  D.  sont  proba'olement 
de  Du  Rouchail.  j.-C.  Wigg. 

Un  air  et  une  chanson  de  l'Em- 
pir^à  retrouver  (XLVlll  ;  L.  643).  — 
Ceci  est  une  rectification,  que  tous  les 
intermédiairistes  auront  faite.  La  prose  de 
Rose  et  Colas  est  bien  de  Sedaine,  mais  il 


n'en  a  pas  fait  la  musique.    Chacun  sait 
qu'elle  est  de  Monsigny.  E.  G. 

Ouvrages  sérieux  mis  e  î  vers 
(T.  G.,  665  ;  XXXV  à  XL;  XLII  ;  XLIV 
a  XLIX  ;  L,  100,  142,  212,  321,430,487, 
531).  —  Dans  un  des  derniers  catalogues 
de  la  librairie  Champion,  on  remarque  : 
La  coutume  de  Paris ^  mise  en  vers^  avec  le 
texte  à  côté.  Paris,  1768,  in- 18. 

Una  maxime  latlno  (L,  618).  — 
M,  Edmond  Thiaudière  demande  quel  est 
l'auteur  de  cette  pensée  Ingens  solatiicm 
una  cum  universo  rapi.  C'est  une  légère 
altération  de  cette  phrase  de  Sénèque  {de 
Providentia  V)  :  Grande  solatiicm  est  cwn 
universo  rapi.  H.  R. 


Sénêque  le  Philosophe,  de  Providentia,Y, 
8  :  v<  Grandi  solatium  est  cum  universo 
rapi  ».  H-I 

L'imparfait  d  a  subjonctif  (XLIX, 
95c  ;  L,  95),  —  A  l'appui  des  réflexions 
de  S.,  voir  Talbert  du  Dialecte  Blaisois, 
Paris,  Thorin,  1874,  p.  284,  où  l'on 
trouvera  exposée  l'opinion  de  George 
Sand.  Lpt.  du  Sillon. 

L'origine  des  mots  «  chic  »  et 
«  mie-  iac  »  (T.  G.,  204,  588  ;  L,  313, 
434,  482,  536,  594,  647).  —  Comme  je 
tiens  à  n'être  en  délicatesse  avec  per- 
sonne, et  au  contraire  à  rester  en  très 
bons  termes  avec  tous  nos  collaborateurs 
de  V  Intermédiaire,  je  m'empresse  de  re- 
tirer l'épithète  de  deuscJiticoteurs,  qui  en 
a  choqué  au  moins  un.  Il  me  serait  facile 
de  plaider  les  circonstances  atténuantes  ; 
j'aime  mieux  demander  quel  est  l'auteur 
du  vers  bien  connu  : 

La  peisonne  présente  est  toujours  exceptée. 

Ceci  dit,  je  reviens  à  mic-mac,  qui, 
quoi  qu'en  dise  mon  honorable  contradic- 
teur, se  trouve  dans  Littré  et  même, 
accompagné  d'un  historique  où  le  plus 
ancien  exemple  cité  remonte  à  Hautero- 

che  : 

S'il  avait  lu  Pibrac, 
11  saurait  qu'en  justice   il  faut  fuir  tout  mic- 
mac. 
{L' Amant  qui   ne  flatte  pas,   V,  l). 
Cf.  Regnard,  le  Joueur,  II,  9. 
Le  Vocabulaire  de  la  Langue  française, 
extrait  de  la  sixième  et  dernière  édition  du 


1058. 


L'INTERMEDIAIRE 


763 


-  764  — 


Dictionnaire  de  l Académie^  par  M.  Charles 
Nodier  de  l'Académie  française,  bibliothé- 
caire de  l'Arsenal,  Paris,  F.  Didot,  1865, 
donne  également  micmac  (sans  trait 
d'union). 

Tant  que  l'historique  du  mot  n'aura 
pas  été  scientifiquement  établi,  on  pourra 
discuter  à  perte  de  vue  sur  son  étymolo- 
gie.  Nous  vient-il  du  Pérou,  en  passant 
par  l'Espagne,  comme  le  prétend  Huet  ? 
Nous  vient-il  de  l'allemand,  comme  cer- 
tains le  prétendent  ?  Nous  vient-il  du 
grec,  comme  certaines  raisons  tant  histo- 
riques que  philologiques  pourraient  le 
faire  croire  ? 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  ce  mot 
se  trouve  dans  nos  dictionnaires,  et  parti- 
culièrement dans  Littré,  et  l'on  peut  dire 
qu'il  a  reçu  ses  lettres  de  naturalisation. 

Lpt.  du  Sillon. 


*  * 


"de   revenir 


Je  demande  la  permission 
sur  le  mot  uiic-v.iac. 

De  Chevallet,  dans  son  Histoire  de  l'ori- 
gine et  de  la  formation  de  la  langue  fran- 
çaise, Paris,  Imprimerie  Impériale  18^3, 
I,  576)  range  niic-mac  parmi  les  mots 
d'origine  germanique.  Il  le  tire,  lui  aussi, 
de  l'allemand  mischuasch,  mélange,  con- 
fusion, tripotage,  dérivé  de  mischen.  mê- 
ler, confondre.  Il  en  rapproche  le  danois 
mishnask,  mélange,  confusion  ;  le  suédois 
mischmasch  et  l'anglais  mishmash. 

Gustave  Fustier. 

Coqueluche  (L,  ^64,655,711). — je 
ne  crois  pasqu'on  puisse  être  la  coqueluche 
de  quelqu'un  ;  on  ne  peut  l'être  que  d'une 
collectivité  :  un  acteur,  un  avocat  est  la 
coqueluche  du  public,  et  justement  la 
chanson  de  M.  Beaujour  dit  : 

Des  dames,  ma  foi, 
Je  suis  la  coqueluche. 

Parce  que  cette  maladie  est  contagieuse 
et  épidémique  ;  quand  elle  règne  dans  un 
milieu,  on  y  échappe  difficilement.  Voilà, 


je  pense,  le  vrai  sens  figuré. 


E.  G. 


Il  y  atoujoursdanger.en  littérature  ou  en 
critique,  à  toucher  aux  sujets  purement 
professionnels.  Les  citations  de  M.  L.  de 
Leiris  ne  sont  pas  faites  pour  apporter  la 
moindre  lumière  dans  la  question.  Qiiand 
Mezeray  dit  que  la  coqueluche  sous 
Charles  VI  rendait  muet,  même  les  avo- 


cats, et  tous  les  malades  enroués^  il  se 
trompe,  car  ce  n'est  pas  le  caractère  de 
la  coqueluche.  La  note  empruntée  aux 
Recherches  de  la  France  de  Pasquier, appelle 
la  même  observation.  L'envahissement  de 
ce  mal  qui  fait  le  désespoir  des  mamans 
n'est  pas  soudain.  Au  lieu  de  disparaître 
en  quinze  heures  «  que  plus  que  moins  », 
il  n'est  pas  rare  de  le  voir  persister  pen- 
dant des  mois  et  parfois  plus  d'une 
année.  11  finit  toujours  decrescendo  et 
jamais  tout  d'un  coup.  Les  symptômes 
décrits  par  Et.  Pasquier  s'appliqueraient 
bien  mieux  à  l'influenza. 

Enfin,  je  rappellerai  à  ceux  qui  ont  vu 
apparaître  la  coqueluche  autour  d'eux  que 
le  médecin  ne  la  caractérise  nettement  que 
quand  les  accès  de  suffocation  sont  précé- 
dés d'un  sifflement  très  pénible  qu'on 
nomme  le  ihaut  du  coq.  D'où  peut-être 
bien  aussi  coqueluche.  E.  Grave. 


»  * 


Voir  T.  G..  336,  ou   bien   les  volumes 
IX,  XXXI  et  XXXII  de  V Intermédiaire. 

PlETRO. 


*  * 


A  propos  del'étymologie  donnée  ici  (co- 
qucluchon)  pour  ce  mot.  désignant  une  ma- 
ladie, étymologieâ  laquelle  je  ne  crois  pas, 
comme  je  l'ai  dit  déjà,  qu'on  me  permette 
de  signaler  un  rébusilliimiiiédc  Picardie, qui 
m'a  été  indiqué  par  M.Thiot,quejc  trouve 
à  la  Bibliothèque  nationale,  et  qui  fait 
allusion  à  cette  coiffure.  J'ai  eu  à  m'en 
occuper  parce  que,  chose  curieuse,  ce 
rébus  est  en  miroir.  (Voir  mes  travaux 
sur  les  Iiisci iptions  en  miroir). 

Ce    rébus,   qui   est  représenté  d'abord 
par  la  lettre  A,  formée  de  20   nez,   puis 
par  une  coquille  de   pèlerin,  et  deux  arcs 
(prononcez rt/i),  a  pour  légende  : 
Sts  ralliaqocum  Rg:(eniadasq 

Pour  comprendre,  il  suffit  de  lire  en 
miroir  c'est-à-dire  à  rebours,ceUe  légende, 
et  d'écrire  (en  retranchant  les  voyelles  et 
les  consonnes  parasites,  mises  ci-dessous 
entre  crochets)  : 

[Qs]  Advine^  [gr]  [;;nf]  Coquillais[ts']: 
c'est-à-dire  :  «  Ax-de-vingt-ne^  (pronon- 
cez :  adol-ne~)  cojuille-ars  (pour  ares) 
(coquillards)  ! 

Or,  les  coquillards  sont  les  coquehichers., 
porteurs  de  coqiieliuhons,  coiffures  des 
Fous.  Le  Rébus  disait  donc  :  «  Venez  [en 
Picardie],  MM.  les  fous  ». 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


765 


766 


En  effet,  l'on  sait  qu'en  1522,  les  fêtes 
des/0M5et  des  Innocents  battaient  leur 
plein,  à  Amiens.  D'ailleurs,  un  autre 
rébus  en  miroir  complète  cette  explica- 
tion. 

Que  conclure  de  là,  au  point  de  vue 
coquclitchon  ?  Très  probablement  que  ce 
mot  est  en  rapport  avec  celui  de  coquille 
(et  de  coque,  qui  vient  sans  doute  (t)  du 
latin  concha),  puisqu'on  a  :  coquillars. 

La  coqiiehcche,  maladie,  ne  peut  guère 
avoir  de  rapport  avec  ces  faits.  Je  persiste 
à  croire  à  une  autre  étymologie  :  peut- 
être  faut-il  recourir  au  vieux  tudesque, 
fcar  en  allemand  on  a  keuchkusten)^  qui 
possède  le  mot  liicb  (déchirement,  «  toux 
déchirante  »  et  au  Scandinave, qui  a  le  mot 
kok  (gonir)  ^  \<  Coqueluche  »  dérivait  alors 
non  plus  du  mot  coq,  mais  d'un  vieux 
mot  tudesque,  plus  ou  moins  comparable 
à  kok-lnch  (toux  déchirant  le  gosier), 
qui  avait  donné  kenclnisten  en  allemand, 
et  le  mot  français  (i). 

D""  Marcel  Baudouin. 

S'eaipiergor  (L,  282,  434,  480,  ^36, 
652).  —  Tandis  que  le  paysan  blaisois  dit  un 
ûrtrichanf .un  jardrj II,  une  sardrine,  le  na- 
turel angevin  dit  un  ertrichaut,un  jerdrin, 
une  serdrine.  Le  premier  se  rapproche  da- 
vantage du  français  des  xv*  et  xvi^  siècles  : 

Il  me  sembla,   de  fantasme  surpris, 
Veoir  les  jardrins  des  nobles  Hespérides. 

(Jehan  Bouchet,7«  Annalles  d'Acqui- 
taine,  1525,  Dédicace). 

Voirie  dernier  Catalogue  (n"  13)  de 
Geuthner  10,  rue  de  Buci  p.  36,  n°  843  : 
Le  Jardrin  salutaire  de  Jean  Joret,  poète 
normand  du  xv*  siècle. 

U surf  mit, usufruit  est  d'un  usage  com- 
mun aux  bords  de  la  Loire.  C'est  ici  le 
cas  ou  jamais  de  rappeler  la  boutade  de 
Voiture  à  propos  de  muscadin  : 

Ce  mot  ayant  fait  irruption  en  français 
au  commencement  du  xvn*^  siècle,  l'hôtel 
de  Rambouillet  discuta  s'il  fallait  dire 
muscadins  on  musciirdins.  Voiture  ne  con- 
tribua pas  peu,  par  les  vers  suivants,  au 
triomphe  de  muscadins  : 


(1)  En  vieux  français,  coco  (à  écrire  koko) 
signifie  d'ailleurs  gosier.  On  dit  encore, 
en  argot  :  «  Je  vais  m'introduire  ce  verre 
de  vin  dans  le  coco,  c'est-à-dire  dans  la 
bouche  ! 


Au  siècle  des  vieux  palardins, 
Soit  courtisans,  soit  citardins, 
Femmes  de  cour  ou  citardines 
Prononçoient  toujours  muscardins 
Et  balardins  et  balardines. 
Mesme  l'on  dit  qu'en  ce  temps  là 
Chacun  disoit  roses  muscarde. 
j'en  dirois  bien  plus  que  cela 
Mais  par  ma  foyje  suis  malarde, 
Et  mesme  en  ce  moment  voilà 
Que  l'on  m'apporte  une  panarde. 

On  sait  que  le  muscadin  était  une 
petite  pastille  destinéeàparfumer  l'haleine. 

Lpt.  du  Sillon. 

Raid,  randonnée  (L,  673),  —  Nous 
avions  autrefois  rider,  ryder,  ridder^  cou- 
rir, galoper. 

Si  est-il  sur  moy.  Avant  ry^^ 
Compains  abbanes,  vistement. 

{Théâtre  français  au  moyen-âge,  p.  293. 

L'allemand  ;r/7fH,  l'anglais  to  ride  sont 
de  la  même  famille. 

Quant  au  substantif /a«r/o;z  et  au  verbe 
randojiner,  on  peut  rapprocher  l'allemand 
rennen  et  l'anglais  to  run. 

Les  racines  doivent  être  les  mêmes. 
Gustave  Fustier. 

D'après  le  dictionnaire  John  Janneson 
Paisley,  chez  Alex.  Gardner  1830)  raid  :  a 
hostile  or predaiory  incursion,  an  inroad,  le 
mot  incursion  signifie  :  attaque,  invasion, 
ravage  ;  inroad  veut  dire  :  course  des  en- 
nemis dans  un  pays,  empiétement,  usur- 
pation. 

Traduction  libre  d'après  moi,  course  à 
travers  champs  causant  du  dommage;  on 
va  au  plus  court  étant  pressé  d'arriver 
pour  une  cause  ou  une  autre,  soit  qu'on 
soit  poursuivi,  ou  qu'on  veuille  rempor- 
porter  un  prix  ;  en  forçant  la  vitesse,  on 
commet  des  déprédations  sur  la  route 
parcourue. 

Le  Dictionnaire  anglais  Firmin  Didot 
1879  dit  :  raid,  incursion,  irruption. 

BOOKWORM. 

înhuîTi  étions  hors  des  cimetières 

(XLVlll  ;  XLIX  ;  L,  191,  316,437,530, 
601,654,698). —  Le  général  vicomte  Dar- 
magnac  (Jean-Claude-Toussaint)  mourut  à 
Bordeaux  le  12  décembre  1855.  11  est 
enterré  sous  un  grand  mausolée,  dans  sa 
{)ropriété  de  Pressac  (à  Daignac,  Gironde) 
où  il  s'était  retiré  5près   les   événements 


N»  toç8. 


L'INTERMÉDIAIRE 


767 


768 


de  1830.  Le  château  de  Pressac  appar- 
tient à  présent  à  la  famille  de  Trincaud- 
la-Tour.  Pierre  Meller. 

Il  n'y  a  pas  que. .  .11  n'est  pas  que 
(XLVIII  ;  XLIX  ;  L,  38,  i^j  1,609)  —  La 
thèse  du  collaborateur  O.  D.  est  celle  de 
Gresset  dans  son  discours  du  4  août  1774, 
lors  de  la  réception  de  Suard  à  l'Académie 
française  ;  elle  était  dirigée  en  parti, 
contre  les  encyclopédistes.  Il  blâme  lee 
expressions  chiffonnière^  A'^'c,  caracos 
passe  ;  mais  il  ne  veut  pas  qu'on  dise  : 
«  Je  suis  charmé  de  vous  voir,  pénétré 
de  reconnaissance,  comblé  de  faveurs  y>  ; 
il  n'admet  pas  «  les  besoins  de  l'âme,  les 
jouissances  de  l'esprit,  etc.  » 

Et  cependant  l'usage  a  consacré  ces 
expressions  qui,  j'en  suis  sûr,  ne  cho- 
quent pas  mon  contradicteur.  Gresset 
avait  peut-être  raison, tout  le  monde  avait 
peut-être  tort,  et  cependant  tout  le  mon- 
de a  eu  raison. ...de  son  opposition.  Je 
n'ai  jamais  dit  autre  chose,  je  suis  abso- 
lument d'avis  que  des  gens  de  goût  veil- 
lent au  développement  de  la  langue,  mais 
je  suis  obligé  de  m'incliner  devant  le  fait 
accompli  et  passé  dans  l'usage.  C'est,  du 
reste,  ce  qu'on  lit  dans  la  préface  de  l'é- 
dition du  Dictionnaire  de  P Académie  de 
1762  : 

On  ne  doit  point,  en  matière  de  langue, 
prévenir  le  public,  il  convient  de  le  suivre 
en  se  soumettant  non  pas  à  l'usage  qui 
commence,  mais  à  l'usage  généralement 
établi. 

Quand  on  songe  que  Voltaire  discute 
le  mot  récolter  admis  par  cette  édition  et 
que  V Académie  a  passé  pour  novatrice  à 
cette  époque,  en  admettant  acclimater^ 
commercial,  confidentiel^  insouciant  et 
quantité  d'autres  mots  qui  paraissent 
aujourd'hui  irréprochables. 

Le  principe  qui  a  dominé  a  été  «  d'éman- 
ciper la  langue  pour  affranchir  l'esprit  ». 

Que  vouliez-vous  qu'on  fît  à  l'époque 
de  la  formation  primitive  de  la  langue, 
contre  l'usage  qui  au  lieu  de  prendre  un 
dérivé  du  latin  caput  pour  désigner  la 
plus  noble  partie  du  corps,  a  choisi  le 
mot  testa  qui  signifie  pot  de  terri.  Dans 
les  premiers  temps,  cela  devait  équivaloir 
à  l'expression  houle  dans  :  «  Il  a  une 
bonne  boule  »  ou  à  «  ferme  ta  boite  » 
pour  «  ferme  la  bouche  ».  Est-ce  que  vous 


y  pensez  un  instant  quand  on  vous  parle 
«  d'une  noble  tête  ou  d'une  tête  adora- 
ble }>  ? 

Y  a-t-il  quelque  chose  de  plus  sale  que 
le  mot  «  entrailles  »,  et  cependant  les 
audaces  des  grands  écrivains  en  ont  fait 
un  mot  de  style  élevé  ;  l'usage  lui  retire 
tellement  ce  qu'il  a  de  répugnant  que  si 
vous  le  remplacez  par  boyaux,  vous  abou- 
tissez à  des  résultats  inouis. 

Evidemment,  je  ne  dirai  pas  «  quelque 
chose  de  conséquent  pour  «  quelque  chose 
d'important  »  ;  c'est  en  effet  bien  vulgai- 
re, mais  il  est  possible  qu'on  y  revienne. 
Qiieli  nconvénient  voyez-vous,  d'un  autre 
côté,  à  dire  «  un  centimètre  »  pour  «  ru- 
ban à  centimètres  »,  c'est  là  une  figure 
de  rhétorique  bien  connue.  Le  centimètre 
n'est  pas  le  mètre,  et  d'abord  il  a  génér?- 
lement  un  mètre  cmquante  centimètres. 
Dire  «  mon  mètre  »  serait  aussi  inexact. 
Me  forcerez-vous  à  dire  «  mon  mètre  cin- 
quante »  .''  je  trouve,  au  contraire,  la  dis- 
tinction excellente,  d'autant  plus  que  cet 
instrument  de  mesure  ne  sert  générale- 
ment que  pour  des  centimètres. 

Paul  Argelès. 

Procès  des  79  voleurs  ,  L,  336). 
—  Bibliographie  sommaire  et  résumé 
d'une  cause... /-«tJ//^,  Gazette  des  Tri- 
bunaux, 17*  année,  mai-septembre  1842  ; 
Compte-rendu  de  la  cour  d'assises  de  la 
Seine  :  24  juin,  3,  18,  20,  22,  23,  25, 
29  juillet   (Cf.   24   mai)  à   partir   du   n° 

4746  : 

Chronique  parisienne  :  25  juin,  page 
990  ;  6,  24  juillet, p.  1027,  1094  ;  22,27, 
29août,  p.  1195,  1212,  1219,  à  partir  du 
n^  4747. 

Affaire  analogue  à  celle  des  quarante 
voleurs  (1837)  ou  des  cinquante  et  un  vo- 
leurs (1840)  •  «bande  composéeen grande 
partie  de  forçats,  de  repris  de  justice  », 
dont  plusieurs  réclusionnaires,  à  la  tête 
desquels  se  trouvaient  —  chefs  avant  d'en 
être  les  dénonciateurs  —  Charpentier, 
Cligny  et  Fenet  avec,  comme  receleurs 
habituels,  Alfred  Leudet,  logeur  et  bijou- 
tier,Dander, Veuve  Lauder  logeuse  ;  Veuve 
Mougin  et  Duriez  ;  et  pour  complices  : 

a)  Frépas,  dit  Beringuet  ;  Mairesse,  dit 
David  ;  Âlontmoutier  dit  Ernest,  Normand 
dit  Léon.  Fainaut  dit  le  Borgne  ;  Dufour 
dit  Parageot  ;  Courbondit  Le  Petit- Vieux: 
Guérot,    dit   Harnais  (le  dément  simula- 


DÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


769 


teur  de  la  séance  d'ouverture)  Cambillet, 
dît  Blciuchin  ;  de  Vergie,  dit  f  ;/;c,39  ans, 
Lelong  père  et  fils,  lunettiers,  Chapon, 
altcr  ego  de  Charpentier  ;  Louis  Ponty, 
26  ans,  peintre-vitrier  ;  Berger,  33  ans, 
cocher  ;  Vidal  Fonblanc,  43  ans,  profes- 
seur, et  sa  femme  Virginie  Vimal, 26  ans, 
maîtresse  de  langues,  avec  Benoit  Vimal, 
son  beau-frère.artistedramatique;  Laurent, 
39  ans,  machiniste  ;  Simon  Joanon,  em- 
ployé de  la  Ville  ;  Jean  Adler,  27  ans, 
sculpteur  sur  bois,  etc.,  etc. 

b)  la  veuve  Bierge,  femme  de  ménage, 
51  ans  ;  Adélaïde  Bouillant,  42  ans  ;  José- 
phine François,  dite  Javotte,  41  ans  ; 
Anne  Cochin,  48  ans  écaillère  ;  Virginie 
Delarasse,  dite  Danas,  35  ans  journalière  ; 
Gertrude  Besançon,  dite  femme  Vautrin^ 
37  ans,  culottière  ;  Adélaïde  Pouget  ; 
veuve  Delestre,  45  ans  ;  Adélaïde  Perlin, 
femme  Laurent, 43  ans,journalière  ;  Louise 
Ponty,  dite  Breschard,  32  ans, couturière  ; 
veuve  Mougin  ;  Jeanne  Hubert,  26  ans, 
fille  publique  ;  femme  Avissen,  38  ans, 
dite  femme  Gellée  (distillateur)  ;  femme 
Maréchal,  34  ans,  gantière  ;  femme 
Burnet,  52  ans,  gantière  ;  Veuve  Henry, 
65,  ans  journalière;  fille  Prévost,  dite 
femme  Gaillard^  49  ans  (auteur  de  l'eu- 
phémisme :  femme  de  coiifiance)\^\\\t  Heu- 
debert,  dite  femme  Lehriin^  28  ans,  fille 
publique  ;  veuve  Vosgien,  dite  Mouton^ 
dite  Laplace^  51  ans  ;  Marie  Gosselin 
fille  publique  ;  Virginie  Leblanc,  femme 
Fournier,  ig  ans  lingère. 

Charpentier  et  Cligny  furent  arrêtés  à 
Charonne  le  17  juillet  1840,  sous  le  nom 
de  Robert  oncle  et  neveu  ;  les  accusés  au 
nombre  de  79,  furent  divisés  en  quatre 
«  catégories  »  sauf  cumul  pour  les  plus 
compromis  : 

1''  24  juin  7  et  18  juillet,  37  -|-  2  accu- 
sés, 43  chefs  d'accusation,  une  multitude 
de  vols  ; 

2°  19  juillet,  4  accusés,  13  vols  ou  ten- 
tatives de  vol,  14  chefs  d'accusation  ; 

3°  20  juillet,  33  accusés,  48  chefs  d'ac- 
cusation, 59  vols  ; 

4"  22  août  :  14  accusés,  36  vqIs,  39 
chefs  d'accusation,  80  témoins. 

Présidence  de  MM.  Didelot,  Grandet, 
Didelot,  Zangiacomi. 

Furent  acquittés  :  Jean  Adler  dit  Laval- 
lière,Henry ,  Derémy,  Duriez,  Vve  Henry, 
Vve  Prévost,  Vve  Vosgienj  femme  Virgi- 


20  Kovenibre  1904. 

770    

nie  Fonblanc,  femme   Virginie   Fournier 
fille  Gosselin  : 

Bénéficièrent  des  circonstances  atté- 
nuantes ;  Charpentier  Cligny  et  Fenet  ; 
Ponty,  Robert,  Pétau,  Lasserre,  Retrou, 
Larrieux,  Lelong  fils,  Viray  fils,  Fainaut, 
Leudet  —  fille  Ponty.  Vve  Bierge,  fille 
Delarasse  fille  Besançon, Vve  Mougin, fille 
Hubert,  fille  Heudebert,  femme  Avissen, 
Vve  Lander,  femme  Burnet  ; 

Les  autres  furent  condamnés  à  des 
peines  variant  de  2  ans  de  réclusion  à  20 
ans  de  travaux  forcés,  avec  ou  sans  confu- 
sion de  peine  et  exposition,   suivant  le  cas. 

«  Nous  nous  retrouverons  à  la  barrière 
Saint-Jacques!  «futl'au-revoir  de  Normand 
à  Charpentier. 

Ce  coup  de  filet  renouvelé  de  183761 
de  1840,  (rapprochées  l'indulgence  aux 
indicateurs  et  la  disjonction  d'accusés  se 
connaissant  à  peine  entre  eux)  laisse 
l'impression  de  machination  policière  : 
l'année  1842  avait  été  particulièrement 
dure  pour  Vidocq. 

Les  quotidiens  de  1842,  ensemble 
1839-1840.  —  Le  Journal  des  Débats,  Le 
Constitutionnel^  La  Oiiotidienue^La  Ga;^ette 
de  Fraiice,  Le  Parisien,  La  Patrie...,  ne 
sont  guère  plus  explicites;  les  DébatsXou- 
tefois  après  avoir  enregistré  les  verdicts 
ou  les  incidents  d'audience,  s'étendent 
assez  au  long  sur  la  quatrième  catégorie, 
celle  des  accusés  distingués. Cf.  23  juin, 4, 
23,  26,  28  juillet  ;  23,  26,  27  août; 
et,  d'une  manière  générale  :  à  la  date  des 
quatre  «  fournées  ». 

Quant  aux  journaux  judiciaires,  c'est 
V Audience  qui  vient  la  première  après  la 
Ga:(eite  Cf.  24  juin,  21,  25  juillet,  25 
août,  i'""  septembre,  les  autres, /oMm^Z 
général  du  Droit,  Messager  des  Tribunaux, 
sont  muets,  à  cet  égard  ou  ne  se  trou- 
vent rue  Richelieu  qu'à  l'état  de  Table, 
ou  en  cotes. 

Restait  le  fonds  Lebrun  :  Causes  célè- 
5;v5, acquis  par  MM .  Chevalier-Dumarescq, 
rue  Soufflot  :  le  procès  des  79  voleurs 
n'est  pas  porté  au  répertoire. 

jAcauEs  Saintix. 


Vers  à  retrouver  :  C'est  en  vain 
que  deux  tous...  (L,  673) — Cesvers 
sont  d'Alfred  de  Vigny  et  se  trouvent 
dans  la  belle  pièce  des  Destinées  intitulée 
V  Esprit  purt  Patchouna. 


N'    1058. 


L'INTERMEDIAIRE 


771 


772 


Ces  vers  sont  d'Alfred  de  Vigny.  Je 
n'ai  pas  sous  la  main  ses  œuvres,  mais 
je  puis  l'affirmer  quand  même. 

Le  poète,  dans  la  pièce  dont  est  déta- 
chée ce  fragment,  parle  de  ses  aïeux  et  se 
compare  à  eux.  Ajouterai-jo  que  ce  n'est 
pas  à  leur  avantage  : 

On  rencontre  des  vers  comme  ceux-ci  : 
J'ai  mis  sur  le  cim'cr  don''  du  ssniillioraine 
Une  plume  de  fer  qui  n'est  pas  sans  l)eaut '■. 
J'ai   (ait   illustre  uu  nom  qu'on  m'a  transmis  sans 

[gloire... 
...  A  peine  une  étincelle  a  r-lui  dans  leur  cen  Ire 
C'est  en  valu  qu3  d'eux  tous  le  sang   m'a  fait  dej- 

[cendre  : 
Si  j'écris  leur  histoire,  ils  descendront  de  moi. 

On  ne  peut  que  s'étonner  de  cette 
étrange  manie  d'écrire  l'histoire  de  gens 
qu'on  commence  par  déclarer  dénués 
d'intérêt  et  insignifiants.  Je  crois  du  reste 
qu'il  n'en  a  rien  fait. 

J'ai  cité  de  mémoire  et  je  pria  d'excu- 
ser une  erreur  toujours  possible. 

Champvolant. 

Couleur  bleue  chassant  les  mou- 
ches (L,  450),  — J'ai  pu  constater  sou- 
vent, à  mon  grand  dommage,  la  prédilec- 
tion des  souris  et  des  mites  pour  les 
étoffes  teintes  en  bleu.  Des  vêtements  de 
drap,  ou  de  laine  pendus  dans  une  même 
armoire,  ou  entassés  dans  un  même  tiroir, 
les  uns  restaient  intacts,  les  autres  étaient 
tout  déchiquetés  par  les  dents  des  ron- 
geurs ou  dévorés  par  les  mites  ;  ceux  en- 
dommagés étaient  invariablement  de 
couleur  bleue,  —  Les  lainaiges  d'autres 
couleurs  restaient  ordinairement  indem- 
mes  ;  ils  Tétaient  souvent  s'il  y  avait  dans 
le  même  local  des  étoffes  bleues.  Ron- 
geurs et  mites  ne  s'attaquaient  aux  laina- 
ges d'autre  couleur  qu'à  défaut  d'étoffes 
bleues. 

Conclusion: Pour  préserver  des  lainages 
non  bleus  les  entourer  d'étoffes  bleues 
hors  d'usage.  Lotus  Sahib. 

Têtesà  rhuile(L,6i9).  —  Voici  pour 
quoi  on  appelle  les  figurants  tètesàVhuiJe  : 
Lorsqu'autrefois  les  individus  qui 
n'avaient  jamais  figuré  se  présentaient  au 
chef  de  la  figuration,  dans  l'espoir  de  tou- 
cher le  cachet  auquel  ils  avaient  droit, 
cet  exploiteur  leur  en  retenait  la  moitié, 
et  quand  ces  malheureux  lui  demandaient 
la  raison  de  cette  retenue  ;  <\  c'est  pour 
Vhuile  »  leur  répondait-il.  Et  ils  n^osaient 


se  plaindre,  dans  la  crainte  de  passer  pour 
des  bleus. 

Cela  se  passait  au  temps  des  quinqiteis 
et  depuis,  les  figurants  de  métier  ont 
appliqué  cette  épithète  aux  nouveaux  et 
aux  amateurs  qui  viennent  se  faire  estam- 
per par  le  chef  de  la  figuration. 

—  F. Jacotot. 

Herboristes  (L,  675). —  La  croyance 
aux  simples  et  leur  usage  ayant  toujours 
existé,  il  s'ensuit  que  la  vente  des  herbes, 
soit  en  boutique,  soit  sur  les  places  et  les 
marchés, est  vieille  comme  le  monde. Mais 
c'est  seulement  depuis  la  loi  de  germinal 
an  XI  que,  chez  nous,  la  profession  d'her- 
boriste a  été  réglementée. 

Réglementation  parfaitement  illusoire 
d'ailleurs,  tant  au  point  de  vue  de  l'utilité 
dudit  métier  que  des  garanties  de  capacité 
exigées  des  titulaires.  Comme  instruction 
générale,  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  simple  : 
savoir  lire  et    écrire  ;  comme  instruction 
professionnelle,  également  tout  ce  qu'il  y 
a  de  plus  élémentaire  :  reconnaissance  de 
quelques  plantes  fraîches  ou  sèches  avec 
indication   des  moyens  de  les  conserver. 
Deux  classes  —   sans  aucune  différence 
d'examen  —  consistant  en  ceci  que  l'herbo- 
riste de  la  première,  moyennant  le  verse- 
ment d'un  droit  plus  élevé,  peut  s'établir 
où  bon  lui  semble, aiors  que  celui  de  la  se- 
conde  ne  peut  pratiquer  que  dans  le  res- 
sort de  l'école  où  il  a  été  reçu. 

L'institution  avait  pour  but  de  mettre 
avec  plus  de  sécurité  les  plantes  à  la  portée 
de  tous  et  d'épargner  aux  petites  bourses 
les  prix  légendaires  de  l'apothicaire  d'au- 
trefois,    du     pharmacien    d'aujourd'hui. 
Rien  de  plus.  Jamais,  en  effet,  il  n'y  a  eu 
de  confusion  possible  entre  ces  deux  cor- 
porations absolument  distinctes  et  jamais 
non  plus  l'herboriste  n'a  été  l'embryon  du 
pharmacien  ;  il  n'en  est  que  le  parasite. 
Apothicaires  et  —  depuis  la  mê.me  loi 
de  germinal   an    XI  —  pharmaciens   ont 
toujours  été  des  hommes   véritablement 
instruits,   soumis  à    des   stages   plus   ou 
moins  longs,  suivant  les  époques,  et  à  des 
concours  et  à  des  examens  de  plus  en  plus 
sérieux, sanscompter  les  études  classiques. 
Les  récentes  communications  adressées 
à  Y  Intermédiaire  ont  fait    voir,  sans    en 
épuiser  la  liste,  ce  qu'ils  ont  fourni  de  sa- 
vants.   Les    hôpitaux    peuvent    dire   ce 
qu'ils  ont  montré  de  dévouement. 
Quant  aux  herboristes,  établis  de  pré- 


773 


férence  et  pour  cause  dans  les  quartiers 
ouvriers  et  populeux,  beaucoup  y  trou- 
vent un  terrain  favorable  à  l'exploitation 
de  la  crédulité  humaine  et  font  clandesti- 
nerrient  aux  médecins  et  aux  pharmaciens 
une  concurrence  dont  les  tribunaux  ont 
eu  souvent  à  s'occuper  et  les  malades  à  se 
plaindre. 

11  y  a  dans  le  métier  un  grand  nombre 
de  sages-femmes. 

Les  hommes  se  recrutent  plus  spéciale- 
ment parmi  les  aides  et  les  garçons  de 
laboratoire.  Sous  le  couvert  de  leur  mo- 
deste certificat,  ils  mettent  à  profit  les 
vagues  connaissances  acquises  dans  les 
officines  où  ils  ont  servi.  Soulget. 


*  * 


L'herboristeest  au  pharmacienne  que  le 
dentisteetla  sage-femme  sont  au  médecin. 

La  création  des  herboristes  date  de  la 
loi  du  2  1  germinal  an  XI,  elle  a  été  mo- 
tivée par  la  pénurie  des  officines  de  phar- 
maciens. 

L'apothicaire  est  l'ancêtre  direct  du 
pharmacien. Légalement, cequalificatif  date 
du  10  février  1780  où  le  collège  de  phar- 
macie fut  institué  ;  les  élèves  qui  avaient 
satisfait  aux  examens,  recevaient  le  di- 
plôme de  maître  en  pharmacie  ;  cepen- 
dant aux  xvif  et  xviii*  siècles,  certains 
apothicaires  instruits  prenaient  volontiers 
ce  titre,  mais  il  n'avait  pas  d'existence 
légale. 

Les  herboristes  ne  peuvent  vendre  dans 
leur  échoppe  que  des  plantes  indigènes, 
non  toxiques  ;  s"ils  vendent  d'autres  subs- 
tances médicamenteuses  ils  sont  en  con- 
travention avec  la  loi.  Le  sens  du  mot 
appliquer  nous  échappe.        Boutineau. 

Le  père  du  bridge  (L,  450,  658). 
—  La  question  a  été  longuement  traitée 
dans  les  Notes  and  Qiieries  cette  année 
même  et  les  années  précédentes.  Je  ne  l'ai 
pas  suivie  avec  intérêt,  mais  je  crois  me 
rappeler  que  tout  en  concluant  à  l'origine 
récente  du  jeu,  on  n'est  pas  .arrivé  à 
nommer  l'inventeur.  Un  de  nos  lecteurs 
anglais  voudrait-il  consulter  à  ce  sujet  la 
collection  des  N.  and  O  .?  '      '** 

Cartes  cornées  (L,  675).  — J'ignore 
d'où  vient  cet  usage,  mais  autrefois 
l'usage  était  de  plier  la  carte  et  non  pas 
de  la  corner. 

Le  vicomte  de  Bonald. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX               20  Novembre   1904 
774    

gotfis,   irinîi'ailîcîî  ti   Curiosités 

L'épuration  de  l'armée    en  l'an 

III.  —  Sous  le  règne  de  Robespierre,  les 
administrations  civiles  et  l'armée  avaient 
été  épurées  par  des  citoyens  de  bonne  vo- 
lonté qui  fournissaient, sans  grand  risque, 
des  renseignements  variés  pour  justifier  le 
remplacement  des  modérés  par  des  parti- 
sans de  la  Terreur.  Après  la  chute  de  Ro- 
bespierre,une  nouvelle  épuration  se  fit  en 
sens  contraire  ;  les  partisans  du  dictateur 
furent  dénoncés  à  leur  tour.  Afin  de  sau- 
ver la  face, on  avait  toujours  soin  de  met- 
tre en  avant  le  royalisme  et  l'aristocratie 
comme  principaux  griefs,  mais  la  vraie 
raison  des  évictions  était  d'être  partisan 
du  «  régime  de  sang  et  de  terreur  ». 

Voici  un  arrêté  pris  dans  ce  sens  par  le 
conventionnel  Tellier  en  mission,  en  l'an 
111, dans  les  départements  avoisinant  Lyon. 
Nous  l'empruntons  au  bulletin  de  novem- 
bre de  M.  Noël  Charavay. 

AU  NO.M    DU  PEUPLE  FRANÇAIS 

Egalité  Liberté 

Maçon  le  12  pluviôse  an  III,  de  la  Répu- 
blique   une  et  indivisible. 

Les     représentants     du    peuple    Tellier     et 

RiCHAUD,  ENVOYÉS  DANS  LES  DÉPARTEMENTS  DE 
l'aIN,     l'izÈRE,     RHONE,    LOIRE      ET    SAONE-ET-LOIRE, 

Après  avoir  pris  les  renseignements  les 
plus  précis  sur  les  chefs  de  la  garde  natio- 
nale et  des  divers  fonctionnaires  publics, 

Considérant  que  les  citoyens  qui  sont 
investis  de  la  confiance  et  du  pouvoir  et  no- 
tamment ceux  qui  sont  chargés  de  diriger 
la  force  armée  doivent  être  recoramanda- 
bles  par  un  patriotisme  pur  et  se  montrer 
en  tous  tems  ennemis  du  royalisme,  de  l'a- 
ristocratie, du  sistème  de  sang  et  de  terreur 
et  être  uniquement  attaché  à  la  République 
et  à  la  Convention  nationale 

Arrêtent 

Art.  I.  Le  citoyeii  Jacques  Buis  est  rem- 
placé dans  les  fonctions  de  commandant  du 
2me  bataillon  par  le  citoyen  Charmel. 

Art.  2,  Le  citoyen  Blampoix, demeurant  à 
Bel-Air,  est  nommé  bibliothécaire  à  la  place 
du  citoyen  Galand. 

Art.  3.  L'agent  national  est  chargé  d'infor- 
mer lescitoyens  susnommés  de  la  disposition 
du  présent  arrêté,  de  les  appeler  à  leur  poste, 
de  les  installer  dans  les  fonctions  qui  leur 
sont  confiées^  après  avoir  requis  et  prêté  le 
serment  exigé  par  la  loi. 

Tellier. 

C'est  la  loi  de  la  délation  érigée  en 
système  :  tel  qui  dénonce  aujourdhui 
sera  dénoncé  demain.  B. 


N.    1058 


L'INTERMEDIAIRE 


775 


776 


Madame  Bovary  :  origine  du 
titre  de  ce  roaaan,  d'après  Flau- 
bert. —  Quelle  femme  fut  l'héroïne  du 
roman  de  Flaubert  ?  L'écrivain  a-t-il 
dessiné  un  type  d'après  nature,  comme  on 
a  cru  pouvoir  le  dire  ?  Mme  Bovary  est- 
ce  une  demoiselle  Delphine  C.  qui  épousa 
à  Ry,  un  sieur  D.  comme  un  lettré  nor- 
mand, M.  J.  Dubosc,  a  pensé  pouvoir 
l'affirmer  après  enquête  ?  La  lettre  qui 
suit,  si  elle  est  sincère,  tendrait  à  détruire 
cette  légende,  encore  que  cette  légende 
cadre  si  bien  avec  la  manière  réaliste  de 
Flaubert.  Cette  lettre  est  une  protestation 
contre  les  procédés  qu'on  prête  à  l'écri- 
vain. Elle  est  surtout  intéressante  en  ce 
qu'elle  renferme  un  renseignement  qui 
a  son  prix  :  l'origine  du  titre  du  célèbre 
roman. 


Pourquoi  ce  roman  a-t-il  été  intitulé 
Madame  Bovary  ^  D'où  est  venue,  à 
Flaubert,  l'idée  de  ce  nom  .?  Sur  ce  point, 
il  satisfait,  du  moins,  notre  curiosité. 

Bovary. c'tsi  le  nom  de  Bouvaret  déna- 
turé. Mais  le  nom  de  Bouvaret  n'impli- 
que nullement  qu'une  femme  ainsi  appe- 
lée ait  trompé  son  mari.  En  transfor- 
mant Bouvaret  en  Bovary,  Flaubert  sup- 
posait qu'il  se  mettait  à  l'abri  de  toutes 
revendications.  Or,  il  y  avait  en  Afri- 
que une  madame  Bovaries  qui, tout  comme 
l'autre, trompait  son  Charles  ? 

On  va  lire  la  lettre  qui  apporte  cette 
explication  de  l'origine  du  titre  de  Ma- 
dame Bovary.  — 

Nous  avons  supprimé,  par  discrétion, 
une  indication  trop  précise  et  relative  à  la 
qualité  du  mari  de  la  Bovaries,  d'Afrique. 

Votre  dévousment  s'était  alarmé,  à  tort, 
chère  madame.  J'en  étais  sûr  !  Voici  la  ré- 
ponse qui  m'arrive  poste  pour  poste. 

Les  gens  du  monde,  je  le  répète,  voient 
des  allusions  oij  il  n'y  en  a  pas.  Quand  j'ai 
fait  iW'  Bovary  on  m'a  demandé  plusieurs 
fois  :  «  Est-ce  M^  ***  que  vous  avez  voulu 
peindre  ?  »  Et  j'ai  reçu  des  lettres  de  gens 
parfaitement  inconnus,  une  entre  autres 
d'un  Monsieur  de  Rheims  qui  me  félicitait 
de  l'avoir  vengé  !  (d'une  intîdèle).  Tous  les 
pharmaciens  de  la  Seine-Inférieure  se  re- 
connaissant dans  Harnais  voulaient  venir 
chez  moi  me  flanquer  des  gifles  :  mais  le 
plus  beau,  (je  l'ai  découvert  cinq  ans  plus 
tard),  c'est  qu'il  y  avait   alors  en   Afrique, 


la  femme  d'un  (i)[.. ..]  s'appelant  Mme  Bo- 
varies   et    qui    ressemblait  à    Af""  Bovary.^ 
nom  que  j'avais  inventé  en  dénaturantcelu  i 
de  Bouvaret. 

La  première  phrase  de  notre  ami  Maury 
en  parlant  de  VEducation  sentimentale  a 
été  celle-ci  :  «  Est-ce  que  vous  avez  connu 
X,un  italien, professeur  de  mathématiques? 
Votre  Senecai  est  son  portrait  physique  et 
moral  !  Tout  y  est  jusqu'à  la  coupe  des 
cheveux!  »  D'autres  prétendent  que  j'ai 
voulu  peindre  dans  Arnoux,  Bernard-Latte 
(l'ancien  éditeur)  que  je  n'ai  jamais  vu, etc. 
Tout  cela  est  pour  vous  dire,  chère 
Madame,  que  le  public  se  trompe  en  nous 
attribuant  des  intentions  que  nous  n'avons 
pas. 

J'étais  bien  sûr  que  Mme  Sand  n'avait 
voulu  faire  aucun  portrait  1°  par  hauteur 
d'esprit,  par  goût,  par  respect  de  l'art,  et  2* 
par  moralité, par  sentiment  des  convenances, 
et  aussi,  par  justice. 

Je  crois  même,  entre  nous,  que  cette 
inculpation  l'a  un  peu  blessée  ?  Les  jour- 
naux, tous  les  jours,  nous  roulent  dans 
l'ordure,  sans  que  jamais,  nous  leur  répon- 
dions, nous,  dont  le  métier  cependant,  est 
de  manier  la  plume,  et  on  croit  que  pour 
faire  de  l'effet,  pour  être  applaudis,  nous 
allons  nousen  prendre  à  tel  ou  à  telle.  Ah  ! 
non  I  pas  si  humbles.  Notre  ambition  est 
plus  haute  et  notre  honnêteté  plus  grande. 
Quand  on  estime  son  esprit  on  ne  choisit 
pas  les  moyens  qu'il  faut  pour  plaire  à  la 
canaille.  Vous  me  comprenez,  n'est-ce 
pas? 

Mais  en  voilà  assez.  J'irai  vous  voir  un 
de  ces  matins.  En  attendant  ce  plaisir  là, 
chère  madame,  je  vous  baise  les  mains  et 
suis  tout  à  vous. 

Gustave  Flaubert. 
Dimanche  soir. 

Invente-t-on  jamais  un  nom  .f"  Flaubert 
le  crut  avec  Mme  Bovary  et  se  trompa  ; 
il  le  crut  avec  Homais  et  se  trompa 
encore.  Nous  avons  sous  les  yeux  une 
réponse, adressée  le  28  fructidor  an  9,  par 
le  ministre  de  la  guerre,  à  un  citoyen 
réclamant  des  nouvelles  de  son  fils  :  le 
citoyen  Homais,  marchand  à  Rouen  ! 

Il  y  eut  donc  des  Homais  à  Rouen,  — 
des  Homais  authentiques, mais  moins  illus- 
tres, certes,  que  celui  de  la  fiction.     Y. 

(i)  titre  du  fonctionnaire. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


Imp. Daniel-Cham30n  St-Amand- Mont-Rond. 


!•  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mots      30  Novembre  1904, 


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N»  1059 

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PARIS  (IX») 

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DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUESTIONS    ET    RÉPONSKS    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES.    SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


/  / 


778 


OJllîC0ÎÎOIî6 


Armes  et  devise  delà  comtesse 
du  Barry.  —  Dans  un  article  consacré 
à  la  bibliothèque  de  la  célèbre  favorite 
et  publié  dans  les  Miscellanées  bibliogra- 
phiques d'Ed.  Rouveyre,  Paris,  1879,  II, 
103,  l'auteur,  M.  Léon  de  Labessade,  à 
propos  de  la  devise  :  Bouter  en  avant  ! 
lui  reproche  d'avoir  osé  «  afficher  sur 
«  ses  armes  un  résumé  de  sa  profession  ». 
«  C'est,  dit-il,  la  signature  de  la  débauche 
«  sur  les  œuvres  de  l'art.  La  phrase  qui 
«  serait  fière  sous  la  plume  d'un  homme 
«  d'armes  est  une  abjection  dans  le  nobi- 
«  liaire  d'une  ex-amie  de  la  Gourdan.  » 

Ces  armes  et  cette  devise  n'étaient- 
elles  pas  celles  que  son  mari,  Guillaume 
du  Barry,  avait  prises  à  la  famille  irlan- 
daise du  Barry  de  Buttevant  dont  il  pré 
tendait  descendre  ?  Alors  le  reproche  de 
cynisme  dans  le  choix  de  la  devise  serait 
injuste  ?  J.  C.  Wigg. 

Les  mœurs  du  chevalier  de  la 
Barre.  —  Le  Conseil  municipal,  guidé 
par  sesardeurs  politiques, adécidé  de  doter 
Paris  d'un  monument  sujet  à  criti- 
que. M. Le  Grandais  ademandé  à  la  majo- 
rité du  conseil  à  faire  ériger,  par  esprit 
d'opposition,  devant  le  SacrérCœur,  à 
iVlontmartre,  une  statue  au  chevalier  de 
La  Barre,  qu'un  tribunal  civil  condamna 
à  mort  pour  sacrilège, en  vertu  des  moeurs 
du  temps.  M.  d'Andigné  s'éleva  contre  cet 
hommage  rendu  à  un  jeune  homme  dont 


l'unique  action  d'éclat  consista,  étant 
ivre, et  sans  esprit  de  propagande  délibé- 
rée, à  abattre  une  croix  ;  il  fit  une  allusioti 
très  précise  aux  mœurs  de  ce  personnage. 
La  discussion  était  violente  ;  on  opposa  à 
M. d'Andigné  des  dénégations  de  principe, 
mais  point  d'arguments  de  fait.  L'accu- 
sation est  donc  restée  entière. 

La  question  qui  se  pose,  sans  parti-pris, 
est  celle-ci  :  M.  d'Andigné  a-t-il  des  preu- 
ves historiques  ?  A-t-on  la  procédure  re- 
lative à  cette  affaire  ?  Existe-t-il  une  étude 
suffisamment  autorisée,  impartiale,  et 
démontrant, sur  ce  point  délicat,  la  culpa- 
bilité du  chevalier  ou  son  innocence  ^ 

Quoi  qu'on  trouve  ou  dise,  la  statue 
sera  érigée,  et  c'est  bien  pourquoi  il  est 
assez  naturel  qu'on  cherche  à  connaître 
aussi  complètement  que  possible,  l'exis- 
tence d'un  héros  donné  en  exemple  au 
peuple.  Y. 

L'auteur  d'une  publication  sur 
Guillaume  II  inconnu  à  la  cour 
d'Allemagne.  —  A  Berlin,  on  s'entre- 
tient d'une  publication  qui  fait  grand 
scandale. 

Ce  sont  des  indiscrétions  d'une  audace 
inouïe  sur  ce  qui  se  passerait  à  la  cour  de 
Guillaume  II.  Un  journal  français, l'^c/^/r. 
s'en  fait  à  ce  moment  même  l'éditeur  ;  il  lui 
consacre  quotidiennement,  depuis  plus 
d'un  mois,  son  feuilleton.  Ce  n'est  pas  un 
roman,  mais  des  sortes  de  mémoires 
abondant  en  détails  précis  révélateurs 
des  secrets  les  plus  intimes  qui  font  pé- 
nétrer, comme  jamais  on  n'y  avait  péné- 

L.  15 


"N.   1059 


L'INTERMEDIAIRE 


779 


780 


tré  encore,  dans  les  coulisses  de  la  cour 
impériale.  On  ne  peut  pas  mettre  en 
doute  l'exactitude  des  faits  ou  déjà  connus, 
ou  soupçonnés,  ou  même,  jusqu'à  cette 
publication,  ignorés.  Mais  on  cherche  à 
savoir  qui  tient  la  plume. 

Ces  mémoires  sont  donnés  sous  ce 
titre  :  %<.  Mémoires  d'Ursula,  comtesse 
d'Eppinghoven,  dame  d'honneur  du  pa- 
lais de  l'impératrice  ».  On  a  été  prévenu 
par  le  journal,  on  sait  que  ce  n'est  là 
qu'un  pseudonyme.  Donc,  il  serait  su- 
perflu de  chercher  une  grande  dame  de 
ce  nom  à  la  cour  ou  dans  la  noblesse  alle- 
mande. Mais  on  s'ingénie  à  deviner  quelle 
femme  ayant  approché  l'impératrice  a  pu 
dicter  ces  pages  d'une  vérité  si  crue  qu'on 
serait  tenté  de  croire  à   une    vengeance. 

Malgré  le  style  qui  n'est  point  sans  per- 
fidie féminine,  malgré  telles  observations 
qui  ne  relèvent  également  que  de  l'esprit 
d'une  femme, on  doute  de  la  «dame  d'hon- 
neur ».  Dans  les  cercles  officiels,  on  met 
les  éditeurs  au  défi  de  fournir  une  preuve 
authentique  de  sa  réalité.  Les  journaux 
anglais  ont  abandonné  les  pistes  fausse- 
ment suivies  par  eux, il  y  a  une  quinzaine. 

Que  cache  ce  mystère  }!  Qu'y  a-t-il  der- 
rière cette  extraordinaire  publication, dont 
on  parle  un  peu  en  France,  et  dont  on 
s'occupe  considérablement  ailleurs,  sous  le 
manteau  .'' 

Ma  question  est  celle-ci  :  on  ne  croit 
pas  à  la  dame  d'honneur,  mais  alors  qui 

B. 


? 


L'existence  d'Hamlet,  prince  de 
Danemarck,  est -elle  historique- 
ment certaine  ?  —  Fut-il  enterré  à  El- 
seneur.^ 

A  quelle  année  remonte  la  tombe  que 
les  Danois  appellent  :  la  tombe  d'Ham- 
let.? Martin  E. 

Récits  d'événements  historiques 
consignais  à  !a  dernière  psge  des 
ancieiîs   registres   d'état -civil.   - 

Dans  certains  registres  notariaux  de  la  fin 
du  xvi^  siècle,  j'avais  déjà  relevé,  sur  le 
dernier  feuillet,  le  récit  sommaire  des  évé- 
nements politiques  et  militaires  de  l'an- 
née ;  mais  j'ignorais  que  semblables  men- 
tions pouvaient  aussi  se  rencontrer  sur 
les  registres  de  l'état-civil. 

Or,  sur  la  dernière  page  du  registre  de 
l'état-civil    de    la    commune   de    Barre 


(Lozère),  année  1702,  se  trouve  le  récit 
du  meurtre  à  Pont-de-Montvert  de  l'abbé 
François  de  Langlade  du  Chayla,  c'est-à- 
dire  du  premier  et  sanglant  épisode  delà 
guerre  des  Camisards. 

Ce  document  inédit  me  parait  de  na- 
ture à  intéresser  certains  de  nos  collabo- 
rateurs, aussi  je  le  reproduis,  en  prenant 
la  liberté  de  leur  demander  s'ils  ont  eu 
déjà  l'occasion  de  trouver  des  mentions 
de  cette  nature,  sur  les  vieux  registres 
détat-civil  : 

Mémoire  de  plusieurs  homicides  commis 
parles  plianatiques  assemblés  au  nombre  d'en- 
viron quarante. 

Le  24  ou  2S  juillet,  jour  de  saint  Jac- 
ques apôtre,  monsieur  l'abbé  faisant  la 
mission  au  Pont-de-Montvert  avec  quelques 
missionnaires,  sur  les  dix  heures  du  soir, 
arrivèrent  au  Pont  de-Montvert,  une  troupe 
de  phanatiques,  qui  demandaient  les  pri- 
sonniers qui  avaient  été  amenés  quelques 
jours  auparavant  :  à  quoi  Monsieur  l'abbé 
répondit  qu'on  les  lui  Ht  rendre  ;  mais  n'é- 
tant pas  contents  de  cela,  ils  environnè- 
rent la  maison  du  sieur  André,  où  il  était 
et  ayant  demandé  à  lui  parler,  on  répondit 
que  cela  ne  se  pouvait  pas.  Alors  voulant 
monter,  on  commença  à  tirer  d'en  haut, 
sur  quoi  les  autres  ayant  mis  le  feu  à  la 
maison  et  monsieur  l'abbé  se  voyant  exposé 
à  la  mort,  s'y  disposa  pour  exhorter  ou 
confesser  ses  domestiques  qui  étaient  Mi- 
chot  et  La  Violette  ;  et  après  cela,  il  leur 
dit  de  se  sauver  s'ils  pouvaient  et  ne  s'avi- 
ser pas  de  lui  ;  mais  la  fin  les  prenant,  ils 
sautèrent  les  fenêtres. Monsieur  l'abbé  étant 
sorti  et  s'étant  fait  mal  au  pied,  il  se  retira 
proche  un  petit  cerisier,  oii  il  resta  quel- 
que temps.  Mais  ayant  été  aperçu  par  ces 
misérables,  ils  l'allèrent  prendre  là  et 
l'ayant  traîné  au  Pont  et  proche  la  croix,  il 
leur  demanda  la  vie.  Ils  lui  dirent  qu'ils  la 
lui  donneraient,  s'il  voulait  faire  comme 
eux  et  renoncer  à  sa  foi, à  quoi  ayant  vigou- 
reusement résisté  par  son  zèle  pour  son 
Dieu  et  sa  foi,  il  fut  martyrisé  et  demanda 
à  être  enterré  à  Saint-Germain,  où  il  fut 
porté  et  inhumé  le  26  juillet  1702. 

A  RM.  D. 

Uniforme  du  régiment  de  Berry- 
Cavalerie.  —  Je  possède  une  miniature, 
datant  de  quelques  années  avant  la  Révo- 
lution, représentant  un  jeune  lieutenant 
de  cavalerie. 

Son  uniforme  est  bleu  ;  les  revers,  for- 
mant plastron,  sont  blancs  ;  le  collet  est 
rouge  ;  le  gilet,  qui  apparaît  un  peu, sem- 
ble blanc   ;   les   boutons  sont  d'argent  ; 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


781     — 


30  Novembre  1904 


782 


[ 


répaulette  (à  gauche)  et  la  patte  d'attente 
sont  d'argent  sur  drap  rouge. 

Je  crois  que  cet  uniforme  est  celui  du 
régi^pent  de  Berry-Cavalerie  ;  mais  je 
n'en  suis  pas  certain.  Mes  confrères  de 
V Intermédiaire^  plus  documentés  que  moi 
sur  la  question  des  costumes  militaires 
avant  1789,  seraient  bien  aimables  de  me 
dire  ce  qu'ils  en  pensent. 

Brondineuf. 

Compagnons  vitriers    de  Lyon. 

—  Une  lettre  fut  adressée  en  1789  à  «Ma- 
dame Bouet,mère  des  compagnonsvitriers 
rue  Corchebœuf,  pour  remettre  à  Fléchois 
le  bon  accord, compagnon  vitrieràLyon». 
Quelqu'un  saurait  il  ce  qu'étaient  ces 
compagnons  et  leur  mère  ? 

Louis  Calendini. 

Monasteriolum  —  Ce  mot  latin, 
d\m'\nut]{  de  ruonasterium,  a  donné  nais- 
sance aux  noms  de  lieux  Montreuil,  Mo- 
nestier,  Monêtier,  Monistrol,  Menes- 
treau,  Moutier.  et  autres,  fort  nombreux 
en  France  S'ensuit-il  d'après  l'étymolo- 
gie,  que  là  ont  existé  des  monastères, 
plus  ou  moins  importants  f  Et,  cela  étant, 
quels  ouvrages  pourrait-  on  consulter  —  en 
dehors  des  quelques  Dictionnaires  topogra- 
phiqites  départementaux  existants  —  pour 
être  fixé  sur  ces  établissements  religieux  ? 

HODGE. 

Maille  d'or  de  Florencs.  —  Quelle 
pouvait  être,  en  1350,  la  valeur  d'une 
maille  d'or  de  Florence  ? 

Cette  monnaie  d'or  était  usitée  en  Bre- 
tagne, à  cette  époqup,  ainsi  que  nous  le 
voyons  dans  un  acte  du  samedi,  après  la 
Saint-Etienne  1353,  par  lequel  diverses 
personnes  s'engagent  à  payer  solidaire- 
ment à  l'abbé  et  au  couvent  de  Sainl-Me- 
laine,  de  Rennes,  «  ^o  pièces  d'or  ^nommées 
mailles  de  Florence^  des  plus  belles  et  bonnes 
et  de  pays  »  pour  remboursement  d'un  em- 
prunt fait  à  ces  religieux. 

Exprimée  en  livres  tournois,  à  combien 
s'élevait  alors  la  somme  à  rembourser  ^ 
Quelle  serait  la  valeur  actuelle  de  cette 
somme .?  Brondineuf. 

Armoiries  à  déterminer  :  de 
gueules,  à  quatre  carreaux.    — De 

gueules^  à  quatre  carreaux  d'argent^  rangés 
'infasce  et  au   croissant  du  même  en  chef  : 


couronne  de  comte.  Supports  :  deux  cerfs 
ailés.  Cimier  :  un  écureuil.  Devise  :  Loyal 
devoir. 

Ces  armoiries  se  trouvent  dans  une  tête 
de  page  gravée  sur  bois  par  Panillon  et 
employée  pour  Tendrillette,  tragédie  en 
trois  actes  et  en  vaudevilles.  Londres, 
1753,  16°,  Seraient-elles  à  Tauteur  ano- 
nyme ?  J.-C.   WlGG. 

Armoiries  de  Cbâtillon -sur - 

Marne.  —  D'après  Girault  de  Saint-Far- 
geau,  ces  armoiries  sont  .■  de  gueules,  à 
trois  pzls  ^'ivoire  ;  an  chef  d'or^  charge 
d'une  MERLERETTE  de  sable.  Je  comprends 
merlerette  pour  merlette,  mais  ivoire } 
Qiiel  terme  héraldique  se  peut  bien  cacher 
sous  le  vocable  éburnéen  }  Axel. 

Armoiries  à  déterminer  :  Fascé 
onde  d'argent.  —  Un  aimable  collè- 
gue pourrait-il  me  donner  l'explication 
des  armoiries  suivantes  : 

Parti.  Dexire.  Fascé  onde  d'aroent  et  de 
gueules.,  de  six  pièces.   —  (Rochechuuard). 

Sénestre.  D'a^^ur,  à  deux  pointes  d'or.,  les 
pointes  en  hant.^  an  chef  d'argent  chargé  de 
trois  couronnes  de  duc  de  gueules.  —  (D'Es- 
tampes). 

L'écusson  entouré  d'une  bordure  de 

chargée  de  six  tourteaux  de... 

Probablement  d'or,  componée  de  sable,  ce 
qui  est  la  bordure  des  arm<  s  des  de  Sève. 

Ces  armoiries  sont  gravées  sur  une  pla- 
que constatant  une  fondation  faite  le  28 
octobre  1637  dans  l'église  d  Izy  (Loiret^ 
par  Marie-Marguerite  de  Rochechouard, 
femme  de  Alexandre  de  Sève,  seigneur  de 
Launay  Mézelan  etChatillon-le-Roy  (Loi- 
ret). 

Les  armes  de  Sève  étaient  :  fascé  d'or  et 
de  sable  de  six  pièces,  à  la  bordure  componée 
de  sable  et  d'or. 

Comment  les  armes  de  Rochechouart 
sont-elles  jointes  à  celles  d'Estampes,  et 
comment  n'a-t-on  prisdans  celles  du  mari 
que  la  bordure.  Mud.  de  Sève  n'aurait- 
elle  pas  pris  les  armes  paternelles  .? 

Ya-t-il  eu  des  Rochechouard  alliés  à 
la  famille  d'Estampes  ?     Martellière. 

<5c  Emblèmes  d'amour  divin,  etc.  » 
—  Dans  la  Revue  de  l'Hypnotisme,  d'octo- 
bre IQ02,  on  cite  ^' un  ouvrage  intitulé  Em- 
blèmes d'amour  divin  et  humain  ensemble, 
renfermant  des  eaux-fortes  par  Messager', 


No  1059. 

783     

avec    explication    des    gravures   par   un 
Père  Capucin.  » 

Et  cela  sans  autre  renseignement.  Je 
n'ai  pu  trouver  le  livre  ni  à  h  Bibliothè- 
que nationale,  ni  dans  aucun  répertoire  de' 
bibliographie.  On  m'obligerait  de  me 
mettre  sur  la  piste  de  ce  curieux  ouvrage 
qui  doit  être  du  xvn*  siècle  ;  mais  faute 
d'un  titre  absolument  précis,  on  ne  peut 
rien  trouver  dans  une  Bibliothèque. 

■  G.  Servandy. 

Amico  di  S.  Botticelli.  —  J'ai  re- 
levé cette  singulière  expression  dans  le 
catalogue  de  la  vente  des  tableaux  de 
Bourgeois,  qui  a  eu  lieu  à  Cologne  der- 
nièrement : 

Amico  di  S. Botticelli  ;  la  Vierge  et  V En- 
fant, y^çoo  marks. 

Cela  veut  dire  probablement  que  le 
peintre  est  un  ami  d'Alessandro  Botti- 
celli. 

Mais  ce  n'est  pas  la  première  fois  que 
je  remarque  cet  ylwîco  di  S.  Botticelli; 
je  suis  certain  de  l'avoir  vu,  il  y  a  quel- 
ques années,  dans  une  publication  fran- 
çaise consacrée  aux  Arts,  je  ne  sais  plus 
laquelle. 

Le  but  de  la  présente  question  est  de 
connaître  le  titre  de  cette  revue. 

Etrange  façon  de  sortir  d'embarras  :  on 
est  en  présence  d'un  tableau  qui  présente 
des  analogies  avec  la  manière  de  Botti- 
celli, mais  qui  n'est  pas  de  lui, et  on  n'en 
connaît  pas  l'auteur  ;  alors  on  invente  un 
peintre  imaginaire  et  on  le  nomme  ami 
de  Botticelli. 

Le  procédé  est  très  commode,  mais  il 
est  inadmissible. 

11  paraît  cependant  avoir  été  adopté. 

De  sorte  que  le  gâclris  qui  règne  dans  le 
langage  des  Arts  va  encore  être  aug- 
menté. 

Le  mot  gâchis  n'est  pas  exagéré. 

On  s'obstine  à  appeler  fresques.,  les 
peintures  sur  toile  appliquées  contre  les 
murailles;  dernièrement  encore,  un  mem- 
bre de  l'Académie  française  a  parlé  des 
fresques  de  Puvis  de  Chavannes  à  la  Sor- 
bonne. 

On  nomme  priiniti/s  des  peintres  de  la 
fin  du  xvi'  siècle. 

L'Académie  de  France  à  Rome  est  cou- 
ramment appelé  YEcole  de  Rome,  dans 
les  journaux,  au  Parlement,  et  même  à 
l'Institut  ;  dernièrement  dans  un  discours 


L'INTERMEDIAIRE 


784 


prononcé  à  l'Académie  des  Beaux-Arts, 
par  un  ancien  pensionnaire  de  la  Villa 
Médicis,  l'expression  Ecole  de  Rome  est 
revenue  plusieurs  fois. 

Quel  que  soit    le   sens  donné  au   mot 
école  en  matière  d'art  il  ne  peut  s'appli- 
quer à  notre  Académie. 

Ce  sont  là  des  abus  de  langage  dont  le 
résultat  inévitable  est  de  créer  et  de  pro- 
pager des  erreurs.  Gerspach. 

Mimi  Besse,  artiste.  —  Un  de  mes 

amis  possède  un  portrait  au  crayoa  du 
duc  de  Reichstadt,  très  bien  et  artistique- 
ment fait,  signé  Mimi  Besse.  Quelqu'un 
pourrait-il  me  dire  qui  était  Mimi  Besse, 
artiste  ou  femme  du  monde  français  ou 
autrichien,  de  l'entourage  du  duc.f' 

Auguste  de  Doerr 

Bory  (Edouard).  —  Chef  de  batail- 
lon, il  joua  un  rôle  dans  Taflaire  desiVc^w- 
veau-Nés  de  l'insurrection  royaliste  de 
1815.  D'où  était-il  ^.  Qu'était  sa  famille?  Je 
rencontre  Biaise  Bory  «  chef  de  bataillon 
àrex-13*  régiment  d'infanterie  légère» 
en  1816.  Est-ce  le  même  ou   son  parent  .f* 

Louis  Calendini. 

Bratiano.  —  Demetre  Bratiano,  né 
à  Bucharest  en  1818,  ministre  des  affai- 


res étrangères 


en    Moldo-Valachie,    était 


détenu  à  Mazas  au  mois  de  juin  1853. 
Sait-on  sous  quelle  inculpation  ? 

Arm.  D. 

Un  biographe  d'Etienne  Geoffroy 
Saint-Hilaire. — Dans  une  lettre  écrite  à 
son  frère  au  mois  d'août  1836,  le  célèbre 
naturaliste  lui  mande  qu'on  lui  a  commu- 
niqué une  biographie  sur  lui  faite  par  un 
Anglais.  L'article,  dit-il,  est  vif,  poétique, 
éloquent.  On  l'imprime  dans  le  Diction- 
naire de  la  Conversation.  11  y  a  pour  lui 
à  boire  et  à  manger  ;  il  est  loué  beaucoup 
et  il  est  gourmande  bien  sévèrement. 

Quel  est  l'auteur  de  cette  biographie  } 

Paul  Pinson. 

La  tombe  de  Le  Bègue  de  Presle 

à  Charonne.  —  Visitant  dernièrement 
le  vieux  cimetière  attenant  à  l'église  de 
Charonne.  rue  de  Bagnolet,  j'y  remar- 
quai un  vaste  terre-plein  carré  entouré 
d'une  grille  délabrée,  au  milieu  duquel  se 
trouve  la  statue  en  bronze,  plus  grande 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


785 


ue  nature,  d'un  personnage  portant  le 
costume  de  la  fin  du  xvin=  siècle.  Il  est 
représenté  debout, la  main  droite  appuyée 
sur  une  grosse  canne  ;  il  examine  une 
plante  ou  une  fleur  qu'il  tient  dans  sa 
main- gauche.  11  est  coiff'é  du  tricorne 
s<  retapé  à  la  française  »,  qui  était  à  la 
mode  à  l'époque  de  la  Révolution.  L'as- 
pect général  rappelle  certaines  représen- 
tations connues  du  grand  Frédéric  et  de 
Voltaire. 

Les  inscriptions  qui  couvraient,  de  trois 
côtés  au  moins,  le  piédestal  sur  lequel 
est  posée  la  statue,  sont  totalement  dis- 
parues. 11  n'en  reste  d'autres  traces  que 
les  nombreux  trous  ou  étaient  fixés  les 
tenons  des  lettres,  sans  doute  en  bronze, 
qui  les  avaient  formées. 

D'après  le  gardien  du  cimetière,  ce 
monument  aurait  été  érigé  par  les  habi- 
tants du  village  de  Charonne  à  la  mé- 
moire de  V  Bègue  »,  médecin  et  herbo- 
riste (5/c),  en  reconnaissance  de  sa  cha- 
rité. On  prétend,  mais  à  tort  sans  doute, 
m'a  ajouté  le  gardien,  que  ce  personnage 
aurait  été  secrétaire  de  Robespierre.  On 
ne  trouve,  paraît-il,  dans  les  registres  du 
cimetière  aucune  mention  de  sa  sépul- 
ture, car  ces  registres  ne  remontent  pas 
au  temps  où  il  mourut. 

Sans  aucun  doute,  le  personnage  en 
question  n'est  autre  qu'Achille-Guillaume 
Le  Bègue  de  Presle,  né  à  Pithiviers  vers 
1735,  reçu  docteur  médecin  à  la  Faculté 
de  Paris  en  1760,  censeur  royal,  mort 
dans  cette  dernière  ville,  disent  les  bio- 
graphies, le  18  mai  1807.  11  a  laissé  di- 
vers ouvrages  de  médecine,  de  botani- 
que, etc.,  et, outre  ces  ouvrages  de  fonds, 
on  a  de  lui  un  grand  nombre  de  traduc- 
tions. Ami  de  J.-].  Rousseau,  ce  fut  lui 
qui  le  décida  à  accepter  l'hospitalité  à 
Ermenonville  ;  il  a  donné  une  Relation  ou 
notice  des  derniers  jours  de  mousieur  Jean- 
Jacques  Rousseau.  Londres,  B.  White,  et 
Paris,  1778,  in  8". 

S'est-on  déjà  occupé  de  cette  tombe, 
aujourd'hui  abandonnée  .^  En  a-t-on  relevé 
les  inscriptions  avant  leur  disparition  ? 
A-t-elle  été  réellement  érigée  par  les  habi- 
tants de  Charonne  en  témoignage  de  leur 
reconnaissance  envers  un  bienfaiteur  ^ 

E.  O. 

îvïillière,  graveur  sur  bois.  —  A- 
t-on    quelques    renseignements   sur    cet 


30  Novembre    1904^ 

786 

artiste  qui  a  gravé  unetrèsjolie  marqueau 
chiffre  AD  F, entouré  d'amours  et  de  nuages, 
pour  l'imprimeur  François  Ambroise  Di- 
dot,  en  1782  .?  Le  dessin  est  signé  Jom- 
bert,  qui  est  le  libraire  Antoine  Jombert, 
ou  l'un  de  ses  deux  fils,  probablement 
Louis- Alexandre,  qui  était  le  gendre  de 
François-Ambroise  Didot. 

Cette  gravure  a  subi  une  transforma- 
tion du  chiffre  devenu  D.  P. 

W.  Hamilton,  auteur  des  Frcncb  hooli- 
plates  (Ex-libris  français)  page  328,  en 
fait  l'ex-libris  de  l'ingénieur  de  Prony.  Ne 
serait-ce  pas  plutôt  une  marque  dont  se 
serait  servi  Pierre  Didot?    J.-C.  Wigg. 

Moitte  (Jean-Guillaume),  sculp- 
teur et  statuaire  distingué  du 
XVIIïe  siècle  (1747-1810).  —  Déjà 
bien  oublié,  il  fut  chargé, lorsque  la  Cons- 
tituante désaffecta  l'église  Sainte-Gene- 
viève pour  la  transformer  en  Panthéon, 
d'exécuter  le  bas-relief  du  fronton  et  d'y 
représenter  la  Patrie  couronnant  les  ver- 
tus civiques  et  guerrières. 

Cette  œuvre  fut  détruite  sous  la  Res- 
tauration, ainsi  que  la  belle  légende  de 
Pastoret  :  Aux  grands  hommes^  la  patrie 
reconnaissante, ç^i  l'église  Sainte-Geneviève 
rendue  au  culte. 

Le  dessin  de  ce  bas-relief  détruit  existe- 
t-il.?  Pourrait-on  en  avoir  la  description? 
David  d'Angers,  en  le  reconstituant  plus 
tard,  et  traitant  le  même  sujet, s'est-il  ins- 
piré de  l'œuvre  de  Moitte  ?         Paul  T. 

Mony  (Jacques-Micliel).  —  Quelles 
étaient  les  armoiries  de  Jacques- Michel 
Mony,  écuyer,  conseiller  secrétaire  du. 
roi,  seigneur  de  Coulonges,  la  Démédière, 
Courdétain,  la  Belle-Hôtellerie,  le  Fief, 
au-Gras,  la  Tabarière  etc.,  etc  ?  Origi- 
naire de  Saint-Calais  (Sarthe),  il  acquit, 
en  1782,  les  fiefs  et  domaines  ci-dessus 
du  comte  de  Moges,  forcé  de  les  vendre 
par  ses  nombreux  créanciers. 

Louis  Calendini. 

Famille  de  Vill^fort  (L,  617).  — 
La  famille  Isarn  de  Villefort, originaire  du 
Vivarais,se  répandit  en  Rouergue,Quercy  ; 
elle  est  encore  représentée  de  nos  jours 
dans  l'Aveyron.  Comme  elle  était  protes- 
tante, il  se  peut  qu'une  branche  alla  se 
fixer  en  Suisse  après  la  révocation  de 
redit  de  Nantes.  Cette  famille  a  eu  de  fort 


No  1059. 


L'INTERMEDIAIRE 


787 


788 


bonnes  alliances  et  a  produit  de  nom- 
breux officiers.  On  peut  consulter  les 
Documens  historiques  et  généalogiques  sur  les 
familles  et  les  hommes  remarquables  du 
Rouergue  par  de  Barrau  et  les  Documents 
généalogiques  sur  les  familles  du  Rouergue 
par  le  vicomte  de  Bonald. 

Pierre  Meller. 

Un  jubé  à  R-îirabeau.  —  Un  ama- 
teur saintongeais  a  acheté  au  château  de 
Mirabeau  (Auvergne)  un  jubé  qu'il  a  dé- 
monté pierre  à  pierre  et  réédifié  dans  une 
propriété  sise  dans  les  environs  de  Saintes, 
Ce  jubé 'porte  la  date  de  1582. 

Mirabeau  est  situé  à  peu  de  distance  de 
l'ancien  château  de  Beauregard, propriété, 
au  XVI'  siècle,  de  Guillaume  Duprat,  évê- 
que  de  Clermont,  et  est  certainement  l'ab- 
baye de  Minimes  fondée  par  ce  prélat  et 
dont  parle  Moréri. 

Au  cours  de  leur  travail  de  démolition, 
les  ouvriers  ont  trouvé,  dans  un  caveau 
existant  sous  le  dallage  du  Jubé,  une  pla- 
que carrée  de  0,50  environ  de  côté, sur  la- 
quelle est  gravé  un  cœur  chargé  de  trois 
feuilles  de  trèfle,  deux  et  une,  et  autour 
duquel  se  lit  l'inscription  suivante  :  cor- 
DNi-DUPRAT-FUND,  1 560.  Pourrait-on  : 

1°  Me  donner  des  renseignements  précis 
sur  l'histoire  de  ce  petit  monument  ; 

2°  Me  dire  s'il  a  contenu  le  cœur  de 
Guillaume  Duprat,  évêque  de  Clermont  ; 

30  Que  signifie  fund  s'appliquant  à  un 
personnage  décédé  22  ans  avant  l'érection 
du  monument  en  question  ; 

4°  Enfin,  pourrait-on  me  dire  le  nom 
de  l'architecte,  le  lieu  de  sépulture  de 
Guillaume  Duprat,  et  me  donner  en  un 
mot  les    renseisfnements    intéressants   et 


complets? 


Champvolant. 


L'auteur  de  «  Napoléon  et  la 
grande  armée.  »  — Quel  est  l'auteur 
de  l'ouvrage  suivant  : 

Napoléon  et  la  Grande  Année  ou  Vie 
Privée,  Publique  et  Militaire  de  Bonaparte 
par  M  D.  F,  officier  supérieur  attaché  à 
Napoléon . 

A  Paris, chez  Mme  WolfF-Lerouge,  182S. 

Aucune  bibliographie  n'a  pu  me  ren- 
seigner à  cet  égard,  non  plus  que  le  Dic- 
tionnaire des  Anonytnes.  M  R. 

Un  tableau  de  Marillo.  —  Pour- 
rait-on donner   la   description  et    les   di- 


mensions d'un  tableau  de  Murillo,  inti" 
tulé  Sainte-Guste  et  Sainte  Rufine,  qui  se 
trouve  à  Londres,  dans  la  galerie  du  duc 
de  Sutherland  ?  Pourrait-on  donner  des 
renseignements  sur  les  autres  tableaux 
du  même  peintre  sur  le  même  sujet  et  en 
particulier  sur  celui  qui  est  à  la  cathé- 
drale de  Séville  ?  Lasco.mbes. 

Visites  artistiques  d'Eugène  Fro- 
mentin. —  Qiielque  chercheur  de  V In- 
termédiaire pourrait-il   me  renseigner  sur 
un  point  ^  je  voudrais  avoir  sous  les  yeux 
un    article  d'Eugène    Fromentin  :  Visites 
artistiques  ousimples pèlerinages  1852  1856, 
par  Eugène  Fromentin, pei  ntre  et  littérateur. 
11  est  fait  mention  de  cette  étude  dans  la 
Grande  Encyclopédie;  l'auteur  de  l'article  et 
\ç.  Dictionnaire  de  laConversation  parDuchet 
donnent  cet  ouvrage  comme  un  compte- 
rendu   de    missions   archéologiques    fait 
pourleComité  des  monuments  historiques. 
Un  manuscrit  de  1870  de  Léopold  De- 
layaud,  ancien   bibliothécaire   de  La  Ro- 
chelle, porte   cet   ouvrage  comme    ayant 
été  publié   dans    le  journal    Le  Pays,  de 
1852  à  18157. 

Un  renseignement  le  donne  comme 
ayant  fait  l'objet  d'une  publication  spé- 
ciale en  plaquetto  qui  aurait  été  publiée  à 
La  Rochelle, 

Le  Dictionnaire  illustré  Larousse  et  VEn- 
cyclopédie  Britania  portent  deux  œuvres 
séparées  :  Visites  artistiques^  1852.  Sim- 
ples pèlerinages,  1856. 

je  n'ai  rien  trouvé  à  ces  diverses  sour- 
ces,ni  à  l'Instruction  publique, ni  à  la  Na- 
tionale, ni  aux  Beaux-Arts,  ni  aux  Archi- 
ves nationales. 

QLiels  seraient  donc  la   nature  de  l'on 
vrage  et  les  moyens  de  le  retrouver  ? 

Jean  de  Bougon. 


Editions  simultanées.  — J"ai  sous 
les  yeux  deux  brochures  portant  le  même 
titre  :  Les  grandes  manœuvres  du   i^^corps 
en  i8Sj,  par  le  comte  de  Poudras  ;  toutes 
deux    publiées   à   Roanne,    par  Brun,  li- 
braire-éditeur ;  l'une  imprimée  par  Daran- 
tière,  imprimeur  à  Dijon,  le  10  novembre 
18S3  ;  l'autre   par  Jules   Leclère,  à  Paris, 
rue  Cassette,  le  24  novembre  ;   soit  qua- 
torze   jours    après.     Connait-on    d'autre 
exemple    d'un    ouvrage   imprimé,     pour 
ainsi  dire,  simultanément  chez  deux  im- 
primeurs ?  CÉSAR  BlROTTEAU. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


789 


epomes 


Le  secoûd  maritige  de  la  du- 
chesse de  Berry  (L.  722).  ^  Le  pas- 
sage' concernant  le  second  mariage  de 
Mme  la  duchesse  de  Berry  avec  le  comte 
Lucchesi-Palli,  cité  dans  V Intermédiaire 
du  20  novembre,  se  trouve  dans  les  mé- 
moires que  le  cornte  de  Reiset,  ancien 
ministre  plénipotentiaire,  a  publiés  ré- 
cemment sur  sa  carrière  diplomatique. 

11  ne  faut  pas  les  confondre  avec  ceux 
du  lieutenant  général  de  Reiset, comman- 
dant des  gardes  du  corps  et  gentilhomme 
de  la  chambre  des  rois  Louis  XVllI  et 
Charles  X. 

Ces  mémoires  ont  été  publiés  par  son 
petit-fils, le  vicomte  de  Reiset, qui  prépare 
en  ce  moment  un  volume  sur  la  duchesse 
de  Berry.  L 


* 
*  * 


Le  chevalier  d'honneur  «  déjà  d'un 
certain  âge  »  cité  par  M.  de  Reiset  et 
beaucoup  d'autres,  est  le  comte  Louis- 
Charles-Bonaventure-Pierre  de  Mesnard, 
né  en  Poitou  en  1769,  dont  l'admirable 
dévouement  pour  la  princesse  ne  s'est 
jamais  démenti.  Il  était  dans  la  cachette 
de  Nantes  avec  elle  et  plusieurs  autres 
personnes,  de  M.  Guibourg,  auquel,  soit 
dit  en  passant,  d'aucuns  ont  attribué  la 
paternité  de  la  fillette  né  à  Blaye. 

l'ai  entendu  dire,  il  y  a  quelques  an- 
nées, à  un  membre  de  la  famille  de  Mes- 
nard, mort  depuis,  que  le  véritable  père 
était  un  superbe  garde-du-corps  de 
Charles  X,  le  marquis  de  R.  propre  gen- 
dre du  comte  de  Mesnard.  et  que  ce  der- 
nier —  qui  avait  dépassé  la  soi.xantaine 
—  s'était  toujours  refusé  à  protester  con- 
tre les  bruits  répandus  à  son  sujet,  parce 
qu'il  ne  voulait  pas  courir  le  risque  de 
troubler  la  paix  du  ménage  de  sa  fille. 
H.  Baguenier  Desormeaux. 


Parbleu  !  c'est  facile  à  diie  que  le  ma- 
riage de  Lucchesi-Palli  n'eut  lieu  qu'après 
l'accouchement  !  J'ai  eu  connaissance  des 
pièces  relatives  à  cette  union  et  elles  m'ont 
pa:u  tout  à  fait  régulières.  D'ailleurs,  ce 
que  je  sais  de  Lucchesi-Palli  me  le  repré- 
sente comme  un  parfait  gentilhomme  in- 
capable d'une  bassesse  et  si  son  zèle  mo- 
narchiste l'eût  porté  à  couvrir  la  faute  de 
la  princesse  —  ce  qui  n'est  pas  !  — il  n'au- 


30  Novembre  1904. 
790 

rait  jamais  consenti  à  recevoir  le  payement 
de   son  acte  de  dévouement. 

Quant  au  chevalier  d'honneur  de  Ma- 
dame, c'était  M.  le  comte  de  Mesnard.  Je 
suis  surpris  que  le  savant  M.  P  ignore 
ce  détail  pourtant  bien  connu  de  notre 
histoire  contempcaine. 

A.  S..E. 

* 
»  * 

Le  comte  de  M...,  chevalier  d'honneur 
de   la   duchesse    de    Derry,    était    Louis- 
Charles-Pierre-Bonaventure,      comte     de 
Mesnard,    gentilhomme   poitevin,     né    à 
Luçon   en    1769,    mort  à  Paris  en   1842, 
pair  de  France  sous  la  Restauration,  ma- 
réchal   de   camp,    commandeur  de  Saint- 
Louis.  Condisciple  du  jeune   Bonaparte  à 
l'Ecole  militaire  de  Paris,  puis   sous-lieu- 
tenant dans  Conti-Dragons,  il  avait  bien 
servi  en  émigration  et  était  devenu,  dès 
1795,  aide   de   camp    du    jeune    duc   de 
Berry.  Lors  de  l'jssassinat  de  ce    prince, 
le  13  février    1820    il   se   trouvait   à   ses 
côtés.  En  décembre  1820,  il  fut  attaché  à 
la    personne    de    la   duchesse    de   Berry 
comme  premier  écuyer.  Les  Mémoires  du 
maréchal  de  Casiellane  donnent  de  piquants 
détails  sur  la  liaison  du  comte  de  Mesnard 
et  de  la  duchesse.  Monsieur,  comte  d'Ar- 
tois, s'apercevant  du  goût  de  sa  belle-fiile 
pour  son  premier  écuyer,  avait  fait  venir 
celui-ci  et   demandé  à  l'honnête   Mesnard 
sa  parole  d'honneur  qu'il   n'abuserait  pas 
de  sa  position.  Celui-ci  assura  qu'il  «  ai- 
merait mieux  mille  fois  perdre  la  vie  plu- 
tôt que  de  manquer  à  sa  parole  ».   Et   de 
fait,  il  fit  une   belle  défense  ;  mais,  dès 
avril    1823,    sa    chute    était    considérée 
comme  consommée.     Il    avait   pourtant 
cinquante  quatre  ans  et  n'était  '<ni  jeune, 
ni  beau  ».  En  novembre  1828,  Castellane 
écrit  :  «  Ce  chérubin  d'un  nouveau  genre 
est  malade,    ce  qui    aftlige   beaucoup    la 
princesse  »  ;  et,  en  mars    182g,  au  sujet 
d'un  célèbre  bal   costumé  :  «  M.   de  Mes- 
nard n'était  pas  beau  en  amiral  de  Coli- 
gny.    Mme  la    duchesse   de   Berry  était 
effroyable  en  Marie  Stuart  ».  • 

En  1830,  le  comte  de  Mesnard  accom- 
pagna la  famille  royale  en  Angleterre.  En 
1852,  il  suivit  la  duchesse  de  Berry  en 
Vendée.  Arrêté,  il  passa  en  jugement  et 
fut  acquitté.  Le  14  mai  1833,  Castellane 
écrit  :  «  Le  Moniienr  contient  l'acte  du 
«  10  mai  18^3. constatant  la  naissance  de 
«  la  fille  de  Mme  la  duchesse  de  Berry  et 


N"   1059, 


L'INtERMÉdlAlRE 


791 


792 


*  du  comte  Lucchesi-Palli...  lorsqu'on  a 
«  annoncé  à  Mme  la  duchesse  de  Berry 
«  que  son  fidèle  Mesnard  la  rejoindrait 
«  avant  son  embarquement,  elle  a  été 
«  dans  l'enchantement.  >>  —  Mais,  le  20 
inai,  Castellane  enregistre  :  «  M.  de 
«  Mesnard  est  parti  pour  Bla)'e,  où  il 
«  avait  demandé  à  aller  après  son  acquit- 
te tement  de  Montbrison  ;  depuis  qu'il  a 
«  eu  la  certitude  de  l'accoucht-ment,  il  a 
«  montré  moins  d'empressement.  11  pa- 
«  raîtrait  donc  qu'il  n'est  pas  le  père  de 
«  l'enfant.  11  a  dit  :  «J'étais  le  chevalier 
«  d'honneur  de  Mme  la  duchesse  de  Berry, 
«  mais  je  ne  suis  rien  à  la  comtesse  Luc- 
«  chesi-Palli  y. 

Peut-être  ce  vieux  guerrier  trouvait-il 
que,  du  moment  où  elle  prenait  un  second 
époux,  la  princesse,  par  égard  pour  leur 
longue  liaison,  aur  .it  dû  lui  donner  la 
préférence.  S.  Churchill. 

*  * 

Contes  ou  calomnies  :  les  fiançailles 
du  comte  Lucchesi-Palli  avec  une  demoi- 
selle Mathilde  de  Walburg-Truchsess  — 
le  paiement  entre  les  mains  de  celui-ci 
d'une  somme  de  2  millions  pour  couvrir 
de  son  nom  la  prétendue  faute  de  la  prin- 
cesse —  l'étrangeté  de  la  rencontre  du 
comte  et  de  la  duchesse  à  bord  du  bâti- 
ment qui  ramenait  celle-ci  en  Sicile  — la 
paternité  du  comte  de  Mesnard  ou  celle 
de  M.  Guibourg  ou  encore  celle  du  comte 
de  Rosambo  —  l'intervention  de  Mme  du 
Cayla  et  d'un  abbé  Mary  —  tout  cela, 
sans  conteste  ni  discussion  possible,  con- 
tes ou  calomnies. 

Il  n'y  a  plus  de  question  ni  sur  la  réa- 
lité du  mariage  de  la  duchesse  de  Berry 
avec  le  comte  Lucchesi-Palli  qui  n'a  certes 
pas  été  inventé  après  coup  —  ni  sur  la 
légitimité  de  l'enfant  —  une  fille,  Anna, 
née  à  Blaye  dans  la  nuit  du  10  mai  1835. 

La  preuve  irréfragable  en  est  :  î"  Aux 
archives  nationales  de  France,  rue  des 
Francs-Bourgeois,  où  se  trouve  le  dossier 
des  papiers  saisis  à  Nantes  en  1833  — 
dossier  dont  nous  avons  pris  connais- 
sance, le  premier,  en  1900,  et  dont  nous 
avons,  de  nos  mains,  brisé  les  scellés  — 
dossier  que,  dans  notre  livre  sur  la  Du- 
chesse de  Berry,  nous  avons  qualifié  dans 
les  notes,  D.S.  —  c'est-à-dire  dossier  se- 
cret. Dans  ledit  dossier,  nous  avons 
trouvé  une  grande  feuille  de  papier-éco- 
lier sur  laquelle,  de  la  main  même  de  la 


Duchesse,  sont  mentionnées  en  mémento, 
à  leur  date,  les  lettres  reçues  ou  adressées 
par  elle.  Or,  du  mois  de  juillet  1832,  la 
Duchesse  écrit  le  nom  de  Lucchesi,  c'est- 
à-dire  onze  mois  avant  la  naissatice  de 
l'enfant.  Lucchesi  n'a  donc  pas  été  in- 
venté après. 

2°  Dans  les  Archives  du  Vatican,  à 
Rome,  où  nous  avons  trouvé  l'acte  du 
mariage  du  comte  Lucchesi  et  de  la  Du- 
chesse de  Berry,  dix-sept  mois  avant  la 
naissance  de  l'enfant  —  acte  dont  nous 
avons  une  expédition  authentique,  que 
nous  tenons  à  la  disposition  de  tous,  et 
dont  voici  d'ailleurs  intégralement  le  li- 
bellé : 

Fidem  facio  siibscriptus,  almœ  iirbis  iri- 
bunalis  vicarialus  secretariiis,  in  libro  primo 
matrimoniorum,  qui  in  hac  secretarid  asscr- 
vatur,  pagina  ijy,  scqucntein  repèriri  par- 
ticulam  ;  videlicet  : 

14  décembre  1831.  Je  soussigné,  certifie 
que  son  altesse  royale  Marie-Carolinè-Ferdi- 
nande-Louise,  madame.  Duchesse  veuve  de 
Berry  et  monsieur  Hector-Charles  comte  Luc- 
chesi-Palli de  Campo-franco,  s'étant  adressés 
à  moi  confesseur,  afin  dé  s'unir  secrètement 
par  les  liens  du  mariage,  des  raisons  de  la 
plus  haute  importance  les  empêchent  dé  le 
faire  publiquement,  muni  de  toutes  les  fa- 
cultés spéciales  nécessaires  pour  procéder  h 
cette  union  dans  le  plus  grand  secret,  je  les 
ai  conjoints  en  mariage  légitime,  sans  pré- 
sence de  témoins,  comme  j'en  avais  le  pou- 
voir.—  En  foi  de  quoi,  trois  copies  du  présent 
acte  ont  éié  écrites  de  ma  main,  dont  deux 
pour  les  parties  contractantes,  la  troisième 
devant  rester  déposée  dans  les  archives  se- 
crètes du  vicariat  de  Rome  en  témoignage  de 
la  vérité.  —  A  Rome,  14  Décembre  1831. 
Jean-Louis  Rozaven  —  Soussignés  certifions 
la  vérité  de  l'acte  ci-dessus.  Rome,  ce  qua- 
torze décembre  mil  huit  cent  trente  et  un  — 
Marie-Caroline, Hector-Charles  Lucchesi-Palli. 

Datiim  Roinx  secretaria  vicariatiis,  hac 
die  iertia  mensis  Januarii,  anno  iSçç. 

Petrus  Checchi  Secretarius. 

H.  Thirria. 

Un    petit  neveu  de  la   Pucelie 

(T.  G.,  737  ;  XLIII  à  XLVlll).  -  11  existe, 
paraît-il,  une  petite  brochure  relative  à  la 
généalogie  de  la  famille  Labourasse,  dans 
laquelle  il  est  dit  que  :  Jacquemin  d'Arc 
avait  épousé  Catherine  Corviset  de  Vau- 
ville,  et  que  celle-ci,  âgée  de  43  ans  à  la 
mort  de  son  époux,  aurait  épousé,  en  se- 
condes noces.  Jacques  le  Melcion  de 
Ruppes. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


/y? 


30  Novembre   1904. 
7^4 


Il  s'agit  de  savoir  si  l'on  pourrait  se 
procurer  cette  brochure,  quel  en  est  l'édi- 
teur et  où, du  moins,  l'on  pourrait  la  con- 
sulter. Il  serait  intéressant  de  savoir  si 
ce  renseignement  relatif  au  mariage  de 
Catherine  Corviset  a  été  signalé  dans 
d'autres  ouvrages. 

La  duchesse  Hanri  de  Rohaa  (L, 
723).  —  D'après  la  France  protc^t.Tiite, 
Marguerite  de  Béthune  (vol.  2,  page  2  53) 
était  l'une  des  neuf  enfants  que  le  minis- 
tre Sully  eut  de  sa  seconde  femme, 
Rachel  de  Cochefilet.—  A  peine  sortie  de 
l'enfance  (vol.  8,  page475)  elle  épousa, 
le  7  février  1605,  Henri  de  Rohan,  duc  et 
pair  depuis  avril  1603.  Neuf  enfants  na- 
quirent de  ce  mariage,  (page  5ob\  mais  il 
ne  survécut  qu'une  fille,  nommée  aussi 
Marguerite,  qui,  le  <o  juin  1645,  épousa 
François  Chabot,  contre  là  volonté  de  sa 
mère.  Cette  dernière  mourut  le  21  octo- 
bre 1660,  et  sa  dépouille  mortelle,  trans- 
portée à  Genève,  fut  déposée  auprès  de 
celle  de  son  époux,  le  3  janvier  1661. 
Elle  avait  vainem.ent  cherché  à  faire 
reconnaître  comme  son  fils  légitime  Tan- 
crède  de  Rohan,  né  à  Pans  le  18  décem- 
bre 1630,  pendant  une  absence  de  son 
mari.  Sa  fille  Marguerite  prétendit  que 
Tancrède  était  un  enfant  supposé,  et  elle 
eut  gain  de  cause. 

Tancrède  fut  tué  dans  une  escarmou- 
che près  de  Vincennes, pendant  la  Fronde, 
le  29  janvier  1649.  V.  A.  T. 

Lapetite-Slle  du  chevalier  d'As- 
sas  ((T,  G.,  64).  —  Est-il  permis  de 
compléter  et  rectifier  une  réponse  à  près 
de  vingt  ans  d'intervalle  ^ 

Au  mois  de  décembre  1886,  un  de  nos 
collaborateurs  demandait  si  la  pension 
accordée  à  mademoiselle  d'Assas,  petite- 
fille  du  chevalier,  était  toujours  payée 
à  ses  descendants  ? 

Dès  le  mois  de  janvier  1S87,  il  fut  ré- 
pondu que  le  chevalier,  mort  célibataire, 
n'avait  jamais  eu  de  petite-fille,  et  que  la 
pension  perpétuelle  et  héréditaire  de  mille 
livres  accordée,  au  mois  d'octobre  1777, 
au  frère  et  aux  neveux  du  chevalier 
d'Assas,  avait  toujours  été  payée  à  eux 
ou  à  leurs  descendants,  sauf  une  très 
courte  interruption  pendant  la  période 
révolutionnaire  aisruë. 


L'auteur  de  la  réponse  ajoutait  qile  le 
titulaire  actuel  (en  1887)  était  M.  Marie - 
Philippe-Fulcrand,  marquis  d'Assas,  né 
en  1819. 

Un  assez  curieux  document,  en  ma 
possession  depuis  quelques  jours,  me  per- 
met de  rectifier  un  passage  de  cette  ré- 
ponse : 

C'est  l'original  de  la  supplique  adressée 
à  Louis  XVIU.le  27  septembre  18 14, par  le 
vicomte  et  le  marquis  d'Assas,  pour  obte- 
nir le  rétablissement  intégral  de  la  pen- 
sion de  mille  livres.  Ils  exposent,  en  effet, 
que  malgré  le  décret  de  l'Assemblée  na- 
tionale du  22  août  1790,  portant  (art.  20 
—  3)  que  les  pensions  accordées  sur  le 
trésor  royal  aux  familles  d'Assas,  de 
Chambord  et  au  général  Luckner,  ne 
subiraient  pas  de  réduction,  celle  qui  leur 
revenait  à  titre  d'uniques  descendants  col- 
latéraux du  chevalier,  avait  été  suppri- 
mée pendant  la  Révolution  pour  cause 
d'émigration;  que  depuis  quelques  années 
seulement  elle  avait  été  rétablie,  mais 
réduite  à  un  tiers. 

La  supplique  du  vicomte  et  du  marquis 
d'Assas  ne  fut  favorablement  accueillie 
que  pour  partie,  car  en  marge  et  proba- 
blement de  la  main  du  ministre  des  finan- 
ces, je  lis:  Rétablissement  des  2/^. 

Le  titulaire  de  la  pension  en  1887  étant 
né  en  18 19,  on  peut  se  demander  s'il  n'y 
a  pas  un  nouveau  titulaire,  s'il  touche  la 
pension  intégrale,  ou  si  elle  est  toujours 
réduite  aux  deux  tiers  ?  Arm.  D 

Duc   d'Aiguillon.    Son   rôle    en 

1789  (L,  331,  455,  624).  —  Dans  un 
article  sur  les  journées  d'octobre  1789,  de 
\a.Oii!n:(aine  le  baron  de  Maricourt  a  parlé, 
dans  le  numéro  du  12  octobre  1904,  du 
rôle  ».  du  duc  d'Aiguillon  «  déguisé  en 
poissarde.  R.  E. 

Le  conventionnel  Joseph  Chê- 
mer  accusé  de  fratricide  (L,  387, 
511).  —  )e  crois  savoir  ce  qui  a  pu 
donner  naissance  à  cette  accusation. 
N'ayant  pas  mes  livres  ici,  je  ne  puis  véri- 
fier ,  mais  je  crois  bien  me  souvenir  que 
la  scène  en  question  est  racontée  par 
Alfred  de  Vigity,  dans  S/e/Zo,  le  docteur 
Noir. D'après  lui,  autant  qu'il  m'en  sou- 
vienne, Marie -Joseph  Chénier,  à  la  de- 
mande instante  et  tenace  de  son  père  et 
malgré  ses   propres  résistances   deééspé- 


N- 


1059. 


L'INTERMEDIAIRE 


797 


796 


rées,  serait  allé  trouver  Robespierre  pour 
solliciter  l'élargissement  de  son  frère.  Ro- 
bespierre, tout  en  paraissant  prendre  des 
notes,  répondit  énigmatiquement  qu'il  y 
serait  pourvu.  Ce  qu'il  écrivait  en  présence 
de  Marie-Joseph,  était  précisément  l'ordre 
de  mise  en  jugement  d'André,  rédigé  en 
termes  tels  que  la  condamnation  devait 
être  fatale.  En  effet,  le  lendemain,  la  tète 
d'André  Chénier  tombait,  précédant  de 
24  heures  l'exécution  de  Robespierre  lui- 
même.  C'est  là,  sans  doute,  la  légende 
qui  a  donné  lieu  à  l'accusation  de  fratri- 
cide ;  mais  sur  quoi  est  fondée  cette  lé- 
gende ?  Lotus  Sahib. 

Louis  XVII.  ^a  mort  au  Temple 
(T.  G.,  534;  XLIX,  911  ;  L,  625,  741). 
—  Le  crime  rappelé  par  M.  Tastevin  pa- 
rait être  l'assassinat  de  Genès  Ojardias, 
qui  aurait,  suivant  une  version  dévelop- 
pée par  M.  G.  Lenôtre,  dans  les  Lectures 
pour  tous  d'Octobre  1904,  enlevé  le 
dauphin  du  Temple,  avec  la  connivence 
de  la  femme  de  Simon,  son  gardien  ; 
«Ojardias,  dit  M.  Lenôtre,  fut  découvert 
«  par  quatre  individus  affiliés  à  une  bande 
«  royaliste  de  l'Auvergne  et  nommés 
«Gavais  dit  Racle, Colin, Baric  et  Dubois  : 
«  Ce  sont  ces  hommes,  dit  un  rapport 
«  conservé  aux  Archives,  qui  ont  assassiné 
«  Ojardias  de  Thiers,  qu'ils  prétendaient 
«  être  un  agent  de  la  police  générale  ;  ils 
«  l'ont  tué  sur  la  chaussée  d'un  étang  où 
«  ils  l'ont  jeté.  A  quelle  date  placer  cette 
«  vengeance  de  royaliste  .^  On  ne  sait  ». 
La  date  de  l'assassinat,  9 
s'accorderait  bien  avec  le 
nôtre,  dont  l'article  est 
intéressant. 


tloréal    an  IV, 
récit  de  M .  Le- 
fort   curieux  et 
V.  A.  T. 


* 
*  ♦ 


L'assassinat  de  sept  personnes  à  Vitry 
est  un  drame  effroyable  qui  se  passa  au 
château  de  Vitry-sur-Seine,  près  Paris, 
sous  le  Directoire.  Je  raconte  de  mémoire, 
n'ayant  pas  les  Souvenirs  de  la  duchesse  d' A- 
hrantès  sous  la  main. 

Le  château  avait  été  récemment  acquis 
et  était  habité  par  une  famille  bourgeoise 
dont  le  nom  m'échappe.  Un  jour  de  la 
fin  de  mai  1796  on  remarqua  dans  le 
bourg  de  Vitry  un  nombre  inusité  de 
soldats  de  la  Légion  de  police  buvant  dans 
les  cabarets  (ce  corps  jouissait  d'ailleurs 
d'une  mauvaise  réputation  et  fut  licencié 
peu  après).  Dans  la  nuit  qui  suivit,  tous 


les  habitants  du  château,  maîtres  et  do- 
mestiques, hommes,  femmes  et  enfants, 
furent  égorgés  par  des  assassins  qui  res- 
tèrent inconnus.  Qiielques  années  après, 
le  préfet  de  police  Dubois,  homme  d'une 
grande  intégrité,  étant  devenu  proprié- 
taire du  château  de  Vitry,  pressa  le  Pre- 
mier Consul  de  lui  permettre  de  faire 
rouvrir  l'enquête  sur  ce  drame.  Bona- 
parte ne  voulut  pas  y  consentir,  pour 
une  raison  que  j'oublie.  La  belle  propriété 
de  Vitry  appartient  actuellement  à  un 
membre  de  la  famille  de  Fadate  de  Saint- 
Georges.  La  comtesse  de  F.  de  Saint-G., 
morte  il  y  a  quelques  années,  était  petite- 
fille  ou  arrière-petite  fille  du  préfet  Du- 
bois, dont  on  voit  un  beau  portrait  dans 
le  salon  principal. 

S.  Churchill. 


M.  Otto 


surchargé  de  besogne 


Friedrichs,  en  ce  moment 
nous  avise  qu'il  a 
trouvé  tous  les  renseignements  que  de- 
mande M.  Tastevin  et  qu'il  les'.'communi- 
quera  sous  peu  à  V Intermédiaire. 

La  sentinelle  qui  empêcha  de 
passer  le  Petit  Caporal  (L  105,  608, 
739.  —  M.  Joanneton,  ingénieur  à  Sainte- 
Savine,  possède  un  billard  Empire,  dont 
la  riche  marqueterie  reproduit  six  fois,  et 
dans  des  attitudes  diverses,  la  légende  de 
Coluche. 

C'est  un  meuble  unique  auquel  tient 
son  propriétaire,  ce  qui  se  conçoit  aisé- 
ment. Red. 

* 
»  » 

Le  journal  V Illustration,  dans  son  n^'du 
24  octobre  1846,  a  publié  un  portrait  de 
Jean  Coluche  en  uniforme  de  lieutenant 
de  la  garde  nationale,  d'après  un  croquis 
de  madame  Viardot-Garcia.  —  Ce  por- 
trait est  accompagné  d'un  article  relatant 
la  vie  et  les  états  de  service  de  Coluche, 
et  racontant  l'anecdote  qui  l'a  rendu  cé- 
lèbre. H.  D. 

Le  plus  ressemblant  des  portraits 
de  Napoléon  (L,  555,  700).  —  M.  Mas- 
son  a  publié  un  article  dans  la  Revue  des 
Beaux- A  rts  du  i"  février  1S94,  qui  semble 
définitivement  résoudre  la  question  :  Le 
portrait  le  plus  ressemblant  de  Napoléon 
serait  celui  que  Girodet  fit  au  théâtre  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


797 


Saint-Cloudjle  13  avril  1812,  pendant  que 
l'Empereur  assistait  (?)  endormi  à  une 
représentation  de  Y /binant  Boiiru. 

M.  R. 

Pichegru  (T.  G.,  702).  —  On  a  de- 
manda, dans  Y  Intermédiaire^  où  sont  les  pa- 
piers de  Pichegru,  je  n'espérais  point 
l'apprendre  en  me  rendant  chez  M.  Henri 
Pichegru, emp!o3'^é, qui  demeure  à  Paris, rue 
Germain-Pilon  et  qui  est  un  descendant 
du  général.  Mais  j'ai  appris  de  lui  quel- 
ques détails  intéressants  concernant  la 
translation  des  restes  de  Pichegru  du  ci- 
metière de  Clamart  au  cimetière  d'Arbois. 

C'est  un  oncle  de  M.  Henri  Pichegru 
qui  s'est  acquitté  de  ce  soin  ;  ce  ne  fut  pas 
sans  nécessiter  de  délicates  démarches. 
D'abord,  il  était  indispensable  de  bien 
s'assurer  que  les  débris  de  tombeau, qu'on 
voyait  encore  dans  le  cimetière  désaffecté, 
étaient  ceux  du  vainqueur  de  la  Hollande  ; 
il  convenait  aussi  d'avoir  l'agrément  des 
autorités,  qui  toutes  impériales  quelles 
fussent,  montrèrent  à  l'endroit  de  l'adver- 
saire de  Napoléon,  du  conspirateur  qui 
en  avait  voulu  à  sa  vie  et  à  son  trône,  un 
large  esprit  de  tolérance. 

S'il  y  eut  quelques  tiraillements,  ce  fut 
chez  les  compatriotesde  Pichegru,  certains 
ne  lui  pardonnant  point  les  visées  ambi- 
tieuses qui  l'avaient  acculé  à  une  véritable 
trahison. 

M.  Henri  Pichegru  a  conservé  une  cor- 
respondance intéressante  que  j'ai  parcou- 
rue, échangée  entreson  parent, lePichegru 
d'Arbois,  cousin  germain  du  général, et  un 
représentant  qu'il  avait  à  Paris. 

Celui-ci  lui  écrit  en  février  1862  : 

Comme  je  vous  Tannonçais,  je  suis  allé 
au  cimetière  de  Clamart  pour  prendre  con- 
naissance de  la  véritable  place  de  l'illustre 
général  ;  je  dois  vous  l'avouer,  mon  éton- 
nement  en  voyant  cette  tombe  si  abandon- 
née, ne  laissant  aucun  indice,  rn'a  laissé  un 
doute,  que  j'ai  dû  éclaircir  avec  le  conser- 
vateur des  registres.  Il  m'a  convaincu  de 
la  vérité  de  la  tombe,  et  sur  le  renseigne- 
ment que  je  lui  ai  demandé,  s'il  se  croyait 
assez  en  règle  pour  me  permettre  de  faire 
relever  toutes  les  pierres  entassées'les  unes 
sur  les  autres. 

Il  était  nécessaire  d'obtenir  une  autori- 
sation :  elle  fut  demandée  par  une  lettre, 
à  ce  titre,  curieuse  : 

Monsieur  le  directeur, 
Ayant  appris  que  le  cimetière  de  Clamart 


30  Novembre   1904. 

— — 798   

situé  rue  du  Fcr-à-Moulin,  qui  appartient  à 
votre  administration,  doit  être  réuni  pro- 
chainement à  la  voie  publique,  j"ai  Thor:- 
neur  de  vous  prier,  au  nom  et  comme 
membre  de  la  famille  Pichegru,  de  vou- 
loir bien  m'autoriser  à  exhumer  les  restes 
mortels  de  ce  dernier  pour  les  faire  trans- 
porter à  Arbois  (Jura),  son  pays  natal. 
Veuillez. , . 

Pichegru. 

On  prend  ainsi  toutes  les  dispositions. 
«  La  bièreouplutôtla  petite  boite. peut  être 
faite  par  le  premier  menuisier  venu  ;  le 
transport  peut  s'effectuer  de  la  manière 
qu'on  voudra,  pourvu  qu'il  soit  décent». 

L'exhumation  se  fait  en  présence  du  cou- 
sin germain,  Charles  Pichegru.  On  retire 
du  sol  une  bière  dans  laquelle  est  couché 
nu,  et  roulé  dans  une  toile  grossière,  le 
général. Détail  particulier:  sescheveux  sont 
encore  nattés  à  la  mode  des  armées  de  la 
République  et  gardent  trace  de  la  poudre 
qui  les  blanchissait.  On  autorise  M.  Charles 
Pigregru  à  les  couper,  ainsi  qu'un  mor- 
ceau de  la  serpillière  qui  sert  de  linceul. 

J'ai  vu  ces  dépouilles  entre  les  mains  du 
jeune  emplo^'é  de  banque,  qui  les  garde 
respectueusement  et  qui  a  bien  voulu  les 
tirer  de  leur  enveloppe  et  les  mettre  sous 
rues  yeux. 

Qiielques  lignes  d'écriture  attestent  leur 
authenticité  : 

Cette  chevelure  qui  ne  pourrait  être  con- 
testée, est  la  preuve  la  plus  évidente  de 
l'identité  du  général. 

11  a  été  fait, par  les  feuilles  locales  un  ré- 
cit delatranslation  des  restes  à  Arbois. Une 
certaine  lettre  de  la  correspondance  que 
l'on  me  permit  de  consulter,  faisait  allu- 
sion àla  résistance  d'unofiiciermunicipal  ; 
l'auteur  de  la  lettre  s'indignait  et  parlait  de 
montrer  comment  un  ancien  soldat  prouve 
qu'il  est  entendu  en  les  choses  d'honneur. 
Il  faut  croire  que  du  côté  d'Arbois  les 
exécuteurs  de  cette  pieuse  pensée  eurent  à 
vaincre  certaines  hostilités.  Pichegru  mort, 
rentra  dans  son  pays  à  la  dérobée.  On  me 
communique  la  lettre  suivante,  signée  de 
M.  Monnier,  receveur  des  contributions, 
en  retraite  aux  Tilleroys  (Doubs),  qui 
donne,  sur  cette  translation,  des  détails 
extrêmement  curieux  : 

La  translation  des  restes  du  général  Pi- 
chegru a  eu  lieu  à  Arbois  et  cela  au  prin- 
temps ou  été  de  l'année  1S63,  exactement, 
je  puis  l'affirmer  car  j'en  ai  été  le  témoin 
oculaire    et  voici    comment.  J'étais  profes- 


N°   1059 


L'INTERMEDIAIRE 


799  

seur  à  cette  époque  au  village  d'Aibois,  et 
aussitôt  que  la  belle  saison  arrivait,  j'allais, 
après  mon  repas, avec  un  ami,  faire  souvent 
une  promenade  sur  la  route  de  Bligny  pour 
faire  parler  un  écho  merveilleux  qui  se 
produisait  à  un  tournant  de  la  route. 

Un  soir  donc,  ou  plutôt  une  nuit  (car 
nous  nous  étions  attardés  ce  jour-là)  nous 
revenions  entre  11  h.  et  minuit  et  pour 
abréger  le  trajet,  au  lieu  de  suivre  la  route, 
nous  prîmes  le  chemin  qui  longe  le  cime- 
tière. 

Arrivés  à  une  centaine  de  pas  de  Tangle 
de  ce  cimetière,  nous  vîmes  (la  nuit  était 
claire)  des  silhouettes  d"liommes  sur  le 
mur. 

Etonnés,  nous  ralentîmes  le  pas  et  mar- 
châmes sans  bruit.  Alors  nous  vîmes  passer 
une  forme  vague  par  dessus  le  mur  que 
des  individus  au  bas  hissaient  à  ceux  qui 
se  trouvaient  au  haut.  Cela  se  fit  très  rapi- 
dement, car  lorsque  nous  arrivâmes  à  cet 
endroit,  tout  avait  disparu.  Nous  nous  re- 
gardions et  croyions  à  une  apparition  fan- 
tastique. 

Plusieurs  jours  après,je  me  trouvais  dans 
l'atelier  de  M.  Roy, marbrier-sculpteur  dont 
l'industrie  avait  pour  objet  spécial  les  mo- 
numents funèbres,  et  je  lui  confiai  ce  que 
j'avaisvu  la  nuit  dont  il  s'agit. «  C'est  cela  ! 
me  répondit-il,  c'est  bien  cela  !  »  Je  ne 
comprenais  pas  et  lui  demandai  ce  que 
c'était  ce  cela  1  —  M.Roy  alors, —  homme 
vif  et  décidé,  -  me  dit  :  «  Àvez-vous  le 
temps  ?  —  Oui  !  —  Eh  !  bien  I  allons  au 
cimetière  et  vous  comprendrez  ».  Là,  il  me 
fit  voir,  presque  cachée  sous  de  l'herbe 
rapportée,  une  petite  croix  de  bois  blanc 
sortant  à  peine  du  sol  où  étaient  écrits  ces 
simples  mots  :  «  Général  Pichegru  »,  — 
«  Voilà  ce  que  vous  avez  vu  passer,  mais 
gardez  cela  pour  vous,  me  dit  M.  Roy,  car 
c'est  en  contrebande  oue  le  o-énéral  a  été 
introduit  ici  ». 

Voilà    ce   que  je  tenais  à  révéler,    et    ce 
n'est   pas  en  1862,  mais    bien  en  1863   que 
le  fait  a  eu  lieu,  car  en  1862  je  ne  connais- 
sais pas  encore  M.  Roy. 
etc., 

Ernest  Monnier. 


800 


Veuillez    aorreer. 


Droit  de  navâge(L,268,  098,746). — 
Iln'est  pas  étonnant  qu'on  n'ait  rien  trouvé 
sur  ce  mot  dans  Trévoux  ou  ailleurs,  par 
la  bonne  raison  que  c'est  une  mauvaise 
lecture.  Ce  n'est  ni  navage,  ni  lavage  ni 
même  levage.  Le  nom  de  ce  droit,  très 
connu,  est  havage  que  Littré  et  Besche- 
relle  écrivent  à  tort,  je  crois,  Avage  : 
«  Sorte  de  dime  que  l'exécuteur  des  hau- 
tes œuvres  prélevait  les  jours  de  marché 


sur  certaines   marchandises  ou  dont  il  re- 
cevait l'équivalent  en  argent.  » 

Le  mot  a  cependant  deux  acceptions. 
Son  sens  bas-latin  signifie  :  poignée.  Pro- 
prement et  généralement,  c'était  un  droit 
qui  se  prélevait  dans  les  marchés,  sur  les 
marchandises  dont  on  pouvait  prendre 
une  poignée. 

Dans  le  Cartulaùe  Normand  de  M.L.De- 
lisle,  on  trouve, vers  l'an  1204,  le  droit  de 
havage,  à  Vernon,  évalué  30  1.  (n°  976). 
En  l'année  1281.  ce  droit  à  Pont-Saint- 
Pierreet  Bacqueville  vaut  16  L.  :  Havagium 
scxdecim  libras.  Dans  un  aveu  au  roi  de 
l'Hôtel-Dieu  de  Vernon,  avec  apparte- 
nances et  dépendances  dicelluy  qui  vault 
communs  ans  IIII^^  livres  parisis  ou  envi- 
ron. 

Pourtant,  le  droit  de  havage  est  bien 
sussi  connu  sous  le  nom  de  Droit  du 
Bourreau.  La  lettre  de  Sanson  semblerait 
établir  que  le  bourreau  de  Paris  l'exerçait 
tous  les  jours  puisqu'il  lui  rapportait 
60  000  1.  J'ai  tout  lieu  de  penser  au  con- 
traire, sans  rien  affirmer,  qu'il  ne  devait 
être  perçu  que  les  jours  d'exécution,  puis- 
qu'il l'était  nécessairement  en  tout  autre 
temps. 

j'ai  signalé  un  procès  entre  l'exécuteur 
des  hautes-œuvres  du  bailliage  de  Mantes 
et  Meulan,  et  les  administrateurs  de  l'hô- 
pital de  Mantes,  en  1769.  {Chronique  de 
Mantes  p.  530),  l'en  donne  ici  une  ana- 
lyse : 

Entre  Michel  Durand, exe'cuteur  des  senten- 
ces Criminelles...  appelant  de  l'ordonnance 
rendu  par  le  Lieutenant  général  le  24  mai 
1765,  en  ce  que  par  icelle  il  lui  a  été  fait  dé- 
fenses de  percevoir  les  Jours  d'exécution,  le 
droit  de  hiavage  simple  dans  le  marché  de 
I^Ieulan  et  le  droit  de  Havage  double  dans  le 
Marché  de  Mantes...  émandant,  il  fut  main- 
tenu et  gardé  dans  le  droit  de  percevoir  les 
jours  d'exécution  seulement  les  droits  de 
Havage  simple  et  double,  conformément  aux 
Arrêts  du  Conseil,  Lettres-Patentes  et  Arrêts 
d'enregistrement  du    24  mars  1743.  etc. 

Suivant  la  sentence  de  1769,  l'hôpital 
continua  à  percevoir  le  droit  de  havage, 
tous  les  jours  de  marchés,  même  les 
jours  d'exécution.  Michel  Durand  eut  seu- 
lement la  faculté  de  percevoir  un  second 
droit  simple,  par  doublement  du  premier, 
avec  défense  de  percevoir  aucun  droit 
double.  E.  Grave. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


80  ! 


802 


Le  droit  du  seigneur  (T.  G.,  290  ; 
L,  206,  295,  396,  755).  —  Ce  droit, 
mis  en  doute,  a  dû  exister.  II  n'y  a  pas 
de  fumée  sans  feu. 

S'il  est  difficile  d'en  trouver  des  preu- 
ves écrites,  si  les  textes  les  plus  connus 
sont  muets  à  son  égard,  c'est  qu'on  n'a 
pas  osé  le  codifier  formellement.  Ce  n'é- 
tait que  le  droit  du  plus  fort,  le  bon  plai- 
sir du  maître  sur  ses  serfs.  A  l'article 
«  Marcheta  »,  du  Glossaire  de  Ducange, 
on  en  trouve  quelques  traces  probantes. 
Outre  le  témoignage  de  Bohier,  déjà  cité 
ici,  on  y  lit  : 

Item,  anno  1^07,  a  le  dit  seigneur  (le 
comte  d'Eu)  au  dit  lieu  St-Martin,  droit  de 
cullage  quand  on  se  marie. 

Au  surplus^  on  annonçait  qu'un  tel 
droit,  pour  bien  des  raisons,  ne  se  préle- 
vait pas  toujours  en  nature.  Il  se  transfor- 
mait alors  en  exaction  pécuniaire.  Les 
intéressés  se  rachetaient  du  genre  d'igno- 
minie auxquelles  ils  étaient  assujettis  par 
suite  d'une  coutume  barbare.  Une  va- 
riété mitigée  du  jus  primœ  nociis^  le  droit 
de  jambage,  qui  autorisait  le  seigneur  à 
introduire  sa  jambe  nue  dans  la  couche 
de  la  mariée,  en  était  pour  ainsi  dire  la 
constatation  ou  confirmation  symboli- 
que. 

Le  curieux  passage  récemment  cité 
ici  (L,  135),  relatif  à  une  cession  faite  à 
l'abbaye  de  Voisins,  montre  que  ce  droit 
pouvait  même  se  changer  en  une  fourni- 
ture de  jambons,  redevance  plus  conve- 
nable à  une  maison  de  religieuses. 

LÉON  Sylvestre, 

Les  miracles  de  Marc  d'Aviano 

(L,  615,  756).  —  Charles  Christofori 
(c'était  son  véritable  nom)  était  né  dans 
le  Frioul.  le  17  novembre  1631.  En  sou- 
venir de  son  père,  il  prit  le  nom  de  Frère 
Marc,  le  jour  où  il  revêtit  la  bure  fran- 
ciscaine, c'est-à-dire  le  21  novembre  1648. 
Ses  pieux  biographes  nous  le  montrent 
ensuite  semant  sur  ses  pas  les  bienfaits  et 
les  prodiges,  avec  l'éclat  d'une  parole 
chaude  et  entraînante.  II  est,  tour  à  tour, 
à  Inspruck,  prés  de  Charles  y  de  Lor- 
raine, à  Munich,  près  de  la  Cour  ducale, 
en  France,  dans  les  provinces  belgiques, 
à  Vienne  surtout  —  où  il  mourut  le  16 
août  1699. 

Son  compagnon  de  voyage,  le  P.  Côme 
de  Castelfranco,  a  laissé  de  lui  une  bio« 


graphie  manuscrite,  hlle  est  conservée, 
avec  d'autres  documents  originaux,  aux 
archives  provinciales  des  capucins  de 
Venise.  C'est  à  cette  source,  non  men- 
tionnée jusqu'ici  Yi^r  Y  Intermédiaire.,  qu'ont 
puisé  tous  les  écrivains  postérieurs. 

Le  P.  Ubald  d'Alençon,  qui  nous  la 
signalait,  en  août  1903,  au  Congrès  tenu 
à  Dînant  par  la  Fédération  archéologique 
et  historique  de  Belgique,  a  signalé  aussi 
toutes  les  autres,  imprimées  et  manuscrites, 
en  sa  curieuse  communication  le  P.  Marc 
d'Aviano  dans  les  Flcjndres  en  16S1  insérée 
aux  Annales  de  cette  Fédération,  tome 
XVII,  pages  649  à  654. 

On  trouvera  là  une  lettre  infiniment 
intéressante,  découverte  par  l'auteur  à  la 
Bibliothèque  municipale  de  Tours  (ms. 
1490,  n"  II).  Datée  de  Bruxelles  le  26 
juin  1681,  elle  est  adressée,  par  André 
Chevrier,  à  don  Pierre  Savaumare,  pro- 
cureur de  Saint-Nicaise.  Le  célèbre  capu- 
cin était  arrivé  dans  les  provinces  bel- 
giques, en  traversant  la  France.  Là,  des 
foules  entières  s'étaient  levées  sur  sori 
passage.  Le  roi  Louis  XIV  craignait-il, 
à  ce  propos,  une  émotion  trop  vive  dans 
sa  bonne  ville  de  Paris  ?  S'imagina-t-il, 
comme  il  semble  par  certaines  dépêches, 
que  le  P.  Marc  d'Aviano  arrivait  en  espion 
de  l'Empereur .?  Toujours  est-il  que  la 
Dauphine,  alors  malade  à  Versailles  et 
qui  comptait  recevoir  la  visite  du  thau- 
maturge, fut  déçue  :  par  ordre  du  Roi, 
celui-ci  ne  put  s'arrêter  à  Paris.  Depuis 
Villeneuve-Saint-Georges,  dans  l'arron- 
dissement de  Corbeil,  on  le  conduisit  jus- 
qu'à Valenciennes,  «  sans  luy  permettre, 
dit  la  lettre  publiée  par  le  P.  Ubald  d'A- 
lençon, de  parler  à  qui  que  ce  soit,  non 
pas  même  de  loger  dans  les  couvens  de 
son  ordre.  » 

A.  BoGHAERT -Vaché. 


M  Paul  Pinson  trouvera  une  partie  des 
renseignements  qu'il  cherche,  dans  une 
étude  intitulée  :  Le  P.  Marc  d'Aviano. 
La  délivrance  de  Vienne  en  iù8:j.  Voyagi 
de  Marc  d'Aviano  dans  les  Pays-Bas  en 
16S1 .  par  Ernest  Rembry,  chanoine  hono- 
raire de  la  cathédrale  de  Bruges.  Bruxel- 
les, Alfred  Vromant,  imprimeur-éditeur, 
3,  rue  de  la  Chapelle,  1884,  143  pa- 
ges in -8°.  Extrait  de  la  revue  Précis  histo- 
riques., 1884,    sauf  l'Appendice,  compre» 


N«  1059. 


L'INTERMÉDIAIRE 


803 


804 


nant  les   pages  111-141,    et  la  Tahle  des 
matières^  p.  143. 

Dans  les  mêmes  Précis  historiques,  t. 
XXXVl,  1887,  11°  II,  novembre,  pp.  526- 
527,  se  trouve  une  note  bibliographique 
sur  les  lettres  du  P.  d'Aviano,  publiées 
par  Onno  Klopp,  en    1886,  1   vol.   in-8'\ 

E.  O. 

* 

*  * 
Rectifier   ainsi   un   lies  passages  de  la 

question  (col.  757  :   Notifie  Storiche  ron- 

cernenti  V illnstie  servo  di  Dio  F.    Marco 

d' Aviano^coDipilate  dal  P.  Fedele  da  Zara. 

Venise. 

Le  ménage  de  Socrate(T.  G.,  844). 
—  La  femme  de  Socrate,  Xantippe,  a 
laissé  dans  Thistoire  la  réputation  d'une 
mégère  accomplie  ;  l'indulgente  postérité 
semble  même  croire  que  le  pauvre  mari 
se  réfugia  dans  la  philosophie  pour  fuir 
les  criailleries  domestiques.  Cependant, 
VEdinhurgh  Revieu\  en  janvier  1803,  pré- 
tendait que,  d'après  la  chronique  médi- 
sante, Socrate  aurait  prêté  sa  femme  Xan- 
tippe à  son  élève,  le  bel  Alcibiade  ;  «  et 
que,  nonobstant  l'humeur  acariâtre  qui, 
dit-on,  caractérisait  la  dame,  elle  aurait, 
cette  fois  du  moins,  obéi  volontiers  à  son 
époux  »  (p.  488).  Cela  déjà  suppose  que 
Xantippe  était  jeune  et  jolie  ;  cela  permet, 
en  outre,  d'imaginer  que  sa  méchante  hu- 
meur s'expliquait  par  des  griefs  intimes 
contre  son  mari  ;  et  qu'elle  devait  être 
assez  justifiée  à  lui  reprocher  de  courir  les 
rues,  avec  les  gamins  d'Athènes  à  ses 
trousses,  au  lieu  de  s'occuper  d'elle.  Pro- 
bablement elle  jouait  comme  d'autres 
l'ont  joué  plus  tard,  et  si  souventes  fois, 
le  rôle  à' Âmnnreiise,  deux  mille  ans  avant 
la  comédie  de  M.  Porto  Riche. 

En  tout  cas,  lorsque  Bernardin  de  Saint- 
Pierre,  âgée  de  56  ans,  voulut  épouser 
Mlle  Félicité  Didot.  âgée  de  20  ans,  il  lui 
cite  les  exemples,  encourageants  pour  les 
barbons,  de  Socrate  et  de  Sénèque  : 

Socrate^  plus  vieux  que  moi,  épousa  une 
jeune  femme  qui  lui  donna  des  enfants,  qui 
étaient  en  bas  âge  lorsqu'il  mourut  à  70  ans. 
11  eut  même  deux  femmes  à  la  fois,  suivant 
la  loi  de  son  pays  ;  mais  il  paraît  qu'il  n'eut 
pas  lieu  d'en  être  content. 

{Revue  des  Deux-Mondes,  15  mai  1904, 
p.  365). 

Serait-il  possible  d'obtenir  quelques  dé- 
tails précis  sur  le  ménage  socratique  et 


sur  la  personne  de  Madame  ou  Mesda- 
mes Socrate,  —  puisque,  suivant  la  ju- 
dicieuse remarque  de  Sainte-Beuve,  il  est 
essentiel  pour  apprécier  un  intellectuel  de 
savoir  comment  il  se  comportait  à  l'égard 
des  femmes  et  de  l'argent .? 

D'où  vient  l'histoire  de  ce  ménage  grec 
à  trois,  bruit  ou  cancan  qui  était  ainsi 
répandu  en  France  et  en  Angleterre,  voilà 
un  peu  plus  d'un  siècle  ^  Est-ce  d'un  écri- 
vain grec  }  ou  est-il  sorti  de  l'imagmation 
facétieuse  d'un  écrivain  moderne  .?  11  est 
à  noter,  en  effet,  que  Bayle,  d'une  érudi- 
tion si  universelle,  ne  connaissait  pas 
l'histoire  ;  car,  parlant  de  Socin  et  du 
socinianisme,  il  dit  que  le  premier  Socin 
C1401-  i4(")7)  ayant  pris  femme,  cessa  d'en- 
seigner la  philosophie.  «  Alais  Socrate, 
«  lui  disait-on,  était  marié  et  continuait  de 
«  philosopher.  ~  Oui-da  !  mais  Xantippe 
<.<  devait  être  laide  et  acariâtre,  tandis  que 
«  mon  épouse  est  jolie  et  complaisante.  >> 

On  peut  conclure  de  cette  citation  qu'au 
temps  de  Bayle,  c'est-à-dire  au  xyii^'  siè- 
cle, l'histoire  de  Xantippe  prêtée  au  bel 
Alcibiade  n'était  point  courante. 

Avant  d'envoyer  cette  question,  nous 
avons  cherché  dans  la  Table  générale  de 
ce  recueil.  Elle  a  été  posée  111,641  ;  et 
on  a  référé  (V,  34)  à  un  article  de  Zeller, 
sans  doute  le  philosophe  allemand,  dans 
la  Revue  modeiue  du  i'^''  septembre  1867  ; 
mais  n'ayant  pas  accès  à  cetie  revue,  je 
ne  sais  si  cet  article  donne  une  réponse 
précise.  Une  autre  mention  de  la  T.  G. 
semblait,  d'api  es  son  titre  {Socrate  coiffé 
par  Xantippe,  X'V,6-j^,  724)  mettre  sur 
la  voie  ;  mais  dans  celte  note  le  mot  coiffé 
n'est  pas  pris  en  métaphore  et  synonyme 
de  c...  ;  il  se  réfère  à  un  mauvais  tour 
joué  par  Xantippe  à  son  époux  et  sem- 
blable à  cehii  qu'un  journaliste  a  subi  sur 
les  boulevards  de  Paris,  il  .y  a  dix  ou 
quinze  ans. 

La  question  mériterait  d'être  tirée  au 
clair  ici-même,  autrement  que  par  une 
référence  à  une  revue  quelconque  ;  elle  se 
rattache,  en  effet,  à  une  question  plus 
large  de  psychologie  conjugale,  celle  de 
la  façon  dont  les  intellectuels,  une  fois 
mariés,  se  comportent  avec  leurs  femmes. 
Dans  plus  d'un  ménage  de  ce  genre,  la 
femme  (à  ce  qu'on  a  raconté)  aurait  eu  le 
droit  de  demander  à  son  mari  de  se  faire 
suppléer  dans  l'intimité.  On  raconte  no- 
tamment   des  histoires  étonnantes  de  cer- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Novembre  1904, 


805 


806 


tains  intellectuels  anglais,  morts  de  notre 
temps  (et  surtout  Ruskin),  qui  s'étaient 
mariés  s'ignorant  eux-mêmes,  et  qui  ne 
purent  donner  l'agrcment  d'usage  à  leurs 
femmes.  Renan,  dans  ses  Dialogues  philo- 
sophiques^ rappelle  (je  ne  sais  plus  à  quel 
propos)  l'aventure  d'un  philosophe  védique 
ou  TÔ  (Tûép/MK  £(';  T'/jv  zEjjK/vjv  à.'jiZq  Je  nc  tra- 
duis  pas  ce  grec  ;  je  l'explique  seule- 
ment comme  transformation  ou  métas- 
tase de  la  virilité  en  pure  force  céré- 
brale. Z,âf5<:m  ]e  donne  e  siuâia  la  matetiiaiica, 
dit  une  Vénitienne  à  Jean-Jacques  Rous- 
seau. Bien  d'autres  femmes,  désappointées 
et  humiliées,  ont  dû  en  dire  autant  à 
d'autres  intellectuels,  mais  ceux-ci  ne  s'en 
sont  point  vantés  devant  le  pu'olic. 

Arcades  Ambo. 

La  fleur  de  lis  dans  les  srmes  des 
Peretti  délia  RoccavL,  168.  366,  689). 
—  je  serais  bien  étonné  que  M.  Th.  Cour- 
taux,  dont  on  connaît  la  compétence 
comme  l'obligeance  en  matière  héraldique, 
ait  fait  erreur  en  disant  que  Mgr  Peretti 
délia  Rocca,  évêque  auxiliaire  d'Ajaccio, 
mort  en  1892. portait  :  d'a:(ui',à  la  fleur  de 
lis  d'or^  soutenui!  par  deux  lions  du  même. 

Cependant  de  Corse  j'ai  reçu  sur  lui  les 
renseignements  suivants  :  d'abord  il  ne 
s'appellerait  que^/e^Pt'rc'///,  pas  délia  Rocca  : 
puis  ses  armes  seraient  (on  m'en  a  com- 
muniqué un  dessin)  :  paiii  de  gueules, à  la 
colonne  d'argenl,et  de  gueuler, à  la  toni  d'ar- 
gent ^terrassée  de  iinople^et  suriuontèe  d'une 
balance  de...  au  chef  cousu  d'a:^ui\chargé  de 
2  lions  a-frontts  d'argent,  tenant  un  casque 
de  vicme,  souunê  ^'7;;/^  fleur  de  \\%d'or{l), 
L'écusson  est  posé  sur  une  aigle  à  2  têtes. 
Devise  :    flirtas  et  Mono?-. 

Je  désirerais  bien  être  fixé  à  mon  tour 
d'une  façon  certaine  sur  les  armoiries  de 
Mgr  de  Peretti.  de  Saint-Saud. 

* 

*  * 

Je  crois  devoir  compléter  ic  i  les  ren- 
seignements donnés  par  M.  de  Lapouzat 
sur  la  famille  Peretti  délia  Rocca,  et  le 
prier,  en  revanche,  de  préciser  certains 
points  obscurs  des  sources  qu'il  cite. 

Par  arrêt  du  Conseil  supéiieur-  de  l'île 
de  Corse,  en  date  du  28  avril  177:?,  les 
Peretti  délia  Rocca, au  nombre  de  cinquante 
et  un.,  furent  reconnus  nobles  de  noblase 
prouvée  au  delà  de  deux  cents  ans.  Tous 
prouvaient  leur  filiation  sur  pièces  depuis 
Napoléon  de  Levie  (ou  mieux  Napoleone 


délie  'Vie)  capitaine  au  service  de  Henri  II' 
Les  arrière-petits-fils  des  Peretti  reconnus 
en  1772  se  comptent  aujourd'hui  par  cen- 
taines :  leur  origine  et  leur  noblesse,  offi- 
ciellement consacrée  à  l'annexion  fran- 
çaise, ne  sont  pas  discutables. 

Napoléon  de  Levie  était,  d'après  la  tra- 
dition, fils  d'Angelo-Santo  et  petit-fils  de 
Peretto  délia  Rocca.  Filippini,  contempo- 
rain de  Napoléon,  cite  ces  trois  personna- 
ges, mais  ne  parle  pas  de  leurs  liens  de 
parenté.  M,  de  L.  pourrait-il  me  commu- 
niquer les  pièces  ou  les  textes  qui  ont  for- 
mée sa  conviction  ?  ce  point  établi, on  pour- 
rait, et  ce  ne  serait  pas  sans  intérêt  pour 
l'histoire  de  la  Corse  féodale,  à  l'aide  de 
nombreux  titres  que  je  possède  sur  la 
maison  délia  Rocca,  faire  remonter  jus- 
qu'au douzième  siècle  l'arbregénéalogique 
de  la  famille  Peretti. 

Je  dis  au  douzième  siècle,  parce  que  les 
biographies  de  Ugo  Colonna  et  de  ses  des- 
cendants supposés  pendant  deux  siècles, 
n'appartiennent  pas  à  l'histoire.  On  cher- 
cherait envain,dans  les  éditions  diverses  des 
œuvres  d'Alcuin, un  passage  relatif  à  ce  hé- 
ros. Le  texte  que  l'on  a  maintes  fois  im- 
primé en  en  attribuant  la  paternité  au 
maître  de  Charlemagne.  est  l'œuvre  d'un 
prêtre  corse  du  xvii®  siècle,  Angelo-Fran- 
cesco  Colonna, qui  ne  démontra  guère,  en 
le  publiant,  que  sa  propre  ignorance  de 
la  grammaire  latine  et  de  l'histoire. 

De  1250  à  15  12,  la  famille  délia  Rocca 
exerça  en  Corse  une  indiscutable  supré- 
matie, mais  cette  suprématie, il  faut  le  no- 
ter, ne  provenait  pas  d'un  droit  héréditaire 
dont  le  principe  était  reconnu.  Le  titre  de 
comte  de  Corse  était  électif.  En  15  12, tout 
privilège  féodal  disparut  dans  la  seigneu- 
rie délia  Rocca,  malgré  les  protestations 
et  les  revendications  des  héritiers  délia 
Rocca. 11  ne  semble  pas  que  les  descendants 
de  Peretto  aient  fait  valoir  leurs  droits, mais 
l'auraient-ils  fait,  la  qualification  de  sei- 
gneur de  Levie  au  xvi*  siècle,  constitue 
un  anachronisme. 

Anachronisme  également  la  colonne  dans 
les  armoiries  de  Napoléon  de  Levie  en 
I  558.  La  colonne  ne  fut  introduite  comme 
meuble  héraldique  chez  les  descendants 
des  seigneurs  de  Cinarca  qu'après  la  publi- 
cation du  livre  de  Filippini  en  i  ^596. Encore 
son  emploi  ne  devint-il  général  qu'à  la  fin 
du  XVII*  siècle.  11  serait  bon  que  M.  de  L. 
ait   la  complaisance   de   reproduire  dans 


N*  1059, 


L'INTERMÉDIAIRE 


807 


808 


V Intermédiaire  au  moins  la  formule  d'en- 
registrement des  lettres  patentes,  à  qui 
cette  formalité  seule  peut  rendre  leur  va- 
leur   historique. 

Le  nombre  des  personnages  distingués 
fournis  dans  toutes  les  carrières  par  la 
famille  Perettl  délia  Rocca  est  considéra- 
ble, cependant,  parmi  les  prélats  nés  de 
cette  race,  je  ne  vois  aucun  cardinal.  S'il 
y  en  a,  les  listes  si  lombreuses  des  prin 
ces  de  l'Eglise  ne  les  ont  pas  mentionnés. 

Je  demanderai  encore  à  M.  de  L.  dans 
lequel  des  volumes  de  Borel  d'Hauterive 
se  trouve  le  passage  sur  la  famille  Perettl 
délia  Rocca  auquel  il  fait  allusion. 

COLONNA  DE  CfiSARI  RoCCA. 

Les  tresses  de  Navarre  (L,  ^bi, 
691  j.  —  M.  La  Coussière  se  trompe  au 
sujet  des  louis  de  1814.  Sous  la  Restau- 
ration, les  armes  de  France  sont  les  trois 
fleurs  de  lis  pour  la  monnaie,  et  il  n'y  a 
pas  trace  des  chaînes  de  Navarre. 

Patchouna. 

Eatrebas  (L,  561).  —  Ce  mot  n'a 
pas  de  sens  en  héraldique  et  doit  être  le 
résultat  d'une  faute  d'impression. 

Loisie,  en  Bourgogne,  porte  :  d'apir^  à 
un  entrelacs,  ou  lacs  d'amour,  d'or. 

P.   LEj. 

Singulières  armoiries  papales  fL, 
168,  231,  365,  691).  —  Je  demande  bien 
pardon  au  D''  A.  B.  mais,  en  italien,  pi- 
gnatta^  pignatto^  signifient  pot,  cruche  et 
non  point  marmite,  qui  se  traduit  par  mar- 
mitta  et  aussi  ramino. 

On  n'a  d'ailleurs  qu'à  jeter  les  veux  sur 
les  armes  des  Pignatelli,  pour  s'assurer 
que  les  trois  figures,  ayant  une  anse  et 
un  bec,  représentent  une  sorte  d'aiguière 
et  nullement  une  alla.  A.  S..E, 

Armoiries  des  évêobés,  abbayes, 
etc.  (L,  672).  —  On  trouve  les  armoiries 
d'un  certain  nombre  d'évêchés,  abbayes, 
communautés  et  chapitres  de  France  dans 
la  brochure  qui  a  pour  titre  :  Armoiries  de 
communautés.,  associations,  corporations  rc- 
lioieuses  et  civiles  françaises  et  étrangères.^ 
extraites  d'un  Armoriai  manuscrit  inédit 
de  l'abbé  Bredeault  par  Louis  Morand. 
Paris,  aux  bureaux  du  Bulletin  héraldique 
de  France,  56,  quai  des  Orfèvres,  1900, 
29  pages  gr.  in-8°.  E.  O. 


Arm-.s  à  indiquer  (L,  672).  —  Co- 
lombe de  Boucher,  comtesse  d'Epineuil, 
qui  épousa,  le  22  juillet  1608,  Patrice  le 
Bascle,  baron  d'Argenteuil,  appartenait  à 
la  famille  Boucher  di;  la  Rupelle  de  Flo- 
gny,  de  Milly.  etc.,  qui  portait  pour 
armes  :  d'argent,  à  5  écrevisses  de  gueules.^ 
2ei  I  (d'Hozier,  Armoriai  général.  Re- 
gistre V!). 

je  ne  connais  pas  la  famille  le  Tenneur 
à  laquelle  appartenait  A.nne-Elisabeth  le 
F.  qui  épousa,  le  4  mai  1689,  François  le 
Bascle  d'Argenteuil,  comte  d'Epineuil. 
Benjamin  le  Tenneur,  maître  d'hôtel  de 
la  duchesse  d'Orléans,  reçu  le  2 1  mars 
1682  chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Lazare 
et  du  Mont  Carmel,  portait:  d'azur  .^a^ 
maillets  d'argent  (Catalogue  et  Armoiries 
des  chevaliers  de  l'ordre  de  Saint-La- 
zare, etc.  Bulletin  héraldique.^  189(0).  La 
famille  le  Tenneur  de  Langrqne,  en  Nor- 
mandie, maintenue  dans  sa  noblesse  en 
1666,  portait  :  de  gueules.^  au  château  d'ar- 
gent.^ couvert  de  sable.,  en  pointe.,  ouverture 
d'oii  sort  une  tête  de  lion  du  même  (Cha- 
millart.  Recherche  de  la  noblesse  de  Caen, 
en  1666),  ou  d\i:(ur,à  la  fasce  d'argent., 
chargée  de  ^  mouchetures  d'hermines,  accom- 
pagnée en  cljef  d'une  étoile  d'or,  au  milieu 
de  2  maillets  d'argent,  et  en  pointe  d'un 
maillet  d'argent.,  au  milieu  de  2  étoiles  d'or. 
Supports  :  2  lévriers  d'argent.  Cimier  :  un 
lévrier  naissant  (Mss.  de  D.  Grenier,  cités 
par  :  Sandret.  Notes  sur  les  gentilshommes 
de  la  généralité  de  Caen.,  en  16^6). 

Armoiries  de  la  famille  de  Rogres  de 
Champignelles  (Poitou)  gironné  d'argent 
et  de  gueules,  de  12  pièces  (La  Chesnaye- 
des  Bois  Dictionnaire  de  la  Noblesse.,  XV, 
461). 

Le  Tenneur  de  Tillières,  en  Normandie, 
porte  pour  armes  :  d'argent.,  à  la  bande 
d'azur,  chargée  de  ^  sautoirs  d'or  (P.  An- 
selme. Histoire  des  gt an ds  officiers,  t.  Vlll, 
p.  250).  Marie-joséphine-Caroline  de  Bar- 
jot,  fille  de  Paul -Jean -Baptiste- Alexis, 
comte  de  Roncée,  et  d"Adélaïde-julie-So- 
phieHurault  de  Vibraye,  qui  épousa,  le  29 
septembre  1779,  Jean- Louis-Marie  le 
Bascle,  comte  d'Argenteuil,  était  issue 
d'une  famille  originaire  de  Bourgogne, 
établie  ensuite  en  Touraine,  dont  les  ar- 
mes étaient  :  d'azur.,  au  griffon  d'or,  le 
franc  canton  renipli  d' nnt  étoile  du  même. 
Cimier  :  une  tète  de  licorne  d'argent.  Sup- 
ports :    2   licornes    du    même.     Devise  : 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


809 


L'haurce,  non  Vhanre  (Carré  de  Busserolle. 
Armoriai AtToMïzmt,  p.  103). 

G.  P.  Le  Lieur  dAvost. 


D.e  Lusigimn  de  Coné  en  Normandie, sei- 
gneur de  Chevreuse,  élection  de  Lyons. 
paroisse  de  Saint-Lucien  :  écarteUaux  i  et 
^  d' a:^ur,  à  ^  merleiies  d'or  ;  au  2  et  ^  d^or, 
à  3  riierlettc's  d'a:(nr. 

Sires  de  Lusignan  (rois  de  Jérusalem, 
etc.)  l)and^s  d'argent  ctd'a:(tir.  Lusignan  de 
Cljypre  écartelé  aux  i  et  4  d'a^nr^  à  la 
croix  d'argent  ;  aux  2  et  ^  burelè  d'argent 
et  d'a^iir^au  lion  de  gueules,  lampassc,  cou- 
ronne et  armé  d'or  brochant  sur  le  tout. 

Le  Veneur,  baron  de  Tillière  en  Nor- 
mandie, etc.,  d^ argent,  à  la  bande  d'a;(M\ 
chargée  de  trois  croix  d'or, ou  chargée  de  trois 
sautoirs  d'or. 

Boitcher,  au  Maine,  —  sans  particule  — 
de  gueules,  au  lion  d'argent.  Vécu  semé  de 
crcisetics  de  même. 

Boucher.^  plusieurs  familles  du  Maine  : 
d'or,  à  la  bande  d'a:^iir^  chargée  de  ^  étoiles 
d'or,  et  accompagnée  de  trois  ro^es  de 
gueules. 

b)  d'argent,  à  trois  fasces  d'apir,  chargée 
de  trois  étoiles  d'or.,  accompagnées  de  trois 
roses  de  gueules.,  t.  L 

de  Boucher,  ancienne  noblesse  de  Cham- 
pagne, au  Maine  au  xix®  siècle  :  d'argent, â 
j  écrevisses  de  gueules  2,  i.  Supports  : 
2  lions  contournés. 

Louis  Calendini. 


Trois  cachets  àidontiûer  (Ljaô). 
— La  famille  portant  des  armes  se  rappro- 
chant le  plus  de  celles  de  la  question  n°  i 
est  celle  de  Monnier,  en  Franche-Comté  : 
d'apir,  à  deux  brochets  d'argent,  posés  en 
pals  et  adossés.  Un  assez  grand  nombre  de 
familles  portent  deux  bars  d'argent  ou  d'or 
sur  champ  d'a:(ur  :  Bertaud  de  la  Guiton- 
nière,  en  Bretagne,  Origny  en  Ile-de- 
France,  Roussy  ou  Ruttich,  en  Luxem- 
bourg, Saineval  de  Pissy,  en  Picardie, 
Soy  ou  Soye,  en  Luxembourg.,  etc.  ; 
mais  les  bars  affectent  toujours  une  forme 
cintrée  qui  ne  paraît  pas  se  rapporter  à 
des  poissons  ^05«  en  pals. 

_  P.    '-Ej. 

Gironné  de...  et  de...  de  douze 
pièces  (L,  561). —  Ces  armes  doivent 
se  lire  :  Gironné  d'argent  et  de  gueules  de 
dou:^e  pièces,  et   sont   celles    de   Louise- 


30  Novembre   1904. 
_ — _ 810 

Anne-Victoire  de  Rogres  de  Champignelles, 
qui,  le  i^  novembre  1712,  épousa 
Louis  IV  le  Bascle,  comte  d'Epineuil, 
marquis  d'Argenteuil,  lieutenant  général 
des  provinces  de  Champagne  et  de  Brie, 
et  gouverneur  de  la  ville  de  Troyes. 

D.  DES  E. 

* 

*  » 
Dans  la  description  de  l'écusson  des  le 

Bascie  d'Argenteuil,  il  faut  lire  :  aux  2  et  ^ 
d'azur,  semé  de  /leurs  de  lis  d'or  et  à  la  bor- 
dure de  gueules  qui  est  France-Anjou  et 
non  Bourbon- Anjou.  T. 


* 
*  * 


Louise -Anne- Victoire  de  Rogres  de 
Champignelles,  dame  de  Ville-Maréchal, 
de  Saint-Ange  et  de  Chevrainvililiers,  née 
vers  l'an  1694  et  décédée  le  14  janvier 
1764,  épousa,  le  14  novembre  17 12, Jean- 
Louis  le  Bascle,  marquis  d'Argenteuil. 
Elle  appartenait  à  une  famille  qui  portait 
pour  armes  :  gironné  d'argent  et  de  gueules 
de  dou^e  pièces. 

J.  P.  Le  Lieur  d'Avost, 

Le  plus  gr.and  ex-libris  (XLIX, 
^64,  652,  751,  876  ;  L,  642).  —  Parmi 
les  plus  grands  ex-libris  français  anciens, 
à  citer  celui  de  Perrot  de  Fercourt  (1650- 
1 670)  mesure  326  c  X  300  =  978  cent.c; 
et  celui  de  Le  Febvre  de  la  Planche  me- 
sure 350  X  250  =  875  cent.  c. 

Ce  dernier  est  aussi  du  xvir'  siècle. 

S..Y. 

Antoine,   artiste   dramatique  (L, 

666).  — J'ai  signalé    dans    mon  Diction- 
naire du  Comédien  français  trois  Antoine  : 

1°  Antoine  l'aîné,  comédien  de  S.  A.  S. 
Electorale  Palatine,  auteur  d'une  comédie 
en  un  acte,  en  vers,  le  Retour  de  Lindor 
ou  le  Nouvel  Heureusement  (de  1743  à 
1770). 

2°  Antoine,  (Nicolas  Ancelin,  dit)  :  En 
1846,  Antoine  qui  avait  alors  69  ans  et 
43  ans  de  théâtre,  obtint  120  fr.  de  pen- 
sion de  la  Société  des  artistes,  alors  à  ses 
débuts.  Il  habitait  Amiens  et  mourut  en 
17,3,  à  75  ans. 

3°  Antoine,  acteur  des  Funambules,  où 
il  tenait  l'emploi  des  Cassandre  II  joua 
dans  Pierrot  valet  de  la  mort  (1846),  rôle 
de  Cassandre,  et  dans  la  Reine  des  Ca- 
rottes (23  sept.  1848)  rôle  du  juge. 

Henry  Lyonnet, 


N*  1059. 


L'INTERMEDIAIRE 


8u 


812 


Eernotde  Charant  (1,500,632, 685). 

—  J'avais  bien  ccrit  (ou  mal  écrit)  Bernot 
de  Charant,  il  s'agissait  de  l'auteur  de 
l'Histoire  du  prieuré  de  la  Charité. 

Le  plus  connu  de  ses  descendants  est 
Louis-Joseph  Bernot  de  Charant,  né  à  la 
Charité  le  27  mai  1663.  d'abord  avocat 
au  parlement,  puis  maire  de  la  Charité 
de  1694  à  1707,  et  enfin  subdélégué  à 
l'Intendance  du  Berry,  poste  qu'il  occu- 
pait encore  à  la  fin  de  1735. 

Un  autre  membre  de  la  même  famille, 
Jacques-François  Bernot  de  Charant,  était 
subdélégué  à   l'Intendance   du   Berry  en 

1759- 
La    propriété   de  Charant  se  trouve  à 

Mesves,  près  la  Cliarité  (Nièvre),  la  fa- 
mille existe  encore  aujourd'hui. 

Pila. 

Famille  Boux  (XLIX).  —  Messire 
Antoine  Le  Boultz  vivant  écuyer,  seigneur 
d'Aubevoye  (ferme  située  au  Lude),  tien 
partie  du  canal  de  Briarre,  meurt  au  Lude 
(Sarthe)  à  trente-huit  ans,  le  22  sep- 
tembre 1738,  et  est  inhumé  le  lendemain 
dans  l'église  paroissiale.  En  quoi  consis- 
tait cette  seigneurie  du  canal   de  Briare  ? 

Louis  Calendini. 

Famille  îîoynelou  Doisnel(L,6i6) 

—  M. le  vicomte  Doynel  de  la  Sausserie, 
qui  habite  le  château  de  Dampierre  près 
Thorigny  (Manche),  et  Rennes,  pourrait 
sans  doute  répondre  à  cette  question  qui 
concerne  sa  famille.     Renaud  d'Escles. 

*  * 

M'occupant  fort  peu  de  questions  gé- 
néalogiques ou  héraldiques,  j'avoue  ne 
pas  connaître  de  Magn)-.  Mais  je  connais 
fort  bien  une  branche  probablement  très 
roturière  de  la  famille  Doisnel,  que  je 
crois  originaire  de  l'Ile-de-France,  mais 
depuis  longtemps  fixée  à  Paris. 

Dans  le  vol.  de  ï Intermédiaire  (col.  988) 
on  cite  Doisnel,  grand  vicaire,  comme 
ayant  été,  en  1776,  vénérable  d'une  loge 
maçonnique  de  Beauvais. 

RoLiN  Poète. 

Estoublon  (L,  727y  —  Estoublon  est 
une  seigneurie  de  Provence  (Ar.  Digne, 
C.  Mezel, Basses-Alpes)  qui  appartint  suc- 
cessivement aux  Matheron,  aux  Baschi 
(1570),  aux  Grasse  et  fut  érigée  en  mar- 
quisat, en  avril  1664,  en  faveur  de  Grille. 


Le  comte  Henri  de  Grille  d'Estoubloni 
ancien  officier  d'infanterie,  habite  à  Saint- 
Servan  (lUe-et-Vilaine),  boulevard  Sur- 
couf.  Lui  seul,  je  crois,  pourrait  répondre 
à  la  question  de  G.  A.  S..E. 

Projet  de  mariage  de  Gambetta 

(L,  445,  633,  7ti). — «  Un  (ils  de  cette 
femme  »  n'a  pu  passer  par  une  université 
allemande,  pour  la  raison  péremptoire 
qu'elle  n'a  jamais  eu  d'enfants.  Il  s'agit 
d'un  neveu  ou  d'un  petit  cousin  mort  de- 
puis longtemps  déjà. 

Un  personnage  connu  a  bien  essayé  de 
laisser  croire  qu'il  pourrait  être  fils  de 
Gambetta.  En  rapprochant  les  dates  de 
naissance,  on  voit  que  Gambetta  aurait 
eu  à  l'époque  de  la  naissance  de  ce  fils  une 
douzaine  d'années  tout  au  plus. 

Un  CADURCIEN. 

Inhumations  hors  des  cimetières 
(XLVIU;  XLIX;  L,  191,  316,437,  530, 
691 .  654,  698,  766). 

i»  Quelques  membres  de  la  famille  de 
Mailly  sont  inhumés  dans  la  chapelle  du 
château  de  Mondragon.  Cne  de  la  Bosse 
(Sarthe). 

2"  Le  marquis  de  Lancry  de  Pfonleroy 
est  inhumé  dans  la  chapelle  du  château  de 
la  cour  de  Broc  à  Dissé-sous-le-Lude 
(Sarthe). 

3"  La  famille  Mabilleau  repose  dans 
une  petite  chapelle,  dite  de  Saint-René, 
située  dans  le  bourg  de  la  Chapelle-aux- 
Choux  (Sarthe). 

4"  M.  l'abbé  Lochet  fut  inhumé  dans  la 
chapelle  deN.-D  du  Tertre  qu'il  avait  fon- 
dée au  Mans. rue  du  Tertre-Saint-Laureut. 

5"  La  famille  de  Talhouët-Roy  a  son 
caveau  dans  U  chapelle  de  l'hospice  du 
Lude  (Sarthe).  Là  fut  aussi  inhumé 
M.  Fisson,  bienfaiteur  de  la  ville. 

Louis  Calendini. 

Famille  Goaet  du  Four  (L,  389, 
519,  582,  682).  — Je  ne  connais  pas  de 
postérité  à  Alexandre  du  Four. 

Pour  ce  qui  se  rapporte  à  l'alliance 
avec  la  famille  Noël,  s'agit-il  de  cette 
famille  du  Four,  ou  plutôt  des  du  Four  de 
Villeneuve  .?  (V.  Bouillet.  Nobiliaire  d'Au- 
vergne, t.  111  p.  94-97  ;  D.  Bétencourt, 
Nonis/coilaux,  t,  11,  p.  173-173  ;  La  Ches- 
naye  des  Bois.  Dictionnaire  de  la  Noblesse. 
Edition  Schlesinger,  t.  VIII,  p.  497). 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


813 


30  Novembre  1904. 


814 


L'on  trouve,  en  effet,  Jean  du  Four, 
seigneur  de  Villeneuve,  de  Merdogne,  etc., 
lieutenant  général  de  Clermont-Ferrand, 
mari  de  N  Noël,  dont  il  eut  un  fils  unique 
Jean  François  du  Four  de  Villeneuve,  Pré- 
sident au  Grand  Conseil,  lieutenant  civil 
au  Chàtelet  de  Paris  en  1766,  né  en  17 10. 
G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Famille  Hémart  de  la  Charmoye 

(L,  669).  —  La  famille  Hémard  est  origi- 
naire d'Ay  (Marne). 

Le  titre  de  baron  de  la  Charmoye  fut 
donné  par  Napoléon  à  Pierre-Charles 
Hémart,  député  aux  Cinq-Cents  pour  le 
département  de  la  Marne,  les  i^r  prairial 
an  6  et  9  nivose  an  9,  mem.bre  du  Corps 
législatif  le  23  nivose  an  10,  membre  du 
collège  électoral  de  la  Marne,  membre  de 
la  Légion  d'honneur.  11  était  frère  du  Prési- 
dent de  la  Chambre  criminelle  de  la  Seine 
lors  du  procès  Cadoudal,  Moreau  et 
Pichegru  et  des  43  autres  accusés,  créé 
peu  après  chevalier  de  l'Empire. 

Les  armes  portées  à  l'heure  actuelle 
par  la  famille  sont  :  d'a{ur,â  trois  têtesde 
profil  d'or  ^posées  deux  et  une. 

Marquis  de  L.  C. 

La  carrière  politique  du  député  Hemart 
paraît  assez  effacée.  —  Voici  quelques  no- 
tes sans  doute  incomplètes  que  je  puis, 
dès   aujourd'hui,   fournir  sur  lui  : 

11  était  fils  d'un  notaire  d'Ay  (Marne) 
qui  exerça  dans  cette  ville  de  1748  à 
1766.  —  11  naquit  le  26  juillet  1752  ainsi 
que  le  témoigne  l'acte  de  baptême  ci- 
après  : 

Ay — 1752 — :  L'an  mil  sept  cent  cinquante- 
deux,  le  vingt-sept  juillet,  je  Louis  Nicart 
prêtre  curé  d'Ay  et  doyen  rural  d'Epernay 
soussigné  ay  baptisé  le  fils  du  sieur  Isaac- 
Pierre  Hémart,  notaire  royal  et  de  Marie- 
Louise  Jannet  ses  père  et  mère  mariés  en- 
semble habitans  de  cette  paroisse  né  la 
veille  auquel  on  a  imposé  le  nom  de 
Pierre-Charles ,  Le  parain  a  été  le  sieur 
Charles  Jannet  de  la  paroisse  de  Condé,  la 
maraine  .Madame  Marguerite  Rogé  v"  du 
sieur  Isaac-Pierre  Hémart,  vivant  officier 
de  Roy  qui  ont  signé 

Charles  Jannet  —   Margt"   Rogé 
V"  Hémart  —  Nicart. 

Isaac-Pierre  Hémart  fut  échevin  de  la 
ville  ;  il  eut  encore  plusieurs  enfants, 
notamment  deux  autres  fils  :  V  un  Jean-Bap- 
tiste né  Is  2  octobre  1754  devint  prêtre 
et  mourut  à  La  Charmoye,  chez  son  frère 


aine  le  14  mars  1806  ;  l'autre,  Claude- 
Nicolas-Loiiis,  né  le  8  juillet  1757,  et 
dont  nous  reparlerons  ci  après.  Les 
Hémart  étaient,  du  reste,  fort  nombreux 
dans  la  région  d'Ay  et  d'Epernay  aux 
xviii^  et  xix*^  siècles.  11  serait  facile  de 
reconstituer  la  généalogie  de  cette  famille. 

Le  fils  aîné  du  tabellion  d'Ay,  après 
avoir  fait  ses  études  de  droit,  acquit  lui- 
même,  le  II  août  1779,  une  charge  de 
notaire  au  Chàtelet  de  Paris.  11  habitait 
alors,  rue  de  Seine,  quartier  du  faubourg 
Saint-Germain  ;  en  1789,  l'Assemblée  du 
district  de  l'Abbaye  réunie  pour  la  con- 
vocation des  Etats  Généraux  le  choisit 
comme  secrétaire.  —  11  vendit,  à  cette 
époque,  sa  charge  de  notaire  et  acheta, 
lors  de  la  mise  en  vente  des  biens  natio- 
naux l'abbaye  de  La  Charmoye  fdes  bé- 
nédictins de  l'ordre  de  Citeaux)  sur  le 
territoire  de  la  commune  de  Montmort 
(Marne).  —  Pendant  la  Révolution  il  se 
retira  dans  sa  propriété  et  évita,  autant 
que  possible, de  se  mêler  aux  événements. 
Tout  au  plus,  le  22  thermidor  an  111, 
trouvons-nous  sur  le  registre  des  délibé- 
rations du  district  d'Epernay  la  mention 
«  qu'Hémart  l'aîné, cultivateur  a  La  Char- 
moye, est  nommé  commissaire  pour  re- 
chercher les  déserteurs  du  canton  » 

Aussi  ce  fut  eninconnuqu'ilfutaccueilli 
par  la  presse  locale  quand  en  l'an  VI, 
l'Assemblée  scissionnaire  de  la  Marne 
dont  il  était  cependant  le  secrétaire,  le 
nomma,  le  28  germinal,  député  au  Con- 
seil des  Cinq-Cents  à  la  place  du  négo- 
ciant rémois  Jobert-Lucas  qui  venait  de 
refuser  :  «  Jobert,  dit  le  «  Joiirtial  de  la 
Marne  »,  a  refusé  la  mission  dangereuse 
dontlui  avaientfaitcadeauces  Messieurs... 
Un  notaire  de  Paris,  retiré  à  Montmort, 
nommé  Hémart,  plus  hardi    que  lui,  lui 

succède  et  veut  tenter  le  hasard ».  Il 

faut  dire, pour  expliquer  ce  ton  ironique, 
que  ce  journal,  républicain  avancé,  com- 
battait les  choix  de  l'Assemblée  scission- 
naire et  avait  bon  espoir  que  les  élections 
des  s<  réactionnaires  »  allaient  être  annu- 
lées. Le  contraire  se  produisit  et  Hémart 
resta  en  fonctions  jusqu'au  Consulat.  Pen- 
dant cette  session,  il  ne  se  fit  guère  re- 
marquer. Nous  ne  connaissons  de  lui 
qu'une  motion  en  faveur  des  rentiers  et 
pensionnés  de  l'Etat  présentée  à  la  séance 
du  4  thermidor  an  VI  ainsi  qu'un  rapport 
qui  fut  imprimé  et  qu'il  fit,  le  28  ventôse 


N* 


i059 


L'INTERMEDIAIRE 


8i5 


8i6 


an  VII,  au  nom  d'une  commission  spé- 
ciale «  sur  une  réclamation  du  ci-devant 
bureau  de  bienfaisance  de  la  commune  de 
Paris  contre  laiicnation  des  biens  des 
pauvres».  —  Nous  avons  aussi  quelques 
documents  d'intérêt  purement  local  sur  ses 
relations  avec  le  département. 

Après  le  coup  d'Etat  de  brumaire,  le 
Sénat  conservateur  le  choisit,  le  4  nivôse 
an  VIII  (1800)  pour  représenter  la  Marne 
au  nouveati  Corps  législatif. 

Ici,  les  historiens  et  biographes  sem- 
blent avoir  commis  une  erreur  :  on  dési- 
gne généralement  le  député  Hémart  (Pierre- 
Charles)  comme  ayant,  sous  le  Consulat 
et  jusqu'en  181 1,  présidé  le  Tribunal  cri- 
minel de  la  Seine  ;  et  à  ce  titre,  on  le  cite 
comme  ayant  dirigé,  en  1804,  les  débats 
de  l'affaire  Géôfgés  Cadoudal,  Pichegru, 
Moréaii  et  autres.  Mais  M.  Campardon 
nous  apprend,  (Liste  des  membres  de  la 
noblesse  impériale)  que  le  président  de 
cette  Cour  criminelle,  que  Napoléon  fit 
chevalier  de  l'Empire  le  28  janvier  1809, 
portait  les  prénoms  de  Cliiide-Nicolas- 
Louis.  C'est  justement  le  frère  du  député, 
rié,  on  l'a  vu,  à  Ay,  le  8  juillet  1757  et 
qui  demeurait  alors  à  Paris,  rue  des  Ma- 
çons-Sorbonne,  n"  399. —  La  conduite  de 
ce  magistrat,  lors  du  procès  Cadoudal- 
Pichegru-Moreau,  fut  l'objet  des  critiques 
les  plus  vives  et  les  plus  passionnées. Bour- 
rienne,  dans  ses  Mémoires  (tome  VI), 
blâme  très  sévèrement  son  attitude  et  ses 
rigueurs  vis-à-vis  des  accusés  ;  il  le  traite, 
Oh  ne  sait  pourquoi,  de  «  régicide  >>,  titre 
qu'il  accole  également  au  nom  de  l'ancien 
conventionnel  de  la  Marne  Thuriot  qui 
fut  le  juge  instructeur  de  cette  affaire  et 
qui  partagea  avec  son  compatriote  Hé- 
mart hs  injures  et  même  les  calomnies  des 
adversaires  du  Consulat.  —  Un  fait  que 
j'ai  noté,  en  étudiant  ce  procès,  c'est  la 
présence  de  plusieurs  Marnais,  qui  jouèrent 
un  rôle  dans  les  débats  •  le  Président  Hé- 
mart, le  juge  instructeur  Thuriot,  le  com- 
rhissaire  du  gouvernement  Nicolas  Oudart 
qui  devint  membre  de  la  Coui"  de  Cassa- 
tion et  dont  le  frère  acquit,  dans  notre 
département,  une  certaine  notoriété,  et 
comme  administrateur  et  comme  magis- 
trat, etc.  tous  étaient  de  cette  région,  tous, 
jusqu'aux  deux  témoins  qui.  avec  les  gen- 
darmes et  Thuriot,  assistèrent  à  la  consta- 
tation du  suicide  du  général  Pichegru  :  un 
ancien  adminisîi'ateur  du  district  de  Sé- 


zânne,  Claude-Mériadec  Pierret  qui  habi 
tait  à  Paris,  rue  de  Grenelle,  et  un  nommé 
Adrien  Jacques  Dumoutier,  propriétaire  à 
Sézanne,  pays  de  Thuriot. 

Mais  revenons  au  député  Hémart.  —  Il 
fit  partie  du  Corps  législatif  jusqu'en  1803, 
puis  il  retourna  à  Montmort  dont  il  fut 
nommé  maire  le  i*''  janvier  1808  et  où  il 
mourut  dans  sa  propriété  de  La  Char- 
moye  le  15  janvier  1825. 

Il  aurait  été  créé  baron  de  l'Empire  le 
2  janvier  1814.  Mais  cette  nomination  ne 
figure  pas  dans  la  liste  de  M.  Campardon 
publiée  en  1889,  d'après  les  registres  de 
lettres  patentes  conservés  aux  Archives 
nationales. 

Telle  est  esquissée  très  rapidement  la 
biographie  de  cet  ancien  député  de  la 
Marne.  Je  pourrais  peut-être  encore  re- 
t  ouver  quelques  documents  et  quelques 
faits  ignorés  le  concernant.  Je  pourrais 
donner,  notamment,  si  notre  confrère  le 
désire,  la  copie  du  procès-verbal  de  vente 
de  l'abbaye  de  La  Charmoye  dont  le  dos- 
sier existe  aux  Archives  départementales 
de  la  Marne.  Gustave  Laurent. 

La  graveur  Huquier  8t  les  Jé- 
suites (L,  669).  —  On  trouverait  peut- 
être  ce  renseignement  dans  Y  Essai  d' Ico- 
nographie de  la  Compagnie  de  Jésus  par  le 
R.  P.  Hamy  (Paris,  1875)  contenant  163 
caricatures. 

C'est  dans  V Intermédiaire  que  l'on 
donne  cette  indication  (vol.  X,  col.  557) 
à  propos  d'une  question  déjà  fort  ancienne 
à  cette  époque  et  reproduite  après  douze 
ans  d'intervalle  par  un  curieux  très  per- 
sévérant. 

Il  s'agissait  alors  de  la  caricature  de 
Dix  Jésuites  en  Eau-forte  (T.  G.  463)  et 
on  demandait  le  nom  de  l'auteur  ?  Une 
vignette,  qui  est  une  réduction  de  cette 
caricature,  a  même  paru  deux  fois  dans 
notre  journal,  en  186^  et  en  1877,  en 
même  temps  que  la  question.  Elle  est,  du 
reste,  accompagnée  d'une  légende  assez 
méchante  : 

Âd  quorum  Effigies  non  soluin  Mejere 
fas  est.  PiETRO. 

Origine  de  Jourdain  dans  l'Isle- 
Jourdain  (Vienne)  (L,  218,3^7,  703). 
—  Je  ne  puis  rien  dire  au  sujet  de  cette 
localité.  Cluant  à  l'Isle-Jourdain  (Gers),  je 
crois  savoir  que  fondée  par  .^Ifonse  Jour- 


DES  CHERCHEURS  Bï  CURIEUX 


817 


30  Novembre  i^io/[. 

„     818    


dain,  comte  de  Toulouse  (-1 103-1 148), 
eette  ville  fut  dite  sa  fille  (en  gascon 
hillo). 

Le  dialecte  gascon  supprime  partout  les 
f.  et  les  remplace  par  des  /;.  Une  des  cu- 
riosités du  département  de  la  Haute-Ga- 
ronne, où  régnent  par  moitié  les  deux  idio- 
mes,c'est  que  le  langage  ou  tout  au  moins 
la  prononciation  varie,  souvent,  de  village 
à  village  quelquefois  eéparés  par  un  court 
espace  de  terrain.  C'est  ainsi  que  dans  le 
canton  de  Muret  on  dit  fiUo,  fenno,  foc  à 
Lagardelle  ;  tandis  qu'en  la  cominune 
d'Eaunes,  qui  n'est  séparée  que  par  la 
route  de  Toulouse  à  Saint-Girons,  on 
prononce  hillo,  henno,  hoc. 

Dans  Hillo  de  Jour  dan  la  chute  de  1'  h. 
a  laissé  illo  dont  les  -?:  francimans  »  ont  fait 
île  et  isle. 

Il  est  de  même  pour  Isle  en  Dodon 
(hillo  d'Odon)  fondée  par  Odon  aussi 
comte  de  Toulouse  (-]-  918)  ;  pour  Isle  de 


Noé,  et  autres. 


A. 


*  * 


Voici  ce  qu'on  trouve  à  la  bibliothè- 
que de  Poitiers  sur  les  seigneurs  de 
risle-Jourdain. 

lo  Au  dictionnaire  Redet  Senierres  de 
Islei  ;  Jordanus  de  la  Isla.  Cartulaire  de 
de  Saint-Cyprien  xi*  siècle. 

2"  Au  manuscrit  de  Dom  Fonteneau 
(t.  XVIII,  p.  503),  je  lis  ce  qui  suit  : 
«  Mirable,  comtesse  de  la  Marche,  fit  don, 
«vers  l'an  1178,  au  monastère  de  Mun- 
«  tazai,  de  tout  ce  qui  lui  appartenait 
«  dans  les  moulins  de  Civray. 

Le  manuscrit  reproduit  la  charte  de 
donation  dans  un  mélange  de  latin  et  de 
français,  dont  voici  le  passage  essentiel. 
«  Hoc  donum  concessit  et  confirmavit 
«  Rex  Henricus  apud  Insulam  jordanis, 
«  multis  viris  audientibus  ^>. 

Au  nombre  des  témoins  cités,  se  trouve 
Jourdain,  seigneur  de  l'Isle-jourdain.  Don 
Fonteneau  explique  qu'il  s'agit  là  de 
Henri  d'Angleterre,  alors  duc  d'Aqui- 
taine. 

3°  Au  même  manuscrit  ^^t.  XXIV,  page 
267).  fc  Vers  1268,  Jourdain,  seigneur  de 
«  risle-Jourdain,  et  Boson  son  fils,  che- 
«  valier,  firent  don  à  l'abbaye  de  la  Réau 
(Beatîe  Mariœ  Regalis)  de  divers  héri- 
«  tages  situés  aux  environs  de  la  dite 
'{.  abbaye  ». 

Comme  on  le  voit  par  ce  qui  précède, 
rien  de  ce  côté  n'indique  un  rapport  quel- 


conque entre  ce  nom  de  l'Isle-jourdain, 
et  Jourdain  du  Pin, le  croisé  du  xin*  siècle. 
Qu'il  me  soit  permis  de  profiter  de  la  cir- 
constance pour  signaler  aux  chercheurs 
de  Y  Intermédiaire^  une  œuvre  qui  pour- 
rait être  aussi  utile  qu'intéressante.  Ce  se- 
rait de  poursuivre  la  découverte  de  tout 
ce  qui  peut  rester  aux  mains  des  nou- 
veaux propriétaires  d'anciennes  abbayes, 
de  leurs  archives.  Je  viens  de  citer  les 
deux  monastères  de  Monîazai  et  de  la 
Réau,  où  le  m.oine  Dom  Fonteneau  a 
puisé  vers  1740  ou  1750,  quantité  de  do- 
cuments. Ces  deux  endroits  ne  marquent 
plus  la  place  de  leurs  couvents,  et  églises 
de  couvents,  que  par  des  ruines.  Qiie  sont 
devenues  leurs  archives  ? 

Que  sont  devenues  les  archives  de  la 
Colombe,  autre  abbaye  du  bas  Berry  sou- 
vent citée  par  Dom  Fonteneau,  et  qui  fut 
le  lieu  de  sépulture  des  la  Trén:oïle  pen- 
dant la  seconde  moitié  du  xiv^  siècle .? 
En  ce  qui  concerne  les  chartes  de  cette 
dernière  abbaye,  je  puis  affirmer  qu'il 
n'en  existe  rien  aux  Archives  départe- 
mentales de  l'Indre  et  de  la  Vienne...  les 
deux  départements  qui  auraient  dû,  par 
la  position  de  la  dite  ancienne  abbaye,  en 
recueillir  les  registres,  papiers  et  par- 
chemins, ou  du  moins  ce  qu'il  en  est 
resté.  M.  A.  B. 

Le  N5ir,  lieutenant  de  police 
(XLVII  ;  XLVIIl;  L,  247,  362,  683).  — 
Une  famille  Le  Noir  résidait  au  Maine  au 
xvni*  siècle.  Plusieurs  branches  :  Le  Noir 
de  la  Cochetière,  Le  Noir  du  Ruisseau,  Le 
Noir  des  Ormicaux  résidaient  au  pays  flé- 
chois.  L'une  d'elles.  Le  Noir  de  la  Coche- 
tière, existe  encore. 

Louis  Calendini. 

Claude  de  Ramesay  (XLIX,  562). 
—  Notre  collaborateur  La  Guérie  a  fait 
parvenir  à  l'auteur  de  la  question  des  notes 
sur  cette  famille. 

Camille  Ssldsn,  livre  sur  Heeri 
Heine  (L,  498,  585).  —  Par  hasard,  je 
lis  dans  \t  Journal  de  Méd.  de  Paris  (1904, 
p.  463)  : 

La  noble  et  pâle  figure  d'une  oubliée, 
victime  de  son  attachement  à  l'égoïsme 
d'un  universitaire  avide  de  réputation,  se 
précisa  :  Camille  Selden,  le  maître  inconnu, 
l'inspirateur  et  le  créateur  de  Henri  Taine, 


N  1059. 


L'INTERMÉDIAIRE 


819 


820 


revécut   de  cette  vie  qu'ont  les  morts,  vic- 
times de  l'injustice  des  hommes... 

Donc,  après  Henri  Heine,  Henri  Taine! 
Celte  pauvre  Camille  était  vouée  aux 
«  Henri  »,  à  noms  propres  se  terminant 
en  «  Aine  ou  Eine  !  »  —  Rien  d'étonnant 
qu'elle  ait  été  douée  de  télépathie  (voir 
notre  Mémoire),  et  tout  s'explique  dès 
lors.  Marcel  Baudouin. 

Famillô  Tanaille  (XLVIII  ;  XLIX, 
29,  124,  240,  365).  —  Ms'-  de  Beaumont 
était  fils  de  François  de  Beaumont,  sei- 
gneur du  Repaire, mort  en  1770,  et  de  Ma- 
rie-Anne de  Lostanges,sa  seconde  femme. 
Cette  maison  de  Beaumont  qui  s'est  divi- 
sée en  plusieurs  branches,  parmi  lesquel- 
les celles  du  Dauphiné,  des  Adrets,  du 
Repaire,  d'Aulichamp,  etc,_  porte  pour 
armes  :  degneide-,^  à  La  fasce d'argent,  char- 
gée de  ^  fleurs  de  lis  du  même,  et  elle  n'a 
rien  de  commun  avec  la  famille  Tenaille. 
Le  vicomte  de  Bonald. 

Un  livre  et  une  héroïne  retrou- 
vés (L,  661,  760).  —Si  notre  collabora- 
teur M.  R.pose  de  mémoire  une  question 
incidente  au  sujet  d'un  collier  d'Ordre,  je 
pense  qu'il  a  le  souvenir  du  collier  de 
l'Ordre  de  N.-D.  du  Mont-Carmcl  et  de 
Saint-Lazare.J'ai  sous  les  yeux,  en  ce  mo- 
ment, un  collier  de  cet  Ordre  ;  il  y  a  bien 
le  monogramme  de  la  Vierge  :  M.  A.  en- 
trelacés. Ce  collier  est  un  peu  comme  un 
chapelet  :  cinq  grains  en  acier  bruni,  le 
monogramme  en  question  doré, cinq  grains, 
deux  palmes  émail  vert  en  sautoir,  cinq 
grains  etc.,  ainsi  de  suite. 

La  CoussiÈRE. 


Pour  répondre  à  la  question  relative  au 
collier  de  l'ordre  du  Saint-Esprit,  je  copie 
ici  quelques  lignes  trouvées  dans  Duclos 
(Morceaux  historiques)  : 

Les  ornements  ducollier(du  Saint-Esprit) 
étaient  les  monogrammes  de  Marguerite  et 
de  Henri,  séparés  alternativement  par  un 
autre  monogramme  symbolique,  composé 
d'un  ahi  et  d'un  delta  joints  ensemble,  aux- 
quels on  faisait  signifier  fidelta  pour  fedelta 
en  italien  et  fidélité  en  français,  Henri  l'V 
instruit  de  ce  mystère  changea  le  collier 
et  remplaça  par  des  trophées  d'armes  le 
monogramme  symbolique. 

P.  TONNEL. 


Le  cri  des  rues  de  Paris  (T.  G., 

249).  —  Le  Bulletin  du  Bibliophile,  15 
novembre  1904,  contient  une  très  com- 
plète et  très  curieuse  bibliographie  de 
tous  les  ouvrages  qui,  anciens  ou  moder- 
nes, traitent  des  cris  de  Paris.  L'auteur, 
M.  le  vicomte  de  Savigny  de  Moncorps, 
dans  une  suite,  décrira,  avec  la  même 
exactitude,  les  estampes  sur  ce  sujet. 

Cette  première  partie  se  termine  sur 
cette  observation  mélancolique,  si  juste  : 

I£n  l'an  de  grâce  1904,  nous  n'avons  donc 
plus  qu'une  vingtaine  de  petits  métiers,  au 
lieu  de  cent  dessinés  par  Carie  Vernet,  sous  la 
Restauration.  Depuis  cette  époque,  Paris  a  été 
métamorphosé  ;  mais  s'il  a  beaucoup  gagné 
en  embellissements  de  toutes  sortes, il  a  perdu 
énormément  de  son  côté  pittoresque  et  il  a 
fallu  dire  adieu  aux  jouets  de  la  rue,  aux 
vêtements  bariolés,  aux  musiciens  cambrio- 
leurs, aux  dentistes  en  plein  air,  aux  acrobates 
des  carrefours,  à  Fanchon  la  vielleuse,  aux 
marmottes  du  petit  Savoyard,  etc.,  etc. 


Histoire   de   la  Restauration  (L, 

672)-  —  Selon  Barbier  :  Dictionnaire  des 
ouvrages  anonymes,  11,  709,  c'est  indûment 
qu'on  a  attribué  dans  le  public  cet  ou- 
vrage à  Armand  Malitourne,  comm 
l'ayant  rédigé  sous  la  direction  du  duc 
Decazes,  ancien  ministre  de  Louis  XVllI. 
La  seconde  édition  et  les  suivantes  portent 
le  nom  de  l'auteur  :  }ean-Baptiste  Honoré- 
Raymond  Capefigue.       Th.Courtaux. 


Littres  sur  le  Salon  de  1834  (L, 

279,  647).  —  Indépendamment  des  indi- 
cations données  par  M.  Ulrich  R.-D., 
M.  Anatole  de  Montaiglon,  dans  son 
Bssai  de  bibliographie  des  livrets  et  des  cri- 
tiques de  Salons  depuis  lôy:^  jusqu'en  i8jl, 
donne  le  renseignement  suivant  : 

Hilaire  L.  Sazerac.  Lettres  sur  le  salon  de 
1834  avec  cette  épigraphe  :  La  vérité  avant 
tout.  A  Paris,  chez  Delaunay  libraire,  1834 
in-8°  de  500  p.  et  6  de  table  avec  7  litho- 
graphies. En  avant  du  titre  imprimé  il  s'en 
trouve  un  premier  lithog.  avec  le  nom  de 
l'auteur,  son  adresse  et  celle  d'Engelmann. 

Ch.  Rev. 


* 
*  * 


Je  crois  qu'il  n'y  a  eu  que  deux  Salons 
des  refusés  :  en  1863  et  en  1864.  J'ai  vu 
celui  de  1863,  qui  occupait  les  salles  du 
sud-ouest  du  Palais  de  l'Industrie. 

Le  catalogue  forme  80  pages,  y  compris 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Novembre  1904, 


821 


822 


12  de  supplément  et  avait  été  publié  par 
les  Bemix-Arts,  revue  de  V Arl  ancien  et 
moderne  dont  les  bureaux  étaient  rue  Ta- 
ranne,  19.  781  ouvrages  avaient  été  expo- 
sés, j'y  relève  les  noms  de  Berne-Belle- 
cour,'  Bracquemond,  Chintreuil,  Fantin- 
Latour,  qui  avait  exposé  une  féerie  et  un 
portrait,  Harpignies,  Lansyer,  Jean-Paul 
Laurens,  Manet  et  Vollon. 

Les  membres  du  Comité  étaient  :  Chin- 
treuil,  Jean  Desbrosses,  Desbrosses  P. 
Félix  Dupuis,  Frederick  Juncker,  Lapos- 
tolet,  Levé  et  Jules  Pelletier. 

Les  membres  du  jury  du  salon  officiel 
se  trouvent  à  la  page  xxiii  du  catalogue 
officiel.  J'y  relève  les  noms  de  :  Brascassat, 
Léon  Cogniet,  Eugène  Delacroix,  Hippo- 
lyte  Flandrm  et  Meissonier. 

je  lis  dans  la  Chronique  des  arts  et  de  la 
curiosité,  année  1864,  page  138,  les  lignes 
suivantes  : 

Enfin  l'exposition  des  refusés  occupe,  comme 
l'an  dernier,  deux  longues  galeries,  mais  elle 
est  loin  de  les  remplir.  L'indulgence  du  jury 
a  rendu  cette  mesure  inutile,  sinon  dange- 
reuse. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  eu  de  cata- 
logue pour  cette  deuxième  année  ;  je  l'ai 
vainement  cherché  dans  la  Bibliographie 
de  la  France  ;  ainsi  du  reste  que  celui  de 
l'année  1863,  qui  n'a  sans  doute  pas  été 
déposé.  GoMBOUST. 

Livre  des  poinçons  (L,  673).  — 
Voici  plusieurs  ouvrages  français  qui  ten- 
dent au  même  but  que  le  livre  anglais 
Old  French  Plate^  mentionné  par  M  .  L.  C. 

Monfiaic,  médailles  et  bijoux.  Essai  et 
contrôle  des  ouvrages  d'or  et  d'argent,  par 
A.  Riche,  directeur  des  essais  à  la  Mon- 
naie... avec  figures  intercalées  dans  le 
texte.  Paris,  librairie  J.  B,  Baillière  et  fils, 
1889,  I  vol.  in-i6  de  396  pages.  Ce  vo- 
lume renferme  261  figures  de  poinçons 
français  et  -i  1 1  de  poinçons  étrangers. 

Dictionnaire  des  poinçons.^  symboles,  si- 
gnes figuratifs,  marques  et  monogrammes 
des  orfèvres  frayiçais  et  étrangers,  fermiers 
crénéraux,  maîtres  des  monnaies,  contrôlews, 
vérificateurs,  etc.,  par  Ris-Paquot.  Paris, 
librau'ie  Renouard,  Henri  Laurens,  édi- 
teur. 6,  rue  Tournon,  1890.  i  vol.  in-8° 
écu  de  2  ff.  4-  vni  -4-384  pages. 

La  Garantie  pançaise  et  ses  poinçons  de 
1260  à  nos  jours,  par  Paul  de  Cazeneuve, 
contrôleur  chef  de  service  de  la  garantie 


à  Alger.  Alger,  S.  Léon,  éditeur,  rue  de 
Tanger,  15,  1898,  1  vol.  gr.  in-8''  con- 
tenant u  1  grand  nombre  de  planches. 

Outre  ces  ouvrages  français,  mention- 
nons un  excellent  \olume  allemand  qui 
donne  des  figures  de  poinçons  de  tous 
pays.  11  est  intitulé  :  Der  Goldschniede 
Merk:(cichen  20CO  Stempel  aiif  celteren 
Goldsclmiiedearbeiten  in  fac  simile  heraus- 
gegeben  und  erklœrt  von  D""  Marc  Rosen- 
berg,  A.  O.  Professor  an  der  Technischen 
HochschuleKarlsruhe.Frankfurtam  Main, 
Verlag  von  Heinrich  Keller,  1890.  i  vol. 
in-8°  de  x  -j-  582  pages. 

En  échange  de  ces  quelques  renseigne- 
ments que  je  suis  heureux  de  lui  fournir, 
M.  L.  C.  aurait-il  l'obligeance  de  me  don- 
ner le  nom  de  l'auteur  de  l'ouvrage  an- 
glais, Old  French  Plate,  qu'il  mentionne, 
et  de  me  dire  où  et  quand  cet  ouvrage  a 
été  publié  ?  E.  O. 

Biographies  épiscopak-s  moder- 
nes (XLIX,  506,  705,  928  ;  L,  147).  — 
—  U  vient  de  paraître,  chez  le  libraire 
Téqui,  un  ouvrage  posthume  très  inté- 
ressant de  Ms"'  Dupanloup,  intitulé  :  La 
Vie  de  Mz^  Border ies,  évéque  de  Versailles, 
in- 12.  Paul  Pinson. 

Raid  randonnée(L,673.766). — Raid 

est  bien  un  mot  anglais  et  cependant,  en 
effet,  je  ne  le  trouve  pas  non  plus  dans 
un  Dictionnaire,  pourtant  assez  complet, 
celui  de  Spiers.  Son  sens  principal  est 
«  une  course,  ou  incursion  militaire, 
«  exécutée  à  travers  les  lignes  ou  sur  les 
«  derrières  de  l'ennemi  ».  Et,  à  ce  sujet, 
je  serais  porté  à  considérer  le  mot  com- 
me d'origine  américaine,  car  dans  les  ou- 
vrages militaires,  il  apparaît  pour  la  pre- 
mière fois,  il  me  semble,  au  sujet  des 
fameux  «  raids  de  cavalerie  »  du  général 
confédéré  Stuart  sur  les  derrières  des  ar- 
mées fédérales,  au  cours  de  la  guerre  de 
Sécession.  Il  va  de  soi  que,  comme  opéra- 
tion militaire,  le  raid  n'était  exécuté  jus- 
qu'à présent  que  par  des  troupes  mon- 
tées, mais  rien  n'empêcherait  qu'elles  ne 
le  soient  à  bicyclette,  ou  en  automobile, 
par  exemple. 

Le  mot  raid  est  aujourd'hui  employé 
continuellement  par  les  journaux  de  lan- 
gue anglaise  avec  l'acception  de  «  des- 
cente inattendue  »  généralement  de  la  po- 
lice. De  raid,  on  a  fait  raiders,    raiding. 


N«  1059. 


L'INTERMEDIAIRE 


823 


824 


To  raid  a  comitry,  piller  ou   rançonner  un 
pays. 

Je  le  répète,  ce  mot  doit  être  d  impor- 
tation américaine.  S.Churchill. 

Baud  dans  le  Morbihan  (XLIX, 
165,  574;  L,  150,  315,433).  —  Ajouter 
aux  divers  exemples  cités  de  l'emploi  des 
mots  Baud,  bau,  etc.  le  nom  du  Bau  de 
quatre  heures^  montagne  qui  précède  im- 
médiatement le  Faron,  à  droite  de  la 
route  d'OUioules  à  Toulon.     V.  A.  T. 

Les  mots  anglais  introduits  dans 
la  langue  française  (L,6i9). — On  peut 
consulter  à  ce  sujet  un  petit  opuscule  fort  in- 
téressant,intitulé  :  L'anglomanie  dans  le  fran- 
çais et  les  barbarismes  anglais  iisiiés  en 
France^  par  Justin  Améro,  auteur  du  French 
Gibberish.  Paris,  librairie  européenne  de 
Baudry,  sans  date  [1878],  70  pages  in-18 
Jésus.  E.  O. 

Mots  étrangers  entrés  dans  la 
langue  française  avec  un  sens  pé- 
joratif (L,  674).  —  Oui,  la  question  a 
déjà  été  posée  sous  un  titre  un  peu  diffé- 
rent (XXXIV,  429,  657  et  XXXVI,  59)  et 
plusieurs  de  nos  collaborateurs  ont  déjà 
fait  remarquer  que  ce  n'est  pas  toujours 
à  la  langue  la  plus  connue  ou  la  plus  rap- 
prochée de  la  nôtre  qu'il  faut  attribuer 
l'origine  de  certains  mots. 

S'il  était  permis  cependant  d'étendre 
cette  question  aux  mots  d'argot,  je  citerais 
le  mot  gouape  qui  vient  peut-être  de  l'Es- 
pagne. Or,  chez  nos  voisins,  les  mots 
guapo  et  gitapa  sont  des  plus  élégants  et 
qualifient  la  beauté  la  plus  épanouie  ou  la 
vaillance.  Rolin  Poète. 

L'origine  des  mots  «  chic  ?>  et 
«mic-mac»  (T.  G.  204,  588;L,  312,434, 
482,  Ç36,  594,  647,7(32).  —  Je  fais  amende 
honorable  en  confessant  que  j'ai  nié  trop 
légèrement  la  présence  du  mot  mic-mac 
dans  le  Dictionnaire  de  Littré.  Je  m'ex- 
plique mal  d'avoir  pu  faire  si  négligem- 
ment cette  vérification. 

Quant  au  mot  chic,  en  dépit  de  l'arti- 
cle du  Figaro  inséré  dans  \  Intermédiaire 
du  30  octobre,  la  discussion  n'est  pas  en- 
core épuisée. 

Dans  le  vers  de  Schiller  cité,  le  mot 
allemand  scbick  n'a  pas  tout  à  fait  la 
signification  de  notre   mot  chic,    que  lui 


prête  l'auteur.  Il  signifie  plutôt  aptitude, 
dextérité. 

La  pièce  où  figure  ce  vers  a  paru  en 
1799. 

Le  mot  de  Schiller  ne  remonte  donc 
pas  nécessairement  à  la  guerre  de  Trente 
Ans,  comme  les  personnages  du   drame. 

Notre  mot  chic,  par  contre,  est  d'un 
type  si  français  qu'il  est  bien  permis  de 
contester  son  origine  allemande.  Il  y  a 
plus:  les  Allemands  modernes  nous  ont 
emprunté  le  mot  avec  son  sens  actuel,  en 
l'orthographiant  à  la  française. 

Quant  à  l'étymologie  réelle,  elle  reste 
obscure.  Si  l'on  s'est  à  peu  près  accordé 
à  la  faire  dériver  de  chicane,  ce  qui  sem- 
ble légitime,  puisque  les  deux  mots  ont 
le  radical  identique,  et  que  les  citations 
qu'en  a  faites  C.  Roche  prouvent  que  le 
mot  chic  était  déjà  usité  du  temps  de 
Louis  Xlll,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que 
c'est  une  étymologie  selon  la  lettre,  et 
non  selon  l'esprit.  En  effet,  dans  les  cita- 
tions susdites,  le  mot  chic  n'est  autre 
chose  qu'une  abréviation  de  chicane,  avec 
le  même  sens.  Or,  qu'a  de  commun  la 
chicane  avec  la  signification  actuelle  du 
chic  ? 

Par  chic,  nous  entendons  une  certaine 
grâce  d'état,  une  certaine  performance 
professionnelle,  qui  n'a  rien  de  commun 
avec  la  chicane. 

Un  écuyer  a  du  chic  à  cheval,  une 
femme  porte  une  toilette  chic,  un  avocat 
même  peut  avoir  du  chic,  en  plaidant 
spirituellement,  mais  il  ne  le  devra  pas  à 
la  chicane. 

En  résumé,  le  mot  chic,  dans  son 
acception  actuelle,  m'apparait  comme  un 
néologisme  moderne  qui  remonte  tout  au 
plus  à  la  monarchie  de  Juillet. 

LÉON  Sylvestre. 

Le  vent  d'autan  (L,  733).  — 
Littré  dit  que  ce  mot  provençal  vient 
de  <<  altanus  »  qui  signifie  vent  delà  terre, 
vent  de  la  haute  mer  et  vent  du  sud- 
ouest,  sans  doute  de  <<  altus  »  haut,  soit 
que  l'on  considère  la  terre  qui  est  plus 
haute  que  la  mer,  soit  que  l'on  considère 
la  mer   qui    se  disait  en  latin  «  altum  ». 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  semble  que  puis- 
que s<  autan  »  veut  dire  «  vent  du  sud- 
ouest  »,  comme  «  aquilon  »  veut  dire 
«  vent  du  nord  »,  c'est  une  faute  de  dire 
«  vent  d'autan  »  ;  il  suffit  de  dire  Tautan, 


ÔÊS   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Novembre  1904. 


825 


826 


comme  on  dit  l'aquilon  ».  Mais  les  méri- 
dionaux ne  sont  avares  ni  de  gestes,  ni  de 
mots. 

Vi.ctor  Hugo  a  dit  : 

Qu'importe  à  l'heureux  solitaire 
Que  l'autan  dévaste  la  terre... 

Odes,  4,  2. 
Le  vicomte  de  Bokald. 


* 


«  Vent  du  midi  »,  d'après  le  Diction- 
naire de  l'Académie. 

11  vient,  sur  le  continent,  de  la  haute 
mer,  d'où  sa  dénomination. 

J'ajoute  que  ce  n'est  pas  toujours  du 
midi  proprement  dit  qu'il  souffle,  mais  du 
sud-ouest. 

Ainsi,  je  me  souviens  d'avoir  vu  à  Cas- 
tres (Tarn),  toute  une  rangée  de  platanes 
adultes  dont  les  troncs  étaient  uniformé- 
ment penchés  de  l'ouest  à  l'est,  parce 
qu'on  appelait,  m'a-t-on  dit,  le  «  vent 
d'autan  »,  qui  soufflait  du  golfe  de  Gas- 
cogne. 

Le  Dictionnaire  de  l'Académie  dit 
encore  «  qu'autan  ne  s'emploie  guère 
qu'en  poésie,  pour  signifier  un  vent  vio- 
lent ». 

C'est,  sans  doute,  en  ce  sens,  que, dans 
la  Chute  des  feuilles^  Mille  voye,  qui  était 
d'Abbeville,  a  écrit,  au  moins  pour  l'une 
des  variantes  de  cette  élégie  : 

...  De  leur  froide  haleine, 

M'ont  touché  les  sombres  autans  ; 

Et  Victor  Hugo,  dans  ses  Odes  ei  Bal- 
lades : 

Qu'importe  à  l'heureux  solitaire 

Que  l'autan  dévaste  la  terre, 
S'il  ne  fait  qu'agiter  ses  bois? 

On  peut  se  rendre  compte  du  même 
phénomène  pour  les  platanes  de  l'avenue 
Feuchères,  à  Nimes,  inclinés  vers  le  midi, 
sous  l'action  des  vents  du  nord,  qui  sont, 
là-bas,  d'une  force  irrésistible. 

L.  DE  Leiris. 

*■  * 
Le  mot  autan  se  trouve  dans  Littré^qui 
le  définit  comme  suit  :  «  1°  Vent  du  midi. 
2°  En  poésie,  un  vent   violent.   » 

Qu'importe  à  l'heureux  solitaire 
Que  l'autan  dévaste  la  terre 
S'il  ne  fait  qu'agiter  ses  bois. 

(Vict.  Hugo  Odes,  IV,  2). 

«  Etymologie  :  Provençal  :  autan  ;  de 
«  altanus,  qui  signifie  vent   de  la   terre, 


«  vent  de  la  mer,  et  vent  du  sud-ouest. 
<•<  Sans  doute  de  altus,  haut  soit  que  l'on 
«  considère  la  terre  qui  est  plus  haute 
«  que  la  mer,  soit  que  l'on  considère  la 
«  mer  qui  se  disait  en  latin  altuni.  » 

V.A.T. 


*  * 


Autan  vient  évidemment  du  latin  alta- 
nus, de  la  haute  mer.  Allâmes,  dit  Du- 
cange,  flatiis  qui  in  alto  est,  id  est  in  pelago. 
On  prononçait  aiitanus.  Dans  les  chartes 
françaises  du  xiii*  siècle,  on  trouve  l'ar- 
ticle contracté  aux  écrit  als  et  même  as  ; 
on  prononçait  aux.  De  Maistre  Albert  n'a- 
t-on  pas  fait  Malbert  qu'on  prononçait 
Maubert  (place  Maubert  actuelle)  t 

Le  vent  d'autan  et  la  Montagne  Noire 
où  ce  vent  sévit  avec  une  intensité  parti- 
culière ont  été  célébrés  dans  la  strophe 
suivante  par  l'excellent  poète  Sorézien 
Edmond  Py,  dans  l'ode  de  ses  Antiques  et 
Contemporaines,  intitulée  Les  deux  tom- 
beaux de  la  Montagne  Noire,  Pans,  in- 18, 
1868,  p.  157  : 

Des  antres  sont  béants  sur  ses  yolcans  éteints 
Des  vents  du  sud,  chargés  du  bruit  des   flots  latins. 

Sans  cesse  labourent  sa  crête 
Et  l'arbre,  par  les  pieds  au  sol  noir  attaché. 
Vers  le  nord  tend  les  bras,  suppliant  et  penché. 

Sous  cette  fréquente  tempèle. 

Th.  Courtaux, 

Coqueluche  (L,  564,655,711,763). 
—  Ma  dernière  note  sur  la  coqueluche 
devient  parfaitement  ■  incompréhensible, 
par  suite  des  fautes  typographiques  nom- 
breuses, qui  ont  échappé  au  correcteur  ; 
je  dois  déclarer  d'ailleurs  que  je  n'ai  pas 
corrigé  ces  épreuves.  Mais  je  pense  que  le 
lecteur  pourra  faire  les  rectifications  né- 
cessaires, sans  que  je  sois  obligé  de  réédi- 
ter mon  affaire  de  Rébus  !  Je  me  borne  à 
ajouter  qu'il  faut  lire  :  kok^  gosier  (et  non 
pas  :  gonir)  ^  «  dériverait  »  au  lieu  de 
«  dérivait.  » 

Je  dois  déclarer,  en  outre,  pour  expli- 
quer ma  dernière  phrase,  que  j'avais 
adressé  d'abord  une  autre  réponse,  qui 
n'a  pas  encore  été  insérée,  sur  les  débats 
des  épidémies  de  coqueluche  en  France 
et  sur  l'étymologie  du  mot.  J'y  faisais  la 
même  réflexion  que  M.  E.  Grave,  et  par- 
lais, en  médecin,  du  <s  chant  du  coq  ;  » 
Je  terminais  par  ces  mots  :  «  11  y  a  du 
coq  en  cette  affaire  !  » 

D»"  Marcel  Baudouin. 


N.  1059. 


L^INTERMÉDIAIRÊ 


827 


828 


Haricots  et  fayots  (XLV  à  XLVIII). 
—  11  me  semble  que  les  opinions  soute- 
nues ici  même  en  1902  sont  fortement 
battues  en  brèche  par  deux  savants  mé- 
moires, parus  en  1903  sur  cette  question, 
mémoires  qu'on  n'a  pas  encore  mention- 
nés ici,  à  ce  qu'il  me  semble.  Le  premier 
estune  communication  deM.M.  Wittmack 
au  Congrès  des  Aincricanistes  à  Berlin  et 
intitulé:  Die  Nui{pflan:^en  dei  alten  Periia- 
ner  ;  et  le  second  une  notice  présentée  au 
Congrès  de  Tafas.  à  Angers,  ayant  pour 
titre  :  De  l'origine  américaine  du  Phaseolns 
vulgaris,  due  à  M.  le  comte  de  Cliarencey 
(de  Paris).  D'après  ces  deux  travaux,  le 
haricot  n'aurait  apparu  en  France  qu'au 
xv^  siècle  et  serait  originaire  de  1  Amé 
rique  du  Sud, et  par  suite  du  Pérou,  plus 
particulièrement. 

En  présence  de  ces  affirmations,  que 
deviennent  les  hypothèses  sur  les  étymo- 
logies  grecque,  celtique  ou  autres,  des 
mots '.Haricots,  fayots,  niJnjettes.^monjettes, 
etc., etc.  .?  -  Nous  serions  très  heureux  de 


le  savoir. 


Marcel  Baudouin. 


Les  salières  en  céranriique  ita- 
lienne (L,  446^  —  Cette  note  est  très 
intéressante.  En  fait  de  travaux  spéciaux 
sur  le  service  de  table  en  Italie  dans  les 
vieux  temps,  je  ne  connais  qu'un  très 
érudit  travail  de  M.  Lombroso  sur  la 
fourchette.  Je  n'ai  jamais  rien  lu  sur  les 
salières  en  majolique.  )e  sais  seulement 
qu'elles  sont  maintenant  très  recherchées 
en  raison  de  leur  rareté.  La  réunion  la 
plus  importante  a  été  formée  à  Florence 
par  M.  E.  Gerspach. 

Elle  comprend  plus  de  cent  pièces  en 
usage  soit  sur  le.s  tables  modestes  du 
peuple,  soit  sur  celles  des  patriciens. 

G.  UziELLI. 

Le  serment  maçonnique  (L,  498, 
681,  747).  —  Le  serment  maçonnique  ainsi 
que  les  questions  du  vénérable  et  les  ré- 
ponses du  récipiendaire  sont  peut-être  se- 
crètes. Mais  ainsi  que  pour  les  mots  sa- 
crés, la  divulgation  en  a  eu  lieu  quelque- 
fois. 

Je  rédige  en  ce  moment  le  catalogue  de 
la  bibliothèque  franc-maçonnique  d'un 
vénérable  de  loge,  31=  degré  de  la  maç.". 
ecos.'.  anc".  accept.-.  —  Dans  cette  bi- 
bliothèque figure  une  grande  quantité  de 
manuscrits  et  de   rituels  imprimés  aux- 


quels tous  les  serments  et  mots  sacrés 
sont  ajoutés  manuscritement  lorsqu'ils 
manquent. 

Tous  les  papiers,  correspondances,  dis- 
cours, ordres  du  jour,  convocations,  de- 
mandes de  renseignements  sur  les  pro- 
fanes ainsi  que  les  réponses  à  ces  questions 
y  figurent. 

En  résumé,  tout  ce  qui  peut  faire  con- 
naître les  secrets  de  la  Fr.  Maç.  se 
trouve  dans  cette  bibliothèque. 

L.  D. 

Casserole  (L,  734).  —  L'origine  de 
la  signification  actuelle  de  ce  mot  ne  re- 
monte guère  à  plus  d'un  demi  siècle 

Primitivement,  il  ne  s'appliquait  qu'aux 
femmes  apportant  des  dénonciations  à  la 
police,  mais,  depuis  quelques  années,  il 
est  devenu  fort  à  la  mode  en  matière  de 
dénonciations  politiques, et  il  semble  vou- 
loir remplacer  le  mot  mouchard,  qui  lui- 
même  a  succédé  à  la  mouche,  surnom 
donné  par  le  peuple  aux  agents  que  de 
Mouchy,  l'un  des  juges  d'Antoine  Du- 
bourg,  employait  pour  connaître  les  opi- 
nions religieuses  des  citoyens  de  l'épo- 
que 

Maintenant,  d'où  vient  l'emploi  spécial 
du  mot  «  casserole  »  .?  On  peut,  à  mon 
avis,  l'expliquer  ainsi  : 

En  ce  qui  concerne  la  délation,  l'argot 
fait  un  usage  considérable  de  termes  de 
cuisine  et  d'alimentation. 

Ainsi,  par  exemple,  le  verbe  casser  qui 
signifie  manger  (casser  une  croûte), signi- 
fie aussi  dénoncer,  dénigrer  (casser  du 
sucre).  C'est  donc  probablement  de  là  que 
vient  le  mot  casserole. 

D'autre  part,  dans  le  monde  des  vo- 
leurs, le  dénonciateur  était  connu  autre- 
fois sous  le  nom  de  coqueiir,  de  l'ancien 
mot  tro,/ (cuisinier) .  Aujourd'hui  on  l'appelle 
«  bourrique,  vache,  mouton  »,  etc. 

Puis,  ce  fut  l'agent  de  police  que  l'on 
désigna  sous  le  terme  générique  de  cuisi- 
nier, et  la  police,  sous  celui  de  cuisine. 

Quant  à  l'inculpé  qui  sans  être  vérita- 
blement un  délateur,  finit  par  avouer  ses 
méfaits  et  par  désigner  ses  complices,  on 
dit,  dans  la  langue  verte,  qu'il  se  met  à 
table,  mange  le  morceau,  mange  la  galette, 
mange  sur  l'orgue  (aveux  mêlés  de  chan- 
tage).ma«^e  son  niè^e  (dénonce  son  com- 
plice) etc. 

En  définitive,  on  peut  donc  résumer  à 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Novembre  1904» 


-    829 


850 


peu  près  comme  suit  la  genèse   du  mot  : 

La  cuisine,  c'est  la  police. 

Le  cuisinier,  c'est  l'agent  de  police.' 

Dans  toute  cuisine,  il  y  a  un  récipient 
indispensable  :  la  casserole,  c'est-à  dire 
en  T'espèce,  le  délateur  qui  fournit  à  la 
police  des  renseignements  qu'il  se  pro- 
cure en  abusant  de  la  confiance  de  ses 
amis. 

Quand  la  cuisine  est  terminée,  l'inculpé 
qui  avait  été  amené  dans  le  panier  à 
salade  (mot  dont  l'explication  assez  peu 
connue  est  délicate),  l'inculpé,  dis-je,  se 
met  à  table,  puis,  mange  le  morceau,,  en 
attendant  le  moment  de  passer  devant  la 
Cour  d'assises  où  il  pourra  encore  man- 
ger, puisque  le  banc  des  accusés  s'appelle 
la  planche  à  pain. 

Peut-être  ces  explications  paraîtront- 
elles  fantaisistes.  On  reconnaîtra  cepen- 
dant qu'elles  ne  sont  pas  invraisemblables, 
étant  donné  l'enchaînement  des  mots  et 
des  expressions.         Eugène  Grécourt. 


otis,   i'rouuailîes  ti    (^wxmxih 


Voltaire  requérant  une  lettre  de 
cachet.  —  Après  deux  tentatives  in- 
fructueuses, le  9  mai  1746,  Voltaire  fut 
admis  à  l'Académie. Les  démarches  avaient 
été  pénibles,  les  pourparlers  compliqués. 
En  fin  de  compte,  Voltaire  fit  le  voyage 
de  Canossa  :  à  la  suite  de  sa  lettre  au 
P.  de  la  Tour,  la  réconciliation  était  faite 
avec  la  Congrégation. 

Certes, son  amour-propre  avait  dû  souf- 
frir et  au  lendemain  de  son  élection,  sa 
nervosité  devait  être  extrême,  sa  suscep- 
tibilité excessive. 

Ses  adversaires  n'avaient  admis  ni  paix 
ni  trêve.  Batteux,  dans  le  journal  de 
Fréron,  accueillit  son  discours  de  récep- 
tion avec  des  critiques  acerbes  et  deux 
anciens  pamphlets  remis  en  circulation, 
«  Le  discours  prononcé  à  la  porte  de 
l'académie  par  le  Directeur  à  M*'*  »  et 
«  Le  Triomphe  poétique  »,  pamphlets 
d'ailleurs  médiocres,  poussèrent  son  exas- 
pération au  paroxysme.  La  valeur  litté- 
raire de  Voltaire  aurait  dû  être  au-dessus 
de  semblables  vexations  et  l'insignifiance 
des  attaques  était  faite  pour  calmer  sa 
susceptibilité.  Gcnus  irritabile  vates.  Vol- 
taire entra  en  fureur  et  ne  trouva  à  se 
mettre  sous  la  dent  qu'un  malheureux 
danseur  de  l'opéra.  Son  histoire  avec  Tra- 


vencl  citée  un  peu  partout  n'est  mise   à 
jour  nulle  part. 

Dernièrement,  dans  la  bibliothèque  de 
Mlle  Chasles,  qui  possède  la  plus  belle  et 
la  plus  complète  collection  qu'on  puisse 
trouver  sur  la  danse,  et  qui  en  connaît 
admirablement  toutes  les  richesses,  je  mis 
la  main  sur  les  mémoires  échangés  en 
1746,  entre  Travenol  et  Voltaire. 

Ces  pièces  valent  la  peine  d'être  ana- 
lysées, et  j'avoue  que  ce  n'est  pas  sans 
un  malin  plaisir  que  je  pris  le  défenseur 
de  Calas  et  de  Damiens  en  flagrant  délit 
d'abub  de  pouvoir,  appliquant  avec  féro- 
cité, pour  son  compte  personnel,  les  lois 
dont  il  devait  faire  une  critique  souvent 
injuste.  A  notre  tour,  ne  soyons  pas  trop 
sévères,  Thurnanité  tourne  toujours  la 
même  roue. 

Ayant  appris  la  vente  des  deux  pam- 
phlets. Voltaire  entra  dans  une  fureur 
homérique  ;  grâce  à  son  crédit,  il  com- 
mence par  faire  enfermer  à  Bicêtre,  un 
pauvre  diable  de  colporteur  nommé  Fa- 
lizot  ;  terrorisé,  le  malheureux  prison- 
nier, pour  obtenir  une  atténuation  de  sa 
peine,  dénonça  le  sieur  Louis  Travenol 
fils,  violon  à  l'Opéra,  comme  détenteur 
des  libelles. 

Aussitôt  Voltaire  se  plaint  à  l'Académie 
et  finit  par  obtenir,  à  force  d'instances, 
qu'une  démarche  soit  faite  auprès  du  Roi, 
qui  signa  l'ordre  d'arrestation  uu  facé- 
tieux musicien. 

Pour  un  scandale  que  Voltaire  jugeait 
immense,  il  voulut  une  réparation  écla- 
tante. 11  :  émit  donc  à  l'exempt  la  Vergée, 
l'ordre  dont  il  était  pourvu,  et  le  7  juin 
1746,  une  bande  d'archers  cerna  le  logis 
de  l'infortuné  Travenol,  rue  du  Bacq  au 
coin  de  celle  de  Grenelle,  s'apprêtant  à 
en  faire  le  siège  ;  n'ayant  pas  trouvé  de» 
résistance  et  pour  cause,  les  archers  pé- 
nétrèrent dans  l'antre  de  la  calomnie. 
Après  avoir  bien  cherché,  ils  ne  décou- 
vrirent pas  l'inculpé  ;  au  moment  de  se 
retirer  après  avoir  fait  buisson  creux,  ils 
trouvèrent  enfin,  tremblant  de  tout  ce 
tapage,  un  pauvre  vieux  de  quatre-vingts 
ans,  muet  de  frayeur.  Sans  autre  forme 
de  procès,  ils  l'appréhendent,  le  con- 
duisent au  Fort  l'Evêque  et  le  mettent  au 
secret  :  à  défaut  du  fils  ils  avaient  em- 
prisonné le  père,  Antoine  Travenol,  an- 
cien danseur  de  l'Opéra.  L'affaire  fit  du 
bruit,    l'illégalité    de    l'arrestation    était 


N»  1059. 


L'INTERMÉDIAIRE 


831 


852 


vraiment  excessive,  et  après  cinq  jours 
de  détention,  on  invita  le  maliieureux 
danseur  à  aller  se  faire  pendre  ailleurs. 

Encore  sous  l'impression  de  la  terreur, 
l'infortuné  Travenol,  sorti  de  prison,  va 
supplier  Voltaire  de  cesser  ses  poursuites 
contre  son  fils  promettant,  de  son  côté, 
de  ne  pas  porter  plainte  au  sujet  de  son 
arrestation  arbitraire.  Le  'compromis  fut 
passé  ainsi  que  cela  ressort  des  versions 
des  adversaires  ;  Voltaire  prend  la  pose 
d'un  roi  qui  pardonne  et  Travenol  celui 
d'un  père  qui  implore. 

La  paix  n'était  pas  sincère  ;  dès  le 
17  août,  sans  articuler  de  faits  nouveaux, 
Voltaire  présente  requête  au  lieutenant  de 
police,  sous  prétexte  que  le  7  juin  le 
commissaire  la  Vergée  a  trouvé  plusieurs 
exemplaires  des  libelles  dans  la  maison 
des  Travenol.  Le  24  août,  nouvelle  re- 
quête, mais  cette  fois,  elle  est  adressée 
au  lieutenant  criminel. 

La  paix  étant  rompue,  en  possession 
de  tous  ses  droits,  Antoine  Travenol 
porte  plainte  contre  Voltaire  dont  la  dé- 
fense semble  fort  embarrassée  ;  ses  ex- 
plications sont  inexactes  et  pitoyables. 
Il  prétend  avoir  ignoré  l'arrestation  du 
père  Travenol,  dont  il  n'aurait  eu  con- 
naissance que  cinq  jours  plus  tard,  par 
l'abbé  d'Olivet  ;  il  insinue,  à  tort,  que 
l'incarcération  du  vieux  danseur  n'était 
pas  motivée  par  son  affaire,  mais  par 
d'autres  écrits  concernant  la  religion. 
Après  une  réponse  des  inculpés  et  une 
lettre  de  l'abbé  d'Olivet  à  son  frère,  con- 
seiller au  parlement  de  Besançon,  l'affaire 
parut  enfm  devant  la  justice. 

M^  Manoury,  défenseur  des  Travenol, 
plaida  avec  verve  et  malmena  fort  con- 
gruement  le  grand  écrivain  trop  irascible, 
En  fait,  les  écrits  n'étaient  pas  de  Trave- 
•nol  ;  ils  n'étaient  pas  injurieux  ;  le 
«  Triomphe  poétique  »  avait  paru  il  y 
avait  plus  de  dix  ans,  dans  les  recueils 
nommés  Calottes  ;  quant  au  discours  il 
avait  paru  en  1743,  alors  que  Voltaire 
n'était  pas  encore  académicien.  C'était 
donc  le  candidat  qui  était  visé,  et  non 
pas  un  membre  du  docte  corps.  L'Aca- 
démie n'avait  donc  rien  à  voir  à  cette  af- 
faire. 

Quant  à  l'arrestation  arbitraire.  M*"  iVla- 
noury  s'en  sortit  avec  esprit,  et  certes 
ce  jour-là.  les  rieurs  ne  furent  pas  du 
côté  de  Voltaire.    Les  juges    non    plus, 


car  le  verdict  porte  «  que  le  sieur  Arrouet 
de  Voltaire  est  condamné  à  6.000  francs 
de  dommages  et  intérêts  et  aux  dépens, 
sauf  au  sieur  Travenol  de  se  pourvoir  pour 
les  voies  de  droit,  pour  obtenir  la  radia- 
tion de  son  écrou.  i,  J.  G.  Bord. 


Un  tour  de  force  do  construction 
navale.  —  Nous  lisons  dans  la  Galette 
de  1679  (n°  101): 

De  Marseille  le  28  octobre  1679, 

Le  marquis  de  Seignelay,  secrétaire  d'Etat, 
était  arrivé  à  l'arsenal  de  Marseille  à  six 
heures  du  matin.  A  peine  y  fut-il  entré  que 
le  sieut  Brodart,  intendant  général  des  ga- 
lères, fit  paraître  d'un  coup  de  siftlet  800  ou- 
vriers qui  commencèrent  à  bâtir  une  galère, 
ils  étaient  de  plusieurs  métiers,  tous  distin- 
gués par  des  habits  différents,  afin  qu'ils  se 
pussent  reconnaître  en  travaillant  et  qu'il  n'y 
eût  point  de  confusion.  Us  commencèrent  à 
travailler  à  six  heures  et  demie  du  matin  ;  et  à 
cinq  heures  du  5oir  la  galère  était  achevée 
et  équipée  ;  le  maréchal  duc  de  Vivonne,  le 
marquis  de  Seignelay  et  le  chevalier  de 
Noailles,  lieutenant  général  de  galère,  mon- 
tèrent dessus  et  atterrait  presqu'au  château 
d'If. 

Ce  tour  de  force  est-il  possible  ?  Nous 
ne  dirons  pas  aujourd'hui,  étant  donné 
l'état  d'esprit  qui  anime  les  travailleurs 
de  nos  arsenaux  et  ports  militaires,  mais, 
si  l'ordre  et  la  discipline  pouvaient  ja- 
mais y  rentrer  ?  Sir  Graph. 


NECROLOGIE 

Nous  avons  le  très  vif  regret  d'apprendre  la 
mort  de  celui  de  nos  collaborateurs  qui  signait 
le  «  duc  Job  ».  Son  nom  était  Boleslas  Lopa- 
cinski. 

Très  entendu  dans  l'histoire  des  alliances 
des  maisons  souveraines  d'Europe,  il  a  publié 
sur  ce  sujet,  une  suite  de  remarquables  arti- 
cles. Sa  conversation  extrêmement  ornée, était 
abondante  en  anecdotes  et  en  souvenirs,  qui 
en  faisaient  un  vivant  répertoire  précieux. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


lmp.DANiEL-CHA.»ABO!<  St- Amand- Mont-Bond . 


L'  Volume 


Paraissant  les  lo,  ao  et  ^o   de  chaque  mots      10  Décembre  1904. 


40»  Année 

tl^'.r.  Victor  MasHé 
PARIS  (IX*) 

Sureaux  :  de  2  à  4  heures 


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N<»  io6o 

3I'^  r.Victor Massé 
PARIS  (IX«; 

Bureaux:  de2à4haures 


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DES 


CHERCHEURS 

Fondé   en 


ET   CURIEUX 

1864 


•QUESTIONS    ET   REPONSES    LITTÉKAIRES.     HISTORIQUES,   SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET   CURIOSITÉS 


833 


834 


(fiHucôtiouô 


Barbe-Bleue  et  Gilles  de  Retz.  — 

M.Salomon  Reinach  a  entretenu  l'Académie 
■des  inscriptions  de  ses  doutes  :  il  ne 
croit  pas  Gilles  de  Retz  coupable  des 
crimes  pour  lesquels  il  fut  condamné. 

Depuis  la  publication  des  pièces  de  la 
procédure,  chez  Champion,  n'a-t-il  pas 
paru  des  études  sur  ce  sujet  ?  Quel  est 
l'état  de  la  question?  L'identité  de  Gilles  de 
Retz  et  de  Barbe-Bleue  est-elle  établie  ? 
Les  crimes  de  Gilles  de  Retz  :  meurtres 
-d'enfants  par  sorcellerie  et  magie  sont-ils 
vraiment  contestables  ?  Y. 

Les  ^<  Délices  satyriques  »  et  le 
«  Parnasse  satyrique  ».  —  On  trouve 
dans  le  Catalogue  Auvillain  (Paris,  J. 
Miard,  1865),  sous  le  numéro  761,  la 
mention  d'un  exemplaire  des  Délices 
satyriques  (Paris,  Ant.  de  Sommavllle, 
1620,  in-12). 

Sait-on  ce  que  devint  ce  livre  rarissime, 
unique  peut-être  ? 

Doit-on  le  considérer  comme  un  livre 
perdu,  ou  bien  quelque  correspondant 
de  VIntermédiaire,Va-t-\\  en  sa  possession  ? 
En  connaît-on  un  autre  exemplaire  ? 

Où  peut-on  trouver  en  outre  Le  Par- 
nasse satyrique  —  suivi  de  la  Qiiintesseiice 
satyrique —  de  1622,  lequel  figurait  à  la 
même  vente  .'' 

Inutile  de  consulter  les  Inventaires  de 
nos  fonds  publics.  Ad.  B. 


Une  pantoufle  de  Marie-Antoi- 
nette. —  Dans  une  villa  des  environs  de 
Royat,  on  conserve  religieusement,  sous 
globe,  une  pantoufle  ayant  appartenu  à 
Marie-Antoinette  et  un  petit  étui  à  pièces 
d'or. 

Voici,  d'après  la  tradition  conservée 
dans  la  famille,  l'histoire  de  ces  deux  reli- 
ques. 

Le  10  août,  pendant  le  trajet  des  Tuile- 
ries à  l'Assemblée,  Marie  -  Antoinette 
ayant  fait  un  faux  pas,  laissa  échapper 
une  de  ses  pantoufles.  M.  D'Aubier,  qui 
l'accompagnait,  avec  d'autres  personnages 
de  la  cour,  se  précipita  pour  aider  la  reine 
à  remettre  sa  chaussure,  et  on  arriva  aux 
Feuillants  sans  autre  incident. 

Le  soir,  le  roi  et  Marie-Antoinette  se 
trouvant  absolument  dépourvus  d'argent, 
M.  D'Aubier  les  pria  d'accepter  vingt-cinq 
louis,  et,  ayant  obtenu  leur  agrément, 
leur  remit  cette  somme.  La  Convention 
ayant  fait  mettre  dès  le  lendemain  matin 
des  fonds  à  la  disposition  du  roi,  Louis 
XVI  s'acquittant  de  sa  dette,  remit  à  M. 
D'Aubier  un  petit  étui  renfermant  vingt- 
cinq  louis. 

Par  les  soins  de  l'Assemblée,  des  vête- 
ments de  rechange  avaient  été  portés  aux 
membres  de  la  famille  royale  ;  et  M. 
D'Aubier  s'apercevant  que  la  reine  avait 
remplacé  ses  pantoufles  de  la  veille  par 
de  nouvelles  chaussures,  la  pria  de  lui 
laisser  une  de  ces  pantoufles  à  titre  de 
souvenir  ;  Marie-Antoinette  y  consentit, 
et  remit  la  seconde  pantoufle  au  valet  de 
chambre  Hue. 

L.  16 


K«  1060. 


L'INTERMÉDIAIRE 


83: 


836 


M.  de  Vyré  et  après  lui  M.  Lenôtre, 
signalent  bien  le  prêt  de  vingt-cinq  louis 
fait  à  la  reine  par  M.  D'Aubier  :  ils  ajou- 
tent même  que  M.  D'Aubier  fit  accepter 
un  mouchoir  de  batiste  destiné  à  rempla- 
cer celui  que  Marie-Antoinette  avait 
mouillé  de  ses  larmes  ;  mais  ni  l'un  ni 
l'autre  ne  font  allusion  au  don  de  la  pan- 
toufle. 

Celle  qui  est  conservée  à  Royat  est  en 
soie,  couleur  marron,  à  talon  Louis  XV 
très  haut  et  fortement  cambré. 

L'étoffe  déchiquetée  à  été  tailladée  à 
coups  de  ciseaux  pour  obtenir  de  petits 
fragments  offerts  aux  parents  ou  amis  de 
la  famille.  Arm.  D. 

Un  problème  de  cryptographie  : 
la  lettre  da  Desmaretz.  —  Le  texte 
suivant  est  emprunté  à  un  autographe  en 
partie  chiffré  avec  traduction,  et  en 
partie  sans  traduction.  On  voudrait  avoir 
le  nom  du  destinataire  inconnu  et  le  sens 
de  la  fin  chiffrée  de  la  lettre.  Ce  sens 
peut  être  fort  intéressant,  si  l'on  consi- 
dère rétat  de  crise  où  se  trouvait  alors  la 
France,  sous  Louis  XIV.  La  dépêche,  éma- 
née de  Desmaretz,  contrôleur  des  finances 
depuis  1708  et  ministre  d'Etat,  se  réfère, 
je  crois,  aux  négociations  du  congrès  de 
Gertruydenberg.  Firmin, 

A  Marly,  ce  4  Juin  1710 

On  a  Youlii  tenter  un   événement  dans  l'espérance 
1.  27.  479.  119.  343.  174.  402.  350.  408.   4. 
qu'il  pourroit  estre  heureux,  qu'il  (eroit  changer 
S58.  86.  S26.  539    47 «.  467.  508.  531. 
la  facp  des  affaires  présentes.  Soit  prudence,  soit 
35.  83    201.  373.  408.  068.  467.  415    531. 
impossibilité,  on  n'a  rien  lait,  mais  il  y  a    grande 
•200    347.  356.  224    12.  43.  126.  389.  411.83. 
apparence  que  ce  qu'on  n'a  pas  tenté  volontairement 
111,  4^8.  357    262    56.  549.  91.  448.  317. 
deviendra  forcé,  et  que  l'action  qu'on  n'a  pas 
538    477.  512.  541.  446    29.  1.  347.  IM.  394. 
hasardée  dans  ces  premiers  temps  deviendra 
116    516    252    49.101.61.114.2.186.540.116 
nécessaire  et  inévitable  ;  peu  de  semaines 
94.  32.  43.  Î09.  92.  85.  477.  174.  212. 
feroil  connoiftre  ce  qui  en  arriver.!.  C'est 
479.  288.  549.  113    49    83.  382.  56.  261. 
cependant  la  r?ison  qui  a  fait  difTérer  de 
312.  549.  43&.  308    78.  43.  563.  32.  224 
d'envoyer  vostre  courrier.  La  depesche  qu'on 
388.  62    209.  92    86.  231.  161.  301.  540. 
tous  porte  vous  fera  connoislre  qu'on 
56.  304.  526.  43.  477.  411.  459    250.  25.559. 
s'approche  et  qu'on  se  dispose  a  aplanir  la 
463.  221.  116    439.   558.   183.  493.  22.  4.  144 
difficulté  la  plus  essentielle.   Le  pouvoir 
489.  297.  495.  4.  261.  247    501.  552.  304. 
qu'on   vous  envoyé  est  assez  estendu,  et  on  ne 
«4.  476.  424.  144.  89.  1.  170.  306.  206.  94. 


s'y  tiendra  pas  absolument.  Si  vous  pouvez 

461.  229    116.540.  394.  136.  161.  183.  170. 

venir  à  bout  d'avoir  des  seuretés  et  des 

43.  513.  224.  480.  461.  161.  516.  318.  415. 

éclaircissements.  Sur  les  demandes  ultérieures 

179.  534.56.  83    343.  128.  78.  65.  343.  Ii7. 

on  veut  la  paix,  on  'a  veut  seure,  mais 

140.  373.  394.  250.  224    221.  664.  111.  50 

on  veut  encore  ménager  l'honneur  du 

467    505.  538.  78.  29.  385    415    122.  306, 

tiouvernement.  Enfin,  pourveu  que  les 

206.  209.  493.  635.  203.  50.  563. 

demandes  ultérieures  n'aillent  pas 

209.  64.  321.  161.  27.  123.  133.  78.224. 

a  des  démembrements  entiers  et  qu'on  les. 

318.  132.  230.  554    29.  101.  114.  521. 

borne  a  peu  de  chose  au  delà  des  préliminaiies 

264    347,429.344.40    290.  209.  5C5. 

on  s'y  portera.  Le  peu  qu'on  vous  envoya 

116.  128.  35.  487.  64.  301.  489    116.  66 

est  un  chemin  pour  conduire  au  traité 

563.  52    549.   347.  4.  111.  660.   429.  116 

11  ne  se  concluera  pas  sans  bien  des 

439.  85.  111.  27.  246.  313.  343.  86. 

explications  et  des  conférences,  mais  voila 

612.  385.  538.  119.  8.  301.  334.  22 

au  moins  un  relâchement  qui  peut  produire 

161     160.  324.  552.  27.  276.  126.  69. 

la  paix,  ce  qui  n'auroit  pas  été  selon 

29.  111.  5G3.  126,451,224.  22    452.  111. 

toutes  les  apparences  si  l'on  etoit  demeuré 

231.  4.  80.  153.  78.  40.  111.  56.  269. 

termes  dans  les  premières  résolutions 

A  partir  de  ce  passage  la   lettre   n'est 
plus  que  chiffrée. 

231.  119,  101.  402    49.  197.  424.  1. 

219.  .33.224.  532.  52.  347    22i     219 

166.  69.  252.  1.  219   166    51     414. 

92.  356.  101.  365    66.  243.  86. 

116.  132.  347.  508.  151.  32.  118.  66. 

269.  111.  119.  101.  402.  49.  197.  424.  347. 

101.  554.    391.  316.  27.  149.  66.  3. 

353.  377.  86.  111.  4.  347    429.  250.  563. 

209   118.  160.  78.  558.  27.  601.  56. 

115.  64.  67.  66.  224.  126.  411.  44G. 
469.  92.  49    83.  111.  1.  231.  560. 

5:^8.  78  402.  27.  40.  123.  347.  209.  385.    669. 

116.  128.  36.  360.  50    459.  347.  608. 
486.  83.  27.  350.120.  410.  558.  64.   249. 
20i  243.  122.  315.  506    4.i3.  126.  267. 
272.  293.  62-  111.  663.  126.  249.  416 
362.  183   252.  479.49,  224.  67. 

124  350.  83.  224..  50.  382.  461. 
501.  357.  203  66.  22.  4   224    532.  43. 
461.  92.  373.  565.  316.  4.  29.  64. 
437.  256.  111.  118.  186    27    362.  183 
512.437.563.25^.56.3.119.83. 
415. 78.  3.  526.  118.  411.  469.  250. 
424.  57.  62.  111.  Je  suis  très  parfaitement 
Monsieur,  votre  très  humble  et  très  obéissant  ser- 
viteur. 
Desmaretz. 


L'hôtel  du  chancelier  Duprat.  — 

Les  auteurs  d'ouvrages  sur  le  vieux  Paris, 
en  général,  et  en  particulier  les  deux 
derniers  qui  aient  écrit  un  guide  à  travers 
les  vestiges  de  son  passé  :  le  vicomte  de 
Villebresme  et  le  marquis  de  Rochegude, 


DÉS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Décembre 


837 


838 


i  904 , 


croient  voir  dans  la  maison  de  la  rue  des 
Grands-Augustins,  qui  fait  face  à  la  rue 
du  Pont  de-Lodi,et  porte  les  numéros  5 
et  7.  l'hôtel  ou  une  aile  de  l'hôtel  d'Her- 
cule'habité  parle  chancelier  Duprat. 

L'hôtel  d'Hercule  avait  été  bâti  sous 
Louis  XI  et  décoré  des  peintures  qui  lui 
ont  valu  son  nom,  pour  Jehan  de  la 
Driesche,  président  de  la  Chambre  des 
comptes   décédé  en  1472. 

Les  bâtiments  qui  subsistent  sont  posté- 
rieurs, certainement,  à  la  Renaissance.  Ils 
ne  peuvent  donc  pas  être  tout  ou  partie 
d"une  maison  bâtie  sous  Louis  XI. 

Quel  intermédiairiste  curieux  du  vieux 
Paris  pourrait  me  renseigner  et  me  dire 
l'histoire  de  cette  vieille  maison  qui  me 
paraît  contemporaine  au  plus  de  la  visite 
célèbre  et  bruyante  que  Henri  111  fit  à 
monsieur  de  Nantouillet,  dont  il  pilla 
l'argenterie  ?  Champvolant, 

Pdtris,  imprimeur  de  la  com- 
mune da  Paris  en  1793. —  J'ai  connu 
vers  1869,  un  imprimeur  parisien  de  ce 
nom  de  Patris,dont  les  prénoms  m'échap- 
pent. Je  le  suppose  avoir  été  le  fils  ou  le 
petit-fils  de  Charles-François-Robert  Pa- 
tris,  nommé  «  d'une  voix  unanime  />,  im- 
primeur de  l'Assemblée  générale  des  com- 
missaires de  la  majorité  des  sections  de 
Paris, le  12  août  1792  (iVlaurice  Tourneux, 
Procès-verbaux  de  la  commune  de  Paris, 
p.   15). 

le  crois  me  rappeler  que  le  Patris  de 
186g,  venu  plusieurs  fois  en  Haute-Nor- 
mandie, était  le  fils  ou  le  mari  d'une  Mar- 
tin d'Auvilliers,  de  la  famille  de  l'arrê- 
tiste  collaborateur  de  Sulpicy  (.?)  Il  avait 
quelques  acquisitions  d'immeubles  non 
loin  du  domaine  d'Auvilliers,  au  pays  de 
Bray  (cinton  de  Neufchâtel-en-Bray). 

Je  désire  savoir  si  mes  souvenirs  sont 
exacts,  les  préciser  et  connaître  la  date 
et  le  lieu  du  décès  de  ce  Patris  et  de  sa 
femme,  et   les   noms  de   ses   descendants 

actuels.  PÉRÉGRIN, 

Les  membres  de  la  Chambre  in- 
trouvable. —  Pourrait-on  m'indiquer 
une  publication  contenant  les  noms  des 
députés  envoyés  par  le  Département  de  la 
Seine-Inférieure,  à  la  Chambre  z(Z/;a roya- 
liste des  représentants,  qui  siégea  du  7  Oc- 
tobre 1 8  I  5  au  5  Septembre  1816.  —  Autant 
que  possible,  une  publication  que  j'aurais 


chance  de  trouver,  par  exemple,  dans  une 
bibliothèque  publique  comme  celle  de 
Rouen  .f'  Pérégrin. 

Gerzat,  abbaye.  —  On  lit  dans  le 
Guide  illustré  du  baigneuràChâtel-Guyon, 
p.  212  : 

Dans  le  mur  d'une  maison  (à  Gerzat)  est 
conservé  un  ancien  bas-relief  représentant 
trois  scènes  de  la  Passion,  ayant  très  pro- 
bablement appartenu  à  une  ancienne  abbaye 
située  dans  le  voisinage. 

Quelle  abbaye  existait  à  ou  près  de 
Gerzat  ?  Axel. 

Jonval-L'abbaye.  —  Flaubert,  sur 
qui  V Intermédiaire  a  publié,  dans  le  n" 
du  20  novembre  dernier,  de  si  intéres- 
santes choses,  a  placé  la  résidence  de 
madame  Bovary,  à. Jonval-L'abbaye. 

Je  ne  trouve  nulle  part  ce  village. 
Est-ce  un  simple  «  lieu-dit  »  ou  un  nom 
de  fantaisie  ?  A,  d'E. 

«  Mandement  »  de  Lans  le-Bourg. 

—  A  la  sortie  de  Lans-le-Bourg,  dernier 
village  français  avant  de  franchir  le  Mont- 
Cenis,  à  côté  des  plaques  habituelles  de 
notre  vicinalité,  se  voit  un  vieux  poteau 
portant  une  pancarte  délabrée,  sur  laquelle 
se  déchiffrent  encore  ces  mots  :  «  Mande- 
ment de  Lans-le-Bourg  ». 

Quel  est  s.  v.  p.  le  sens  de  ce  mot 
«  mandement  »  }  S'agit-il  d'une  ancienne 
circonscription  ecclésiastique  sarde  ? 

A.  d'E. 

Mariages   acaiémiques.  —  Dans 

une  vente  d'autographes  Laverdet  (24  avril 
au  i^'  mai  18Ô2),  se  trouvait  une  lettre 
d'Andrieux  à  Campenon,  datée  du  23  mai 
1830,  d'où  je  détache  ce  passage  : 

Z^Ion  cher  ami,  dans  notre  Académie 
c'est  à  qui  ne  fera  pas.  Cette  pauvre  Acadé- 
mie est  une  vieille  femme  qu'on  a  peut-être 
grande  envie  d"épouser,  mais  à  condition 
de  s'exempter  du  devoir  conjugal.  C'est  à 
qui  ne  lui  fera  rien.  Le  secrétaire  perpétuel 
ne  peut  pourtant  pas  payer  pour  tout. 

Sait-on  à  quel  événement  faisait  allu- 
sion l'épigramme  irrévérencieuse  d'An- 
drieux ?  Alpha. 

Un  comte  de  Fiers.  —  Antoine  de 

Pellevé,  comte  de  Fiers,  ancien  capitaine 

1  dans  le  régiment  des  cuirassiers  du  Roi 


N.   1060 


L'ÏNTÈRMEDlAfRÉ 


839 


840 


d'une  famille  protestante  de  Normandie, 
impliqué  dans  la  conspiration  du  cheva- 
lier de  Rohan,  parvint  à  s'en  tirer  sain  et 
sauf.  11  eut  un  fils  qui  hérita  de  tous  ses 
titres  et  mourut  en  1722. 

Sait-on  si  ce  fils  a  laissé  des  descen- 
dants ?  Paul  Edmond. 

Domiciles  do  M.  deGuiîautet  de 
Mme  de  Sôvigné.  —  Dans  sa  lettre 
du  28  février  1671,  devenue  classique, 
M™^  de  Sévigné  raconte  l'incendie  qui 
consuma  la  maison  de  M.  de  Guitaut,son 
voisin  —  Où  se  trouvait  la  maison  de  M. 
de  Guitaut  (appartenant  à  M.  Leblanc) 
et,  par  suite,  celle  de  Mme  de  Sévigné  ? 
Elle  n'habitait  plus  place  Royale  où  elle 
était  née  et  n'occupait  pas  encore  l'hôtel 
Carnavalet.  L'ambassadeur  de  Venise  qui, 
dans  cette  lettre,  joue  le  rôle  de  voisin 
obligeant,  demeurait  alors  rue  Saint- 
Gilles,  au  i2actuel.je  crois.  Ceci  pourrait 
être  une  indication.  P.  de  B. 

Famille  Matiffas.  —  Pourrait-on 
dire  s'il  existe  encore  des  «  MatifTas  » 
dont  la  filiation  suivie  commence  avec 
Mathieu  Matiiïas,  écuyer,  demeurant  à 
Saint-Riquier  (Somme),  noble  et  issu  de 
noble  génération  par  ses  ascendants,  le 
27  juillet  1374;  et  quelles  alliances  ils 
ont  contractées  depuis   1700  ?        K.  H. 

L'art  du  grime  chez  Molière.  — 
Dans  des  lettres  de  Muret,  datées  de  1666, 
que  publiait  en  1879  le  Cabinet  historique^ 
d'après  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
nationale,  17046,  je  lis  cette  description 
d'une  procession  en  Espagne  : 

Aprèscelavenaituiiefoulede  femmes  avec 
leurs  cottes  retroussées  sur  la  tète.  Cette 
momerie  me  fit  regarder  le  ciel  pour  voir 
s'il  y  avait  appréhension  de  la  pluie  ;  mais 
l'ayant  trouvé  fort  serein,  je  ne  pus  m'em- 
pêcher  de  rire.  Ivlon  hôte  qui  survint  là 
dessus,  m'ayant  demandé  d'où  venait  un 
si  grand  éclat,  dont  j'avais  peine  encore  à 
me  tenir,  et  lui  en  ayant  dit  le  sujet,  fut 
autant  surpris  de  ma  risée  que  je  l'avais  été 
de  cet  ajustement  et  me  dit  d'un  ton  fort  sé- 
rieux que  ni  femme,  ni  fille  n'oserait  sortir 
du  logis  d'une  autre  manière. 

Je  vous  laisse  à  penser  si  Molière  peut 
faire  une  figure  sur  le  théâtre  plus  ridicule 
que  ces  femmes  tenant  des  deux  mains 
teurs  cottes  retroussées  tout  autour  du  vi- 
sage en  sorte  qu'à  peine  peut-on  voir  le 
bbirt  é^  kur  nez  ;  au  contraire,des  pauvr.e.3 


qui  n'ont  pas  bien  des  habits  et  qui  sont 
obligées  de  mettre  le  meilleur  sur  leur  tète, 
j'oserais  vous  dire,  Monsieur,  qu'on  leur 
voit  presque  le  derrière. 

A  quelle  pièce,  ou  à  quel  rôle  de  Molière 
Muret  peut-il  bien  faire  allusion  .?  L'auteur 
du  Médecin  malgré  lui  savait,  paraît-il, 
merveilleusement  se  grimer.  Est-il  une  de 
ces  transformations  qui  se  rapprocherait 
du  portrait  indiqué  par  Muret.?        d'E. 


Famille  Pinsart  ou  Pinsard.  — 

Serait-il  possible  d'obtenir  des  renseigne- 
ments généalogiques  sur  la  famille  Pin- 
sart ou  Pinsard,  qui  fut  champenoise, rhé- 
teloise  et  lorraine,  et  qui  doit  encore 
exister  dans  le  nord-est  de  la  France  't 

de  Cavrines. 

Golan  dd  "Vilîers.  — Je  désirerais 
quelques  détails  et  surtout  ks  armoiries 
de  cette  famille.  ]t  dois  confesser  que 
l'orthographe  que  je  donne  est  douteuse  ; 
il  est  probable  que  cette  famille  est  fla- 
mande. Etienne  de  Bellet,  d'une  ancienne 
famille  mayorquine  ou  catalane,  épousa, 
à  la  fin  du  xvii*  siècle,  en  Flandres,  une 
Gotan  de  Villers.  Lui,  ou  son  petit  fils, 
prénommé  Etienne,  fut  lieutenant  général 
des  armées  de  Philippe  V. 

Comte  DE  St-Saud. 

Lettres  gravées  sur  des  sous.  — 

Un  numismate,  dans  ses  recherches,  pour 
sa  collection,  a  trouvé  et  mis  de  côté  un 
certain  nombre  de  monnaies  de  cuivre 
aux  effigies  de  Louis  XV  à  Napoléon  III, 
des  sous  anglais  et  américains,  et  même 
de  simples  flancs,  contremarques  1  ou  J., 
suivis  d'une  lettre  quelconque  de  l'alpha- 
bet, exemple  lAIB  JC,  etc.,  etc. 

Ces  lettres  en  creux  ou  en  relief  sont 
toujours  grossièrement  frappées,  quelque- 
fois gravées  à  la  main,  mais  jamais  pa- 
reilles. 

On  serait  curieux  d'avoir  des  rensei- 
gnements sur  ces  sous  mystérieux. 
Un  membre  du  cercle  des  Méridionaux, 

Armoiries  à  déterminer  :  de  si- 
nople   à   six   besaas.   —   i"  Double 

écusson  :  de  sinople  à  six  besants   de 

posés ^,  2,    /. 

De  gueules  au  chevron  de...  accompagne' 
en.pûinted'im  sabre  ou  épée,  et  en  chef  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre    1904  • 


841 


842 


2  molettes  d'éperons  à  6  pointes.  Cou- 
ronne :  marquis.  —  Supports  :  allons. 

R.  L. 

Af  iï'oiries  à  déterminer  :  d'azur 
à  trois  trèfles.  —  D\-i{nr  à  9  trèfles  po- 
sés 2  et  j  et  au  centre  une  étoile  de...  à  y 
branches.  R.  L. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'ar- 
gent au  sautoir  de  gueules.  — Ecu 

coupé  en  deux  verticalement.  Côté  droit  : 
D'argent  au  sautoir  de  gueules  ;  côté  gau- 
che :  D'hermine  au  chef  d'apir  chargé  de 
^fleurs  delvs  de...  ;  dans  la  partie  supé- 
rieure de  l'hermine,  et  contre  le  chef  de 
l'écu,  un  petit  écu  û!or,  au  lion  couronné 
de...  Couronne  :  comte.  —  Devise  :  Po- 
tius  viori  quani  fœdari.  R.  L. 

Indes    Libroruoi  prohibitorum. 

—  A  quelle  date  ce  livre  parut-il  pour  la 
première  fois.^  Combien  d'éditions  a  t-il 
eu  depuis  .? 

Charles  Poyntz  Stewart. 

Vers  latin  à  retrouver  :  quca  ju- 
venes... — Je  serais  très  reconnaissant 
à  quelque  intermédiairiste  de  dire  où  se 
trouve  ce  vers  : 

Q.uœjuvenesdidicerenoluntperdendafateri. 

H.  M. 

Ma'chais  :  étymologie.  —  La  ré- 
gion parisienne  compte,  parmi  ses  noms 
de  lieux  dits,  un  certain  nombre  de  terri- 
toires appelés  Marchais.  J'ai  pu  constater 
que  plusieurs  se  rapportaient  à  des  en- 
droits où  l'eau  est  proche  du  sol.  Pour- 
rais-je  savoir,  grâce  aux  collaborateurs  de 
Y  Intermédiaire.^  l'origine  et  l'étymologie 
du  nom  de  Marchais,  et  obtenir  la  liste 
aussi  complète  que  possible  des  lieux  dits 
portant  ce  nom  ?  Louis  Tesson. 

L'auteur  du  «  Martyre  des  deux 
frères  ».  —  En  1589  fut  publiée  une  no- 
tice intéressante  intitulée  :  Le  martyre  des 
deux  frères,  <<  contenant  au  vray  toutes  les 
particularitez  plus  notables  des  massacres 
et  assasinats  commis  es  personnes  de  très 
hauts  très  puissantet  très  chrestiens  prin- 
ces messeigneurs  le  revérendissmie  Cardi- 
nal de  Guise, archevesque  de  Rheims.et  de 
monseigneur  le  duc  de  Guise,  pairs  de 
France,  par  Henry   de  Valois,  à  la  facedes 


estats  dernièrement  tenus  à  Blois  ».  L'au- 
teur de  cette  publication  est,  je  crois, 
inconnu,  malgré  le  soin  qu'il  a  pris  de 
donner,  à  la  fin  de  son  travail,  deux  ana- 
grammes de  son  nom  :  Ypresche  le  salut. — 
La  richesse  peult. 

L'un  de  nos  collaborateurs  pourrait-il, 
plus  heureux  que  moi,  trouver  le  nom  de 
cet  écrivain  .?  E.  M. 

Les  statues  sur  la  voie  publique 
et  lesjardins.  —  Le  Sénat  a  décidé  que 
la  statue  d'un  contemporain  ne  pourrait 
être  élevée  dans  le  jardin  du  Luxembourg 
que  dix  ans  après  la  mort  du  personnage. 

Quelle  est  la  législation  pour  les  statues 
sur  les  rues,  places  et  jardins  des  com- 
munes de  France  ^ 

A  qui  faut-il  s'adresser  pour  obtenir 
l'autorisation  ?  Un  sculpteur. 

A  la    première   mouche.   —   Au 

temps  où  chez  nous  on  se  moquait  des 
Allemands  sans  les  connaître,  on  assurait 
qu'un  de  leurs  amusements,  à  la  brasse- 
rie, était  d'attendre  silencieusement  qu'une 
première  mouche  se  posât  sur  un  des 
verres.  Le  maître  de  ce  verre  gagnait 
l'enjeu. 

Or,  voici  que  dans  le  Journal  de  la 
Santé ^  du  25  septembre  1904,  on  raconte 
(p.  778)  une  facétie  semblable  en  l'attri- 
buant aux  juges  de  Paris,  jouant  quel- 
quefois ainsi  avec  leurs  toques,  sans 
doute  pendant  l'audience. 

11  serait  amusant  de  recueillir  des 
exemples  authentiques  de  ce  jeu  où  une 
mouche  joue  inconsciemment  le  rôle  de  la 
Fortune.  La  pratique,  du  reste,  se  com- 
prendrait mieux  comme  manière  d'inter- 
préter le  sort  pour  déterminer  une  pri- 
mauté ou  une  priorité.      G.  Servandy. 

Temple  de  1" Amitié.—  On  sait  qu'il 
existe  à  Paris,  dans  un  jardin  dépendant 
du  n°  20  de  la  rue  Jacob,  un  Temple  de 
l'Amitié.  Ce  petit  monument  est  décoré 
d'un  fronton  élevé  sur  quatre  colonnes 
d'ordre  dorique  ou  toscan,  et  son  style 
parait  indiquer  les  années  1805  à  1810 
comme  date  de  la  construction.  Sur  la  frise, 
l'inscription  :  A  V Amitié.^  et  sur  le  tym- 
pan se  lisent  les  trois  lettres  D.  L.  V .  Que 
signifient  ces  trois  lettres  et  que  sait-on 
d'un  peu  exact  sur  cette  construction  cu- 


rieuse: 


PlETRO. 


N»  1060 


L'INTERMEDIAIRE 


845 


844 


KépoiT^eâ 


Alfred  Mousse  (L,  617,  754).  — 
Mon  ami,  M.  le  vicomte  de  Spoëlberch, 
érudit  impeccable, attribue  au  seul  Arsène 
Houssaye,  le  volume  De  Profundis.  Voici 
ce  que  m'écrivait  Houssaye  lui-même  à 
propos  de  l'œuvre  <X Alfred  Mousse  : 

Cher  ami, 

Je  ne  t'ai  donc  pas  donné  les  Confessions 
où  je  parle  de  cet  incroyable  De  Profundis, 
qui  faillit  être  le  de  Profundis  de  l'éditeur?  Je 
n'étais  pas  attablé  à  ce  chef-d'œuvre  ;  nous 
étions  trois  ou  quatre,  sans  compter  le  peintre 
qui  retoucha  ma  vignette.  Le  plus  âgé  des 
quatre  avait  dix-sept  ans,  nous  étions  des 
échappés  de  collège  ne  doutant  de  rien.  C'était 
à  qui  ferait  le  plus  mauvais  chapitre.  Pour 
mon  compte,je  commis  la  moitié  de  ce  crime 
littéraire. 

J'ai  donc  travaillé  à  ce  mauvais  livre,  mais 
tu  as  fait  une  bonne  affaire,  car  les  biblioma- 
nes  ont  payéjusqu'à  150  fr.  l'exemplaire. 

A  mon  retour  à  Paris  j'irai  serrer  ta  main 
cordiale.  Respectueux  hommages  à  Madame 
Claretie. 

Ainsi,  Arsène  Houssaye  n'est  que  le 
demi-auteur  de  ce  livre  qui  est  moins 
noir  que  son  titre  et  plus  intéressant  que 
le  dit  l'auteur  des  Confessions  et  du  Qjia- 
rante  et- Un ihne  Fa u îeu i l . 

Jules  Claretie. 

La  femme  de  Bernardin  de 
Saint-Pierre  :  «  Félicité  Didot.a  éîé 
le  souffre-douleur  de  son  mari  »  (L, 
734).  —  Bernardin  de  Saint-Pierre  ne 
devait  pas  être  jugé,  d'après  son  esprit 
aventureux,  d'un  caractère  très  facile. 
Mais  de  là  à  conclure  qu'il  eut  tous  les 
torts  vis-à-vis  de  Mlle  Félicité  Didot,  sa 
première  femme,  il  y  a  peut-être  exagéra- 
tion. 

Marié  sept  ans  avec  Mlle  Félicité  Didot, 
qui  avait  33  ans  de  moins  que  lui,  il  y 
eut,  croit-on,  incompatibilité  d'humeur 
entre  les  époux,  mais  les  hommes  n'ont 
pas  le  monopole  du  caractère  acariâtre  et 
désagréable,  et  Mlle  Félicité  Didot  n'avait 
pas  su  rendre  l'illustre  auteur  assez  heu- 
reux pour  qu'il  portât  à  jamais  son  deuil 
puisque,  moins  d'un  an  après  sa  mort,  il 
épousait,  en  secondes  noces,  Mlle  de  Pel- 
lepore  qui  lui  ferma  les  yeux  en  181 4. 

Dans  la  vente  très  importante  d'auto- 
g-'-iphes  de  M,  Alfred  Bovet,  qui  eut  lieu 


à  Paris  en  1884,  il  existait  deux  lettres  de 
Bernardin  de  Saint-Pierre,  Le  n"  763, 
adjugé  40  fr.,  a  été,  par  erreur,  catalogué 
par  l'archiviste-expert  Eiienne  Charavay, 
comme  lettre  adressée  à  Mlle  Didot,  lors- 
qu'en  réalité  elle  l'était  à  sa  seconde 
femme  Mlle  de  Pellepore,  et  datée  du  20 
septembre  1805.  Cette  lettre  est  d'une 
grande  tendresse  ;  le  sentimental  auteur  y 
dit,  entre  autres  choses  : 

II  faut  que  tu  rallumes  mon  feu,  je  ne  dis 
pas  celui  de  mon  amour,  car  celui-là  ne 
s'éteindra  qu'avec  ma  vie..  . 

Je  possède  une  lettre  datée  de  brumaire 
an  XllI  (octobre,  novembre  1804)  adres- 
sée par  Bernardin  de  Saint-Pierre  à  sa  se- 
conde femme,  et  qui  n'indique  pas,  non 
plus,  un  cœur  aussi  dur  (jue  celui  de  cet 
infernal  mari  dont  parle  M.  Ruinât  de 
Gournier. 

Voici  cette  lettre  qui  porte  le  cachet  de 
poste  de  Pontoise  au  XIII". 

à  Madame 

Madame  de  Saint-Pierre 
Hôtel  de  Broglie 
rue  de  Varennes,  fb  St-Germain 
à  Paris. 

Ma  bien  aimée,  nous  n'aurons  le  plaisir  de 
t'embrasser  que  dimanche  au  soir  ou  lundi 
sur  le  midi.  M.  de  Besmont  est  absent  au- 
jourd'hui vendredi .  Je  ne  pense  le  voir  que 
demain  samedy  et  j'espère  conclure  définiti- 
vement. Quand  au  dimanche  il  est  probable 
que  Rolland  arrivera.  Je  fais  ainsi  d'une  pierre 
quatre  ou  cinq  coups,  pourvu  qu'aucun  de 
ces  coups  ne  te  blesse.  Ta  mère  est  enchantée 
de  la  maison,  du  paysage  et  du  voisinage. 
Paul  est  d'une  gayeté  charmante,  nous  t'em- 
brassons de  toûs  nos  cœurs,  ta  n-ère  Paul  et 
moi,  ainsi  que  notre  bonne  Virginie.  Nous 
lui  rapporterons  quelques  jolies  fleurs. 

Adieu  chère  et  tendre  amie, je  ne  m'absente 
de  toi  que  pour  m'occuper  de  ton  bonheur. 

Paris,  ce  brumaire  an    13 

Nous  sommes  retenus  aujourd'hui  chez 
Mme  de  Besmont  d'où  je  t'écris,  ton  ami  à 
jamais.  De  Saint  Pierre. 

Cette  lettre  est  datée  par  erreur  de 
Paris,  puisque,  comme  je  l'ai  dit  plus 
haut,  elle  porte  Xc  timbre  de  Pontoise, 

G,  BOUDET. 

Le  second  mariaga  da  la  du- 
chesse da  Berry  (L,  722,  7S9).  — 
Aux  intéressantes  communications  de 
M.  Thirria  et  de  M.  A.  S.  e  dans  Ylnîer- 
inédiaire  du  30  novembre,  touchant  le  2" 
mariage  de  M""'  la  duchesse  de  Berry,  je 


DES  CHERCHEURS  BT  CURIEUX 


845 


10  Décembre  1904, 


846 


puis  ajouter,  que,  outre  la  copie  de  l'acte 
de  célébration  conserve  au  Vatican,  j'ai 
trouvé,  cet  été,  dans  les  archives  du  châ- 
teau de  Brijnnsée.  où  Madame  a  passé  les 
dernières  années  de  son  existence,  d'autres 
docurnents  qui  prouvent  encore  d'une 
façon  irréfutable  que  le  mariage  avait 
précédé  de  beaucoup  la  captivité  de 
Blaye.  Je  me  propose  de  les  publier  dans 
l'ouvrage  que  je  prépare  en  ce  moment 
sur  cette  princesse  si  injustement  calom- 
niée par  le  gouvernement  de  Louis-Phi- 
lippe. 'Vicomte  de  Reiset. 


*  * 


Errata. — Colonne  792,  ligne  3,  au  lieu 
«<//(  mois  de  juillet  »  lire  «  c7/(  mois  de  juil- 
let ».Et  lig.  28,  au  lieu  de  :  <.<  des  raisons 
de  la  plus  haute  importance  les  empê- 
chent... »,lire  <{.  les  empêchant...  >>. 

H.  Thirria. 

*  * 

C'est  des  bordsdela  mer  Noire  quej'avais 
adressé  à  V Intermédiaire  ma  question  au 
sujet  de  la  duchesse  de  Berry  et  de  Lu- 
chesi-Palli.  Je  n'avais  pas  ma  bibliothè- 
que sous  la  main.  Que  notre  confrère  A. 
S. ..e  m'excuse  donc  d'avoir  sollicité  un 
renseignement  sur  le  comte  de  Mesnard 
Je  lui  pardonnerai  l'ironique  épithète  de 
«  savant  »  dont  il  me  gratifie,  je  ne  suis 
doctiis  que  ciim  libro,  avec  mes  bouquins, 
je  Tavoue  sans  honte. 

Mais  ma  question  a  soulevé  un  incident 
assez  curieux  :  M.  H.  Thirria  traite  de 
«  contes  »  et  de  «  calomnies  »  les  affir- 
mations de  M.  de  Reiset  au  sujet  du  ma- 
riage de  la  duchesse.  Le  comte  de  Reiset 
passe  pourtant  pour  un  homme  sérieux, 
digne  de  foi,  et  ses  Mémoires  m'ont  paru 
très  exactement  documentés,  au  moins 
pour  les  périodes  historiques  que  je  con- 
nais. Pourquoi  aurait-il  fait,  à  propos  des 
événements  de  Blaye,  une  digression 
rétrospective,  oiseuse  et  calomnieuse  ? 
C'est  un  point  à  élucider.  M.  P. 

Le  vaillant  capitaine  Cigongne 

(L,  553).  —  'Voici  ce  que  je  trouve  au  su- 
jet de  ce  capitaine  dans  :  Mémoires  pour 
servir  à  l'histoire  de  la  ville  de  Dieppe  par 
Michel  Claude  Gnibert.,  prêtre, publics  pour 
la  première  fois  avec  une  introduction.,  des 
suppléments  jusqu'à  1790  et  des  notes  histo- 
riques^ par  Michel  Hardy,  correspondant 
du  ministère  de  l'Instruction  publique. 
Dieppe,  Paris  1878,  2  voL  in^". 


Le  10  juin  1603,  le  s''  Charle-Timole'on  de 
Benuxongles,  seigneur  de  Sigogne,  arrrva  en 
cette  ville,  pour  occuper  la  place  lie  gouver- 
neur. Il  se  proposa  de  suivre  l'exemple  de  son 
père.  Il  fut,  comme  ses  prédécesseurs,  vice- 
amiral  de  la  côte  de  Normandie,  et  si  consi- 
déré du  Roy  qu'il  obtint  la  modération  de  la 
taxe  d'un  écu  par  tonneau,  créée  au  mois  de 
mars  1604,  en  sortequ'on  n'en  paya  que  vingt 
sols  jusqu'à  l'an  16:  5  . 

...  Dans  le  mois  d'avril  161 1,  le  s''  de  Si- 
gogne fut  attaqué  d'une  fièvre  qui  le  mit  à 
l'extrémité.  Se  voyant  en  danger,  il  se  récon- 
cilia avec  plusieurs  habitants  qui  avoient  été 
mal  avec  luy  pour  avoir  eu  part  à  la  disgrâce 
du  s'  d'Ecusson.  Il  mourut  le  16  et  fut  inhu- 
mé dans  le  tombeau  de  son  père  et  représenté 
sous  la  même  arcade  (dans  la  chapelle  de  la 
sainte  Vierge  de  l'église  de  Saint-Rémy)  oij  il 
est  à  genoux,  avec  sa  cotte  d'armes  et  cette 
épitaphe  : 

Charles-Timoléon    de  Beauxongles,   Chkvalier, 

Seigneur  de  Sigogne,  Rochevreux  ht  St-Simon, 

Capitaine  de  cinquante  hommes 

Des  Ordonnances  du  Roy, 

Vice-Amiral  de  Normandie,  Gouverneur 

POUR  Sa  Majesté 

De  la  Ville,  Château  et  Citadelle  de  Dieppe, 

Lequel  y  décéda  le  16  d'avril    161 1, 

L'écusson  de  ses  armes  est  environné  des 
trophées  de  l'amirauté,  écartelé  de  quatre 
écus  ditférenfs,  surmontez  dans  le  milieu  d'un 
cinquième  qui  porte  trois  coquilles  en  dehors. 

...Le  s''  de  Chate  étant  mort  le  13  mars  1603, 
le  gouvernement  fut  donné  au  s''  de  Sigogne. 
11  se  proposa  d'imiter  l'exemple  de  son  père, 
et  ordonna  que,  selon  les  édits  du  Roy,  les 
protestants  feroient  mettre  un  tapis  devant  leurs 
portes  et  maisons  le  jour  du  Saint-Sacrement  ; 
ce  qui  leur  déplut  si  fort,  que  quelques-uns 
percèrent  les  tentes  à  coups  de  couteaux  ;  mais 
ia  punition  des  coupables  fit  connaître  à  tout 
le  parti  qu'il  ne  leur  étoit  pas  permis  de 
s'émanciper. 

.  .  .Apres  le  s""  de  Sigogne  (  1  ),  le  gouverne- 
ment  fut  donné,  en  161  i,  au  s''  de  Villers 
Ou  dan. 

Dans  le  même  ouvrage  sont  d'intéres- 
sants détails  sur  le  père  de  ce  capitaine, 
qui  mourut 

le  5  novembre  158::,  d'une  chute  qu'il  avoit 
fait  avec  son  cheval  dans  la  rivière  de  Pour- 
ville.  Il  fut  inhumé  dans  la  chapelle  de  la 
sainte  Vierge  de  l'église  de  Saint  Rémy,  et  sa 
vefve  y  a  fait  construire  un  mausolé,  où  il 
est  représenté  à  genoux  avec  les  habits  et  le 
collier  de  l'ordre  de  Saint-Michel  et  cette  épi- 
taphe  : 

(1)  Voir  les  intéressants  détails  donnés  sur 
Sigongne  fils,  par  M.  Emile  Lesens,  dans  l'ou- 
vrage des  Daval,  t.  1,  page  257-230, 


No  1060, 


L'INTERMEDIAIRE 


847 


848 


J'eus  mes  honneurs  guerriers  en  Piêniont  et  en 

[France, 
Mes  grades  à  la  cour,  el  à  l^urin  'mon  Los  ; 
La  Beausse  a  eu  tues  biens, mes  parents  ma  nais- 

[sance 
El  Dieppe  mon  conseil,  mon  labeur  et  mes  ns . 
L'écusson  de   ses  armes  est  chargé    de  trois 
coquilles  en  dehors. 

L.  Greder. 


Parenté  d'Henri  VÏII  et  à'Av.- 
toine  de  Ligne  (L,  723).  —  La  parenté 
du  roi  anglais  avec  le  grand  seigneur 
hennuyer,  d'une  naissance  plus  relevée 
en  noblesse  que  la  •  ienne,  est  des  plus 
faciles  à  établir  historiquement. Henri  VIII, 
arrière-petit-fils  de  Catherine  de  France 
et  du  gentilhomme  gallois,  Owen  Tudor, 
était  le  descendant. par  son  arrière  r^rand' 
mère,  de  Bonne  de  Luxembourg,  femme 
de  Jean  II  roi  de  rrance,  et  sous-arrière- 
petite-fille  de  Hesiîi  le  Blondel,  comte  de 
Luxembourg  et  (Je  la  Roche,  marquis 
d'Arlon,  en  même  temps  qu'arnère- 
petite-nièce  de  Walram  ou  Valeran  de 
Luxembourg,  sire  de  Ligny  et  de  Roussi. 

D'un  autre  côté,  Antoine  de  Ligne,  qui 
était  fils  de  Jean  III,  baron  de  Ligne,  et  de 
Jacqueline  de  Cr6i(exviafre  :  de  Lorraine- 
Vaudémont),  était  issu,  au  sixième  degré, 
de  Marie  de  Luxembourg-Ligny-Saint- 
Pol,  dont  la  fille,  Jeanne  de  Condet-Bail- 
leul-Moriamez,  fut  l'épouse  de  Fastred, 
sire  et  baron  de  Ligne,  niaréchal  de  Hai- 
naut,  son  quatrième  aïeul.  Et  ladite  Marie 
de  Luxembourg-Saint- Pol  était  sous  arrière- 
petite-fille  de  Valeran,  seigneur  de  Ligny 
et  de  Roussi. 

Par  sa  mère,  née  de  Croï,  Antoine  de 
Ligne  avait  pour  autre  ancêtre,  Margue- 
rite de  Joinville,  dame  dudit  lieu  et  com- 
tesse de  Vaudémont,  dont  la  mère  était 
Marie  de  Luxembour'.^-Ligny,  fille  de 
Jean,  châtelain  de  Lille,  et  d'Alix  de 
Flandres-Dampierre-Bourbon  (i). 

Le  comte  P. -A.  duChastel, 

descendant  des  maisons  de  Luxcmhoiirg  et 
de  Lorraine  par  Jeanne-Lamberte  de 
Croï-Rœulx. 

Titulaires  de  majorât?  ^L.  724).  — 
Mon  excellent  ami  M.  Louis  Thomas,  un 
de  nos  meilleurs   publicistes    régionaux, 


(i)  Voyez  le  Dictionnaire  historique  de 
Morcri,  aux  mots  France^  Ligne,  Lorraine 
et  Luxembourg. 


qui  habite  actuellement  Grisolles,  se  met 
à  la  disposition  de  V Intermédiaire  et  du 
collaborateur  R.  F.  pour  tous  renseigne- 
ments concernant  son  majorât  en  dota- 
tion. DE  Thomières. 

Le  boulet  qui  a  tué  Turenne  (L, 

665).  —  Un  de  nos  confrères  les  plus 
heureux  en  trouvailles  intéressantes,  qu'il 
expose  avec  beaucoup  d'esprit  et  de  ta- 
lent, M.  Etienne  Charles,  de  la  Liberte\3i 
voulu  percer  le  mystère  des  de.ux  boulets, 
conservés  l'un  à  Saizbach,  l'autre  à  Paris, 
qui  passent,  chacun,  pour  être  celui  qui  a 
tué  Turenne. 

C'est  au  musée  de  l'Armée,  à  droite  de 
l'entrée,  dit  M.  Etienne  Charles, que  l'on  peut 
voir,  sous  verre,  le  fameux  boulet,  lequel  a  un 
diamètre  de  0.073  ^t  pèse  i  kilog.  510,  et 
divers  autres  objets,  le  tout  désigné  ainsi  sur 
l'étiquette  explicative  :  «  Boulet  qui  a  tué 
Turenne  ;  flambeaux  de  ^on  équipage  de 
Campagne  et  statuette  équestre  (conservés  h 
l'hôtel  des  Invalides).  Médaillon  représentant 
le  portrait  du  maréchal,  don  du  baron  du 
Teil.  » 

C'est  seulement  le  médaillon,  qui  a  été 
donné  par  M.  du  Teil.  Les  autres  objets,  le 
boulet  notamment,  proviennent.  m'a--t-on 
déclaré  au  musée  de  l'Armée,  du  musée  d'Ar- 
tillerie et  lui  avaient  été  donnés  au  début  du 
second  Empire  par  la  famille  Hay  de  Slade. 

On  n'a  pu,  au  musée  de  l'Armée,  m'en 
dire  davantage  sur  la  provenance  du  boulet 
ni  sur  les  conditions  dans  lesquelles  il  était 
entré  dans  les  mains  de  la  famille  Hay  de 
Shde.  On  a  seulement  ajouté  que  l'on  croyait 
que  l'acceptation  de  ce  le; s  avait  été  précédée 
d'une  enquête  officielle  et  avait  fait  l'objet 
d'un  décret  de  Napoléon  III. 

j'ai  entièrement  parcouru    le    Bulletin  des 


Lois  de    1S53  à 


1870 


je  n  y   ai    trouve    que 


deux  décrets  relatifs  aa  musée  d'Artillerie, 

L'un,  du  22  novembre  1856,  accepte  le  legs 
fait  à  ce  musée  par  M.  Napoléon  Bessières, 
duc  d'htrie,  de  <£  1"  deux  pièces  de  canon 
prises  à  Médina -del-Rio-."-ecco.  le  14  juillet 
1808  ;  2°  un  sabre  arabe  avec  ses  origines  ; 
3°  les  armes,  rapportées  par  lui,  des  cheva- 
liers de  Saint-Jean-de-]érusalem  ». 

L'autre,  du  18  mai  1S67,  autorise  le  minis- 
tre de  la  guerre  à  accepter  le  legs  «  fait  par 
feu  M.  le  baron  Léon-François  Desmazis  au 
musée  d'artillerie,  comprenant  la  collection 
de  ses  armes  tant  otïensives  que  défensives, 
avec  tous  les  accessoires  d'armes,  tant  de 
chasse  que  de  guerre,  tels  que  poires  à  pou- 
dre, clefs  d'arquebuse  et  tous  les  accessoires 
généralement  quelconques  qui  se  rattachent 
aux  armes  du  quinzième  siècle.  » 


OHS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


~    849 


850 


10  Décembre   1904 


il  n'y  a  pas,  au  Biillelin  des  Lois,  de  dé- 
cret relatif  au  don  de  la  famille  Hay  de  Slade. 
La  question,  comme  on  dit  au  Parlement, 
resîe  donc  entièie. 

Dos  deux  exemplaires  du  «  boulet  qui  a 
tué  Turenne»,  celui  des  Invalides  et  celui  de 
Salzbacii.  l'un,  forcément,  est  faux.  Mais  le- 
quel ? 

Le  général  Thiébault,  dans  ses  Mémoires, 
raconte  qu'un  de  ses  camarades,  nommé  Ri- 
vière, possédait  le  boulet  qui  avait  tué  Tu- 
renne  et  qui  avait  appaitenu  à  la  famille  de 
Bouillon,  de  laquelle  était  Turenne. 

List-ce  ce  boulet  que  l'on  voit  au  musée  de 
l'armée  ?  Et  comment  de  ce  Rivière  éfait-il 
venu  aux  mains  de  la  famille  flav   de   Slade  ? 


Le  droit  du  i^eigneur  (T.  G.  290  ; 
L,2o6,  29^,  396,735.  Soi).  — Pourse  faire 
une  juste  idée  de  ce  droit,  il  faut  se  bien 
persuader  qu'il  a  existé  dans  l'ancien 
monde,  dès  les  temps  les  plus  reculés  ; 
ce  droit  n'était  donc  qu'un  reste  d'une 
coutume  antique.  Anisi,  d'après  Hérodote 
(IV,  158),  dans  la  tribu  libyque  des  Ad}^-- 
makhides,  «  on  présentait  au  roi  les  filles 
qui  voulaient  se  marier,  et  celles  qui  lui 
plaisaient  étaient  déflorées  par  lui  ». 
Ainsi  encore,  d'après  Volkof,  ce  même 
usage  existait  parmi  les  Slaves  du  Sud 
et,  en  L  kraine,  il  n"a  cessé  qu'à  l'époque 
de  l'affranchissement  des  serfs,  en  1861. 
D'A.  T.  Vercoutre. 

*  * 

je  m'étais  imposé  jusqu'ici  de  ne  rien 
écrire  en  réponse  à  la  question  irritante  du 
droit  du  seigneur  poiu-  lequel  on  signale 
trop  de  probabilités  et  pas  assez  de  textes, 
j'avais  pour  cela  de  bonnes  raisons  :  elle  a 
été  traitée  depuis  si  longtemps  et  de  tant  de 
manières,  je  sais  de  plus,  qu'il  y  faudrait 
une  grande  compétence  et  une  réelle  au- 
torité ;  aussi,  je  me  contentais  d'assister 
au  débat  en  curieux  intéressé.  Il  ne  sem- 
ble pas,  en  effet,  qu'on  ait  encore  apporté 
un  argument  décisif.  On  a  cité  quelques 
cas  isolés  qui  semblent  plutôt  des  excep- 
tions brutales  que  des  faits  d'ordre  géné- 
ral. 

L'un  des  droits  de  l'abbaye  de  Voisins 
(L,  396)  est  beaucoup  plus  facile  à  éluci- 
der et  n'a  qu'un  rapport  très  lointain  avec 
le  droit  du  seigneur.  C'est  un  droit  fiscal 
féodal,  dont  on  connaît  beaucoup  d'exem- 
ples et  voilà  tout.  Il  a  fallu  un  mot  de 
mauvais  latin,  injambis  corporum ,  pour  éta- 


blir,  par  altération,  une  corrélation  vague 
avec  le  droit  de  jambage.  Ce  droit  de  jambes 
de  po}c  peut  paraître  singulier,  mais  il  en 
est  bien  d'autres  dans  les  coutumes  et  les 
aveux  du  moyen  âge.  Celui-ci  consistait, 
en  particulier,  dans  la  redevance  d'un  ou 
deux  pieds  des  porcs  tués  par  les  bou- 
chers ou  chairecuitiers.  Il  devait  être  établi 
dans  des  conditions  propres  à  chaque  fief 
et  je  suis  persuadé  que  si  on  faisait  une 
recherche  dans  les  aveux  de  l'abbaye  de 
Voisins,  on  trouverait  certainement  un 
texte  précis  qui  le  définirait  d'une  façon 
plus  formelle  que  la  citation  à  laquelle  je 
réponds. 

11  existait  à  Mantes,  un  fief  de  Cham- 
bine,  relevar.t  en  plein  fief  des  seigneurs 
de  jouy,  qui  étaient  les  chanoines  de  la 
Sainte-Chapelle  de  Paris  au  xv«  siècle, 
et  en  arrière-fief,  des  seigneurs  de  Rosny. 
Le  droit  principal  est  ainsi  énoncé  vers 
1390  :  «  Item,  les  piets  de  devant  de  tous 
les  pourceaulx  que  tuent  les  bouchers  de 
la  ville  de  Mante  et  que  les  marchands  du 
dehors  y  apportent  pour  vendre...  Item, 
chacun  boullanger  qui  vent  pain  en  la 
ville  de  Mante  doit  chascun  dimanche  un 
denier  de  coutume.  »  On  connaît  ce  droit 
dès  le  xiu''  siècle  et  il  est  bien  le  même 
que  celui  de  l'abbaye  de  Voisins.  Ce  n'est 
pas  autre   chose  qu'un    revenu    de  la  sei- 


gneurie. 


Qj.]ant  au  fameux  droit  du  seigneur, 
je  puis  assurer  que  fouillant  des  archives 
anciennes  depuis  cinq  ans.  en  vue  de  re- 
recherches locales,  je  n'ai  encore  trouvé 
rien  autre  que  le  droit  de  Mets  dans  la 
chatellenie  de  Blaru  près  Mantes  et  dans 
quelques  seigneuries  voisines  d'origines 
communes.  Il  consiste,  comme  on  sait, 
en  un  plat  du  repas  de  noces,  semblable 
au  meilleur  servi  aux  mariés.  Il  était 
porté  au  seigneur,  par  les  parents  des 
époux,  précédés  du  ménétrier.  Peu  à  peu, 
ce  droit,  en  nature,  fut  changé  en  une 
redevance  en  argent. 

je  demande  pardon  de  citer  si  souvent 
la  Condition  de  la  Classe  Agricole  en  Nor- 
mandie de  M.  Léopold  Delisle,  mais  c'est 
une  source  si  sûre  et  de  plus  inépuisable. 
Dans  une  note,  il  rappelle  les  vers  con- 
nus : 

Le  vilain  sa  fîlle  marie 
Pir  dehors  la  seignorie 
Le  seignour  en  a  le  culage  ; 
m  sol  en  del  mariage. 


N.   1060. 


L'INTfiRMÊDiAIRE 


^^^    851 


852 


Et  il  ajoute  :  «  Dans  ces  vers  on  ne 
peut  être  choqué  que  de  l'expression. Dans 
un  aveu  de  l'abbaye  du  Trop,  en  145s, 
nous  voyons  encore  les  vassaux  tenus 
«  de  paier  le  cullage  de  mariage  >v  Dans 
l'un  et  l'autre  de  ces  exemples,  il  ne  s'agit 
encore  que  d'une  redevance  en  argent, 
ce  qui  autorise  à  donner  une  semblable 
autorisation  au  «  droit  de  cullage  quand 
on  se  marie  »  que  le  comte  d'Hu  avait 
sur  ses  hommes  ».  Et  encore  :  «  Dans  le 
xii'  siècle  à  Carpiquet,  l'abbesse  de  Caen 
demandait  trois  sous  au  paysan  dont  la 
fille  s'établissait  hors  de  sa  seigneurie.... 
Les  vilains  de  Vernon  acquittaient  un  droit 
semblable  au  profit  des  moines  du    Mont 

Saint-Michel Au  xiii*  siècle   dans    \xn 

manoir  anglais  des  moines  de  Préaux, cette 
redevance  s'appelait  la  Gtieison  :  Dehciit 
date  Guersiniii/nvii  (1231).  »  Enfin  M. 
Léopold  Delisle  cite  maint  exemple  de  re- 
devances en  gâteaux,  membre  de  bœbf, 
longe  de  porc  avec  la  queue, etc,  et  il  ter- 
mine ainsi  :  «  Pour  être  absolument  im- 
partial, observons  qu'une  fois  seulement 
un  mot  peu  décent  (dans  les  vers  cités) 
s'est  rencontré  sous  notre  plume  :  mais 
que  le  vers  suivant  ne  laisse  pas  la  moin- 
dre place  à  une  maligne  interprétation  ; 
qu'une  autre  fois  encore,  les  regards  de 
mariages  sont  indiqués  comme  l'équiva- 
lent d'autres  redevances  remises  à  la  fin 
du  xiii^  siècle  par  le  seigneur  de  Chauvi- 
gny  à  ses  hommes  (gastel,  jambe  de  port 
bon,  etc),  mais  que  personne  ne  saurait 
se  faire  un  argument  de  la  transformation 
de  ces  redevances,  à  moins  de  s'appuyer 
sur  le  contrat  même  de  rachat —  enfin, 
que  dans  un  seul  cas  nous  avons  vu  spé- 
cifier ce  droit  infâme  dont  le  nom  se  jette 
sans  cesse  à  la  face  de  la  féodalité  comme 
le  plus  sanglant  outrage  ;  mais  que  dans 
ce  cas  même  nous  n'avons  sous  les  )'eux 
qu'une  formule  comminatoire,  puisque 
l'exercice  de  ce  droit  est  subordonné  à  la 
négligence  que  le  mari  mettrait  à  donner 
un  morceau  de  porc  ou  un  galon  de  vin.  » 

Voilà  l'aveu  auquel,  il  est  fait  allusion  : 
«  Eu  dit  lieu  (la  Rivière  Bourdet,  en  1419) 
aussi  ay  droit  de  prendre  sur  mes  hommes 
et  autres  quant  ilz  se  marient  en  ma  terre, 
dix  soulz  tournois  et  une  longue  (longe) 
de  porc  tout  au  long  de  l'eschine  jusques 
à  l'oreille,  et  la  queue  franchement  com- 
prinse  en  y  celle  longue,  avecque  ung 
gallon  de  tel  bruvaige  comme  il  aura  aux 


nopces,  011  je  puis  et  dois,  s'il  me  plaist 
ûlcr  conchier  avecqiies  l'espoiisée,  eu  cas  ou 
sou  mary  eu  personne  de  par  lui  ne  me  paie- 
rait à  moy  ou  à  mon  eonm-iandtment  l'une 
des  choses  dessus  déclairées.  » 

Voilà  donc  un  texte  précis,  mais  si 
conditionnel  qu'il  en  faut  chercher  d'au- 
tres. Je  m'arrêterai  ici  en  soumettant  une 
observation  sur  le  mot  cullagium  :  pour- 
quoi ne  viendrait-il  pas  de  Cul  la,  vesimen- 


lis  genus  ut  Cucidla  ? 


E.  Grave. 


♦  » 


On  m'a  fait  dire  :  «  Au  surplus,  on 
<(. annonçait  qu'un  tel  droit,  pour  bien  des 
«  raisons,  ne  se  prélevait  pas  toujours  en 
nature  ».  —  ce  qui  n'a  pas  de  sens. 
J'avais  écrit  :  «  Au  surplus,  on  conçoit 
qu'un  ))  etc.,  etc.  Léon  Sylvestre. 

La  banqueroute  du  prince  de 
Guéménéo(L,'723).  — On  trouve,  chez 
les  marchands  d  autographes  et  de  docu- 
ments, des  papiers  sur  cette  ruine. 

A    S  .Y. 

î,a  petito-ûUo  du  chevalier 
d'Assas^T.  G,  641,793).  — Les  titu- 
laires actuels  sont  :  M.  Louis,  marquis 
d'Assas,  propriétaire  du  château  du  Cas- 
telnau,  près  de  Nant  (Avcyron),  Mme  la 
comtesse  de  Riencourt,  château  de  Beau- 
court  (Somme),  et  madame  la  comtesse 
Doria,  château  d'Orroy  (Somme),  tous 
issus  du  marquis  d'Assas  (Fulcrandj  et  de 
la  marquise  née  d'Espous. 

Le  vicomte  de  Bonald. 

La  famille  Sniison.  Le  droit 
do  havage  (T.  G.,  820  ;  XLIX,  923  ;  L, 

1  56,  267,698,746,  790).  —  Sur  ce  droit  de 
havage,  voyez  l'article  :  Le  Bourreau 
d'Angers,  1784,  de  M.  E.  Laurcin,  dans 
V Anjou  historique  àQ  septembre  1904,  pp. 
153  sq.  Louis  Calendini. 

Livre debord  delas<  Sémillante» 

(L,  721).  —  Les  rôles  d'équipage  des  bâ- 
timents de  l'Etat  sont  conservés  dans  les 
archives  du  commissariat  (Détail  des 
armements)  des  cinq  ports  de  guerre. 

Toutefois,  ceux  antérieurs  à  1792, après 
avoir  été  déposés  aux  archives  de  la  ma- 
rine, à  Paris  sont, depuis  peu  d'années, aux 
Archives  nationales.  Je  n'ai  pas  à  ma  dis- 
position le  répertoire  du  commissaire  gé- 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre  (904. 


855 


854 


néral  de  La  Gatinerie  qui  indique  les  ports 
comptables  des  bâtiments  armés  jusqu'en 
1836  et  je  ne  puis  indiquer  à  notre  colla- 
borateur l'arsenal  qui  avait  armé  «  La 
Séniillante  »  à  la  fin  du  xviu^  siècle.  J'ai 
cependant  lieu  de  penser  que  cet  armement 
eui  lieu  à  Brest. 

Les  journaux  de  navigation  (le  terme 
livres  de  bord  est  impropre)  se  trouvent 
dans  les  archives  des  majorités  des  ports 
et  au  dépôt  des  cartes  et  plans  à  Paris. 

E.  M. 

Les  256  quartiers  cîu  comte  de 
Chainbord  (L,  389).  —  Je  ne  sais  pas 
si  l'on  a  donné  quelque  part  ces  quar- 
tiers :  j"ai  cherché  à  les  reconstruire  et  je 
crois  avoir  à  peu  près  réussi. 

J'adresse  à  ï Intermédiaire  des  tableaux 
qui  démontrent  la  descendance  du  comte 
de  Chambord  de  ces  2^6  aieux,  avec 
prière  de  les  communiquer  à  M.  A.  B. 
qui  a  posé  la  question,  aussi  bien  que 
rénumération  de  ces  aieux  dans  le  cas 
où  ils  pourraient  intéresser  les  lecteurs  de 
Y  Intennédiaiie. 

Dans  cette  énumération,  il  y  a  trois  la- 
cunes :  la  plus  importante  est  celle  qui 
comprend  les  quartiers  17  à  32,  c'est-à- 
dire  les  16  quartiers  de  Marie  Lesczinska, 
la  femme  du  roi  Louis  XV  ;  il  s'agit  de 
familles  polonaises  sur  lesquels  je  ne 
possède  pas  de  renseignements. 

Autre  lacune  au  N"  48  :  ici  il  ne  s'agit 
que  de  la  femme  de  Jean-Casimir  Wild- 
Rhingrave,  et  mère  d'Anne-Dorothée 
Wild-Rhingrave,  morte  en  1655,  qui 
épous  Ebérard  III,  duc  de  Wurtemberg- 
Stuttgard,  né  en  1614  •{-  1674.  }e  n'ai  pas 
sous  la  main  le  Dictionnaire  Historique  de 
Moreri  (Edit.  de  1759)  :  mais  je  crois  que 
l'on  pourra  y  trouver  ce  nom  à  l'article  : 
Wurtemberg  :  je  crois  même  que  cet  au- 
teur consacre  une  notice  à  la  famille  de 
]ViId-Rlnn  grave  ou  de  Salm  :  il  s'agit  de 
vérifier. 

Enfin,  pour  compléter  les  256  quar- 
tiers, il  faudrait  retracer  les  noms  des 
quatre  aïeux  de  Marie-Polixène  Kuhon  de 
Beîasy  (famille  hongroise  r)  morte  en 
1714,  femme  de  Maximilien-CharleS, 
prince  de  Lœwenstein,  né  en  1656  f  en 
1718  (quartiers  93-96), 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


I    Louis  XIII, 


*  * 
roi   de 


France,  2   Anne 


d'Autriche,  3  Philippe  IV,  roi  d'Espagne, 
4  Elisabeth  de  France,  s  Maximilien, élec- 
teur de  Bavière,  6  Marie-Anne  d'Autriche, 
7  Victor-Amédée  I",  duc  de  Savoie,  8 
Christine  de  France,  9  Victor  Amédée  I*"", 
duc  de  Savoie,  10  Christine  de  France, 
Il  Charles-Amédée  de  Savoie,  duc  de  Ne- 
mours. 

12  Elisabeth  de  Vendôme,  13  Louis  X^II 
roi  de  France,  14  Anne  d'Autriche,  15 
Charles  T''  roi  d'Angleterre,  ib  Henriette 
de  France  (ly  à  ^2  les  16  quartiers  de  Marte 
Lescj^inska  femme  de  Louis  XV^  roi  de 
France),  33  Jean  Georges  ?■■  électeur  de 
Saxe,  34  Madeleine  de  Brandebourg,  35 
Chrétien  de  Bandebourg,  margrave  de  Ba- 
reith,36  Marie  de  Prusse,  37  Chrétien  IV, 
roi  de  Danemark,  38  Anne  de  Brande- 
bourg, 39  Georges,  duc  de  Brunswick- 
Zell,  40  Anne  d'Hesse-Darmstadt,  41 
Chrétien  de  Brandebourg,  margrave  de 
Bareith,^42  Marie  de  Prusse,  43  joachim- 
Ernest  de  Brandebourg,  margrave  d'Ans- 
pach,  44  Sophie  de  Solms,  45  Jean-Fré- 
déric, duc  de  Wurtemberg-Stuttgard,  46 
Barbe  de  Brandebourg,  47  Jean  Casimir 

Wild-Rhingrave,  48 49  Ferdinand  II 

d'Autriche,    empereur  d'Allemagne,     50 
Marie  de  Bavière. 

51  Philippe  III  roi  d'Espagne,  52  Mar- 
guerite d'Autriche,  53  Wolfang  Guillaume 
de  Bavière, duc  de  Neubourg,  54  Margue- 
rite de  Bavière,  5^  Georges  II  landgrave 
d'Hesse-Darmstadt,  50  Sophie  de  Saxe, 
57  Guillaume  de  Brunswick  duc  de  Lu, 
nebourg  Zell,  58  Dorothée  de  Danemark, 
■59  Louis  XV,  landgrave  d'Hesse-Darms- 
tadt, 60  Madeleine  de  Brandebourg,  61 
Frédéric  V  de  Bavière,  électeur  Palatin, 
62  Elisabeth  Stuart,  63  Charles  de  Gon- 
zaga,  duc  de  Nevers  et  de  Mantoue,  64 
Catherine  de  Lorraine,  65  Charles  Em- 
manuel I,  duc  de  Savoie,  66  Catherine 
d'Autriche,  67  Henri  IV,  roi  de  France, 
68  Marie  de  Médicis,  69  Henri  de  Savoie, 
duc  de  Nemours. 

70  Anne  de  Lorraine,  71  César  de 
Bourbon,  duc  de  Vendôme,  72  Françoise 
de  Lorraine,  73  Henri  IV,  roi  de  France, 
74  Marie  de  Médicis,  75  Philippe  III,  roi 
d'Espagne,  76  Marguerite  d'Autriche, 
77  Jacques  I,  roi  d'Angleterre,  78  Anne 
de  Danemark,  79  Henri  IV  roi  de  France, 
80  Marie  de   Médicis,  81  Maurice,  land. 


N*  1060, 


L'INTERMEDIAIRE 


855 


856 


guérite 


grave  d'Hesse-Cassel,  82  Julie  de  Nassau- 
Dilleni  bourg. 

83  Philippe-Reinald,  comte  d'Hohen- 
Solms,  84  Elisabeth  de  Wied,  85  Jean 
Théodoric,  comte  de  Lœwenstein,  86  Jos- 
sine  de  la  Marck,  87  Egon,  comte  de 
Furstemberg,    88   Anne   de    Hohenstein, 

89  Jean  Théodoric, comte  de  Lœwenstein, 

90  Jossine  de  la  Marck,  91  Egon,  comte 
de  Furstenberg,  92  Anne  de  Hohenstein 
(çp-p6  :  les  quatre  quartiers  de  Marie  Po- 
lixcne  KJnion  de  Bêlas  y  f  ly  i^^  femme  de 
Maximilien  Charles  prince  de  Lœxvenstein), 
97  Henri  IV,  roi  de  France,  98  Marie  de 
Médicis. 

99  Philippe  III, roi  d'Espagne,  100  Mar- 
d'Autriche,  loi  Philippe  111,  roi 
d'Espagne,  102  Marguerite  d'Autriche, 
103  Henri  IV,  roi  de  France,  104  Marie  de 
Médicis,  105  Guillaume  V  duc  de  Bavière, 
106  Renée  de  Lorraine,  107  Ferdinand  II 
d'Autriche,  empereur  d'Allemagne,  108 
Marie  de  Bavière,  109  Charles  Emma- 
nuel I,  duc  de  Savoie,  1 10  Calherine  d'Au- 
triche, III  Henri  ÎV,  roi  de  France,  112 
Marie  de  Médicis,  1 13  Ranuce  1  Farnèse, 
duc  de  Parme,  114  Marguerite  Aldobran- 
dini. 

115  Côme  11  de  Médicis,  grand  duc  de 
Toscane,  116  Marie  Madeleine  d'Autriche, 

117  Alphonse  111  d'Esté,  duc  de  Alodène, 

118  Isabelle  de  Savoie,  119  Ranuce  1  Far- 
nèse, duc  de  Parme,  120  Marguerite  Al- 
dobrandini,  121  Philippe  Louis  de  Ba- 
vière, duc  de  Neubourg,  122  Anne  de 
Clèves,  123  Guillaume  V  duc  de  Bavière, 
124  Renée  de  Lorraine,  125  Louis  V 
Landgrave  d'Hesse-Darmstad,  12(3  Made- 
leine de  Brandebourg,  127  Jean  Georges  II 
électeur  de  Saxe,  128  Madeleine  de  Bran- 
debourg. 

129  Louis  XIII  roi  de  France,  130  Ann^ 
d'Autriche,  131  Philippe  IV  roi  d'E?pa- 
gne,  132  Elisabeth  de  France,  133  Maxi- 
milien, électeur  de  Ba\'ière,i34Marie  Anne 
d'Autriche,  135  Victor  Amédée  I,  duc  de 
Savoie,  136  Christine  de  France,  137 
Edouard  P"",  Farnèse,  duc  de  Parme,  138 
Marguerite  de  Médicis. 

139  François  I'^'"  d'Esté  duc  de  Modènei 
140  Marie  Farnèse,  141  Vv'^olfang  Guillau" 
me  de  Bavière,  duc  de  Neubourg,  142 
Marguerite  de  Bavière,  143  Georges  II, 
Landgrave  d'Hesse-Darmstadt,i44  Sophie 
de  Saxe,  145  Jean  Georges  II,  électeur  de 


Madeleine    de 


Brandebourg 


Saxe,     146 

Culmbach. 

147  Frédéric  ill  roi  de  Danemarck,  izj8 
Sophie  de  Brunswick,  149  Herman  de 
Brandebourg,  margrave  de  Bareth,  150 
Sophie  de  Brandebourg  -  Anspach,  151 
Ebérard  111,  duc  de  WurtembergStuttgard, 
153  Anne  Dorothée  Wild-Rhingrave,  153 
Ferdinand  111,  empereur  d'Allemagne,  154 
Marie- Anne  d'.-\utriche. 

I  7=5  Philippe-Guillaume  de  Bavière  élec- 
teur Palatin,  i^ôElisabeth  d'Hesse  Darms- 
tadt,  i  57  Georges  duc  de  Brunswick  Zell, 
158  Anne  d'Hesse  Darmstadt,  159  Edouard 
de  Bavière,  com.te  Palatin,  160  Anne  de 
Gonzaga,  161  François  duc  de  Lorraine, 
162  Christine  de  Salm,  163  Henri  11  duc 
de  Lorraine. 

164  Marguerite  de  Gonzaga,  165  Fer- 
dinand II  empereur  d'Allemagne,  166 
Marie-Anne  de  Bavière,  167  Charles  de 
Gonzaga-Clèves,  duc  de  Rethelois,  168 
Marie  de  Gonzaga,  169  Henri  Î'V,  roi  de 
France,  170  Marie  de  Médicis,  171  Phi- 
lippe III  roi  d'Espagne,  172  Marguerite 
d'Autriche. 

173  Frédéric  V  de  Bavière  électeur  Pa- 
latm,  174  Elisabeth  Siuart,  175  Guillau- 
meV, landgrave  d'Hesse-Cassel,  176  Amé- 
lie de  Hanau,  177  Fernand  11  empereur 
d'Allemagne,  178  Marie- Anne  de  Bavière, 
179  Philippe  III,  roi  d'Espagne,  180  Mar- 
guerite d'Autriche,  181  Wolfang  Guil- 
laume de  Bavière,  électeur  Palatin,  182 
Marguerite  de  Bavière, 

183  Georges  II,  landgrave  d'hlesse- 
Darmstadt,  184  Sophie  de  Saxe,  185  Au- 
guste de  Brunswick  duc  de  Wolfenbuttel, 
186  Dorothée  d'Anhalt  Zerbzt,  187  Fré- 
déric, duc  d'Holstein  Norbourg,  188  Eléo- 
nore  d'Anhalt,  189  Joachim-Ernest. comte 
d'Œttingen-Œttingen,  190 Anne  de  Solms. 
191  Ebérard  II,  duc  de  Wurtemberg- 
Stuttgard, 192  Anne  Dorothée  Wild-Rhin- 
grave, 193  François  duc  de  Lorraine,  194 
Christine  de  Salm,  19c  Henri  il  duc  de 
Lorraine,    196  Marguerite    de    Gonzaga, 

197  Ferdinand  II  empereur  d'Allemagne, 

198  Marie-Anne  de  Bavière,  199  Charles 
de  Gonzaga-Clèves,  duc  de  Rethélois,  200 
Marie  de  Gonzaga. 

201  Henri  IV  roi  de  France,  202  Marie 
de  Médicis,203  Philippe  III,  roi  d'Espagne, 
204  Marguerite  d'Autriche,  20^  Frédéric 
V  de  Bavière  électeur  Palatin,  206  Elisa- 
beth Stuart,207  Guillaume  IV,  landgrave 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre   1904 


--^    857 


858 


d'Hesse-Cassel,   208  Amélie    de    Hanau, 

209  Ferdinand  II.  empereur  d'Allemagne, 

210  Marie-Anne  de  Bavière,  21 1  Philippe 
111.  roi  d'Espagne. 

2  {2  Marguerite  d'Autriche,  213  Wol- 
fang  Guillaume  de  Bavière  électeur  Pala- 
tin, 214  JVLirguerite  de  Bavière.2it5  Geor- 
ges II.  landgrave  d'Kesôe-Cassel.  216  So- 
phi^  de  Saxe,  217  Auguste  de  Brunswick 
duc  de  Woifanbuttel,2i8  Dorothée  d'An- 
halt-Zerbzt. 

219  Frédéric, duc  d'Holstein-Norbourg, 
220  Éléonore  d'Anhalt,  221  Joacliim-Er- 
nest  comte  d'Œttingen-Œttingen,  222 
Anna  de  Salm,  223  Ebérard  ill,  duc  de 
Wurtemberg  Stuttgard,  224  Anne  Doro- 
thée Wild-Rhingrave,  225  Louis  XIII,  roi 
de  France. 

226  Anne  d'Autriche,  227  Philippe  IV 
roi  d'Espagne,  228  Elisabeth  de  France, 
229  Maximilien  électeur  de  Bavière,  230 
Marie-Anne  d'Autriche,  231  Victor-Amé- 
dée  l'^r  duc  de  Savoie,  232  Christine  de 
France,  233  Edouard  F"",  Farnèse,  duc  de 
Parme 

234  Marguerite  de  Médicis,  235  Fran- 
çois d'Esté, duc  de  Aiodène,236  Marie  Far- 
nèse, 237  Wolfang  Guillaume  de  Bavière, 
électeur  Palatin,  238  Marguerite  de  Ba 
vière,  239  Georges  II,  landgrave  d'Hesse- 
Darmstadt,240  Sophie  de  Saxe,  241  Jean 
Georges  II, électeur  de  Saxe. 242  Madeleine 
de  Brandebourg  Culmbach,  245  Frédéric 
III,  roi  de  Danemarck,  244  Sophie  de 
Brunswick. 

245  Herman  de  Brandebourg, margrave 
de  Bareith,  246  Sophie  de  Brandebourg- 
Anspach,  247  Ebérard  II, duc  de  Wurtem- 
berg-Stuttgard,248  Anne  Dorothée  Wild- 
Rhingrave.  249  Ferdinand  III. empereur 
d'Allemagne,  2=50  Marie-Anne  d'Autriche, 
251  Philippe-Guillaume  de  Bavière,  élec- 
teur Palatin. 

2^2  Elisabeth  d'Hesse-Darmstadt,  253 
Georges,  duc  de  Brunswick  Zell,  254 
Anne  d'Hesse-Darmstadt,  255  Edouard  de 
Bavière,  comte  Palatin,  256  Anne  de 
Gonzaga. 


Armo  ries  des  évêchés,  abbayes 
etc.  —  L,  t-j2,  807).  — La  Coussière  est 
prié  de  se  reporter  aux  tomes  XXX, 
XXXI,  XXXIl  de  V Intermédiaire.  T.  XXXI, 
col.  372,  il  verra  que  l'archevêché  de 
Besançon  a  pour  armes  une  aigle  éployée 
(Les  émaux  ne  sont  pas  décrits). 


L'Armoriai  des  archevêchés,  évêehés, 
abbayes,  chapitres,  prieurés,  couvents  de 
France  existe  —  en  manuscrit.  Verra-t-il 
jamais  le  jour  ?  J'en  doute.  Un  de  nos 
amis  qui  a  dressé  un  «  Dictionnaire  topo- 
graphique  des  archevêchés,  évêchés, 
abbayes...  avec  la  description  de  leurs 
armoiries,  la  bibliographie  et  l'iconogra- 
phie de  chacun  (t)  d'eux  »  avait,  étant  à 
Rome,  l'année  dernière,  trouvé  une  com- 
binaison qui  permettait  d'éditer  cet  ou- 
vrage dans  des  conditions  économiques, 
telles  qu'un  exemplaire  de  ce  dictionnaire 
aurait  pu  être  offert  à  titre  gracieux  à 
toutes  les  bibliothèques  ecclésiastiques  de 
France,  aux  séminaires,  etc.,  et  que  le 
produit  de  la  vente  des  exemplaires  res- 
tants aurait  grossi,  tous  les  ans,  le  chiffre 
du  denier  de  Saint-Pierre.  Il  rédigea  une 
note  explicative  et  détaillée  qu'il  remit  aux 
personnages  sur  le  concours  desquels  il 
croyait  pouvoir  compter.  Ce  fut  en  pure 
perte.  On  ne  prit  pas  garde  à  sa  note... 

Néanmoins,  je  suis  autorisé  à  dire  à 
noire  excellent  collaborateur,  que  les 
15.000  fiches  qui  ont  servi  à  composer  le 
Dictionnaire  topographique  ecclésiastique 
sont  et  seront  toujours  à  sa  disposition.  11 
n'a  qu'à  ?iàvtsstv  kV Intermédiaire .,sts  desi- 
derata. La  réponse  suivra  sans  tarder. 

A.  S,.E 

Pourquoi  la  couronne  de  comte 
a.-t-elle  été  si  souvent  usurpée 
dans  les  armoiries?  (L.  725).  —  Sans 
prétendre  répondre  à  la  question  de  Léda, 
je  me  permettrai  de  faire  observer  qu'il 
devait  y  avoir  une  certaine  tolérance  à 
l'égard  de  la  couronne  de  comte,  car  il 
est  admis  en  blason  que  la  couronne  de 
comte,  ainsi  que  la  couronne  de  marquis, 
n'implique  aucun  titre  chez  ceux  qui  la 
portent,  tandis  que  les  couronnes  de  duc, 
de  vicomte  et  de  baron  impliquent  l'exis- 
tence des  titres  de  duc,  de  vicomte  ou 
de  baron  chez  ceux  qui  en  timbrent  leurs 
armes.  Le  vicomte  de  Bonald. 

Le:-:  .s^mss  des  Collet  (L,  726).  — ^ 
Faut-il  lire  (XY{e  pour  d'Ys  ?  Famille 
originaire  de  Monaco,  dont  un  rameau 
s'établit  en  Dauphiné  au  xvi**  siècle,  puis 
en  Lyonnais,  et  dont  les  armes  étaient  : 
d'argent  au  lion  de  gueules,  à  la  bande 
d'a;(ur  chargée  en  chef  d'une  fleur  de  lys 
d'or  brochant  sur  le  tout.  Jehan. 


N'  1060. 


L'INTERMEDIAIRE 


859 


860 


Armes  de  trois  familles  bourgai- 

gnonnes  (L,    726).   — Rietstap  donne  : 
Villeîîeuve  Je  la  Saira^.  en  Bourgogne, 
maison  éteinte  :  de  sable  à  cinq  hcsans  d'ar- 
gent^ deux  7t)i  et  deux. 

Griff'otid.  Il  y  a  deux  personnages  de 
ce  nom  dans  V Armoriai  général,  généra- 
lité de  Bourgogne  :  Pierre  GrifTond,  lieute- 
nant delà  mareschaussée  de  Bresse  '.d'azur 
à  une  pirarnide  (sic)  d'or,  et  tm  chef  cousu 
de  gueules,  chargé  d'un  griffon  passant  d'or 
—  Jacques  Gritfon,  conseiller  du  Roy  au 
bailliage  de  Bourg  en  Bresse  :  d'azur  à 
un  pairie  renversé  d'or,  et  un  chef  de 
gueules  chargé  d'un  griffon  d'argent.  — 
Peut-être  ces  personnages  descendaient- 
ils  des  Griffond  de  Dijon  ?  Jehan. 

Armoiries  à  déterminer:  à  trois 
molettes  d'éperon  de  sable  (L,  444, 
587,  692).  M.  T.  insiste  pour  que  les  mo- 
lettes de  la  famille  de  Tubières  de  Caylus 
soient  de  sable  q.\.  non  pas  ^'or.  Qu'il  veuille 
bien  me  permettre  de  lui  dire  que  le 
blason  dont  il  demandait  la  détermina- 
lion  est  archi  connu  des  héraldistes  :  Pa- 
pillon dans  son  Œjivre  gravé,  le  Recueil 
du  cabinet  des  Estampes  où  se  trouvent 
les  armoiries  coloriées  des  évêques  de 
France, publié  en  l'année  1727,  des  titres 
de mandementset d'instructions  pastorales. 
Dubuisson  dans  son  Aimorial  des  princi- 
pales familles  et  nombre  d'autres  ouvrages 
anciens  de  la  même  nature,  qu'il  serait 
beaucoup  trop  fastidieux  de  citer,  donnent 
tous,  sans  exception,  des  molettes  d'or  sur 
champ  d'a:(ur^  non  seulement  à  l'évêque 
d'Auxerre,  mais  également  à  tous  les 
membres  de  la  famille  des  marquis  de 
Caylus. 

Aucun  doute  ne  peut  exister  à  cet 
égard  ;  et  s"il  se  trouve  une  vignette 
dont  la  gravure  est  défectueuse,  elle  ne 
peut  être  une  autorité  qui  permette  de 
remplacer  un  métal  par  un  émail.  Du 
reste,  et  cela  a  été  la  source  de  bien  des 
erreurs  d'attribution,  la  représentation 
héraldique,  par  le  burin,  de  l'or  ou  du 
sable,  surtout  dans  la  taille  du  bois,  est 
tellement  rapprochée  que  bien  souvent 
l'artiste,  copiant  un  document  peu  ou  mal 
figuré, a  pris  facilement  lepcintillé  de  l'un 
pour  le  quadrillé  de  l'autre, et  vice-versa. 
De  cette  méprise,  les  exemples  fourmillent 
malheureusement.  Je  répète  donc  que  la 
pièce  que  possède  mon  honorable  contra- 


dicteur ne  peut  faire  aucune  autorité, 
puisque  certainement,  elle  est  incorrecte- 
ment gravée. 

11  est  un  second  point  de  la  réponse  de 
M.  T.  où  je  ne  suis  pas  non  plus  d'accord 
avec  lui.  C'est  quand  il  nous  affirme  que  le 
quartier  :  d'a:(iir,  à  trois/leurs  de  lisd'cr  et 
au  bâton  de  gueules  péri  en  bande,  ne  peut 
convenir  à  la  famille  de  Bourbon-Malause  : 
parce  que,  dit-il,  ce  sont  les  armes  ces 
princes  de  Condé,  qu'eux  seuls  avaient  le 
droit  de  les  porter  et  qu'en  conséquence 
les  Bourbon-Malause  n'ont  pu  commettr3 
une  pareille  usurpation,  eux  de  souche 
bâtarde.  Ce  droit  des  Condé,  aussi  absolu 
qu'il  puisse  être,  je  ne  le  discute  pas.  La 
question  n'est  pas  là.  Les  Bourbon-Ma- 
lause ont-ils  oui  ou  non.  avec  ou  sans 
droit,  pris  à  une  certaine  époque  des 
armoiries  similaires  en  tous  points  à  celles 
des  Condé  ?  Que  M. T.  veuille  bien  ouvrir 
le  tome  111  de  la  nouvelle  édition  du  Dic- 
tionnairede  la  noblesse  dt  Lachesnaye-Des- 
bois  à  la  page  776,  il  y  lira  ceci  «  Le  der- 
«  nier  marquis  de  Malause  (i)et  la  com- 
«  tesse  de  Poitiers,  sa  sœur  et  son  héri- 
«  tière,  portent  leurs  armes  comme  le 
«  prince  de  Condé.  »  Cela  est  clair  et 
précis.  —  Dernièrement  encore,  cette  dé- 
rogation aux  armes  primitives  s'est  trou- 
vée confirmée  par  la  production  d'une 
gracieuse  vignette,  gravée  sur  cuivre  vers 
173^,  pour  l'usage  personnel  de  la  mar- 
quise de  Malause  qui  s'en  servit  comme 
marque  des  livres  de  sa  bibliothèque.  {2) 
Là  aussi  les  armes  sont  absolument  sem- 
blables à  celles  des  Condé,  et  si  ce  n'était 
les  armes  des  Maniban  (3)on  aurait  pu  les 
prendre  également,  à  première  vue,  pour 
les  armes  d'un  descendant  du  vainqueur 
de  Rocroy. 

Une  autre  preuve, plus  ancienne  encore, 
est  celle  qui  se  peut  voir  dans  le  Recueil 
de  plusieurs  nobles  Maisons  et  Familles, 
gravé  par  Magneney  en  1633.  Ce  rare 
ouvrage  nous  montre  sur  son  85'  feuillet 
que  déjà  le  «  marquis  de  Mallauce  »  {sic) 
de   ce  temps  là  avait  supprimé   le  petit 

(1)  Louis- Auguste  de  Bourbon,  marquis 
de  Malause,  né  en  1694,  mort  en   1744. 

(2)  Cf.  D'  Bouland,  dans  les  Archives  des 
collée  Honneurs  d'Ex-libris.  Année  190^, 
page  28. 

(3)  Marie-Françoise  de  Maniban  épousa, 
en  1729,  Louis-Auguste,  marquis  de  Ma- 
lause, avant  d'être  cité. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


86 1 


bâton  péri  en  barre,  sans  doute  avec  l'au- 
torisation des  Condé,  car  ceux-ci  étaient 
trop  jaloux  de  leurs  prérogatives  pour 
permettre  une  telle  usurpation  de  la  mar- 
que-distinctive  de  leur  maison,  surtout 
au  profit  d'une  branche  illégitime,  fût-elle 
des  ducs  de  Bourbon,  sans  y  avoir  tout 
au  moins  tacitement  consenti. 

Il  résulte  de  tout  ceci,  qu'il  ne  peut  y 
avoir  rien  d'anormal  à  ce  que  l'évêque 
d'Auxerre  ait  fait  graver  dans  ses  armes 
un  quartier  d'alliance  auquel  il  avait  droit 
et  tel  que  la  famille  de  Bourbon-Malause 
le  portait  alors.  Je  pense  que  M.  T.  vou- 
dra bien  le  reconnaître. 

Quant  à  l'orthographe  du  mot  cmanché^ 
M.  T.  a  raison.  C'est  un  simple  lapsus 
calami  de  ma  part,  je  le  reconnais  et  je 
m'en  excuse.  Henri  M. 

Rue  de  la  Paroisse  (XL VI  ;  L,  702). 
—  «  L'excellente  raison  »  de  notre  sym- 
pathique collègue  Gomboust  ne  vaut 
rien.  11  oublie  que  l'église  de  l'antique 
abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  était 
devenue  l'une  des  trente-trois  nouvelles 
paroisses  décrétées  par  l'Assemblée  natio- 
nale, le  4  février  1791  :  paroisse  tout  à 
fait  distmcte  et  indépendante  de  Saint- 
Sulpice  qui  en  formait  une  autre.  La  sec- 
tion de  l'Unité  avait  donc  son  église  pa- 
roissiale sur  son  propre  territoire  et,  en 
conséquence,  il  n'y  a  rien  d'impossible  à 
ce  qu'une  rue  avoisinante  de  l'abbaye  ait 
prisa  cette  époque,  le  nom  de  rue  de  la 
Paroisse.  —  Qiielle  était  exactement  cette 
rue  ?  Là  est  la  très  facile  question  à  ré- 
soudre. Henri  Masson. 

Lettres  inédites  ou  peu  connues 
de  Berlioz  (L,  665).  —  Je  crois  bien 
me  rappeler  qu'il  y  a  peut-être  une 
vingtaine  d'années,  dans  les  premiers 
temps  de  sa  fondation,  la  Nouvelle  Revue 
a  publié  du  compositeur  Berlioz  des  mé- 
moires ou  des  souvenirs  de  jeunesse.  On 
peut  facilement  s'en  assurer. 

RoLiN  Poète. 

Une  toile  de  Rembrandt  datée  de 

1670  (L,  721)  —  Le  tableau  de  Rem- 
brandt donné  par  M.  Kaempfen  au  musée 
du  Louvre  est  daté  de  1630  et  non  1670. 
La  question  ne  se  pose  donc  pas. 

G.  P. 


10  Décembre  1904. 

862     ■ — . 

De  Cabrières  (L,  445,  579).  —  La 
famille  de  Cabrières  en  Rouergue,  n'a  pas 
été  éteinte  à  la  mort  de  François  Gaspard 
de  Cabrières,  son  frère  Marc-Marie-Théo- 
dore, baron  de  Cabrières,  ancien  officier 
de  la  marine  royale,  ancien  sous-préfet 
de  Céret,  n'est  mort  à  Saint-Germain-en- 
Laye  qu'en  1870,  laissant  plusieurs  en- 
fants, dont  Marie, Gaspard,  Louis,  Antoine. 
Herbert  le  seul  qui  se  soit  marié,  décédé  à 
Lille  en  juillet  1903,  Lieut  Colonel  du  19' 
chasseurs  à  cheval,  laissant  quatre  filles. 
Il  était  l'arrière  petit-neveu  de  Joseph- 
Antoine-Gaspard  de  Cabrières,  vicaire  gé- 
néral du  Mans.  Les  armes  de  la  famille 
étaient  les  ^  chevrons  sur  fond  d'ûj^ur. 
C'est  le  père  du  Lieut-Colonel  qui  prit  la 
chèvre  sur  fond  de  gueidcs.k  l'époque  où  les 
armes  parlantes  étaient  à  la  mode. 

Baronne  de  Cabrières. 

Manuscrits  inédits  d'André  Ghé- 
nier  (L,  329,  464,  632,  751).  —Je 
retrouve  dans  mes  fiches  cet  extrait  du 
Monde  Thermal^  journal  de  villes  d'eaux, 
qui,  je  crois,  paraît  encore.  Cette  note 
doit  dater  de  1880  ou  1882  : 

Les  amateurs  de  beaux  vers  ont  appris  avec 
peine,  par  la  révélation  d'un  admirateur 
d'André  Chénier. qu'un  grand  nombre  de  ma- 
nuscrits de  ce  poète  ont  disparu  en  1870.  Ces 
manuscrits  étaient  chez  une  dame  qui  dans 
sa  jeunesse  avait  connu  la  famille  des  Ché- 
nier ;  elle  gardait  pieusement  ces  écrits  de 
l'illustre  poète  dans  la  petite  retraite  qu'elle 
habitait  aux  environs  de  Chevreuse.  Pendant 
le  siège  de  Paris,  sa  maison  fut  occupée  par 
des  Bavarois,  et  l'un  de  ces  guerriers  prit  par 
mégarde  les  papiers  d'André  Chénier, puis  les 
mit  par  distraction  dans  son  sac.  Peut-être 
aussi  le  hasard  dont  on  ne  saurait  prévoir  les 
surprises  glissa-t-il  dans  ce  sac  deux  ou  trois 
montres  et  une  pendule.  Mais  les  manuscrits 
ont  disparu.  Cependant  on  a  des  motifs  de 
croire  qu  ils  ne  sont  pas  détruits  et  qu'en 
offrant  une  récompense  honnête  on  les  retrou- 
verait. 

d'E. 

La  mort  de  Paul-Louis  Courier 
(T.  G.,  244  ;  L,  24s,  3^8,  709).  —Co- 
lonne 710,  avant  dernière  ligne,  au  lieu 
de  :  «  la  vente  après  décès  »,  lire  :  «  après 
san  décès  »  (celui  de  M'"°  Dupré). 

Colonne  711,  ligne  3 ,  au  lieu  de  :  <»  res- 
tés à  Tours  qui, lui,  ne  possède  même  pas», 
il  faut  lire,  (avec  une  ligne  entière  sautée 
par  l'imprimeur)  :  «  soient  restés  à  Tours, 


N"   1060, 


L'INTERMÉDIAIRE 


863   - 


864 


et  encore  moins  au  Musée  de  Tours,  — 
qui,  lui,  ne  possède  même  pas  »,  etc. 

Ulric  R.-D, 

Estoubîon  (L.  727,  811).  —  L'Estou- 
bIon,dont  parle  Saint-Simon, devait  être  de 
la  maison  des  Grille,  marquis  d'Estoublon, 
encore  abondamment  représentée  en  Pro- 
vence, dont  elle  est  originaire.  Voir  la 
généalogie  qu'en  donne  La  Chesnaye  des 
Bois.  Un  comte  de  Grille  d'Estoublon  a 
épousé,  ce  printemps,   une   des  filles  du 

général  de  Miribel.  Jehan. 

* 

*  * . 
Je  n'ai  sous  la  main  que  les  10  pre- 
miers volumes  des  Mémoires  de  Saint- 
Simon  (collection  des  grands  écrivains) 
et  dans  les  tables  de  ces  volumes  je  n"ai 
pas  relevé  le  nom  de  :  d'Estoublon  ;  je  ne 
suis  donc  pas  à  même  d'identifier  le  per- 
sonnage qui  forme  objet  de  la  question. 

Cependant,  d'après  l'époque  à  laquelle 
se  rapportent  les  Mémoires  de  Saint-Si- 
mon, il  s'agit  probablement  de  François 
de  Grille,  marquis  d'Estoublon,  qui 
épousa,  en  1684,  Eugénie  de  Riquetti  de 
Mirabeau,  ou  de  son  tlls,  Jean -Baptiste- 
Hector  de  Grille,  marquis  d'Estoublon, 
allié  à  Anne-Marguerite  de  Montgrand  de 
la  Napoule. 

Us  appartenaient  à  une  famille  de  Pro- 
vence dont  il  y  a  une  notice  dans  La  Ches- 
naye des  Bois  (IX,  817),  qui  cite  Artefeuil 
{Hist.  héioïqne  de  la  noblesse  de  Provence^ 

t.  L  p.  524). 

Leur  postérité,  encore  existante,  est 
rapportée  par  le  vicomte  Révérend  dans 
VAtmoiial  du  i'"  Empire. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Projet  de  mariage  de  Léon  G.?.ni- 
betta  (L. 445,635, 812, 751).  —  Je  suis  un 
abonné  du  Figaro,  de  l'origine  m.ême  de 
ce  journal.  Je  ne  dis  point  cela  pour  me 
rajeunir,  certes,  mais  pour  démontrer 
que  je  dois  connaître  «  mon  »  Figaro. 

Je  me  souviens  d'y  avoir  lu,  dans  les 
années  qui  suivirent  celle  du  décès  de 
M.  Gambetta,  un  article  signé  Ignotus^ 
qui  corrobore  les  renseignements  si  pré- 
cis de  M.  Jules  Laflfitte,  dans  son  intéres- 
sante chronique  plus  haut  citée  de  la  Ré- 
publique Française. 

Ignotus,  depuis  de  longues  années  déjà 
décédé,  et  bien  qu'il  fût  l'un  des  collabo- 
rateurs   les   plus    appréciés  du    Figaro 


d'alors,  n'était  point  un  journaliste  de 
profession.  Sous  son  véritable  nom  de 
M.  Eugène  Platel, Ignotus  était  un  homme 
du  monde  et  du  vrai  monde,  dans  toute 
l'acception  du  mot.  Plusieurs  fois  quand 
j'habitais  Paris,  il  me  fut  donné  de  l'y  ren- 
contrer dans  des  salons  qui  n'étaient  pas 
d'un  accès  précisément  facile:  chez  la  mar- 
quise de  Blocqueville,  princesse  d'Eck- 
mi'ihl,  entre  autres. 

L'article,  bien   que  piquant,  était  rédigé 
dans  le  mode  discret. 

Ignt'tus,  en  ce  temps-là,  habitait  dans 
les    premiers    numéros    pairs    de    la  rue 
Bonaparte,  ou  de  la  rue  des  Saints-Pères, 
je    ne   sais    plus   bien.   Le  hasard,  et  un 
hasard    qui     dura    longtemps,    lui  avait 
donne  pour    voisine,    et  voisine  de  fenê- 
tre et  de  balcon,    la  Dame    en  question, 
et    comme    il    avait  pu,    maintes    fois, 
voir  de  ses  yeux,  sans  le  chercher,  l'arri- 
vée mystérieuse  chez  celle-ci,  de  M. Gam- 
betta, alors   dans   toute   sa    gloire,  il  ne 
crut    pas    mauvais,     après  la  mort     de 
l'illustre   homme  d'Etat,   de  rappeler  ce 
qu'il  avait  vu,  de  tracer  un  très  fin  por- 
trait  de   sa  jolie  voisine,   mais   sans   la 
nommer.  —    On    voyait    seulement   que 
l'auteur  en  savait  bien  plus  qu'il  ne  vou- 
lait le  dire. 

Si  M.  Gambetta,  qui,  vivant,  avait 
bien  connu,  personnellement,  Ignotus, 
eût  pu  lire  cet  article  ainsi  consacré  par  lui 
à  son  souvenir,  pas  un  seul  mot  n'eût  en 
rien  pu  le  froisser,  tellement  l'écrivain, 
maître  de  sa  plume,  dans  sa  petite  indis- 
crétion, était  resté  de  bonne  compagnie. 
Ceux  que  cet  article  pourrait  encore 
intéresser  le  trouveront  dans  la  collection 
du  Figaro^  aux  dates  que  j'ai,  plus  haut, 
indiquées  II  est  imprimé  dans  les  pre- 
mières colonnes  de  la  première  ou  de  la 
seconde  page  du  journal.  La  signature 
«  Ignotus  »,  qu'il  porte,  d'ailleurs  en 
toutes  lettres,  sera  pour  eux  un  jalon  sûr 
qui  leur  permettra  de  le  retrouver. 

Ulrîc  R.-D. 


Renseignements  demandés  sur 
plusieurs  persoBces  du  nom  de  Gi- 
nestous  (L,  728).  —  M.  G.  P.  Le  Lieur 
d'Avost  a  fait  tenir  à  fauteur  de  la  ques^ 
tion,  une  réponse  un  peu  longue  pour  être 
publiée,  mais  comme  toujours,  admirable* 
ment  documentée. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre   1904, 


865 


866 


Famille    Hémart    de    la     Char- 

moye  (L,  669,  813).  —  Hémart  retourna 
à  Montmort  dont  il  fut  nommé  maire  le 
l'r  janvier  18S8,  fonctions  qu'il  conserva 
jusqu'au  mois  d'août  1815.  11  passa  le 
restant  de  ses  jours  dans  sa  maison  de  La 
Charmoye  et  mourut  à  Ay,  le  15  janvier 
1824,  au  cours  d'un  voyage  qu'il  fit  dans 
sa  ville  natale,  où  il  avait  encore  con- 
servé des  propriétés.  Ce  fait  est  resté 
jusqu'alors  ignoré,  car  les  quelques  cour- 
tes notices  biographiques  qui  lui  sont 
consacrées,  notamment  dans  le  Diction- 
naire du  D' Robinet,  indiquent  qu'il  mou 
rut  à  Montmort  en  1825.  Voici,  du  reste, 
son  acte  de  décès  : 

Ay.  —  1824  :  L'an  mil  huit  cent  vingt 
quatre  le  quinze  janvier  à  six  Iicures  du  soir, 
par  devant  nous  Conseiller  d'Etat,  Maire, 
officier  de  TEtat  civil  de  la  ville  d'Ay,  sont 
comparus  messieurs  Pierre  Charles  Jean 
Baptiste  Roger,  âgé  de  trente-cinq  ans,  et 
Jean  Baptiste  Magdelaine  Desallangre,  âgé  de 
trente  sept  ans,  tous  deux  proprétaires,  domi- 
ciliés audit  Ay,  neveux  du  décédé  ci-après 
nommé,  lesquels  nous  ont  déclaré  que  Mon- 
sieur Pierre  Charles  Hé:nart,ègé  de  soixante- 
onze  ans  et  demi.  Baron,  domicilié  à  La 
Charmoye,  commune  et  canton  de  Montmoit, 
arrondissement  d'Epernay,  département  de  la 
Marne, né  au  dit  Ay  le  vingt  six  juillet  mil 
sept  cent  cinquante  deux,  mari  de  dame 
Dorothée  Adélaïde  Durant,  fils  de  défunts 
Isaac  Pierre  Hémart  et  de  Marie  Louise  jamet, 
vivants  domiciliés  audit  Ay,  est  décédé  en  sa 
maison  sise  au  dit  Ay,  aujourd'hui  à  deux 
heures  apiès-midi,  et  ont  les  déclarants  signé 
avec  nous  le  présent  acte,  après  lecture  laite. 
Roger.  — Desallangre. —  F.  de  la  Bouiaye. 

Le  maire  d'Ay,  qui  signe  l'acte  de 
décès  d'Hémart,  était,  à  cette  époque, 
Jean-Baptiste-Louis  Froc  de  la  Bouiaye, 
député  delà  Marne,  de  181 5  à  1824. 

Hémart  fut,  le  2  janvier  1814,  créé 
baron  de  l'Empire  avec  autorisation  de 
fonder  un  nitijorat  et  de  porter  le  titre 
«  de  La  Charmoye  ».  Cette  nomination  ne 
figure  pas  dans  la  liste  de  M.  Campardon 
publiée  en  1S89,  d'après  les  registres  des 
lettres  patentes  conservées  aux  Archives 
Nationales, car  les  lettres  patentes  qui  au- 
torisèrent Hémart  à  porter  ces  litres  ne 
furent  datées  que  du  19  avril  181 7,  sous 
la  Restauration.  • —  Le  majorât  de  La 
Charmoye  fut,  depuis, l'objet  de  plusieurs 
arrêtés  ministériels,  notamment  ie  6  juin 
1872,  après  le  décès  de  l'unique  héritier 
du  capitaine  Pierre  Elie  Hémarl,  fils  aîné 


du  législateur,  mort  sans  postérité  (voi'' 
jugement  du  Tribunal  d'Epernay  du  17 
Juin  1873  rendu  à  la  requête  des  enfants 
du  second  fils  Emile  Hémart,  qui  avait 
été,  lui-même,  comme  son  père,  maire  de 
Montmort  de  184 1  à  1850)., 

Gustave  Laurent. 
(Ce  passage, qui  corrige  et  complète  celui 
déjà    publié,    n'avait    pu    paraître  dans    le 
précédent  article  du   même  auteur,  déjà  ert 
page). 

Edine  Le  Bascle  d'Argenteuil  (L, 
668,  754).  — j'ai  eu  un  fort  dossier  de 
papiers  du  xviii*  siècle,  sur  eux.  Ils  ont 
dû  être  vendus  dans  la  contrée,  ou  peut- 
être  ils  sont  encore  rangés  dans  l'un  de 
mes  catalogues.  A.  S.. y 

Le    Noir,    lieutenant  de    police 

(XLVII  ;XLVII1;L,  247,362,683,818).— Je 
travaille  depuis  deuxans,et  avec  beaucoup 
de  peine,  une  généalogie  de  la   famille  de 
Le  Noir.  Je  suis  parvenu  à  en    établir  huit 
degrés,      malheureusement     très    incom- 
plets.   La    grande    difficulté,    c'est  qu'il 
existait  à  Paris,  au  xyiii-^  siècle,  au  moins 
quatre  familles  portant   ce  nom,  remplis- 
sant les  mêmes  charges  au    Parlement  ou 
au  Châtelet,  et  dans  lesquelles  les  mêmes 
prénoms  sont  fréquents.  Les    documents 
manuscrits    que    possède    la  Bibliothèque 
nationale   n'ont    fait  que    m'embrouiller 
encore  plus.  Je  suis  étonné  de  n'avoir  pas 
pu  découvrir  encore  une  généalogie   de  la 
famille  de  Le  Noir,  impri.riée   ou  manus- 
crite. C'était  un    personnage   assez   mar- 
quant à  son  époque  que  le   lieutenant  gé- 
néral de  police,  pour  que  ses  contempo- 
rains,   experts   en    la    matière,   aient  re- 
cherché   ses     ancêtres.    Il     était    né,    dit 
Bourg    Saint-EJme,    dans     «  une    de   ces 
«  familles    considérées    par    une    antique 
«  probité  et  par   une  suite   d'emplois  ho- 
«  norablement  exercés,  soit  dans  la  robe, 
«  soit  dans  la  haute  finance. 

Je  puis  répondre  à  M.  B.  de  Mairet  que 
Joseph  Le  Noir,  écuyer,  conseiller  secré- 
taire du  roi,  maison  couronne  de  France 
et  de  ses  finances  (cousin  germain  du  père 
du  lieutenant  de  police;  né  à  Troyes  en 
1672,  mort  à  Paris  en  1732,  avait  épousé, 
en  171 1,  Anne  Ursule  de  la  Botte.  11  en 
eut  huit  enfants  : 

1°  Jacques  Joseph,  marquis  du  Breuil,  che- 
valier des  ordres  du  roi^  trésorier  général  des 
dons  et  aumônes  du  roi,   marié    deux    fois  ; 


N  jo6o. 


L'INTERMEDIAIRE 


867 


868 


la  première  avec  Mlle  Desquiddy  de  Chailly, 
la  seconde  avec  Mlle  du  Hallay.  11  n'eut,  je 
crois,  qu'un  fils,  qui  émigni  et  mourut  en 
émigration. 

2°  Jean  C/iiT''/<?^,écuyer,  conseiller  à  Pondi- 
chéry,  né  à  Saint-Eustache  le  21  mai  1713, 
épousa  N...  leur  fille  fut  la  baronne  de  Ceciatti. 
Cette  dernière  eut,  je  crois,  quatre  entants, 
deux  fils  officiers,  et  deux  filles  :  Mmes  de 
Raismes  et  Magon  de  la  Ballue. 

3°  Michel  le  Noir,  écuyer,  seigneur  des 
Ardonnes,  fermier  général  de  l'apanage  du 
duc  d'Orléans,  marié  à  Marie  Anne  le  Cocq, 
et  dont  la  postérité  représente  seule,  je  crois, 
de  nos  jours,  la  famille  et  le  nom  du  lieute- 
nant de  police. 

4'  Anne-Antoinette,  mariée  en  1737,  à 
Cliarles-  François-Robert  de  Versigny. 

5°  François-Etienne,  chevalier,  seigneur 
de  Villemilau,  conseiller  au  parlement  de 
Paris,  guillotiné  le  31  mars  1793.  Sans  pos- 
térité. 

6°  Ursule,  mariée,  en  1741,  à  Antoine-Guil- 
laume Bonamy,  s'  de  Drossin,  écuyer,  dont 
Mme  de  Noblet. 

7°  Antoine  Pierre, seigneur  de  Maulencourt. 
né  à  Paris  en  1722,  mort  sans  hoirs. 

8'  Alexandre  François,  (peut-être  le  Louis 
Alexandre  dont  parle  M.  B.  de  Mairet. )  sei- 
gneur de  Zamelles,  inspecteur  général  des 
domaines  du  roi  pour  la  province  de  Champa- 
gne, né  à  Paris  en  1726.  Egalement  sans  pos- 
térité. 

Je  serais  très  reconnaissant  à  M.  B.  de 
Mairet  de  me  dire, soit  par  la  voie  de  V in- 
termédiaire, soit  en  entrant  directement 
en  relations  avec  moi, où  11  a  trouvé  trace 
de  ces  Le  Noir;  peut-être  serais-je  ainsi 
sur  une  nouvelle  piste  de  documents. 

Jehan. 
Famille  le  Roy  de  Buneville 
(XLIX,787).— Je  trouvedans  VHistoire  de 
Joseph  Le  Bon^  par  A.  J.  Paris,  quelques 
renseignements  sur  cette  question  restée 
sans  réponse.  Amélie  et  Agathe  le  Roy 
de  Buneville(49ans  et  43  ans),sceursfurent 
arrêtéescomme  ex-nobles  le  5  mars  1793. 
Elles  sont  surnommées,  dans  un  autre 
endroit,  Mlles  d'Hurtebise.  Serait-ce  leur 
frère  cité  avec  elles  :  Antoine  le  Roy 
d'Hurlebise  (51  ans)  conseiller  honoraire 
au  Conseil  d'Artois,  officier  municipal  en 
1790, emprisonné  le  10  février.?  Ils  furent 
tous  trois  guillotinés. 

Pourrait-on  me  dire  les  armes  de  cette 
famille  le  Roy  ?  (Quelques  notes  généalo- 
giques. Tous  renseignements  sur  elle 
m'intéresseraient  vivement,  duels  sont 
les  auteurs  artésiens  que  je  pourrais  con- 
sulter à  ce  sujet  '^  )ehan. 


Le  peintre  Terburg  (L.  730).  —  Né 
à  ZwoU,  en  1608  d'après  Siret  et  quelques 
autres,  en  1617  d'après  MM.  Lafenestre  et 
Richtenberger,  mort  à  Deventer  en  1681. 

Elève  de  son  père,  artiste  inconnu,  qui 
passa  quelques  années  à  Rome  ;  étudia  plus 
tarda  Haarlem  sous  des  maîtres  habiles;  le 
goût  de.  voyages  lui  vint  de  bonne  heure, 
[larcourut  successivement  l'Allemagne,  l'Italie, 
l'Espagne,  l'Angleterre  et  la  France.  Ayant  été 
distingué,  en  1646,  à  Munster,  par  l'ambassa- 
deur d'Espagne,  celui-ci  l'emmena  dans  son 
pays  ;  Terburg  y  reçut  les  honneurs  que  mé- 
ritait son  talent  et  s'y  fit  une  grande  fortune  ; 
ayant  quitté  Madrid,  il  se  rendit  à  Londres  ; 
après  avoir  visité  Paris,  il  revint  en  Hollande, 
où  il  épousa  sa  nièce.  Il  dut  habiter  quelque 
temps  Haarlem,  car  on  l'y  trouve  inscrit  dans 
les  registres  de  Saint-Luc.  Le  prince  d'Orange 
le  nomm.i  bourgmestre  de  Deventer.  II  mourut 
dans  cette  ville  entouré  de   l'estime  générale. 

Cet  artiste  imita  parfaitement  les  étoffes 
et  surtout  le  satin  ;  bonne  ressemblance,  mais 
dessin  lourd  et  parfois  incorrect  ;  pinceau  un 
peu  sec,  manière  agréable  et  large,  coloris  frais 
et  transparent,  beaucoup  d'élégance  dans  les 
costumes  ;  grande  harmonie.  On  lui  reproche 
le  manque  d'expression  ;  ses  portraits  offrent 
des  beautés  peu  communes  ;  ils  sont  presque 
tous  de  petite  dimension.  11  p:ut  être  consi- 
déré comme  le  fondateur  de  cette  école  de 
genre,  à  petits  sujets,  qui  compta  tant  d'illus- 
trations en  Hollande.  Siret. 

Ces  renseignements  sont  complétés  par 
la  désignation  d'une  partie  des  œuvres  du 
peintre  et  l'indication  de  quelques  prix  de 
ventes.  Les  plus  élevés  sont  :  2500  fr. 
Portraits  des  Ministres  plénipotentiaires  du 
Congrès  de  Munster,  V.  de  Morny  1863  ; 
35000  fr.  Le  Cavalier  en  visite,  V.  Sala- 
manca  18Ô7  ;  loooo  f r .  Portrait  d'un 
gentilhouime  ;  30000  ïr.  Jeune  femme  et  ca- 
valier, 45000  fr.  La  dégustation,  V.  De- 
lessert  1869.  Presque  tous  les  grands  mu- 
sées européens  possèdent  des  tableaux  de 
Terburg.  Un  Portrait  de  femme  se  trouve 
au  musée  de  Lille. 

Tous  les  biographes,  spéciaux  à  la  pein- 
ture, mentionnent  Gérard  Terburg  dont 
une  sœur,  Gezina,  est  aussi  indiquée  par 
Siret,  dans  son  Dictionnaire  des  peintres. 

X.  trouvera,  sans  nul  doute,  tous  les 
renseignements  désirables  dans  la  m.ono- 
graphie  de  Terburg,  monographie  qui 
fait  partie  At  Les  artistes  célèbres,  publica- 
tion moderne  que  je  n'ai  pas  sous  la 
main.  Ch.  Rev. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


869    — 


10  Décembre  1904 , 


Madame  de  Thuisy  (XLV,  786  ; 
XLVI,  646  ;  XLVII,  73).  —  Encore  une 
question  que  ï IiitL'niicdiaiir,  toujours  si 
informé,  a  laissé  cependant  sans  réponse. 
Voici  quelques  renseignements  recueillis 
par  "moi.  Il  va  sans  dire  que  je  ne  veux 
pas  recopier  ici  ce  qu'on  trouvera  tout  au 
long  dans  les  publications  spéciales  sur 
TArmorial  de  la  noblesse.  Notre  confrère 
demande  quelles  femmes,  au  xvui^  siècle 
ont  porté  ce  nom  de  Thuisy.  C'est  à  cela 
que  je  vais  essayer  de  répondre. 

A.Louis-François  de  Goujon  de  Thuisy, 
chevalier, marquis  de  Thuisy, sénéchal  hé- 
réditaire de  Reims, comte  de  Saint-Souplet, 
baron  de  Challerange,Passy,Vergeuretd'a- 
bordchevalierdcMalteen  171 1  ,puisconseil- 
1er  au  Parlement  de  Paris  le  28  mai  1737, 
conseiller  d'honneur,  mort  à  Châlons-sur- 
Marne  le  2  janvier  1777. dans  la  ôô'  année 
de  son  âge,  avait  épousé,  par  contrat  du 
II  avril  1737,  Marie-Louise  de  Rebours, 
fille  de  jean-Baptiste-Auguste,  premier  du 
nom,  chevalier,  seigneur  de  Saint-Marc- 
sur-Mont  (on  trouve  aussi  Saint-Mard-sur- 
le-Mont)  et  de  la  Bruyère,  conseiller  de 
grand  chambre  au  Parlement  de  Paris  et  de 
Marie-Louise  Chubéré.  Elle  mourut  le  1er 
août  1785  et  les  deux  époux  de  Thuisy 
furent  inhumés  dans  l'église  de  Saint-Sou- 
plet. De  leur  mariage  sont  issus  : 

1.  Jérôme-Louis,  né  le  16  septembre 
1738, mort  en  bas  âge. 

2.  Jérôme-François,  mort  en  bas  âge. 

3.  Jérôme-Guillaume-Emile,  comte  de 
Saint-SoupIet,né  en  1748, conseiller, au  Par- 
lement, mort  sans  alliance  en  1772,  à  24 
ans,  enterré  à  Saint-Souplet. 

4.  Louis-Jérôme  né  en  '.749  (le  13  mai 
suivant  les  uns,  le  13  juin  suivant  d'autres) 
chevalier  profès  de  Tordre  de  Malte  le  23 
août  17 51, capitaine  de  dragons  au  régiment 
de  Monsieur,  commandeur  de  l'ordre  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem  et  chargé  des 
affaires  de  cet  ordre  en  Angleterre. 

5.  Jean-Baptiste-Charly,  (voir  ci-après) 

6.  Charles-François,  baron  de  Vergeur, 
chevalier  non  profès  de  l'ordre  de  Malte 
reçu  le  3  février  1761,  page  du  roi  en  1768, 
puis  premier  page  de  la  comtesse  de  Pro- 
vence lors  de  son  mariage,  capitaine  au  ré- 
giment de  Noailles,  dragons,  chevalier  de 
l'ordre  royal  et  militane  de  Sainf-Louis  et 
de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  né  le 
14  novembre  1753. 

7.  Pierre-Auguste-Louis,  mort  au  ber- 
ceau, 

8.  Marie-Angélique  appelée  î^llle  de 
Thuisy,  morte  fille  en  17S2. 


870 


9.  I^Iarie-Renée  Mclanie, mariée  par  con- 
trat du  9  mai  1775  à  Alexis-Balthazar-Jean- 
Charles  de  Ricouart  d'Hérouville, chevalier, 
conseiller    au    Parlement    de  Paris    du     19 

août  1763. 

Passons  maintenant  à  la  seconde  géné- 
ration des  Thuisy  au  xviii*^  siècle. 

B.  Jean-Baptiste-Charles  de  Goujon  de 
Thuisy,  né  le  ^  janvier  175  i , chevalier, mar- 
quis de  Thuisy, comte  de  Saint-Souplet, ba- 
ron de  Passy-en-Valois,mort  en  1834, séné- 
chal héréditaire  de  Reims, reçu  chevalier  de 
Malte  de  minorité  le  23  août  1751,  entré 
page  de  feue  mad.  la  dauphine  en  1766, 
puis  officier  et  lieutenant  de  grenadier  au 
régiment  des  gardes, chevalier  honoraire  de 
l'Ordre  de  Malte,  maréchal  des  camps  et 
armées  du  roi, chevalier  de  l'ordre  royal  et 
militaire  de  Saint-Louis  et  honoraire  de 
l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem, l'un  des 
douze  députés  de  la  noblesse  de  Champagne 
à  l'assemblée  tenue  à  Châlons  en  1787, 
présenté  à  la  cour  au  mois  de  juillet  1776 
avec  le  commandeur  et  le  chevalier  de 
Thuisy,  ses  frères. A  épousé  le  12  août  1780 
Catherine-Françoise-Philiberte  de  Bérulle, 
chanoinesse, comtesse  du  chapitre  de  Neu- 
ville,arrière-petite  nièce  de  Pierre  de  Bérul- 
le, cardinal  mort  le  20  octobre  1629, et  fille 
d'Amable-Pierre-Thomas  de  Bérulle, cheva- 
lier, marquis  de  Bérulle,  conseiller  du  Roi 
en  tous  ses  conseils,  maître  des  requê- 
tes honoraire  de  son  hôtel,  premier  prési- 
dent du  Parlement  de  Dauphine  et  com- 
mandant,né  pour  le  roi  en  la  dite  province, 
reçu  conseiller  d'honneur  au  Parlement  de 
Paris,  et  de  Catherine-Marie-Rolland,  (i). 
De  ce  mariage  sont  issus  : 

I  .  Amable-Jean-Baptiste-Louis-Jérôme, 
appelé  le  comte  Thuisy,  chevalier  hono- 
raire de  l'ordre  de  Malte,  né  à  Paris  le  24 
juin  1781 . 

2.  Eugène-François-Sixte  né  à  Paris  le  4 
août  1782, reçu  chevalier  de  Malte  de  mi- 
norité par  bref  du  25  septembre  1782,  mort 
à  Cadix  le  11   mars    1809. 

3 .  Charles-François-Emmanuel-Louis, né 
à  Paris,  le  5  mai  1784,  appelé  le  comte 
Emmanuel   de    Thuisy,    reçu    chevalier   de 

(i)  Amable-Pierre-Thomas,  marquis  de 
Bérulle, premier  président  au  Parlement  de 
Grenoble  depuis  1760  épousa,  en  février 
1748,  Catherine-Marie-Rolland,  née  en  1730, 
fille  de  Pierre-Barthelemy  Rolland,  com.te 
de  Chambaudoin, conseiller  de  grand  Cham- 
bre et  de  Catherine  Pichon,  dont,  entre 
autres  enfants  :  Amable-I  ierre  Albert, né  en 
1755,  et  Adélaide-Catherine-Renée  de  Bé- 
rulle née  en  1749,  mariée  le  2  juin  1767  à 
Conrad-Alexandre  Bochart,  marquis  de 
Champigny,  lieutenant  aux  gardes. 


N"   1060. 


871 


Malte  de  minorité  sur  bref  de  mai  1784, che- 
valier honoraire  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem,  marié  à  lùlle  de  Galard  de 
Béarn. 

4.  Auguste-Charlemagne-Macchabée,  né 
à  Paris  le  22  février  1788. 

5.  Georges-Jean-Baptiste-Louis,  né  à  Ri- 
chemond  en  Angleterre  le  21  juin  1705, 
chevalier  de  Malte. 

6.  Albertine-Louise-Mélanie,née  à  Saint 
Souplet  le  17  octobre    17S5,  non  mariée,  a 
reçu  en  1819  la  croix  honoraire   de    l'ordre 
de  Malte  (chanoinesse  de  Malte). 

Passons  enfin  à  la  troisième  génération 
des  Thuisy  au  xvui"  siècle. 

C.  Charles -François -Emmanuel-Louis- 
Goujon  de  Thuisy,marquis  de  Thuis}-, baron 
de  Vergeur,  ancien  sénéchal  héréditaire  de 
Reims, chevalier  de  Malte  et  de  la  Légion 
d'Honneur  marié  :  i"  en  182  i  à  Alexandrine- 
Francoise  Victorine  de  Galard  de  Biarn- 
Erassac  -Recédée  en  1S36  ;  2"  en  1841  à 
Camille-Elisabeth-  Do rothée-Augusta- Adèle 
de  Chassepot,  fille  de  Camille,  comte  de 
Chassepot, colonel  chambellan  de  l'empereur 
d'Autriche,  chevalier  de  Saint-Louis  et  de 
ivîalte.  officier  de  la  Lé:jion  d'honneur  et 
de  Anne-Dorothée-Elisabeth  baronne  de 
Kuabenau. 

C.  BIS.  Auguste-Charlemagne-Macchabée, 
comte  de  Thuisy,  chevalier  de  Malte, né  en 
178S,  mort  le  29  décembre  1836,  marié  à 
Eulalie-Charlotte  Julie  de  Béthune,  fille  du 
comte  Philippe  de  Béthune,  d'où  : 

Eugène-.Marie-Joseph,né  le  10  avril  183O. 

C.  TER.  Jean-Baptiste-Amable-Louis-Jé- 
rôme  de  Goujon,  comte  de  Thuisy,  cheva- 
lier de  jNîalte,  mort  le  15  mai  1829,  marié 
à  Constance-Marie-Simonne  Ferrand,firie 
aînée  du  comte  Ferrand,  pair  de  France  et 
ministre  d'Etat  ;  d'où  : 

I.  A.imée-Francine-Jîarie-Z)^?;/5(?,  née  le 
27  mai  1825. 

2.Claudine-Charlotte-Marie-Erardine  née 
le  10  mars    1828. 

Je  m'arrête  ici,  car  nous  ne  sommes 
plus  au  XVIII*  siècle.  G. 


Famille  de  Viliefort(L,  617, 786).— 
La  famille  d'Yzarn  de  Villefort,  d'origine 
chevaleresque,  à  laquelle  appartenait  le 
célèbre  et  saint  jésuite  que  nous  avons  eu 
l'honneur  de  voir  au  Gesu,  est  originaire 
du  Rouergue.  Les  ouvrages  de  M.  de 
Barrault  qui  a,  je  crois,  publié  un  nobi- 
liaire de  son  pays  natal,  pourraient  ren- 
seigner complètement  M.  C.  Barbey- 
Boissier.  A.  S.,  e. 


L'INTERMÉDIAIRE 

872    

A'Dr^robation  d3>^^  livres  au  SVîîI» 


Siècle  (L,  730).  — J'ai  trouvé  un  jour, 
dans  l'arriere-boutique  d'un  vieux  libraire 
un  bouquin  oublié  sous  une  couche  de 
poussière  et  dont  l'intérêt  avait  échappé 
au  marchand  :  c'était  un  modeste  recueil 
de  pièces  au  milieu  duquel  se  dissimulait 
un  exemplaire  du  «  Tracas  de  Paris  » 
revêtu  de  toutes  les  approbations  autographes 
des  autorités  :  curiosité  rarissime. 

Par  ce  petit  livre,  nous  allons  suivre 
facilement  Thistoire  d'une  publication 
sous  Louis  XIV.  Les  formules  des  trois 
approbations  sont  bien  connues  puis- 
qu'elles se  trouvent  imprimées  sur  tous 
les  ouvrages  publiés  en  France  à  la 
mênTe  époque  ;  mais  on  sait  moins  bien 
comment  elles  se  délivraient  et  sous  quel 
aspect  elles  sa  présentaient  à  l'éditeur. 

Un  libraire  désire  réimprimer,  en  mai 
1714,  un  poème  burlesque  de  François 
Colletet.  Il  prend  un  exemplaire  de  l'édi- 
tion Rafflé  (1692)  et  le  porte  au  lieute- 
nant général  de  police,  Marc-René  d'Ar- 
genson,  avec  une  lettre  exposant  sa  re- 
quête. (Des  lettres  analogues  sont  con- 
servées dans  les  Archives  de  la  Bastille). 
D'Argenson  transmet  le  livre  au  censeur 
Passart  et  celui-ci  fait  son  métier  de  lec- 
teur en  numérotant  chaque  feuillet  à  la 
main  et  en  paraphant  chaque  page.  Puis  il 
écrit  à  la  plume  sur  la  page  dernière, 
immédiatement  au-dessous  du   mot  Fin  : 

J'ay  lu  par  ordre  de  Mons.  le  lieutenant 
général  de  police  un  livre  intitulé  le  Tracas 
de  Paris,  etc.  dont  on  peut  permettre  la  réim- 
pression à  i^aris  ce  21°  may  1714. 

Passart. 

De  là,  le  volume  revient  au  cabinet  du 
Lieutenant  Général  qui  dessine,  lui  aussi, 
son  monogramme  (M.  R.  D.)  sur  chaque 
feuillet.  Un  secrétaire  a  préalablement 
écrit  sous  la  signature  du  censeur  : 

Yen  laprobation  du  sieur  Passart  permis 
d'imprimer  ce  29°  may  1714. 

Et  le  chef  signe,  après  avoir  tracé  qua- 
rante-six fois  ses  initiales  :  M.  R.  de  Vo- 
yerd'Argenson. 

Une  troisième  marque  se  lit  à  la  se- 
conde page,  un  grand  p  minuscule  qui 
n'est  pas  de  la  main  des  précédents.  Est-ce 
l'initiale  de  Pontchartrain  .^. ..  Bref,  on 
écrit   encore   sur    le  titre  : 

A  rendre  ce  29*^  may  avec  permission. 

Et  le  malheureux  exemplaire,  couvert 
d'inscriptions,  est  restitué  à  l'éditeur... 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


873 


10  Décembre   1904. 


874 


qui  n'a  pas  encore  le  Jroit  de  le  faire 
imprimer.  Une  dernière  formalité  est  né- 
cessaire :  le  visa  du  syndic.  Comme  la 
page  finale  est  entièrement  griffonnée,  on 
écrit  en  marge  de  l'avant-dernière  : 

Enregistré  sur  le   livre   de    ia   corr.munauté 
des  Lib'"  et  Impr.  N°  910,  à  Paris  ce  2»  juin 
1714. 

RoBUSTET,  syndic. 

Le  chiffre  910  est  répété  sur  le  titre 
entre  deux  barres.  Enfin,  tout  est  prêt 
pour  l'impression. 

Ces  laborieuses  précautions  officielles 
ne  sauraient  être  plus  ridicules  qu'en 
protégeant  Je  Tiacds  de  Pari:.,  un  livre 
qui  n'est  bon  dans  aucun  sens  du  mot. 
En  17 14,  nous  sommes  en  pleine  terreur 
littéraire.  La  moitié  de  notre  littérature 
s'imprime  à  l'étranger.  Pascal  est  expurgé, 
La  Fontaine  interdit,  Télémaqne  poursuivi  ; 
et  d'Argenson,  l'homme  sur  qui  repose 
la  sûreté  de  l'Etat,  ne  dédaigne  pas  de 
consacrer  une  partie  de  son  temps  à 
écrire  une  signature  et  46  monogrammes 
pour  approuver  les  petites  obscénités  de 
François  Colletet. 

Nous  sourions  ;  mais  les  choses  ont- 
elles  beaucoup  changé  ?  Dans  deux  siècles 
dici.  les  curieux  retrouveront  le  visa  de 
l'Instruction  Publique  sur  nos  chansons 
de  café-concert,  et  s  ils  apprennent  qu'à 
la  même  époque  une  tragédie  de  M.  Bor- 
nier  était  interdite  par  la  censure,  ils  ne 
seront  pas  moins  étonnés.  P.  L. 

*  * 

Il  faudrait  savoir  si  le  curé  de  Saint- 
Paui,  Bossu,  n'était  pas  au  nombre  des 
censeurs  royaux  ;  beaucoup  d'entre  eux 
prenaient  leurs  différentes  qualités  sans  y 
ajouter  celle  de  censeur  royal. 

Comment  explique-t-on  la  grande 
quantité  d'ouvrages  publiés  avec  les 
noms  véritables  d'imprimeurs  et  éditeurs 
français  et  non  sous  des  rubriques  de 
fantaisie,  et  qui  cependant  ne  portent  pas 
d'approbation,  ni  même,  bien  souvent, 
de  privilège?  César  Bi.rotteau. 

Alizoïî,  comédie  (L,  724).  —  je 
serais  bien  reconnaissant  à  monsieur 
P.  L.  de  nous  donner  le  titre  complet  du 
précieux  exemplaire  d'Alizon,  dont  il 
est  1  heureux  possesseur. 

Si  cet  exemplaire  est  unique,  il  a  droit 
de  figurer   dans   l'Essai  de  Bibliographie 


spéciale  des  livres  perdus^  iniroiivahles  on 
connus  à  l'état  d'exemplaire  unique,  en 
cours  de  publication  dans  le  Bulletin  de 
la  société  Le  Vieux  Papier,  et  fera  l'objet 
d'une  addition  au  premier  volume  du 
tirage  à  part,  à  la  veille  de  paraître. 

Le  renseignement  sollicité  a  aussi  pour 
objet  de  préciser  le  format  de  l'édition 
originale  d'Ali{on.  L'exemplaire  de  notre 
collaborateur  serait  de  lormat  in-8'\ 
De  Beauchamps,  dans  ses  Recherches  sur 
les  théâtres,  (tome  II,  page  178)  attribue 
le  format  in- 12  à  l'édition  de  1637.  Le 
titre  de  cette  édition,  toujours  d'après  De 
Beauchamps,  semblerait  indiquer  qu'elle 
n'était  pas  la  première  : 

^<  Alison,  comédie  en  cinq  actes, en  vers 
N<  deMiée  cy-devant  aux  jeunes  veuves  et 
«  aux  vieilles  filles,  <?/  à  présent  aux  bour- 
«  rières  de  Paris,  avec  un  avertissement 
«  où  il  est  dit  que  c'est  l'histoire  de  la 
«  veuve  d'un  pauvre  bourgeois  de  Paris. 
«  /  vol.  in- 12,  1637.  Paris  >>. 

Y  aurait-il  eu. la  même  année,  une  édi- 
tion in-8°,  qui  serait  l'originale  et  une 
édition  in- 12  ? 

Monsieur  P.  L.  signale  comme  seconde 
édition  celle  de  1664.  N'est-ce  point  une 
erreur  ?  De  Beauchamps  décrit  ainsi  la 
seconde  édition  : 

«  Alison,  comédie,  seconde  édition, 
«  1644,  en  la  boutique  de  Langelier,  chez 
«  Jean  Guignard,  le  père  ». 

Il  mentionne  aussi  l'édition  de  1664, 
avec  l'indication  troisième  édition. 

Ce  sont  là  minuties  bibliographiques, 
et  il  serait  autrement  intéressant  de  dé- 
voiler le  pseudonyme  si  discret  de  l'au- 
teur, mais  si  les  bibliographes  contempo- 
rains n'ont  pu  y  parvenir,  comment 
espérer  réussir  aujourd'hui  '■     Ar.m.  D. 

Les  docum?nt.=j  phalliques  (L,  172, 
309,  423^.528,  598,  657,  693,  759).  — 
Dans  l'antiquité,  les  bornes  avaient  sou- 
vent la  forme  phallique.  A  Dijon,  la  Pe- 
tite-rue-de-la Monnaie  est  fermée  à  ses 
extrémités  par  de  grosses  bornes  taillées 
en  forme  de  phallus. 
* 

Au  musée  d  Aixen  Provence  on  voit, sous 
le  numéro  285,  une  pierre  sur  laquelle  ne 
ressort  aucun  emblème  phallique,  et  si 
cette  pierre  est  cataloguée  :  «  Bas-relief 
phallique    de    l'époque  romaine  »,    c'est 


N*   1060 


L'INTERMEDIAIRE 


875 


876 


qu'elle  porte,  gravé,  ce  distique  relatant 
Vexpurgation  dont  elle  a  été  l'objet  : 

Prœses  phallus  abest  ;  erasit  barbara  dextra  ; 
Sed  latet  in  calidis  ipse  Priapus  aquis. 

V.  A.  T. 

Lou  Lavament  (L,  11.  144,  309).  — 
Le  mot  poufiiiga  figure,  dans  la  petite 
épigramnie  scatologique  ci-après,  qui  se 
trouve  à  la  page  86  du  Recul  d'nvras  pa- 
toi^as  de  M.  Favre,  priou-curat  dé  cella 

NOVA  (à   MOUNPÉYÉ,    1818). 

Epigramma  sus  un  apouthicayre  é  un 
jipié  (plâtrier)  que  loujavoun  dins  lou 
méma  houstaou. 

L'aoutre    soir,  un  jipié  cagayre 
Dessus  sa  iénestra  mountet, 
E  fort  adréchamén  caçuet 
Sus  tou  nas  d'un  apouthicayre. 

Ah  !  poulissoun,  viien  cugnoul 
Yé  cridet  lou  porta  seringa, 
S'as  iamay  bézoun  dé  pouting^i, 
Té  vole  courdura  lou  cuou  I 

V.  A.  T. 

Ouvrages  sérieux   mis  en  vers 

—  (T.  G.,  665  ;  XXXV  à  XL  ;  XLIl  ; 
XLIV  à  XLIX  ;  L,  loo,  142,  212,  321, 
430,487,551,762).  —  Ai-je  {ou  a  t-on) 
déjà  communiqué  à  V Intermédiaire  le  titre 
qui  suit  : 

s<  Catrchismeen  versAéà\é  à  Monseigneur 
le  Dauphm.  Dans  lequel  les  veritez  chré- 
tiennes sont  expliquées  d'une  manière  si 
intelligible  et  si  exacte  que  toutes  sortes 
de  personnes  s'en  pourrons  {sic)  servir 
utilement  avec  des  Prières  quand  on 
assiste  à  la  Messe  ;  et  pour  la  journée. 
Par  Monsieur  d'Heau ville,  abbé  de  Chan- 
temerle.  à  Troyes,  chez  Jacques  Febvre, 
demeurant  en  la  grande  rue  près  Saint 
Urbain.  M.  DCC.  LXXXVl  >\ 

Petit  in-i2  de  1 1  pp.  n.  ch.,  89  p.  ch. 
(la  première  commençant  au  verso  de  la 
onzième  n.  ch.)  et  8  pp.  n.  ch.  d'appro- 
bation. 

Un  exemplaire  s'en  trouve  à  la  biblio- 
thèque de  Troyes. 

L'ouvrage  commence  par  une  épitre  au 
dauphin,  suivie  d'un  long  avis  *<  Au  lec- 
teur ».  Il  est  presque  entièrement  divisé 
en  sixains,  sauf  quelques  appendices  en 
dixains,  le  tout  en  vers  de  huit  pieds,  de 
facture  bien  ordinaire. 

Les  approbations  sont  datées  d'avril  à 
décembre   1668  ;  elles  émanent  de  doc- 


teurs et  de  curés  de  Paris,  de  l'Archevê- 
que de  cette  ville,  des  évêques  d'Angou- 
lême,  de  Bayeux  et  de  Coutances.  L'au- 
teur paraît  être  de  ce  dernier  diocèse. 

Cette  édition  est  une  réimpression  lo- 
cale d'un  ouvrage  dont  le  privilège  royal 
est  daté  du  12  août  1668,  achevé  d'im- 
pression pour  la  première  fois  le  30  jan- 
vier 1669,  et  dont  une  édition  datée 
«  M.DCC.LXX  »  a  été  imprimée  à  Paris, 
chez  Frédéric  Léonard,  Imp.  du  Roy,  rue 
Saint-jacques,  à  FEcu  de  Venise  ».  (Pet. 
in-i2  de  7  ff.  n.  ch.,  132  pages  pp.  ch. 
et  5  flf  n.ch.  d'Approbations  et  Privilège). 
Un  exemplaire  s'en  trouve  également  à  la 
bibliothèque  de  Tro^-es.  L.  M. 


.  * 


L'éditeur  Kistemaeckers  a  publié,  en 
1885, sous  ce  titre  :  La  Constitution  belge 
mise  en  vers,  un  recueil  de  cinq  cents  vers, 
signés  Félix  Coveliers,  et  destinés  à  glo- 
rifier l'œuvre  du  Législateur  belge  de 
1830  : 

En  voici  le  commencement  : 

Muse,  chante  avec  moi  d'ur.e  voix  pénétrante 
L'ordre  nouveau  fondé  depuis  mil   huit  cent 

[trene  ; 
Célébrons  dans  ces  vers  I?  Révolutiont  : 
Celle  à  qui  nous  devons  la  Constitution  ! 

Je  vous  fais  grâce  des  quatre  cent  qua- 
tre-vingt-seize autres  vers  qui  complètent 
le  recueil.  Hector  Hogier. 

1 

Origine  du  mot  huguenot  (T.  G  , 
436).  —  Lettre  de  Balzac  à  Conr?rt  qui 
se  trouve  dans  les  cenves  de  Balzac,  édi- 
tion de  1665,  In-f',  t.  11,  p.  911 

«  Papiste  et  Calviniste  sont  les  deux  ter- 
mes de  faction  :  huc^tteiiot  est  votre  nom 

O 

de  guerre  imposé  à  vos  premiers  pères 
fortuitement  et  par  le  hasard.  Ce  nom  ne 
loue,  ni  ne  blâme  :  il  marque  et  distingue 
seulement.  Mais,  mon  bon  monsieur, 
comment  rejetez-vous  du  langage  sérieux 
l'ancienne  probité  huguenote,  la  phalange 
huguenote^  les  Sibylles  et  les  Cassandres 
huguenotes,  dont  se  sont  servis  les  plus 
honnêtes  gens  de  votre  parti,  comme 
vous  diriez  Duplessis  d'Aubigné,  du  Fay, 
l'Hôpital,  etc. ,  etc. 

«  Je  voudrais  bien  que  protestant  fût  aussi 
bien  usité  en  France  qu'en  Allemagne,  et 
je  m'en  servirais  très  volontiers,  si  le 
peuple  l'entendait. Mais  quoi  qu'il  en  soit, 
les  mots  ne  valent  qne  ce  qu'on  les  fait 
valoir  ».  Alpha. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


877 


10  Décembre  1904, 


878 


Les  calembours  dans  les  déno- 
minatiors  (L,  339,  481,  525,  592,  652, 
71 1,760).  —  M.  Marcel  Baudouin  dit, avec 
raison. que.  jadis, Vhypochondrie  avait  son 
siège  sous  les  cartilages  costaux,  dans 
l'hypbcondre  ;  mais,  plus  exactement,  on 
la  localisait  dans  le  foie  :  de  là,  les  ex- 
pressions :  avoir  des  humeurs  noires, 
être  atrabilaire,  se  faire  de  la  bile,  etc. 
Les  Anglais  la  localiseraient  dans  la  ra^^  : 
de  là,  le  mot  spleen. 

D"'  A.  T.  Vercoutre. 


Il  n'y  a  pas  que. . .  Il  n'est  pas  que  . 

(XLVin;XLlX;  L,  28,  151,  699.767). 
—  Les  observations  de  M.  Paul  Argelès 
me  font  craindre  de  ne  m'ètre  pas  expli- 
qué assez  clairement.  Je  me  vois  donc 
obligé  de  préciser. 

11  n'est  jamais  entré  dans  ma  pensée 
de  vouloir  proscrire  les   mots   nouveaux, 
ni  d'imposer  à  personne  des  élégances  de 
style.  Ce  que  je  ne  saurais  admettre,  c'est 
que  l'on  détourne  un  mot  de  sa  significa 
tion   véritable  pour  lui  faire  dire  autre 
chose.  Cela  ne  me  choque  nullement  que 
l'on  dise  boule  pour  iête.  parce  qu'en  effet, 
la  tète  n'est  autre  chose  que  la  boule  du 
corps   humain.    Mais   si,  après  qu'il  est 
admis  que  botde  est  l'équivalent  de  tête. 
vous  venez  vous   servir  de  ce   mot  pour 
désigner  les  pieds,   par  exemple,  nous  ne 
serons  plus  d'accord,  et  je  protesterai,  je 
ne   me    servirai    pas  du   mot   conséquent 
pour  dire  important,   non  pas  parce  que 
ce   mot  est   vulgaire,    mais    parce    qu'il 
signifie   qui   sitit^    qui   succède    (cum    se- 
quens)  et  que  son  acception  dans  le  sens 
d'important,  est  inexacte.  De  même  pour 
entrailles  :  ce  mot  désigne  les   intestins  : 
si  vous  l'employez  pour  désigner  aussi  le 
cœur  et  les  poumons,   comme  beaucoup 
le  font,   je  protesterai    encore.    Si    vous 
dites  qu'un    ruban  de    i    m.    50  de  long 
est  un  centimètre,  il   n'y  a  plus  moyen  de 
s'entendre.   Appelez-le,    si    vous  voulez, 
mon  cent  cinquante,  mais  ne  l'appelez  pas 
mon  centimètre.  Sinon,  quand  vous  com- 
manderez à  un  marchand  une  pièce  d'é- 
toffe de  dix  centimètres  carrés,  vous  serez 
exposé  à   en  recevoir   une  qui  mesurera 
I  7  mètres.  En  ce  cas  particulier,   la   rai- 
son pst  d'accord  avec  la  loi  (une  fois  n'est 
pas  coutume  !),  et  un  magasin  affichant 
le  mot  centimètre  pour  désigner  une  me- 
sure de  I  m.  50,  ainsi  que  je  l'ai  vu  faire, 


s'expose  à  être  poursuivi  pour  contraven- 
tion à  la  loi  sur  les  poids  et  mesures. 

La  conclusion  et  la  morale  de  ce  que 
M.  Paul  Argelès  appelle  ma  thèse,  c'est 
que  le  devoir  des  gens  qui  connaissent 
leur  langue,  est  d'empêcher  ceux  qui  ne 
la  connaissent  pas  ou  qui  la  connaissent 
mal,  de  la  dénaturer,  de  donner  cours 
forcé  à  des  expressions  qui  choquent  le 
bon  sens,  violent  les  règles  étymologi- 
ques, et  créent  des  confusions  qui,  dans 
la  pratique  de  la  vie,  peuvent  devenir 
préjudiciables.  O.  D. 

Le  nard    des    Romains  (L,   620, 

742).  — Je  suis  obligé  de  répondre  d'a- 
bord que,  dans  mon  esprit,  puro  nardo  n"a 
jamais  voulu  dire  nard  vrai  ou  indien. 
J'ai  traduit  nardo  par  nard  indien.,  simple- 
ment, parce  que  c'est  le  nard  typique  ; 
mais  il  est  évident  que  cette  traduction 
n'est  que  «  libre  ».  —  De  plus  j'ai  écrit  : 
'<  Les  naturalistes  prétendent  »,  et  non 
pas  :  «j'admets  »,  que  «  cette  plante  ne 
pousse  guère  qu'à  l'Ile  de  Java  ».  Il  y  a 
là  une  nuance  véritable,  qu'un  critique 
un  peu  pressé  n'a  peut-être  pas  distin- 
guée ?  Tout  le  monde,  en  effet,  peut  avoir 
du  daltonisme..^ 

Mais  revenons  au  nard  indien.  —Je 
crois,  en  effet,  que  ce  nard  est  originaire  de 
l'Hindoustan,  et  que,  précisément,  c'est 
celui  que  les  Romains  utilisaient,  parce 
que.  à  l'heure  présente,  c'est  encore  le  seul 
qui  soit  dans  le  commerce.  —  Nous 
sommes  donc  tous  d'accord. 

Marcel  Baudouin. 

♦ 
*  * 

Une  étude  approfondie  de  la  question 
nous  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 
lo  Le  nard  des  Romains  ne  provenait  pas 
de  Java,  parce  que  le  nard  actuel  dejara.^ 
ainsi  appelé  par  nos  pharmaciens  mo- 
dernes, n'est  cultivé  dans  cette  colonie 
hollandaise  que  depuis  les  temps  moder- 
nes. Ce  sont  les  Hollandais  qui  l'ont  in- 
troduit dans  cette  île  ;  en  allant  chercher 
dans  les  Indes  les  espèces  de  nardostacbys 
qui  croissent  naturellement  dans  les  mon- 
tagnes de  l'Himalaya,  et  notamment  le 
N-Jatamansis  du  Népaul. 

2°  Les  Romains  recevaient  le  nard  in- 
dien en  question,  de  la  famille  des  valé- 
rianées,  par  l'intermédiaire  des  marchands 
arabes  de  la  Syrie,  où  on  cherchait  à  le 


N*  1060. 


L'INTERMÉDIAIRE 


879 


880 


falsifier  avec  l'andropogon  ;  que  l'on  ven- 
dait aux  Romains  sous  le  nom  de  nard 
indique,  précisément  pour  tromper  sur 
son  origine  réelle,  avec  cette  étiquette 
qui  satisfaisait  leurs  désirs. 

3°  Il  est  de  toute  évidence  que,  si  les 
Romains  avaient  fait  venir  le  nard  de 
Java,  les  falsificateurs  syriens  auraient  eu 
la  précaution  de  lui  donner  ce  nom  ;  de 
même  que  les  Hollandais  ne  se  seraient 
pas  donné  la  peine  d'aller  récolter  leur 
nard  dans  le  nord  de  l'Inde,  pour  le  cul- 
tiver dans  leur  colonie. 

4°  En  un  mot,  le  nom  de  nardiis  indien 
que  lui  donnaient  les  Romains,  indique 
bien  son  origine  vraie,  et  par  suite  nous 
précise  le  nom  de  l'espèce  :  nardostachys 
hymalayens,  c'est-à-dire  jatamansis. 

D""  Bougon. 

Le  cas  de  M.  Guérin  (L,  734).  — 
Puisqu'on  me  demande  mon  avis,  je  vais 
le  donner,  après  avoir  remercié  mon  col- 
lègue M.  ).  G.  Bord,  d'avoir  retiré  de 
iouhVi  le  nionstie  double  de  M.  Guérin, 
car  les  monstres  doubles  ayantvécii  se  com- 
ptent [j'en  ai  la  liste  sous  les  yeux,  liste 
que  j'ai  d'ailleurs  publiée  ;  or,  il  ne  figure 
pas, ce  me  semble, dans  cette  énumération] . 

Les  monstres  doubles*de  cette  espèce 
ayant  vécu  sont  assez  fréquents,  car  ils 
naissent  viables^  et  vivent,  en  somme,  fré- 
quemment. Ils  constituent  d'ailleurs  une 
classe  très  particulière,  appelée  classe  des 
EnJocymiens  ;  les  anciens  disaient  :  Fœins 
infœtu.  En  réalité,  il  s'agit  de  deux  su- 
jets,nés /««a'jKx  et  accolés  au  début,  dont 
/'zm,  en  se  développant ^  a  englobé  l'nutie 
dans  la  cavité  générale  de  son  corps.  — 
Ces  monstres  sont  connus  dès  la  plus 
haute  antiquité  ;  et  l'on  en  cite  un,  qui 
vivait  en  836  après  J.-C.  (1). 

J'offre  l'hospitalité  de  la  Ga:(ette  Médi- 
cale de  Paris,  pour  la  publication  in  extenso 
du  texte,  découvert  par  M.  Bord,  qui 
constitue  un  document  scient ijique  de  haute 
valeur^  à  ne  pas  laisser  perdre  dans  la 
masse  des  rapports  administratifs  de- 
meurant manuscrits. 

D""  Marcel  Baudouin. 

(i)  Deux    mémoires   scientifiques   datés  de 
1823  (Thèse  de   Lachèze)    et   de   1823  (E.  Le 
Sauvage),  contiennent  peut-être  des  renseigne- 
ments sur  le  «  cas  de  M.    Guérin  »,  daté  de 
-.1820  ;  ce  serait  à  vérifier. 


A  la  suite  de  cette  réponse,  M.  le  D' 
Baudoin  nous  faisait  parvenir  ce  post- 
scriptum  : 


♦  * 


Après  quelques  recherches  plus  cir- 
constanciées dans  la  littérature  médicale, 
je  viens  de  découvrir  que  le  fait  signalé 
par  M.  J.  G.  Bord  n'est,  en  réalité,  pas 
inédit  du  tout,  comme  je  l'avais  cru  tout 
d'abord. 

Ce  qui  m'avait  trompé,  c'est  la  date  (1820) 
donnée  par  notre  collègue.  Or  elle  est 
erronée  (sans  doute  par  faute  d'impres- 
sion) ;  c'est, en  effet,  1802  ou  1804  (et  non 
1820)  qu'il  doit  falloir  lire  ! 

Cela  dit,  le  monstre  de  «  l'Oise  v>  en 
question  devient  celui  décrit  dans  les 
deux  mémoires  ci-dessous  : 

Verdier-Heutin.  Diss.  sur  le  fœtus 
trouvé  à  yerneuildansle  corps  d'un  enfant 
mâle.  Paris,  in-8°,  1804,  planches. 

Dupuytren.  Rapport  sur  un  fœtus 
humain  trouvé  dans  le  mésentère  d'un 
jeune  homme  de  quatorze  ans.  Mém.dela 
Fac.  de  M  éd.  de  Paris,  in-40,  1812,  p. 
231,  avec  planches. 

En  Science,  il  est  connu  sous  le  nom 
de  cas  de  Dupuytren.,  parce  que  c'est  ce 
fait  qui  a  servi  de  base  à  la  théorie  de  ce 
célèbre  chirurgien  sur  les  inclusions  fœ- 
tales. 

Dans  le  rapport  de  Dupuytren,  le  su- 
jet, du  nom  de  Bissieu,  né  en  1790,  se- 
rait de  Verneuil  {Eure)  ;  et  l'autopsie  a 
bien  été  faite  par  le  Dr  Guérin,  assisté  du 
D""  Bertin-Desmardelles.  —  Comment  se 
fait-il  dès  lors  que  M.  J.  G.  Bord  ait 
trouvé  le  rapport  sur  cette  question 
(sans  doute  celui  demandé  par  le  Ministre 
Chaptal)  dans  des  Archives  venant  de 
VOise'^  —  A  notre  collègue  de  s'expliquer 
là-dessus.  Peut-être  y  a  t-il  encore  Oise 
pour  Eure,  par  faute  typographique.? 
D'  Marcel  Baudouin. 

Directeur  de  V Institut  de  Bibliographie . 


Inhumations  liors  des  cimetièrse 
(XLVllI  ;  XLIX  ;  L,  191,  316,  437,  530, 
601,654,  698,766,812).—  6")  M. et  Mme 
Leroy, propriétaires  du  château  de  Mortier, 
en  Dissé-sous-le-Lude, furent  inhumés  dans 
un  pavillon  mauresque  transformé  en 
chapelle,  qu'ils  avaient  fait  construire  au 
milieu  d'un  étang.      .  Louis  Calendini. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre  1004 


881 


882 


t 


Eglises  fortifiées  (T.  G.,  308  ; 
XXXVIII  ;  XXXIX  ;  XLI  à  XLIV  ;  XLIX  ; 
L,i52,  265,  369,  421,530,  590,657,759). 
—  Je  communiquerai  volontiers  ma  litho- 
graphie de  Victor  Petit  à  M.  Villeroy. 

A.  S.. Y 


Biographies  épiscopales  moder- 
nes (XLIX,  506,  705,  928  ;  L,  145.  822). 
—  Vie  de  S.  E.  le  cardinal  Despry^ 
archevêque  de  Toulouse,  par  Jules  La- 
cointa.  Lille,  Desclée,  1881,  in-8". 

yie  de  Mgr  Dupatdoup,  évêqiie  d'Or- 
léans^ par  Labbé  F.  Lagrange.  Paris, 
Poussielgue,  1883,  3  vol.  in-8. 

Histoire  du  Cardinal  Pie,  êvcque  de 
Poitiers,  par  Mgr  Baunard.  Poitiers,  1886, 
2  vol.  in-8.  Paul  Pinson. 


Compagnons  vitriers  de  Lyon  (L, 
781).  —  Les  compagnons  vitriers  en 
question  ne  formaient  pas  une  compagnie 
spéciale.  Ils  étaient  une  partie  de  l'en- 
semble d'une  société  : 

Compagnons  ;  compagnonnage,  sorte  de 
franc-maçonnerie  en  usage  dans  les  cor- 
porations ;  usage  très  ancien,  dont  l'ori- 
gine remonterait  à  l'époque  de  la  cons- 
truction du  temple  de  Salomon. 

La  M'cre  des  compagnons  n'est  autre 
qu'une  maîtresse  d'auberge,  désignée, 
par  les  compagnons,  dans  les  villes  d'une 
certaine  importance,  où  il  sont  reçus  pour 
y  prendre  leur  pension  et  logis. 

L'adresse  reproduite  dans  la  question, 
pour  être  bien  comprise,  a  besoin  de 
l'explication  suivante  : 

Les  compagnons,  dans  leurs  rapports, 
prennent  le  nom  de  la  province,  ou  de 
la  ville  qui  les  a  vus  naître.  Bourgui- 
gnon, Dauphiné,  Lorrain,  etc.,  ou,  Pa- 
risien, Marseillais,  Lyonnais,  etc.  Le  com- 
pagnon était  né  à  La  Flèche,  ce  qui  ex- 
plique la  dénomination  de  «  Fléchois  ». 
En  outre,  chaque  compagnon  avait  un 
surnom  qui  lui  était  octroyé  dans 'la  cé- 
rémonie de  réception,  il  faut  donc  lire 
ainsi  l'adresse  :  «  Fléchois  (dit)  Bon-ac- 
cord ». 

Pour  de  plus  amples  renseignements, 
voir  aux  mots  «  compagnon  »  et  «  com- 
pagnonnage »,  le  Nouveau  Larousse  qui 


contient  des  détails  assez  étendus  ;  ou, 
mieux  encore,  le  Livre  du  compagnonnage 
par  Agricol  Pendiguier,  dit  «  Avignon- 


nais  la  Vertu  ». 


J.   BÉHEM. 


Voir  le  très  remarquable  article  de  M. 
J.  Godard  :  Le  compagnonnage  à  Lyon. 
{Revue  d'Histoire  de  Lyon^  fascicule  VI), 


La  tombe  de  Le  Bègue  de  Presle 
à  Charonne  (L,  1059).  —  La  vieille 
église  de  Charonne,  si  curieuse  encore 
malgré  les  badigeonnages  qu'elle  a  subis, 
est  la  seule  de  Paris  qui  ait  conservé  son 
cimetière  ;  aussi  les  amateurs  du  pitto- 
resque parisien  reconnaissent-ils  qu'il 
existe  là  un  des  coins  les  plus  imprévus 
et  les  plus  curieux  de  la  capitale.  Le  vieil 
édifice  gothique  perché  au  faite  d'un  es- 
calier élevé,  a  conservé,  groupées  autour 
de  ses  murs  et  de  ses  contreforts,  un 
grand  nombre  de  tombes  autour  des- 
quelles l'herbe  pousse  dru,  tout  comme 
dans  les  cimetières  de  village. 

La  sépulture  de  Bègue,  qui  se  remar- 
que au  fond  à  droite  de  ce  cimetière,  est 
d'une  origine  singulière  qui  ne  doit  éveil- 
ler aucun  souvenir  digne  d'être  retenu. 
C'est  un  grand  carré  dépassant  de  beau- 
coup les  dimensions  des  concessions  or- 
dinaires de  nos  cimetières  ;  l'entourage 
est  formé  d'un  assemblage  bizarre  de 
grillages,  de  balcons,  de  panneaux  en 
fonte  de  fer  formant  une  .'-^'î.ection  des 
productions  de  la  fonderie  de  Soque  de 
1830,  qui  ont  remplacé  les  belles  ferron- 
neries dont  les  logis  parisiens  étaient  or- 
nés autrefois.  Au  milieu  de  ce  carré,  un 
piédestal,  et  dessus,  une  statue  en  fonte 
de  fer  représentant  un  personnage  habillé 
à  la  mode  de  la  fin  du  xviu'  siècle.  La 
génération  actuelle  des  habitants  de  Cha- 
ronne a  laissé  prendre  racine  à  une  lé- 
gende suivant  laquelle  la  statue  serait  la 
représentation  d'un  secrétaire  (.^)  de  Ro- 
bespierre. 

La  communication  de  M.  E,  O.  dans 
Ylntermédiaire^  apprend  qu'une  autre  lé- 
gende —  celle  d'un  médecin  philanthrope 
dont  les  habitants  de  Charonne  auraierit 
voulu  honorer  la  mémoire  —  cherche  à 
s'établir. 

Mais  hélas  !  II  ne  s'agit  de  rien  mioins 
qu'un  médecin  ou  un  philanthrope  dont 
les  restes  reposent  dans  ce  coin  du  cime- 


N"  1060, 


L'INTERMÉDIAlkË 


883 

Charonne.    Il 


884 


tière  de  Charonne.  Il  existe  encore,  a 
Charonne  et  à  Bagnolet,  des  vieillards  qui 
ont  connu  dans  leur  enfance  le  w  Père 
Bègue  ». 

C'était  tout  simplement  un  entrepre- 
neur de  serrurerie,  dont  l'atelier  donnait 
par  derrière,  surle  cimetière  en  question. 
Original  et  esprit  singulier,  Bègue  avait 
fait  confectionner  d'avance  le  cercueil  qui 
devait  lui  servir ,  puis  il  avait  fait  acqui- 
sition d'une  concession  dans  le  cimetière 
et  s'était  édifié  son  monument  avec  les 
pièces  de  fonte  qui  étaient  d'un  usage  cou- 
rant dans  son  industrie.  11  put  contempler 
pendant  de  longues  années  la  place  qu'il 
s'était  aménagée  pour  reposer  après  sa 
mort.  Les  habitants  de  Charonne  ne  fu- 
rent pas  peu  surpris  de  la  prodigalité  ma- 
nifestée par  l'établissement  de  cette  sé- 
pulture tapageuse, eux  qui  avaient  appris, 
à  leur  dépens,  que  Bègue  était  un  maître 
dans  l'art  de  faire  rapporter  à  l'argent  un 
intérêt  plus  élevé  qu'il  n'est  coutume. 

J'ajouterai  que  les  livres  du  cimetière 
mentionnent  régulièrement  la  date  de  la 
concession  qui  ne  compte  pas  moins  de 
45m.   de  superficie. 

Louis  Tesson. 

L'algèbre  du  jeu  (L,  615).  —  Le 
collaborateur  d'E  demande  :  «  ces  combi- 
naisons mathématiques  qui  rendent  la  for- 
tune favorable  sont-elles  possibles  .?  »  — 
Assurém.ent  !  et  les  martingales  ne  man- 
quent pas.    —  En  en    poussant  l'applica- 
tion sufHsamm.ent  loin,    il   n'en  est   pas 
une  qui  n'assurerait  un  gain  certain  ;  mais 
elles   sont    déjouées  par     les    règles  des 
maisons  de  jeu  qui,  toutes,  ont  imposé  wn 
maximum  des  mises .  Or   les  martingales 
sont  basées  sur  une  progression  croissante 
des  mises,  telle  qu'en  cas   de   perte   d'un 
coup,  surcharger,  le  coup  suivant,  fait  ré- 
cupérer la  perte  et  procure  en  outre  un 
gain.  La  règle  des  jeux,  imposant  un  mi- 
nimum pour  la  mise  initiale   et  un  maxi- 
mum pour  la  mise  finale,  le  joueur  mal- 
heureux ne  dispose  que  d'un   nombre  très 
restreint  de  coups  pour  l'application  de  la 
martingale. Là, durant  ce  nombre  restreint 
de    coups,  la  fortune  lui  est  constamment 
défavorable,  il  perd  une  somme  énorme, 
et  cette  série  malchanceuse  n'est  pas  aussi 
rare  qu'on  pourrait  le  croire.  En  sorte  que 
le    joueur  qui   applique   une    martingale 
peut  gagner  constamment  de  faibles  som- 
mes, mais  est  exposé  quelque  jour  à  faire 


une  perte  considérable  qui  annule  tous 
ses  gains  antérieurs  et  l'engage,  en  outre, 
dans  une  perte  des  plus  sérieuses.  D'ail- 
leurs le  fait  corrobore  le  raisonnement. 
Nul  n'ignoie  le  nombre  considérable  de 
joueurs  qui  appliquent  des  martingales  et 
se  ruinent,  et  la  colossale  fortune  des  te- 
nanciers des  grands  établissements  de  jeu, 
comme  Monaco, est  suffisamment  connue. 

Lotus  Sahib. 

Herboristes  (L,  675,  772).  — -  Nous 
recevons  la  lettre  suivante  : 

Paris,  le  29-1 1  1904. 
Monsieur  le  Directeur  du  Journal 
V  Intermédiaire  des  Chercheurs  et  Curieux. 

C'est  par  le  Courrier  de  la  Presse  que 
j'ai  eu  connaissance  de  l'art,  que  vous  avez 
fait  paraître  dans  les  colonnes  de  V Inter- 
médiaire des  chercheurs  et  curieux  et  par 
lequel  vous  posiez  à  vos  lecteurs  trois  ques- 
tions au  sujet  de  la  profession  d'herboriste. 
C'est  également  le  Courrier  de  la  Presse 
qui  m'a  communiqué  les  deux  réponses  qui 
vous  sont  parvenues  à  ce  sujet  et  que  vous 
avez  publiées  dans  votre  numéro  du  20 
novembre. 

Si  je  n'avais  pas  trouvé  dans  l'une  de  ces 
réponses,  signée  Soulget,  de  nombreuses 
erreurs,  je  me  serais  abstenu  de  tous  com- 
mentaires puisque  vous  n'avez  pas  cru  de- 
voir puiser  vos  renseignements  auprès  de 
la  Chambre  Syndicale  des  herboristes. 

Mais  ayant  à  cœur  de  défendre  la  cor- 
poration des  herboristeschaque  fois  qu'elle 
est  attaquée  et  aussi  dans  l'intérêt  de  vos 
lecteurs,  qui  s'intéressent  à  votre  publica- 
tion parce  qu'elle  peut  les  instruire,  je  me 
permettrai  quelques  rectifications  que  je 
crois  utiles  pour  les  uns  comme  pour  les 
autres. 

S'il  est  vrai  que  la  réglementation  de  la 
profession  d'herboriste  date  de  germinal  an 
XI,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  long- 
temps avant  cette  époque  on  trouvait  des 
herboristes  épiciers,  qui, seuls, avec  les  apo- 
thicaires pouvaient  se  livrer  au  commerce 
des  plantes  médicinales. 

En  1353,  le  roi  Jean  II  rendait  la  pre- 
mière ordonnance  relative  à  la  vente  des 
drogues  par  les  pharmaciens  et  droguistes. 
Cette  ordonnance  peut  être  à  juste  titre 
considérée  comme  la  loi  organique  sur  la 
pharmacie. 

Je  ne  suis  pas  du  tout  de  l'avis  de  votre 
correspondant  lorsqu'il  dit  que  la  régle- 
mentation faite  par  la  loi  de  germinal  an 
XI  (oh  !  combien  surannée  !  )  est  parfaite- 
ment illusoire  tant  au  point  de  vue  de  l'u- 
tilité dudit  métier  que  des  garanties  de  ca- 
pacité exigées  des  titulaires. 
L'herboristerie  est  une   profession  indis- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


885 


pensable  à  la  société  en  général  qui  sait 
reconnaître  la  supériorité  des  plantes  mé- 
dicinales auxquelles  l'herboristeapporte  par 
lui-même  un  soin  tout  particulier  à  leur  con- 
servation. 

Et  l'herboriste  n'est-il  pas  le  pharmacien 
du  D.auvre  ? 

Et  la  classe  laborieuse  ne  soulage-t-elle 
pas  ses  maux  aussi  efficacement  par  les 
quelques  sous  de  plantes  achetées  chez 
l'herboriste  que  par  les  nombreux  et  coû- 
teux médicaments  qu'elle  pourrait  se  pro- 
curer chez  le  pharmacien  ?  La  chose  ne  fair 
aucun  doute.  Si,  à  maintes  reprises,  il  a  été 
question  de  supprimer  la  profession  d'her- 
boriste, depuis  longtemps  l'idée  en  est 
abandonnée, car  l'utilité  de  cette  profession 
a  été  reconnue  de  façon  évidente. 

Et  qui  demandait  cette  suppression  ?  La 
société  ?  Non  pas  ;  mais  le  pharmacien  qui 
voulait  créer  à  son  profit  un  monopole  pu- 
rement arbitraire. 

II  y  a  deux  classes  d'herboristes  :  ceux 
de  ire  classe  qui  ont  le  droit  d'exercer  dans 
toute  la  France  ;  ceux  de  2^  classe  dont 
l'exercice  professionnel  est  limité  au  dépar- 
tement pour  lequel,  ils  ont  été  reçus. 

La  différence  des  deux  classes  provient 
non  pas  d'un  supplément  de  versement 
afférent  au  Trésor,  puisque  ces  droits  sont 
absolument  les  mêmes  pour  l'une  et  l'au- 
tre classe  :  mais  les  aspirants  au  titre  de 
I"  classe  doivent  subir  un  examen  prépa- 
ratoire qui  porte  sur  le  français,  l'ortho- 
graphe, le  calcul,  le  sytème  métrique,  etc. 
Et  le  deuxième  examen,  c'est-à-dire  l'exa- 
men probatoire  ou  professionnel  est-il 
aussi  illusoire  que  veut  bien  le  dire  votre 
correspondant?  Sans  doute  n'a-t-il  jamais 
assisté  à  cet  examen  public  passé  devant 
une  école  de  pharmacie  ;  car  alors,  il  au- 
rait pu  se  rendre  compte  avec  quelle  diffi- 
culté les  aspirants  étaient  admis  au  certifi- 
cat d'aptitude. Ceux-là  seuls  qui  connaissent 
parfaitement  la  fîore  française  et  les  carac- 
tères de  ses  plantes  se  voient  délivrer  le 
diplôme  d'herbori^ite.  L'examen  d'herbo- 
riste est  bien  moins  compliqué  que  celui 
des  pharmaciens,  je  n'en  disconviens  pas, 
et  les  connaissances  exigées  des  candidats 
sont  moins  nombreuses, c'est  évident  ;  mais 
aussi,  combien  est  autrement  limitée  leur 
liberté  commerciale. 

Le  mot  apothicaire  encore  en  usage  chez 
les  anglais,  les  allemands  et  les  espagnols 
et  qui  vient  du  grec  «tto^/îx»!  (boîte,  bouti- 
que) a  été  presque  le  seul  nom  p;ir  lequel 
les  pharmaciens  ont  été  désignés  en  France 
pendant  tout  le  moyen  âge  ;  ce  n'est  qu'au 
commencement  du  xix«  siècle  que  celui  de 
pharmacien  prévalut. 

Puisqu'il  est  interdit  aux  herboristes  de 
vendre  aucune  composition  ou  préparation 


10  Décembre  I90i4. 

886    

pharmaceutique,  il  s'ensuit  qu'ils  ne  peu- 
vent faire  eux-mêmes  l'application  de  re- 
mèdes qu'ils  n'ont  pas  le  droit  de  vendre. 
Et  si  leurs  officines  sont  moins  luxueuses 
que  celles  des  pharmaciens,  elles  sont  loin 
de  ressembler  toutefois  aux  échoppes  du 
moyen -âge. 

Confiant  en  votre  équité  pour  remettre 
les  choses  au  point,  je  vous  prie  d'agréer, 
Monsieur  le  directeur,  l'assurance  de  ma 
considération  distinguée, 

Lyet, 
Président  de  la  Chambre 
Syndicale  des  herboriste». 

Le  père  du  bridge  (L,  4=50,  658, 
773).  —  Bien  avant  que  le  bridge  fût 
devenu  à  la  n:ode  en  France,  je  l'ai  joué  en 
Autriche,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  sous 
le  nom  de  iérolach  ;  seulement  le  jeu  pré- 
sentait un  peu  plus  de  combinaisons  que  le 
bridge.  As  de  pique. 

La  quête  de  l'hirondelle  à  Rho- 
des (L,  732).  —  Notre  confrère  Léda 
trouvera  le  meilleur  texte  de  cette  chan- 
son populaire  dans  Bergk  .  Poetae  lyrici 
graeci,  t.  III.  1882.  p.  617.  La  traduction 
de  Sainte-Beuve  a  été  faite  sur  de  mauvai- 
ses lectures. 

La  Chanson  de  l'hirondelle  nous  est  con- 
servée par  Theognis.  Péri  ton  en  Rhodô 
tbustôn.l.  II.  (Athénée.  VIII.  360.  B.)Cf. 
EusTATHE.  Commentaires  sur  l'Odyssée. 
1914.  45,  et  KoESTER.  De  cantilenis  popu- 
larihus  veteruni  g} aecoritm^  p.  73. 

L'hirondelle  a  toujours  été  considérée 
comme  l'oiseau  du  meilleur  présage,  et 
c'est  bien  à  tort  que  les  poètes  classiques 
français  ont  insisté  sur  le  mythe  deProcné, 
purement  littéraire. 

Dans  Aristophane,  les  hirondelles  cons- 
truisent la  cité  des  oiseaux.  Arrien  raconte 
qu'Alexandre  dut  son  salut  à  une  hiron- 
delle. C'était  un  oiseau  sacré,  presque 
surnaturel  aux  yeux  des  Grecs,  car  la  ra- 
pidité de  son  vol  le  sauvant  des  oiseaux 
de  proie,  on  le  croyait  invulnérable  aux 
serres  de  l'aigle. 

Pour  tous  les  peuples  de  l'Europe, l'hiron- 
delle est  une  amie,  parce  qu'elle  loge  sous 
lestoitsde  l'homme:  une  amie  fidèle, parce 
qu'elle  revient,  d'année  en  année,  à  la 
même  maison  ;  une  bonne  messagère, 
parce  qu'elle  annonce  le  printemps  ;  elle 
est  enfin  l'oiseau  par  excellence,  parce 
que  ses  pattes  sont  presque  invisibles  et 
ses  ailes  démesurées. 


N»   1060 


L'INTERMEDIAIRE 


887 


888 


Le  fameux  oiseau  de  Siegfried  remplace 
dans  la  version  wagnérienne,  un  groupe 
de  sept  hirondelles  qui  viennent  annoncer 
à  Sigurd  où  il  tuera  le  monstre  et  prendra 
le  trésor  {Edda).  En  Allemagne,  on  les 
appelle  les  oiseaux  de  la  Vierge.  Saint 
François  les  nommait  ses  sœurs. 

La  Chanson  de  l'hirondelle  entre  dans  le 
même  cycle.  Dès  qu'une  hirondelle  pa- 
raissait au  ciel  après  l'hiver,  les  jeunes 
Rhodiens  venaient  frapper  aux  portes  et 
chantaient  au  lever  du  soleil  :  «  Nous 
apportons  une  bonne  nouvelle  ;  donnez- 
nous  de  l'argent  ».  Sur  cette  vieille  cou- 
tume, M.  Marcel  Schwob  a  écrit  un  petit 
poëme  en  prose  qui  est  une  page  char- 
mante et  qu'on  lira  dans  son  dernier  vo- 
lume :  La  Lampe  de  Psyché^  p.  17. 

P.  L. 

Le  Jacobinisme  et  la  Liberté.  — 

Du  Pont,  de  Nemours,  élève  de  Quesnay 
et  de  Turgot,  était,  aux  Etats-Généraux  de 
17S9,  un  des  représentants  les  plus  qua- 
lifiés du  parti  des  philosophes,  libéraux 
en  politique  et  tolérants  en  religion. 

Il  fonda,  à  lafin  dei795,  un  journal,  dont 
le  premier  numéro  paru  le  i""  frimaire 
an  IV,  il  eut  pour  titre  l'Historien.  Cette  pu- 
blication est  recherchée,  dit  Hatin  dans 
sa  Bibliographie  de  la  presse  périodique 
française.,  (p.  264),  pour  ses  excellents  ar 
ticles  sur  les  lois  fondamentales  et  sur  les 
finances.  Du  Pont,  de  Nemours  s'efforçait 
de  rallier  les  libéraux  qui,  etlrayés  par  les 
sectateurs  des  doctrines  révolutionnaires, 
s'étaient  rejetés  dans  le  camp  opposé. 

La  lettre  que  nous  publions  plus  bas 
montre  avec  quelle  prudence  il  dirigeait 
sa  publication. 

Il  décline  l'insertion  d'un  article  sur 
Voltaire  et  Jésus-Christ,  dont  la  forme, 
sinon  le  fond,  pouvait  inquiéter  les  hom- 
mes encore  sous  l'impression  des  pros- 
criptions anti-religieuses  de  la  Terreur.  Les 
•idées  exprimées  dans  sa  lettre  sont  d'une 
piquante  actualité  ;  elles  pourraient  être 
méditées  avec  fruit  par  les  hommes  de 
bonne  volonté.  R.  B. 

15  thermidor  an  IV 
(2  août  1796) 
J'ai  lu  avec  beaucoup  de   plaisir,  mon  cher 
philosophe,  votre  petit   article  sur   Voltaire  et 
sur  Jésus-Christ.  H   est,  comme  tout  ce  que 


vous  faites,  fortement  pensé  et  énergiquement 
écrit.  Mais  mes  lecteurs  ne  sont  point  encore 
à  cette  hauteur-là. 

Il  faut  les  y  amener  par  degrés  et  se  tenir 
pour  contents  s'ils  y  arrivent  l'année  prochaine. 

Les  persécutions  jacobiniques  ont  reculé  la 
Lumière.  Leur  intolérance  a  refait  des  chré- 
tiens de  gens  qui  n'étaient  pas  même  déistes. 
Telle  est  la  révolte  de  la  Liljerté  contre  toute 
Tyrannie. 

«  Tu  ne  veu.x  p.as  que  je  croie  ce  qui  est 
absurde  et  tu  me  menaces  pour  cela  du  cachot 
ou  de  la  guillotine,  hé  bien  Je  veux  dire  que 
je  le  crois.  » 

Et,  après  l'avoir  lépété,  quelquefois  par 
courage,  beaucoup  de  gense  se  mettrent  à  le 
croue  un  peu  par  habitude. 

Ces  demi-chrétiens  sont  d'ailleurs  utiles  et 
respectables  en  ce  qu'ils  sont  ennemis  de  nos 
bourreaux  et  alliés  naturels  de  la  liberté,  de 
la  sûreté,  de  la  propriété. 

Il  convient  donc  que  nous  les  ménagions 
sur  des  préjugés  qui  ne  peuvent  être  durables, 
et  qui  cesseront  avec  la  persécution  qui  les  ré- 
veille. 

Je  vous  embrasse  bien  tendrement,  vous 
remercie  de  même  de  l'intérêt  que  vous  avez 
la  bonté  de  prendre  à  V Historien  et  réclame 
pour  lui  votre  secours  en  bornant  votre  zèle 
aux  octaves  moyennes.  On  nous  croit  hardis. 
Nous  n'allons  pas  à  la  moitié  du  clavier.  Mais 
cela  viendra. 

Vale  et  7ne  atna 

Du  Pont  [de  Nemours). 

Reliques  napoléoniennes.  —  Sait- 
on  généralement  que  le  premier  brouillon 
entièrement  autographe  de  l'abdication 
de  Napoléon  à  Fontainebleau  se  trouve  à 
la  bibliotlièque  d'Amiens,  dans  la  collec- 
tion léguée  à  cette  ville  par  le  comte  de 
l'Escalopier?  Ce  précieux  document  se 
compose  de  4  à  5  lignes  fiévreusement 
écrites  avec  la  plupart  des  mots  raturés, 
ou  remplacés  au-dessus  par  d'autres  sur 
un  feuillet  de  papier  in-octavo  oblong 
qui  parait  avoir  été  froissé  et  jeté  au  pa- 
nier. 

On  a  beaucoup  parlé,  dans  ces  der- 
niers temps,  d'un  chapeau  de  Napoléon  I"" 
offert  au  musée  Condé.  Il  en  existe  un 
autre  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Fon- 
tainebleau. Un  vieux  chercheur. 

Le  Directeur- gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


Imp.  Daniel-Chambon  St-Amand-Mont-Rond. 


L"  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mots      20  Décembre  1904. 


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DES 


CHERCHEURS 

Fondé   en 


ET   CURIEUX 

1864 


QUESTIONS    KT   KÉPONSES    LlTTÉKAiaES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 


TROUVAILLES    ET   CURIOSITES 


889 


fidueetionô 


Chateaubriand,;,  politique  et  di- 
plomate. —  Préparant  un  travail  sur 
Chateaubriand,  politique  et  diplomate, 
je  serai  très  reconnaissant  à  ceux  des 
nombreux  lecteurs  de  l'Intermédiaire^  qui 
voudront  bien  me  signaler  des  documents 
inédits,  ou  me  donner  les  renseignements 
qu'ils  pourraient  posséder  sur  ce  sujet. 
J.  Ladreit  de  Lacharrière. 

Amodiateur.  —  Je  désirerais  savoir 
si,  au  xvui* siècle,  amodiateur  est  exacte- 
ment synonyme  de  fermier,  au  sens  où 
nous  l'entendons  aujourd'liui. 

L'amodiateur  d'une  terre  seigneuriale 
a-t-il  les  paysans  sous  ses  ordres,  ou 
bien  est-il  paysan  lui-même  ?  *** 

Corneille  et  la  marquise  de  Con- 
tades.  —  Les  stances  de  Corneille  qui 
contiennent  les  deux  strophes  suivantes, 
sont  des  plus  belles  et  des  plus  connues  : 

Marquise,  si  mon  visage 
A  quelques  traits  un  peu  vieux, 
Souvenez-vous  qu'à  mon  âge 
Vous  ne  vaudrez  guère  mieux. 

Chez  cette  race  nouvelle, 
Où  j'aurai  quelque  crédit. 
Vous  ne  passerez  pour  belle 
Qu'autant  que  je  l'aurai  dit. 

M.  Charles  Marty-Laveaux,  au  tome  X, 
p.  165,  de  son  édition  des  Œuvres  de 
Pierre   Corneille^  Paris,  in -8°,  1862,  a    à 


890 


peu  près  démontré  que  ces  stances  avaien 
été  adressées  par  Corneille  à  l'actrice  Du 
Parc,  qui  était  connue  sous  le  nom  de  la 
marquise,  et  désignée  parfois  par  Corneille 
sous  le  nom  d'Iris. 

On  lit  cependant  dans  le  William  Sha- 
kespeare de  V.  Hugo,  édition  in- 18  de 
1867,  p.  86  : 

Corneille,  à  soixante-cinq  ans,  se  fait  aimer 
(tradition  dans  la  famille  Escoubleau)  de  la 
toute  jeune  marquise  de  Contades,  en  lui  pro- 
mettant la  postérité  : 

Chez  cette  race  nouvelle,  etc. 

Il  serait  intéressant  de  savoir  ce  qu'il  y 
a  de  vrai  dans  cette  assertion  de  V.  Hugo. 

Th.  Courtaux. 

Le  peintre  Galimard.  —  Les  vieux 

Parisiens  doivent  se  rappeler,  comme 
moi,  avoir  été  intrigués,  vers  1855,  par 
des  inscriptions  bizarres,  crayonnées  sur 
tous  les  murs  de  la  ville,  pour  injurier  ou 
tourner  en  ridicule  le  pemtre  Galimard. 
]1  y  en  avait  une,  notamment,  qu'on  ren- 
contrait à  chaque  coin  de  rue  :  Galimard 
pou  mystique  !  Pourquoi,  à  quelle  occa- 
sion, par  quel  besoin  de  vengeance,  cet 
artiste,  qui  ne  manquait  pas  de  mérite  et 
paraissait  d'un  caractère  bienveillant,  fut- 
il  ainsi  poursuivi,  pendant  plusieurs 
années,  par  ces  injures  anonymes  .?  Le 
souvenir  de  cette  scie  m'est  revenu  en 
trouvant  plusieurs  lettres  autographes  de 
Galimard  s'adressant,  en  1855,  au  com- 
missaire de  son  quartier  (il  demeurait  rue 
Cassette  22),  pour  lui  demander  aide  et 
protection  contre  ses  persécuteurs.  Il  y  a 

L.  17 


h°  I06I. 


L'INTERMÉDIAIRE 


891 


892 


là  un  petit  mystère  à  éclaircir,  sans 
inconvénient  actuellement,  car  Galimard 
est  mort  depuis  vingt-cinq  ans.     P,  F. 

Ravaillac.  —  Est-il  exact  que  les  des- 
cendants du  meurtrier  d"Henri  IV  habitent 
encore  dans  le  Jura  ?  Leur  nom  de  fa- 
mille a  subi  une  légère  déformation. 

A  quelle  époque  remonterait-elle.? 

Errikos. 

Voir  tome  XLVII. 

Madame  Mère.  —  Dans  un  article 
paru  dans  \q.  journal  du  6  décembre  1904, 
sous  la  signature  àe.  Jean  de  Bonne  fou  ^  in- 
titulé La  yertu  dans  le  vice^  je  lis  : 

S'il  est  vrai  que  la,  mère  de  Bonaparte  ait 
fait  de  la  prostitution  pour  donner  au  lieu- 
tenant des  secours  nécessaires,  cette  mère  est 
plus  impériale,  ce  faisant,  que  ne  le  fut  jamais 
son  fils  terrassant  la  Re'volution  et  terrorisant 
les  rois.  Celle  qui  devait  ètre«  Madame  Mère  » 
pensait-elle  à  un  autre  sujet  qu'un  fils  qu'elle 
avait  porté  dans  ses  flancs,  quand  elle  se 
livrait  au  baiser  paye  de  quelque  goujat  ? 

Qu'y  a-t-  il  de  vrai  dans  cette  assertion, 
et  sur  quels  documents  s'appuie  l'auteur  ? 
Quelle  serait  l'origine  de  cette  légende  ^ 

D^  A.  L. 

Poudre  et  imprimerie  connues 
des  Rcmains.  — On  lit  dans  le  numéro 
de  décembre  dernier  des  Leclures  pour 
tons  (p.  276)  cette  phrase  : 

Les  Romains  connurent,  dit-on,  la  poudre 
à  canon  et  l'imprimerie. 

C'est  fort  bien  d'avancer  des  choses 
semblables  quand  on  donne  à  l'appui  les 
raisons  d'une  assertion,  qui  détruit  d'un 
coup  tout  ce  que  l'on  a  appris  sur  ce 
sujet.  Mais  j'ai  peine  à  lire  une  phrase 
sèche,  comme  celle  ci-dessus,  puis  rien 
après.  Attendu  que  cette  Revue  est  une 
revue  d'instruction  comme  d'agrément, 
très  lue  par  \x  jeunesse,  il  me  paraîtrait 
bon  qu'elle  s'expliquât.  Pour  le  moment, 
je  me  contente  de  demander  à  nos  érudits 
collaborateurs  ce  qu'ils  savent  de  l'impri- 
merie et  de  la  poudre  en  usage  chez  les 
Romains.  De  Torla. 

Cardinal   de  Sainte   Potantiane. 

—  Pourrais-je  savoir  dans  quel  ouvrage, 
Bertrand  de  Chanac,  l'un  des  fondateurs 
du  collège  de  ce  nom,  à  Paris,   est  quali- 


fié de  Cardinal  au   titre   de  sainte  Poten' 
tiane  et  ce  que  signifie  cette  désignation  •'' 

V. 

Paroisse  de  Criq.  —  Je  recherche 
actuellement  où  pouvait  être  située  la 
paroisse  de  Criq  ou  Cricq,  qui  est  indiquée 
par  un  acte  de  1705,  comme  faisant  partie 
de  la  généralité  de  Bourgogne,  district 
d'Auiun. 

Qiielque  intermédiairiste  pourrait-il  me 
dire  : 

1°  Si  cette  paroisse  existe  encore  ; 

2°  A  quelle  commune  actuelle  son  ter- 
ritoire se  rapporte,  dans  le  cas  où  elle 
aurait  disparu  ; 

3°  En  quel  lieu  ses  archives  pour  l'épo- 
que indiquée  (fin  du  xvii'  siècle  et  com- 
mencement du  xvin'')  ont  chance  d'être 
actuellement  ; 

4"  Si  le  diocèse  d'Autun  possède  la 
liste  des  curés  de  ses  paroisses  à  la  même 
époque.  H.  G. 

Le  cMteau  et  la  baronnie  de 
Digoine  en  CharoUais.— -  Un  aimable 
collaborateur  pourrait-il  mindiquer  un 
ouvrage  sur  le  château  et  la  baronnie  de 
Digoine  en  CharoUais  .? 

J'y  voudrais  trouver  des  renseigne- 
ments sur  ses  possesseurs  du  xvn*  au 
xix®  siècle,  les  terres  et  seigneuries  qui  en 
dépendaient  et  la  construction  du  château 
actuel  qui  date  de  1735  et  savoir  comment 
il  est  devenu  la  propriété  de  la  famille  de 
Musy. 

Je  serais  désireux  de  savoir  aussi  la 
date,  le  lieu  de  publication  et  le  nom  de 
l'éditeur  de  l'ouvrage  cité. 

Marquis  de  L.  C. 

La  paroisse  Saint  -  Martin -le - 
Thierry.  —  Quel  est  actuellement  le 
nom  de  laparoisseSaint-Martin-le-Thierry 
et  dans  quel  département  se  trouve-t-elle? 
Je  rencontre  ce  nom  dans  un  acte  de  décès 
de  1796.  Segro. 

Ecurie  d'Orléans.  —  Le  Gaulois  a 
publié, dans  son  Supplément  illustré  du  12 
novembre  dernier,  la  reproduction  d'une 
«  Estampe  de  la  Révolution  »  représen- 
tant un  bâtiment  d'où  l'on  sort  du  fu- 
mier. 

Au  dessus  de  la  porte  cochère  de  ce 
bâtiment  figurent  deux  chevaux  sculptés; 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


893 


l'écusson  aux  armes  d'Orléans  ;  enfin  ces 
mots  :  Ecurie  d'Orléans. 

Je  serais  heureux  de  savoir  quel  était, 
en  1792,  l'emplacement,  à  Paris,  de  ces 
Ecuries  d'Orléans. 

Les  ouvrages  de  Girault  de  Saint-Far- 
geau  et  de  Lefeuve  —  non  plus  que  les 
guides  à  Paris  de  Théry  —  ne  me  rensei- 
gnent à  ce  sujet.  A  d'E. 


Archives  de  l'Enregistrement 
de  Paris.  —  On  désirerait  savoir  si  les 
Archives  de  l'Enregistrement  de  Paris 
sont  accessibles  aux  chercheurs  actuelle- 
ment, et  si  la  consigne  impitoyable  qui 
en  défendait  jadis  Taccès  s'est  quelque  peu 
adoucie.  La  série  des  Sommiers  fonciers  est 
consultable  depuis  qu  un  récent  modits 
Vivendi  a  été  établi  avec  la  Direction  des 
Archives  de  la  Seine.  Mais  qu'en  est-il  des 
dossiers  personnels  qui  présentent  un  si 
grand  intérêt  pour  l'histoire  révolution- 
naire '<:  Muni  de  sérieuses  références, est-il 
impossible  de  les  consulter  dans  un  but 
purement  historique  ^ 

L'un  de  nos  savants  collaborateurs, 
aujourd'hui  décédé,  n'a-t-il  pas  utilisé 
avec  beaucoup  de  profit  ce  riche  dépôt  ? 

NÉRAC. 

De  Framery  de  la  Fosse  (Bour- 
gogne). —  Les  registres  paroissiaux  de 
Laignes  (Bourgogne)  ont  encore  de  nom- 
breux actes  concernant  une  famille  de 
Framery,  Framecy  ou  Flamery,  parmi 
laquelle  Gilbert  de  Framery,  écuyer,  sieur 
de  la  Fosse  (marié  avant  1697). 

Ce  nom  manque  à  d"Hozier,  d'Arbau- 
mont,  Petitot. 

Que  pourrais-je  apprendre  sur  les  ori- 
ffines  et  les  armoiries  de  la  famille  ^ 
^  S. 

De  la  Barre.  —  Le  chevalier  Jean- 
François  de  la  Barre,  exécuté  le  i^''  juillet 
1766.  était-il  parent  en  ligne  directe  de  : 

1°  Jehan  de  La  Barre,  conseiller  au  Par- 
lement de  Paris  de  1652  à  1645. 

2°  de  De  La  Barre,  gentilhomme  ser- 
vant du  roi  en  1642,  et  touchant  en  cette 
qualité  un  gage  annuel  de  sept  cents 
livres.?  Arm.  D. 

Lefebvre.  —  Sur  une  liste  des  secours 
extraordinaires  accordés  à  diverses  per- 
sonnes par  le  duc  d'Angoulême  pendant 


20  Décembre   1904. 
894    

le  mois  d'août  1817,  je  vois  figurer  pour 
une  somme  de  150  fr.,  un  sieur  Lefebvre, 
et  en  regard  de  son  nom  se  trouve  la 
mention  :  Anciennement  aiiachè  à  rédu- 
cat ion  de  Monseigneur  le  Dauphin  Louis 
XVI I. 

Cette    liste  de  secours  est   approuvée 
et  signée  par  le  duc  d'Angoulême. 

Ce  Lefebvre  est-il   connu  ^  Quelle  était 
sa  fonction  auprès  du  Dauphin  .? 

Arm.  D. 

Les  Maillard    de  la  Martinière. 

—  Maillard  de  la  Martinière,  propriétaires 
du  château  de  Gorcy,  près  de  Lonwy, 
(  Meurthe-et-Moselle  ),  émigrèrent  en 
1793.  Existe-t"il  encore  de  leurs  descen- 
dants ?  DE  M. 

Famille  Patras.  —  11  a  été  beau- 
coup question,    en     ces  derniers  temps, 
dans  le  monde  archéologique  belge,  d'un 
certain  Lambert  Patras,  auteur   présumé 
des  célèbres  Fonts   baptismaux  de  Saint- 
Barthélémy,  à  Liège.   On  a  même   con- 
testé l'existence  de  ce  nom  de  famille.  Or, 
j'ai  l'intime  conviction  qu'il  existe  encore, 
ou  qu'il  a  existé  en  Hollande,  une  famille 
portant  ce  nom.  Bien  plus,  j'ai  vu,    il  y  a 
peu  d'années,  un  petit  ouvrage  consacré 
à  Abraham  Patras.^  gouverneur  général  des 
Indes-Néerlandaises.  On  y  donnait  même 
des  notes  biographiques  et  généalogiques 
sur  sa  famille. Si  mes  souvenirs  sont  bons, 
ce  petit  volume  lut  imprimé  à  Grenoble, 
1892.  Un  aimable  collègue  de  Vlntermé- 
diaire  voudrait-il  m 'aider  à  connaître   le 
titre   de  l'ouvrage,  ou  me  dire  chez  quel 
libraire  on  peut  le  trouver  ^  A.  H. 

Poëric,  commandant  la   Légion 


étrangère 


Pourrait-on  me  donner 


quelques  renseignements  sur  un  Napoli- 
tain du  nom  de  Poërio,  qui  fut  comman- 
dant d'un  bataillon  ce  la  Légion  étran- 
gèreen  Afrique,  vers  1832,  etpassa,  com- 
me lieutenant-colonel  commandant  de 
place,  à  Blidah  .? 

Ce  Poërio  aurait  été  nommé  général  de 
division  en  Piémont  vers  1848. 

Segro. 

FiimJliesdu  Pontet  le  "Vassôur.  — 

Quelles  sont  les  armes  de  ces  deux 
familles,  probablement  artésiennes  ^  Un 
aimable  collègue  pourrait-il    me  donner 


N<»  »o6i 


L'INTERMEDIAIRE 


895 


aussi  quelques  notes  généalogiques  con- 
cernant :  «  Marguerite-Thérèse-Françoise 
«  du  Pont,  sœur  de  madame  de  Fiennes 
«  (?)  et  fille  du  sieur  Gilles  du  Pont  et 
«  de  damoiselle  Marie  Scolastique  le  Vas- 
«  seur  demeurant  à  Arras.  Cette  Margue- 
«  rite  du  Pont  y  épousa,  le  24  avril  1749, 
«  François-Michel-Bernard  de  Gantés, 
«  chevalier, seigneur  d'Ablainzevelle,  frère 
«  du  marquis  de  Gantés,  lieutenant-géné- 
«  rai  des  armées  du  roi.  (Bibl.  nat. 
dossiers  bleus).  Jehan. 

Trois  familles  de  Saumur.  —  On 

serait  bien  reconnaissant  aux  savants  cor- 
respondants de  V Intermédiaire  des  cher- 
cheurs et  curieux  qui  pourraient  donner 
des  renseignements  sur  les  familles  : 

Sailland,  ou  Saillant,  seigneur  des  Che- 
minées ; 

Gallais  ou  Gallois,  seigneur  de  la  Bre- 
tonnière  ; 

Bureau  ou  Brureau. 

Depuis  1600  à  1640  a  1650. 

Ces  trois  familles  habitaient  Saumur  ou 
ses  environs  à  cette  époque. 

On  voudrait  connaître  leurs  armoiries, 
alliances,  etc.  H.  F.  S.  V. 

Question  de  dérogeance,  —  Voici 
ce  dont  il  s'agit  : 

Lorsque  dans  une  famille,  une  ou  deux 
générations  ont  enfreint  les  lois  qui  régis- 
sent la  noblesse,  le  représentant  actuel 
peut-il  obtenir  régulièrement  sa  réintégra- 
tion en  faisant  à  nouveau  enregistrer  ses 
lettres  à  la  Chancellerie  compétente  ?  La 
noblesse  dont  il  s'agit  étant  d'origine 
étrangère.? 

Indépendamment  de  cette  position  lé- 
gale à  établir,  quelle  est  la  situation  mo- 
rale de  la  personne  en  cause  .f'  A-t-elle  bien 
le  droit  de  reprendre  place  à  la  suite  de 
ses  ancêtres,  malgré  les  erreurs  et  les 
dérogeances  de  ses  auteurs  ? 

A.  C.  C. 

Pièce  de  5  francs. — Telle  est  l'exer- 
gue d'une  pièce  d'argent  qui  m'est  venue 
entre  les  mains.  Elle  porte  l'effigie  de 
Louis  XVlll  roi  de  France  et  la  date  de 
18 14,  avec  la  lettre  I.  Elle  a  été  gravée 
par  Tiolier  F. 

Peut-être  existe  t-il  encore  beaucoup 
d'écus  de  ce  type,  mais  je  n'en  ai  jamais 
vu.   A-t-on  longtemps  frappé  des  mon- 


896 


naies  avec  la  légende  :  Pièce  de  cinq 
francs .?  11  me  semble  que  les  pièces  de 
Louis  XVIIl  à  un  autre  millésime  portent 
simplement  5  fr.       Ardouin-Dumazet. 

J.-J.  ttousseau.  —  L'édition  Marc- 
Michel  Rey,  Amsterdam,  1772,  du  Dis- 
cours sur  l'origine  et  les  fondements  de  l'iné- 
galité  parmi  les  hommes^  est-elle  la  pre- 
mière de  cet  ouvrage  .?  J. 

La  Table  du  Recueil  Montaiglon. 

—  En  1865,1a  Bibliothèque  Elzévirienne 
annonçait  comme  <*  en  préparation  »  le 
tome  X  et  dernier  du  Recueil  d'anciennes 
poésies  françaises  publié  par  Anatole  de 
Montaiglon.  Le  volume  devait  contenir  : 
1°  Une  table  méthodique  des  pièces  ; 
2°  Une  table  des  noms  de  personnes  et 
de  lieux  ;  y  Un  glossaire. 

En  1875,  Montaiglon  «allait  terminer» 
ces  tables,  quand  il  se  décida  inopiné- 
ment à  continuer  la  publication  des  textes, 
avec  la  collaboration  de  MM.  Emile  Picot 
et  J.  de  Rothschild. 

Nous  attendons  toujours  l'index  et  le 
glossaire.  Les  éditeurs  actuels  de  la  Bi- 
bliothèque Elzévirienne  laisseront-ils  ina- 
chevée cette  anthologie  si  intéressante, 
qui  plus  que  toute  autre  a  besoin  d'une 
table  ? 

Si  je  suis  bien  renseigné,  la  table  a  été 
faite  par  M.  Picot  lui-même.  Pourquoi 
reste-t-elle  inédite  ?  S. 


Œuvres  inédites  de  M.  Paul  Her- 
vieu.  —  La  Revue  des  Deux-Mondes  an- 
nonçait naguère   qu'elle   publierait   deux 
romans  nouveaux  de   M.   Paul   Hervieu. 
L'un  s'appelait  Aline   et   l'autre   Amitié. 
Vers  le  même  temps,  la  Revue  de   Paris 
annonçait  à  ses    lecteurs  la    publication 
prochaine  de  Peaux  Neuves  que   suivrait 
bientôt  celle  de  Ivraie  humaine,  du  même 
Paul   Hervieu.     Ce     dernier    ouvrage    a 
d'ailleurs  été  annoncé  par  M.    Paul  Her- 
vieu sur  la  couverture  d'un  de    ses  der- 
niers livres.  Je  voudrais  savoir   si   l'un 
quelconque  de  ces  quatre  romans  a  paru 
sous  un  autre  titre  ou  quand   il   paraîtra. 
Et  si  M.  Paul  Hervieu  voulait  renseigner 
à  ce  sujet  V Intermédiaire,   je  crois    que 
personne  ici  ne  songerait  à  s'en  plaindre. 

G. 


DBS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1904 


897 


La  réforme  de  Torthographe.  — 

La  question  revenant  à  l'ordre  du  jour, 
est- il  exact  qu'il  existe  une  collection 
d'autographes  de  membres  de  l'Académie 
française,  dont  chaque  pièce  renferme  une 
faute  d'orthographe  ?  Nemo. 

Malgré  que —  quiconque.  — 

Littré  blâme  la  locution  «  malgré  que  »,sauf 
dans  l'expression  s<  malgré  qu'il  en  ait  »  ; 
M.  Faguet,  dans  les  Débats  du  24  octobre, 
emploie  «  malgré  que  »,  mais  il  a  bien 
soin  d'ajouter,  entre  parenthèses  :  style 
parisien  ;  M.  Emile  Deschanel,  dans  les 
déformations  de  la  Langue  française,  dit 
textuellement  :  «  quicotique  doit  être 
suivi  d'un  verbe.  Non  suivi,  il  est  de 
mauvais  français.  » 

Or,  dans  le  Roi  Lear,  (traduction  de 
Pierre  Loti  et  Emile  Vedel),  on  lit,  page 
125  :  «  Malgré  qu'elles  m'aient  com- 
mandé... »  et  page  217,  «  il  marche  de 
pair  avec  quiconque.  » 

D'un  côté,  Littré,  Faguet,  Deschanel, 
de  l'autre  Loti  et  Vedel  :  qui  tranchera  le 
différend  ?  X.  Y.  Z. 

Horsain.  —  Pourrait -on  me  dire 
l'exacte  signification  du  vieux  mot  nor- 
mand horsain,  ainsi  que  son  étymologie  ? 

De  M. 

Faydit.  —  Que  signifie,  exactement, 
cette  expression  souvent  employée  par 
les  auteurs  des  histoires  et  récits  sur  la 
guerre  des  Albigeois  ?  Elle  suit  d'ordinaire 
le  nom  des  personnes  qui  avaient  pactisé 
avec  l'erreur. 

Par  ailleurs,  on  trouve  le  féminin  Fay- 
dite  ou  Faydide  employé  comme  prénom, 
ainsi  Raymond  Bérenger,  comte  de  Bar- 
celone (xii^  siècle)  épousa  Faydide d'Uzès. 

Alex. 

Charivari,  costume  ds  femme. — 

Qu'appelait-on,  sous  la  Restauration,  un 
charivari,  qui  faisait  partie  de  la  toilette 
des  femmes  et  même  des  princesses.  Dans 
des  mémoires  inédits,  il  est  parlé  de  ce- 
lui très  joli  de  madame  la  ducliesse  de 
Berry.  De  B. 

L'honneur  du  mari.  —  «  L'homme 
qui  croit  gue  son  honneur  dépend  de  celui 
de  sa  femme  est  un  fou  qui  se  tourmente 
et  la  désespère  ». 


898   

Qui  a  émis  cette  opinion  sur  l'honneur 
du  mari  .''  A.  B. 

«Voilàcomme  nous  les  faisonset 
voici  comme  ils  nous  font!»  —  De  qui 

est  cette  parole  qu'un  grand  seigneur  de 
médiocre  prestance  prononçait,  dit-on, 
en  montrant  à  un  de  ses  amis  la  magnifi- 
que stature  de  quelque  laquais  ? 

M.  R. 

Chanson  rosse,  caractère  rosse, 
rosserie.  —  Quel  est  aujourd'hui  le 
sens  exact  de  ces  trois  termes,  qui  ne  se 
trouvent  pas  plus  dans  les  dictionnaires 
d'argotque  dans  les  dictionnaires  sérieux? 
j'ai  entendu  des  chansons  et  vu  des  pièces 
qualifiées  rosses,  sans  pouvoir  me  rendre 
compte  de  ce  qui  caractérise  le  genre  ; 
cela  n'est  pas  iJiot,  cela  n'est  pas  grossier 
qu'est-ce  que  c'est  ? 

Paul. 


ou  ignoble 


«  Il  y  a  eu  des  anges  »  «  Il  est 
passé  des  anges...».  —  Connaît  on 
cette  expression  ?  je  l'ai  entendue  au  cours 
d'un  récit  rapportant  une  conversation 
dans  laquelle  un  interlocuteur  avait  fait 
une  «  gaffe  »,  parlant  peut-être  de  corde 
dans  la  maison  d'un  pendu  !   Ce  qui  avait 

jeté    un    froid «  A  ces    mots,    disait 

un  narrateur,  il  j a  eu  des  anges...  » 

\<  Jeter  un  froid  »  ;  «  entendre  voler 
une  mouche  »  ;  voilà  deux  idées  qui  dé- 
peignent bien  le  silence  qui  suit  parfois 
une  «  gaffe  »  commise  dans  la  conversa- 
tion. 

Ces  mots  :  «  11  y  a  des  anges. . .  »  s'em- 
ploient-ils dans  le  même   sens  .'' 

A.  d'E. 

Le  lieu  de  naissance  de  Marin 
Le  Roy  de  Gomberville.  —  En  1878, 
col.  326  et  411,  les  collaborateurs  de 
V Intermédiaire  se  sont  préoccupés  d'éta- 
blir le  lieu  de  naissance  de  Gomberville, 
un  des  fondateurs  de  l'Académie  française, 
mais  la  question  n'a  jamais  été  résolue. 
11  y  a  de  fortes  présomptions  pour  qu'il 
soit  né  à  Chevreuse,  ou  aux  environs, 
vers  1594,  car  les  Registres  de  l'Académie 
française,  t.  1,  p.  93,  annoncent  sa  mort 
au  mois  de  juin  1674  et  disent  :  «  décédé 
plus  qu'octuagénaire.  »  M.  Paul  Pinson 
qui  avait  posé  la  questfon  en  1878,  pour- 
rait-il y  répondre  en  1904?  R.  B. 


N-   1061 


L'INTERMÉDIAIRE 


-899 


900 


%émmeiSi 


Une  pantoufle  de  Mario  Antoi- 
nette (L,  834).  —  Sans  me  prononcer 
contre  l'authenticité  de  la  tradition  rap- 
portée sous  cette  rubrique,  je  dois  dire 
que  mon  bisaïeul,  le  baron  Hiie,  premier 
valet  de  chambre  du  Roi,  qui  s'enferma 
au  Temple  avec  la  famille  royale  et  ren- 
dit, dans  le  même  temps,  à  Louis  XVI 
des  services  d'argent,  analogues  à  ceux 
que  celui-ci  avait  reçus  de  M.  d'Aubier, 
ne  fait  aucune  allusion  au  don  qu'il  aurait 
reçu  de  Marie-Antoinette,  dans  ses  Sou- 
venirs que  j'ai  récemment  publiés. 

Dans  ma  famille,  où  sont  religieuse- 
ment conservées  plusieurs  reliques  de  la 
famille  royale,  on  n'a  jamais  eu  connais- 
sance de  la  panfouflc  de  la  Reine. 

Baron  de  Maricourt. 


*  * 


Cette  pantoufle  est-elle  la  sœur  de  celle 
qui  figura  au  musée  des  souverains  au 
Louvre,  jusqu'à  sa  dispersion,  et  qui  avait 
été  donnée  à  ce  musée   par   M.  Salvador, 

dit  Chéri  ?  J.-C.  Wigg. 

* 

¥    * 

Je  possède  une  lettre  d'Aubier  de  Coû- 
tât, adressée  probablement  au  baron  de 
Breteuilet  datée  de  (Potsdam)8  mai  1797, 
qui  peut  permettre  d'authentiquer  la 
pantoufle  de  Royat. 

Voici,  en  effet,  comment  débute  cette 
lettre  : 

Voici,  Monsieur  le  Baron,  la  moitiJ  de  la 
garniture  de  souliers  de  notre  malheureuse 
reine  ;  le  pied  était  si  petit  qu'il  en  fallait 
peu  pour  remplacer  la  boucle,  je  voudrais 
pouvoir  vous  offrir  un  morceau  de  l'étui  de 
bois  de  rose  qu'elle  me  doua  pour  souvenirdela 
nuit  du  1 1  au  12  août,  mais  il  faudrait  le  bri- 
ser, et  il  appartient  à  votre  cœur  de  sentir  que 
je  le  respecte. .. 

La  lettre  d'Aubier  de  2  pages  et  5  lignes 
in-4",  renferme  le  morceau  "de  la  boucle 
en  question,  fixé  au  milieu  de  la  troisième 
page  par  un  fil  blanc  retenu  par  un  ca- 
chet de  cire  rouge  aux  armes  d'Aubier  de 
Coûtât.  Les  froncés  de  ruban  loutre  sont 
cousus  sur  une  languette  de  cuir.  Il  y  a 
environ  quinze  ans.  j'ai  donné  un  fragment 
de  ce  morceau  à  M.  Maxime  de  la  Roche- 
terie.  En  rapprochant  ma  garniture,  du 
soulier  qui  se  trouve  à  Royat,  s'il  y  a  si- 


militude, la  signature  d'Aubier  de  Coutar 
que  je  possède,  authentiquerait  le  souliet 
de  Royat.  J.  G.  Bord. 

Un  édit  de  Henri  II  (XLIX,  833, 
959  ;  L,  72,  123,  289).  —  Cet  édit  avait 
encore  force  de  loi,  à  la  veille  de  la  Ré- 
volution, s'il  faut  en  croire  cette  piquante 
historiette,  que  nous  cueillons  dans  les 
Anecdotes  sur  la  comtesse  Du  Barry,  de 
Pidansat  de  Mairobert  : 

Une  jeune  fille,  d'un  endroit  appelé 
Liancourt,  était  devenue  grosse  des  oeuvres 
de  son  curé,  qui  avait  peu  survécu  à  ce  com- 
merce. Soit  honte  pour  elle-même, soit  égard 
pour  la  mémoire  de  son  pasteur,  elle  n'avait 
point  fait  la  déclaration  prescrite  par  les 
ordonnances  et  par  une  suite  de  maladie,  que 
le  chagrin  et  l'inquiétude  lui  avaient  occa- 
sionnée sans  doute,  elle  était  accouchée  d'un 
enfant  mort.  Le  fait  parvenu  à  la  connais- 
sance des  premiers  juges,  ils  avaient  con- 
damné cette  malheureuse  à  être  pendue, comme 
réputée  coupable  de  Tavortement,  faute  d'avoir 
satisfait  à  la  loi  qui  est  formelle  sur  cet  ar- 
ticle. La  sentence  venait  d'être  confirmée  au 
Parlement  ;  et  la  prisonnière  devait  retourner 
sur  les  lieux  pour  être  exécutée. 

Un  mousquetaire  noir,  nommé  M.  de  i^Ian- 
deville,  entendit  raconter  cette  histoire  dans 
une  maison.  Touché  de  compassion  ainsi  que 
les  autres  convives,  il  proposa  de  dresser  sur 
le  champ  un  mémoire  de  cette  affaire  et 
d'aller  à  Marly,  où  la  Cour  était  alors,  de- 
mander la  grâce  de  la  pauvre  innocente.  Le 
cas  bien  exposé,  il  partit  ;  il  se  lendit  chez 
Mme  la  comtesse  Du  Barri  qu'il  ne  connais- 
sait point,  mais  dont  il  se  flatta  d'émouvoir 
les  entrailles.  Il  réussit.  Elle  trouva  le  cas 
très  grâciable  ;  et  sur  le  champ  elle  écrivit 
de  sa  main  une  lettre  à  M.  le  Chancelier 
(Maupeou),  dont  les  spectateurs  retinrent  des 
copies  et  qui  démentit  authentiquement  l'in- 
capacité qu'on  lui  supposait  en  ce  genre  ou 
qui  prouve  combien  est  grande  l'éloquence 
du  cœur.  On  va  en  juger  : 

«  M  le  Chancelier, 
Je  n'entends  rien  à  vos  lois  :  mais  elles 
sont  injustes  et  barbares,  elles  sont  contraires 
à  la  politique,  à  la  raison,  à  l'iuimanité,  si 
elles  font  pendre  une  pauvre  fille,  accouchée 
d'un  enfant  mort  sans  l'avoir  déclaré.  Suivant 
le  mémoire  ci  joint,  la  suppliante  est  dans 
ce  cas:  il  paraît  qu'elle  n'est  condamnée  que 
pour  avoir  ignoré  la  règle,  ou  pour  ne  s'y 
être  pas  conformée  par  une  pudeur  très  natu- 
relle, je  renvoie  l'examen  de  l'affaire  à  votre 
équité, mais  celte  infortunée  mérite  de  l'in- 
dulgence. Je  vous  demande  au  moins  une 
commutation  de  peine.  Votre  sensibilité  vous 
dictera  le  reste.  J'ai  l'honneur  etc. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


90 1     — 


M.  de  Mandeville  porta  lui-même  cette 
lettre  à  M,  le  Chancelier  qui  ordonna  un  sur- 
sis, et,  sur  le  compte  rendu  des  faits,  fit 
avoir  la  grâce  à  la  fiUe.  Tout  Paris  ne  put 
s'empêcher  d'applaudir  à  cette  belle  action, 
également  honorable  pour  le  Mousquetaire,  la 
comtesse  et  le  chef  de  la  justice. 

Réserve  faite  de  la  lettre,  écrite  en  un 
style  lapidaire  qui  ne  fut  jamais  celui  de 
cette  bonne  et  folle  fille,  qu'on  appelait 
la  Dubarri,  je  crois  à  l'authenticité  de 
Tanecdote,  d'autant  que  le  livre  de  Pi- 
dansat  de  Mairobert  n'est  pas  précisé- 
ment un  panégyrique  de  la  maîtresse  du 
Roi.  Et  cette  femme,  qui  avait  arraché 
une  fille  du  peuple  à  la  barbarie  d'une  loi 
de  l'ancien  régime,  fut  \'ictime,  peuple 
elle-même,  de  cette  création  du  «  nouvel 
ordre  de  choses  »  (comme  on  disait  alors) 
oui  fut  le  tribunal  révolutionnaire  ! 

D'E. 

Barbe-Bleue    et  Gilles   de   Rais 

(L,  833).  — Il  faut  écrire  de  Rais  et  non 
pas  de  Retz.  Le  livre  de  MM.  Bossard  et 
de  Naude,  paru  en  1 886,  semble  concluant. 
Les  crimes  de  sorcellerie  et  de  magie  et 
les  meurtres  sont  incontestables.  Quant 
au  nom  de  Barbe-Bleue,  il  est  certain 
que  Gilles  de  Rais  ne  fut  pas  seul  à  le 
porter,  mais  il  est  certain  aussi  que  c'est 
ainsi  qu'on  le  désigna  longtemps  à  Nantes 
où  eut  lieu  son  procès. 

Martin  Ereauné. 

*  * 

J'ai  été  très  surpris,  mais  non  boule- 
versé, par  la  communication  de  M.  S. 
Reinach  à  l'Académie  des  Inscriptions. 
En  tant  que  ycndéen,  ayant  beaucoup 
étudié  les  châteaux  du  <%  Maréchal  »  de 
Retz,  j'ai  été  amené  à  avoir,  —  moi 
aussi  —  des  doutes  sur  les  fameux  cri- 
mes du  célèbre...  Barbe-bleue  vendéen. 

Pour  l'instant.,  je  me  borne  à  soulever 
trois  questions,  sans  les  résoudre  : 

1°  L'analogie  de  la  Légende  de  Barbe 
bleue  avec  celle  de  Béatrix  de  Mauléon, 
fondatrice  de  l'abbaye  des  Fontenelles, 
près  La  Roche-sur-Yon  (xiii^  sièclej. 

2° Les  rapports  d'armes  du  maréchal  de 
Retz  avec  Jeanne  d'Arc  qui  me  paraissent 
avoir  quelques  relations  avec  la  légende 
(xv*  siècle),  du  sire  de  Vergy,  etc. 

3°  On  prétend,  en  Vendée,  que  dans  les 
fossés  du  château  de  Puzauges,  qui  ap- 
partint jadis  à  Gilles  de  Retz,  on  aurait 
trouvé  des  ossements  d'enfants  eji  grande 


20  Décembre    1904. 
•    902 

quantité.  —  Depuis  de  longues  années, 
nous  voulons  faire  des  fouilles  dans  ces 
fossés  et  contrôler  ces  assertions.  Mais 
jusqu'à  présent  on  nous  a  toujours  refusé 
le  moyen   pratique  de   faire  aboutir  cette 

question.  Marcel  Baudouin. 

* 

A  voir  l'article  de  P.  L.  jacob,  biblio- 
phile, le  uiarcr.hjl  de  Rays,  dans  les  Curio- 
sités de  V Histoire  de  f^i\jnce^  2*  série  (Paris, 
Delahays,  1858,  in  12).  J.  l.  t. 

Statue  de  Henri  IV  sur  le  Pont- 
Neuf  (L, 667, 736). — J'ai  entendu  raconter 
au  baron  Larrey  que  David  d'Angers  lui 
avait  affirmé  avoir  mis  —  avec  quelques 
élevés, et  à  l'insu  de  Lemot  —  dans  la  fonte 
de  Henri  IV,  une  statue  de  Napoléon. 
Un  rat  de  BIBL10THÈQ.UE. 

Journal  des  Inspecteurs  de  M. de 
Sartines  (T.  G  ,  822  ;  XLIX, 


4^9)- 
vante 


32, 


1 1 


—    Nous    recevons  la  lettre 


7i 


sui- 


Paris,  30  novembre  1904. 
î>Ion  cher  monsieur, 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  je 
compte  publier  incessamment  Ions  les  rap- 
ports des  inspecteurs  de  police  à  M.  de  Sar- 
tine,  de  1747  à  1777. Ces  documents  sont  de 
tout  premier  ordre.  C'est  grâce  à  l'obligeance 
du  Mercure  de  France  que  cette  publication 
paraîtra  prochainement.  Le  premier  volume 
(rapport  de  Marais)  est  sous  presse.  Les  rap- 
ports de  Meusnier  suivront. 

Ce  volume  sera  accompagné  de  la  reproduc- 
tion des  jecons  de  la  collection  de  .Vi.  Feuar- 
dent  dont  le  pren^ier  volume  vient  de  paraî- 
tre. En  voici  l'énume'ration  : 

n"  5832  du  catalogue. 

At.  rend.  jn.  gubt.  Gel  de  Sartine.  Me  des 
reg''"  L'  GEN.  DE  POLICE.  1759.  ^^^  armcs. 

R.  Vigilat.ut.q:.jiescant.i713.  La  grue  des 
lieutenants  de  police.  AP^^. 

Antoine-Raymond-Jean-Gualbert-Gabrielde 
Sartines,  né  en  Espagne  de  parents  français, 
fut  conseiller  au  Chatelet,  lieutenant-crimi- 
nel, etc  : 

N"  5854.  A.  R.  J.  G.  G.  DE  Sartise.  C" 
D.  Estât.  L' G«l  de  Police.  1767.  Ses  armes, 
deux  aiglons  pour  supports. 

R.  ViGiLAT.  UT.  QU1ESCANT.  1713.  Grue  Se 
retournant  vers  sa  vigilance,  ses   petits.    AR9. 

N"  5855.  Illumoi  de  Paris,  p.  les  soins  de 
M.  DE  Sartine.  1769.  Mêmes  armes,  la  pose 
des  aigles  est  variée . 

R.  Illo.  PROCURANTE.  Nox.  INSTAR.  DiEi.  Mi- 
nerve assise  à  gauche  tenant  le  portrait  de 
Sartine.  Signé  !.  G.  AR^. 


N»  io6i 


L'INTbRMEDlAlRE 


—  903 


904 


Veuillez  agréer,  monsieur  et  cher  directeur, 
l'assurance  de  mon  sincère  dévouement, 

C.  Piton. 

N  B  Ces  jetons  ne  sont-ils  pas  la  pieuve 
qu'il  faut  écrire  SÂKTINE  et  non  SARTINES  ? 
Je  soumets  la  question  aux  aimables  intemie- 
diairistes.  ^  j     "i„ 

Les    mœurs  du  chevalier   do  la 

Barre  (L,  777)-  —  ^  ^■''  lii\^^/^  37' 
livraison  des  Causes  célèbres  de  tous  les 
peuples,  par  M.  Armand  Fouquicr,  publi- 
cation éditée  en  1857  et  années  suivantes 
par  M.  Lebrun,  rue  des  Saints-Pères,  8, 
se  trouvent  des  détails  assez  complets  (3 
colonnes)  sur  le  procès  du  clievalierde  la 
Barre, condamné, le  28  février  i766,àAbbe- 
«  ville,  pour  avoir  chanté  des  chansons 
^abominables  et  exécrables  contre  la  Vierge 

«et  les  Saints,  »  a  la  torture,  à  avoir  la 
langue  arrachée  ci  à  être  jeté  dans  les 
flaiBmes.  Cette  sentence  fut,  après  appel, 
confirmée  par  le  Parlement  de  Paris,  et 
l'arrêt  fut  exécuté  à  Abb^viUe.  —  Le  25 
brumaire  an  II,  la  Convention  réhabilita 
la  mémoire  de  La  Barre.  V.  A.  T. 

Armes  et  devise  de  la  coaite.sse 
du  Barx-y  (L,  777).  —  Voici  les  armes 
de  Mme  du   Barry  :    cfe  gueules,  à  5  ju- 
melles d'argent  (Du  Barry)  ;  accolé  d'azur, 
au  chevron  d'or  portant  en  chue  un  geai 
surmonte  d^un   G,  et  accompagné  en    chef 
de  deux  roses,  et   en  pointe,    d'une    main 
dextre  en  pal  ;  le  tout  d'argent. 
Devise  :  «  Boutez  en  avant  ». 
Cette  devise  était  celle  des  du  Barry  de 
Colomi,des  du  Barry  de  Merval  (France), 
des  du  Barry  de  Buttevant  (Irlande). 

^*^  Patchouna. 

Oui, sans  doute,  «  Boutez  en  avant  !  >•> 
était  la  devise  des  Du  Barry,  mais  au 
xviu"  siècle,  tout  le  monde  a  une  devise 
et  personne  ou  presque  personne  ne  la 
donne  à  son  relieur. Dans  Guigard,  la  pro- 
portion des  armes  entourées  d'une  bande- 
role ne  dépasse  pas  deux  pour   cent. 

Mme  du  Barry  a  donc  dérogé  à  la  mode 
de  son  temps  en  faisant  frapper  ces  trois 
mots  sur  les  plats  de  ses  livres.  Et  pour- 
quoi l'a-t-elle  fait  ?  Il  est  trop  aisé  de  ré- 
pondre. . . 

Mme  du  Barry  avait   passé  une  partie 

de  s?  jeunesse,  non  pas  chez  la  Gourdan, 

comme  le  croit  M.  de    Labessade,    mais 

chez  le  sieur  Labille, marchand  de  modes, 

r  ue  Neuve  des  Petits-Champs, «  A  la  Toi- 


lette >>.  Elle  est  toujours  restée  fille  de 
modes  au  fond  de  l'âme.  Une  pareille 
devise  devait  être  pour  elle  la  plus  drôle 
du  monde. 

11  est  même  bien  probable  qu'elle  mit 
quelque  orgueil  à  s'en  parer  et  qu'elle 
l'interpréta  dans  un  sens  relativement  ver- 
tueux. On  ne  peut  décem.nent  expliquer 
pourquoi  bon  nombre  de  ses  amies  avaient 
un  autre  cri  de  guerre,  mais  les  curieux 
qui  ont  beaucoup  Iules  archives  secrè- 
tes du  xviii*  siècle,  savent  bien  que  chez 
les  filles  de  mode,  «  boutez  en  avant  » 
était    le  mot  des  plus  sages.     Candide. 


1,6    conventionnel   Joseph   Ché- 
nier  accusé   de   fratricide   (L.  387, 
-11^  yç)^^     —  La  scène  un  peu  artificielle 
qu'on  lit  dans  le  .S/^Z/o  d'Alfred  de  Vigny, 
n'est    pas-  tout  à  fait    telle  que     d  jnne, 
d'après  un  souvenir  de  lecture,  le  collabo- 
rateur Lotus  Sahib.  Le  docteur  Noir  a  été 
appelé  chez  Robespierre  malade,   ou  plu- 
tôt indisposé,  et  encore  ;  il  s'y    rencontre 
d'abord  avec  Marie-foseph  Chénier  appelé, 
lui  aussi,  sans  qu'il  sache  bien  pourquoi, 
puis  avec   Saint-Just.    Au    milieu    d'une 
conversation  qui  tourne  à  l'acide  entre  les 
trois  conventionnels,   Robespierre  lait  in- 
troduire le  vieux  M.  de  Chénier. 

Déjà  le  docteur  a  eu  sa  visite  le  matin 
même  et  a  cherché  inutilement  à  le  dé- 
tourner de  faire  du  bruit  au  sujet  d'André 
incarcéré  sans  mandat  d'arrêt. 

L'auteur  nous  peint  les  pressentiments 
du  docteur  qui  s'attend  à  une  gaffe,   le 
désespoir  de  Marie-Joseph,  ses  signes,  ses 
adjurations  à  son  père  pour  le  faire  taire, 
mais  tout  est  inutile,  le  vieillard  veut  par- 
ler, il  parle  et  le    résultat   e.^t  que,^  séance 
tenante, Robespierre  signe  l'ordre  de  coni- 
parutiondevant  le  tribunal  révolutionnaire. 
La  scène  est  bien  conduite,  presque  trop 
bien  ;    les    dernières   répliques    sont,    en 
effet,  de    celle   que  l'on    entend   à  la    fin 
d'un  quatrième  acte   dramatique,  et  le  ri- 
deau tombe  sur  celle-ci    du    docteur    au 
vieux  père.    «  Reprenez  votre    fils,   vous 
venez  de  tuer  Taîné  ». 

André  Chénier  était  oublié,  Mari^-jo- 
seph  comprenait  que  là  était  le  salut, 
peut-être  le  poète  eût -il  été  sauvé  sans  les 
démarches  imprudentes  du  père. 

le  ferai  remarquer  que  André  fut  con- 
di'mné  etexécutéle  25  juillet  1794 -7  ther- 
midor an  II  —  et  que  Robespierre   monta 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembre   1904. 


905 


906 


à  son  tour  sur  l'échafaud  le  28 — 10  ther- 
midor. Cela  fait  non  un  jour,  mais  trois, 
entre  les  deux  exécutions. 

H.  C.  M. 

Date  de  naissancs  do  Napoléon 

1^-^  IXLIX,  501,  568,  632,974;  L,  74). 
—  Sur  le  registre  paroissial  conservé 
aux  Archives  de  la  ville  d'Ajaccio,  tout  le 
monde  peut  lire  l'acte  de  baptême  de  \<  Na- 
poléon Bonaparte  »  sous  la  date  du  21  fè- 
viici  7765.  Cet  acte,  inscrit  au  milieu  de 
la  page,  après  deux  autres  et  avant  un  au 
tre,  suivant  Tordre  chronologique,  ne  pré- 
sente ni   rature,  nigrattage,    nisurcharge. 

Actuellement,  on  peut  se  procurer,  à 
Ajaccio,  au  prix  de  vingt  centimes,  la 
photographie  de  la  page  en  question, 
carte  postale,  chez  Guittard  et  chez  Car- 
dinali. 

Si,  donc,  on  admet  la  version  du  D'  E. 
il  faut  admettre  que  Napoléon  a  été  bap- 
tisé dix-huit  mois  avant  sa  naissance. 

S.   G.   DE    ROCHEFORT. 

L'auteur  d'uQ^  publication  sur 
Guillaume  lî  inconnu  à  la  cour 
d^'Aliemagno  (L,  778).  —  Il  a  été 
question  très  certainement  dans  Vlnfer- 
inédiaire,  mais  je  ne  retrouve  pas  à  quelle 
date,  des  diverses  entrevues  de  la  reine 
Louise  de  Prusse  avec  Napoléon  P^  Aussi, 
à  propos  d'une  question  qui  vient  d'être 
posée  sur  la  Cour  actuelle  d'Allemagne 
et  sur  l'arrière-petit-fils  de  cette  même 
reine  Louise  de  Prusse,  ai-je  cru  devoir 
publier  cette  note  qui,  elle  aussi,  appelle 
une  réponse  et  que  je  trouve  dans  la 
Revue  hchdouiaJaire  du  9  juillet  1904  : 

La  Deutsche  Rundschau  de  Vienne  a 
publié  des  lettres  de  la  reine  Louise  se 
rapportant  à  cette  époque  et  à  cet  incident. 
Elle  s'y  plaint  amèrement  de  son  sort, 
disant  que,  pour  conserver  la  couronne  à 
son  mari,  elle  a  dij  passer  un  jour  et  une 
nuit  avec  Napoléon.  Elle  ajoute  que,  depuis 
ce  moment,  elle  n'ose  plus  regarder  son 
mari  en  face  et  elle  appelle"  Napoléon 
x-  un  monstre  qui  l'a  forcée  à  subir  les 
pires  outrages  qu'une  femme  puisse  sup- 
porter. » 

La  reine  de  Prusse,  qui  avait  souvent 
l'imagination  très  vive  et  mêm.e  trop  vive, 
n'aurait-elle  pas  été  le  jouet  d'une  hallu- 
cination .'  Ou  bien  a-telle  su'oi  réelle- 
ment l'étreinte  de  Napoléon  ?       Alpha. 


Le  monument  ds  Lefebvre-Des- 
noëttes  au  Havre  (XLIX,  947).  — 
M.  Georges  Bertin,  dans  Joseph  Bonaparte 
en  Amérique^  p.  2n  (Paris,  1893),  dit 
que  le  général  Lefebvre-Desnoëttes,  ren- 
trant en  France  sur  le  brick  l'Albion, 
capitaine  Williams,  périt  dans  le  naufrage 
qui  eut  lieu  le  21  avril  1822,  en  vue  des 
côtes  d'Irlande,  sur  le  littoral  du  comté 
de  Cork.  Des  54  personnes  qui  se  trou- 
vaient à  bord,  8  seulement  réussirent  à  se 
sauver.  Dans  un  accident,  la  veille,  Le- 
febvre-Desnoëttes s'était  cassé  un  bras. 

L'auteur  ajoute  cette  note   : 

On  voit  entre  la  jetée  du  Havre  et  les 
phares  de  la  Hève  un  monument  blanc  en 
forme  de  pain  de  sucte.  11  se  rapporte  au 
drame  qui  coûta  la  vie  au  général  Lefebvre- 
Desnoëttes.  L'inscription  de  sa  base  indique 
qu'il  a  été  élevé  par  la  veuve  de  ce  généial 
pour  servir  de  point  de  repaire  aux  navires  en 
péril  et  les  sauver  du  sort  de  l'Albion. 

S.  G.   DE  ROCHEHORT. 

Droit  de  iiavag«  (L,  267,  698,  746, 
799,  852).  — Si  le  droit  de  havage  qui  est 
mentionné  dans  le  Dictionnaire  de  La- 
rousse et  qui  constituait  les  émoluments 
du  bourreau  fut  supprimé  à  Paris  en  1721 
et  remplacé  par  un  traitement  fixe,  il 
n  en  fut  pas  de  même  partout. 

En  effet,  à  Etampes,  ce  droit  a  existé 
jusqu'à  la  suppression  de  l'office  de  l'exé- 
cuteur des  sentences  criminelles, Antoine- 
Louis  Desmoreîs,et  fut  la  cause  d'un  pro- 
cès intenté  par  celui-ci  à  plusieurs  habi- 
tants de  la  ville  qui  refusaient  de  le  payer 
en  partie.  La  ville  étant  intervenue  en 
leur  nom.  par  arrêt  de  la  cour  du  Parle- 
ment du  30  juillet  1767,  il  fut  jugé  que 
le  droit  de  havage  se  percevrait  chaque 
jour  de  marché,  a  l'entrée  de  la  ville,  sur 
les  grains  seulement,  et  qu'il  était  anéanti 
et  supprimé  sur  tous  les  autres  objets. 

Paul  Pinson. 

Livre  da  bord  de  lace  Sémillante  >^ 
(L,  721,  852).  —  Les  livres  de  bord  sont 
conservés  dans  les  préfectures  maritimes. 
La  correspondance  du  ministre  avec  le 
commandant,  et  du  commandant  avec  le 
ministre,  aux  Archives  de  la  marine. 

R. 

Cette  frégate  a  été  coiistruiteàLorient  en 
1 79 1  .On  connaît  son  journal  debord  pour  la 


W"   looi. 


L'INTERMÉDIAIRE 


907 


908 


campagne  de  l'Inde  (1803-1807)  sous  le 
commandement  de  Motard.  Il  se  trouve  à 
la  bibliothèque  communale  de  Honlleur  ; 
il  se  compose  de  vingt  cahiers.  La  Sé- 
iitilbnte  fut  destinée  pour  l'expédition  de 
rindc  le  20  brumaire  an  XI  et  sortit  du 
port  de  Brest  le  6  mars  1803. 

Ch.  Br. 

LeménagedeSoc!rate(T.G.,844  ;L, 
803).  — D'après  Diogène  Laëce,  qui  se  réfé- 
rait à  Aristote,  Socrate  épousa  deux  fem- 
mes :  la  première,  Xantippe,  dont  eut  il 
Lamproclès.  l'autre,  Myrto  de  laquelle  il 
eut  Sophronisque  et  Mencxène. 

<\  Quelques  uns  veulent  qu'il  épousa  sa 
Myrto  en  premières  noces  ;  d'autres, 
comme  en  particulier  Satyrus  et  Jérôme 
de  Rhodes,  croient  qu'il  les  eut  toutes  les 
deux  à  la  fois.  »  Certains  auteurs,  enfin, 
prétendent  que  Lamproclès,  Sophronisque 
et  Menexène  étaient  tous  trois  issus  de 
Xantippe.  En  tous  cas,  quand  il  mourut, 
Socrate  laissait  des  enfants  en  bas  âge  ; 
sa  femme  aurait  donc  eu  mauvaise  grâce 
à  demander  à  son  mari  de  se  faire  sup- 
pléer dans  l'intimité  et  à  lui  adresser  le 
compliment  que  fit  la  courtisane  véni- 
tienne Zulietta  à  Jean-Iacques   Rousseau. 

Que  Xantippe  eût  l'humeur  acariâtre, 
voila  un  fait  qui  parait  certain  d'après  les 
textes  suivants  : 

Alors  Socrate  :  «  Il  y  a  mille  preuves,  mes 
amis...  que  la  nature  de  la  femiiîe  n'est  pas 
inférieure  à  celle  de  l'homme  ;  il  ne  lui  man- 
que qu'un  peu  plus  d'intelligence  et  de  vi- 
gueur. Qii'ainsi  ceux  d'entre  vous  qui  ont 
une  fenune  lui  apprennent  résolument  tout 
ce  qu'ils  veulent  qu'elle  siiclie  et  qu'elle 
mette  eu  pratique.  —  Eh  bien,  dit  Antis- 
thène,  comment  se  fait- il,  Socrate,  qu'avec 
cette  opinion  tu  n'apprennes  rien  à  Xantippe, 
mais  que  tu  t'accommodes  de  cette  femme, 
la  plus  acariâtre  des  femmes  passées  et  à  ve- 
nir ?  —  Cest  que  je  vois,  répondit  Socrate, 
que  ceux  qui  veulent  devenir  bons  écuyers 
ne  se  procurent  pas  les  chevaux  les  plus  do- 
ciles, mais  les  plus  fougueux,  persuadés  que, 
s'ils  les  domptent,  ils  viendront  facilement  à 
bout  des  autres  chevaux.  De  même  moi,  qui 
veux  apprendre  à  vivre  en  société  avec  les 
hommes,  j'ai  pris  Xantippe,  convaincu  que, 
si  je  la  supportais,  je  m'accommoderais  facile- 
ment de  tous  les  caractères  ». 

Xénophon,  Le  Banquet^  chap.  II  : 
En    supportant  Xantippe   dont   le   caractcie 
était  violent  et  détestable,  Socrate  savait  qu'il 
serait   lui-même  plus  patient  avec   les   autres 
'il  était  habitué  à  cette  humeur. 


Plutarque.  Comment  l'on  pourrait  tirer 
utilité  de  ses  ennemis.  8. 

Socrate,  au  sortir  des  exercices  de  la  pa- 
lestre, s'était  emparé  d'Euthydème  et  l'avait 
emmené  dîner  chez  lui.  Xantippe  survint.  La 
voilà  qui,  dans  sa  furei'r,  les  accable  d'injures 
et  finit  par  renverser  le  couvert.  Euthydème 
se  lève,  et  fort  mécontent  se  dispose  à  partir. 
Mais  Socrate  :  «  Est-ce  qu'hier  chez  vov.s,  dit- 
il  à  son  ami,  une  poule  en  sautant  sur  la 
table  n'a  pas  fait  la  même  chose  ?  Pourtant 
nous  ne  nous  sommes  pas  indignés  ». 

Plutarque,  Sur  les  moyens  de  réprimer 
sa  colère  .13.  Patchouna  . 

L'autre  femme  de  Socrate  se  nommait 
Myrto.  Elle  était  lîUe  d'Aristide  le  Jeune. 
Son  existence  est  affirmée  par  un  grand 
nombre  d'historiens  :  Callisthène,  Deme- 
trios  de  Phalère,  Satyros.  Aristoxene, 
Hieronyme  de  Rhodes,  Aristote,  Diogène 
Laërce,  etc. 

Au  témoignage  de  Hieronyme  et  de 
Satyros,  Socrate  l'épousa  du  vivant  de 
Xantippe,  ou  du  moins  il  profita  d'un 
décret  éphémère  qui,  pour  remédier  à  la 
dépopulation  de  la  ville,  aurait  permis 
aux  Athéniens  de  choisir,  outre  leur 
fem.me,  une  concubine  légitime,  dont  les 
enfants  dussent  être  nommés  citoyens. 
(Voir  Athénée.  XIll.  5^5  d.  Plutarciue. 
Socrate.  6.  Aristide.  66). 

Myrto    eut  deux  fils  de  Socrate  :   So- 
phroniskos    et    Ménéxéne.   On     prétend 
qu'elle  était  sans  dot  et  qu'elle   fut  épou 
sée  pour  sa  beauté. 

Malheureusement,  toute  cette  histoire 
a  été  démentie  par  Panétios  de  Rhodes.  La 
question  reste  donc  ouverte.  Selon  toute 
apparence,  elle  ne  sera  jamais  résolue. 

L'existence  d'Hamlet,  princo  de 
Danemark,  e^î-Glio  historiquement 

cortai'io  (L,  779).  —  Hamlet,  prince 
danois,  qu'on  place  vers  le  1 1"  siècle  avant 
).  C,  était,  selon  des  traditions  rapportées 
par  Saxo  Grammaticus,  neveu  par  sa 
mère  de  Roric,  roi  de  Danemark,  et  fils 
d'Horvendill,  souverain  feudataire  du 
Jutland,  que  son  frère,  Fengo,  assassina 
pour  s'emparer  de  ses  Etats  et  pour  épou- 
ser sa  veuve.  Cette  histoire,  que  la  plu- 
part des  historiens  regardent  comme 
fabuleuse,  a  fourni  à  Shakespeare  le 
sujet  d'une  de  ses  plus  belles  tragédies. 
(Bouillet,et  pour  copie  :)        V.  A.  T. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


909 


Outillage  gallo-romain  (L,  219, 
422,  t28,  i^jo,  657).  —  En  décrivant  les 
outils  anciens  les  plus  intéressants  du 
musée  local  des  Cléons,  je  tâcherai  d'en 
raisonner  l'usage  ;  mes  bienveillants  con- 
frères apprécieront. 

M  Marcel  Baudouin,  en  citant  fort  à 
propos  l'ouvrage  de  l'abbé  Baudry  :  Les 
Puits  funéraires  du  Bernard^  m'amène  à 
présenter  de  suite  un  instrument  de 
moyenne  grandeur,  et  sur  l'emploi  du- 
quel n'existe  pas  un  complet  accord.  11 
est  en  fer  forgé,  assez  fortement  atteint 
par  la  rouille,  et  figure  un  parallélipipède 
haut  de  56  millimètres,  dont  l'une  des 
bases  est  un  rectangle  de  36  millimètres 
sur  21,  et  dont  l'autre  base  est  tronquée 
par  la  section  oblique  de  l'un  des  côtés 
et  réduite  à  une  bande  large  de  ^  millimè- 
tres, conservée  à  l'aplombdu  côté  opposé. 
Le  centre  de  Tobjet  est  percé  d'un  tiou 
qui  reçoit  un  manche  carré,  également 
en  fer,  d'une  longueur  de  27  centimètres 
et  dont  l'extrémité,  appointée  légèrement, 
devait  être  garnie  d'une  poignée  de  bois 
qui  n'existe  plus. En  l'état  où  il  se  trou\'e, 
l'outil  pèse  363  grammes. 

C'est  un  mari  eau, dixt-on  le  plus  souvent 
ou  bien  ;  c'est  un  fer  à  souder'?  Mais  cepen- 
dant, le  marteau  devrait  avoir  une  section 
oblique  de  chaque  côté,  pour  ramener  la 
bande  métallique  dont  on  avait  besoin  dans 
le  plan  même  où  se  trouve  le  centre  de 
gravité  de  l'objet.  Q.uant  au  fer  à  sou- 
der, qui  comporte  aussi  la  même  disposi- 
tion, il  est  généralement  en  cuivre,  si  l'on 
s'en  rapporte  aux  fers  actuels. 

Les  faits  suivants  sont  d'ailleurs  à  re- 
tenir.M. Baudouin  a  trouvé  lui-même  dans 
un  puits  funéraire  «  un  grand  seau  de 
bois  et  de  fer  à  douelles  très  reconnais- 
sablés  ».  L'abbé  Baudry  en  cite  aussi  plu- 
sieurs, voire  un  baril  et  un  baquet,  tous 
figurés  avec  des  cercles  de  fer.  J'incline 
donc  à  penser  que  notre  outil  n'est  autre 
qu'une  de  ces  chasses  utilisées  par  les 
Gallo-Romains,  pour  la  mise  en  place  des 
cercles  en  question.  On  comprend  alors 
que  l'un  de  ses  côtés  ait  été  conservé  bien 
droit,  pour  s'appliquer  plus  exactement 
sur  lesdouvelles  etrecevoir.sans  se  déver- 
ser le  coup,  qui  repoussait  la  chasse. 

Ce  genre  d'outil  a,  du  reste,  persisté 
jusqu'à  nos  jours,  avec  quelques  modifi- 
cations nécessitées  par  le  peu  d'épaisseur 
de  nos  fers  laminés,      Félix  Chaillou. 


20  Décembre    1904. 

.    9)0 

Récits  d'événements  historiques 
à  la  dernière  page  des  registres 
d'état-civil  (L,  779).  —  Qu'il  me  soit 
permis  de  dire  ici  que,  depuis  415  ans,  je 
m'occupe,  sans  relâche,  de  l'histoire 
d'Auvergne.  Dans  ce  but,  j'ai  dépouillé 
des  milliers  de  registres  de  l'état-civil, 
dans  le  département  du  Puy-de  Dôme, 
c'est-à-dire  les  anciens  registres  tenus, 
avant  1789,  par  les  curés.  Eh  bien,  j'y  ai 
rencontré  une  foule  de  faits  intéressants 
pour  l'histoire  locale, quelquefois  l'histoire 
générale.  C'est  ainsi  que  j'ai  trouvé  dans 
l'un  des  registres  concernant  la  paroisse 
de  Verneugheol,  prés  d'Herment  (Puy- 
de-Dôme)  que  le  4  novembre  1663  «  il  se 
brûla,  à  Herment,  environ  50  bâtiments 
d'un  feu  inconnu  et  même  on  le  disoit 
estre  descendu  du  ciel  ».  Evidemment,  il 
s'agit  ici  de  la  chute  d'un  bolide.  Mais 
les  registres  paroissiaux  de  Royat  (Puy-de- 
Dôme),  bourg  dont  j'ai  publié  l'histoire, 
rapportent  un  grand  nombre  de  faits  locaux 
notamment  au  xviii'  siècle,  quand  ces 
registres  furent  rédigés  par  le  savant 
curé  l'abbé  Delarbre,  naturaliste.  Les  re- 
gistres paroissiaux  de  Clermont-Ferrand 
possèdent  aussi  beaucoup  défaits  locaux. 
Peut-être,  un  jour,  un  courageux  cher- 
cheur relèvera-t-il  cette  suite  curieuse 
pour  en  publier  le  texte,  mais  hélas,  de 
nos  jours  l'érudition  locale  semble  se 
mourir.  On  n'est  guère  à  cet  ordre 
de  choses  ;  et  comme  les  érudits  ne 
sont  généralement  pas  fortunés,  les  pu- 
blicistes  risquent  fort,  en  s'adonnant  à 
l'histoire  de  leur  région,  de  perdre  bien 
souvent  leur  temps,  encouragés,  d'autre 
part,  nullement  par  l'Etat.  Voilà  la  triste 
vérité.  Ambroise  Tardieu. 

Les  256  quartiers  du  comte  de 

Chambord  (L,  389,855). — Je  trouve 
dans  mes  notes,  mais  sans  pouvoir  indi- 
quer de  références,  l'indication  des  16 
quartiers  de  Marie  Leczinska  manquant  à 
la  nomenclature  donnée  par  M.  Le  Lieur 
d'Avost. 

17.  Raphaël  Leczinski,  comte  de  l'Em- 
pire, 18.  Catherine  de  Radziminska, 
19.  Ernest,  comte  de  Donhof,  20.  Agnès 
de  Coniapole,  21.  Jean,  comte  de  Jablo- 
now,  22.  Anne,  comtesse  Ostrorog,  23. 
Alexandre,  comte  de  Casanova,  24.  Anne, 
comtesse  Potoska,  25.  Pierre,  comte  de 
Brin  Opalinski,  26.  Sophie,  comtesse  de 


N.    1061 


L'INTERMKDIAIRE 


QU 


912 


Kostka,  27.  Adam,  comte  de  Czarnkow, 
28.  Catherine  Leczinska,  comtesse  de 
Hésus.'^Q.  Pierre,  comte  de  Czarnkowski, 
30.  Sophie,  comtesse  de  Ostrorog,  31. 
Remigier,  comte  de  Zalowski,  32.  Anne, 
comtesse  de  Alielzaski. 

On  peut  remarquer,  en  dépouillant  les 
256  quartiers  du  comte  de  Chambord,  qu'il 
descendait,  sauf  erreur,  21  fois  de  Henri 
IV,  ce  dernier  se  trouvant  8  fois  dans  les 
quartiers  précités,  et  ses  enfants  et  petite- 
fille  13  fois.  A.  E. 


Ojiariier  n"  48.  Jean-Casimir,  Wild-et- 
Rhingrave  de  Kirbourg,  né  en  1577,  mort 
en  165 1,  fils  de  Othon,  né  en  i  5  36, mort  en 
1607, et  d'Odile,  comtesse  deNassau-Weil- 
bourg,  mariée  en  1567,  a  eu  pour  femme 
Dorothée,  comtesse  de  Solms,  fille  de  Jean- 
Georges,  cointe  de  Solms-Lich  à  Laubach, 
né  en  1547,  ^iioi't  en  1600,  et  de  Margue- 
rite de  Schœnbourg,  née  en  1554,  morte 
en  1616.  M.  Ernest  Lehr,  dans  ses  Etudes 
sur  Vhistoire  et  la  généalogie  de  quelques- 
unes  des  principales  maisons  souveraines  de 
V Europe  (un  vol.  in-4",  Paris,  1866),  a 
publiéles  seize  quartiersdes  quatregrands- 
parents  de  la  fille  de  Jean-Casimir  (tab. 
40,  41,  48  et  49),  à  peu  près  au  complet. 

Quartiers  n"'^  pj  à  ç6.  Marie-Polyxène 
Khuon  (et  non  Kithon  de  Bellasy,  mariée 
le  26  août  1678,  morte  le  13  novembre 
1712,  était  fille  de  Mathias  K.  de  B.. 
comte  de  Kûstenberg  (lui-même  fils  de 
Jacques  K.  de  B.  et  de  Siguna-Marguerite 
d'Annenberg")  et  d'Anne-Susanne,  com- 
tesse de  Meggau,  d'après  les  Genealogische 
Tabellen  de  Hûbner  et  des  notes  manus- 
crites jointes  à  mon  exemplaire  de  cet 
ouvrage  (tab.  369  et  869).  Paul. 

* 

Les  256  familles   desquelles  était  issu 
le  comte   de    Chambord  (en  arrêtant  le 
tableau  à  la  ligne  du  septième  aïeul)  peu- 
vent se  classer  ainsi  par   pays  d'origine  : 
Etats  allemands  141 

Etats  italiens  33 

France  22 

Pologne  (?)  16 

Espagne  (Maison  d'Autriche)  1 1 

Savoie  9 

Lorraine  9 

Panemark  5 


5 

4 

I 

2S0 

e    se 

dé- 

55 

0/0 

37 

0,0 

8 

0/0 

Angleterre 
Hongrie  (?) 
Inconnu  (n"  48) 


Proportionnellement,   l'origine    se 
compose  comme  il  suit  : 
Sang  allemand 
Autres  origines  étrangères 
Sang  français 


100 
Encore   faut-il    faire    observer   que    le 
«  sang  français  »  est   représenté  ici  plu- 
sieurs fois  par  Louis  Xlll  dont  les  ancêtres 
étaient,  pour  moitié,  italiens. 

Et  encore  ne  comptons-nous  pas  comme 
allemands  :  1°  Les  descendants  mâlçs  de 
Maximilien  qui  régnent  en  Espagne  au 
XVII*'  siècle  ;  2'^  La  maison  de  Lorraine 
dont  l'origine  est  bien  connue.  Si  nous 
donnions  à  ces  deux  familles  le  nom  de 
leur  véritable  race,  la  proportion  du  sang 
germanique  dépasserait  62  0/0. 

Un  Passant. 

Singulières    armoiries    papales 

(L,  168,  251,  365,  691,  807).  —  Le  Dic- 
tionnaire de  Fanfani,  le  plus  renommé  de 
l'Italie  après  celui  de  la  Crusca,  déclare 
que  pignatta  a  le  même  sens  que  pentola^ 
mais  est  moins  usité,  ou,  si  l'on  veut, 
plus  familier.  Or  le  mot  pcntola  signifie 
bien  marmite.  Le  proverbe  italien  nver  la 
pcntola  al  fiioco^  avoir  la  marmite  au  feu, 
suffirait  à  le  prouver.  Quant  su  sens  réel 
du  mot,  je  me  réclame  de  trente  ans 
de  séjour  en  Italie  pour  confirmer  mon 
dire. 

11  est  vrai  que,  dans  les  armes  des  Pi- 
gnatelli,  le  vase  a  une  forme  particulière 
et  est  orné  d'une  anse  (^pas  toujours  d'un 
bec),  mais  le  peuple  a  pris  ce  vase  pour 
une  pignatta  ;  la  famille  en  a  gardé  le  nom 
et  je  n'ai  point  prétendu  dire  autre  chose, 
ni  assurer  que  les  vases  pris  à  Constanti- 
nople,  dans  le  palais  de  l'empereur,  fus- 
sent de  véritables  marmites.  11  suffit  que 
le  peuple  les  ait  appelées,  à  tort  ou  à  rai- 
son, de  ce  nom,   et  que  de   là  soit  venue 


l'origine  de  la  famille. 


D-- A.  B. 


Armoiries  des  évêchés. abbayes, 
eto.  (L,  673,  807,  857).  —  On  peut   si- 
.  gnaler  Armoriai  et  Sigillographie  des  évé- 
\  quei  de  Marseille^  par  l'abbè   Albanès  ; 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembre  1004 


913 


914 


Marseille  Marius  Olive,  rue  Sainte,  39, 
1894.  Dans  le  Gnllia  Christiana  iiovisstna 
du  même  auteur,  continué  par  Ul3'sse 
Chevalier, on  trouve  d'autres  sceaux  d'évê- 
chés  de  la  province  d'Arles.  Ciacconi, 
dans  ses  Vies  des  souverains  pontifes  et  des 
Cardinaux  de  la  Sainte  Eglise  Romaine^ 
donne  toutes  les  armes  des  cardinaux  jus- 
qu'à Benoît  XIV  (édition  avec  les  supplé- 
ments). On  peut  aussi  consulter  sur  ce 
sujet  les  deux  ouvrages  de  M.  Taussin. 
A  rmorial  des  Car dinaux ^archevêques  et  èvc- 
qnes  contemporains  de  Frarce.  deux  volu- 
mes imprimés,  l'un  en  1874,  Tautre  en 
1887. M. de  Saint- Saud  prépare  son  Armo- 
riai des  êvcques  et  prélats  français  pendant 
le  XIX"  siècle  et  qui  contiendra  près  de 
700  sceaux  gravés.  Enfin  les  papiers  de 
M.  de  la  Morandière.fmort  en  1900)  dont 
je  possède  la  plus  grande  partie  renfer- 
ment ce  qu'il}'  a  de  plus  complet  sur  cette 
question.  J'avoue  toutefois  qu'il  y  a  dans 
ces  notes  un  tel  fouillis  et  enchevêtre- 
ment qu'il  faudrait  un  travail  considéra- 
ble pour  mettre  en  bonne  place  les  tré- 
sors d'érudition  héraldique  qu'il  renferme. 

D^  A.  B. 

Armes  à  indiquer  (L,  672,  808)  et 
gironné  da...  et  do...  (L.  561,  810). 
—  Je  remercie  MM.  le  Lieur  d'Avost  et 
CalenJini  de  leur  extrême  complaisance, 
com.plaisance,du  reste,  dont  ils  sont  cou- 
tumiers  : 

Je  pense  que  pour  lesarmes  des  Barjot  : 
d'a:^ur^  aii  griffon  d'or,  le  franc-canton 
rempli  d'une  étoile  de  ménie^  on  peut  aussi 
les  blasonner  :  d'a:^nr  au  griffon  d'or 
addextrè  en  chef  d'une  étoile  de  rnêrne. 

En  ce  qui  est  de  Louise-Anne  Victoire 
de  Rogres,  je  ferai  observer  à  M.  D.  des 
E.  que  j'ai  aussi  à  remercier,  et  à  M.  le 
Lieur  d'Avost  que  sur  l'épitaphe  de  la 
dite  dame  placée  en  l'église  cathédrale  de 
Troyes,  où  ses  restes  sont  inhumés  avec 
ceux  de  jean-Louis  le  Bascle,  marquis 
d'Argenteuil,  son  mari,  elle  est  dénommée 
Louise-Anne-Vicîoire  de  Rogres  de  I.usi- 
gnan.  Saiî-on  pourquoi  ce  nom  de  Lusi- 
gnan  au  lieu  de  celui  de  Chamgignelles, 
qui  est  le  nom  habituel  ? 

Colombe  de  Boucher,  femme  de  Patrice 
le  Bascle.  baron  d'Argenteuil,  avait  épousé 
en  r"  noces,  Louis  de  Saint-Biaise,  sei- 
gneur de  Pouy.  Pourrait-on  me  dire 
quelle  était  cette  famille  de  Saint-Blaise,si 


elle  avait  un  autre  nom,  quelles  ét?.ient 
ses  armes  et  comment  la  terre  de  Pouy, 
sa  propriété,  put  arriver  aux  d'Argen- 
teuil par  Colombe  de  Boucher  .? 

Le  Dictionnaire  de  la  Noblesse  de  la 
Chesnaye,  qui  a  publié  la  généalogie  des 
le  Bascle,  ne  fait  pas  mention  de  Edme 
le  Bascle,  marquis  d'Argenteuil,  élu  géné- 
ral de  la  noblesse  aux  Etats  de  Bourgo- 
gne de  1778  a  1781.  pour  Tidentification 
duquel  je  fais  toujours  appel  à  l'érudition 
et  à  la  complaisance  des  collaborateurs  de 
Vlntermédiaiie,  ni  de  Louis-Marie  le  Bas- 
cle d'Argenteuil,  dernier  abbé  de  Vézelay, 
fils  de  Jean-Louis  Nicolas  et  de  Marie- 
Angélique  Philippe  le  Veneur.  Cet  abbé 
portait  :  écartelé  au  /"de  Rochechouart, 
au  2  d'Anjou,  ancien  qui  est  Naples  ;  au  ^ 
de  Rohan,«M  ^  d'argent  à  la  cioix  de  deux 
bâton  y  estoqnés  de...  et  sur  le  tout  le  Bascle. 
Les  3  premiers  quartiers  rappellent  le  ma- 
riage de  Antoine  le  Bascle  avec  Marguerite 
de  la  Touche, qui  avait  pour  mère  une  Ro- 
chechouart et  pour  grand'mère  une  fille 
de  la  maison  royale  d'Anjou  et  une 
Rohan.  Mais  de  quelle  famille  étaient  les 
armes  du  4^  quartier  et  à  quel  titre  figu- 
rent-elles dans  le  blason  de  l'abbé  ? 

—  T. 

Armoiries  à  déterminer  :  fa&cé, 
onde  d'argev;î  (L,  782).  —  La  bor- 
dure en  question  :  de...  chargée  de  six 
tourteaux  de.  .  n'est  point  la  bordure  des 
armes  des  de  Sève,  avec  laquelle  elle  n'a 
qu'une  ressemblance  plus  qu'imparfaite. 
Cette  bordure  dont  voici  l'énoncé  : 
d'azur  chargé  de  6,  aliàs  S,  besans  d'or, 
est  la  brisure  de  la  branche  de  Jars  de  la 
famille  de  Rochechouart.  Or  c'est  bien  de 
cette  branche  qu'il  s'agit. 

Guy  de  Rochechouart,  puîné  du  sei- 
gneur de  Jars,  naquit  en  1580  et  fut  tué 
le  3  juin  1621.  au  siège  de  Saint-Jean 
d'Angéîy.  11  était  capitaine  de  cinquante 
hommes  d'armes  et  seigneur  de  Chatillon- 
le-Roy.  Il  avait  épousé,  en  i6ii,  Louise 
d'Etampes,  fille  de  Louis,  chevalier,  et 
d'Anne  du  Plessis.  De  ce  mariage  provint 
une  fille  unique,  Marie-Marguerite,  alliée 
en  1637  à  Alexandre  de  Sève,  seigneur 
de  Chatignouville,  prévôt  des  Marchands 
de  la  ville  de  Paris  de  1654  à  1661,  fils 
de  Guillaume  de  Sève,  chevalier,  et  de 
Catherine  Catin.  Marie-Marguerite  mou- 
rut en  i66î, 
Un  de  leurs  enfants,   Guy  de  Sève, 


N*  io6i. 


L'INTERMÉDIAIRE 


915 


916 


fut  évêque  d'Arras  ;  le  plus  curieux,  c'est 
qu'il  se  faisait  appeler  Guy  de  Rociie- 
chouart,  seigneur  de  Sève,  et  que  comme 
ses  frères  (qui  prenaient  aussi  le  nom  de 
Rochechouart  s  il  portait  un  écusson  mi- 
parti  Rochechouart,  mi-parti  de  Sève. 
("ela  ne  dura  que  deux  générations. 

On  peut  se  demander  si  la  plaque, 
rappelant  la  fondation  de  1637,  ne  fut 
pas  faite  après  coup.  Il  semblerait  que 
cette  plaque  eût  dû  porter  les  armes  des 
de  Sève  en  parti,  plutôt  que  celles  des 
d'Etampes.  Cte  de  St-Saud. 

* 

*  • 
Les    armes    des    Rochechouart    sont  : 

fasce\  enté  et  onde  d'argent  et  de  gueules  de 
6  pièces^  et  celles  des  d'Etampes  :  d'azur 
à  2  girons  d^or  appointés  en  cl)evron  au 
chef  d'argent  chargé  de  j  couronnes  ducales 
de  gueules. 
Puisque  les  i"""  sont  parties  des  secondes 
dans  le  même  écusson, c'est  probablement 
que  ces  armes  parties  étaient  propres  à  la 
branche  des  Rochechouart,  à  laquelle 
appartenait  la  femme  d'Alexandre  de 
Sève. 

Quant  à  la  bordure  chargée  de  tour- 
teaux, ou  peut-être  mieux  besantée,dont 
l'écu  est  entouré,  je  ne  vois  pas  qu'elle 
puisse  avoir  rien  de  commun  avec  la 
bordure  des  armes  de  la  famille  de  Sève 
puisque,  nous  dit  M.  Martellière,  elle  était 
componce  de  sahJe  et  a  or.  Dans  une  bordure 
componée,  les  pièces  qui  la  composent 
sont  carrées,  tandis  que  les  besants  ou 
les  tourteaux  sont  ronds.  T. 

Marie -Marguerite  de  Rochechouart, 
dame  de  Châtillon-le-Roi  (femme  d'Alexan- 
dre deSève, seigneur  de  Chatignonville)etc. 
portait  probablement  les  armes  des  sei- 
gneurs de  Jars  dont  elle  était  issue,  qui 
sont  :  fascé  onde  d'argent  et  de  gueules  de 
6  pièces,  à  la  bordure  d'azur.,  chargée  de  8 
hélants  d'or.  (P.  Anselme  Hist.  des  Gr. 
Off,,  t.  IV,  p.  668)  Elle  portait  : 
parti  d'Etampes,  à  cause  de  sa  mère, 
puisqu'elle  était  née  du  mariage  de  Guy 
de  Rochechouart,  seigneur  de  Châtillon- 
le-Roi,  avec  Louise  d'Etampes,  fille  de 
Louis  d'Etampes,  seigneur  d  Autry  et 
d''Anne  du  Plessis. 

Son  fils,  Guy  de  Sève  de  Rochechouart, 
évêque  d'Arras, portait, comme écartelure, 
les  armes  de  sa  mère,  dont  cependant  il 
avait  quitté  la  bordure,  puisqu'il  fit  enre- 


gistrer A^ns  Y  Armoriai  général  de  1696: 
Ecartelé  :  aux  i  et  ^  :  Jascé  de  sahle  et  d'or 
de  6  pièces.^  à  la  bordure  contre-componnée 
d'or  et  de  sable  ;  aux  2  etj  :  fascé^  onde., 
enté  de  ^^ueules  et  d'argent  de  6  pièces 
(Borel  d'Hauterive.  Armoriai  dArtois  et 
de  Picardie.^  p.  32). 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Armoiries  à  déterminor  :  à  trois 
molettes  d'éperon  de  sable  (L,  444, 

587,  Oc)2^  859}. —  Eirati-m  :  co\.S6o,note 
3.  Au  lien  de  «  avant  d'être  cité  »  lire 
«  cité  dans  la  première  note  >". 

Armoiries  à  déterminer  :  coupé 
de  gueules,  au  lioa  d'or  (L,  617).  — 

Parti  1"  :  d'a{ur  à  2  épées  d'argent  gar- 
nies d'or  en  sautoir,  au  chef  de  gueules  char- 
gé d'un  lion  de  St-Marc  tenant   un  livre 

O 

ouvert  au  naturel. 

au  2°  :  d'argent  au  chevron  d'a{ur  accom- 
pagné de  5  merleites  de  sable. 

Ce  sont  les  armes  de  M.  Félix  Le  Clerc 
de  Publigny  et  de  sa  femme,  Dame  Sophie 
Huvé  de  Garel. 

La  première  de  ces  deux  familles  est 
d'origine  lorraine,  la  seconde  est  nor- 
mande. P.  DE  B. 

Armoiries  de  ChâtilloQ  sur- 
Marne  (L,  782).  —  Quel  terme  héraldi- 
que se  peut  bien  cacher  sous  le  vocable  : 
ivoire  ?  Mais  c'est  tout  simplement  vair 
qu'il  faut  dire,  ce  qui  est  très  héraldique, 
et  que  d'ailleurs,  l'on  trouvera  dans  la 
description  des  armoiries  des  anciens  sei- 
gneurs de  Châtillon  (P.  An-elme,  Histoire 
des  grands  off. ,  t.  'VI,  p.  91). 

G,  P.  Le  Lieur  d'Avost 

Lettres  gravées  sur  des  sou^  (L, 

840).  — M.  Lionnel  Bonnemère,  26,  rue 
Chaptal,  à  Paris,  possède  une  collection 
importante  de  sous.^  ayant  des  lettres  gra- 
vées. Interrogé,  il  pourra  fournir  de  pré- 
cieux renseignements  sur  ce  sujet. 

Marc  Ell. 

La  petite  médrille  commémora- 
tive  dubapîême  clu  Prince  Impérial 

1856  (XLVII  ;  XLVIII).  —  Il  a  été  cons- 
taté qu'il  existait  un  nombre  assez  con- 
sidérable de  ces  médailles  en  argent;on  en 
connait  même  en  or.  Je  n'ai  pas  vu  men- 
tionner d'exemplaires  en  bronze.  Or,  j'en 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Oécembre  1904, 


917 


918 


possède  un  en  très  bon  état,  concurrem- 
ment avec  un  exemplaire  en  argent. 
Mais  la  médaille  en  bronze  que  j'ai  entre 
les  mains  est  une  variante  du  type  com- 
mun. Elle  est  légèrement  plus  épaisse  et 
le  relief  des  figures  est  plus  fort.  L'avers 
est  identique  à  celui  de  la  pièce  en  ar- 
gent. Au  revers,  la  tète  de  l'enfant  impé- 
rial, tout  en  ayant  la  même  hauteur,  est 
notablement  pins  large,  plus  arrondie  en 
arrière,  sans  que  cette  différence  paraisse 
provenir  de  la  frappe.  Peut-être  est-ce 
un  ssai  qui  n'était  pas  suffisamment  res- 
semblant. Eu.  C. 


Baufremont  (L,  445,  578,  681).  — 
Je  possède  deux  énormes  volumes  in-f" 
datés  de  1678  et  1680,  contenant  les 
Généalogies  des  plus  gi  andes  maisons  nobles 
de  France,  d'Angletene,  d'il  a  lie,  de  Bel- 
gique, de  Suisse,  etc.,  etc.,  composées  par 
Charles  Charreton  de  la  Perrière  de  Cha- 
vannes,  prieur  de  Saint-Pierre  de  Vérins 
en  Poitou,  qui  a  soin,  dans  le  cours  de 
son  travail,  de  nous  apprendre  que  sa 
sœur  Anne-Marie  Charreton  de  la  Per- 
rière, a  épousé  Auijustin  de  Grouche,  à 
présent  marquis  de  Chepy  et  deGrébauval, 
vicomte  de  Saint-Maxens,  seigneur  de 
Huppy,  Grouches,  Limeux,  etc.,  chef  du 
nom  et  des  armes  de  l'ancienne  maison 
de  Grouches  par  suite  de  circonstances 
qu'il  serait  trop  long  d'énumérer  ici. 
Qu'on  me  pardonne  cependant  ces  quel- 
ques détails  préliminaires  pour  signaler 
et  décrire,  comme  il  le  mérite,  cet  impor- 
tant manuscrit  inédit,  écrit  entièrement 
de  la  main  de  l'auteur,  fruit  de  recher- 
ches sérieuses  et  patientes,  bourré  de  faits 
non  mentionnés  dans  les  ouvrages  nobi- 
liaires. 

Dans  la  Généalogie  de  la  maison  de 
Oéqui  (  «  Branche  des  comtes  de  Cre- 
quy-Haimond,  puisné  de  Bernieulle  >>),  je 

I  rouve  Catherine  de  Bcauf reniant  de  Senerey, 
épouse  de  Jean  de  Vieuxpont,  baron  du- 
dict  lieu,  Saintines,  etc.,  dont  la  fille, 
Louyse  de  Vieuxpont,  contracta  mariage 
avec 

Philippe  de  Ciéquy  I  du  nom,  chevalier, 
seigneur  d'Auffeu,  puis  de  Haimond,  etc. 
y  fils  de  Claude  de  Créquy,  seigneur  de  Hai- 
mond, et  d'Anne  de  Bourbon,  sa  femme.  Il 
fui  aussi  seigneur  de  Souverainmoulin,  Wi- 
mille,  Wiquinghem,  Haimond,  Ouste,  Frian- 
court,  Camptepie    et  baron  de    Debinchthon. 

II  a  longtemps    servi    sa    maiesté  Très  chres- 


tienne  tant  dans  les  guerres  des  huguenots 
comme  au  passage  de  lisle  de  Rhé,  siège  de 
!a  Rochelle  qu'aux  barricades  de  Suse  ausquel 
lieu  il  receut  une  mousquetade  h  la  cuisse,  et 
au  siège  de  Saint-lean  d'Angelit  il  fut  estro- 
pié d'un  coup  de  mousquet  à  la  main  droitte. 
Et  dans  tous  ces  lieux  il  commandoit  le  régi- 
ment de  Rambures  dont  il  estoit  premier 
capitaine.  Ledit  Philippe  de  Crequy  fut  en- 
voyé par  sa  maiesté  Louys  XllI  dans  la  ville 
de  Calais  pour  y  commander  la  première 
année  de  la  guerre  entre  la  France  et  l'Espa- 
gne, comme  il  se  voit  par  les  lettres  patentes 
de  sa  maiesté  lesquelles  furent  enregistrées  au 
greffe  de  l'hostel  de  ville  dudict  Calais,  il 
mourut  en  l'année  164s,  six  mois  après  sa 
femme,  et  gissent  ensemble  dans  le  chœur  de 
l'église  de  Wimille.  Le  feu  Roy  Louys  XIII. 
lui  avoit  donné  congé  de  Privas  pour  venir 
espouser  Louyse  de  Vieuxpont. 

Ce  passage  suffira  pour  se  faire  une 
idée  du  très  curieux  manuscrit  de  messire 
Charreton  de  la  Perrière.  Pierre. 

Bourbon  Lavedan  —  Bégole  — 
La  Corne  (L.  113).  —  De  la  Corne. 
En  i7=;9,  Chérin  dressa  une  généalogie  de 
la  famille  de  la  Corne,  qui  a  possédé,  en 
Auvergne,  les  fiefs  de  la  Corne,  de  Chap- 
tes,  etc.  et  s'est  alliée  aux  maisons  de  la 
Roche-Aymon,  de  Molen  de  la  Vernède, 
d'AUemaigne  de  la  Combaude,  etc. 

Cette  généalogie,  établie  sur  titres  com- 
nuiinqiiés  par  AI.  fabbé  de  la  Corne,  fait  re- 
monter la  filiation  à  noble  Barthélémy  de 
la  Corne,  écuyer,  homme  d'armes  des 
ordonnances  du  Roi.  qui,  le  26  novembre 
1448,  épousa  d"'  Philippe  de  Paray,  et, 
le  7  décembre  1472,  acquit  une  partie  de 
la  dîme  de  Randan. 

L'alliance  de  Madeleine  de  Bourbon 
Lavedan  avec  Louis,  seigneur  de  la  Corne, 
n'y  est  pas  mentionnée. 

En  1566,  Jean  de  la  Corne,  écuyer,  sei- 
gneur de  la  Mothe  Chantereine  près  Ran- 
dan, (ne  serait-ce  pas  La  Motte-Chan- 
toin  .?),  homme  d'armes  de  la  C'^  du  mar- 
quis de  Villars,  est  capitaine  de  Randan. 

je  trouve  dans  les  Carrés  de  d'Ho:(ier 
que  Catherine  de  la  Corne,  décédée  en 
16 10,  avait  épousé  .Antoine  de  Grosbois, 
écuyer.  seigneur  de  Grosbois  et  de  Mont- 
guynet,  capitaine  des  château  et  seigneu- 
rie de  Randan,  lequel  était  veuf  de  Jeanne 
de  Saint-Julien. 

Ces  Grosbois,  d'origine  chevaleresque, 
(Bourbonnais)  portaient  :  d'or,  au  porc- 
épic  de  sable,  et  s'allièrent  aux  familles  de 


N"   1061 


L'INTERMEDIAIRE 


919 


Lormc  de  Pagnat,  de  Boyer  de  Choisy, 
Laniy  de  Boiscontaud,  etc. 

Les  armoiries  de  la  famille  de  la  Corne 
ne  sont  indiquées  ni  par  Chérin,  ni  par 
l'Armoriai  officiel  de  1696. 

Un  confrère  pourrait-il  les  faire  connaî- 
tre ? 

(V.  Collection  Chérin,  vol.  59,  dossier 
1272  ;  carrés  de  d'Hozier,  vol.  316,  dos- 
sier de  Grosbois).  de  Lorval. 

Le  général  Beiraas  (XLII).  —  On 
trouvera  des  réponses  aux  diverses  ques- 
tions posées  sur  le  général  Delmas,  dans 
l'ouvrage  très  complet  de  M.  Johannès 
Plantadis,  qui  vient  de  paraître  :  Antoine- 
Guillaume  Dehnas^  premier  général 
d'avant-garde  de  la  République  (Tulle, 
Crouffon  ;  in-8,  139  p.;  avec  portrait). 

B.-F. 


Famille  roynel  ou  Doisnel  (L, 
616,  81 1).  —  Les  titres  de  la  Bibliothèque 
nationale  contiennent  de  nombreux  docu- 
ments relatifs  à  la  famille  Doynel  ou  Dois- 
nel, dont  le  nom  est  aussi  orthographié 
de  différentes  autres  façons,  ce  qui  n'a 
rien  d'étonnant  si  l'on  se  reporte  aux  épo- 
ques où  chaque  scribe  écrivait  les  noms 
comme  il  les  comprenait  et  où  l'on  voit 
souvent  le  même  nom  écrit  d'une  façon 
différente  dans  le  même  acte. 

Cette  famille  est  essentiellement  nor- 
mande et,  si  nombreuses  qu'aient  pu  être 
ses  branches,  quelle  que  soit  aujourd'hui 
la  position  sociale  de  ses  membres  disper- 
sés, tous  ont  une  origine  commune. 

M.  Jules  Doinel, archiviste  paléographe, 
mort  à  Carcassonne  en  1902,  possédait 
une  lettre  de  M.  de  !a  Sicotière,  qui  faisait 
remonter  cette  origine  jusqu'aux  anciens 
rois  d'Irlande,  desquels,  prétendait-il,  sont 
issus  également  les  O'  Donnell  de  l'autre 
côté  du  détroit,  et  établissait  la  parenté 
de  ces  derniers  avec  les  Doisnel  de  Nor- 
mandie. 

De  Magny,  cité  par  l'intermédiairiste 
Jean  du  Val,  dit  que  la  famille  Doynel  ou 
Doisnel,  connue  depuis  le  xi*^  siècle,  a 
constamment  joui  des  privilèges  attribués 
à  la  noblesse  d'extraction  chevaleresque, 
et  qu'elle  descend  de  N.  Doinel,  compa- 
gnon deGuillaume-le-Conquérant  en  1066 

Le  cabinet  des  titres  à  la  Bibliothèque 
nationale  possède  les  lettres  de  noblesse, 


, „_ c)20 

renouvelées  en  mai  169^,  contenant  les 
ascendances  de  François  d'Oisnel  de  Mon- 
técot.  et  le  nommant  marquis,  avec  cette 
mention  :  <■<  Les  dits  ancêtres  tous  écuyers, 
chevaliers,  capitaines,  etc.,  et  antérieurs 
à  Henri  IV  ». 

Tvlon  distingué  confrère,  M.  Renaud 
d'Escles,  mentionne,  parmi  les  membres 
existants  de  cette  famille  ,  M.  le  vicomte 
Doynel  de  la  Sausserie. 

Il  en  est  bien  d'autres  encore  certai- 
nement qui  doivent  descendre  des  Doy- 
nel de  Qiiincey  et  des  Doynel  de  Saint- 
Quentin,  des  Doisnel  du  Taillis  et  des 
Doisnel  du  Val-Michel,  —  dont  se  tar- 
guait d'être  M.  }ules  Doinel,  dont  j'ai  cité 
le  nom  plus  haut  —  sans  parler  des  Doisnel 
de  la  Chapelle,  auxquels  appartenait  ce 
Georges  que  cite  Jean  du  Val.  Les  uns 
étaient  de  la  vicomte  de  Domfront.les  au- 
tres du  comté  de  Mortain,  ceux-ci  de 
l'Avranchin,  ceux-là  de  la  vicomte  de 
Vire. 

La  Révolution  n'a  pas  été  étrangère  à 
la  dispersion  de  ces  branches  nombreuses 
d'un  même  tronc  et  elle  a  fait  déchoir, 
sans  doute,  plusieurs  d'entre  elles  de  leur 
ancien  lustre .  Il  n'y  a  rien  de  sur- 
prenant à  ce  que  celles-ci,  chassées  au 
loin  par  la  tourmente,  aient  connu  les 
décadences  qui  frappent  les  familles, comme 
les  nations,  et  c'est  parmi  ces  dernières, 
je  pense,  qu'il  faut  ranger  celle  dont  parle 
mon  confrère,  M.  Rolin  Poète. 

11  semble  que  chacune  des  branches  de 
la  famille  Do3'nel  ait  eu  ses  armoiries  pro- 
pres. 

Le  règlement  des  armoiries  fait  par 
d'Hozier  donne  les  suivantes  : 

Christophe  Doësnel  ou  d'Oisnel, conseil- 
ler général  au  grenier  àseldeLisieux  :  Un 
écii  d'or  à  une  nierlette  de  sableaceoinpagnée 
en  chef  de  trois  roses  de  gueules  rangécsenfasee 
et  en  pointe  d'une  rose  de  ou  en  les. Vécu  tim- 
bré d'un  casque  de  profil  orné  de  ses  lam- 
brequins, de  sable,  d'or  et  de  gueules. 

N.  Doisnel,  substitut  au  parlement  de 
Rouen  :  d'a^nr  à  une  merlette  d'argent, 
surjnontée  d'une  étoile  d'or  et  accompagnée 
de  t>  ois  roses  de  même,  deux  en  chef  et  une 
autre  en  pointe . 

Doisnel  de  Montécot  et  Doynel  de  la 
Sausserie  :  d'argent  au  chevron  de  gueules 
accompagné  de  trois  merletta  de  sable^posées 
3  et  I. 

Je  ne  sais  quelles  étaient  les  armoiries 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


— —    92 1 

de  Georges  Doisiiel  de  la  Chapelle,  ni  s'il 
faut  les  rattacher  aux  unes  ou  aux  autres, 
de  celles  qui  précèdent.  Comme  Jean  du 
Val,  je  serais  heureux  que  quelque  inter- 
médiairiste  versé  dans  la  science  héraldi- 
que"pût  combler  cette  lacune. 

Charles  D. 

Projet  de  mariage  de  Léon  Garr;- 
betta  (L,  44=;,  633,  751,  812,  863).  — 
La  femme  dont  la  persistance  à  lui  écrire 
son  admiration  était  arrivée  à  faire  la 
connaissance  de  Léon  Gambetta,  était 
Mlle  Léonie  Léon,  fille  d'un  commandant 
de  place,  ancien  officier,  presque  mulâ- 
tre, mort  fou.  11  avait  deux  filles  dont 
Léonie  était  la  cadette,  fort  iolie,  d'un 
esprit  exalté, sans  aucune  ressource.  Gam- 
betta la  sortit  de  son  obscurité  et  l'arra- 
cha à  un  avenir  difficile.  A-t-il  jamais 
formé  le  projet  de  l'épouser  ?  J'en  doute. 
D'ailleurs  à  quoi  bon  ?  Henri  B. 


Bihli'jii 


îlicthèque  du  baron  cle  Guorne. 
—  (L,  502,  642).  —  La  bibliothèque  du 
baron  de  Guerne,  conservée  par  son  fils, 
le  comte  de  Guerne  en  son  château  d'Es- 
querchin,  près  Douai,  fut,  par  la  suite, 
achetée  en  totalité  par  M.  Gustave  Leleu, 
libraire,  rue  Neuve,  à  Lille. 

Paul  Dy. 


Jourdain  du  Pin  (L,  557,  688). — 
Crigi:-Le  de  Jourdain  dans  i'ïsic 
Jourdain.  (Vienne)  (L,  218,  357,  703. 
816).  On  a  recherché  quelles  pouvaient 
être  les  origines  du  nom  de  l'Isle  Jourdain 
dans  la  Vienne  ;  et  d'autre  part,  si  Jour- 
dain du  Pin,  croisé  Normand,  avait  pu 
donner  son  nom  à  une  localité  du  Poitou  ? 
A  défaut  de  renseignements  sur  cette 
double  question,  par  la  Bibliothèque  na- 
tionale, on  s'est  demandé  si  les  chroniques 
ou  anciennes  histoires  provinciales  ne 
pourraient  pas  aider  à  l'élucider. 

La  bibliothèque  de  Poitiers  a  été  citée 
comme  étant  l'endroit  où  ces  recherches 
auraient  le  plus  de  chance  d'aboutir  à  un 
résultat.  Cette  bibliothèque  possède  en 
effet  le  manuscrit  de  dom  Fonteneau.  Ce 
savant  et  patient  Bénédictin,  entre  les 
années  1740  et  1778,  avait  rassemblé 
une  énorme  quantité  de  documents,  pour 
une  histoire  du  Poitou  qui  resta  à  l'état 
embryonnaire .  Voici  ce  qu'on  trouve 
dans  les  tomes  XVIII  et  XXIV  de  ce  ma- 


20  Décembre   190^. 

nuscrit  au   sujet  des  Jourdain,  et  de  l'Isle 
Jourdain. 

Vers  1173,  Miroible,  comtesse  de  la  Marche, 
fait  don  au  monastère  de  Montazai,  de  tout  ce 
qui  lui  appartenait  dans  les  moulins  de  Civray. 
Henr}'  Il  d'Angleterre  consacra  plus  tard  cette 
donation,  par  une  charte  oii  on  trouve  ces 
mots  :  hoc  donum  conceasit  et  confirmavii 
Rex  Henriciis  apud  Insiilam  Jordanis,  muUis 
viris  audieiitibus .  Et  au  nombre  des  témoins, 
on  remarque  le  nom   de  Jourdain  de  l'Isle, 

(Dom  Fonteneau,  t.  XVIII,  p.  503). 

Vers  1262,  Jourdain,  seigneur  de  l'Isle  Jour- 
dain, et  Boson  son  fils,  chevaliers,  firent  don 
à  l'abbaye  de  la  Réau  de  divers  héritages  si- 
tués dans  les  environs  de  la  dite  abbaye. 

(Dom  Fonteneau,  t.  XXIV,  p.  267. 

C'est  là  tout  ce  qu'on  trouve  dans  dom 
Fonteneau  sur  les  Jourdain  et  l'Isle  Jour- 
dain. 

Moreri  parle  d'un  Jourdain  qui  fut  évo- 
que de  Limoges  au  xi^  siècle,  et  dit  qu'il 
était  d'ancienne  noblesse.  Aussi  est- il  pro- 
bable et  très  vraisemblable,  que  celui-ci 
était  de  l'ancienne  maison  des  «  Seniores 
de  la  Hislà  »  dont  le  nom  se  trouve  aussi, 
au  xi''  siècle,  aucartulaire  de  Saint-Cyprien 
(Redet,  Dict.  iopog.  des  localités  mtciennâs 
et  modernes  du  département  de  la  Vienne. 

On  peut  donc,  d'après  ces  divers  docu- 
ments, croire  que  le  nom  de  l'Isle  Jour- 
dain fVienne)  est  antérieur  à  Jourdain  du 
Pin,  le  croisé  Normand. 

BoiSCAMUS. 

Fcrnille  de  Ph'I^pponat  de  Mal- 
penne (Cliampagne)  (L,  729).  — 
Claude  Cachapt  de  Champagne,  écuyer, 
officier  chez  le  Roi,  piqueur  au  vol  dans 
la  fauconnerie,  épousa, au  xvii"=  siècle,  Bo- 
naventure  le  Philipponat.  Ils  eurent  une 
fille.  Louise-Catherine,  mariée  à  Jean 
Jacobé  de  Farémont,  écuyer  (1660- 17 59). 

On  trouve  des  membres  de  cette  fa- 
mille le  Philliponat  à  Vitry-le-François  au 
xvii*^  siècle.    —   (Voir  le    catalogue  des 


Archives  de  la  Marne). 


A.  B. 


C;iiii:îiile  Selden,  livre   sur  Henri 

Heine  (L,  498,  585,  8:8).  —  Lejouinal 
de  médecine  de  Paris  a  induit  le  collabora- 
teur Marcel  Baudouin  dans  une  erreur  très 
répandue.  Taine  signait  ses  livres  H.  Taine, 
et  beaucoup  croient  qu'il  se  nom.mait 
Henri,  alors  qu'il  avait  pour  prénoms 
Hippolyte-Adolphe.  Il  me  semble  que  l'on 
ferait  bien,  pour  éviter  l'erreur  que  je  si 


N"  1061. 


L'INTERMÉDIAIRE 


923 


924 


gnale,  d'ajouter  à  l'initiale  indiquant  Hip 
polyte  et  non  Henri  un  petit  exposant  qui 
donnerait  cette  forme  à  laquelle  personne 
ne  se  tromperait  :  H'^  Je  n:  me  souviens 
plus  si  le  chroniqueur  très  spirituel  qui 
Horissait  âux  Débets  W  y  a  un  demi-siècle, 
mettait  au  titre  de  ses  livres  et  dans  sa 
signature  H.  ou  H'«  Rigaud  ;  il  se  nom- 
mait, en  effet,  Hippolyte. 

H.  C.  M. 


Camille  Selden  — de  son  vrai  nom  Elise 
Krinitz  —  est  décédée  le  7  août  1896, 
à  Orsay,  canton  de  Palaiseau  (Seine-et- 
Oise)  à  64  ans. 

La   succession  a  été  recueillie   par 
cousines,  habitant  l'Allemagne. 

Un  inventaire  a  été  dressé  les    14 
vembre     et    25      novembre     1896 
M"  Trempé,  notaire  à  Orsay. 

Camille  Selden  a  laissé  des  manuscrits 
(romans,  nouvelles,  études  critiques). 

L'inventaire  signale  aussi  de  nombreu- 
ses lettres  d'un  écrivain  céVebie^  nienibrc  de 
V  Académie  française,  décédé  il  y  a  ic  ou  12 
ans.  Ces  lettres  sont,  dit-on,  très  inté- 
ressantes. Camille  Selden  avait  vécu  dans 
l'intimité  de  H.  Heine  On  a  retrouvé 
quelques  lettres  de  cet  écrivain. 

Par  son  testament  du  24  août  1872, 
déposé  à  M°  Trempé,  notaire  à  Orsay,  le 
14  septembre  1896,  Camille  Selden  a 
légué  tous  ses  livres  à  la  bibliothèque  de 
Strasbourg. 

Tous  les  manuscrits  et  les  lettres  de 
H.  Heine  à  la  Bibliothèque  nationale 


des 

no- 
par 


Il  serait  intéressant  de  savoir  si  ce  legs 
a  reçu  son  exécution.  La  demoiselle 
Meyer,  légataire  universelle,  à  Berlin, 
a-t-elle  rempli  cette  charge  qui  lui  était 
imposée  par  le   testament  ^  G. 


Rue  de  la  Paroisse  (XLVI;  L,  702, 
861).  —  Erratum  :  Je  n'ai  pas  écrit  :«  Là 
est  la  très  facile  question  à  résoudre  », 
mais  «  Là  est  la  trcs  peu  facile  question 
à  résoudre  »,  ce  qui  n'est  pas  du  tout  la 
même  chose.  Henri  Masson. 


Dalles  da  îa  rua  Pvdazarine  (XLIX, 
895  ;  L,  82,  192.  —  Erratum.  —  Ligne 
20,  lisez  :  ...  ont  l'habitude  de  se  repérer... 
au  lieu  de...  se  répéter.  Eldepal. 


Salon  des  refusés  (L,  675,757,  820). 
—  Le  Catalogue  n"  89,  paru  récemment, 
de  la  librairie  Léon  Sapin,  3,  rue  Bona- 
parte à  Paris,  otïre  l'ouvrage  suivant  : 

763  Desnoyers  (Fernand)  Salon  des  refusés, 
Va  peinture  en  2863  Paris,  1S65,  in  8,  br. 
couv.  imp.  (99)  4  fr. 

Pi...  R. 

Les  statues  sur  la  voie  publique 
et  les  jardins  (L,  842).  —  foute  érec- 
tion de  statue  sur  une  voie  publique  doit 
être  autorisée  par  le  conseil  municipal  de 
la  ville,  propriétaire  du  sol.  Cette  auto- 
risation peut  sufifire  s'il  s'agit  d'un  per- 
sonnage historique,  mais  non  contempo- 
rain. Dans  ce  dernier  cas,  un  décret  est 
nécessaire. 

Même  distinction  pour  les  statues  allé- 
goriques ou  les  monuments  commémora- 
tifs. 

Si  la  statue  est  celle  d'un  contemporain 
ou  d'un  personnage  ayant  pris  part  à  des 
événements  assez  rapprochés  de  nous, 
l'autorisation  du  gouvernement  est  obli- 
gatoire en  vertu  de  l'ordonnance  royale 
du  10  juillet  1816,  qui  s'applique  aussi 
aux  dénominations  de  voies  publiques. 

SoiIVIRÔN. 

Un  tableau  de  Murillo  (L,  787). — 
D'après  mes  souvenirs,  le  tableau  de  Mu- 
rillo représentant  sainte  Justine  et  sainte 
Rufine  soutenant  dans  les  airs  la  Giralda 
ébranlée  par  un  cyclone,  se  trouve  non  à 
la  cathédrale  de  Séville,  mais  an  musée. 
Je  ne  crois  pas  que  la  cathédrale  renferme 
d'autresMurillos  quele  grand  saint  Antoine 
de  Padoue,  et  la  Vierge  de  la  salle  capi- 
tulaire. 

L'apparition  miraculeuse  de  sainte  Jus- 
tine et  de  sainte  Rufine  est  un  sujet  très 
populaire  à  Séville  où  on  le  rencontre 
sous  toutes  les  formes  dans  l'imagerie  re- 
ligieuse. 

Je  n'avais  pas  connaissance  du  tableau 
appartenant  au  duc  de  Sutherland  ;  pour 
celui  de  Séville,  je  ne  pourrais  donner 
qu'un  renseignement  de  mémoire,  ce  qui 
paraîtrait  à  bon  droit  insuffisant  à  notre 
collaborateur.  Je  dirai  seulement  que  les 
deux  saintes  sont  représentées  debout  en 
demi  nature,  tout  au  plus,  et  que — selon 
son  habitude — Murillo  a  pris  pour  modèles 
deux  belles  filles  du  faubourg  de  Triana,  à 
Séville.  L'œuvre  est  d'ailleurs  de  la  bonne 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


925 


qualité  du  maître,  sans  égaler  toutefois 
les  chefs-d'œuvre  qui  sont  ses  voisins  au 
musée  de  Séville,  le  saint  Thomas  de 
Villanueva,  le  saint  François  d'Assises  au 
pied  du  Christ  en  croix,  que  je  considère 
comme  le  plus  beau,  le  plus  saisissant,  le 
plus  expressif  de  tous  les  Murillos,  du 
moins  de  ceux  que  je  connais  ;  le  saint 
Antoine  de  Padoue  agenouillé  devant  l'en- 
fant Jésus,  et  la  Madone,  dite  de  la  Ser- 
viette. H.  C.  M. 

Les    femmes    célèbres  qui    ont 

posénues(L,  117,  318,436,  530,597, 
653).  —  Les  y  émis  couchées  du  Titien  ne 
représentent  pas  Laura  de  Dianti.  On  pré- 
tend que  Titien  faisait  poser  ainsi  sa  maî- 
tresse Violante  Palma,  fille  de  Palma 
Vecchio,  et  sa  propre  femme  Cecilia.  —  On 
a  dit  la  même  chose  d'un  célèbre  peintre 
français  de  notre  époque  :  sa  femme  au- 
rait posé  pour  um  Vérité  qui  est  un  de 
ses  tableaux  les  plus  connus. 

Je  tiens  à  rectifier  moi-même  une  hypo- 
thèse inexacte  que  j'avais  émise  sous  la 
même  rubrique,  col.  436.  Mlle  C. ..  n'est 
pas  la  Camargo,  mais  Mlle  Carton,  de 
l'Opéra  ;  j'en  ai  acquis  la  preuve.  Ceci 
posé,  il  est  bien  probable  que  l'auteur  du 
manuscrit  de  1731  s'est  trompé  en  attri- 
buant le  portrait  à  Rigaud.  Mlle  Cartou 
avait  en  elTet  son  portrait  «  toute  nue  en 
nayade  »  mais  peint  par  Raoux.  Qu'est 
devenu  ce  tableau  i 


T+* 


Les  membres  de  l'Académie  des 

Beaux-Arts  (L,  075,  767).  —  Notre 
confrère  R.  B.  a  mal  compris  ma  question 
ou  bien  je  me  serai  mal  exprimé.  Il  m'in- 
dique une  liste  parue  en  1869,  alors  que 
je  me  plains  que  celle  du  dictionnaire 
Z,t7;o/w5f  s'arrête  en  1889,  G. 

Les  documeurs phalliques  (L,  1 72, 
309,  423,  52S,  598,  657,  693,  759,  874). 
—  En  dehors  des  monuments  anciens,  si 
nombreux  et  généralement  connus,  peut- 
on  classer  parmi  les  monuments  phal- 
liques la  très  remarquable  colonne  de  style 
Louis  XVI,  récemment  signalée  par  le 
très  érudit  archéologue  parisien.  M.  Hoff- 
bauer.  Cette  colonne  se  trouve  rue  Cas- 
sini,  près  de  l'Observatoire  de  Paris,  dans 
une  misérable  cour,  entourée  de  construc- 
tions modernes  qui  empêchent  de  la  voir. 

Sa  forme  caractéristique  semble  à  pre- 


20  Décembre    1904. 

926 

mière  vue  autoriser  cette  classification, 
mais  jusqu'à  présent  on  ne  sait  absolu- 
ment rien  de  sa  provenance  ni  de  sa  signi- 
fication, PlETRO. 


Un  livre  et  une  héroïne  à  retrou- 
ver (L,66i,  700,819). —  Visitant  la  der- 
nière portion  de  la  collection  Soulavie,  qui 
va  être  dispersée  ces  jours-ci, j'ai  rencontré 
parmi  des  Estampes  relatives  aux  costu- 
mes du  xvii''  siècle  (sous  le  n°  274)  une 
gravure  intitulée  Capitaine  de  Carabiniers 
et  représentant  un  guerrier  à  longue  per- 
ruque revêtu  de  justaucorps  et  d'une 
jupe  de  femme.  Nul  doute  que  ce  ne  soit 
là  le  portrait  authentique  de  Geneviève 
Prémoy,  l'héroïne  dont  nous  parlait  ré- 
cemment M.  Pierre  Louys .  On  peut  en 
juger  par  ces  quelques  passages  que  j'ex- 
trais de  l'explication  figurant  au  bas  de 
cette  bizarre  estampe. 

Le  fait  que  l'héroïne  était  bien  réelle- 
ment décorée  de  Saint-Louis  est  nette- 
ment précisé ,  mais  je  ne  m'explique 
toujours  point  de  quelle  façon  M.  Pierre 
Louys  a  pu  être  amené  à  confondre  le 
Cordon  Bleu  et  la  Croix  de  Saint-Louis. 

...  «  Présentée  au  roi  en  Octobre  1697 
...  a  été  reconnue  pour  telle  (pour  femme) 
par  une  blessure  qu'elle  a  reçue  au  sein... 
elle  servait  le  roi  dans  ses  armées  depuis 
18  à  20  ans  ...  .  le  roi  lui  attribua  une 
pension  de  900  livres  et  la  Croix  de 
Chevalier  de  Saint-Louis...  elle  était 
connue  sous  le  nom  de  Chevalier  Baltha- 
sard...  elle  portait  une  jupe  par  ordre  du 
roi  avec  l'épée  et  le  justaucorps.  » 

Malgré  ce  que  dit  d'Argenson  de  l'habit 
«  hétérocUie  »  de  cette  dame  et  du  cor- 
don bleu  qu'elle  portait  en  sautoir,  la 
gravure  ne  nous  donne  point  l'idée  d'un 
personnage  de  carnaval,  tant  le  haut  de 
chausses  ressemblait  à  cette  époque  à  des 
jupes  ;  quant  au  cordon  en  sautoir,  il  ne 
figure  point  sur  l'estampe,  et  c'est  dom- 
mage, car  peut-être  que  l'aspect  de  ce 
ruban  nous  eût  permis  de  savoir  à  quoi 
nous  en  tenir  sur  la  question  de  ses  déco- 
rations. Il  est  impossible  que  cette  aven- 
turière fût  chevalier  du  Saint-Esprit,.,  elle 
ne  portait  donc  le  cordon  bleu  que  de 
sa  seule  autorité  et  n'eût  point  osé  s'en 
orner  dans  une  peinture  officielle.  Comme 
chevalier  de  Saint -Louis,  elle  n'avait 
droit  qu'au  cordon  rouge  ou  plutôt  seu- 


N"    loôl. 


L'INTERMEDIAIRE 


927 


928 


lement  à  la  croix  attachée  à  un  simple  ru- 
ban rouge.  M.  R. 

Latfres  inédites  oa  peu  connues 
de  Berlioz  (L,  665,  861).— Les  Mémoires 
de  Berlioz  ont  été  publiés  en  deux  volumes, 
mais  je  ne  puis  me  rappeler  ni  l'époque 
ni  le  nom  de  l'éditeur. 

César  Birotteau 

Approbation  dos  livres  au 
XVlli^  siècle  (L,  730,  872).  —  Il 
n'existait  pas,  à  proprement  parler,  de 
Comité  de  censure,  au  xvui«  siècle,  mais 
bien  un  corps  de  censeurs  nommés  par  le 
garde  des  sceaux.  Ce  corps  de  censeurs, 
très  nombreux,  était  composé  d'hommes 
de  lettres,  d'artistes,  de  médecins, 
d'hommes  de  loi  et  de  savants  de  toutes 
spécialités,  y  compris  la  théologie. 

La  chancellerie  adressait  à  l'un  des  cen- 
seurs l'ouvrage  soumis  à  son  approbation 
et  c'est  sous  le  rapport  de  cet  unique 
censeur  qu'était  accordé  ou  refusé  le  pri- 
vilège. 

Or,  le  corps  des  censeurs  royaux  com- 
prenait un  très  grand  nombre  d'ecclé- 
siastiques, et  l'abbé  Bossu  figure  à  ce 
titre  à  VAlinanach  royal  de  1788,  comme 
censeur  en  théologie.  La  présence  de  prê- 
tres dans  le  corps  des  censeurs  était  abso- 
lument  dans  les  usages  et  je  ne  relève  pas 
moins  de  quarante  censeurs  appartenant 
au  clergé,  à  l'almanach  de  1788. 

Maintenant, pourquoi  l'examen  àtï Ami 
des  jeunes  demoiselles  fut-il  confié  à  un 
grave  théologien  .•^  S.  du  P. 


* 


M.  Bossu,  curé  de  Saint-Paul,  était,  en 
1788,  un  des  censeurs  royaux  pour  les 
ouvrages  de  théologie. 

La  question  posée  par  monsieur  A.  Dieu- 
aide  mériterait  une  longue  réponse,  car 
elle  comporte  l'historique  de  l'organisa- 
tion de  la  censure  au  xviu"  siècle  ;  mais 
une  étude  complète  encombrerait  les  co- 
lonnes de  Vliiiermédiaire. 

Les  censeurs  royaux,  en  1781,  étaient 
au  nombre  de  143,  17  pour  les  ouvrages 
de  théologie  (tous  ecclésiastiques), 

20  pour  la  jurisprudence, 
2  pour  l'histoire  naturelle, 
I  pour  l'agriculture, 

21  pour  la  médecine, 
6  pour  la  chirurgie. 


5  pour  la  chimie, 

8  pour  les  mathématiques  et  la  physi- 
que, 

59  pour  les  belles-lettres  et  l'histoire, 

1  pour  la  géographie, 

2  pour  la  gravure, 

I  pour  l'architecture, 
I  pour  la  généalogie. 
La  liste  complète  des  censeurs  royaux 
avec  leurs  adresses,  se  trouve    dans  Y Al- 
manuchdiQXs.  librairie  Paris,  Moutard,  1781, 
I  vol.  in- 12. 

Voyons  maintenant,  très  sommaire- 
ment, sans  entrer  dans  les  détails,  com- 
ment s'exerçait  la  censure,  quel  était 
son  mécanisme. 

Le  libraire,  voulant  imprimer  ou  réim- 
primer un  ouvrage,  adressait  sa  demande 
au  bureau  de  la  librairie,  en  ayant  soin 
d'indiquer  s'il  demandait  un  piiviU'ge,iine 
permission  du  sceau  ou  une  permission 
simple. 

Le  privilège,  valable  au  moins  pour 
dix  ans,  comportant  le  droit  exclusif 
d'imprimer  et  de  vendre  l'ouvrage,  don- 
nait ouverture  à  la  perception  d'un  droit 
de  36  livres  douze  sols.    - 

La  permission  du  sceau  valable  seule- 
ment pour  cinq  ans,  n'entraînait  qu^un 
droit  de  7  livres  2  sols. 

La  permission  simple  ne  donnait  d'autre 
droit  que  celui  de  faire  une  édition  d'un 
ouvrage,  pour  lequel  il  n'y  avait  point  de 
privilège,  ou  dont  le  privilège  était  ex- 
piré. 

La  demande  reçue  au  bureau  de  la 
librairie  inscrite  suivant  sa  nature,  sur  les 
registres  des  privilèges,  de  la  permission 
du  sceau  ou  de  la  permission  simple, 
était  remise  à  l'impétrant,  avec  un  man 
dat  de  censure  indiquant  le  nom  du  cen- 
seur délégué  à  l'examen  de  l'ouvrage. 

C'est  à  ce  censeur,  que  le  libraire  por- 
tait le  manuscrit. 

J'ignore  si  un  délai  pour  l'e.xamen  de 
Uouvrage  était  imposé  au  censeur,  mais 
il  devait  en  parapher  toutes  les  pages  et 
les  renvoyer  avec  son  jugement  au  Direc- 
teur Général  de  la  Librairie,  en  ayant 
soin  de  rappeler  en  tête  de  son  rapport, 
le  numéro  du  mandat  de  censure. 

Le  jeudi  de  chaque  semaine,  les  rap- 
ports du  censeur  étaient  adressés  au 
Garde  des  sceaux,  avec  les  propositions 
tendant  à  l'octroi  ou  au  refus  des  privi- 
lèges ou    permissions.    Les  privilèges  ou 


DES  CtiERCHEURS  ET  CURIEUX 


929 


permissions  devaient  être  enregistrés 
dans  le  délai  de  trois  mois,  à  la  cliambre 
syndicale  de  la  Librairie. 

Les  ouvrages  avec  épitres  dédicatoires 
devaient  être  accompagnés  d'une  lettre  de 
la  personne  à  qui  ils  étaient  dédiés  con- 
tenant acceptation  de  la  dédicace. 

Après  l'impression  de  l'ouvrage,  le  li- 
braire était  tenu,  avant  la  mise  en  vente, 
d  en  adresser  un  exemplaire  au  censeur, 
et  d'en  remettre  huit  à  la  chambre  syndi- 
cale, trois  pour  le  Roi.  un  pour  M.  le 
Chancelier,  un  pour  le  Garde  des  sceaux 
et  trois  pour  les  archives  de    la  chambre. 

Les  pièces  de  théâtre, les  chansons,  les 
affiches  et  en  général  tous  les  ouvrages 
ne  comportant  pas  plus  de  deux  ou 
trois  feuilles  d'impression,  devaient  être 
adressées  au  lieutenant  de  police,  qui, 
après  examen  d'un  censeur  spécial, 
(censeur  roval  ci  de  police)  accordait  ou  re- 
fusait la  permission  sollicitée. 

Les  rapports  des  censeurs  ont  été  con- 
servés. Us  existent  à  Paris  dans  un  dépôt 
public.  Lequel  ?  Je  Tai  su,  mais  j'ai  eu  le 
tort  de  ne  pas  prendre  la  note  indispensa- 
ble aux  mémoires  défaillantes.  Pour  obte- 
îenir  de  nouveau  ce  renseignement,  je 
fais  appel  à  nos  collaborateurs.  Le  dé- 
pouillement de  ces  rapports  permettrait, 
en  efTet,  d'ajouter  un  chapitre  nouveau  à 
notre  histoire  littéraire, en  dressant  la  liste 
des  ouvrages  interdits  par  la  censure.  Ne 
serait-ce  pas  le  supplément  tout  indiqué 
de  la  Bihliooraphie  des  livra  perdus  ? 

Arm.  D. 

Les  i<  Délices  satyriques  »  et  le 
«  Parnasse  satyrique  »  (L,  833).  — 
Je  possède  un  exem.plaire  du  Parnasse  sa- 
tyriqiie,  suivi  de  la  Ouiniessence  sat}'ric[îie 
on  seconde  pariie^  du  Parnasse  des  doctes 
satyriques  de  nosire  temps.  M.DC.XXII, 
et  j'en  donnerai  très  volontiers  communi- 
cation chez  moi  à  M.  Ad.  B. 

Henri  iVloNOo. 

Alizoa, comédie  (L, 724,873).  — Co- 
lonne 874,  ligne  191,  au  lieu  de  boiir- 
rières  lire  beiiiricres. 

* 
*  * 

M.  Arm.  D.    peut  être  assuré    que  j'ai 

donné  le  titre  complet  de  l'édition   prin- 

ceps.  Je  n'ai  rien  à  corriger,  pas  même  le 

numéro  du    format.  Ayant    16  pages  à  la 


20  Décembre  1904, 

930    

feuille,  le  volume  est  in-S",  quoi  qu'en 
ait  dit  Beauchamps  qui  ne  l'avait  jamais 
vu. 

Beauchamps  a  fait  comme  bien  d'au- 
tres bibliographes  négligents  :  il  a  copié 
le  titre  d'une  édition  commune  et  il  lui  a 
donné  la  date  de  l'originale  rare,  qu'il 
n'avait  pu  se  procurer, 

Mon  exemplaire  est-il  unique?  fe  l'es- 
père, mais  je  n'en  sais  rien.  C'est  une 
question  que  je  pose  aux  lecteurs  de  V In- 
ieniiédiaire.  P.  L. 

Livre  des  poiaçons  (L,  673,821). 
—  Je  remercie  M.  E.  0.  de  ses  très  inté- 
ressantes indications  et  m'empresse  de  lui 
faire  connaître  que  l'ouvrage  anglais  «  01a 
French  Plate  />  est  l'œuvre  de  IVilfred- 
Joseph  Cripps  et  a  été  publié,  en  1S80,  à 
Londres,  chez  John  Murray,  Albemarle 
Street.  L.  C. 


Madame  Bovary  :  origine  du 
titre  de  ca  roman  d'après  Flimbert 

(L,  77s).  —  Le  journal  de  Rouen  fait  sui- 
vre la  lettre  de  Flaubert, empruntée  à  In- 
termédiaire.^ des  lignes  suivantes  : 

Le  nom  de  Madame  Bovary  serait  donc 
une  transformation  de  Bouvaret,  qui  était  le 
nom  de  l'hôtelier  chez  qui  Gustave  Flaubert 
et  Maxime  Ducamp  descendirent  au  Caire, 
pendant  leur  fameux  voyage  en  Egypte,  en 
1S49-1830. 

Gustave  Flaubert  crut  alors  en  changeant 
la  terminaison,  inventer  un  nouveau  nom . 
Cependant,  des  noms  pi'esque  semblables  ont 
existé  dans  la  vie  réelle,  même  à  Rouen.  Il  y 
eut  notamment,  dans  un  procès  célèbre  d'em- 
poisonnement par  l'arsenic,  l'affaire  Oursel 
de  Buchy,  jugée  ù  la  cour  d'assises  de  Rouen, 
en  1845,  une  jeune  fille  Esther  de  Bovery, 
qui  parut  comme  témoin.  Plus  tard,  un  chef 
d'orchestre  du  Théàtre-des-Arts,  de  1850  à 
1S55  environ,  et  qui  a  signé  de  nombreuses 
compositions  musicale-,  s'appelait  Jules  Bo- 
very. 11  y  a  même  un  théologien  italien  du 
xvi"  siècle  qui  s'appelle  Boverius. 

Quant  au  thème  du  roman  lui-même,  on 
sait  par  les  Souvenirs  littéraires  de  Maxime 
Ducamp,  par  les  Mémoires  d'un  Critique  de 
Jules  Levallois  et  par  diverses  études, publiées 
ici  même,  qu'il  fut  bien  fourni  par  la  réalité, 
mais  transformée  et  élargie  par  le  magistral 
talent  de  Gustave  Flaubert. 

Jonval-L'abba^re.  —  Yonville- 
L'Abbaye  (L,  838).  —  Ce  n'est  pas  à 
Jonval-L'Abbaye  que  Flaubert,  après  le 
départ  de  Tostes,  place   la  résidence  de 


N  io6i, 


L'INTERMEDIAIRE 


931 

madame  Bovary,  mais  à  Yonville-L'Ab- 
baye.  On  ne  trouve  d'ailleurs  ce  nom 
nulle  part,  car  il  est  de  fan;aisie,  mais  le 
village  existe. 

Des  camarades  de  cours,  normands 
d'origine,  perJus  de  vue  depuis  long- 
temps, me  l'ont  affirmé  et  mèrnj  nommé, 
lors  de  l'apc-arition  du  livre.  C'est  bien 
vieux  ;  j'ai  donc  oublié. 

Flaubert,  qui  écrivait  d'après  nature  et 
poussait,  comme  on  sait,  à  l'extrême,  le 
souci  de  l'exactitude,  n'aurait  jamais  tiré 
de  son  imagination,  pour  la  description 
de  l'endroit,  une  telle  minutie  et  une  pa- 
reille vérité  de  détails.  Il  avait  son  mo- 
dèle sous  les  yeux. 

Le  village  existe  donc,  mais  sous  un 
autre  nom,  et  je  ne  serais  nullement  sur- 
pris si,  en  même  temps  que  cette  note, 
V Intermédiaire  recevait  de  là-bas  le  ren- 
seignement demandé.  Soulget. 

* 
*  * 

C'est  à  Yonville-rAbba3'e  que  Flaubert 

fait  se  dérouler  l'action  de  Madame  Bo- 
vary. Pour  M.  Dubosc  (voir  \q  Journal  de 
Rouen)  Yonville-l'Abbaye  serait  le  gros 
village  de  Ry,  situé  sur  les  contins  du 
Vexin  et  du  pays  de  Bray. 

Index     litarorum    prohibitoruni 

(L,  84 1).  —  Pour  les  premières  éditions 
(1540  et  années  suivantes)  voir  Brunet, 
au  mot  Catalo^ns  et  au  mot  Index. 

L'Index  n'a  jamais  cessé  d'être  réim- 
primé. L'édition  que  je  crois  la  dernière 
est  celle-ci  : 

Index  lihrornni  prohibilornm.,  sanctissimi 
doiiiini  nosfri  Leonis  XI JI  Pont.  Max.  j'ussn- 
éditas.  —  Taurini.  Typ  Pontificia  et 
Archiepiscopalis  Eq.  Petrus  Marietti.  1890. 
—  in-8°.439  pages. 

Il  en  existe  une  édition  française  mo^ 
derne  que  Brunet  ne  cite  pas  :  Paris. 
1825,  chez  Beaucé-Rusand. 

Candide. 

La  femme  de  Bernardin  de  Saint- 
Pierre  :  .<  Félicité  Didot  a  été  le 
souffre-douleur  do  son  mari  »  (L, 
734,  843).  —  Les  catalogues  d'autogra- 
phes contiennent  de  nombreuses  lettres 
de  Bernardin  de  Saint-Pierre  adressées  à 
ses  deux  épouses.  Le  catalogue  de  la  col- 
lection Meaume,  notamment  Etienne  Cha- 
ravay,  expert,  15  février  1887),  contient 
la  description  d'un  recueil  de  45    lettres 


adressées  à  Félicité  Didot  par  Bernardin 
de  Saint-Pierre.  Ce  recueil  a  été  acheté 
par  la  famille  Didot.  R.  B. 

Ouvrages  sérieux  mis  en  vers 
(T.  G.  665  ;  XXXV  ;  XLI  ;  XLll  ;  XLIV  à 
XLIX  ;  L,  100,  i/|2,  212,  321,  430,  487, 
S31,  762,  875).  —  M.  de  Giafferi,  com- 
missaire de  la  marine  à  Saint-Nazaire.  a 
publié  en  1876-1877,  en  quelque  mille 
alexandrins  :  La  théorie  du  transformisme. 

J.  G.  Bord. 

Lou  Lavament(L,  1 1,144, 509,  87s). 

—  Pour  compléter  votre  note  (L,  144),  le 
Nouveau.  Glossaire  genevois  de  Jean  Hum- 
bert  indique  que  le  mot  potringue  signifie 
médecine,  breuvage  purgatif,  drogue.  Se 
dit  aussi  de  toute  mauvaise  boisson  ;  est 
un  terrain  suisse,  savoisien  et  méridional. 

François  Turettini. 

Biographies  épiscopales  moder- 
nes (XLIX,  506,  705,  928  ;  L,  145,  822, 
88 1).  —  Mgr  Jean-Joseph  Marchai,  arche- 
vêque de  Bourges,  Oraison  funèbre  pro- 
noncé le  3  août  1892,  dans  la  cathédrale 
de  Bourges,  par  S.  G.  Mgr  Perraud, 
évèque  d'Autun,  de  l'Académie  Française 

—  suivie  de  notes  sur  sa  vie  et  sa  mort 
extraites  de  la  Semaine  religieuse  de 
Bourges  des  11,  18  et  2^  juin  1892.  — 
Bourges,  imprimerie  Tardy  Pigelet,  1892, 
avec  un  portrait.  Pi...  R. 


♦  * 


Au  lieu  de  cardinal  Despry,  c'est  Des- 
prez  qu'il  faut  lire. 

Histoire  du  Cardinal  Donnct.^  arche- 
vêque de  Bordeaux,  sa  vie,  ses  œuvres,  son 
influence  et  son  rôle  sous  Louis- Philippe, 
V Empire  et  sous  les  deux  républiques.^  par 
François  Combes.  Paris,  Périsse  1888, 
in-8.' 

le  Cardinal  Lavigerie,  par  le  vicomte 
de  Colleville.  Paris,  1904,  in-8. 

Paul  Pinson. 

«  Etant  donné  »  (L,  61,  315).  — 

«  En  français  les  principaux  cas  à  exami- 
miner  sont  e.vcepfè,vu,entendu,  ouï, attendu, 
comprti,  passé _  supposé,  approuvé.  On  peut 
toujours  se  demander  si  l'invariabilité  gra- 
phique n'est  pas  une  conséquence  de  l'in- 
\ariabilité  plionéticjue. 

En  tout  cas,  il  est  certain  que,  grâce  à 
leur  position  devant  l'article,  les  participes 
sont  descendus  de  plus  en    plus  au  rang  de 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembro  1904. 


933 


934 


mots  apparentés  aux  prépositions,  et  c'est 
grâce  à  cela  qu'ils  ont  pu  se  passer  de 
flexion  ». 

(Meyer  Liicke,  Grammaire  des  langues 
romanes,  tome  III  de  la  traduction,  page 
176). 

Signaler  non  seulement  les  locutions 
comme  étant  donné ^  mais  surtout  les  for- 
mes sans  auxiliaire  comme: 

Reconnu  dans  la  foule  élégante  l'ambas- 
sadeur de  Turquie,  M.  et  Mme  Missak- 
Effendi  (suivent  une  vingtaine  de  noms)... 
remarque  parmi  les  plus  élégantes  toilettes 
sa  mariée  en  robe  de  satin  blanc,  mar- 
quise de  Barbentane  en  velours  pensée, 
comtesse  de  Bertier  en  velours  saphir, mar- 
quise de  Bridieu  en  robe  de  satin  gris,  etc., 
luivent  une  dizaine  de  noms. 

(^Figaro  du  21  février  1895,  p.  2,  col. 
2  et  3).  Lpt.  du  Sillon. 

Raid,  randonnée  (L,  673,  766, 
822 j.  —  Raid  est  un  mot  Scandinave 
importé  en  Angleterre.  Il  vient  de  l'islan- 
dais reidh  qui  signifie  à  la  fois  \<  route  2/ 
et  «  chevauchée  ».  (W.  Skeat.  Etynulo- 
gical  Dictionary  of  the  English  Lan- 
g  liage). 

En  anglais,  il  a  le  sens  très  net  de 
ra:({ia.  (Un  raider  est  un  brigand).  Mais 
on  l'emploie  au  figuré  dans  le  sens  de 
«  rafle  »  en  argot  de  jeu  ou  de  finances. 
Touiidthc  nidiket.cQsi  lancer  une  fausse 
nouvelle  en  pleine  Bourse  et  rafler  le 
marché 

Bien  entendu,  le  mot  est  congénère  de 
ride^  road,  ready,  reiten^  etc.  Faut  il  ajou- 
ter randonnée  .?  Scheler  l'a  proposé  depuis 
longtemps,    mais   son  opinion  ne  semble 

pas  avoir  prévalu.  *** 

* 
*  * 

Raid  est  plutôt  écossais  avec  le  sens 
d'incursion  équestre.  De  là  incursion  hos- 
tile et  pillarde, invasion,  irruption  Anglo- 
saxon  rad^  ridan,  to  ride  ;  hollandais  rid  ; 
allemand,  ritt  ;  danois,  rid  ;  irlandais 
raid;  suédois //-./f.      EdiME  de  Laurme. 

L'origine  des  mots  '-<  chic  »  et 
«  mic-mao  »  (T.  G.,  204,  ^88  ;  L,  313, 
434,  482,  536,  5C)4,  6^7,  762,823).  -  A 
propos  du  mot  »<  chic», relevons  ce  passage 
du  discours  prononcé  par  M.  Henri  Bou- 
chot, membre  de  l'Instilut.  conservateur 
à  la  Bibliothèque  nationale,  à  l'inaugura- 
tion du  monument  Gavarni,  le  3  décem- 


bre. 11  parle  de  la  rencontre  du  dessina- 
teur avec  l'illustre  Chicard  : 

Ce  Chicard,  héros  des  fêtes  et  bout-en- 
train du  galop  final,  suggérait  inconsciem- 
ment à  Gavarni  ses  meilleures  histoires  de 
bal  populaire.  Marchand  de  cuirs,  de  son 
état, et  tellement  qu'il  émaillait  de  ses  cuirs 
ses  moindres  phrases,  Chicard  cependant 
travaillait  lui  aussi  au  dictionnaire  de  l'A- 
cadémie. Toute  une  famille  de  mots  célè- 
bres ont  été  créés  par  lui  ou,  d'après  lui, 
sont  passés -aux  ateliers  de  rapins  et,  par 
ces  rapins  arrivés,  ont  forcé  les  portes.  Le 
chic,  travailler  de  chic,  chiquer,  chicocan- 
dard,  sont  restés  avec  de  variables  fortu- 
nes ;  nous  les  employons  volontiers,  car 
Gavarni  leur  a  donné  une  consécration 
forcée. 

Gros  Malo. 


*  * 


Hatzfeld  : 

Micmac,  origine  inconnue.  Le  hollandais 
mik  mak  est  emprunté  du  français. 

Est-il  démontré  que  les  formes  allemande, 
danoise, suédoise  et  anglaise  ne  dérivent  pas 
de  la  même  source  ?  xvu'  siècle,  Mique- 
macque  dans  Bibliophile  Jacob,  Paris  bur- 
lesque, p.  186. 

De  même  que  les  chimistes  et  autres 
hommes  de  science  ont, de  nos  jours,  jeté 
dans  la  circulation  le  mot  grec  magma  qui 
commence  à  faire  fortune  jusque  dans  les 
journaux  de  banlieue,  de  même,  à  mes 
yeux, ce  sont  les  alchimistes  et  chercheurs 
de  pierre  philosophale  qui,  au  xv«  et 
peut  être  au  xvi*  siècle  (c'est-à-dire  à  une 
époque  où  le  grec  était  tellement  en  hon- 
neur que  nos  savants  déguisaient  leurs 
noms  français  sous  des  noms  grecs)  ont 
introduit  migma  en  français. 

Lpt   du  Sillon. 

C'est  tout  réfléchi  (L,  116).  —Cette 
expression  empruntée  au  langage  fami- 
lier, n'est  pas  encore  admise,  que  je  sache, 
dans  le  style  soutenu  et  doit,  par  consé- 
quent, être  considérée  comme  incorrecte. 

C'est  une  ellipse  dont  le  sens  n'est  pas 
douteux  :  Après  avoir  à  tout  réfléchi. 

On  peut  estimer  que  cette  expression 
recevra  droit  de  cité  plus  tard  et  sera  alors 
considérée  comme  expression  adverbiale. 
(Cf.  Tout  bien  considéré.^ 

On  peut  en  dire  autant  de  :  \<  Au  re- 
voir »,  ellipse  pour  :  au  plaisir  de  vous 
revoir  ;  à  vous  revoir.  (Cf.  la  formule  des 
Italiens  :  «  A  revoir  toi.  ») 

L'admission  de  cette  seconde  exprès- 


N.  1061. 


L'INTERMÉDIAIRE 


935 


936 


sion  dans  le  langage  correct  paraît  devoir 
être  plus  prochaine.  L.  Depal. 

Herboristes  (L,  675,  772,  884).  — 
Sans  vouloir,  pour  une  question  aussi  spé- 
ciale, abuser  de  la  patience  des  lecteurs 
et  des  colonnes  de  \' Intermédiaire  où  des 
communications  d'un  intérêt  plus  grand 
et  d'une  curiosité  plus  générale  attendent 
leur  tour,  je  ne  puis  pourtant  pas,  sans 
une  réplique,  que  je  fais  aussi  brève  que 
possible  et  avec  preuves  à  l'appui,  laisser 
passer  le  plaidoyer /)ro  domo  du  président 
du  syndicat  des  herboristes,  et  s'établir 
de  regrettables  confusions. 

J'avais  dit,  en  substance,  qu'en  dehors 
des  notions  élémentaires  de  l'école  com- 
munale et  de  la  connaissance  non  moins 
élémentaire  des  plantes  indigènes,  il  n'y 
avait  entre  l'herboriste  de  i""»  et  l'herbo- 
riste de  2*  classe  d'autre  différence  que  la 
somme  à  verser.  Eh  bien,  j'étais  encore 
au-dessous  de  la  vérité. 

Je  copie  le  programme  officiel  édité  par 
Delalain  : 

Aucune  condition  d'études  n'est  exigée 
pour  l'admission  à  cet  examen  —  celui 
de  2'  classe  —  auquel  on  ne  peut  se  pré- 
senter avant  l'âge  de  21  ans.  11  porte  sur 
la  connaissance  des  plantes  médicinales, 
les  précautions  nécessaires  pour  leur  ré- 
colte, leur  dessication  et  leur  préparation. 

Le  prix  de  l'examen,  du  certificat  et  du 
visa  est  de  100  francs  à  Paris  et  de  80  fr. 
dans  les  départements. 

j'allais  oublier  :  à  l'herboriste  de  i^' 
classe  on  demande  en  plus  quelques  no- 
tions élémentaires  concernant  le  caractère 
de  ces  plantes. 

Et  c'est  à  ce  prix  et  avec  ce  bagage  que 
mon  contradicteur  laisse  échapper  ce  cri 
du  cœur  :  l'herboriste  n'est-il  pas  le  phar- 
macien du  pauvre  ?  Et  par  surcroît,  son 
médecin  aussi ,  n'est-ce  pas  ?  Comme 
preuve,  je  cite  :  Et  la  classe  laborieuse 
ne  soulage-t-elle  pas  ses  maux  aussi  effi- 
cacement par  les  quelques  sous  de  plantes 
achetées  chez  l'herboriste  que  par  les 
nombreux  et  coûteux  médicaments  qu'elle 
pourrait  se  procurer  chez  le  pharmacien  ? 

Bref,  le  traitement  des  simples  par  les 
simples^  sous  la  direction  qualifiée  et  avec 
les  fournitures  humanitaires  du  savant  ci- 
dessus. 

Monsieur  Lyet  ajoute  :  Vexamen  d'her- 
boriste est  bien  moins  complique  que  celui 


—  au  singulier  —  des  pharmaciens^  je  n'en 
disconviens  pas.  Voilà  qui  est  net  et  il  ne 
s'agit  que  de  s'entendre.  Voyons  donc, 
programme  en  main,  ce  qu'est  cet  examen. 
Et  d'abord,  avant  de  commencer,  le 
baccalauréat. 

Ensuite,  je  copie  : 
13  inscriptions  à  30  fr.  360  tr. 

Droit  de  bibliothèque  (10  fr. 

par  an)  30  fr. 

12  droits   de    travaux    pra- 
tiques à  2ç  fr.  300  fr. 

1  examen  de   validation  de 

stage  25  fr. 

Î'i  de  fin  d'année  j 
ISemeslriel     [  ^  «^  fr.         i  50  fr. 

2  premiers  examens  de  fin 

d'études  à  80  fr.  160  fr. 

11;»  épreuve  50  fr. 

1  troisième  examenj  2"  épreuve  (y  com- 
de  fin  d'étudej  pris    100    Ir.    pour 

/  frais  malériels).  1 -q  fr. 

3  Certificats    d'aptitude   à 

40  fr.  120  fr. 

1  Diplôme  100  fr. 

1445  fr 
plus  un  stage  de  3  ans,  plus,  pour  assu- 
rer le  service  des  hôpitaux,  le  concours 
de  l'externat  et,  pour  les  mieux  doués,  le 
concours  de  l'internat.  Enfin,  pour  le  di- 
plôme supérieur,  une  soutenance  de  thèse, 
si  le  pharmacien  a  la  licence  ès-sciences 
comportant  trois  certificats  d'études  su- 
périeures de  l'ordre  des  sciences  phy- 
siques ou  des  sciences  naturelles. 

En  tout,  six  ou  sept  années  d'études 
professionnelles  —  à  ne  supposer  aucun 
échec  —  et  vingt-cinq  ans  d'âge. 

Dans  de  telles  conditions,  il  me  paraît 
inutile  d'insister  pour  montrer  qu'il  n'y  a 
aucun  rapport  proche  ou  lointain  entre  le 
pharmacien  et  l'herboriste. 

Quant  au  mot  échoppes,  qui  choque  à 
bon  droit  monsieur  Lyet,  j'avais  d'excel- 
lentes raisons  pour  ne  pas  l'employer. 
C'est  qu^en  effet,  à  côté  de  boutiques  sou- 
vent modestes,  mais  toujours  conve- 
nables et  généralement  tenues  par  des 
femmes,  il  est  fréquent  d'en  voir  d'un  tout 
autre  cachet,  celles-ci  gérées  par  des 
hommes  et  aménagées  en  trompe-l'œil 
pour  leur  donner  l'apparence,  tant  que 
cela  pourra  durer,  d'une  pharmacie  ordi- 
naire, et  la  facilité,  du  jour  au  lendemain, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembre  1904, 


937 


938 


en  cas  de  poursuites  pour  exercice  illégal 
de  la  profession, de  les  transformer  en 
officines  sous  le  couvert  d'un  pharmacien 
besogneux  devenu  prête-nom. 

Pour  éviter  tout  soupçon  de  parti-pris 
et  comme  conclusion  à  un  débat  auquel 
j'aurais  voulu,  pour  lui  donner  plus  d'in- 
térêt, voir  prendre  part,  avec  leur  auto- 
rité habituelle,  les  Docteurs  qui  envoient 
à  VlrJermédiaire  des  notes  si  documentées, 
j'emprunte  au  dictionnaire  de  Larousse 
les  lignes  qui  suivent  : 

Un  vice  bien  connu  dans  la  profession  dont 
nous  parlons  —  Herboriste  —  est  l'ignorance 
de  ceux  qui  l'exercent... 

Un  inconvénient  qui  peut  avoir  des  con- 
séquences plus  désastreuses  —  ici  un  exem- 
ple—  c'est  que  la  plupart  des  herboristes  ne 
se  contentent  pas  de  vendre  des  plantes  fraî- 
ches ou  sèches,  ils  débitent  encore,  par  tolé- 
rance ou  en  cachette,  des  substances  dange- 
reuses qui  ne  doivent  être  livrées  que  parles 
pharmaciens  et  avec  de  grandes  précautions. 
De  plus,  il  n'est  pas  rare  d'en  voir  quelques- 
uns  s'ériger  en  médecins  et  exploiter  la  con- 
fiance du  bas  peuple  par  des  consultations 
soi-disant  gratuites,  mais  largement  rétribuées 
par  la  quantité  d'herbes  ou  de  médicaments 
qu  ils  font  prendre  aux  malades. 

SOULGET. 


Les  ruines  des  Tuileries  (XLVI  à 
XLIX).  — Je  crois  intéressant  de  signaler 
les  souvenirs  archéologiques  collection- 
nés par  M.  Laroze,  dans  sa  Villa  «  les 
Gandines  »  aux  Essarts-le-Roi  (Seine-et- 
Oise). 

1°  Un  fragment  d'une  corniche  d'an- 
gle des  Tuileries. 

11°  Deux  colonnes  des  Tuileries  sculp- 
tées par  Delorme. 

Ill"  Un  arc  représentant  le  Soleil,  qui 
se  trouvait  au-dessus  de  l'escalier  de 
l'empereur  conduisant  aux  jardins. 

IV°  Dix-huit  mètres  de  grille  des  Tuile- 
ries. 

A  cette  nomenclature,  il  est  intéres- 
sant de  signaler  que  le  même  collection- 
neur possède  encore  : 

1"  Les  bornes  et  les  chaînes  en  fer  de 
Trianon. 

11°  Deux  colonnes  lisses  avecxhapiteau 
et  bases  de  l'ancien  palais  de  justice  de 
Versailles. 

III"  Une  porte  complète  de  Versailles, 
en  fer,  datant  de  Louis  XIV  avec  les  bor- 
nes en  forme  de  canons.       F.  Marcon. 


Le    boulet   qui    a    tué    Turenne 

(L,  665,  848).  —  Je  ne  crois  pas  que  ce 
boulet  ait  jamais  figuré  au  musée  d'artil- 
lerie, et  je  ne  le  trouve  pas  au  catalogue 
publié  en  1862  ;  mais  je  me  souviens 
l'avoir  vu,  il  y  a  bien  longtemps  (plus  de 
40  ans,  peut-être),  avec  les  flambeaux 
et  la  statuette,  sur  une  cheminée  de  la  bi- 
bliothèque des  Invalides.     J.  C.  Wigg. 

Le  cas  de  M.  Guéria  (L,  734,  879). 
—  C'est  bien  en  effet  du  jeune  Bissieu  qu'il 
s'agit,  le  dossier  est  bien  de  1804,  et  c'est 
bien  Eure  qu'il  faut    lire. 

C'est  par  suite  d'une  interposition  de 
fiches  que  l'erreur  s'est  produite. 

Le  dossier  de  ce  monstre  double  se 
trouve  intact  aux  Archives  nationales  F^ 
Cimetières  —  Inhumations  —  Eure. 

J.   G.  Bord, 

♦  » 

Ces  cas  de  malformations  congénitales 
ne  sont  pas  aussi  rares  qu'on  pourrait 
le  croire. 

Nous  avons  connu  une  dame  qui  vit 
encore  et  pas  très  âgée,  qui  a  eu  un  mal- 
heureux petit  garçon  affligé  d'une  mons- 
truosité à  peu  près  semblable. 

Depuis  la  base  du  col,  jusqu'au  pubis, 
il  avait  un  autre  enfant,  sans  tête,  mais 
possédant  bras  et  jambes, collé  sur  lui  par 
le  ventre. 

Cet  enfant,  ou  ces  enfants^  ont  vécu  6 
à  7  ans.  L'autopsie  qui  eût  été  curieuse, 
n'a  pas  été  faite.  P,  V. 


L'algèbre  du  jeu  (L,  615,  883).  — 
La  branche  d'analyse  mathématique, 
connue  sous  le  nom  de  calcul  des  probabi- 
lités, s'occupe  de  la  recherche  des  lois  qui 
gouvernent  ce  que  l'ignorance  humaine  a 
été  contrainte  d'appeler  le  hasard.  Elle 
étudie  donc  tous  les  problèmes  relatifs 
aux  assurances,  aux  questions  de  démo- 
graphie, de  mortalité  pour  lesquelles  la 
statistique  lui  fournit  les  données  néces- 
saires à  la  recherche  de  ses  inconnues, 
celle  relatifs  aux  chances  d'erreurs  dans 
les  sciences  d'observation,  enfin...  aux 
jeux  dits  de  hasard.  Les  esprits  les  plus 
éminents  depuis  le  xvii'  siècle  se  sont 
passionnés  pour  ces  études  attachantes 
auxquelles  les  noms  de  Fermât,  de  Pas- 


N*  loéi 


L'INTERMEDIAIRE 


939 


940 


cal,  d'Euler,    de  Bernouilli,    de   Laplace   j 
resteront  immortellement  liés. 

Disons  d'abord  que  le  hasard  n'existe 
pas  :;ce  n'est  qu'un  mot  ne  représentant 
rienautre  chose  que  l'insuffisance  de  l'es- 
prit humain  à  saisir  les  relations  qui  lient 
les  causes  à  leurs  effets  ou  son   ignorance 
de  ces  causes  elles-mêmes.   Quand,  à  la 
roulette, la  bille  lancée  par  le  croupier  se 
promène  dans  le  cylindre  semblant  incer- 
taine du   numéro   où  elle  va  se  fixer,  il 
vous  est  sans  doute  arrivé  de  dire  que 
nul  ne  peut  le  prévoir,  que  tous   les  nu- 
méros se  valent  et  que  seul  en  souverain 
maître  règne  le  hasard  ;  mais  ce  mot  ne 
sert  qu'à  voiler  votre  ignorance  :  si  vous 
aviez  su  avec  quelle  force  et  sous  quel  an- 
gle la  bille    était  lancée,    de  quel  mou- 
vement  était    animé  le    cylindre,     vous 
auriez  pu  à  l'avance  assigner  le  numéro 
précis  où  elle  devait  terminer   sa  course  : 
s^  Une  intelligence,  a  dit  Laplace,  qui 
«  connaîtrait  toutes  les  forces  dont  la  na- 
«  ture  est  animée  et  la  situation   respec- 
«  tive  des    êtres    qui    la  composent,    si 
«  d'ailleurs  elle  était  assez  vaste  pour  sou- 
«  mettre  ces  données  à  l'analyse,  embras- 
«  serait  dans  la  même  formule  les  mouve- 
«  ments  des  plus    grands  corps    comme 
«  ceux  du  plus  léger  atome,  rien  ne  serait 
«  iricertain  pour  lui,  et  l'avenir  comme  le 
«  passé  seraient  présents  à    ses  jeux.  » 

Cette  réserve  faite  sur  la  portée  qu'il 
faudra  attacher  à  ce  terme  de  «  hasard  », 
remarquons  que  les  jeux  où  le  susdit 
hasard  joue  un  rôle  sont  de  deux  sortes  : 
1*  dans  les  uns  il  n'entre  pas  seul  en 
scène  ;  l'adresse  ou  la  façon  de  jouer 
comptent  aussi  pour  quelque  chose  et 
peuvent  corriger  ses  effets  (par  exemple 
le  piquet, l'écarté...) 

2'  Dans  les  autres  (par  exemple  le  bac- 
carat, la  roulette...)  il  semble  rester  seul 
l'arbitre  du  succès. 

Dans  les  uns  comme  dans  les  autres, 
les  mathématiques  trouvent  leur  applica- 
tion, mais  cela  ne  veut  point  dire  qu'elles 
enseignent  des  moyens  infaillibles  de 
gagner. 

Prenons  pour  exemple  parmi  lej.  jeux 
de  la  première  catégorie  celui  de  Vécarté  : 
il  existe  169911  façons  de  combiner  32 
cartes  5  à  5,  autrement  dit  il  existe  16991 1 
jeux  différents  en  présence  desquels  peut 
se  trouver  un  joueur  à  l'écarté.  Pour  un 
grand    nombre,  il  est  vrai,  la   façon  de 


jouer  s'impose  même  à  un  joueur  novice- 
mais  pour  beaucoup  d'autres  un  joueur 
même  expérimenté  ne  voit  pas  a  priori  la 
meilleure  solution    et    s'en  remet    à  son 
intuition    qui  eit  une  forme  de  son  juge- 
ment.   Pour  un    mathématicien  il  n'y  au- 
rait pas    d'intuition  à  mettre  enjeu  :  pour 
chacun  de  ces  16991 1  cas,  il  y  a  une  ma- 
nière de  jouer  et  une  seule  qui  est  supé- 
rieure si  peu  que  ce  soit  à   telle  autre.  — 
On  voit  donc  dans   les  jeux  de  cette  caté- 
gorie à  quoi  peut  servir  l'algèbre  :  simple- 
ment à  jouer  constamment  de  la  façon  la 
plus  rationnelle  au  lieu  de  s'en  remettre  à 
une    intuition  plus  ou  moins   trompeuse. 
On  voit  aussi   par  là  que  le  jugement 
d'un   individu  est  d'autant  meilleur   que 
son    intuition   lui   permet  d'entrevoir  des 
solutions    se   rapprochant  davantage   des 
solutions  mathématiquement  trouvées  et 
l'on   pourrait,  ce  me  semble,   deviner    là 
les  bases  logiques  d'un  procédé  promet- 
tant de  doser  facilement  le  jugement  d'un 
sujet  ;  je  laisse  ce  soin  aux  examinateurs 
des  baccalauréats  futurs. 

Pour  les  jeux  de  la  2^  catégorie  qui  sont 
les  jeux  de  hasard   proprement  dits  ;^bac- 
carrat,    roulette...)     l'algèbre     enseigne 
d'abord  quel  est  l'avantage  de  la  banque, 
par  conséquent  apprend  au  joueur  dans 
quelle  situation  défavorable  il  va   se  trou- 
ver en  face  du  banquier  ;   c'est  bien  déjà 
quelque  chose.   Mais    s'arrête-t-elle  là  .'' 
A  voir  de  mirifiques  annonces  qui  promet- 
tent de  dévoiler  des  procédés  mathémati- 
quement infaillibles  de  gain  à  la  roulette, 
on  pourrait  espérer    mieux  de   sa  part  ; 
elle  va  en  effet  plus  loin  :  elle   permet  de 
doser  la  valeur  de  chacune  de  ces  métho- 
des,  de   proclamer  la  supériorité  de  tel 
procédé    sur   tel     autre,    de    déterminer 
exactement  pour  chacun  d'eux  quel  sera 
le    nombre  de  coups   qui  sera   nécessaire 
pour  amener  la  ruine  du  joueur  qui  l'aura 
employé  ;  car  tous  fatalement,  mathémati- 
quement,  y  conduisent   par  des  chemins 
plus  ou    moins  détournés  ;  j'entends  dire 
par  là  que  tout  joueur   qui  va   s'asseoir  à 
une  table  de  roulette, muni  d'une  méthode 
dite  infaillible,  pourra   peut-être    réaliser 
des    bénéfices    pendant    quelques  jours, 
pendant  des  mois  et  plus,  mais,  quelque 
soit  le  procédé  employé^û  arrivera  fatalement 
à  perdre  à  un  moment  donné  dans  la  série 
indéfinie  des  coups  qui  se  présenteront, 
alors    qu'inversement    la     banque    peut 


UES  CHERCHEUKi  ET  CURIEUX 


20  Décembre   1Ç04. 


94  I 


942 


essuyer  parfois  des  échecs  passagers,  mais 
doit  fatalement  réaliser  des  bénéfices  si  le 
jeu  continue  indéfiniment  :  c'est  sur  cette 
considération  que  sont  établis  le  budget 
d'une  minuscule  principauté  que  tout  le 
monde  connaît,  la  liste  civile  d'une  Altesse 
Sérériissime  et  les  dividendes  de  nom- 
breux actionnaires  :  les  heureux  contri- 
buables n'y  connaissent  pas  l'impôt  et 
cependant  les  coffres  de  l'Etat  s'y  remplis- 
sent avec  une  régularité  que  doivent  en- 
vier les  grands  Etats  européens. 

C'est  une  conséquence  du  principe 
suivant  dont  la  démonstration  sort  du 
cadre  de  V Intermédiaire  :  <»  Lorsque  deux 
joueurs  jouent  l'un  contre  l'autre  dans  un 
«  jeu  équitable  (c'est  à-dire  dans  lequel  l'un 
«  des  adversaires  n'a  aucun  avantage  sur 
«  l'autre,  ce  qui  n'est  le  cas  ni  du  baccarat 
«  ni  des  autres  jeux  de  cercles  ou  de;  casi- 
«  nos  où  le  banquier  a  toujours  un  avan- 
ts tage  plus  ou  moins  considérable,  ce  qui 
«  ne  peut  que  rendre  pour  ces  divers  jeux 
«  nos  conclusions  encore  plus  fortes)  le 
«  plus  riche  des  deux  a  d'autant  plus  de 
«  chances  de  ruiner  son  adversaire  que  la 
«  différence  entre  leurs  fortunes  respec- 
«  tives  est  plus  forte.  » 

Or,  le  joueur  professionnel,  celui  qui 
passe  son  temps  devant  une  table  de  jeu, 
joue  en  somme  contre  le  public  et  quelle 
que  soit  sa  fortune  elle  est  toujours  infime 
par  rapport  à  celle  de  Monsieur  Tout  le 
Monde.  11  court  donc  fatalement  à  la  ruine 
par  des  chemins  plus  ou  moins  longs, 
suivant  les  procédés  employés.  Les  librai- 
ries de  Nice  et  de  Cannes  sont  encom- 
brées d'enveloppes  qui  se  vendent  10,  20 
ou  50  francs  et  qui  ont  la  prétention  de 
renfermer  des  méthodes  infaillibles  pour 
conduire  l'acheteur  à  la  fortune  :  aucune 
ne  résiste  à  l'examen  sérieux  d'un  homme 
un  peu  versé  dans  ces  questions.  11  y  a 
quelques  jours,  un  de  mes  amis  avait 
acheté  pour  30  francs  une  de  ces  métho- 
des qui  devait, avec  une  mise  de  fonds  de 
loooo  fr.;  permettre  de  gagner  10  louis 
chaque  jour  :  l'auteur  l'assurait  infaillible. 
à  son  dire  il  l'avait  suivie  ipar  la  pensée) 
pendant  six  mois  consécutifs  sans  avoir 
jamais  essuyé  un  seul  jour  de  perte.  — 
Mon  ami  me  demanda  mon  avis  —  Le 
résultat  de  la  consultation  fut  le  sui- 
vant : 

1*  Ce  procédé  permet  en  effet  de  réa- 
liser le  bénéfice  indiqué  tant  que   la  pre- 


mière douzaine  ne  sortira  pas  onze  fois 
de  suite  ;  mais  à  ce  moment  tout  croulera; 
or  ce  phénomène  que  le  prospectus  re- 
garde comme  impossible  sous  prétexte 
que  l'observateur  ne  l'a  pas  vu  se  produire 
durant  six  mois  consécutifs,  doit  se  pro- 
duire en  moyenne  exactement  une  fois 
sur  177.237  coups,  soit  environ  une  fois 
en  onze  mois  et  22  jours  (il  se  joue  envi- 
ron 500  coups  par  jour  à  une  table  de 
roulette  à  Monte  Carlo).  Donc  normale- 
ment le  joueur  qui  suivrait  ce  procédé 
doit  se  ruiner  en  moins  d'un  an  :  mainte- 
nant, il  n'y  a  par  conséquent  rien  d'éton- 
nant à  ce  que  le  joueur  de  passage  qui 
viendra  passer  un  mois  à  Monaco  et 
suivra  ce  procédé  gagne  chaque  jop.r  ses 
dix  louis,  (il  y  2  près  de  onze  chances 
sur  douze  même  pour  qu'il  en  soit  ainsi 
si  le  jeu  ne  doit  durer  qu'un  mois, comme 
aussi  la  déveine  peut  faire  qu'il  se  ruine 
dès  le  premier  jour)  ;  mais  il  sera  sage 
pour  lui  d'en  rester  sur  ce  succès  pas- 
sager. 

2"  de  plus,  ce  à  quoi  le  donneur  de 
méthode  n'avait  pas  rétléchi.  sans  doute 
parce  qu'il  n'avait  pas  joué  «  pour  de  vrai  » 
il  y  a  dix-neuf  chances  contre  trois  pour 
que  le  joueur  ne  puisse  même  pas  suivre 
le  procédé  aussi  longtemps,  contraint 
qu'il  serait  d'exposer  à  un  moment  donné 
pour  suivre  la  progression  indiquée  par 
la  méthode,  des  sommes  supérieures  au 
maximum  imposé  par  les  conditions  de 
la  maison  de  jeu  (on  sait  qu'à  Monte  Carlo 
la  banque  ne  pave  pas  à  la  roulette  de 
sommes  supérieures  à  6000  francs). 

Tous  les  procédés  passés  au  crible  de 
l'analyse  donnent  des  résultats  analogues. 
Maintenant,  si  l'on  ne  peut  que  blâmer 
et  plaindre  le  joueur  professionel  qui  court 
à  une  ruine  certaine,  on  peut,  à  la  rigueur, 
excuser  celui  qui  n'exposant  que  le  su- 
perflu de  sa  fortune  et  se  fixant  d'avance 
un  minimum  de  perte  à  supporter  ou  de 
gain  à  emporter, va  en  passant  tenter  la 
fortune  :  c'est  intéressant  comme  toute 
recherche  d'émotion,  com-e  tout  sport 
dangereux  et  pas  beaucoup  plus  absurde 
que  la  plupart  de  ces  derniers. 

Les  mathématiques  pourront  lui  être 
utiles  pour  lui  faire  connaître  exactement 
quel  danger  il  court  et  lui  permettre  de 
doser  la  valeur  des  conseils  qu'on  ne  man- 
quera pas  de  lui  donner....  ou  de  lui 
vendre.  G.  de  Massas. 


Noio6i. 


L'INTERMEDIAIRE 


943 


944 


g;oUs,    S^rouuatU^s  et  (ïfuricrBttés 


Gambetta  jugé  par  Barthélémy 

Sâint-Hilaire.  —  Comme  tous  les  ans, 
les  amis  de  Gambetta,  vont  se  rendre, 
dans  quelques  jours,  aux  Jardies,  en  pèle- 
rmage.  Ils  visiteront  la  petite  maison  où 
le  célèbre  tribun  est  mort.  Mort  aujour- 
d'hui bien  expliquée,  mais  qui,  alors, 
donna  lieu  aux  versions  les  plus  folles, 
car  un  homme  célèbre  ne  peut  quitter  la 
vie,  dans  des  circonstances  brutales,  sans 
que  le  drame  s'exagère  encore  de  tous 
les  fantômes  dont  notre  imagination  ro- 
manesque est  pleine. 

Nous  avons  retrouvé  une  lettre  fort 
curieuse  :  c'est  le  jugement  porté  par  Bar- 
thélémy Saint-Hilaire  sur  Tœuvre  publi- 
que de  cet  homme  d'Etat.  Ce  jugement 
est  intéressant  en  raison  de  sa  franchise 
et  de  sa  spontanéité.  11  est  plus  vivant 
que  ne  le  serait  une  page  écrite  pour  le 
public, et  prudemment,  dans  ses  limites, 
une  lettre  intime  en  dit  plus  que  tout  un 
gros  chapitre  d'histoire.  Y. 

Paris,   Boulevard  FlanJrin,  4, 
4  janvier  1S83. 

Cher  Monsieur, 

11  est  assez  difficile,  en  l'absence  des  Cham- 
bres, de  voir  quelles  conséquences  la  mort  de 
Gambetta  peut  produire.  Je  ne  crois  pas 
qu'elle  change  beaucoup  à  l'état  présent,  et 
mauvais,  de  nos  affaires.  Gambetta,  doué  de 
qualités  rares  et  attachantes,  en  avait  toujours 
fait  un  ussge  assez  fâcheux.  Depuis  la  chute 
de  M.  Mac-Mahon,  il  n'a  guères  fait  que  des 
fautes.  L'amnistia,  les  discours  contre  l'Alle- 
magne, le  voyage  de  Cahors,  la  compétition 
factieuse  au  chef  de  l'Etat,  le  scrutin  de  liste, 
la  révision,  la  guérie  à  la  religion,  et  tant 
d'autres  faux  pas,  ont  été  des  causes  d'agita- 
tions stériles  et  redoutables,  dont  nous  subis- 
sfons  encore  les  contre-coups. 

Au  dehors,  Gambetta  était  une  menace 
perpétuelle  de  guerre.  Malgré  cela,  sa  mort  a 
causé  une  émotion  profonde.  Mourir  à  44 
ans  !  d'une  si  sotte  façon  !  C'est  là. un  cas 
bien  humain,  et  tout  ce  qui  a  quelque  cœur 
peut  s'apitoyer. 

On  va  faire  des  funérailles  superbes  ;  on 
lui  élèvera  une  statue,  quand  M.  Thiers 
attend  encore  la  sienne  à  Paris  ;  mais  dans 
peu  de  temps,  tout  ce  bruit  sera  passé  :  et 
comme  Gambetta  a  promis  ou  semblé  pro- 
mettre beaucoup  plus  qu'il  n'a  tenu,  malheu- 


reusement pour  lui  et   pour  nous,    il  sera  vite 
oublié. 

M.  John  Lemoinne  s'est  trompé  en  faisant 
de  Gambetta  un  homme  de  gouvernement. 
C'était  bien  plutôt  un  homme  de  désordre  •  il 
menait  les  affaires  publiques  comme  sa  pro- 
pre vie.  11  nous  aurait  menés  bride-abattue  à 
l'abîme,  comme  il  y  est  allé  lui-même.  Tout 
cela  est  fort  triste  ;  mais  l'opinion,  toujours 
humiliée  de  l'échec  égyptien,  va  se  satisfaire 
à  peu  de  frais  par  nos  manifestations  qui  ne 
coûteront  que  de  grands  mots  et  des  fleurs 
funéraires. 

A  la  Chambre,  une  partie  de  l'Union  répu- 
blicaine reviendra  à  la  gauche  pour  peu  que 
le  gouvernement  ait  un  peu  d'habileté.  Le 
reste  ira  à  M.  Clemenceau.  Ce  serait  une 
occasion  de  refaire  une  majorité  sérieuse,  si 
le  cabinet  avait  la  moindre  force,  mais  il  est 
nul . 

Voilà,  cher  monsieur,  quelques  considéra- 
tions que  je  livre  à  votre  sagesse. 

Bonne  santé  ;  bonne  année. 

Votre  dévoué 

B.  Saint-Hilaire. 


Un  roi  de  Madagascar  à  retrou- 
ver. —  On  lit  dans  la  collection  de  l'Ob- 
servateur provençal,  journal  qui  se  publiait 
à  Aix  en  1827  : 

Le  2  1  août  1769,  on  ensevelit  dans  l'église 
prieuriale  de  Saint-Jean,  à  Aix,  alors  dépen- 
dante de  l'Ordre  de  Malte,  un  enfant  de  trois 
ans  que  le  registre  de  cette  église  désigne 
ainsi  :  Jean-François-Charles  de  Panola,  fils 
de  feu  noble  Charles,  petit-fils  du  roi  de  Ma- 
dagascar  et  de  dame  Catherine  des  Essartsde 
Cardon. 

Quel  est  ce  roi  de  Madagascar  et  com- 
ment son  petit-fils  se  trouvait-il  à  Aix  .? 

Nos  recherches  sur  le  nom  italien  Pa- 
nola ont  amené  la  découverte  de  la  men- 
tion de  ce  renseignement  dans  les  regis- 
tres du  Secrétariat  du  Roi,  conservés  aux 
Archives  Nationales  : 

Panol^,  Enseigne  des  gardes  du  duc  Maza- 
rin,  obtint,  le  31  Janvier  1675,,  de  Sa  Majesté, 
le  don  de  tous  les  biens,  meubles  et  immeu- 
bles qui  ont  appartenu  au  feu  S''  Alphena, 
cousin-germain  du  dit  Panola.  échus  au  Roi 
par  droit  d'aubaine  (Reg  O'  i9,p.  31  verso). 
O'Kelly  de  Galway. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chamboh  St-Amand-Mont-Rond. 


L*  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo    de  chaque  mots       30  Décembre  1904. 


40»  Année 

«'".r.VIctorMamté 
PAIIIS  (IX*) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


Cherehtz  et 
vous  trouvtrtz 


Il  se  faut 
entr'aidtr 


N»  1062 

3I■>^  r.  Victor  Massé 
PARIS  (1X«) 

Bureaux:  de2à4heures 


ntexmébxaïte 


DES 


CHEHCHEURS 

Fondé   en 


ET    CURIEUX 

1864 


QUESTIONS    KT    RRl'OfJSRS    LITTEKAIRES,     H 

TROUVAILLES 


945 


<âuc6tion6 


Journal  des  inspecteurs  de  M. 
Lépine.  —  Dans  son  numéro  du  25  dé- 
cembre 1904,  le  Temps  a  publié  la  note 
suivante  qui  est  évidemment  officielle  : 

11  résulte  de  renseignements  recueillis  par 
la  Préfecture  de  police  et  communiqués  au 
Parquet,  que  M.  Syveton  ne  s'est  jamais  pré- 
senté avec  une  femme  à  la  maison  de  la  rue 
Joubert  dont  on  a  parlé. 

Si  brève  qu'elle  soit,  cette  note  est  fort 
instructive  pour  les  historiens  de  notre 
époque. 

Elle  nous  apprend  : 

1°  Que  les  directrices  des  maisons  hos- 
pitalières sont  encore  chargées,  comme 
sous  Louis  XV,  d'un  service  de  rensei- 
gnements destiné  à  livrer  à  la  police  les 
noms  de  tous  les  visiteurs  qu'elles  reçoi- 
vent. 

2'^  Que  cet  espionnage  est  aujourd'hui 
porté  à  un  assez  haut  point  de  perfection 
pour  qu'après  plusieurs  années  écoulées, 
le  service  des  mœurs  puisse  affirmer  ou 
démentir  non  seulement  la  présence  de 
tel  citoyen  dans  telle  maison  et  à  telle 
date,  mais  les  moindres  détails  de  sa  vi- 
site éventuelle. 

Quelqu'un  pourrait  il  nous  dire  com- 
ment fonctionne  ce  service  inconnu  de 
l'administration  française? 

Um  passant. 

Bornes  do  la  corvée.  — Sur  l'an- 
cienne route  royale  de  Grenoble  à  Gap, 
partie  abandonnée  entre   Grenoble  et  Vi- 


ISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQGES 

ET    CURIOSITÉS 

946  — 

zille  et  sur  le  territoire  de  la  commune 
de  Brié  et  Angones.  sont  deux  ou  trois 
bornes  que  je  crois  seules  de  leur  espèce 
en  France  :  elles  indiquent,  par  une  ins- 
cription restée  très  lisible,  les  limites  des 
portions  de  chaussée  à  entretenir  par  les 
corvées  de  la  paroisse  de  Vaulnaveys. 

Pourrait-on  me  dire  si  d'autres  témoins 
de  ce  mode  de  construction  de  vicinalité 
m'ont  échappé  pendant  mes  quinze  ans 
d'exploration  de  la  France  .'' 

Ne  serait-il  pas  bon  de  classer  ces  bor- 
nes parmi  les  monuments  épigraphiques 
à  conserver  ?  il  me  semble  qu'elles  ont 
pour  notre  histoire  autant  d'intérêt  que 
les  menhirs.  Cet  intérêt  grandira  à  me- 
sure que  l'époque  des  corvées,  c'est-à- 
dire  des  temps  qui  précédèrent  la  Révo- 
lution,  reculera  dans  le  passé. 

Un  autre  souvenir  s'attache  à  ces  bornes 
hautes  et  puissantes,  elles  furent  témoins 
de  la  rencontre  de  Napoléon  revenant  de 
l'île  d'Elbe  et  du  7*  de  ligne  commandé 
par  le  colonel  de  Labédoyère,  qui  venait 
se  joindre  à  la  petite  troupe  débarquée  au 
golfe  Jouan.  Ardouin-Dumazet. 

L'abbé  de  Cajamano,  prisonnier 
au  donjon  de  Vinceanes.  —  A  pro- 
pos d'un  article  récent  de  M.  G.  Lenôtre 
sur  Boisé  Lucas,  paru  sous  la  rubrique  : 
Vieilles  maisons,  vieux  papiers,  (journal 
le  Temps,  14  décembre  1904),  j'ai  re- 
feuilleté mes  notes  sur  les  prisonniers  dé- 
tenus au  Donjon  de  Vincennes  et  j'ai  re- 
trouvé un  ancien  article  du  même  auteur 
(le    Temps    18    décembre    1901)    sur  ua 

L.  18 


Noio62. 


L'INTERMEDIAIRE 


947 


948 


certain  abbé  de  Cajamano.  Je  rappellerai 
en  quelques  mots  l'histoire  curieuse, 
étrange,  de  ce  moine  espagnol  :  Il  était 
entré  en  France  en  1808,  à  la  suite  du 
prince  de  Masserano,  ambassadeur  d'Es- 
pagne, et  se  proposait  d'aller  à  Rome 
pour  se  faire  relever  de  ses  vœux.  Inter- 
rogé à  Chambéry  sur  les  raisons  de  son 
voyage,  il  avait  répondu  dans  un  jargon 
inintelligible.  Ses  explications  incompré- 
hensibles ayant  paru  louches,  il  avait  été 
arrêté,  conduit  à  Paris  et  incarcéré  à  la 
Force,  sous  l'inculpation  vague,  mais 
terrible  à  cette  époque,  de  manœuvres 
contre  la  sûreté  de  l'Etat.  Pendant  quatre 
ans,  il  avait  médité  sur  les  inconvénients 
de  voyager  dans  un  pays  sans  en  con- 
naître la  langue.  A  sa  sortie  de  prison, 
un  hasard  l'avait  mis  en  rapport  avec  le 
général  Malet  ;  ce  fut  dans  son  modeste 
logement  qufe  se  réunirent  les  conjurés 
avant  de  tenter  leur  invraisemblable  coup 
d'Etat.  Arrêté  de  nouveau,  il  ne  passa 
pas  en  conseil  de  guerre  ;  on  espérait  en 
effet  qu'il  ferait  découvrir  d'autres  com- 
plices recherchés.  Cet  oubli  volontaire 
le  sauva  de  la  mort,  mais  non  de  la  pri- 
son. «  De  l'Abbaye,  nous  dit  M.  Lenôtre, 
le  moine  espagnol  revint  à  La  Force. 
On  le  retrouve  aussi  sous  les  écrous  de 
Sainte-Pélagie  :  il  passa  de  là  au  donjon 
de  Vincennes.  » 

M.  Lenôtre,  toujours  si  bien  docu- 
menté, pourrait-il  me  dire  s'il  a  la  preuve 
du  passage  de  l'abbé  Cajamano  dans  les 
prisons  de  Vincennes  ?  je  ne  vois  pas  ce 
nom  figurer  sur  le  registre  d'écrou,  con- 
servé à  la  préfecture  de  police.  J'y  re- 
trouve celui  de  Delaunay,  Boisé  Lucas 
fils,  entré  le  8  décembre  1809,  sorti  le 
1 1  mars  i8ii.Mais  aucune  mention  ne 
se  rapporte  au  moine  espagnol. 

IvAN  d'Assof. 

Question  sur  Richelieu.  — -  Quel- 
qu'un de  nos  savants  collègues  a  t-il  eu 
connaissance  d'un  manuscrit  du  xviii*  siè- 
cle, dont  l'auteur  est  M.  Archambault  de 
Grammont,  manuscrit  fort  intéressant,  et 
qui  a  trait  au  Richelais,  à  ses  usages  et  à 
ses  familles.  Ce  manuscrit  a  été  emporté 
en  Angleterre  par  M.  Louis  Torterne  de 
la  Cour,  petit-neveu  de  M.  Archambault, 
et  vendu  par  lui  vers  1870. 

Connaît-on  livres  ou  manuscrits  sur  la 
ville  de  Richelieu  et  le  duché  de  ce  nom  ? 


A-t-on  eu  connaissance  que  Antoine 
du  Plessis,  dit  le  Moine,  grand'oncle  du 
cardinal  de  Richelieu,  cordelier  dans  sa 
jeunesse  et  revêtu  seulement  du  sous-dia- 
conat, ait  demandé  plus  tard  à  être  relevé 
de  ses  vœux,  et  l'ayant  obtenu,  ait  épousé 
à  Turin,  Anne  Bouquetto,  vers  i  580,  d'où 
une  fille  unique  non  reconnue  par  la  fa- 
mille du  Plessis  de  Richelieu,  et  qui  se 
serait  appelée  Marguerite  Dulac  ?  Cette 
fille  épousa,  vers  1600, Jacques  du  Carroy, 
sieur  de  la  Chaussée,  intendant  de  la  mai- 
son de  Richelieu,  souche  d'une  famille 
éteinte  aujourd'hui  et  sur  laquelle  on 
aimerait  à  avoir  des  renseignements. 

Comte  DU  Fort. 

Liste  générale  des  otages  de 
Louis  XVI  et  de  sa  famille.  —  Cette 
liste  publiée  «  à  Paris  chez  Pillet  impri- 
meur, rue  Christine,  5,  1816  >>,  in-8,est, 
dit  l'avertissement, daté  dedécembre  1815, 
la  copie  exacte  de  la  liste  manuscrite  re- 
mise à  la  duchesse  d'Angoulême  (Ma- 
dame Royale). 

J'ai  acheté  dernièrement  cette  brochure 
dont  l'existence  m'avait  été  révélée  par  la 
lecture  des  «  Souvenirs  et  Correspondance 
du  comte  de  N.eiiilly,?.  Douniol,  1865, 
in-8,  page  34,  note  3  ». 

C'est  une  plaquette  in-8.  recouverte 
d'une  couverture  factice  et  qui  devait  faire 
suite  à  un  autre  ouvrage,  ainsi  que  le 
prouve  la  collation  suivante  : 

3  feuillets  pour  le  titre,  le  faux-titre  et 
l'avertissement  ; 

18  feuillets  numérotés  seulement  à  par- 
tir du  verso  du  ^^  feuillet.  164  à  iq'd. 

Qi'elque  obligeant  collalôorateur  de 
V Intermédiaire  pourrait-il  me  dire  à  quel 
ouvrage  ou  à  quelle  brochure  pouvait  faire 
suite  la  liste  en  question  ? 

L'abonné  H.  Cd. 

Un  buste  de  Louis  XVI.  —  De  qui 

était  ce  buste  que  les  agents  de  change 
avaient  commandé  pour  leur  salle  de  la 
Bourse,  rue  Vivienne  .? 

L'inauguration  eut  lieu  en  mai  1789. 
Necker  y  présidait  et  demanda  pour  le  roi 
le  discours  que  Boscaris  avait  prononcé  à 
l'occasion  de  cette  cérémonie.''     Rip-Rap. 

Les  ecclésiastiques  et  la  cons- 
cription. —  Les  ecclésiastiques  furent- 
ils  exempts  de  la   conscription    militaire 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1904. 


-  949 


950 


sous  le  Consulat  et  l'Empire  ?  Si  oui,  à 
quelle  date,  et  en  vertu  de  quel  décret? 

X. 

Ecole    gratuite   de  musique.   — 

Lorsque,  en  1792,  ks  qo  musiciens  du 
pseudo  •  conservatoire  furent  licenciés, 
Sarrette  obtint,  de  la  commune  de  Paris, 
de  créer  une«  Ecole  gratuite  de  musique  » 
qui  devait  servir  à  former  les  musiciens 
nécessaires  aux  armées  et  aux  fêtes  pu- 
bliques. 

Sarrette  installa  son  école  rue  Saint- 
Pierre-Montmartre  (rue  Paul-Lelong  ac- 
tuelle). 

Quel  fut  l'immeuble  occupé  par  Sar- 
rette? J.  G.  Bord. 

Trestaillon,  Servan,  Truphémy. 

—  A-t-on  publié  le  procès  de  Truphémy 
devant  la  cour  de  Riom  en  1 8 1 9  ? 

Où  trouverais-je  des  détails  exacts  sur 
les  troubles  de  Nimes  en  181  5  pendant 
cette  petite  Terreur  qu'on  appelle  la  Blan- 
che, pour  la  distinguer  de  la  Sanglante  ? 

S. 

«  Les  barricades  de  1832  ».  —  Il 

est  venu  dernièrement  entre  mes  mains 
une  brochure  intitulée  :  Les  barricades  de 
18^2^  par  Alphonse  Pépin,  avocat...  Pa- 
ris. Imprimerie  Dezanche  ;  librairie  De- 
launay,    1832. 

A  cette  brochure  était  fixée  une  fiche 
libellée  comme  suit  :  «  Louis-Philippe 
est  l'auteur  de  cette  brochure  avec  Pé- 
pin. »  Ecriture  de  l'époque. 

Cette  assertion  est-elle  exacte  et  le  fait 
est-il  connu .''  Eldepal. 

Aiici?n3  registres  criminels.  — 

On  a  publié,  en  1864,  \q  Registre  Criminel 
du  Châtelêt  (1389-1392),  et  en  1877  le 
Registre  Criminel  de  Saiiit-Martinda- 
Champs  (1332-1357). 

Existe-t-il  d'autres  publications  analo- 
gues ? 


Ou  se  trouve 
phie  du  sujet  ? 


la 


meilleure  bibliogra- 


Pandora  et  sainte  Elpice.  —  Une 
ingénieuse  explication  vient  d'être  pro- 
posée au  mythe  de  Pandore,  qui  est  assez 
obscur.; 

Pandore  lève  le  couvercle  d'une  grande 


sur  l'humanité.  Seule  l'Espérance,  prête 
à  s'envoler,  reste  arrêtée  au  bord  de  la 
jarre.  Pandore  ayant  refermé  le  couvercle 
par  la  volonté  de  Zeus.  Hésiode.  Erga. 
V.  94-99.)  Tel  est  le  mythe  sous  sa  forme 
la  plus  ancienne.  Il  est  incompréhen- 
sible. 

En  effet,  l'Epérance  ne  peut  pas  être 
un  mal  :  c'est  le  premier  des  biens.  Et  si 
elle  est  un  bien,  pourquoi  la  nommer  ici? 
Le  Désespoir  a  dû  être  envoyé  sur  la  terre 
avec  les  autres  maux  ;  il  est  superflu 
d'ajouter  que  l'Espoir  ne  l'a  pas  suivi. 

A  cela,  on  répond  aujourd'hui  que 
l'expression  employée  par  Hésiode  {elpis) 
ne  signifie  pas  surtout  espérance,  mais 
prévision^  pronostication,  et  que  tel  est 
précisément  le  sens  archaïque  du  mot  et 
que  depuis  des  siècles  nous  construisons 
le  récit  de  cette  histoire  sur  un  contre- 
sens fondamental. 

D'après  l'explication  proposée,  le  pire 
de  tous  les  malheurs  étant  la  prévision 
de  l'avenir,  Zeus  n'aurait  pas  voulu  frap- 
per les  hommes  de  cette  calamité  su- 
prême, dont  la  Peau  de  chagrin  est  le 
commentaire  le  plus  connu.  C'est  un  ren- 
versement total  de  la  léo:ende. 

Mais  alors  que  signifie  cette  vertu  théo- 
logale qui  a  été  canonisée  sous  le  nom  de 
sainte  Elpice  (fête  le  i^"-  août)  et  qui  de 
nos  jours  est  plutôt  invoquée  sous  le 
nom  de  sainte  Espérance  .f*  Est-ce  bien 
traduire  que  la  nommer  ainsi  .?  Les  Pères 
de  l'Eglise  n'entendaient-ils  pas,  avec 
leur  mot  grec,  beaucoup  plus  que  ne  dit 
notre  mot  français  ^  Candide. 


Confrérie  eni'honaeur  de  saints 
Sclioiastique.  —  On  demande  si,  outre 
les  confréries  du  Mans  et  de  la  Drôme,  il 
existe  ou  a  existé  quelque  part  une  con- 
frérie en  l'honneur  de  sainte  Scholastique 
(sœur  de  saint  BenoitJ  ? 

On  serait  très  reconnaissant  s'il  était 
donné  réponse  dans  l'Intermédiaire. 

Ch.  Trillon  de  la  Bigottière. 


Reliqua  du  voile  de  la  sainte 
vierge.  —  Dans  un  reliquaire  ancien  se 
trouve  un  morceau  d'étoffe  avec  l'inscrip- 
tion :  Vel.  Beaiœ  Mariœ  Virginis.  Quel 
était  le  sanctuaire  qui  contenait  \q.  voile  de 
la  sainte  Vierge?  Il  y  avait  sans  doute  une 


jarre  (pithos)  et  répand  toutes  les  misères  \  tradition  à  cet  égard  et  je  serais  heureux 


N'  1062. 


L'INTERMÉDIAIRE 


95^ 


952 


qu'un  de  nos  confrères  de  Y  Intermédiaire 
pût  donner  des  éclaircissements. 

HussoN. 

La  commune  de  Pelleport.  —  Un 

lecteur  de  \' Inlcrincdiaire  peut-il  me  don- 
ner des  renseignements  sur  la  commune 
de  Pelleport,  canton  de  Cadours,  arron- 
dissement de  Toulouse  ;  origine,  his- 
toire, etc?       Baron  Ch.  de  Pelleport. 

Château  do  la  Tou^nelle.  —  Peut- 
on  donner  des  renseignements  sur  le  châ- 
teau de  la  Tournelle  qui  existait  encore  à 
l'Hay  (Seine),  vers  1750  et  appartenait, 
à  cette  date,  au  marquis  de  Livry.?  Con- 
naît-on les  propriétaires  antérieurs  et 
postérieurs?  X. 

Evêques  de  Bayeux.  —  Je  prie  un 
de  mes  confrères  de  V Intermédiaire  de  me 
compléter  la  liste  des  évêques  de  Bayeux, 
de  1500  à  1640 

1552.  Charles  d'Humières,  évêque. 

1582. Bernard  de  Saint-François,  id. 

1607.  Jacques  d'Angennes.         H.  H. 

Sur  la  comtesse  de  Eouffiers.  — 

1°  La  maison  d'Auieuil  où  moururent 
successivement  la  comtesse  de  Boufflers, 
née  Puchat  des  Alleurs,  en  1820,  et  son 
fils,  Amélie  -  Joseph  -  Emmanuel-Edouard 
en  i8=;8,  n'était-elle  pas,  comme  cela  est 
probable,  la  même  maison  que  possédait 
également  à  Auteuil,  la  comtesse  de 
Boufïïers,  leur  belle-mère  et  grand'mère, 
dite  l'Idole  du  Temple,  et  où  elle  se  retira 
à  la  mort  du  prince  de  Conti  ?  Cette  mai- 
son existe-t-elle  encore  et  pourrait-on  en 
préciser  la  situation  ? 

2°  L'Idole  mourut  le  7  frimaire  an  IX. 
Pourrais-je  savoir  le  lieu  de  sa  mort,  et 
ne  fut-ce  pas  également  à  Auteuil  ? 

3"  Amélie-Joseph-Emmanuel-Edouard, 
le  dernier  des  BoutBers,  mort  à  Auteuil  le 
5  avril  17,8,  avait-il  été  marié?  Enfin 
quels  furent,  à  défaut  d'enfants,  ses  héri- 
tiers en  1858?  Sa  grand-mère,  l'Idole, 
n'a-t-elle  pas  laissé  des  papiers  intéres- 
sants, mém.oires,  correspondances,  dont 
il  devait  être  possesseur,  et  qui  doivent 
être  maintenant  entre  les  mains  de  ses 
héritiers?  Comte  de  Varaize. 

Chaulnes.  —  Il  existait  en  Dauphiné 
une  famille  de  Chaulnes,  qui  a  fourni,  au 


xviii*  siècle,  un  évêque  à  Grenoble.  Elle 
possédait  la  terre  de  Noyarcy,  érigée  en 
marquisat,  le  19  août  16S4,  en  faveur  de 
Joseph  de  Chaulnes,  fils  de  Claude  de 
Chaulnes,  président  du  bureau  des  finan- 
ces à  Grenoble? 

Quelles  étaient  leurs  armoiries  ? 

Peut-on  rattacher  cette  famille  à  la 
Picardie?  ou  cette  similitude  de  noms 
avec  le  duché  d'Albert  de  Luynes  est-elle 
une  simple  coïncidence? 

La  Cliesnaye  des  Bois  la  donne  comme 
originaire  du  Dauphiné.  A.  B.  L. 

Les  Chargh'rods.  —  Le  clan  des 
Chargh'rods  ofifre-t-il  encore  aujourd'hui 
quelque  intérêt  ? 

Quels  sont  les  ouvrages  qui  ont  été 
publiés  sur  les  Chargh'rods  ? 

Vandevelde. 

Dupleix.  —  Où  trouver  la  généa- 
logie du  marquis  Dupleix,  gouverneur  de 
Pondichéry  ?  Les  familles  Dupleix  de  Ca- 
dignan  et  Dupleix  de  Mézy  se  rattachent- 
elles  au  grand  colonisateur,  dont  je  vou- 
drais connaître  les  armoiries  et  la  descen- 
dance ?  A.  B. 

Définition  de  GuydeMaupassant. 

—  «  C'est  un  faune  un  peu  triste  revenu 
à  la  vie  primitive  ». 

De  qui  cette  définition  du  romancier  ? 
Où  se  trouve-t-elle  ?  Gros  Malo. 

Perrin  -  Duseuil,  gouverneur 
d'An 'ers     sous    l'Empire.    —   Que 

sait-on  sur  ce  personnage  et  où  pourrait- 
on  trouver  des  renseignements  à  son  su- 
jet? Eldepal. 

Rochechouart  d'Illand. —  Puisque 
trois  de  nos  confrères  connaissent  si  bien 
la  généalogie  Rochechouart,  je  reprends 
l'espoir  d'être  renseigné  sur  la  branche 
d'Illand,  dont  je  ne  connais  encore  que 
deux  générations. 

Alexandre  de  R.,  écuyer,  seigneur  d'Il- 
land, capitaine  du  château  de  Nolay,  de 
1492  a  1^32,  marié  à  Cécile  de  Barges, 
avait  eu  au  moins  six  enfants  : 

—  Jean,  seigneur  de  Corda  ; 

—  Hugues,  seigneur  de  Saint-Marc,  ar- 
cher de  la  garde  du  corps  du  Roi; 

—  Pierre,  seigneur  de  Chappes  et  du 
Pleix,  marié  à  Jeanne  de  Humblière; 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Décembre  1904 


953 


954 


—  Louis,  mort  en  1539; 

—  Georges,  fille,  mariée  à  Nicolas  de 
Rovoise  ; 

—  Madeleine,  mariée  à  Nicolas  Porte- 
bedyan,  lieutenant  en  la  justice  de  Châ- 
teauvillain. 

Comment  cette  branche  se  relie-t-elle 
à  la  branche  historique  des  Rochechouart? 

Quand  et  co  r, ment  s'est-elle  établie  en 
Bourgogne  ? 

Quelle  a  été  sa  descendance  ? 

Dont  Care. 

Portrait  de  Saint-Just  par  Pru- 
d'hon.  —  Le  célèbre  peintre  Pierre-Paul 
Prud'hon  fréquenta  la  famille  Duplay  et 
fit  un  beau  portrait  du  conventionnel 
Saint-Just. 

Sait-on  ce  qu'est  devenue  cette  œuvre 
d'art?  D-- BL. 


Les  mariages    de  Scaimouche. 

—  Le  Dictionuaire  des  arrêts^  de  Brillon, 
1727,  6  vol.  in-f",  au  mot  mariage,  art. 
43,  commente  le  jugement  du  4  juin 
1097  intervenu  entre  les  héritiers  de  Sca- 
ramouche  (Tiberio  Fiurelli)  issus  de  son 
i»""  mariage  avec  Isabelle  del  Campo, 
morte  à  Florence  en  1687,  et  la  mineure 
Elisabeth  Fiorelli  ou  Fiurelli  issue  de  son 
2^  mariage  avec  la  demoiselle  Duval  dé- 
cédée 

Il  résulte  de  ce  jugement  que  Scara- 
mouche  aurait  débauché  une  nommée  Du- 
val, fille  d'un  faiseur  de  batois(5/c)  qu'il 
en  eut  une  fille,  baptisée  à  Saint-Eustache, 
sous  son  nom  et  comme  fille  de  cette 
Duval,  sa  femme,  ainsi  qualifiée,  et  ce  en 
l'année  1681  ;  qu'après  la  mort  de  sa  i''' 
femme  en  1687^  il  aurait  épousé  en  face 
d'église  cette  concubine.  La  question  à 
ju2,er  était  de  savoir  si  la  bonne  foi  de  la 
fille  Duval  mériterait  à  sa  fille  la  qualité 
de  légitime. 

11  fut  jugé  que  la  fille  Duval  ne  pour- 
rait se  laver  delà  tachede  fille  adultère, et 
on  lui  adjugea  une  provision  de  1 500  livres 
et  une  pension  viagère  de  deux  cents  li- 
vres. 

Brillon  demande  pourquoi  on  n'a  pas 
exigé  l'acte  de  célébration  du  i'^"'  mariage 
de  Scaramouche  avec  sa  première  femme 
Isabelle  del  Campo  car  s'il  n'y  avait  pas 
eu  de  mariage  contracté,  le  second  aurait 
valu. 


Scaramouche  s'est-il  réellement  marié 
avec  Isabelle  del  Campo  ? 

A.  DlEUAlDE. 

M.    de   Villayer.  —  Je   désirerais 

avoir  quelques  renseignements  biographi- 
ques sur  jean-}acques  de  Renouard  de 
Villayer,  mort  doyen  des  conseillers 
d'Etat .  C'est  en  sa  faveur  que  la  terre  de 
Villayer,  en  Bretagne,  avait  été  érigée  en 
comté,  en  janvier  1655.  Avant  d'être 
conseiller  d'État,  n'était  il  pas  maître  des 
requêtes  de  l'hôtel  du  roi,  et  occupait-il 
cette  charge  en  1653  ?  Ne  pas  le  confon- 
dre avec  M.  le  Vayer,  maitre  des  requêtes 
vers  la  même  époque.  P.  le  f. 

Carrosses  du  roi. —  Combien  fallait- 
il  de  quartiers  de  noblesse  et  quelles 
étaient  les  conditions  exigées  pour  être 
admis  aux  carrosses  du  roi  ^  A.  B. 

Compositeurs  à  retroxxr^ev  {Suite) 

(XL1X;L,  10,  62,  118,  562,  667I.  — 
C 

59.  Caccia  in  Etolia.  Venezia  i72t. 

60.  la  Caduta  di  una  Repubblica,  trage- 
dia  lirica.  Sans  nom  d'auteur.  Ecrite  à 
Rome,  janvier  1847.  Pi-ibliée  à  Ancône  en 
1849.  Je  doute  qu'elle  n'ait  jamais  été 
mise  en  musique. 

61.  Cajo  Mario.  Livorno,  Teatro  degli 
Avvalorali,  autunno  del    1793. 

62.  Calisto  ingannata,  Ferrara,  T"  Pio 
Enea  Obizzi,  1651. 

63.  Canzone  in  Iode  del  «  virtuoso»  Sig. 
Giuseppe  Aprile  detto  Scirolino  che  so- 
stienne  la  parte  di  Linceo  nelflpermestra. 
Venezia,  T"  S.  Samuele,  Ascens.  1757. 

64.  Canzone  novissimacantata  nelJoS. 
Samuele,  carnevale  1766  nel  dramma  la 
Donna  Stravagante.  Venezia,  1766. 

6:5.  Capitan  Galoppo.  Venezia,  T°  S. 
Angelo,  aut,  1741. 

66.  Capriccio  Poetico.  Brescia  1699. 
(Sous  ce  titre  se  trouvent  plusieurs  com- 
positions pour  musique,  mais  sans  nom 
d'auteur  ni  de  musicien  non  plus). 

67.  Carlo  Calvo.  Lisbonne,  Théâtre  Rua 
dos  Condes,  1739. 

68.  'I  Castel  Frust. Turin.  1872.  (En  dia- 
lecte Piémontais). 

69.  S.  Catterinad'AIessandria.  Venezia, 
1675. 

70.  Celio.  Florence  1646. 

7 1 .  Cesare  in  Egitto.Teatro  in  Claghem- 


N.  1062. 


L'INTERMÉDIAIRE 


■■■'   955 


956 


furth  (Austria)  1738.  Edition  de    Venise. 
72.Cesare  in  Egitto.Treviso,  T°  Dolfin, 
aut.  1746. 

73.  i  Cherusci.  Iinola,  T"  Nuovo,  fiera 
1814. 

74.  the  Children  in  the  Wood.  London, 
T' Royal  Haymarket  1793  (Fourth  édi- 
tion). 

75.  Christiis  et  anima.  1733.  (Absque 
nota). 

76.  il  Ciarlatano  fortunato  nelle  sue 
imposture.  Venezia,  T*^  Tron  di  S.  Cas- 
siano,  carn.  1750. 

77.  il  Ciarlone.  Vienna,  Teatri  Privile- 
giati,   1770. 

78.  Clarice  Visconti,  tragedia  lirica  di  | 
L.  Barbareschi.  Milano  1835.   (A-elle  été 
mise  en  musique.?) 

79.  la  Clémenza  d'Auguste.  Roma,  T° 
Tor  di  Nona.  1697. 

80.  Clémenza  di  Tito.  Lisbonne.  Th. 
Rua  dos  Condes,i738. 

81.  Componimenti  sacrl  per  musica. 
Venezia,  Oratorio  S.  Filippo  Neri.  Sans 
date.  (17..) 


Noms  et  adresses  de  fabricants, 
merciei's,  etc.  de  1650  à  1850,   à 

Paris.  —  Quels  ouvrages  donnent  ces 
renseignements  1  Remerciements  antici- 
pés. D'  A.  T.  Vercoutre. 

Les  mots  vaseline,  mercerisé, 
mercerisage  et  carter.  —  (Quelqu'un 
peut-il  me  donner  l'origine,  et,  au  besoin, 
a  date  d'introduction  dans  notre  vocabu- 
.  aire,  des  mots  vaseline,  mercerisé^  merce- 
risage^ carter  (enveloppe  destinée  à  pro- 
téger les  organes  d'engrenage  d'un  mé- 
canisme) .?  Je  sais  que  l'opération  du 
mercerisage  fut  inventée,  vers  1844, par  un 
nommé  Mercer.  Mais  ce  chimiste  était  il 
anglais,  allemand,  ou  américain  ?  De 
même  pour  carter,  qui  doit  venir  d'un 
nom  propre  d'inventeur  étranger,  et  sur 
lequel  Murray  et  Larousse  restent  muets. 

E.  X.  B. 

Le  papier  à  l.ttra  Job.  —  L'Ama- 
tciir  cfantociraphcs  signale  un  billet  de 
Marie-Antoinette,  écrit  sur  papiers  lettre 
portant  dans  son  filigrane  le  mot  M.  )ob. 
Il  demande,  pour  authentiquer  cet  auto- 
graphe, si  on  connaît  un  fabricant  de  pa- 
pier de  ce  nom  ? 


Le 'geste  de  se  boutonner  chez 
l'iiomma  et  la  femme.  —  Les  hommes 
boutonnent  à  droite,  les  femmes  à  gauche. 
Qiiand  un  tailleur  fait  un  vêtement  pour 
femme,  malgré  l'habitude  qu'il  en  a  et  le 
caractère  masculin  qu'il  donne  au  costume, 
il  le  fait  boutonner  à  gauche.  Il  y  a  dans 
cette  persistance  d'un  geste  à  travers  le 
temps  une  bizarrerie  qui  appelle  quelques 
réflexions. En  quels  ouvrages  en  rencontre- 
t-on? 

Fêtps  en  l'honneur  des  maris 
trompf^S.  —  Il  paraît  qu'anciennement 
on  célébrait  en  France,  notamment  à 
Sens,  des  fêtes  en  l'honneur  des  maris 
trompés  (Molière  emploie  un  autre  mot). 
Mille  remerciements  aux  ophélètes  qui 
voudront  bien  me  faire  connaître  : 

1°  Des  documents  relatifs    à    ces  cou- 
tumes ; 

2°  Si  cet  usage  persiste  encore,  soit  à 
Sens,  soit  ailleurs  en  France  ; 

3°  S'il  a  jamais  été  pratiqué  en  Bel- 
gique et  dans  les  pays  flamands    ; 

4°  S  il  est  connu  en  certains  pays  où  il 
eût  pu  être  introduit  par  les  Flamands  ; 

50  Où  trouver  des  renseignements  sur 
saint  Eternon  ou  saint  Arnould,  envisagé 
comme  patron  des  maris  malheureux. 

—  ISKATEL. 

Une  cruelle  plaisanterie  d'Al- 
fred de  Musset.  —   Est-il  vrai  qu'Ai. 

fred  de  Musset  et  son   ami  Alfred   X 

attirèrent  un  jour,  dans  une  maison  de 
campagne,  sous  un  prétexte  galant,  une 
jeune  pianiste  portant  un  nom  bien  connu 
des  musiciens  :  Mme  ?...?  Est-il  vrai 
qu'après  l'avoir  attachée  aux  quatre  coins 
du  lit  par  les  quatre  membres,  ils  lui 
grent  subir,  non  pas  les  derniers  outra- 
fies  auxquels  elle  était  préparée,  mais  un 
traitement  si  singulier,  qu'elle  n'osa  pas 
de  six  mois,  se  représenter  devant  son 
mari  ? 

Je  m'abstiens  de  conter  ici  les  détails 
de  la  scène,  et  je  demande  seulement  si 
l'anecdote  est  véritable.      Un  Passant. 

Caraco.  — Quelle  est  l'étymologie  du 

mot  t' 

A  quelle  date  remonte  l'usage  de  ce 
vêtement  ? 

Comment  le  décrivait-on  dans  les  livres 
et  journaux  de  modes  entre  1770  et  1820.'' 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1904. 


957 


958 


Livre   ignoré    sur    Louis  XVII 

(L,  loô,  35^,  70,).  —  Sous  la  signature 
de  M.  Alexis  Dubosc,  je  relève  :  «  N'ou- 
blions pas  que  Joséphine  fut  l'ange  tuté- 
laire  du  dauphin  après  avoir  été  l'une  de 
ses  libératrices,  de  l'aveu  de  l'ex- impé- 
ratrice Eugénie,  veuve  de  Napoléon  III  ». 

L'Impératrice  étant  vivante,  nous  lui 
avons  fait  voir  ces  lignes,  et  S.  M.  déclare 
n'avoir  jamais  tenu  des  propos  approchant 
même  de  ceux  qu'on  lui  prête  en  cette 
occasion.  Ce  serait,  paraît-il,  M.  d'Hé- 
risson i-]ui  aurait  le  premier  monté cchaiean. 

Le  rôle  de  Joséphine,  étayé  sur  l'auto- 
rité de  l'impératrice  Eugénie,  est  donc  une 
fable.  Un  rat  de  bibliothèque. 

Archives  de  l'enregistrement  de 
Paris  (L,  893).  —  Les  Archives  de  l'enre- 
gistrement, qui  ont  été  utilisées  avec  grand 
profit  par  le  savant  M.  Bégis,  restent  tou- 
jours closes  aux  érudits,  à  l'exception  des 
sommiers  fonciers,  véritable  état-civil  des 
maisons  de  Paris,  qui  sont  consultés  deux 
fois  par  mois  dans  l'intérêt  des  chercheurs 
par  le  service  des  Archives  de  la  Seine  : 
c'est  donc  à  cette  administration  qu'il  faut 
s'adresser  pour  obtenir  les  communica- 
tions. 

La  partie  la  plus  ancienne  des  Archi- 
ves de  l'enregistrement,  comprenant  les 
insinuations  du  xviii^  siècle,  di  1704  à 
1791  (Lettres  de  chancellerie,  donations, 
testaments,  actes  de  vente,  etc.,)  contenue 
dans  406  registres,  a  été  versée  aux  Ar- 
chives de  la  Seine,  il  y  a  déjà  quelques 
années.  On  peut  les  y  consulter  tous  les 
jours,  de  midi  à  cinq  heures. 

Un  versement  de  documents  du  même 
ordre  a  été  opéré  par  les  recettes  d'enre- 
gistrement de  banlieue. 

Ultérieurement,  les  Archives  de  la 
Seine  ont  reçu  les  Archives  du  vieux  bu- 
reau des  Hvpothèques  de  177 1  à  1798, 
comprenant  174  cartons  de  lettres  de 
ratification,  documents  fort  importants 
pour  l'histoire  des  maisons  et  des  familles 
de  Paris  et  de  sa  banlieue  au  xvin'  siècle, 
ainsi  que  91  registres  d'oppositions,  et  94 
volumes  de  tables  alphabétiques  de  ven- 
deurs. 

Un  répertoire  topographique  des  lettres 
de  ratification  par  rues  de    Paris    et  par 


localités  du  département  de  la  Seine,  est 
à  peu  près  terminé. 

Quant  à  la  partie  des  insinuations  en 
registres,  postérieure  à  1791  et  conser- 
vée aujourd'hui  aux  Archives  de  l'enre- 
gistrement, des  démarches  vont  être  bien- 
tôt tentées  auprès  du  s:ivant  éminent,  qui 
est  aujourd'hui  à  la  tête  de  la  Direction 
générale  de  l'enregistrement,  pour  que  le 
droit  de  consultatio .1  des  Archives  de  la 
Seine  soit  étendu  à  ces  précieux  répertoi- 
res. 

Il  n'existe  pas,  à  ma  connaissance,  de 
DOSSIERS  aux  Archives  de  l'enregistre- 
ment. 

Il  y  en  avait  par  contre  une  importante 
collection,  relative  surtout  à  l'époque 
révolutionnaire,  aux  Archives  des  Dom.^i- 

NES. 

Ces  dossiers  enfermes  dans  866  car- 
tons, ont  été  versés  aux  Archives  de  la 
Seine  et  un  répertoire  alphabétique  de 
252  pages  à  deux  colonnes  en  a  paru  chez 
Picard,  en  1904. 

Un  versement  ultérieur,  qui  comprend 
environ  400  cartons  et  1.200  registres, 
fait  en  ce  moment  l'objet  d'un  second 
inventaire. On  y  trouvera,  parmi  d'autres 
choses,  les  proces-verbaux  de  ventes  des 
domaines  nationaux  parisiens,  la  comp- 
tabilité de  cette  grande  opération  et  un 
grand  nombre  de  dossiers  personnels. 

Testis. 

Le  vaillant  capitaine  Cigongne. 

—  (L,  S53,  84^).  —  Les  biographes  du 
poète  Sigogne  ne  nous  parlent  jamais  de 
sa  mère.  Elle  était  pourtant  célèbre  avant 
lui  et  mériterait  d'intéresser  les  cher- 
cheurs. 

Jeanne  des  Essars  avait  épousé, en  1556, 
René  de  Beauxoncles,  seigneur  de  Sigon- 
gne,  chevalier  de  l'ordre  du  Roy,  gentil- 
homme ordinaire  de  la  Chambre  et  capi- 
taine en  Piémont. 

Il  est  question  d'elle  en  ces  termes  dans 
dans  un  mss  de  la  Bibl.  nat.  \q  Recueil  de 
Proverbes  français  historiques  ou  moraux^  3 
vol.  in-4°  de  la  collection  Gaignières. 

tlle  fut  fort  connue  sous  le  nom  de  la 
dame  de  Siorona;ne,  estant  une  des  dames 
de  la  Reine  Mère  Catherine  de  Médicis. 
Elle  avoit  de  l'esprit  et  faisoit  si  bien  un 
conte  que  on  la  citoit  tousiours  en  ce  genre 
pour  une  des  plus  agréables  personnes  de 
la  cour,  et  pour  y  fournir  elle  en  inventoit 
souvent,  ce  qui  fit  dire  depuis   ce  commun 


N  1062. 


L'INTERMEDIAIRE 


9=59 


960 


proverbe  :  faire  des  contes  A  la  Sigongiie 
quand  ce  sont  des  choses  fabuleuses.  Cette 
dame  mourut  fort  âgée. 

Est-ce  là  tout  ce  qu'on  sait  d'elle  ? 

P.  L. 

Date  de  naissance  de  Napoléon 

V  (XLIX;  L,  74,905).  —  Il  sérail  bon,  je 
crois,  de  publier  ici  cet  acte  de  baptême  de 
Napoléon,  daté  du  21  février  1768  ;  et  il  me 
semble  curieux  que  lung,  (Bonaparte  et 
son  temps)  qui  tient  pour  la  substitution 
de  l'aîné  au  cadet,  et  qui  reproduit  l'acte 
où  Napoléon  est  dit  né  le  15  août  1769, et 
baptisé  le  2  1  juillet  177  1 , certifié  conforme 
par  l'archiviste  et  le  préfet  de  la  Corse 
en    1880  ;  il  me  parait    singulier,  dis-je, 


que  lung  n'ait  pas  connu  cet 


argument 


qui  lui  aurait  donn'  si  facilement  raison, 
et  l'aurait  dispense  de  plus  longs  déve- 
loppements. De  même,  Frédéric  Masson, 
Napoléon  inconnu,  qui  ne  croit  pas  à  la 
substitution,  aurait  dû  tenir  à  réfuter 
cette  objection  capitale. 

D.  ViGEN. 


la   Chambre 

—  Dans  le  Dic- 


Les  membres  do 
introuvable  (L.  837) 
tionnaire  des  parlcinenfaùes  par  Robert, 
Bourloton  et  Cougny,  Paris  1891,  il  a  été 
publié,  à  la  fin  du  5'^  volume,  la  liste  des 
députés  par  département  et  par  législa- 
ture, de  mai  1789  à  mai  1889.  Là,  le 
collaborateur  Pérégria  trouvera  aisément 
les  noms  des  membres  de  la  Chambre 
introuvable.  Voici  ceux  de  la  Seine-Infé- 
rieure :  Ribard,  Caste!, Uelamare,  d'Haus- 
Sez,  de  Germiny,  de  Montmorency,  Du- 
vergier  de  Hauranne,  de  Bou ville, Odoard 
du  Hazay.  Patchouna. 

Même  réponse  :  R.  B. 

*  * 
La  liste  des  membres  de  la  Chambre 

des   députés    1815-1816   figure  à  l'Aima- 

nach  Royal  de  1816. 

J.-G.  Bord. 

On  peut  consulter  à  cet  effet  les  3  bro- 
chures suivantes,  la  première,  notam- 
ment, dans  laquelle  les  députés  sont  clas- 
sés par  ordre  alphabétique  de  Départe- 
ments : 

a)  Chambre  des  Députés  ;  liste  de  MM. 
les  membres   de  la  Chambre,  session  de 


181^. 
n-4". 


Paris,    imprimerie    de    Hacquart, 


b)  Liste   des    membres    composant  la 
Chambre  des  Pairs  suivie  de  la  liste  de 
Députés  •— Paris,    1815,   imp.   Baudouin, 
in-8». 

c)  Liste  des  noms  et  demeures  de  MM. 
les  Pairs  de  France,  m.embres  de  la 
Chambre  des  Députés,  etc.  Paris,  181 5. 
P.  Tiger  imprimeur-libraire,   in-32. 

Bien  entendu,  si  ces  brochures  ne  se 
trouvaient  pas  dans  les  bibliothèques  de 
Rouen,  je  serais  tout  à  la  disposition  de 
M.  Pérégrin  pour  lui  communiquer  les 
renseignements  que  j'y  ai   trouvés. 

Luc  RiNEHEIMS. 

Les  lettres  de  Napoléon  lïl  à  ma- 
dame Co'nu  seront-elles  publiées.^ 
(T.  G. ,  140).  —  Dans  le  numéro  du  Cm- 
rieux  du  15  octobre  1883,  M,  Nauroy 
annonçait  que  «  la  correspondance  de  Na- 
poléon 111  avec  sa  filleule  madame  Cornu  >^ 
devait  être  x<  publiée  par  M.  Ernest  Renan, 
1885  ».  Cette  publication  a-t-elle  été 
faite.?  Chez  quel  éditeur?  Nous  ne  l'avons 
pas  trouvée   à  la   Bibliothèque  nationale. 

NÉRAC. 

La  famille  ?  anson.  Le  droit  de 
havage  ^T.  G.,  820  ;  XLIX,  923  ;  L,  156, 
267,  698,746,  790,  852,  906).  —  On  lit 
dans  :  Dn  Congé,  Glossaire  /tançais .. .  pu- 
blié par  L.  Favre,  Niort  1879,  2  vol. 
in-8°  : 

Havage,  Havagian.  Le  droit  de  prendre  dans 
les  marchés  autant  de  grains  que  la  main  peut 
en  contenir.  Gl.(ossaire)  Havagium  sous 
Havadium. 

Eldepal. 

«  * 

C'est  certainement  havage  qu'il  faut  lire. 
On  trouve  le  mot  dans  Larousse.^  Liitré 
(supplément). 

Trévoux  :  Havage  ;  il  vient  apparem- 
ment du  mot  havir^  qui  n'est  plus  en  usage 
au  sens  de  prendre.  Le  bourreau  de  Pans 
a  un  droit  de  havage  dans  les  marchés  ;  et 
à  cause  de  l'infamie  de  son  métier,  on  ne 
le  lui  laisse  prendre  qu'avec  une  cuiller 
de  fer  blanc  qui  sert  de  mesure.  Le 
bourreau  a  le  même  droit  en  d'autres 
endroits  de  France,  et  le  prend  de  la 
même  manière.  En  quelques  lieux  on  a 
dit  havée. 

Godefroy  :  Dans  plusieurs  contrées,  par- 
ticulièrement en  Lorraine,  on  appelait 
droit  de  havage  le  droit  que  percevait  le 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


961 


30  Décembre  1904, 


9Ô2 


bourreau  sur  tous  ceux  qui  apportaient  j 
des  denrées  au  marché.  Après  avoir  pré- 
levé cet  impôt,  le  bourreau  imprimait 
avec  de  la  craie  une  marque  sur  l'épaule 
de  ceux  qui  l'avaient  acquitté.  Cet  usage, 
dont  il  est  déjà  fait  mention  dans  le  rè- 
glement de  René  II,  du  12  juin  1497,  ne 
fut  aboli  qu'en  1768,  après  de  longues  ré- 
clamations de  la  part  des  marchands  et 
des  officiers  municipaux.  J.  Lt. 

Récits  d'événe-Tients  historiques 
consignés  à  la  dern  ère  page  des 
anciens  registres  d'état-ci vii  (L,779, 
910),  —  En  Berry,  les  marges  et  les  blancs 
des  registres  anciens,  livres  de  raison  ou 
de  comptes  et  particulièrement  cahiers  de 
l'état-civil,  c'est-à-dire  paroissiaux,  sont 
généralement  couverts  d'annotations  très 
curieuses  ;  on  peut  dire  que  c'est  l'excep- 
tion qui  se  fait  remarquer. 

Pour  ne  parier  que  des  registres  de 
l'état-civil  de  l.i  ville  du  Blanc  (Indre) 
que  j'ai  étudiés  plus  particulièrement,  on 
y  rencontre  des  renseignements  précieux 
non  seulement  sur  les  événements  poli- 
tiques et  militaires,  locaux  et  nationaux, 
en  question,  mais  encore  touchant  la  sta- 
■istique,  les  faits  divers  régionaux,  les 
observations  agricoles,  météorolpgiques 
et  cliinatériques,  le  prix  des  grains  depuis 
1618  jusqu'en  1789,  sans  interruption,  le 
tout  entremêlé  de  recettes  médicales  et 
même  culinaires,  décomptes,  de  dépenses 
de  ménages,  dî  notes  de  lessives,  de  cita- 
tions puisées  dans  les  gazettes  ou  les  au- 
teurs anciens  ou  contemporains,  de  ser- 
mons, de  dissertations  et  aussi  d'anec- 
dotes grivoises,  pour  ne  pas  dire  tout 
à  fait  licencieuses. 

Ces  inscriptions  sont  l'œuvre  des  des- 
servants successifs  des  paroisses  ;  on  n'en 
peut  douter  après  cette  déclaration  placée 
sur  la  couverture  du  cahier  de  l'église 
Saint-Eîlenne  n°  8,  depuis  1767  jusqu'en 
1777  :  ';^  Il  y  a  onze  années  de  registre 
dans  cette  liasse,  à  la  fin  dé  chacun  où  il 
y  a  du  blanc  j'ay  écrit  quelques  anecdottes 
frappantes  »,  signé  Bastide^  curé  ;  puis 
cette  citation  subséquente  :  fine,  cororari 
(sic)  nohile  gaudet  opns  !  Et  dans  le  suivant, 
de  1778  à  1788  :  «  Il  y  a  onze  années  de 
registres  dans  cette  liasse  et  à  la  fin  de 
chacune  où  il  s'est  trouvé  du  blanc,  j'ay 
écrit  quelques  anecdottes  (sic)  frappantes 
et  n-otamm.ent  les  remorïtrances  des  curés 


de   France   aux   états  généraux  qui  com 
menceront  à  Versailles  le  29  avril  1789  » 
Pour  demeurer  dans  le  goût  du  docu 
ment  puisé  aux  archives  communales  de 
Barre  (Lozère)  — assassinat  de  l'abbé   d^ 
Langlade  du   Chayla  à  Pont-de-Montvert 
(  1 702)  —  je  citerai  seulement  les  notes  sui- 
vantes relevées  au  Blanc  : 

Le  second  jour  de  mars  aud.  an  1691,  ont 
esté  enterré  dans  le  cimetière  deux  corps  qui 
avoient  esté  tués  le  jour  précédent  au  village 
de  Rolenier,  que  l'on  nous  a  dit  l'un  estre 
e;entilhomme  et  l'autre  son  valet  du  côté  de 
Buzançois  que  l'on  a  jugé  estre  bons  chres- 
tiens  et  par  conséquant  estre  inhumés. 

—  Le  vintuniesme  jour  de  septembre  aud* 
an  1687  est  décédé  Claude  Gaultier,  maréchal 
qui  fut  tué  d'un  c;up  de  couteau  cti4  dud 
mois.  Enterré  dans  le  cimetière  de  St-Cirangt. 

Sanguis  ejiis  clamai posi  suum  carnificem. 

—  M"  Jean  Gaillaud,  curé  de  .Mauvierre,  a 
esté  assasignée  par  Pierre  Héraudin,  dit  Tri- 
liodière,  neveu  dudit  Gaillaud  qui  lui  donna 
cinq  coups  d'espée  dans  le  vantre  proche  le 
vilage  de  Roche  le  lundy  dixiezme  jour  de 
juillet  1674. 

Saiigins  ejus  clamât  vindiitionem  (sic) 
Requiescat  inpacc.  Amen. 

Annotation  postérieure  :  La  mort  dud  . 
M.  Jean  Gailliaud  n'a  point  esté  vangée  par 
l'absence  dudit  Triliodière. 

Ai-je  besoin  de  faire  remarquer  qu'alors, 
chez  nos  bons  curés,  les  phrases  étaient 
assez  amphigouriques,  les  mots  horrible- 
ment estropiés  et  le  latin  plutôt  barbare. 
Mais  il  y  avait  quelque  chose  de  plus  bar- 
bare encore  :  les  -  exploits  de  MM.  les 
assassins  qui  semblent  avoir  eu  singuliè- 
rement beau  jeu  au  déclin  du  xvii^  et  a 
l'aurore  du  xviiio  siècle,  et  estropiaient 
cyniquement,  sans  ambages,  jusqu'à  ce 
que  mort  s'en  suive,  leurs  infortunés  vic- 
times et  en  particulier  MM.  les  curés  sur 
lesquels   ils    prenaient   une    bien    cruelle 


revanche. 


Pierre. 


Héroïnes  iccnorées  de  la  Révo- 
lution d?.  iS;JO  (XLVil,  271).  —  Sous 
ce  titre,  M.  Eugène  Gi-écourt  publiait  ici, 
l'an  dernier,  une  intéressante  communi- 
cation sur  les  prostituées  qui  avaient  fait 
le  coup  de  feu  en  1S30. 

Les  noms  de  la  plupart  des  blessées 
ayant  été  publiés,  on  pourrait  aisément, 
en  s'aidant  des  adresses,  identifier  les 
filles  de  joie. 

Voici,  par  exemple,  Thérèse-Joséphine 
Acher,  qui  est  blessée  à  la  mamelle  gau- 


N"  1062 


L'INTERMEDIAIRE 


963 


964 


che  et  qui  demeure,  16,  rue  du  Cloître- 
Saint-Honoré.  En  1830,  cette  maison 
était  un  lupanar.  Le  doute  n'est  donc  pas 
possible  à  l'égard  de  la  profession. 

D'autres  demeurent  rue  de  la  Reynie, 
rue  aux  Ours,  rue  du  Cadran,  rue  Pavée 
Saint-Sauveur  :  toutes  rues  où  les  pros- 
tituées étaient  chez  elles,  ou  plutôt  chez 
leurs  matrones.  Candide. 

Cardinal  de  Sainte-Potentianne 

(L,  891).  —  Le  collaborateur  V.  oublie 
que  les  cardmaux  de  l'ordre  des  j^rêtres  et 
des  diacres,  portent  tous  le  titre  d'une 
église  de  Rome,  dont  ils  sont  les  curés 
d'honneur,  comme  à  l'origine  ils  en 
étaient  les  curés  effectifs. 

Si  ce  détail  peut  intéresser  les  lecteurs 
de  Vlntcnucdiaire^  voici  quelques-uns  des 
titres  cardinalices  actuellement  portés  : 

Le  pape  Pie  X,  créé  cardinal  le  12  juin 
1893,  était  titulaire  de  S.  Bernardo  aile 
Terme  ; 

Le   cardinal    Gibbons,   archevêque    de 
Baltimore,  de  Santa  Maria  m  Trastevere  ; 
Le  cardinal   RarnpoUa,  de  Santa  Ceci- 
lia  ; 

Le  cardinal  Richard,  de  Santa  Maria  in 
Via  ; 

Le  cardinal  Vaugham,  archevêque  de 
Westminster  des  S. S.  Andréa  e  Gregorio 
al  Monte  ; 

Le  cardinal  Langénieux.de  S,  Giovanni 
à  Porta  Latina  ; 

Le  cardinal  Lécot,  archevêque  de  Bor- 
deaux, de  S.  Pudanziana  ; 

Le  cardinal  Perraud,  évêque  d'Autun, 
de  S.Pietro  in  Vincoli; 

Le  cardinal  Ledochovvski  de  S.Lorenzo 
in  Lucina  ; 

Le  cardinal  Goossens,  archevêque  de 
Malines,  de  S.  Croce  in  Gerusalemme  ; 

Le  cardinal  Moran,  archevêque  de 
Sydney,  de  S.  Suzanna  ; 

Le  cardinal  Ferrata,  de  S.  Prisca. 
Aucun  titre  cardinalice  n'est  joint  au 
nom  des  cardinaux  de  l'ordre  des  évêques 
qui  sont  les  évêques  des  diocèses  groupés 
autour  de  Rome,  Porto  e  S.  Rufma,  Alba, 
Palestrina,  Frascati,  Sal  ina,  Albano. 

Quant  au  nom  de  Sainte-Podantiane, 
ouplutôt  Potentienne,  je  ne  le  retrouve 
pas  dans  la  nomenclature  des  églises  à 
titre  cardinalice,  pas  même  dans  celle  des 
paroisses  de  Rome  ;  peut-être  s'agit-il  de 
Sainte-Pudentienne.  H.  C.  M. 


Sainte-Pudentienne  et  o//;«  Potantianne, 
est  une  église  que  l'on  croit  la  plus  an- 
cienne de  Rome,  à  laquelle  est  attaché  un 
titre  cardinalice  que  portait  naguère  le 
cardinal  Bonaparte. 

Cette  église  occupe  l'emplacement  delà 
maison  du  sénateur  Pudent,  qui  fut  l'hôte 
de  saint  Pierre.  A.  S.,  e. 

♦  ♦ 

On  trouvera  dans  tous  les  dic- 
tionnaires que  Sainte-Pudentienne  (Sainte- 
Potantiane  aux  xiv'  et  xv*  siècles)  est  un 
titre  cardinalice  de  l'ordre  presbytéral  qui 
est  encore  aujourd'hui  porté.  Bertrand  de 
Chanac,  archevêque  de  Bourges  et  pa- 
triarche de  Jérusalem,  le  reçut, lorsque,  le 
12  juillet  138^, Clément  III,  le  pape  d'Avi- 
gnon,lui  conféra  la  pourpre.  11  ne  le  quitta 
que  pour  prendre,  sur  la  fin  de  sa  vie, 
celui  d'évêque  de  Sabine. 

Puisque  l'occasion  m'est  donnée  de 
parler  de  ce  prélat,  voici  le  texte  inédit 
de  l'épitaphe  qui  fut  placée  sur  son  tom- 
beau, dans  le  chœur  de  l'église  des  Domi- 
nicains d'Avignon  : 

Hic  jacet  Rêver endissimus  in  Christo Pater 
D.  Bertrandus  de  Chanaco^  Lotmviciiisis 
diocesis,  génère  nobilis.  I.  V.D.  arclùcpis- 
coptis  Bilurricensis,  post-  inodum  pat riarclia 
Terosolimitamis  et  admmistrator  ecclèsie 
Abrincensie,  deinde  in  S.  R.E.  Carsinaled 
preshitorum  assoinplus  et  demum  sahinensis 
ecclèsie  episcopus  effectiis.  Obdormivit  in 
Domino,  die  21  mai  1404. 

(Bibl.  d'Avignon,  ms,  1738,  recueil  des 
épitaphes  d'Avignon  par  de  Véras,  fol.  93 

V°).  L.-H.  Labande. 

« 

Ce  ne  peut  être  qu'une  mauvaise  tra- 
duction de  cardinal  de  SanlaPiiden^iana. 

Ce  titre  est  attaché  à  l'Eglise  qui  existe 
encore  à  Rome,  via  urhana^  dans  les 
environs  de  Sainte-Marie-Majeure.  Elle 
passe  pour  la  plus  ancienne  de  Rome, 
ayant  été  bâtie,  suivant  une  légende,  sur 
l'emplacement  même  de  la  maison  du  sé- 
nateur Pudens,  qui  donna  l'hospitalité  à 
saint  Pierre.  Elle  est  dédiée  à  sainte  Pu- 
dentienne,  l'une  des  deux  filles   du   séna- 


teur. 


G.  G. 


«  Mandement  >^  de  Lans-le-Bourg 

(L,  838).  —  Le  mot  mandement  est,  si  je 
ne  me  trompe,  le  nom  d'une  circonscrip- 
tion administrative  de  la  Savoie  pendant 
la  domination  sarde.  C'était  un  terme  en 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


150  Décembre   1904, 


965 


—     966 


usage  dans  la  région  des  Alpes  et  répon- 
dant à  peu  près  à  notre  canton  actuel 

Puisque  notre  collaborateur  A.  d'E.  a 
vu  le  mot  mandement  inscrit  à  Lans-le- 
Bourg,  je  lui  signalerai  dans  la  même 
minuscule  ville,  au  coin  de  la  caserne 
des  chasseurs  alpins,  cette  autre  inscrip- 
tion remontant  à  la  dernière  annexion  de 
la  Savoie  :  Route  impénale  n°  16,  frontière 
sard€  à  10  kilomètres.  Le  souvenir  du 
royaume  de  Sardaigne  et  celui  du  second 
empire  restent  donc  sous  une  forme  epi- 
graphique.  Ardouin-Dumazet. 

Ecuries  d'Orléans  (L,  892).  —  En 
1 792,  les  écuries  d'Orléans  occupaient  l'hô- 
tel de  Thun.  situé  rue  de  Provence,  en  face 
de  la  cité  d' Antin  (ancien  hôtel  de  Mme  de 
Montesson). 

Sur  le  plan  de  Turgot,  1734.  les 
écuries  d'Orléans  occupent,  rue  Vivienne, 
le  n"  6  actuel,  tandis  que  la  duchesse 
d'Orléans  avait  les  siennes  entre  la  place 
Vendôme  et  la  rue  des  Capucines,  n"^  ac- 
tuels 5,  7.  9,  II.       /.  DE  Beauchêne. 

L'hôtel  de  La  Rocheguyon,  connu  sous 
le  nom  de  chancellerie  d'Orléans,  a  été 
affecté  aux  écuries  du.duc  d"Orléans,  frère 
de  Louis  XIV. 

Un  hôtel  sis  à  l'angle  de  la  rue  Neuve- 
des-Petits- Champs   et  de  la  rue  Vivien- 
ne    dénommé  sur   le   plan  de  La  Caille 
(1714)  Hôtel  Colb^rt,  figure  dans  le  plan 
de  Bretez  (1739),  ^ous  celui  d'Ecuries  de 
M.  le  duc  d'Orléans,  puis  dans  celui  d't 
Deharme  (1763)  sous  celui  d'Ecuries  d'Or- 
léans, et  enfin  devient,  dans  le  plan  Verni- 
quet  (179O.  Hôtel  des  domaines  du  Roy. 
Bretez  désigne  de   plus  la  maison  for- 
mant  l'angle  nord-est  de  la  place  Ven- 
dôme sous  le  nom  d'Ecuries  d'Orléans. 

11  serait  bien  difficile  de  dire  quel  était 
celui  de  ces  immeubles  que  désigne  la 
gravure  de  1792,  à  moins  que  l'un  d'eux 
ne  porte  encore  les  têtes  de  chevaux. 

Champvolant. 


Tresses  de  Navarre  (L,  0i,  691. 
807).  —  Le  P.  C.  François  Menestrier, 
dans  son  livre  :  Le  Vériiahle  art  'du  Bla- 
son et  la  pratique  des  armoiries  depuis  leur 
institution,  paru  à  Lyon  en  167 1 .  dit  ceci  : 

Les  anciens  rois  depuis  Sance  le  fort,  ont 
porté  les  chaînes  merrelées,  que  tant  de  Hé- 
rauts ont  prises  pour  un  rais  d'EscarboucIe. 
Mais  tant  d'autheurs    Espagnols  qui  ont  écrit 


sur  ce  sujet  et  tant  de  familles  d'Espagne  qui 
portent  des  chaînes  depuis  la  célèbre  défaite 
des  Maures  arabes  doivent  prévaloir  au  senti- 
ment de  ces  hérauts. 

M. 

Armes  de    Vabbé  de    Chaulieu 

(,L,  72b).  —  Son  nom  patronymique  est 
Anfrie  et  non  Aufrie,  comme  on  me  La  fait 
dire.  P-LEj. 

Armoiries  de  Châtillon-sur-Mar- 

ne  (L,  782, 916).  —  La  petite  ville  de  Chà- 
tillon-sur-Marne  a  donné  son  nom  a  l'il- 
lustre famille  de  Chàtillon,  et  ses  armes 
sont  celles  de  ses  anciens  seigneurs  qui 
blasonnent  :  de  gueules,  à  trois  pals  de 
vair  :  an  chef  d'or.  La  merlette  est  une  • 
brisure  de  branche  cadette  de_  cette  mai- 
son et  je  suis  surpris  que  la' ville  n'ait 
pas  retenu  les  armes  pleines.  Est-ce  une 
faute  de  plus  à  mettre  au  compte  de  Gi- 
rault  de  Saint-Fargeau  ?  P.  le  j. 

Armoiries    à   déterminer    :    de 
gueules,  à  quatre  carreaux  (L,  781). 

La  devise  ;    loyal  devoir  est   celle  de 

la  famille  Carteret  de  Granville  dans  le 
Bedfordshire.  Les  armes  doivent  se  lire  : 
de  gueules,  à  quatre  fusées  d'argent,  accolées 
en  fasce   Le   croissant  est  ici  comme  bri- 

P    LE  1 

sure.  ^  •  ^^  J' 

Armoiries  à  déterminer  :  à  3  mo- 
lettes d'éperon  de  sable  (L,  444,387, 
692,839,910). -Je  regrette  de  n'avoir 
pas  su  m'expliquer  assez  clairement. Néan- 
moins, si  M.  Henri  M.  veut  bien  me  lire 
avec  un  peu  plus  d'attention,  il  verra  que 
je  n'ai  jamais  prétendu  que  les  molettes 
de  Caylus  dussent  être  de  sable  et  non 
d'or  Ma  seule  prétention  a  été  d'affirmer 
que  ma  description  du  blason  dont  l'image 
était  sous  mes  yeux,  est  rigoureusement 
exacte,  aussi  bien  pour  l'écu  qui  est  sur 
le  tout  que  pour  les  4  quartiers. 

En  ce  qui  est  des  armes  de  la  maison 
de  Condé,  qu'ai-je  affirmé  ?  Uniquement 
que  les  Bourbon-Malause,  d'origine  bâ- 
tarde, n'avaient  aucun  droit  de  les  pren- 
dre. Je  maintiens  mon  affirmation  a  cet 
égard  et  je  ne  crois  pas  que  Ton  puisse 
apporter  aucune  preuve  à  l'encontre. 
j'ajouterai,  quoi  qu'en  dise  mon  honora- 
ble et  très  obligeant  contradicteur,  que 
même  une  autorisation  formelle  des 
Condé  à  ce  sujet,  n'aurait  pu  leur  consti- 


N*   1062 


LiNTKRMEDÎAlRE 


967 


968   ™ 


tuer  le    moindre    droit.  Rappellerai-je    à  ! 
M.  Henri  M.  que  même  les  princes   légi- 
timés gardaieiit  la  barre  ?  T. 

Armes  de  trois  familles  bourgui- 
gnoanes  (L,  726.  859).  —  Les  rensei- 
gnements sur  la  seigneurie  d'Avelanges 
font  complètement  défaut  pendant  le  xv"  siè- 
cle.Lors  delà  convocation  du  ban  etde  l'ar- 
rière ban  de  1474,  Pierre  d'Achey,  écuyer, 
seigneur  de  Vevrotte, tient  une  partie  d'A- 
velanges en  franc-allcu  (B.  11,722).  La 
famille  de  la  Sarra  possédait-elle  alors  en 
fief  l'autre  partie? 

A  partir  du  xvr'  siècle,  les  documents 
sont  assez  nombreux,  tout  en  laissant 
planer  une  certaine  obscurité  ;  voici  ceux 
que  j'ai  puisés  aux  Archives  de  la  Côte 
d'Or  : 

5  mars  1500  :  Reprise  de  fief  par  Jean 
du  Fayl,  écuier,  de  ce  qu'il  tient  au  lieu 
d'Avelanges,  à  cause  de  damoiselle  Clere 
de  Berquam,  sa  femme  (B.  10.590). 

22  avril  1501.  Reprise  de  fief  de  la 
seigneurie  d'Avelanges,  par  Simon  Da- 
chey  (B.  10,590). 

7  juillet  1509.  Reprise  de  fief  de  la  sei- 
gneurie d'Avelange,  mouvante  du  châtel 
de  Saulx-Ie-Duc,  par  Jeannot  de  la  Sarra. 
écuier,  coseigneur  de  Marcelois  (B. 
10.594). 

10  février    1525.    Reprise  de  fief  de  la 
seigneurie    d'Avelange,    par  Jean    de  la 
Baulme,    chevalier,    seigneur  de  Bussy  et 
de   Fermes,    comme  acquéreur  puis   na- 
guères  de  Jean  du  Fay,  écuier  (B.  10.604). 
7  janvier  1532.    Reprise    de   fief  de  la 
seigneurie    d'Àvelanges-les-Saulx  le  Duc, 
par  |ean  du  Fay,  écuier,  seigneur  du  Potey , 
capitaine     de    Labergement    (en  Bresse) 
pour    M.  lean   de    la    Baume,    comte    de 
Montrevel,  baron  de  Labergement,  comme 
acquéreur  dudit   comte  de  Montrevel.  Est 
jointe  sa  procuration  à  François  du  Fay, 
écuier,  son  fils  (B,  10.  609). 

9  février  1552.  Reprise  de  fief  de  por- 
tion de  la  seigneurie  d'Avelange,  par 
messire  François  du  Fay,  chevalier,  sei- 
gneur de  Longepierre,  comme  acquéreur 
puis  naguères,  par  droit  de  retrait  ligna- 
ger,  de  )ean  de  Gand,  seigneur  de  Vernot, 
qui  Lavait  auparavant  acquise  de  Edme 
du  Fay  (B.  10,  637). 

Deux  ans  plus  tard,  en  1554,  la  sei- 
gneurie sort  définitivement  de  la  maison 
du  Fay  pour  passer   dans  celle   d'Amon- 


court  ;  quant  à  l'autre  portion  qui  éta'* 
de  franc  alleu,  elle  passa  aux  mains  de^ 
Blurard. 

Il  résulterait  donc  de  ces  documents 
qu'au  commencement  du  xvî*  siècle,  la 
seigneurie  d'Avelanges  était  partagée 
entre  les  d'Achey  et  les  du  Fay.  Jeannot 
de  la  Sarra  acheta  sa  portion  de  ces  der- 
niers ;  après  en  avoir  joui  pendant  qua- 
torze années  il  la  vendit  au  comte  de 
Montrevel  qui  la  rétrocéda,  au  bout  de 
quelques  années,  à  Jean  du  Fay  (proba- 
blement le  fils  du  Jean  du  Fay  de  1 500). 

Ces  deux  familles  de  la  Baume  et  de  la 
Sarra  étaient  savoyardes,  établies  en 
Bresse  ;  celle-ci  dut  s'éteindre  de  bonne 
heure  et  le  nom  et  les  armes  ont  été  relevés 
parles  Gingins  du  pays  deVaud;  elle  por- 
tait :  Pale  d'argent  et  d'azur,  au  chef  de 
gueules^  chargé  de  trois  étoiles  d'or. 

Aucun  Villeneuve  n'a  possédé  la  sei- 
gneurie d'Avelanges  ;  il  y  a  bien  eu  en 
Bourgogne  plusieurs  familles  de  ce  nom, 
mais  les  Villeneuve  de  la  Sarraz  me  sont 
totalement  inconnus. 

Je  fais  des  recherches  pour  répondre 
aux  autres  questions  de  M.  Robit. 

Palliot  lr  Jeune. 

La  âeur  de  lis  dans  les  arines  de 

■peretti  dalla  Rocca(L,  168,  368,  366, 
689,  805)  —  D'après  un  arbre  généalo- 
gique de  la  famille  de  Peretti  délia  Rocca, 
il  ressort  que  Napoléon  Peretti  de  Levie 
était  fils  de  Angelo  Santo,  petit-fils  de 
Peretto  délia  Rocca  et  arrière  petit-fils  de 
Giudice  délia  Rocca,  comte  de  Corse  en 
1460.  M.  Colonna  de  Cesari- Rocca  pour- 
rait se  rendre  compte  de  l'exactitude  de  ce 
que  nous  avançons  en  prenant  connais- 
sance de  l'arbre  généalogique  cité  plus 
haut.  Nous  ajouterons  que  d'après  cette 
pièce  que  nous  avons  consultée  ily  a  plu- 
sieurs années,  lors  d'un  voyage  que  nous 
fimes  en  Corse,  l'auteur  de  la  famille  de 
P.  della  R.  est  Ugo  Colonna  (816). 

Nous  voulons  bien  admettre,  ainsi  que 
M.  C.  de  C.  R.le  fait  remarquer  dans  son 
article  de  Y  Intermédiaire  du  30  novembre 
dernier,  que  le  passage  de  Ugo  Colonna 
en  Corse,  en  Lan  816,  est  du  domaine  de 
la  légende.  Mais  en  ce  cas,  nous  sommes 
étonné  de  lire  dans  V Armoriai  Corse  que 
M.  Colon !ia  de  Cesari-Rocca  a  publié,  en 
1892,  que  la  famille  Colonna  de  Cesari- 
Rocca  a  reçu  des   lettres-patentes  confir- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


969 


mant  sa  filiation  depuis  Ugo  Colonna, 
(page  72).  Nous  avons  fait  la  même  re- 
marque en  lisant  l'ouvrage  que  M.  C.  de 
C.  R.  a  publié,  en  1893,  sur  la  maison 
Colonna  d'Ornano  et  dans  lequel  il  tire 
l'origine  de  cette  maison  de  Ugo  Colon- 
na, (page  II).  M.  C.  de  R.  est  donc  en 
contradiction  avec  lui-même. 

Nous  avons  également  consulté  l'origi- 
nal des  Lettres-patentes  données  par  le 
roi  Henry  11, au  capitaine  Napoléon  Pe- 
retti  de  Levie,  en  I758.  Dans  ces  lettres, 
le  roi  de  France  octroie  à  Napoléon  Peretti 
le  droit  d'ajouter  à  ses  armoiries  la  fleur 
de  lis  d'or  sur  champ  d'azur.  Voici  le 
passage  se  rapportant  à  cette  concession: 

« Nous  lui  avons  permis,  permettons  et 

octroyons  qiien  Vécu  et  blason  de  ses  ar- 
moiries telles  qu'elles  sont  ici  peintes  et 
écrites,  y  puisse  ajouter  deux  lions  rampants 
avec  une  fleur  de   lys  d'or  entre   les  pattes 

des  dits  lions,  etc »  Ces  lettres  données 

à  Saint-Germain-en-Laye,  au  mois  de 
novembre  1558,  sont  signées  de  Mgr.  le 
duc  dj  Guise. 

Les  armoiries  peintes  sur  ces  lettres, 
que  nous  avons  vues,  sont. nous  le  répé- 
tons :  Parti  au  i  de  gueules,  à  la  colonne 
d'argent, la  base  et  le  chapiteau  d'or  sommée 
d'une  couronne  du  même  à  l'antique;  au  2 
de  gueules^  au  château  d'argent,  surmonté 
d'une  balance  d'or^  tenue  par  une  main  du 
même  mouvante  du  chef;  —  an  chef  la  con- 
cession royale  citée  plus  haut. 

Ces  lettres,  dont  l'authenticité  ne  peut 
être  mise  en  doute,  prouvent  d'une  façon 
incontestable  que  lacolonne  fut  introduite 
comme  meuble  héraldique  chez  les  des- 
cendants de  Cinarca,  bien  avant  la  publi- 
cation du  livre  de  Filippini  qui  parut  en 
î  596.  Serait-ce  une  preuve  que  les  Pe- 
retti délia  Rocca  auraient  été  les  premiers 
reconnus  comme  descendants  des  Co- 
lonna de  Cinarca? 

Nous  renvoyons  M. de  C.  R.  au  volume 
de  Borel  d'Hauterive  de  l'année  1895,  à 
l'article  concernant  les  Colonna  de  Ci- 
narca. Dans  cet  article,  à  la  page  391, 
parmi  les  fils  de  Giudice  délia  Rocca,  on 
cite  Peretto.  Or,  ce  Peretto  esi  l'auteur 
de  la  branche  des  Peretti  délia  Rocca.  Par 
conséquent,  les  descendants  de  ce  Pe- 
retto ont  droit,  tout  comme  les  descen- 
dants de  ses  frères  Renuccio,  Colombano 
et  Polo,  de  faire  ressortir  les  titres  portés 
par  leurs  ancêtres,   les  délia  Rocca.  (Ti- 


30  Décembre  1904 

970 

Cinarca   et   de  comtes- 


tres  de  princes  d 
souverains  de  Corse). 

Nous  ne  pouvons  donner  d'autres  ren- 
seignements sur  cette  famille  que  nous  ne 
connaissons  que  parce  que  le  hasard  nous 
a  fait  tomber  sur  certains  documents  au- 
thentiques lors  de  notre  voyage  en  Corse. 
Pourquoi  Al.  C.  de  C.  R.,  s'il  tient  à  voir 
lui-même  les  documents,  ne  s'adresserait- 
il  pas  à  la  famille  de  Peretti  délia  Rocca, 
qui,  certainement,  lui  communiquerait  les 
pièces  qu'elle  possède  ? 

M.  DE  Lapouzat. 

Pourquoi  la  couronne  de  comte 
a-t-sUe  été  si  souvent  usurpée  dans 
les  armoiries  ■   (L,  725,  858).  —H  y 
auraità  faire  sur  ce  sujet  une  longue  disser- 
tation qui  ne  rentre  pas  dans  le  cadre  de 
cette  revue.  Je  ne  partage  pas  l'opinion  de 
M.  le  vicomte  de   Bonald,  les   couronnes 
de  baron  et  de  vicomte    sont  assez  rares, 
en  effet,  mais  simplement  parce  que  ces 
titres  paraissaient  trop  minimes   pour  les 
gros    appétits  des    bourgeois  et  des  nou- 
veaux anoblis.  On  timbrait  son  écu  d'une 
couronne   de  comte,  même    sans  être  no- 
ble, parce  qu'on  avait   acheté    une  terre, 
démembrement   d'un     comté,    ou   parce 
qu'on  possédait   un    arrière-fief  relevant 
d'un  comté  :  à  leur  tour  les   comtes    pre- 
naient la  couronne  de   marquis  et  ceux-ci 
celle  de  duc  ;  c'était  dans  l'ordre  logique 
des  choses.  L'Intermédiaire  citait   derniè- 
rement (L,  414)  le  cas  de  la  famille  Rous- 
sel  de   Tilly,  anoblie     en    1700,  et   qui, 
moins  de   trente   ans  après,  timbrait   ses 
armes    d'une      couronne     ducale    ;     on 
chercherait   vainement  le  duché  qui  au- 
rait pu  donner  le  droit  à  cette   couronne. 
Le  bon  plaisir  était  la  seule  règle  exis- 
tante, puisque  le  pouvoir   royal  était  im- 
puissant à  refréner  ces  usurpations.  Les 
jugements  des  Intendants   chargés  des  re- 
cherches de  la  noblesse,  avaient   été  durs 
pour  tous  ces  geais  parés   des  plumes  du 
paon  ;  mais   déjà   dans  le    premier  quart 
du  xvm«  siècle  il  n'en  était  plus  question. 
La   noblesse  ;  chevaleresque,    était    alors 
clair-semée  et  celle  qui  lui   avait  succédé 
depuis  le  xvi*  siècle,  non^moins   frivole  et 
insouciante  que  son  ainée,  était  poussée  à 
son  tour  par  une  ;  bourgeoisie,  ambitieuse 
et  tenace,    qui   s'était    enrichie     dans    le 
négoce  et  qui  achetait,  à   beaux  deniers 
comptants,  les  charges  de  iudicature  pour 


N'   1062. 


L'INTERMEDIAIRE 


971 


972 


arriver  à  la  noblesse.Elle  avait  dûpréparer 
les  voies  par  les  marques  extérieures  et 
1  orsqu'elle  était  arrivée  à  son  but,  il  ne 
lui  restait  plus  qu'à  se  faire  fabriquer  une 
généalogie  pour  oublier  ses  trop  récentes 
origines  roturières.  Les  lecteurs  de  Vln- 
iertnédiû ire  n'ont  pas  encore  oublié  l'ardente 
polémique  soulevée  par  les  armes  des 
Viry  et  leur  généalogie  forgée  par  Waro- 
quier  de  Combles.  C'était  la  mode  à  cette 
époque  de  travailler  les  titres  et  nos  grands 
auteurs  de  Bourgogne,  les  D.  Plancher, 
les  D.  Villevieille  eux-mêmes  ne  furent  pas 
exempts  de  cette  faiblesse. 

Cependant,  il  est  juste  de  remarquer 
que  la  plus  grande  partie  des  anoblis 
s'empressait  de  quitter  la  robe  pour  em- 
brasser le  métier  des  armes,  et  cette 
noblesse  de  fraîche  date  ne  le  céda  en 
rien  à  l'ancienne  pour  la  valeur  et  la 
bravoure  sur  les  champs  de  bataille. 
Tous  étaient  également  Français,  de  cœur 
comme  de  race.  Palliot  le  Jeune. 


Régulièrement  les  couronnes  devraient 
correspondre  aux  titres  de  ceux  qui  s'en 
parent. 

Certes,  les  couronnes  de  comte  et  de 
marquis  ont  été  usurpées,  mais  celle  de 
duc  aussi,  etjepourtais  citer  bon  nombrede 
familles,  principalement  de  noblesse  de 
robe,  qui  ont  pris  sans  droit  des  couron- 
nes ducales.  Si  la  couronne  de  ccmte  a 
été  le  plus  usurpée, c'est  parce  qu'elle  re- 
présente une  dignité  moyenne,  et  que 
beaucoup  n'ont  pas  osé  viser  plus  haut. Le 
mal  sévissait  déjà  au  temps  de  La  Bruyère, 
jj 'Vicomte  de  Mazières-Mauléon. 

«  Emblèa  es  d'amour  divin,  etc.  ^> 
(L,  782).  —  Le  titre  cité  par  M.  G.  Ser- 
vandy  est  celui  du  frontispice  gravé,  le 
voici  textuellement  :  Les  emblèmes  d'a- 
mour divin  et  humain.  Explique:^  pas  des 
vers  français^  par  un  Père  Capucin.  A 
Paris,  cke{  Pierre  Mariette,  rue  Saint- 
Jacqries,  à  V Espérance  ;  mais  le  vrai  titre 
du  livre  est  :  «  Emblesmes  sacrés,  avec 
leurs  explications  nouvelles,  où  sont 
exprimez  les  différens  états  de  la  vie  spi- 
rituelle,et  les  résolut'ons  que  l'ame  fidèle 
y  doit  prendre.  A  Auxerre,  de  l'Imprime- 
rie de  François  Garnier,  Imprimeur  du 
Roy,  de  Monseigneur  l'Evèque,  et  de  la 
Ville.  M.DC.LXXXVll  >v  ;  in-12. 

L'ouvrage  se  compose  de  1 19  planches 


dont  un  grand  nombre  est  signé  /.  Mes- 
sager excud.  ;  au-dessous  de  chaque  figure 
d'emblème  sont  lesdeux  vers  du  Père  Ca- 
pucin.Sur  l'exemplaire  que  j'ai  sous  les 
yeux,  on  lit  au  dos  de  la  première  gra- 
vure, en  écriture  du  xix*  siècle  : 

Le  Père  Capucin  ne  s'était  pas  contenté 
d'apposer  deux  vers  à  ses  emblèmes,  mais 
il  a  donné  une  édition  que  n'avait  peut- 
être  pas  connue  le  chanoine  Brunet  et  où 
on  trouve  en  regard  de  la  figure  trois  stan- 
ces qui  formaient  une  page.  Elles  se  font 
remarquer  par  leur  naïveté. 

Les  ouvrages  du  même  genre  paraissent 
assez  nombreux  dans  le  xvu®  siècle  ;  à 
ma  connaissance  je  puis  citer  les  deux  sui- 
vants : 

\'^  Amoris   Divini  emblemaîa  studio  et 
crr^.Othonis  Vœni  concinnata.  Antverpiae 
ex  officina  Plantiniana   Baltasaris  Moreti,  . 
M  DC  LX,  petit  in-4°  carré. 

Il  se  compose  de  60  figures  d'emblèmes 
gravées  par  Otho  Vœnius  ;  le  texte  est  en 
quatre  langues  :  latin,  espagnol,  tlamand 
et  français. 

2"  Pia  Desideria  .  tribus  libris,  com- 
prehensa  :  i.  Gemitus  anims  poenitentis  ; 
2,  Vota  animée  sanctcc  ;  3.  Suspiria  ani- 
mœ  amantis.  Auctore  R.  P.  Hermano 
Hygone,  soc  Jésu.  Antiverpiie.  Apud  Su- 
cam  de  Potter,  in  candido  Pilio,  M.  DC, 
LXXVl  ;  in- 16. 

11  comprend  45  planches  gravées,  non 
signées. 

Tous  ces  livres  sont  devenus  rares, 
même  très  rares  d'après  une  note  du  ca- 
talogue de  la  vente  de  Gabriel  Peignot. 

Enfin,  dans  ma  collection  de  petites 
estampes,  je  possède  une  suite  de  59  gra- 
vures (incomplète  de  quatre  numéros) 
sur  le  Divin  Amour  ;  les  planches  sont  de 
format  in-12,  bien  gravées,  mais  non  si- 
gnées. J'ignore  à  quel  livre,  ellesanparte- 
naient  et  serais  reconnaissant  à  qui  pour- 
rait me  l'indiquer,  La  gravure  est  certai- 
nement contemporaine  des  ouvrages 
précités. 

Toujours  de  la  mêr.ie  époque,  mais 
dans  un  tout  autre  g^-nre,  un  journal 
hebdomadaire  —  disons  galant,  pour  être 
poli  —  donne  depuis  l'année  dernière  des 
reproductions  de  planches  intitulées  :  Le 
centre  deV amour  découvert  sous  divers  em- 
blèmes (1648). 

Mysticisme  et  pornographie  se  tradui- 
saient par  des  emblèmes  sous  le  règne 
du  grand  roi.  D.  des  E. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1904. 


973 


974 


* 
*  * 


J'ai  eu  souvent  entre  les  mains  ce  cu- 
rieux petit  livre  dont  voici  le  titre 
exact  :  Les  emblèmes  d'amont  divin  et 
humain  ensemble.  Explique^  par  des  vers 
français .  Par  un  Père  Capucin.  A  Paris, 
chez  }ean  Messager,  rue  Saint-Jacques,  à 
TEspérance  »  in-12,  sans  date.  Il  en  existe 
une  autre  édition  avec  un  titre  identique, 
mais  avec  la  mention  :  chez  Mariette. 

Ce  petit  livre  renferme  119  gravures; 
au-dessous  de  chacune  est  une  sentence 
de  l'Ecriture  et  sa  traduction  plus  ou 
moins  libre  en  deux  vers  français. 

Quel  est  ce  Père  Capucin  ?  On  peut 
supposer,  avec  quelque  vraisemblance, 
que  ce  fut  le  Père  Paul  de  Lagny.  mort, 
le  8  août  1694.au  couvent  de  la  rue  Saint- 
Jacques,  devenu  l'Hôpital  du  Midi, aujour- 
d'hui désigné  sous  un  autre  nom.  Cette 
conjecture  est  appuyée  par  la  publication 
due  à  ce  P.  Paul  d'un  livre  intitulé  :  Cano- 
nes  Amoris  sacri .  Collectore  P .  Paulo  Lati- 
niaco  Capucino,  Paris,  1659,  in- 12,  pag. 
495.  11  faudrait  cependant  vérifier  par  des 
comparaisons  ce  que  cette  supposition 
peut  avoir  de  bien  fondé. 

11  faut  toutefois  noter  que  les  Emblèmes, 
explique::^ par  un  Père  Capucin.^  ne  furent 
pas  la  seule  publication  de  ce  genre.  On 
trouve  les  mêmes  sujets  de  gravures  dans 
un  livre  in-4'',  édité  à  Anvers  par  VO/Jl- 
cina  Plantiniana,  en  1660,  et  dont  voici 
le  titre  :  Amoris  divini  emblemata  studio  et 
aer  Othonis  Vaenius.  Van  Veen  fut  le  pre- 
mier maître  de  Rubens.  Ce  livre  avait  été 
précédé  par  un  autre  édité  pareillement  à 
Anvers  en  16515  :  Theatrum  aurions  divini 
et  hiimani,  tanquam  sccnis  expressif  latinis.^ 
S^allicis.,  hispanicis  et  flandricis  versihus 
illiistrati.,  in- 12.  Les  gravures  sont  aussi 
du  même  genre  que  celles  de  l'édition  de 
Paris.  On  trouve  encore  à  Anvers,  en 
1670  :  Amoris  divini  et  humant  antipathia.^ 
sive  efjectus  varii  e  variis  sacrac  scripturae 
locis  de prompti,  Embleniatis  suis  expressi... 
Editio  III aucta  et  recognita.  Ce  doit  être 
une  troisième  édition  du  Thcatrum.,car  on 
y  lit  pareillement  des  vers  en  diverses 
langues. 

Voilà  tout  ce  que  mes  fiches  bibliogra- 
phiques sur  le  livret  du  P.  Capucin  me 
permettent  de  dire.  Je  crois  que  notre 
collaborateur  aurait  plus  de  chance  en 
poursuivant  ses  recherches  au  cabinet  des 
estampes,  où  cet  ouvrage   sans  texte  se 


trouve  plus  probablement  qu'au  départe- 
ment des  imprimés.  Arch.  Cap. 

Lettres  gravées  sur  des  sous  (L, 

840,916).  — J'ai, dans  une  petite  collection 
de  jetons,  deux  de  ces  sous,  l'un  à  l'effigie 
de  Louis  XVI, sur  la  face  duquel  on  a  ins- 
crit au  moyen  de  poinçons,  le  nombre 
3693  et  gravé  grossièrement  au  burin  le 
nom  Jean  Nemri  ;  l'autre  au  millésime 
de  i8i5,dont  la  face  a  été  usée  et  rempla- 
cée par  une  ancre  dans  un  cercle  ovale  ou 
une  lettre  O. 

Celui-ci  est  percé  d'un  trou  en  haut, 
comme  pour  v  passer  un  cordon.  J'ai 
classé  ces  deux  pièces  avec  des  jetons  de 
cuivre  sur  lesquels  se  trouvent  des  noms 
et  des  chiffres  poinçonnés  ou  gravés  plus 
ou  moins  maladroitement  et  qui  ont  servi 
de  tout  temps,  dans  les  halles  et  marchés 
comme  monnaies  représentatives  ou 
comme  marque  sur  des  lots  de  marchan- 
dises achetées.  J-'C.  Wigg. 

Bratiano  (L,  784).  —  Demetre  Bra- 
tiano  a  été  condamné  comme  étant  l'un 
des  complices  du  complot  de  l'Opéra-Co- 
mique  ayant  pour  but  d'attenter  auxjours 
de  Napoléon  111. 

Comme  beaucoup  de  ceux  qui  ont  essayé 
d'assassiner  Napoléon  111,  Bratiano  était 
au  mieux  avec  madame  Cornu. 

Un  rat  de  bibliothèqlUE, 
* 

Ne   confond-on  pas  Démètre  Bratiano' 
avec  son  frère  cadet  Jon  (Jean)  Bratiano* 
lui    aussi  banni  de  Roumanie  en  1848  e 
qui  vint  se  réfugier  à  Paris  ? 

Ce  Jean  Bratiano  fut  impliqué  dans  le 
complot  dit  «  de  l'Opéra  Comique  » 
dirigé  contre  l'empereur  Napoléon  111  ; 
et  passa  en  cour  d'assises  avec  des  co- 
accusés, fut  défendu  par  Jules  Favre  et 
condamné  à  deux  ans  de  prison. 

Son  état  de  sa^^é  laissant  à  désirer,  il 
obtint  la  faveur  d'accomplir  la  plus  grande 
partie  de  sa  peine  dans  la  maison  de  santé 
du  docteur  Blanche. 

Plus  tard,  Jean  Bratiano,  devenu  Pré- 
sident du  Conseil  roumain,  sollicita,  lors 
d'un  passage  à  Paris,  une  audience  parti- 
culière de  l'empereur  Napoléon  lll,  mais 
elle  ne  lui  fut  point  accordée. 

Tabac. 


N*  1062 


L'INTERMÉDIAIRE 


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976 


p.    206, 


Capilupi  (L,  620) .  —  Qiie  de  cu- 
rieux ont  cherché  en  vain  l'introuvable 
original  italien  ou  plutôt  latin  du  ((  Stra- 
tagcma  di  Carlo-nono  »  paru,  dit-on,  à 
Rome,  en  1572,  in-4'' 

L'abbé  Langlet  du  Fresnoy,  dans  sa 
Méthode  pour  l'histoire,  Paris  1772, 
donne  le  texte  de  ce  livre  introuvable  : 

Lo  Stratagema  di  Carlo  IX,  contra  II  ugo- 
notti,  rebelli  di  Dio,  da  Camillo  Capilupi. 
in  Roma,  1572,  in-4°. 

Freytag  Analecta    litteraria, 
donne  ce  titre  :  Camilli  Capilupi 

Stratagema,  Romœ,  1572. 

Brunet  dit  simplement  que  l'original 
italien  avait  déjà  paru  à  Rome  en  1572. 

Graesse  en  dit  autant  et  ajoute  que  cette 
apologie  des  massacres  de  la  Saint-Bar- 
thélémy a  été  reproduite  dans  le  vol.  i*'' 
de  la  Bib.  Elrang.  de  St-Aignan  et  dans 
les  Archives  cur.  de  V Histoire  de  France, 
vol.  VII  (F"  série). 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  chercher  mé- 
thodiquement les  écrivains  qui  ont  parlé 
du  texte  latin  de  11572. 

D'après  Bayle.  le  premier  serait  l'his- 
torien de  Thou  (lib.  LU,  1089!. 

Le  catalogue  de  Thou  (1704,  p.  35S) 
n'indique  que  l'édition  connue  de  1574, 
c'est  une  présomption  qu'il  n'a  jamais  vu 
celle  de  1^72. 

Après  Bayle,  nous  trouvons  Gerdes  et 
Freytag. 

David  Clément  dit  dans  sa  bibliothèque 
curieuse  non  terminée,  Leipsic  1756  : 

Le  titre  insinue  que  cette  édition  (1572)  es' 
latine  ;  personne  n'en  indique  le  format.  Pou' 
moi,  j'espère  que  l'on  me  permettra  de  révo- 
quer en  cloute  celte  édition  latine,  jusqu'à  ce 
qu'un  témoin  oculaire  me  dise  qu'il  l'a  con- 
templée et  qu'elle  est  réelle. 

Et  dire  que  dans  les  desiderata  de  la 
Bibliographie  de  la  France,  on  demande 
toujours  l'édition  de  1572  ! 

A.  DiEUAlDE. 

Un  comte  de  Fiers  (L,  838).  — 
Louis  de  Pellevé,  comte  de  Fiers,  baron 
de  Larchant,  etc.  mort  le  23  avril  1722, 
épousa,  au  mois  de  mars  1696,  Madeleine 
de  Gaureaul  du  Mont,  dont  trois  enfants  : 

(1)  Hyacinthe-Louis  de  Pellevé,  comte 
de  Fiers, baron  de  Larchant  ou  Larchamp, 
lieutenant  d.s  gendarmes  de  la  garde  du 
Roi,  gouverneur  de  Meudon,  décédé  en 
avril  17365  sans  postérité  de  Marie-Angé- 


lique  de     La    Chaize   d'Aix,    qu'il   avait 
épousée  le  3  juillet  1724 

2)  Antoinette-Jourdainede  Pellevé, héri- 
tière de  son  frère,  comtesse  de  Fiers,  ba- 
ronne de  Larchamp,  châtelaine  de  la 
Lande-Patry,  dame  de  Frenaye,  Chanu, 
Bellefontaine.  Hémérer,  Riou  etc.  f  le  6 
février  1738, àParis  ;  alliée, le  11  juin  1^17 
à  René-Philippe  Ango,  seigneur  de  la 
Motte-Ango,  conseiller  au  parlement  de 
Normandie.  C'est  de  ce  mariage  que  des- 
cend la  famille  de  la  Motte-Ango,  mar- 
quis et  comtes  de  Fiers,  encore  exis- 
tante. 

3)  N,  morte  à  l'âge  de  10  ans. 

(La  Chesnaye  des  Bois  Dict.  delà  Nohl. 
XV,  600.  Mercure  de  France  1736,  p. 
1032  ;  1758,  p.  369). 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Domiciles  de  M.  de  Guitaut  et  de 
Mme  de  Sévigné  (L,  839).  —  La 
lettre  où  Mme  de  Sévigné  raconte  l'in- 
cendie de  la  maison  de  M.  de  Guitaut  est 
du  20  février  et  non  du  28  février   1671 . 

D'après  une  note  de  M.  Monmerqué, 
Mme  de  Sévigné  demeurait  alors  rue  de 
Thorigny.  Le  savant  éditeur  renvoie  à 
■Walckenaer,  tome  IV,  p.  68  et  334. 

Patchouna. 

Fnmille  Hémart  de  la  Cbarmoye 

(L,  669,  813,  865).  —  Pierre-Charles 
Hémart  de  la  Charmoy,  le  député,  avait, 
ainsi  que  M.  Gustave  Laurent  nous  l'a 
dit,  un  frère  cadet,  Claude-Nicolas-Louis 
Hémart,  né  à  Ay  le  8  janvier  1757,  che- 
valier de  l'empire  le  28  janvier  1809, 
qui,  après  avoir  été  procureur  au  Parle- 
ment de  Paris,  devint  Président  du  Tri- 
bunal criminel  de  la  Seine.  11  épousa,  le 
9  novembre  1788,  Amélie-Françoise  Do- 
bersecq  qui  mourut  en  i8ob,  et  se  re- 
maria en  1808,  avec  Caroline  Lejeune,  sa 
parente.  Du  i*""  lit  est  venue  une  seule 
fille,  Emilie  Hémart,  née  à  Paris  le  29 
avril  1798,  mariée  en  1819  à  Félix  de 
Lacoste  ;  du  second  lit  sont  nées  deux 
filles  :  l'une  a  épousé  M.  Fery  Desclands, 
dont  Alphonse,  duc  romain,  marié  à 
Mlle  de  Casablanca,  et  Caroline,  mariée 
à  M.  de  Castelnau  d'Essenault  ;  l'autre 
avait  épousé  M.  Pajot  et  n'a  pas  eu  de 
postérité. 

Félix  de  Lacoste,  le  gendre  du  prési- 
dent Hémart,  naquit  à  Paris  en  1795  et  fut 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEU) 


30  Décembre  1004 


977 


"     978 


admis,  le  16  juin  1814,  ajarde  du  corps, 
dans  la  Cie  de  Raguse,  mais  pendant 
les  Cent-fours  il  prit  le  parti  de  Napoléon 
et  devint  aide  de  camp  du  lieutenant-gé- 
néral Girard,  en  mai  1S15.  Rendu  à  la 
vie  tivile  après  Waterloo,  il  s'essaya  au 
commerce  à  Saint-Domingue,  revint  en 
France,  se  maria  et  s' étant  lié  d'une  étroite 
amitié  avec  le  roi  Joseph  Bonaparte,  il 
s'attacha  à  lui,  devint  son  hôte  et  son 
commensal  à  Point-Breeze  en  Amérique, 
et  ne  le  quitta  presque  plus.  C'est  lui  qui 
apporta  à  la  f!hambre,  en  1830  ,  la  pro- 
testation du  roi  Joseph  en  faveur  du  duc 
de  Reichstadt  contre  la  souveraineté  de 
Louis-Philippe.  11  créa  ou  contribua  à 
créer  en  Amérique  un  journal,  le  Courrier 
des  Etais  Unis,  dont  il  fut  le  directeur. 
Entre  temps,  venant  parfois  faire  de 
courts  séjours  à  Paris,  il  emmenait  sa 
femme  et  son  fils  ou  les  laissait  chez  une 
de  ses  tantes,  Madame  Davillers,  dont  le 
salon  était  fréquenté  par  Lamennais,  Mé- 
rimée, Béranger  :  c'est  là  que  Madame 
de  Lacoste  se  lia  avec  ce  dernier  et  en- 
core avec  Anthony  Descham.ps,  Benja- 
min Antier,  Adolphe  Bérat  et  P.-L.  Cou- 
rier. Lors  de  la  présidence  de  Louis-Na- 
poléon et  le  18  septembre  1849,  il  fut 
nommé  consul  général  de  France  à  New- 
York,  poste  qu'il  occupa  jusqu'à  l'époque 
de  sa  mort  arrivée  le  14  novembre  1853. 
11  eut  pour  successeur  le  marquis  de 
Montholon. 

Du  mariage  de  M.  de  Lacoste  et  de  Mlle 
Hémart  sont  nés  trois  nîs  dont  un  seul  a 
survécu  et  laissé  une  descendance  :  Félix 
de  Lacoste,  né  en  182^,  à  Point-Breeze 
(New-York),  aujourd'hui  trésorier-payeur 
général  en  retraite  et  veuf  d'Isabelle  de 
Gérando,  fille  du  baron  de  Gérando,  pre- 
mier Président  de  la  Cour  d'appel  de 
Nancy  et  petite-fille  de  Joseph-Marie,  ba- 
ron de  Gérando,  conseiller  d"Etat,  mem- 
bre de  l'Institut  et  pair  de  France. 

Lyot. 

Famille  Le  Lieur  ou   Le  Livra 

(XLIX,  s,  193.  472.  592).  —  Edme  Le 
Lieur  était,  en  1697.  seigneur  d&  Vauxel- 
les  (commune  d'Auboncourt)  Ardennes. 
11  y  eut  une  fille,  Claude-Remiette-Char- 
lotte, baptisée  le  12  septembre.  )'off"re,  au 
collègue  qui  s'occupe  de  cette  famille, 
copie  textuelle  de  cet  acte  s'il  peut  l'inté- 
resser, Jehan. 


*  * 


Le  5  novembre  1903,  par  une  lettre 
que  j'ai  reçue  de  la  direction  de  Vlnier- 
mrdiaire, on  demandait  des  renseignen:ents 
sur  la  famille  Le  Lieur. 

En  voici  un  qui  pourra  l'intéresser. 

A  la  Bibliothèque  nationale,  il  y  a  une 
collection  de  manuscrits  d'André  du 
Chesne,  qui  constituent  \&  fonds  Duchesne 
et  qui  porte  le  no  9612  de  l'ancien  fonds 
français. 

Dans  le  volume  45  ou  AY  (entre  les 
pages  252  et  348)  de  cette  collection, 
'l'on  trouve  une  notice  sur  la  famille  Le 
Lieur.  E.  P. 

Le  Noir,  lieutenant  de  police 
(XLVII  ;  XLVIII  ;  L.  247,  362,  683,  818, 
866).  — Je  puis  indiquer  une  famille  Le 
Noir  habitant  les  environs  de  Béthune 
(Pas-de-Calais)  avec  laquelle  je  me  suis 
parfois  rencontré,  il  y  a  une  vingtaine 
d'années.  Ils  se  disaient  descendants  du 
lieutenant  de  police. 

Ils  étaient  très  connus  dans  le  pays  ? 

B.  B. 

M.  Louis  Caler.dini  peut-il  me  dire  les 
armes  de  la  famille  Le  Noir, dont  il  parle, 
qui  résidait  au  Maine  au  xvin*  siècle  .? 
Celles  du  lieutenant  de  police  étaient  : 
d'a^t'.r,  au  chevron  d^or,  accompagne  en  chef 
de  têtes  de  maures  de  sable^  celle  de  sénes- 
tre  contournée.^  et  en  pointe  d'une  grappe  de 
raisin   tigée  et  feiiillée  de  sinople. 

Jehan. 

A  la  famille  du  lieutenant  de  police 
appartenait,  d'après  une  tradition  de 
famille.  Isaac  Le  Noir,  écuyer,  conseil- 
ler, secrétaire  du  roi,  maison  et  couronne 
de  France.  Celui-ci  avait  épousé  Margue- 
rite-Gabrielle  Lorne,  dont  au  moins  une 
fille  : 

Gabrielle-Suzanne,  (aliàs  Antoinette- 
Gabrielle)  Le  Noir,  morte  en  1741, mariée 
à  Gilbert  Farjonel,  écuyer,  seigneur  d'Au- 
terive,  procureur  du  Roi  en  la  sénéchaus- 
sée du  Bourbonnais,  fils  de  Claude  Farjo- 
nel, seigneur  d'Auterive,  Aubigny,  etc.,' 
receveur  des  épices  au  bureau  des  finan- 
ces de  Moulins,  et  de  Louise  Villardin. 

Cette  famille  Le  Noir,  seigneurs  de  Cin- 
dré,  du  Bouys,  du  Cluseau,  de  Nades,  de 
Chavigny,  de  la  Lisolle,  d'Espinasse  et 
de   Mirebeau.    en    Bourbonnais,    portait 


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L'INTERMEDIAIRE 


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pour  armes,  d'après  l'Armoriai  de  cette 
province  du  comte  de  Soultrait,  (2»  éd. 
II,  p.  62)  :  d'or,  an  chevron  d'a^iir,  sur- 
monté d'un  trèfle  de  sinople,  et  accompagné 
en  chef  de  deux  trèfles  de  métne,  et  en  pointe 
d'une  tête  de  nègre  de  sable,  tortillée  d'ar- 
gent. 

Ces  armoiries  diffèrent  beaucoup  de 
celles  données  par  le  vicomte  Révérend 
dans  l'article  qu'il  a  consacré  à  cette  fa- 
mille dans  V Annuaire  de  la  Noblesse  de 
1904,  pages  273  et  274.       Brondineuf, 

Le  lieu  de  naissance  de  Marin 
Le  Roy  deGomberville  (L,  898).  — 
Voici  un  renseignement  qui  pourra  peut- 
être  mettre  notre  collaborateur  R  B.  sur  la 
voie  d'une  bonne  piste  :  j'ai  trouvé  dans 
les  papiers  de  la  Bastille  plusieurs  lettres, 
à  la  date  de  1738,  émanant  d'un  certain 
Leroy  de  Gomberville, vraisemblablement 
un  descendant  de  l'Académicien,  lettres 
qui  venaient  d'Etampes.  Alpha. 

Famille  Matiffas  (L,  839).  —  La 
filiation  de  cette  famille  a  été  donnée  par 
Belleval  [Nobiliaire  de  Ponthieiî)  ;  mais 
elle  s'arrête  au  commencement  du  xviii' 
siècle.  G.  P.  LeLieur  d'Avost. 

Denis-Nicolas  da  Puget  (XLVIII  ; 
XLIX  ;  L,  521,  639).  — Je  trouve  seu- 
lement aujourd'hui,  en  rentrant  à  Paris, 
après  une  longue  absence,  la  question  que 
me  fait  l'honneur  de  me  poser  notre  con- 
frère, M.  Le  Lieur  d'Avost.  Ainsi  que  je 
l'ai  dit  précédemment  (col.  524),  je  n'ai  pas 
suivi  la  trace  des  Putret  de  Montauron- 
Pommeuse,  au-delà  de  Denis-Nicolas  et  de 
ses  frères  ;  je  ne  puis  donc  répondre  au 
désir  exprimé  par  notre  collaborateur. 
Quant  à  la  prétention  des  anciens  Puget 
de  Toulouse  et  de  Paris  de  se  rattacher  à 
ceux  de  Provence,  je  ne  puis  que  ren- 
voyer aux  documents  du  Cabinet  des 
Titres,  justifiant  l'opinion  négative  du 
savant  auteur  du  Nobiliaire  de  Provence.^ 
l'abbé  Robert  de  Briançon.  Le  fait  que  le 
P.  Anselme  a  consacré  cette  prétention 
en  1664  ne  peut  être  d'aucun  poids  dans 
la  balance.  Notre  érudit  confrère  sait,  en 
effet,  mieux  que  moi,  que  le  P.  Anselme 
—  pas  plus  que  les  d'Hozier  et  les  autres 
généalogistes  —  ne  doit  pas  être  cru  sur 
parole,  et  qu'on  ne  peut  accueillir  ses 
affirmations  que  lorsqu'elles  sont  appuyées 


sur  des  documents  probatifs,  ce  qui  n'est 
pas  le  cas  ici. 

Vicomte  de  Caix  de  St-Aymour. 

Camille  Selden,  livre  sur  Henri 
Heine  (L,  498,  585,  818,  922).  —  Une 
faute  d'impression, que  je  prends  à  mon 
compte  puisque  j'ai  eu  à  corriger  l'épreuve 
de  ma  communication,  m'a  fait  écrire 
Rigaud  au  lieu  de  Rigault,  le  nom  du 
chroniqueur  très  spirituel,  un  peu  précieux, 
mort  il  y  a  près  d'un  demi-siècle,  laissant 
une  œuvre  distinguée,  sa  thèse  de  doc- 
torat, La  querelle  des  anciens  et  des  mo- 
dernes.Qt  deux  ou  trois  volumes  d'articles 
réunis. 

Et  puisque  je  suis  appelé  à  me  rectifier 
moi-même,  je  reviens  sur  ce  sujet  de  la 
confusion  possible  entre  les  différents 
prénoms  qui  commencent  par  une  H, 
pour  en  donner  un  exemple  assez  piquant. 
M.  Salomon  Reinach  vient  de  faire  pa- 
raître un  élégant  petit  volume,  grand 
comme  un  paroissien,  illustré  de  nom- 
breuses vignettes,  dérivant  de  photogra- 
phies, intitulé  Apollo,  qui  est  le  résumé  en 
25  leçons  professées  à  l'école  du  Louvre 
de  l'histoire  entière  de  la  peinture  et  de 
la  sculpture  depuis  les  graffiti  préhisto- 
riques des  courmes,  jusque  aux  impres- 
sionnistes contemporains.  C'est  un  vrai 
tour  de  force,  et  supérieurement  exécuté  ; 
je  ne  croyais  pas,  en  vérité,  qu'il  fût  pos- 
sible de  dire  tant  de  choses  et  si  bien,  en 
si  peu  de  pages.  Mais  il  s'y  est  glissé  une 
erreur  de  détail  que  je  crois  devoir  signa- 
ler à  l'appui  de  ma  thèse  ;  par  deux  fois, 
M.  Salomon  Reinach  écrit  Hippolyte  Ri- 
gaud pour  désigner  le  grand  portraitiste 
des  xvir  et  xvin^  siècles.  Or,  c'est  une 
erreur  manifeste,  il  se  nommait  Hyacinthe, 
et  j'ajoute  que  la  véritable  orthographe 
de  son  nom  de  famille  est  Rigau  et  non 
Rigaud  ;  la  première  forme  est,  en  effet, 
celle  qui  est  en  usage  dans  le  Roussillon 
pour  les  désinences  en  au,  mais  l'artiste 
ayant  vécu  à  Paris  pendant  les  trois  quarts 
d'une  vie  fort  longue,  puisqu'il  est  mort 
à  Paris  à  84  ans,  en   1743. 

H.  C.  M. 

Comte  Vasno  (XLIX,  891).  —  Le 
testament  de  la  reine  Christine  du  1'"" 
mars  1689,  dit  textuellement  : 

Al  comte  di  Vaseno,  oltre  la  provisione, 
c'  h'à  da  santa  Brlgida,  lasciamo   seudi  500  a. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


3oDécembre  1904. 


981 


982 


Nous  laissons  au  comte  Vasanz  outre  la 
provision  qu'il  a  de  sainte  Brigitte,  cinq  cents 
écus  par  an. 

Les  mémoires  d'Artagnan,  p.  488-489 
disent  : 

Ce  comte  de  Wasanau  étoit  fils  naturel 
d'Uladislas  VII,  roi  de  Pologne  et  arrière  cou- 
sin de  la  Reine  Christine, 

Lockner  Vid.  Samlung  merckw  mé- 
daillen  1739,  P  201,  raconte  que  le  car- 
dinal Albani  a  recueilli  l'héritage  de  Va- 
seno  en  1698,  ce  qui  ferait  supposer  qu'il 
est  mort  cette  année-là. 

Dans  le  Leben  der  Kônigin  Christine 
Vid.  Bûcher,  cabinet  17 iS,  in-8,on  trouve, 
page  449,  une  lettre  que  Christine  écri- 
vait à  Vaseno  pour  lui  persuader  d'em- 
brasser l'état  ecclésiastique. 

D'après  les  Mémoires  concernant  Chris- 
tine, Leipzig,  1751,1e  pape  Alexandre  Vlll 
fit  de  Vasano  un  de  ses  chevaliers  d'hon- 
neur après  la  mort  de  Christine,  et  le 
pape  Innocent  Xll  le  confirma  dans  cette 
charge, où  il  subsista  de  ses  appointements 
et  de  la  pension  de  Christine. 

Ce  ne  serait  qu'après  la  mort  du  roi  Ca- 
simir, dans  l'abbaye  de  Saint-Germain- 
des-Prés,  que  Vasenau  se  serait  retiré  à 
Rome  auprès  de  Christine,  qui  l'aurait  re- 
connu pour  son  parent  et  l'aurait  mis  au 
nombre  des  seigneurs  de  sa  cour. 

Il  paraîtrait  que  cette  faveur  aurait 
attiré  l'ombrage  du  cardinal  Azzolini  et 
du  marquis  del  Monte,  qui  craignaient 
que  Vasenau  ne  leur  ravit  toute  la  faveur 
de  la  reine,  c'est  probablement  pour  ce 
motif  qu'il  fut  envoyé  en  Suède  pour  ses 
affaires. 

Dans  le  Negoz,  di  Pol.  242  et  suivan- 
tes, on  trouve  de  nombreuses  lettres  de 
Christine  à  Vasenau,  écrites  sous  l'in- 
fluence de  ses  conseils. 

Par  curiosité,  j'en  détache  quelques 
fragments  : 

24  août  1674. 

Vos  lettres  me  sont  insupportables,  remplies 
d'une  nonchalance,  et  d'une  insensibilité,  qui 
me  désespère. 

Si  vous  croyez  avoir  à  faire  au  Roi  Casimir, 
vous  vous  trompez  fort,  je  ne  suis  pas  frappée 
à  ce  coin,  et  suis  d'une  trempe  très  différente. 
Je  vous  ai  dit  qu'il  faut  changer  de  manière 
d'écrire  et  d'agir  ;  et  qu'il  faut  que  vous  vous 
échauffiez  plus  sur  les  matières,  si  vous  avez 
dessein  de  me  plaire,  et  que  vous  agirez  avec 
plus  de  chaleur  à  l'avenir. 


i'^''  septembre  1674. 

Je  commence  à  m'accoutumer  à  votre  style 
et  à  connaître  que  vous  n'êtes  bon  à  rien. 

J'ai  honte  de  m'être  trompée  dans  la  bonne 
opinion  que  j'avois  de  vous.  Je  vous  avoue  que 
si  j'eusse  cru  recevoir  de  vous  des  lettres  aussi 
fades,  je  n'aurais  eu  garde  de  vous  employer, 
comme  j'ai  fait  dans  la  plus  importante  affaire 
de  ma  vie. 

8  septembre  1674. 

Est-ce  que  vous  vous  prévalez  de  ce  que  je 
vous  ai  reconnu  mon  Parent  du  côté  gauche  ? 
Misérable,  vous  vous  trompez  fort.  Sachez  que 
les  Rois  n'ont  point  de  sang,  et  que  je  suis 
assez  libéral  du  mien,  pour  me  le  tirer  sans  la 
moindre  peine,  quand  je  suis  persuadé  qu'il 
est  mauvais..  . 

Surtout,  sachez  que  si  vous  faites  le  voyage 
de  Gotland  pour  faire  votre  cour,  vous  n'avez 
plus  qu'à  vous  noyer  dans  ce  voyage;  car  ce 
seroit  pour  vous  une  grande  fortune  que  de 
n'en  retourner  jamais... 

Vous  n'êtes  pas  fils  du  roi  \Vladislas,il  faut 
de  nécessité  que  vous  le  soyez  du  roi  Casimir; 
vous  êtes  pour  le  moins  aussi  bête  que  lui. 

Le  duc  Job  connaissait-il  : 

I.  Charles,  baron  Gyldenbielm,  fils  na- 
turel de  Charles  IX,  roi  de  Suède,  l'un  des 
tuteurs  de  Christine  ; 

II.  Gustave  Gustaffon,  dit  comte  de 
V^^asaborg,  fils  naturel  de  Gustave  Adol- 
phe, roi  de  Suède  (père  de  Christine),  et 
de  Mademoiselle  Cabeliau  ; 

III.  Et  Gustave  Carlson,  fils  naturel  de 
Charles-Gustave,  roi  de  Suède,  et  de  la 
belle  Brigitte  Allerts  de  Nuremberg  ? 

A.    DiEUAIDE. 

Famille  de  "Villefort  (L,  617,  786, 
871). —  Le  nom  patronymique  est  îsarn.et 
ils  existaient  sous  ce  nom  à  Villefort 
(Lozère),  au  xv^  siècle  ;  on  trouverait 
des  actes  les  concernant  dans  les  Archives 
notariales  de  ce  lieu. 

Une  inscription  au  château  du  Cassanet 
près  Villefort,  porte  qu"il  fut  construit  en 
1578,  par  Isarn  de  Villefort,  ce  de  Ville- 
fort  était  protestant  et  joua  un  rôle  im- 
portant dans  les  luttes  religieuses  de  cette 
époque.  Ce  château,  assez  bien  conservé 
comme  murs,  est  possédé  et  habité  par 
un  petit  propriétaire  de  la  localité. 

F.  P.  Mac  Rebo. 

Journal  des  inspecteurs  de  M. 
de  Sartiues  (T.  G.  822  ;  XLIX  ;  L,902). 
—  Je  remercie  M.  C.  Piton  d'avoir  si  vite 
exaucé  le  vœu  que  j'exprimais  ici  même, 


N.    1062 


L'INTERMbDlAlRli 


983 


touchant  la  publication  intégrale  des  rap- 
ports  adressés  à  M.  de   Sartines  (XLIX, 

32). 

Mais  comment  cette  publication  pour- 
rait-elle embrasser  la  période  1747- 1777? 
En  1747,  M.  de  Sartines  avait  dix-huit 
ans  et  on  faisait  peut-être  des  rapports 
sur  lui, mais  on  ne  lui  souniettaitpas  ceux 
qu'on  rédigeait  sur  ses  contemporains. 

De  même,  Meusnier  qui  disparait  en 
1757,  ne  saurait  avoir  écrit  officiellement 
à  M.  de  Sartines  qui  entre  en  fonctions  en 
1759.  Il  s'agit  sans  doute  des  papiers 
adressés  au  lieutenant  général  Berryer? 

Quoi  qu'il  en  soit,  là  publication  pro- 
jeLée  est  intéressante  et  pourra  être  fort 
utile  aux  chercheurs  si  elle  est  suivie  d'un 
index  onomastique  donnant  l'identifica- 
tion précise  des  personnages  cités. 

P.  L. 


Ouvrages  sérieux  mis  en  vera 
(T.  G.  665  ;  XXXV  à  XL  ;  XLIl  ;  XLIV  à 
XLIX  ;  L,  loo,  142,  212,  321,  450,  487, 
531,  762,  875,  932).  —  Le  droit  de  main- 
morte^ aboli  dans  les  domaines  du  Roi  : 
Poème,  par  M.  de  Maisonneuve.  A  Paris, 
chez  Lesprit,  libraire,  au  Palais-Ro3'al,  et 
chez  les  marchands  de  nouveautés. 

Discours  en  vers  sur  V abolition  de  la  ser- 
vitude dans  les  Domaines  du  Roi,  par 
M.  Gudin  de  la  Brénellière.  A  Paris,  chez 
Demonville,  imprimeur-libraire  de  l'Aca- 
démie Française,  rue  Christine. 

La  Servitude  abolie  :  Discours  en  vers, 
lu  en  partie  à  la  séance  publique  de  l'A- 
cadémie Française,  le  jour  de  Saint-Louis, 
25  août  1781  ;  par  M.  le  Chevalier  de 
Langeac.  A  Paris,  chez  Monory.  libraire, 
rue  de  l'Ancienne  Comédie  Française. 

(Extraits  du  n»  4  de  la  Ga:(ette  des 
Tribunaux,  tome.  13,  année  1782). 

Paul  Dy. 

Biographies  ôpiscopales  moder- 
nes (XLIX,  506,  705,  92S  ;  L,  145,  822, 
881,  932).  —  /^/>  de  Mgr  Montait  H  des 
Isles^  évéque  d' Angers,  par  M.  Dumont 
(Angers,  Cosnier  et  Lachèse.  1842). 

Vie  de  Mgr  Montault  des  Isles,  évêque 
d'Angers^  par  l'abbé  Maupoint  (Angers, 
Barassé,   1844). 

Fie  de  Mgr  Jngebault,  évcque  d'Angers, 
par  l'abbé  Gillet  (Angers,  Germain  et 
Graèsin,  1899). 


984 


Discours  sur  Mgr  de  Lcsquen,  par  l'abbé 
Alaupoint  (Rennes,   in-8",    1855;. 

Vie  de  M  or  de  Hercé,  évcque  de  Nantes, 
par  l'abbé  Maupoint  (Rennes,  1856;  2* 
édition,  Angers,   1864) 

Vie  de  Mgr  Soyer,  évéque  de  Luçon, 
par  l'abbé  du  Tressay  (Paris,  2*  édition 
1874,  in-8°). 

Mgr  Fournier,  évcque  de  Natites,  par 
l'abbé  Pothier  (Nantes,  Libaros,  1900, 
2  volumes). 

Urbain  de  Hercé,  dernier  évêque  et  comte 
de  Dol,  pai-  Labbé  Robert  (Paris,  Retaux, 

«900).  F.    UZUREAU. 

Les  documents  phalliques  (L,  17.0.. 
309,423,528,598,657,693,759,  874,925), 

—  }e  ne  sais  si  l'antiquité  avait  des  bornes 
phalliques,  c'est  peut-être  un  rapproche- 
ment trop  ingénieux  entre  certaines 
formes.  Mais  pour  reconnaître  une  telle 
intention  dans  les  bornes  qui  —  deux  à 
une  extrémité,  une  à  l'autre  —  ferment 
la  ruelle  de  la  Monnaie,  il  faut  3' mettre 
par  trop  d'imagination.  Je  les  ai  vues 
maintes  fois  dans  ma  vie,  sans  y  entendre 
malice,  je  viens  de  les  revoir  avec  une 
curiosité  éveillée  par  la  communication 
lue  col.  874.  et  déclare  nettement  que  se- 
lon moi,  elles  n'ont  aucun  rapport  de 
forme,  même  approximatif  avec  le  phal- 
lus. H.  C.  M. 

Marcliais  :  étymoiogie    (L,  841). 

—  Dans  le  Loiret  et  dans  toute  la  région 
environnante,  \<  marchais  »  est  un  mot 
très  usité,  qui  sert  b.  désigner  une  étendue 
d'eau  plus  grande  qu'une  mare  et  plus 
petite  qu'un  étang. 

Les  «  lieux-dits  »  dans  lesquels  se 
trouve  ce  mot  ss  marchais  »  sont  innom- 
brables, plus  nombreux  encore  que  ceux 
dans  lesquels  se  trouve  le  mot  «  étang  » 
par  la  raison  simple  que  les  marchais  se  ren- 
contrent beaucoup  plus  fréquemment  que 
les  étangs.  Dans  une  seule  propriété  de  ma 
connaissance  se  trouvent  quatre  marchais 
portant  chacun  un  nom  spécial  tellement 
établi  qu'on  ne  les  désigne  jamais  autre- 
ment dans  le  pays  :  «  Marchais  de  X... 
Marchais  de  "Y...  »;  l'un  d'eux  a  donné 
son  nom  à  une  ferme  dépendant  de  cette 
propriété  :  «  Ferme  du  Marchais  de  X...  » 

L'étymologie  doit  être  la  même  que 
celle  des   mots  «    mare,    marais,   mare- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre   1904, 


98: 


986 


cage»;  laracineesttoujours  :  «  umre.meT  ».   ! 
On     attribue     comme     étymologie     à  | 
«  marais  »  le  mot  latin    «  mariscus  », 
jonc  marin.  Cette  étymologie  ne  convien- 
drait-elle pas  encore    mieux   à    «   mar- 
chais »?...  Sous  toutes  réserves.        X. 

* 

*  * 
L'étymologie  du  mot  Marchais  est  bien 

connue  des  archéologues  de  l'ouest  de 
la  France,  où  les  lieux  dits  de  cette  sorte 
sont  fréquents.  Ce  terme  vient  du  bas 
latin  marcha,  qui  a  fourni,  en  Vendée,  le 
nom  ancien  du  bourg  de  l'Ile  d  Olonne, 
appelé  autrefois  Isla  ad  Marchas  ou  lie 
aux  Marchais  (Charte  de  l'an  1020  du 
cartul.  de  Saint-Cyprien  de  Poitiers). 

En  patois  vendéen,  on  appelle  encore 
«  Marchais  »  les  mares  voisines  des  fer- 
mes du  marais  de  Mont,  où  Ion  fait  boire 
les  animaux  et  où  pataugent  les  canards 
dits  nantais.  Les  «  Marchais  »  sont,  en 
somme,  des  quartiers  à  eau  stagnante  et 
boueuse.  (Voir  Ducange). 

Marcel  Baudouin. 

*  * 

Les  lieux-dits  se  trouvent,  pour  le  plus 
grand  nombre,  dans  le  dictionnaire  des 
postes.  A.  D. 

11  existe  deux  villages  de  ce  nom  dans 
le  département  de  l'Aisne  : 

1"  Marchais,  près  du  célèbre  pèlerinage 
de  Liesse.  Le  prince  de  Monaco  y  pos- 
sède un  château  historique,  au  milieu 
d'un  parc  entouré  de  larges  canaux.  Le 
pays  est  très  marécageux.  —  Au  xii"  siè- 
cle, ce  lieu  se  nommait  :  Terra  Marconis^ 
en  1544,  Marchet:(. 

2'-  Marchais  en-Brie,  appelé  Marcheis^ 
Marcheium  au  xu®  siècle,  et  Marches  à  la 

fin  du  XlV^.  JEHAN. 

* 

Buzançais,  ville  du  Bas-Berry,  possède 
un  faubourg  du  nom  «  des  P/iarchis  >>  si- 
tué sur  les  bords  de  l'Indre,  en  contre-bas 
par  rapport  à  la  colline  qui  a  porté  l'é- 
norme château  de  Buzançais,  dont  il  ne 
reste  que  des  vestiges.  Ce  faubourg,  au- 
quel on  descend  par  une  pente  raide, con- 
tient un  bon  nombre  de  jardins-marai- 
chers,  autrefois  dits  maraîchis. 

Vicomte  de  Mazières-Mauléon. 

Il  n'y  a  pas  que...  Il  n'est  pas 
que  (XLVIU  ;  XLIX  ;  L,  38,  151,  699, 
7^7'  '^77)-  — J^  ^°'s  ^^^^  plaisir  que  je 


ne  suis  pas  éloigné  de  m'entendre  avec 
M.  O.  D.  Mais  un  point  de  détail  reste 
non  fixé,  au  point  de  vue  historique,  du 
moins  :  c'est  l'emploi  du  mot  conséquent 
avec  le  sens  d'important. 

Cette  expression  que  je  n'aime  pas  plus 
que  M.  O.  D.  n'est  pas  nouvelle.  Beau- 
marchais l'employait.  (Voir  le  volume  IV, 
pages  537  et  429  de  ses  œuvres  complè- 
tes). 

La  Harpe  s'élevait  contre  cet  «  usage 
de  coulisses  et  de  journaux  ».  Domergue 
(Journal  IX,  85)  reconnaît  que  le  mot  est 
à  la  mode  dans  le  sens  d'important  et 
qu'on  l'emploie  «  dans  les  meilleures  so- 
ciétés »,  mais  il  le  rejette  comme  bar- 
barisme. 

Isltxdtï  {Tableau  de  Paris^X^  192),  se 
montre  favorable  à  ce  néolosfisme  :  «  le 
peuple  dit  une  ajf aire  conséquente^  un  ta- 
bleau conséquent,  pour  dire  une  affaire 
importante,  un  tableau  de  prix...  »  Les 
grammairiens  et  les  journalistes  proscri- 
ront le  terme  conséquent.  Presque  tout  le 
monde  s'en  servira  et  il  faudra  bien  qu'il 
soit  accepté,  du  moins  dans  la  conver- 
sation ». 

M.  O.  D.  voit  que  des  auteurs,  qui  n'é- 
taient pas  les  premiers  venus,  n'étaient 
pas  non  plus  aussi  dégoûtés  que  nous. 

Mais  ce  que  je  tenais  à  établir,  c'est 
que  l'expression  n'est  pas  nouvelle, 
puisqu'elle  date  au  moins  de  Lavant-der- 
nier siècle,  Paul  Argelès^ 


Ce 


mot  signifie 


Faydit  (L,  897;. 
banni. 

Il  se  retrouve  dans  le  vieux  haut  alle- 
mand febida,  avec  le  sens  de  inimitié, 
démêlé, qui  existe  encore  dans  l'allemand 
moderne  sous  la  forme  de  fehde.  La 
moyenne  latinité  a  adopté /t2ïii<a!  etl'adjec- 
in  faidosus  pour  «  querelleur  ».  Le  vieux 
français  possédaitle  mot/aide  avec  le  sens 
d'inimitié  ;  on  trouve  en  vieux  proven- 
çal faidir.,  pour  «  bannir  »,  conséquence 
de  l'idée  <<  poursuivre  de  son  hostilité  ». 
Voir  le  22^  vers  d'un  poème  du  xii^  siècle 
«  roman  de  Girart  de  Rossilho.page  34  de 
la  Chrestomathie  provençale  de  Kare 
Bartsch.  —  Faydit  ç\  Faydide  sont  de- 
venus des  noms  propres. 

Paul  Argelès. 


N"  1062. 


L'INTERMEDIAIRE 


987  - 


988 


* 


Ce  mot  est  parfaitement  bien  connu. 
On  disait  jadis  /aider  pour  %<  agir  en 
ennemi  w  de  faidirc  (voir  faida,  dans  Du- 
cange).  Le  mot  faidit  veut  donc  dire  : 
agissant,  ou  ayant 


agi 


comme  ennemi. 
D^  B 


Doit  signifier  traître,  déloyal.  Du  latin 
fiillcre.  A  Valognes,  un  lâche,  un  poltron, 
un  homme  déloyal  s'appelle  un  fade. 

Gustave  Fustier. 


*  * 


Du  Gange  donnerait  toute  satisfaction 
au  confrère  Alex  ;  à  défaut, le  petit  lexique 
de  basse  latinité  de  Migne  tA  encore  très 
suffisant.  J'y  trouve /t7/W(7,  faidiis  avec  le 
sens  :  inimitié  qui  portait  à  venger  la 
mort  d'un  parent,  vengeance  de  famille, 
autrefois,  faide.  Faidani  portare  alictii  se 
trouve  dans  les  anciennes  lois  anglaises. 
Faidiciis  ou  faiditus^  ennemi,  banni  au 
proscrit.  Faidire^  fomenter  la  fède  (i  181) 
ou  bannir,  faiditas  même  sens  que  faida. 
Enfin /a r^//«s  pour  faiditus,  si  on  rappro- 
che ces  mots  de/(3^i7,fée,et  defadus  génie 
ou  démon,  on  comprendra  facilement  le 
sens  méprisant  du  mot  faydit  ou  faidit, 
sous  la  plume  des  chroniqueurs  catholiques 
qui  nous  ont  laissé  des  récits  de  la  guerre 
des  Albigeois  ou  qui  se  sont  occupés  de 
leurs  croyances.  Pour  eux,  c'étaient  des 
démons,  des  ennemis,  dont  on  ?  fait  des 
bannis,  des  proscrits,  quand  Simon  de 
Montfort  n'en  faisait  pas  des  victimes. 
Mais  cela  n'explique  pas  d'où  vient  le 
nom  de  faydide  d'Uzèset  je  passe  la  main. 
J'ajouterai  encore  que  dans  la  langue  des 
troubadours  les  faydits  ou  faidits  sont  des 
contes  où  les  fées  jouent  peut-être  quel- 
ques rôles.  —  E.  Grave. 

Ainodiatôur(L  889). — En  Bourgogne, 
depuis  lexv^siècle  jusqu'àla  Révolution,  le 
terme  aniodiatear  n'a  pas  eu  d'autre  sens 
que  celui  de  fermier, c'est-à-dire  de  béné- 
ficiaire des  revenus  d'une  terre  moyen- 
nant paiement  d'annuités  au  propriétaire. 
Ce  terme  notarial  n'implique  aucune  mo- 
dification dans  l'état  social  des  personnes; 
on  trouve  indifféremment  comme  amo- 
diateurs  des  grandes  propriétés  religieuses 
(celles  qui  avaient  le  plus  besoin  d'être 
confiées  à  des  tiers)  des  nobles,  des  bour- 
geois et  des  manants  non  affranchis. Cette 
source  de  revenus  n'amenait  sûrement 
pas  la  dérogeance.  Nolliacus. 


Charivari,  costume  de  femme  (L, 

897).  —  J'ignore  ce  costume  féminin, 
mais  je  sais  que  les  hommes,  sous  la  Res- 
tauration, portaient  des  pantalons  à  sous- 
pieds  et  à  bande,  cette  dernière  chargée 
de  boutons  forme  grelot,  cousus  dans  le 
sens  de  la  hauteur  et  rapprochés  l'un  de 
l'autre  ;  on  les  désignait  sous  le  nom  de 
pantalons  charivari.  A.  S  .  e. 


Horsa'n  (L,897)  —  Rien  n'est  plus  fa- 
cile que  de  répondre  à  cette  question, Hor- 
sain  n'est  pas  absolument  normand,  puis- 
qu'on l'emploie  encore  dans  l'Ile-de-France. 
Le  mot  vient  de //c'/'5,et  proprement  aujour- 
d'hui se  dit  d'une  personne  étrangère  aune 
localité  et  i;ui  vient  y  exercer  un  commerce 
ou  une  industrie.  On  s'en  sert  encore 
quand  on  discute  d'octroi,  pour  marquer 
que  le  horsain  y  échappe.  Un  marchand, 
un  boucher  horsain,  par  exemple,  est  le 
marchand  ou  le  boucher  qui  vient  sur  un 
marché  débiter  sa  marchandise  et  retourne 
chez  lui,  le  soir. 

Ce  mot  avait.au  moyen-âge,  une  valeur 
importante  dans  les  villes  et  communes. 
Le  horsain  était  non  seulement  privé  des 
privilèges  des  communions,  mais  encore 
grevé  de  certaine?  charges  compensatrices. 
11  était  mal  vu  des  membres  des  corpora- 
tions et  soumis  par  eux,  à  une  étroite  sur- 
veillance :  c'était  un  concurrent  contre 
lequel  on  élevait  des  barrières  plus  ou 
moins  solides.  Horsain  était  un  mot  signi- 
ficatif :  il  est  regrettable  qu'il  n'ait  pas 
été  recueilli  pas  les  dictionnaires,  ou  sim- 
plement par  l'usage.  E. Grave. 

* 
»  * 

On  trouve  dans  Le  Héricher  [Histoire  et 
Glossaire  du  Normand  11,405)  horsain, éivdLn- 
ger  ;  dèhorsé  ;  gauche,  et  comme  étranger 
que  Le  Héricher  dérive  du  latin  hostis, 
l'homme  du  dehors,  l'ennemi. 

Gustave  Fustier, 

»  * 

Le  terme  est, en  effet, toujours  en  vigueur 
dans  différentes  locatités  de  la  Normandie. 
Que  de  fois  ai-je  entendu  dire,  par  exem- 
ple,d'un  candidat  à  la  députation, étranger 
au  pays  : 

—  C'est  un  horsain. 

Et  j'orthographiais  ainsi  le  mot  :  hors 
sein.   Serait-ce  là  l'explication  et  l'étymo- 


logie  réelles  du  mot  } 


d'E. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


989 


Horsain  signifie  en  normand,  liomme 
du  dehors,  l'étymologie  se  fait  jour 
d'elle-même.  A  Guernesey,  on  dit  ho- 
rain. 

Et  moi  je  souffriray... qu'un  tas  de hor^atns 
l'oppressent  (le  peuple) 

(Manifeste  de  Jean  Nuds  pieds  durant 
la  fronde,  cité  dans  le  Diaire  de  P.  Séguier 
en  Norm.) 

A  la  halle  on  vend  pu  de  souliais 

O  chavetiers  Jwf-ains 

(Muse  Normande). 

A  l'agronome  hor\ain  qui  demande  en  tra- 
versant Bolluc  des  fermes  du  pays,  etc. 

(Arm.  de  la  Normandie). 

Le  mot  existe  en  picard  avec  le  même 
sens.  Prononciation  hor^in. 

En  wallon,  horsi  signifie  lever  sa  robe 
et  se  fâcfier.  «  El  si  horsi  pa  fé  veie  si  bel 
geamb  ».  «  Si  horsi  po  rein  >y,  se  fâcher 
pour  rien. 

N'est-ce  pas  toujours  l'idée  de  '<  mettre 
dehors  »  ou  de  se  mettre  hors  de  soi  ? 

En  béarnais,  bore  hiengiit  signifie  venu 
du  dehors,  étranger. 

Paul  Argelès. 

*  * 
Dans  une  commune  que  je  visitais  aux 

environs  de  Meaux,  on  me  signalait  des 
ouvriers  étrangers, sous  ce  nom  de  horsain. 
J'ai  demandé  ce  que  cela  voulait  dire, 
on  m'a  répondu  :  «  Ce  sont  des  gens  du 
dehors  ».  Il  est  probable  que  le  mot  nor- 
mand dont  parle  M.  de  M.  a  la  même  si- 
gnification. Ardouin-Dumazet. 

«  Il  y  a  eu  des  anges  ».  c<  Il  est 
passé  des  anges  »  (L,  898).  —  Vieille 
locution  de  nos  grand"mères,  déna- 
tur  e  aujourd'hui,  en  ce  sens  qu'elle  est 
employée  dans  tous  les  cas  où  «  cela 
jette  un  froid  »  dans  une  assemblée. 

Jadis,  au  contraire,  on  ne  l'employait 
que  dans  le  cas  particulier  où  c'est  une 
belle  parole  qui  empoigne  les  cœurs  de 
tous  les  assistants.  Tantôt  c'est  l'ange  du 
patriotisme  qui  passe,  en  parlant  par  la 
bouche  d'un  vieux  général  à  Versailles, 
en  faisant  blêmir  Jules  Favre  et  Bismark; 
tantôt  c'est  l'ange  de  l'ijmour  'maternel, 
qui  parle  par  la  bouche  de  la  mère  des 
Gracques,  et  qui  fait  rougir  une  femme 
vantant  ses  parures  ;  tantôt  c'est  l'an  ,fe 
d'une  autre  belle  vertu,  exprimant  un 
noble  sentime.  t,  qui  fait  tressailh'r  toute 
une  assemblée.  Assurément,   on   n'aurait 


30  Décembre    1904, 

990 

pas  employé  cette  expression  autrefois, 
comme  aujourd'hui,  dans  le  cas  où  on 
commet  la  faute  de  parler  de  corde  dans 
la  maison  d'un  pendu,  où  l'ange  n'a  plus 


rien  a  y  voir  ! 


D""  Bougon, 


* 


On  disait  familièrement, au  xvin*  siècle, 
d'un  visionnaire,  d'un  homme,  en  extase, 
étonné, qu'il  voyait  des  anges  violets.  Cette 
expression  est  donnée  par  Leroux  et 
Dhautel.  Gustave  Fustier. 

A  la  premièro  mouche  (L,  842). — 
Voir  le  petit  volume  :  Jiirisprudentiana., 
ou  recueil  de  faits  singuliers  et  d'anecdotes 
concernant  la  Jurisprudence  et  les  Juris- 
consultes (Lille,  Blocquel,  1812),  in-18  de 
128  pages  avec  figure  coloriée. 

Simon. 

Coqueluche  L,  564,  655,  711,763, 
826.)  —  Le  Prince  Coqueluche .^son  histoire 
intéressante  et  celle  de  son  compagnon 
Moustapha,  par  Ed. Ourliac. Vignettes  par 
E. Lacoste.  Paris,  1856,  in-80  X. 

Tosse,  toïen,  tozal  (L,  281).  —  En 
patois  saintongeais,  une  tosse  est  un  tê- 
tard, ou  arbre  coupé  à  deux  ou  trois 
mètres  de  haut,  et  destiné  à  fournir  du 
bois  de  fagot,  qui  est  recépé  tous  les  cinq 
ou  six  ans.  C.  V. 

Pièce  de  cinq  f ri  nos  (L,  895).  — 
La  pièce  de  cinq  francs  décrite  par  M. 
Ardouin-Dumazet  est  fort  com.mune. 
C'est  le  premier  des  deux  types  d'écus  à 
l'eflTigie  de  Louis  XVIII,  celui  qui  a  servi 
depuis  son  avènement  jusqu'après  les 
Cent  jours.  On  a  frappé,  dans  les  neuf 
derniers  mois  de  i8i4,pour  49.063,355  fr. 
et,  en  1815,  pour  30.732.650  fr.  de  ces 
écus  au  buste  vêtu  de  l'uniforme  à  épau- 
lettes.  11  existe  dans  la  série  des  «  pièces 
de  vingt  francs  »,  et  pour  la  même  épo- 
que, un  louis  absolument  analogue  à 
l'écu  de  5  francs  et  tout  aussi  commun. 


Paul. 


¥     * 


Ces  pièces  ne  doivent  pas  être  fort  rares. 
J'en  possède  même  une  de  1818,  avec 
cette  exergue.  C.  V. 


* 
*  * 


Je  possède  également  une  pièce  de 
5  francs,  portant  l'effigie  de  Louis  XVIII 
et  la  date   de    1814  avec  les  lettres  BB., 


ii  to6s. 


L'INTERMEDIAIRE 


991 


gravée  par  TroUier  F.  j'ai  eu  entre  les 
mains  des  pièces  semblables.  Les  autres 
pièces,  à  un  autre  millésime,  et  notam- 
ment celles  de  1822, gravées  par  Michaut, 
portent  simplement  :  5  fr. 

Signalons  en  passant  une  autre  ano- 
malie :  Les  pièces  de  Napoléon  1"  de 
1806  et  celles  de  l'an  XIll,  portent  l'effi- 
gie de  «  Napoléon  Empereur  »  et  à 
l'avers  :  République  française. 

Bastin  Lefebvre. 

Herboristes  (L,  675,  772,  884,933). 
—  Le  collaborateur  Soulget  demande 
l'avis  d'un  médecin  dans  l'affiiire  des 
Herboristes.  Je  vais  lui  donner  celui  d'un 
docteur,  qui  n'exerce  pas,  et  qui,  par 
conséquent,  ne  pourra  pas  être  accusé  de 
jalousie  de  métier.  Mais  j'ajoute  que  ce 
médecin  est  journaliste  spécialisé  et  que, 
par  suite,  il  est  joliment  renseigné  en  la 
matière  ! 

Il  n'y  a  évidemment  aucun  rapproche- 
ment à  faire,  au  point  de  vue  scientifique, 
entre  un  herboriste  et  un  pharmacien. 
Toute  la  question  est  de  savoir  s'il  faut 
conserver  l'herboriste,  comme  on  doit  le 
faire  pour  la  sage-femme  ou  l'infirmière 
diplômée.  A  mon  sens,  l'Herboristerie  est 
une  profession  devenue  absolument  inu- 
tile, en  temps  que  profession  à  diplôme.  ]e 
ne  demande  pas,  certes,  à  ce  qu'on  sup- 
prime les  Herboristes  ;  mais  je  prétends 
qu'il  est  inutile  de  leur  faire  passer  des 
examens  —  si  ce  n'est  au  point  de  vue 
budgétaire  —,  et  qu'il  serait  bien  plus 
logique  de  laisser  la  pratique  de  l'Herbo- 
risterie absolument  libre,  comme  celle  de 
l'Epicerie, 

Quelques  médecins  vont  plus  loin  et 
demandent  le  libre  exercice  de  la  Phar- 
macie ;  je  ne  suis  pas  très  loin  de  cette 
opinion,  par  les  temps  qui  courent  !  Mais 
il  serait  trop  long  de  dire  pourquoi.  QLi'il 
me  suffise  d'ajouter  qu'il  n'y  a  guère 
d'Herboristes  que  dans  les  villes,  et  sur- 
tout les  grandes,  et  qu'il  n'y  en  a  presque 
pas  dans  les  campagnes. Pour  ceux  qui  vou- 
dront lire  entre  ces  lignes,  cette  simple 
remarque  en  dit  long  sur  l'exercice  illé- 
gal... de  la  Pharmacie  et  de  la  Médecine  ! 
D"'  Marcel  Baudouin  . 

Alizon  comédie  (L,  724,873,  929). 
D'après  le  Dictionnaire  historique,  critique 
et  bibliographique. ?d.x\s.  Ménard  1822,  les 


992 


frères  Parfait  ou  Parfaict  seraient  les  pre- 
miers qui  auraient  avancé  que  le  nom  de 
Discret  (L.  C)  serait  un  pseudonyme, 
mais  il  a  soin  d'ajouter  que  cette  opinion 
n  est  pas  celle  des  autres  biographes. 

Ce  nom  de  Discret,  au  commencement 
du  xvii'^  siècle,  que  l'on  retrouve  actuelle- 
ment dans  le  Bottin  de  Paris,  est- il  un 
pseudonyme  .?  par  ce  que  l'on  ne  possède 
aucun  détail  sur  sa  vie, comme  pour  beau- 
coup de  ses  contemporains  ^ 

L'éditeur  Jean  Guignard  a  publié  cette 
autre  pièce  licencieuse  attribuée  à  Dis- 
cret : 

«  Les  nopces  de  Vaugirard,  où  les 
«  naïvetez  champêtres.  Pastoralle  (5  a-V.) 
«.  dédié  à  ceux  qui  veulent  rire, par  L.C.D. 
«  Paris  1638  in-8  de  ff.  et  144  p. 

Ce  nom  de  Discret  est  indiqué  dans  le 
Répertoire  de  l'hôtel  de  Bourgogne  depuis 
1620  jusqu'à  sa  fermeture  en  1680.  Voir 
Soleinne  tome,  dernière  partie,  livres 
doubles  et  livres  omis 

La  bibliothèque  de  Soleinne  tome  \" 
n°  1062, après  avoir  cité  quelques  vers  des 
nopces  de  Vaugirard  ajoute  :  «  Ce  qui  fit 
dire  à  un  plaisant  :  «  M""  Discret  est  par 
trop  indiscret  », 

En  effet, indiscret  aurait  justifié  le  pseu- 
donyme, mais  non  discret. 

—  A.  D1EUAIDE. 

Les  membres  de  l'Académie  des 
Beaux-Arts  (L,  675,  757,  925^  —  Le 
collaborateur  P.  A.  (col.  675),  puis  G. 
(col.  925),  demandait  une  liste  complète 
des  membres  de  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  de  1795  à  1905.  Faute  de  pouvoir 
lui  indiquer  un  volume  à  paraître  en 
1905, je  lui  ai  signalé  l'excellent  Potiquet, 
qui  s'arrête  malheureusement  à  1869. 
C'était  déjà  75  ans  de  la  vie  de  l'Acadé- 
mie des  Beaux-Arts  sur  110  que  désire 
M.  P.  A.  G.  Je  puis  ajouter  à  mon  pre  ■ 
mier  renseignement  l'ouvrage  suivant  : 
Comte  de  pRANauEViLLE  :  Le  premier  siè- 
cle de  V Institut  de  France{2^  octobre  1795- 
25  octobre  1895).  Paris,  1895,  2  vol. 
in-4. 

M.  P.  A.  G.  trouverait,  sans  doute,  les 
renseignements  qui  l'intéressent  à  la  bi- 
bliothèque de  l'Institut.  R.  B. 

Le  boulet  qui  a  tué  Tarenna  (L, 

66s,  848,  938).  —  Ce  que  rapporte  M. 
I-  C.  Wigg,  dans  le  n°du  20  décembre  de 
l'Intermédiaire.^  au    sujet    de  l'existence, 


DÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1964 


993 


994 


autrefois,  dans  la  bibliothèque  des  Inva- 
lides, du  boulet  qui  a  tué  Turenne  et  de 
la  statuette,  est  confirmé  par  la  mention 
suivante  qui  se  trouve  dans  Paris...  Ma- 
niteldnvovageiu%  par  K.  Baedeker,  3*  édi- 
tion, Leipzig,  1874,  page  245: 

La  bibliothèque  [de  l'Hôtel  des  Invalides], 
au  premier,  du  côté  du  N.,  se  compose  d'en- 
viron 20,000  volumes  et  de  quelques  manus- 
crits de  Sully  et  de  Colbert.  On  y  voit  une 
copie  ilu  tableau  de  David  représentant  le 
passage  du  Saint-Bernard,  par  Bonaparte,  un 
bon  portrait  de  Napoléon  111,  par  Logier,  une 
statuette  équestre  du  maréchal  de  Turenne,  le 
boulet  autrichien  qui  le  tua  à  Salzbach,  près 
de  Bade,  le  27  juillet  1675  ;  un  grand  plan  en 
relief  de  l'hôtel  des  Invalides,  etc. 

E.  O. 

Le  second    mariage     de  la  du- 
chesse da  Berry  (L,  722,  789,  844). 
—  La  question  me  paraît  devenir  celle-ci. 
Le  comte  Lucchesi   Palli  a  épousé  morga- 
natiquement  la   duchesse   de   Berry   dès 
l'année  1831  ;  les  documents    fournis   ne 
laissent  pas  de  doute;    mais   est-il    venu 
réellement  à  Nantes  au  mois  d'août  1832, 
pour  pouvoir  être  le  père  de  la  princesse 
née  à  Blaye  le   10  mai    1833  ?   )e   l'ai    lu 
sûrement  quelque  part  ;  peut-être  est-ce 
dans     le    Figaro-supplément    du    22    mai 
1875,  dans   un   article   que  je  n'ai    plus 
sous  la  main.    D'autre   part,   Imbert   de 
Saint-Amand  {Captivité  de  la  duchesse   de 
Berry.,  p.  329)  cite  les  Mémoires  du  comte 
de    Rochechouart    qui    ayant  connu,   en 
1832,  Lucchesi  Palli,  comme   lui   diplo- 
mate à  La  Haye,  note  les  profonds  senti- 
ments de  dévouement  et  d'affection  que 
ce  dernier  professait  ouvertement  pour  la 
princesse,  et    se   rappelle    qu'il    fit   deux 
voyages  d'un   mois   chacun,  sans   qu'on 
sût  leur  but. 

Si,  dans  ces  conditions,  Lucchesi  Palli 
consentit  à  endosser  une  paternité  qui 
n'aurait  pas  été  la  sienne,  et  à  recevoir 
lui-même  sa  femme  à  Palerme,  il  faudrait 
lui  reconnaître  un  certain toupet. 

Je  sais  d'un  autre  côté  que  tel  n'est  pas 
l'avis  de  M  Nauroy  :  pourquoi  ne  ferait-il 
pas  connaître  son  sentiment,  avec  preu- 
ves à  l'appui  ?  C.  V. 

Un  édit  da  Henri  II  (XLIX,  833, 
959  ;  L,  72,  123,  289,  900),  — 
L  action, cette  fois  si  honorable, de  la  com- 
tesse du    Barry,  nous  remémore   l'aven- 


ture d'autres  condamnés  sauvés  de  la 
liart  par  un  dévouement  sans  doute  peu 
ordinaire,  et  comme  parmi  ces  pendus 
en  perspective  figurent  aussi  des  filles  mè- 
res,c'est  bien  le  cas  ou  jamais  d'en  parler. 
N'y  aurait-il  là  qu'une  tradition,  elle 
remonterait  loin,  car  La  Monnoye  nous  la 
montre  comme  déjà  ancienne  de  son 
temps  (1),  en  en  faisant  le  motif  de  l'un 
de  ses  plus  jolis  noëls  : 

NOLI  TÔ    NÔVEA. 

XII  Sur  l'air  de  Léandre. 

Je  ne  sais  voii  çà  que  j'ai  11 
Ene  coutume  de  nos  peires... 

Quand  po  les  rues  on  conduizô 
Ai  la  potance  ein  mizérable. 
Qui  lai  torche  ai  l'ai  main  faizô 
En  cheminze  aimande  honorable, 
Voici  po  le  tirer  de  lai 
Q.uei  fut  la  mode  en  ce  temps 

Si  por  aventure  en  chemin 
Ene  fille  aivô  le  coraige, 
Embrassant  le  prôvre  coquin 
D'en  requérir  le  mairiaige, 
Ene  tei  demande  ai  l'instan 
Du  licô  sauvô 


ai. 


le  brigand. 


Tô  de  moinie  si  le  licô 
Etô  pur  ene  de  ces  filles 
Qui  todent  ai  los  enfants  lecô 
De  pô  de   passai  po  gaudrilles, 

Un  garçon  qui  l'ai  requérô 
En  l'épouzant  lai  délivrô. 

Gui  BarozaI. 
Noei  Borguignon. 

Honoré  de  Balzac  l'a  certainement  aussi 
connue,  mais  le  Vieux  Parchemin  des  con- 
tes drolatiques,  n'étant  qu'uN  vagabond, 
n'a  rien  à  faire  ici.  Tout  au  plus  pourrait- 
on  en  ranger  la  conclusion  sous  la  rubri- 
pue  :  La  pudeur  et  la  mort  (^2),  s'il  était 
mieux  démontré  que  la  donnée  primitive 
n'a  pas  subi  de  notables  arguments. 

On  sait  quelle  preuve  le  Vieux  Parche- 
mins, en  cela  plus  favorisé  que  certain 
époux  rendu  célèbre  par  un  procès  reten- 
tissant, donne  coram  populo,  au  pied  du 
gibet,  de  son  aptitude  au  mariage,  condi- 
tion sine  qua  non,  de  la  rémission. 

En  somme,  que  faut-il  penser  de  cette 
tradition  ? 

LÉDA, 


(i)  Commencement  du  xviii'  siècle, 
(2)  (L,  629), 


W"  t66s. 


L'INTERMÉDIAIRE 


9Q5 


996 


Le  Bard  des  Romains  (L,  620, 
742,  878).  —  Les  Romains  paraissent 
avoir  connu  d'abord  un  nard  qui  venait 
d'Asie  et  se  présentait  sous  la  forme  de 
fibrilles  ou  de  racines  grêles  et  allongées, 
ce  que  l'on  appellerait  aujourd'hui  du 
chevelu.  Comme  le  prix  en  était  élevé, 
ceux  qui  le  vendaient  (les  commerçants 
ont  été  les  mêmes  de  tout  temps)  lui  ont 
substitué,  comme  succédané,  des  racines 
aromatiques  qui,  ayant  le  même  aspect, 
étaient  d'un  prix  moins  élevé. 

De  là  la  multiplicité  des  noms  et  des 
lieux  d'origine  relatés  par  Pline.  Il  faut 
ajouter,  en  outre,  que  Ton  aromatisait 
avec  ces  racines  des  onguents  servant 
pour  la  chevelure  comme  pour  oindre  le 
corps  et  qui  prenaient  aussi  le  nom  de 
nard.  N'est-ce  pas  de  cette  préparation 
que  parle  Tibulle? 

Quant  à  prouver  que  les  Romains  con- 
naissaient les  îles  de  la  Sonde,  java  et 
l'Australie,  c'est  une  autre  affaire  Cepen- 
dant le  D'  E.  T.  Hamy  n'a-t-il  pas  établi, 
il  y  a  quelques  années,  que  des  naviga- 
teurs originaires  d'Asie-Mineure  suivaient 
en  vrais  caboteurs,  les  côtes  de  la  mer 
Rouge  et  celles  de  la  Méditerranée  et,  en 
faisant  ce  dernier  périple,  vendaient  des 
porcelaines  chinoises  et  des  produits 
asiatiques  sur  tous  les  points  où  ils  relâ- 
chaient .f*  Eldepal. 

* 

*     T 

Un  correspondant  parle  d'une  Ambas- 
sade envoyée  en  166,  au  Tonkin,  par 
Marc-Aurèle.  —  Où  trouvet-on  la  rela- 
tion de  cette  ambassade  que  mes  souve- 
nirs classiques  sont  impuissants  à  me 
rappeler  .?  G.  de  Massas. 

Inhuaiations  hors  des  cimetières 
(XLVI1I;XLIX;  L.  191,  316,437,  530, 
601,  654,  698,  766,  812,  880).  —  Les 
travaux  relatifs  aux  guerres  de  Vendée 
foisonnent  d'indications  relatives  à  des 
inhumations,  faites  d'abord  hors  des  ci- 
metières, suivies  ou  non  plus  tard  d'exhu- 
mations. C'est  ainsi  que  Henri  de  la  Roche- 
jaquelein,  en  1794,  fut  enterré  au  pied 
de  cerisiers  dans  un  champ  voisin  de  la 
métairie  de  la  Haie  Bureau,  près  Cholet  ; 
t  que  l'abbé  Remaud,  aux  Esarts,  fut 
inhumé  dans  une  prairie  du  manoir  de  la 
Vrignonnière  en  1794,  etc. 

M.  Baudouin. 


*  * 


1°  En  Poitou,  les  familles  de  Talouët 
Roy  et  de  Maussabre  possèdent  chacune 
une  chapelle  mortuaire  dans  le  parc  de 
leurs  propriétés   ? 

2"  A  Chenonceaux,  M""*  Dupin,  pro- 
priétaire du  château  de  1733  à  1799,  fut 
inhumée,  selon  sa  volonté,  dans  un  des 
parcs  où  l'on  éleva  un  monument  à  sa 
mémoire.  J.  B.  M 


Poudre  et  imprimerie  connues  des 
Romains  (L,  891).  —  J'estime  que  le 
«  dit-on»,  jeté  prudemment  dans  la  phrase, 
corrige  d'une  manière  très  insuffisante  ce 
qu'il  y  a  de  téméraire  dans  l'affirmation 
produite  par  l'écrivain  anonyme.  Et  je  suis 
tout  à  fait  de  l'avis  du  collaborateur  de 
Tolra,  le  titre,  Lectures  pour  ious^  de  la 
publication,  d'ailleurs  très  bonne,  sauf 
quelques  réserves  sur  certains  romans 
adaptés  de  l'anglais,  doit  rendre  très  diffi- 
cile sur  les  faits  présentés  aux  lecteurs 
jeunes  ou  vieux.  Aucun  esprit  raisonnable 
n'admettra  jamais  que  les  Romains  aient 
pu  connaître  la  poudre  à  canon  et  l'im- 


seconde,  ils 


en 


pnmerie  ;  mais  pour  la 
ont  été  assez  près  ;  j'ai  souvenir,  en  effet, 
d'avoir  rencontré  dans  Cicéron  un  passage 
dont  le  sens  serait  celui-ci;  parlant  des 
empreintes  de  cachets  sur  la  cire,  il  ajoute 
à  peu  près  ceci  :  «  Si  l'on  avait  des  ca- 
chets dont  chacun  porterait  une  lettre,  on 
pourrait  composer  Y  Iliade  tout  entière  ». 
Où  ai-je  vu  cela  ?  Je  n'en  sais  plus  rien, 
puissent  les  collaborateurs  de  l'Intermé- 
diaire faire  une  fois  de  plus  la  lumière. 
Mais  mon  impression  est  d'une  certaine 
vivacité  et  il  me  souvient  d'avoir  fait  cette 
réflexion  :  l'homme  touche  à  une  décou- 
verte, il  n'a  plus  qu'un  geste  à  faire,  une 
parole  à  dire,  une  conclusion  nécessaire 
à  déduire,  pour  s'en  rendre  maître,  mais 
la  limite  de  la  vision  présente  est  atteinte  ; 
l'idée  ne  germera  pas  et  en  voilà  pour  des 
siècles.  H.  C.  M. 

TLe  cas  de  M.  Guérin  (L,  734,  879, 
938).  —  je  ne  puis  laisser  classer  dans  la 
même  catégorie  que  «  le  Cas  de  M.  Gué- 
rin »,  qui  se  rapporte  à  un  monstre  endo- 
cymien^  le  fait,  fort  précieux,  d'ailleurs 
—  puisqu'il  paraît  inédit  et  inconnu  des 
savants  jusqu'à  présent  —  qu'a  signalé  le 
collaborateur  P.  V. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1904. 


997 


998 


Il  s'agit  là  d'un  monstre  double  tout  à 
fait  différent  du  précédent,  et  qui  consti- 
tue une  autre  catégorie,  très  particulière, 
on  lui  donne  le  nom  d'Héléradelphie.  Ces 
derniers  monstres  sont  fréquents'  vivants  ; 
et,  actuellement,  il  y  en  a  un  de  20  ans, 
qui  court  les  foires,  et  qu'on  a  voulu 
opérer  récemment, 

Nous  serions  reconn?issants  à  M.  P.  V. 
de  nous  envoyer  un  récit  complet  des  faits 
qu'il  rapporte,  pour  le  publier  dans  une 
revue  scientifique.  Il  y  a, en  effet,  un  inté- 
rêt majeur  à  ne  laisser  perdre  aucune 
observation  de  cette  nature.  A-t-on  une 
photographie  de  cet  enfant  (car  ici  il  n'y  a, 
en  somme,  qu'un  seul  sujet) .? 

Marcel  Baudouin. 

* 

*  * 
hn   ce  moment,  s'exhibe  à  la  foire  de 

Plaimpalais,  à  Genève,  un  monstre  dou- 
ble constitué  par  un  homme  adulte,  bien 
portant,  très  habile,  m'a-t-on  dit,  dans 
les  exercices  corporels,  —  il  a  eu  des  prix 
dans  des  courses,  sur  sa  bicyclette,  — 
auquel  est  accolé  une  sorte  de  jumeau, 
du  même  sexe,  complet,  sauf  la  tête, 
invisible  au  premier  aspect,  mais  que  la 
radiographie  a  fait  découvrir  dans  le  ven- 
tre du  premier.  Ce  dernier  est  beaucoup 
plus  petit  que  l'autre.  Ce  cas  est  sembla- 
ble à  ceux  qu'a  décrits  et  figurée  Fortu- 
nins  Licefas.  dans  De  monstris,  Patavis, 
1668,  p.  82,  99  et  177,  et  dans  l'Appen- 
dice de  cet  ouvrage,  page  346.  Ces  der- 
niers ont  été  vus  par  Licetas,  à  Haflna 
(Copenhague),  puis  à  Bâle.  Ils  se  nom- 
maient Lazare  et  Jean-Baptiste  Colloredo. 

A.  Cordes. 

Le  petit-fils  à&  Napoléon  I»'  re- 
présentant de  commerce.  —  Un 
document  historique.—  Dans  les  pre- 
miers jours  de  l'année  1806,  la  princesse 
Murât  avait  pour  lectrice,  Louise-Cathe- 
r  ne  Eléonore  Denuelle  de  la  Plaigne, 
épouse  divorcée  de  François  Revel,  capi- 
taine de  dragons.  Sa  réputation  'de  jolie 
femme  lui  avait  valu  le  surnom  de  *^  la 
Belle  Eléonore  »,  Napoléon  la  remarqua. 
Il  jeta  sur  elle  un  de  ces  regards  que  les 
plus  célèbres  briguaient.  Le  dieu  du  siècle 
pour  elle  s'humanisa. 

Napoléon  installa  cette  femme  dans  son 


propre  hôtel, où  le  13  décembre  1806, elle 
mit  au  monde  un  fils  qui  fut  déclaré  à 
l'état-civil,  s<  fils  d'Eiéonore  Denuelle  et 
de  père  absent  »  ;  mais  de  hauts  person- 
nages de  la  maison  impériale  signèrent 
l'acte  de  naissance. 

L'empereur  exigea  que  son  fils  fût  éle- 
vé avec  soin,  mais  il  entendit  que  la  mère 
resterait  étrangère  à  cette  éducation.  Ce 
fut  la  princesse  Caroline  Murât  qui  se 
chargea  de  veiller  sur  l'enfant  qui  avait 
reçu  à  son  berceau  une  donation  de  40.000 
fr.  Toutefois  une  certaine  discrétion  enve- 
loppait cette  naissance.  Témoin  ce  petit 
billet  que  nous  avons  sous  les  yeux  :  il  est 
du  secrétaire  des  commandements  de  la 
la  princesse  Murât. 

La  reine  de'NapIes,  Madame,  me  charge 
de  vous  prier  de  venir  demain  à  une  heure 
de  l'après-midi,  avec  l'enfant  et  de  passer 
par  la  grille  du  jardin.  Vous  aurez  la 
complaisance  de  rester  dans  le  boudoir 
d'argent. 

La  mère  se  remaria  avec  un  officier 
qui  devait  mourir  e  1  Russie.  Veuve  au 
moment  de  la  chute  de  l'Empire, elle  con- 
volait en  troisièmes  noces  et  devenait  Ma- 
dame de  Luxbourg. 

Le  fils  de  Napoléon  I"'  qu'on  appelait  le 
comte  Léon,  avait  rejoint  sa  mère,  pour 
s'en  séparer  à  la  suite  de  violents  désac- 
cords dont  les  tribunaux  ont  retenu  les 
douloureux  échos. 

C'était  pour  ce  fils  que  Napoléon  agoni- 
sant, à  Sainte-Hélène,  le  24  avril  1821, 
faisait  rouvrir  son  testament,  et  y  ajoutait 
un  codicille  secret  lui  allouant  300.000  fr. 
destinés  à  lui  acheter  un  titre,  dans 
l'année  même  de  sa  mort.  >^  Sa  main  déjà 
défaillante,  le  lendemain  traçait  encore 
«  Article  33  je  ne  serais  pas  fâché  que  le 
petit  Léon  entrât  dans  la  magistrature,  si 
cela  était  de  son  goût  ». 

Le  petit  Léon  n'entra  point  dans  la 
magistrature.  Tempérament  bouillant  et 
désordonné,  sans  fortune,  prompt  aux 
entreprises,  il  fit  quelque  bruit  dans  la 
société  sous  Louis-Philippe  et  davantage 
en  1848,  lorsque  revenu,  il  essaya  vai- 
nement de  s'approcher  de  Napoléon  III  qui 
ne  lui  pardonnait  point  un  anciendiflërend. 

Le  fils  de  Napoléon  I'''  n'est  mort  qu'en 
1894.  Sa  dotation  passa  alors  aux  Wa- 
lewski.  11  laissait  un  fils — qui  vit  toujours 
—  et  qui  est  ainsi,  à  l'heure  actuelle,  le 
plus  proche  héritier  du  sang  des  Napoléon. 


N'   1062. 


L'INTERMEDIAIRE 


999 


1000   — 


Gefilsalui-même  un  fils, élève  de  l'Univer- 
sité, qui  a  écrit,  pour  nous,   le  document 
qu'on   va   lire,    cette    curieuse  page    en 
marge  de  l'histoire  intime  de  Napoléon. 
Cette  lettre  l'accompagnait. 

A  î»Ionsieur  Georges  Motitorgueii, 

Monsieur, 

Je  vous  envoie    un    brouillon    écrit    par 

mon  fils  :  vous  l'excuserez  de  ne  l'iivoir  pu 

mettre  au  net   ni  le    terminer,    sa    santé  en 

ce  moment  délicate  ne  le  lui  a  pas    permis. 

Comtesse  Léom. 

L'hISTOI.'ÎEDU  FILS   DE  NAPOLÉON    1°'   PAR   SON   PETIT- 
FILS,     LYCÉEN 

Celui  qui  lut  à  son  berceau  le  roi  de 
Rome,  dont  la  naissance  fut  annoncée  par 
le  canon, sur  les  bords  de  la  Seine,  du  Rhin, 
de  l'Elbe,  du  Tibre  et  du  Tage,  et  qui  fut 
cond.imné  h  vivre  sans  famille,  sans  cou- 
ronne et  sans  liberté  même,  enfermé  dans 
le  sombre  manoir  de  Schoenbriln  ;  est, 
comme  l'on  sait,  le  héros  principal  de  la 
pièce  de  Monsieur  Edmond  Rostand,  qui  fit 
accourir  en  1900  au  théâtre  Sarah-Bernardt, 
des  milliers  de  personnes  curieuses  de  con- 
naître à  côté  de  l'histoire  souvent  trop  pré- 
cise, quelques  anecdotes.  Et  voici  qu'au- 
jourd'hui, après  un  silence  que  seule  la 
modestie  peut  admettre, s'éveillent  les  sou- 
venirs d'un  autre  fils  de  Napoléon,  le  frère 
aîné  du  duc  de  Fveichstadt. Cette  autre  fils  de 
Napoléon  (mon  grand-père)  naquit  en  1806 
des  amours  de  l'Empereur  avec  une  dame 
d'honneur  de  la  princesse  Caroline  Murât, 
CatherineEléonore  Denuelle  de  la  Plaigne. 
C'étaitunefemmed'unebeautéet  d"un  esprit 
remarquables;  cette  beauté  lui  valutdans  les 
salons  qu'elle  avait  coutume  de  fréquenter, 
legracioux  titre  de  «la  belle  Eléonore  ».En 
1806,  jeune  et  spirituelle,  «  la  belle  Eléo- 
nore »  attira  sur  elle  les  regards  bienveil- 
lants de  l'Empereur  et  lui  donna  le  13 
décembre  do  cette  même  année  un  fils  ca- 
pable dans  l'avenir  d'être  son  héritier.  Sa 
naissance  combla  de  joie  l'Empereur  et 
lorsque  la  Maréciiale  Lefèvre  vint  lui  annon- 
cer l'heureuse  nouvelle  au  camp  de  Dant- 
zig,  il  ne  put  s'empêcher  de  dire  :  «  J'ai  un 
fds  !...  Car  cet  enfant  est  de  moi...  il  n'y 
a  pas  à  en  douter.  ..Je  peux  donc  faire  sou- 
che... la  nature  a  répondu  à  mon  appel... 
à  présent  l'avenir  m'appartient  »  Dans  la 
certitude  du  fait,  l'Empereur  le  confia  à  la 
princesse  Caroline  pour  se  charger  de  son 
éducation  ;  lui  donna  à  son  berceau  le  ti- 
tre de  comte  avec  la  moitié  de  son  nom  et  le 
reçut  aux  Tuileries  même  après  la  naissance 
du  Roi  de  Rome, 

L'empereur  avait  pour  lui  une  affection 
toute  paternelle  quise  manifestaitleplussou- 
vent  dans  ses  jeuxavec  ce  petitétre  qui  était 


appelé  à  gouverner  l'Europe  et  dont  la  vie  ne 
futguère  plusheureuseque  celledesonfrère 
le  duc  de  Reichstadt.  Vinrent  alors  les  évé- 
'lements  de  1809,  18 10,  et  la  naissance  du 
roi  de  Rome  le  20  mars  181 1.  Dès  lors  son 
étoile  commença  à  pâlir  ;  l'Empereur  avait 
triomphé,  il  avait  maintenant  un  héritier 
direct  et  ne  pouvait  songer  à  proclamer  dé- 
sormais le  petit  Léon,  son  héritier.  Cepen- 
dant il  ne  l'oublia  jamais,  s'occupa  de  lui 
jusqu'aux  pires  jours  de  1S15  et  sa  dernière 
pensée  à  Sainte-Hélène  fut  pour  ses  deux 
enfants,  dont  l'un  devait  mourir  loin  des 
siens  sous  les  verrous  de  l'Autriche,  et 
l'autre  abandonné  de  tous  au  sein  même  de 
sa  patrie.  En  iS8i  le  comte  Léon  (mon 
grand-père)  laissait  une  veuve,  une  fille  et 
trois  fils.  Q^ue  font-ils?  Où  sont-ils?  telles 
sont  les  questions  parfois  intéressantes  que 
se  posent  surtout  ceux  qui  veulent  tout  sa- 
voir et  tout  comprendre.  La  comtesse  Léon 
(ma  grand'mère)  mourut  en  1899,  ^'  Vitz 
Villeroy,  dans  le  département  de  la  Somme. 
Mon  oncle,  le  comte  Charles  Léon,  mourut 
en  1S94,  au  Venezuela,  après  avoir  obtenu 
une  concession  de  chemin  de  fer. 

Mon  père  le  comte  Léon  actuel  travaille 
et  peine  pour  nous  élever  et  nous  rendre 
dignes  du  nom  que  nous  portons.  C'est  un 
homme  dont  la  sincérité  et  la  droiture  ne 
démententpointson  origine. La  fermeté  dans 
ses  gestes,  sa  parole  éloquente  qui  pourrait 
au  besoin  faire  trembler  les  masses  montre 
bien  le  sang  qui  coule  dans  ses  vein.s  et 
la  source  à  laquelle  il  l'a  puisé. 

C'est  un  sang  bouillant  des  victoires  de 
son  auguste  grand-père  qu'il  emploiera 
jusqu'à  la  dernière  goutte  pour  l'honneur 
de  son  pays  et  de  sa  famille.  Ma  mère  la 
comtesse  Léon  actuelle  est  une  personne 
simple  de  goûts  et  modeste  qui  ne  recher- 
che nullement  le  bruit  ni  les  grandeurs  ; 
ce  qu'elle  veut, n'est-ce  pas  le  bon  sens  lui- 
même  ?  le  bonhsurde  sa  famille  !  Qui  peut 
croire  en  eftet  que  le  comte  Léon  son  mari 
est  représentant  de  commerce  ?  personne  ! 
Le  soir  lorsque  je  pense  à  toutcela,  lorsque 
ma  sœur  aînée, après  avoir  chantéune  douce 
mélodie,  se  retire  pour  aller  prendre  son 
repos  quotidien,  moi  je  songe  et  médite  ce 
vers  fameux  du  poète  : 
Peut-on  être   à  la  fois  si  grand  et    si  petit  .'' 

Gaston  Léon. 

Elève  du  Lvcée  Saint-Louis. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  .MONTORGUEIL 


Imp. Daniel-Chambon  St-Amand-Mont-Rond, 


'SLûble  Îre6  Matières 


Sr.-B.  — *  Ce  signe  indique  des  réponses  à  des  questions  posées  dans  les  volumes  précédents. 
**  Ce  signe  indique   les   articles    insérés   sous  les  rubriques  •  Lettres  et  documents 

inédits,  Trouvailles,  Curiosités  et  Bibliographie. 
Les  autres  titres  sont  des  questions  posées  dans  ce  volume.  Celles   qui  sont    suivies 

d'««  seul  chiffre  de  renvoi  n'ont  pas  encore  rec^u  de  réponse. 


Abbayes.  "Voir  Armoiries  des  évêchés,  ab- 
bayes, etc.Gerzat.  Jonval.Lonrey.  Saint- 
Cyran  en  Brenne. 

Abbéma  (Mlle  Louise).  133,  242. 

A  bicyclette  ou  en  bicyclette,  448,593,657. 

Académie  des  Beaux-Arts  (Les  membres  de  I') 

675,  757,  925.  992. 

*  A.  E.  I    O.  U.  (La  devise).  303. 
Affaire  (L')  du  Pot-au-Lait.  109. 

*  Agonir  (Conjugaison  du  verbe).  96. 

«  Ah,  comme  il  y  viendra  !  ».  Voir  Air  et 
chanson  de  l'Empire  à  retrouver. 

Aigle  de  Prusse  (L')  dans  les  armes  d'une 
famille.  501,  690. 

Aigle  des  Guides  de  la  Garde  Impériale  du 
i"  Empire.  357. 

Aiguillon  (Duc  d')  :  son  rôle  en  1789.    331, 

435,  624,  794-        ,  ,      „^       .        , 

*  Air  (Un)  et  une   chanson   de   1  Empire   a 

retrouver.  643,  761 . 

A  la  bonne  heure  !  564,  697. 

A  la  première  mouche.  842,  990. 

Algèbre  (L')  du  jeu.  615,  883,  938. 

Allez  (d')  ou  Dalliez.  114. 

«  Alizon  »  comédie.  724,  873,  929,  992. 

Allemagne  (Les  colonies  françaises  protes- 
tantes en).  614,707. 

Aller  en  Portugal,  au  Monténégro, etc.  117. 

Améric  Vespuce  et  Laurent  et  Jean,  fils  de 
Pierre  François  de  Médicis  (Documents 
à  trouver  relatifs  aux  rapports  et  à  la 
demeure  en  France  d').  51. 

Amico  di  S.  Botticelli.  783. 

Amis  de  la  Constitution  (Les).  Voir  Club 
Breton. 

Amitié  (Temple  de  1').  842. 

Amodiateur.  889,  9S7. 

Amyot  (Léopard),  Voir  Vendôme  (Le  car- 
dinal de). 

Anacréon  de  la  guillotine  (L').  Voir  Barère. 

Ane  (La  promenade  sur  1').  162,  397,  461,599. 

Anciens  registres  criminels.  949. 

Anciens  registres  d'élat-civil.    779,    910,961. 

Ange  blanc  (L')   de   Barbey  d'Aurevilly.  120. 

Angennes  (d')  Voir  Bruniere  (Familles de   la). 

Anges  (Il  y  a  eu,  Il  est  passé  des).  898,  989. 

Angevine  (L').  447. 

Angivilliers  (Mme  d'),  dame  d'honneur  de 
la  reine  Marie-Antoinette  ou  de  la  prin- 
cesse de  Lamballe,  443. 

Anhalt.  Voir  Favras. 

Ansse  de  Villeloison  (Une  lettre  de  J.-B.d'). 

659- 
*  Anthropophages  français.   104,   323,  658, 


810. 
relatives  à 
d')   sous 

730» 


174,  3'7,  485, 
existants.    24, 


Antoine,  artiste  dramatique.  666 

Antoine  (Rue).  702. 

Antoine  de    Padoue   (Légendes 

saint).  5,  238,  398,  546,  711. 
Anvers   (Perrin-Duseuil  gouverneur 

l'Empire. 952. 
Approbation  des  livres  au  xviii<^  siècle 

872,927. 

*  «  Après  le  bal  ».  36. 

*  A  propos  de  bottes.  40,  205. 

Araignées  (Quatremère  Disjonvalet  les).  4, 

'55,  254,  356,  755- 
Arbres  (La  plantation  des). 

599- 

*  Arbres  de    la  liberté    encore 

125,  4S9,  654. 
Archevêque  (Un)  emprisonné.  52. 
Archives  de  l'arrondissement  d'Yvetot  274 

398. 
Archives  de   l'Enregistrement   de   Paris.  893, 

957- 
Archives  des  loges  maçonniques  bretonnes. 
221,351. 

*  Argent  (L')  n'a    pas  d'odeur.  603. 
Argenteuil   (Edme    le   Bascle,   marquis  d') 

668,  7=;4,  866. 
Armée  (Epuration  de  1')  en  l'an  III.  774. 
Armes  de  la  Rivière.   168,304,  364    418. 
Armes  à  indiquer.  672,  808,  913. 
Armes  et  devise  de  la  comtesse  du  Barry. 

903 . 
Armes  de  trois  familles  bourguignonnes 

859,  967. 
Armes  des  Collot.  726,  858. 

*  Armes  des  le  Galois  d'Aulnoy.  24 

Armes  d'une  famille.  Voir  Aigle  de  Prusse. 
Armoiries.  Voir  : 

Blason  de  la  famille  Thumery. 

Bonnes  villes. 

Couronne  de  comte... 

Ecusson  à  déterminer.  Entrebas  (Entrelacs) 
terme  héraldique. 

Familles  de  Gujienne,  Gascogne  et  Langue- 
doc. Fleur  de  lis  dans  les  armes  des  Pe- 
retti  délia  Rocca. 

Plaque  de  cheminée  à  identifier. 

Sautoir. 

Tresses  de  Navarre.  Trois  cachets  à  identi- 
fier. 
Armoiries  de  l'abbé  de  Chaulieu 
Armoiries  de  Collot.  726,  858. 
Armoiries  des  Dominicains.   131. 
Armoiries  de  d'Estouteville.  26. 
Armoiries    de   Saulnier  de   Beauregard. 

416. 

Armoiries  de  familles  bourguignonnes.  564, 

L-19 


777, 
726, 


726,  966. 


526, 


L'INTERMEDIAIRE 


1003 


*  Armoiries  de   deux 
cheblave).  197 


familles    (Margane,   Ro- 
abbayes,    etc.  672, 
168, 


Armoiries    des   évêchés, 

807,  857,  912. 
Armoiries    papales   (Singulières).     168,     251, 

365,691,807,912. 
Armoiries  de  Chàtiilon-sur-Marne.    782,  916, 

966. 
Armoiries  h  déterminer  ou  à  expliquer  : 
D'or,  à  la  bande  de  gueules,    accompagnée 
de  deux  cotices  d'azur,  et  chargée  de  trois 
losanges    d'argent   :    écartelé   d'or,    à   la 
croix  de  sable.  564, 
D'or,  à  la  fasce  de  sable.  499. 
D'or,  à  trois  bars  entrelacés.  562. 
D'or, h  trois  roseaux  de  sinople.  168,251,365. 

*  D'or,  au  bouquetin  de  sable.  25. 
D'argent,  à  cinq  losanges  de  gueules.  392, 

524- 
D'argent,  au  griffon  de  gueules,  écartelé  de 

gueules,  à  trois  têtes  de  léopard  d'or. 564. 

D'argent,  à  trois  fasces  d'azur.  564. 

D'argent,  au  sautoir  de  gueules.  841. 

*  De  gueules,  au  château  de.  ..  24. 

De  gueules,  à  quatre  carreaux.  781,  966. 

D'azur,  à  trois  glands  d'or.  277,  419,  474. 

D'azur,  à  trois  trèfles.  841. 

D'azur,  au  lion  léopardé  d'argent.  562. 

D'azur,  à  deux  poissons  posés  en  pals.  726, 

D'azur,  au  coq  d'or.   564. 

De  sinople, à  six  besants.  840, 

D'hermines,  au  chef  d'azur.   841. 

De.  ..  à  l'aigle  de...  672. 

De...  au  chevron.  ..  676. 

A  trois    molettes    d'éperon,    de  sable. 

S87,  692,  859,  916,  966. 
A  une  aigle  au  vol  abaissé.  338,  524, 

*  Aux  I  et  4  de  sable,  fretté  d'argent.  24. 
Croix  chargée  de  cinq  coquilles.    198,  365, 

475,  525- 
Coupé  degueules,au  lion  d'or.  617,  916. 

Equipolé  ou  échiqueté  d'or  et  de  gueules, 
le  26  point  chargé  d'un  lion  d'or  ;  écar- 
telé d'or,  au  lion  de  gueules.  564. 

Fascé  onde  d'argent.  782,  914. 

Gironné  de.  ..  et  de...  de  douze  pièces.  561, 
809,  913. 

*  Trois  croissants.  139. 
Armoiries  (Descriptions  d')  : 

Angennes.  27.  Anquetil.  277,  420,  Argen- 
teuil.  561.  Arlatan.  524.  Armenonville 
(Fleuriau  d').  588. 

Bâcle  ou  Bascle.  561.  Balbs  ou  Puget-Thé- 
nieis.  523.  Barjot.8o8,  9i3.Barry  (Du). 
903.  Bautru.  686.  Baux.  7  Beauvillé.  53, 
192,304,  405.  Beauviller.  Bedumont.819. 
Benoist.297.  Beuzeville.305.  Binche.47, 
Boissieax.363.  Boucher.  803.  Bourbon-An- 
jou. 521,  Bourbon-Malauze.587,  Brandelis 
de  Champagne.  25.  Brienne.  24.  Brul- 
ley  de  la  Brunière.  27.  Bret.  251.  Bret- 
teville.  420.  Bygaerden.  414,  Bussy.  7. 
Bussy-Dinteville.  7. 


444. 
588. 


Cabrières 
24.  Caylus 


1004 

445,  519'  862 


Castellane(ville). 

Chabot.    7.  Châlon,  7. 

Champagne.  24.  Châ- 

782.    Cheverus.    616, 

7.  Clervaux.  420.  Clin- 

31      Collot.    726,    858. 

Coidier.  475.    Cour- 


692. 
Chamblanc.  406. 
tillon-sur-Marne. 
686.  I.  Clermoiit. 
champ.    29,  30, 
Colonna.    368.   2. 
tivron.  687. 

Doësnel.  Doinel.  Doynel .  920.  Duchesne. 
420.  Dupuy  de  la  Giand-Rive.  376.  Du 
Four.  582. 

Estampes,  782.  Estouteville.   26. 

Febvre  (Le)  de  Vatimesnil.  366.  Flavigny. 
576.  Fleuriau.  524.  Fleuriau  d'Arme- 
nonville.  588,  Font  de  Savine  (La).  475. 
Four  (du).  582.  France-Anjou.  687. 

Gallois  d'Aulnoy  (Le).  24.  Gaumin.  420. 
Gingins.  967. Godard.  475.  Griffon,  Gri- 
ffond  859.  Grimoard.  587.Grosbois.918. 

Hémard.  813,  Hoorn  (Van),  475.  Huvé  de 
Garel.  916. 

Innocent  XII.  168,  251. 

Jancourt-Dinteville.  7. 

La  Font.  475.  La  jarrie.  420.  Laval.  25, 
Laval-Loué.  24.  Le  Bret.  25  1 .  Le  Clerc  de 
Publigny.  916.  Le  Febvre.  366.  Le  Gal- 
lois. 24.  Le  Noir.  974,  975.  Le  Roy  de 
Chavigny.  51.  Lévis.  587.  588.  Lin- 
gendes.  420.  Loisie.  807,  Lusignan,  Lusi- 
gnan  deCoué.  809.  Luxembourg.  7. 

Margane.  197,  Mathefelon.  24.  Méliand, 
588.  Mesgrigny.  7.  Mesnil-Jouidain.357. 
Monlas.  7.  Monnier  809, 

Navarre.  092. 

Paulet  et  Powlett.  4i4.Peretti  délia  Rocca. 

168,  ^66,  368,    689,  805,  965.  Pestels. 

"  "      "  ■      168. 


Por- 
Mar- 
Bar- 
523. 


588.    Pin   (du).    558.    Pignatelli 
251.    Pommeuse-Montauron .    523. 
tail  de  Vaudreuil.   278.   Poulet  de 
cilly.  414.  Poret.  419.    Puget   de 
bentane,  de  Roquebrune,  Théniers. 
Puy  (du).    576. 

Rayneval.  198.  Rey  (Mgr).  t;72.  Rivière 
(La).  304,  364,  418,419.  Rocca-Cinarca. 
369,  Rocheblave.  197.  Rochechouart, 
561,  782,  914,  815.  Rogres  de  Champi- 
gnelles  de  Lusignan.  808, 913. Roussel  de 
Tilly.  413,  414.  Roussel  d'inval,  Rous- 
sel en  Normandie.  414.  Russel.  414. 
Ruau  du  Tronchet.  251. 

Saint-Cyran  en  Brenne.  239.  Saint-Simon 
Courtomer.  560,  685.  Sainte-Maur.  7, 
Sanguin  420.  Sarraz  (Villeneuve  de  la), 
859.  Saulnier.  416,  417.  Saux-Tavannes. 
7.  Saulnier  de  Beauregard,  416.  Savine 
(La  Font  de).  475.  Sève.  782,  916. 

Tenneur(Le).  808.  Thoisy.  420.  t'Serclaes 
de  Tilly.   414.  Tubières.  588. 

Vietinghof.  416.  Veneur  (Le).  808,  Vit- 
tinghoff.   197. 

Ysou  Yze.  858. 
Arnould  (Un  adorateur  de  Sophie).  275. 
Art  du  grime  (L')  chez  Molière.  839. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


100  = 


1006 


Aspasie  (La  romance  d').  116. 

*  Assas   (La    petite  fille    du  chevalier    d'). 

793,  852- 

*  Attendez-moi  sous    1  orme.  206,  311. 

*  Attiger  la  cabane.  40,  315,  480. 

*  Auberge  de  1'  «  Etoile  d'or  »  (L')à  Paris. 41. 

*  Aunay  (Alfred  d').  46. 
Au  pique  du  soleil.  619. 
Auscenti.  (Ouessant)  296, 

*  Aiistrice  est  imperare  orbi  universo. 
Voir  A.  E.  I.  O.  U. 

Autan  (Le  vent  d").  733,  824. 

*  Autel  à  chanter.  264,  373,  589. 
Auteur  allemand  traduit  en  français.  731. 
Auteur  à  retrouver.  59. 

Auteur  (L')  du  «  Martyre  des  deux  frères  ».84i. 

Auteur  (L')  de  «  Napoléon  et  la  Grande  Ar- 
mée ».  787. 

Auteur  (L')  d'une  publication  sur  Guil- 
laume II,  inconnu  à  la  cour  d'Allemagne. 
778,905. 

Auteur  d'un  «  Voyage    à   Madagascar  ».  730. 

*  Automobiles  en  1827,  102,  266,  422. 
Auvray  (Lieutenant  général  d').  669. 
Avaleur  de  sabres.  734. 

*  Avoir  l'air.  93. 

Aviano  ,  capucin  (Les  miracles  de    Marc   d'). 

615,  756,  Soi . 

B 
Bachaumont,  pseudonyme.  116,  256. 
Balagny.  500,  632. 
Baldaquin  (Bérain  et  le).  672,  758. 
Balzac    «   Etudes    Philosophiques    ».     Voir 

Couverture. 
Balzac    imprimeur.     Les    éditions  compactes. 

37.   '75.  370- 

Balzac  (Un  roman  de)  «  Le  prêtre  catholi- 
que ».  57,  19Q. 

*"*=  Balzac  (Un  billet  de).  216. 

*  Balzac  [et  le  prêtre  Génois].  35. 

*  Bannier  (Porte)  à  Orléans.   239. 
Banqueroute  (La)  du  prince  de  Guéménée.  723, 

852. 

*  Baptême.   570, 

Baraguey  d'Hilliers  (Le  général).  125. 
Barbe-Bleue  et  Gilles  de  Retz    (ou  de    Rais). 

833,  901. 
Barbey  d'Aurevilly.  Les  «  Memoranda  ».    120. 
Bardonnet  (Vicomte  de).  530. 
Bareilher  (M.). 223,  404. 
Barére,    i'Anacréon  de  la  Guillotine.   443. 
Barjot  de  Roncée.  Voir  Armes  à  indiquer. 
Baron  (Arnauld).  Voir  «  Le  poète  au  siècle  ». 
Baronte  (Saint),  i  1 1,  239. 
Barre  (de  la).  893. 

Barre  (Lesmœurs  duchevalierde  la).  7-77,903. 
Barricades  (Les)  de  1832.  949. 
Barry  (Armes   et   devise  de  la   comtesse   du). 

777,  903 
Barthélémy   (A.    de):    «    Histoire    de  Ville- 

d'Avray.  »  338,  476,  388. 
Barthélémy  Saint-Hilaire  (Gambetta  jugé  par). 

943. 


Bascle  (Edme  le), marquis  d'Argenteuil.  668, 
754,  866. 

*  Baud  dans  le  Morbihan.  150,  315,  453,  833. 
Baudinière  de  la  Pommeraye.  Voir  Martin. 
Bauffremont.  445,  378,  681,  917. 

*  Bautru.   132,  337,  464,  578,  685. 
Bayeux  (Evêques  de).    951. 

*  Bayonne  (Sur  un  singulier  usage  de).  80. 
Béatrix  de  Bourgogne  (L'impératrice).  108. 
Beaubourg.  Voir  Poupart. 

Beaupoil  de  Siiiile-Aulairc  (Poupart  de  Beau- 
bourg, contre).  391 . 
Beauté  (Le  pays  de  la).  714. 
Beauvais.  Voir  ChTrion  de  Beauval. 
Beauvillé.  53,  192,  304,  405. 

*  Beauviller.  304. 

Beaux-Arts  (Les  membres  de  l'Académie  des).  • 

675»  757'  925.  992. 
Bec  noir.  Voir   Bayonne   (Sur  un  singulier 

usage  de). 
Begole.  113,  918. 
Bègue,  entrepreneur  de  serrurerie  à  Charonne. 

Belem.  223,  376,  476,  630. 
Bellangé,  médecin.  248. 

*  Belle  (Faire  la),  en  jouant  aux  cartes.  154, 
Belle  lurette  (11  y  a).  447,  596,  697. 
Benaben    (Correspondance    originale    de). 

497- 
Bcnoist  (Famille).  164,  297. 
Bérain  et  le  baldaquin.  672,  75S. 
Béranger  (Le  grenier  de).  500. 
Béraut  de  Mercœur  (Descendants  de).  729. 
Berlioz  (Lettres  inédites  ou  peu  connues  de). 

665,  861,  927. 
Bernhard  (Damala,  mari  de  Mme  Sarah).  224, 

^33. 

Bernot  de  Charant.  500,  652,  683,  811. 

Berry  (Le  duc  de).Voir  Eckart  (Eugénie  d'). 

Berry  (Second  mariage  de  la  duchesse  de). 
722,  789,  844,  993. 

Berry- Cavalerie  (Uniforme  du  régiment  de). 
7S0. 

Bertin  (Famille  de).  356. 

Bévues  des  municipalités  au  sujet  des  pla- 
ques commémoratives.  00. 

**  Bibliothécaires  masqués  (Les).  3S3, 

Bibliothèque  du  baron  de  Guarne.  320,  642, 
921. 

Bibliothèque  i^La)  du  D''  Court.  733. 

Bibliothèque  du  Sénat  (Peintures  de  Dela- 
croix dans  la).  49,  191 . 

*  Bibliothèque  Harléienne  (La).  34, 
Bicyclette  (A)    ou    en  bicyclette.    448,  593, 

637. 
Billecault  (Famille).  6. 

*  Biographies  épiscopales  modernes  143, 
822,881,932,983. 

Biron  (Marquis  de).   556. 

Bizet.  444,  376. 

Blanc  (Louis).   Voir  Gordon  (Mme). 

*  Blason  de  la  famille  de  Thumery.   131. 
Bleu  (Un)  dans   l'argot  des  troupiers.  734. 


L'INTERMEDIAIRE 


1007 


1008 


441. 


de 


occace  et  la  peste  de  134S 

Boerhaave.  83. 
];oi!eau  (Une  épître).   279. 
Boissy  (Sur  le  collège  de).  403,  631. 
Boloinier     (Guillaume     de),      chanceliei' 

Savoie  supplicié.  332,  454. 
Bomarsuiid.  5,  125,   i()0,  257. 
Bonafous  (Louis),  frère  Léotade.  568, 
Bonaparte.  Voir  Napoléon. 
Bonaparte  (La  tombe  de  la  femme  de  Lucien). 

719. 

*  Bongouvert  (L  abbaye  de).  190. 

*  Bonnes  villes.   13,  127,  630. 
Borde.  484,  S91,  696. 

Bordelais  (Familles  fixées  en),  444,576.756. 
Borderies  (Mgr),  évêque  de  Versailles.  822. 

*  Borie  ne  serait-ce  pas  métairie  ?  484,  ^()\, 
696, 

Bornes-canons.   12,  153. 
Bornes  de  la  corvée.  945. 
Bory  (Edouard).   784. 
Bosc  (François)  banquio 
Bosc  de  la  Calmette  (Famille 
Bosc  de  la  Calmette  (J.-H.).  0 
Bosc  (du).  Voir  Clin:ha:iip. 
Boscal  de  Réals  de  Momac   (de) 
(Ambroise-Louis-Marie  d') . 

*  Bossut  (Combat  de).  73. 
Bottes  (A  propos  de).  40,  205. 
Botticelli  (Aniico  di  S.).  7S3. 
Boufflers  (Sur  la  comtesse  de) 

*  Boucher  (Tableau  de).  82. 
Boucher.  Voir  Armes  à  indiquer.  ^' 
Boufflers  (La  véritable  «  Edition  princeps 

des  œuvres  du  chevalier  de).  502. 
Boules  (Le  jeu  de).   174. 
Boulet  (Le)  qui  tua  Turenue.  665,  848,  93S, 

9 ',12. 
Boulogne  (La  lampe  de  Bon).  620. 
■*'  «  Boulotter  »  (Origine  du   mot).  649. 
Bourbon-Basian 

liez.  114. 


à  Lyon, eu  1672.6. 
54- 

,  Voir   Hozier 


951 


Garisson.  d'Alier.   ou    Da- 


1 1 


^> 


275- 
Voir    Tripes 

i)   et  Gnbrielle  d'Es- 

de)    et    de    Roche- 
55.  240. 
-   Drouon-Demailly. 


Bourbon-Lavedan.  Begole.  La  Corne 

918. 
Bourbon-Montmorency   (Charles    de) 
Bourbon -Montmorency-Créquy 

à  la  mode  de  Caen. 

*  Bourdaisière  (M. de  ' 
trées.  82,  132. 

Bourdaloue    (Familles 

chouart-Chandenier 
Bourgade   de  Lagarde.   - 

616,  751. 
Bourget  (Deux  œuvres   inédites   de  M.  Paul). 

731- 
Bourgogne  (La  grossesse  de  la  duchesse  de). 

014. 

Bourkart  (Famille).  223. 

*  Boux  (Famille).  811. 
Boutonner  (Le  geste  de  se^ 

la  femme.  956. 
**  Bovary    (Mme)  :    origine    du  litre 
roman,  d'après  Flaubert,  775,  930. 


chez   l'homme   et 


ce 


de 


des) 


3«4, 


Bramant.   174,  376. 
Bratiano.  784,  974. 

*  ikaiier  (Famille  de).  83. 
Bridge  (Le  père  du).  450,  658,  773,886. 

*  Brunière,  de  Rayneval,    d'Angennes, 
Girardin  (Familles  de  la).  27,  84,  192, 

Brunoy  (Mme  de),  dame  d'honneur  de  la  reine 

Marie-Antoinette    ou    de    la    princesse    de 

Lamballe.  443. 
Brunswicg.  Voir  Nécrologie. 
Bruslys(Un  portrait  Des)  à   retrouver.  165. 
Bugnot  de  Farémont  (Famille).  55, 
Bulletin  de  la  Grande  Armée.  556. 
Bullones  (Martin  de)  père   de  saint  Antoine 

de  Padoue.  238. 
Bunevilie  (Famille  Le  Roy  de).  867. 
Bureau  (Famille).  895. 
Bureau   de    Surveillance.  Voir    Police  sous   le 

Directoire. 
Bussy-Dinteville.  6,  193. 
Buste  (Un)  de  Louis  XVI.  948. 

c 

Cabanis,  ami  de  î^Iirabeau.  621. 
Cabrières  (de).  44s,  579,  862, 
Cadrans    solaires    (Inscriptions 

479,  538. 
Caillot  de  Pommares  (Famille).   666, 
Cajamano  (L'abbé    de)  prisonnier  au   donjon 

de  Vincennes.  94Ô . 
Calcar  (Un   portrait  d'homme   inconnu   par) 

au  musée  du  Louvre,  école  italienne.  54. 
Calembours    (Les)    dans    les    dénominations. 

359,  481,    525,   592,    652,  711,  760,877. 
Caligula  (Trirèmes  de).  12. 
Calmette.  Voir  Bosc.  Marc. 
Cambyse   (La   conquête   de 

610. 
Cambronne   à  Waterloo.  52, 

456. 
Campagne  de  Hollande  (1809).  52. 

*  Campi  (La  peau  de)  en  reliures.  540. 
Camus,  baron  de  Richemont.  361. 

«  Canale  dei  Mulini.  Schuna,  Auscenti  »  en 

Bretagne.  104,  296. 
Canot  automobile  (Le).  449,  592,  696. 

*  Cantacuzène  (Les),  128,  406. 

Cany  d'Auppegard  (Le  Marinier  de).  248. 

Capilupi .  620,  975 

Capitaine  Cigonghe  (Le  vaillant).  553,  8j=î, 

95S. 
Caractère  rosse.  898. 
Caraco.  956. 

Caractères  physiques  de  Leibnitz.  174,  63S. 
Caramboles  (Monnaies).   197. 
Cardinal  de  Sainte-Potantienne.  891,  963. 
Cardinal  de  Vendôme  (Le).  54. 
Carrosses  du  roi.  954. 
Carte  de  visite  cornée.  675,  773  . 
Carter  (Les  mots  vaseline,  mercerisé,   merce- 

risage  et).  955. 
Cas  (Le)  de  M.  Guérin. 
Casserole,  734,  828. 


Sigilory. 
l'Egypte   par). 

•89,   235,  351, 


734,  879,  938,  99^- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1009 


■^lOIO 


Casta  placent  superto  ;  pura  cum   vtente  ve- 

[niie, 

Et  manibus  puris  stimite  fontis  aquam. 

De  qui  ce  distique?   172. 
Castaing  (Le  docteur).  Voir  Chassaing. 

*  Catalogues  pour  vente  de  vieux   livres,  91, 
201,  310,  426,  527,  589,  643,  699. 

Catlioliques  (Eglises  communes  aux)  et  aux 

protestants.  603,  713. 
Cave  (Mayeux  et)  villages.  239. 
Causer,  Préférer.  39. 

*  Cendrière,  209,  318, 

«  Ce  ne  sont  pas   les   lieux,  c'est  son   cœur 

[qu'on  habite  », 

II,  147. 
**  Centenaire  (Le)  de  Sainte-Beuve.  718. 
Cercueil   du  cardinal  de   Retz  (Qu'est  devenu 

le)    68. 
«  C'est  en  vain  que  d'eux  tous  le  sang    m'a 

[fait  descendre. 
«  Si  j'écris  leur  histoire,  ils  descendront  de 

[moi  ». 

Versa  retrouver.  673,  770. 
C'est  tout  réfléchi  !    110,  934. 
Chabiillan    (Portraits  de  Mme    de).  114,  240. 
*Chambla;iC(  Famille  de)  .83,  132,  406,  516, 
Chambord  (Les  256   quartiers   du  comte  de). 

3S9, Ss3,9io- 
Chambre  des  Pairs.  Voir  Statues. 
Chambre    introuvable    (Les   membres  de  la). 

837,  959- 

*  Chamilly  (Famille  de),   132, 

Champ  de  Mars  (Le)  dans  l'histoire,  222. 

Chanac  (Cardinal  de),  891,  963, 

Chancelier    (Un)  de    Savoie     supplicié,    332, 

454. 
Chanoines  de  Saint-Denis.  572, 

Chanson  de  Nadaud   (Les  Deux   Gendarmes). 

90,  144,  253. 
Chanson    (La)   de   M,    de   La  Palisse,  17!, 

373,657- 
Chanson  (La)  de  Pipe-en-Bois.   159, 
Chanson    rosse.    Caractère    rosse.     Rosserie. 

898. 
Chapeaux  (Saint  Roch  et  ses  trois).  198. 
Chapeaux  de  Napoléon  !"■  (Les).   555, 
Charant  (Bernot  de).  500,  632,  685,  811. 
Chargh'rods  (Les).  952. 
Charités  (Les  Grandes)  de  Paris.  553, 
Charivaw,  costume  de  femme.  897,  988. 
Charlemagne  (L'hommage  des  rois  de  France 

au  tombeau  de).  219. 
Charlemagne  (Le  talisman  de).  3S7. 
Charonne.  Voir  Le  Bègue  de  Presles.    Bègue, 
■*  Chartes  (Recueil  de)  à  retrouver.  88, 
Chartreux  (Le  trésor  des),  163, 
Chassaing  (Le  docteur).  389. 
Chassilly  (Mme  de),  250. 
Chassin  et  les   «    Souvenirs  d'un   étudiant  de 

1848  ».  218, 
Château  de  la  Tournelle.  95  i , 
Chateaubriand  ou  Chateaubriand,  276,  406, 

516,  579. 


Chateaubriand  politique  et  diplomate.  889, 

Chateaubriand  (Julien, domestique  de).  554. 

Chateaubriand  (Les  demeuresde).  1 15, 193,337. 

Châtelaine  de  Vergi  (La).  Iconographie  de 
la  légende.  274,  399,  514. 

Châtillon-sur-Marne  (Armoiries  de).  782, 

Chats  (Les)  de  Kilkenny,  385,  525,  571, 

Chaulieu  (Armes  de  l'abbé  de),  726,  966, 

Chaulnes.  95  i . 

Chef-d'œuvre  d'un  inconnu.  Voir  Matha- 
nasius   (Le  docteur). 

Chénier  (Paris  en  1790,  d'après  le  père 
d'André).  715. 

Chénier  (Manuscrits  inédits  d'André), 329,464, 
632,  751,    862. 

Chénier  (Le  conventionnel  Marie-Joseph)  ac- 
cusé de  fratricide.  387,  511,  794,  904- 

Chenillion,  sculpteur.  7,  132,  682. 

Chevaux  (Les)  de  Napoléon  1°'.  75. 

Cheverus   (Lefèbvre  de).  616,  686,  754. 

*  Cheveux  de  femmes  célèbres,  44,  153,  318, 

437. 

*  «  Chic  »  et  «Mie-Mac  »  (L'origine  des  mots). 

312,  434,  482,  536,  394,647,762,823,933. 

*  Chien  (Le)  de  Jean    de    Nivelle.   380,   463, 

571,  629,  707, 

Chronique  scandaleuse  de  Roanne  sous  Napo- 
léon 1°'.  609, 

Cigongne  (Le  vaillant  capitaine),  553,845,958. 

Cimer,  simer.  393,   537,   591,  650,  696, 

*  Cimetières  fortifiés.  590. 

Cimetières  (Inhumations  hors  des).  191,  316, 
437,530,601,654,698,  766,  812,880,995. 

*  Citoyen,  citoyenne  (L'emploi  du  terme  de), 

737- 
Civri  (Pierre  Collin,  prétendu  comte  de).  28. 

*  Clarion    de  Beauval   (Maurice-Jules-Louis), 

241. 
Claris  de  Florian.  8. 
^  Classical  Journal  »    bji   A.-John    Valpy. 

Voir  Cote  (Une), 
'^  Clinchamp.  29,  241,  358. 

*  Clous  (Les)  de  la  passion.    184,  458, 

Club  de  l'hôtel  Massiac.   Voir  Club  breton. 
Club  Breton  (Le),  les  Amis  de  la  Constitution 

et  les  Jacobins,  49,   230,  292. 
Coco  (La  concience  de  M.)  503. 

*  Cochu,   133. 
♦Coiffure  au  bec  noir.  80. 

*  Collections  de  gravures  provenant  de  jour- 
naux illustrés.  699. 

*  Collège  de  Boissy  (Sur  le),  403,  631,  749. 
Collier  (Le)  de  la  Légion  d'honneur.  77. 

*  Collin  (Pierre)  prétendu  comte  de  Civri. 
28. 

Collot  (Les  armes  des).  726,  858, 

Colmar  (Mgr.  Joseph-Louis),  évèque  de 
Mayence.  463. 

Colonies  (Les)  françaises  protestantes  en  Alle- 
magne. 614,'  707. 

Coluche,  Voir  Sentinelle  qui  empêche  de 
passer  le  Petit  Caporal. 

Combat  de  Bossut.  73, 


L'INTERMEDIAIRE 


lOI  I 


I0I2 


«  Commandatiire  »  allemande  (La)  à  Paris  en 
1871.  556,  680. 

*  Comniinges.  84. 

Commune  de    Paris   en     1792  (Patiis.  impri- 
meur de  la).  837. 
Compagnons  vitriers  de  Lyon.  781,  881. 
Compasseur  (Le).  Voir  Créquy-Montfort. 
Compère  babillard.   675. 

*  Complices  de   l'attentat    du    prince    Louis- 
Napoléon  à  Strasbourg.  21. 

*  Compositeurs  à  retrouver.  10,  62,   118,  562, 

667,  954. 
Comte  (Couronne  de).  Voir  Couronne. 

*  Concession  royale  à  Marly-le-Roi.  539. 
Condorcet.  Voir  Statues. 

Confrérie  en    l'honneur   de   sainte    Scholasti- 

que.    950. 
Conquête  (La)  de  l'Egypte  parCambyse.  610. 
Conscription  (Les   ecclésiastiques  et  la).   948. 

*  Construction  des  églises.  Droit  de  sépulture. 
316. 

Construction  navale    (Un   tour   de   force    de). 

839. 
Consulat  sua;  coiiscicntiawbi,  314,375,  694. 

Contades  (Corneille  et  la  marquise   de).    889. 

*  Contât  (Emilie).  85,  133,  242. 

*  Contemporaine  (Mémoires  d'une).  305,  527. 

*  Controvcrsiœ    de    Sénèque.    89,     198. 

"■  Conversation  du  P.  Canaye    et  du  maréchal 

d'Hocquincourt.  200,  251. 
Coqueluche.  564,  055,  711,  703,  826,990. 
Corne  (La).  918. 

*  Corneille  (Descendants  de  Pierre).  85,  134. 
Corneille  et  la  marquise  de  Contades.  889. 

*  Cornes  (Les)  .  1S4. 

'^  Cornu  (Les  lettres  de  Napoléon    111    à   Mme) 

seront-elles  publiées?  960. 
Corona  (Recueil  de).  170,  253. 
Correspondance  originale  de  Benaben.  497. 
Correspondance   (Une)    du   Père    Didon.  339 

477. 
Corvée  (Bornes  de  la).  945, 
*Cote  (Une).  256. 
Couleur  bleue  chassant   les    mouches 


450, 


771 


Courbevoie  (Impasse  Banier  à). 239. 

*  Courier  (La  mort  de  Paul-Louis).  245, 
358,  709,  862. 

Couronne  de  comte  (Pourquoi  la)  a-t-elle 
été  si  souvent  usurpée  dans  les  armoiries? 
725,  858,  970. 

**"  Courrier  (Le)  de  Lyon.  568,  677. 

Court  (La  bibliothèque  du  D').  733. 

Courtalon.  Voir  Rue. 

'''Couvertures  de  publications. 478,  526. 

*  Couverture  (La)  imprimée  des  livres  bro- 
chés. 478,  526,  644,  761. 

*^  Couverture  (La)    du    tome   premier     des 


c    Etudes   Philosophiques 

478,  526. 
Crenne  (Hélisenne  de).  ^^. 
Créquy  (Alexandre  de).  275 
Créquy-Montfort.  615,  687, 


de  Balzac. 


Criq  ou  Cricq  (Paroisse  de).  892. 

■■"  Cris  (Les)  des  rues  de  Paris.  820. 

*  Croix  vivante.  589. 

Croullardière  (Péan).  8. 

Crozat.  ^17. 

Cruelle  plaisanterie  (Une)  d'Alfred  de  Musset, 

Q56. 
Cryptographie  (Un  problème  de).  835. 
Curé  (Un)  de  Saint-Paul.  387. 

D 

Dailly.  223,  466,  518. 

Dalles  (Les)  de  la  rue  Mazarine.82,  192,923. 

Damala,   mari    de    Mme    Sarah    Bernhard. 

224,  633. 
Dames    d'honneur     de    Marie-Antoinette. 

443,  567-. 
Damville,  famille    fixée    en  Bordelais.  444. 
Dancourt  (Dlles  Mimi  et  Manon).  225. 
Danton  (Dernières  paroles  de).   555. 
Darall  (Aristide).  Voir  Damala. 

*  Daudet  (L'ingénieur),    115,  246. 

Débris  de  la  Vieille  Armée  (La  Société  des). 

'74>  357-  . 

*  Décors   peints    par   Puvis   de  Chavannes, 

.    475-. 

-*  Dédicaces  excentriques  et  singulières  425. 

Définition  de  Guy  de  Maupassant.   932. 

Dejean  (Mgr  François  -  André),  évèque 
d'Asti.  464. 

Delacroix  (Peintures  de)  dans  la  bibliothè- 
que du  Sénat.  49,  191. 

Delbreil  de  Scorbiac.   135,   246,  304. 

«  Délices  satiriques  »  (Les)  et  le  «  Parnasse 
satirique  ».   833,  929. 

*  Drlmas  (Le  général).   919. 
Del.;iet  (L'ccil  de  verre  de  Paul).  676. 

*  Djnis  (Saint),  évêque  des  Gaules,  a-t-il 
e.-.isté  ?  122,  237,  344. 

Der  i  ées  et  marchandises  (Détail  des  anciens 

p.:x  des).  37,  319^,  379. 
«  D  .■  Profundis  »  (Une  adaptation  du).  393. 
Derrières  paroles  de  Danton.  555, 
Dércgeance  (Question  de).  895, 

*  Dcsaix  ('Le  monument  de),  place  Dau- 
phine.   128. 

Descendants   de   Pierre  Corneille,   85,  134. 

Desmaretz  (La  lettre  de).  835. 

Desmoulins     (L'écharpe  de    Camille).   499, 

5^5,  657- 
Desmoulins.   Voir   Sans-culotte  Jésus  (Le). 

Desprey(S.Em.),  cardinal-archevêque  de  "Tou- 
louse.  932. 

Détail  des  anciens  prix  des  denrées  et  mar- 
chandises. 37,  319,379. 

«  Deux  Gendarmes  »  (Les),  chanson  de 
Nadaud.  90,  144,  253. 

Deux-Ponts  (Mme  des), dame  d'honneur  de 
la  reine  Marie-Antoinette  ou  de  la  prin- 
cesse de  Lamballe.  443. 

Dévalues  (Jean).  727. 

Devin  ou  de  Vin.  57. 

*  Diadesté,  311. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1013 


*  Diane  et  saint  Hubert.  462,  571. 

«  Dictionnaire  des  termes  politiques  ».   11, 

143. 
Dictons  et  proverbes  météorologiques.  153, 

539- 
Didori  (Une  correspondance  du  Père).  339, 

477-  .    ^  . 

Didot  (Félicité).  Voir  Saint-Pierre. 

«  Dieu  nous  garde  de  l'équité  de  messieurs 

du  Parlement  ».  59. 
Digoine   en    Charolais    (Le   château  et   la  ba- 

ronnie  de).   Sc)2. 
Dillon,  famille  fixée  en  Bordelais.  444. 
Dinteville  (Bussy-).  6,  193. 
Directoire   (La   police  sous  le).  Voir  Bureau 

de   Surveillance. 
Disjonval  (Quatremère)  et  les  araignées.  4, 

155,  254'  356,  755- 
Distique  (In)  :  Casta  placent .  172,  314. 

*  Document  (Un)  runique.  26. 
Documents  phalliques  (Les).  172,  309,  423, 

528,   598,  657,  (393,  759,  874,  925,  984. 

Documents     sur     Améric     Vespuce.    Voir 

Améric. 
Domiciles  de  M.  de   Guitaut   et   de  Mme    de 

Sévigné.  839,  976. 
Domiciles  parisiens.  226,  370,  422,  476. 

*  Dominicains  (Armoiries).  131. 

•«:  Don  Juan  »  de  Mozart  (Le  manuscrit  du). 

3-9»  439» 

Donnet  (S.Em),  cardinal-archevêque  de  Bor- 
deaux. 932. 

Doria  (Lorenzo).  668. 

Doucet  (Joseph).  217,  359,  466. 

Doudinot  de  la  Boissière,  famille  fixée  en 
Bordelais.  444. 

Doynel  ou  Doisnel  (Famille).  616,  811,919. 

Drapeaux  (Les)  des  Suisses  en  août  1792. 
2,   119. 

Drapiers  (Termes  de  marchands).  359,  483. 

Droit  de  havage.  268,  698,  746,  799,  852, 
906,  960. 

Droit  de  sépulture.  316. 

*  Droit  du  seigneur  (Le).  206,  29=;,  396, 
735,  Soi,  849. 

DroQon-Demailly.    Boure,ade   de   Lagrarde. 

6IO,  751. 
Druides  (L'if,  arbre  sacré  des). 164, 319,  398. 

*  Druyer  du  Pointé  ((Nicolas).  85,   194. 

Du  Camp    (Flaubert  et)  photographes.  161. 

Dudin,  censeur  en  1789.  389. 

Dumas, dit  le  Rouge,  juge  au  tribunal  révo- 
lutionnaire. 443. 

Dumas  père  (Des  vers  de)  à  retrouver. 
497,  642. 

Dupleix.  952. 

Du  Pont  et  le  Vasseur  (Familles).  894.' 

Duprat  (L'hôtel  du  chancelier).  836. 

Dupuy  de  la  Grand-Rive,  famille  fixée  en 
Bordelais.  444,  576. 

Dutailli,  frère  de  Bernardin  de  Saint-Pierre 
727. 

Dutertre  (Unprédécesseurdu  capitaine). 614. 


1014    — — 

E 

Ecclésiastiques    (Le   serment    des)   sous    la 

Révolution.  123,188,231,292,400,508,624. 

Ecclésiastiques  (Les)  et   la   conscription.  94S, 

Echarpe  (L')  de  Camille  Desmoulins.   499, 

565,657. 

*  Echecs  (Jeu  d').  377. 

*  Eckart  (Eugénie  d').  32. 
Ecole  gratuite  de  musique.  949. 

*  Ecreignes  (Les).  40,   150. 

Ecrivains  latins  ayant  écrit  en  grec.  ^-^d. 

Ecuries  d'Orléans.  892,  965. 

Ecusson  à  déterminer.    118,  251,  365. 

Edit  (Un)  de  Henri  II.  72,  123,289,900,993. 

Edit  de  Nantes  (Monument  commémoratif 

de  la  révocation  de  r).i7. 
Editeurs  ignorés.!  i,  255,  528. 
«  Edition    princeps    »     (La    véritable)    des 

œuvres  du  chevalier  de  Boufflers.  502. 
Editions  compactes.  Voir  Balzac  imprimeur. 
Editions  simultanées.  788. 

*  Education  patriotique.  73, 

Egalité  (La  fortune  et  les  papiers  d').72. 
Eglise  (La  fille  ainée  de  1').  554, 
'''  Eolises  communes  aux  catholiques  et  aux 
protestants.  603,   713. 

*  Eglises  fortifiées.  152,  265,  369,  421,    530, 
590,  637,  759;  881. 

Egypte  (La  conquête  de  1')  par  Cambyse.6io. 

Elpice  (Pandore  et  sainte).  949. 

«  Emblèmes  d'amour  divin,  etc.  ».   7S2,  971. 

Empierger  (S').282,  434,  480,536,  652,  765. 

Enfants  (Les)  de  Voltaire.  618,  688. 

Engel  (J.J.)  1741-1S02.  Voir  Auteur  allemand 

traduit  en  français. 
Enghien  (Mariage  du  duc  d').  332,  455. 
Enregistrement  de  Paris  (Archives  de  1')  893, 

957- 
Entrebas  (Entrelacs).  561,807. 

Entrées  gratuites.  62,  326,  484. 

*  Envierges  ((Quartier  des).  203. 

**  Epuration  de  l'armée  en  l'an  III. 774. 

*  Erreur  persistante  (Une).  35,  146,  201. 

*  Escaliers  en  bois, 759. 
Esnault  d'Asselines.  250. 
Espinasse  (de  1').  8,  56. 
Estoublon.  727,  811,  863. 

*  Estouteville  (Maisons  d").  26. 

Estrées  (M.  de  la  Bourdaisière  et  Gabrielle 
d').82,  132. 

«  Etant  donné  ».  61,  3  1  5,  932. 

Etat  civil  (L'),les  actes  notariés  et  le  Con- 
seil général  de  la  Seine-Inférieure.  388, 
5'4,  575,  632. 

«Etat  militaire  de  France,  pour  1  année 
1789.  »  Voir  Dudin,  censeur. 

«  Etoile  d'or  »  (Auberge  de  1')  à  Paris.    41. 

«  Etudes  philosophiques  »  de  Balzac.  Voir 
Couverture. 

*  Eugène  (Le  prince).  284. 
Evêchés.  Voir  Armoiries  des  évèchés. 
Evénements   historiques  (Récits  d')  consignés 


L'INTERMEDIAIRE 


1015 


[O16 


à  la   dernière    page    des    anciens    registres 

d'élat-civil.   779,  910,  961, 
Evèques  de  Bayeux.  951. 
Eve  que  de  Tempe.  ']\,  196. 

*  Evëques  français  en  Italie  et  en    Allema- 
gne. 463. 

Examen  (L')  de  la  fiancée  royale.  330. 
Exécutions  à  Paris  (Le  lieu  des).  498. 
Existence  (L"^  d'Hanilet  prince  de  Danem  ark, 
est-elle  historiquement  certaine?779,  908. 

*  Ex-libris  (Le  plus  grand).  642,  810. 

*  Experto  crede  Roberlo.  202. 


Faber  (Petrus),  441,  579- 

Facio  (Jean),  dit    Vulteius^    poète    rémois. 

616. 
Faire  la  belle  en  jouant  aux  cartes.  154. 

*  Familles   de  Guyenne,  Gascogne  et    Lan- 
guedoc :  Armoiries.  26,  135,  246,  304. 

Familles  (Trois)  de  Saumur.  895. 
Familles  fixées  en  Bordelais   444,  576,   756. 

•  Familles    françaises   contemporaines.  82, 
Familles.  Voir  : 

Angennes,  voir  Brunière. 
Barre  (Filley  de  la).  Beauvillé.  Bertin.  Be- 
noist.  Billecault.    Boissière   (de  la),   voir 
Doudinot.  Bosc    de  la  Calmette.  Bourda- 
loue.  Bouvkait.  Boux.  Braùer.  Brunière. 
Bugnot  de  Farémont.  Bunéville  (Le  Roy 
de).  Bureau. 
Caillot  de  Pommaies.  Cantacuzène.  Cham- 
blanc.    Chamilly.    Chelles    de    Chellem- 
berg  (Villinghoff  de).  Civry.  Clinchamp. 
Collin   de   Bar,  Collin   de   Barisieu.   29. 
Comminges. 
Danville.   Devin,   voir   Vin.    Dillon.    Dou- 
dinot de  la  Boissière.  Doynel  ou  Doisnel. 
Dupont.  Dupuy. 
Estouteville. 

Farémont  (Bugnot  de).   Filley  de  la  Barre. 
Flavigny,    Fontaine    de  Saint- Clément. 
Four  (du),  voir  Gonet. 
Gallais.     Giraidin,    voir    Brunière.      Goes. 
Gonet    du    Four.    Gottreau    de    Pensier. 
Grand-Rive  (de  la),  voir  Dupuy.  Griffon. 
Guibert  (de), 
Hémart  de  la  Charmoye.  Holtzin.    Hugue- 
not de  Monlas.  Hustin. 
Jassaud. 

L'Espinasse.  Le  Lieur  ou  Le  Livre.   Le  Roy 

de  Bunéville.  Le  Vasseur.Lignières  (des 

Essarts  de).   139. 

Matifas.  Marc  de  la  Calmette.  Marinier  ou 

Mariner.    Marinière.    Mignot    (Claudine). 

136.  Momertz.  Monlas  ou   Moulas  (p.  ê. 

de   Monloise).    Monlas    (Huguenot    de). 

Pandevant    de   Sully.    Panon-Desbayssins. 

-  Patras.  Pensier,    voir  Gottreau.    Philip- 

ponat  (le)  de  Malpenne     Pinsart  ou  Piu- 

sard.  Pontet.  Porteret. 

Rayneval,  voir  Brunière.  Reynard  de  Bois- 

sieux.     Rochechouart-Chandenier,     voir 


Bourdaloue.  Roëll  (de).  Roussel  de  Tilly 
138. 

Saillant,  Saint-Simon-Courtomer.  Sar.son. 
Sarra  (de  la).  Saugrain,  Scorbiac.  Sigi- 
lory,  Sommariva. 

Tenaille.  Thumery.  Tilly  (Roussel  de). 

Vasseur  (Le).  Villefort.  Vin  (de)  ou  De- 
vin. Vinci.  Von  Vittinghoff  dit  Schell 
zu  Schellemberg). 

Zandt. 

*  Favras  (Marquise  de).  19,188,289,395,547. 
Faydit.  897,  986. 

«  Fayots  »  (Haricots  et).  827. 

*  Félicité  (Ordre  de  la).  169,  417. 
Femme  ù  barbe  (Vénus  et  la).  62. 
Femmes    célèbres   (Cheveux   de).    44,    153, 

318,437. 
Femmes  célèbres  (Les)  qui  ont   pose   nues. 
117,  318,  436,  530,  597,  653,925. 

*  Femmes  russes   (Les)  aiment-elles  à    être 
battues  ?  604, 

Fer  de  cheval  dans  les  églises, 340,490,  542, 

600. 
Fêtes  en  l'honneur  des  maiis  trompés.   956. 
Fiancée  royale  (L'examen  de  la).  330, 
Fille  aînée  (La  )  de  l'Eglise.  554, 
FiKes  publiques  héroïnes  de  la  révolution  de 

1S30.  962. 
Filleul    (Adelaïde-Marie-Emilie),  dame    de 

Flahaut.  23. 
Filley  de  la  Barre, famille  fixée  en  Bordelais. 

444,  576. 
Finis  Galliit.  279. 

Flahaut  (de).  23.  . 

Flaubert  (Gustave).  Voir  Bovary.    Réquisi' 

toire  célèbre, 
Flaubert  et  Du  Camp, photographes.  161. 
Flavigny, famille  fixée  en  Bordelais. 444,576, 

756. 
Fiers  (Un  comte  de).  838,  975. 
Fleur  de  lis  (La)  dans  les  armes  des  Peretti 

délia  Pvocca.  168,366,  689,  805,  968, 
Fleury  (Mme  de  Polignac  née).6i7. 
Florence  (Maille  d'or  de).   781. 
Florian  (François  de  Claris  de)  parent   du   fa- 
buliste. 8.' 
Folkes  (Les  papiers  de  Martin).  618. 

*  Fontainebleau  (Un  curieux  fossile  humain 
trouvé  dans  la  forêt  de).   1 19,  190. 

*  Fontaine  (La)  de  la  place  Dauphine,  à  Paris. 

128. 
*FontainedeSaint-CIément(Famille  delà).  135. 
Fontaines  (Mlle  de).   115,  246,  40S. 
Forli  (La  tour  de).  225, 
Fosse  (de  Framery  de  la).  893  . 
Fossile  humain.  Voir  Fontainebleau. 
Fournier  (Marc),  sa  correspondance.    559. 
Fourquet  (Jeanne).  Voir  Hachette  (Jeanne). 
Framery  delà  Fosse  (de)  (Bourgogne).  893. 
**  France  (La)  et  le  Vatican  en    1818.  Lettre 

inédite  du  comte  Portails.  495. 
Franc-maçonnerie  (Le  cardinal  de   Rohan   et 

la).  455j  681,  746. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1017 


10  18 


Frutiicide.  Voir  Chéiiier  (Marie-Joseph.) 
Fromentin  (  «  Visites  artistiques  »  d'Eugène). 

78S. 
Fusion   (Tentative  de)  du    parti  royaliste    au 

mois  d'octobre  1863.  499. 

G 

*  Galbanum.  204. 
Galiniard  (Le  peintre),  S90. 
Gallais  (Famille).  895, 

Galliffet  (Le   ventre  d'argent   du  général  de), 

357. 
Galois  d'Aulnoy  (Armes  des  le).  24. 

**    Gambetta    jugé     par    Barthélemy-Saint- 

Hilaire.  943. 
Gambetta  (Projet  de   mariage   de).  445,  6^), 

751,  812,  865,  921. 

*  Gambetta  (Claire),  chanteuse  de  café-con- 
cert. 32,  297,  408. 

Gant  de  velours,  main  de  fer.  Voir  Pour  con- 
duire les  Français. . . 

Garisson.  114. 

Gatayes  (Antoine  et  Léon).  224,  409,  518, 
634. 

*  Généalogie   de   la   Maison  de  France.  624. 

*  Gengoux  (Saint).  184. 
Genlis  (Comtesse  de).  500,  634. 

Geoffroy  -  Saint  -  Hilaire       (Un       biographe 

d'Etienne).  784. 
«  Géographie   poétique   de   la   France  ».  Voir 

Trézal. 

*  Géramb  (Les  frères).  86. 

Gérard  (Bachaumont  pseudonyme).  116,  256. 
Gerzat,  abbaye.  838. 

Geste  (Le)  de  se  boutonner  chez  l'homme  et 
chez  la  femme.   9^6. 

*  Gicquel  (Le  portrait  de  Prosper).   86. 
Ginestous  de  la  Tourette.  727. 
Ginestous.  Voir  Renseignements  demandés. 
Girardin  (de).  Voir  Brunières  (Familles  de  la). 
Gironné  de...  et  de...  de   douze   pièces.  ^61, 

809,  913. 
Glandier,  chartreuse.  337,  469. 

*  Godiveau.    98. 

Goes  (Famille  de).  667. 

*  Gois  père  et  fils  (Les  statuaires).  190. 
Gomberville  (Le  Roy  dei.  898,  979. 

Gonet  du  Four  (Famille).  389,  519,  582,  682, 

812. 
Gordon    (Eléonore    Brault,  dame)    cantatrice, 

complice  de  Louis-Napoléon,  à  Strasbourg. 

21. 
Gotan  de  Villers.  840. 

Gottreau   de  Pensier   (Famille   do).   3S9,  519. 
Goujon  de  Thuisy.  869. 
Goupilleau,    vendéen  célèbre;  son    tombeau. 

531. 

*  Grammaire  catalane.   699. 
Grandchamp  (Souvenirs  de  Simon  de). 299, 4 1 5. 
Grande  Armée.  Voir  Bulletin. 

Grandes  Charités  (Les)  de  Paris.  353. 
Granjean  (DWe)   Voir  Lebreton. 


Graveur     (Le)    Huquier  et  les   Jésuites.   669, 

816. 
Gravure  démarquée.  117. 
Gravures  provenant  de  journaux  illustrés.699. 
Grenier  (Le)  de  Béranger.  500. 
Grezy  (Le  général).  125. 

Griffon,  famille  bourguignonne.  726,  859,967. 
Grossesse  (La)  de  la  duchesse  de   Bourgogne. 

ô  1 4 . 
Gruau  de   la  Barre,  historien  de  Louis  XVII, 

partisan  de  la  survie.  027. 
Grunstein   (Baron  de).    165,410,467,^19,582. 
Guéménée   (La    banqueroute   du   prince    de). 

723,852.' 
Guérin  (Le  cas  de   M.).  734.  879,  958,  996. 
Cuerne  (Bibliothèque  du  baron  de).  502,  643, 

921. 
Guibert  (Famille  de).   166. 
Guidon  de  l'infanterie  Dijonnoise.  398,538. 
Guillaume  11   (L'auteur  d'une  publication  sur) 

inconnu  à  la  cour   d'Allemagne.  778,    905. 
Guitaut  (Domiciles  de  Yi.  de).  S39,  976. 


H 


Habitants  de  la  place  des   Victoires  en    1703. 

724. 

*  Hachette  (Jeanne).  46,   185. 

Hamlet  (L'existence  d')  prince  de  Danemark, 
est-elle  historiquement  certaine  ?  779,  908. 

*  Haricots  et  «  fayots  ».  827. 

Havage  ("Droit  de).  268,   698,  746,  799,  852, 

906, 960. 
Heine  (Camille  Selden,  livre  sur  Henri).  498. 

585,  8:8,  Q22,  9^0. 

*  Hélisenne  de  Crenne,  ^). 

Hémart  de   la  Charmoye  (Famille).  669,  813, 
865,  976. 

*  Henri  11  (Un  éditde).  72,125,289,900,993. 
Henri  IV.  Sa   statue   sur   le    Pont-Neuf.   667, 

736,902. 
Henri  VIIl  et  Antoine  de  Ligne  (Parenté  de). 
723,847. 

*  Herald  de  Pages   (Le  baron)   et    «   le   Petit 
Journal  ».  390,  519. 

Herbière.  226,  376,  435. 
Herboristes.  675,  772,  884,  935,  991. 

*  Héritage  colossal.  4  i . 

''■'■  Héroïnes  ignorées  delà  révolution  de  1S30. 
962. 

*  Hervé  (Le  compositeur).  583. 

*  Hervé  (Le  nom  de).  38,  149,  312. 
Hervieu  (Œuvres  inédites  de    M.  Paul).   896. 
Hirondelle.  Voir  Quête  de  l'hirondelle. 

His  de  Lasalle,    collectionneur.  -^  Saint-Mar- 

cel-Corbin,  peintre.   557,  682. 
«  Histoire  delà  Restauration  ».   672,  820. 
Histoire  de  l'ordre  de  Saint-Louis.    561. 
«  Histoire  du    tribunal   révolutionnaire  »  par 

Ch .  Monselet.  673. 
«  Histoire  de  Ville  d'Avray  ».  338,  476,588. 


L'INTERMEDIAIRE 


1019 


Hocquincouit.   (Conversation  du     P.    Canaye 

et  du  maréchal  d').  200,   2^1. 
Hollande  (Campagne  de)  (1809).  52. 
Holtzin  (Famille).  224. 
Hommage  des  rois  de   France   sur  le   tombeau 

de  Cliarlemagne.  219, 
Honneur  (L')  du  mari.  897. 
Horsain.  897,  988. 

Hôtel  de  la  rue  de  la  Verrerie  fUn).  499,  63  i . 
Hôtel  (L')  du  chancelier  Duprat.   S36. 
Hôtel  Torpanne,  476. 
Houssaye  (Arsène).  Voir  Alfred  A^ousse. 

*  Hozier  (Ambroise-Louis-Marie  d'),  cheva- 
lier, vérificateur  des  armoiries  près  la  com- 
mission du  sceau, en  1828,  et  la  famille  de 
Boscal  de  Réals  de  Mornac.   17. 

Hubert  (Diane  et  saint).  462,  571. 

*  Huguenot  (Origine  du  mot).  876. 
Huguenot  de  Moulas  (Famille).  8, 
Hugues  (Victoi).    729. 

*  Hugo  (La  bosse  de  Victor).  246. 

*  Hugo  (Les  armoiries  de  Victor).  601. 

*  Hugo  (Vers  attribues  à  Victor).  89. 
Huquier    (Gabriel)    graveur    et    les    Jésuites. 

669,  816. 

*  Hustin  de  Douai  et  de  Lille  (La  famille)  86, 

410. 
Huyghens  (Madame).  500. 
Hyde  de  Neuville.  530. 


*  Iconographie  du  meurtre  rituel.  44. 

Ida  Saint-Edme.(Elzelina  Van  Aif  de  Fonghe). 
Voir  Mémoires  d'une  contemporaine.  572. 
Idole  (L').  Voir  Boufflers  (Sur  la  comtesse  de). 
If  (L'),  arbre  sacré  des  druides.  164,319,  39S. 
«  H  monte  sur  sa  bête  et  la   chanson  le  dit  ». 

59- 

*  11  n'y  a  pas  que...  11  n'est    pas  que...  38, 

151,  699,  767,  877,  985. 
Il  y  a  belle  lurette.  447,  596,  697. 
«  Il  y  a  eu  des   anges  ».    «   Il    est    passé    des 

anges  ».  898,  989. 

*  Imparfait  (L')  du  subjonctif.  95,  762. 
Imprimerie  (Poudre  et)  connues  des  Romains' 

891. 
Imprimeurs  et  libraires  du  nom  de  Saugrain. 
137. 

*  Inceste  suivi  de  mariage,   126. 
Incinérations  (Les).  282, 

«  Inclyte  ».  Néologisme  à  expliquer.  735. 
Index  libroru7n  prohibitoruin.  841,   931. 
Ingénu  solatium  unà  cum  universo  rapt.  618, 
762. 

*  Inhumations  hors  des  cimetières.    iQi,  316, 
437»  53C>.  601,  654,  698,  766,  812,880,  995. 

Innocent  Xll,  Pignatelli.  Voir  Pignates. 

*  Inscription  (Une)  latine  à  traduire.  645. 

*  Inscriptions  des  cadrans  solaires.  314,  479, 

538. 
Introduction  du  poivre  en  France,  422. 
Isotta  de  Rimini.  610, 


1020     ■- — 

J 

**  Jacobinisme  (Le)  et  la  liberté.  887. 

Jacobins.  Voir  Club  Breton. 

«  J'appelle  un  chat  un   chat...  »'.  173,  310, 

375,  483,  605. 
Jassaud  (Famille  de).  55,  194,  360. 
Jean  de    Nivelle   (Le   chien    de).    380,  463, 

571,  629,  707. 

*  Jean  l'Evangéliste  (Saint).  184. 
Jeanne  la  Grise.  721. 

«  Je  lis  pourm'élever  et  non  pas  pour  m'ins- 

[truire  »  : 
Citation  à  retrouver.  339. 

*  ]e  m'en  suis  allé.   Je  me    suis  en   allé.    95, 
202,315. 

Jésuites  (Le  graveur  Huquier  et  les).  609,816. 
Jésus  (Le  Sans-culotte).  4. 
leu  (L'algèbre  du).  615,  883,  938. 
Jeu  de  boules  (Le).   174. 
Jeu  d'échecs.  377. 

Jeu  de  massacre  :  son  origine.  340,  536. 
Jeu  de  tête-béche.   398,  538. 
Job  (Le  papier  h  lettres).  955. 
*«Jocelyn  »  (Le)  de  Lamartine.  699. 
**Joinville  (Une  lettre  au  prince  de).  550. 
Jonval-l'Abbaye.  838,  930. 
Jourdain  (Origine  du  nom  de)  dans  l'Isle  en 

Jourdain  (Vienne). 2 18,  357,  703,  816,  921. 
Jourdain  du  Pin.  557,  688,  921. 
Journal  des  inspecteurs  de  M.  Lépine.  945. 
Journal  des  inspecteurs  de  M.  de  Sartin3.902. 

982. 
Jonquière  (Le  Marinier  de  la).  248. 
julien, domestique  de  Chateaubriand.  554,703. 
K 

Kilkenny  (Les  chats  de).  585,  525,  571, 

*  Knauss  (Frédéric  de).  196, 


«  La  conscience  de  M.  Coco  ».  563,  571. 

La  Corne.  113,  918. 

Lafarge  (Mme),  le  Glandier  et  les   chartreux. 

337'  4&9- 

*  Lafitte  de  Pelleport.  634. 

Lafon-Labatut  (j.).  276,  410,  634. 
La  Galisse.  Voir  La  Palisse.  374. 
Laguiche  (Le  peintre  et  dessinateur  Claude). 670. 
Lai.Mié  (Jeanne).  Voir  Hachette  (Jeanne). 
Lamartine  (Le  «  Jocelyn  »  de).  699. 
Lampe  (La)  de  Bon  Boulogne.  620. 
Lancier  du  roi.  340,  484. 

*  Langage  (Modifications  dans  le).    92,    201. 
Langeac  (Mariage  à  la).  36. 

Langeron  (Mme  Andrault  de)  dame  d'hon- 
neur de  la  reine  Marie-Antoinette  ou  de  la 
princesse  de  Lamballe.  443. 

Langue  celtique.  226. 

Langue  française  (Mots  angl.iis  introduits 
dans  la).  619,  823. 

«  La   Némésis  ouvrière  ».  66-,. 

Lannes  (Le  maréchal).  387. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


I02I 


1022 


Lans-le-Bourg  (  «  Mandement  »  de).  838,  964. 

*  La  Palisse  (La  chanson  de  M.  de).  171, 
373>  657. 

Lasalle.  Voir  His  de  Lasalle. 

La  Tour  du  Pin.  Voir  Tour  (La). 

Laura  de  Dianti,  maîtresse  du  duc    Alphonse 

d'Esté.  530  653,  925 . 
Laure  (Le  portrait  peint  de   la)   de  Pétrarque, 

par  Simone  di  Martine .  33  i ,  62  i ,  749. 

*  Laure  de  Pétrarque.  (Quelle  est  la  vérita- 
ble). 63,  399. 

Lauriston  (Le  maréchal  marquis  de).  Voir  Le- 

gallois  (Mlle). 
La  Valette  (Les)  de  Provence.  558,  6S7. 
«  La  Vogue».  563,  637. 
Le  Bègue  de  Presle  (La  tombe  de)  à  Charonne. 

784,  S82. 

*  Le  Bon  (Joseph).  353,  510. 

**  Lebon  (L'acte  de  naissance  de  Philippe) 
...  et  le  véritable  •?:  découvreur  >  du  gaz 
d'éclairage.  214. 

Le  Bourdais  de  Chamillé.230. 

Lebreton  et  Granjean  (Les  Dlles  Resico).  5. 

«  Le  dernier  des  Rabastens  ».  Voir  Roman  à 
rechercher. 

Lefebvre.  893. 

Lefebvre  de  Cheverus.  616,  686,  754. 

*  Lefebvre-Desnoëttes  (Le  monument)  au 
Havre.  906. 

Le  Febvre  de  la  Planche.  Ex-libris.  810. 
«  Le  Fleuron  royal  »  de  Jean  Mégret.  446. 
Legallois  (Mlle)  [danseusej.501 ,  637. 
Légendes  relatives  à  saint  Antoine  de  Padoue. 

5,238,  398,  546,  711, 
Légion  étrangère  (Poërio,  commandant  à  la). 

894. 

*  Légion  d'honneur  (Le  collier  de  la).  77. 
Legs  (Les   testaments   et   les)  étrangers.  450, 

598. 
Leibnitz  (Les  caractères   physiques  de).    174, 

638. 

*  Le  Lieur  ou  Le  Livre  (Famille).  977. 

*  Le  Noir,  lieutenant  de  la  police.  247,  562, 
683,  818,  866,  978. 

Léon  (Comte).  Voir  Napoléon  i'^''  (Le  petit- 
fils  de). 

Léon  (Léonie).  Voir  Gambetta  (Projet  de  ma- 
riage). 

Léotade  (Le  frère).  568,  677. 

«  Le    Petit  Journal  »    Voir    Herald  de   Pages. 

Lépine  (Journal  des  inspecteurs  de  M.).   945. 

*«  Le  poète  au  siècle  ».  30S,  3>'5. 

«  Le  prêtre  catholique  .^,  roman  de  Balzac. 
Voir  Balzac. 

Le  Roy  de  Gomberville  ;Le  lieu  de  naissance 
de  Marin).  898,  979. 

*Le  Roy  de  Buneville  (Famille).  867.' 

«  Les  Barricades  de  1832  ».  949. 

«  Les  meilleurs  livres  sont  ceux  qu'on  n'écrit 
pas.  »  Voir  Auteur  à  retrouver. 

Le  Sourd.  Voir  Curé  de  Saint-Paul. 

L'Espinasse  (de).  8,  56, 

Leta  pane.  53,  200 < 


**  Lettre  (Une)  au  prince  dejoinville.    550. 
**  Lettre  (Une)  de  J.-B.  d'Ansse  de  Villeloi- 

son.  Orléans  sous  la  Révolution.  659. 
Lettre  (La)  de  Desmaretz.  835. 
Lettre  inédite  du  comte  Portails.  49=5. 
Lettres    (Les)    de    Napoléon  111  à  Mme   Cornu 

seront-elles  publiées  ?96o. 
Lettres  gravées  sur  des  sous.   840,  916,   971. 
Lettres  inédites  ou   peu    connues   de  Berlioz, 

665,  861,  927. 
«  Lettres  sur  le  Salon  de  1834.  ».279,  647,820. 
Liberté  (Le  jacobinisme  et  la).  887. 
Lieu  de  naissance  de  Marin  Le  Roy  de  Gom- 
berville. 898,  979. 
Lieu  de  naissance  du  duc  de  Morny.  23. 
Ligne  (Parenté   d'Henri    Vill    d'Angleterre  et 

d'Antoine  de).  723.  847. 
Ligue  (Tableaux  sur  la).  117,  185,  346. 
■'■=  Lion  (Le)  de  Waterloo  en  1833.  76,  293. 
Liste  générale  des  otages  de  Louis  XVI  et  de 

sa  famille.  94S. 
Lit  de  famille  (Le).  504. 
«  Livre    d'Amour  »    (Le)    de    Sainte-Beuve. 

620,  735. 
Livre  de  bord  de  la  «  Sémillante  »,  721,  052, 

906. 
Livre  des  poinfons.  673,  821,  930. 
"^■■^  Livre  (Un)  et  une   héroïne   retrouvés.   661, 

760,  819,  926. 
Livre  (Un)  ignoré  sur   Louis  XVIL  106,  355, 

705»  957- 
Livies  (Approbation  des)  au  xviiie  siècle,  730, 

872,    927-  ,  ...  X 

Livres   (Catalogues   pour  la  vente  de  vieux). 

91,  201,  310,  426,  527,  589,  643,  699. 
Livres  imprimés  surles  vaisseaux  de  l'Etat. 618. 
Loges  maçonniques  bretonnes  (Les    archives 

des).  221,  351. 
Lonrey,  abbaye.  239. 
Lopacinsky.  Voir  Nécrologie. 
Lorenzo  Doria.  668. 
Lorimier.  Voir  Chamilly. 

*  Loriquet  (A-ton  calomnié  1' «  Histoire  de 
France  »,  du  père).  459,  741. 

Loubet,  graveur.  8, 

*  Louis  XIV  (;Une  fille  naturelle  de).  230. 
Louis    XV    (Télégraphie     à   coups   de    canon 

sous).  72. 
Louis  XVI  et   sa  famille    (Liste   générale    des 

otages  de).  948. 
Louis  XVI  (Un  buste  de).  948. 

*  Louis  XVII.  Documents   inédits.  227,  293. 

*  Louis  XVII.  Sa  mort    au  Temple.   625,  741, 

795- 
Louis  XVII  (Un   livre  ignoré  sur).    106,   355, 

705. 957- 

Louis  XVIII.  Voir  Provence  (Le  comte  de). 
Marie-Antoinette. Mémoires  d'une  femme  de 
qualité. 

Louis-Philippe.  Voir  Barricades  de  1832. 

Louis-Philippe  (Les  «  Mémoires  »  de).  49. 

Louis,  roi  de  Hollande  (Mémoires  de).  Manus- 
crit inédit.  21. 


L'INTERMÉDIAIRE 


102- 


1024 


Louis  II  de  Bavière.  332,  438. 
Louis  Blanc.  Voir  Gordon  (Mme). 
Loti  lavament,   1 1,  144,  309,  875,  932. 
Louvois.  443. 

Louvre  (Musée  du).  Voir  Calcar. 
Lucchesi-Palli.  Voir  Second  mariage  de  la  du- 
chesse de  Berry. 

*  Lulli  (La  musique  de).    146. 
Lurette  (Il  y  a  belle).  447,  596,  697. 
Luxbourg  (Comtesse  de).    Voir  Napoléon    i'^'" 

(Le  petit-fils  de). 
Luxembourg   (Sébastien  de),  i. 
Luzarche  (Victor).  224. 
Lyonne  (Paule  et  J^Iadeleiue  de).  666, 

M 

Mac-Mahon  blessé.  53. 

Mac-Namara  (Comtesse).  337,  519. 

Maçon,  447,  649. 

Madagascar  (Auteur   d'un  voyage   à).    730. 

Madagascar  (Un  roi  de)  à  retrouver.  943. 

Madame  mère     891  . 

Mai  d'amour.  173,  309. 

Maillard  de  la  Martinière  (Les).  894. 

Maille  d'or  de  Florence.  781. 

I^Iain  de   fer,   gant   de   velours.    Voir  Pour 

conduire  les  français... 
Main  (Poignée  de).  206. 
Maistre  (Xavier  de).   218. 
Maisonblanche  (Louise  de). 230. 
Majorât  de  Claude  Monet.  539,  684. 
Majorais  (Titulaires  de).  724,  847. 

*  Malgaigne  Lniédecinj.  87,  248. 
Malgré  que...  Quiconque.  897. 
Malodeozens.  Voir  Bulletin    de   la  Grande 

Armée. 
Malpenne     (Famille      le     Philipponat    de) 

(Champagne).  729,  922. 
«  Mandement  »  de  Lans-le-Bourg.  858,    964. 
Manuscrit  inédit.  Voir  Mémoires  de  Louis,  roi 

de  Hollande. 

*  Manuscrits    inédits   d'André   Chénier, 
464,  632,  751,  862. 

Marc  d'Aviano  (Les  miracles  de).  615,  756, 
801. 

Marc  (Antoine  de)  seigneur  de  la  Calmette. 
670. 

Marc  de  la  Calmette  (Famille  de).  9. 

Marcaille  (Un  livre  de  Séb.).  446. 

Marcel  (Un  portrait  de  l'imprimeur  Jean- 
Joseph).    j66,  249. 

Marchais  :  étymologie.  841,  984. 

Marchai  (Mgr)  archevêque  de  Bourges.  932. 

Marche  des  Portes  de  fer.   10. 

Marconillière  (Le  chanoine  de).  250. 

*  i^Iariage  à  la  Langeac.  36. 

Mariage  (Second)  de  la  duchesse  de  Berry. 

722,  789,  844,  993. 
Mariage  du  duc  d'Enghien.  332,  455. 
Mariages  académiques    838. 
Marie  ou  Marion.   S9,  140,  20s. 
Marie-Antoinette(Les  dames  d'honneur  de). 

443,  567- 


329, 


Marie-Antoinette   jugée  par   Louis  XVIII. 
62,  155. 

Marie-Antoinette  (Une  pantoufle  de). 834,899. 

Mariner.  Voir  Marinière. 

Marinière  (Familles  de   la)    et   le    Marinier 
(ou  Mariner).  56,  196,  248. 

Marion  (Marie  ou).  59,   140,  205. 

Maris  trompées  (Fêtes  en  l'honneur  des).  936. 

Marly-le-Roi  (Concession  royale  à).  539. 

Martigues  (Vicomte  de).  Voir  Sébastien  de 
Luxembourg. 

*  Martin  (Saint)  et  les  cornes.   184. 

iMartin,  dit  Baudinière  et  Plouzin.  337,  520. 

Martinière  (Les  Maillard  de  la).  894. 

«  Martyre  des  deux  frères  »  (L'auteur  du). 84 1. 

Massiac  (Hôtel  de),  so,  230. 

Mathanasius(Le  D'),  auteur  du  «Chef-d'œu- 
vre d'un  inconnu  ».  390,  505. 

Mathieu    (S.    Em.),    cardinal-archevêque     de 
Besançon.  145. 

.Matiffas  (Famille).  839,  979. 

Matines  brugeoises  (Les). Voir  Vêpres  sici- 
liennes. 

Maupassant   (Définition  de  Guy  de).  952. 

Mauriac  (Les  armes  d'Angélique  de), épouse 
du  marquis  delà  Grange.    115,  419,   588. 

Maurice  (Une  pièce  de  50  sous  de  l'île). 
278,421. 

Maxime  latine  {\Jné):Inqens  solaiiu7n...6i8, 
762. 

May  (Régiment  de).  17. 

*  Mayeux  et  Cave  (Villages).  239. 
^lazarine  (Les  dalles  de  la  rue). 82,  192,  923. 
T^Iazuy  (François),  auteur   de  «  la  Némésis 

populaire  ».  665. 

*  Médaille  (La  petite)  commémorative  du 
baptême  du  prince    impérial    (1856).    916, 

Médicis  (Laurent  et  Jean,  fils  de  Pierre- 
François  de).  Voir  Aniéric   Vespuce. 

jNIéduse  (Piquer  une).  596. 

Megret  (Jean).  Voir  «  Le    Fleuron  Royal  ». 

Méliant  de  .Mauriac  de  la  Grange. Voir  i^Iau- 
riac. 

Membres  (Les)  delà  chambre  introuvable. 837, 

959- 
Mémoire  (La).  116,  320,  543,  6S5. 
Ménîoires  de  Louis-Philippe.  49. 

*  Mémoires  de  Louis,  roi  de  Hollande.  — 
Manuscrit  inédit.  21. 

«  Mémoires  d'une  femme  de  qualité  sur 
Louis  XVIU,  sa  cour  et  son  règne  ».    'j6). 

«  Mémoires  sur  la  vie  de  Mme  de  Ville- 
neuve ».  733. 

*  «  Mémoranda  »  (Les)  de  J.  Barbey  d'Aure- 
villy.  120. 

Ménage  (Le)  de  Socrate.  803,  907. 

Mercerisé,  mercerisage  (Les   mots  vaseline)  et 

carter. 
Mercier  (Théophile).  337. 
Merciers,  etc.  de  1650  à  1850,  à  Paris.  (Noms 

et  adresses  des  fabricants).  955. 
Mercœur  (Descendants  de  Béraut  de).  729. 
Mérimée.  Voir  Chats  de  Kilkenny. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


102: 


1026 


**  Meudon  (Le  parc  aérostatique  de)  en  1796. 

271. 
Meurtre  rituel  (Iconographie  du).  44. 
Mie-Mac.  312,  434,  482,  ^^6,  594,  647,  762, 

^  Mignot  (Claudine)  la  dauphinoise.  81,  136, 

197. 
Minière,  graveur  sur  bois.  783. 
Mimi  i^esse,  artiste.  7S4. 
Minuter  sa  retraite.  60,  203,311. 
Mirabeau.  Voir  Statues. 

*  Mirabeau  (La  tombe  de).  451,  505,  621,  737. 
Mirabeau  (Les  bonnes  fortunes  de).  3. 
Mirabeau  (Un  jubé  à).  787. 
MiracIes(Les)  de  Marc  d'Aviano.  615,756,801. 
Mirieu  (Le  marquis  de).  390. 

*  Mode(La)  dansles  nomsde  baptême. 208, 7 12. 
Modifications  dans  le  langage.  92,  201. 
Mœurs  (Les)  du  chevalier  de  la  Barre. 777, 903. 
Mogador     Voir   Chabrillan . 

Moitte  (Jean-Guillaume),  sculpteur  et  sta- 
tuaire distingué  du  xvin' siècle  (1747-1810). 
786. 

Molière  (L'art  du  grime  chez).  839. 

Molière  (Les  moustaches  de).  329,  451,  520. 

Momertz  (Gaspard)  officier.  Date  de  sa  mort. 
Famille  Momertz.  670. 

Monasterioluiii  .781. 

Monet  (Majorât  de  Claude).  559,  684. 

Moulas  (Huguenot  de).  8, 

Moulas  ou  Moulas  (peut-être  de  Monloises) 
(Famille  de).   559. 

*  Monnaies  «  Caramboles  S'.  197. 

*  Mons  (François),  ^j,  197. 

Monselet    (Charles)    «   Histoire    du   Tribunal 

révolutionnaire  ».  673. 
Monsieur  Coco  (La  conscience  de).  563. 
Montaiglon  (La  table  du  Recueil  de).  896. 
Montaigne   (Prononciation    du  nom  de).  166, 

249,  297,  341,  470,  521,  639. 
Montbelliard  (Potot  de). Mémoires.  385, 
Montbrun  (Baron  de).  225,36",  585.  755. 
Î^Ionteil  (Mme  de)  dame  d'honneur  de  la  reine 

Marie-Antoinette     ou    de     la   princesse    de 

Lamballe.  443. 
Montijo(La  comtesse  Maria-Francisca  de).  337. 
Montluc  (Un  portrait  de).  9,  283. 
Montreuil-sur-Mer.    (Saint   Salve,    ermite    et 

abbé  de).  238. 
Monument  commémoratif  de  la  révocation  de 

redit  de  Nantes.   17. 
Monument  (Le)  Lefebvre-Desnoëttes  au  Havre. 

906. 
Mony  (Jacques-Michel).  786. 
Mornac.  Voir  Boscal. 

*  Morny(Lieude  naissance  du  duc  de  Morny. 

Morus  (Thomas).  723. 

Mort  ^La  pudeur  et  la).  386,   538,  629. 

Mots  anglais  (Les)  introduits  dans    la  langue 

française.  619.  823. 
Mots  étrangers  entrés  dans  la  langue  française 

avec  un  sens  péjoratif.  674,  823. 


Mouche  (A  la  première).  842,  990. 
Mouches  (Les)  et  saint  Bernard.  490. 
Mouches  (Couleur   bleue    chassant    les).  450, 


/  / 


Mousse  (Alfred).  617,  754,  843. 

Mulini  (Molène),   296. 

Mulissac  (Notice  sur  la  comtesse  de).390,639. 

*  Municipalités  (Les  bévues  des)  au  sujet   des 
plaques  commémoratives.  90. 

Murillo  (Un  tableau  de).  787,  924. 
Musique  (Ecole  gratuite  de).  949. 
Musset  (Cne  cruelle  plaisanterie  d'Alfred  de). 
956. 

N 

*  Nadaud  i'Chanson  de)  :  <-<  Les  Deux  Gendar- 
mes. ».  90,  144,  253. 

Naissance  de  Napoléon   1".  (Date  de  la).    74, 

905,  959,  _ 

Napoléon   i"    (Chronique     scandaleuse      de 

Roanne  sous).   609. 

*  Napoléon  1^'  (Date  de  la  naissance  de).  74, 

905.  959- 

Napoléon    i'""  (Le   plus   ressemblant  des  por- 
traits de). 555,  706,  796. 

Napoléon  i*''  (Les  chapeaux  de).  535. 

*  Napoléon  1"  (Les  chevaux  de).  75. 

**  Napoléon  i'""  (Le  petit-fils  de)  représentant 
de  commerce.  —  Un  document  historique. 

997. 
Napoléon  i"  (Sobriété  et  gourmandise  de). 321. 

Napoléon   i^r  (Une    statue  de)   à   Lyon,   no, 

">"*'>         ^  ^  ^ 

«  Napoléon  et  la  Grande    Armée   »    (L'auteur 
de).  787. 

*  Napoléon  (Lt  masque   mortuaire  de).   568. 
Napoléon  Bonaparte  appelé  Nicolas.  163,  234, 

292,   567,  677.  ,  ,  ,    ^, 

Napoléon    111    (Les  lettres   de)  a    Mme  Cornu 

seront-elles  publiées?  960. 
Napoléon  111  et  le  talisman   de   Charlemagne. 

3S7. 
Nard  (Le)  des  Romains.  620,  742,  878,  995. 
Navage  (Droit  de).  VoirHavage. 
Navarre  (Les  tresses  de).  561,  691,  807,  965. 
Nécrologie   :    Brunswicg  (Léon).    384.    Lopa- 

cinsky  (Boleslas).  832.  Rousseau  (Samuel). 

552. 
Némésis  ouvrière  (La). 665. 
Néologisme  à  expliquer.  733. 
Nicolas    (Napoléon  Bonaparte     appelé).     163, 

234,292,  567,  677. 
Niel  (Le  général).    125. 
Noms  de  baptême.  (La  mode  dans  les  noms  de). 

208,  712. 
*Noms  de  lieux  altérés   ou  détournés  de  leur 

sens  primitif.  93,  592 . 
Noms   de   villes  donnés  à    des   enfants.  Voir 

Baptême. 
Noms  et  adresses  des  fabricants  merciers,  etc. 

de  1650  à  1850.  955. 
«  Notice  sur  la  comtesse  de  Mulissac».  390, 

639. 


L'INTERMÉDIAIRE 


1027 


1028 


Numérotage  révolutionnaire.  564,  630. 
*  Nune  (Le  peintre  W.  de).  617. 


Voir  Delmet   (Paul).  Waldeck 
M.    Paul   Bour- 


Œil  de  verre. 

Rousseau. 
Œuvres   inédites  (Deux)   de 

get.  731. 
Œuvres  inédites  de  Paul   Hervieu.  896. 
Olivier,  (Mgr),  évêque  d'Evreux.  14s. 
Onfroy,  libraire  à  Paris,  en  1789.  390. 
Opportunisme  (Du  mot)  en  politique.  Origine 

de  ce  mot.  438. 
Oraison     dominicale    (L')    en      150   langues. 

Exemplaire  de  S.  S.  Pie  VII.  338,  477. 
Ordre  de  la  Félicité.  169,  417. 
Origine  de  la  Sainte -Barbe  (La  date  de  1'). 6 14. 
Origine  du  mot  Huguenot.  870. 
Orléans  (Ecuries  d').  892,  965. 

*  Orléans  (Porte  Bannier,  à). 239. 
Orléans  sous  la  Révolution.  659. 
Orthographe  (La  réforme  de  1').  897. 
Osmond   (Mgr.  Antoine-Eustache^,  évêque  de 

Comminges,  puisde  Nancy;  archevêque  de 

Florence.  464. 
Otages  de  Louis  XVI  et  de  sa  famille.  948. 
Outillage   gallo-romain.    219,  422,  528,  570, 

657,  909. 

*  Ouvrages  sérieux  mis  en  vers.  100,  142,  212, 

321,  430,  487,  531,  762,  875,  932,  983. 

P 

Pain  de  sucre.  Voir  Lefebvre-Desnoëttes. 

*  Pairs  de  France    et  sénateurs  (Anciens). 
403. 

Pandevant  de  Sully  (Famille   de).  166,  250, 

361. 
Pandore  et  sainte  Elpice.  949 


(Famille). 


22 


:>» 


361, 


573, 


Panon     Desbassayns 

585,  755- 
Panonceau  révolutionnaire.  669. 

Panthémont   (Le    couvent   de).    443, 

681,  7=it. 

Pantoufle  (Une)  de  Marie-Antoinette.  834,899. 
Papier  (Le)  à  lettre  Job.  955. 
Papiers  (Les)  de  Martin  Folkes.  618. 
Papiers  peints  de  1848.  562. 
Pâques  (Robe  de).  441,  604. 
Pardaillan  (Mme  de)  dame  d'honneur  de  la 

reine  Marie-Antoinette  ou  de  la  princesse 

de  Lamballe,  443. 
Parlement  (Dieu  nous  garde  de  l'équité  de 

messieurs  du).  59. 
**  Paris  en    1790,  d'après    le  père   d'André 

Chénier.  71s. 
«  Parnasse  satirique  »    (Les   «    Délices    satiri- 
ques »  et  le).  833,  929. 
Paroisse  (Rue  de  la).  702,  861,  923. 
Paroisse  Saint-Sauveur  (Délimitation  delà). 

82. 
Parti  royaliste  (Tentative  de    fusion    du)  au 

mois  d'octobre  1863.  499. 


T>. 


(La    commune 


„  ^  ar  une  telle  nuit..  » 
Vers  à  retrouver.  92. 
Passion  (Clous  de  la).  184,  458. 

*  Pastorien  ou  Pasteurien  ?  480,  650. 
«  Pathelin  ».  Sainte-Beuve.  502. 

*  Patois  Orléanais.  37. 
Patras  (Famille).  894 

Patris,   imprimeur  de  la  Commune   de   Paris, 
en  1792.   837. 

*  Patte  de  Chat  (La).  99,  49'.. 

*  Pays  (Le)  de  la  beauté.  714. 

*  Péan  CrouUardière.  8. 

Peintres:  Bérain.  Botticelli.  783.  Boucher. 
Boulogne  (Bon).  Calcar.  Capucino  (il),  voir 
Strozzi.  Courteilles,  voir  Le  Noir.  —  Dela- 
croix. Dupont,  voir  Sartines.  —  Gali- 
mard.  Genlis  (comtesse  de).  Girodet.  Voir 
Napoléon  1''  (Le  plus  ressemblant  por- 
trait de).  —  Laguiche.  —  Maître  (Le) 
de  Mouhns.  184.  Mimi  Besse.  Murillo. 
^87.  —  Nunc  (W.  de).  —  Piola.^  35. 
Prêtre  Génois,  voir  Strozzi.  Prud'hon. 
Puvis  de  Chavannes.  —  Raphaël  (Elèves 
de).  Rembrandt.  —  Saint-Marcel-Corbm. 
Simon  de  Sienne, Simone  diMartino.  331. 
Strozzi.  35.—  Terburg.  Tintoret.  -  Van 
der   Goes   (Hugues). 

Pellegro  Piola.  35. 

Pelleport    [Haute-Garonne] 

Pellevé  (Aiitoinede),  comte  dePlers. 838,975. 

Pensier  (Gottreaude).  389,  319- 

Pépin   (Alphonseï    avocat,    auteur   de   «   Les 

Barricades  de  1832  ».  949-  ,.      ,        , 

Peretti  délia  Rocca  (La  fleur  de  lis  dans  les 

armes  de).  16s,  366,  689,  805,  9^8. 
Perrin-Duseuil,     gouverneur   d'Anvers     sous 

l'Empire.  952.  ,  ,        ,••.    •  \ 

Perrot  de  Fercourt(Le  plus  grand  ex-libris). 

PestWossi,    médecin    agrégé   au   collège  de 

Lyon  (1721).  276,  41.'-  ,,         .  ... 

Petit  Caporal  (La  sentinelle  qui  empêche  de 

passer  le).  105,  608,  739.  796- 
Pétrarque  à  Liège  en  1333.  273,  472. 
Pétrarque(La  Laure  de). 63,33  i,399i02 ''749. 
Pharmaciens    ayant   été   des  savants.    322, 

431,  653,  760. 
Philippe-Egalité.  Voir  Egalité 
Philipponnat    (Famille    le)    de     Malpenne 

(Champagne).  729,  922. 

*  Philogyne.  96 

Phrase  imprudente  de  Renan  (Une).  89,255  . 

Phrase  (Une)  à  expliquer.  226. 

Piat  (Félix).   188. 

Pic  de  Replonge.  730.  _ 

*  Pichegru  (Que  sont  devenus  les  papiers  de). 

797- 

*  Pichegru  (Le  tombeau  de).  797. 

Pièce  (Une)  de  50  sous  de  .Alaurice. 278,421. 
Pièce  de  5  francs.  895,  990. 

*  Pierre  (Saint)  à  Rome.  64,  175. 

*  Pigeons  voyageurs.  402. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1029 


1030 


Pignates,  terme  d'armoiries.  251. 
Pin  (Jourdain  du).  5557,688,  921. 
Pinard.  Voir  Réquisitoire  célèbre. 

*  Pinchinat.  39,  97. 

Pinsait  ou  Pinsard  (Famille)-  840. 

Piola  (Pellegro).  35. 

**  Pipe-en-Bois  (La  chanson  de).  1^9. 

*  Piquer  une  Méduse.  596. 

Pitou  (Les  cahiers  d'Ange).  450,  565. 
Place  des  Victoires  (Habitants  de  la)  en  1703. 

724. 
Plantation  (La)des  arbres.  174,317,485,599. 

*  Plaque    de    cheminée  à  identifier  ;  croix 
chargée  de  cinq  coquilles.  198,   365,  475, 

525- 
Plaques    commémoratives    (Les  bévues  des 

municipalités  au  sujet  des).  90. 

Plouzin.  Voir  Martin. 

Poërio, commandant  à  la  Légion  étrangère. S94. 

Poète  aveugle.  Voir  J.  Lafon  Labatut. 

*  Poignée  de  main  (La).  206. 
Poigner  (Le  verbe).  281,  537. 
Poinçons  (Livre  des).  673,  821,  930. 
Pointé  (Nicolas  Druyer  du).  85,  194. 

'*'  Poivre  (Introduction  du)  en  France.  422. 
Polastron   (Mme   de),  dame    d'honneur  de  la 

reine  Marie-Antoinette  ou  de   la   princesse 

de  Lamballe.    443. 

Police  (La)   sous   le  Directoire.  Le  bureau  de 

Surveillance,  109. 
Polignac  (Mme  de)  née   Fleury.  617. 
Pommares  (Caillot  de).  666. 
Pontet  iFamilie  de).  224. 
Poplinière  ou  Poupelinière  (Mme  de  la).  225. 
Portails    (Lettre  inédite  du  comte.)  La  France 

et  le  Vatican  en   1818.  495. 
Portail  de  Vaudreuil.  278. 
Porte  Bannier,  à  Orléans.  239. 
Porteret, famille  bourguignonne. 726,  859,967, 
Portes  de  fer  (Marche  des).  10, 

*  Portraits  à  retrouver  :  Bois-Briant  ;  Antoine 
de  Lam  the-Cadillac  ;  Antoine  de  Crozat; 
de  l'Epinay.  517. 

Portraits  :  Bruslis  (Des),  —  Cakar.  Chabril- 
lan,  —  Gicquel,  —  Laure  de  Pétrarque, 
Le  Noir,  —  Marcel  (J,  J,).  Mogador,  voir 
Chabrillan.  Montluc.  Napoléon  1".  —  Saint- 
Just.   Sartines 

Pot-au-lait  (L'affaire  du).  109, 

Potot  de  Montbélliard  (Mémoires  de),  385. 

Poudre  et  imprimerie  connues  des  Romains, 
891.  996. 

Poulpry  (Mme  de', dame  d'honneur  de  la  reine 
Marie-Antoinette  ou  de  la  princesse  de 
Lamballe.  443 . 

Poupart  de  Beaubourg,  contre  Beaupoil  de 
Sainte-Aulaire.  391 . 

*  Pour  conduire  les  Français,  il  faut  une 
main  de  fer  recouverte  d'un  gant  de  velours. 
264. 

*  Préférer.  Causer.  39. 

Premoy  (Geneviève)  femme  dragon,  661, 
760,  819,  926.  I 


Prétérir,  prétériter.  61,  479,  590,  651. 
Prince  impérial  (La  petite  médaille  commémo- 

rative  du   baptême  du),  916. 
Problème  (Un)  de  cryptographie  :  la  lettre  de 

Desmaretz.  835, 

*  Procès  aux  Animaux,  489, 

Procès  (Le)  des  79  voleurs.  336,  768, 
Promenade  (La)  sur  l'âne  au  xvn'  siècle.  163, 

397,  461,  599- 

Prononciation  du  nom  de  Montaigne,  166, 
249, =97,  54'>  470,  5='. 639. 

Protestants  (Eglises  communes  aux  catholi- 
ques et  aux).  603,  713. 

Protestants  ("Les  colonies  françaises  des)  en 
Allemagne.  614,  707. 

*  Provence    (Le  comte   de)  et  l'émigration, 

.74- 

*  Proverbes    (Dictons    et)    météorologiques. 

'53,539- 
Prud'hon  (Portrait  de  Samt-just  par).  953. 

*  Pucelle  (Un  petit  neveu   de  la).  792. 
Pudentienne  (Cardinal  de  Sainte-).  891,  963. 
Pudeur  (La)  et  la  mort.  386,  538,  629. 

*  Puget  (Denis-Nicolas  du).  521,  639,  979. 
'*'  Puits  dans  les  églises.    191 . 

Puray  (Félix), médecin.  248. 

Puvis  de  Chavannes  (Décors  peints  par).  475. 


Once  iiivenes .  Vers  latin  à  retrouver. 
Quartiers  du  comte  de  Chambord  (Les    256). 

Voir  Chambord. 
*'*  Quatre  filles  et  un  tsaievitch.  440, 
Quatre  hors-d'oeuvre  de  Rossini.  171. 
Quatremère  Disjonval  et  les  araignées.  4,  155, 

254.  356,  755- 
Qu'est    devenu    le    cercueil    du    cardinal    de 

Retz  ?  68. 
Question  de  dérogeance.  895. 
Question  de  droit.  223,403. 
Question  sur  Richelieu.  947. 
Quête  (La)  de  l'hirondelle  à  Rhodes.  732,886. 
QLiiconque,  ,  . ,  Malgré  que. ,.  .  897. 
*  Quos  vult  perdere  Jupiter  demeniat.    147, 

251. 


=>=  Rachel  (L'intelligence  artistique  de).    299. 

Raid,  randonnée.  673,  766,  823,  933. 

Rais.  Voir  Retz. 

*  Ramesay  (Claude  de).  81S. 

Randonnée,  raid.    673,  766,  822,  933. 

Raphaël  (Elèves  de).  388. 

Ravaillac.  891. 

Ravoux     (Auguste),  vicaire    apostolique    de 

Montana.  276,  413, 
Ravoux,  Rézé  (évêques),  276,  413, 
Rayneval  (de).  Voir  Brunière  (Familles  da  la) 
Recueils  de  chartes  à  retrouver.  88. 
Réformel  La)  de  l'orthographe.  S97. 
Refusés   (Le  Salon  des).  675,  757,  820,  984. 
Régence  (La)  [bibliographie].  109. 
"=  Régiment  de  May.  17. 


N-  10^4. 


L'INTERMÉDIAIRE 


1031 


1032 


Registres  criminels  (Anciens).  949. 
Relique  du  voile  de  la  sainte  Vierge.  950. 
**  Reliques  napoléoniennes.  88S. 

*  Reliure  en  peau  humaine.  540. 
Rembrandt  (Un  parent  de).  730. 
Rembrandt  (Une  toile  de)  datée  de  1670.   721, 

861. 

*  Renan  (Une  phraseimprudente  de).  89,215. 
Renseignements  demandés  sur  plusieurs   per- 
sonnes du  nom  de  Ginestous.  728,  864. 

Replonge  (Pic  de).  730. 

*  Réquisitoire  (Un)  célèbre.   18. 
Resico  Lebreton  Voir  Lebreton. 

*  Res  sacra  miser.  148. 
Restauration  (Histoire  de  la).  672,   820. 
Retz  (Gilles  de).  Voir  Barbe-Bleue. 

*  Retz  (Qu'est  devenu  le  cercueil  du  cardinal 
de).  68. 

*  Révocation  de  l'édit  de  Nantes   (Monument 
commémoratif  de  la).   17. 

Révolution   (Le   serment   des    ecclésiastiques 
sous  la).  I 23,  188,  23 I ,  292,  400, 508, 624. 

*  Revue  rétrospective.  35,  141. 

Rey  (Mgr.),   évêque  de   Dijon,    chanoine    de 

Saint-Denis.  572 . 
Reynard  de  Boissieux  (Famille).  166,  362,472. 
Rézé.(Mgr.),  évêque  de  Détroit. 276. 

*  Richelet  (Le  dictionnaire  de).  425, 
Richelieu  (Le  duc  de)  [sa  statue  à  Gênes].  115, 
Richelieu  [ville)   (Question  sur).   947, 
Richement  (Comte  de). 225,  361,  585,  755. 

*  Rigaud  (Pierre  de).  136. 
Rimini  (Isotta  de). 6 10. 

Rivière  (Armes  de  la).  168,  304,  364,  418. 

*  Riz  (Le),  ration  militaire.  77. 

Roanne  (Chri^nique  scandaleuse  de)  sous  Na- 
poléon i^r.ôop. 
Robe  (La)  de  Pâques.  441,  604. 

*  Robespierre.  188. 
Robespierre  sur  la  charette.  3,291. 

*  Roch  (Saint)  et  ses  trois  chapeaux.  198. 
Rochechouart-Chandenier.  Voir  Bourdaloue. 
Rochechouart  d'illand.  952. 

Roëll  (Jean  de).  9. 

Rogres  de  Lusignan.  Voir  Armes    à  indiquer. 

Rohan  (La  duchesse  Henri  de). 723,  793. 

*  Rohan  (Le  cardinal  de)  et    la  franc-maçon- 
nerie. 45  s,  68 î,  746. 

**  Roi  (Un)  de  Madagascar  à   retrouver.  943. 
Romains  (La  poudre  et  l'imprimerie  connues 

des).  891,  996. 
Roman  (Un)  d'Eugène  Sue  à  retrouver.   116, 

199,  256,  370. 
Roman  (Le  mot). 447,  ^91,695. 
Roman  à  rechercher.  280,  425,  761. 
Ronsard.  105. 

*  Ronsard  (Le  tombeau  de). 87. 

Rosse.  Rosserie.  Voir  Caractère.  Chanson. 
Rossini  (Quatre  hors  d'œuvre  de).  171. 
'''  Rousseau  (Une  lettre  de  J.-I.).   139. 
Rousseau  (J.J.)  [Une  édition],   896. 
Rousseau.  Voir  Nécrologie. 

*  Roussel  de  Tilly  (Famille).  138,  413. 


Roussel  (Jacques  de),  auteur  de  !'«  Etat  mili- 
taire de  la  France  ».  391. 

*  Roussy  (Mme  de).   137, 

*  Rue  Antoine.  702. 

Rue  (La)  et  le  nom  de  Courtalon.  1 1 . 

Rue  d'Assas.  446. 

*kue  des  Imbergères.  203. 

'*'  Rue  Maz.irine  (Les  dalles  de  la). 82,  192,923. 

Rue  de  l'Ouest.  Voir  Rue  d'Assas. 

*  Rue  de  la  Paroisse.  702,  861,  923. 

Rue  de  la  Verrerie  (Un  hôtel  delà).  499.  631. 
Rues  de  Paris  (Les  cris  de).  820. 

*  Ruines  des  Tuileries.  9'57. 
Runique  (Un  Document).  26. 

Russie  (La)  pendant  la  guerre  de  1870.  iii. 


Sadisme  et  sadique  (Sur  les  mots).393,  533. 
Saillant  (i  amille   de).  895. 
Saillant  (Marquise  du)  sœur  de  Mirabeau.  622. 
Saint-Cyran  en  Brenne.  239. 

*  Saint-Denis  (Chanoines  de).  572. 
Saint-Elme  (Mme  Ida),  la  veuve  de  la  grande 

armée.  ^06. 
Saint-just  (Portrait  de)  parPrud'hon.  953. 
Saint-Just  (Un  vers  étrange  de).73i. 
Saint-Louis  (Histoire  de  l'ordre  de). 561. 
Saint-Malo,  nom  d'homme.  280,  415. 
Saint-Marcel  Corbin.  Voir    His  de  Lasalle. 
Saint-Mars  (Le  Marinier  de).  248. 
Samt-Martin-le-Thierry  (La  paroisse).   892. 
Saint-Pierre  (Dutailly,  frère  de  Bernardin  de). 

7  =  7- 
Saint-Pierre   (La   femme    de    Bernardin  de)  : 

«  Félicité   Didot  »  a  été  le   souffre-douleur 

de  son  mari.  734,  843,  931. 
Saint-Sacrement  (Le)  donné  à   manger   à  un 

cheval,  m. 

*  Saint-Sauveur  (Délimitation  de  la  paroisse). 
82. 

Saint  -  Simon  -  Courtomer  (Famille  de)  .   560, 

685. 
Sainte-AuLiire.  Voir  Beaupoil. 
Sainte-Barbe  (La  fête  de  la).  222. 
Sainte-Barbe  (La).  Date  de  l'origine.  614. 
Sainte-Beuve.    Le    «  Livre    d'amour   2>.  620, 

735- 
Sainte-Beuve.  «  Pathelin  ».   302. 

Sainte-Beuve  (Le  centenaire  de).  718. 

Sainte-Pudentienne  (Cardinal   de).  891,   963. 

Salières  en  céramique  italienne  des  xvi*,  xvii^ 

siècles  et  suivants.  446,  827. 

Salon  des  refusés  en  1864.  675,  757,  820,924. 

*  Salons  du  xvnie  siècle.  309. 

*  Salve  (Saint),  ermite,    abbé  de    Montreuil- 
sur-Mer,  puis  évêque  d'Amiens.  238. 

"^  Sand  (Réponse  à  retrouver  de  George).  255. 
Sang  royal  (Le)  de  France.  171. 
Sans-culotte  Jésus  (Le).  4. 

*  Sanson  (La  famille).    156,    267,    698,    746, 
832,  960. 

*  Sanson  (Mémoires  de)  et  Mémoires  des  San- 

son. 254. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1033 


1034 


Sana  (de  la)  famille  bourguignonne.  726.859, 

967. 
Sarcey  (Francisque).   Voir  Finis  Galhcc. 

*  Sartines  (Journal  des  inspecteurs  de  M.  de). 
902, 982. 

*  Sartines  (Portrait  de)  par  Dupont.  41=5. 

«  Satire  ou  Lanterne  Magique  de  la  ville  de 
Roanne  ».  609. 

*  Saugrain    (La   famille).  Les    imprimeurs    et 

libraires  de  ce  nom.    137. 
Saulnier  de  Beauregard  (Armoiries).  226,416. 
Saumur  (Trois  familles  de).  895. 
Sautoir.   278 

*  Savoyard,  Savoisien,  Savoyen.  97,  177,  257. 
Sazerac  (H.-L.)  auteur    des  «   Lettres  sur  le 

Salon  de  1834  ».  647,  820. 

S.  B.  (M.  de).  501. 

Scaramouche  (Les  mariages  de).  933. 

Schuna  pour  Schina  (Sein).  296. 

Scholastique  (Confrérie  en  l'honneur  de 
sainte).  950. 

Scorbiac.  26,  135.  246,  304. 

Sébastien  de  Luxembourg.   1. 

Second  (Le)  mariage  de  la  duchesse  de  Berry, 
722,  789,  S44,  993. 

Seine-Inférieure.  Voir  Etat  civil  (L'),  les  actes 
notariés  et  le  Conseil  général. 

Selden  (Camille),  livre  sur  Henri  Haine.  498, 
585,  818,  932,  980. 

«  Sémillante»  (Livre  de  bord  de  la).  721,852, 
906. 

Sénat  (Peintures  de  Delacroix  dans  la  biblio- 
thèque du).  49,  191. 

Sénateurs  (Anciens  Pairs  de  France  et).  403. 

Sénèque  {Controversia;  de).  89,  198. 

Sentinelle  (La)  qui  empêche  de  passer  le  Petit- 
Caporal.    105,  608,  739,  796. 

Sepulveda.   273,  429. 

*  Serment  (Le)  des  ecclésiastiques  sous  la  Ré- 
volution. 123,  188,  231,  292,  400,  508,624. 

Serment  maçonnique  (Le)  .  498,  681 ,  747,827. 

*  Serpent  de  mer  (Le)  du  «  Constitutionnel  ». 

43)  «46. 

Servan.  Voir  Trestaillon. 

Servantes  (Les)  dans  l'ancienne  famille  fran- 
çaise.  332,  490,  598. 

Sévigné  (Domiciles  de  Mme  de).  839,  976. 

Sévigné  (Mme  de)  avait-elle  un  «  teinturier  »  ? 

445- 
Sforza  (Iconographie  de  Catherine).  225,355. 

*  Shakespeare  fouetté.  34. 

*  Siéyès.  Orthographe  de  ce  nom,  sa  pronon- 
ciation. 249. 

Sigilory  (Famille  de).  67!, 

Simer.  Cimer.  393,  537,  591,  650. 

Simon  de  Grandchamp  (Souvenirs  de).  299, 

415. 
Simone  di  Martino,  peintre  Siennois.  331. 

*  Sirènes  (Les).  211. 

Sobriété  et  gourmandise  de  Napoléon  i".  221. 
Société  (La)  des  Débris  de  la  Vieille  Armée, 

174,  357- 
'*  Socrate  (Le  ménage  de).  803,  907. 


Sommariva  (Famille  de).   225,  416. 

Sous  (Lettres  gravées  sur  des).  840,  916,971. 

*  Sous-marins  (Les)  en  1859.  80,  128,  266. 

«  Souvenirs  de  la   Guerre  d'Espagne,   par  un 
adjudant  de  chasseurs  ».   171. 

*  Souvenirs  de  Simon   de   Grandchamp.    299, 

4'5. 
«  Souvenirs    d'un  Etudiant    de  1848    ».  Von- 

Chassin. 
Statuaires  (Les)  Gois  père  et  fils.  iq6. 
Statue   de   Henri  IV,  sur  le   Pont-Neuf,  667, 

736,  902. 
Statue  équestre  de  Napoléon  i''  à  Lyon,  i  lo, 

232.353- 
Statues  (Les)  sur  la  voie    publique  et  dans  les 

jardins.  842,  924. 
Statues  (Les)  de  Thouret,de  Mirabeau, de  Con- 

dorcet  enlevées  de  la  chambre  des  Pairs.  53. 
Strozzi.  Voir  Balzac  [et  le  prêtre  Génois], 
Sue  (Un  roman    d'Eugène)   à  retrouver.    116, 

•99;  256,370- 
Suisses    (Les    drapeaux   des)   en    août    1792. 

2,  119. 
Supercheries  typographiques.  731. 


Table  (La)  du  Recueil  de  Montaiglon.  896. 
Tableaux.  Voir:  Bareilher. Boucher. —  Ligue. 

—  Murillo.  —  Rembrandt. 
Tableaux  sur  la  Ligue.   117,  T85,  346. 
Taine  (Hippolyte).  Voir  Selden  (Camille). 
Talisman  de  Charlemagne  (Le).  387. 
**  Talma  poète.  493. 

*  Tanneries  (Les)  de  peau  humaine.  540. 
Tardin  (Jean)  «  découvreur  »  du  gaz  d'éclai- 
rage. 214. 

«  Teinturier  »   (Mme    de   Sévigné    avait-elle 

un.)?  445. 
**  Télégraphie  à  coups  de  canon  sous  Louis  XV. 

72. 
Temple  (Louis  XVII.  Sa   mort  au).  625,  741, 

795- 
Temple  de  l'Amitié.  842. 

*  Tenaille  (Famille).  819. 
Tenneur  (Le).  Voir  Armes  h  indiquer. 
Terburg  (Le  peintre).  730,  868. 
Termes  de  marchands  drapiers.   339,  483. 
Terre  noble.  162,  296,  397. 

Testaments  (Les)    et  les    legs   étrangers.  430, 

59S. 

*  Tête-Bêche  (Jeu  de).  398,  538. 
Têtes  à  l'huile.  619,  712,  771. 
Thouret.  Voir  Statues. 

*  Thuisy  (Mme  de).  869. 
Thumery  (Blason  de  la  famille).   131. 

*  Tilly  (Le  comte  de).  250,  301. 
Tilly  (Roussel  de).  138,  413. 
Tintoret  (Ouvrages  sur  le).  501 . 
Titres  celtiques.  338. 
Titulaires  de  majorats.  724,  847, 

**  Tombe  (La)  de  la  femme  de  Lucien  Bona- 
parte suspectée  d'inconvenance.  719. 
Tombeau  de  Ronsard.  87. 


L'INTERMÉDIAIRE 


10 


•>■) 


1036 


Torche  (de)  bitteiois,   391,  524. 

*  Torpanne  (Hôtel).  476. 
Tosse,  tosen,  tozal.  281,  990, 
Totleben  (Le  premier).  392. 

**  Tour  de  force  (Un)  de  construction  navale. 
832. 

*  Tojr  duPin  de  Li  Cliarce  (Philis  de  la).  411. 
Tournelle  (Château  de  la).  951. 

*  Tout  passe,  tout  casse,  tout  lasse.  310. 

*  Traite  des  blanches.  154. 

Tiavenoi.  Voir  Voltaire    requérant   une    lettre 

de  cachet.  829. 
Trésor  (Le)  des  chartreux.  103. 
Tresses  (Les)  de  Navarre.  561,  691,  807,  965. 
Trestaillon.  Servan.  Truphémy.  949. 
Trézal    (D').    «    Géographie    poétique  de    la 

France  ».  668. 
Tribunal  Révolutionnaire  (Le).  443. 
Tripes  (Les)  à  la  mode  de  Caen  de  Bourbon- 

Montmorency-Créqui.  504. 
Trirèmes  (Les)  de  Caligula.  12. 
Trois  cachets  à  identifier.  726,  809. 
Trois  familles  dé  Saumur.   895. 
Truphémy.  Voir  Trestaillon. 
Tuileries  (Ruines  des).  937. 
Turenne  (Le boulet  qui  tua). 665, 848,  938.992, 

U 
Uniforme    du    régiment    de    Berry-Cavalerie. 

V 

Vaisseaux  de  l'Etat  (Livres  imprimés  sur  les). 

618. 
Valette  (La).  Voir  La  Valette. 
Van  der  Goes  (Hugues)  miniaturiste. 333, 584. 
Van  Rhyn.  Voir  Rembrandt. 
Vaseline,   mercerisé,     mercerisage     et    carter 

(Les  mots).  935. 

*  Vasno.  9S0.  « 
Vasseur  (Familles  Du  Pont  et  le).  894. 
Vaudreuil  (Portail  de).  278. 

Vaupalière  (Mme  de  la),  dame  d'honneur  de 
la  reine  Marie-Antoinette  ou  de  la  princesse 
de  Lamballe.   443 . 

Veilleurs  (Les)   de  nuit  au   xviii*  siècle.  619. 

Vendôme  (Le  cardinal  de)  Léopard  Amyot.  54. 

Veneur  (Le)  Voir  Armes  à  indiquer. 

Vengeance  de  comédienne.  220. 

Vent  d'autan.  733,  824. 

Ventre  d'argent.  Voir  Galliffet. 

Vénus  et  la  femme  à  barbe.  62,  379. 

*  Vêpres  siciliennes  (Le  mot  des).  187. 
Verbe  agonir  (Conjugaison  du).  96. 
Verbes  en  eler,  eler  (Les).  503. 

Vergy  (La  châtelaine  de).    Iconographie  de  la 

légende.  274,  399,  514. 
Vermeil  (Antoine  de).  671,  75s. 
Verrerie  (Un  hôtel  de  la  rue  de  la).  499,  631. 
Vers  à  retrouver  : 

<i:  C'est  en   vain   que   d'eux  tous...  ». 

673,  770, 

*  Vers  à  letrouver  : 

«  Par  une  telle  nuit...  ».  92. 
Vers  de  Dumas  père  à  retrouver.  497,  642, 


*  V<.rs  équivoques.  646. 

Vers  étrange  de  Saint-Just.  731  . 

Vers  latin  à  retrouver  :  Quce  juvenes.... 

*  Vers  latins  pouvant  se    lire    par    les    deux 
bouts.    Voir  Vers  rétrogrades. 

Vers  rétrogrades.  645. 

*  Vers  tragiques  ridicules.   646. 

«  Vie    et    miracles  de  saint    Menoux  ».   Voir 

Marcaille  (Séb.) 
Vieille    Armée   (La  société  des  Dibris  de  la"). 

174,  357. 

*  Vierges  noires.  689. 
Vieux  livres.  Voir  Catalogues. 
Villages  Mayeux  et  Cave.   239. 
Villarceaux  (Hôtel  de).  277,  473,  639. 
Villayer  (M.  de).  954. 

Ville  d'Avray  (Histoire  de).  138,476,  588. 
Villefort  (Famille  de).  617,  786,  871,  982. 
Villeneuve  (Mémoires  sur   la  vie   de  madame 

de).  733. 
Villers  (Gotan  de).  S40, 
Villon  coupe  bourses  (Un  second),  i. 
Vin  ou  Devin  (Famille  de).    57. 
Vincennes  (L'abbé  de  Cajamano  prisonnier  au 

donjon  de).  046. 

*  Vinci  (Les  familles).  87. 

«  Visitesartistiques»  d'Eugène  Fromentin. 788. 

Vitriers  de  Lyon  (Compagnons).  781,  881. 

Vittinghoff  dit   Schell   zu   Schellenberg   (Fa- 
mille von).   10,  139,  197,  416. 

«  Voilà    comment  nous   les    faisons    et   voici 
comment  ils  nous  font  ».  898. 

Voile  de  la  sainte  Vierge.  950. 

Voltaire  (Les  enfants  de).  618,  688. 

•Voltaire.  Statues  et  portraits   faits    de    son 
vivant.  303. 

Voltaire  (Une  liabitation  de'.    277,  473,  639. 

**  Voltaire  requérant  une  lettre  de  cachet. 829. 

Voyage  à  Madagascar.  (L'auteur  d'un).   730. 

Vrain-Lucas.  501  . 

Vulteius  (Jean  Facio  dit),  poète  rémois,  616 
W 

**  Waldeck-Rousseau  (M.)  et  sa  lettre  sur  la 
pêche  à  la  ligne.  384. 

**  Waldeck-Rousseau  (L'œil   de    verre  de). 

272,  324,  459.  587. 
Waterloo  (Le  lion  de)  en  1832.  76,  293. 
Waterloo.  Voir  Cambronne. 
Weinborn  (Abbé).   168. 
Willinghof  de  Chelles  de   Chellemberg.   Voir 

Vittinghoff. 

Y 
Yvetot.  (Les  archives  de  l'arrondissement  d'). 

274,  398. 

Z 
Zandt  (en  Allemand  von  Zandt)  (Famille  de). 

561,  688,  755. 
Zemulpeda,  Zepulmeda,  Zupelmeda.  Voir  Se- 

pulveda. 

5  francs  (Pièce  de)  895,  900. 

1832  (Les  barricades  de).  949. 

XVIIP  siècle  (Les  veilleurs  do  nuit  au).    619.     < 


S' 

0 


AG       L'Intermédiaire  des  chercheurs 

309         et  curieux 

156 

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