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L'INTERMEDIAIRE
DES
CHERCHEURS ET CURIEUX
Cherchez et vous
trouverez
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Il se faut
entr'aider
LINTER
DES
CHERCHEURS ET CURIEUX
FONDÉ EN 1864
CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE, HiSTORiaUE ET ARTISTIQUE
aUESTIONS ET RÉPONSES, LETTRES ET DOCUMENTS INÉDITS
trouvailles et curiosites, nouvelles de la litterature,
d'art, d'Érudition et d'histoire, offres et demandes,
échanges, liste et compte rendu des ventes publldues, acquisitions
et mouvement des bibliotheciues, des archives,
des collections et des musees
COMMUNICATIONS DIVERSES A L'USAGE DE TOUS
LITTÉRATEURS ET GENS DU MONDE, PROFESSEURS, ARTISTES, AMATEURS,
BIBLIOPHILES, ERUDlTS, COLLECTIONNEURS, ARCHEOLOGUES, GÉNÉALOGISTES, NUMISMATES, ETC.
40« ANNÉE -■ 1904
DEUXIEME SEMESTRE
PARIS
VINJERMÉDIAIRE DES CHERCHEURS ET CURIEUX
:jl bis. RUE VICTOR MASSÉ, 3I bis
309
L* Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mou. 10 Juillet 1904.
40« Année
ïl»",r. Victor Massé
PARIS (l.V)
Bureaux : de 2 à 4 heures
QUiBQUB
Cherehiz et
vous trouverez
n s» faut
entr'aider
N»^ 1045
3I»^ r. Victor Mas««
PARIS (IX*)
Bureaux: de2à4heures
tùxaxxe
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fcndi en 1864
QUESTIONS KT RÉPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES. SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
1 —^ .^ 2 -—
Oîliteôtiouô
Un second Villon, coupe-bour-
ses. — Loys Guyon, dans son chapitre
Des couppe-bourses^ de leurs inventions et
sublilite^^ écrit ces lignes :
Les histoires françoises parlent d'un Villon,
qui vivoit environ l'an 1540, brave, hardi et
bien versé en ce mestier, tellement qu'il pas-
soit en subtilité de coupe et hapebourse tous
ceux de la France.
Diverses leçons. 1625. III, 492.
Qii'est-ce que ce Villon du xvi« siècle, qui
possédait au moins l'un des deux talents
de son illustre homonyme ?
Serait-ce un descendant ?
Candide.
Sébastien de Luxembourg. —
Sébastien de Luxembourg, duc de Pen-
thièvre, plus connu sous le nom de
vicomte de Martigues, gouverneur de
Bretagne et grand homme de guerre,
fut tué au siège de Saint-Jean-d'Angely,
en 1569, mais à quelle date exacte-
ment ?
Dom Taillandier {Histoire de Bretagne)
dit que « il fut blessé le 20 d'octobre d'une
mousquetadeà la tète dont il mourut le
même jour ».
Suivant Moréry, il aurait été '< tué le
jp novembre i 569 >/.
Du Paz (Maisons illustres de Bretagne)^
dans une notice très détaillée, dit que,
« le vingt et neufvicsme de novembre.^ le
dit sieur de Martigues.... fut attainct
à la teste d'une harquebusade dont il
mourut peu de temps après ».
Peut-on expliquer ces divergences et
fixer la date vraie ?
Il me semble, dans tous les cas, qu'elle
doit être cherchée postérieurement au 18
novembre, car, suivant les Mémoires de
Castelnau, les opérations du siège furent
coupées par une suspension d'armes qui
expira le dit jour, suspension d'armes
dont parle aussi le maréchal de Vieille-
ville, et après laquelle seulement, il men-
tionne la mort de Martigues, « tué d'une
arquebuzade par la teste ». P. du Gué.
Le.s drapeaux des Suisses en
EOÛt 1792. — D'après une brochure pu-
bliée à Lucerne en 1 821, par le colonel
Pfyffer d'Altishofen, l'un des survivants
du 10 août 1792, le régiment des gardes
suisses occupait, au moment de la révo-
lution, les casernes de Rueil et de Cour-
bevoie. Appelé une première fois à Paris
dans la nuit du 4 août, il regagna, dans
la journée, ses deux casernements.
Le 8, sur les huit heures du soir, il fut
rappelé aux Tuileries.
Le détachement de Courbevoie n'em-
porta que le drapeau blanc de la colonelle
et un autre par bataillon. Ceux des com-
pagnies furent enterrés dans les caves de
la caserne, en grand secret, par l'aide
major Gébelin, aidé d'un soldat.
Les compagnies de Rueil s'étaient con-
tentées de cacher leur six drapeaux dans
le jardin de leur caserne, où ils ne restè-
rent pas longtemps. Le 28 avril 1793, la
L. 1
N' 1045,
L'INTERMÉDIAIRE
5
municipalité de Rueil les apporta à la
Convention. Dès le 12 août 1792, le dra-
peau de la colonelle, ramassé par un fé-
déré de Nancy, avait été remis à l'Assem-
blée, qui avait décidé que cet einblème
serait suspendu à la voûte du temple de
la liberté.
Des recherches ont-elles été faites pour
retrouver les drapeaux, enterrés à Cour-
bevoie, dont la place est tout indiquée au
Musée de l'armée .Mis avaient « la croi.x
droite blanche, et chaque quartier présen-
tait quatre llammcs ondées, bleu, tarquin,
aurore, noir et rouge, convergeant vers le
centre du drapeau. Ces Hammes rappe-
laient les couleurs des cantons catholiques
qui participaient au recrutement du
corps ». E. M.
Les bonnes fortunes de Mira-
beau. — Brissot. qui exécrait, et pour
cause, Mirabeau, dit, dans ses Mémoires,
que le célèbre tribun avait vécu aux dé-
pens d'une « comédienne laide et riche »
(la Saint-Huberty), et qu'il avait dû de
sortir de Vincennes à une \< ex-princesse »,
pour laquelle il avait trahi la femme du
gouverneur de cette prison d'Etat.
Je n'ai pas vu, dans le livre consacré
par Edmond de Concourt à la Saint-Hu-
berty, que cette grande artiste ait jamais
été la maîtresse de Mirabeau, mais qu'au
contraire celui-ci avait dirigé le plus ter-
rible des pamphlets contre le comte
d'Entraigues, mari de la Saint-Huberty.
Qiiant à 1' *< ex princesse », c'est évi-
demment une allusion à Mme de Lamballe
dont Mirabeau se prétendit l'amant. Mais
dans de récentes publications, entre autres
celle des Lettres de Sophie de Monuier
parue dans la Nouvelle Revue rétrospective
(hélas ! disparue), M. Cottin fait bonne
justice delà fatuité de Mirabeau.
N'était-ce pas d'ailleurs le péché mignon
du grand homme, que déposer en émule
de Faublas et de s'attribuer des bonnes
fortunes... imaginaires t d'E.
Robespierre sur la charrette.' —
D'après M. Félix Clércmbray {la Terreur
à Rouen) un journaliste decette ville, Noël,
aurait donné ce détail de l'exécution de
Robespierre, détail qui, je crois, est peu
connu :
Maximilien, le visage ensanglanté pa
reur. Le moderne Cromwell voulait sans
cesse se dérober au peuple et penchait sa
tète sur ses genoux ; mais l'exécuteur le
forçait de la lever et de fixer les regards du
peuple.
N'est-ce pas là un tableau fait de chic ?
je serais bien surpris si l'exécuteur s'était
permis, même vis-à-vis un homme peu
digne de pitié, cette aggravation de sup-
plice,presque « un crime inutile », comme
le disait volontiers un des collègues de
Robespierre, H. Quimnet.
Le sans-culotte Jésus. — C'est
ainsi que Camille Desmoulins avait cou-
tume d'appeler le Christ.
Chabot dit également, mais à la tribune,
que Jésus-Christ avait été « le premier
sans culotte du monde ».
D'autres conventionnels ont-ils donné
le même nom au fils de Marie ? Et quel
fut, en somme, l'écrivain ou l'homme poli-
tique de la Révolution quia, le premier,
appliqué au Christ cette facétieuse dénomi-
nation f Alpha.
Quatremère d'Isjouval et les
araignées. — Au commencement de
l'année dernière, .M. Louis Laroche a donné
au musée de l'armée une lithogra-
phie représentant Qiiatremère d'Isjouval,
frère du savant antiquaire Quatremère de
Quincy.
A cette estampe était jointe une notice
détaillée établissant que :
Quatremère d'Isjouval, grâce à des prédic-
tions atmosphériques déduites du travail des
araignées, annonça à Pichegru, pendant l'hi-
ver de 1791, la venue de cette gelée terrible
qui retint la flotte hollandaise prisonnière
dans les glaces et permit aux armées françaises
d'envahir sans coup férir les Provinces-
Unies.
Cette prédiction me paraît une pure
fantaisie. Comment, à très longue échéan-
ce, la marche d'araignées aurait-elle
pu faire prévoira distance un hiver rigou-
reux f
11 ne faut pas, en eflfet, oublier que c'est
seulement le 23 janvier 1795, que le chef
de bataillon Lahure, à la tète d'une com-
pagnie du 3^ tirailleurs et d'un e.scadron
du S' hussards, détachés de l'armée de
Pichegru, enleva à l'abordage la flotte
ses blessures, offrait un double 'sujet d'hor- hollandaise forte de quatorze vaisseaux
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Juillet 1904.
5
qui était immobilisée dans les glaces du
Texel.
Je serais curieux d'avoir l'opinion de
nos collaborateurs sur les araignées pré-
curseurs de Jules Capré. E. M.
Bomarsund. — Pourrait-on donner
quelques renseignements sur la prise du
célèbre fort de Bomarsund par la flotte
anglaise et l'armée française en 1854? De
quels régiments se composait la division
française ? Qiii la commandait ?
Dans quel ouvrage trouverait-on des
renseignements sur cette expédition dans
la Baltique ? P. F.
Les demoisellesResico Lebreton
et Granjeao. — Dans l'intéressant re-
cueil du Curieux publié autrefois par
M. Nauroy, je vois cités deux rapports
de police concernant le duc de Berry.
Dans l'un, du 18 août 1814, il est ques-
tion d'une actrice nommée Rcsico Lebreton^
avec laquelle il se promène à Lille et
dont il a des enfants ; et dans l'autre,
daté du 6 octobre 1814, il est question
d'une demoiselle Granjean qu'il a installée
avec ses enfants rue des Mathurins.
n° 1 . On ajoute qu'elle a quitté la
France par ordre. N'y a-t-il pas confu-
sion avec Mme Brown qui habitait la
même rue, au n" 15 ? En tout cas, quel-
que savant confrère pourrait-il me donner
sur ces deux femmes quelques indica-
tions ? Vicomte de Reiset.
Légendes relatives à saint An-
toine de Padoue. — A l'occasion de la
fête de saint Antoine de Padoue, célébrée
ces jours-ci, un brave prêtre de campa-
gne a cité, à propos de ce saint, deux
faits qui m'étaient absolument inconnus
et au sujet desquels je viens consulter les
collaborateurs de V Intermédiaire :
i" On conserve à Padoue les reliques
de saint Antoine et en particulier sa lan-
gue, qui serait l'objet d'un perpétuel mi-
racle : elle serait encore telle qu'elle était
lors de la mort du saint, survenue en
123 I .
2° Saint Antoine, colonel d'un régi-
ment portugais qui l'avait spontanément
mis à sa tète après une victoire rempor-
tée sur les Sarrazins, aurait, bien que re-
tiré loin de ses anciens compagnons d'ar-
mes, conservé le titre de colonel hono-
raire de ce régiment et aurait continué, à
ce titre, à percevoir sa solde qu'il em-
ployait à des oeuvres charitables. Enfin,
cet usage se continuerait encore de nos
jours et le gouvernement portugais entre-
tiendrait à ce titre, clans un orphelinat,
dix jeunes enfants en mémoire des servi-
ces rendus, il y a près de s?pt cents ans,
par saint Antoine.
Ce sont là sans doute de pieuses légen-
des ; mais sont-elles connues et admises,
même à ce titre ? G. de Massas.
Voir Intermédiaire T. G., 801.
Famille Billecault. — Cette famille
est originaire de Champagne. Marie-
Madeleine Billecault, dame de Viâpres le
Grand et le Petit, épousa, au xviu* siècle,
François de Noël. Quelles sont les armes
de cette famille Billecault ?
A. DE B.
J. H. Bosc de la Calmette. — Il
fut juge de paix à Maëstricht et ancien de
l'église réformée de cette ville, en 1807.
Quels étaient ses prénoms .? A-t-il laissé
des descendants 't Etait-il fils de Charles-
François Bosc de la Calmette, ministre
plénipotentiaire des Etats Généraux auprès
de la Confédération Suisse et du gouver-
nement de Neufchâtel en 1748, qui remplit
aussi des fonctions diplomatiques en Por-
tugal et en Danemark ^ XVI B.
François Bosc, banquier à Lyon
en 1672. — On trouve dans le tome 2
de la 2" édition de la France Protestante :
Bosc, famille noble du Bas Languedoc
Laurent (Bosc) sieur de Saint-Clément, né le
30 avril et baptisé à Montpellier le 10 mai
1672. Parrain, François Bosc, banquier de
Lyon ....
L'enfant était fils de Laurent Bosc et de
Françoise de .Marc de la Calmette, mariés
le 9 juin 1667.
Je serais fort désireux de connaître le
lien de parenté qu'il y avait entre le
parrain et le filleul — qui étaient, évi-
demment de la même famille — ainsi
que tous les renseignements que l'on
pourrait avoir sur ce banquier, ses ascen-
dants et ses descendants. XVI B.
Bussy-Dinteville. — On désirerait
savoir pourquoi Huberte-Renée de Bussy-
Dinteville, qui épousa, par contrat du
N» '045
L'INTERMEDIAIRE
8
26 novembre 1634, Jean de Mesgrigny
chevalier, vicomte de Troyes, baron de
Vandœuvre, conseiller d'Etat, etc., avait
dans ses armes un quartier de Clermont-
Tonnerre et un autre semé de France à la
bande de... (sans doute Bourbon) ?
Le jeton d'alliance frappé à l'occasion
de son mariage olTre un écu parti de Mes-
grigny qui est d'argent, au lion de sable et
de Bussy-Dinteville qui est parti de 9
traits coupe d'un qui font S quartiers.^ au
i" de sable, à 2 léopards d'or qui est Jan-
court-Dinteville ; au 2 d'à:(ur, à deux clefs
adossées et passées en sjiitoir d'argent.^ qui
est Clermont ; an j d'or, à ^ chabots de
gueules, qui est Chabot ; au ^ d'apir., au
lion d'or, armé et lampassc de gueules,
qui est Saux-Tavannes ; au 5 d'a;iur.^ semé
de /leurs de lis d'or et à la bande de... qui
est,., au 6 ccarteléaux i''et^ d'urgent. à la
fasce de gueules, qui est Sainte-Maure et
aux 2 et :î de gueules, à la bande d'or, qui
est Châlon ; au 7 d'argent,au lion de gueu-
les, cour otiné et anné d'or , lanipassé d'azur.,
à la queue nonce, four chée et passée en sau-
toir, qui est Luxembourg ; au 8 de gueu-
les, à r étoile de 16 rais d'argent qui est
des Baux, et sur le tout du 2» parti, ccar-
Ulé d'argent et d'azur, qui est Bussy.
Huberte-Renée de Bussy-Dinteville était
fille de Joachim-Antide de Bussy, comte
de Brion, seigneur d'Eyria, de Crangeac,
baron de Lorme, et de Françoise de Saux-
Tavannes.
Joachim-Antide de Bussy était lui-même
fils de Claude de Bussy et de Antoinette
de Dinteville, à laquelle son frère Joa-
chim, mort sans postérité, avait laissé la
terre de Lorme-Châlon. T.
Chenillion, sculpteur. — La cathé-
drale et le musée du Mans, la ville du
Lude, conservent de nombreuses œuvres
de ce sculpteur, né à Auteuil, 18 10. Des
églises de Paris, d'après le Dictionnaire
des arts français de Louis Auvray et de la
Chevignerie en posséderaient aussi. Mais
ce dictionnaire renfermant des erreurs
sur certaines œuvres du Mans, je crains
qu'il en soit de même pourcellesde Paris.
Aux savants intermédiairistes de rectifier
et de compléter si besoin est.
Louis Calendini.
François de Claris de Florian,
parent du fabuliste. — François de
Claris de Florian, conseiller en la Cour
des comptes, aides et finances de Mont-
pellier, dont le père était premier prési-
dent de cette même cour, épousa, le
13 mars 1734, Marie-Jacquette de Bosc.
fille d'un conseiller de la même juridic-
tion. Ce François de Florian était, paraît-
il, de la famille du fabuliste ; un aimable
collègue pourrait-il me faire connaître
leur lien de parenté f XVI B.
Pean Croullardière. — Je recevrai
avec reconnaissance les renseignements
concernant la vie de Pean Croullardière,
auteur de la Muse chasseresse, 1626, de
l'Instruction d'un prince, dédiée à Anne
de Rohan, duchesse de Chevreuse, etc.
Ch.
Famille Huguenot de Monlas. —
La famille Huguenot de Monlas (peut-être
de Bordeaux) vint de France se fixer en
Angleterre après la Saint-Barthélémy.
«John Jean Monlas, maître-es-arts »
(Magister Artium) « de Bordeaux en
France » avait le même grade à l'Uni-
versité d'Oxford en Angleterre, 30 Octo-
bre 1635.
La famille de Monlas porte : Un che-
vron engrelé entre trois cors de chasse, au
milieu du chef une mollette. ]q. ne sais pas
les émaux de ce blason français.
J'accepterais avec reconnaissance les
réponses des intermédiairistes sur l'origi-
ne et l'histoire de cette famille de Monlas
(Ardvoulan Torquay, Angleterre).
Rév. Edwin Marriner.
Loubet. graveur. — Je trouve au
bas du portrait d'un archiprêtre de
l'église d'Ypres, nommé de Roo, mort en
1797, les signatures du peintre Boudens
et du graveur Loubet. A-t-on des rensei-
gnements sur ce graveur .? est-il de la
même famille que le président actuel de
la R.F i CÉSAR BlROTTEAU.
L'Espinasse (de). — Lt Dictionnaire
de la Mayenne de M. Angot (II, 126) ren-
ferme sur cette famille normande quel-
ques notes que je prie les aimables collè-
gues de y Intermédiaire d'augmenter. Je
désirerais surtout connaître les ascendants
et les descendants d'un certain « citoyen
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1904
10
Lespinasse » qui demeurait à Sainte-
Suzanne (Mayenne) avant 1793 et qui.
depuis, occupa la place de régisseur des
terres du duc de Praslin à La Flèche.
Louis Calendini.
Famille de Marc de la Calmetta.
— Où pourrait-on trouver une généalogie
complète de cette famille î
Dans la « France Protestante » 2™''
édition, tome 2 — on voit, à l'article
Bosc :
Françoise de Marc de la Calmette, qui
épousa, le 9 juin 1667, Laurent Bosc — Jean-
Louis de Marc de la Calmette, représenté par son
père Marc-Antoine de Marc de la Calmette, qui
fut parrain, à Montpellier, le 19 août 1674,
de Jean-Louis Bosc (fils de Laurent Bosc et de
Françoise de Marc de la Calmette ci dessus).
On lit aussi dans V Armoriai du Lan-
guedoc (L. de la Roque) tome, I, page
Pierre de Marc épousa Claude de Canet
dont il eut Guillaume et Imbert de Marc ; ce
dernier se marin, le 20 mai 1560, avec Gil-
lette d'Andréa dame de la Calmette dont il
eut : Jean de Marc de la Calmette, enseigne
dans le Régiment de Saint-Rémy, lequel
épousa, le 28 mars 1607, Marguerite de Gines-
tous ; il en eut Antoine de Marc s' de la
Calmette. Celui-ci épousa, le 22 mars 1653,
Jeanne Ricard et fut maintenu dans sa no-
blesse par jugement souverain du 5 janvier
1670.
Quel était le lien de famille qui unis-
sait entre eux tous ces Marc de la Cal-
mette .? XVI B.
Un portrait de Montluc. — Il y a,
à l'exposition des Primitifs, n» 207, un
portrait de l'Ecole de Clouet appartenant
à M. Thiébaut-Sisson et indiqué comme
étant le portrait de Montluc.
Toutefois, il y a un point d'interroga-
tion. Une personne de mes amies col-
lectionnant les portraits de Montaigne,
croit y reconnaître, au contraire, la figure
de notre grand philosophe. Quelqu'un
d'autorisé en la matière pourrait-il tran-
cher la question? J. V. P.
Jean de Roëll. — Jean de ou de la Roëll
estnéauxenvirons de Strasbourgen Alsace,
en 1594 environ. Le lieu de naissance est,
dit-on, une campagne, nommée « Der
Teùfel ». En 1614 environ, Jean était étu-
diant à l'Université de Strasbourg. Le pré-
nom du père est inconnu. La famille de
Roëll était, d'après la tradition de famille,
d'origine française, avait quitté sa patrie
avant 1545 et résidé quelque temps, de
passage, à Genève.
Tout renseignement sur cette famille,
son origine, sa généalogie, sur le nom du
père de )ean, sur la susdite campagne sera
reçu avec remerciements.
D". Stephan Kekule de Stradonitz.
Famille de Willinghof deChelles
de Ghellembersj. — Cette famille est
originaire de Bavière. Prière de vouloir
bien me donner des renseignements sur
cette famille et me déterminer ses armes.
Elle est alliée aux de Zandt.
A. deB.
Compositeurs à retrouver (suite)
(XLIX, 789).
20 Amor Tirannico ; Rome, théâtre Ga-
pranica, carnev. 171 3.
21 Amor Vendicato. Turin, Théâtre Royal,
carnevale 1688.
22 Amori d'Alidaura ; Piazzola (près
Padoue) Th. delle Vargini, 1680.
23 Amori delusi da amore. Turin, car-
nev. 1688, texte ital. et français.
24 Al' Amori di Cefilo e d'Endimione,
Lisbonne^ Palais Royal, 22-10-1722.
25 Amori infelici felici ; Mantoue, 1698.
26 Le Ajnorose Pazzie. Milano, 168 1.
Livret de F. Leva.
27 S. Andréa Corsini. Ancône, Ecoles
ss. Rosario, 17 19.
28 Andromaca. Vicence, Théâtre s< delle
Grazie », automne, 1746.
29 Angelicain India, Vicence, 1656.
30 Angelico, del Pona, avec prologue
et intermèdes de musique, Vérone, 1650.
31 Anima Pcenitens. Venise, Mendi-
canîi, 1706,
Marche des Portes de fer. — Dans
les Récits de campagne du duc d'Orléans,
publiés par ses fils, le comte de Paris et le
duc de Chartres, la lettre du 2 novembre
1839 dit : (ty? suivre).
Quand je passe sous la porte de Bab-
Azoum, la musique du 2e (léger) fait enten-
dre la marche que je t'ai envoyée et qui a
été baptisée : Marche des Portes de fer.
Pourrait-on dire ce qu'est devenue cette
marche et où l'on pourrait la retrouver ?
E. G.
N» 1045,
L'INTERMEDIAIRE
T I
12
Ce ne sont pas l'3s iieux, c'est son
cœur qu'on habite. — De qui est ce
vers :
Ce ne sont p.is les lieux, c'est son c<eur
[qu'on habite !
D"^ Cordes.
Dictionnaire des termes politi-
ques. — 11 }' a quelques années, environ
dix ans, a paru un ouvrage intitulé, ou à
peu près, JDiciionnaire on Lexique des ter-
mes de la langue politique.
Sait-on quel en est l'auteur et qui l'a
édité ?
L'ouvrage est-il encore en librairie ?
SOULGF.T.
Éditeurs ignorés. — Je serai re-
connaissant aux excellents collaborateurs
de X Intermédiaire de me dire chez, qui
ont été édités les livres suivants :
Tadot\ Frisemiiche et Patata,qui est un
volume de Habeneck ;
Le Palefrenier, de Rochefort, œuvre
tout à fait supérieure ;
Comme dans un miroir : roman anglais
dont la traduction a paru dans la Nou-
velle Revue, il y a environ 15 ans, mais
l'a-t-on publié en volume ?
V. J. D.
Lou Lavament. — Sous ce titre :
Lou Lavament, conte foirons, per Moussu
Pouiringo, apouthicari, parut à Marseille,
in-8° en 18^4 « une gauloiserie dont le
principal mérite est l'originalité des
expressions et le pittoresque de la lan-
gue, » dit Larousse dans son dictionnaire.
Lou Lavament eut trois éditions.
Le conte est un peu malséant pour être
rapporté dans nos colonnes : aussi ne le
résumerai-je pas On en trouvera d'ailleurs
un récit dans le Dictiomiaire Larousse. Je
demande seulement quel est ce Poutringo,
s'il a fait d'autres ouvrages, et ses dates
de naissance et de mort. G.
La rue et le nom do Courtalon.
— La rue Courtalon est une des plus an-
ciennes de Paris. Elle va de la rue Saint-
Denis à la place Sainte-Opportune. Il est
généralement admis qu'elle doit son nom
à un certain Guillaume Courtalon, qui
possédait deux de ses maisons vers 1550.
Ne serait-ce pas, au contraire, la famille
de Guillaume Courtalon qui aurait pris le
nom de la rue ?
Jadis on disait de certain3S femmes
qu'elles avaient les talons courts pour
expliquer plaisamment pourquoi elles
tombaient à la renverse avec tant de faci-
lité. Dès le XIV* siècle, cette facétie est
populaire. Au xv% en feuilletant V Evan-
gile des Qjienouilles, je ne trouve pas
moins de quatre filles ou femmes surnom-
mées de la sorte : Janne Court-Talon,
Belottc Court-Talon, Calle Court-Talon et
Berte au Court-Talon. (1) La plaisanterie
avait du succès.
Or quelle est la ruelle parisienne que
le peuple avait nommée ainsi ? Précisé-
ment une rue chaude, qui n'était habitée
que par des filles de plaisir. Guillaume
Courtalon portait évidemment le nom de
sa mère. N'est-il pas juste de restituer à
celle-ci, ou à l'une de ses homonymes,
l'honneur d'avoir baptisé cette vénérable
rue de Paris .? Candide.
Bornes - canons. — D'où vient
l'usage, autrefois très répandu, de se
servir comme bornes chasse-roues, dans
certaines voies, de petits canons ou de
couleuvrines ? Ne se servait-on pas éga-
lement, comme pieux d'amarrage, de
canons et de caronades, hors de service,
surtout dans les ports militaires ?
D'où provenaient ces canons et ces
couleuvrines ainsi employés ? Etaient-ils
livrés par les arsenaux ? Peut-on citer, à
Paris ou ailleurs, de nombreux exemples
de cet emploi des canons ou couleuvrines
comme bornes dans les rues ? Qiiels sont
les ouvrages où cet emploi serait signalé ?
G. D.
Les trirèmes de Caligula. — On
vient de retrouver, au fond du lac de
Nemi, les somptueuses trirèmes de Cali-
gula. Il les aurait coulées lui-même .: où
se rencontre le texte précis qui prouve cet
événement ? A. B. X.
(1) Au xviii* siècle, le même surnom se
donnait encore et était compris du public.
Pâquette Courtalon est un personnage
d'une parade de Salle :La Vache et le Veau.
DES
:ii£RCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1904
Bonnes villes (XLIX, 889). — Le
Traité du blason de Pautet du Parois (édi-
tion Roret) dans sa 5' seéîion, intitulée
« signes distinctifs de la noblesse de l'Em-
pire », comprend, à la page 187, un para-
graplie relatif aux Bonnes villes de /*■■, de
2' et de f ordre ; dans ce paragraphe
sont détaillés les ornements, différents
pour chacun des trois ordres, mais com-
muns à toutes les villes du même ordre,
qui surmontaient l'écusson présentant le
blason particulier à chaque ville. Plus
loin, pages 217 et 218, Pautet du Parois'
donne les armes particulières de treize
%s bonnes villes, ou du premier ordre »
(Amsterdam, Anvers, Bruxelles, Gênes,
Hambourg, Lyon, Paris, Aix-La-Chapelle,
Brème, Cologne, Dijon, Florence, Parme).
Viennent à la suite les descriptions des
armes d'une « ville du second ordre »
(Asti) et d'une '< ville du 3* ordre » Neuf-
château.
Il semble y avoir contradiction, car
d'après la page 187, il semble qu'il y eut
trois ordres do Bonnes villes ; et d'après
la page 217, trois ordres de villes, celles
du 1" ordre seulement ayant l'épithète
de « Bonnes. »
Dans le même ouvrage, et à la page 94,
dans la partie consacrée aux armoiries
de l'ancien régime, sous le titre Code
Héraldique^ titre 1, chap. II, on lit :
Article 1 1 . Les armoiries de villes sont celles
que les cités, au moyen âge, lors de l'affran-
chissement des communes, firent graver sur
leurs sceaux, peindre sur leurs bannières et
sculpter au fronton de leurs hôtels de ville.
Art. 12, Ces armoiries sont simples ou de
patronage.
Art. 13. Les armoiries simples des villes
sont celles qui se sont conservées dans leur
symbolisme primitif, telles qu'elles furent
choisies par les jurés (;;/;-^/2) de la commune.
Art. 14. Les armoiries composées des villes
ou de patronage, sont celles qui portent en
chef celles du souverain comme souvenir de
résistance h l'ennemi, ou de services rendus au
prince ou à l'Etat.
Seraient-ce ces villes, portant en
chef de leurs armoiries celles du souve-
rain, auxquelles était réservé le titre de
bonnes villes .f* V. A, T.
'4
#
* *
U est des villes qui, en différents temps,
ont été traitées avec plus de faveurs que
d'autres, telles sont celles que, sous l'an-
cien régime, le gouvernement avait quali-
tiées de bonnes villes.
Cette dénomination, abolie sous la Ré-
volution, avait été ressuscitée sous Napo-
léon et conservée sous le gouvernement
de la Restauration qui avait même dé-
terminé le rang que ces villes devaient
a\oir entre elles.
Mais cette dénomination de bonne
ville est aujourd'hui tombée en désué-
tude.
La première ordonnance royale que
l'on trouve (et elle a été précédée par
d'autres, comme il résulte du texte même
de cette ordonnance), est du 2 octobre
1314, par laquelle Philippe IV appelle à
Paris deux ou trois notables de chaque
bonne ville pour régler les monnaies. Cette
ordonnance donne la liste de quarante-
trois villes qui ne sont pas rangées d'après
leur importance ; la liste commence par
Compièane et finit par MontpeUier. Paris
n'est pas compris dans cette liste, puis-
que la réunion avait lieu à Paris ; sans cela
les bonnes villes auraient été au nombre
de 44.
Mais Paris était-il une bonne ville ?
Nous le verrons plus loin sous Charles Vl,
en 1413.
Dans cette liste sont compris les noms
de quatre villes de Normandie : Caen,
Bayeux. Rouen et Dieppe avec le rang res-
pectit de 26% 28% 29*^ et 32^
Ces notables se réunirent à Paris le _i"
novembre 13 14, et décidèrent de faire
prendre la vaisselle d'argent pour avoir
plus de matière à faire la monnaie, avec
défense de faire de la vaisselle d'argent
pendant onze ans, à partir de ce jour, de
façon que le peuple ait de bonne monnaie
(l'orthographe des mots de l'ordonnance
n'est pas celle usitée en 1904).
Le 12 mars 1310, eut lieu à Paris une
nouvelle assemblée des députés des bonnes
villes et en conséquence des décisions de
cette assemblée, Philippe V établit des
capitaines et une force armée dans les
villes et cités, pour le maintien de la
tranquillité publique dans les bonne^
villes et autres du royaume. C'était
comme une garde nationale dont l'établis-
N" 1045.
L'INTERMEDIAIRE
15
mécontenta
16
vivement les sei-
sement
gneurs.
Le 14 mai 1358, sous la royauté du roi
Jean, et la régence de Charles son fils
aîné, nouvelle mention des bonnes villes
dans l'ordonnance relative au recrute-
ment des gens des bonnes villes habiles
pour les armes et qu'il y avait lieu de
recevoir comme gens d'armes, pourvu
qu'ils soient suffisamment armés et mon-
tés.
En 141 3, les 6 et 7 juillet, sous Char-
les VI, il est encore fait mention des
bonnes villes dans les lettres par lesquelles
le roi et le dauphin demandent aux pré-
lats, nobles et bourgeois des bonnes villes
de les délivrer de l'oppression où ils sont
tenus par le peuple de Paris.
Paris, en 141 3, était-il une bonne ville ?
On arrive au sénatus consulte du 8
fructidor an X, qui désigne les villes
dont les maires seront présents à la pres-
tation de serment du citoyen nommé pour
succéder au premier consul.
Les villes sont au nombre de 24.
La i'" est Paris, la dernière est Nice.
Les villes de Normandie sont réduites à
deux : Rouen qui ocupe sur la liste le 5*^
rang ; Caen qui occupe le 18*.
Des 43 bonnes villes de 13 14, sept
seulement sont citées sur la liste de l'an
dix : ce sont :
Toulouse qui, 6^ en 13 14, devient 12*=
en l'an Dix ; Reims qui, 20% devient iq* ;
Amiens qui, 22*", devient 2 1» ; Caen qui,
26*. devient 18^ ; Orléans qui, 27%devient
14*; Rouen qui, 29^ devient 5"= ; et Mont-
pellier qui, 43*, devient 16^.
Un décret du 3 messidor an 12 (24
juin 1804), désigne les villes dont les
maires assisteront au serment de l'Empe-
reur, en exécution de l'article 52 du séna-
tus-consulte du 28 floréal an 12, et fixe
leur nombre à 36.
La !'■'' est Paris, la dernière est Nice.
La liste contient deux villes de Nor-
mandie :
Rouen avec le n° 5, Caen avec le n° 21 .
Le premier mars 1808, Napoléon !*■■,
visant le sénatus-consulte du 14 août
1806, décrète par l'article 8 que les mai-
res des trente-sept bonnes villes, qui ont
droit d'assister à son couronnement,
porteront, pendant leur vie, le titre de
baron.
Je n'ai pu retrouver ce décret et n'ai
pu savoir qu'elle était la ^7' ville^ le dé-
cret de 1804 n'en désignant que trente-
six.
Enfin Louis XVIll, le 23 avril 1821,
fixa le nombre des bonnes villes à qua-
rante et indiqua leur ordre respectif: la
r' est Paris, la dernière est Abbeville,
Des villes de Normandie, deux restent sur
cette liste : Rouen avec le 5" rang et Caen
avec le quinzième.
Les sept bonnes villes, que nous re-
trouvons toujours sur les quatre listes,
sont -.Toulouse qui, la 6" sur la liste de
1314, est la 12* sur la liste de Tan 10, la
12® sur la liste de l'an 12 et la 8^ sur
la liste de 1S21.
Reims, qui occupe dans le même ordre
les 20, 19, 35 et 26^ rangs,
Amiens, 22-21 -17-1 1,
Caen, 26-18-21-15.
Orléans, 27-14-16-10.
Rouen, 29-5-15-5.
Et Montpellier, 43-16-19 et 13.
Outre toutes ces décisions, des décrets
de 1808, 18 10, 1816, 18 17, 1821 ont
statué à titre individuel.
Les 43 villes indiquées en 1314 sont,
d'après leur rang : 1 Compiègne,2 Meaux,
3 Mondidier, 4 Beauvais, 5 Pontoise, 6
Toulouse, 7 Cahors, 8 Montauban, 9 Li-
.moges, 10 Narbonne, 11 La Rochelle, 12
Saint-Jean d'Angely, 13 Châlons,i4 Sens,
15 Tours, 16 Laon, 17 Soissons, 18 Sen-
lis, 19 Tournai, 20 Reims, 21 Arras, 22
Amiens, 23 Saint-Quentin, 24 Chartres,
25 Noyon, 26 Caen, 27 Orléans, 28
Bayeux, 29 Rouen, 3oTroyes, 31 Nevers,
32 Dieppe, 33 Aux, 34 Nîmes, 35 Albi,
36 Poitiers, 37 Moissac, 38 Bourges, 39
¥\gCit, 40 Clermont, 41 Béziers,42 Carcas-
sonne, et 43 Montpellier.
Les 24 villes de l'an X sont :
I Paris, 2 Lyon, 5 Bordeaux, 4 Marseille,
5 Rouen, 6 Nantes, 7 Bruxelles, 8 Mayence,
9 Anvers, !0 Liège, 11 Lille, \2 Toulouse,
13 Strasbourg, 14 Orléans, 15 Versailles,
10 Montpellier, 17 Rennes, 18 Caen, IQ
Reims, 20 Nancy, 21 Amiens, 22 Genève,
23 Dijon. 24 Nice.
Les 36 villes de l'an XII sont :
1 Paris, 2 Marseille, 3 Bordeaux, 4 Lyon,
5 Rouen, 6 Turin, 7 Nantes, 8 Bruxelles, 9
Anvers, 10 Gand, 11 Lille, 12 Toulouse,
13 Liège, 14 Strasbourg, 15 Aix-la-Cha-
pelle, 16 Orléans, 17 Amiens, 18 Angers,
19 Montpellier, 20 Metz, 21 Caen, 22
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1904.
17
Alexandrie, 23 Clermont, 24 Besançon, 25
Nancy, 26 Versailles, 27 Rennes, 28 Ge-
nève, 29 Mayence, 30 Tours, 31 Bourges,
32 Grenoble, 33 Larochelle, 34 Dijon, 35
Reims, et 36 Nice.
Des 40 villes de 1821 sont :
1 Paris, 2 Lyon, 3 Marseille, 4 Bor-
deaux, 5 Rouen, 6 Nantes, 7 Lille, 8 Tou-
louse, 9 Strasbourg, 10 Orléans, 11
Amiens, 12 Angers, 13 Montpellier, 14
Metz, içCaen, ib Clermont, 17 Besan-
çon, 18 Nancy, 19 Versailles, 20 Rennes,
21 Tours, 22 Bourges, 23 Grenoble, 24
Larochelle, 25 Dijon, 26 Reims, 27 Mon-
tauban,28 Troyes, 29Nimes, 30 Antibes,
31 Cette, 32 Carcassonne, 33 Avignon, 34
^ux, 35 Pau, 36 Vesoul, 37 Toulon, 38
Colmar, 39 Cambrai, 40 Abbeville.
A. Beaujour,
Ambroise-Louise-Marie d'Ho-
zier, chevalier, vérificateur des
armoiries près la commission du
sceau en 1828, et la famille de
Boscal de Réals de Mornac (XLIX,
726, 870, 918).— M. Hobby trouvera le
nom du général de division de Boscal de
Réals de Mornac, dans YAnniiaire de
r Etat-major général. Le général de Mor-
nac, du cadre de réserve, est né à Beaufou
(Vendée) en 1830.
La famille est militaire ; il y a six offi-
ciers de ce nom à Y Annuaire. A. D.
Monument commémoratif de la
Révocation de ledit de Nantes
(XLIX, 385, 627,846, 909). — L'arc de
triomphe du Peyrou, à Montpellier, a été
élevé, par les Etats du Languedoc, à
Louis XIV, en souvenir de la Révocation
de l'édit de Nantes. C'est le monument
tout entier et non point un simple mé-
daillon, qui est commémoratif de cette
malheureuse décision.
Pourrait-on citer d'autres édifices élevés
pour rappeler et glorifier la Révocation ^.
XVI B.
Régiment de May (XLIX, 844, 915,
973), — Indépendamment du régiment
May signalé (colonne 916) sous le rè-
gne de Louis XV, il en a existé un sous
le règne de Louis XIV.
Celui-ci, levé en Suisse par capitula-
tion du i^"" janvier 1690, s'appela d'abord
Salis jeune, du nom de son premier colo-
nel, le chevalier
18
de Salis.
En 1702 il
change de colonel et de nom, le nouveau
colonel est Jean-Rodolphe May qui reste
à sa tête jusqu'au 28 mai 1 7 1 5 .
Devenu alors Du Buisson, puis Dies-
bach, il subsiste jusqu'à la fin de 1792,
époque à laquelle il est licencié.
Sous le nom de régiment de May, il
fait la campagne de la Guerre de la Suc-
cession d'Espagne et se trouve à Ramillies,
Malplaquet et Denain. E. G.
Un réquisitoire célèbre fXLIX,
502, 636, 73^, 916). — [M.E. Pinard
contre Gustave Flaubert). M. Ernest Pinard,
ancien ministre de l'intérieur, sous Napo-
léon III, qui a requis, comme avocat gé-
néral, contre Madame Bovary., a bien
voulu prendre connaissance de la question
posée dans nos colonnes, sur le sentiment
que lui inspire, à quarante-six ans de dis-
tance, le célèbre réquisitoire. 11 nous fait
l'honneur de nous écrire en nous ren-
voyant aux troisvolumesde ses Mémoires
(Mon Journal, Dentu éditeur), qui sont de
précieux matériaux pour l'histoire du
second Empire.
« Quant aux réponses aux questions
posées, nous dit M. Ernest Pinard, elles
me semblent avoir été faites déjà, dès
1892, dans un livre fort modeste que j'ap-
pelais Mon Journal. »
M. Pinard rappelle que ce fut le subs-
titut chargé, au service central, de l'exa-
men des livres et des journaux, qui si-
gnala le roman Madame Bovary comme
devant être poursuivi. M. Cordoën, pro-
cureur impérial, avait accepté cet avis, et
la citation avait été donnée devant la
chambre correctionnelle où M. Pinard
siégeait comme substitut. L'affaire sem-
blait délicate à M. Cordoën ; il tint à lui
exposer les motifs de sa décision : « Le
roman de madame Bovary, lui dit-il, ré-
vèle un vrai talent ; mais la description
de certaines scènes dépasse toutes mesu-
res. Si nous fermons les yeux, Flaubert
aura beaucoup d'imitateurs, qui iront au-
trement loin sur cette pente ; puis la
chambre correctionnelle vient de condam-
ner les Fleurs du mal, de Baudelaire,
elle a infligé une amende à l'auteur et
ordonné la suppression de certains pas-
sages. Si nous nous abstenons, on dira
que nous ménageons les forts et les chefs
d'école ; que nous sommes complaisants
N* 1045.
L'INTERMEDIAIRE
'9
20
pour les nôtres, inflexibles avec les oppo-
sants ».
Baudelaire avait des amis parmi les ré-
publicains et Flaubert était fêté chez la
princesse Malhilde.
Comme M. Cordoën voyait M. Pinard
hésiter, il lui ofTrit défaire venir l'aflfaire
à un autre jour que celui où il occupait le
siège du ministère public.
<♦ J'étais certain, dit M. Pinard, qu'en
cas d'acquittement ou de condamnation,
le substitut qui porterait la parole serait
fort malmené ; mais, après examen du
livre, je n'acceptai pas l'offre de mon chef.
Si la poursuite était inopportune, elle était
fondée en droit strict : je pouvais la sou-
tenir sans blesser ma conscience ; céder
la place à un autre, parce que la tâche
était ingrate, parce qu'elle m'attirerait des
attaques faciles à prévoir, c'eût été faillir
à la dignité, je ne l'avais point fait encore
et je ne voulus point commencer ; j'allai à
l'audience et je ne m'en repens pas. »
Telle est, exprimée loyalement et nette-
ment et, après bien des années, l'opinion
de M. Ernest Pinard, sur son rôle dans
une poursuite, qu'il jugea « inoppor-
tune », mais « fondée en droit », et qu'il
n'eût pu se refuser à soutenir, qu'en
se dérobant sous le poids d'une tâche
ingrate.
Le texte sténographié du réquisitoire,
placé en tête de l'édition de Madame Bo-
vary^ (Charpentier 1874) n'a pas été
communiqué à M. Ernest Pinard comm.e
le veut l'usage, aussi n'estime- t-il comme
correcte que la version qui figure dans ses
Œuvres judiciaires (E. Pédone-Lauriel,
édit. 1 vol. p. 135.) M.
Marquise de Favras (XLIX, 834,
971). — Le comtede Chastellux (Notes pri-
ses aux archives de l'Etat-civil de Paris, p.
413) rapporte l'acte de naissance d'une
fille de la marquise de Favras. Cependant
ce document ne sert point à déterminer
à laquelle des branches de la maison
d'Anhalt appartenait cette dame puis-
qu'elle y est nommée tout simplement
Vidoire-Hedioige-Caioline d' Aiiha It.
E. P. Le LiEUR d'Avost.
J'ai réuni, en vue d'un ouvrage sur le
marquis de Favras, un grand nombre de
documents, qui me permettent de répon-
dre avec quelque précision aux questions
proposées dans le numéro du 10 juin 1904-
1* Le petit-fils de Favras, von Stillfried-
Ratenic, est l'auteur d'un ouvrage intitulé
Thomas de Mahy, marquis de Favras^ uni
seine Gemahline. Ce livre se trouve à la
Bibliothèque nationale, sous la cote Ln -"^
33029.
j'en possède un exemplaire, que j'ai fait
venir de Vienne. Je crois pouvoir affirmer
qu'il n'existe pas de traduction française.
Qiiant à la valeurhistorique de ce travail,
elle est beaucoup moins considérable que
je ne l'avais pensé : il s'y trouve pourtant
un grand nombre de détails intéressants,
et qui m'ont paru exacts.
2" La participation du comte de Pro-
vence au complot de Favras n'est pas
douteuse : les indices et les preuves de
cette complicité sont fort nombreux, bien
qu'empruntés à des textes de valeur di-
verse.
Je me contenterai de signaler l'opinion
de Robespierre, exprimée dans la séance
de la Constituante du 15 juillet 1791, les
mémoires du marquis de Maleissye, les
mémoires de Thiébault, les mémoires de
Barère.
Un document fort suggestif à ce sujet,
c'est un récit du marquis de Sémonville,
publié par le comte d'Hérisson dans son
livre intitulé : Autour d'une révolution.
Ce récit, qui est postérieur de plus de
quarante ans aux événements, doit d'ail-
leurs être examiné de très près, comme
les textes cités plus haut.
La conduite du comte de Provence au
moment de l'arrestation de Favras confir-
me pleinement les indications des textes.
3" Je ne me suis pas encore occupé de
fixer les sommes reçues par la veuve de
Favras.
J'ai du moins noté quelqueschifTres, qu'il
me semble jusqu'ici difficile d'accorder.
Suivant Mme Campan, qui est une au-
torité peu sûre, Alarie-Antoinette aurait
donné à Mme de Favras « quelques rou-
leaux de cinquante louis /,.
Suivant Stillfried-Ratenic, Louis XVI
aurait envoyé à la veuve du marquis une
somme de 30.000 francs.
Je n'ai pas encore rencontré dans un
texte digne de foi le chiffre de 400.000
livres, qui me parait très exagéré. Je ne
sais où le Dictionnaire LarousscVâ pris.
E. Le Gallo.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1904.
21
Mémoires du roi Louis de Hol-
lande (XLIX, 828, 887, 913). — Ce n'est
pas dans une lettre écrite après la mort
de son fils aîné, c'est-à-dire en 1831. que
le roi Louis pouvait dire « Foilà trois ans
que J'ai qitiiiJ la reine, » cela n'eût rien
prouvé. 11 doit y avoir erreur de date
dans cet article. César Birotteau.
ComplicQS de l'attentat du prince
Louis-Napoléon à Strasbourg (XLVl;
XLIX, 512, 653, 858). — A propos de
Mme Gordon, la célèbre cantatrice qui a
pris part à l'attentat de Strasbourg, un
mot, en passant, sur Louis Blanc. Cet
illustre petit bout d'homme a été, comme
on sait, du dernier bien avec la chanteuse.
Il l'a beaucoup aimée. Ça été même au
point que, ne faisant d'ordinaire que de
la prose, la passion qu'il éprouvait pour
elle l'a poussé jusqu'à faire des vers.
Entre nous soil dit et sans que je veuille
égratigner sa mémoire, il faut convenir
qu'ils ne valaient pas le diable, ces vers,
Parmi ces chants, dont quelques-uns ont
été publiés, on en a arrêté un au passage
d'une structure à part. C'était une ro-
mance dont la belle avait composé la
musique et qui avait pour refrain ce cri
du cœur dans lequel on trouve une allu-
sion à l'art professé par la dame :
Chantez, ma maîtresse, chantez 1
J'ai eu la pièce entière entre les mains.
Bien mieux, il m'a été donné de l'entendre
moduler sur le piano, mais je n'ai pu en
retenir que quehjues bribes. Ce lambeau,
par exemple, m'est resté dans l'esprit, où
l'imberbe historien, se met à adorer la
conspiratrice :
Du Temps êtes-vous la courrière
Q^ii dit les nouvelles des deux
Ou bien quelque folle ouvrière
De mensonges délicieux ?
Chantez, ma maîtresse, chantez 1
Mais je retrouve en moi, après soixante
ans, dans les replis du souvenir, un cou-
plet non tronqué. A la vérité, c'est une
strophe bizarre, curieuse, bien typique
des temps bigarrés que nous traver-
sions, (les dernières années du règne de
Louis-Philippe.) En cette sorte d'élégie
l'auteur de \' Histoire de dix ans mélan-
ge à dose égale l'amour et la politique.
11 chante la femme qu'il cultive et il sti-
pule pour les grands principes de la Ré-
volution. Spectacle peu commun : l'en-
cens à la musicienne et le reproche fait
aux masses populaires qui ont oublié la
première République (1844- 1847). Au
surplus, voici le morceau dans sa teneur
exacte :
Je hais le vulgaire sans gloire.
Du peuple inutile héritier,
11 a renié la mémoire
Et le peuple est mort tout entier.
Du moins que de sa voix chérie
Les échos soient ressuscites :
Allons, enfants de la patrie . ,.
Chantez, ma niaitresse, chantez!
Les échos de la voix chérie du peuple,
quand il chante l'hymne des combats que
dites-vous de ça en tant que madrigal t Ça
me rappelle qu'en 1881, dans un dîner
du Voltaire, donné par Jules Laffitte, Au-
rélien SchoU et moi, collaborateurs du
journal, nous avions à parler du chant
sublime de Rouget de l'Isle et que nous
étions tombés d'accord sur cette formule :
« Le peuple n'a jamais su qu'un couplet
de la Marseillaise et il le sait mal. »
Mais je reviens vite à Louis Blanc et à
Mme Gordon. L'association des colères
démocratiques et de la tendresse pour
une femme, ces sortes de choses ne se
comprendraient pas en 1904, mais, avant
1848, quand la ferveur révolutionnaire
était à la mode, ça ne souffrait aucune
difficulté. Le même mécanisme d'idées si
dissemblables se voit déjà dans les Roa-
ries de Trialph, le fameux roman de
Charles Lassailly. La même rhétorique
peut être constatée dans les drames de
Félix Pyat et dans ceux d'Emile Souvestre
et de Félicien MallefiUe. C'était aussi ce
qui se vo\'ait dans les romans de George
Sand et d'Auguste Luchet, d'abord, et,
bientôt après, dans les grands récits
d'Eugène Sue. Chez tous, alors, grands
et petits, la consigne était de tout faire
converger au triomphe de la Républi-
que
Pour en revenir à Mme Gordon, il me
semble bien que la liaison dont je viens
de parler avait été rompue, mais douce-
ment, à la veille de la Révolution de Fé-
vrier. Personne n'ignore, du reste, qu'à
dater de ce mouvement, Louis Blanc,
fortement compromis dans la journée du
15 mai, a été emporté par l'orage et jeté
sur les côtes d'Angleterre, d'où il n'est
N* 1045
L'INTERMEDIAIRE
23
24
revenu, mais triomphalement, qu'après
Sedan. Son exil, d'ailleurs entièrement
consacré à l'étude et à des travaux histo-
riques, a été aussi digne que glorieux.
Philibert Audebrand.
Lieu de naissance du duc de
Morny(XLlX, 164, 281,341, 405, 509,
792, 914). — La paternité du général de
Flahaut, imputée à Talleyrand, n'a rien
d'invraisemblable, car le mariage d'Adé-
laïde-Marie-Emilie Filleul, à l'âge de 18
ans, avec le maréchal de camp Charles-
François de Flahaut, âgé de 51 ans, ma-
riage célébré à Saint-Jacques-du-Haut-Pas
ie 30 novembre 1779, ne fut pas de lon-
gue durée, et les relations de la comtesse
de Flahaut avec Talleyrand sont conco-
mittantes avec la naissance, en 1785, de
l'enfant qui devait être l'amant de la
reine Hortense et, par elle, le père du duc
de Morny, avant définir grand chancelier
de la Légion d'honneur. On voit que Cu-
pidon mène à tout !
Toutefois, ce n'est pas Adélaïde-Mârie-
Emilie Filleul qui serait « née, dit-on,
d'une passade de Louis XV », c'est sa
sœur ainée, Marie-Françoise-Julie-Cons-
tance Filleul, née à Falaise en 1751, qui
devint marquise de Marigny. La naissance
d'Adélaïde-Marie-Emilie Filleul, surve-
nue rue du Mail, en 1761, a été, avec plus
de vraisemblance, attribuée au fermier-
général Bouret, qui fut, du reste, son
parrain.
Toute cette filiation des Filleul a été
minutieusement élucidée dans une confé-
rence faite, le 18 juin 1904, à la mairie de
Passy, par M. Félix Bouvier, le savant et
scrupuleuxhistoriendeBonaparte en Italie,
devant la « Société historique de l'arron-
dissement, » étude ayant pour titre : Une
concierge de Passy en Van //. Cette confé-
rence avait précisément pour objet la fa-
mille Filleul, concierges de père en fille,
des châteaux royaux de France, chargés de
tenir la chandelle aux hauts et puissants
seigneurs desdits, quand ils en montaient,
à la nuit, les larges escaliers de marbre.
Alfred Duqj'et.
Erratum. — Dans la réponse de C.d'Ar-
juzon, XLIX, 405, ligne 20 et 29, lire
Prégny et non Régny,
Arbres de la liberté encoreexis-
tants (XLIII ; XLIV ; XLIX, 607. 772,
858, 916). — Sur une place de l'église de
Saint-Aubin, canton de Nolay, on voit
un superbe peuplier qui est l'arbre de là
liberté planté en 1848. Il mesure trois
mètres de circonférence à 1'° 50 c/m du
sol. Dr Lejeune.
Armes de le Galois d'Aulnoy
(XLIX, 898). — Il s'agit de la famille
d'Âulnoy ou à' Aunoy^ dont les membres
prirent le surno'.ii de : Je Galois à partir
du xiv'' siècle.
Ses armes anciennes étaient : d*or, ait
chef de gueules, chargé d'une molette de sa-
ble, an canton dextre.
A la suite d'une alliance avec la famille
de Montmorency au xiv* siècle, elle
adopta pour armes : d'or, au chef de gueu-
les^ à l'écusson de Montmorency au canton
dextre du chef, irisé d'une molette de sable
au /'■■ canton.
Jacqueline d'Aunoy\ née en 1475, et
femme de Jean de Maricourt, seigneur de
Mouchy-le-Chàtel, fut l'une des dernières
représentantes de cette famille.
E. P. Le Lieur d'Avost.
Armoiries à déterminer : de gueu-
les, au château de... (XLIX, 617, 750,
876). — La présence du chef d'azur, à trois
fleurs de lis d'or, ne me laissait pas de
doute sur l'appartenance de ces armoiries à
uneville.Lechâteau sur champ de gueuleâ
me renseignait bien sur Castellane la Vail-
lante, mais aucun des ouvrages spéciaux
sur les armoiries devilles n'attribue à Cas-
tellane le chef fleurdelisé... Je le trouve
enfin dans Achard reproduit par l'abbé
Feraud.Donc c'est Castellane(Basses-Alpes)
qui porte : de gueules, an château sominéde
trois tours d'argent ;au chef d'a:{ur, à trois
flairs de lis d'or. A. S..E.
Armoiries à déterminer : aux 1
et 4 de sable, fretté d'argent (XLIX,
898). — Le i^'r et le 4' « de sable fretté
d'argent etc. » est de Champagne au Maine,
anciennement Mathéfelon, le 2" et le 3*
Laval (branche de Loué). Sur le tout :
Parti d'a:(ur.^à la bande d'argent, accompa-
gnée de 2 bandes potencées et contrepotencéei
d'or.^ qui est des comtes de Champagne,
et d'azur, semé de fient s de Us d'or., au lion
* d'or.<\vi\ est des comtes de Brienne,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
26
10 Juillet 1904.
Ces armes sont celles de la famille de
Champagne a» A/rt?'/!^ qui a pris, sur le
tout, celles des comtes de Champagne.
La filiation de cette maison, les raisons
pour lesquelles elle porte ces armes com-
pliquées seraient longues à expliquer ici.
Descendant des Champagne par les femmes,
je me tiens à la disposition du question-
neur. Ses branches ont été nombreuses.
J'ignorais Harduine. dame de Vieuxpont.
Renault d'Escles.
— Les armes données par notre col
lègue me semblent être celles de Brande-
lis de Champagne, marquis de Villaines
la Juhel, fils puîné de Gaspard de Cham-
pagne, comte de la Suze, et de Françoise
de Laval-Lezay. Celle-ci, fille de Gui I de
Lezay et de Claude de la Faille, avait été
épousée le 26 mai 1547.
Ce fut Brandelis qui, le 26 février 1609,
conduisit le deuil de Gui XX de Laval,
mais il n'hérita pas de la terre de Laval
échue à Henri de la Trémoille.
Les msa Clairambault (2 120) conservent
Un sceau de Brandelis, antérieur à l'érec-
tion de Villaines en marquisat ; il pré-
sente un écu écartelé : aux i et ^ un fretté
sous un chef au lion issant ; aux 2 et 3 de
Laval : d'or, à la croix [de gueules] chargée
de cinq coquilles [d'argent] et cantonnée de
sei:(e alérions [d'apir]^ ^ à chaque canton \
sur lé tout un écusson à la bande coticée^po-
tencée et contre-potencée, parti d'une demi-
croix vidée, clcchée et potnmetêe. L'em-
preinte est d'avril 1586.
Les sceaux de son père de 1 548 et 1556
(2124-2125J ne portent que le fretté sous
un chef au lion issant, armes de cette
vieille famille dont l'origine n'est pas
éclaircie, qui se rencontre au Maine dès le
xiii'' siècle, et qui est bien connue au pays
fiéchois par ses prouesses et ses procès.
Elle s'est éteinte, croyons-nous, au xviii*
siècle. Louis Calendini.
Arinoir'es à déterminer : d'or au
bouquetin de sable (XLIX, 898). —
Les familles Almentz, Berneck, Bouquet,
Ramensperg portaient les armes au bou-
quetin demandées. LaCoussière.
Un document runique (XLIV). —
Il a été posé une question de Louis de
Lutèce sous ce titre et ainsi conçue :
Le Vova^re au centre de la terre de Jules
Verne débute plr la traduction d'un docu-
ment runique. Je me souviens avoir entendu
parler d'un ouvrage intitulé : La tête de Mi-
ner ou de Minerve, (\\x\ commence par le dé-
chiffrage d'un document écrit sur peau
humaine. Quel est le titre exact du second
ouvrage et le nom de l'auteur ?
Le titre donné à cette question a pu
égarer les recherches. Je me rappelle
aussi avoir lu les premières pages du
second ouvrage, mais j'en ai oublié le
titre exact. Je crois toutefois me souve-
nir que la similitude des données a été là
cause d'un procès. Un de nos collabora-
teurs, certainement, me rappellera ce fait.
Ch. Ratier.
Familles de Guyenne, Gascogne
et Languedoc (XLIX, 504, 645). — Si
je ne m'abuse, Sobiac doit être une erreuf
de transcription pour Scoj'biac.Il existe en
effet, à Montauban, ville principale du bas
Qiiercy qui faisait partie de la Guyenne —
une famille de Scorbiac — on a écrit aussi
d'Escorbiac-dont le nom patronymique est,
je crois, Delbreil. A. S..E.
Maisons d'Estouteville (XLlX,898)
— Je lis dans Suite à Vessai sur Vai"^
mariai de V ancien diocèse du Mans
p. 130:
• >
ESTOUTEVlLLE(à'), très ancienne et illus-
tre famille de Normandie connue au x' siè-
cle. Plusieurs branches : celle du Boucliet
a commencé avec N d'Estouteville, sei-
gneur du Lude. au î^Iaine, 1417 ; celle de
Villehon était alliée avec la Ferrière-Tessé :
hurelè d'argent et de gueules de dix pièces^
au lion de sable, hrocliant sur le tout, armé,
lar.i passé et couronné d'or (La Ch [enaye]j ^
Je ne puis préciser l'origine de cette
famille dont un membre, Robert d'Estou-
teville, fut, au xv^ siècle, allié à la famille
d'Ambroise de Loré.mais je puis du moins
affirmer qu'en 1417 la famille d'Estoute-
ville ne possédait pas Le Lude. Cette sei-
gneurie appartenait à Alarie d'Orange,
veuve de Jean de Vendôme et épouse de
Thomas Le Moyne. Sur la famille de là
Ferrière-Tessé, cf. Cauvin, Essai sur l'Ar-
moriai^ P- 91' Louis Calendini,
N" 1045.
L'INTERMÉDIAIRE
27
28
Familles delaBnmière, de Ray-
neval, d'Angennes, de Girardin
(XL1X,838, 977). — Une famille Bnilhv
de la Bruniète^ originaire de Sézanne, qui a
donné un évêque de Mende et un mission-
naire tué sur les bords de l'Amour en 1846,
portait : d'a^itr^ an chevron d'or^ accompa-
gné de ) feisde lance d'argent {Annuaire de
la noblesse de France, 1869 Comptant). Elle
était encore représentée en 1900.
Un ISivelbon de h Brnnicre se maria en
1887 : je n'en connais pas les armes.
Pour Rayneval.^ il y avait une famille
de ce nom, qui a donné un grand pane-
lier de France, mais elle s'est éteinte au
commencement du xv^ siècle ; elle por-
tait : d'or, à la croix de sable, chargée de 5
coquilles d'argent (ï*. Anselme. VIII, 614).
La Chesnaye des Bois [Dictionnaire de la
noblesse, XVI, 745) donne la notice de la
famille des comtes de Rayneval et deFau-
quemberghe, qu'il dit issue de la précé-
dente, encore représentée en 177=5, dont
les armes étaient: écarteJè : aux i et ^
d'or, au lion de gueules, couronné du même :
aux 2 et ^ d'or, à la croix de sable, chargée
de ^ coquilles d'argent .
Il y a dans les Titres de la Restauration,
parle vicomte Révérend (t. III, 170), un
article sur la famille Gérard de Rayneval,
qui reçut le titre de comte en 1828, qui
n'est plus représentée que parles femmes,
et qui porte ; d'argent, à y tourteaux de
gueules, posés 2 et 2.
A la fin du xix' siècle, il y avait aussi
une famille Le Clerc de Rayneval ; je n'en
connais pas les armes.
La famille d'Angennes, établie en Pié-
mont, éteinte en 1869, avec l'archevêque
de Verceil, portait : de sable, an sautoir
d'argent, comme les d'Angennes, marquis
de Maintenon,de Rambouillet, etc. D'après
la notice que donnent Brayda et Rondo-
lino (Villarbasse, la sua torre, i suoi si-
gnori), elle serait issue de Louis d'A.,
ambassadeur de France à Rome.
Emile de Gz.'vz/ï//;/, l'écrivain, était le
fils naturel d'Alexandre, comte de Girar-
din, lieutenant général. ]oseph-Jules-
Eleuthère de Girardin, prélat romain, né
en 1808, mort le 22 janvier 1881, était
issu du mariage de Louis, comte de Gi-
rardin, député (frère du comte Alexan-
dre) avec Jeanne-Victoire-Henriette de
Navailles, veuve du i\v.c d'Aiguillon, sa
seconde femme. Ils
issus de germain.
E. P.
étaient donc cousins
Le Lieur d'Avost.
Pierre Collin, prétendu comte
de Civri (XLIX, 786, 867). — Au sujet
de la famille de Civry,je trouve dans mes
notes un extrait de la 688* feuille des si-
gnalements du mmistre de l'Intérieur du
mois de mars 1872,011 on lit ce qui suit :
Collin (Elisabeth) née Wilhelmine, pre-
nant le nom de comtesse de Civry, com-
tesse de Bari~ien , est âgée de 45 à
=;o ans, elle est assez grande et grosse, et
les cheveux grisonnants, les yeux noirs, le
teint assez coloré et une tournure très dis-
tiniruée, elle se dit fille du duc de Bruns-
wick, contre lequel elle a intente, il y a
quelques années, un procès en recherche
de paternité.
Un ancien cul de singe.
» »
La famille de Civry a habité Arlon pen-
dant un certain temps, à partir du 4 juil-
let 1849 ; elle venait de Bruxelles où elle
est retournée en quittant Arlon. Je me
rappelle très bien cette famille dont les
membres avaientgrand air et qui vivaient
très retirés, bornant leurs relations à des
prêtres et à quelques officiers supérieurs
de la garnison.
Voici l'extrait du registre de popula-
tion d'Arlon qui les concerne :
1° de Civry, Pierre-Antoine-Eugène,
vicomte.
2" de Brùnsv/ich-Este.
3° de Civry, comtesse.
4° de Civry, Thérèse-Elisabeth.
5° de Civry, Pierre-Alexandre, né à
Nancy, 26 ans.
6° Decker, Sophie, Nancy, 20 ans.
7° Boges. Edmond, Lostwilhire, 26 ans,
ecclésiastique.
8° Boges, Gauthier, Plumfaden, 17 ans.
C'est à cela que se bornent les indica-
tions, on le voit, fort incomplètes du re-
gistre otificiel de population.
Elles pourront, dans tous les cas, éclai-
rer quelque peu la question posée.
D'après mes souvenirs, une des dames
de cette famille se donnait sur une carte
de visite le nom de comtesse de Marseille-
Civry. E. T.
* *
La Chesnaye des Bois {Dict. de la jVo-
hksse t. VI, p. 58) et Saint-Allais (Nohil .
univ. t. III, p. 36) donnent la notice d'une
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1904,
29
30
famille de Collin issue de Perrinel Collin,
anobli par le duc de Bourbon, au mois de
mai 141 3, dont la postérité était repré-
sentée, au commencement du xix' siècle,
par les branches de Collin de Bar, dans
l'Inde française, et de Collin de Barisien^
en Champagne.
Pierre-Eus;ène Collin de Bar, comte de
Civry, épousa Elisabeth-Wilhelmine, fiUe
naturelle de Charles duc de Brunswick,
née le 5 juillet 1826, créée comtesse de
Colmar,parlettresducales d'octobre 1827,
dont au moins huit enfants rapportés par
V Annuaire de la Noblesse de France^ 1898,
p. 83-84. G. P. Le Lieur d'Avost.
Clinchamp (XLIX, 838). — Dès le
xi" siècle, une famille de Clinchamp
existait au Perche, et tirait son nom du
château de Clinchamps et d'un fief consi-
dérable situé en Chemilly (Orne). Je ren-
contre par exemple: Hamiericus deClino-
Campo, Odo de Clincamp, Robertus de
Climcampo {Cartitlaire de saint Vincent
édité par M. d'Elbenne et R. Charles p.
326, 355, 366). Ailleurs fin xn") Heme-
ric de Clinchamp [Cartnlaire de la Cou-
ture et de Solesnies p. 93). Au xni* siècle
Eudes (12 10) et Jean (1291) de Clinchamp
furent prieurs de Solesmes (ibid. p. 432).
Gervais de Clinchamp, fils d'Eudes,
seigneur de Groestel, grand archidiacre
de léglise du Mans, créé cardinal, mou-
rut à Rome en 1287. Il fut inhumé en
l'église Saint-Silve>tre et Saint-Martin
aux Monts ; son cœur fut r.pporté en la
cathédrale du Mans. (Province du Maine
I, p. 20).
Son neveu (.?) Robert de Clinchamp de-
vint évèque du Mans, avril 1258 et mou-
rut le 29 septembre 1309. Un neveu de
ce dernier, Raoul de C, était légiste à
Paris vers 133 i .
Au temps des croisades, Alain de C,
chevalier (1089), portait : d'argent, au
gonfanon de gueules ; Rodolphe de C.
était avec saint Louis en Palestine et
portait de même. 11 était sire de Mirepoix
à cause du château de ce nom qu'il avait
pris aux Albigeois au nom du roi (de
Maulde Suite à V Armoriai du diocèse du
Mans, p. ici).
Au xvi" siècle, Jean de Clinchamp,
sieur de la Rongère, avait pour fils Fran-
çois, Mathurin et Pierre. Ce dernier, sei-
gneur de la Buissardière,au Maine, mou-
rait en son fief de la Quintinière près
Saint-Calais, le jeudi 16 août 1576 (Hau-
réau. Hist. littéraire du Maine, III, p.
61).
A cette époque, une famille Le Roy
portait le nom de Clinchamp et blason-
nait : ecartelé an 1 et /f d'argent, à la ban-
de de gueules, aux 2 et ^ de Dreux à cause
de l'alliance de Guillaume Le Roy avec
Jeanne de Dreux, fille de Germain de
Dreux. Au mois de décembre 1565 la
seigneurie de Clinchamps fut érigée, en
comté pour François Le Roy, seigneur
de Chnchamps. (de Maulde in loc. cit.).
Au début du xvu' siècle, je rencontre
Louis de Clinchamp, seigneur de la Mé-
nardière, demeurant à Saint- Marceau
(1629) (Province du Maine, I, p. 1 16).
Une inscription de Saint-Marceau (Sarthe)
datée de 1656, mentionne comme sei-
gneur : Louis de Clinchamp, De cette
famille était Claude de C, seigneur de
Villiers et de la Cenerie, dont le fils,
Louis de C, vint se fixer, en 1640, à la
terre de Puyz en Saint-Martin-deConnée
fMa}'enne). Il fut maintenu dans sa qua-
lité d'écuyer, le 15 juillet 1667, avec ses
deux fils Jacques de C, seigneur de Saint-
Marceau et de Tilly, et Louis de C, sei-
gneur de Puyz, capitaine réformé d'une
compagnie de cavalerie étrangère. Il dé-
clara ne connaître personne autre portant
ses nom et armes qui sont, dit-il : d'ar-
gent, à une bande ondée de gueules, bordée
de sable, accompagnée de six merlettes de
même. (Angot. Dict. de la Mayenne, I.
680). Cette famille avait un hôtel au
Mans détruit par un incendie en novem-
bre 1893. (Province du Maine, I, 388).
Un descendant de cette lignée (pour
plut) de détails cf. Char trier français, IV,
p. 124), Gabriel-Grégoire de C. eut
quinze enfants de Marie-Françoise-Jeanne
de la Roche, dont Antoine Jean de C,
né 1735, au château du Tertre, en Mont-
bizot, prieur de la Trinité de Clisson
(Bénédictins) et vicaire général de Sis-
teron, mourut sur l'cchafaud le 20 avril
1793, à Paris; son père Jérôme-François
de C., né à Montbizot (Sarthe), curé de
Greez-en-Bouère (1760), refusa le serment
et se retira à Paris (Angot, in loc. cit.,
Province du Maine, I. 344).
Pendant la Révolution, un de Clin-
champ fut chef royaliste (Province du
Maine .^ II, 363).
N» 1045.
L'INTERMEDIAIRE
31
32
M. Aniiot mentionne une autre famille
de Clinchamp originaire de Normandie
etblasonnant J'ar^d'/// à j/nnonsdegueuîes.
Plusieurs de ses membres vivaient au
xvii' siècle, {op. cit.).
Au xMi' siècle, une famille de Clin-
champ existait à Neuvillette. Odeline de C. ,.
en épousant Patrice de Sourches, porta
la vavassorerie de Clinchamp, dans la
maison de Sourches, dont les membres
prirent dès lors le titre de sires de Clin-
champ (A. Ledru et duc de Cars. Le châ-
teau lie Sourches et ses seigneurs, p. 42).
Des diverses notes que nous venons de
donner, il résulte que plusieurs familles
de Clinchamp existaient au Maine et en
Normandie avant la Révolution. Saint-
Allais veut que les Clinchamp du Maine
soient originaires de Champagne, ce qui
est peu vraisemblable. La maison du
Maine a dû avoir pour origine — une
fois la première famille de Clinchamp
éteinte — les Le Roy de Chavigny et de
Clinchamp qui, peu à peu, abandonnèrent
leur nom patronymique pour prendre
celui de leur terre, et qui portèrent : d'a-
:^uf.^ à la bande vivrée de gueules., accompa-
gnée de SIX merJettcs de même eu orlc. De
Maulde (o/. <-//., p. 102), dit que cette
famille s'est éteinte dans notre province
en 1857, et que d'autres membres, no-
tamment N... de Clinchamp médecin,
étaient établis en Orléanais en 1859.
Peut-être est-ce par là que M. Pierre
Meller pourrait se renseigner ?
Outre les ouvrages cités, on peut con-
sulter les onze volumes de la Province du
Maine qui renferment quelques détails
sur plusieurs membres de cette famille ;
les Monographies de Saint-Cos7ne de Vair
par Tabbé Vavasseur, et de ChemiUy par
l'abbé Lacroix, le Cartulaire de Persei-
gne édité par M. G. Fleury, les Recher-
ches historiques sur Assê le Boisnc par P.
Moulard, p. 183 sq. etc.
Louis CALENomi,
Vo'wMaison de Clinchamp par Noulens,
Paris, chez l'auteur, 1884, fort volume in-80.
Je possède dans mes archives une gé-
néalogie très complète plus complète, que
l'imprimé de cette famille dont deux
branches issues des collatéraux de Jeanne
d'Arc .
C' Henry Le Court.
Eugénie d'Sckarî (XLIX, 896). -—
La IJgiliinitc a traité cette question d'un
prétendu mariage du duc de Berry avec
une demoiselle Eugénie d'Eckart, dans ses
numéros de mars. avril et juillet 1899. ^^
temps nous manquant absolument pour
résumer ici les articles de notre collabo-
rateur Verax sur ce fantaisiste roman,
nous les avons f^iit passer à noire distin-
gué collègue, M. le vicomte de Reiset.
Peut-être jugera-t-il à propos d'en dire
quelque chose aux lecteurs de Y Intermé-
diaire. Albert Renard.
Cliiire Gambatta, cliantouse da
café-concert (XLIX, 614, 692, 869).—
Les documents les plus précis concer-
nant Claire Gambetta doivent se retrou-
ver, non dans les journaux d'histoire,
mais dans les revues de médecine.
L'anatomie extérieure de cette personne
présentait en effet une particularité assez
rare, que les médecins ne manquent jamais
de noter lorsqu'ils l'observent : un naevus
considérable de la région humérale.
Un de nos collaborateurs nous a dit
avoir vu de ses yeux, sur le corps de la
chanteuse, « une ligne dorsale de colora-
tion pigmentaire, couverte d'un duvet noir
et complétée en croix (dans la projection
verticale,) par deux petites houppes
ejusdem nalura;., olantées sur les épau-
les ! »(Xll, 273).'
Si comme M.. Eugène Grécourt nous
l'apprend (XLIX, 869), Claire Gambetta
était en traitement à IHôtel-Dieu en mars
1873, il est à peu près certain que les re-
vues médicales se sont occupées d'elle
vers la même époque. C'est une piste à
parcourir.
* »
:t + *
M. Séché, directeur de la Revue d'Art
Dramatique et Musical, 2^, rue d'Ulm,
demande des renseignements complémen-
taires sur cette personne.
11 ne m'est pas possible, actuellement,
de faire les recherches nécessaires.
Je suis certain que le Figaro s'en est
occupé, mais peut-être est-ce en 1874 et
non 1873.
En effet, le Nouvelliste du 23 mai 1874
annonce le renvoi à 3 semaines du procès
intenté par C. Gambetta au Figaro (9^
Chambre).
Voir aussi Cri du Peuple du 3 décembre
1884. (Police politique).
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1904,
33
34
La hoiiveUe Presse du. 4 décembre 1884.
Articles relatifs à C. Gambetta.
E. G.
Hélisenne de Crenno (XLIX, 904).
— Oui, l'on connaît maintenant, grâce à
une publication récente de M. E.Prarond,
le fécond historien abbevillois.le nom vé-
ritable de la femme-auteur qui a pris ce
pseudonyme ;elle était née à Abbeville et
s'appelait Marguerite Briet. Voici le pas-
sage qui lui a été consacré par un chro-
niqueur abbevillois, son contemporain :
Anno 1540, mcnse Maio, perdocta mil-
lier, ortu qiiidem Abbavillse, nomen Mar-
garitîE Brietœ habens (vulgo dicebatur He-
lisenna Crennea), gallico poemate corusca-
bat apud insignem Parisiorum Augustam.
Voy. Nicolas et François Ruinet, histo-
riens d' Abbeville au sei^^ième siècle. De
Ahbavillâ capite comiiatus /'o;;//rî,..publ.,
par Ernest Prarond, p. 37. Paris, A. Pi-
card, 1902. In-4". Alcius Ledieu,
François Mons (XLIX, 840, 980). —
Paul-François Mons, qui n'était pas sans
talent, a fait représenter :
Campaspe, drame en un acte, en vers,
(Gaîté, matinées Ballande,2o avril 1873) ;
U Apprenti de Clcoinène, comédie en i
acte, en vers (Odéon, 30 octobre 1873) ;
Le Dernier Klephte, pochade en i acte,
(Folies-Dramatiques, 27 juillet 1877) ;
La Bourse ou la vie, comédie en i acte,
(Odéon, 18 octobre 1886) ;
L' Expertise., comédie en 1 acte (Gym-
nase, I'' juin 1888).
Je possède de lui le manuscrit d'une
comédie en un acte, Les Raisins de Zeuxis,
présentée, le 14 octobre 1873, au direc-
teur d'un « Illustre théâtre >> qui n'ouvrit
jamais.
Paul-François Mons avait pris part à
diverses entreprises théâtrales qui le rui-
nèrent ; il mourut par suicide en 1899.
L'avant-veille de sa mort, il sollicitait
par lettre, de la Société des Auteurs et
Compositeurs dramatiques, une somme de
deux cents francs, déclarant que si ce
secours lui était refusé il se brûlerait la
cervelle ; il tint parole des que le rejet
de sa demande lui fut signifié. La Société
des Auteurs contribua à ses obsèques; elle
eût mieux fait, sans doute, en lui sauvant
la vie. L. -Henry Lecomte.
LabibliothèqueHarléienne(XLIX,
901, 993). — La s< Bibliothèque Har-
léienne » (Harleian Librarv), contenant
environ 7.0Ô0 manuscrits, outre de rares
imprimés, est maintenant au British Mu-
séum. Elle a été formée par Edward Har-
ley, créé comte d'Oxford en 1705, mort
en 1724, qui y consacra une grande par-
tie de son temps et de sa fortune.
On a publié à Londres, en 1744 et en
1808, sous le titre de The Harleian Miscel-
lany.^ un choix de pièces rares extraites
de manuscrits et de livres imprimés de
cette bibliothèque.
La « lettre conservée à la Bibliothèque
Harlayennc », concernant la reine Chris-
tine, fait peut-être partie de cette collec-
tion de mélanges, dont un exemplaire se
trouve sans doute à la Bibliothèque na-
tionale. E. O.
Shakespeare fouetté (XLVII1,894).
— je me suis laissé dire que Pouchkine,
(1799-1837J le célèbre poète russe, avait
eu maille à partir avec les verges, de par
ordre de son souverain. Mais en quelle
année et dans quelles circonstances ^.
L'exécution eut-elle lieu réellement ou
seulement en effigie ^ Voilà ce que l'his-
toire ne dit pas. V Intermédiaire est peut-
être mieux informé que moi. Q,
*
Un de nos confrères parle des hommes
célèbres qui ont subi le châtiment du
fouet dans leur âge mûr et à titre de con-
damnation — (car ^< le fouet comme
moyen d'éducation » a été traité anté-
rieurement ici). Ayant étudié François
Villon à plusieurs reprises, je tiens à dire
mon mot sur sa condamnation au fouet.
11 dit lui-même :
J'en fus battu, comme a rutelles
Tout nud ; jà ne le quiers celer.
Et dans le François Villon de Gaston
Paris, de l'Académie française, Paris,
Hachette 1901, in-12. Collection des
grands écrivains français) on lit, page 40 ;
Catherine de Vausselles dont la trahison
lui avait valu un beau jour d'être battu coptme
le linge au ruisseau.
Mais où, quand et comment fut exécu-
tée la sentence ^ Voilà ce qu'on ne sait
pas. Gaston Paris est mort en 1903 ;
seul M. Longnon, de l'Institut, qui a con-
sacré à Villon de beaux travaux, pourrait
peut-être nous renseigner. L. C.
N' 1045,
L'INTERMÉDIAIRE
35
56
Balzac i,XLlX, 895). — A quels habi-
tants de Gènes, de Bologne ou de Flo-
rence, notre confrère V. J. du D. s'est-il
donc adressé pour les avoir surpris en
leur parlant du Piclie Génois et de Pelle-
gro Piola^ cités par Balzac ?
L'illustre auteur de la Coiucdie hniuaine
a créé de toutes pièces bien des types ;
mais il n'a cependant inventé ni le Prêtre
Génois, ni Pclh{rro Piola.
Que notre confrère veuille bien ouvrir
le Dictionnaire historique des peintres de
tontes les écoles^ depuis l'origine de la
peinture jusqu'à nos jours^ par Siret (Paris,
Paul Daftis et A. Lacroix et Cie, 1874, gr,
in-8) et il y pourra lire, p. 705 :
PiOLA (Pellegro ou Pellegrino), frère de
Dominique le Vieux. E [colej 1 [talienne]
1 617-16^0. Histoire.
Elève de J. D. Cappellino ; mort assas-
siné à cause de la jalousie qu'excitait déjà
son génie naissant. — Pinceau doux, agréa-
ble, gracieux.
Dans le même dictionnaire, p. 724, on
lit :
Prêtre Génois fLe). V. Strozzi ;
et à la p. 8q4 :
Strozzi (Bernard) dit le Prêtre Génois ou
// Capiicino E. 1. 1581-1644. Histoire et
portrait.
Suit une assez longue notice sur ce
peintre, élève de Pierre Sorri.
Mais à défaut du « Siret », qui peut
n'être pas entre toutes les mains, La-
rousse — le vulgaire Larousse^ cher à feu
Ch. Floquet — aurait pu donner à notre
confrère des renseignements sur les deux
artistes cités par Balzac. Taillevent.
Une erreur persistants (XLIX,
901). — Ce n'est pas l'erreur qui persiste,
c'est la mauvaise foi ! — Que Larousse
continue à attribuer au vicomte d'Arlin-
court des vers cocasses, il est dans son
rôle, d'Arlincourt, auteur des célèbres
pamphlets, Dieu le veut et Place au Droit,
ayant toute sa vie été royaliste intransi-
geant ; mais les autres? V Intermédiaire a
depuis longtemps tranché la question des
Vers tragiques ridicules, tn de nombreuses
et documentées réponses. Voir T. G.,
922. A. S.. E.
Revue rétrospective (XLIX, 900).
— Je possède deux exemplaires de cette
publication, dont un seul a bien les n°' 32
et 3 3, qui ne forment qu'un seul fascicule
paginé 497 à 523. La page 524 présente
la Table des matières de l'Appendice^ ainsi
conçue :
Lettres de II. Mole à Louis-Philippe,
pag. 498.
lestainent du duc d'Orléans, d'après l'o-
riginal trouvé aux Tuileries dans le sac
du château, le 24 février, p. 502,
Correspondance de la famille royale avec
M. le Prince de Joinville, et journal tenu
pour ce prince, pendant son voyage à Ste-
Hélène, p. 506 .
Ce dernier fascicule porte, comme le
premier, l'adresse de Paulin, éditeur, rue
de Richelieu, 60.
Chacun de mes exemplaires est privé
du n° 27 (447 à 448) lequel est ainsi. pour
moi, plus rare que les n'^' 32-33.
j. C. WlGG.
« Après le Bal » (XLIX, 903). —Je
ne connais sous ce titre qu'une seule
pièce de théâtre. C'est une comédie en un
acte, de Siraudin, A. Choler et Delacour,
représentée sur la scène du Gymnase le
15 mars 1862. C. H. G.
» *
Deux pièces seulement ont paru sous
ce titre :
1° Après le bal, comédie en i acte,
mêlée de couplets, par Siraudin, Alfred
Delacour et Adolphe Choler, représentée
sur le théâtre du Gymnase le 1 5 mars
1862. (Michel Lévy frères, 1862, in-i8
de 2 fif. et 26 p.)
2° Après le bal, comédie en i acte, en
vers, par le Docteur Gélineau. Surgères,
]. Tessier, 1876, in-8 de 36 p. (non repré-
sentée).
On peut y ajouter :
Pauvre Pierrot, ou Après le bal.^ panto-
mime en 1 acte, par Séverin et Thaïes,
musique de Léopold Gangloff, représen-
tée au concert de l'Eldorado le 6 février
1891 (non éditée).
L. -Henry Lecomte.
Mariage à la Langaac (XLIX,
842). — Allusion au mariage, contracté
dans ces conditions, entre le marquis de
Langeac et madame Sabattin, maîtresse
du comte de Saint-Florentin, ministre,
secrétaire d'Etat sousie règnede Louis XV.
d"E.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 juillet 1904.
37
38 -
Détail des anciens prix d^s
dônrées et marchandises. (T. G.,
270 : XLI ; XLII ; XLIV ; XLVI ; XLVII :
XLVIII;XL1X. 1^, 265,376, 546, 884).
— Bulletin de la Société académique de Var-
roudissanent de BouJogue-siir-Mer, t. II.
(1873-1878). Boulogne, 8° p. i i :
Charles Henneguier. Mesures aux grains
de Boulogne et du Boulonnais, qualité
et payement des grains de rentes et rede-
vances par Sebastien Gressier et Domini-
que Nassiet, hommes d'affaires à Boulogne
(1728). ^
Société des antiquaires de la Morinie^
Bulletin historique trimestriel, t. IV. (1867
à 187 1). Saint-Omer, 1872, 8°, p. 89 :
Henri de Laplane. Variation du prix
des céréales à Saint-Omer de 1750 à 1783.
Archives historiques et statistiques du
Rhône... t. VI (1827)8" p. 5 :
Bregot du Lut. Prix du pain à Lyon
dans le xvi' siècle.
Revue Savoisienne.^ t. XXII (1881). An-
necy. 4°. p. 113 :
G. E. Pissard. Le prix des denrées à
Annecy en 1599.
Revue des sociétés savantes des départe'
menfs, j" série, t. VI. (1882). Paris. 8',
p. 215 :
Léopold Duhamel. Règlements sur
le taux des vi\'res et sur la valeur des
1595-
A. S..E.
monnaies dans l'Etat d'Avignon en
Patois Orléanais (XLVII, 449. 592 ;
XLVIII, 537, 656 ; XLIX, 931). — L'In-
iermédiaire, me semble-t-il, a déjà fait
remarquer que pour former un lexique
Orléanais, il suffirait de faire un tri dans
le Glossaire du centre de la France du
comte jaubert, dans celui du Dialecte
Biaisais de Thibault et parmi les imita-
tions dudit parler qu'en ont mlsQS pass un
Cyrano de Bergerac et Molière dans la
bouche de leurs personnages ; j'ajouterai :
et dans les Mémoires de la Société A rchéo-
logique de l'Orléanais. Souteux m'est in-
connu, mais j'ai dit souvent à un cama-
rade, en lui lançant la balle, figotte-la,
jamais raguette-la. Ceux qui ont des préten-
tions au beau langage disent arigotte-la.
Ce mot viendrait-il d'tj/r/oé/e?, lever, dresser
la main pour attraper la balle au vol .^ Les
Angevins emploient recépcr (recipere),
beaucoup moins expressif. C/iarnier.,irès
usité au sens d'échalas dans tout le pays
vignoble entre Orléans et Tours, vient, à
mon sens, de carpinarimn (R. carpinns,
charme), ce bois ayant servi à fabriquer
des échalas. Quant à jard, jarre, dont
j'ignore l'étymologie, c'est le plus gros
sable de Loire. Je préfère l'orthographe
jard^ que l'on rencontre déjà dans des
documents du moyen âge. D'ailleurs /^ri
est masculin, tandis que la désinence en e
muet convient mieux k jarre (grand vase
de terre) qui est féminin.
Lpt. du Sillon.
Le nom He.rvé(XLlX, 676, 810,882,
931). — Je n"ai jamais contesté que
uechus fût la traduction de vvik vvig subs-
tantifs des verbes vvigan, vvikan, vvihan.^
vihjan, veihan, qui, en vieux haut alle-
mand et moyen-haut allemand, sont
homonymes et signifient à la fois com-
battre et consacrer, je m'en suis tout ré-
cemment expliqué. Mais ce que je con-
teste absolument, c'est que wik et vvig
signifient victorieux. Je défie M. Bougon
de me montrer cette racine dans un mot
germanique avec cette signification ; il
commet une confusion qui résulte de sa
culture latine. La racine germanique qui
comporte l'idée de victoire est sig et non
vvik.
Quant au radical Her, moyen haut alle-
mand,en Vieux haut allemand hari, heri,
il n'entre en composition dans ces ancien-
nes langues que dans le sens de guerre. (Voir
Schade Altdeutsches Worterbuch). //^?t'^
signifie donc non pas victorieux seigneur,
mais soit : combattant de Tarmée, soit
consacré ou sacré par l'armée. Herman-
rick signifie : soldat, héros ; mot à mot
armée, homme, héros.
Paul Argelès.
Il n'y a pas que... Il n'est pas
que... (XLVIll ; XLIX,939).— M. Alfred
Duquet, dans sa note du 20 juin dernier
(col. 939-941), déclare fautives et n'ap-
partenant pas à « la prose des grands
écrivains >> plusieurs locutions, celle-ci,
entre autres : « On ne doit pas se con-
duire de la sorte . »
Pascal, qui a écrit (Proi'/z/c., XVIII) :
Ceux qui en useraient de la sorte ;
Corneille, qui a dit {Horace. III, 6) :
N' 104!^.
L'INTERMÉDIAIRE
59
40
Dieux I verrons-nous toujours des malheurs
[de la sorte I
Bossuet, qui s'est écrié (i"' sermon^ Di-
manche de la Passion) :
«Seigneur, vous me donnez une règle à
laquelle je ne puis me joindre... aussi n'en
est-il pas de la sorte » ;
ne sont-ils pas de « grands écrivains »,
et cette locution de la sorte est-elle vrai-
ment si contraire aux traditions de notre
langue? — G. G.
Préférer. — Causer (XLV ; XLVI ;
XLIX, 542, 813, 932). — Au sujet de Va
explétif signalé par le collaborateur XXX ;
dans tout le midi de la France, principale-
ment à Toulouse et lieux circonvoisins,
une mère ne demande pas à son enfant :
m'aimes-tu ? ou tu m'aimes ? mais bien
tu m'aimes à moi ?
Molière connaissait bien cette particu-
larité, car faisant, dans une de ses pièces,
parler un gascon, il met dans sa bouche :
« Comment ! tu me traites à moi avec
cette hauteur ?»
Dans un ouvrage qu'on devrait bien
réimprimer, à l'usage des citoyens de la
cité palladienne : Les Gasconismcs corrigés,
Desgrouais. professeur au Collège royal,
consacre une dizaine de pages à Va dans
le langage.
Quant à Gz«5^r ^, l'expression est abso-
lument parisienne. C'est de Paris et par le
canal de la presse quotidienne, qu'elle
s'est répandue dans le reste de la France.
— A.S..E.
Pinchinat(XLlX,902, 987). —Le Tré-
sor du Fclibrige^ de Mistral, et le grand
Dictionnaire de Larousse ont sur ce mot
des détails à peu près suffisants.
Ce mot vient du provençal penchina ou
pinchina, peigner, carder.
Le participe pcissé pincbina signifie bien
peigné, bien cultivé : de là, ce nom est
donné à des familles provençales : Pin-
chinai ; à Nice, Pencinenati.
Substantif, le pinchina ou pinchinat,
c'est la laine peignée, c'est le gros drap
dont les bergers se font des capes. A Aix,
il y a un quartier des Pinchinats ou des
cardeurs; à Nice, une rue Penchienati.
Ce gros drap se fabriquait dans bon
nombre de villes du midi : Toulon, Col-
mars, Beauvezer, Digne, etc. De là, le mot
a très bien pu passer dans les autres ré>
gions.
Eugène J.
A propos de bottes (T. G,, 132 ;
XLIX, 903). — Le Distiait est de 1697.
Dès 1694, le Dictionnaire de l'Académie
françoisc cite le proverbe :
On dit : A propos de bottes, pour entrer
dans un discours qui n'a aucune liaison avec
les choses dont on parle.
Dès 1640, on lit dans les Curiosité:^
françoises d'Antoine Oudin :
Parler à propos de bottes = parler hors de
propos.
Regnard étant né en 1645, il est maté-
riellement impossible qu'il ait inventé le
dicton. ' * *
Attigerla cabane (XLIX, 619, 812,
883, 935). — Je reviens sur l'explication
que j'ai déjà proposée et la complète.
Evidemment, c'est un terme d'argot,
plus spécialement usité à la caserne, et
mon beau-fils, à son retour de Nancy, l'a
rapportée du régiment et s'en sert abon-
damment.
Pour lui, si l'on plaisante quelqu'un, si
l'on en médit, on attige la cabane.
Mais en Normandie, tout au moins
dans la Manche, il est employé couram-
ment, toujours dans le sens de débiner,
de chiner, d'asticoter, par les gens les
mieux élevés et qui, s'en servant, ne
croient pas le moins du monde parler
argot, mais bel et bien français.
Ils disent, par exemple : Ce n'est pas
étonnant qu'il se soit fâché, il y a assez
longtemps qu'on l'aitigeait.
Lorédan Larchey avait raison ; le mot
est de vieille souche, il vient d'attingere ;
de bonne compagnie d'abord, il a eu des
malheurs et s'est laissé choir dans l'ar-
got. SoULGEf.
Les Ecreignes (XLIX, 901). —
En Haynaut, pays qui fut bourguignon,
tout comme Dijon, ^s^mz^ ou écrine signi-
fie une veillée.
Assemblée de fileuses pendant les soirées
d'hiver, dans laquelle se glissent parfois des
garçons et où l'on débite des contes de reve-
nants, de loups-garous, etc... A onze heures
de la nuit se sépare ordinairement la réu-
nion .
[\-\ézzx{,Dictionnaire ;-0H(:Z!/,Valencienncs].
Ces veillées du foyer et du crachct,
crasset, lampe à l'huile, avaient autour
de Condé le nom d'écriène. Soirée, ainsi
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1904,
41
42
que escrène, semblent formées et dérivées
de serena, ou séréné, sereine.
Ed. Martfx.
L'auberge de « l'Etoile d'or », à
Paris (XLIX, 895). - Un hôtel à trente
sols c'est déjà un hôtel recommandable ;
les hôtels à quarante sols en 1700 sont
parmi les plus luxueux ; il y en a à vingt,
à quinze et même à cinq sous. « Les gens
qui ne peuvent faire qu'une très médiocre
dépense, trouvent d'ailleurs dans tous les
quartiers de Paris, de petites auberges où
on a de la soupe, de la viande, du pain et
de la bière à suffisance pour cinq sols »,
dit le Livre comuwJe (qui est de 1692). 11
mentionne de nombreux hôtels, non tou-
tefois « l'Estoile d'or » qui n'est pas suffi-
samment réputé. Y.
Un héritage colossal (XLVIll, 562,
715 ; XLIX, 269) — La succession Jean
Thiéry. — Cette affaire vient de recevoir
une solution. Le Temps (5 juin 1904)
résume cette affaire en les termes sui-
vants ; il fait connaître la suite que le
Conseil d'Etat lui a donnée :
En 1676 mourait à Venise un Français, Jean
Thiéry. 11 laissait, entre autres valeLUS,
800.000 écus à la croix placés sur la Banque
de Venise, à intérêts, et remboursable, parait-il,
à toute réquisition.
La valeur de l'écu à la croix représentant
12 fr. 50 de notre monnaie, la somme mon-
tait ainsi à environ 9 millions 900.000 francs.
Elle avait été léguée au défunt par un sieur
Typaldi.
Une ordonnance des magistrats de Venise
en date du 14 mai 166 1, qui est, paraît-il,
déposée avec le testament Typaldi à nos Ar-
chives nationales,
ces 800.000 écus
Thiéry et à ses héritiers.
Le défunt Thiéry instituait pour héritière
la branche champenoise de sa famille. Mais,
à sa mort, personne ne se présenta, et la
somme resta à la Banque.
11 semble qu'en 1679 des faussaires aient
fabriqué un brevet du roi de France leur fai-
sant don de la succession Thiéry, supposé
mort sans héritiers. Pendant plusieurs années
ils parvinrent à se faire remettre par la Répu-
blique de Venise des sommes considérables.
Mais en 1697 un jugement fut rendu pour
ordonner une information contre ces faus-
saires, et opposition fut mise au nom du roi
pour sauvegarder les valeurs restées aux mams
de la Banque.
fendant le dix-huitième siècle, cette suc-
décidait que la rente de
à la croix serait payée à
cession fit l'objet de réclamations nombreuses-
Les prétendants surgirenten foule. Ils s'élevaient
à 3.000 en 1791, époque à laquelle l'Assem-
blée constituante renvoya la question au tri-
bunal devant lequel, bien que la République
de Venise ne contestât pas son obligation,
nul ne parvint à établir sa qualité d'héri-
tier.
En 1796, pendant la campagne d'Italie, le
Directone ordonne au général Bonaparte de
réclamer du gouvernement vénitien les mil-
lions de la succession Thiéry. « Une partie,
ajoutait le Directoire, vous servira à vos
plus pressants besoins, » Les négociations
entamées à cet effet n'aboutirent pas. Mais
quelques jours après, l'armée française en-
trait à Venise, et on soutient que le général
Bonaparte prit alors possession de la succes-
sion Thiéry. On en donne comme preuve la
présence à nos Archives des principaux docu-
ments se rattachant à l'affaire ; le testament
de Jean Ihiéry, celui de Typaldi, l'ordon-
nance des magistrats de Venise, etc.
Le gouvernement français a donc été l'objet
de plusieurs réclamations émanant de per-
sonnes se prétendant, à tort ou à raison, hé-
ritières de Jean Thiéry. En 1871, une dame
Cotton, bien que reconnue descendante de
Thiéry, fut déboutée par la Cour de Paris,
tn 1873, un nouveau jugement la renvoya
à se pourvoir devant l'autorité administrative.
Elle s'adressa au ministre des finances qui re-
fusa d'accueillir sa demande.
Plus tard, en 189 1, une autre prétendante,
la dame Roussel, s'adressa au Conseil d'Etat.
L'administration lui objecta que l'enlèvement
des caisses publiques d'un Etat. par unearmée
ennemie nepeutavoir pour effet de subiogerde
plein droit la nation victorieuse aux obligations
de cet Etat envers ses propres créanciers. D'ail-
leurs, les conventions intervenues entre
Thiéry et la Banque ne pouvaient avoir pour
conséquence de conférer aux héritiers la pro-
priété d'un dépôt ; il se serait agi, disait l'ad-
ministration, d'un simple droit de créance
tombé depuis longtemps sous le coup des lois
sur la déchéance quinquennale.
La dame Roussel perdit son procès.
Aujourd'hui, de nouveaux héritiers ont
surgi, les consorts Révol. Ils se sont eux aussi
pourvus devant le Conseil d'Etat, qui vient
de rendre son arrêt.
Le Conseil d'Etat déclare que, s'il est à
présumer que Thiéry était encore, à son décès
en 1676, créancier d'une somme importante
placée à la Banque de Venise, les consorts
Révol ne p;uvent justifier ni que la banque
était restée débitrice au moment de l'occupa-
tion de Venise par l'armée française ni qu'il
se trouvât alors dans les caisses de cet établis-
sement des fonds affectés au remboursement
de cette créance.
L'arrêt ajoute qu'en tenant pour établis jej
N" 1045
LiNTERMEDlAIRÊ
43
44 -
dires des requérants, et en admettant que
l'armée victorieuse se soit emparée des deniers
existant dans les caisses publiques, ce fait de
guerre ne saurait donner ouverture contre
l'Etat français à un recours en action de la
part des créanciers de ces caisses.
En conséquence, le Conseil d'Etat, sans
s'arrêter au défaut de toute justification de la
qualité d'héritiers de Jean Thiéry, a rejeté la
requête des consorts Révol.
Le serpent de mer du Consti-
tutionnel (T. G. 834 ; XLVII, 544V —
Le fameux serpent de mer vient de faire
sa réapparition dans les colonnes des jour-
naux. A ce sujet, je prie les lecteurs de
Xliitenncdiaire de vouloir bien me per-
mettre une réminiscence.
En 1862, j'eus à Rouen, avec le capi-
taine armateur Tessa, du Trois-mats
Le Coq, du port de Bordeaux, l'entretien
suivant :
Tessa m'exhibait de superbes et ruti-
lantes pièces d'or de 96 fr.. toutes à l'effi-
gie de Louis XV ; elles paraissaient
n'avoir jamais été mises en circulation
tant la frappe était restée nette. Je lui en
fis la remarque.
— Elles proviennent, me répondit-il, du
trésor royal d'un roi noir des Namaquas,
en échange d'une livraison de pipes de
rhum. Il s'en est séparé avec regret,
attendu qu'il les tenait de ses ascendants
qui les conservaient avec un soin jaloux,
mais il n'a pu résister à mon excellent
tafia, la gourmandise a eu le dessus. J'en
ai un plein sac dans ma cabine et c'ect
dans ce voyage, que je viens d'accomplir,
que j'ai vu le serpent de mer.
— Le serpent de mer !!! m'écriai-je,
surpris au possible, celui du ConstUntion-
nel, naturellement, et où ça .''
— Au large de la pointe d'Afrique. Au
moment où il me fut signalé par la vigie,
il se trouvait à 300 mètres environ de
mon navire, il nous suivit à la même
distance pendant plus de quatre heures
et je n'étais pas sans appréhension dans
le cas où il se serait heurté contre mon
bord, enfin il disparut.
j'accablai Tessa de questions.
— je l'ai examiné à l'aide de ma lon-
gue vue, me dit-il, mais il m'a été im-
possible de me rendre exactement compte
de sa structure, à cause de l'éloignement,
je le voyais onduler à la surface, puis
plonger et reparaître; d"après mon estime,
sa longueur peut approcher de 50 mètres.
J'ai consigné le fait sur mon livre de bord
et mon équipage peut en témoigner.
L'équipage que le capitaine Tessa avait
recruté, se composait de 22 hommes,
Français, Italiens, Espagnols, Maltais et
de nègres. Le maître-coq préposé à la
cuisine était un grand diable de Chi-
nois !
J'espère que par V Intermédiaire on arri-
vera à élucider la question.
Paul Hédouin.
Cheveux de femmes célèbres
(XLIX, 843, 941). — M. Dablin, le col-
lectionneur bien connu, possède une mè-
che de cheveux qu'on dit avoir appartenu
à la dame de Beauté. R. B
*
* *
cachet de
signée
Dans le cachet de la lettre
Jeanne, et adressée par Jeanne d'Arc à ses
chers et bons amis, les habitants de Riom
(9 novembre 1429) il y a un cheveu
noir.
\J Annuaire dn conseil héraldique (17^
année), conteste la valeur de l'attribution
de ce cheveu. L'auteur de l'étude, M.
Oscar de Poli, conclut que Jeanne d'Arc
était blonde.
* *
J'aurais un intérêt particulier à savoir
qui est le collectionneur possédant ac
tuellement les cheveux d'Agnès Sorel
achetés en 1897, à la vente du baron Pi-
chon. Notre conirère G. V. dit en igno-
rer le détenteur. Qiielqu'un pourrait-il
me l'indiquer ?
Mac' Ramey,
Iconographie du meurtre rituel
(XLVII ;XLV11I;XLIX,67, 455, 511).— A
propos du meurtre rituel, je communique
aux lecteurs de V Intermédiaire la lettre
suivante concernant le B^ Simon (à l'oc-
casion duquel précisément la question a
été posée). La lettre a été envoyée par le
secrétaire de l'évêque de Trente à M . Henri
Desportes :
Monsieur le professeur,
En réponse à votre lettre du 26 février
dernier, je vais vous donner les renseigne-
ments suivants à l'égard de l'assassinat com-
mis par les juifs, le 23 mars (mercredi saint)
de l'an 1475, à l'heure italienne vingt trois
(deux heures de nuit) sur l'enfant Simon Un-
verdorben, d'environ deux ans,
1° La tradition manitenue ici jusqu'à pré-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Juillet 1904,
45
46
sent rapporte qu'il a été tué par les juifs en
haine du Ciirist et de sa religion.
2" L'église de Saint-Pierre est une des trois
églises paroissiales de notre ville. Le corps
du saint se conserve dans une chapelle, qui a
été bâtie au côté septentrional de cette église,
environ un siècle après le martyre de l'enfant.
Plus tard elle fut restaurée par Maîhias Ga-
lasso, de l'armée autrichienne, dans la guerre
de Trente ans. De nouvelles restaurations y
ont été faites il y a trois ans.
3" Les reliques du saint sont très soigneu-
sement conservées. Outre le corps dans son
urne, on garde en sept reliquaires, le couteau
sacrificateur, le verre où les juifs burent le
sang, le bassin pour le recueillir, la petite
robe du saint, deux boîtes remplies de son
sang. Dans la paroisse de Saint-Pierre existent
deu-x chapelles, l'une bâtie sur le lieu où
il naquit (palais Bostolazzi, via del Fossato)
et l'autre où il fut martyrisé ; ce dernier en-
droit était l'ancienne synagogue (palais Sal-
vadosi, via Lunga).
4° Saint-Simon est regardé comme le second
patron du diocèse et de la ville. On en célèbre
la fête chaque année le quatrième dimanche
après Pâques.
5° Plusieurs ouvrages ont été publiés sur
ce martyre ; et nos historiens et chroniqueurs
en parlent diffusément.
Piro Pincio : Croniche di Trcnio.
Alberti : Annalia.
Bonnelli : Mormmenta , Ecclesiœ Iriden-
tinœ. Mari an i.
« Opusculum Calphurini et Zovenzonii de
beato puero Simone martyre, éd. 1481. — in
beatum Simonem etEpigràmmœ, éd. 1482. »
De Ponte. Super inqiiisttione contra ju-
dœos in processu Beati Simonis.
Ces ouvrages sont très rares, on ne les trouve
guère que dans les bibliothèques, qui ne les
prêtent à personne.
Le procès contre les juifs a été approuvé
par le pape Sixte IV, par la bulle dcllo XII
Kal. Jiilii 1478.
Dans l'espoir d'avoir satisfait votre rechei-
che le mieux qu'il m'était possible, je vous
pré sente, Mon sieur, m es salutations empressées.
Trente le 16 mars i88q.
Signé : Jos. Rigoki
Secrétaire
Cette lettre est extraite de l'ouvrage
de Henri Desportes : Le Mystère du sang^
pages 162 et 163. G. La Brèche.
» *
La bibliographie sur le meurtre rituel
est copieuse. Elle prouve avec quelle pas-
sion ce problème a été posé, et l'on dirait
résolu, s'il en existait, ce dont je doute,
une solution satisfaisante. 11 se dégage de
ces lectures l'impression que le fanatisme
a pu
ens:endrer certains actes
doctrine n'est pas prouvée.
dont
Y.
la
Alfred d'Aunay (XLVIII ; XLIX, 1 86).
— 11 n'a jusqu'à présent pas été possible
de connaître ladate delà mort de Descu-
dié Le concierge de la rue Boursault est
en fonctions depuis peu de temps. A la mai-
rie des Batignolles, au Palais de lustice,
on ne sait rien et le Figaro reste muet !
Voici le titre exact de l'ouvrage auquel
il a été fait allusion (XLVIII, 9 15) : Voya-
ges en France^ par Alfred d'Aunay. Paris,
Paul Dupont, 1881, in-40. La publication
est arrêtée au département de l'Ardèche
(inclus). A. S.. E.
JeaiîEe Hachette (XLIX, 945). —
Rien, jusqu'ici, n'est venu infirmer — ou
compléter — les conclusions du savant
article publié en 1866 parPh. Tamizey
de Larroque dans la Revue des Qiiestions
historiques.
Jeanne était une femme du peuple,
s'appelait Jeanne Laisné, était fille de
Mathieu Laisné; et en 1472, lorsque les
Bourguignons firent le siège de Beauvais
et que les femmes, les enfants même con-
tribuèrent avec un admirable courage à
la défense de la ville, elle « print et arra-
cha, sans autre baston ou ayde.à l'un des
dits Bourguignons l'estendart qu'il te-
noitet le porta en l'église des Jacobins ».
Là se borna son « héroïsme » : tout
le reste est pure légende — y compris
l'anecdote de la hachette.
Insoutenable aussi l'identification de
l'étendard pris par Jeanne avec celui con-
servé comme tel à Beauvais. Sur l'origine
réelle de ce dernier, il faut lire l'article
de Paulin Paris dans la Revue archéologi-
que as. 1850, l'étude de M. E. Charvet
dans les Mémoires delà Société académique
de l'Oise en 1885 {d.V Intermédiaire, X\X^
450, 539, 554), et surtout cette note
curieuse présentée en 1901 par un érudit
belge, M. Ernest Matthieu, au Congrès
archéologique et historique de Tongres :
Jeanne Laisné, connue sous le nom de
Jeanne Hachette, avait, lors du siège de Beau-
vais en 1472, enlevé un drapeau aux troupes
de Charles le Téméraire ; ce drapeau fut porté
en l'église des Jacobins et suspendu à la voûte
de la nef.
En 1790, à la requête des citoyennes de
Beauvais, la municipalité résolut le transferts
l'hôtel de ville de l'étendard, « monument de
N° 1045.
L'INTERMEDIAIRE
47
48
la bravoure de Jeanne Laisné dite Hachette ».
Le procès-verbal descriptif fut accompagné
du dessin reproduit ici.
A la séance des jurés du 20 juin 1555,
nous apprennent ces archives, « les harquebu-
tiers de cette ville remonstrent que, à la
Or, le simple examen de ce dessin permet
de constater que cet étendard n'appartient pas
au quinzième siècle, mais est de l'époque
de Charles-Quint. 11 ne peut donc pas être
le drapeau enlevé par Jeanne Hachette en
1472.
On y voit en effet lesarmoiriesde l'empereur
Charles-Quint, accostées des deux colonnes
d'Hercule et de la devise Plus oultre^ que le
dessinateur de 1790 a mal lue Plus que tre.
Au-dessous, les armes de Binche : le lion
d'argent sur champ de sable.
Saint Laurent est aussi figuré sur le drapeau.
Sa présence s'explique tout naturellement, —
car cet étendard est celui de la corporation
des arquebusiers de Binche, placée sous le pa-
tronage de ce saint. D'autres associations
militaires, en Hainaut, avaient été établies
sous le même vocable, notamment les canon-
niersà Mons, les arquebusiers à Beaumont.
Deux arquebuses posées en sautoir indi-
quent, au surplus, sur l'étendard, le caractère
de la corporation.
Enfin, la grande inscription gothique tracée
en caractères de 487 millimètres de hauteur,
est le nom de la ville « Binq » ou « Bin-
che ».
Précisément, les archives communales de
Binche constatent que le drapeau ou guidon
du serment des arquebusiers de cette ville fut
enlevé en 1554, lors de la prise de Binche par
les soldats du roi de France Henri II,
prinse de la ville ilz ont perdu leur ghuidon
et tambourin, de quoy ilz se aydoient à aller
à l'église aux jours de sacrement et jours de
procession ; pourquoy ilz requièrent que pour
la procession prochaine ilz puissent avoir
argent pour ravoir nouveau ghuidon et tam-
bourin. Ordonné de leur faire payer par le
massart si avant que faire le polra ».
Il est donc établi que l'étendard dont le des-
sin fut pris en 1790 à Beauvais, ne peut s'in-
terpréter naturellement que comme ayant
appartenu aux arquebusiers de la ville de
Binche, à qui les Français l'avaient enlevé en
•554 !
)'ai fait faire pour V Intermédiaire un
cliché du dessin reproduit dans la note de
M. Matthieu, et je le lui envoie. Le pré-
tendu « drapeau de Jeanne Hachette >> fi-
gure aussi dans le recueil de Willemin.les
notices de Paulin Paris et E. Charvet,
V Histoire de France de H. Bordier et Ed.
Charton... A. Bogkaert Vaché.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Poadé «n 1364
QUKSTlonS KT RÉl'ONSES LITTÉKAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTiSTlQOfS
TROUVAILLES ET CURIOSITES
49
(fiHucôtianô
Peintures de Delacroix dans la
bibliothèque du Sénat. — Quelque
intermédiairiste posséderait-il des lettres
de Delacroix relatives à la coupole et aux
pendentifs qu'il a peints, de 1844 à 1847,
dans la Bibliothèque de la Chainbre des
Pairs, au Palais du Luxembourg ?
A. HUSTIN.
Secrétaire général de la questure du Sénat.
Les Mémoires de Louis-Philippe.
— Dans une lettre datée de Claremont
(21 juillet 1848), Cuvillier-Fleury écrit du
roi exilé Louis-Philippe :
Il m'a donné à lire le récit d'une curieu-
se entrevue qu'il eut avec Danton après la
bataille de Vaimy et dans laquelle Danton
lui fit l'apologie des massacres de septem-
bre et s'en déclara l'auteur.
Ce récit était une page de l'autobiogra-
phie du roi, à laquelle ce prince donnait,
paraît-il, la dernière main, quand il reçut la
visite de Cuvillier-Fleury.
Sait-on ce que sont devenus ces Mé-
moires et s'ils seront jamais publiés ?
d'E.
Le club Breton, les amis de la
Constitution et les Jacobins. —
Après avoir quitté Versailles, et avant de
s'installer aux Jacobins Saint-Honoré, les
amis de la Constitution s'installèrent pro-
visoirement place des Victoires. M. Aulard
désigne le n° 7 sans indiquer de quel nu-
mérotage il parle : Royal, sectionnaire»
1806 ou actuel ?
Je suis parvenu à identifier la maison,
grâce à une petite histoire manuscrite de
la Révolution que je possède :
11 s'agit de l'hôtel Massiac, ancien hôtel
Pomponne du chef de Snnon Arnauld.
En 1789, cet hôtel appartenait à Louis-
Claude-René Mordant de Massiac, qui
émigra par la suite, et à sa femme Mlle de
Bongars.
D'après Thiery (Guide des amateurs....
h 435) :
La rue des Vieux Augustins qui est au-
dessus du bureau académique conduit à
celle du Petit Reposoir, au bout de laquelle
se trouve l'Hôtel de Massiac, donnant sur
la place des Victoires, et faisant l'angle
de la rue des Fossés-Montmartre, à l'entrée
de laquelle sont, à droite l'hôtel et les bu-
reaux de Isl. Maréchal de Sainsay.
Cet hôtel qui avait porté le n» 13 Royal
et 21 sectionnaire fut vendu comme bien
national 36^.517 fr. le 5 thermidor
an IV, à Ducamp-Bussy, fondé de pouvoir
du Cl Godard demeurant 85, faubourg
Saint-Honoré. Godard était un gros spé-
culateur ; il acheta un grand nombre de
biens nationaux et finalement fit la cul-
bute. L'hôtel Massiac fit retour à la nation
et nous le trouvons successivement cccupé
par la caisse des comptes courants et en
1806 la Banque de France avant son ins-
tallation dans l'hôtel de Penthièvre, où
elle est encore aujourd'hui .
L'hôtel avait changé de propriétaire le 2
fructidor an V, le 14 floréal an Vil et le
' 21 août 1812. Le 28 mai 1834, il fut
L. 2
N* 1046.
L'INTERMÉDIAIRE
51
52
vendu aux fins du jugement du Tribunal
civil de i^"» instance de Paris, à la liqui-
dation du baron Guillaume-Louis Ter-
naux le grand marchand de Shalls. Il fut
acheté par Eléonore-Elisabeth-Pauline de
Cressy, veuve de Achille-Victor-Fortuné
Piscatory, vicomte de Vaufreland, et par
ses deux fils mineurs ; il portait alors le
n» 2, rue Vide-Gousset.
Il fut acheté ensuite par l'assurance
financière Lyonnaise. Sur ces entrefaites
eut lieu le percement de la rue Etienne
Marcel ; M. Blondel, architecte, le fit dé-
molir et construire sur partie de son em-
placement et sur des terrains en façade
provenant du domaine, un immeuble en
alignement sur la place des Victoires où
il porte Rctuellement les n"^ 7 et 9. Il fait
l'angle de la rue Etienne Marcel (percée
sur l'ancienne rue du Petit-Reposoirj et de
la rue d'Aboukir (ou rue des Fossés-Mont-
martre),
Qui était Mordant de Massiac ? A-t-il
joué un rôle politique ? Etait il Breton ?
Etait-il membre du Club des amis de la
Constitution ? Cette dernière hypothèse
n'est pas vraisemblable puisqu'il émigra,
mais elle est néanmoins possible.
J. G. Bord.
Documents à trouver relatifs aux
rapports et à la demeure en France
d'Améric Vespuce et de Laurent
et Jean, fils de Pierre-François
de Médicis. — Pour expliquer les
raisons de cette question, je rappelle-
rai :
i<^ Que ce fut Waldseemuller, surnom-
mé Hylacomilus, qui donna le nom
d'Améric Vespuce au Nouveau Monde.
Voir entre autres : Gallois L. Les géo-
graphes allemands de la Renaissance^
Paris, E. Leroux, 1890, p. 44-47 '»
2° Que le navigateur Florentin adressa
au roi René de Lorraine une relation de
son voyage et que deux des premières
éditions du Mundus Novus furent impri-
mées à Paris en 1504, l'une chez Jehan
Lambert et l'autre par Gilles de Gour-
mont. (Voir : F. A. de Varnhagen. Ame-
rigo Vespiicci. Son caractère, ses écrits
(même les moins authentiques), sa vie et ses
navigations, Lima, 1865, p. 17 et Har-
risse H., Bibliotheca Americana Vctustis-
sima, Paris, 1866, et Additions 1872 ;
3" Qu'il existe des documents d'où il
attaché d'ambas-
avec son parent
résulte qu'Améric était
sade à Paris en 1480,
Guidantonio Vespucci envoyé par la ville
de Florence auprès du roi de France
Louis XI (Toscanelli^ N° i, janvier 1893,
p. 23-26);
4*' Qu'Améric Vespuce était employé
dans la maison de commerce de Laurent
et de Jean, fils de Pierre-François de Mé-
dicis et qu'il alla en Espagne en 1492
pour le compte de ses patrons. (Voir mon
édition de l'ouvrage de Bandini A. M.
Fita di Amerigo Vespucci etc, Firenze,
<\ auspice il Comune?y,i898 p. 22 et 25 et
mes notes p. 83, a etb);
5° Que Laurent et Jean, filsde Pierre Fran-
çois de Médicis, eurent, dès l'année 1494
sinon avant, des charges honorifiques et
lucratives à la cour du roi Charles VIII et
que Laurent alla en France en 1483-84,
comme ambassadeur de la République de
Florence auprès du Roi,
G. UziEI-Ll.
La fortune et les papiers d'Ega-
lité. — Où pourrait-on trouver — tout
au moins — des traces des dépenses poli-
tiques considérables qu'a dû faire le duc
d'Orléans-Egalilé à partir de 1789 ?
Celui-ci a-t-il laissé des papiers où l'on
trouverait ces indications ? Y a-t-il eu
une saisie faite par l'Etat au moment de
sa condamnation à mort ? Et alors où se
trouvent les documents saisis ?
A défaut, quel était le montant de la
fortune d'Egalité avant la Révolution et
quel était-il après .^ H, T.
Cambronne à Waterloo. — Quel-
ques collègues auraient-ils l'obligeance de
m'indiquer des documents inédits ou peu
connus sur le général Cambronne et son
fameux mot à Waterloo ? La Résie,
Le mot de Cambronne . \o\x Intermédiaire
T. G. 163.
Campagne de Hollande (1809).—
Quels sont les ouvrages ou mémoires à
consulter sur cette campagne ? Quels sont
les corps qui y ont pris part ^
La Résie.
Un archevêque emprisonné. —
Dans Rome, Naples et Florence^ Stendhal
raconte l'histoire d'un archevêque, fils
d'un ministre du pacha d'Egypte, jeté à
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1904,
53
54
la côte calabraise par une tempête et qui,
livré à la cour de Rome, aurait été en-
fermé au château Saint-Ange.
Stendhal n'en dit pas long ; c'est un
peu sommaire.
Pourrait-on préciser et donner d'autres
détails plus circonstanciés .? J
Mac-Mahon blessé. — Le matin de
Sedan, Mac-Mahon affirme avoir été blessé
ou contusionné suffisamment pour avoir
dû se démettre de ses fonctions de com
mandant en chef de l'armée de Châlons.
11 serait intéressant de savoir :
1° Si cet événement a eu des témoins ;
2° Si ces témoins en ont fait mention
dans des écrits ou des conversations au-
thentiques ;
3° Quelle aurait été exactement la cause
de cette mise hors de combat du duc de
Magenta ?
Etait-ce une blessure ou une contusion ?
■ N.
Leta Pane, — Plusieurs livres, pu-
bliés dans la seconde moitié du xvi® siècle,
portent cette souscription. Est-ce le nom
d'une ville ^ Cette ville existe elle en-
core ?
Quelque intermédiairiste pourrait-il me
dire à quel moment l'imprimerie y a été
installée ? Le nom n'est pas dans La Serna.
0. Gy.
?3eauvillé. — Je serais fort obligé que
l'on voulût bien m'indiquer les armes de
la famille de Beauvillé, alliance des Vieux-
pont. Ne serait-ce pas : d'or, à 2 taureaux
pasiants de gueules ? T.
Les statues de Thouret, de Mira-
tbeau, de Condorcet enlevées de la
chambre des Pairs. — On lit au bas
|de la notice sur Thouret, publiée par son
ïîls pour « V Abrégé des Révolutions de l'an-
zcten gouvernement français », la note sui-
vante :
La chambre des Pairs a fait disparaître de
son palais la statue de Thouret, ainsi que
celles de Condorcet, de Mirabeau et de plu-
sieurs autres illustres défenseurs de la liberté.
Que sont devenues ces statues? Y eut-il
une délibération au sujet de leur enlève-
ment. Rédigea-t-on un procès verbal ?
E. L.
Un portrait
par Calcar, au
école italienne.
d'homme inconnu,
musée du Louvre,
— Ce portrait a été
ainsi décrit par Frédéric Villot, dans sa
Notice des tableaux du musée du Louvre :
Il a la barbe rousse et fourchue, la tête nue,
vue de trois quarts, tournée à gauche et les
cheveux courts ; il est vêtu d'une robe noire
mise par dessus un pourpoint violet ; la main
gauche posée sur la hanche, et la droite ap-
puyée sur le piédestal d'une colonne, tient un
papier. On remarque sur la colonne, unécus-
son portant : d'a:[ur, à trois tètes de pavot
d'or, et on lit cette inscription : Anno 1^40,
celatis 26 . Ce blason est répété sur la bague
que porte le personnage, avec l'addition de
trois lettres : A'', V. B.
L'identification de ce beau portrait se-
rait très intéressante. Toute la question
peut se résumer en ceci : quel est le per-
sonnage qui, en 1 540, avait 26 ans et por-
tait les armes ci-dessus? Rappelons que,
quoiqu'élève du Titien et quoique mort à
Naples en 1 546 et classé parmi les peintres
italiens, Johan-Stephan von Calcar était
né dans le duché de Clèves en 1499 ! '^
avait dû conserver des relations avec son
pays natal, et le personnage à déterminer
peut être par conséquent un italien ou un
allemand, un allemand plutôt, car la
lettre V ci-dessus est probablement la
particule allemande von.
Théodore Courtaux.
Le cardinal de Vendôme, Léop-
pard Amyot. -- Léopard Amyot, fils
de Magdalaine Thomas, était, en 1579,
secrétaire de Mgr le cardinal de Ven-
dosme, grand prieur d'Auvergfïe et au-
mosnier de la Reine mère.
Pourrais-je savoir quel était ce Ven-
dosme : son secrétaire était-il parent du
célèbre Amyot, professeur de grec pen-
dant dix ans à l'université de Bourges et
auteur de la Vie des grands hommes ?
J'ai recours à l'obligeance et au grand
savoir de M. Tardieu pour éclaircir cette
question qui a rapport à l'Auvergne,
province dont il connaît si bien l'histoire.
E. Tausserat.
Famille Bosc de la Calmette. —
La France protestante, dans son tome II,
donne une partie de la généalogie de cette
famille noble du Bas-Languedoc, dont les
armes sont : d'or, au corail de gueules, sur
une terrasse de sinople. Elle mentionne.
N» 104b.
L'INTERMÉDIAIRE
55
sans autres renseignements sur cette bran-
che, un Henri Bosc, fils de Laurent Bosc
et de Jaquette de Scorbiac, mariés le
1*' juin 1079, qui fut conseiller à la cour
des comptes de Montpellier, épousa An-
toinette de Sartre, et par lequel la famille
s'est continuée, parait-il, jusqu'à nos
jours, je serais désireux d'avoir des ren-
seignements sur la descendance Henri
Bosc de Sartre et remercie d'avance l'ai-
mable collègue qui pourra soit m'en don
ner, soit me faire connaître des ouvrages
où je pourrai me documenter.
XVI B.
Familles de Bourdaloue et de
Rochechouart-Chandenier.— Existe-
t-il encore, de l'une ou l'autre de ces
deux familles, des parents au-dessous du
12" degré ?
2° Sait -on quels furent leurs héritiers,
parents ou étrangers ?
3° Le général de Rochechouart, né à
Paris en 1788, était-il un membre de la
même famille de Rochechouart-Chande-
nier ? J. B. d'Arnal.
Famille Bugnot de Farémont.
— jean-Bugnot, écuyer 1 567-1 571-1576,
chef du conseil de Mme Antoinette de
Bourbon, douairière de Guise, prévôt de
Joinville, qualité qui lui est donnée en
1572 dans le contrat de mariage de Hu-
gues Bugnot son fils, épousa, à Orléans,
Marie Tardieu, comme il paraît par le
partage de ses biens du 28 juillet 1574.
Je me recommande à l'obligeance d'un
savant correspondant de VlnterméJiaiie
et particulièrement de M. Tardieu, pour
connaître la date du contrat de mariage
de Jean Bugnot et le nom et résidence du
notaire qui l'a reçu. E. Tausserat.
Famille de Jassaud. — Pierre-
Guillaume de Jassaud, chevalier, seigneur
de Lazenay, épousa Michelle Auger, sui-
vant acte reçu Robineau, notaire au Châ-
telet de Paris, le 26 août 1737, et laissa
sept enfants :
i" Pierre, 2° Ambroise-Auguste, 3» Ca-
therine - Michelle f"": de Charles Louis
Scaron, 4" Marie-Jeanne, 5" André-Charles,
clerc tonsuré, b" Marie-Charlotte, 7" Ma-
rie.
Je désirerais connaître le sort de ces
enfants et savoir si
des représentants.
56
cette famille a encore
E. Tausserat.
L'Espinasse (de). — L?: Dictionnaire
de la Mayenne de M. Angot,(lL 126) ren-
ferme sur cette famille normande quel-
ques notes que je prie les aimables collè-
gues de V Intermédiaire d'augmenter, je
désirerais surtout connaître les ascendants
et les descendants d'un certain citoyen
Lespinasse » qui demeurait à Sainte-
Suzanne (Mayenne) avant 1793 et qui
depuis occupa la place de régisseur des
terres du duc de Praslin à La Flèche.
Louis Calendini
Familles de la Marinière, et Le
Marinier (ou Mariner). — Le Diction-
naire de la Noblesse publié à Paris en 1771
a pour auteur La Chesnaye des Bois ; —
(la seconde édition, qui date de 1775, por-
te cette indication : chez Antoine Boudet,
rue Saint-Jacques).
Dans le tome IX de ce dictionnaire, on
ne trouve rien sur la famille « de la Mari-
nière » ; mais il est dit que
« Les Marinier » en Normandie (près de
Rouen et Caen) ont été maintenus dans
leur noblesse les 20 février et 13 juillet
1668, et qu'ils portaient : J^^z/ra/ii-s. au pal
d'argent, chargé de trois coquilles d'azur.
Peut-on m'indiquer si la famille « de la
Marinière » et aussi la famille le Marinier
(ou. Mariner) existe encore à notre épo-
que en Normandie, ou en France ?
A l'Université d'Oxford en Angleterre,
« 25 August 1624, l'Honorable James
'/ (Jacques) de la Marinière, baron de
« Montmartin, Cruches, Borrivet, le Vi-
« gnies, et Guhebert avait actuellement le
« grade de maître es arts », (Magister
Artium).
En 1500 1504, Le Marinier a été secré-
taire de l'empereur Maximilien d'Allema-
gne.
La famille Le Marinier [ou Mariner)
a donné des Barons et Marquis de Cany,
en Normandie, près de Rouen et Caen.
J'accepterais avec reconnaissance les ré-
ponses des intermédiairistes sur la famille
« de la Marinière », et la famille « le Ma-
rinier {pu Mariner) ».
Rév. Edwin Marriner.
Advoulan, Torquay, Angleterre.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1904
57
58
Famille de Vin ou Devin. — Dans
V Armoriai Je la Restauration ^ tome II,
page 380, à l'article De Vin, M. le vi-
comte Révérend cite comme référence le
Curieux de Ch. Nauroy, tome I. Pour-
rait-on savoir si cet article du Curieux
est plus complet pour la famille De Vin
que ne l'indique M. Révérend, et si l'on
fait connaître les parents, les frères et
sœurs de Claude Devin, cité comme au-
teur de la fi.unille ? On désirerait particu-
lièrement trouver la parenté de ce Claude
Devin avec Renée De Vin, épouse de Mau-
rice Blouin, Md Bourgeois de Paris vers
1640. T. L.
Un roman de Balzac : Le Prêtre
catholique. — Balzac écrivait un jour
à Mme de Surville : ^< Je vais faire un tri-
« pie feu sur le public, à savoir : Eugénie
\< Grandet, les Aventures tV une idée heureuse
« et mon Prêtre catholique, l'un de nos
*< plus beaux sujets... »
Ce dernier ouvrage a-t-il été commen-
cé ou bien n'at-il jamais été qu'à l'état
de projet .'' Gustave Fustier,
Balzac imprimeur. Les éditions
compactss. — Madame Laure Surville,
sœur de Balzac, dans son étude biogra-
phique : Bal{ac,sa vie et ses œuvres, d'après
sa correspondance. Paris, Librairie nou-
velle, 1858, attribue à son frère (page 77)
l'idée première des éditions compactes
« qui enrichirent depuis la librairie ».
Suivant elle, il entreprit et mena de front
la double publication, en un volume, des
œuvres complètes de La Fontaine et de
celles de Molière. Mais leur vente ne mar-
cha pas : ce fut le début de ses embarras
financiers.
Dans leur étude si intéressante el si
documentée : « La jeunesse de Balzac.
Balzac imprimeur » Paris, Ferroud, 1903,
M.M. G. Hanotaux et G. Vicaire s'expri-
ment ainsi :
11 est démontré maintenant que l'idée des
éditions compactes n'appartient pas à Bal-
zac. L'affaire était décidée avant qu'il s'en
occupât. D'ailleurs, s'il s'agit d'un type
analogue à celui du La Fontaine et du Mo-
lière, la conception assez banale est en
même temps des plus médiocres. La non
réussite de l'opération s'explique, sans
qu'on s'en prenne, comme l'a fait Mme Sur-
Ile, k l'a jalousie « des confrères paten-
VI
té
Madame Surville n'avait peut-être pas
tout à fait tort.
Nous avons pu trouver, par occasions
diverses, et réunir trois volumes dont
l'assemblage est réellement curieux, en ce
sens qu'ils font naître l'idée d'une concur-
rence faite à Balzac, au moment même où
il publia les éditions compactes en un
volume des œuvres de La Fontaine, de
Molière, etc. En voici la description som-
maire :
\° CEuvrescompVetes de LaFontaine ornées
de trente vignettes dessinées par Devéria
et gravées par Thompson. Paris, Bau-
douin frères, rue de Vaugirard. A. Sau-
telet et Cie, place de la Bourse, imprime-
rie de Rignoux, rue des Francs Bourgeois-
Samt-Michel, M DCCCXXVI — Au verso
de la feuille de garde, on lit : H. Balzac,
éditeur-propriétaire, rue des Marais Saint-
Germain, n" 17. La préface est signée
H. Balzac. — Volume in-8, de vm-493
pages, texte en deux colonnes, caractères
minuscules, vignettes en tête de page,
forme médaillon allongé.
2° Œuvres complètes de La Fontaine,
précédées de l'éloge de l'auteur par Cham-
fort, nouvelle édition, ornée d'un portrait
et de douze gravures. Paris, Igonette,
libtaire, rue de Savoie, n" 3, 1826. — Au
verso de la feuille de garde : imprimerie
d'Hippolyte Tilliard, rue de la Harpe,
n° 78. — Volume in-8, un peu plus petit
que le précédent, de xxii-554 pages, plus
un extrait du Catalogue des livres de fonds
de la librairie Igonette, — texte en deux
colonnes, caractères extrêmement fins,
gravures hors texte, à mi-page, d'après
des dessins de Devéria également.
30 Œuvres complètes de La Fontaine,
précédées d'une notice de M. Auger, de
l'Académie française ; Paris, Delongchamps,
libraire-éditeur, boulevard Bonne-Nou-
velle, n" 3, 1826. — Au verso et au bas
de la feuille de garde: Imprimerie de Jules
Didot aîné, imprimeur du roi, rue du Pont
de Lodi, n" 6. — Volume grand in-8, de
xv-518 pages, texte en deux colonnes,
petits caractères, quelques vignettes-mé-
daillons en tête de page {comme au iV" i)
sans nom de dessinateur ni de graveur ;
— au commencement portrait en pied de
La Fontaine par Desenne, gravé par Bur-
det.
N'est-il pas surprenant qu'en cette
même année 1826, aient paru trois édi-
N' 1046.
L'INTERMÉDIAIRE
59
60
tions distinctes des mêmes œuvres, sous
le même format et du même type, publiées
par trois éditeurs différents ? Ce ne peut
être par coïncidence. Ne serait-ce point
plutôt par l'effet d'une concurrence collec-
tive,d'une sorte de ligue ? Mais qui en au-
rait été l'initiateur ? et comment se fait-il
que Devéria,le dessinateur, ami de Balzac,
ait prêté simultanément son concours à
deux rivaux. 11 est vrai qu'ils étaient deux
frères Devéria, Achille, ayant alors vingt-
six ans, et Eugène, n'ayant que vingt un
ans.
Si, comme je l'espère, nous avons la
bonne fortune de compter parmi nos col-
lègues intermédiairistes MM. G. Hano-
taux, G. Vicaire et M. le vicomte de
Spoelberch de Lovenjoul, l'érudit balza-
cien, nul doute qu'ils n'élucident cette
question bibliographique, et je les en re-
mercie d'avance. Gros Malo.
Auteur à retrouver. — « Les meil-
leurs livres sont ceux qu'on n'écrit pas. »
Qui a dit cela .'' Gustave Fustier.
Dieu nous garde de l'équité de
messieurs du Parlement. — Origine
de ce dicton ? Le Blond.
Marie ouMarion? — Musset a écrit et
il avait le droit d'écrire :
Je hais plus que la mort l'état de plagiaire.
Comment donc, dans Rolla, publiée en
1533, a-t-il écrit ce vers :
Son nom était Marie et non pas Marion.
Deux ans avant, le 11 août 1831, avait
été joué pour la première fois à la Porte
Saint-Martin^ le drame de Victor Hugo,
Marion de Lormc, où se trouve, à la scène
6 du dernier acte, le fameux dialogue :
« Marion, . .
Parle-moi, voyons parle ; appelle-moi Marie !
Didier.
Marie ou Marion ?
Comment supposer que Musset ait
ignoré ce passage? Et comment expliquer
qu'il l'ait reproduit presque littéralement ^
O. Gy.
Il monte sur son âne et la chau-
sonle dit. — Lit-on dans la fable le
Meunier son Fils et l'Ane. Quelle chanson ^
a demandé dans \' Intermédiaire.^ un de
nos confrères en curiosité.
J'ai, non sans peine, retrouvé les cou-
plets visés par La Fontaine et je voudrais
les faire connaître au questionneur.
Mais sous quelle rubrique la question
a-t-elle paru ^ Quelque attentives qu'aient
été mes recherches, il in'a été impossi-
ble de la retrouver. Toute ma reconnais-
sance est acquise d'avance à l'aimable
chercheur qui voudra bien me venir en
aide. .\. S..E.
Minuter sa retraite. — - C'est une
expression de vieux français ('xvii" siècle)
qui indique vraisemblablement un départ
discret. On se fait petit pour s'en aller
sans être vu. C'est ce qu'on appelle, dans
un salon, //t?;- à V anglaise,ti.^ dansla. rue,
en argot, s'esbigner.
En voici deux exemples tirés d'un petit
livre rare :
Mémoires très particuliers pour servir
à l'Histoire d'Henry III, Roy de France et
de Pologne, et d'Henry IV, Roy de France
et de Navarre. A Paris, chez Denis
Thierry, etc., MDCLXVII, in-i8.
Ces mémoires ont été écrits, dans sa
vieillesse, par le duc d'Angouléme qui
n'avait pas encore seize ans à l'époque de
l'assassinat de son oncle Henri III, à Saint-
Cloud, par le moine Jacques Clément.
Il dépeint les derniers moments du roi,
sa mort et l'arrivée du roi de Navarre
que le moribond avait désigné pour son
successeur. Tout le monde n'était pas
satisfait de la venue du futur Henri IV :
L'estonneraent avoit tellement saisi les
esprits, que chacun se regardoit sans se
parler ; et les affections étoient si diverses,
que les uns minutoicnt leur retraite pour
éviter les rencontres malheureuses qu'ils
prcvoyoient devoir suivre un tel accident,
les autres, sous prétexte de la Religion pro-
testoient de ne pouvoir servir un Roy Hu-
guenot, etc.
L'expression semble familière à l'écri-
vain. 11 y revient plus loin, à propos des
combats devant Dieppe entre l'armée
d'Henri IV et celle du duc de Mayenne
qui fut repoussée :
Les Ennemis après avoir esprouvé la
valeur des armes du Roy, commençoient à
s'amollir, et plùtost ^minuter leur retraite,
qu'à songer à de nouvelles attaques, etc.
Nous n'avons pas trouvé dans les lexi-
ques cette expression imagée *< minuter
sa retraite » qui nous parait fort jolie.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1904.
61
62
Etait-elle propre à l'écrivain ? en connaît-
on d'autres exemples à citer ? La signifi-
cation que nous attribuons au mot '< mi-
nuter » est-elle la bonne? Nous le pen-
sons, mais sans le garantir.
Gros Malo.
Prôtérir, prétériter. — Certains
journaux étrangers qui prétendent savoir
très bien le français, se servent fréquem-
ment des mots prc'icritcr, préin-iti\ pour
dire omettre^ passé sons silence. J'avoue
que ces mots, qu'aucun bon dictionnaire
n'accueille, m'ont toujours paru être de
simples barbarismes. Le verbe latin prœ-
terire est formé, comme une série d'autres
de la même famille, de ite^ aller, et d'une
préposition : siibirc, pcriic^ etc. Ces der-
niers composés ont passé directement
dans notre langue : subir, périr .]t ne sais
^ou.X(\\io\prétcrir n'a pas eu la même for-
tune : le mot est bien formé, il sonne
bien, et il exprime une nuance que n'ex-
priment, par exemple, ni rayer .^ ni omettre.
et que passer sous silence ne rend qu'en
trois mots. On raie un nom sur une liste
pour cause d'indignité, d'illégalité ou
d'incompatibilité ; on l'omet par étourde-
rie, ou par négligenc^^, ou par mauvais
vouloir ; on le prétérite sans nulle inten-
tion désobligeante et, en général, d'accord
avec l'intéressé, et sur sa demande. Le
mot est donc utile et mérite qu'on le res-
suscite. Mais, alors, il faut l'écrire et le
conjuguer comme tous ses congénères ;
il faut dire prêter ir et non piélériter ;
nous pretérissons^^nous pi ciérirons (comme
on dit : nous périssons.^ nous subirons).^ et
non nous préléritons, nous prctériterons.
Qliant au participe prétérit.^ qui est resté
dans la langue, avec une acception spé-
ciale, il est barbare de le travestir en /i/-^-
/tV//^. Que pensent de tout cela les gram-
mairiens de y Intermédiaire ?
Paul.
« Etant donné ». — M. Paul Bourget,
dans la très intéressante thèse soutenue
par lui dans le roman : Un divorce, qu'il
vient de publier dans la Revue des Deux-
Mondes.^ écrit à la page 73=5 (iç juin
1904) : « étant donné ses idées sur la
moralité de Mlle Planât...... Le participe
doit-il rester invariable ? Ne faudrait-il
pas : étant données ? J- Lt.
Vénus ci; la femme à barbe. —
Dans l'ile de Chypre, un culte était rendu
à la Vénus barbue, Fenus harbata. Existe-
t-il des représentations de la déesse avec
le visage orné de poils ^ B.
Entrées gratuites. — je n'apprendrai
rien à personne, en rappelant que, dans la
plupart des niusic hall parisiens et autres
« établissements », les entrepreneurs de
cette lucrative industrie donnent leur en-
trée gratuite à certaines dames de moyen-
ne vertu, dont la beruité, l'élégance et
l'engageaiit sourire constituent une des at-
tractions les plus suggestives de ces lieux
de plaisir.
De quelle époque date ce quasi-privilè-
ge .? _
Je vois dans Y Aliiianach des spectacles
pour 1792 de Beffroi de Reigny, que le fa-
meux Nicolet, propriétaire du théâtre que
l'on sait «dormait leurs entrées aux filles».
Sir Graph.
Marie - Antoinette jugée par
Louis XVÎII. — M. Daudet a publié
dans la Revue des Deux-Mondes un mé-
moire inédit de Louis XVIII, sous forme
de lettre à un ami, contenant, prêtes à
être publiées, des « Réfiexions historiques
sur Alarie-Antoinette ». C'est un portrait
sym'pathique de l'infortunée reine, qui la
venge de la bassesse de bien des juge-
ments que la haine seule inspira. Mais
pourrait-on savoir où M. Daudet a fait
cette découverte, et quelle preuve il a de
l'authenticité du document royal ?
Evidemment il s'est informé, mais il
ne nous informe pas. Sa très-importante
découverte qui apporte une contribution
si précieuse et si neuve à l'histoire du
règne de Louis XVI, gagnerait à cet
éclaircissement.
Y.
Compositeu'i^s à retrouver (Suite).
(XLIX, 789 ; L, 10)
47 Ballo d'Armida ridotto a finale con
varie voci. Roma 1780.
48 Barilotto, intermezzi. Padoue, Théâ-
tre Obizzi, carn. 1714.
49 la Battagliadi Montaperti, fragment
d'un drame lyrique. Abaque nota.
50 Batto e Lisetta, intermezzi. Venise,
Théâtre St-Ange, carn. 1713.
(À Suivre).
N» 1046.
L'INTERMEDIAIRE
65
64
0H0e
Si À,
Quelle est la véritable Laure de
Pétrarque (T. G., 500 ; XLIX, 927).
— Adolt'o Bartoli, dans la partie de son
ouvrage relative à Pétrarque, conteste
seulement l'identification de la Laure de
Pétrarque avec Laure de Noves, identifi-
cation adoptée par la plupart des ouvra-
ges biographiques et des dictionnaires
depuis l'abbé de Sade.
Quant à la généalogie de la famille
de Sade, elle n'est pas, je crois, contesta-
ble. Les pièces originales l'établissant ont
été fournies en 17 18, l'abbé de Sade avait
alors 13 ans. Les copies et les traductiorls
existent dans les carrés ded'Hozier. On y
trouve le contrat ce mariage d'Hugues
de Sade du 6 Janvier 1325 avec Laure de
Noves, fille de feu Messire Audibert de
Noves, chevalier du lieu du Nouan, et
de dame Ermecende, la future reçoit
6.000 livres tournois d'argent du roi de
France.
Egalement le testament en latin de
dame Laure « des Noues », femme de
Messire Hugues de Sade, citoyen d'Avi-
gnon, par lequel elle nomme Hugues de
Sade le jeune son fils, Jacques, Pierre,
Jeannet et Audibert de Sade, aussi ses
fils, lesdits Pierre et Audibert, chanoines
de l'église métropolitaine d'Avignon et
elle fait des legs à Augière, Garcende et
Hermessinde de Sade, ses fils, soit donc
8 enfants vivants ; elle en aurait eu onze.
Laure de Noves mourut de la peste de
1 348 et fut enterrée dans l'église des
Cordeliers. Sa postérité est nombreuse
dans la noblesse de Provence, dans la
descendance des Sade et des d'Astoaud
de Murs.
Mais les ouvrages anciens, \\i Histoire
héroïque de Provence » d'Artefeuil, n'as-
socient jamais le nom de Laure de Noves
à celui de Pétrarque. Tous désignent,
comme ayant été l'inspiratrice du poète.
Une Laure de Sade, belle-sœur de Noves;
fille d'un second lit de Paul de Sade, père
d'Hugues le Vieux. Laure de Sade serait
née, en 13 14, dans le bourg de Sade, ce
qui lui donnerait une dizaine d'années de
moins que sa belle-sœur. Elle aurait été
élevée auprès de sa tante Etiennette Gan-
telmi, une des dames de la cour dlamour
du château de Romanil, Elle n'aurait pas
été mariée, serait morte le 5 juin 1348 et
aurait été enterrée également dans l'église
des Cordeliers.
C'est son tombeau
que François 1
er
et ou on aurait
de plomb, un
aurait fait ouvrir en 153,,
trouvé, dans un coffret
sonnet de Pétrarque.
Je n'ai jamais vu d'acte authentique la
nommant. Peut-être, dans la difficulté
d'établir historiquement son existence,
et la tradition disant que la Laure de Pé-
trarque était une Sade, l'abbé de Sade
a-t-il désigné Laure de Noves, qui semble
avoir dû être une mère de famille un peu
mûre quand Pétrarque l'aurait connue.
Je crois que la seule indication qui ait
servi de base aux suppositions faites jus-
qu'ici est une annotation attribuée à Pé-
trarque sur le premier folio d'un manus-
crit lui ayant appartenu, annotation di-
sant que Laure était morte en 1348 et
que son tombeau est dans l'église des
Cordeliers d'Avignon. L'authenticité de
cet autographe est même contestée.
E. DE LA L.
Saint Pierre à Rome (XLIX, 947).
— Je ne vois pas sans un peu d'appréhen-
sion, je l'avoue, poser cette question daris
V Intermédiaire ; elle est, en effet, de celles
qui suscitent non des réponses de fait,
mais des polémiques et facilement arden-
tes, puisqu'il s'agit de foi religieuse plu-
tôt que de vérités historiques. Sans doute
V Intermédiaire pourrait être une arène
ouverte aux discussions de cet ordre ;
mais la déjà longue pratique d'un journal
où j'ai commencé d'écrire encore jeune et
auquel je collabore vieux, une expérience
personnelle de l'inconvénient qu'ily a d'y
traiter certains sujets, la conviction de la
parfaite inutilité de tout ce que l'on peut
dire dans cet ordre d'idées, le sentiment,
enfin, de cette nervosité extrême qu'ap-
porte si facilement le Français d'aujour-
d'hui dans descontestationsbeaucoup plus
indifférentes, tout cela me fait plutôt
regretter la position d'une question inso-
luble en ce sens que toute démonstration
est impossible.
Pour moi, je considère la venue de
Pierre à Rome et sa mort sous Néron,
comme des faits suffisamment fondés
pour être acceptés par l'histoire, et c'était
l'opinion de Renan. Mais les preuves
r
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
îo Juillet 1904.
66
documentaires font défaut, et pas un
auteur paiyen ne fait allusion à la pré-
sence de Pierre à Rome. Ce n'est pas une
raison pour déclarer apocryphe la tradi-
tion de l'Eglise ; il n'y aurait guère de
faits admis si l'on était aussi exigeant en
matière de preuve. Puis il s'en faut que
nous possédions tous les témoignages
contemporains; ensuite on doit bien com-
prendre que Pierre n'a dû être à Rome
qu'un personnage très obscur, connu
seulement dans le monde des chrétiens et
dont l'apostolat, la condamnation et la
mort passèrent absolument inaperçus des
pouvoirs publics et de la haute société du
temps.
Il ne put être connu qu'au sein du
troupeau fidèle. Mais reconnaissons même
que les documents chrétiens contempo-
rains ou de peu postérieurs aux événe-
ments, manquent comme les autres. Je ne
crois pas qu'il y ait rien aux Catacombes
qui rappelle le souvenir de Pierre, ou du
moins je n'y ai rien rencontré de sem-
blable.
Tout de même étant données les condi-
tions de la preuve quand il s'agit des
origines lointaines, la venue et le séjour
de Pierre à Rome sont historiquement
très probables. Une chose certaine, c'est
que le Christianisme s'est rapidement dé-
veloppé au sein de cette bonne et honnête
population romaine des petites gens ;
or pour que se produisît un tel phéno-
mène historique, il a fallu, selon moi, que
la parole nouvelle fut prêchée par une
voix de grande autorité ; et il semble que
seule pût avoir une telle puissance celui
qui avait de si près approché le maître
lui-même.
Je viens d'écrire un mot qui a peut-
être besoin d'être expliqué, j'ai parlé de
la bonne et honnête population romaine.
Sans doute il ne faut pas être absolu, et il y
avait à Rome une plèbe très corrompue,
mais pour que le Christianisme se fit
dans le peuple un si grand nombre de
fidèles dévoués jusqu'à la mort, et quelle
mort ! il fallait bien que ces vertus qui
vont devenir les vertus chrétiennes, y exis-
tassent déjà, du moins en germe. Et je
pense au mot que Pascal prête au Christ :
« Tu ne me chercherais pas si tu ne
m'avais déjà trouvé ». D'une manière
générale, il ne faut pas juger la société
romaine à ses divers niveaux, par une for-
mule de condamnation sans merci ; il y
avait, et en nombre, de fort honnêtes gens
dans la Rome impériale.
Je conclus donc que l'évangélisation
de celle-ci par saint Pierre est un fait qui
peut être accepté en dehors de tout com-
mandement de la foi.
Un mot encore : oil a longtemps admis
que saint Pierre était ou avait été marié,
si bien qu'il aurait eu une fille martyre à
son tour, sainte Pétronille. Aussi dans
certaines représentations anciennes de la
Dormition de la Vierge, on voit un des
apôtres tenant un eiifant, ce serait
saint Pierre avec sa fille. Mais en icono-
graphie comme en histoire religieuse,
c'est une tradition abandonnée depuis le
XVI' siècle. H. C. M.
* *
Je n'ai pas lu l'ouvrage indiqué par la
question, mais voici quels sont les argu-
ments qu'on peut faire valoir en faveur
de l'affirmation que jamais saint Pierre
ne serait venu à Rome où il aurait occupé
pendant vingt-cinq ans le siège pontifi-
cal.
Il faut laisser de côté la chaire où aurait
prêché saint Pierre, le père Tillemont, le
cardinal Baronius et d'autres catholiques
romains ne cachent pas leurs doutes sur
son authenticité. De même les colonnes
où il aurait été flagellé. Découvertes eh
1563, elles ont été reconnues appartenir
aux ruines du mausolée de Scipion l'Afri-
cain. De même la prison Mâmmertineqûi
ne servait qu'aux condamnés politiques.
Quant aux endroits où aurait eu lieu la
crucifixion, on en montre plusieurs à
Rome.
Reste l'autorité des Pères.
On a invoqué le témoignage du pape
Clément (épit. aux Cor. V), mais il man-
que de précision. Il ne dit pas que saint
Pierre est mort à Rome.
On cite saint Ignace, au commence-
ment du second siècle, mais l'authenti-
cité du passage invoqué est contestée.
Saint Denis dit bien, d'après Eusèbe
{Hist. ecclés. liv. 11,25) '^^^ saint Pierre et
saint Paul ont planté ensemble l'église de
Corinthe, qu'ils ont prêché ensemble en
Italie et souffert ensemble le martyre.
Mais il y a une grave erreur dans le
témoignage de saint Denis, l'église de
Corinthe a été fondée par saint Paul seul.
On cite encore un fragment de la prédi-
N* 1046.
L'INTERMÉDIAIRE
67
68 -
cation de saint Pierre à Rome rapporté
par saint Cyprien. C'est une erreur, il se
trouve dans le traité/)^ non itcrandoBap-
tisino, qui n'est pas de saint Cyprien.
Saint Irénée (adv. Hœres. III. i.) et
Tertullien (Prœscnp. 30), deux cents ans
après les événements, placent le martyre
de saint Pierre à Rome, et selon eux il
aurait été subi sous Néron, en l'an 66. Si
l'on déduit de ce nombre les vingt-cinq
années du pontificat de l'apôtre, on peut
dater de l'an 41 son arrivée à Rome. Or,
c'est de cette année ou même de l'an 43,
que date la persécution d'Hérode, et saint
Pierre était à Jérusalem.
En effet, les Actes des Apôtres portent :
Le roi Hérode se mit à persécuter quelques-
uns de l'Eglise. Il fit mourir par le olawe
Jacques^ frère de Jean. Et voyant que cela
plaisait aux Juifs., il fit aussi prendre
Pierre .
D'un autre côté, on place la mort de la
Vierge Marie en 43 et le cardinal Baronius
(^Annalcs^ an 43) dit que tous les apôtres
étaient auprès d'elle, sauf Thomas qui
arriva trois jours en retard.
D'autre part, les Acfes des Apôtres ra-
content que l'empereur Claude avait or-
donné à tous les juifs de sortir de Rome.
Ce décret fut très rigoureusement appli-
qué jusqu'en l'an 47. Saint Pierre, en tant
que Juif, ne pouvait donc s'asseoir en-
core sur le trône pontifical.
Il était à cette époque à Babylone, d'où
il écrivit sa première épitre vers l'an 45.
On objecterait en vain que lorsque
saint Pierre dit: V Eglise qui est dans Baby-
lone élue comme vous et Marc, mou fils.,
vous saluent, on doit entendre la ville de
Rome d'où l'Apôtre aurait écrit.
iMais ce serait un anachronisme, car
Rome n'a été désignée par l'épithète de
« Grande Babylone» qu'après l'apparition
de r/3(/)0(;^/);/)5t! de saint Jean qui date de
la fin du premier siècle.
Saint Paul est arrivé à Rome à la fin
de l'an 60, ou au printemps de 61, après
la captivité de Césarée. Il a dû y trouver
saint Pierre qui y était venu au moins
après l'édit de Claude. Or, quand saint
Paul écrivit de Corinthe son épitre à l'E-
glise de Rome vers l'an 58 ou 59, il ne
fait pas saluer saint Pierre, ce qui ne
peut être un oubli puisqu'il cite par leurs
noms 27 membres de cette Eglise (Ep.
aux Rom. 16).
Quand saint Paul est prisonnier à Rome,
il reçoit pendant deux ans la visite des
frères chrétiens : celle de Pierre n'est
jamais mentionnée {Actes 28-15 ^ 3 0-
Prisonnier de Néron, près de mourir,
saint Paul écrit à Timothée que les prin-
cipaux de l'Eglise l'ont abandonné :
Luc seul est avec uioi., dit-il (II Tim IV.
1 1). Il savait cependant quel était l'évèque
de Rome à ce moment.
C'était Linus de la part de qui Paul
avait déjà salué Timothée dans une épi-
tre.
Au surplus, Eusèbe [Hist. eccl. llî. 2)
et Irénée(lll,5.3)disent : Les saints apôtres
Pierre et Paul ont fonde l'Eglise et remis à
Linus la charge d'cvéque. C'est lui qui fut
le premier èvcque auquel succède Anacle-
tus, puis, en troisième lieu Clément.
Qiiant à l'objection qu'on pourrait faire
des difficultés qui avaient existé entre les
deux apôtres et expliqueraient le silence
de saint Paul, saint Pierre y répond ainsi:
Croyc:^ que la longanimité de Notre Sei-
gneur est un moyen de salut comme notre
très cher frère Paul lui-même' vous l'a écrit
selon la sagesse qui lui a été donnée. (II,
Pierre, 3-15).
Enfin, serait-il naturel d'admettre que
saint Pierre qui avait pour mission rf'A'fl//-
géliser les nations se fût immobilisé vingt-
cinq ans dans la Ville Eternelle?
Il semblerait vraisemblable d'admettre
qu'il n'a pas quitté l'Asie.
Paul Argelès.
Qu'est devenu le cercueil du
cardinal de Retz(XLIX, 721, 905). —
La Galette anecdotiqne s'est occupée de
cette question autrefois. On trouve dans
son numéro du 15 janvier 1888, la note
et la lettre suivante :
En faisant des recherches, il y a plus de
vingt ans, dans les caveaux de l'église abba-
tiale de Saint-Denis, nous avions aperçu, relé-
gué dans un coin obscur, un long cercueil de
plomb, sans inscription. Après renseigne-
ments pris, nous dûmes conclure que ce cer-
cueil ne pouvait être que celui du cardinal de
Retz qui avait échappé en 1793 aux fureurs
des violateurs des tombes royales. Notre ami
Chantelauze, qui vient de mourir, et qui était
l'écrivain le plus autorisé du cardinal de
Retz, était alors à Lyon. Nous lui fîmes part
de notre découverte, et il nous répondit par
la lettre suivante, que nous retrouvons dans
nos papiers, et qui est demeurée inédite.
DES CHERCHEURS ET CORIEUX
69
20 Juillet 1904,
70
Lyon^ le 5 mai 186S,
— Mon cher d'HeylliJe leçoisetje lis avec
bien de l'intérêt les curieux renseignements
que vous me donnez sur !a découverte faite,
il y a trois ans, à l'abbaye de Saint-Denis,
d'un cercueil en plomb dans lequel on sup-
pose que se trouve le corps du cardinal de
Retz. Le lieu où vous me dites que l'on a
trouvé ce cercueil, qui aurait éciiappé ainsi
aux insultes des terribles croque-morts de
93, me semble, en effet, désigné dans le
grand ouvrage de Corbinelli. Vous savez qu'il
a publié, quelque temps après la mort de
Retz, une ample généalogie des Gondi. Or,
on lit dans cet ouvrage, à propos des funé-
railles du cardinal, qu'il fut enterré à Saint-
Denis, « hors le chœur, proche la grille de
fer qui le ferme, et près le grand pilier de la
croisée, vis-à-vis du tombeau de François !'='"».
— Vous me dites aussi que ce cercueil ne
porte aucune inscription, ce qui serait éton-
nant, surtout pour un te! personnage. Cela
est cependant très bien explicable: en effet,
les ministres de Louis XIV, lorsque Retz fut
mort,détendirent que l'on rappehàtla mémoire
du défunt par des inscriptions, et encore
moins par des monuments.
— Enfin, si le cercueil n'a pas été trouvé en
93, malgré l'acharnement qu'y mirent, sans
nul doute, les carmagnoleuxqui le cherchaient,
c'est que le roi exigea qu'il fût enfoui beau-
coup plus profondément que les autres sous
le sol, et même dans le plus grand secret.
D'ailleurs, remarquez bien que le rapport du
bénédictin dom Poirrier, que vous reproduisez
dans votre histoire des tombeaux de Saint-
Denis, et qui donne en détail le récit de
l'extraction de chaque cercueil des rois et de
personnages qui étaient inhumés dans l'abbaye,
ne dit pas un seul mot du cercueil de Retz, ce
qu'il n'eût pas manqué de faire pour un aussi
fameux personnage, s'il eût alors été retrouvé.
— Le cercueil que les travaux exécutés
dans l'abbaye ont fait mettre à découvert
il y a trois ans, est donc probablement ce-
lui de Retz. Mais, mon cher ami, cela de-
mande un examen sérieux, et la conviction
définitive ne pourrait être faite qu'au
moyen de l'ouverture du cercueil. Je con-
nais assez M VioIIet-le-Duc pour pouvoir
lui demander un avis d'abord, puis une
constatation, (1) si elle est possible. Je le
ferai à mon retour de Lyon, car vous savez
à quel point tout ce qui touche à Retz me
tient au cœur. Donc, lorsque je serai re-
renu, je vous prierai, avant tout, de m'ac-
(1) Cette constatation n'a jamais
faite, et le grand cercueil de plomb,
repose hypothétiquement le cardinal,
toujours sur le sol du caveau où nous
vons vu pour la première fois en 1868.
ete
où
gît
compagner à Saint-Denis pour me mon-
trer cette relique qui, à coup sûr, n'est pas
celle d'un saint !
-• Adieu, mon cher ami, et merci de la
communication du mémoire de M. Topin
sur Retz (i), il contient des points de vue
ingénieux, et méritait le prix qui lui a été
attribué. Rappelez-moi aussi au bon souve-
nir de M. et de Mme Roger quand vous
les verrez. « Votre affectionné ».
Chantelauze.
Dans le n° du 30 avril 1888, nouvelle
lettre de M. de Chantelauze.
A M. Georges d'Heylli,
Paris, le 4 août 1S69,
Mon cher ami.
Ainsi que j'en avais l'intention depuis
longtemps, j'ai fini par aller trouver M.
Viollet-le Duc au sujet de notre fameux
cercueil de Retz ; mais il paraît qu'il était
dans la destinée de ce personnage considé-
rable et singulier d'échapper jusqu'après sa
mort aux investigations de l'histoire.
M. Viollet-le-Duc, qui dirige cependant
en chef les travaux de Saint -Denis, ne m'a
pas semblé bien comprendre ce dont je
venais lui parler. Il m'a eu l'air de ne se
souvenir que très vaguement qu'il y»eût un
cercueil de plomb déposé dans le petit
caveau royal de la crypte (2), et il n'a ja-
mais entendu dire que ce fût plutôt celui
de Retz que celui detoutautre personnage.
Je lui objectai alors qu'il serait bien facile
d'établir la vérité sur ce point en faisant
ouvrir le cercueil. A 'ce mot, ce grand
architecte a bondi de toute sa hauteur. Je
lui proposais là une choseabsolument inat-
tendue et qui n'était pas de sa compé-
tence.
Comme architecte, il se bornait à res-
taurer, et voilà tout. Mais ouvrir, ou faire
ouvrir un cercueil, celui lui semblait devoir
(i) Le Cardinal de JRel~, son génie et ses
écrits, mémoire, par Marins Topin, qui a
obtenu le prix d'éloquence à l'Acad. franc.,
le 23 juillet 1S63 .
(2) Ce caveau est situé à gauche du ca-
veau royal, qui contient les restes de Louis
XVHI, de Louis XVI, de Marie-Antoinette,
du duc de Berry, etc.. On y plaça, sous
la Restauration, tout ce qu'on retrouva
d'ossements des rois et des reines jetés
pêle-mêle dans la fosse commune de 1793.
Des plaques de marbre, encastrées dans la
muraille, portent les noms des personnes
royales et autres qui sont là, ou qui du
moins sont supposées y être. Ce caveau
est tellement étroit que le cercueilen ques-
tion le remplissait tout entier, et qu'il était
nécessaire d'y monter pour lire les noms
gravés sur les deux murailles.
N" 1046.
l'INTERMHDlAîRE
être plutôt du ressort du Chapitre de Saint-
Denis, sur l'autoritc duquel il ne se croyait
pas le droit d'empiéter. 11 nie recommanda
même d'aller voir à ce propos un abbé,
membre dudit chapitre, M. Jacquemet, qui
possède ù fond son église t.bbatiale et qui
a même publié un livre sur les tombeaux.
11 se trouva que, précisément, cet abbé,
chez lequel ie m'en fus aussitôt, était le
frère d'un ancien grand-vicaire de l'arche-
vêque Alïre, que j'avais connu dans ma
jeunesse, et qui est devenu évoque de Nan-
tes, je crois. Cet abbé Jacquemet me parut,
en effet, savoir beaucoup ds choses, hor-
mis cependant celle qui m'intéressait. 11 me
parla longuement des travaux de restaura-
tion de l'église, de l'abaissement du sol
qu'on lui faisait subir, du chœur d'hiver
des chanoines qu'on voulait supprimer, ce
qui l'enrageait fort ; mais, en réalité, il ne
savait pas le premier mot de ce dont je
venais lui parler.
Il paraît donc, mon cher ami, que le
cercueil de la crypte n'intéresse personne
de ces messieurs, et qu'il leur importe peu
qu'on y trouve ou qu'on n'y trouve pas ce
qui peut rester du cardinal de Retz. Car
remarquez bien que Retz ne fut pas em-
baume, — et cela par ordre de la Cour, —
qu'on procéda à ses funérailles nuitamment,
et en quelque sorte en cachette, tant on
redoutait encore l'influence du personnage,
même après sa mort. J^Ialgré tout, Retz fut
mis en son cercueil revêtu de ses orne-
ments sacerdotaux ; sa mître, sa crosse
peut-être, doivent se trouver auprès de lui.
La constatation du fait serait donc des plus
intéressantes, mais il paraît qu'il faut yre-
noncer. Le chanoine Jacquemet, à qui m'a-
vait renvoyé M. VioUet-le-Duc, m'a, à son
tour, renvoyé à M. VioUet-le-Duc lui-
même. « C'est lui seul qu'une semblable
initiative concerne ! » me répondit l'abbé.
De telle sorte, mon cher ami, que je ne
suis pas plus avancé qu'au premier jour, et
qu'à moins d'un ordre très supérieur, le pau-
vre cardinal, — si tant est que ce soit lui, —
continuera à être foulé aux pieds dans sa chape
de plomb par les visiteurs de la crypte, —
, supplice mérité, d'ailleuis, et que Dieu lui-
même lui a peut-être infligé dans sa suprême
justice.
Je ne veux cependant pas perdre tout espoi''
de tirer cetle affaire au clair. Quand vou^
serez de retour, nous en conférerons de nou-
veau ; il doit y avoir, me semble-t-il, quel-
que moyen pour obliger cet architecte, si émi-
nent qu'il soit, à faire ouvrir le cercueil que
nous supposons recouvrir les restes d'un per-
sonnage, lequel, malgré ses vices et son esprit
de duplicité et d'intrigue, était de beaucoup
plus éminent que lui ! Ceci soit dit sans vou-
loir diminuer les grands mérites de JM.Viollet-
le-Duc ; mais enfin il n'a pas encore écrit les
Mémoires du cardinal de Retz. Je lui en veux
un peu à cet architecte, je l'avoue, et vous le
voyez à mon aigreur ; mais, malgré tout, je
ne me tiens pas encore pour définitivement
battu . .. Chantelauze.
Edit de Henri ïï (XLIX, 833, 959).
— La France Médicale, dans son numéro
du 25 avril 1903,61 le Bulletin de la So-
ciété française de F Histoire de la Méde-
cine, dans son fascicule 2-3 de la même
année, ont publié un document commu-
niqué par M. le P'' R. Blanchard qui ren-
seignera de la façon la plus complète no-
tre collègue Boiscarnus sur l'Edit de
Henri II. {Interm. (XLIX, 833).
Ce document est, en effet, la reproduc-
tion en fac-similé du Mandement de Mgr
Vévêque d'Aiixerre pont la publication de
V Edit du Roi Henry II, contre les femmes
et files qui recèlent leur grossesse et leur
enfantement (15 octobre 1710).
Et ce mandement (rédigé en vertu de
l'ordonnance de 1708) contient justement
redit d'Henri II de I756.
Notre collègue aura donc ainsi, dans
une même pièce, les deux réponses qu'il
cherchait. D' Albert Prieur.
Télégraphie à coups de canon
sous Louis XV (XLIX, 893). —Notre
collaborateur A. Dieuaide me permettra
de lui faire remarquer que si sa télégra-
phie à coups de canon est historique, ce
dont je ne me doute pas, les résultats,
tels qu'ils sont consignés dans Mercier,
tendraient à faire supposer qu'ils ont été
observés plutôt à Tarascon qu'à Stras-
bourg. En dépit de la célèbre observation
du capitaine Parry, il faut bien admettre
aujourd'hui que la transmission du son
par l'air est. à une température moyenne,
d'environ 340"-' au plus ; la transmission
simple sur 400.000 mètres serait donc en
secondes de 400.000/340, soit de 118
secondes. Comme d'un autre côté, il n'est
pas possible que les artilleurs soient res-
tés, pendant des heures, dans la position
que nos correspondants militaires défi-
niraient « sous le commandement Garde
à vous », un minimum de 10 secondes
par pièce est à compter comme retard de
manœuvre, soit 250 secondes en totalité
qui, additionnées aux 118 secondes précé-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1904
jy
74
dentés, fournissent bel et bien un minimum
de temps de 6 minutes, 8 secondes. Enfin
je ne vois pas très bien comment 2 5 canons
suffirent à diviser un espace de cent lieues,
en 25 fractions de 4 lieues ou même d'une
longueur quelconque, du moment que,
comme l'expose le texte cité, arrivée et
départ sont comptés dans ces canons, et
m'est avis que 26 étaient nécessaires. A
part ces regrettables particularités, je ne
vois aucun inconvénient à ce que le fait
soit autiientique. El Kantara.
Combat de Bossut (XLIII, 519,
682, 779, 891, 936, 993). — En octo-
bre 1793, jourdan marchait à la déli-
vrance de Maubeuge dont sa belle vic-
toire du 16, à Watignies, devait abso-
lument briser le blocus. Le général Elie,
un simple fusilier qu'on porta aux hon-
neurs suprêmes pour la part qu'il avait
prise à l'assaut de la Bastille, eut ordre
de seconder Jourdan par une diversion
faite sur sa droite. Son entrée en campa-
gne fut, le 10 octobre, une attaque san-
glante à Bossut-lez-Walcourt, l'irrup-
tion dans Chimay, le lendemain ; le
rejet de Benjowsky hors de Silenrieux.
Mais le is, Benjowsky prenant sa
revanche, battait son adversaire à Bossut
lez-Walcourt même, et le ramenait en
désordre dans les murs de PhilippeviUe.
Elie, relatant la conduite piteuse de ses
troupes, écrivait à la Convention : «J'en
pleure de rage ! »
Ce qui ne l'empêcha pas d'être envoyé
en disgrâce à Verdun, huit jours plus
tard.
Le village de Bossut fut donc le théâtre
de quatre combats : 24 août 1689 ; 10
oct. 1793 ; 15 oct. 1793 ; 26 av. 1794.
HiSTOR.
Education patriotique (XLIX, 721).
— Je lis dans Une famille vendéenne pen-
dant la grande guerre a jç^j-z^j^^ (Mémoi-
res d'un père à ses enfants) par Bouttillier
de Saint-André (Pion, 1896) p. 251 ;
Au nombre des gens de sa suite (du gé-
néral Huchet) qui restèrent avec nous, je
reconnus un entant de mon âge avec le-
quel j'avais étudié au collège : il était de
Cholet et se nommait Brosseau, Huchet
avait fait fusiller son père le matin et il
avait gardé le fils pour en faire son domes-
tique. Il comptait sur la fidélité d'un enfant
qu'il avait rendu orphelin. Quelle idée
il avait de sa lâcheté ou de la bassesse de
son âme !
Alpha.
Le comte de Provence et l'émi-
gration (XLIX, 946). — On peut consul-
ter aux archives du ministère des affaires
étrangères le fonds Bourbon ; aux Ar-
chives nationales les immenses dossiers
sur les émigrés et les dossiers de police ;
à Chantilly les correspondances des
princes pendant l'émigration.
Voilà les trois principales sources à
signaler à première vue.
Un rat de BlBLIOTHÈaUE.
Date de naissance de Napo-
léon r' (XLIX, 501, 568, 632,974).
— M. Marcellin Pellet, toujours si bien
documenté, me semble avoir parfaite-
ment résumé la question dans son article
sur le général Bonaparte (yariétés révolu-
tionnaires^ t. I, p. 269, Paris, in- 18°, Fé-
lix Alcan 1885). Les biographes officiels
font naitre Napoléon, un an après Joseph,
le 15 août 1769. Il est plus probable qu'il
naquit à Corte, le 7 janvier 1768, et qu'il
fut le premier enfant de Charles et de
Lœtitia. Cinq documents publiés établis-
sent cette date, tandis qu'un seul indique
le 15 août 1769. Et Napoléon lui-même
écrivit à Paoli : « Je naquis quand la pa-
trie périssait ; trente mille français vomis
sur nos côtes... tel fut le spectacle
odieux qui vint le premier frapper nos
regards. » S'il était né le 15 août 1769,
fait observer M. Pellet, Bonaparte n'au-
rait pu parler des combattants, ce qui
n'est pas le cas, étant né en janvier 1768.
Pourquoi cette supercherie ? En voici
l'explication très vraisemblable. Les
Ecoles militaires, sous la monarchie, ne
recevaient des élèves qu'au-dessous de
l'âge de dix ans ; quand, en 1779, Char-
les Bonaparte obtint une bourse à Brienne
pour l'un de ses fils. Cette bourse ne
pouvait revenir qu'à celui de ses enfants
né en 1769. Mais Joseph n'avait aucune
disposition pour l'état militaire, et les
états civils des deux enfants furent échan-
gés. Henry Lyonnet.
*
Ilestdifficile de concilier lessuppositions
de M. X. avc'" le document ^uiy^nî, pu-
N» 10^6
L'INTEP.MEDIAIRE
75
76
blié par M. Saffroy dans son catalogue n"
33 :
23^06^/3' Napoléon i"'. Lettre aut. sign.
de Louis Kelleimann, officier au service de lu
France, à son frère le célèbre Général. Ce 2
may, 3 pag. 1/2 in-4. (Epoque de la Restau-
ration). 40 fr.
Lettre pleine d'intérêt sur les auteurs des
jours de Napoléon i^r et sur l'époque de la
naissance du grand honinie de guerre, fort
controversée. Kellermann faisait partie de
l'Expédition de Corse au printemps de 1768.
Charles-Marie Bonaparte fut fait prisonnier
dans la Biera de la Rocca, amené à Ajaccio et
confié à un corps de garde ainsi que Lcçtitia
qui arriva au bout de peu de temps.
Kellermann était lié d'amitié avec l'ex-offi-
cier genevois Fœscli et sa femme qui lui re-
commandèrent les prisonniers. Kellermann
avait la consigne, sous prétexte de suspicion,
de ne les laisser communiquer entre eux. (Ils
avaient eu deux enfants en peu de temps).
Laissons-lui la parole : « Il (Bonaparte) me
plut au premier apore, c'était un belle homme
de l'esprit et un bon vivant, sa femme était
belle dame et extrêmement interessande Elle
avait deux Enfants dont l'un à son sin que je
présume être l'Empereur de France.... Je vous
assure que je me doutais pas de porter quel-
quefois un Empereur de France sur mes pras
et consollerson père et maire. »
Kellermann resta peu en Corse, il fut
rappelé au bout de quelques mois. Il par-
le donc de 1768 et non de 1769. Sy.
Les chevaux de Napoléon 1"'
fXLlX, 945). — On peut consulter, à cet
égard, la préface du catalogue de l'expo-
sition de la Révolution et de l'Emnire,
1895, 8°.
On peut consulter aussi la série O- aux
Archives nationales, service du grand
écuyer.
Quant au cheval actuellement au mu-
sée de l'armée, il peut avoir servi à Na-
poléon ; il est couleur Isabelle, et petit,
du genre des chevaux que montait Napo-
léon. Le fait qu'il lui ait appartenu n'est
donc pas invraisemblable, mais rien ne
vient toutefois apporter une preuve à cette
assertion.
Un rat de bibliothèque.
♦ ♦
Mon grand-père, Pierre de G**, habi-
tait le château de Moissy-Moulinet dans
la Nièvre : un brave homme des environs
lui devait 200 fr.et se faisait tirer l'oreille
pour les rembourser ! Ma grand'mère,
née de Sermizelles, décida un jour son
mari à monter à cheval et à aller réclamer
la somme due.
Pas moyen d'amener le bonhomme à
lâcher son argent, mais il offrit à la place
un cheval de race, maigre et décharné,
dont il avait fait l'acquisition quelques
jours avant : ce cheval avait porté l'em-
pereur pendant la campagne de Russie !
Il y avait en outre tout le harnachement
et la selle avec le manteau. Mon grand-
père n'hésita pas: il donna reçu des 200 fr.
et revint triomphalement à Moissy, avec
son impérial coursier.
je ne crois pas qu'il ait été félicité par
ma grand'mère, mais il lui dit : « Ce
clieval a porté un graiid liomme dont le
nom restera dans l'histoire : je veux con-
server sa selle et son manteau et qu'on
soigne sa monture. »
Le cheval est mort longtemps après à
Moissy, mais la selle et le manteau, qui
auraient fait si bien dans ma collection
napoléonienne, que sont-ils devenus ?
je crois que, dans leur enfance, mon
père, ses frères et sœurs s'en servaient
quelquefois comme d'une tente qui met-
tait à l'abri de la pluie la bande jO}'euse.
L'anecdote ci-dessus m'a été racontée
par mon oncle, l'abbé de G**, le vénéra-
ble curé de Vauclaix, mort chanoine de
la cathédrale de Nevers.
La Guesle.
Le lion de ^A^aterloo en 1832
(XLIII ; XLIV ;XLVI1 ; XLVIII, 32). —La
Ga;ietie de Bruxelles {2g juin 1904) pu-
blie ces lignes:
Bien que l'on eût tant parlé et tant écrit
au sujet du lion de Waterloo, la naissance de
cet animal célèbre était restée entourée d'un
certain mystère. Qi^iels ont été ses parrains,
qui a fait les frais de son élévation — nous
allions écrire élevage, — les gens de l'épo-
que le surent sans doute, mais on oublia dans
tous les documents et ouvrages relatifs au
monument, de transcrire ce renseignement.
II y a quelque temps, V Intermédiaire des
chercheurs et curieux ouvrit une enquête sur
ce problème. On trouva que le projet du mo-
nument fut adopté par le gouvernement des
Pays-Bas vers la fin de 1819, que la butte
fut commencée en 1824 et que le lion, coulé à
Seraing avec de la fonte de fer ordinaire, fut
hissé sur son piédestal le 28 octobre 1820.
C'est tout. Il n'y eut même dans les journaux
de l'époque nulle trace d'une cérémonie
d'inauguration.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
II
78
20 Juillet 1904,
Le problème s'est donc piésenté tout entier
à propos de la cérémonie d'hier, et les lecher-
ches faites yiar les plus fins limiers dans toutes
les bibliothèques et archives faillirent rester
infructueuses. Des gens doués d'un flair spé-
cial fouillèrent d'innombrables bouquins et
documents sans trouver le moindre indice.
On peut dire que ce n'est pas le côté le moins
curieux de l'histoire de la célèbre bataille et
du monument qui a donné lieu à toute une
littérature !
On désespérait donc quand, enfin, on trou-
va la clef du mystère. Ce fut dans les Annales
parlementaires du royaume des Pays-j3as oii
l'on découvrit au budget extraordinaiie de
•817-1818 un crédit de 500,000 florins pour
l'érection du fameux monument. A la ques-
tion d'un membre d'une section — il y en
avait déjà d'indisciets alors — le gouverne-
ment déclara que ce travail répondait à un vœu
des puissances alliées, mais que, par un sen-
timent de dignité bien compréhensible, le
gouvernement néerlandais tenait à en faire
les frais.
Et maintenant, chercheurs et curieux, dor-
mez en paix...
Le collier de la Légion d'honneur
(XLIX, 951). — je connais un de ces
colliers datant du premier empire : il
appartient au prince de Wagram.
De plus, le O de Reviers a publié dans
la Sahrclachc une étude sur les insignes
de la Légion d'honneur, et Frédéric
Masson a réuni des notes sur l'idée de
Napoléon pour la conception des dessins
des seize médaillons.
Il existe aussi un collier du second em-
pire chez M. Raimbaud.
Un rat de BIBL'.OTHÈdUE.
Le riz, ration militaire (XLIX,
785, 975). — Da"s son très remarquable
ouwx^gQ Le soldat impérial, (Pion), M.Jean
Morvan a consacré un long et documenté
chapitre à l'alimentation de l'armée, sous
le premier Empire.
On voit le riz entrer dans l'alimenta-
tion.
A Barcelone, Duhesme saisit les grains
des négociants, .s c'est dans tel pays où ses
troupes ont presque toujours reçu des lé-
gumes et du ri{... ».
A peine entrée en Portugal, elle (l'armée)
ne voit que villes, villages, hameaux déserts,
à tel point que Masséna ne trouve aucun
guide. Cependant l'extrême fertilité du
pays, l'abondance des vins, celle des fruits
et des plantes potagères offrent beaucoup
de facilités d'existence au soldat qui, d'ail-
leurs, a du biscuit et du ri^ dans son sac,.«
Page 419 ;
Dans la Prusse orientale, nous voyons
le riz entrer dans l'alimentation comme
ration normale :
Comment, écrit M. Jean Morvan, arrêter
la Garde qui cependant absorbe tous les
soins de l'administration, réduite, dès le 20
iuin, à 360 grammes de pain, 150 de farine
et 50 de rii par homme... pp. 439.
Napoléon demande du r/{, substance qui
fournit beaucoup de nourriture dans un
petit volume et qui arrête la dyssenterie. ..
P- 434.
Enfin, nous voyons Napoléon faire, à
ce point état du riz, qu'il écrit à Daru :
« I^lon année n'est point nourrie : vingt
quatre onces de pain, une de riz, huit de
viande sont insuffisantes pour le soldat. Les
règlements de tous les temps accordent en
ouerre 28 onces de pain, plus les pommes
de terre et les légumes qu'elle peut se pro-
curer dans le pays, aujourd'hui vous ne
donnez que 7 onces de pain, 3 de riz et 8
de viande, aucune discipline ne pourra em-
pêcher le soldat d'abattre des bœufs autant
qu'il en trouvera, et cependant la viande
nous manquera plutôt que le pain. Les 3
onces de riz doivent être supprimés aujour-
d'hui. Les troisième, cinquième, onzièn-ie
corps sont réduits à 8 onces de pain depuis
cinq jours., . »
Ces citations suffisent à démontrer que
le riz entrait dans l'alimentation réglemen-
taire du soldat sous Napoléon V\ Y.
Le riz était compris dans la ration nor-
male du soldat en temps de guerre, lors
de la campagne de Russie ; depuis long-
temps déjà, il entrait dans sa composi-
tion.
La loi du 21 juillet 1793 fixe la ration
à 28 onces de pain, 8 de viande et une
once de riz ou deux de légumes secs.
Le 21 novembre 1805, à Vienne, la ra-
tion est de 38 onces de pain, une demi-
livre de viande, quatre onces de riz ou de
lé"-umes secs et une demi-bouteille de
"o
vin
Le 20 juin 1812, la ration est fixée à
12 onces de pain, 5 onces de farine, 1 once
de riz.
Enfin, le 11 juillet 1812, àWilna, l'em-
pereur détermine ainsi le taux de la ra-
tion :
Une 1/2 ration de pain, 2 onces de riz,
N* 1046
L'INTERMEDIAIRE
79
80
I livre de viande. En outre, il décide que
toutes les troupes devaient, avant de par-
tir, prendre 8 jours de pain et de riz.
Dans ces conditions, la question que
Napoléon pose à Rapp, sur le champ de
bataille de la Moskowa, se conçoit facile-
ment. E^ Q
*
¥ *
Les troupes françaises ont fait emploi
du riz en temps de guerre, et en route
depuis Louis XIV, comme le témoigne
\ Encyclopédie {Ct 1738).
Louvois avait conçu le projet de faire
délivrer aux troupes de la poudre ou
farine de riz, à raison de 2 onces par
homme, parce que le transport en est
plus facile que celui du riz en grain.
Dans la guerre de 1741 et dans celle de
Sept Ans, on distribuait, tous les vendre-
dis, 2 onces de riz à chaque soldat, en
remplacement de viande, parce que les
troupes ne faisaient pas gras ce jour-là.
D'après le règlement du 5 avril 1792
et l'instruction du 13 février 1797 sur les
subsistances, le riz était devenu l'objet
d'une fourniture fixe, accordée même aux
officiers, mais à diverses reprises, sus-
pendue ou rétablie.
^ Pendant les guerres du Consulat et de
l'Empire, le riz était distribué aux trou-
pes. Il en fut de même lors de la campa-
gne d'Espagne en 1823 et depuis la con-
quête de l'Algérie.
DÉSIRÉ Lacroix.
*
* *
Dans l'armée du Nord, sous le géné-
ral Faid'herbCj tout le monde recevait
une ration de riz. pendant la guerre 4e
1870. C'était meilleur et plus léger à
l'estomac que le biscuit, et délicieux avec
du lard, des œufs ou du sucre, ou encore
avec du chocolat. D-- Bougon.
♦ *
Sous le premier Empire, le riz entrait,
comme le sel, le pain, etc, dans l'alimen-
tation du soldat. En effet, dans les Mé-
moires du capitaine During, aide de camp
du général Rapp, on lit que, pendant le
siège de Dantzig, en 1813, on forma,
pour suppléer au défaut des combattants,
un corps de non-combattants, commis
aux vivres, etc.. commandé par l'inspec-
teur aux vivres Reybaud, et que ce corps
fut nommé plaisamment « le bataillon riz-
pain-sel ». \)r y^_ T^ Vercqutre.
Les sous-marins en 1859 (XLIX»
838, 974). — En étudiant la guerre de
Crimée et celle d'Italie, j'ai bien trouvé,
dans les différents papiers du ministère
de la guerre et dans ceux du ministère de
la marine, des propositions de toutes sor-
tes, les unes comme celle de l'amiral
Boiiet-Willaumez, tendant à faire boucher
la passe de Sébastopol avec des vieux ba-
teaux chargés de pierres — très-rationnel-
les, puis d'autres invraisemblables parais-
sant émaner de fous, mais je n'ai trouvé
aucune trace de propositions de sous-ma-
rin? ; je n'ai pas vu trace non plus du nom
de Viileroy : mais M. J. G. Bord pourrait
s'adresser à M. Bertin qui l'édifierait cer-
tainement. Germain Bapst.
* *
je remercie le collaborateur E. M. de sa
très exacte rectification, dont je me dou-
tais d'autant plus que la lettre de M. de
Viileroy ne contient pas que cette inexac-
titude. Ce qu'il serait intéressant de sa-
voir,c'est de connaître la valeur de la dé-
couverte de M. de Villeroi. les suites
qui lui furent données, et les résultats
obtenus .f'
M. de Villeroi n'était peut-être qu'un
rêveur ; ce genre de poëte se rencontre
quelquefois dans le monde des inventeurs.
J. G. Bord.
G., 219;
ans cette
Coiffure au Bec Noir (T.
XLIX, 262). — Depuis trente
question reste sans réponse dans Y Inter-
médiaire, bien qu'elle ait été posée deux
fois, et tout récemment encore par notre
distingué collaborateur A. S..E.
Citant une page charmante de madame
de Brancas, Sainte-Beuve avait écrit né-
gligemment : « Le bec noir est un détail
de toilette qui demanderait tout un com-
mentaire ». {Nouveaux Lundis^ Vlll, 300).
On a vu dans cette réticence une sorte de
silence pudique et on a voulu établir un
rapprochement entre ce détail de toilette et
le « morion indécent » qui coiffait les
femmes de Rayonne. La vérité est plus
simple.
Toute coiffure de femme comportait
trois parties ; le fond (coiffe), les barbes
("dentelles tombantes) et le bec (avant).
La coiffure entièrement noire était la plus
habillée. Celle à fond blanc et à bec noir
était de petite tenue. Sainte-Beuve s'est
abstenu de commenter le mot, parce qu'il
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1904.
81
82
ne voulait pas fatiguer le lecteur par une
digression inutile, mais il n'y voyait pas
malice.
Examinons d'ailleurs le passage cité.
M'"" de Brancas raconte en souriant qu'a-
près la convalescence de Louis XV (août
1744), la duchesse de Luynes, dame
d'honneur, ayant un jour trouvé le roi
« en état de donner à la reine les marques
certaines d'une réconciliation sincère, fit
changer le lit de la reine en une couche
nuptiale et mettre deux oreillers sur le
traversin ».
A cette nouvelle, grand émoi chez les
femmes delà cour.
La reine, depuis la convalescence du
Roi, étoit mise à merveille ; elle portoit des
robes couleur de rose. Les vieilles dames
annonçoient leurs espérances par des ru-
bans verts ; enfin, depuis longtemps la pa-
rure de la toilette n'avoit été aussi spiri-
tuelle.
Hélas ! peu de temps après avoir appris
que le roi était redevenu amoureux, la
triste reine fut amenée à penser, comme
dit le vieux poète : « Mais le pis est, que
ce n'est pas demôy. »
C'en étoit assez pour déterminer ces
dames à changer leur toilette. Les unes
prirent des couleurs plus modestes, les
autres baissèrent leurs coiffures, d'autres
mirent moins de rouge ; enfin les vieilles
dames poussèrent la prudence jusqu'à re-
placer dans leurs cheveux le bec noir.
Comment imaginer que ces respecta-
bles veilles personnes eussent posé sur
leurs cheveux blancs une coiffure ultra-
galante, dans une circonstance qui l'était
si peu ? Candide.
Claudiae Mignot (XLIX, 61 s, 741,
847, 980). — Sur Claudine Mignot, la
Dauphinoise,voirtomelide]a Bibliographie
dii- Daiiphiné par Adolphe Rochat (Paris.
Charavay éditeur, 1860), page 144. vo Mi-
gnot ; ce que ne dit pas le bibliographe
Rochat, c'est qu'il est de tradition que ce
fut la Liaudia qui donna naissance à ce
iproverbe fort cité en Dauphiné : E iet Ion
ecret de la Liaudia^ y ^ y san tiii^ Ce qui
signifie, c'est le secret de Claudine, ils le
savent tous (pour tout le monde le con-
naît) ; proverbe qui prit cours lors du
mariage du roi Casiniir avec la Liaudia,
mariage que l'on essaya de tenir secret,
et qui s'ébruita rapidement. E. B.
Délimitation de la paroisse Saint-
Sauveur (XLIX, 948/ — Elle est don-
née dans l'Histoire de la ville et dtt dio-
cèse de Paris de l'abbé Lebeuf, t. I, p. 73
de la réimpression de 1883. F. B.
*
* ♦
Aux termes du décret du 4 février
1791, le territoire de ladite paroisse était
borné : au nord par le boulevard (actuelle-
ment Bonne-Nouvelle) et au sud par la
rue Mauconseil ; à l'est par la rue Saint-
Denis et à l'ouest par les rues Poisson-
nière, des Petits -Carreaux et Montor-
gueil. P. Lbe.
Les dalles de la rue Mazarine
(XLIX, 895). — |e souhaite que notre
collaborateur obtienne le renseignement
qu'il désire et que je suis, du reste, inca-
pable de lui fournir, mais la question
manque un peu de précision, au moins
pour ceux qui voudraient trouver ces ins-
criptions à l'endroit indiqué.
Je les ai, en effet, en simple badaud,
cherchées en face de la voûte qui de la
rue Mazarine conduit à la cour de l'Insti-
tut, mais sans résultat. C'est beaucoup
plus haut dans la même rue qu'elles sont
visibles à la sortie du Passage du Pord-
Nenf, à gauche.
L'ancre désignée n'est peut-être qu'une
flèche comme on en voit quelquefois sur
les bordures des trottoirs et semblerait,
dans ce cas, une simple indication 4^
service de la voirie. Rolin Poète.
Tableau de Boucher (XLIX, 953).
— Le même sujet que Boucher a traité
dans le tableau que cite M. La Résie, est
représenté par un bas -relief qui surmonte
l'entrée de la prison municipale de Gand,
laquelle forme le rez-de-chaussèe du bef-
froi de cette ville. Ce bas-relief,désigné par
le nom tîamand de Mammelokker , sert ai}ssi
à dénommer la prison municipale elle-mê-
me, dont il décore l'accès. V. A. T.
Familles françaises contempo-
raines (XLIX, 950). — M. C. B. trou-
vera à la bibliothèque de la rue Richelieu
le Dictionnaire des familles françaises^
Lascombes.
M. de la Bourdaisière et Gabrielle
d'Estrées (XLIX, 838, 962). — La note
1 que M. La Résie a publiée ici (col. 962) est
No 1046.
L'INTERMEDIAIRE
83
84
un pamphlet qui courut Paris vers la fin
du règne, sous le titre de : Généalogie de
Louis Xy par las femmes.
On trouve cette facétie dans la plupart
des Recueilsdc pièces manuscrites, composés
à l'époque des incidents Maupeou. Elle est
généralement suivie d'une Généalogie des
Dubarry qui n'est pas moins malicieuse.
A propos des Babou de la Bourdaisière,
je serais heureux de savoir si l'on a publié
des études récentes : i" sur la fuite de
Françoise Babou à Issoire avec le marquis
d'Allègre et sur leur assassinat ; 2° sur la
première jeunesse de Gabrielle d'Estrécs,
antérieurement à la rencontre d'Henri IV
en Picardie. S.
Boerhaave (XLIV, 948). — Puis-
qu'une question est posée sur ce célèbre
médecin hollandais, et que quelque lec-
teur peut en faire le point de départ de
recherches, j'en profite pour poser une
autre question par voie d'amendement.
Le Journal de la Santé du 6 juillet 1902
donne une très courte notice sur Boer-
haave (signée D'' Monpart) et j'y lis, tou-
chant la jeunesse du personnage :
Il abaiidonn.1 bientôt la t'néologie après
avoir es;ayé de traiter cette brûlante ques-
tion : pourquoi le christianisme, prêché au-
trefois par des ignorans, avoit fait tant de
progrès, et en faisait aujourd'hui si peu,
prêché par des sçavans? On conçoit oiJ ce su-
jet, qui n'avait pas été choisi au hasard, de-
vait le conduire, et quelle mordante satize du
ministère ecclésiastique en général il pouvait
renfermer.
Il n'y a rien de semblable dans la liste
des œuvres de Boerhaave au catalosrue,
aujourd'hui imprimé, de la Bibliothèque
nationale ; ni aucune allusion dans la
longue notice de la Biographie Michaud.
S'agit-il ici, sinon d'un écrit de Boerhaave,
au moins d'un de ses projets ? N'est-ce
pas simplement une boutade satirique .?
En tout cas, il serait curieux d'être ren-
seigné sur l'origine et l'histoire de cette
boutade. G. Servandy.
Famille de Braiier fXLlX, 786,
916, 976). — Je remercie M. Le Lieur
d'Avost de la descendance Braiier qu'il
veut bien me donner ; elle m'était en par-
tie inconnue. Mais c'est l'ascendance
d'Adolphe de Br., commandant de la lé-
gion de Nassau, que je voudrais connaî- j
tre ; aussi bien que l'ancienneté de cette
Jehan.
famille et son origine.
Familles de La Brunière, de
Riiynevaljd'Angennes, de Girardin
(XIV, 838, 977 ; L, 27). — Je me permets
de rectifier une légère erreur de M. Ca-
lendini, au sujet de la terre d'Angennes.
Le château d'Angennes, qui existe encore
tel qu'il était au xvii' siècle, est situé
commune de Crucey canton de BrezoUes
(Eure-et-Loir), et non Brizoles, ce qui
n'est qu'une faute d'impression 11 appar-
tient aujourd'hui à M. Revel Saint-Ange.
Martellière.
Comminges (XLIX, 839, 978). —
On lit dans Y Histoire des Princes de Condé
(tome V, p. 261, note 4) :
Son grand-père (de Guitaut) qui s'appelait
Pons de Pechepeyron, ayant épousé Françoise
de Comminges, fut substitué aux noms, ar-
mes et biens de la famille à laquelle il s'al-
liait. . .
Or Pons de Pechepeyron, gentilhomme
du Quercy, fut substitué, en efïet, aux
noms, biens et armes de la branche de
Guitaut, mais de cette branche seulement
et non de \à famille de Comminges qui, à
cette époque, subsistait encore en plu-
sieurs rameaux directs et masculins, déta-
chés de la branche principale de Pé-
guilhan — laquelle branche a pour au-
teur Bernard, 3'' fils de Bernard Odon,
comte de Comminges, et de Laurence de
Toulouse au xu'' siècle.
Ce ne fut que postérieurement au ma-
riage de Pons de Pechepeyron avec
Françoise de Comminges que ces rameaux
(Saubole-Mancioux, Escoubas et Saint-
Lary) s'éteignirent successivement, à l'ex-
ception d'un seul, celui des Comminges-
Péguilhan, barons de Saint-Lary, en Gas-
cogne, qui s'est perpétué également en
ligne directe et masculine jusqu'à nos
jours.
Or, juste avant la Révolution, Bernard
de Comminges était lieutenant des maré-
chaux de France et premier baron du
pays de Comminges que cette branche n'a
pas cessé d'habiter.
Un comte de Comminges fut ensuite
officier en Espagne, son fîls fut officier aux
Guides de la Garde vers 1859. Le fils de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
85
20 Juillet 1904
86
celui-ci fut également officier et est encore
propriétaire au pa}'s de Comminges.
Emilia Contât (XLIX, 220, 361, 588,
866, 979). — La question posée par...
ne concernait pas les enfants de Louise,
mais bien ceu.x d'Emilie. Je connais quatre
enfants à Louise : un fils de Maupeou,
un fils du comte d"Artois, une fille de
Louis de Narbonne (Amalricque) et un
fils légitimé du marquis de Parny. Sous
peu, je donnerai des renseignements
complets (?) sur les Contât dans l'histoire
du Théâtre, je pose donc à nouveau la
question : Est-ce que Emilie eut comme
sa sœur quatre enfants, comme l'affirme
Fortia-Piles dans le Préservatif à la bio-
graphie des contemporains et le collabo-
rateur.. ? Qiii était le quatrième enfant ?
J. G. Bord.
Descendants de Pierre Corneille
(XLIX, 949). — En 1787, il existait à
Tilly (.?) une meunière, Marie-Angélique
Corneille, descendante de la famille du
grand tragique. On trouve son portrait
au cabinet des Estampes, dans la collec-
tion Michel Hernnin.
J-C. WlGG.
Drayer du Planté (Nicolas) (XLI).
— Ce n'est pas, comme le dit la question,
en 1896, mais en 1796, que se place la
publication en question.
Je vois dans Les Archives Je l'art fran-
çais 1879 ' P- ^8s, que Druyer du Planté
était un amateur de peinture dont la vente
eut lieu le 15 Messidor an V, qui possé-
dait huit émaux de Petitot dont il avait
proposé l'achat au roi en 1767. A cette
époque, il habitait rue du Sépulcre.
J.C. WlGG.
I
Famille de Chamblanc(XLIX.
469,587, 79q). — 11 n'3^a paseu de famille
de Chamblanc en Bourgogne. Mais une
branche de la famille Jeannin oujehannin
a pris le titre de la seigneurie de Cham-
blanc,et a fourni au Parlement de Dijon les
conseillers Philibert Jehannin de Cham-
blanc en 1 7 1 7 et François Jehannin de Cham-
blancen 1 741 . A consulter, par conséquent,
les continuations de Palliot par Petitot et
Des Marches. F. R. E. D.
Les frères Géramb (XLIX, 614, 802,
917). — Puisque plusieurs personnes
s'intéressent aux Géramb, qu'il me soit
permis de faire quelques observations de
détail sur l'intéressante notice de notre
confrère P. Montarlot.
Je. ne crois pas que le père de François-
Julie de Géramb aitété ministre dejoseph IL
dans des pièces datées 'de 1782 (90 ans
après sa naissance), il est désigné comme
ayant été conseiller impérial et royal de
commerce et de banque en Basse-Autri-
che. Il n'était que chevalier du Saint-
Empire, le titre de baron de Géramb ayant
été conféré seulement le 19 juillet 1808, à
Ferdinand de Géramb, chambellan de
l'empereur François IL Pourtant, si je me
trompais, je serais obligé à M. Montarlot
de me dire à quelle source il a puisé ce
renseignement.
Quant à la petite fille de François-Julie
de Géramb, mariée à François Denizot,
fils du Président du baillaare de Chalon,
elle laissa une fille unique, ma grand'mère,
de laquelle je tiens les papiers et portraits
des Géramb en ma possession.
Je suis entièrement d'accord sur tout le
reste, j'ai encore les passeports ayant
servi à M. de Géramb, en 1792 et 1798,
pour les voyages auxquels il est fait allu-
sion. E. DE LA L.
Le portrait de M. Frosper Gic-
quel(XLIX, 949). — M. A. d"E. pourra
s'adresser utilement au vicomte Alain de
Rougé, qui a épousé la fille unique de
M.Gicquel et qui demeure avenue du Bois
de Boulogne, 26 (16'). A. P. L.
La famille Hustin, de Douai et de
Lille (XLIX, 949). — Une brochure très
rare aujourd'hui, publiée en 1810, et inti-
tulée : Notes historiques relatives aux
offices et aux officiers de la gouvernance de
Douai et Orchies, contient, page 33, art.
26,.une descendance de la famille Hustin.
Elle commence à Claude Hustin, lieute-
nant général de la gouvernance, fils de
Robert-François, et de Marie Lesellier,
et va jusqu'en 1810. J'en offre une copie
à M. Labadie, si elle lui est inconnue.
— j'ajoute qu'une fille de ce Claude
Hustin, lieutenant général, qui n'est pas
mentionnée dans l'ouvrage ci-dessus,
épousa Jacques-Robert Reniy, sii;ur d'E-
vin, fils de Martin-Louis Remy, sieur du
N" 1046,
L'INTERMEDIAIRE
87
88
Maisnil, et de Marie- Françoise Cordouan.
Cette famille Remy est une des plus an-
ciennes de Douai ; on y voit encore un
vieil hôtel qu'elle construisit rue du Clo-
cher Saint-Pierre en i6i6. Q.uant aux Le
sellier, j'ai vu, au musée de Douai, des
pierres tombales les intéressant .
JEHAN.
Malgaigne (XLIX, 783, 919). — Si
yapcieau(iS6^)reste muet sur la présence
de ce chirurgien français sur les champs
de bataille de la Pologne, à tout le moins
cite-t-il son Coup d'œil sur la Médecine en
Pologne (1832), Ce dut être pendant la
révolte de 1850-31 que Malgaigne alla
donner ses soins aux malheureux patrio-
tes. Le fait a été trop souvent invoqué
dans son cours de médecine opératoire
pour qu'un doute soit possible. C'était
surtout en signalant la déplorable influence
de la défaite sur les amputés qu'il en
venait à parler de cette malheureuse cam-
pagne.
L'éloge de Malgaigne a sans doute été
prononcé en séance de l'Académie de
Médecine. C'est de ce côté surtout qu'il y
aurait lieu de chercher des informations
plus complètes. Lédà.
Le tombeau de Ronsard (XLIX,
833, 957). — Je ne veux rien ajoutera
l'excellent et si exact article de M. Dufay,
mais qu'il me soit permis de raconter, au
sujet des fouilles de Saint-Cosme en 1870.
une anecdote que les journaux locaux
s'empressèrent de reproduire avec une
joie malicieuse .
En fouillant le terrain, on exhuma quel-
ques ossements, et certains membres
amateurs de l;i société archéologique de
Touraine, enthousiasmés, croyaient déjà
avoir mis la main sur les restes authen-
tiques du grand poète.
Le cultivateur qui procédait au terras-
sement, un peu gouailleur comme tout
bon Tourangeau, les laissa s'emballer et
finit par déclarer que les os en question
étaient ceux de sa bique qu'il avait en-
fouie à cet endroit, mais qu'à sa connais-
sance il n'y avait jamais eu d'ossements
humains. Martellière.
Les familles Vinci (XLIX, 672,
805, 874, 925). — Dansl'église de Saint-
Andeux (Côte-d'Or) se trouve l'inscrip-
tion suivante sur une plaque de mar-
bre :
t
Souvenez-vous dans vos prières des déîunts
dont les corps reposent dans cette église en
attendant la résurrection :
Charles de Tiliy prêtre, abbc, chanoine de
l'église Notre-Dame de Paris, grand vicaire
du diocèse de Langres décédé le 5 novembre
1801 , âgé de Ô3 ans.
Anne -Marie- Louise- rlenrietle de Tilly
épouse de Jean-François Vasserot baron de
Vincy, décédée le 22 août 1799, âgée de 23
ans.
Le comte de Tilly, père de la baronne
de Vincy, gouverneur de la Guadeloupe
perdit la vie dans un naufrage. Il avait
acheté, en 1760,1a terre de Saint-Andeux.
T.
* *
D'après quelques notes prises rapide-
ment au crayon dans l'église de Saint-An-
deux (Côte-d'Or), Anne-Marie-Louise-Hen-
riette de Tilly, fille de Charles de Tilly,
gouverneur de la Guadeloupe. avait épousé
Jean-François Vasserot, baron de Vincy.
Le comte de Tilly, qui avait acheté, en
1760, la terre de Saint-Andeux, périt
dans un naufrage. La baronne de Vincy
serait morte en 1799. T.
Recueils de chartes à retrouver
(XLIX, 610, 731,927). — Peut-être le
renseignement qui suit pourrait- il servira
mettre sur la trace des documents que
j'ai signalés dans la question que j'ai po-
sée moi-même dans X Intermédiaire. Ce
renseignement est tiré du livre de M,
Alexandre Pinchart. chef de section aux
Archives générales du royaume de Belgi-
que, livre intitulé : Archives des arts.,
sciences et lettres. Documents inédits. Gând.,
1863. 3 vol. in-8. M. Pinchart (Tome II,
p. 51) s'exprime ainsi :
Au mois de mai 18^5, on vendit publique-
ment chez le libraire Heussner, à Bruxelles,
une grande quantité des archives qui appar-
naient à un amateur belge, disait-on, et qui
provenait en majeure partie de la collection
du baron de Joursanvault, vendue à Paris en
1838. Un des lots concernant la Champagne
fut acquis par M. le comte de Villermont,
qui nous a permis à cette époque de prendre
note de quelques pièces intéressantes pour
l'histoire des Beaux-Arts.
j Les Recueils d'Archives mis en vente à
' Liège en 1841, et dont il a été impossible
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
89
::o Juillet 1904,
90
de constater l'adjudication publique, au- | cette occasion, les journaux rappellent
raient pu être achetés alors en bloc par
l'amateur belge dont parle M. Pinchart,
puis dispersés en 1855. Peut-être pour-
rait-on retrouver la trace de cette disper-
sion en s'adressant aux successeurs du li-
braire Heussner, de Bruxelles, si cette
maison existe encore. Le Besacier.
« Controversies >/ de Sénèque
(XLIX,842, 985). — LeN° du 50 juin con-
tient (col. 985,986) des réponses à la ques-
tion, mais ce sont, me semble-t-il, des
réponses à côté. En effet, elles ne visent
pas le dernier document paru, et elles
renvoient à une édition épuisée, introuva-
ble, et des plus imparfaites, si l'on se re-
porte à la préface de M. Bornecque.
Je suis étonné qu'aucune mention n'ait
été faite de ce dernier travail, ni des re-
marquables études critiques de M. Gas-
ton Boissier. Les réponses publiées sont
un peu en retard, quoi qu'en dise Can-
dide.
Voici, je crois, la réponse à la question.
Vient de paraître, chez Garnier, 6 rue des
Saints-Pères: «Séncquc le Retheiir, contro-
verses et suasoires, traduction nouvelle,
texte revu par M. H. Bornecque ».
Aucune traduction n'avait paru en
France depuis 1563. H. Potas.
Une phrase imprudente de Re-
nan (XLIX, 955). — Il me semble me
souvenir que la phrase incriminée consiste
en ces quatre mots : s< un homme presque
divin »>, appliqués au Christ.
Et à ce sujet, je formule une observa-
tion générale, les auteurs feraient bien
mieux de citer ou de nommer les choses
et les hommes, plutôt que de procéder
par des allusions saisies seulement par le
très petit nombre. J'enrage souvent, en fai-
sant une lecture, de rencontrer une énigme
là où il était si simple de mettre un nom
propre ou une citation. «. Cela n'a pas be-
soin d'être dit », faisait-on remarquer dans
une conférence avec le prince de Talley-
rand. \< Cela sera encore mieux en le di-
sant », répondit celui-ci.
Et on ne peut mieux dire. H. C. M.
Vers attribués à Victor Hugo
(T. G., 92o;XLlIIàXLVi).— La villede
"Nantes où est né Charles Monselet, vient
de lui élever un modeste monument. A
que le spirituel et érudit écrivain gastro-
nome dînait régulièrement tous les jeudis
chez V. Hugo qui lui avait, une fois pour
toutes, fait son invitation par le quatrain
suivant :
Qiiecheznous désormais chaquejeudi t'amène.
Et je m'adresse à Dieu lui-même et je lui dis :
« Fais nous la semaine
Des quatre jeudis ».
Ces vers nous remettent en mémoire un
quatrain de Monselet, que nous avons lu
au bas d'un de ses portraits gravés et
dans lequel le fin poète a dépassé les der-
nières limites de loriginalité de la ririie et
de Lenjambement :
Mon portrait à moi ! Merci car
C'est bien de la bonté de reste
Et vous en serez puni par
Ce quatrain plus que modeste,
Théodore Courtaux.
Chanson de Nadaud : «Les Deux
gendarmes » XXXVll ; XLIX, 996). —
La preuve que le dernier couplet est apo-
cryphe, c'est qu'on en a donné diverses
variantes. En voici une troisième, qui
nous paraît meilleure encore que les deux
autres :
J'ai servi sous la République
L'Empire et la Restauration,
Sous Philippe le démocratique
Et sous Louis-Napoléon ;
Même je me souviens encore
De l'avoir conduit en prison.
Brigadier, répondit Pandore,
Brigadier vous avie^ raison !
En 1860, tout le monde connaissait le
nom de l'auteur de ce dernier couplet, un
familier des Tuileries : On n'est jamais
trahi que par les siens ; mais je ne me
rappelle plus qui. Il y en a eu tant !
Cela se chantait à table, à gorge dé-
ployée, à la fin des repas, au milieu des
éclats de rire universels. On en chantait
bien d'autres ! C'était le beau temps de
la chanson. Les enfants, avec leur mé-
moire prodigieuse, retenaient l'air et les
paroles, quand ils les avaient entendu
chanter pour la première fois.
D' Bougon.
Bévues des municipalités au su-
jet des plaques commémoratives
(XJCXVI ; XXXVII ; XXXVIll ; XLlil). —
Je ne sais si jamais on a relevé celle que
N' 1046.
L'INTERMÉDIAIRE
01
92
nous allons citer, mais elle est digne de
figurer dans le musée, toujours ouvert,
des gaffes municipales.
Au numéro 70 de la rue des Archives,
on lit sur une plaque de marbre :
L AMENAIS
né à Saint-Malo
le
est mort dans cette maison
le
Or, j'ai vu bien des signatures de l'il-
lustre philosophe ; et les unes portent de
la Mcnnais, les autres de Lamennais, d'au-
tres enfin Lamennais, mais pas une Lame-
iiais avec une seule n. Je sais bien que,
tout récemment, un ministre a décrété
l'indépendance de l'orthographe ; et je ne
désespère pas de lire un jour au coin
des rues ^nricaire, Moliair et Boiîô. En
attendant, je supplie notre nouvelle muni-
cipalité de veiller d'un peu près à l'épi-
graphie du Paris moderne.
Sir Graph.
Voir Intermédiaire^ XLV. Prononciation
du nom et ortiiographe-
Catalogue pour vente de vieux
livi'es (XLIX, 842, 991) — L'usage des
catalogues date de loin.
Parmi les anciens que je possède, le
premier daté (je ne dis point en date) est
celui dQ Jacques Le Fehvre an derniei P illier
de la grand' Salle^ vis-à-vis les Requêtes du
Palais et à côte des Eaux et Forests, l6Sp.
11 porte les prix marqués.
Au xviii* siècle, on eut des catalogues
spéciaux : Livres de théologie et de piété
qui se trouvent che:^ Humhlot. libraire, rue
Saint-Jacques^ près Saint-Yves (1768)
On y trouve un ouvrage de 1 564.
Catalooiie des livres à V usage militaire
(1750) où figurent des ouvrages anciens.
Les livres imprimés et reliés en Hol-
lande portaient souvent des catalogues
dans leurs fins. On a ainsi ceux de David-
Paul Marret et Etienne Valat, à Ams-
terdam, 1722 ; — Pierre Humbert, Ams-
terdam, 1728 et aussi 1743 ; — J. Meiul-
me, àLaHaye, 1750, etc..
Quant à l'honneur d'avoir vulgarisé
les Catalogues de livres anciens, à prix
marqués, il revient en premier lieu à j.
Techener avec ses volumes : Description
bibliographique des livres choisis en tout
genre composant la librairie]. Techener,
tome I, 1835. in-8° xiu-526 pages, plu-
tôt qu'à Aubry, 1857. C. P.V.
"Vers à rsti'ouvor : « Par une telle
nuit» (XLIX, 954). — Ces strophes se
trouvent au 3* acte du Sliylock d'Edmond
Haraucourt, représenté à l'Odéon en
1889.
Par une telle nuit du li;iut îles nuus de Troie,
Troïios exhalait sa peine vers la joie
Et pleurait vers la tente où riait Cressida.
Un quart de siècle auparavant, Berlioz
s'était déjà inspiré de cette scène du
Marchand de Denise, pour le duo (renfer-
mant une jolie phrase de cor anglais) que
chantent Enée et Didon au 3" acte des
Troyens.
Henry Gauthier-Villars.
♦
Ces vers sont nécessairement dans une
traduction du marchand de Venise. Us re-
produisent en fi-ançais les fameux couplets
de la scène entre Lorenzo et Jessica, au
commencement du dernier acte : In snch
anight... H. M.
L'auteur de ces vers ne figure ni dans
Y Antholos.ie Lemerre ni dans le Dictionnaire
Mendès.
Ce n'est qu'Hector Berlioz.
Voici la première strophe qu'on nous
demande de reproduire :
DIDON
Par une telle nuit, le front ceint de cytise
Votre mère Vénus suivit le bel Anchise
Aux bosquets de l'Ida.
HNHE
Par une telle nuit, fou d'amour et de joie
Troïius vint attendre au pied des murs de Troie
La belle Cressida.
H Berlioz. Les Troyens. Acte IV. se. 7.
Je regrette bien de ne pas pouvoir aussi
recopier la musique...
M. M. C. ne se trompe pas en croyant
que son souvenir remonte à une douzaine
d'années. Les Troyens ont été repris le 2
juin 1892, à l'Opéra Comique delà place du
Châtelet, pour le début triomphal de Mlle
Delna. Candide.
Modifications dans le langage
(XLVlll, 840 ; XLIX, 43, 932). — Littré
avait bien raison d'insister sur la pro-
nonciation correcte de / mouillée, et de
réprouver la manière parisienne de n'en
pas tenir compte.
On ne s'explique guère que des lin-
guistes autorisés puissent admettre la
prononciation mouyé, vayant !
L'usage, il est vrai, fait loi en matière
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1904.
95
94
de langage et de prononciation ; mais
quiconque a le sentiment et le respect de
son idiome a le devoir de protester con-
tre l'usage, lorsqu'il se fourvoie.
En règle générale, la prononciation
d'un vocable devrait s'établir d'après son
orthographe, sur le principe que les let-
tres figurant dans un mot ne sont pas des
signes superflus, et qu'il y en a d'essen-
tielles qu'il faut articuler. Dans les mots
contenant des 1 mouillées, ces lettres sont
essentielles.
Prenons, par exemple, les deux parti-
cipes cveiUé, effravc. Est- il admissible que
deux mots d'une structure si différente
se prononcent l'un comme l'autre ?
LÉON Sylvestre.
Noms de lieux altérés ou détour-
nés de leur sens primitif (XLVIII,
612, 821, 99o;XLlX, 68,433, 822,862).
— Un collège, à Oxford, porte le nom
extraordinaire de Brasenose (nez brasé, ou
encore nez de bronze) ; or, ce mot n'est
qu'une déformation de brasen-hus^ signi-
fiant au moyen âge brasserie^ le collège
ayant, en effet, été construit en 1509, sur
l'emplacement d'une brasserie du xiu' siè-
cle. D'' A. T. Vercoutre.
Avoir l'air fXLlX, 95s). — La ques-
tion posée par XXX est longuement dis -
cutée par Girault-Duvivier dans sa Grant'
maire des Grammaires. 11 cite, entre autres,
Sicard, qui dit: Ces deux mots s'unissent
tellement qu'ils ne forment qu'une seule
et même idée : avoir l'air et paraître
sont synonymes; avoir l'air est un verbe
neutre, ainsi que paraître. Cette femme
a l'air bonne, gracieuse ». Cela équivaut
à sous-entendre toujours d'ÉTRE, et à ne
jamais appliquer à air, la qualification re-
présentée par l'adjectif. Mais Girault-Du-
vivier fait une distinction, que j'approuve
et que je crois pouvoir résumer ainsi :
Lorsque l'adjectif peut s'appliquer à
air, on le fera accorder avec ce mot.
Cette femme a l'air bon, gracieux ; —
l'air, l'aspect, peut être bon , — Si l'ad-
jectif ne peut pas qualifier air, on ne le
fera pas accorder avec ce mot. Cette dame
a l'air bien faite. — L'air ne peut pas
être bien fait ; on sous-entend donc
d'ÉTRE, et faite qualifie la dame.
S'il s'agit de choses, l'adjectif ne s'ac-
cordera jamais avec air. Cette pyramide
a l'air HAUTE, sous-entendu d'ÉTRE; l'air
(dans ce sens) ne peut pas être haut. Cette
dernière règle me semble un peu trop abso-
lue.
Le vers de V. Hugo peut se justifier
ainsi (s'il a été correctement imprimé),
lia peut-être suivi la règle posée par Si-
card et sous-entendu d'ÉTRE. Puis il a eu
sans doute l'intention de faire une oppo-
sition plus vive, en é,cx\\^ni,lumi'cre noire,
qu'en écrivant air noir. Au surplus : air
(aspect) noir ne se justifierait guère.
La salle a l'air nioric sonne un peu
moins mal que la salle a l'air mort. L'hé-
mistiche cité est en concordance avec la
règle posée par Girault-Duvivier. Il me
semble néanmoins qu'on peut dire qu'une
salle a Vair (l'aspect) noir. Les poètes ont
des licences. D' Cordes.
*
* *
La question posée par notre collabora-
teur XXX est une difficulté sur laquelle de
nombreux grammairiens ont émis des
avis différents ; La Grammaire des Gram-
maires de Girault-Duvivier (chez Janet et
Cotelle, 1822) contient, aux pages 9 et
suivantes des\< Remarques détachées » qui
terminent le second volume de l'ouvrage,
le résumé et la discussion des avis de
Levizac, de Sicard, de Lemare, de Do-
inergue et de Boniface. Girault-Duvivier
termine cette discussion en donnant son
avis personnel (pages 12 à 14), dont
voici le résumé :
Az'oir Vair se dit, ou des êtres animés, ou
des choses.
î' S'il se dit des êtres animés :
a) ou l'adjectif qui suit le mot air exprime
une faculté morale, une qualité, une distinc-
tion métaphysique, cet adjectif s'accordera
avec air.
Ex : cette dame a l'air grand (une physio-
nomie noble).
b) ou il exprime une forme, une manière
d'être purement physique ; alors l'adjectif
s'accorde avec le sujet.
Ex : cette dame a l'air grande (parait d'une
haute taille).
2° S'il se dit des choses, l'adjectif s'accorde
avec le sujet .
Ex : Cette boule a l'air bien ronde.
A cette dernière règle il peut y avoir des
exceptions, tenant à ce que l'auteur semble
donner la vie à des objets privés de senti-
ment :
Ex : l.a tuile a l'air plus ^^zi que le chaume.
Le Dictionnaire raisonné des difficultés
N. 1046.
L'INTERMÉDIAIRE
95
96
de J. Ch. Laveaux (Hachette, 1847) se
prononce dans le même sens.
V. A. T. .
L'imparfait du subjonctif (XLIX,
955). — On demande si l'imparfait du
subjonctif est sur le point de tomber en
désuétude ? Je ne suis pas en situation de
m'en rendre compte; mais l'imparfait du
subjonctif fait partie intégrante de la lan-
gue, et il semble qu'une syntaxe correcte
ne puisse pas s'en passer.
Ce qui lui attire peu de sympathie,
c'est sa forme tant soit peu pédantesque,
traînante, mal venue dans la conversa-
tion usuelle.
Toutefois ce n'est guère que dans les
verbes de la première conjugaison que le
subjonctif en asse, assions, répugne au
langage ordinaire. Il y a même des ver-
bes de ce genre où l'imparfait parait d'un
usage impossible.
Qui s'aviserait jamais de dire : que je
chassasse^ que nous nous anbarrassassions !
Quoi qu'il en soit, les temps du subjonc-
tif sont nécessaires dans le style relevé,
pour l'expression correcte de nos idées, et
la suppression de l'imparfait laisserait
une lacune dans notre langue dérivée du
latin ; et les Latins, on le sait, faisaient
un usage copieux du subjonctif.
LÉON Sylvestre.
Je m'en suis allé. Jq me suis en
allé (XLIX, 224, 480, 604, 764, 988). —
M. de Bonald répond : <> M.P. L. ne sau-
rait invoquer l'usage à l'appui de son
opinion, qui est en contradiction avec tous
les dictionnaires et tous les grammai-
riens ».
Nous ne discutons pas ici mon opinion,
mais celle de M. Paul Hervieu, qui est
seule intéressante. J'y souscris, sans
l'avoir inventée.
J'ai invoqué l'usage, précisément parce
qu'il contredit Noël et Chapsal. Si l'usage
était d'accord avec la grammaire, la ques-
tion ne se poserait même pas. Ici. la gram-
maire est en retard sur l'usage, comme
cela lui arrive toujours et comme il est
normil que cela soit. En effet, la gram-
maire prend ses ordres de l'Académie, qui
établit elle-même son dictionnaire d'après
les bons écrivains de son époque, lesquels
ont commencé par soumettre leur syntaxe
à l'usage le plus récent. Par conséquent,
c'est toujours l'Usage qui est le grand-
maitre, mais il ne faut pas s'étonner que
ses lois mettent souvent un demi-siècle à
parvenir jusqu'aux instituteurs primaires
qui ont mission de les rédiger à l'usage
des petits enfants.
Lorsqu'une tournure de phrase est 1°
conforme au génie de la langue, 2° adop
tée par l'usage, 3° employée par un des
meilleurs écrivains contemporains, j'es-
time qu'il ne lui manque rien pour être
inscrite à sa place dans les dictionnaires
de demain.
M. de B. demande en terminant si l'on
doit écrire « je me suis en sorti ». Evi-
demment non ; mais je n'écrirais pas non
plus « je m'en suis sorti », car si le verbe
*< se sortir >^ est du vocabulaire de M. de
B., il n'est pas du mien. Au xvi' siècle,
c'est encore du français. Au xx", c'est
presque du patois. Ainsi se transforment
les langues. Beaucoup d'expressions fami-
lières se sont imposées au style châtié,
tandis que, par une évolution inverse, la
plupart des expressions vicieuses em-
ployées dans nos provinces venaient d'an-
ciennes formes élégantes, tenues aujour-
d'hui pour vulgaires. P. L.
De même qu'on
*
a dit
Je m'en suis
fui, avant de dire je me suis enfui ; de
même on a dit je m'en suis allé, avant de
dire je me suis en aile. Ce qu'il y a de
plus drôle, c'est de voir le verbe ^f(v rem-
placer le mot aller, dans ces phrases : ou
avez-vous été, hier t pour : où êtes-vous
allé promener? 11 est clair qu'ici, il s'agit
de l'élision de mots : où avez-vous été,
pour où êtes-vous allé promener ^.
D^ B.
Conjugaison du verbe ^< agonir »
(XLIX, 790J. — Ce mot, qui n'est pas
dans le Diciionuaire de l'Académie, se
trouve dans Uttre\ dans Hat:^feld. qui ne
l'indiquent pas comme irrégulier ; il se
conjugue donc comme finir. Le Diction-
naire des vcrhcs français.^ de Bescherelle,
en donne d'ailleurs la conjugaison.
J. Lt.
Philogyne (XLVIll ; XLIX, 603,764).
— M. G. de Massas (764) voudrait don-
ner à p/;//.?, placé à la fin d'un mot, un
sens passif^ et au commencement, un sens
actif ; ne serait-ce pas plutôt le contraire .f'
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
97
98
20 juillet 1904.
I
Lui-même reconnaît que les exceptions
sont nombreuses, et il cite bibliophile qui
ne veut pas dire qui est aiir.é des livres,
mais qui aime les livres.
D'après notre collègue S. également
(618, V philanthrope), la syllabe phil,
employée comme préfixe, est active ;
comme suffixe, elle est passive.
Je connais bien des mots où le verbe,
placé à la fin, suffixe.^ a le sens actif',
hydrophobe, anthropophage, Carnivore,
pyrophore, thermomètre, pédicure, ver-
mifuge, etc. ; quels sont donc ceux où il
aurait le sens passif? Et puis, je veux bien
que Théophile signifie g iti est aimé de Dieu^
et Philothée, qui aime Dieu ; mais y a-t-il
une différence entre Thcotime et Timo-
ihée^ entre Théodore et Dorothée, pour la
signification, bien entendu ? J. Lt.
Savoyard ou SavoyenfXLIX. 956).
— Il est vrai que Troie a donné Troyen^
mais ce n'est peut-être pas une raison
suffisante pour légitimer Savoyen (quoi-
que Littré dise ce mot employé par Boni-
vard et ne le désapprouve pas).
De ce que les habitants de la Bretagne
sont des Bretons.^ se croirait-on autorisé à
dire : Espons^ Champons, Limons^ Cer-
clons, etc. ?
Quant à Savcisien, notre confrère re-
marque avec raison que ce vocable est
d'une formation très fantaisiste. Il paraît
avoir été édité par Moréri, mais les au-
teurs du Dictionnaire de Trévoux, et
Littré après eux, sont loin de le recom-
mander.
Pourquoi ne pas s'en tenir à Savoyaid.^
malgré la prétendue susceptibilité que les
Auvergnats ont le bon esprit de ne pas
partager .-* P. du Gué.
Pinchinat (XLIX,902, 987; L, 39).
— Comme notre co-intermédiairiste Viva-
rez, je ne répondrai pas directement à la
question posée.
Mais ce que je puis affirmer, c'est que
le mot, ou, plutôt le nom Penchinat^ et
non Pinchinat., est bien d'origine méridio-
nale, et signifie peigné, en languedo-
cien.
J'ajoute que c'est le nom d'une famille
que j'ai bien connue, originaire de Som-
mières (Gard), sur les confins de l'Hé-
rault, et dont le membre le plus en vue,
après avoir été un des plus brillants avo-
cats de Nîmes, est mort Premier Président
à la Cour d'appel de Montpellier.
L. DE Leiris.
Godiveau (XLIX, 956). — Voir T.
G., 390. — La question a été amplement
traitée en 1889, colonnes 538, 574.
*
♦ ♦
Dans l'état présent de la science culi-
naire, on appelle _^o^/wa7/x des boulettes
formées de veau, graisse de bœuf, œufs,
sel, poivre et fines herbes, le tout haché
et pilé. Chacun en a mangé dans les vol-
au-vent de pâtissier, autrefois tourtes aux
godi veaux.
L'étymologie du mot est très obscure ;
on peut penser à god vel pour good veal.,
comme god aie pour good aie. Mais rien
n'est plus mystérieux que l'origine de
certains mots de cuisine, par exemple de
quenelle.^ salmis.^ etc. N. Doum.
* *
Je crois qu'il suffira de voir le Diction-
naire de Trévoux. P. du Gué.
♦
» *
Suivant Littré, origine inconnue. Ori-
gine également inconnue pour MM. Hats-
feld, Darmesteter et Thomas. Scheler y
voit un dérivé de l'ancien verbe goder.
Borel le rattache à godebillaux.
Voici maintenant ce que dit M. Pavot
dans ses Etymologies dites inconnues (p.
7?
)
Un point sur lequel on s'accorde, c'est que
le veau jouait le premier rôle dans la compo-
sition du mets.
11 ne s'agit plus, alors, que de déterminer
le sens de godi qui est gode dans godebil-
laux, tripes de bœuf.
Tout d'abord, tripe est venu du grec trepo,
tourner. C'est : enroulement, circonvolution,
et, pour cela, le bas peuple appelle le cerveau, les
boyaux de la tête. Or, présenter des courbures
alternées de saillies et de dépressions, c'est
goder qui se dit d'une étoffe cousue en
fror.cis. Godron qui est une moulure d'orfè-
vrerie était aussi le pli en S, qu'on imprimait
aux jabots, aux manchettes — d'où Tadjectif
godronné pour les grandes collerettes, aux
rebords contournés, à l'instar de la fraise du
veau.
Ce n'est pas, dit-on, cette partie de l'animal
qu'on utilise pour le godiveau, ce serait le
ris.
Peu importe ! cette glande également bien
nommée ride, a des lobes séparés par des
rainures dont le trait serpente comme les on-
N° 1046
L'INTERMEDIAIRE
99
100
duleux sillons de l'intestin et du cerveau.
L'idée foncière Bst donc toujours la même.
Gustave Fustier.
La Patte da chat (XLIX, 790, 938,
994). — L'homme au legs d'un million est
bien celui de la Patte-de-chat. Il s'appe-
lait Pruvot et, n'ayant jamais pu mettre
qu'un numéro sur son établissement pen-
dant savie, il voulait pouvoir y mettre un
nom après sa mort.
Les revendications de la famille ont
bien amené la transaction dont on parle.
Un autre procès réduisit encore la libéra-
lité du testateur. Une dame Hennion sou-
tint devant les tribunaux que son fils, mis
en rapport avec ce tenancier, par un M.
de Civry, avait été décidé à l'achat d'un
immeuble qu'il paya 200.000 francs trop
cher, et en la prenant pour garantie ;
d'où des procès engagés qui ruinèrent la
famille. Bref, Mme Hennion réclamait
700.000 fr. de dommages et intérêts, à
la ville de Paris, légataire de Pruvost et à
M. de Civry, intermédiaire. Devant la
première chambre du tribunal civil de la
Seine, la ville de Paris et M. de Civry
succombèrent. Us furent réduits à payer
solidairement 280.000 francs de domma-
ges-intérêts à la veuve Hennion.
Qiie peut-il bien rester du legs Pruvost,
après ces revendications, ces transactions
et ces procès ? D' L.
**
La situation exacte de cette maison close
était sur le boulevard de Courcelles en
face de la rotonde du Parc Monceau. L'ou-
verture de la rue de Thann a fait dispa-
raître la moitié de l'immeuble ; le surplus
du terrain a été longtemps sans trouver
acquéreur. Anatole Pautre.
♦ ♦
Si le prototype s'éleva au rond point
de Courbevoie — lieufortdésert cependant
pour un établissement pareil — la Faite de
chat de i8b2 ornait bien les abords du
boulevard de Courcelles, à preuve que
dans l'argot du quartier Latin, l'omnibus
de Panthéon- Courcelles en devint Pan-
théon-paiie de chat ! Le succès n'ayant
pas couronné l'entreprise, on établit dans
ce vaste bâtiment, des logements à bon
marché. Je le sais très pertinemment,
pour y être allé voir un ancien clerc de
mon père dont l'appartement n'avait
d'autre perspective que le ciel. J'attends
d'autres souvenirs pour plus amples ren-
seignements. Par ce beau temps, mes
amis sont à la campagne.
Patte de chat a remplacé patte de
velours, trop souvent prise en mauvaise
part (appréciation demandée par l'auteur
de la question).
A quand l'historique des maisons <:(?7(?-
hres^ notamment au quartier Latin ^ Les
Quatre vents, la Bottede paille, alias gerbe
d'or,\di mère Malard et la mère Homicide,
ces deux dernières ont disparu.
La mère homicide me fait penser à Viot
r empoisonneur^ triste gargotier poursuivi,
condamné et obligé de fermer boutique.
On n'avait plus, en i855,queViot Vaqua-
tique^ alors rue 'Voltaire, aujourd'hui Casi-
mir Delavigne. C'était la dernière res-
source des bourses plates. J'ai connu
cependant un autre restaurant non moins
économique, rue Racine. Le progrès les a
fait disparaître. Léda.
Ouvrages sérieux mis en vers
(T. G., 665 ; XXXV à XLU ; XLIV à
XLVIll ; XLIX, 129, 429,537).
Contrat de mariage en vers.
LaGa^eitedes Tribunaux du 13 avril 1837
donnait le compte-rendu d'un procès,
jugé par le tribunal de Bourgoin, où il est
question d'un curieux contrat de mariage,
à propos d'une succession et ce contrat
de mariage était... en vers.
Il ne s'agit pas d'un contrat de mariage
léonin envers une des parties contractantes,
mais bien d'une jolie pièce de poésie, œu-
vre d'un tabellion moins morose que
beaucoup des officiers ministériels de nos
jours.
Le tribunal, tout en déclarant le con-
trat valable (quoique les vers s'y soient
mis) exprime le regret de voir un notaire
se départir de la gravité que lui comman-
dent SCS fonctions et de se livrer à un pa-
reil badinage dans un acte sérieux entre
tous.
Voici le contrat :
Par devant M=X....ont comparu les
sieurs et dame Z...
Article premier
Lesquels, ayant promis se prendre en mariage,
Veulent qu'un nœud légal et requis les engage,
A peine de dépens et condamnations,
Pour être mariés sous les conditions
Oue d'un commun accord, comme suit, ils arrê-
tent.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 juillet 1904,
lOI
102
Article deuxième
Au régime dotal les époux se soumettent,
Et les biens de la femme, actuel?, à venir,
Sont tous constitués sans en rien retenir.
Cependant, le futur en pourra passer vente
A charge de remploi pouivu qu'elle consente
Article TROISIÈME
Son trousseau, composé d'effets, linges, habits.
Et prisé trois cents francs par les communs amis,
L'époux le recevra le jour du mariage ;
La célébration en deviendra le gage.
Article quatrième
Le père de l'épouse en faveur du présent,
A sa susdite fille a fait don et présent
De quatre mille francs en espèces de France,
Que le futur reçoit et dont il fait quittance^
Plus lui donne ledit six paires de draps fins.
Six oreillers en plume et quatre traversins.
Une commode, un lit, six nappes, vingt serviettes.
Trois cuillers en argent, en argent trois fourchettes.
Ces effets, seulement, donnés par préciput.
Sont prisés trois cents francs pour fixer le tribut,
•Sans être aliénés, car l'épouse future
Pourra, s'il lui convient, les reprendre en nature.
Ou bien en exiger le prix estimatif
Cela sera pour elle etfet facultatf.
Comme pour le trousseau, le jour du mariage
De ces effets donnés vaudra quittance et gage.
Article cinquième
Les deux futurs entre eux se font donation
De l'usufruit des biens de leur succession,
Desquels le survivant aura la jouissance ;
De fou-nir caution s'accordant la dispense ;
Mais s'ils ont des enfants le susdit usufruit
De la franche moitié se trouvera réduit.
Et ainsi convenu, sous toutes garanties
Dont l'acte fait, passé, lu devant les parties,
A Bourgoin, en l'Etude, où se trouvaient présents
Les témoins, bas nommés, audit lieu demeurants ;
Messieurs Louis Orcel, adjoint à la mairie,
Antoine Deschenaud, maître d'hôtellerie ;
Lesquels, ainsi que nous et chaque contractant.
Après lecture faite ont signé le présent.
Mon avis est qu'on n'a pas dû s'ennu)'er
à cette noce-là, car il est bien certain que
les futurs époux et leurs beaux-parents
devaient être de joviale compagnie pour
s'être payé le luxe d'un pareil contrat.
Moi aussi, j'aurais assez aimé trouver
dans cette poétique étude de Bourgoin, ou
même dans une de celles de Louviers un
bon testament en vers (je l'accepterais
même en prose), déposé en ma faveur par
une main inconnue autant que généreuse ;
peut-être est- il temps encore de suggérer
cette idée à l'un de nos collaborateurs.
D'avance je proclame un tel testament un
chef-d'œuvre et m'engage à le publier,
comme je le fais pour le contrat que je
viens de signaler aux bienveillants colla-
borateurs de V Intermédiaire.
Le Code Napoléon a été mis en vers
par Decombrousse, se disant ex-législa-
teur.
Jehan de Louviers.
Automobiles en 1827 (XLIX, 895,
995). — Je remercie l'aimable collabora-
teur G. S. de son intéressante communi-
tion et je lui demande de vouloir bien la
compléter en me faisant savoir si la Pyro-
ballistique eut un sort ^ Cela a un intérêt
français.
Existe-t-il une histoire de l'automobile ?
Voici ce que j'ai pu réunir jusqu'ici sur ce
sujet intéressant :
En 1757, l'américain Robison,en 1772,
son compatriote Olivier Evans et en 1784
le célèbre JaiTies Watt proposèrent de subs-
tituer la vapeur aux chevaux, mais ces
propositions ne semblent pas avoir eu de
suites.
En 1771, un officier d'artillerie nommé
Cugnot inventa une voiture à vapeur sur
laquelle je n'ai aucun renseignement.
}e possède dans mes archives un inté-
ressant procès-verbal, sur lequel je ne
puis remettre la main, au sujetd'un essai
fait, je crois^ en 1791 à l'école militaire de
Paris. La voiture était l'œuvre d'un offi-
cier français. L'essai eut une fin presque
tragique ; au moment de la mise en mar-
che, la voiture bondit avec une telle vio-
lence qu'elle traversa la cour de l'Ecole
militaire et alla se briser contre le mur ;
il n'y eut heureusement pas mort d'homme.
Ce procès-verbal fait partie des papiers Mo-
lard ou des papiers Servières.
En 1802, un anglais, Richard Trevetick
fit également une tentative infructueuse,
mais au lieu de bondir, sa voiture resta
sur place ; quelques perfectionnements
furent apportés en 18 12 et la nouvelle in-
vention parvint à circuler sur route lors-
que les côtes n'étaient pas trop raides.
Plus tard, on imagina de donner à ces
machines « des espèces de jambes de fer,
qui, s'appuyant sur le sol, à Vimitation de
la marche des animaux, faisaient avancer
la voiture ».Mais ce système dégradait les
routes et produisait peu d'effet , il fut
abandonné.
En 1825, nouveaux essais infructueux ;
les Anglais persistaient à chercher la solu-
tion dans les jambes dont nous avons
parlé.
M. Gurney parvint à faire cheminer
péniblement dans ces conditions un mons-
N' 1046
L'INTERMEDIAlKfc
103
104
tre de 8.000 kgs. Après quelques perfec-
tionnements, Gurney parvint néanmoins
pendant 4 mois, en 183 1, à parcourir
journellement la route qui conduit de
Glocester à Cheltenham (3 lieues anglaises
eX demie, soit 17 kilomètres) la voiture
faisait le trajet en une heure et portait 36
personnes, avec leurs bagages, mais la
route étant devenue molle par suite de
réparation, la machine se brisa sous
l'effort.
Les intrigues des entrepreneurs de trans-
port parvinrent à faire échouer de nou-
veaux essais en faisant frapper d'impôts
excessifs les voitures à vapeur.
Néanmoins, le D' Church de Birmin-
gham et les ingénieurs Hancock, Ogle et
Summers lancèrent de nouvelles machines
qui semblent avoir réussi au moins pen-
dant un certain temps. Ls Magasin uni-
versel (1833, p 124 et 125) donne deux
gravures de la voiture Church et de l'au-
topsy de Hancok et C°
La voiture Church est curieuse par sa
masse : c'est un immense mail-coach porté
par trois roues ; l'autopsy, plus légère,
est particulièrement intéressante, car sa
chaudière a quelques rapports avec le
système Serpollet. Elle était, en effet,
divisée « en chambres étroites, par des
plaques de fer, de sorte que l'eau y était
partagée en tranches minces et qu^elle s'y
échauffait sur une grande étendue à la
fois ».
La chaudière Church ressemblait encore
plus que la chaudière Hancock au système
Serpollet : « l'eau y était contenue dans
des tubes minces, de sorte qu elle était
chaurréri à la fois sur un grand nombre de
points ».
L'autopsy faisait le service entre Lon-
dres et Pentonville.
En 1833, Ogle et Summers se rappro-
chent encore plus de la chaudière Serpol-
let. Le moteur de leur voiture, pesant
6.000 kg sans compter le poids des voya-
geurs, était alimenté par une chaudière
« formée de tubes si minces qu'alors
même que l'un deux se serait brisé par la
force de la vapeur, cela ne faisait pas plus
d'effet que le jet de vapeur qui s'échappe
de temps à autre des soupapes. . . »
C'est avec cet instrument que Ogle
parvint à conduire en 3 1 minutes du bazar
de Portman Street à Londres, à la campa-
gne de M. de Rothschild à Skamford-Hill,
plusieurs gentlemen au nombre desquels
était le savant M. Babbage. Le trajet fut
parcouru avec une vitesse de 25 kilomè-
tres à l'heure.
Peu de temps après cet essai. Sir Fran-
cis Macerone fit le voyage d'aller et retour
de Londres à Windsor, avec une vitesse
de 40 km. à l'heure, sur un terrain hori-
zontal et une moyenne de 30 km.
En 1834, Seguier, de l'Institut, faisait
en France des essais sur lesquels je ne suis
pas documenté.
Je passe la plume à un automobilogra-
phe plus savant que moi. J. G. Bord.
Anthropophages français (XLIX,
217, 369, 399. 550). — Voici un cas qui
peut passer pour le plus extraordinaire de
tous :
En 1573, la ville protestante de San-
cerre était assiégée parles troupes catho-
liques commandées par La Châtre. Le
siège durait depuis le mois de mars et la
famine était grande, quand, le 21 juillet,
un vigneron nommé Simon Potard et sa
femme s'avisèrent de manger leur propre
fille...
Aucun doute ne peut s'élever
thenticité de cette histoire. Elle
rapportée par Jean de Léry qui
des assiégés et qui est entré
chez l'anthropophage au milieu
Le vigneron et sa femme étaient à table
avec une invitée, une vieille voisine, nom-
mée l'Emorie. Ils avaient « curé et rongé»
le crâne, mangé les oreilles et fait cuire la
langue qui était sur un plat. Jean de Léry
vit encore :
les deux cuisses, jambes et pieds dans
une chaudière avec vinaigre, espices et sel,
prests à cuire et mettre sur le feu ; les deux
espaules, bras et mains tenans ensemble,
avec la poitrine fendue et ouverte, appa-
reillez aussi pour manger...
Le père, la mère et la vieille furent prins
prisonniers, lesquels sans tergiverser con-
fessèrent le faict.
On trouvera les détails du procès dans
Jean de Léry, Histoire mémorable [du siège']
de la Ville de Sancerre... fidèlement
cueillie sur le lieu. s. 1. 1 574P- 146, ' 7 1
Candide
sur l'au-
nous est
était l'un
lui-même
du dîner.
re-
Le Directeur- s.êr a nt :
GEORGES .MONTÔRGUEIL
Imp,
Daniel-Chambon St-Amand-
Mont-Bond.
L* Volume
Paraissant les lO, 30 et ^o de chaqtie mots. 30 Juillet 1904.
408 Annéb
-»1*" ,r. Victor Massé
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N» 1047
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé an 1884
QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES, H
TROUVAILLES
105
ISTORIQUES, SCIENTIFIQUES
ET CURIOSITÉS
10 6 ■
ET ARTISTIQUES
flUucôttoîîô
Ronsard. — La date de sa naissance
a été fixée par le poète lui-même, qui dit
dans une de ses élégies, la 20*^ :
Mon Belleau, sans mentir je diray vérité
Et de l'an et du jour de ma nativité.
L'an que le roy François fut pris devant Pavie
Le jour d'un samedy Dieu me presta la vie
L'onziesme de septembre....
La bataille de Pavie eut lieu le 24 fé-
vrier 1525. Comme l'année alors ne
commençait qu'à Pâques, on rapportait
cette bataille à la date de 1524.
En conséquence, Ronsard serait né le
1 1 septembre 1524. C'est ce que répètent
tous ceux qui parlent de lui, en dernier
-lieu M. Faguet (Seizième siècle, Etudes
littéraires, 1894, page 199).
Mais le 11 septembre, qui tombe sur un
samedi en 15 18 et en 1529, ne tombe
pas sur ce jour dans les années intermé-
diaires. En 1524, il tombe sur un diman-
che ; en 1525, sur un lundi, etc.
Ronsard s'est trompé. Mais comment
corriger l'erreur ? On ne saurait dire s'il
est né le dimanche 11 septembre 1524, ou
le samedi 10. Deb.'\sle.
La sentinelle qui empoche de
passer le Petit Caporal.— Un soldat
en faction barra la route à Napoléon,
c'était sa consigne ; on sait la réponse qu'il
fit à l'empereur : « Qiir.nd vous seriez le
Petit Caporal, on ne passe pas ! »
Ce soldat s'appellerait Coluche ; il sera
originairede Gastins,(en Seine-et-Marne).
C'était l'avis de M. Lhuillier, si nous en
croyons une note manuscrite de lui.
11 est donc permis de demander :
1° L'anecdote célèbre est-elle vraie ?
2" Si elle est vraie, la sentinelle, héroïne
de l'aventure, s'appelait-elle Coluche ?
}" Et en ce cas qu'est devenu Coluche ?
M.
Un livre ignoré sur Louis XVII.
— Je possède dans ma bibliothèque un
ouvrage russe intitulé Destinée malheu-
reuse du Dauphin, fils de Louis Xf^l par
l'abbé de Ferment (sic) probablement Ed-
geworth de Firmont) traduit de l'alle-
mand, publié en 181 5, à Moscou (Impri-
merie de l'Université), 84 pages in-8 avec
cette épigraphe :
Deposuit pot eut es de sede
Et divites dimisii inanes (Luc).
En consultant les bibliographies fran-
çaises et allemandes, je ne trouve aucune
mention de la publication de cet ouvrage,
soit en français, soit en allemand. D'autre
part, l'indication « traduit de l'allemand »
montre clairement que l'original a été écrit
en langue allemande. 11 s'agirait donc
d'un manuscrit écrit en allemand par l'ab-
bé Edgeworth de Firmont, peut-être à
l'époque où il se trouvait à Mitau et rem-
plissait les fonctions de confesseur du roi
Louis XVlll.
Cet ouvrage, qui offre le plus grand in-
térêt, débute par un *< extrait des Mémoi-
res » du citoyen Dessault, chirurgien du
L. e
■N* 1047.
L'INTERMEDIAIRE
107
108
«Grand Hospice de l'humanité». Il parle de
la mission qui lui a été confiée par la Con-
vention de soigner le dauphin, de remé-
dier à son état de faiblesse physique et
intellectuelle, d'améliorer sa situation ma-
térielle. Il donne des détails sur sa manière
de vivre, sur ses occupations, ses jeux,
ses entrevues avec sa sœur. Il parle en-
suite des tentatives de corruption exercées
sur lui (Dessault) par les agents de Cha-
rette et le comité royaliste de Paris, de la
remise qui lui est faite d'une boite renfer-
mant 500 louis et de l'invitation qui lui
est adressée de favoriser l'évasion du dau-
phin. Dessault fait part de ces proposi-
tions à la Convention qui le charge d'y ré-
pondre et envoie des espions pour tâcher
de prendre en flagrant délit leurs auteurs.
Le récit, interrompu par la mort subite
de Dessault, est repris par un certain
Felsac, agent de Charette, qui est l'âme
du complot et l'auteur des tentatives de
corruption exercées sur Dessault. Felsac,
pour arriver à ses fins, a gagné la con-
fiance de Cyprien f?) aide de Dessault.
Profitant de ce que Cyprien est atteint
d'une maladie grave, il s'empare du per-
mis, délivré par la Convention, qui l'au-
torise à visiter à toute heure les prison-
niers du Temple. Muni de ce permis,
Felsac pénètre dans la prispn, gagne la
confiance des gardiens et enlève le dau-
phin en lui substituant un enfant orphelin
qu'il a introduit dans un cheval de bois
destiné à l'évasion du dauphin. L'opéra-
tion ne s'effectue pas sans peine : la gou-
vernante placée auprès du dauphin s'op-
pose d'abord à son enlèvement, mais la re-
misedecent louiset la menaced'uncoupde
pistolet ont bientôt raison de sa résistance.
Le dauphin est emmené ensuite par
Felsac en Vendée. Avant d'arriver au cam-
pement de l'armée royale, ils tombent
dans une embuscade de gendarmes lancés
à leur poursuite, sont délivrés par un parti
de chouans et finissent par arriver au
quartier-général de l'armée de Charette.
Après une brillante réception, la recon-
naissance du dauphin comme héritier lé-
gitime de la couronne, Charette redou-
tant une trahison, car une partie de l'ar-
mée vendéenne est travaillée par les émis-
saires de la Convention et est sur le pointde
déposer les armes, confie le dauphin à la du
chesse de V*** (ou B***. la lettre V est re-
présentée en russe par le signe B) qui s est
réfugiée avec sa famille, au temps de la^
Terreur, dans une île située non loin de
l'embouchure de la Loire près de Paim-
bœuf. La duchesse de V**'*, qui a connu le
dauphin à Versailles, le reconnaît et se
fait reconnaître de lui. Un armistice ayant
été conclu entre les Républicains et les
Vendéens, et une des clauses de cet ar-
mistice stipulant la remise du dauphin
entre les mains des commissaires de la
Convention, Charette, qui n'a cessé de
protester contre cette trahison, ordonne
de faire transporter l'enfant dans une île
située sur le littoral des Etats-Unis. A pei-
ne sorti du port, le navire est capturé ;
le dauphin et Felsac sont repris et enfer-
més dans la prison du Temple. Le dau-
phin est atteint de convulsions et meurt
bientôt de chagriti et de désespoir. .
Il est encore fait mention, dans le livre,
de la mort subite de Dessault à la suite
de sa constatation de la substitution opérée
et de son rapport à la Convention. On y
parle aussi de la maladie et de la mort de
l'enfant subtitué, du rapport fait cinq
jours après par Sévestre à la Convention
au sujet de cet événement et de l'enterre-
ment de l'enfant dans le cimetière de
Sainte-Marguerite.
Tel est le résumé des principaux faits
contenus dans ce livre étrange qui me
paraît renfermer une foule de détails iné-
dits, notamment l'extrait des mémoires
de Dessault.
je serais curieux de savoir quelle est
la valeur de cette version nouvelle de l'en-
lèvement et de la mort de LouisXVll. Est-
ce une supercherie littéraire ou bien l'abbé
Edgeworth de Firmont qui, par ses fonc-
tions, devait connaître tous les secrets de
la cour de Louis XVIIl, a-t-il fourni la
vraie solution de la question qui passion-
ne depuis si longtemps le parti légitimisteet
les chercheurs .? Faut-il y voir aussi la ge-
nèse d'une légende qui aurait peut-être
inspiré Naundorf et les autres préten-
dants ? F. Tastevin.
M. Otto Friederich qui a recueilli tout ce
qui a été publié sur le dauphin et à qui nous
avons communiqué cette lettre, nous a dit en-
tendre parler de ce livre pour la première fois.
L'impératrice Béatrix de Bour-
gogne. — Existe-t-il une étude histori-
que ou un article de revue sur la femme
de Frédéric Barberousse ?
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1904
109
1 10
Je ne vois rien qui la concerne dans la
Bibliographie Ungherini. — En cherchant
son nom dans \ Intermédiaire, j'ai trouvé
les anecdotes connues qui se rattachent à
sa personne : la révolte de Milan, la dou-
ble histoire de la mule, etc. On nous a
rappelé pourquoi les Milanais avaient su-
jet de lui garder rancune, mais on n'a
pas su nous expliquer le sens du monu-
ment injurieux qu'ils lui avaient élevé
jadis et qui est aujourd'hui au Palais
Brera.
Qiie signifie cette statue ? A quel trait
son geste fait-il allusion ?
Nous comptons parmi nos collabora-
teurs intermittentsles meilleurs historiens
actuels de l'Italie ; je serais très recon-
naissant à celui d'entre eux qui pourrait
et voudrait donner le mot de l'énigme.
S.
L'affaire du Pot-au-Lait. — Je
trouve, dans le carton i i228dts Archives
de la Bastille, la note suivante :
22 Avril 1733.
Geneviève de la Marre.
Pour l'affaire du Pot-au-lait (on ne voit
point ce que c'est que cette affaire) et pour
celle de de Licq, imprimeur à Sainte-Mene-
hould.
Il parait que c'est elle qui a trahi tous
les complices dans cette atïaire, qu'elle les
a dénoncés et qu'elle en a reçu récom-
pense.
Sortie le 28 avril 1733.
Quelle pourrait bien être cette affaire
du Pot-aii-Lait ? Ne s'agirait-il pas de
l'impression ou de la distribution clan-
destine des Nouvelles ecclésiastiques et au-
tres pamphlets jansénistes, qui circulaient
sous le manteau, grâce aux plus ingé-
nieux subterfuges l Paul Edmond.
La Régence. — N'existe-t-il pas une
bibliographie des ouvrages ayant trait à
la Régence ? H. F. S. V.
La Police sous le Directoire. —
Le Bureau de surveillance. — Les
agents du Bureau de surveillance sous le
Directoire étaient payés tous les 15 jours.
Je possède deux feuilles d'émargement
intéressantes.
L'une delà r^ quinzaine de prairial an
IV, la seconde de nivôse an V.
La première a pour titre :
Traitement des employés à la surveil-
lance générale fixé par le ministre d'après
son arrêté de floréal an III :
Traitement annuel
8.000
8.000
6.000
6.000
4.200
3.000
Noël Inspecteur Général
D'Ossonville inspecteur
général adjoint
Agents d'exécution :
Pasté, Maugas, Mariette, Le-
sueur, Warin et Pépin
Agens de i'* classe :
Chambellan, Ricard, Bourdon,
Piccini, Barbier, Pehé, Decamps,,
Lefranc, Lalande.
Agens de 2°" classe :
PeroUet. Leroy, Romain, Van-
dervelle. Folleville, Chernelle,
Waillemet, Dufresnoy, Millet,
Barsolezy,Laporte,Fouché, Noël,
Bourgade, Jansions, Colin, Che-
valier.
Agens de 3"^ classe :
Gorju, Chartier, Rougeot,
Maillefert,Pezeux, Redon, Moul,
Duflos, Varon, Leclerc, Cousin,
Leviez, Laumonier, Gagnard.
Le C" Bazin n'a pas été porté à la 2'°°
classe et les C''^ Juneau, Boulanger, Barré
et Mathieu à la 3"' classe, parce qu'ils
n'ont point encore fait de service.
L'état signé de tous les agents est certi-
fié exact par Noël et d'Ossonville et il
porte les vus de Garon directeur de la
2™' division et de Vimar, secrétaire géné-
ral.
Il serait intéressant de compléter cette
liste et dans un prochain n" de Y Intermé-
diaire je pourrai donner celle de l'an V.
Quelles étaient les attributions du bu-
reau de surveillance ^ Etait-ce la police
secrète .'' J. G. Bord.
Une statue de Napoléon I'"^ à
Lyon. — Il y avait à Lyon une sta-
tue représentant Napoléon I" à cheval
Cette statue était l'œuvre de Nieuwer-
kerke et avait été exposée au rond point
des Champs-Elysées, à Paris, le 15 août
185 1. avant d'être envoyée à Lyon où
elle fut inaugurée quelques mois après.
Ceci résulte de documents absolument in-
discutables.
Vers 1884, j'eus la chance de découvrir
la tète de cette statue, à Lyon ; elle avait
été tranchée du tronc suivant la ligne infé-
rieure des maxillaires et du menton pour
N* 104)
L'INTERMÉDIAIRE
m
iiâ
aboutir, par derrière, au haut du cou, à la
ligne des cheveux.
Je désirerais savoir ;
1° Si cette statue a été enlevée oftlciel-
lement de l'emplacement qu'elle occu-
pait ;
2° Si, au contraire, il est vrai que cette
statue a été, en totalité ou en partie,
jetée bas, la nuit par vandalisme, sans
que la ville de Lyon y ait été pour rien ;
y A quel emplacement se trouvait cette
statue. C. B. I.
Le saint-sacrement donné à
manger à un cheval. — Durant les
guerres de religion, un chef de bande
allemand ou suisse entra à cheval dans
une église et fit manger à son cheval le
saint-sacrement. Il a été fait un vers à
ce sujet. Quel vers et à quel incident pré-
cis fait-on allusion ? M. R.
La Russie pendant la guerre de
1870. — Le colonel Stoffel, dans une
brochure intitulée : De la possibilité d'une
future alliance franco-allemande^ raconte
ce qui suit, page 17 :
L'impératrice Eugénie écrivit à l'empereur
Alexandre, dans les termes les plus nobles,
pour lui demander ses bons offices, deux
lettres pleines d'un patriotisme élevé. Les
réponses du csar sont une fin de non-rece-
voir polie dont la lecture est navrante. . .
Peut-on savoir qui détient actuellement
ces lettres et si elles ne doivent pas un
jour être publiées <:
M. O. Stora.
Saint Baronte. — Baronte, selon les
Acta Sanctoriim (Martii t. III Antverpiœ,
Meursium, MDCLXVIll", p. 568 a) fut,
avant d'être sanctifié, un seigneur français
du vil' siècle qui, se repentant d'une vie
dissolue, entra avec son fils dans le mo-
nastère bénédictin appelé « Longoretum,
Longoretus et Langoritus vulgo Lon-
rey en Bvaine ; nunc autem passim dicitur
5. Siran en Braine a S. Sigiranno fun-
datore ».
Là, il eut une vision fameuse qu'Oza-
nam (^Etudes sur les sources poétiques de la
Divine Comédie. Voir en Œuvres complè-
tes^ 1855-02, t. V, p. 420-21), Alexandre
D'Ancona (/ Precursori di Dante, Firenze,
1874, p. 72) et autres écrivains ont men-
tionné, comme une des nombreuses sour-
ces qui ont pu avoir inspiré au Dante le
plan de la Divine Comédie.
Dans la brochure intitulée San Baronto,
leggenda del secolo f^II.^ édita a cura di un
Predicatore Cappuccino^ Pistoia, Eredi
Bracali, 1869, on dit,à la p. 16, que Mon-
talembert dans ses Moines d' Occident ., t.
IV% parle de la vision de saint Baronte
comme une des sources de la Divine Co-
médie.
Cet opuscule a été écrit très négligem-
ment par le chanoine G. Breschi, avec la
collaboration des Pères Romolo da Pistoia
et Raffaello da Gavinana. Montalembert
parle en vérité, dans le t. IV, p. 94 (éd,
1860-67) des visions de Fursy comme
une des sources poétiques de la Divine
Comédie, mais, sauf erreur, il ne nomme
pas saint Baronte, dans aucun des cinq
volumes de son ouvrage.
Plus tard, saint Baronte se rendit en
Italie et vint fonder en Toscane, sur un
des sommets de la chaîne du Monte Al-
bano — non loin de Vinci, patrie de
Léonard et d'où l'on a une vue merveil-
leuse de la moitié de la Toscane —
un hermitage avec une église plus tard
reconstruite, mais où l'on voit encore,
dans la crypte, les restes de l'ancien édi-
fice qui est antérieur à l'an mille, comme
le prouvent les colonnes et les chapiteaux
caractéristiques de cette époque.
L'église avec la maison du curé s'appelle
encore aujourd'hui Saint-Baronto et se
trouve à cinq kilomètres au nord-est de
Lamporecchio et à quinze kilomètres à
l'ouest de Pistoia. Mabillon ajoute {Annales
Ordinis S. Benedicti etc. Lucae, Venturini
t. I, MDCCXVIII, p. 504) à la narration
des Bollandistes, que le texte complet de
la vision de saint Baronte se trouve dans
le codex Remigianus avec le portrait du
saint, portrait que Mabillon a reproduit
dans son ouvrage avec un autre portrait
du saint dont l'original existe, dit-il, dans
l'église de S. Albini (Aubin) apud Andc-
cavos (Angers).
Qiiand je visitai Saint-Baronteen 1872,
l'église possédait les os du saint et de ses
disciples, et dans la crypte, sur les parties
verticales de l'autel, il y avait 24 sta-
tuettes en bronze émaillé en vert, bleu,
blanc et or, d'un prix inestimable et pro-
bablement peu postérieures au temps du
saint (vi' siècle). La statuette du milieu
représentait saint Baronte et avait 50 cm.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30'juillef 1504.
115
114
de hauteur. Les autres 24 statuettes en
bronze avaient 15 cm. de hauteur et
consistaient en une ou en plusieurs figures
dorées et sans émail et représentaient les
faits et les miracles du saint.
Quelques années plus tard, quand je
visitai de nouveau l'église, quatre statuettes
avaient disparu.
Il y a dix ans, à peu près, quelques
étrangers visitèrent Saint-Baronte et expri-
m.èrent hautement leur admiration pour
ces bronzes. Qiielques jours après, tous
avaient disparu. On fit un semblant d'en-
quête et naturelleriient on ne découvrit
rien.
îl est sûr que ces bronzes se trouvent
actuellement dans quelque collection
étrangère.
Voici maintenant les questions que je
n'ai pas pu résoudre:
1° Quels sont les noms actuels de Lon-
rey en Braine.et de Saint-Siran enBraine,
que j'ai cherchés en vain dans les diction-
naires (Dict. de Géographie de Vivien de
Saint-Martin et Schrader, Grande Encyclo-
pédie, etc.) sans trouver des équivalents
exacts et certains ?
2° Où se trouve actuellement le codex
Remigiamis, cité par Mabillon et existe-
t-il d'autres manuscrits contenant le texte
complet de la vision de saint Baronte,
avec ou sans son portrait ?
3" Le portrait de saint Baronte, exis-
tant à Angers au temps de Mabillon, se
trouve-t-il encore parmi les restes de
Léglise et de l'abbaye de Saint-Aubin con-
servés dans le palais de la préfecture à
Angers ?
4° Existe-t-il quelque travail critique sur
les sources de la légende de saint Baronte
et sur le caractère historique de ce per-
sonnage
?
Prof. Luigi P.
Bourbon Lavedan — Bégole — La
Corne. — Jean-Jacques de Bourbon, vi-
comte de Lavedan, testa le 25 août 1610,
et, comme il était sans enfants, il laissa
la vicomte de Lavedan à Marie de Gon-
taut sa seconde femme qui, au lieu de la
transmettre aux seigneurs de Bégole. ne-
veux de son mari, en fit don à Philippe de
Montaut.
Cependant, une des sœurs du dernier
vicomte de Lavedan ayant épousé Antoine,
seigneur de Bégole, près de Tarbes.elle en
eut, entreautres enfants, Catherine de Bé-
gole, femme de Gilles de la Roche, sei-
gneur de Fontenilles, dont lean-François
de la Roche appelé le baron de Lavedan,
probablement à cause des prétentions de
sa mère, père de Charles de la Roche,
comte de Lavedan. Une autre sœur du
vicomte de Lavedan épousa Louis, sei-
gneur de la Corne, près de Randan.
On demande des détails généalogiques
et héraldiques sur les familles de ces sei-
gneurs de Bégole et de La Corne.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Bourbon Basian — Garisson —
d'Aliez ou Dallez. — Louis de Bour-
bon, baron de Basian, épousa, en 167 1,
Anne de Garisson dont N. de Bourbon,
baron de Basian. qui vivait marié en 1725.
Anne de Garisson hérita de son fils la
baronnie de Basian, qui passa à sa petite-
nièce Marie-Catherine d'Aliez de Réalville,
mariée, en 1754, à Pierre-Jacques de Go-
daille, marquis de Cieurac.
Peut-on me donner des détails sur ces
derniers représentants d'une branche de
la maison Royale de France.^
La marquise de Cieurac était fille de
N. d'Aliez ou Daliez, Président à la Cour
des Aides de Montauban, et de Jeanne-
Marie-Gabrielle du Faur, issue du mariage
de Tristan du Faur, marquis de Cardaillac,
avec N. Ferrand.
Je crois que Anne de Garisson pouvait
être fille de Jonathan de Garisson, seigneur
de Lustrac et de Bressots. secrétaire du
roi, et qui avait au moins eu quatre autres
filles, alliées avec les familles d'Augeard,
de Clauzade, de Caussade et de Scorbiac.
Comment Anne de Garisson était-elle la
grand'tante de la marquise de Cieurac .''
G. P. Le Lieur d'Avost.
Portraits de madame de Cha-
brillan. Quels portraits existent de Mme
Lionel de Chabrillan,qui a publié des mé-
moires sous le nom de Céleste Mogador.?
Truth.
*
La question a été directement transmise
à M^fî de Chabrillan qui a répondu
en nous communiquant ses portraits re-
produits déjà dans la Vie illustrée :
Céleste Mogador à 16 ans :
Dansant avec Adèle Page, aux Variétés,
1852;
Dans son costume de Mabille, 1849 ;
N* 1047
L'INTERMEDIAIRE
I r
1 16
Chantant la Gauloise^ 1870 ;
Au moment de son mariage, 1855 ;
Après la mort de son mari, 1859 ;
Dans sa retraite, 1896.
En tète des mémoires est un joli por-
tait d'elle, gravé d'après un dessin de
Thomas Couture.
Les demeures de Chateaubriand.
— M. Bord a déjà publié dans Vlntcniié-
diaire une notice sur le domicile de Cha-
teaubriand, rue Miromesnil. Pourrait-on
nous donner quelques indications aussi
précises sur les autres domiciles de Cha-
teaubriand (sauf rue Denfert, Vallée aux
Loups) ? Edouard Champion.
L'iogénieur Daudet. — En 1724,
le prince de Conti eut l'intention de faire
construire un canal sous le nom de canal
de Bourbon, qui devait amener à Paris,
au faubourg Saint-Martin, les eaux de la
rivière d'Oise prises à Stors, près l'Isle-
Adam. Les travaux devaient être exécutés
par les soins de l'ingénieur Daudet, de
Nîmes. Cet ingénieur serait-il un des an-
cêtres du célèbre romancier Alphonse
Daudet .? Paul Pinson.
Mademoiselle de Fontaines. —
M. Cousin, dans l'ouvrage qu'il consacre
à M""* de Longueville (2= édition, Saint-
Simon p. 86. et suiv.) parle d'une demoi-
selle de Fontaines.Je serais heureux de pou-
voir établir sa parenté et de connaître ses
armoiries, H. F. S. V.
Les armes d'Angélique de Mau-
riac, épouse du marquis de La
Grange. — Je serai fort obligé que l'on
veuille bien médire quelles étaient les
armes de Angélique-Adélaïde Méliand de
Mauriac, qui épousa le marquis de la
Grange, par contrat des 5 et 6 janvier
1766. T.
Le duc da Richelieu . — Voltaire a
adressé une épitre, datée de Lunéville, 18
novembre 1748, à M. le duc de Richelieu ,
à qui le Sénat de Gènes avait érigé une
statue :
Je la verrai, cette statue
Q_ue Ghne. élève justement
Au héros qui l'a défendue,..
. Cette statue existe-t-elle encore à Gê-
nes ? Debasle.
Un roman d'Eugène Sue à re-
trouver. — Dans un roman d'Eugène
Suc, un quaker de passage à Paris achète
unmalheureuxcheval tout près de succom-
ber sous les coups d'un charretier.
L'animal dépouille sa chrysalide de mi-
sère, c'est un superbe barbe, éta'on d'un
grand prix.
Serait-ce l'histoire de Godolphin, père
de la race anglaise ^
On serait heureux d'avoir le titre du
roman difficile à reconnaître sur les cata-
logues de librairie.
LÉDA.
La romance d'Aspasie. — Elle est
citée par d'Alembert, dans un morceau
publié par l'éditeur de ses Œuvres pos-
thumes : Sur la tombe de mademoiselle de
Lespinasse. « Je ne saurais trop, dit-il, me
redire ces mots de la romance d'Aspasie,
que je relis tous les jours :
Si réclamez ? sa douce fantaisie,
Elle dira : Q.ue ne l'inspirez-vous !
Quel est l'auteur de cette romance .?
Où le texte s'en trouve-t-il ?
Debasle.
Bachaumont, pseudonyme. —
De renseignements verbaux qui confir-
ment l'indication fournie par le Diction-
naire de Georges d'Heylli, il résulte que
les ouvrages et les articles de journaux
(Gil Blas) publiés il y a vingt-cinq ou
trente ans sous ce pseudonyme, sont d'un
écrivain dont le vrai nom était Gérard.
Que sait-on de lui à V Intermédiaire ? Pré-
noms ? Dates de naissance et de décès ?
Particularités quelconques ^
P. Lee.
La mémoire. — La mémoire a-t-elle
progressé depuis les temps anticiues, et
pour quelles causes ^
Alphonse Renaud.
Ces t tout réfléchi. — «Réfléchis-
sez-y... — C'est tout réfléchi ». Cette
manière de parler est-elle correcte et
peut-on employer dans ce sens le parti-
cipe passé du verbe neutre « réfléchir » ^
On dit bien : un homme réfléchi (qui a
l'habitude de la réflexion) ; une aversion
réfléchie (qui a le caractère de la réflexion ),
mais le sens n'est pas exactement le
même. « C'est tout réfléchi » veut dire en
effet : « J'y ai déjà réfléchi ».
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet i9o4'
117
118
Que pensent nos savants intermédiai-
ristes de cette expression ?
Le mot « revoir » parait pris substan-
tivement dans l'expression « au revoir ».
Peut-on dire, par extension : les douceurs
du revoir, l'espérance du revoir ? (Bien
entendu, je laisse de côté le substantif
« revoir », terme de vénerie).
X. Y Z.
Aller en Portugal, au Monténé-
gro, etc. — Il n'est pas comme les étran-
gers pour faire remarquer les bizarreries
d'une langue. Dernièrement, un Italien
me demandait pourquoi nous disons :
Aller en Portugal, aller au Monténégro,
Je ne sus que lui répondre.
J'étends la question et j'observe qu'on
emploi le an surtout pour les pays hors
d'Europe. Si nous disons : aller en Dane-
marck, en Anjou, nous dirons en revan-
che : aller au Brésil, au Japon, avec des
exceptions comme : aller en Afghanistan.
(Euphonie .?) Nos aïeux disaient autrefois:
Aller en Maroc, en Alger, Mais alors pour-
quoi dire : aller au Tyrol et aller en Ara-
gon ?
Et pour les noms féminins : Aller en
Suisse et aller à la Guyane. Pour deux
provinces du même pays : aller en Cali-
fornie, aller à la Louisiane. D'autre part :
aller à la Nouvelle-Ecosse, et aller en Nou-
velle-Calédonie (il est juste de reconnaître
qu'on dit autant à la Nouvelle-Calédonie,
et en Nouvelle-Zélande que à la Nouvelle-
Zélande). On me répondra qu'il s'agit ici
d'un nom propre formé avec un adjectif.
Mais pourquoi dire aller en Terre-Sainte
et non à la Terre-Sainte.? Oroel.
Les femmes célèbres qui ont
posé nues. — Qiielles sont les femmes
célèbres qui ont posé nues, pour leurs
statues ou leurs portraits, depuis la mai-
tresse d'Alexandre, jusqu'à la sœur de
Napoléon ? Candide.
Tableaux sur la Ligue.— J'ai cher-
ché vainement un travail d'ensemble sur
les tableaux contemporains de la Ligue et
sur la Ligue. Peut-être n'en existe t-il pas.^*
Gravure démarquée. — Je possède
une petite estampe oblongue 251 x 100
qui a servi de titre à une suite de figures;
dans un cartouche central auquel sont
adossés des amours, lequel est surmonté
d'une tête de chérubin, on lit : Cayerpo-
pre aux aspiinnts an génie militaire et civtt
qui ont besoin d'apundre à dessiner à la
plume et se prcpaicr à opérer d'aptes nature.
Au dessous en une li^ne: Diverses veu'és de
Rome et composition libres d'Architecture
remises en Inniilrc p.ir (2. Nsudet. Et plus
bas : avec privilège du Rov.
Les mots ici en italiques sont les seuls
qui appartiennent à l'inscription primi-
tive de l'époque de Louis XIV ou peut-
être Louis XIII que le mot « veuës » peut
faire supposer ; les mots : « composition
libres d'architecture w et le nom « C. Nau-
det » ont été mis en place d'autres au
XIX' siècle, probablement par Caroline
Naudet.Un obligeani intermédiairiste con-
naîtrait il l'auteur de ce Cayer propre, etc.
et l'époque de sa première publication ?
CÉSAR BiROTTEAU.
Écusson à déterminer. — L'écus-
son représenté ci-
contre, figure sur une
créJence Renaissance
en noyer, de LEcole
lyonnaise. Une tradi-
tion de famille veut que
ce meuble vienne de
l'évêché d'Autun. Que
sont ces armoiries?
Comte de J.
Compositeurs à retrouver (Suite).
(XILX; 789; L. 10, 62).
32 Anima Pentita, Venise, mendicanti,
1667,
33 Apollo Pacificatore. Padoue, Théâ-
tre Nuovo, 1812.
34 Arcadia in Brenta, Théâtre d'Esté,
octobre 1752.
33 Armida nemica, amante, esposa.
Venise 1669.
36 l'Arrivo di Rossini ai Camp! Elisi,
vaudeville. Savone, s. d.
37 Artaserse. Turin, Théâtre Cari-
gnano, automne 1730.
38 Artaserse, Breslau, 1733. Opéra
italien.
39 le Arti. Naples, Théâtre Fiorentini,
1837.
40 l'Assalone, oratori ; Florence a St-
Philippc Ner/, 1785. (A suivre).
N° 1047,
L'INTERMEDIAIRE
IK
120
ïlépon^es
Les drapeaux des Suisses en
août 1792 (L, 2). — A supposer, ce qui
est bien invraisemblable, que les dra-
peaux des Suisses enterrés à Courbevoie
n'aient pas été, peu de temps après, déni-
chés et promenés en triomplie par la ca-
naille, il est très évident qu'on ne retrou-
verait dans la cachette, si elle existait
encore, que du terreau à la place des dra-
peaux confiés à la terre.
En effet, il serait absolument miracu-
leux que les étoffes et les hampes aient
résisté à plus d'un siècle d'humidité, alors
qu'on voit des drapeaux plus modernes,
conservés dans des conditions bien plus
favorables, détruits déjà par le temps.
Voyez les drapeaux pris à l'ennemi sous
le règne de Napoléon P"", qui entourent le
tombeau de l'empereur aux Invalides. Ils
n'ont plus de couleurs et sont d'une teinte
grise presque uniforme.
Si on les touche du doigt, l'étoffe, qui
n'a plus de corps, cède et tombe en pous-
rière.
Nous pensons donc que de toute façon,
il faut faire son deuil des drapeaux des
Gardes Suisses, Cottreau.
Un curieux fossile humain
trouvé dans la forêt de Fontaine-
bleau (XLIX, 785, 905). — Si la réponse
de M. Stanislas Meunier ne laisse rien à
dire, au point de vue scientifique, tou-
chant le prétendu fossile humain, trouvé,
en 1823, dans la forêt de Fontainebleau,
la question de M. Louis Tesson n'en reste
pas moins entière. La roche a-t-elle été
conservée .? Où se trouve-t-elle actuelle-
ment ?
Sur ce point, je vous signalerai le pas-
sage d'un roman d'Auguste Luchet, paru
en 1849, ^'Eventail d'ivoire. Auguste Lu-
chet, né à Fontainebleau, était alors gou-
verneur du château ; dans ses romans,
aujourd'hui profondément oubliés, il in-
troduisait des bribes d'histoire locale, qui
méritent d'être recueillies. C'est ainsi qu'il
nous apprend que le fameux fossile hu-
main « est honteusement enfoui dans une
cave, à Rouen, où le salpêtre achève sans
doute d'effacer l'empreinte vague qui le
rendit si dangereusement précieux à son
infortuné possesseur ».
Et comme, au moment où paraissait
l'Eventail d'ivoire, personne ne croyait
plus au caractère fossile de la roche, Lu-
chet émet une nouvelle hypothèse, qu'il
serait curieux de vérifier : « c'était tout
bonnement l'ébauche à peine dégrossie
d'un bas-relief équestre, entrepris pour
François !'='■ par Sarho, dans le genre des
caryatides colossales qu'on admire encore
à l'un des bouts du Palais ».
Encore un mot sur ce prétendu fossile,
qui a fait couler tant d'encre. Tout le
monde fait honneur de sa découverte au
colonel juncker et au docteur Ganot. Ce-
pendant, d'une lettre de Cuvier au sous-
préfet de Fontainebleau du 27 octobre
1823, il résulte que le rocher a été trouvé
par les enfants du colonel Le François,
son parent, et qu'aussitôt il a envoyé son
aide, M. Rousseau, pour l'examiner.
F. H.
Les « Memoranda « de J. Barbey
d'Aurevilly (XLIX, 842). — L'un des
Memoranda publiés en 1883 avec une pré-
face de M. Paul Bourget, \t Mémorandum
de 1856, débute ainsi ;
Trébutien veut que je lui fasse un Memo-
ra-ndtim de tous les jours. Je recommence
donc pour lui ce que j'avais fait pour Gué-
rin à une autre époque. Avant de quitter
Paris et de m'en aller en Normandie, je
m'étais promis de faire aussi de mon voya-
ge,un Mcmorandum ^omi celle (\\xt]e nomme
l'Ange Blanc ; je l'ai commencé, mais il
est resté à la seconde page.
Cette promesse que Barbey s'était faite
en 1856, il ne l'a réalisée qu'en 1864, et
c'est justement à celle qu'il nommait V An-
ge Blanc qu'il a adressé le journal intime
qui intéresse notre collaborateur Valley-
res. Cq. journal avant le commencement
de publication qui a paru dans la Revue
Bleue des 19 et 26 décembre 1903 (pages
769-772) et 26 décembre 1903 fp. 804-
807), n'était pas tout à fait inédit. Une
main pieuse, celle de l'Ange Blanc elle-
même, avait transcrit ces pages et les
avait livrées aux presses. 11 en est résulté
une charmante brochure de lormat in-8°,
luxueusement imprimée, et composée de
38 pages de texte typographie (y compris
le titre). Ces 38 pages sont précédées d'un
faux-titre, portant simplement le mot Me-
morandum^Qt suivies d'un autre faux-titre
sur lequel se lit l'intitulé : ^ Six lettres
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1904,
121
122
(1856-1888) de Jules Barbey d'Aurevilly
né à Saint-Sauveur-le-Vioomte, 1808,
mort à Paris, 1889, muni des secours de la
religion». Alasuite se trouve sur 12 feuillets
de beau papier fort (3 feuillets seulement
sont blancs) la reproduction, en fac-simi-
lé, de six lettres adressées à l'Ange Blanc ^
dont la plus ancienne est datée du 4 sep-
tembre 1856, et la plus récente, du 1''
janvier 1888. Deux de ces lettres sont écri-
tes à l'encre rouge ; les quatre autres
sont en noir. Le titre (il compte dans la
pagination et son verso est blanc) est sur-
monté d'une flèche, placée verticalement,
servant d'ornement supérieur. Au dessous
de cette flèche le mot Mémorandum en ca-
, pitales, puis cette dédicace : Pour l'A...
B... (sic). Entin, la date : 1864, puis une
flèche, placée horizontalement, formant
fleuron. Au bas de la page est imprimée
une note sur la personnalité de TAnge
Blanc, note que l'on ne s'étonnera pas de
ne pas voir transcrite ici.
L'Intermédiaire est un salon où l'on
cause, mais heureusement pour nous tous
et pour son sympathique directeur — c'est
un salon qui a beaucoup d'écho, et je ne
me crois pas autorisé à sortir du domaine
purement bibliographique.
La brochure en question ne porte ni
lieu d'impression, ni nom d'imprimeur ;
et j'avoue que je suis, sur ce point, dans
une ignorance absolue. Je doute qu'elle
ait été exécutée à Paris et je crois y recon-
naître le faire d'un imprimeur de certaine
ville du midi de la France. Mais ce n'est
qu'une hypothèse. Ce dont je crois être
plus certain, c'est que ce mince volume
a été imprimé en 1899- 1900. Il a été tiré
340 exemplaires dont une dizaine, à peine,
'% a été distribuée. Il est à ma connaissance
que sept personnes seulement possèdent le
Mémorandum de 1864 ; je ne puis pas don-
ner leur nom, non plus que celui de l'édi-
teur des deux articles de la Revue Bleue.
Je dirai seulement que la publication de
ceux-ci a été interrompue sur réclamation
très justifiée. La partie publiée par la Revue
I Bleue correspond aux 24 premières pages
! de la brochure ; la lacune représente
donc un peu plus que le tiers de celle-ci,
plus les six lettres fac-similisées. La trans-
cription est à peu près fidèle, à peu d'ex-
ceptions près. Je signalerai par exemple
l'inexactitude de l'initiale A (page 769 de
la Revue Bleue) .^ l'inexactitude aussi de la
date du 51 (sic !) novembre 1864 placée
en tête du Mémorandum ; elle existe bien
dans le texte, à la 4* ligne de la brochure,
mais elle ne figure pas dans l'original, à
côté de l'épigraphe. En plusieurs endroits,
enfin, des initiales trop transparentes ont
été supprimées dans la Revue.
La Revue Bleue n'est pas le seul recueil où
l'on trouve une allusion au Mémorandum
de 1864, morceau plein de charme et que
je suis bien près d'appeler un chef-d'œuvre.
Dans h Carnet de décembre 1903, p. 354,
au cours d'un article sur Barbey d'Aure-
villy, Al. Louis Sonolet en a parlé d'après
M. Eug. Grêlé qui, lui non plus, n'en a
pas ignoré l'existence, mais qui s'est tenu
sur une discrète réserve. M. Sonolet a
compris, lui aussi, toute la pureté et tout
l'idéal de l'attachement de Barbey pour
VAnge Blanc, et il Ta fort bien exprimé.
C'est dans la même pensée que je me suis
eff'orcé de montrer la même discrétiondans
cette noto à laquelle j'ai voulu laisser un
caractère simplement bibliographique.
Paul Lbe.
Saint Denis, évêque des Gaules*
a-t-il existé?(XLII;XLIll).— -L'ancienne
théorie de Dupuis et de Dulaure a été re-
prise par M. Charles Sellier, conservateur
du Musée Carnavalet, et formulée en ces
termes :
... ainsi les fêtes de Bacchus qui étaient
annoncées dans le calendrier païen (?) par
ces mots Festmn Dionysii., Eleutheri, Rus-
tici, sont devenues à la date du 9 octobre,
c'est-à-dire à la même époque, trois saints
du calendrier latin : Saint Denis,saint Rus-
tique et saint Eleuthère. (XLII, 987. )
La thèse est fort jolie ; elle a eu grand
succès. Toutefois, ne pourrait-on pas
objecter :
1° Qiie Festum Dionvsii ne signifie pas
Fête de Dionysus (Bacchus), mais deDio-
nysîus (saint Denis). Il n'y a que la dif-
férence d'un iota entre le dieu et l'hom-
me ; mais c'est précisément le nœud de la
question. N'oublions pas de mettre le
point sur cet /.
2° Que jamais un poète grec n'a donné
à Bacchus l'épithète de eleulheros. — Voi?
Bruchmann. Epitheia Deorum qiice apud
poetas grœcos leguntur. 1893, p. 83.
3" Que jamais un poète latin n'a donné
à Bacchus l'épithète de rusticus. — Vol
J. B. CaRtér. Epitheta Deorum quai apud
N* 1047
L'INTERMEDIAIRE
123
124
pcetas latinos legutitiir. — 1902, p. 62.
40 Qti'à supposer que les principales
fêtes bachiques eussent lieu en octobre
(et c'est inexact), on ne saurait identifier
pour cette seule raison le dieu et le saint,
pas plus qu'on ne peut nier l'existence de
la Vierge Marie en constatant que sa fête
et celle de Diane, la Vierge antique, tom-
bent toutes les deux au milieu d'août.
5'' Qu'il semble bien résulter de tout
ceci que Dulaure et Dupuis ont pris les
mots Fesitim Dionysii, Eleuthen\ Riistici^
dans un calendrier chrétien et que par
conséquent toute la théorie repose sur le
néant. Candide.
Un édit de Henri II (XLIX, 833,
959 ; L, 72). — Entre l'édit de février 1556
et la déclaration du 1 5 février 1 708, il existe
une ordonnance de Henri III, de 1585, que
les collaborateurs Candide et Ed. D. n'ont
pas connue, dans laquelle il est dit :
Afin que nulle femme, servante et cham-
brière, ne puisse prétendre cause d'ignorance
de redit ci-dessus (15S6), enjoint à tous curés
de publier et dénoncer au peuple le contenu
audit édit à leurs prônes des messes paroissia-
]es de trois mois en trois mois.
Qiiant à la déclaration du 15 février
1708, en outre des prescriptions qui y
sont énumérées, elle ordonne aux curés et
vicaires de faire ladite publication et d'en
envoyer un certificat signé d'eux aux pro-
cureurs des bailliages et sénéchaussées
dans rétendue desquels leurs paroisses
sont situées. Et qu'en cas de refus ils
puissent être contraints par la saisie de
leur temporel.
On voit par ce dernier paragraphe que
les curés de cette époque pouvaient être
traités par le '< fait du prince » comme ils
le sont de nos jours.
Un ancien cul de singe.
Le texte intégral communiqué par T a e'té
envoyé à l'auteur de la question.
Le serment des ecclésiastiques
sous la Révolution (XLIX, 837, 964),
— Ce serment devait comporter adhésion
à la constitution civile du clergé, et les
décrets de l'Assemblée nationale prescri-
vaient dans quels termes le serment
ordonné serait prêté.
La question posée doit donc être réso-
lue dans le sens de l'adhésion à cette '
constitution si l'on se place au point de
vue juridique.
Si. au contraire, on consulte les docu-
ments b.istoriqucs, la question peut faire
doute, car dans bien des villes et villa-
ges les autorités locales donnèrent, comme
on dit, une entorse aux décrets, dans la
bonne intention de ménager les scrupules
des ecclésiastiques, ou d'éviter des troubles.
Tous les ecclésiastiques âgés furent dis-
pensés du serment officiel, on les fit jurer
seulement de veiller avec zèle sur les fi-
dèles de la paroisse.
Nous pourrions citer plusieurs faits à
l'appui de notre opinion :
A Nantes, M Lefeuvre, curé de Saint-
Nicolas, et M. Delaville, curé de Sainte-
Croix, prêtèrent un serment qu'ils com-
mentèrent par des discours nullement en
harmonie avec la lettre et l'esprit des dé-
crets. Procès-verbal fut dressé par les au-
torités de Nantes, le 23 janvier 1791 .
A Redon, il y avait, au mois de janvier
1791, vingt prêtres domiciliés dans la
ville.
Un seul se montra disposé à prêter ser-
ment dans les termes prescrits par les dé-
crets de l'Assemblée nationale ; le curé,
M. Loaisel, ancien député à la Consti-
tuante, refusa de se soumettre aux lois
que la majorité de ses collègues avait
votées, et même d'assister à la cérémonie
organisée pour recevoir le serment des
ecclésiastiques qui se soumettraient.
Cette cérémonie à laquelle aucun prê-
tre n'assista, eut lieu quand même à
l'église paroissiale, le 7 février 1791, à
quatre heures du soir.
Procès-verbal fut dressé qui mentionne
toutes les avanies faites au prêtre qui
donnait l'exemple de la soumission aux
décrets, il en fut récompensé par une
volée de cailloux qu'il reçut en guise
d'acclamations.
L'évêque constitutionnel de Rennes, M.
Claude le Coz, était accueilli de même
quand il faisait ses tournées pastorales.
Pourtant M. le Coz était le parfait mo-
dèle des prélats partisans des concessions,
mais en 1791 était-il facile d'être bon
évêque, bon catholique et excellent fonc-
tionnaire ^
De nos jours, ces idées ont gagné du
terrain, elles ne sont pas encore admises
sans conteste dans certains milieux catho-
liques.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1904
125
126
On comprend la prudence des munici-
palités de 1791, soucieuses de veillera la
sécurité de leurs administrés.
Voulant prévenir les troubles et les
scandales.souvent ils violèrent les décrets,
reçurent des serments à huis clos et accep-
tèrent des formules en contradiction avec
les lois promulguées et que le parti ca-
tholique ne voulait pas admettre.
Joseph de Trémaudan.
Arbres de la liberté encoi'e exis-
tants (XLllI ; XLIV ; XLIX, 607.772,
858, 916 ; L, 24). — A un carrefour de
routes, près l'église très peu monumen-
tale de la Trémouille (Vienne), on voit
un marronnier des Indes, de grosseur
moyenne, mais pourvu d'une belle ra-
mée.
C'est l'arbre de la liberté planté là en
1848. Il était né dans un beau parc du
voisinage, d'où il fut transplanté.
Ce parc a été mutilé, mais il en reste
une allée de superbes marronniers, frères
de notre arbre de la liberté.
BOISCARNUS.
Bomar?und (L,^). — Le général Niel
commandait en chef le génie de la divi-
sion de la Baltique. La croix à double tra-
verse inclinée^ en cuivre doré, qui sur-
montait le dôme de l'église russe de Bo-
marsund, fut, par le général, offerte à la
ville de Muret, chef-lieu de l'arrondisse-
ment où Adolphe Niel avait « ouvert les
yeux à la lumière ». On peut voir cette
croix en l'unique église de Muret.
Le premier bombardement de Bomar-
sund eut lieu le 22 avril 1854.
A. S..E.
* »
Le corps expéditionnaire de la Baltique fut
commandé par Baraguey d'HiUiers, alors
général de division. 11 avait pour aides-
de camp les capitaines Melin et Foy ; pour
chef d'état-major, le colonel de Gouyon
de Saint Loyal. Le général de division
Niel commandait le génie, et le lieute-
nant-colonel de Rochebouët, l'artillerie.
La i""» brigade avait à sa tète le général
d'Hugues, et elle se composait du 3* de
ligne (colonel Ducrot), et du 48* de ligne
(colonel Vidal de Lauzun).
La 2' brigade (général Grezy) comptait
le 51* de ligne (colonel Perrin jonquières)
elle 77'' (colonel Suau).
Pour plus amples détails, voir : Siège
de Bjinarsnud en i^p4., journal des opéra-
tions de l'artillerie et du génie [rédigé
par le général Niel et le colonel de Ro-
chebouët], publié avec l'autorisation du
ministre de la guerre. Paris, 1855, J.
Coréard, in-8. Nothing.
Inceste suivi de mariage (XLIV,
58). — Sous cette rubrique, on nous de-
mandait, il y a trois ans, si l'histoire de
France offrait un exemple d'inceste entre
frère et sœur suivi de mariage régulier.
Personne n'a répondu. Voici pourtant un
cas parfaitement établi et qui mérite d'ê-
tre cité.
Jean IV d'Armagnac eut cinq enfants :
i" Jean de Lomagne, né en 1420; 2^
Charles ; 3° Marie, qui épousa Jean d'A-
lençon ; 4" Eléonore qui devint princesse
d'Orange ; ^^ Isabelle, née en 1433.
Celle-ci, la cadette des trois filles, «estoit
tenue une des belles femmes du Royalme
de France » dit Mathieu d'Escouchy. Elle
n'avait que neuf ans lorsque Henri VI
d'Angleterre devint amoureux de son
portrait et voulut épouser le modèle. Il
demanda sa main, l'obtint sans peine et
le mariage était proche, quand, pour des
motifs politiques, tout fut rompu (1442).
Evincée avant d'être nubile, Isabelle
regretta moins son trône que sa nuit de
noces. 11 lui fallut des consolations, elle
les chercha dans le lit de son frère Jean
qui avait treize ans de plus qu'elle et qui
se laissa séduire éperdument, dit Thomas
Basiîi, par ses tentations et ses caresses :
delininmitis atque hlanditiis.
Jean de Lomagne, devenu comte d'Ar-
magnac sous le nom de Jean V, garda au-
près de lui sa petitesœurcommemaitresse
en titre. Par amour pour elle, il ne voulut
pas chercher femme. Leur commerce était
public. Elle lui donna plusieurs enfants.
Cependant, malgré leur passion mu-
tuelle, un dissentiment s'accusa entre eux
sur un singulier cas de conscience : Isa-
belle trouvait plus convenable de vivre en
concubinage avec son frère sans deman-
der à un prêtre de consacrer le fait ac-
compli. Jean, par scrupule religieux, pré-
férait l'épouser. Ils se marièrent enfin,
mais non sans une longue résistance de
la part de la jeune fille.
Un référendaire du pape, nommé Am-
broise de Cambray, donna des bulles de
N" «047,
L'INTERMÉDIAIRE
— 127
128
dispense qui étaient sans doute apocry-
phes, et les noces furent célébrées avec
toutes les cérémonies de l'Eglise par le
chapelain du château.
Isabelle accoucha encore, des œuvres
de son frère devenu son mari. Bannie de
France avec lui le 13 mai 1460, elle le
suivit en Aragon, mais ce fut pour pren-
dre le voile au couvent de Mont-Sion
(Barcelone) où l'on pense qu'elle finit ses
jours en odeur de sainteté. — Zurita . A na-
les de la Corona de Aragon. — Saragosse.
1562, XVI, 66). Candide.
Bonnes villes (XLIX, 889 ; L, 15).
— Dans \' Armoriai général de V Empire
français de Henry Simon, Paris, chez l'Au-
teur, 1812, deux volumes grand in-folio
avec planches gravées, on pourra trouver
les armoiries figurées, avec la descrip-
tion des dites armoiries, de diverses Bon-
nes villes de l'Empire français.
Voir notamment,pour les Villes de pre-
mier ordre, au tome P', la planche 69 et
le texte imprimé page 86, les armoiries
de : Angers, — Aix-la-Chapelle, — Bour-
ges, — Brème, — Cologne, — Dijon,
— Florence, — Grenoble, — La Ro-
chelle, — Marseille, — Nancy, — Parme,
et au tome II, la planche 69 également et
le texte imprimé page 72, les armoiries
de : Amsterdam, — Anvers, — Bor-
deaux, — Bruxelles, — Gand, — Gênes,
— Hambourg, — Lyon, — Lille, — Lièae,
— Montauban, — Paris. Toutes : au chef
cousu des Bonnes Villes de l'Empire : De
gueules.^ chargé de trois abeilles d'or.
Puis, au tome h'"', planche 70, et texte
imprimé page 87, pour les Bonnes Villes
de second ordre : Avranches, — Cher-
bourg. — Granville, — Lierre, — Lou-
dun, — Malines, — Moissac, — Savone,
— Saint-Lô, — Troyes, — Verceil, —
Valognes, et aussi au tome II, planche
70, et texte pages 73,74 : Aix, — Asti, —
Bayonne, — Castel-Sarrazin, — Chia-
vari, — Chartres, — Grasse, — Hières, —
Toulon. Toutes : Au franc quartier des
Bonnes Villes de second ordre, qui est à
dextre d'a:(iir^ chargé d'une N d'or, surmon-
tée d'une étoile rayonnante du même.
Et, enfin au tome II, également plan-
che 70, et texte imprimé page 74, pour les
Bonnes Villes de troisième ordre : Mire-
court, — Neufchâteau, — Paimbœuf.
Toutes : au franc-quartier des Villes de
troisième ordre, qui est, à sénestre, de gueu-
les chargé d'une N d' argent .surmontée d'un»
étoile rayonnante du même, brochant an
neuvième de Vécu.
Il est ici à remarquer que le susdit Ar-
moriai général, du graveur Henry Simon,
étant daté de l'an 1812, ne peut contenir
les reproductions des diverses autres ar-
moiries qui purent encore être octroyées,
par Napoléon 1*', de 1812 à la chute de
l'Empire, en 1815. Ulric R.-D,
La fontaine de la place Dau-
phine à Paris (T. G., 272, 355J. —
La ville de Riom ayant demandé le don
de « fragments » de l'ancien monument
élevé de 1801 à 1803, par souscription
publique, fragments « dont la ville de
Paris est propriétaire et qui sont sans
emploi aux magasins de la Ville v>, le
conseil municipal, dans sa séance du 12
juillet 1904, a, sur un rapport présenté
par M. Chautard, au nom de la 4* com-
mission, décidé d'accorder ce don à la
ville natale de Desaix, étant entendu qu'il
sera constaté par une plaque de marbre
placée sur le monument,
II existe un certain nombre de gra-
vures représentant ce petit monument ;
je signalerai particulièrement celle qui
sert de frontispice àl'Almanach des beaux-
arts pour l'an XII (par Landon). II serait
à désirer que, avant que ces fragments
quittent Paris, on essayât de reconstituer
la liste des souscripteurs qui entourait la
base de la fontaine de Percier, afin d'en
conserver le souvenir. P. L^®.
Les sous-marins en 1859 (XLIX,
858, 974 ; L. 80). — Erratum. — ligne 4,
lire de Rigny^tX. non de Bigny.
Les Cantaouzèiie (XLIX, 89s). —
Les Cantacuzèr.e appartenaient aux plus
illustres familles de l'empire d'Orient ; ils
allaient de pair avec les Comnène, les Pa-
léologue, les Uukas, les Lascaris, etc.
Johannes Cantacuzène, dont la mère
était Marie Comnène. princesse de la mai-
son impériale, fut le tuteur du jeune em-
pereur }ohannes V (Paléologue) ; il le ma-
ria avec sa fille Hélène Cantacuzène, mais
bientôt après, il fit détrôner l'empereur,
son beau-fils, usurpa le trône et se fit pro-
clamer empereur de Byzance (1340}. II
abdiqua en 1356 et se retira avec l'impé-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
;o Juillet 1904,
129
femme, au
no
couvent
1380, à
de
l'âge
ratrice Irène, sa
Mangana, où il mourut en
de 88 ans.
C'était d'ailleurs le seul empereur d'O-
rient sorti de la famille Cantacuzène ; il
était vraisemblablement d'origine grecque,
comme son nom semble l'indiquer, car, à
notre avis, sa prétendue descendance, soit
des paladins français selon les uns, soit
d'un roi de Naples de la maison d'Anjou
selon d'autres, ne mérite aucune créance;
c'est une légende, et comme toutes les
légendes, est sujette à caution.
A la prise de Constantinople par les
Turcs et la chute du Bas-Empire, toutes
les familles illustres dans les fastes de By-
zance commencèrent par se retirer au
Phanar, un faubourg de Constantinople.
D'autres familles, moins illustres, mais
également de haute lignée, les y sui-
virent et formèrent une sorte de clan, au-
quel on donna la dénomination de Pha-
nariotes.
Avec la suite du temps, ces familles
phanariotes émigrèrent peu à peu dans
d'autres pays, principalement enValach'ie,
en Moldavie, en Bessarabie, et ensuite
bon nombre de ces familles vinrent s'éta-
blir en Russie.
Les membres de la famille Cantacuzène
étaient de tous temps excessivement nom-
breux ; c'est par centaines qu'il faudrait
les compter, tant en Russie, que dans les
pays danubiens. Mais cette famille s'esttou-
jours maintenue à la hauteur de son illus-
tre origine.
Dans les pays danubiens, les Cantacuzène
ont été revêtus de très hautes charges et
dignités.
Serban II Cantacuzène, né en 1640 et
mort en 1688, un descendant direct de
l'empereur Johannes Cantacuzène, dont
nous avons parlé, fut prince régnant de
Valachie (Hospodar), et sonfrèie Demeter
fut également, à la même époque, prince
régnant de Moldavie (HospodarJ.
Etienne 111, Cantacuzène, prince régnant
de Valachie en 1714, fut décapité par or-
dre du sultan, suzerain suprême du pays,
le 7 juin 1716.
Costaki Cantacuzène fut un homme d'E-
tat très hautement estimé au temps du
règne du prince Couza.
D'autres membres de cette famille, très
nomoreux d'ailleurs, ont continué à
compter parmi les familles les plus mar-
quantes des pays danubiens. N'oublions pas
la princesse Olga Cantacuzène- Altieri,
une femme de lettres de beaucoup de ta-
lent, que les lecteurs de la Revue des
Deux-Mondes n'ont pas certainement ou-
bliée.
En Russie, les Cantacuzène sont éga-
lement fort nombreux. Je n'en citerai pour
mémoire que quelques-uns, et qui étaient
nos contemporains. Ainsi, une sœur du
chancelier prince Gortchakow.. fut mariée
à un prince Cantacuzène, et sa fille, une
Cantacuzène, avait épousé M. N. K. Gjers,
ministre des affaires étrangères de Russie.
Dans ces temps derniers, le prince Gré-
goire Lw^owitch Cantacuzène, chambellan
et maître de la Cour impériale, fut minis-
tre de Russie à Stuttgart et ambassadeur
à Washington, il est mort, il y a quelques
années à peine, ainsi que son frère le prin-
ce Aristide Cantacuzène. également cham-
bellan de la Cour impériale.
Un prince Cantacuzène, dont je ne me
rappelle pas le nom de baptême, hérita,
en sa qualité de petit fils du comte Spe-
ranski, le célèbre homme d'Etat et minis-
tre russe, du nom et du titre de comte de
son grand-père, et fut autorisé à les join-
dre aux siens et il s'appela dorénavant :
prince Cantacuzène, comte Speranski. 11
était écuyer de la Cour impériale et direc-
teur général du département des cultes
étrangers, au ministère de l'Intérieur. 11 est
mort à Arcachon, en France, depuis peu
d'années.
La généalogie et le personal status de la
famille Cantacuzène, établie en Roumanie,
se trouve dans l'ouvrage de M. Ranghabé,
a3'ant pour titre le Livre d'or des familles
phanariotes. et pour les membres de cette
famille établis et résidents en Russie et
devenus sujets russes, dans la Liste of-
ficielle des familles titrées et dont les titres
sont confirmés en Russie. Cette liste publiée
en russe par le regretté baron Rummel,
archiviste du Département héraldique du
Sénat russe . et traduite en français par
M. Ermerin, donne, autant que je puis
m'en souvenir, une nomenclature exacte
et complète.
Cependant, si l'on voulait avoir des
renseignements très précis sur la famille
Cantacuzène, on ferait bien de s'adresser
directement au prince Michel Mikhaylo-
witch Cantacuzène. colonel et aide de
camp du Grand Duc Michel Nicolayewitch
N* 1047
L'INTERMEDIAIRE
131
»3-
feld-maréchal, en adressant la lettre au
palais du Grand Duc à Pétersbourg. Nous
avons tout lieu de croire que ce prince
Cantacuzène se ferait un plaisir de fournir
les renseignements demandés.
11 est bien entendu que les Cantacuzè-
ne, aussi bien que les autres familles ap-
partenant à la même catégorie, ne jouis-
sent d'aucune prérogative spéciale, due à
leur illustre origine, et ressortant simple-
ment du droit commun. Duc Job.
Dominicains (armoiries) (XLIX,
6, 128, 197, 308). - L'ordre a évidem-
ment plusieurs écussons différents. A
Florence, celui du couvent de San Marco,
célèbre par les peintures de Fra Angelico
et le séjour de Savonarole, est simplement
chappé blanc et noir avec une étoile sur
la partie noire. Gerspach.
Blason de la famille de Thumery
(XLVII, 499, 634). — La réponse ou
renseignements complémentaires à celle
qui a été trouvée si intéressante (livrai-
son du 20 avril 1903, Petite correspon-
dance) est la suivante : Voici un rensei-
gnement qui établit sans conteste, pour-
quoi on voyait figurer les armoiries des
Thumery, sur un vitrail, dans l'église
Saint-Jacques de Rheims ; en effet, « An-
toine Feret, S'' de Montlaurent, qui était
controlleur au grenier à sel de Reims en
1504 et gist à Saint-Symphorien. avait
épousé Jeanne de Thumery. 11 fut l'un des
dix Remois qui signèrent, en 1516, la
convention du mariage d'Isabelle de
France avec Charles-Qumt » [Bibl. Nat'*";
Dossiers bleus : vol. 265 ; dossier Feret
6837 ; fo 3 ]
Comme dans la demande qui figure
XLVIII, col. 499-500, il est spécifié que
les armes <\ originales » sont reproduites
sur un vitrail de l'église Saint-Jacques, et
que, d'après ce qui est indiqué ci dessus,
M"^^ Antoine Feret « gist » à Saint-Sym-
phorien, deux hypothèses se présentent,
admissibles toutes deux. 1" Jeanne
de Thumery, veuve de Antoine Feret,
aurait été enterrée à Saint-Jacques, et ses
armoiries figurent dans le vitrail en ques-
tion ; ou 2* l'église, autrefois sous le vo-
cable de saint Symphorien aurait passé
sous celui de saint Jacques. — A un éru-
dit rémois d'élucider la question et de
fixer ce point. F.
Bautru (XLIX, 504, 643). — Bautru *
volumes reliés 202 : Clairambault, io6o,p-
151 ; Lancelot, volume 22, français ma"
nusc. 32,462, p. 35.
Bautru de Mastrats ou Matras, comte
de Serrant, marquis de Vaubrun, marquis
du Tremblay, Nogent, généalogie Carrés
d'Hozier, 70 français, 32733. Pièces origi-
nales 230, français 32,356, p. 405 : Nou-
velles acquisitions françaises. 3615 et
58S9.
Bautru ou Botru de la Poterie à Etam-
pe, généal. dans Pièces originales, 427.
La généalogie des Bautru est aussi don-
née dans \3i France protestante de Haag, et
dans l'ouvrage de Gontard sur les maires
d"Angers,tome IV.
Enfin il faut aussi citer l'ouvrage inti-
tulé : Les Bautru et Mlle de Nogent, par
Asse. Paris. 1897. ,8°.
Comte DE BoNY de Lavergne.
* * _ ^
M. Kerviler a publié une excellente
étude sur Bautru dans les Mémoires de la
Société Nationale d'agriculture, sciences et
arts de la Sarthe.
M. de La Bourdaisière et Ga-
brielled'Estrées(XLlX,838,962;L,82).
— Un correspondant qui signe de la Fure-
tière, et de qui nous avons reçu de pré-
cieux renseignements en matière généalo-
gique, nous a indiqué des inexactitudes
dans certaines réponses faites.
Nous avons déjà prié notre correspon-
dant de rompre l'incognito. Le secret du
nom des collaborateurs est rigoureusement
gardé, mais nous avons, pour le bon ordre,
le devoir de le connaître.
Famille de Chsmblanc (XLIX, 336,
469, 587, 799 ; L, 85). — 11 y a eu une
famille Guyot, seigneurs de Champblanc,
mais je ne sais si elle était bourguignonne.
Comte DE BoNY de Lavergne.
Famille de Chamilly (XLIX, 107,
2}6, 360, 58»). — Voir les inscriptions
tombales dans l'église de Bièvres (Seine-
et Oise).
Chenillion, sculpteur (L, 7). — Le
musée de Chartres possède des moines
greffant des arbres, que .*^ainte-Beuve
avait fait acheter par l'Etat à Chenillion.
J'ai gardé de ces moines une photogra-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 juillet 1904
133
134
phie offerte par Chenillion à Sainte-Beuve.
Inutile de rappeler que Chenillion est
l'auteur d'un petit buste de Sainte-Beuve,
daté de 1868, et qui est un document in-
dispensable pour la connaissance de la
physionomie du grand critique à la fin
de sa vie.
Viollet-le-Duc en fit faire un moulage
en bronze, qu'il voulut bien m'offrir après
la mort de Sainte-Beuve. Une des statues
des rois de France, du portail de Notre-
Dame, exécutée par Chenillion, repré-
sente Viollet-le-Duc, à la barbe fleurie.
Jules Troubat.
Cochu (XLIX, 388,526). — Je ne sais
pas ce qu'était ce Cochu^ mais je connais
l'ouvrage important dont il annonce
l'apparition à monsieur Le Gras (du
Luart) ; en voici le titre exact :
Tradition des faits qui mayrifestent le
système d'indépendance que les èvêqiies ont
opposé, dans les différents siècles, aux prin-
cipes invariables de la justice souveraine du
Roi sur tous ses sujets (1753) in-4 et in-
12 Csans nom d'auteur).
Cet ouvrage est attribué à l'abbé Chau-
velin. Il contient beaucoup d'assertions
hasardées, comme le démontre l'auteur
anonyme de « l'Examen d'un libelle qui
a pour titre : Tradition des faits, etc.,
^1754) in- 12, réimprimé sous le titre de
Lettres critiques et historiques (i754)m-i2.»
Ces trois ouvrages doivent sûrement se
trouver à la Bibliothèque nationale.
F. Jacotot.
Emilie Contât (XLIX, 220,361, 588,
866, 979 ; L,85). — M. Romain Rolland,
a fait jouer à Louise Contât, un rôle con-
tre lequel Mme Louise Abbéma, comme
descendante des Contât, a protestédans le
Gaulois, par cette lettre :
Cher monsieur,
Voulez-vous, je vous prie, accorder l'hos-
pitalité du Gaulois à ces quelques lignes?
En lisant ce matin dans les journau.x le
compte rendu de la pièce : Le 14 juillet, je
vois que son auteur, M. Romain Rolland,
y présente Louise Contât sous un jour ab-
solument inexact.
Ayant l'honneur d'être i'arrière-petite-
fille de celle qui fut, de 1776 à 1808, une des
gloiies de la Comédie-Française, j'ai le
droit et le devoir de défendre sa mémoire
en protestant énergiquement contre cette
étrange idée de travestir en une sorte de
Théroigne de Méricourt la femme qui, ho-
norée de l'amitié de la reine Marie-Antoi-
nette, fut toujours une royaliste fervente et
fidèle.
Incarcérée pendant la Terreur, elle fut
la plus menacée de ses camarades et ne dut
son salut qu'à La Bussière et au 9 thermi-
dor.
Si vous consultez la Biographie univer-
selle de Michaud, publiée en 1813, vous y
trouverez, à la date même où M. Rolland
la représente distribuant au peuple des co-
cardes tricolores, l'anecdote suivante :
« Un trait peut faire connaître à la fois
son esprit et la noblesse de ses sentiments.
»La reine ayant désiré, en 1789, aller à la
Comédie-Française et y voir représenter la
Gouvernante, fît savoir à Mlle Cont:it
qu'elle souhaitait la voir dans ce rôle, qui
n'était pas de son emploi. 11 fallait des
efforts surnaturelspour apprendre en vingt-
quatre heures plus de cinq cents vers.
>Mlle Contât tit ce qu'on aurait pu croire
impossible et, satisfaite d'elle-même, écri-
vit à la personne qui lui avait fait part du
désir de la reine :
« J'ignorais où était le siège de la mé-
moire, je sais à présent qu il est au cœur.
> Cette lettre, qui fut publiée par ordre de
la reine, faillit bientôt après, coûter la vie
à son auteur et devint, pendant les orages
de la Révolution, le motif de son arresta-
tion.
» Louise Contât, devenue marquise de
Parny, détruisit, peu de temps avant sa
mort, un recueil assez considérable d'ou-
vrages en vers et en prose, qu'elle anéan-
tissait parce qu'ils contenaient quelques
traits de satire personnelle».
Je ne connais d'elle que ces vers, écrits
après la mort de la Reine, et qui n'indi-
quent guère une âme révolutionnaire :
Ainsi finit la Royauté,
La beauté, la grâce enfantine.
Le niveau de l'Egalité,
C'est le fer de la guillotine.
Pardonnez-moi cette longue lettre; mais
je tenais absolument à ce que l'on sache
bien qu'au sombre temps de la Terreur,
mon arrière-grand-mère était du côté des
victimes et non du côté des bourreaux.
Veuillez agréer, cher monsieur, mes
meilleurs sentiments. Louise Abbéma.
Descendants de Pierre Corneille
(XLIX, 949). — Notre confrère H. L. au-
rait grand profit à consulter sur Pierre
Corneille et ses descendants, l'étude de M.
Arthur Heulhard (Rouam édit. 1884).
Il y eut deux demoiselles Corneille dont
on parle.
N* 1047.
L'INTERMEDIAIRE
135
L'une, Marie-Françoise, fille de Jean-
François Corneille, artisan à Evreux, ne-
veu du grand Corneille à la mode de Bre-
tagne.
Ce fut pour le père de cette jeune fille
que la Comédie-Française donna une re-
présentation à bénéfice.
Appelée chez Voltaire, où elle jouait la
comédie, elle se maria, le 12 février 1763,
au sieur Dupuits de la Chaux, jeune cor-
nette de dragons.
Un petit-fils de Corneille, petit-fils illé-
gitime, commerçant en bois, à Nevers,
avait laissé, dans la misère un fils et une
fille, à laquelle s'intéressa Malesherbes.
La fille s'appelait Jeanne-Marie. Elle fut
pensionnée par Louis XVI, par la Comédie
Française, par Louis XVIII. Elle figura
dans une représentation à son bénéfice en
1816, elle y fut détestable.
Marty Laveaii, dans son édition de Cor-
neille, a établi Lt généalogie des descen-
dants du poète. D'' L.
Famille de la Fontaine de Saint-
Clément (XLVII, 446), - Ayant au-
jourd'hui tous les renseignements néces-
saires pour la famille de la Fontaine de
Saint-Clément, résidant à Paliseul dans le
Luxembourg belge, je prie le confrère
« Qui ne fut pas cul de singe » d'agréer
mes remerciements pour la peine qu'il
s'est donnée en m'envoyant des docu-
ments vrais et des indications précieuses.
Cela a permis à M. La Fontaine de faire
rectifier son nom tout en facilitant son
incorporation dans la Noblesse de Belgi-
que.
Le comte P. A. duChastel,
Familles de Guyenne, Gascogne
et Languedoc : armoiries (XLIX,
504, 645 ; L, 26). — La famille de Scor-
biac dont parle M. A. S., e. habite en
effet Montauban, mais elle est originaire
de la Saintonge où se trouvait la seigneu-
rie de Scorbiac. Jamais elle n'a porté le
nom de « Delbreil » qui est le nom d'une
famille entièrement différente.
Le V" de Bonald
Ma remarque au sujet de Sro^biac peut,
sans doute, s'appliquer à Foui, qui à mon
avis devrait être écrit Pour. Une famille
de Pouy, apparentée aux Dubourg par les
T36
Montratier de Parazols, existe, en effet dans
la Gascogne toulousaine. A. S., e.
Claudine Ivlignot la Dauphinoise
(XLIX, 615, 741, 847, 980 ;L. 81).- Le
P. Menestrier donne, à la maréchale de
l'Hôpital qu'il prénomme Françoise, les
armes suivantes :
lyor, au chevron d'azur, à trois doubles
chaînons entrelassés en sautoir, au chef de
gueules, à une table de diamant en triangle,
en pointe, d'argent, ■ T.
Pierre de Rigaud (XLIX, 278, 417).
— Pierre de Rigaud, marquis de Vau-
dreuil, mort en 1778, à Québec, où il fut
le dernier gouverneur général de la Nou-
velle France, après l'avoir été à la Loui-
siane, était l'un des huit fils (dont six seu-
lement vécurent), et des trois filles issus
du mariage célébré à Québec le 21 no-
vembre 1690, de M^e Louis-Philippe Ri-
gaud, chevalier, seigneur et baron de
Vaudreùil, devenu successivement capi-
taine des vaisseaux du Roy, gouverneur
et lieutenant général pour S. M. au Ca-
nada, Gouverneur de Montréal et de
Revel en Lauraguais, Grand'Croix de l'O.
R. et W^ de Saint-Louis, avecD"' Louise-
Elisabeth dejoybert 11 était fils de Louis
de Rigaud, chevalier, baron de Vaudreùil,
cornette-commandant l'arrière-ban de la
sénéchaussée en Lauraguais, et de D"'
Marie de Chasteau-Verdun. Il mourut à
Québec, au château de Saint-Louis, le 10,
et fut inhumé le 13 octobre 181 5, « âgé
de 82 ans », ce qui le ferait naître vers
1643. Il avait été fait marquis de Vau-
dreùil en.., à raison de ses éminents ser-
vices. Sa femme était revenue en France,
où en 1712, elle fut nommée, grâce à
l'influence de Mme de Saint-Simon,
(femme de l'auteur des célèbres mémoi-
ras), sous-gouvernante des enfants du
duc de Berry.
Voilà d'ailleurs ce qu'en dit Saint-
Simon dans ses Mémoires :
En 1712, M"" de Pompadour fut déclarée
gouvernante des enfants du Duc de Berry, et
M""^ de Saint-Simon (femme de l'auteur des
célèbres Mémoires), fit donner la place de
sous-gouvernante à M°" de Vaudreùil qui était
une femme d'un vrai mérite. Cela était fort
au-dessous d'elle. Son mari était de bon lien,
et gouverneur général du Canada ; mais elle
avait peu de bien, beaucoup d'enfants à pla-
cer, puis à pousser, qui se sont depuis avan-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1904.
«37
138
ces par leur mérite, et avec beaucoup d'affai-
res qui l'avaient fait revenir à Québec.
[Mém. du duc de SainUSimon ; Edition
Chéruel ; t. IX, p. 317].
Et plus loin {Ibidem : t. X ; p. 190) on
lit :
M°° la Duchesse de Berry se blessa dans sa
chambre, le samedi 16 juin (17141, d'une
fille qui ne vécut que 12 heures. Le Roi qui
était à Rambouillet, nomma M"* de Saint-
Simon, comme duchesse, pour mener le petit
corps à Saint-Denis, et le cœur au retour au
Val de Grâce. Deux heures après, il dit qu'il
l'avait nommée parce qu'elle lui était venue la
première dans l'esprit comme étant à Versailles,
et M°"î de Pompadour de même pour femme
de qualité, mais que s'il eût pensé que l'une
était dame d'honneur, l'autre gouvernante,
laquelle par son emploi y devait toujours aller,
il aurait nommé une autre duchesse et une au-
tre dame. Mais la chose était faite, et de Ram-
bouillet, et M""" de Saint-Simonen eutla corvée.
L'evêquede Séez, premier aumônier de feu M. le
Duc de Berry, était avec elle, et à droite au
fond du carrosse, portant le cœur, M™« de
Pompadour et M°" de Vaudreùil gouvernante
et sous-gouvernante au-devant ; le curé à la
portière, et à l'autre portière le petit corps :
des gardes, des pages, des carrosses de suite;
ils en eurent pour quatorze ou quinze heu-
res.
M, de Vaudreùil était brigadier des ar-
mées du Roy en 1745, après avoir été
nommé à ces fonctions en i"] j\^\_Almanach
Royal, pour 1745; p. 93]. Furetières.
Madame de Roussy (XLIX, 666,
805). — M. Arm. D. me demande par
lettre l'indication bibliographique du livre
que j'ai cité. Je suis heureux de la lui
donner en le remerciant des intéressan-
tes communications qu'il a bien voulu
m'envoyer :
Rapports inédits du Lieutenant de Police
René d' Avgenson, publiés avec introduc-
tion, notes et index par Paul Cottin. —
Paris, Pion, 1891. S.
La famille Saugraia. les impri-
meurs et libr; ires de ce nom (XLIX,
222,305.418, 873.984). — La famille Sau-
grain était originaire de Normandie. Jean
Saugrain, premier imprimeur de ce nom,
naquit en 1518. à Ferrières-Haut-Clocher
prés Evreux, commune qui fait partie ac-
tuellement du département de l'Eure. Jean
Saugrain, après avoir voyagé en Espagne,
en Italie et en Allemagne, s'établit comme
imprimeur à Lyon, où il reçut le titre de
premier imprimeur du roi. — Henri IV,
alors roi de Navarre, le fit ensuite venir à
Pau, comme libraire et imprimeur de
l'académie de Pau. Après sa mort, son fils
vint s'établir à Paris, où la plupart de ses
descendant furent imprimeurs et libraires.
Lesmembres de cette famille qui exis-
tent encore, sont M'' Saugrain, avocat à la
cour d'appel de Paris, et les descendants du
docteur Antoine Saugrain qui s'établit à la
Louisiane, à la fin du xviue siècle.
Les Saugrain s'allièrent à plusieurs fa-
milles de libraires et d'imprimeurs, no-
tamment aux familles Emery, Knapen,
Prault, Holtz, Prudhomme, Guyllin, de
BureetDidot. Imprima.
Roussel deTilly(XLIX,840,983).—
Le Nobiliaire d'Auvergne de Bouillet ne
cite point cette famille. L'on trouve à ce
nom :
N. Roussel de Tilly et du Bost.. anobli
le 3 avril 1700 {Revue historique, nobi-
liaire et biographique, V, 283).
N. Roussel de Tilly, gouverneur de
Mauléon, père de
1) N. Roussel, marquis de Tilly, conseiller
d'Etat, maréchal de camp, commandeur de
l'ordre de Saint Louis, ministre plénipoten-
tiaire auprès de l'Electeur Palatin et de l'évê-
que d'Orange.
2) N. Roussel, dit le chevalier de Tilly,
capitaine de carabiniers, chevalier de l'ordre
de Saint-Louis, tué le 11 mai 1745 à la ba-
taille de Fontenoy.
3) Elisabeth Roussel de Tilly épousa, en
1723, Nicolas-Louis de Biotièie, seigneur de
Chassincourt. La Chesnaye des Bois, Dict, de
la Noblesse, Biotiere.
Charles Roussel de Tilly (le marquis de
Tilly qui précède ?) brigadier envoyé au-
près de' l'Electeur palatin, chambellan du
duc dOrléans, chevalier de l'ordre de
Saint-Louis, chevalier de l'ordre de Saint-
Lazare et du Mont-Carmel (25 février
172 1), portait pour armes : écartelé aux i et
4 d'a:(iir, au sautoir d'or, accompagné en
chef d'une étoile d'argent, et, en pointe,
d'une rose du même ; au 2 d'argent, à la
bande de gueules, chargée de ) croisettes
d'argent ; au ^ de sable, à ) épées d'argent
en pal, garnies d'or, la pointe en /;ûm/ (Cata-
logue et armoiries des chevaliers de l'or-
dre de Saint-Lazare. Bulletin héraldique,
.897).
N. 1047.
L'INTr-RMÉDIAlRE
139
140
La famille de Tilly en Normandie est
d'ancienne chevalerie, et sa généalogie est
rapportée par plusieurs nobiliaires : ses
armes sont : d'or^ à la fîeur de lis de gueules.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Famille de Willingliof de Chel-
les de Chellemberg (L, 10). — Il
serait impossible de trouver les armoiries
de cette famille sous la forme fantaisiste
que M. A. de B. a donnée à son nom, car
elle s'appelle réellement ; Vcti Vitlin-
ghoff, dit Schell ^w ScJiellenherg. Elle
reçut reconnaissance du titre de baron le
24 juin 18 18 et le 31 août 1844. Ses
armoiries sont : d'argent, à la bande de
sable, chargée de trois boules d'or. Cimier :
un chapeau de tournoi de sable, retroussé
de gueules, supportant un renard passant
au naturel, tenant en sa bouche une boule
d'or. Lambrequins : d'argent et de sable.
Supports : deux lions d'argent, armés et
lampassés de gueules.
Le comte P. A. du Chastel.
«
Cette famille qui n'est pas originaire de
la Bavière, mais bien de la Westphalie,
s'écrit VietinghofF ou VittinghofF Scheel
de Schellenberg. Consulter, pour les
armes et la généalogie, le Gotha des fa-
milles baronales, années 1853, page 508
et 1896 page 1052. A. de Doerr.
Armoiries à déterminer : trois
croissants (XLIX, 563). — Plusieurs
familles portent ces armoiries. Je citerai
celle des Essars, marquis de Lignières,qui
portait : de gueules, à trois croissants d'or,
Vécu timbré de la couronne de marquis et
supporté par deux aigles. Jehan.
Une lettre de Rousseau(T.G.,79o).
— Cette lettre est intitulée : Lettre
de J.-J. Rousseau, de Genève, qui contient
sa renonciation à la Société civile, et ses
derniers adieux aux hommes ; adressée au
seul ami qui lui reste dans le monde.
C'est au milieu de cette lettre que se trouve
le passage auquel Rousseau (Confessions,
livre VllI) a fait allusion : « Je n'ai pu
m'empêclier, monsieur, de vous avouer
mon étonnement sur ce passage de votre
lettre, où vous me parlez d'exil et de
bannissement ; je vous dirai même qu'il
m'est échappé d'en rire, quoique cela ne
me soit arrivé que deux fois en ma vie :
la première, à la vue du rôle de Crispin,
dans la comédie des Nouveaux Philosophes;
et la seconde, ad hoc.
Les Supercheries littéraires dévoilées, de
Qiiérard (seconde édition, III, 459) attri-
buent cette prétendue Lettre de J.-J. Rous-
seau à Pierre-Firmin La Croix, de Tou-
louse, et lui donnent la date de 1755,
qui est certainement fausse, puisqu'on
vient de voir une allusion à la comédie
des Philosophes, de Palissot, qui fut repré-
sentée au printemps de 1760. La France
littéraire, de Qiiérard, datait cette lettre de
1763, date également fausse, puisque
Marc-Michel Rey l'a insérée dans une édi-
tion du Contrat social, de 1762 : Edition
sans cartons, dit le titre, à laquelle on a
ajouté une Lettre de l'auteur au seul ami
qui lui reste dans le inonde. Cette lettre
occupe les pages 361 à 376. Rr.
Msrie ou Marion (L, 59). — 11 est
très vrai que Alusset avait le droit de
dire :
Mon verre n'est pas grand, mais je bois
[dans mon verre
Mais nous, nous avons le droit de cons-
tater qu'il buvait aussi (comme il savait
boire) dans le verre des autres ; et la vé-
rité est que, comme plagiaire, c'est-à-
dire comme auteur pillant autrui sans le
dire, Musset n'a rien à envier aux plus
éhontés, Molière, Lamartine, etc., etc.
Tout le monde sait que Lorreniaccio a
été pris à Varchi ; La quenouille de Bar-
herine, à Bandello ; On ne saurait penser à
tout, à Carmontelle ; maint passage de
On ne badine pas avec l'amour, aux let-
tres de George Sand (il ne faut rien lais-
ser perdre) ; le Saule, à Ducis ; etc., etc.
Il n'y a donc pas lieu d'être surpris que
Musset ait plagié Hugo, qui, lui-même,
du reste, pratiquait le plagiat, comme
nombre d'autres.
D"" A. T. Vercoutre.
*
♦ ¥
La remarque avait été faite à Alfred de
Musset lui-même après qu'il eut donné à
la Revue des Deux-Mondes, son poème de
Rolla, les premiers vers du poète que la
Revue ait publiés. Ils parurent dans la
livraison du 15 août 1833. A la fin de la
livraison se trouve cette note :
Page 381, vers 6 :
Son nom était Marie, et non pas Marion.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1904,
141
142
Au moment de la publication de ces
feuilles, un ami me fait apercevoir que ce
vers appartient à peu de choses près à un
drame représenté à l'Odéon et à la Porte
Saint-^Iartiu. Le lecteur me pardonnera
une erreur de mémoire, qui sera rempla-
cée (?) dans le recueil dont le poème de
Relia fait partie.
Alfred de Musset.
On est un peu surpris aujourdhui du ton
légèrement dédaigneuxavec lequel Musset
parle du drame de Victor Hugo. Du reste,
il eut encore une «. erreur de mémoire »
et ne changea rien à son poème. Non plus
que malgré Tobservalion de Sainte-Beuve
il ne donna une rime au versde RoJIa qui
n'en a pas (12' vers de la seconde partie).
Au point de vue bibliophilie^W faut rete-
nir que les collectionneurs d'éditions ori-
ginales de Musset qui ont la Revue des
Deux- Mondes à\i 15 août 1833 doivent,
s'ils séparent le poème de RoUa du recto
de la livraison, ne pas manquer de le
compléter de la note que nous avons re-
produite. H. M.
» *
Ainsi que je l'ai signalé page 214 de
mes Lundis d'un chercheur, Musset a pu-
blié dans le n° même de la Revue des
Deux Mondes qui contenait Roîla, une
lettre au sujet du vers en question. J'ai
d'ailleurs cité cette lettre dans mon livre.
Musset ne tint aucun compte ensuite de
son contenu. Spoelberch Lovenjoul.
Revue rétrospective (XLIX, 900 ;L,
35). — Le collabo Wiggdit qu'il possède
deux exemplaires de cette Revue, dont
aucun n'a le n*^ 27. Il ajoute que ce no 27
est paginé 447-448 ; c'est, sans doute, une
erreur d'impression, car ce n° occupe les
pages 417 à 432 ; il contient la liste des
fonds secrets distribués du 22 février 1836
au 18 mars 1837.
Voici la collation de cet ouvrage très
intéressant, publié par Taschereau.
Revue Rétrospective ou Archives secrè-
tes dii dernier gouvernement. 1830- 1848,
1 feuillet ; table des matières, autre feuil-
let.
Le le'' numéro porte au recto : « Revue
Rétrospective ou Archives secrètes du
dernier gouvernement. Recueil non pério-
dique, n" I. On ne reçoit pas d'abonne-
ments, chaque numéro se vend séparé-
ment. Prix 50 centimes. Paris, Paulin,
éditeur, rue Richelieu, 60. Mars 1848. »
Les autres numéros ne sont pas datés.
Le tout forme un vol, in-40 de 523 p.
non compris le titre général et la table,
mais y compris les n"^ 32 et 33, quoique
les matières de ces deux n"' ne figurent
pas à cette table.
Dans l'exemplaire que j"ai sous les yeux,
les n°' 2, 3, 5, 1 1, 16, 32, 33 sont impri-
m.és par Claye ; les autres, ainsi que la
couverture, par Lacrampe. Au dos de la
couverture, on lit : Prix 15. 50
J, BrIvois.
* *
Le numéro 27 (p. 417-432 et non 447
comme une coquille l'a fait dire), est en
effet le plus rare de tous, ayant été recher-
ché et détruit par un des personnages ci-
tés.
11 est presque entièrement consacré à
la publication des fonds secrets du minis-
tère de T intérieur (presse officielle, etc.).
et se termine par trois curieuses lettres
sur les Affaires du Maroc (juillet et août
1844). J'en détache cette phrase qui est
toute d'actualité :
Le gouvernement de Sa Majesté [Britanni-
que] n'entend appuyer en aucune façon le
gouvernement marocain dans son opposition
aux demandes justes et modérées de la France,
si malheureusement une pareille opposition
avait lieu.
[Signé] : Aberdeen.
P. ce. s.
*
Ce recueil a été arrêté d'abord à la page
496^ et terminé sur une post-face. « Nous
arrêtons ici ce recueil, »... etc. Puis, au
bas le mot Fin.
Mais il fut tiré ensuite deux autres n°*,
32 et ^^.^ qui portèrent à 523 les pages
de ce recueil. En sorte qu'il est à la fois
complet avec 31 numéros seulement, mais
qu'il est bien plus complet avec les n°'
supplémentaires.
C'est parce que les n"' 32 et 33 furent
rajoutés, l'ouvrage une fois fini, qu'ils ne
figurent pas à la table des matières.
Ouvrages sérieux mis en vers
(T. G. 665 ; XXXV à XL ; XLll ; XLIV à
XLIX, 129,429, 537,770; L, 100). —
Voici quelques ouvrages qui ne figurent
pas, que je sache, sans cependant l'affirmer,
dans les nombreuses listes publiées jus-
qu'à ce jour :
Hygie militaire, ou l'art de guérir aux
N* 104^;
L'INTERMÉDIAIRE
'43
144
armées, poème en quatre chants, par Louis
Brad. Gi'enoble et Paris, 181 t, \n-9>. Abrégé
chronologiqni' de l'histoire de France en vers
techniques à l'usage des élèves de la pension
de M. Bertrand^ Faubourg Saint-Honoré,
par Portier. Paris, Moutard, 1770, in-8.
Histoire de France en vers lyriques ^accoiU"
pagnée de la biographie des rois et des
grands personnages qui y figurent avec le
plus d'éclat, par C.V. P. Paris, 1854, in-8.
Précis chronologique de l'histoire des
papes ^ en vers techniques par G. Herpin.
Paris, Jouaust, i858, in-8. Précis de
l'histoire de France^ en vers techniques avec
des dates intercalées dans le texte, par le
même. Paris, 1869, \x\-9,. Précis de l'histoi-
re de Suède en vers techniques, p&r le même.
Paris, Nilson, 1876, in-12. Précis de l'his-
toire du Portugal, aide-mémoire en vers
techniques^ par le même. Paris,Bastier,s.
d., in-8. Paul Pinson.
Dictionnaire des termes politi-
ques (L, u). — En 1890, uniquement
pour être agréable au courtier, je sous-
crivis au « Dictionnaire politique. tncyc\o-
pédie raisonnée, etc, etc.. ouvrage indis-
pensable à tout Français soucieux d'exer-
cer ses droits... », par Aubert-Dolfus.
Paris (5. d.) rue Saint-jacques, 40. Pa-
raissant le 15 de chaque mois, par fasci-
cules à I fr.
Je payai 12 fr. et ne reçus que 9 livrai-
sons au lieu des 12 qui m'étaient dues...
l'avais parcouru quelques articles, je ne
réclamai pas. A. S..E.
*
Comme on va le voir, ce petit volume ne
date pas tout à fait d'hier ! En voici d'ail-
leurs le titre exact : Petit Dictionnaire
du langage politique.^ diplomatique et pari e-
ftientaire, pour faciliter la lecture et r intel-
ligence detom les journaux , par M.N.-E.-D.
Vaumène. Epigraphe : « 11 y a bien peu
de personnes qui soient en état d'entendre
une gazette. » Du Marsais. — Paris,
Abel Ledoux,Johanneau et Biaise éditeurs,
i83i,un vol. petit in-12 de viii-419 pages.
— A la suite de ce petit Dictionnaire,
l'éditeur a ajouté un Vocabulaire explicatif
de quelques mots latins qui peuvent se ren-
contrer dans les lectures ; un Sommaire
historique des Dynasties françaises (de Pha-
ramond à Louis XVI). et un Vocabulaire
géographique (ce dernier, imprimé en très
petit texte). Ulric R.-D.
Lou Lavament(L, 11 ). — Je ne puis
donner la bibliographie de M. Poutringo,
apothicaire, mais je puis apporter un
éclaircissement sur cet élégant pseudo-
nyme,
Potringue, en lyonnais, signifie valétu-
dinaire, personne toujours en remède,
qui passe sa vie vêtue d'une robe de cham-
bre, entre un pot de tisane et l'instrument
cher à Molière.
D'aucuns prétendent même que potrin-
gue est un mot fait de deux syllabes em-
pruntées à chacun des ustensiles pré-
cités.
Pour Puitspelu, l'immortel auteur du
Littré de la Grand'Côte^ Potringue vien-
drait de /)«//^;;2, bouillie, devenue ^ow/r^,
selon certaines transformations habituel-
les ; de bouillie, l'acception a passé à re-
mède, en général ; puis un suffixe ingue y a
été ajouté, par analogie, sans doute avec
ringue, maladif ; ringa, diarrhée (dauphi-
nois).
En matière d'étymologie, depuis qu'il
est démontré que Babet vient de Clovis,
il ne faut plus douter de rien.
Quoi qu'il en soit, Poutringo et Potrin-
gue sont cousins germains, sinon frères —
et, autant qu'il se peut, entre Lyonnais
et Marseillais. A. S.
*
En patois languedocien, j'ai entendu
souvent appeler poutinguo une drogue
quelconque provenant d'une otficine phar-
maceutique. Se poutingua équivaut à se
droguer. D'après cela, moussu Poutringuo
signifierait « monsieur qui drogue ». Ce
n'est donc pas un nom propre.
A. S.. E.
*
* *
Je ne sais rien sur cet ouvrage, ni sur
son auteur « Moussu Poutringo ». Mais ce
nom me semble un pseudonyme, tiré des
fonctions de l'apothicaire ou pharmacien.
Dans le parler genevois, potringuer
signifie médicamenter, droguer. On dit
surtout se potringuer. Il se pourrait que le
parler marseillais eût un mot analogue.
Etant à la campagne, je n'ai pas sous la
main mes glossaires genevois, qui me don-
neraient sans doute une information sur
ce sujet. D'' Cordes,
Chanson de Nadaud : « Les deux
gendarmes » (XLIX, 996 ; L, 90). —
M. Léon Mêflîn dans la Revue siëpbanoise,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
- 145
146
30 Juillet 1904.
a cherché à détruire l'anecdote qui montre
Nadaud invité par l'Empereur à chanter
les Deux gendarmes, avec un prétendu cou-
plet agressif, et recevant pour sa récom-
pense la croix.
Le 26 novembre 1886, Gustave Nadaud
contribuait lui-même à ruiner cette légende
par la lettre suivante qui fut adressée à
M. Merlin :
Je n'ai jamais été bonapartiste. Les légendes
qui me leprésentent comme l'hôte de l'Em-
pereur sont absolument fausses, on ne m'a
jamais vu aux Tuileries, ni à Compiègne, ni à
Fontainebleau, je n'y ai jamais été invité.
On trouverait dans mes papiers bon nombre
de vers contre l'Empire et l'Empereur, que j'au-
rais trouvé de mauvais goût de publier après
leur chute.
Gustave Nadaud ne faisait pas de poli-
tique, mais était de cœur orléaniste.
Dans cette lettre, il ne dit point n'être
pas allé chez la princesse x'Vlathilde : ce
serait là que, d'après l'anecdote publiée ici,
il aurait vu l'Empereur. Car il n'aurait
pu le voir que là, puisqu'il n'alla ni aux
Tuileries, ni à Compiègne, ni à Fontaine-
bleau ; mais l'Empereur allait-il chez sa
cousine i S'il n'y allait point, voilà une
anecdote dont il ne reste rien, absolument
rien.
*
» *
M. Eugène Baillet, le chansonnier si
connu, qui peut passer pour l'archiviste de
la chanson, grand ami de Nadaud, sur la
question posée nous donne cette intéres-
sante réponse :
<s Je ne crois pas à l'authenticité de
l'anecdote : elle n'est pas dans le carac-
tère de Nadaud ; elle n'est pas dans la na-
ture de ses relations.
« Comme nous parlions devant Nadaud
de cette histoire et de quelques autres de
même tendance, je l'ai entendu nous ré-
pondre— et ceci me paraît péremptoire : —
« On m'ennuie avec toutes ces légendes
stupides. L'Empereur ! je ne lui ai jamais
parlé». Eugène Baillet.
Biographies épiscopales moder-
nes (XLIX, 506, 705, 928). — Histoire de
monseigneur Olivier, évêque d'Evreux, par
Adolphe de Bouclon. Evreux, Damame,
1852, m-\ 2. Vie de Son Eminence monsei-
gneur le cardinal Mathieu, archevêque de
Besançon, par Mgr Besson, Paris, Bray,
2 vol. 1882, in-i2. P. SoNPiN.
Le serpent da raor du Constitu-
tionnel (T. G. 834 ; XLVIl, : L 43}.
— Voir au sujet de cette question i
Ahnanach Hachette, année 1899 ; page
370 et suivante. Quidonc.
La musique de Lulli (XLV ; XLVl,
— J'ai conseillé de faire une inves-
tigation dans les manuscrits de diverses
bibliothèques, mais je m'aperçois que la
véritable source à consulter est plutôt
la bibliothèque de Versailles où se sont
naturellement concentrés les souvenirs
du célèbre compositeur.
Les partitions des ballets royaux de
Lulli se trouvent dans les mss 1077 à
1 120 passim.
le signalerai :
Partitions réduites pour le clavecin :
1092 1093, ^^'^ 5
1 100, Roland ;
1 101, Phaëton.
Symphonies. 1" et 2« dessus, basse
continue :
1105-1107. Bellérophon, Thésée, Phaë-
ton, Amadis, Roland, Armide.
Symphonies, i"" et 2» dessus de vio-
lon:
1 108-1 109. Les fêtes de l'Amour et de
Bacchus, Psyché, Cadmus, Le Triomphe
de l'Amour, Le Temple de la Paix, Idylle
sur la Paix, La Grotte de Versailles.
Symphonies, i" dessus de violon,
2' dessus, basse continue. 1'' dessus de
flûte :
1 1 10- 1 1 13. Alceste, Proserpine, Persée,
Atis, Isis et Galatée.
Symphonies. ! 114-1 116:
ro basse, 2^ basse, i" dessus, 2* dessus
de violon.
Basse chantante. Dessus chantants et
basse continue :
1118-1120. VlEUJEU.
Une erreur persistante (XLÎX, 90 1 ;
L. ^-). _ Mais non, la question n'est pas
résolue.
]J Intermédiaire a parlé du vicomte d'Ar-
lincourt aux pages suivantes que la Table
des Matières n'indique pas toutes : V.
147,227, 298, 411; XXVI. 81,345,
Il a démontre que d Arhncourt n avait
écrit aucun des vers que les Dictionnaires
N' 1047,
L'INTERMÉDIAIRE
147
148
lui attribuent, et c'est ce que j'ai constaté.
Mais il n'a pas retrouvé l'auteur de ces
vers et c'est ce que je demande. ***.
Ce ne sont pas les lieus, c'est
son cœur qu'on habite (L, 11). —
... Comme dit Satan dans Milton : Ce ne
sont pas les lieux, c'est son cœur qu'en
habile !
(Mémorandum de Port-Vendres, 22 sep-
tembre 1858. — J. Barbey d'Aurevilly).
L. R.
Quos vult perdere Jupiter de-
mentat (T. G. 745 ; XLIX, 564, 707).
— Brunetière, s'il avait le bonheur d'être
lecteur de \ Intermidiaire, où cette ques-
tion a dé)à été traitée bien des fois, serait
fixé depuis longtemps.
L'Abeille latine de M. Issanchou cite
non seulement \' Intermédiaire^ mais aussi
le Gentleman s Magapnc^ les Notes and
Qiieries^ ainsi que VBsprit des Autres
d'E. Fournier et l'accompagne de notes
intéressantes. Piétro.
*
* *
L'origine de cet adage a exercé la saga-
cité des ophélètes dans les premières
années de la publication de Vlntermé-
diairc.
M. Henri Issanchou a résumé en ces
termes, dans son Abeille latine, l'apport
collectif des recherches de nos collègues
d'antan :
« Il résulte des recherches du Gentle-
man s Magazine (177 1), des Nota and
Qjieries et de Vlntennédiaire des chercheurs
et curieux (1864-65 66-69) qu'on en trouve
la pensée dans plusieurs auteurs grecs et
latins, notamment dans Homère [Iliade^
IX, 377 (i),) Hésiode, Sophocle [Ajax,
VII, 234) Eschyle (fragm. 151 (2), Edit.
Dindorf), Ammien Marcellin (X1V,XI, 12)
et Velleius Paterculjs (II, LVII et
CXVIII) et que les vers grecs
Ov 6i6i Sliti ÙTToHcat.1 npSir Knoppévïi |
Iry.v Si Aai'awv «vSpi tto/sïÙv») x«x«
To'v voûv iSXa.ips ttoûtov,
(i) Voici la traduction du vers d'Homère
où se trouve l'idée primordiale de l'adage fa-
taliste qui nous occupe : « Qu'il périsse en-
dormi dans sa folie, car le prévoyant Jupiter
l'a privé de sa raison, »
(2) Ont cité ce fragment : Platon, de Republ.
II, p. 380, Plutarque, de Aud poet, 2 et
Stobée, II, 7.
souvent attribués à Euripide ne figurent
dans aucune de ses pièces connues et que
les deux derniers ont été cités, d'après
un vieux scholiaste, par J. Barnès dans
son édition des Jncertœ tragediœ (V, 436-
7) et par Duport dans sa Gnomologia ho-
merica{ Cantab., 1660, p. 282), en les
accompa,u;nant de cette imitation :
Qjiem Jupiter vnlt perdere dementatprius.
" Cette traduction littérale du texte grec
est donc l'ouvrage de J. Barnès; mais
l'honneur de la paternité de la pensée
revient tout entier à Homère (i).
« Quant à la disposition des mots de
cette phrase latine, M. Boissonnade (V.
y Esprit deî Antres^ 4' édit. 1864) est par-
venu à en faire un vers ïambique, en pla-
ça.nt Jupiter aprcs vult, et c'est à cette cons-
truction que nous nous sommes arrêté,
quoiqu'on ait souvent cité avec Jupiter
après perdere. »
11 serait à désirer qu'on ne pose plus de
question relative à une citation latine
avant de s'être assuré que V Abeille latine
n'en contient pas la réponse.
Thulmin.
M""= Depol, E. M . , baron de Roure de Pau-
lin, de Leiris renvoient particulièrement à
Edouard Fournier.
Res est sacra miser (XLIX,
706). — Qi-iel est l'auteur de
554,
cette
maxuTie .'*
« L'espoir d'une solution » n'est pas si
incertain qu'on aurait pu le croire, et la
question est résolue depuis longtemps.
Ed. Fournier, dans son ouvrage si
connu, l'Esprit des Autres (8* éd. chez
Dentu, 1857), écrit, p. 41, que \* Sénèque-
« le-Philosophe faisait un adage chrétien,
« lorsque, dans l'une de ses trop rares
'< Epigrammes.^ il lançait cet hémistiche :
« Res est sacra miser ».
C'est, en effet, le début du premier vers
de la cinquième épigramme, intitulée :
Qiierela .
On la retrouve, notamment dans une
(i) «Je ne puis m'empêcher de rire, li-
sons-nous dans le Carpentariana pp. 41-42,
lorsque je me souviens que c'est à l'occasion
du chien d'Ulysse que les valets de ce prince
laissent manger aux poux, aux puces et à la
gale, que ce poète (Homère) débite une
maxime si belle et fait une si judicieuse re-
marque. »
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1904
140
150
h
édition de Senèque, qui, pour n'être pas
signalée dans les bibliographies que j'ai
consultées, n'en est pas moins excel-
lente.
Cette édition est de 1602, (MDCII) petit
in-f", publiée à Paris : Parhiis^ apud Bar-
thohmœus Macœum inmonU D . Hilariisiih
sciito Britanniœ, cuin privilegio Régis.
Elle renferme des notes d'Erasme et de
Muret.
Quant à l'épigramme dont il s'agit, la
voici tout entière, (p. 485). C'est encore
le meilleur moyen de pouvoir comprendre
le sens de l'hémistiche.
Quisquis es, et nomen dicam ? Dolor oninia cogit.
Qui noslrum cinerem nunc, iniœice, premis ;
Et Don contentus tantis subitisque ruiais,
Stringis in exstinctum tela craenta caput.
Crede mihi, vires aliquas natura sepulchris
Attribuit : tuniuîos vindicat umbra suos.
Ipsos, crede, Deos hoc ounc libi dicere, Livor ;
Hoc tibi nunc Mancs dicere, crede, meos.
Ros est sacra miser : noli mea tangere fata,
Sacrilegiœ bustio abslinuere manus.
Je n'oserais me porter garant de la va"
leur littéraire de cette épigramme. En
revanche, il en est une autre, De qualitate
tcmporis^ qui me parait infiniment remar-
quable et curieuse, et qui vaut bien la
peine d'être recommandée, quand ce ne
serait que comme témoignage des idées
de Sénèque sur la fragilité de la vie et la
contingence de ce monde.
C'est celle qui commence ainsi :
OniDia tempus edax depascitur, oinnia carpit. ..
L. DE Leiris.
Le nom de Hervé (XLIX ; L, 38).
— 11 est facile de répondre au défi de notre
savant ophélète. IVig est traduit par victo-
rieux dans les notes étymologiques de « la
Conquête de l'Angleterre par les Nor-
mands », d'Aug. Thierry. D'ailleurs, M.
Paul Argelès remarquera que le sens
des radicaux a évolué et que la signi-
fication primitive des radicaux ici g et
sig est différente de victorieux ; bien
qu'ils aient pu avoir ce sens plus tard, l'un
et l'autre, dans les mots latins ou les mots
allemands, dérivés de ces racines primi-
tives.
Mais notre bienveillant ophélète se
trompe du tout au tout, quand il con-
fond le radical Hcr avec le radical Erm^
d'Ermanaric, avec ou sans l'aspiration
gutturale germanique initiale. 11 lui suf-
fira de remonter à l'origine primitive du
nom d'Hermier, pour voir que les radi-
caux her et bcrin sont tout à fait distincts
l'un de l'autre.
Nous sommes tout disposé à entrer
dans les détails à ce sujet, si cela peut lui
faire plaisir ; car le plus grand service
qu'un homme puisse rendre à un autre
homme, en ce monde, c'est de lui faire
voir ses erreurs. D^' Bougon.
Les Ecreignes (XLIX, 901 ; L, 40).
— Le mot Ecreignes, dont le souvenir pa-
raît avoir à peu près disparu en France,
n'est que la transformation des termes
Screo, screona, screuna , employé dans les
textes de la loi Salique, et dont le sens
paraît être simplement habitation, cabane.
Dans le bas latin, nous rencontrons les
mo\s SCI inia, scriniiim, avec le sens de
châsse, coffre, cercueil. Dansle vieux fran-
çais, nous avons les mots escrain,escrin,
aujourd'hui écrin.
Du sens de cabane fermée, on a facile-
ment passé à celui de boîte.
Les veillées du soir en Bourgogne
avaient lieu soit dans des souterrains,
soit dans des cabanes analogues, à en
juger par le texte de Tabourot, à
celles que construisent encore les
bûcherons dans les exploitations fores-
tières. Les veillées se tenant dans les Ecrei-
gnes, ce mot a fini par désigner la réu-
nion elle-même.
Le souvenir de la Screona de la loi Sali-
que s'est perpétué dans certains noms de
localité, les Ecrennes (Seine-et-Marne),
EscragnoUes, (Alpes-Maritimes), Escren-
nes (Loiret), EscrignoUes (Loiret), Les
Escrins (Hautes-Alpes). A Escrennes du
Loiret, il existe encore des souterrains
creusés dans le tuf calcaire.
Martellière.
Eaaddansle Morbihan (XLIX, 165,
374). — Je crois que ce nom serait moyen-
âgeux ; ce qui tendrait à le prouver, c'est
que les plus anciennes mentions de cette
localité ne sont pas antérieures au milieu
du xiii'' siècle.
M. Rosenzweig, l'auteur du Diction-
naire topographique du Moibikan dit que
Baitd s'écrivait Baut en "1259, Burgus en
12S2, Bciiilt en 1322.
Il doit avoir subi primitivement, com-
me tant d'autres, des altérations ignorées;
peut-être s'appelait-il Bauch ou Bourch,
No 1047.
L'INTERMEDIAIRE
151
152
mot celtique signifiant Bourg, cité dans le
Glossaire polyglotte de Latour d'Auvergne
Corret, ouvrage plus que rare et qu'on
devrait bien éditer de nouveau.
Les Allemands, Anglais, Hollandais
disent hurg, l'Espagnol, burgo, l'Italien,
horgo, etc.
Dans le midi de la France, on désigne
un monticule, une falaise, un escarpe-
ment par Bau, Baou, Vau.
Mistral ne dit-il pas :
Di Batis farieu ma capitale !
Sur lou Roucas que inei rebalo,
De nou rebastirieu noste viel castelas.
Dans les Alpes-Maritimes, on donne le
nom de Bau à d'énormes quartiers de
roche éboulés.
Baugé (Maine-et-Loire) du vieux fran-
çais Bauge, désigne aussi un tas, un mon-
ceau, une élévation. Baugeium, i.ioo,
Baugi, 1150, Tertrum de Bauge, 1273.
La commune de Carnac (Morbihan) a
bien son rocher Beaumer.
Bullet, dans ses Mémoires sur la langue
celtique, Besançon 1759, 3 vol. in-f°, dit
ce qui suit :
Bauc, le même que Bail et Mali.
Bau, le même que Bal, rocher,
Bau le même que Fau, Gau, Mau, Pau,
Vau.
Bauc le même que Bau.
Bau, pierre, roc, le même que Bal, roc,
pierre.
Bauc, caverne, antre, grotte, habitation
en général. — Bogium, Bogis, Bugia.
Baud, Beud, Baoud, Bout, mouton.
Baux, sur un roc, Balz, rocher.
On sait que les Mémoires de Bullet
sont remplis. d'érudition, ils n'ont qu'un
tort, c'est d'avoir pour base un système
fort contesté.
L'Armoriai d'Hozier donne des Baud en
Bretagne, Montpellier, Montauban, Orléa-
nais, Toulouse, Bourgogne, Dauphiné et
Limousin.
Comme en fait d'étymologies, qui veut
trop prouver ne prouve rien, peut-être
faudrait-il en croire les continuateurs de
Bollandus, Baud ne serait autre chose
que Don de Dieu ou gratification : Voir la
Vie de saint Hervé, en latin Herlaudus^
Appendix junii^ t. i. A. Dieuaide.
11 n'y a pas que. . il n'est pas
que (XLVllI; XLIX, 939 ; L, 38). —Je
suis dans mon tort, je le reconnais. En
donnant la locution de la sorte comme
vicieuse, j'aurais dû répéter ce que j'ai
dit tant de fois, qu'elle avait été souvent
employée par les maîtres de la langue
française, tandis que émérit-c^ au sens du
vulgaire, et averti d'avance^ ne se lisent,
bien entendu, jamais chez les grands écri-
vains. J'aurais dû faire la distinction ;
G. G. a raison.
Revenant à de la sorte^ « il n'y a pas que »
Pascal, Corneille et Bossuet qui s'en
soient servis; Voltaire et bien d'autres les
ont imités. Dans la Pucelle, la Trémouille
dit à Dorothée, qu'il prend pour un An-
glais :
Cest bien à toi de parler de la sorte.
Seulement tout en m'inclinant jusqu'à
terre devant ces génies littéraires, je ne
suis pas forcé d'admirer toutes leurs tour-
nures.
Alors que sur les gens on prétend se régler
C'est par les beaux côtés qu'il leur faut res-
[sembler.
Aussi, je crois que la vraie locution
est celle employée par La Fontaine dans
Le Rat retiré du monde :
Ayant parlé de cette sorte,
Le nouveau saint ferma sa porte.
Justement, je causais de la question avec
Paul Adam, lors de son retour d'Amé-
rique, et je lui citais de la sorte comme
une mauvaise expression de nos meilleurs
auteurs. Nous sommes tombés tous les
deux d'accord que l'on ne saurait trop
faire attention à sa phrase et tâcher de
butiner le miel des maîtres sans se croire
obligé de les suivre dans leurs erreurs.
Sans doute, je préférerais une phrase
incorrecte, disant quelque chose, à une
phrase impeccable ne disant rien. Jean-
Jacques Rousseau a écrit : « Je soutiens
qu'il faut faire quelquefois des fautes de
grammaire pour être lumineux. » Des
fautes de grammaire, soit I mais de bon
sens, jamais !... Et puis, de la sorte est-il
si lumineux .? Alfred DuauET.
Eglises fortifiées (T. G., 308 ;
XXXVIII ; XXXIX ; XLI à XLIV ; XLIX,
814, 929). — 11 n'est guère de vieilles
églises rurales dans l'Ouest où l'on ne
trouve bien encore trace des anciens
moyens de défense. On voit presque tou-
jours, notamment derrière les portes, les
profondes dépressions qui recevaient les
coulisses destinées à les renforcer ; aux
fenêtres, des marches semblables à celles
DÈS CHERCHEURS Et CURIÈUX
30 juillet 19041
153
154
des escaliers pour faciliter l'accès des
tireurs d'arbalètes. Les mâchicoulis mêmes
ne sont pas rares.
L'architecte Loué avait fort maladroite-
ment démoli un corps de garde sur les
voûtes de l'église abbatiale de Saint-Louis
des Marnes (Deux-Sèvres) et Saint-
Maixent (même départ.), les protestants,
après avoir abattu l'église de l'abbaye, en
gardèrent la tour pour leur servir d'échau-
gLiette. Près de La Rochelle, l'église
d'Esnandes, monument historique, but
d'excursion des touristes, asans doute reçu
des pièces d'artillerie sur les plates-formes
créées au-dessus de ces voûtes. L'église
de Verrines-sous-Celles (Deux-Sèvres) a
conservé son mur d^enceinte entourant le
cimetière contigu.
Décrire toutes ces traces de défenses
dans nos églises exigerait beaucoup de
temps. Le moment, cependant, en serait
venu. Rebâtir son église, même à la dia-
ble^ c'est toujours une excellente note
pour un curé en quête d'avancement.
Bientôt tous nos curieux clochers romans
seront remplacés par d'affreuses flèches
forme canule, doigt peu mystérieux pour
montrer le ciel (Dupanloup) ou rendre ses
forces au voyageur fatigué (Chateau-
briand). LÉDA.
Bornes-canons (L, 12). ~ Dans
une vue d'optique représentant une ville
maritime, on remarque des canons-
amarre. J'en ai vu d'authentiques au Tré-
port, où il m'en a été parlé ; mais mes
souvenirs en sont faibles. A. Sy.
Cheveux dô femmes célèbres
(XLIX ; L. 44). — Dans le cachet de la
leltre adressée par Jeanne d'Arc aux ha-
bitants de Riom,il y avait un cheveu noir,
mais ce cheveu a été dérobé. [Intermé-
diaire, XLIII, 992). S.
Proverbes et dictons météorolo-
giques (T. G. 734 ; XLII ; XLlll ;XLIV).
21
En maïfresquieyro ; en Juïn chalous,
Cabo e granio, prépare lous.
En mai fraîcheur, en juin chaleur,
Cave et grenier, prépare-les.
22
De Pasquos à Pentécousto
Tout lou dissert es uno crusto.
De Pâques à Pentecôte.
Tout le dessert est une croûte
Quan ploou lou jour de San-Me'dar
L'annado gogno ou perd d'un quar,
S il pleut le jour de Saint-Médard
L'année gagne ou perd d'un quart.
A. P.
Traite des blanches (XLVIII, 505 ;
XLIX, 431, 718). — En 1875, venaient
de Suisse des cartes sur papier mince, por-
tant, imprimé au recto, ce qui suit :« No-
tre siècle supportera-t-il longtemps encore
la traite des blanches^ leur vente de maison
de tolérance en maison de tolérance .^Leur
séquestration sous les grilles et les ver-
rous des Bastilles de la prostitution ^. »
Comte A. de Gasparin, Pensées de liberté,
page 151. — Et, au verso, en deux lignes
d'imprimerie : Envoyé par la comtesse
de Gasparin, Le Rivage, près
D' A. T. Vercoutre.
Agénor
Genève, Suisse.
Faire la belle en jouant aux car-
tes (XLVlll, 896 ; XLIX,44). — lo La
Belle était un jeu de hasard importé à
Paris par un Italien. Elle comprenait un
tableau de 104 numéros, divisé en treize
bandes de huit cases chacune ; les six
premières, de i à 48, s'appelèrent le petit
côté. La septième bande était réservée au
banquier ; les six dernières, de 57 a 104,
formaient le grand côté.
On tirait des numéros renfermés cha-
cun dans un étui de bois. Le plein ou
enjeu sur un seul numéro gagnait 96
fois la mise, le demi-plein 48 fois, etc.,
comme à la roulette, qui a simplifié le
système. La belle case était celle qui
gagnait.
2" Une autre Belle se jouait avec 52
cartes. Chacun avait deux cartes couver-
tes ; on distribuait une troisième carte
découverte, et la plus belle, en partant du
roi, gagnait, à moins qu'il n'y eût deux
cartes pareilles, auquel cas on doublait
l'enjeu qui était gagné à un autre coup.
Cet enjeu se mettait dans trois paniers,
le panier de la belle, celui àw flux et celui
du trente et un.
La belle carte gagnée, on passait au
flux ou brelan, trois cartes pareilles, la
plus élevée l'emportant, puis au trente et
un le chiffre s'en rapprochant le plus^
Vas étant pris pour onze.
N. i04f.
L'INTERMEDIAIRE
155
156
3" Lorsque l'on joues^*-, le succès d'une
partie décide du gain ou de l'attribution
de l'enjeu ; mais si l'on joue deux parties
liées^ la seconde seule décide de la vic-
toire. Celui qui gagne les deux parties
l'obtient, cela va sans dire, mais si c'est le
premier perdant, une troisième partie doit
trancher la question, la situation restant
égale pour chacun des joueurs. C'est cette
troisième partie qui s'appelle la Bdlle.
Est-ce par un sou\enir des anciens
tournois et parce qu'on la compare à la
Belle qu'il s'agit de conquérir ? Est-ce
parce que c'est la helJc partie, la seule
qui soit décisive ?
D'une idée à l'autre, il n'y a pas loin ;
c'est peut-être le tout ensemble.
Paul .^rgelès.
Quatremère d'Isjouval et les
araignées (L, 4). — Quatremère Dis-
jouval et non pas D'Isjouval — frère du
Quatremère de Quincy, si drôlatiquement
accommodé à la Cambronne par Louis
XVIII, était un toqué de la science qui
voulait trouver dans l'araignée le type de
l'hygromètre parfait.
Nous avons publié, il y a quelque vingt
ans, dans une Revue dont il nous est
impossible de retrouver le nom, la bio-
graphie anecdotique de Disjonval et l'ana-
lyse des systèmes bizarres d'après les-
quels cet original déterminait ses proposi-
tion scientifiques.
Mais, déjà, notre collaborateur E. M.
trouvera d'autres renseignements sur Dis-
jonval dans l'article que lui a consacré la
Biographie pjrtativ>-\ article où nouslisons
cette phrase : « Ce sont ses pronostics
aranéologiques qui, selon lui, décidèrent le
passage des Alpes en 1800 ; il le prouve
par une correspondance suivie avec Ber-
thier,et par un procès-verbal envoyé jour
par jour au gouvernement etc., etc..
D'ailleurs, son Aranéologie (Paris an V
1797) qui se trouve, je crois, à la biblio-
thèque de la ville de Paris, suffira pour
édifier E. M. sur les théories du bonhomme
mieux avisé et plus heureux, s'il eût
soigné... l'araignée {aranea miJitaris)
qu'il avait dans le plafond. d'E.
Marie-Antoiuettejugéa par Louis
XVIII (L 62). — M. Ernest Daudet nous
fait l'honneur de nous adresser la lettre
suivante :
Monsieur,
En mentionnant dans votre numéro du 20
juillet l'écrit de Louis XV)1I, communiqué
par moi à la Revue des Deux-Mondes, vous
voulez bien me demander quelles preuves j'ai
de l'authenticité de ce document. Je réponds:
La plus décisive des preuves ; je l'ai indiquée
dans la Revue. Le manuscrit et la lettre, qui
le précède sont entièrement de la main du
roi, ainsi qu'a été mise à même de s'en con-
vaincre la direction de la Revue des Deux-
Mondes.
Laissez-moi ajouter, monsieur, qu'ayant
publié depuis vingt ans, tant de documents
inédits sans que l'authenticité d'aucun d'eux
ait pu jamais être contestée, j'ai acquis le
droit d'être cru sur parole jusqu'au jour où
libéré d'une réserve qui m'est imposée au-
jourd'hui, je pourrai dire d'où me vient cette
pièce ainsi que celles qui figureront dans mes
plus prochaines publications. Vous serez le
premier à reconnaître, lorsque je désignerai
la source, que leur authenticité n'est pas dis-
cutable. Personne, d'ailleurs, si ce n'est vous,
ne l'a mise en doute, en ce qui touche le ma-
nuscrit que vous avez bien voulu signaler à
vos lecteurs.
Croyez, monsieur, à mes sentiments dis-
tingués. Ernest Daudet.
Les Petites Dalles, Seine-Inférieure, 25 juil-
let 1904.
Que notre distingué correspondant nous
permette de lui affirmer que nous savons
quel prix s'attache à ses remarquables et
nombreux travaux et de quel crédit légi-
time ils jouissent.
Le document qu'il a produit est d'une
importance capitale, et il suffisait qu'il en
affirmât l'authenticité pour qu'on n'en
doutât point. La question ne tendait qu'à
savoir les circonstances de sa découverte.
M. Ernest Daudet veut bien nous con-
fier ce qui lui est permis de dire Jusqu'au
moment où libéré de la réserve qui s'im-
pose, il satisfera complètement à notre
curiosité.
Un point demeure acquis, et c'est l'es-
sentiel, M. Ernest Daudet, fidèle à ses
habitudes, apporte à l'histoire un docu-
ment inédit d'un exceptionnel intérêt.
La famille Sanson (T.G.820; XLIX,
923). — Pour l'histoire des Sanson, les do-
cuments suivants ne sont pas sans intérêt :
ils se réfèrentà Henry .Sanson, fils du bour-
reau de la Terreur, et à son fils Henry-Clé-
ment Sanson, qui fut bourreau sous Louis-
Philippe et révoqué en 1847. Les let-
tres qui suivent et qui appartiennent à M.
Ï57
Noël Charavay, prouvent que le bourreau
était un ami des lettres, tout au moins
faisait-il quelques sacrifices pour ses lec-
tures.
Le billet suivant à son libraire le
prouve :
Monsieur,
Je me réabonnerai pour vingt autres li-
vraisons au Voyage Pittoresque. En consé-
quence ayez la complaisance d'envoyer quand
vous le jugerez à propos, le porteur qui
vient ordinairement, et à telle heure qui
vous conviendra, attendu qu'il y a toujours
quelqu'un à la maison
Je vous salue et suis votre serviteur
Sanson (père).
Paris, le 2 février 1834
rue des Marais du Temple, n° 31 bis
Le libraire avec qui les Sanson entre-
tiennent le plus intime commerce est
Bossange, rue de Provence, n° 63 bis.
Bossange, en faisant présent d'un ou-
vrage,a demandé au bourreau une faveur
qu'on peut supposer : il a voulu voir dans
sa cellule un condamné à mort, le jour
de l'exécution.
Bon cela faittouj ours passer une heure ou deux
11 en a prévenu le bourreau qui est
absent, mais le fils l'assure qu'on fera le
nécessaire :
Paris, ce 19 août 1832
Monsieur,
En l'absence de mon père, en ce moment à
Beauvais, je vous prie de recevoir mes remer-
ciements pour votre ouvrage que vous avez eu
la bonté de lui envoyer : a son retour, il aura
l'honneur de vous adresser le sien.
Relativement à Benoit, le moyen le plus
sûr serait d'obtenir de monsieur le Procureur
général la permission de le voir. Cependant,
je pense que mon Père pourra vous procurer
ce que vous désirez .Dans tous les cas, j'aurai
l'honneur de vous prévenir la veille au soir de
l'exécution si les ordres nous parviennent assez
tôt.
Je suis avec respect et la plus parfaite con-
sidération,
Monsieur, votre très humble serviteur
Sanson fils.
La décision judiciaire a été prise trop
vite : le libraire n'a pu être prévenu à
temps. Très désolé, le bourreau s'est
excusé : il a été bouleversé et il y a des
moments où l'on perd la tête.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Juillet 1904.
158 :
Lorsque je suis revenu de la campagne,
mon fils m'a remis le volume que vous m'avez
fait l'honneur de m'envoyer. Je le lirai avec
toute l'attention dont je puis être susceptible,
pour ma propre instruction.
Mon fils aurait bien désiré vous prévenir sur
l'objet dont vous parlez dans votre lettre,
mais ayant reçu les ordres à huit heures du
soir, il lui a fallu commander le service dont
il est chargé ainsi que le mien en mon absence,
et il avait à peine douze heures pour le tout.
Dans une pareille circonstance, je me serais
fait un devoir de vous avertir moi-même.
Daignez agréez, monsieur, les hommages très
respectueux, et me croire avec la plus
grande considération,
Votre très obéissant serviteur,
Sakson.
Paris, le /\ septembre 1832.
On nous demande de rappeler dans le
corps de la Revue, la note qui fut publiée
aux Petites nouvelles, sur la couverture,
et qui est la reproduction de la pierre tom-
bale des Sanson, au cimetière Montmar-
tre :
Ici
reposent
Charles-Henry,
SANSON
NÉ A PARIS
LE 15 FÉVRIER I739
DÉCÉDÉ LE 4 JUILLET 1S06
CETTE PIERRE FUT ÉRIGÉE
PAR SON FILS ET SA FAMILLE
DONT IL FUT REGRETTÉ
Henry SANSON
NÉ A PARIS LE 24 SEPTEMBRE I767
DÉCÉDÉ LE iS AOUT 1840
IL FUT LE BIENFAITEUR
DE TOUTE SA FAMILLE
QUI NE CESSERA DE PRIER POUR LUI
MARIE-LOUISE DAMIDOT
VEUVE DE HENRY SANSON
NÉE A PARIS LE 14 OCTOBRE I776
DÉCÉDÉE LE iS JUIN 185O
REPOSE EN PAIX BONNE ET TENDRE INIÈRE
TU N'AS FAIT QUE DU BIEN
DIEU TE RÉCOMPENSERA SELON TES G-X'VRES
Virginie-Emilie LEFEBUR'
femme sanson
dècèdée le 29 avril
1S60
DANS SA 62e ANNÉE
Henry-Clément SANSON
DÉCÉDÉ LE 25 JANVIER lS8(>
A l'AGE de 89 ANS
N* 1047.
L'INTERMÉDIAIRE
— 159
160
Jlates, ivoumulUs ^i Cîuviosités
La chanson de Pipe en bois. —
A propos d'Henriette Maréchal^ nous
parlions récemment de Georges Cavalier,
surnommé Pipe en bois par Vallès, et qui
fut l'un des lieutenants de Gambetta. C'é-
tait un garçon d'allures un peu débraillées,
mais d'esprit distingué, élève de l'Ecole
polytechnique et de l'Ecole des Mines,
qui aurait été absolument étranger au
tumulte d'Henriette MarccJial. 11 assistait
bien à la première, mais il applaudissait
d'enthousiasme.
Comment s'est formée la légende.?
M. liane l'a raconté ainsi :
A la sortie de la première représentation,
Vallès qui, dans un entr'acte, avait rencontré
Cavalier, raconta à M. Albert Wolff, sans pen-
ser à mal, que le quartier Latin avait passé
les ponts, qu'il avait envahi le théâtre sous
la direction du célèbre Pipe en bois.
C'est ainsi que commença la gloire de Ca-
valier, cette notoriété dont, à la fin, il a
beaucoup souffert.
Quoi qu'il en soit, usurpée ou non, il
eut cette gloire, et la chanson la consa-
cra. Il existe sur lui des couplets que
nous avons retrouvés dans un cahier po-
pulaire à deux sous, et qui sont certaine-
ment, pour l'allure et la vivacité, des chefs-
d'œuvre du genre. Nous ne les avons ja-
mais rencontrés dans les diverses pages
consacrées au pittoresque bohème et l'on
aura, pensons-nous, quelque plaisir à les
lire à cette place.
PiPE-EN-BOIS
AiR : Voye:i sur cette roche (fra diavolo).
Quel est ce fanatique
Qui, du fond du quartier latin,
Avec son sifflet clandestin,
Trouble notre destin ?
Cet être fantastique
Qui semble embusqué dans un bois,
Et mit, nouveau Robin des bois.
Les Concourt aux abois ?
Tremblez !.,. ce terrible jeune homme,
Mes amis, il se nomme
Pipe-en-bois ! {1er.)
k\ec crainte on s'aborde :
« Ce Pipe en-bois, le connais-tu ?
>« Porte-t-il un chapeau pointu
-« Ou le col rabattu ?
« Est-il chef d'une horde ?
« Ou n'est-ce pas plutôt, je crois,
« L'ante-christ prédit autrefois
« Par l'almanach liégeois ? »
Tremblez !... j'ai lu sa circulaire :
Il est fort en colère,
Pipe-en-bois !
Dans une brasserie
Personne n'a vu ce Shylock
Le soir, faire une bille au bloc.
Ou consommer un bock;
Nul, à la Closerie,
Ne le vit, au son du hautbois.
Esquisser un cancan grivois
Devant un frais minois.
Tremblez !... on pressent la te:npête,
Et tout bas l'on répète :
Pipe-en-bois !
Chacun sait la cabale
Dont il fut l'agent infernal,
Pauvre Henriette Maréchal^
11 t'a bien fait du mal 1
jamais pareil scandale
Depuis Hernani, je le crois.
N'avait fait vibrer les parois
D'un orchestre courtois.
Tremblez I. . , des Français que j'honore
L'écho redit encore :
Pipe-en-bois !
Les théâtres frémirent ;
L'Odéon d'effroi recula,
Disant : « QLiel est cet homme-là,
« Ce moderne Attila ? »
Tous les journaux redirent
Le nom du farouche Iroquois,
Et Trimm lança, d'un ton narquois,
Les traits de son carquois.
Tremblez, braves gen<; qu'il menace.
De rencontrer en face
Pipe-en-bois !
Pourtant, qu'on se rassure ;
Car, sachez tous la vérité :
Ce Pipe-en-bois si redouté
N'a jamais existé.
C'e<t une bourde pure ;
On prétend même, ô bons bourgeois,
Q;ie le bœuf gras va, dans un mois,
S'appeler Pipe-en-bois.
Sonnez, clarinette et trombonne,
Et que chacun couronne
Pipe-en-bois I
Eugène Grange.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambo» St-Amand-
Mont-Rond.
L* Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mots.
10 Août 1904.
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Si»" ,r. Victor Massé
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Bureaux : de 2 à 4 heures
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Il se faut
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N" 1048
3>»", r. Victor >2a88é
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1884
QUESTIONS KT KÉl'ONSKS LITTÉRAIRES, HISTORIQUES, SCIËISTIFIQUES ET ARTISTIQOLS
161
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
162
(âucôtianô
Consultât suse conscientiae. —
Dans une des pièces appartenant au dos-
sier de la question pendante entre le
Saint-Siège et les Cultes, l'expression
Consultât suce conscientiœ, a été traduite
par « qu'il consulte sa conscience ». Ce
n'est pas le sens, dit-on à Rome. Q.uelle
serait la traduction exacte ? A. B. X.
Flaubert et Du Camp photogra-
phes. — Pendant leur voyage de 1850
en Egypte, Nubie et Syrie, Flaubert et son
ami prirent 174 photographies 18 X 24
des monuments égyptiens, grecs ou ara-
bes qu'ils visitaient au jour le jour.
Depuis une dizaine d'années, j'ai le
plaisir d'en posséder la collection com-
plète, sous la forme de trois grands
albums reliés, offerts jadis par Du Camp
à Bida.
Ces documents sont précieux, non seu-
lement parce qu'ils illustrent la biogra-
phie de Flaubert et la genèse delà Tenta-
tion de saint Antoine^ mais surtout parce
qu'ils reproduisent un certain nombre de
temples antiques, aujourd'hui disparus.
Beaucoup de monuments égyptiens ont été
démolis par la suite sur l'ordre de Saïd
Pacha qui avait besoin de matériaux pour
construire des sucreries.
Existe-t-il une autre série d'épreuves
des mêmes clichés ^ A-t-on publié les
planches les plus intéressantes ^.
Pierre Louys.
Terre noble. — Je trouve dans un
livre de raison, à la date du 16 novembre
1698, ces mots :
J'ai payé mon entière cote de la taille de
quelques terres de la Brugerete qui est presque
toute noble.
Qu'entendait-on, au xvii= siècle, par
« terre noble » ?
B. DE C.
La promenade sur l'âne au X"VII'
siècle. — Les deux éditions du Fmctie-
rana donnent la note suivante :
M. le Duc D*** deffunt fit promener le
neveu dont parle M. de P*** dans ses Satyres,
toute nuë sur un asne par toutes les rues de
Paris.
Furetierana. Paris, p. 224. Hollande, p. 154.
Ces lignes sont défigurées par deux
coquilles qui en rendent la lecture incom-
préhensible au premier abord.
Au lieu de M. de P. lisez M. des P.
[réaux].
Au lieu de le neveu lisez la Neveu.
Il est, en effet^ question de la Neveu
dans la IV' satire de Boileau. Cette
femme a été connue d'abord comme
courtisane sous la Fronde, puis comme
procureuse (^Mémoires de Roche/art)^ et
chacun sait que la promenade sur l'àne
était le châtiment ordinaire de ses pa-
reilles. {Interm. t. XXXVllI).
Or, la Neveu était morte depuis plu-
sieurs années quand Boileau composa la
IV" satire (1664), et vers la même époque
Sauvai parle de la promenade sur l'àne
comme d'une ancienne coutume dont il
a entendu parler par quelques vieillards,
L. 4
N* 1048.
L'INTERMÉDIAIRE
163
164
mais dont on n'a pas repris l'usage de son
temps. Comment concilier son témoi-
gnage avec celui de Furetière ?
Qui est le duc D*** ? Pour quelle rai-
son la Neveu a-t-elle été condamnée à
être promenée « toute nuë » ? La coutume
dont il s'agit a été reprise longtemps
après, au xviu' siècle, et j'ai sous les
yeux deux estampes du temps qui repré-
sentent cette ridicule cérémonie, mais la
patiente est habillée des pieds à la tête
et je n'ai vu nulle part qu'antérieurement
elle ne le fût point. S.
Napoléon Bonaparte appelé Ni-
colas. — Dans un ouvrage anonyme in-
tulé : Amouis et galanteries de Jupiter
Scapin oîi de Nicolas Bonaparte, Paris,
chez Tiger, sans date, in- 12, le nom de
Nicolas est toujours accolé à celui de Bo-
naparte.
On sait que Bonaparte n'a jamais joint
son prénom à la signature de son nom
patronymique, jusqu'à ce que ce nom
fût devenu celui d'une dynastie impériale.
Comme on a constaté des irrégularités
dans les actes de l'Etat civil, Napolione
Bonaparte aurait-il eu un autre prénom
plus français, tel que celui de Nicolas.
La généalogie du baron de Coston inti-
tulée : Biographie des premièies années de
Napoléon Bonaparte^ indique dans la bran-
che établie à Florence, Nicolas I" et Nico-
las II, un autre Nicolas Bonaparte, poète,
le pape Nicolas V.Le mari de la marraine
de Napoléon s'appelle Nicolas.
Le père de Napoléon s'appelle Charles-
Marie, ses ancêtres sont des François,
Gabriel, Jérôme, Joseph, Sébastien, Lu-
cien ; ses frères et sœurs sont encore des
Joseph, Lucien, Elisa, Louis, Pauline, Ca-
roline et Jérôme.
Ce nom baroque de Napolione aurait
bien pu, par un grattage savant, icmpla-
cer celui plus vulgaire de Nicolas.
A. DiEUAIDE.
Le trésor des Chartreux. — D'a-
près M. Ernest Daudet (^Histoire d^ V Emi-
gration) dans les derniers jours de 1789,
le comte d'Artois, émigré, se trouvant à
bout de ressources, fit appel, pour son
œuvre de contre-révolution, aux trésors
des Grandes Abbayes de France, entre au-
tres celle de la Grande Chartreuse.
Toutes, paraît-il, firent la sourde oreille.
De quelle nature pouvait bien être le
trésor de la Grande-Chartreuse }
d'E.
L'if, arbre sacré des druides. —
L'if, taxus haccata de Linné, est un des
arbres qui ont été prisés depuis la plus
haute antiquité.
La toxicité de son ombre,de ses feuilles,
de ses fruits a été l'objet des opinions les
plus diverses. (Voir Intermédiaire, XVI,
243, 347 ; Larousse, Dictionnaire , etc. ).U.
était des plus répandus comme l'indique
une fois de plus notre Recueil (XL1X,862,
863.
On désirerait savoir s'il était considéré
par les Druides comme arbre sacré et
aussi pourquoi il a été choisi comme
arbre funéraire dans nombre de régions.
(Normandie, Bretagne, etc.).
L. Depal.
« Canale Dei Mulini. Schuna.
Auscenti » en Bretagne. — Luca
degli Albizzi, capitaine des navires flo-
rentins se rendant d'Espagne en Angle-
terre, et en Flandre dit, dans son journal
de bord, dont je prépare la publication,
qu'il se trouva, en novembre 1429,1a nuit,
après une tempête, dans un passage qu'il
crût être le « canale dei Mulini tra Schu-
na e Auscenti » (le canal des Moulins entre
Schuna et Auscenti) en Bretagne. Le jour
venu, il s'aperçut qu'il n'était point près
des côtes de la Bretagne, mais près de
celles de l'Angleterre.
Le chenal où Albizzi croyait être, se
trouve certainement dans l'Archipel situé
à l'extrémité de la Bretagne. Auscenti est,
sans doute, l'île à'Ouessant. Alors le
canal des Mulini doit être celui appelé
actuellement passage du Fromveur. Mais
eut-il jamais le nom de Moulins ? Et quel
est le nom actuel de Schuna certainement
une île près de celle d'Ouessant ?
Prof. Luig P.
Famille Benoist. — Etienne Benoist,
écuyer, était officier de milice, chevalier
de Saint-Louis ; son père, Etienne Benoist,
était écuyer, contrôleur ordinaire des
guerres à Chalon-sur-Saône. Prière de me
déterminer leurs armes. Etienne se faisait
appeler Benoist de Vaugrenand.
A. DE Baux.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Août 1904,
165
[66
Un portrait des Bruslys à retrou-
ver. — Je désire connaître le possesseur
actuel du portrait de Félicité-Louise-Mar-
guerite de la Rousselière, épouse du gé-
néral baron Nicolas Ernault Des Bruslys
(1757-1809), mort gouverneur de Bour-
bon, et cela dans le but d'en obtenir une
copie photographique pour un ouvrage
que j'ai en main.
Voici les indications que je possède :
En 1855, le portrait de madame Des
Bruslys se trouvait au château de W...,
près d'Odratzheim, canton de Wasselonne,
(Alsace) où habitait le fils du général, le
lieutenant-colonel baron Henri Des Brus-
lys, (1805-1864). A la mort de ce der-
nier sans postérité, le portrait a peut-être
passé à madame Delbalat, sa parente^
veuve d'un ingénieur des Ponts et Chaus-
sées ou de Constructions Navales, à Lo-
rient ; dont descendance.
En 1845, Monsieur Jules Duhazier, fils
de la baronne Des Bruslys, de son pre-
mier mariage, avait, à l'Hôtel des Mon-
naies, dont il était Directeur, le portrait
du général Des Bruslys. Il a peut-être
aussi possédé dans la suite celui de sa
mère.
Mademoiselle Duhazier a épousé un
Monsieur Picard, d'Odratzheim, ingénieur
des Ponts et Chaussées à Aurillac.
Le portrait se trouve donc probable-
ment dans l'une des familles Delbalat,
Picard ou Panon Duhazier.
Etant actuellement à l'étranger et ne
connaissant l'adresse d'aucune de ces
familles, je serais reconnaissant aux col-
laborateurs de V Intermédiaire qui pour-
raient me mettre en communication avec
elles. D^ P.
Baron de Grunstein. — Existe-t-il
des documents sur ce personnage alsa-
sien ou allemand d'origine ? Il était aide
de camp du duc d'Enghien au moment
de son arrestation. Le duc d'Enghien avait
épousé la princesse Charlotte de Rohan
et avaiteupourtémoinslebaronde Gruns-
tein et le marquis de Thumery, c'est
même ce nom de Thumery qui a été
cause de Tarrestation du duc, le gendarme
ayant lu Dumouriez pour Thumery. Le
prêtre qui a officié pour le mariage était
l'abbé Weinborn, longtemps grand vi-
caire du cardinal de Rohan.
BOOKWORM.
Famille de Guibert. — Je serai très
reconnaissant à l'aimable confrère, à l'éru-
dit collaborateur, qui voudra bien indi-
quer, avec preuves à l'appui, dans quelles
circonstances la branche de Guibert-
Cabrières a contracté, avant 1635, une
alliance avec la famille de Gimel.
Madel.
Prononciation du nom de Mon-
taigne. — Généralement on prononce
Montagne. Mais parmi les personnes qui
s'occupent le plus de l'auteur des Essais^
j'en connais qui protestent contre cet
usf ge et prononcent toujours Montagne,
de même qu'on prononçait Espagne, alors
même qu'on écrivait Espa/gne.
Quelqu'un pourrait-ïl, en s'appuyant
sur des textes, dire qui a raison de ceux
qui prononcent Montagne, ou de ceux
qui prononcent Montègne ? H. M.
\ on Intermédiaire, T . G., 606.
Famille Paudevani de Sully. —
Un des lecteurs de V Intermédiaire pour-
rait-il me fournir des renseignements
sur la famille Pandevani de Sully ^
Malatesta.
Famille Reynard de Boissieux.
— David-François Reynard delà Rochette
et de Boissieux, conseiller du Roi, con-
trôleur aux gabelles du Beaujolais, épousa
Suzanne-Marguerite Perrin.
Les familles de Boissieu ou de Boissieux
sont nombreuses et on peut lesconfondre.
Le titre de conseiller du roi indique
aisément que David-François avait des
armoiries. Prière de les fournir.
Peut-être pourrait-on retrouver égale-
ment des renseignements sur la famille
Perrin. Suzanne Marguerite mourut à
Lyon le 9 novembre 1763. Quels étaient
ses père et mère ? A. deBrux.
Un portrait de l'imprimeur J.-
J. Marcel.' — L'Intermédiaire^ dans les
Petites nouvelles de la couverture du n»
1045, nous apprend que M. Christian,
directeur de l'Imprimerie nationale, vient
de doter cet établissement d'un très beau
portrait, par Dumont, de l'un de ses pré-
décesseurs, J.-J. Marcel, qui dirigea l'im-
primerie pendant le Consulat et l'Empire,
de 1802 à 1814.
M. Marcel, qui fut un érudit et unorien-
N- 1048.
L'INTERMÉDIAIRE
167
168
taliste des plus appréciés, fut l'un des
principaux collaborateurs, effectifs, de la
grande Dcscripiion de l'Egypte, qui s'im-
prima, d'ailleurs, sous sa direction. Sur
le choix même de Bonaparte, il avait
aussi été Directeur de l'Imprimerie na-
tionale de l'Armée, durant l'Expédition
française en Egypte (de 1798 à 1801).
Ses grandes Aflllches de ce temps, ses
Proclamations de nos grands chefs, son
Procès de Souleymàn-el-Halebi, l'assas-
sin de Kléber, imprimés mi-partie en
français, en arabe et en turc, tout ainsi
que son Oraison dominicale, de 1805, im-
primée en cent cinquante langues ou dia-
lectes différents (i), restent, tous, comme
l'œuvre d'un Maître, et, cependant son
propre Portrait manque, inexcusable
oubli, dans la collection des petits Por-
traits de profil des Membres de l'Expédi-
tion, dessinés et gravés, en Egypte, par
Du Tertre.
Assurément, aujourd'hui, M. Christian
ferait une œuvre pie, s'il se décidait à
faire reproduire par les procédés mo-
dernes de gravure, de lithographie ou de
photogravure, son très beau portrait de
J.-J. Marcel, de Dumont. Ce serait, à la
fois, une bonne action et la réparation
d'un long oubli, immérité.
Ulric Richard-Desaix.
(i) Cette curieuse édition polyglotte de
V Oraison, forme un volume ir)-4° de 164
feuillets, Titre, Faux-titres, Dédicace et Tables
compris, dont toutes les pages, imprimées en
noir, quant au texte, sont encadrées d'un large
filet ornementé, tiré en rouge. — Qu'il nous
soit permis, au sujet de ce livre, de citer cet
intéressant passage de la Notice historique sur
J.-J. Marcel, de M. A. Taillefer (Paris, in-S"
1854 ) : « En 1805. le pape Pie VU, visitant
l'imprimerie impériale, reçut des mains du Di-
recteur un magnifique in-folio, imprimé sur
satin, intitulé : Adlocutio et encomia, vcr-
riis linguis expressa, summo. Pontificii
ohlata, contenant des discours et pièces de
vers composés par lui en neuf langues diffé-
rentes. Une autre surprise était réservée à Sa
Sainteté. M. Marcel avait fait imprimer, ad
hoc, VOraison dominicale, en i^o langues.
Chacune des cent cinquante presses que pos-
sédait l'impiimerie tirait, lors du passage du
saint Père, une feuille qui lui était remise. A
la cent-cinquantième presse, l'ouvrage était
complet ; et une magnifique reliure, exécutée
presque instantanément, convertissait en un
beau volume les feuilles offertes au souverain
pontife, qui se retira émerveillé, en donnant
Abbé Weinborn. — Longtemps
grand vicaire du cardinal de Rohan. Un
ophélète peut-il me renseigner sur son
compte
BOOKWORM .
Armes de la Rivière. — Charles de
la Rivière, écuier, seigneur de Hostieux
ou des Hoteux en Noimandie et de Pré-
daulge, vendit, en 1571, une partie de la
seigneurie d'Ancey, au bailliage de Dijon,
à Jacques des comtes de Vintimille.il y
avait en Normandie plusieurs familles de
la Rivière portant des armes différentes ;
je désirerais connaître celles de ce Charles
de la Rivière. P. le J.
Singulières armoiries papales. —
Quel est donc le Pape qui eut pour armoi-
ries : d'or, surchargé de trois pots (l^iilgo :
cruches), de sable, deux et un) armoiries
que je trouve ainsi dessinées, dans le fond
d'un petit frontispice signé : Harrewijn
fecit, représentant un Pape assis sur son
siège apostolique, recevant en audience
des évêques grecs et arméniens et qui est
placé en tète d'un assez rare petit volume :
Etat présent des Nations et Eglises grecque,
arménienne et maronite, en Turquie, par
le sieur De La Croix. Paris, Pierre Héris-
sant,petit in- 12, 1695. Treize feuillets non
chiffrés pour le Titre, le Frontispice, l'Epî-
tre dédicatoire au Roi, et la Préface, 266
pages de texte, et in fine, pour la Table et
Privilège : huit feuillets, non chiffrés.
Truth
Innocent Xll, Pignatelli (1691-1700).
La fleur de lis dans les armes des
Peretti délia Rocca. —
1° Pourquoi la famille corse de Peretti
délia Rocca porte-t-elle dans ses armes
une fleur de lis d'or sur champ d'a:^tir ?
2" Descend-elle du patricien romain
Ugo Colonna qui passa en Corse en 775 et
dont l'un des descendants appelé Simicello
délia Rocca fut comte de Corse en 1280 ■
3° La famille de Peretti délia Rocca
a-t-elle actuellement des représentants .''
Edmond S
Armoiries à déterminer : D'or à
3 roseaux de sinople!... — D'or à
^ roseaux de sinople ; att chef d'à {ur chargé
au Directeur les témoignages de la plus vive
satisfaction. »
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
169
10 Août 1904
de 7 étoiles d'or ; à la rivière ondée d'a:(ur
en pointe.
Ecu ovale surmonté d'une couronne de
marquis.
Ces armoiries se trouvent sur un ex-
li bris dans le Recueil des Foiages qui ont
servi à l'établissement et au pt agrès de la
compagnie des Indes orientales formée dans
les Provinces Unies des Pais-Bas. Amster-
dam, 1716.
J'ai trouvé cet ouvrage chez un bou-
quiniste de Bordeaux, il y a une vingtaine
d'années. D' P.
Ordrj de la Félicité. — Dans son
Histoire des sociétés badines an xvui^
siècle, (II. 301 et suivantes), M. Arthur
Dinaux fait un récit très détaillé et très
intéressant de « l'Ordre de la Félicité »
fondé entre 1740 et 1745. et dont le
premier chef aurait été Moët, le disciple
de Swedenborg.
Cette société, qui n'employait que des
expressions maritimes, mêlées à une ter-
minologie maçonnique, me semble avoir
été surtout une société.... bizarre. L'argot
d'un certain milieu à mœurs étranges res
semble d'une façon singulière au langage
des membres de l'Ordre de la Félicité.
Je ne m'étendrai pas plus longuement,
en commentaires sur ce terrain scabreux.
Je me bornerai à reproduire ici la for-
mule d'un brevet de cette société, brevet
que je possède annexé à ma carte fantai-
siste Je l'Ile de Félicité :
Scipion de la Garde, marquis de Chain-
bonas par la grâce de Saint-Nicolas
Grand maître du sublime ordre de la
Félicité.
A tous ceux qui ses présentes verront,
vent en poupe et jubilation. Connaissant le
carracthère, l'esprit, les talents et l'expérience
dans le service de Mer de notre très cher et
très aimé fils Dotté, lui avons octroyé et
octroyons, donné et donnons de notre plein
pouvoir et pleine science, la charge de chef
d'escadre dans le susdit sublime ordre, pour
en cette qualité, posséder et jouir de tous les
honneurs et prérogatives y attachées, porter
son ancre amararée à quatf^e cables verds.
Lui enjoignons seulement d'observer et
faire observer les règles prescrites par les
statuts.
En foy de quoi nous lui avons fait expé-
dier la présente signée de notre main, contre-
signée par le secrétaire de l'ordre et à icelle
fait apposer notre grand sceau de cire verte.
170
Donné en la rade de Paris le quatorie
avril m\\ sept cent quarante cinq et de notre
magistère \q cinquième.
Permission de recevoir partout on la
troupe des gensdarmes se trouvera, en
l'absence de notre f. de la salle.
Le M. DE Chambonas. G. M.
Par Monseigneur
Contant, secrétaire.
Fait par les soins de notre F. Pecquet, garde
de nos archives 1745.
Cette dernière phrase gravée en bas du
brevet à gauche à l'endroit où l'on met
généralement le nom du graveur.
Tous les mots en italiques sont écrits à
l'encre verte ; le reste est gravé. Le di-
plôme est encadré d'un très joli motif; le
tout sur parchemin.
En bas, à gauche, un sceau de cire
verte représentant une ancre, avec les
lettres I. S ; en haut à droite, une em-
preinte analogue, à l'encre verte.
La carte de l'isle de la Félicité est
curieuse :
Sur le point culminant, le temple du
bonheur parfait.
Au sud de l'isle, le port de la Félicité
dans une « mer Favorable » où l'on si-
gnale « recueil de la volupté et l'écueil
de l'ambition » à l'est « l'écueil de l'en-
nui » en face du port de l'égalité ; à l'ouest
les écueils ^< de la suffisance, en face du
port de richesse ; du caprice en face du
port de beauté, et de la fadeur en face
du port de la complaisance ».
Au nord, la mer sauvage avec le port
de vertu rendu impraticable par le pla-
teau des rochers de pruderie.
Les villages s'appellent :
Philosophie, harmonie, cajolerie, le je
ne sais quoi.
On remarque également le château de
santé, le marais des plaisirs innocents, la
tour des badinages et la montagne des
honneurs.
Le graveur a signé Weis. Arg. Fecit
1743-
Existe-t-il sur cet ordre des détails plus
complets que ceux donnés par M. A.
Dinaux t
Est-ce que l'ordre de la Félicité se rata-
chait d'une façon quelconque à la franc-
maçonnerie t J.-G. Bord.
Recueil de Corona. — On conserve
dans les bibliothèques d'Italie quatre ou
cinq copies d'un fameux manuscrit connu
N« 1048.
L'INTERMEDIAIRE
171
172
sous le nom de Recueil de Corotta et qui
contient un grand nombre d'anecdotes
originales sur une des époques les plus
importantes de l'histoire italienne.
11 y a dix ans, ce recueil était encore
inédit. L'a-t-on publié depuis.'' Que sait-
on sur son auteur ? S.
La chanson de M. de la Palisse.
— Au nombre des œuvres de M. de la
Monnoye, poète de la fin du xvii* siècle
et membre de l'Académie française, figure
la célèbre chanson, en cinquante strophes,
qui commence par celle-ci :
Messieurs, vous plaît-il ouïr
L'air du fameux La Galisse {sicj
Il pourra vous rejouir
Pourvu qu'il vous divertisse.
et qui s'est popularisée plus tard, sous le
nom de chanson de M. de la Palisse.
Peut-on savoir pourquoi, comment et
par qui s'est faite cette transformation de
nom : La Galisse en la Palisse ^
La Monnoye est-il le véritable auteur
de cette poésie niaise .? A-t-elle eu des
variantes ?
Je n'y trouve pas le couplet final qui se
réveille dans ma mémoire :
M. de la Palysse est mort
Mort de maladie
Un quart d'heure avant sa mort
II était encore en vie.
celui-ci qui reproduit
mais
idée
la
même
Regretté de ses soldats
Il mourut digne d'envie
Et le jour de son trépas
Fut le dernier de sa vie.
Henry Vivarez.
«Souvenirs de la Guerre d'Espa-
gne par un adjudant dechasseurs».
— Peut-on me dire quel est l'auteur de
ces intéressants Souvenirs et surtout à
quel régiment il appartenait ?
La Résie.
Le sang royal de Franco. — Cette
publication commencée en 1889 dans \' Ar-
moriai Français, a-t-elle été continuée
après la disparition de cette revue (1893 "i .?
Où ? O Le Court.
Quatre hors-d'œuvre deRossini.
— Parmi les manuscrits de Rossini exis-
tant actuellement dans la bibliothèque
Rossinienne de Pesaro, il y a ces quatre
morceaux de cet homme célèbre, aussi
grand comme musicien que comme cui-
sinier : lo Les radis; 2" Les anchois
(thème et variations) ; 3° Les Cornichons
thème et variations ; 4" Le Beurre (thème
et variations).
Ces quatre morceaux ont-ils été jamais
imprimés ou simplement joués ?
Archestrate.
Les documents phalliques. — Il
existe au musée archéologique de Nantes
une gravure en creux sur pierre calcaire
barlongue, représentant une tétede femme
aux longs cheveux, de face, cantonnée de
quatre phallus ailés.
Cette pierre bien connue des archéolo-
gues, a été trouvée engagée dans les fon-
dations, près de la porte de l'ancienne
église de Rezé (Loire-Inférieure), lors des
fouilles dirigées par M. Sabot en 1854.
{Cat. Fortuné Parenteau, pp. 35-36, pi.
10).
L'auteur du catalogue a été conduit à
se demander s'il s'agit d'un monument
religieux, à cause de la provenance, sans
doute, ou d'une enseigne de Lupanar.
Nous nous en tiendrions volontiers à cette
dernière attribution, tout en nous repor-
tant à une époque de beaucoup antérieure
au vi" siècle, date marquée par F. Paren-
teau.
On vient de trouver dans les Deux-
Sèvres, et l'on peut voir au musée de
Niort, une autre pierre qu'il est impossi-
ble de ne point comparer à l'enseigne de
Nantes, bien qu'elle ne porte qu'un seul
phallus et que la tète féminine soit dans
le prolongement du phallus et non plus
perpendiculaire à son axe.
Existe-t-il en France des documents
semblables ^ Léda.
Un distique : « casta placent » —
M.Joseph Galtier, dans le Temps 14 mai
1904, Promenades et visites., raconte que
dans le palais du comte Joseph Primoli à
Rome, sur le bas-relief d'une fontaine,
une main a écrit ce distique :
Casta placent superto : pura cum mente
[venite,
Et manibus puris sumite fontis aquam
La charité plaît aux dieux ; venez
d'une main pure, et de vos mains pures,
prenez l'eau de la fontaine.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1904 .
173
174
11 ne dit pas de qui les vers ?
Peut-être un chercheur pourra t-il en
nommer l'auteur ? Bookworm.
<* J'appelle un chat un chat ». — Boi-
leau ne serait-il pas l'auteur de cette
formule ? Je trouve dans un très rare et
précieux recueil d'anciens proverbes, le
ta Ici in de Rccr cation (1611) :
Chacun debvroit appeler le chat chat.
Je lis aussi, dans l'Appendice des Cu-
riosité? françaises d'Antoine Oudin :
J'entends bien .Viiiion sans dire chat = Je
devine ce que vous voulez dire.
Ces deux, proverbes n'ont pas été re-
cueillis par Leroux de Lincy. P. L.
Mai d'amour. — 11 existe dans
le Bas-Maine, lors des mariages, une
vieille coutume qui porte le nom de «Mai
d'amour ».
A l'entrée de la salle où doit avoir lieu
le repas de noces, on plante un arbrisseau
généralement une assez grosse branche,
garnie de rubans. Les nouveaux mariés
doivent l'enlever, puis s'ils ne peuvent le
faire, c'est au garçon et à la « fille d'hon-
neur », comme l'on dit, de l'enlever, et
bientôt tous en bras de chemise essaient
de le faire. Cette branche, ce mai,
doit être enlevé ou arraché, ou bien
alors laissé en place, mais il ne doit être
ni brisé ni coupé. J'ai entendu dire
qu'une rixe avait failli s'élever dans une
noce, parce qu'un des garçons d'honneur
avait coupé le « Mai ,y. Inutile de dire
que l'ingéniosité est grande pour fixer so-
lidement en terre le « Mai ». Voici, en
général, comment on procède : la bran-
che qui atteint en général 3 ou 4 mètres
de hauteur, est enfoncée dans le moyeu
d'une roue de charrette et fixée très soli-
dement au moyen d'une cheville. Cette
roue est enterrée dans un trou d'une pro-
fondeur de I mètre environ. La terre est
foulée par dessus, et même on ajoute de
grosses pierres, si bien que pour pouvoir
déraciner le « mai » il faut enlever en
même temps la roue et la terre qui la re-
couvre, ce qui exige une force considé-
rable.
Quelque aimable intermédiairiste pour-
rait-il me dire si cette coutume existe dans
d'autres pays, et en outre quelle est la
signification symbolique de cette cou-
tume en même temps que l'étymologie
du nom de s< Mai d'amour » ^
Dr A. L.
Le jeu de boules. — Peut-on me
renseigner sur les origines du très anti
que /t'« de boules .?J"ai bien consulté la
table de Vliitemicdiair^ (où l'on trouve
tout), mais cette fois, sans résultat.
Rabelais mentionne (chap. XXII de la
Vie de Gargantua] le jeu de cochonnet va
devant qui pourrait bi.n se rapporter à
ma question.
Notre journal ayant déjà prêté ses co-
lonnes à des questions du même genre,
pour le père de la Chaule (T. G. 208) et
plus récemment pour le Jeu de bouchon,
celle-ci, je n'en doute aucunement, pro-
voquera des réponses également intéres-
santes. PlETRO.
La société desDébris de la Vieille
Armée. — Il existait, sous le second
Empire, une Société dite s< des Débris de
la Vieille Armée. » Comment trouver des
détails précis sur la fondation, les règle-
ments, le nom des membres de cette so-
ciété, etc., etc. ^ C. B. I.
La plantation des arbres. — Exis-
te-il un décret sur la distance à observer,
de propriété à propriété, dans la planta-
tion des arbres ? A. R,
Bramant. — « J'vons bramant » di-
sait le père Racalin conduisant Claudine à
l'examen et l'auteur, dans une note, tra-
duit ce mot par « confortablement, à
l'aise ».Ne serait-il pas plus exactd'y voir
une abréviation de bravement — de l'ad-
jectif brave — qui joue un si grand rôle
dans le langage des paysans quand ils
éprouvent un contentement de la part
d'un être animé ou d'un objet matériel ?
Dans ce cas, l'orthographe bramant pa-
raîtrait devoir être plus grammaticale
pour un adverbe. Sus.
Les caractères physiques de
Leibnitz. — Il y aurait un intérêt scien-
tifique à connaître les caractères physi-
ques de Leibnitz : faillie, corpulence, for-
ce musculaire, etc. Ces caractères, les
connaît-on ? Ont-ils été relevés ? Où ?
A. B. X.
N' 1048.
L'INTERMEDIAIRE
175
176
%é^mu^
Saint Pierre à Fome(XLIX, 947;
L, 64). — Depuis sa fondation, sous des
directeurs dont les idées ou les croyances
étaient loin d'être les mêmes, notre cher
intermédiaire s'est toujours abstenu de
traiter des questions politiques ou reli-
gieuses. Cela a fait à la fois son charme
et sa force. Je ne puis donc, dans le temps
troublé où nous vivons, que m'associer
au collaborateur H. C. M. pour proposer
de clore toute discussion sur la question
saint Pierre. E, M.
* *
La discussion est close parce qu'elle
peut amener des froissements d'une na-
ture délicate. Mais quelle controverse
n'est pas susceptible d'irriter des convic-
tions ardentes ? Nous l'avons éprouvé
ici même avec tant de questions, qui
étaient à l'ordre du jour et qu'on pou-
vait traiter utilement et en toute cour-
toisie. Il suffisait d'admettre la liberté de
toutes les opinions et d'en pratiquer large-
ment le respect.
Ce fut de tous temps la tradition de
V Intermédiaire. Onyoudra.h\Qn reconnaître
que nous faisons pour la suivre les efforts
les plus impartiaux. G. M.
Balzac imprimeur. Les éditions
compactes (L. 57). — Je ne suis pas en
mesure de répondre à l'aimable appel
de M. Gros Malo, sur ce sujet, ne sachant
rien de plus que MM. Hano^aux et Vicaire,
auxquels j'ai communiqué tout ce que je
possède relativement à Balzac imprimeur.
Maisle meilleur moyen, me semble-t-il, de
savoir qui publia la première de ces édi-
tions compactes, serait de consulter le
dépôt légal, et de vérifier dans la Biblio-
graphie de la France laquelle y fut indi-
quée d'abord.
SpOELBERCH LOVENJOUL.
*
Notre distingué confrère, M.Duhamel-
Surville, nous adresse l'intéressante lettre
suivante :
Mon cher directeur,
M. Gros Malo se demande si M""" Laure
Surville, sœur d'Honoré de Balzac, n'aurait
pas eu raison d'écrire que beaucoup d'édi-
teurs firent en 1826 concurrence à Balzac qui
venait alors d'éditer, d'après une nouvelle for-
mule,les œuvres complètes de La Fontaine et
de Molière. 11 avait eu l'idée de réunir en un
seul volume Tœuvre de La Fontaine puis celle
encore plus compacte de Molière.
Votre collaborateur, ainsi d'ailleurs le fait-
il remarquer, apporte la preuve de la concur-
rence dont Balzac eut à souffrir puisqu'en
dehors des livres sortis des presses de l'impri-
meur de Balzac, il a pu se procurer deux au-
tres éditions du même genre, publiées par
deux éditeurs différents et mises à la dispo-
sition du public en l'année 1826, à l'époque
où l'illustre romancier fit, de son côté, paraî-
tre ses deux éditions du La Fontaine et du
Molière.
Les éditions mises en vente par les éditeurs
patentés ?u cours de l'année 1820, sont-elles
antérieures ou postérieures à celles de Balzac?
Là est le nœud de la question. Si, comme je
le crois, elles sont postérieures de quelques
mois aux éditions de Balzac, la preuve est
aussi apportée que ce dernier — ainsi que i"a
affirmé en connaissance de cause M'°'= Sur-
ville — eut l'idée première des éditions com-
pactes des œuvres d'auteurs classiques. J'ai
tendance à les supposer postérieures, et voici
pourquoi :
Ma mère m'a souvent parlé de l'époque où
son oncle avait des velléités de devenir édi-
teur. Ma mère, Mlle Valentine Surville, de-
venue Mme Duhamel, n'était pas née en
1826, mais plus tard, étant jeune fille, elle
servit un peu de secrétaire à Balzac, durant
les dernières années de la vie du grand écri-
vain. Et, elle se souvenait parfaitement que
sa mère, Mme Surville, l'entretint souvent des
difficultés qui suivirent l'apparition des édi-
tions. Elle se souvenait aussi que son oncle
s'était lamenté plusieurs fois devant elle sur
ses embarras financiers et qu'il en faisait re-
monter la source à cette déplorable affaire que
fut, en définitive, la fameuse publication. Il
racontait que des éditeurs avaient été jaloux
de lui, de l'idée qu'il avait le premier, mise
à exécution et qui — si elle était « dans l'air »
n'était connue que parce qu'il s'en était ou-
vert à beaucoup de personnes, avant de la
réaliser. Elle disait encore qu'on s'était ligué
contre lui, qu'on avait à la hâte mis sur le
chantier ou achevé des éditions ayant même
aspect, même format, mêmes dessins ou
presque, que le- siennes et qu'on s'était em-
pressé de les offrir au public afin d'établir une
concurrence.
Tout cela est possible, car on conviendra
que les éditeurs cle carrière avaient beaucoup
plus d'influence et d'autorité sur les libraires
qui vendaient les livres, que Balzac.
Si ma grand-mère, Mme Surville, a ajouté
que les éditions compactes dont son frère
n'eut pas pécuniairement à se louer, enrichi-
rent cependant la librairie, c'est que Balzac le
croyait ou le voulait croire.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
to Août 1904,
177
- 178
Les éditeurs patentés de l'époque ont co-
pié servilement, lis supposaient sans doute
que, même en librairie, le génie ne pouvait
pas se tromper. Ceci est une boutade, car en
1826, Balzac était loin d'avoir donné sa me-
sure. Plus tard, quoique ses éditions l'aient
appauvri, il se plut à laisser entendre que des
éditeurs, bien servis par les circonstances,
s'étaient enrichis en exploitant une idée qui
lui était propre et qu'il estimait bonne. Ma
grand-mère à ce sujet s'est contentée de ré-
péter ce que son frère avait souvent dit.
En ce qui concerne l'édition, MM. Hano-
taux et Vicaire trouvent qu'elle est d'une
conception banale et médiocre. Selon eux, elle
était vouée à l'insuccès. Pour être amusante à
feuilleter, elle n'est certes pas facile à lire.
Mais, ce point n'est pas en discussion. 11 suf-
fit de prouver que les éditions des concurrents
de Balzac n'étaient ni mieux ni pires, identi-
quement les mêmes, le texte en deux couleurs,
les caractères minuscules, des vignettes en tête
de page. On a même pris à Balzac un dessi-
nateur ou le nom de son dessinateur.
Qu'on rapproche cet ensemble de faits des
paroles échappées à Balzac dans l'intimité et
on peut conclure.
L. DUHAMEL-SURVILLE.
neveu de Balzac.
Savoyard, Savoisien, Savoyen,
(XLIX, 956 ; L, 97). — « Savoyard suis,
mentir ne puis ». Pour être correct, non
au point de vue grammatical, philologi-
que, linguistique, mais à notre point de
vue national, il faut dire aujourd'hui
SAVOYARD. U s'est fait un mouvement
d'opinion en ce sens et je crois que tout
bon sabaiidisant sera de cet avis.
Peu de noms de peuples ont été tortu-
rés comme celui des modernes Allobroges ;
l'onomatologie historique en offre peu
d'exemples. La question soulevée n'est
pas neuve ; elle a été bien des fois con-
troversée ; comme quelques autres, elle a
déjà fait verser beaucoup d'encre. MM.
G. -M. Raymond, L. Pillet, Pascalein et
V. de Saint-Genis, entre autres, l'ont étu-
diée consciencieusement.
Le mot Savoie et le nom du peuple se
sont écrits de neuf manières différentes,
suivant les âges et la langue dominante.
Divers auteurs ont écrit tantôt un voca-
ble, tantôt un autre. Aussi est-ce un dé-
dale complet.
Froissart nous appelait déjà : les tou-
jours avant SAVOYENS ; ce qui, soit
dit en passatit, semble démORtf-îr l'an-
cienneté du cri national : En avant^ Sa-
voyards ! Sempre avanti Savoia ! qui a
retenti en Crimée, en Italie, à Béthancourt,
en 1871, dans la bouche du marquis A.
Costa de Beauregard.commandantles mo-
biles de la Savoie, et qui est resté la de-
vise de la reine douairière Marguerite de
Savoie.
D'autre part, Froissart nous apprend
aussi que le comte Amédée Vil de Savoie
conduisit au siège d'Ypres sept cents lances
dépars SAVOISIENS.
Le nom de Froissart me fait souvenir
d'un texte, ou plutôt d'une copie de texte,
où j'ai lu le nom SAVOYEUX, et d'une
autre lecture paraissant justifier l'exis-
tence de cette appellation à un moment
donné. Ne pouvant retrouver actuelle-
ment la copie et la note relatives à ce
vocable assez original, je le cite, pour
mémoire, aujourd'hui, avec mention du-
bitative.
Symphorien Champier dit en 15 16:
Les Allobroges prirent le nom de SA-
VOISIENS et leur pays s'appelle Savoie ou
Sabaadia, qui vaut autant à dire comme
Salva-via, c'est à entendre vie sauve on au-
trement Chemin de sùfeté, pour ce que les
Savoysiens ont gardé et maintenu bonne
justice en leurs terres et seigneuries, car là
où est bonne justice, chacun a toujours vie
sauve et chemin sûr. Et aussi le mot Sa-
voie veut dire voie salutaire, parce qu'on
peut en toute sûreté traverser les monta-
gnes, vu l'honnêteté et l'hospitalité des ha-
bitants.
Pour M. E. H. Gaullieur, quiaétadié
les Chroniques de Savoie, le nom de Sa-
voisien ou Savoyard serait une espèce de
sobriquet honorable, comme celui qui fut,
'dit-on, donné aux Francs, à cause de la
franchise de leur caractère.
Aucune des étymologies du mot Sa-
voie ne lui paraît bien satisfaisante.
Ammien Marcellin l'appelle Sapaiidia^ et,
après l'invasion barbare, on trouve indif-
féremment Sahoja^ Savoia, Savoyia (bu
Savogia .?), Ager Savoyensis, Burgundia
Sabaudica.
Dans un acte des Archives de Mau-
rienne,de l'an looo, on trouve : Humbert.
Cornes in Agro Savoyensi, et dans la fon-
dation du prieuré du Bourget, en 1030 :
Amedeiis Cames Savogie.
Suivant Albanis Beaumont et d'autres
savants, le mot Allobroge est un mot cel-
tique (\\:às\gïi\ï\Q compatriotes montagnards.
N° l'.^S.
L'INTERMÉDIAIRE
i-yy
180
Quant au mot Sahandia ^Sah-audia ou bien '
encore Sapaudia^ Scp-andla^ il dériveiait
également du celte et signifierait ^aj'^ de
montngncs.
Gédéon Ponlier, reprenant l'opinion de
S. Champicr, dit que :
la Savoie fut appelée de ce nom, comme
qui dirait sauvc-voic ou bon chemin^ et ce,
depuis qu'elle fut purgée de plusieurs bri-
gands et meurtriers qui rendaient les che-
mins dangereux et impraticables ; ou bien
d'un village nommé Sabatie que Piolémée
place dans les Alpes, ou enfin de Sabaudus
archevêque d'Arles, qui la fit catholique.
Léon Menabrea. après avoir parlé de
Scilva-via, par opposition à Mala-Via^ de
Sine via, àt Jupiter Scibadiiis, nous rap-
pelle un terme germanique Sap-lVaîd^
forêt de sapins, que l'on a donné comme
étymologie de Savoie. Ce mot, avec la
prononciation hoch-dcuisch {haiitaWemand)
parait assez approprié à cette application.
Il ne faut pas oublier que l'on retrouve en
Savoie beaucoup de vestiges germaniques
et burgondes.
Papire Masson et Alphonse Del Bene,
appelant la Savoie Sahaiidia quasi Sehusia-
en désignent les habitants sous le nom de
Savoisiani quasi Sebiisiaui, expressions
déjà employées par Cœnalis, évêque
d'Avranches.
SAVOISIEN. — Bayard répondait à
François I", qui lui demandait pourquoi
il n'avait que des Savoyards dans sa com-
pagnie :
Sire, les Savoisiens sont si lourds et si
pesants à la guerre qu'ils ne savent s'enfuir
et ils ont la main si pesante qu'ils ne la
peuvent arracher du dos de l'ennemi.
Clément Marot chantait à propos de
Louise de Savoie :
i^IettezYOS monts et pins en non chaloir,
Venez en France, ô Nymphes de Sayoye,
Pour faire honneur à celle qui valoir
Feit par son los, son pays et sa \oye,
Savoisienne estoit bien la Savoye;
Si faictes vous, etc.
Commines, Claude de Seyssel, Villon,
Marc-Claude de Buttet, Louis de Buttet,(les
Décades savoisiennes) , Honoré d'Llrfé, (au-
teur de 7^7 Savoysiade),RovLS,2,ïà.^ Guillaume
de Villeneuve, Fodéré, Pierre de Lam-
bert, Henri Estienne, Paradin, Jean Me-
nenc, le président Favre, saint François-
de Sales ont écrit SAVOYSIEN ou SA-
VOISIEN, comme les éditions de Froissart
de 1559 (Lyon, J. de Tournes) et de
Commines (1S29). Les traités publics, à
partir de 1672, les récentes éditions de
saint François de Sales, quelques écrits
de I. de Maistre portent SAVOISIENS.
Marc-Antoine de Buttet, le polémiste,
pour répondre aux pamphlets de France
et de Genève, fait imprimer à Genève, en
1605, le Cavalier de Savoye et il y em-
ploie l'épithète SAVOISIEN.
L'historien Guichenon, le jurisconsulte
de Ville ont écrit SAVOISIEN.
Antoine Arnaud et B. de Rechignevoi-
sin ont publié la première et seconde sa-
voysiennes., pamphlets auxquelsle P. Monod
répondit par son apologie de la Scrénis-
sime Maison de Savoie.
Olivier de Serres, faisant l'éloge du sa-
voir-faire des cultivateurs de la Savoie, les
appelle SAVOISIENS.
Vaugelas, à propos d'une réunion de
tir à l'Arquebuse,
a vu une grande dispute à Grenoble,
pour savoir si l'on devait appeler les peu-
ples de Savoie Savoyards ou Savoisiens,
jusque-là même que l'on faillit en venir
aux mains, et on décida qu'il fallait
appeler les peuples de Savove des SAVOI-
SIENS.
On verra plus loin une citation de Lit-
tré à ce sujet.
Le vocable Savoisien ne se rencontre
plus. dans la seconde moitié du xvii" siècle,
sous la plume des écrivains français. On
ne connaît presque pas ce mot à Paris, dit
Vaugelas. Aussi ajoute-t-il : « Je ne vou-
« drais pas condamner ceux qui disent Sa-
« voyard, en toutes manières, puisqu'un
« grand nombre de bons auteurs ne parlent
« pas autrement. »
Voltaire a employé les deux formes.
Les historiens Grillet, Thiers & Henri
Martin ont écrit SAVOISIEN.
Pour A.-L. Millin, « l'habitant de la
« Savoie doit grammaticalement s'appeler
« Savoyard et le substantif Savoie ne peut
« produire l'adjectif Savoisien ; il faudrait
« qu'on écrivit Savois. Si on veut dériver
« le nom du peuple du mot latin Sabaii-
« dia, il faut dire Sabaudieiis ou Savau-
« diens et non Savoisiens. »
M. Emile Maison, à propos d'une pro-
clamation de la Convention française au
Peuple SAVOISIEN (1792), trouve qu'on
doit dire Savoyard et non Savoisien^ en se
basant sur l'opinion de Millin.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1904.
— i8[
182
Félix Platel (fgrofus du Figaro)^ un, des
écrivains qui ont écrit avec quelque vérité
sur la Savoie, défendait vigoureusement le
terme Savoisien et, en forme de boutade,
il trouvait, entre le mot Savoisien et le
mot Savoyard, \3. différence qu'il y a entre
un tablier de cuisine et une cuirasse.
Littré voit dans Savoisien un mot mal
fait de Savoie pour éviter Savoyard qui
déplaît aux gens du pays. 11 en sera reparlé
plus loin.
SAVOYEN. — M. Pascalein fait remar-
quer que ce vocable dérive de Savoie,
comme Troyen de Troye. Royen de Roye,
Pistoyen de Pistoïe, Versoyen de Versoye
et qu'il correspond à la plus éclatante pé-
riode de V Histoire de Savoie.
Parmi les auteurs qui l'ont emplo}'é.on
cite Le Dante, Froissart, Commines, Ican
Cabaret d'Orreville, Perrinet du Pin,
fehan Servion, Monstrelet, Guillaume
Paradin. Georges Chastelain, Olivier de
la Marche, Lemaire de Belges. Cambiano,
Bonivard, Henri Estienne.La Popellinière.
Il correspond au mot S.AVOIANO, SA-
VOINO, employés autrefois en Italie. On
a trouvé aussi SAVOINCHO, dans une
Histoire du Marquisat de Saluées. M. V.
de Saint-Genis, dit que. parmi les Italiens,
28 sur 30 adoptent la forme SAVOINO,
au lieu de SAVOIARDO.et il cite plusieurs
sources.
Le même auteur, fervent partisan de
Savoyen^ estime que l'usage aurait dû
adopter de préférence cette expression si
correcte des manuscrits de Froissart et de
ConuTiines, reproduite en même temps que
la variante Savoisien dans les Froissart
d'Antli. Verart (1^00), de Michel Le Noir
(1505), d'Anth. Couteau (1530), et seule
dans le Commines de 1747. Mais, à ren-
contre de son dire, le savant et conscien-
cieux G. -M. Raymond, dans des recherches
bien antérieures, dit n'avoir trouvé dans
Froissart que SAVOYSIEN. [ Cependant
je cite un exemple de SAVOYEN dans
Froissart au début de cet article ] M. L.
Pillet dit n'avoir jamais lu que SAVOY-
SIEN dans les Commines de 1680 et 1747
et dans le texte de Paradin cité par M. de
Saint-Genis.
A la suite de son plaidoyer, M. de Saint-
Genis rappelle qu'il existe en Savoie de
nombreuses familles du nom de SAVOYEN
et il ajoute qu'il n'invente donc pas en le
] choisissant. 11 ne fait, dit-il, que rajeuni'"
un mot vieilli : « // a' y a de nouveau- que
ce qui est oublié ».
De plus, ajoute-t-il, la fierté patriotique
de certains partisans du mot Savoyard ne
peut pas se croire brisée par le retour au
vieux nom de Savoycn. ce nom glorieux
qu'écrivait Froissart et que Dante avait
chanté.
E.-H. Gaullicur mentionne un libelle
de 1791, excitant les S.WOYENS à la
révolte. fsans commentaire.
Francis Wey, qui dit Savoyard, ordi-
nairement, trouve très correcte l'expres-
sion de Savoycn, mais sans insister.
S.A VOISIN. — Le mot Savoisin a été
employé par un chroniqueur de la Réfor-
me (1526) dans le passage suivant :
Partant de Neufchàtel, il alla à deux
journées de là à une bourgade auprès des
Valeysans, appelée Aigle, qui est sous la
Seigneurie de Berne, eu laquelle on parle
SAVOISIN. (Corresp. des ;,Réformateurs.
Genève et Paris, 1S66, 6 vol. 8°, I, 461.)
SAVOYARD. — Les partisans de ce
vocable ont été nombreu.x aux xvii*,
xvin* et xix^ siècles. Après les ducs Em-
manuel-Philibert et Charles-Emmanuel
V\ le mot Savoyard obtint la plus reten-
tissante renommée et sa diffusion se fit
surtout par Genève. Le terme Savoyard
s'appliquait indistinctement aux Sa-
voyards et aux Piémontais. Il est d'im-
portation piémontaise parce qu'en patois
piém.ontais on dit Savojardo et Ni{:^ardo.
].-]. Rousseau écrivait qu'il allait à Aix
« revoir ses bons amis les Savoyards., le meil-
leur peuph\ à son avis, qui soit sur la
terre >*. Cette opinion de Jean-|acques
n'a pas varié, on la retrouve dans les
Confessions où pourtant il ne fait grâce à
personne.
Tout le monde connaît la Profession de
foi du Vicaire Savoyard., contenue dans
V Emile ; mais on connaît moins le Petit
Savoyard, ou la vie de Claude Noyer., dont
le manuscrit original a été découvert en
1855, par E.-H. Gaullieur, dans la Biblio-
thèque de Neuchâtel.
Voltaire disait Savoyard et Savoisiem
je le répète.
Le journal de l'Avocat Barbier parle des
Savoyards.
Joseph de Maistre a publié les Lettres
d' un Rovaliste Savoisien et Y Adresse de
N" 1048
L'INTERMEDIAIRE
183
J84
quelques parcns des Militaires Savoisicns
à la Convention^ mais il a aussi parlé
d'une dame Savoyarde^ dans une lettre du
14 mai 1814.
Besson, auteur d'une Histoire ecclésias-
tique de Savoie, écrivait Savoiard.
M. deVerneilh, préfet du département
du Mont-Blanc écrivait Savoyard.
Grillet emploie Savoyai'd, mais plutôt
Savoisien dans son Dictionnaire histori-
que.
Au moment de la Restauration des Rois
de Sardaigne, 1814-1815, on disait 5fl-
voyard.
L'auteur anonyme des Lettres à un ami
sur Jôs visites de Vévêqiie de CImmbcry et
de Genève dans son diocèse (Lyon, 1809,
80, p. 134) donne son choix au mot Savo-
yard; mais il donne une explication longue
et embrouillée de son aversion pour
Savoisien n'apportant aucune lumière
dans le débat.
Millin trouve qu'on appelle mal à
propos Savoyards les montreurs de mar-
mottes :
Il y a très peu de marmottes dans la
Savoie. Les enfants qui font ce métier
viennent du Briançonnais et il reproche à
Marsollier d'avoir fait, dans sa pièce intitu-
lée Us Deux Petits Savoyards, une lourde
faute géographique en plaçant la vallée de
Barcelonnette dans la Savoie.
L'active industrie, l'amour filial, l'atta-
chement aux lieux qui les ont vus naître,
la probité, la fidélité des SAVOYARDS
sont, sans doute, des titres à l'estime des
hommes.
C'est pourtant parce qu'on appelle de ce
nom tous ceux qui manient la brosse et la
râcloire, de quelque pays qu'ils viennent.
que les habitants de la Savoie, ne pouvant
renier leur patrie, prennent le nom de
SAVOISIENS pour se distinguer de ceux
qui vont mettre à profit leur force et leur
adresse : vaine distinction !
M. G. -M. Raymond, dans une longue
dissertation, très-documentée, lue à l'Aca-
démie de Savoie (1829), trouvait que le
terme SAVOYARD est relativement mo-
derne, qu'à l'étranger il ne signifie pas
un individu né en Savoie, mais pas autre
chose qu'un décrotteur, un ramoneur, un
porteur de marmotte, un commission-
naire, de quelque pays qu'il soit, car la
plupart de ces individus n'appartiennent
pas à notre pays. Et par l'effet naturel
de cette habitude d'associer constamment
l'idée d'une basse profession au nom de
tologie
Savoyard, ce nom ne représente plus aux
yeux des étrangers qu'un individu quel-
conque, grossier, sans éducation et sans
instruction.
Si cenom, dit-il, est souvent donné par
dérision ou par mépris, c'est encore à sa
terminaison que l'on peut s'en prendre.
Cette terminaison annonce ordinairement
«quelque cljose d' ignoble ou de déréglé»,
comme l'indiquent les mots campagnarde^)
montagnard (J), fuyard, hagard, mouchard,
pendard, cafard, bâtard, bavard, nasillard,
blafard,^ couard^ etc.
Puis, après des considérations d'onoma-
et de grammaire, assez sédui-
santes, il pense qu'on ne doit pas être
plus obligé de faire Savoyard^ en vertu de
l'analogie, que d'Espagne Espagnard, de
Gascoone Gascogiiard.^ de Troye Troyard,^
de l^ouraine Tourainard.
Sa dissertation conclut donc au rejet
du terme SAVOYARD et à l'adoption du
terme SAVOISIEN, conclusion acceptée
parl'Académie de Savoie, en 1829.
Sabaudus.
{A suivre).
Sailnt Jean l'Evangéliste (XLVIII ;
XLIX,2i2, 762), — Ajouter à la série
une peinture sur bois du \< Maître de
Moulins », appartenant au musée du Lou-
vre, qui a figuré sous le n° 105, à l'ex-
position des Primitifs français ouverte au
pavillon de Marsan et récemment close.
Le saint Jean, sous le patronage duquel
l'artiste a placé Anne de Beaujeu, porte
une barbe courte et frisée. F. BL,
Les clous de la Passion fXLIV ;
XLV : XLVIII. — Personne n'a répondu
à l'invitation de M. Gerspach et je n'en
suis aucunement surpris. Un crucifix à
cinq clous serait une insigne rareté.
Notre confrère eût vivement intéressé
ceux des intermédiairistes qui ont par-
fois à s'occuper d'iconographie chrétienne
en leur fournisssant des explications
complémentaires. On comprend l'emploi
de trois clous et mieux encore de quatre
clous pour fixer à la croix les mains et les
pieds du crucifix, A quoi eût servi le cin-
qu
lenie
F. BL.
Les Cornes (T. G., 259) ; Saint
Gengoux (T. G., 805); Saint Martin
et les cornes (XLVIII, 790, 940).
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Août 1904.
185
186
Saint Gengoult ayant été mis à mort par
l'amant de son épouse infidèle, — la veille
de sa fête, le 10 mai, le peuple (en Lorraine)
avait coutume autrefois de placer aux volets
ou à la porte de la maison du mari réputé
trahi par sa femme, deux cornes de bœuf
ou un gros bouquet de fleurs jaunes : quel-
que fois le mari lui-même, sans plus de
façon, portait en ce jour de fête, une fleur
jaune à sa boutonnière, affichant ainsi aux
yeux du public ses infortunes conjugales.
Bulletin de la Société d'Archéologie lor-
raine I. 56.
P. c. c. A. S. .K.
Tableaux sur la Ligue (L, 1 17). —
Le musée Carnavalet a acquis, en 1899, un
tableau représentant une procession de la
Ligue dans la place de Grève.
Ce tableau provient du château de
Valençay.
» »
Je ne connais pas de monographie sur
ces peintures et je le regrette. J'aurais
peut-être pu y trouver quelques lumières
sur un tableau qui est en ma possession
depuis fort longtemps, qui rappelle celui
dont Carnavalet a fait l'acquisition récem-
ment.
Jeanne Hachette (XLIX, 945 ; L,
46). — Le Fourquet d'Hachette dont no-
tre confrère E. M. invoque le témoignage,
pour se créer une généalogie, « in-
venta » une biographie de Jeanne, et par-
vint à faire insérer dans plusieurs recueils
ses renversantes notices. Mais si l'hé-
roïne s'appelait, en réalité, sans qu'aucun
doute puisse s'élever sur ce point,Jehanne
Laisné ou Lay né (lettres patentes de Louis
XI datées de Senlis le 22 février 1474.
perdues aujourd'hui, mais imprimées en
161 7 par Loisel dans ses Mémoires sur
le Beauvaisis ; lettres d'entérinement du 31
mai 1474, conservées aux Archives com-
munales de Beauvais), le nom de Jeanne
Fourquet est celui que lui donne déjà l'au-
teur, certainement contemporain, du Dis-
cours vériîMe du sicce mis devant la ville
de Beauvais. Quant au nom de Jeanne Ha-
chette, c'est André Favyn qui l'en a gra-
tifiée pour la première fois, dans son His-
toire de Navat re publiée en 1 6 1 2 et en une
phrase dont pas un mot n'est vrai : « On
voit à l'hostel de ville de Beauvais Tefifigie
de cette femme nommée Jeanne Hachette,
peinte tenant une épée à la main >\
Ce texte, tout d'imagination, où Jeanne
« Hachette » brandit une « épée », esty
au surplus, très intéressant, parce qu'il
prouve que, contrairement à la croyance
générale. Hachette n'est point un sobri^
quet donné à Jeanne à raison de Larme
dont elle se serait munie. On sait par le
Discours véritable qu'elle n'avait aucun
« baston >>, et la tradition de la hachette
n'apparut que dans le dernier quart du
xvni' siècle — inspirée précisément par le
nom de Jeanne Hachette devenu le plufe
populaire des trois, consacrée par J.-J.
Fr. Lebarbier dans son tableau le Siège
de Beauvais (1781).
D'où est donc venu ce surnom de Ha-
chette ? D'où est venu celui de Fourquet .?
On a fait là-dessus d'innombrables conjec-
tures, recueillies par M. Ernest Charvet
dans les Mémoires de la Société académique
de l'Oise, tome XII, Beauvais, 1885, pages
576 3578 ; mais aucune neme semble sa-
tisfaisante. Je croirais volontiers que Fa-
vyn, dont l'exactitude était la moindre
qualité, a écrit, ou laissé imprimer dans
son livre, Hachette pour Fourquet (çé
nom, accepté sans défiance parMézeray,
Moreri, Hénault, devant triompher grâce
à eux, grâce aussi à sa physionomie plus
martiale), et que Fourquet est un surnom
qu'on donnait aux Laisné de Beauvais^
suivant la coutume si répandue autrefois.
Loisel, qui connaissait admirablement le
Beauvaisis, écrit : « Jeanne Laisné, dite
Fourquet » (16 17).
Autre chose : Dans ma communica-
tion du 10 juillet dernier kV Intermédiaire^
j'ai mentionné quelques-unes des études
consacrées au prétendu « drapeau de
Jeanne Hachette > conservé à Beauvais,
dont un érudit belge. De Vigne, dans
le Belgisch Muséum de 1839, contestait
déjà l'authenticité, et qu'un autre Belge,
M. Ernest JVlatthieu, au Congrès archéo^
logique de Tongres de 1901, a définiti-
vement démontré être un ancien étendard
des arquebusiers de Binche. Guidé par
une pensée de justice distributive, je tiens
à constater ici que dès 1898 M. l'abbé Renet
écrivait en son livre Beauvais et le Beau-
vaisis dans les temps modernes :
Le drapeau que nous conservons à
Beauvais est donc bien certainement le
drapeau des arquebusiers de Binche, pris
N» lo.iS
L'INTERMEDIAIRE
.87
188
le 22 juillet 1354, au sac de cette ville du
Hainaut. C'est la conclusion à laquelle ten-
daient nos études personnelles et, plus ou
moins, celles de plusieurs de nos conci-
toyens les plus instruits et les plus judi-
cieux. Mais nous laissons à M. Derbaix, le
distingué bourgmestre de Binche, et à M.
Matthieu, le savant secrétaire général de
]a Fédération historique et archéologique
de Belgique, le mérite et l'honneur d'avoir
mis le cachet de la certitude et de la pré-
. cision sur les considérations qui nous
avaient conduit aux portes de Binche et
fait solliciter les précieux renseignements
qui nous ont été donnés avec une obli-
geance extrême.
La critique, très serrée, des documents
relatifs au drapeau occupe les pages Ç97
à 628 de ce volume. Mais là ni ailleurs,
il n'est question de la hampe, qui a été
détachée de l'étendard lorsqu'on a réparé
celui-ci, collé aujourd'hui sur toile et placé
dans un cadre de bois, sous verre. Voici
une indication que me fournit Y Inventaire
sommaire des archives communales de Beau-
vais^ rédigé par M. Renaud Rose (page
243) :
Série II. Documents divers. — II, s6,
Hampe en bois. Longueur, 5 ".ôS. — Hampe
del'étend.ird pris aux Bourguignons par Jeanne
Laisné en 1472 pendant le siège de Beauvais.
Elle est entourée d'un bourrelet en cuir, à la
hauteur de 50 centimètres, puis évidée, dans
une longueur de 13 centimètres (place de la
main de celui qui la portait), enfin cannelée
jusqu'à la hauteur de 1 "". 40 et unie dans
tout le reste de sa longueur. Elle a 20 centi-
mètres de tour à sa partie la plus renflée, près
du bourrelet, et 9 centimètres près du fer de
lance qui la termine et qui est en fer-blanc
(par conséquent moderne). Elle est peinte en
rouge et percée d'un grand nombre de trous
de ver.
M. Rose a été. sur la question du dra-
peau, un des derniers défenseurs de la
tradition. A. Boghaert-Vaché.
Le mot des Vêpres Siciliennes
(XLIX. 555, 731, 846). — M. Neuville,
dans sa communication du 20 mai der-
nier, résume de façon peu exacte l'his-
toire des Matines Brugeoises. je me per-
mets de le renvoyer à l'étude du regretté
Jules Frederichs : le Cri de guerre des Maii-
nes Brugeoises, publiée dans le Compte-
rendu des Srances de la Commission royale
d'histoire de Belgique, 5* série, tome III,
1893, pages 263 à 274. m,M^k^^
A. Boghaert-Vaché.
Marquise de Favras (XLIX, 834,
971 ; L, 19). — Dans mon étude sur la
place Royale (Procès-verbal de la Com-
mission du Vieux-Paris du 18 décembre
1902) et à propos du pavillon habité par
le marquis et la marquise de Favras de
1776 a 1790, j'ai publié certains docu-
ments qui intéresseront peut-être notre
collègue. 11 y trouvera, notamment, l'in-
ventaire du mobilier de l'infortuné mé-
nage dont le récolcmcnt fut fait le 27 fé-
vrier 1790, c'est-à-dire huit jours après
la pendaison de la place de Grève.
Lucien Lambeau.
Robespierre (T. G., 776). — Notre
collaborateur, le maître bibliographe A.
Claudin, met en vente, n" 19.617 de sa
dernière livraison des Archives du Biblio-
phile :
Délibération de la Commune de Toulon
et du Conseil général tenu le 4 juin 1791
décernant à l'unanimité « à M. Robes-
pierre le titre de citoyen de la ville de Tou-
lon » suivi de la copie d'une lettre écrite
de Paris, le 24 mai 1791 par Robespierre
à la municipalité de Toulon. Toulon impri-
merie de Surre llls, 1791.
A. S.. E.
Le serment des ecclésiastiques
sous la Révolution (XLIX, 837, 964 ;
L, 123). — A ce sujet, voici quelques pa-
roles qui méritent d'être recueillies. Elles
sont extraites d'un discours prononcé, le
1^' mai 1794, par le citoyen Delpech,
procureur syndic du district de Sauve-
terre d'Aveiron, (sic) devant les citoyens
du ressort :
Qu'un prêtre ait ou n'ait pas satisfait à
la loi du serment, c'est son affaire et nul-
lement la nôtre... S'il est pacitique et tolé-
rant, laissons-le vivre en raix... Chacun
est libre de suivre les impulsions de sa
conscience... Noire opinion est notre pro-
priété... La persécution est l'opposé de la
liberté., etc. etc.
A. S..E.
* *
L'Intermédiaire a donné, en 1899, le
serment de Félix Piat.
Les archives départementales du Cher
conservent un assez grand nombre de ces
serments dont plusieurs cités dans Vier-
^on et SCS environs^ page 493, se font re-
marquer par leur cynisme et la négation
absolue de toute croyance. A côté d'eux,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1904 ,
iSç)
190
celui de Félix Piat paraît, sinon modéré,
du moins relativement convenable.
E. Tausserat.
Cambronne à "Waterloo (L, =52). —
Lire dans les Nouveaux Lundis, tome troi-
sième, la fin du deuxième article de Sainte-
Beuve sur Waterloo :
«...Rendez-vous ! — La garde ne se rend
pas. — Voilà le mot dans toute sa simplicité,
tel qu'il a dû s'échapper à la fois de toutes les
poitrines et de toutes les lèvres, tel qu'il n'a
pas pu ne pas être dit. L'acte répondait aux
paroles. On ne se rendait pas, et l'on mou-
rait. Qiie vous faut-il de plus?
«J'ai souffert, je l'avoue, de cette discussion
dernière » si prolongée au sujet de ce cri su-
piême. Serions-nous devenus des rhétoriciens
ou des byzantins. . . ? »
(Ceci était écrit en 1862, dans un moment où
l'on opposait le Waterloo des Misérables à
celui de M. Thiers^. Sainte-Beuve terminait
ainsi :
«C'est à regret et à mon corps défendant que
je me suis vu forcé de toucher ce point litté-
raire et de goût, à la fui d'un récit où toute
littérature s'oublie et cesse, où ce serait le
triomphe de la peinture elle-même de ne point
paraître une peinture, où l'histoire doit à
peine laisser apercevoir l'historien, et où la
page la plus belle, la plus digne du héros
tombé et de la patrie vaincue avec lui, ne
peut se payer que d'une larme silencieuse.»
Tous les patriotes, dans le sens où on
l'entendait encore, qui avaient recula tra-
dition directe, — non frelatée, — qu'ils fus-
sent républicains ou bonapartistes, pen-
saient comme Sainte-Beuve, et celui qui
eut la primeur de cette page, en l'écrivant
sous la dictée du maître, ne se défend pas
d'avoir eu la « larme silencieuse. » —
Tant pis pour qui rirait ! . . .
Jules Troubat.
*
Je peux indiquer à La Résie un docu-
ment ignoré, mais qui n'en est pas moins
concluant et formel au sujet du mot de
Cambronne à Waterloo. Il se trouve dans
une brochure de M. l'abbé Radigois :
Saint-Sebastien d' Aignes. On y lit la dé-
position d'un témoin oculaire et auricu-
laire, le chanoine Eugène Peigné, décla-
rant que Cambronne, interrogé pour sa-
voir si à Waterloo il avait répondu :
« Merde !» à la somm.ation de l'ennemi,
répondit qu'il avait riposté : « Va te faire
foutre ! » B,-F.
Bomarsund (L, 5, 125). — Notre col -
laborateur peut utilement consulter dan^
le tome II de V Expédition de Crimée — l'^
marine — par de Bazancourt, le livre 111
Campagnes de la Baltique^ 1854-1855.
E. M.
Un curieux fossile humain dans
la forêt de Fontainebleau (XLIX,
783,905 ; L, 1 19). — L'Abeille de Fontaine
bleau^coxrwTit contribution à notreenquête
exhume le curieux document suivant. C'est
une lettre de Cuvier au sous-préfet de
Fontainebleau :
27 octobre 1823.
M. le marquis de Bonnay, Monsieur, ne
m'avoit point encore fait l'honneur de m'é-
crire, ou du moins sa lettre ne m'étoit point
encore arrivée, lorsque M. Rousseau, l'un de
mes aides, sur l'invitation de Mme de Saint-
Léger, sa cousine, et avec ma permission,
partit pour aller voir une pétrification que
cette dame lui annonçoit avoir été trouvée
dans la forest, par des enfants de M. le colo-
nel Le François, l'un de mes parents.
Voilà sans doute pourquoi il ne s'est pas
cru en droit de se présenter chez M. le Gou-
verneur du ch.îteau. Du reste son voyage
n'avoit rien d'officiel, c'était une simple pro-
menade de naturaliste, comme il s'en fait tous
les jours, et dont le résultat ne devoit pas lui
paroître de nature à concerner l'autorité lo-
cale ; ce jeune homme est fort éloigné de
donner tant d'importance à ce qu'il voit, ni
de vouloir imposer à personne l'opinion
qu'il pourroit avoir prise. C'est un observa-
teur modeste qui croit qu'il faut beaucoup de
réflexions, d'études et d'expérience pour dé-
cider d'un phénomène et surtout pour ensei-
gner aux autres comment on doit s'y prendre
dans la recherche de ces sortes de vérités.
J'ai l'honneur d'être avec une considération
distinguée. Monsieur, votie très humble et
très obéissant serviteur,
le Bon Cuvier
conseiller d'Etat.
La découverte dont il s'agit est celle
de « l'homme fossile »
L'abbaye dô Bongouvert (XLIX,
838, 975). — L'abbaye de Bongouvert
donne lieu dans ï Intermédiaire à des re-
cherches savantes. N'y a-t-il pas une re-
lation entre ce nom et celui par lequel les
habitants de Strasbourg désignent, avec
leur accent alsacien, le pont couvert sur
rill,qu'ilsprononcent Bongouvert .?
No 1048.
L'INTERMEDIAIRE
191
192
L'abbaye de Bongouvert n'est-elle pas
ois
A. F.
le résultat d'une facétie strasbourgeoise ?
Inhumation? hors des cime-
tières (XLVIII; XLIX, 153,606,883,989).
— J'ai assisté aux obsèques de M. jeandet
(Abel), ancien bibliothécaire de Mâcon,
ancien archiviste de Lyon, il y a quelques
années, et je l'ai vu inluimer, conformé-
ment à ses dernières volontés, à Verdun-
sur-le-Doubs, dans son jardin, au carre-
four de deux allées. Bibl. Mac.
Puits dans les églises (XLIV ; XLV;
XLVI ;XLV1I1 ; XLIX, 152, 261).
Au milieu du chœur (de l'église Saint-
Eloy, à Rouen), il y a un puits de source au
bas duquel est une voûte en forme de ca-
veau ; on en puisait l'eau avec une chaîne en
fer, d'où est venu le proverbe commun h
Rouen : il est froid comme la corde du puits
de Saiht-Eloy. On l'a fermé depuis peu.
{Histoire de Rouen (par Farin), 173 1,4»
part., page 103).
D' A. T. Vercoutre.
Peintures de Delacroix dans îa
bibliothèque du Sénat (L, 49). —
L'honorable secrétaire général de la ques-
ture du Sénat connaît certainement les
deux lettres de Delacroix dans lesquelles
il est accessoirement question de ses tra-
vaux à la Chambre des pairs ; la première,
adressée à M. C. Dutilleux, peintre à
Arras et datée du 27 mai 1846, contient
cette phrase : « je viens précisément
« d'achever une coupole au Luxembourg,
« et c'est une besogne des plus fatigantes
« du monde » ; la seconde lettre, datée
de Paris le 6 mars 1847 et dont M. Roche
était le destinataire, commençait ainsi :
j'ai été repris au commencement de l'au-
tomne d'accidents très-fàcheux à la gorge, aux-
quels j'étais sujet et dont je me croyais en
partie délivré. De plus, je me suis vu forcé de
terminer enfin les peintures de la Chambre
des pairs. Ce travail, qui, au point où il en
était, aurait été peu de chose en toute autre
situation, me devint tellement pénible — car
c'était une voûte — que j'étais obligé de
laisser après chaque séance des intervalles de
repos absolu. Il m'aurait été impossible même
de rien achever pour le Salon.
Ces deux lettres figurent parmi celles
d'Eugène Delacroix publiées en 1878 par
Philippe Burtv,chez l'éditeur Qiiantin.
C. H. G.
Dalles de la rue Mazarino (XLIX,
895 ; L, 82). — Merci a M. Rolin Poète ;
il a raison et je précise. Les dalles en
question sont en effet, à la hauteur du
Passage du Pont-Neuf,^;* droit des immeu-
bles portant les n"" 42 et 54 de ladite rue
Mazarine.
Les ancres sont bien des ancres et non
des flèches. Je viens de le constater sur
place. Mais que peuvent-elles donc bien
signifier .^ A d'E.
*
* ♦
Les divers services de TEtat et de la
'Ville de Paris, (et ils sont nombreux),
qui à cause de la nature de leurs travaux,
sont amenés à fouiller et à excaver le sol
de la ville, ont l'habitude de se répéter
en gravant ou incrustant des signes par-
ticuliers sur les points qui restent fixes,
pierres, dalles de trottoir et même pavés.
Si A. d'E. veut bien examiner à ce
point de vue la bordure des trottoirs de la
rue des Ecoles, il pourra relever diverses
indications, comme je l'ai fait il y a quel-
ques années.
Quant à leur signification, j'avais inter-
rogé à ce sujet un agent supérieur du ser-
vice de la voirie qui n'a pu me renseigner
à cause de la multiplicité des services
usant de ce procédé, comme le font aussi
parfois certains tâcherons. L. Depal.
Beauvilîé (L, 53). — Cette famille
porte : de gueules^ à la hande cchique-
tce d'or et d'azur (alias : d'or et de sahle)^
accompagnée en chef d'une hache d'argent.
Cimier : une licorne issante. Supports :
deux licornes regardantes. Devise : sine
LaBORE NIHIL. P. LE J.
Familles de la Brunière,de Ray-
neval, d'Angennes, de Girardin
(XL1X,838,977 ; L.27,84).— j'ai eu Poc-
casion de rencontrer un M. de la Brunière,
qui habite Meaux (Seine-et-Marne) et qui
y a été notaire ; j'ai même vu ses armes
et il me semble me souvenir que ce sont
celles qu'attribue E. P. Le Lieur d'Avost
aux Brulley de la Brunière, de Sézanne
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août loÇi
193
194
Je crois qu'on peut s'adresser à M. de la
Brunière, de Meaux, avec chance de
succès, BiBL. Mac.
Bussy-Dinteville (L, 6). — J'ai
dressé le tableau des 64 quartiers d'Hu-
berte-Renée de Bussy-Dinteville, qui épou-
sa, en 163^1, Jean de Mesyrigny. Les
voici :
(i) de Biissy ; (2) de Montluel ; (3) de
Clermont ; (4) de Poitiers ; (5) de Men-
thon ; (6) de Varax ; (7) de Coligny ; (8)
de Courcelles ; (9) Palmier ; (10) Beaujean;
(11) Cyrolde ; (12) Briçonnet ; (13) de
Virieu ; (14) de Beauvoir ; (15) de Sasse-
nage ; (i6) ; (17) de Dinteville ;
(18) de Pontaillier ; (19) de Vergy ; (20)
d'Haraucourt ; (21) de Sainte Maure ;
(22) d'Estouteville ; (23) de Cbalon ; (24)
de Banquetin ; (25) de Stainville ; (26)
(27) Spinola ; (28) (29) Luil-
lier ; (30) de Vitry ; (31) de Villiers de
l'Isle Adam; (32) de Nesle ; (33) de Saiilx;
(34) de Crux ; (35) de Quingey ; (36) de
Montjeu ^ (37) de Vergy ; (38) de Roche-
chouart ; (39) de Bourgogne Palais ; (40)
[d'Ayette] ; (41) de la Baume Mont Saint-
Sorlin ; (42) de Thoraise ; (43) de la
Baume Montrevel ; (44) de Neufchàtel ;
(45) de Vienne ; (46) de Vienne ; (47) de
Granson ; (48) de Neufchàtel ; (4g)Chûbot;
(50) de Montberon ; (51) dt Luxejubourg ;
(52) de Melun ; (53) de Longwy; (54) de
Bauffremont ; (55) d'Orléans d'Angoulème;
(56) [de Polignacj;(^7) Gouffier deRouan-
nais ; {^S) de Montmorency ; (59) d'Han-
gest ; (60) de Moy; (61) de la Trémoïlle ;
(62) d'Amboise ; (63) d'Azay ; (64)
— L'on y trouve tous les quartiers qui
figurent dans le jeton d'Huberte-Renée de
Bussy (ceux qui sont soulignés) excepté
ceux de Baux et de Bourbon,
Cependant, en remontant encore dans
le quartier de Poitiers (4), l'on rencontre
deux fois l'alliance avec la famille de Bniix^
qui se trouve aussi parmi les ascendants
des quartiers de Châlon (23), de Monthe"
ron (50) et de Liixeinhourg (51).
D'ailleurs, par le quartier de la Tré-
moïlle (61) l'on arrive à une alliance avec
une demoiselle de Sully, qui descendait
du mariage contracté, le 6 juillet 1520,
entre Jean II sire de Sully, et Marguerite
de Bourbon^ fille de Louis i'' duc de Bour-
bon, et de Marie de Hainaut.
Comme je n'ai sous la main que mes
notes, j'ai dû limiter mes recherches ; en
remontant aussi par plusieurs des autres
quartiers, il est probable que l'on ren-
contrerait de nouveau ceux de Baux et de
Bourbon .
J'adresse à VInfermcdiaire plusieurs ta-
bleaux ascendants qui démontrent ce que
je viens de résumer, avec prière de les
communiquer à M. T. qui a posé la ques-
tion. G. P. Le Lieur d^Avost.
Druyer du Planté (XLI ; L, 85). —
Il faut lire Druyer du Pointé.
Famille de Jassaud (L, 55). — Une
demoiselle Alexandrine-Reine de Jassaud
épousa, en i786,Jean-Pantaléni de Butler,
chef d'escadrons du Royal-Dragons, mort
en 1815. Elle fut guillotinée en 1794.
j'ignore si elle était fille du chevalier
Pierre- Guillaume de jassaud. Nérac.
*
* *
La famille dejassaud dont parle le confrè-
re Tausserat, est-elle celle qui a possédé
l'hôtel Le Charron, 15, quai Bourbon ?
A. Callet.
* *
La famille dejassaud^originaire d'Italie,
vint s'établir en Provence, en 1416, ainsi
qu'il appert d'un acte passé, le 3 octobre de
la même année, entre Hugues de Jassaud et
les seigneurs de Fos.
Tandis que la branche aînée de cette fa-
mille continuait à vivre en Provence, Isnard
de Jassaud, fils de Georges, se rendit à
Paris, en l'année 1594, en qualité de se-
crétaire ordinaire de la chambre du roi
Henri IV (titre original donné par ce mo-
narque, le 24 novembre 1 594) et y créa la
branche dite des marquis d'Arquinvilliers.
De son mariage avec Jeanne de Tristan,
Isnard de Jassaud eut un fils Nicolas, qui
fut marquis d'Arquinvilliers, vicomte de
La Borde, etc ...
Nicolas dejassaud épousa Marie de Flan-
dres, qui lui donna quatre fils : André-
Jean, Guillaume, André-Nicolas et Augus-
tin-Nicolas.
André-Jean succéda aux titres et charges
de son père ; il eut deux fils qui mouru-
rent sans postérité. Avec eux s'éteignit la
branche dite d'Arquinvilliers.
Guillaume, second fils de Nicolas de
Jassaud, fut père de quatre fils. L'aîné seul
eut des enfants, qui formèrent la branche
dite des comtes du Gué. Elle s'éteignit en
N- 104S
L'INThRMEDIAIRE
19^
196
la personne d'Auguste dejassaud, maré-
chal de camp, lieutenant-major de la com-
pagnie des Gardes du corps, commandée
par le prince de Croy. Auguste de Jassaud
mourut le 28 décembre 1849.
C'est certainement à la branche du Gué
qu'appartiennent les sept enfants de Pierre-
Guillaume de Jassaud, qui fait l'objet de
la demande de M.
Les autres brandies, établies dans l'Ile
de France avaient disparu bien avant l'an-
née 1757.
En elTet, André-Nicolas, 5" fils de Nico-
las de Jassaud, n'eut que deux filles : les
marquises de Roncherolles et de Mau-
peou. Avec André-Nicolas s'éteignit la
branche dite de Vaupereaux.
Le 4* fils de Nicolas, Guillaume, épousa
Edmée de Charny ; il en eut plusieurs en-
fants qui vécurent dans le célibat, à l'excep-
tion de l'aîné. Celte 4* branche, fixée à Sois-
sons, s'éteignit peu de temps après.
La branche de Provence, dite de Tho-
rance, compte encore trois représentants :
MM. Henri, Adrien et Octave de Jassaud.
Jass.^ud.
Les demeures de Chateaubriand
(L, 115). — Rue du Bac, 120, se lit celte
inscription,apposéepar lessoinsde l'admi-
nistration municipale : « Chateaubriand,
né à Saint-Malo le 4 décembre 1768, est
mort dans cet hôtel, le 4 juillet i848>/.—
Telle est l'avant-dernière demeure ; la
dernière est au Grand-Bé. Petit-B.
«
* *
En 1800, Chateaubriand habita quelques
jours chez Fontanès, rue Saint-Honoré,
hôtel d'Etampes, qui portait alors les n°'
84 et 85 (section des Piques) ancien 544
(Royal), et qui porta, en 1806, le n° 372
qu'il porte encore actuellement.
Après un court séjour en 1801, dans un
entresol de la rue de Lille (ci-devant Bour-
bon) près de la rue des Saints-Pères, Cha-
teaubriand vint habiter de nouveau hôtel
d'Etampes ; l'hôtel d'Etampes était voisin
de la rue Neuve de Luxembourg (Cambon
actuelle) où habitait Pauline de Beau-
mont.
Fontanès demeurait alors rue Saint-
Honoré, près Saint-Roch, maison deMes-
nard, aîné, notaire, n" 1449 (Section de
la Butte des Moulins) ancien 279 (Royal),
n° 290 (1806) et partie du 284 actuel au
coin de la rue des Pyramides.
Le n° 282 (1806) a gardé son numéro ;
c'était l'ancien 1439 sectionnaire (angle
S.E. du croisement des rues Saint-Honoré
et des Pyramides. La rue des Pyramides a
supprimé les n»' 1440 à 1448 sectionnai-
res (284 à 288 de 1S06) et le 284 actuel a
absorbé desn°' 1449 a 1455 sectionnaires
(290 à 294 de 1806). L'église Saint-Roch
portait les n"* 1456 et 1457.
Les magasins à droite et à gauche de
l'hôtel d'Etampes étaient occupés, en
1804, par Rousseau papetier et Glaise
tapissier. Avant la Révolution, Thôtel
était habité par le marquis et la marquise
d'Etampes et leur fils. La marquise de la
Ferté-lmbault ;née Geoffrin) habitait éga-
len-ient l'hôtol (Voir Corresp. Bernis dans
YInfermèdiaireàn 10 mai 1903 et d'Haus-
sonville. Le salon de M"" Necker).
En 1805, le marquis et la marquise
d'Etampes étaient rentrés de l'émigra-
tion. Dans cet hôtel, qui était devenu une
maison meublée, habitaient deux législa-
teurs : jubié et Frémyn-Beaumont.
La boutique du 1449 était occupée par
Porche, quincaillier. Dans la maison habi-
tait le danseur Gardel.
En l'an V, Boucher, du Conseil des
Anciens, y avait son domicile, ainsi que
Sièyes et Dumolard. J.-G. Bord.
Frédéric de Knauss (XLIX, 896).
— Le livre en question : Wundermaschi-
iien se trouve à la Bibliothèque impériale,
à 'Vienne, et porte la fiche 34 P. 15.
Auguste de Doerr.
Les statuaires Gois, père et fils
(XLIX, 449). — Sur Etienne-Pierre-
Adrien Gois et sur son fils, Edme-Etienne-
François, après le Dictionnaire de Bellier
de la Chavignerie, on consultera utile-
ment les Archives de Vart français t. 1, II
et V (cf. la table à la fin du t. VI), la
Nouv. biographie générale, de Hoefer, et
aussi, sur une des œuvres d'Adrien Gois,
la note intitulée h saint Bruno de la Char-
treuse de Boîiibon-le^-Gaillon^ dans le
Bulletin de la Société des Amis des Arts
du département de VEurc, 10* fascicule,
(1894), p. 74-80. F. BL.
Familles de La Marinière et Le
Marinier ^ou Mariner) (L. 56). —
M. Louis de La Marinière, ancien préfet
en 1848 et sous M. Thiers, habitait la
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Août 1904,
IQ7
198
Nièvre, près de Cosne. II a laissé deux
fils dont l'un, croyons-nous, est encore
dans l'administration.
M. Louis Le Marignier, avocat à la Cour
d'Appel de Paris, qui fut candidat aux
dernières élections municipales dans le
quartier de la Sorbonne (i et 8 mai 1904)
et qui est originaire des environs d'Ar-
gentan, doit descendre des Le Marinier
(de Normandie) qui occupent le Rcv.
Edwin Marriner. A d'E.
Claudino Mignot (XLIX; L, 81 , 1 56).
— Je ne crois pas qu'on ait jusqu'ici indi-
qué comme ouvrage à consulter le Dic-
iionnairc cn'iiqne de Jal, qui donne, avec
un long article sur Françoise (et non
Claudi.:e) Mignot, un fac-similé de la
signature. J. Lr.
François Mods (XLIX, 840, 980 ;
L, 33). — N'avait-il pas épousé une de-
moiselle Samary ? Etait il veuf ou divorcé
quand il eut recours à Yidtima ratio des
désespérés ?
Famille do WiUiagliof de Chelles
de Chellemberg (L, 10, 139). —
Rietstap blasonne les armes de la famille
Vittinghoff dit Schell zu Schellenberg,
en Westphalie et Province rhénane :
d'aiiycntM la bande de sable.char^ée de trois
houles d'or. P. leJ.
Armoiiies de deux familles
(XXXVll). — Margane de la l^alirie ;
Roclieblave.
Marganne (rien de la Valtrie) Breta-
gne : tiercé en bande ; d'or, d'hermine et
de vair.
Roclieblave. Languedoc : d'a^tir^ à trois
rocs d'échiquier d'or. A. S.. E.
Monnaies <> Caramboles >/ (XLIX,
c)04). — Voici l'explication donnée par
M. Ed. Vanhende, dans la Numismatique
Lilloise :
Les premieresmonnaiesfrappéesàLille, d'après
les lettres de fondation (rétablissement d'un ate-
lier monétaire par Louis XIV, en 1685), fu-
rent des pièces de quatre livres, de 40 sols, de
20 sols, de io sols et de 5 sols aux coins et
armes de France écartelees de Bourgogne
ancienne et nouvelle, au titre de dix deniers
sept grains de fin, au remède de deux grains.
Les pièces de quatre livres, à la taille de six
pièces et demie au marc, au remède d'un
seizième de pièce, du poids d'une once cmq
deniers six grains trébuchant chacune, et celle
de 40 sois, de 20 sols, de 10 sols et de 5 sols,
à proportion.
Cette monnaie reçut le nom de Bourgui-
gnonne et de CARAMBOLh à cause des armes du
revers.
11 y a dans cette expression carambole
un jeu de mots qui m'échappe.
PiCAILLON.
Flaque de cheminée à identifier :
croix chargée de cinq coquilles
(XLVIl). — Cette question n'a pas reçu de
réponse. Je prévois cependant une solu-
tion d'après une réponse incidente de M.
E P. Le Lieur d'Avost (I, col. 27) au
sujet de la famille Rayneval, dont les
armes sont : Ecarlelé : aux i et ^d'or,au
lion de gueules., couronné du même ; aux 2
et 3 d'or, à la croix de sable, ehargéc de cinq
coquilles d'argent. Ces armes sont bien
celles de la plaque à identifier aux i*^' et
4' quartiers, à la différence que sur la
plaque le lion n'est pas couronné, mais
cette brisure est secondaire. II reste donc
à savoir si l'on trouve une alliance entre
les Rayneval et les Cordier en Vimeu,
Godart en Ponthieu, ou toute autre famille
portant un cor de chasse accompagné de
trois étoiles. N'ayant pas à ma disposi-
tion le grand Dictionnaire de la Noblesse
de La Chesnaye-Desbois, je prie M. Le
Lieur d'Avost de voir si dans le tome XVI,
on ne trouverait pas le renseignement
demandé. P. le J.
<s Controversise » de Sénèque
(XLIX ; L, 89). — Lesfargues n'est pas
le seul traducteur du xvii= siècle des Con-
troversiœ. Voici une indication que je
trouve dans le dernier catalogue de Le-
planquais, n° 156, 25 juillet 1904 :
503 SENECA(Marcus). Les Controver-
ses et suasoires de ^L Marcus Seneca,
rhéteur, traduction de M. Mathieu de Chal-
vet. A Rouen, che^ Caillove, 1634, \ vol.
pet. in-4.
^ J. Lt.
Saint Roch et ses trois chapeaux
(XLIX, 113). — Du silence, facile à pré-
voir,des correspondants de X Intermédiaire.,
il y a une conclusion à tirer. L'éditeur des
Œuvres de Diderot, Brière, a manifeste-
ment abusé ses lecteurs dans la note où il
N. 1048.
L'INTliflMÈDlAlRE
199
200 --
dit ;« ... Sainl-Roch avait trois chapeaux ;
on le voit souvent ainsi représenté». « Sou-
ventv>est quelque peu audacieux quand au-
cun exemple ne peut être cité à l'appui de
sonlaniaisiste commentaire. Il faut donc en
revenir à celui du Larousse, si faible que
soit Tautorité du fameux Dictionnaiie :
« Etre comme saint Roch en chapeau :
être abondamment pourvu d'une chose,
en avoir plus qu'il ne faut, par allusion à
saint Roch qui portait un chapeau d'une
grandeur démesurée. // On sait que, au
nombre les attributs dont les sculpteurs
ont doté les statues du bienheureux, était
le vaste chapeau des pèlerins, aux larges
bords relevés en avant et agrémentés de
coquilles ou de clefs croisées en sautoir à,
cause du voyage de Rome.
QUARTEBLANCHE.
Un roman da Balzac : « le Prêtre
catholique » (L. 57). — Le Prêtre ca-
tholique, roman qui préoccupa si long-
temps Balzac, a été commencé en 1833, et
sa dédica,Ce autographe à Mme Hanska, a
même été communiquée par elle, en 1867,
à M. Frond, pour le Panthéon des illiistra-
tioiis françaises au xix" siècle, où le fac-
similé de cette page accompagne le por-
trait du raaitre. Aucune indication n'y
étant jointe, elle fut imprimée ensuite
comme lettre, dans la Correspondance de
Balzac, et abusivement datée de 1844 (!).
Elle y porte le n" 269.
Tout le début de l'ouvrage est entre
mes mains. Balzac ne le poussa pas plus
loin. Ce qui en existe est superbe. 11 l'é-
crivit après h Médecin de campagne,
concurremment avec Eugénie Grandet, le
surprenant début, -^ inédit aussi, pour
la plus grande partie, — ^ des Aventures
adininistrativcs d'une idée heureuse^ ta
Duchesse de Langeais, et avant la Recherche
de C Absolu, c'est-à-dire pendant une des
périodes les plus fécondes en œuvres su-
périeures de toute l'admirable carrière
du grand écrivain.
Spoelberch Lovenjoul.
Un roman d'Eugène Sus à re-
trouver (L, î 16). — En voici le titre :
Deleytar. Arabiau Godolphin, Kardikè, par
Eugène Sue. Paris, Paulin, éditeur, rue de
Richelieu, 60. 1846. i vol. in-18, format
Ca,zin ; impr. par Pion frères, publié à
I fr.
Cet ouvrage avait paru précédemment,
en 2 vol. in-8. J. Brivos.
Conversation du P. Canaye et
du maréchal d'Hoc quincourt(XLl).
— Depuis le débat soutenu ici, touchant
l'auteur de ce fameux dialogue, M. Fré-
déric Lachèvre a publié son excellente
Bibliographie qui a plus que doublé nos
connaissances sur les petits poëtcs du
xvu* siècle.
Il attribue la pièce, sans discussion, à
Charlcval.
QlJelles sont les raisons de M. Lachè-
vre ? Elles ne peuvent être que fondées,
mais je serais curieux de les connaître.
S.
Leta Pane (L, 53). — Le Diction-
naire de Gcograf)hie à l'usage de ï amateur
de livres de P. D. dit que plusieurs loca-
lités de Hongrie et de Bohême portent le
nom de Leta, et qu'il ne peut préciser
dans laquelle auraient été faites les im-
pressions en question, généralement dues
à la secte des frères moraves.
J.-C. WlGG.
*
M. O. Gy demande quelle est cette
ville. Ce n'est pas une ville. Deschamps
s'était posé la même question. Dans son
Dictionnaire de géographie à l'usage du
libraire, il s'exprime ainsi :
Leta pane (?), localité dont nous ne pou-
vons déterminer exactement la situation,
plusieurs bourgs et villages de Hongrie et
de Bohême portant le nom de Leta. * Et
Deschamps ajoute : « Ce nom tchèque de
Letâ Pane se trouve à partir de l'^îy sur
un assez "rand nombre de livres bohé-
miens, etc.
Dans son Catalogue n" VII, un marchand
de vieux livres de Londres, M. Voyniché
qui a fait des recherches intéressantes sur
les impressions des xv'' et xvi* siècles, s'ex-
prime ainsi à l'occasion d'un ouvrage im-
primé à Prague en 1562 et portant cette
suscription : Leta Panie (je traduisde l'an-
glais) :
M. Descharaps, col. 727, a cru aussi que
Leta Pairie était le nom d'une ville, et
dans une longue note sur divers livres im-
primés dans cette ville, il exprime son re-
gret de n'avoir pu l'identifier. Ces deux
mots en langue bohémienne signifient sim-
plement : Anno Domini.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1904
201
— 202
On remarquera la différence entre Leta
Fane et Leta Panie^ mais je ne pense pas
qu'il y ait lieu de s'y arrêter.
Henri Mûnod.
Une erreur persistante (XLIX, 901 ;
L, 35, 146). — Puisque X Intermédiaire di
parlé récemment des vers grotesques attri-
bués,— faussement, paraît-il — au vicomte
d'Arlincourt, il ne faut pas priver nos
chercheurs de celui-ci, qui ne déparera
pas la collection.
Il est de P.-l. Raymond.
Le poète visite le bagne et s'exprime
amsi :
Et tout ne s'y vend pas au visiteur pour rien :
Tout est en montre et fait par maint c;al6rien
Une pipe en coco me vend un ex notaire.
Envojé lu pour taux dans une grave aQ'aire.
P. F. Raymond a publié plusieurs vo-
lumes. Eugène Baillet.
Catalogua pour vente de vieux
livres (XLIX, 842, 991 ; L, 91). — A
propos de catalogues de livres, pourquoi,
à partir de iQj'j , \c Jonrval de la Librai-
rie,WihMographiQ de la France, ne les en-
registre-t-il plus comme précédemment?
Je comprends qu'on ne tienne aucun
compte des catalogues de marchands de
nouveautés ; tant importants qu'ils de-
viennent, ce ne sont que des prospectus ;
mais des catalogues de ventes de livres,
comme ceux de A. Dinaux, Didot, Lu-
zarche, Piat, Morante, Potier, Destailleur,
Ronard, Pichon, LigneroUes, Taylor,
Hérédia, Yéméniz, etc. sont de vérita-
bles ouvrages de bibliographie qui méri-
teraient de laisser des traces.
CÉSAR BiROTTEAU.
Modifications dans le langage
(XLVIII; XLIX,43,932; L,92).— L'usage
sans doute, est souverain. Mais il faut
distinguer entre le bon usage et le mau-
vais. L'I mouillée est une articulation
bien française, qu'il serait regrettable de
voir disparaître, et qui a motivé une or-
thographe spéciale.
L'imonillèe se prononce à^^f/^r^i comme
li dans famille, par exemple ; elle repré-
sente h du latin familia. Une pronon-
ciation spéciale a exigé une notation spé-
ciale ; car la parole a précédé l'écriture,
et l'orthographe n'est que la notation
de la parole.
Si quelques lexicographes ont figuré
parjv la prononciation de VI iuoiiil'èe, ils
ont consacré une prononciation nouvelle
qui prive notre langue d'une articulation
qui lui appartenait.
Nous avions l'y prononcé comme deux /
et 17 moiiillcô ; ces lexicographes nous en-
lèvent une articulation ; ils appauvrissent
la langue ; cela vaut bien une protestation.
« Vox clamantis in deserto », probable-
ment, car V est plus facile à prononcer
que \'l mouillée, et la doctrine « du moin-
dre effort » risque fort de prévaloir.
D'" A. Cordes.
Je m'en suis allé. Je me suis en
allé (XLIX, 224. 480, 604, 764, 988 ;
L, 9:
D'accord sur l'autorité et l'in-
fluence de l'usage, M. P. L. et moi, nous
différons sur son essence : question de
fait qu'une plus longue discussion ne par-
viendrait pas à éclaircir.
Mais je veux remercier mon honorable
contradicteur de m'avoir signalé l'incor-
rection du verbe << se sortir />. J'avoue
humblement qu'elle m'avait échappé.
Que voulez-vous ^ On entend employer
ce verbe bien souvent ; il n'a, en soi, rien
de moins conforme au génie de la langue
que le verbe « se tirer », et il suffirait
qu'un membre de l'Académie l'eût em-
ployé une fois par mégarde, pour qu'il
eût quelques droits à s'imposer au nom
de l'usage, mais, je me hâte de le dire, il
ne figure dans aucun dictionnaire. Qu'il
ne compte donc pas sur moi pour le dé-
fendre.
En terminant, M. P. L. veut-il me per-
mettre de lui signaler une acception du
verbe « manquer » que je ne trouve pas
dans Littré, mais qui a pour elle l'auto-
rité d'un écrivain assez connu .f* << Il man-
qua à renverser du pan de son habit la sta-
tuette. . . » Est-il correct de parler ainsi ?
Le vicomte de Bonald.
Experte crede Roberto (T. G.
331 ; XLVII). — On chercherait vaine-
ment cet hémistiche dans le De Guerra
Romana où renvoie l'annotateur anonyme
cité par M. Maurice Lecomte. C'est le
troisième vers du Consilium pro dansato-
ribus., poème postérieur au précédent.
Ces deux œuvres macaroniques ont
paru l'an ij2g et ne peuvent avoir été
N« 1048
L'INTERMEDIAIRE
203
204
la guerre
de Rome
composées qu après
('527;. ^ . ,
Or dans une lettre datée du 5 août
1536, Luther écrit :
Experto crede Rupeito, ut est proveibium .
Est-il vraisemblable que sept ans à
peine après la publication d'un poème
facétieux, Luther eût déjà pris l'un de ses
vers pour un proverbe ?
D'ailleurs, quel personnage du Cousi-
liiim se nomme Robert? Aucun, si je com-
prends bien la langue extraordinaire que
parle Antoine d'Arène. Ou son vers
n'ofTre aucun sens, ou il fait allusion à
un proverbe antérieur, — peut-être à ce-
lui qui est cité par Fournier comme da-
tant du moyen âge, mais malheureuse-
ment sans indication de source.
Candide.
Rue des Imborgères (XLVIII, 953)
Terrain des Envierges (T. G. 317).
— Ces deux noms devraient évidemment
rentrer sous la rubrique « Noms de lieux
détournés de leur sens primitif ».
N"est-il pas permis de supposer que
leur « sens primitif » était Rue des Cinq
questions). Du Cange donne luiniiiare =
niiniitini (pour viimitalim) covnninuere
(morceler, affaiblir).
Th. Courtaux.
Berger ce et Terrain des Cent Vierges ? Le
C initial aurait disparu par un phénomè-
ne identique dans les deux cas, cette lettre
absente se trouvant remplacée dans la pro-
nonciation par la liaison de l'S entre le mot
des et la première voyelle du nom.
Le moindre document à l'appui de ce^
hypothèses serait le bienvenu... S.
Minuter sa retraite (L, 60). — Cette
expression est évidemment un latinisme.
Dans les Sonnets franc-comtois inédits
du commencement du XVII^ siècle que j'ai
publiés en 1892, avec une introduction
historique et des notes, se trouvent, au
sonnet XXX, les vers suivants :
Fuis la soudaineté, elle est aveugle et nuit
Fuis la tardiveté, elle est sourde et ne bruit
Que l'Estat offencé n'ait souffert de la honte.
Ny trop prompt, ny trop lent. Tandis que
les Romains^
Minutoient au Sénat s'ils delïendroient Sa
gunte],
Sagunte se rendit aux Pœnois inhumains.
Minuter est évidemment pris ici dans le
sens de délibérer. On trouve dans Cicéron
Je suis surpris que Gros-Malo n'ait pas
cité l'exemple le plus connu :
Je le remerciais doucement de la tête.
Minutant à tout coup quelque retraite honnête
tiré du grand récit d'Eraste qui ouvre la
comédie des Fâcheux (i65i).
Minuter est ici synonyme de méditer,
préparer : c'est dans ce sens que l'ava ien
employé Régnier, Malherbe et Vaugelas
avant Molière et le duc d'Angoulème.
Georges Monval.
Galbanuni (XLVII ; XLIX, 930). —
Puisqu'un confrère revient sur la question
du galbanum, je demande la 'permission
de faire observer que Napoléon écrit dans
sa lettre u faites mettre ces deux in-
dividus en galbanum ».
S'il avait voulu dire de les soumettre
au régime du galbanum, il aurait écrit :
au galbanum, comme on dit : mettre à la
diète, etc.
J'en conclus qu'il faut entendre: mettre
en galbanum, mauvaise graphie pour :
mettre en cabanon, formule encore usitée
aujourd'hui à Bicètre.
D'autre part, et comme le faisait remar-
quer dernièrement un de nos confrères,
lorsqu'une question soulève des incidentes,
il y a plutôt avantage que inconvénient,
à les traiter et à les éclaircir à cette occa-
sion.
Dans cet ordre d'idées, je consignerai
ici, à toutes fins utiles, les renseignements
suivants circà Galbanum.
La gomme résine connue sous ce nom
est fournie par une ou plusieurs espèces
de végétaux originaires d'Abyssinie.
D'après Théis (Glossaire de Botanique ou
Dictionnaire étymologique^ 1810), ce nom
de galbanum est dérivé degalb^ ou galban.
gras, onctueux en celtique, tout ce dont
on fait des onguents ou des parfums. Ce
mot galb serait le radical de plusieurs
noms qui tous expriment des choses
grasses ou d'une odeur forte : Galipot ;
Myrica gale (prononcez gale) arbuste à
odeur résineuse ; camphre en anglo saxon;
galiot, nom ancien de la Benoiteou Geum
minutaiim interrogare (faire de petites ji urbanum, dont la racine est très odorante;
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 19*4
205
206
y«Aï>), belette puante. Le galbanum entrait
dans la composition des parfums qui de-
vaient être brûlés sur l'autel. [Exode. Job.
447)
Théis écrivait à une époque où tout
devait venir du celtique. A noter cepen-
dant les rapports qui existent entre les
formes celtiques et celles indiquées ci-
dessous comme dérivées de l'hébreu et
des langues orientales.
D'après Mératet Delens, Dictionnaire de
matière médicale, 1829-1845, galbanum
vient de khelbenah, d'où les Grecs ont
fait ;<a/ôav>), et les Latins galbanum.
Littré dit, en 1863, à l'article galbanum
de son dictionnaire; vient du grec x!'^«''*i
Le mot est d'origine sémitique. Hébreu
chelbnah, même sens, de cheleb, graisse.
11 ajoute : « Le moyen âge prononçait On
la finale latine Um. Ce qui noui ramène
à galbanon, cabanon.
Le passage du Pentateuque où figure le
galbanum, est traduit comme suit dans
une vers on du xiir siècle :
Et por ce est bien (pour que celasoit bien).,
dit à Moysen : prend espèzes stactcn, gal-
bancn et onica Sien feras un tymiane
(parfum) confit solunc l'œvre de céaz Kl les
unguemenz funt.
Mentzel, Index nominum plantariuii
Berlin 1696, indique une forme Chalbane
qui procède de l'hébreu Chelbnah et du
grec ;^«/?av>9 .
Enfin Bubani.^ flora Virgiliana, Bologne
1869, cite les deux vers des Géorgiques où
le Galbanum estmentionnécommeparfum.
Galbaneoqueagitare graves nidorechelydros.
G . 3 . v . 415.
Hase jam galbaneos suadebo incendereodores.
G. 4. V. 264. L. Depal.
A propos de bottes(T. G. 132;
XL1X,903 ; L.40). — Exemples antérieurs
au Distrait de Regnard publié en 1698 :
1° « à propos de bottes nous ne sommes
pas loin de la maison de Florinde ». Co-
médie des proverbes, I. i. (1636). Cité par
Littré, tom.ll, p. 1355, col. i.
2° « A propos de bottes, combien
l'aulne de fagots ». Oudin, Curiosités de
la langue française publiées en 1640.
L. Depal.
Mario ou Marion (L. 59 140), —
Colonne 141, ligne 23, lire du reste et
non du recto.
Attendez-moi sous l'orme (T. G- ^
67). — Je répare l'omission de ceux d^
nos collaborateurs qui se sont occupés de
cette question (XVI, 675, 727), en citant
l'ouvrage suivant :
Francisque Michel. Attendez-moi sous
l'Orme, dissertation sur un ancien pro-
verbe. 1868, in-8 de 42 pages.
Fort curieuse dissertation, tirée à très
petit nombre.
A. S.. E.
La poignée de main (XLIX, 844).
— Elle me parait venir de I usage où l'on
était, autrefois plus qu'aujourd'hui, de
terminer une négociation, un arrange-
ment, un marché, voire une querelle, en
se frappant dans la main. Topez, là. On
était d'accord après avoir bataillé comme
adversaires et maintenant on était amis.
Le geste s'est généralisé ensuite ; il est
devenu familier. Lorsqu'on se rencontrait
on s'abordait en se tendant la main pour
témoigner de ses intentions pacifiques et
bien marquer qu'on l'on ne songeait pas
à recourir à cette arme naturelle pour
attaquer ou se défendre.
Qiiant au mot fringuant,qui figure dans
la question deJ.-G. Bord, ne vaudrait-il
pas mieux l'écrire fringant ?
11 est employé aujourd'hui dans le senè
légèrement péjoratif d'élégant avec un
peu de recherche et d'afïectation.
Avec cette idée d'élégance, il évoquait
autrefois celle de mouvement, d'agita-
tion et de bruit. Par exemple, un cheval
fringant ou qui fringuait, était celui qui
piaffait et faisait du bruit.
Fringuer a conservé cette valeur dans
quelques parlers du Midi. Ainsi, quand
clefs ou pièces de monnaie remuent et se
font entendre dans votre poche, on dit
qu'elles fringuent. L. Depal.
Le droit du seigneur (T.G. 290).
11 n'est personne, à coup sûr, qui en parlant
de l'usage abominable connu sous le nom de
droit du seigneur, n'ait énergiqi"'ment flétri
une époque où pouvait se commettre impuné-
ment,/^^a/f;«^w/,un aussi monstrueux outrage
à la religion, à la morale, à la dignité humaine.
Mais aussi, et c'est là un de ces travers de
l'esprit qu'on ne peut excuser que par la plus
inconcevable prévention, il est peu de gens
qui n'aient cru, les yeux fermes, à l'existence
de cette coutume sauvage, dont la seule idée
nous révolte.
N» 1048
L'INTERMEDIAIRE
207
208
D'où vient cette foi aveugle en une chose
qui répugne à la pensée? Où a-t elle pris
naissance ? Comment nous mêmes l'avons-nous
partagée si longtemps?... No;is ne saurions
le dire, sans doute ; mais enfin c'était devenu
pour nous comme un de ces faits accomplis,
qu'on accepte tout en les stigmatisant.
Cependant un jour arrive où lassé de croire
à des oui-dire, on veut savoir à quoi s'en te-
nir sur ces contes avec lesquels on a été bercé ;
et que trouve-t-on ? Rien !
C'est ce dontj'ai récemmentfaitl'expérience.
J'avais entendu, bien des fois, attester que
le droit du seigneur avait été exercé dans notre
pays, non seulement par les seigneurs laïques,
mais encore par les seigneurs ecclésiastiques.
J'avais même, si mes souvenirs ne me trom-
pent pas, entendu citer, parmi ces derniers,
les Bénédictins du prieuré de Saint Nicolas-de-
Port.
Je me suislivré à de minutieuses recherches,
dans le désir, je ne dirai pas de découvrir la
chose, mais de satisfaire ma curiosité et d'é-
clairer ma conscience d'historien ; eh bien ! je
le répète, je n'ai rien trouvé, et je suis sur que
personne, pas plus que moi, n'a rien trouvé à
cet égard.
je ne suis pas tout à fait aussi indulgent
que M . . . . à l'égard de la féodalité ; et il faut
avouer qu'il y a, dans ses codes, beaucoup
d'exigences absurdes, vexatoires, dont jj'ai
donné la trop longue énumération (dans les
Communes de la Meurthe). Mais ces exigen-
ces sont-elles, en définitive, barbares, immo-
rales, honteuses, comme on veut bien le dire ?
Y en a-t-il une surtout, dans le nombre, qui
approche du droit infâme du seigneur ? Il n'y
EN A PAS UNE SEULE.
Les redevances dues par les nouveaux ma-
riés, — et j'en cite plusieurs exemples — n'ont
aucune analogie avec l'idée qu'on s'est faite
de ce droit.
Si celui-ci, — et on peut contester le fait
jusqu'à production de preuves, — a jamais
été exercé, cet acte ne doit être considéré que
comme un déplorable abus de la force, mais
non comme la mise en pratique d'un droit re-
connu, avoué, inscrit dans la législation.
Je ne puis rien dire de ce qui s'est passé
dans les autres provinces, mais je puis affirmer
pour l'honneur de notre pays, que le droit du
seigneur n'a jamais existé en Lorraine. On a
dit le contraire, je le jsais ; l'a-t-on démontré ?
Pour les choses, de cette nature ; pour les cho-
ses qui font honte à l'humanité, il ne suffit
pas d'affirmations ; il faut des arguments pé-
remptoires, des documents incontestables, et
je défie d'en produire. Henri Lepage
Archiviste du département de la Meurthti.
Journal de la Société d' Archcolooie'et du
Comité du Musée lorrain, lorne III (1854)
page 131. P. c. c. A. S..E.
La modo dans les noms de bap
tême (XLIV ; XLV ; XLVlj. -- Une
chose assurément bien curieuse, c'est de
voir avec quelle touchante unanimité la
mode des noms gallo-romains est subite-
ment transformée en mode des noms
franco-germaniques, dans les nombreuses
listes d'évêques de nos anciens diocèses,
vers l'époque de Clovis et de ses fils.
Nous pouvons donner quatre de ces listes.
On verra que les exceptions sont telle-
ment peu nombreuses, qu'elles sont insi-
gnifiantes et parfois même confirment la
règle. Ainsi le nom propre Germanus est
un nom gallo-romain (comme Langlois
ou Lescot est un nom français) et non un
nom germanique, malgré ses radicaux.
1° Liste des premiers évèques du Ver-
mandois : Hilarius, Martinus, Germanus,
Maximinus, Fossonius (le superbe en
grec), Aeternus (l'aiglon), Divitianus,
Remedius, Mercorinus (voué à Mercure),
Promotus, Sophronius (le prudent, en
grec) ; — Alomer, saint Médard, Austin,
Gondulf, Ebrulf, Bertmund, Crasmar,
Acher, Eloi, Mummole, Otger, Gonduin,
Garulf, Framenger, etc.
2° Liste des premiers évèques de Reims :
Sixtus,Sinitius, Amandus, Betausus.Aper,
Discolius,Maternus,Donatius,Vivens,Seve-
rus, Nicaisus, Baruch, Barn.ibé, Bennage,
Remigius, Romanus, Flavianus ; — Mapi-
nien, Gilles, Romulf, Sonnace.Léodegisile.
Anglebert, Landon, Nivard, Rémi, Rigo-
bert, Abel, Turpin, Violfher, Ebbon,
Hincmar, Foulques, Hervé, etc.
3° Liste des premiers évèques de Sois-
sons, Sinitius, Divitianus, Rufinus, Filia-
nus, Mercorinus, Onesimus, Vincenculus,
Onesimus II, Hilirius, Principius, Lupus ;
— Baudaride, Dragtégésile, Auctar,Théo-
debold, Trudulf, Landulf, Ansaric, Adlo-
bert, Drausin, Antbert, Warenbert, Adal-
bert, Gaudin, Mathar, Gualbold, Guar-
bert, Madalbert, Gualcon, etc.
40 Liste des premiers évèques de Rouen :
Nicaisius, Mello, Avitianus, Severus, Eu-
sebius, Marcellinus, Petrus, Victriv,
Innocens, Sylvester, Malso, Germanus,
Crescentius, Gildard, Flavius, Evodius,
Prœtextatus ; — Melantius. Idulf, Roma-
nus, Ouen, Ansbert, Grippo, Hugues,
Radbert, Grim, Raginfried, Rémy, Ma
gnard, Gilbert, Ragnoard, Gombaud,
Paul, Venilon, Àdalhard, Riculf, etc.
Assurément, on peut trouver un ou
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1904,
209
210
deux noms germaniques parmi les noms
des évêques avant Clovis, ainsi que
quelques noms gallo-romains après ses
fils ; mais ces exceptions ne figurent
guèreque dans la proportion de 1 sur 10;
et encore, que de choses n'y aurait-il pas
à dire à ce sujet ! C'est ainsi que si Remi-
giusaété parfois pris pour Remedius qui
est un nom gallo-romain, le nom de
Remy^ Remwig, est un nom germani-
que, comme Gilles, bien qu'on le con-
fonde à tort avec Œgidius, qui a un tout
autre sens ! D'' Bougon.
Cendrières (XLIX, 452, 603). — J'ai
vu des cendrières sur les monticules de
Berru, près Reims, non loin de Germaine,
quand j'ai construit le petit chemin de
fer qui devait servir à transporter depuis
la gare de Witry-les-Reims les matériaux
de construction et l'armement des forts
de Witry, Berru et Nogent l'Abbesse.
C'étaient des amas de matière pulvéru-
lente grise que les agriculteurs em-
ployaient pour fumer leurs vignes et au-
tres terrains de culture. Cette matière
était bien de la cendre ; mais seulement à
la surface du sol. Quand on fouillait un
peu profondément, la matière, toujours
pulvérulente, était noire et combustible.
C'était du charbon qui, à l'époque des
fortes chaleurs, pouvait se mettre à brû-
ler sans flamme ni fumée, sous la simple
action du soleil, bien exposé qu'il était à
flanc de montagne pour se dessécher.
Mais la combustion s'arrêtait à la limite
de la partie bien desséchée. Voilà pour-
quoi ces amas de combustible s'appellent
jcendrières. La surface était presque tou-
ours consumée.
Cendrière est l'équivalent de mine ou
carrière de cendres.
Quel est ce combustible ?
De la tourbe, comme disent les diction-
naires, ou du lignite, comme dit votre
première explication .?
A mon avis, c'est de l'anthracite, c'est-
à-dire du charbon minéral sorti du sein
de la terre et non du combustible d'ori-
gine végétale comme la tourbe qu'on ren-
contre dans les pays marécageux ou le
lignite provenant d'amas d'arbres charriés
par les grands fleuves.
En effet, dans ce charbon pulvérulent,
on ne voit pas trace de végétaux herbacés
ou ligneux.
Sur les monticules dont je parle, il n'y
a pas trace de terrains d'alluvion ou de
transport.
Dans la plaine, il y a dix centimètres
de terre arable, puis de la craie sur des
centaines et peut-être des milliers de
mètres d'épaisseur. C'est le terrain de sé-
diment formé à une époque où la contrée
devait se trouver plus bas que le niveau
de la mer.
Les terrains des coteaux sont d'origine
plutonienne. Ils sont sortis d'autant de
cratères qu'il y a de monticules.
On trouve surtout du sable siliceux
étalé par couches de diff'érentes couleurs,
très propre, tous les grains de la même
couche ayant la même couleur et la même
grosseur.
On trouve des blocs isolés de roche
siliceuse, vitreuse^pleine de cavités, qu'on
appelle meulière, parce qu'on en fait des
meules de moulin. On s'en sert surtout
pour empierrer les routes
On trouve aussi sur ou près des som-
mets de l'argile chimiquement pure,c'est-
à dire du silicate d'alumine et non de
la terre glaise, qu'on appelle aussi argile
et qu'on trouve dans les terrains d'allu-
vions... Cette argile est en couches de
couleurs variées et vives, rose, blanc,
bleu etc.
Enfin, par endroits, on trouve les amas
de matière pulvérulente et combustible
dont la surface esta l'état de cendre.
Tout cela est sorti du sein de la terre,
et quand cela présente ces aspects, c'est
que les points d'éruption étaient encore
noyés par la mer. Les éruptions violentes
qui ont craché de la silice en pâte ont pu
l'envoyer plus haut que le niveau de la
mer et en retombant elle s'est transformée
en sable au contact de Teau, comme on
le voit dans les hauts fourneaux quand
on fait couler dans un canal le laitier ou
crasse siliceuse qui surnage sur la fonte
de fer.
Quand les points d'éruption se sont
trouvés au dessus de la mer, la silice en
fusion est tombée sur un terrain sec où elle
s'est aplatie, car c'est généralement la
forme aplatie qu'ont les blocs isolés de
meulière avec aplatissement dans le sens
horizontal.
Les éruptions d'anthracite dont nous
trouvons aujourd'hui des amas ont dû se
faire au-dessous du niveau de la mer, au-
N» 1048.
L'INTERMÉDIAIRE
21 1
212
trenrtefrt l'anthracite se serait brûlé en sor-
tant à l'air libre et le vent aurait dispersé
les cendres
Les cendrières sont des formations
géologiques probablement fort rares, à
cause de la rareté des cas où les circons-
tances ci-dessus se sont trouvées réunies :
Eruption sous l'eau puis relèvement du
sol pour nous montrer ce travail des
milliers d'années après qu'il s'est produit.
En fouillant le sol du monticule de
Witry, (le moins élevé des trois qu'on a
fortifiés) pour creuser le fossé d'enceinte
du fort, j'ai trouvé deux ou trois petits
cratères. Le plus grand avait deux ou
vrois mètres de diamètre, sur le fossé du
front Est. On aurait dit une vieille chemi-
née culottée; elle était pleine de meulière
en morceaux noyés dans de l'argile rouge
comme ce qu'on trouvait, en une couche
de 2 ou 3 mètres d'épaisseur seulement
sur le sommet du mamelon.
Au dessous, c'était la craie bien blan-
che craquelée par endroits sous la pous-
sée venue d'en bas. C'était uncratèrebénin.
A diverses profondeurs dans la craie
fouillée, j'ai trouvé des pyrites sulfureu-
rer, arrondies grosses comme des œufs
de poule qui avaient dû être crachées par
les cratères voisins plus élevés et plus
méchants et qui après s'être refroidies et
durcies en décrivant leur parabole dans
l'espace étaient venues s'enfoncer dans la
craie sous-marine encore à l'état de vase
ou peu dure comme un biscayen dans de
la terre. Garden,
Les Sirènes (XXXVI). — Question
qui n'a pas encore reçu de réponse.
Les deux sirènes citées par le Père Bou-
hours sont connues.
La première parut en Hollande sur la
cote de Westfrise, non au xvi* siècle,
mais en 1430. Des jeunes filles la portè-
rent à Edam où elle se laissa habiller et
nourrir. *< On lui apprit à filer. On la
mena à Harlem ; elle y vécut quelques
années sans pouvoir apprendre à parler
et conservant toujours un instinct qui
la conduisoit vers l'eau ». La figure de
cette sirène a été oravée au xvi* siècle
d après des dessins plus anciens. Cette
planche, que je ne connais pas, la repré-
sentait filant et assise sur sa queue de pois-
son repliée. — Voir Sponde, ainsi que les
Délices de la Hollande et les Ephémérides.
La seconde, celle de 1 548, est citée par
Boaistuau en ces termes :
L'archeduc d'Autriche, troisième fils de
l'Empereur Ferdinand, fist apporter à Gènes
avec luy, l'an 1548, une Syrène morte, de
laquelle on luy avoit faict présent, qui en-
gendroit si grand esbahissement aux specta-
teurs, que la plupart des hommes doctes
d'Italie vindrent visiter et contempler cest
estrange spectacle.
BousTUAu. Histoires prodigieuses, 1560.
p. 6^ verso.
Cf.J. DE Marconville. Recueil d'aucuns cas
mémorables 1564. p. 94. verso.
Voici enfin une troisième sirène sur
laquelle je serais heureux d'avoir quelques
éclaircissements.
Celle-ci a été montrée à la Foire Saint-
Germain en 1758, et gravée par Gautier
Dagoty, anatomiste du Roi. Je n'ai sous
les yeux qu'une copie de cette planche
et j'ignore dans quel ouvrage se trouve
l'estampe originale en couleurs. La Sirène
est représentée avec de longs bras et des
mains prenantes, ce qui semble exclure
l'idée d'une confusion avec un cétacé
quelconque, dugong ou lamentin. S.
Ouvrages sérieux mis en vers
(T. G. , 665 ; XXXV à XLI ; XLll ; XLl V à
XLIX ; L, 100 142). — Parmi les Ouvrages
sérieux mis en vers builesques^ Vlnteimé-
diaire a-t-il déjà cité les Misérables ! Par-
faitement Les Misérables ont été mis... en-
vers.
J'ai une brocliure, imprimée à Rennes,
en 1866, chez Leroy et intitulée : Quel-
ques chapitres des Misérables de yictor
Hugo traduits en vers burlesques par Dela-
rue Meunier à Autrain.
Voulez-vous l'épisode de Jean Valjean .?
Voici comment est traité le fameux cha-
pitre : Soir d'un jour de marche :
Un jour, un voyageur à pied
Traversait la ville de D.
Culotte percée au genou
Cravate en corde autour du cou,
De grosse toile une chemise.
Vieille casquette et blouse grise,
Dans ses souliers des pieds sans bas,
Une tète tondue à ras ;
Tel était le piètre équipage
De ce délabré personnage,
Q.ui portait jusque sur le sein
Une barbe de capucin.
Aussitôt qu'on le vit paraître
Vite on ferma porte et fenêtre,
Car vous saurez que ce luron
Tenait en main un gros bâton.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Août 1904.
— 215 -
214
11 suivait tout au long la rue
Que l'empereur a parcourue
Allant de Cannes à Paris
Tous deux par les gamins suivis.
(Admirez un peu, je vous prie
En passant, ce trait de génie,
De faire ainsi marcher de front
Ces deux sortes de vagabond
L'auteur a dû tressaillir d'aise
Quand il trouva cette antithèse)
Vers une heure, une heure et demie,
11 se rendit à la mairie.
Je me doute pour quel objet ;
Il trouva, comme il en sortait,
Un bon gendarme en exercice
A la porte de l'édifice ;
Il lui fit un profond salut
Que ce fonctionnaire reçut
Sans s'empresser de le lui rendre
Ce qui commence à me surprendre
Car, généralement parlant
Le gendarme est très bon enfant.
Vexé de cette impolitesse,
Le va-nu-pieds que la faim presse
Vous gagne aussitôt, à grands pas,
L'hôtel de la Croix de Colbas
Dont le maître, nommé Labarre,
Cuisinier d'un mérite raie,
Etait, de plus, un des cousins
De l'hôtelier des Trois Dauphins,
Célèbre auberge de Grenoble
Où des voyageurs le plus noble
L'illustre et grand Napoléon
Vint en passant prendre un bouillon.
Notre gaillard tout hors d'haleine
Entre et va s'installer, sans gêne,
Auprès d'un grand feu qui flambait
Pendant que la broche tournait.
On entendait de la cuisine
Rire dans la salle voisine ;
C'étaient des rouliers très joyeux
Qui prenaient un repas copieux
L'hôte en voyant ce malotru
Lui dit d'un ton sec et bourru :
— Que voulez-vous, ici, bonhomme ?
— Moi, dit une voix de rogomme,
J'ai des sous dans mon boursicot
Et je veux manger du fricot ;^
Faites-moi cuire une entre-côte.
— Un instant, s'il vous plaît, ditl'hôte
Ce n'est pas pour vous, mon petit,
Que chez Labarre le four cuit.
Je ne vous dirai rien de rude
Car je suis poli d'habitude ;
Mais on vous nomme Jean Valjean,
Ainsi filez, allez-vous en...
Il y a 5.000 vers comme ceux-là. Il
semble que la chose valait d'être signalée
pour son indéniable drôlerie.
G. Lenotre.
gotcs, irouuaiU(|s \i afurioBtté»
L'acte de naissance de l'ingé-
nieur Philippe Lebon... et le véri-
table « découvreur » du gaz d'éclai-
l.age. — Une polémique récente avec
M. le chevalier Edmond Marchai, secré-
taire perpétuel de l'Académie royale de
Belgique, m'a obligé à quelques vérifica-
tions sur les origines de l'éclairage au
gaz, auxquelles j'avais consacré une
« Encyclopédie » dans le Soir, de Bruxel-
les, l'ai dû préciser, notamment, certains
points de la biographie de Philippe Lebon
au sujet de qui les auteurs abondent en
contradictions , les publications de l'Aca-
démie belge en erreurs de dates et de
faits: j'ai constaté, par exemple, que
Lebon naquit à Brachay (dans l'arrondis-
sement et à 20 kilomètres de Wassy,
Haute-Marne), non en 1769 comme on
le répète partout, mais le 29 mai 1767,
comme a bien voulu me le faire savoir
M. Antoine Consigny, maire de Brachay.
Voici Tacte de naissance du célèbre in-
génieur français. Le document n'a jamais,
que je sache, été publié, et je l'ai réservé
pour l'Intermédiaire. J'en dois la copie à
M. H. Aubriot, curé de Brachay, licencié
es sciences :
Philippe, fils légitime du sieur Jean-Fran-
çois Lebon, garde du Roy, vétéran de la
prévôté de son hôtel et grande prévôté de
France, et de dame Marie Antoinete Vic-
torine Mauvoism, son épouse, paroissiens
de Brachey.
Est né le vingt-neuvième jour du mois de
May mil sept cent soixante sept, a été ba-
tizé le même jour par moy prêtre, curé
dudit Brachey soussigné, lequel a eu pour
parein le sieur Philippe Legendre de Be-
toncourt, écuyer ancien maréchal des logis
de gendarmerie et chevalier de l'ordre
royal et militaire de l'ordre de Saint Louis
et pour m.areine dame Françoise Laureiit,
épouse ûu sieur Joseph François Bouquin
ancien controlleur des patrimoines de la
ville de Joinville qui ont signé ainsy que
ledit sieur Lebon père de l'enfant.
Durand curé
Françoise Laurent Bout^yiN
Le Bon Legendre de Betoncourt
Charpentier
11 résulte d'une heureuse trouvaille de
M. Pîot, l'instituteur actuel de Brachay,
que Charpentier, le dernier signataire de
N» 1048.
L'INTERMÉDIAIRE
215
216
l'acte, était en 1767 *s régent, maître
d'études» à Brachay. ..
Maintenant, me permettra-t-on d'ajou-
ter que ni Lebon (1795), ni Murdoch
(1792), ni même Minkelers (1783) à qui
Maestricht a, le 10 juillet 1904, élevé une
statue, ne mérite réellement le titre de
« décou\reur du gaz d'éclairage » ? J'ai
trouvé hier en effet, dans 1 Histoire de l'Aca-
démie royale des sciences de Paris, année
lySi ^ un mémoire sur la décomposition
de l'acide vitreux lu par Berthollet à la
Compagnie le 7 février 1781, et qui dé-
bute par ces lignes restées jusqu'ici igno-
rées de tous les historiens
au gaz (pages 228-229) même
de l'éclairage
de ceux
qui sont en même temps des chimistes:
Avant que de considérer la décomposi-
tion du nitre par le charbon, j'ai pensé
qu'il convenoit d'examiner avec plus de
soin qu'on ne l'a fait, le gaz que le char-
bon lui-même contient, et qu'il est possi-
ble d'en chasser par une forte chaleur.
Haies a retiré 180 pouces cubiques d'air
de 158 grains de charbon de Newcastle.
Mais il confond cet air avec l'air atmosphé-
rique ; d'ailleurs le charbon de terre est
un bitume, et c'est le véritable charbon
que j'ai en vue.
M. Prustley dit qu'il reçut en trois por-
tions d'environ une chopine chacune, l'air
dégagé de deux mesures de charbon qu'il
avoit mises dans un grand vaisseau de verre
et auxquelles il avoit appliqué l'action de
la chaleur. 11 observa que dans chaque pé-
riode de procédé l'air troubla l'eau de
chaux, qu'il y eut plus d'air fixe dans la
première portion que dan; les suivantes, et
que le résidu était inflammable...
M. Sage dit dans son Analyse des blés
(pape 96) qu'ayant distillé de la poudre de
charôon, le récipient qu'il avoit adapté à
la cornue se trouva rempli de vapeurs qui
s'enflammèrent lorsqu'on approchoit la
flamme d'une chandelle ; elles ne répan-
doient pas d'odeur sensible et brùloient à
la manière de la vapeur inflammable déga-
gée du zinc et du fer par l'acide marin.
M. Schéele a observé que le charbon
donnoit par l'action du feu un gaz dont la
première portion était de l'air phlogistiqué,
et le reste de l'air inflammable...
J'ai soumis du charbon en noudre à
l'action d'une grande chaleur dans un
appareil pneumato-chimique ; j'ai retiré
environ 720 pouces cubiques de gaz par
once.
Les textes auxquels Berthollet fait allu-
sion et que j'ai recherchés, sont extrême-
ments intéressants. En voici deux de
Priestley, qui se rapportent spécialement
au gaz de houille et que j'emprunte à la
vieille traduction française, faite par Gi-
belin, des Expeiiinenis and Observations
on différent kinds of air (Londres, 1774-
•777):
J'ai trouvé qu'on peut obtenir de l'air
inflammable du charbon de terre non cal-
ciné. (Tome I, Paris 1777, page 303).
Le charbon de terre distillé dans un
vaisseau de verre ne donne point d'air fixe,
mais seulement de l'air inflammable qui,
étant allumé dans une jarre à grande ou-
verture, brûle avec une flamme vive, lé-
chante sans explosion. (Tome IV, Paris
1780, préface, page XLVIj.
Bien d'autres « précurseurs » ont été
nommés par Schilling dans son traité
classique de l'éclairngeau gaz, par Victor
Fournier dans le Vieux-heuf, par moi-
même dans mes articles sur Minkelers.
En présence d'une suite beaucoup plus
ininterrompue qu'on ne le soupçonnait,
il nous faudra, décidément, tout en lais-
sant à chacun sa juste part dans l'inven-
tion de l'éclairage au gaz, considérer
comme le premier « découvreur » ce mé-
decin français, Jean Tardin de Tournon,
qui, dès 1618, était parvenu à extraire
l'hydrogène bicarboné de la houille, ainsi
qu'il l'a raconté en son Histoire naturelle
de la fontaine qui briisle près de Grenoble :
Jean Tardin dont j'ai parlé déjà ailleurs,
mais sans lui rendre suffisamment jus-
tice. A. Boghaert-Vaché.
Un billet de Balzac. —Petit billet
adressé par le romancier à son éditeur, le
lendemain de la déroute de Qiiinola :
Mon cher ami.
Je mets en ce moment la main au dernier
chapitre du roman que vous allez éditer.
Comme mon dernier ouvrage n'a pas reçu
l'accueil qu'il méritait, faites-moi le plaisir
d'imprimer celui-là s\.\x papier à sucre, il ne
faut pas jeter de perles au nez des pourceaux,
dit l'Homme-Dieu. Le papier à sucre suffit
pour le public d'à présent.
Tout à vous.
Honoré de Baizac.
Figaro, du 22 octobre 1863.
Gustave Fustier.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon St-Amand-
Monî-For.d.
X* Volnme
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mots.
20 Août 1904.
40» Annéb
SI»' , r. Victor MasHé
PAItlS (IX«)
Préaux : de 2 à 4 heures
QU^EQUE
Chtrehtz et
vaut troiiveriz
Il se faut
entr'aider
No 1049
31*^ r.VictorMasaé
PARIS (IX*>
Bureaux: de2à4heare3
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
?oadé en 1864
<3UEST10NS ET RÉPONSES LITTÉKAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
217
218
(âucôttanô
ment sur les circonstances qui avaient
déterminé sa vocation d'écrivain ?
M. Tx. .
Joseph Doucet. — L'un de nos cor-
respondants saurait-il quelques détails sur
la vie de cet écrivain ignoré des diction-
naires biographiques et des répertoires
généraux ? Otto Lorenz qui a enregistré
de lui les Tentations d'un curé de campa-
gne (1863 in- 12) et le Diocèse de Chamho-
ran (1869, in-12) n'en dit pas davantage,
car le Diocèsede Chamhoran.qnt je viensde
relire, est un livre absolument remarquable
tant par la malice et l'ironie des portraits
qui le composent que par la forme toujours
châtiée et nettement française du style.
C'est de la satire sans doute, mais nulle-
ment injurieuse ni déclamatoire et qui
devait être très proche parente de la vérité.
Quant aux modèles qui ont, à leur insu,
posé devant l'auteur, un seul. — Mgr Orose
(dont le prototype dut être M. Dupan-
loup), — est aisément reconnaissable ; les
figures de second plan qui lui font cortège
sont plutôt, sans doute, à proprement par-
ler, des types que des portraits véritables,
et bien des traits qui ont servi à les com-
poser s'appliqueraient encore aujourd'hui
au personnel de diocèses moins imagi-
naires que celui de Chamboran.
L'auteur qui a, si je ne me trompe,
collaboré au Monde illustré et au Natio?ial
de 1859, annonçait deux autres volumes
qui n'ont pas paru : le Grand pa';^ roman,
et les Souvenirs de [sur Lamennais. Q.ue
sait-on de plus sur son compte et notam-
Xavier de Maistre.
Ajoutant,
vers 1867, une note à un article qu'il
avait publié en 1830 sur l'auteur delà
Sibérienne, Sainte-Beuve écrivait :
Son ami, le comte Marcellus, doit être
mis en possession des manuscrits qui per-
mettront de faire un travail définitif sur
cet homme sensible et ce talent aima-
ble-
Peut-on savoir si quelque chose a été
publié, ou doit l'être de ces manuscrits?
H. M.
Chassin et les souvenirs d'un
Etudiant de 1848. — Ces souvenirs
viennent de paraître. Pourrait-on m'en
donner la clef ? Ch.-L. Chassin nomme
en toutes lettres Jules Vallès. Je reconnais
Castagnary dans Tagnary, Arthur Arnould
dans Renoul. Mais les autres.^ Ego.
Origine du nom de Jourdain,
dans risle Jourdain (Vienne). — Il
existe dans l'arrondissement de Mont-
morillon (Vienne) un canton dit l'Isle
Jourdain,
D'où vient Jourdain, ajouté à l'Isle ?
On trouve à la Bibliothèque nationale,
section des titres, un Jourdain du Pin,
chevalier du Rov, seigneur de l'Isle.
(1269).
Ne serait-ce pas lui qui aurait donné
son nom au lieu de l'Isle. ?
L. 5
N* 1049.
L'INTERMÉDIAIRE
219
220
Ce Jourdain était peut-être originaire
de Normandie. On trouve dans l'Histoire
de Normandie de Du Moulin 16. . . un chef
croisé de ce nom. Ce Jourdain semble en
descendre.
Issu de cette famille du Pin de Norman-
die, j'ai en manuscrit un historique con-
sidérable de cette famille du xi' siècle à
nos jours sans interruption, et avant de le
livrer à l'impression je voudrais élucider
cette question de Jourdain, en recherchant
si ayant quitté la Normandie il ne serait
pas venu donner son nom à l'Isle.
Un membre de cette famille, le croisé
Jourdain, fut sous Richard-Cœur-de-Lion
gouverneur de Messine. Ce qui indique
qu'il avait accepté un bannissement, il y
a aussi l'Isle en Angleterre.
Du Moulin donne des détails très in-
complets.
Où pourrais-je me renseigner sur ce
Jourdain et sur les origines du nom de
lieu risle-Jourdain ? D.
Outillage gallo-romain. — Quels
sont les instrum.ents retrouvés dans les
fouilles et dont les Gallo-Romains ont fait
usage .f*
En raison de la civilisation avancée que
Rome introduisit en Gaule, il serait peut-
être utile d'énumérer et de décrire les
outils employés dans notre pays, pen-
dant les premiers siècles qui suivirent la
conquête. Je désirerais qu'on m'en indi-
quât le plus grand nombre possible, et
pourrais, en retour, présenter successi-
vement ici, ceux que mes fouilles des
Cléons ont mis au jour depuis une ving-
taine d'années, si la question paraît inté-
resser nos érudits collaborateurs.
FÉLIX Chaillou.
L'hommage des rois de France
au tombeau de Charlemagne. —
Sous ce titre, on trouve, dans le journal
la Vérité française au 2% juillet (page 2,
•col. 2), la communication qui suit :
Je lis, dit M. H. de L , dans le dernier nu-
méro de la Revue des Questions Historiques
(juillet 1904, p. 306), la notice d'un intéres-
sant travail publié en Allemagne sur les rela-
tions de la ville d'Aix-la-Cliapelle avec les
rois de France, et dans lequel il est parlé de
« la coutume des rois de France d'envoyer, à
leur couronnement, un drap mortuaire pour
^tre déposé sur le tombeau de Charlemagne»,
Il me paraît intéressant de citer à ce pro-
pos une belle page de M. de Chateaubriand,
dans ses Mémoires d'outre-tombe, (Edition
de 1849, tome II, p. 55) :
«... Le drap mortuaire qui servait à l'en-
terrement d'un monarque très chrétien était
envoyé au tombeau de Charlemagne, comme
un drapeau-lige au fief dominant. Nos rois
prêtaient ainsi foi et hommage en prenant
possession de l'héritage de l'éteinité .. »
H, deL,
Nous désirons savoir de la manière
la plus précise d'après les documents au-
thentiques, quel était le cérémonial de la
cour à cet égard . La Benotte.
Vengeance de comédienne. —
Un anecdotier du xviiie siècle raconte, à
propos de la jolie pièce de Favart, la
Chercheuse d'Esprit, cette historiette qui a
défrayé depuis tous les recueils ananas :
Les principaux vaudevilles de cet Opéra-
Comique furent parodiés par un jeune bel-
esprit, qui crut que, pour donner plus de
vogue à ses couplets, il devait les rendre
très méchants, 11 prit pour objet de ses-
satires, toutes les actrices qui jouaient alors-
dans la pièce qu'il parodiait et les déchira
cruellement. Ces pauvres victimes de la
licence poétique convoquèrent entre elles^
une assemblée secrète pour m<5diter une-
vengeance d'éclat.
Mlle Brill . . . (ant) se mit à la tête du com-
plot; et, dès le lendemain, toutes les mesu-
res étant prises, elle alla se placer à côté
du petit bel-esprit qui se pavanait à l'am-
phithéâtre. Elle le comble de politesses et
parle de sa chanson avec les plus grands
éloges.
— Vous ne m'avez pas ménagée, lui dit-
elle, mais je suis bonne princesse ; j'en-
tends raillerie et je ne saurais me fâcherquand
les choses sont dites avec autant de finesse
et d'esprit. 11 y a de mes compagnes qui
sont des bégueules ; je veux les désoler en
leur chantant moi-même vos couplets pu-
bliquement.11 m'en manque quelques-uns,
faites-moi l'amitié de venir les écrire dans
ma loge.
Le jeune homme la suit après le specta-
cle sans se douter du piège. Dès qu'il est
entré, toutes les actrices qui l'attendaient
armées de longues poignées de verges,fon-
dent sur lui toutes à la fois et l'étrillent
impitoyablement.
L'officier de police, accouru aux cris
aigus du patient, eut beaucoup de peine
à faire cesser cette sanglante exécution et
beaucoup plus encore à s'empêcher de
rire.
Dès que l'auteur fustigé se vit en liberté,
Dès Chercheurs et curieux
20 Août 1904.
221
222
sans se donner le temps de se rajuster, il
traversa, voiles au vent, une foule de
monde que cette rumeur avait attirée. 11
alla, toujours courant jusque chez lui,
accompagné de huées et de brocards et fut
si honteux de son aventure qu'il partit pour
les îles troisjours après : on n'a point eu de
ses nouvelles.
D'abord, cette anecdote, qui se recom-
mande d'antécédents moyen âgeux, est-
elle authentique ? J'y vois bien figurer,
comme initiatrice du complot, une sémil-
lante actrice, dont l'esprit et la tournure
justifiaient en quelque sorte le nom et qui
était assurément capable d'une vengeance
si particulièrement féminine.
Mais on ne prête qu'aux riches. Si tou-
tefois le fait est vrai, comment s'appelait
la victime ; a t-on conservé sa chanson ,
et son départ pour les îles est-il exact ?
En tout cas, Favart ne souffle mot de
l'aventure dans sa Correspondance.
d'E.
Les archives des loges maçonci-
quesbretonnes. — Auxviii''siècle, ilexis-
tait de nombreuses loges maçonniques.
Nous trouvons ainsi à Brest, « L'Heureuse
rencontre ^, à Nantes « La Parfaite v>, à Ren-
nes « La Parfaite union », à Guingamp
r « Etoile des maçons, » à Quimper « La
Parfaite union » et 1' '^Heureuse maçonne »,
à Saint-Malo « La Triple essence », à Di-
nan la « Fraternité », à Morlaix la « No-
ble amitié >> et 1' « Ecole des mœurs », à
Saint-Brieuc la « Vertu triomphante ».
Ces loges n'existent plus. Où pourrait-
on trouver des documents sur ces loges et
leurs membres, sur leur action dans la
politique de l'époque ? On sait que la Bre-
tagne vit le réel commencement de la
Révolution et que ses députés y jouèrent
d'abord un très grand rôle. Que sont de-
venues les archives de ces loges lors de
leur disparition .? J'ai besoin de ces ren-
seignements pour un travail en prépara-
tion'^sur la Bretagne politique à la fin du
xvin' siècle. An Den.
Sobriété et gourmandise de Na-
poléon I^^ — Arthur Lévy, dans son
livre Napoléon Intime.^ en résumant une
foule de témoignages, écrit (9""= éd,i894,
p. 524) :
Les plaisirs de la table n'existaient pas
pour l'Empereur. Par suite de son invariable
sobriété, les mets plus simples, tels que, suivant
Constant son fameux valet : les œufs au mi-
roir {œufs sur le plat), les haricots en sa-
lade, presque jamais de ragoûts, un peu de
fromage parmesan, arrosés de chambertin
étendu d'eau, étaient ceux qu^il aimait le
mieux ,
Or Carême dit dans un de ses ouvrages
que D.'Cussy, chef de la cuisine impé-
riale, affirme que, après son mariage avec
Marie-Louise, l'Empereur devint très
gourmand, au point que pendant la
campagne de Russie il était suivi d'une
foule de cuisiniers, avec un fourgon plein
de l'argenterie pour 50 couverts, que celle-
ci lut prise par les Russes, fondue et em-
ployée à faire à Saint-Pétersbourg la ba-
lustrade de l'autel de Notre-Dame de
Kazan.
Où est la vérité .? Archestrate.
Le Champ de Mars dans l'his-
toire. — Sous ce titre, M. J. B. de Lam-
bres a publié dans la Liberté du 26 juillet
(1904) un article où se trouve ce pas-
sage :
Depuis l'heure lointaine où Eudes, comte
de Paris, infligea, sur l'emplacement de la
Tour Eiffel et de la Galerie des machines,
une sanglante défaite aux barbares du
Nord, le « Champ de la Victoire » a été
associé aux événements les plus marquants
de notre vie nationale.
Le fait a-t-il été narré par quelques-
uns des historiens iïf/- Paris et, dans l'affir-
mative, quelle est, au jugement des inter-
médiairistes, la créance qu'il convient de
leur accorder ?
NOTHING.
La fête de la Sainte-Barbe. —
J'ai entendu dire par un vieillard ayant
servi dans l'artillerie que, de son temps
(c'est-à-dire sous Louis-Philippe) on ne
fêtait pas la Sainte-Barbe dans son régi-
ment ; il n'y aurait eu qu'une seule fête
pour toute l'armée, c'était la fête du Roi,
le i'"' mai.
Je serais bien aise de savoir si cela est
exact et, dans ce cas, d'être fixé sur la
date approximative à laquelle on a insti-
tué cette fête de la Sainte-Barbe qui de-
vient de plus en plus une occasion offi-
cielle de désordre dans certains corps de
troupe. X,
N" 1049.
L'iNTERMEDîAlRÈ
223
224
Question de droit. —Je serais bien
reconnaissant à mes confrères d'éclairer
mon ignorance au sujet d'un fait qui me
suscite des doutes relativement à l'authen-
ticité du document dans lequel il est relaté.
Il s'agit d'un Belge àtabli en Fiance^
qui aurait divorcé en 1820. Cela est-il
possible ? A.R.
Belem. — Deux villes, l'une en Por-
tugal et l'autre au Brésil, portent le nom
de'^Belem. Y a-t-il entre elles quelque ori-
gine commune ?Q.uelle est la signification
du vocable ? Serait-ce un diminutif de
Bethléem ? Je crois avoir lu jadis que
Vasco de Gama, à la suite d'un vœu et
du succès d'une de ses expéditions, avait
fait bâtir, non loin de Lisbonne, là où se
voit aujourd'hui un couvent d'Hiéronymi-
tes. une église de Notre-Dame de Beth-
léem, mais il me faudrait un renseigne-
ment plus précis. F. BL.
M. Bareilher. — Je lis dans les Dr-
hais du 7 août :
Un riche amateur, M. Bareilher, avait
léo-ué à l'empereur Guillaume II une im-
portante collection de tableaux et de tapis-
series, en désignant toutefois les musées
français auxquels il serait heureux qu'allât
ce précieux héritage, en cas de refus de
l'empereur. Or, l'empereur a refusé, et le
Louvre va recevoir les tableaux de M. Ba-
reilher, et le musée des Gobelins, ses ta-
pisseries.
Q.ui était ce M. Bareilher ? 11 serait cu-
rieux d'avoir d'amples détails" sur son
origine^ sa vie, et de savoir à la suite de
quelles circonstances ou de quelle évolu-
tion d'idées il arriva à cette décision, tout
au moins étrange pour un Français.
E.
Famille Bourkart. — Marie-Anne
Bourkart, mariée à Claude Tupigny, sei-
gneur du Pigny, secrétaire général de la
grande Fauconnerie de France, avait pour
père un officier des gardes du corps de
Louis XIV. Cette famille est sans doute
parisienne, mais comme il y a plusieurs
familles du nom de Bojrkart, il est assez
difficile de retrouver les armoiriesde cette
famille-là. Prière de les indiquer.
A. DE BrIX.
Dailly. — Quels sont les rôles joués
pu repris par Dailly depuis le 14 septem-
bre 1893. — Gorenflot de la Dame de
Monsoreau — (Porte Saint-Martin) jus-
qu'au 18 février 1867. — Oscar du Pom-
pier de service aux Variétés ^. — Ce rôle
fut-il le dernier créé par lui ^ Qiielle est
la date précise de sa mort t (1'' semestre
1897). Où fut-il inhumé .^ H. L.
Damala,mari de Mme SarahBer-
nhardt. — Qiiel était son vrai nom :
Aristide Darall ou Jacques Damala ^ — La
date de sa naissance ? 1854.'' — En Grèce .'^
Avait-il été diplomate ^ Quelle était la
valeur de son mariage en Angleterre .? A
quelle date? 1882.? H. L.
Gatayes (Antoine et Léon). — Dans
son Dictionnaire des artistes publié en
183 I, Gabet dit que le père de Léon Ga-
tayes, le harpiste, ami de Victor Hugo,
était le fils du prince de C***et de la mar-
quise de S***. Peut-on compléter ces indi-
cations t CÉSAR BiROTTEAU.
Famille Holtzin. — Claude-François,
baron de Noël, chevalier, seigneur de Sa-
vonnières, capitaine commandant une
compagnie de dragons, chevalier de Saint-
Louis, épousa Anne-Catherine Holtzin. Je
désirerais avoir des renseignements sur
cette famille Holtzin ; je voudrais connaître
les noms et prénoms des père et mère
d'Anne-Catherine. Cette famille est-elle
noble ou bourgeoise .^ S'ils avaient des
armoiries, prière de les déterminer. Les
de Noël sont du Languedoc, mais fixés en
Champagne. A. de Brix.
Luzarche. — Quelqu'un pourrait-il
donner la bibliographie des œuvres de
Victor Luzarche, membre de la Société de
l'hibtoire de France, qui publia en 1852,
à Tours, le Journal historique de Pierre
Faxct sur les troubles de la Ligue, et dont
l'importante bibliothèque fut vendue par
M. Claudin en 1869.? H. M.
Famille de Pontet. — Je désirerais
savoir les armes de la famille de Pontet,
seigneurs de Perganson, la Croix-Maron,
et Romefurt, convoqués en 1789, à l'as-
semblée de la noblesse de Bordeaux, alliée
aux familles de Larose, Martin de Montsec,
de Furneron, Gauthier de Latouche, de
Pereyra, du Sault, de Bonsol.
Pierre Meller.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1904
225
226
brun
Mme de la Poplinière ou Pou-
pelinière. — Quelle est la véritable or-
thographe ? Quelle était sa mère? M.
Em. Campardon dit : Mimi Dancourt, la
cadette. M. G. Monval : Manon Dancourt,
Taînée. Qui a raison ? H. L.
Famille Fanon Dssbassayns. —
Cette famille, originaire de l'île Bourbon,
a été anoblie sous la Restauration, L'un
de ses membres devint comte de Riche-
mont, et un autre, baron de Montbrun.
Etant dans l'impossibilité de consulter
les nobiliaires de la Restauration, je fais
appel à l'obligeance d'un collègue pour
me dire :
1. Le lieu d'origine, en France, de la
Famille Panon ;
2. Les prénoms, dates, etc. des Panon
Desbassayns, anoblis par Louis XVlil.
L'un des deux fut créé baron le 17 mars
1815;
Leur mère, née Gonneau de Mont-
, était-elle alliée à la famille d'Alexan-
dre de Montbrun, général de brigade,
chevalier de l'Empire, etc. .?,^XLVI1I, 893).
4. Les Panon Desbassyns étaient-ils
alliés au colonel du génie de Richemont,
qui eut la direction des fortifications des
iles de France et Bourbon, vers 1804 ^
D^P.
Iconographie de Catherine
Sforza. — J'ai sous les yeux une grande
pièce d'échecs en ivoire (haut : o™i8),
travail allemand du xvi' siècle qui repré-
sente une four sur laquelle une femme de-
bout relève ses jupes jusqu'au dessus du
nombril et ouvre les jambes. Je ne dissi-
mulerai pas que cette figurine est très, in-
convenante, mais les sculpteurs allemands
de la Renaissance aimaient les détail sprécis.
Quelle est la signification de l'objet ?
Ne serait-ce pas une représentation popu-
laire du geste célèbre attribué à Catherine
Sforza sur la tour de Forli ? En connait-on
d'autres î Candide.
Famille de Sommariva. — On sait
que la comtesse d'Houdetot, à la fin de
sa vie (1810-1813), se lia d'amitié avec
M. de Sommariva, venu d'Italie en France.
11 avait un hôtel à Paris, et un château à
Epinay, dans la vallée de Montmorency. |
Les objets d'art y abondaient. *
Je désire savoir si la famille de ce grand
seigneur italien existe encore.
HiPPOLYTE BUFFENOIR.
Saulnier de Beauregard (Armoi-
ries). — Je désirerais connaître les ar-
moiries de Anne-Nicolas-Charles Saulnier
de Beauregard, né à Joigny (Yonne) le 20
août 1764, et conseiller-clerc au parle-
ment de Paris. 11 fut abbé de la Trappe
de Lulworth (Angleteri-e) en 1814, puis
de Melleray (Loire-Inférieure). Comme
abbé, il ne portait que les armes de son
monastère. St-Saud.
Une phrase à expliquer. — Qie
faut-il entendre par cette phrase trouvée
dans un livre du xv= siècle : La table d'or
offerte au temple du soleil représente la
vierge Marie en l'histoire scolastique .?
L. D.
HerbJère. — On lit couramment dans
les compilations modernes que hcrhicre
est un vieux mot français qui désignait et
qui désigne encore les prostituées des
champs.
Je voudrais bien savoir de quelle épo-
que datent le mot et la chose. Herbière
n'est donné avec ce sens spécial ni par
Godefroy, ni par Duez, ni par Oudin, ni
par Richelet. ni par Leroux, ni par S. de
l'Aulnaye, ni par Liltré, ni par Darmes-
teter.
Dans quel village de France existerait-il
ou aurait-il existé des paysannes faisant
métier de prostitution .? 11 semble que
cette idée soit étrangère à tout ce que
nous savons des mœurs campagnardes.
Langue celtique. — Existe-t-il un
dictionnaire celtique récent, au courant
de la linguistique actuelle, un peu plus
dans le train du jour que celui de Bullot,
point à dédaigner, et celui de Legonidec?
C. P.V.
Domiciles parisiens. — Le petit
Dictionnaire de l'ancien Paris de Fréd.
Lock a fait une assez large part à « l'ha-
bitation des parisiens célèbres ». Y a t-il
dautres ouvrages sur Paris où l'on trouve
a'utant, ou même encore plus d'indica-
tions des domiciles des célébrités ?
CÉSAR B'ROTTE.^U.
N* 1049.
L'INTERMÉDIAIRE
227
228
epon^eô
Louis XVII. Documents inédits
(T. G.. 532; XLIX, 684, 857). —Je
possède dans une bibliothèque un « Jour-
nal politique » publié en russe d'après les
nouvelles de Hambourg (Moscou, impri-
merie de l'Université, chez Ridiger et
ClauJi), dans lequel je relève les infor-
mations suivantes sur Louis XVll :
A'" de Décembre ijp^ pages 54-55 "•
Le jeune fils de Louis XVI et sa sœur se trou-
vent actuellement dans une situation diffé-
rente. Le parti au pouvoir a donné l'ordre de
les traiter avec égards. Le Comité de sûreté
générale a placé auprès du prince trois com-
missaires, hommes éclairés et honnêtes; deux
de ces commissaires sont chargés de son édu-
cation et so 1 instruction ; le troisième doit
avoir soin de son entretien et veiller à ce qu'il
ne manque de rien. Pkisieurs personnes affir-
ment avoir rencontré le prince se promenant
dans les rues en compagnie de ses trois
gardiens.
Cela me parait très vraisemblable. Ce qui
est certain, c'est que cet auguste enfant est
bien traité et a auprès de lui des gens bien
pensants.
iV" de décembre 1^64 pages i ^^- 1 67 :
Le bruit que la contre-révolution faisait de
rapides progrès ayant été répandu partout par
les Jacobins, le Comité de sûreté générale
s'est vu dans la nécessité de modifier sa ma-
nière d'agir surtout en ce qui concerne le fils
dumaliieureuxLouisXVLDanscebut.ilachargé
un de ses membres de déclarer publiquement
que les nouvelles répandues par les journaux
sur les mesures prises en faveur du fils de Capet
sont fausses et dénuées de fondement, et que
le Comité s'est contenté de renforcer la garde
du Temple très affaiblie sous le régime de
Robespierre; que le jeune Capet a actuellement
auprès de lui trois gardiens et qu'il est in-
juste de dire que cette mesure a été prise par
attachement au parti royaliste. Le Comité a
horreur des rois et ignore comment on élève
leurs enfants.
II ressort cependant des faits eux-mêmes
que cette déclaration de .Mathieu n'est que le
fait d'une politique nécessaire. On sait à Paris
que Von na pas séparé les deux enfants de
Louis XVI mais qu'il peuvent se voir ; que
l'on a placé auprès du jeune prince trois per-
sonnes instruites et expérimentées dont l'une
est déléguée chaque jour par les Comités,
Les deux premières qui sont en permanence
auprès de l'enfant sont désignées, pour éviter
les run^eurs, sous le nom de gardiens. Elles se
promènent avec le prince et sont chargées de
son éducation. On lui enseigne l'écriture, le
dessin, la géographie et l'histoire. Auprès de
sa sœur on a placé une dame de compagnie.
La prudence exigeait donc que l'on démentît
les soupçons de vouloir rétablir la dignité
royale. Cela était d'autant plus nécessaire que
le parti au pouvoir était indécis sur le but à
atteindre. Beaucoup de membres étaient dis-
posés en faveur du jeune duc d'Orléans, les
autres tenaient pour le dauphin. De son côté
le parti jacobin s'efforçait d'augmenter ses
partisans en répandant le bruit que l'on vou-
lait rétablir la royauté.
Mars ijç^ ;
Apres avoir parlé des divers partis qui
divisent la Convention, le journal ajoute :
Il existe un parti qui est dévoué au jeune
prisonnier du Temple et voudraitleplacersurle
tiône. Ce parti agit avec la plus grande cir-
conspection, attend les circonstances et tâche
de les faire servir à ses desseins. Il cherche à
éveiller l'intérêt sur le sort du prince en ré-
pandant de nombreuses anecdotes.
Avril lypj :
Les feuilles publiques donnent dei nou-
velles de la situation actuelle du fils de
Louis XVI. 11 est bien traité, mais il mani-
feste une grande indifférence pour tout ce qui
l'entoure et à toutes les questions ne répond
que par oui ou par non. Le « fils du Tem-
ple », comme on le nomme, a beaucoup de
partisans.
Avril ijg^ '.
A en croire des lettres écrites par des parti-
culiers, les désordres survenus à Paris ont
été beaucoup plus sérieux que l'annoncent
les feuilles publiques. Presque chaque jour
la foule se rassemblait devant la prison du
Temple en criant « Vive le roi ». Un jour,
elle demanda avec tant d'insistance qu'on lui
montrât le jeune prince quel'on futobligéde le
faire paraître à une fenêtre. Ce qui prouve
la vérité de ce bruit, c'est le ioin que les répu-
blicains ont mis h l'étouffer.
Avril ijç^ :
Au dire de personnes dignes de foi on
n'aperçoit plus au Temple le malheureux
Louis XVIL Les uns disent qu'il est mort par
suite des agissements de Robespierre, d'autres
affirment qu'il a été enlevé .
Mai ijç^ :
Hier, 30 avril, devant la porte de la salle du
Comité on a foulé aux pieds la cocarde trico-
lore en criant : « Vive Louis XVll ».
Mai /7P5 :
Dans une lettre écrite de Suisst on afiirme
tenir de Charette lui-même que la prix entre
la Convention et la Vendée n'a été conclue
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Août 1904
229
230
I
que conditionnellement et que sa ratification
définitive dépend à'ariicles secrets.
Juin lyg^ ;
Le 9 juin on annonça au Comité la mort de
l'infortuné fils de Louis XVI. 11 était malade
depuis longtemps et dernièrement était atteint
de tumeurs au genou droit et au bras gauche.
11 est mort dans le cachot qu'il occupait au
Temple, le 8 juin à 2 heures de l'aprés-midi.
La mort, en délivrant ce malheureux souve-
rain d'une vie douloureuse accompagnée de
circonstances obscures et inconnues, est un
événement qui amènera de graves événements
et aura des suites sérieuses. Nous laissons au
cœur du lecteur le soin de s'approfondir sur
la destinée de ce prince et de former des con-
jectures sur le contre-coup que sa mort aura
en France et dans les cabinets des différentes
cours.
Lettre de Vienne du l 'yjnin :
Aucun des objets que poursuivait la guerre
entreprise contre la France n'a été atteint. La
paix signée par le roi de Prusse n'a pas abouti
à la restauration delà royauté en France. Un
accord a été conclu avec la République, mais
les orphelins de Louis XVI sont oubliés dans
la tour du Temple.
Juillet lyçy :
On se demande ici 1 Vienne' quelle sera la
conduite de notre cour après la mort du
malheureux Louis XVII. Le décès de ce prince,
fils et héritier présomptif de Louis XVI. a été
annoncé dans les jouinau.x de la cour. On ne
sait rien encore au sujet de la reconnaissance
du nouveau roi Louis XVllI. D'ailleurs cette
reconnaissance dépendra de la conduite de
l'Angleterre et des succès des émigrés qui ont
été débarqués sur les côtes de Bretagne.
Août 7795 :
Les électeurs de Mayence et de Trêves ont
reçu du comte de Provence à Vérone la nou-
velle de la mort au Temple du fils de Louis XVI
et celle de l'avènement au trône de Louis XVllI.
La réponse a causé quelque embarras et est res-
tée secrète.
Août /795 :
Le général Charette annonce que, s'il a re-
pris les armes, c'est que, après a«voir reçu des
délégués du Comité et du général Caudaux
l'assurance que la monarchie serait rétablie
dans six mois, il a appris que Louis XVII était
mort et que sa mort n'était pas naturelle.
Octobre 1795 :
On prétend que la cour de Vienne se déci-
dera bientôt à reconnaître Louis XVII, soit
publiquement, soit parun traité secret.
Novembie i/Ç^ :
Récit de la mort de Louis XVII se ter-
minant par ces mots :
11 résulte de témoignages à peu près cer-
tains que la mort de ce malheureux enfant a
été hâtée par le poison.
Les historiens connaissaient ils ces nou-
velles intéressantes au moins par leur re-
flet de l'opinion ? Tastevin.
Une fille natarelle de Louis XIV
(XLVIII, 6ii). — L'Aniioriul du Comté
de Montfort-l' Aiiianrv (par Maquet et de
Dion) que j"ai eu scus la main, après
rinsertion de cette question, donne des
renseignements à ce sujet. Louise de Mai-
sonblancJje^ nommée ailleurs Louise de
Bourbon-Mai sonblanchc ^ fille non recon-
nue de Louis XIV et d'une femme de
chambre de la reine, fut mariée à Ber-
nard de Près, clievalier,baron de laQiieue,
capitaine de cavalerie, lieutenant du roi
en la province de Flandre (?), dont, d'a-
près l'Etat civil de Montfort-l' Amaury,
elle eut au moins six enfants, nés de 1703
à 1716 (Maquet et Dion p. 127 et 384-
385).
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Le Club breton, les Amis de la
consLitution et les Jacobins (L,49).
— M. J. G. Bord trouvera quelques
notes sur la vie du marquis de Mas-
siac dans le Bulletin héraldique de France,
1890, col. 21 1-2 15 et 280-281. aussi bien
que sur son hôtel situé place des Vic-
toires, je ne connais pas le lieu de sa
naissance, mais sa famille appartenait à
la Normandie.
G. P. Le Lieur d'Avost.
*
* *
M. Bord ne commet-il pas une erreur
en disant que l'hôtel Massiac servit de
lieu de réunion au club des Amis de la
Constitution ? N'abritait-il pas plutôt le
Club de Vhôtel Massiac^ formé en grande
partie de colons de Saint-Domingue, et
appelé aussi Club breton, qui ferma
1794, et dont les riches
conservées aux Archives
NÉRAC.
*
♦ *
Le marquis de Massiac (Claude-Louis)
fut ministre de la marine, du i'"" juin 1758
au 30 octobre de la même année.
Antérieurement, jepuis citer Jacques Gas-
pard, marquis d'Espinchal, seigneur de
Massiac, accusé de meurtres, d'exactions et
de violences sur ^s vassaux, condamné à
ses portes en
archives sont
nationales .?
N' 1049
L'INTERMliOlAIRB
mort, par contumace, L 25 janvier 16Ô6,
aux Grands-jours de Clcrmont. Le lo
août 1678, il obtint des lettres d'aboli-
tion.
Massiac est un chef-lieu de canton dans
le Cantal. E. M.
Le serment des eccîésîiastiques
sous la Révolution (XLIX, 837, 964 ;
L, 123, 188). — Sans cesse et en toute
occasion et expressément dans Vlnstntc-
/?on du 21 janvier 1791, l' Assemblée cons-
tituante affirma et jusqu'au dernier jour
rappela que l'organisation nouvelle du
clergé n affectait anciDienicnt le spirituel.
Ainsi la détermination et la nouvelle
circonscription des paroisses, le rempla-
cement des prêtres et des évèques inser-
mentés, l'élection des constitutionnels,
tout cela était pure réforme d'administra-
tion. Le pape n'avait rien à y voir, car
ces mesures qui s imposaient d'urgence
ne concernaient pas le spirituel. Voilà le
langage de la majorité des Constituants.
Manifestement, on ne s'entendait pas
sur la notion du spirituel. L'Assemblée,
sans le savoir, distinguait entre le pou-
voir d'ordre et le pouvoir de juridiction ;
pour elle, le pouvoir de juridiction ne
faisait pas partie du domaine spirituel.
C'est ainsi qu'on voulait bien consentir à
reconnaître au souverain pontife une pri-
mauté d'honneur, mais on lui refusait en
fait toute primauté de juridiction.
Avec une telle conception de la consti-
tution de l'Eglise, je ne m'étonne pas que
l'Assemblée ait voté la constitution civile
du clergé « cette organisation imaginée à
rencontre de la raison et de la justice >>
comme l'écrivait, en 1888, M. Port,
membre de l'Institut, archiviste de Ni^Àna-
tX-Lo\ïe {Vendée Angevine.^ I, 144).
M. Aulard prétend que le serment or-
donné le 27 novembre 1790 ne compre-
naitpas la constitution civile du clergé. On
sait que le 2 janvier 1791, l'évèque de
Clermont, au nom de toute la députation
ecclésiastique, proposa de prêter le ser-
ment à l'exclusion du spirituel. <.< Dans le
cours du tumulte, dit le Mercure histori-
que et politique, un opinant du côté gau
che a crié que c'était un crime de lèse-
nation de discuter les lois constitution-
nelles. » Apparemment M. Aulard n'est
pas de l'avis de cet *< opinant ». pour qui
la constitution civile 0fx cierge faisait
partie de la constitution générale du
royaume, que les assermentés juraient''-'de
maintenir » de tout leur pouvoir.
F. UZUREAU.
Directeur de VAnjoti Historique.
Une statue de Napoléon I'^ â
Lyon (L, 1 10). — La statue équestre de
Napoléon I'"", s'élevait, à Lyon, au milieu
du square Perrache ; elle constituait, au
surplus, une œuvre d'art des plus sujettes
à la critique. Cette statue a été jetée bas,
au lendemain du 4 septembre, à quelques
jours près, — j'ignore la date précise, par
une populace, que l'absence de toute auto-
rité laissait libre dans ses actions les
plus fantaisistes. Cette même plèbe res-
pecta— on ne sait pourquoi — la statue
de Louis XIV, qui se dresse encore au
centre de la place Bellecour.
Albert Gâte.
*
* * ,
Sans êire en état de répondre à toutes
les questions posées par M. C. B. L, au
sujet de cette statue, je puis dire qu'elle
était, avant la guerre de 1870, sur une
grande place, appelée alors la « place Na-
poléon », aujourd'hui « place Perrache »,
à quelques pas de la gare, que Napo-
léon avait la figure tournée du côté de la ba-
silique de Fourvière, alors que Louis XIV,
dont la statue équestre est sur la place
Bellecour, regarde la Croix-Rousse, —
qu'elle disparut après le 4 septembre, —
que j'ai vu les débris, au moins, du pié-
destal, déposés dans un terrain qui dépen-
dait de la compagnie du chem.in de fer de
P. L. M, derrière une grille, — et qu'elle est,
actuellement, remplacée par une monu-
mentale statue de la République, qui rap-
pelle celle de Paris.
Avant d'édifier en cet endroit la statue
de la République, on avait eu la pensée
d'y élever une fontaine : mais le projet
n'eut pas de'suite, et la fontaine fut cons-
truite sur la place des Jacobins.
On a fait couler beaucoup de Ilots d'en-
cre, au sujet de cette très importante
question: mais cela n'intéresserait que mé-
diocrement les lecteurs de Vlnlerinêdiairc.
L. DE Leiris.
1. Cette statue n*â pas été enlevée offi-
ciellement de l'emplacement qu'elle occu-
pait à Lyon ; du moins elle a été suppri-
m'é's de sOn pîéy^'stal dans l'c nxov-, àt nO»
DES CiiHRCHËUR-S ET
20 Août 1904.
233
234
vembre 1S70. avec Tagrcmcnt ds la nui-
nicipaliîé de l'époque et sur l'ordre du
Comité Révolutionnaire, appelé « Comité
de la Rue Gioslée />, qui dirigeait alors la
ville. Dans ce comité figurait notamment
le citoyen Chepié.
II. Ce n'est pas pendant la nuit qu'elle
a été jetée bas; c'est à l'aide de nombreux
ouvriers et par des opérations successives
faites en plein jour qu'elle a été dessoudée
morceau par morceau, en présence de la
population et de nombreux citoyens, qui
applaudissaient à cet acte de vandalisme,
qu'ils considéraient comme une revanche
politique en haine de l'empire tombé. Ce
travail de dépeçage fut assez long et ne
rencontra pas partout dans la ville de
Lyon des approbateurs On cite même ce
mot, qui fut dit alors dans le langage
lyonnais, quand le travail touchait à sa
fin et qu'il ne restait plus sur le piédes-
tal que les quatre pieds du cheval :
^{. Il y avait là la statue de Napoléon, on
ne voit plus que chcsfieds ».
On faisait ainsi allusion au citoyen
Chepié.
III. Cette statue, œuvre assez médiocre
du statuaire Nieuwerkerke, avait été éri-
gée dans le courant de l'année 1852 sur
la place, appelée alors « PlaceNapoléon»,
en face de la gare de Perrache, et qui
porte actuellement le nom de « place
Perrache ». C'était le produit d'une sous-
cription, organisée par un comité de no-
tabilités Lyonnaises, à la tête duquel se
trouvait le colonel en retraite Duhamel.
A. DE Brix.
* *
Cette statue représentant Napoléon,
arrêté et paraissant adresser une allocu-
tion, s'élevait sur la grand' place plantée,
en avant de la gare de Perrache. C'était
une œuvre correcte, mais médiocre et
sans caractère monumental, une statuette
amplifiée. Le piédestal avait été dessiné,
si je ne me trompe, par l'architecte Quies-
tel, l'auteur de la fontaine de Pradier, à
Nimes. Il me semble qu'on y lisait ces
paroles prononcées par l'empereur dans
un de ses voyages à Lyon, peut-être
quand il y rentra triomphalement le 9
mars 1815: »< Lyonnais je vous aime. »
Des réponses plus complètes et plus
assurées, seront certainement envoyées à
Y Intermédiaire ; elles nous apprendront
dans qu'elles drconstatuc'es a été détruit
un monument qu'aurait dû protéger le
souvenir de ce que Ljon devait à Napo-
léon 1. Mais ma communication a surtout
pour but d'appeler l'attention sur une
minuscule erreur de date rencontrée dans
l'article signé C.B. I. Ce n'est pas, je pen-
se, en 1854 que fut exposée au rond-point
des Champs-Elysées, l'œuvre en bronze
de M. de Nieuwerkerke, mais le 15 août
1852, à la première célébration de la
fête impériale redevenue fête nationale
même avant le rétablissement de l'Em-
pire. H. C. M.
*
* *
Puisqu'on recherche les statues de Na-
poléon I''', plus ou moins cahotées, ne
pourrait-on nous faire savoir les décisions
prises au sujet du Napoléon au petit cha-
peau, de la colonne Vendôme ?
B.
Napoiéoa Bonaparte appelé Ni-
colas (L, 163). — Ce fut en effet une
des plaisanteries des tristes pamphlétaires
de la première restauration. Quant au
nom de Napoléon, je l'ai rencontré au xvi*
siècle, porté par un cardinal Orsini, au-
tant qu'il m'en souvienne. 11 est possible
qu'on l'ait d'abord trouvé singulier, et il
l'est en effet, du moins par sa rareté, car
il est, à tout prendre, d'une belle sonorité
et d'une non moins belle signification
grecque.
En tous cas, je ne crois pas que depuis
plus d'un siècle il se rencontre personne
pour le trouver baroque. H. C. M.
* *
L'ouvrage auquel le collaborateur
A. Dieuaido fait allusion est un pamphlet
et le prénom de Nicolas n'est pas plus
exact que ceux de Jupiter Scapin.
Il est vrai que le général Bonaparte ne
signait pas de son prénom ses lettres offi-
cielles ; cel:i n'avait du reste aucune uti-
lité puisqu'il était le seul général de ce
nom, et en signant Buonaparte puis Bo-
naparte il se conformait à l'usage.
Mais pardevant notaire, il a toujours
signé Napolione Buonaparte, puis Napo-
léon Bonaparte.
Chez M® Raquideau, sa dernière signa-
ture A^^^o/éo/zc Buonaparte est une procu-
ration du i^' frimaire an IX, et sa pre-
mière signature Napoléon Bonaparte est
sur une procuration donnée à MoUien efi
date du 34 vendémiaire an X.
N» 1049,
L'INTERMÉDIAIRE
235
236
Cambronne à "Waterloo (L, ^2.
189). — Il est probable que ni Cambronne
ni ceux qui l'entouraient ne se souvinrent
du mot qui fut prononcé. Fut-il même
pononcé un mot ? Je crois volontiers
qu'on leur fit signe de se rendre et qu'ils
répondirent : Non ! par un geste et par des
coups de fusil.
Les uns marmottèrent non, les autres
m... suivant leur éducation et leurs habi-
tudes.
Je possède des lettres de Cambronne
qui prouvent que dans son langage habi-
tuel : Non = M...e
Ce que pouvons affirmer, mais pas très
sérieusement, c'est que ce général français
né à Nantes, heureusement pour lui, ne
mâchait pas ses mois.
J.-G. Bord.
*
La Revue Universelle a publié, le 15
juillet, un intéressant article de M. Léon
Brunschwig sur Mme Roussin, la fille
adoptive de Cambronne, et sur son mari,
morts tous deux en 1903. Il nous apporte
ce double témoignage :
Quand, à propos de la bataille de Water-
loo, on en arrivait à s'expliquer sur la fa-
meuse phrase : « La garde meurt...» et sur le
mot non moins fameux dans lequel l'histoire
ou la légende s'est plu à embaumer Cam-
bronne, ls\. Roussin n'hésitait pas à décla-
rer que jamais le général ne s'était servi de
semblable expression : il était trop bien élevé
pour cela. Lui objectait-on que le premier
historiographe de Cambronne, Rogeron de La
Vallée, qui écrivait sous l'inspiration et sur
les renseignements de Mme Cambronne, par-
lait comme d'un fait hors de doute de la néga-
tion énergique du général et de ce mot im-
mortel que « tout le monde sait bien, que
nul n'ose ledire », M. Roussin n'en persis-
tait pas moins dans sa conviction. D'après
lui, il ne fallait pas conclure à une sorte de
collaboration entre Mme Cambronne et Ro-
geron de La Vallée, La veuve du général,
d'origine étrangère, parlait incorrectement le
français ; elle était tout à fait incapable de
surveiller une rédaction dans notre langue :
personne n'a certainement prononcé devant
elle le mot dans sa crudité, et quant à de
simples insinuations elle n'a pu les com-
prendre.
Mme Roussin elle-même n'avait connu que
bien longtemps après la moit du général le
terme réaliste qu'on lui attribuait, et ce qu'elle
se plaisait à déclarer comme un hommage
rendu à la vérité, c'est que jamais elle n'a-
vait entendu parler de rien de semblable, pas
même en termes voilés ou par allusion, pen-
dant les longues années qu'elle avait vécu
auprès du général.
Au contraire, ce sont des témoignages
affirmatifs quant au « mot » — et iné-
dits, eux aussi — que nous donne
M. Georges Barrai, l'éminent %< napoléo-
nisant >•», en une curieuse étude, Gam-
betta et Cambronne, dont la première par-
tie a paru dans le Pelit Bleu de Bruxelles
le 26 juin 1904, et dont on attend impa-
tiemment la suite. M. Barrai a reproduit
déjà les paroles de Berryer, qui défendit
Cambronne, et de Debay. qui fit son
buste :
« Cambronne — dit l'avocat — ne m'a ja-
mais nié la formule de sa réponse aux An-
glais, Au contraire, il me l'a confirmée, en
m'expliquant qu'elle ne pouvait être que sol-
datesque, presque monosyllabique, puisque
la finale est muette.. , »
« En travaillant ma terre — dit le sculpteur,
— certes oui, nous avons parlé de Waterloo.
Mais de quoi vouliez-vous donc que nous
parlions! j'ai dit : « Mon général, vous avez
fait une rude réponse à l'Anglais. » Cam-
bronne m'a fait d'un ton bourru et avec hu-
meur : « Laissez ça. Il l'a avalé tout de
même ! »
Et il termine ainsi son premier article :
J'exposerai une autre fois les opinions du
roi Jérôme, du prince Napoléon et du général
Vaillant Elles concordent avec celles de Ber-
ryer et de Debay. Le sujet est scabreux, mais
avouez que ma documentation historique est
inattendue, inattaquable et peu banale ! Je
défendrai aussi la cause du général Michel,
C nique suum.
A moins de supposer que ces déclara-
tions, recueillies en 1862 par Gambetta
et M. Barrai, aient été mal comprises par
ceux-ci ; que Berryer et Debay aient
menti autrefois, ou pour dépasser d'un
bond les limites de l'invraisemblance, que
M. Barrai mente maintenant, on doit
considérer la question comme tranchée.
Il ne me reste qu'à indiquer les conclu-
sions de l'enquête de M. Henri Houssaye
— lequel réunira et discutera bientôt
tous les témoignages sous le titre : La
Garde meurt et ne se rend pas ! Histoire
d'un mot historique :
i" De l'ensemble de ces témoignages, i^
paraît certain que le général dit ou la
« phrase » (la garde meurt et ne se rend pas !)
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1904.
238
ou le « mot », ou encore ceci : « Des
comme nous ne se rendent point ! »
2" Cambronne a toujours nié ënergiquement
avoir prononcé la « phrase », qui semble
avoir été inventée à Paris, quelques jours
après la bataille de Waterloo, par un rédac-
teur du Journal général.
3° Cambronne a nié aussi, bien qu'avec
plus
d'embarras il est vrai, avoir dit le
« mot À. Mais alors qu'on ne s'explique pas
pourquoi il a nié la « phrase » si vraiment
il l'a prononcée, on comprend facilement
qu'il ait nié le «mot », même, s'il l'a dit.
Cambronne, qui avait eu la faiblesse de se
faire nommer vicomte par Louis XVill. et qui
avait épousé une Anglaise, tenait à pobcr
pour un f homme bien élevé ».
4" A Nantes, où est mort Cambroime en
de notoriété publique que,
d'ailleurs pleines de
gens ! Si les ouvrages spéciaux cités par no-
' tre collaborateur n'ont jamais donné à
Bacchus l'épithète de eleiilheros, certains
dictionnaires mythologiques universels
ayant au moins une aussi grande auto-
rité, mentionnent parfaitement ses sur-
noms d'Eîeuthcreitset d' Ele7ilherios (n'ou-
blions pas de mettre le point sur cet /).
Ils nous disent aussi que l'on célébrait en
beaucoup d'endroits des ièXts Dionysiaques
et à Platée des fêtes nommées Bleiithé-
ries. PiETRO,
1843, il était
maigre
ses dénégations
réticences, il avait dit le « mot».
5° En se représentant par la pensJe la scène
du 18 juin 1815 ; en songeant à l'état d'es-
prit où se trouvait Cambronne, à l'exaspéra-
tion que devaient produire sur lui les som-
mations des Anglais, on arrive à juger que
le « mot » était absolument en situation. 11
est psychologiquement vrai. Or. comme Cam-
bronne a dit quelque chose, ce quelque chose
doit être cela.
A. BoghaertVacké.
P. -S. — Au moment où je corrige ces
épreuves, je reçois la dernière série du
Nouveau Larousse illustré. Dans l'article
« Waterloo », il n'est pas même fait allu-
sion au mot de Cambronne. En revanche,
nous avons là un récit fort inattendu de la
bataille, où le rôle de la Garde apparaît
tout à fait transformé, où l'on enseigne que
le prince d'Orange — le futur Guillaume
II — lut tué par les grenadiers français...
Bomarsund (L, 5, 125, 190). — Le
commandant russe était le général Bo-
disco, qui fut emmené prisonnier de guerre
en France. Les journaux illustrés le repré-
sentèrent âgé, débarquant au Havre, sou-
tenu par le bras de sa femme notable-
ment plus jeune. H. C. M.
Saint Denis, évêqde des Gaules,
a-t-il existé? (XLII ; XLllI ; L, 112).—
M. Ch. Sellier est de taille à défendre lui-
même son opinion sur l'authenticité delà
légende de saint Denis, mais si l'on veut
se reporter à sa réponse déjà ancienne, il
ne parait nullement qu'il ait attribué com-
me surnoms à Bacchus ce qui n'était que
des noms de fêtes.
Saint Salve, errr-ite. abbé de
Montreuil-sur-Mer, puis évêque
d'Amiens (XLVIII) — Une notice pu-
bliée par l'abbé Bertin, Saint-Saire à l'épo-
que franqiie et an moyen âge, conclut à
l'identification. V. Annuaire de V Associa-
tioji normande, 70'^ année (1903), p. 265
et s. Une statue du saint évoque, ayant à
ses pieds les trois sacs remplis d'écus, y
est signaL'e dans la chapelle du château
de Trefforêt, à BeaubcC-la-Rosière, can-
ton de Forges. De là, sans doute, est
venue la question posée aux collabora-
teurs de \' Intermédiaire.
QU.SSITOR.
Légendes relatives à saint An-
toine de Padoue (L, 5). — Le Rév.
Alban Butler, dans son ouvrage T}:e Lives
of the Faîhers, Martyrs and oîher Princi-
pal Saints, Philadelphie, 1822, cite non
comme une légende, mais comme un fait,
le perpétuel miracle de la langue de
saint Antoine de Padoue.
11 raconte, en effet, que trente-deux ans
aorès la mort du saint, ses restes furent
transportés à Padoue. On constata alors
que la chair avait disparu, sauf la langue
qui était rouge et aussi fraîche que du-
rant la vie du saint. Saint Bonaventure
prit la relique dans ses mains, l'arrosa de
ses larmes et la baisa avec grande dévo-
tion. L'auteur ajoute que la langue est
conservée encore (1822) dans l'église des
Franciscains, à Padoue.
Le père de saint Antoine, Alartin de
BuUones, avait été officier dans l'armée
du roi Alphonse 1, du Portugal ; mais
rien n'indique que son fils eût été autre
chose qu'un religieux canonisé un an
après sa mort. D"" P.
N' JO/j'»,
L'INTERMÉDIAIRE
359
240
Saint Baronte (L, m). — Saint |
Cyran en Brenne ou Lonrey. Sancfus
Sigiranuus in Brenva^ Monasteriitni sancti
Sigirani in Biionia^ Longoretian. Abbaye
du diocèse de Bourges, ordre de saint
Benoit, fondée au vu* siècle dans le
Berry ; unie à lévêché de Nevers. Au-
jourd'hui commune de Saint-Michel, can-
ton de Mézières, arrondissement du
Blanc (Indre). Cf. Gallia christiana, II.
13 I, et Catherinot, Sanctuaires dn Berry.
Armoiries : D'a^^iir. à deux crosses
d'or^ adossées et passées en sautoir et un
pal de gueules, brochant sur le tout^^ctjargc
d'une mitre d'argent. A. S., e.
Villages Mayeux et Cave (XLIX,
948). — Ainsi pris à partie et en termes
trop flatteurs, je répondrai à M. Albert
Gâte en le renvoyant à la page 27 de ma
monographie historique de Clichy-la-
Garenne ( 1 903). Il y lira le texte de la dé-
libération municipale de cette commune,
mentionnant, à la date du 24 août 1857,
parmi les nouvelles agglomérations for-
mées sur le territoire de Clichy : « Le
village Mayeux à l'angle des routes de la
Révolte et d'Asnières... et le village Gavé
au bord de la Seine, près de Courcelles ».
Ces deux écarts devaient évidemment
leur dénomination aux premiers proprié-
taires qui avaient bâti. Ils furent incor-
porés à la commune de Levallois-Per-
ret, formée par la loi du 30 juin 1866,
avec des territoires provenant de Neuilly
et de Clichy. La ligne de démarcation
entre Clichy et Levallois fut faite par les
voies du chemin de fer de l'Ouest. Il n'y
a pas de rue Mayeux à Levallois, mais il
y a une rue Gavé, allant de la rue Gide à
la Seine ; le tramv/ay Madeleine-Leval-
lois la parcourt et y a son terminus.
Fernand Bournon.
Porte Bannier à Orléans (XLIX,
57, 213, 291, 929). — Je crois de plus
en plus que ce mot de « Bannier » a, non
pas seulement une origine locale, propre
à Orléans, mais un sens général.
Témoin la petite découverte que je
viens de faire, par hasard, à Courbevoie,
d'une « Impasse Banier » qui doit être
cousine germaine de la rue Bannier d'Or-
léans et avoir, comme elle, le sens de
hanal qui se disait aussi jadis : banier ou
bannier. Hector Hogier.
Familles de Bourdaloae et de
Rocheciîouart-Ghandenier (L, 55).
— Il n'y a qu'une branche de la famille
Bourdaloue qui prit la particule celle de la
Noue : cette branche s'éteignit en la per-
sonne de Marie de Bourdaloue, mariée le
22 février i666, à M'* Charles le Fuzel-
lier, chevalier, seigneur de Cormeray et
morte sans enfants le 21 mai 1729, après
avoir institué pour légataires universels
les Gassot de Rochefort.
La branche du prédicateur prit fin à la
mort de sa sœur, Anne Bourdaloue, et se
fondit dans la maison de Chamillart.
Un autre rameau qui a encore actuelle-
ment des représentants et que nous
n'avions pu relier en 1900 (Etude généa-
logique sur les Bourdaloue), s'est détaché,
au commencement du xvii^ siècle, de la
grande branche de Mehun qui, elle-
même, sortait de la souche principale de
Vierzon.
De sorte qu'on peut affirmer aujour-
d'hui que tous les membres de cette fa-
mille en Berry ont la même origine. La
bifurcation des branches de Mehun et de
Vierzon ne dut pas se produire avant la
fin du xv' siècle. Tausserat,
Le général comte de Rochechouart,
dont les petits-fils existent, appartenait à
une branche sortie de celle de Chandenier
ou Champdeniers.il a écrit, en deux volu-
mes, l'histoire de sa famille. M.d'Arnal
pourra y recourir. Oroel.
Portraits de Mme de Chabrillan
(L, 114). — L'Intermédiaire du ■^o juillet
1904 porte, en réponse à la question,
après rénumération des différents por-
traits de « Mogador », l'alinéa sui-
vant :
Bu tête des Mémoires est un joli por-
trait d'elle gravé d'après un dâssin de ThO'
mas Couture.
je possède l'édition originale des
.Adieux au Monde. Mémoires de Céleste
Mogador. Paris. 7^5^, ^ vol. in-8°.
Le portrait dont il s'agit n'y figure pas
et n'y a, que je sache, jamais figuré.
Quelque obligeant correspondant de
Vlnternicdiaire pourrait-il compléter la
note ci-dessus en indiquant dans quelle
édition des dits mémoires se trouve le
DES CHHRCHBURS HT >..UR1EUX
20 Août 1904
241
242
portrait en question, et s'il est possible
de se le procurer.
Outre l'édition originale précitée, im-
primée à Fontainebleau, chczjacquin, et
qui fut saisie par la police impériale, j'en
connais trois autres :
Berlin. — 18 y ^ — 9 vol in- 18 ;
Paris — Librairie N"^ /i'5(S', 4vol.in-i2.
Paris — id i8^ç,4\o\.\n-i2.
Aucune de ces éditions ne fait mention
d'un portrait.
S'agirait-il d'un portrait ajouté par
quelque amateur à Tune des éditions 'i
L'abonné H. C. d.
L'édition ornée d'un poi trait est celle de
la Librairie nouvelle, 1876, en 2 v.
Maurice-Jules-Louis Clarion dô
Beauvais (Beauval) (XLVII, 168,351,
416, 916). — J'ai eu pour camarade de
classe à Stanislas et pour voisin à la 4^
compagnie, à Saint-Cyr, Maurice de Beau-
val. Entré à l'Ecole en 1877, il en est
sorti sous lieutenant au 3c/ régiment
d'infanterie à Rouen, le i"" octobre 1879.
Il a fait toute sa carrière à ce régiment,
sauf de courtes fugues à je ne sais plus
quels régiments, au moment de sa nomi-
nation aux grades de lieutenant, puis de
capitaine.
Ainsi que le dit mon ami de Massas,
c'était le garçon le plus charmant et le
plus modeste ; toujours gai, toujours ser-
viable, adoré de tous. Tous ceux qui l'ont
connu en ont conservé le meilleur sou-
venir.
Pour les renseignements de famille, le
marquis de Beauchesne ne peut mieux
faire que de s'adresser à madame de Beau-
val, sa veuve, au Houlme (Seine-Infé-
rieure) ou à monsieur de Beauval, son
frère, ancien directeur de la succursale de
la Banque de France de Beauvais. demeu-
rant à Neuilly (Seine). L. A,
Clircbamp (XLIX, 838 ; L, 29). —
On lit au catalogue du libraire, L. Clouzot
rNiort, Deux-Sèvres), dernier n'^) :
4536. Documents manuscrits (27 novembre
164c). — Extrait du Registre des Cent Mino-
ritay que son Eminence Grand Maistre (de l'or-
dre de Maltej, a pouvoir de donner en vertu
du brief donné par nostre Saint- Père, le 18 de
novembre 1639
Le 27 novembre 1640, son Eminence le grand
Maître, accorde à M. Bellotte une grâce de
minorité pour noble Louis d'Amours, fils de
noble Gabriel d'Amours et de Damoyselle
Anne d'Anniau, pour estre reçu au rang de
frère chevalier au prieuré de France.
Pièce papier (o'°29xo°'2i) signée. 16 fr,
4^56 bis Documents manuscrits. (2^ juin
1641). Reçu du trésorier de l'ordre de Malte,
du montant des droits payés pour l'exemp-
tion de minorité, accordée .à Louis d- Amours .
— Mention de frère Louis de Clinchamp .
Belle pièce papier, en Italien (o"'29Xq°'2 1).
Signature de : Fra, Ottaviano Bandindli.
10 fr.
Emilie Contât (XLIX, 220, 361,588,
866,979; L, 85, 133). — M"= Louise
Abbema descend en effet de Louise Con-
tât,par la grand'mère de son père,Louise-
AmalriqueBathilde-Isidore, fille de Louise
Contât, et de Louis-Marie-Jacques-Amal-
ric de Narbonne.
A l'époque oij le Gaulois publia la lettre
de Mlle Abbema, X Intermédiaire repro-
duisait (XVII. 122) une lettre de Louise
Contât. Cette lettre est fausse ou mal lue
et mal datée.
En effet, en tête, elle est datée du 17
septembre 1793, et, à la fin, du i" sans-
culotte de l'an II.
Or le i^'' sans-culotte de l'an II est le 17
septembre 1794, et non le 17 septembre
1793. Du reste, en septembre 1793,1e
calendrier révolutionnaire n'était pas en-
core en vigueur.
La lettre contient une seconde erreur
plus grave : en la supposant authentique,
il faut lire 17 septembre 1794. A cette
époque, Louise Contât ne pouvait deman-
der la mise en liberté des Girondins, guil-
lotinés le 30 octobre 1793. Il s'agit pro-
bablement des frères Girardin, arrêtés à
Sézanne et qui ne furent mis en liberté
qu'après le 9 thermidor. Louise Contât
avait mis en effet au monde, le 12 août
1793 à Chaillot.un fils de Girardin : Ama-
bie-Ours-Louis-Alexandre, qui mourut le
20 juin 186^. à Sainl-Germain-en-Laye,
général de brigade. gouverneur du château
de Saint-Germain. J-"G. Bord.
*
II est certain que Louise Contât n'eût
pu jamais passer pour révolutionnaire.
En 1790, lors de la grande querelle sus-
citée à la Comédie- Française par le
Charles IX de Marie Joseph Chénier et les
réclamations de Talma, Mlle Contât fai-
No 1049.
L'INTERMEDIAIRE
243
244
sait partie de la droite de la Comé-
die, tandis que la gauche était repré-
sentée précisément par Talma, Duga-
zon, Mme Vestris et quelques autres. Et
quand cette querelle devmt violente,
Mlle Contât et Aille Raucourt refusèrent
de continuer leur service avec Talma, et
la première le fit connaître par une lettre
adressée à ses camarades, lettre que Fleury
vint lire un soir devant le public et qui
était ainsi conçue :
Paris, 31 octobre ijgo.
Messieurs et chers camarades,
J'ignore ce qui s'est passé à votre théâtre,
mais la lettre que je reçois, en m'annonçant
une nouvelle preuve de l'indulgence du pu-
blic, excite eu moi la plus vive sensibilité;
ses bontés seront long-tems l'objet de mes
vœux, et seront toujours celui de ma respec-
tueuse reconnaissance. Les motifs qui m'ont
forcée à renoncer au bonheur de lui consa-
crer mes faibles talens sont connus et subsis-
tent : ils ne prennent pas leur source, ainsi
qu'on l'a calomnieusement supposé, dans un
esprit de parti, mais bien dans une impé-
rieuse nécessité. 11 est des sentimens avec les-
quels on ne compose pas : tels sont ceux qui
m'ont fait, au mois de juillet dernier, signer,
après vous, une délibération qui vous parut
alors indispeusable et juste, et que depuis
vous avez rendue publique. Les nouveaux
chagrins qui vous ont été suscités par M. Tal-
ma ne peuvent me paraître un motif pour re-
venir sur cette résoluiion, pour consentir à
le regarder jamais comme mon associé,
comme mon catnarade. Son existence à la
Comédie-Française compromet toutes les au-
tres ; ses volontés nuisent à l'intérêt général ;
ses amis troublent le repos public, calomnient
les actions, les pensées, et sont enfin parvenus,
à l'époque de la liberté, à faire traiter les co-
médiens comme de vils et malheureux escla-
ves, à ravir à leur société le droit qu'on ne
peut disputera nulle autre, celui de se régir
d'après ses règlemens, et pour son plus grand
avantage.
L'idée d'un pareil asservissement ne peut,
je crois, s'allier aux moyens nécessaires pour
cultiver un art moral . du moins éprouvé-je,
pour ma part, qu'il détruit cette liberté d'es-
prit indispensable à son exercice. Les motifs
ci-dessus détaillés sont ceux de ma retraite ;
en l'imputant à M. Talmn, je ne prétends
appeler contre lui aucun ressentiment ; mais
je dois au public, qui m'a comblée de ses
bontés, qui m'adonne des marques précieuses
de son intérêt, je lui dois le soin de me dis-
culper d'une ingratitude qui me rendrait cou-
pable à mes propres yeux. Veuillez bien,
Messieurs, être près de lui les interprètes de
mon profond respect, de mes vifs et durables
regrets. Vous ne pourrez jamais lui peindre
qu'imparfaitement la reconnaissance dont je
serai pénétrée jusqu'au dernier jour.
Je suis etc.
Contât,
Cependant les choses s'arrangèrent...
pour le moment, Talma se réconcilia avec
ses camarades, et Mlles Contât et Rau-
court consentirent à reparaître à la Co-
médie. Mais la paix fut de peu de durée,
et l'on sait que les choses s'envenimèrent
à ce point qu'une scission finit par se
produire, et que Talma, avec ceux de
son bord, s'en alla au théâtre de la rue
de Richelieu, qui n'allait pas tarder à de-
venir le « Théâtre de la République, » et
qui faisait une concurrence directe à la
Comédie, devenue elle-même le *< Théâ-
tre de la Nation. » On sait aussi qu'en
1793. à la suite des représentations ora-
geuses de Paméla. la fameuse comédie de
François de Neufchàteau, et de celles de
y Ami des lois, de Lava, les artistes du
Théâtre de la Nation, depuis longtemps
en butte à la haine des Jacobins, furent
arrêtés en masse et incarcérés, en atten-
dant leur jugement. Louis Contât et sa
sœur Emilie subirent, naturellement, le
sort de leurs camarades, et ne furent dé-
livrées que par le Neuf-Thermidor. Or, à
cette époque, quelques misérables ou im-
béciles ne craignirent pas d'oser dire que
Talma était l'auteur de la proscription de
ses anciens camarades, et qu'elle était due
à son esprit de vengeance en même temps
qu'au désir qu'il avait de supprimer toute
rivalité et toute concurrence au théâtre de
la République, dont il était le plus solide
soutien. C'était une infamie en même
temps qu'une calomnie, mais, comme
toutes les calomnies, celle-ci avait la vie
dure, si bien que Louise Contât crut de-
voir elle-même en disculper Talma par
cette lettre rendue publique :
A Paris, ce 3 germinal, l'an 3* de la Répu-
blique.
[Mars 1795].
Ce fut à l'époque même de notre persécu-
tion que je reçus de Talma et de sa femme
(que je ne voyois plus depuis long-tems) des
marques d'un véritable intérêt. Je les jugeai
si peu équivoques qu'elles firent disparaître
les légers nuages de nos anciennes divisions,
et nous rapprochèrent. Je m'empresse de ren-
dre cet hommage à la vérité. Puisse-t-il dé-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
!o Août
245
246
1094.
I
truire une inculpation que je ne savois pas
même exister !
Je ne concevrai jamais qu'un artiste spécule
froidement sur la ruine des autres, et je pense
que Talma n'étoit pas alors plus disposé à pro-
fiter de nos dépouilles que nous ne ferions au-
jourd'hui à bénéficier des siennes. Je àisnotfs,
sans avoir consulté mes camarades, mais je le
dis avec la certitude de n'en être pas désa-
vouée.
Louise Contât.
On voit que Mlle Louise Abbéma avait
raison de protester contre le rôle qu'on a
prétendu faire jouer pendant la Terreur
à sa glorieuse bisaïeule. Je connaissais la
lettre de Mlle Abbéma, et je l'avais soi-
gneusement classée dans mes notes comme
un document utile. Mais, si elle veut bien
me le permettre, je compléterai ici le
couplet de Louise Contât, dont elle n'a
donné que la seconde moitié et qui com-
portait huit vers. On assure que la cé-
lèbre comédienne l'écrivit dans sa prison,
quelques jours avant le Neuf Thermidor,
et qu'elle se déclarait prête à le chanter
sur la charrette qui devait la conduire à
l'échafaud.Le voici en entier :
Je vais monter sur l'échafaud,
Ce n'est que changer de théâtre.
Vous pouvez, citoyen bourreau,
M'assassiner, mais non m'abattre.
Ainsi finit la Royauté,
La valeur, la grâce enfantine...
Le niveau de l'égalité,
C'esUe fer de la guillotine.
Arthur Pougin.
La mort de Paul-Louis Courier
(T. G., 244). — Le Magasin pittoresque,
dans son n*^ du 15 juin 1904, publie un
article sur La Charonnicre, maison du
bourg de Véretz, habitée par Paul-Louis
au moment de sa mort. L'auteur rapporte
la conversation qu'il a eue avec des habi-
tants aux souvenirs desquels il a fait appel.
A l'un, on a toujours répété que « M"'°
Courier fut l'instigatrice du guet-apens
où son mari a été tué. Mais aussi, ajoute-
t-il, comme cette mort rendait service au
gouvernement, il se peut qu'il y ait eu sa
part ». Un autre tient de son grand-père,
qui était le coiffeur de la famille Courier
« plusieurs dictons sur l'assassinat. Pour
les uns, c'est sa femme, qui le haïssait, qui
s'en est débarrassée : pour d'autres, c'est
le gouvernement ; enfin, il y a eu dans
tout çà, parait-il^ un jésuite de Tours qui
manigançait on ne sait trop quoi. C'est du
moins le bruit du pays >>.
Le mystère a-t-il chance d'être éclairci .^
J. Lt.
L'ingénieur Daudet (T. G., 262;
L. 115). — Voir Intermédiaire^ XV,
389,443, 500, 532. '< Le chevalier Dau-
det, ingénieur géographe ».
A. S.. E,
Mademoiselle de Fontaines (L,
115). — Je ne connais qu'une comtesse
de Fontaines, fille du marquis de Givry,
commandant de Metz. C'était une femme
de lettres auteur du roman La comtesse de
Savoie (Voltaire, Epître II, 1713,1, X édi-
tion Garnier, 1877). Elle est morte le 8
septembre 1730.3 70 ans. 1 lie était veuve
de Nicolas de Fontaines maréchal de
camp. Le poète Vergier (1655-1720) avait
dédié sa fable Les Gorgones (œuvres de
Vergier, Londres, Cazin 1780, 3 vol. p.
in-i2, t. I, p. (55) aux demoiselles de Gi-
vry. Plus récemment, la fable Les deux
Rivales (t. I, p. 84) était destinée à Mme
et à Mlle de Fontaines II composa encore
pour Mme de Fontaines deux petits vaude-
villes (t. I, p. 225 et 226).
J'ignore si madame de Fontaines dont
je viens de parler, était de la même
famille que la prieure du couvent du
Carmel de la rue Saint-Jacques, dont
Cousin parle avec détail dans La jetinesse
de madame Je Longneville.
E. M.
Familles de Guyenne, Gasco-
gne et Languedoc : Armoiries
(XLIX, 504, 645 ; L, 2ô, 135). — Scor-
biac : Ce que je puis affirmer à M. le vi-
comte de Bonald, c'est que j'ai connu,
dans l'armée pontificale, un volontaire,
originaire de Montauban, qui portait le
nom de Delbreil de Scorbiac.
A. S.. E.
La bosse de Victor Hugo (T. G.,
389). — La question se pose à nouveau
dans les colonnes de la Libre Parole^du 1 1
août 1904. Dans un alerte article signé
Billey, on cite Henri Heine :
En un mot, tout, chez lui, est barbarie
baroque, dissonance criante et horrible diffor"
mité. Quelqu'un a dit du génie de Victor
Hugo : c'est un beau bossu. Ce mot est plus
N" 1049
LMNTERMBDIAIRE
247
248
celui
un homme gratifié d'une
profond que ne le suppose peut-être
qui l'a inventé .
Le chroniqueur complète cette exclama-
tion en racontant ce que Henri Heine
s'était flatté d'apprendre de Renduel tou-
chant cette particularité :
Henri Heine '•aconta comment, se trou-
vant en France, il avoua certaiii jour à Eugène
Renduel, éditeur de Victor Hugo, son
étonnement — étant donné l'opinion qu'il
s'était faite du poète, — de ne pas avoir
trouvé en lui
bosse.
— Oui, murmura par distraction M. Ren-
duel. On ne voit pas sa difiormité.
— Comment ! il n'en est donc pas tout à
fait exempt ?
— Non, pas tout à fait, réponditM. Renduel
avec embarras.
Henri Heine, vous le pensez bien, ne se
tint paspour satisfait d'une pareille réponse.
Il insista et finit par apprendre de M. Ren-
duel lui-même qu'un beau matin notre édi-
teur avait surpris Victor Hugo au moment
où il changeait de chemise et qu'alors il
avait remarqué un vice de conformation
dans Tune de ses hanches, la droite, qui
avançait un peu trop, comme chez les per-
sonnes dont le peuple a l'habitude de dire
qu'elles ont une bosse, sans qu'on sache où.
Le peuple, dans sa naïveté sagace nomme ces
gens des bossus manques, de faux bossus,
de même qu'il appelle les albinos des nè-
gres blancs.
A la question déjà posée dans nos co
lonnes il y a vingt ans — et qu'on nous
demande de poser à nouveau, il n'a pas été
fait de réponse. On s'en est tiré par un
trait d'esprit que nous demandons la per-
mission de reproduire (XVIII, 290) :
Est-il bien vrai que Hugo soit bossu ?
l*ar deux écrivains on l'a su.
Deux écrivains connus dans la critique
Heine et Charles l'ont dit : ça parait sans réplique
Cependant maintes et maintes fois
Pour constater ce défaut d'harmonie
J'ai regardé son dos et pour ma part je crois
Qu'il a tout simplement la bosso du génie.
C'est une boutade : ce n'est pas une
réponse : les indiscrets. paraît-iL ne s'en
contentent pas.
Le Noir, lieutenant cTe la police
(XLVII ; XLVIII). — A citer le portrait
in-folio de Le Noir par Courteille, gravé
en manière de crayon, et à la sanguine,
avec la devise suivante due à Vigée :
Magistrat éclairé, bienfaisant, équitable,
Le crime à son aspect demeure confondu; morino. Après la guerre, il revint en
Mais si son œil actif veille sur le coupable,
11 veille aussi sur la vertu.
Sus,
Famille de la Marinière et le Ma-
rinier (XL, =56, 196). — Je possède un
fragment de la filiation des Le Marinier
de Canv d'Âiippegaid, de Saint-Mars, etc.
pendant le xvi« et le xvii^ siècle, aussi
bien que quelques notes isolées sur des
personnages de cette famille qui était en-
core représentée en 1748. L'on trouve
aussi N. le Marinier de la Jonquière, qui
fut convoqué aux assemblées électorales
de la noblesse du bailliage de Neufchàtel,
en 1789; mais je ne sais pas s'il était issu
de la même souche. Si le Rév. Ed'win
Marriner le désire, je lui communiquerai
mes notes.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Malgaigne (XLIX. 783, 919 ; L, 87).
— En 18Ô2, l'illustre chirurgien Malgaigne
professait encore à l'école de Paris, avec
un brio particulier qui donnait à son
cours une caractéristique spéciale très
goûtée de ses nombreux auditeurs ; tout
en parlant, il allait et venait, son « bon-
net grec » enfoncé jusqu'aux oreilles, de-
vant la table de démonstrations encom-
brée d'instruments, d'appareils, de plan-
ches « Firmin » trouvera dans plusieurs
dictionnaires biographiques modernes, les
renseignements dont il a besofh sur Mal-
gaigne et son œuvre.
L'insurrection polonaise de 1830-31,
suscita en France un mouvement géné-
reux, qui se manifesta, en particulier, très
intense parmi le monde médical jeune ;
beaucoup de médecins, au sortir de l'école,
partirent pour la Pologne ; je n'en cite-
rai que deux : i" Bellangé, qui a long-
temps exercé dans les environs de Paris ;
il sut faire sortir son nom de l'obscurité
en prenant une part très active aux vives
discussions relatives à l'hydrophobie. qu'il
offrit, dans le temps, à l'académie de mé-
decine, de se faire inoculer. 2° Félix Puray
né à Clermont-Ferrand, fils d'un officier
de gendarmerie ; nature ardente et géné-
reuse, lui aussi alla en Pologne ; son intré-
pidité dans un incendie et différents com-
bats lui valut la « croix d'or du mérite
militaire >» que lui décerna le Gouverne-
ment, sur la proposition du général Ra-
DES CHERCHIîURS ET CURIEUX
20 Août 1904 .
249
!50
France, traversant toute l'Europe sur un v famille du marquis de Sieyès, qui, ainsi
_j3f.".^ j- r.-! j j_ ._^ c^ -- ' • - 1- j:* „'„ _: J„ „,
affût de canon, par un froid de 17°, Sa
santé, déjà ébranlée par la guerre, ne put
résister à cette dernière épreuve ; il ren-
tra épuisé dans sa famille, et s'y éteignit
peu après. Je suis convaincu qu'il y a eu
d'autres praticiens, rien que pour le Puy-
de-Dôme, qui partirent aussi ; mais les
années ont fait disparaître, en même temps
que ces héros, les documents indispensa-
ble pour faire revivre leur mémoire.
D'H.
Un portrait de liiiipiimeui' J.-J.
Marcel (L, 166). — Je possède un por-
trait de toute rareté, de Jean-Joseph Mar-
cel, dont il sagit. Il a été peint par
Dutertre, en 1834, lithographie par A. C.
in-4°, de profil, et m'avait été donné par
sa veuve. Il fait partie de nia collection,
unique en son genre', de personnages nés à
Paris, d'environ 5.000 portraits, qui m.é-
riterait de n'être jamais dispersée et qui a
demandé 10 années à recueillir avec pa-
tience. AmBROISE T.A.RDIEU.
Prononciation du nom àa Mon-
taigne (L, 166). — Sainte-Beuve pro-
nonçait Montagne, comme Champagne,
qui s'écrivait aussi avec un i (Philippe de
Champaigne). C'est le même cas, et la
prononciation naturelle est évidemment
Montagne, Champagne, Espagne (citée en
exemple par M. H. M.), etc. J. T.
*
* *
Voir Dictionnaire des proverbes français
publié à Amsterdam, chez P. Walsîcin, en
1751.
Je copie textuellement : « Prelater.
Prendre l'air grave et majestueux d'un
prélat ; Montagne s' tst servi de ce terme »
Si en 1751 on pouvait imprimer Monta-
gne pour Montaigne, c'est qu'évidemment
la prononciation laissait l'i de côté.
Littré donne ainsi l'étymologie du verbe
réfléchi « se prélasser »>.
La formation régulière serait celle de
Montaigne : se prelater, mais elle n'est pas
usitée. Doctus cu.vi i.ibro.
Sieyès. Ortliograplie de ce r/oni,
sa prononciation (T. G.. 839 ;
XLVil). — Le D^ B. nous dit qu'il a eu
pour camarade de collège de Sieyès, qui
se prononçait com.me liesse. Il s'agirait,
probablement, ici, d'un membre de la
que ce dernier le dit, n'a rien de commun
avec celle du célèbre abbé. Le rapproche-
ment établi par le D"" B. n'a donc de valeur
que pour confirmation de la prononciation
du nom de?^ de Sieyès, avec la particule.
En ce qui me concerne, j'ai été cama-
rade de collège, à Vaugirard.de M. Sieyès,
arrière-neveu du consul de ce nom, le
même, vraisemblablement, qui est mort
chef d'escadrons de cavalerie. Nous l'apr
pelions Séyès.
Notre érudit collègue, M. Germain
Bapst, qui, autant qu'il m'en souvient,
fut aussi son camarade de classe, pour-
rait peut-être historiquement et par sou-
venir personnel, élucider définitivement
ce point de controverse. L. A.
Fàmillri Pandevani de Sully (L,
166). — Il doit y avoir là une erreur
orthographique et il faut lire sans doute
Pandevant ou plutôt Pandevan, je crois.
La famille'Pandevan a été très honorable-
ment connue à Sully-sur-Loire (Loiret),
Le père, notaire à Sully, est mort, il y
a quelques années ; le fils, Pierre Pande-
van, ancien sous-préfet à Montargis, est
actuellement receveur particulier des
finances à Gien ( Loiret).
C'est lui qui pourrait le mieux donner
des renseignements sur sa famille. W.
Le comte de Tilly (XLIX, 217, 306,
419). — Le chevalier Jacques de Tilly,
garde du corps du roi, dans la compagnie
de Villeroy, épousa, le 22 mai 1760, au
Mans, en l'église de Saint-Pierre-le-Réitéré,
Anne Suzanne-Madeleine Le Bourdais de
Chamillé, fille de François-Louis Le Bour-
dais de Chamillé, conseiller au siège pré-^
sidial du Mans, et de Suzanne Esnault
d'Asseiines.
Son fils, Jacques-Pierre de Tilly, naquit
au Mans, paroisse du Crucifix, le 7 août
1761. Sa mère mourut neuf jours après et
fut inhumée, le 17 août, dans l'église de
Saint-Pierre-le-Réitéré.
Voici ce que dit dans ses Mémoires sur
i ces Tillv, le chanoine de la Marconillère,
au 3 avril 1785 :
« Madame de Ch.^ssilly a un petit-fils
qu'on appelle M. de Tilly, âgé de 24 ans,
qui est un fou. lequel a déjà été enfermé
pour dettes et l'est encore ; il va en sor-
tir
N* 1049
L'INTKRMEDIAIRB
251
2Î2
« Son père, iM. de Tilly, qui est veuf, et
est sénéchal de Beaumont-le-Vicomte,
dont il a mérité d'être chassé, ne vaut
pas mieux que lui et encore moins ».
Mémoires de René-Pierre Nepveu de la
Marconi Hère, publiés par l'abbé G. Es-
nault. Le Mans. Pellechat, éditeur, 1878,
2 volumes in-8",tome II, page 113.
Armoiries à déterminer : d'or à
3 roseaux de sinople (L, 168). —
Cet ex-libris est celui de Ruau du Tron-
chet (Bordeaux).
S.^FFROY.
Ecusson à déterminer (L, 118), —
Il me semble que c'est dans la famille
Bret OU le Bret, originaire du Beauvois et
par conséquent de l'évêché d'Autun, qu'il
faille chercher le propriétaire de ces ar-
moiries. On trouve dans \' Armoriai géné-
ral de 1696 :
1* Jean-Baptiste Bret, procureur au par-
lement de Dijon : d'azur, à la fasce bastil-
lée, accompagnée en chef de deux étoiles et
en pointe d'un croissant, le tout d'or.
20 Louis le Bret, notaire et procureur au
bailliage de Beaune : d'a\iir, à la fasce
d'or, accompagnée en chef d'une rose du
même entre deux étoiles d'argent, et en
pointe d'une aigle essorante du second.
La combinaison de ces pièces et meu-
bles par un membre de cette famille, a pu
donner naissance à l'écusson demandé.
^ P. LEj.
Singulières armoiries papales(L.
168). — Ces« \ioXs{vnlgo cruchesj» portent
en héraldique, le nom de pignates. Les
armoiries du pape Innocent XII, de la fa-
mille princière de Pignatelli, au ro3aume
de Naples, sont rf'or, à trois pignates de
sable, les deux du chef affrontés. Armes
parlantes.
En italien ^/"^-M^f/o, n. m. signifie pot ;
pignatta, n. f. cruche. A. S., e.
Quos vult perdere Jupiter de-
mentat(T. G., 745 ; XLIX, 564, 707 ;
L, 147). — On est parvenu, en déplaçant
les mots, à faire un vers iambique de ces
paroles.
Mais le vers n'y est-il pas dans cet
ordre même, si l'on redouble simplement
ja consonne p dejuppiter, rendant ainsi la
syllabe longue, licence que se permet-
taient les latins ?
Chez nos érudits, qu'en croit-on .?
C. P.V.
Conversation du P. Canaye et du
maréchal dHocquincourt (XLl; L,
200). — le l'avais, moi aussi, toujours crue
de Saint-Evremond, et le fait est qu'elle lui
est attribuée dans toutes les éditions de ses
œuvres qui m'ont passé par les mains :
celles de Des Maizeaux, de Techener, de
Merlet et de Gidel.
Aussi n'est-ce pas sans surprise que je
lus, un jour, dans la Séimc de Meilhan de
M. de Lescure, (Poulet-Malassis, 1862, p.
169, en note), le passage suivant :
La charmante Conversation du P. Cunaye
et du maréchal d'Hocquincourt, est de M.
de Charleval ; et le président de Ris, son
parent, ne l'avouait pas, parce qu'il n'était
pas convenable, disait-il, à un homme de
condition d'être auteur.,.
En poursuivant, à ce sujet, mes recherches,
je trouvai, dans le « Siècle de Louis XIV,de
V0ltaire3.au chapitre les « Ecrivainsfrançais»
la même opinion, qui fut, vraisemblable-
ment, le point de départ de la note de
Sénac de Meilhan.
« La fameuse Conversation du maréchal
d'Hocquincourt et du P. Canaye, imprimée
dans les œuvres de Saint-Evremont,dit Vol-
taire, est de Charleval. jusqu'à la petite dis-
sertation sur le jansénisme et le molinisme,
que Saint-Evremond y a ajoutée. Le style de
cette fin est très différent de celui du com-
mencement... »
(Ed. Beuchot, t. iq, p. 79).
L'auteur de l'art. Charleval, dans la
Biooraphiegcnérale du D"- Hœfer, (t. 9, col.
938) est du même sentiment.
En revanche, Vapereau (Dictionnaire
ïuiiversel des Htt é rat mes, SiU moi Charleval
p. 433), est d'un avis contraire, et déclare
nettement que c'est à tort que la conver-
sation dont il s'agit a été attribuée à Char-
leval.
On ne sait ainsi à qui entendre, et,
quoiqu'il ne soit pas question de gram-
mairiens, c'est le cas de répéter : « Adhuc
sub judice lis est ».
L. DE Leiris..
* ♦
C'est par erreur que j'ai donné ce
fameux dialogue à Charleval, aussi ai-je
rectifié cette attribution dans le t. III
de ma Bibliographie des recueils coUec-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1904 .
253
254
tits de poésies (qui paraîtra à la fin de
cette année, 1904). en le rendant, d'après
M. Charles Giraud, à Saint-Evremond.
Lach.
Recueil de Corona (L, 170). —Je
crois avoir donné à peu près tout ce qu'on
sait sur Corona et son œuvre dans une
étude publiée jadis à la Nouvelle Revue ^ et
reproduit à la tin de mon livre Nnplcs con-
temporaine. Du moins tout ce que l'on sa-
vait il y a douze ou quinze ans.
Marcellin Pellet.
Chanson de Nadaud : « les Deux
Gendarmes » (XXXVll ; XLIX, 996, L,
90, 144). — Voici un extrait qui me
parait résoudre la question de la rencon-
tre du chansonnier avec Napoléon 111.
En 1854, \t Musée des Familles, recueil
alors très estimé, publia, sous la rubri-
que L'art et les artistes contemporains. Gus-
iave-Nadaud, — une étude signée Pitre-
Chevalier, dans laquelle je copie les deux
citations suivantes.
Après avoir, page 87, reproduit la
chanson de Pandore, l'auteur ajoute :
Vous riez, ami lecteur ? Q_ue serait-ce donc
si vous entendiez Nadaud chanter ces cou-
plets avec sa verve, sa bonhomie, sa malice,
ses hésitations et ses poses, son chic troupier
et son accent alsacien. C'est littéralement à
se tordre les côtes. L'Empereur lui-même a
perdu son inébranlable sang-froid en écoutant
Pandore l'hiver dernier, chez la princesse
Mathilde.
Et plus loin :
Lorsque, s'élevant de la romance à la par-
tition, Nadaud créa, l'an dernier, l'opéra de
salon, par le petit chef-d'œuvre du Docteur
Vieux Temps la princesse Mathilde fit
une surprise vraiment royale à l'auteur. Elle
réclama sa pièce et sa troupe pour un petit
comité -- et ce petit comité se composa de
l'Empereur, de la Cour, des ministres, de
toutes les grandeurs et de toutes les beau-
tés du jour. Nadaud gagna cette ba-
taille d'Austerlitz avec l'arme qui est son
infaillible talisman, avec sa simplicité char-
mante et son inaltérable modestie. C'est là
que Pandore triompha de l'impassibilité na-
poléonienne, — et qu'un illustre général
s'écria en l'applaudissant : — Pourquoi in-
terdire cette chanson dans les concerts? Moi,
je la mettrais à l'ordre du jour de l'armée,
comme haute leçon d'obéissance passive 1 —
Excellent général !
Je viens de parcourir les numéros pos-
térieurs du Musée des Familles.^ ainsi que
des revues et journaux de cette époque
lointaine et je n'ai lu nulle part que Na-
daud ait jamais protesté contre les affir-
mations topiques de Pitre-Chevalier.
A. S .E.
Mémoires de Sanson et Mémoires
des Sanson (T. G., 820). — Puisque
V Intermédiaire nous donne les épitaphes
des Sanson, pourrait-il nous dire quels
sont les auteurs qui collaborèrent aux A/^-
;;7o/r^5 du bourreau, publiés par Dupray
de la Maherie ? Eco .
La question a été posée, tomes V, VI, XV,
et n'a pas été résolue.
Dans son livre La Guillotine pendant la
révolution (Perrin, 1893), M. G. Lenôtre
a consacré, chap. 111, une étude à ces Mé-
moires.
Ceux de 1829, attribués à Sanson, en
réalité de Lhéritier (de Caeny, spécula-
tion de libraire à laquelle Balzac prit part,
pour certains chapitres et l'introduction.
Sept générations d'exécuteurs, parus en
1863, furent une entreprise de Dupray de
la Maherie, imprimeur. L'idée du livré
appartiendrait à un nommé d'Olbreuse,
qui écrivit les trois ou quatre premiers
chapitres. Sanson, qui reçut pour sa parti-
cipation 30.000 francs, ne prêta aucun
concours sérieux et ne donna aucun docu-
ment : il se borna à fournir une généalo-
gie des Sanson réputée suspecte.
Voilà donc, dit M. Lenôtre, nos biogra-
phes rejetés en plein roman. Il leur fallut
trouver le romancier. Celui-ci exigea une
somme assez forte pour prix de son imagina-
tion, et encore mit-il à son concours cette
condition qu'il n'écrirait pas le sixième vo-
lume. Ce sixième volume devait contenir les
faits et gestes du dernier des Sanson et notre
écrivain ne se souciait guère d'être obligé d'en-
trer en relations directes avec l'ancien bour-
reau. Après trois mois de pourparlers, on finit
par s'entendre. Le romancier livra le « ma-
nuscrit de Charles-Henry Sanson ».
Mais si M. Lenôtre ajoute que ce ro-
mancier reçut 12.590 fr., il ne le nomme
pas. Est-ce discrétion ? ou l'ignore-t-il ?
Y.
Quatremère d'Isjouvaletles arai-
gnées (L, 4, 155). — L'aranéologie a
1 déjà fait l'objet d'une communication à
N«
10 49
L'iNTERMHLiiAlKE
■-)~>
256
Vlntcftnédiûne en iSBî, sous le titre: Les
Avàignces et la coiiquclc de la Hollande.
Sus.
Editeurs ignorés (L, i \). — Ma-
dame Adam a publié la traduction du
roman anglais « As in a looking glass >"
(Comme dans un miroir) par F.C. Philips
dans la Noirvi'llc Revue et en voUmie.
A. DE DOERR,
Réponse à retrouver de George
Sand (XLVIII, 616). — Venant enfin de
découvrir le mot de cette énigme, je ré-
ponds moi-même à ma question.
Il ne s'agit ni à." Elle et Lui., ni de
Malgrctoiti, mais bien de l'Autre^ ia
pièce de George Sand représentée à l'O-
déon le 215 février 1870. Dans la Préface
de l'ouvrage, l'auteur protesta contre
certaines interprétations dont son œu-
vre avait été l'objet. Datée du 5 mars
1870, cette préface parut d'abord dans
VEiitr'acte du 8, où Mme Arnould Plessy,
— certainement abonnée à ce journal des
théâtres, — dut la lire aussitôt, et écrire
le jour même à George Sand le billet dont
nous avons donné un extrait dans notre
question. SPŒLBERCH-L0VE?<iJ0UL.
XTne phrase imprudente do Re-
nan (XLIX, 9t5 ; L, 89). — La réponse
donnée dans le n° du 20 juillet est
parfaitement exacte au fond, mais un peu
incomplète.
Permettez-moi de vous donner le texte
même de la phrase incriminée, tel qu'il
se trouve dans le discours prononcé au
Collège de France, par Ernest Renan, le
21 février 1862. (Voir Mr langes d'histoire
et (le voyages.^ p. 18).
Au milieu de l'énorme fermentation
où la nation juive se trouva plongée sous les
derniers Asmonéens, l'événement moral le
plus extraordinaire dont l'histoire ait gardé le
souvenir, se passa en Galilée. Un homme
incomparable — si grand que, bien qu'ici tout
doive être jugé au point de vue de la Science
positive, je ne voudrais pas contredire ceux
qui, frappés du caractère exceptionnel de son
œuvre, l'appellent Dieu, — opéra une réforme
du judaïsme, réforme si profonde, si indivi-
duelle, que ce fut, à vrai dire, une création
de toutes pièces.. . .
Là phrase dont il s'agit commence à
Un /fùmuie incoviparabde. j'ai donné ce qui
p'r'^è'de p*d\ir plus db clarté. Ch. Rr.
Un roman d'Rugèao ï^ue (L, 116,
199). — Ce doit être Arahian Godolbbin.
Rosa Bonheur a trouvé dans ce livre un
sujet de tableau : un combat de deux pur
sang que j'ai s'u dans son attelier à By.
Ego,
j'ai lu autrefois ce roman dont le nom,
si mes souvenirs sont exacts, serait
Arabian Godolphin. et il s'agit bien de
l'histoire romanesque du célèbre étalon
Godolphin, considéré comme le père de
la race chevaline anglaise.
* *
|e me permets de faire remarquera M.}.
Brivois que dans le titre donné par lui, il
doit être fait une réunion de trois nou-
velles distinctes ; il faudrait donc rempla-
cer les virgules par des points.
H. CM.
*
Le titre de ce roman est : Deleytar, et
Q.x\ soi\s-W\.v<i : Arahian Godolphin., Kar-
diki.
L'édition que j'ai sous les yeux (format
dit Cazin) a été donnée à Paris en 1846,
par Paulin, 60 rue Richelieu, Dans l'édi-
tion des œuvres complètes d'Eugène Sue, ce
même ouvrage comprendrait deux volu-
mes in-S".
Il contient l'histoire dramatique et in-
téressante du célèbrecheval, appelé Scham,
connu plus tard sous le nom d'Arabian
Godolphin, l'un des huit chevaux barbes
envoyés en hommage au roi Louis XV,
par le bey de Tunis en 1751. Cet étalon,
retrouvé à Paris, à demi-assomme par
un brutal charretier, fut recueilli dans le
haras de lord Godolphin, et y devînt la
souche de la race anglaise des chevaux
de course. Cz.
Bacbaumont, pseudonyme (L,
1 16). — Gérard a laissé aussi des romans,
écrits en collaboration avec Léon Duche-
min, Rolande entre autres, où il y a du
talent et de la vie, c'est un livre à clef. Il
avait fondé la Nouvelle Revue de Paris.
Ego.
Une cote (XLIX, 56). -~ Ma requête à
propos de Valpy est restée sans réponse ;
faut-il conclure que le Clasu'cal Journal hy
A.-Jolin Valpy (1810-1829) ne se ren-
contre pas dans les collections publiques
de Paris ?TQirelle laïTlini? re'grettabTe . . . La
DÈS CHlillCliEURS I-ï CURIBUX
20 Août 1^)0 i
257
258 -
question semble donc relever de l'entente
cordiale, et c'est en toute confiance que je
la soumets à M. d'Estournelle de Cons-
tans. JACQ.UES Saintix.
Savovard, Savoisien, Savoyen
(XLIX, 90 ; L, 97, 177). — L'ins-
pecteur de l'Académie de Chambéry,
M. de Haillecourt, demanda en 1870,
à l'Académie de Savoie de quel nom il con-
viait d'appeler les populations de la Savoie ?
M. L. Pillet, rapporteur de la commission
(composée de MM. de Jussieu, Guilland
et Pillet). se basant sur l'ancienne disser-
Selon liii, les Savoyards étaient les mon-
treurs de singes, d'oilrs de marniottes, les
joueurs de cornemuse, etc. Ainsi, ce fut
pour n'être pas assimilé à de si petites
gens que Claude de Buttet créa ce mot
SAVOISIEN, îfiot plus prétentieux que
grammatical^ car malgré l'usage établi
par de Buttet, l'habitant de la Savoie doit.
grammaticalement, s'appeler SAVOYARD,
répétant en cela l'avis de fvlillin.
Le mot Savoyen ou Savoien, lui, parait
avoir tout autant de valeur que celui de
Savoyard
Guiraud, Michelet, Paul de Kock. Hovc-
tation de M Raymond, sur l'autorité de i lacque, Amédée Achard, Francis Wey et
Froissart, de Marot, de Joseph de Maistre, les écrivains suisses TopfiTer, Hornung,
du Président Favre, du Dictionnaire de
l'Académie française (1843), sur les actes
officiels émanés du gouvernement fran-
çais et même du gouvernement sarde, des
historiens modernes Thiers et Henri Mar-
tin, etc, conclut à la conservation du ter-
me SAVOISIEN, déjà adopté en 1829.
M. Pillet reconnaît toutefois que le
vocable Savoyards, été également préféré
par des hommes d'un grand savoir :
H. Costa de Beauregard, Léon Menabrea
et d'autres, qui ont vu peut-être dans cette
forme populaire un cachet d'autonomie.
On peut remarquer aussi que, malgré
la prédilection de l'Académie de Savoie
pour SAVOISIEN, quelques membres se
sont servis du terme SAVOYARD dans
leurs discours de réception (MM. Ch. Buet,
l'abbé Morand, par exemple) et dans leurs
ouvrages.
M. de Pastoret, dans ses ouvrages d'une
fantaisie assez particulière, se sert du ter-
me Savoyards, mais pour désigner les
habitants du département des Hautes-Al-
pes.
M André Theuriet, qui a habité long-
temps la Savoie et qui La beaucoup chan-
tée, a parlé du grand étonnement d'une
dame qui, voyageant en Savoie, se plai-
gnait de n'avoir pu y rencontrer un seul
Petit Savoyard.
Claude Genoux fait observer que les Sa-
voyards jouissaientdéjàd'une grande répu-
tation de probité au xvi* siècle et que
beaucoup d'étrangers, bohémiens de tous
les pays, pour se faire un titre de recom-
mandation, prirent la qualification de
Savoyard ; ce que voyant. Marc Claude
de Buttet crut devoir changer le mot
SA\'r)YARD, pb-wr eduî de èAWISlEN
j I
Gaullieur, etc, nous appelaient 6'rtvt>ria';j5.
Le baron Raverat, qui a parfaitement
étudié la Savoie, sous tous les rapports,
qui a surtout fort bien apprécié les qualités
et les défauts de nofre caractère national,
préfère le nom de SAVOYARD, par opposi-
tion à Savoisien et à Savoien, parce qu'il
rappelle l'honneur et la bravoure, la pro-
bité, l'amour du travail, les mâles vertus
domestiques, etc.
Le Di" Bouvier, dans une réunion de
botanistes savoyards et autres, insistait sur
le mot SAVOYARD ;
Quelle sottise de se qualifier de Savoisien !
11 me semble entendre un Aionsictir., parlant
de son épouse^ on un paysan de ses demoi-
selles .
Soyons ce que nous sommes. On peut être
Savoyard et en être fier, etc, etc.
M. H. Semmig, ancien professeur à
Chambéry, sans parler de ses préférences
comme nom, fait bonne justice de la lé-
gende des ramoneurs et des marmottes et
il renvoie, comme sources, au Cantal et
aux Basses-Alpes, ajoutant :<.< Lé Français
« voyage difficilement. Comment se con-
« vaincrait-il de ses erreurs '■ v^
Raoul Bravard, dans son livre : Ces
Savoyards.^ répond aux allégations de la
presse, en général, etdeM.Texier en par-
ticulier.Qiioique disanttoujours Savoyard.,
il se sert, en passant, de l'expression Sa-
voisien :
C'est ma propre cause que je défends :
ie suis un peu Savoisien et beaucoup Auver-
gnat. Nos cliers confrères de la presse ont
peu ménage noire pays : je ne les accuse
pas d'intentions malveillantes; cette manie
d'abaisser un peuple n'est pas nouvelle,
elle €5t ordinairement le propre des éci'i~
vains ^ui rédigent leurs impYe»'ai(Dns de
N" 1049
L'INTERMEDIAIRE
259
260
voyage dans leur cabinet de travail. . .
Quant aux ramoneurs, j'en suis vraiment
désolé pour M. Texier, mais la Savoie fait
venir ses ramoneurs de l'Auvergne et je les
revendique.
Le marquis A. Costa de Beauregard dit
de préférence SAVOYARD. Cependant,
dans son discours de réception à l'Acadé-
mie de Savoie, il parle « des livres sortis
des premières presses savoisienncs » ; mais
ne serait-ce pas par condescendance pour
la docte compagnie qui a adopté cette
dénomination à deux reprises (1829 et
1870).^
Dans l'Introduction de l'un de ses ou-
vrages sur Charles-Albert, il nous dit :
Chez nous, au service du prince, le
franc-parler a toujours égalé le dévoue-
ment. Comme Montluc, avec son roi Hen-
ri IV, le c. sur la selle, on était Compa-
gnons.
Et cela aduré 800 ans,où le SAVOYARD
a rudement besogné, qu'il eût une vérité à
dire ou un coup d'épée à recevoir.
M. Hervé, lui répondant à l'Académie
française, en 1897, rappelle que Claude
Favre de Vaugelas n'était pas né Français,
mais qu'il Tétait devenu et qu'il put donc
occuper, dès la fondation de cette Acadé-
mie, un des quarante fauteuils établis par
le cardinal de Richelieu. Personne, ajou-
te-t-il, ne connaissait les finesses de la
langue française mieux que ce SA-
VOYARD.
Après les finesses de la langue fran-
çaise, voyons un peu celles des Diction-
naires :
Le Dictionnaire de l'Académie (1843)
donne :
SAVOISIEN. Habitant de la Savoie,
qui appartient à la Savoie ou à ses habi-
tants.
SAVOYARD. De même, et, à la suite :
Savoyard se dit, par extension, des petits
ramoneurs. Savoyard se dit, au figuré,
d'un homme mal élevé. En général, quand
on parle des habitants de la Savoie, on
dit m\t\x\ Savoisien.
SAVOYEN. (Vieux langage) ; il s'estdit
pour Savoyard ou Savoisien. Je parlerai
d'un gentilhomme Savoyen (Saint-Etien-
ne).
La 7° édition (1878) du même Diction-
naire a supprimé le mot SAVOYEN et à
la définition ordinaire de SAVOYARD,
elle ajoute : *< On dit plus ordinairement
« SAVOISIEN. On a adopté cette dernière
« dénomination parce que SAVOYARD se
« prend, dans un langage très familier,
« pour homme grossier : Oest un Savoyard,
un vrai Savoyard, quclSavovardl »
Le Dictionnaire de Littré :
SAVOYARD, i" Habitant de la Savoie.
— Il fut résolu dans une assemblée de
plus de 3.000 hommes tous armés qu'on
ne les appellerait plusSAVOYARDS,mais
SAVOISIENS (Vaugelas).
2" — Il se dit populairement d'un hom-
me grossier: C'est un Savoyard.
30 _ SAVOYARDE, sur le canal de
Lunel, petite barque chargée de fumier.
SAVOISIEN. Qiii appartient à la Savoie.
« Si le Soleil luit le jour delà Chandeleur,
Fours rentre pour 40 jours dans sa tan-
nière, dit un proverbe Savoisien. » — Les
Savoisiens, les habitants de la Savoie.
— Etymologie : Mot assez mal fait de
Savoie, pour éviter Savoyard qui déplaît
aux gens du pays. Bonivard disait mieux
Savoyen.
Le Dictionnaire de Larousse :
SAVOYARD. Définition ordinaire, puis
Ex : Un Savoyard, les mœurs savoyar-
des. — Il se pourrait à toute force que le
goût des Savoyards ne fût pas celui des
Parisiens. (Voltaire). Près de trente mille
Savoyards émigrent, etc.
— Par extension : Fumiste, ramoneur;
la Savoie fournissant un grand nombre
d'hommes et d'enfants qui exercent cet
état.
— Par dénigrement : Personne sale ou
mal élevée : Quel Savoyard ! Tu manges
comme une Savoyarde.
— Technologie : Contre-poids suspen-
du à l'une des extrémités du rouleau sur
lequel est monté le poil des velours fri-
sés et des velours coupés. — Barque sur
le canal de Lunel (comme Littré).
SAVOISIEN. Habitant, etc. — Les Sa-
voisiens, la population Savoisienne. Les
habitants de Genève chassèrent les Sa-
voisiens. (Voltaire). On dit aussi Savo-
yaid. Mais à cette dernière forme est atta-
ché aujourd'hui un sens de dénigrement
qui lui fait préférer la première.
[On remarquera que Voltaire emploie
les deux vocables.]
Les Dictionnaires de Boiste et de Na-
poléon Landais donnent des définitions
qui se répètent :
SAVOISIEN diffère de Savoyard qui ne
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1904*
261
262
se dit que des enfants venus de ce pays.
SAVOYARD. Etyinol. : Sabandus, de
Savoie, (terme de mépris) : homme sale,
grossier et brutal.
Et encore, voyons aussi les finesses des
Dictionnaires étrangers. Le Dictionnaire
dlemand français de Mozin - Peschier
(Stuttgart, 1863. tome IV. Geographisches
yeiieicJmiss, p. 1388) accompagne le
mot Savoisien de la mention - ironique
— (entre parenthèses), c'est-à-dire tout an
rebours des dictionnaires français, qui attri-
buent cette mention au mot Savoyard.
J'avoue qu'à cette constatation, à cette
/évélation, survenue au cours de cette
étude, j'ai posé le livre et, pour ce que le
rire est le propre de l'homme.^ je me suis hâté
d'en rire., ne pouvant en pleurer : SA-
VOYARD, ironique sur la rive gauche,
SAVOISIEN, ironique sur la rive droite
du Rhin. Où est la vérité .? J'avais donc
raison de dire au début de ce travail qu'il
était une petite tour de Bibel.
Pour être complet, je dirai que les An-
glais nous appellent SAVOYARD ; les
Allemands SAVOIER et SAVOYARD ; les
Italiens, SAVOYARDO ; et autrefois Sa-
voiano., Savoino et même Savoïncho. Délia
Chiesa a dit aussi Saviardo ; les Espa-
gnols : SABOYANO ; avec la mention,
au figuré : grosero, piierco, brutal que ca-
rece de toda iiea de civili^acion, que je
laisse à dessein dans la langue de Cervan-
tes. Et cependant les Espagnols conser-
vent 'încore le souvenir de la Saboyana
(Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, pre-
mière femme de Philippe V).
CONCLUSION. — SAVOYEN serait
le mot rationnel, d'après la philologie et
la grammaire, mais il est archaïque, su-
ranné. Il a été peu employé. On peut dou-
ter de son emploi futur.
SAVOISIEN. En dehors des exceptions
de convention ou de tolérance d'usage,
on peut dire que le mot Savoisien est au-
jourd'hui prétentieux, le plus souvent
accompagné d'un air de condescendance
protectrice, de commisération familière,
d'indulgence banale, comique ou déplai-
sant. C est le mot du Monsieur, avec sa
dame et ses demoiselles, dont parle le
D"" Bouvier. C'est le mot de Joseph Pru-
dhomme, de Jérôme Paturot, de Gaudis-
sart, du parvenu. C'est le mot de l'Admi-
nistration française, style Louis-Philippe
ou second Empire, spencer ou crinoline^
dont les suppôts demandaient una buona
caméra^ dans la Savoie de 1860.
M. Pascalein a dit très justement :
« SAVOISIEN est employé par beaucoup
de personnes auxquelles le mot SAVO-
YARD n'agrée point. Elles n'appartiennent
pas toutes à la Savoie, ni, comme on pour
rait le croire, aux classesélevées de la
société, du moins aujourd' hui. »
Les mots, comme les choses, ont leur
temps. Malgré la consécration de l'Aca-
démie de Savoie, en 1829 et en 1870, je
crois que le vocable SAVOISIEN a fait
son temps.
SAVOYARD est le terme populaire
dans le bon sens du mot. 11 est national,
mâle, historique, et il rappelle tout ce
qui a fait mériter à notre nation l'estime
et la considération dont elle jouit, dans
le monde éclairé.
Les Savoyards ont, les premiers, écrit
le français avec quelque netteté (CL de
Seyssel) ; ils ont introduit l'imprimerie
en France (G. Fichet) ; ils ont fondé la pre-
mière Académie trente ans avant l'Acadé-
mie française (Académie Florimontane
(1606), saint François de Sales et le pré-
sident Favre) ; ils ont donné à la langue
française son premier législateur (Vauge-
las) ; ils ont créé la chimie avec Berthollet ;
la médecine légale avec Fodéré ; la méde-
cine aliéniste moderne avec Daquin ; ^ ils
peuvent revendiquer, comme originaire,
le créateur de la géométrie descriptive et
le principal fondateur de l'Ecole poly-
technique (Monge). Le cadastre auquel
travaillait J.-J. Rousseau, et le premier
essai de timbres-poste (1818) viennent
du régime sarde. Les tunnels du Mont-
Cenis et du Saint-Gothard ont été percés
par des Savoyards : Sommeiller et Favre
(ce dernier originsire).
Je ne parle que des esprits créateurs et
des choses nouvelles et je renvoie à l'ou-
vrage de Jules-Philippe, où l'on trouvera
une liste de noms comme aucune province
de France ne peut en montrer : saint Ber-
nard de Menthon, saint François de Sales,
le cardinal de Brogny, le cardinal Gerdil,
le prince Eugène de Savoie, Saint-Réal,
Duas,les de Maistre,Tochon,les Michaud,
les astronomes Bouvard et NicoUet, quinze
généraux de la Révolution et de l'Empire,
et toute une légion de savants, de littéra-
teurs et d'esprits supérieurs.
N' 10494
L'INTERMÉDIAIRE
263
264
Ce petit peuple, si intellectuel^ comme
le disait déjà Lamartine, le chantre de ses
lacs ; ce petit peuple, un des premiers
pour l'instruction et qui a rempli le monde
d'éducateurs ; ce petit peuple, dis je, en
dehors de toute suceptibilité ridicule,
peut bien choisir le nom qui lui paraît le
plus convenable, en faisant litière des
préjugés ignorants, de la jactance et de
la gouaillerie des grandes nations^ des
vieilleries ressassées et des définitions
surannées.
L'auteur d'Un Homme J'autrefois, au-
jourd'hui membre de l'Académie française
(le marquis A. Costa de Beauregard) pour-
rait bien aviser et faire introduire, dans
telle définition que j'ai citée, la mention
autrefois.
Le mot SAVOYARD est sorti de la bou-
che et de la plume d'hommes de haute
valeur. Avec tout le respect dû aux idées
adverses, c'est celui que je choisis. Les
Sabaudisanis, comme je l'ai dit, seront
de mon avis, je l'espère.
}e m'excuse d'avoir été trop prolixe. Le
sujet, pour être complet, exige des détails,
des développements et peut-être de la
bibliographie.
Pour la bibliographie, je dois me borner
aux citations des auteurs ayant écrit des
articles spéciaux sur le sujet, ou cités pouf
renvois.
RAYMOND (G. M.) Quelques remarques
sur les mots Savoisien et Savoyard.
(Journal de Savoie, 3" Année, 20 février
1818 ; Mém. de l'Acad. de Savoie, IV.
1830, p. 256-274.)
P1LLET(L.) Savoisien, Savoyard, Sa-
voyen. Rapport sur l'emploi de ces mots
(Mém, de l'Acad. de Savoie, 2= Série,
Xll, 1872, p. CLll).
PASCALEIN (E). Des mots Savoy en,
Savoisien et Savoyard. Annecy. 1888.
broch. S\
SAINT-GENIS (V. de) Pourquoi il faut
rejeter les mots de Savoyard et de Savoi-
sien, pour écrire Savoyen ; in. Histoire
de Savoie par V. de St-Genis. Chambéry.
1868. 3 vol. in-i2 (tome 1, p. 69 et tome
III, Documents N» 134).
PHILIPPE (J.) Les Gloires de la Savoie.
Paris, Annecy et Chambéry, 1863. 8°,
RAVERAT (Baron Achille) Savoie et
Haute-Savoie Lyon, 1872.2 vol. 8°. (Haute-
Savoie, p. 34). Sabaudus.
Pour conduire les Français, il
faut avoir une main de fer recou-
verte d'un gant de velours (XLVIII ;
XLlX,252.37ij. — Au diner qui lut donné,
je crois, le 30 avril 1814, aux souverains
alliés réunis à Compiègne, dans le but
de faire accepter une Constitution à
Louis XVIII, Bernadotte, qui se trouvait
parmi les convives, aurait parlé des
Français comme du peuple qui, avec le
mot de liberté toujours à la bouche, se
pliait le plus facilement au pouvoir
absolu
« Faites-vous craindre, sire, aurait-il
dit à Louis XVIII, et ils vous aimeront ;
ayez une main de fer dans un gant de
velours ».
Charles X a donc justement attribué le
mot à Bernadotte.
Cet incident du dîner de Compiègne
est cité dans Y Histoire de la Restauration
par F.-P. Lubis, tome 1, p. 307. Paris,
1837. Félix Locquin, imprimeur.
D^P.
Autel à chanter (XLVIII ; XLIX,
258, 701, 876). — L'indiscrétion consis-
tera à encombrer par d'inutiles redites les
colonnes de notre cher Intermédiaire.
L'erreur dans laquelle est tombé M. G.
La Brèche (il me semblait le lui avoir
assez explicitement indiqué) tient à ce qu'il
s'obstine à prendre le mot chanter dans le
sens restreint qu'on lui donnerait aujour-
d'hui et que ne comportait pas son accep-
tion liturgique. En veut-il une nouvelle
preuve ^ Recourons à un auteur d'une
indiscutable ccmpétence,le cardinal Bona :
« Rathéiius évêque de Vérone, — écrit dans
sa lettre synodale à ses prêtres : « Qu'aucun
de vous ne chante la messe étant seul. » Or,
chanter la messe, dans la manière de parler
des anciens ^signifie aussi célébrer sans chant
et sans appareil. Ainsi s'expriment les abbés
de Cluny dans leurs règlements écrits il y a plus
de six cents ans et édités dans le Spicilège:
«Les prêtres peuvent sans permission chanter
des messes privées ». Le livre des usages de
Citcaux, composé il y a plus de cinq cents ans,
s'exprime de même : « Pendant toute l'année,
les Frères peuvent chanter la messe en parti-
culier pendant le temps de la leçon et aprè
l'oblation de la messe commune», c*est-à-dir
après l'offertoire de la messe conventuelle. E
265
ÔES CHERCHEURS ET CURIEUX
266
20 Août 1904
plus bas : « Ceux qui chantent des messes
privées et ceux qui leur répondent doivent
baisser leur voix pour ne pas troubler les
autres », De la liturgie, trad. Labry, Paris,
1854, t, I, p. 206-207.
Ces messes solitaires, dites par le prêtre
seul, sans ministre pour répondre et sans
assistant, ou ces messes privées célébrées
dans une église monastique pendant la
haute messe conventuelle, n'étaient évi-
demment autres que des messes basses.
M. G. L. B. devra en convenir.
J'ai, d'ailleurs, le plaisir de constater
qu"il a déjà abandonné sa première posi-
tion. Selon ses théories (XLVIII, 814) ces
mots « autel à chanter » s'appliquaient
exclusivement à l'autel principal ou maî-
tre-autel d'une église. Depuis (XLIX,
877), il en est arrivé à reconnaître qu'on
appelait aussi de ce nom les nombreux
autels des chapelles de confréries, mais,
malgré cet amendement, il est encore
loin de la vérité.
« Chanter » se disant autrefois de toutes
les messes sans exception, son composé
« autel à chanter », dans les anciens textes,
servait à désigner tout autel sur lequel le
prêtre pouvait célébrer. Il n'y a pas ici
lieu à distinguer entre hautes messes et
messes basses plus qu'on ne songerait à
le faire dans des locutions analogues « ca-
lice à chanter », « fers à façonner le pain
à chanter », « burettes à mettre le vin et
l'eau à chanter » etc. F
BL.
(T. G.
308 ;
XLIX,
Eglises fortifiées
XXXVUI ; XXXIX ; XLI à XLIV ,
814,829 ; L, 152). — Il serait intéressant
de savoir si les Espagnols et les Portugais
ne fortifiaient pas autrefois les églises
dans leurs anciennes colonies d'Extrême-
Orient.
Au cours de mes nombreux vo3'ages.
je me souviens de n'avoir vu qu'une seule
église fortifiée et celle-là dans un îlot
très peu fréquenté et sans doute généra-
lement ignoré du monde. A Guyo, chef-
lieu de l'île de ce nom, dans la mer de
Jolo, entre les îles Panay et Paragua, se
trouve la petite église San José, dans une
enceinte fortifiée qu'elle occupe presqu'en-
tièrement. Le mur qui est de pierre, est
surmonté d'une tour octogone d'où la
vue embrasse tout l'horizon. L'église for-
tifiée est le seul édifice de pierre dans
l'île. J'ignore la date de sa construction,
mais je crois me souvenir que la tour,
moins ancienne que les murs, porte la
date récente de 1829. Les habitants de
l'île, tous Malais d'origine, me dirent que
l'église était leur refuge lors des incur-
sions jadis fréquentes des pirates de Min-
doro.
A Paco, faubourg de Manille, se trou-
vait, il y a quelques années, une église,
laquelle sans être fortifiée comme celle de
Cuyo, était d'une construction tellement
massive qu'elle avait le cachet plutôt d'un
fort que d'un sanctuaire. Les insurgés
s'y étant retranchés lors de l'attaque
qu'ils firent sur Manille, le 4 février
1899, l'église fut détruite de fond en
comble, et aujourd'hui il n'en reste plus
pierre sur pierre. D' P.
Automobiles en 1827 (XLIX, 895,
99, ; L, 102). — Ce n'est pas de l'année
183 1, — ainsi que le dit M. J.-G. Bord
— que datent les expériences de Gurney
avec sa voiture routière à vapeur, mais
de 1829, car je trouve dans VAlmanach
des Bons conseils pour Van de grâce i8jo^
Paris, librairie de Henry Servier (imp.'
Smith), in-i8, à la page 43, une descrip-
tion de la voiture à vapeur ; où il est dit :
« La voiture à vapeur sans chevaux a
« déjà fait, le 28 juillet, un premier
« voyage de Londres à Bath, et elle est
« revenue à Londres, le 3 août, sans au-
«cun accident, en parcourant près de qua-
tre lieues par heure, etc.
Or ceci se rapporte évidemment à l'an-
née qui a précédé celle où parut VAlma-
nach d'où j'extrais cette mention.
Albin Body.
Les sous-marins en 1859 (XLIX,
838, 974 ; L, 80, 128). — J'ai lu autre-
fois une notice concernant le sous-marin
de M. Villeroy, sa forme n'était pas celle
de nos sous-marins actuels, il se compo-
sait d'une série de couronnes dont la
réunion formait un cylindre, lequel était
terminé à ses deux extrémités par deux
cônes semblables, je ne sais s'il a été
construit, mais il pouvait, prétendait-on,
descendre dans la mer à une trentaine de
mètres de «profondeur, je trouvais alors
que c'était peu, comparé aux exploits du
Nautilus de Jules Verne et je pensais que
M. Villeroy avait voulu réaliser le rêve
du célèbre romancier.
N^ 1049.
L'INTERMÉDIAIRE
267
- 268
Cependant la date de 1859 (ou même
1854) montre qu'au contraire c'est lui
qui, peut-être, a donné à Jules Verne l'i-
dée de son Nautilus, ce qui, dans ce cas,
nous aurait valu son chef-d'œuvre. C'est
un intérêt de plus qui s'ajoute à la ques-
tion posée par M. J.-G. Bord.
Pila.
La famille Sanson (T. G.; S20 ;
XIX, 923 ; L, 136). — J'ai eu comme
locataire verbal d'une chambre à Ver-
sailles, I î rue Royale, un M. He;in\
homme paisible, honnête, solitaire, mélan-
colique, voire même mystérieux. C'était
dans les derniers jours de sa vie.
J'ai appris depuis que c'était Henry
Sanson, petit-fils du bourreau de la Ter-
reur.
Je crois me rappeler aussi avoir entendu
dire qu'il écrivait ou avait écrit des Mé-
moires.
Depuis, j'ai changé de concierge plus-
sieurs fois et la maison ne contient plus
de locataires contemporains. Je ne sais
trop où je pourrais trouver d'autres rensei-
gnements locaux.
Reithé-Prack.
*
* «
La lettre suivante est d'un intérêt excep-
tionnel : c'est la plainte du bourreau dé-
possédé de ses droits, qui en fait lui-même
l'historique. Pour l'histoire des exécu-
teurs on trouvera là les détails les plus
curieux. Cette lettre nous a été commu-
niquée par M. Noël Charavay dont le ca-
binet est si riche en documents im-
portants :
A Monsieur le Premier Président de la
Cour de justice criminelle séante à Paris,
commandant de la Légion d'honneur.
Monsieur,
En vertu d'une lettre écrite par Son E.xcel-
lence le grand juge au Préfet du départe-
ment de la Seine : Monsieur le .Préfet vient
de suspendre mon mémoire de frais et four-
nitures faites pour les dernières exécutions en
janvier, liquidées par vous et par Monsieur
le Procureur General impérial. Cette lettre
me prouve trop clairement que Son Excellence
n'est pas bien instruit en ce qui regarde ma
partie, et que celui de ses chefs de bureaux
qui a rédigé cette lettre a (faute de connais-
sance lui même) induit en erreur, Son Excel-
lence, sur plusieurs articles de cette lettre.
11 est de toute nécessité que j'expose a votre
sagesse un précis exact de la place d'Exécu-
teur, dans lequel je serai le plus laconique
que faire se pourra, pour ne pas abuser de vos
moments précieux.
Depuis un tems immémorial, l'Exécuteur
de Paris percevoit, tant pour existence, que
revenue, un droit que Ton appelloit droit de
Nava.-e. Cette perception se faisoit a l'entrée
des portes de la Ville et sur les marchés sur
chaque espèce en grains, légumes et autres
comestibles. Cette rétribution modique pour
chaque individu personnellement, eu égard a
la consommation et a la population de la
ville de Paris, rapportoit a l'Exécuteur de
quarante, a soixante mil livres par année, ce
qui lui donnoit la faculté de vivre lui sa fa-
mille et tous ses préposés de cette recette les-
quels etoient en grand nombre et bien
payés.
Quoique l'Exécuteur fut soutenu dans le
droit de perception, par les authorités, comme
il resultoit des plaintes souvent renouvellées
sur les disgrâces de cette perception que les
habitants des campagnes refusoient quelque-
fois d'effectuer, ce qui donnoit lieu souvent
a des rixes et a des disputes : le Gouverne-
ment, fatigué de ces plaintes, changea ce
droit de perception en un traitement fixe
comme indemnité de ce droit.
Ce fut en 172 1 que Monsieur le Duc d'Or-
léans alors Régent du Royaume supprima le
droit de Navage à Paris et accorda a l'Exécu-
teur par forme d'indemnité de ce droit un
traitement annuel de la somme de seize
mil livres qui fut payé par le Trésor royal
jusqu'en 1727...
Par arrêt du Conseil d'Etat du Roy rendu
le 14 janvier même année, il fut ordonné que
dorenav.int cette somme de 16.000 fr. seroit
payée par les administrateurs des Domaines
et Bois de la Généralité de Paris : ce qui eut
lieu jusqu'en 1793 ,
Les lettres de provisions de l'office d'Exécu-
teur accordées à Charles Jean Baptiste Sanson,
ayeul du reclamant, sont du 19 septembre
172Ô, le Roy étant a Fontainebleau, regis-
trées en la Chambre des Comptes le 18 fé-
vrier 1727. Celles du père du réclamant sont
du douze aoiit 1778 et portent que l'Exécu-
teur jouira du traitement annuel de 16.000 fr.
attaché au dit office, plus du logement de la
maison du Pilory, port d'armes offensives et
deffensives, exemptions de contributions et
autres droits.
Les preuves ostensibles sont bien en con-
trariété avec la lettre de Son Excellence qui
dit que l'Exécuteur jadis n'avoit point de
fixe.
Malgré le traitement, les frais de fourni-
tures qu'entrainoient les exécutions etoient
payés sur mémoires présentés par l'Exécuteur
et basés d'après des tarifs reconnus et qu'on
peut encore se procurer tels que ceux de 1755
et celui de 1770, présentés par Messieurs les
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
269
20 Août 1904.
270
Procureur du Roy, et Lieutenant Criminel, et
qui furent homologues par arrêt du Conseil
du 16 septembre 1770. Le reclamant pour
ne pas abuser des moments précieux de ses
Magistrats, passe sous silence une quantité
considérable de frais qui lui etoient payés
pour les exécutions des autres Cours Souve-
raines et Juridictions ayant droit de haute jus-
tice dans toute l'étendue de la Généralité de
Paris et Gouvernement de l'Ile de France, ce
qui etoit d'un grand rapport et dont la veiité
peut être facilement reconnue par les pièces
existantes, tant au greffe du cy devant Parle-
ment, qu'a la Chambre des Comptes et a la
Grande Chancellerie.
Mais s'il ne s'étend pas sur ces articles il
ne croit pas devoir passer sous silence l'acte de
justice et de bienfaisance que le Gouverne-
ment repandoit sur les veuves des Exécuteurs.
Jadis un Exécuteur défunt, s'il avoit un en-
fant mâle en bas âge, cet enfant etoit reçu
d'office, et on nommoit jusqu'à ce qu'il eut
atteint l'âge compétent et la capacité d'exer-
cer, un homme qui eloit reçu par le Parle-
ment pour faire les fonctions, mais le traite-
ment etoit reçu par la veuve au nom de son
fils, ce qui la faisoit exister, ayant en plus le
droit d'exiger même de son fils une pension
convenable a son âge de majorité.
S'il n'y avait point d'enfant mâle, la veuve
avoit acquit le droit de traiter de son office,
et celui qui en etoit pourvu etoit tenu de lui
assurer une pension, persuadés qu'il falloit
qu'elle exista elle et ses filles et que le mal-
heureux préjugé attaché à cette place leur
empechoit de faire un état pour mil raisons
justes qu'on ne peut détailler.
Tous ces droits sont changés par la loi du
13 juin 1793. Le reclamant s'est vu il y a
peu d'années avoir a sa charge sa grand-mère^
son père et mère, deux tantes, dont une veuve
de l'Exécuteur de la ville de Rheims, sans
pension, un grand oncle très âgé n'avoit
qu'un faible secours, lui même, sa femme,
son enfant. En tout dix personnes composant
sa maison, sans compter plusieurs parents
qu'il soutenoit et soutient encore, à vivre
sur son traitement de 10.000 fr., sans exemp-
tions de loyer et d'impositions comme par le
passé. Dans le moment actuel il n'a en moins
a sa charge que son grand oncle, sa grand'
mère et son père qui sont défunts depuis
quels qu'années.
La Convention Nationale par son décret du
13 Juin 1793, en donnant une nouvelle orga-
nisation pour les Exécuteurs, a fixé son traite-
tement annuel a 10.000 fr. 11 a donc perdu sur
le champ 6.000 fr. et tout son casuel : mais
comme il etoit a lui impossible de tenir a sa
place avec cette somme sans casuel, il a fait
des représentations tant en son nom qu'en ce-
lui de ses confrères par différentes pétitions
auxquelles on a eu égard puisque la Conven-
tion a rendu le Décret du trois frimaire an
deux. Ce second Décret ne statuant en rien
sur les fournitures autres que celles relatives à
la machine a décapiter, d'après d'auties récla-
mations, il fut rendu le Décret du douze prai-
rial an deux interprétatif de celui du trois fri-
maire. Il fut donc bien entendu que l'Exécu-
teur ne devait pas faire a ses frais les fournitu-
res de tous les objets nécessaires aux exécu-
tions, lesquelles fournitures sont considé-
rables.
Le Département de la Seine après s'être fait
représenter les anciens tarifs qui fixoient les
droits de ces frais, et après s'être entendu avec
le Président du Tribunal et le Commissaire du
Pouvoir executif près le Tribunal criminel ;
discuta les frais article par article et il fut fait
par le Département un tarif en brumaire an
cinq ; dont copie fut envoyée au Ministre de
la Justice et au Tribunal Criminel. Le tarif n'a
point éprouvé de rejet de la part du Ministre
de cette époque, on s'en sert depuis dix ans et
plus sans qu'il y en ait eu de postérieur. Par
quelle fatalité pour l'instant me fait-on éprou-
ver a la Préfecture du Département une sus-
pension a la délivrance du mémoire de frais
qui y est déposé ; sur l'exposé d'une lettre qui
cite sans connoissance qu'anciennement je
n'avois ny fixe, ny frais tandis que je prouve
le contraire ; et pourquoy encore auroit-on
attendu dix années pour reformer ou modifier
(si c'est la le terme) un tarif sans en proposer
ou donner un autre après l'avoir laissé subsis-
ter si longtems.
Je le répète avec peine la loy du 13 Juin
1793 ma accordé 10.000 fr.de traitement annuel
plus quatre mil francspourmes quatre aides.J'ai
déjà en plusieurs circonstances réclamé contre le
modique traitement de mes aides, j'ai démontré
jusqu'à l'évidence que je ne pouvois trouver
des hommes pour faire cet état (qui n'est pas
exempt de préjugé) pour la somme de 1000 f.
par an. Je suis donc obligé pour en avoir
d'honnêtes et de capables de prendre sur mon
traitement afin d'augmenter le leur pour les
engager de rester a mon service qui a toujours
ete bien fait a Paris ou on n'a jamais eu, com-
me dans certains départements ; le désagré-
ment de voir mutiler par des gens maladroits
les condamnés a la peine capitale : Jajoute
encore que je suis obligé d'avoir a l'année deux
voitures et deux charettiers qui a la véiité me
sont en partie remboursés par mes mémoires
de frais, mais que je ne puis prendre au be-
soin comme le cite la lettre de Son Excellence
en m'appuyant de la loy du 22 germinal an
4eme qui met les ouvriers a la réquisition des
authorites. Mais cette loy révolutionnaire qui
na pas été faite pour nous a été rendue a une
époque dont on ne devroit plus parler dans
ces tems heureux, que pour s'en rappeller avec
craintes et frayeur ; je ne crois pas même
qu'on put l'exécuter maintenant qu'avec Tem-
N. 1049.
L'INTERMÉDIAIRE
271
272
ploy de la force et de la violence qui provoque-
raient des scènes bien désagréables aussi ne m'y
exposerai-je pas, persuadé qu'onn'estpas en droit
deforcer un individu quelconque de travailler par
réquisition et aux prix courants a un genre de
besogne unique a Paris, qui na rien que de
désagréable et repoussant, et qu'il est même de
la prudence d'en traiter de gré a gré.
Si toutes ces considérations que je crois jus-
tes et vraies sont un motif pour être entendu
des magistrats en l'équité desquels je me con-
fie, je prie Monsieur le Premier Président de
vouloir bien me protéger dans mes justes ré-
clamations que je lui soumets ayant toujours
eu le bonheur, de père en fils, de capter les-
time et la bienveillaiîce de nos Magistrats et
Supérieurs ; et qui ont bien voulu interposer
leur authorité pour nous faire rendre justice.
Je vous supplie donc, Monsieur, d'appuyer
mes réclamations auprès de Son Excellence le
Grand Juge et de Monsieur le Préfet du Dé-
partement de la Seine.
J'ai l'honneur d'être avec le plus profond
respect
Monsieur le Président
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Sanson
Paris le premier février
1S08.
^obs, ^rcuitailles ti (Çuvtasttes
Le parc aérostatique de Meudon
en 1796. — Entre deux sorties du Le-
baudy ditïgeable, et une enlevée du Ballon
captif, la lettre suivante, vieille déjà de
cent huit ans, intéressera peut-être à
Y Iniermédiaiie. Elle est datée du 10 mars
1796 — moins de quatre ans après Valmy
— et appartient, pour ainsi dire, à l'his-
toire aérostatique du parc de Meudon :
je la transcris de l'original, aux Archives.
Dejvunde pour une place dans les
aérostiers
Le citoyen Deloyne, âgé de 22 ans natif
de Vitry-sur-Marne, demande à être admis
dans les aérostiers. Une éducation soignée,
ses connaissances mathématiques le dessin
le mettent à même d'être de quelque utilité
dans cette partie à laquelle par l'étude qu'il
a faite de la Phisique {sic) en particulier,
il est loin d'être étranger. Il espère par son
assiduité son exactitude à remplir les de-
voirs que lui imposerait ce nouvel état, sa-
tisfaire ses supérieurs et mériter leur con-
fiance.
Vitry-sur-Marne, le 20 Ventôse l'an 4 de
la République une et indivisible.
Deloyne.
Je certifie la vérité des faits contenus
dans le mémoire ci-dessus et notamment
que le citoyen Deloyne sait les mathéma-
tiques.
Paris, ce 25 ventôse l'an 4
Le chef de bataillon du génie
Boucher.
Ce citoyen réunit les qualités propres à
l'aérostation.
Conté.
Directeur de l'Ecole Nationale aérostatique
Aérostation
Le i^r Gai an IV
Le Directoire exécutif instruit que le ci-
toyen Deloyne, âgé de 22 ans, natif de
Troyes, demeurant à Vitry-sur-Marne, a des
connaissances propres au service de l'aéros-
tation, arrête ce qui suit :
Le C^ Deloyne est requis de se rendre à
Meudon pour être employé à l'Ecole Na-
tionale aérostatique quiy est établie ; comme
élève de cette Ecole.
Carnot, P. Barra, Reubell
(Archives Nationales AFIII 1566-357).
P. C. C. JACaUES SaINTIX.
L'œil de verra de "Waldeck-
Rousseau. — Comment se fait-il que
l'œil de verre de son confrère Gambetta
soit devenu célèbre et qu'on n'ait jamais
parlé de l'œil de verre de Waldeck-
Rousseau ? Cette particularité semble
avoir été ignorée jusqu'ici. Je connais le
fait depuis fort longtemps, mais comme
Waldeck-Rousseau mettait une certaine
coquetterie à dissimuler cette infirmité, je
n'ai pas cru devoir la divulguer de son
vivant. Ce fut à la chasse, avant 1870,
qu'il perdit l'œil gauche, qui, du reste, ne
fut remplacé que quelques années plus
tard par un œil de verre.
C'est pour cette raison que son père, en
septembre 1 870 et février 1 87 1 , put écrire
au Phare de la Loire et à l'Union Bretonne
que son fils aine, quoique marié, et son
plus jeune fils, quoique réformé, s'étaient
l'un et l'autre engagés dans la garde na-
tionale mobilisée,
Jean Pierrefitte.
Cette note"a été comm uniquée à la presse
et a déjà donné lieu à plusieurs enquêtes.
Nous en ferons connaître les résultats.
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273
274
(fiHucôtione
Pétrarque à Liège en 1333. —
Dans les Œuvres publiées en 1854, par
Dupont-Delporte, page 1066, se trouve,
du baron de Stassart,une lettre à J. Grand-
gagnage, du 25 avril 1853, dans laquelle
le fabuliste belge donne la phrase suivante
comme venant d'une traduction des œu-
vres de Pétrarque, de Barthélémy Bon-
homme d'Avignon, 1555 : <^ j's^^ veu Liège
« la fille aisnée de Rome : elle est excellente
« par son orthodoxie, sa splendeur et le
« double fâme [renommée] de sapience et
« de vertu dont jouissent ceux qui la com-
« posent». Cette phrase, assure de Stas-
sart, figurerait dans une missive du poète
de Vaucluse à son ami l'évêque de tom-
bez, Jacques Colonne, frère du cardinal.
Or, vérification faite : Toutes les '< Eu vres
vulgaires de François Pétrarqve, mises en
françois par Vasquin Philieul de Carpen-
tras, publiées en Avignon, de l'imprime-
rie de Barthélémy Bonhomme, 1555 >/, ne
renferment pas cette citation. Pourrait-on
nous dire où de Stassart l'aurait puisée .^
Le chevalier Edm. Marchal.
Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale
de Belgique.
Zepulmeda. — Dans son histoire de
Charles IX (Cologne, Pierre Marteau,
1684, t. Il, p. 224), Varillas écrit :
Elle (Catherine de Médicis) n'ignoroit pas
que quelques Théologiens soûtenoient que le
commandement de Dieu qui deffend de tuer
n'obiigeoit pas les Souverains à l'égard de
leurs Sujets, lorsque la rébellion de ceux-cy
estoit si évidente que personne n'en pouvoit
douter, et il met en marge : Zupelmada en a
fait un Traité .
Quelqu'un pourrait-il fournir des éclair-
cissements sur ce traité et sur son au-
teur .? H. M.
La châtelaine de Vergi. Icono-
graphie de la légende. — Dans une
récente édition de la Châtelaine de Vergi,
poème du xii' siècle (Paris, Geuthner,
1903), M. L. Brandin reproduit un ivoire
du Louvre représentant cette légende (C.
P. Molinier, Catalogue) et ajoute qu'il n'a
pu trouver aucun autre document qui en
soit inspiré. « 11 doit, dir-il, y en avoir
beaucoup d'autres »,En tapisserie particu-
lièrement, ce conte a dû souvent être re-
présenté et nous espérons que quelque
lecteur, amateur de recherches archéolo-
giques, sera amené à poursuivre les inves-
tigations en d'autres directions et ne sera
pas découragé par l'inutilité de nos pro-
pres efforts //(Introduction pp. xxii-xxin).
Préparant une traduction de ce poème,
je viens renouveler les vœux de M.
Brandin, aux lecteurs de votre si pré-
cieuse revue, qui, je l'espère, pourront
donner une réponse à cette question que
mes recherches personnelles ne m'ont
pas permis de résoudre. H. Massion.
Les archives de l'arrondissement
d'Yvetot. — Comment expliquer ce fait
que, dans la plupart des communes de
l'arrondissement d'Yvetot, les registres
L. 6
N' 1050.
L'INTERMÉDIAIRE
275
276
d'état civil, ou plus exactement registres
paroissiaux, ne remontent pas au-delà de
1630 ? L'ordonnance de Villers-Cotterets
aurait-elle été cent ans sans application
dans ce pays ? Cela est inadmissible, et
alors où sont ces documents si précieux
pour l'histoire locale ?
A propos de ces registresjeme permet-
trai une observation. Je trouve absolu-
ment illogique d'instituer comme dépo-
sitaires de pièces des j.^ens absolument in-
capables de les lire, tels que sont la plu-
part des secrétaires de mairies, et d'au-
tant mieux que de par la loi, ils sont obli-
gés d'en délivrer expédition.
Il me semble qu'il serait avantageux
d'établir, aux archives de chaque dépar-
tement,une section d'état civil où seraient
déposés les registres paroissiauxantérieurs
à une certaine époque et conservés dans
les mairies, tout en laissant subsister le
dépôt de chaque greffe civil. Les avanta-
ges d'une telle institution sautent aux
yeux : garantie de savoir de la part des
dépositaires, garantie de bonne conserva-
tion, centralisation favorable aux érudits
et chercheurs.
Où, à l'époque de la Révolution, furent
transportés les actes et archives des an-
ciennes juridictions existant alors sur le
territoire qui forme aujourd'hui l'arron-
dissement d'Yvetot, et plus généralement
du pays de Caux tout entier : bailliages,
justices seigneuriales, amirautés, greniers
à sel, etc ? Quels décrets ou lois ont or-
donné et réglé ces transports ? Dans quelles
conditions et par l'intermédiaire de quels
agents furent-ils exécutés ? A. F.
Charles de Bourbon-Montmo-
rency. — Où pourrais-je me procurer le
plus possible de détails sur ce personnage,
connu sous le nom d'Alexandre de Cré-
quy. Il se disait issu d'un mariage secret
de Louis XV et d'une dame de Montmo-
rency et fut détenu de longues années, sous
les règnes de Louis XV et Louis XVI. Après
la Révolution, il adressa pièces et pétitions à
- l'Assemblée nationale et à la Convention,
dénonçant les « horreurs de la tyrannie et
du despotisme» et réussit... à se faire en-
voyer à la guillotine. Ellic.
Un adorateur de Sophie Ar-
nould. — Les livres ayant appartenu à
Sophie Arnould sont très rares. En voici
un qui paraît avoir échappé aux biogra-
phes de la spirituelle chanteuse :
Recueil de Chansons. Manuscrit contenant
26 chansons avec la musique notée. — Ma-
roq. rouge, dos orné, filets, fleurons et ro-
saces sur les plats, doublé de tabis bleu
ciel. (Derôme).
En tête du manuscrit se trouve un en-
voi en vers :
Quel présent pourrait-on vous faire, belle Arnoud
Qui VOUE fût agréable ?... etc.
Aimez donc ces chansons. Tout faible qu'est l'hoin-
[mage
Qu'à vos heureux talents j'ose olfriren ce jour,
De mou zèle du moins qu'il soit un témoignage
S'il n'en est un d'amour.
Pourrait-on recueillir une indication
quelconque sur l'auteur de cet envoi ?
P.L.
Ravoux,Rézé(évêc[ues).— Auguste
Ravoux fut, en 1868, vicaire apostolique
de Montana, et N . . . Rézé, évêque de Détroit
en 1833, tout cela aux Etats-Unis. S'ils
étaient Français, comment avoir quelques
courtes notices sur eux ?
St-Saud.
Chateaubriand ou Chateau-
briand. — Faut-il ou ne faut-il pas
l'accent circonflexe sur le premier a de ce
nom illustre } Le Dictionnaire historique
de Ludovic Lalanne en met un, le petit
Larousse n'en met pas. De même pour le
chef-lieu d'arrondissement de la Loire-
Inférieure ; Lalanne et le Dictionnaire des
Postes l'écrivent par un d, Larousse et
Joanne par un t. Où est la vérité ?
Axel.
J. Lafon Labatut. — Je désirerais
savoir ce qu'est devenu, après la publica-
tion de son volume Insomnies et Regrets^
en 1845 (Paris, Fume), le poète aveugle
Joseph Lafon Labatut, né à Messine, vers
1820, d'un ancien militaire originaire du
Bugue et d'une Sicilienne. Il fut, paraît--
il, couronné par l'Académie et pensionné
du gouvernement. Mais où vivait-il et
comment finit-il ? L- M.
Pestalossi, médecin agrégé au
collège de Lyon (1721). — J'ai un
bel exemplaire de ce curieux petit vo-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
277
278
30 Août 1904.
lume : Avis de précaution contre lu mala-
die contagieuse de Marseille^ ouvrage néces-
saire â fous jcuna médecins et chirurgiens
destine:^ au secours des Pesiiférei, pu sente
à S. M. Royale Monseigneur le Duc de
Lorraine, par M. Pestalossi, médecin
agrégé au Collège Se Lyon. A Lyon, chez
les frères Bruyset, rue Mercière, 1721.
Un volume grand in- 12 de douze feuillets
non chiffrés pour le Titre, l'Epître dédica-
toire, les Approbations, le Privilège et la
Table et 204 pages de texte.
Pourrait on me donner, sur ce savant
médecin lyonnais, au nom prédestiné
pour un écrivain qui se spécialisa dans
l'étude des maladies épidémiques, quel-
ques renseignements biographiques et
littéraires intéressants, et nie dire aussi
il existe de lui, un portrait authentique
qui soit connu? Truth.
Une habitation de Voltaire. —
Dans un récent ouvrage de M. Edouard
Drumont : Vieux portraits^ vieux cadres^
on trouve, à la page 196, un dessin de
Gaston Coindre, représentant la gracieuse
construction de la fm du xvii« siècle qui
fait l'angle des rues Saint-Augustin et de
Richelieu, sur laquelle elle porte le n" 75.
Au bas du dessin, on lit cette légende ;
Hôtel de Villarceaux^ rue Richelieu^ ha-
bité par Voltaire. — M. Edouard Dru-
mont voudra-t-il bien me faire l'honneur
de me dire où il a trouvé la trace de cette
habitation de Voltaire dans un logis qui
me tient d'autant plus à cœur que j'y
suis né .? NoTHiNù.
Armoiries à déterminer : d'azur
à trois glands d'or. ~ A qui appar-
tiennent les armoiries suivantes : d'azur,
à 5 glands (?) d'or^ 2 et i ? Elles figurent
sur une verrière donnée, en 1874, à l'é-
glise de Blosseville, arrondissement d'Y-
vetot, par deux personnes : un M. Bazire,
curé de la paroisse, et un M. François-
Marie Anquetil, maire de la commime.
Les dites armoiries n'auraient- elles
point une relation avec ce dernier .? Ce
qui me le fait supposer, c'est l'analogie
qui existe entre elles et celles portées par
des familles de ce nom : d'or ou d'argent,
à ^ feuilles de chêne de sinople^ 2 et l .
A. F.
Sautoir. — Se disait au moyen âge
d'une pièce du harnais du chevalier lui
servant d'étrier pour monter sur son che-
val. L'expression est passée dans le bla-
son où le sautoir est représenté en forme de
croix de Saint-André.
La réunion de la bande et de la barre
dans l'écu en forme de croix de Saint-
André, se dit sautoir.
Existe-t il des images du sautoir aussi
fidèles que possible et le montrant confec-
tionné en soie, comme il était d'usage ^
Existe-t-il, en quelque musée, des selles
encore garnies de cet objet ^
G. DE M.
Portail de Vaudreuil. — Sur un
couvert d'argent, dans un cartouche Louis
XIV (ou commencement Louis XV) sont
gravées les armoiries suivantes : d'azur.,
semé de fleurs de lis de... à la vache d'ar-
gent clarinée et couronnée de même (?) Cou-
ronne de marquis, chapeau de prélat (2
rangs de houppes : trois glands), ce qui
semble indiquer un abbé ; pas de crosse
ni de mitre.
Ce sont les armoiries de la famille Por-
tail de Vaudreuil. Ce couvert vient du
Poitou, mais le Gallia ChrLsfiana.,au tome
traitant de l'archevêché de Bordeaux(d'où
dépendaient les trois évêchés s' étendant
alors en Poitou) est muet sur un person-
nage de ce nom. Qiii pourrait avoir l'o-
bligeance de me renseigner sur a prélat
et ses rapports avec le Poitou ? S'agirait-
il de Jean -Charles Portail, prieur com-
mendataire de Sainte-Catherine du Val-
des-Ecoliers, mort en 1739, dont le frère
Antoine fut premier président au parle-
ment de Paris en 1724, ou de cousins
X... et Y... Portail, ecclésiastiques, fils
de N... sieur de Chefraisons, trésorier de
France à Tours, marié vers 1660 ?
Ces Portail ont donné plusieurs con-
seillers aux parlementsde Metzet de Paris.
La Coussière.
Une pièce de 50 sous de Maurice.
— 11 m'a été donné à l'ile Maurice, une
pièce de monnaie que l'on m'a dit être
rare, et sur l'origine de laquelle personne
n'a pu me renseigner.
On voit, au centre, deux plants de
canne à sucre, et autour, gouv. (erne-
ment) de Maurice et dep. (endances).
N. 1050.
L'INTERMÉDIAIRE
279
280
Au revers : reçu au bur. (eau), du
TRES, (or) POUR 50 sous.
Cette pièce a été frappée après la ces-
sion de l'île aux Anglais ; mais à quelle
occasion ? D' P.
Finis Galliae. — Dans quel journal
et à quelle date exacte parut un article de
Sarcey, intitulé «Fhiis Galliœ », peu de
jours après les incendies allumés par la
Commune ?
*«r*
Une épître de Boileau. — je trouve,
dans le premier volume des Œuvres mê-
lées de Mme du Noyer, publiées à La
Haye, chez Pierre Husson, en 1729, (p.
450), le passage suivant :
On vient de me donner un nouvel ouvrage
de M. Boileau, qu'on m'assure n'avoir pas
été inséré dans ses œuvres : ainsi, je croi {sic)
que le Public ne sera pas fâché de le trouver
ici :
Réponse de M. des Préaux à une critique
de MM. les Jésuites de Trévoux :
Grands et fameux auteurs dont la docte critique
Se donne sur mes vers un pouvoir despotique,
Vous tremblez que, lassé de suivre Juvénal,
Je ne devienne enfin le singe de l^ascal : etc..
Cette épître compte quarante vers.
Je n'ai pas souvenir de l'avoir jamais
rencontrée dans aucune édition de Boileau.
Je désirerais savoir si elle est bien au-
thentique, et, dans le cas de l'aftlrmative,
où et quand elle aurait été publiée.
(Quelqu'un de nos co-intermédiairistes
voudrait-il bien, ou pourrait-il, résoudre
cette question .? L. de Leiris.
Lettres sur le Salon ôle 1834. —
Pourrait-on me dire, exactement, le nom
de l'auteur du rare volume, anonyme,
suivant, nom que je ne trouve mentionné,
ni dans les Diction, des Anonym. de Bar-
bier et de De Manne, ni (vu sa date de
publication) dans la Table alphabétique des
Critiques des Salons., de 1673 à 1800, de
M. J.-J. Guiffrey, Paris 1873 :
Lettres sur le Salon de i8^. —
Epigraphe : « La vérité avant tout. » —
A Paris, chez Delaunay libr. au Palais-
Royal, 1834, Poussielgue imprimeur, rue
du Croissant-Montmartre, un vol. in-8''
de 477 pages, sur papier vergé, plus un
feuillet pour les errata et une liste (de six
pages^ des artistes nommés dans l'ouvra-
ge. Volume illustré de sept lithographies.
reproductions de tableaux, tirées hors
texte, sur papier vélin fort, dont cinq
se dépliant, et toutes signées d'artistes
connus.
N.-B. — Prière de ne point confondre
ce volume anonyme, avec les deux autres
ouvrages suivants, tout différents, bien
qu'ils soient aussi consacrés au Salon de
1834, et également illustrés : 1° Le Sa-
lon de 18 ^ de Gabriel Laviron, Paris,
1834, in-8" avec vignettes hors tex-
te ; et 2° Le Musée. Revue du Salon de
18^4., par Alexandre D*****'* [Decamps,
frère du peintre. Voyez, à ce nom, la
Table Générale de lTntermédiaire]^ur\ vol.
petit-in-4° carré, sans date, sans nom de
lieu ni d'éditeur. (Paris, P.-J. Chalamel),
102 pages de texte et nombreuses illus-
trations hors texte, par Célestin Nanteuil,
]. Gigoux, Barye, Decamps, etc., reports
sur pierre par le procédé de Delaunois.
Ulric R.-D.
Roman à rechercher. — Pour des
travaux sur un sujet donné, un de nos
collaborateurs désirerait retrouver un ro-
man moderne dont il a oublié le titre et
le nom de l'auteur.
L'action se passe en Dauphiné en 1715.
L'héroïne qui se nomme Lucie de Procental,
étant au château du baron des Adrets,
le soir de ses noces, ayant fait impru-
demment jouer un ressort, fut précipi-
tée dans une oubliette ; un accident
semblable arrivé à un jeune homme la fit
retrouver à Tétatde squelette par celui-ci
qui resta enfermé auprès d'elle pendant
trois jours : un chat fut le moyen de sa
délivrance.
Saint-Malo, nom d'homme. — A
la fin d'une édition des Œuvres de maître
Adam Billaut, menuisier de Nevers, por-
tant pour épigraphe ce vers de Colle-
tet :
Des lauriersdu Parnasse, il a faitseschevilles,
et publié à Paris, chez Hubert et C'^
MDCCCVl, on trouve une collection de
sonnets, de stances, d'élégies et autres
vers faits à la louange de l'auteur des
Chevilles par « un grand nombre de poè-
tes célèbres de son temps » (maître Adam
Billaut était né au commencement du
xvii^ siècle et les Chevilles parurent en
1644, in-4»).
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1904.
281
282
Parmi les élucubrations louangeuses, je
relève cette épigramme :
Si j'avais de telles chevilles
Pour placer les aimes du roi,
Mille curieuses familles
Adam, s'adresseraient à moi,
Pour voir les admirables charmes
Des chevilles comme des armes.
Cette platitude est signée « Saint-
Malo ».
C'est uniquement cette signature qui
m'intrigue. Quel pouvait bien être le ri-
meur portant ce nom, qui m'a tout l'air
d'un pseudonyme .f' A-til existé une fa-
mille « de Saint-Malo » ?
Gros Malo.
Toss3, tosen, tozal. — M. A. de
Paniagua, pour étayer sa thèse de Celtes
Bretons et de Phocéens venus peupler les
Landes de la Gascogne, écrit dans le Bul-
letin de la Société de Géographie commer-
ciale de Bordeaux^ du 1-15 août derniers,
p. 248 :
Tossc est breton, tosen pour torosen si-
gnifie « élévation, tertre »,une dune apparem-
ment. En breton la lettre s est toujours douce
et non sifflante, elle ne se double jamais. La
grammaire justifie ainsi l'étymologie de Tosse
venant de tosen.
Ce que nous demandons, c'est de savoir
si les Bretons ont peuplé aussi l'Aragon
et la Catalogne, puisque dans ces pays un
sommet de montagne un peu arrondi est
souvent appelé To^al {{ doux, Aragon),
Tossal (Catalogne). N'est-il pas plus sim-
ple d'établir une corrélation entre le
Tosse (hauteur) des Landes, et le To^al ou
Tossal (sommité)des Pyrénées espagnoles.''
Qj-i'en pensent les linguistes de Ylnter-
mcdiaire ? Oroel.
î^e verbe poigaer. — Dans le
Gil Blas du g août courant, on fait dire à
M. Anatole France :
Je sais bien que je lis actuellement un ro-
man dont l'auteur ne sait pas conjuguer le
verbe peigner ; mais Corneille ne savait pas
conjuguer le verbe se souvenir. *
Bien que M. Anatole France soit un
parfait écrivain, je demande, après lui :
Qu'est-ce que le verbe poioner ? Existe-
t il ^ je ne le connais que par la forme du
prétérit, poigiia, ^ éritable barbarisme à
mon sens, employé, s'il m'en souvient
bien, par Zola. Poigner n'a jamais été
écrit par un styliste. C'est poindre qui es
français, prétérit poignit ; poindre (de
piingere) signifie à la fois pointer et pi-
quer, naître et atteindre au vif. Je serais
heureux que l'auteur de Cratnquebille
s'expliquât sur poigner et nous dit si l'au-
teur dont il parle a raison ou a tort de ne
pas savoir conjuguer ce verbe. Pour
nous, il a raison.
Enfin à quelle phrase se rapporte l'igno-
rance du grand Corneille au sujet du
verbe se souvenir ? Marc Legrand.
S^empierger. — En patois de Cham-
pagne, on dit d'une personne qu'elle s'em-
pierge, lorsqu'elle se prend le pied par
mégarde dans une ronce ou une corde qui
entrave sa marche.
D'où vient le mot ? de pied ? de piège ?
ou de pierre ^
Par analogie avec enfer ger (T. G. 315),
où le radical est resté intact, on pourrait
considérer la troisième racine comme la
plus vraisemblable ; mais le sens parait
l'exclure. S'empiergern'est pas synonyme
de buter. ***
Les Incinérations. — La Société
pour la propagation de l'incinération, a
fourni récemment quelques chiffres.
Pour la France, elle donne 6710 inci-
nérations dans l'année 1892, mais ce chif-
fre ne nous apprend absolument rien sur
les progrès de l'incinération.
Envoyer au four crématoire des débris
de dissection et des cadavres de la Mor-
gue et des hôpitaux ne constitue pas un
progrès.
Ce qui est intéressant à connaître, c'est
le nombre d'incinérations opérées par la
volonté du défunt, ou par la famille, si
aucune volonté n'a été exprimée.
Nous prions la Société de vouloir bien
nous renseigner. Ignis.
*
Le nombre ûes incinérations faites sur la
demande des familles est, pour Paris,de 250
à 300 par an. Le four crématoir fonctionne
depuis quinze ans : les incinérations au dé-
but étaient annuellement de 150; ce nombre
n'a que doublé en une aussi longue période.
La crémation ni en France, ni à l'étranger
ne fait de réels progrès.
11 se fait, en moyenne, 3000 incinérations
aux Etats-Unis, 500 en Angleterre, 1000 en
Allemagne, 350 en Italie, 250 en Suisse,
50 en Suède et 50 en Danemark.
N» 1050.
L'INTERMÉDIAIRE
285
284
IBié^ome^
Un portrait de Montluc (L, 9). —
11 me semble qu'il est facile de se rendre
compte si le portrait exposé aux Primitifs
est bien celui de Montluc ou celui de Mon-
taigne. Les portraits de Montaigne sont
fort nombreux ; le docteur Payen, un de
ses historiographes, en avait réuni trois
cents gravés ou lithographies ; il y a au
château de Montaigne, en Périgord, un
portrait à l'huile du célèbre philosophe.
Il existe également plusieurs portraits
gravés de Montluc ; je signale à ). V. P.
un portrait à Ihuile du terrible capitaine
qui se trouve au musée d'Avignon.
Pierre Meller.
* *
Le portrait peint qui portait le n" 207
à V Exposition des Primiii/s français n'est
certainement pas celui de Montluc.
Ce n'est pas l'absence, dans cette pein-
ture,des deux signes noirs (dits grains de
beauté) presque symétriques que Montluc
portait à la face, qui doit faire écarter
cette attribution, car plusieurs des gra-
vures qui le représentent — celle de Ma-
riette en particulier — n'ont pas repro-
duit ces signes.
Mais cette attribution s'élimine toute
seule, à notre avis, par l'absence de toute
ressemblance avec les traits assez connus
du capitaine gascon. Par contre, on y
retrouve, à ce qu'il me semble, la phy-
sionomie de Montaigne, autant que l'ab-
sence de portraits absolument authenti-
ques de l'auteur des £55^/5 permet de parler
ainsi.
Les traits de Montaigne nous sont re-
présentés sous des formes assez diverses,
par les nombreux portraits peints ou gra-
vés que nous connaissons.
A défaut d'originaux, on n'a quelque
chance de rencontrer une image tant soit
peu ressemblante qu'en remontant, soit à
une gravure de Ficquet reproduisant un
portrait peint, en IÇ78, par Dumoustier,
contemporain de Montaigne, et auquel
ressemble aussi beaucoup une gravure de
Thomas de Leu, également contemporain
de Montaigne, soit au portrait peint et
sans nom d'auteur qui se trouve au châ-
teau de Montaigne, et qui n'est qu'une
copie provenant, nous avons toutes rai-
sons de le croire, d'une des branches de la
famille de Montaigne.
Or, ces deux reproductions de la phy-
sionomie de Montaigne, paraissent au
premier abord, n'offrir entre elles aucune
ressemblance et ne pouvoir se rapporter à
la même personne ; et un doute vient
naturellement à l'esprit sur la valeur docu-
mentaire de l'une et de l'autre effigie.
Mais en comparant attentivement ces
deux types si différents au premier aspect
au portrait peint qui figurait ces jours-ci
à V Exposition des Primitifs français, au
Pavillon Marsan, on retrouve dans ce
dernier document, un certain nombre de
traits assez caractéristiques qui servent
de transition entre les deux premiers, et
qui me font conclure que ce portrait du
xvi" siècle qui n'est pas celui de Montluc,
est celui de Montaigne. J'ajoute qu'il est
bien à désirer que nous ayons enfin mis
la main sur un portrait ressemblant de
l'auteur des Essais, car il n'est probable-
ment pas d'auteur qui, au même degré,
fasse naître chez ses lecteurs le désir
d'avoir son image vraie.
D' Armaingaud.
Lo prince Eugène (T. G., 328). —
Depuis longtemps, le bruit courait que des
faux s'étaient glissés dans les actes de
l'état civil de Napoléon P"" et de sa famille.
Chateaubriand s'était fait l'écho de ces
rumeurs, dans ses Mémoires d'Outre-
Tombe.
11 est certain qu'à leur mariage, Napo-
léone Buonaparte et la vicomtesse de
Beauharnais,née de Tascher, firent sciem-
ment de fausses déclarations qui furent
consignées dans l'acte passé le dix-neu-
vième jour du mois de ventôse an IV de
la République française, au II" arrondis-
sement de Paris.
D'autres erreurs existaient-elles dans
les actes de l'état civil de la famille impé-
riale ?
La question se posait pour Eugène de
Beauharnais, fils de l'impératrice José-
phine, fils adoptif de Napoléon et vice-roi
d'Italie.
[J Almanach impérial de l'année 1806
fixe la date de la naissance d'Eugène au 3
septembre 1782.
La main de Joséphine se devine dans
celte affaire. L'impératrice, d'après le
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Août 1904
285
286
même almanach, serait née le 24 juin
1768. Il est évident qu'Eugène doit aussi
être rajeuni et qu'il faut le faire naître en
1782, pour que sa mère ait 14 ans au
moment de sa naissance.
Mais cette date de 1782 est invraisem-
blable. Elle disparaîtra plus tard de l'an-
nuaire.
On discute seulement pour savoir si le
prince Eugène a vu le jour en 1780 ou en
1781.
Le consciencieux Margry, l'ancien bi-
bliothécaire de la marine, donne à main-
tes reprises la date du 3 septembre 1780.
Jal, dans son savant Dictionnaire^
tranche, semble-t-il Je différend par la pu-
blication (1) in-extenso de l'acte de bap-
tême d'Eugène :
Eugène (Eugène-Rose de Beauharnais
dit : le Prince).
Le dictionnaire Bouillet fait naître cet
homme illustre en 1 781. Un biographe
assure qu'il vint au monde en Bretagne le
} septembre 1780 (le journal la Patrie 11
septembre iSîi). La vérité est qu'il naquit
rue Thevenot, à Paris, le 3 septembre 1780.
En voici la preuve tirée du Reg. de Saint-
Sauveur.
« Le mardi quatre (septembre 17S0) a été
baptisé Eugène Rose, né d'hier, fils de h'
et pt seigneur messire Alexandre François
Marie, vicomte de Beauharnais, capitaine
au Régiment de la Ferre, chevalier, et de
haute et puissante dame Marie-Joseph-Rose
de Tascher de la Pagerie, son épouse, rue
Thevenot, parain ht et pt seigneur Mire
François, marquis de Beauharnais, baron
de Bauville, chevalier de l'ordre royal et
militaire de Saint-Louis, chef d'Escadre
des armées navales, ancien gouverneur et
lieutenant général pour le Roi de la Marti-
nique et des isles adjacentes, ayeul paternel ;
maraine haute et puissante dameRose-Claire
Des Desvergers de Sanois, épouse de haut et
puiss' seigneur Messire Joseph Gaspard
Tascher de la Pagerie, chevalier de l'ordre
royal et militaire de St-Louis, capitaine de
dragons, ayeul maternel, présent ; repré-
sentée par h<e et p te dame Marie Euphé-
mie Désirée Tascher de la Pageiie, dame
Renaudin, tante maternelle (signé) Tascher
de Lapageiie,le mis de Beauharnois, le Vt«
de Beauharnois, Tascher de lapagerie,
Bégon, Jacquin, curé ».
Dans la plainte déposée contre le vi-
comte de Beauharnais par la vicomtesse
(i) Jal D" critique de biographie et dliis-
toire, p. 552, Paris 1872. Cote Bib. nat.
Casier C. 106,
de Beauharnais, sa femme et qui se trouve
aux Archives r.ationales (i), il est dit
que leur fils Eugène naquit le trois sep-
tembre mil sept cent quatre-vingt-un.
Ne s'agissait-il pas d'une erreur de la
part du scribe qui rédigea cet acte ?
En effet, on avait éciit primitivement
« trois septembre mil sept cent quatre
vingt ». Le mot « un» a été ajouté après
coup. Ne pouvant pas être placé entre le
mot « vingt » et le mot suivant « sem-
blait », ce « un » a été mis un peu au-des-
sous de la ligne.
Il aurait fallu recourir à l'acte original,
mais il a été détruit en 1871.
Où trouver ime copie authentique.?
On sait que Napoléon I'' donna l'ordre à
Cambacérés de réunir tous les actes de
l'état civil de la famille impériale.
Ces copies des actes de l'état civil sont
conservées aux Archives nationales dans
l'armoire de fer.
Sur la chemise qui contient la copie de
l'acte de naissance de son altesse impé-
riale le Prince Eugène, on lit simplement :
septembre 1780.
Dans l'intérieur de la chemise se trouve
une copie en bonne et due forme faite au
greffe du Palais de Justice de Paris, le 23
décembre 1807 et signée E. de Margueri.
Voici ce texte :
L'an mil sept cent quatre vingt, mardi
4 septembre a été baptisé Eugène Rose, né
d'hier (2), . .
Eugène est donc né
en 1780. Cette
date officielle va être consignée invariable-
ment dans tous les almanachs impériaux,
à partir de i8oq.
Qu'Eugène fût né le 3 septembre 1780,
il n'y avait aucune invraisemblance à
l'admettre. En effet, Marie-joseph-Rose
de Tascher de la Pagerie s'était mariée
avec le vicomte de Beauharnais le 13 dé-
cembre 1779. Eugène naissait le 3 sep-
tembre 1780, c'est-à-dire 264 jours après.
C'était normal.
En cherchant la confirmation de cette
date, nous fûmes amené à découvrir l'acte
authentique du mariage du prince Eugène
à Munich. Cet acte sur parchemin, qui
date de 1806, est revêtu des signatures
(1) Arch. nation. Série p. 13.975.
(2) Voir plus haut. C'est la reproduction
de l'acte donné par Jal.
N' 1050.
L'INTERMEDIAIRE
287
288
des personnages impériaux et royaux qui
assistèrent à cette union.
Dans ce document, le ministre d'Etat,
Maret, déclare que le prince Eugène est
âge de vingt- quatre ans.
Si en mai 1806. date du mariage. Eugène
a 24 ans, c'est qu'il est né en 1782,
comme le fait était consigné dans l'Al-
manach impérial de l'époque.
Mais plus loin, dans cet acte de mariage
original, on lit que le prince Eugène est
né... septembre mil sept cent quatre
vingt.
Comment Eugène, au moment de son
mariage, en mai 1806, pouvait-il avoir
24 ans et être né en 1780?
Il y avait là une erreur manifeste. 11
suffit d'attentivement regarder l'acte pour
constater un grattage très net et très évi-
dent sur le parchemin. Après les mots
«. est né à Paris », il y a un espace gratté.
A côté et un peu d biais, car la place dis-
ponible était restreinte, on a écrit « sep-
tembre mil sept cent quatre vingt », sans
indication de la date du mois.
Primitivement, on avait dû écrire en
chiffres: 1782, année qui correspondait
bien à l'âge que faussement l'on donnait
au prince (24 ans)
L'acte fut gratté postérieurement au
mariage. On a vu que c'est en décembre
1807 que la copie de l'acte de baptême
d'Eugène fut rédigée, suivant les ordres
de Napoléon.
Quand l'Empereur eut cette copie entre
les mains il donna probablement l'ordre
de rectifier l'âge d'Eugène sur l'acte de
mariage du Vice-Roi.
Le parchemin fut grossièrement gratté.
La date du mois de la naissance d'Eugène
fut omise. On se contenta décrire « né
le septembre mil sept cent quatre
vingt ».
Oti ne prit même pas la précaution de
faire, à propos de l'âgé d'Eugène, la cor-
rection qui était devenue nécessaire par le
changement qu'à l'aide du grattoir on
avait opéré sur la date delà naissance.
Si Eugène était né en septembre 1780,
comme il appert de l'acte de mariage, le
prince devait avoir, au moment de la si-
gnature du document, non pas 24 ans,
mais 26 ans. On laissa l'âge primitive-
ment inscrit, sans rature.
Un indice, cependant, venait jeter le
doute sur l'exactitude de cette date du
3 septembre 1780 qui semblait pourtant
bien établie :
Dans la copie de l'acte de baptême d'Eu-
gène conservée dans l'armoire de fer et
fixant à l'année 1780 la naissance du fils
du vicomte de Beauliarnais, on trouve la
mention suivante :
Registre 58 n" i Etat civil
1" 44 naissance de Beauhainais
Ville de Paris
Paroisse de Saint-Sauveur
Extrait du registre des actes de naissance
de l'année 1781 ,
L'an mil sept cent quatre vingt, le mardi
quatre septembre a été baptisé Eugène Rose etc.
Eugène, né en mil sept cent quatre vingt,
ne pouvait pas avoir son acte de baptême
original inscrit sur les registres de l'année
1781.
11 existait certainement une erreur.
M. de Margueri avait-il commis un lap-
sus et fallait-il lire « extrait du registre
des actes de naissance de l'année 1780.'' »
Ou, bien, dans le texte même de la copie,
s'était-il trompé en inscrivant l'année mil
sept cent quatre vingt, au lieu de mil sept
cent quatre vingt-un?
Pour résoudre le problème, il restait
un moyen.
Il est dit dans l'acte de baptême qu'Eu-
rrène fut baptisé le mardi quatre septem-
bre. Etait-ce le 4 septembre 1780 ou le 4
septembre 1781 ?
Il suffisait de consulter un calendrier.
Le 4 septembre 1780 tombait un lundi.
Le 4 septembre 1781 était bien un
mardi .
Eugène de Beauharnais est donc né le 3
septembre 1781.
Cette démonstration était faite quand
le duc Tascher de la Pagerie voulut bien
nous communiquer une lettre de Mme La-
mairge de Faverolles au marquis de
Beauharnais. Cette lettre originale et
inédite, datée de Mône, le 1 1 septembre
1781, tranche la question. «Je prends
toute la part possible à votre satisfaction
à celle de M* de Renaudin, à M. le vi-
comte et à M" son épouse qui doit être
bien contente d'avoir donné l'être à un
beau garçon.. . . »
11 s'ensuit que la copie de l'acte de nais-
sance d'Eugène déposée aux archives est
entachée d'une grave erreur. Le scribe
s'est-il simplement trompé et a-t-il, dans
l'inscription de l'année de la naissance
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août t904«
289
290
mil sept cent quatre-vingt-un, omis de
mettre le « un » final laissé, par inadver-
tance, au bout de sa plume ?
Dans tous les cas, la copie de l'acte
de naissance d'Eugène est inexacte.
Quant à l'acte original sur parchemin
du mariage princier du Vice-Roi, il a subi
un grattage évident, il a été matérielle-
ment falsifié et après coup.
D'abord le mmistre Maret avait donné
à Eugène 24 ans en mai 1806. Il avait
écrit qu'Eugène était né en 1782: première
inexactitude.
Plus tard, pour faire concorder la date
de naissance d'Eugène inscrite sur son
acte de mariage avec la copie de son
acte de baptême, on soumit le parchemin
à des opérations frauduleuses. Cet acte,
revêtu des signatures impériales et royales
fut gratté et on ajouta, pour établir la
date de naissance d'Eugène, mil sept cent
quatre vingt, deuxième inexactitude.
Cet acte a donc été l'objet d'une falsi-
fication et constitue un faux. Eugène n'est
pas né en septembre 1780, comme on a
voulu le faire croire et comme il est écrit
en toutes lettres, mais le 3 septembre
1781.
C'est du reste la date donnée par le
Prince Eugène lui-même dans ses Mé-
moires. Bizarres procédés pour constituer
le dossier historique de la famille impé-
riale et pour établir l'identité des parents
de Napoléon !
D' R. PiCHEVIN.
Un édit de Henri II (XLIX, 833,
959; L, 72, 123). — On trouvera un
article très documenté du D"" Rondelet,
pseudonyme qui cache un des plus an-
ciens collaborateurs de V Intermédiaire, où
redit de Henri II est très longuement com-
menté.
L^article est intitulé : La Médecine dam
le Passé, avec pour sous-titre : La Recher-
che de la paternité sous l'ancien régime.
J'allaisoublier de dire que l'article a paru,
cette année même, dans le journal La Mé-
decine internationale illustrée^ 1 3 rue de
Poissy, Paris. P.-C.
Marquise de Favras (T. G., 336 ;
XLIX, 834, 971 ; L, 19, 188). — M. Tuetey,
dans un article que publie la Révolution
française (14 août 1904), Le^ archives an-
ciennesdu ministère de la justice auxArchives
nationales, parle du dépôt qui vient d'être
fait de ces importantes archives : il en fait
une analyse sommaire. Nous en extrayons
ce passage :
33 . Chalelet. Prévôts de V Hôtel. Officiers
municipaux 1789-1790 : i carton.
... Le second dossier présente un intérêt
exceptionnel parce qu'il est entièrement zon-
s-a.cxé 2.UX procès pour crimes àe lèse-nation
qui furent jugés au Châtelet en 1790 et qu'il
constitue dans une certaine mesure la série des
procédures existant aux archives nationales.
Ce sont en premier lieu, les informations et
additions d'informations, les confrontations et
interrogatoires du marquis de Favras, dont le
dossier n'existe plus au Châtelet.
Je me permets de signaler à M. E. Le
Gallo la très intéressante et très complète
étude publiée par M. Paul Gaulot, sous
le titre l'Affaire Favras, dans son volume
Amours d'autrefois, paru chez OUendorff
en 1903. Il y trouvera, p. 241, un extrait
des documents provenant de l'armoire de
fer et conservés aux Archives nationales,
duquel il résulte que la marquise de
Favras obtint dès 1790, une pension de
4.000 livres sur la liste civile, réduite à
1.200 livres après 1791 et qui paraît avoir
été continuée par le comte de Provence
pendant quelque temps.
Quant à la complicité de Monsieur,
tout semble, en effet, la démontrer. Tou-
tefois, M. E. Le Gallo fera bien d'écarter
l'argument tiré par le comte d'Hérisson
dans son livre Autour d'une Révolution
(p. 60) d'une prétendue lettre du comte de
Provence adressée à Favras le i *■■ novembre
1789 et que M. Louis Blanc, dans le tome
III de l'Histoire de la Révolution française.,
dit avoir copiée en Angleterre sur l'ori-
ginal. M. Feuillet de Conches a discuté
l'authenticité de cette lettre, à laquelle M.
Paul Gaulot n'accorde sans doute aucune
valeur, puisqu'il n'en parle même pas. Si
elle était vraie, elle serait absolument
écrasante pour la mémoire de Louis
XVIII. Bien avant d'être publiée par M.
Louis Blanc, elle avait paru dans un ro-
man fort oublié aujourd'hui {Les Prison^
niers du Temple par Regnault-Warin,
Paris, 1800). L'auteur est coutumier d'in-
ventions de ce genre. Dans ses Cames
des excès de la Révolution.^ Dulaure avan-
ce, mais sans preuve, que Regnault-Wa-
N* 1050.
L'INTERMEDIAIRE
291
292
rin avait vu cette lettre dans les papiers
du Directoire. Comment est-elle passée
dans la collection de lord Hoiighton, où M.
Louis Blanc l'aurait copiée et quelle
créance mérite un tel document ? Une
réponse satisfaisante à cesquestions ferait
cesser la plupart des incertitudes qui
obscurcisent encore l'affaire Favras.
SOUVIRON.
Robespierre sur la charrette
CL, 3). — Quand donc se lassera-t-on
d'appeler Robespierre, « Cromwell »,avec
lequel il n'a pas le moindre rapport ?
C'est méconnaître le grand homme d'E-
tat de l'Angleterre, et c'est ignorer celui
que Michelet, tout dantoniste qu'il se
soit montré dans son Histoire de la Révo-
lution, n'a pu s'empêcher de proclamer,
à son tour, un grand homme. Pour la
connaissance des hommes de la Révolu-
tion, dérouillés, restaurés, remis à point
comme des tableaux du Louvre, nettoyés
de la haine des partis, lire les antago-
nistes les plus ardents, tels que Michelet,
pour l'Histoire générale, le docteur Ro-
binet, qui a vengé et réhabilité le
grand patriote Danton, Ernest Hamel
qui a écrit sur Saint-Just et Robespierre
les livres les plus impartiaux qui se
puissent, et tout chargés de documents.
Sainte-Beuve, qui n'était pas suspect de
jacobinisme, — mais qui n'était pas non
plus un ennemi de la Révolution, tant
s'en faut, — écrivit à Hamel, au reçu de
son Histoire de Robespierre : « Je salue en
vous l'historien intègre... » Napoléon
lui-même rendit justice au grand homme
d'Etat que fut Robespierre, et mérita pour
cela qu'on l'appelât « un Robespierre à
cheval. » Ils n'avaient rien l'un de l'autre,
et, sans doute, sans le 9 thermidor,
on n'aurait pas eu l'épopée impériale,
qui a coûté si cher à la France. On se
serait contenté du général Bonaparte, qui
fut quelque peu jacobin, — mais pour le
bon motif, — dans son Dîner de Beati-
caire.
Quant à avoir peur de montrer son vi-
sage ensanglanté au peuple, sur la sinis-
tre charrette qui le conduisait à l'écha-
faud, j'aimerais à savoir comment s'y
prendraientjpour tenir la tête droite, ceux
qui auraient eu, comme Robespierre,
la mâchoire fracassée par le coup de
pistolet de Merda. Jules Troubat.
Le Club breton, les Amis de la
Constitution et les Jacobins fL, 49,
250). — Le document auquel j'ai fait
allusion dans mon premier article a pour
titre : Abrégé du Règne de Louis XUl et
des principaux événements de la Révolution
de France depuis ijy^ Jusqu'à la fin de
'799 (45 ^'")- E" réalité, le manuscrit ne
va que jusqu'au 18 prairial an 11. Je ne
connais pas le nom de l'auteur.
De ce manuscrit j'extrais : « ... Le Club
breton, ainsi nommé parce que la plupart
des membres qui le composaient étaient
députés de Bretagne. Lorsque le Roi et
l'Assemblée furent établis à Paris, le Club
breton quitta aussi Versailles et vint s éta-
blir place des Victoires^ Hôtel de Massiac.
Il procéda avec moins de mystère... il loua
alors un emplacement plus vaste, ce fut
celui du couvent des leligieux Jacobins ».
D'autre part, M. Aulard indique le 7 de
la place des Victoires comme ayant été le
local provisoire du Club des amis de la
Constitution. J.-G. Bord.
Le serment des ecclésiastiques
sous la Révolution (XLIX, 837, 964 ;
L, 123, 188,231). — Extrait des /imtales
historiques et chronologiques de la Ville
d'Arbois (Jura), année 1791, page 528 :
23 janvier 1791. Prestation du serment des
ecclésiastiques à la Constitution civile du
Clergé^ décrétée par l'assemblée nationale le
26 décembre 1790. La cérémonie a lieu le
dimanche à l'issue de la messe de paroisse, en
présence des officiers municipaux, des notables,
d'un détachement de la garde nationale en
armes, et d'un grand nombre de citoyens.
Ont comparu MM. Ignace-François-Xavier
Bruct, Docteur en théologie, curé : Jean-Bap-
tiste Noirot, Charles-Louis Bonnedouce, An-
toine-Philippe Saron et Remi-Sébastien Ver-
mot, vicaires ; Claude-Pierre Gravier, Jacques-
Hugues Malfroy et Jean-lierre Plumey, le der-
nier principal du collège, prêtres lesquels ont
individuellement prêté le serment: De veiller
avec soin sur les fidèles de la paroisse qui
leur est confiée, d'êtres fidèles à la nation, à
ta loi et au roi, et de maintenir de tout leur
pouvoir la constitution décrétée par l'assem-
blée nationale et acceptée par le roi.
Deux discours sont prononcés par MM. Bruet
et Plumey, et unanimement applaudisà cause
des sentiments patriotiques qui y sont expri-
més. Il est délibéré, séance tenante, qu'ils
seront textuellement inscrits à la suite du
procès-verbal. Suivent ces discours dans le
registre.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1904,
^93
294
Emm. Bousson de Mairet. Pointurier
Père, Imprimeur-Lithographe à Dole. Edi-
teur iS^6. Imprimerie de Madame Javel,
Arbois. B. de M.
*
* »
Cf. Les Prêtres sons la Première Républi-
que dans le Gaulois du dimauche des 13-
14 août 1904, p. 2, 3. L. C.
Louis XVIÎ — Documents inédits
(T. G. 532 ; XLIX, 684, S57 ; L. 326.) —
Colonne 227. ligne 28, lire 1794 au lieu de
1764 ; colonne 229. ligne 55, au lieu de
reconnaître Luuis Xf^I!, lire recouiiaitre
Louis XVIII.
Napoléon Bonaparte appelé Ni-
colas (L, 163, 234). — Colonne 234,
ligne 48, au lieu deNapol/one Buonaparte,
lire Napohbne Buonaparte.
J. G. Bord.
Le Lion de "Waterloo en 1832
(XLIII ; XLIV ; XLVII ; XLVlll, 32 ; L,
76). — Dans ma communication du 20
juillet 1901 à V Intermédiaire, communi-
cation à laquelle la Galette fait allusion,
j'ai cité des sources nombreuses : il eût
suffi de s'y reporter pour être édifié sur la
pensée qui a inspiré le monument. Voici,
par exemple, en quels termes le Mercure
belge commentait, en 1817, le projet de
l'architecte Vanderstrate, auquel le gou-
vernement du royaume des Pays-Bas ve-
nait de donner son approbation :
Il s'agissnit de célébrer un événement qui
a raffermi notre in.lépendance nationale ; on
proposait d'élever un monument dans les
plaines de Waterloo.
Ce sujet présentait de nombreuses difficul-
tés.
Depuis que des soldats ont cessé de repré-
senter les peuples, il n'est plus permis d'ou-
trage un peuple respectabfe dont une faible
poition a cédé à des armes étrangères, mais
en se couvrant de gloire. D'un autre côté,
nous eussions manqué de noblesse en imi-
tant l'égoïsme de l'Angleterre qui prétend
usurper un honneur si chèrement payé par
le sang de ses alliés, par le sang du petit-fils
des Nassau. C'était moins un succès de car-
nage que le retour de la paix et de la liberté
que le monument devait consacrer, sans
néanmoins que cette intention principale ré-
prouvât quelques souvenirs de victoire et
môme d'expiation funéraire.
L'antiquité nous offrait ses arcs detriomphe,
ses colonnes triomphales, ses obélisques et
ses pyramides. Les premiers, faits pour cou-
ronner le passage du vainqueur, étaient con-
venablement placés sur les grandes routes,
aux portes de la Ville Eternelle. Les co-
lonnes semblent destinées à orner l'inté-
rieur des cités ; et quand elles sont isolées,
elles marient mal leurs proportions grêles
avec l'immense horizon des campagnes.
L'obélisque a quelque chose de mystérieux
qui eût trompé la postérité. Enfin, la pyra-
mide rappelait des idées de tombeau et de ser-
vitude qui dépareraient un édifice auquel un
peuple libre attache les trophées de sa gloire.
L'artiste se voyait donc forcé à voler de ses
propres ailes, et, placé dans une situation
neuve, à créer un monument d'uii genre neuf.
Si le rapport qu'on nous a fait est fidèle,
voici quel est à peu près son projet, qui a
obtenu l'approbation du gouvernement :
Un cône tronqué en terre, de 500 pieds de
diamètre environ à sa base, et dont une masse
de maçonnerie formera le noyau, s'élèvera à
peu près à 125 pieds et sera surmonté d'un
piédestal, avec un lion colossal en bronze
appuyé sur le globe. Ce superbe animal, em-
blème de la force et de la valeur belgique,
dominera le paysage, et secouant sa large
crinière au-dessus des arbres qui l'environ-
neront, semblera le génie de la patrie, posté
là pour veiller sur la cendre de nos défenseurs
et défendre à l'étranger de rentrer en ennemi
sur notre sol. L'architecte, dont toutes les
conceptions sont poétiques, a imaginé de
faire exécuter les terrassements par l'armée
elle-même. Le piédestal, enfin, sera couvert
d'inscriptions simples et significatives, telles
que celle-ci : Virtuti de tunctœ et superstiti.
Ces mots de Strada n'y seraient peut-être pas
déplacés ; Quasi uno in Belgio de Europat
imperio diiniccttir.
Le Lion est donc bien « hollando-
belge », et il n'y a plus lieu d'élever,
comme le proposent en ce moment même
quelques Flamands, un monument à la
mémoire des Belges et des Hollandais tom-
bés sur le champ de bataille. Les textes
parlementaires de 1817-1818 invoqués à
1 encontre de cette conclusion n'ont point
la portée qu'on a prétendu leur donner ;
ils prouvent, au contraire, selon moi, que
le gouvernement des P^ys-Bas a voulu, en
se hâtant de faire commencer la butte du
Lion, prévenir une initiative possible de
ses anciens alliés. Nous soumettons d'ail-
leurs ces textes mêmes à l'appréciation de
nos collaborateurs;
VRAGEN GEDAAN DOOR DE AFDEELLING. Afd.
6. Art. 7. Waarom rigt men een monument
te Waterloo op, en konde dit niet tôt gunstiger
N* 1050.
L'INTERMÉDIAIRE
295
tijden worden uitgestoid ? (Vierde afdeeliiig).
ANTWOORDEN GEGEVEN DOOR DE RhGEERING. —
AIzoo van ondeischeiden kanten, en zelfs van
wege andere Mogendheden, het verlangen
werd geuit om een monument te Waterloo te
inogen oprigten, zoo heeft men gemeend dat
de welvoegelijkheid en de waaidigheid der
Nederlandsche Natie vereischte, dat zooJanig
monument niet ten koste van vreemde, maar
ten haren koste weid opgeiigt,en men heeft
daaiom gemeend niet langer te moeten uits-
tellen eene som tôt aanvang van hetzclve te
moeten viagen, tôt einde het siiccessivelijk te
voleindigen, zijnde er op het budget van 1818
slechts aangeviaagd een vijfde van de koste
van 500.000 gulden waarop het monument
wordt geschat.
A. Boghaert-Vaché.
*
4- *
M. Léon van Neck, secrétaire du Co-
mité belge du monument français de
Waterloo, a publié à Bruxelles un superbe
\olume, Waterloo inusiré. Les pages 198
à 203 sont consacrées à la question du
Lion, désormais complètement élucidée.
Et l'auteur rappelle que « M. Boghaert-
Vaché, dans Mnterincdiaire des chercheurs et
<:m>'»Vî<a: du 20 juillet 1 901, résuma magistra-
lement la discussion, démontrant, citations
et preuves à l'appui, que le Lion a toujours
eu l'allure que nous lui connaissons ». Y.
Le droit du seigneur (T. G. 290;
L, 206). — Voici ce qu'on lisait dans Le
journal, numéro du 24 septembre 1900 :
Les journaux de Privas rapportent que
des touristes montés dernièrement auCha-
raïx (la plus haute montagne autour de
Privas), ayant eu l'idée de fouiller les rui-
nes de l'abbaye, ont découvert une espèce
de réduit voûté contenant un certain nom-
bre de volumes tombant en poussière, par-
chemins réunis en cartulaires, coutumiers,
livres liturgiques, etc. La pièce de choix
est un fort manuscrit que sa reliure en
peau avait assez bien garanti des injures
du temps. L'écriture très contournée et le
style des quelques pages qu'on a pu déchif-
frer permettent de reporter à François l"
la date de sa rédaction. Les premières
pages de ce manuscrit sont consacrées à
l'origine en Vivarais et dans toute la Gaule
du droit du seigneur.
Que faut-il penser de cette trouvaille .?
est-elle réelle ? Quelqu'un parmi nos con
frères a-t-il vu le fameux manuscrit et
pourrait-il donner la copie ou l'analyse
de ce qui a trait au droit du seigneur ^
Gros Malo.
2C)b
Terre noble (L, 162). — Tout le
monde sait ce qu'était une terre noble au
point de vue des exemptions fiscales et
du régime successoral, je pense donc que
la question aurait besoin d'être complé-
tée. P. DU Gué.
« Canale dei Mnlini. Schuna.
Auscenti /* en Bretagne (L. 164). —
M. le professeur Luigi P. a parfaitement
raison de voir dans Auscenti, l'île d'Oues-
sant. Importante par elle-même, elle l'est
bien davantage par la situation maritime
et militaire qu'elle occupe au large de la
côte de Bretagne; aussi toutes les cartes
du moyen âge et du xvi' siècle, quand
bien même la France n'y a que huit à
dix centimètres de haut, ont-elles bien
soin de l'indiquer. Uxcant, Uscenti, Aus-
centi, telles sont certaines des dénomina-
tions qu'on relève sur les portulans et
notamment sur les portulans italiens.
Si Luca degli Albizzi s'est figuré être à
la suite de la tempête qu'il venait d'es-
suyer dans le canal des Moulins entre
Schuna et Auscenti, il faut chercher ce
canal des Moulins dans les parages
d'Ouessant, or, nous avons, dans le voi-
sinage immédiat, l'ile Molène qui répond
absolument au mot italien Mulini. Le
passage de Fromveur dont parle M. L. P.
est situé entre Ouessant et l'ile Bannec,
c'est un étroit passage, un des trois cou-
loirs qui séparent l'ile de Molène d'Oues-
sant.
Quant à Schuna, il y a là pour moi
une mauvaise lecture, soit dans le manus-
crit de Luca degli Albizzi, soit dans la
carte qui aurait servi à ce navigateur.
C'est d'ailleurs un fait excessivement fré-
quent et dont on trouve des exemples
sur presque toutes les cartes anciennes.
je propose la lecture Schina. En efïet.
Pile de Sein est pour tous ceux qui fré-
quentent les côtes de Bretagne, une loca-
lité d'une importance exceptionnelle,
aussi ne faut-il pas s'étonner de la voir
figurer sur les portulans sous les noms
de Seina, Saim ou Sein. Le portulan dont
se servait Albizzi devait porter les noms
d'Uxent ou Auscenti, Moline et Seina, il
croyait donc avoir passé par l'Iroise.
Au xv" siècle, on était incapable de
faire des observations astronomiques, on
prenait les hauteurs à l'astrolabe, on na-
viguait à l'estime sur des cartes qui ne
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
297
298
30 Août Jot>4.
portaient avec les latitudes que les aires
des vents. Il fallait au marin Vœs triplex
dont parle Horace. L'ile d'Ouessant, celle
de Aloléne, celle de Sein suffisent pour
indiquer les parages où se trouvait le
marin italien. — G. M.
Famille Beaoist (L, 164). — Au
Maine, Benoist de Suint-Martin se fit
représenter à l'assemblée de la noblesse
en 1789 : d'aigenî, à l'aigle éployéc de
sable, becquée et onglée de gueules.
Louis Calendini.
Claire Gambotta, chanteuse de
café-concert (XLIX, 614, 692, 869 ;
L, 32). — M. Eugène Grécourt répond,
dans le n° du 10 juillet de X Intermédiaire^
à une lettre que je lui avais écrite pour
l'informer que suivant ses indications,
j'avais fait des recherches dans le Figaro
du mois de mars 1873, afin de découvrir
certains articles conservés à Claire Gam-
betta. recherches qui furent infructueuses.
Je remercie M. Grécourt de la rectifica-
tion qu'il apporte à sa première note et
des nouveaux renseignements qu'il veut
bien me fournir.
Toujours en m'inspirant des notes de
M. Grécourt. j'ai écrit à Marseille pour
savoir si l'on ne pourrait pas retrouver
des traces du père de Georgina : Abraham
Gambetta. Les recherches aux archives,
dans les registres de l'éiat civil et dans
les publications du temps, n'ont donné
aucun résultat. 11 n'existe aucune men-
tion non plus, de cet Abraham, dans les
différentes exploitations de messagerie.
Où M. Grécourt avait-il donc trouvé
les renseignements qu'il a donnés dans
l'Intermédiaire ?
M. Grécourt disait aussi que Geor-
gina était né à Crémone (Italie). J'ai écrit
au maire de cette ville, qui s'est empressé
de me faire connaître que ses recherches
avaient été négatives. Alphonse Séché.
Prononciation du nom de Mon-
taigne (L, 166. 249). — La finale aigne a
le même sens que la finale agne dans Mon-
tagne, et cela veut dire mont aigu, mont
terminé en pointe, s'affinant au sommet.
On a prononcé le radical og., aigu, de
diverses façons, selon les pa3'S : ^7^, aig,
èg, eig et ig ( dans Montigny). C'est donc
là une simple question de patois local.
D' Bougon.
J'étais très lié d'amitié avec M. Jos.-
Dés. -Louis Gilbert-Schneider, l'érudit édj>.
teur et commentateur des œuvres de
Vauvenargues et de La Rochefoucauld,
trois fois lauréat des prix d'éloquence de
l'Académie française, mort à Paris, pen-
dant le siège, en octobre 1870.
A Paris, chez lui, vers 1865, je me
souviens d'avoir assisté, à une toute pre-
mière lecture académique — avant la let-
tre — de son Eloge de Regnard, le célè-
bre poète comique, éloge que peu après
couronna l'Institut.
A cette lecture, se trouvaient MM . Henri
Baudrillart l'économiste, Désiré Nisard,
Ernest Legouvé Patin, Henri Martin l'his-
torien, tous les quatre de l'Académie, le
vicomte Henry de Bornier, alors encore
peu connu, Prévost-Paradol, le brillant
polémiste, et trois ou quatre autres nota-
bilités littéraires dont ma mémoire a
laissé se perdre les noms.
Pour moi, il me faut vous le dire, je
n'étais là, que comme simple enfant de la
maison, mais j'y étais, <-< pour de vrai » :
tout yeux et tout oreilles !
Ce" fut le regretté M. Legouvé, un in-
comparable lecteur, comme chacun sait,
qui reçut des mains de M. Gilbert le ma-
nuscrit (présentement, en ma possession,
par parenthèse) et qui se chargea d'en
faire la lecture, ce dont, au reste, il s'ac-
quitta avec un charme et un esprit infi-
ni?.
duand, entouré des applaudissements
de tout l'auditoire, il eut terminé, je me
souviens que l'un des assistants(M. Henri
Martin, je crois) se leva et, très discrète-
ment, demanda pourquoi M. Legouvé
avait, toujours et partout, prononcé Re-
nard (sans le g), le nom de Regnard,
M. Patin qui, à ce moment, était le
plus rapproché de siège de M.Henri Mar^
tin, lui répondit, fort gentiment, à peu
près ceci, — le sens, seul, des paroles de
M. Patin, après trente-neuf ans écoulés,
s'est conservé dans mon souvenir — :
« Mais, mon ami, tout simplement, parce
que les vieux noms propres qui sont for-
més d'anciens substantifs, de noms com-
muns, comme ceux-ci : Regnard, ^Mon-
taigne et ses dérivés : Montaignon, Moti-
taignac, de IHospitat'i IWustn chancelier,
- Charles c/w Molin le grand jiiriscon-
Ji,* 1050.
L'INTERMEDIAIRE
299
300
suite — les académiciens Bernard de
la Monnoye, et du Ciiastelet, — Da-
moustiers, le poète d'Emilie, — Ladvocat,
le grand libraire — , tous ces noms,
bien que ayant conservé leur aspect
orthographique des xv' et xvi'' siècles,
se prononcent, aujourd'hui, et se doi-
vent prononcer, littéralement, comme
se prononcent et comme s'écrivent, de nos
jours, leurs équivalents mêmes, originaires,
les noms communs dont ils sont issus ».
Pour ceux de nos lecteurs que l'explica-
tion,cependant bien claire, de feu M. Patin,
dérouterait ou laisserait incrédules, j'en
appellerai, s'il leur plaît, à l'aréopage de
la Maison de Molière. C'est là, par excel-
lence, le dernier sanctuaire où se conser-
vent le plus sûrement, avec les traditions,
et la netteté de la prononciation, et la pu-
reté du beau langage.
QjLie notre ami M. Georges Monval, un
fidèle de \' Intermédiaire^ s'il vient à lire
ces lignes, veuille donc bien prendre le
soin de nous dire comment, exactement,
se prononcent, à la Comédie-Française,
les noms de Rdgnard et de Montaigne?
Je serais, pour ma part, bien surpris,
que l'avis de la Comédie ne restât pas en
tout conforme à celui du bon M. Patin.
Ulric Richard-Desaix.
L'intelligence artistique de Ra-
chel (XLVII; XLVIII). — Entre autres
documents, sur cette curieuse question, on
peut consulter avec intérêt : Mes souvenirs
de la <\ Revue des Deux-Mondes ». (Revue
internationale, ^^ année, t. XVllI, p. 25
et s.), par H. Blaze de Bury, qui semble
sévère, et Soixante ans de souvenirs (t. IV,
p. 5 et s.,) par E. Legouvé, qui est plus
bienveillant. L. de Leiris.
Souvenirs de Simon de Grand-
champ (XLIV). — Ces souvenirs, on les
peut lire dans \' Annuaire de la Société
philolechnique^ année 1868, Paris-Hachette,
1869. 8».
Si ces pages ne reproduisent pas le
manuscrit visé par A. S., elles racontent
du moins le récit que M. Henri Beaune
entendit de la bouche de Simon de Grand-
champ en 1853, dans une pauvre auberge
de Vitteaux (Côte-d'Or).
Jean-Baptiste — fils de Denis-Joseph Si-
mon de Granchamp, président-trésorier
de France, général des finances de Bour-
gogne et Bresse, et de dame Françoise
Rémond, — naquit à Semur-en-Auxois,
le 7 mars 1767. Quand il eut atteint sa
onzième année, ses parents le mirent au
collège d'Autun, dont son oncle paternel,
l'abbé de Granchamp, était principal.
C'est là qu'il connut non seulement le
futur empereur, mais encore et surtout
son frère Joseph :
Autun, dit-il, tut le premier séjour de
Napoléon en France, quoi qu'on en ait dit ;
je l'y ni vu, je me suis battu avec lui, et je
vous prie de croire que malgré sa petite taille,
c'était un rude gaillard I Autant son frère
Joseph était doux, aimant, bon camarade
(c'était mon ami intime, mon copin, celui
que je chérissais le plus), autant l'autre était
taciturne, obstiné, rêveur, irascible. Je le vois
encore avec son habit gris perle, sans collet,
avec une veste de soie par dessous, son petit
tricorne, sa culotte courte et ses souliers à
boucles. Joueur infatigable aux ^obilles, dé-
fiant ses camarades, et pour échapper à leurs
coups, s'enfuyant dans un des angles de la
cour des récréations, et là, du poing, du
pied, repoussant les assaill.nts. . .
11 a passé six mois à Autun et l'a quitté
pour aller à Brieiine. Son père et sa mère l'y
avaient amené de Corse, et revinrent Tannée
suivan e pour se rendre aux eaux de Plom-
bières. D'eux aussi je me souviens comme si
je les avais vus hier. M. de Buonaparte père
était de haute taille, sec, maigre, un peu bour-
geonné. 11 portait une perruque en fer à che-
val, avec une bourse et un double cordon de
soie noire qui en sortait et venait se rattacher
au jabot, une épée et un habit de soie passe-
mentée avec des brandebourgs. Sa femme,
Mme Lœtitia, jeune encore, d'une prestance
romaine, avec cheveux bruns en chignon,
barbes de dentelles, robe de soie blanche à
fleurs vertes, taille en paniers. Je sens encore
sa main caresser ma chevelure ; j'entends sa
voix sonore et accentuée m'appeler son petit
ami, l'ami de son fils aîné, de son Joseph.
Napoléon, qui était alors âgé de huit ans
environ, avait, lui aussi, un accent étran-
ger, l'accent de son pays, il prononçait son
nom Napoillonc, et cela lui avait valu parmi
nous je ne sais quel sobriquet. 11 ne savait
pas l'orthographe, jabolait mal le français et
ne mordait guère au latin...
11 passait le temps des classes à rêver ou à
graver son nom sur les bancs et les pupitres
voisins. Peut-être retrouverait-on encore cette
griffe du lion... si le mobilier du collège
n'avait pas été détruit.
Son frère Joseph, quoique plus âgé, subis-
sait son ascendant comme par instinct. Il tra-
vaillait davantage et se montrait docile-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1904 .
501
502
Plus âgé que son frère, Joseph était aussi
plus grand, plus développé physiquement, et
avait une figure plus française. Il portait déjà
la tonsure, car sa famille le destinait à l'E-
glise. Pendant que nous courions à perdre
haleine, Joseph et nioi, Napoléon s'asseyait
dans un coin de la cour :ivec l'abbé Bertrand
et entamait une partie d'échecs dont il sor-
tait le plus souvent vainqueur. Chaque jeudi,
les deux frères allaient passer la journée à l'é-
véché chez Mgr de Maibeuf dont le frère, gou-
verneur de la Corse, avait connu là M. et
Mme de Buonaparte.
Après sa sortie du collège, Granchamp
fut tour à tour, soldat, sergent au batail-
lon auxiliaire des colonies, sous-lieutenant
au bataillon de la Guyane en 1788. Ren-
tré en France en 1792,11 fit, comme capi-
taine au I" bataillon de la 197" demi-bri-
gade, la guerre contre les chouans. Mis en
disponibilité en 1793, notre officier s'en-
rôla dans une troupe de comédiens et de-
vint successivement régisseur des théâtres
d'Aix, de Grenoble, de Montpellier, de
Rouen. Rentré dans son pays natal en
1853, il mourut à l'hospice de Semur,
âgé de quatre-vingt-dix ans.
Effem.
Le comte de Tilly (XLIX, 217,
306, 419 ; L, 250). — Voici les derniers
degrés de la branche de Prémarest de la
famille de Tilly, d'après le Nobiliaire iini-
veis^l de Saint-AUais (t. VIII, p. 259; t.
X, p. 473)- Pierre, marquis de Tilly, né
le 22 octobre 1696, mort le 15 février
1768, épousa, le 8 mai 1724, Françoise-
Renée de Guéroult (fille de Jean, Sgr de
Saint-Loup X), décédée le 25 octobre
1778, dont cinq enfants :
I. René-Pierre-François-Amédée, marquis de
Tilly, capitaine au régiment de Navarre,
chevalier de Saint-Louis, né le 8 février lysc),
épousa, le 27 avril 1753, Jacquette-Madeleine
de Guéroult, dont :
Pierre-Jacques, marquis de Tjlly, né le 11
octobre 1735,3 Contilly (Maine), admis en
1765 à La Flèche, en 1770 à l'école militaire
(Geoffray. Preuves de noblesse pour les
Ecoles viilitaires], mort sans postérité, avait
épousé, le 7 mai 1791, Antoinette-Charlotte
de Chevrel de Frileuse.
II. Jacques, marquis de Tilly, bailli d'épée à
Beaumont-Ie-Vicomte, mort le 25 juin 1791,
épousa ; N. de Chassille; 2° Antoinette-Jac-
queline Ameslon de Saint-Cher ; de la i" il
eut :
1) Pierre-Alexandre, comte de Tilly, page
de la reine Marie-Antoinette, colonel de cava-
lerie, commandeur de Malte, chevalier de
Saint-Louis et de la Légion d'honneur, mort
sans alliance, le 22 décembre 1816.
De la seconde, naquirent :
2) Louis-Stanislas-Xavier-Elisabeth- Marie,
Lomte de Tilly, né le 10 juin 1778, admis,
en 1788, à l'Ecole militaire (Geofïiay) capie
taine dans les armées royales en Vendé-
épousa, le 31 mal 1800, Madeleine-Suzanne
Rivault (fille de Jean, seigneur de Chardon-
neux) dont :
(1) René-Louis-Ernest de Tilly, moit en
bas âge ;
(2) Marie-Madeleine-Edmée de Tilly ;
3) Renée-Jeanne-Jacqueline de Tilly, refue
à la maison royale de Saint Cyr, chanoinesse
du chapitre noble de l'Argentière ;
III Henée-Jeanne de Tilly ;
IV Louise de Tilly ;
V René-Louis, comte de Tilly, brigadier
des gardes du corps, chevalier de l'ordre de
Saint-Louis, né le 22 octobre 1736, décédé en
prison le 14 janvier 1794, épousa, le 30 jan-
vier 1765, Anne-Elisabeth-Perrine Champion
de Qiiincé (fille du seigneur de la Maulnière)
dont quatre enfants :
i) René-Pierre-Charles-Antoine, comte de
Tilly d'Escarbouville, né le 1'' ou le 17 jan-
vier 1766, à Neufvillalais (diocèse du Mans)
admis en 1774 à l'Ecole militaire (Geoffray)
capitaine d'infanterie, tué le 31 juillet 1799
dans les guerres de la Vendée.
2) Clément, comte de Tilly, né le 3 ou le 4
février 1769 à Neufvillalais, admis en 1778 à
l'école militaire (Geoffray) lieutenant au régi-
ment de Bresse, chevalier de l'oidre de Saint-
Louis en 1817, allié, le 25 novembre 1803, avec
Geneviève-Henriette de Lancrau de Bréon
(fille d'Alexis et de Geneviève de la Barre),
dont :
Clément-Henii, marquis de Tilly, né le 5
avril 1805, mort le 10 janvier 1873 au châ-
teau de Vosnes, près Nuits, le dernier de sa
branche, avait épousé, lé 4 février 1837, Ma-
thilde de la Bretèche dont il n'eut qu'une fille.
;) Anne-Marie-Henriette de Tilly, nc'e le 2
juillet 1771, épousa, le 5 mars 1810, Clair-
Pierre-Charles de la Touche
4) Renée de Tilly, née le 2 septembre 1781,
épousa, le 8 septembre 1802, Mr. du Mesnil-
Tilly.
V. aussi d'Hozier. Armoriai géttéial.
Reg
1.
La Chesnaye des Bois, Dict. nobl. t.
XIX. p. 1.
Chamillart, Recherche de la Nohl. de
Caen en 1666.
Magn\', Nobiliaire de Normandie.
G P. Le LiEUR d'Avost.
N" io=;o.
L'INTERMÉDIAIRE
303
304
Voltaire. Statues et portraits
faits de son vivant (T. G 937). —
Que de reproductions en peinture et au
pastel, en sculpture et en orfèvrerie, en
gravure et en lithographie, en toutes
matières et sous toutes les formes, de
l'etfigie du Dieu-Voltaire !
Voici, par exemple, un de ses portraits,
bien peu connu, et que je vois annoncé
dans une lettre du chevalier de Roufflers à
sa mère, la petite reine de la cour de Sta-
nislas :
Je vous envoie pour vos étrennes un petit
dessin d'un Voltaire pendant qu'il perd une
partie aux échecs. Cela n'a ni force, ni cor-
rection, parce que je l'ai fait à la hâte, à la
lumière et au travers des grimaces qu'il fait
toujours quand on veut le peindie ; mais le
caractère de la figure est saisi ; et c'est l'essen-
tiel. II vaut mieux qu'un dessin soit bien
commencé que bien fini, parce qu'on commence
par l'ensemble et qu'on finit par les détails,
Qu'est devenu ce portrait ?
N'ayant pas sous les yeux, le livre de
Maugras sur Stanislas et la cour de Luné-
ville,j'ignore si l'auteur de cette pittoresque
et gracieuse reconstitution de la Lorraine
galante a parlé du croquis de Bouffllers.
d'E.
A. E, 1. O. U. Austriae est impe-
rare orbi universolT.G. 25 ; XLVIU).
— On peut ajouter aux explications déjà
citées :
1° La traduction allemande de Aitsîriœ
est ùnperare. . .
Ailes Erdreich Ist Oesterreich Unter-
than, avec la variante finale :... Unfer-
ivoifcn. (Tout r univers est soumis à l'Au-
triche).
Le IVappenbuch de Conrad Griinenberg
(1483) dit, en vieil allemand :
Al Ere Ist Osterich Unterton, et Al
Ere Ist Ob Uns.
Un mauvais plaisant disait déjà mé-
chamment en 1442 :
Aller Erst Ist Oesterreich Verdorben,
que l'on peut traduire littéralement par :
L'Autriche, la toute première, est cor-
rompue.
2° La variante : Aquila Ejns Jtisto
Omnia Vincit.
3° L'interprétation personnelle de l'em-
pereur Frédéric III :
Amor Ehctis Injvistis Ordinat Ulior.
(L'amour aux élus, le châtiment aux
injustes).
4" Austria Erit In Orbe Ultima.
(L'Autriche durera autant que le monde.)
J'ai trouvé les trois premières notules
dans un excellent petit ouvrage que je
recommande aux héraldistes familiers
avec la langue allemande : Das Wappen
in Kuiist und Geiverbe^ par E. A, Stiic-
kelberg. Zurich, E. Cotti, petit 8", 250 p,
avec 214 illustrations.
Sabaudus.
Familles de Guyenne, Gascogne
et Languedoc. Armoiries (XLIX,
504, 645 ; L, 26, 135, 246). — Scorbiac.
La solution d'une partie de cette question
se trouvera dans le tome IV de Y Armoriai
du /"■ Empire^ de Révérend, à l'article
Scorbiac. M. de Scorbiac fonda, en 181 1,
un majorât au titre de baron et laissa trois
fils et une fille, qui épousa M. Delbrcil,
dont les fils, pour se distinguer d'autres
familles homonymes Çt), ont ajouté à
leur nom celui de leur mère. X.
Armes de la Rivière (L, 168). —
La famille de La Rivière, seigneurs de
Pré-d'Auge (terre érigée en comté par
lettres patentes du roi Louis XV, données
au mois de mars 1766), des Authieux, de
Brocotte, de Trehan, de Hoiot, du Menil-
aux-Crottes, de Thuilebert, de 5aint-De-
nis-des-Monts, de l'Epée, de Funebret,
de la Chattière, etc., portait pour armes :
de gueules, à 2 bars adossés en pal d'or,
entravailUs dans deux fasces ondées d'azur .
L'écu surmonté d'un casque de chevalier,
orné de ses lambrequins, et timbré d'une
couronne de comte, ayant pour cimier un
lion d'or, tenant de sa patte une épée.
Supports, 2 lions. Devise : Fans ignotiis,
virf us cognita (Magny. Nobiliaire Je Nor-
mandie^ II, p. 640).
G. P. Le Lieur d'Avost.
Beau ville (XLl). — Les armes : d'or,
à deux taureaux passants de gueules
sont celles de la famille de Bcauville (sic)
ou Boville (de Bovisvilla), qui apparte-
nait au midi de la France (Geliot, 646
O'Gilvy et Boarrousse de Lafifore. Nobi-
liaire de Guyenne. Art. Raignac).
La famille de Vieuxpont est normande :
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Août 1904
305
306
c'est probablement dans la Normandie
qu'il faut chercher l'origine de ses allian-
ces. Dans la notice de Vieuxpont que
donnent Moreri et La Chesnaye des Bois,
l'on ne trouve pas celle de bcanviUc par-
mi les familles alliées. 11 y a bien Jeanne
de Beusville, dame de Monsliers, qui
épousa au xv^ siècle Guillaume de Vieux-
pont Sgr de Chailloué. Est-ce qu'il s'agit
de la famille de Beuj^cviJle, maintenue
dans sa noblesse en 1463 par Montfaut,
et en 1.666 par l'Intendant de Caen et qui
portait pour armes : d'i^ur, à j étoiles
d'or. 2 et I (Chamillart. Recherche de la
noblesse de Caen, en i6b6) alias à ^
Peurs de lys d'or ? (St-Allais. Aob/liaiie
universel t. VI, 2* partie, p. 26).
Geliot (p. 561) donne aussi pour Beu-
zeville. en Normandie : d'argent à lafasce
de sable, accompagnée de ^ qidntefeuillcs
du même. E. P. Le Lieur d'Avost.
Mémoires d'une Contemporaine
(T. G., 234). — En 1885, le collabora-
teur <s Pellavius » a demandé quel était
l'auteur des Mémoires d' une Contemporaine .
Il fut répondu à la question d'une façon
fort exacte, mais quelque peu succinte. Je
demande donc la permission de revenir
sur ce sujet et même de m'y étendre;
mon excuse sera dans l'attrait que
présentent pour certains curieux de M In-
termédiaire ces petits cotés de l'histoire
littéraire. J'ai puisé mes renseignements
dans une série d'articles que le Figaro
publia en 1860 sur le libraire Ladvocat.
Ces articles sont signés « Darthenay ».
C'est le hasard qui amena Ladvocat à
publier les Mémoires d'une contempo-
raine :
Un benu matin, Ladvocat était allé, selon
son habitude de tous les jours, faire la coar à
Chateaubriand qui demeurait rue d'Enfer, 131.
Il s'arrêta, en revenant, au cate qui fait l'an-
gle des rues Molière et de Vaugirard, et qui
était tenu par une personne de sa famille,
m'a-t-on dit, le beau-frere de sa femme.. .
Les habitués de ce café rem3rquaient,depuis
quelques mois, une femme d'une cinquantaine
d'années, d'une mise plus que modeste, et
dont les traits laissaient voir sous les rides les
traces de sa beauté Cette femme venait
chaque matin dans le café situé place de
rOdéon, en face de la grille du Luxembourg,
contigu à la maison que M, Jules Janin a
habitée pendant plus de trente ans. Une sim-
ple tasse de café composait tout son déjeuner,
puis elle se mettait à griffonner pendant une
heure ou deux. Elle rédigeait, disait-elle à
qui voulait l'entendre, ses Mémoires.
Cette femme était à peu près dans la mi-
sère. Elle avait ^u, par des confidences et le
récit de ses malheurs, gagner la confiance de
la maîtresse de la maison. Le jour où Ladvo-
cat la rencontra pour la première fois elle
excita chez lui un sentiment de pitié. Elle
devait, depuis trois mois, son humble déjeu-
ner. Elle avait foi, du reste, dans la vente de
ses Mémoires , bien que déjà elle les eût
offerts inutilement à plusieurs libraires, La
maîtresse de la maison s'empressa de signaler
à Ladvocat les occupations quotidiennes de
cette femme qui déjà excitait si bien sa sym-
pathie. Ladvocat s'approcha d'elle, la fit cau-
ser et emporta quelques feuillets de ses pré-
tendus Mémoires .
Ladvocat ne manquait pas d'initiative, mais
toujours il consultait les hommes de lettres
qui venaient le voir presque tous les jours,
Charles Nodier, Armand Malitourne, Amédée
Pichot, Gentil. Ladvocat se mit alors à lire quel-
ques-uns de ces feuillets informes et l'on fut
généralement frappé des singulières aventures
de celte femme ; il était de toute évidence
qu'elle avait connu, d'une manière plus ou
moins intime, un grand nombre d'illustra-
tions militaires.
A cette époque, les mémoires pleuvaient de
tous côtés. Les Républicains, les hiipérialis-
tes, les Royalistes publiaient leurs Mémoires
à l'envi... Les faits que la Contemporaine —
car on la désignait ainsi — avait griffonnés
en français médiocre et avec force fautes d'or-
thographe, firent une vive sensation sur
l'aréopage littéraire réuni chez Ladvocat,
L'éditeur s'empressa donc de retourner voir
cette femme étrange qui rédigeait ses Mémoi-
res dans un café ; il lui fit des propositions
sérieuses, que la Veuve de la Grande Armée,
— comme elle fut surnommée depuis, — se
montra fort heureuse d'accepter.
Ladvocat, du reste, généreu.x et magnifique
plus que jamais, — car il était à l'apogée de
sa prospérité, — fit si bien les choses, que la
Contemporaine, dans l'excès de sa joie et de
sa reconnaissance, lui baisa les mains, elle
qui, vingt ans auparavant, s'amusait à jeter
au feu, dans un dépit de coquetterie, les bil-
lets de banque dont la main d'un galant di-
plomate lui avait fait des papillottes. Ida
Saint-Elme mettait pour qui voulait l'enten-
dre, cette galanterie sur le compte du prince
de Talleyrand.
Le marché fut donc bientôt réglé, conclu
et signé.
D'après ce traité, Mme Ida Saint-Elme s'en-
gageait à fournir, chaque jour, huit ou dix
pages manuscrites, que Ladvocat avait la fa-
culté d'amplifier pour arriver à faire plusieurs
volumes.. . .
N" 1050
L'INTERMEDIAIRE
307
308
On s'occupa dès lors d'organiser la publica-
tion des Mémoires d'une contemporaine, et
Ladvocat choisit son ami Malitoiiriie pour les
rédiger en chef
Malitourne, au moment où Ladvocat lui
confia la rédaction des Mémoires d'une Con-
temporaine avait trente et quelques années...
Ladvocat connaissait parfaitement le fort et
le faible de Malitourne ; il savait quelle répu-
gnance cet homme d'espr t et de talent avait
à toucher à une plume. Il savait qu'il n'écri-
vait dans la Quotidienne ti dans les Annales
de la littérature et des arts de charmants
articles qu'à son corps défendant. Alors, cet
ingénieux Ladvocat traita l'affaire en h.nbile
diplomate ; il fut convenu que Malitourne
qui occupait alors, au deuxième étage, un
appartement de garçon, place Louvois, vien-
drait demeurer dans l'hôtel de Ladvocat. Lad-
avocat fit donner à Malitourne une chambre
meublée avec élégance. Malitourne s'y installa
et dès le lendemain matin il se mettait à la
besogne.
Grâce aux prudentes mesures prises par
Ladvocat, le travail fut organisé d'une façon
régulière, Malitourne couchait dans une
chambre contiguë à celle où couchait Ladvo-
cat. L'éditeur éveillait son écrivain ; à neuf
heures Malitourne se mettait à l'œuvre, et
jetait à plaisir d'éblouissantes broderies anec-
dotiques sur les quelques feuillets que chaque
jour lui apportait la Contemporaine.
Malitourne s'asseyait au centre d'une lon-
gue table sur laquelle étaient rangés par ordre
plus de deux cents volumes des Mémoires
contemporains de toutes les couleurs, la
Biographie Universelle de Michaud et beau-
coup d'autres ouvrages sur la République et
l'Empire.
Toutes les fois que la Contemporaine citait
dans son gribouillage un nom nouveau, Ma-
litourne aidé par les tables alphabétiques des
ouvrages qu'il avait sous les yeux, y puisaitde
nombreuses anecdotes et de piquantes appré-
ciations sans compter tout ce que sa mémoire
lui suggérait.
C'est de cette façon que les Mémoires d'une
Contemporaine furent faits. Ladvocat ne
quittait pas Malitourne un seul moment ;
Malitourne, chaque matin, à l'heure habi-
tuelle ; il se mettait à l'œuvre et cessait
d'écrire à onze heures et demie, et, en trois
heures environ, il improvisait, sur les notes de
la Contemporaine deux feuilles in-S"
A midi, l'on déjeunait et l'on mangeait beau-
coup moins que l'on ne causait ;. . . Vers une
heure, Ladvocat emmenait Malilourne dans
son tilbury ; ils allaient de journal en jour-
nal, après quoi ils dinaient au café de Paris,
puis ils passaient la soirée au spectacle ou
ailleurs... et le lendemain le travail recom-
mençait. L'éditeur avait ainsi trouva le seul
moyen de faire rédiger par Malitourne les
Mémoires d'une Contemporaine .
Ce n'était pas un mystère que cette rédac-
tion des Mémoires ; tous les hommes de let-
tres qui, le matin, venaient chez Ladvocat,
pouvaient voir Malitourne au travail...
Malitourne malgré son étonnante facilité,
n'allait pas encore assez vite au gré de Ladvo-
cat, qui, encouragé par le succès inouï du li-
vre, était pressé de satisfaire cette vogue ines-
pérée: il adjoignitdonc à Malitourne plusieurs
écrivains.
Cinq ou six chapitres ont été rédigés par
Maxime de Viilemarest, rédacteur de la Quo-
tidienne.
Charles Nodier, — qui n'était pas encore
membre de l'Académie. et qui travaillait jour-
nellement pour Ladvocat en rédigeant préfa-
ces, notes et réclames, — ■ a fait pour sa part à
peu près un volume des Mémoires signis par
Ida Saint-EIme.
M. Amédée Pichot fut un des complices.
II a commis les chapitres où la Contemporaine
prétend avoir rencontré à Venise l'illustre
poète anglais au génie chevaleresque qui
venait de mourir glorieusement pour la cause
de l'indépendance grecque (i)
La critique tança vertement, pour cette in-
cartade, la Veuve de la Grande Armée, et
Jules janin qui débutait dans le feuilleton,
après avoir lu les chapitres où Ida baint-
Elme raconte ses relations familières avec le
général Ney,et surtout avec le général Moreau,
ne l'appelait que la Veuiie Moreau. Ida
Saint-EIme était pour scn âge si étourdie,
qu'elle accepta gaiement le prestige de cette
légèreté contre la mémoire de lord Byron,
qu'elle n'avait jamais ni vu ni connu
Gustave Fustier.
« Le poète au siècle » (XLVI). —
Ma question étant restée sans réponse au
sujet du jeune versificateur A. Baron, j'ai
dû croire que ce jeune homme n'avait pro-
duit que cet écrit, œuvre sans importance
d'un collégien. Mais j'étais dans l'erreur,
car, il y a quelques jours, le hasard m'a
fait tomber, sous la main, un petit
volume intitule : Lldce de la Commune^
(Paris, Ghio, 1879, in-12,) ouvrage de
M. A. Baron rempli de bon sens et qui fait
(1) Dans une lettre adressée au Figaro (n"
du i" juillet 1S60J, M. Amédée Pichot pro-
testa contre les dires de M. Darthenay, lui
attribuant les chapitres où la Contemporaine
prétend avoir été connue de lord Byron à Ve-
nise. Dans cette lettre, M. Amédée Pichot
reconnaît d'ailleurs que trois feuilles des
Mémoires ont été rédigées par lui. iG. F.)
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1904
309
310
justice des excentricités socialistes et col-
lectivistes, tout en reconnaissant que notre
société est loin d'être parfaite et qu'il y
a lieu d'améliorer le sort de bien des
déshérités.
Connaît-on d'autres écrits de cet an-
cien élève du lycée Bonaparte ?
P. NONSPI.
Les salons duX VIII' siècle (XLVIII,
55, 149, 225, 926). — Consulter, à ce
sujet, l'ouvrage de M. Feuillet deConches,
intitulé : Les salons de conversation an
XVIII' siècle, et publié chez les frères Cha-
ravay, à Paris, en 1882 (p. in- 18).
L. DE Leiris.
Mai d'amour (L, 173). — Consulter
à ce sujet : Les Bouquets de mai dans le
Maine, par M. Henri Chardon, article
publié dans le journal : Le Progrès (du
Mans) no du 2 mai 1864.
llouis Calendini.
Les documents phalliques (L,
172). — Lire le très intéressant article
de M. Raphaël Blanchard, professeur à la
Faculté de médecine de Paris et président
de la Société française d'histoire de la
Médecine, dans le Bulletin de cette so-
ciété : Persistance du. culte phallique en
France, t. III, n° i, fol. 106.
D"" Paul Triaire.
Lou Lavamsnt (L, i:, 144). — Pas
plus que mes honorables co-intermédiai-
ristes, je ne connais la bibliographie de
M. Poutringo.
Ce que je sais, c'est que le mot, — qui,
paraît-il, a son équivalent, ou à peu près,
à Lyon, et même à Genève, — est d'ori-
gine essentiellement méridionale.
Dans le bas-languedocien, «poutringo»
signifie, en effet, drogue : tt,« sépoutringa»
se droguer.
J'ajoute que « poutringo », '< se pou-
tringa » comportent une certaine idée de
mépris ou d'ironie, que n'implique pas né-
cessairement le fait de se droguer.
On prend en pitié les gens qui, par ma-
nie, se «.poutringuent, » quand on ne les
tourne pas en ridicule.
Enfin, comme le languedocien est un
idiome riche et se prêtant facilement à la
création d'expressions que, là-bas, tout le
monde comprend en naissant, nous trou-
vons, se rattachant au même mot : a: pou-
tringur », celui qui drogue, — pouttin-
gairé », celui qui a Thabilude de se dro-
guer.
Et peut-être encore d'autres.
L. DE Leiris.
Catalogues pour vente de vieux
livres (XLIX, 842, 991 ; L,9i, 201). —
Parmi les catalogues <■< de livres d'occa-
sion » les plus anciens et répondant le
mieux, pour la rédaction, à la question de
M. A. jy, il convient, je crois, de citer
celui que j'ai sous les yeux et dont voici
le libellé :
Livres en tous genres
propose's
A un rabais considéiable
Depuis le le"" avril jusqu'à la fin d'août 1787
à Paris
chez Crapait, libraire, place St-Michel à l'en-
trée de la rue d'Enfer, n* 127.
Suit la description d'environ 410 ou-
vrages numérotés et portant chacun, en
regard, le prix de vente.
Hector HogIer.
Tout lasse, tout casse, tout passe
(XXXVII; XXXVIII; XLIX, 371). —
Ce qui suit remonte à 1850 ; la deuxième
République était en train d'agoniser.
Devrient, le Talma de l'Allemagne, pré-
senta au grand chanteur Roger, alors
dans tout l'éclat de son magnifique talent,
un album où était écrit le proverbe ci-des-
sus. Roger prit une plume et répondit par
ces vers de ... ténor :
Toutlasse?Oh! non Monsieur,si votre cœurl'ignore.
Pour J'Art et pourleBien rien ne doit nous glacer.
Racliel et Devrient ! vous que le monde adore,
Irait-on vous revoir et vous entendre encore
Si tout devait lasser ?
Tout casse? Il est trop vrai ; je le dis avec peine.
C'est un cruel dicton qu'on ne peut elTacer 1
Et notre République, et les biens qu'elle amène.
Et ma voix de ténor, avec ma porcelaine,
Tout doit un jour casser.
Tout passe, dites-vous ? Ah ! que Dieu vous entende !
Dans ma malle, avec soin, j'irais vite entasser
Vos émaux de Meissen, votre Sèvre allemande.
Au nez de la douane, et sans payer d'amende.
Si tout devait passer.
— A. S.. E.
«J'appelle un chat un chat» (L, 173).
— Le vers de Boileau :
J'appelle un chat un chat et Rolet un Iripon
est bien connu. H. C, M.
No 1050.
L'INTERMEDIAIRE
5"
312
Attendez-moi sous l'orme (T. G.
67 ; L, 2ot)). — Victor Hugo avait donné
rendez-vous à une actrice (Mlle Juliette
Drouet peut-être, qui, à la première re-
présentation de Lucrèce Borgia, en 1833,
remplissait le rôle de la princesse Nc-
groni). L'actrice nes'étant pas trouvée au
rendez-vous, reçut du grand poète le
distique suivant :
Un arbre quelqucfuis brusquement se traiîsforme :
On était sous le charme et l'on attend sous l'orme.
Th. Courtaux.
Minuter sa retraita (L. 60, 203). —
Merci aux aimables confrères qui ont
bien voulu éclairer mon ignorance au
sujet de cette expression, dont j'avais mal
interprété le sens réel. Maintenant, je
réponds à ma propre question, en indi-
quant le Dictioiinnire de Littré ; parmi les
diverses acceptions du verbe «minuter»,
il signalela locution «minuter sa retraite».
En ce cas, « minuter » s'emploie au figuré
et familièrement, avec la signification de
« projeter quelque chose pour l'accom-
plir bientôt ». On « minute » une entre-
prise, une fuite, une retraite ; on « mi-
riute » de changer de nom, etc. (Voir les
exemples).
J'avais eu la naïveté de rechercher
cette forme de langage, passablement
archaïque, dans de vieux lexiques : La-
combe, Roquefort, La Curne de Sainte-
Palaye, etc., où je ne l'ai point trouvée,
tandis qu'elle était bien en place dans
Littré.
Au demeurant, l'expression est jolie :
il est regrettable qu'on l'ait abandonnée.
Connaît-on par hasard des auteurs mo-
dernes qui s'en soient servis ?
Gros Malo,
Diadesté (XLIX,507, 657, 710). — Le
7 septembre 1836, le théâtre Favart don-
nait la première représentation d'un opé-
ra-comique en deux actes, intitulé le Dia~
desté^ paroles de Priot et Saint-Hilaire,
musique de Jules Godefroid.En en rendant
compte, un journal expliquait ainsi le titre
de l'ouvrage : — *< Le Diadesté est un jeu
arabe, ou plutôt une gageure ; les deux
joueurs, homme et femme, ne doivent,
pendant un temps déterminé, recevoir
aucun objet de la main l'un de l'autre,
sans prononcer le mot Diadesté. Celui qui
l'oubliera paiera l'enjeu. » Voilà tout, en
effet, et de ce jeu, qui me paraît ressem-
bler un peu à notre philippine, je ne sau-
A. P.
rais dire davantage
Le nomd8Hervé(XLIX; L, 38,149).
— Pourquoi M. Bougon, au lieu de me par-
ler de mes erreurs, ne me les fait-il pas,
de suite, toucher du doigt ? 11 m'épargne-
rait cette réponse et ménagerait les co-
lonnes précieuses de V Intermédiaire.
En attendant la bonne nouvelle, qu'il me
permette de lui demander pourquoi, dé-
composant le sujet de cet article en her
et vé, il décompose Hennan e n henn et
en an ? Pourquoi ne pas prendre comme
type, pendant qu'il y est, le mot Her-
mite !
Au surplus, la discussion portait i»sur
le sens du mot her dans la composition
de Hervé et là-dessus il ne répond pas ;
2" Sur le sens de wig et sur ce dernier
point il n'invoque que l'autorité d'Augustin
Thierry.
Or, cette autorité, en matière d'étymo-
logie germanique, et malgré la valeur
reconnue de ce grand historien (en ma-
tière historique), me fait vis-à-vis de celle
de Schadc et des étymologistes allemands
l'erfet de l'autorité de l'illustre Newton
vis-à-vis de celle de Fresnel en matière
d'ondulations lumineuses, en tenant
compte, par dessus le marché, de la diffé-
rence de compétence. Paul Argelès.
L'origine des mots : '< chic » et
« mic-mac » (T. G., 204). —(La mère de
Goethe d'après sa correspondance, p. Paul
Bastier lektor à l' Université de Konigsberg.
Paris. 1902, chezPerrin et Cie.)
Je trouve dans cet ouvrage, fort inté-
ressant d'ailleurs, deux questions d'éty-
mologie, et bien que toutes les deux aient
été traitées dans V Intermédiaire (t. I. 275,
334, t. Il, 48, 431, 590 ; m, 14, 270;
X, 220), je me permets cependant d'y
revenir, car l'étymologie qu'en donne
M. Bastier n'a rien de commun avec
celles que nous connaissons déjà.
Dans une phrase, que l'on trouve dans
une lettre de Mme Goethe, adressée à Marie
Amélie, duchesse de "Weimar, on lit ces
paroles : Jamais de ma vie je n'ai été
aussi « chic ».
L'auteur du volume, qui est professeur
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1904,
3Ï5
314
Konigsberg,
de français à l'Université de
fait un renvoi et dit au bas de la page 97
du volume : Le mot chic est, comme on
sait, allemand d'origine — <v Was sich
schickt : »ce qui convient, ce qui sied, est
seyant ».
Cette étymologie nous parait tirée par
les cheveux, car dans le vrai sens du mot
« chic >>, tel que nous le comprenons dans
son emploi dans la langue courante, il
ne veut pas dire : « Ce qui convient ou
ce qui est convenable, ou bien seyant »,
mais exprime une qualité sni gencris^ fort
difficile à expliquer. Les dénominations :
chicard, chicocandard, qui étaient fort en
usage en la moitié du siècle passé, ne vi-
saient rien moins que le « convenable /•>
et, dans tous les cas, ce qui est « chic »
n'est pas toujours « convenable »,et quel-
quefois même, pas « seyant » du tout.
D'ailleurs l'expression allemande : was
sich schickt. veut dire : ce qui est con-
venable de faire, ce qui se fait ». D'où
viendrait le mot « chic » ? pas de l'alle-
mand, pour sûr, mais plutôt de l'espa-
gnol : chico — petit — gentil.
Une autre fois, dans le même volume
p. 190, l'auteur cite un passage de la
lettre de Mme Goethe à son fils, où elle dit:
Toi et Schiller, vous me causez une ioie
inexprimable en ne répondant pas aux criti-
ques, en méprisant tout ce mic-mac, tous ces
cancans, tous ces radotages de vieilles filles :
vous vous contentez à les envoyer à tous les
diables. Continuez dans cette voie, vos œu-
vres à vous demeureront pour l'éternité.
M. Paul Bastier ajoute en post-scrip-
tum : mic-mac n'est que la traduction du
mot allemand : mischnmich, dont la tra-
dliction serait : méli-mélo.
Que mic-mac dérive de mischmarch^ cela
peut s'admettre à la rigueur, comme il
serait également admissible que le mot
allemand tirât son origine du mot fran-
çais ; mais dans tous les cas : mie mac ne
saurait être traduit par : mèli mélo ; je le tra-
duirais plutôt par le mot maniganccy dont
le sens s'en rapproche davantage. Cette
question de : mic-mac a été posée au vol.
X, 226, mais n'a pas été suivie d'une ré-
ponse.
Il serait assez curieux desavoir si l'éty-
mologie de ces deux mots, donnée par
M. Paul Bastier, est soutenable. C'est à
nos correspondants, savants philologues,
à répondre à Cette question. Duc ]ô8.
Consulat suae conscientise (L.
161). — Est-ce bien consultât l U y a, en
apparence, une forme subjonctive, qui,
grammaticalement, exigerait « consultet ».
N'est-ce point plutôt consulat^ de « con-
sulere » t L'expression nous semble vou-
loir dire : « Qu'il surveille sa conscience,
qu'il en prenne souci, pour ne pas se
mettre dans un mauvais cas et pour s'épar-
gner des remords », dans le même sens
que « famîe suœ consulere » signifie :
«ménager sa réputation» et non pas« con-
sulter sa femme » comme finiront par tra-
duire nos arrière-neveux délatinisés. Il
faudrait, d'ailleurs, avoir le contexte pour
apprécier la valeur exacte du terme, d'a-
près l'idée générale et l'intention pour-
suivie. Gros Malo.
*
* *
Cette expression veut dire : « Qu'il
pourvoie à sa conscience. » On retrouve
fréquemment ces mots dans les brefs pon-
tificaux, par exemple dans ceux du 5 oc-
tobre 1793, du i*"" avril 1794, du
26 juillet 1794, du 22 avril 1795, tous
relatifs au serment de liberté et d'égalité
exigé des ecclésiastiques par la loi du
14 août 1792. Cf. Les serments pendant la
Révolution, par l'abbé Uzureau, directeur
de ï Anjou historique , Paris, LecofFre, 1904.
B.
■»
* *.
Le titre de celte question comportait en effet
une faute typographique : consultât pour
consulat.
Un distique : « Casta placent »
(L, 172). — U doit y avoir quelque inad-
vertance dans la traduction ; mais le sens
de casta et mente se rétablit de soi.
Superto doit être aussi, sans doute,
pour : superno ou supernis.
P. DU Gué.
Colonne 5 1 , lire « la chasteté » et non
la « charité » ; « venez d'une âme pure »
au lieu de : « venez d'une main pure ».
Inscriptions des cadrans solai-
res (T. G., 158 ; XLVI à XLVIII). - II
y a une quinzaine de jours, le Figaro citait
un cadran solaire situé -a aux environs de
Venise » et portant cette jolie devise :
Horas non numéro nisi serenas. « Je ne
compte que les heures sereines. »
Il n'y a pas besoin d'aller si loin pour
N» 1050.
L'INTERMEDIAIRE
315
516
découvrir ce cadran solaire : c'est celui
du Jardin des Plantes de Paris.
J.-C. WlGG.
Baud dans le Morbihan (XLIX,
165, 374; L, 150). — L'étymologie qui
vient le plus naturellement à l'esprit me
semble être habieum. — Sans autre ga-
rantie, toutefois. — Dans tous les cas,
rien de celtique, je crois. P. du Gué.
Attiger la cabane (XLIX, 6iq, 812,
883, 935 ; L, 40). — Dans l'Anjou, dans
mon enfance j'ai souvent entendu em-
ployer l'expression « attiger », dans le
sens d'exciter, de chiner, d'agacer ; tout à
fait dans le sens de la phrase que notre
collaborateur Soulget cite en exemple.
Dans le pays nantais, on l'emploie aussi
ou du moins on l'employait il y a 30 ans.
Jamais je n'avais entendu « attiger la ca-
bane ». An Den.
*
Attiger ne serait-il pas le même mot
qu'atiainer ou atténer, employé couram-
ment dans la Bretagne du Nord-Ouest,
pour : agacer, faire perdre patience î —
Rapprocher de ce que dit notre confrère
M. Soulget pour la Normandie.
P. DU Gué.
« Etant donné » (L, 61). — Etant
donné peut être considéré comme expres-
sion proverbiale et alors il n'y a pas lieu
à accord.
L'un et l'autre s'écrit ou s'écrivent.
— L. Depal.
Je m'en suis allé. Je me suis en
allé (XLIX, 224, 480, 604, 764, 988 ; L,
95, 202). — J'ai une répugnance invin-
cible pour l'emploi dans la conversation
de façons de parler dont se servent cou-
ramment, presque avec une sorte d'affec-
tation, certains écrivains qui font cepen-
dant quelque figure. Par exemple : « Je
me suis en allé; malgré que; sortir un
objet de sa poche », Et jamais je ne les
permettrai à ma plume, ayant en matière
de langage parlé et surtout écrit, certaines
traditions puritaines ou puristes, comme
on voudra, et je suis bien trop vieux pour
me renouveler. Mais je rencontre une de
ces locutions au moins douteuses, celle
qui précisément est en litige, dans une
lettre de Boileau du 27 mars 1687, citée
dans un article signé Fred, au Bulletin his-
torique et scientifique de V Auvergne, i^ sé-
rie 1903, n" de novembre. On y lit en
toutes lettres, probablement par l'effet
d'une distraction de plume, « ne s'est
point en allé ». H. G. M.
Inhumations hors des cimetiè-
res (XLVllI ; XLIX ; L, 191). — Dans le
département de Lot-et-Garonne, commune
de Clairac, je me souviens d'avoir vu plu-
sieurs fois des sépultures privées dans les
champs.
Du temps des Français, à l'île Maurice,
l:i famille de Rochecouste enterrait ses
morts dans un cimetière privé, qui existe
encore sur sa propriété, au Grand-Port.
On voit aussi quelques anciennes sépul-
tures privées sur plusieurs autres pro-
priétés. D*" P.
Construction des églises. —Droit
de sépulture (XLIX, 392, 516, 639). —
Le 22 décembre 1675,1e conseil de l'église
et fabrique de Notre-Dame de Vitry-le-
François, en reconnaissance des bons ser-
vices que M' Jérôme Bugnot, vivant lieu-
tenant en l'élection de cette ville, a ren-
dus pour la construction et avancement
des tours et chapelles de leur église, per-
mit à Jérôme Bugnot, son petit-fils, aussi
lieutenant en la même élection, de faire
élever, sur le côté gauche de la nef, une
chapelle sous le titre de saint Jérôme, son
patron, pour être à toujours appelée la
chapelle de la famille de messieurs Bugnot.
Tous les membres de cette famille fu-
rent, en conséquence, enterrés sans aucun
droit de fabrique^ jusqu'à la Révolution,
dans le caveau de leur chapelle.
(Consulter pour détails le testament de
M'" Louis Bugnot, chanoine, du 17 juillet
1717, déposé, le 17 octobre suivant, en
l'étude de M" Blanchard, notaire à Vitry
et scellé de ses armes).
Nous terminerons cette réponse par le
texte d'un procès-verbal authentique :
Je soussigné, Claude Battelier, architecte,
demeurant à Vitry, certifie qu'à la réquisi-
tion de M, de Balldar, procureur du roi à Vi-
try, j'ai été commis pour me transporter en
l'église paroissial d'icelle ville pour prendre les
mesures et dimentions d'un caveau audessous
du pavé de rez de chaussée de la chapelle
Saint-Gérome, appartenant d messieurs Bu-
gnot, pour cause de l'inhumation duS' Pierre
Etienne Bugnot, décédé le onze novembre mil
sept cent soixante et dix sept, pour rendre
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1904,
317
318
conte à mondit s' le procureur du roy si le ca-
veau dont est question est conforme à la dé-
claration du roy en datte du 10 mars 1776
qui doivent les dits caveaux avoir soixante et
douze pieds ; mesure prise du caveau dont
est question, j'aurais trouvé qu'il contient
environ vmgt pieds quarrés de plus que l'or-
donnance susdattée ne demande et qu'après
le corps inhumé en terre à plus de six pieds
au dessous de la chapelle, a été pavé avec
pavées de grande pierre de taile posées à mor-
tier dans l'étendue du dit caveau au dessus de
la fausse ; pour quoi j'affirme le présent sin-
cère et véritable à Vitry ce 23 may 1780
(signé) Claude Battelier.
E. Tausserat.
La plantation des arbres (L, 174).
— Existe-t-il un décret sur la distance à
observer, de propriété à propriété, dans
la plantation des arbres ?
L'article 671 du Code civil répond à la
question : il n'est permis de planter des
arbres de haute tige qu'à la distance pres-
crite par les règlements particuliers ac-
tuellement existants ou par les usages
constants et reconnus, et à défaut de rè-
glements et usages, qu'à la distance de
deux mètres de la ligne séparative des
deux héritages pour les arbres à haute
tige et à la distance d'un demi-mètre pour
les autres arbres et haies vives.
En Normandie, les distances sont ré-
glées par l'édit du 17 août 175 1 : le long
des chemins vicinaux et de traverse dans
les terres non closes, qu'à dix pieds (^"248)
du chemin ;
Les poiriers et pommiers à sept pieds
(2°'274) du fonds voisin ;
Les arbres de haute futaie, dans les
terres non closes, à sept pieds du fonds
voisin, les branches seront coupées jusqu'à
quinze pieds (4°'873) de hauteur ;
Quand le terrain voisin est occupé par
un vignoble, les poiriers et pommiers
seront plantés à douze pieds (3"898) et
les arbres de haute futaie à vingt-quatre
pieds (7'"796).
Le jonc marin sera planté à trois pieds
(o°c)75) le bois taillis à sept pieds (2"'274)
lorsqu'il n'y aura pas de fossé entre les
deux voisins, et à cinq pieds ( i '"624) quand
il y aura un fossé.
Les haies à pied seront plantées à
I pied et demi du voisin (o'"487 5), tondues
tous les 6 an? et réduites à 5 à 6 pieds
(i'"624 = i"949) Beaujour.
*
* *
La distance à observer, de propriété à
propriété, dans la plantation des arbres,
est réglementée par les articles 671 et
672 du Code civil, modifiés par la loi du
20 août 1881. YsEM.
Cendrièrô (XLIX, 452, 603 ; L,
209). — Il faut s'entendre. Les lignites
du terrain soissonnais, qui produisent nos
cendrières, sont considérés comme l'ABC
de la géologie ; de sorte qu'il n'y a pas
un seul géologue, qui ne soit d'accord sur
ce point : nos terrains sue^sioniens ren-
ferment des lignites et non pas de l'an-
thracite, ni encore moins de la tourbe.
Cette dernière, en effet, appartient aux
terrains quaternaires, et le suessionien est
de l'époque tertiaire.
J'ajouterai que la craie n'a pas, chez
nous, des milliers de mètres d'épaisseur,
mais seulement des centaines ; c'est déjà
bien joli, comme cela.
Il est de plus absolument inexact, qu'on
ne trouve pas trace de végétaux herba-
cés ou ligneux ; car on y trouve des cryp-
togames et des monocotylédones arbo-
rescentes, avec maints débris d'animaux
fossiles. Nous pourrions en dire long, à
cet égard : car nous connaissons les gens
qui les ont trouvés et qui les ont dénom
mes depuis plus de 40 ans.
D"" Bougon.
Les femmes célèbres qui ont
posé nues (L, 1 17). — Ce titre me fait
songer aux deux toiles de Goya, lu Maja
dcsnuda et la Maja vestida^ intentionnel-
lement rapprochées, à Madrid, dans l'A-
cadémie de San-Fernando.
La légende qui st- rattache à ces soi-
disant portraits de la duchesse d'Albe,
Maria-Teresa de Silva, est bien connue,
mais ce n'est qu'une légende. Si toutes les
anecdotes relatives à telle ou telle dame
que l'on prétend avoir été peinte ou
sculptée ad vivam dans le costume d'Eve
avant la faute, ont l'authenticité de celle-
ci, il y aurait beaucoup à en rabattre.
F. BL.
Cheveux de femmes célèbres
(XLIX, 843,941 ; L,4, 153). — Question
préjudicielle pouvant expliquer les avis
divers sur la couleur indiquée. Dans quelle
N* 1050.
L'INTERMEDIAIRE
319
320
mesure les cheveux sont-ils sujets à se dé-
colorer, selon qu"ils ont été coupés sur le
vivaut ou non ; selon leur naturel plats,
ronds, elliptiques, lisses ou non, etc.,
leur ancienneté, leur âge et les conditions
dans lesquelles ils ont été conservés ?
L. Depal.
L'if, arbre sacré des Druides
(L, 164). — Nous ne répondrons qu'à la
seconde question. On a choisi l'if comme
arbre funéraire, à cause de la couleur
sombre de son feuillage, et en outre parce
que cet arbre, dont le bois résineux pais-
sait pour être imputrescible, était comme un
symbole de l'immortalité des âmes après
la mort. D"' Bougon.
Détail des anciens prix des den-
rées et marchandises (T. G., 270 ;
XLI ; XLll ; XLIV ; XLVl; XLVll; XLVIII ;
XLIX ; L, 37). — Bulletin de la Société de
T Histoire de Paris^ t. VII, Paris, 1880,
8°, page 107.
G. Grassoreille. - Prix du ble à Paris du
xiv^ au xvMi' siècle d'après les registres du
chapitre Notre-Dame.
IdeniA. VIII, fi88i), page 145.
Gaston Raynaud. — Prix des vivres pen-
dant le siège de Paris en 1590.
Mémoires de la Société havi aise d'études.
T. IV. Le Havre, 1837, 8", page 38.
Oursel. — Sur le prix des denrées au Havre
à diverses époques.
Mémoires de la Société d' Emulation
d'Ahbevilh^ t. X, Abbeville, 1867, 8°
page 211.
E. Pannier. — Prix des grains sur le mar-
ché d'Abbeville depuis l'année 1590.
Bulletin de la conférence littéraire et
scientifique de Picardie, t. 111. Amiens 188 1
8", page 39.
Georges Lecoq. — Prix des denrées à
Amiens en 1637.
Bulletin de la Société d' Etudes scientifi-
ques et archéologiques de la ville de Dragui-
gnan. t. i. Draguignan, s. d. 8°, page
112.
Philibert Poulie. — Recherches sur le flo-
rin de Provence et le prix des denrées alimen-
taires aux xvie, xvu' et xvui* siècles.
Idem^ ibidem, p. 118 et XXIV, 217.
Magloire Giraud. — Tarif du prix du fro-
ment et de l'huile sur le marche de Toulon
pendant les xvi* xvii« et xvui'^ siècles.
Annuaire départemental de la Société
d'émulation de la Vendée, t. XV, La Ro-
che-sur-Yon. 1872, 8", page 139.
P . Marchegay. — Approvisionnement et
dépenses de table au milieu et h la fin du xv'
siècle.
Bulletin de la Société académique de
Poitiers, t.... Poitiers, 1885, 8", page
1 19.
X. Deloze. — De la monnaie et de ses rap-
ports avec le prix des denrées et marchan-
dises.
A. S..E.
La mémoire (L, 116). — 11 faut
s'entendre. Les anciens et les hommes du
moyen âge avaient une excellente raison
pour cultiver leur mémoire, c'est qu'ils
ne possédaient pas de livres et que les
manuscrits étaient rares et coûteux. D'où
la nécessité d'emmagasiner dans sa tète
beaucoup de faits, beaucoup d'idées, avec
la préoccupation constante de les garder,
faute d'avoir, comme nous, la ressource
d'ouvrir unebibliothèque, petite ou grande,
et d'y trouver aussitôt sans mal et à bon
compte, le renseignement cherché. En
outre, les connaissances de l'époque, infi-
niment plus restreintes qu'aujourd'hui,
permettaient aux savants d'être véritable-
ment encyclopédiques ; et Ton cite à cet
égard des exemples qui nous paraissent
fabuleux.
Les anciens détiennent donc vraisem-
blablement le record de la mémoire.
Ce qui n'empêche pas, et c'est là l'au-
tre côté, le vilain côté, de la question,
qu'actuellement la mémoire ne soit, sur-
tout en France, extraordinairement exer-
cée, mais sans profit aucun et à l'exclu-
sion du raisonnement. Tous nos concours,
tous nos examens sont uniquement basés
sur la mémoire et nous avons quotidien-
nement ce spectacle navrant d'hommes
de quarante ans et plus, en quête d'une
chaire, la tête bourrée de manuels, réci-
tant encore comme des écoliers.
On change, on allonge les programmes
sans jamais se rebuter, sans jamais non
plus, ce qui serait le point capital, modi-
fier les méthodes. A tous les degrés et
dans toutes les branches, l'enseignement
chez nous est purement théorique, de mé-
I moire par conséquent, rarement expéri-
i mental. A tel jour, à telle heure, le can-
' didat est prêt. Un mois après, il a tout
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1904
_ 321 _
oublié. La mémoire n'a rien gardé, et
c'est ainsi que, soumise à un entraînement
irrationnel, elle ne présente pas, chez le
français d'aujourd'hui, la sûreté, la soli •
dite et l'étendue des temps anciens.
SOULGET.
Ouvrag.3 sérieux mis en vers
[Y. G. 665 ; XXXV à XL ; XLIl ; XLIV à
XLIX ; L, 100, 142, 212). — On nous
communique la curieuse pièce suivante
datée de 1820, a-t elle été authentique-
ment produite. Pourquoi pas .? Est-il in-
terdit de penser que la procédure a pu, au
pays de Clémence Isaure et des jeux flo-
raux, emprunter la langue des dieux .?
DIRECTION DE PERPIGNAN
Inspection de Perpignan
Municipalité de Céret
BUREAU DE LAMANÈRE
322
R.4PP0RT
du 1" juillet 1820 à l'impor-
tation contre des inconnus
fugitifs .
Loi du 28 Avril 1816, art: 41
O'oir la circulaire n' 439,
tome 3. page 282.
RAPPORT
Aujourd'hui, de Juillet la première journée.
Du règne de Louis la vingl-cinquième année,
Au Bom de notre chef, Kouvernant à !a lois
La Douane iranraise et t-availlônt aux lois,
l'ius conseiller d' tat et bien digne de l'ôtre,
A la requête enQn de Saint Cricq, notre maître,
Dont le bureau central est de droit à Paris,
Oii du nls de Cérès brillent les favoris.
Lequel fonctionnaire élit son domicile
Chez le sieur Jean Tauron, dun commerce facile,
Receveur principal, demeurant à Céret,
Ville du Roussillon d'un petit intérêt.
Légalement chargé, d'après son savoir faire
Des suites du présent dont il tait son alTaire,
Nous, Louis Alazet et Vincent Forigas,
l'uis Nicolas Bobo, Pierre Roc, Jean Forga?,
Tantôt er. proie au chaud, tantôt à la froidure,
.Mal logés, mal nourris et couchant sur la dure.
Toujours en embuscade et faiblement payés^
Tous les cinq, lieutenant et simples employés.
Habitant Lamanère, affreuse résidence.
Où chacun de ses maux se fait la confidence,
Nous tous certifions avoir saisi dûment.
Prêts à renouveler partout notre serment.
Pour avoir transgressé, se mettant trop à l'aise,
La loi du mois d'Avril de l'an mil huit cent seize
Article trois fois dix, deux fois cinq et plus un,
Nous avons, disons-nous, tous les cinq en commun
Saisi sur inconnus, inilruils par Jean Nivelle,
Qui se sont empressés d'enfiler la Venelle,
Les objets ci-dessus désignés clairement
En qualité, valeur, savoir: premièrement, etc., etc..
Nous leur avons crié jusques à perdre baleine,
Au moment qu'ils fuyaient comme des dains en
[plaine,
Que nous exercions tous notre petit emploi
Et que nous agissions en vertu de la loi.
Nos cris sur les fuyards font l'effet du tonnerre,
Us jettent aussitôt la marchandise à terre.
Nous courons après eux dans des bois inconnus.
Sans pouvoir arrêter aucun des inconnus.
Le vaisseau qui sillonne une mer écumante,
La flèche dont Céphnie atteignit son amant?.
Les ailes qu'un mortel adroit, audacieux,
S'aiîacha pour voler dans la plaine des cieux
Sont un laible tableau de la course légère
Du fraudeur revenant d'une plage étrangère.
Essouflés, demi-morts, n'y pouvant plus tenir.
Il fallut, sans captifs, sur nos pas revenir.
Cependant les objets, ramassés dans leur fuite.
Authentiques témoins d'une vive poursuite.
Malgré tous les détours qu'ils ont vainement pris.
Pour soustraire à nos soins un légitime prix
Et pour faire échouer la ruse et la prudence.
Ont été transportés à notre résidence
Et. le poids reconnu, comme il est toujours fait.
Inscrits sur le registre ouvert à cet effet.
Nous les avons laissés munis d'une étiquette
A monsieur Trimolet, receveur et poète.
Qui par ses fonctions dudit dépôt chargé
Signera le rapport sur le chîmp rédigé.
Et voulant procéder dans la langue sonore.
Chère aux fils de Latour et que tout peuple honore.
Nous avons fait connaître en termes positifs
Aux susdits inconnus, prudemment fugitifs.
Qu'après citation ils devront comparaître
A Céret ou Thémis se fera reconnaître.
Pour y voir prononcer la confiscation
Des différents objets dont il est question.
Seul moyen d'effrayer la désobéissance
Afin que le présent aille a leur coi:naissance
El qu'ils soient hors d'état de pouvoir apporter
Le plus léger motif pour le faire avorter.
Nous l'avons affiché, sans aucune rature
A l'endroit apparent oii l'on en prend lecture.
Fait clos audit bureau de l'ère de Jésus,
A quatre heures du soir; jour, mois et an que
[dessus,
Et nous tous employés que la misère cerne
L'avons signé chacun en ce qui nous concerne.
Communiqué par M. Bonneau.
Pharmaciens ayant été des sa-
vants (XXXIX à XL ; XLVIl ; XLVIII,
loi. 148). — Parmi les anciens, il faut
ajouter les suivants : P. Braillier, auteur
de l'ouvrage ayant pour titre : Déclaration
des abus et ignorances des médecins, œuvre
très utile à un chacun studieux et curieux
de sa santé, composé par P. Braillier, mar-
chand apothicaire de Lyon, pour response
contre Lisset Benancio, médecin. Lyon, par
Michel Jove, 1557, ii^-'^-
Claser, Christophe, apothicaire ordi-
naire du roi, a publié : Traité de la Chy-
mie.^ enseignant par une briève et facile me^
thode toutes ses plus nécessaii es réparations.
Paris, d'Houry, 1673,2 vol. in-12.
G. Claser, ainsi que son associé Sainte-
N» 1050
L'INTERMEDIAIRE
323
324
Croix, périrent en distillant leurs drogues,
et c'est alors que la justice ayant pénétré
dans leur ténébreuse officine, fit la décou-
verte de certaines pièces qui motivèrent
l'arrestation de la Brinvilliers et de ses
complices, et fiirent le point de départ de
l'afFaire des poisons.
Parmi les contemporains, il ne faut pas
oublier notre savant conlVère et collabora-
teur à V Intermédiaire, M. E. Grave, auteur
d'un grand nombre d'écrits historiques sur
la ville de Mantes et ses environs.
Paul Pinson.
Anthropophages français (XLIX,
2i7,369,399,55o;L,i04). — Notre confrère
Candide nous a conté l'histoire du vigne-
ron (qui portait un nom d'apothicaire)
Simon Potard, lequel, pendant le siège de
Sancerre, en 1573, avait mangé sa propre
fille, et ce, en compagnie de sa femme et
d'une vieille voisine qu'il avait invitée.
Le crime de Potard n'est pas niable,
mais, dans l'intérêt de l'histoire et de la
justice, on ne doit pas lui enlever le bé-
néfice des circonstances atténuantes aux-
quelles il a droit.
D'abord sa fille n'avait que 3 ans, ce
n'est peut-être pas une raison, mais elle
était morte, ce qui en est une ; et même
elle était morte de faim, cela montre bien
la misère extrême dans laquelle était la
famille Potard. De plus, Potard n'avait
pas poussé le cynisme jusqu'à inviter sa
voisine à déjeuner, celle-ci, la vieille Phi-
lippe de la FeniUée^ n'a participé au repas
que parce qu'elle logeait chez les Potard.
Nous savons que Jean de Leri les sur-
prit et les fit arrêter.
Voici la fin de l'aventure :
Sur le champ on les conduit en prison, où
a vieille Philippe mourut le lendemain : les
deux autres avouèrent le fait, mais la femme
déclara que son mari avait fait cuire la chair
de sa fille d'abord à son insu, puis malgré elle
quand elle s'en fut apperçue, et qu'enfin à sa
persuasion elle en avait mangé avec lui et
avec la vieille Philippe,
Comme ces gens n'avaient pas bonne répu-
tation d'ailleurs, on compulsa les registres du
Consistoire, et 1 on trouva bien des choses à
leur charge. Potard fut convaincu d'autres
crimes ; en conséquence, le 28 juillet, le Con-
seil de la ville le condamna à être brûlé vif
et la femme à être étranglée ; puis on déterra
le corps de la vieille Philippe que l'on jeta au
feu avec celui de la femme.
Nous préférons donc savoir que Potard
et sa femme avaient d'autres crimes sur
la conscience car, dans les conditions où
les choses se sont passées leur châtiment
aurait peut-être pu paraître excessif, sur-
tout quand nous aurons dit que d'autres
faits, aussi extraordinaires, se sont pro-
duits pendant le même siège.
Bernot de Charaut, qui fut bailli de San-
cerre en 1685, assure avoir vu dans le
dépôt du Greffe de cette ville une sentence
publiée par les soldats qui, après avoir
essayé de manger les corps des gens tués
par les ennemis (il est vrai que ce n'étaient
pas leurs enfants) avaient délibéré que, si
la famine continuait, ils se jetteraient sur
les vivants.
Hàtons-nous d'ajouter que le siège fut
terminé peu après et qu'ils n'eurent pas à
recourir à cette extrémité.
Il n'en est pas moins certain que Potard,
sa femme, et la vieille Philippe n'ont pas
été, pendant le siège de Sancerre, les
seuls anthropophages, et que si les Potard
ont commis le crime de manger leur fille,
ils n'ont pas commis celui de la tuer ; ils
ont donc droit, de ce chef, aux circons-
tances atténuantes. Pila.
L'œil de verre de M. "Waldeck-
Rousse^is (L, 272).;— Toute la presse
s'est intéressée à la révélation de ce petit
fait : M. Waldeck - Rousseau n'avait
qu'un œil. Ce fait, ignoré, n'était pas
niable, il ne fut pas nié. Mais le Temps qui
s'était documenté à la meilleure source,
a officieusement répondu en contestant
que l'œil perdu ait été remplacé par un œil
de verre :
V! Intermédiaire des chercheurs et curieux
publie une lettre signée d'un pseudonyme où
il est dit, à tort, que M. Waldeck-Rousseau
avait un œil de verre, comme Gambetta. Ce
qui est vrai, c'est que M. Waldeck-Rousseau
n'y voyait plus de l'œil gauche, à la suite
d'une opération qu'il avait subie dans sa jeu-
nesse et qui ne l'empêcha pas, d'ailleurs, de
s'engager dans la garde mobile en 1871.
Il résulterait de cette note que M. Wal-
deck n'y voyait presque plus de l'œil gau-
che à la suite d'un accident, c'est une
atténuation: M. Waldeck-Rousseau n'avait
plus d'œil gauche.
Le Gaulois, à la suite de notre informa-
tion,a fait une enquête très curieuse, agré
mentée de spirituelles anecdotes sur ce
petit mystère. Il s'en est entretenu avec
le docteur Trousseau ;
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1904.
- 325
326
L'éminent oculiste, dit notre confrère, nous
expliquait que l'on peut très bien avoir un
œil de verre sans que personne s'en aper-
çoive.
— J'ai vu M. Waldeck-Rousseau, nous dit-
il, l'année dernière, à un dîner de chasse. Je
vous avoue que je n'ai pas pris garde à son
œil de verre. Les convenances, d'ailleurs, m'in-
terdisaient de porter trop fixement mes re-
gards sur les siens. Pourtant, je savais, ou plu-
tôt j'avais entendu dire vaguement, que M.
Waldeck-Rousseau portait un œil artificiel.
Est-ce vrai ? Est-ce une légende ? Je ne veux
pas prendre parti dans cette controverse ».
M. Trousseau nous donna ensuite une très
intéressante consultation sur la matière.
— « L'œil de verre, fit-il, peut être parfaite-
ment conforme à l'œil resté sain, comme
forme et couleur. On imite aujourd'hui admi-
rablement la nuance et même l'expression de
l'autre œil. Toutefois, quand l'œil de verre a
été placé après l'enlèvement complet de l'or-
gane malade, il est doué d'une mobilité infé-
rieure à celle de l'autre. Dans ce cas, il existe
toujours un enfonrement caractéristique de la
paupière supérieure. C'est ce qui fait qu'un
oculiste exercé reconnaît en général, à pre-
mière vue, la présence d'un œil artificiel.
» Pourtant les élèves qui commencent
l'étude de l'ophtalmologie sont souvent trom-
pés par les apparences. 11 m'est arrivé de sou-
mettre à l'examen de mes élèves des malades
portant un œil de verre et de les voir fort em-
barrassés, cherchant et recherchant quelle pou-
vait être l'affection de cet œil artificiel.
» En résumé, l'œil artificiel est facilement
reconnaissable, s'il y a eu enlèvement com-
plet du globe oculaire. Il est presque absolu-
ment invisible si l'enlèvement de ce globe n'a
été que partiel, car alors l'œil artificiel a un
support plus régulier et doué, en même temps,
d'une mobilité bien plus satisfaisante. Aussi,
faisons-nous tous nos efforts pour conserver la
plus grande partie du globe quand il n'y a
pas de danger pour l'autre œil. L'opération,
du reste, n'offre aucun danger pour le malade.
En cinq ou six jours, le malade qui n'a gardé
le lit que vingt-quatre heures se trouve guéri,
et, trois semaines après, on peut l'autoriser à
porter la pièce artificielle s».
L'œil artificiel tel qu'on le fabrique, aujour-
d'hui a l'avantage de pouvoir être posé et
retiré sans difficulté. On arrive à lui donner
presque l'illusion de la vie, c'est-à-dire qu'il
est mobile et brillant comme l'œil naturel.
Comme Gambetta, M. Waldeck-Rousseau
va avoir, lui aussi, sa légende : la légende de
l'œil de verre.
Le Phare de la Loire nous communique
l'extrait suivant de son numéro du 9 no-
vembre 1870, auquel il était fait allusion
dans l'article de notre collaborateur :
M. Waldeck-Rousseau, maire de Nantes,
nous adresse la lettre suivante, que nous pu-
blions avec un sympathique empressement :
« Donnez place, je vous prie, dans votre
journal, à la note que voici.
» Mon plus jeune fils, attaché au barreau
de Saint-Nazaire, fait partie de la garde na-
tionale et va partir avec elle. // pouvait se
prévaloir cT exemptions pèremptoircs : il ne
s'est pas présenté au conseil de révision.
Mon fils aîné, qui est au barreau de Nantes,
est marié et père de famille. 11 appartient au
ban de la garde nationale sédentaire qui vient
d'être mobilisée et n'en décline aucun des de-
voirs. 11 a accepté de faire partie de l'état-
major du colonel alors que les hommes ma-
riés n'étaient pas appelés au service actif. Il
résignera son grade si l'état-major est empê-
ché de faire campagne.
» Des lettres sans signature me reprochent
d'avoir placé mes enfants en dehors des de-
voirs périlleux qui sont imposés à tous les
citoyens. Je ne puis tolérer plus longtemps
cette indigne imputation ; et puisqu'il ne
m'est pas donné de connaître ses auteurs, je
suis contraint de protester publiquement, au
nom de mes enfants et au mien . Si ceux qui
m'ont écrit ont voulu me causer une douleur,
qu'ils soient satisfaits , ils ont largement
réussi... Waldeck-Rousseau,
{Phare de la Loire ^ 9 novembre 1870).
Le père dit de son fils qu'il pouvait se
prévaloir à' exemptions péremptoires : c'est
l'allusion à la perte de l'œil gauche.
M. Waldeck-Rousseau n'avait bien
qu'un œil.
Entrées gratuites (L, 62). — 11 est
certain que, de tout temps, les entrepre-
neurs de spectacles publics ont laissé pé-
nétrer gratuitement dans leurs salles, les
personnes qui pouvaient leur être utiles
à un titre quelconque.
En ce qui concerne plus particulière-
ment les filles, il est non moins certain
qu'elles ont toujours été reçues gratuite-
ment, et même rétribuées, dans les éta-
blissements où leur présence était néces-
saire pour attirer la clientèle masculine.
Cela n'a jamais été guère possible dans
les salles de théâtre proprement dites où
la fille, restant assise une partie de la
soirée, ne peut être abordée que pendant
les entr'actes ou à la sortie du spectacle,
mais, dans les salles de bal, dans les jar-
dins consacrés aux fêtes, concerts, etc.,
en un mot dans la plupart des établisse-
N* 1050
L'INTERMEDIAIRE
32:
328
ments publics fréquentés par les viveurs
et où l'on peut se promener, la fille a
toujours été admise sans rétribution.
C'est surtout depuis la création des
mmic-balh que les filles ont trouvé, en
dehors des salles de bal, un asile gratuit
pour l'exhibition de leurs charmes.
Personne n'ignore, en effet, que les
premiers de ces établissements sont de
véritables marchés de chair humaine et,
ainsi que le fait si justement remarquer
sir Graph, tout le monde sait que, quelles
que^soient les attractions de la scène, la
salle serait vite désertée si les courtisanes
qui en font le principal ornement n'y
étaient plus reçues.
On peut, d'ailleurs, faire la même
observation pour certains cafés et restau-
rants fréquentés par les noctambules, où
la prostitution s'étale publiquement, et
qui seraient obligés de fermer leurs por-
tes si les filles n'y trouvaient toutes les
facilités désirables pour y exercer, sans
frais, leur triste et pénible profession.
En résumé, à la question de sir Graph,
je crois que l'on peut répondre : Ce
quasi-privilège existe depuis aussi long-
temps que les salles de divertissements
elles-mêmes.
Maintenant puisqu'il s'agit d'entrées
gratuites, je me permets d'étendre un peu
le sujet, en rappelant ce fait assez peu
connu, je crois, que sous Louis XIV, les
officiers et les gens du roi s'arrogeaient
le droit de pénétrer dans les théâtres sans
bourse délier et. qu'à la demande des
comédiens, le roi édicta des règlements
pour interdire cet abus qui ne s'en renou-
vela pas moins plus tard, si Ton en croit
les Mémoires de Lekain qui contiennent
une lor/gue réclamation contre cet usage
avec une liste des noms et des qualités
des amateurs de théâtre gratuit.
Louis XVI dut aussi renouveler les
défenses maintes fois faites par ses prédé-
cesseurs et on trouve dans une ordon-
nance royale du 2 avril 1780, la disposi-
tion suivante :
Sa Majesté lait très expresses inhibitions
et défenses à toutes personnes, de quelque
qualité et conditions qu'elles soient, même
aux officiers de sa maison, gardes, gendar-
mes, chevau-Iégers, aux pages de S. M.,
ceux de la Reine, des princes et princesses
de son sang, d'entrer à l'Opéra, ni aux
Comédies Française et Italienne, et à tous
autres spectacles, sans payer.
Cette ordonnance présente en outre
une particularité curieuse, car elle indi-
que que Louis XVI n'avait pas attendu la
Révolution pour supprimer certains pri-
vilèges de caste et établir un commence-
ment d'égalité entre les citoyens.
Elle se termine, en effet, ainsi :
Veut et entend Sa lAzjesié qu'il tiy ait
aucune préséance marquée ni place pour les
carrosses, et qu'ils aient tous, sans aucune
exception ni distinction, à se placer à la file
les uns des autres, au fur et à mesure qu'ils
arriveront aux entrées des spectacles, sans
pouvoir même doubler ni embarrasser le
devant des spectacles qui sera réservé libre
pour la facilité du défilé, de façon que la
voie publique ne puisse être embarrassée,
et qu'à l'entrée et à la sortie des dits spec-
tacles, les cochers soient tenus de prendre
la file, sans en former plusieurs, ni sans se
couper les uns les autres.
Toute infraction à ces dispositions était
punie d'emprisonnement.
Sous le Premier Empire, les comédiens se
plaignirent de nouveau, par l'intermédiaire
de M. de Rémusat, de l'abus des entrées
gratuites. Napoléon I" répondit en s'ins-
crivant pour 12.000 fr. d'augmentation
sur le prix de sa loge et en donnant ordre
que toutes les personnes attachées au
gouvernement imitassent proportionnel-
lement son exemple.
Puis, dans le règlement du 25 avril
1807, sur les théâtres, il fit insérer l'ar-
ticle suivant :
Les spectacles n'étant point au nombre
des jeux publics auxquels assistent les fonc-
tionnaires en leur qualité, mais des amuse-
ments préparés et dirigés par des particu-
liers qui ont spéculé sur les bénéfices qu'ils
doivent en tirer, personne n'a le droit de
jouir gratuitement d'un amusement que
l'entrepreneur vend à tout le monde.
Les autorités n'exigeront donc d'entrées
gratuites des entrepreneurs, directeurs ou
régisseurs de spectacles et concerts, que
pour le nombre d'individus jugé indispen-
sable pour le maintien de l'ordre et de la
sécurité.
Eugène Grécourt.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé an 1864
»«♦»«
QUESTIONS ET RÉt'ONSKS LITTÉ«A1RES. HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ST ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
329
330
(fiHucôtionô
Manuscrits inédits d'André Ché-
nier. — L'Intermtdiaire, grâce à l'obli-
geance de ses collaborateurs, pourrait-il
me fournir le renseignement suivant :
Quels ont été l'héritier ou les héritiers
de Madame Elisa de Chénier, veuve de
M. Gabriel de Chénier qui a légué à la
Bibliothèque nationale les manuscrits de
son oncle, le poète André Chénier ?
M. Gabriel de Chénier, outre les ma-
nuscrits légués à la Bibliothèque natio-
nale et à celle de Carcassonne, devait pos-
séder (il le dit dans la notice mise en tète
de l'édition en 3 volumes qu'il publia chez
Lemerre, en 1874) et a dû laisser à Ma-
dame Elisa de Chénier des lettres, des pa-
piers, les vers de jeunesse, les livres
d'André Chénier.
Dans quelles mains ont passé ces pré-
cieuses reliques ?
Avec tous mes remerciements anticipés.
José- Maria de Heredia,
à la Bibliothèque de l'Arsenal. 1, rue de Sully.
Le manuscrit de Don Juan. — 1
On a beaucoup parlé, ces derniers temps, \
du manuscrit du Don Juan de Mozart. Où i
se trouve-t-il exactement ; et quels en ont !
été les vicissitudes? Y !
_ !
Les mousraclies de Molière. — Il '
est d'un usage constant de représenter 1
Molière avec des moustaches. Le buste '
de Houdon, inspiré sans doute par le Mo- \
lière couronné de Pierre Mignard, le Mo-
lière de Coypel, le ^^ vray portraict de
M. de Molière en habit de Sganarelle »,
le Molière du tableau des farceurs fran-
çais et italiens, pour ne citer que les ima-
ges les plus classiques, nous font voir le
poète avec des moustaches. Seul le por-
trait gravé par Ad. Lalauze d'après le
portrait peint vers 1658, et placé en tête
du livre de M. J. Loiseleur, nous montre
un Molière jeune, la lèvre supérieure à
peine garnie d'un léger duvet.
Or, une question se pose. La plupart des
rôles créés par Molière, tels que ceux d'Har-
pagon, d'Argon, etc., se jouent 5a«5 mous-
taches. Que faut-il en conclure ? Que Mo-
lière jouait tous ses rôles avec des mous-
taches, et que ce sont ses successeurs qui
ont pris sur eux de changer la tradition.?
Ou bien que Molière jouait tantôt avec
des moustaches, et tantôt sans } Pour le
rôle d'Orgon. il n'y a pas de discussion
possible. Dorine parle de la '< large bar-
be » au travers du vitrage de son maître.
Qu'en disent les moliéristes ^ Se repré-
sentent-ils le maître jouant sans mous-
taches ^ Mais alors que faut-il penser des
portraits ? Nous rappellerons que les ac-
teurs italiens de l'époque — ainsi du reste
qu'aujourd'hui — conservaient presque
tous leurs moustaches au théâtre. Molière
n'a-t-il pas suivi l'usage de ses collègues
italiens ^ H. L.
L'examen de la fiancée royale.
— En racontant les préliminaires du ma-
riage conclu en 1385, entre x< le jone roi
L. 7
N* 1051
L'INTERMÉDIAIRE
33»
332
de France et madame Isabel, fille au duc
Estiène de Bavière », Froissart écrit :
Il est d'usage en France que quelconques
dame, com fille de hault signeur que elle soit
que il convient que elle soit regardée et avisée
toute nue par dames, à savoir se elle est pro-
pise et formée à porter enfans.
Froissart. éd. G. Raynaud, 1899, t. XI, p.
224.
Cette coutume existait déjà un siècle
auparavant, comme paraît l'établir une
note que j'ai récemment publiée ici même
dans une question qui n'a pas reçu de
réponse (XLIX, 555.) La fiancée était
examinée tantôt par des matrones, taniôt
par des ambassadeurs, et toujours toute
nue.
A quelle époque remonte ce singulier
usage ? Quand fut-il abandonné ? S.
Le portrait peint de la Laure de
Pétrarque, par Simone di Martino.
— Vers 5 du Sonnet LVIU et vers 1 du
sonnet LIX du Pétrarque, figure le nom de
Simone.
Or, ce Simon n'est autre que l'ami de
Pétrarque, le célèbre Siennois Simone di
Martino, le seul rival de Giotto, avec qui
il travailla à la Navicella de l'ancienne
église Saint-Pierre, à Rome, qui était allé
s'installer à Avignon, où il peignit, pour
Benoit XII, l'Histoire des martyrs, et où il
mourut en 1344. Serait-il possible de re-
trouver ce portrait de la Laure de Pétrarque
dont, au surplus, Vasari avait déjà parlé,
mais qu'il a erronément appelé Memmi?
H. A. H.
Duc d'Aiguillon ; son rôle en
1789. — Le mémoire de Louis XVllI sur
Marie-Antoinette, publié par M. Ernest
Daudet dans la Revue des Deux-Mondes^
renferme, à propos du duc d'Aiguillon,
la phrase suivante :
« 11 s'est acquis une hideuse célébrité
dans la nuit du 6 octobre 1789 ».
M'occupant de reconstituer dans leurs
menus détails les scènes des 5 et 6 octobre
1789, je n'ai trouvé nulle part trace de
l'intervention, dans la nuit du 6 octobre,
du duc d'Aiguillon, dont je ne savais
qu'une chose : c'est que dans une autre
nuit, celle du 4 août, il monta le second à
la tribune de l'Assemblée Nationale pour
voter l'abolition de la féodalité. Je serais
heureux si quelqu'un pouvait m'expliquer
en quoi a consisté la hideuse célébrité ac-
quise par le duc d'Aiguillon dans la nuit
du 6 octobre, d'après le royal écrivain.
G. B. T.
Mariage du duc d'.Enghien. — Le
mariage du dernier duc d'Enghien a été,
à plusieurs reprises et notamment dans
ces derniers temps, vivement contesté,
et les arguments mis en avant des deux
côtés ne paraissaient pas reposer sur des
bases irréfutables.
V Intermédiaire du 10 août, col. 165,
affirme non seulement que le mariage a
eu lieu, mais encore qu'il a été bénit par
l'abbé Weinbron, grand vicaire du cardinal
de Rohan, et que les témoins étaient le
baron de Grunstein et le marquis de Thu-
mery.
Aurait-on retrouvé l'acte de mariage et
quelle en serait la date. Si non sur quelle
preuve se base-t-on pour donner des ren-
seignements aussi précis ? A. E,
Ce problème a déjà été soulevé dans Vln-
termèdiaire, tomes IX, X, XIV — Voyez
l'Amie du duc d'Enghien. — L'opinion com-
mune penchait vers la négative.
Louis II de Bavière. — Existe-t-il
une bibliographie des ouvrages le concer-
nant? E. L.
Un chancelier de Savoie suppli-
cié. — Guillaume de Bolomier, chance-
lier de Savoie, fondateur du chapitre de
Poncin (Ain), érigé le 8 août 1440, par le
pape Félix V, s'était fait préparer, dans
le chœur de la collégiale, un tombeau
magnifique. Il eût pu s'éviter cette dé-
pense, car « il fut enseveli, ai-je lu quel-
que part, une pierre au cou, au fond du
lac de Genève. » Je voudrais bien ap-
prendre pour quel méfait ce personnage
fut ainsi traité ? Axel.
Les servantes dans l'ancienne
famille française. — duel est le meil-
leur ouvrage à consulter sur les servantes
à gages dans l'ancienne France ? (Situa-
tion sociale, droits et devoirs, costume,
mœurs, etc.)
A défaut de bibliographie, quelques
lecteurs pourraient-ils nous communiquer
leurs notes sur Je sujet } Tour à tour la
servante parait être une esclave ou une
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Septembre 1904.
333
amie. Entre ces deux extrémités, quelle
était sa situation normale ? S.
Hugues van der Goes, minia-
turiste ? — Un jeune écrivain et histo-
rien d'art, M. Sander Pierron, étudiant
dans VÂrt moderne de Bruxelles (7, 14 et
21 août) l'œuvre de Hugues van der Goes
et rappelant qu'on a fait parfois honneur
au maitre gantois de quelques-unes des
merveilleuses miniatures du Bréviaire Gri-
mani^ se demande s'il ne faudrait pas lui
attribuer, avec beaucoup plus de vraisem-
blance, celles des manuscrits consacrés
par Jean Gielemans à la vie des saints du
Brabant.
Si l'affirmative était démontrée, l'exa-
men minutieux de ces miniatures permet-
trait de fixer enfin les caractéristiques du
style de van der Goes et de déterminer
les œuvres dont il est l'auteur, la Nativité
de Florence étant jusqu'ici la seule dont
l'authenticité soit indiscutable.
On voit immédiatement l'importance
334
du problème. L'argumentation de M.
Pierron est très séduisante, et il eût pu la
préciser davantage, comme je vais essayer
de le faire ici.
Jean Gielemans, né en 1427, était un
moine de Rouge-Cloître, près de Bruxelles.
C'est là qu'il composa, outre son Primor-
diale Riihece Fallis et son Hystoriologium
Brabant inorum, les ouvrages suivants :
Sanctilogium (4 vol., le deuxième écrit en
147 1, le troisième en 1479) ; Agyolooium
Brabautinum (2 vol., 1476-1484) ; Novale
Sanctorum (2 vol., 1483- 1485). Il mourut
en 1487.
Or, Hugues van der Goes, doyen du
métier des peintres de Gand, de la Noël
1473 à la Noël 1475, s'était retiré dès la
fin de son décanat à <* Roode Clooster » et
il n'y mourut qu'en 1482, succombant à la
maladie mentale dont il avait été frappé très
peu de temps auparavant. 11 a donc vécu
plus de six années auprès de Gielemans,
alors sous-prieur. Etdiversdocuments, sur-
tout la chronique de son contemporain Gas-
N* 1051
L'INTERMEDIAIRE
335
336
par Ofhuys,un autre moine de Rouge-Cloi-
tre,nous apprennent que Huguescontinuait
dans sa retraite, d'ailleurs fort peu sévère,
ses travaux artistiques. « Le frère convers
dont il est ici question, dit Ofhuys, avait
acquis une grande réputation dans notre
ordre ; grâce à son talent, il y était deve-
nu plus célèbre que s'il fût resté dans le
monde... Et comme il excellait à peindre le
portrait, des grands et d'autres, même le
très illustre archiduc Maximilien, se plai-
saient à le visiter... Il était préoccupé à
l'excès de la question de savoir comment
il terminerait les œuvres qu'il avait à
peindre et qu'il aurait à peine pu finir,
disait-on, en neuf années. »
Ne semble-t-il pas probable que le pieux
hagiographe aura fait appel à l'aide de
son compagnon pour illustrer ses livres,
VAgvoIoginm qu'il écrivait à ce moment
même et dont les miniatures émerveillè-
rent jusqu'au xvni* siècle les visiteurs du
couvent — avertis par le Voyage littéraire
de deux religieux bénédictins de la congré-
gation de Saint-Maur, de la valeur de la
« collection de Guillimans » .^
Van der Goes, écrit M. Sander Pierron,
était le seul peintre contemporain capable
de commencer et de mener à bonne fin
pareille entreprise. Les frères van Eyck
étaient morts depuis une quarantaine d'an-
nées ; Roger van der Weyden avait suc-
combé en 1462 (liseï: 1464)', Hans Mem-
ling oeuvrait à Bruges dans l'ivresse de sa
jeune gloire. A Bruxelles, Hugues van der
Goes n'avait point de rival, point même de
disciple. Les scriptoria monastiques de la
forêt de Soignes comptaient, à vrai dire,
de son temps des enlumineurs ; mais c'é-
taient plutôt des ornemanistes que des
compositeurs. Et l'atelier de Rouge-Cloî-
tre, moins célèbre que ceux de Groenen-
dael et de Sept-Fontaines, n'avait que des
copistes, que des calligraphes... On pour-
rait objecter que tout le monde ignore si
vraiment van der Goes a pratiqué la minia-
ture ; mais tous les peintres gothiques
étaient à proprement parler des miniaturis-
tes, comme ce fut le cas aussi pour les pri-
mitifs italiens. Entre les plus fameux, Fra
Angelico, Cimabue et Giotto ne s'adonnè-
rent-ils pas également à la peinture sur
vélin et à la peinture sur panneau ? En
somme, selon une heureuse expression de
Louis Viardot, les maîtres primitifs sont
des miniaturistes agrandis.
Une vérification s'impose, et je viens
solliciter le concours de nos collabora-
teurs viennois, érudits et critiques. Le
manuscrits hagiographiques de Jean Gie-
lemans se trouvent aujourd'hui, en effet,
avec son //v5/o;/o/o^/h;;?, dans la biblio-
thèque de l'empereur d'Autriche(Voir M.-
A. Becker, Die Sammlnngen der vereinten
Famihen'iind P rivât -Bihliothek Sr. M.
des Kaisci s ,\.ovl\c I, Vienne 1873, col. X-
XI, et Anahcta Bollandiaiia^ tome XIV,
Bruxelles 1895, pages 5 à 88). Peut-être
le texte lui-même fournira-t-il une indi-
cation ; en tout cas, il faudra étudier les
miniatures en prenant pour base de com-
paraison le triptyque certainement au-
thentique de van der Goes : la Nativité
du musée des Offices.
Il existe de ce tableau une bonne pho-
tographie faite par Alinari, de Florence,
et M. Henri Hymans, dans son admirable
traduction annotée du Scbilder-Boeck de
van Mander, signale deux autres repro-
ductions : une gravure sur cuivre dans E.
Foerster, Denkmale deutscher Kunst^ tome
XI ; une gravure sur bois dans Wolt-
mann, Geschichle der Ma/erei, tome II.
Foerster en a donné, en outre, une des-
cription extrêmement détaillée.
J'ai fait faire, spécialement pour \' Inter-
médiaire^ un croquis de cette Nativité de
Hugues van der Goes et lui en envoie le
cliché. A. Boghaert-Vaché.
P. S. — Depuis que ceci a été écrit, les
polémiques ont commencé : Voir les ob-
jections de M. l'abbé Henry Moeller dans
VArt moderne au. 28 août et dans Durendal^
livraison d'août, et ma réplique dans la
Flandre libérale du 30 août.
Ecrivains latins ayant écrit en
grec. — Pourquoi Hérodien,par exemple,
a-t-il écrit en grec son Histoire romaine,
alors qu'il vécut à Rome^ et qu'il remplit
une fonction auprès d'un prince .? Est-ce
pour empêcher quelques-uns de ses con-
temporains, ne sachant pas le grec, de
prendre connaissance de son manuscrit ^
Est-ce pour une autre cause ? A-t-on
quelques données sur ce point ^
Marcel Baudouin.
Le procès des 79 voleurs. — Où
pourrait-on trouver des détails circons-
tanciés sur le procès « des 79 voleurs »
qui émut Paris en 1841-1842. Le verdict
fut rendu en août de cette dernière année.
L.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Septembre 1904.
337
338
Martin, dit Baudinière.et Plouzin.
— Ces deux officiers des armées vendéen-
nes furent nommés colonels et anoblis
sous la Restauration en i8i8 et 1819.
Jean-Baptiste-lVlarie Martin, dit Beaudi-
nière de la Pommeraye, est né à la Pom-
meraye (Maine-et-Loire) le 20 février 1769
et Guillaume Plouzin est né à Belligrie
(Loire-Inférieure) le 7 avril 1767. Pour-
rait-on donner des renseignements sur
leurs familles et leurs descendances ?
A. R.
Théophile Mercier. — Pourrait-on
me donner des renseignements sur ce per-
sonnage à qui, en juillet 1871, l'avocat
Lachaud écrit une lettre pour lui repro-
cher (avec bonne grâce) de trop corriger
sur épreuves les écrits, probablement les
Mémoires.ào. madame Lafarge ?
Théophile Mercier demeurait alors rue
Saint-Honoré, 398. Ego.
Madame Lafarge, le Glandier et
les Chartreux. — En 1869, les Char-
treux firent l'acquisition du Glandier,
« château de la Corrèze » où Mme La-
farge fut accusé d'avoir empoisonné son
mari. Les Chartreux l'occupaient-ils en-
core au moment des derniers décrets et
pourrait-on me renseigner ? Ego.
Comtesse Mac-Namara. — Un
obligeant confrère d'Angleterre et de
Notes and Qneries pourrait-il donner
quelques renseignements sur les père et
mère, les prénoms du mari, leur descen-
dance (s'il y a), leurs familles et leurs ar-
moiries — de Anne Peele de Nelson, veuve
de S. G. de Mac-Namara, née à Somerdy-
Park (Angleterre) le i^' août 1797. Elle
fut créée comtesse, à titre personnel, par
lettres patentes du roi Charles X du 3
mai 1828, sans autres détails et par excep-
tion sans règlement d'armoiries qui per-
mettraient d'identifier les familles Mac-
Namara et Peele de Nelson.
RÉVÉREND.
La comtesse Mavie-Francisca de
Montijo. — Quelest le lien deparentéqui
doit exister entre l'impératrice et la com-
tesse de Montijo (Maria-Francisca de Sales
de Porto-Carrero-Guzman et Zuniga) qui
avait des propriétés en Catalogne, vers
1795 ? R. F.
L'oraison dominicale en 150
langues. — Exemplaire de S. S. le
Pape Pie VÏI. — V Intermédiaire qui
ne fait pas de politique, et qui n'est point,
lui, que je sache, en rupture de relations
avec le Vatican : ne pourrait-il pas, alors,
nous faire savoir, si l'Exemplaire tout
spécial de r Oraîson dont il vient d'être
parlé ci-dessus (L, 167), et qui fut tiré,
feuillet par feuillet, par cent cinquante
presses différentes, à l'Imprimerie impé-
riale en 1805, et relié, séance tenante,
sous les yeux mêmes du Pape Pie VII et
à lui offert, par le Directeur d'alors, M.
J.-J. Marcel, — se trouve, encore aujour-
d'hui, conservé à la Bibliothèque papale
du Vatican ? Ulric R.-D.
Armoiries à déterminer : à une
aigle au vol abaissé. — D'a{ut\à une
aigle ail vol abaissé de... et an chef d'or,
chargé de trois glands de sinople.
L'écu est surmonté d'une couronne de
comte, surmontée elle-même d'un cha-
peau d'évêque à 10 houppes de chaque
côté. Au sommet dextre de l'écu, une
mitre, une crosse à sénestre,
Ces armes se trouvent sur des plaques
de cheminée. T.
Titres celtiques. — Quel aimable
érudit veut-il bien m'expliquer comment
se conservent, se transmettent et se recon-
naissent en Ecosse, en Irlande et au pays
de Galles, les vieux titres héréditaires qui
y existent, paraît-il, depuis des temps
immémoriaux, tels The Master of Napier,
The Knight of Glyn, The O' Connor
Don, etc., etc. ?
Ces titres sont-ils reconnus par l'usage
ou bien par les autorités nobiliaires com-
pétentes ?Je sais qu'ils sont admis, même
à la cour. Est-ce en vertu de quelque for-
malité ou concession spéciale ^
Zanoni.
Histoire d© Vilîe d'Avray. —
Au mois de mai 1896, M. Anatole de Bar-
thélémy, membre de l'Académie des ins-
criptions et belles-lettres, m.ort récem-
ment, avait sur le métier, depuis plusieurs
années, un travail historique sur la com-
mune de Ville d'Avray. Ayant appris que
j'étais l'auteur d'une Bibliographie du
département de Seine et-Oise restée ma-
No 1051.
L'INTERMEDIAIRE
nuscrite, il me
liste des ouvrages
mes et manuscrits
concernant cette
■ 339
pria de
340
lui envoyer une
et documents impri-
que j'avais catalogués
localité, ce que je fis
avec le plus grand plaisir.
fff Je désirerais savoir si cette histoire du
savant numismate a vu le jour. Dans le cas
contraire, pourrait-on me faire connaître
le nom de la personne détentrice du ma-
nuscrit ?
Paul Pinson.
Une correspondance du Père
Didon. — Sait-on à qui furent adressées
les : Lettres du Pire Didon à un ami, pu-
bliées chez Perrin en 1902 ? F-y.
« Je lis pourm'élever etnon pas
pour m'instruire »; citation àretrou-
ver. — De qui ce mot d'un moraliste :
«jelispour m'élever et non pas pour m'ins-
truire ? » G. F.
Termes de marchands drapiers
— Je relève ce qui suit dans un ancien
manuscrit :
1441. Colin du Breil eust de la garde-
robe du Duc 5 aulnes de fin gris de Montre-
villiers pour une robe^ et 2100 de fin gris à 9
tires pour l'asseoir, avec 100 vestes de gris en
timbre pour les retz ; Item,^ aulnes de fin
morguain pour aultre robe, et 1600 de me-
nue.. . pour l'asseoir.
Je comprends à peu près ce que devaient
être le fin gris et le fin morguain^ mais
pourrait-on me fournir quelques éclair-
cissements sur ces iires^ ces vestes, ce
griscniimhre^cts ret:^\ sur l'aulnage un peu
démesuré, à première vue, de certains ar-
ticles, et sur la signification, dans ce
texte, du mot asseoir ^
V* DU Breil de Pontbriand.
Les calembours dans les déno-
minations. — On vient de découvrir,
un nouvel anesthésique supérieur à la
cocaïne et moins dangereux qu'elle : il se
nomme la siovaïne.
Or, il tire son nom de l'anglais stove^
fourneau, parce que c'est un M. Fourneau
qui Ta découvert.
Un autre IVl. Fourneau, le chansonnier,
a traduit son nom en latin : Fornax et
l'a retourné en russe « Xanrof ». Quelle
belle chose que de savoir plusieurs
langues ! On les met toutes à contribu-
tion ! Ainsi \^ fuchsine a été inventée par
un M. Renard^ en allemand ///c/js.
Nos collaborateursconnaissent-ils d'au-
tres exemples du même genre?
Paul Argelès.
Lancier du Roi. — 11 a été plu-
sieurs fois question dans Ylntcrmédiaiie
m ; XIV; XXII, d'un sieur Bligny, mar-
chand d'estampes et lancier du Roi. 11 y
a si longtemps de cela, que je ne sais
plus si on a cité un autre « lancier » qui
se nommait Clair-Christophe Mercier,
et à sa mort (1757) s'intitulait peintre et
<< lancier de la grande écurie du Roi. »
Comme Bligny, il demeurait dans la cour
du manège, aux Tuileries, et Bligny lui
avait probablement succédé dans sa
charge ; mais n'y avait-il qu'un seul
« lancier » à la fois et les réponses des
tomes III, XIV et XXII que je ne puis vé-
rifier, ont-elles expliqué cette fonction .''
CÉSAR BiROTTEAU.
Jeu de massacre : son origine.
— On sait en quoi consiste ce jeu, dans
les foires. Le joueur frappe des person-
nages avec une boule.
D'où vient l'expression massacre ? Non
de massacrer^ évidemment, mais de mas-
quer. Masque se dit en WdWtn maschera, qui
a fait à certaine époque mascte, en fran-
çais d'oc, mascarade, etc., puis massacie.
Quelle est l'origine de ce jeu et l'éty-
mologie de son nom .''Les traités spéciaux
sur la matière sont muets à ce sujet.
G. DE M.
Fer de cheval dans les églises.
— Dans deux églises de l'arrondissement
de Mantes, j'ai trouvé des fers de cheval
dans l'ornementation. Ils sont au tympan
de la petite église de Villers-en-Arthis, et
ce tympan est de l'époque de la Renais-
sance ; et ils font encore motif d'ornement
dans l'encadrement très simple d'une fe-
nêtre de l'église de Preneuse près Bon-
nières. Cette fenêtre sans grand caractère,
peut être du xv' siècle. QLuelle est la signi-
fication de ces fers? Les deux églises sont
dédiées à saint Martin. L'abbé Corblet ne
dit rien de cet attribut, dans son Focabu-
laire des symboles. E. Grave.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
341
ùn^iB
Prononciation du nom de Mon-
taigne (L, 166, 249, 297). — La ques-
tion a déjà été traitée abondamment et
savamment dans les colonnes de Vliiter-
viédiaire^ en 1866, 1867, 1868, 1869 et
1878. Cette discussion ne me parait pas
avoir abouti à une solution ferme, mais il
semble en résulter que la question doitêtre
décomposée en trois questions différentes :
1° Comment prononçait-on le nom
de l'auteur des Essais dans le pays de
Montaigne, c'est-à-dire dans le Bordelais
et dans le Périgord ?
2" Comment le prononçait-on à Paris ?
3° Comment Montaigne lui-même pro-
nonçait-il et voulait-il que l'on prononçât
son nom ?
I. M. S.R-D.,qui est certainement le
plus autorisé parmi tous ceux qui ont
traité la question, nous apprend que le
poète bordelais de Brach, l'intime ami de
Montaigne, écrivait Montiîgne.
Cette constatation, jointe à ce que,
dans le Bordelais, comme le remarque éga-
lement M. S. R-D, on prononce actuelle-
ment de Lachass^gne le nom qui s'écrit de
Lachassa/gne, rend très vraisemblable,
mais non certain, à mon sens, que la pro-
nonciation usuelle, dans le Bordelais, au
seizième siècle, était Montagne.
Mais, dans le Périgord et autour du
château où il est né, et où il a passé son
enfance et une partie de sa vie, prononçait-
on Montagne ?
Sur ce point, aucun renseignement di-
rect ; mais j'avoue que lorsque j'observe
que dans le Périgord, pays des marrons
et de Montaigne, le mot châtaigne se pro-
nonce chat^gne, et non chatagne, bien
que le mot vienne de castanea^ je croirais
volontiers qu'on devait prononcer aussi
Monté'gne.
II. Dans les discussions ci-dessus rappe-
lées, on a affirmé qu'Etienne Pasquier,
contemporain et ami de notre philosophe,
écrivait Montagne, et par conséquent ne
devait pas prononcer Montagne. Mais la
remarque est inexacte. En effet, dans la
seule de ses lettres où Pasquier ait écrit le
nom de l'auteur des £"55^/5 (Lettre I du
Livre XVIII, adressée à M. Pelgé), son
nom revient cinq fois ; il est écrit Montai-
gne et non pas Montagne.
10 Septembre 1904»
342
On m'a fait remarquer aussi que
dans de Thou, auteur contemporain du
philosophe, il y a Montagne. Mais de
Thou, ayant écrit son admirable et
non encore assez admirée Histoire en la-
tin, l'orthographe Montagne est le fait du
traducteur et non celui de l'historien
lui-même, qui a écrit Montanns, ce qui
ne nous éclaire pas sur la manière dont il
prononçait Monta/gne ; car bien qu'on
prononçât »< des Moiilaigiiards » (habi-
tants des montagnes), il eût certainement
écrit en latin, comme Tite-Live : Mon-
tani.
En faveur de la prononciation Monlè-
gne, à Paris, on rappelle de nombreux
vers de poètes contemporains de Montai-
gne, où les mots en aiguë riment avec les
mo:s en eigne : campa/gne par exemple,
y rime avec ens^/gne, ce qui prouve que
ces poètes prononçaient campagne ; et le
nom de La Chassa/gne qui, dans Du
Bellay, rime également avec ens^/gne, se
prononçait donc aussi, en dehors du Borde-
lais du moins : de Lachassfgne. et non de
La Chassagne.
j'ajouterai deux autres vers de Du
Bellay, plus significatifs encore :
Rome qui as veu de tes sept monta/gnes
Tout l'Univers plié sous tes ens^/gnes.
On prononce aujourd'hui « les Monta-
gnes » parce qu'on n'écrit plus les « mon-
taignes >:^, et on prononçait, au xvi= siè-
cle « les montègnes » parce qu'on écrivait
« les monta/gnes ». N'est-il pas assez
vraisemblable qu'à cette époque, les
mêmes auteurs, à Paris, devaient pronon-
cer f<. Michel Montagne » puisqu'ils écri-
vaient '< Michel Monta/gne ».
j'ajoute enfin que, dans une note ;»awM5-
crite de Catherine de Médicis,le nom est
écrit « Montègne », ce qui parait indiquer
qu'à la Cour on prononçait ainsi.
III. Il semble donc qu'au xvi* siècle il y
avait deux prononciations différentes du
nom de Montaigne : celle de Paris et pro-
bablement du reste de la France, y compris
le Périgord, et celle du Bordelais.
Mais ce qui ferait mieux notre affaire
et nous tirerait tout à fait d'embarras, ce
serait de savoir comment l'auteur des
Essais lui-même prononçait son nom, et
comment il désirait qu'il fût prononcé.
On croirait tout d'abord qu'il a voulu
aller au devant de nos désirs dans une
annotation spéciale. Mais malheureuse-
N" 1051.
L'INTERMEDIAIRE
!43
344
, hieht, ici comme dans certains Jiassàges
des Essais, sa pensée peut être interprétée
soit dans un sens, soit dans le sens ùia-
Inétralement opposé.
Sû)r le précieux exemplaire de l'édition
des Essais que possède la Bibliothèque
municipale de Bordeaux et dont les mar-
ges sont couvertes de corrections et d'ad-
ditions écrites de la main de Montaigne
en vue d'une prochaine réédition, on
trouve en efTet, également écrites de sa
rtiain, au verso du frontispice, des recom-
mandations à son imprimeur sur l'ortho-
graphe de certains mots II lui recom-
mande, en particulier, de ne pas omettre
i'î dans Campa7gne,Espa/gne,Gascou/gne,
d'écrire ces mots de la même manière
qu'on écrit « Moniaigne », et de ne pas
écrire: Camp^7gne, Espagne.
M. Torne2y, en 1866, tire de la forme
donnée à cette recommandation cette con-
clusion que Mon ir igné prononçait son
nom Mont^rgne, cet avis signifiant que 1'/
d'Espaigne, de Campaigne, etc., n'empê-
che pas de prononcer Espagne, Campa-
gne.
M. 1. B. 0,(1867) conclut, au contraire
du libellé de ce même \< Avis à l'Impri-
meur», que l'auteur des Essais prononçait
Montagne, et qu'il voulait qu'on pronon-
çât ainsi ; mais il ne justifie pas sa con-
clusion.
Je penche pour cette dernière interpré-
tation, et ma raison est tirée non pas de
la seule recommandation relative aux
mots Esp.-z/gne, Campj/gne,etc., mais de
l'ensemble et du caractère général de
l'Avis à l'Imprimeur.
Le but principal de Montaigne, dans
cet Avis, est, en effet, de simplifier l'or-
thographe des mots qu'il cite, en suppri-
mant les lettres parasites et les lettres
étymologiques qui obscurcissent le lan-
gage, et souvent sans compensation au-
cune. Il recommande d'imprimer : mon-
tre, montrtr, sans s (bien que ces mots
Viennent de izonstfâre), afin qu'on itie les
confonde pas avec monstre, monstrueux ;
d'imprimer cet homme au lieu de cest
homme ; d'écrire rt'gle, r/gler, au lieu de
r«gle, rt'/gler.
N'est-il pas dès lors vraisemblable qu'il
prononçait réellement Camp%ne, Espè-
gne,et Montc'gne ?
Dans tout le reste de cet Avis, ce qu'il
a voulu, c'est qu'on écrivît comme on
prononçait et que l'on simplifiât le plus
possible. Or, s'il avait voulu dire que
l'or, remit ïi dans campa/gne et Espa/-
gue, alors qu'on prononçait campagne et
Esp(3gne, il eût voulu compliquer et non
simplifier, et faire le contraire de ce qu'il
faisait en recommandant de retrancher \'s
dans monstre et 1'/ dans reigler. Est-ce
vraisemblable? J'ajoute que s'il avait pro-
noncé MonttJgne, il eût écrit Montagne et
non Montaigne. Le sacrifice de 1'/, dans
récriture de son nom ne lui eût rien coûté.
La facilité avec laquelle il a sacrifié, pour
des motifs futiles, non pas seulement une
lettre, mais la moitié et la principale
moitié de son nom : « Eyquem », le nom
que portait son père qu'il aimait si ten-
drement, ne nous permet guère d'en dou-
ter. D'' ArmaingaUd.
*
* *
Je ne sais si on doit prononcer Moniègne
Ou Montagne. J'ai le plus souvent entendu
dire Montaigne ; mais je crois devoir faire
remarquer qu'il y a fort peu de temps, me
trouvant dans l'ancien Perche Gouet, j'ai
entendu des cultivateurs prononcer Cham-
paigne, Compaignie et Bordaige (petite
ferme). Les enfants qui vont à l'école
prononcent Champagne, Compagne, mais
les anciens n'ont pas adopté cette manière
de parler. Ne serait-ce pas un souvenir
de l'ancienne prononciation .^ Il ne faut
pas trop s'en rapporter à ce que l'on im-
primait au xviu* siècle, le langage litté-
raire était peut-être meilleur, mais il était
bien différent du langage parlé. J'ai
connu dans ma jeunesse une vieille dame,
ancienne émigrée, qui prononçait toujours
adret pour adroit, étret polir étroit. Je
dois dire que je ne l'ai jamais entendu
parler de Montaigne. Martellière.
Saint Dônis, évêque des Gaules
a-t-il existé ? (XLII ; XLIII ; L, 112,,
237). — Elenthereus et Eleuiberios(en latin
EleutlKriiis) signifient le Libérateur, le Sau-
veur : ce sont des épithètes divines. Eleii-
iffe'05 (en latin £"/t'////^^n«) signifie Libre ou
Affranchi : c'est une épithète humaine.
Or, le nom latin de saint Eleuthèré est
Èlciitherus ; les textes sont Unanimes.
« EleUtherus >> était un nom d'homme.
On en a d'autres exemples. (Voir Mura-
TORi. Novus Thésaurus Veterum Inscrip-
tioniim. 1 1 10. 2). Jamais, je le répète, un
auteur grec n'a donné l'épithète d'eleuthe-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Septembre 1094.
.4-
ros à Bacchus, si ce n'est peut-être le lexi-
cographe Hesychius, et encore ce témoi-
gnage est-il plus que suspect, d'abord
parce qu'il est seul contre tous ; ensuite
parce qu'il ne s'appuie sur aucune cita-
tioh ; enfin parce qu'il est illogique. Le
Dionysos mystique étant le Libérateur, ne
peut pas être l'Affranchi.
Bref, on nous demande aujourd'hui de
traduire D'ionysii Eleuiher: comme si Du-
puis avait écrit : Dionysi Eleutherii. C'est
inadmissible. La théorie serait déjà bien
hypothétique si la lecture était exacte,
mais comme la lecture est doublement
fausse, je crois qu'il n'y a pas lieu d'in-
sister (i). Candide.
* *
M.Charles Sellier n'a fait que repro-
duire une fantaisie littéraire qui n'a
jamais eu la prétention d'être un point
d'histoire et que personne jusqu'ici n'a
jamais pris au sérieux. Les deux derniers
auteurs qui se soient occupés de saint
Denis, iVlM. J. Havet et F. Bournon, n'y
ont même pas fait allusion. L'un et l'au-
tre ont cru à l'existence de saint Denis
et M. }. Havet a même été jusqu'à établir
que saint Denis, loin d'avoir été marty-
risé à Montmartre, avait trouvé la mort
à Saint Denis même. D'ailleurs, serait-il
raisonnablement possible de douter de
l'existence d'un personnage dont, dès le
v' siècle, sainte Geneviève venait vénérer
les reliques, dont parle saint Grégoire de
Tours, et dont les reliques se sont trans-
mises de siècle en siècle, jusqu'à nos
jours, dans la ville de Saint-Denis ?
346
(i) L'honoi-able collaborateur qui a ré-
pondu à la question, a pris ses renseigne-
ments dans un Dictionnaire mythologique
"uniKersel auquel il attribue quelque auto-
rité. On devine sans peine qu'il s'agit de
jacobi. Ce petit ouvrage, qui date de
soixante ans, est maintenant trop arriéré
pour être consulté avec truit. — Ceux de nos
lecteurs qui s'intéressent aux religions anti-
ques connaissent probablement la publica-
tion considérable qui se poursuit à Leipzig
depuis vingt ans sous la direction de W,
H, Roscher et qui compte déjà près de
9000 colonnes, bien qu'on tt'âit pas encore
achevé la lettre P. C'est le répertoire fon-
damental de la science mythologique dans
l'état actuel de nos connaissances. Aucun
autre recueil encyclopédique ne peut lui
être comparé.
La vraie et la seule question qui se soit
posée à propos de saint Denis, premier
évêque de Paris, fut celle de savoir s'il
était le même que l'Aréopagite dont parle
saint Paul. G. la Brèche.
Tableaux sur la Ligue (L, 117,
185). — Le Musée Carnavalet possède un
tableau représentant une procession de la
Ligue.
J'en ai un autre exemplaire paraissant
plus ancien.
Voici la description qu'en faisait, vers
182 1, son ancien possesseur, le D"' Leclerc,
inspecteur des eaux de Luxeuil, dont mon
père, le D"" Revilloutfson successeur comme
inspecteur des eaux) a acheté la collection
il y a 65 ans.
« Le tableau a p...'pde longueur sur
p... p. de hauteur.
« 11 est sur toile, sans nom d"'auteur, ce
qui doit être, surtout si le tableau date du
temps de la Ligue ou durant la vie de beau-
coup de personnes qui y sont maltraitées.
« En regardant le tableau, le commen-
cement de la procession est à droite ; daiis
la gravure qui se trouve dans la Satire
Ménippée et qui n'est qu'une bien faible
imitation de ce tableau, le commencement
est à gauche.
« On compte à peu près 168 à 172 fi-
gures bien faites. On croit que beaucoup
sont des portraits ».
L'édition et le volume niême de la Satire
Ménippée qu'a en vue le Y>' Leclerc, âe
trouvait dans sa bibliothèque que je pos-
sède également.
C'est la nouvelle édition faite à Ratis-
bonne,«chez les héritiers de Mathias Ker-
ner 7, cl qui porte la date de M.DCC.XIV,
La gravure renversée du tableau s'y
trouve en face de la p. 1 1. Elle comporte
certaines différences, entre autres la sup-
pression de la légende.
J'ai eu en ma possession une autre gra-
vure sur plus grand format et meilleure,
qui a disparu je ne sais comment.
Je viens de parler de la légende. Voici
comment elle a été copiée par le D'' Le-
clerc.
D'abord ce titre immédiatement au-
dessous des personnages :
Amburhica armafis sacricoLirum agrmnis
pompa LuUtiœ CIC ICXCIII .IV eid febr.
cxhibiba dno Rose collegii Sorbonici, Navàt-
N» 1051.
L'INTERMÉDIAIRE
347
348
reni procfecio et acad. rcctor. duce gladio-
hipenni et crucis simulacyo prœunte.
Puis les vers latins suivants (qui ont
été isolément reproduits à la page 200 de
mon édition de la satire Ménippée, avec
cette annotation :
« Vers mis sous la grande estampe de
la procession de la ligue.
Rcgioa miillis terra seclis ginllia
Ouid heu t Thycstoo illigata fascino,
Superlia Iberi frena inaudai sustines
Quo prisca virlus, genlibus quondam omnibus
Ouà par vigebas, puisa cessit ? quo fides
Spectala duris, auri utaura in ignibus ?
Quin Martium résume lortis spiiitura,
Kmancipari nec coronani vertici
Tuo pcrenno debilam, prclio sinas,
Salutis et memor solo procul tuo
Plorare coge ac vapulare, quos juvat
Mutarc libres, sacra, ritus hostibus,
Armis avita jura demergentibus.
Plebem duceto concitare ut priucipem
Gallum ejerenl, lyrannum iboricum.
Enfin viennent les vers français sui-
vants aussi copiés par le D"" Leclerc.
Brave, race de Mars engeance de Belione
Qui d'un seul monde as faictune seulle couronne
Planté les lis sacrés au plus fort des hasards
Faict trembler l'univers, ensanglanté ton glaive
Devers notre occident jusqu'où Titan se lève
El range sous tes lois les plus braves Cœsars.
Regarde en ce pourtraict Ion orgueil et ta rage
Aprend à tes dépens, devien un peu plus sage
Ne fais l'oreille sourde à discours si sacré
Ou le bras foudroiant, qui tes crimes menace,
Epancfiera ton sang par les tigres de Thrace
Et sèmera du sel sur i'émail de tes prés.
11 ne te chante plus (\) une amante abusée.
Par les apas charmeurs d'un perfide Thésée
Ni la présomption du fils de (2)
Qui haletant après un honneur téméraire
Osa bien atteler les courciers de son père
Dont il porta la peine au fonds de l'Eridan,
Mais les braves desseins que couvait Encelade
Enterré sous le mont que ses foudres lui darde.
Ayant, boufi d'orgueil, du grand Hercule français
Attaqué le massue, attenté la personne
Arreste de ravir son sceptre et sa couronne
'Et tiran le ranger sous ses maudites loix ;
Qui, pour mieux enfanter une ruolesans peine
Assemble les primats d'Espagne et de Lorraine
... l'italien, les Teutons, les Ambrons
L'Esclavon, le Tuscan et le noir Janisère,
Voudrait même au besoin se servir de Cerbère
Et tirer de là-bas les fumeux escadrons
(i) On ne voit pas à quoi se rapporte ce
pronom « il ».
(2) M. Leclerc écrit en note : « Si c'est
Phaéton il était fils du soleil et de Climène
qui ne rime guère avec Eridan ».
Je dois dire que j'aperçois à la place de
« de. . » « ... ener...u » que je restituerais :
« trop genereu ».Mais alors plus loin il fau-
drait ; Erideu.
Aiant ainsi huche la puissance du munde
Fureté tous les coins de l'air la terre et l'onde
Qui ssmblait /trt/e^er (I) un second univers
Un les états où l'on no doit rien (2).. .
Qui ne tourne au profit
Ues Guisards. .. notamment du l'ape...
Va pour mieux commencer une action sy sainte
Et attirer sur eux le bonheur par contrainte
Les états d'un accord font la procession
Vout lléchir les genoux et entendre leurs mains (?)
Oiïrir en sacrifice et leurs corps et leurs biens
I^t vanter de leurcieur l'ardente ambition (?)
Là chacun tient îou rang ; le point d'honneur se
[garde
Les muses on ce lieu servent h l'avant garde.
Rose (3) de trais rasé jette son capucho n
Prend l'épieu à la main, au liane la coutebce
Son brillant aussc col, son rochet, sa cuirasse
Et s'en va des premiers olrir son oraison.
Boucher (4) suivait de près Amlton (5) et Liouces-
[tre (6)
Trois bons curés soldats acoustrés à la prestre,
A la pointe de l'host trois novices frisées
Ayant la targe en main, sous leur cap le casque
.... déjouer quelque nouvelle masque
le devant et sur le cul trousés.
Le curé Pelletier (7) ordonne cette bande.
C'est a cestuy la commande
11 tourne (son) visage il donne ailleurs...
Il va, il sue, il tempeste, il enrage.
11 fait le moulinet, se tapit sous sa targe
Il faict doubler la file et renforcer les rangs
Un monde de Feuillans (8),de Cordelicrs,de Carmes
Minimes, Jacopins,et autres tels gens d'armes
Suivaient ces trois guerriers arrangés trois à trois
Planetfes malheureux qui décevaient la France
Par leurs signes menteurs et leur vaine vantancc
Qui nous sembloient promettre un Lycurgue et ses
[lois.
Mais sur tous esclatoit uue efroiable troupe
De six vieux Capuchins qui portoient Mars en croupe
Lo camail sur le dos, les morillons briilans
Des plumes de leurs coqs, avec la grande banière
Un Hèclie, une lance guerrière
élemens
Après marcboit Vulcan, trois Minimes derrière
Monsieur lo Grand prieur, armés à la légère
Quatre grands Mendians, les seize conseillers,
Le prévost des marchands, (9) la garde italienne.
Espagnole, Flamande et Bretonne et Lorraine
(;) En note : « désirer ».
(2) Peut-être « faire >.
(3) Voir Satire Ménippée 11, 14, 42, 73,
74, 80. 89, 95, 327, 347, 349, 412 sur le
recteur Rose.
(4) V. Satire Ménippée p. 12, 24, loi,
133, 166, 191, 220, 262, 297, 328, 329,
347, 349, 3S0, 351, 412, sur Lucien Pelle-
tier curé de Saint- Jacques.
(5) Sur Amiltion v. Satire Ménippée. p.
12.
(6) Sur Lincestre, écossais, curé de Saint-
Corne, voir Satire p. 12.
(7) Pelletier curé de Saint-Jacques, voir
Satire Ménippée p. 12.
(8) Feuillants (voir Satire Ménippée, p.
12.
(9) Boucher (Satire Ménippée, p. 1 01-107).
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Septembre 1904,
349
Du parti (les ligueurs, seurs et fermes pilliers.
Mais comme le soleil, au haut de sa carrière
Malgré l'horreur des nuits nous fait voir sa lumière
Fendant ces noirs frimats de ses briHans rayons
Ainsi ces Rodomonts animés de Bellone
Voulant montrer l'ardeur que leur cieur espoironne
Deschargent à l'euvy leurs ensoufrés canons
Quand une pasle peur vint faire sa retraite
Au plus profond du ceur du légat de la Beste (12)
Se voyant entouré do dars et de... de hazards,
11 prie iuconllncnt (]u'on réserve à la guc ro
Le bruit de ses canons, l'tiorreur du cimettère
Va qu'on charge la croix au liej des...
Ja le sénat parait où l'on ne voit reluire
Cette antique veilu qui lui servait d'eaipire (13)
C'nt nobles nouveaux, mais de terre ou de rochers
Kstoicnt avant coureurs du vice roi de Mayne (14)
Qu'il a hault éslevez sans travail et sans peine
Ses mignons, ses soldats et ses plus chors archers
L'on veut tenir rang et quitter son eslape
f.e cardinal Pelvé, (15) le beau légat du (16) Pape,
Un porte lîogalo (17) qui doit vendre les cieux
Promit à Lanion (18) le racquit de ses deples
Les superbes lauriers de cent mille conquestes
,.,.... ennemis, le destin et les dieux
Les de Nemours (19), Bellin (20), Bus-
[si (21)
Et Montpens;er(22).... Vestus(23)
Marchaient un pas devant le viceroy (îaillois (21)
Superbe Phaetoii pensait que sa prie...
du plus grand roy des Rois.
(12) Expression injurieuse désignant le pape
sous les traits de la Bête de l'Apocalypse, chez
les protestants. Le légat était le cardinal de
Plaisance (Satire p. 49).
(13) La copie paraît ici douteuse.
(14) Le duc de Mayenne (voir Satire, p. 9,
II, 14, 15, 22, 26, 27, 31, 36, 42,43, 70,85,
91, 113, 130, 1)8, 158, 159, 192. 298, 301,
312. 3-7. 332, 346, 35i> 364, 376,392, 409,
415-
(15) Voir Satire p. 2, 5, 9, 17, 27, 44, 33,
56. 58, 62, 72, 123, 153, 171, 176, 187, 188,
sur le cardinal Pellevé, archevêque de Reims.
(16) Voir Satire, p. 14.
(17) Rogatons.
(18) Il s'agit ici du célèbre général ligueur
Jean de Lagny (voir Satire, 223, 232, 256,
367, 281, 290).
(19) Le duc de Nemours (Satire 37, 47, 48,
85,90, 167, 181, 302,358, 363, 366, 367,
375, etc.
(20) M. de Belny (Satire p. 43) (8) satire 8,
14, 2^, 30, 68, 94, 132, etc.
. (2 i) Pour Bussy le Clerc, voir Satire 8, 14 et
pas suiv.
(22) La duchesse de Montpensier qui dans la
description en prose de cette procession parait
également (Satire p. 14). Voir aussi Satire 17,
27, 73, 80, 88, 136, 153, 167, 301, 339,347,
352. ^66, 397, 410, 413.
Le duc de Montpensier n'est nommé qu'une
fois p. 108 et cela en note, à propos de toute
autre chose.
- (23) Le président Vêtus es! cité p. 58 et 358
de la satire.
350
Ses troupes s'avançoient et parvindrent au temple
Ou chacun ii l'cstreif veut montrer bon exemple.
L'an fait fumer l'encens, l'autre brise son cœur.
Mais surluut le Hecteurqui dépouillant scsarmes(2o)
C'est un cieur de rocher do marine et de vacarmes
Voulant montrer à l'œil qu'il n'est pas sans vaUur,
Il ne chmtequo paix, seul repos de nos âmes
Et veut faire gorger la France de gens d'armes.
Sy les deniers du Roy luy passent par les mains
11" (.n peut assembler plus de seize cent mille
Il armera Neptune et les champs et la ville.
Bref, au son de sa \o.x, on verra des essaims.
Il nous montre ce coup que bien dire et bien faire
Ne lui sont moins connus qu'esloit sa chambrière,
(ju'il assemble, s'il veut, Vénus avec Pallas
Tous ses mots sont dorés et semble que nature
Lui ait voulu prester sa langue et sa liguro
Pour.. .. aux humains la vie
A ces mots (26) les Cordeliers, les Carmes,
Font retentir le temple et ondoier leurs armes.
Le courage leur enlle h l'ombre du clocher ;
Leurs désirs sont ell'ects d'une douce victoire
La victoire , frais vent dune éternelle gloire
Qui repnist leurs esprits de chimère en l'air.
Voila, France, voila les états et leurs ordres.
Protestes très certains de cent mille desordres.
Voila les stratiots (27) de tes sanglantes pleurs
Quand tu pensais jouir des souhaits de ton àme
C'est lors que ta fortune t'enserre sous la lame
El que sens vivement tes poignantes douleurs.
Mais lorsque tu craignais que le reste des liâmes
Fut noyé des torrouts do tes sanglantes larmes
Ce ;;rand Hercul gauloi-sau plus fort des malheurs,
A désarmé la foudre et calmé les orages
Refermé le portail du père aux deux visages
fruits ou de fleurs. (28)
Les vers français forment huit colonnes
et se trouvent sous le texte latin. Peut-
être pourrat-on les rétablir entièrement (2)
si l'estampe originale les contient, ce dont
(24) Le nom a dû être mal lu et je ne puis
bien vérifier. Peut-être s'agit-il du duc de
Guise dont le nom suit celui du duc de
Mayenne, lieutenant d'Estat et couronne de
France dans le récit de la procession, p. 1 1 de
la Satire.
(25) C'est M. Roze <«: naguère évêque de Sen-
lis et maintenant grand maître du collège de
Navarre, directeur de l'Université :i>. Voir Sa-
tire, p. II el 12. II a déjà été nommé plus
haut.
(26) je ne puis lire le mot qui se trouve f
ici dans ma copie et j'ai laissé celle du D' Le-
clerc à Paris.
(27) O-T/SatUT/Ji.
(28) J'avoue que je n'ai pas le temps de tout
vérifier sur l'original, qui a, d'ailleurs, subi des
détériorations quand mon père l'avait envoyé
après la fondation du Musée de Versailles
sous Louis-Philippe.
En serait-ce une copie que possède aussi ce
Musée, m'a-ton dit? Je n'ai pu vérifier.
Au point de vue de l'art, il y aurait un
examen sérieux h faire des diverses œuvres sem-
blables ou analogues.
N? IQ51.
LMNTERMliDIAlRE
??
je ne me souviens plus. Le savant conser-
vateur franc-comtois du cabinet des es-
tampes, mon ami Bouchot, qui a orgatiisé
l'exposition des Primitifs français de 1350
à 1509, pourra peut-être pousser ses re-
cherches jusqu'en 1593, poin- nousdirece
qu'il en est.
C'est par cette seconde question que je
terminerai mon article.
Si les vers ci-dessus sont inédits, ils
viennent compléter heureusement le récit
en prose de la procession tel qu'il a été
donné p.i i et suiv.de la Satire Menippée.
N'en formeraient-ils même pas la pre-
mière édition qui aurait été peinte avant
d'être glosée et imprimée ? On peut se le
demander, d'autant plus que la Satire Me-
nippée renvoie elle-même, nous l'avons
vu, à l'estampe primitive.
Eugène Revillout.
Les Archives des loges maçon-
niques bretonnes (L, 221). — On
trouvera à la Bibl. nat. fonds Joly de FJeiiry
1404,3 ! 5-321 ,des renseignements curieux
sur les loges fondées à Luçon et aux Sa-
bles d^Olonne (1776).
Le duc de Chartres, chef avoué par les
francsi-maçons, a subi une grave maladie,
les fr. m. de Luçon veulent faire célébrer
une messe avec Te deum au sujet de son
rétablissement. La messe devait être dite
en l'honneur de saint Jean que les fr. m.
avaient pris pour patron.
De Loynes, baron de Boisbaudran, de-
mande si l'évêque de Luçon refuse, par
ordre, d'autoriser cette messe.
Le peuple refuse de manger le pain
donné en aumônes par les fr. m. et le
jette aux chiens, d'autres le lavent dans
l'eau bénite avant de le manger. Les ma-
lades repoussent le bouillon, le vin, la
viande, parce qu'on croit que le don est
fait par des réprouvés, ce que la messe
demandée ferait cesser.
Chants ou chansons de différents merp-
bres des loges. Lépa.
Cambronns à "Watarloo (L, 52,
189, 235). — Vuici ce qu'on peut lire dans
Histoires Jepetitc ville; édition (3*)Dentu,
Î875, page 284 et suivantes : « Peu
d'hommes ont eu, comme Canibronne, le
bonheur de survivre au dernier carré, et
on doute qu'il en reste aujourd'hui J'en
connais un. Il s'appelle Antoine Deleau et
habite le village de Vicq, canton do Cou-
dé, arrondissement de Valenciennesl Nord).
C'est un honnête et intelligent cultiv^i-
teur, adjoint au maire de sa commune »
« A l'époque de la bntai'.Io de Waterloo, il
étnit âgé de 23 à 24, ans car il ne faut pas
oublier qu'au retour de l'île d'Elbe, l'Eriipe-
reur avait comblé les vides de la vieille garde
avec les soldats de la jeune
« ... 11 était h dix pas de Cambronne, quand
ce dernier prononça la sublime phrase qu'on
prétend qu'il n'a pas prononcée. Or, voici ce
que m'a conté bien des fois Antoine Deleau :
« — J'étais au premier rang, avantage que je
devais à ma grande taille. L'artillerie anglaise
nous foudroyait, et nous répondions à chaque
décharge par une fusillade de moins en moins
nourrie. Entre deux décharges, le général an-
glais nous cria : « Grenadiers, rendez vous ! »
Le général Cambronne répondit (je l'ai par-
faitement entendu) << La ga7 de meurt et ne se
rend pas ! »
— « Feu ! » fit le général anglais.
« Nous reformâmco le carré et nous ripos-
tâmes avec nos fusils. « Grenadiers, rendez-
vous ! vous serez traités comme les premiers
soldats du monde ! », reprit d'une voix triste,
le général anglais.
« La garde meurt et ne se rend pas ! »
répondit Cambronne, et sur toute la ligne les
officiers et les soldats répétèrent : « La garde
meurt et ne se rend pas ! » Je fis comme les
autres.
« Nous essuyâmes une nouvelle décharge,
et nous y répondîmes de notre mieux. « Ren-
dez-vous, grenadiers, rendez-vous ! » nqus
crièrent en masse les Anglais, qui nous enve-
loppaient de toutes parts. C'est alors que, fou
d'impatience et de colère, Cambronne lâcha le
mot que vous savez. C'est le dernier que j'en-
tendis, car je reçus dans mon kolback un
boulet qui m'étendit, sans connaissance, sur
un tas de cadavres...
Le ^o
juin 1S62, M. Antoine Deleau,
ex-grenadicr de la vieille garde, 2'^ régiment,
a été mandé, par dépèche télégraphique, à la
préfecture de Lille, pour y déposer di^ Çe Qu'il
savait sur la phrase mémorable attribuée au
général Cambronne.
« Là, en présence de M, le màréchalde Mnc-
Mahon, de M. Vallon, préfet du Nord, de M.
le général Maissiat, commandant la 3= division
militaire, et de plusieurs autres officiers supé-
rieurs, le brave grenadier a maintenu sa vir-
sion première . Procès-verbal a été rédigé en
ce sens et expédié h Paris.
« Nous recevons d'Antoine Deleau, la lettre
suivante
P. S. «Je vois dans X Esprit public d'au
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Septembre 1004 '
355
354
jourd'hui que M. le préfet de la Charente ré-
clame pour son père (le c,-énéral Michel, tué à
Waterloo, dans le fameux carré) d'avoir dit la
môme chose que le général Cambronne. 11
peut bien avoir crié aussi, car les officiers et
les soldats ont répété le cri du général Cam-
bronne sur toute la ligne, ainsi que je l'ai dit.»
Albert Gâte.
Joseph Le Bon (T. G, 504). — Le
trop fameux conventionnel arageois, Jo-
seph Le Bon, qui institua la guillotine en
permanence dans les départements du
Nord et du Pas-de-Calais, a laissé deux
enfants, une fille morte jeune et un fils
nommé Emile, qui fut élevé à Bruxelles
par un professeur libre nommé Masson,
élève et beau-frère dejosepli Le Bon, et
qui devint ensuite juge au tribunal de pre-
mière instance de Chalon-sur-Saône.
En 184=5, Emile Le Bon publia un livre
intitulé '.Joseph Le Bon dam la vie prives
et dans sa carrière politique, dans lequel il
cherche à atténuer les infamies commises
par son père, entreprise qui le desservit
et le fit mettre de bonne heure à la re-
traite.
Triste et taciturne, Emile Le Bon mit
fin à ses jours par le suicide, le 23 août
1871, et non en 1870, comme on l'a cru
jusqu'à ce jour ainsi que cela résulte de
l'extrait suivant du registre des actes de
l'état - civil de la commune de Sainte-
Marie-sur-Ouche (Côte-d'Or), qui a été
communiqué à Y Echo du Nord par M. le
vicomte d'Hespel.
L'an mil huit cent soixante et onze, le
vingt-trois août, à six heures du matin, est
décédé. Le Bon Hmile, âgé de soixante seize
ans, rentier domicilié a Pont-de-Pany, ancien
juge au tribunal de première instance de Cha-
lon-sur-Saône, né à Arras, le treize brumaire
nn !!I, de Joseph Le Bon et de Elisabeth Ré-
gniez.
Paul Pinson.
Uns status de Napoléon !"• à
Lyon (L. 1 10, 232). — La ressemblance
existant pour les mauvais yeux comme
les miens, entre le i et le 4, m'a fait dire
dans ma réponse, col. 234, que, d'après | gnale,en
JVl. C. B. 1, la statue de Napoléon l'"' avait | vant être
son n" qui a suivi le 15 août 1852, VII-
liislraiion a donné en première page un
grand bois représentant la statue montée
au rond point des Champs-Elysées, sur le
piédestal de Qiiestel, ou une représenta-
tion en matériaux provisoires, et qui était
très beau. Au renouveau de la fête na-
tionale qui, du reste, fut contrariée à
Paris par un vent furieux, les gens supers-
titieux y virent un présage, on avait fait
dessiner par Barye un aigle immense qui,
déployant ses ailes au dessus de LArc de
l'Etoile, devait se détacher le soir en traits
de flamme. Mais la tempête contraria
absolument le jeu du gaz.
On en vit assez, toutefois, pour juger
que cet oiseau démesuré n'était pas à
l'échelle du monument, « c'est faire de
l'arc un perchoir », dirent les Parisiens;
et ce n'était pas si mal. On avait voulu
essayer le projet qu'une vingtaine d'an-
nées plus tôt Barye proposait pour le
couronnement de l'arc, projet que l'expé-
rience de 1852 fit condamner sans retour.
Maintenant, sans faire d'excursion sur
le terrain politique, et me plaçant unique-
ment sur celui de l'histoire et de l'art, je
ne puis que déplorer ces destructions
auxquelles se livraient à l'envi les partis en
France. Et je dis cela non seuleme-nt pour
les déboulonneurs de Paris et lesdépeceurs
de Lyon, mais aussi pour ceux qui, il y a
plus d'un quart de siècle, ont fait briser à
Dijon la statue de la Résistance., parce
qu'un bout de bonnet phrygien dépassait
quelque peu la couronne murale.
H. CM.
*
* *
été exposée à Paris en 1854. L'erreura été
commise par moi en corrigeant mal l'é-
preuve reçue, et je la prends, bien en-
tendu, à mon compte.
Mais puisque j'ai l'occasion de revenir
sur ce point de détail, je dirai que dans
Je remercie les aimables correspondants
qui ont bien voulu me répondre au sujet
de la statue équestre de Napoléon V à
Lvon.
M. H. C. M. a parfaitement raison au
point de vue de la date de l'érection de
cette statue. On m'a fait dire 1854 ou
j'ai dit 1854 par inadvertance, je possède,
en eiïet, qn programme sur papier ordi-
naire des fêtes du 15 août 1852, où on si-
tre autres, cette statue comme de-
exposée ce jour-là au rond-point
des Champs-Elysées avant son départ
pour Lyon, et ce pendant plusieurs se-
maines. Une autre feuille, vendue sépa-
rément donne la reproduction de la statue
entière avec l'explication complète de
tous ses détails.
N* 10=^1
L'INTERMEDIAIRE
355
356
Un tableau sans valeur artistique au-
cune, que je possède également, donne
la vue d'ensemble de l'inauguration de
cette statue par le Prince Président.
Ce qui m'intéressait, c'était de savoir
comment elle avait disparu, et les érudits
correspondants de l'Intermédiaire m'ont
parfaitement renseigné ; je les en remer-
cie sincèrement.
C. B.
Livre ignoré sur Louis XVII (L,
106). — D'après l'analyse qu'en donne
M. Tastevin, ce livre est tout simplement
une traduction de la dernière partie du
roman de Regnault-Warin, Le Cimetière
de la Madeleine, (Paris, 1801) t. IV, p.
64 et suiv.On y retrouve le même narra-
teur, l'abbé Edgeworth, le prétendu ex-
trait du journal de Desault, la tentative
de corruption signalée par lui à la Con-
vention, les manœuvres de Felsac, agent
de Charette, pour introduire au Temple
l'enfant orphelm dans un cheval de bois,
l'évasion du dauplim, son arrivée à l'ar-
mée de Charette et .... tout le reste, jus-
ques et y compris la devise : Deposnit pa-
tentes^ etc.
Tout cela est sorti de l'imagination de Re-
gnault-Warin.Personne n'a jamais pris au
sérieux ces aventures extraordinaires, non
plus que les documents forgés à l'appui,
tels que les mémoires de Desaulx et autres
« pièces justificatives >/ dont ce roman-
cier fantaisiste a soin d'étayer ses inven-
tions. SOIIVIRON.
Iconogrsphie do Catherine Sforza
^L, 225). — Le geste de Catherine Sforza
du haut de la tour de Forli. est attribué,
en Poitou, à la dame deMoncontour, sur-
prise dans une attitude semblable sur la
plate- forme de son célèbre donjon roman,
alors presque achevé, au retour inattendu
de ses maçons.
Si l'antiquité de cette légende était
mieux démontrée, on pourrait y voir la
contre-partie d'une tradition bretonne
bien connue des folkloristes, où certaine
vieille se retrousse a l'opposite d'un vent
de mer importun pour lui témoigner son
mépris ; car, en Poitou, c'est au contraire
avec un sentiment d'orgueil que s'exhibe
la noble dame, toute glorieuse de sa ma-
gnifique tour. On en aurait pour preuve
un scabreux soliloque, surpris comme le
geste, origine du nom donné à la forte-
resse.
Pour tous cependant, cette désignation
topique remonte fort loin dans l'histoire
et vers la Renaissance, tout au plus, elle
a pu donner lieu à l'affreux jeu. de mots
dont la légende est sortie. Nous en avons
dit assez pour l'intelligence du monolo-
gue prêté à la dame de Moncontour.
11 n'en est pas moins curieux de retrou-
ver à Moncontour le geste de Forli. C'est
un apport du dehors, une réminiscence,
comme il en afivient si souvent en ma-
tière de Folklore. Léda.
Quatrômère d'Isjouval et les arai-
gnées (L, 4, 155,254).— Le rôle baromé-
tral des araignées n'est pas nouveau. Les
chroniques de Sanudo qui était un Talle-
mentdes Réaux vénitien, raconte quevers la
moitié du xiv^ siècle, un gardien du
Palais Ducal qui s'appelait Zuane (Jean)
PoUastrini, entretenait des araignées dans
une petite voûte qu'elles tapissaient de
leurs toiles. 11 Ls nourrissait de mouches
et elles étaient tout à fait domestiquées.
Ces araignées avaient, ainsi raconte gra-
vement Sanudo, le don singulier de se
mettre en grande agitation deux ou trois
jours avant un orage. Peu à peu, cela fut
connu et les patriciens et sénateurs qui
allaient à leurs villas sur la Brenta et de-
vaient traverser la lagune où il y a quel-
ques fois des tempêtes minuscules, avant
de décider cette terrible traversée, disaient:
— Andenio a veder i ragni de sior Zuane —
(Allons voir les araignées du sieur Jean) —
et se montraient toujours satisfaits de la
consultation. Or, il advint que le Doge
Antonio Grimani devantaller accomplir la
cérémonie annuelle du mariage de la Ré-
publique de Venise avec la mer Adriatique
accompagné du Sénat et à bord du Bucen-
taure, alla consulter,lui aussi, les araignées
de sior Zuane — Seren issiwo prencipc ]u\ dit
celui-ci, /(7 pot ar.dar a oci se n ai {vous t^ow-
vez partir les yeux fermés) Lejour de la cé-
rémonie, un orage épouvantable dispersa
le cortège naval etmiten danger le Bucen-
taure. Et le doge furieux fit expulser el
sior Zuajie et ses araignées. Xe sia dito,
ajoute tranquillement le vieux Sanudo, che
un nemigo de ■iior Zuane gaveva hutà nella
vôlta dei grani de papavero che gaveva in-
donnensà i ragni. (11 a été dit qu'un
ennemi du sior Zuane avait jeté dans la
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Septembre 1904,
357
358
I
voûte des graines de pavot qui endormi-
rent les araignées). Voilà un point d'his-
toire qui sera difficile à éclaircir. Caponi.
LaSociètédcsDébris de la Vieille
Armée (L, 174.) — Je possède le dra-
peau de la Société philantliropique des
Débris de la Vieille Armée — Second Empire
— avec lesdécorations du Président de cette
société — Légion d'honneur — Sainte-Hé-
lène — Médaille de la dite Société.
Or, je viens de lire dans un opuscule
que je n'ai pas sous la main et intitulé
Napoléon III et les Médaillés de Sainte-Hé-
lène^ un passage dans lequel il est dit que
le maréchal Magnan, je crois, donna à
cette société l'aigle des Guides de la Gar-
de Impériale (P' Empire) comme aigle du
drapeau de cette Société.
Pourrais-je savoir :
1" Si rais:le des Guides de la Garde
Impériale du l'^r Empire existe encore :
2° Sinon, à quels signes je pourrais
reconnaître que l'aigle du drapeau que je
possède est l'aigle des Guides '^.
3° L'aigle est en bronze creux sur un
socle sans inscription aucune, dans l'atti-
tude des aigles de drapeau de l'armée. Ce
drapeau m'a été donné par une personne
qui se disait amie du Président de la Socié-
té philanthropique des Débris de la Vieille
Armée, il y a 15 ans environ. C.B.I.
Origine du nom de Jourdain dans
risle en Jourdain CVienne) (L. 218).
— Je trouve aussi une famille du Mesnil-
Jourdain, autour de Mantes, que je ne puis
identifier. Elle vient certainement de Nor-
mandie, peut-être du département de
l'Eure. Vers 1480, Ysabel du Mesnil-Jour-
dain est dame de Champ-Dolent, d'Aspre-
mont et de Buchelay. Ses armes sont :
d'ai gei2t^ à la bande de gueules, accompa-
gnée de 6 coquilles de vicme^ posées en orle.
E. Grave.
Bautru (XLIX, 504, 643 ; L, 132). —
Le collaborateur M. Boni de Lavergne se
trompe. 11 n'y a jamais eu à Etampes de
famille portant le nom de Bautru de la
Poterie, mais bien Baudry de la Poterie,
ce qui est différent. Paul Pinson.
Les demeures de Chateaubriand
(L, 1I7, 195J. — Chateaubriand habita le
n° 25 de la rue de l'Université depuis son
retour de Gand, en juillet 1815, jusqu'à
1818. A cette époque, il s'en fut au 42 de
la rue du Bac ; en 1S20 seulement il se
transporta au n" 27 de la rue Saint-Do-
minique Saint-Germain. (Cf Biré, L'an-
née 181J. Paris, 1875, in-8°, 268 et suiv.)
Ed. Ch.
Clinchamp (XLIX, 838; L, 29,241). —
Au commencement du xvii" siècle, Gabriel
de Clinchamp, dit Menemores, seigneur
de Bellegarde, fut marié à Antoinette de
Mornay, fils de Louis, seigneur de Villar-
ceaux (c. de Chaussy, canton de Magny,
S.-et-O.).
Un baron de Clinchamp figure en 1652,
dans les relations de la Fronde. Il est cité
à cette date par le cardinal de Retz, par
Mlle de Montpensier. 11 était à Mantes
avec le duc de Nemours, au commence-
ment du mois de mars. Il commandait les
troupes espagnoles qui venaient des
Flandres. V. encore les Mémoires de Co-
li^nY-Saligity.
E. Grave.
La mort de Paul-Louis Courier.
— (T. G. 244 ; L, 245). — L'illustre écri-
vain a eu pour avocat, dans ses nombreux
procès, M. Saint-Albin Berville. C'était
un homme d'esprit qui n'avait pas seule-
ment défendu son client, mais l'avait
étudié en psychologue. Sur la fin de sa
vie, avant 1870, je crois, il avait gardé
un souvenir très net de ses rapports avec
Paul-Louis, et, il n'y a pas à le cacher, son
impression n'était pas favorable. Si Ar-
mand Carrel a dit : ^ Quelques amis de
Courier savent seulement qu'il est devenu,
dans ses dernières années, d'une humeur
asse:^ difficile, » Al Saint-Albin Berville
déclarait nettement qu'il était parfaitement
insociable et l'avait toujours été. L'homme
des pamphlets qu'on jugerait un bon vi-
vant, comme on croirait Bernardin de
Saint-Pierre parfaitement idyllique, était,
comme ce dernier, d'un commerce abomi-
nable, et madame Courier, comme Félicité
Didot, a été le souffre-douleur de son
mari. Donc, il n'était pas douteux pour
M. Berville que l'assassinat de Courier par
son garde-chasse était tout à fait d'ordre
intime. De quelle nature était la conni-
vence entre l'assassin et madame Courier ?
Mes souvenirs sont aujourd'hui trop loin-
j tains pour que je puisse rien préciser. Pour
I M. -Berville, )a femme de Paul-Louis n'était
N" !03i,
L'INTERMEDIAIRE
359
;6o
pas étrangère au crime, et il l'excusait
dans une certaine mesure.
Courier avait tenu une certaine place
dans la carrière de M. Saint-Albin Berville,
et je no serais pas étonné que celui-ci eût
conservé des notes sur ses relations avec
son combatif client. Ce serait à M. |. Lt.
de savoir si elles existent et ce qu'elles
sont devenues. E. Grave.
* *
Il y a 4 ans environ, un journal de
Tours a publié une étude très détaillée
sur ce sujet. Les auteurs étaient deux
professeurs du lycée de Tours, ]V1M. Des-
terne et Galland. Celui-ci est maintenant
à Bordeaux et celui-là à Paris, je ne sais
si leurs articles très intéressants ont été
réunis en volume.
Martin Ereauné.
Joseph Doucet (L. 217).-— M.Louis
Teste, rédacteur au Gaulois, et l'un des
esprits les plus curieux de notre temps,
ayant vu sur ma table le dernier numéro
de V Intermédiaire , me donne à ce sujet
quelques détails :
« Joseph Doucet était prêtre dans le
diocèse de Grenoble, aux environs de la
Côte Saint-André, où est né Berlioz. 11
quitta, pour des motifs d'ordre privé, le
saint ministère, et vint à Paris.
«Là, il écrivit dans le National dont M.
H. Rousset, le frère de l'académicien,
était directeur, avec, comme collaborateurs
Th. de Banville et La Bédoyère. Joseph
Doucet écrivait en même temps à la Vie
parisienne. Prêtre attaché à la Madeleine,
son office se bornait à chanter au choeur,
à figurer aux cérémonies et quelquefois
à accompagner les morts. Il avait la ma-
nie de m'attaquer tous le-^ jours dans le
National, par deux ou trois articles. Un
beau jour, je finis par lui demander dans
\t Journal de Paris où il avait laissé sa
soutane. Alors il m'écrivit une lettre éplo-
rée : je lui avais fait la plus grande peine
du monde ; si j'avais connu son histoire,
ajoutait-il, j'aurais eu pour lui plus de
charité. 11 paraît tout simplement qu'il
avait enlevé une femme, laquelle lui avait
été enlevée à son tour par un cocher de
fiacre. D'où, profonde humiliation !
« Enfin, sa lettre se terminait de façon
charmante et il m^envoyait sa Tentation
d'îin curé de campagne, qui est un petit
chef-d'œuvre, je le dis et je l'ai écrit. Le
Diocèse de Cham'oorand n'est qu'une redite
de ce dernier, et c'est le diocèse de Gre-
noble qui y est peint (avec Mgr Ginou-
Ihiac) et non pas Mgr Dupanloup... Sa
vocation d'écrivain ^ 11 était obligé de
vivre, et comme tout homme non pré-
paré aux lettres, il se raconte. C'est la lit-
térature des primitifs)*.
M. Louis Teste a quelques lettres de
Joseph Doucet et les communiquerait vo-
lontiers. Edouard Champion.
Famille de Jassaud (XL, 55, 194).—
Pierre-GuillaunTe de ]., chevalier, sei-
gneur du Gué, de Vernon, de la Borde,
(de Lazenay), conseiller au parlement de
Paris, en 1722, épousa Michelle Auger,
dont il eut :
i) Pierre, baron de Jassaud, seigneur
de Boischantel, Bourneville, etc., officier
d'infanterie, né le 4 octobre 172 1, mort
le 16 janvier 1791, marié en 1755, avec
Marie-Anne Thomas de Boischantel, dont,
au moins: Marie-.Alexandrine-Reine dej.,
femme de Jean-Pantaléon, vicomte de
Butler ;
2) Ambroise-Auguste de J., comman-
deur de l'ordre du Saint-Esprit de Mont-
pellier, né le 18 novembre 1726;
3) André Charles de J. garde de la ma-
rine ;
4) Catherine-Michelle de J.,née le 29
juillet 1729, épousa, après 1776, Antoine-
Bernardin, comte du Chatelet, mort en
1785;
5) Marie-Michelle de J. (la même que
la précédente t), femme de Charles-Louis
de Scarron, marquis de Dionne ;
6) Marie-Jeanne deJ. épousa, en 1767,
Thomas-François- Honoré de Francini,
comte de Villepreux ;
7) Marie-Charlotte de J. ;
8) Marie de ). ;
Louis -Charles-Auguste, baron de Jas-
saud, maréchal de camp, compiandeuf
de la Légion d"honneur, chevalier de
l'ordre de Saint-Louis, né vers 1782, dé-
cédé le 29 décembre 1849, à Paris, le
dernier de sa famille, appartenait proba-
blement à la branche qui précède, puînée
de celle d'Arquinvilîiers, éteinte au xviii'
siècle et de celle de Thoraine encore re-
I présentée vers 1860.
E. P. Le LiEUR d'Avost.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Septembre 190^^
361
36:
Famille Pandcvant, de Sully (L,
166, 2^0). — Vers 1862, M Pandevant
était notaire àSuUy-s -Loire.Son fils a été
sous-préfet de Montargis pendant environ
vingt ans. Depuis quelques années, il est
receveur particulier à Gien.C'eLt un ama-
teur de gravures ; sa collection a, dit-on,
une certaine valeur. Il est aussi bibliophile
à ses heures. Martellière
Famille Panon Desbassayns (L,
22,). — Cette famille, d'après Borel
d'Hauterive, serait originaire de Guyenne,
elle se serait fixée à l'île Bourbon, vers la
fin du xviii*^ siècle.
Philippe Panon Desbassayns de Riche-
mont, conseiller d'Etat, député du corps de
l'Amirauté (d'après Bachelin-Defiorenne :
Dictionnaire des Anoblis 3® partie ; 1 14) a
été créé comte par lettres patentes du 6
octobre 1827, avec érection de majorât
en rente.
Eugène Panon, comte Desbassr:3nis de
Richemont, né en 1800, ancien gouver-
neur des établissements français dans
l'Inde. est décédé le 26 juin 18^9.
Paul Desbassayns, baron de Richemont,
membre du Corps Législatif,a été créé sé-
nateur par Napoléon III, le 16 août 1859.
Son fils, Paul-Alfred, enseigne de vais-
seau, est mort à 24 ans, le 14 avril 1869.
Il ne paraît pas y avoir eu de liens de
parenté entre cette famille et le général
Louis-Auguste Camns^ baron de Riche-
mont, né à MontmarauIt,en Bourbonnais,
le 21 décembre 1771, -;< directeur des for-
tifications des possessions françaises à
l'est du cap de Bonne-Espérance », de
1803 à 1807, et qui résidait, en cette
qualité, à l'île de France. Ce général de
Richemont, baron de l'Empire, qui com-
manda l'Ecole militaire de Saint-Cyr en
1814 et après 1830, est mort en 1853.
Le D"" P. trouverait sans doute des ren-
seignements plus complets auprès des
membres vivants de la famille Desbas-
sayns de Richemont, dont je relève les
adresses au Tout- Paris de 1904 : C'^ Des-
bassayns de Richemont, 69, avenue Mar-
ceau.
Vicomte Paul de Richemont, 56, rue de
Londres.
Vicomte Alfred de Richemont, le peiri-
tre connu, 73, boulevard de Courcelles.
M. Gabriel de Gossellin, 132, boule-
vard Haussmann.
iVI. Maurice de Gossellin, 19, avenue
de Messine.
Ces dcuK derniers, fils d'une demoi-
selle de Richemont.
H. Baguenier-Desormeaux.
* *
Paulin Panon Desbassayns, chevalier
de Saint-Louis. épousa, en 1770, Ombline
Gonneau de Montbrun, dont il eut entre
autres enfants :
i) Julien-Augustin-Paulin-Gertrude Pa-
non-Desbassayns de Montbrun, receveur
génér^il des finances, né en 1771, ■[• le i''^
février 1856, au Bréau ;
2) Philippe Panon Desbassayns reçut,
par lettres patentes du 17 mars 181 5, le
titre de baron (sous la dénomination de
baron de Richemont) ; de nouvelles lettres
patentes du 6 octobre 1827 constituèrent
un majorât, avec titre de comte. Il était né
à l'île Bourbon, le 3 février 1774 et mouT
rut le 7 novembre 1 840 ; il avait épousé,
en 1798, Jeanne -Catherine- Fulcrande-
Aglaé Mourgue, décédée le 20 mai 1855,
à Paris ;
3) Mélanie-Barbe-Ombeline Panon Des-
bassayns, née vers 1781, f le 24 avril
1855, à Toulouse, mariée au comte Joseph
de Villèle, Président du Conseil des minisr
très) Carré de 'Qusso.xoWt, Armoriai de Ton-
7-aine, p. 727 et suiv.)
G. P. Le Lieur d'Avost.
L^ Noir, liautena,nt de polioa
(XLVII ; XLVIII ; L, 247). — Le collabo-
rateur Sus, qui cite une sanguine de Le
Noir, par Courteille, pourrait-il me dire
où il a vu cette gravure, et s'il pense
que je puisse me la procurer facilement ?
Jehan.
Famille Reynard da Boissieux
(L, lôô). — Il v eut autrefois une famille
Salvaing" de Boissieu, aujourd'hui complè-
tement éteinte. Sa généalogie est fort con-
nue.
Il y eut plus tard une famille Perrin,
dont une branche prit tout d'abord le stir-
nam de Boissieu, puis remplaça gratuite-
ment son nom de Perrin par le prénom de
Salvaing. La généalogie de cette famille,
actuellement nombreuse, est donnée par
le III" volume du V"* Révérend (Anoblis-
sements et pairies delà Restauration),
Une troisième famille, également repré-
sentée de nos jours, eut pour auteur Jean
N. 1051.
L'INTliRMÉDlAlRE
365
564
Boissieu, bourgeois de Saint-Germain-La-
val, secrétaire et maître de la garde-robe
de la reine Marguerite de Valois en 1608.
Les éléments de sa généalogie se trouvent
aux Archives de la Côte-d'Or (B. 1 1 . 694).
Par une étrange destinée, elle est alliée
aux Salvaing de Boissieu actuels (ci-de-
vant Perrin).
Enfm voici un rameau, que je ne sais à
quel tronc rattacher, et qui pourrait inté-
resser notre collègue : Jean Boissieux, ou
de Boissieux, conseiller du Roi à Lyon(?),
marié à Adrienne Richoux, eut huit en-
fants, parmi lesquels : \°) Siméon, magis-
trat, qui eut, de Bonne Reynard de la Ro-
chette (morte en 1842) une fille Zéphyrine,
morte à Chalon-sur-Saône, le 21 février
1895, veuve de Lazare Carnot. — 2°)Apollo-
nie mariée à N. Vincent. — y) Isaie, pro-
cureur général à Lyon, puis conseiller à
la cour de cassation, qui, de son mariage
avec N. Faure, eut deux filles : Amélie,
mariée à M. Richerand et Berthe ; et un
fils Isaïe, marié à la fille de l'amiral Bruet
et père lui-même de M. Armand de Bois-
sieux, actuellement officier de cavalerie,
et de deux filles dont l'une a épousé, en
1902, M. d'Autemarre. — 4") Ennemond
Antoine-Marguerite, dit Tony, né en 1783,
mort en 1802. — 5") Séverine, née en
1785, morte en 1821, femme du docteur
Louis-Auguste Ginet. — 6") Saint-Loup,
célibataire. Je connais un cachet de ce
dernier rameau, portant des armoiries
parlantes (Bois-cieux) : d' argent ^à tut bois
de sinopie ; au chef d'azur semé d'étoiles
d'or.
C'est à dessein que je néglige ici quel-
ques autres familles Boissieu, du Dauphiné
ou des Cévennes, qui ne me paraissent
avoir aucun rapport avec les précédentes,
car cet écheveau généalogique me paraît
suffisamment difficile à débrouiller.
Peut-être notrecollègue pourrait-il nous
y aider par quelques indications de dates
et de sources. Nolliacus.
*
* »
V Armoriai de Dauphiné, par G. de
Rivoire de la Bâtie (Lyon, 1867), con-
tient les d^ux articles suivants :
Perrin de Boissieux. — Pierre-Joseph
Perrin-Boissieux, de Villard-Chevrières,
eut de D"" Marguerite Efïantin
Hugues-Antoine Perrin de
écritures de la
commis aux
chefort, où il est mort
Boissieux,
marine à Ro-
janvier 17S1,
laissant de D""^ Catherine Durand-d'Elbos :
N. Perrin de Boissieux, né à Rochefort, le
2 août 175s et père de ^i. de Salvaing de
Boissieux, conseiller à la Cour impériale de
Paris.
Les Salvaing de Boissieu portaient : De
l'Empire à la bordure de France.
Salvaing de Boissiku.— Notre célèbre pré-
^ident Denis de Salvaing de Boissieu a larci
sa généalogie de tant de rêveries qu'il de-
vient fort difficile de distinguer le vrai du
faux dans l'histoire de cette maison, d'ail-
leurs bonne et ancienne....
II faut retrancher sommairementde cette
généalogie la prétendue communauté d'o-
rigine des Salvaing avec l'illustre maison
d'Allonges, en Savoie, dont elle se serait
séparée en l'an 1012 ; supprimer l'existence
de Guiflrey de Salvaing, grand maître des
Templiers en 1090, celle d'Aymon de Sal-
vaing, dit Tartarin ou le Chevalier Hardy,
compagnon supposé d'Antoine d'Arces,
d'imbaut de Rivoire etde Gaspard de Mon-
tauban ; et mettre au rang des fables la
prétendue concession d'armoiries •.'DcVEm-
pirc à la bordure de France ; la devise : A
Salvaiîig le plus gorgias ; les alliances avec
les maisons de Saluces, de Clermont, de la
Chambre, de Poitiers et et Terrail ; et pres-
que tout ce que le digne président a inséré
dans les ouvrages de Vulson de la Colom-
bière, dont il paraît le véritable auteur...
J'ajouterai qu'un portrait d'Aymon VI
de Salvaing, exécuté certainement par
ordre du président Denis de Salvaing,
avec tous les attributs fantaisistes attri-
bués au prétendu chevalier errant dans le
livre de Vulson de la Colombière, a été
acheté, il y a environ 35 ans, par le con-
seiller de Boissieux à un marchand d'an-
tiquités de Chambéry. Ce portrait, qui
provenait d'un vieux château ayant appar-
tenu à la famille d'Arces, était prédestiné
à orner les galeries d'ancêtres de hauts
magistrats portant le même nom sans
être parents.
XXX,
Armesde la Rivière (L, 168, 304). —
Nous pensons que cette famille existe enco-
re ; elle a possédé des terres en Beauce
et s'est alliée, au xix'' siècle, aux familles
de Courcy et Outrequin de Saint-Léger.
Robert'de la Rivière, seigneur, patron
du Pré d'Auge (près Lisieux), à la stipu-
lation de Marie Descorches, sa mère, veuve
de Robert,
Maintenu 21 septembre 1668.
Armes : de gueules, à 2 bars adossés en
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Septembre 1904.
365
366
pal d'or^ leur queue traversée en fasce de 2
petites rivières ou fasces ondées d'argent.
Supports et cimier : lions d"or (Recherche
de la nobhsse^par la Galissonnière, vicomte
d'Auge. Manuscrit aux archives de Lierre-
mont, Trouville).
Le Q Henry Le Court.
Armoiries à déterminer : d'or à
trois roseaux de sinople (L, 168,25 1).
— Ce sont les armes de la famille Ruau
d'Anserville, de Trouchet, en Ile-de-
France. P.leJ.
Ecusson à déterminer (L, 118,
251). — Rectification : la famille Bret ou
le Bret est originaire du Beaunois et non
du Beauvois.
P. LE].
Singulières armoiries papales
(L, 168, 251). — )'ai lu dans une an-
cienne publication, à propos des armoi-
ries du pape Innocent Xll dont la mère
était née Carajfa., le quatrain suivant :
On pourra boire à tous propos,
Sous le règne de ce Saint-Père ;
Son nom, ses armes sont des pots,
Une Caraffe était sa mère.
Le comte P. -A. du Chastel.
*
» *
Il semble que ces vers d'une chanson
de Coulanges sur Innocent Xll, ne se-
raient pas de contrebande ici :
Son nom, ses armes, sont des pots,
Une caraffe était sa mère.
(^Carajjt'a^ famille princière napolitaine).
F-Y.
Plaque de cheminée à identifier :
croix chargée de cinq coquilles
(XLVII ; L, 198). —J'ai consulté, à l'in-
tention de Al.Palliot le Jeune, mes extraits
du P. Anselme et du Dict. de la Noblesse
pour les Rayneval et du Nobiliaire de
Ponthieu et de Vimeu de Belleval pour
les Cordier et les Godart, mais sans trou-
ver aucune alliance directe entre ces
familles.
La filiation que rapporte La Chesnaye
des Bois pour la branche de Fauquember-
ghe de la famille de Rayneval, donne
seulement trois alliances, avant leur émi-
gration : d'Ongnies, Pastoureau et Le
Febvre de Parfondru, mais dans mes
notes je ne trouve qu'aucune des familles
de ces noms ait porté pour armes : un cor
de chasse accompagne de ^ t toile s.
Il y a bien les Le Febvre de Vatimesnil
dont les armes sont : d'a:^ur, au huchet
dais;ent. eno-niché et virole du même, can-
tonné de 4 molettes d'or, mais je ne sais
s'ils sont issus de la même souche que la
famille Le Febvre de Parfondru, dont d'ail-
leurs je ne trouve aucune indication par-
mi les nombreuses familles Le Fébure, Le
Febvre, Le Fevre, sur lesquelles je pos-
sède des notes.
J'ajoute enfin que je n'ai pas sous la
main le volume de Y Intermédiaire qui
porte la question, dont la lecture peut-
être permettrait-elle de circonscrire les
recherches.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
La fleur de lis dans les armes
des Peretti délia Rocca (L, 168).
I
La famille de Peretti délia Rocca porte
en chef de ses armes : d'a^iir, à la fleur de
lis d'or, par concession de Henry II roi
de France, qui voulut ainsi témoigner
toute son admiration pour la belle con-
duite du capitaine Napoléon Peretti de
Levie, des comtes délia Rocca, au siège
de Renty en 15^54. Le roi le reçut cheva-
lier, lui donnant de sa main l'accolade,
et lui concéda « pour perpétuel témoi-
« gnage, pour lui et sa postérité, de ses
« vertus et noblesses, le droit d'ajouter
« en l'écu et blason de ses armoiries,
« telles qu'elles sont ici peintes et écrites,
« la fleur de lis d'or sur champ d'azur. »
(Lettres patentes données à Saint-Ger-
main-en-Laye,au mois de novembre 1 5 58).
— Les armes peintes sur ces lettres sont :
parti au I de Colonna plein, au II de Rocca-
Cinarca ; en chef, la concession.
On sait que les rois de France ne pro-
diguaient pas la fleur de lys d'or sur
champ d'azur et que cette concession fut
toujours regardée conmie un des plus
grands honneurs que le roi pouvait faire
à un gentilhomme.
(Napoléon Peretti de Levie est le pre-
mier corse du nom de Napoléon). Cf.
Grégorovius Corsica, liv. IV, chap. V;
A. Chuquet Jeunesse de Napoléon, tome 1,
page 63 .
II
Les Peretti délia Rocca descendent en
ligne directe de Sinucello délia Rocca,
h" 105I,
L'INTERMÉDIAIRE
367
368
comte-souverain de Corse en 1280. Ce-
lui-ci descend de Cinarca, lils du patri-
cien romain Ugo Colonna, qui passa en
Corse en 775 sur l'ordre de Charlema-
gne. Ugo chassa les Sarrazins de l'île et
en récompense obtint du grand empe-
reur la souveraineté de la Corse pour lui
et ses descendants (d'après Alcuin (775-
804).
Vers 1219, 1 un de ces derniers,
Guillaume de Cinarca, dont l'arrière
grand -père avait été dépouillé, rentra en
possession des seigneuries de La Rocca
et de Levie, que les gentilhommes de ces
provinces lui donnèrent, à la condition
qu'il les défendrait contre les Génois qui
venaient d'envahir Tile. Guillaume fut le
premier seigneur délia Rocca et de Levie.
Ses descendants s'appelèrent délia Rocca,
de même que, comme ils étaient Cinarca,
le territoire délia Rocca et de Levie s'ap-
pela <r paése Cinarchese » (d'après Filip-
pini «Storia di Corsica»).
Guillaume avait un frère, Guy, sei-
gneur de Léca et chef de la branche des
Colonna, princes de Leca.
Guillaume eut deux fils : l'aîné s'appe-
lait Sinucello. « Il est devenu célèbre sous
<< le nom de Giudice délia Rocca. Son pa-
<i Vriotisme, son courage héroïque, sa sa-
« gesse et sa justice lui ont marqué une
« place parmi les hommes qui en ces
<< temps barbares se sont illustrés par
ss leurs qualités personnelles ». (Grégoro-
vius Histoire des Corses, chap. VU).
_^ Napoléon 1", dans ses Lettres sur la
Corse ^ a dit :
La Corse sut maintenif son indépen-
dance grâce à Sinucello délia Rocca, un
de ces 'nommes rares que la nature jette
sur la terre pour l'étonner.
Le deuxième fils dé Guillaume s'appe-
lait Truffetta, c'est le chef de la branche
des Colonna marquis fet comtes d'Or-
nano.
Arrigo, fils aîné de Sinucello, reçut en
apanage les seigneuries de La Rocca et
de Levie ; Salnese, le second, eut la sei-
gneurie d'Istria ; c'est le chef de la bran-
che Colonna d'Istria.
En 1370 apparut '< le second homme
« remarquable de la famille de Cinarca
« ou Rocca ; Arrigo, comte de Corse, ar-
« rière petit-fils de Sinucello délia Rocca,
« comme lui, né pour le commandement,
« opiniâtre, plein de fougue et d'éner-
« gie
;> (Grégorovius, Hist. des Corses,
chap. IX).
Arrigo gouverna l'île en qualité de
vice-roi de Corse et de Sardaigne pour
les rois d'Aragon don Pedro (1377) et
don )uan (1393). (Archives de la Corona
d'Aragon, registres 1044 et 1941); ses
descendants héritèrent de ses droits sur
l'île jusqu'à Giudice II, comte de Corse,
son arrière petit-fils et père de PerettO,
seigneur de Levie, des comtes délia Rocca,
chef de la branche des Peretti.
Cette époque marque la fin de la féo-
dalité en Corse ; l'île étant tombée au pou-
voir des Génois,
PerettO n'eut qu'un fils, Angelo-Santo,
colonel en li^so, père du fameux Napo-
léon Peretti de Levie, capitaine dans les
armées du roi Henri II et compagnon
d'armes de Sampiero. Napoléon de Levie
fut l'objet de la concession dont noUs
avons parlé plus haut. En 1569, il com-
mandait une galère au siège de la Ro-
chelle.
Depuis, les Peretti délia Rocca n'ont
jamais cessé de se distinguer. Cette fa-
mille a fourni, tant en Italie qu'en France,
une cinquantaine d'officiers dont quinze
colonels et lieutenants généraux ; des car-
dinaux, des évêques, parmi lesquels mon-
seigneur Charles de Peretti della Rocca,
député du clergé de Corse aux Etats Gé-
néraux de 1789.
Ajoutons, avant de terminer, que la
famille della i<occa est la branche aînée
des Colonna de Cinarca (Corse), qui, elle-
même, forme la quatrième ligne de la
I maison princière des Colonna de Rome.
[Lettres des princes Colonna de Rome
(1597, 1735, 1775) reconnaissant co'mme
leurs parents les descendants des Colonna
de Corse (della Rocca, Leca, Ornano,
Istria, Bozzi.)]
La famille Colonna de Peretti della
Rocca de Levie, a porté les titres de ju-
ges-princes de Cinarca, comtes-souve-
rains de Corse, etc.. (Borel d'Haute-
rive).
La maison de Peretti della Rocca
porte :
Parti: ùti I de guenles^'k là colonne d'ar-
gent^ la hase et le chapiteau d'or, somm-éc
d'une conro'Mic de même à l'antique (qui
est de Colonna) ; au U de gueules, an châ-
teau d'argent, maçoniié de sàhlc et surmonté
d'une balance é'or, tenue par une main
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
369
d'or, tiionvaiile dn chef, (qui est de Rocca-
Cinarca) ; nu chef d'a:^itr, à la fleur de lis
d'or ^soutenue par deux lions du même (con-
cession de Henri II).
L'écu accolé à l'aigle du Saint-Empire
au naturel (donné par Charlemagne à
Ugo Colonna d'après la tradition).
Casque taré de front et ouvert, sommé
de la couronne conitale des comtes sou-
verains, alias la couronne princière. —
Cimier : la colonne ; tenants : deux mau-
res Canciennes armes delà Corse) Devises :
sous le i*"^ parti ; Tiifa conîemnit pro-
cellas; sous le 2^, Virtiis et honor — Cri :
Rocca-Rocca.
Pour avoir des renseignements plus
précis sur les membres marquants de cette
famille, consulter : Filippini, Storia di
Corsica^ tomes il et III, Tcette histoire im-
primée en 1592 donne la généalogie de
la famille depuis Ugo Colonna (775)
jusqu'à Napoléon de Lévie (1558)1. — A.
Ch\x(\uQ\. Jeunesse de Napoléon^ tome I, page
63 ; tome II, pages 245, 254, 346, 350,
3=51 ; tome III, page 52 et 258. — Valéry,
yovageeyi Corse ^ tome I, page 209 et tome
II page 379. — Marquis d'Ornano, la
Corse militaire^ pages LVII et 44. — X.
Poli, Histoire militaire des Corses^ tome I,
pages 3, 60, 62 ; tome II, pages 1 14, 139,
etc.. Frédéric Masson, Napoléon incon-
nu^ « Lettres sur la Corse ». — Grégorovius
«Histoire des Corses » — et toutes les his-
toires de la Corse de Poramereul, Grégory,
jacobi, Robiquet, etc., etc..
Les représentants actuels sont :
Edouard de Peretti, comte délia Rocca,
directeur de l'Enregistrement et des do-
maines.
Le comte Emile de P. délia R., officier
de cavalerie.
Le comte Emmanuel de P. de Là R.,
secrétaire d'ambassade.
Le comte Jacques de P. de la R., vice-
consul.
Nous ne connaissons que ceux-là et
nous les indiquons sous toute réserve'.
M. DE LApouzat.
Eglises fortifiéas (T. G., 308 ;
XXXVIII ; XXXIX ; XLI à XLIV ; XLIX,
814, 929 ; L, 152, 265). — Je ne sais
si dans les très nombreuses et très inté-
ressantes communications sur les églises
fortifiées, on a fait suffisamment ressortir
10 Septembre 1 904
370
ce fait que sans être des forteresses
complètes, certains édifices religieux pré-
sentent, dans leur structure, des disposi-
tions accessoires propres à les mettre à
l'abri d'un coup de main, ou à les faire
servir de réduit, je signale ainsi dans la
Côte-d~Or, les églises de Gémeaux et de
Bèze, dont les tours de croisée sont des
manières de donjons, et celle de Pichan-
ges, qui fait saillir au dessus de la porte
occidentale et de la grande fenêtre de
l'abside rectangulaire, les corbeaux en
pierre de deux brctèches, sans doute en
bois, et qui n'existent plus. On pourrait,
je pense, multiplier beaucoup ces exem-
ples. L'église de Gémeaux est de la fin du
xii^ siècle, les deux autres, du corhménce-
ment du xiii^ H. C. M.
Domiciles parisiens (L, 226). —
Consulter Lefeuve : Histoire de Paris^
rue par fue^ maison par maison, Paris,
Reinwald,l875 et aussi le Dictionnaire dés
frères Lazare. Gustave Fustier.
*
Peut être aussi pourrait-oh consulter
en cours de publication chez
un ouvrage
l'éditeur Sevin, b*^ des Italiens.
Un roman d'Eugène Sue à re"
trouver (L, 116, 19g, 256). — Je lisi
col. 256, signé des initiales H. C. M. :
Je me permets de faire remarquer à M. J.
Brivois, que dans le titre donné par lui, il
doit être fait une réunion de trois nouvelles
distinctes ; il faudi'ait donc remplacer les vir-
gules par des points.
Je me permettrai, à mon tour, de faire
remarquer que j'ai suivi la ponctuation
de la couverture imprimée, en mettant
une virgule après Arabian Godolphin.
Deleytar n'est pas une nouvelle, comme
paraît le croire M. H. G. M., mais bien
le titre du volume qui comprend deux nou-
velles : Arabian Godolphin (p, i à 141),
Kardiki (p. 142 à la fin).
]. Brivois.
Balzac imprimeur. Les éditions
compactes (L, 57, 175). — Colonne
177, ligne 2i, au lieu de : « le texte en
deux couleurs » lire : « le texte en deux
colonnes ».
Il n'est pas exact de dire que Balzac eut
No 1051
L'INTERMEDIAIRE
371
372
le premier l'idée des éditions compactes.
Dès 1818, le libraire Desoer a donné
une édition compacte des Essais de Mon-
taigne^ avec glossaire et table analytique,
en un seul vol. in-8de près de 500 pages ;
impr. par Fain en petits caractères sur
deux colonnes, C'était là, si je ne m'abuse,
le prototype des éditions compactes.
Vers la fin de 1824, cinq libraires se
mirent d'accord pour éditer en éditions
compactes les œuvres de Voltaire et de
].-J. Rousseau; et le 26 février 1825, la
Bibliographie de la France enregistrait le
début de cette publication comme suit :
Œuvres complètes de Voltaire, en un seul
vol. in-8. Œuvres complètes de J.-J Rous-
seau, un seul vol. in-8. impr. de Jules Didot
l'aîné, h Paris. A Paris, chez Baudoin frères,
chezj. Didot l'aîné, chez Roux-Dufort, chez
Froment, chez Bossange père.
Le Rousseau paraîtra en 25 livraisons, le
Voltaire en 70. Prix de chaque livraison 1 fr.
A partir du i"^' mars on promet une livrai-
son tous les 15 jours; une livraison de Vol-
taire et une de Rousseau.
Qiiant aux trois éditions compactes de
La Fontaine, voici comment elles ont
paru.
Le prospectus de l'édition Igonette a
été enregistré dans la Bibliographie de la
France le 7 mai 1825, et la 8* et dernière
livraison, le 28 décembre de la même an-
née. Le texte est entouré d'un double
filet. Le vol. est terminé par une table
alphabétique bien comprise rendant les
recherches faciles.
Il a été tiré des exemplaires sur papier
rose.
La r* livraison de l'édition Delon g-
champs^ a été enregistrée le 18 juin 1825,
et la 4* et dernière, le 28 décembre sui-
vant.
Cette édition n'a pas de table. Elle est
ornée de 25 gravures sur bois : portrait
en pied de La Fontaine sur le titre et 24
entêtes de pages réparties dans le vol.
Elles ne sont pas signées ni les mêmes
que celles de l'édition suivante et la gra-
vure en est moins lourde. La couverture
imprimée porte qu'elles ont été gravées
par les meilleurs artistes anglais.
Le prospectus-spécimen de l'édition
Santelet, dite édition Balzac, a été enre-
gistré le 14 mai 1825 et la 8'^ et dernière
livraison, le 29 juillet 1826. Elle est ter-
minée par une table sommaire.
L'édition Sautelet-Balzac a donc paru
sept mois après les éditions Igonette et
Delongchamps
Pourquoi ce retard, puisque ces trois
éditions avaient été annoncées presqu'en
même temps. Serait-ce que Balzac (associé
au début de cette publication avec le li-
braire Urbain Canel), n'aurait pu obtenir
de Godard, la gravure des dessins de De-
véria ; qu'il aurait dû avoir recours à
Thompson ; — et que ce dernier (sachant
probablement ce qui s'était passé avec
Godardj, l'aurait traîné en longueur?
Quoi qu'en ait dit Mme Surville, les
éditions compactes n'ont pas enrichi la
librairie. Pas celles dont nous venons de
parler, en tout cas. Le Voltaire, énorme
vol. de plus de 5.500 pages, a été une
entreprise folle (de 192 fr. il est descendu
à 40 fr.). 11 y manquait une chose essen-
tielle : une table analytique, Une édition
compacte n'est pas faite pour être lue,
mais consultée. Q.uant au Rousseau, il est
tombé rapidement de 50 fr. à 18 fr.
Les trois éditions de La Fontaine ne se
sont pas mieux soutenues, (i) Publiées à
20 fr. elles étaient tombées à 6 ou 8 fr.
L'édition Sautelet-Balzac paraît repren-
dre ; les exempl. br. avec couverture im-
primée se vendent de 20 à 25 fr.
Le nom de l'imprimeur est au verso du
faux titre et non au verso de la feuille de
garde.
Balzac avait cédé aux frères Baudouin,
au cours de l'impression, 500 exempl. du
La Fontaine. Ceux-ci firent imprimer des
couvertures avec leur nom et adresse, sur
lesquelles au nom de Thompson comme
graveur, ils ajoutèrent celui àt John Mar-
tin.
Brunet dit qu'il a été tiré 6 exempl. sur
chine du La Fontaine Sautelet-Balzac.
Jusqu'à présent onn'enconnaît que trois:
celui de la bibliothèque Pixérécourt, ce-
lui de la bibliothèque San Donato ; et
celui relié par Thouvenin pour Balzac, en
demi veau fauve, dos à nerfs, avec les ini-
tiales H. B.
{A suivre)
J. Brivois.
(i) Quérard, en citant ces trois éditions,
leur donne, à tort, la date de 1823 au lieu
de 1826 : et Brunet aussi, sauf pour l'édi-
tion Sautelet-Balzac, à laquelle il indique
la date exacte 1826.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
373
Autel à chanter (XLVIII ; XLIX,258,
701, 876; L, 264). — Lesquestions, dans
l'Intermédiaire, prennent facilement de l'ex-
tension.Bien que celle des autels à chanter
ait été traitée à fond, voici une note que
je relève dans le P. Anselme, (Ed. en 2
vol. t. II, p. 1197. A.). Elle a trait cer-
tainement au même objet.
Raoul VI, seigneur de Gaucourt et
d'Argicourt, « avait épousé Jeanne de
Preuilly... à laquelle le pape permit, le
18 des kalendes de décembre 1439, ^'^'
voir un autel portatif pour la commodité
de sa demeure ». E. G.
* *
M. F. Bl. me permettra peut-être de lui
faire remarquer que s'il trouve l'expres-
sion « chanter la messe » dans les règles
de saint Benoit, c'est que saint Benoit
fit sa règle au vi^ siècle^ au moment où
la messe privée commençait à peine à
s'introduire et que tnême alors cette
messe privée n'était pas encore une messe
hasse^ mais bien une messe chantée. D'où
il me semble très légitime, même en
ce cas, de prendre le mot ^f. chanter »
dans son sens restreint, le seul dans
lequel, au point de vue liturgique, on
l'ait jamais entendu.
Même de nos jours, une messe privée
n'est pas essentiellement une messe basse,
et dans les liturgies orientales, toutes les
messes sont chantées, les messes basses
sont inconnues.
En second lieu, l'expression '< autel à
chanter » n'est pas une expression cou-
rante, employée habituellement pour dé-
signer tout autel quel qu'il soit ; force est
donc de lui trouver une explication par-
ticulière, et M. F. Bl. ne nous la donne
pas encore. G. la Brèche.
La chanson do M. de La Palisse
(L, i7i)' — Après la bataille de Pavie
(1525) où périt l'illustre maréchal de la
Palice et non de la Palisse (Jacques II de
Chabannes), un soldat de l'armée de
Charles-Quint composa sur cette bataille
et la mort du maréchal une chanson sati-
rique dont le premier couplet est ainsi
conçu :
Hélas ! La Palice est mort,
Il est mort devant Pavie.
Hélas ! s'il n'estoit point mort,
Il feroit encore envie.
Le comte Henry de Chabannes a naguère
10 Septembre 1904.
374 ■
publié, en 9 gros volumes in-40, une
gigantesque histoire de sa maison. Au
volume l'Histoire, p. 386, Preuves.p. 636,
on trouvera le texte intégral de cette
chanson qui ne compte pas moins de 20
couplets. Selon le comte Henry de Cha-
bannes, ce vers : Il feroit encore envie est
devenu, par suite d'une erreur de copiste,
// serait encore en vie.
La chanson dont parle M. Henry Viva-
rez est bien l'œuvre de Bernard de la
Monnoye, membre de l'Académie fran-
çaise (1641-1728). Th. COURTAUX.
» «
Ménage a discouru sur cette chanson.
Dans son Ménagiana, en 17 16, il fait
remonter la paternité à M. de la Monnoie
qui amis un '<. homme imaginaire » ap-
pelé La Galisse. en cinquante quatrains.
Donc, il n'est pas douteux que La Galisse
est le nom du personnage chansonné, que
ce personnage, qui n'a jamais existé, n'a
aucun rapport avec le maréchal qui com-
battit à Pavie, et que les couplets ne roulent
que sur un pacifique rêve burlesque ;
que le couplet
Respecté de ses soldats,
11 mourut digne d'envie,
semble avoir été ajouté. 11 conviendrait
de voir, dans le recueil original de La Mon-
noie, si ce couplet s'y trouve.
Plus tard, une confusion s'est faite.
Comme on ne comprenait pas ce que La
Galisse voulait dire, on songea à M. de La
Palice, le héros des guerres de François \^\
Dans le Théâtre de la Foire et dans les
Œuvres de La Monnoie (1770). La Galisse
est devenu La Palisse. L'air alors était
langoureux. C'était celui d'un ancien
noel. L'air chanté aujourd'hui est du
commencement du siècle, d'après Dumer-
san.
On dut trouver que le nom de La Pa-
lisse, qui était celui d'un vaillant soldat,
était plus explicable que celui de La Galisse,
qui ne rappelait aucun souvenir. Pour
fortifier cette conviction, n'existait-il pas
un quatrain connu, également déna-
turé, on ne sait où ni comment. Il_ n'est
pas dans la chanson, et nous aimerions à
connaître sa version originale,
trouver ^
Hélas ! La Palice est mort,
U est mort devant Pavie ;
Un quart d'heure avant sa mort.
Il était encore en vie.
Mais où la
N» iot;i
L'INTERMEDIAIRE
375
376
Un descendant du maréchal de La Pa-
lice, le comte de Chabannes, a cai pou-
voir établir que ce quatrain n'est qu'une
parodie. L'auteur avait primitivement
écrit :
Hélas I La Palice est mort,
Il est mort devant Pavie,
Helas 1 s'il n'était pas mort,
11 ferait encore envie.
C'est par erreur ou malice qu'on a dit
plus tard, et ce fut l'origine de toutes les
méprises et railleries :
11 serait encore en vie.
Voilà souvent à quoi tiennent les légen-
des. Y.
J'appelle un chat un chat (L, 175,
310). — L' IntermédiaireÇX . G. 781) s'est oc-
cupé autrefois du fameux Rolet, procureur
au parlement, mais sans contester à Boi-
leau la formule en question. Il semble-
rait que c'est le premier président de La-
moignon qui avait baptisé Rolet du nom
de fripon. Rolin Poète.
Consulat conscientiaesu© (L,i6i,
314). — Pour le Saint-Siège, la phrase
signifie évidemment : « Qii'il éclaire sa
conscience ».
Estimant que le prélat en questiona été
mal inspiré, le Vatican l'invite, non à
consulter sa conscience, qui est mauvaise,
mais à la i:o«5(?///^;',c'est-à-direà lui trans-
mettre le conseil du pape.
Le traducteur officiel avait compris
tout à rebours.
Sa méprise est-elle si ridicule ? Moins
que le Temps ne paraît le croire. Dans la
meilleure latinité, considère alicui signifie
à volonté conseiller ou consulter. Freund
etTheil citent ce passage de Salluste(Cati-
lina. 51. 7) : Nen magis irce vostrce quam
famce consulatis ; et ils le traduisent ainsi :
« Consulte:^ moins votre colère que l'in-
térêt de votre réputation >v
Notre latiniste est donc excusable. Il a
mal deviné l'intention de la lettre ponti-
ficale, mais grammaticalement sa version
était correcte.
L'erreur est imputable au rédacteur
romain qui s'est servi d'un mot amphibo-
logique, et la seule conclusion à tirer de
l'incident est que, si le français est une
bonne langue diplomatique, le latin en
est une dangereuse, ***.
Belem (L, 223). — Le mot Belem en
portugais et Belen en espagnol, signifie
tout ^implement Bethléem. II existe, aux
portes de Lisbo.:ne, sur la rive droite du
Tage, avant d'arriver à son embouchure,
tout un quartier dit de Belem C'est là que
se trouve l'ancien palais datant du règne
dejoâo IV. On y voit une collection de
46 voitures royales. A quelques centaines
de mètres plus loin se trouve le couvent
des Hiéronymites et la célèbre église de
Belem élevée à la suite d'un vœu, au re-
tour d'une expédition de Vasco de Ga-
ma.
Les bâtiments du couvent on été trans-
formés en musée industriel et commercial,
mais la basilique, un des plus beaux mo-
numents du Portugal — style gothique
fleuri — est intacte. Elle renferme les cen-
dres de divers rois, de Vasco de Gama,de
Camoëns et d'Alexandre Herculano.
Près du fleuve s'élève la Tour de Belem,
massif carré d'environ 35 mètres de haut
datant du règne dejoâo 11. Lors du fameux
tremblement de terre de Lisbonne (17=55)
la famille royale fut protégée parce qu'elle
se trouvait au Palais de Belem dont les
murs furent seulement lézardés.
Barcelone possède une église de Bclen^
au centre de la ville, sur la Rambla. On y
conserve l'épée d'Ignace de Loyola.
H. Lyonnet.
Herbière (L, 226). — je partage entiè-
rement la façon de voir de l'ophélète ***.
L' herbière est un produit tout moderne et
parisien. Je ne trouve point dans mes no-
tes d'exemple plus ancien que celui-ci :
Le vocabulaire est singulièrement riche de
mots servant à désigner la prostituée : Fille à
soldats, rouleusé, herbière, désignent les filles
de la plus basse prostitution.
Jeannel : De la Prostitution, 1874.
Gustave Fustier,
Bramant (L, 174). — Maintes fois
j'ai entendu cette expression dans la bou-
che des campagnards bourguignons, dans
le sens de « tranquillement, sans crainte
aucune >v J'ai toujours supposé que c'é-
tait une abréviationdu mot «bravement»,
c'est pourquoi je n'hésite pas à dire que
si j'avais eu à écrire ce mot je l'aurais
orthographié « brament ». Ysem.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Septembre 1904
577
378
* *
Dans le Cher où le mot bramment est
fort usité (prononcer branm'ment), il si-
gnifie très bien, bravement. Par exemple,
demandez à un Berrichon de ce départe-
ment s il a fait une chose qu'on lui a com-
mandée, il vous répondra : «je l'ai bram-
ment faite»
« Elle est bramment habillée »veut dire
bien, très bien.
« Je lui ai bramment dit ce que je pen-
sais ». je lui ai dit bravement, correcte-
ment, loyalement.
Jaubert, dans son Glossaire du centre de
la France^ donne la même signification :
« Bien bravement ». E. L.
Jeu d'échecs (T. G. 304). — Quelques
traités et recueils de problèmes attribuent
l'invention des Echecs à Palamède pendant
le siège de Troie. Nous ne croyons pas,
pour notre part, que ce jeu si compliqué
ait été trouvé d'un seul jet ; nous inclinons
à penser, au contraire, que les pièces qui
le composent ayant une marche particu-
lière ont été successivement ajoutées les
unes aux autres par périodes, dans le but
évident d'accroître les difficultés et princi-
palement les combinaisons dont le nom-
bre, depuis qu'il est au complet, est incal-
culable.
On a dû commencer à le jouer seule-
ment avec des pions, pièces primitives
qui ont nécessairement amorcé les suivan-
tes. A l'origine, il suffisait que l'un des
Pions arrivât à l'extrémité de l'échiquier
pour gagner la partie. C'est alors que
pour leur défense on imagina un deuxième
genre de pièces. Fou noir et Fou blanc,
qui ne peuvent parcourir que les diago-
nales de leur couleur. A partir de ce jour,
les combinaisons devinrent plus intéres-
santes et ne laissèrent pas de mettre l'ima-
gination en éveil. Enfin, pour compliquer
la partie, la Tour, la Reine, le Roi et le
Cavalier firent leur appiarition. Le Roi qui
ne figure que comme un personnage
Que sa grandeur attache au rivage.
puisqu'il ne peut faire qu'un pas à la fois,
même en cas d'échec, a fait changer le
but, et c'est vers lui mamtenant que con-
vergent toutes les attaques.
La seule preuve que nous puissions
apporter à l'appui de nos observations est
celui-ci : la Dame, pièce de première puis-
sance, n'arrive qu'en quatrième ordre,
attendu qu'elle possède la faculté de se
mouvoir et d'attaquer comme toutes les
pièces précédentes réunies. Quant au Ca-
valier, son irruption dans la lice avec sa
voltige par quart de cercle en fait la pièce
la plus dangereuse, inventée pour aug-
menter agréablement le brouillamini de
cet extraordinaire casse-tête oriental.
Nous supposons que la table de l'échi-
quier était d'une nuance uniforme et divi-
sée en 25 cases, dont le nombre a aug-
menté en même temps que les pièces de-
venaient plus nombreuses. Mais à cette
époque reculée, les arts progressaient
indubitablement et les artistes eurent l'ins-
piration de varier en les alternant les cou-
leurs des carrés pour en faire un objet de
récréation plus attrayant à la vue, il en ré-
sulta que le damier était trouvé avec ses
diagonales distinctes ; c'est alors que les
Fous établis en second lieu prirent posses-
sion de leur ligne spéciale.
Dès les premiers siècles de leur appari-
tion, les échecs, passe-temps favori des
seigneurs et des princesses, prirent une
extension considérable dans toute l'Asie.
Puis, cette marche des pièces les unes
contre les autres eut, aux yeux de beau-
coup de personnes, une certaine analogie
avec deux corps d'armée qui s'apprêtent à
se livrer bataille et on les désigna : Roi,
Reine, etc. C'était une grave erreur, on
peut citer des tacticiens fameux aux échecs
qui seraient incapables de commander
quatre hommes et un caporal, tandis
qu'Alexandre et Napoléon suffisamment
connus comme stratégistes, n'étaient aux
échecs, paraît-il, que d'assez médiocres
joueurs.
Il est facile de s'apercevoir que dans ce
jeu de construction géométrique, les piè-
ces, dans leurs évolutions, ne tracent que
des lignes brisées, horizontales, vertica-
les et diagonales. Il était nécessaire, pour
compléter la série, d'y ajouter la circon-
férence au moyen d'une pièce qui étendit
sa sphère d'action sur la ligne du cercle
dont elle occuperait le centre, et ce n'était
pas une petite difficulté à vaincre. Mais il
ne faudrait guère apprécier à quel degré
l'esprit de recherche est développé chez un
observateur attentif, le jour où il s'est
aperçu qu'une lacune devait exister en
certaines choses, pour le croire suscepti-
ble de porter ailleurs ses investigations
N* 1051
L'INTERMEDIAIRE
379
380
avant d'avoir trouvé le mot de l'énigme.
Et il s'agit, en la matière qui nous occupe,
de calculateurs subtils et pénétrants, des
Arabes, inventeurs des chiffres, de ces
Orientaux, extracteurs de quintessence...
On chercha et on trouva. Le Cavalier pos-
sède en effet cette qualité supérieure dont
nous venons de parler. 11 attaque par
rayonnement et par quart de cercle les
pièces à sa portée, donc circonférence !
Sous le second Empire, Mariette-Bey
ayant été chargé par le gouvernement
français d'opérer des fouilles dans la
Haute-Egypte, mit à jour un échiquier en
marbre. L'Egyptologue prétendit que cette
table rarissime avec ses 64 cases, remon-
tait à plus de deux mille ans.
Nous ne voyons pas bien Palamède,
trouvant tout de suite, au débotté ce ter-
rible jeu des échecs, afm de charmer les
loisirs d'un long siège. Il devait exister
déjà lorsqu'il le fit connaître aux chefs de
son entourage. Mais il ne nous déplait
point de distinguer, à travers les brouil-
lards de ce lointain passé, Achille sous sa
tente faisant une partie d'Echecs avec son
ami Patrocle !
C'est une opinion personnelle que nous
émettons, mais nous serions heureux que
l'on nousfit la démonstration contraire.
Paul Hédouin.
Détail des anciens prix des den-
rées et marchandises (T. G , 270 ;
XLI ; XLII ; XLIV ; XLVl ; XLVII ;
XLVllI ; XLIX. 154, 265, 476, 546). —
Voir : i . Bulletins de la Société duuoise,
t. I. (1864-69). Châteaudun, 8°, page 16,
Prix moyen des grains, vendus sur le mar-
ché de Châteaudun, depuis l'année 1583
jusqu'en 1867.
2. Mémoires de l'Académie royale du
43, 44. Nîmes 1844, page
Notice sur la cherté des
1812.
S... E.
Sans
Gard, 1842, ^;,,
174. V. Vincens.
grains de 181 1 à
qu on
de la
Vénus à barbe (L, 62). -
pouvoir l'affirmer, je ne crois pas
possède une seule image antique
Vénus barbue,
En revanche, on en a qui datent du
moyen âge. Elles sont figurées sur une
coupe de marbre (Musée de Vienne), sur
un coffret (Duc de Blacas), etc.
Ce culte est un de ceux qui ont sur-
vécu le plus longtemps à la ruine du pa-
ganisme, parce qu'il se confondit de
bonne heure avec celui de Satan.
A l'époque où le péché de la chair fut
considéré peu à peu comme le premier
des péchés mortels, on en vint tout natu-
rellement à représenter le Diable sous la
forme des deux divinités païennes qui
symbolisaient l'appétit charnel : Vénus et
Pan. La seconde a prévalu de nos jours,
mais la première se maintint concurrem-
ment jusqu'au seizième siècle.
Les bibliophiles qui ont acquis la pre-
mière édition des Histoires Prodigieuses de
Boaistuau, (in-4", 1560) trouveront à la
page I une remarquable figure sur bois
qu'on ne paraît pas avoir signalée à cet
égard, et qui ne saurait mieux illustrer le
sujet. Satan est représenté comme une
femmebarbue, assise sur un trône. 'Z Elle »
est nue, les mamelles pleines et pendantes,
les cuisses largement écartées pour lais-
ser voir un sexe féminin en forme de
gueule. C'est incontestablement l'ancienne
déesse d'Amathonte ; mais jusqu'à quel
point s'est-elle altérée depuis l'origine ?
nous ne le savons pas.
Candide.
Le chien de Jean de Nivelle. —
(XLVll ; XLVIII). — Notre érudit collabo-
rateur, M. O. Colson, pense que ce pro-
verbe n'a qu'une popularité toute livres-
que et qu'il est relativement moderne
(1656).
Sur le premier point, je puis affirmer,
pour l'avoir entendu bien souvent répéter,
qu'il n'en est pas de plus répandu dans le
milieu même le moins lettré. 11 suffit d'en
prononcer la première partie devant n'im-
porte quel paysan pour qu'aussitôt celui-
ci le termine.
Mais je crois aussi que le même po-
pulaire a fait erreur en attribuant à Jean
de Nivelle un chien qui toujours fuit
quand on l'appelle. C'est Jean de Ni-
velle lui-même qui prenait la poudre d'es-
campette, ainsi qu'en font foi les mémoi-
res du temps.
J'ai lu, en effet, dans une chronique
contemporaine (est-ce celle de Châtelain,
est-ce celle d'un Bourgeois de Paris, ou
toute autre? ma mémoire est sur ce point
imprécise) le récit des démêlés du di
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
381
Jean avec ses proches et avec la justice
royale et celui de sa fuite en Flandre. Il
est facile de contrôler cet incident histo-
rique.
Comme conséquence de la popularité
sans épithète de ce dicton, il découle qu'il
doit remonter à une époque assez voisine
du fait qu'il rappelle. Voilà pour le second
point.
Au surplus, qu'on me permette de
citer ici quelques lignes d'une publication
aujourd'hui disparue le Magasin utile (n°
51), qui, précisément, recherchait l'ori-
gine de cette locution.
Nivelle ou Nivelles est une petite ville de
Belgique située à 35 kilom. de Bruxelles, qui
doit son origine à un monastère des Bénédic-
tines fondé en 665 par sainte Gertrude et
dont les Abbesses portaient le nom de dames
de Nivelle. En 1422, Jeanne, héritière des S'^
de Nivelle, la fit passer, par son mariage dans
la famille de Montmorency.
Un des seigneurs de cette famille avait un
fils d'un caractère emporté et qu'on appelait
Jean de Montmorency ou Jean de Nivelle.
Celui-ci s'oublia un jour, dans un des accès
de violence auxquels il était sujet, jusqu'à
sever la main sur Son père. Les lois punis-
aient sévèrement cette faute, l'une des plus
outrageantes pour la nature et Dieu, dont la
répression soit commise aux hommes. Jean de
Nivelle fut cité à comparaître devant le Parle-
ment et sommé à son de trompe par tous les
carrefours de Paris suivant l'usage de cette épo-
que, mais vainement ; i] avait pris soin de se
soustraire au châtiment qu'il encourait, et
tant plus on l'appelait, comme dit un auteur
du temps, tant plus il se hâtait de courir et
de fuir du côté de Flandre.
Cette fuite et la réprobation que le coupa-
ble inspirait firent alors dire parmi le peu-
ple : « Chien de Jean de Nivelle ! Il s'enfuit
quand on l'appelle. » De là est venu le pro-
verbe qui a cours aujourd'hui et dont le sens
altéré est loin, comme on le voit, de rappeler
l'origine.
Une particularité à ajouter à cettj note, c'est
que la maison de Montmorency porte un
chien pour cimier de ses armes, probablement
par suite de ce que Bouchard IV de Montmo-
rency fut, en 1 102, le fondateur de l'ordre mi-
litaire du Chien, dont lei insignes consis-
taient en un collier fait en façon de tête de
cerf avec une médaille où se trouvait
u,i chien.
lo Septembre 1904,
382 ■
grave
Je ne prétends pas me porter garant de
tous les détails énoncés par cette citation.
Elle renferme cependant des indications
qui peuvent éclairer le débat, si l'on veut
bien remonter aux sources. L. A.
9ot<;s, SrautiatUes ^t (f^i^^ositis
Les bibliothécaires masqués. —
j On a ouvert récemment un concours con-
tre les ennemis des bibliothèques : les
mites. Au xviii« siècle, on cherchait à se
défendre contre l'ennemie des bibliothé-
caires ou des lecteurs : la poussière. Le
moyen proposé par un membre de l'aca-
démie des sciences est assez curieux : il
s'agit d'un masque sur lequel l'Acadé-
micien Macquer, directeur de la manu-
facture de Sèvres, qui en est l'inventeur,
donne dans la lettre suivante, de bizarres
détails. On a dû penser que le remède
était pire que le mal et au risque d'avaler
un peu de poussière, on a préféré se
passer des
torture.
secours de cet instrument de
La lettre est adressée à
Monsieur l'ahbé de Hounages, docteur et
bibliothécaire de la maison et société de Sor-
bonne., des académies de Rouen., de Caen, de
Lyon., etc. En Sor bonne :
12 Janvier 1781
Il est bien vrai, Monsieur, que la poussière
des bibliothèques, et en général toute espèce
de poussière, peut occasionner des maladies
très funestes, parce que c'est de l'air et non
de la terre que nous devons respirer. Il est
par conséquent très essentiel de trouver des
moyens de se garantir de ces matières étran-
gères à l'air et malfaisantes quand on est obligé
de s'y exposer, et l'on ne peut qu'applaudir
au zèle que vous a dicté ce que vous avez fait
insérer sur cet objet dans la feuille du 11 jan-
vier du Journal de Paris.
C'est pour entrer dans de si bonnes vues
que je vais vous faire part, Monsieur, du
moyen qui me paraît le plus facile et le plus
sûr pour se préserver de toute poussière visi-
ble, comme l'est celle des bibliothèques et en
général, de tout ce qu'on appelle poudre ou
poussière. Vous remarquerez, s'il vous plaît,
que ce sont les seules choses nuisibles dont je
parle ici, et que je conviens que le moyen
que je vais avoir l'honneur de vous proposer,
ne pouvait garantir du mauvais air, des éma-
nations putrides, contagieuses, pestilentielles
et aultres de ce genre qui ne troublent point
la transparence de l'air; mais je crois le moyen
que j'ai dans l'idée, très efficace contre toute
poussière proprement ditte et visible.
N" 1031,
L'INTERMÉDIAIRE
383
- 384
Rien n'est plus simple : il ne s'agit que de
faire faire un demi-masque qui couvre exacte-
ment le nez et la bouche. Ce masque doit
être garni à la partie intérieure d'un tamis de
soie ou même de crin un peu serre.
Qiiar.d on voudra se servir de ce masque,
on aura soin d'entretenir la toile du tamis
toujours mouillée. L'eau dont il sera humecté
n'empêchera pas l'air de passer par les inters-
tices des fils ; mais si cet air est chargé de
poussière, les particules même les^ plus fines
de cette poussière se trouveront arrêtées tant par
les fils mouillés de la toile du tamis, que par
la vapeur aqueuse dont leurs interstices se-
ront toujours pleins, en sorte que ce tamis de-
viendra un filtre, par lequel l'air sera séparé
de la poussière et parviendra dans le poumon
avec son degré de pureté ordinaire.
Vous devinés bien aisément sans doute,
Monsieur, qu'au bout d'un certain temps, la toile
du tamis se trouvera tellement garnie de la pous-
sière mouillée qu'elle ne pourra plus donner
un passage assez facile à l'air pour la liberté de la
respiration : mais vous trouverez tout aussi
facilement le remède à cet inconvénient. C'est
d avoir plusieurs toiles toutes montées sur des
châssis qui puissent se bien adapter au mas-
que. Cela donnera la facilité de changer de
toile, toutes les fois qu'il en sera besoin, rien
n'étant si facile, ni sitôt fait que de laver la
toile engorgée pendant qu'on se servira de
celle qui lui aura été substituée : il n'en fau-
drait que deux pour chaque travailleur.
Si vous essayez. Monsieur, de l'expédient
que j'ai l'honneur de vous proposer et que
vous soyez content de l'effet, vous serez bien
le maître de le publier ou d'en faire tel usage
que vous voudrez.
J'ai l'honneur d'être, avec infiniment de
respect et de considération,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant
serviteur.
Ce 12 janvier 1781 .
MACQ.UER,
de l'Académie des Sciences.
Cette lettre, très certainement inédite,
que M. Charavay nous communique, n a
pas eu le résultat que son auteur en
attendait. L'ingénieux académicien en a
été pour son invention. Les savants pen-
chés sur des bouquins ont préféré avaler
quelques microbes que de s'imposer béné-
volement une torture qui aurait fait d'eux
autant d'hommes au masque de fer.
Y.
M. "Waldeck-Rousseau et sa lettre
sur la pêche à la ligne. — L'éminent
homme d'Etat consulté, un jour, sur ses
travaux, par un rej^orter, répondit qu'il
s'occupait et se préoccupait surtout de
cette grosse affaire : la pêche à la li-
gne. Quelque collaborateur de Vlnter-
médiairc, collectionneur d^ curiosités,
pourrait-il réimprimer ici cette lettre
que je cherche, que je voudrais relire
et que je n'ai pas ? Ego.
* *
« La Société des pêcheurs à la ligne de
Roanne ayant offert la présidence d'honneur à
.MM. Waldeck-Rousseau et Audiffred, séna-
teurs de la Loire, et Abeille, sous-préfet de
l'arrondissement, reçut trois lettres d'accep-
tation. Celle de M, Waldeck-Rousseau était
ainsi conçue :
« Je suis très sensible à l'aimable pensée du
bureau de votre société et j'accepte avec grand
plaisir les fonctions qu'il veut bien m'attri-
buer.
« La présidence d'une société de pêcheurs
à la ligne est peut-être celle à laquelle je me
sens le mieux préparé par des études conscien-
cieuses et une pratique pour laquelle je ne
trouve jamais assez de loisirs.
« Recevez, monsieur, etc.
« Waldeck-Rousseau. »
Nécrologie
Nous avons le très vif regret d'appren-
dre la mort subite, au cours d'une excursion
en Suisse, de notre distingué collabora-
teur M. Léon Brunswicg. II n'avait pas
encore cinquante ans. Nantais d'origine,
reste fidèle aux souvenirs etaux traditions
de sa ville natale,iladonné à Nantesle meil-
leur de son esprit et de son activité. 11 a été
le collaborateur du Phare de la Loire où
ses articles d'érudition étaient très goû-
tés. Il possédait une collection remarqua-
ble de documents qui donnaient une assise
à tous ses travaux. On lui doit une Histoire
de Camhronlle3i\^(\u&\\t nous faisions encore
de larges emprunts tout récemment.
C'est un deuil imprévu que les amis
des lettres ressentiront vivement.
Le Directeur-gérant :
GEORGES .MONTORGUEIL
Imp, Daniel-Chambok St-Amand-
Monl-Rond.
L' Volume
Paraissant les lO, 20 et ^o de chaque mots 20 Septembre 1904
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TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
385 386
La Pudeur et la Mort. — On se
souvient encore du scandale qui accueillit
l'Abbesse de Joiiarie, \\ y a. une vingtaine
d'années. L'hostilité de la critique visait
moins le drame lui-même qu'un paragra-
phe de la préface, celui qui commence
par cette phrase :
Olllueôtiane
Les chats de Kilkenny. — Le 3
janvier 1865, Mérimée écrivait àPanizzi:
<< EUis m'a apporté des journaux amé-
ricains très curieux qui contiennent une
relation de la bataille de Frédéricsburg.
C'est une horrible boucherie sans le moin-
dre résultat. 11 y a de part et d'autre de
très bons soldats, mais pas de généraux.
Cela continuera probablement encore
cette année et le destin des chats de Kil-
kenny est le seul augure que l'on puisse
tirer pour l'avenir du pays 7y. Le 25 juin
1866, quelques jours avant la bataille de
Sadowa.il se sert encore de la même com-
paraison : « Je ne suis ni Prussien, ni
Autrichien, et je crois que les Allemands
n'ont pas une âme immortelle ; je les ver-
rais avec assez de philosophie s'entreman-
ger comme les chats de Kilkenny... »
A quelle anecdote ou à quelle légende
Mérimée fait-il allusion? M. Tx.
Mémoires de Potot de Montbel-
liard. — La Bihliotheca Americami de
Leclerc, (Paris, Maisonaeuve, 1878) indi-
que,sous le n° 770, des « Mémoires inédits
de Potot de Montbelliard, commandant
l'artillerie lors de la défense de Québec en
1759 ». Pourrait-on savoir où se trouvent
ces Mémoires, dont il doit exister deux
ou trois exemplaires manuscrits '^
G. Servandy.
Ce qui doit revêtir à leur mort un caractère
de sincérité absolue, c'est l'amour. Je
m'imagine souvent que si l'humanité acqué-
rait la certitude que le monde dût finir dans
deux ou trois jours, l'amour éclaterait de
toutes parts avec une sorte de frénésie.
{Drames philosophiques, 1888, p. 411-412).
En ce qui concerne l'époque révolution-
naire, il paraît démontré que la théorie de
Renan trouve là sa confirmation histori-
que. Aussitôt après le 9 thermidor, le
prisonnier libéré Ph. E. Coittant publia ce
qu'il avait vu pendant une année de déten-
tion dans différentes prisons. 11 rapporte
qu'à la Conciergerie, aux heures de parloir,
les rapprochements se faisaient en présen-
ce de tous, « à la faveur des vêtements
larges » qui avaient remplacé les modes
de l'ancien régime.
Il semblait qu'on fût convenu de se dé-
pouiller de cette pudeur grimacière, très
bonne quand on peut attendre des momens
plus favorables ou chercher des lieux plus
commodes,
p. 20).
{Almanach des Prisons, 1794,
A-t-on constaté le même phénomène
psychologique à d'autres époques, dans
des circonstances analogues ?
S.
L. 8
N" 1052.
L'INTERMEDIAIRE
387
588
Le talisman de Charlemagne. —
Dans les Papiers des Tuileries^ on a trouvé
les comptes de Bure, antérieurs à l'avè
nement au trône de Napoléon III, à la date
de l'évasion de Ham, et dans le chapitre
des dépenses afférentes aux préparatifs
pittoresques de cette évasion, achat de
blouse, de tablier, de pantalon d'ouvrier,
etc., figure cette mention :
facture d'un cliché
Charlemagne. »
« Payé à M. Paulin
du talisman de
Ce cliché avait dû être demandé par le
prisonnier. C'était une superstition ; il se
rendait le destin favorable. Mais qu'est-ce
que pouvait bien être « le talisman de
Charlemagne » .? Y.
Le conventionnel Joseph Ché-
nier, accusé de fratricide. — D'au-
cuns ont prétendu que le conventionnel
Marie-Joseph Chénier avait provoqué
l'arrestation de son frère André et même
son exécution. Y a-t-il quelque chose de
vrai dans cette terrible accusation ^
P. Ipsonn.
Le maréchal Lannes. — Le suisse
de la bâtisse, la sentinelle de la voirie...
tous nous nous y sommes heurtés : c'est
lui qui, d'un geste large et énergique,
barre la route aux passants en face des
immeubles livrés aux couvreurs. Ses fa-
çons autoritaires sont connues et aussi
son épée de bois. Pierre Véron voulait
même voir dans ce pauvre diable, impro-
visé gardien de quelque chose, pitoyable
hier, implacable ce matin, le parangon de
la sottise humaine, la personnification de
l'homme autoritaire par instinct. Mais
passons :
On ne s'attendait guère
A voir le maréchal en cette affaire !
C'est une question de philologie histori-
que : j'ose demander la réponse à un pa-
risien de Paris : comment le héros d'Essling
est-il devenu agent voyer ^
Jacques Saintix.
Un curé de Saint-Paul. — « Tite,
\_Perseval, vicr.ire de Saint-Paul] par vingt
années de service dans une seconde place,
n'est pas encore digne de la première, qui
est vacante : ni ses talents, ni sa doctrine,
ni une vie exemplaire, ni les vœux de ses
paroissiens, ne sauraient l'y faire asseoir.
Il naît de dessous terre un autre clerc
pour la remplir. [Le Seui\ qui n'était pas
prêtre quand il fut fait curé de Saint-Paul].
Tite est reculé ou congédié, il ne s'en
plaint pas, c'est l'usage. »^ {Caracières de
Labruyère. Lefèvre, 18 18, 8°, tome II,
page 1 12).
Il y eut à la fin du xvii* et au début du
xviu' siècle, un curé de Saint-Paul nom-
mé Gilles Le Sourd, et non Le Seur. Ses
armes sont enregistrées dans \ Armoriai
de 1696, où il est qualifié de curé de
Saint-Paul, docteur en théolotrie et rec-
teur de l'Université de Paris. La Bibliothè-
que nationale possède de lui un discours
imprimé à Paris. Un Jacques Le Sourd,
avocat, probablement parent de Gilles Le
Sourd, figure dans le même Armoriai
avec des armes analogues.
Pourrait-on me donner quelques ren-
seignements sur ces deux personnages, et
notamment leur lieu et date de naissance
et le nom de leurs parents ^. L. P.
L'état civil, les actes notariés et
le Conseil général de la Seine-In-
férieure. — Dans la séance de ce con-
seil, du vendredi 26 août 1904, un des
membres, M. le D"" Daputel, de Rouen,
dit, dans un rapport, qu'il se propose de
demander que dans les actes notariés et
de l'état civil on remplace, pour les gens
qui ne savent pas signer, l'apposition d'une
croix par l'empreinte du pouce, usitée dans
le service anthropométrique.
Est-ce qu'un collaborateur de Vlnter-
mèdiaire^ plus au courant que le D'' Dupu-
tel de l'application de la loi touchant ces
actes authentiques, pourrait nous citer
pour la Seine-Inférieure, depuis cinquante
ans, un seul acte notarié ou de l'état civil
portant une croix tenant lieu d'une signa-
ture ? La Vicomte.
Elèves de Raphaël. — On sait que
François I*' appela d'Italie de célèbres
artistes qui devaient initier lesFrançais au
grand art de la peinture.
Certains de ces artistes, disciples de
Raphaël, ont-ils laissé en France grande
trace de leur passage ? Ont-ils copié, par
exemple, ces belles Loges du Vatican imi-
tées des thermes de Titus, lesquelles étaient
inspirées des peintures de Pompéi .^ Existe-
t-il soit sur des voûtes, soit sur des murs
quelques-unes de ces fines arabesques
qui font l'admiration des connaisseurs ?
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Septembre 1904,
389
390
François I" ne fut pas le seul à emmener
des artistes d'Italie ; d'autres guerriers,
et nous en connaissons, imitèrent son
exemple. La voûte d'un charmant ora-
toire du château du Lude est due au pin-
ceau de tels artistes. Aux chercheurs et
savants de V Intermédiaire de répondre.
L. C.
Le docteur Chassaing. — Dans
Paris-Guide publié à l'occasion de l'expo-
sition de 1867, il est dit (p. 1949) que
Bicêtre servit de lieu de détention à
Latude, à un Complice de Cartouche, au
marquis de Sade... et enfin au docteur
Chassaing !
N'est-ce pas Castaing qu'il faut lire ?
Il ne faudrait pourtant pas que nos
arrière-neveux croient qu'il s'agit de l'ho-
norable docteur qui fut député de la
Seine. César Birotteau.
Dudin, censeur en 1789. — Qui
était un nommé Dudin, qui, jusqu'en 1789,
semble avoir exercé les fonctions de Cen-
seur, comme l'indique r«« Approbation »
placée à la fin de VEtat miWaitede Roussel.
J'ai lu par ordre de monseigneur le garde
des Sceaux le manuscrit intitulé : Elat mili-
taire de France, pour Vannée 178c, et je
crois que l'impression en sera utile et agréable
au public. A Paris, le 20 avril 1789. Dudin.
S. Churchill.
Les 256 quartiers du comte de
Chambord. — A-t-on donné quelque
part, et où, les 256 quartiers du comte de
Chambord .? A. B.
Famille Gonet du Four. —
Françoise Gonet du Four était la nourrice
du Grand Dauphin ; son mari, contrôleur
général de la Maison de Madame la Dau-
phine. Pourrait-on retrouver la généalo-
gie de cette famille avec ses armoiries ?
Comment se rattachait-elle avec la fa-
mille de Noël de Buchères, en Cham-
pagne .?
Pierre Gonet du Four ou Dufour avait
épousé Marie-Marguerite Hébert.
Mignard fit le portrait de Mme Gonet
du Four. A. B.
Famille de Gottreau de Pen-
sier. — Est-elle française.? Je ne la
trouve dans aucun annuaire de châteaux,
high-life, ou autres similaires. Qiaelles sont
ses armoiries.'' Où réside-t-elle, car elle
existait encore en 1899.
St-Saud.
Le docteur Mathanasius, auteur
du N< Chef d'œuvre d'un inconnu ».
— Quel est l'auteur d'un petit livre in- 12
fort curieux: le Chef-d'œuvre d'un inconnu^
poème heureusement découvert et mis
au jour pour des remarques savantes et
recherchées, par le docteur Chrisostome
Mathanasius, La Haye, aux dépens de la
Compagnie 1714. C'est une glose ironique,
pastichant la manière des scoliastes, d'une
chanson populaire en 6 couplets sur les
amours de Colin et de Catin. Je serais
curieux de connaître le vrai nom de ce
pseudon3'me. D"" Viùen.
Hyacinthe Cordonnier, dit le chevalier de
Saint-Hyacinthe.
Le marquis de Mirieu. — Connaît-
on le nom patronymique de ce gentil-
homme .f" Il est cité dans des Mémoires d'un
anonyme qui avait été son page, à Paris,
aux environs de 1670. S. A.
« Notice sur la comtesse de Mu-
lissac » — Je désirerais connaître l'auteur
d'une brochure in-8° de 112 pages, tirée
à 1 50 exemplaires et intitulée : Notice
biographique sur M'^^ la comtesse de Mulissac.
Cette brochure a paru à Paris, impri-
merie Paul Dupont, 41, rue J.-J. Rous-
seau, en 1872.
Les noms propres employés dans l'ou-
vrage ne cachent-ils pas des personnalités
connues, de l'époque ^ Desmartys.
Onfroy, libraire à Paris en 1789.
— On désirerait des renseignements, bio-
graphiques ou autres, sur Onfroy, qui, en
1789, était libraire à Paris, 1 1, rue Saint-
Victor, et éditait Y Etat militaire de France.
S. Churchill.
Le baron Herald de Pages et « le
Petit Journal ». — Prendre un vo-
lume de la collection de Y Intermédiaire et
le parcourir en s' arrêtant ici et là, c'est
un régal Chaque fois qu'on a loisir de
le faire, on est davantage stupéfait de la
quantité énorme des sujets traités et des
idées qu'ont remuées les intermédiairis-
tes ; parfois un détail arrête l'attention et
se pose en point | d'interrogation. C'est ce
qui vient de m'arriver.
N* 1052
L'INTERMEDIAIRE
391
392
Je trouve, en effet, dans une note si-
gnée N — r (XLVI, 210) ce passage :
« Le livre introuvable des Quatrains
anonymes est dû à l'amicale collabo-
ration de M. Isidore Salles qui fut l'un
des plus jeunes préfets de feu l'Empire,...
et du BARON HERALD DE Pagf.s, un éblouis-
sant causeur qui porte gaillardement ses
quatre-vingt-sept ans et qui se trouve
avoir été par rencontre le père réel du
Petit Journal.
M. N — r voudrait-il bien donner quel-
ques détails sur cet épisode ignoré de
l'histoire de la presse parisienne ?
NOBODY.
Pouparî de Beaubourg couîre
Beaupoil de Sainte-Aulaire. — On
me parle de l'existence d'une brochure,
publiée en 1788, par un anonyme, et inti-
tulée : Le Pour et le Contre dans l'affaire
qui fit tant de bruit entre M. de Beaupoil
SaintemAiilaire et M.Ponpart de Beanhourg.
Quelque aimable collaborateur, connais-
sant cette brochure, pourrait-il avoir
l'obligeance de me dire quelle est cette
affaire, et s'il est exact qu'à la page 167 il
soit question d'un arrêt du parlement in-
terdisant à une branche de Beaupoil (pas
celle des Mareuil en Saintonge) de se dire
Sainte-Aulaire et d'en porter les armes ?
— S.S.
Jacques de Roussel, auteur de
r « Etat milttaire de France ». —
M. Léon Hennet, dans le Carnet de la Sa-
bretache, a donné des détails intéressants,
mais incomplets, sur ce personnage qui,
de 1761 à 1793, publia, d'aborden collabo-
ration avec MM de Montandre, puis seul.
l'Etat militaire de France. l\ aurait émigré
vers 1793, avec ses deux fils, sous-lieu-
tenants au Régiment d' Orléans-Infanterie,
Ceux-ci semblent s'être nommés Claude
et Adrien-Pierre, être nés en 1771 et 1772
et avoir fait leurs preuves de noblesse
pour le service en novembre 1782.
Quelque érudit collègue pourrait-il me
donner des renseignements complémen-
taires sur ces trois personnages, dates et
lieux de naissance, de décès, leur carrière
à partir de la Révolution, etc. ?
S. Churchill.
De Torche, bitterrois. — Béziers
m'est connu ; mais je n'y ai jamais en-
tendu citer ce nom de Torche. On attri-
bue à un certain abbé de T. l'ouvrage
intitulé : Le chien de Boulogneou l'Amant
fidelle, nouvelle galante, 1668.
Dans cet ouvrage, dit Claudin, l'auteur fait
sous le nom de Linganfer,]e portrait satirique
d'une dame Ferlin:. ham dont la fille avait
repoussé sa flamme amoureuse. La dame
outragée chargea ses deux fils de châtier
l'insolent. Ceux-ci se trompant faillirent
faire périr sous le bâton un pauvre abbé
étranger à l'affaire. De Torche, effrayé,
s'enfuit à Béziers, son pays, et mourut à
Montpellier en 1675.
Je serais très heureux d'avoir des dé-
tails biographiques sur de Torche et sa
famille.
Axel.
Aiinoiries à déterminer : d'ar-
gent ; à cinq losanges de gueules. —
je désirerais savoir à quelle famille appar-
tiennent les armes suivantes : d'argent, à
cinq losanges de gueules.^ accostés, posés en
forme de croix, trois en long et trois en large ^
couronne de marquis, supports^deux lions.
Elles se trouvent sur un très beau vase en
faïence de Moustiers, dessins de Berain,
acheté dans le village de Saint Maximin
près Uzès (Gard), dont le chanoine Séonin,
oncle de Racine, était prieur et où il pos-
sédait le château ; mais la seigneurie
appartint, jusqu'en 1714, à la famille de
Thézan. B. de C.
Le premier Tolleben. — Qiii est
l'auteur de la biographie scandaleuse dont
voici le titre :
La Vie du comte de Totleben, ci-devant
colonel au service des Etats-Généraux des
Provinces-Unies et dernièrement lieutenant-
général des armées de Sa Majesté l'Impéra-
trice de toutes les Russies ; — contenant ses
Avantures et ses Campagnes avec un traité
intitulé le comte de Totleben ressuscité et
disculpé. — Traduite du hollandais. A
Cologne, chez Pierre Marteau, 1762, pet.
in-8°, 150 pages.
Est-ce le même ouvrage que la Vie du
comte de Tottleben, indiquée par Oettinger
comme publiée à Leipzig en 1762, et qui
fut traduite en allemand l'année suivante .?
Où trouver une biographie impartiale
du même personnage .?
Une adaptation du « De Profon-
dis ». — J'ai trouvé, dans les papiers de
mon père, une adaptation en quatr
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Septembre 1904.
- 393
394
strophes du « De Profundis », écrite de
sa main, sans aucune indication de nom
d'auteur. Voici cette adaptation qui m'a
paru fort belle dans sa simplicité :
Des profondeurs de l'abîme
Nous crions vers toi, Seigneur.
Ecoute, ô père sublime,
La voix de notre douleur ;
Délivre-nous, Dieu sauveur !
Dieu tout-puissant, vois. ..Sans cesse
La mort frappe autour de nous ;
Ni science, ni richesse
Ne préserve de ses coups ;
Tour à tour, nous tombons tous.
Dieu clément, juge équitable,
Dont les décrets sont cachés,
Donne, en ta grâce adorable,
Aux morts sous le sol couchés,
Le pardon de leurs péchés.
Que ia pauvre àme dolente
Naisse au monde de clarté
Et contemple, rayonnante,
Dans son immortalité.
Ta divine Majesté !
Je serais très reconnaissant à qui pour-
rait me dire quel est l'auteur de ces vers
écrits très certainement avant 1872.
RusTicus.
Cimer, simer. — Qiielle est l'ortho-
graphe et l'étj^mologie de ce mot sainton-
geois qui signifie sourdre^ suintera Exem-
ple : un puits n'a pas de source, il n'a que
des dmis ; une barrique cime ou cimasse
quand elle perd.
Ce vocable est-il employé dans les au-
tres patois .^ est-il le produit d'une sorte
d'harmonie imitative ? 11 y a l'anglais
5i?^w, veine, cicatrice, qui ne parait pas
applicable, bien que l'anglais ait laissé
pas mal de traces dans l'idiome de la
Saintonge. D'' Vigen.
Sur les mots sa^îisme et sadique.
— Si l'on cherche ces deux mots dans les
dictionnaires usuels, même les importants
(Littré, Larousse, etc.), on ne les trouve
point ; et lorsqu'on cherche et trouve
ailleurs ces deux mots, on lit en général
que le nom même du célèbre et porno-
graphique marquis de Sade est pour quel-
que chose dans leur origine étymologi-
que. Brunet, publiant en 1866 un petit
in-i2, aujourd'hui très rare et très recher-
ché sur ce personnage et ses écrits, mar-
que, comme lieu de librairie, SadopoUs,
qui est ici Bruxelles.
L'origine et l'étymologie de sadisme et
sadique ne pourrait-elle pas être différente
et recherchée dans la langue française ?
Littré et quelques autres lexicographes,
muets sur sadique et sadisme^ citent deux
vieux mots : l'adjectif 5aié, aimable, gen-
til, et son diminutif sadinet, sadinette.
On trouve notamment ces deux mots
dans Villon, ce poète si français.
Dans le Grand testament, au huitain n°
CXL, il cite la Grosse Margot, femme
apparemment de ce genre spécial que fré-
quentaitle poète ,et\a. quaWûela donlce sade .
L'une des poésies attribuées à Villon, la
Seconde repene de V épidémie, au septième
huitain, parle d'un gallant — un coureur
de femmes — qui estait miste,gent et sade.
Voici trois qualificatifs qui ont bien l'air
de dire la même chose,mais il doit y avoir
une nuance entre eux, car, en aucune lan-
gue, il n'existe deux synonymes parfaits.
Sade doit bien exprimer l'idée de gentil,
aimable, mais avec une acception un peu
spéciale.
Villon l'emploie au sujet d'une femme
douteuse et d'un homme douteux.
En outre, le diminutif mJ?»^/ était pris
substantivement dans une acception plus
spéciale encore.
Villon, dans sa très belle ballade Les
regrets de la Belle Heauhnière (jà parve-
nue à vieillesse) fait regretter par
La belle qui fut heaulmière
ces
hanches charnues.
Eslevées, propres, faictisses
A tenir amoureuses lysses ;
Ces larges reins, ce sadinet
Assis sur grosses feimes cuisses,
Dedans son joly jardinet,
11 est évident qu'ici le curieux diminu-
tif désigne la nature de la femme, comme
disent, avec une juste pudeur, les anno-
tateurs du poète.
Mais, si un diminutif de sade a pu avoir
un sens aussi spécial, c'est sans doute que
sade lui-même signifiait gentil, aimable,
avec une nuance qui fait penser à certain
emploi du mot mignon a une époque de
notre histoire.
En ce cas. pourquoi ne penserait-on pas
que le radical, l'étymologie même de 5^-
disme et sadique,est le vieux français sade ?
Le marquis de Sade avait véritablement
un nom prédestiné.
Maurice Lecomte.
N* 1052
L'INTERMEDIAIRE
395
396-
Eéponee^
Marquise de Favras (T. G., 336;
XLIX, 834, 971 ; L, 19, 188, 289). —je
suis d'autant plus reconnaissant à M.Sou-
viron de la très bienveillante appréciation
de mon étude sur Y Affaire Favras, que,
de tous mes travaux historiques, c'est
peut-être celui qui, par la difficulté de se
documenter, m'a coûté le plus de peines.
Les personnages mêlés à l'affaire ont. en
effet, pris grand soin de faire disparaître
les traces de leur complicité dans une
aventure qui n'a été heureuse pour aucun,
ni honorable pour la plupart d'entre eux.
Quant à la lettre adressée le le"" novem-
bre 89 par le comte de Provence à Favras,
elle me semble tellement en contradiction
avec tout ce que l'on sait du caractère et
des habitudes de ce prince, qu'il faudrait
être très certain de sa provenance pour
pouvoir ajouter foi à son authenticité, et
ce n'est pas le cas.
Paul Gaulot.
« Le Poète au siècle » (XLVI ; L,
308). — )e m'excuse de n'avoir pas satis-
fait plus tôt, comme j'aurais pu le faire,
la curiosité de P. Nonspi. Sa question
renouvelée me rappelle à l'ordre et je vais
réparer ma négligence.
J'avais, en effet, deviné depuis long-
temps dans le jeune versificateur du Lycée
Bonaparte sur lequel il demandait des
renseignements, un excellent homme,
Arnauld Baron, que j'eus jadis comme
professeur de rhétorique et dont j'ai gardé
un excellent souvenir.
Si je ne me trompe, il fut professeur au
Lycée de Douai puis, vers 1875, quitta,
l'Université pour venir à Paris où il pro-
fessa dans des établissements libres. Il fai-
sait le cours de rhétorique, vers 1880,
dans des pensions du Quartier latin, dites
<* boîtes » ou « fours à bachots ». C'est
dans une de ces pensions sise rue du
Puits-qui-Parle (actuellement rue Amyotj,
que je l'ai connu. Plus tard il tint lui-
même, pour son compte, un établisse-
ment analogue, rue Guy de la Brosse.
Depuis lors, je ne sais ce qu'il est de-
venu.
C'était un esprit enjoué et d'une tour-
nure originale. Indépendamment de
Vidée de la Commune dont il est en
effet l'auteur, il avait publié différentes
choses, notamment une Ode à M. Thiers^
h libérateur du territoire. On y lisait ce
vers qui venait là compléter je ne sais
quelle figure :
Stériles nénuphars des camaraderies
C'est le seul qui soit resté gravé dans
ma mémoire, pour la bonne raison que les
élèves d'Arnauld Baron ne prononçaient
jamais le mot de camaraderie, sans parler
de SCS stériles nénuphars. Baron, qui était
d'humeur accommodante, était le premier
à en rire.
11 y a aussi de lui un poème sur les mi-
neurs et enfin un roman ou deux. Les
titres de ces derniers ouvrages m'échap-
pent ; mais pour peu que cela intéresse
l'intermédiairiste qui a posé la question,
je les rechercherai, car une partie des pu-
blications d'Arnauld Baron, sinon toutes,
doivent être dans ma bibliothèque.
A. DE B.
Le droit du seigneur (T. G., 290 ;
L, 206, 295). — Il n'existe aucun vestige
de Tabbaye de Charaïx, et la nouvelle
reproduite par le Journal du 24 septembre
1900 me paraît entièrement fantaisiste.
M. M. Privas.
Dans le Messager ardéchois, journal de
Privas, portant la date du 15 septembre
1900, un rédacteur facétieux publia un
pastiche en vieux français où il mettait
en scène très spirituellement, le fils de
M. Cruchon, préfet de l'Ardèche mort
depuis préfet d'Agen.
Le morceau avait peur titre : Une dé-
couverte archéologique. Il n'était pas diffi-
cile au lecteur attentif de deviner le sens
de la plaisanterie. Mais, voilà ! le rédac-
teur avait fait précéder son mirifique
récit d'un court préambule, en français
de notre époque, annonçant une décou-
verte archéologique faite au quartier de
Charaïx, où se trouvent les ruines d'une
ancienne abbaye.
Ces lignes sont tombées sous les yeux
de quelque correspondant de journal,
d'un étourdi quelconque, peut-être aussi
d'un spirituel pince-sans-rire, héritier de
cet excellent Lemice-Terrieux. Et jugez
de la stupéfaction des privadois. en trou-
vant quelques jours après, dans tous les
grands journaux parisiens, un écho ré-
DES CHERo HEURS ET CURIEUX
20 Septembre 1904.
397
398
digé en termes identiques, et dont la lec-
ture plongea les amis de la gaieté dans
une intense délectation. C'est cet écho
que \e Journal du 24 septembre 1900 pu-
blia et dont V Interwcdiairc vient de rap-
peler le texte.
C'est lé cas ou jamais
mot de Villemessant :
— Elle est bien bonne !
de répéter le
J. Galland.
Terre noble (L, 162, 296). — Au
xvu* siècle, comme au xvni* et pendant
le régime dit de la féodalité, on entendait
par cette expression, celle définie dans la
jurisprudence générale de Dalloz, volume
38, aux pages 362 et 363, des n°' 127 à
146.
On lit, en effet, au n° 128 qu'en ce
temps-là, quatre sortes de propriétés se
partageaient le sol : la propriété tnaùi-
mortahle, la propriété censuelle^ la pro-
priété/io^rt/é*, et la propriété allodiale. Au
n" 140, que, « toutes les possessions et
jouissances dont il vient d'être parlé, se ran-
geaient, en outre, dans deux catégories » :
les terres nobles et les tci rcs roturières.
Toute terre possédée à titre de /?<'/ était
noble, tant pour le seigneur dominant que
pour le vassal. Et le jief était, dit le
n° 131, la concession d'un immeuble
moyennant la promesse de fidélité, la re-
connaissance de sujétion à la personne du
concédant et l'obligation de certaines rede-
vances. Elie Gil.
La promenade sur l'âne a.u xvn*
siècle (L, 162). Le 11 juillet 1750,
Jeanne Moynon, fille publique, eut le fouet
et la fleur de lis, puis fut conduite depuis
le Grand-Châtelet jusqu'à la porte Saint-
Michel [où se fit l'exécution du fer chaud]
sur un âne avec un chapeau de paille, la
tête tournée vers la queue, avec un écri-
teau : Maquerelle publique. Elle ne fut
point fouettée dans les diflférents marchés,
mais seulement en sortant du Grand-Chà-
telet. Elle avait le visage couvert d'un
mouchoir, ainsi que ses complices qui
l'accompagnaient, « ce qui se souffre par
grâce ».
Cf. C. B. Warée, Curiosités judiciaires.
Paris, A. Delahays, 1858, p. 424.
L. C.
guidon
Jeu de Tête-Bêche (T. G., 876). —
Une représentation de ce jeu était brodée
en trois couleurs sur le guidon de « l'In-
fanterie Dijonnoise » qui célébrait chaque
année la Fête des Fous dans la capitale
de la Bourgogne.
Au milieu du xvin" siècle, ce
figurait dans la collection de M. du Til
liot, gentilhomme ordinaire de S. A. R.Mgr
le Duc de Berry. Du Tilliot fit dessiner la
curieuse figure du jeu en question, et la
publia dans ses Mi moires pour servir à
l'histoire de la Fête des Faux. (Lausanne,
1751, planche Yll.)
Qu'est devenu ce drapeau singulier ?
— S.
L'if, arbre sacré des Druides (L,
164, 319). — Ne pourrait-on pas dire
aussi que Ton a attribué un caractère fu-
nèbre aux conifères parce qu'ils ne re-
poussent pas du pied, de même que l'être
mort ne peut être 1 appelé à la vie ^ C'est
le sens que j'ai toujours entendu recon-
naître à la pomme de pin, dont le plus
bel exemple est, à ma connaissance, le
bronze colossal qui surmontait le mauso-
lée d'Hadrien, et que l'on voit aujour-
d'hui au Vatican, dans la cour de la Pi-
gna, qui lui doit son nom. H. C. M.
Légendes
relatives à saint An-
toine de Padoue L. 5,238). - C'est en
1263 que l'on transporta à la nouvelle ba-
silique de Padoue les reliv:[uesde saint An-
toine. Le corps était alors décomposé,
mais la langue intacte.
Tel est le récit que nous rapporte, pour
la première foi s, le Liber miracnlorum, na-
guère réédité dans la chronique des XXIV
Généraux des Mineurs (Analecta Francis-
cana., tom. 111). Ce liber est de la fin du
XIV* siècle ; il n'est au fond qu'une compi-
lation de documents de valeur très iné-
gale.
Salimbene, dans la chronique de Parme
à la fin du xui*^ siècle, mentionne aussi le
fait de la translation de 1263, mais sans
parler du miracle de la langue.
La langue du saint est encore aujour-
d'hui à Padoue, conservée intacte.
Cf.Lepitre, Saint Antoine de Padoue. Pa-
ris, 190 1 , in- 12. P. Ubald d'Alencon.
Les Archives de l'arrondisse-
ment d'Yvetot (L, 274}. — A défaut
d'archives communales antérieures à
N» JQ53,
L'INTERMEDIAIRE
599
1630, pour l'arrondissement d'Yvetot,
dont j'ai eu, pour ma part, à regretter sou-
vent l'absence, on pourrait peut-être con-
sulter avec fruit : i" La Mémoriaux de
la chambre des comptes de Rouen (i ^86-
jyço. La société des antiquaires de Nor-
mandie, dans un volume de ses mémoi-
res, (je ne sais lequel), a publié une
table, avec les noms des fiefs, ceux des
noms d'hommes possesseurs de fiefs,
gardes nobles, elc. (Les Mémoriaux sont
d'ailleurs aux archives de la Seine-Inlé-
rieure.
2° Les Mémoriaux de la cour des Aides,
aussi aux archives de la Seine Inférieure,
avec table chronologique et table alpha-
bétique des noms de personnes. Je serais
très reconnaissant au collègue obligeant
qui voudrait bien nie communiquer, pour
quelques jours, w volume des Mémoires
de la Société des a iquaires de Normandie ,
contenant la tahlr des Mémoriaux de la
Chambre des Comptes de Normandie. —
Quelle est la date et le no du tome de l'ou-
400 —
vrage
Hobby.
Quelle est la véritable La^u-e da
Pétrarque? (T. G., 500; XLIX, 927 ;
L_^ 63). — M. de Valori, dans la biblio-
thèque de Saint Marc, a découvert un
manuscrit latin du xiv* siècle, resté
inédit. Il était de Boccace et sur Pétrarque.
Boccace, contemporain de Pétrarque, ne
croit pas à l'existence de Laure,
Qvielquefois, dit- il, plutôt harcelé que
vaincu par le désir des sens, s'il semble qu'il
va succomber, si sa première pensée n'a pas
été chaste, selon le commandement de l'Apôtre,
il s'en détourne avec une prudente réserve, et
quoique, dans des nombreux poèmes vulgaires,
il démontre avoir aimé très ardemment cer-
taine Lauretta qu'il chante très clairement,
cela n'empêche pas que je pense bien, et que
yts\\mQcomme lui, qu'il faut prendre allégo-
riquement cette Lauretta pour la couronne de
laurier qu'il conquit par la suite.
Document historique de Boccace par le
marquis de Valori sur Pétrarque. Paris,
Dentu, 1866.
La châtelaine de Vergi. Icono-
graphie de la légende (L. 274). —
Je n'ai pas la prétention de répondre à la
question ici posée ; je ne puis qu'essayer
de donner une indication peut-être utile,
à l'aide d'un petit livre très rare, ainsi
intitulé : « Mémoires historiques sur Raoul de
Coucy. On y a joint le recueil de ses chan
sons en vieux langage, avec la traduction
et l'ancienne musique ». (Paris, de l'im-
primerie de Ph.-D. Pierres, 1781, 2 vol.
in 32), \S Avertissement placé en tête de ce
petit ouvrage est ainsi conçu :
Ce qui a rapport à l'illustre et an-
cienne maison de Coucy nous a paru si
intéressant, que nous avons rassemblé en
deux petits volumes tout ce qu'en a dit
l'auteur de VEssai sur la musique [le fer-
mier général Jean Benjamin de La Borde].
Nous y avons ajouté l'extrait d'un Mé-
moire intitulé Fragment de la généalooie
delà maison de Coucy, etc., par M. Ché-
rin, pour la présentation de MM. de
Coucy à la cour ; et nous avons orné cette
édition, faite avec le plus grand soin, des
portraits du Châtelain de Coucy et de M.
et de M™* de Faïel, tirés d'un manuscrit
du treizième siècle ayant pour titre : Ro-
mans du Clmstilain de Coucy et de la dame
de Faiel. que Ton peut voir à la Bibliothè-
que du Roi, N° 195. »
La cote indiquée a certainement changé
depuis cent vingt-trois ans, mais on doit
pouvoir retrouver ce manuscrit à la Bi-
bliothèque nationale, avec les portraits
qui l'accompagnent. Or, ces portraits,
reproduits avec un encadrement cerlaine-
ment ajouté, sont charmants. Le premier
est celui de « Raoul de Coucy, châtelain
de Coucy : » le second, celui « d'Aubert,
sire de Fayel ; » et le troisième, celui de
« Gabrielle de Levergies,dame de Fayel ».
Ce que 1' « avertissement » ne mentionne
pas, c'est une vjue, probablement mo-
derne, de Coucy-le-Château, qui n'est
pas moins charmante que les trois por-
traits. Arthur Pougin.
Le serment des ecclésiastiqi'es
sous la Révolution (XLIX, 837, 964 ;
L, 123, 188, 231, 292). — Le 4 février
1790, tous les membres de l'Assemblée
Constituante prêtèrent le serment qui
suit: « le jure d'être fidèle à la nation, à la
loi et au roi, et de maintenir de tout mon
pouvoir la constitution décrétée par l'As-
semblée nationale et acceptée par le Roi ».
Le 14 juillet 1790, ce même serment fut
prêté par tous les constituants. 11 faut
toutefois faire une remarque. — Dans la
séance du 9 juillet, tandis qu'on discutait
sur le programme de la fête du 14 et sur
la manière dont se ferait le serment civi-
DES CHERCHEURS HT CURIEUX
20 Septembre 1904.
401
102
que, Mgr de Bonal, évêque de Ciermont,
monta à la tribune pour faire, au nom de
la députaîion ecclésiastique, une déclara-
tion solennelle^ que le Moniteur résume
de la sorte : « J'excepterai de mon serment
tout ce qui regarde les choses spirituelles:
cette exception qu'exigeait ma conscience,
doit vous paraître une preuve de la fidé-
lité avec laquelle je remplirai toutes
les autres parties du serment. » Pourquoi
cette déclaration ? A cause de la consti-
tution civile du clergé, qui était alors en
discussion, qui fut votée le 12 juillet, et
sanctionnée par le roi seulement le 24
août 1790. La constitution civile du clergé
n'étant devenue loi constitutionnelle que
le 24 août il est évident qu'elle ne faisait
pas encore partie de la constitution géné-
rale du royaume le 14 juillet, jour de la
prestation du serinent.
Le décret du 27 novembre 1790, sanc-
tionné par le roi le 26 décembre suivant,
portait : « Dans la huitaine à dater de
cette publication, tous lesévêques et curés
actuellement présents dans leurs diocèses
et cures jureront solennellement, s'ils ne
l'ont pas encore fait, de veiller avec soin
sur les fidèles des diocèses et cures qui
leur sont confiés, d'êtres fidèles à la nation,
à la loi et au roi, de maintenir de tout
leur pouvoir la constitution décrétée par
l'Assemblée nationale et acceptée par le
Roi ». Le même décret ajoutait cet article
suggestif : « A défaut de prêter le serment,
lesdits évêques et curés seront réputés
avoir renoncé à leurs offices, et il sera
pourvu à leur remplacement, comme en
cas de vacance, suivant les formes prescrites
par h titre II du décret du 12 juillet der-
nier sur la constitution civile du cletgé. »
— De savoir si la constitution civile du
clergé était contenue dans la constitution
générale du royaume et, partant, faisait
partie du nouveau serment, la question
était au moins douteuse. Mais voilà qu'à
la séance du 27 décembre 1790, l'abbé
Grégoire modifia, de sa propre autorité,
la formule trop vague d'adhésion à la
constitution générale du royaume, telle
que l'avait prescrite le décret, et y intro-
duisit une clause formellement indicative
de la constitution civile du clergé : «... Jfe
jure de maintenir de tout mon pouvoir la
constitution française, et notamment les
décrets relatifs à la constitution civile du
eclrgéy-', exemple qui fut suivi par un
certain nombred'autres ecclésiastiques, (i)
L'équivoque s'affirmant de plus en plus,
l'évèque de Ciermont voulut reprendre,
dans la séance du 2 janvier 1791, la dé-
claration qu'il avait déjà faite le 9 juillet
précédent ; au nom des ecclésiastiques de
la Constituante, il proposa d'excepter de
son serment ce qui regardait les choses
spirituelles, et présenta à l'Assemblée une
formule en ce sens : « Je jure de veiller
avec soin sur les fidèles dont la conduite
m'a été ou me sera confiée par l'Eglise,
d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi,
et de maintenir de tout mon pouvoir, en
tout ce qui est de l'ordre politique, la
constitution décrétée par l'Assemblée na-
tionale et acceptée par le roi, exceptant
formellement les objets qui dépendent de
l'autorité spirituelle »>. L'orateur ne put
même parvenir à donner à la majorité
lecture du texte qu'il proposait ; bien plus,
obligé de quitter la tribune, au milieu des
huées et des menaces, il vit même refu-
ser le dépôt de cet amendement par le bu-
reau de la Chambre.
A chaque instant, la Constituante affir-
mait qu'elle ne touchait en rien au spiri-
tuel. 'Voilà un prélat qui prête serment en
excluant le spirituel. Un violent tumulte
arrête l'évèque ; on lui dit que son ser-
ment ne vaut pas, et que lui-même est
un séditieux !
11 est donc évident que les objets spiri-
tuels étaient compris dans le serment de
novembre-décembre 1790. Pourquoi, si
la Constituante n'avait eu d'autre inten-
tion que d'exiger un serment civique.avoif
refusé d'admettre les exceptions proposées
par Mgr de Bonal .? (2) Pourquoi avoir
rejeté le serment du cardinal de Bernis ?
A M. Aulard de répondre.
705)-
Pig-eons-voyageurs (T. G.,
— Dans un article de La Revue^ 15 mars
1904, page 206 : Le Roi Victor-Emma-
nuel et le maréchal Canrobert^ par M. Ger-
main Bapst, le maréchal Canrobert, par-
jant du commencement des hostilités
(i) Interm-édiaire^ XLIX, 967, article de
G. La Brèche.
(2) Le 4 janvier 1791, Cazalès proposa
de déclarer que PAsseniblée ne voulait
point toucher au spirituel et que, pour le
prouver, elle acceptait ta formule de l'évè-
que de Ciermont. Les Constituants refusè-
rent...
No 1052.
L'INTERMEDIAIRE
403
404
dans la campagne d'Italie de 1859, dit
ceci :
... Un Carabinier arrive à bride abattue
remettre un pli au Roi. C'est une dépêche
annonçant le passage du Tessin par les Autri-
chiens sur trois points.
Le Roi me montre cette dépèche et me dit
qu'elle vient du colonel Govone, le chef de
son service de renseignements, qui a organisé
un système particulier de surveillance de la
frontière au moyen de douaniers et de cara-
biniers déguisés. Chargés de transmettre les
nouvelles par des pigeons voyageurs, car il
est intéressant de rappeler que c'est le colo-
nel Piémontais Govone qui est l'inventeur de
la Colombophilie, et qu'il l'essaya et en dé-
montra l'utilité en 1859, malgré les moque-
ries des sceptiques.
Sabaudus.
Question de droit (L, 223). — 11
s'agit d'un Belge établi en France ; si le
personnage avait été naturalisé Français,
il est bien évident qu'il n'aurait pu di-
vorcer en 1820. Mais s'il était seulement
habitant de la France, il avait conservé
sa nationalité, et rien ne lui était plus
facile que de faire prononcer son divorce
par un tribunal étranger.
Un ancien Magistrat.
Anciens pairs de France et sé-
nateurs (XLIX, 334, 408. 466). — Par-
mi les anciens représentants encore vi-
vants, on a omis le baron Eugène Eschas-
sériaux, de la Charente-Inférieure, qui a
été député sans interruption pendant plus
de 44 ans: du 8 mai 1849 au 20 août
1893, et onze fois réélu, fait unique, je
crois, dans les annales parlementaires
françaises. C. V.
Sur le collège da Boissy (T. G.
469). — On peut consulter pour l'histoire
du collège de Boissy, outre le grand ou-
vrage de Guillaume Hodey et Henry Vas-
sault cité par M. Pinson :
Félibien, Histoire de Paris, I, p. 612.
Preuves, III. p. 103 et suiv., Lettre d'a-
mortissement enregistrée au Parlement,
1640, publiée dans les appendices et Pièces
justificatives dans la Topographie du Vieux
Paris. Région occidentale de l'Université.
Sauvai, Antiquités de Paris, tome 11. liv.
VIII p. 373. Leheuf, Histoire de la Ville du
Diocèse de Paris, çd. H.Cocheris,tome l^p.
612.
Denifle et Châtelain, Cartulaire de VU-
niversiiéde Paris, III. p. 2^2 (La partie du
cartulaire qui traite des petits collèges de
Paris n'a pas encore été publiée.)
Berty-Tisserand, Topographie historique
du Vieux Par/s, Région occidentale de l'U-
niversité, rue Suger.
Appendices et pièces justificatives du
même volume, p. 643. V Inventaire des
pièces d'archives que possédaient les col-
lèges de Pans, etc. Bibliothèque de la ville
de Paris (manuscrits).
Albert Bonneau.
M. Eareilher(L, 223). — Il y a une
quinzaine d'années, habitait à Boissise-le-
Hoi un M. Bareilher, qui vivait d'une
façon fort singulière. C'était un homme
instruit ; il avait été inscrit au tableau de
l'ordre des avocats de la Cour de Paris.
C'était surtout un misanthrope qui avait
trouvé le moyen de se rendre odieux à
tout le monde par son caractère désa-
gréable, et qui vivait à l'écart. Il était à
la tête d'une exploitation agricole assez
considérable, mais son avarice, ses exi-
gences, ses emportements l'empêchaient
de trouver des ouvriers, ses récoltes pour-
rissaient sur pied. Ses voisins pouvaient
impunément se permettre des empiéte-
ments ou des méchancetés ; nul témoin
ne consentait à déposer contre eux, et
M. Bareilher en était réduit à user de la
photographie pour appuyer les plaintes
incessantes et probablement motivées qu'il
formait devant le tribunal de Melun. Son
intelligence et sa connaissance du droit
ne lui servaient qu'à défendre ses intérêts
avec une âpreté excessive.
Un jour, un domestique, recruté à grand'
peine venait lui réclamer son compte ;
excité par l'atmosphère de haine dont son
patron était entouré, il se montrait agressif,
grossier, brutal. M. Bareilher, sans hési-
ter, prit son revolver et tira. L'homme
fut grièvement blessé. Pour ce fait, qui,
dans d'autres circonstances, aurait pu
être excusé par la légitime défense, M. Ba-
reilher fut condamné par le tribunal cor-
rectionnel à un an de prison. Il fit sa
peine, rentra chez lui, et mourut peu de
temps après. Sans proches parents, sans
amis, il îvvait institué pour légataire uni-
versel l'empereur d'Allemagne, qui refusa
la succession.
Tels scmt les souvenirs que le passage
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
405 -~
des Débats^ publié par l'Intermédiaire^ a
fait remonter un peu confusément dans
ma mémoire. Mais le Bareilher de Boissise-
le-Roi ne passait pas pour posséder des
œuvres d'art. Est-ce le même ^
F. H.
«
Du Temps :
On a annoncé récemment qu'un riche ama-
teur, M. Bareillier, avait légué à l'empereur
d'Allemagne Guillaume 11, une importante
collection de tableaux et de tapisseries, avec
cette condition qu'en cas de refus, les objets
seraient donnés à divers musées français.
Le fait est exact dans ses lignes principales,
mais il n'est pas nouveau ; il remonte à treize
ou quatorze ans au moins, comme on pourra
s'en assurer aux archives du musée du Louvre,
des Gobelins et des Arts décoratifs.
Bareilher n'était pas non plus un riche ama-
teur ; il était peintre fort ordinaire, paraissait
avoir de quoi vivre et possédait des objets
d'une qualité secondaire.
C'était un homme névrosé, vivant en soli-
tude dans un château près de Melun, à demi-
détruit par un incendie et resté en l'état.
Bareilher, un jour, se disputant avec un
homme à son service, lui tira un coup de pis-
tolet à bout portant. Il fut, pour ce fait,
condamné à la prison ; il fit sa peine dans la
maison centrale de Melun. Là, pendant sa
détention, il rédigea un testament :
11 légua ses objets d'art et son château à
l'empereur d'Allemagne, à la condition que
le château serait aménagé pour recevoir des
ouvriers allemands pauvres ; en cas de refus
de l'empereur, les objets d'art seront donnés
aux musées du Louvre, des Gobelins et des
Arts décoratifs.
L'empereur refusa, et les musées se parta-
gèrent ce qu'il y avait d'acceptable.
Beauvillé (L, 53, 192,304). — Le ta-
bleau généalogique de la maison de Vieux-
pont dressé au commencement du xvu*=
siècle pour Guillaume-Alexandre, cheva-
lier, marquis de Vieuxpont, lieutenant
général, etc, marié i° à Marie-Thérèse
Aubery; 2° à... d'Argouges ; 3° à Fran-
çoise-Chrestienne Dauveter ; 40 à Marie-
Louise de Beringhen, porte que Guillau-
me de Vieuxpont, fils de Yves, 5*^ du
nom, et de Blanche d'Harcourt, cheva-
lier seigneur de Chailloué.fut marié deux
fois : i» à Marguerite d'Estouteville, fille
de Blanchet, seigneur de Villebon ; 2° à
Jeanne de Beauvillé, dame de Moiistiers
en Auge : Jeanne de Beauvillé devait donc
bien être de famille normande. Evidem-
ment, c'est la même que Jeanne de Beus-
20 Septembre 1904
406
ville indiquée par Moréri et la Çhesnaye
des Bois. Mais qui a raison ? Je le répète,
le tableau généalogique que j'ai sous les
yeux lui donne pour armes : d'or, à deux
taureaux passants de gueules. Devrait-on
supposer qu'une branche des Beauvillé de
Guyenne se serait fixée en Normandie .? Il
n'y aurait rien d'impossible, mais on
pourrait aussi supposer le contraire et
dire que les Beauvillé ou Boville de Nor-
mandie ont été se fixer en Guyenne.
T.
Les Cantacuzène (XLIX, 895 ; L.
128). — Pr. Michel Rodionovitch Canta-
cu{éne., comte Spéranski, né 1818, con-
seiller d'Etat actuel, écuyer de S. M.
l'Empereur, ministre des cultes, était
marié à Elisabeth Karlovna Sicar, fille
d'Alexandrine Frolor-Bagraïev et de Char-
les Sicar, auteur et président de la So-
ciété d'agriculture de la Russie méridio-
nale.
Le célèbre législateur Spéranshi (N[\c\ïq\-
Michaïlovitch) était né 1772'}- 1 1 févr. 1839
et créé comte par oukase du i«r janvier
1839. J'ai connu personnellement le prince
Cantacuzène, comte Spéranski, et ai été aussi
avec lui en correspondance au sujet de la
prononciation de la langue grecque se-
lon le célèbre Désidérius Erasmus. Il est
mort en 1894. Doct. jUR. Ermerins.
Chateaubriand ou Chateaubriand
(L, 276). — Chateaubriand écrivait son
nom sans accent circonflexe.
Voir dans les Cent-et-un., tome XV, les
signatures de tous les collaborateurs. En
tête est la signature de Chateaubriand :
point d'accent.
Famille de Chamblane(XLIX, 336,
469, 587, 799 ; L, 8t. 132), — En don-
nant la généalogie de la famille Jehannin,
je disais que le titre de seigneur de Cham-
blanc restait à expliquer, puisque d'après
les registres de la chambre des Comptes
de Dijon, cette terre n'était pas entrée en
possession des }ehannin.J'étaisdans l'erreur
et le hasard vient de m'en donner la
preuve dans les Titres de familles des Ar-
chives de la Côte-d'Or, à rarticle/a/7«o«,
série E., cotes 956 et suivantes. Cette
famille Jannon, qui n'a rien de commun
avec les Jehannin, avait pour armes : de
gueules, à trois quinte feuilles d'argent.
N* 1052,
L'INTERMÉDîAiRE
407
408
La seigneurie de Chamblanc mouvait
de la baronnie de Saint-Georges, près de
Seurre, et comme arrière-fief, les reprises
en avaient lieu à Seurre ; c'est ce qui expli-
que les lacunes dans les titres de la cliam-
bre des Comptes. Jean Jehannin dut acqué-
rir, vers la fin du xvni" siècle, une partie
de la seigneurie de Chamblanc de demoi-
selle Françoise de Penessot ; je n'ai rien
trouvé de précis à ce sujet, mais voici les
faits établis sur documents.
Par son testament olographe du 2 sep-
tembre 1718, messire Jean Jehannin, sei-
gneur de Chamblant, conseiller du roy au
parlement de Dijon, dit : « Je veux que
Anthoine Jehannin, le troisicnic de mes
fils, prélève et prenne pour sa part et
portion, ou ma charge de conseiller au
parlement, ou une pareille charge avec
toutes les sommes qui auront ou qui se-
ront nécessaires pour l'y faire recevoir,
plus la terre et seigneurie de Chamblant
avec tous les meubles qui y seront, et
tout ce qui me peut appartenir audit lieu
de Chamblant, en quoi qu'il puisse con-
sister ».
Le 4 mars 1720, messire Anthoine
jehannm-Arviset, conseiller au parlement
de Bourgogne, donne procuration à maî-
tre Jean Treillard, notaire royal à Seurre,
pour reprendre de fief de la terre et sei-
gneurie de Chamblanc, à lui advenue par
le décès de son père. La reprise àt partie
de la seigneurie de Chamblanc eut lieu le
26 mars suivant, à Seurre, entre les
mains de Pierre Bretagne, bailly au
bailliage du marquisat de Seurre dont dé-
pend la baronnie de Saint-George, maire
. perpétuel, etc., au nom des héritiers de
S. A. S.Mgr Louis-Henry, duc de Bourbon,
prince du sang, pair et grand-niaître de
France, etc.
Jean-Baptiste-François jehannin succéda
à son père Antoine, mais il n"y a pas de
reprise de fief de lui. Il existe la minute
sans date, d'un contrat de vente à N.
Brunet. de la terre et seigneurie de Cham-
blanc.par Jean-Baptiste Jehannin, seigneur
de Chamblanc, conseiller au parlement,
'moyennant la somme de 125.200 livres
et la jouissance du i^' janvier 1769. Il y
est dit : «Demeure permis au vendeur de
porter, sa vie durant, le nom de Cliam-
blanc, ainsy quïl a toujours porté ».
Le i^"" mai 1772, aveu et dénombre-
ment donné à S. A. S. Mgr le comte de la
Marche, prince du sang en sa qualité de
baron de Saint-George, par Nicolas Jan-
non, seigneur de Chamblan, de ladite
terre de Chamblan, de laquelle Gérard
Brunet de Monthélie, écuyer, demeurant
à Beaune, lui a fait rétrocession par acte
du 14 juillet 1769. et dont ledit seigneur
Jannon a fait la reprise de lief par devant
le sieur bailly du marquisat de Seurre et
baronnie de Saint-George, le 10 du mois
d'avril dernier.
11 résulte de ces documents que jean-
Baptiste-François Jehannin fut le dernier
de sa famille qui porta le titre de seigneur
de Chamblanc : j'ignore la date de sa
mort, mais à la Restauration il aurait été
centenaire, et je crois plutôt qu'il faut
chercher le personnage demandé par La
Résie dans la famille Jannon. Je continue-
rai mes recherches et lui en ferai part,
s'il y a lieu. Palliot le Jeune.
Mademoiselle de Fontaines (L,
1 1 5, 246). — Notre érudit collaborateur,
qui répond à ma question sur Mlle de
Fontaines, parle de la comtesse née de
Givry (Marie Louise-Charlotte de Pellart),
fille de Bernard, seigneur de Givry, ma-
réchal de camp, etc., etc., qui s'était
mariée par contrat du 2 juin 1687, à Ni-
colas IV'^ du nom, comte de Fontaine?, che-
valier seiofneur de la Neuville au Bois, etc.
Cette comtesse de Fontaines n'est donc
point la même, et sa fille encore moins,
que Mile de Fontaines, supérieure des car-
mélites de la rue Saint-Jacques, dont parle
Cousin dans la Jeunesse de M'"* de Lon-
gueville (11" édit. Perrin, Paris, page 88),
qui était née en 1578 et décédée en 1637.
Je regrette bien vivement de n'avoir
pas une bonne réponse. J'aurais tenu à
être renseigné à ce sujet ; ma familleayant
habité la Touraineà cette époque, j'aurais
voulu savoir si Mlle de Fontaines lui était
alliée. H. F. S. V.
Claire G-^mbetta, chanteuse de
café concert (XLIX, 614, 692, 869 ;
L, 32, 297). — Je me fais un plaisir de
satisfaire la juste curiosité de M. A. Sé-
ché en lui affirmant très nettement que
les renseignements fournis par moi dans
le n° du 10 juin, émanent de déclarations
faites par C. Gambetta elle-même, il y a
quelque trente ans.
le considère Vlntermcdîaire comme un
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
409
recueil trop sérieux pour lui envoyer des
communications fantaisistes, et si je n'a-
vais pas eu une source de renseignements
certams, je me serais abstenu.
D'ailleurs, ma réponse n'affirmait rien ;
elle indiquait simplement une piste à
suivre pour arriver à élucider une ques-
tion que je n'ai pas eu la prétention de
résoudre.
En un mot. je garantis l'authenticité
des déclarations de C. Gambetta quant à
son état civil et à sa parenté avec Léon
Gambetta, mais je n'en garantis nulle-
ment l'exactitude.
Néanmoins, puisque M A. Séché in-
siste, je tâcherai, dès que j'aurai quelques
loisirs, de lui procurer, si possible, des
renseignements plus précis sur cette
pseudo-parente de Gambetta.
Eugène G recourt.
* *
Voir La Libre Parole^ deux articles de
M. Gaston Méry.
Gatayes (Antoine et Léon) (L,
224 .) — Guillaume-Pierre Antoine Gatayes
(qui porta d'abord le nom d'abbé
Venicourl), était le fils de Louis-François
de Bourbon, prince de Conti, (V. Inter-
médiaire^ XLV, 911, 914 : Nauroy^Le Cu-
rieux^ t. Il, p. 202).
G. P. Le Lieur d'Avost.
* *
Je crois que M. César Birotteau se
trompe en faisant de Léon Gatayes
l'ami de Victor Hugo ; c'est surtout avec
Alphonse Karr que Gatayes était lié d'une
amitié quasi fraternelle. Quoi qu'il en soit,
je vais remplir les initiales indiquées par
notre collaborateur. Guillaume-Pierre-
Antoine Gatayes, le père de Léon, qui
était lui-même un harpiste habile et un
compositeur distingué, dont certaines ro-
mances (/<? Délire, entre autres) obtinrent
un succès de vogue, était le fils naturel
du prince de Conti et de la marquise de
Silly. Celle-ci )e destinait aux ordres et le
fit entrer au séminaire sous le nom
d'« abbé Vénicouit », parce qu'elle vou-
lait laisser sa fortune à un autre enfant
naturel, le marquis de Montréal. Mais le
jeune homme, fou de musique et peu en-
clin à la -rêtrise, s'évada du séminaire et
voulut vivre en liberté Sa mère alors ne
voulut plus s'occuper de lui.
Les troubles de la Révolution forcèrent
20 Septembre 1904,
_ 410 — — —
d'ailleurs le prince et la marquise à sortir
de France, et leur fils dut s'Ingénier
à gagner sa vie à l'aide de la musique.
C'est" alors qu'il abandonna le nom de
Vénicourt pour prendre celui de Ga-
tayes. On raconte que le hasard le fit lo-
ger à cette époque dans la maison de Ma-
rat, et qu'il se trouva ainsi en relations
avec « l'ami du peuple ». Antoine Ga-
tayes a publié de nombreuses composi-
tions pour la harpe, pour la guitare et
pour le chant. 11 fut le premier maître de
son fils Léon, qui devint un harpiste re-
marquable, et plus tard un critique musi-
cal et un écrivain de sport très écouté.
Son second fils, Félix, pianiste fort habile,
qui fut élève de Liszt, devint aussi un
compositeur d'un véritable talent, qui
gâcha une belle vie d'artiste par ses ca-
prices et ses fantaisies folles.
Arthur Pougin.
Baron de Grunstein (L, 165). Dès
le xvi" siècle, la famille de Grunstein pa-
rait être française, car elle possédait à cette
époque, en Poitou, à titre de fief, la
seigneurie de Chaillé près Melle (Deux-
Sèvres). C. DE St M.
Famille Hustin de Douai et de
Lille (XLIX,949 ; L,86).— Je ne puis don-
ner des renseignements sur l'origine de
cette famille, comme il est demandé. mais
je croisdevoir signaler à M. Labadie l'exis-
tence d'une chaise à porteurs aux armes
des Hustin, qui a paru à plusieurs foires
de Bordeaux, chez un antiquaire. Elle était
assez bien conservée, mais d'une peinture
médiocre ; elle doit être une trace du pas-
sage de Jacques Hustin, venu à Bordeaux
en 17 10. D'' H. DE C.
T
Laîon Labatut (L, 276). — Le
poète à! Insomnies et Regrets résidait en
Périgord, au Bugue auprès de sa famille,
et il est mort il y a une quinzaine
d'années. La biographie qui précède ses
poésies, est signé Pellissier, et ce Pellis-
sier, — parent de Lafon Labatut, — ou
plutôt Pellissier de Labatut, collabora-
teur de Raynouard, l'auteur des Templiers
et auteur dramatique à ses heures (son
Médicis et Machiavel fut applaudi en son
temps) était le grand oncle maternel de
Jules Claretie et Léo Claretie, son cousin.
N" «052
411
Lafon Labatut est donc aussi allié à nos
confrères et collaborateurs. Ego.
Il est mort en juillet 1877. Consulter sur
lui :Conférence faite à Périgueux.par Gazais
[Avenir de la Dordogiw, 28 juin 1892) —
Ses Œuvres posthumes ont été publiées en
1878, par Gabriel Lafon (Périgueux, Ras-
touil), quia donné sur ce poète une bio-
graphie en tête du volume. Ge même ne-
veu a publié, en 1889, Derniers tâtonne-
ments de Lafon Labatut.
Nul doute que M. Gabriel Lafon, no-
taire à Terrasson (Dordogne), ne donne
sur son oncle tous détails désirés,
La GoussiÈRE.
Pestnlozzi. médecin agrégé au
collège de Lyon (1721) fL, 276). —
Pestalozzi (Jean-jérome), médecin agrégé
au collège de médecine de l'Hôtel-Dieu,
possesseur d'un riche cabinet d'histoire
naturelle, auteur de plusieurs ouvrages,
né à Venise, le 23 juin 1674, mort à
Lyon, le 26 avril 1742.
Pestalozzi (Antoine Joseph), probable-
ment fils du précédent, médecin, de
l'Académie de Lyon, né le 17 mars 1703,
mort le 2 avril 1779, auteur d'écrits sur
l'électricité ( Les Lvonuais dignes de mé-
moire). Voir Pernetti ; II, 310. Bibliogra-
phie. Univers ; Bibl. de Richelet.
A. S.
Philis de la Tour du Pin de la
Charce (XLIX, 108, 593). — Le cher-
cheur DAUPHINOIS qui a répondu déjà à
cette question l'a fait plus en poète en-
thousiaste qu'en froid historien. Geux qui
voudront avoir des notions exactes sur
notre héroïne feront bien de lire l'ouvrage
que lui a consacré l'abbé Lesbros (Paris,
Tequi, 1883). En m'en envoyant un
exemplaire, le comte Henry de la Tour
du Pin de la Gharce. le savant historien
de sa maison, m'écrivait la lettre repro-
duite ci-après, qui apprécie très justement
les divers historiens de Philis.
Albert de Rochas.
Mon cher ami,
Voilà bien longtemps que je suis privé du
plaisir d'avoir de vos nouvelles, quoique ie
puisse bien vous assurer que tout ce qui
vous intéresse me touche infiniment, et
peut-être avez-vous oublié ce que je vous
avais dit d'un ouvrage que voulait faire pa-
L'INTERMEDIAIRB
41:
raître l'abbé Lesbros, curé de Bruis (Hau-
tes-Alpes), sur la vie et les faits et gestes
de Mlle de la Charce Je vous l'adresse de
suite comme je vous l'avais promis.
Si vous avez jeté les yeux précédemment
sur le roman de l'anonyme de 173 1, sur
celui de la comtesse Dash et sur celui de
madame Drevet, vous verrez qu'iln'y après-
que aucun rapport entre la jeune et sédui-
sante héroïne dont ils avaient raconté les
amours présentés comme mobile de ses
belles actions et la femme remarquable,
vieille fille de 47 ans bien sonnés, inspirée
par son patriotisme, dont ledit curé a
ess;iyé de faire le portrait.
Le but de ce modeste ecclésiastique, qui
vit en véritable bénédictin dans son pres-
bytère, n'a été aucunement de faire passer
son propre nom à la postérité ; il ne vou-
lait pas d'abord le placer sur la couverture
de son livre. Son seul désir a été de dé-
mêler le vrai et le faux parmi tous les
éloges emphatiques et les exagérations, les
mensonges et les dénio-rements des uns ou
des autres. 11 s'est donc appuyé sur quel-
ques titres possédés par M. Morin Pons,
sur ceux que je me suis fait un plaisir na-
turellement de mettre à sa disposition, sur
la fort bonne notice de M« Albert du Boys
dont il a rectifié quelques erreurs, et sur
votre très intéressante Campagne de j6ç2.
En un mot il s'est borné à dire : Voilà ce
qui a été dit de faux, voilà ce qui a été dit
de vrai, voici tous les titres connus jus-
qu'à présent. Et il a tiré ses conclusions en
présentant son livre comme une simple
étude historique pouvant servir de base et
de point de départ à ceux quiseraient tentés
par la suite de s'occuper des faits et gestes
de mademoiselle de la Charce.
Cet ouvrage a ce bon coté qu'auparavant,
à part la notice de M. du Boys, on ne sa-
vait guère autre chose sur elle que ce qu'il
avait plu aux romanciers d'en dire, tandis
qu'aujourd'hui on sait, et très exactement,
tout ce qu'il y a de vrai dans son histoire.
Seulement les documents sont rares et il y
aurait évidemment des recherches à faire
dans les ministères pour détcminer exac-
tement ce que Philis a fait en 1692 ; par
exemple dans la correspondance de M. de
Durfort-Boissière avec le marquis de Bar-
bésieux, si elle existe encore.
La vérification que j'ai faite récemment
des lettres du marquis de Larrey (1693) et
du sieur Souchat me fait regretter de ne
pas les avoir communiquées in-extenso au
curé de Bruis : l'une est signée Larray, et
l'autre Souchon. Il s'est borné à reproduire
les extraits inexacts que d'autres ouvrages
avaient cités. J'en suis fâché parce que ce
Souchat était un personnage complètement
inconnu et que M. Souchon des Praux
I
413
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Septembre 1904.
■ 414 —
étaitjsi je ne me trompe pas, subdélégué de
l'intendance ou des finances à Gap en 1692
et fut nommé premier président au bureau
des finances à Aix en 1693 ; il était en
grandes relations avec l'intendant Bouchu,
comme le prouve une dolèancc pour Guil-
lestre que vous avez citée dans votre Cam-
pagne de 1692 (p. 81) et il en résulte que
son témoignage n'était pas 9»nsun certaine
autorité. Dans quelque temps, quand j'au-
rai une expédition légalisée de ces lettres
précieuses, j'en donnerai communication à
la Société d'étude de Gap et à la Société
archéologique de la Drôme afin de rectifier
les textes incomplets qui ont été produits
jusqu'ici.
Je vous envoie donc cette étude un peu
cléricale en vous demandant votre indul-
gence pour elle et je joins ii cet envoi, mon
cher Rochas, l'assurance de ma bien sin-
cère amitié.
Le comte de la Tour du Pin de la Charge
Ch, de Bezonville par Sermaises, (Loiret.)
ler août 83
Ravoux, Rézé (évêques) (L, 276).
— De Rézé, je ne sais rien. De Ravoux,
voici ceque je puis dire : Ravoux, Auguste,
vicaire apostolique de Montana, était de
Saint- Flour ; du moins sa famille en était
originaire. Il y a vingt ans tout au plus,
son frère était encore professeur élémen-
taire, sixième ou septième, au collège de
la ville et avait épousé une marchande de
mercerie et nouveautés de l'endroit, encore
de ce monde, si j'en crois le Bottin, en
ce cas fort âgée. Trois fils étaient nés
de cette union : le plus jeune, que j'ai
connu personnellement, mort de bonne
heure, après a\^oir été deux ou trois ans
élève en pharmacie à Paris ; le second,
pharmacien à Langeac (Haute-Loire) ;
l'aîné, avoué à Salnt-Flour,
j'ai tout lieu de les croire également
décédés.
La famille, fort méritante d'ailleurs,
était honorablement connue dans le pa}'S.
Il serait donc facile et profitable à notre
confrère Saint-Saud de diriger ses recher-
ches de ce côté.
SOULGET.
Roussel de Tilly (XLIX, 840, 983 ;
L, 138). — Les armes de Charles Roussel
de Tilly, données par M. G. P. Le Lieur
d'Avost, doivent être rectifiées et com-
plétées comme suit : Ecartele -.au i d'azur ,
an sautoir d'or^ accompagné en chef d'une
étoile d'argent, et en pointe d'une rose du
second (Roussel de Tilly, en Bourbonnais
et en Nivernais) ; au 3 d'argent, au lion de
sable \au chef du même (alias, de gueules),
chargé de trois coquilles d'or (Roussel
d'Inval, en Blaisois et Russell, en An-
gl.:terre) ; au ^ d'argent, à la fasce de
gueules, chargée de trois croisettes du champ
(Roussel, en Normandie) ; au 4 de sable,
à trois épées d'argent, garnies d'or,
appointées à la base del'écn (Poulet de Mar-
cilly, en Picardie, Paulet et PowLETT,en
Angleterre). Sur le tout de t'SERCLAES de
TiLLY en Belgique qui est '.de gueules, au
lion d'argent, armé, lampassé et couronné
d'or, la queue fourchée et passée en sautoir,
chargé sur l'épaule d'un écusson d'or, au chef
échiqneté d'argent et de sable de deux tires
(Bygaerden, en Belgique). Couronne de
duc. Supports : deux coqs regardants.
Ces armes ont été décrites par M. Emile
Perrier dans les Archives de la Société des
Collectionneurs d'Ex-Lihris,^" année, page
35, à propos d'un ex-libris de Charles de
Tilly et d'un fer de reliure du même, ce
dernier faussement attribuée la famille
des Courtils de Merlemont,* par Joannis
Guigard. dans son Nouvel Armoriai du
Bibliophile.
On voit que la famille Roussel de Tilly,
anoblie en 1700, marchait rapidement
vers les honneurs, et que ses prétentions
égalaient sa vanité. Non satisfaite de tim-
brer son écu d'une couronne ducale, elle
cherchait, par son blason, à se rattachera
tous les Roussel existants et même à l'an-
cienne famille belge des t'Serclaes de
Tilly.
Cette famille possédait en Nivernais,
dans les châtelleniesdeNevers et de Mon-
ceaux-le- Comte, les seigneuries des
Réaux et de Saint-Gérémanges ; et en
Bourbonnais, dans la châtellenie de Sou-
vigny,les seigneuries de Vitry, de Bost, du
Treuil, du Chaffault, de la Garenne, de
Ris, de la Tour-Boursard, et enfin le mar-
quisat de Tilly, qui passa, vers le milieu
du xviii= siècle, dans la famille tie Biotière.
Elle s'allia en Nivernais avec les familles
du Feuilloux, de Troussebois, Carpentier,
Brisson et Gascoing , et en Bourbonnais
avec les familles Becquas, de Launay, de
Louan et d'Alaudière.
François Roussel de Tilly, parent de
Charles de Tilly, naquit à Moulins, fut
évêque d'Orange, de 1730 à 1774 ; il
mourut à Caderousse, le 29 juillet 1775,
N* 105:
L'INTERMÉDIAIRE
415
416
et fut inhumé dans l'église de l'abbaye de
Saint-Benoit, dont sa sœur avait été abbesse
(Bastet, Essai historique sur les cvéques
d'Orange^ p. 255).
Mgr de Tilly portait des armoiries iden-
tiques à celles de Charlesde Tilly ; on les
rencontre sur ses mandements et sur le
titre de cet ouvrage : La régie du bienheu-
reux patriarche saint Benoit. Avignon,
I757,in-i2. P. LE. J.
Saint-Malo, nom d'hoî.r.nie (L.
280). — Une famille de Saint-Malo, à la-
quelle appartenait le savant M. Renard de
Saint-Malo, doit exister encore à Perpi-
gnan. A. S.. E.
Portrait de Sartines (XLIX, 897).
— Les portraits de M. de Sartines et
d'Emilie de Sainte-Amaranthe, sa femme,
ont paru dans un livre intitulé Madame de
Sainte-Amaranthe ou le Régime de la Terreur
par Madame C. L. (C. de La Baume) édité
chez T-J. Trouvé, imprimeur, rue Notre-
Dame des Victoires, en 1827.
Voici ce qu'en dit le manuscrit original
et autographe de Mme de La Baume ; après
avoir expliqué comment elle conçut la
pensée d'écrire l'histoire de Sainte-Ama-
ranthe :
Plein de cette idée,
des recherches sur la
Amaranthe. Une de mes amies, pour secon-
der mon dessein, me fit faire la connaissan
ce d'une dame qui avait été intimement liée
avec Enube de Sainte-A., épouse de Charles
de Sartines. Cette dame, veuve depuis peu
d'années, logée dans un des beaux quartiers
déserts du Marais, m'accueillit avec bonté...
Elle me ht passer dans un salon reculé où
je trouvai les portraits de Sartines et sa
femme, tels qu'où les voit en tète de ce
livre
Tous deux sont représentés en buste
seulement, les bras liés derrière le dos, le
torse recouvert de la chemise rouge des
parricides. Ces portraits sont signés Jacob.
fignore le nom de la dame qui possé-
dait l'original des deux gravures.
M. Roos.
Souvenirs de Simon do Grand-
cliamp (XLIV ; L, 299). — A propos
du séjour de Napoléon et de son frère Jo
seph à Autun, le Journal des Débats du
24 juin 1804 fait remarquer que si lors
du vote (on ne disait pas encore plébiscite)
je m'occupai à faire
famille de Sainte-
qui eut lieu à la fin de mai 1804 sur l'hé-
rédité de l'Empire, l'arrondissement d'An-
tun, dont la population est très faible,
donna plus de dix mille oui , c'est qu' « Au-
tun a eu l'avantage de posséder pendant
toute la durée de son éducation le prince
Joseph, et, pendant plusieurs mois, l'em-
pereur lui-même. » Fernand B.
Faiv.iiîe dô Sonima.riva CL, 225).
— Je ne sais si la famille Sommariva
e?<iste encore, mais je le présume, car il y
a sur le lac de Côme une villa dite Villa
Sommariva. Je n'ai aucun guide sous la
main. 11 est facile, en tout cas, d'écrire à
la villa pour se renseigner.
Malatf.sta.
de
Wittinghof-Scheel
Famille
(L, 10, 137, 197). — Ancienne famille
westphalienne, qui s'est établie au xiv®
siècle en Courlande.
Cette famille portait anciennement le
nom de Scheel ou Scheele (surnom qui
signifie louche) ; Vietinghof leur vient
d'une seigneurie près d'Essen.
Rahod Scheel ou « le louche >■> épousa
Elisabeth v. Schledenhausen ; il hérita de
cette seigneurie, qu'il appela alors Sche-
lenburg.
Les Vietinghof portaient anciennement :
d'argent.,à la bande de gueules.^ chargée de
5 boulets (Kugchi) d'or . ils portent à pré-
sent : d'argeiit^à la bande de gueules char-
gée de 3 coquilles d'or .
von //(?/;/(?/?, Westphalischen Geschichte,
m, i9'5. Fahne. Gesch. der Koln. Jul. et
Bergischen Geslechter, puis Y Annuaire de
la Nobl. de Russie, 2^ Année 1892, p. 26.
D'J. Er.merins.
Saulnier da Beauregard (armoi-
ries) (L, 226). — Je vois dans : La vraye
et pa7-faite science des Aimoiries ou l'Indice
Armoriai de feu Maistre Louvan Geliot
advocat, édit. i66o,pag.626 :
Jean Saulnier, abbé de Cernon, conseiller
au Parlement de Dijon, portoit une teste de
more bandée, accompagnée de trois étoiles.
Dans V Armoriai Général de France.,
Généralité de Bourgogne, Recueil Offi-
ciel dressé en vertu de l'édit de 1696, par
Charles d'Hozier, publié par Henry Bou-
chot, Bourgogne, tome II, pag. 87, édit.
1876 (Henri Champion. Paris) —on lit,
195 :
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
417
Saulniei-, Paul, conseiller du Roy, receveur
en titre de Sa Majesté au bureau de Montluel :
d'a:iur, à un chevron brisé d'or, accompaçriié
de trois trèfles de même, posés deux en chef
et un en pointe.
Dansï Arinon'al Général de Toi!raine,pai-
}.X. Can-é de BusseroUe, publié par la So-
ciété archéologique de Touraine, édit.
1867, pag. 902, on lit :
Saulnier (François) grand prieur de l'abbaye
de Cormery f'1707-1708) : « de sable, au che-
vron d'or, accompagné en chef de deux étoi-
les de même, et en pointe dun croissant d'ar-
Dent mouvant sur une mer de même.
o
Mon avis, dans ce cas, est que je m'en
rapporterais bien plus à ce que dit Lou-
van Geliot à ce sujet qu'aux deux autres,
car chacun sait que l'édit de i5g6 (Ch.
d'Hozier) était, à cette époque, bien plus
une mesure fiscale que tout autre chose
et que l'on blasonnait des écussons aux
familles un peu ot même beaucoup à tort
et à travers. H. S. F. V.
P. S. — j'ai trouvé depuis, par le plus
grand hasard, dans le catalogue H. Cham-
pion, librairie ancienne et moderne, 9,
quai Voltaire Paris, 7, Catalogue, mai
1904, page 47, n^ 1365.
"Vie du R. P. Antoine (Anne-Nicolas-
Charles Saulnier de Beauregard), abbé de
la Trappe de la Melieray, rédigée par deux
de ses amis. Paris, 1840, in-8, dem. rel.
V. f. portrait 5 fr,.
H. F. S. V.
Ordre de la Félicité (L, 169). — A
l'époque où les loges furent condamnées
pour la première fois en 1738, par Clé-
ment XU, beaucoup de sociétés badines ou
d'agrément s'étaient fondées en s'ins-
pirant des rituels maçonniques. En Au-
triche, d'abord, celle des Mopses, la plus
connue, qui eut des ramifications jusqu'en
France. On n'y admettaitquedes catholiques
romains, disposés à s'amuser.
En France, l'ordre de la Félicité est un
des plus anciens. Il avait été institué à
Paris par M. de Chambonnet, et sous le
patronage de saint Nicolas. Comme dans
la plupart des sociétés de ce genre, les
statuts étaient plus ou moins imités de
ceux qui étaient alors en usage dans la
franc-maçonneiie. Thory, dans ses Anna-
les (Paris 1812 , donne beaucoup de
détails sur les mystères de cet ordre et
20 Septembre 1904
-^-.-^ 418
affirme que ses membres appartenaient au
meilleur monde, mais il ajoute : « Nous
ne nous appesantirons pas sur les équivo-
ques que pourraient présenter quelques
expressions du serment ou du rituel de
cette société. /> On lit dans \ Encyclopédie
Maçonnique deMackey (Philadelphie, 1879)
sur ce même sujet :
Société Androgyne secrète, fondée en
1743 P^' '^' Chambonnet. Elle a été une
des premières associations ou coteries pseu-
do-maçonniques inventées par les francs-
maçons français pour flatter la curiosité
des femmes et obtenir leur appui. Son ri-
tuel et son vocabulaire étaient empruntés
aux termes maritimes et était un peu exces-
sif quant au côté galant
PlETRO.
Arœes delà Rivière (L, i68, 304,
364). — La Rivière^du Alaine: d'azur, à cinq
hures de saumon d'argent.^ posées en sautoir, 2,
/, 2. François de la Rivière, écuyer, sei-
gneur, de la Groirie à Tfangé (Sarthe),
épouse par contrat du 26 juin 1620, Marie
du Monceau et meurt le 6 août 1671, lais-
sant au moins quatre enfants : 1°) François
qui suit; 2°) Léonor de la Rivière, écuyer,
seigneur de la Groirie, de Marie, enterré à
Trangé le 10 février 1689; 3 ) Elisabeth
de la Rivière épousa : 1°) Denis Le Vayer,
chevalier, seigneur de la Chevalerie et 2°)
(1684) Anne-François de Couterne, che-
valier, seigneur d'Etival ; 4°) Henriette de
la Rivière, religieuse à Longpré.
François de la Rivière, seigneur de la
Roche-de-Vaux (en Requeil, Sarthe) du
Bouchet- aux -Corneilles, etc., baptisé le
17 septembre 1623, conseiller du roi çn
son parlement de Metz en mars 1648,
épouse Louise-Madeleine de Lomblon des
Essarts et meurt à la Roche-de-Vaux le
4 mai 1683. Il avait eu : 1°) Michel
Léonor de la Rivière, baptisé à Requeil,
le 12 octobre 1681 et mort en 17 19,
inhumé à Requeil, sans alliance ; 2" Louise-
Madeleine-Josèphe- Marie de la Rivière,
dame de Corbion, épouse, 21 mai 1704,
Joseph de Mailly d'Harcourt, auquel elle
porte les terres de son frère et de son
oncle Léonor, mort sans postérité.
Revue Historique du Maine^ t. XXII, p.
255, Bibl. nat. Pièces orig. t. 2495, La Ri-
vière, 56.090 cote 209. A. Ledru, La Mai-
son de Mailly, t. I, p. 504 :
La Rivière, de la Flèche, 1698 : de sable à
N. 1052.
L'INTERMÉDIAIRE
419
une bande d argent, brisé en chef d'une étoile
de même.
De Maulde, Suite à V Armoriai du diocèse
du Mans^ P- 3i'7 ^
La Rivière, seigneur de Saint-Calais et de
Mondoubleau, tire son nom d'une baronnie du
Nivernais. Charles, seigneur de Montdoubieau
•j- 1429, fils de Bureau de laRivière (-f 1400)
chambellan de Charles V et de Charles VI,
vendit,conjointement avec Blanche de Trie sa
femme, la seigneurie de Saint-Calais et celle
de Mondoubleau : de sable, â la bande d'ar-
gent.
De Maulde donne aussi à cette famille
les armoiries de la première famille de la
Rivière ici mentionnée.
Pesche, Dictionnaire ; Cauvin, Essai sur
V Armoriai du Diocèse du Mans, p. 203 ; De
Maulde op. cit. p. 315. La Chesnaie-Des-
bois, Dictionnaire. La Rivière^ nombreuses
familles de ce nom dans la Mayenne. Cf.
abbé Angot. Dictionnaire de la Mayenne,
t. 111, p. 417. Louis Calendini.
Les armes d'Angélique de Mau-
riac, épouse du marquis de la
Grange (L, 115). — Je fais de nouveau
appel à l'obligeance de mes aimables cor-
respondants pour connaître les armes
des Méliand de Mauriac, alliance de la
famille Lelièvre de la Grange. T.
Armoiries à déterminer : d'azur,
à trois glands d'or (L, 277) — Ce
sont les armes des Poret : d'a{ur,à trois
glands versés d'or, 2 ^/ /. Il y a en Nor-
mandie plusieurs familles de ce nom.
Poret de Civille, Poret de Blosseville,
Poret de Berjou. Ces familles, originaires
de la même province, ont les mêmes
armes ; on peut en conclure qu'elles ont
une souche commune. J. P.
♦
* *
Les armes indiquées sont celles de la
famille Poret
Bénigne- Etienne-François, Poret, sei-
gneur de Boisemont, procureur général
à la cour des Comptes de Rouen, épousa
Jeanne-Augustine Marye de Blosseville,
unique descendante de cette famille Ma-
rye, originaire d'Ecosse.
Leur fils, Bénigne Poret, ex-seigneur
d'Amfreville-la- Campagne (Eure), joi-
gnit à son nom celui de Blosseville et
épousa, à la fin du xvm" siècle, Marie-
Henriette de Civille.
-^ — - 420
De ce mariage sont
branches des Poret de
issues les deux
Blosseville et de
Civille, encore vivantes en Normandie.
De Magny, Nobiliaire de Normandie, 11.
621). C-^ Henry Le Court.
Ces armoiries sont celles de la famille
Poret de Blosseville. C. de S'T- Marc.
Tout d'abord, je vous dirai qu'il est très
difficile de spécifier d'une façon bien au-
thentique la famille à qui appartiennent
ces armoiries.
Des armoiries parfaitement semblables
comme fers et émaux sont souvent por-
tées par des familles différentes.
Ainsi, discutons celles-ci : d'azur, aux
trois glands d'or posés 2 et l .
Dans la « Vraie et parfaicte science des
Armoiries » de Louvan Géliot, advocat,
augmenté par Palliot, édit. 1660, vous
voyez, page 357, que ces armoiries :
d\i{ur.^ aux trois glands d'or ^ posés deux et
7»?, sont également portées par les familles
i°deThoisy, au duché de Bourgon-
gne ;
2° de Breteville en Normandie ;
30 La Jarrie ;
40 Clervaux ;
z," de Lingendes.
Dans le « Trésor Héraldique ou Mercure
Armoriai » de M. Charles Ségoing, Paris,
Clouzier, 1657, page 345, on voit :
« Breteville en Normandie j D'azur, aux
« Thoisy en Bourgongne / trois glands
« La Jarrie ( <i'or.
« Clervaux
Dans la Science héroïque
de Marc de
Vulson, seigneur de laColombière, Paris,
Sébastien Cramoisy, 1644, on voit, page
212 :
29. Bretfeville, La Jarrie, Clervaux, Gau-
Sauguin, portent tous : d'a{nr,à trois
" ■ " la tige
mm, Gauguin, portent tous : d aper
glands d'or, verse-, c'est-à-dire que
est mouvante du chef;
Dans pareil cas, l'affaire est difficile.
11 y a aussi dans notre Poitou une vieille
famille : du Chesne, escuyer, seigneur de
Vauvert, qui porte également d'a{nr,aux
trois glands d'or 2 et i (D'Hozier, édit.
Clouzot, Niort, 1887, tome 1, p. 276, n»
MS).
Dans le cas présent, ce ne peut être que
la famille de Bretteville. qui est normande,
ou mieux la famille Anquetil, qui porte
bien en effet d'or (et non d'argent) aux
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Septembre 1904*
- 421
trois feitilles de chêne? de sinople. Mais sur
cette verrière, il doit être facile de distin-
guer des glands des feuilles et de distin-
guer si les pièces sont d'or ou de sinople,
— à moins quele peintre verrier, peu ferré
en art héraldique, ait confondu, ce qui
est arrivé ailleurs.
Le plus simple, dans ce cas, serait d'é-
crire au curé de ladite paroisse qui ne re-
fuserait pas la communication de son re-
gistre du conseil de Fabrique, où le fait
d'établir une verrière nouvelle ou neuve
est certainement relaté et même détaillé.
H. F. S. V.
"Une pièce de 50 sous de Maurice.
(L, 278). — Cette pièce est de la catégo-
rie des pièces dites de nécessité, créées
lors des crises monétaires et dont la va-
leur nominale est de beaucoup supé-
rieure à la valeur intrinsèque. En 181 5,
sous la domination des Anglais, on frappa
à l'île Maurice deux pièces de nécessité,
l'une de 50 sous pesant 6 gr. 7 d'argent, et
l'autre de 25 sous pesant 3 gr, 3 ; cette der-
nière est de facture beaucoup plus simple,
car elle porte simplement : recu-(7«-tresor,
et au revers :« pour 25 sous», en trois
lignes de chaque côté. L'une et l'autre
sont gravées dans V Encyclopédie monétaire
d'Alphonse de Bonneville, 1849, in-folio.
Elles ne sont pas rares et leur valeur
marchande n'atteint pas un prix élevé. A
la vente du colonel Mailliet, qui s'était
fait une spécialité des monnaies obsidio-
niales et de nécessité, la pièce de 50 sous
s'est vendue 3 francs et celle de 25 sous,
2 fr. PlCAILLON.
Eglises fortifiées) T. G., 308 ;
XXXVIIl ; XXXIX ; XLI ; XLII ; XLIII ;
XLIV ; XLlX,8i4, 829 ; L, 152, 265, 369).
— A Agde(Hérault)rex-cathédrale,sous le
vocable de saint André, est ornée à l'in-
térieur de grandes arcatures qui se repro-
duisent à l'extérieur et forment des mâ-
chicoulis, les plus anciens peut-être du
moyen âge ; tour carrée, semblable à un
donjon et couronnée de mâchicoulis.
A. S..E.
♦ *
A citer celle d'Eus, arrondissement de
Prades, et de nombreuses autres dans les
Pyrénées-Orientales, vestiges des inva-
sions. Lachaise.
422
* *
L'église de Vorges, près de Laon, était
une forteresse dressée au milieu d'une en-
ceinte, ayant ses fossés, ses portes, son
donjon. On commença à détruire ces for-
tifications dès 1368, si j'en juge par des
lettres conservées à la bibliothèque de
Laon, qui donnent de curieux détails sur
ce ^< bel moustier, de très belle et forte
« maçonnerie et une grant et grosse tour
« de pierre et sur ycelle un bel et haut
\< clochier tel que quant une gaîte est au-
« dit clochier, il puet bien veoir par tout
« le dit terrouer, pour faire retraite en
*< cas de péril audit moustier, tous les
^< laboureurs qui seroient en leurs labou-
« rages... »
Les habitants réfugiés dans l'église
avec leurs bestiaux et leurs provisions,
buvaient l'eau d'un puits qui se trouve
sous une dalle du bas-côté gauche. Celui-
ci n'est pas tari et l'on y puise encore de
l'eau pour l'entretien de l'église.
Jehan.
Domiciles parisiens TL, 226, 370). —
Le volume \n\\iu\i: Statistique des lettres et
des sciences en France. Dictionnaire des
hommes de lettres, des savants existant en
France, leurs ouvrages, leur domicile, etc.
par Guyot de Fère, Paris, chez l'auteur,
1834, in 8°, contient de nombreuses
adresses d'hommes de lettres et de sa-
vants de l'époque, tant à Paris, qu'en
province. Un Valenciennois.
Outillage gallo-romain (L, 219). —
Dans une brochure du colonel sur le
camp de Romainville,près Paris, au temps
de César, on trouvera une description
d'outils de terrassiers, accompagnée de
figures. A la suite d'un événement mili-
taire ou politique, les terrassements furent
abandonnés, puis comblés. Saffroy.
Introduction du poivre en France
(XLIX, 58, 263). — En 1229, Marie,
comtesse de la Tour du Pin, fait donation
aux chartreux de Portes (Ain) décent sols
viennois de rente dont vingt pro pipr.
emendo « pour acheter du poivre ».
A. S..E.
Automobiles en 1827 (XLIX, 895,
995 ; L. 102, 266.) — Le collaborateur
I.-G. Bord veut-il me permettre de lui
/
N* I0S2,
L'INTERMEDIAIRE
423
rappeler que des essais de voitures sans
chevaux ont été faits av?.nt 1757.
Dans son Journal des {^orages (1666
Lyon), M. de Monconys raconte, en etïet,
qu'il a vu à Nuremberg, en 1663, chez
un ouvrier, un carrosse destine au roi de
Danemark s< lequel carrosse, dit-il,
<i avance, recule et tourne sans chevaux,
« et fait 3.000 pas géométriques en une
« heure, seulement par des manivelles
« que tournent des enfants, qui sont dans
« le corps du carrosse, qui font tourner
« les roues de derrière, et celui qui est
* dedans tient un bâton qui fait tourner
« le dedans du carrosse où sont attachées
« les deux petites roues pour braquer à
« l'endroit qu'il veut. 7^
Il est probable que l'mventeur de ce
carrosse devait être un nommé Jean
Hautsch que les traités spéciaux sur l'his-
toire des moyens de transport désignent
comme ayant fabriqué, à Nuremberg, des
« chariots qui allaient par ressorts et fai-
« saient deux mille pas en une heure. »
Eugène Grécourt.
Les documents phalliques (L,
172, 309). — Léda demande s'il existe en
France des documents comparables à ceux
de Nantes et de Niort. Oui, il en existe
(ou du moins il en a existé), à Nîmes.
Mais comment traiter un pareil sujet ?
11 n'y a pas que des hommes, à V Inter-
médiaire ; et d'ailleurs le lecteur français
.- 424
veut, aussi bien
que
la lectrice, être res-
pecté. Boileau pensait que tout pouvait se
dire en latin ; c'était une grave erreur :
quand les latins avaient quelque chose de
délicat à secommuniquer, ils parlaient grec.
Allons-nous parler en grec ^ Non. Un peu
de gaze suffira pour mettre notre dis-
cours dans une pudique pénombre.
Une question préalable : pourquoi sup-
poser que la pierre de Nantes a fait partie
d"un mauvais lieu .? L'objet qu'elle porte
gravé en creux est devenu, avec la civili-
sation chrétienne, une monstruosité qui
met en déroute la délicatesse de notre
langage et de nos regards ; mais l'Anti-
quité en parait ses monuments les plus
grandioses, en faisait des colliers, des amu-
letteSy des hochets pour les enfants, des
bijoux pour les dames les plus distinguées
comme, pour les femmes du peuple. Pour-
quoi chaque progrès de l'humanité est-il
salué d'une bordée d'injures à l'adresse de
ce qui cesse d'être ^
Dans les rues de Pompéi, d'énorm.es
phallus se dressent au devant de maisons
nobles.
Arrivons à Nîmes. 'Voici ce qu'on peut
lire dans l'histoire de cette ville par le
sieur H. Gautier, architecte, ingénieur, et
inspecteur des grands chemins, ponts et
chaussées du Royaume (1724) :
— (page 60). Des Priapes. — On voit en
trois endroits de l'amphithéâtre deNismes,
des Priapes.
Le premier est près du Palais, après avoir
passé le pilastre de la Louve, où l'on dé-
couvre le Priape en question, bsqueté par
des oiseaux. Ce Priape est aîlé ; il porte
deux autres Priapes, l'un à la queue, et
l'autre sur le devant. Le plus grand de ces
Priapes est bequeté par deux oiseaux à
longs becs, dont un porte une crête sur la
tète à peu près semblable à celle d'une
huppe. Le Priape qui sert de queue à ce
grand, et qui est beaucoup plus petit, sem-
ble être bequeté par un oiseau qui lui porte
une patte dessus. Le troisième Priape, qui
sert de Phallus au grand, a été décrit por-
tant une sonnette ; mais des personnes qui
ont voulu l'aire un trou à ce pilastre, ont
ruiné ou effacé cette figure, que l'on estime
qu'elle avait des pieds de cerfs.
Le second Priape est aussi ailé, vu de
profil, monté par une femme qui le gou-
verne par des rênes, et qui semble le vou-
loir conduire. Le Phallus de celui-ci, que
l'on veut qu'il porte aussi une sonnette,
m'a paru n'être appuyé sur la terre qu'avec
un soutien ou appui sur lequel il repose,
à la place de la sonnette, avec des pieds de
cerf, ou de cheval, tels que l'on voudra lui
donner; car il est très difficile de pouvoir
les distinguer, ressemblant plutôt à ceux
d'un cheval, qu'à ceux d'un cerf.
Le troisième Priape se trouve sur le lin-
teau d'un vomitoire du Portique du second
rang d'arcades de l'ampliithéâtre, vis-à-vis
du jeu de Paume. Ce Priape est double
seulement, l'un grand, et l'autre qui lui
sert de queue, est petit et sans pieds.
Et le sieur Gautier ajoute : « Il n'y a
point de doute que l'on ne les doive re-
regarder comme le Phallus du roi Osiris
déifié, suivant l'Histoire^ qui était adoré
en Egypte sous cette laide figure ».
Nîmes, dont l'emblème était un croco-
dile enchaîné aux branches d'un palmier,
cultivait tous les souvenirs de l'Egypte ;
et dès lors quoi d'étonnant que son am^
phithéâtre ait rappelé le phallus d'Osiris
dévoré par des poissons ou des oiseaux,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
425
426
20 Septembre 1904
retrouvé et sauvé par l'inconsolable Isis,
et représenté sous trois aspects différents
par les Egyptiens ? Plutarque, dans son
traité d'isis et d'Osiris, montre comment
les Grecs, à d mi-initiés aux mystères de
l'Egypte, comprenaient cette philosophie
que nous jugeons un peu trop nature.
Luc DE Vos.
Dédicaces excentriques et sia-
gulières (T. G., 266). — Autcar qui se
déJie son ouvrage : « Le secrétaire critique
du S. B. P. dit du Jonquier, doct., dédié
à moy-même. »> Amsterdam, Waesberg (à
la Sphère), 1680. A. S..E.
Roman à rechercher (L, 280). —
Votre correspondant trouvera tout ce
qu'il faut pour ses travau.x dans l'ouvrage
intitulé : Le Baron des Adrets, par Théo-
phile niénard, 3"* édit., Tours, Alf. Manie,
1873. La malheureuse héroïne de cette
histoire était Mlle Lucie de Pracontal et
non Procental. L'histoire se trouve à la
fin du volume, p. 299, sous le titre de :
Appendice : Les Mystèrt^ du château de
Moniséiyur. H. F. S. V.
o
•k
* *
Le roman en question, dont je n'ai pas
l'exemplaire sous la main, doit être le
Dernier des Rabasteins, par Alexandre
Mazas. Il a été publié en 1844, ^ ^'^ librai-
rie Périsse frères, à Paris, en i vol.
grand in-8'' de 408 pages. G. H. G.
* *
Je connais non pas un roman, mais une
simple »> Nouvelle »en laquelle une femme,
d'abord, un homme, ensuite, dégringo-
lent jusqu'au fond d'une obscure oubliette.
Ce récit, qui a pour titre Comment on se
marie et pour auteur M. le vicomte Oscar
de Poli de Saint-Troquet, fait partie du
volume Les hommes à bonne fortune, paru
en 1869, chez E. Lachaud. A. S., e.
*
* ♦
Ne s'agirait-il pas. si ma mémoire ne me
fait pas défaut, car il y a 35 ans environ
que j'ai lu ce livre, du roman ad tisum ju-
ventutis intitulé Le dernier des Rabastens ;
— Le prisonnier ou la prisonnière avait
attaché son mouchoir de poche à la patte
du chat. La Coussiére,
Dictionnaire de Richiilet (T. G.,
772). — Les bibliophiles nous sauront
gré de les mettre en garde contre une
rigoureuse-
notice qu'ils voient passer périodique-
ment dans les catalogues de presque
tous les libraires ; et disant presque
tous, je n'en excepte pas les plus savants.
Chaque fois qu'un libraire annonce la
première édition du Richelet,il a soin d'a-
jouter : i» que cette édition est rare ; 2°
qu'elle est recherchée pour une quantité
de traits satiriques que ne contiennent
pas les éditions suivantes ; 3° que son
entrée en France a été
ment prohibée sous Louis XIV.
Or. tout ceci est controuvé.
i" Rien n'est plus commun que cette
édition originale de Genève 1680. Elle
est en vente chez vingt libraires.
2" Les fameux « traits satiriques »
qu'elle contient sont reproduits dans tou-
tes les éditions suivantes pendant un quart
de siècle et n'ont été expurgés que dans
les dernières réimpressions. 11 est même
établi que l'édition de 1680 est la moins
satirique de toutes les premières, et dès
1855, le Bulletin du bibliophile signalait
celle de 17 10 comme plus complète à cet
égard.
3'^ S'il est vrai que le livre ait été
prohibé au moment de son apparition, il
est évident que la mesure a été immédia-
ment rap{)ortée puisque la même année
un libraire de Lyon, Benoist Bailly, entre-
prenait la réimpression du Dictionnaire^
avec Permission donnée pour le Roi, les
22 et 26 novembre 1680, et loin de re-
trancher aucune des célèbres tacéties qui
parsemaient le premier tirage, il en ajou-
tait plusieurs qui jusque-là s'étaient dis-
simulées dans les « Remarques » séparées
du texte.
Cette « seconde édition revue, corrigée
et augmentée» (Lyon, 1681) ne parait
avoir été connue ni par Brunet, ni par
Gay.ni par les auteurs des autres manuels
que j'ai pu consulter. S.
Catalogues pour vente de vieux
livres (XLIX, 842, 991 ; L, 91, 201,
310). — Le catalogue du libraire Crapart
cité par M. Hector Hogier, à la date de
1787, me paraît être un catalogue offici-
nal de livres de fonds en feuilles, offerts
au rabais pendant un temps déterminé.
Le même libraire en avait publié un autre
dix ans auparavant qui est ainsi inti-
tulé :
Ouvrages propesés à un rabais considé-
N» 1052.
L'INTERMEDIAIRE
427
428
rable. Crapart, libraire, Paris Saint-Michel,
à l'entrée de la rue d'Enfer, vis-à-vis le
corps de garde à Paris, a acquis un certain
nombre des livres suivants qu'il propose à
un prix de rabais considérable jusqu'au
mois d'avril prochain 1777, le tout en feuil-
les, passé lequel temps il n'en sera plus
donné qu'au prix ordinaire.
Quant aux catalogues de livres anciens
rares, il était d'usage autrefois à Paris
d'annoncer que la vente à l'amiable se
ferait pendant un certain nombre de jours
de telle heure à telle heure, durant les-
quelles les livres seraient exposés dans le
magasin d'un libraire, avec les prix mar-
qués sur chaque ouvrage. Voici les titresde
quelques-uns de ces catalogues que j'ai
en ce moment sous les yeux :
Catalogue de livres choisis et curieux
provenant du cabinet de M. B***, dont la
vente se fera à l'amiable le mercredi 3 fé-
vrier 1779 et jours suivans jusqu'au 20,
depuis neuf heures du matin jusqu'à neuf
du soir, chez Bailly, libraire, quai des Au-
gustins entre le Pont Saint-Michel et la rue
Gît-le-Cœur. Les prix seront marqués sur
chaque livre.
Catalogue des livres choisis et curieux de
la plus belle condition reliés en maroquin
et veau doré sur tranche, provenant d'une
bibliothèque que vient d'acquérir Froullé,
libraire, Pont Notre-Dame, en face du
quay de Gèvres et qui seront vendus à
l'am'iable le lundi 8 février 1779. Les prix
seront portés au commencement de chaque
volume.
Vente à l'amiable d'une bibliothèque con-
sidérable contenant beaucoup d'articles
intéressants chez J. G. Mérigot jeune, li-
braire, quai des Augustins au coin de la
rue Pavée, Cette vente sera ouverte le
lundi 8 mars 1779 jusqu'au 20 du même
mois. — Les prix à l'amiable seront mar-
qués sur chaque article.
Vente à l'amiable d'un cabinet de livres
bien choisis. Cette vente commencera le
lundi 21 février 1780, se continuera jus-
qu'au mardi 29 du même mois inclusive-
ment depuis huit heures du matin jusqu'au
soir chez Cressonnier libraire, Q_uai des
Augustins, entre le Pont Saint-Michel et
la rue Gilles-Cœur, maison de la Marchande
de Modes au premier, — Les prix seront
marqués sur chaque livre.
Cette manière de vendre ainsi les vieux
livres paraît avoir cessé à l'époque de la
Révolution, lors de la suppression de la
Chambre syndicale de l'Imprimerie et de
la Librairie, Sous la Restauration, on vit
paraître en France quelques catalogues
contenant des livres anciens à prix mar-
qués. Brunet, dans son Manuel du Libraire,
cite des catalogues de la librairie De Bure.
Nousavonsvu des catalogues de la librairie
de Roye7..J.Téchener,le père, qui avait fait
son apprentissage chez ce dernier, publia
sous forme de catalogue à prix marqués le
Bulletin du Bibliophile qui acquit depuis
une si grande notoriété. Le premier nu-
méro portait le titre suivant : « 1834, Té-
chener, libraire. Extrait du catalogue de
sa librairie, contenant les livres réimpri-
més à petit nombre, facéties, poésies an-
ciennes, livres du Moyen Age publiés
pour la première fois sur des manuscrits,
ouvrages sur l'Histoire de France, ouvra-
ges imprimés en province, etc.». Le
deuxième numéro est intitulé : « Bulletin
du Bibliophile et de l'amateur ou notice
de livres vieux et nouveaux tant impri-
més que m muscrits, lettres autogra-
phes, etc., qui sont en vente à la librai-
rie de Téchener, place de la Colonnade du
Louvre ». Depuis, les catalogues tant de
livres que d'autographes à prix marqués,
se sont succédé et ont été en augmen-
tant, au point qu'à partir de 1857 la Bi-
bliographie de la France cessa de les enre-
gistrer. Charavay et Lécureux s'étaient
entendus pour publier périodiquement et
en commun une feuille où étaient annon-
cés par moitié des autographes et des
livres. On vit ensuite paraître successi-
vement à Paris des catalogues périodiques
à prix marqués, chez Aubry, Claudin,
Meugnot et autres, à Nantes chez Petit-
pas; à Lille chez Malo,LeleuetVanackère;
à Lyon, chez Richarme,Brun etBouilleux,
à Marseille, chez Boy, etc., etc.
Ce mouvement s'est accentué surtout
depuis que la liberté de l'imprimerie et de
la librairie a été proclamée avec le gou-
vernement de la République et bat au-
jourd'hui son plein à Paris et en province.
Aujourd'hui, dès qu'on a réuni quel-
ques livres anciens ou modernes d'occa-
sion, on cherche à les écouler par la voie
de la publicité d'un catalogue, soit auto-
graphié, soit imprimé. Des particuliers
qui ne sont pas libraires s'en mêlent et
cotent, la plupart du temps, à des prix
ridicules, les livres qu'ils veulent vendre.
Nous ne parlons pas des catalogues pu-
bliés à l'étranger. C'est en Angleterre,
croyons-nous, que l'on trouvera les plus
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Septembre 1904.
429
430
anciens exemples de catalogues de vieux
livres vendus à prix marqués.
Un vieux libraire.
Zepulmeda (L,273). — L'auteur cité
par Varillas et dont notre confrère H. M.
n'a pu retrouver trace dans les biogra-
phies générales, ne s'appelle ni Zepulmeda
ni Zupelmada. C'est l'éloquent philo-
sophe, historien et polémiste espagnol
Juan Gines de Sepulveda (1490-1573).
Voici quelques détails sur le «traité»
qui intéresse notre distingué collabora-
teur
Sepulveda, qui n'en était pas à son pre-
mier livre, avait publié, en 1535, son
Démocrates primiis. seu de convenientia
militaris disciplinée : une violente apo-
logie de la guerre et une tentative de
conciliation entre cette apologie et les
doctrines du christianisme.
Quelques années plus tard, tout en me-
nant une campagne acharnée contre
Luther et Calvin, Sepulveda écrivit (mais
ne publia point) un autre livre qui, bien
qu'inédit, eut un retentissement considé-
rable dans toute l'Europe et qui se répan-
dit à l'état de copies manuscrites : Démo-
crates secundus, seu de justis bellt causis.
Dans cet ouvrage (c'est celui auquel Varil-
las fait allusion), Sepulveda étendait la
légitimité de la guerre à presque tous les
casus helli même les plus discutés au point
de vue religieux. Casiis belli, le simple
désir de conquête, casus helli, les groupe-
ments d'hérétiques sur le territoire du
royaume. On comprend comment cette
philosophie a pu exercer une certaine
influence sur les instigateurs de la Saint-
Barthélémy, influence d'autant plus di-
recte que la campagne de Sepulveda con-
tre la Réforme était présente à tous les es-
prits.
Cependant, les théories du De justis
helli causis soulevèrent une opposition
indignée, même et surtout chez les catho-
liques espagnols. 11 y avait alors, à l'évê-
ché de Chiapa, un prélat qui était le
Tolstoï de son époque et dont le nom est
encore plus connu que celui de Sepulveda :
Bartolomé de Las Casas. Entre lui et l'au-
teur du Démocrates, \di bataille était inévi-
table, et si jamais guerre eut une « juste
cause », ce fut bien celle-là.
Las Casas défia son ennemi au colloque
de Valladolid (1550), le fit condamner et
publia aussitôt après, en espagnol, le
compte rendu de la discussion (Séville,
1552. Paris, 1667). Antérieurement, Se-
pulveda s'était défendu devant le public
par son Apologia pro Ubro De Justis helli
causis (R.on\z, 1560). L'affaire n'eut pas
d'autres suites. On prétend que Sepulveda
en mourut de chagrin. La vérité est qu'il
rendit son âme à Dieu vingt-trois ans plus
tard, octogénaire. Candide.
Ouvrages sérieux mis en vers
(T. G., 665 ; XXXV à XL ; XLI à L, 100,
142, 212, 321). — Il y a une cote et une
trouvaille dans l'envoi suivant, lettre et
acrostiche se complètent,
aller ius sic
Altéra poscit opem res et conjura amice.
(Hor. Ad Pis. 410)
Je m'assure que par son aimable naïveté
(le poète accuse 76 ans), par son origine
{Archives nationales AF'", 276) et par sa
destination (à Bonaparte, retour d'Egypte)
cette pièce sera favorablement accueillie
des lecteurs de Vlnîermédiaii'e.
Mézières, 7 brumaire, an 8 républicain.
Citoyens Directeurs,
Je prend la liberlé de vous envoyer un
double du compliment que Je fais au général
bonaparte.
Comme je ne sçais pas son adresse, je joins
le pareil ouvrage à sa copie que je vous fais
passer dans l'espoir que vous voudrez bien le
lui remettre.
Salut respect et obéissance
Mahaut notaire
à Mézières.
Aux citoyens Directeurs,
Hôtel du Directoire,
Paris.
Brave et vaillant guerrier.héros insurmontable.
Un Césard contre toi sérail indéfensable ;
On te prend ici-bas pour un second Dieu Mars.
Neptune de coccerl conduit tes étendarts.
Au Nil, en arable et partout la victoire
Parle dans tous les cœurs pour former ton histoire.
Au faîte de la gloire où Ion bras t'a monté
Rien ne peut altérer ta belle humilité ;
Ton non cher et sacré, sans que tu veuille y croire.
Est gravé près des Dieux, au temple de Mémoire
Mon nom n'est pas en bas, tu peux donc l'ignorer!
A la fin cependant si tu veux le trouver,
Hàte-toi d'enlever, du haut à la finale,
A chacun de ces vers la lettre capitale
Unis-les à mesure^ et, sans ajouter rien
Tu trouveras ton nom qui précède le mien.
Comme je sçais que les honneurs et les
louanges répugnent au général buonaparte,
telles justes qu'elles soient, j'ai eu soin pour
N' 1052.
L'INTERMÉDIAIRE
4?i
432
réparer mon tort envers lui, de peindre sa mo-
destie dans les quatre derniers vers de cet
ouvrage.
Si j'avais le bonheur qu'il vous plût je
serais bien, flatté d'avoir un petit mot de
réponse de vous, qui me le témoignerait pour
accréditer un petit ouvrage de ma composi-
tion intitulé : Levain de la révolution fran-
çais', poème en ^o chants, contenant tous
les p.paux faits qui se sont passés à Paris
pendant les ^o premières journées de cette
révolution, il sera précédé d'une 5i7/^riî contre
mon esprit et suivi de pièces fugitives. ]& suis
âgéde76et ai commencé la versification en 1789.
C'est donc un numéro à ajouter à la
série de \' Histoire de France., ensemble un
manuscrit à sauver de l'oubli ; avis aux
confrères des Ardeniies et merci d'avance.
A défaut, et pour faire suite, je citerai :
Un Poème géologique : Le Terrain Ur-
gonien, par C. C. Ventre, Marseille 1897,
in-i2 ;
Le Nouveau cours de Philosophie en vers
français. Paris, 1655, in-12 :
Enfin, Pitellarum Avenionensiiun adver-
siis Parrhisinas de forma prœsiantià Can-
cer tatio ex L.-Claudii Ensts vigilationibus.
Tholoza, 1522, in-40.
P. -S. L'Histoire de France en vers, par
une Religieuse., histoire signalée par un
correspondant de V Intermédiaire (Cf.
XXXV, 25) ne formerait elle pas un seul
et même ouvrage avec la Chronologie des
rois de Fiance, à l'usage de Na{areth.
Montmirail, 1844, in- 16 .? — Au tambour
de Montmirail. Jacques Saintix.
Pharniiciens ayant été des sa-
vant3(XXXIX ; XL à XLV; XLVII ; XLVllI ;
L, 332). — Est-ce que l'histoire de Sainte-
Croix mourant de l'etîet des poisons qu'il
manipulait, n'est pas une légende sans la
moindre preuve ? H. C. M.
♦
* *
Je suis tout confus de ce que M. Paul
Pinson vient d'écrire de si flatteur pour
moi. Je le suis d'autant plus qu'avant
d'arriver à sa signature, j'allais prendre
ma plume pour défendre les pharmaciens :
quorum pars parva fui.
Si les pharmaciens ont été des savants ^
Pour en bien discuter, il faudrait d'abord
s'entendre sur la valeur des mots. Tout est
relatif en ce monde. Si je n'étais retenu
par la crainte de blesser mes érudits con-
frères intermédiairistes qui mettent un D'
devant leur nom, je dirais que les Riolan,
les Guy Patin et tous les médecins de
Louis XIV étaient les gens les plus ins-
truits du monde, de véritables humanis-
tes comme on disait alors ; mais au point
de vue scientifique, c'était une autre
affaire. La vieille faculté parisienne, fille
trop soumise de la religieuse Université,
pendant plus de cent ans a ligoté dans ses
langes, la véritable science médicale.
Sans la rivalité passionnée, violente,
mais bienfaisante de Montpellier, elle se
serait usée à nier la circulation, à persé-
cuter Théophraste Renaudot, à lutter
contre la thérapeutique chimique, à voci-
férer contre le mercure et l'antimoine,
Raymond Lutte et Paracelse, et à décré-
ter gravement que le pain mollet était un
poison.
Dès le grand siècle, Martin, l'apothi-
caire du grand Condé, était le protecteur
de Lémery.Celui-ci travaillait à Chantill}-,
dans un laboratoire princier, et y faisait
des conférences devant le prince et ses
hôtes. Pendant que Molière écrivait et
jouait le Malade imaginaire, déversant
peut-être sa rancœur sur les médecins et
les apothicaires qui allaient le laisser mou-
rir en pleine gloire et dans la force de
l'âge, Lémery attirait une foule considéra-
ble dans sa maison de la rue Galande. Et
ce n'était pas seulement la foule des étu-
diants qui prenait d'assaut cette petite
maison au sous-sol obscur. Non, il y avait
là, des équipages dorés qui amenaient les
princes et les grands seigneurs, et des
chaises à porteurs d'où descendaient des
grandes dames avides, elles aussi, d'écou-
ter le novateur. Le pauvre Lémery, déjà
persécuté comme protestant, se fit rece-
voir docteur pour déjouer les tracasseries
des médecins !
Le D"' Sangrado de Le Sage, était bien
français, quoi qu'on dise, et c'est l'apothi-
caire Bourdelin qui, avant Dodart, com-
mença la réaction contre la saignée à ou-
trance.
Que de découvertes on doit aux vieux
apothicaires ! Bottger, l'inventeur de la
porcelaine dure de Messine, la porce-
laine de Saxe, avait quitté la boutique
d'un apothicaire de Berlin, pour se li-
vrer à ses recherches sur la céramique
translucide. C'est à un apothicaire de Li •
moges qu'on doit la découverte des gise-
ments de kaolin de Saint-Yrieix ; ils ont
permis à Sèvres de faire de la porcelaine
dure.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Septembre 1904.
4?3
434
Chr. Glazer et non Gazer n'était pas à
citer, puisqu'il fut le complice de Sainte-
Croix, mais Houel, Cluzel, les Geoffroy,
Rouelle, Baume, Guyton Morvaud, étaient
des savants pour leur temps. C'est poussés
par un goût particulier, par leur fréquenta-
tion et une émulation heureuse, qu'on vit
alors des gens du monde, un duc de La Ro-
chefoucauld,un chevalier Dolomieu,et tant
d'autres, étudier les sciences naturelles et
chimiques, et le fermier général Lavoisier
découvrir l'hydrogène, et de là avec Ber-
tholet créer toute la chimie moderne.
J'ai dit tout cela, le premier peut-être,
il y a vingt-cinq ans, dans un petit livre :
L'Etat de la Pharmacie en France, et, de-
puis, de plus jeunes ont poursuivi ces re-
cherches. Elles intéressent peu les érudits.
Je leur rappelle cependant, que J.-B.
Dumas, Claude Bernard, et le maître des
maîtres, M. M. Berthelot, ont commencé
leur vie de travail et de gloire dans des
pharmacies. Si on veut en savoir davan-
tage sur les pharmaciens qui ont été des
savants, il n'y a qu'à prendre la liste des
membres de l'Académie des Sciences ; on
sera longuement édifié. E. Grave.
Baud dans le Morbihan (XLIX, 165,
374 ; L, iço, 315). — Y a-t-il un rapport
entre Baud dans le Morbihan, Herband
dans le Blaisois et la syllabe initiale de
Baudouin, finale de Gondebatid^ je ne sau
rais le dire, mais ce dont je suis sûr, c'est
que l'adj. è^i/i apparaît, dès le xii^ siècle,
dans la poésie française. Il signifie l'î/,
allèore. sautillant:
Parler m'orrez d'un buen brachet :
Qens ne rois n'out tel berserez.
Il est isneaus et toz tens prez,
Quar il ert bau^, legiers, non lenz.
Et si avait a non Hiisdenz.
(Tristan, 1441-44).
Husdenz li bau:{ en crie en haut
(Ibid. 1610).
d'où Baudor, entrain, allégresse
Baudet, l'animal folâtre (w/r Brachet)
S'esbaudir, se réjouir, folâtrer
Esbaudie,appani\on rapide, incartade.
Baudisson^ nom d'une source vive dans
le pays Blaisois.
Baudement : « Après disner tous allèrent
(pesle-mesle) à la saussaie, et là sus l'herbe
dure dancerent au son des joyeux flageol-
lets et douces cornemuses : tant baude-
ment que c'estoit passe temps céleste les
voir ainsi soy rigoUer. » (Rabelais, Gar-
gantua, liv. I, ch. IV).
Lpt. du Sillon.
L'origine des mots : « chic » et
micmac» (T. G. 204; L, 312). —
F Génin qui, il y a un demi-siècle, avait
une certaine réputation de philologue —
je ne sais ce qu'il en subsiste aujourd'hui
— a traité la question du mot chic ; je
pense jque c'est dans son volume les
« Récréations philologiques », je ne suis
pas absolument certain du titre, mais
l'indication suffit. Autant qu'il m'en sou-
vienne, Genin fait de « chic » le radical
de chicane ; le « chic » serait alors l'art
de se conduire au mieux dans toutes les
circonstances de la vie. Et l'auteur cite
même un texte d'ancien langage français
où se rencontre le mot «chic » lui-même.
Ce serait donc un mot français qui aurait
son parallèle en allemand.
H. C. M.
♦ *
Puisque le terme mie mac n'est pas un
mot français (on ne le trouve pas dans Lit-
tré), et qu'au contraire le mot Mischmasch
est bien et dûment admis dans le vocabulaire
allemand, il est clair que c'est cedernier qui
est le prototype du premier, et que M. Paul
Bastier est dans le vrai en émettant
cette opinion. Que le sens de la locution
mic-mac se soit altéré jusqu'à un certain
point, et ne réponde pas exactement à
méli-mélo, cela ne change rien à l'étymo-
logie qui est évidente.
Mischmasch, dérivé du verbe mischen,
mêler, mélanger, a, en allemand, le sens
de galimathias. Léon Sylvestre.
S'empierger (L, 282), — Je crois que
s'empierger se dit pour s'empiéger, se
prendre à un piège. Cette épenthèse du r,
injustifiée, explicable à peine par le voi-
sinage de quelque mot d'assouffrance
approximative, se rencontre en plusieurs
dialectes.
Pour le Blaisois, je puis citer : recurler
= reculer, escarmorter ■= escamoter ver-
drier = verdier, etc., etc. (V. Glossaire
du pays blaisois). Il est probable qu'on la
trouve aussi dans d'autres mots du parler
champenois. Adrien Thibault,
N» 1052.
L'INTERMEDIAIRE
435
• *
436
Ce terme champenois existe aussi dans
le dialecte picard, l'abbé Corblet lui donne
le sens de empêtrer, entraver, empoisser.
Dans plusieurs patois, on rencontre les
termes empeiger, empiger^ empegi, em-
pega, avec le sens de entraver, empêcher,
ensorceler, enduire de poix. Celui qui est
ensorcelé est empoissé par un sortilège.
On trouve aussi empicasser avec le même
sens.
Empierger du champenois et du picard
est évidemment le même mot, sans qu'on
puisse bien clairement expliquer l'addition
de f .
Tous ces mots usités dans l'ancien fran-
çais avec le sens de poisser, goudronner,
sont restés dans les dialectes locaux, et
viennent du latin impicare, poisser.
Une phrase de Rabelais dans Pantagruel
fait comprendre parfaitement le sens
d'empeiger :
Vous me semblez à une souris empeigée,
tant plus elle s'efforce à se dêpestrer de la
poix, tant plus elle s'en embrenne.
Martellière.
Herbière (L,226, 376J. — Ce mot est
plutôt de l'argot parisien. (V. Raphaël
de Noter : Dict. d'argot, Paris-Méricant
[rue du Pont de Lodi].) 11 est inconnu
dans les campagnes... aussi bien, du
reste, que la chose.
Les dictionnaires spéciaux ne donnent
rien d'approchant (laubert. Montesson,
Martellière, Pluquet, Coulabin, Eveillé,
Maze, Eudel, etc.).
Cependant, il existe au pays de Saint-
Malo un terme paraissant avoir avec ce
mot quelque air de famille : Herhaiide,
fille ou femme débauchée. Ce vocable est
employé par Noël DufaW {Propos rustiques,
IX, in fine).
D'autre part, Hippeau donne : harre-
banne, femme débauchée (Ducange here-
bannum). Charlec.
*
C'est un mot d'argot assez peu en usage,
que l'on n'emploie pas plus dans une con-
trée que dans une autre, et qui sert à dé-
signer, non les prostituées des champs,
mais les filles de bas étage exerçant leur
profession sur l'herbe des fortifications
des villes de garnison ou dans les prés
avoisinant les centres peu fructueux.^
La prostitution proprement dite n'existe
pas, en effet, dans les campagnes, pour
l'excellente raison qu'elle serait d'un rap-
port peu fructueux.
Les herbihres appartiennent à la même
catégorie que les terrières et les pierreuses.
Ce sont, en général, d'ignobles créatures
fanées par l'âge, la débauche et l'alcoo-
lisme, qui ne se montrent guère pendant
le jour, qui sont le plus souvent sans do-
micile et qui, pour un salaire de quelques
sous, se livrent aux ivrognes, aux soldats,
etc, qu'elles peuvent emmener dans les
terrains vagues (d'où le nom de terrières),
dans les fossés des fortifications, sur les
berges des fleuves ou des rivières, sur les
bancs des promenades publiques, etc.
Est-il besoin d'ajouter que ces immondes
mégères, envahies par la vermine, d'une
saleté repoussante, sont presque toutes
atteintes de la gale et de la syphilis et
qu'elles constituent un foyer d'infection
permanent }
11 est évident que l'autorité a le devoir
de surveiller ces malheureuses qui sont
un danger pour la morale et pour la santé
publiques, et il est non moins évident
qu'en les mettant hors d'état de nuire, on
rend un réel service aux classes popu-
laires. El cependant, l'argument favori
des abolitionnistes en matière de régle-
mentation de la prostitution consiste pré-
cisément à reprocher à l'autorité d'être
plus sévère à l'égard des filles pauvres
qu'à l'égard des riches.
Ne voit-on pas qu'en prenant la défense
du « prolétariat de l'amour », on va à
rencontre des intérêts du vrai prolétaire
qui, plus facilement que tout autre, con-
tracte dans des « accouplements hideux ».
des maladies dont les conséquences rejail-
lissent sur sa descendance et, par suite,
sur la classe populaire tout entière .?
Eugène Grécourt,
Les femmes célèbres qui ont posé
nues (L, 117, 318). — Quelques petits
problèmes se rattachant à cette rubrique :
1° M. Henri Bouchot écrit dans son
Catalogue de l'Exposition des primitifs que
Marguerite de Savoie, sœur de Henri II,
fut représentée entièrement nue lorsqu'elle
était duchesse de Berri, c'est-à-dire encore
jeune fille. — Qui nousa rapporté cetteanec-
dote .?
2° Dans un manuscrit de 1731, je trouve
mention d'un Portrait de Mlle C..., peint
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Septembre içoij
437
438
par Rigaiid, où elle est représentée toute nue
en Nayade^de grandeur naturelle. — Qjji est
M"" C... ? N'est-ce pas la Camargo ? Où
se trouve le portrait, actuellement ?
y Notre collaborateur F. BL. s'élève
ici même contre la « légende » de la du-
chesse d'Albe posant nue devant Goya
pour la Maja Desniida. Je n'ai pas étudié
personnellement la biographie de Goya;
mais le dernier historien du grand pein-
tre (W. RoTHSNSTEiN, Gova. London,
1900, pet. in-4°, p. 16, 17), raconte tout
au long l'intimité amoureuse de la du-
chesse d'Albe avec son portraitiste et
l'exil de la duchesse à la suite du scandale
causé par ces relations. Il affirme enfin
que laMaja Desnuda est bien,pourlecorps.
le portrait de la duchesse d'Albe. M. F.
BL a sans doute de bonnes raisons
d'affirmer le contraire, mais novis serions
heureux de les connaître. ^^^
Cheveux de femiaes célèbres
(XLlX,843,94i ;L,4, 153,318).— Puisque
la question tient toujours et parait inté-
resser, je signale à la Pinacothèque de
VAmhrosienne, à Milan, une mèche de
cheveux de Lucrèce Borgia. Elle se trouve
dans la petite salle du rez-de-chaussée, à
côté des lettres autographes au cardinal
Bembo. Italienne par sa mère, espagnole
par son père, on espérait voir des che-
veux d'un beau noir. Ils sont d'un blond
gris déconcertant, si on ne pensait qu'ils
ont dû être décolorés à la chaux, selon la
méthode des dames Vénitiennes. Ce qui est
peut-être plus intéressant que les cheveux
de Lucrèce, c'est, à Tétage au dessus, une
série de portraits ou études de divers ar-
tistes du xvi** siècle, où l'on reconnaît,
à ne pas s'y tromper, le type de la Joconde
de Léonard de Vinci. Je ne sais si les cri-
tiques y ont fait attention, ou s'en sont
souvenus. E. Grave.
Inhumations hors des cimetières
(XLVIII ; XLIX ; L, 191. 316). —Famille
Chaumel, à Clairac, (Lot-et-Garonnej. Fa-
mille Coustère, à Salies-de-Béarn. Tom-
beau-caveau, à Collioure (Pyrénées-Orien-
tales). Chateaubriand, inhumé dans un
îlot désert de la rade de Saint-Malo.
Lachaise.
*
* »
Aux environs de Niort, vers La Crèche^
pays protestant, presque chaque champ
renferme un cimetière minuscule avec un
ou deux cyprès, bien fermé d'une haie. Ce
sont des sépultures de protestants, j'igno-
re si la tolérance qui a permis cette sé-
pulture particulière existe encore ; mais
elle a existé et les monuments en subsis-
tent en grand nombre. Du chemin de fer
on peut, en passant, les constater très
facilement. Emile Faguet.
Du mot politique Opporîuni^^me,
Origine de ce mot (T, G., 658). —
Est-il encore temps .? Je retrouve un au-
tographe qui a passé, je crois, inaperçu
au milieu des sinistres et des fêtes de
Tannée 1879 (Szégedin, 12 mars : Mur-
ciE, 15 octobre) et qui appartient au
dossier du mot incriminé. Cette transcrip-
tion docile peut-être, politique assuré-
ment, suffit- elle pour établir un état-civil
à un mot « qui déplaisait » dit-on ? Il est
du moins permis d'y voir un demi aveu
de paternité. C'était au lendemain de la
victoire ; à cette époque lointaine, il n'était
question que de « difficiiltés à sérier ».
André Gilî caricaturait sainte Opportune^
vierge et martyre^ et volontiers ses types
posaient rue des Lavandières de même nom !
Il y avait donc de la foi plutôt que de la
coquetterie dans la reconnaissance de ce
néologisme bruyant...
Sur l'album Paris Murcie, Gambetta
signe l'extrait suivant :
Car ainsi, cummedehiles sont les armes au
dehors., si le conseilnest en la maison ; ainsi
vaine est V étude et le conseil inutile., qui en
temps OPPORTuyi par vertus., n'est exécuté et à
son effet, m-/M//(GARGANTUA,l., ch. XXIX).
Pour extrait conforme
Léon Gambetta.
«Cette période est de Rabelais, jamais
je n'ai rien vu de si beau » comme dit,
d'une autre période, madame de Sévigné
(8 avril 167 1). Voilà pour le mot, car
pour ce qui est de la chose, elle est vieille
comme la Sagesse des nations, vieille
comme les proverbes « fruit de l'expé-
rience des peuples » (de Maistre). Je prende
au hasard, quelques noms autorisés de
cette école :
Fabius Cunctator : Temporiser.
Mazarin : Le temps et moi.
Victor-Emmanuel : Le temps est galant
homme.
Et, par delà les siècles, on retrou-
verait, en s'y employant, la pratique et
N* io=;2.
L'INTERMÉDIAIRE
439
440
même la formule : Et exinde quœrebat op-
portiinitatcm ut traderet eum (S. Math.
XXVI). Jacqiies Saintix.
L'œil de verre de M. Waldeck-
Rousseiiu (L, 272. 324). — De la Nou-
velle Revue, i"" septembre 1904, p. 76:
Il (Waldeck-Rousseau) se fait inscrire à
Saint-Nazaire. Le lieu est triste. L'horizon est
e'troit. Madame Waldeck-Kousseau veut elle-
même y installer ce fils obligé de s'éloigner
du foyer. Elle le chérissait d'autant plus qu'il
avait été blessé à l'œil gauche dans une partie
de chasse et que cet œil en était resté atro-
phié.
Et plus loin :
... En 1S67, il avait été exempté du service
militaire pour paralysie de l'œil gauche...
{yValdeck-Rousseaii intime. Article si-
gné M.).
Le manuscrit de Don Juan (L,
329). — 11 est facile de suivre les pérégri-
nations du manuscrit de Don Juan, grâce
à une lettre que je possède, de Mme Pau-
line Viardot, qui a bien voulu me confir-
mer verbalement, il y a quelques jours,
tous les renseignements contenus dans
sa lettre :
7 sept. 1887.
J'aurais été charmée de vous montrer le
manuscrit de Don Juan, mon plus grand
trésor ; quant à des renseignements,je n'au-
rai rien de nouveau à dire. On sait que j'ai
acheté ce manuscrit à Ernst Panez, à Lon-
dres, qui était chargé, par M""" Streicher, sa
cousine, de le vendre. André, d'Offenbach,
était l'éditeur de Mozart, et, à sa mort le Don
Juan échut en partage à sa fille M"" Streicher.
Le manuscrit fut otïert à toutes les bibliothè-
ques, à Vienne, à Berlin. à Londres, etc.. A
Londres, le British Muséum voulait obtenir
une réduction de 25 guinées.Dès que j'appris
que !e précieux autographe était à vendre,
je m'empressai de m'en rendre acquéreur.
Dès que ce fut connu, il y eut un toile dans
la presse de tous les pays où on avait refusé
de l'acheter. Depuis, on m'a souvent fait
de belles offres, mais inutilement, comme
bien vous pensez, A ma mort, ce manus-
crit ira à la bibliothèque du Conservatoire.
Il ne sortira jamais de France.
Agréez etc.
Pauline Viardot.
Madame Viardot, qui a 83 ans depuis
le 18 juillet dernier, n'a pas attendu une
époque trop éloignée et a trouvé plus gé-
néreux et plus spirituel de donner to.:t de
suite le manuscrit au Conservatoire, et
c'est vers 1890 ou 1892 que M. Ambroise
Thomas a été en prendre possession.
Malgré le grand âge de Madame Viar-
dot, nous aurions été exposé à attendre
longtemps, à en juger par son frère Ma-
nuel Garcia qui, fixé à Londres depuis
1850, en dépit de ses 99 ans, improvise en-
core de temps en tempsdesdéplacements,
tant au Caire qu'à Pétersbourg ou Nev^-
York. J. G. Bord.
Le manuscritacheté en 1844 a été payé
6000 fr.
Quatre filles et un tsarévitch. —
En feuilletant un vieux livre pris dans ma
bibliotiièque de voyages, je tombe sur ce
passage qui rappelle un curieux précédent
à l'histoire de notre époque.
Si [en Russie] on croit sa femme stérile,
on doit faire ce qu'on peut pour lui per-
suader de se retirer dans un couvent, et si
elle n'y consent pas, on a la liberté de l'y
faire entrer à coups de bâton.
On dit que l'Impératrice se seroit fait
Religieuse, sans la naissance du czaroïdg
[tsarévitch] ou prince, dont elle accoucha
le 2 de juin 1661, après avoir eu quatre filles
de suite.
Nouveau voyage vers le septentrion^
i6ji (édit. de 1708, p. 140).
L'Impératrice dont il est ici question
était une pauvre fille qui, avant de monter
sur le trône, avait été servante de cabaret
chez son père, Eliah Danilovitch Milos-
lavski. Elle était femme du tsar Alexis
Mikhaïlovitch (le second des Romanoff)
dont le fils Pierre le Grand, lui aussi,
épousa plus tard une servante, aïeule de
l'empereur actuel.
11 s'en fallut de peu en effet, comme
le dit notre voyageur, qu'elle ne fut
chassée et cloîtrée, quand le tsar Alexis,
dans la seizième année de son règne, faillit
désespérer d'obtenir avec elle un héritier
mâle. Mais à la cour de Russie, la cin-
quième grossesse est la bonne. L'heureuse
naissance du tsarévitch Fédor, qui devait
succéder à son père, sauva la tsarine et
la jeune dynastie. S.
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TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
441
442
Boccace et la peste de 1348. —
J'ai lu, je ne sais plus où, que Boccace
n'était pas à Florence, mais à Naples pen-
dant la peste de 1348, qu'il a cependant
décrite dans le Décaméron, comme un té-
moin oculaire. Le savant confrère floren-
tin P. U. pourrait évidemment nous four-
nir des renseignements sur la question.
A. B. C.
La robe de Pâques. — J'ai sous
les yeux une note autographe signée de
Michel de Marillac, garde des sceaux en
1626, indiquant qu'il lui est dû 400 livres
pour un quartier de ses gages comme
maître des requêtes et Cent livres pour la
rôle de Pâques !
Quelle était cette robe de Pâques ?
Arm. D.
Petrus Faber. — Il existe dans la
commune de Saint-Jean de Sixt (Haute-
Savoie), sur le bord de la route qui con-
duit de cette commune au Grand Bornand,
et tout près des limites de cette dernière
localité, au milieu du hameau dit le Villa-
ret, une petite chapelle consacrée à la mé-
moire de Petrus Faber. Cette chapelle est
carrée, avec une toiture à quatre pans
triangulaires, du sommet commun des-
quels s'élève, non sans élégance, un petit
clocher octogonal. La façade, tournée vers
la route, et à laquelle on accède par une
dizaine de marches, n'a d'autre ouverture
que la porte, percée d'une sorte de judas
grillé, et un œil-de-bœuf au dessus. De
part et d'autre de la porte sont deux petits
bénitiers extérieurs. La chapelle est habi-
tuellement fermée à clef, et on n'y dit la
messe que de loin en loin. Mais en regar-
dant par le judas de la porte, on aperçoit,
contre le mur à droite, un portrait qui
doit être celui ,de Petrus Faber. Sur la
façade, à droite est une inscription gravée
dans la pierre, et que nous avons relevée ;
en voici le texte :
D. 0. M.
Usée oîim fuit fabri domus humilis ; nunc est do~
mus dei.
!Ve mireris, viator, Jam, Ne mireris erat domus dei
anno 1506,cum in ea nalus est Petrus.
Faber, gui fuit et pritnus socius BB Ign. Loyola ac
Fr. Xavier et primust
Oinnium Iheologus pr. presbyler pr. prœdicat e.
fundalor in ger maniai
Lusitaniaque mult. ord. rel. ita ut petrus faber ei
petra et faber die
Pdssit . adconc. trid. ilurus obiil Romae 1546 in
amplexu B. Igna.
Ad gl. dei et mem. Fabri marehio Vallis rom. P.C.
(1) erexit Î620 hoc
Sacellum quod everlit funditus impietas 1793.
Insignia vero pietas ec studlum J. A'. Enlremont (2)
loci nalus et parochi.
Hoe reœdificaverunt omn. applausu anno sancto
Jubilœi i836.
En résumé, cette inscription, dont la fin
est d'une latinité médiocre, nous apprend
que Petrus Faber, compagnon de Loyola
et de François Xavier, est né en 1506,
dans une maison du Villaret, occupant
l'emplacement même de la chapelle ac-
tuelle ; qu'il a été un théologien de renom,
(1 ) Ceci veut dire sans doute : le marquis de la
Vallée, camérier du pape (?)
(2; Enti-emont est le nom d'une localité voisine.
L. 9
a* 1053.
L'INTERMÉDIAIRE
445
444
et qu'après avoir fondé, en Portugal et en
Allemagne, plusieurs maisons du nouvel
ordre des Jésuites, il est mort à 40 ans, à
Rome, dans les bras d'Ignace de Loyola,
au moment où il allait être envoyé au con-
cile de Trente. Et que la chapelle édifiée en
1620, démolie en 1793, a été reconstruite
lors du jubilé de 1826.
Connaît-on quelque chose de plus sur
Petrus Faber — son véritable nom — et
quelques détails complémentaires sur sa
vie, son activité, ses écrits s'il en a
laissé ?
Le portrait exposé dans la chapelle pa-
raît être celui d'un homme de 35 ans en-
viron. V. A. T.
Louvois. — Pour identifier un auto-
graphe intéressant,j'aurais besoin de con-
naître le nom du ministre qui suppléait
provisoirement M. De Louvois au dépar-
tement de la guerre, au mois de septem-
bre 1682, pendant sa tournée en Alsace.
Arm. D.
Les dames d'honneur de Marie -
Antoinette. On désirerait savoir s'il
existe des descendants ou proches parents
de mesdames de Monteil, de Deux-Ponts,
de Poulpry, de Langeron, de Brunoy, de
la Vaupalière. d'Angivilliers, de Pardail-
lan et de Polastron, toutes Dames d'hon-
neur de la reine Marie-Antoinette ou de
la princesse de Lamballe. R. F.
Barère, l'Anacréon de la Guillo-
tine. — Je voudrais savoir qui a le pre-
mier employé cette qualification Dans
son article sur Barère {Grande Encyclo-
pédie), M. Aulard, qui a pourtant l'habi-
tude de citer ses origines, nous dit : « On
l'a appelé \ Anacréon de la Guillotine » ;
mais qui est cet On .? G. B...T.
Le trilDunal Révolutionnaire. —
Je désirerais avoir des renseignements sur
la vie de Dumas appelé le Rouge et qui
fut un certain temps juge au tribunal Ré-
volutionnaire.
Lorsque la duchesse de Lauraguay passa
en jugement, Dumas n'occupait-il pas la
présidence ? H. P.
Le couvent de Panthemont. —
Le couvent de Panthemont n'est-il pas le
.même que celui de Bellechasse ? Existe
t-il des notices sur cet établissement reli-
gieux où l'on recevait des filles nobles
qui payaient 800 livres par an, pour leur
éducation ? R. F.
Familles fixées en Bordelais. —
Pourrait-on me donner des renseigne-
ments sur les familles dont les noms sui-
vent :
Danville : Famille portant les qualifi-
cations nobles, qui a donné à la fin du
xvui® siècle, un commandant du fort du
Hâ, à Bordeaux.
Dillon : Famille convoquée en 1789 à
l'Assemblée de la noblesse de Bordeaux,
alliée aux maisons d'Osmond (1778), Sim-
burne (1761), de Martinville (1766), de
Lavie (17Ô9).
Doîidinot de la Boissière : Elle a donné
un conseiller au parlement de Bordeaux
en 1775.
Dupiiy de la Grand-Rive : Originaire
d'Auvergne, fixée en Libournais au xix«
siècle ; elle a fourni un intendant au Ca-
nada.
Filley de la Barre : Chevaliers de l'Em-
pire (181 1).
Flavigny (de) : Seigneurs du Luc, à
Blanquefort, près Bordeaux, convoquée,
en 1789, à l'Assemblée de la noblesse de
Bordeaux, fixée en Bordelais, probable-
ment à la suite d'un mariage avec une
demoiselle de Lamestrie.
Est-ce une branche des marquis de Fla-
vigny, de Bourgogne .?
Pierre Meller.
Armoiries à déterminer : à trois
molettes d'éperon de sable. —
Ecartelé : aui'^' coiipèémanché de gueules
et d'or, parti d'or à ^ chevrons de sable ;
aux 2etj Bouvbon-Condé ; au ^ parti d'ar-
gent à la bande de gueules accompagnée de
6 flanchis de même en orle, et sur le tout
d'azur à ) molettes d' éperon de sable et au
chef d'or.
Ces armes devaient appartenir à un
évêque d'Auxerre. T.
Bjzet. — Existe-t il un ouvrage don-
nant la biographie du célèbre auteur de
Carmen ? A-t-il eu des descendants ? Vi-
vent-ils encore .? Leur adresse .-'
Guy Blotois.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Septembre 1904
445
446
BaufPremont. — Dans une lettre
sans date, mais qui paraît remonter à la
fin du XV me ou au commencement du
xvni' siècle, un Bauffremont supplie le
roi de lui accorder le cordon bleu en con-
sidération de ses services ne le cédant en
rien à ceux de ses cadets de service ayant
déjà obtenu cette faveur .
Quel était ce Bauffremont ? Ses services
militaires sont- ils connus? Arm. D.
De Cabrières. - A quelle famille
appartenait Joseph -Gaspard de Cabrières,
fils d'un receveur de dîmes à Rodez et né
en cette ville, docteur en théologie, prieur
commendataire de Rouessenac, chanoine
du Mans, vicaire général de Mgr de Gri-
maldi, évêque du Mans, 1769.
11 blasonnait : d'a:(ur, à trois chevrons
d'or. Ce sont du moins les armoiries d'une
de ses lettres.
Les villages du nom de Cabrières sont
assez nombreux dans le Midi. Une famille
de ce nom était représentée, dernièrement
encore, par un lieutenant colonel de dra-
gons, mort à Lille en 1903, dont j'ignore
le nom et les armes. Je crois qu'il faut, en
tous les cas, éliminer la famille de Rove-
rié de Cabrièr^ dont est issu l'évêque
actuel de Montpellier, et qui blasonne :
d'azur ^aii chêne d'or^ déraciné, je remercie
d'avance les aimables intermédiairistes
qui me répondront. L. Calendini.
Projet de mariage de Gambatta.
— Une personne autorisée m'assure que
le petit billet ci-dessous transcrit, écrit
par Arnaud de l'Ariege, le 1 1 mai 1881,
fait allusion à la nouvelle du prochain
mariage de Gambetta circulant alors à
Paris dans les milieux parlementaires :
Comment ! vous qui êtes journaliste, vous
tombez dans des panneaux pareils ! Eh bien,
si nous ne devions faire la noce vous et
moi, que le jour où le protecteur (comme
vous dites) se mariera, nous serions joliment
embêtés tous les deux.
Bonjour mauvais sujet, à un de ces jours.
Signé : F. Arnaud
Ce bruit a-t-il couru ^ Avec qui mariait-
on le grand patriote? Arm. D.
Madame de Sévigné avait-elle
un « teinturier » ? — On lit dans
l'Echo de Paris, n" du 11 septembre
1904 :
Le nom de Mme de Sévigné est pro-
noncé...
Impassible, avec un grand front à la Le-
conte de Lisle, M. Léon Dierx, prince des
poètes, jusqu'ici n'avait point parlé. Ses
cheveux blancs, sa moustache blanche
étaient restés perdus derrière la fumée de
sa cigarette : « Ce sont des bavardages in-
supportables », déclare M. Dierx sur les
lettres de la marquise. Alors M. Mendès,
dont la mémoire est inépuisable et dont
l'érudition embrasse les sujets les plus di-
vers, nous dit qu'on a retrouvé des brouil-
lons de Mme de Sévigné, dénués si com-
plètement de syntaxe et de toutes règles
grammaticales, que cela laisserait supposer
qu'il y eut, auprès de la grande épistolière,
un ami éclairé et anonyme, qui l'aida...
Faut-il ajouter foi à cette assertion et,
si oui, quel serait 1' « ami éclairé et ano-
nyme » .? Gustave Fustier,
Le Fleuron ' royal de Jean
Mégret. — Où trouve-t on l'ouvrage
suivant, de l'écrivain bourbonnais Jean
Mégret :
Le Fleuron royal... (1663).
Des renseignements bibliographiques
complets seraient les bienvenus.
Un livre de Seb. Marcaille. —
Dans quelle bibliothèque publique ou
privée, de France ou de l'étranger, trouve-
t-on le volume ci-dessous que divers au-
teurs signalent (généralement d'après le
n° 5.171 du Cat. Secousse) :
Vie et Miracles de saint Menoiix., evesqiie
breton., patron de l'abbaye de Saint-Menoux
en Bourbonnais., par Seb. Marcaille.
Molins, P. Vernoy, 1606.
* *
Ce livre n'est ni à la Nationale, à Paris, ni
au Britisch Muséum.
Salières en céramique italienne
des XVI* siècle et suivants. — Un
amateur, qui fait, depuis quelques années,
collection de ces objets, désirerait savoir
s'il existe de pareilles collections dans les
musées ou chez les particuliers.
Et s'il y a des écrits sur ce genre.
Keramos.
Rue d'Assas. — Dans lequel de ses
romans Alphonse Daudet a-t-il placé une
scène se passant rue d'Assas, 68 (autre-
fois rue de l'Ouest, 36).?
NOBODY.
N' 1053
L'INTERMEDIAIRE
447
448
Le mot roman. — L' Intermédiaire
a déjà posé la question sur le mot Roman-
tique^ créé par J.-]. Rousseau, (XVII, 417,
472, 524) ; les réponses seraient à com-
pléter,venant de lire que Paulin Crassous,
dans ses remarques sur le Voyage senti-
mental^ de Sterne, Paris, Didot, 1801,
tome III, page 30, dit qu'il est emprunté
de l'anglais.
Le mot Romantic se trouve en effet dans
les premières éditions du Dictionnaire
royal anglais-français de Boyer (1664-
1729).
Claude Duverdier (1566-1649), dans sa
critique de tous les auteurs anciens et
modernes {Claudii Verdii in autores
cessiones et correctiones (Lyon, 1586),
prétend, contrairement à ce que nous
supposons tous, que le mot Romans vient
de celui de Normans.
La langue romane a i)\en servi à écrire
les romans héroïques et amoureux, mais
le nom de ce langage a-t-il également
servi à les désigner comme tels ?
Le roman peut être vrai et peut être
faux, tout comme le Normand (hom. de
North en Roman. Chronique Normande
de Robert Wace (i 160) vers 106'^), mais
est-il d'origine normande ? A. Dieuaide.
L'Angevine. — Dans l'Anjou, le
Maine et une partie de la Bretagne, la
fête du 8 septembre est appelée Notre-
Dame l'Angevine. Il }' a la foire de V Ange-
vine à Laval et dans plusieurs autres
villes. Y a-t-il d'autres régions où on
donne ce nom d'Angevine à la fête de la
Nativité de la sainte Vierge ? U.
Maçon. — Littré hésite dans l'éty-
mologie du mot.
J'ai relevé la phrase suivante dans le
testament du grand-père du célèbre pein-
tre Antonello de Messine, daté de Mes-
sine, décembre 1438 : Legavit magistro
loanni ma^ono filio sito.
Le mot est-il passé de l'Italie en France
ou de France en Italie ^ Gerspach.
Il y a belle lurette. — On dit : « Il
y a belle lurette » pour « Uy a longtemps
que ». Cette expression, d'où vient- elle .?
Les dictionnaires n'y font pas allusion et
l'argot, qui la recueille rarement (car ce
n'est pas de l'argot) n'en sait pas l'étymo-
logie. D^ L.
A bicyclette ou en bicyclette ?
— L'Académie s'est-elle prononcée
entre les deux locutions rivales : « à bicy-
clette » et « en bicyclette » .? Car pour
trancher pareille question, qui intéresse
la langue à un si haut point, il ne suffit
pas qu'un grammairien de fantaisie pro-
nonce d'un ton doctoral, dans un alma-
nach quelconque, l'oracle suivant : « Ne
dites pas monter eji bicyclette », dites :
monter à bicyclette » .
Lpt. du Sillon.
*
* *
L'Académie a-t-elle tranché laquestion ?
Nos collaborateurs le diront. Mais qu'il soit
permis de rappeler comment la question
fut posée. Ce fut M. Bailly, secrétaire du
Touring Club, qui interrogea tous les régents
de la langue. Voici trois des réponses qu'il
reçut :
Monsieur,
Votre distinction entre la hicvcïette et le
tricycle me paraît juste : Tune est une
monture, l'autre un véhicule. La préposi-
tion à semble donc mieux convenir à la
bicyclette, la préposition en au tricycle.
Cependant, ce n'est là qu'un avis de lo-
gicien, et l'usage est déjà bien établi.
Vous ferez bien de prendre d'autres con-
sultations, notamment celle de M. Fran-
cisque Sarcey. •
Recevez, Monsieur, l'expression de mes
sentiments les plus distingués.
Gréard.
25 nov. 93
Cher Monsieur,
Je suis absolument de l'avis de M. Gréard;
je crois que l'on doit dire à bicyclette et en
tricycle. Mais il a raison aussi, lorsqu'il
ajoute que l'usage tranche tout. La ques-
tion serait donc de savoir si l'usage est déjà
si fortement établi que la logique ne puisse
l'emporter.
Cordialement à vous,
Emile Zola.
Monsieur,
Laissons s'établir l'usage.
Je crois que, par analogie, il vaudrait
mieux dire monter à bicyclette, comme on
dit monter à cheval ou à âne. Mais il me
semble qu'il va une tendance à dire : mon-
ter en bicyclette. Cela vient sans doute de
ce qu'on est entre deux roues et que la bi-
cyclette rappelle vaguement la voiture.
je n'ai pas d'opinion. Ce que décidera la
foule sera bien décidé.
Je vous serre la main,
Francisque Sarcey.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Septembre 1904^
449
450
Le canot automobile. — Un jour-
nal a demandé à la sagesse de nos acadé-
miciens la solution d'un problème de lin-
guistique d'une difficulté épineuse. Il
s'agit de désigner, par une appellation
technique, brève et précise, l'embarcation
marchant toute seule, par ses propres or-
ganes, sous une impulsion autre que celle
donnée par la voile ou par la rame, c'est-
à-dire le canot que l'on a qualifié à'aiito-
mobile, faute de mieux.
Nos régisseurs du dictionnaire n'ont
pas tous répondu. Quelques-uns nous
proposent : aittoscaphe ; ce mot est de
formation régulière, c'est la soudure de
deux mots grecs... Mais que signifie le
terme ? — littéralement : une barque qtii
est elle-même^ comme « autographe >^ veut
dire : l'écriture elle-7iiéme, telle qu'elle
est tracée par l'écrivain. Pour comprendre
« autoscaphe », il faut suppléer le suffixe
intermédiaire sous-entendu « mobile »,
qui, lui, ne vient pas du grec, mais du
latin, ce qui donnerait pour avoir l'ex-
pression complète, « automobiloscaphe » ;
ce serait une jolie salade ! Vous insinuez
qu'on peut dire « automotoscaphe »?...
Attendez !
Motoscaphs est présenté par un autre
académicien. C'est un terme hybride,
forgé du français « moteur » (qui vient
du verbe latin movere, au supin inoiiim) et
du grec « scaphè », Notons que <■> motos »
en grec, signifie linge effilé, charpie, et
n'a rien à voir ici.
C'est déjà coquet ! Mais que penser de
quatre-z-immortels, justement renommés
pour leurs fortes études et leur grand et
réel talent, qui préconisent, l'un \< auto-
nef » et les trois autres « autocanot » .?...
Nous jouissions déjà, dans le haut et
bas langage, de certains mots hybrides,
tels que : minéralogie, bureaucratie, cho-
léra-morbus, sans nous enfoncer jusqu'à
soulographie. On nous dota, il y a peu
de temps, d' « automobile », mariant
ainsi un mot grec avec un mot latin,
sous le spécieux prétexte que nous avions
déjà « locomobile ». Permettez ! celui-ci,
du moins, a ses papiers en règle, puisque
c'est l'union de deux mots de race la
tine
Voilà qu'on nous conseille à présent
d'accoupler des mots français ou francisés
avec un mot grec employé dans un sens
argotique, car il est à la connaissance de
tous que le mot « auto », couramment
usité, n'est que l'abréviation châtrée
d' « autom.obile », au même titre que
« tram », que « fortifs », « Boul'Mich' »,
« Bat' d'af » et un tas d'autres, dont four-
mille le jargon le plus vulgaire.
C'est par ces mésalliances incorrectes et
vicieuses que s'abâtardit une langue du
meilleur aloi. N'est-il pas dommage que
ceux qui tiennent la lampe majestueuse
pour nous éclairer, en fassent sortir tant
de fumée ^
Toujours rhomme en sa nuit trahi par ses
[veilleurs,
disait Victor Hugo. Rêverait-on par ha-
sard, en haut lieu, de dissoudre aussi la
congrégation des règles grammaticales et
étymologiques parce qu'elles ne sont plus
comprises ni respectées .^
L'opinion de nos confrères serait bien
intéressante à connaître sur la dénomina-
tion cherchée. Gros Malo.
Le père du Bridge. — Le « bridge »
fait fureur. Tout le monde joue au
«bridge ».
S'est onjamaisdemandéqui avait inventé
ce jeu accaparant .? Je voudrais bien, pour
ma part, le savoir. A. d'E.
Les testaments et les legs étran-
ges. — Le legs Bareilher donne l'occa-
sion d'ouvrir la question dans l'Intermé-
diaire et de rappeler les testaments et les
legs étranges. Z.
Couleur bleue chassant les mou-
ches. — Je lis dans Lectures pour tous^
numéro de juin 1904, page 767 : «Les
étables [ des environs de Paris ] sont pein-
tes entièrement en bleu, couleur qui a
l'avantage d'éloigner les mouches».
Je désirerais savoir si cette assertion
est fondée et si l'on connaît d'autres
exemples de répulsion ou de préférence
des animaux pour telle ou telle couleur
déterminée, Cincinnatus,
Les cahiers d'Ange Pitou. — Le
célèbre chansonnier, frondeur de la Ré-
volution, Ange Pitou, — dont M. Fernand
Engerand a écrit l'histoire — vendait ses
chansons en cahiers. Ses volumes sont
bien connus; mais.de ses cahiers, en
existe-t-il encore et de quoi se compo-
saient-ils ? A. B. X.
N» 1055
L'INTERMEDIAIRE
451
Kép0n0e0
La tombe de Mirabeau (T. G.,
^g^). — Une légende veut que Mirabeau,
enlevé du Panthéon, ait été porté au cime-
tière dit de Clamart. A plusieurs reprises,
on a procédé, en cet endroit, à des fouil-
les, afin de retrouver les restes du grand
tribun. Les journaux, depuis plusieurs
jours (notamment VEclair des2\, 22, 23,
24 septembre) à nouveau, s'occupent de
cette question : des historiens et des éru-
dits ont donné leur avis. Mais il nous
semble que l'on étudie le problème à l'en-
vers. Il conviendrait d'abord de recourir
aux pièces officielles, base de toute dis-
cussion sérieuse et précise.
Comment Mirabeau fut-il extrait du
Panthéon, à qui fut remis son cercueil ?
Documents à citer.
Le laissa-t-on dans son cercueil de
plomb ?
A-t-on ôté ce cercueil pour ne laisser
que le cercueil de bois ?
Si on a ôté le cercueil de plomb, où ce
cercueil fut-il déposé ? Preuves.
Où furent portés les restes de Mira-
beau, à la sortie du Panthéon .? Il est im-
possible qu'il n'y ait pas trace authenti-
que de cette translation. Les traces ?
Est-ce au cimetière de Saint-Etienne-du-
Mont, comme le voulait la logique ?
La famille est-elle intervenue avant
l'inhumation .? Est-elle intervenue après?
Pourquoi aurait-on fait choix d'un
cimetière taxé d'infamie, pour y déposer
la dépouille d'un homme qui avait cessé
d'être une idole, mais qui n'en restait pas
moins respecté î
Mirabeau à Clamart, dans une bière de
plomb, cela a tout Tair d'une légende
forgée de toutes parts et aggravée par
l'imagination. C'est le pendant des deux
tombeaux de Voltaire et de Rousseau,
violés et vides. A V Intermédiaire de nous
éclairer, mais avec des textes, qui soient
mieux que des traditions toujours orales
et plus ou moins romanesques. Y.
Les' moustaches de Molière (L,
^29). — Une coquille d'imprimerie m'a
fait dire que Dorine parlait d'une « large
barbe » au travers le vitrage de son maî-
tre. Les lecteurs auront deviné sans doute
qu'il s'agissait de son visage. H.L.
452
*
* »
Nous lisons dans Amoureux et Grands
Hommes (De Lerne, Didier, éditeur p.
50:
Boileau fut député dans ce but vers son
ami (Molière) : « Votre santé dépérit lui dit-
il, parce que le métier de comédien vous
épuise ; que n'y rer.oncez-vous ? — Hélas !
répondit Molière en soupirant, c'est le point
d'honneur. — Et quel point d'honneur ? ré-
pliqua Boileau. Quoi ! Vous barbouiller le vi-
sage d'une moustache de Sganarelle pour
venir sur le théâtre recevoir des coups de bâ-
ton t.. .
Il s'agirait de savoir si ce dialogue a
bien été tenu entre Boileau et Molière, ou
si l'auteur ne l'a imaginé que pour don-
ner plus de clarté et plus de vivacité à son
récit. Dans le premier cas, la réponse à la
question posée par Monsieur H. L. serait
des plus faciles, car si Molière avait porté
des moustaches, il n'aurait pas eu besoin
de se barbouiller le visage d'une moustache
pour jouer Sganarelle, et il aurait pu de
même jouer sans moustaches les rôles
qui n'en comportent pas.
D'autre part, Montfleury fils, dans
\ Impromptu de l'Hôtel de Condè^nt fait pas
mention des moustaches, dans ces quel-
ques vers où il satirise Molière :
Il vient le nez au vent,
Les pieds en parenthèse et l'épaule en avant.
Sa perruque, qui suit le côté qu'il avance,
Plus pleine i.le lauriers qu'un jambon de Mayence
Les mains sur les côtés d'un air peu négligé,
La tête sur le dos comme un mulei chargé,
Les yeux fort égarés
Enfin mademoiselle Poisson, contem-
poraine de Molière et qui fit même partie
de sa troupe, trace de lui ce portrait dans
sa Lettre sur la vie etr Us ouvrages de Mo-
lière et sur les Comédiens de son temps :
Il avait la taille plus grande que petite, le
port noble, la jambe belle ; il marchait grave-
ment, avait l'air très sérieux, le nez gros, la
bouche grande, les lèvres épaisses, le teint
brun, les sourcis noirs et forts, et les divers
mouvements qu'il leur donnait lui rendaient
la physionomie extrêmement comique.
Le visage de Molière se trouve ici mi-
nutieusement décrit, l'auteur ne fait pour-
tant aucune allusion aux moustaches ; il
nous semble fort que ce détail n'aurait
pas dû passer inaperçu aux yeux de quel-
qu'un voulant tracer un portrait exact et
fidèle.
C. Roche.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Septembre 1904,
Cette question
pas traitée dans
453
*
♦ *
que
ses dix
454
le
Moliériste n'a
années d'exis-
tence préoccupait l'ancien doyen de la
Comédie, Monsieur Got, qui n'a pas, que
je sache, publié sa solution. Nous tâche-
rons d'y suppléer.
Il convient tout d'abord d'écarter le
portrait apocryphe gravé par Lalauze,
d'après une peinture appartenant à Mon-
sieur Courtois, qije nous n'avions expo-
sée au Jubilé de 1873 que sous les plus
expresses réserves, et qui pourrait tout
aussi bien représenter Racine. Négligeons
également le portrait par Coypel et le
buste de Houdon qui ne sont que des in-
terprétations tardives du Molière couronné
de Mignard. Mais ce dernier, représentant
César dans la Mort de Pompée, sutfit à dé-
montrer que Molière, au temps où il
jouait.encore la tragédie, c'est-à-dire avant
Les Précieuses, portait les moustaches à la
ville.
Comment supposer, en effet, qu'il eût
infligé la moustache à un empereur ro-
main, s'il n'eût tenu, avec une certaine
coquetterie, (les plus grands hommes ont
leur faiblesse !) à, cet ornement parasite.^
C'est d'3'Ueurs avec la même moustache
re'- vce en « barbe de chat » que Mignard
1 a peint plus tard, chez lui, en robe de
chambre, dans le petit portrait ovale
que Monsieur Emile Perrin a acquis en
Angleterre pour le compte de la Comé-
die.
Remarquons, en passant, que le mot
barbe était alors, et notamment dans le
théâtre de Molière, fréquemment employé
pour désigner la moustache. C'est ainsi
que Martine, dans le Médecin malgré Z/t/,
signale Sgnanarelle comme portant « une
large barbe noire » ; que Dorine dans le
Tartuffe parle à Orgon de « sa large barbe
au milieu du visage » ; que Pourceaugnac
déplore d'avoir ^^un peu de barbe » quand
il se déguise en femme, et que dans Le
Malade Imaginaire^ Toinette dit à Argan
que « sa barbe fait plus de la moitié d'un
médecin ». Il est vrai que dans cette der-
nière pièce, s'il faut en croire l'estampe
d'un viel almanach du temps, Molière
portait non-seulement la moustache, mais
une barbe de plusieurs jours, comme il
sied à un maniaque qui, par crainte de
s'ébranler le cerveau, doit avoir horreur
du rasoir.
Ainsi donc, soit barbe ou moustache,
il est constant que Molière, depuis Mas-
carille jusqu'à Argan, a joué tous ses rô-
les sans exception avec sa moustache na-
turelle, qu'il rabattait le plus souvent en
parenthèse, à la Scaramouche, l'allongeant
ou la renforçant part' -i s à l'aide du fusain
ou du bouchon brûlé, même dans les
rôles qui n'exigeaient ni ne comportaient
de barbe, tels que So^ie. Harpagon, Mon-
sieur Jourdain, Chrysale et Argan (voir
les estampes de Simonnin, Chauveau et
Brissart).
Sans attacher à la question plus d'im-
portance qu'elle n'en a réellement, voilà
pourquoi j^incline à croire que Molière,
dans sa trop courte vie, a toujours om-
bragé sa lèvre de ces fines moustaches
qu'un poète autrichien, Monsieur' Dingels-
tedt, regardait comme les deux petits ser-
pents de l'ironie et de la satire.
Georges Monval.
*
» «
Voir le Journal des Débats (septembre
1904).
Un diancelier de Savoie suppli-
cié : Bolomier (L, 332). — Guillaume
de Bolomier, vice-chancelier de Savoie,
dont la rapide élévation et la richesse
excitaient l'envie, fut, à l'instigation du
comte de Varembon, enfermé au château
de Chilien, où des commissaires, après
l'avoir soumis à la torture, le condamnè-
rent à avoir la tête tranchée, pour avoir
excité la défiance entre Félix V (le duc
Amédée VIII de Savoie, qui fut pape sous
ce nom) et son fils le duc Louis, et pour
s'être livré à la sorcellerie. Cette peine
fut commuée en celle de la submersion,
et il fut précipité dans le lac [de Genève]
par le bourreau, le 12 septembre 1446.
A. Perrin. Histoire de Savoie ^ des ori-
gines à 1860. Chambéry. 1900, in-12, p.
108.
Baulacre : Œuvres histotiqucs et lit-
téraires. Genève, 1857. 2 vol. 8°. Tome
II, p. 1 13 : Lettre sur la mort tragique de
Bolomier. Sa fortune, véritable cause de
sa condamnation. Supplice de l'immer-
sion.
F. MuGNiER. Guy de Feysigny et Jac-
ques de Montmayeur. Paris. 1894. 8",
page 22.
A. DE Foras. Armoriai et Nobiliaire de
l'ancien duché de Savoie. Grenoble, 1883-
N- 1053
L'INÏERMSDIAIRH
4^5
456
1904, partie parue 2 vol. in fol.,(Bolomier:
Historique, héraldique et généalogie).
Sabaudus.
Biîo d" Aiguillon, son rôle en
1789 (L, 331). — Il y eut, je crois, in-
vasion d'un couvent de nonnes. D'Ai-
guillon y prit part sous des vêtements
féminins, ce pourquoi \cs .'^ctes des apôtres
lui décochèrent l'aménité suivante :
De d'Aiguillon la vile et lourde masse
De Conculix a le sort incertain ;
Mais, admirez son bizarre destin !
En homme c'est un lâche, en femme un as-
[sassin.
A, S..E.
* *
Partisan déclaré du duc d'Orléans, le
duc d'Aiguillon fut accusé d'avoir soudoyé
la populace qui envahi. Versailles les 5 et
6 octobre 1789. On prétendait même l'avoir
vu se mêler à la foule, déguisé en femme.
S. Churchill.
Le cardinal de Hohan et la franc-
maçonnerie (XLIX, 667). — De l'Aca-
cia (juillet 1902).
Un lecteur de rinterinèdiaire des cher-
cheurs et des cufieiix demande dans le n° du
IQ mai de cette publication si le cardinal de
Rohan, la «Belle Eminence »,qui fut compro-
mis et acquitté dans l'Affaire du Collier, était
franc-maçon. C'était l'opinion de Bailly, qui
fut maire de Paris au début de la Révolution.
Il s'appuyait pour cela sur la liaison du cardi-
nal avec Cagliostro.
Pour répondre à cette question, il faudrait
d'abord décider si la fameuse loge égyptienne
de Cagliostro doit être rangée dans la Franc-
Maçonnerie. Que cette loge fût une société
initiatique — du moins en apparence, —
mystique s'efforçant de rappeler les anciens
mystères grecs, c'est certain ; mais toutes les
sociétés de ce genre ne sont pas maçonni-
ques.
Il n'y a de Maçonnerie véritable que les so-
ciétés qui procèdent de l'ancien ordre des
francs-maçons professionnels, et dont le rituel
des trois premiers grades est celui de ces an-
ciens Maçons. Or, tel n'était pas le cas de la
oge égyptienne ,
Mariage du diic dEngliian (L,
332). — Le collaborateur qui signe
Bookworm voudra bien dire sans doute,
comme on l'en prie, où sont les preuves
du mariage du duc d'Enghien avec la
princesse Charlotte de Rohan. Il nomme
les témoins : où sont les actes .?
Le comte Boulay de la Meurthe, a pu-
blié,par les soins delà « Société d'histoire
contemporaine »,la Correspondance du duc
d'Eughien (1801-1804). (Picard, Paris,
1904). Si nous résumons son travail sur
ce point, nous n'aurons qu'à emprunter ce
passage à la critique du comte Marc de
Germiny dans la Revue des qucsUons histo-
riques^ car le livre n'est pas sous nos
yeux :
Tout d'abord, la correspondance du duc
d'Enghien ruine la légende du mariage secret
avec la princesse Charlotte de Rohan-Roche-
fort. Détruite aussi, la version souvent adop-
tée de l'union légitime qui, sans le lugubre
drame du 21 mars 1804, eût sanctifié un jour
prochain les doux liens des amants; constata-
tion pénible et déco certanîe ! Victime des
sopbismes de l'époque et aussi du spectacle
offert depuis son plus jeune âge dans sa pro-
pre famille, Enghien ne croyait à l'amour
qu'en dehors du mariage. Sous l'égide aveu-
gle ou étrangement indulgente d'un triste car-
dinal, deux jeunes gens s'aimaient follement,
mais elle ne serait jamais que maîtresse. De
cette situation avouée, moins anormale du
reste que nous le pensons pour ces enfants
d'un siècle imbu de principes peu austères, la
princesse Charlotte semble s'être contentée,
il n'existe point de trace qu'elle ait essayé de
s'attacher à Enghien par des liens plus légiti-
mes.
De son côté, loin de cacher ses intentions à
ce sujet, son amant les proclame. C'est ainsi
que le 8 octobre 1801, Enghien a catégori-
quement écrit à son père : « ... Je serais
bien curieux à propos d'elle (la princesse
Charlotte) de savoir si le grand-père vous en a
parlé. Longtemps il a craint des choses sé-
rieuses et je ne sais s'il est encore revenu de
ses soupçons... Je ne lui ai jamais donné lieu
de croire que j'eusse assez mauvaise tête pour
être un jeune homme à grandes sottises, et ce
serait, ce me semble, la plus grande possible
que de contracter un pareil engagement. Je
n'y ai jamais pensé... »
Le livre de M. Boulay de la Meurthe
prouve des choses plus intéressantes ~-'
et comme quoi, notamment, le duc d'En-
ghien n'a jamais conspiré avec Georges,
— mais celle-ci a son importance quand
miême, puisque sans cesse on y revient.
— ' V.
Cnm'broane à \¥2tarloo (L, 52,
189, 235, 3ti). — Le témoignage d'An-
toine Deleau, reproduit dans Vlntermc-
diaire du 10 septembre, a été apprécié
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Sep tembre 1904
— 457
458
ainsi par Edouard Fournier en son beau
livre l'Eipril. cian% l'hisfoire (4^ édition,
Paris, Dentu, 1882, p. 413-414) =
Toujours Cambronne se défendit nette-
ment de la phrase qu'on lui prétait... H ne
s'est pas moins trouvé un grenadier qui pré-
tendit lui avoir entendu dire deux fois ce
qu'il soutenait, lui, n'avoir pas dit une
seule.
Il est vrai que ce grenadier, le sieur An-
toine Deleau, qui, mandé devant le maré-
chal de Mac-Mahon et le préfet du Nord,
tint courageusement à ne pas démentir ce
qu'il répétait depuis quarante-huit ans,
prétendait aussi avoir très distinctement
entendu Poniatowsid s'écrier à Leipzig, en
se précipitant dans l'Elster : « Dieu m'a
confié l'honneur des Polonais ; je ne le re-
mettrai qu'à Dieu ! » Q.uand on a en-
tendu cette phrase-là, on doit avoir en-
tendu l'autre.. .
V Intermédiaire réclame surtout, en cette
nouvelle enquête, des témoignages inédits
ou peu connus. M. Camille Quenne, qui
signe du pseudonyme Jean Bar. dans la
Chronique'^ de Bruxelles, de si intéressants
interviev/s, vient de nous donner celui
du major retraité Michel qui habite cette
ville et est un parent éloigné du général
Michel dont onsait le rôle à Waterloo :
Cambronne n'a lâché aucune invective,
n'a poussé aucune exclamation. C'est le gé-
néral Michel, dont je suis l'arrière-cousin,
qui a prononcé les paroles : « La garde
meurt et ne se rend pas ».
C'est qu'on le contestait hier encore.
A tort, croye.x-moi. Certes, la ques-
tion a été considérée longtemps comme un
problème historique ; mais aujourd'hui, la
lumière est complète.
Le oénéral Cambronne fut en rapport
avec mon grand-père, lequel, soit dit en
passant, était parmi les décorés de Sainte-
Hélène. Or, à différentes reprises, mon
aïeul déclara à mon père que les paroles
attribuées au général Cambronne étaient
bel et bien du général Michel, qui, con-
trairement à certaines assertions, ne fut pas
tué pendant l'attaque du plateau par la
vieille garde. Le témoignage de mon père
trouve, d'autre part, une confirmation irré-
cusable dans VHistoire de la captivité de
Sainte-Hélène, par le général Montholon,
qui, enmème temps que M. de Las Cases, les
généraux Gourgaud et Bertrand, fut un des
secrétaires de l'empereur exilé. Il écrit, à ce
propos, à la page 74 du deuxième vo-
lume :
<■< Les anniversaires étaient toujours, pour
l'Empereur, la cause du retour de ses pen-
sées vers les événements qu'ils rappelaient.
Le 18 juin 1820 le ramena aux souvenrirs de
Waterloo. 11 voulut revoir ce qu'il avait
dicté au général Gourgaud et passa huit
jours à refaire le récit de cette courte mais
décisive campagne. Des renseignements
recueillis depuis sa première dictée avaient
modifié son opinion sur quelques faits impor-
tants: l'inaction du premier corpspendantla
journéedeLigiiy,la mollessede l'attaquedes
Quatre-Bras. Il reconnaissait qu'il avait été
trop sévère dans son blâme. 11 voulait aussi
dire la mort héroïque du général Michel,
répondant au nom de la vieille garde qu'i'»
commandait : « La garde meurt et ne se
repd pas ! », paroles sublimes que les pre-
miers rapports avaient attribuées au brave
général Cambronne, mais que le général
Bertrand, qui se trouvait à portée de les en-
tendre, a assuré avoir été dites parle géné-
ral Jilichel. »
Après cela, on est mal venu à attribuer
au général Cambronne un geste dont il
était capable, mais qu'il ne fit pas et dont
tout l'honneur revient à quelqu'un de ma
lignée.
Le sympathique officier retraité me mon-
tre des documents qui ont appartenu au
général Michel, notamment deux livrets
militaires, l'un relatif au -k soldat Michel »,
ouvrier menuisier, engagé volontaire ; l'au-
tre à l'élève de Saint-Cyr, où fut admis
plus tard le héros de 181 5, Il me fait voir
ensuite une tabatière d'argent au chiffre na-
poléonien, don de l'Empereur, à laquelle
se rattache cette histoire inédite, d'une drô-
lerie succulente :
(c II y a une quarantaine d'années, mon
père reçut la visite de Victor Hugo, à qui
il offrit une prise du tabac qui avait appar-
tenu au général Michel et que ma famille
gardait avec un soin pieux. Or, il était
advenu ceci : une vieille cuisinière qui se
trouvait à notre service depuis de nom-
breuses années et qui raffolait du tabac à
priser, avait tout simplement humé le con-
tenu de la tabatière et l'avait remplacé par
du vulgaire caporal...
— Mais vous ne me dites pas comment
Hugo dégusta le tabac prétendument histo-
rique ?
— En faisant la grimace !»
P. c. c. A. Boghaert-Vaché.
Louis îî de Bavière (L, 332). —
Lire le livre de M. Jacques Bainville pur-
blié sur Louis II de Bavière. (Perrin, édi-
teur, 1900).
Louis Bigot.
Los q'ous da la Passion (XLIV ;
XLV ; XLVÎil ; L, 184). — On me de-
mande des explications complémentaires
sur la crucifixion à cinq clous dont j'ai si-
N" 1053.
L'INTERMÉDIAIRE
459
460
o-nalé l'existence dans V Intermédiaire du
20 octobre 1903. Personne n'ayant ré-
pondu à ma question, qui avait pour
objet de savoir s'il existait d'autres cru-
cifixions pareilles, j'entre dans quelques
détails.
Les pieds du Crucifié sont posés sur un
support ; ils ne sont ni tout à fait croisés
ni complètement séparés, le talon du pied
droit étant seulement engagé sous le pied
gauche.
Chaque pied est percé par un clou, ce
qui, avec les clous des mains, fait quatre.
Le cinquième clou a la forme d'un T et
est très long, car il traverse les deux
pieds en biais, de la droite à la gauche.
Je ne connais pas d'autres exemples de
crucifixion à cinq clous ; celui que j'ai
relevé est à Trévise, dans une fresque
que je crois de la fin du xn- ou des pre-
mières années du xui^ siècle.
Gerspach.
*
* »
Dans rénumération des clous de la
Passion, il ne faut pas oublier que l'ins-
cription.que Pilate fit apposer sur la croix,
y était fixée par un clou semblable à ceux
qui fixaient les mains et les pieds du Christ
(du moins, c'est la tradition;. On a donc
ainsi cinq clous. G. La Brèche.
Le père Loriquet (T. G., 528 ;
XLIX, 705). — Il faut renoncer à mettre
plus longtemps au compte du Père Lori-
quet l'imputation portée à la tribune le
29 avril 1844, par M. Hippolyte Passy.
Celui-ci dénonçait une Histoire de France
dans laquelle Napoléon n'était «qu'un mar-
quis, lieutenant général au service de
S. M. Louis XVIll, dont il conduisait à
Vienne les armées ». Cette phrase était prê-
tée au Père Loriquet.
Le Père Loriquet n'a jamais écrit cette
phrase-là ; ce n'était pas lui qui altérait
l'histoire, c'étaient ses adversaires qui
lui prêtaient des propos qu'il n'avait pas
tenus.
Mis en demeure d'appuyer son accusa-
tion, M. Passy se contenta d'affirmer que
le « livre existait » où se rencontrait la
phrase ridicule.
Le Père Loriquet, le 13 juillet 1844,
défia ses détracteur? « de montrer un
seul exemplaire de quelque édition que ce
fût, où se trouverait la sotte phrase sur
le marquis de Buonaparte ». M. Passy ne
rétracta rien et se déroba. Il était évident
que l'accusateur du Père Loriquet avait
été mystifié.
La maison Poussielgue offrit 30.000 fr à
qui présenterait un exemplaire sortant de
ses presses, contenantles expressions incri-
minées. Nul ne releva le défi, mais la
légende persistait.
« Si la phrase est quelque part, disait
M. Cucheval-Clarigny, c'est dans l'édition
de 1816 ; malheureusement cette édition
est introuvable ?>.
Elle était si peu introuvable qu'elle
était à la Nationale ; M. P. Bliard qui
aura dit le dernier mot de la question,
dans un remarquable article de cette re-
marquable publication qu'est la Revue
des questions historiques (i" juillet 1904)
assure avoir lu « de la première à la der-
nière ligne tout ce qui concerne Bonaparte
et n'a point trouvé l'appréciation en
litige ».
Si ce n'est pas dans l'édition de 18 16,
ont dit encore les détracteurs du P. Lori-
quet, c'est dans celle de 181 5 ; or elle a
été complètement supprimée par les
jésuites eux-mêmes et pour celle-là, même
à la Nationale, vous ne trouverez rien.
Ce qui permet d'insinuer : « Si l'on avait
l'édition originale, l'édition de 1815, on
verrait enfin, imprimée, cette phrase ridi-
cule qui couvrira de conîusion le Père
Loriquet à travers les siècles. Mais on
n'a pas l'édition originale : elle a été dé-
truite. Et elle a été détruite parce que la
fameuse phrase est dedans ».
Voici qui va mettre fm aux débats.
Cette édition de 181 5 qui n'est, dit-on,
nulle part, est entre les mains de M.
P. Bhard.
J'ai en ce moment, dit-il, sur mon bureau,
ces deux petits volumes, cause de tant de
débats. Eh bien,j'en suis désolé pour les ama-
teurs de légendes, la phrase grotesque, mise
en circulation par M. Passy, ne s'y trouve
pas.
Ceux qui désireraient s'en rendre compte
par eu.x-mèmes pourront, quand ils le vou-
dront, voir et examiner mon exemplaire, dès
ce moment, à la disposition de tous.
V Intermédiaire s'est occupé à tant de
reprises de cette polémique que nous avions
le devoir d'exposer longuement sa conclu-
sion.
Le Père Loriquet a pu avoir sur Bona-
parte des opinions qui, tout en étant
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Septembre 1904.
--— 461
462
outrées, sont loin d'égaler, en violetice
haineuse, celles qu'on voit mettre à la
mode aujourd'hui, mais le ridicule des
propos qu'on lui prête n'est qu'une impos-
ture de ses adversaires. Et la preuve en
est faite si éclatante que, seuls, continue-
ront à affirmer une fausseté aussi notoire,
ceux qui opposent à la sérénité de l'his-
toire l'aveugle passion des polémiques.
V.
La promenade sur l'âne au XVÏF
sièoie (L, 162, 397). — Qj.ioi qu'en dise
Sauvai, le châtiment de la promenade sur
ràne, la tête tournée vers la queue, était
infligé par les lois en vigueur, aussi, bien
au xvii" qu'au xvin' siècle, mais il était
assez rarement appliqué.
En ce qui concerne le cas de la Neveu,
je n'en ai pas trouvé d'autres traces que
celles indiquées par le collaborateur S. 11
esta peu près certain, cependant, que cette
punition n'a dû être prononcée que pour
« maquerellage », et j'ajoute que, parfois,
notamment quand il s'agissait de proxé-
nètes ayant débauché des fillettes de moins
de 1 5 ans, les coupables étaient promenées
dans un état de nudité presque complet,
puis fouettées publiquement ; on leur
couvrait cependant le visage avec un
mouchoir.
Barbier cite une exécution de ce genre
qui eut lieu le 11 juillet 1750.
De son côté, Mercier dit avoir vu une
proxénète promenée sur un âne et fouettée
nue.
Depuis, et sous la Révolution elle même,
on a pu assister à ce spectacle grotesquCj
en pleine place du Palais-Royal.
En effet, le 4 août lygi, le tribunal du
IP arrondissement de Paris, sur appel d'un
ingénient rendu par le 3"' tribunal établi
en vertu de la loi de mars 1791, condam-
nait la nommée Marie-Louise Bertaut,
veuve Desbleds, demeurant rue Fromen-
teau,
« à être conduite par l'exécuteur des
«jugements criminels, dans tous les lieux
si et carrefours accoutumés de la ville de
« Paris, notamment à la place du Palais-
« Royal, comme plus voisine de la rue
« Fromanteau, monte sur un âne^ la face
« tournée vers la queue, ayant, sur la
« tête, un chapeau de paille, avec écriteau
devant et derrière portant ces mots :
^^ femme corniptvice de la Jeunesse, battue
« et fustigée nue de verges, par ledit exécu-
<•< teur, et, en ladite place du Palais-Royal,
« flétrie d'un fer chaud en forme d'une
« fleur de lys sur l'épaule droite. Ce fait,
« être conduite à la maison de force de
« l'hôpital général de la Salpêtrière pen-
« dant le temps et espace de 3 ans... >>.
La veuve Desbleds avait livré une ga-
mine de 13 ans, pour 3 livres, à quatre
particuliers revêtus s* le premier d'un ha-
« bit gris, le second d'un habit blanc, le
\< troisième d'un habit bleu et le quatrième
« d'un habit blanc >/.
Il est à présumer que si, de nos jours,
la promenade sur l'âne était infligée aux
proxénètes, la circulation serait souvent
interrompue sur la place du Palais-Royal,
car cette immonde industrie a pris, depuis
quelques années, des proportions effra-
yantes.
Rappelons qu'au moyen âge, dans la
plupart des pays de l'Europe, la femme
qui avait battu son mari devait aussi
monter à rebours sur un âne et parcourir
la ville ou le village en tenant cet âne par
la queue.
En 1593, le bailli de Hombourg décida
que « la femme qui aurait battu son mari
« devrait, suivant l'ancien usage, monter
« sur un âne, et que l'homme qui se se-
« rait laissé battre conduirait l'âne par la
« bride ».
La même peine était souvent infligée
au mari (V. Ducange, Asinns).
C'est égal, on ne s'ennuierait pas à
Paris, si tous les maris battus étaient en-
core sous le coup de ces anciens règle-
ments ! Eugène Grécourt.
Diane et saint Hubert(XLV ; XLVl).
— jO/(7;?t'((/.y.T£//[,-), qui, sur la terre, était,
pour les Grecs, la déesse de la chasse, et
aussi de la chasteté,bienqu'ellefût invoquée
par les femmes enceintes et qu'elle eût eu,
suivant la fable, certaines faiblesses pour
Endymion. pour Pan et pour Arion, était,
dans le ciel, la personnification de la lune,
sous le nom de Phœbé sœur d'Apollon.
Ce mot de Phœbé, ne dériverait-il pas
de poijoç, peur, crairite, terreur, parce que
la nuit, quand brille le croissant de la
lune que Diane portait sur le front, naît
en nous une crainte instinctive, une appré-
hension vague de l'incertitude que pro-
voque la demi-obscurité et des fantômes
M» 1053.
L'INTERMEDIAIRE
465
- 464
qu'évoquent les blanches clartésdes rayons
lunaires.
Diane, qui, chez les chrétiens, s'est mé-
tamorphosée ou masculinisée en saint
Hubert le patron des chasseurs, était re-
présentée accompagnée d'une biche,
comme saint Hubert l'est d'un cerf, Rappe-
lant la métamorphorse d'Actéon, changé
en cerf pour avoir contemplé de trop près
les charmes de la déesse qui se baignait,
par une belle nuit de l'Hellade, dans les
eaux étoilées de l'ilissus.
Diane, disons-nous, Y crpre/jn; des Grecs
ne descendrait-elle pas de VÀrdiienna
Sylva ? de ces sombres forêts du Nord qui
inspiraient la crainte et où les druides,
qui observaient le culte de la nature, pra-
tiquaient leurs sacrifices aux mystérieuses
clartés de la lune ?
N'est-ce pas dans ces forêts où abondait
le fm gibier, qu'est née et que s'est sur
tout conservée cette passion delà chasse?
Saint Hubert, qui, avant sa conversion,
occupait un emploi éminent à la cour de
Pépin d'Herstal et qui fut un fervent
chasseur devant l'Eternel, quitta, vers
683 de notre ère, les plaisirs du monde
pour suivre les prédications de saint Lam-
bert, évêque de Maestricht. 11 succéda à
celui-ci. dont il transporta l'épiscopat à
Liège et mourut en 730, àTervueren, près
de Bruxelles, dans la forêt de Soignes,
prolongement de la forêt des Ardennes.
Son corps fut transporté plus tard dans
l'abbaye qui devint le berceau de la ville
de saint Hubert (Luxembourg belge).
D'- V. D. C.
Le chien de Jean de Nivelle
(XLVll ; XLVIII ; L, 380). —• L'auteur de
l'article paru sur ce sujet dans le no 51 du
Magasin utile n'a pas compris qu'il ne
pouvait y avoir de seigneur à Nivelles en
Brabant, puisque l'abbesse du chapitre de
Sainte-Gertrude était dame de cette ville.
De plus, il n'a connu la famille de Mont-
morency que par ouï-dire, autrement il
aurait su que le Nivelle des Montmorency
s'écrit sans s et qu'il est identique à Nevele-
le^-Gand. Voyez 17/;/^/;;/ tv//.7/r6?,t. XLVIII,
col. 256. Le comte P. -A du Chastel.
Evêques français en Italie et en
Allemagne (XLVIII ; XLiX, 71, 293,
461). — Mgr Joseph-Louis Colmar, né à
Strasbourg, le 22 juin 1760, évoque de
Mayence le 7 juillet 1802, chevalier de la
Légion d'honneur, baron de l'Empire le
10 février 1809. Mgr Antoine-Eustache
d'Osmond, né à Saint-Domingue, le 6 fé-
vrier 1754, sacré évoque- de Comminges
le i"' mai 1785, évêque de Nancy le
30 janvier 1805, archevêque de Florence
le 22 octobre 1810, officier de la Légion
d'honneur, i^"" aumônier du roi de
Hollande, baron de l'Empire en mai 1808,
comte de l'Empire le 16 décembre 1810.
Mgr François-André Dejean, né à Castel-
naudary le 24 mars 1748, évêque d'Asti
le 9 février 1S09, baron de l'Empire le 3
mai 1809. {Ahmiuach Royal de 1787, par
Laurent d'Hour}-, p. d} ; Almanach Impé-
rial de 1812, par Tesîu, p. 262, 267 et
269 ; Liste de la Noblesse Impériale, par
Emile Campardon, p. 48, 56 et 142).
Marquis de L C.
Bautru (XLIX, 504, 643 ; L, 132,
357). — Le collaborateur M. Paul Pinson
s'est, je crois, trop pressé dans sa rectifi-
cation : je maintiens qu'une famille Bau-
tru ou Botru de la Potherie, branche des
Bautru de Nogent, était fixée à Etampes
vers 1670 ; et à l'appui, je peux faire voir
de nombreuses pièces originales à ce nom
et non à celui de Baudry, qui est en effet
bien différent : je serais désireux de con-
naître les références de la famille Baudry
de la Potherie que je ne possède pas.
A mon tour, je demande une petite
rcctification/Tro(r'L?7«<9 : mon nom ne s'écrit
plus depuis longtemps Boni, mais de Bony
de Lavergne ; je ne donnerai pour réfé-
rence que Y Annuaire militaire de 1904 où
l'on trouve deux de Bony de Lavergne,
officiers d'artillerie.
Les noms portés à l'Annuaire militaire
sont pris d'après les extraits de naissance.
C'" DE BoMY DE Lavergne.
Manuscrits inédits d'André Che-
nicr (L. 329). — H. Thabaud de La
Touche, littérateur distingué de l'époque
de la Restauration et du règne de Louis-
Philippe, né à La Châtre, en Berry, en
1785, mort à V/ulnay en 185 1, eut le
double mérite d'être à la fois le parrain
littéraire de George Sand et le premier
éditeur, en 1819, des œuvres alors encore
inconnues de André Chénier.
En 1873, à Chàteauroux, M. Emile Pé-
rigois, de La Châtre, qui fut depuis député
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
465
de rindré, pour inaugurer le feuilleton
littéraire d'un petit journal politique,
l'Ordid Républicain qu'il venait de fonder
à Clîâteauroux, eut la bonne pensée d'y
reproduire les Lettres de Clcmev.t XIV et
de Carlo Bertinai:(i^ de H. de La Touche,
reproduction qu'il fit précéder d'une
courte mais substantielle notice sur l'au-
teur. (Numéro du 5 février 1873).
De cette notice, nous extrayons les li-
gnes suivantes qui pourront intéresser
les lecteurs de V Intermédiaire :
« H. de La Touche s'était retiré à Wul-
nay, un joli» village caché derrière les
arbres, près de Paris,
«Sa petite maison n'était qu'une sorte de
presbytère, dont il avait fait une habita-
tion saine et commode. Elle eut pour vi-
siteurs Benjamin Constant, Adolphe
. Thiers, Armand Carrel, Godefroid Cavai-
gnac, Béranger et Lamennais, noms qu'à
des titres divers honore la démocratie.
« Comme le toit de Pindare, comme
la maison d'Aristote,elle devait être sacrée,
même pour l'envahisseur étranger. Mais
on n'avait pas prévu le retour des inva-
sions barbares. Les poètes sont les en-
fants chéris des Dieux ; au moins notre
émincnt compatriote a eu cette fortune
de mourir à propos. Il n'a vu ni le retour
de l'Empire, ni ses suites si fatales à
l'honneur et aux prospérités de la Patrie.
La femme si distinguée, poète elle-même,
qui avait pris soin de ses derniers jours et
recueilli son modeste héritage, surprise
par ces Prussiens auxquels le second
Empire n'avait plus d'Excelmans victo-
rieux à opposer, se vit forcée d'abandon-
ner à la hâte sa demeure, sans rien pou-
voir sauver des reliques confiées à son
culte pieux. C'est en vain que vous y
cherciieriez aujourd'hui les souvenirs qui
la faisaient vivante ! Les toiles, les des-
sins signés d'artistes célèbres, les livres
qui reconstituaient une période littéraire,
les vieux meubles apportés du Berry, et^
chose inestinable, les maniiscrils cT André
Cherii';\ inut a disparu. Dans quelle bau-
ge 'de ravageur prussien, chez quel juif
d'Allemagne irons-nous reprendre ces
trésors ? Hélas ! c'est une revendication
qu'il nous faut comme tant d'autres léguer
à nos fils ! Revenue après la guerre.
Mlle Pauline de Flaugergues n'a retrouvé,
entre les quatre murs nus de l'Ermitage
profané, qu'un banc de jardin oublié, seul
30 Septembre 1904,
lit de repos réservé à son indigence. Hâ-
tons-nous d'ajouter que, grâce à l'inter-
vention toujours active de George Sand,
le Ministère de l'Instruction publique a
subvenu à ses premiers besoins.
« 11 restait d'ailleurs au poète et à son
Antigone, un asile qu'on n'eût pas osé
violer : c'est le tombeau élevé par celle-ci
dans l'humble cimetière d'Antony. C'est
là qu'un buste de bronze rend à ceux qui
ont connu de La Touche, sa tête énergi-
que et Hère, gardant toutefois quelque
chose de cette ironie fine et de cette sève
eauloise si traditionnelles en deçà de la
Loire. Au dessous, une plume et une pal-
me croisées, semblent un dernier appel à
la postérité. >>
Ulric R.-D.
Daiily (L, 223). — Dans le cimetière
d'Asnières, à gauche en entrant, est le
tombeau surmonté du buste assez ressem-
blantdeVailly. Au-dessous on lit l'inscrip-
tion suiva nte :
J. DAILLY
artiste dramatique,
Talent. Gaîté. Bonté.
1837-1897.
Pour le surplus de la question, le talen-
tueux auteur dramatique M. Blondeau,
qui fut l'ami de l'artiste et habite Asniè-
res, impasse des Carbonnets, pourrait y
répondre. Je me propose de lui communi-
quer l'exemplaire de Y luîcrmédiâire d\x 20
août. A. S..E.
Josepli Doucet (L, 217,359). — Je
n'apporte aucun renseignement particulier
sur cet écrivain, prêtre en rupture avec
son évêque. Je veux simplement donner
quelques noms qui pourront peut-être
éclairer les biographes futurs.
M. Doucet était chef d'Etat major à
Paris en 181 2.
Auguste Doucet, prêtre, du clergé de
Saint-Thomas d'Aquin, à Paris, vivait au
xix^ siècle. J'ai son portrait gravé par
Al. Legrand. Imprimerie Lemercier Bé-
nard et O^.
Jean Doucet était professeur à Juilly,
de 1819 à 1853, ^^ maria à Juilly, et eut
plusieurs enfants qui demeurèrent à Paris.
L'un d'eux, Edouard, habitait à Paris,
rue Béaurepaire 34,en 1889.
N" 1033,
L'INTERMEDIAIRE
467
468
Une famille Doucet habitait Le Luart
(Sarthe),et les environs dès le xvu* siècle.
Certains de ses membres émigrèrent à
Paris. Une autre résidait dans la Mayenne
et a donné, au xix* siècle, plusieurs prêtres
au diocèse de Laval.
Jean Doucet, dont j'ai parlé, avait été
tonsuré. 11 a laissé des lettres et une tra-
duction de Virgile assez curieuses.
L. C.
Baron do Grunstein (L, 165, 410).
— Le baron de Grunstein paraît avoir
servi dans le Rcoiment d'Infanterie d' Alsace
sous le nom d'Auguste de Schwengsfeld,
ou Schwensfeld. Devenu capitaine en
1778, il fut nommé major du régiment
d'infanterie Royal Liégeois lors de la for-
mation de ce corps en 1787. Le 21 octo-
bre 1790, ce régiment, étant en garnison
à Belfort, offrit un repas de corps aux
officiers de Lait^nn-Hitssards. Environ six
semaines auparavant, les deux corps
avaient combattu dans l'armée de Bouille
contre les insurgés de Nancy. Apparem-
ment que l'on but ferme, car à la fin du
repas, le colonel de Royal Liégeois, le
comte Baillet de La Tour (de la même fa-
mille que le colonel des célèbres dragons
autrichiens de ce nom), s'écriait : « Vive
le Roi ! au diable la nation ! » et au sortir
du dîner, devant le café, M. de Grunstein
déclarait : « Nous sommes les maîtres,
nous avons des sabres, il faut hacher les
bourgeois ! »
Mettant en pratique ces aimables pro-
pos, officiers et soldats se répandent dans
la ville et maltraitent bourgeois et muni-
cipalité. C'est ce jour-là que Kléber, ins-
pecteur des bâtiments de la ville et ancien
officier au service d'Autriche, se fit re-
marquer pour la première fois en prenant
la défense de la municipalité.
Dès le lendemain, le marquis de Bouille
accourait et mettait aux arrêts le colonel
La Tour, le major Grunstein, deux autres
officiers de Royal- Liégeois, un de Lau:^un.
Puis le Roi octroyait deux mois de pri-
son à M. de La Tour, six semaines
aux autres. Mais l'Assemblée Nationale,
s'emparant de l'affaire, décrétait, le
30 octobre, la mise en arrestation et
en accusation de La Tour et de Gruns-
tein. Sans attendre l'exécution de ce dé-
cret, ceux-ci s'enfuirent de Bitche où le
régiment avait été envoyé et émigrèrent
dans les premiers jours de novembre 1790.
Nous retrouvons M. de Grunstein à
l'armée de Condé, en avril 1793. Il y
servait alors comme capitaine en premier
aux Hussards de Salon. Il servit ensuite
aux Hussards de Buscby, même armée.
Lors de la « formation russe » de 1798,
en Volhynie, le baron de Grunstein fut
versé avec les autres corps de cavalerie
soldés de l'armée de Condé dans les Dra-
gons d'Enghien et y fit les dernières
campagnes de cette armée. Le 9 décem-
bre 1800, il fut blessé au combat au-des-
sus de Rosenheim, en Bavière.
Le 31 janvier 1801, son régiment étant
alors cantonné en Styrie avec les autres
débris de l'armée de Condé, la majeure
partie du premier escadron qu'il comman-
dait, mécontente de l'annonce d'un licen-
ciement prochain montait à cheval pen-
dant la nuit et passait aux Républi-
cains avec armes et bagages. L'escadron
perdit du coup 72 hommes et 82 chevaux
et devait être réduit à peu de choses lors-
qu'il fut licencié avec le reste de l'armée
au mois d'avril suivant.
M. de Grunstein était alors chef d'esca-
dron. Il alla se fixer dons le Brisgau et en
mars 1804 il se trouvait à Ettenheim au-
près du duc d'Enghien, son ancien colo-
nel. « Il était attaché au service du prince
et chargé de faire les honneurs de sa
maison ». C'est à tort, d'ailleurs, qu'à
cette époque la police du Premier Consul
le signalait comme un intrigant, récem-
ment arrivé de Londres et servant de
confident au duc. Grunstein, le chevalier
Jacques et d"autres compagnons du
Prince l'avaient en vain supplié de quit-
ter Ettenheim. Dans la fatale nuit du 14
au 15 mars, le baron de Grunstein se
trouvait aux côtés du duc. Vers cinq heu-
re> du matin il l'aurait empêché de tirer
sur les gendarmes qui cernaient la mai-
son, lui faisant observer que la résistance
était inutile. D'après la Biographie Mi-
chaud, le prince aurait alors fait promet-
tre à Grunstein de se présenter comme
étant le duc d'Enghien, ce qui aurait pu
permettre au vrai prince de s'échapper.
Mais lorsque l'officier de gendarmerie
aurait demandé : « Qtii de vous est le duc
d'Enghien ? », Grunstein, perdant la tête
n'aurait rien répondu, et, sur ce, l'ofiicier
aurait déclaré : « Puisque vous ne vou-
lez pas l'indiquer, marchez tous ! » Alais
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Septembre 1904,
469
470
l
tout ceci paraît controuvé, bien que, dans
la suite, les royalistes aient amèrement
reproché à Grunstein une conduite qu'il
ne semble pas avoir tenue.
Le récit d'un témoin oculaire, le lieu-
tenant Schmitt, exonère complètement
Grunstein de ces accusations; et la prin-
cesse Ciiarlotte de Rohan-Rocliefort, écri-
vant en 1821 au duc de Bourbon, le sup-
pliait « de ne pas ajouter foi aux calomnies
atroces dont le mallieureux (Grunsteinj
avait été victime >*.
Le colonel Grunstein (c'est le grade
que lui donnent les relations de l'époque)
fut emmené à Strasbourg avec le Prince
et ses autres compagnons. De Rlieinau,
sur la rive française, jusqu'à Strasbourg,
il prit la route dans une voiture avec le
duc d'Iinghien et le commandant Char-
lot. Ils furent enfermés dans la citadelle le
15 mars, à cinq heures du soir. Le 19
mars, un jour après que le duc eut été
dirigé sur Paris, Grunstein, Schmitt, le
chevalier Jacques et quelques autres pré-
tendus complices de la conspiration
d'Etteinheim prirent la même route. A
leur arrivée on les enferma dans diverses
prisons de la capitale. Ils y restèrent huit
mois, se refusant à reconnaître la réalité
d'une conspiration qui n'avait pas existé.
L'Electeur de Bavière s'intéressait au sort
de M. de Grunstein, ce qui indiquerait
peut-être pour cet officier une origine ba -
varoise ou palatine, à moins que cet inté-
rêt ne provînt du fait que l'Electeur avait
été son colonel dans Alsace. De guerre
lasse, on les mit tous en liberté en novem-
bre 1804. Le baron de Grunstein se re-
tira en Russie, où l'on croit qu'il est
mort ». (Noies extraites de Vouvrage de M.
IVelschinger sur le Duc d'Enghieii., de
Théodore Muret, Michaudje Moniteur) etc.
S. Churchill.
Madame Lafarge, le Glandier et
les Chartreux (L. 337). — Glandier
était un ancien monastère qui devint
château après qu'on en eut chassé les
moines. L Armoriai général ms. de 1696
lui attribue les armoiries suivantes : de
siuople^ à la fasce componée d'or et d'apir.
En 1879, M. Bruneta \')uh\\é. Notice his-
torique sur l'ancienne chartreuse de Glan-
dier, in-i8. A. S..E.
Prononciation du nom de Mon-
taigne (L, 166, 249,297, 341). — Assu-
rément, il y a des cas difficiles : ainsi,
comment deviner que Claretie se pro-
nonce comme garantie et non comme
facétie? Cependant, par analogie avec
l\1algaigne,qui s'est toujours prononcé ai,
je crois que Montaigne s'est aussi pro-
noncé ai. Au surplus, pour éviter toute
difficulté cï Vavenir, pourquoi n'inscrirait-
on pas, en marge du registre de l'état-
civil, la vraie prononciation d'un nom .? Il
y aurait là, ( sans le moindre frais), pour
les individus et les familles, un signe d'i-
dentité nouveau et d'une réelle valeur.
Dr A. T. Vf.rcoutre.
*
On avait cité à l'appui de la prononciation
Montagne, les noms des familles françai-
ses qui ont conservé, avec l'orthographe
aigne, la prononciation ag}ie: Malgaigne,
La Chassaigne, Champaigne, Despaigne,
Saint-Aignan, etc.
M. le D"" Armaingaud répond que Du
Bellay fait rimer La Chassaigne avec ensei-
gne et qu'il s'ensuit qu'au xvi* siècle on
prononçait La Chassègnc. Comme il ne
précise pas la référence de cette rime inté-
ressante, on me pardonnera de la donner
à sa place avec la citation du passage où
elle se trouve. '
Ballor, chanler^ sonner, folaslrer dans la couche.
Avoir le pias souvent deux langues en la bouche.
Des courtisannes sont les ordinaires jeux ;
.Mai.': quel besoing est-il que je te les enseigne ?
Si tu les V3uls sçavoir (Gordes) et si tu veuls
En sçavoii- plusencor, demande à La Chassaigne.(\)
Pour trouver dans ces vers un argument,
M. Armaingaud regarde sansdoute comme
démontrée la prononciation ^«.';t"'^/7^?
Alors, comment explique-t-il les rimes
suivantes que je copie dans le même vo-
lume, quelques pages plus loin.
Avoir veu devaller une triple montagne
Apparoir une Biche etdisparoir soudain
Et dessus le tombeau d'un Empereur Romain
Une vieille Carad'e eslever pour enseigne.
Ne voir qu'en! rer soldats et sortir en campagne
Emprisonner seigneurs pour un crime incertain
l^elourner forussiz et le Napolitain
Commanderen son nomal'orgucil Ael'Espagno.Ci)
Telle est l'orthographe de ces vers dans
l'édition originale, imprimée du vivant de
l'auteur. J'ai cette édition sous les yeux.
(i) J. DU Bellay. Les Regrets. 1558, folio
23, verso.
(2) J. DU Bellay. Les Re^^rets.i'^^S.îoVvo 27.
No 1033.
L'INTERMEDIAIRE
471
Du Bellay prononçait donc ensagne, et
par conséquent Zrt Chassagne ?
Cherchons d'autres exemples. Les meil-
leurs ne se trouvent pas dans Joachim,
dont l'orthographeest parfois capricieuse,
mais dans Baïf. On sait que le rêve de
Baïf était de réformer l'orthographe fran-
çaise et d'écrire les mots comme on les
prononçait. Aucun témoignage n'est donc
plus précis que le sien. Voici quelques
vers pris dans son œuvre... je veux dire
dans son Euvre :
Tous les joyaux qns la mer bagne... [baigne]
Bagne l'esprit tirti par l'oreille ravie.
Ne dedagne ecouîercas soiispirs que j'eslance.
Non en vain, non. au haut d'une montagne
Les anciens ont loge !a vertu
Qu'il (àut gagner par maint monstre abattu
Qui le chemin de nobie saug ensagne. (1)
Ainsi la prononciation agite pour aigne
était plus répandue au xvie siècle que de
nos jours. Baïf retendait même à certains
mots qui l'ont rejetée depuis, comme bai-
gner, dédaigner, saigher (2).
Toutefois je n*ai garde d'opposer à la
conviction de M. Armaingaud une thèse
absolue. La vérité est qu'au seizième siè-
cle, non seulement l'orthographe était
incertaine, mais la prononciation elle-
même n'était pas fixée. Ronsard en per-
sonne prend la peine de nous la dire, et
voici comment ils'explique à ce sujet dans
V Averiisseiûent au Lecteur, qui précède la
1" édition des Odes (1550). — Je n'insiste
pas sur lintérêt capital que présentent ces
lignes au cours de notre discussion :
Tu ne trouveras fascheux si j'ay quelque-
fois changé la lettre E en A, et A en E...
E est fort voisin de la lettre A, voire tel
que souvent, sans y penser nous les con-
fondons naturellement.
Et comme preuve de cette confusion
entre les deux lettres, ou plutôt les deux
sons, tantôt par archaïsme il change a en
AI ;
Tantôt par une licence dialectale il écrit
AiLLES pour EILLES t
... qu'il sça^.che
Toutes les passions que peut causer sa llèche. (3)
(;) Baïf. Amours de Francine. — Poè-
mes, livre VII.
(2) « Ensagne » ne vient pas de « ensei-
gner», mais d'un second verbe «ensaigner»,
synonyme d' « ensanglanter
472
Les marchez
(5) Poëmes.
seul.
II. A Christophle de Choi-
nestbient point, ni les peaux des
fousilles
No scrvoientaux .-.ontracls ; les paisibles orailles
N'enlcndoient U trompetlc... (1;
Tantôt il ne prend même pas la peine
d'accorder ses rimes pour Tœil :
Dirons nous quand fortune ennemie à nos armes
Mit en route le camp du Mareschal de Termes (2)
Et toi, tombeau qui dur~ment enfermes
Ci' qui joiîrnil les'Ma.ses et les Ar/nss (3)
Mais il n'est pas besoin d'autres exem-
ples pour arriv^er à cette conclusion que
les contemporains de Michel Eyquem oro-
nonçaient à volonté A ou AI, Montagne
ou Montaigne, et que la question leur
était assez indilTérente. Des lors pourquoi
nous intéresserait-elle ? — Les deux pro-
nonciations sont également authentiques
et justifiées. Félicitons-nous de clore sur
ces mots une discussion dont le résultat
n'a donné tort à personne. Candide.
Pétrarque à Liège en 1333 (L.^
273). — La lettre du baron de Stassart ^
J. Grandgagnage, datée du 25 avril 1853»
a paru d abord, dans le Bulletin de Vins'
iitut archéologique liégeois, au tome i'"",
(année 1853, p. 481), qui avait inséré peu
auparavant un article de Ferdin-Hénaux
intitulé « Pétrarque à Liège ». Et c'est à
la suite de cette publication que le baron
de Stassart adressa à son coUèeue de l'A-
cadémie, la lettre dont il est question.
M. Hénaux ayant eu connaissance de cette
lettre par le comité de rédaction, répon-
dit à ce dernier quelques mots où entre
autres observations, on lit ceci :
M. de Stassart met sur le compte de Pétrar-
que une mauvaise phrase française, d'après
laquelle il paraîtrait que !e touriste italien
aurait fait un pompeux éloge de Liège, or la
lettre qne le poète adressa au cardinal Colonne
est, comme chacun sait, en latin, et elie ne
consacre à notre bonne cité que cinq mots :
Vidt Leodiinn, iîis-'gnem clero lociim ; rien
de plus.
Albin Body.
Famille EeynarddsBoi^îSieuxet
de la Hocliôtta (L, 166, 362). — David
Reynard de la Rochette, conseiller du
Roi, eut de Marguerite Perrin quatre en-
(i) Elégie IV. Cf. plus haut, Baïf: oreille.
(2) L'Hymne de Charles, cardinal de Lor-
raine.
(?) Epitaphe du seigneur de Scillac.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
473
fants : 1° Bonne Reynard de la Rochette,
mariée à Joseph Charreton (1763-1850),
dont : David et Jenny Charreton, épouse
de Siméon de Boissieux, ces derniers,
père et mère de Zéphyrine, veuve de
Lazare Carnot ; — 2° Jeanne (1761); —
3° François Reynard de Boissieux (1759-
1822), marié à Anne Duouis, dont une
fille unique, Marie-AméHe Reynard de
Boissieux, qui eut de Jean-Auguste Cha-
vanis quatre enfants représentés aujour-
d'hui par les familles fvlorand de Jouffrey,
Souchon du Chevalard, de Courcel et
Boutechoux de Chavanes ; — 4° Thérèse
Reynard de Boissieux. m.ariée à Laurent
Nièpce, écuyer, conseiller du Roi, conser-
vateur des eaux et forêts, née le 29 mars
1762, décédée le et dont les descen-
dants existent encore.
Le nom patronymique de cette famille
est Reynard. Ce sont les armoiries de
cette famille que je désirerais connaître ;
elle en possédait sûrement puisque David-
François Reynard de la Rochette et de
Boissieux était conseiller du roi. Le ra-
meau dont parle notre bienveillant collè-
gue, M. NoUiacus, se rattache effective-
ment à cette famille. Je le remercie de
m'avoir indiqué les armoiries parlantes
des de Boissieux ; j'espère le mettre main-
tenant sur la voie pour retrouver celles
des Reynard. Ce qu'il répond sur les Per-
rin m'a vivement intéressé. La mère de
David-François Reynard de la Rochette,
déjà cité, s'appelait Marie Jeannin.
Les Reynard de la Rochette et de Bois-
sieux sont-ils bien les m.èmes que les Sal-
vaing de Boissieu ? A. B.
Une habitation de Voltaire (L,
277J. — 11 semble que la critique adressée
à l'auteur de Vieux poriraits et vieux cadres
n'a rien de justifié. C'est à l'artiste et non
à l'écrivain qu'il faudrait reprocher la
confusion commise entre l'hôtel de Villar-
ceaux situé rue Richelieu, à l'angle de la
rue Saint-Augustin, et l'hôtel du même
nom, représenté actuellement par les no^
102-104 <^s 'a ri-ie dont feu Auguste Vitu
nous a laissé une excellente histoire dans
son livre sur La maison mortuaire de Mo-
lière. Du reste. Voltaire n'a habité ni l'un
ni l'autre de ces hôtels, et M. Drumont
s'est bien gardé d'en parler dans son
texte. 11 ne pouvait ignorer, en effet, les
communications faites à ce sujet par
30 Septembre 1904,
_ 474 :
M, Jules Cousin à la « Société de l'histoire
de Paris »,en 1876, communications insé-
rées dans le Bulletin de ladite Société,
t. 111, p. 76 et 130. Tout au plus pourrait-
on reprocher à l'auteur du volume de ne
pas avoir assez sévèrement revisé l'ins-
cription fantaisiste d'un artiste qui a trop
de talent pour qu'on lui fasse un crime
de son ignorance.
La communication de Cousin avait été
motivée par l'acquisition qu'il venait de
faire des plans de l'hôtel que Voltaire se
fit bâtir à la fin de sa vie. Si l'auteur de
la question va quelquefois à la Bibliothè-
que historique de la Ville, il pourra, je
l'espère, les y consulter.
je dis -.je l'espère.^ sans pouvoir l'affir-
mer, car, à la suite de la (kcheuSQ réorga-
nisation de nos collections historiques
municipales, perpétrée après la retraite
de Cousin, toutes les estampes et un cer-
tain nombre de documents graphiques
sont restés au musée Carnavalet, dislo-
cation qui offre de graves inconvénients
pour les travailleurs.
Paul Lacombe.
Armoiries à déterminer : d'azur
à trois glands d'or (L. 277, 419). — Ces
armoiries sont celles de la f^^mille Poret,
qui possède Blosseville depuis 1739, par
suite du mariage de Bénigne-Etienne-
François Poret, seigneur de Boisemont,
conseiller au Parlement de Rouen, avec
Louise-Mary e de Blosseville.
A. F. P. V.
* *
Ces armoiries reproduites sur la nou-
velle verrière donnée, en 1874, à l'église
de Blossevilîe-en-Caux, arrondissement
d'Yvetot, appartiennent aux Poret de
Blosseville, famille normande qui fut main-
tenue dans sa noblesse lors des recherches
de 1463, 159S et 1666.
La vicomte de Blosseville entra dans le
domaine de la famille Poret, en 1739, par
le mariage de François Poret.^ chevalier,
seigneur de Boisemont, conseiller au Par-
lement de Normandie, procureur général
en la cour des Aides, avec Louise Mdrye
de Biosseville.
Celle-ci mourut en couches en 1748,
laissant un fils unique. Bénigne Poret,
chevalier, vicomte de Blosseville, né en
1748, marié en 1767 à Marie-Henriette
de Civille, fille de Pierre - Auguste-
N. 1053.
L'INTERMÉDIAIRE
475
476
Alphonse, marquis de Civille, chevalier,
seigneur deSaint-Mards, baron de Buchy,
châtelain de Bois-Héroult.
Bénigne Poret, fut le dernier seigneur
féodal de la vicomte de Blosseville, mais
resta propriétaire de ce domaine aujour-
d'hui possédé par M. de la Croix de Che-
vrières, marquis de Sayves, au nom de
son épouse, née Jeanne de Margeot et
fille de Raoul de Margeot et d'Athénaïs
Poret de Blosseville.
De cette famille était issu Ernest-Béni-
gne Poret, marquis de Blosseville, ancien
député au Corps législatif, membre du
Conseil général de l'Eure, président de la
Société de l'Histoire de Normandie, décédé
en 1886, en son château d'Amfreville-la-
Campagne (Eure).
Voir Bulletin de la Société de V Histoire
de Normandie, 1886, p. 295 et suiv.
Dergny, Cloches du Pays de Bray^ W"^
partie ; p. 596 et suiv. ; les Epaves du
Passé ^ 2^ partie, Yvetot, p. 153.
E. O.
Plaque de chemfnèâ à identifier :
croix chargée de cinq coquilles
(XLVII ; L, 198, 365). — Les familles por-
tant un cor de chasse accompagné de
trois étoiles bien ordonnées, que donne
Rietstap, sont en dehors des Cordier et
Godart, de la Font de Savine [d'azur, à un
cor de chasse d'or^ lié de sable, accompagné de
j étoiles du second) et van Hoorn (d'or, à un
cor de chasse de sahle^ lié de gueules^ en-
guiché^ virole et paviilonné d'argent^ accom-
pagné de trois étoiles de gueules. Qiiant aux
familles portant une croix chargée de ^ co-
quilles.^ elles sont au nombre de =53, aux
pages 383 et 384 du tome III du Diction-
naire des figures héraldiques de M. le
comte Th. de Renesse.
Le C'° P. A. DU Chastel.
Décors peints parPuvis de Gha-
vannes (XLVIII, 788). — Hélas ! les
deux décors dont il est question et qui
avaient été brossé- par le maître lyonnais
pour la représentation du Tricorne en-
chanté et du Pierrot posthume de Théo-
phile Gautier, sont à tout jamais per-
dus.
]e sais, de source certaine, que dès 1872
ils étaient devenus la pâture des rats...
On les avait oubliés sous une voûte d'en-
trée de cave, dans la ville de Neuilly, et,
il y a trente-deux ans, il n'en restait déjà
que... des traces ! On a dû les brûler
comme vieux chiffons.. .
Et c'est « grand pitié » !
Hector Hogier.
Bomicilfis parisiens (L, 226, 370,
422). — M. Edmond Beaurepaire a publié,
dans le Dictionnaire géographique et admi-
nisltatif de la France de M. P. Jeanne, un
inventaire sommaire des Maisons historiques
et curieuses de Paris, qui ne comprend
pas moins de 38 colonnes in-4°, petit
texte. Ce travail a paru en 1897. Trois
ou quatre ans plus tard, M. le vicomte de
Villebresme a fait paraître chez Flamma-
rion, Ce qui reste du Vieux Paris ; puis,
en 1903, est venu le Guide pratique à tra-
vers le Vieux Paris, du marquis de Ro-
chegude (chez Hachette), .ouvrage très
consciencieusement rédigé et d'une con-
sultation facile, ce qui manque au travail
de M. Edmond Beaurepaire, son protago-
niste. NOBODY.
Hôtel Torpanne(XLVIII, 676, 883).—
Réponse partielle à la question de }i.an de
Nivelle :
L'Hôtel de Torpane {sic), situé au quar-
tier Saint-Victor, dans la rue des Bernar-
dins, était l'ancienne maison paternelle des
Bignon, qui se sont fait un nom illustre
dans la mao-isîrature et les lettres.
Ainsi s'exprime M. F. de Guilhermy
dans son Itinéraire archéologique de Paris .^
p. 365. On peut voir, dans la cour inté-
rieure de l'Ecole des Beaux-Arts, l'étage
inférieur de LHôtel de Torpane dont les
sculptures allégoriques sont datées de
1567. Hector Hogier.
Belem(L, 223, 376). — Sans répondre à
la question de notre confrère F. BL.,
l'ajouterai qu'outre les deux villes de Be-
lem qu'il cite, la Carcel Nacional de Mexi-
co est également connue sous le nom
de Prison de Belem, sans doute parce
qu'elle occupe depuis 1862, l'ancien cou-
vent des Filles de San Miguel de Belcrn.
Dans la même ville de Mexico, je con-
nais encore une chapelle de Belem, et
l'église de Belem de Los Padres ; cette der-
nière fondée en 1678 et achevée en 1735.
Histoire de Ville-d'Avray (L,
338). — M. de Barthélémy a achevé l'an-
née dernière son Histoire de Ville-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
477
30 Septembre 1904.
- 478
d'Avrav ', il a remis le manuscrit à la
Commission des Antiquités et des Arts de
Seine-et-Oise, qui doit le publier inces-
samment. GOMBOUST.
♦
Le manuscrit de VHistoire de Viile
d'Avray, par M. A. de Barthélémy, a été
remis, complètement prêt pour l'impres-
sion, au commencement de cette année, à
la Commission administrative des antiqui-
tés et des Arts de Seine-et-Oise, qui a son
siège à la préfecture de Versailles et pu-
blie chaque année un fascicule. C'est dans
cette publication que paraîtra le travail
du regretté académicien, décédé le 24
juin, c'est-à-dire quelques jours seule-
ment avant la séance de la Commission,
où il espérait se rendre pour indiquer Ijs
illustrations dont il désirait beaucoup
voir orner son texte.
Fernand Bournon.
Une corre.sîDondance da P. Bi-
don (L, 339). -^ Les lettres du P. Didon
étaient adressée^; à son am\, M^ Camby,
l'avocat bien connu. G. Ty.
L'Oraison dominicale en 150
langues — Exemplaire de S. S. h Pape
Pie FIL (L, 338). — Je ne pourrais
dire à notre distingué collaborateur M.
Ulric R.-D. si l'on retrouverait à la bi-
bliothèque du Vatican l'exemplaire de
l'Oraison dominicale traduite en 150 lan-
gues, qui fut offert au pape Pie VII par le
savant directeur de l'Imprimerie impériale,
J. Marcel, lors de sa visite à cet établisse-
ment en 1805.
On ne refuserait certes pas à Rome
de faire les recherches nécessaires, mais
elles pourraient être vaines , en tout cas,
il s'écoulerait du temps avant d'arriver à
un résultat, Mais je peux mdiquer à M.
Ulric R. D., une librairie parisienne où
il pourra se procurer un exemplaire de
ce livre rarissime, tiré à un petit nombre
d'exemplaires. M. Maisonneuve, éditeur-
libraire (rue de Mézières, 6, VI^ arr.) a
mis en vente ce volume au prix de 12 fr.
Il a pour titre Oiafio Dominica in CL lin-
guas versa et exoticis characteribus ple-
rumque expressa, 1805, gr. in-80 carton.
Edidit. J.-J. Marcel. Paris. Typis impe-
rialibus.
On trouve à la même librairie une tra-
duction du Pater en 2^0 langues en 180
caractères d'imprimerie différents, édité à
Rome en 1870, par Marietti (prix, 20 fr.j
AUG PARAD.ikN.
La couverture imprimée des li-
vres broch-és (T. G. 247 ; XXXV,
137, 451 ; XXXVII, 163 ; XXXIX, 441,
649; XLVII, 777). — (Il a semblé utile de
rappeler ici tous ces renvois qui, pour la
plupart et à cause de différences dans les
rubriques, n'ont pas encore été reliés
entre eux.)
Dès longtemps les fonctionnaires de la
Bibliothèque nationale ont pris pour rè-
gle de conserver et de signaler les cou-
vertures imprimées dans la rédaction des
cartes de catalogue, quand les couvertures
tiennent lieu de titre, quand elles portent
un intitulé différent de celui qui se trouve
à l'intérieur du volume, ou quand, a
défaut du titre, elles donnent le nom de
l'auteur. Mais les bibliophiles qui lisent
le Bulletin mensuel des récentes publications
françaises, rédigé avec tant de soin par
les bibliothécaires et les conservateurs
du département des imprimés, ont été
agréablement surpris de constater, dans
la livraison de juin 1904, une innovation
et un perfectionnement dans la descrip-
tion bibliographique de certains ouvrages.
On trouve, en effet, non seulement l'in-
dication de « planches en couleurs »
(p. 315 et 316). mais aussi la mention
« couverture illustrée » (p. 322 et 330).
Cela méritait d'être signalé, m.ais nous
sera-t-il permis d'émettre un vœu .? Nous
souhaiterions de voir disparaître l'habi-
tude d'inscrire à l'extérieur du volume
cette indication destmée au relieur :
« Conserver la couverture ». Que la règle
soit générale, et cette inscription devien-
dra, nous semble-t-il, superflue. Les cou-
vertures des volumes, les volumes eux-
mêmes, sont déjà bien assez malmenés dans
leur voyage des préfectures au Ministère,
dans le maniement auquel ils sont soumis
par les employés d'administration, sans
qu'on leur inflige encore une maculature
qui peut être inutile.
Un bibliophile a, le premier, soulevé la
question des couvertures imprimées, dans
les colonnes deVhitennédiaire (10 janvier
1879). 11 n'était alors qu'un « apprenti
ignorant »,et ce n'est pas sans satisfaction
qu'il a vu son idée réussir auprès de ses
N' iQ53.
L'INTERMÉDIAIRE
479
480 ™
confrères, maintenant qu'il est bien forcé
Un vétéran.
de signer
Inscriptions des cadrans solai-
res (T. G. 158 ; XLVIàXLVIII ; L, 314).
— Elles ne sont pas très gaies, ces ins-
criptions solaires, le plus souvent d'ins-
piration religieuse, et l'Académie des Ins-
criptions et Belles-Lettres retiendra le
petit nombre ; en voici une qui tranche
avec le ton général, elle enveloppe une
pensée gracieuse, un souhait, et de plus
elle a eu les honneurs d'une corbeille
royale. A l'adverbe près, elle ne man-
que pas d'élégance, l'image aussi est
neuve, l'heure y prend la forme d'un
fleuve, et coule avec des présages de bon-
heur — passe pour beata ! Elle se lit sur
le timbre d'or qui surmonte la pendule
de bureau commandée par Madame la
comtesse de Paris pour être offerte à
S. A. R. Mgr le prince Antoine d'Orléans
à l'occasion de son mariage avec l'Infante
Eulalie (6 mars 1886).
Perpetuo vobis hora teata fliiat.
Œuvre d'un art délicat, emprunté à la
riche série des petites horloges de la Re-
naissance française, cette pendule, sur
les dessins d'Henri Camere, a été cons-
truite en argent, par MM. Froment-Meu-
rice, Jacques Saintix.
Prèt.érir, prétériîer (L, 61). — Un
néologisme a pour premier devoir d'être
clair. Prétérir viendrait du latin preete-
rire ; prétêriier, du français prétérit ; on
préférera le second.
D'ailleurs tous les mots en it dont le /
se prononce forment leurs verbes à la
première conjugaison.
Transit ne donne pas //ï7;;5;V,mais tran-
siter (latin transire), coit ne donne pas cdir,
mais coïter (latin coïre)^ etc.
L'habitude française de former les ver-
bes nouveaux d'après le participe latin ou
même d'après le substantif verbal, est
très répandue à notre époque. Cest notre
système actuel de dérivation populaire.
Si l'on essayait de revenir aux principes
du ix'' siècle, les néologismes proposés ne
seraient ni compris, ni acceptés. — Nous
n'avons p^s le verbe ascendre qui signi-
fierait/iî/'r« l'ascension de ; mais il est inu-
tile de le proposer aux alpinistes : ils se
servent déjà du mot ascerisionner et c'est
le seul verbe qui soit clair pour eux. ***
Pasîorien on pasteurien ? (XLVIII ;
XLIX). — je découvre dans certaines
feuilles publiques, une orthographe qui
vient à l'appui des théories de M. Paul
Argelès, (XLIX, 254) ici « les troupes
éguaienrienncs », là « les jardiniers primeu-
ristes ». J'altends patiemment sur celle
question la décision de l'Académie.
Lpt. du Sillon.
S'empiergor (L, 282, 434). — En Bour-
gogne on dit au même sens « s'empiger ».
Pour ce qui est de l'étymologie, on peut
hésiter entre pied et piège ; pour moi, je
suis porté à admettre la seconde et,
comme le collaborateur ***, rejette abso-
lument celle de pierre.
Il me semble qu'Alexandre Dumas père
parle quelque part d'un garde qui disait
invariablement «piergev* pour piège. Et cela
se passait à Villers-Gotterets ; peut-être
était-ce une forme de patois local, d'où
viendrait assez naturellement « empier-
H. G. M.
ger »
* *
Ge mot vient, croyons-nous, de piège.
En effet, cette adjonction de l'R est très
fréquente dans nos patois.
Dans rille-et-Vilaine, on entend cou-
ramment : baRqnct, tonRjours,iisiiRfruit^
vcrniRe^ etc., pour : baquet, toujours,
usufruit, verrue
Dans le Haut-Maine (Montesson), on
trouve chardRon, soldaRt^ usités dans
rille-et-Vilaine.
Jaubert donne, dans son Glossaire du
Centre de la France, les formes ci-après;
jardRin, dRès^ paRpillou^ etc.
De plus, on rencontre, dans Jaubert :
s'empiger et dans Bos (Dict. de la langue
d'oïl: s'empiegnier;empigier,pom',se pren-
dre au piège, s'entraver).
Notons qu'au pays de Dol (llle-et -Vi-
laine) on dit, dans le même sens : s'em-
pirouiller. Gharlec.
*
* *
Golonne 434, ligne 42, au lieu d'assouf-
rance, lire assonnance ; ligne 46 i>u lieu
de escarniortcr, lire escanuoter,
Attigerla çabané (XLIX, 619, 812,
883, 935 ; L, 40, 315). — Vers le milieu
du siècle dernier, on disait, dans le sud-
est de la Bretagne, atiigner : attigner un
chien, l'agacer, le mettre en fureur.
Q.UID.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
481
Les calembours dans les déno-
minations (L. 339). — On en pourrait
citer nombre d'exemples ; en voici deux
qui me reviennent en mémoire, à la lec-
ture de la question posée :
La liqueur de vespéiro, en grande fa-
veur voilà trente à quarante ans, mais bien
délaissée maintenant, avait la réputation
d'être digestive et d'empêcher la produc-
tion des gaz intestinaux. Ceux-ci, comme
on sait, sortent par l'un ou l'autre bout
du tube digestif, d'où le nom de la liqueur,
en trois mots que je ne saurais écrire ici.
Voilà quelques mois, les murs de New-
York, V/ashington et de toutes les grandes
villes des Etats-Unis étaient couverts d'af-
fiches annonçant un produit nouveau pour
le traitement des hémorrhoïdes. Le pro-
duit était présenté sous le nom de sorasol^
mot très anodin en apparence, et d'abord
incompris, mais qui causa grand scandale,
quand on y trouva la transcription pure
et simple des trois mots anglais wrc ass
hole que, en français, on peut traduire (en
gazant) par ulcère de l'anus.
ToU318-EL-SRIR.
* *
M. Ar^elès a raison de s'écrier : Qiielle
belle chose que de savoir plusieurs lan-
gues. On les met toutes à contribution !
Notre savant collaborateur n'ignore
sans doute pas que l'usage date de loin
parmi ceux que nos ancêtres qualifiaient
de doctes, et qu'aujourd'hui nous appel-
lerions simplement àts pédants. C'est sur-
tout au xvi° siècle que cette manie sévit
parmi les littérateurs et même les philo-
sophes, les mathématiciens et les auteurs
mystiques eux-mêmes habituellementplus
modestes.
Les deux célèbres réformateurs, disci-
ples de Luther, Œcolanipade de Bàle, et
Melanchthon préférèrent transformer ainsi
en deux mots grecs leurs nomstrop vulgai-
res allemands deHaiislicht et de Schioar^erde
(Lampe de la maison et Terre noire). Le
savant hébraïsant Reuchlin adopta le nom
grec latinisé de Kapnius tiré du grec Kap-
nos (fumée). L'astronome allemand Mill-
ier délaissa son nom pour prendre celui
de Regiomontanus qui est la traduction la-
tine de Kœnigshcrgensis^ parce qu'il avait
vu le jour près de Kœnigsherg (Mons re-
gius). etc..
Le prédicateur jésuite Canisius^ si célè-
bre parmi les catholiques allemands du
30 Septembre '■'^oj^,
482
xvi= siècle, avait également délaissé son
nom hollandais de : f^an den Hond (m. à.
ni)dH chien., pour latiniser ce nom trop
vulgaire sans doute. Il serait à souhaiter
qu'un érudit publiât un petit dictionnaire
usuel de ces noms propres d'hommes con-
nus de leur temps, qui ont ainsi changé
leur nom propre pour en adopter un au-
tre, soit sous forme de calembour, soit
le plus souvent grécisés, latinisés ou écrits
par anagramme ou métagramme.
J'ai longtemps cherché quel pouvait être
le savant désigné dans les ouvrages du
moyen âge et de la Renaissance sous le
nom. à'Abulensis ; (ut ait) Abulensis.il s'a-
git du roi de Castille, Alphonse X, qui
s'occupait d'astronomie et publia ses élu-
cubraiions dans la ville d'Avila (Abula)
en Espagne. On aurait dû nous prévenir.
AuG. Parapan,
L'origine ries n30ts«ciiic » 6t«miQ-
mac » (T, G. 204 , XLV ; XLVI ;L, 312,
43^). — A la rescousse, collabo Daron,
vous qui êtes si ferré sur « la discipline
grecque, sans laquelle, dit Rabelais {Pari'
iaoruel., II, 8) c'est honte qu'une per-
sonne se die savant ! » Est-ce bien sé-
rieux ce que prétendent nos deustchtico-
teurs de haute bosse, à savoir que mic'
mac n'est autre chose que l'allemand misch-
macsh ? Ne viendrait-il pas plutôt du grec
/^t7y.5'.(mig"ma)par l'intermédiaire des alchi-
mistes et chercheurs de pierre philoso-
phale du xv^ siècle? Lpt. du Sillon.
*
Au sujet de Lorigine de ce mot, voici ce
qu'écrit Edouard Fournier,dans : Enigmes
des Rues de Paris., page 261 :
Qji'un gamin comparaissant en police
correctionnelle pour quelque tour de son
métier, se laisse aller jusqu'à dire :« Dame,
c'est que j'ai le chic, »le président ne man-
quera pas de le rappeler à un langage plus
convenable, et il fera bien. Et cependant
c'est terme de Palais, Monsieur le magis-
trat ; ce mot-là, qui n'est qu'un diminutif
de chicane., s'est longtemps prélassé dans
vos prétoires avant de descendre dans les
ateliers et de là dans la rue. Ecoutez ce que
Du Lorens, en sa XIP satire, fait dire à un
plaideur du temps de Louis XIII :
J'use des mît.'? de l'art, je mats en mnrge hic.
J'espère arec le temps, que j'entendrai le cliic
Ecoutez aussi ces deux vers de la Hen-
riade travestie .
N* 1055,
L'INTERMÉDIAIRE
483
484 "
La Discorde qui sait le chic
Kn fait taire un dùcrct public.
Pourquoi faire dériver de l'espagaol ou
de l'allemand un niot que nous trouvons
dans nos vieux auteurs, et qui a l'allure si
française ?
Plus loin, parlant de Chicart, le même
auteur écrit :
Ainsi le peuple n'a pas inventé son lan-
gage, n'a pas inventé son esprit. 11 n'a
même pas créé les types dont il se vante.
Son fameux C/ncart, qui passe pour être
sorti tout armé, casque en tête et bottes
fortes aux jambes, d'une bacchanale éche-
velée du carnaval de 1835, est un produit
rajeuni de l'esprit populaire du xvi" siè-
cle.
Lisez les Sérècs de Guillaume Bouchet,
(Sérée XXV), vous y verrez que dès ce
temps on disait : Brave comme Chicart.
Nous ne croyons pas, quant à nous, que
le type de Chicard, genre xix*" siècle, soit
le même que celui dont nous entretient
Guillaume Bouchet dans ses« Sérées » chi-
cart pris dans la récente acception ne vou-
lant pas dire brave. Cela tendrait seule-
ment à prouver que notre moderne chi-
card z. eu un ancêtre, et un brave ancêtre.
C. Roche.
«J'appelle uu chat un cîiat »(L, 173,
310, 375}- — J'ai oui dire que Despréaux,
voyageant en pays Blaisois, avait été for-
tement échaudé, à Blois même, par un
aubergiste du nom de Rolet. Quelle
créance faut-il ajouter à ce récit ^ Je l'i-
gnore, mais ce que je sais, c'est qu'une
des éditions de Boileau, delà bibliothèque
Sainte-Geneviève (qu'on nie pardonne de
ne pas préciser d'avantage ; c'est en 1857
que j'ai eu l'occasion de la consulter)
porte en marge : Rolet, fameux hôtelier
du pays Biaisais.
Aussi je m'empresse de poser cette
question aux lecteurs de Y Intermédiaire :
Rolet, le Rolet de Boileau, était-il (com-
me on l'a cru jusqu'ici) procureur au par-
lement de Paris, ou hôtelier à Blois 't
Lpt. du Sillon.
Termes de marchands drapiers
(L, 339). — Voici une s< esquisse » d'ex-
plication au mot : timbre qui intrigue no-
tre confrère.
En anglais, le mot iimler — équiva-
lent certain de notre mot timbre — signi-
fie, entre autres choses, étoffe en pièce ou
rouleaux d'étoffes.
Ce gris en timbre ne signifierait-il pas
gris cil pièce ?
L'explication me semble plausible.
Hector Hogier.
Lancier du roi (L, 340). — Parmi
les créanciers de Germain Pichault de
la Aiartinière, premier chirurgien de
Louis XV et de Louis XVI, '\- à Bièvre le
17 octobre 1783, figure Bligny, graveur
et lancier du roi, pour 189 livres repré-
sentant des ouvrages faits aux voitures.
(D"' Léo Desaivre. Germ. Pichault de la
Mart. Blois, PaulGirardot 1873) p. 66-67,
en note : La lance était un instrument
dont se servaient les graveurs.
Aux Estampes de la Bibliothèque natio-
nale existe un portrait de Germ. P, de la
Mart. d'après Latinviile : présenté par
Bligny, lancier du roi. Et se vend à la
cour du manège aux Thuileries.
LÉDA.
Borie ne serait-ce pas métairie
(XLiV).
Borie, boriage, borde, borderie (dans les
langues du Midi) veulent dire maison des
champs (La Coussière, XLIV, 258).
Et dans l'Est de la France, Borde était
le nom générique donné aux habitations
communes aux lépreux :
On appelait bordes, écrit Lepage, Diction,
topogr. de la Meiirthe, des baraques isolées,
en planches, dont on se servait pour placer
les lépreux avant de les enfermer dans les
hôpitaux ; plus tard, on appliqua ce nom aux
léproseries elles-mêmes.
A. S.. E.
Entrées gratuites(L,62,326). — Que
Sir Graph se reporte à l'Histoire de la
Vie et des Ouvrages de Molière.^ de M. J.
Taschereau, y édit. Hetzel, 1844, page
69, et 2. Molière son Théâtre et son Ménage
par Eug. Noël, 3' édit. Bécus, 1880, page
132. Il y trouvera des renseignements
curieux sur les difficultés qu'eut Molière
avec les mousquetaires, les gardes du
corps, les gendarmes, les chevau-légers,
qui tous les soirs, emplissaient gratuite-
ment son parterre, de leurs tumultueuses
et colossales personnes.
C. Roche.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
485
La plantation des arbres (L, 174,
317). — Non, il n'existe pas de décret,
mais, ce qui est plus fort, il existe des
usages dits locaux d'abord, que l'on ne
trouve que dans des ouvrages spéciaux, et
la loi ensuite que l'on trouve dans le code
civil, art. 671, 672 et 673.
Pour les plantations, l'art. 67idudit
code civil (modifié p^r la loi de 1881)
s'exprime ainsi :
Il n'est permis d'avoir des arbres, arbris-
seaux et arbustes près la propriété voisine
qu'à la distance prescrite par les règlements
particuliers actuellement existants, ou par
des usages constants et reconnus, et, à dé-
faut de règlements et d'usages, qu'à la dis-
tance de deux mètres de la ligne séparative
des deux héritages, pour les plantations
dont la hauteur dépasse deux mètres, et à
la distance d'un demi-mètre pour les autres
plantations.
La loi ne fait donc plus que deux dis-
tinctions, quelle que soit l'essence des
arbres employés aux plantations : ou ils
auront moins de deux mètres, ou bien ils
dépasseront cette hauteur.
11 s'ensuit que les haies vives, qui n'at-
teignent généralement pas deux mètres de
hauteur, seront plantées à cinquante cen-
timètres du voisin : quant aux arbres
fruitiers ou autres, présentant un cer-
tain développement et dépassant deux
mètres en hauteur, leur pied sera planté à
deux mètres de l'héritage du voisin.
Avant 1881. il n'en était pas ainsi :
pour la distance à observer, on tenait
compte de la nature de l'arbre sans se
préoccuper que l'arbrisseau planté restait
inoffensif pendant un certain nombre
d'années.
Le texte nouveau de l'art. 671 est
beaucoup plus clair et coupe court à tout
commentaire.
Mais cette règle ne doit pas s'appliquer
aux espaliers. En effet, le deuxième alinéa
de l'art 671 s'exprime ainsi :
** Si le mur n'est pas mitoyen, le pro-
priétaire a seul le droit d'y appuyer ses
espaliers ».
Reste un point important à examiner,
c'est de savoir comment se mesure la dis-
tance pour effectuer les plantations.
Voici : La limite divisoire étant déter-
minée exactement, les distances de o,°50
et de 2 mètres, se prennent à partir de
cette limite jusqu'au centre du pied de
l'arbuste ou de l'arbre.
30 Septembre 1904»
486
Et dans le cas où les arbustes et ar-
brisseaux ne sont pas plantés à la distance
légale, l'art 672 (modifié par la loi du 20
août 1881) pose les règles à suivre :
Art. 672. — Le voisin peut exiger que les
arbres, arbustes et arbrisseaux, plantés à une
distance moindre que la distance légale,
soient arrachésou réduitsà la hauteur déter-
minée dans l'article précédent, à moins
qu'il n'y ait titre, destination de père de
famille, ou prescription trentenaire.
Si les arbres meurent, ou s'ils sont cou-
pés ou arrachés, le voisin ne peut les rem-
placer qu'en observant les distances léga-
les.
Ainsi, la loi actuelle n'exige pas l'arra-
chage des arbres plantés à une distance
moindre de deux mètres, mais seulement
leur réduction à une hauteur de deux
mètres: le propriétaire peut bien les arra-
cher, mais il est des cas où la réduction à
la hauteur légale suffit pour les conser-
ver.
Mais, demandera-t-on, la loi fixant une
hauteur invariable de deux mètres, doit-
on, tous les ans, exécuter la réduction de
la végétation annuelle à cette hauteur lé-
gale ?
11 semble qu'en droit cela doit être
exigé, bien que cela paraisse un peu dra-
conien: toutefois, comme laloi est muette,
il y a lieu d'interprétation dans chaque cas
particulier, soit qu'il s'agisse d'arbres
fruitiers, forestiers ou d'agrément.
Le seul cas où l'arbre doit être arraché,
c'est lorsqu'il a été planté à une distance
moindre que la distance légale ou coutu-
mière portée par les nouveaux articles et
que ladite plantation ait été effectuée
depuis leur promulgation.
Enfin, nous complétons cette note par
l'art. 673 (modifié par la loi de 1881) :
Art. 673. — Celui sur la propriété duquel
avancent les branches du voisin, peut con-
traindre celui-ci à les couper. Les fruits
tombés naturellement de ces branches lui
appartiennent.
Si ce sont les racines qui avancent sur
son héritage, il a le droit de les y couper
lui-même.
Le droit de couper les racines ou de
faire couper les branches est imprescrip-
tible.
En sorte que tout propriétaire peut ne
pas vouloir supporter la servitude de
branches occupant son terrain, même
lorsque les arbres qui les portent sont
N» «053.
L'INTERMÉDIAIRE
487
488
placés à la distance légale ; il y a donc
lieu de les couper à l'aplomb de la limite
divisoire, et ce soin incombe au proprié-
taire de l'arbre. Pour les fruits tombés
naturellement de ces arbres, il n'y a pas
de doute, s'il y a servitude, il doit y avoir
profit. Pour les racines, c'est le proprié-
taire lésé qui doit en faire la coupe,
parce que le voisin ne peut venir faire des
entreprises chez celui-là et qu'il ne peut
savoir bien exactement quel est le dom-
mage qu'il porte au voisin.
Mais existe-t-il un usage local ou
quelque règlement précisément sur le lieu
où peut se trouver le litige en semblable
matière ?
Comme les usages dits locaux sont
très nombreux en France et qu'ils varient,
pour ainsi dire, dans chaque c?nton, voire
souvent de commune à commune,
nous ne saurions répondre à cette der-
nière question sans connaître d'avance sur
quel point du territoire il faut faire les re-
cherches.
Que le curieux intermédiairiste pré-
cise dans un prochain numéro, et immé-
diatement il sera satisfait. Elie Gil
Ouvrages sérieux mis en vers
(T. G., 665 ; XXXll à XL ; XLIl ; XLIV a
XLIX, 129, 429, 537, 770; L, 100, 142).
Et la mer montait toujours...
Afin de s'y reconnaître, à marée basse
— en 1924 I — il convient d'écarter dès
aujourd'hui : 1° les Poèmes didactiques,
2° les ouvrages burlesques, 3° les com-
positions mnémoniques^ et de ne retenir
dans ce genre si compréhensif de la Poé-
tique Curieuse (Peignot) que sept ou huit
séries nettement caractérisées :
I La Poésie gnomiqtie,
II La Médecine,
III Le Droit,
IV L'Histoire et la Géographie,
V Les Mathématiques,
VI Les Grammaires,
Vil Les Beaux-Arts et les Arts,
VIII Les Miscellanea.
Entre les auteurs les plus osés : Forget,
Durosiers, Pichenot, Montandon, Chavi-
gnand, Wauthier, Demoyencourt de Bli-
gnieres, Ducros, Leclerc, l'abbé Flèches
de Mazade, Lancelot, le P. Buffier, j'en
passe et des meilleurs : ils sont légion,
ces bâtards du Parnasse ! Je ne voudrais
décourager personne, car le nombre de
mes fiches n'a pas encore dépassé sept
cents, mais quand la bibliographie n'est
pas enjeu, à partir de 1770 surtout, un
choix s'impose : l'esprit et la manière ont
disparu. Voici quelques numéros à titre
de contribution, et dans l'ordre :
1 0 Catéchisme en vers sut les sacrements de
la Pénitence et de V Eucharistie... (par
M" Dupuy, chanoine de Saint-Jacques de
l'hôpital de Paris). A Dijon, chez Claude
Michard, imprimeur et marchand libraire
au dessus delà place Saint-Jean l'Evangé-
liste, 1696, in-32 :
La Quenclomachie ou l'Histoire de la
Constitution Unigenitus ... Amsterdam,
1741 ; in-i2 ;
Petit sommaire de la doctrine chrétienne,
mis en vers françois avec les hymnes et
odes spirituelles qu'on chante devant et
après la leçon d'icelle par Michel Coys-
sard S. J. Lyon, Jean Pillehotte, 1591,
in-8° ;
Réflexions ou sentences et Maximes
morales de M. le Duc de la Rochefou-
cauld mises en vers par M. Boucher, Pa-
ris 1684, in-i2 ;
Méditation sur chacun des chapitres du
Livre des pensées consolantes de saint Fran-
çois de Sales, par P. Roussel, Bar-le-Duc,
1886, grand in- 16 ;
La Civilité de Jean Sulpice. imitée en
français par Pierre Broë, i 552 ;
Les Méditations de saint Augustin,
mises en vers françois par Pierre Tamisier,
Lyon, 1587, in-i2.
Les ICI propositions du P. Quesnel,
mises en vers par l'abbé Galabert, Arras,
1901, in-8°.
♦ ♦
la
2° L'Art d'être heur eux ou l'Origine de
gale, par M-N C***, Paris 1817, in-8°.
Condyles du fémur, vous leur donnez attache :
Et loi, calcaneum, songe à remplir ta tâche.
Quand tu vois accourir par de graisseux sentiers
Les tendons réunis de ces muscles altiers...
MyoJogia heroico carminé expressa, par
Spon, correspondant de Guy Patin /// BibL''
Anatomica, publiée à Genève en 1680 par
Leclerc et Manget ;
Le Lombric terrestre, vulgairement ap-
pelé Ver de terre, huit couplets avec
notes parj. Charrin, Paris, 1852, in-8".
L'Ecole de Salerne en vers burlesques,
Elzévir, 165 i, in-12.
De morhis venereis... Parisiis, 1847,
in-4°.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
489
30 Septembre 1904
490
Histoire naturelle en vers, par un mem-
bre de plusieurs sociétés savantes, petit
in-i2, Lyon 1883 ;
Diagiiose des Zoophytcs et des Cœlentérés
par le D' T. Prat, Toulon, 1886, in-8° ;
Décades de la description des animaux,
par Barthélémy Aneau. Lyon, 1549, in-8°.
La Fistule. .. conseils aux gens atteints
de cette triste maladie, par un fistuleux
E.-L. Desnost, salle Cochin, n° 5 Paris,
1856, in-8°.
Et bien avant La Plombéide, le poème
manuscrit du sous-préfet d'Agenis :
L'Odontotechnie, ou l'art du Dentiste,
poème en 4 chants, par ). Marmont^chi-
rurgien dentiste, Paris, 1824, in-8° ;
Des dents d'un lier dragon CaJmus semant la terre
Inventa — le premier — la science den — taire.
Voltaire devait se souvenir qu'Esculape
est fils d'Apollon ; à plusieurs reprises, il
a sacrifié à la Muse de Gerberon et de
Quillct :
11 vous prenait très galamment
Un morceau du C... du pauvre homme
Et puis au nez très proprement
Vous l'ajustait — si bien qu'en somme
Etc., etc
Après la Greffe animale. Cf. Le Chyle,
le Procès .1 le Moka.
{Mélanges littéraires XVIII, 28). De
même, Victor Hugo, {Les Quatre Vents
de ï Esprit). Jacq.ues Saintix.
Arbres de la liberté encore exis-
tants (XLIII ; XLIV ; XLIX, 607, 772,
858, 916 ; L, 24, 125). — En Seine-et-
Oise, à Bennecourt, canton de Bonnière,
non loin du fleuve, sur une petite place
qui sépare les deux hameaux de Triple-
val et de Cachalos, à côté d'une croix sou-
tenue d'un piédestal bâti, existe un arbre
de la liberté planté en 1848. C'est un orme
d'une vigueur telle que les racines, soule-
vant le massif de maçonnerie, ont fait
pencher le dé de pierre et s'incliner la
croix de fer. Anatole Pautre.
Procès aux animaux (XLIIIàXLVlI).
— C. B. Warée, dans ses Curiosités judi-
ciaires, consacre deux pages aux « Procès
condamnations, excommunications contre
des animaux », p. 440-443. Ayrault. Des
procès faits aux cadavres, aux bêtes brutes ., etc.
Atigers, 1591, in-4° ; Em. Agnel, Procès
contre les animaux, 1858, br. in-8°. A con-
sulter aussi : Ludovic Lalanne, Curiosités
des Traditions .^ Paris ; Delahays, in- 16,
p. 429. Louis Calendini.
* *
Par sa parole et son excommunication,
saint Bernard fit mourir une incroyable
quantité de mouches qui étaient dans
son église de Foigny avant qu'elle fût
dédiée, Mgr. Guérin Petits Bolland. t.
IX, p. 63. L. C. DE LA M.
Fer de cheval dans les églises (L,
340). — Dans un petit volume intéres-
sant, la Chronique des rues., à la page 167,
M. Edmond Beaurepaire a donné une
explication qui satisfera peut-être E,
Grave :
C'était, dit-il, un vieil usage, lorsqu'on
entreprenait un voyage, d'invoquer pour son
succès l'assistance de saint Martin. Pour té-
moigner de son invocation, on attachait un
fer de cheval à l'un des battants de la porte
principale de l'église, et pour que le saint
protégeât le voyageur et sa monture, on fai-
sait rougir au feu du fêvre, la clef de sa
chapelle, et on en marquait l'animal. 11 en
était de même, d'après Grégoire de Tours,
quand les chevaux avaient des maladies, ou,
simplement, pour les p.éserver d'accidents.
A propos de cet ouvrage de M. E. B.,
pourrait-on savoir quand paraîtra la
deuxième série annoncée plusieurs fois
par le libraire Sevin et toujours ajournée ^
CD.
*
Dans l'église romane de Cunault près
Saumur (M.-et-LJ le chapiteau d'un
pilier du transept nord est décoré d'une
série de fers à cheval disposés en feuilles
d'acanthe, reconnaissables à leurs clous et
à la forme très spéciale du fer à cheval à
cette époque. Léda.
On sait que le sanctuaire de saint
Martin de Tours a été le centre de
la vie religieuse en Gaule. Les barbares
pèlerins du vi' siècle venaient visiter le
tombeau de saint Martin, et pendant tout
le moyen âge se manifesta la dévotion au
saint ; les chevaliers, avant de partir pour
un long voyage, clouaient à la porte de
l'église un fer à cheval en l'honneur de
saint Martin. (Cf. Mâle, Lart religieux au
xiii** siècle en France, Paris, 1898).
D' A. T. Vercoutre.
Les servantes dans l'ancienne
famille française (L, 332). — S'il est
permis de répondre à côté, je conseillerai
N» 1053.
L'INTERMEDIAIRE
491
492
à notre confrère S. de regarder ce qui se
passe encore actuellement en Espagne où
la jeune fille — puis la jeune femme —
à quelques exceptions près, sont au même
degré que les jeunes femmes françaises au
xvn" siècle.
Une jeune espagnole de bonne famille
entre au couvent où elle n'apprend guère
qu'à réciter le rosaire et à faire quelques
travaux à l'aiguille. Rentrée dans sa fa-
mille, elle se croirait déshonorée si elle
s'occupait de quelque soin intérieur. Veut-
elle sortir, elle est immédiatement flan-
quée delà suivante qui, soit dit en passant,
est bien le meilleur porte-lettres que
puisse rencontrer un galant.
Dans de telles conditions, la servante
si elle est une fine mouche — et neuf fois
sur dix, comme intelligence et débrouil-
lage, elle rendrait des points à sa maî-
tresse — la servante, dis-je, prend sur le
faible cerveau de la jeune fille ou de la
jeune femme une autorité indiscutable.
Elle commence par donner des avis ;
bientôt elle commande.
Que l'on veuille bien se reporter à notre
théâtredu xvii= siècle. Les jeunesmaîtresses
ne sont que de pauvres « dindes » effa-
rouchées. Dorine, Lisette, Martine, Né-
rine tiennent le haut du pavé. Il ne s'agit
donc ni d'esclave, ni d'amie. Il s'agit d'une
débrouillarde et d'une rouée dont on ne
peut plus se passer. H. Lyonnet.
La Patte de chat (XLIX, 790, 938,
994, L. 99). — La réponse de notre collè-
gue Ave est inexacte. La Patte de chat n'a
jamais été dans la partie du boulevard de
Courcelles avoisinant la rue Fournial et la
rue Chazelles.
Enfant j'ai habité parla, il y a 36 ans.
La Patte de chat n'existait plus. Mais son
souvenir vivait encore très bien. On disait
alors qu'elle avait été sur le boulevard
de Courcelles, à peu près à la hauteur de
la rotonde du parc Monceau, à l'endroit
où les rues de Prony, de Thann, Legen-
dre et de Phalsbourg débouchent sur le
boulevard.
L'anecdote que notre collaborateur
Soulget raconte a- eu lieu en mars 189 1
(elle est rapportée dans la France Sociale
et Politique par A. Hamon, p. 5 68, année
1891). Il s'agit de M. Pruvost qui laissait
à la ville de Paris près d'un million. Ce
tenancier millionnaire était-il un des pro-
priétaires de la Patte de chat .f'Je ne me
rappelle pas le fait, et dans le livre en
question, il n'est pas indiqué qu'il s^a-
gisse de la Patte de chat. An Den.
Bien qu'il ne s'agisse pas ici d'une
question historique passionnante, je crois
devoir néanmoins rectifier, ou plutôt
compléter, les renseignements déjà four-
nis, en faisant connaître que la Patte de
chat était située à l'ancien 11° 52 du bou-
levard de Courcelles (précédemment bou-
levard Monceau, 62), c'est-à-dire sur la
partie actuelle du boulevard comprise
entre l'avenue de Villiers et la rue de
Tharn.
Contran-ement à ce qui a été dit, cette
maison, qui jouissait d'une réputation
spéciale, rapportait de gros bénéfices, et
cela est si vrai, que le S' Pruvot, Aimé,
mari de la dernière tenancière, a pu, dans
les conditions que nous indiquerons plus
loin, léguer près d'un million à la ville
de Paris.
Quant à la femme Pruvot, c'était,
comme la plupart de ses «. collègues »,
une solide gaillarde n'ayant pas froid aux
yeux, qui expulsait elle-même les clients
trop bruyants, en les menaçant, au be-
soin, de faire appel à « un réfugié polo-
nais » et à << un décoré de Juillet », qu'elle
tenait en réserve pour lui prêter main-
forte, le cas échant.
La Patte de chat était, contrairement à
l'usage, divisée en salons spéciaux où les
diverses catégories de clients ne se mé-
langeaient pas. Il y avait, notamment, un
salon particulier à l'usage des décorés
alors moins nombreux qu'aujourd'hui.
Une des pensionnaires de cette maison
hospitalière est devenue l'épouse légitime
d'un homme célèbre, et, comme elle
avait l'habitude des « Salons », son ava-
tar a passé inaperçu.
Une autre, montée en grade depuis, et
devenue à son tour dame de maison, c'est-à-
dire patronne de lupanar, vit aujourd'hui,
grâce à « sa conduite et à son esprit d'or-
dre' et d'économie » retirée des « affaires »
après fortune faite. Elle occupe un appar-
tement des plus luxueux dans un riche
quartier de Paris, appartement qu'elle a
choisi spécialement parce qu'il est situé
juste en face du banc sur lequel la police
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Septembre 1904
493
494
des mœurs l'a « cueillie » pour la pre-
mière fois, il y a une cinquantaine d'an-
nées.Cette « honorable » douairière avait,
d'ailleurs, de puissantes relations, car
elle a marié son unique héritière à un
assez haut personnage, et c'est elle, je
crois, qui a fourni à Guy de Maupassant
les éléments de Iz Maison Tellier.
En ce qui concerne plus particulière-
ment Pruvot, Aimé, il est décédé le 26
juillet 1890 « en sa maison de campagne»
à Solesmcs (Nord), après avoir fait un
testament aux termes duquel il laissait à
la ville de Paris, près d'un million, pour
la création d'un asile de nuit avec four-
neau dans le XVI1= arrondissement, sous
la condition que cet asile porterait son
nom.
Le Conseil municipal, sur le rapport de
M. Bompard, décida, le 27 mars 1891,
d'accepter ledit legs sous bénéfice d'in-
ventaire, et, après transaction avec la fa-
mille, il fut entendu que le nom du dona-
teur ne figurerait pas à l'extérieur de
l'asile, mais serait inscrit sur une plaque
commémorative à l'intérieur.
Au surplus, ne soyons pas sévères pour
la mémoire de Pruvot qui, mû par un
sentiment de vanité peut-être, n'en a pas
moins voulu faire bénéficier les malheu-
reux d'une fortune acquise d'une façon
immorale.
Combien de personnages solennels et
corrects, jouissant de l'estime publique,
se sont enrichis personnellement, sans
penser aux pauvres, en commanditant
des « confrères » de Pruvot ou en leur
louant, moyennant un loyer écrasant, des
immeubles qu'ils savaient devoir être
affectés à la débauche ; ce qui ne les em-
pêchait d'ailleurs pas de s'indigner contre
la traite des blanches et de jeter l'ana-
thème sur la police qui tolère ce que la
morale réprouve !
Eugène Grécourt.
Talma, poète. — Talma étant mort
le 19 octobre 1826, ses costumes, puis
les objets d'art (tableaux, dessins et gra-
vures) de son cabinet, furent vendus le
22 mars suivant ; les 26, 27 et 28 mars,
ce fut le tour de son mobilier ; enfin
l'adjudication de ses livres commença le
17 avril, à onze heures du matin, dans
sa maison, rue de la Tour des Dames,
n" 9, et donna lieu à huit vacations. Les
Sciences et Arts étaient représentés par
10 1 numéros; les Belles-Lettres par 171
et l'Histoire par 351.
Un exemplaire sur papier vélin de
V Odoniotechnie ou Y Art du Dentiste,
poëme par M. Marmont, publié en 18215,
rappelait la première profession de l'ar-
tiste ; pour l'Art dramatique, il fournis-
sait seulement 44 articles dont un, il est
vrai, détaillé par lots, comprenait de
nombreuses <' tragédies et comédies an-
ciennes et modernes, la plupart jouées au
Théâtre-Français ».
On trouve dans le catalogue de la bi-
bliothèque de Talma une importante série
de voyages, 40 volumes du Journal de
Paris, un exemplaire, relié en maroquin
rouge, du Plan de Paris de 1739, dit plan
de Turgot, mais peu de livres concernant
l'histoire du Théâtre-Français. Si les
Recherches sur les Théâtres de Fiance, par
Godard de Beauchamps, y figurent, on
n'y voit ni les ouvrages des frères Par-
faict, ni ceux du chevalier de Mouhy.
Nous avons eu entre les mains plu-
sieurs livres provenant de cette bibliothè-
que et reconnaissables à un envoi, à une
reliure emblématique ou à cette inscrip-
tion frappée en lettres dorées sur le plat :
M"" TALMA. Un de ces volumes contenait
une épitre assez médiocre comme facture,
mais intéressante pour l'hommage qu'elle
rend, pour le renseignement qu'elle four-
nit.
Delrieu, dont trois tragédies et une
comédie furent représentées au Théâtre-
Français, obtint, en 1808, un grand suc-
cès avec Artaxerce, joué 22 fois dans sa
nouveauté. Suivant les conseils de Talma,
il fit, en 1826, de nombreux change-
ments à cette tragédie en vue d'une re-
prise dans laquelle Talma aurait tenu le
rôle d'Artaban créé par Saint-Prix. Del-
rieu offrit à son « ami Talma » un exem-
plaire dî Artaxerce corrigé à la main et
accompagné d'une Epitre manuscrite dans
laquelle il lui disait :
De ton zèle éclairé que je te remercie !
De mon sage censeur, j'écoutai les avis.
Je suis heureux et fier de les avoir suivis.
Ta raison m'inspirait ; et ma plume docile
De ta bouche a souvent rei;u le vers facile.
Ta modestie en vain s'attache à contester
Ce fait : j'en suis témoin et j'aime à l'attester.
Oui, Talma ! du génie éloquent interprèle !
N» '053
L'INTERMEDIAIRE
495
496 —
Tu mérites encor le beau nom de poète 1
De cette \érilé j'ai le garant certain.
Riche de ton talent, épuré par ta main,
Artaxerce aujourd'iiui te doit ua nouvel être.
Enseveli dix ans Artaban va renaître ;
Kt, fier do les conseils, de la nuit du tombeau.
S'élève, sous tes traits, plus brillante! plus beau.
Après la mort de Talma, Artaxerce fut
repris le 7 mars 1827, avec Desmous-
seaux, dans le rôle d'Artaban. Une nou-
velle édition, revue, corrigée et conforme
à la représentation, publiée à cette occa-
sion donne VEpître à Talma, mais elle est
modifiée et ne contient plus les vers ci-
dessus. C.
La France et le Vatican en 1818.
Lettre inédite du comte Portalis.
— Voici une lettre du comte Portalis, le
fils d'un des principaux rédacteurs du
Code civil et l'un des négociateurs du
Concordat. Elle est écrite de Rome où il
était en mission, pour essayer de faire
aboutir un nouveau Concordat dont les
bases avaient été repoussées par les Cham-
bres en 1817. Il est assez curieux de voir
que, d'après Portalis les libéraux de la
Restauration — les rouges à' bXoïs — vou-
laient déjà enlever aux prêtres toute in-
gérence dans la vie civile. Portalis va
même plus loin : ils accusent les mêmes
libéraux de poursuivre la destruction de
tout sentiment religieux.
La lettre se continue par de courtes
remarques sur l'esprit de la cour pontifi-
cale. C'est le cas de le dire : Thistoire est
un perpétuel renouvellement.
Quoique je vous aie écrit par le dernier
courrier, mon cher maître, je ne veux pas
laisser partir celui-ci sans vous remercier
de votre nouvelle lettre. C'est un bienfait
de plus, mais il ne peut ajouter à ma re-
connaissance et à mon attachement pour
vous. Je commence à croire que je vaux
quelque chose en voyant ce que vous m'es-
timez. Il serait vraiment à désirer que l'on
eût autant de facilité à faire le bien qu'on
en a à prévoir le mal, le mal à venir. Il y
aurait alors du remède et je déjouerais de
tout mon cœur les calculs de ma pré-
voyance. J'ai peur que nous ne soyons
dans un cercle vicieux. On ne veut rien
faire pour le clergé, parce qu'il est ultra-
montain, et il continuera d'être ultramon-
tain parce qu'on ne fera rien pour lui. Il
faudrait pourtant sortir de là et intéresser
le sacerdoce catholique au nouvel ordre de
choses. Bonaparte en avait senti la néces-
sité, quoiqu'il ne fût pas partial pour les
prêtres et il n'y avait pas mal réussi. On
peut aisément lier à un régime constitu-
tionnel une église nationale qui a ses maxi-
mes propres et qui fait un corps à part,
mais si l'on veut qu'elle tienne à ses maxi-
mes, il faut que ses maximes lui profitent
et qu'on s'en serve pour elle et non contre
elle. Il ne faut pas l'associer au nom de ses
libertés, il ne faut pas conclure de la liberté
des cultes à l'égalité de tous les cultes et de
la tolérance civile à l'indifférence religieuse
ou à l'abolition de tout principe religieux.
Or, il y a de cette tendance là au fond du
cœur de nos libéraux. Dieu fasse que leur
règne n'arrive pas ; c'est ce que je lui de-
mande tous les jours. Je désire de tout
mon cœur, vous n'en doutez pas, que ma
mission ait un bon résultat, mais je dois
toujours répéter que je le souhaite bien
plus que je ne l'espère. Ici on s'occupe de
soi plus que de la conservation de la Religion
en France. Les hommes religieux, par
principe même de Religion, mettent les
intérêts du Saint-Siège avant tout: c'est la
doctrine locale. Les hommes qui ne le sont
pas pensent de même : c'est le conseil de
leur intérêt personnel. A Paris on n'est
préoccupé que de la crainte d'être accusé
de regarder en arrière, de n'être pas assez
fidèle aux principes de notre droit public
national, assez soigneux des prérogatives
de la puissance législative, assez appliqué
à maintenir la sécularisation de toutes cho-
ses et à écarter les prêtres de toute parti-
cipation aux affaires civiles. Il est difficile
de s'entendre en partant de points si oppo-
sés, cependant j'accepte avec joie l'augure
favorable qui est contenue dans votre let-
tre et je me livre presque sans réserve à
votre aimable optimisme. Sans doute nous
avons beaucoup gagné, nous sommes sur
un bon terrain, mais il faut nous y mainte-
nir. Les Israélites édifiaient le second tem-
ple en tenant la truelle d'une main et l'é-
pée de l'autre. Au reste nous perdons ici,
depuis dix jours, notre temps en d'inter-
minables fêtes. Le Roi de Naples y est
venu chercher son frère le roi Charles IV,
Rome s'est ébranléejusque dans ses fonde-
ments pour le bien recevoir.
Je vous prie d'agréer l'assurance de mon
inviolable et respectueux attachement.
Votre affectionné disciple
Le Cte Portalis
à Rome ce 6 novembre 1818.
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ET CURIOSITÉS
ARTlSTIUUtS
497
498
Olllueôtians
Des vers de Dumas père à re-
trouver. — Un intermédiairiste, au cou-
rant des romantiques, pourrait -il me citer
les vers qu'Alexandre Dumas père écrivit
en marge de l'exemplaire de Ronsard
donné par Sainte-Beuve à Victor Hugo ?
(Je n'ai pas sous la main le livre d'Asse-
lineau). 11 a dû parler de ces vers, s'il m'en
souvient bien. Ego.
Correspondance originale de Be-
naben. — Benaben, ancien oratorien de-
venu fougueux révolutionnaire, fut nom-
mé par l'Administration du département
de Maine-et-Loire (alors Mayenne-et-
Loire), commissaire civil près les armées
républicainesopérantcontre les Vendéens ;
il a fait imprimer le rapport de sa mis-
sion et a laissé une correspondance assez
copieuse, sur le même sujet. Le tout a été
publié dans la Revue de la Révolution, de
M. Gustave Bord, années 1884 à 1886.
Ces documents ne manquent pas d'inté-
rêt ; mais, par suite de circonstances et
d'incidents absolument étrangers à la
Revue qui lésa publiés, leur importance
historique gagnerait considérablement, si
on pouvait confronter l'imprimé avec les
originaux eux-mêmes.
Une note du copiste de ces documents
annonce qu'une partie, tout au moins,
existait encore, au moment de leur publi-
cation, entre les mains d'une dame G...
de Bordeaux. Serait-il possible d'avoir
communication de ces originaux .? Quel-
que confrère pourrait-il me dire où ils
sont aujourd'hui ?
H. Baguenier Desormeaux.
Camilla Selden, livre sur Henri
Hôine. — Peut-on fournir des rensei-
gnements sur Camille Selden, (v. \' Inter-
médiaire du 20 février 1902, col. 241) qui
a publié un livre sur H. Heine et qui était
autrefois professeur à Rouen ? Vit-elle
encore '^ Où ? L-
Le serment maçonnique. — Sans
entrer dans la polémique des partis et
au seul point de vue documentaire et his-
torique, peut-on demander quelle est la
formule du serment maçonnique, si cette
formule n'est pas secrète, et même si elle
est secrète? E F.
Le lieu des exécutions à Paris.
— L'on en connaît plusieurs, place de
Grève, place de la Révolution, place du
Trône renversé, barrière Saint-Jacques,
place de la Roquette. Un confrère bien
ferré sur l'histoire de Paris pourrait-il
taire suivre ces noms de places de quel-
ques dates ? Ainsi, je désirerais savoir où
l'on exécutait le 9 brumaire an V — 30
octobre 1796. Faute d'un petit tableau
chronologiqne, je l'ignore encore.
H. L.
Voir Intermédiaire XLIV, XLV, XLVI.
L. 10
N* Ï054.
L'INTERMÉDIAIRE
499
500
L'écharpe de Camille Desmou-
lins. — Le savant baron de Girardot
possédait l'écharpe de ce conventionnel et
plusieurs objets de toilette ayant appar-
tenu à Lucile, sa femme, lesquels ont été
vendus au mois de juin 1879, P^'' ^^^
soins de M. Etienne Charavay. Connaît-
on les acquéreurs de ces reliques ?
Paul Pinson.
Tentative de fusion du Parti roya-
liste au mois d'octobre 1863. — Le
II octobre 1863, le comte de Locmaria
écrivait à un membre du Comité royaliste :
La mesure que je propose ne doit être
connue, qu'au moment où il sera possible
de l'expliquer, car le parti royaliste, qui
acquerrait tant de force par la fusion, a
dans son sein un homme habile à profiter
des moindres indiscrétions, à s'en faire une
arme contre ceux qui devraient être consi-
dérés par lui comme des amis, et qu'il traite
comme des obstacles, dans l'intérêt de sa
domination ou de ses spéculations commer-
ciales.
Quel est le personnage auquel fait allu-
sion le comte de Locmaria ?
Ce projet de fusion fut-il sérieux ?
Arm. D.
Armoiries à déterminer: d'or à la
fasce de sable. — Sur unjoliex-librisdu
XVI118 siècle : d'or à la fasce de sahle chargée
de trois sabots ou souliers d' argent .accompa-
gnée de trois membres d'aigle ou de griffon au
naturel^ 2 et i . Masny.
Un hôtel delà rue de la Verrerie.
«Le dauphin, qui depuis futCharles VII,
y avait eu son hôtel ; c'est là que dans la
nuit du 28 au 29 mai 1418, après la trahi-
son de Perrinet Leclerc, Tanneguy Ducha-
tel" était venu l'arracher de son lit pour
l'emporter à la Bastille ».
{La Cité. Bulletin de la société his-
torique et archéologique du IV' arrondis-
sement de Paris, n° 1 1 — : la Rue de la
Verrerie, signé A. Demmler).
Le comité de direction de cette société
n'a certainement pas accueilli à la légère
la communication de M. Demmler, et par le
fait même de l'avoir publiée dansson bul-
letin,il lui a donné un caractère d'autorité.
Donc nous devons croire que le Dau-
phin, qui depuis fut Charles Vil, a eu un
hôtel rue de la Verrerie ; mais où se trou-
vait cet hôtel ? Nothing.
Le grenier de Déranger. — Le
grenier qui inspira la chanson célèbre
existerait toujours, au 50 de la rue de
Bondy. M. Eugène Baillet, témoin véri-
dique, tient do Béranger lui-même que
la mansarde qu'on aperçoit encore en cet
endroit est celle où il chanta Lisette.
Mais son biographe Paul Boiteau indi-
que comme maison du grenier, celle dans
la même rue portant, en 1861, le n^gS.
La version de M. Eugène Baillet est
solide, mais d'où vient que Paul Boiteau,
si précis, a pu s'égarer ? Sait-on d'autres
témoignages directs qui expliqueraient
cette contradiction .?
Y.
Balagny. — Je possède la lithogra-
phie d'un portrait peint par Weber, avec
la mention suivante : Balagny, {Jean de
Montluc. seigneur de) 3 i mai i 594. Maré-
chal de France, f 1603.
Peut-on me dire s'il y a relation entre
ce personnage et la famille Rossignol de
Balagny, sur laquelle M. le comte de
Bony de Lavergne a fourni quelques ren-
seignements dans Y Intermédiaire \XLN ,
855)? Iaphet.
Bernot de Charaut. — Dans V Inter-
médiaire du 30 août 1904, notre collabo-
rateur Pila cite, dans son article sur les
anthropophages français, un nommé Ber-
not de Charaut, bailli de Sancerre en 1685,
Ne serait-ce pas Bernot de Charant ? Si
oui, je serais fort heureux de connaître sa
descendance. P. de M.
Comtesse de Genlis. — M. Olivier
Besnard étant à Paris en 1824, où son
fils, qui devint plus tard officier de ma-
rine, était à l'Ecole Polytechnique, acheta
des meubles ayant appartenu à Mme la
Duchesse d'Angoulême ; l'un d'eux ren-
fermait un album de soixante-dix feuilles
de plantes peintes à l'aquarelle par Mme
la comtesse de Genlis. Connaît-on d'autres
peintures d'elle; ont-elles de la valeur.?
F. P. Mac Rebo.
Madame Huyghens. — Madame
Huyghens, née Lowendahl et petite-fille
du comte de Charolais, se réfugia en
France (1810) avec deux de ses enfants,
à la suite de dissentiments avec son
mari, ministre du roi Louis Bonaparte à
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1904
501
;o2
Cassel. La postérité de cette dame d'hon-
neur de la reine Hortense existe-t-elle en-
core aujourd'hui ? H. de W.
Maîemoiselle Liegallois. — Le
maréchal marquis de Lauriston, grand-
veneur et ministre d'Etat, mourut subi-
tement le 10 juin 1828, dans la chambre
à coucher de Mlle Legallois, danseuse à
l'Opéra, et non pas exactement « dans les
bras de la Religion», comme le dit \t Mo-
niteur du lendemain.
Cette phrase malheureuse et célèbre,
qui valut un surnom à Mile Legallois, est
tout ce que je connais de l'anecdote. Que
sait-on de plus sur la petite danseuse chez
qui M. de Lauriston commit l'indiscrétion
de trépasser ? ***.
M. de S. B. — Dans les tomes V et
VI des Documents inédite qu'il publiait
avec sa très regrettée Revue de la Révo-
lution^ M. Gustave Bord donne une Cor-
respondance du général Turreau.
Je désirerais savoir quel est le correspon-
dant du général désigné sous les initiales
« de S. B... ». Je serais reconnaissant à
l'intermédiairiste qui voudrait bien, avec
le nom, donner quelques détails sur le
personnage.
H. Baguenier Desormeaux.
Ouvrages sur le Tintoreî.
En
dehors des livres de Ridolfi et de Zabeo,
mdiqués par la Bibliographie biogra-
phique d'Œttinger, pourrait-on me faire
connaître d'autres ouvrages concernant
le Tintoret et la vie de ce grand peintre ?
Malatesta.
"VrainLucas. — Qii'est devenu le
célèbre mystificateur après le procès Mi-
chel Chasles }
Quelle est la date de sa m.ort ? S.
L'aigle de Prusse dans les armes
d'une famille. — Je possède les lettres
de noblesse conférées en 1796, à un ca-
pitaine du régiment de Manstein, nommé
Louis de Bertram, par Frédéric- Guil-
laume II.
Les armoiries figurant dans ces lettres
peuvent se lire ainsi : coupé ; au i :
d'azur ^à l'aigle de Prusse^ issant du coupé;
au 2 : losange d'or et de sable.
Je poserai à leur sujet deux questions :
1° L'aigle de Prusse étant de sable, ces
armoiries ne contiennent-elles pas une
dérogation aux règles héraldiques ? Ce
qui peut paraître singulier venant d'une
cour allemande où ces règles semblent
mieux observées qu'ailleurs.
2'^ Le fait de faire figurer dans les
armes d'une famille une pièce de son bla-
son n'est-il pas rare chez un prince et
n'est ce pas une faveur particulière ?
X.
La véritable « Edition princeps »
des oeuvres du chevi'lier de Bouf-
flers. — Cette édition, ne serait elle
point celle-ci : Œuvres du chevalier de
Boufflers A La Haye, chez Detune li-
braire, 1781, petit in- 12 de 144 pages?
Elle est moins complète et aussi moins
élégamment imprimée que la jolie petite
édition Cazin. A Genève [Paris], 1782,
168 pages. Dans ces deux éditions, les piè-
ces sont disposées dans un ordre identi-
que : l'une a dû, nécessairement, ser-
vir de modèle à l'autre. Mais Ledit.
Cazin renferme, en plus, ajouté à
la fin, le petit poème en sept chants :
Caquet- Bonbec, la poule à ma tante, le-
quel n'est pas de Boufflers et que l'Edi-
teur n'a placé là (dit une note) que pour
que le volume soit aussi gros que les
autres de la même collection.
Le Manuel de Brunet ne mentionne
pas ces deux premières petites éditions.
En connaitrait-on d'autres qui leur
soient antérieures de date .?
Ulric R.-D.
« Pathslin ». Sûnte-Beuve. —
Parmi les livres de Sainte-Beuve, vendus
peu de temps après sa mort, il y avait un
exemplaire de la Farce de Pathelin, édition
de Génin, 1854, que Sainte-Beuve avait
annoté sur les marges, au crayon et à la
plume. Qui sait ce que ce précieux exem-
plaire de Pathelin est devenu ? A moins
que je ne me trompe, les notes de Sainte-
Beuve restent inédites. R. T. H.
Bibliotlièque du baron de Guerne.
— M. le baron de Guerne, ancien maire
de Douai, possédait une bibliothèque riche
en ouvrages précieux dans tous les gen-
res, mais il s'était attaché principalement
à ceux imprimés à Douai. Sait-on si cette
N» 1054
L'INTERMEDIAIRE
503
504
bibliothèque a été conservée par ses héri-
tiers, ou si elle a été livrée aux enchères ?
P. SiNPON.
Les verbes en eler, eter. — Sans
entrer dans des considérations linguisti-
ques trop complexes, on peut rappeler ici
que notre langue, dans la refonte de la
conjugaison, a ramené les formes du verbe
à un typede radical emprunté tantôt aux
formes fortes comme je dois^ tantôt aux
formes faibles comme je cck.
Lorque la voyelle accentuée du radical
était un e libre, la forme faible le conser-
vait. Sans donc se perdre dans les profon-
deurs de la philosophie du langage, on
peut dire que si des pluriels comme appe-
lons^ épelons et même jetons pouvaient se
prononcer : applons^ épions et mèmey/c)«5,
il ne pouvait en être de même au singu-
lier du temps auquel ils appartiennent, ce
qui aurait abouti a]apple,j'eple et surtout
jejfe. _
La simple loi du moindre effort a donc
amené l'accentuation de Ve muet du radi-
cal à quatre personnes du présent de l'indi-
catif et du subjonctif, au futur et au condi-
tionnel.
Mais au lieu d'écrire, dans ces diffé-
rents cas, en employant l'accent comme
on l'a fait pour acheter^ becqueter^ bourre-
h'r^ celer ^ colleter^ épousseter, écarteler^
geler, harceler, ma?'îeler, modeler, peler,
on a pour tous les autres verbes doublé
r/ou le t.
11 y a là un défaut d'unité que rien ne
justifie et qui est une source de difficultés,
à une époque où l'orthographe a pris une
importance si exagérée. Que de temps
perdu qui pourrait être employé plus fruc-
tueusement, pour fourrer cette inutilité,
entre toutes, dans la tête de nos enfants!
Cette anomalie disparaîtra certainement,
mais c'est à l'usage à aller de l'avant.
Dans quel sens nos collaborateurs pen-
sent-ils que devrait se faire la réforme .?
En adoptant pour tous les verbes, l'accent
grave, système plus logique, mais très
exceptionnel jusqu'ici, ou en doublant par-
tout 1'/ ou le /, système plus ancien, mais
beaucoup plus général, et surtout plus
habituel ? Ce serait peut-être préférable
comme plus pratique.
Je n'ai pas besoin d'ajouter qu'il n'y a
dans les façons différentes d'écrire actuel-
lement qu'un pur caprice d'orthographe
sans l'ombre d'une raison.
Paul Argelès.
Le lit de famille. — L'usage était
jadis en France de n'avoir qu'un seul lit
dans chaque famille, un lit très vaste,
large de six pieds ou davantage. Toute la
famille y reposait ensemble, les parents,
les enfants et même les servantes.
Cet usage existe-t-il encore dans cer-
taines provinces, chez des paysans rela-
tivement aisés .^ Bien entendu, la question
ne porte pas sur les familles tout à fait
misérables. S.
Les tripes à la mode de Gaen do
Bourbon-Lvîontmorency-Créqui. —
Ce n'est pas un problème très palpitant,
mais c'en est un tout de même.
M. Quesnay de Beaurepaire, dans un
article du Gaulois (27 septembre 1904),
passant en revue les bizarreries de la jus-
tice sous la Révolution, cite ce trait :
Cevtain aventurier parisien, ancien mar-
chand de tripes h la mode de Caen, conçut
l'ingénieuse pensée de se présenter, au début
de l'émigration, comme l'aîné d'une grande
maison, naguère dépouillé et séquestré par
d'abominables gentilshommes. Cette attitude
dans le goût du jour le rendit un moment
sympathique et quasi populaire. Peu ferré sur
l'Armoriai, notre homme accum.ula sur sa tête
les noms et les titres, afin d'augmenter ses
chances, et se fit appeler modestement « Bour-
bon-Montmorency-Créqui ». Inutile d'ajouter
qu'il réclamait la restitution d'immenses do-
maines. On l'accueillit à merveille comme une
victime ; Mme Rolland. Bailli, Robespierre
lui-même, lui prêtèrent leur appui. Puis vint
la Terreur. Le tripier alors cessa peu à peu
de paraître l'ennemi des nobles à force de
faire sonner sa noblesse prétendue. Ses procès
civils appelèrent sur lui l'attention malveil-
lante, puis la foudre. Un orateur du club le
dénonça, et, finalement, l'aventurier fut guil-
lotiné en sa qualité de plaideur et grâce aux
titres dont il s'affublait, j'ai trouvé aux Archi-
ves son arrêt de condamnation sous le nom
de « Créqui-Montmorency ».
L'intérêt est certainement dans le cas
de ce marchand de tripes à la mode de
Caen devenu, par la grâce de la tour-
mente, Créqui-Montmorency. Une chose
à côté me frappe : les tripes à la mode de
Caen importées à Paris sous la Révolu-
tion : je croyais cette importation infini-
ment postérieure. Les gourmets qui font
de l'histoire, qu'en pensent-ils ? Y.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1904.
505
506
Eépan^es
Le docteur Mathanasius, auteur
du « Chef-d'œuvre d'un inconnu »
(L, 390). — Le véritable auteur se nom-
mait Hyacinthe Cordonnier, né le 24 sep-
tembre 1684. à Orléans, plus connu sous
le nom deThémiseuil de Saint-Hyacinthe.
Il était fils de J. J. Cordonnier, écuyer
porte-manteau de Monsieur, frère de
Louis XIV. Sa mère, une demoiselle de
Mauléon, après la mort de son mari sur-
venue en 1701, vint se fixer à Troyes et
lui fit achever ses études chez lesOrato-
riens. Elle fit prendre à son fils le nom de
chevalier de Themiseuil et lui obtint, à
dix-neuf ans, un brevet d'officier de cava-
lerie.Fait prisonnier à la bataille d'Hochs-
tett, le jeune officier fut conduit en
Hollande. Il revint à Troyes, qu'il quitta
définitivement pour aller se fixer en Hol-
lande où il avait contracté des amitiés.
Là il se mariii avec Aille de Marcona}',
fille d'un gentilhomme poitevin réfugié
pour cause de religion et se retira en der-
nier lieu à Genecken, près Bréia, où il
mourut en 1746. Le Chef-d'œuvre d'tm
inconnu qu'il mit au jour en 17 14 est la
chanson populaire des amours de Colin
et de Catin qu'il orna d'un commentaire
ironique et de tous les prolégomènes dont
les savants hollandais accompagnaient
alors les éditions des auteurs classiques
dont le texte disparaissait sous un déluge
de notes. C'était la critique la plus ingé-
nieuse et la plus piquante de l'abus de
l'érudition.
Il fut aidé par S'Gravesande, Sal-
lengre, Prosper Marchand, Van Effen et
autres littérateurs de son entourage. L'ou-
vrage fut attribué d'abord à Fontenelle et
à La Monnoye ; on n'en connut le vérita-
ble auteur que plus tard. Le Chef-d'œuvre
d'un inconnu eut dans son temps un succès
extraordinaire et a été souvent réimprimé
avec des augmentations. L'édition la plus
complète est celle qu'a publiée P. X. Les-
chevin, en 1807. Elle comprend 2 volu-
mes qui sont précédés d'une notice de
103 pages sur la vie et les ouvrages de
Saint-Hyacinthe. A. Claudin.
La tombe de Mirabeau (T. G..
594 ; L, 45 1). — On a fait des fouilles pour
retrouver le cercueil de Mirabeau, au fau-
bourg Saint-Marcel. Sur la foi de témoi-
gnages oraux, on cro3'ait, et on croit en-
core, que Mirabeau a dû y être inhumé.
De cette inhumation il n'existe pas de
preuves.
Un document officiel, au contraire, éta-
blit que Mirabeau a été transporté à sa
sortie du Panthéon, non au cimetière
Sainte-Catherine (Clamart), comme le veut
la légende, mais au cimetière de Saint-
Etienne-du-Mont. Ce document a été
trouvé par M. Coyecque, qui a porté le
fait à la connaissance de la Commission du
Vieux-Paris (Séance du 7 juillet 1904). C'est
une lettre adressée à la sœur de Mirabeau.
27 Vendémiaire an VU.
L'Administration du département de la Seine
à la citoyenne Lasteyrie du Saillant, rue de
Seine, maison Mirabeau.
Pour satisfaire à votre désir de recueillir les
restes funéraires du citoyen Riquetti Mira-
beau, nous vous autorisons à les faire exhu-
mer du cimetière Etienne du Mont,o;V il a été
déposé à sa sortie du Panthéon, à la charge
par vous de nous faire connaîtie le lieu où
vous l'aurez fait transporter. Que des membres
de l'administration municipale du XI' arron-
dissement en produisent procès-verbal.
Quant à la remise du cercueil de plomb qui
recelait le corps de votre frère, nous vous
observons que c'est au ministre des finances à
l'ordonner.
Salut et fraternité.
A. Sauzay.
(Archives de l'Hôtel de Ville, n° 636)
(Bibliothèque Paient de Rosan^ manuscrit
Ainsi le 17 vendémiaire an Vil éi8 oc-
tobre 1798), le cercueil de Mirabeau était
à Saint-Etienne-du-Mont « où, disait la
réponse officielle, il avait été déposé à sa
sortie du Panthéon ».
Mirabeau, jusqu'à cette date (1798)
n'avait donc pas été transporté au cime-
tière Sainte-Catherine, au faubourg Saint-
Marcel.
Voudrait-on soutenir que retiré de
Saint-Etienne-du-Mont, madame Lasteyrie
du Saillant transporta à Clamart le corps
de son frère ^
Faute de documents probants, on ignore
si madame de Lasteyrie est venue prendre
les restes qu'elle réclamait. Et si elle est
venue les prendre, on ignore où elle les a
portés. Mais alors qu'elle estimait indécent
que son frère fût inhumé à Saint-Etienne-
du-Mont, ne l'en aurait-elle sorti que pour
N» 1054.
507
le porter dans un cimetière qui était celui
des réprouvés ? C'est totalement inadmis-
sible.
Dans tous les récits qu'on nous fait de
la présence de Mirabeau au cimetière
Sainte-Catherine (Clamart), il est parlé
des souvenirs d'anciens fossoyeurs qui ont
vu tout au fond, dans la fosse commune,
sa bière en plomb.
Or, deux dossiers découverts, il y a
quatre ans, par M. Coyecque, sont relatifs
à ce cercueil et à celui de Marat.
Lorsque l'on rapporta pour ces person-
nages les honneurs du temple, on ne se
borna pas à les mettre hors du Panthéon,
on les mit aussi hors de leurs cercueils
pour en garder le plomb. Dans le dos-
sier des Domaines, nous voyons (Bul-
letin de la Société de V Histoire de France,
lojuillet 1900, page 129) que des cer-
cueils de plomb — vides, bien entendu —
furent disposés dans une des salles atte-
nantes au cimetière Saint-Etienne-du-Mont.
Dans une lettre écrite le 12 Messidor an
VI (30 juin 1798), l'architecte Radel dé-
clare que ces cercueils « sont tout à fait
mutilés et presque mis en pièces » ; il
propose de les envoyer au Muséum, qui
les emploiera à des travaux de couver-
ture. On a remarqué dans la lettre publiée
plus haut que l'administrateur qui répond
à madame de Lasteyrie du Saillant, lui
fait observer que c'est au ministre des
finances à ordonner la remise du cercueil
vide qui a contenu les restes de son frère.
Elle adresse donc une demande spéciale
à cet effet, puisque satisfaction lui est
donnée le i^'' décembre 1798 par le Direc-
toire Exécutif.
Le 28 décembre suivant, il est établi
que l'un des cercueils, celui de Marat, a
été transporté dans le dépôt de l'Abbaye ;
l'autre, (celui de Mirabeau), a quitté l'abri
de Saint-Etienne-du-Mont. Pour qu'il
n'ait pas suivi celui de Marat, il faut qu'il
ait reçu une autre destination, qui fut,
selon toutes probabilités, sa remise à la
réclamante. (Archives de la Seine, fonds
des Domaines, carton 34, dossier 32, et
carton 59, dossier 8062).
En dehors des racontars, c'est tout ce
que nous savons de la question jusqu'à ce
jour. Madame de Lasteyrie a-t-elle, comme
elle l'a sollicité, fait exhumer son frère ?
Une fois exhumé, s'il le fut, où l'a-t-elle
transporté .''
L'INTERMÉDIAIRE
508
L'autorisation contenait l'obligation
pour elle de faire connaître la sépulture
cercueil
d'où
de
on le
Radel pro-
Museum le
qu'elle aurait choisie. Si elle l'a fait, on
n'a pas encore trouvé trace de sa réponse.
C'est pour jeter les chercheurs dans une
grande perplexité. Aux différents endroits
où l'on supposait qu'avait pu être trans-
porté le cercueil, on ne trouve ni indices
ni tradition d'un événement de cette im-
portance.
De toutes façons, ce qu'on sait de pro-
bant, d'irréfutable, ruine le crédit accordé
aux propos de Nodier, de Dumas et de
tous ces charmants conteurs qui ne se
mettaient pas assez en garde contre les
broderies de leur imagination. Aucun do-
cument historique n'aboutit, même par le
prolongement de l'hypothèse, au cimetière
Sainte-Catherine, au lugubre Clamart.
Chronologiquement, les pièces officielles
que nous possédons se juxtaposent ainsi
Mirabeau enfermé dans son
plomb, sort du Panthéon,
chasse.
jo Juin l'jçS. L'architecte
pose de faire transporter au
cercueil de Mirabeau qui, vide, est déposé
dans une salle attenante au cimetière
Saint-Etienne-du-Mont.
18 octobre i/ç8. La sœur de Mirabeau,
ayant demandé qu'on lui remette les
restes de son frère et les débris du
cercueil, on lui répond d'une manière
favorable pour les restes.
/*"• décembre iyp8. On lui répond d'une
manière favorable pour le cercueil.
28 décembre i/qS. Le cercueil n'est plus
à Saint-Etienne-du Mont.
En résumé, toutes les pièces officielles
que nous possédons concordent pour
montrer, déposés à Saint-Etienne-du-Mont
dès sa sortie du Panthéon, et le corps de
Mirabeau et son cercueil.
Aucune pièce officielle, aucun document
sérieux, ne permet de dire déposé au ci-
metière de Clamart, où on l'a tant cherché
el où on le cherche encore, le cercueil
contenant les restes de Mirabeau.
La légende qui l'y place a toutes les
apparences d'une mystification.
Le serment des ecclésiastiques
sous la Révolution (XLIX, 837, 964 ;
L, 123, 18S, 231, 292, 400). — Dans la
polémique ouverte entre MM. Aulard et
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Octobre 1904,
509
îio
Uzureau, et à laquelle s'intéressent les
lecteurs de Vlntenncdiaire^ il semble que
la pièce suivante puisse aider à trancher
le différend. Il s'agit de l'Instruction sur
la constitution civile du- clergé^ délibérée
par TAssemblée Constituante dans sa
séance du 21 janvier 1791, et envoyée par
elle à tous les départements.
En voici les passages saillants :
L'Assemblée Nationale, après avoir porté
un décret sur l'organisation civile du clergé
(12 juillet 1790), après que ce décret a été
accepté par la loi comme constitutioknel (24
août), a prononcé un second décret par lequel
elle a assujetti les ecclésiastiques fonctionnai-
res publics à jurer qu'ils maintiendraient la
constitution de l'Etat (27 novembre). Les mo-
tifs de ce second décret n'ont été ni moins
purs ni moins conformes à la raison que ceux
qui avaient déterminé le premier.
Il était arrivé d'un grand nombre de dépar-
tements UNE MULTITUDE DE DÉNONCIATIONS d'aCTES,
tendants par divers MOYENS, TOUS COUPABLES,
A EMPÊCHER l'eXÉCUTION DE LA CONSTITUTION
CIVILE DU CLERGÉ. L'Assemblée pouvait faire
rechercher les auteurs des troubles et les faire
punir ; mais elle pouvait aussi jeter un voile
sur de premières fautes, avertir ceux qui
s'étaient écartés de leur devoir, et ne punir
que ceux qui se montreraient obstinément
réfractaires à la loi. Elle a piis ce dernier
parti.
Elle n'a donné aucune suite aux dénoncia-
tions qui lui avaient été adressées ; mais elle a
ordonné, pour l'avenir, une déclaration so-
lennelle à faire par tous les ecclésiastiques
fonctionnaires publics, semblable à celle qu'elle
avait exigée des laïques chargés des fonctions
publiques, qu'ils exécuteraient et maintien-
draient LA LOI DE l'Etat.
L'Assemblée a laissé à chacun sa manière
de pens-r ; elle a déclaré que les personnes
dont elle était en droit d'interroger l'opinion,
comme fonctionnaires publics, pourraient se
dispenser de répondre. Elle a seulement pro-
noncé qu'alois ils seraient remplacés, ils ne
pourraient plus exercer de fonctions publiques,
parce qu'en effet ce sont deux choses évidem-
ment inconciliables, d'être fonctionnaires pu-
blics dans un Etat, et de refuser de maintenir
LA LOI DE l'Etat.
Tel a été l'unique but du serment ordonné
par la loi du 16 décembre dernier, de préve-
nir ou de rendre inutiles les odieuses recher-
ches qui portent sur les opinions individuel-
les. Une déclaration authentique du fonction-
naire public rassure la nation sur tous les
doutes qu'on élèverait contre lui. Le refus de
la déclaration n'a d'autre effet que d'avertir
que celui qui a refusé, ne peut plus parler au
nom de la loi, parce qu'il n'a pas juré défaire
maintenir la loi...
Joseph Lebon(T. G., 504; L, 353).
— Sans la moindre intention de tenter la
réhabilitation impossible de Joseph Lebon,
il est vraisemblable que l'homme privé
ait été fort différent en lui de l'homme pu-
blic.Ce dédoublement du pauvre être « on-
doyant et divers » que nous sommes tous,
ne serait pas un cas psychologique isolé.
J'ai beaucoup entendu parler autrefois
d'Emile Lebon, mais ne me suis jamais
rencontré avec lui et n'ai point lu son
livre. Toutefois, j'ai recueilli, en faveur
de la thèse filiale, un témoignage direct
et, à mes yeu.x, considérable.Jeune homme,
j'ai connu intimement un ancien archiviste
de Toulon, M. Henri Vienne, mort à
Gevrey-Chambertin , dans l'extrême
vieillesse, il y a plus de quarante ans.
Tenant fort à la précision en ces matières
de biographie, j'aimerais à donner ici des
dates exactes, mais je suis à la campagne
et écris de mémo re. Je me bornerai donc
à dire que Henri Vienne avait vu le prince
de Condé tenir les Etats-Généraux de
Bourgogne et se souvenait parfaitement
du passage de Voltaire à Dijon, en 1778.
C'était vraiment un répertoire vivant,
inépuisable, de faits sur les hommes et les
choses de la Révolution, sans compter le
reste ; avec cela un esprit très vrai, point
passionné et suffisamment sceptique pour
n'être jamais suspect de complaisance.
Oratorien au moment oii s'ouvrit la Révo-
lution, il avait connu Fouché, Ysabeau,
surtout Joseph Lebon dont il conservait,
malgré tout, un souvenir affectueux.
Maintes fois je l'ai entendu vanter les
vertus, la douceur, le dévouement chari-
table de son collègue. Niait-il les crimes
révolutionnaires du proconsul d'Arras.?
Pas le moins du monde, tout en affirmant
qu'on lui en avait prêté. Les justifiait-il .?
Encore moins ; mais il les expliquait par
l'obsession de cette maudite éducation
classique — en cela il devançait Taine —
qui depuis tant de générations nous a
bourré la tête de maximes sur les rigueurs
nécessaires, les sacrifices sanglants faits à
la patrie ; par l'ivresse de l'homme jeune
et r^rdent, à qui on met en main un pou-
voir aussi illimité que celui d'un empereur
romain ; enfin par cette fièvre révolution-
naire dont lui-même, honnête, modéré et
doux il avait ressenti les effets, sans aller
plus loin, d'ailleurs^ que des paroles jetées
dans les clubs.
N* 1054
L'INTERMEDIAIRE
511
512
La conclusion de Henri Vienne était
celle-ci,et elle m'est toujours demeurée pré-
sente : « On s'imagine volontiers que les
crimesde la Révolution ont été commis par
des scélérats ; eh non, les terroristes étaient
des hommes moyens, fort semblables à
nous, et qui, je parle des survivants, sont
redevenus après la crise rouge ce qu'ils
avaient été avant. Et je dis cela non pour
les justifier, mais pour reconnaître ce
qu'il y a, même dans l'iiomme ordinaire,
de penchant trop facile à la cruauté et de
folie dangereuse. Mettez l'un de nous dans
les circonstances où se sont trouvés les
conventionnels, et qui sait ce que lui fera
faire la fièvre du danger et du pouvoir ? »
Ces paroles du vieil Henri Vienne, un
des hommes les plus sages, mais aussi les
mieux avertis qu'il m'ait été jamais donné
de connaître, je les ai retenues. J'y ajou-
terai seulement ceci : ces révolutionnaires
étaient de terribles convaincus ; assurés
de posséder par le raisonnement la vérité
absolue, ils s'exaspéraient, à la française,
contre ceux qui résistaient à cette pré-
tendue évidence, les traitaient naturelle-
ment de scélérats et les supprimaient sans
remords comme on abat un animal dan-
gereux. J'ajoute, pour exprimer toute ma
pensée, que si cette foi dans une doctrine
abstraite a fait les crimes de la Terreur,
on lui doit aussi l'énergie désespérée et
victorieuse de la défense nationale.
Henri Vienne a laissé beaucoup de notes
manuscrites demeurées en la possession
de son petit-fils, La Société bourguignonne
de Géographie et d' Histoire 3^ publié deux
écrits d'une certaine étendue : Souvenirs
des trente premières années de ma vie,
dans lesquels il est amplement parlé de
Joseph Lebon, Q.iUn séjour à Paris en 1820.
Henri Vienne se trouvait à Paris en
juillet 1830 et a raconté ce qu il a vu des
trois journées, avec ses qualités ordinaires
d'observateur avisé et sincère, d'homme
sans imagination ni rhétorique.
H. C. M.
Le conventionnel M.-J. Chénier
accusé de fratricide (L, 387). — Tout
au contraire. M.-J. Chénier obtint du Co-
mité de Salut Public que le dossier de son
frère serait placé en dessous des autres,
c'est-à dire retardé.
Ce fut leur père à tous deux qui fit par
maladresse auprès de la Commission po-
pulaire instituée le 2^ ventôse an 11, la
funeste démarche de prairial qui rappela
l'attention sur le prisonnier oublié à Saint-
Lazare et hâta son supplice.
Le mot de Rivarol appelant Marie-
Joseph « le frère d'Abel Chénier » est
aussi injuste qu'il est cruel. S.
» *
C'est une de ces infamies, comme les
partis ne se font pas faute d'en prodi-
guer.
Le vieux Michaud, de la Qjiotidienne,
et de l'Histoire des Croisades, disait de
Marie-Joseph : « Nous lui avons attaché à
la queue une poêle dont il ne se débar-
rassera jamais , . »
L'auteur de Tibère et du Chaut du Dé-
part a confondu ses calomniateurs dans
sa belle pièce de vers, intilulée : La Ca-
lomnie. Jules Troubat.
Même réponse : Prochon.
*
Dans ma jeunesse, j'ai entendu racon-
ter à M. Sarrette, (qui a été le premier
directeur au Conservatoire) que Marie-
Joseph Chénier était caché chez lui en
1794, et qu'il fut témoin de son déses-
poir lorsqu'il apprit la condamnation et
la mort de son frère. Et M. Sarrette ajou-
tait : « 11 était assis devant mon piano,
« qui était inondé de ses larmes, et qui
« en a gardé bien longtemps les traces ».
M. L. D. P.
* *
M. Michaud fut le premier qui écrivit
queJ.-M. Chénier avait laissé périr son
frère (Sainte-Beuve, Causeiies du Lundi,
t, VII, page 20), M. L. J. G. de Chénier,
neveu d'André et de Marie-Joseph, dans
une brochure in-S", parue a Paris en 1844,
La Vérité sur la famille de Chénier, a
longuement réfuté cette erreur.
A ce propos, peut-on savoir exacte-
ment où fut exécuté A. Chénier .f' A. de
Vigny dans Stella, A. Houssaye dans la
Galerie du XVIII'' siècle, IIP série, le font
mourir place de la Révolution, actuelle-
ment place de la Concorde, alors que dans
la brochure précitée, nous lisons (page
57) qu'il mourut « sur la place publique
de la barrière de Vincennes ». Monsieur
le marquis de Rochegude {Guide Pratique
à travers le vieux Paris) semble se ranger
à Cet avis en écrivant (art. Place de la
Concorde) :
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre ipo/j.
515
514
Après avoir été Place du Trône-Renver-
sée, la Guillotine revint Place de la Révo-
lution le 9 thermidor pour Robespierre et
ses complices.
Où est la vérité ? C. Roche.
li est des choses teilement monstrueu-
ses que l'on ne doit y croire que sur
bonnes preuves à l'appui et en absolue
connaissance de cause.
Du nombre est l'accusation de fratricide
portée contre Marie-Joseph Chénier.
Elle est vieille, cette accusation, et plus
que centenaire. Elle a été cent fois réfu-
tée. Aucun homme un peu au courant de
la vie des Chénier, du caractère et des
sentiments fraternels de Marie - Joseph,
et de cette période de l'histoire révolu-
tionnaire, n'a jamais ajouté la moindre
foi à cette odieuse et basse médisance,
qui, paraît-il, a toujours quelques mauvai-
ses racines, et continue à courir le
monde.
M.-J. Chénier y avait déjà répondu,
avec indignation, lui-mêm.e, dans son
Epttre sur la Calomnie, qui est de 1797 ;
(Œuvres de M.-J. Chénier, t. 3, p. 7 ;
Paris, Guillaume, libraire, rue Kautefeuille,
14, 1823-1826).
Aux funérailles de M.-J. Chénier, le 1 1
janvier 181 1, Arnault, membre de l'Insti-
tut, pour la classe de la Langue et de la
Littérature françaises, protesta à son tour ;
(t. 1^', p. XLIV).
On peut encore consulter, sur ce sujet,
les préfaces écrites par Becq de Fouquiè-
res pour les Poésies d'André Chénier^ 2*
éd. p. Lxn et s., — et pour ses Œuvres en
prose, ^. xLix et s. (Charpentier, 1872).
On lira, surtout, avec fruit la biogra-
phie d'André Chénier, par Becq de Fou-
quières, en tête de l'Examen critique de
la nouvelle édition de ses œuvres, qu'avait
donnée chez Lemerre, en trois volumes,
Gabriel de Chénier. (Charpentier, 1875,
p. 54 et s.).
V., également, la préface d'Eugène
Manuel, dans l'édition des Œuvres poéti-
ques d' André Chénier^ publiée, en 1884,
par Jouaust. ^Librairie des Bibliophiles, p.
xxxi) ; — dans les Etudes sur la fin du
xvm* siècle, de Caro, (Hachette, 2* éd.,
î88i) l'article sur André Chénier, (t, 2,
p. 355, et s.) — Vapereau, Dict. des Lit-
térateurs (Hachette, 1876) p. 448,
L. DE Leiris.
Consulter Emile Faguet, dans la collec-
tion des Grands Ecrivains français, André
Chénier, pages 155 à 156.
L'Etat civil, les actes notariés et
îe Conseil général de la Seine-In-
îérieure (L,388). — J'ai vu, il y a moins
de quarante ans, des minutes de notaire
dont la formule finale était ainsi conçue ;
« Lecture faite, les parties ont signé ou
marqué avec les notaires. »
Au lieu de :
« Lecture faite, les parties ont signé avec
les notaires à l'exception de qui, de ce
interpellé, a déclaré ne le savoir (art. 13 et
14 de la loi de ventôse). »
La croix était considérée comme une si-
gnature. N'existe-t-il pas aujourd'hui de
nombreuses signatures qui ne sont qu'une
grimace ou une abréviation même trop
abrégée du nom des signataires.''
Aujourd'hui, la première formule a dis-
paru, mais elle n'a disparu qu'avec peine,
à cause de l'importance que les parties qui
savaient signer attachaient à la croix tra-
cée sur l'acte par les parties qui ne savaient
pas signer, et près de laquelle croix, le no-
taire écrivait : « marque au signe de M.X »,
tout en constatant pour la validité que ce
M. X. ne savait pas signer.
Et les progrès seuls de l'instruction ont •
fini par l'emporter sur le préjugé.
Beaujour.
Châtelaine de Vergy. Iconogra-
pîîie de la légende (L, 274, 399). —
je vois, par l'indication que M.' Arthur
Pougin a été assez aimable de me don-
ner, qu'il semble confondre deux lé-
gendes qui n'ont rien de commun entre
elles : le roman du Châtelain de Coucy et
celui de la Cljûtelaine de Vergy. L'erreur
était d'ailleurs facile, étant accréditée, et
c'est ainsi que bien souvent la fiction
devient de l'histoire.
L'origine du malentendu remonte au
xvine siècle. Mademoiselle de Lussan (i),
auteur des Anecdotes de la Cour de Pbù-
lippe-Auguste, rapportant les amours du
châtelain de Coucy et de la dame de Faiel,
crut bon de donner le nom de Vergy à
son héroïne qui devint alors Gabrielle de
Vergy, dame de Fayel, et qui n'a aucun
(i) Cf. Gaston Raynaud. Romania t, XXÏ.
N" 1054.
L'INTERMEDIAIRE
5^5
516
rapport avec la châtelaine de Vergy de
notre poème du xiii* siècle. Cette méprise,
comme je le vois par les renseignements
de M. A Pougin, fut plus tard partagée
par la Borde qui, se plaçant sous l'auto-
rité de Froissart, affirme l'identité de la
dame de Fayel et de la châtelaine de
Vergy (Méjiioires historiques de Coucy).LQ
passage ci-dessous de Froissart mêle, en
effet, tous ces noms dans une phrase
assez embrouillée pour qu'à première vue
on puisse ne faire qu'une seule et même
personne de ces deux héroïnes.
Qu'en avint Tristan et Yseus
Qui furent si vrai amoureus
La Castellainne de Vregi
Et le Castellain de Couchi
Qui oultre mer mourut de doel ?
L'erreur était donc facile pour qui ne
comprenait pas bien le texte : elle s'est
d'ailleurs propagée et étendue et n'avons-
nous pas vu récemment sur la scène une
opérette intitulée : Le Sire de l^ergy ?
Excusez la longueur de ces détails,
mais je tiens à préciser ces faits pour
l'avenir, afin d'éviter tout nouveau ma-
lentendu.
Les lecteurs qui voudront bien m'ai-
der à compléter l'iconographie de la châ-
telaine de Vergy trouveront le poème pu-
blié et accompagné d'éclaircissements par
Gaston Raynaud, au tome XXI de la Ro-
mania. Elle fut, en outre, souvent ana-
lysée et l'on pourra consulter les résumés
qu'en ont faits récemment M. Clédat
{Revue de Philologie française^ t. VIII) et
Ch. V. Langlois (La Société française au
XIII* siècle, Paris, Hachette iço^).
Henri Massis.
♦ *
M. Arthur Pougin confond probable-
ment le Sire de Vergy (musique de
Claude Terrasse) avec la Chastelaine de
Vergi (Bibliothèque nationale f. fr. 375).
II n'y a aucun rapport entre les deux ;
rien, mais rien, pas même un personnage
commun.
Les Mémoires historiques sur Raoul de
Coucy (d'où MM. Robert de Fiers et A. de
Caillavet ont tiré leur spirituelle opérette)
ont pour sujet une toute autre légende,
celle du Châtelain de Couci (Bibliothèque
nationale, f. fr. 15098.) Leur auteur,
J.-B. de La Borde, copie Mlle de Lussan,
laquelle, racontant cette histoire, avait
imaginé, on ne sait pourquoi, d'appeler la
dame de Faiel : Gabrielle de Vergi. Elle
créait ainsi une confusion entre les deux
poèmes ; et son invention était d'autant
plus hasardeuseque le prénom de Gabrielle
est parfaitement inconnu au xni* siècle.
Dans le poème original de la Châte-
laine de Vergi ^ il n'est question ni du sire
de Faiel, ni de sa femme, ni de Raoul de
Couci. Le sujet du poème est tout à fait
distinct et comme il est charmant, comme
c'est un des plus jolis morceaux que nous
ait légués le moyen âge, je ne crois pas
pouvoir mieux faire que d'indiquer à
M. Pougin le tome XXI de Romanià où
M G. Raynaud l'a publié en 1892 (p. 145),
Les trois petits portraits de 1781 se rap-
portent donc à la légende de Couci, ex-
clusivement. Ils sont, j'en conviens, déli-
cieux. J'ai, comme M. Pougin, ce petit
maroquin rouge dans ma bibliothèque, et
je voudrais bien qu'il fût rare, mais j'ai
peur qu'il ne le soit point.
Candide.
Famille de Chamblanc (XLIX, 336,
409. 587, 799 ; L- 85, 132, 406). — Rec-
tification : col. 407, ligne 7 ; au lieu de :
vers la fin du xviii* siècle, lire xvii= siècle.
P. LE J.
Chateaubriand ou Chateaubriand
(L, 176, 406). — II est possible que, dans
sa signature. Chateaubriand ait négligé
l'accent en question. Les signatures ont
souvent de bien autres négligences. Mais
il n'en est pas moins certain que cet ac-
cent est de rigueur dans le nom de l'illus-
tre auteur, comme dans tous ceux qui dé-
riventde<;a5/nn«,C(35/é//«m, en conséquence
de la suppression del's. — L'orthographe,
du reste, est restée longtemps chasteau.
C'est celle de du Pas. André du Chesne.le
Laboureur, et encore de Lubineau au
commencement du xvni* siècle.
Quant à la syllabe finale, on écrivait
originairement Chasteaubriant, ou plutôt
Chasteaiihrient (Castellum Brientii). On
s'explique aisément que Y e ait disparu et
se soit mué en a ; mais il est plus singu-
lier que le / soit devenu d pour le nom de
famille seulement, tandis qu'il s'est con-
servé pour le nom de la ville de Château-
briant. L'usage, à ce double égard, est ce-
pendant aujourd'hui absolument fixé.
P. DU Gué.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1904.
517
5.8
Portraits à retrouver : Bois-
Briant ; Antoine de Lamothe-Ca-
dillac ; Antoine de Crozat ; de
l'Epinay (XLVU ; XLIX, 277, 412, 644).
— Cro:(at : Avant Law, Crozat avait essayé
de mettre en valeur la Louisiane et n'y
avait pas réussi.
Il était d'origine méridionale et sa fa-
mille paraît avoir été depuis longtemps
dans les finances. Le premier auteur de !a
fortune est probablement « un nommé
Crozat, habitant du bourg de Lançon,
appartenant au marquis de Vaillac, qui,
dit une note manuscrite de la Bibliothèque
nationale, s'accrut en biens par vexations
et excès ».
Un Guillaume Crozat, marchand en dé-
tail à Albi, avait épousé, en 1616, une
demoiselle Boissonnade, de Marvejols, et
un Antoine Crozat, banquier à Toulouse,
fut condamné, en 1654, pour usurpation
de noblesse, mais n'en devint pas moins
capitoul en 1673 et 1683. Crozat aîné
ét.iit le fils d'Antoine. Sorti des bureaux
d'un intendant de province, il vint se fixer
à Paris, où il fit une rapide fortune par
les opérations si nombreuses auxquelles
donnaient lieu les embarras du Trésor, à
la fin du règne de Louis XIV.
Il devint, dit Saint-Simon, « le plus
riche des hommes de Paris >>. Le roi rendit
hommage à son habileté financière et à sa
probité en le chargeant de régler les
affaires du duc de Vendôme, dont le dé-
sordre faisait scandale. Le prince fut si
content de son liquidateur qu'il alla vivre
chez lui, dans sa maison à Clich"
C'est Crozat aîné qui construisit le pre-
mier hôtel de la place Vendôme ; celui
qui porte le n° 17.
Un traité de géographie qui fut long-
temps en usage dans les écoles avait été
dédié à Mlle Crozat, par son auteur l'abbé
Le François. 11 était connu sous le nom de
Géographie de Cro{ai.
Le frère du précédent, Crozat le cadet
ou Crozat le pauvre^ comme on l'appelait
par plaisanterie, renonça de bonne heure
aux affaires. Il avait formé un cabinet,
comprenant des tableaux, des bronzes,
des statues et surtout des dessins.
Crozat cadet se fit édifier un hôtel près
la porte Richelieu. Pendant qu'on le
construisait, un pan de mur s'écroula et
quatorze ouvriers furent écrasés. Crozat
fit une pension de mille livres à chacune
des veuves.
Tous les dimanches le financier réunis-
sait à sa table un certain nombre de grands
artistes. Ils organisaient des quatuors où le
nonce du pape faisait sa partie sur l'ar-
chibuth. Le peintre Charles de la Fosse,
et plus tard sa veuve, le sculpteur Le
Gros, Wateau, la violoniste Rosalba Car-
riera turent, pendant des années, logés et
nourris à l'hôtel Crozat.
Crozat aîné laissa deux fils : le marquis
du Châtel et le baron de Thiers. Le mar-
quis du Châtel eut deux filles qui furent la
duchesse de Gontaut et la comtesse de
Stainville, plus tard duchesse de Choiseul.
Le duc de Choiseul, en mourant, laissa
3 millions de dettes que la duchesse paya
en réalisant toute sa fortune ; elle se re-
tira ensuite dans un couvent de la rue du
Bac.
Le baron de Thiers, second fils de
Crozat aîné, avait épousé Marie-Louise--
Augustine de Montmorency-Laval et en
avait eu trois filles mariées au comte de
Béthune, au duc de Broglie et au marquis
de Bellune. Quant à la comtesse d'Evreux,
elle mourut sans enfants. X.X.X.
Dailly fL, 224, 466). — Après avoirjoué
Gorenflot dans la Dame de Monsoreau^
Dailly reprit, au Gymnase, le rôle de
Morisson dansTv^os hons villageois (19 sep-
tembre 1894), puis celui de Sancho dans
Don Oiiichotte (Châtelet, 9 février 1895) ;
il rentra au Gymnase pour y créer Ra-
buté, dans Disparu (19 mars 1896) et
Bourras, dans .4zt bonheur des dames (4
juin).
Le rôle d'Oscar, dans Le Pompier de ser-
vice^ç-si bien le dernier qu'il joua , il dut,
après un mois, l'abandonner pour subir
l'opération de la hernie ombilicale étran-
glée, à la suite de laquelle se déclara une
embolie au cerveau, qui l'emporta en
quelques heures (28 mars 1897). 11 mou-
rut dans sa petite propriété de Courbevoie
et fut inhumé le 30 mars, dans le cime-
tière d'Asnières.
L.-Henry Lecomte.
Gatayes (Antoine et Léon) (L,
224, 409). — « César Birotteau » ne se
trompe pas en faisant de Léon Gatayes
l'ami de Victor Hugo. M. Arthur Pou-
gin en sera convaincu s'il veut bien relire
N° «054.
L'INTERMEDIAIRE
519 -
520
cette lettre si coniuie, qu'un lapsus de
mémoire lui a fait omettre.
Votre prénom ressemble à Lion et votre
nom sonne comme iJataille.Vous serez donc
à votre place, mon cher et bon camanide^
dans la mêlée 'de demain.
V. H.
« La mêlée de demain
nani.
ce fut Her-
Candide.
Famille Gonet du Four (L, 389).
— François Gonet, bourgeois de Saint-
Julien sur Reyssouze, en Bresse, fit enre-
gistrer ses armes à VAnnoiial général de
1696 : d'azur, à vn cœur d'or, soutenu
d'un croissant d'argent. P. le J.
Famille de Gottrean de Fensier
(L, 589). — Cette famille doit être suisse.
Un de Gottrau, premier lieutenant aux
Gardes Suisses.^ fut tué à la défense des
Tuileries, le 10 août 1792. A la même
époque, un Gottrau de Pensier était sous-
lieutenant de grenadiers au même régi-
ment, et un de Gottrau était capitaine
aide-major au régiment suisse de Castella.
S. Churchill.
Baron de Griinstein (L, 165, 410,
467). — Colonne 468, lignes 5 et 6 lire au
lieu de Hussards de Salon — Hussards de
Solm et Hussards de Baschy au lieu de
Hussards de Buschy.
Le baron Herald de
Pages
et
« le Pcîtit Journal» (L, 390). —je
me permettrai de faire remarquer que le
10 février 1903 (XVll, 163) j'ai pris la
liberté de solliciter du grand collabora-
teur N — R un renseignem.ent sur la part
effective du baron de Pagesdans là création
du Petit Journal et que tna prière n'a pas
été exaucée, je fais des vœux pour que la
voix du bon confrère Nobody soit enten-
due de N — R et que ce dernier consente à
nous renseigner sur « cet épisode ignoré
de l'histoire de la presse parisienne. »
Alex.
Comtesse Mac Namara (1,357). —
Réponse très à côté : Une dame Mac Na-
mara était, ces dernières années, et est
peut être encore, supérieure du couvent
de l'Assomption, à Auteuil. Femme de
haute distinction et de grande intelli-
gence. H. B. D.
Martin dit Baudmière et Plou-
zin (L, 337). — Martin Baudinière est
mort à un âge fort avancé, à Saint-Pierre-
Maulimart (Maine-et-Loire), je crois que
ses descendants, qui se font appeler Martin
de Baudinière ou delà Baudinière, habitent
la Loire-Inférieure. — Quant à Plouzin, il
doit exister encore une famille de ce nom
aux environs de Belligné (et non Belligrie)
ou de Varades. H. B. D.
32
Les moustaches de Molière (L.
9, 451). — Sur la question de savoir si
Molière portait la moustache, les Débats
ont reçu la réponse suivante :
Parlant de la « moustache naturelle dont
« Molière forçait l'effet en la noircissant et
« en la faisant reto r.ber sur le coin des lèvres»,
M. Henri Lavoix, dans son étude sur les Por-
traits de Molière, ajoutait : « Il la portait
toujours ; elle était légèrement marquée. »
Cette assertion répond à la question que le
Journal des Débats mettait dernièrement
sous les yeux de ses lecteurs, mais il serait
difficile de l'appuyer sur des preuves.
Si l'on examine les frontispices qui ornent
cinq tles éditions originales de Molière, la
seconde édition du Tartuffe et l'édition
collective de 1666, on voit que Mascarille
des Précieuses ridicules, les Sganarelles du
Cocu imaginaire^ de VEcole des maris, de
VAinotir médecin et du Médecin malgré lui;
Arnolphe de VEcole des femmes ; Alceste du
Misanthrope et Orgon du Tartuffe étaient
joués avec la moustache relevée chez les uns,
tombante chez les autres. La rarissime gra-
vure de Simonin : le Vray Portrait de
M. de Molière en habit de Sçranarelle, et
le Molière du tableau des Farceurs français
et italiens, confirment ces renseignements
pour Sganarclle et VEcole des femmes. En-
fin, le texte même de Molière dépeint Sga-
narelle : « Un homme qui a une large barbe
noire et qui porte une fraise », et montre
Orgon avec sa « large barbe blanche au mi-
lieu du visage ».
A ces documents, représentant Molière
jouant certains rôles avec la moustache, il
convient d'ajouter le portrait de Molière dans
César ue la Mort de Pompée, qui est attri-
bué à Mignard, et cette gravure de 1670,
dans laquelle L. Weyen met en scène, sous
le nom d'Elomire, Molière étudiant et em-
pruntant l'habit et la moustache de son maître
Scaïamouche.
Le problème semblerait donc résolu si le
charmant petit portrait cval« conservé à la
Comédie-Française, si le beau portrait de
Cliantilly, et si la gravure de Nolin, faite en
16S5, d'après Mignard, ne nous montrait un
Molière à la lèvre rasée. Remarquons en ou-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Octobre 1904,
521
522
tre qu'il n'y a aucun argument à tirer de
l'admirable Molière de Houdon. Ce « Molière
de la postérité », selon l'heureuse expression
de M. Emile Perin, a été exécuté en 1778.
Que conclure ? il est possible que Molière,
dans sa jeunesse et peut-être jusqu'à sa
grande maladie de 1667, ait porté la mous-
l .;he à la royale ; mais elle était rasée quand
tut peint le portrait du musée Condé, et cela
explique que Pourceaugnac n'ait qu'un peu
de barbe. Un Moliériste.
Prononciation du nom de Moii-
t-:i;7n&(L, 166 249,297, 341,470). — Le
D' Armaingaud se plaignait dernièrement
dans VIittennédmiu\de ce que nous ne pos-
sédions aucun renseignement direct sur la
prononciation du nom de Montaigne, de
ce que nous ne sachions pas comment
dans le Périgord et autour du château oh il
est né et oii il a passé une partie de sa vie^
on prononçait le nom de l'auteur djs
Essais.
Cette lacune vient d'être comblée par
M. Joseph Neyrac, curé de Saint-Michcl-
Montaigne, dans un ouvrage avant pour
titre : « Montaigne »> et pour sous-titre :
Le château., Montaigne intime^ Pierre Ma-
gne, la Paroisse. C'est un volume in- 12 de
xi-338 pages (la pagination est inscrite
au bas des pages) imprimé chez J. Casta-
net, à Bergerac, en 1904. Le i'='' exem-
plaire a été vendu le 16 septembre der-
nier.
L'Avant-Propos est entièrement consa-
cré à la prononciation du mot Montaigne
et la conclusion de l'auteur est que l'on
doit prononcer Montagne et non Montè-
gne. Brondineuf.
Denis-Nicolas du Paget (XLVIU ;
XLIX, 82). — Ayant sous presse un tra-
vail où j'ai l'occasion de m'occuper lon-
guement de cette famille, travail qui pa-
raîtra prochainement dans un volume de
Mélanges, je répondrai sommairement ici
à la question de notre honoré confrère
M. Le Lieur d'Avost, concernant les ascen-
dants et les armoiries de Denis-Nicolas du
Puget.
Denis-Nicolas était fils de Pierre, ingé-
nieur du roi, puis grand bailli de Troyes
en 1739, seigneur de la Marche-les-Saint-
Cloud, de la Planche et autres lieux, et de
Aimée-Jeanne-Charlotte Morin du Mesnil.
Denis-Nicolas, né à Troyes le i'' mai
1733, avait été enseigne, puis lieutenant
de la compagnie de Molandé au régiment
de Belsunce le 27 octobre 1750, et capi-
taine au même régiment le 20 juin 1758;
enfin capitaine au régiment de Flandre et
chevalier de Saint-Louis le 8 mai 1763 ;
il était alors qualifié /' chevalier du Puget».
Il avait deux frères et une sœur, dont il
était l'ainé.
Leur grand-père, Pierre-Alexandre, avait
épouse Anne-Denise LeFebvre des Cheva-
liers.
Leur bisaïeul qui portait les mêmes
prénoms, avait fait une mésalliance, et
s'était marié, malgré les siens, avec une
demoiselle Anne Godefroy.
Leur trisaïeul, qui s'appelait également
Pierre, était seigneur de Montauron des
Caries et Caussidière, de la Chevrette et
de la Marche-les-Saint-Cloud, conseiller
du Roi et Premier Président au Bureau
des finances de Montauban. Sa femme se
nommait Diane Michel.
C'est ce « Monsieur de Montauron »,
devenu un gros financier, qui fut si à la
mode que Corneille lui fit l'honneur,
— moyennant une énorme gratification — •
de lui dédier sa tragédie de Cinna. j'ai
conté ses aventures dans le dernier volume
des Mémoires de la Société de V Histoire
de Paris et de Vile de France, à propos du
curieux tombeau de son fils, qui est con-
servé à Senlis.
Ce Pierre du Puget de Montauron avait
pour père Gabriel du Puget, seigneur de
Montauron, commissaire de l'artillerie
royale en 1595, l'un des cent gentils-
hommes ordinaires de la maison du roi
en 1610, enfin écuyer d'écurie du roi en
1613, et de Anne d'Ariat ou d'Arial,d'ori-
oine béarnaise.
Un des frères de Gabriel, Etienne du
Puget, seigneur de Pommeuse, de Chery
et de Tillemont, marié à Louise Prévôt,
d'abord trésorier général de l'artillerie en
1^92, devint conseiller d'Etat et trésorier
de l'Espagne. Plusieurs de ses dix-neuf
enfants firent une belle fortune, mais il
rn'est impossible de m'étendre sur ce sujet
dans cette courte note destinée seulement
à répondre à la question posée par notre
confrère.
Ces Puget de Montauron affirmaient
être de la même famille que les Puget de
Toulouse, et ceux ci, à leur tour, préten-
daient appartenir au même estoc que les
Balbs ou Puget-Théniers de Provence.
N' 1054,
L'INTERMÉDIAIRE
523
524
Mais ces deux prétentions étaient égale-
ment mal fondées, et on ne pouvait en
fournir aucune preuve. Les Puget de Tou-
louse appartenaient en réalité à une an-
cienne famille de Capitouls qui avait fait
son chemin dans le Parlement. Je sais bien
que l'un d'entre eux, Pierre de Pujet, ba-
ron de Saint-Alban, reconnut les Mon-
tauron-Pommeuse comme ses parents,
mais c'était pour obtenir Tappui d'une
fille de cette famille, de la branche Puget
de la Serre, qui avait épousé un prince de
Nassau-Sieghen. Et défait, cette complai-
sance lui réussit, puisque, avec l'aide de
cette « cousine » du roi, le baron de Saint-
Alban eut la joie de voir ses prétentions
reconnues par des lettres patentes du 30
avril 1687, à la grande indignation de
l'abbé Robert, de Briançon, l'auteur du
Nobiliaire de Provence.
Ce savant généalogiste soutenait, en
effet, qu'il y avait en Provence trois an-
ciennes familles de Puget ou du Puget,
toutes différentes les unes des autres ; Les
Balbs ou Puget-Théniers, (^'or, au bélier
de sable) ; les Puget de Roquebrune {d'or,
a la montagne de giieuiei, surmcniêe dune
fleur de lis au pied nourri de même) ; les
Puget de Barbentane ( d'argent^ à la vache
de gueules, surmontée, entre les deux cor-
nes, d'une étoile dor). Et il ajoutait que
ces trois familles étaient complètement
étrangères aux Montauron-Pommeuse et
à leurs homonymes toulousain?.
Le baron de Saint-Alban affectait au
contraire, de faire une véritable « salade »
de tous ces Puget, suivi en cela par ses
prétendus cousins Montauron. Nous en
avons la preuve dans les armoiries qu'ils
prirent successivement et que nous don-
nons ici pour répondre à la seconde partie
de la question de notre confrère.
Les Pommeuse - Montauron prirent
d'abord, en effet, l'écu à la vache dts Pu-
get de Barbentane, comme nous le voyons
par le petit monument funéraire dont
nous parlons plus haut et qui a été l'occa-
sion de nos recherches. Puis, dans leur
production de 17 15 devant l'Intendant de
Picardie et d'Artois, ils se firent attribuer
les armes^ suivantes : de gueules, à une
étoile à 16 rais dor, surmontée d'un lamhel
d'argent, écartelé d'or, à un bélier de sable,
accole' d'argent (Balhs ou Puget-Théniers).
C'est cet écusson que leur donne La Ches-
aj'C des Bois dans son Dictionnaire.
Les Puget auxquels appartenait Denis-
Nicolas, eurent du reste quelques belles
alliances et firent brillamment leur che-
min dans le monde, je crois que Denis-
Nicolas du Puget n'eut que des filles, et
je n"ai pas trouvé trace du mariage de
ses deux frères.
Vicomte de Caix de St-Aymour.
De Torche bitterrois (L, 391). —
L'abbé de Torche est né, vers 1(335, à
Béziers où son père remplissait la charge
de lieutenant au Sénéchal et fit ses études
au collège de cette ville sous les Jésuites.
Ce renseignement est donné par Weiss
dans la Biographie Universelle de Michaud.
Voire collaborateur Axel y trouvera
plus amples détails sur l'aventure relatée
par le menu dans le catalogue Claudin.
Le bibliophile Mercier de Saint-Léger a
consacré un article fort curieux à l'abbé
de Torche, dans le Magasin encyclopédique
de Alillin, 3^ année, VI, 183-98, auquel,
pour plus de détails, se réfère l'auteur de
l'article inséré dans la Biographie Univer-
selle. La Biographie générale de Hœfer a
omis le nom de de Torche. J. Verax.
Armoiries à déterminer : d'ar-
gent à cinq losanges de gueules
(L, 392).
Arlatan, marquis de la
Roche, en Provence, porte : dargent, à
cinq losanges de gueules, rangées en croix.
P. leJ.
*
* »
On trouve dar\s\e Dictionnaire historique
de Ludovic Lalanne :
Arlatan, maison arlésienne d'où sont sortis
les seigneurs de Chàteauneuf-!es-Martigues, de
Beaunard et de Beaumont. Les armes sont :
d'argent, à cinq losanges en croix de gueules.
(Vov. VEtat de la Provence, par Robert, et
l'Histoire de la noblesse de Provence, par
Artefeuil).
A. S.. E.
Armoiries à déterminer : à une
aigle au vol abaissé (L, 338). — • Au
lieu d'une aigle au vol abaissé, ne pour-
rait-on pas voir un épervier ? Ces armes
seraient alors celles de Louis-Gaston Fleu-
riau, évéque d'Aire en 1698, puis d'Or-
léans en 1706.
La famille Fleuriau porte : da^ur, à ««
épervier d'argent, membre, longé et grillcte
du même, perché sur un bâton de gueules ;
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre «904.
525
526
au chef d'or ^ chargé de trois glands, feuilles
et tiges de sinople. P. le J.
Plaque de cheminée à identifier :
croix chargée de cinq coquilles
(XLVII ; L, 198, 365. 475). — Je remercie
sincèrement M. le Lieur d'Avost de sa
communication ; mais c'est antérieure-
ment au XVIII'' siècle qu'il faut faire re-
monter les reclierclies. La plaque de che-
minée est de l'époque Louis XIV et ne
doit pas dépasser la fin du xvii= siècle.
Palliot le Jeune.
Les chats de Kilkenny (L, 385).
— Ceux d'entre nous qui ont eu jadis une
gouvernante anglaise se rappelleront les
« Kilkenny Cats ».
Il y avait une fois deux chats qui
étaient tombés dans une fosse, {a sazv-pit,
une de ces tranchées droites qui servent
aux scieurs de long). Ils se précipitèrent
l'un sur l'autre. Leur combat fut terri-
fiant. Lorsqu'on accourut pour les sépa-
rer, les deux chats s'étaient dévorés iim-
tuellement : il ne restait que leurs queues
sur le champ de bataille.
Telle est la célèbre facétie à laquelle
Mérimée faisait allusion.
On n'en connaît pas l'origine ; mais,
hélas ! on en connaît les suites. Au
xviii" siècle, la mode se répandit en An-
gleterre de jouer aux Kilkenny Cats,
c'est-à-dire d'attacher deux matous en-
semble par leurs queues réunies et d'as-
sister aux combats sanglants des dcuX
malheureuses bêtes. Hogarth protesta
publiquement contre la cruauté de ce
jeu : l'estampe des chats de Kilkenny est
cataloguée sous le n° 1 1 1 dans le Manuel
de Le Blanc.
P. L.
Les calembours dans les dénomi-
nations (L, 339, 481). — On trouverait
certainement de multiples exemples de ces
sortes de calembours, dans les actes du
xvi» siècle. En 1539, parut, en effet, un
édit par lequel il était ordonné que les
actes passés en France, devraient l'être
en français. Prenant cet édit au pied de
la lettre, on traduisait jusqu'aux noms
étrangers quand ils étaient traduisibles.
Pierre de Larivey, poète comique de
cette époque, était d'origine italienne (les
Giunti, imprimeurs célèbres à Venise,
étaient ses parents) et s'appelait de son
vrai nom Giunto qui, en italien, signifie
l'arrivé.
Ces noms traduits étaient d'un usage
courant à cette époque et, comme nous
venons de le dire, souvent obligatoires.
C. Roche.
La Couverture imprimée des li-
vres brochés (T. G. 247 ; XXXV ;
XXXVII ; XXXIX ; XLVII ; L, 478) — Le
plus ancien ouvrage avec couverture im-
primée et illustrée que je connaisse, est
daté de 181 1. En voici l'indication:
Fables de La Fontaine, avec de nouvelles
gravures exécutées en relief. A Paris,
chez Ant. Aug. Renouard. MDCCCXI :
2 vol. in-i2, impr. de P. Didot, l'aîné.
La couverture de chaque volume est
en papier vert clair. Le plat recto porte
en tête Fables de La Fontaine, et au bas
de la page : Tome premier (ou Tome se-
cond) ; le milieu est occupé par une
grande gravure. Le plat verso a une
grande gravure différente. Le dos de
chaque volume est couvert de petites vi-
gnettes et d'une étiquette imprimée sur
papier blanc,
L'Avertissement de l'éditeur placé en
tête du tome !«% dit que les gravures ont
été exécutées en relief, par les soins et
avec les nouveaux procédés de M. Du-
plat, graveur en bois fort estimé ; et que
l'ouvrage imprimé sur très beau papier
est orné de 266 gravures.
Voulant savoir ce qu'était cette gra-
vure en relief, je consultai le rapport de
Mérimée, secrétaire de l'Ecole des beaux-
arts, inséré dans le Moniteur du 7 no-
vembre 1810. J'y trouvai les passages
suivants :
Après cinq années d'attente, vos espérances
sur le peifectionnement de la gravure sur
bois, sont remplies... M. Duplat est le pre-
mier qui se soit présenté... en outre des
preuves qu'il donne de son talent pour décou-
per le bois. . . »
M'étant ensuite reporté à l'ouvrage de
M. G. Vicaire {Manuel de l'amateur de
livres du xix' siècle) où il est dit : Fi-
gncttes sur bois dans le texte^ je croyais
être fixé. Mais voulant avoir une preuve
surabondante, je consultai le catalogue
de la bibliothèque d'un amateur, Paris,
18 19: par Renouard, l'éditeur du La
Fontaine en question, et j'y lus ceci :
N" 1054
L'INTERMEDIAiRH
527
Cette sorte Je (rravure a l'eau-forte sur
PIERRE...
Mes recherches s'arrêtèrent là. Mais
alors que penser du rapport de Mérimée,
où il n"est pas question une seule fois
d'eau-forte ni de pierre ? J. Brivois.
Catalogues pour vente de vieux
livres (XLIX; L, 91, 201, 310,426). —
Gomme le dit le <\ Vieux Libraire », c'est
en Angleterre que l'on trouve les plus
anciens exemples de catalogues de vieux
livres vendus à prix marqués.
Dans une biographie de Jacques Lac-
kington, bouquiniste de Fuisbury-Square,
racontée par l'intéressé lui-même et pu-
bliée par le Magasin Pittoresque^ il est dit
qu'avec un fonds de vieux volumes pou-
vant valoir 5 livres sterling, Lackington
ouvrit une échoppe, le 24 juin 1774. à
Featherstone-Street, et que, quelques an-
nées après, ses affaires étaient devenues si
prospères qu'il pouvait publier un premier
catalogue contenant, à ce qu'il assure,
12.000 vieux livres, et un second, en
1784, qui en contenait 30.000. En 1792,
les bénéfices de son commerce s'élevaient
à 125.000 fr. par an, et pour les augmen-
ter, il imagina de mettre en circulation
un demi-penny portant son effigie, son
adresse et cette inscription ■>< Libraire au
meilleur marché qui soit au monde ».
En résumé, Lackington s'attribue l'idée
du premier catalogue de vieux bouquins.
Quant au premier catalogue de livres
anglais imprimés, il est dû, d'après L. La-
lanne (V. Curiosités Bibliographiques) à
Maunsell qui le publia en 1595.
Eugène Grécourt.
Mémoires d'une contemporaine
(T. G. ,234 ; L, 305).— J'ai rencontréà Ro-
yan,chez un bouquiniste, une pièce fort ra-
re, sans doute : le Portrait de la contempo-
raine,\dâ Saint-Elme.de son vrai nom Elzé-
lina Van Aif de Fonghe : elle était fla-
mande.
C'est une lithographie de 38 sur 30,
signé Déterix, imprimée chez Léonorin.
Ce portrait représente une femme fri-
sant la soixantaine, aux grands traits,
ayant les traces d'une grande beauté, les
yeux très beaux, aux regards pensifs, le
nez est long ; la bouche fermée, le men-
ton fort et arrondi. La figure est accom-
pagnée dé deux gros rouleaux de cheveux
528 -
sur les tempes, la tête est couverte d'un
turban retenu sous la gorge.
Au bas est un fjc-siinfle de l'écriture
d'Ida
Comme nous passons et comme je suis passée
La Contemporaine
183^ P. V.
Editeurs ignorés (L, 11,255). — Ta-
dot\ Fn'semuche et Patata, par Habeneck,
parut en 1872 à la Librairie Internatio-
nale (Lacroix), en un volume in-12.
Le Palefrenier^ d'Henri Rochefort, fut
publié en 1880, par la librairie Charpen-
tier en un volume du même format.
Comme dans un miroir n'a jamais paru
en librairie.
L. -Henry Lecomte.
Outillage gallo-romain (L, 219;
422). — 11 suffit d'ouvrir le livre de
l'abbé F. Baudry {Les pinis funéraires du
Bernard, Vendée, 1873) pour trouver une
longue énumération d'outils de puisa-
tiers gallo-romains trouvés dans les puits
découverts en ce point et qui se trouvent
pour la plupart au musée de la Roche-
sur-Yon. On trouvera là la mention de
se.iux en bois, de pics^ de pioches, de
boues^ etc, etc., qui sont indiscutables, et
d'ailleurs figurés dans l'ouvrage en ques-
tioil.
En 1903, nous avons trouvé nous-
même,dans Tun de ces puits (n° XXXll de
la nécropole), un grand seau de bois et
de fer à douelles très reconnaissables.
Marcel Baudouin.
Les documents phalliques (L,
172, 309, 423). — A Nimes, dans l'en-
ceinte qui entoure la Maison Carrée, on
voyait et on voit peut-être encore un do-
cument bizarre, une corbeille de pêches,
grandeur nature, pour les fruits présen-
tant leur face inférieure En approchant,
on voyait que ce n'étaient pas des pêches.
A côté se trouvait un autre monument,
celui-là proprement phallique. Je ne sais
si c'est un de ceux qu'a décrits Gautier.
On voyait une femme sur un char condui-
sant trois phallus de front, le premier
tout fringant, le second calme, le troi-
sième abattu, n'avançant que sous le
fouet .
Au temps où ne sévissait pas encore la
carte postale, mais où cependant on ven-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre
1904,
529
550
dait aux touristes des feuilles de papier à
lettre avec en-tête lithographiées repré-
sentant les curiosités locales, on avait réuni
sur le tiers supérieur d*une page les di-
vers monuments phalliques de Nîmes,
dont ceux que je viens de décrire, avec
une inscription latine un peu truquée,
pleine de joyeux sous-entendus ; j'ai ces
feuillets à Paris, mais je suis en ce mo-
ment à la campagne. O. S.
*
* *
Eh ! oui, sans doute, le sujet est sca-
breux ; l'est-il cependant davantage que
la question relative au geste de Catherine
Sforza et à tant d'autres acceptés par
V Intermédiaire ? Il faudrait pourtant bien
s'y reconnaître à travers toutes ces repré-
sentations diverses et arriver à faire la
part de ce qui est du.^ domaine religieux,
de la vie civile, des passions, de la fan-
taisie artistique ou individuelle. Bacon
disait déjà, au xvi^ siècle, que par la com-
paraison seule on peut juger.
Et puis, saurions-nous nous montrer
plus exigeants que nos grands-parents .?
L Histoire des antiquités de la ville de
Nismesei de ses environs ^ar Ménard, n'est,
après tout, a^u'xin guide. 11 est dit sur la
couverture qu'on le trouvait chez les con-
cierges des monuments. J'ai sbus les yeux
la réédition de Perrot (1832) où je ne
retrouve pas moins de trois figurations
phalliques.
Elles intéresseraient notre honorable
correspondant, car deux d'entre elles se
rapportent à des bas-reliefs signalés par
H. Gautier dès 1724, qui sans doute sub-
sistent encore. Pour ce qui est du y aussi
mentionné par cet architecte, il est simple-
ment décrit par Ménard. Ce singulier mo-
nument offre trois phallus surmontés de
trois oiseaux, circonstance peu commune,
car nous n'avons rencontré rien de pareil
à Naples, ni ailleurs.
Ces oiseaux sont-ils des sirènes'^ C'est
possible ; la sirène est une enchanteresse,
et. jusque sur les sarcophages des cata-
combes,on en fait un oiseau à tète humaine ;
de là à l'oiseau parfait, la distance n'est
pas bien grande, surtout en matière de
sculpture. Ainsi, ce bas-relief aux trois
oiseaux ou sirènes confinerait d'assez près
à cette autre figure relevée encore par
Gautier et Ménard, portant une écuyère
menant à grandes guides une triade phal-
lique et par là nous toucherions presque à
nos têtes de femmes cantonnées dé phal-
lus de Nantes et de Niort ? Ajoutons que
trois des bas-reliefs de Nîmes ont aussi
des pattes et des ailes.
Un 4" groupe reproduit par Ménard
décorait un cippe funéraire, ce qui per-
met, à mon avis de lui décerner une
attribution religieuse, il est aile et a deux
têtes.
Malheureusement, les autres ne sont
pas aussi faciles à grouper.
Nous en demandons simplement le
moyen et, pour y arriver, il faut beaucoup
voir et savoir.
Et nous revenons à notre point de dé-
part, le contingent de Nîmes, d'ailleurs
fort intéressant à cause de la diversité
des types, ne donne point celui de Nantes
et de Niort, le retrouve-t-on ailleurs que
dans l'ouest de la France ? Léda.
ï.es femmes
posé nues (L,
célèbres qui ont
117, 318, 436). —
Laura de Dianti, msîtresse du duc Al-
phonse d'Esté, époux de Lucrèce Borgia.
Laura de Dianti est représentée nue et te-
nant une ileur. C'est la Flore du musée
de Florence. Th. Courtaux.
(T. G., 308;
à XLIV ; XLIX ;
— A Saint-Nico-
Sgiises fortinées
XXXVIll; XXXIX; XLl
L, 152. 265, 369, 421).
las-de-Brem (Vendée) vieille église, du
ix= siècle, fortifiée jadis (fenêtres en meur-
trières, etc.). M. B.
*
Le journal V Ecole de dessin a publié une
bonne lithographie de Victor Petit, repré-
sentant la curieuse église fortifiée de Pier~
refitte (Hautes-Pyrénées). A. S V.
ïnliumations hors des cimetières
(XLVIU; XLIX; L, 191, 316, 437)- —
Dans le parc du château de l'Etang, situé
aux pieds de la colline de Sancerre,sur les
bords de la Loire, se trouve une chapelle
où reposent les corps du baron Hyde de
Neuville, de sa nièce la vicomtesse de
Bardonnet, du mari de cette dernière le
vicomte de Bardonnet.
Le château est aujourd'hui la propriété
du vicomte Henri de Bardonnet, fils des
précités. P. de M.
A côté de Saint-Révérend, en Vendée
maritime, tout passant peut voir, à l'angle
No 1054.
L'INTERMEDIAIRE
531
532
ouest du croisement de chemins de Saint-
Révérend à l'Aiguillon et de Coex à Saint -
Gilles-sur-Vie, le magnifique tombeau de
Goupilleau, vendéen célèbre, situé dans
un petit bois. M. Baudouin.
Ouvrages sérieux mis en vers
(T. G., 665 ; XXXU à XL; XLll ; XLIVà
XLIX, 129, 429, 534,770; L, 100, 142,
212, 321, 430, 487). (suife)
3° Les axiomes du Droit français^ par le
sieur Catherinot, Bourges, 14 août 1683,
in-40 ;
Le Livre des Institutions translaté du la-
tin en rimes françoises, in-fol. sans nom
de lieu, ni d'imprimerie et sans date ;
Le Code civil en vers par iVl. Amédée
Pons-Euzières, avocat, Aix, Mackaire 1882,
in- 12 ;
Némésis burlesque, 14'' cahier, par Jean
Guêtre ex-Saint-Cyrien, Perpignan, 1882,
in-8° ;
Le Formulaire drolatique du Notariat,
illustré dans le texte de gravures à l'eau-
forte. par E. Clerc-Joyeux, Paris, Jouaust-
Chardon, éditeur.
Le Code civil des Français parj. -H. Fla-
con Rochelle, avocat au Conseil du Roiti
à la Cour de cassation. Leclerc, Paris,
1805, 2^ de l'Empire':
Art. 276 :
Pour divoicer valablement
Les époux ne feront usage
Du mutuel consentement
Qu'après deux ans de mariage.
«
* ♦
4. Le « Catalogue de l'Histoire de
France » ne relève pas moins de 65 cotes
T. I : L40, 1-30 ; LU , 1-12. T. X : L^o,
22 35 ; L 1^7-18, etc., etc.
Tableau de l'Histoire Universelle en vers
par le comte de Dion, in-8, Paris, 1826 ;
Histoire de France en vers in-8''. Impr.
Reboux-Leroy, Lille, 1836.
^ « finit au règne de Louis XVIU. Napo-
léon n'est pas nommé, ni disigné une
seule fois » (Beuchot). Le Constitutionnel
a-t-il connu cette particularité ?
Chronique métrique de Philippe-le-Bel,
par Godefroy de Paris : 8277 vers ;
Géographie universelle par le P. Buflfier,
10^ édition. Paris, 1727, in-12 ;
Le Jeu de Géographie ou Nouvelle mé-
thode pour apprendre d'une manière facile
et agréable les éléments de cette science
par Pierre Violier, ministre du S, Evan-
gile... Genève, Jean Tournes, 1706, in-12;
*
» *
5° Carmen de Algorismo^ Traité d'arith-
métique en vers latins par Alexandre de
Villadieu, xiii® s.
Extrahe radicem semper sub parte sinistrà
Traité de Vorigine, de l'excellence et effets
des mathématiques par Guillaume Forget,
avocat au siège présidial d'Evreux, Paris,
1608, pet. in-8 ,
Hygini Poeticon astronomicon libri, Fer-
rarite 1725, in-4°.
L Ai.trojîomie par Jean Sinuda in Bul-
letin de la Société Astronomique de France^
juin ,1902.
Inventions nouvelles des esperviers et glo-
hcs de guerre^ par le sieur Ezanville, Paris
1610, in-12 ;
Le Périésfèse — les Poids et Mesures —
poésies de Priscien traduites pour la pre-
mière fois en français par E-T. Corpet,
in-8'', Paris, 1845 ;
L'Univers, moins les planètes, cosmo-
graphie en vers, par Aristide Leroux (Cf.
Revue Anecdotique 1860, 11* semestre,
page 37).
De Accuratà circuit dimensione et quadra-
turà c:nn silvulà epigrammatmn... antbore
Joanne Sturmio Mechliniano medicinœ doc-
tore etc., Lovanii^ typis Francisci Simonis,
1633, in-40 in ff non cotés. 72 pages ;
L'Ellipse^ narration en vers et contre
tous, par A-H. Fournier, capitaine de fré-
gate, in-4°, 2 pages avec figures. Toulon,
1882 ;
* *
6" Doctrinale, Grammaire en vers hexa-
mètres léonins préimprimée de 1472 à
1521) par Alexandre de Villedieu.
Vers homonymes suivis des homogra-
phes, par Fraville, Paris 1804, in-12 ;
Autour, oiseau de proie est funeste aux dindons
Autour de nous, bon Dieu, que Je vois de fri-
[pons !
Déjà .?
Entretiens sur les dix parties du dis-
cours, suivis de notions sur la Logique,
la Rhétorique et la Philosophie, ouvrage
écrit en vers et dédié à ses élèves par D.
Chartier, ancien instituteur.
Synonvma et Alquivoqua, traité gram-
matical de Jean de (.3arlande (xui* siècle).
Grammaticœ methodus rhitmica, Mogun-
tiœ, IVl CCCC LX VI in-ff.
Nouvelle Grammaire française^ en vers
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Octobre 1904.
533
534
libres... par H.-. Montet de Laroche,
in-i2,Genève et Paris, 1855.
Abrégé de la grammaire latine et de la
grammaire française de Lancelot enrichi
de vers techniques dont Sacy — le pfo-
meneiir — réclame la paternité ;
* *
7. L'Art de peindre, poème avec des
réflexions sur les différentes parties de la
peinture, par Watelet, petit in-S", Paris,
1760 ;
L'Art musical par P. A. Michel, accor-
deur de pianos, Paris, 1854, in-8° ;
La Xiphonomie, ou l'Art de l'Escrime,
par P. -F. -M. Lhomandie, amateur et élève
de Texier de Labussière, in-8°, Ângou-
lème, 1820 ;
La Potichomanie ou l'art d'imiter les
porcelaines de Chine, de Sèvres, de Saxe,
in-8, Paris 1854, par A...
*
8° Le Parfaict macquereau suivant la
cour... — Anonyme s. 1. — Paris, 1622,
in-80 ;
Huchaldii Elnonensis monachi^ De lande
Calvomm (ix^ siècle). Paris, Corpet.1853,
in-i2.
La Question juive par Henry Causel,
Dijon. 1893. in-i8, jésus.
La Procédure faite contre les filles de
joye à la requeste des bourgeois de Paris
et le jugement sur ce intervenu — Ano-
nyme s. 1. — 1619, in 8°.
Dysergie Lugdunoprotechique, ou Déca-
dence du premier des Arts de Lyon,
poème latin sur la typographie, par JHa-
zoyer, bachelier, correcteur de typogra-
phie, Lyon, 1848, in-8 ;
Le Jeu des écliecz translaté de Vida par
L. Desmazures, Lyon, 1557, in 4°.
Traité sur le Whist smor de 40 précep-
tes sur ce jeu, in-8°, Ruffec, 1855.
L'Art de ponter, par Alygè, Paris, 1854,
m-8°.
Les 40 Préceptes du jeu de Whist en
distiques rimes — français et anglais, par
le général Pernety et C (J. Brunton) Pa-
ris, 1856, in-i6.
Je passe la main...
Jacques Saintix.
Sur les mots sadisme et sadique
(L, 393). -Non, non, certainement non,
sadisme ne vient pas des adjectifs sadc et
sadinet.
Jamais l'un ni l'autre n'ont eu de
signification erotique. Villon écrit « ce
sadinet » à propos de la nature de la
femme : ce n'est qu'une épithète et non
un synonyme. De même, La Fontaine
écrit « ce pelé, ce galeux » en parlant de
l'àne, et cela ne signifie pas qu'on puisse
traduire asinns par « galeux », ni... teter-
vima helli causa par « sadinet » (i).
-K Sade » est un des mots les plus char-
mants de l'ancien français (Etym : sapi-
dns^ sapide, sade). Il avait perdu peu à
peu le sens originel de savoureux pour
absorber celui d'agréable, par une évolu-
tion analogue à celle qui s'est achevée en
espagnol autour des mots gusto, guslar et
des locutions adjacentes. On ne le rencon-
tre guère après 1550. Rabelais est le der-
nier à l'employer sans affectation. Ron-
siird ne le connaît plus, ni Brantôme. Ba'if
et Régnier, qui aimaient tous deux les
archaïsmes, essayèrent de l'exhumer et
furent imités par quelques disciples ;
l'Académie se crut obligée de l'inscrire en
i694,bien qu'il fût tout à fait hors d'usage,
mais, quelques années plus tard, elle le
supprima. Aujourd'hui, il n'en reste plus
qu'une trace : la seconde syllabe de maus-
sade.
Qiiant à sadisme, il est hors de doute
que ce terme désigne exclusivement la
maladie du marquis de Sade, et rien au
monde n'est moins sade que Sade.
Qui fut le créateur du mot ? Je ne sais.
Sainte-Beuve l'employait déjà en i8b2
(Nouveaux Lundis, t. IV, p. 71), mais
Sainte-Beuve n'a rien inventé. Il faut
chercher au dessus de lui. Candide.
♦ *
L'analogie entre les mots sade pris au
sens agréable, et sadisme qui a une signifi-
cation tout autre, ne doit pas, selon moi,
faire illusion. L'étymologie du second
terme est assurément dans le nom même
du célèbre maniaque. Le sadisme c'est, en
(1) A propos de Villon, l'auteurde la ques-
tion parle de la Grosse Margot « femme
apparemment de ce genre spécial que fré-
quentait le poëte ». On est aujourd'hui cer-
tain que « la Grosse Margot » n'a jamais
existé en chair et en os : c'était une ensei-
o-ne peinte qui se balançait dans la rue
Saint-Jacques. La ballade de Villon est une
pure plaisanterie comme pourrait l'être une
ode de Ponchon à « la Petite Jeannette »,
ou à la « Belle Jardinière ».
N" 1054.
L'INTERMEDIAIRE
■555 ~
536 -
effet, la recherche du plaisir dans la souf-
france infligée.
Il y a eu de tout temps des sadiques, à
Rome et au xvi* siècle, surtout, on dit
qu'ils sont nombreux en Angleterre,
Brantôme, dans ses Dames galantes, donne
plusieurs exemples de la forme la plus
ordinaire du sadisme. Mais, à mon avis,
on ne peut disputer au trop célèbre théo-
ricien et pratiquant du plaisir cherché dans
la cruauté d'avoir, et justement, donné
son nom à la forme la plus odieuse de la
passion sexuelle dégétiérée en folie.
H. C. M.
* *
Pas d'erreur possible, ils tirent leur ori-
gine du délicieux marquis ; ils signifient la
perversion sexuelle qui a besoin de la
souffrance d'autrui pour arriver au pa-
roxysme de jouissance. Rentrent dans la
catégorie sadique, les criminels tels que
Vacher ou, dans un ordre moins sanglant,
l'esthète qui faisait des seins de ses vic-
times des pelotes d'épingles.
Quant au saâe de notre vieille langue,
voici des documents.
En 1881, mon excellent ami Gérome
Coquard, de l'Académie du Gourguillon,
écrivait à son collègue Nizier du Puits-
pelu (Cour/' te?' de Lyon) :
<< 11 y a encore saiù, sur lequel nous ne
nous entendons pas tout à fait. Vous le
traduisez par sain, salubre, bon ai; goût.
je ne sais si je ne préfère pas l'ancien
§ens : gentil, coquet, mignon. Chez Vil-
lon, il est même le radical d'un substan-
tif, iarZ/we/, dont la terminaison ajoute à
la mignardise du mot. Dans la ballade
où le pendard chante les beautés de la
Belle Heaulmière, on le trouve. ce mot ; il
rime avec jardinet. Vous pensez de quoi
il s'agit. Le traduire là par bon au goût
me semblerait plutôt a\enturé.
On lit aussi dans Pantagntel :
En rimes mille virades
Des plus gentes et des plus sades.
Ça ne peut guère signifier sain^ salu-
bre , . . »
Puitspelu, dans son Dictionnaire étymo-
logique du Patois Lyonnais (1887-1890)
dit :
SADO, savoureux, de bon goût. Les mé-
decins disent, sapide ; de sapidum, par la
chute à\x p.
Enfin, dans le Litiré de la Grand Cote,
du même Puitspelu, on trouve :
SADE. Savoureux, de bon goût, avec
idée de salubrité, de chose saine.
Un vieux texte du moyen âge dil que le
vin doit être sck.sayn et sadc . Par extension,
se dit des objets qui ne sont ni pour boire ni
pour manger.
Reignier parle des femmes :
Qiii gcntcs en habits et sades en façons
Parniy leur point coupé tendent leurs hame-
[çons,
et sadisme ;
Il résulte à l'évidence des documents
ci-dessus :
Qii'il n'y a rien de commun entre sade
et sadisme ;
Et que Coquard (Gérome) n'a pas con-
vaincu son collègue du Puitspelu (Nizier),
comme il sied, d'ailleurs, en matière
d'étymologic, et entre membres de So-
ciétés savantes.
L'un d'eux : A. S.
L'origine des mots « ciiic » et
<s micmac»(L,5i3,434,482). — je con-
nais deux étymologies: celle de M.Paul Bas-
tier rapportée par le duc Job et celle des
Matinées Senonoises que voici :
Mic-mac, intrigue secrète pour quelque
mauvaise vue. On ne connaît rien à tout ce
mic-mac. Huet dit que, dans le Pérou on
donne ce nom aux colonies qui passent d'une
pro-vince dans une autre. Ce mot a passé en
Espagne et de là, chez nous.
On trouve mie inac^ intrigue, dans Cot-
grave, et dans les Curiosités françaises
d'Oudin: il y a du mic-mac,c. à.d.il y a de
la malice, de la confusion. Et Oudin
ajoute : expression vulgaire
Il savoit qu'en iustice on doit fuir tout mic-
mac . (Hauteroche : Amant qui trompe).
Serait-ce point la dame Croupillac
Qlii sourdement fait ce maudit mic-mac.
(Voltaire)
Gustave Fustier.
Jeu de massacre : son origine (L,
340). — Mais je m'en tiens très volontiers
à l'étymologie donnée par le nom même
du jeu. N'est-ce pas, en effet, un véritable
massacre que fait des poupées, offertes en
file, la mitraille des boules lancées d'une
main plus ou moins vigoureuse et adroite î
H. C. M.
S'empierger (L,282, 434,480). — On
disait en vieux français empeiger, de pix.,
poix.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX lo Octobre T904.
,„ 538 :
«Vous me semblez à une souris empeigée;
tant plus elle s'efforce soy depestrerde \apoix,
tant plus elle s'en embiene. » (Rabelais :
Pantagruel).
Rapprochez du parler Vendômois : em-
picasscr, ayant le même sens et la même
étymologie. V. Martellière : Glossaire du
Vcndômois, 1893. — Dans la Côte-d'Or,
le peuple donne le nom d'einpige ^ux liens,
aux entraves qu'on m.et aux jambes de
certains anmiaux. V. Cunisset-Carnot :
Vocables dijonnais.^ 1889.
Rapprochez aussi du patois du Tarn :
empeqa, poisser, engluer. V. Gary : Dic-
tionnaire du patois du Tarn^ 1845
Nous avons enfin le verbe s empier geon-
ner, créé, je crois, par Richepin :
Margot, dans sa cotte et ses bas
S'empiergeonna là-bas, là-bas.
(Richepin)
Gustave Fustier.
Le verbe poigner (L, 281). — La
Curne de Sainte-Palaye, tome 8, p. 355,
donne le mot poigner comme synonyme
de combattre et il renvoie au glossaire
du P. Martini, tome V. P. V.
Cimer, simer (L, 393). — Les modi-
fications phonétiques du langage étudiées
dans le patois d'une famille de Cellefrouiii
( Charente) ^te\ est le titre d'une thèse pré-
sentée à la Facultédes Lettres de Paris, le 28
mai 1892, par M. l'abbé Rousselot. je ne
possède pas cette thèse, qui a été éditée à
Paris,chez Welter ; mais j'ai sous les yeux
le compte-rendu que M. Antoine Thomas
a fait de ce travail (Essais de Philologie
française., Paris, Bouillon, 1898, p. 140 et
suiv.)
Voici ce que dit M. Thomas :
L'ctyniologie de stima, suinter [suminare,
de sumen, lait de truie) se trouve appuyée
par la forme berrichonne suner,ê\.ve en sè-
ve, comparée à scner, semer. Je rapproche-
rais plutôt suvta de l'ancien provençal se-
mar m^arseillais actuel suma, diminuer par
évaporation (Mistral), dont l'étymologie est
toute différente. Il faut remarquer que le
catalan du Roussillon, d'après Mistral, em-
ploie 5^ffîa exactement au sens du berrichon
sîiner, ce qui semble indiquer que ce der-
nier est pour sumer.
P. ce. Gustave Fustier.
♦ *
En Basse-Bourgogne.on dit simer d'une
qui laisse suinter un liquide,
gras, etc. A.
un
S..
corps
.. Y.
La Pudeur et la Mort (L, 386). —
Réponse à la question : « A-t-on constaté
le même phénomène psychologique à
d'autres époques, dans des circonstances
analogues ^ »
Oui, dans les Mémoires de Beugnot,
qui raconte des rapprochements sem-
blables, à travers les barreaux
paraient les sexes à la
dantla Terreur.
Conciergerie nen-
qui sé-
rie r
I. T.
Jeu de Têta-Bêcîie (T. G., 875 ; L,
^ç)8). — Ce drapeau qui se voit à Dijon,
au Musée archéologique, est une curiosité
plutôt scatologique et sans la moindre
valeur d'art. ]e ne sais en quelles mains
il passa quand fut dispersée la collection
Du Tilliot, mais au dernier siècle on le
retrouve dans le cabinet d'un collection-
neur. Félix Baudot, dont le père, Louis-
Bénigne, avait formé, pendant la Révo-
lution, une précieuse collection d'objets
du moyen âge et de la Renaissance, par-
tagée, après sa mort survenue avant 1848,
entre ses deux fils Henri et Félix. La part
de celui-ci fut vendue à Dijon, en 1852
ou 1853 — étant à la campagne, j'écris
de mémoire et suis peu assuré des dates
mais Félix reconstitua une nouvelle
collection dispersée aux enchères après
son décès, à Beaune, en 1883. C'est alors
que la Commission départementale des
Antiquités de la Côte-d'Or acheta le dra-
peau dont il s'agit.
J'ignore s'il provient de la collection
primitive de Louis-Bénigne, auquel cas il
aurait été réservé lors de la première
vente de Félix Baudot, ou d'une acqui-
sition personnelle de celui-ci. H.C. M.
îîîscriptions des cadrans solaires
(T. G. 158 ;XLVlà XLVIU ; L, 314,
4yc))^ _ Je me rappelle avoir lu, il y a
une douzaine d'années, autour de l'horlo-
ge d'une villa des environs de Marly, un
distique latin, qu'on pourrait, autant qu'il
m'en souvient, traduire ainsi :
« La première m'a vu pleurant parmi
des gens qui riaient. Puisse la dernière me
voir riant parmi des gens qui pleurent. »
Cette devise accompagnerait tout aussi
tn Kasse-tJourgogne.uuuiu =..ii.v,^.x«..v- ^
feuillette ou detout autre objet, récipient l bien un cadi an solaire.
N. 1054.
L'INTERMÉDIAIRE
539
540
Transformant cette réponse en question,
je demanderai si quelque intermcdiairiste
ne nous donnerait pas le distique lui-mê-
me et le nom de son auteur ? X.
Proverbes et dictons météorolo-
giques... méridionaux (T. G., 734 ;
XLIlàXLIV ; L, 15?).
I. — Mar, t.Tiito es niva e tanto es clar.
Mars est tantôt nuageux, et tantôt clair;
II. — En abiioii, t'alaoujeirigués pa d'un
flou ;
En avril, ne t'allège pas d'un fil.
III. — En maï, faï ce que té plaï, é encara
noun saï".
En mai, fais ce qui te plaît, et, encore, je ne
sais.
L. DE Leiris.
*
Quand per joun compté l'on maïssouno,
L'on dïou paga de sa persouno.
Quand pour son compte l'on moissonn^
On doit payer de sa personne.
Que maïssouno é sémèno al cop,
A l'Espital courr' a! galop.
Qui moissonne et sème en même temps,
A l'hôpital court au galop.
Qiian lou jâs sério de toun gous
Duermiès pas al soulel daugous.
Quand même la couche serait à ton goût,
Ne dors pas sous le soleil d'août.
De Sén-Laurens à Nostro-Damo
Lo pléjo n'affligeo pas l'amo ;
DeSaint-Ldurent(le io)hNotre-Dame(le 15)
La pluie n'attriste pas l'âme ;
Mes Se plaou lou jour de San Bertoumiou
Se tu t'en moqès, noun faï pasïéou
Mais s'il pleut le jour de Saint-Barthélémy,
Si tu t'en moques, certes je n'en fais rien.
En maï poussïéro, en agous fanjos.
Fan paourès granios et granjos.
En mai poussière, en août fanges
Tout pauvres greniers et granges.
Quan si faï tard cigale entendre
Crompès pas blat per lou rébendre
Quand la cigale se fait tardivement entendre
N'achète pas du blé pour le revendre.
P. c. c. AuG. Paradan.
Concession royale à Marly-le-
Roi (XLVI, 671). — Les recherches
n'ayant pas réussi aux trois sources d'in-
formations citées dans l'énoncé, je de-
manderai, à mon tour, de vouloir bien
vérifier si le renseignement désiré ne se
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30
31
trouverait pas dans les manuscrits de la
Bibliothèque de Versailles, par exemple
aux n"' 609 (notes de l'abbé Caron)et 802
(notes diverses relatives à la machine de
Marly) sans préjudice de toutes les autres
pièces qui peuvent s'y rapporter.
L'idée se présente tout naturellement de
s'adresser aux Archives départementales ;
mais a-t-on pensé à la Bibliothèque de
Versailles? Vieujeu.
Tanneries de peau humaine (T.
G., 869 ; XLII ,). — Reliures en
peau humaiae (T. G., 761). — La
peau de Carapi ea reliure (T. G.,
164), — \J Intermédiaire s'est occupé lon-
guement de ces questions qui peuvent
être réunies en une seule, mais il n'a pas
été répondu à celle relative à la peau de
Campi.
Je crois intéressant de compléter les
renseignements donnés ici en reprodui-
sant les révélations faites à ce sujet par
Rossignol, ancien inspecteur principal du
service de sûreté, dans ses mémoires pu-
bliés en 1900 chez Ollendorflf.
A la suite d'une exécution, je faillis passer
en coriectionnelle, comme inculpé de viola-
tion de sépulture.
Le 31 août 1887, Pranzini fut exécuté. Je
n'assistai pas à l'exécution, mais le lende-
main j'allai voir Godinet, garçon d'amphithéâ-
tre à l'Ecole pratique. Le corps de Pranzini s'y
trouvait encore, l'autopsie avait été faite.
De retour au bureau, je dis à M. Goron :
— Je viens de voir le corps de Pranzini.
Lui, collectionneur, me répond :
■ — Je n'ai rien de lui. Je voudrais avoir
quelque chose, ne serait-ce qu'un bouton de
son pantalon.
Le lendemain matin, je retourne voir Godi-
net. Par terre, au milieu de la cour, se trou-
vaientles restes de Pranzini, en morceaux, parmi
d'autres débris.
Ces débris de plusieurs individus sont habi-
tuellement mis dans un cercueil qui, une foi
plein, est envoyé au cimetière.
Je dis à Godinet :
— M. Goron voudrait avoir quelque objet
ayant appartenu à Pranzini. As-tu la moindre
chose, ne fût-ce qu'un bouton de culotte ?
— Non, me répondit-il, le pantalon et la
chemise ont été emportés à l'annexe. Prends
donc un morceau de peau et fais-en un por-
tefeuille.
L'idée me sembla originale. Je pris dans le
tas un morceau qui était le côté gauche de la
poitrine ; je fis retirer la chair et la graisse,ne
gardant que la peau.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Octobre 1904.
- 541
542
Rentréchez moi, je continuai mes opérations,
dégraissage et passage à l'iilun. Le lendemain
cette peau était sèche et dure. Je mis toute la
journée à la frotter dans mes mains pour
l'assouplir, et quoique épaisse, elle devint très
souple, en même temps que très blanche.
Je me rendis chez un fabricant de porte-
feuilles et je lui présentai le morceau de peau,
le priant de me confectionner deux porte-
cartes...
Ce fabricant regarda la peau qui était assez
velue. Ne pouvant en définir la nature, il y
pas a la langue. Je ne lui dis pas d"où elle
provenait.
Deux jours après, j'allai chercher mes porte-
cartes. La façon me coûtait vingt francs. C'est
alors que je lui dis que c'était la peau de
Pranzini.
Pour se faire faire une réclame, le fabricant
raconta la chose au Figaro et un rédacteur de
ce journal, M. Grison, fit un article à ce su-
jet.
II n y avait pas de quoi crier au scandale :
il y avait assez de précédents. Je connais une
personne qui possède non seulement des têtes
de criminels, mais des têtes ou crânes de vic-
times.
Quelques jours avant, se trouvait encore,
dans la salle des dépêches du Figaro, un mor-
ceau de la peau de Camp: . Un livre avait été
aussi relié avec la peau de cet assassin.
Je fus mandé chez M. Vasseur, juge d'ins-
truction.qui m'interrogea et m'inculpa de vio-
lation de sépulture.
Je lui répondis :
— Il n'y a pas eu violation de sépulture,
vous à&vtz confondre entre violation de sépul-
ture et détournement de débris anatomiques.
Je n'ai rien déterré. J'ai pris à terre. Du reste,
s'il fallait reconstituer le corps de Pranzini ce
ne serait pas commode, un journaliste a em-
porté une oreille, un autre un doigt, un troi-
sième une lèvre, chacun en a pris un peu, et
notamment la peau des cuisses est en ce mo-
ment chez un tanneur.
Le juge me demanda de lui faire un rap-
port sur les faits et je ne parus plus à l'ins-
truction .
Je lui dis en m'en allant :
— Mais les porte-cartes que vous avez sai-
sis vont se promener un de ces jours dans la
poche de lun ou de l'autre
— Non pas, me répondit il.
Et, en effet, il fit venir M. Coron et, en
présence du procureur de la République il
brûla les porte-cartes.
Godinet se mit à rire lorsque le juge d'ins-
truction l'inculpa, lui aussi, de violation de
sépulture :
— Mais, Monsieur, répondit-il, c'est mon
e retire la chair des os à 150 cadavres
j'ai pour cela, 4 fr. par corps. Ils
métier,
par an
vont ensuite chezTramon, le naturaliste, qui
en fait des squelettes.
Le commissaire de police Clément fut chargé
de rechercher chez les tanneurs la peau des
cuisses de Pranzini. Je me gardai bien de le
renseigner ; il aurait aussi trouvé la peau des
cuisses d'un : ègre que Godinet faisait tanner
pour s'en fairï des pantoufles!
Cette affaire finit e queue de poisson. Il y
eut non-lieu. Mais Godinet perdit sa place. Ce
que j'avais fait, d'autres le font encore tous
les jours, et je ne me croyais pas coupable.
Eugène Grécourt.
Fer de cheval dans îes églises (L,
340, 490). — Le fait que les deux églises
dont parle le collaborateur E. Grave, sont
sous le vocable de saint Martin me paraît
de nature à fournir une explication satis-
faisante. Saint Martin, en effet, fut de
tout temps, le patron des voyageurs, et
j'ai lu en plusieurs livres que l'usage était
de suspendre un fer à la porte d'une
église à lui dédiée, pour implorer sa pro-
tection au moment de partir pour un
voj'age périlleux — ils l'étaient tous au
moyen âge et même plus tard — ou pour
le remercier de l'avoir favorisé. C'est dans
le même esprit que d'autres se conten-
taient de graver plus ou moins sommaire-
ment un fer de cheval sur le piédestal
d'une croix élevée à la porte d'une ville
ou bourgade de gîte.
j'en citerai un exemple : au sommet de
la pente longue et raide qui descend au
bou/g de Saint-Seine - l'Abbaye (Côte-
d'Or) s'élève une croix moderne, mais
qui en remplace une autre remontant aux
premières années du xvi' siècle ; proba-
blement même celle-ci remplaçait un
monument beaucoup plus ancien ; Saint-
Seine, en effet, est une des quatre abbayes
mérovingiennes du diocèse primitif de
Langres, et les approches du couvent hos-
pitalier devaient être signalées de temps
immémorial par de nombreuses croix. Eh
bien, toutes les descriptions antérieures à
1789 nous apprennent que le piédestal
était couvert de fers de cheval gravés
pèle mêle, ce qui est expliqué comme je
viens de le faire.
Seulement, je ne connaissais pas
d'exemple de fers de cheval employés
dans l'ornementation même d'une église,
et remercie M. E. Grave d'avoir signalé le
N' 1054
L'INTERMÉDIAIRE
543
544
cas très curieux, très intéressant des pa-
roisses Saint-Martin, de Villers-en-Artliis
et de Preneuse. H. C. M.
La mémoire (L, 116, 320J. — L'opi-
nion de Soulget me paraît vraie : la rareté,
la cherté des livres obligeaient les anciens
à faire des efforts de mémoire qui nous
sont inconnus. Sur le haut prix des livres
à Rome, nous avons le témoignage de
Martial {Epigrammes^ livre 1, cxviii), qui
annonce le prix de son i" livre, soit cinq
deniers. Si nous mettonsle denier à ofr.85,
nous comprendrons ce qLi'il en coûtait, à
l'époque de Domitien, pour faire l'acqui-
sition d'un parchemin de 750 vers. Martial
complet ayant quatorze livres, il fallait
débourser 59 fr. 50 pour se le procurer.
Que de gens préféraient, à ce prix, se
payer un flacon de Falerne !
Les livres, plus chers et plus rares,
étaient en outre d'une consultation moins
facile que les nôtres. Les anciens semblent
n'avoir pas connu ce que nous appelons
les tables des matières. En tête des clia-
pitres, ils mettaient parfois un court résu-
mé, tel que ceux du Polvhistor de C. julius
Solinus. C'était peu de chose. On ne pra-
tiquait pas l'art des citations rendues fa-
ciles par d'immenses répertoires ouverts
aux ignorants. Chaque homme avait sa
valeur propre, et ne pouvait suppléer ins-
tantanément au manque d'étude par une
excursion rapide à travers des tables bi-
bliographiques, analytiques et autres. On
portait son savoir dans sa tête, et non
sous son bras.
Il y avait là un parti-pris qui rendait le
savoir inaccessible à qui n'avait pas blan-
chi sous le harnais. La science antique se
dérobait devant le non-initié. L'antiquité
vivait de tradition, de mystère. Ceux qui
savaient gardaient jalousement leur tré-
sor. Il y avait à cela deux motifs, l'un
méprisable, l'autre d'une inspiration plus
noble.
Le motif méprisable était de faire payer
très cher aux profanes les renseignements
dont ils avaient besoin. Les juristes ro-
mains refusèrent pendant longtemps de
publier leurs arrêts. Ils préferaient les
rééditer de vive voix, à chaque consulta-
tion nouvelle. Du reste, lorsque le pro-
grès amena la publication du droit, on se
trouva devant un tel enchevêtrement de
broussailles que pour la plupart des indi-
vidus, la situation resta la même. Et, lors
même que Justinien eut fait rédiger le
Code qui porte son nom, peut-on dire que
l'amélioration fut sensible? L'absence de
méthode est telle dans cet indigeste fatras
qu'une bibliothèque de commentaires n'est
pas de trop pour y tracer quelques sen-
tiers incertains.
Le motif noble était de ne livrer la clef
des sciences qu'aux individus capables
d'en bien user. A notre époque, la science
s'étale au grand jour, comme le soleil.
L'anarchiste peut s'emparer des secrets de
la chimie et s'en servir contre la société à
laquelle il est redevable des progrès de
son esprit. Jadis, la science était une dé-
pendance de la religion et s'abritait dans
les temples.
Dans sa Vie â' Apollonius de Tyane
(liv. 11, chap. xxx), Philostrate nous
apprend que très peu de jeunes gens étaient
admis à l'honneur de recevoir les leçons
des sages de l'Inde. .A 18 ans, pas avant,
le ieune homme se présentait à leur école
et subissait un examen préalable qui re-
montait jusqu'aux parents de ses grands-
parents. Une enquête sévère était faite sur
ses ascendants paternels et maternels et
devait aboutir à cette conclusion qu'aucun
d'eux n'avait péché par violence, par in-
continence, par usure. Le candidat lui-
même était ensuite passé au crible. On se
renseignait sur ses mœurs, et l'on éprou-
vait sa mémoire. Les sages de l'Inde esti-
maient inutile d'entreprendre l'éducation
d'un individu à qui il faudrait répéter dix
fois la même chose avant de la lui mettre
dans la tête.
Il fallait une mémoire souple et tenace,
car l'enseignement se donnait de vive
voix. Une grande partie de la science an-
tique n'a jamais été consignée par écrit.
Il ne sera pas déplacé, croyons nous, de
rappeler ici que le fondateur delà religion
chrétienne n'a rien écrit.
Platon estimait que c'était folie d'en-
fermer danscette chose inerte qu'est l'écri-
ture une doctrine vivante. S'il a écril, ce
fut après que son maître Socrate eut parlé.
La parole était si belle, en ces pays de
lumière, où l'air était si doux à respirer !
Qiiand un homme éloquent surgissait en
quelqu'une des villes de la Grèce, on
accourait l'entendre des quatre coins de la
terre. Dans son éloge funèbre de l'empe-
reur Julien, Libanius nous apprend que
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1904*
545
546
son héros, étudiant à Athènes, était en-
touré d'un cercle compacte d'auditeurs
venus de toutes parts. Et ceux qui avaient
goûté à cette parole, enchanteresse comme
celle des sirènes, ne retournaient qu^avec
peine en leur pays natal.
Ce qui se disait sous les portiques où
flottaient les souvenirs de Socrate et de
Platon, personne ne songeait à l'écrire. Le
livre n'existait pas, la mémoire suffisait.
La culture de la mémoire produisit des
prodiges. On peut voir dans le Polyhistor
de Solinus, chap. vu, une liste de ces
merveilleuses organisations cérébrales.
Solinus cite Cyrus, Scipion, Cynéas, Mi-
thridate, Métrodore, Messala,Corvinus,etc.
Apollonius de Tyane, à l'âge de cent
ans, fit preuve d'une mémoire supérieure
à celle même de Simonide. (Philostrate,
livre 1, chap. xiv). Et cependant Simonide
de Cos avait fait l'admiration de l'anti-
quité. Quintilien parle de lui comme d'un
être miraculeux.
Hippias d'Elée était doué d'une telle
mémoire qu'il retenait cinquante noms et
les répétait dans l'ordre où il les avait
entendus.
Certaines mémoires paraissaient telle-
ment extraordinaires que l'opinion pu-
blique les attribuait à la magie.
Dans ses *s Vies des sophistes », Philos-
trate rapporte (chap. xxu) que Denis de
Milet fut accusé de mettre en usage l'art
des Chaldéens pour donner de la mémoire
à ses élèves.
En parlant de l'empereur Julien, dont
la mémoire était immense, Ammien Mar-
cellin dit sérieusement (livreXlV, chap. v) :
« S'il est vrai, comme le prétendent divers
auteurs, que le roi Cyrus, le poète Simo-
nide, et le puissant sophiste Hippias pui-
sèrent leur mémoire dans certains breu-
vages, il est à croire que Julien but un
tonneau entier de cette merveilleuse li-
queur. >/
Mais, à côté de cette explication fantai-
siste, les anciens surent placer une théorie
plus rationnelle.
Platon dit que le sophiste d'Elée, Hip-
pias, était l'inventeur d'un procédé mné-
motechnique ( u.vY,jj.o-jix6v rix^riKx). — (In
Hippia minore).
Et Philostrate, après avoir rapporté le
bruit qui courait sur Denis de Milet, ajoute:
« Pourquoi ses auditeurs avaient- ils tant
de mémoire ? Parce qu'ils ne se fatiguaient
jamais de l'écouter, et l'obligeaient à répé-
ter ce qu'ils entendaient avec tant de
plaisir. »
La mémoire paraissait aux anciens une
faculté qui s'acquiert par le travail, par la
méthode ; mais ils reconnaissaient que
Part ne peut suppléer à la nature. « La
mémoire, dit Philostrate {loco citaio)^ est
un don de la nature, c'est une portion de
l'âme immortelle, qu'on la dise mère ou
fille du temps. »
Et, dans la vie d'Appollonius (liv. 111,
chap. xvi), les sages de l'Inde appellent
la mémoire « leur divinité préférée ».
Simonide avait composé, en Phonneur
de la mémoire, une ode dans laquelle il
disait : « Tout se flétrit avee le temps;
mais le temps lui-même ne vieillit ni ne se
corrompt, parce que la mémoire le con-
serve. »
je crois, comme Soulget, que les an-
ciens détiennent le record de la mémoire,
mais je ne voudrais pas me plaindre que
l'on exerce cette faculté chez les hôtes de
nos écoles. Sans une mémoire étendue, il
est impossible d'obtenir autre chose que
des esprits secs, ignorants du passé, inca-
pables de prévoir l'avenir, ahuris devant
l'idée, comme devant une révélation per-
pétuelle . La mémoire fait participer
chaque individu au travail des siècles et,
seule, lui permet de dégager sa personna-
lité en poussant les résultats déjà obtenus
vers une limite un peu plus reculée. Sans
mémoire, on ne peut que compiler, res-
sasser ce qui a été dit, feuilleter des dic-
tionnaires; ou secondamneràchercher dans
des bibliographies, faites par d'autres, des
idées que l'on n'aura ni le temps ni la
force de s'approprier.
Jamais on ne cultivera trop la mémoire,
mais il faut le faire constamment, avec
méthode, et non pas seulement en vue,
et à la veille d'examens. La mémoire
exercée ainsi « in extremis » ressemble à
une pluie d'orage qui fatigue la terre sans
la féconder. Luc de Vos.
Légendes relatives à saint An-
toine de Padoue(L, 5, 238, 398). — Qu'il
me soit permis d'ajouter ces quelques
notes à la question posée dans le dernier
numéro de V Intermédiaire : Légendes rela-
tives à saint Antoine de Padoiie (L, 238),
à laquelle a déjà répondu l'aimable inter-
médiairiste, P. Ubald d'Alençon.
N- 1054.
L'INTERMÉDIAIRE
547
" 548
J'ai dans ma bibliothèque un vieil in-
folio, très intéressant et peu répandu, je
crois, de M.DCCXXI, imprimé à Grenoble,
avec privilège du roi, che{ André Faure^
imprimeur ordinaire du Ro\\ rue du Palais.
De l'usage des fiefs et autres droits sei-
gneuriaux EN Dauphiné, par Messire Denis
de Salvaing, seigneur de Salvamg et de
Bcissieu.^ conseiller du roy en ses conseils
et premier président en sa Chambre des
Comptes en Dauphiné.
V Intermédiaire nous a dit récemment
que la famille de Boissieu avait fourni au
Dauphiné de nombreux savants.
J'ai personnellement connu, il y a trente
ans environ, aux portes de Grenoble, à
St-Martin-le-Vinoux, un membre de cette
famille, archéologue très réputé et savant
très estimé à Grenoble.
Or, dans la deuxième partie de YUsage
des Fiefs^ au titre des Epaves.^ je lis ceci :
Du reste Coquille, en son Institution au
Droit François tit. des droits de justice, dit
que le mot d'épave a donné occasion à aucuns
chrétiens de facile créance de s'adresser par
prières à saint Antoine de Padoùe de l'ordre de
saint François, pour recouvrer les choses éga-
rées, parce qu'en ancien langage italien que
les Contadins retiennent encore, on appeloit
Pava ce qu'aujonrd'liuy on appelle Padoùa, en
laquelle ville repose, et grandement vénéré, le
corps de saint Antoine, dit de Padoùe ou de
Pade, que d'ancienneté on appeloit S. Antoine
de Pave.
Je ne scay, ajoute de Boissiru, s'il en faut
croire Coquille. Qiioy qu'il en soit, la dévo-
tion que cette simplicité produit, n'est pas
moins agréable à Dieu que si elle avoit un
autre fondement. Ambrosius Catharinus, de
l'ordre de S. Dominique, traite amplement des
suffrages de saint Antoine de Padoiie pour le
recouvrement des choses égarées ou perdues,
lib 2 de Certa Sanctorum gloria. §. de
Peculiaribus graiiis Sanctorum pa^r. 2^, où
il allègue sa propre expérience.
Suivant ces auteurs, la dévotion à saint
Antoine de Padoùe, pour retrouver les
objets perdus, reposerait donc sur ce ca-
lembour facile : Saint Antoine de Pava
transformé en Saint Antoine d' Epaves.
Je me garderai bien d'insister et vous
transmets ce document sans commentai-
res. Berlot-Francdouaire.
Marquise de Favras (T. G. 336 ;
XLIX, 834, 971 ; L, 19, 188,289,395).—
Dans le recueil des pièces justificatives de | Belgique.
l'acte énonciatif des crimes de Louis Ca-
pet, réunies par la Commission des vingt-
un, à la septième production du second
inventaire, je trouve 6 pièces se rappor-
tant à la pension de 4.000 livresque Louis
XVI s'était engagé à faire à la marquise de
Favras.
La première est une lettre de Laporte
à M. de Septeuil, demandant d'avancer
un quartier, soit i.ooo livres, sur la pen-
sion de la marquise de Favras qui ne doit
échoir que le mois suivant, et il ajoute :
Vous vous ressouvenez que nous somme
convenus qu'il ne serait plus pour cet objet
expédié d'ordonnance et que vous vous ferez
décharger par le Roi des paiements que vous
ferez faire à madame de Favras.
La seconde est la quittance des mille
livres ci-dessus et est signée : Marquise de
Favras, née Princesse d'Anhalt.
La troisième est un billet de la mar-
quise de Favras à M. de Septeuil, daté de
Ath, 2 février 1792, par lequel elle lui
demande de verser entre les mains du
chevalier de Favier le prochain quart de
sa pension échéant le 2 mars suivant.
La quatrième est le reçu de la somme
sus- indiquée, signé de la marquise de Fa-
vras et daté de : Ath, 26 février 1792.
La cinquième est une nouvelle lettre de
Laporte, en date du 12 mars 1792, qui
demande à ce qu'on ne fasse aucune diffi-
culté à M. de Favier pour lui rem.ettre les
1.000 livres de la pension échue.
La sixième est le reçu de la marquise de
Favras, daté de « Ath i*^' juin 1792, » du
1/4 de sa pension échéant dans le dit mois
de juin.
A l'annonce des dites pièces, Louis XVI
répondit « qu'il se souvient avoir donné
de l'argent par charité à la veuve Favras,
mais qu'il n'a jamais eu aucune relation
avec son mari ». P. de M.
*
Pour faire suite aux diverses commu-
nications concernant la marquise de Fa-
vras, voici une lettre inédite, qu'elle
adressait à M. de Sartine avant son ma-
riage.
je viens de découvrir cette lettre, pou-
vant servir de point de départ à de nou-
velles recherches sur les aventures et les
malheurs de la jeune princesse, dans un
lot d'autographes récemment acheté en
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Octobre 1904,
549
550
Je respecte l'orthographe fantaisiste de
Carohne princesse d'Anhalt.
Au haut de la lettre, de la main de M. de
Sartines, se trouve cette mention : M. de
MaroUes.
La lettre est adressée à Monsieur, Mon-
sieur De Sartine-Sœul.
Monsieur,
Ma mère répand dans le public que l'année
1763, lorsque j'ai voulu aller rejoindre mon
père qui me demandait et que pour mon mal-
heur Je n'ai pas pu, ma mère si étant opposée
donnant pour prétexte qu'elle m'avait marié
en france pour la religion : Elle dit, 2^lonsieur,
que vous m'avez fait mettre à Ste-Pélagie pour
mes beaux exploits, j'avais alors treize où qua-
torze ans et je ne fuyez {sic) ma mère que
pour me soustraire au joug malheureux sous
lequel je pensais que j'allais succomber en
restant avec elle.
Je suis sur le poind d'aller rejoindre le
prince mon père, mais je vous avoue, mon-
sieur, que je ne partirais pas avant que ce fet
soit éclairsie et devant que Ste Pélagie soit
biffé, s'il est vrai que j'y ai été. Je me sou-
viens parfaitement bien, que lorsque j'ai quitté
ma mère, vous donnât ordre, pour que J'aille
dans un couvant, en attendant qu'il fut décidé
si l'on me rendrais à ma mère, où que j'irais
rejoindre mon père comme il le désirait ;
mais je ne scais pas, monsieur, que ce fut à
Ste-Pelagie n'ayant rien fait pour cela, mon
innocence m'en était un sur garand.
C'est à vous, monsieur, que je m'adresse
avec confiance, cet affaire s'étant passé devant
vos yeux. D'ailleurs vous connaissez mes mal-
heur ; et ce serait un bien grand pour moi,
si étant auprès du prince d'Anhalt, ma mère
avait à méchanceté d'en voier cette erreur qui est
fait pour deshonorer partout; et quel oppinion
mon père et toute la famille d'Anhalt pren-
drait-elle de moi sachant que j'y ay étais mise
par ordre du ministre. S'il y a quelque vrais-
semblance à cette histoire, c'est vous, mon-
sieur, qui l'avez ordonné. C'est aussi à vous
que je m'adresse pour vous prier de faire biffer
la cause, s'il en existe une.
Je pars dans quinze jours : J'espère que vous
voudrez bien donner des ordres en conséquence
afin que cette affaire soit finie avant mon dé-
part. J'ose l'espérer, comme une chose juste
et une suite de de vos bontés pour moi. Ne
doutés pas, je vous prie de ma reconnaissance
et des sentiments distinguer, avec lesquels j'ai
l'honneur d'être
Monsieur,
Votre très-humble et tres-obéissante servante.
Caroline princesse d'Anhalt.
J'aurai l'honneur de vous aller voir pour
savoir le résultat de cette affaire, vous remer-
cier de vos soiris et prendre vos ordres pour
L'allemagne. P- c c. Arm. D.
Uotes, irouuaill^s ^t (îfumsttis
Une lettre au prince de Joinville.
— La lettre qui suit, que veut bien nous
communiquer M. A. Glinel, est écrite par
M. Trognon. Il n'est pas ditficile de devi-
ner qu'elle est adressée au prince de Join-
ville Le précepteur tient, pour son ancien
élève, un journal des choses de la ville et
de la cour ; il n'en excepte ni les cancans ni
les scandales. Il insiste tout particulière-
ment sur une histoire qui tit alors grand
bruit. Les noms sont écrits toutàtrac dans
la lettre de M. Trognon, et le G, dont il est
question est qualifié par ses titres : nous
croyons devoir, même après 66 ans, nous
montrer plus discrets et taire les noms des
héros de cette anecdote.
Aux Tuileries, 29 septembre 1838.
Mon cher ami.
Voici la Naïade qui va partir pour déposer
à Haïti notre consul, M. Levasseur, et qui
doit ensuite aller toucheràl'île Sacrificios.C'est
une trop bonne occasion pour la manquer, et,
sans avoir grand'chose à vous dire, je suis
très-empressé de causer un peu avec vous. Je
ne vous parle point de votre famille : je sais
que la Reine vous écrit, et avec elle M. le
Duc de Nemours et Mme la P"' Clémentine.
L'un vous parlera sans doute de son bal, et
puis de la visite de M. le Duc d'Oiléans, à
qui les populations de l'Est ont fait un accueil
aussi enthousiaste que celles d'Arras et de St-
Omer. Votre sœur vous racontera tous ses
plaisirs de Randan, et le charme qu'elle trouve,
elle et vos deux jeunes frères, dans ce séjour
assez peu goûté autrefois. La Reine enfin vous
donnera des nouvelles de Mme la P^s» Marie,
à qui ses forces ne reviennent guère et qui a
toujours un air de faiblesse et de langueur dont
on aimerait à la voir délivrée.
Vous apprendrez aussi la tournure favorable
que vient subitement de prendre l'affaire suisse,
un moment si menaçante : Louis Bonaparte se
retirant, nous n'insisterons pas pour obtenir
contre lui un arrêt d'expulsion désormais inu-
tile à imposer à la Diète. C'est une question
désormais résolue, et de façon à délivrer le
ministère d'un de ses plus graves embarras.
Ayez, mon ami, un succès prompt et décisif;
emportez St-Jean d'UUoa, permettez-nous
d'accepter, virtorieux,la médiation anglaise, et
puis vous aurez dissipé un des nuages qui
obscurcissent le plus notre horizon. Le minis-
tère pourra alors aborder la session sans crainte
ou du moins sans autre danger que celui de sa
faiblesse. Malheureusement elle est grande, et
je dois vous avouer que comme le général
Bernard dont vous avez vu le discrédit dans
N' 1054.
L'INTERMEDIAIRE
551
552
l'opinion, amiral Rosamel commence à être
vivement attaqué. M. Mole, dit-on, s'écriait
l'autre jour : « II est par trop bête. » Hernoux
est décidé néanmoins à le soutenir, dans la
crainte de voir revenir l'amiral Duperré qu'il
regarderait comme un fléau. Outre ces causes
d'affaiblissement, il faut compter le mauvais
renom que donnent à l'administration le pro-
cès B et le procès G. Vous avez lu, sans doute,
avec tristesse les détails du premier : voici le
fond du second. Il paraît que G. entrete-
nait à la fois de honteuses relations avec
Mlle X. et une Mme Z. Mlle X. horriblement
jalouse finit par découvrir qu'elle avait une
rivale, et après avoir fait cent scènes affreuses
à G. elle prit le parti d'écrire à M. Z. pour
lui découvrir l'infidélité de sa femme. Bien
des gens prétendent que M. Z. le savait très
bien et fermait les yeux en faveur de l'argent
qui en revenait au ménage : d'autres assurent
qu'il en reçut là la première nouvelle, et que,
dans un juste accès décolère, il força le secré-
taiie de sa femme et y prit toutes les lettres
qu'elle avait reçues de son amant. Or. il pa-
raît que ces lettres prouvent que G. soldait sa
maîtresse aux dépens des contribuables. M. Z.
saisi de ce paquet, en donna immédiatement
co::naissance à un journal et, sur l'offre qui
lui fut faite par G. de le lui racheter, deniers
comptants, fit ou fit faire contre l'ancien fonc-
tionnaire les deux ou trois articles qui ont
mis celui-ci dans la nécessité d'en appeler en
diffamation. Qu'y gagnera-t-il ? M. Z. étant
derrière le journal et prêt à lui administrer
toutes les pièces constatant la turpitude du
plaignant, y a-t-il pour lui espoir de bien
sortir de ce procès ? Ce qu'il y a de certain,
c'est que toutes ces saletés dévoilées indispo-
ser.t l'opinion contre la corruption qui, sur tant
de points, se montre dans l'adniinistration et
que le mmistère aura à porter l'endosse de ce
mécontentement devant les Chambres.
je laisse à la Reine le soin de vous entre-
tenir des promenades faites avec les enfants,
de l'accident de voiture arrivé au Roi avant-
hier, et enfin de la visite qu'à l'instant même
on vient de faire à la Madeleine. Elle vous par-
lera aussi sans doute du général Tacon que,
d'après vos récits, nous désirions tous beaucoup
connaître. Rien n'annonce dans son apparence
extérieure l'étendue d'esprit et la fermeté de
caractère qu'il a déployées dans son adminis-
tration à la Havane. Sauf sa perruque noire
il a une frappante ressemblance avec le général
d'Anthouard, Il parle mal français, et le Roi
ne cause avec lui qu'en espagnol. Malgré la
beauté du théâtre qu'il a fait construire, il n'en
a pas moins beaucoup admiré celui du palais
de Versailles, tout étincelant des feux de la
grande illumination.
La Reine pensait à vous ce matin en lisant
un article du Journal des Débats qui semble
indiquer comme imminente la crise des affaires
d'Orient, Il est dit que Méhémet-Ali va pro-
fiter de la désorganisation amenée par la peste
dans la flotte et l'prmée turques, pour frapper
contre elles un grand coup. J'ignore ce qui en
est au juste, et jusqu'à quel point il faut s'en
rapporter à ces bruits de journaux, mais ce que
je sais, c'est que toutes les personnes qui
connaissent cette grande affaire s'accordent à
dire qu'elle est à la veille d'échapper à tous
les ajournements de la diplomatie. Qu'importe
pour vous ? Ce n'est pas chose qui doive finir
du jour au lendemain, et si le canon com-
mence à gronder, il vous restera à coup sûr
plus d'un boulet à envoyer, je n'ai pas besoin
de vous dire, à ce propos, combien on a joui
ici de la manière dont l'amiral Baudin s'ex-
prime sur votre compte dans une lettre qu'il
a écrite à Heymès : le témoignage d'un homme
aussi loyal ne saurait être suspecté de flatterie,
et il est bien honorable pour vous d'avoir été
apprécié par lui de la sorte. Continuez à méri-
ter de pareils suffrages, et il n'y aura pas une
voix qui osera s'élever pour vous disputer
le haut rang auquel vous êtes destiné dans la
marine française.
Adieu, mon bien cher ami ; Hernoux est à
Mantes depuis lundi, et ne m'a rien envoyé
pour vous. Je lui écrirai un de ces jours. J'es-
père que, quand ces lignes vous arriveront
vous serez bien près de nous revenir. Jusqu'à
cet heureux moment, mille bien tendres et
bien sincères amitiés.
A. Trognon.,
Nécrologie
Nous avons le très vif regret d'annoncer
la mort de notre collaborateur M. Samuel
Rousseau. 11 avait été l'un des coopéra-
teurs les plus dévoués de la présente di-
rection de \' InUrmédiaire. Grand prix de
Rome, professeur au Conservatoire, maître
de chapelle de Sainte-Clotilde, le composi-
teur de ces ouvrages de noble allure, Mè-
rowig, La Cloche du Rhin, était aussi un
amoureux des lettres. 11 tenait la plume
du critique avec autorité. Dans les rares
loisirs de sa tâche absorbante, il donnait
à Y Intermédiaire des preuves de sa flat-
teuse sympathie.
L'homme était affable, distingué, cor-
dial, dévoué ; il complétait le maître et
l'artiste. Ses obsèques ont été dignes de sa
probe et haute réputation.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon St-Amand-
Mont-Rond.
Ij" Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mots 20 Octobre 1904.
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
553
554
amucôtiouô
Les Grandes Charités de Paris. —
•Qu'élaient-ce que « les Grandes Charités
•de Paris ? » Dans beaucoup de régions de
France, le public croit qu'il existe et qu'il
existait surtout, il y a une trentaine ou
une quarantaine d'années, à Paris, une as-
sociation charitable appelée « les Grandes
Charités de Paris ». Cette Association au-
rait eu pour but de soulager les pauvres
honteux, de venir en aide à des misères
cachées, par de petites rentes faites dis-
crètement, et cela non seulement à Paris,
mais encore dans tous les départements.
Je désirerais bien savoir si cette « sorte
de Société de Saint-Vincent de Paul » a
réellement existé ?
En parlant de quelqu'un avant de petites
ressources dont l'origine était ignorée,
on aurait dit, paraît-il : « 11 est des Gran-
des Charités de Paris >/, D'' Bo.
Le vaillant capitaine Cigongne.
— Leroux de Lincy écrit dans sa Notice
sur la Vie et la Bibliothèque de M. B. A .
Cigongne :
Les amis de M. Cigongne lui ont entendu
■dire qu'il croyait pouvoir se rattacher au
vaillant capitaine Cigongne, serviteur dévoué
de Henri IV, qui compte aussi au nombre
des poètes satiriques de la fin du xvie siècle.
On a quelque peine à reconnaître en ce
« vaillant capitaine », le poète gouver-
neur de Dieppe, N. de Beauxoncles de
Sigongne, Cigongne ou Sygognes, au-
quel Pierre de l'Estoile a dédié une terri-
ble oraison funèbre en trois phrases assez
connues. Mais c'est bien lui, n'en doutons
pas.
Est-il exact que le bibliophile Cigongne
ait appartenu à la même famille .?
Les érudits normands ont-ils étudié
l'histoire de leur ancien gouverneur diep-
pois, depuis les recherches de Paulin Pa-
ris et de M. F. Lachèvre ?
Sigongne est un mystérieux. On ne
connaît guère qu'une date importante de
sa vie, celle qui en marque le terme :
avril 161 1. Par malheur, l'état-civil de
Dieppe ne remonte pas au delà de 1620.
— Colletet avait écrit sa biographie,
mais personne n'a pris la peine de la co-
pier avant que l'incendie de 1871 ne vînt
l'anéantir. P. L.
La fille aînée de l'Eglise. —
Quand et par qui la France a-t-elle été
ainsi surnommée '? P. Ponsin.
Julien, domestique de Chateau-
briand. — M. Edouard Champion vient
de publier Vltinéraii'e de Julien, le do-
mestique dont parle Chateaubriand comme
l'ayant accompagné dans son voyage en
Palestine.
« Ce qu'il était, où il était né, écrit
M. Edouard Champion, nous n'avons pas
réussi à le découvrir et nous laissons ce
soin à quelqu'un de nos confrères plus
habile et plus heureux de V Intermédiaire
des chercheurs. »
Justifions la confiance que l'érudii;
L. 41
N* 1055.
L'INTERMEDIAIRE
?7?
556
écrivain place en nous. Où est né Julien ?
Comment s'appelait-il, quel fut son sort
après son retour de Jérusalem ?
<s C'était, dit Joubert. le frère de la
camériste ».
« Je fis entrer Julien, selon son désir,
écrit Chateaubriand, à l'hospice des
vieillards : il y acheva le grand et der-
nier vo3age. >/
N'y a-t-il pas là une piste sur laquelle
le flair d'un Gustave Bord n'hésiterait pas
longtemps .'' M.
Dernières paroles de Danton. —
Sénar, dans ses Mcinoircs, rapporte que
Danton, quelques instants avant de partir
pour son exécution, aurait prononcé ces
paroles : Qii' hnporte^ si je niems? j'ai bien
joui dans la Révolution, J'ai bien dépensé,
bien ribolW, bien caresse des filles ; allons
dormir ! Bien que Sénar ait vécu dans un
milieu où il s'est passé des choses des
plus malpropres, il y a lieu de suspecter
son témoignage. Ces paroles de Danton
ont-elles été rapportées par d'autres his-
toriens ou chroniqueurs du temps?
Paul Pinson.
ILe plus ressemblant des portraits
de Napoléon I'^ — Quel est le por-
trait de Napoléon, entre iSo^et 181 1, ré-
puté le meilleur comme ressemblance et
facture? Où pourrait-on se procurer une
bonne reproduction ? Ferragus.
Les chapeaux de Napoléon ^^
— M. Germain Bapst est certainement
l'homme le mieux instruit de ces détails
familiers. Lors de la discussion qui s'é-
leva à l'Institut sur la non acceptation ou
l'acceptation du chapeau de Napoléon l"'^
légué par le peintre Gérôme, il n'a pas
pris la parole dans la presse, à la sollici-
tation des reporters qui, si volontiers,
l'assiègent ;c'estsansdoutequ"il estabsent.
Aussi a-t-on lamentablement erré. On
eût trouvé l'historien de Canrobert qu'il
eût répondu, avec sa précision ordinaire,
si riche en anecdotes contées avec une
verve fougueuse, et Ton eût connu l'his-
toire de chacun des chapeaux authenti-
ques.
Puisse cette note lui tomber sous les
j^eux. Y.
UnBulletin de la Grande Armée*
— Pendant la retraite de Russie, quelques
jours avant de rentrer en France, Napoléon
fit insérer au Journal officiel ce 29° bulle-
tin daté de Malodeozens, qui sonna le
premier glas de l'Empire.
je désirerais savoir si ce bulletin a été
imprimé en placard et alTiché.
V.J. D.
La « comnaandature » allemande
à Paris en 1871 — Lorsque les trou-
pes allemandes pénétrèrent dans Paris en
1871, elles occupèrent la f>artie ouest de
la capitale, et le général allemand com-
m.andant la place — « commandature ■»>
— s'installa avenue des Champs-Ely
sées.
Un intermédiairiste pourrait-il nous dire
dans quel immeuble s'installa la n com-
mandature », quel numéro il portait et à
qui il appartenait ? Pourrait-il nous indiquer
également un ouvrage dans lequel se trou-
vent des renseignements relatifs au séjour
des troupes allemandes à Paris. ^ C. F.
Marquis de Biron. — Au mois de
mai 1865, le marquis de Biron donnait sa
démission de président d'un cercle pari-
sien, à la suite d'une lettre du ministre de
l'Intérieur, motivée par un incident créé
par le comte Adalbert de Talleyrand-Pé-
rigord.
Un de nos confrères pourrait-il me faire
connaître le nom du cercle présidé par le
marquis de Biron et la nature de l'incident
ayant provoqué sa démission rendue pu-
blique par la voie de la presse, vers le
12 ou 14 mai 1865 .?
Je n'ai pas sous la main les journaux de
l'époque. Arm. D.
Famille de Bertin. — Un comte
Henry de Bertin de Chalup épousa, en
1835, mademoiselle Frignet-Despreaux,
nièce du duc de Trévise. Borel d'Haute-
rive, (probablement dans l'Annuaire de la
Noblesse de 1851, p-200, que je n'ai pas
en mains) dit que ce Bertin était petit-fils
du Ministre de Louis XV. Fut-il père d'A-
lexis de Bertin de Chalup, ancien officier
des Haras, décédé à Paris en décembre
1878, à l'âge de 37 ans (donc né en
1841), et fils d'un Alexis de Bertin qui
figure sur la liste des Emigrés deman-
dant l'indemnité ? De qui peut-il descen-
DES CHERCHEURS ET CURFEUX
20 Octobre 19O4.
557
558
dre ? Certainement pas du ministre, car
ni lui ni ses frères n'eurent de posté-
rité. St-Saud.
Lg ventre d'argent da général
de Galliffet. — A la suite de blessures
reçues à l'abdomen pendant la campagne
du Mexique, on dut, paraît-il, mettre un
ventre d'argent au général de GalIitTet ;
mais d'aucuns prétendent que c'est une
légende. Où est la vérité ?
Un ancien cul de singe.
His de Lasalle, collectionneur.
— Saint-Marcel-Gorbin, peintre. —
]e bloque en un seul article les deux
questions que je pose à \' Intermédiaire.
D'abord, je désirerais avoir des détails,
lieux, dates de naissance et de décès,
noms des père et mère, et autres rensei-
o-nements de famille, notes relatives à la
vie de l'homme et a la formation de la
collection, sur le collectionneur Aimé-
Charles, dit Horace de Lasalle. Je rencon-
tre bien un article d'aimable causerie dans
\q Journal des Arts an 24 septembre 1904,
iT.ais il n'y a pour moi pas assez de da-
tes et de noms propres. A la vérité, j'y
vois indiquée une notice lue par M. Gru-
ger à la séance annuelle de l'Institut en
188 1, seulement, je doute que je puisse
mettre la main dessus.
Je souhaiterais aussi des renseignements
semblables sur Charles-Edme Saint-Mar-
cel-Corbin, peintre et aquafortiste, élève
de Delacroix et d'Aligny — une singu-
lière rencontre dans la formation d'un
artiste pour le dire en passant. 11 me sem-
ble avoir lu, il n'y a pas très longtemps,
un article sur ce peintre dont la renom-
mée n'a pasje crois, égalé le mérite, sur-
tout dans la représentation des animaux;
mais où ^ C'est probablement dans la
Galette des Beraix-Arts ; auquel cas il
suffirait à un collaborateur mieux rensei-
gné que moi, de m'en donner l'ind'cation
bibliographique. H. C. M.
Jourdain du Pin. — Jourdain du Pin.,
descendant des seigneurs de le Pm en
Normandie, commande, en 1190, avec
l'amiral Margarit, la flotte de Richard
Cœur de Lion ; croisé il fut gouverneur de
Messine. (Voir Histoire de Normandie de
l'abbé du Moulin).
On trouve Bibliot. nat. cab. des titres :
Jourdain du Pin, chevalier, seigneur du
Roy, sire de l'Isle, fils de feu noble homm-
Jourdain son père, en 1296.
Ce Jourdain ne serait-il pas le fils du
croisé Jourdain précité .^
(Les armoiries du croisé sont ^ boure
dons de gueules sur champ d'argent). Ce
Jourdain, s'il avait les mêmes, serait vrai-
semblablement le fils ^
Trouve-t-on des traces de sa descen-
dance ? Où ?
Il existe une localité chef-lieu de canton
arrondissementde Montmorillon (Vienne)'
nommé l'Isle Jourdain. Ne serait-ce pas
de ce lieu qu'il serait seigneur ■
Cette famille du Pin passa en Bour-
bonnais puis en Poitou en 1356 ; c'est un
indice.
Il y a aussi : Isle Abbots, comté de
Somerset, district d'Abdick sur l'Isle (An-
gleterre). A remarquer quejourdain du Pin
sert TAngleterre. Sa famille avait été dé-
portée par Henri i", roi d'Angleterre,
après la conspiration de Saint-Leuffroy et
le supplice d'Odorad du Pin, en la per-
sonne du frère Morin du Pin qui habitait
Canteby ou Cateby. fVoir Histoire de la
maison d' Harcourt^ par Gilles de La
Roque).
Quelle serait la tlliation de ce seigneur
de risle .?
Où trouver des documents ^ D.
Les La Valette, de Provence. —
Dans le Bulletin de la Société Héraldique
et Généalogique de France, 7* année, V
vol. page 87 (février 1886), il est fait
mention d'une famille provençale ano-
blie « De La Valette », qu'on supposait
complètement éteinte. Cependant il y a
des De La Valette, d'origine française
(provençale), naturalisés hollandais de-
puis 1822, portant les armes de cette
famille et prétendant en descendre. Les
documents étant incomplets (ils s'arrê-
tent à I7i4),un intéressé établi aux colo-
nies et n'y pouvant consulter ni archives,
ni bibliothèques, s'adresse à la complai-
sance des généalogistes de l'Intermédiaire,
pour de plus amples renseignements que
ceux contenus dans la notice du Bulletin,
soit pour lui indiquer des documents,
imprimés et manuscrits, à consulter ou à
faire consulter. Pourrait-on désigner aussi
No 1055
L'INTERMEDIAIRE
559
560
les branches de cette famille de La Valette
ayant dérogé d'après le Bulletin.
Ferragus.
Marc Fournier, sa correspon-
dance. — Directeur du Théâtre de la
Porte-Saint-Martin, auteur dramatique,
collaborateur de Barrière, Dennery, Mire-
court, et à « Paris chantant », à la
« Grande Ville... » etc., etc. Marc Four-
nier (Genève, 1818 — Saint-Mandé,i879)
a laissé des lettres et impressions de
voyage toutes de fantaisie et d'humour,
datées d'Aix, de Brides, de Salins, Mou-
tiers et autres. Le Figaro, à deux reprises,
a publié des fragments de cette corres-
pondance : ces lettres ont-elles été réunies
en volumes ? Jacciues Saintix.
Majorât de Claude Monet. — Ces
trois mots se lisent, gravés -en creux, sur
le beffroi de Calais.
Claude Monet fut, je le sais, maïeur de
Calais en 1609, Je serais heureux de sa-
voir d'où il était originaire et s'il a laissé
des descendants existant encore. Quel-
qu'un de nos collègues d'Artois pourrait
sans doute me renseigner .'' — Je lui en
saurais grand gré. A. d'E.
Famille de Monlas, ou Moulas,
(peut-être de Monloises). — Dans le
Nobiliaire universel de France (Paris, 1880,
Vol. XV, Art. Rochery,3,est le suivant :
Rochery de Marcenay, Bourbonnais, Ni-
vernais, et Ile Maurice, seigneurs de
Rochery, de Givernon, de Saint-Didier,
de Rangloux, de Marcenay, etc.
Originaire du Bourbonnais appartenant
à la meilleure noblesse de cette province...
Passée en Nivernais au xvi' siècle.
X. Jean Rochery, écuyer en 1530, alla se
fixer, par mariage, en la province du Ni-
vernais et y épousa demoiselle Marie de
Bazet, fille de Jean de Bazet, écuyer et de
Marie à^ Mo!ilas,qm le rendit père de
XI . Philippe Rochery, écuyer, capitaine....
Il avait épousé demoiselle ^Iarguerite Gas-
coing [Charte conservée aux Arch. nat. à
Paris. Voir les registres de la chambre des
comptes de Bourbonnais].
En 1405-6, est le suivant, John de
Monlaur, chevalier, de S. Emilion,Gascony.
(Catalogue des RoUes Gascons, Nor-
mans et François. London, 1743).
]Et le suivant, 1455-6. John de Mon-
laur, Armiger, de Bordeaux (Burdegalas).
(Ibid. Catalogue des Rolles, etc).
Dans Hozier, Armoriai Général ou Re-
gistres delà Noblesse de France (Paris, 1764)
est le suivant. 1523. Seigneurie de Mon-
loises-Bar, appartenant à la famille De
Braque de l'Ile de France, Normandie,Tou-
raine, etc. (Art. De Braque. Reg. 3,
Parti ,83).
Aussi, 1627, Sti^TiQurie (de M074.I a s).
(Hozier, Art. De Rozet, Reg. 6, pp.
lO-Il).
La famille huguenote de Monlas, ou
Moulas, vint de France se fixer en Angle-
terre après la Saint-Barthélémy. Jean
Monlas maître-es-arts (Magistcr Artium)
« de rUniversité de Bordeaux » avait le
même grade à l'Université d'Oxford en
Angleterre, 30 octobre 1635,
La famille de Monlas porte : Un chevron
engrele entre trois cors de chasse, au milieu
du chef une mollette. Je ne sais pas les
émaux de ce blason français.
J'accepterais avec reconnaissance les
réponses des intermédiairistes sur l'origine
et l'histoire de cette famille de Monlas
ou Moulas.
(Rév. Edwin J. Marriner.
Ardvoulan, Torquay,
Angleterre).
Famille de Saint-Simon-Courto-
mer. — Pourrait-on m'indiquer le lieu
et la date de naissance, le lieu et la date
de décès, le grade dans l'armée avant
1789 et la description des armoiries d'An-
toine-Léon-Pierre de Saint-Simon, comte
de Courtomer, chambellan de l'Impéra-
trice Joséphine en février 1805, créé
comte de l'Empire avec majorât le 20 août
1809.^ Aide de camp de La Fayette en
1789 et chef de la 2^ division de la garde
nationale parisienne, il fut promu maré-
chal de camp le 19 mai 1790. Il était fils
de Philippe-Antoine-Nicolas de Saint-Si-
mon, marquis de Courtomer, et de Louise-
Rose de Thiboutot. Les armes de la fa-
mille originaire du Cotentin étaient : de
sinople, à trois lionceaux de gueules.
Furent-elles modifiées par Napoléon ?
Eloigné pour un certain temps de toute
grande bibliothèque, je voudrais à la fois
des renseignements précis et des référen-
ces que je puisse citer comme pièces
justificatives du travail que j'ai à faire
sur cette famille,
M's DE L. C.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
561 --
Famille de Zandt (en allemand
von Zandt). — Quels sont les noms
des père et mère de Jean Frédéric, baron
de Zandt, et de Loche-Winchelhausen,
grand maître général des armées de Ba-
vière, tué à Landshut en 1809 ? Cette fa-
mille est-elle encore représentée ? Je la
crois originaire de Bavière. A. B,
Histoire da l'ordre de Saint-Louis
— Existe-t-il une liste complète et authen-
tique des membres de cet ordre ? L'ou-
vrasre de M. Théodore Anne offre beau-
coup de lacunes. (^Histoire de l'ordre de
Saint-Louis en 3 volumes). A. B.
Entrebas. — Une famille porte :
d'apir, à Ventrebas d'or. Je ne trouve
cette expression dans aucun livre de
blason ancien (Père Menestrier) ni mo-
derne (Renesse, Grandmaison, Gheusy,
O'Kelly). Que peut-elle signifier? Je me
demande si le livre d'où c'est tiré ne con-
tient pas une faute d'imprimerie ; si on
n'a pas voulu dire entrclac, peut-être cn-
irelas en vieux français.
La Coussière.
Les tresses de Navarre,. — On
lit dans un article du journal l'Eclair du
vendredi 30 septembre, 5=col. : Les sceaux
de France^ ces mots : « L'écu de France
flanqué des tresses de Navarre ».
Qu'est-ce que c'est ? A, T. Blés.
Gironnéde...etde... dedouzepiè-
ces. — Je serais fort obligé que l'on vou-
lût bien me dire à quelle famille apparte-
naient les armes : gironné (peut-être d'a-
:(ur et d'or) de doit:^e pièces qui étaient
celles d'une dame le Bascle d'Argenteuil.
On voit ces armes sur l'une des façades
du château de Pouy en Champ igne. Elles
sont accolées aux armes des le Bascle
d'Argenteuil, seigneurs de Pouy, qui sont :
Ecartelé aux i"^ et 4 fascé^ enté et onde
d'argent et de gueules, qui est Roche-
chouart ; aux 2 et ^ d'azur semé de fleurs
de Ivs d'or et à la bordure de gueules qui
est Bourbon-Anjou, et sur le tout de
gueules à trois inaclcs d'argent qui est le
Bascle. Les deux écussons ont pour sup-
ports 2 lions et sont surmontes d'une
couronne de marquis au dessus de la-
quelle est un liston portant la devise des
le Bascle ; Sine macula niacla. T.
20 Octobre 1904.
562 -■ — — —
A-rmoiries à déterminer : d'azur,
au lion léopardé d'argant. — Z)a^?«-,
au lion Icopardc d'argent, au chef de gueules,
chargé d'une tour entre deux croissants ados-
sés, accompagnés chacun de quatre croi-
settcs posées en croix, le tout d'argent.
Je trouve ces armoiries peintes en mi-
niature sur la première page d'un très
vieux missel (date illisible) ayant appar-
tenu à la chapelle des Pcnitans d'Olliou-
les (Var). Pourrait-on également me don-
ner la devise de cette famille ?
DE La Pom . . .
Armoiries à déterminer : d'or, à
trois bars entrelacés. — A quelle
famille appartiennent les armes ci-des-
sus ? La Sanoliette.
Papiers peints de 1848. — J'ai vu
àValleraugue (Gard), chez mon ami M.
Camille Chabal, ancien receveur des fi-
nances, un curieux paravent de 1848, en
bon état de conservation. Jl est recouvert
d'un papier peint sur lequel alternent deux
médaillons, représentant l'un une scène
de barricade, l'autre Louis-Philippe au
bord de la mer, prêt à s'embarquer, avec
le parapluie légendaire sous le bras. Ce
paravent aurait sa place au musée Carna-
valet.
Connait-on d'autres tentures de ce pa-
pier ou de papiers analogues ? J'en avais
autrefois des morceaux pour raccords,
plus anciens, non en rouleaux, mais en
feuilles carrées. Il y avait une large bor-
dure de dromadaires rappelant l'expédi-
tion d'Egypte. Ils ont disparu dans quel-
que déménagement.
Marcellin Pellet.
Compositeurs à retrouver (Suite)
(XLIX, 789).
47 Ballo d'Armida ridotto a finale con
varie voci, Roma 1780.
48 Barilotto, intermezzi. Padoue, Théâ-
tre Obizzi, carn. 17 14.
49 la Battagliadi Montaperti, fragment
d'un drame lyrique. Absque nota.
^o Batto e Lisetta, intermezzi, Venise,
Théâtre St-Ange, carn. 1713.
51 la Bella addormentata nel bosco,
Rome, Palais de Monte Giordano ; 17
avril 1893.
52 Betulia Liberata. Lisbonne, Théâtre
Rua dosCondes, carême 1773.
N" '055.
L'INTERMÉDIAIRE
563
564
53 Birba. Venise, Th. St-Samuël, 1735.
54 Bleso e Lesba, intermezzi, Venise,
Th. St-Ange, 1705.
55 la Bottega da Café. Venise, Th. St-
Samuël automne 1756.
560° Venise, carn. 1744.
57 la Bradamante. Venise, Th. St-
Ange 1747.
58 der Brave Mann. Vienne, Théâtre
Leopoldstadt, 1806.
(A suivre lettre C).
La conscience de Monsieur Coco.
— Quels sont l'auteur, l'éditeur et la date
du livre qui porte ce titre .? La préface
commence ainsi : « Puisque la papauté,
par sa récente encyclique, vient de prou-
ver une dernière fois qu'elle sera toujours
l'ennemie déclarée du progrès, de la li-
berté et de la civilisation... ». Le livre a
été imprimé par A. Bouret, à Poissy.
Pierre Meller.
Mémoires d'une femme de qua-
lité sur JLouis XVIII, sa cour et son
règne. — 4 vol. in-8°, Paris 1829 (Marne
et Delaunay-Vallée). D'après Quérard
[Dictionnaire des anonymes), ces Mémoires
très curieux ont pour auteur Lamotbe-
i-zi;?^OH appelé aussi Lamothe-Houdancourt,
qui, très probablement, aurait écrit sur les
notes de Madame O..., comtesse D... En
tête du t. m, se trouve une lettre de
Savary, duc de Rovigo, adressée à l'édi-
teur et où on lit : «... je n'ai pas le pro-
jet de forcer l'anonyme à se faire connaî-
tre ; je ne crois pas cependant qu'elle soit
autorisée à signer O... D... C..., mais je
crois qu'elle pourrait, avec bien plus de
vérité, signer O... Q..-N. ou O... D...
N... ». Suit une lettre de « Mme O...
comtesse D,.., auteur des Mémoires d'une
femme de qualité à M. le Duc de Rovigo»
(15 mai 18:29), lettre dans laquelle on lit
notamment p. IX «... j'ai été légère, je
l'avoue, Monsieur le Duc, quoique je ne
croyais pas que ce fût à vous de m'en faire
un reproche... >\ La lettre est sigukO...^
comtesse D. ..
duelle est cette Madame O... comtesse
D... ';! Pierre Meller.
«La Vogue >\ — La Vogue ^ nouvelle
série, (janvier 1899), Paris, rue des Ecoles,
54, salle du Parthénon.
Veut-on m'apprendrc combien celte
nouvelle série de la Ko^2(^ eut de numéros.''
Où se les procurer ? de La Powm.
Numérotage révolutionnaire. —
D'une pièce publiée par M .Léopold Lacour
dans Trois femfiies de la Révolution^ p.
298-299, il résulte que Théroigne de
Méricourt demeurait, en dernier lieu,
« rue Honoré, section de la Montagne,
n° 273 ». Or, dans une note parue dans
l'Intermédiaire (XLVlll, 99), M. J. G.
Bord, parlant du numérotage de la rue
Saint-Honoré, dit textuellement ceci : —
« La section du Palais-Royal (Montagne,
Butte des Moulins) de la place Vendôme à
la rue des Bons-Enfants avait un numé-
rotage compris entre 15 16 et 1338.» Donc
pas de no 273.
Quelque intermédiairiste obligeant, et
particulièrement M. Bord, toujours si
aimable, toujours si curieux de résoudre
les petits problèmes de l'histoire, voudra-
t-il bien me renseigner sur ce dernier
domicile de Théroigne ? Nobody.
A la bonne heure! — Quel est le
sens exact de l'expression « à la bonne
heure ! », pour dire : c'est bien ? Quelle
est l'origine de cette périphrase ? Quelle
est son étymologie ? D"' B.
Armoiries de familles bourgui-
gnonnes. — J'adresse aux érudits bour-
guignons les questions suivantes, aux-
quelles je ne trouve pas de réponses sa-
tisfaisantes,malgré de longues recherches.
A quelles familles bourguignonnes du
xv° siècle pourraient appartenir les armes
suivantes :
1. D'argent à ^ fasccs d'aiur.
2. D'azur au coq d'or {x\tn des Vogué).
3. D'argent au griffon de gueules, écar-
tclc de gueules, à 3 tètes de léopard d'or.
^.Eqtiipolé ou échiquctéd'or et de gueides,
le 2° point chargé d'un iion dor, ècarlelé
d'or au lion de gueules .
5. D'or à la bande de gueules, acconipa-
gnce de 2 colins d'azur et chargée de ^ lo-
sanges d'argent, écartclé d'or, à la croix de
sable.
Cet écu se voyait à une verrière de l'é-
glise d'Arnay-le-Duc.
RoBlT.
Coqueluche. — Pourrait on donner
une explication sur ce mot .' F.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
565
20 Octobre 1904 .
566
meB
L'écharf»0 de Caaîille Desmou-
lins (L, 499). — L'écharpe de Camille
Desmoulins a figuré, sous le n° 972, dans
la 5™° vente de la collection particulière
d'Etienne Charavay (17 et 18 mai 1901).
file a été achetée, au prix de 210 francs,
par M. H. Lavedan, le spirituel auteur du
P'ince d'Aurcc et de yareufies. La même
vente, n" 973, contenait le sac, en forme
de réticule, de Lucile.
R. B.
\
\
Les cahiers dAngs Pitou (L,45o).
— M. Coudray-Maunier a publié, aussi
à Chartres, une brochure assez documen-
tée, qui doit être à la Bibliothèque natio-
nale, mais qui existe certainement encore
chez les libraires de Chartres, je suis sûr
qu'on y trouverait peut-être de quoi répon-
dre à la question de M. A. B. X.
E. Grave.
*
* *
J'ai retrouvé deux cahiers de chan-
sons d'Ange Pitou à la Bibliothèque de la
ville de Paris ; je les ai mentionnés dans
mon livre sur Ange Pitou, page 124,
note 3. F. E.
*
» *
Lorsque M. Fernand Engerand écrivit
son remarquable ouvrage sur Ange Piton,
je me proposais de lui signaler une trou-
vaille que j'avais faite sur les quais : celle
d'un gros cahier de chansons datant de la
Révolution et du Directoire. Il était formé
de ces chansons qui se vendaient sur la
place publique. La personne qui les
avait acquises, lei avait rassemblées et
cousues. Ce procédé les sauva de la
ruine qui menace les productions po-
pulaires.
Je me trouve avoir ainsi les chansons
que débitaient, à leur clientèle, bayant
devant Lurs tréteaux, les Aubert, les Ne-
veux, les Lottée. les Daniel, le citoyen
Cadot et le citoven Leveau dit Beauchant,
et Ladre dit Divertissant et les autres ;
mais plus précieuses sont celles d'Ange
Pitou.
Lorsqu'on arrêta Ange Pitou, le 28 bru-
maire an IV, le procès verbal constate
qu'on trouva chez lui, rue Saint-Jacques,
n' 5 :
Un cahier de chansons imprimées, un petit
livret contenant seize feuillets, couvert d'un
papier bleu, renfermant treize chansons dont
la première intitulée: Le désespoir du peuple
contre les agioteurs sur l'air du Réteil du
peuple, et la dernière le Portrait du peuple
sur l'air de Figaro.
Or, ces chansons qui n'existent nulle
part, ce sont précisément celles que ren-
fermait ce cahier trouvé sur les quais.
La police de l'an V a saisi seize feuillets,
je n'en possède que douze, contenant dix
chansons, sur Ls treize qu'annonce le
procès verbal.
Chaque cahier se compose de quatre
feuillets numérotés de i à 4.
En voici la nomenclature :
1° Le Désespoir il n peuple contre les agio-
teurs par L. A. Pitou. — Le citoyen actif et
le citoyen passifs par L. A. Pitou. Rue
Saint-Jacques, numéro 5.
2° Le Bonheur de ta Révolution ou les for-
tunes rapides par L. A. Pitou, suivi d'une
chanson sans titre sur le même sujet :
Pour trouver fortune jadis,
Des quatre coins du monde
On accourait à Paris.
3" Le Sénat des cocus par L. A. Pitou.
Le Souvenir du bon vieux temps .^ élégie ba-
chique, par L. A. Pitou. « A Paris, rue
Saint-Jacques, no 5,près la fontaine Saint-
Séverin, chez l'auteur, qui procurera aux
curieux toutes les ariettes et livres nou-
veaux. Se charge de la commission par
la librairie et des envois cans les Dépar-
tements ».
4" Le Cri des mères de famille contre les
élégantes à cocarde verte Jes agioteuses et les
royalistes. — Les Irrésolus, par L. A.
Pitou. A Paris (comme plus haut),
5° Le Plaisir et le déplaisir de la queue
par L. A Pitou. Le Monde renversé. A Paris
(comme plus haut).
6^ Portrait du peuple de Paris « par le
même auteur », suivi d'une chanson
annoncée à la feuille 3.
Toui les faiseurs d'esprit étant les guides
des Parisiens, voici le pendant du dernier mo-
dèle : Réveillej^-vous, belle donneuse :
Au bon peuple de cette ville
Qiii voit tout et croit tout savoir,
Un marchand d'esprit fort habile
Vendra bien du blanc pour du noir.
iVi. Fernand Engerand dit, en note, (p.
1 16), à la suite de la saisie faite le jour de
l'arrestation d'Ange Pitou :
Pour ses chansons, Ange Pitou utilisait
assurément les couplets divers de son Tableau
N" 1053.
L'INTERMÉDIAIRE
567
568
de Paris en vaudeville, aussi, il est bien évi-
dent que ce Portrait du peuple n'est autie que
le vaudeville du neuvième numéro qui débute
ainsi :
C'est un être bien étrange
Qiie ce peuple de Paris.
Sa prescience a adn.irablement servi
M. Enj^erand. En effet, puisque le voici,
sous nos yeux, l'unique exemplaire sauvé
de ce cahier saisi chez Ange Pitou, et
c'est bien le Portrait qui commence ainsi :
C'est un être bien étrange.
On y rencontre ce couplet sur Paris, que
M. Engerand ne cite pas :
Toujours franc, toujours novice
Aveugle en sa volonté,
11 commande son supplice
Pour voir d^ la nouveauté
Ne suivant que son caprice
Ou celui de ses bourreaux
11 applaudit à ses maux.
Je ne regarde jamais sans une émotion
très vive, ces quelques petites feuilles de
papier à chandelles imprimées à la diable,
avec des têtes de clous. C'était là le cail-
lou de la fronde de David, le caillou qui
atteignit le géant en plein front et le fit
chanceler, puis reculer. Ce sont ces feuil-
les volantes dont, par miracle, il nous
reste ces six là, qui ont affolé le despo-
tisme, et terrifié la Terreur. Je ne don-
nerais point pour bien des souvenirs plus
opulents, ces pages héroïques, effrontées
et narquoises, l'honneur de la chanson et
son orgueil. M.
Les dames d'honneur de Marie -
Antoineîta (L, 443). — i\îadame de
Langeron appartenait à la famille An-
drault, originaire du Nivernais et qui a
projeté en Bourgogne la branche des mar-
quis de Maulévrier. Elle est subsistante
et l'on trouvera le nom et l'adresse de ses
représentants dans tous les annuaires
spéciaux.
Madame de Brunoy était la femme du
fameux marquis de Bruno3\ qui dissipa,
par ses excentricités, la colossale fortune
amassée par son père, Paris de Alontmar-
tel, fermier général. Il mourut jeune, sans
laisser de postérité. D. des E.
Bonapo.rle appe'é N'Coias(L, 163,
234,292). — Qiiel pamphlétaire a jugé spi-
rituel de donner à Napoléon le prénom de
Nicolas ? Ce!;! importepeu et je ne sens pas
le sel de l'épigramme. Mais si M. A. Dieu-
aide va consulter les registres d'Ajaccio,
il lira, sur le livre paroissial, l'acte du
baptême de Napoléon Bonaparte : sans
autre prénom, sans grattage savant.
Lo masque mortuaire de Napo-
léon (T. G., 629). — A signaler, sous cette
rubrique, cette pittoresque annotation
ajoutée à l'un des nombreux moulages du
docteur Antommarchi
Monsieur Adolphe Sénac, beau-fils de M. La-
biche, capitaine au long cours v.;uant d'un
long voyage sur mer.
C'est en débarquant à l'île Sainte-Hélène,
où il aborda pour faire de l'eau, qu'il apprit
la mort du gr^nd homme décédé la veille. 11
en rapporta de cette île la face de ce grand
homme qu'il en fit hommage à M. Labiche,
ancien secrétaire de M. de Montalivet père,
ministre sous Napoléon i"" qui lui-même
(M. Labiche) en fit cadeau à M. Porcheron,
ancien maire de Pouilly, son ami qui à son
tour la donna en présent à M. Midoii, nu-
mismate distingué pour être placée au nombre
de sa précieuse collection.
Pouilly-sur-Loire (Nièvre) le 15 octobre 1858.
Porcheron,
D-
Le Courrier de Lyon (XLIX, 502,
635, 734). — Le fy'ere Léûtadc — M. A.
Boghaert- Vaché a cent fois raison. Léotade
était innocent ; il fut la première victime
de la révolution de Février 1848. Son pro-
cès se poursuivait devant le jury de la
Haute-Garonne et le verdict d'acquitte-
ment ne faisait doute pour personne —
lorsqu'en pleine audience, pendant la plai-
doirie de AI* Joly, avocat de la partie
civile, une nouvelle éclata comme un
coup de foudre : <<■ Le trône est renversé, la
république proclamée !... >> Stupeur des
magistrats, des jurés et du public...
Quelle venette,mes amis ! et quel appla-
tissement général devant ce basochien su-
bitement acclaméproconsul avec pouvoirs
illimités ! Joly quitta immédiatement le
prétoire pour monter au capitole. Les avo-
cats de l'accusé, deux célébrités du barreau
toulousain, MM^^ Jean Gasc et Saint-Gresse
eurent beau démontrer l'innocence par des
preuves certaines et d:.s arguments irréfu-
tables, le siège du jury était fait.
Hypnotisés par la peur, les jurés, sur leur
« honneur » et leur « conscience v>, décla-
rèrent l'acousc coupable. Ils eurent la gé-
nérosité, pouitant, d'accorder les circons-
DES CHERCHllIRS tT CURIEUX
:o Octobre 1904
- 569
— 570
tances atténuantes et mon camarade Louis
Bonafous fut envoyé au bagne de Toulon.
Je dis -;< mon camarade » parce qu"en mes
neuvième et dixième années j'étais avec
lui, et je m'en honore, élève des Frères
des Ecoles chrétiennes de Saint-Affrique.
Même qu'aux distributions « solennelles»
des prix je lui donnai la réplique en un
dialogue de circonstance, composé par le
très cher frère Zime,d;rec:eur. C'est bizarre
tout de même ; en ce temps et dans ces
contrées reculées, c'était u •. honneur d' « al-
ler aux frères ». Les protestants eux-
mêmes, nombreux en cette sous-préfecture
aveyronnaise, envoyaient « aux frères »
leurs enfants — au moins jusqu'à leur en-
trée au collège.. Aujourd'hui...
L'avocat Cazeneuve — on prononçait
comme lui Cazenûve — avait suivi atten-
tivement les débats et, convaincu de l'in-
nocence de Lcolade, il écrivit coup sur coup
plusieursmémoiresdémontrant l'iniquité de
la sentence. U réussit... à se faire condam-
ner pour outrages à la magistrature. Ne
s'avouant pas vaincu, et puisqu'on lui
défendait d'écrire, à sa sortie de prison il
se mit à parler ; et les ancêtres qui fré-
quentaient en 1855-56 et peut-être plus
tard, au quartier latin, se souviendront
encore de cet apôtre au fort accenl tou-
lousaiii, qui pérorait de neuf heures à
minuit dans les catés de la rive gauche.
Louis Bonafous mourut en i850.j'ig;"!ore
la date du décès de Cazeneuve. jusqu'à
la dernière minute ils ont protesté l'un et
l'autre* de l'innocence du frère Léotade. A
cette double protestation, je m'associe de
tout cœur. A. S., e.
Voici !a liste des ouvrages ùe l'avocat Caze-
neuve dont les titres me sont connus :
Relation historique de la procédure et des
débats delà cour d'assises de la Haute-Ga-
ronne, dans la cause de Louis Bonafous, frère
Léotade, des écoles chrétiennes de Toulouse,
condamné pour viol et assassinat sur la per-
sonne de Cécile Combettes aux travaux forcés
à perpétuité, subissant actueileinent sa peine
aux bagnes de Toulon. M. de Labeaume pré-
sident de ia cour d'Assises : Vialas, Quevillac
juges ; M. d'Oms, procureur général ; MM"^
Joly et Rumeau, avocats de la partie civile ;
MM'* Jean Case et Saint-Gresse, avocats de
l'accuié. Par M« Jean-Michel Cazeneuve, avo-
cat près la cour d'Appel de loulouse, etc.
i'" et 2» parties. Deux volumes inS" ensem-
ble de 49 feuilles 3/4 plus deux pi. et un fac-
similé. Toulouse, Paris 1649.
Abrégé de la telation historique de la
procédure et des débatsMc, etc., par M° Jean-
Michel Cazeneuve et in-8" de 20 feuilles 3/4.
Toulouse 1852.
B;=ptêmo (XLVII ; XLVîll). — Un
des fifs de François d'Esparbès, vicomte
d'Aubet-jrre, naquit et fut baptisé à
Blaye (Gironde), le 20 juillet 1617, alors
que son père était gouverneur de cette
ville ; il reçut le nom de Louis de Blaye
et fut présenté au baptêm.e par le maire
et les jurats. Est-ce le même qui fut lieu-
tenant général et qui se signala à Rocroi
et à Nordlingue ? Pierre Meller.
Outillage g^lîo-ronjain (L, 219,
422, 528). — Merci à notre collaborateur
Saffroy. Peut-on se procurer la brochure
dont il parle, ou tout au moins l'avoir
en communication ?
Je commence la série découverte aux
Cléons, par un petit instrument à l'usage
des femmes : une tige de bronze de la
.rrosseur moyenne d'une forte aiguille à
tricoter, longue de 6 centimètres et com-
plètement recouverte de la belle patine
ant-que. La partie haute, un peu plus
grosse et légèrement aplatie, montre deux
épaulements opposés, auxquels fait suite
une soie appointée qui pénétrait dans un
manche aujourd'hui disparu. L'autre bout,
arrondi, porte, à 8 millimètres de son
extrémité, un cran dont la profondeur
dépasse la moitié de l'épaisseur de la
tige.
C'est indubitablement un crochet à bro-
derie ; et, nul doute à ce sujet ne fut ja-
mais manifesté par les nombreux visi-
teurs du Musée Local.
]e me souviens qu'il y a quelque cin-
quante ans, les dames brodèrent au cro-
chet. On fit d'abord de petites bourses,
nuis des blagues à tabac, des dessous de
lampes ; plus tard, des couvertures de
chaises, de canapés, de lits, voire des ri-
deaux entiers. Cette mode, rapidement
généralisée, paraissait indiquer que nous
étions les inventeurs plutôt que les réno-
vateurs de ce genre de travail.
Il ne peut plus y avoir aucun doute
à ce sujet : les dames gallo-romaines
faisaient du crochet.
Deux importants ou.vrages récemment
parus : La Grande Encvclopédie et Le
Nouveau Laronsse Illustré, n'en parlent
pas à leurs articles crochet et broderie^ du
N- 1055,
L'INTERMEDIAIRE
57'
572
origines
égaiement
moinscommed'une antiquité aussi reculée.
Il n'en est pas question dans le Diction-
naire des AnU'quitcs Grecques et Romaines
d'Anthony Rich.
Cet intéressant outil gisait en profon-
deur, sur le sul de la salle d'entrée du ^,7/-
neiiiii.
Au point de vue tcchniciue, il serait
important de savoir si quelque objet ana-
logue a été trouvé par mes confrères, et
si l'on en voit au musée de Saint-Ger-
main. FÉLix Chaillou.
Diane et saint Hubert (XLV ;
XLVl ; L, 462). — L'étymologie d'Ar te-
rnis n'est pas connue avec cerliiude. On
hésite entre deux
vraisemblables.
Selon la première, Arlemis viendrait de
artcmcs = intacte, sauvée, « c'est-à-dire »
échappée à tous les périls auxquels sa vir-
ginité était exposée.
Selon la seconde, il faudrait chercher
en Asie et spécialement en Perse la source
du nom, qui signifierait « la Grande
Déesse ». [Ad. Claus. De Dianœ antiqnis-
sima apud Grœcos natnra. — Breslau,
1 88 1 , p . 10].
Quant à Phoibê, c'est un simple adjec-
tif qui n'est pas uniquement affecté à la
sœur d'Apollon. Il signifie la Lumineuse,
l'Eclatante. On peut le rapprocher de
phaos^ lumière céleste. '**
Le chien de Jean de Niveîl«(XLVll;
XLVIII ; L, 380,^63). - Le proverbe,
est-il vraiment d'origine franco flamande ?
Nos collaborateurs ont cité, d'après Leroux
de Lincy , cette ligne du jaViUn de Récréa-
tion (1611) :
Il ressemble le chien de Nivelle, il s'enfuit quand
[on l'appelle
Mais Leroux de Lincy et ses lecteurs
paraissent avoir ignoré que le même re-
cueil de proverbes dop.ne à une autre page
ce premier dicton :
Comme le chien d'Arlollo il s'en fuit quand on
[l'appelle.
Jardin de Récréation, fol. Dij .
Gomes de Trier, auteur dyi Jardin, tra-
duisait des parémiologues italiens. Qii'est-
ce que le chien d'Arlotto ? PL.
Les chats de Kilkenny (L, 385 ,525).
— Le Rév. E G. Brewer, dans son
Reader' s haiidhook of A lliisions, Références,
Plots and Stories, donne ces deux varian-
tes :
L'anecdote tA que deux chats se bat-
taient dans une fosse avec tant de férocité
qu'à la fin de la bataille il ne restait
que la queue de cli,-cun des combattants,
pour prouver la rencontre merveilleuse.
C'est une allégorie à propos des munici-
palités irlandaises de Kilkenny et d'Irish-
town qui se disputaient si âprement au
sujet de frontières et de droits jusqu'à la
fin du xvh" siècle, qu'elles s'appauvrirent
mutuellement — se mangèrent l'une l'au-
tre, ne laissant qu'une queue.
L'autre anecdote est, que l'amusement
favori d'un certain régiment en garnison à
Kilkenny était de lier deux chats par la
queue, puis de les jeter à califourchon sur
une corde tendue, et de regarder les atta-
ques féroces t|u'ils se livraient pour re-
couvrer leur liberté. Les autorités décidè-
rent d'interdire ce « sport » cruel, et un
jour, au moment où deux malheureux
chats venaient d'être placés sur la corde,
l'alarme fut donnée, le colonel arrivait à
toute vitesse. Un olTicier qui se trouvait
là, coupa avec son épée les deux queues,
et les chats se sauvèrent avant la venue
du colonel. Was.
Chanoines de Saint Denis(XLfX,3,
2 32, 287, 3 54, 407081). — Claude Rey.néà
Aix en Provence le 27 nov. 1773, était vi-
caire général capitulaire de Mgr Cham-
pion de Cicé, archevêque d' Aix, lorsque
par ordonnance royale du 9 juillet 183 i,
il fut appelé à l'évèché de Dijon. Sacré à
Notre-Dame des Doms, cathédrale et
métropole d'Avignon, le 23 septembre
1832, il fit son entrée en sa ville épisco-
pale le 8 novembre. Mais c'était un mau-
vais administrateur, et le 8 mai 1838,3 la
suite d'un accord entre le Vatican et le
gouvernement français, il donna sa dé-
mission dont il informa officiellement le
chapitre le 21 du même mois, et quitta
aussitôt Dijon. Il fut nommé chanoine de
Saint-Denis et officier de la Légion d'hon-
neur; le 15 décembre 1820, il présida à
la cérémonie de débarquement du cercueil
de Napoléon à Courbevoie et donna l'ab-
soute.
Mgr Rey mourut à Aix le 17 août 1858
Il portait : dargent, à la bande de gueules
chargée dune couronne dn premier, Wmhrt,
DES C'riER^iliEURS tîT CURIEUX
20 Octobre 1904
- 573
une couronne ducale, devise : Non hic...
sedfuinrtim viqm'siinus.
Les fautes d'administration diocésaine
qui amenèrent la démission de Mgr Rey
laissaient, du reste, intacts son honneur
et sa dignité d'évêque et d'iiomme.
H. C. M.
Couvent de Panlhemont (L, 443).
— Ce couvent n'était pas le même que
celui de Bellechasse, il lui élait contigu.
Le couvent de Bellechasse a été supprimé
en 1790, et la rue du même nom passe
sur son emplacement. Le couvent de Pan-
themont a été transformé en caserne de
cavalerie, occupée, sous le second Empire,
par les Cent-Gardes, et encore actuelle-
ment par la direclio i du génie. La cha-
pelle a été affectée, en 1846, au culte
réformé. César Birotteau.
*
* »
L'abbaye N. D. de Pantliemont ou Pen-
temont, monastère de filles fondé en 1217,
au faubourg Saint-joan de Beauvais, par
l'évoque Philippe de Dreux et le peuple
beauvaisien. Eile était de l'OrJ.re de sai 't
henoit et embrassa, en 1221, la règle de
Citeaux.
Devint prieuré d'hommes de 1483 à
1647. A cette dernière date, les bàtinienîs
furent remis à 12 religjieuses venues de
Pont-aux- Dames, qui ne tardèrent pas
à se réfugier eii ville à la suite d'une
inondation de r...01S;: ! dit le Diciioniuire
de .Mio^ne.
En 1672, les dames de Panthemont,
autorisées à venir à Paris, prirent, le 12
avril, possession, au faubourg Saint- Ger-
main, du couvent des religieuses du Verbe
Incarné, qui venait d'être supprimé.
En 1749,1e dauphin, père de Louis XVI
posa la première pierre de l'église. Elle
est présentement affectée au culte pro-
testant, t uidis que les bâtiinents conven-
tuels servent de caserne du arénie, rue de
Bellechasse.
Les religieuses du Verbe Incarné se
consacraient à l'instruction les jeunes
filles; les dames cfe Panthemont étaient
d'un ordre contemplatif, mais quand elles
vinrent à Paris, elles n'en continuèrent
pas moins les traditions des dames qu'elles
remplaçaient.
Cf. Gallia Cbrisli.ina. VII, 925. Migne,
Dictiounaire des Abbayes, 620. Louvet,
Histoire du Beaiivoisis. A.S..E.
574
Le couvent de Panthemont se trou-
vait à côté de celui de Bellechasse,
mais en était tout à fait distinct. Ses bâ-
timents, situés rue de Grenelle, avaient
d'abord été occupés par une congrégation
de femmes, dite congrégation du Verbe
Incarné. Cette communauté, fondée à
Lyon, en 163 i, s'était fixée dans le fau-
bourg Saint-Germain, en vertu de lettres
patentes de juin 1643, et avait été sup-
primée par arrêt du parlement en date du
4 septembre 1671, malgré de nombreuses
protestations. Dans le local qu'elle laissait
disponible, vinrent s'installer l'abbesse et
les religieuses Bernardines de l'abbaye de
Panthemont fondée en 1217, près de Beau-
vais. Le 30 mars 1677, Nicolas de la
Reynie. lieutenant de police, approuva
cette installation, en se fondant sur l'im-
portance et l'ancienneté de l'abbaye, mais
en déclarant que, vu le nombre des mai-
sons religieuses sises à Paris, et surtout
dans le faubourg Saint-Germain, on ne
devrait plus tolérer l'établissement d'au-
cune d'elles.
Au commencement du xviii* siècle, les
religieuses étaient au nombre de 25 et
jouissaient d'un revenu de 4.200 livres.
En 1745, le prieuré des Bernardines d"Ar-
genteuil fut uni à cette abba^-e. Les reli-
gieuses furent dispersées à la Révolu-
tion.
Le terrain occupé par l'abbaye fut vendu
en 1803. La partie de la rue de Belle-
chasse, qui- s'étend entre la rue de Gre-
nelle et le boulevard Saint-Germain, s'ou-
vrit sur son em.placement. et une partie
des bâtiments fut affectée au ministère de
la guerre : une caserne et la bibliothèque
du cercle militaire de P.u'is y furent suc-
cessivement installées L'église en façade
de la rue de Grenelle, est l'œuvre de l'ar-
chitecte Pierre Coûtant d'ivry ; la pre-
mière pierre en a été posée le 26 avril
1747, et la bénédiction a eu lieu le 3 juin
1756. Elle a été cédét à la ville pour l'exer-
cice du culte protestaîit, par une loi du
5 avril 1844,
Consulter pour la bibliographie du cou-
vent les '< rectifications et additions » par
Fernand Bournon à VHislûire de la ville
et du diocèse de Paiis^ de l'abbé Lebeuf.
(Paris, chez Honoré Champion, 1901,
page 272).
Le couvent de Bellechasse fondé en 1 63 5 ,
N.
10=;
L'iNÏERMEDiAikc
575
576
par les chanoinesses augiistincs du Saint-
Sépulcre, venues de Charleville, était si-
tué en façade de la rue Saint-Dominique,
vis-à-vis la rue Bellechasse, qui fut pro-
longée sur son emplacement jus:;u'à la
rue de Grenelle, au commencement du
xiv« siècle. L'enclos, qui s'étendait fort loin
vers l'ouest, fut vendu à la même épo-
que. Des maisons particulières furent
construites sur ce terrain au milieu du-
quel une place fut ménagée C'est sur
cette place qu'a été bâtie l'église Sainte-
Clotilde. [Même ouvrage, page 257.]
Ivan d'Assof.
li'état-civil, les actes notariés et
le Conseil ginèralde la Seino-Infé-
rievire(L,388, 514). — J'ignore si dans ce
département quelques maires ignorants
(on en a vu quelquefois) ont fait apposer
une croix au bas d'un acte, par ime per-
sonne ne sachant signer. Si ce cas s'est
présenté, il n'a pas dû se renouveler au
bout d'un an, car lors de la vérification
annuelle des actes de l'état-civil, le minis-
tère public aurait fait remarquer qu'une
pareille façon de procéder est absolument
illégale. Dans tout acte authentique,
l'officier instrumenteur doit se borner à
constater qu'une partie comparante ne
sait signer.
Hugues Capet.qui ne savait pas signer,
apposait, il est vrai, sa croix au bas des
chartes ou diplômes, mais le scribe ajou-
tait au-dessous la mention Sis^.ium Hu<ro-
nis. Mais depuis cette époque les choses
ont changé quelque peu.
L'empreinte du pouce serait tout aussi
irrégulière que l'apposition d'une croix.
Ça serait du reste peu pratique et peu
propre, je me tlgure difficilement une
mariée illettrée s'enduisant le pouce d'en-
cre d'imprimerie, quitte à l'essuyer avec
son voile.
D'ailleurs Tempreinie du pouce dans le
service anthropométrique est une mesure
de police assez vexatoire, qu'on ne peut
nullement imposer à des gens qui n'ont
commis d'autre crime que de ne pas avoir
appris à écrire.
Ce qui a pu donner lieu à l'erreur du
Conseiller général, c'est qu'au moment
de la rédaction des actes de baptême et de
mariage dans certaines paroisses, on invite
les assistants, bien que n'étant pas parties
aux actes. à signer honoris causa] un illet-
tré peut apposer sa croix, mais il ne s'agi
pas là d'un acte authentique, les registre
paroissiaux n'ayant de valeur qu'au poin
de vue religieux.
Un ancien magistrat.
Faznilles fixées en Bordelais
(L, 444). — La famille de Flavigny ori-
ginaire du Cambrésis, se fixa en Verman-
dois ; elle n'a rien de commun avec la
Bourgogne ; elle blasonnait : cchiqucié
d'argent et d'a:(ur. D. des E.
*
* *
Les du Puy (aliàs Dupuy) de la Grand-
Rive portent : coupa au i^'' de sable à 2
croissants d'argent, l'un tourne, l'autre
contourné, surmontés de ^ ctciles de même ;
au 2 Je gueules, au lion léopardé d'or.
Claude-Thomas du Puy, né à Grand-
Rive, prèsd'Ambert.en 1680, mourut en
1738, intendant au Canada. André-Julien
Dupuy, né à Brioude en 1753, fut inten-
dantgénéral aux Colonies, comme son pa-
rent ci dessus, puis préfet de Bourbon en
1803, comte de lEmpire, etc.. On croit
que ces deux personnages sont de même
souche que les du Puy de Chabreugheol,
près de Brioude qui ont donné des magis-
trats municipaux aux xiV et xv* siècles.
Sur les Filley de la Barre, Y Armoriai
du I"' Empire, de Révérend, est très mai-
gre. Petrocore.
Bizet (L, 444), — A toutes les ques-
tions : Oui.
Pour tous renseignements, s'adresser au
fils du célèbre compositeur, M. Jacques
Bizet. Ux lecteur.
* *
L'ouvrage réclamé par M. Guy Blotois
a paru chez OUendorf, il y a sans doute
un an ou deux. Bizet a eu un tlls, aima-
ble garçon qui doit approcher de la tren-
taine et qui habite du côté du boulevard
Malesîxorbes. Il s'est battu en duel l'année
dernière, avec M. Picard, le jeune auteur
dramatique. Sa mère — la femme de l'ad-
mirable musicien — vit encore. Peu de
temps après la mort de son mari, elle
épousa M. Strauss, avocat. Comme ce
nom est fort répandu, elle est générale-
ment appelée Aladame Strauss-Bizet. Le
Tout-P.iris apprendra sans mystère, pa;;e
555, à M. Guy Blotois, qu'elle demeure
104, rue de Miromesnil.
Pic de la Mirandole.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1904»
577
578
Il existe deux ouvrages principaux sur
Bizet :
Georges Bi^et et son œuvre, par Charles
Pigot. — préface d'Ernest Guiraud, —
I vol. in-iS. 3 fr.50 — (E. Dentu, éditeur,
i836).
Georges Bis^et, souvenirs et correspon-
dance. Brochure d'Edmond Galabert, (Cal-
mann-Lévy, 1877). — Consulter aussi
l'Ouvrage de Camille Bellaigue, (Delà-
grave, éditeur).
Georges Bizet avait épousé la fille du
célèbre compositeur Halévy, — Mademoi-
selle Geneviève Halévy —,laquelle,deux ou
trois ans après la mort de Bizet, s'est
remariée, et qui habite Paris.
L. Brunet.
*
11 existe sur l'auteur de Carmen et de
la délicieuse musique de \' Arlésienne un
livre très étudié et très complet : Georges
Bi{et et son ceiivre, par M.Charles Pigot
(Dentu, 1886, in- 12).
En dehors de ce livre intéressant, diverses
notices : Georges Bi:(et.^ souvenirs et cor-
respondance, par Edmond Galabert (Lévy,
1877, brochure in-8) ; Georges Bi^^et, sa
vie et ses œuvres, par Cam.ille Bellaigue
(Delagrave, 1890, in-12 de 85 pp.);
Georges Bi^et. {s. 1. n. d. ni nom d'auteur
[impr. Chaise, 1875], in-8 de 26 pp. avec
une vue du tombeau de Bizet) On a publié
aussi en Italie deux écrits sur Bizet :
Giorgio Bi^et, la sua vita e le sue opère,
da Leopoldo Mastrigli (Rome, Paravia,
1888, in-i2\ et Giorgio Biiet, cenui hio-
grafici di Archimède Montanelli (Massa,
Medici, 1893, in-8 àz 58 pp.) Enfin, dans
\.\x\ volume de M. Hugues Imbert (Fisch-
bacher, 1894, in-8), on trouve une série
de lettres de Bizet, avec son portrait à
l'eau-forte.
Bizet avait épousé une des deux filles
de son maître Halévy, l'auteur de la Juive,
mademoiselle Geneviève Halévy, qui,
depuis, sest remariée avec un avocat, M.
Strauss. Il laissait à sa mort (1875) un
fils âgé de cinq ans, qui vit à l'heure pré-
sente. Il ne doit pas être difficile de se
procurer l'adresse de l'un ou de l'autre,
que j'ignore, quant à moi.
Arthur Pougin.
On a déjà posé (et résolu) la question
dans Y Intermédiaire, il y a moins d'un an
(XLVIII, 501, 593)-
La photographie de M. J-icques Bizet,
fils du compositeur, a été publiée dans l'a-
vant-dernier numéro de la Vie heureuse
(septembre 1904). ***
Ea-'^ïremont (L, 44^). — La noblesse
de France aux croisades, Paris 1845, donne
les renseignements suivants :
Maison illustre, originaire de Lorraine.
Liébaud i^', baron deBauiïremont, pritpartà la
troisième croisade et vivait encore en 1203.
Son petit-fils, Liébaud II, eut la charge de
maréchal de Bourgogne vei s la fin du treizième
sièrle. On disait au moyen âge : Li Baujf re-
mont Il bons barons. Parmi les seigneurs de
cette maison, on trouve : Jean de Bauffremont
tué à la bataille d'Azincourt ; Nicolas de Bauf-
fremont, lieutenant général au gouvernement
de Bourgogne en 1596 ; Louis Bénigne, mar-
quis de Bautfremont, prince de Listenois, sei-
gneur héréditaire du duché de Pont-de-Vaux,
prince du Saint-Empire ; Joseph de Bauffre-
mon% chef d'escadre sous Louis XV. Cette
maison compte quatre hevaliers de la Toison
d'or, deux chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit,
et s'est alliée aux d'Aubusson de la Feuillade,
Courtenay, Gontaut-Biron, La Rochefoucaud,
La Vauguyon, Montmorency, Narbonne-Lara,
Polig.;ac, Toulongeon, etc. Chef de nom et
d'armes (1845) : M. Alphonse-Charles-Jean,
duc de Bauffremont. Devise : Dieu ayde au
premier cliresHen. Légende : Plus de deuil
que de joie.
La Nouvelle biographie universelle, Fir-
min Didot, donne de nombreux renseigne-
ments sur la fam.ille, notamment sur Al-
phonse duc de Bauffremont.
Ch. Rev.
Bautru(XLIX, 504, 643 ; L, 132,357,
464). — Les références que je puis don-
ner a M. de Bony de Lavergne au sujet de
la famille Baudry de la ï'otrie sont les
suivantes :
Au milieu du xvii* siècle, on trouve, à
Etampes, Gabriel Baudry de la Potrie,
conseiller du roi, commissaire à faire la
montre et revue à la maréchaussée d'Etam-
pes, marié à Marguerite Rousse. De ce
mariage naquit Gabriel Baudry de la Po-
trie,lieutenant de la maréchaussée d'Etam-
pes, qui eut : Jean-Gabriel Baudry de la
Potrie, lieutenant invalide pensionné, pré-
sident du grenier à sel d'Elampes, dont
N" 1055,
L'INTERMEDIAIRE
579
580
Thomas-Gabriel Baudry de la Potrie, offi-
cier des Cent-Suisses de la garde du corps
du roi.
Qi-iant à la famille Bautru, ou Botru de
la Potherie, je n'ai jamais rencontré ce
nom dans mes recherches sur les familles
étampoises. M. de Bony de Lavergne serait
bien aimable de me fournir quelques indi-
cations à l'appui de son dire.
Paul Pinson.
De Cabrières (L, 445). — Joseph-
Antoine-Gaspard de Cabrières, j^rieur de
Roussennac, vicaire général du Mans,
chanoine de Noyon, reclus à Cliantilly
pendant la Révolution, délivré après le
9 thermidor, était fils de je.m-Claude de
Cabrièrcs, conseiller du Roi, lieutenant
particulier au sénéchal de Rodez et de
Marie-Anne de jouéry.
La famille dont il s'asfit remonte à
Aymeric de Cabrières, vivant en 1450, à
Marcillac d'Aveyron, « s'est éteinte avec
Jacques-François-Gaspard, marié, en 1830,
à Mlle Coste et décédé vers 1867. Il avait
eu deux fils qui moururent avant lui.
Les armes de cette famille sont : de
gueules, à la chèvre saillante d'or. Ce sont
des armes parlantes, la chèvre rappelant
le nom de Cabrières. (En patois, chèvre
se dit : cabre, et chevreau cabri).
Le vicomte de Bonald.
Châtiaubriand ou Chateaubriand
(L, 276, 406, 516). — 11 n'y a pas d'ac-
cent circonflexe sur l'a dans Chateau-
briand. Voyez la signature autographe
que donne V Amateur d'autographes (15
août 1904). Il est impossible qu'on trouve
une signature de l'auteur des Marivrs,
flanquée d'un accent. On pourrait arguer
qu'il ne savait pas signer son nom, mais
ce serait peut-être excessif. V.
Petrus Faber (L, 441). — Ce n'est
pas une. histoire banale que celle de ce
berger savoyard devenu l'un des fonda-
teurs de l'ordre des Jésuites.
Le bienheureux Pierre Lefèvre, — car
il a été béatifié par Pie IX et l'on célèbre
sa fête le 8 août, — est un personnage
fort célèbre dans l'histoire de la Compa-
gnie de Jésus. On peut consulter sur ses
écrits et sur les principales sources de sa
biographie, \di Bibliothèque de la Coiupa-
gnic de Jésus par le P.Carlos Sommervogel?
article Le Fèvre, Faber, Favre (Pierre)i
t. V, col. 16^7-16^8.
Cretineau-Joly, dans son Hi.loire de la
Compagnie de Jésus, 3* édition, in- 12, lui a
consacré plusieurs passages t. I pages 2-3,
134, 144, 148, 150. Voir aussi la récente
publication documentaire intitulée Docu-
menta historien Societ a lis Jesu, éditée parles
jésuites d'Espagne. Le P. Caussette a pro-
noncé i:n excellent panégyrique de Pierre
Lefèvre, qui a été imprimé dans ses Mé-
langes oratoires.
o
Henri Chérot.
* *
Les livres traitant de rhi:,toirecles ordres
religieux et les Dictionnaires biographiques
donnent des renseignements sur Pii-:rre
Favre. Voici ce qu'en dit Jules Philippe
( Les Gloires de la Savoie, Pari-s, Annecy et
Chambéry, 1863, S", p. 134):
Dans le xvi" siècle, la Savoie a vu naître
des philosophes et des jurisconsultes dis-
tinguos.
Le premier qui se présente est le Père
Favre, du Grand-Bornand [Hameau : Le
Villaret, Haute-Savoie actuelle, ancien dio-
cèse de Genève], plus connu sous le nom
de PiiiiE Le Fèvre. Pierre Favre, né en 1506,
exsrça d'abord le métier de berger ; à
l'âge de d\x ans, il commença à apprendre
à lire et à écrire et, deux ou trois ans après,
il fut reçu au collège de La Roche. Il mon-
tra une intellio-encc si o-rande.dans le cours
de ses premières études, que ses supérieurs
obtinrent de le faire entrer, sans rétribution,
au collège de Sainte-Barbe , à Paris, où il
se lia avec François-Xavier, ainsi qu'avec
Ignace de Loyola, dont il fut le répétiteur.
Sa liaison avec le fondateur de l'ordre des
Jésuites décida de son avenir ; il fut de
compte à demi dnns l'entreprise de l'illus-
tre chef de ce corps religieux qui a soulevé,
par ses intrigues, de si formidables tem-
pêtes partout où i! s'est i.mplanté. Je dirai
plus : si Ignace de Loyola a eu l'idée pre-
mière de la création des Jésuites, le P.
Favre, de son côté, a contribué, pour la
plus grande part, à la réputation que ces
religieux acquirent avec une si étonnante
rapidité.
Le P. Favre se consacra avec ardeur à lu
mission qu'il s'était donnée et passa plu-
sieurs années en Italie, prêchant dans les
principales villes. Charles-Quint l'envoya à
la diète de Ratisbonne avec son aujbassa-
deur ; il assista aussi à celle de Nuremberg,
en 1542; puis il parcourut en missionnaire
un grand nombre de villes d'Allemagne,
[fondant le collège de Cologne, 1544]
passa en Portugal et ensuite en Espagne où
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 190;^] .
581
582
il fut l'objet d'ovations princières ffonda-
tion des collèo-es de Coïmbre et de Vallado-
lid, 1546].
Choisi par Paul III pour le représenter,
en qualité de premier théologien, au con-
cile de Trente, le P. Favre se rendit à
Rome ; mais il n'eut pas le temps d'accom-
plir cette mission, et il mourut le i" août
1546, à rage de 40 ans, usé par ses travaux
apostoliques.
Cet homme extraoïdiaire, qui, de simple
berger, était parvenu un instant à captiver
le monde religieux entier, possédait une
érudition immense. 11 prêchait aussi bien
en italien, en allemand, en portugais, en
gr.ec, en latin qu'en français. Son esprit
sincèrement religieux le posa partoutcomnie
un vrai disciple du Clirist et contribua, pour
la plus grande part, ainsi que je l'ai déjà
dit, à illustrer le corps auquel il apparte-
nait. Beaucoup le considérèrent comme
aussi saint qu'Ignace de Loyola.
Puisque nous sommes sur ce sujet, nous
pou\ons ajouter, toujours avec J. Phi-
lippe, que le P. Favre ne fut pas le seul
Savoyard qui se fit un nom illustre au
commencement de l'existence des Jésuites.
Il enrôla dans la Compagnie un de ses
compatriotes, le P. LeJay, d'Aïse, qui, de
son côté, acquit une grande réputation,
comme orateiu" et comme savant, dans
diverses parties de l'Europe. Il assista au
Concile de Trente et réorganisa l'univer-
sité d'Ingolstadt qui plaça son buste dans
une de ses salles. 1! mourut le 6 août
1552, laissant une grande réputation
dans l'Allemagne entière.
A la même époque, la Compagnie de
Jésus compta, parmi ses mem'ores les
plus remarquables, deux frères, origi-
nairesde Sallanches (Haute-Savoie), Louis
et Annibal Codret. Le premier fonda un
collège à Chambérv, ainsi qu'à Turin et
à Mondovi ; il établit dans la capitale du
Piémont diverses associations de charité.
Le second acquit une grande réputation
comme professeur. Avant d'entrer dans
les Jésuites, il suivit un cours de méde-
cine à Paris et à P.iduue, où un grand
nombre de Savoyards allaient alors étu-
dier le droit et la médecine Ayant pris la
robe en i 548, il fut d'abord envoyé à Mes-
sine, pour y enseigner les belles lettres,
puis il revint en France et fut successive-
ment recteur des collèges de Lyon, de
Chambéry, de Turin et de Tournon. Il
mourut provincial d'Aquitaine en 1599.
Le P. Annibal Codret est regardé
comme un des plus savants professeurs
de son temps, et cette réputation n'est
pas usurpée, car il connaissait à fond le
français, l'italien, l'espagnol. !e grec et
l'hébreu . Sabaudus.
Famille Gonet du Four (L, 389, 5 19).
— A l'aide du Dictimnaire de la Noblesse
(VIII, 496) et du Mercure dd France (fé-
vrier 175 I. p. 203) l'on peut reconstruire
un fragment de la filiation de la famille
iJn Four.
Pierre du Four, secrétaire du roi, con-
trôleur s,\înéral de la maison de la Dau-
phine, maître d hôtel de la Reine, épousa
Françoise Gonet, nourrice du Dauphin,
■ nremière femme de chambre de la dau-
phine, dont :
i) N. du Four, qui épous;i, le [14 février
i75i,N. Binet de Boisgiroux, mestre de
camp de cavalerie.
2) Pierre du Four, chargé des affaires
du roi en Allemagne, gentilhomme de la
chambre et maître d'hôtel du Roi, maître
d'hôtel de la Reine, marié, au mois de
février 175 1, avec Marie-Marguerite Hé-
bert, fille de Thomas -Joachim Hébert,
secrétaire du roi. dont :
(i) Alexandre du Four, maître d'hôtel
du Roi, né le 9 janvier 1752.
(2) Louise du Four, née le 17 juillet
1755-
Pas d'indication d'armoiries.
Pour ces dernières, il faudra probable-
ment recourir à \ Aiuiorial général de
1696.
Dans les registres du Bureau de Versail-
les, publiés par le Bulletin héraldique
(1888 et 1889), l'on trouve deux person-
nages du nom de : du Four attachés à la
maison royale.
Perrine du Four, première femme de
chambre du duc de Berry : d'argent^ au
lion de snb'e.
Antoine du Four, garde -meuble de Ma-
dame : de sinoph\à la gerbe d'o!\ surmontée
de 2 étoiles d'argent.
Est-ce que l'un des deux appartenait à
la famille qui intéresse M. A B ï
O.P. Le LiFX'R d'Avost.
Bn'cii de Grunstein fL, 165, 410,
467, 519)- — Dans l'Intermédiaire du 30
septembre dernier, colonne 468, lignes 5 et
6, rétablir la vraie orthograplie : « Hus-
sards de Saîm » et « Hussards de Baschv ».
N' 1055.
L'INTERMEDIAIRE
583
584
Il y avait, sans doute, quelques <* officiers
de salon » à l'armée de Condé, mais
l'histoire ne mentionne pas qu'ils aient
été réunis en corps. S. Churchul
Le compositeur !I";rvà (T. G.,
422; XXXV; XXXVI.). —M. Adolphe
Brisson a trouvé chez un bouquiniste de
Montmartre, une iiitéressantc autobiogra-
phie d"Hervé, probablement inédite.
Détachons-en ce passage qui répond
aux questions posées :
Eli 1847, j'étais engagé comme acteur lyri-
que au Tliéâtre Montmartre, sous la direc-
tion de Laudé. Je n'avais pas d'appointements
et j'étais chargé de me fournir mes costumes.
Heureusement, je cumulais avec cette place
celle d'organiste du grand orgue de Saint-
Eustache,aux appointements de 800 fr.-incspar
an. Comme cela ça pouvait marcher.
J'avais toujours en outre l'orgue de la cha-
pelle de Bicêtre, où je me faisais quelquefois
suppléer par ma femme à qui j'avais enseigné
mon art. Et Là, nous avions la nourriture, le
logement, plus une somme de 12 fr.50 par
mois : une fortune enfin ! Je passe sous
silence les leçons de piano à deux francs le
cachet; parfois moins, rarement plus. Je n'en
avais pas moins de cœur au ventre. Que vou-
lez-vous? j'étais persuadé que je prendrais la
suite des affaires de Mozart, Meyerbeer,
Rossini et Auber.
J'avais de l'énergie à revendre. Vous ririez
si je vous disais que je me sens, encore à mon
âge, la même ardeur qu'au début. Même
courage, plus de facilité de travail, mêmes
illusions.
Un de mes camarades de théâtre. Désiré,
qui devait être plus tard l'étoile des Bouffes-
Parisiens, me pria de lui composer pour son
bénéfice, une scène musicale qui serait jouée
par lui et par moi. Il était gros et court, j'étais
long et mince. Je choisis Don Quichotte et
Sancho Pança pour sujet.
Cette pochade fit assez de bruit pour
qu'Adolphe Adam vînt l'entendre. I! me
complimenta, m'engagea comme trial au
théâtre de l'Opéra-National (boulevard du
Temple), dont il était directeur, et, le 5 mars
1848, il me fitreprendie ma pièce.
Cette fois, ce fut Joseph Kelm qui remplit
le rôle de Sancho. La ronde eut, grâce à lui,
beaucoup de retentissement, on en mit l'air
dans les principaux vaudevilles du jour, et il
n'est pas sûr que vous n'ayez jadis fredonné
vous-même :
Je sais que les filles
Sont vraiment gentilles
Et que tous les drilles
En sont amoureux.
Mais sous l'aubépine,
La corde argentine
De ma mandoline
Sait me rendre heureux;
Oui, ma guitarine
Sait me rendre heureux.
Ainsi, Don Quichotte et Sancho Pança fut
la première opérette et elle reçut, je puis le
dire, une consécration solennelle à l'Opéra-
National. L'orchestre do quatre-vingts musi-
ciens, était dirigé par Georges Bousquet, le
même qui fut plus tard chef d'orchestre au
Théâtre Italien et l'imprésario était Adolphe
Adam, l'auteur du Chalet et de Si j'étais Roi.
Hervé est présenté à M. de Morny qui
lui fait obtenir le privilège d'ouvrir les
Folies Concertantes^ devenues plus tard
les Folies-Nouvelles.
Théodore de Banville rima le prologue
d'ouverture. On joua le Compositeur
Toijiir, le Chameau à deux bosses, le Duo
impossible., Un Drame en I/66, bouffonne-
rie, Agamemnon., parodie.
Ce fut sur cette scène que fut montée la
première opérette d'Ofrenbach,Oji'a)'i^y^, pa-
roles de Jules Moinaux, Deux sous dj char-
bon^ musique deDelibes,et que débuta José
Dupuis.
Pour Hervé, l'origine de l'opérette c'est
le Petit Orphée, une pièce représentée en
1792 sur le Théâtre des Variétés. Les
auteurs étaient Rouhier-Deschamps pour
le poème, Deshays pour la musique,
Beaupré-Riché pour le ballet.
Hervé écrit
Ni
Orp/u
la graine de l'évangile, celle qui tombe sur la
roche sèche et qui ne doit pas y enfoncer de
racines, ni pousser de rejetons... Plus tard,
cependant, elle germa.
Au moment oii l'on redore à grand
bruit le bla?on de l'opérette, et que le
nom d'Hervé flamboie sur la façade des
Variétés^ fêté à l'égal d'un précurseur,
ces considérations sont curieuses à repro-
duire.
Nous serait il permis de demander ce
qu'était le Petit Orphée .? Y en a-t-il trace
quelque part .? D' L.
Huo-us':; Vaa der Goes, miniatu-
riste (L, 3^,3). — La question et les ci-
tations qu'elle contient, peuvent donner
lieu à de nombreuses réponses.
Nul ne soupçonna l'importance du Petit
rphée, qui passa presque inaperçu. C'était
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1904.
585
586
1° Je ne pense pas qu'une peinture à
personnages de f^ra^deur naturelle puisse
servir de point de départ pour la spécifi-
cation de miniatures du même artiste.
2" La Nativité de Van der Goes est-elle
le seul tableau authentique du peintre ?
En Italie, la Madone et V Enfant de la
Galerie Corsini à Florence, le Portrait
de Froimont à la galerie de Venise, la
Pic-ta de la galerie Correr de Venise, la
Madone et V Enfant de la collection Car-
rand à Florence, ne seraient donc pas de
Van der Goes, pas plus que le Cardinal
Chartes de Bourbon à Nuremberg et la
Madone avec l'Enfant à Francfort ?
M. Bode, l'éminent directeur des mu-
sées de Berlin, se serait donc trompé
en achetant récemn:!ent une Adoration de
Van der Goes, provenant d'Espagne ?
3° Pour la Nativité, il y a bien mieux
que les photographies ; il y a le panneau
central gravé par Léopold Flameng ; ce
remarquable travail a figuré à l'Exposition
universelle de 1900.
Dans ce triptyque, certaines parties sont
excellentes, d'autres sont franchement
mauvaises : l'Enfant Jésus est mal venu,
chétif, souffreteux, c'est un avorton en
un mol; il serait difficile de trûus'er chez
les peintres flamands et italiens l'Enfant
représenté d'une façon aussi misérable.
4° « Tous les peintres gothiques
étaient, à proprement parler, des minia-
turistes » dit une des citations de la
question.
Mais nullement, il y en a qui ont fait
des miniatures et de la grande peinture,
mais de Duccio, de Cim.abue, pour ne citer
que deux des plus célèbres parmi les Ita-
liens, on ne connaît aucune miniature.
Gerspach.
Fardlle Panon Desbassyns (L^
225, 361). — j'ai connu intimement deux
Desbassyns de Montbrun, fils, je crois, du
trésorier général. L'aîné s'est suicidé vers
18(09, le second, attaché au Consulat géné-
ral de France à Barcelone, est mort quel-
que temps après son frère. V. }. D.
Camille Seldan, liv.re sur Henri
Heine (L, 498). — J'ai publié quelques
notes sur Camille Selden dans les articles
suivants, parus dans la Ga:(ette nicdicale
de Paris, à propos de son cas d'hallucina-
tion télépathique, relative à la mort de
M. Heine. — J'y renvoie le lecteur. —
Un cas historique de télépathie : pressenti-
ment de la mort de Henri Heine par V une de
ses amies ; in Ga{ette médicale de Paris^
1 902, 8 1-82 ; 89-9 1 (Reproduction partielle
des Annales des sciences psychiques, 1902).
A cette époque, j'ai essayé, mais en vain,
de retrouver Camille Selden, si bien que
j'ai émis l'h)'pothèsc, peut-être inexacte,
d'un pseudonyme.
Marcel Baudouin,
* ♦
}e crois que Camille Selden est le pseu-
donyme d'une sœur d'H. Taine, et n'a
donc jamais été professeur à Rouen.
Spoelberch Lovenjoul.
* *
l'ai beaucoup entendu parler de Camille
Selden par une de ses amies M"^ M. L.
qui pourra fournir les renseignements les
plus curieux sur cette femme distinguée
et méconnue. Fiancée de Taine, elle a en-
tretenu une longue correspondance avec
l'illustre écrivain. Ses ouvrages sur la
littérature étrangère ont été présentés au
public par Taine lui-même ; des fragments
d'articles qui lui ont été consacrés se re-
trouvent à la fin du livre récent de M.Gi-
raud « Essai sur Taine ». Ils attestent
l'admiration qu'inspiraient la variété de
ses connaissances et la distinction de son
esprit.
Mme Camille Selden, professeur d'alle-
mand au Ij'cée de jeunes filles de Rouen,
est morte dans ces dernières années.
Un bibliothécaire.
*
+ *
L'écrivain qui avait adopté dans les
lettres le pseudonyme de Camille Selden,
et qui s'appelait de son vrai nom Mme de
Krinitz, est mort à Orsay, prés Paris, en
août 1896. Camille Selden était née, je
pense, aux environs de 1830. En dehors
du livre très émouvant et plein d'intérêt
qu'elle a consacré à Henri Heir.e.elle avait
publié un roman, Daniel Vlady^ histoire
d'un musicien (Charpentier, 1862, in-12),
et sous ce titre ; la Musique en Allemagne:
Mendelssohn (Germer-Baillière, 1867, in-
12). un petit volume qui n'est qu'une
sorte de paraphrase d'un certain nombre
de lettres de l'auteur de Paulus et du
Songe d'une nuit d'été^ et qui ne donne
ni une biographie du maître, ni un juge-
ment raisonné sur son œuvre et son gé-
nie ; c'est simplement une dissertation
N*
1055
L'INTERMEDIAIRE
587
588
assez élégante au point de vue de la
forme, mais sans valeur historique, esthé-
tique ou critique. De l'existence de cette
femme distinguée, qui semble avoir été
très retirée, j'avoue ne rien savoir.
Arthur Pougin.
L'œil de v^rro de "Waldeck-
Soussenu (L, 272, 324, 439). -- De la
Chronique Médicale (oct. 1994, p. 637J
parlant de l'information que \Inicnnc-
diaire a lancée :
Waldeck-Rousseau avait-il un œil de verre ?
A en croire un journal imprimé dans le pays
même du défunt homme d'Ktnt, le fait ne se-
rait pas douteux.
Nous pouvons affirmer, écrit un rédacteur
du Phare de Li Loire, (qui parait, on le sait,
à Nantes) nous pouvons affirmer, d'après des
Nantais qui ont connu intimement M. Wal-
deck-Rousseau, que l'ancien président du
Conseil avait bien effectivement un œil de
verre. « Personne dans son entourage et par-
mi ses amis ne l'ignorait. »
A cette .iffirmation catégorique, on a opposé
sinon une dénégation formelle, du moins un
silence dédaigneux.
Il nous semble que voilà un point d'his-
toire qu'un médecin de l'entourage de l'an-
cien ministre pourrait, s'il lui plaisait, facile-
ment élucider.
•
Armoiries à déterminer : à trois
raclettes d'éperon de sable (L, 444).
— Ce sont les armes de Mgr Tubières de
Caylus, évêque d'Auxerre de 1704 à 1754.
D. DES E.
*
» »
Armoiries de Daniel-Charles-Gabriel de
Tubières de Grimoard de Pestels de Lévis
de Caylus, évêque d'Auxerre de 1704 à
1754. Né à Paris, sur la paroisse Saint-
Sulpice, le 20 avril 1669, il était fils de
Charles-Henri de Tubières, marquis de
Ca>lus et de Claude de Fabert, et mourut
au mois d'avril 1754.
Ses armes patrimoniales ne sont pas
trois molettes de sable, ce qui serait une
hérésie héraldique sur un champ d'azur,
mais trois molettes d'or.
Voici, du reste, son écu complet correc-
tement blascnné : écaih'lé: an i de gueu-
les, au chef emmanché d'or de trois pièces
(qui est Grimoard), parti d'or, à trois che-
vrons de sable (qui est Lévis) ; - ait 2 et
3, d'azur, à trois fleurs de lis dor, an
hâion de gueules^ péri en bande (qui est
Bourbon-Malauze) ; - au 4 d'argent, à la
bande de gneiilcs,accompagne'e de sixflanchis
de même posés en orlc (qui est PestelsJ,
parti d'or^ à trois chevrons de sable (qui est
Lévis). — Sur le tout : d'a^ur^ à trois
molettes d'or, au chef de même (qui est Tu-
bières). Henri M.
Armoiries à déterminer: à une
aigle au vol abaissé (L, 338, ^24). — Il
est très facile, en blason, de confondre cer-
tains meubles et plus encore les différents
oiseaux employés dans cette science : leur
représentation n'étant toujours pas très
rigoureusement exacte.
C'est ce qui est arrivé à l'auteur de la
question qui nous occupe. L'aigle de ces
armoiries n'est pas une aigle, mais bien
un épervier. Ainsi rectitlee, la demande
peut être solutionnée immédiatement.
Louis-Gaston Fleuriau d'Armenonville,
fils de Charles Fleuriau d'Armenonville et
de Françoise Guillemin, naquit à Paris le
15 juin 1062, fut évêque d'Aire de 1698 à
1706, puis d'Orléans de 1706 a 1733, et
mourut sur ce siège le 9 juin de celte der-
nière année. A l'époque de son élévation à
l'épiscopat, il était trésorier de la Sainte-
Chapelle de Paris.
Ses armes se blasonnent : d'a^'ir, à un
épervier d\irgent, membre longé et grilleté
de même, perché sur un bâton de gueules ; au
chef d'or chargé de trois glands^ feuilles et
tiges de siuople.
J'ajoute que de 1500 à 1790, aucun pré-
lat français ne porta une aigle surmontée
de trois glands. Ceci est absolument cer-
tain pour moi. Henri M.
Les armes d'Angélique de Mau-
riac, épouse du mar:iuis de La
Grange (L, 115, 419). — Avec la notice
de cette famille, La Chesnaye des Bois
donne aussi les armes de la famille Mé-
liaud {Dict. de la Nohl. édit. SJilesinger
XIl!, 594)'. d'azur, à la croix d'or^ câu-
tonnée aux i et 4 d'une aigle, aux 2 et ^
d'une ruche^ le tout d'or.
G P. Le Lieur d'Avost.
Histoire de Ville-d'Avray (L, 338,
476). — En mon nom et en celui de M. Fer-
nand Bournon,j'apporte une petite rectifica-
tion à nosdernières noits. L'Histoire de Paille
d'Avray, de M. A. de Barthélémy, que
nous avions annoncée comme devant pa-
raître dans le fascicule de la Commission
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
589
20 Octobre 1904,
~ 590
des Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise,
ne pourra y être publiée en raison des
nombreuses illustrations qui doivent l'ac-
compagner. C'est la Revue de l'Histoire de
yeisailhsy0rg-à\\t de la Société des Sciences
morales de Seine-et Oise, qui va inces-
samment entreprendre la publication du
travail du regretté membre de l'Institut,
que tous les amateurs d'histoire locale
attendent avec impatience.
GOiMBOUST.
Catalogues pour vente de vieux
livres (XLIX, 842, 991 ; L, 91 ; 201, 310,
426, ^27). — Le système de vente à l'a-
miable, à jours et à heures fixés d'avance,
est toujours en usage à Florence. C'est
très commode pour l'acheteur qui peiit
consulter les livres à loisir le malin du
jour d
à la main
ment une semaine.
Un BOUQ.UINISTE.
a vente, le catalogue du libraire
Les ventes durent générale-
\
Croix vivants (XLIX, 558,703); — Le
tableau du musée de Beaune esta rappro-
cher d'une peinture sur bois, école fran-
çaise, XV® siècle, que cite Guénebault sous
la désignation de « croix brachiale » et
qui se voit au musée de Cluny (n" 1695
du catalogue). Le sujet y est traité à peu
près identiquement et avec des détails qui
traduisent la même pensée mystique. 11
conviendrait de les comparer. Les Beau-
nois ne possèdent peut-être qu'une copie.
QU^SITOR.
Autel àchan^.er (XLVIII ; XLIX ; L,
264, 373). — 11 me faut encore relever,
dans la réponse précédente, une erreur
qu'un peu d'attention eût évitée. Les sta-
tuts monastiques cités en exemple, loin
d"être des extraits de la règle de saint
Benoit et d'appartenir au vi"^ siècle, sont
tout au plus, ainsi que le marquait le
contexte, des xn® et xin" siècles. L'objec-
tion tombe donc d'elle-même.
Comme, à part cette petite diversion,
aucun argument nouveau n'est produit au
débat, M. G. L. B. se bornant à mainte-
nir ses dires, nous pourrons peut-être en
rester là. Ceux de nos érudits confrères
qui ont eu la patience de suivre la ques-
tion, malgré ses trop longs développe-
ments, penseront sans doute que la cause
est entendue. Je m'en rapporte volontiers
à leur jugement. Entre le sentiment de
glossateuis aussi autorisés que Du Cange,
La Curne de Sainte-Palaye ou Godefroy,
de liturgistcs tels que D. Martène ou
Bona, et une opinion particulière, d'ail-
leurs insuffisan.ment élayée, il n'est pas
possible d'hésiter longtemps. F. BL.
Eglises fortifiées (T. G.. 308 ;
XXXVIII; XXXIX; XLI ; XLII ; XLIII ;
XLIV; XLIX; L, 152, 2(05, 369,421,
530). — CiiU! lièies ïorcifîés XLIX,
951) —Hunawihr (canton de Ribeauvillé,
Haut-Rhin) est le seul village d'Alsace qui
ait gardé son cimetière fortifié, avec, au
centre, l'église formant donjon. Au
moyen âge il y en avait beaucoup d'au-
tres. C'est derrière leur enceinte flanquée
de tours que les habitants se réfugiaient
avec leurs familles, leurs biens et surtout
leurs barriques de vin. On y soutenait des
sièges. Tandis que, sur les murs, les hom-
mes repoussaient les assaillants, dans
l'église les femmes priaient, et du clocher
s'envolaient les appels du tocsin, criant à
Laide. La terre des morts devenait le
suprême refuge des vivants.
Jeanne et Frédéric Régamey.
[Notes d'un Vieil alsacien).
Prêtérir, préîérifer (L, 61, 479).
— J'en demande bien pardon à mon ho-
norable confrère *** ; mais il ne m'a pas
convaincu. H me parait avoir oublié que
«comparaison n'est pas raison». J'ad-
mets pleinement les néologismes pour
exprimer une idée nouvelle. C'est le cas
du verbo technique transiter^ qui dérive
très correctement du substantil, technique
aussi, transit, et n'a aucun rapport de
sens avec le participe ou adjectif transi,
bien que l'étymologie première soit la
même. De même, ascensionmr, qui s\-
g\\\f\Q faire une ascension, a une autre si-
gnification que celle qu'aurait ascendre,
dont le sens serait simplement monter
par opposition à descendre. Mais je ne
comprends pas qu'on déforme à plaisir
les conjugaisons, tout en conservant la
signification primitive du mot ; ce n'est
plus alors un néologisme, c'est un bar-
barisme. Le verbe prétéiiter me paraît
appartenir à la même famille que le verbe
sacher (nous ne « sachons » pas), et il se
trouve sous la plume des mêmes écrivains
un peu pressés. De grâce, tâchons de
N» 1055.
l'intl::.:.iedia!RE
591
parler français et non patois. Nous
sommes déjà bien assez envaliis par les
mots nouveaux nécessaires. Est-il utile,
par exemple, de faire grand accueil au
verbe cinot:onnei\ dérivé d'émotion, alors
que nous avons déjà émouvoir ?
Paul
Cimcr, simer (L, 393, 537)0— J'ai
souvent entendu ce vocable dans notre
Nivernais, mais avec une autre significa-
tion : celle de se taire, rester silencieux.
Ainsi on dit de quelqu'un qui ne répond
pas à une question :11 ne cime pas le mot,
il reste bouche close.
Me trouvant à la campagne, et n'ayant
pas le moindre vocabulaire à ma disposi-
tion, je ne saurais dire d'où vient cette
expression, si commune pourtant que je
la croyais fort connue partout.
Ln. g.
. * * , .
C'est cimer qu'il faut écrire : Glossaire
du Potion^ de la Sainionge et de VAiiiiis^
par L. Favre. Niort, 1867. P. V.
Eorie ue serait-ce pas métairie
(XLIV ; L, 484). — A propos des noms :
Borie, Boriage, Borde, etc.,
11 suffit de jeter un simple coup d'œil
sur les cartes de Cassini, pour voir que
la France, au xvii^ siècle, était couverte
de villages et hameaux portant ces noms.
Le nom Borde était surtout répandu à
l'infini dans nos régions du centre.
De loin en loin, on trouve une autre
modification de ce nom et cette modifica-
tion, si légère qu'elle soit, fait qu'on n'ose
plus le prononcer ni l'écrire en bonne
compagnie.
Comment doit-on entendre cette appel-
lation appliquée à des maisons situées en
rase campagne ?
Faut- il toujours admettre, avec cette
nouvelle forme de dénomination, l'expli-
cation donnée L, 484.
Il est certain que ces maisons se trou-
vaient souvent près des léproseries.
BoiSCAMUS.
Le mot roman (L, 447). — Roman^doni
la forme ancienne est roinan:^, désignait,
au xn'^ siècle, tout récit écrit en langue
romane ou vulgaire. Le mot vient certai-
nemenl de romanus, par lintermédiaire
d'un dérivé bas-latin qui n'est pas exacte-
592
m.ent connu : * roinaitice, ou, selon l'hypo-
thèse la plus récente, * lotnancium (Koer-
ting). ♦♦♦
Nor-ïs de lieux altérés ou détour-
nés de le u- sens pnmitif (XLVIU ;
XLIX, 68, 433, 822, 862 ; L. 93). — On
n'a jamais cité, je crois, comme exemple
typique de ces altérations, la rue Fro-
mentel (cette ruelle escarpée de la Butte
Sainte-Geneviève où se font, en ce mo-
ment, des fouilles intéressantes) et dont le
vrai nom est Froid- Mantel^ ainsi qu'il ré-
sulte du cartulaire de 1243 de Sainte-Ge-
neviève qui la mentionne ainsi : Vicus
qui dicitiir Fiigidum m^ntelhim.
Hector Hogier.
Les calembours dans les déno-
minations (L, 339,481, 525) — Les mé-
decins n'ont pas attendu à ces dernières
années pour trouver des dénominations où
le calembour joue un rôle important. — Tous
ceux qui ont jadis fréquenté les cliniques
célèbres du professeur Félix Guyon, encore
en fonction à l'hôpital Necker, ont entendu
ce Maître en inventer tous les jours au lit
des malades. C'était alors sa distraction
favorite, imitée, dit-on, d'une manie analo-
gue, très-développée chezVelpeau. — Au-
jourd'liui, je n'en citerai qu'un exemple,
parce qu'il m'a beaucoup frappé, le i^''jour
ou (il y a vingt ans !) je pénétrai pour la
première fois dans b sa-ctuaire de Necker !
Al. Guyon appelle spus-cartilagineux les
hypochondriaques, c'est à-dire les malades
nerveux, les neurasthéniques de nos
jours. Or *< sous-cartilagineux » n'est que
la traduction grecque du français « hypo-
chondriaque », parce que irro signifie scus^
et ;/ovJ,c5?i cartilage. — Ce qui fait, pour
les initiés, le charme de ce calembour,
c'est que le terme hypochondriaqite n'est
lui-même qu'une figure! On supposait en
effet, autrefois que la neurasthénie, (l'hypo-
chondrie du temps) avait son siège .^o/f5 les
caiiilages costaux.
Marcel Baudouin.
Le CEKOf-automobilo (L, 449). -
l'ignore vraiment pourquoi on invite les
académiciens à se mettre l'esprit à la tor-
ture pour trouver un mot grec ou latin
désignant une embarcation mue par un
moteur léger, lorsqu'il est si facile de la
nommer en bon français.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre
1904
I
^.^ .™ 593 _^. _
Le mot automobile est déjà mal fait,
étant composé n-ioilié de grec et moitié de
latin ; mais en outre il exprime une idée
fausse. Ça veut dire qui se meut lui-même.
Or une voiture, de quelque marque quelle
soit, ne marche jamais toute seule, il lui
faut une machine et un mécanicien, pro-
noncez chauffeur. Si on tenait absolument
à parler grec, on aurait pu trouver nchê-
ma couphocinète ^voiture à léger moteur, ou
anhippophorion. véhicule sans cheval, ce
qui aurait été plus exact ; mais quel effet
auraient produit ces mots .? Remarquons
en passant que lé type de l'automobile,
c'est la locomotive.
Mais le terme automobile étant passé
dans la langue, on peut, sans inconvénient,
l'adjoindre a canot ou à barque. On pourra
objecter que les grandstransaîlantiques ne
sont que des bateaux automobiles, qui
sont mus par une machine, comme le sim-
ple canot. On avait bien inventé le mot
Pyroscaphe^ mais le public, avec son gros
bon sens, a rapidement fait justice de cette
expression et a dit tout simplement : un
bateau à vapeur.
Pourquoi ne dirions-nous pas naïve-
ment un bateau ou un canot à pétrole ou
à alcool ? Mais ça aurait un immense in-
convénient, ça serait français et tout le
monde le comprendrait.
Martellière.
* * .
Contrairement à l'opinion du question-
neur, autos ne signifie pas seulement lui-
incme^ mais de lui-même^ spontanément. De
là à lui donner le sens d'automobile, il
n'y a pas si loin. Autoscaphe se com-
prend sans peine.
Espère-t-on traduire exactement en
grec tous nos néologismes scientifiques ?
N'est-il pas bien connu que nous donnons
aux racines helléniques une extension
très supérieure à celle que leur accordaient
les anciens .? Qu'on veuille bien analyser
protoxvde avec un dictionnaire grec et on
verra si l'on obtient un sens quelconque.
Autoscaphe est un mot élégant, rapide,
facile à entendre et à retenir. Je souhaite
qu'on l'adopte. "**
A bicyolsiis ou en bicyclette
(L, 448). — Par analogie avec la posi-
tion d'un cavalier sur son cheval, on dit,
correctement, à cJieval pour dire « à cali-
fourchon, jambe deçà, jambe delà ». Il
.^ 594 ^
faut donc dire, d'après les grammaii-iens :
à cheval sur un âne et non à âne. Par aria-
logie encore, on dit « Son pince-nez est
à cheval sur son nez » : les tailleurs
disent: « Bordure à cheval», d'une bordure
qui dépasse également des deux côtés le
bord de l'étoffe. L'expression correcte
serait donc : à chcvsd sur une bicycleite
ou simplement « sur une bicyclette »;
car on enfourche la bicyclette comme
un cheval. L'usage qui est souverain,
tant qu'il ne viole pas le génie de la langue,
tend à admettre à bicyclette ; ce me semble
être une ellipse acceptable.
En hicvclette ne me parait pas ration-
nel, et par conséquent, pas français ; car
en signifie dans, et le cavalier est sur et
non dans sa bicyclette. En automobile est
aussi juste que c: voiture, car on est plus
ou moins encaissé, enfermé dans l'auto-
mobile, comme on l'est dans une voiture,
même découverte.
En tricycle est aussi correct ; car le
voyageur est placé entre les trois roues —
trois points déterminent une surface —
En bicyclette ne l'est pas, car deux points
— les deux roues — ne déterminent
qu'une ligne, et non une surface.
D^C.
L'origine des rûot?.<'< chio* . t«mic-
m'ic » (T. G., 204; XLViXLVI; L,3 12,434,
4S2, 53Ô). 11 en est décidément du mot
f Me comme de tant de vocables qui se sont,
un jour, faufilés dans la langue usuelle.
Voyez en lui un enfant trouvé, une sorte
de bâtard dont personne au monde ne
saurait exhiber au juste l'état civil. Tout
ce que feu Edouard Fournier et trois ou
quatre autres savants étymologistes ont
pu émettre à ce sujet, est sans doute à
prendre en haute considération et je n'y
contredis en rien. Voilà donc qui va pour
le mieux, mais il est une autre interpréta-
tion d'un caractère assez curieux qui m'est
venue par ricochet et dont je demande
à faire part aux bienveillants confrères de
V Intermédiaire c es chercheurs .
Ce que j'ai à dire à propos de ce mot
si controversé est bien plus un souvenir
qu'une scholie. Se rappelle-t-on encore
Charles Romey, l'auteur d'une Histoir^
d'Espagne inachevée, mais assez estimée ?
Ce pauvre garçon était un esprit fantasqu'
un peu dégingandé au physique et au m
I rai, borgne, capricieux, mais un conse
N. 1055.
L'INTGRM.SDiAlRE
595
596
valeur à cheval sur la grammaire et qui
n'admettait pas l'intrusion des néologis-
mes, de quelque nature qu'ils fussent. J'ai
eu à me trouver avec lui dans les jour-
naux littéraires d'il y a cinquante ans et
c'était de là qu'était résultée entre nous
un peu de familiarité. (11 aimait fort à
discourir.)
Un jour, vers 1860, à une époque où
il travaillait à un recueil bibliogra-
phique, je l'ai entendu disserter sur
l'origine du mot chic, un monosyllabe
que les délicats n'avaient pas encore ac-
cepté.
— Savez-vous me disait-il, d'où vient
ce mot-là ?
— Mon Dieu, non. 11 me semble qie
c'est de l'argot.
— Point du tout, mon cher ; c'est de
l'histoire.
— Conmnent ça :
— Ecoutez bien.
— j'écoute.
— Oui, c'est de l'iiistoire, mêlée de
philologie. Vous allez voir.
— Eh bien, parlez.
11 s'arrêta une demi-minute et, après
avoir pris un air de solennité comique, il
ajouta :
— Voici la chose : Louis David, le grand
peintre de la Révolution, l'immortel au-
teur du Serment dit jeu de paume et de
Lrà;n'Jii5, avait parmi ses élèves, un jeune
homme nommé Chique ; c'était son disci-
ple f.ivori. 11 lui trouvait beaucoup de ta-
lent et, par conséquent, un bel avenir.
Point de jour qu'il n'applaudit à se; essais
Par malheur, le jeune homme vint à
mourir, ce qui remplit de chagrin l'âme du
grand artiste. A tout moment, il expri-
niait ses regrets sur ce disparu. Et lors-
qu'en parcourant son atelier, il passait en
revue les ébauches des autres élèves, on
l'entendait s'écrier : « Ah ! ce n'est pas
comme Chique ? Ce n'est pas Chique ! Or,
ce nom si souvent répété avait fini par
agacer les autres élèves et ceux-ci, par
dérision, jetaient ce nom, ce mot plai-
samment au dehors, et ce serait de ce fait
qu'il serait venu, un peu rogné, un peu
édulcoré mais ayant bien fait son che-
min, puisqu'on s'en sert journellement,
même dans le monde des duchesses.
Telle est la légende que j'ai entendu
formuler et que j'ai recueillie. Repose-t elle
sur la vérité ou n'est-ce qu'une fantaisie
en l'air f fe ne me prononce pas là dessus,
en me bornant à être un écho dégagé de
toute responsabilité.
Philibert Audebrand.
«
* *
Dans l'arrondissement de Saint-Malo,
on appelle mic-mac (et plus souvent mie
par apocope) un café servi avec le sucre,
et par extension tout café de qualité infé-
rieure, vendu 15 centimes avec l'eau-de-
vie.
Ceci cadre d'autant mieux avec l'opi-
nion de l\l. Paul Bastier, qui fait venir ce
mot de l'allemand <<. mischasch » [meli-
melo, galimatias ' qu 2 les Prussiens séjour-
nèrent à Dol (centre de l'arrondissement),
du II au 30 septeinbre 181 5. Ils se mon-
trèrent sans doute friands de ce breuvage,
et le nom est resté qu'ils avaient sans
cesse sur les lèvres. Charlec.
Piquer uns méduse (XLVII). —
L'autre jour, près de Boulogne-sur-Mer, j'ai
avisé deux gamins en train de se livrer,
au bord d'un ruisseau, à la pèche aux sang-
sues. Sur mon interpellation, ils répon-
dirent t :xluellement : On est en ronti à
pccJier d:'s iii'Jduses (sic).
le n'ai pu en savoir plus ; mais les su-
çoirs des sangsues ne sont pas sans ana-
logie avec les tentacules des méduses (ou
galles de mer) qu'on trouve souvent sur
nos plages du Nord.
« Piquer une méduse » à quelqu'un, se-
rait dès lors synonyme de lui mettre une
sangsue et, par extension, de lanciner,
de molester quelqu'un 't
Peut-être est-ce dans ce sens-là que
M. Huysmans a employé l'expression
qui intriguait, l'an dernier, M. Gustave
Fustier ^ Hector Hogier.
Il y a belle lurette (L, 447). — J'ai
lu quelque part dans le Courrier de Vaii-
getas } dans les Récréations philologiques ^
— que nos ancêtres avaient commencé
par dire : Il y a belle heure que telle chose
est faite (heure se prononçant hùre) ; puis
qu'ils employèrentlediminutif heurette :«
Ilya belle Z'»ré//i.'», et que cette expression,
par suite d'ignorance ou pour toute autre
cause, ayant cessé d'être comprise, le popu-
laire finit par transformer Thurette en
lurette, mot qui est resté dans la locution:
I 11 y a belle lurette. A. S., e.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1904)
597
*
* »
598
Question intéressante. Le mot manque en
effet à tous les dictionnaires français,
excepté le Nouveau Larousse et quelques
répertoires d'argot : Villatie,Delesalie,etc.
On ne le trouve catalogué nulle part
avant l'époque contemporaine et pourtant
l'expression doit avoir au moins deux siè-
cles d'existence, si ce n'est davantage.
Au XI* siècle, heure s'écrit et se pro-
nonce nrc (Ch. de Roland, 172). Au xvie,
Montaigne écrit asture pour à c l'heure. Il
est probable c\uiL y a belle lurette est une
faute pouv belle hnrette ou heurette. Le peu-
ple d'aujourd'hui dit encore : Il y a belle
heure que... et la nouvelle formule a le
même sens que l'ancienne.
A quelle date remonte cette expression .?
Nous ne le saurons pas exactement tant
qu'on ne nous aura pas donné le Diction-
naire du langage populaire aux y.vn" et
xviii" siècles que personne n'a encore ébau-
ché. Les matériaux abonderaient pour un
pareil travail : Théâtre de la foire, Parades,
Chansons, Œuvres poissardes, Mazarina-
des, Facéties révolutionnaires. le Diction-
naire satyrique de Leroux n'avait d'autre
but que d'expliquer à son époque le lan-
gage des « poètes satyriques » (1580-
1640). C'est sommairement que l'argot de
1750 y figure. Tout le travail est à re-
faire. Qjii s'en chargera ^ Candide.
Les femmes célèbres qui ont
poséîiues (L, 117, 318,436, 530). — Pas
plus que notre collaborateur ***, je n'ai
spécialement étudié Goya et son œuvre.
Je parlais de souvenir. Où avais-je donc
lu ce détail concernant les toiles jumelles
de Madrid .? Je viens de retrouver l'ou-
vrage. Dans une relation de voyage en
Espagne, Mme Jane Dieulafoy rapporte, de
laçon charmante, la version controuvée et
conclut ainsi :
L'anecdote serait de tous points déli-
cieuse si elle était véridique. Mais il ne
semble pas que la duchesse, dont Goya
était en effet fort épris et dont il a laissé
d'inoubliables portraits, ait terni, ce jour-là,
le blason de la famille d'Albe. La jeune
personne qui contribua si galamment à la
a'ioire de l'artiste, était la bonne amie du
prince de la Paix, et ces deux portraits
furent commandés par Godoï lui-même.
La vérité est plus prosaïque que la légende;
ne vous en désolez pas ; elle sera tôt ou
tard étouffée par sa rivale.
(Aragon et Valence., dans le Tour du
monde ^ année 1900, 2™« semestre, p.
392).
Ces lignes si formelles, l'auteur ne les
a pas écrites sans y avoir été mu par les
sérieuses raisons que réclament les cher-
cheurs et curieux de \ Intermédiaire, et ne
se refusera pas à les leur communiquer.
F. BL.
Les documents p'jalliques (L, 172,
309,423.^28^.— Danslaréponsedelapage
323, on lit : « Dans les rues de Pompei,
« d'énormes phallus se dressent au de-
« vant de maisons nobles. »
Depuis plusieurs années, ces phallus
ont été supprimés et quelques-uns sont
au musée de Naples,dans l'ancien cabinet
secret.
Puis à Pompei les phallus n'étaient
pas au devant de maisons nobles, mais
tout naturellement devant les lupanars,
comme ont pu s'en convaincre les visi-
teurs qui ont pénétré dans ces maisons
dont les intérieurs sont encore décores de
sujets obscènes. Un touriste.
Les testaments et les legs étran-
ges (L, 450). — Dans un travail de
M. Gerspach, La collection Canand au
musée national de Florence., publié récem-
ment par la maison Goupil et Cie, l'au-
teur donne un extrait du testament de
Carrand mort en ;S88 :
Finalement, je lègue toute ma collection
d'objets d'art de l'antiquité, du moyen agi
et de la Renaissance à la cité de Florence
pour être mise et exposée au musée national
du Bargello. . . Et moi, quoique Français, je
choisis l'Italie pour en être dépositaire ayant
peu de confiance dans mon malheureux
pays. Et quant aux républicains et aux révo-
lutionnaires, je leur lègue ma haine et mon
mépris.
La collection Carrand est très remar-
quable et comprend plus de 3.000 pièces.
Carrand n'avait jamais eu à se plaindre
de la France. Un florentin.
Les servantes dans lancienne
familie française (L, 332, 490). —
Madame Dufaux de la Jonchere répond en
grande partie à la question posée par S.
Voirlevolume publié en i884,parMM.Gar-
nicr : Ce que les maîtres et les dome%tique$
doivent savoir. Ch. Rev,
N* 1055.
L'INTERMÉDIAIRE
599
*
* *
Que M. H. Lyonnet me permette de ne
pas être de son avis sur les jeunes filles
espagnoles actuelles ; j'en ai beaucoup
connu dans plusieurs milieux et plusieurs
villes pour lui assurer qu'elles ne sont pas
si « faibles cerveaux » que cela. Très dé-
lurée, très babillarde, très coquette même
dès l'âge de puberté, la jeune fille espa-
gnole n'a nul besoin d'une servante « fine-
mouche ». Elle a l'esprit vif, le regard id.,
la répartie spirituelle. Qu'elle ne soit pas
très instruite, c'est possible, mais je pro-
teste absolument contre ce que notre col-
laborateur dit que, dans les couvents, on
ne leur apprend que le rosaire et les tra-
vaux d'aiguille. Elle n'a pas besoin d'une
servante débrouillarde pour se tirer
d'affaires en ce qui concerne le pelar la
pava. Elle voit assez son novio^ elle lui
parle assez librement pour n'avoir pas
besoin d'un porte lettres.
El conde deTorla
La promenade sur l'âne au XVIP
siècle (L, 162, 397,461). — M. LéoCla-
retie raconte dans sa dernière « Chronique
parisienne » du Journal de Saint-Péters-
bourg^ à pr<bpos du château de Montreuil-
Bellay :
t*.\i pied du château s'étendent les défenses,
munies de grosses tours crénelées qui domi-
nent la rivière, où clapote le moulin. Une de
ces tours s'appelle la Tour de l'abbé dans
l'eau. Elle rappelle un amusant épisode. Au
xve siècle, le seigneur ayant eu à se plaindre
de son abbé, décréta que tous les ans, à la
même date, l'abbé, puis chacun de ses succes-
seurs, serait jeté à l'eau du haut des remparts.
Durant deux cents ans, l'abbé de Montreuil-
Bellay dut se soumettre à ce bain annuel. Des
gens en barque le repéchaient. L'un d'eux fut
noyé et mourut. Par la suite, l'abbé fut rem-
placé par un mannequin ; mais il dut subir la
promenade ridicule, à califourchon à l'envers
sur un âne. Et ce jour-là, c'était fête et bal
au village.
Preneuse.
Les plantations des arbres (L,
''74' 317^ 4^^)' — M. Elie Gil (col. 486,
5* alinéa) demande si la loi fixant une
hauteur invariable de deux mètres, on
doit tous les ans exécuter la réduction de
la végétation annuelle à cette hauteur lé-
gale.
Je lui réponds :
600
En Normandie, l'article 10 de l'Edit de
17^1, toujours en vigueur, porte que les
haiesàpied pourront être plantées à pied et
demi du voisin et seront tondues au moins
tous les six ans du côté du voisin et seront
réduites alors à la hauteur de cinq à six
pieds. Beaujour.
Fers de cheval dans les églises
(L, 340,490,542). — Longtempsavant MM.
Mâle et Edm. Beaurepaire, un archéolo-
gue normand, Raymond Bordeaux, avait
signalé et expliqué cette sorte d'ex-voto :
Voyez, par exemple, ces fers à cheval
qui garnissent d'une manière un peu gros-
sière, mais très pittoresque, la porte de
quelques églises. Un ouvrier faiseur, appelé
là pour une réparation, se hâtera d'arracher
ces morceaux de fer qui lui semblent inu-
tiles, sans se douter de la pensée qui les
avait fait clouer sur le vantail du temple.
Or, toute une légende se rattachait peut-
être à chacun de ces débris fixés là d'ordi-
naire en vue d'un voyage lointain. C'est
ainsi que jadis un des battants de la porte
de l'église Saint-Séverin, à Paris, était cou-
vert de fers à cheval. Saint Martin était un
des patrons de cette paroisse, et c'était
son assistance que l'on invoquait quand on
entreprenait une longue route. Le voya-
geur attachait un fer à cheval à la porte de
l'église ou à celle de la chapelle qui était
spécialement consacrée à saint Martin et
partait plus rassuré contre les périls et les
hasards qui l'attendaient.
(Traite' de la réparation des églises, 2"®
édition, Evreux, Hérissey, 1862, p. 95-
96).
j'ai eu occasion, moi aussi, de consta-
ter la présence de ces curieuses ferrures
sur les vantaux des portes de plusieurs
églises rurales qui toutes étaient dédiées
à saint Martin, — à Brosville (cant. nord
d'Evreux),à la Roquette (cant. des Ande-
lys) etc. Sur un de ces fers, plus petits que
nature, se lisait une date de la seconde
moitié du xviii* siècle, ce qui montre la
continuation de cette ancienne coutume
jusqu'à l'époque moderne. F. BL.
*
» ♦
Dans toute la Vendée, le fer à cheval,
trouvé sur une route, est considéré comme
un talisman et un porte-bonheur. J'ai en-
core, dans mon laboratoire de Vendée (Zoo-
logie et Préhistorique), suspendu au pla-
fond par un beau ruban rouge un peu dé-
fraîchi, le fer à cheval que ma sœur
recueillit un jour, et auquel elie attribuait
DES CHERCHEURS Et CURIEUX
20 Octobre 1904.
601
602
alors tous les bonheurs qui lui sont ar-
rivés !
Je crois cette coutume très-ancienne et
en rapport surtoui avec l'époque où l'on
voyageait beaucoup à clieval.
Il faut la rapprocher évidemment du
culte de saint Martin d'une part, mais
aussi, d'autre part, des légendes relatives
au pied du cheval de saint Martin, légendes
qui sont très fréquentes pour les Mégalithes
dont la roche constitutive est un grès à
grains fins [présentant des cavités natu-
relles, en forme de fer à cheval] bien connu
des géologues sous le nom de Grès Cénoma-
cien, au moins pour l'ouest de la France.
Marcel Baudouin.
Les armoiries de Victor Hugo
(XLV ; XLVI). — Dans sa Vie littéraire
du Temps ^ M. Gaston Deschamps ayant
posé cette question : « Victor Hugo est-il
noble ? » a reçu de M. Paul Meurice une
lettre d'où nous extrayons le passage sui-
vant :
Victor Hugo, dans sa jeunesse, ne croyait
pas être noble, et vous avez constaté que,
dans ses premières odes, il a parlé de sa
roture. C'est sous Louis-Philippe qu'un de
ses amis, Henri d'Escamps, je crois, lui
a apporté l'arbre généalogique des Hugo de
Lorraine, et lui a persuadé, sans grand
effort, qu'il en était un fruit. Je ne dissimu-
lerai pas que, comme Balzac, il avait la
faiblesse d'en être très content. Il nous
disait : « Vous ne savez pas? Je suis no-
ble 1 » Et nous en étions contents aussi.
C'est alors qu'il a arboré son grand-oncle,
l'évèque de Ptolémaïs, et qu'il a raconté,
dans Les Rayons et les Oiitbres, comme quoi
Charles X l'avait questionné sur ses aïeux.
Depuis, il est bien revenu là-dessus, et
vous avez vu, dans la Correspondance,
comme à Guernesey il parle négligemment
de sa naissance, « chose insignifiante »,
disant qu'il descend seulement peut-être de
quelque bâtard de la famille Hugo. Ce en
quoi il se trompe, car on ne porte un nom
de famille dans les actes de l'état-civil
que si on est enfant légitime.
que
Inhumations hors des cimetières
(XLVIII ; XLIX ; L, 191,316, 437).
— Sur les terres de Soisy, petit village
situé entre Enghien et Eaubonne à 14 kil.
environ de Paris, il existe un bois, dit le
bois Jacques, planté, dit-on, par Jacques II
roi d'Angleterre, lorsque, chassé de ses
États, il fut accueilli par Louis XIV qui
lui donna comme résidence, le château de
Saint-Germain ; à cette époque il venait
souvent passer quelque temps à l'un des
châteaux de Soisy, et comme distraction
y planta ce bois, qui, depuis, a conservé
son nom.
Auprès de ce bois, et dans un champ se
trouve un tombeau entouré de cyprès,
qu'on dit être le tombeau d'un M. de La-
mane, (?) jeune et riche châtelain de Soisy,
qu'il avait fait édifier au milieu de son
parc, à la suite de la mort d'une jeune
femme qu'il aimait éperduemenl ; déses-
péré, et ne voulant pas que les restes de
cette femme adorée puissent se trouver
confondus, un jour, avec ceux du cimetière
commun.
Par une étrange bizarrerie, il choisit et
fit abattre quatre chiens, des espèces ré-
putées les plus fidèles, et les fit enterrer
aux quatre coins de ce tombeau comme
emblèmes de sa fidélité ; puis par testa-
ment, il fit don d'une partie de sa fortune
à l'hospice de Montmorency, afin de
réunir sa dépouille mortelle à celle de la
femme qu'il avait aimée et de pourvoir à
l'entretien du parc et du tombeau !...
(Ah ! le bon billet; Mais, ainsi qu'ajoute
M. Victor Poupin, auquel j'emprunte une
partie de ce récit : l'administration des
hospices, désireuse de s'éviter la crainte
d'un oubli et le cruel reproche d'ingrati-
tude s'est empressée (comme toujours) de
vendre le parc et ses dépendances et a en-
caissé... le couple fidèle dans une sorte de
pigeonnier sans toit, où on peut le voir
encore. E. G. Taverny.
* *
Léda a écrit (p. 882) : « Les tombes
catholiques en pleine campagne sont
rares dans l'Ouest». Comme Vendéen,
je ne puis être de cet avis ; car j'en con-
nais plusieurs exemples, sans compter
ceux que j'ignore. Je n'en citerai ici qu'un
seul : c'est le tombeau de Goupilleaù, qui
s'élève au croisement des routes de Saint-
Gilles à Aizenay et de Saint-Révérend, en
pleine campagne, près Coex ; et, de celui-
là, je suis certam, car je suis passé à ses
pieds des centaines de fois ! On m'a cité
d'autres cas, en particulier celui d'un
Clemenceau, branche dite du Colombier,
parent du sénateur actuel, aux environs
de Rochetejoux. Je ne parle pas de la
tombe du curé Amérand, située en rase
No 1055.
L'INTERMEDIAIRE
605
604
campagne, à la Croisée-Amérand (Lande-
vieille), car il ne s'agit peut-être là que
d'une légende révolutionnaire.
Marcel Baudouin
* *
M.RaiiTie,professeurau lycée d'Evreux,
et sa femme ont été inhumés (avant 1874
dans leur bois de la Musse, à baint-Sébas-
tiendeMorsens, près Evreux ; du chemin
de fer on aperçoit leurs tombes jumelles.
Le cimetière de la famille Le Gouës-
lier d'Argence existe, entouré de sapins
au milieu de la campagne de Saint-Julien-
sur-Calonne (Calvados), dont cette famille
a possédé le manoir jusqu'en 1850.
Q Henry Le Court.
Eglises communes aux catho-
liques et aux protestants (XLVI,
260). — Ajoutons : et aux Israélites. En
1853, allant à pied de la petite ville de
Visé (Limbourg belge) à Maëstrich, en
suivant la rive droite de la Meuse, je passe
par le gros bourg de Eysden, que Boileau
appelle Heusden, où l'on me fit visiter
l'église, partagée en trois compartiments:
un pour le culte catholique, un autre
pour le culte protestant, un troisième
où se célébraient, le samedi, les cérémo-
nies du culte israélite. J'ignore si en
Hollande l'on donne un nom particulier
à ces temples tn'partiies.
Lapointe du Sillon.
L'argent n'a pas d'odeur (XLVIII,
448, 658, 884). — Il y a encore un 3''
auteur contemporain, que le duc Job ne
cite pas, à propos de Vespasien ; c'est
Denis d'Halicarnasse abrégé plus tard par
Xiphilin, où nous lisons ceci, dans une
vieille traduction :
Comme Titus se fâchait de quelques
impôts, et entre autres de celui qu'on le-
vait sur les urines (d'après les conseils de
Cénis, la maîtresse de l'empereur), il lui
montra des pièces d'or qui en provenaient
et lui demanda s'il trouvait qu'elles sen-
taient mauvais.
Il est donc à croire que c'est dans le
texte grec de Denis d'Halicarnasse, que
l'on retrouverait la parole attribuée à Ves-
pasien, correspondant au latin « non
olet ,►>, l'argent n'a pas d'odeur 1
D"" Bougon.
Les Femmes russes aiment-elles
à être battues? (T. G., 342). — J'ex-
trais ces lignes d'un Nouveau Voyage vers
le Septentrion (Amsterdam,! 708, i"^'édit.,
167 1) qui aurait pour auteur, selon Bar-
bier, un certain F. Martin de la Marti-
nière sur lequel je ne possède aucun ren-
seignement.
[Le nouveau marié^ a un fouet clans une de
ses bottines, et unjo3'au ou quelque argent
dans l'autre. 11 commande h la mariée de le
déchausser et s'il arrive qu'elle tire première-
ment la bottine oi'i est le joyau, il le lui
donne et c'est une marque de bonheur pour
elle ; mais on la croit malheureuse si d'abord
elle rencontre le fouet et son mary lui en
donne un coup pour la punir. Ce n'est que le
commencement de ce qu'elle aura à souffrir
dans la suite, [p. 136J .
La manière dont les Russiens traitent leurs
femmes est encore fort inhumaine quoiqu'elle
le soit beaucoup moins qu'elle ne l'était autre-
fois. 11 y a trois ou quatre ans qu'un marchand
après avoir battu sa femme le plus cruelle-
ment du monde, la força de mettre une che-
mise trempée dans de l'eau-de-vie, où il mit
le feu et la fit périr misérablement dans les
flammes. Ce qu'il y a de plus étrange, c'est
que personne ne poursuivit cette m.urt, parce
qu'il n'y a point de loy contre ceux qui
tuent leurs femmes sous prétexte de correc-
tions.
D'autres de ces barbares pendent les leurs par
les cheveux, les dépouillent toutes nues et les
fouettent.
J'ai remarqué néanmoins que les pères
prennent depuis peu des précautions pour
prévenir le mauvais traitement qu'on pourrait
faire à leurs filles, et qu'ils stipulent dans
quelques articles de leurs contrats de mariages
que leurs maris ne les fouetteront point,
qu'ils ne les maltraitteront ni à coups de pied
ni à coups de poing, etc. [p. 138,139].
Dans tout ceci, je vois bien qu'en Rus-
sie les maris battaient leurs femmes, mais
je ne vois pas que celles-ci « aimaient à
être battues » ; bien au contraire. S.
La robe de Pâques (L, 441), —
Chacun sait qu'au moyen âge, le roi, les
grands et les petits seigneurs, et les villes
distribuaient à Pâques Fleuries et aux
grandes Pâques, des livrées ou vêtements,
à leurs officiers ou serviteurs.
C'était unegratificationen plus des gages.
Cette mention se rencontre fréquemment
dans les anciens comptes. Comme exemple,
et on pourrait les multiplier.je me conten-
terai de citer ce compte de 1381, aux
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1904,
605
606
\
archives de Mantes : Pour les robes au
clerc et aux sergents, pour le bois de Pas-
ques Flories, etc. Victor Gay dans son
Glossaire, en a donné d'autres au mot
fourrure. Peu à peu, comme pour les
épices des juges, on cessa de donner la
gratification en nature et on la changea en
une valeur équivalente en argent. De là,
la formule dans les anciens comptes : Pour
robes ou houppelandes, tant. Ce qui est in-
téressant dans la question posée, c'est de
voir qu'en 1626, l'indemnité avait persisté
sous le nom de tohe de Paquet.
E. Grave.
« J'appelle un chat unchat» (L. 173,
3 10,375,483). — Je ne comprends pas bien
la réponse de notre distingué collabora-
teur H. G. M. Le vers qu'il a pris la peine
de citer est en effet \< bien connu 7/, si
connu même que je n'avais pas cru né
cessaire de l'écrire ; mais l'un des deux
proverbes que j'ai retrouvés est de 161 1,
et Boileau étant né en 1636, il s'ensuit
qu'il n'a pas inventé le dicton.
11 arrive souvent que nous attribuons
ainsi à nos auteurs célèbres certaines lo-
cutions courantes dont ils sont à peine
les adaptateurs. Je m.e trouvais un soir
aux Français, à une représentation des
Plaideurs. Dans la loge voisine de la
mienne, un vieux magistrat de province
ne se tenait pas d'enthousiasme.
.\ia foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera !
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
On apprend à hurler, dit l'autie, avec les loups.
Mais sans argent, 1 honneur n'est qu'une ma-
[ladie
Point d'argent, point de Suisse...
Qui veut voyager loin ménage sa monture.
« C'est admirable ! criait-il. Tous les
vers de la pièce sont devenus proverbes ! »
Non. Ils étaient proverbes bien avant Ra-
cine. Le rôle de Petit-Jean est un centon
parémiologique comme la comédie de
Montluc. P. L.
* *
Je n'avais pas voulu répondre à la
question, pensant que dix réponses vien-
draient avec la copie d'Edouard Fournier,
dans l'Esprit des autres. Voici comment il
raconte la petite ficelle dont usa Boileau,
pour faire passer sa boutade sans malen-
contre pour son dos :
Rolet, était un procureur d'intraitable hu-
meur ; il craignait d'avoir affaire à lui ; que
fit-il donc ? il capitula avec son audace. 11
laissa le nom. mais pour ne pas avoir l'air
d'avoir attaqué celui qu'il désignait, il fit im-
primer sur la marge à côté du nom de R.olet :
« C'est un hôtelier du pays Blaisois ». Il
avait fait sa malice et se croyait tranquille.
Mais il arriva que dans les environs de Blois
se trouvait réellement un aubergiste du nom
de Rolet, à qui l'on répéta 1 hémistiche et
qui, furieu.x, adressa par la poste au poète
tout ébaubi et tremblant, cent coups de bâ-
ton en attendant qu'il pût aller les lui admi-
nistrer lui-même.
Le Rolet de Boileau n'était donc pas
un-aubergiste du Blaisois, mais bien vé-
ritablement un procureur de Paris, et
qui plus est un procureur au parlement,
IVlais méritait-il la dure épithète que Boi-
leau a épinglée pour toujours à son nom ï
Malgré les gloses et les critiques, ce
n'était peut-être pas aussi sûr. Né lui-
même dans la basoche, le fils du greffier
Giles Boileau pouvait obéir à quelques
rancunes de voismages ou simplement
de plaideur grincheux.
Eh bien ! non ! la réputation de Rolet
était universellement connue au Palais et
personne ne se gênait pour le dire. L'amu-
sant, c'est d'en avoir trouvé la preuve'
dans une ennuyeuse recherche généalo-
gique.
Je prenais, l'année dernière, des notes
au Cabinet des Titres (Bibl. nat. p. orig.
n» 2952), afin de débrouiller les origines
d'une famille modeste, les Vedeau de
Grandmont, dont quelques membres
furent seigneurs du Mesniî-Aubourg, ha-
meau de la commune de Soindres, près
Mantes.
Originaires du Midi, de noblesse con-
testée, ces Vedeau soutenaient, à fin d'hé-
ritage, un interminable procès au Parle-
ment. Us avaient fourni beaucoup de
preuves et leur avocat avait fait imprimer
l'inévitable factiim^ cette pièce fastidieuse
qui fait parfois la joie d'un chercheur. C'est
une phrase de ce factum que j'ai relevée
avec une réelle surprise puisqu'elle est
un argument irréfutable de critique litté-
raire. Cette phrase, la voici ; elle s'adresse,
comme on pense, aux adversaires de Ve-
deau :
>< Charles Le Roy des Bordes, neveu d
Rolet., cy -devant Procureur en la Cour, qui
N« 1055.
L'INTERMÉDIAIRE
607
608
ne cède en rien à son oncle en fourberies et
faussetés leur a offert son ministère. >>
Il n'y a pas de doute possible, c'est
bien de Rolet le fripon qu'il s'agit. Four-
beries et faussetés ne sont pas des termes
plus amènes que celui de fripon.
Boileau n'avait donc pas même été mé-
chant ; il avait donné une forme concise
à un lieu commun qui courait au palais.
Si le goût de déchiffrer de vieux parche-
mins devient jamais une vertu, on saura
que cette vertu est parfois récompensée.
Elle me permet d'affirmer aux lecteurs de
V Intermédiaire que le Rolet de Boileau
était un procureur au parlement de Paris
et non un hôtelier du Blaisois.
E. Grave.
*
Brossette, l'ami et le commentateur de
Boileau, a répondu par avance à la ques-
tion posée par M. Lpt. du Sillon : p. 12 de
redit, des Œuvres de M. BoileauDes-
préaux, avec des éclaircissements histori-
ques, donnés par lui-même, t. i. Genève
1716 :
Charles Rolet, Procureur au Parlement, étoit
fort décrié, etoa Pappeloit communément au
Palais, l'ame damnée.. M. le Premier Président
de Lamoignon emploïoit le nomdei?o/^/ pour
signifier un fripon insigne : Cest un Rolet,
disoit-il ordinairement. On peut voir le carac-
tère de ce Procureur, sous le nom de Volli-
clion, dans le Roman bourgeois de Furetière,
pages 30 et 34. il avoit souvent été noté en
justice, mais enfin aiant été convaincu d'avoir
fait revivre une obligation de cinq cens livres,
dont il avoit déjà reçu le paiement ; il fut con-
damné, par Arrêt, au bannissement pour neuf
ans, en 4000 livres de réparation civile, en
diverses amendes, et aux dépens. La minute et
la grosse de cette obligation furent déclarées
nulles et il fut ordonné qu'elles seroient lacé-
rées par le Greffier en la présence de Rolet.
Cet Arrêt est du 12 août 16S1. Kolet fut en-
suite déchargé de la peine du bmnissement, et
obtint une place de Garde au château de Vin-
cennes, où il mourut. Dans la seconde édition
des Satires, l'Auteur mit cette note à côté du
nom de Rolet : Hôtelier du Pais-Blaisois,
afin de dépaïser les Lecteurs : mais par mal-
heur il se trouva en ce païs-là un Hôtelier de
même nom qui lui en fit faire de grandes
plaintes. Dans une première Edition qui fut
faite en i66s à Rouen, sans la participation de
l'Auteur on avoit mis un autre nom que celui
de Rolet.
Lach.
Même réponse : Léon Sylvestre.
La sentinelle qui empêcha de
passer le Petit Caporal (L, 105). —
Aucun doute : la sentinelle qui, à cheval
sur sa consigne, à Ebersdorf. en 1809,
dit à Napoléon : « Quand bien même
vous seriez le Petit Caporal, on
ne passe pas », était un nommé Jean
Coluche, originaire, de Gastins, canton
de Nangis, en Seine-et-Marne. Le fait est
vrai, tout légendaire qu'il paraisse ; le
héros de l'anecdote a bien existé.
C'était un original, très fier de sa répu-
tation, et dont toute la gloire tenait dans
sa réponse fameuse. Elle était bien en
harmonie avec son caractère peu facile.
Coluche était un grincheux ; il avait des
principes et n'en démordait pas. Ses con-
citoyens, flattés de sa présence, songeaient
à le combler d'honneurs ; ils s'y prirent
mal et l'indisposèrent. Il adressa au sous-
préfet la lettre suivante — qui figure dans
la collection particulière de M. Noël Cha-
ravay :
Gastin, 8 novembre 1831.
Monsieur le Sous-Préfet,
Ayant été nommé candidat composant le
conseil de notre commune, j'aurais accepté
avec le plus grand plaisir si les élections
s'était faites lovaleman mais comme il est
parcourue dans toutes les maisons des soli-
citeurs et M' le maire luy-mème et que
sela na pas ete fait dans la forme voulue je
vous prie d'achepter ma démission et de
me rayé sur la liste de candidature.
Recevez M"' le Souprefet les salutations
les plus sincères de celuy qui a lonneur
d'être votre serviteur. Coluche.
Coluche est l'homme du devoir étroit
et de la consigne absolue. Cette fois c'est
à lui-même, qui va passer, qu'il dit: «On
ne passe pas ! »
Unjour au cours d'une présentation des
autorités du pays qu'il visitait, Napoléon III
distingua, dans les rangs des vieux soldats,
accouri:s à sa rencontre, Coluche. Il s'était
paré d'un baudrier gigantesque sur le quel
étaient brodés les mots qui lui méritaient
sa célébrité « Quand vous seriez le Petit
Caporal, on ne passe pas ».
L'empereur se fit expliquer ce singulier
accoutrement ; et, en souvenir de l'on-
cle, complimenta Coluche et lui promit
une pension.
Coluche en jouit assez longtemps ; il
n'est mort qu'en 1865.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp.DANiEL-CHAMBON St-Amand- Mont-Bond.
L' Volume
Paraissant les to, 20 et ^o de chaque mots 30 Octobre 1904,
40" Année
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N" 1056
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DES
CHERCHEURS
Fondé en
ET CURIEUX
1864
QUESTIONS ET UÉl'OSSES LITTÉRAIRES.
TROUVAILLES
609
HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET
ET CURIOSITÉS
610
ARTISTIQUES
aJlneôtione
Chronique scandaleuse de Roanne
sous Napoléon I^"'. — le possède un
curieux manuscrit non daté, qui a pour
titre :
Satire on Lanterne Magique de la Ville
de Roanne.
II se compose de deux cahiers brochés
in-folio, papier vergé 3i\ixé. sous couver-
ture de même. D'après divers indices, on
peut supposer qu'il a été écrit vers 1809.
L'auteur anonyme de cette longue sa-
tire en vers prend prétexte d'un événe-
ment contemporain pour passer en revue
toute la société de Roanne. Plus de cent
noms sont cités en toutes lettres. Le
poète choisit pour devise : '< Je ne veux
point offrir d'énigme au lecteur. >^ C'est-
à-dire qu'il prend le parti de diffamer
-avec clarté. Il dit crûment et il dit tout.
— Origine des familles, source des for-
tunes, anoblissements spontanés, liste
des amoureuses et même des lesbiennes,
anecdotes galantes ou financières détails
secrets sur les jeunes filles, il énumère
tout ce qu'il sait, peut-être ce qu'il in-
vente, avec une patiente haine contre ses
concitoyens ; et de longues notes au bas
des pages viennent encore ajouter leurs
éclaircissements à ceux du texte.
Le seul Roannais épargné est un cer-
tain D' Vorbe qui doit être, sinon l'auteur,
au moins son ami intime. Quels rensei-
gnements pourrait-on me donner sur
lui.?
Ce médecin était alors en procès avec
un de ses clients nommé Taron et le no-
taire Barbier. Quelle est la date de cette
affaire? elle fixera celle du poème. La
m.ême année, M. l'abbé Arbel, curé de
Roanne, avait exorcisé une fille de la rue
Elisabeth qui avait un démon dans le
bas-ventre. Si l'on a conservé trace de
cet exorcisme, il établira non moins faci-
lement la date que je recherche.
Candide.
Isotta de Rimini. — Sur cette femme
qui a joué un rôle historique et littéraire
si important au xv' siècle, on ne cite que
deux dissertations, celle de Mazzuchelli
(1756) et celle de Battaglini (1794).
N'existe-t-il pas de travaux plus récents
à son sujet ^
C'est un des personnages sur lesquels
il est le plus difficile de se renseigner
dans les ouvrages de références. Son
nom ne figure à peu près nulle part, et
quand on la cite, c'est pour la confondre
avec son homonvme Isotta Nogarola.
P. L.
La conquête de l'Egypte par
Cambyse. — Cette conquête est un pe-
tit problème intéressant et dont les phases
s'éclaircissent chaque jour.
J'ai le premier établi que Cambyse
avait fait son expédition en Egypte tout
au début de son règne. En effet, une
stèle de Sérapeum étudiée par moi nous
apprend qu'un Apis mort en Tan 4, pa-
chons de Darius, était né la 5^ année (tyb.
L. 12
I
N* 1056.
L'INTERMEDIAIRE
611
612
aSjde Cambyse, et elle ajoute que la durée
totale de sa vie fut de 8 ans trois mois 5
jours. Pour que 8 ans séparent ainsi la 5*
année de Cambyse de la 4*= de Darius, il
faut que le règne égyptien de Cambyse
n'ait pas été moindre de beaucoup que son
règne asiatique qui atteignit, selon le cal-
cul toujours si exact du canon des rois de
Ptolémée, confirmé du reste par toute la
série des tablettes babyloniennes, la hui-
tième année, en dehors de l'année d'avè-
nement toujours mise à part chez les Ba-
byloniens.
En effet, si le mage Smerdis, en babylo-
nien Barzia, dont le canon ne tient pas
compte, parce que Darius se considérait
comme le successeur légitime de Cam-
byse, fut, au contraire, conservé sur la
liste des règnes en Egypte où le satrape
Aryandès établi par Cambyse se condui-
sait d'une façon si indépendante que
Darius finit par le mettre à mort ; si, par
conséquent, le règne de Darius n'y com-
mença officiellement qu'après l'assassinat
de Barzia, le prétendu mage, cela ne nous
donnerait encore qu'un intervallede 10 ans
au plus entre l'avènement de Cambyse et
l'avènement de Darius sur le trône égyp-
tien, puisque le règne de Barzia ne paraît
pas avoir dépassé sa première année après
son année d'avènement. L'Apis mort en
pachons a vécu près de quatre ans sous
Darius. En admettant qu'Aryandès eût re ■
tardé de deux ans le comput égyptien de
Darius après la mort de Cambyse, il fau-
drait encore que cet Apis eût vécu plus
de deux ans sous Cambyse depuis la cin-
quième année de son règne, ce qui obli-
gerait à supposer que Cambyse conquit
l'Egypte dans l'année qui suivit celle de
son avènement en Asie. Nous possédons
d'ailleurs au Louvre une stèle de l'an 6
de Cambyse dont nous reparlerons.
11 faut noter que Cambyse — Hérodote
nous l'a fait voir — se considérait comme
roi légitime de rEg3'pte, par suite d'une
alliance royale persane avec une prin-
cesse de la famille d'Apriès. C'est pour
cela qu'il fit brûler le corps d'Amasis à
Sais et le corps de la reine Anhlinas, hé-
ritière des droits d'Apriès, à Thèbes.
La guerre avait été déclarée par Cam-
byse à Amasis durant la vie de celui-ci.
Mais pendant qu'on en faisait les prépa-
-ratifs, Amasis mourut et son fils Psam-
métique ou Psamménite fut proclamé roi.
Celui-ci, d'après le Manéthon d'Africainf
ne régna que six mois, et il fut vaincu et
fait prisonnier dans la Basse-Egypte.
Cambyse ordonna de tuer les enfants de
ce malheureux prince devant leur père..
Mais il fut ému (comme Crésus) par sa
fermeté d'âme à cette occasionjointe à la
sensibilité qu'il montrait aux malheurs
de ses amis. 11 lui laissa donc la vie et
le conserva assez longtemps près de lui.
« Mais Psamménite ayant conspiré contre
l'Etat en reçut le salaire; car ayant été
convaincu par Cambyse, ce prince le con-
damna à boire du sang de taureau (i),
ce dont il mourut sur le champ ».
Ce fut après cela que Cambyse fit son
expédition dirigée à la fois contre les
Ammoniens et les Ethiopiens. Il partit
vers Thèbes avec toute son armée, ne
laissant en Egypte que les Grecs qui
l'avaient accompagné. « Lorsqu'il fut ar-
rivé à Thèbes, il choisit environ cinquante
mille hommes à qui il ordonna de réduire
les Ammoniens en esclavage et de mettre
le feu au temple où Jupiter (Amon) ren-
dait ses oracles. Pour lui, il continua sa
route vers l'Ethiopie avec le reste de son
armée ». Cette armée fut obligée de reve-
nir à Thèbes d'abord, puis à Memphis,.
faute de vivres, tandis que l'armée en-
voyée à l'oasis étiit entièrement détruite.
C'est alors que Cambyse furieux de voir
les Memphites se réjouir de la théophanie
d'un nouvel Apis, après ses désastres,
blessa cet Apis de son épée.
Tel est le récit du père de l'histoire et
il est confirmé par les documents con-
temporains.
L'Apis blessé par Cambyse est celui
qui, né en l'an 5 de Cambyse, est mort en
l'an 4 de Darius, nous en avons parlé
déjà. Quant à son prédécesseur, mort en
cet an 5 de Cambyse, on retarda ses fu-
nérailles solennelles jusqu'à l'an 6, le
^50 épiphi, c'est-à-dire 19 mois, ce qui ex-
cède beaucoup les 70 jours fixés par le
rituel. Ce fait doit être attribué à la fu-
reur du roi.
D'une autre part, si Hérodote, con-
firmé par les stèles de Serapeum, nous
fait retarder jusqu'à l'an 5 de Cambyse
l'expédition de ce conquérant à Thèbes,
(1) Nom d'une plante vénéneuse indiquée
souvent dans les papyrus magiques ou gnos-
tiques.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Octobre 1904.
613
614
d'autres documents nous prouvent que,
jusque-là, son occupation n'avait pas été
considérée comme légitime par les Thé-
bains.
En effet nous possédons un contrat thé-
bain (de mariage par coemptio) daté de la
tin de Tannée 4 de Psammetique III (du 20
méseré) : nous voyons par là que cefirince
alors était toujours considéré à Thèbes
comme roi (ce qui explique les monuments
importants que nous trouvons de lui dans
cette ville). C'est sans doute à cause de
cela que Cambyse le fit mourir notable-
ment avant de partir pour Thèbes.
Mais Psammetique III mort, les Thé-
bains ne renoncèrent pas pour cela, à la
dynastie nationale. En effet un bronze qui
m'a récemment passé par les mains et au
sujet duquel j'ai fait une communication
à l'Académie des Inscriptions dans la
séance du vendredi 23 septembre, nous
montre que la malheureuse victime des
Perses eut un successeur.
Disons d'abord que ce bronze, au sujet
duquel des doutes se sont élevés et que
j'ai, pour cela, refusé, au Louvre, de le
présenter à l'acquisition, me paraît par-
faitement authentique D'abord le mar-
chand qui le présentait et que je connais
depuis 30 ans est un des plus honnêtes
que j'aie vus. Puis il a acheté ce bronze à
Thèbes d'un Arabe qu'il nomme et de-
vant des témoins dignes de foi également
nommés par lui, et au moment où on le
lui montra, il était enveloppé de la gangue
semi métallique ordinaire aux bronzes
égyptiens et qui rendent impossible
l'examen même du sujet. Un peu d'or seu-
lement paraissait. Le bronze fut mis dans
un acide et l'on vit qu'il s'agissait d'un
roi assis, ayant des incrustations d'or.
On lisait sur le tablier le cartouche pré-
nomd'Amasis. Derrière la ceinture on aper-
çoit aussi les traces encore distinctes du
cartouche prénom Amenra wé?;/ apparte-
nant à un autre priice, qui, sans doute
était fier de sa filiation le rattachant a
Amasis. 11 me semble qu'il s'agit du
prince royal Pséchons, fils d'Amasis et
d'une autre mère que celle de Psamme-
tique III. Ce prince aurait été proclamé
roi par les thébains après la mort de son
frère et avant l'expédition de Cambyse à
Thèbes, expédition qui aurait sans doute
motivé sa fuite, soit à l'oasis d'Amon, où
l'armée du Persan fut détruite, soit en
Ethiopie, où le même conquérant ne put
parvenir.
Telle est l'hypothèse que je soumets
aux intermédiairistes avec un peu plus
de détails que je ne l'avais fait dans ma
communication à l'Institut.
Le problème me paraît vraiment im-
portant et je désire vivement une solu-
tion. M. Maspero pourra y aider en vé-
rifiant,en Egypte, les affirmations du mar-
chand. Revillout,
La grossesse de la duchesse de
Bourgogne. — On a écrit que la gros-
sesse de la duchesse de Bourgogne, dans
un esprit de courtisanerie assez bizarre,
mit à la mode les gros ventres pour les
femmes, et que l'imagerie populaire la
propagea. En existe-t il des preuves ^
A. B. X.
Les colonies françaises protes-
tantes en Allemagne. — Les colonies
françaises fondées en Allemagne par les
protestants français, par suite de la révo-
cation de l'Edit de Nantes, n'ont-elles pas
été un objet d'étonnement pour les offi-
ciers français qui furent faits prisonniers
à Rosbach ou qui séjournèrent si long-
temps en Allemagne pendant les guerres
de la Révolution et de l'Empire ? Les
Mémoires militaires de ces deux époques
ne relatent-elles rien à ce sujet .?
Vandevelde.
La Sainte-Barbe, data de l'ori-
gine. — Depuis quelle époque exacte-
ment les artilleurs français ont-ils l'habi-
tude de fêter, en corps, la Sainte-Barbe,
le 4 décembre de chaque année .?
Sous la monarchie de Juillet, en parti-
culier entre 1830 et 1835, cette coutume
était-elle observée dans tous les corps et
n'y en avait-il pas qui se contentaient de
célébrer la fête du roi, le i^"" mai, la
Saint-Philippe '^
Sait-on si le 7= d'artillerie était de ceux-
ci .?
(Ce régiment résida à Besançon, de
1832 à 1837). Le commandant A.
TJn prédécesseur du capitaine
Dutertr^. — Un gentilhomme français,
prisonnier les Anglais, fut envoyé en
mission pour inviter des français qui
défendaient une place, à se rendre, mais
N' 1056.
L'INTERMÉDIAIRE
615
616
ce fut à la résistance qu'il les excita. 11
paya cette audace de sa vie. Cet acte est
le pe,:dant de l'acte héroïque de Dutertre
à Sidi-Brahim. Le nom de l'officier P La
date et les circonstances exactes de ce fait
glorieux ? Lt.C.
L'Algèbre du jeu. Dans ses Élo-
ges des membres de l'Académie des
Sciences, et principalement d'Ozanam,de
Montmort et de Dangeau, Fontenelle
affirme que les jeux de hasard ont une
algèbre dont certains savants, Leibnitz
entre autres, ont pénétré tous les secrets.
11 dit, par exemple, de Montmort : « 11
donna, en i-joS, son Essai d'analyse sur
les jeux de hasard^ où il découvrait ce nou-
veau monde aux géomètres. Au lieu des
courbes qui leur sont familières, des sec-
tions, des cycloïdes, des spirales et des
logarithmiques, c'étaient le pharaon, la
bassette,le lansquenet, l'ombre, le trictrac,
qui paraissent sur la scène, assujettis au
calcul et domptés par 1 algèbre »
Fontenelle dit encore qu'Ozanam le
mathématicien « jouait bien et heureuse-
ment. » Dangeau, grâce à son « algèbre
naturelle », avait un bonheur insolent au
jeu de la Cour ; et Colbert mettait pres-
que en doute sa loyauté.
Messieurs de l'Académie des Sciences,
aux xvii'' et xviii* siècles, nous parais-
sent avoir sérieusement cultivé \2i Martin-
gale. Ces combinaisons mathématiques
qui rendent la fortune favorable, sont-
elles possibles? Et Fontenelle tout le pre-
mier, n'en a-t il pas connu les amères
déceptions ? d'E.
Les miracles de Marc Daviano.
— A la fin du xvii* siècle, un capucin
d'origine italienne nommé Marc Daviano,
parcourait la France, et par ses miracles
les populations se pressaient sur son pas-
sage. La vie de ce religieux a-t-elle été
écrite ? Quelles sont les villes où il s'est
arrêté et quels miracles a-t-il opérés ^
Paul Pinson.
Créquy-Montfort. — Pourquoi les
Le Compasseur ont ils ajouté à leur nom
ceux de ces deux maisons, et à quelle
date f De Rupe.
Famille Doynel ou Doisnel. —
Georges Doisnel de la Chapelle était ca-
pitaine de dragons et aide-de-camp du
marquis de Rânes, sous Louis XIV. Par
lettres patentes de 1692, il fut nommé
lieutenant de robe courte au bailliage de
Domfront. Pourrait-on retrouver ses ar-
moiries ^
Comment se rattache-t-il à la famille
Doynel ou Doisnel, citée par de Magny ?
Jean du Val.
Druon-Demailly. — De Bourgade
de Lagarde. — Cette première famille,
de vieille bourgeoisie picarde, avait-elle
des armoiries ^
Est- elle encore représentée t Où mou-
rut un abbé Druon-Demailly, aumônier
des armées de la Loire en 1870 et supé-
rieur de Saint-Louis des Français à Rome,
peu après ?
La seconde est-elle française ^ Si oui,
quelles armoiries? La Coussière.
Jean Facio, dit Vulteius, poète
rémois. — En 1538 parurent simulta-
nément, chez Simon de Colines, à Paris,
deux petits volumes de vers latins signés
Jo. ViiUeius, Rhemensis.
Ces vers sont fort jolis et ils sont de
ceux que l'on regrette le plus de ne pas
voir traduits en français à une époque où
les lecteurs de latin moderne deviennent
assez rares parmi les lettrés.
Qui était johannes Vulteius ^ On igno-
rait si complètement sa vie au siècle der-
nier qu'on n'était même pas d'accord sur
son nom véritable. Entre s< Voulté »,
« Voultier », « Vautier », les biographes
hésitaient. M. Claudin, paraît-il, a re-
trouvé le véritable nom qui serait Jean
Facio. Quelle est l'origine de cette dé-
couverte et que sait-on de plus sur l'écri-
vain .? Les érudits rémois ont-ils dirigé
des recherches de son côté .? ***
Lefèbre de Cheverus. — Cette
famille était-elle noble ^ Quelles étaient
ses armoiries ? Le cardinal de ce nom
naquit à Mayenne. 11 prit deux armoiries
différentes : une croix latine d'argent sur
champ d'azur y avec devise dans l'écu lui-
même, lorsqu'il fut évêque de Boston;
puis d'argent, à la croix ancrée de sable
lorsqu'il fut archevêque de Bordeaux en
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Octobre 1904,
617
618
I
1826. Cela ferait supposer qu'il n'était
guèrefixé sur les armoiries de sa famille.
Comte DE St-Saud.
Alfred Mousse. — Oiielque aimable
et érudit intermédiairiste pourrait il me
fournir des notes biographiques sur Al-
fred Mousse, auteur de De Profundis^ ro-
man édité en 1834, chez Lecomte et Pou-
gin. P. DE Th.
Le peintre "W. de Nune (XLIX, 788).
— Où trouver des renseignements — en
dehors du Nagler — sur un peintre nommé
W. de Nune, qui faisaitdes portraitsà Edin-
bourgh (Ecosse), en 1732 et après ? Peut-
on dire quels portraits il a exécutés ?
K. C. Benett.
Madame de Polignac, née Fleury.
— Connaît-on la date et le lieu du ma-
riage, avec les noms des père et mère de
Madeleine-Elisabeth de Fleury, décédée à
Montpellier le 7 septembre 1788, à l'âge
de 32 ans environ et qui aurait été la
deuxième femme de Louis-Melchior-Ar-
mand, vicomte de Polignac, ambassadeur
en Suisse, ainsi que la date et le lieu de la
mort de ce dernier ? Ce mariage est très
sommairement indiqué dans les histoires
modernes de cette maison i Révérend.
Famille de Villefort. — Je vou-
drais obtenir des renseiarnements sur une
famille de Villefort, laquelle doit être ori-
ginaire du midi de la France, peut-être
du département de Lot-et-Garonne. Une
branche de cette famille doit avoir émigré
au canton de Vaud, en Suisse, il y a
environ iso ans, y laissant, comme des-
cendante unique, mademoiselle Marianne
de Villefort. Tous les détails qu'un com-
plaisant collègue voudra bien me donner
sur cette famille, et spécialement sur sa
branche de Suisse, seront reçus avec une
grande reconnaissance.
C. Barbey Boissier
Armoiries à déterminer : coupé
de gueules, au lion d'or. — Tranché
mi^pjili : à dextie, coupé de gueules^ au
lion d'or, tenant un livre ouvert^ et d'azur,
aux deux êpées croisées d'argent; à sénesfre,
d'argent^ au chevron d'azur ^ accompagné de
trois merlettes de sable, 2 et t .
Jean du Val.
Une maxime latine. — Dans une
de mes lectures, déjà fort ancienne, je
suis tombé, un jour, sur une maxime égale-
ment admirable, comme fond et comme
forme, et qui, pour tout pessimiste, con-
tient le mot suprême de la philosophie :
Ingens solatinm iinà cuin universo rapt,
maxime qu'on pourrait interpréter ainsi,
afin de la rendre parfaitement claire en
français :
« C'est une grande consolation de son-
ger que dans le mouvement cruel et
mystérieux qui nous emporte, tout l'Uni-
vers est emporté avec nous. »
J'ai su quel est l'auteur de cette maxime,
l'une des plus belles, selon moi, qui
soient sorties de l'esprit humain, mais
je ne le sais plus. Toute ma gratitude à
la personne dont je le rapprendrais.
Edmond Thiaudière.
Les enfants de Voltaire. — On
n'en connaît aucun et on lui en a prêté
beaucoup.
Da.ns \e Journal de Mulot ^ si heureuse-
ment découvert par M. H. Harrisse et
récemment publié par M. Maurice Tour-
neux, celui-ci, en savant et consciencieux
commentateur, proteste contre l'attribu-
tion faite par le chanoine-chroniqueur à
Voltaire, de la paternité du duc de Niver-
nais. D'autres contemporains ont pareil-
lement prétendu que le libraire Lambert
était un fils de Voltaire.
Enfin, pour nous résumer, l'illustre phi-
losophe a-t-il jamais eu, que l'on sache,
des enfants ? Et pouvait-il en avoir ? Car
on a dit, pour lui comme pour Boileau
qu'une imperfection physiologique lu i
avait interdit l'espoir de la paternité.
Alpha.
Les papiers de Martin Folkas. —
Un chercheur anglais pourrait-il me dire
où sont conservés les papiers et la corres-
pondance du savant Martin Folkes (1690-
1754) fellow ofthe Royal Society et pré-
sident de cette assemblée, en 1741 ?
M. T.
Livres imprimés sur les vais-
seaux de l'Etat. — Le chevalier de
Sade est l'auteur de l'ouvrage suivant :
Mes loisirs sur le vaisseau amiral eu Let-
tres aux Etats Généraux sur une nouvelle
1 constitution du gouvernement de la France.
N» 1056
L'INTERMEDIAIRE
619
620
Ce livre, de format in-8, est daté de
Toulon : « Imprimerie du vaisseau Ami-
ral, 1789 7/.
Cette indication est-elle exacte ? Depuis
quand imprime-t on sur les vaisseaux de
l'Etat. Connait-on d'autres livres portant
la même mention ?
A. DiEUAlDE.
Les mots anglais introduits dans
la langue française. — Existe-t-il, en
dehors du Dictionnaire éty œnologique de
Darmesteter-Hatzfeld, un ouvrage récent
donnant la liste complète des mots rn
glais introduits dans la langue française,
avec leur date d'importation .? Quels sont
les ouvrages à consulter en ce qui concerne
principalement l'origine des anglicismes
d'introduction déjà ancienne ^
E.-X.-B.
Les veilleurs de nuit au XVIÎI*
siècle. — Parmi les ciis de Paris au
siècle dernier, peut-on retrouver les
paroles que prononçaient les veilleurs de
nuit, aux heures sonnantes .? La notation
musicale de ces paroles a-t-elle été faite ^
Kistner n'en dit rien dans son ouvrage
pourtant si documenté. M. T.
Au pique du soleil. — D'où peut
venir cette expression, si non du moment
où le soleil pique, où il darde ses plus forts
xavons? Est-elle employée autrement que
dans le langage figuré .? Petrocore.
Têtes à l'huile. — On lit dans la
Croix du 1 1 octobre :
Les figurants de théâtres ne veulent pas
restei- dans la coulisse au moment où toutes
les corporations et toutes les professions mar-
chent syndicalement à la conquête de multi-
ples droits.
Les voilà à leur tour qui entrent en scène
et font parler d'eux.
Au cours d'une réunion, les figurants de
théâtres ont pris entre autres enoagements,
celui-ci: 'l^tZ^-*^^-'^''^--* 'A "■?%? 'I-'fà;;-
f-'.Dc travailler à la suppression des ^ têtes à
l'huile » qui sans le vouloir, en prenant la
place des tiavailleuis, empêchent ceux ci de
gagner leur vie.
La'suppression des s< tètes à l'huile ? »
Que peut bien signifier cette qualification
pittoresque? La Coussière.
Le Nard des Romains. — Le Nard
vrai ou indien était bien connu des Ro-
mains, comme le prouve, entre autres, un
passage de la deuxième élégie de Tibulle:
... pnro distillent tcwpora t^ARDO.. .
Mais les naturalistes prétendent que
cette plante ne pousse guère qu'à lîle de
Java. Les Romains connaissaient-ils donc
les îles de la Sonde et l'Australie ? On a
répondu affirmativement. Mais sur quelles
preuves s'appuie-t-on ?
Marcel Baudouin.
Le Livre d'amour de Sainte-
Beuve. — Sans entrer dans les considéra-
tions morales que cette question soulève,
mais puisque le problème est posé, pour-
rait-on demander ce qu'il y a de vrai dans
cette histoire qui court les journaux,
d'une corresponce de madame Victor Hugo
détruite. Cette correspondance serait à
rapprocher du Livre d'amour. D' M.
Capilupi. — Qiielque lecteur de Vfn-
termédiaire posséderait-il du Stratagema
di Carolonono, non pas l'édition pet. m-8»
publiée avec la traduction française en
1574, mais une édition petit in 4°, de
14 flf. non paginées, avec le texte italien
seulement? Pourrait-on indiquer le lieu
et la date de la pubHcation, ainsi que le
nom de l'éditeur .? Michaud, dans sa Bio-
graphie universelle, cite le livre et ajoute :
Roma 1572. Hector de la Perrière {La
Saint-Barthélémy, 1893, p. 148) est
encore plus précis : « La première édition
de Stratagème parut à Rome le 18 sep-
tembre 1572 ». 11 ajoute (p. 149) qu'il a
paru une seconde édition en octobre.
Celle de 1574, avec la traduction fran-
çaise, serait donc la troisième. Ces indi-
cations sont-elles exactes ? H. M.
La lampe de Bon Boulogne. —
Bon Boulogne, ou Boulogne, peintre de
l'époque de Louis XIV. travailhiit dès
quatre heures du matin, dit Charles Blanc,
« avec une lampe fixée à son chapeau
dont les bods étaient relevés à cet ciïet ■•.
Un intermédiairiste pourrait-il complé-
ter ce renseignement <: Quelle sorte de
lampe l'artiste pouvait-il employer, et
quel rôle jouaient « les bords du chapeau
relevés à cet effet » ^ (sir) ?
Henry H.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1904.
621
622
Eép0n0e0
Le portrait peint de la Laure de
Péîrarque par Simone di Mi^rtino
(L, 331). — Simone Memmi et Simone di
Martino ne sont qu'un seul et même
peintre, qu'on appelle en France plus
généralement Simon de Sienne.
Il a fait plusieurs fois le portrait de
Laure. Celui dont parle Pétrarque semble
bien perdu, et il est impossible de le
reconnaître dans le médiocre portrait sup-
posé de la Laure de Pétrarque dont le
South-Kensington Muséum a fait l'acqui-
sition Mais un second portrait du même
modèle parait exister encore à Florence,
dans une des fresques de la chapelle des
Espagnols, à Santa Maria Novella. Dans
un groupe de Voluptés et de Vains Plai-
sirs, Madonna Laura serait représentée
vêtue de vert, avec une petite flamme
entre la poitrine et la gorge. Quel est
Tauteur de ces fresques ^. On les attri-
buait autrefois à Simon de Sienne, mais
le peintre était mort depuis six ans lors-
qu'en 1350 on a construit la chapelle.
S.
La tombe de Mirabeau (T. G.,
594; L.45 1 ,=505). — Le problème a été très
rationnellement posé par le collabo Y et
je vais m'efforcer de suivre sa méthode.
Aux documents qu'il cite, il convient
d'ajouter les suivants qui font partie de
la Série Fi C 111 Seine aux Arch. Nat.
1° Le 28 thermidor an VI (15 août
1798) le ministre des finances avise le
ministre de l'intérieur de la réclamation
du Cn Baude d'autant plus justifiée que la
maison où se trouvent les cercueils a été
vendue le 15 germinal précédent.
2" Le 6 vendémiaire an VI (27 septem-
bre 1798), le ministre de l'Intérieur,
François (de Neufchàteau) avise Cabanis
que le ministre des finances (Ramel-
Nogaretj « l'ayant consulté pour savoir
où doivent êtie placés définitivement les
cercueils de Marat et de Mirabeau, qui
sont déposés depuis trois ans dans une
maison nationale aliénée au C" Baude, il
a écrit à ce sujet à l'administration cen-
trale. La connaissance qu'il a de l'amilié
qui unissait Cabanis à Mirabeau lui fait
un devoir de lui communiquer la lettre
ci dessous :
30 Paris 26 fructidor an VI (12 septem-
bre 1798). Le ministre avise l'administra-
tion centrale de prendre des mesures
pour enlever les cercueils et indemniser
le principal locataire.
11 ressort de l'ensemble des documents
déjà publiés et de ceux que je viens de
citer :
Que c'est François de Neufchàteau qui
a invité Cabanis à s'occuper du corps et
du cercueil de Miir.bcau le 27 septembre
1798; que vraisemblablement, sur le con-
seil de Cabanis, Mme du Saillant fit la
demande d'exhumation, demande qui lui
fut accordée le 18 octobre. Elle réclame
le cercueil le 1" décembre et le cercueil
n'est plus le 28 décembre dans la maison
Baude.
Une pièce citée par l'iiitermédiaire et
datée par erreur typographique du \b
vendémiaire an XÎl au lieu de an VII,
permettait au contraire de supposer que
le cercueil n'avait pas été enlevé.
11 est vraisemblable que les formalités
et opérations de l'exhumation furent
faites par Cabanis et la M'* du Saillant.
On a supposé que conformément au
désir exprimé par Mirabeau, on l'avait
transporté près de son père et de sa grand'
mère de Castellane à Argenteuil. M.
Coyecque conclut à la négative et je crois
qu'il a raison.
M. Pallain n'a rien trouvé au Bignon ;
on n'a rien trouvé non plus au Saillant.
Ce qui semble certain, c'est que le
corps et le cercueil, l'un remis dans l'au-
tre, furent enlevés entre le i" et le 28
décembre 1798.
Si l'on retirait de la fosse où il était
enfoui, le corps de Mirabeau.c'était assuré-
ment pour lui donner une tombe plus
décente. Alors pourquoi le transporter à
Clamart, cimetière des réprouvés.
Pourquoi au cimetière Sainte-Catherine
confondu souvent à tort, j'en conviens,
avec le cimetière de Clamart ^
La mère de Mirabeau, morte non pas le
28 brumaire an III, mais le 19 floréal an IV,
rue Matignon, avait du régulièrement être
enterrée au cimetière de la Madeleine. On
a supposé aussi que l'inhumation avait
été faite au cimetière de l'ouest parce que
Mme du Saillant habitait l'hôlel de la rue
de Seine.
Le fait est inexact ; Mme du Saillant ne
possédait que le tiers de l'hôtel, les 2 au-
N* 1056.
L'INTERMÉDIAIRE
623
624
très tiers appartenaient à la nation, et au
moins depuis l'an IV, d'après une corres-
pondance que je possède, elle habitait
chez sa fille, Mme d'Arragon, à Guer-
mantes, près Lagny. 11 ne serait donc pas
invraisemblable que le corps de Mirabeau
ait été enterré soit à Guermantes, soit à
Lagny.
Enfin, ce que je ne crois pas, si le corps
de Mirabeau a été transporté en Limousin,
ce n'est pas sur une terre des du Saillant
qu'il a dû être inhumé, mais plus vrai-
semblablement sur une terre de Vassar.
D'après une correspondance que je
possède du régisseur des héritiers Mira-
beau, la marquise de Vassar-Mirabeau
avait laissé à ses enfants :
1° La terre d'Aigueperse, située au lieu
du même nom, commune de Saint-Bon-
net la Rivière, Cette terre revint pour une
faible partie à la sœur religieuse, et pour
le reste à la M^^ c[|j Saillant.
2" La terre de Pierre BufiFière,qui revint
aux du Saillant.
3° Ce qui restait de la terre de Glanges,
canton de Saint-Germain, arrondissement
de Saint-Yrieix, devint la propriété de
Mme de Cabris.
4° et 15° Les terres de Bris et Chéranac
en Poitou furent cédées à un créancier de
la succession, M. de Vérinas, avant 1798.
Donc, si l'on admet l'hypothèse de
l'inhumation en Limousin, les terres d'Ai-
gueperse, de Pierre Buffière et de Glan-
ges me semblent plus qualifiées que la
terre du Saillant.
L'Intermédiaire a des collaborateurs un
peu partout. A eux de chercher.
Dans tous les cas, ce qui est bien
acquis, c'est que Mirabeau, à sa sortie du
Panthéon, ne fut pas inhumé à Clamart.
Comment est née cette légende dont je
ne trouve pas trace avant Charles Nodier?
Comme dans toutes les légendes, il y a
une part de vérité :
Mirabeau a été inhumé dans le cime-
tière de la section du Panthéon ; les sec-
tions se sont fondues dans les arrondisse-
ments ; le cimetière de Saint-Etienne-du-
Mont est désaffecté et le cimetière de
l'arrondissement est le cimetière de Sainte-
Catherine avec son annexe de Clamart.
Comme en sortant du Panthéon, on ne
peut aller qu'à l'égout ou en terre mau-
dite, on a transporté Mirabeau à Clamart.
Si l'on ne l'y a pas mis on a eu tort —
Et une légende de plus court le monde.
j. G. Bord.
Duc d'Aiguillon, son rôle en
1789 (L, 3 3 1,455). — Dans l'épigramnie
empruntée aux Actes des Apôtres, un vers —
le troisième — a été omis. Nous la repro-
duisons ici :
De d'Aiguillon la vile et lourde masse
De Conculix a le sort incertain ;
Souventchez lui Monsieurà Madame faitplace,
Mais admirez son bizarre destin !
En homme c'est un lâche, en femme, un assas-
[sin.
Généalogie de la maison de
Franca (XLVIII, 553). — Si l'on s'en
rapporte à Moréri, il y a une bien autre
difficulté relativement à cette Catherine
de Valois ; notre confrère ne l'a-t-il pas
remarqué ?
L'auteur du Dictionnaire dit en effet,
en propres termes, que Robert d'Artois
« ne laissa de Jeanne, dame de Beauçay en
Lodunois, veuve de Geofroy de Beau-
mont... qu'il avait épousée (après Jeanne
de Valois), vers le mois de mai ijôo^ que
Louis d'Artois, mort jeune, et Catherine
d'Artois, mariée avant le mois d'octobre
/Î20, à Jean de Ponthieu,lPdu nom, comte
d'Aumale, morte en novembre 1368».
— La fille mariée quarante ans avant la
mère !
Dans tous les cas, ce n'est nullement
Jeanne de Valois, mais Jeanne de Beauçay
qui est dite mère de Catherine, et,
comme cette maternité serait peu ordi-
naire, on atout droit et tout lieu de ratta-
cher celle-ci à une génération précédente.
P. DU Gué,
L6 serment des ecclé.^iastiques
sous la RÔYolation (XLIX, 837, 964;
L, 123, 188, 231, 292, 400, 508V — On
prêtait serment de maintenir de tout son
pouvoir la Constitution décrétée par V Assem-
blée Nationale et acceptée par le Roi.
Or, les premiers articles qui formaient
la Constitution française, visaient la di-
vision et la répartition des pouvoirs ; ces
articles avaient été décrétés au mois de
septembre 1789 et acceptés le 5 octobre
suivant. Ces articles décrétés et acceptés
par Louis XVI étaient aussi considérés
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Octobre
1904.
•— -^ 625
comme faisant partie essentielle de la
Constitution. Or, tel était le cas de la
Constitution civile du clergé, décrétée le
12 juillet 1790 et sanctionnée par le mo-
narque, le 24 août suivant.
U est donc impossible d'admettre que
le serment ne comprenait pas la Consti-
tution civile du clergé. Au reste, personne
ne s'y trompait. C'est ainsi que l'auteur
d'une brochure Intitulée Bxaiiien pacifique
du serment exigé par la Constitution, qui
fut répandue en France à profusion,
éprouve le besoin de défendre tous les
points attaqués par les ecclésiastiques
réfractaires.
Louis XVII. Sa mort an Tsmple
(T. G., 534; XLIX, 911). — iVl. de Rei-
set a découvert aux archives, cartons de
la Grande aumônerie (cote o'^ 19) une
lettre du cardinal, prince de Croy, grand
aumônier de France, au ministre de la
maison du roi, datée du 12 novembre
1825 :
Indépendamment, dit M. de Croy, de la
garde des insignes de la royauté qu'un très
ancien usage nvait conférée à la basilique de
Saint-Denis, cette église eut encore la préro-
gative également immémoriale de recevoir
une couronne de vermeil pour chacun des
corps placés dans le caveau rov^T/, Depuis la
Restauration, sept corps y ont été déposés et
deux couronnes seulement ont été données
par Mesdames Adélaïde et Victoire. En con-
séquence, cinq couronnes ivianqucnt . La
dépense pour ces quatre couronnes royales
en vermeil, et celle ducale en argent, s'élè-
vera de 3.500 h 4.000 fr. Cette dépense étant
peu considérable, en raison du nombre de
ces couronnes et de l'importance de leur
objet, je sollicite l'autorisation de faire exé-
cuter cinq couronnes pour les corps de
Louis X VI, de Marie - Antoinette, de
Louis XVII, de Louis XVHl et du duc de
Berry, etc., etc.
Il est probable que la demande du
grand aumônier ne souleva aucune objec-
tion de la part de Charles X, car la pièce
suivante du même dossier, datée du 26
juillet 1826, autorise le paiement de la
somme de 5.230 francs pour 5 couronnes
en vermeil enrichies de perles et de
pierres fines, données par le roi au cha-
pitre royal de Saint-Denis. Le tout est
payable à M. Bertrand Paraud, orfèvre
des chapelles royales de la Grande Aumô-
nerie, à l'enseigne du Soleil-d'Or, rue des
Arcis à Paris.
626
M. de Reiset s'étonne de cette lettre.
N'est-ce pas la première fois qu'on lit
dans un document officiel que le corps
du dauphin était dans les caveaux de
Saint-Denis t
Q.ue veut dire cette lettre '■ M. de Reiset,
quoique non partisan de la survivance, le
demande : nous nous le demandons avec
lui. :,
La formule du procès-verbal d'autopsie
de l'enfant mort au Temple est l'un des
arguments des partisans de la survivance.
Us observent que les médecins qui ont
autopsié l'enfant, s'ils avaient été cer-
tains de son identité, n'eussent pas em-
ploA'é cette forme prudente ; « on nous a
présenté un corp» qu'on nous a dit êtr
celui du fils de Louis Capet ».
Leurs adversaires ripostent : « C'est
une formule loyale, l'expression est toute
de style et ne comporte dans l'esprit des
rédacteurs aucune réserve »
Si cette formule n'est pas employée
pour la première fois, si elle est courante
dans les autopsies judiciaires, on doit la
retrouver sur d'autres pièces. Peut-on
citer d'autres procès-verbaux d'autopsie
commençant de la même façon ou à peu
près : « on nous a présenté un corps
qu'on a dit être... »
* *
retrouvé
M. G. Lenôtre a retrouvé un très cu-
rieux dossier qui établit la preuve qu'une
tentative fut réellement faite pour enlever
le dauphin, que des concours furent acquis,
des agents soudoyés, des sommes énor-
mes prodiguées : et qu'un enfant fut
réellement livré aux organisateurs du
complot — mais cet enfant, de leur pro-
pre aveu, n'était pas le dauphin.
Quel pauvre enfant a servi à jouer
cette abominable comédie .? Comme dans
le romanesque, toutes les suppositions
sont permises, nous plaçons tout de suite
au dessous de ce point d'interrogation la
lettre suivante que nous adresse notre
collaborateur Martellière :
Pithiviers2i août 1904.
Monsieur le Directeur,
j"ai l'honneur de vous adresser un rensei-
gnement, mallieureusement assez vague, mais
qui peut avoir un certain intérêt pour ceux
qui s'occupent de la question de Louis XVIL
Dans mon enfance ayant entendu parler du
Duc de Normandie, je demandai à mes pa-
rents quel était ce personnage. Ils me répon-
N» 1056.
L'INTERMEDIAIRE
— ~ 627 —
dirent que c'était un imposteur qui se faisait
passer pour Louis XVII moit à la prison
du Temple. A cette occnsion ma mère
me raconta que vers le moment de la mort
du Dauphin, un enfant ayant à peu près son
âge et lui ressemblant, paraît-il, d'une ma-
nière frappante, avait mystérieusement disparu
de Vendôme sans que la police de l'époque
ait pu arriver à le retrouver. Cet enfant était
le fils d'une lingère ou couunière qui travail-
lait pour l'école centrale du département,
installée dans les anciens bâtiments du col-
lège de l'Oratoire, et dirigée alors par MM. Ma-
réchal et Dessaignes, anciens oratoriens. Ma
mère née en 1800, fille de M. Maréchal avait
été élevée dans le Collège et avait connu la
femme en question qui continuait à travailler
pour la maison. Elle m'avait dit son nom,
mais je n'ai pu le retrouver. 11 y a quelques
années, lorsque la question Naundoif revint sur
le tapis, l'histoire se représenta à ma mémoire.
Ma sœur décédée en 1900, âgée de 83 ans, me
confirma la tradition, mais sans pouvoir se
rappeler le nom. j'ai vainement tenté de faire
une enquête à Vendôme, mais parmi les per-
sonnes les plus âgées, le souvenir de ce fait ne
s'était pas conservé, ce qui n'a rien de surpre-
nant, un fait divers la disparition d'un enfant
ayant peu d'importance pour ceux qui ne tai-
saient pas le rapprochement entre cette cir-
constance et le sort de Louis XVII.
Quoi qu'il en soit, je vous livre ce souvenir
tel quel, regrettant qu'il soit à peu près im-
possible de le tirer au clair.
Recevez, monsieur le directeur, l'assurance
de mes sentiments les plus distingués.
Martellière.
* *
Dans le livre du comte Gruau de La
Barre, intitulé : non ! Louis XVII n'est
pas mort au Temple. Réputation de l'ou-
vrage de M. A, deBeauchesne^xxn vol. in-8°,
Bruxelles et Leipzig, 1858, on lit, page
M. de Chateaubriand a dit, en 1838, que
les plus effroyables crimes pâlissent devant
le long assassinat du fils de Louis XVI, et
que la pitié pour les auteurs de son mar-
tyre serait un crime contre la morale pu-
blique et contre la Conscience du genre
humain.
En quelle circonstance, dans quel ou-
vrage, en 1838, Chateaubriand a-t-il écrit
cette phrase ? Victor Déséglise.
*
» *
La question historique : « le Dauphin
est-il mort au Temple, ou l'a-t-on fait
évader » n'a pas récusa solution jusqu'à
présent. Un millier de volumes et de bro-
chures s'en sont occupés stérilement. Der-
628
nièrement encore M. de Granville, dans
un article très documenté de la Revue de
Faris.^ a établi le pour et le contre, sans
se prononcer.
J'ai suivi — de temps en temps — ce
qu'on a dit et imprimé sur ce problème,
y compris le plaidoyer de Jules Favre en
faveur du baron deNaundorfT, et j^ai fmi
par me faire l'opinion de sa mort au Tem-
ple, et cela par un raisonnement bien sim-
ple. Admettons pour un moment que les
royalistes aient réussi à sauver le Dauphin.
Cela aurait eu lieu — n'est-ce pas ? —
quelques jours avant le 8 juin 1795, jour
où sa mort vraie ou simulée a été cons-
tatée par les commissaires de la Conven-
tion, il avait à ce moment dix ans et qua-
rante-deux jours, étant né le 27 mars 1783.
Et il était âgé de trente-et-un ans à peu
près, le jour où Louis XVIII a été ramené
en France par la coalition.
Où a-t-il vécu pendant les dix-neuf
années qui suivirent son évasion t
Où a-t-il été élevé et par qui ?
Y a-t-il des traces sûres — et non des
romans ou des histoires forgées après coup
— de son existence .?
Comment est il possible qu'il n'ait pas
fait valoir ses droits pendant l'Empire et
que aucune des puissances en guerre avec
Napoléon ne se soit servi de l'arme ter-
rible de son existence pour émouvoir
l'opinion de l'Europe.?
Sa sœur qui avait partagé avec lui la
captivité du Temple, cette triste duchesse
d'Angoulème qui plus tard figurait à la
cour de Louis XVIll, connaissait-elle
l'existence de ce roi légitime de la France ^.
Comment se fait il que cet enfant de-
venu homme — il avait trente-et un ans —
que ce prétendu Louis XVII n'ait pas élevé
la voix pour protester au moment où son
oncle usurpait la couronne '^
Voilà, — si je ne me trompe — le véri-
table terrain où devraient se placer ceux
qui s'occupent encore de ce grand pro-
blème historique, le seul terrain qui peut
donner un résultat définitif. Rechercher
encore si Louis XVII est mort oui ou non au
Temple, est et restera un travail stérile,
faute de preuves irrécusables. C'est dans la
vie du Dauphin de 1795 à 18 14, qu'on con-
naîtra la vérité. Les savants intermédiai-
ristes peuvent, sur ce terrain, la re-
chercher et la retrouver. C'est pour cela
que je leur pose la question : Que sait-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
629
630
30 Octobre 1904,
on de la vie du prétendu Louis XVII
sur les années qui s' écoulèrent entre l'jÇy et
1S14 ? Caponi.
La Padeur et. la Mort (L. 386,548).
Le passage cité des Mémoires de Beugnot,
(I, 202) au sujet des amours à travers la
grille de la Conciergerie, est un peu alam-
biqué, mais le sens en est clair. Peut-être
les éditeurs ont-ils volontairement obscurci
le texte primitif.
On retrouverait facilement, je crois, des
scènes analogues dans les récits de gran-
des épidémies, de sièges et de naufrages..
Il est certain que l'approche ou la menace
d'une fin prochaine exerce chez les gens
bien portants une influence désastreuse
pour le respect humain et le souci des
convenances sociales. C'est dans ce sens
qu'on peut dire que l'amour est le frère
de la mort. Orsola.
Lo chien de Jean de Nivelle
(XLVll; XLVni ; L, 380, 463. 571) —
La version que donne le Magasin Utile
pour démontrer l'origine du dicton en
question, ne parait pas s'appuyer sur des
documents précis. Je crois cependant qu'il
a raison de la fan"e remonter à |ean de
Montmorency, seigneur de Nivelle. Ce
qui est douteux, c'est cette légende qu'il
rapporte de Jean s'enfuyant loin de son
père après l'avoir frappé et refusant de
revenir à son appel. Je m'en rapporterais
davantage à Désormaux, l'historien des
Montmorency, qui donne cette raison
(t. l''^ p. 336): Jean II de Montmorency,
seigneur de Damville, ayant vu deux de
ses fils, Jean de Nivelle et Louis de Pos-
seux, embrasser le parti du duc de Bour-
gogne contre Louis XI, il les somma à son
de trompe de revenir au service du roi.
Aucun d'eux ne s'étant présenté, il les
appela chiens et les déshérita. De là on a
dit : « Il ressemble au chien de Jean de
Nivelle qui fuit quand on l'appelle ». car
« tant pkis on l'appelait, tant plus il se
hâtait de courir du côté de Flandre ».
Contrairement à ce qu'affirme M. le
comte du Chastel en disant qu'il ne pou-
vait y avoir de seigneur à Nivelles en
Brabant, puisque l'abbesse du Chapitre
était dame de cette ville, je pense qu'il
pourrait s'agir de cette même ville, puis-
que Jean était seigneur de Nivelle et que
Jeanne, sa mère, était appelée « dame de
Fosseux, de Nivelle et de Wime. »
Ed Marc.
Belem (L, 223, 376,476). — La denomi-
nazione esatta délia capitale del Para (che,
per antonomasia è comunemente chia-
mata « Para » ) è Santa Maria Je Nazareth
de Belem do Grâo Para. Belem non è il di
minutivo, ma la traduzione portoghese di
Bethléem. Fra la cittadina portoghese che
sorge nei dintorni di Lisbona ed la capi-
tale paraense non vi è alcuna comunanza
di origine. Tra costume dei viaggiatori
porloghesi di far rivivere nei nomi délie
località nuovamente scoperte ed occupate,
il ricodo délia patria lontana : e si parter-
ravano quindi i villaggi o le località indi-
gène con nomi di città e paesi e località
portoghesi. Nello stesso Para altri nomi di
luoghi ripetono quelli del Portogallo.
L'attuale Belem, che sorge nella baja del
Guajarà, esisteva allô stato rudimentale
all'epoca délia scoperta e si chiamava :
Sape ver a. A. M.
Bonnes villes (XLIX; L, 13, 127).
— Il a dé)à été question des « Bonnes
villes » dans le tome XXXIX, 158, 358.
Cette dernière colonne 358 contient le
« Tableau alphabétique des trente-sept
villes dont les maires assistèrent au cou-
ronnement de S. M. l'Empereur ».
Nuaiérota'^ce révolutionnaire (L,
564). — Par suite de l'impossibilité pres-
que absolue de comprendre le numéro-
tage sectionnaire (qui du reste n'était pas
le même dans toutes les sections), tout en
nommant la section dans laquelle se trou-
vait un immeuble, on le désignait fré-
quemment par son ancien numéro royal.
11 suffit, pour se convaincre de cette pra-
tique, de consulter, soit les Petites Affiches,
soit les Alsnanaihs, soit même les pièces
officielles des sommiers des biens natio-
naux. Je signale, tout particulièrement le
fait à MM. Lambeau et Taxile, qui pu-
blient en ce moment un travail fort inté-
ressant sur les concordances des numé-
rotages anciens et actuels.
Revenons à la maison de Terwagne. Le
n" 273 est certainement un numéro royal.
En 1789, jo vois cette maison occupée par
un certain Pompée, qui annonce dans les
Petites Affiches qu'il a une jument et un
N" 1056.
L'INTERMEDIAIRE
631
632
whisky à vendre ; il indique que la mai-
son est près de Saint- Roch.
En 1791 , je trouve parmi les locataires :
Parmentier.
Cet immeuble a été détruit par le per-
cement de la rue des Pyramides. Il devait
prohablcinent porter le n° 1440 section-
naire (2S4 de 1806, trottoir est de la rue
des Pyramides, à côté du 2S2 actuel). Je
dis probablement , car, jusqu'à nouvel
ordre, à un ou deux numéros près, je ne
puis encore identifier un certain nombre
d'immeubles minuscules dans la partie de
la rue Saint-Honoré comprise entre la rue
de l'Echelle et la rue du marché Saint-
Honoré, par suite du numérotage section-
naire,qui,non seulement numérotait toutes
les portes, mais encore entrait dans les
impasses et faisait le tour des pâtés de
maisons. J--G. Bord.
Un hôtel de la rue de la Verre-
rie (L, 499). — jusqu'à présent, l'opi-
nion générale, d'après les historiens de
Paris, était que le Dauphin habitait l'hôtel
du Petit-Musc, Tune des constructions qui
formaient l'hôtel de Saint-Paul, dit aussi
« hôtel des grands esbattements ».
CÉSAR BiROTTEAU.
Sur le collège de Eoissy (T. G.,
469 ; L, 403). — 11 f^uit ajouter à la liste
des ouvrages imprimés sur le collège de
Boissy :
Besnard. — Généalogie des fondateurs
du collège de Boissv ou de la lignée de Cha-
lo-Saint-Maid. Reproduction en fac-similé
par la photogravure des éditions origina-
les précédée d'une notice explicative.
Champion 1900, in-folio, blasons.
La disparition des anciennes bourses
est clairement exposée dans le chap. VI
d'un petit livre paru en 1900 chez Cham-
pion ; Un recteur de l'Université de Paris an
XV^ siècle Jean Pluyette, notice par Charles
Pluyette. On remarquera la note de la
page 217 relative à l'aliénation des biens
des fondations des anciens collèges.
Pour les sources manuscrites, on doit
consulter :
Archives nationales cartons de Boissy
M Î02, 103, 246. — Abrégé chronologi-
que et généalogique de la fomille Char-
tier, signé des membres de l'Assemblée de
1680 Archiv. nat. Boissy M 103,
Le Ministère de l'Instruction publique
possède des consultations et réclamations
mémoires manuscrits qui ont été présentés
en faveur de descendants d'anciens fonda-
teurs de bourses, on trouve souvent des
tableaux généalogiques à l'appui. La com-
munication de ces pièces est assez diffi-
cile. Un bibliothécaire.
M. Crépy, archiviste paléographe qui
avait choisi le collège de Boissy comme
sujet de thèse à l'Ecole des Chartes pu-
bliera l'histoire de ce collège dans un pro-
chain volume des « Mémoires de la société
de l'Histoire de Paris et de l'Ile deFrance.»
L'état-civil, les actes notariés et
le Conseil général de la ûeine-In-
i-ieuro (L, 588, 514. 575). -- Je puis
citer une commune de la Seine-Inférieure,
dont les registres de l'état-civil, depuis
cinquante ans, contiennent des actes por-
tant une croix tenant lieu de signature.
C'est la ville du Tréport. Les croix ainsi
apposées n'apparaissent peut-être plus,
actuellement, au bas des actes, mais on
peut en trouver de nombreux exemples
sans remonter bien des années en arrière.
DE NoLis.
Balagny (L, 500). — Aucun rapport
entre le Montluc (un Montesquiou) du
portrait en question et des Rossignol de
Balagny. La Coussière.
Bernot de Gharant (L, 500). — Un
Bernot de Charant était, au xviii« siècle,
capitaine au régiment de Lyonnais. Son
petit-fils, colonel en retraite à Nevers, a
lui-même un fils, capitaine de cuirassiers
à Paris. (Voir V Annuaire de la cavalerie).
NOLLY.
Manuscritii inédits d'André Ché-
nier (L, 329, 464). — Les compositeurs,
par deux fois, m'ont fait dire V/ulnay, ce
qui, appliqué à un nom d'une localité si-
tuée près de Paris, n'a aucun sens ; C'est
Aulnav, qu'il eût fallu lire, Aulnay par
Châtenay, près de Sceaux. C'est à Aulnay
que se trouve, sur le territoire de la com-
mune de Châtenay, l'ancien petit henni-
tatïe où vécut et mourut H. de La Tou-
che et que celui-ci célébra dans un de ses
meilleurs livres : La Fallée aux Loups.
Après le pillage par les soldats alle-
mands, ;en 187 1.' de la propriété, Mlle
Pauline de Flaugérgues, l'héritière de de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
;o Octobre 1904
.- - 633
634
La Touche et la dernière et pieuse déten-
trice de ceux des manuscrits d'André Ché-
nier, qu'avait par devers soi conservés le
premier éditeur du poète, âgée et tombée
par suite des désastres de la guerre, dans
un état voisin du dénùment, se retira
à Sainte-Anne- d'Auray, maison de re-
traite pour les vieillards à Chàtillon-sous-
Bagneux, où elle mourut à l'âge de 81
ans, le 9 février 187S. — Fille du député
de l'Aveyron, Pierre François de Flauger-
gues, [1759-1824], elle était née à Rodez
en 1797. — On lui doit plusieurs petits
volumes de poésies : An bord du Taoe ;
la Violette d'or ; les Bniyc7'es (1854). Son
corps repose aujourd'hui dans le tombeau
même de de La Touche, qui, d'ailleurs, fut
édifié par ses soins propres, dans le cime-
tière de Châtenay,(et non point à Antony,
comme l'a écrit, par erreur, dans un pas-
sage cité plus haut par nous, M. Emile Pé-
rigois).
Le tombeau de H. de La Touche, comme
il arrive trop souvent pour les tombes des
personnes qui s'éteignent sans laisser de
postérité, est actuellement dans un état
de vétusté et d'abandon absolu. Le buste
en bronze du poète, placé dans l'intérieur
du monument, est présentement invisible,
l'entrée et les abords, obstrués par les
ronces, étant devenus impraticables. Sic
transit gloria mundi. Ulric R.-D.
Dama la, mari de Mme Sarah
Bernhardî (L, 224). — Les journaux
racontent que la célèbre artiste doit pro-
chainement donner quelques représenta-
tions en Grèce. A ce sujet, elle a dû s'en-
tendre avec M. Damala, maire du Pirée,
à la famille duquel la grande Sarah est
alliée, ajoutent les papiers publics.
Est-ce que ce fait divers ne répond pas
à la question posée le 20 août dernier ?
A. S..E.
Projet de mariage de Gambstfca
L, 445). ~ La personne dont il est parlé
dans ce billet doit être celle que les amis
de Gambetta ont tous connue. Discrète,
de parfaite éducation, elle a su conserver
dans la retraite une grande dignité. Elle
se nommait Léonie L.
C'est d'elle qu'on a dit qu'il avait reçu
le coup de pistolet dont il est mort, ver-
sion absolument controuvée ; Gambitta
est mort d'un simple accident, pour avoir
examiné un revolver chargé sans pren-
dre les précautions d'usage. V.
*
* *
La personne dont il était question,
lorsqu'on a parlé d'un mariage pour
M. Gambetta, en 1881, n'était autre que
celle qu'on a dit lui avoir, plus tard, tiré
un coup de pistolet, des suites duquel il
serait mort, c'est-à-dire Mme L., d'une
famille de Bordeaux.
Un fils de cette femme a passé par une
université allemande. Scio Well.
Gatayes (Antoine et Léon) (L,224,
409, Ç18) — Je remercie bien notre con-
frère Candide qui m'a fourni le texte de la
lettre que je recherchais pour une réponse
qu'il a rendue inutile.
CÉSAR BlROTTEAU.
Comtesse de Genlis (L, 500). — Le
texte suivant, que je crois peu connu, et
que je possède, se rapporte peut-être à
l'Album de 70 feuilles de plantes peintes
à l'aquarelle par Mme de Genlis :
« La Botanique historique et littéraire,
« suivi d'une nouvelle intitulée '< Les
« Fleurs, ou les Artistes » ; à Londres
^< chez Colburn, 181 1, »
ln-i2, 2 tomes de vii-240 et 238
(pages). Mon exemplaire est relié en 2
volumes. M. C.
J. Lafcn Labatut (L, 176,410). — En
ce temps-là, (vers i845)ilsepubliaitàlafm
de chaque année des almanachs très inté-
ressants : VÂIiiiaiiach populaire, Pagnerre,
éditeur, était de ceux-là. Celui de 1846
contient un long et curieux article inti-
tulé Joseph Lahaiiit^ signé Alfred Pourchel,
et se terminant par deux poésies : Ma
mère et A un enfant. Le volume Insomnies
et regrets n'étdXt pas encore publié.
Bien que certaines parties de cet article
soient répétées dans la préface de M. Pel-
lissier,il contient des détails et des obser-
vations qui pourront être utiles à tous
ceux qui s'intéressent au poète aveugle.
Eugène Baillet.
Lafitte de Pslleport (XLVlll, 892 ;
XLIX, 79, 192). — Il me semble, qu'au
point de vue historique, il y a encore
plus d'un « coin obscur » à éclaircir dans
la carrière du pamphlétaire Anne-Gédéon
Lafitte, marquis de Pelleport (ou Pelle-
N* 1056
L'INTERMEDIAIRE
635
636
porc, ou Pellepore, mais c'est Pelleport
que l'on trouve dans la plupart des ou-
vrages qui le mentionnent).
Plusieurs Lafitte-Pelleport ont joué, au
cours de la Révolution, comme on va l-:
voir, des rôles subalternes et quelquefois
équivoques, et il se pourrait que quel-
ques-uns d'entre eux n'aient été autres
que le sujet de cette notice.
Michaud fait naître Anne-Gédcon vers
1755, à Stenay, dit qu'il fut sous-lieute-
nant d'infanterie et se dégoûta bientôt de
la carrière des armes. M. Alf. Bégis nous
apprend qu'il fut réformé comme officier
des troupes coloniales : et nous mention-
nerons, en passant, que VFhit /jiililaire
de 1789 porte un « Laffitte-Pelport »
comme capitaine en second de grenadiers
au Réoiment de Vivarais. Si Anne-Gé-
déon fut bien effectivement embastillé de
1786 à 1788, l'officier de Vivarais ne
pourrait être qu'un frère ou un parent.
Laissant de côté les Petits soupers et les
Nuits Je l'hôtel de Bouillon le Diable dans
un bénitier, et autres œuvres « gaillardes »
du pamphlétaire, ainsi que son existence
agitée avant la Révolution, nous arrivons
à une discussion de l'Assemblée Législa-
tive du 14 février 1792. Ce jour-là, « un
« courrier extraordinaire de la ville de
« Stenay » (lieu de naissance d'Anne-Gé-
déon) « entre dans la salle et remet un
« paquet à M. le président... M. Pelle-
« port, courrier du cabinet des Tuileries,
« a paru suspect à la municipalité de
v< Stenay. Il a été arrêté et emprisonné
« malgré ses réclamations. Il écrit à
« M. Delessart. ministre des affaires étran-
« gères, pour lui donner avis de ce re-
« tard ; il envoie la lettre sous le couvert
« de l'Assemblée nationale, afin qu'elle
« ne soit pas arrêtée. L'Assemblée fait
« porter la lettre à M. Delessart par un
\< huissier ».
A la séance du 17 février suivant, le
Comité diplomatique fit savoir à r.A.ssem-
blée « que les frères Pelleport étaient
« réellement chargés d'une mission de la
« part du gouvernement qu'ils avaient
« des passe-ports en règle », et que
c'était à tort qu'ils avaient été arrêtés
arbitrairement par les municipalités de
Stenay et de Neuville. Le Comité propo-
sait que l'Assemblée décrétât que « MM.
a Pelleport et Lemblay seront élargis sur
« le champ, et que le scellé mis sur les
« effets de M. Pelleport sera levé ». Il
s'ensuivit une longue discussion, car,
au sein du Comité diplomatique, il y
avait eu de vives réclamations. Brissot
avait dit à Delessart : « Vous saviez,
Monsieur, que M. Pelleport était un par-
fait aristocrate ; pourquoi donc l'cnvoyez-
vous aux émigrés.^» Delessart avait ré-
pondu : « Si j'avais envoyé un patriote,
les ennemis auraient pu s'en défier. »
Saladin déclara que « la nation toute en-
'^ tièrc doit savoir l'objet de la mission
« de MM. Pelleport. »
Brissot lit savoir que « MM. Pelleport
étaient employés à Coblentz lors de l'éva-
sion du Roi », et Grangeneuve '< que le
'ï: ministre des affaires étrangères... ne
« faisait aucun fond sur la probité de
« MM. Pelleport », et qu' « ils pourraient
« donc être véritablement des traîtres ».
L'Assemblée passa à l'ordre du jour.
{Moniteur, 1792, n°^ 47 et 49).
Est-il téméraire de supposer qu'un de
ces deux agents, semi-royalistes et semi-
constitutionnels, pouvait bien être Anne-
Gédéon t
Un peu plus tard, en juin 1793, M.
Chu guet (dans son ouvrage sur le siège
de Valeiiciennes) nous montre le ministre
des affaires étrangères, Tondu-Lebrun,
employant un agent occulte, le marquis
de Lafiltte-Pelleport, qui se cachait à Chi-
rnay sous le nom de Dona. Le Brun pro-
posait de l'envoyer à Bruxelles pour en-
tamer des négociations avec l'Autriche.
Ce Pelleport écrivait, le 6 juillet 1793,
que la popularité de Custine était dange-
reuse pour la nation : « le monarchisme
de l'armée ajoutait-il, mange le républi-
canisme de l'Etat «. Un agent fut envoyé
à Rocroy, pour donner à Dona (Pelleport)
des instructions précises ; « mais le 1 1
août, des dragons de Cobourg arrêtaient
Dona et saisissaient ses papiers. »
Laissons ce Laffitte-Pelleport (dont il
n'est plus fait mention) aux mains des
Dragons de Cobourg et transportons-
nous sur les bords du Rhin, un peu
moins de deux ans plus tard.
En juin 1795, à Steinstadt où campait
alors l'armée de Condé, nous retrouvons
un Laffitte-Pelleport, et. cette fois-ci, le
comte Gérard de Contades n'hésite pas à
reconnaître en lui Anne-Gédéon, le pri-
sonnier de la Bastille. Notre pamphlé-
taire, devenu membre de l'armée de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1904 ,
637
638
t
Condé, contribue à fonder à cette époque,
à Steinstadt, l'Académie des Condéens ;
bien plus, il est un des piliers de cette
institution littéraire. Il écrit un poème
sur la défense de Maëstricht contre les
troupes républicaines, ce qui permet de
supposer qu'il s'était trouvé parmi les
émigrés qui défendaient cette place (fé-
vrier-mars 1793). Pendant quelques mois.
il semble avoir été la coqueluche des
beaux-esprits de l'armée de Condé. Le
27 juin, « on montre aux Princes, qui
visitaient le camp, des vers écrits par
Pelleport sur un cabinet de verdure dans
le genre anglais, fait par dix sept de no-
tre compagnie » {Journal de Jacques de
Thibault). Le 16 juillet, le Prince de
Condé (qui ne hait pas les lettres : on
assure même qu'il n'est pas sans préten-
tions personnelles à ce sujet) revient au
camp, demande Laft'itte de Pelleport et
lui dit « des choses obligeantes ». Le 30
juillet : .'^ Laffitte, étant de garde ce ma-
tin, a fait des vers sur le départ du duc
de Bourbon ». Mais, dès novembre 1795,
Pelleport quittait lui-même l'armée de
Condé pour se rendre aux Etats-Unis, à
Philadelphie, où l'appelait l'affection
« d'une sœur chérie ». Le départ du plus
bel ornement de la « Condéichère » fut
un grand coup pour l'Académie naissante
et donna lieu à plus d'un « adieu poé-
tique ». Mais c'est ici que les affaires
s'embrouillent. Le comte Gérard de Con-
tades, dans Eiuiorés et Chouans, p. 190,
ajoute que, quelques semaines après son
arrivée en Amérique. Pelleport mourut
de la fièvre jaune D'un autre côté. Mi-
chaud ne le fait mourir à Paris que vers
1810.11 y a donc une erreur quelque part.
Est-ce le même Pelleport qui, d'abord
pamphlétaire et prisonnier d'Etat, a été,
en 1792, agent de Delessart à Coblentz,
puis, en 1793, agent de Tondu-Lebrun
auprès des Autrichiens, et qui, arrêté
par ces mêmes Autrichiens, aurait « chan-
gé son fusil d'épaule » et serait devenu
sans grand effort, le littérateur Condéen
de 1795 ? Les conjectures sont autorisées,
jusqu'à ce qu'un érudit collègue soit venu
remettre les choses au point.
S. Churchill.
Mademoiselle Legallois (L, 501).
— Un de mes collègues de la Société his-
torique du xvi*^ arrondissement me disait
dernièrement que le maréchal de Lauris-
ton était mort subitement dans les bras
de sa maîtresse, rue du Bel-Air.
Depuis 1864, cette rue a reçu le nom
de rue Lauriston. Curieuse coïncidence I
C. Chandebois.
*
Amélie-Marie-Antoinette Legallois, née
à Paris en 1804, entra de bonne heure à
l'école de danse de l'Opéra, fit ensuite
partie du corps de ballet, puis débuta
comme sujet, le 6 septembre 1822. dans
le ballet de Clan\ dont elle joua le rôle
principal, créé avec éclat par Mlle Bigot-
tini. Extrêmement jolie et douée d'une
taille avantageuse, elle ne fut pas sans
obtenir quelque succès, et joua ensuite
Nina, CefidiiUon, Aline, le Page incons-
tant, puis créa différents rôles dans la
Somnambule, la Belle au bois dormant^
Manon Lescaiit, la Fille du Danube, l'Or-
gie, etc.
Elle était beaucoup plus remarquable,
dit-on, comme mime que comme dan-
seuse, réel avantage à une époque où le
ballet d'action, aujourd'hui si fâcheuse-
ment délaissé à l'Opéra, exigeait des dan-
seurs qui fussent en même temps des
comédiens. C'est cet avantage qui lui va-
lut l'occasion de jouer assez fréquemment,
et avec succès, le rôle de Fenella dans la
Muette de Poitici. Un chroniqueur s'ex-
primait ainsi, en 1831, sur le compte de
Mlle Legallois :
Cette jolie personne a beaucoup d'ex-
pression, de mobilité dans la physionomie.
Sa pantomime est parlante : c'est le meil-
leur éloge qu'on puisse en faire. Elle a
obtenu récemment un succès complet dans
l'Orgi;. Comme danseuse, elle est ultra-
médiocre. Mlle Legallois est célèbre par la
fatalité qui pèse sur ses amants. Elle en a
déjà mis trois au tombeau, deux par déses-
poir amoureux, le troisième, M. le marquis
de L , maréchal de France, par... (Voir
les détails sur ce dernier accident dans le
Figaro de l'époque).
Mlle Legallois disparut de l'Opéra vers
1840. Arthur Pougin.
Les caractères pby?-iques de
Leibnifz (L, 174). — Lire V Eloge de
Leibnit:( dans les œuvres de Fontenelle
(Eloges des membres de l'Académie des
Sciences). Tous les renseignements deman-
dés par A. B. X. ne s'y trouvent pas, mais
certaines particularités qui ont bien leur
intérêt. d'E.
N* 1056.
L'INTERMEDIAIRE
659
640
Prononciation du ncm de Mon-
taigne (L, 166, 249, 297, 341, 470, 521).
~ Le marquis de R... ambassadeur de
France, propriétaire actuel du château de
Montaigne par la Motte Montravel (Dor-
dogne) qui a appartenu à l'auteur des
« Essais » prononce Montagne.
Tabac,
« Nof.iCR sur îa comtesse de Mu-
iissac » (L, 390). — L'auteur de cette
plaquette est M. Edouard Delessert. C'est
une simple fantaisie, sans clef. Elle n'est
pas citée au Manuel de Vamaleur de livres
du XiX^ siècle à l'article de Delessert.
Alexandre de Méréville.
Denis-NicoloS du Puget (XLVIII ;
XLIX ; L, 521). Je remercie bien M. le
vicomte de Caix de Saint-Aymour de sa
réponse qui me permet enfin de savoir à
aquelle des familles du nom de : du
Puget rattacher le comte Denis-Nicolas,
qui formait objet de la question.
La « salade » de toutes les familles du
Puget, qu'il reproche au baron de Saint-
Alban, se trouve dès 1664 dans le Palais
de la Gloire du P. Anselme, qui fait des-
cendre toutes les familles de ce nom (en
Provence, en Languedoc, en Picardie) du
même auteur : Guillaume de Claustra!,
cadet de la maison de Sabran, qui vivait
en 1225, mari de Béatrix de Claustral,
dame du Puget, qui avait épousé d'abord,
en 1203, André de Bourgogne, Dauphin
de Viennois, dont elle avait été séparée à
cause de parenté.
M. le vicomte de Caix de Saint-Aymour,
qui connaît si bien les du Puget, pourrait-
il me dire si la famille de ce nom, qui
existe encore, et dont les dernières allian-
ces sont avec les familles : Aubert de
Montoviller, Sanson, de Bicquilley, de
Cambourg, Espiventde la Villeboisnet.de
Ribes, a quelque rapport avec quelqr.'une
de celles dont il parle dans sa réponse t
G P. Le Lieur d'Avost.
Une habitation da Voltaire (L, 4,
277, 473). — L'hôtel possédé par Vol-
taire, du 27 avril 1778 jusqu'à sa mort
(30 mai 1778), comme l'a dit M.Vitu [La
Maison de Molière) occu])2M l'emplacement
du 102 actuel de la rue de Richelieu, plus
une languette d'environ 6™ de façade, qui
a été cédée au 104, lorsque les corps de
bâtiments sur la rue ont été reconstruits.
La \ ente consentie le 27 avril 1778,
devant Dutertre, par Rolland de Villar-
ceaux (Rolland est un patronymique') à
Voltaire et à sa nièce Louise Mignot « est
faite viagèrcment sur leurs têtes, et celle
du survivant d'entre eux >/. Elle consis-
tait « en une maison que le vendeur avait
fait construire sur le terrain de basse-
cour et dépendances d'une maison » le
tout acquis du marquis de Bussy, le 9
mars 1777- L'achat fait par Voltaire et sa
nièce s'élevait à la somme de 40 000 fr,
La propriété vendue tenait d'un côté au
vendeur (104) et de l'autre à la dame de
Saint-Julien (100). C'était, à enjuger par le
prix, une maison des plus modestes,
n'ayant aucun rapport avec le superbe
hôtel de Villarceaux que celui-ci vendit
plus de 500.000 fr. devant Duclos,le28
juillet 1784, seulement, à Joseph du
Ruey.
Cette vente comportait deux grandes
maisons « ou hôtels scizes à Paris rue de
Richelieu, l'un appelé le grand hôtel,
l'autre la petite maison, lesquelles deux
maisons ne faisaient qu'une, la petite
ayant été construite sur partye du terrain
de la grande ».
Les plans achetés par M. Cousin et qui
font partie de la Bibliothèque de la ville
de Paris, comprennent :
4 dessins à l'encre de chine, au net,
non signés, et sans mentions ;
4 minutes à l'encre de chine. sans men-
tion, signés D. V/ (deWailiy) 1774 ;
I croquis avec la mention au dos :
Maison de M. Voltaire et de Villarseau,
rue de Richelieu ;
4 plans de distribution, teintés en
rose, ni signés ni datés.
Sur ces plans, on a ajouté postérieure-
rement des mentions indiquant que l'hô-
tel avait appartenu à Voltaire.
Sur trois d'entre eux. les ajoutés ne
sont pas à l'alignement normal et sont
d'une encre plus pâle ; sur le 4e,à travers
le grattage et les surcharges, l'on voit
très nettement à la loupe qu'il y avait, au
lieu du nom de Voltaire, le nom de Vil-
larceaux.
C'est donc un faux manifeste en tant
qu'attribution, du'on se rappelle, au sur-
plus, que Voltaire ayant possédé, quelques
semaines seulement, l'immeuble du 102,
n'a pas eu le temps matériel d'en faire
DES CHERCHEURS ET CURîEUX
641
642
30 Octobre li;o4.
faire les plans et encore moins de les faire
exécuter. Une simple vue des plans ne
permet pas de douter que l'hôtel repro-
duit ne pouvait être vendu 40.000 fr.
Ces plans visent manifestement un
immeuble à construire ailleurs que sur le
terrain du 102, peut-être sur partie du
104 et comme ils ont été faits en IJ774, ils
ont été faits pour le marquis de Bussy,
qui a dû les remettre à M. de Villarceaux
en lui vendant l'iiôtel. Ont-ils été exécutés?
Ce document faux est la cause de la
légère erreur de M. Vitu qui, du reste,
pour ne pas être trop affirmatif, a englobé
plusieurs immeubles dans .la même ori-
gine de propriété.
A peu près à la même époque, la nièce
de Voltaire faisait une spéculation de ter-
rains qui aurait pu prêter à une certaine
confusion sur l'emplacement de la mai-
son acquise par Voltaire, si l'on n'avait
pas retrouvé l'acte authentique de l'hô-
tel de la rue de Richelieu.
Le 9 janvier 1779, ^^ ^^^"^^ Charles Mi-
chel, marquis de Villettc, chevalier de
Saint-Louis, ancien maréchal général de
la cavalerie, à titre d'échange avec la terre
de Ferney, cédait, devant M'= Raffeneau,
une annexe (3 actuel de la rue du Mail)
de 1 hôtel de Villarceaux(i rue du Mail) à
Marie-Louise Mignot, veuve de Nicolas-
Charles Denis, écuyer, capitaine au régi-
ment de Champagne, chevalier de Saint-
Louis, commissaire ordinaire des guer-
res. Et, coïncidence singulière, peu de
temps après son achat, Louise Mignot
revendait cette propriété à Joseph du
Ruey, celui précisément qui acheta, en
1784, l'hôtel Villarceaux de la rue de
Richelieu.
Le Wattin de 1789 confirme bien, du
reste, l'identité de la maison de Voltaire.
Nous vo}-ons en effet :
No 83Vime de Saint-Julien.
84 M.Duvivier et Dlie Denis(Veuve)
son épouse, nièce de M. de Vol-
taire.
85 M. Duruey, secrétaire du Roi,
banquier de la cour pour les affaires étran-
gères.
D'après les sommiiers des biens natio-
naux, M. Vitu aurait fait une erreur dans
le num.érotage sectionnaire, le 104 cor-
respondant au 152 (et non 153) et le 102
au 153 (et non 1:541.
En l'an II, le 102 était estimé par les
domaines : 72.000 fr., en assignats, bien
entendu, et l'Hôtel Villarceaux, 2 16.000 f.
Ils furent restitués l'un et l'autre aux
héritiers de du Ruey condamné, (arrêté de
la commission des finances de la Conven-
tion, du 16 fructidor, III).
J. G. Bord.
Le plus çrand ex-libris (XLIX,
564,652, 751, 876). — Le plus grand
ex-libris français ancien, est celui de la
famille Perrot de Fercourt (Suisse, Cham-
pagne, Ile de France, Lorraine! ; il mesure
300 mil. de haut sur 326 de large. Il date
du xvu'' siècle, c'est une pièce héraldique
des plus curieuses. A. Saffroy.
Eiblioîhèque du baron de Gueme
(L, 502). — Pour avoir des renseigne-
ments sur la bibliothèque du baron de
Guerne, ancien maire de Douai, M. P.
Simpon pourrait sans doute s'adresser
utilement à M. Rivière, bibliothécaire
actuel de la ville de Douai, qui sem.ble
bien placé pour être informé sur cette
question. A. Pé
*
* *
La bibliothèque du baron Frédéric de
Guerne a été conservée par son fils, le
baron Jules de Guerne, 6, rue de Tour-
non. Paris. ÎSKATEL.
Des vers de Dumas père à retrou-
ver (L, 497). — Asselineau cite, p. p.
76-77 de la 2*^ édition de son livre, un
sonnet de Fontaney écrit en marge de
l'exemplaire de Ronsard donné par Sainte-
Beuve à Victor Hugo et adressé à celui-ci
au moment où il venait de refuser l'indem-
nité que lui offrait le ministère, en com-
pensation du refus de laisser jouer Marion
Delorme.
Asselineau fait remarquer, p, iio du
même volume, que Dumas père a écrit
également sur les marges de l'exemplaire
du Ronsard et à l'occasion du même évé-
nement, une longue pièce en vers libres.
Il ne cite pas les vers de Dumas et renvoie
au Tableau de la poésie française au xvi'
siècle dt Sainte-Beuve, p. 315 de l'édition
Charpentier, et au n° 4 de la r" année de
la Correspondance littéraire de Ludovic
Lalanne. je crois que ces deux ouvrages
n'ont cité que des fragments de la pièce en
question. Martin Ereauné.
N. 1056.
L'INTERMÉDIAIRE
643
*
* *
Les vers en question ont été réimpri-
més dans le volume intitulé : La couronne
poétique de Victor Hugo, paru en 1902,
chez l'éditeur Fasquelle.
Spûei.berg de Lovenjoul
Un air et une chanson de l'Em-
pire à retrouver (XXXVlIIj. — Au-
jourd'hui seulement je suis en mesure de
répondre à la question posée le 30 août 1 898
— il y a six ans ! — par M. le comte B.
Notre aimable confrère apprendra enfin
avec plaisir — ses actives recherches
ayant été si longtemps infructueuses —
que les paroles et l'air que fredonnait Na-
poléon à Austerlitz « en vo}'ant avec joie
les Russes arriver peu à peu au point où
il voulait les amener en manœuvrant » :
Ah, ah, ah, comme il y viendra
n'appartiennent pas à une chanson de
l'Empire, mais sont tirés de la scène ix®
de Rose et Colas, comédie, prose et mu-
sique, de Sedaine, représentée pour la
première fois par les Comédiens Italiens
ordinaires du Roi, le 8 mars 1764.
A. S.. E.
Catalogues pour v^-nte de vieux
livres (XLIX; L, 91,201, 310, 426, 527,
589). — M. Eugène Grécourt veut-il me
permettre de rectifier et de compléter ce
qu'il a dit de Jacques Lackington ? Ce
n'est pas pour augmenter les bénéfices de
son com.merce, mais pour sauver celui-ci
de la ruine que le libraire de Finsbury
Square fit, comme d'ailleurs bien d'autres
commerçants, frapper des pièces de 1/2
penny à son effigie, lors de la grande
crise monétaire qui sévit en Grande-Bre-
tagne — à l'égale de celle de la France — ,
à la fin du xviii* siècle. J. Lacicington se
fit représenter de face, de trois quarts à
gauche et de profil ; il existe vingt va-
riétés de ces pièces qui sont décrites dans
Tl}e Tradcsmens Tokcns of the eighieeuth
Ceniury, par James Atkins. Le type prin-
cipal du revers est une Renommée ou
Vulcain forgeant des armes.
Ces tokens émis par des particuliers
étaient remboursables en monnaie royale
dans certains lieux indiqués généralement
sur la tranche de ces pièces ; ceux de J.
Lackington l'étaient à Londres, Liverpool,
644
Bristol, Birmingham, Swansea, etc., ce
qui prouve que son crédit commercial
était solidement établi ; on trouve même
cette légende poétique : payable at the
TEMPLE OF THE MUSES !
PiCAILLON.
La couverture imtjrimée des li-
vres brochés (T. g' 247 ; XXXVII ;
XXXIX ; L, 478, 526). — Un alma-
nach de 1801, intitulé Li Postillon de
la paix ei et de la guerre, a sa couver-
ture illustrée ; il est vrai que ce n'est
pas une couverture, le texte commen-
çant a la page 2, et que ce n'est pas un
livre dans Tacception du mot.
duant à la dernière question de M. F.
Brivois, tout d'abord il faut bien faire
attention que l'expression « gravure sur
bois » a fini par devenir à peu près syno-
nyme de gravure en relief, à cause de la
difficulté, sinon de l'impossibilité, de re-
connaître si une image est produite par
un relief en bois ou un relief en cuivre,
et cela dès le xvi- siècle où bon nombre
de gravures prétendues sur bois, et pres-
que toutes ies tètes de pages, fleurons et
lettres ornées, destinés à un service plus
fréquent, sont gravés en relief sur cuivre,
ou peut-être même sont des clichés en
alliage comme les caractères typogra-
phiques.
Ceci dit, et pour en revenir à Duplat,
je ne sais s'il était graveur en bois. C'est
probable si Mérimée parle de son talent
pour découpei le bois ; mais ce n'est pas
ainsi qu'ilest connu, mais bien pour avoir
produit des gravures chimiques en relief
sur pierre.
On sait que c'est en voulant, en 1796,
de cette façon, reproduire de la musique,
ce qui ne lui donna pas un bon résultat,
que Senefeider aboutit à l'invention de la
lithographie
Cette tentative fut poursuivie par Du-
plat qui, pour cet objet, prit un brevet à
la date du 27 avril 18 10, mais il s'en
occupait peut-être déjà en même temps
quo Senefeider, car je connais une petite
vignette servant de frontispice à une bro-
chure sur les victoires des années Je la Ré-
publique publiée en l'an lit, qui est signé
Dugoure et Duplat et qui parait due à un
autre procédé que la gravure sur bois.
En iSot, la Société d'encouragement
voyant la rénovation de la gravure sur
boi-^ qui se produisait en Angleterre, pro-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Octobre 1904,
645
posa un prix de 2.000 fr,, pour stimuler
les graveurs sur bois français ; malheu-
reusement il n'y en avait plus ! Huault,
le dernier, était probablement mort, et
Godard d'Alençon n'avait encore que huit
ans. Duplat concourut avec des gravures
en relief, mais sur pierre, obtenues moi-
tié chimiquement, moitié manuellement ;
il reçut un encouragement, mais le rap-
porteur, qui était déjà Mérimée, déclara
que le but n'avait pas été atteint.
Le concours fut prorogé jusqu'en 1808
et en 18 10. Alors, Duplat se représenta
avec ses mêmes procédés améliorés et
obtint le prix (V. Histoire de la gravure
sur bois^ par Ambroise Firmin Didot).
C'est alors qu'il fit pour A. A. Renouard
les Fables de La Fontaine^ et quelques
années plus tard, un grand nombre de
figures pour une Histoire de T ancien et du
nouveau Testament publiée à Tours, sans
date, par les frères Marne.
Mais les procédés de Duplat ne donnè-
rent jamais d'aussi bons résultats que les
gravures manuelles sur bois ou sur cui-
vre, et lorsque d'habiles graveurs anglais,
tels que Thompson et autres, vinrent à
Paris, leurs œuvres contribuèrent à l'a-
bandon de la gravure sur pierre.
Gabet, dans son Dictionnaire des artis-
tes au XIX" siècle ne fait aucune mention
de Duplat sur lequel on ne trouve que
quelques lignes dans les auteurs qui se
sont occupés des procédés typographi-
ques.
La recherche de la gravure chimique
en relief sur pierre fut pourtant reprise
par Paul Dupont, alors imprimeur à Pé-
rigueux, par Girardet et par Tissier
( sous le nom de Tissierographie) lesquel-
les obtinrent de meilleurs résultats et
produisirent, à partir de 1840, un grand
nombre d'illustrations qu'on appelle sou-
vent figures sur bois, de même que celles
obtenues plus tard par le procédé Gillot
(paniconographie, ou gillotage) et par la
photo-zinco-gravure actuelle.
J.-C. WlGG.
Une inscription latine à traduire.
Vers rétrogrades (XLVI ; XLVII :
XLVIll ; XLIX, 38) — Les remarques
des confrères Gros Malo et Y. Z. , en ce
qui concerne le mot Roma^ sont parfaite-
ment justes au point de vue versification:
l'a est bref. Mais si l'on veut trouver un
646 —
il faut
sens a ce vers, il laut n'en pas tenir
compte, car avec Ronia vocatif, tibi de-
vient le régime de ibit^ ce qui ne se peut,
grammaticalement.
Au confrère Y. Z., je répondrai en
outre que c'est l'auteur de la question
(XLVI, 912), qui lui-même a présenté ces
deux vers comme un distique. Le disti-
que latin se compose, il est vrai, d'un
hexamètre et d'un pentamètre, mais le
distique, en général, consiste, avant tout,
en deux vers consécutifs dont la réunion
est nécessaire pour former un sens com-
plet. Or, je me suis toujours demandé si
c'était bien le cas pour les deux vers dont
il s'agit, m'appuyant d'ailleurs sur un
passage de Sidoine Apollinaire, qui les
cite l'un après l'autre, mais en les sépa-
rant.
Pour conclure, et après mûr examen de
tout ce qui a été dit ici sur ce sujet, il me
semble rationnel d'admettre que l'auteur ou
les auteurs de ces deux vers, ayant voulu,
avant tout, faire un tour de force prosodi-
que, n'ont pas craint d'altérer les accents
des mots Roma et^r(r/^,enlaisbantau lecteur
le soin, d'ailleurs facile, de les rétablir lui-
même pour donner un sens à la phrase,
absolument comme nous altérons l'ortho-
graphe lorsque nous voulons faire un
calembour. Qiiant à obtenir une traduc-
tion satisfaisante en respectant la mesure
de ces vers, la chose ne me paraît pas
possible ; c'est pourquoi je me vois forcé
de maintenir ma traduction, faute de
mieux ; elle ne s'oppose nullement d'ail-
leurs, à ce que l'on considère ces deu.K
vers comme indépendants. O. D.
Vers équivoques (T. G., 920;
XXXVIII ; XLVil). — Le hasard de mes lec-
tures m'a faittrouverdans la Grammaire des
Grammaires de Duvivier, le vers suivant :
Le daim sur les rochers y paît en bondissant.
(Roucher, Poème des Mois. Décembre).
Ce vers est analogue au suivant, qui a
été cité dans l'Intermédiaire, je n'ai pu le
retrouver :
La vache paît en paix dans de gras pâturages.
Docteur Cordes.
Vers tragiques ridicules(T.G. ,920 ;
XXXV; XXXVI ; XLVIII).— Un ophêlète,éru-
dit et obligeant, pourrait-il me dire où se
trouvent les deux vers suivants, que notre
N» 1056.
L'INTERMÉDIAIRE
647
648
professeur de rhétorique au Lycée de
Lyon, attribuait en 18159, 2' "'''^ mémoire
me sert bien, à Racine?
As-tu pu, cher amant, me causer tantd'aL;rmes 1
J'ai trop été, Madame, amoureux de vos charmes.
La question a déjà été posée(XLVII,434),
mais elle n'a pas reçu de réponse à ma
connaissance.
Oserai-je poser de nouveau la question :
Où se trouve le vers suivant, attribué, je
crois, par le même professeur, à Racine ?
Ma plus grande fureur fut celle de l'aimer.
Ce vers a été cité (XXXIII, 98), sans
mention du nom de l'auteur.
Docteur Cordes.
« Lettr-^s sur 1-^ Salon de 1834 »
(L, 279). — Un libraire-antiquaire de
Reims, honorablement connu, M. F. Mi-
chaud, nous écrit qu'il possède un exem-
plaire de ce même ouvrage qui contient,
en plus du titre imprimé, anonyme,
signalé par nous, un titre et un faux-titre,
gravés, ornés d'arabesques, et qui donnent,
eux, le nom et l'adresse de Tauteur même
du volume : « M. Hilaire. L. Sa^erac.
A Paris, cJu'i l'Auteur^ rue de la Rochefou-
cauld^ n° 24 et chez Engelmann et Cie,
Cité Bergère, n° i. — 1834 ».
11 est assez vraisemblable que ces titre
et faux-titre gravés, firent partie d'une
seconde émission, postérieure de date à la
publication première du volume.
Ce qui nous le donne à croire, c'est que
nous avons acheté autrefois notre exem-
plaire, bien complet de toutes ses plan-
ches hors texte, broché, non coupé, non
rogné, à l'état vierge, avec son seul titre
imprimé, anonyme, chez un maître li-
braire, d'une haute réputation, M. Auguste
Fontaine, passage des Panoramas, lequel
assurément se fût fait un scrupule de lais-
ser sortir de sa maison, sans en avoir
signalé, au préalable, l'irrégularité, un
livre incomplet et défectueux par suite
d'un manque de double titre,
Ulric R.-D.
L'origine des mots « chic » et
« micmac » (T. G.,204,588; L, 313,434,
482, 536, 594). — 11 parait qu'il y a des
intermédiairistes qui s'effarouchent de ce
qu'on puisse attribuer une étymologie
allemande à certains mots d'origine dou-
teuse, et qu'ils s'en effarouchent au point
de gratifier les partisans d'une telle éty-
mologie de l'épithète de deutschticoieurs !
D'après l'un d'eux, le vilain petit mot de
mic-mac serait d'origine hellénique, et les
alchimistes en seraient les introducteurs
dans la langue française !
J'objecterai, sans recourir aux épithètes
malsonnanîes, qu'il est naturel de suppo-
ser et de soutenir que le contact tant de
fois séculaire entre deux grands peuples
voisins a dû favoriser un échange de ter-
mes et de locutions de leurs vocabulai-
res.
Est-ce que les mercenaires allemands
connus sous le nom de lansquen«ts, rei-
très, suisses, qui ont guerroyé dans les
rangs des armées françaises, du xv^ siècle
jusqu'à la Révolution ; est-ce que les con-
tingents allemands des armées napoléo-
niennes n'auraient pas laissé quelques
vestiges de leur langage parmi nous ?
Est-ce que nos propres soldats qui ont
foulé en tous sens les pays d'Outre-Rhin
n'en auraient pas rapporté quelques bri-
bes d'allem.and .'*
En voilà plus qu'il n'en faut pour jus-
tifier l'attribution à l'idiome allemand
d'un terme de jargon, plutôt que de le
faire remonter à l'antiquité grecque.
Si la langue française rebelle aux voca-
bles étrangers, n'en a admis qu'un nom-
bre restreint, la langue allemande, en
revanche, fourmille d'expressions françai-
ses ; ce qui montre bien qu'il y a eu une
certaine pénétration réciproque des deux
idiomes ; et de nos jours cette pénétration
se poursuit encore. Léon Sylvestre.
* »
Du Figaro :
Sait-on que le mot chic, auquel l'Acadé-
mie vient d'accorder ses lettres de natura-
lisation, est d'origine allemande et, selon
toute vraisemblance, a été importé en
France, par nos soldats, au cours de la
guerre de Trente ans ?
Le mot schick avait alors en Allemagne
le sens qu'il a chez nous aujourd'hui. Rap-
pelez-vous la sixième scène de la première
pièce de Schiller dans sa trilogie de \Vallens-
tein. Le poète introduit dans le théâtre un
vaguemestre et deux cavaliers. Les cavaliers
se vantent de leurs prouesses et de leurs
fredaines et se flattent que la postérité en
parlera pendant des siècles.
Le vaguemestre répond avec dédain :
«Faut-il parler de ces choses? Ce n'est
pas la vie de bombance qui fait le soldat. Il
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
649
lui faut du temps pour acquérir son esprit
et son schick. »
Le mot schick est évidemment un mot
patois : c'est l'abrégé de gcschick, qui veut
dire « avoir une belle tournure, une belle
façon ». 11 n'est d'ailleurs pas usité, en
Allemagne, dans la bonne société.
Origines du mot boulotter (XLIX,
279,542. 604, Snj. — Rappelons, en atten-
dant plus ample informé, que dans la
boulangerie parisienne il y a une sorte de
pain que l'on nomme : « pain boulot >^,
bien qu'il n'ait pas, ou n'ait plus, la forme
arrondie en boule qui pourrait justifier
son nom.
Peut-être vaudrait-il mieux rattacher ce
terme de pain hoidot au verbe bouler qui , dans
le vieux français, signifie: enfler, gonfler.
Hatzfeld, dans le Dictiommire général, cite
la phrase « Le pain boule à la cuisson ».
La pâte bien travaillée et riche en levure,
lève ou boule bien et donne un pain bou-
lot estimé au début comme meilleur, plus
friand, et tenant la place de ce que nous
appelons aujourd'hui pain de luxe.
Boulotter parait avoir signifié d'abord :
avoir du bon pain boulot à manger, puis,
par extension, manger tout ce qui peut ac-
compagner le pain.
Quant à boulotter dans le sens de vi-
vre cahin-caha, tant bien que mal, de
vivoter, il paraît dériver de boule, ou
mieux du jeu de boule où parfois l'on
boiiloite c'est-à-dire on pousse sa boule
doucement ou dans un sens inattendu,
pour préparer un coup à son partenaire,
au lieu de jouer franc-jeu A. M.
Maçon (L, 447). — Dans le Diction-
naire des mois de la basse latinité^ de Ali-
gne, on trouve Massom en 1225 et Massa-
neria vers le même temps ; Massonerius
en 1358. Q.uoique je n'aime guère à
m'aventurer sur ce terrain, je pense que
le mot doit avoir une relation certaine
avec celui de Mansion, ou Masio, maison.
M, L. Delisle ne donne pas de texte,
mais cite d'après Lechaudé, qu'en 1247, à
Vernon, les bordiers aident les maçons et
les couvreurs en paille et préparent le
mortier. Puis en 1453 • Servir les maçons
à couvrir le manoir ; en 1454 : Servir les
mâchons et couvreurs. (La Classe Agri-
cole). On voit que le mot a servi parallè-
lement en Italie, mais n'y est pas né.
E. Grave.
650
* *
30 Octobre 1904
Larousse fait provenir ce mot du lat.
pop. wcic/o, d'origine inconnue. L. B.
Pastorienoupasteurien .?(XLV1II ;
XLIX ; L, 480). — Je regrette de voir que
M. du Sillon ne m'a pas encore compris.
fe n'ai jamais rien soutenu de pareil à
l'emploi d'une expression comme « jardi-
niers primcuristes ». Les primeurs sont,
comme les pasieurs. des choses ou des
personnes désignées par des noms com-
muns ; employez donc, pour ce qui les
concerne, des dérivés tirés du latin, vous
opérerez toujours sur le même mot. Mais
(pour mettre les points sur les i), vous ne
pouvez pas confondre M. Pasteur avec un
pasteur quelconque, et c'est ce que je
vous blâme de faire, que vous (X\s\tz pastc-
rien, pastoral, pastor eux ou autrement, car
vous n'avez pas trouvé encore en français
une règle d'après laquelle la désinence de
votre suffixe distinguerait un nom propre
d'un nom commun.
Je le répète « vous ne pouvez pas faire
les dérivés d'un nom propre avec le nom
commun d'une autre langue, qui est la
traduction de son homonyme. Ou alors
vous faites un mauvais calembour. M.
Pasteur n'est pas plus M. Pastor qu'il
n'est un pasteur.
Dans ces conditions, si des troupes
sont tout simplement employées à l'équa-
teur de la terre ou par un pays quelcon-
que qui en soit voisin, je les appellerai
équatoriales ou éqnatoriennes. Si, au con-
traire, elles appartiennent à la république
de l'Equateur, je les appellerai e'quateiirien-
71CS, l'Etat de l'Equateur n'ayant pas pour
fonction de partager la terre en deux par-
ties. Paul Argelès.
Cimer,simer(L,393,537,59i).— 5"»-
masuinter est à rapprocher du soma sanscrit,
la plante qui fournissait la liqueur des
sacrifices solennels védiques et la liqueur
qu'on en extrayait par pressurage.
Ce mot était dérivé, comme le latin
sudare suer, de la racine su, verbe qu'a
conservé le sanscrit et qui signifie pressu-
rer, dérivés sunoti, suta, siij>até, sunute.
En irlandais, suth, lait, parait avoir la
même origine.
En picard, on dit sun pour suint.
Dans le patois d'IUe-et-'Vilaine, seumer
N" 1056.
L'INTERMEDIAIRE
651
652
'emploie pour <k aspirer » par le nez un
breuvage quelconque.
Dans le patois lorrain, simcr se dit d'un
tonneau qui perd.
En wallon, suner se dit d'une liqueur,
d'une humeur qui s'écoule insensiblement.
Suneg^ suintement.
En cévenol, semar signifie extraire,
sema itiio tino^ tirer le moût d'une cuve
pour y remettre de la vendange.
|e ne prétends tirer de tout cela aucune
conclusion, me contentant de fournir pour
ma part des documents à ceux qui croi-
ront pouvoir le faire. Paul Argelès.
Prôtérir, prêter i ter (L, 6 1,479, 590).
— Comme le dit notre collaborateur, il
faut distinguer entre la dérivation latine
et la dérivation française. Le latin que
nous parlons (j'entends le français, et
l'expression est empruntée à Gaston Paris)
est si éloigné du latin primitif qu'il a une
tendance à s'en éloigner également dans
la dérivation.
L'ancien langage populaire (le véritable
fonds de la langue^ formait lui-même ses
dérivés, les dérivés tirés du latin directe-
ment sont de création savante, sortis
d'une époque et d'un milieu où l'on par-
lait et connaissait le latin classique. La
situation n'est plus la même, les besoins
non plus, et personne ne soutiendra, par
exemple, sans remonter si haut, que le
langage du siècle de Louis XIV soit suffi-
sant aujourd'hui. 11 faut des termes nets,
précis, et on n'a pas à perdre son temps
dans des scrupuleslittéraires ou classiques.
Prètérir n'a pas sa raison d'être comme
prêt éviter.
Admettra-ton que le mot solutionner
ne dit pas mieux ce qu'il veut dire que le
mot résoudre, par exemple ; est-ce qu'il
n'en est pas de même de pétitionner^
ascensionner, etc.
Qu'on se reporte à l'ouvrage de
M. Gohin sur les transformations de la
Langue française au Xf^IIP siècle et on
verra que la plupart des mots employés
maintenant dans le langage irréprocha-
ble, ont été condamnés et repoussés
d'abord par les auteurs et l'Académie.
Messieurs les puristes qui les emploient
acceptent donc l'évolution du langage
après et malgré la perfection du grand
siècle, pourquoi en serait-il autrement
aujourd'hui et à quelle date exacte s'arrête
hur pu ris fer ie ? Paul Argelès,
S'empierger (L, 282, 434,480,536).
— Le mot, dans l'acception que lui
donne ***, est usité, non seulement en
Champagne et en Picardie, mais encore
dans l'Ile de Franco. Dans une petite ville
du Laonnois, Notre-Dame de Liesse, où je
villégiature depuis plus de trente ans, on
dit quotidiennement : s'empierger.
Paul Edmond.
* *
Je ne saurais partager l'opinion parti-
culière de notre collaborateur Fustier et
je pense qu'on doit se rallier à celles qui
l'ont précédée.
Empierger est tout simplement le verbe
evipièger augmenté d'une r epenthétique.
On a donné de nombreux exemples dia-
lectaux de cette addition arbitraire, on
en trouve dans la langue ordinaire, tels
que chanvre, encre, rustre, etc.
Empicger se trouve dans Rabelais en la
phrase suivante « empestré comme la
souris empiégée » (Rab. II, 3) et dans
Diderot (IV, 18) « Le rat coupa un jour
« la maille qui empiégeait le lion ».
Les exemples ciiés par notre confrère
ne sont pas concluants. De ce que la sou-
ris est enipeigéed^ns \a. poix, ceci ne prouve
pas plus que empierger ait ce mot pour
origine qu'il n'est prouvé qu'il en serait
de même d'empêtrer, parce qu'elle ne peut
s'en depestrer .
Au surplus, l'étymologie de empeiger
parait être le latin impedicare, empêcher.
Je laisse empicasser, qui ne paraît avoir
aucun rapport avec notre mot.
Le mot empige, usité dans la Côte-d'Or
pour les entraves mises aux jambes de
certains animaux, rentre bien dans notre
sens de piège, latin pcdica.
Du reste, phonétiquement, pix ne peut
donner piège ni pierge^ le ie français pro-
venant d'un e latin (voir tous les mots
qui le renferment «fier, matière, pied, tic.)
tandis que l'i latin a donné oi [boire, poil,
soif, etc.) ou e dans admettre, pêcher, etc.
quand il n'est pas resté invariable, notam-
ment dans les noms de création savante.
Paul Argelès.
Les calembours dans les dénomi-
nations (L, 339, 481, 525, 592). — Nous
trouvons de ces calembours, à des épo-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1904
653
654
ques très différentes. Ainsi, au vi= siècle
Dcns dédit pour Théodore Dieudonné,
Adeodatus ; avec d'autres noms analogues,
à l'époque de l'empereur Justinien. Sous
François I»"", nous trouvons dans un tes-
tament le nom d'un aumônier militaire
allemand, traduit en français ; comme
Chéri de Disii^ pour Gottlieb !
Enfin de nos jours, le vin de Lieben frau-
enmilch n'est-il pas appelé le lait de nos
chères femmes, par les Allemands venus en
France ? D' Bougon.
Pharmaciens ayant été des sa-
vants (XXXIX: XL à XLV ; XLVII;
XLVllI; L, 332, 431). — A ce propos,
peut on médire s'il existe encore dans la
vieille France, des pharmaciens appliquant
eux-mêmes les remèdes en leur boutique,
comme faisaient naguère leurs ancêtres les
anciens « apothicaires .? » Par exemple, y
aurait-il encore des échoppes ou des bou-
tiques où l'on pourrait aller boire une
tisane, se faire poser un emplâtre, etc ^
G.
Les femmes célèbres qui ont
posé nues (L, 117, 318, 436, 530,
597). — J'ai omis de dire ou on a omis
d'imprimer que la Flore du musée de
Florence était l'œuvre du Titien. Au salon
carré du Louvre se trouve un merveilleux
portrait du même peintre représentant
une femme d'une grande beauté, à sa toi-
lette, et un homme tenant deux miroirs.
Ces deux personnages ne seraient autres
qu'Alphonse 1*' d'Esté, duc de Ferrare, et
Laura de Uianti, devenue l'épouse de ce
prince. Th. Courtaux.
Si mes souvenirs de Florence sont
exacts, la Flore du Titien n'est pas nue ; à
la vérité elle porte, et fort décolletée, une
tunique blanche plissée qui, sans être
transparente, laisse deviner les formes
du plus beau corps. Mais on ne peut pas
dire qu'elle soit nue comme le sont les
deux Vénus couchées de la Tribune et cel-
les du m,usée de Madrid. Si nous avons là
le portrait de Laura Diant , je ne pense
donc pas que l'on puisse compter celle-
ci parmi les femmes qui, sures de leur
parfaite beauté, ont bien voulu que l'i
mage en fût conservée sur la toile ou dans
le marbre. H. G. M.
Inhumations hors des cimetières
(XLVIll ; XLIX ;L,i9i, 316, 437, 530,601).
— Dans V Annuaire de içoj du Club Alpin,
paru récemment, on lit, p. 306 : (il s'agit
d'un voyage en Corse et des environs de
Bastia) :
Dans plusieurs jardins nous apercevo is des
édioLiles coustniits avec soin ; ce sont des
monuments funéraires. La sépulture dans les
propriétés privées, si rarement tolérée en
France, est pratiquée universellement en
Corse parla population aisée,
DE TORLA.
Pour faire suite à la note signée Emile
Faguet parue dans YInlerme'diaire,au sujet
des inhumations hors cimetières, je puis
affirmer que dans l'arrondissement de
jVielle (Deux-Sèvres) et notamment dans
les communes protestantes du canton de
La iVlothe Saint-Héray, les morts sont
inhumés dans les vergers ou les champs
appartenant à leurs familles; ce qui s'ex-
plique par la distance souvent considéra-
ble qui sépare les villages des cimetières
qui ne sont qu'au chef-lieu de la com-
mune et encore toutes les communes n'en
sont-elles pas pourvues.
Ces petits cimetières, qui contiennent
plusieurs tombes sont quelquefois clos de
murs en pierres, mais le plus souvent ils
sont bornés par des cyprès plantés aux
quatre coins.
Ce fait n'est pas rare dans ce pays poi-
tevin et je citerais certains villages inté-
gralement protestants gardant tous leurs
morts dans le jardin qui entoure la
demeure des vivants.
Et, à mon sens, il y a une saine leçon
de philosophie à tirer de ces coutumes.
Jean de Bougon.
Arbres de la liberté encore
existants (XLII! ; XLIV ; XLIX, 607.
772, 858, Q16 ; L, 24, 125, 489). — A
Aignay-le-Duc, chef-lieu de canton, de
l'arrondissement de Châtillon-sur-Seine,
département de la Cote-d'Or, il existe sur
la place, en face de l'église, un superbe
peuplier. C'est un arbre de la liberté,
planté en 1830 et qui n'a pas moins de
deux mètres de diamètre au pied et de
quatre mètres de diamètre à la ramifica-
tion des branches. E. M.
N. 105e
L'INTERMEDIAIRB
655
656
La mémoire (L, 116, 320.543). —
L'écriture a tué I.1 mémoire, j'ai eu autre-
fois, dans la Lozère, un fermier d'une
rare intelligence, mais complètement illet-
tré, il ne savait ni lire ni écrire. 11 avait
une dizaine de bergers et de valets de
ferme, et occupait en été de boà 80 mois-
sonneurs. La plupart de ces ouvriers
étaient loués séparément, les uns au mois,
les autres à la semaine, ou à la journée,
et à des salaires différents. Jamais mon
fermier ne commettait une erreur dans
ses règlements de compte. Il savait que
le no 25 loué à 3 fr. 25 la première se-
maine, à 2 fr. 75 la troisième, avait reçu
comme à compte 8 fr. 50, plus un double-
décalitre de froment et 2 kilog. de
laine ; que le n° 37 avait 92 fr par mois,
avec une avance de 27 francs ; que le n°
41 avait travaillé d'abord cinq jours à
3 fr. 150, puis deux jours à 2 fr. 25, et
avait touché un agneau estimé 11 fr. 75.
11 n'avait pas oublié que le même moison-
neur avait travaillé à la ferme cinq ans
auparavant et avait touché 127 fr. 70. Il est
évident que si cet homme avait su écrire,
jamais sa mémoire n'aurait retenu tous ces
détails, oubliés aussitôt qu'inscrits.
M. P.
Coqueluche (L, 564). — Voir le Dic-
tionnaire d'Hatzfeld, Darmesteter et Tho-
mas. Gustave Fustier.
*
* ♦
Je lis, dans le Dictionnaire de V Ency-
clopédi'e^sous ce mot, les lignes suivantes :
Coqueluche endémique, en latin, Ctr-
cularis tnorbiis, maladie épidémique et
maligne, qui règne, de temps en temps,
en Europe, et qui y fait quelquefois de
grands ravages.
Cette maladie, qui paraît communément
l'automne ou l'hiver, et dont lescauses sont
aussi inconnues qu'imprévues,est une espèce
de fièvre catarrheuse, accompagnée de mal
de tète, de faiblesse, d'oppression ou de
difficulté de respiration, de toux, de douleur
dans l'épine dorsale et autres symptômes
plus ou m.oins graves ou variés, suivant les
temps, les lieux et les personnes.
M. de Thou croit que le nom de coquelu-
che, donné à cette maladie, est né en isio,
sous le règne de Louis XII ; mais il se
trompe, car Mézeray (i) dit qu'il parut en
France, sous Charles IV, en 1414, un
(1) L'autorité de Mézeray ?? ?
étrange rhume, qu'on nomma coqueluche^
lequel tourmenta toutes sortes de personnes
et leur rendit la voix si enrouée, que le bar-
reau et les collèges en furent muets.
Valeriola, dans l'appendice de ses lieux
communs, prétend que le nom de coquelu-
che fut donné, par le peuple, à cette mala-
die, de ce que ceux qui en étaient attaqués
portaient une coqueluche, ou capuchon de
moine, pour se tenir chaudement. Ménage
et Monet sont du même avis En eiletjCoquelu-
chesignifie proprement un ^^^«<:/zo«. Cepen-
dant, un médecin français appelé Le Bon,
a écrit que cette maladie a été appelée
coqueluche, à cause du remède qu'on y
apportait, qui était du loch de codion fait
avec la tète de pavot ou tète de coquelicot,
qui est appelée codionen grec.
On lit encore dans l'ouvrage de Ch.
Rozan, intitulé : Petites ignorances de la
conversation^ (Paris, Ducrocq, 8° éd. p.
346):
Le coqueluchon est la coqueluche était une
sorte de capuchon que tout le monde a
porté à une certaine époque, et qui paraît
avoir donné son nom à la maladie que
nous désignons encore ainsi , car ceux qui
en étaient attaqués portaient une coquelu-
che, ou capuchon de moine, pour se tenir
chaudement.
A l'époque où la maladie fut générale
l'usage de la coqueluche se répandit beau-
coup (1).
N'est-ce pas le cas de redire ; « Gram-
matici certant... ». L. de Leiris.
(i) «Nous vîmes, en l'an 1557, ^" plein
« été, s'élever par quatre jours entiers, un
«rhume qui fut presque commun à tous, par
« le moyen duquel le nez distillait sans cesse
« comme une fontaine, avec un grand mal
« de tète, et une fièvre qui durait aux uns
« douze, et aux autres, quinze heures, que
(( plus, que moins : puis, soudain, sans
« œuvre de médecin, on était guérie ; la-
ce quelle maladie fut depuis, par un nou-
(( veau terme, appelée par wons coqueluche.
« Il me souvient, il est vrai, que lorsque
« MM. Mangot, de Monselon, Béchet, avo-
« cats, et moi, ayant, sous divers person-
« nages, à plaider une cause aux générau.x
« des Aides, concernant le diocèse d'Au-
« tun, nous fûmes inopinément surpris de
« cette fluxion et toux, de telle façon que,
<( pour le jour, et deux ensuivants, nous
« eûmes surséances d'armes. (ET. Pas-
« Quler, Recherches delà France) ».
Cette maladie avait déjà régné en 13 10,
et reparut avec les mêmes symptômes en
1577-
DÈS CHERCHEURS ET CÙRIÉUk
30 Octobre 1904
657
658
A bicyclette, ou en bicyclette
(L, 448). — A mon avis, on dira m bicy-
clette et non à bicyclette, c'est plus logi-
que,plus doux, plus acceptable. On na pas
à s'occuper et on ne s'occupera pas si l'on
a deux ou trois roues. A. S.... y.
Outillage gallo-romain (L, 2, 19,
422, 528). — Ma brochure est avec d'au-
tres documents en paquet sur les environs
de Paris. S'adresser pour en connaître le
titre à M. Husson, ancien maire de Ro-
mainville à qui je l'ai indiquée et qui l'a
copié à la Bibliothèque nationale
A. S.
La chanson de M. de la Palisse
(L, 171, 373). — Dans l'édition du Mé-
nagiana de 1729, qui a été donnée par
La Monnaie, cette chanson est classée
dans le style Jiiais, et ne lui est pas attri-
buée. CÉSAR BlROTTEAU.
La Vogue (L, 563). — La Vogue
(nouvelle série) a paru mensuellement
jusqu'au 15 avril 1901. Elle forme trente
fascicules difficiles à trouver actuelle-
ment. Ad. V. B.
Eglises fortifiées : (T G. 308 ;
XXXVIII ; XXIX ; XLI à XLV ; XLIX ;
L, 152, 265, 369,421, 530, 590). — Une
des églises fortifiées les plus curieuses de
France est certainement celle des saintes
Marie de la Mer, dans les Bouches du-
Rhône. Elle date du xii^ siècle et contient
à l'intérieur un puits qui servait aux dé-
fenseurs en cas de siège. G. B.
Documents phalliques (L. 172,
309, 423. 528, 598). — On montrait au-
trefois, sur une pierre de l'Amphithéâtre
des Arènes de Nimes, côté de l'Hôtel du
Cheval-Blanc, un phallus très visiblement
gravé. Y est-il encore .''.... L. de Leiris.
L'écharpe de Camille Desmou-
lins (L, 499, 565). — A L'Exposition de
1900, dans la section rétrospective du vê-
tement, se voyait une vitrine dans laquelle
M. Claretie avait exposé divers sujets,
provenant de personnages de la Révolu-
tion, et entr'autres, de Camille Desmou-
lins et de Lucile.
J.-C. WlGG.
Le père du bridge (L, 450). — j'ai
entendu dire que malgré son apparence
britannique, le mot bridge provenait d un
mot vieil allemand — bretch.
Le bretch était un jeu de cartes qui se
jouait en Allemagne au xvi' siècle.
Malheureusement, je ne me rappelle
plus la personne qui m'a donné ce rensei-
gnement et qui peut-être était fort docu-
mentée. Tabac.
Anthropophages français (XLIX ;
L, 104, 323). — Voici une pièce rare
que je retrouve dans ma collection de
Mazarinades et qui mérite d'être citée ici :
Le Récit Véritable du funeste accident
arrivé dans la F^icardie au Village de Mareiill
sur Daule entre Soissons et Feime, où deux
enfants ont esté trouvés se nourrir des Cada-
vres ou corps de leur Père et Mère. — A Pa-
ris. Chez Simon le Porteur. iM. D C. LU.
En cataloguant cette pièce sous le n*
3031 de sa bibliographie, Moreau écrit :
« je le garantis rare, mais véritable, non ».
C'est juger bien légèrement un fait qu'on
ne prend pas la peine d'étudier. L'auteur
du récit, devançant l'objection, prie le
lecteur de se transporter «: au faux-bourg
Saint-Germain, à la rue des Fessez, entre
la porte de Nesle et la porte Dauphine
[aujourd'hui rue de l'Ancienne-Comédie]
à l'enseigne du roi de Pologne où est le
logement du colonel allemand qui a des-
couvert cette horrible accident ». En un
mot, il cite ses témoins.
Ce colonel donc estant entré dans une mai-
son ne trouva que deux garçons de sept à
huit ans, couchés à terre, si maigres et si dé-
faits qu'ils n'estoient que deux squelettes ani-
mées. 11 leur demanda : « Que faites-vous
icy, mes enfants ? » et ils respondirent qu'ils
estoient restez tous seuls malades, et leur
ayant demandé de quoi ils se nourrissoient, et
où estoient leur Père et leur Mère, un de ces
garçons se leva et mena le colonel à un lieu
peu escarté dans le logis et lui monstra deux
Ladavres qui estoit le Père et la Mère de ces
enfans, disant qu'ils n'avoient vescu depuis
huit jours d'autre nourriture, sinon que quand
la faim les pressait, ils coupo ent quelques
morceaux de ces corps pour assouvir leur
faim.
Il faudrait nier toutes les horreurs et
les famines qui suivirent l'armée d'Erlach
en Champagne pour jurer que cette his-
toire n'est pas véritable.
Candide,
N" 1056.
L'INTERMEDIAIRE
659
660
^oUs, §rouiaUU^s ^t Oturiosites
Une lettre de J. B. d'Ansse de
Villeloison. OrléariS ^ous la Révo-
lution. — ]'ai trouvé dans la collection
d'un mien neveu en passe de devenir un
rival redoutable comme ramasseur d'au-
tographes, la lettre suivante qui pourrait
bien intéresser les intermédiairistes de
l'Orléanais. Elle n'est ni signée, ni datée,
mais elle est sûrement de Thelléniste J.B.
d'Ansse de Villeloison, mort en 1805, Elle
lut écrite vraisemblablement peu de temps
après le plus fort de la tourmente révolu-
lionnaire et adressée à un M. de Loane.
On va voir qu'elle est remplie de noms
propres et je dois avouer qu'ils me sont
étrangers. Mais je ne serais pas étonné
qu'ils piquassent la curiosité de nos colle-
gues.Je ne puis doncquela leur livrer telle
que je lai fidèlement copiée, en espérant
qu'elle sera éclairée et commentée par eux.
E. Grave.
Comment est-il possible, Monsieur et
cher ami, que vous me laissiez ignorer les
plus importantes nouvelles d'Orléans ; le
mariage de Mlle Michel avec M. Depons
auquel elle a donné deux cent mille francs
en numéraire, qu'il a préférés à deux mil-
liards en papier, celui de MlieBonafau avec
M. Darcey de Paris, qu'on dit un hoQime
accompli, l'évasion de l'Emigré M. de
Besoncle, qui s'est échappé de la prison des
Ursulines en mangeant la galette des rois et
en emportant le chapeau et la redingotte
d'un de ses compagnons d'infortune, le
mandat d'arrêt lancé sur M. Lhuillier, de
la rue des Cures pour avoir insulté les
Administrateurs en fonction, et leur avoir
fait des reproches trop vifs au sujet de sa
taxe à l'emprunt forcé ; la perte que Mlle
Bonafau avait faite de plus de quarante sacs
de bled, qu'elle faisoit venir de sa terre, et
qu'on a pillés en passant par Meun, etc.,
la rixe qui s'est élevée au Département
entre Trumeau et Boucher, Molandon et
Simon auquel Trumeau reprochait de sou-
lager la ville d'Orléans pour écraser celle
du district sous le poids de l'empruntforcé,
les craintes qu'on a que Mersan n'éprouve
le sort de Job Aymé ; iurpius ejicitur qiiàin
non adinittitiir hospes, etc , etc., etc., puis
que vous êtes décidé à ne me marquer au-
cunes nouvelles, je vois bien qu'il L'ut que
je les aille chercher moi-même.
Aussi bien je brûls d'impatience de voys
embrasser, de présenter mon respect à
Mme de Loane, Mme Schmedlin, Mlle
Rosette, Madame Girard, d'être plus à por-
tée d'être instruit, tous les jours, de lasanté
de Madame le Brun à laquelle je vous prie
de faire agréer mes très humbles homma-
geg. Je [brûle etj me meurs d'envie de
vous entendre politiquer et plaindre le Ba-
ron des Grilles. Que j'aurai de plaisir à
vous revoir, cher ami, à jouer avec ce pau-
vre Lubin, mon disciple ? Les livres que
j'avois emportés avec moi, et qui mont
occupé toute la journée à pithiviers, se-
lon mon usage constant, touchent à leur
fin.
En attendant mon retour, je profite de
l'occasion favorable que m'offre M. le Che-
valier de Bouville, frère de M. le comte de
Rocheplate, pour me rappeller à votre sou-
venir,vous prier de me donner le plutôt pos
sible de vos nouvelles, de me marquer quel
est ce y\. Darcy, quel est son âge, son état-
s'il compte rester à Paris après la révolu-,
tion et nous enlever M. et Mlle Bonafau,
si M. de Luillier est en prison, quelles sont
les suites de l'évasion de M. de Besoncle, si
]*>I. Depons, nouvel épouxde Mlle Michel,
est le fils de l'Intendant ; si vous voyer Jean
Buisson, s'il a des nouvelles de Mme de
Casteliane, si la citoyenne Rosette à des
nouvelles de son frère, mais de grâces ré-
pondez moi sans allégorie, et sans figure ;
proportionnez vous à la faiblesse de mon
esprit et daignez vous mettre à ma portée.
Je n'aurais pas pu comprendre l'histoire
des voleurs qui avoient voulu attaquer la
maison de la femme d'un inviolable si on
ne me l'avoit pas apprise d'autre part, en
termes clairs et intelligibles.
Ma sœur, ^ille de Laumoi et Pauline
vous font mille complimens, la première et
la dernière me prient de les rappeller au
souvenir de J^Ime de Louane, sans oublier
notre ami commun Lubin. Je partage bien
sincèrement le chai^rin du baron des Gril-
les.
J'aurais cru que l'emprunt forcé auroit
du moins servi à nous délivrer des assi-
gnats. Mais pourquoi en créer pour qua-
rante milliards, je n'y comprends rien, et
je m'y perds, Danscs sum non Œdipus . Mes
respects, je vous prie, et complimens à M.
et Mme Boilève, et à Mme de Velard, l'in-
fortunée ! Qui la consolera elle î Quelle est
la cause de la rupture de Codorlamor (?),
ou en est cette affaire ? Je vous prie devou-
loir bien me faire la plus prompte réponse,
et de la remettre à Mlle de Givet qui vou-
dra bien agréer l'hommage de mon res-
pect, et avoir la bonté de me faire passer
votre lettre. Vale et me ama.
à Pithiviers ce mardi soir.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1904^
661
662
Un livre et une héroïne retrou-
vés. — René d'Argenson écrivait à M. de
Pontchartrain, le 30 avril 1702 :
La femme du nommé Auroy, libraire, m'a
dit qu'elle avoit pris la liberté de vous faire
ses plaintes contre un auteur insolent qui se
fait nommer le chevalier de Mailly et ses
plaintes sont très bien fondées.
Elle l'avoit chargé de composer un petit ou-
vrage en forme de nouvelle historique, sous
le titre : « La Fille capiLune », et elle lui
avoit confié les mémoires de cette personne si
connue dans Paris par le cordon bleu quelle
porte en écharpe et par l'habit extraordi-
naire dont elle est vêtue. Elle prétend même
que madame la duchesse de Bourgogne l'avoit
chargée de ce soin ; mais le chevalier de
Mailly, au lieu de se borner à une narration
simple et modeste, y a mêlé plusieurs histoi-
res que la pudeur la moins scrupuleuse ne
pourroit souffrir : la mort du chevalier de la
Bazinière, surpris avec une femme qu'il aimoit
et tué d'une manière qui- représente trop la
peine du talion, aussi bien que l'enlèvement
de la religieuse qui en déterra une autre, mit
le feu à sa cellule et courut le monde pendant
plusieurs années. Ces aventures sont même
décrites dans des termes si indécents qu'on ne
peut s'empêcher d'en concevoir une juste hor-
reur, et la nommée Auroy qui lui avoit donné
cinquante écus pour cet ouvrage, n'a pu obte-
nirqu'il en retranchât ces ordures, ni tirer de
lui d'autre léponse que des blasphèmes et des
injures.
BiBL. NAT. Mss. f. fr. 8. 123. fol. 230. —
Pierre Clément. La Police sous Louis XLV.
1866. p. 456. — Larchey. Notes de René d'Ar-
genson. iS66. p. 71,
A la suite de cet esclandre, le chevalier
de Mailly fut relégué hors Paris et se re-
tira à Rouen où il vécut jusqu'en 171 1. A
cette date, ayant pris sur lui de revenir
sans permission après neuf années d'exil,
il fut conduit pour un mois au Châtelet.
Le 15 septembre 171 1, René d'Argenson
adressait un nouveau rapport à M. de
Pontchartrain, rapport où il recopiait ou
à peu près l'exposé des circonstances qui
avaient motivé le premier :
je prendray la liberté de vous faire ressou-
venir qu'il fust accusé par la femme d'un
libraire, d'avoir composé un petit ouvrage en
forme de nouvelle historique, sous le titre ce:
« La Fille capitaine », en abusant des mé-
moires qu'elle luy avoit confiez pour faire seul-
lement un tissu des avantures de cette femme
extraordinaire qui estoit si connue dans Paris
par le cordon bleu qu'elle portoit en écharpe
et par l'habit hétéroclite dont elle estoit vcs-
tue.
René d'ARCENSoN. Rapports inédits, -publiés
par Paul Cottin. Paris, 1891. p. 277.
Qui était cette femme ?
Qu'était devenu le manuscrit de ses
aventures ?
Ces deux mystères avaient souvent intri-
gué les curieux depuis la première publica-
tion,il y a une quarantaine d'années. J'ai eu
le plaisir d'en trouver le mot depuis assez
longtemps déjà, mais je m'étais borné à
communiquer la solution au savant édi-
teur de René d'Argenson, M. Paul Cottin,
en souhaitant qu'il voulût bien lui faire
l'honneur de la noter un jour dans l'édi-
tion complèie des Rapports que nous aime-
rions à réclamer de lui.
Si je me décide aujourd'hui à écrire
tout un article sur cette question dont
l'intérêt est simplement anecdotique,
c'est qu'on vient d'émettre une hypothèse
assez imprévue et qui risquerait d'égarer
un lecteur inattentif. Un historien récent,
constatant d'abord que l'ouvrage de Mailly
demeure « introuvable », suppose que
son héroïne « est peut-être la Mau-
pin ». (i)
Eh bien non, ce n'est pas la Maupin.
Si, en 1904, une célèbre actrice n'ob-
tient pas le ruban rouge, à plus forte rai-
son,en 1702, Mlle Maupin ne pouvait rece-
voir le cordon bleu. L'ordre de Saint-Louis
n'a pas été créé pour les chanteuses,
mais pour les officiers, et la seule femme
qui le portât était justement capitaine au
régiment de Turbilly. Elle se nommait
Geneviève Premoy, et elle était dra-
gonne.
C'est elle qui, âgée de quarante ans,
couverte de blessures, combattant depuis
l'âge de seize ans dans les armées du Roi,
et sentant peut-être que sa carrière mili-
taire approchait de sa fin, venait d'écrire
ses Mémoires.
La Duchesse de Bourgogne, sa protec-
trice, avait fait remettre le manuscrit à
madame Amable Auroy, libraire, quai des
Augustins, près du pont Saint-.Michel. et
Mme Auroy, voulant donner un tour plus
littéraire à cette œuvre d'une plume inex-
perte, avait remis cinquante écus à M. de
Mailly pour lui refaire cela.
Ce que M. de Mailly lui donna en
échange, était, paraît-il, tellement libertin
(i) Letainturier Fradin. — La Maupin.
1904. p. 41.
No 1056.
L'INTERMEDIAIRE
663
664
que la pauvre libraire n'osa pas, d'abord,
le faire imprimer ; mais on se tromperait
fort si l'on imaginait qu'après avoir fait
bannir le mauvais plaisant elle a passé
les cmquante écus aux profits et pertes et
jeté le manuscrit au feu.
Pressée, tout au contraire, de le faire
imprimer, elle le ratura, semble-t-il, de
sa main, biffa quelques scènes, atténua
quelques passages, (i) sema çà et là dans
le récit certaines protestations de bien-
séance qui produisent l'effet le plus comi-
que aux endroits où elles s'expriment ; —
pour surcroît de précautions elle changea
le titre du li\'re dénoncé par elle même
et le porta sans mot dire chez Monseigneur
le Chancelier, aux fins d'approbation.
Sa dispute avec Mailly s'était passée au
mois d'avril. Dès le 23 août, le manus-
crit revenait à la librairie avec cette
note :
J'ai lû par ordre de Monseigneur le chan-
celier le manuscrit intitulé Histoire de la
Dragone et je croi qu'on en peut souffrir l'im-
pre^sio^.
Le 23 août 1702 Pavillon.
On remarquera l'extrême réserve de la
formule : «Je croi qu'on en peut souffrir
l'impression »> Le censeur, le poëte Etienne
Pavillon, auteur de la Métamorphose du Cu
d'Iris en Astre, n'était cependant pas
sévère, si Ion en juge du moins par ses
propres œuvres, mais malgré l'expurga-
tion sommaire dont la Fille capitaine avait
été l'objet, V Histoire de la Dragone res-
tait fort inconvenante. — C'est, en 614
pages, le récit des amours de Geneviève
Premoy avec toutes les jeunes filles
qu'elle rencontre dans sa vie aventureuse
et qui la prennent pour un bel officier.
Commencée par des ceillsdes et par des
billets, chaque intrigue s'achève invaria-
blement dans un lit, et c'est là que la
bonne libraire s'imagine avoir tout sauvé
lorsqu'elle remplace une page licencieuse
par deux lignes de « bienséances ».
Après les formalités du privilège (1^''
octobre) et de l'enregistrement (13 octo-
bre), le livre s'imprima et parut enfin le
(i) Un exemple au hasard. Geneviève,
habillée en homme, défait une partie de
ses vêtements afin de montrer à une femme
« les marques évidentes de son sexe ».
Mme Amable Auroy imprime la phrase avec
quelque hésitation, mais elle ajoute en note :
« Son sein ».
1 5 janvier 1703, sous le titre suivant :
« Histoire de la Dragone^ contenant les
Actions Militaires et les Avantures de Ge-
neviève Prémov, sous le nom du chevalier
Balladur. — Dédie au Roi. — A Paris,
chez Amable Auroy, à l'entrée du quai
des Augustins, du côté du Pont St-Michel^
au grand Saint-Jérôme. — MDCCIll. »
On a lu plus haut en quels termes
René d'Argenson parlait de << cette femme
extraordinaire si connue dans Paris par
le cordon bleu qu'elle portait en écharpe
et par l'habit hétéroclite dont elle estoit
vestue >v Voici comment l'Histoire de la
Dragone décrit le costume de son hé-
roïne :
Depuis qu'elle a été reconnue pour femme,
le Roi lui aïant ordonné de prendre une jupe
elle la porte à la Cour et dans Paris : elle esi
souvent d'écarlate, galonnée d'or, mais tout le
reste de son habillement est celui d'un officier
de distinction ; elle a avec cet habit une per-
ruque à l'espagnole, tantôt brune, tantôt
blonde, un chapeau bordé et orné d'un plu-
met blanc, quelquefois d'autre couleur, un
juste au corps d'écarlate magnifiquement ga-
lonné d'or et qui n'est pas toujours de la même
couleur mais ce qui l'orne et le distingue
beaucoup plus que toutes les riches parures
qu'elle pourroit avoir, c'est l'Ordre de Cheva-
lier de St-Louis qu'elle a le privilège de porter
en écharpe...
Cet officier qui portait une jupe avec
son habit militaire, devait en effet pro-
duire une certaine sensation dans les rues
de Paris.
Ce n'est pas ici le lieu de raconter son
histoire. D'ailleurs V Intermédiaire s'est
occupé déjà de Geneviève Prémoy. Un de
nos collaborateurs a même retrouvé sur
les registres de Saint-Sulpice, son acte
mortuaire. (VI. 457.) Cette pièce est pré-
cieuse en ce qu'elle authentifie à la fois le
personnage, l'adresse, le grade et la dé-
coration. Sans elle on pourrait se deman-
der si l'Histoire de la Dragone n'est pas un
simple roman. J'ai écrit au département
des archives du ministère de la guerre
pour obtenir les états de service de cette
femme capitaine et on a bien voulu me
répondre qu'il n'en restait pas de traces.
Pierre Louys.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
lmp.DAN'iiiL-CHA,v\BON St- Amani- Mont-R ond .
L* Volnme
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mots 10 Novembre 1904.
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Bl"*' ,r. Victor Massé
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QUESTIONS ET KKl'ONSES LITTÉRAIRES, H
TROUVAILLES
665
ISTORIQUES, SCIËÏSTIFIQDES El AUTIST^'OES
ET CURIOSITÉS
666
(ïllucôtionô
Le boulet qui tua Turenne.
Monsieur,
On a beaucoup parlé ces temps-ci de Tu-
renne, de sa famille et de son monument qui
se trouve à Salzbach, dans le grand duché de
Bade, et selon certains auteurs, serait territoire
français.
J'ai visité maintes fois ce monument et le
petit musée y attenant. Dans ce musée on
montre le boulet qui tua Turenne.
Mais on montre ce même boulet aux Inva-
lides. Alors je vous demande lequel est le
vrai ?
Salutations très distinguées.
MassonForestier.
Voir T. G. 897.
La Némésis ouvrière. — Quelque
vieux marseillais pourrait-il donner des
renseignements biographiques sur Fran-
çois Mazuy, auteur de satires politiques
publiées à Marseille (1849. Imprimerie
Nationale, quai du Canal, i vol. in-8°) ^
Ego.
Lettres inédites oupeu coniiuesde
Berlioz. — « Connaît-on. en France et
à l'étranger, des lettres inédites du com-
positeur Hector Berlio:^ ou adressées à
lui ? Quels en sont les possesseurs actuels ?
Pourrait-on indiquer, en dehors des vo-
lumes de correspondance publiés, et des
lettres publiées par le Ménestrel^ le Temps
et le Guide musical, depuis une trentaine
d'années, des lettres de Berlioz imprimées
dans des journaux ou revues .? Connait-on
des souvenirs sur Berlioz publiés dans les
mêmes conditions .? »
Prod'ho.mme.
Paule et Madelaiae de Lyonne.
— En dehors des chansons et des pam-
phlets contemporains sur Paule Payen,
femme de Hugues de Lyonne, et sur sa fille
Madelaine, marquise de Cœuvres, existe-
t-il une sérieuse étude historique à leur
sujet .?
Les documents originaux ne manquent
pas. Les a-t-on consultés et publiés.?
S.
Antoine, artiste dr.^matique. —
Je possède, manuscrit, un poème inti-
tulé : Le Combat des Trente. Poème en
trente vers et en trois chants, signé : An-
toine, artiste dramatique. Le papier et
l'écriture datent, je crois, d'une cinquan-
taine d'années. Quelqu'un pourrait-il me
dire quel fut cet Antoine, qui faisait des
vers dans le goût de ceux ci :
Les Anglais sont Taillans, les Bretons tiennent tête,
Et l'un d'eux, un hercule, armé d'une hachelte,
En sept coups.desept corps, faitquatorzemorceaux.
_ J B.
Famille Caillot de Pommares.
— Je serais reconnaissant à celui de nos
collègues qui pourrait me donner des ren-
seignements généalogiques sur une fa-
mille Caillot de Pommares, originaire de
Rouen, et me faire savoir si elle n'est pas
éteinte. X.
L. ■(3
No 1057.
L'INTERMEDIAIRE
667
668
Statue de Henri IV, sur le Pont
Neuf. — A la fin de l'article du Grand
Dictionnaire de Larousse (t. IX, p. 187,
col. 3), consacré à la statue d'Henri IV
sur le Pont Neuf, on lit :
Détail piquant et peu connu : un des
pieds du cheval renferme une petite sta-
tuette de Napoléon I", protestation de
l'artiste contre l'œuvre qu"il érigeait.
Monsieur le baron Lemot, et Clisson,
petit-fils du statuaire, possède un dossier
de documents concernant l'érection de
cette statue. 11 y est dit que dans le sabot
antérieur droit du cheval, qui ne repose
pas sur le socle, son grand-père fit placer
en présence de plusieurs personnes, sept
médailles en or, mais il n'est pas fait
mention de la statuette de Napoléon 1".
Faut-il cependant ajouter foi à Taffir-
mation de l'auteur de l'article du Grand
Diclionnaire ? Dr Mignen.
Compositeurs à retrouver (Suite)
(XLIX; L. 10, 62, 562).
41 Astianatte, Florence, à la villa de
Pratûlino, 1701.
42 Athalia, Madrid, Théâtre Canos del
Peraî, carême 1800.
43 Attalia. Ferrare, 1704.
44 A un vencido vence Amôr,o ElPro-
meteo, opéra espagnol Vienne, Palais
Impérial, 1669.
45 Auridalba, Piazzola, près Padoue,
Théâtre délie Vergini, 1686.
46 Avvenimenti di Cileno, Rovigo,
Théâtre Venezza, carn. 1740.
la Bella addormentaîa ne! bosco,
51
17
Rome, Palais de Monte Giordano
avril 1893.
52 Betulia Liberata. Lisbonne, Théâtre
Rua dos Condes, carême 1773.
c;3 Birba. Venise, Th. St-Samuël,i735.
154 Bleso e Lesba, intermezzi, Venise,
Th. St-Ange, 1705.
55 la Bottega da Café. Venise, Th. St-
Samuël automne 1736.
56 D" Venise, carn. 1744.
56 la Bradamante. Venise, Th. St-Ange
1747-
s8 der Brave Mann. Vienne, Théâtre
Leopoldstadt, 1806.
Famille de Goes. — Pourrait-on me
donner des renseignements sur la famille
de Goes, d'origine belge, établie vraisem-
blablement en Autriche vers 1675 ? Jean-
François Goes, prince-évêque de Guerck,
chef de l'ambassade impériale au Congrès
de Nimègue en 1076, aurait eu un Irère,
créé baron de Goes. Quels sont ses pré-
noms, quelle année reçut-il le titre de ba-
ron, cette famille a-t-elle laissé descen-
dance et quelles sont ses armoiries .''
L. W.
Edme le Bascle, marquis d'Ar-
genteuil. — On désirerait savoir à
quelle branche des le Bascle appartenait ce
personnage, de qui il était fils, s'il se ma-
ria et quand il mourut.
Edme le Bascle, marquis d'Argenteuil,
fut reçu, en 1769, aux Etats de Bourgo-
gne, et fut élu de la Chambre de la no-
blesse pour la triennalité de 1778 à 1781.
Il fut ensuite à l'armée de Condé.
T.
Lorenzo Doria. — J'ai trouvé le
nom Lorenzo Doria écrit à la main, d'une
écriture du seizième siècle, sur une gra-
vure anonyme de l'Ecole de Fontainebleau.
Quelqu'un pourrait-il me donner des ren-
seignements sur cet amateur ou sur cet
artiste .? F. H.
D"^ Trésal : Géographie poétique
de la France. — Dans V Eloge du doc-
teur Alexandre Trésal, et dans la préface
à ses Œuvres (Moutiers, Ducloz, 1883,
in- 16, 392 pages, CV ff . liminaires), il est
question à deux reprises de pages en
prose ou en vers jetées çà et là, ou res-
tées en portefeuille, et expressément,
f. LXX, d'une Géographie poétique de la
France bien connue des familiers de l'au-
teur. Le Figaro de 1886 en a accueilli
quelques vers que je citais de mémoire et
qui, depuis, ont eu les honneurs de
l'illustration. Les amis du docteur Trésal
sont nombreux, et vivant le souvenir qu'il
a laissé en Savoie : touristes, baigneurs,
compatriotes, et dans un cercle plus res-
treint, intimes, parents, confrères retrou-
veront peut-être une indication ou une
note sur les manuscrits du D"" Solanum :
je serais très reconnaissant d'en avoir
communication à l'Intermédiaire.
jAcauES Saintix.
DÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
669
670
Lieutenant-général d'Auvray. —
Dans le Moniteur universel du 7 février
1818, il est parlé du lieutenant-général
d'Auvray, de l'armée russe, qui négocia
le traité entre la Prusse et la Russie pour
la démarcation des frontières du royaume
de Pologne en 1818. 11 fut, à cette occa-
sion, décoré de l'ordre de Saint-Alexandre
Nevv'ski (en diamant).
Je serais heureux d'avoir des rensei-
gnements sur ce lieutenant-général, sur
ses origines et celles de sa famille.
Ramuntcho.
Panonceau révolutionnaire. —
Ayant découvert une sorte d'enseigne ou
panonceau de la Révolution portant sur
fond blanc le bonnet phrygien, le fais-
ceau de licteur et l'inscription : la Liberté
ou la Mort, le tout assez effacé,je serais cu-
rieux d'être renseigné sur l'usage de cette
curieuse peinture sur bois.
N'était-ce pas placé à la porte des sec-
tions ? Nulle part je ne rencontre cette
particularité. H. P.
Famille Héraartde la Cbarmoye.
— Cette famille comprend : Hémart, mem-
bre du Conseil des Cinq-Cents et beau-père
de C. L. Féry d'Esclands,père du nouveau
duc romain. — Le baron Hémart (Pierre-
Charles) capitaine des dragons de l'Impé-
ratrice. — Hémart (Pierre-Elie), baron de
la Charmoye (1827- 1871), fils unique du
précédent, propriétaire du château de
Louvois.
On désirerait avoir des renseignements
sur l'origine de la famille Hémart et du
titre de la Charmoye, et quelques détails
biographiques sur le député Hémart, le
premier cité des trois noms qui précèdent.
Une de ses filles aurs.it épousé M. de La-
coste, consul de France et ami de Béran-
ger. Que sait-on sur M. de Lacoste ^ A
quelle famille appartient il ? S.
Le gravcur Huquicr et les Jé-
suites. — Dans t' utes les biographies du
graveur Gabriel Huquier, il est dit qu'il
fut, à une certaine époque, accusé d'avoir
publié une estampe satirique contre les
Jésuites.
Une descente de police eut lieu chez lui
et ne donna aucun résultat; néanmoins il
crut plus prudent de quitter la France et
alla s'établir en Angleterre. Ceci devait se
passer, je pense, vers le milieu du xvnie
siècle. 11 ne revint dans sa patrie que lors-
que les Jésuites eux-mêmes en furent
expulsés. Si quelqu'un pouvait me don-
ner des détails sur ce fait, sa date exacte,
la description de l'estampe, ou toute autre
chose s'y rattachant, on me rendrait
grand service.
Inutile de dire que j'ai consulté tous
les ouvrages spéciaux sur les graveurs du
xviii'' siècle et que c'est en dehors de ceux-
ci que je désire trouver des documents ou
la marche à suivre pour me les procurer.
1. V. P.
Le peintre et dessinateur La-
guiche (Claude). — Quel est le nom
véritable de cet artiste qui s'appelait
Claude X..., dit Laguiche^ et qui vivait
de 1820 à 1850, époque à laquelle il a fait
les illustrations d'une Iconographie grecque
et romaine ? Il devait être originaire du dé-
partement de Saône-et-Loire.
BiBL. Mac.
Antoine de Marc, seigneur de la
Calmette. — Antoine de Marc, seigneur
de la Calmette, qui épousa Judith de Si-
gilory — avant 1649, car leur fille, Fran-
çoise, femme de Laurent Rose, conseiller
du Roi et Contrôleur Général des Rentes
en la Généralité de Montpellier, mourut
en eltet, à 25 ans 8 mois, le 30 aoiit 1674
— n'est-il pas le même personnage que
Antoine de Marc, seigneur de la Calmette,
marié le 22 mars 1653, à Jeanne Ricard .''
Cela en a bien l'air, mais j'aimerais à avoir
une certitude, n'ayant rien trouvé dans
les actes de l'état civil des Protestants
conservés aux archives de la ville de
Montpellier qui offrent, malheureusement,
à ces époques, des solutions de conti-
nuité ; au reste, il est possible, d'ailleurs,
que les deux mariages d'Antoine de Marc
aient eu lieu dans le diocèse de Nîmes où
la terre de la Calmette était située.
XVI B.
Gaspard Momertz, officier-— date
de sa mort. — Famille Momert:^. Un
ancien officier de cette famille, Joseph-
Gaspard, né a Liège en 1788, était marié
à dame Désirée-Catherine Mairesse, née
à Cambrai en 1792 ; elle est décédée à
Liège en 1835, veuve du sus-nommé. Un
N* 1057.
L'INTERMÉDIAIRE
671
672
bienveillant lecteur pourrait-il me rensei-
gner sur la date du décès de l'ancien offi-
cier ? Colonel ViLBRENNINCH.
Famille de Sigilory. — Pourrait-
on me donner ses armes et m'indiquer où
il est possible d'en avoir une généalogie ?
Cette famille était, sans doute, languedo-
cienne ; je retrouve aux archives muni-
cipales de Montpellier — état civil des Pro •
testants — dans le Livre des publications
des annonces Je mariage de i66j à 1668 —
une promesse d'union entre Laurent Bosc,
conseiller du Roi et contrôleur Général
des Rentes en la généralité de Montpellier,
et damoiselle Françoise de Marc de la
Calmette • — fille de noble Antoine de
Marc, seigneur de la Calmette, et de feu
dame Judith de Sigilory. mariés, habitant
Montpellier. XVI B.
Antoine de Vermeil. — Je signale
ce nom à l'auteur de la brochure intitulée:
Antoine Vermeil. Notes hiograpJiiques et
Souvenirs de famille, par son fils Frank
(Lyon, imprimerie Schneider frères, R.
Schneider, quai de l'hôpital 9, 1899.) —
C'est peut-être un ancêtre qui a échappé
aux recherches de ce fils pieux et, dans
tous les cas, c'est un homonyme qui a
joué un rôle considérable, et paraît appar-
tenir, comme l'illustre pasteur, d'origine
nîmoise, qui fait le sujet de la susdite
brochure, à l'histoire du Protestantisme
français. — Les Biographies Michaud,
Didot, le Dictionnaire de Larousse, la
Grande Encyclopédie récente, mentionnent
en effet un Antoine de Vermeil — et se
répètent à son sujet — comme ayant pris
part, probablement en qualité de défen-
seur et, par conséquent, de calviniste,
au siège de Montpellier, en 1622. 11 passa
là, à la suite d'autres aventures extraor-
dinaires, qui prouveraient qu'il n'était
pas bien en Cour de France, au service du
Nègus d'Ethiopie, dont il devint le grand
favori et même le généralissime. Je ren-
voie aux Biographies susnommées, où je
puise toute mon érudition. A Montpellier,
on n'a gardé aucun souvenir de cet An-
toine de Vermeil, dont le pasteur du xix^
siècle, né de parents nîmois, Antoine Ver-
meil, a porté le nom et le prénom sans
particule. — 11 paraîtrait même qu'il fut
poète, car M. Paul Olivier le cite, avec
Stances sur le gris à l'appui, dans son cu-
rieux livre : Cent poètes lyriques, prêcieu^
onbmlesques du xvu* siècle, avec, en guise
de prcface^^un Poème de Jean Richepin (Paris
G. Havard fils, éditeur, 27, rue de Ri-
chelieu, 1898). — Cet Antoine de Vermeil
est une énigme à déchiffrer.
Jules Troubat.
Bérain et le baldaquin. — Le dé-
corateur Bérain, qui a donné son nom à
un dessin spécial, et qui a signé plusieurs
cartons des tapisseries du garde-meuble,
paraît ignoré de la plupart des Diction-
naires.
Quand est-il né ?
Qiiand est-il mort .?
Quelle époque est plus spécialement ca-
ractérisée par l'emploi de son décor bal-
daquin? Quel ouvrage parle de lui ^
Armoiries à expliquer — De... à
V aigle de... Parti de... à la bande de ..
accompagnée de deux lévriers (?) ; au chef
chargé de trois besants.
Chapeau d'évêque. Ecusson xviii* siècle.
C'est un grand cachet frappé en noir
sur le feuillet de garde d'un exemplaire
du a Dialogue des Damoiselles. Lyon
1583. » L'empreinte est mal venue et je
regrette de ne pouvoir la décrire avec plus
de précision.
*♦♦
Armes à indiquer. — Prière de dire
quelles étaient les armes des familles de
Boucher, le Tenneur, de Rogres de Lusi-
gnan, le Veneur, Barjot de Roncée, allian-
ces des le Bascle d'Argenteuil. T.
Evêchés, abbayes, etc.. (Armoi-
ries des). — Pourquoi peu d'évêchés de
France ont-ils des armoiries ? Est-ce que
cela vient de ce qu'au Concordat leurs
circonscriptions furent modifiées ? Quelles
sont les armes de l'archevêché de Besan-
çon ? Existe-t-il un livre donnant les ar-
moiries des évêchés, abbayes, commu-
nautés, chapitres de France ?
St-Saud.
Histoire de la Restauration. —
Qiiel est l'auteur de l'ouvrage intitulé :
Histoire de la Restauration et des causes qui
ont amené la chute de la branche aînée des
Bourbons — par un homme d' Etat — pu-
blié à Paris 1831-33, chez Dufey et Vé-
zard? Pierre Meller.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1904.
673
674
Histoire du Tribunal révolution-
naire, par Charles Monselet. — M.
Georges Vicaire {Manuel de V amateur de
livres du XIX" siècle^ tome V, colonne
103 1) indique l'ouvrage suivant : Histoire
du tribunal révolutionnaire^ par Charles
Monselet.r' partie. — Paris, D. Giraudet
J. Dagneau, libraires-éditeurs, 7, rue Vi-
vienne, au premier, 7, Maison du Coq
d'Or (Impr. G. Gratiot) 1852, in-i8.
Puis il ajoute : « Edition originale. Pu-
blié à 2 fr.Je n'ai pu voir de cette édition
que le titre et la couverture. C'est tout ce
qu'en possède la Bibliothèque nationale.
M. André Monselet dit que le texte s'ar-
rête court à la page 252 ». Or, j'ai sous
les yeux l'édition décrite ci-dessus, mais
mon exemplaire contient 323 pages (et
non 2152), de même que l'ouvrage indi-
qué à l'article suivant par M. G. Vicaire
comme la première édition complète, sous
le titre de : Histoire anecdotique du Tribu-
nal révolutionnaire^ avec la date de 1853.
chez les mêmes éditeurs, mais de l'impr.
centrale de Napoléon Chaix et C^
Je crois donc posséder l'édition origi-
nale, mais complète, avec 323 pages.
Qu'en pense V Intermédiaire? ]. Lt.
Livre des poinçons. — Il existe un
livre anglais mtitulé s* Old french plate »,
donnant, dans un format réduit et bon
marché, les poinçons et l'historique de
l'orfèvrerie française. Ne connaît-on pas
un livre français répondant au même but ?
L. C.
Vers à retrouver : « C'est en vain
que d'eux tous... »
C'est en vain que d'eux tous le sang m'a fait
[descendre
Si j'écris leur histoire, ils descendront de moi.
Je remercie d'avance l'intermédiairiste
qui me dira de qui sont ces vers... cor-
néliens et de quel ouvrage ils sont tirés.
Martin E.
Raid, randonnée. — Les « sportifs »,
depuis quelque temps, nous font souvent
revenir, devant les yeux, ces deux mots, à
propos de courses longues et périlleuses.
Raid doit être un mot anglais, bien qu'on
ne le trouve pas dans Nugent. Randonnée
est un terme de vénerie qui ne s'appli-
quait jadis qu'à la bête poursuivie et qu'on
aura étendu aux chasseurs. Ces deux mots
sont-ils synonymes? ne doivent-ils s'en-
tendre que d'une course à cheval ou
d'autres moyens de locomotion.^ Enfin,
quelle est la signification exacte de chacun
d'eux? CÉSAR BiROTTEAU,
Mots étrangers entrés dans la
langue française avac un sens pé-
joratif. — Je n'ai pas les tables sous la
main et ne me souviens pas exactement
si la question n'a pas été déjà posée, mais
il me sem.blerait intéressant d'établir ici
un petit glossaire de tous les mots étran-
gers entrés dans la langue française avec
un sens de dénigrement. Ces acquisitions
sont anciennes, car aujourd'hui, le sno-
bisme aidant, on ne francise pas les
mots étrangers, on les introduit tels quels
dans la langue en bavant d'admiration.
On objectera peut-être que nos pères en
ont fait autant. Mais nos pères étaient
moins « daims », si j'ose m'exprimer
ainsi, ils empruntaient bien les mots an-
glais qui leur convenaient et dont ils
avaient besoin, mais ils ne se donnaient
pas le ridicule de les prononcer à l'an-
glaise : ils disaient le clUb des Jacobins
et non le << cLEUb ».
Alon brave ami Eugène SpuUer, qui
n'aimait pas beaucoup qu'on détériorât la
bonne vieille langue française, répétait
volontiers : « Le jour où on a appelé l'au-
teur du Barbier, Rossini et non M. Rossin,
comme on disait autrefois ; M. de Parti-
celle pour Particelli d'Emery ; et M. de
Broglie pour Broglio, l'iniuence française
a été bio.n malade ».
Mais revenons à notre glossaire. En
voici l'amorce, parmi les mots les plus
usuels qui me reviennent à la mémoire :
Ross (allemand) cheval dans le sens
poétique de « coursier », devenu « rosse »
mauvais cheval.
Land (ail.) terre au sens noble, sol
sacré de la patrie, devenu lande, terre
stérile.
Herr (ail.) seigneur, en français pau-
vre hère, misérable.
Zapata (espagnol) chaussure, devenu
savate^ mauvais soulier.
Hablar (esp.) parler, en français hâ-
bleur, menteur.
On pourrait continuer indéfiniment
cette liste. M. P.
N» 1057.
L'INTERMÉDIAIRE
675
676
Compère babillard. — Dans un
acte de baptême inscrit dans les re-
gistres de l'église Saint-Seurin, de Bor-
deaux, le 10 juillet 17 17, je vois figurer
parmi les présents : André Lislefermé
« compère babillard ». Quie signifiait
cette expression ? Pierre Meller.
Herboristes. — L'herboriste n'est
pas le pharmacien : comme son nom l'in-
dique, il vend plus spécialement les plantes
médicinales et les herbes. Je voudrais sa-
voir :
1° depuis quand existent les boutiques
d'herboristes ? 2° Si l'apothicaire d'autre-
fois est devenu l'herboriste d'aujourd'hui
ou s'il est simplement le pharmacien ? 3"
s'il y a des herboristes qui appliquent
eux-mêmes, dansleur échoppe, les remèdes
qu'ils débitent, ou s'ils se contentent de
les vendre ? G.
Le Salon des refusés en 1864. —
Dans les articles qui ont paru sur le
peintre Fantin-Latour, j'ai lu que cet ar-
tiste, refusé au Salon officiel, avait dû
exposer ses œuvres au Salon des refusés.
Je demande :
1° Quels artistes ont pris part au Salon
des refusés et combien d'années ce salon
se continua ;
2° Quels sont les membres du jury du
Salon officiel qui ont écarté vers 1863-
1864 les artistes qui émigrèrent au Salon
des refusés.
Je ne trouve ce renseignement nulle part
et je m'en remets à l'obligeance et au sa-
voir de Y Intermédiaire. G.
Carte de visite cornée. — D'où
vient l'usage de corner une carte de visite
laissée en l'absence d'une personne .? Qiie
signifie cette coutume .? G. B.
Les membres de l'Académie des
Beaux-Arts. — Sous ce titre, M.Albert
Soubicsafait paraître, chez Marpon-Flani-
marion, un intéressant ouvrage. Malheu-
reusement, je n'y ai pas trouvé un ren-
seignement dont je viens demander à
Y InieiDiédiaire de vouloir bien m'indi-
quer la source.
loje voudrais savoir ou je pourrais
trouver un tableau complet des membres
de l'Académie des Beaux- Arts, de 1795 à
Î905. La Grande Encyclopédie Ladmirault
n'a fait que reproduire le tableau du Dic-
tionnaire Larousse qui est très incomplet,
puisque d'une part il s'arrête a 1889 et
que d'autre part il omet tels académiciens
de la création de l'Institut, par exemple :
Pajou (1795), Julien (1795), Chaudet
(1805), Moitte (1795), Vien (1795), David
(179s), Dumarest (1800), BouUée (179^),
Antoine (1799), De Wailly (1795), Chal-
grin (1799), Raymond (1795), Grétry
(i795),Monvel (1795), etc., etc., j'ignore
pourquoi, d'ailleurs.
2° je voudrais aussi connaître le résul-
tat des scrutins pour les élections des
académiciens et j'aurais souhaité que M.
Albert Soubies, dans son livre, fit suivre
chaque notice du détail du scrutin qui eut
lieu pour l'académicien élu. Par exemple,
je veux savoir si Ingres, si Delacroix, si
Delaroche, si Pradier, si Gounod, si Féli-
cien David ont été élus facilement ou s'il
y eut bataille à leur sujet. Où me rensei-
gner .^Je ne puis consulter les journaux
du temps. Il y a environ 230 membres
titulaires, 60 membres libres, autant
d'étrangers. Ce serait un peu long...
P. A.
Armoiries à déterminer — Sur un
cachet en argent venant du Languedoc se
trouvent les armoiries suivantes :
De... au chevron,., surmonté d'une étoile
accostée en chef de deux croisettes et en
pointe d'un croissant.
Casque de chevalier.
Sur un autre en fer, même provenance
sont celles-ci :
De.. . à la bande... chargée de trais her-
mines et accompagnées de deux larmes.^ une
en chef.^ Vautre en pointe. Couronne de
baron.
A quelles familles pouvaient-ils appar-
tenir ? B. DE C.
L'œil de verre de Paul Del met.
— Le lendemain de la mort de Paul Del-
met, VHcho de Paris a publié une anecdote
sur le charmant musicien, où celui-ci s'ex-
cuse vis-à-vis d'une personne, alléguant
qu'il a un œil de verre. Le fait était- il
exact ? G. B.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
677
678
10 Novembre 1904,
1
upoiiBei
Napoléon Bonaparte appelé Ni-
colas (L, 163, 234, 293, 567). — On
peut lire dans Las Case et aussi, il me
semble, dans Gourgaud, Texplication que
Napoléon donnait lui-même de ce surnom.
Il raconte, à Sainte-Hélène, qu'à l'époque
du traité de Tolentino, il fut reçu à Flo-
rence par un chanoine, Nicolas Buona-
parte, vieil homme de nature assez pape-
rassière, qui descendit un matin au jeune
général de l'armée d'Italie, quantité de
vieux parchemins, tendant à prouver non
seulement la noblesse des Buonaparte,
mais les liens directs qui unissaient la
branche de Corse à celle de Sarzanne.
Napoléon ajoutait que ce vieillard étant
mort quelques années plus tard, on trouva
chez lui un testament instituant l'empe-
reur son héritier. Le bruit se répandit
alors de la parenté de Napoléon avec ce
Nicolas Buonaparte, et, comme à cette
époque quantité de distingués généalo-
gistes cherchaient une antique et illustre
origine au nouveau César, le nom du vieux
chanoine de Florence fut mis sur le
même plan que celui de Jacopo Buona-
parte, l'historien du Sac de Rome par
le connétable de Bourbon, un des ancêtres
célèbres qu'avait préconisés l'oncle à héri-
tage. De là le nom de Nicolas dont profi-
tent les libellistes.
M. R.
La Courrier de Lyon (XLIX, 502.
635, 734 ; L, 568). — Je suis d'accord
avec le collaborateur A. S. e., ie frère
Léotade n'était pas l'assassin de Cécile
Combette, et je tiens son innocence pour
aussi évidente, ou peu s'en faut, que celle
de Calas ; je ne puis dire plus. Mais si je
ne me trompe, les choses ne se passèrent
pas tout à fait comme il est dit.
Dès que l'on eut retrouvé le corps de la
jeune victime, il }' eut un déchaînement
général, dans Toulouse, « un frère seul
pouvait avoir fait le coup ». Ce fut une
clameur de haro, un de ces emballements
féroces contre lesquels sont impuissantes
la raison et la justice. Journaux, magis-
trats suivirent à l'envi ; on joua du (( pe-
rinde ac cadaver », on parla de cette
« chasteté condensée /, seule cause du
crime ; on incrimina comme des complots
de mensonge et de parjure les mesures
légitimes de défense prises par l'Institut
visé avec la dernière violence par dessus
la personne d'un de ses membres.
Dans ces conditions, étant donnée l'im-
prressionnabilité d'un jury, surtout d'un ju-
y méridional, le frère Léotade était perdu.
Le coup de foudre de février 1848 ne
créa pas cet état des esprits, il préexistait.
Toules les préventions voltairiennes et
anticléricales, toujours très vives dans la
classe bourgeoise et moyenne qui n'avait
pas encore pris peur du socialisme, se
donnèrent pleine carrière, et l'événement
qui fit un personnage public de l'avocat
de la partie civile fut sans influence ap-
préciable sur un verdict imposé par une
opinion aveuglée.
Le procureur général, M. d'Oms, se
montra déclamateur et passionné, c'était
ainsi que Ion comprenait alors le rôle du
ministère public ; mais enfin, il était là
pour accuser, et on le peut trouver mo-
déré si on le compare avec le président,
M. Goirand de la Baume, dont la partia-
lité fut révoltante. Hélas, c'était alors plus
ou moins le ton ordinaire des présidents
d'assises; pas de tous cependant, et j'en-
ai connu d'irréprochables, même dans le
résumé si heureusement supprimé au-
jourd'hui. Mais je ne crois pas que l'on
ait entendu jamais un magistrat dire au
défenseur:«Vous n'êtes pas de bonnefoi»,
comme se l'entendit dire M^Gasc.
Je ne sais ce que devint M. d'Oms, sans
doute il disparut, au moins momentané-
ment, dans la tourmente de 1848. Quanta
M. Goirand de la Baume, il devint pre-
mier président de la cour de Montpellier,
et ayant habité pendant quelques années
une ville du ressort, j'ai beaucoup entendu
parler de lui. On le donnait pour un hom-
me d'une certaine valeur juridique et
honnête, mais impérieux, menant sa cour
comme une étude de lycéens, passionné
et ne revenant jamais.
J'étais un enfant lors du procès Léotade,
et, pour préciser, je venais d'entrer dans
ma douzième année. Autour de moi, dans
ma famille, on parlait, mais à mots cou-
verts, du procès de Toulouse, pas autant,
toutefois, que des Girondins de Lamar-
tine, qui venaient de paraître.
Il laut que les comptes-rendus des jour-
naux aient été dans leur ensemble défavo-
rables à l'accusé, car il me souvient très
N* 1057,
^INTERMÉDIAIRE
679
680
bien que l'on était porté à le condamner.
IS Illustration, que l'on recevait à la mai-
son, publia un portrait en profil de Léo-
tade, auquel le dessinateur donnait une
expression bestiale et fausse. Mais en ce
temps où le daguerréotype ne faisait pas
même pressentir la photographie prête à
naître, les portraits donnés par les jour-
naux illustrés n'avaient aucune authenti-
cité.
J'ai rapproché l'accusé célèbre de 1847-48
au procès de Calas en 1S62 ;ce sont bien,
selon moi, mais en sens contraire, deux
accès de fanatisme, de passion aveugle qui
emportèrent tout. Q.uand on lit à distance
les comptes rendus, on se demande avec
stupeur comment il s'est rencontré des
hommes de bonne foi — je ne suspecte
celle de personne — pour condamner des
accusés contre lesqu^ s on ne relevait au-
cun indice capable de faire impression sur
un esprit raisonnable.
Comme Calas dans les tortures de la
question et sur la roue, Louis Bonafous
mourant attesta son innocence ; celle du
premier ne fait pour moi aucun doute,
celle du second me paraît presqu'aussi
assurée. Mais moins heureux que le mar-
chand protestant de Toulouse, le pauvre
ifrère n'a pas obtenu sa réhabilitation offi-
cielle ; je crois cependant qu'elle est faite
dans la conscience de tout homme impar-
tial.
Quand donc s'éteindront ces doctrines
de haine qui s'exerçant alternativement
en sens contraire, ont fait, font et feront
encore tant de mal à la France ! Homo
homini lnpus,d\t un vieux proverbe, Gallus
Gallo lupissiwits, c'est l'épigraphe que l'on
pourrait mettre à notre histoire nationale
si belle par maints côtés, si vilaine par
d'autres.
Une dernière observation au sujet du
procès de 1847-1848; la lecture des déposi-
tions à décharge des collègues etsupérieurs
de l'accusé, celle des réponses de celui-ci
dans son interrogatoire, ne sont pas sans
causer parfois un peu d'impatience. Im-
possible d'obtenir des paroles nettes, pré-
cises, ce ne sont que à peu près, hésita-
tions, formules évasives,de là des accusa-
tions de connivence, de mensonge, de faux
témoignages. Rien de plus injuste, et c'est
bien mal connaître la psychologie du prê-
tre ou du religieux non prêtre. Au temps
lointain où j'avais l'honneur de figurer
au barreau de ma ville natale, un maître
avocat me dit un jour où nous avions à
parler dans le même procès criminel :
« Si vous avez dans une aftaire des té-
moins ecclésiastiques, fasse le ciel qu'ils
soient à charge, non à décharge >v Com-
me sans être un pratiquant c'était un
homme respectueux des choses religieu-
ses, je manifestai un certain étonnement
dont il s'aperçut. « Voyez-vous, ajouta-t-il,
pour ce monde là, il n'y a qu'une vérité
au monde, mais absolue, celle de la foi.
Tout le reste, j'en excepte les vérités ma-
thématiques, n'existe pas, n'est qu'appa-
rence, illusion, incertitude. Dans les cho-
ses humaines, toute affirmation est donc
dangereuse, et quand on prête serment,
la conscience est plus directement inté-
ressée encore.
<' C'est pourquoi l'homme d'église n'em-
ploiera jamais que des formules par à peu
près, n'osera pas affirmer ce qu'il sait,
paraîtra se troubler à la question la plus
simple et donnera souvent l'idée de la
dissimulation, du mensonge même, men-
songe toujours bien maladroit, d'ailleurs ;
ce ne sont cependant que des apparences.
Cet état d'âme est fait pour impatienter,
indisposer le jury, le président et l'avo-
cat général ; mais rien n'y fait, le pli est
pris depuis le séminaire et un Renan le
conservera toute sa vie ».
J'ai pu reconnaître, au cours d'une vie
déjà longue, que M.^ *** avait raison.
H. C. M.
La « commandature » allemande à
Paris en 1871 (L,556). — « Le général
de Kammcke », commandant le corps
d'occupation « avait établi son quartier
général dans Thôtel de la reine Christine,
à l'avenue des Champs-El3'sées ». (Char-
les-Yriarte, les Prussiens à Paris et le 18
mars, page 63). Situé au n" 9 de l'avenue
des Champs-Elysées, cet hôtel est au-
jourd'hui la propriété de M. Sabatier
d'Espeyran. Gomboust.
*
• *
La réponse à la question se trouve dans
le huitième volume du Siège de Paris par
Alfred Duquet, volume ayant pour titre :
Paris, La Capitulation et l'Entrée des
Allemands. Tous les détails de cette en-
trée se lisent de la page 293 à la page
346. On y voit, notamment, page 307,
que le quartier général (commandature)
.- 68 1
DES CHERCHEURS HT CURIEUX lo Novenabre 1904
682
du général de Kammcke avait été établi à
avenue des
Sic.
l'hôtel de la reine Christine,
Champs-Elysées.
Le sernientmaconnique (L,498). —
11 y a pour la Française autant de ser-
ments que de grades, soit sept. 11 serait
trop long de les donner touâ ici ; on les
trouvera dans la Maçonnerie pratique, 2
vol. Ed. Baltemveck éditeur (1885-1886).
Le serment n'a rien de bien important par
lui-même, il fait simplement partie du
rituel qui contient des réponses aux ques-
tions du Ven .•., réponses dans lesquel-
les se trouvent des engagements bien au-
trement importants que ceux du ser-
ment. F.
Le cardinal de Rolianet la franc-
maçonneria (XLIX, 667 ; L, 455). —
L'Acacia commet certainement une erreur
en affirmant que la loge « égyptienne »
fondée par Cagliostro ne fut pas une loge
rnaçonnique.
Tous les auteurs maçonniques sans
exception attribuent à Cagliostro la fon-
dation du rite maçonnique dit « de Mis-
raïm ^> et ont vu dans la loge « égyptienne »
le point de départ de' ce rite si particulier,
qui n'a de commun, avec les autres rites
maçonniques, que les trois premiers
grades.
Ce rite « de Misraïm » qui compte
jusqu'à 90 grades, alors que les autres
n'en ont que 33, a encore à l'heure ac-
tuelle des garants d'amitié auprès du
Grand-Orient de France.
G. LA Brèche.
Couvant da Panthomonî (L, 443,
573). — Colonne =574,1! faut lire Contant
dTvry et nom Coûtant ; cela n"est peut-
être pas bien important, mais justement,
le député actuel. d"lvry se nommant Con-
tant, pour le distinguer, on a pris l'habi-
tude de l'appeler Contant, d'ivry, et il y
aurait, malgré la différence des époques,
une confusion. César Birotteau.
Barffremont (L, 445, 578). — Con-
sulter VHisîoire de Senuècey-ïe-Grand en
I vol. et l'Histoire du canton de Sennecey^
en 2 vol., par M. Léopold Niepce, con-
seiller à la cour de Lyon. Ces ouvrages
donnent des renseignements précis sur la
famille de Bauffremont. A. B.
Cheniilion, sculptaqr (L, 7, 132).
— i" Dans ses Intéressants Souvenirs' du
dernier Secrétaire de Sainte-Beuve, M. J.
Troubat, écrit, au chap. XX'VI :
Paul de Saint-Victor a assigné au buste de
Sainte-Beuve par Chenillion sa place entre
deux rayons de bibliothèque, avec les œuvres
de l'auteur des Ltindis dans le fond.
Je me permets de demander aux inter-
médiairistes dans quel ouvrage, dans
quelle chronique. Paul de Saint-Victor a
fait cette classification. M. J. Troubat,
interrogé sur ce point, répond aimable-
ment qu'il croit se souvenir avoir vu cette
classification dans un article de la Presse.
Aux collègues qui me donneront plus
amples détails, j'adresse d'avance un cor-
dial merci.
2") M. J. Troubat a écrit aussi, dans
V Intermédiaire (col. 133) « qu'une des
statues des rois de France, du portail de
Notre-Dame, exécutée par Chenillion, re-
présente Viol!et-le-Duc'à la barbe fleu-
rie », Quel est ce roi ?
Louis Calendini.
Famille Gonet du Four (L, 389,
519, =582). — Je ne puis répondre à Ja
question précise que me pose M. G. P. Le
Lieur d'Avost. Le fragment de la nliatiou
qu'il m'indique m'intéresse vivement ;
mais je voudrais savoir si les du Four
ont eu des descendants actuellement vi-
vants.Louise du Four, née en 1755, épousa
Julien Jean, comte de Tesson, le 16 février
1776; ils n'eurent pas d'enfants — Alexan-
dre a-t-il laissé postérité .? — Comment
les du Four se rattachent-ils à la famille
de Noël de Buchères, en Champagne ^
Parmi les parents de Claude-François de
Noël se trouvait M-"^ du Four, fille d'un
riche financier, dont le baron de Noël
devait hériter. Je désirerais connaître leur
degré de parenté. A. B.
His de Lasalle, collectionneur
— Saint P.ïarcelGorbin, paintre (L,
557). — M. Eugène Lecomte a lu sur His
de Lasalle une notice dont il est l'auteur,
à l'Assemblée Générale des « Amis du
Louvre » le 12 janvier 1903.
11 y a également une notice dans le
cataloo-ue de la "collection His de Lasalle
du Musée du Louvre, par M. de Tau-
zia.
N* 1057,
L'INTERMÉDIAIRE
683
-™ 684
Enfin, M. de Chennevières a fait cette
année, à l'Ecole du Louvre, une leçon en-
tièrement consacrée à ce généreux dona-
teur.
Voici les quelques détails qui se trou-
vent dans ces diiTérenles études :
Aimé-Charles (dit Horace) His de La-
salle naquit à Paris le 11 février 1795 et
mourut dans cette ville le 28 avril 1878 ;
il est inhumé au Père Lachaise.
Sa mère, Hélène de Nervo, avait épousé
en premières noces le marquis de Mont-
geroult ; c'était une musicienne accom-
plie. En 1792, M. de Montgeroult, atta-
ché comme général de brigade à la léga-
tion de Naples, fut fait prisonnier et con-
duit à Mantoue où il mourut. Sa veuve
se mit courageusement au travail ; elle
passa en Angleterre où elle fut applaudie
dans une série de concerts. Mme de
Montgeroult rentra en France au lende-
main du 9 termidor et épousa M. His de
la Salle, rédacteur du Moniteur^ origi-
naire de Senonges dans la Beauce, entre
Dreux et Chartres. Nommée professeur
au Conservatoire de musique, dès sa fon-
dation, sa santé ne lui permettait pas
d'y rester plus de deux ans ; auteur d'une
Méthode de piano, ses contemporains la
mettaient au rang même de Haendel.
A vingt ans, le jeune His de La Salle
s'engagea dans les Gardes du corps de
Louis XVlll, compagnie du duc de Raguse,
puis au 2* régiment de Cuirassiers de la
Garde Royale. En 1826, il démissionnait
pour accompagner sa mère malade à Flo-
rence où elle mourut en 1828 ; elle fut
enterrée dans le cloître de Santa Croce.
Le futur collectionneur parcourut alors
l'Italie, puis les Flandres, recueillant
d'abord les gravures dont il faisait une
vente en 1856 pour s'adonner unique-
ment aux dessins. L'histoire de cette col-
lection remarquable est connue et, avant
sa mort, elle entrait au Louvre le 19 fé-
vrier 1878.
His de Lasalle avait un demi-frère plus
jeune, le comte His de Butenval, qui
était dans la carrière diplomatique et fut
chargé d'affaires à Constantinople.
L. Greder.
Le Noir, lieuteûant de police
(XLVll ; XLVIII ; L, 247, 362). —Le Noir
était-il parent et à quel degré de :
1° Jean Charles Le Noir qui, dans la
seconde moitié du xvin" siècle fit partie, à
Pondichéry, du conseil de la compagnie
des Indes et dont la fille (Marie-Jeanne Le
Noir) épousa, vers 1760, Charles-François
Léopold de Pavons, baron de Ceciatti,
major-général des troupes de ladite com-
pagnie des Indes, commandées alors par
Lally-Tolendal.
2° et de Louis- Alexandre Le Noir, vi-
dame de Châlonssur-Marne, Directeur et
Receveur général des Domaines du Roi,
de la généralité de Châlons.
B. DE Mairet.
Majorât de Claude Monet (L,
559). — 6 mai 1594. Arrêt accordant à
Claude-Monnet, receveur général des do-
maines de Calais, surséances de six mois
pour rendre compte des sommes par
lui fournies au sieur de Gourdan, pour
l'entretien de la garnison de Calais. Bibl.
nat. ms p. 18159 f' 136 v". [Valois, arrêt
du Conseil d'Etat, 767].
30 septembre 1599. — Arrêt enjoi-
gnant à M« Nicolas Le Beau, receveur par-
ticulier des traites domaniales à Calais,
et à M. Jean Colas, commis à la recette
de la traite foraine en la dite ville, de
verser tout le produit des dits iir.pôts
entre les mains de M= Claude Monnet
receveur général des finances de Calais.
[Valois, arrêt du Conseil d'Etat, 5517].
1600. août. Dans un acte notarié :
Noble homme Claude Monet, conseiller
du roi, trésorier receveur général des
domaines et finances de Calais et pays
reconquis vend un corps d'hôtel consis-
tant en deux maisons, rue des Andouilles,
avec jardin et courasse, tenant par der-
rière à la rue Saint-Martin. Sa femme :
Marguerite Baudoin.
1606. 21 janvier. — Son Testament.
Il institue pour légataire universel son
cousin et compagnon d'office, André Mo-
net ; lui donne son office et tous ses biens,
mais fait des legs à sa sœur Marie, à son
frère prieur d'Ancienneville, à Judith
Boutillier femme de David Toisson, à
Judith du Fresnoy, à Frise du Chesne.
1606. 15 février. — Testament de An-
dré Monet, conseiller du roi, receveur
général, etc.
i6u6. 10 juillet. — Inventaire en suite
du décès d'André.
1608. Claude Monet, mayeurde Calais,
et Marguerite Landrin, sa femme, ven-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
68:
10 Novembre 1904.
686
dant à Espagnolet Prévost et Marie De-
latre, sa femme, une censé à Vieille Eglise
avec 120 mesures de terres. Joire.
Famille de Saint-Simon Courto-
mer (L, 5t>o). — Antoine-Léon-Paul,
marquis de Saint-Simon Courtomer, né à
Pans, le 23 octobre 1750 f .... reçut
pour armoiries, avec le titre de comte de
l'Empire : de sinople à ^ lions rampant
d'argent, armés et lampassés de gueules^
l'extrémité de la queue de gueules ; au franc
quartier des comtes présidents de collège
électoral. J. P. Le Lieur d'Avost.
Bernot de Charant(L, 500,632). —
La famille Bernot de Charant a toujours
été comptée parmi les plus honorables
familles de la Charité. Pour ce qui la con-
cerne, on peut consulter VArmorial de la
généralité de Bourges et \' Armoriai du Ni-
vernais. Elle est, en effet, encore représentée
par le colonel de Charant, actuellement do-
micilié à lYiontargis, quia eu de Mlle Pou-
gin de la Maisonneuve quatre enfants :
André, le capitaine de dragons, Charles,
la baronne de la Villéon et Cécile. Retiré
d'abord à Nevers où sa vie était entière-
ment consacrée aux bonnes œuvres, le
colonel, par son départ, y a causé le plus
grand vide, emportant les regrets de tous
ceux qui avaient l'honneur de le connaître.
T.
Bautru (XLIX ; L, 132, 357, 464,
578). — Je copie pour M. Paul Pinson le
résumé de la pièce dont j'ai parlé et qui est
un Inventaire ou production de pièces
pour la Recherche de 1700 :
Election d'Etampes.
Demoiselle Jeanne Le Jars veuve de
Charles de Botru écuyer s' de la Potherie,
demeurant à Estampes et J. B. de Bautru
fils unique dudit défunt et de la dite de-
moiselle, assisté de Me 2»Iaillard son avocat
et conseil, Déclarent pour satisfaire à l'assi-
gnation qui leur a été donnée devant vous
Mgr Phelipeaux le 22 février 1700 à la re-
quête de Claude Marchand subrogé de M.
Charles de la Cour de Beauval.,.
Qu'étant ladite demoiselle le Jars veuve
dudit Charles de Bautru, il suffit pour sa
décharge d'établir la qualité de son fils, car
en montrant que son fils est issu de fa-
mille noble il s'ensuivra qu'elle est veuve
de noble et en a leurs privilèges.
J. B. de Bautru est né à Paris le 18 août
1680, sa famille est originaire du Perche et
depuis elle a été s'établir en Picardie, et
consiste à présent en lui et en demoiselle
Jeanne Marie de Bautru sa sœur d'un pre-
mier mariage de son père.
11 a pour armes : d'azur au chevron brisé
d'argent et une tête de loup arrachée en
pointe face de 2 roses d'argent.
A la suite sont produites toutes les
preuves desquelles il résulte la généalogie
suivante :
Etienne de Bautru ou Botru père de
Jacques de Bautru.
Jacques de Bautru épouse Simonne
Damour, d'où :
Innocent de Bautru épouse Jacqueline
de Baugier,d'où :
César de Bautru épouse Suzanne de
May, qui a deux fils :
1'^ Pierre, seigneur d'Inneville,2" Char-
les,seigneur de la Potherie qui épouse, en
r*^ noces, demoiselle Choderlotet en 2"°",
Anne Le Jars.
Du I" mariage de Charles est né
Jean-Baptiste de Bautru, lieutenant au
Régiment d'Arbois, assigné.
Comte DE BoNY de Lavergne.
Lefebvre de Cheverus (L, 616).
— Renée Taignier égousa, à la fin du
xvn'' siècle, René Lefebvre de Cheverus,
juge civil et criminel de Pabbaye de Savi-
gny, lieutenant de la maréchaussée à
Mayenne. Sa fille, Marguerite, devint re-
ligieuse du Calvaire, à Mayenne, sous le
nom de sœur Saint-Léon ; son fils, Vin-
cent-Gilbert, fut chapelain de Notre-Dame
de Paris. Dans le nombre de ses descen-
dants, les plus distingués au xviii' et au
xix' siècles, citons : Louis-René Lefebvre
de Cheverus, curé de Notre-Dame de
Mayenne ; Jean-Vincent-Marie Lefebvre
de Cheverus, juge général civil et de po-
lice du duché de Mayenne ; Julien-Jean-
François Lefebvre de Champolin, lieute-
nant-général au même siège, maire de
Mayenne, ses petits enfants ; Jean-Louis-
Anne-Madeleine Lefebvre de Cheverus,
cardinal archevêque de Bordeaux, son
arrière petit-fils.
La famille de Cheverus avait pour ar-
moiries : de gueules, à trois têtes de chèvres
arrachées d'argent, posées 2 et /, mais était-
elle noble ^ 11 semblerait que non. M.
Grosse-Duperon a écrit dans Souvenirs du
Vieux-Mayenne que Renée Taignier, de-
venue veuve, craignit d'être troublée
N" 1057.
L'INTERMEDIAIRE
687
688
dans la jouissance des privilèges et exemp-
tions attribués à sa noblesse et qu'elle s'y
fit maintenir par lettres royales en date à
Versailles, du 31 août 1734.
VIdImUs.
Créquy-Montfort (L, 6i 5). — On
lit dans la Vcriié sur les deux maisons de
Saiilx-Courtivron ^ par ]. d'Arbaumont :
Le sceau de Nicolas de Courtivroii de la
maison de Saulx,(niort avant 13 57) porte un
écu de trois bandes^avec un frauc-quartier,
où l'on soupçonne plutôt qu'on ne distin-
gue, vu l'état de vétusté de la pièce, le
crèquier à cinq branches qui brisait déjà les
armes de son aïeul.
11 est permis de croire que celles-ci pro-
venaient d'une première maison de Cour-
tivron, éteinte au xii° siècle dans celle des
sires de Saulx, et j'ajoute qu'il est très cu-
rieux de les retrouver, à une époque beau-
coup plus récente, intimement unies, sur
l'écu des derniers seigneurs et marquis de
Courtivron, aux trois compas d'or en cliamp
d'a:itir^ de leur blason héréditaire.
Les armes de Le CompasseUr-Créquy-
Montfort, marquis de Courtivron, sont en
effet : coupé : au i d'a:^nr à trois compas
ouverts d'or, parti d'or à un crèquier de
gueules ; au 2 d'azur à trois bandes d'or.
Le même auteur nous apprend, dans
V Armoriai de la Chambre des Comptes de
Dijon, que ce fut Claude le Compasseur
qui modifia ainsi les armes de sa famille
et il le fit après l'ach^ de la seigneurie de
Courtivron, dont sa reprise de tief est du
23 janvier 1640. En ajoutant à son blason
les armes des anciens seigneurs de Cour-
tivron, il pécha par ignorance en les
attribuant, lui ou ses descendants, aux
familles de Créquy et de Montfort, dont
le nom s'ajouta au leur.
11 me semble que le collaborateur Dont
Care doit connaître sur ce sujet des cho-
ses intéressantes et qu'avec sa haute com-
pétence, il nous édifierait complètement.
D. DES E.
Les La Valatîe de Provence
(L, 558). Au xvii" siècle il y avait à Uzes,
en Languedoc, une famille de Valette
maintenue dans sa noblesse par jugement
du II décembre 1669.
Robert Valette, en 1672, était docteur
en médecine et homme de beaucoup de
valeur.
Dans des actes, j'ai trouvé des Valette
de Laudun, seigneurs de Gatigues ; sont-
ce les mêmes ? A Nîmes, il y a une fa-
mille protestante de la Valette dont un
des membres, ancien magistrat, a fait une
brochure, ie crois, sur l'Edit de Langue-
doc. Loin dé iries notes, mes renseigne-
ments restent vagues, mais peuvent encore,
j'espère, rendre service. B. de C.
Famille de Zandt (L, 561). — La
fille du baron de Zandt épousa un brave
officier français, M. Niepce, aide-de-
camp du roi Jérôme, et lui donna quatre
fils, dont deux sont devenus colonels
d'infanterie et un conseiller à la cour de
Lyon.
La veuve du colonel Max Niepce, qui a
conservé ses papiers et souvenirs, habite
Sennecey-le-Grand (Saône-et-Loire).
De Rocca.
Des descendants de cette famille existent
encore au château de A4ûnchv/eiler, dans
lesenvironsdeSan"elouis(Prusse Rhénane).
V ILLEROY.
Jourdain du Pin (L, 557). — Il
semble que, à moins de preuve contraire,
rien ne s'oppose à ce que les sires de
risle fussent, l'un le fils, et l'autre (en
1296) le petit-fils de Jourdain du Pin, le
Croisé. — Si la Bibliothèque nationale ne
fournit aucun renseignement sur la des-
cendance dudit Jourdain du Pin, ni sur
l'ascendance des sires del'Isle, ses homo-
nymes , peut-être trouverait-on quel-
quelque moyen d'élucider la question, dans
les chroniques ou anciennes histoires pro-
vinciales, notamment à la bibliothèque
de Poitiers?
Il y a aussi un Isle-Jourdain ("arr de
Lombez) dans le Gers, et un Isie (arr.
de Limoges) dans la Haute-Vienne.
Adel.
Les enfants de Voltaire (L,6i8). —
Il ne répugnait pas à l'esprit dépravé du
marquis de Villette d'afficher qu'il était
fils de Voltaire.
Grimm assure même qu'il était persuadé
de cette paternité par la raison que sa
mère, fort belle, fort galante, très à la
mode, avait été particulièrement connue
de l'auteur de Candide. Ce pourrait être,
semble-t-il — et cette déduction est
venue tout naturellement à l'esprit de
quelques auteurs — le motif de l'étrange
DES CHSRCHEURS Eï CURIEUX
689
10 Novembre s 904*
690 ;
attachement du philosophe pour ce peu
recommandable personnage auquel, mal-
gré ses vices, il fit épouser Belle et Bontie^
qui lui tenait tant au cœur, et chez qui il
mourut. Lucien Lambeau.
Vierges noires (XXXVIII ; XL). —
Je ne vois pas qu'il ait été fait mention de
la vierge noire conservée en l'abbaye
Saint-Victor-de-Marseille dont M. H. Gui-
chenné a écrit l'histoire. Marseille. 1873.
A. S...E.
La fleur de lis dans les armes
desPeretti délia Rocca(L, 168, 368,)
-— Selon V Armoriai Corse du comte Co-
lonna de Cesari Rocca, Paris, petit in-4°,
1892, p. 65, cette famille serait issue,
d'après la tradition, de Piretto, fils dé
Giudice délia Rocca. Le 28 avril 1772, elle
obtint du Conseil Supérieur de la Corse
un arrêt établissant sa filiation depuis
Napoléone deile Vie, capitaine au service
de la France, autorisé par Henri II à por-
ter comme armes : d'a:(ur à une jleur de
lis d'or sbiitemie par deux lions du même.
Voir Anton' Pieti'o Filippini, La Historia
diCorsica. 'Xouxxïon^ 1594, etPise, 1829,
4 vol, in-S".
La famille Peretti délia Rocca compte
parmi ses membres : Mgr P. délia /R.,
délégué du clergé aux Etats Généraux de
1789 ; Mgr P. délia R., évêque auxiliaire
d'Ajaccio, mort en 1892.
Th. Courtaux.
. *
♦ *
i"^ La fleur de lis d'or sur cdamp d'azur
fut donnée par Henri II roi de France à
Napoléone de Levie (1558).
Cet événement est relaté par un diplôme
original de noble et de chevalier, octroyé
en 1=558, par le duc de Guise, au nom du
roi de France, Henri II, à l'un de mes
ancêtres, Napoléone, gentilhomme cbrse,
capitaine au service de la France, qui
s'était distingué particulièrement a la ba-
taille de Renty, contre Charles-Quint. Le
rbi liii avait donné l'accolade sur le champ
de bataille (/555J.
2" Des pièces authentiques prouvent la
descendance directe avec Giudice délia
Rocca, ou Sinuceflo délia Rocca lui-même,
descendant direct de second fils de Hugo
Colonna, le comte de Cinarca du Cinar-
chesi. La 1" branche de Hugo Colonna,
les Biancolacci^éXa'ïi éteinte.
Nous descendons directement et ne
i^e ligne, de Hugo Colonna, comte de
Corse.
Je crois que les autres Colonna de
Corse sont venus plus récemment de
Rome.
La preuve en est dans ce détail : après
Hugo Colonna, nous voyons les Bianco-
lacci et les Cinarchesi à la tête de la Corse.
Forte de Cinosca épouse la dernière des
Biancolacci et devient chef de la famille :
(des deux branches).
Après, les Cinarchesi deviennent délia
Rocca, jusqu'à Giudice, 2' du nom, assas-
siné,comte de Corse, en 1450 ou àpeuprès.
Or, ce Giudice, avant-dernier comte de
Corse (il fut remplacé par un cousin qui
ne laissa qu'une fille) est notre aïeul di-
rect et l'arrière-grand-père de Napoléone
de Lévie, le même qui ajouta la fleur de
lys d'or à ses armes en 1558 (Bataille de
Renty, 1555.) J- de Renty.
L'aigle de Prusse dans les armes
d'une iamillB (L, 501). — Il n'y a pas
de faute héraldique ; dans tous les pays
de langue allemande, on n'observait nul-
lement la règle française qui prescrivait
de ne pas mettre rnétal sur métal ni cou-
leur sur couleur. Le fait rliêniê d'avoir
changé l'émail du champ, ne paraît pas
devoir être une concession. Les cbnces-
ssions faites par les souverains allemands
étaient nombreuses, et c'est par centaines,
par exemple, qu'on peut compter l'aigle
impériale sur des armes de particuliers;
soit entière, soit motivante d'un parti bu
d'un coupé. P. le J.
Dans la XXV^ Dissei-tatibn sur l'His-
toire de Saint Louis, par Du Cange, trai-
tant De la Communication des armoiries
des Familles ou d'une partie.^ accordée
par les Princes à diverses personnes, par
forme de privilège on de récompense.^ —
l'auteur débute ainsi :
C'est encore une espèce d'adoption d'hon-
neur que les t'nnces et les Rois ont prati-
quée lorsqu'ils ont communiqué leurs ar-
moiries à divers gentils hommes de léiirs
sujets bu étrangers. Car comme les armes
sont les véritables marques d'une famille,
ceux qui en sont ainsi honorés semblent
devoir participer à ses prérogatives. Ce sont
des moyens qu'ils ont choisis pour récom-
penser les services de ceux qu'il voulaient
gratifier ; et aussi pour les attacher plus
N" 1057.
L'INTERMEDIAIRE
691
692
fortement à l'avenir, et leur postérité à
leur service. Cette attribution de parties
d'armoiries, suivant Guy Coquille, en VHis-
toire de Nivernois, se lait avec diminution
notable par changement de couleurs ou di-
minution de nombre des pièces qui sont es
armes des bienfaiteurs, en sorte qu'on peut
connaître qu'ils ne sont pas du lignage,
mais qu'ils tiennent par bienfaict.
LÉON Sylvestre.
Singulières armoiries papales
(L, 168,25 1 ,365). — Permeitez-moi d'ajou-
ter quelques détails sur ces armoiries vrai-
ment singulières. Ce ne sont pas d'abord
des pots, mais des marmites, en latin Ol/a,
en italien pignaffa, d'où est venu le nom
de Pignatelli que portait Innocent XII avant
son élévation au souverain Pontificat. Elles
sont : de sable pos~ces2^l sur champ d'or. Les
historiens s'accordent à faire remonter
leur origine à l'époque du roi Roger de
Sicile, au commencement du xu* siècle.
Parmi les différentes versions que l'on
apporte de ces armoiries assez étranges,
celle-ci paraît la plus acceptable. Quand
le roi Roger alla à Constantinople pour
venger l'injure que l'empereur Emmanuel
avait faite aux Latins, un chevalier appar-
tenant à la famille des ducs de Bénévent
pénétra dans le palais impérial, et comme
preuve de son fait d'armes, en rapporta
trois vases d'argent noircis de fumée et
ornés de la couronne impériale. Le roi
Roger les accepta, et les donna comme
armes à la descendance de ce chevalier
qui prit le nom de Pignatelli.
Dans la prophétie attribuée à saint Ma-
lachie, ce pape est désigné par la devise :
« Rastriun in porta », le râteau à la porte.
Or, coïncidence étrange, la famille Pi-
gnatelli, d'où est sorti Innocent XII, habi-
tait alors près d'une porte de la ville et
s'appellait Pignatelli del Rastrello.
D^ A. B.
Les tresses de Navarre (L, 561).
— C'est probablement « les chaînes » qu'il
faut lire. César Birotteau.
Si M. A. T. Blés prend une pièce de
5 fr, de 1814, ou du moins un louis de
cette époque, il verra, dans les armoiries
de Navarre, accolées à l'écu fleurdelysé,
non des lresscs,md.\s des cha'ines. Ces chaî-
nes figurent dans l'écu navarrais depuis,
dit-on, la bataille de Las Navas, où des
chaînes entouraient le camp maure pris
d'assaut. La Coussière.
* ♦
D'après le Père Anselme (Histoire
généalogique de la manon de France, et des
grands officiers de la couronne., t. I, page
144 et suiv.) les rois de France, à partir
de Henri IV, portèrent pour armes : parti:
au /'■■ de France : au 2' de Navarre, qui
est : de gueules aux cha'ines 'd'or., posées en
or le, en croix et en sautoir.
Sont-ce ces chaînes que l'on a pris pour
d.<:s tresses i G. P. Le Lieur d'Avost.
Armoiries à déterminer : à trois
molettes d'éperon de sabla (L, 444,
587). — Je remercie MM. D. des E. et
Henri M. d'avoir bien voulu m'apprendre
que ces armes étaient celles de Ms"" de
Caylus, évêque d'Auxerre de 1704 à 1754.
Seulement M. Henri M. me permettra de
lui dire que les 3 molettes en question
sont bien (à tort ou à raison) de sable et
non d'or. |e constate la chose, sachant
bien du reste qu'on ne doit pas mettre
métal sur métal ni couleur sur couleur,
bien qu'il y ait des exceptions pour les
armes à enquerre.
Maintenant, en ce qui est du premier
quartier, le premier parti est bien coupé et
éinanché de gueules et d'or., l'émanché de
gueules qui est en chef ayant les mêmes
dimensions que l'émanché d'or partant de
la pointe:
En ce qui est du 2® et du 3* quartier
d'apir à ^ fleurs de lis d'or au bâton de
gueules péri en bande et aie :(é, je n'ignore
pas que Magdeleine de Bourbon-Malause
avait épousé, en 1636, un comte de Cay-
lus; mais les armes en question sont bien
celles de la maison de Condé et les Bour-
bon-Malause, branche des Lavedan. d'ori-
gine bâtarde, n'avaient pas le droit de les
prendre.
En résumé, les armes en question et
dont l'image qui les reproduit a dû être
détachée d'une pièce émanant de l'ancien
évêché d'Auxerre, doivent bien être ainsi
blasonnées :
Ecartelé : au i^^ coupé et emanché de
gueules et d'or., parti d'or à ? chevrons de
sable ; aux 2 et ^ d'azur à ^ fleurs delis d' or.,
au bâton de gueules péri en bande entre les
f.eurs de lys ; au .^, parti d'argent à la
bande de gueules accompagnée de de 6 flan-
chis de même en orle et d'or à ^ chevrons de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1904.
693 -
694
sahîe : Sur le tout d'à ^tir à^ molettes d'é-
peron de sable et au chef d'or .
P. S. Les vieux auteurs tels que le père
Menestrier disent eniancké pour les parti-
tions où les pièces s'enclavent en forme
de longs triangles comme dans le cas
présent et emmanché quand il s'agit de
haches, marteaux, etc., ayant un man-
che. T
Les documents phalliques (L,
172, 309, 423, 528, 598). — il est re-
grettable qu' « Un Touriste» aitcrudevoir
contredire M. Luc de Vos sur un point où
notre collègue était exactement informé.
Le phallus à Pompei, n'est pas une en-
seigne de lupanar, — pas plus que dans
l'Inde la fleur de lotus n'est une enseigne
de fleuriste.
C'est un emblème religieux, un objet
sacré, qui porte bonheur à la maison sur
laquelle il est sculpté. On ne répétera ja-
mais assez qu'aux yeux des anciens le
phallus n'est pas une image licencieuse.
Nous seuls avons fait de Priape une
figurine de cabinet secret. En Grèce et
dans tout l'Empire Romain, sa statue de
grandeur naturelle se dresse sur les voies
publiques devant les plus honnêtes femnies
qui ne songent pas à s'en offusquer. Son
attribut particulier décore le haut des
portes à la place même où nous mettrions
aujourd'hui une branche de buis, et les
pères n'en cachent pas l'objet aux regards
de leurs filles, bien au contraire : c'est
une sainte image.
11 faut cependant noter cette nuance,
que le dieu des jardins n'est pas un dieu
terrible ; on lui parle avec familiarité. Les
hommes le traitent en bon vivant. Les
femmes le trouvent un peu ridicule, mais
sympathique et à tout prendre, elles n'ont
pas peur de ce dont il les menace à titre
de châtiment. Une charmante petite pièce
latine de la meilleure époque fait parler
un Priape des champs qui commence en
criant de sa voix grondeuse : « Insipide
petite fille, de quoi ris-tu ? Insulsissimaquid
puella rides ? ?.>, mais l'accès d'hilarité qui
avait saisi la fillette romaine à l'aspect du
dieu champêtre n'a pas cédé à sa voix, car
avant la fin de la pièce il lui reproche de
rire encore.
Priape est donc un bonhomme de dieu.
Dans toutes les religions on trouve des
dieux ou des saints, auxquels le peuple
s'adresse avec familiarité ; et ils n'en sont
pour cela ni moins divins, ni moins vé-
nérés à l'heure du culte.
La question des peintures libres est
plus complexe. Sont-elles purement phal-
liques, elles décorent aussi l'entrée des
maisons, comme on peut le voir à la
porte des Vettii, devant la plus somptueuse
demeure de Pcmpéi. On a retrouvé là une
peinture en parfait état de conservation,
représentant un homme qui pose dans une
balance, d'un côté sa fortune, de l'autre
sa virilité qui fait pencher le plateau"
Les femmes d'une des premières familles
pompéiennes passaient tous les jours
devant cette priapée pour rentrer chez
elles. La question est donc tranchée.
Les peintures erotiques à deux person-
nages étaient, par contre, dissimulées ;
mais dans la plupart des cas on les retrouve
dans des maisons vastes et riches, dont le
plan architectural exclut absolument l'idée
de lupanar. Les meilleures sont encore
en place dans la Casa del centenaiio (Pom-
pei. Région IX, ilôt 7), mise au jour vers
1890. D'autres sont visibles dans la mai-
son n'5 i^ de l'ilot 5, région IX, à laquelle
on avait attribué tout d'abord une desti-
nation reconnue fausse. D'autres décorent
aussi la Casa Ahiova et sont placées dans
une petite pièce située derrière la cui-
sine, etc. Presque toutes ont été décou-
vertes à une époque récente.
Mais nous voilà loin de la question ori-
ginale qui concernait seulement les docu-
ments phalliques découverts en France.
Comment n'a-t-on pas cité encore le cippe
tumulaire trouvé à Lectoure et reproduit
dans GRiVAUD de l,i vincelle, pi. XII,
fig. =; ; les quinze phallus gravés sur la
planche X du même recueil, et surtout le
supplément de Forgeais, Plombs ti cuvés
dans la Seine (^25 figures). Voir aussi
GUILLAUME, Bron^es trouvés à Reims en
i8j8.^tt un grand nombre d'autres publi-
cations archéologiques dont la bibliogra-
phie serait longue à établir. Candide.
Consulat conscientiae suse(L, 161,
314, 375). — La formule « Oiator consulat
conscientice suce», est une formule d'usage
ecclésiastique, et dont le sens doit être
fourni par ceux qui l'emploient. C'est
ainsi que le mot transubstantiation a été
adopté par le Concile de Trente pour ex-
primer le miracle de la consécration.
N" 1057,
L'INTERMEDIAIRE
695 —
696
Or Consulere conscicntice suce veut sim-
plement dire, << qu'il pourvoie à sa cons-
cience », ou en d'autres termes qu'il pense
au salut de son àme ( mis en péril par
les faits qu'on lui reproche). Tel est le
sens ecclésiastique constant de celte ex-
pression. Mais il est aussi classique. Ainsi
Cicéron a cette phrase : Consulere parti
a'vhtm, qui V eut d'irt s'occuper d'une partie
des citoyens ; Cornélius Nepos, Consulere
mjle pitn'cv, faire le malheur de son pays.
Quand une Congrégation romaine en-
voie Une pareille formule à une personne,
c'est un signe qu'elle en reconnaît la cul-
pabilité et lui dit de prendre les mesures
pour pourvoir à sa conscience.
L'erreur n'est donc pas imputable au
rédacteur romain qui a employé une for-
mule d'usage constant dans sa chancelle-
rie, mais au traducteur romaih qui n'a
point su se rendre compte d'un latin que
par état il doit cependant bien connaître.
D-'. A. B.
Le mot roman (L, 447, 591). — Je
possède un volume dépareillé du xvm®
siècle, auquel il manque la date, intitulé :
Le spectacle de la nature ; au tome VII on
y trouve, pages 189 et suivantes, un
entretien sur la Paléographie Françoise.
L'auteur explique comment se forma la
langue romane vulgaire sous la première
race des rois francs ; on l'appela Saino
Romamïs.^ et par abréviation, Romans ou
Romance. Au x^ siècle et dans les suivants,
le goût de l'étude tomba totalement :
On regarda pour lors tomme utie langue
savante, la mince latinité qui aidôit encore un
petit nombre de personnes à entendre les
prières de l'Eglise, et à rédiger les actes judi-
ciaires. Mais cette latinité aussi barbare et
moins énergique que le Romans, eut encore
Ip malheur de n'être plus parlée nulle part.
Elle se réfugia dans les écoles, d'où le bon
goût a soilvent essaye de la débusquer, et où
elle a toùjbùrs cherche à se maintenir en vertu
de la coutume. Mais n'étant plus entendue ni
du gentilhomme, ni du bourgeois, moins
encore de l'homme de campagne, on com-
mença à faire beaucoup plus d'usage de la
langue vulgaire dans ce qui avoit rapport au
public. On s'en servit plus communément
qu'auparavant pour l'instruction. L'usage
s'introduisit d'écrire en Romans, et l'on don-
noit le nom de Romans, ou de Romance, ou
de Romancier, à tout ce qui s'écrivoit en
langue vulgaire, soit vers, soit prose. Ce
n'étoit pas déshonorer une histoire ou un ser-
mon, que de dire qu'ils étoient écrits en Ro-
mans. C'étoit la même chose que de dire
qu'ils étoient écrits en François : expression
qui n'auroit pas été juste dans les commence-
mens de la monarchie où ce dernier terme
auroît signifié non la langue vulgaire des
François, mais la vieille langue Franque ou
Allemande qu'ils avoient quittée. Les contes
de chevalerie, qu'on fit pour amuser les Croi-
sés quand ils étoient dans l'inaction, étant
bien reçus par tout, le Romans prit à son
tour plus de laveur que jamais. On ne parloit
plus que de lire ou d'écrire le Romans ; ce
qui signifioit aimer la lecture ou la composi-
tion des livres François. Ces livres, pleins
pour la plupart d'avantures imaginaires, plu-
rent par la facilité même de les entendre, et
par un effet de leur conformité avec tous les
désordres du coeur humain. Le nom de Romans
leur est demeuré, et on le donne encore à tout
ce qui est propre à corrompre l'esprit par un
faux merveilleux.
Cette citation est un peu longue, mais
elle répond bien à la question ._
D. DÈS É.
Cimer. sim6r(L, 395, 537. 591,650).
— C'est bien cimer qu'il faut écrire : ce
mot vient de cime et veut dire remuer par
le faite, par la citne, d'où l'expression usitée
dans les campagnes du Nivernais et du
Morvand et dont M. Ln. G. donne l'équi-
valent : Il na pas cime, c'est-à-dire il n'a
rien dit, il est resté coi. T.
Borie ne serait-ce pas métairie ^
(XLIX ; L, 484, 590- — ^^ "'y ^ pas de
doute, c'est même l'expression méridionale
usuelle.
Nous ajouterons même que les expres-
sions borie, borde, grange, bastide, mas,
ne sont autre chose que des synonymes
des noms français, ferme, métairie, cense^
masure, ménil, manoir, mense,
Etymologiquement parlant, d'ailleurs,
le mot borie vient de la basse latinité
boria qui signifie fond de terre, maison de
campagne, dérivé du latin hoaria, étable
à bœufs.
En Languedoc, on dit hori, borio ; boii-
vrio en rouergue ; hur en vieil allemand ;
casan en Provence, La Borie, Laborie, Les
Bories, Bory, Borie, sont des noms de
lieu et de famille très fréquents en Gas-
cogne, Languedoc et Périgord.
Elie Gil.
Le canot automobile (L, 449, 592
— 11 faut souhaiter que l'on arrête au
passage cette expression ridicule d'auto-
)■
au
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1904.
697
698
(
canot. Automobile devrait suffire au
bonheur de la laneue française. Il est
certain que le terme logique pour voiture
automobile était simplement voiture auto-
matique (ou absolument automate), oii si
on voulait à toute force un hybride gré-
co-latin : auiomotive. Mais l'usage nous a
imposé ce stupide néologisme : automo-
bile qui ne signifie d'abord que le contraire
de ce qu'on veut lui faire dire puisque
mobile est une forme passive n'impliquant
nullement une action spontanée et auto-
nome, mais qui de plus a perdu sa moitié
essentielle pour se voir réduit à ce simple
suffixe <s auto ». N'est-ce point un titre à
faire rêver que celui-ci qu'étalent tous les
journaux :
ALGER-TOULON AUTOMOBILE
Pourquoi n'avoir point nommé la nou-
velle science aiito-naut/que, comme on
dit l'économique, la politique, — la racine
grecque yaù; est admirable : elle donne
d'abord des diminutifs, ensuile et surtout
elle a par elle-même une signification
puisqu'elle provient directement du verbe
véu qui exprime l'action de nager, de ramer :
àùrdvxu; qui rame par soi-même est donc
un peu plus logique qu'auto-canot, puis-
que tout canot est par destination canot
de lui-même et par lui-même.
Mais, de plus, auto-nautique nous don-
nerait auto-iiautisme pOur l'application
pratique, puis le diminutif auto-nantile
a.hzovxùrù'Ji qui aurait l'avantage de faire
figure d'homologue à auto-mobile : nous
aurions même au besoin auto-nautes.
N'est-ce point un séduisant parrainage
pour la navigation de l'avenir que celui
des fabuleux Argonautes qui voguèrent
à la conquête de la Toison d'Or, ou même
celui des rhoins légendaires Nautes pa-
risiens dont la corporation fonda Lutèce.
M.R.
îl y a belle lurette (L, 447, 596^. —
Littré, au mot Lurette^ supplément:
ïernae iamilier et de fantaisie qui ne se
dit que dans cette locution: il y a belle lu-
rette, il y a longtemps. Etym : corruption
de belle heurette.
J. Lt.
Aîa bonne heuro ! (L, 564). — Le
Courrier de l^auoeîas (Vll,C)i) donne cette
explication, avec exemples à l'appui :
L'expression à la bonne heure^qui avait
en quelque sorte, comme pendant à la
maie heure,a. été autrefois en usage dans le
sens de par bonheur^ heureusement. Puis,
par extension, à la bonne heure a fini par
s'employer comme terme d'assentiment,
de félicitation. Enfin, attendu que, géné-
ralement, on approuve quelqu'un qui
répond bien à une question qu'ori lui
adresse, et que, dans le cas où il le fait
du premier coup, on lui dit : c'est bien, ou
c'est très bien^on a réservé à la bonne heure
pour celui où une réponse satisfaisante ne
vient qu'après une ou plusieurs qui ne
l'ont pas été.
Voir aussi Littré, Hai^feld. J. Lt.
Inhumations hors des cimetières
(XLVin;XLIX;L, 191,316,437,530, ôot,
6'^À). — Dans la commune de Lormes
(Nièvre), au village de Fréfontaine,datis le
parc d'une maison de campagne apparte-
nant à la famille Heulhard de Montigny, il
existe une petite chapelle où sont enterrés
deux membres decette famille: M.Charles-
Gilbert Heulhart de Montigny, président
de chambre honoraire à la Cour de Bourges,
mort à Lormes le 12 janvier 1872, à l'âge
de cent ans et 2 mois, et Marie-Philibert-
Eugène son fils, sous-préfet de V^ classe
en retraite, mort à l'âge de 79 ans. T.
Droit de navàge(L,267).— Là famille
Saiisoii. — L'Intermédiaire reproduit une
lettre de l'exécuteur Sansdn qui expose
que « l'exécuteur de Paris percevoit un
droit que l'on appelloit droit de Navage i>:
<i Cette perception se faisoit à l'entrée des
portes de la ville et sur les marchés sur
chaque espèce en grains, légumes et au-
tres comestible ».
Les Annales politiques et littéraiyes (18
septembre 1904, p. 183) disent que
« parmi les droits qui étaient concédés au
bourreau, il y avait celui du lavage, qui
lui permettait de lever un impôt sur les
herbages, légumes verts et céréales que,
chaque marchand exposait en vente sur le
carré de la halle ».
Je ne trouve nulle part ni navage.^ m
lavage ; mais le Dictionnaire de Jrévoux
donne :
Levage. Terme de coutumes. Dans l'An-
jou et dans leMaine le levage est un droit
appartenant au Seigneur Justicier : il se
lève sur les denrées qui ont séjourné huit
jours en son fief, et y ont été vendues et
transportées ailleurs ; c'est l'acheteur qui
paye ce droit au seigneur.
N* 1057
L'INTERMEDIAIRE
699
700
Le Glossaire français de Du Gange, le
Glossaire de la langue romane de Roque-
fort, donnent également levage avec le
même sens.
Comment doit s'appeler le droit qui
constituait les émoluments du bourreau
et qui fut supprimé sous la Régence en
1721 el remplacé par un traitement
fixe ? J. Lt.
Grammaire catalane (XLVIII, 839,
985,XLIX, 36, ). — La grammaire cata-
lane, publiée par L'Avenç de Barcelone,
est en langue catalane, tandis qu'on de-
mande une grammaire écrite en français.
Luigari a publié une Grannnaiie Cafalàne-
Fra/içaise (Perpignan, Alzine, 1852).
F.-B.
Le Jocelyn de Lamartine (XLIX,
224,312,370). — C'est l'abbéDumont, ami
et contemporain de Lamartine, qui était
curé de la petite paroisse de Bussières, à
côté de Milly. Bibl. Mag.
Catalogues pour ventes de vieux
livres (XLIX, 842, 991 ; L, 91 ; 201,
310, 426). — Le système de vente à
l'amiable àjours et à heures pris d'avance
est toujours en usage à Florence. C'est
très-commode pour l'acheteur qui peut
consulter les livres à loisir le matin du
jour de la vente, le catalogue du libraire
à la main. Les ventes durent générale-
ment une semaine. Uu bouquiniste.
Collection de gravures prove-
nant do journaux illustrés (XLIII,
XLIV, ici). — Un de mes amis a formé
une collection considérable sur la typo-
graphie parisienne, dont plus de la moi-
tié provient des journaux illustrés. Moi-
même, je réunis ainsi toutes les pièces
que je trouve sur l'imprimerie, l'ornemen-
tation bibliographique, portraits de biblio-
philes et tout ce qui touche au livre en
France. Avis aux confrères, pour échange
ou dons gratuits que j'accepterais et
ferais aussi. J.-C. Wigg.
Il n'y a pas que... il n'est pas
que (XLVIII, 224, 371, 491, 602, 708,
766, 885 ; XLIX, 939; L, 38, 151).
— N'en déplaise à M.R.G.et à feu Vauge-
las, l'usage et la règle sont deux choses,
distinctes : il y a, même dans le langage,
des usages bons et des usages mauvais,
c'est par la règle qu'on les distingue ; il
faut une police partout. Il n'est pas exact
d'ailleurs de prétendre que c'est le peu-
ple, c'est-à-dire la masse qui ait fait la
langue ; l'élite intellectuelle c'est-à-dire
les écrivains, les lettrés, les savants, en
un mot tous ceux qui ont acquis de l'ins-
truction et du savoir, y est bien, je pense,
aussi pour quelque chose. Le peuple, lui,
fait la langue comme il a fait les chemins
de fer, les routes, les canaux, mais pas
tout seul. Et n'est-ce pas un devoir que de
l'empêcher de détériorier ou de détruire
l'ouvrage commun, et de se nuire à lui-
même ? La loi du nombre est absurde ;
elle conduit au triomphe de la sottise ;
on ne la voit apparaître que chez les
peuples en décadence, dont elle présage
la fin prochaine.
Pour en revenir au langage, il n'est pas
exact non plus de dire, avec M. R. G. que
« les mots et les locutions n'ont qu'un
sens, celui que leur donne l'usage ». Il
y a des mots, des phrases, qui ont été
créés avant l'usage, avec un sens bien
défini ; les mots et les locutions scienti-
fiques inventés depuis soixante ans, sont
dans ce cas ; à des choses nouvelles il
faut des mots nouveaux, et le toul le
monde de M. R. G. n'y est pour rien, car
il n'est pas, fort heureusement, aussi sou-
verain qu'il en a l'air.
M. R. G. qui prétend que si on écou-
tait les grammairiens, on ne pourrait plus
ouvrir la bouche, aurait pu ajouter ; ni
tenir la plume ; car il aime en prendre à
son aise, surtout quand il écrit : Le jour
que l'usage dit... Ceci me rappelle un
amateur de violon avec lequel j'exécutais
une partie de piano, et qui ne tenait aucun
compte de la mesure ; comme je le priais
de compter ses temps, il s'écria : « Ah !
s'il faut aller en mesure, c'est ennuyeux !
Moi je fais de la musique pour m'amu-
ser, je ne compte jamais les temps ! >^
Si tout le monde peut faire ce qui lui
plait et dire impunément qu'un carré est
rond, ou de l'Eau d'anum pour du lauda-
num (j'ai même connu un méridional
qui disait de VEau d'ânon), un centimètre
pour un mètre, et un centime pour un
franc, les grammaires, les dictionnaires,
l'orthographe (déjà mutilée d'ailleurs),
les écoles, les professeurs, même et sur-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre
1904,
701
702
tout l'Académie, deviennent parfaitement
inutiles.
Lorsque toutes ces choses gênantes au-
ront disparu, M. Tout le monde , ne. se con-
tentera plus d'avoir créé l'Eau danum :
l"huile de ricin deviendra promptement-
de l'huile d'hérisson ou de l'huile d'Henri
cinq ; le sulfate de cuivre, de la surface de
cuistre ; le sulfate de zinc, de la surface
des Indes ; le nitrate d'argent de la mi-
traille d'argent ou du Mithridate ; le sirop
de Désessarts, du sirop des Césars ; l'ou-
vrier qui aura un mal de gorge, se plain-
dra de ne plus pouvoir avaler son sa-
laire, et celui qui aura un eczéma du cuir
chevelu, priera son médecin de lui ôter
l'examen qu'il a dans la tête ; on enten-
dra une petite maîtresse dire qu'elle est
crottée jusqu'au barbet ; une dame du
monde s'écrier en regardant le vaisseau
de Notre-Dame : Quelle jolie nèfle !
Nous verrons ainsi persister et s'accroî-
tre les usages singuliers et la déraison,
qui d'après M. R. G., régnent dans les
langues, ainsi que les absurdités que, se-
lon lui, on trouvera)' douzaines chez les
grands écrivains français.
Mais M. R. G., fort heureusement, va
nous fournir lui-même des armes pour le
vaincre. Pour prouver que nous disons
qu'un canr' est rond^ il cite comme exem-
ple : un cadran est rond, et il ajoute que
cadran, c'est le latin qiiadrans, qui signi-
fie carré. C'est là une erreur qu'il partage
d'ailleurs avec Bescherelle, Larousse, Lit-
tré, etc. Qiiadrans n'a jamais signifié
carré ; il signifiait un quart, un quartier,
la quatrième partie d'une chose ; on s'en
servait pour désigner le quart de la mon-
naie romaine connue sous le nom d'as, le
quart d'une mesure ; quadrans pedis^ le
quart du pied. Un carré, c'est quadratiim.
Le mot cadran (quadrans) vient de ce
que les premiers cadrans, qui étaient des
cadrans solaires, avaient surtout la forme
d'un quart de cercle (et non d'un carré),
comme d'ailleurs l'instrument de marine
appelé quart, qui s'est aussi appelé qua-
dran ; en trigonométrie, ce mot signifie
un quart de cercle ; il a servi aussi autre-
fois pour désigner la figuration du globe
terrestre, lorsque celui-ci était représenté
coupé en quatre quartiers par l'équateur
et le méridien {Glossaire de du Cange). Le
mot cadre a eu la même signification, on
disait : la derraine cadre de la lune, pour
le dernier quartier de la lune.
Ce qui précède démontre péremptoire-
ment qu'il ne suffit pas que tout le inonde^
en matière de langage dise une absurdité,
pour que cette absurdité devienne raison-
nable ; car M. R. G., en admettant sans
examen, avec M. tout le monde, que ca-
dran veut dire carré, a été conduit à faire
une appréciation erronée de la locution ;
Ml cadran est rond. D'où la nécessité de
corriger M. tout le monde, quand il a tort,
pour ne pas être exposés à nous tromper
sans cesse. O. D.
Rue de la Paroisse (XLVl). — Il est
impossible qu'il se soit trouvé une rue de
la Paroisse dans la section de l'Unité, par
l'excellente raison qu'il n'y avait pas
d'église paroissiale dans son périmètre,
et qu'il n'y avait aucune rue conduisant
directement à Saint-Sulpice, dont elle dé-
pendait.
11 y a évidemment une faute d'impres-
sion dans le Moniteur. Gomboust.
Rue Antoine (XLVIIl, 506). — La
rue Antoine ne saurait être que la rue
Saint-Antoine, et la rue ci-devant Royale
la rue de Birague, qui a pris ce dernier
nom par arrêté préfectoral du 24 août
1864. Gomboust.
*
* m
A l'époque révolutionnaire, les nom*
de saints ayant été supprimés, la rue
Saint-Antoine portait le nom de rue An-
toine. Dans cette rue tombait à hauteur
de la rue Beautreillis une rue Royale qui
allait de la place Royale, actuellement
place des Vosges, à la rue Saint-Antoine.
Il y avait une autre rue Royale, allant
de la rue des Petits-Champs à la rue Thé-
rèse.
Elle débouchait au nord, en face de
l'hôtel Pontchartrain, et se prolongeait
au sud par la rue des Moulins, dont
elle a pris le nom actuellement. La
maison de l'éditeur de la gravure citée
par M. J. C. Wigg, portait le n» 216, ce
qui indique qu'elle se trouvait dans une
rue très longue. Celle-ci ne pouvait être
ni la rue des Petits-Champs qui a tou-
jours conservé son nom, ni la rue Thé-
rèse qui était très courte. La maison en
question était donc à l'angle de la pre-
N. 1057.
L'INTERMÉDIAIRE
— 703
704 -
mière rue Royale et de la rue Saint-An-
toine actuelle.
(Voir le plan de Paris de l'abbé Dela-
grive pour servir au IV* tome du Traité
de la Police. Paris, 1735).
Ivan d'Assof.
Pour MM. Léda, Leclerc, et Nobody,
la rue Antoine est la rue Saint-Antoine,
e|: la rue Royale, la rue de Birague.
Origine du nom de Jourdain dans
risle Jourdain (Vienne) (L, 218,
357). — Il existe également dans le Gers
un canton du nom de l'isle Jourdain. A
propos de celui de la Vienne, on a parlé
d'un Jourdain du Pin, seigneur de l'isle,
en demandant s"il n'aurait pas donné son
nom à risle (Vienne). Peut-être ; mais
il est plus probable que les du Pin, dont
il y a eu plusieurs seigneurs du nom de
Jourdain, ont donné leur nom a l'isle
(Gers). Dans la Gascogne, le Coorsin et
l'Agénois, il existe encore plusieurs bran-
ches de la famille du Pin. Un détail cu-
rieux à propos de l'isle Jourdain du Gers :
le comté fut octroyé, en 1772, à Jean
du Barry, frère de Guillaume du Barry,
mari de la fameuse maîtresse royale,
B.-F.
Julien, domestique de Chateau-
briand (L, 554). — Le collabo M. me
met trop aimablement en cause pour que
je n'essaie pas de lui donner satisfaction.
Mais, hélas ! les documents certains
sont bien minces pour que le flair qu'il
veut m' attribuer soit suffisant. Et puis je
ne crois pas au flair en matières histori-
ques ; le flair, fût-il d'artilleur, fùt-il de
policier, ne me parait pas suffisant pour
conduire la chasse et sonner l'hallali !
Mon mode de recherche est plus maté-
riel que le flair, plus terre ^ terre. Si
vous le voulez bien, je ferai ma démons-
tration en cherchant avec vous, ô col-
labo M, trop heureux si mon procédé
d'ouvrier d'histoire peut être uti|e aux
jeunes ; les autres en savent autant que
moi.
L'Itinéraire de Julien, cela sonne bien.
On songe d'abord à l'Itinéraire d'Antonin
et on cherche machinalernent la carte de
Peutinger.
Voyons d'abord comment se pose le
problème. Quels sont nos a, Z>, f, d,... et
nos X, y,:^ :
a. Etant donné un homme qui s'appelle
julien, qui avait 46 ans en 1806, nous
pouvons assurer qb'il est né en 1760, un
peu avant ou un peu après.
h. Chateaubriand ayant parlé de sa
mort en 1839, nous pouvons assurer
qu'il est mort au plus tard en 1839 et
dans un hospice de vieillards à Paris ou
près de Paris.
c. Chateaubriand ayant eu besoin de
l'appui de quelqu'un pour faire entrer
Julien dans le dit hospice, ce n'est donc
pas pendant la Restauration ; ce quelqu'un
étant Joubert, mort en 182^, c'est donc
avant 181 5 qu'il y est entré et pas après
1830.
d. En 1806, à des dates précises, Julien
s'est embarqué à Trieste, Smyrne, Alexan-
drie, Tunis,
Qii'est-ce que je cherche ?
X. Le nom de famille de Julien.
y. La date de sa mort,
et si possible
^. le lieu et la date de sa naissance.
Q.ue vais-je faire .? Que puis-je faire ?
1" Je me suis adressé à l'Assistance pu-
blique pour rechercher dans les registres
de Bicêtre et de Sainte-Perrine si un
nommé Julien X, né vers 1760, n'est pas
mort dans un de ses asiles.
Que j'en trouve un, deux, trois... par
des recoupes à l'état-civil, j'arriverai Cer-
tainement à identifler mon personnage et
du même coup, je connaîtrai a; et ji/ et
probablement {.
2° En attendant, j'ai écrit aux consuls
de France à Trieste, Smyrne, Alexandrie
et Tunis pour savoir si dans leurs archi-
ves ils ne trouvent pas trace du passage
de Chateaubriand et de Julien dans leurs
ports aux dates indiquées.
Si oui, j'aurai x et à l'état-civil je trou-
verai V et probablement {. C'est tout.
J'ai déjà reçu du très aimable consul
général à Trieste, M. de Laigne, une ré-
ponse qui, pour nêtre pas favorable,
n est pas non plus désespérée. L'affaire
est en bonnes mains ; M. de Laigne est
un confrère, rnembre de l'Académie
Royale espagnole d'Histoire, correspon-
dant du Ministère d§ rinstructiori publi-
que, etc.
Voici ce qu'il a bien voulu me repon-
dre : . , j
« Malheureusement, bien que les do-
cuments conservés en Chancellerie soient
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
705
10 Novembre
706
1904»
en parfait état sous tous égards, il n'existe
aucune trace des passeports délivrés en
i8o6, le plus ancien registre afférent à
ces titres de voyage datant de 1850 seu-
lement.
« Néanmoins, le scrupuleux compul-
saire auquel, sous ma direction, s'est
livré le vice-consul, a établi qu'à l'épo-
que indiquée, le titulaire du Consulat
était non M. de la Garde, mais M. de
Seguier, membre de la Légion d'hon-
neur, chevalier de l'Empire. Peut-être
M. dp la Garde était-il au nombre des
officiers consulaires, et comme tel gérait-
îl alors le poste de Trieste.
<< Quoi qu'il en puisse être... je vais
faire des démarches afin de savoir si,
dans les dépôts de pièces existant auprès
des autorités locales, l'on trouverait trace
des rôles d'équipages et de passagers re-
montant à la date même que vous indi-
quez... »
Si nos recherches sont couronnées de
succès, nous trouverons ensuite, non
seulement x^y,:(, mais encore l'état social
de Julien : était-il marié .? le nom de sa
femme ? l'état de sa succession .? ses des-
cendants ^ ses papiers. Après tout, Cha-
teaubriand n'a peut-être été que le vil
plagiaire de Julien ; peut-être en aurons-
nous la preuve par devant notaire. Je
m'arrête, nous en saurions trop.
Vous voyez, cher collabo M, qu'il n'y a
dans tout cela ni flair ni tour de passe-
passe et que si vous continuez les recher-
ches à ma place, vous arriverez infailli-
blement au même résultat que moi.
Attendons le courrier du Levant et celui
de l'avenue Victoria. J. G. Bord.
Livre ignoré sur Louis XVII
(L, 106, 355), — La Légitimité (novem-
bre 1904) fait suivre la réponse de M.
Souviron (L, 355) de ce questionnaire.
A notre tour, de poser deux questions à
V Intermédiaire, avec prière à ses lecteurs
d'y répondre.
D'abord, quelqu'un d'entre eux pourrait-il
nous dire pourquoi Tabbé Edgeworth de
Firmont, mort en 1807, ne protesta point
contre les allures romanesques du Cimetière
de la Madeleine^ ouvrage qu'il devait assu-
rément connaître et qui était de nature à
fausser déjà l'histoire au sujet du Dauphin ?
Serait-ce parce que son ambitieux pénitent,
si avide de régner, et désireux de faire perdre
la vraie piste de son neveu évadé, aurait usé
à son égard d'une rouerie bien digne de
lui ? — Peu importait sans doute au prince
usurpateur l'aveu de l'évasion de Louis XVII,
du moment où on le faisait mourir ensuite
prématurément. — Eh I qui sait même si
cet oncle machiavélique ne fut pas un inspi-
rateur de Regnault-Warin ?
Ensuite, — seconde question, — si le Ci-
metière de la Madeleine n'eût été qu'un
roman pur et simple sans aucun fond de vé-
rité, comment nous expliquera-t-on ces lignes
mystérieuses du Grand Dictionnaire univer-
sel de Pierre Larousse, au nom de Reç-nault-
Warin : « Arrêté en 1801 pour un ouvrage
royaliste intitulé le Cimetière de la Made-
leine (4 vol. in-12). il dut sa liberté à l'in-
tercession de Joséphine auprès du Premier
Consul»? — N'oublions pas que Joséphine
fut l'ange tutélaire du Dauphin, après avoir
été l'une de ses libératrices, de l'aveu de
l'ex-impératrice Eugénie, veuve de Napo-
léon III. — Citons encore ces aatres lignes
non moins précises de la Biographie univer-
selle de Michaud : « Cet ouvrage eut un
succès dont il faut attribuer au moins une
partie à l'intérêt du sujet. C'était du reste à
cette époque un acte de courage et qui attira
sur l'auteur toutes les haines du parti révo-
lutionnaire encore très puissant. Le livre fut
saisi par la police consulaire, et l'auteur, mis
en arrtstation, n'en sortit que par l'interven-
tion de Madame Bonaparte qui l'avait lu et
qui avait pleuré sur les malheurs de la fa-
mille royale. » — Pourquoi donc cet empri-
sonnement plus qu'étrange d'un romancier,
sinon parce que — comme il l'observe lui-même
dans la Chronique indiscrète du XIX^ siècle
— « IL MARIA LA FICTION A l'hISTOIRE et publïa
son Cimetière de la Madeleine » ?
Il y a là, pensons-nous, matière assez in-
téressante à creuser et à tirer au clair pour
les infatigables Chercheurs et Curieux de
V Intermédiaire.
Enfin, une dernière question, toute simple,
celle-là : Quelle pouvait' bien être cette du-
chesse de V... mentionnée au tome IV, page
142, du Cimetière de la Madeleine ?
Alexis Dubosc.
Le plus ressemblant des portraits
de Napoléon (L, 555). — Une personne
de ma famille, qui avait souvent vu Na-
poléon, disait que le plus ressemblant de
ses portraits était la pièce de cent sous.
— Il existe un croquis fort curieux fait sur
le Bellerophon, par Planât de la Paye,
officier d'ordonnance de l'Empereur. Il doit
être au cabinet des Estampes.
M. L. D. P.
*"*
Tous les portraits ofTicielsde l'empereur
sont évidemment suspects.
N° «057
L'INTERMEDIAIRE
707
708
Une gravure représentant Napoléon l*'',
faisant partie de la collection du comte
Primoli. porte l'attestation suivante écrite
par le prince ("labrielli ; « Seul portrait de
l'empereur Napoléon Bonaparte qui lui
ressemble, acheté à Paris par le prince
Dom Pierre Gabrielli en décembre 1809 ».
Le dessin est de Vigneux, la gravure
d'Henry. — Si profonds qu'aient été les
changements survenus avec l'âge dans la
personne physique de Napoléon, ils ne
peuvent vraiment suffire pour expliquer
l'énorme dissemblance qui existe entre ce
portrait et celui de Bonaparte au pont
d'Arcole par Gros. La ressemblance de ce
dernier nous est cependant affirmée par
Stendhal : « c'est le seul de cette époque
ressemblant », écrit-il dans la Vie de Na-
poléon .
Plusieurs croquis exécutés par Girodet
d'après nature, et à l'insu de l'empereur,
paraissent très vivants et sont sans doute
ressemblants. L'un d'eux fait partie de la
collection de M. Chéramy.
Ramuntcho.
Les colonies françaises protes-
tantes en Allemagne (L, 614). —
Dans les très intéressants Mémoires du
B:V-on de Tricornot, puhWés en 1894, cet
officier mentionne la rencontre qu'il fit,
au cours de la campagne de 1760 ou
1762, en Allemagne, de réfugiés protes-
tants français ayant conservé leur langue
et leurs habitudes.
S. Churchill.
Le chien de Jean de Nivel;e
(XLVII; XLVIII ; L, 380, 463, ^-ji, 629).
— M. Ed. Marc a tort de penser. Lors-
qu'il s'agit d'une question historique, si
minime qu'elle puisse être, il vaut mieux
prouver que penser et dire. M. Marc ne
paraît pas être instruit des publications
belges qui se rapportent au village de Ne-
vele et à la ville de Nivelles. Nous allons
lui en faire connaître quelques-unes :
La terre et seigneurie de Nevele au quar-
tier de Gand appartenoit jadis aux chaste-
lains de Courtray, et après avoir esté tom-
bée es familles deschastelainsde Tournay et
seigneuri de Mortagne, des seigneurs de
Boulers, de Gavre, Bailleul (i), est dévolue
(i) Bailleul-en-Hainaut. Lisez pour la
famille de Condet-Belœil-Morialmei, car
Bailleul est aujourd'hui nommé Belœil.
a ceux DE Montmorency par V alliance d'une
fille DE FossEux. Et estant décrétée en l'an
mil cinq cent nouante deux au Conseil de
Malines sur les héritiers du comte de
Hoochstraeten, demeura à Martin de la
Faille dont les fils la possèdent encore
pour le présent.
(Philippe DE l'Espinoy, escuier, vis-
comte de Thérouanne, etc.. Recherches des
antiquités et noblesse de Flandres, Douay,
V-^ Marc Wyon, M. DC. XXXI, in-folio,
p. lOl).
Au mot Nevele, dans le tome III de
l'ouvrage sur les Sceaux anuoriés des Pays-
Bas, etc., publié par M. }.-Th, de Baudt,
à la page 34, on trouve une série de sei-
gneurs de Nevele-lez-Gand, des Maisons
de Courtrai et de Mortagne, finissant à
Robert de Nivicle époux de Marguerite de
Ghistelles. C'est la fille de ces derniers,
Marguerite de Mortagne, dite de Niviele,
qui épousa Jean de Longueval, chevalier,
sire de Longueval, du Hemet de Maigre-
mont, et mourut avant le 23 août 1335,
selon une charte citée par F.-V.Gœthals
dans son Miroir des 'biotabilités nobiliaires
t. II, p. 794.
Marguerite de Longueval, dame de
Nevele et de Warcoing, châtelaine de
Courtrai, épousa, en premières noces, Jean
de Fosseux., chevalier, sire de Fosseux.
de Visme, etc., et en secondes noces, par
contrat du 27 mai 1366, Engelbert d'En-
ghien, chevalier, seigneur de Rameru, la
Folie, Tubise. etc. Elle mourut en 1369,
n'ayant eu d'enfants que du premier lit.
Son fils aîné, Mgr. de Fosseux, chevalier,
possédait la terre de Nevele en 1373
(F.-v. Gœthals, Miroir., t. II, p. 795 ;
— J. Th. DE Quarts. Les Sceaux armoriés
des Pays-Bas, t. Il, p. 60, article Hembise).
C'est la petite-fille de ce dernierjeanne
DE Fosseux (ex-matre : de Preurk) qui
fut la première femme de Jean II, sire de
Montmorency, et mère de Jean et de
Louis. A cause d'elle, Jean fut sire de
Nevele et quant à Louis, M. Ed. Marc
apprendra ce qui le concerne en lisant les
Mémoires de Jacques DU Clercci publiés
par le baron de Reifîenberg (Bruxelles,
1836, in-S", t. m, pp. 244-47). Il y verra
que Louis, seigneur de Fosseux, attenta à
la vie de son frère aîné Jean, <<. seigneur de
Nieuvelles en Flandres, qui est un gros
village. » Il se convaincra de ce que ce
Louis, homme d'un caractère violent,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1904,
709
710
à qui tout réussit malgré ses délits et ses
crimes, épousa une servante, nommée
Marguerite des Wastines (dont les père
et mère sont encore inconnus des bons
généalogistes), qui lui donna cinq fils,
(naturels) avant le mariage qui les légi-
tima. C'est de l'un de ces fils légitimes
que sont issus les derniers Montmorency,
dits, depuis près de trois siècles, Mont-
morency-Luxembourg.
Les reliefs de Nevele aux Archives de
la Flandre orientale, à Gand, sont encore
là pour prouver mes assertions, et pour
avoir la preuve que les Montmorency ne
furent jamais rien à Nivelles en Brabànt,
il suffit de lire Louvrage suivant : La
Belgique ancienne et moderne. Géogra-
phie et histoire des coiniimmes belges, par jiûes
Tarlier et Alphonse Wauters (ouvrage
patronné par l'Etat), l^ille de Nivelles^
volume très grand in 8", à 2 colonnes,
impression compacte, Bruxelles, Decq,
1882, in-8°, pp. 22 et suivantes.
Le comte P. -A, du Chastel.
La mort de Paul-Louis Courier
(T. G. 244 ; L, 245, 358). — L'étude,
très documentée, de MM. L. Desternes
et G. Galland, a été publiée dans le
journal le Figaro^ en cinq chapitres et
sous ce titre : L'Assassinat de P. L. Cou-
rier. Notes inédites. Le dernier en a paru
dans le numéro du mercredi 5 septembre
1894. — Les auteurs de cette intéressante
monographie donnent bien Mme Cou-
rier, qui s'abandonnait, parait-il, à la
valetaille rurale, comme l'instigatrice de
l'assassinat de ce mari trop clairvoyant
pour elle, et devenu aigri (on le serait à
moins I) par la constatation de si abjects
débordements. Je serais aussi, moi, bien
désireux de savoir si ce travail a été réim-
primé en volume et, dans ce cas, chez
quel éditeur il a pu paraître, à Paris ou
en province.
A propos de P.-L Courier, je signale-
rai aux chercheurs et collectionneurs et
plus spécialement aux amateurs touran-
geaux, comme objet de curiosité histo-
rique, locale, une collection de plats et
d'assiettes en fayence populaire, relati-
vement ancienne, ayant authentiquement
appartenu et servi à Paul-Louis et por-
tant son nom :
Cne
Courier
ainsi peint, très simplement sous la
couverte, en grosses lettres noires, au
centre d'un petit médaillon rond com-
posé d'un large filet bleu et d'un filet
jaune, dans un encadrement rustique-
ment agrémenté de gros points bleus,
de feuilles vertes et de fleurettes rouges.
— Plats et assiettes, tous d'un dessirj
uniforme, et ayant subi quelques petites
écornures, mais insignifiantes, quelques
petites craquelures, mais peu apparentes,
sur la blancheur d'un émail resté pur,
comme il sied à d'honnêtes vaisselles qui
ont dû faire unions: somme dans l'ombre
paisible de quelque placard.
Celles-ci, sans marque aucune, mais
que je crois être de fabrique lorraine,
doivent dater des dernières années de la
République ou du commencement de
l'Empire ; P.-L Courier, en effet, ayant
été promu, à l'armée de la Moselle, ca-
pitaine d'artillerie, à la fin de juin 1795.
(Nonv. Biogy. Didot, t. VII, col. 193). —
je les ai vues, durant l'automne de 1884,
à Tours, chez une vieille antiquaire de la
rue Colbert, Mme Veuve Dupré, dont le
défunt mari, brocanteur de son état,
s'étant laissé piquer de la tarentule, sur
la fin de sa vie, était devenu collection-
neur pour son propre compte.
Mme Dupré possédait alors environ
dix-sept de ces assiettes, plus deux petits
plats ronds et un petit plat long, tous du
même modèle.
Feu son mari avait acheté le tout en
bloc, à Véretz, près de Tours, (chef-lieu
de la commune dont fait partie « la Cha-
vonnière », l'ancienne propriété du « Vi-
gneron » P.-L. Courier.
Cette brave dame ne voulut me vendre
que deux assiettes, seulement, mais point
de plats. Je les conserve encore aujour-
d'hui intactes. Le reste, elle le réservait,
me dit-elle alors, « pour le Musée de
Tours. »
Comme elle passa de vie à trépas
peu de temps après ma visite, il est vrai-
semblable qu'elle avait encore ces divers
objets en sa possession, au moment de
sa mort.
Les amateurs pourront donc, bien pro-
bablement, les trouver, indiqués dans le
catalogue imprimé, orné de photogra-
phies, de la \ente après décès, laquelle
eut lieu, à Tours, du 19 au 24 octobre
1885.
N.
1057
L'INTERMEDIAIRE
711
— 712 ^
II est assez douteux, toutefois, que ces
assiettes et ces plats, si intéressants qu'ils
puissent être, soient restés à Tours —
qui, lui, ne possède même pas le mé-
daillon de bronze de H. de Balzac, l'illus-
tre fils de Tours, de David d'Angers !
Je me suis laissé dire que la clientèle
habituelle des antiquaires de Tours, bien
que ceux-ci soient assez nombreux, se
composait bien plus, des étrangers de
passage, que des indigènes de la localité.
UlricR.-D.
Légendes relatives à saint An-
toine de Padoue fL, 5, 238, 398,
1546). — Dans le n"* du 10 octobre der-
nier, on a donné une explication du juris-
consulte Coquille pour expliquer les de-
mandes populaires à saint Antoine de
Padoue, afin de retrouver les objets per-
dus. Cette explication est fort curieuse et
n'était pas connue. Mais de peur qu'on
ne s'égare, je dois rappeler que cette dé-
votion s'explique depuis longtemps par
un trait du Liber Miiaculorum (n. 20 de
l'édition des Ada Sanctonim) : il s'agit
d'un manuscrit volé à Montpellier par
un novice au saint lui-même et retrouvé
à la suite de ses prières. L'anecdote était
très connue au moyen âge. Elle a encore
été reproduite récemment par le peintre
Ville, pour la chapelle des Capucins de
Paris. P. Ubald d'Alençon.
Coqueluche (L, 564, 655). — « Co-
queluche est un capuchon de moine «jui
vous tient chaudement ».
Je suis assez de l'avis de M. L. de Lei-
ris : Etre la coqueluche de quelqu'un,
être coiffé de quelqu'un, dans le langage
populaire, c'est tout un.
Ecoutons le chansonnier :
Moi, je suis D
Grand comme un sapin,
Jambe comme une autruche.
Et voilà pourquoi
Des dames, ma foi,
Je suis la coqueluche.
Beaiijour.
Les calembours dans les déno-
minations (L, 339, 481, 525, 592, 652).
— On a cité, sous cette rubrique, des
noms propres simplement latinisés. Je ne
vois pas qu'il y ait là du calembour. A
l'époque où tous les traités sérieux s'écri-
vaient en latin, l'auteur lui-même tradui^
sait en latin son nom, lorsqu'il s'y prêtait,
ou le latinisait en lui donnant simplement
une désinence en us, pour en orner le
titre de son ouvrage. Un nommé Marteau
ou Meunier devenait Malleus ou Molitor.
Les exemples de noms ainsi latinisés sont
innombrables au xvi" siècle, surtout en
Allemagne.
A ce propos, je prends la liberté de re-
lever une petite méprise du D"" Bougon,
qui, lorsqu'il parle du vin de Liebfrauen-
milch, croit pouvoir traduire cette déno-
mination par « le lait de nos chères
femmes ».
Unsere liche Fiau, en langue allemande,
est l'équivalent de Notre-Dame. Le vin de
Liebfrauenmilch provient d'un vignoble
qui entoure l'ancienne église de Notre-
Dame, de Worms. Ce vin étant très ap-
précié des Allemands, ils lui ont donné le
nom de Lait de Notre-Dame.
LÉON Sylvestre.
Tètes à l'huile (L, 619). — Selon
Lucien Descaves (Zt'/owHM/ du 25 oct.
1904), le figurant amateur est ironique-
ment appelé tête à Vhnile par les figurants
professionnels, parce que ceux-ci le con-
sidèrent comme un veau. Si cette expli-
cation n'est pas bonne, ajoute l'éminent
écrivain, je suis prêt à en accueillir une
meilleure. Je crois, pour ma part, que M.
Descaves a raison. Faire le pied de veau ne
signifie-t-il pas montrer tme basse complai-
sance ? Voir, au mot veau, Le Nouveau
Larousse qui énumère diverses locutions
analogues. Les infortunées têtes à l'huile
sont payées à raison de o fr.70 par soi-
rée. Th. Courtaux.
La mode dans les noms de bap-
tême (XLIV à XLVI ; XLIX ; L, 208). —
J'ai relevé les noms de baptême donnés
aux enfants baptisés en 1675, dans l'église
Saint- André de Bordeaux, la cathédrale.
Jean 149 fois, Marie 120, Jeanne J03,
Pierre 84^ Catherine 45, François 38,
Marguerite 33, Anne 32. Françoise 29,
Jacques 26, Isabeau 22, Antoine 21,
Etienne 21, [oseph 19, Bertrand 17, Ber-
nard 16, Arnaud 13, Léonard 13, Louise
1 1, Philippe 10, Suzanne 9, Guillaume 9,
André 9, Raymond 8, Peyronne 8, EIie7,
Marianne 7, Elisabeth 7, Madeleine 7,
DÉS CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novemtre 1904,
713
7M
Nicolas 6, Martial, Charlotte, Dominique
et Barthélémy 5, etc. etc.
11 y a beaucoup de ces noms qui sont
maintenant peu portés comme Isabeau,
Bernard, Arnaud, Léonard, Peyronne,
Nicolas, Dominique. Par contre, de nos
jours, d'autres sont devenus plus à la
mode, comme Thérèse qui ne figure que
4 fois en 1675, Gabriel, Marthe et
Charles 3 fois, Antoinette et Paul 2 fois,
Claire, Daniel, Gabrielle, Hélène, Henri,
Léon, René, Rose, Renée, Simone seule-
ment une fois, Gaston, Germaine, Aliette,
Colette, Yvonne, Yvon, Silvaine, Guy,
Edgard, Arthur, et bien d'autres très en
faveur dans ces dernières années ne sont
pas mentionnés en 1675.
Les noms de la Bible étaient fréquem-
ment portés par les protestants dans
leurs registres bordelais de 167!^ à 1684,
comme chez les catholiques Jean, Marie,
Jeanne, Pierre, Anne, Catherine, sont
ceu.x qui se rencontrent le plus ; il faut y
ajouter Suzanne, Elisabeth et Jacques qui
sont relativement plus en honneur
chez les catholiques, et les noms bibliques
comme Daniel (18 fois), Moïse (13 fois),
Judith (13 fois), Jacob (16 fois) Esther
(12 fois) Elie (17 fois), Paul (15 fois),
David (8 fois), Aaron, Esaïe, Elisée, Ge-
deon, Josué, Joseph, Isaac, Josias, Jonas,
Jérémie, Mathias, Marthe, Mathieu, Né-
rée, Noé, Rachel, Samuel, Sara, Zacharie.
Pierre Meller.
Eglises communes aux catholi-
ques et aux protestants (XLV ; XLVll ;
XLVllI, 107, 207 ; L, 603). — Sans
m'occuper de questions religieuses qui ne
m'ont jamais intéressé, j'ai trouvé tout
récemment, en suivant une piste très pro-
fane, un exemple remarquable d'une
église utilisée par les cultes catholique et
protestant. Il s'agit de la belle cathédrale
deWetzlar, petite ville rhénane devenue
célèbre parmi les basochiens, par l'an-
cien tribunal suprême du Saint-Empire
qui était le plus terrible de tous les « ma-
quis de procédure » produits dans la vie
moderne par l'ancien droit romain'; célè-
bre aussi parmi les âmes sentimentales,
par le suicide dont Goethe s'est servi pour
son Werther, et finalement célèbre parmi
les dilettanti par la superbe partition que
Massenet a greffé sur l'œuvre du grand
poète allemand.
Cette cathédrale que je connais de vvu
est un monument fort beau, mais qui com-
mence à menacer ruine. Or, je viens de
trouver dans un journal d'outre-Rhin un
article exposant la nécessité d'une restau-
ration de la cathédrale Wetzlar « qui sert
au culte catholique autant qu'au culte
protestant ».
Si, cette assertion du journal allemand
est exact — sa vérification est très facile
— la cathédrale de Wetzlar serait, sans
contredit, l'exemple le plus illustre d'une
église « utraquiste », comme on disait
autrefois dans le langage théologique des
pays d'outre-Rhin. O. Berggruen.
Le pays de la beauté (XLVlII, 506,
770). — Aux vers cités par M. X. pour
caractériser les principales villes belges,
on peut ajouter les suivants, qui se lisent
en haut de la porte monumentale, servant
d'entrée au marché aux poissons, place
Sainte-Pharaïlde ; cette porte est surmontée
de trois statues, par Kessel, savoir : Nep-
tune, l'Escaut et la Lys.
On lit sous la statue de l'Escaut :
Hannonias servit Scaklis, Gandamque secàndo
In mare festinas volvere pergit aquas.
Et sous celle de la Lys :
Lisa vehit merces, quas hue Artesia mittit
Et placido gaudens flumine, pisce scatet.
V. A. T.
♦ »
Je ne saurais m'empêcher de vous dire
un mot des beautés de cette province. On
m'en avait dit beaucoup de bien à Paris ;
mais, sans mentir, on ne m'en avait encore
rien dit au prix de ce qui en est, et pour
le nombre et pour leur excellence. Il n'y
a pas une villageoise, pas une savetière,
qui ne disputât de beauté avec les Fouil-
lons et les Mennevilles. Si le pays avait
un peu plus de délicatesse, et que les ro-
chers y fussent un peu moins fréquents,
on le prendrait pour un vrai pays de Cy-
thère. Toutes les femmes y sont éclatantes,
et s'y ajustent d'une façon qui leur est la
plus naturelle du monde. Et pour ce qui
est de leur personne, Color vents, corpus
soltdum et Siicci plénum .
{Voyages amusanh, par Hilaire-le-Gai),
Paris, chez Passand, 1852.
Vandevelde.
N" 1057.
L'INTERMÉDIAIRE
7'5
716
^oles, ©vouuciille^s (^t d^uriosit^'s
Paris en i790 d'après le père
d'André Chenier. — \S IiticrmkUaiyc
s'est beaucoup occupé d'André Chénier et
de Marie-Joseph dans ces derniers temps.
On y a parlé de leurs papiers inédits et
des manuscrits provenant de Mme Veuve
Gabriel de Chénier, actuellement conservés
à la Bibliothèque de Carcassonne. Ceci
m'autorise à communiquer à nos confrères
une lettre assez curieuse du père des Ché-
nier, que j'y ai récemment copiée et qui
est sans doute inédite. Elle donne une
image assez vivante des opinions politi-
ques et des préoccupations parisiennes
d'un habitant de Paris en 1790 Je pense
qu'on la lira, avec plaisir.
Chateaufort.
A Paris le 20 février 1790.
j'ay receu en son tems,mon cher monsieur,
votre très chère lettre du 30 septembre du Cap
de Bonne Espérance où je vous ay su avec
beaucoup de plaisir. J' en ay un bien sensible
encore de tous les détails que me mande ma
fille, qui ne m'ont pas permis de douter des
agréemens passagers qu'elle a eus dans un
voyage dont elle craignoit avec raison les inco-
modités. 11 me reste à désirer que la satisfac-
tion qu'elle a eue dans la relâche au cap de
Bonne Espérance soit de bonne [sic) augure
pour tout le reste et qu'elle puisse jouir, et
vous aussi, de toutes les satisfactions que vous
désirés et que je vous souhaite de bien bon
cœur.
Vous verres dans une longue lettre que
j'écris à votre épouse, Monsieur le Comte, une
suite des détails qui ont suivi la Révolution ;
il n'est plus possible à la vérité de la mettre
en doute, mais il reste à désirer que l'on
puisse en jouir avec traiu|uillité. 11 est cepen-
dant à craindre que Ton ne parvienne que
tard à ce but désiré par la dificulté qu'il y a
d'accoutumer les esprits à un ordre de choses
entièrement opposé.
11 n'y a eu aucun changement dans le mi-
nistère. Les départements sont fixés à Paris et
Versailles est presque désert. Les plans de
M.Necker relatifs aux finances, quoy qu'aplau-
dis par l'assemblée nationale oij tout le monde
n'a pas les mêmes vues et les mêmes connois-
sances, ont essuyé bien des contradictions et
l'on est incertain du succès des amendements
qui y ont été faits : la rareté de l'argent la
(iiticulté de recevoir les impots dans les pro-
vinces, où tout le monde est armé, et où le
pouvoir exécutif est sans force, présentent la
plus grande incertitude sur la dette nationale
et sur le sort d'une nation qui abuse de sa
liberté, et qui n'est pas en état d'en jouir.
Nous avons été et nous sommes encore dans
cette situation critique que les personnes por-
tées à douter de tout craignoient avant votre
départ, et Dieu sait comment la nation sortira
de cet état violent pour reprendre une tran-
quillité incompatible avec son caractère léger
et inconstant. Quelque confiance que l'on ait
à l'Assemblée Nationale, elle est composée
d'hommes divisés par une diversité d'intérêts
et d'opinions qui dégénèrent presqu'en fac-
tions dont on a autant h craindre qu'à espé-
rer Le moment, Monsieur, le comte, n'est
plus propre aux grâces, et il faut y renoncer
pour s'occuper de ce que l'on a fort ; heureux
si on peut le conserver, je n'ay encore fait
aucune démarche pour les divers objets qui
concernent vos intérêts, attendu que les mi-
nistres eux mêmes sont incertains del'étendue
de leur pouvoir et iie répondent à personne.
Le peu d'influence de M. Necker sur l'assem-
blée l'a rendu fort réservé. Chacun cependant,
selon la convenance de son opinion, le loue ou
le blasme, et en général il a perdu dans l'opi-
nion du public, qu'on est habitué à respecter
quoy qu'elle le mérite peu. Ce ministre, élevé
à la place de premier ministre des finances, a
été malade et en danger, mais il est mieux.
M. Lambert fait les fonctions et la place de
contrôleur général.
La campagne des Turcs l'année dernière n'a
pas été à beaucoup près aussi brillante que la
précédente. Ils ont perdu Belgrade et Bender
et autres places, mais Ortova, moins forte que
Belgrade et mieux commandée, a résisté jus-
qu'à présent aux effoits des Autrichiens. Les
Ottomans ont consenti à parler de paix et on
en est actuellement occupé ; mais elle paroît
très incertaine, parce que les Turcs veulent
profiter de l'insurrection qu'il y a eue en Bra-
bant et en Flandre, où les sujets ont secoué
le joug de l'Empereur et se sont emparés des
pl.ices et en ont chassé les garnisons ; et cette
circonstance pourroit bien retarder ia paix ou
la rendre plus favorable aux Ottomans. D'au-
tre part les Polonais sont à la veille de s'unir
à ceux-cy, et le Roy de Prusse va faire avec
eux une alliance qui pourroit bien étendre la
guerre en Allemagne où on la regarde inévi-
table au printems prochain. Indépendament
de la diversion que la Prusse et la Suède font
en faveur de la Turquie, le reste de LEurope
paroît occupé des affaires du Brabant que
quelques puissances voudroient réunir aux
Hollandois : et d'autres puissances et les Bra-
bançons eux-mêmes désireroient qu'yls fussent
indépendants, ou tout au moins que la France
par son voisinage ne peut y avoir aucune in-
I fluence ; en vertu de ces dispositions qui doi-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Novembre 1904.
7 '7
718
vent se manifester incessamment, l'Empereur
fait des grands efforts, de même que le Roy de
Prusse, et les Anglois arment aussi et augmen-
tent leur militaire, tandis que de notre côté
nous sommes spectateurs, si tant est que du
côté de nos colonies nous ne devenions les
victinles de ces préparatifs. Par surcroît dem-
baras pour la maison d'Autriche, l'Empereur
est très mal, et on l'assure dans un état à ne
pouvoir en revenir ; on ne s'occupe nullement
-d'un Roy des Romains, et on regarde comme
possible et du vœu des électeurs de laisser
l'Empire vacant et de n'avoir plus de chef. Il
est certain que jusqu'à présent on ne s'est
apperçu d'aucune brigue pour l'obtention de
cette dignité.
On vous en diroit beaucoup plus au caffé de
Foy, qui est le rendes vous des politiques ;
quoyque dans le moment on s'y occupe peu
d'affaires étrangères : celle de la Révolution
et du décret de l'Assemblée agite tous les
esprits, et on est moins occupé de gazettes que
de la lecture de mille et quelques journaux qui
instruisent peu, qui tiennent les esprits dans
l'inquiétude et produisent plus de mal que de
bien. Le Palais Royal a été dabort le princi-
pal foyer de la Révolution. On s'y trouvoit
Pété d[erni]er à côté d'une foule d'ouvriers à
tablier qui formoient des pelotons et etoient
toujours prêts à brûler et à ditruire. A pré-
sent les courtisanes y ont repris leurs droits et
on n'y voit guères qu'elles et une foule de
soldats nationaux qui se sont consacrés poui
la défense de la liberté et font ce qu ils veu-
lent. Vous êtes à portée de juger de la force
d'une armée qui ne connoît pour discipline
que sa volonté.
Le Colisée,que vous avés vu commencer et
presque finir au Palais Royal, a servi cette
année à donner des bals publics ; mais je
doute que la recepte ait suffi à payer les illu-
minations et les violons. On y a annoncé et
exécuté plusieurs assauts d'armes, qui d'abort
ont attiré quelques curieux : mais cela n'en
valoit pas la peine ; ce n'étoit en général que
quelques soldats des ancienes gardes françoises,
qui de fort mauvaise grâce escrimoient en
ferrailleurs et non en maîtres ; on y a vu
très rarement ce qu'on appelle la bonne com-
pagnie.
Mon épouse et ma famille. Monsieur le
Comte, sont infiniment sensibles à votre sou-
venir. Ils me chargent de vous assurer à leur
tour de tous leurs sentiments et des vœux
qu'ils font pour tout ce qui vous intéresse, je
vous prie d'agréer les miens et d'être aussi
pirsuadé de leur sincérité que de J'attache-
ment inviolable avec lequel j'ay l'honneur
■d'être, mon cher monsieur,
Votre très humble et très obéissant servi-
teur
Chénier
rue du Sentier, n° 24.
(Sans suscription).
Cette lettre est contenue dans une chemise
portant ces mots « Lettre de mon grand père
à son gendre .Vu Latour de Saint Ygest. » (de
la main de Gabriel de Chénier.)
II. 812 1° (n" du catalogue).
Le Centenaire de Sainte-Beuve.
— Le 23 décembre prochain on fêtera le
centenaire de Sainte-Beuve, né à Boulo-
gne-sur-Mer en 1804, et le Journal des
Débats, dont Sainte-Beuve a été le colla-
borateur de 1843 ^ '849, a constitué un
Comité en vue de cette célébration.
Par les soins de ce Comité, un médail-
lon, œuvre du médailleur Vernier, sera
placé sur la maison natale du Critique et
un Livre J'or^ beau volume in-4°, sera
publié. (1) Comme un chapitre de cet
ouvrage doit être consacré aux rapports
de Sainte-Beuveavec le Collège de France,
voici une lettre qu'il écrivit au sujet de la
candidature de Renan à la chaire d'hé-
breu :
Ce 6 décembre 1861.
Cher Confrère, — Je ne dis pas Collè-
gue, car je ne me considère plus comme
faisant partie du Collège de France, et pour-
tant c'est du Collège de France que je viens
vous parler :
Je viens de voir M. Renan : vous savez
plus et mieux que moi sa valeur ; il a été
une fois écarté du Collège par ceux qui
n'étaient pas philosophes ; il se représente
aujourd'hui avec de meilleurs chances : je
lui ai dit que je n'allais plus au Collège,
n'en étant plus en réalité. — Parmi les
noms que je lui nommais des premiers
comme étant de ceux de juges honorables
de ses droits, de ses titres, votre nom a été
prononcé. Il m'a paru avoir, d'un suffrage
si précieux pour lui, plus de désir et plus
d'estime que de certitude. Je me suis avancé
alors jusqu'à lui dire que je vous écrirais et
que je jeterais [sic) tout au fond de votre
amitié une petite pierre dont je n'écoute-
rai (sic) pas l'écho, et qui tombera comme
elle pourra, — sans réponse.
(i) Une réduction du médaillon doit être
frappée à la Monnaie ; son prix est de dix
francs pour les exemplaires en bronze et
de trente pour ceux en argent. Le prix
du Livre d'or est de dix francs pour le pa-
pier ordinaire et de vingt pour le grand
papier. Les souscriptions sont reçues au
Journal des Débats qui enregistrera avec
reconnaissance les versements les plus mini-
mes ayant simplement objet de coopérer à
l'œuvre.
W 1057.
L'INTERMEDIAIRE
-719
720
Et maintenant, cher Confrère, excusez-
moi et sachez-moi toujours,
Tout à vous,
S"= Beuve.
La tombe de la femme de Lucien
Bonaparta suspectée d'inconve-
nance. — Nous sortons de la semaine
du souvenir : nos morts ont été visités.
En parcourant les allées du cimetière,
nous avons distraitement laissé errer nos
regards sur les inscriptions. Il en est de
vaniteuses, de touchantes et de puériles ;
aucune, certes, ne nous a indignés.
Ce n'est pas le cas du comte de Choi-
seul qui, en 18 16, en référait au ministre
pour faire disparaître, ou tout au moins
pour atténuer, une inscription funéraire, à
ses yeux, inconvenante. Deux mots l'y cho-
quaient : celui de Bonaparte et celui
d'amante. 11 les trouvait rassemblés sur
la pierre tombale de la femme de Lucien
Bonaparte.
En 1794, Lucien qui n'était qu'inspec-
teur dans l'administration militaire, avait
épousé une jeune fille sans fortune, Mlle
Christine Boyer, qu'il perdit en 1800. Il
la fit inhumer à Chamans, près de Senlis,
où il résidait. La Restauration trouva
le tombeau de cette femme dans l'église
du pays, et s'en alarma, comme d'un
scandale, qui donna lieu à un échange
de correspondances, que nous fait con-
naître Al. J. G Bord, qui l'a relevé aux
Archives nationales (Série F^, Exhuma-
tions, département de l'Oise).
Beauvais 3 septembre 1816. Lettre du
comte de Choiseul, préfet de l'Oise, au min"=
de l'Intérieur :
Monseigneur,
Lucien Bonaparte perdit sa femme en 1800
et la fit inhumer dans son parc du Plessis-
Chamant. Les changemens qu'il fit exécuter
dans ses jardins quelques années après, obli-
gèrent de suppiimer e monument, et les res-
tes de l'Epouse de Lucien furent déposés
dans une chapelle piès du chœur de l'église
de Chamant, où l'on éleva à cet effet un
mausolée recouvert d'une pierre tombale,
portant cette insciiption :
Christine Elconore Boyer, femme de Lu-
cien Bonaparle, amante, épouse, mère sans
reproches, le 28 prairial an 8.
Le souspréfet de Senlis me fait observer
que les ministres catholiques ont toujours vu
l'existence de ce monument avec peine, en ce
que la Dlle Boyer était considérée comme
étant de la religion protestante. Voulant"
d'ailleurs effacer jusqu'au souvenir d'une
famille qui nous rappelle et nos égarements
et nos malheurs, il me propose de faire inhu-
mer dans le cimetière de cette commune, les
restes de la Dlle Boyer, avec le cercueil' de
plomb qui les renferme, de faire disparaître
le monument, et vendre, après en avoir effacé
l'inscription, Li pierre tombale, en marbre
blanc, qui la recouvre, pour le prix être em-
ployé aux frais de ce déplacement.
Peut-être aussi pourrait-on, pour ne pas
troubler la cendre des morts, laisser subsister
le monument, en se bornant à effacer de l'ins-
cription les mots : femme de Lucien Bona-
parte et celui à'amnnte qui précède le titre
d'épouse, épithète indécente pour la sainteté
du lieu et que réprouve la pureté de la mo-
rale.
J'ai au surplus etc.. .
Le préfet de l'Oise,
DE Choiseul.
Réponse du ministre de l'Intérieur au
comte de Choiseul. Après avoir rappelé
la lettre de ce préfet, le ministre con-
clut :
Je pense qu'il faut respecter l'asile des
morts et se garder d'éveiller l'attention du
public sur le monument qui ne parait pas
l'attirer, par une mesure qui retracerait des
scènes odieuses et dont la malveillance cher-
cherait à profiter pour calomnier le gouverne-
ment. Il pourrait cependant être convenable
d'effacer une partie de l'inscription, mais
cet objet dèlic-at exige de la prudence. Jy
réfléclurai et je vous ferai connaître par fa
suite ce que j'aurai décidé.
Les mots soulignés sont ajoutés et
d'une autre écriture que le reste de la
pièce. Dans un double de la minute, le
ministre demande qu'on efface le mot
« amante », mais sans faire d'éclat.
En 181 7, nouvelle émotion : la tombe
est aperçue par le grand vicaire de Beau-
vais, au cours d'une tournée diocésaine ;
il consulte le comte de Germigny, préfet
de rOise, qui, le 19 mai 1817, demande
des instructions au ministre. — Réponse
du ministre le 27 mai 1817 : « Il vaut
mieux ne pas s'en occuper ». — Le préfet
donne au ministre l'avis de réception de
cette réponse
C'était, en effet, le plus sage. Que ne
s'en était-on avisé plus tôt t
Le Direcieur-oérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon St-Amand- Mont-Bond,„
L" Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mots 20 Novembre 1904.
40» Annéb
»!*" ,r. Victor Massé
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entr'aider
No 1058
31»^ r. Victor Masaé
PARIS (IX*)
Bureaux : de 3 à 4 heures
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES. SCIENTIFIQDRS, ET ARTISTIQDES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
'21
722
(fiHuestionô
Une toile de Rembrandt datée
1670. — On vient d'exposer au inusée
du Louvre une toile, — don de M. Kaemp-
fen — , attribuée à Rembrandt. Dans l'an-
gle droit et en bas de la toile, à côté d'un
monogramme que je n'ai pu déchiffrer,
on lit une date : 1670.
Rembrandt étant mort en octobre
1669, pourrait-on me dire comment se
peuvent concilier cette date et l'attribu-
tion du tableau ?
Un curieux ignorant.
Livre de bord delà « Sémillante />.
— Je désirerais savoir où sont conservés
les livres de bord des navires de l'Etat?
Se trouvent-ils aux Archives du ministère
de la marine ou dans les préfectures mari-
times ? Pourrait-on, en particulier, retrou-
ver celui de la frégate la Sémillante^ sur
laquelle mourut, en 1797, le commissaire
du Directoire, Georges-Pierre Leblanc, en-
voyé à Saint-Domingue ^ Nérac.
Jeanne la Grise. — Ronsard parle
d'elle en ces termes dans sa 29® Elégie :
Or si tu veux trouver une santé parfaite,
Je te rendray gaillard ette diray qomment :
Va où le cours de Seine en deux bras se
[divise
Baignant ce grand Paris. Cherche Jeanne la
[Grise,
De Vénus courratière, et entre le troupeau
Des filles qu'elle garde au logis le plus beau
Esli d'un œilaccort celle qui plus ressemble
A ta dame, et soudain, en te soûlant assemble
Ton flanc contre le sien . .. etc,
Elle demeurait donc dans la Cité, et elle
avait« le logis le plus beau » entre toutes
les « courratières » (courtières) de Vénus.
Je retrouve son nom un peu plus tard
dans une chanson de 1570 {Recueil de
Maurepas I, 19 de Tédition Gay) Est-ce
tout ce qu'on sait sur cette « amie de
Ronsard », dont Prosper Blanchemain ne
s'est pas occupé ? ***
Le second mariage de la du-
chesse de Berry. — Dans le tome II
de ses Souvenirs (pages 289-294), M. de
Reiset parle du comte LucchesiPalli et
dit qu'en 1832 celui-ci, étant chargé d'af-
faires de Naples à La Haye, passait toutes
ses soirées chez le comte de Waldburg-
Truchsess, ministre de Prusse, dont il vou-
lait épouser la fille, Mathilde. Lucchesi-
Palli s'exprimait sans cesse sur le compte
de la duchesse de Berry, alors en Vendée,
avec un vif enthousiasme. Peu après on
apprit à La Haye le scandaleux accouche-
ment de Blaye et l'annonce du mariage
secret de la duchesse avec le même
Lucchesi-Palli. Comment se fait-il qu'à
une époque où le ministre napolitain solli-
citait ouvertement la main de Mlle de
Walburg-Truchsess, il fût marié depuis
peu avec la duchesse de Berry ? On pré-
tendit qu'il avait reçu deux millions pour
couvrir de son nom la faute de la prin-
cesse.
L. U
Vo 1058.
L'INTERMEDIAIRE
724
M. de Reiset raconte l'entrevue étrange
qu'eut celle-ci avec son mari putatif à bord
du bâtiment qui la ramenait dans le
royaume des Deux-Siciles. Le véritable
père de l'enfant né à Blaye aurait été le
comte de M..., chevalier d'honneur de
la duchesse, « homme déjà d'un certain
âge ».IVlme du Cayla, l'ancienne favorite de
Louis XVIII, aurait, suivant M. de Reiset,
eu la première idée du faux mariage
Lucchesi-Palli, et l'aurait négocié par l'en-
tremise d'un missionnaire, l'abbé Mary,
confesseur de Lucchesi. Mais qui était le
comte de M..., père vraisemblable, sinon
réel de l'enfant de la duchesse ? Pourrait-
on expliquer ce petit mystère rétrospectif?
M. P.
Parenté d'Henri "VIII et d'An-
toine de Ligne. — On lit dans une
lettre de Piiilibert Naturelli au roi de
Castille, datée de Paris, 23 décembre 1^18,
que le roi d'Angleterre Henri VIII « aime
ledit sieur de Ligne comme son parent de
par ceulx de Luxembourg >v Antoine de
Ligne avait épousé Philippine de Luxem-
bourg, fille de Jacques, seigneur de
Fiennes. Est-ce de ce côté-là qu'il faut
chercher, et si oui jusqu'où faut-il re-
monter ? DeMortagne.
La duchesse Henri de Rohan. —
La femme de Henri I^^ duc de Rohan,
était une demoiselle de Sully. Je demande
des dates de naissance, de mariage et de
mort, et les noms de ses enfants. Etait-
elle fille du ministre de Henri IV ?
G.
Thomas Morus. — J'ai lu, il y a
quelques mois dans un journal (je ne sais
plus lequel) que des chercheurs anglais
s'étaient mis en quête de tout ce qui tou-
chait à l'histoire de Thomas Morus. Me
serait-il possible de savoir les noms et
adresses de ces chercheurs ?
La Guesle.
La banqueroute du prince de
Guéménée. — Cette catastrophe, qui
remonte à l'année 1782, est bien connue;
la plupart des Mémoires du temps en par-
lent. Mais existet-il quelque part un
travail spécial, une sorte de monographie
sur ce sujet? L. P.
Titulaires de majorais. — Quelle
est l'adresse des titulaires de majorats en
dotation que l'Etat va racheter et dont
les noms suivent :
Bâillon, Burgraflf, Galz de Malvirade,
Hastrel, Fain, Frachon, Ordener, Tho-
mas
R. F.
Habitants delà Place des Victoi-
res en 1703. — Est-il possible de re-
trouver le nom exact d'une dame R t,
qui demeurait place des Victoires en 1703-
1705.
♦♦*
Alizon, comédie. — Cette comédie
bourgeoise et réaliste de 1637, si intéres-
sante pour l'histoire de notre théâtre, a
été deux fois réimprimée au xix' siècle, et
deux fois d'après la seconde édition de
1664. L'originale est si rare que M. de
Soleinne ne l'avait pas, et que Brunet
n'a pu que la noter sans la décrire. Pierre
Jannet la cite d'après les frères Parfaict,
et avoue ne l'avoir jamais vue.
J'en connais un exemplaire que je vou-
drais croire unique, par la raison qu'il
m'appartient et qu'un bibliophile pousse
volontiers à l'extrême la rareté de ses
livres.
Aliion^ comédie dédiée aux jeunes
veufves et aux vieilles filles. — A Paris,
chez Jean Guignard, au premier pillierde
la'grand'salledu palais. —M. DC.XXXVII.
— 8°, 138 pages, la dernière portant le
privilège daté du 15 juillet 1637, et
l'avant-dernière la signature K.
Le texte de cette première édition est
riche en variantes curieuses qui corrigent
en maint endroit le texte de l'Ancien
Théâtre fiançais^ (tome VII, p. 393) iden-
tique à celui de Fournier, Théâtre XFII"
siècle, p. 400.
On se demandait où et comment la
pièce avait été représentée. Un paragra-
phe inconnu du premier Avertissement au
Lecteur répond à la question.
En trois représentations que j'en ay fait
faire dans des meilleures maisons de Paris et
devant un grand nombre de personnes qua-
lifiées et de mérite, aucun nes'y est ennuyé:
tous les spectateurs en ont ri jusques au
poinct que la femme d'un notaire, pour ne
tremper ny sa chemise ny ses juppes, pissa
dans le gant d'un gentilhomme qui l'avoit
amenée et le jetta dans la cour afin que la
salle ne parust mouilliée en la place où elle
estoit.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre 1904.
725
726
Il s'agissait donc de représentations pri-
vées, et même quelque peu sans façon.
Un autre paragraphe, qui n'a pas été
non plus réimprimé, exprime les griefs
de l'auteur contre un spectateur mécon-
tent et termine ainsi :
Il falloit qu'il considerast que les acteurs
n'estaient point comédiens ; que je ne faits
point profession d'esire poète ; que ma con-
dition n'est point ignorée de luy, etc.
Si la condition de l'auteur n'était point
ignorée du Cyrano brouillon qui troubla le
spectacle (Est-ce Cyrano lui-même ^), elle
est fort ignorée de nous. L'auteur signe
L. C. D'** ou L. C. Discret : initiales ou
pseudonyme également mystérieux. Deux
petites poésies dédiées '< Au sieur D. sur
sa comédie d'Alizon » portent les initiales
D. R. et C. M. — Ces faibles indications
suffiront-elles à éclairer un de nos érudits
lecteurs ? M. Frédéric Lachèvre doit être
consulté le premier. P. L.
Pourquoi la couronne de comte
a-t elle été si souvent usurpée d?ns
les armoiries ? Louis XIV n'a ja-
mais pensé à transformer la France en
une nation d'hidalgos. On s 'it que l'ins-
cription à VAimorial de d'Ho^ier, souvent
infligée d'office, ne conférait ni noblesse,
ni titres, mais uniquement le droit de
porter des armes non sommées. Ce décor
flattant la vanité, voilait mal un véritable
impôt frappé sur des individus jugés en
état de le payer.
En Poitou, beaucoup d'inscrits trouvant
leur blason un peu nu, n'hésitèrent pas à
le gratifier d'u i timbre qui fut presque
toujours une couronne de comte ; pour des
intrus, c'était aller vite, alors qu'un sim-
ple casque d'anobli eût déjà signalé une
usurpation manifeste.
Je cherche en vain pourquoi ces tard-
venus arborèrent ainsi les neuf perles .?
l'observe cependant que dans notre
province pas mal d'anoblis s'étaient déjà
gratifiés sans droit du cercle d'or des
comtes.
Y avait-il une certaine tolérance à ce
sujet ?
Il pourrait bien se faire qu'en la pre-
nant à leur tour, les blasonnés de l'Armo-
riai aient voulu se faire passer pour des
anoblis.
Je ne dis pas qu'anoblis ou inscrits aient
pris ouvertement le titre de comtes, mais
qu'ils firent graverlacouronne à perles sur
leurs cachets et sur leur argenterie.
LÉDA.
Armes de trois faiTiilles bour-
guignonnes. — i" De la Sarra, seigneur
d'Avelanges près Is-sur-Til au xv* siècle.
2° Griffon, maison considérable de
Dijon au xiv^ siècle.
3° Porteret, de Dijon, au xv^ siècle.
ROBIT.
Les armos des CoUot. — Pernette
Collot, dame de Sagy et de Raigny, fit,
au xve siècle, des fondations à Nola)'. Elle
était fille de Guy Collot et Marguerite d'Ys.
Quelles sont les armes de ces Collot ou
Coulot auxquels Palliot donne un écu :
de gueules, au rosier d'or, ce qui parait une
attribution douteuse. Q.uelles sont celles
de cette famille d'Ys .? Robit.
Armes de l'abbé de Chaulieu. —
Une broderie du xvii^ siècle, provenant
probablement d'un ornement d'église,
porte dans un beau cartouche, les armoi-
ries suivantes : Ecartelé : aux i et 4 d'a{ur,
à trois faucons ou éperviers d'argent, grille-
tés d'or ; au 2 paie d'hermines et de gueules ;
auj de gue:iles. an chevron d'or., accompagné
de trois poissons du même.^ posés en pals., 2 en
chef et I en pointe. Sur le lo!itd'a{ur.^à trois
triangles mal ordonnés d'argent, au chef
de gueules., chargé d'une tête et col de licorne
d'argent, entre deux croisettes du même.
(.Aufrie de Cliaulieu). Couronne de duc.
Le cartouche sommé à gauche d'une mi-
tre et à droite d'une volute de crosse
tournée en dehors.
Les armes du surtout sont évidemment
celles de l'abbé de Chaulieu, poète et lit-
térateur,abbé commendataire de l'abbaye
d'Aumale, né à Fontenay dans le Vexin
Normand en 1636 ou 1639 et mort le 27
juin 1720; mais à quelles alliances des
Aufrie se' rapportent les armes des autres
quartiers .? P. le J.
Trois cacîiets à ideatifler — 1°
d'azur., à deux poissons posés en pals et ados-
sés de... Couronne de comte.
2" de au chevron abaissé de..., sur-
monté d'une fasce haussée de. . . , accompagnée
en chef d'une fleur de lis entre les lettres R et
PL (ces deux dernières réunies en mono-
N* 1058.
L'INTERMÉDIAIRE
727
728
gramme). Pas de couronne ni d'orne-
ments extérieurs.
3° Coupé : au i d'a:{ni\à un enfant posé
de face, les bras étendus^ sénestrè d\in lion
assis et contourné^ la tête de front ; au 2 de
gueules^ à un rocher d'argent . Couronne à
sept fleurons en forme de quintefeuilles.
C, DELA s.
Devaines (Jean). — Connaît-on la
date et le lieu de naissance de Jean De-
vaines, l'ami et le correspondant de Tur-
got et des grands écrivains de son temps,
membre de TAcadémie française à la
réorganisation de 1803 .? R.B.
Dutailli, frère de Bernardin de
Saint-Pierre. — La suite des six figares
de Dutailly pour une édition anglaise
(1795) de Paul et Virginie, esi-elle l'œu-
vre d'un frère de l'auteur qui portait ce
nom ?
Estoublon.
Estoublon étoit de condition et pro-
vençal, un fort honnête homme, mais plai-
sant'au dernier point, et un grand homme
noir, olivâtre, qui ne riait jamais, avec je
ne sais quel air niais et naturel dont il
attrapoit les nouveaux venus. (Saint-Si-
mon. Note^ au journal de Dangeau).
Je voudrais avoir les dates de naissance
et de mort de ce personnage, savoir qui il
épousa, s'il eut des enfants. Il y a actuel-
lement un Estoublon professeur : est-il
son descendant? G.
Ginestous de la Tourette. — Com-
ment cette famille, dont l'Armoriai du
Languedoc^ de Louis de la Roque, donne
une généalogie sous le n» 260, est-elle
parente de celle des Ginestous qui figure
au même ouvrage n" 257 ? — L'origine
commune est indiquée par les armes :
l'une portant en écartelure : d'or, an lion
de gueules, arme et lampassé de sable^ l'au-
tre ayant le même écusson en abime. Ce
que je voudrais serait pouvoir rattacher
Bérard de Ginestous de la Tourette —
souche de cette famille — à un descen-
dant d'Hugues de Ginestous qui, en 1181,
prêta serment de fidélité à Roger, vicomte
de Béziers. XVI B.
Renseignements demandés sur
plusieurs personnes du nom d3
Ginestous. — Je désirerais fort connaî-
tre les noms et prénoms et les dates des
mariages des pères et mères des Gines-
tous qui suivent et qui sont tous cités dans
Y Armoriai du La^iguedoc, de Louis de la
Roque, mais ne figurent pas dans la gé-
néalogie des diverses branches de la fa-
mille de Ginestous, que renferme aussi
cet ouvrage :
1. — Marguerite de Ginestous -des-
Plantiers de Montdardier qui épousa, 10
novembre 1591, Antoine de Malbosc,
seigneur de Mirai, etc.. (tome 1, page
334).
2. — Jacquette de Ginestous-de Mont-
dardier — qui se maria, avec Jean de Be-
noist, seigneur de la Cisternette, le 10
décembre 1593 (t. I. p. 69).
3. — Marguerite de Ginestous — qui,
le 28 mars 1607, devint femme de |ean
de Marc, seigneur de la Calmette, ensei-
gne au Régiment de Saint-Rémy (n°
367).
4. — Jeanne de Ginestous — qui s'u-
nit, le 6 novembre 1625, à Pierre de Fo-
rés, seigneur de Tréguier (t, I ; p, 213).
5. — Marie de Ginestous-Montdardier
— elle épousa, le 24 juin 1628, Aldebert
de Seguin, seigneur de Rochevalier (t. I ;
p. 482).
6. — Louise de Ginestous — laquelle,
en 1644, s'unit à Jacques de Soubeiran,
écuyer, seigneur de Montgiraud (t. I ;
p. 48b).
7. — Marguerite de Ginestous — qui
devint femme, le 4 novembre 1645, de
Pierre-Antoine de Rochefortd'Ailly, ba-
ron de Saint-Vidal, vicomte de Beaufort,
gentilhomme ordinaire de la chambre du
roi (t. I, p. 432).
8. — Gabrielle de Ginestous la Tou-
rette — qui, le 24 décembre 1680, s'unit
à Philibert d'Apchier, comte de Vabres
(t. l;p. 21).
9. — Anne de Ginestous — qui devint
femme, en 1686, de Charles de Faret,
seigneur de Montfrin et de Saint-Privat
(t. 1; p. 199).
10. — Charles de Ginestous — marie,
le 22 juillet 1565, à Anne d'Agrain des
Ubaz (t. I ; page 5).
11. — Guillaume de Ginestous — époux
de Marie de Chanaleilles (t. 1 ; p. 139).
12. — Louis de Ginestous — veuf de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre 1904
729
Marie-Jeanne-Henriette de Julien de Vine-
zac, qui épousa en secondes noces, Rose
de Girard, alors veuve de Charles de Bos-
cas(t. II ; p. 433).
12. — François-Armand de Ginestous
— marié le 14 février 1762, à Françoise
de Villardi de Quinson (p. 140).
La famille de Ginestous étant fort an-
ciennement connue, j'espère qu'il sera
possible à quelque aimable collaborateur
de vouloir bien me donner ces renseigne-
ments.
XVI B..
Victor Hugues. — Sait on la date
e.xacte et le lieu du décès du commissaire
Victor Hugues, né en 1770, à Marseille,
gouverneur de la Guyane en 1799, et qui
mourut dans les environs de Bordeaux,
en novembre 1826.? Un obligeant cher-
cheur Bordelais serait-il à même de nous
renseigner
?
NÉRAC.
Famille lePhilipponnat de Maî-
penne (Champagne). — D'Hozier (t.
III, reg. 2) donne la note suivante :
Jean Guérin, écuyer, seigneur de Brus-
lard, batisé le 9 août 1613, fut maintenu
dans sa noblesse par ordonnance de M. le
Fèvre de Caumartin, intendant en Cham-
pagne, du 8 juillet 1667, en conséquence
des titres qui en prouvoient une possession
constante depuis l'an 1541.
Il avoit épousé en premières noces, le
16 février 1637, Demoiselle Anne le Phi-
lipponat, fille de noble Jwmim Pierre de
Philipponcit, écuyer, seigneur de Malpenne .
Deux pages plus haut, d'Hozier cite
« Jean le Philipponat >> qui avait épousé, à
la fin du xvi" siècle, Eléonore Guérin de
Bruslard. (Dormans, Champagne).
Isaac le Philiponnat (1633- 17 16) est
maire d'Ay en 1677 et lieutenant de po-
lice dans la même ville en 1699.
Son fils aine, Isaac de Philiponnat (1662-
1727;, est procureur au Parlement de
Paris, et se fait inscrire à l'Armoriai de
1699 portant e'chiqueté d^or et de gueules,
au chef d'a:^ur^ chargé de trois besants d'ar-
gent.
Pourrais-je recueillir d'autres renseigne-
ments sur cette famille et sur ses alliances
aux xvi' et xvii^ siècles ? S.
Descendants" de Béraut de ?vTer-
cœur. — Existe-t-il, outre la famille de
Chavagnac, des descendants de Béraut de
730
Mercœur, seigneur du Crest, baron en
partie de Chavagnac, etc. qui vivait au
xiv' siècle .?
A qui est passé le nom de Mercœur
après lui .? X.
Pic de Replonge. — Un membre de
cette famille habitait, vers 1875, rue de
-Montparnasse, à Paris. Q.u'est-il devenu?
Quelles sont ses armoiries et sa généalo-
gie ?
Louis Calendini.
Un parent de Rembrandt. — Un
livre que j'ai sous les yeux a été offert en
prix, en juillet 1701, par le Gymnase
d'Amsterdam ingeimo nuignœqiie spei ado-
lescenti Cornelio van Rhyn.
Le vrai nom de Rembrandt était Har-
mensz van Ryn. Sa fille s'appelait Corne-
lia. Ce Cornélius van Rhyn est-il un de
leurs parents .? ***
Le peintre Terburg. — Quels
sont les ouvrages qui ont été écrits sur
le peintre Terburg ^
Existe-t-il des œuvres de ce peintre
dans des musées de province ? X.
Approbation des livres au XVIII* .
siècle. — On sait qu'aucun ouvrage ne
pouvait être imprimé sans que le manus-
crit eût été soumis à l'autorité civile, qui
en permettait ou en défendait l'impres-
sion.
Le comité de censure placé dans les
attributions du chancelier de France,
pouvait-il déléguer ses pouvoirs à des
prêtres ^
J'ai sous les yeux un livre de Didot fils
aîné, intitulé : L'ami des jeunes demoiselles,
Paris, Didot 1789, in-12 et je lis à la fin ce
qui suit :
APPROBATION
J'ai lu, par ordre de monseigneur le garde
des sceaux, un manuscrit intitulé : Vami des
jeunes demoiselles, suivi d'une E pitre aux
célibataires .
Ces deux productions qui ne respirent que
la vertu, seront accueillies avec plaisir et lues
avec intérêt, A Paris, ce 14 novembre 1788.
Signé : Bossu,
curé de Saint-Paul.
A. DlEUAlDE.
Auteur d'un «Voyage à Madagas-
car » — Qiiel est l'auteur de l'ouvrage
suivant :
N* 105S.
L'INTERMEDIAIRE
73'
■32
Voyage de Madagascar, connu aussi sous
le nom de risle de Saint-Laurent^ par M.
de V... [sic] commissaire proviciai {sic)
de l'Artillerie de France. — Paris, Nyon.
1722.
La dernière édition de Barbier se borne
à constater, d'après l'approbation, que le
V03''age remonte à 1663, et, d'après la dédi-
cace, que l'édition est signée « Carpeau du
Saussay ». C'est avouer qu'on en ignore
l'auteur.
Quel est le voyageur qui a exploré Ma-
dagascar en 1663, sous l'administration de
M. de Champmargou ? S.
Auteur allemand traduit en fran-
çais. — 11 s'agit de J. J. Engel (1741-
1802) auteur du Herr Loren Stark, dont
la librairie H. Le Soudier a fait paraître
une nouvelle édition dans sa bibliothèque
de l'enseignement pratique des langues
vivantes.
La préface parle de deux traductions
françaises de ce charmant petit tableau
de mœurs.
Je désirerais savoir de qui elles sont et
où elles ont vu le jour, deux points sur
lesquels il m'a été impossible jusqu'à ce
jour d'être fixé. K. Rip.
Deux œuvres inédites de M.Paul
Bourget. — M. Paul Bourget, de l'Aca-
démie française, a, paraît-il, dans ses car-
tons un ouvrage sur Balzac, dont il pu-
blia jadis un extrait dans la revue Mi-
nerva. lia également un roman intitulé :
le Petit frère qui, annoncé successive-
ment dans Mincrva et dans le Gaulois^
n'a finalement jamais paru.
Le très informé Intermédiaire peut-il
me dire si ces ouvrages paraîtront, et
quand .^ M. Paul Bourget lui-même aura
peut-être l'obligeance de nous renseigner.
G.
Un vers étrange de Saint- Ju st.
— Dans son poème à' Or gant, Saint-Just
dépeint une femme comme ayant :
Des bras d'ébène, une gorge de lait.
Organt, t. I, p. 90.
Quel peut être le sens de ce vers singu-
lier .'' Rien ne l'explique ni ne le prépare.
Supercheries typographiques —
Pourrait-on donner quelques détails sur
les supercheries typographiques qui ont
été tentées depuis .:iuelques années ?
J'entends par là les fausses éditions ori-
ginales comme celles du Portefeuille d'un
talon rouge (1780) ou des Amies de Ver-
laine (1870) qui, autrefois rarissimes, en-
combrent aujourd'hui les boutiques des
libraires. S.
La quête de l'hirondelle à Rho-
des.— Sainte-Beuve. Tableau hist. etcrit.
delà poésie française et du Théâtre hrançais
au A>7^ siècle (Nouvelle édition, Paris,
Charpentier, p. 463, n. 2).
« (De l'esprit de malice au bon vieux
temps. La Mounoie).
«... Les Anciens avaient aussi leur ma-
nière de Ahëls. A une certaine époque de
l'année, chez les Rhodiens5;/r/<?///, les en-
fants allaient faire la quête de Vhirondclle^
ils chantaient aux portes :
Elle est venue l'hirondelle, amenant les
belles saisons et la belle année ; blanche
sous le ventre et sur le dos noire. Ne tire-
ras-tu pas hors de ta grasse maison un pa-
nier de figues et un gobelet de vin, et une
éclisse de fromage et du froment ?
L'hirondelle ne refuse pas même un pe-
tit gâteau. Est-ce que nous nous en irons,
ou bien aurons-nous quelque chose ? Si tu
nous donnes, nous nous en irons ; sinon,
nous ne laisserons pas la place ou nous
emporterons la porte ou le dessus de la
porte, ou bien la femme qui est assise là-
dedans. Elle est petite la femme et nous
l'emporterons aisément. Allons, donne, si
peu que tu nous donnes ce sera beaucoup.
Ouvre, ouvre la porte à l'hirondelle, car
nous ne sommes pas des vieillards, nous
sommes des petits enfants.
« M. Rossignol (1), nous le savons, a
recueilli beaucoup de détails érudits sur
ces jolis chants et ces Noëlsde l'antiquité,
il rendrait service en les publiant ».
On demande si ce savant s'est rendu
au désir de Sainte-Beuve.
Le chat de la critique n'indique point où
il a pris cette citation ; c'est une traduc-
tion, dit-il, d'une des plus jolies pièces
des anciens, et, nous l'avouons, ce ren-
seignement est insuffisant pour nous per-
mettre de remonter à la source. Aucune
des trois anthologies grecques que nous
avons consultées, ne donne ce curieux
récit. LÉDA.
(1) Jean-Pierre Rossignol, de l'Acadtmie
des inscriptions.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
7-> ->
y-1
La bibliotlièque du D' Court —
Le 7 mai 1884, on vendait à Paris, à
l'hôtel de la rue Drouot, la bibliothèque
du D"" Court qui habitait (10 ans aupara-
vant) rue du Centre, 4. Cette bibliothè-
que renfermait des raretés, en particulier
le volume du P. Yves d'Evens, capucin :
Suitte de l'histoire des choses plus ineiiiora-
hles advenues en Maragnan es années 161^
et 16 14. Paris, Fr. Huby, 161 v Le ^'
Court avait acheté ce volume 800 fr., il
fut vendu 1000 ou 1200 fr. On voudrait
savoir, si c'est possible, ce que devint ce
volume, plus complet que l'exemplaire de
la Bibliothèque nationale sur lequel
M. Ferdinand Denis publiait une réédition
de cet ouvrage en 1864. Arch. Cap.
Mémoires sur la vie de madame»
de Villeneuve. — Je serais reconnais-
sante auK aimables collaborateurs de
XI nier médiane^ de m'aider à me procurer
les Mémoires sur la vie de Madame de Vil-
leneuve, née V Huillier^ par M™* Chaufour-
naud, mémoires dont il est question dans
la vie manuscrite du commandeur de Sil-
léry. Comtesse de la Selle.
Le vent d'à, ut an. — Si vous allez à
Toulouse, vous ferez connaissance avec le
vent d'autan. C'est un vent désagréable
et malicieux auquel on prête tous les mau-
vais procédés. Il fatigue le passant, dé
coiffe et trousse les filles, et préside à
mille incohérences ou folies. On lui mon-
tre, d ms tout le sud-ouest, un certain
etïroi, d'ailleurs sympathique.
Si l'oa demande aux méridionaux :
Pourquoi ce vent s'appelle-t-il le vent
d'autan? Ils répondent — caries méridio-
naux répondent toujours, — mais ils ré-
pondent : « On l'appelle ainsi parce que
c'est son nom ». La raison est père m p-
toire. Mais pourquoi est-ce son nom :
Que veut dire vent d'autan ? Surville.
Casserole. — C'est un mot souvent
employé depuis quelque temps. Dans l'ar-
got des voleurs, il signifie moucixard, dé-
nonciateur. Toutefois, il est d'introduc-
tion assez récente. Delvau le cite, mais
l'auteur de Cartouche on Le Vice puni ne le
cite pas dans le lexique qui termine son
poème (1725).
Point de doute sur le sens du mot.
20 Novembre 190 4
734
Mais que sait-on de l'origine et des rai-
sons de son emploi.? Y.
Avaleur de sabres. —Je crois que
dans l'argot des mécaniciens, et surtout
des mécaniciens de chemin de fer, un ou-
vrier soigneux et con-^cicncieux s'appelle
un avaleur de sabres. Hst-ce exact et pour-
quoi cette appellation '<!
Gustave Fustier.
Le cas de M G-aérin. — En faisant
des recherches sur le lieu de la sépulture
de Mirabeau dans la série Es, (cimetières
et inhumations), j'ai parcouru une série
de rapports provenant des autorités du
département de l'Oise, sur une mons-
truosité pathologique que j'ai tout lieu de
supposer assez rare.
Vers 1820 mourait un jeune homme
de 14 ans, contrefai . mal venu, ayant
au côté droit une tumeur énorme. A
l'autopsie, on constata la présence d'un
fœtus dans des conditions bizarres. Ce
fœtus n'avait que deux bras et une jambe,
mai=, par contre, un système pileux qui
pénétrait dans l'intestin en sorte que son
frère, devenu son père, avait de fréquents
vomissements de cheveux. Le dossier des
archives contient les détails les plus com-
plets et les plus curieux sur ce phéno-
mène. Connait-on d'autres cas sembla-
bles? Q.u'cn pense le D' Cabanes toujours
si bien documenté sur ce qui touche ces
curiosités de la médecine ; qu'en pense
le D' Baudouin ?
J. G. Bord.
Lafemnio de Bern rdia de Sait t-
Pierro : « Félicité Didot, a été le
sounre-douieur do son mari. » —
C'est en ces termes précis, nets, tran-
chants, que le collabo E. Grave s'exprime
dans y Intermédiaire, (L. 358.)
D'autre part, M. Ruinât de Gournier
qualifie Bernardin de Saint-Pierre à'iufer-
nal mari (i).
C'est bientôt dit, mais la preuve?
Les lettres dont M. de Gournier donne
copie vont plutôt à l'encontre de sa thèse.
Alors ? J. Brivois.
(i) Amour de philosophe. Bernardin de
Saint-Pierre et Félicité Didot. Paris, Ha-
chette 1905, in-i2.
N" 1058.
L'INTERMÉDIAIRE
735 --'"
736
i?
^< Le Livre d'amour » de Saiate-
Beuve (L, 620). — Oui, il y eut des
lettres de J\imc Victor Hugo à Sainte-
Beuve ;
Oui, elles étaient en la possession du
docteur Chéron, lils de M. Paul Chéron à
qui Sainte-Beuve les avait léguées ;
Oui, elles ont été brûlées.
Preuve authentique de cette destruction
existe.
Il existe bien autre chose que cette
preuve authentique.
On peut estimer que Sainte-Beuve com-
mit un acte répréhensible en mettant à
l'appui du Livre d'amour une correspon-
dance dont l'obje'- ne se devine que trop,
mais il ne s'agit pas de savoir si Sainte-
Beuve a eu tort l u a eu raison, il s'agit
de savoir si la destruction des lettres est
vraie. Cela, qu'on le veuille ou non, c'est
de rhistoire littéraire, et c'est vrai.
Deux térnoins du fait sont morts, deux
sont vivants. Les morts sont le D' Chéron
et M. Paul Foucher. Les vivants sont
l'un, un écrivain d'art ; l'autre, un membre
de la famille Hugo.
Je ne me prononce pas sur le sens des
lettres ; je ne me prononce pas sur le fond
du débat. }'ignore et veux ignorer quelle
était la nature des relations entre l'auteur
du Livre d'amour et l'héroïne de ce livre.
J'apport une contribution moins déli-
cate et plus précise.
Vérifiera qui voudra ou pourra. A,
Le droit du seigneur (T. G., 290;
L, 206, 295, 396). — Au milieu des
droits bizarres qui furent concédés à
l'abbaye, nous avons cru devoir signaler
un singulier privilège dont nous n'avons
trouvé trace dans aucun auteur et que
Ducange lui-même semble avoir ignoré.
11 s'agit d'une variété^w droit de jambage
sur laquelle il n'est pas permis, comme
sur tant d'autres, d'élever le moindre
doute, d'après la preuve que nous avons
entre les mains. En 1238. Marguerite
Chesnard, belle-sœur d'un noble cheva-
lier, Hugues de Saumery, fit un échange
avec l'abbaye de Voisins. Dans cet acte,
les religieuses lui abandonnaient une
rente que leur avait donnée jadis la Dame
de Saumery, sa sœur, et Marguerite
leur cédait comme compensation le droit
de jambage dont elle jouissait à Meung
depuis longtemps et qui est ainsi défini
dans le texte latin : quidquid hahehat in
jambis porcoriim in vigilià beati Martini
bieiiialis apud macgdiinum maetaîonuii ab
borà vespertinà ipsins vigiliae usque adbo-
ramprimain dieifcsti (Histoire de l'abbaye
DE Voisins ordre de Citeaux. Orléans
1832, p. 23).
Statue do Henri ÏV sur le Pont
Neuf(L, 667). — Evidemment, il fau-
drait avoir mieuxqu'un propos légendaire.
Le Henri IV du Pont Neuf est fait avec le
Desaix de la Place des Victoires et le Na-
poléon de la colonne Vendôme. On pré-
tend en effet que le fondeur, par manière
de protestation, a mis une statuette de
Napoléon le dans l'une des jambes du
cheval. Mais rien n'est venu confirmer,
jusqu'à ce jour, cet on-dit.
Ce qui est vrai (voyez Intermédiaire t.
XXVII et XXXI), c'est que la statue ren-
ferme officiellement vingt-cinq médailles
relatives aux événements du règne de
Louis XVllI, et trois ouvrages richement
reliés, les Economies^ de Sully, la Henriade,
de Voltaire et la Vie d'Henri IV, de Péréfixe.
Il est vraisemblable que le peuple sa-
chant que l'on avait mis dans le cheval
ces médailles et ces volumes imagina
qu'on y avait mis ce qu'il souhaitait d'y
voir mettre, L.
Je me souviens que, vers 1869 ou 1870,
j'ai connu dans un village de l'Oise où il
vivait retiré, un brave homme, ancien
fondeur, je crois, nommé Prière. 11 y avait
sur sa cheminée une petite statuette qui
excitait ma curiosité d enfant ; elle repré-
sentait Napoléon 1'=',, coiffe du légendaire
chapeau, debout sur un socle rappelant le
sommet de la colonne Vendôme.
A cette époque, M. Prière nous a ra-
conté que, lorsque le gouvernement de la
Restauration avait fait fondre la statue de
Napoléon I""", surmontant la colonne Ven-
dôme, pour en taire la statue de Henri IV,
actuellement sur le Pont-Neuf.les ouvriers
fondeurs, (dont il était, si je ne me
trompe), très bonapartistes, se cotisèrent,
pour soustraire à ce qu'ils considéraient
comme une sorte de profanation, tout ce
qu'ils purent du bronze de la statue de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
737
Napoléon et le remplacer par du bronze
neuf.
Puis ils fabriquèrent avec le bronze du
Napoléon, un certain nombre de statuet-
tes pareilles à celle qu'il possédait, et en
bourrèrent le Henri IV ; ils s'en réservè-
rent quelques exemplaires comme souve-
nir. )e n'ai jamais su si le fait était vrai,
mais je n'ai aucune raison de suspecter la
bonne foi de M. Prière. J. L. L.
L'emploi clu terme de citoyen,
citoyenne (T. G., 212). — Dans un ou-
vrage de Fanny de Beauharnais : L'Ile de
la Félicité OH Anaxis et Thèone, à la page
144 figure une <^ Epitre à Messieurs de la
Société patriotique Bretonne, pour les re-
mercier de l'honneur qu'ils m'ont fait en
me proclamant citoyenne. »
Or, cette épitre, datée de 1783, est
accompagnée de la note suivante :
La Société patriotique bretonne doit son
origine et son institution à M. le comte de
Serent, ancien commissaire des états de
Bretagne au bureau de l'administration,
gouverneur de la presqu'île de Rhuys,
membre de plusieurs académies, etc. C'est
dans la salle académique de son château
de Keralier que se tiennent les assem-
blées. On y voit une tribune portant cette
inscr;ption : « Ici on sert son Dieu sans hy-
pocrisie, son roi sans intérêt et sa patrie
sans ostentation ». On a donné à ce lieu le
nom très mérité de Temple de la Patrie.
Les patriotes bretons, pour augmenter l'é-
clat de leurs assemblées, se sont associé
plusieurs femmes célèbres par leurs vertus
et leurs talents. C'est madame la comtesse
de Nantais, qui, reçue la première, a été
leur introductrice, et je suis forcée de dire
la mienne, parce qu'on m'u fait l'honneur
de ni'ad mettre.
].-G. Bord.
La tombo do Mirabeau (L, 451,
505,621). — L'amphithéâtre des hôpitaux
s'élève sur l'emplacement du cimetière
de Clamart.Vers 1865, il subsistait encore
au milieu des pavillons de dissection, un
petit coin intact de l'ancienne nécropole
transformé en un bien modeste parterre
de quelques mètres carrés. On y lisait une
longue épitaphe inaltérée d'un M. Crapelet,
hnprimeur, mort au commencement du
XIX* siècle. Le cimetière de larue de Vaugi-
rard, très rapproché de la demeure du dé-
cédé, n'a été fermé que vers 1824, comme
20 Novembre 1904»
— — 738 —
la plupart des lieux de sépultures de la
rive gauche. Il paraîtra bien probable que
l'imprimeur fut enterré là où reposaient
de longue date les membres de sa famille.
On est donc porté à croire que le cime-
tière de Clamart recevait, avant 1789,
aussi bien les restes des gens morts à leur
domicile que les cadavres des hôpitaux.
Ceux qui sont encore nommés dans
nos campagnes les « désespérés » furent-
ils reçus à Paris dans cet unique champ
de repos \
Le lugubre souvenir pourrait bien s'ex-
pliquer par le vol si fréquent des cada-
vres. On en déroba jusqu'à 40 dans la
miême nuit. Ce cambriolage macabre
devait jeter une sinistre renommée sur ce
quartier fangeux. Ces morts allaient aux
amphithéâtres clandestins. Fermait-on un
peu les yeux sur ces odieux détourne-
ments ^ Il est permis de le croire. Sans
doute Clamart offrait un asile peu sûr,
mais de là à en faire un cimetière de ré-
prouvés, il y a certaine marge. En somme,
la dépouille de Mirabeau peut y avoir été
déposée tout aussi bien qu'ailleurs, mais
après tant de remaniements le champ
d'exploration me paraît aujourd'hui bien
restreint.
Outre celui de Saint-.Médard rendu
célèbre par les convulsionnaires, attenant
comme on le sait à l'église toujours exis-
tante, on trouvait encore sur ce versant
de la montagne Sainte-Geneviève, au
moins un 3* cimetière s'étendant jusqu'au
n'^ 80 du boulevard Saint-Marcel (Entre-
pôt des tabacs). Près de là se sont élevéesi
les églises de Saint-Marcel et de Saint«
Martin.
En 1903, j'ai vu découvrir, vers le hau't
de la rue de la Montagne Sainte-Gene-
viève, des sépultures remontant san*;
doute au cimetière de Saint-Etienne-du-
Mont.
Tandis que les champs de repos de Is
rive droite disparaissaient dès le_ com-
mencement du xix= siècle, par suite de la
création des cimetières du Nord et de l'Est,
il est évident que bon nombre des
anciens cimetières de la rive gauche
ont dû être pratiqués jusqu'en 1824,
date de l'ouverture du cimetière de Mont-
parnasse ; celui de Vaugirard, quoique
fermé depuis longtemps déjà, n'a été aliéné
que vers 1870.
Il serait curieux de relever les dates
N* 1058
L'INTERMEDIAIRE
739
740
d'aliénation ou tout au moins de ferme-
ture des ditïérenls cimetières de la rive
gauche, celui de Saint-Sulpice était sans
doute fermé lorsqu'on y installa le bal
des vie t mes . L h d a .
La sentinelle qui empêcha de
passer le Petit Caporal (L,io5, ^^8).
— Le Journal des Débats a reçu des dé-
tails complémentaires sur l'information
que nous avons publiée. Ils sont extrême-
ment intéressants. Une coquille s'était
glissée dans notre note : Goluche est mort
en 1868 et non 1865.
Jean-Baptiste Coluche est obscur et célèbre.
L'histoire a négligé son nom, mais la légende
a recueilli de ses lèvres une phrase ininior-
telle. C'est Cohiche qui a dit à l'Empereur :
« Fussiez-vous le Petit Caporal, vous ne passe-
rez pas ». V Intermédiaire des chercheurs et
curieux a tiré de l'oubli ce héros de la
consigne en lui consacrant, il y a quelques
semaines, une courte biographie que nous
avons reproduite. Un de nos lecteurs, M. Bon-
nel, de Vouziers, veut bien nous adresser
quelques détails complémentaires. Détails
précis et dignes de foi, car M. Bonnel a
connu personnellement Coluche qui l'a honoré
de ses confidences et lui a fait cadeau de son
portrait.
Comme il arrive toujours, le second histo-
rien rectifie le premier. Le fait reste avéré ; les
circonstances diffèrent. Ce n'est pas à Ebeis-
dorf, mais à Vienne que la scène s'est passée.
Napoléon avait fait, ce jour-là, dans la capi-
tale autrichienne, son entrée triomphale et
s'était installé dans le palais désert de Fran-
çois II. Le soir venu, il voulut s'assurer par
lui-même que les factionnaires observaient la
consigne. S'approchant à l'improviste d'une
des portes du palais : « Il faut, dit-il à la
sentinelle, que je voie sans tarder l'empereur.
Si tu veux me laisser passer, ta fortune sera
faite. — Si tu avances, répondit simplement
Jean-Baptiste Coluche, Je te f... ma baïon-
nette dans le ventre. » Phrase énergique et
belle. L'histoire lui attribuait une forme plus
lapidaire. Mais la version de Coluche, éloquent
sans apprêt, est bien plus vraisemblable. Voilà
le mot historique ; l'autre est un mot d'histo-
rien.
Coluche, croisant la baïonnette, se disposait
à joindre l'action à la parole. L'empereur n'in-
sista point ; il se retira, amplement satisfait.
Relevée de sa faction, la sentinelle raconta
l'incident en arrivant au poste. Les camarades
avaient vu passer Napoléon. Ils s'amusèrent à
effrayer Coluche : « Ton affaire est claire, lui
dirent-ils : tu as empêché le Petit Caporal de
rentrer chez lui ; demain matin, tu seras fu-
sillé ». Les braves ne connaissent pas la peur.
Coluche, tout de même, était un peu inquiet.
Aussi, quand le lendemain, l'empereur fit de-
mander le soldat qui, à telle heure, était de
garde à telle porte, Coluche, craignant une
algarade, s'esquiva par la fenêtre. Plus avisé,
un de ses camarades répondit à l'appel du
commandant de poste, se rendit au palais et
reçut de Napoléon, avec des compliments,
la croix de la Légion d'honneur. Lorsque
Coluche, remis de son inquiétude, rentra
dans la chambrée, il apprit avec désespoir la
bonne fortune qui venait de lui échapper ; il
réclama, mais Napoléon n'ai.niait point à se
déjuger. Il ne revint pas sur ce qu'il avait
fait. Et ce fut Louis XVllI qui, plus tard, dé-
cora le fidèle factionnaire, tout comme si Bo-
naparte eût été « lieutenant général désarmées
du Roy » .
Coluche vécut très vieux. Retiré en Seine-
et-.Viarne, à Gastins (canton de Nangis), on
l'informa un jour que Napoléon 111 était à
Fontainebleau. Coluche mit à la boutonnière
de son plus beau vêtement sa médaille de
Sainte-Hélène et sa croix de la Légion d'hon-
neur et il partit pour voir le neveu de son
maître. A la porte du château, il fut à son
tour arrêté par la garde qui lui demanda de
montrer sa lettre d'audience : « Je n'en ai pas
besoin, grommela le grognard. Vous direz à
l'empereur que c'est moi ; il me laissera en-
trer. » Après de longs pourparlers, le chef de
poste fit avertir Napoléon 111. Sa Majesté,
curieuse de voir le bonhomme, doiina ordre
qu'on l'introduisît. Coluche, nourri dans les
camps, ignorait l'étiquette des cours. Sans
s'attarder à de vaines politesses : « J'ai bien
connu votre oncle, dit-il à l'empereur ; nous
avons voyagé longtemps ensemble ; aussi je
tenais à faire votie connaissance. — C'est très
bien, mon vieux brave. Avcz-vous besoin de
quelque chose ? — Absolument de rien. Je
suis chez mon gendre Varvaët, qui tient l'au-
berge du Cheval Blanc, à Gastins, où j'ai
tout ce qui me faut. — Eh ! bien alors, vous
pouvez vous retirer, car j'ai beaucoup à faire.
— On m'a dit que vous aviez une belle
femme, répliqua l'avantageux Coluche ; je
voudrais bien la voir. » A ce moment, par
une heureuse fortune, l'impératrice entrait.
Une telle admiration se peignit sur les traits
du vieux brave, que les deux souverains en
furent amusés et flattés.
Revenu à Gastins, Coluche trouva dans la
poche de son paletot un rouleau de vingt-cinq
napoléons qu'y avait discrètement glissé la
main d'un adroit chambellan.
Notre correspondant ajoute que Coluche, qui
lui donna sa photographie le 3 mars 1S66, et
qui avait alors quatre-vingt-sept ans, ne
jouissait d'aucune pension de retraite. Il au-
rait pu, s'il l'avait voulu, se créer des ressour-
ces. Un établissement de confections de Paris,
qui avait pour enseigne : A la Redingote
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
741
grise, lui avait proposé i.Soo fr. de traite-
ment, le logement et la nourriture pour pou-
voir ajouter à son enseigne : « C'est ici que
demeure Coluche ». Coluche ne voulait point
d'argent ; la gloire lui suffisait, avec la li-
berté. Quand il mourut, peu de monde suivit
son enterrement. Mais le général Duberne,qui
résidait dans les environs de Gastins, voulut
assister en grand uniforme aux obsèques de
Coluche. — Z.
Louis XVII. Sa mort au Temple
(T. G., 534 ; XLIX, Qii ; L, 625). — Le
corps de Louis XVII n'a certainement
jamais été déposé dans le caveau royal de
la Basilique de Saint-Denis.
)'ai vu' les procès-verbaux de dépôt des
corps, procès-verbaux insérés dans le
registre des procès-verbaux du chapitre
de Saint-Denis, il n'en existe aucun con-
cernant le corps du fils de Louis XVI.
G. La Brèche.
*
Dans le recueil intitulé : Copie des piè-
ces saisies dans Je local que Bahœnf occu-
pait lors de son arrestation, Paris, Ni-
vôse an V, fio^ liasse, page 245, lettre
de l'agent du XIP arrondissement en date
du 19 floréal an IV) je trouve les lignes
suivantes :
Il m'a été assuré aujourd'hui que les sept
personnes qui ont été assassinées à Vitry il y
a dix jours, ne l'ont été que par l'ordre du
gouvernement, que le motif est que \s. Dau-
phin n'était pas mort (une ligne effacée), et
qu'il n'y avait de témoin de son enlèvement
furtif du Temple, ainsi que du lieu où il est
déposé, que ces personnes là, ainsi que Dus-
sault, chirurgien de rHôtei-Dieu, qui a été
empoisonné par le même ordre ; que l'on y
avait laissé un sabre et un collet blanc pour
en accuser la légion.
A quelles personnes est-il fait allusion
dans cette lettre ^. Possède -t-on des ren-
seignements sur cet événement ?
Tastevin,
Le père Loriquet (T. G., 528 ;
XLIX, 705 ; L, 459). — On lit dans la
Révolution française (14 novembre 1904) :
On a lu dans notre numéro de mars 1904
l'étude de M. jule^ Claretie sur l'histoire de
France du Père Loriquet. et dans le numéro
du mois suivant la lettre de M. Bliard à ce
sujet. Nous avons reçu depuis, sur le même
sujet, de M
que voici
L. Grasilier, l'intéressante lettre
20 Novembre 190/J.
_ 742 •
Monsieur et honoré confrère,
Voulez-vous me permettre d'apporter, moi
aussi, mon filet d'encre aux flots qu'a déjà
fait verser la question Loriquet, même après
votre très spirituel président et Térudit M.
Bliard.
Le mot attribué au P. Loriquet a bien été
dit, mais pas par cet historien, ad usum del-
pJiini.
Et s'il lui a été attribué, ce n'a été que
pour accabler cet instituteur sous le ridicule,
« qui tue », dit-on .
Le mot, selon les savants collaborateurs de
V Intermédiaire, lui a été attribué par de facé-
tieux rédacteurs du Journal des Débats.
Or, c'est précisément un des frères Bertin,
Bertin d'Antilly, qui en est l'inventeur, ou à
peu près.
Le 6 août 1797, dans un journal, Le Thé,
Bertin publiait un fantaisiste : Tableau de la
maison du roi constitutionnel de la monarchie
française, dans lequel on trouve :
Grand Connétable : Buonaparte
Et :
S. A. LE Duc DE Chartres, roi par la Cons-
titution.
De là à lieutenant général du royaume, il
n'y a guère de distance.
Maintenant, en admettant que le P. Lori-
quet eût réellement écrit «le marquis Buona-
parte, etc. », croyez-vous que sa Compagnie
eut été assez naïve pour le laisser imprimer?
Mais je ne veux pas discuter sur ce point,
mon objet étant de rendre à Bertin ce qui lui
appartient, et non d' « embêter » Loriquet et
sa Compagnie.
Veuillez croire, etc.
LÉONCE Grasilier.
Le nard des Romains (L, 620). —
Notre confrère va pouvoir choisir, entre
les différends nard^ connus, celui qui ré-
pond le mieux à sa question. D'abord les
connaissances géographiques des anciens
ne s'étendaient pas au delà de l'ile de
Ceylan ; mais comme ils recevaient la
soie de la Chine, il n'est pas impossible
qu'ils aient aussi reçu le nard de Java ;
cependant, c'est peu probable.
Le nard indien actnel est le Nardosta-
ch\'s ; mais il y a une quantité d'autres
nards, qui viennent de moins loin, et qui
sont des espèces différentes de valériane :
nard de Crête, nard celtique, nard cham-
pêtre, nard de montagne. Le nard d'Italie
était la lavande ; mais le nard des Ro-
mains devait être \ Andropogon nardm,
que l'on appelle encore aujourd'hui narc^
syriaque et nard indique.
No 1058.
L'INTERMEDIAIRE
743
744
En effet, si !e nard des anciens était 1 se développent en épis barbus. De là vient
venu d'un pays aussi éloigné que Java, son ciue le nard est si fameux pour sa double
prix aurait été bien pluscievé encore qu'il
ne l'était à cette époque ; car il se serait
alors vendu bien au-delà de son pesant
d'or. D'ailleurs le nard du Gange vient
du Népaul,t'^ noti de Java ; comme le N.
jatamansi également. Ces espèces hima-
layennes sont des genres de valérianes :
on leur a même donné ce nom tout d'a-
bord,en botanique.
D'' Bougon.
*
* * .
Pour traiter cette question, il faudrait
de longues pages, et elles seraient bien
ennuyeuses par leur nature spéciale. Le
nard indique vient du Népaul où il est
encore employé comme parfum. Comme
ni Tibulle, ni Ovide, ni Celse ne nous ont
dit de quel nard, parmi vingt espèces de
provenances très différentes, se servaient
les dames romaines, il serait bien oiseux
de chercher s'il venait plutôt de Java que
du Népaul ou simplement de Grèce. Pline
cite même un nardum gallicwn et un
nardiim nisiicum. (V. Guibourg et Plan-
chon, Dictionnaire des drogues simples).
duant aux produits de même nature
venus de l'Inde ou d'Orient, il n'y a pas
à douter que les Grecs et les Romains les
ont connus. La Bible nous montre que
les hébreux employaient un grand nom-
bre de ces produits aromatiques, comme
la myrrhe, l'encens, la cinnamome, etc.,
d'origine orientale. Comment arrivaient-
ils en Occident ? Mais demandez aux
grands savants comment sont venus les
grès ou les porcelaines de Chine qu'on a
trouvés dans les sarcophages ég3'ptiens.
E. Grave.
» *
Le livre des parfums par Eugène Rimmel
donne les renseignements suivants:
Ptolémée dit que le nard est une plnnte
odoriférante qui croît principalement à
Prangamati, sur les frontières du pays
qu'on nomme maintenant le Bootan.
Pline en reconnaît douze espèces. Il
met en première ligne celui des l:!des,puis
le syriaque, le gaulois, celui de Crète, etc.
Il décrit ainsi le nard indien : « C'est un
arbuste à racine épaisse et lourde, mais
courte, noire et cassante, quoique onc-
tueuse en même temps. L'odeur ressem-
ble beaucoup à celle du cyperus ; le goût
est acre, les feuilles sont petites et vien-
nent en touffes. Les sommités du nard
production, l'épi barbu et !a feuille.
Le prix de ce nard était alors de cent de-
niers la livre (environ 85 francs). Les au-
tres sortes, qui n'étaient que des herbes,
coûtaient beaucoup moins cher et pou-
vaient s'obtenir pour quelques deniers.
Gaiien et Dioscoride parlent du nard à
peu près dans les mêmes termes. Ce der-
nier auteur prétend toutefois que le nard
connu sous le nom de syrien venait en
réalité des Indes et était apporté en Syrie,
d'où on l'expédiait sur divers points.
Les anciens paraissent avoir confondu le
n:'.rd avec les "raminées odorantes de la
famille des Andropogon qui croissent en
abondance dans presque toute l'Asie. C'est
ainsi qu'Arien, dans son Histoire de l'ex-
pédition d'Alexandre aux Indes., raconte
que le nard ^ies plaines de Gédrosie, foulé
aux pieds par les chevaux et les éléphants
de l'armée, répandait une odeur si agréa-
ble que les soldats phéniciens, avec l'esprit
mercantile qui ne les abandonnait jamais,
en faisaient d'abondantes provisions pour
les revendre dans leur pays.
Le docteur Blanc, cité par Calmet, dit
aussi avoir trouvé le nard sous forme
d'herbe odoriférante, et le grand Linné lui-
même paraît avoir partagé cette erreur en
classant le célèbre aromate sous le nom
àCAndropogon iiardus, plante qui donne
aux parfumeurs l'essence dénommée géra-
nium des Indes .
Sir William Jones, orientaliste distingué,
fit une étude spéciale de cette question ar-
due,et finit par découvrir que le nard était
une espèce de valériane appelée par les
Arabes sunibul, ce qui signifie épi barbu,
et par les indous, jatamausi ou mèche de
cheveux, noms dus tous deux à la forme de
la tige, qui ressemble à la queue d'une
hermine ou d'une belette. 11 lui donna
donc la dénomination de Valeriana jata-
mausi, qui a été acceptée par tous les bota-
nistes modernes. — Le mot nard paraît
être dérivé du mot tamul, war, qui désigne
une foule de substances odorantes, telles
que nardrum pillu, verveine des Indes ;
■nardujn par.er ,)Sisnnn , nartamaninn, orange
sauvage, etc.
Si, après toutes les autorités que nous
venons de citer, il nous est permis de ha-
sarder notre opinion personnelle, ajoute
M. Rimmel, nous dirons que le nard des
anciens était probablement un nom géné-
rique sous lequel ils désignaient les par-
fums les plus exquis, de même que les
Chinois qualifient leurs principaux aroma-
tes du nom de hiang, qui proprement dit
signifie encens, ce parfum étant pour eux
le type de tous les autres. C'est ainsi que
745
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Novembre 1904.
. -^.- 746 -~
les Romains appellent tour à tour nard un
onguent exotique fabriqué à Laodicée ou à
Tarsus et la lavande employée pour le bain,
Nardiis Italica.
Ce qui tend à confirmer cette idée, c'est
que le nard indien, Valcriana jatamaiisi,
que nous avons eu occasion d'examiner à
l'exposit; 1 de Londres en 1862, possédait
une faible odeur à peine agréable, et qui
se perdait à la combustion.
Le Dictionnaire d'histoire naturelle par
Vaîmont Bromare comporte aussi de
nombreux renseignements sur le nard, je
m'abstiens de les reproduire dans_ la
crainte d'abuser des colonnes de Y Inter-
médiaire. Je cro's donc devoir me conten-
ter de renvoyer M. Marcel Baudouin à ce
dictionnaire déjà bien vieux, mais sou-
vent intéressant. Ch. Rev.
*
*. *
Le D"" Marcel Baudoin nous écrit :
Le nard vrai ou indien était bien connu
des Romains, comme le prouve entre au-
tres, un passage de la deuxième élégie de
ïibuîle :
... puro dislilient tempora nardo (Iibulle,
Il "'1
mais les naturalistes prétendent que cette
plante ne pousse guère qu'à Tile de Java.
(L. 620).
Je ne vois pas bien ce qui signifie
« indien » dans le vers que cite M. Bau-
douin. Est-ce puro? Est-ce distillent^ ou
tempo; a? L'expression puro nardo signifie
simplement « de nard sans mélange ».
Sans mélange de poussières, sans falsifi-
cations. Cela ne préjuge en rien de Lori-
gine du nard.
Le nard était, en effet, bien connu des
Romains, et il y avait à cela une raison
majeure, c'est qu'ils le récoltaient partout
dans leur empire, en Syrie, en Crète, et
jusque dans les Gaules:
In nostro oibe proximo laudatur Syriacum,
mox Gallicura, tertio loco Creticum.
Pline XII. 12.
Sans aller chercher nos preuves chez
les petits géographes latins, nous les
trouverons chez Tibulle lui-même, puis-
que M. Baudouin a un Tibulle entre les
mains. En feuilletant le même .volume
quelques pages plus loin, notre distingué
confrère trouvera cet autre hexamètre qui
donne une indication géographique pré-
cieuse :
... 5mo,madefactus temnora nardo. (Ti-
bulle. III. 7).
Ce parfum, se récoltait et se récolte
encore dans tous les pays où poussent cer-
taines valérianacées. Le meilleur, en effet,
vient des îles de la Sonde ; mais les Ro-
mains n'avaient pas besoin d'aller jusque
là pour l'acheter. Aucune ligne de navi-
2;ation ne nous relie à l'Alaska et cela
n'empêche pas l'or du Youkon d arriver a
Paris. Le commerce a toujours eu des
intermédiaires. C'est de l'Inde que venait
le nard indien, comme son nom l'indi-
que assez.
Lesanciens l'achetaient dans le royaume
de Pandion (pointe nnéridionale de Llnde)
d'où ils tiraient aussi mainte autre richesse
exotique : perles, pierres précieuses, mous-
selines, poivre, malabathrum, écaille, gin-
gembre, etc. Pline entre dans les plus
longs détails à ce sujet, et ce serait abu-
ser de nos lecteurs que de les recopier ici.
Qii'il suffise de rappeler que le^ nard in-
dien valait 100 deniers la livre (82 fr.),
chiffre considérable pour l'époque.
Les Romains connaissaient-ils Java ?
Ils étaient ailés bien plus loin. En Lan
166, Marc-Aurèle envoie une ambassade
auTonkin. Néanmoins la question de Java
reste controversée. On pourrait soutenir
que l'ile était connue même desGrecs, mais
le développement de cette théorie nous en-
traînerait en dehors delà question.
La famille Sanson — Le droit de
havage (T. G, 820 ; XLIX, 923 ; L, 156,
267, 698). — On a niai lu ; ce n'est ni
kavage ni lavage, mais havage, avec un h.
ou havié. Ce droit consistait, dans l'ori-
gine, à prendre sur les marchés publics
une poignée de tous les grains, fruits et
légumes qu'on y apportait. Ce mot paraît
dérivé du bas breton havaich, haiivach^ qui
siscnifie une Doignée. Le mot havaî a dsins
Du Cange s'applique à la fois a une cer-
taine mesure de grains et au droit de la
prélever.
A Paris, le droit dû au bourreau sur les
principales denrées apportées aux halles
avait été réglé par une ordonnance de
Charles 'Vlli, datée de 1497.
■Voir J. Loiseleur. Les Crimes et les Pei-
nes dans l'antiquité., etc, 1863.
— Patchouna.
Le cardinal de Rohan et la
Franc- •■/laçonnetie (XLIX, 667 ; L,
4515, 681). — Les auteurs maçonniques
dont notre collaborateur cite l'opinion,
1058,
L'INTERMEDIAIRE
747
748
mais qu'il ne nomme pas, se trompent
lourdement s'ils attribuent à Cagliostro
la fondation du rite de Misraïm.
L'imposteur en question était mort en
1795 et aucun auteur sérieux ne fait re-
monter à une date antérieure à 1805 la
fondation de cet ordre irrégulier, qui ne
fut même introduit en France que vers
18 14. C'est pourquoi l'ouvrage si complet
de Thory, Annales 01 iginis iiiagni Gallia-
rum Orieniis (Paris 1812) n'en parle
même pas, bien qu'il s'étende longue-
ment sur Cagliostro et ses fourberies.
Mais d'autres auteurs comme Clavel (vers
1846), Ragon en 1853 fi''><-'cl (allemand)
en 1861, Rebold en 1864, Mackey (améri-
cain) en 1879, nous apprennent que le
Rite de Misraïp.i, fondé à Milan en 1805
et introduit plus tard en France, ne fut
jamais reconnu comme ordre maçonnique
régulier bien qu'ayant existé à différeatcs
reprises. Les quelques loges qui végètent
peut-être encore sans aucunes relations
officielles avec les différents rites maçon-
niques n'ont certamement pas de garants
d'amitié auprèsduGrand Orientde France.
La réponse de V Acacia que je connais
seulement par la citation faite dans notre
journal (col. 455) serait donc parftite-
ment exacte. Piétro.
Le seraient maçonnique (L^ 498,
681) (i). — La formule du serment maçon-
nique est secrète et il tst très difficile
de s'en procurer le texte authentique.
La formule varie quelque peu, suivant
les différents rites.
En voici quelques-unes :
1" Serment d'apprenti dans la Loge « la
Clémente Amitié », Orient de Paris •'
Le Vénérable : Citoyen, étendez votre
main droite sur ce livre de lu loi maçonnique,
sur ce glaive et sur cette équerre. Je vais vous
lire la formule de votre obligation.
Obligation : Sur ce gl'aive, symbole de
l'honneur ; sur cette équerre, emblème de la
rectitude et du droit ; sur ce livre de la loi
des Francs-maçons qui sera désormais la
mienne, je m'engage à garder inviolablement
le secret maçonnique, à ne jamais rien dire
ni écrire sur ce que j'aurai pu voir ou enten-
dre dans les assemblées de maçons et sur
toute question pouvant intéresser l'ordre, à
moins que je n'en aie reçu la permission
(1) Cet article a été communiqué en
épreuves à la presse qui l'a abondamment
reproduit.
expresse et seulement de la manière qui pourra
nrC'tre indiquée.
— ^ je consens, si jamais je venais à man-
quer à ces engngemenls, à subir les peines
méiitéespar mon indignité et à ce que ma
mémoire soit en exécration à tous les maçons.
Le promettez-vous .'
Le récipiendiaire : Sur mon honneur, je le
piomets.
{Rituel du grade d'Apprenti et du grade de
compagnon. « Clémente Amitié » p. 13,14).
2" Voici un second extrait des Calners
des grades symboliques du Grand Orient
de France :
Le Vénérable : Monsieur, posez la main
droite sur cette équerre et sur ce livre qui con-
tient la loi maçonnique. Je vais vous lire la
formule de votre obligation. Vous direz en-
suite : Je le promets.
Sur cette équerre, emblème de la rectitude
et du droit, et sur ce livre de la loi des Francs-
maçons, je promets de travailler avec zèle et
constance à l'œuvre de la Franc-maçonnerie.
Je promets d'aider mes frères^ d'observer
fidèlement la loi maçonnique, et de ne rien
révéler de ce qui me sera confie sous le sceau
du secret.
Le promettez-vous, Monsieur ?
Après que le récipiendnu'e a dit : Je le pro-
mets: « Au nom de la Franc-Maçonnerie Uni-
verselle, je prends acte de votre promesse.»
{Cahiers des grades symboliques, p. 40-
41).
3'^ Voici le serment en usage dans la
Maçonnerie Ecossaise. Deuxième obliga-
tion [de V Apprenti) :
Moi. .., de ma propre et libre volonté, en
présence du Grand Architecte de l'Univers,
qui est Dieu, et de cette respectable assemblée
de maçons, je jure et promets solennellement
et sincèrement de ne jamais révéler aucun des
mystères de la Franc-maçonnerie qui vont
m'ètre confiés.
Je préférerais avoir la gorge coupée, être
enterré dans les sables de la mer afin que le
flux et le reflux m'emportent dans un éternel
oubli, plutôt que de manquer à ce serment I
Que le Grand Architecte de l'Univers me
préserve d'un tel malheur et me soit en aide.
Amen !
{Rituel des trois premiers degrés symboli-
quesde la Franc-maçonnerie Ecossaise ,\^ .^2^ .
4* Voici enfin le serment usité dans la
Grande Loge symbolique Ecossaise :
Monsieur, écoutez la formule du serment,
Vous de votre propre et libre volonté, en
présence de cette respectable assemblée de ma
cens, vous promettez et jurez solennellement,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
:o Novembre 190/J
749
7=iO
sincèrement, de ne jamais révéler aucun des
mystères de la Franc-maçonnerie. Le jurez-
vous
Le récipiendaire : Je le jure.
Le Vciicrable : Répétez avec moi :
Je préférerais avoir la gorge coupée, plutôt
que de manquer à ce serment.
21).
(Grande Loge.
Rituel. . . pnge 20
G. La Brèche.
et
Le portrait peint de ia Laure do
Pétrarque, par S mone di Martino
(L, 331, 621). — La fresque de Santa Maria
Novella de Florence, qui a été longtemps
attribuée à Simone di Martini et où se
trouve le prétendu portrait de la Laure de
Pétrarque ainsi que celui, tout aussi peu
authentique, de Sin^one di Martini lui-
même, est aujourd'hui montrée aux vi-
siteurs comme étant l'œuvre de Andréa da
Firenze (.?) élève, m'a-t-on dit, de Giotto.
G. B.
Sur le collège de Boissy (T. G.,
469; L, 403, 631). — L'identification
topographique de ce collège est faite
depuis longtemps, mais il manquait les
preuves définitives ; c'est pourquoi je
crois intéressant de publier ici les pièces
suivantes qui placent cet établissement,
rue Suger 7 et 7 (anciennement rue du
Cimetière Saint André-des-Arts).
Aux Archives de la Seine, dans le f"ond
des H3'pothèques, se trouve la lettre de
ratification n" 3472 (i^* série^dont suit la
teneur :
Antoine Henry Voisin, maître horloger rue
Dauphine, nous a fait exposer que par sen-
tence d'adjudication faite à l'audience des
cryées du Châtelet de Paris, le 26 mars 1774,
duement insinuée, rendue sur licitation entre
Armand Louis Lejuge de Bouzouville, che-
valier, mousquetaire de la seconde compagnie
de notre garde ; héritier pour un tiers de
Louis A'jgustine Lejuge, écuyer, seigneur de
Bouzouville, son père esdites qualités pour-
suivant d'une part ; Nicolas Chuppin, garde
des rolles, au nom et comme tuteur ad hoc de
Jeanne Louise Lejuge de Bouzouville, fille
mineure du dit Lejuge, père de la dite dame
Petit, sa veuve, aussi héritière pour un tiers de
son père ; Eustache Gobereau, greffier de la
cour des Monnaies au nom et comme tuteur
ad hoc de Catherine Françoise Lejuge de Bou-
zouville, fille mineure du dit Lejuge, père et
de dame Duval, sa première femme, et Mag-
deleine Louise Petit, veuve du dit Lejuge, père,
tant comme habile à accepter la communauté
entre eux, que comme se prétendant dona-
taire d'une part d'enfant esdites qualités de
collicitant; d'autre paît ; le dit exposant est
adjudicataire d'une maison size à Paris, rue
du Cimetière Saint-André-des-Aits, bâtiments,
cour et jardin, appartenances et dépendances
ainsy que le tout se poursuit et comporte, aux
charges de toutes servitudes aux autres char-
ges ordinaires et accoutumées, moyennant
la somme de 70.000 livres.
Ladite maison appartenant aux callicitants
comme ayant été vendue au Sieur Lejuge de
Bouzouville père et à Magdeleine Louise Petit,
son épouse, par les administrateurs du collège
Louis-le- Grand, autorizés par délibération du
bureau de l'administration, ladite vente faite
par acte du 2^ novembre 1764 ; auxquels
administriiteurs ladite maison appartenait,
composant cy-devant deux maisons réunies
en une seule et formant plus anciennement
le collège de Boissy. etc.
L'horloger Voisin était encore proprié-
taire de l'immeuble au com-nencement du
xix"" siècle.
La consultation du Sommier foncier de
l'Enregistrement donne les mutations sui-
vantes :
Reg. 312
n" du Sommier 249 —
Ancien
Rue du Cimetière St-
André des Arts.
7, nouveau 5.
Voisin (Henry) quai des Grands Augustins
n° 37 et Mandron (Augustin-Guillaume), Rue
Saint-Honoré n° 240, vente des 2/3 par indi-
vis, 20 mai 181 1, devant Chambelle n"
moyennant 30.000 fr.avec Angelot (madame),
plus bas dénommée, dans deux maisons, n" 5
et 7, à Angelot, l rançois-Marie avoué, dé-
noncé y demeurant pour 1815, et à Mandron
(Marie-Antoinette-Isabelle) épouse Angelot,
rue du Cimetière Saint-André, n» 7.
La dite dame meurt le 8 décembre 1826, la
succession ouverte donne lieu au partage entre
ses enfants : 1. Victor-François y demeurant,
2. Elisabeth, y Aglaé-Isabelle ': au mari de
cette dernière, devenue Madame Loriot de
Boutrai, la maison fut adjugée le 2 mars 1833
moyennant la somme de8i. 233 francs. L'héri-
tière fut sa fille (Claire-Elisabeth), femme Du-
rand, décédée en 1883, qui laissa l'immeuble
à ses enfants : r Claire-Elisabeth-Louise
Durand, veuve Lehup, 2" Gabrielle-Claire-
Lucie Durand, ses filles, et 1/4 en propriété et
1/4 en usufruit;! M. Durand (Jean-Augustin -
Albert\ son époux.
H. VlAL.
* *
Aux ouvrages cités sur le collège de
Boissy, il faut ajouter les documents judi-
ciaires suivants peu connus :
Factum insinictif des abus qui régnent
dans le collège de Boissy., pour M^ Charles
N- 1058,
L'INTERMEDIAIRE
IV
752
Huei. contre M' Guillaume Hodey. s 1.
n. d.. in-40 de 4 pp.
Factinn pour M" Charles du Lis^ princi-
pal du collège de Boissy, contre M" Pierre
deXaintes, avocat au bailliage de Chartres.
Paris, s. d., infol.
Facium pour M^ Gervais Lenoir, licen-
cié en cïroit, principal du collège de Boissy^
contre Pierre et Michel Fougeranges frères,
soi-disant écoliers étudiants en V Université
de Paris, s. 1. (167 1), in-fo).
Recueil de toutes les délibérations impor-
tantes prises depuis ij6^, par le bureau
d' administration du collège de Louis-le-
Grand et des collèges y réunis.^ concernant
le collège de Boissy. Paris, 1781, in-4''.
Les Vraies généalogies par lesquelles est
amplement vérifié comment M. Charles du
Lis est de la parenté des fondateurs" du col-
lège de Boissy. Paris, s. d.. in-fol.
Paul Pinson.
Couvent de P?.nthemoiit (L. 443,
573, 681). — Errata : L, 68 1, lignes 5, 6
et 7, il faut lire coûtant et non contant.
Manuscrit^ inédits d André Ckè-
iiiar (L, 329,464,632). — M.et Mme Ga-
briel de Chénier ont longtemps habité le
village de Cormeille en Parisis. Y sont-ils
décédés.? je ne le pourrais dire. Mais j'es-
time que M. de Hérédia a quelque chance
d'être renseigné en écrivant au maire de la
commune. — A. S., e.
Drouon-Dsmailly — De Bourgade
de Lagarda (L, 616). — Dans la Revue
Historique de l Ouest, 1892, il y a un frag-
ment de filiation de la famille Drouon de
Bruneau, qui, au xvui^ siècle, a donné
deux conseillers au bailliage et un mayeur
de Noyon, alliée, au xix' siècle, à la fa-,
mille Waubert de Genlis, et à laquelle
appartenait la mère du général Cambronne,
mais il n'y a point d'indication d'armoi-
ries.
Louis-Fabien Bourgade, avocat, jurât
de Bordeaux, fut anobli à l'occasion de
l'avènement au trône du roi Louis XVI.
J'ai relevé cette notice dans le Bulletin
i)éraldique de France (1891, col. 258) qui
ne donne pas les armes du nouvel ano-
bli. G. P. Le Lieur d'Avost.
Projet de mariaga de Gambetta
(L, 44^. 633). — En 1838, Gambetta
alla en Allemagne incognito. Il voyageait
sous le nom de sa tante Massabie. Mme
Léonie Léon l'accompagnait Ils allaient
voir le fils de ceLte femme, qui faisait ses
études dans ce pays.
* *
Sur les relations discrètes de Mme Léo-
nie Léon et de Gambetta, il a été. publié
un article très documenté de M. Jules
Laffitte, dans le journal même de Gam-
betta, la République Française. Je m'en
étais entretenu avec son auteur, qui
voulut bien joindre, dans cette conversa-
tion privée quelques détails plus précis.
Ils n'ajoutent rien, toutefois, aux lignes
principales de cet important récit :
C'était en 1877, à l'hôtel de la Chaussée-
ci' Antin. 11 était sept heures et demie du
soir, il faisait presque nuit ; l'heure du dîner
avait sonné, les rédacteurs de ia République
étaient tous partis, et j'allais sortir moi-môme
lorsque, de mon bureau qui était situé au
rez-de-ch-iussée, j'entendis piaffer fortement
un cheval et je l'entrevis 5e cabrant furieuse-
ment dans la cour d'entrée pavée en pierres,
je m-î précipitai. C'était la voiture de Gam-
betta conduite par le cocher Luis. Par la por-
tière du coupé, fortement secoué, je distin-
guai une silhouette de femme; je courus à la
portière et aussitôt, d'un seul élan, la dame
tenant ses jupes, sauta lestement à terre et
franchit rapidement le vestibule éclairé.
François, le valet de chambre, était accouru,
la dame m^'Stérieuse entra rapidement dans
l'appartement particulier du « patron ».
Tout cela fut l'affaire d'un instant, mais
j'avais pu cependant distinguer les traits delà
prestigieuse personne et remarquer qu'elle
était en grande toilette de soirée : en cheveux,
les mains couvertes de longs gants blancs,
retenant à ses doigts effilés une sortie de bal.
La mantille relevée m'avait laissé entrevoir
une figure longue, brune, au nez aquilin,
avec des yeux et des cheveux très noirs. La
tournure m'était apparue fort élégante, svelte,
élancée.
La porte de la salle à manger refermée, je
partis à mon tour en me recommandant bien
d'être discret, et je le fus. C'est bien plus tard
que j'appris qui était la dame du dîner en
tête-à-tête chez Gambetta, une fois la se-
maine. C'était en efîet son jour de réception.
I! mettait les petits plats dans les grands,
illuminait sa salle à manger et, dans son, sa-
lon, il recevait la préférée de son cœur qui
venait chez lui comme elle serait allée à une
soirée de l'Elysée, je ne sais si Gambetta
passait ce soir-là son habit et sa cravate blan-
che, mais je suppose que oui, car j'ai vu plus
d'une fois le « patron » venir faire son tour
de minuit dans la salle de rédaction en grande
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre Î004.
753
754
'enue. Seulement, certains de ces soirs-là, il
n'écrivait pas sa lettre quotidienne, dont je
vous parlerai plus loin.
Revenons maintenant au début de Tidylle.
Après la guerre, Gambetta, entouré de
l'auréole du patriotisme, vit venir, rue Mon-
taigne, une jeune personne remplie d'admira-
tion pour lui.
C'était Mlle Leonie Léon, fille d'un colonel
de l'armée française, qui vivait à Paris avec
sa mère devenue veuve. Cette demoiselle,
âgée d'une vingtaine d-'années, avait écrit rue
7vlontaigne et avait fini par être reçue malgré
la tante Massabie qui n'aimait pas voir des
dames demander après son Léon.
Les visites se renouvelèrent pendant quel-
que temps sous ses yeux soupçonneux et mé-
contents ; mais, comme la jeune personne
était d'une haute intelligence, très instruite,
qu'elle avait suivi avec la plus grande atten-
tion la campagne de la guerre et que son
cœur s'épanouissait devant le héros de la dé-
fense nationale, il s'ensuivit, malgré la tante
Massabie, une liaison qui ne se refroidit plus,
et dont Gambetta ne parla jamais à personne,
pas mième à ses plus chers amis.
La mort seule vint dévoiler sous son vrai
jour ce roman d'amour.
On avait deviné, vaguement, et on s'était
tu, par discrétion, qu'il y avait au cœur de
Gambetta une affection de longue date, c'était
tout. On apprit alors qu'il y était toujours
resté fidèle et l'on se rappela qu'à certains
jours, il se dérobait. On comprit qu'il allait
rendre les visites qu'il recevait.
C'est dans ces entretiens intermittents avec
Mme Léon que Gambetta trouvait un repos
d'esprit nécessaire à sa vie active et dévorante.
C'est pour l'avoir plus complet, qu'il préleva
plus tard sur la petite fortune qui lui était
arrivée si à propos par la Petite République
Française, les quelques milliers de francs
nécessaires pour acheter « Les Jardits ». C'est
là qu'il aima à se retremper en compagnie de
celle qui fut pour lui une force secrète, mais
réelle.
La jeune femme qui avait vécu de la vie
de Gambetta pendant douze ans était devenue
une compagne accomplie. L'élévation de son
esprit et la no'olesse de son cœur avaient suffi
au bonheur de son illustre ami. En retour, les
sentiments de Gambetta s'élevèrent au-dessus
des préjugés. Après s'être toujours dérobé
aux propositions qui ne lui avaient jamais
manqué dans le cours de sa brillante carrière,
Gambetta avait décidé qu'il n'épouserait ja-
mais d'autre femme que celle qui s'était con-
sacrée complètement à lui.
Elle, généreuse et aimante, se refusait à
éder à ce désir de mariage : « Un homme
comme Gambetta, dans sa position, n'épouse
pas sa maîtresse », répondit-elle.
Lui revenait à la charge avec l'assurance
d'un devoir accompli, et il finit, après la chute
de son ministère, par obtenir un consente-
ment tardif en invoquant les soins constants
que commençait à exiger sa santé.
Si Gambetta n'était pas mort, le mariage
aurait donc été très probablement accompli
dans un bref délai.
Tel fut Gambetta, homme de cœur.
Tout cela nest pas basé sur des supposi-
tif.'ns. La preuve en existe dans une immense
correspondance, dans deux ou trois mille lettres
oij tout ce roman se déroule au grand jour,
jamais Gambetta ne se couchait sans écrire
à celle qui, seule, posséda toute sa pensée, à
ceiie qui fut pour lui une conseillère sûre. Si
ces lettres voient le jour dans l'avenir, on y
trouvera peut-être un tableau très curieux des
hommes et des choses de notre République
à ses débuts.
Quand les quelques amis appelés à s'occu-
per de la succession se trouvèrent en face de
cette partie de la vie de leur ami, jusque là
ignorée, pour ainsi dire, ils allèrent saluer
avec respect la femme dont le dévouement
avait dépassé le leur auprès du grand mort.
Ils trouvèrent la jeune dame qu'ils avaient
vue au pied du lit de mort de Gambetta dans
un appartement plus que modeste. Elle était
plongée dans les larmes et ne réclamait rien.
On sait que Gambetta n'a laissé aucune dis-
position testamentaire, ce sont ses lettres seu-
le": qui ont révélé son projet. Et dire que
c'est de la main de cette femme d'élite qu'on
a osé dire que Gambetta avait reçu sa blessure !
Jules Laffitte.
Edme Le Bascls, marquis d*Ar-
geirteuiî (L, 668).— Une bibliothèque
d'un membre de cette famille fut vendue
à Paris, en 1785 ou 1795. Guigard {Armo-
lial du bibliophile, II, 297), reproduit le
fer de reliure, qui est celui de Jean-Louis-
Marie Le Bascled'Argenteuil, grand-prieur
de l'ordre du [''ont-Carmel, mais contrai-
rement à son habitude, il ne parle pas de
la vente et de son catalogue, qui se rap-
portent peut-être au personnage qui fait
l'objet de la question. J.-C. Wigg.
LefebvredeCîieverLis (L. 616. 686).
— Voir une notice sur cette fam.ille, qui
n'appartenait pas à la noblesse, dans le
t. IV des Titres de la Restauration du vi-
comte Révérend. Armes : de gueules^ à
^ têtes de chèvres arrachées d'argent.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Alfred Mousse (L, 617). — Le ro-
man De profundis, paru en 1834, est
attribué à Arsène Houssaye. A. Patay.
N. 1058.
L'INTERMÉDIAIRE
- y;>? - —
*
* *
Le De ProfiifuU^, publié sous le pseu-
donyme d'Alfred Mousse, est le premier
roman d'Arsène Houssaye.
Spoelberch Lovenjoul.
Famillo Panon-Desbassayns (L,
22^, 361, 585). — D'après les notes et
les faire-part de décès que j'ai recueillis,
je trouve qu'il y avait au commencement
du xix" siècle au moins trois frères Panon-
Desbassayns de Richemont :
i°N. qui eut au moins : a) le comte
de Richemont marié, dont Romuald,
Marie, et Marie-Madeleine mariée en 1SS9
à N. Tissot de Merona ; b) le comte
Edgard ; c) la baronne de Dampierre,
morte en 1878 ;
2° Alfred, vicomte de Richemont, rece-
veur des finances, marié à Athénaïs de
Renty dont : a) Alfred, marié en 1890, à
Marie Peltier ; b) madame Alexandre de
Gosselin, morte en 1897.
3° Paul, baron de Richemont, sénateur,
père de Paul-Alfred, mort en 1869, ma-
dame Exshaw, morte en 1888 et madame
Clouet des Perruches. Pierre Mf.ller.
Quatremère d'îsjcuval et les
756
araignées
(L, 4,
V->'
254, 35^)- —
C'est Disjouval qu'il faut lire.
CÉSAR BlROTTEAU,
Antoine de Verm-sii (L, 671). —
J'ai donné la liste des poésies d'Antoine de
Vermeil, ou plutôt d'Abraham de Ver-
meil, dans ma Bibliograpbi des recueils
collectifs de poésies publiés de 1^97 Jà
1700, t. 1, p. 323. Le t. IV de la dite
Bibliographie, qui paraîtra en juin pro-
chain, contiendra une liste supplémen-
taire de pièces de ce même poète. Lach.
Famille de Zandt (en allemand
von Sandt)(L, 561,688). — Il existait en
Bavière un baron Maximilien de Zandt,
lieutenant général de cavalerie à Wurtz-
bourg, marié, en 18 16, à Emilie Walpurge,
baronne de Reinach Steinbronn. Son fils
Max a laissé quatre enfants parmi les-
quels : le baron de Zandt, capitaine au
i«" régiment des grenadiers de la garde à
Munich, et la chanoinesse de Zandt au
château de Klingenfeld par Wipfeld
(Bavière).
Le général de Zandt a aussi pour petite-
fille la baronne de Bodeck Elgau,abbe5se
du chapitre noble Albert Caroline, à Fri-
bourg en Brisgau. R. F,
Familles fixées en Bordelais (L,
444, 576). La famille de Flavigny fixée
en Bordelais et sur laquelle j'avais de-
mandé des renseignements, portait les
qualifications de seigneurs du Luc Cen
Bordelais), Lagorsse, Contoi, Belair, Ma-
jolan.
Julien-Gabriel de Flavigny, écuyer,
mousquetaire du roi, épousa en 1766,
Anne de Lamestrie, dont il eut plusieurs
enfants nés à Bordeaux ; il assista, en
1789, à l'assemblée de la noblesse de Bor-
deaux ; il y est qualifié comte de Flavi-
Trois familles de Flavigny portaient les
mêmes armes : la première, les vicomtes
de Renansart et de Monampteuil, barons
d'Aubilly. répandue en Picardie et en
Champagne ; la seconde, les vicomtes
d'Acy, seigneurs de Clugny, joncourt,
Chevesne et autres places ; la troisième,
les marquis de Flavigny, barons de l'em-
pire en [810, seigneurs de Cliambry. A
laquelle de ces trois branches ou de ces
trois familles (si elles sont distinctes entre
elles) appartient julien-Gabriel <:
Pierre Meller.
Les miracles de Marc Daviano.
(L, 615) — Marc d'Aviano (le nom doit
être ainsi rectifié) a été, ces années derniè-
res, l'objet de plusieurs travaux parus dans
la revue Les Etudes Franciscaiues, publiées
par des religieux de V ordre des frères milieu} s
Capucins, et dont la direction était naguère
au couvent de la rue de la Santé, mais
aujourd'hui en Belgique, à Couvin, pro-
vince de Namur. Je citerai : Les Petits-
Fils du Grand Roi par le P. Edouard
d'Alençon (tome 111, 1900, pag. 66 et
225), où il est question du voyage en
France du P. Marc, de ses relations épis-
tolaires avec la Dauphine, Marie Christine
de Bavière. (Existe en brochure séparée
avec le portrait du capucin, gravé à Paris,
à la date de son voyage : 1681J. — Un
thaumaturoe au XVII'' siècle, le P. Marc
d'Aviano^ par le P. Hilaire de Barenton
(tom^e X, 1903, pag. 136 et 403) ; on y
trouve en particulier de curieux docu-
ments tirés des Archives du Ministère de
la guerre.
DES CHERCHEURS hT CURIEUX
20 Novembre 1904,
757
758
De nombreux opuscules parurent en
Flandre et en Bavière, au moment des
séjours que le thaumaturge fit dans ces
pays. 11 existe une vie en flamand, publiée
voilà quelques années, et j'ai eu entre les
mains plusieurs opuscules en allemand.
Comme biographie proprement dite, on
trouve les 2\oti{ie Sloriche concernenti
l'illustre servo di Dio E. Marco d'Aviano,
compilate dal P . Pedele da Qara. Venise
1798, cet ouvrage est devenu fort rare.
En 1888, Onno Klopp a publié la Corris-
ponden^a epistolare ira Leopoldo I Impera-
iore ed il P. Marco d'Aviano cappiiciuo,
Graz.
Pour répondre à la question sur le pas-
sage en France du célèbre capucin, je puis
dire qu'à la fin de mai 1681, Marc d'Aviano
était a Lyon, se rendant à Paris où l'atten-
dait la Dauphine. Il n'y arriva cependant
pas, car à Villeneuve-Saint-Georges, il fut
enlevé et conduit à la frontière de Belgi-
que. 11 plane un certain m^'stère sur les
causes de cet enlèvement, on croit devoir
l'expliquer par les relations assez tendues
alors entre la cour de France et le Pape.
On l'explique aussi par la crainte des
attroupements que causait sa présence. A
Lyon, 200.000 personnes étaient accou-
rues pour le voir, et l'on avait peur de
son arrivée à Paris, avec une telle suite.
Arch. Cap.
Les membres ds l'Académie des
Beaux-Aiîs (L, 675). — Le collabora-
teur P. A. trouvera les renseignements
qu'il désire dans : L'Institut national de
France, Us diverses organisations, sesmem-
bres, ses associes et ses correspondants, 20
novembre l'jç^. iç novembie i86ç, par
Alfred Potiquet ; Paris, 187 1, in-i6. (à la
librairie académique. 35, rue des Grands-
Augustinsj. R. B.
Le s9londes refusés en 1884 (L,
677^. — Je ne crois pas qu'il y ait eu de
Salon des refusés en 1864. En tous cas,
j'ai vu celui de 1863, qui occupait les
salles du sud-ouest du Palais de l'Industrie.
Le catalogue forme 80 pages, y com-
pris 12 de supplément et avait été publié
par les Beaux-Arts, revue de V Art ancien
et moderne, dont les bureaux étaient rue
Taranne ; 19.781 ouvrages avaient été
exposés, j'y relève les noms de Berne-
Bellecourt, Bracquemont, Chintreuil, Fan-
tin-Latour, qui avait exposé une féerie
et un portrait, Harpignies, Lansyer, Jean-
Paul-Laurens, Manet et VoUon.
Les membres du Comité étaient : Chin-
treuil, Jean Desbrosses, L. Desbrosses, P.
Félix Dupuis, Frederick juncker, Lapos-
tolet, Levé, Jules Pelletier.
Les membres du jury du salon officiel
se trouvent à la page xxxiii du catalogue
officiel. GoMBOusT.
Eévain et la baldaquin (L, 672).
— Jean Bérain est né à Saint-Àlihiel en
163S, et mourut à Paris en 171 1, aux
Galeries du Louvre, où il était logé depuis
1677. Son fils Jean II Bérain, né en 1674,
eut son logement après sa mort et mourut,
lui, en 1726, 11 avait un frère, Claude Bé-
rain, également dessinateur et graveur,
qui demeurait quai des Orfèvres. V. la col-
lection des Archives deV art français, le Dic-
tionnai'e des arts décoratifs de P. Rouaix,
le Dictionnaire de }al et autres ouvrages
biographiques. J. C. Wigg.
*
* *
Jean Bérain P%que Ton nomme ainsi pour
le distinguer de son fils Jean II, également
dessinateur, né à Saint-IVÎihiel (Lorraine)
en 1630 ou 1637, mourut à Paris en 171 1,
au Palais du Louvre où il était logé. 11 fut
attaché au cabineù du roi avec le titre de
dessinateur des jardins, d'abord, puis
ensuite des fêtes et cérémonies si nom-
breuses sous le règne de Louis XIV. Con-
trairement à ce que suppose l'intermé-
diairiste qui demande des renseignements
sur lui, il n'inventa pas le baldaquin qui
qui était connu et employé depuis fort
longtemps déjà. Le genre d'ornements
qu'il a inventé a conservé son nom. De
nombreux auteurs lui consacrent des
articles : Jal, Mariette, Dussieux, Paul
Rouaix dans son Dictionnaire des Arts
décoratifs. Destailleurs dans son recueil
d'Estampes relatives à l'ornementation
des appartements etc., etc. Ce dernier
donne une liste très complète des œuvres
de Jean Bérain ; il s'y trouve de tout :
des plans de châteaux, des pièces de ser-
rurerie, des meubles, arabesques, che-
minées, etc. des projets de fêtes; illumi-
nations et feux d'artifices, une série de
mausolées, des sujets de genre : mais
nulle part il n'est question de baldaquin.
Bérain se maria en 1673 et eut six en-
fants. J. V. P.
N» «ojS
L'INTERMEDIAIRE
759
760
Les documents phalliques (L, 172,
309,423, 528, 598, 657,693). —A Visau,
petite ville faisant partie autrefois de la
principauté d'Orange, il a été trouvé une
plaque canée, en bronze, avec un anneau
ayant 10 cent, de hauteur dont la patine
paraît ancienne, et représentant, comme
les sculptures phalliques de Nimes, trois
Priapes conduits par une femme, en des-
sous les trois sonnettes.
Est-ce réellement de l'époque romaine.?
A-t-on imité ou imite-t-on encore ces
objets là .? B. de. C.
* *
Je me rappelle avoir vu sur un des tym-
pans du pont du Gard, côté aval, un phal-
lus visiblement gravé ; je crois même qu'il
en existe plusieurs sur cet ouvrage.
E. A.
*
Le collègue Leda consultera avec inté-
rêt le livre intitulé : Le culte de Priape
et ses rapports avec la théologie mystique
des anciens^ etc. par Richard Payne Kni-
ght, Bruxelles, chez J.J. Gay, lib. édit.
1883.
Je me ferai un plaisir de communiquer
cet ouvrage à notre collègue, à la seule
condition qu'il me le rende. Demole.
Escaliers en bois(XLlX, 730, 815). —
Il existe à Québec, basse-ville, rue Saint-
Paul, 181, un escalier en bois, avec rampe
en bois, qui date de la période de 1750.
Il part du sol, monte en vis quatre étages
de 10 à 12 pieds de hauteur et n'est
appuyé que sur deux points, au départ sur
le sol, puis sur le plancher de chaque
étage en montant. Il paraît aussi solide
que jamais, malgré la dimension de son
diamètre.
On l'attribue à Cadet, celui impliqué
dans le fameux procès Bigot, et ci-devant
propriétaire de la maison.
P. B. Casgrain.
Eglises fortiâées (T. G., 308 ;
XXXVIII : XXXIX ; XL! à XLIV ; XLIX ;
L. 152, 265, 369. 421, 530, 590, 657).
— Je n'ai pas vu le dessin dont parle
M. A. S... Y. (L, 530), mais il doit être
question de l'église de Luz Saint- Sauveur,
ancienne église fortifiée des Templiers, car
à Pierrefitte il n'y a pas d'église fortifiée.
Luz est à une vingtaine de kilomètres de
Pierrefitte. Villeroy.
Les calembours dans les déno-
minations (L, 339, 481, 525, 592, 052,
711). — Un des meilleurs est celui-ci.
Mais est-il nécessaire de rappeler une
anecdote si connue ?
Quand Linné eut à cataloguer le genre
Biiffonia^ ainsi nommé d'après son enne-
mi Buffon, il se donna le méchant plaisir
d'oublier l'un des deux/, et malicieuse-
ment écrivit :
Bufonia^ de hufo^ crapaud.
Gênera Plantarum^ n° i68.
La postérité n'a pas admis cette ortho-
graphe ni cette étymologie.
♦ ¥*
Phcrmaciens ayant été des sa-
vants (XXXiX ; XL à XLV ; XLVII ;
XLVIII; L, 332, 431, 653). — On de-
mande maintenant s'il existe encore des
pharmaciens, qui pratiquent comme les
anciens apothicaires. A coup sûr on peut
répondre non. Il y a pour cela deux rai-
sons : la première, c'est que la loi de
germinal le défend absolument ; la se-
conde, c'est qu'il y aurait toujours tout
près, un médecin qui aurait le droit de
s'en plaindre. La défense de la loi ne
serait pas une raison, rien n'étant allé-
chant parfois, comme de braver la loi.
L'intérêt très respectable du médecin, a
infiniment plus de poids. Cependant, et
cela peut paraître bizarre, il n'est pas
un pharmacien en France qui ne soit
obligé chaque jour de violer la loi et cela
avec la complicité du public. Il suffit de
lire les faits-divers des journaux, pour
voir que le pharmacien est tout indiqué
pour les pansements de tous les accidents
qui se produisent sur la voie publique.
« Le blessé a été transporté dans une
pharmacie où il a reçu les premiers soins ».
est un cliché d 'un emploi courant.
E. Grave.
Un livre et une héroïne retrou-
vés (L, 661). — On peut lire dans cet
article que la dragonne Geneviève Pre-
moy portait en sautoir le «cordon bleu» de
Saint Louis. — Est-il possible d'avoir
quelque explication à ce sujet, le cordon
de l'ordre de Saint-Louis ayant toujours
eu la réputation d'être de couleur feu .?
Les rubans des ordres royaux étaient, dit-
on, noir pour l'ordre de Saint-Michel,
orange, je crois, pour Saint -Lazare, bleu
pour le Saint-Esprit et rouge pour Saint-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre 1904,
761
762
Louis. Il ne peut être question du Saint-
Esprit lorsqu'il s'agit de cette héroïne,
le seul ruban bleu qui lui eût con-
venu serait celui du Mérite Militaire,
lequel fut bleu foncé, mais cet ordre n'a-
yant été créé qu'en 1759 par Louis XV,
ce n'est point ce cordon qui pouvait
orner le justaucorps de Geneviève Pre-
moy. A propos du Saint-Esprit, pour-
rait-on connaître la signification du mono-
gramme qui, sur le collier de cet ordre,
sépare l'une de l'autre les fleurs de lis ?
Quelquefois, c'est le simple H, ou mo-
nogramme bien connu d'Henri 111, mais
quelquefois aussi c'est un autre entrelace-
ment de lettres qu'on y voit et qui res-
semble beaucoup au monogramme habi-
tuel de la Vierge. M. R.
Roman à reoherclier (L, 280, 425).
— On La dit. 11 s'agit du : Dernier des
Rahasîeins, par Alexandre Mazas, écri-
vain royaliste d'une certaine notoriété
au siècle dernier. Ce roman fit le bonheur
de mon bel âge et ses péripéties drama-
tiques s'imprimèrent fortement dans mon
jeune cerveau. Lucie de Pracomtal n'en
est pas l'héroïne, ce n'est pas un person-
nage imaginaire et sa disparition le jour
neses noces serait un fait réel. La décou-
verte de son cadavre par le jeune de Ra-
basteins n'est qu'une épisode du ro-
man,
j'aimerais à savoir si d'autres qu'A.
Mazas ont mentionné cette étrange et
mystérieuse disparition, le jour de ses
noces, d'une jeune femme appartenant à
la noble famille dauphinoise des Pracom-
tal. F-Y.
La couverture imprimée des
livres brochés (T. G , 247 ; XXXVU ;
XXIJX ; L, 478, 526, 644). — Prière de
considérer comme nul ce qui se rapporte
aux figures d'une Histoire de V Ancien et du
Nouveau Testament de Mame. Ces figures
qui ne doivent pas, elles non plus, être
gravées sur bois, et qui sont signées de la
majuscule anglaise D. sont proba'olement
de Du Rouchail. j.-C. Wigg.
Un air et une chanson de l'Em-
pir^à retrouver (XLVlll ; L. 643). —
Ceci est une rectification, que tous les
intermédiairistes auront faite. La prose de
Rose et Colas est bien de Sedaine, mais il
n'en a pas fait la musique. Chacun sait
qu'elle est de Monsigny. E. G.
Ouvrages sérieux mis e î vers
(T. G., 665 ; XXXV à XL; XLII ; XLIV
a XLIX ; L, 100, 142, 212, 321,430,487,
531). — Dans un des derniers catalogues
de la librairie Champion, on remarque :
La coutume de Paris ^ mise en vers^ avec le
texte à côté. Paris, 1768, in- 18.
Una maxime latlno (L, 618). —
M, Edmond Thiaudière demande quel est
l'auteur de cette pensée Ingens solatiicm
una cum universo rapi. C'est une légère
altération de cette phrase de Sénèque {de
Providentia V) : Grande solatiicm est cwn
universo rapi. H. R.
Sénêque le Philosophe, de Providentia,Y,
8 : v< Grandi solatium est cum universo
rapi ». H-I
L'imparfait d a subjonctif (XLIX,
95c ; L, 95), — A l'appui des réflexions
de S., voir Talbert du Dialecte Blaisois,
Paris, Thorin, 1874, p. 284, où l'on
trouvera exposée l'opinion de George
Sand. Lpt. du Sillon.
L'origine des mots « chic » et
« mie- iac » (T. G., 204, 588 ; L, 313,
434, 482, 536, 594, 647). — Comme je
tiens à n'être en délicatesse avec per-
sonne, et au contraire à rester en très
bons termes avec tous nos collaborateurs
de V Intermédiaire, je m'empresse de re-
tirer l'épithète de deuscJiticoteurs, qui en
a choqué au moins un. Il me serait facile
de plaider les circonstances atténuantes ;
j'aime mieux demander quel est l'auteur
du vers bien connu :
La peisonne présente est toujours exceptée.
Ceci dit, je reviens à mic-mac, qui,
quoi qu'en dise mon honorable contradic-
teur, se trouve dans Littré et même,
accompagné d'un historique où le plus
ancien exemple cité remonte à Hautero-
che :
S'il avait lu Pibrac,
11 saurait qu'en justice il faut fuir tout mic-
mac.
{L' Amant qui ne flatte pas, V, l).
Cf. Regnard, le Joueur, II, 9.
Le Vocabulaire de la Langue française,
extrait de la sixième et dernière édition du
1058.
L'INTERMEDIAIRE
763
- 764 —
Dictionnaire de l Académie^ par M. Charles
Nodier de l'Académie française, bibliothé-
caire de l'Arsenal, Paris, F. Didot, 1865,
donne également micmac (sans trait
d'union).
Tant que l'historique du mot n'aura
pas été scientifiquement établi, on pourra
discuter à perte de vue sur son étymolo-
gie. Nous vient-il du Pérou, en passant
par l'Espagne, comme le prétend Huet ?
Nous vient-il de l'allemand, comme cer-
tains le prétendent ? Nous vient-il du
grec, comme certaines raisons tant histo-
riques que philologiques pourraient le
faire croire ?
Ce qu'il y a de certain, c'est que ce mot
se trouve dans nos dictionnaires, et parti-
culièrement dans Littré, et l'on peut dire
qu'il a reçu ses lettres de naturalisation.
Lpt. du Sillon.
* *
"de revenir
Je demande la permission
sur le mot uiic-v.iac.
De Chevallet, dans son Histoire de l'ori-
gine et de la formation de la langue fran-
çaise, Paris, Imprimerie Impériale 18^3,
I, 576) range niic-mac parmi les mots
d'origine germanique. Il le tire, lui aussi,
de l'allemand mischuasch, mélange, con-
fusion, tripotage, dérivé de mischen. mê-
ler, confondre. Il en rapproche le danois
mishnask, mélange, confusion ; le suédois
mischmasch et l'anglais mishmash.
Gustave Fustier.
Coqueluche (L, ^64,655,711). — je
ne crois pasqu'on puisse être la coqueluche
de quelqu'un ; on ne peut l'être que d'une
collectivité : un acteur, un avocat est la
coqueluche du public, et justement la
chanson de M. Beaujour dit :
Des dames, ma foi,
Je suis la coqueluche.
Parce que cette maladie est contagieuse
et épidémique ; quand elle règne dans un
milieu, on y échappe difficilement. Voilà,
je pense, le vrai sens figuré.
E. G.
Il y atoujoursdanger.en littérature ou en
critique, à toucher aux sujets purement
professionnels. Les citations de M. L. de
Leiris ne sont pas faites pour apporter la
moindre lumière dans la question. Qiiand
Mezeray dit que la coqueluche sous
Charles VI rendait muet, même les avo-
cats, et tous les malades enroués^ il se
trompe, car ce n'est pas le caractère de
la coqueluche. La note empruntée aux
Recherches de la France de Pasquier, appelle
la même observation. L'envahissement de
ce mal qui fait le désespoir des mamans
n'est pas soudain. Au lieu de disparaître
en quinze heures « que plus que moins »,
il n'est pas rare de le voir persister pen-
dant des mois et parfois plus d'une
année. 11 finit toujours decrescendo et
jamais tout d'un coup. Les symptômes
décrits par Et. Pasquier s'appliqueraient
bien mieux à l'influenza.
Enfin, je rappellerai à ceux qui ont vu
apparaître la coqueluche autour d'eux que
le médecin ne la caractérise nettement que
quand les accès de suffocation sont précé-
dés d'un sifflement très pénible qu'on
nomme le ihaut du coq. D'où peut-être
bien aussi coqueluche. E. Grave.
» *
Voir T. G.. 336, ou bien les volumes
IX, XXXI et XXXII de V Intermédiaire.
PlETRO.
* *
A propos del'étymologie donnée ici (co-
qucluchon) pour ce mot. désignant une ma-
ladie, étymologieâ laquelle je ne crois pas,
comme je l'ai dit déjà, qu'on me permette
de signaler un rébusilliimiiiédc Picardie, qui
m'a été indiqué par M.Thiot,quejc trouve
à la Bibliothèque nationale, et qui fait
allusion à cette coiffure. J'ai eu à m'en
occuper parce que, chose curieuse, ce
rébus est en miroir. (Voir mes travaux
sur les Iiisci iptions en miroir).
Ce rébus, qui est représenté d'abord
par la lettre A, formée de 20 nez, puis
par une coquille de pèlerin, et deux arcs
(prononcez rt/i), a pour légende :
Sts ralliaqocum Rg:(eniadasq
Pour comprendre, il suffit de lire en
miroir c'est-à-dire à rebours,ceUe légende,
et d'écrire (en retranchant les voyelles et
les consonnes parasites, mises ci-dessous
entre crochets) :
[Qs] Advine^ [gr] [;;nf] Coquillais[ts']:
c'est-à-dire : « Ax-de-vingt-ne^ (pronon-
cez : adol-ne~) cojuille-ars (pour ares)
(coquillards) !
Or, les coquillards sont les coquehichers.,
porteurs de coqiieliuhons, coiffures des
Fous. Le Rébus disait donc : « Venez [en
Picardie], MM. les fous ».
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
765
766
En effet, l'on sait qu'en 1522, les fêtes
des/0M5et des Innocents battaient leur
plein, à Amiens. D'ailleurs, un autre
rébus en miroir complète cette explica-
tion.
Que conclure de là, au point de vue
coquclitchon ? Très probablement que ce
mot est en rapport avec celui de coquille
(et de coque, qui vient sans doute (t) du
latin concha), puisqu'on a : coquillars.
La coqiiehcche, maladie, ne peut guère
avoir de rapport avec ces faits. Je persiste
à croire à une autre étymologie : peut-
être faut-il recourir au vieux tudesque,
fcar en allemand on a keuchkusten)^ qui
possède le mot liicb (déchirement, « toux
déchirante » et au Scandinave, qui a le mot
kok (gonir) ^ \< Coqueluche » dérivait alors
non plus du mot coq, mais d'un vieux
mot tudesque, plus ou moins comparable
à kok-lnch (toux déchirant le gosier),
qui avait donné kenclnisten en allemand,
et le mot français (i).
D"" Marcel Baudouin.
S'eaipiergor (L, 282, 434, 480, ^36,
652). — Tandis que le paysan blaisois dit un
ûrtrichanf .un jardrj II, une sardrine, le na-
turel angevin dit un ertrichaut,un jerdrin,
une serdrine. Le premier se rapproche da-
vantage du français des xv* et xvi^ siècles :
Il me sembla, de fantasme surpris,
Veoir les jardrins des nobles Hespérides.
(Jehan Bouchet,7« Annalles d'Acqui-
taine, 1525, Dédicace).
Voirie dernier Catalogue (n" 13) de
Geuthner 10, rue de Buci p. 36, n° 843 :
Le Jardrin salutaire de Jean Joret, poète
normand du xv* siècle.
U surf mit, usufruit est d'un usage com-
mun aux bords de la Loire. C'est ici le
cas ou jamais de rappeler la boutade de
Voiture à propos de muscadin :
Ce mot ayant fait irruption en français
au commencement du xvn*^ siècle, l'hôtel
de Rambouillet discuta s'il fallait dire
muscadins on musciirdins. Voiture ne con-
tribua pas peu, par les vers suivants, au
triomphe de muscadins :
(1) En vieux français, coco (à écrire koko)
signifie d'ailleurs gosier. On dit encore,
en argot : « Je vais m'introduire ce verre
de vin dans le coco, c'est-à-dire dans la
bouche !
Au siècle des vieux palardins,
Soit courtisans, soit citardins,
Femmes de cour ou citardines
Prononçoient toujours muscardins
Et balardins et balardines.
Mesme l'on dit qu'en ce temps là
Chacun disoit roses muscarde.
j'en dirois bien plus que cela
Mais par ma foyje suis malarde,
Et mesme en ce moment voilà
Que l'on m'apporte une panarde.
On sait que le muscadin était une
petite pastille destinéeàparfumer l'haleine.
Lpt. du Sillon.
Raid, randonnée (L, 673), — Nous
avions autrefois rider, ryder, ridder^ cou-
rir, galoper.
Si est-il sur moy. Avant ry^^
Compains abbanes, vistement.
{Théâtre français au moyen-âge, p. 293.
L'allemand ;r/7fH, l'anglais to ride sont
de la même famille.
Quant au substantif /a«r/o;z et au verbe
randojiner, on peut rapprocher l'allemand
rennen et l'anglais to run.
Les racines doivent être les mêmes.
Gustave Fustier.
D'après le dictionnaire John Janneson
Paisley, chez Alex. Gardner 1830) raid : a
hostile or predaiory incursion, an inroad, le
mot incursion signifie : attaque, invasion,
ravage ; inroad veut dire : course des en-
nemis dans un pays, empiétement, usur-
pation.
Traduction libre d'après moi, course à
travers champs causant du dommage; on
va au plus court étant pressé d'arriver
pour une cause ou une autre, soit qu'on
soit poursuivi, ou qu'on veuille rempor-
porter un prix ; en forçant la vitesse, on
commet des déprédations sur la route
parcourue.
Le Dictionnaire anglais Firmin Didot
1879 dit : raid, incursion, irruption.
BOOKWORM.
înhuîTi étions hors des cimetières
(XLVlll ; XLIX ; L, 191, 316,437,530,
601,654,698). — Le général vicomte Dar-
magnac (Jean-Claude-Toussaint) mourut à
Bordeaux le 12 décembre 1855. 11 est
enterré sous un grand mausolée, dans sa
{)ropriété de Pressac (à Daignac, Gironde)
où il s'était retiré 5près les événements
N» toç8.
L'INTERMÉDIAIRE
767
768
de 1830. Le château de Pressac appar-
tient à présent à la famille de Trincaud-
la-Tour. Pierre Meller.
Il n'y a pas que. . .11 n'est pas que
(XLVIII ; XLIX ; L, 38, i^j 1,609) — La
thèse du collaborateur O. D. est celle de
Gresset dans son discours du 4 août 1774,
lors de la réception de Suard à l'Académie
française ; elle était dirigée en parti,
contre les encyclopédistes. Il blâme lee
expressions chiffonnière^ A'^'c, caracos
passe ; mais il ne veut pas qu'on dise :
« Je suis charmé de vous voir, pénétré
de reconnaissance, comblé de faveurs y> ;
il n'admet pas « les besoins de l'âme, les
jouissances de l'esprit, etc. »
Et cependant l'usage a consacré ces
expressions qui, j'en suis sûr, ne cho-
quent pas mon contradicteur. Gresset
avait peut-être raison, tout le monde avait
peut-être tort, et cependant tout le mon-
de a eu raison. ...de son opposition. Je
n'ai jamais dit autre chose, je suis abso-
lument d'avis que des gens de goût veil-
lent au développement de la langue, mais
je suis obligé de m'incliner devant le fait
accompli et passé dans l'usage. C'est, du
reste, ce qu'on lit dans la préface de l'é-
dition du Dictionnaire de P Académie de
1762 :
On ne doit point, en matière de langue,
prévenir le public, il convient de le suivre
en se soumettant non pas à l'usage qui
commence, mais à l'usage généralement
établi.
Quand on songe que Voltaire discute
le mot récolter admis par cette édition et
que V Académie a passé pour novatrice à
cette époque, en admettant acclimater^
commercial, confidentiel^ insouciant et
quantité d'autres mots qui paraissent
aujourd'hui irréprochables.
Le principe qui a dominé a été « d'éman-
ciper la langue pour affranchir l'esprit ».
Que vouliez-vous qu'on fît à l'époque
de la formation primitive de la langue,
contre l'usage qui au lieu de prendre un
dérivé du latin caput pour désigner la
plus noble partie du corps, a choisi le
mot testa qui signifie pot de terri. Dans
les premiers temps, cela devait équivaloir
à l'expression houle dans : « Il a une
bonne boule » ou à « ferme ta boite »
pour « ferme la bouche ». Est-ce que vous
y pensez un instant quand on vous parle
« d'une noble tête ou d'une tête adora-
ble }> ?
Y a-t-il quelque chose de plus sale que
le mot « entrailles », et cependant les
audaces des grands écrivains en ont fait
un mot de style élevé ; l'usage lui retire
tellement ce qu'il a de répugnant que si
vous le remplacez par boyaux, vous abou-
tissez à des résultats inouis.
Evidemment, je ne dirai pas « quelque
chose de conséquent pour « quelque chose
d'important » ; c'est en effet bien vulgai-
re, mais il est possible qu'on y revienne.
Qiieli nconvénient voyez-vous, d'un autre
côté, à dire « un centimètre » pour « ru-
ban à centimètres », c'est là une figure
de rhétorique bien connue. Le centimètre
n'est pas le mètre, et d'abord il a génér?-
lement un mètre cmquante centimètres.
Dire « mon mètre » serait aussi inexact.
Me forcerez-vous à dire « mon mètre cin-
quante » .'' je trouve, au contraire, la dis-
tinction excellente, d'autant plus que cet
instrument de mesure ne sert générale-
ment que pour des centimètres.
Paul Argelès.
Procès des 79 voleurs , L, 336).
— Bibliographie sommaire et résumé
d'une cause... /-«tJ//^, Gazette des Tri-
bunaux, 17* année, mai-septembre 1842 ;
Compte-rendu de la cour d'assises de la
Seine : 24 juin, 3, 18, 20, 22, 23, 25,
29 juillet (Cf. 24 mai) à partir du n°
4746 :
Chronique parisienne : 25 juin, page
990 ; 6, 24 juillet, p. 1027, 1094 ; 22,27,
29août, p. 1195, 1212, 1219, à partir du
n^ 4747.
Affaire analogue à celle des quarante
voleurs (1837) ou des cinquante et un vo-
leurs (1840) • «bande composéeen grande
partie de forçats, de repris de justice »,
dont plusieurs réclusionnaires, à la tête
desquels se trouvaient — chefs avant d'en
être les dénonciateurs — Charpentier,
Cligny et Fenet avec, comme receleurs
habituels, Alfred Leudet, logeur et bijou-
tier,Dander, Veuve Lauder logeuse ; Veuve
Mougin et Duriez ; et pour complices :
a) Frépas, dit Beringuet ; Mairesse, dit
David ; Âlontmoutier dit Ernest, Normand
dit Léon. Fainaut dit le Borgne ; Dufour
dit Parageot ; Courbondit Le Petit- Vieux:
Guérot, dit Harnais (le dément simula-
DÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
769
teur de la séance d'ouverture) Cambillet,
dît Blciuchin ; de Vergie, dit f ;/;c,39 ans,
Lelong père et fils, lunettiers, Chapon,
altcr ego de Charpentier ; Louis Ponty,
26 ans, peintre-vitrier ; Berger, 33 ans,
cocher ; Vidal Fonblanc, 43 ans, profes-
seur, et sa femme Virginie Vimal, 26 ans,
maîtresse de langues, avec Benoit Vimal,
son beau-frère.artistedramatique; Laurent,
39 ans, machiniste ; Simon Joanon, em-
ployé de la Ville ; Jean Adler, 27 ans,
sculpteur sur bois, etc., etc.
b) la veuve Bierge, femme de ménage,
51 ans ; Adélaïde Bouillant, 42 ans ; José-
phine François, dite Javotte, 41 ans ;
Anne Cochin, 48 ans écaillère ; Virginie
Delarasse, dite Danas, 35 ans journalière ;
Gertrude Besançon, dite femme Vautrin^
37 ans, culottière ; Adélaïde Pouget ;
veuve Delestre, 45 ans ; Adélaïde Perlin,
femme Laurent, 43 ans,journalière ; Louise
Ponty, dite Breschard, 32 ans, couturière ;
veuve Mougin ; Jeanne Hubert, 26 ans,
fille publique ; femme Avissen, 38 ans,
dite femme Gellée (distillateur) ; femme
Maréchal, 34 ans, gantière ; femme
Burnet, 52 ans, gantière ; Veuve Henry,
65, ans journalière; fille Prévost, dite
femme Gaillard^ 49 ans (auteur de l'eu-
phémisme : femme de coiifiance)\^\\\t Heu-
debert, dite femme Lehriin^ 28 ans, fille
publique ; veuve Vosgien, dite Mouton^
dite Laplace^ 51 ans ; Marie Gosselin
fille publique ; Virginie Leblanc, femme
Fournier, ig ans lingère.
Charpentier et Cligny furent arrêtés à
Charonne le 17 juillet 1840, sous le nom
de Robert oncle et neveu ; les accusés au
nombre de 79, furent divisés en quatre
« catégories » sauf cumul pour les plus
compromis :
1'' 24 juin 7 et 18 juillet, 37 -|- 2 accu-
sés, 43 chefs d'accusation, une multitude
de vols ;
2° 19 juillet, 4 accusés, 13 vols ou ten-
tatives de vol, 14 chefs d'accusation ;
3° 20 juillet, 33 accusés, 48 chefs d'ac-
cusation, 59 vols ;
4" 22 août : 14 accusés, 36 vqIs, 39
chefs d'accusation, 80 témoins.
Présidence de MM. Didelot, Grandet,
Didelot, Zangiacomi.
Furent acquittés : Jean Adler dit Laval-
lière,Henry , Derémy, Duriez, Vve Henry,
Vve Prévost, Vve Vosgienj femme Virgi-
20 Kovenibre 1904.
770
nie Fonblanc, femme Virginie Fournier
fille Gosselin :
Bénéficièrent des circonstances atté-
nuantes ; Charpentier Cligny et Fenet ;
Ponty, Robert, Pétau, Lasserre, Retrou,
Larrieux, Lelong fils, Viray fils, Fainaut,
Leudet — fille Ponty. Vve Bierge, fille
Delarasse fille Besançon, Vve Mougin, fille
Hubert, fille Heudebert, femme Avissen,
Vve Lander, femme Burnet ;
Les autres furent condamnés à des
peines variant de 2 ans de réclusion à 20
ans de travaux forcés, avec ou sans confu-
sion de peine et exposition, suivant le cas.
« Nous nous retrouverons à la barrière
Saint-Jacques! «futl'au-revoir de Normand
à Charpentier.
Ce coup de filet renouvelé de 183761
de 1840, (rapprochées l'indulgence aux
indicateurs et la disjonction d'accusés se
connaissant à peine entre eux) laisse
l'impression de machination policière :
l'année 1842 avait été particulièrement
dure pour Vidocq.
Les quotidiens de 1842, ensemble
1839-1840. — Le Journal des Débats, Le
Constitutionnel^ La Oiiotidienue^La Ga;^ette
de Fraiice, Le Parisien, La Patrie..., ne
sont guère plus explicites; les DébatsXou-
tefois après avoir enregistré les verdicts
ou les incidents d'audience, s'étendent
assez au long sur la quatrième catégorie,
celle des accusés distingués. Cf. 23 juin, 4,
23, 26, 28 juillet ; 23, 26, 27 août;
et, d'une manière générale : à la date des
quatre « fournées ».
Quant aux journaux judiciaires, c'est
V Audience qui vient la première après la
Ga:(eite Cf. 24 juin, 21, 25 juillet, 25
août, i'"" septembre, les autres, /oMm^Z
général du Droit, Messager des Tribunaux,
sont muets, à cet égard ou ne se trou-
vent rue Richelieu qu'à l'état de Table,
ou en cotes.
Restait le fonds Lebrun : Causes célè-
5;v5, acquis par MM . Chevalier-Dumarescq,
rue Soufflot : le procès des 79 voleurs
n'est pas porté au répertoire.
jAcauEs Saintix.
Vers à retrouver : C'est en vain
que deux tous... (L, 673) — Cesvers
sont d'Alfred de Vigny et se trouvent
dans la belle pièce des Destinées intitulée
V Esprit purt Patchouna.
N' 1058.
L'INTERMEDIAIRE
771
772
Ces vers sont d'Alfred de Vigny. Je
n'ai pas sous la main ses œuvres, mais
je puis l'affirmer quand même.
Le poète, dans la pièce dont est déta-
chée ce fragment, parle de ses aïeux et se
compare à eux. Ajouterai-jo que ce n'est
pas à leur avantage :
On rencontre des vers comme ceux-ci :
J'ai mis sur le cim'cr don'' du ssniillioraine
Une plume de fer qui n'est pas sans l)eaut '■.
J'ai (ait illustre uu nom qu'on m'a transmis sans
[gloire...
... A peine une étincelle a r-lui dans leur cen Ire
C'est en valu qu3 d'eux tous le sang m'a fait dej-
[cendre :
Si j'écris leur histoire, ils descendront de moi.
On ne peut que s'étonner de cette
étrange manie d'écrire l'histoire de gens
qu'on commence par déclarer dénués
d'intérêt et insignifiants. Je crois du reste
qu'il n'en a rien fait.
J'ai cité de mémoire et je pria d'excu-
ser une erreur toujours possible.
Champvolant.
Couleur bleue chassant les mou-
ches (L, 450), — J'ai pu constater sou-
vent, à mon grand dommage, la prédilec-
tion des souris et des mites pour les
étoffes teintes en bleu. Des vêtements de
drap, ou de laine pendus dans une même
armoire, ou entassés dans un même tiroir,
les uns restaient intacts, les autres étaient
tout déchiquetés par les dents des ron-
geurs ou dévorés par les mites ; ceux en-
dommagés étaient invariablement de
couleur bleue, — Les lainaiges d'autres
couleurs restaient ordinairement indem-
mes ; ils Tétaient souvent s'il y avait dans
le même local des étoffes bleues. Ron-
geurs et mites ne s'attaquaient aux laina-
ges d'autre couleur qu'à défaut d'étoffes
bleues.
Conclusion: Pour préserver des lainages
non bleus les entourer d'étoffes bleues
hors d'usage. Lotus Sahib.
Têtesà rhuile(L,6i9). — Voici pour
quoi on appelle les figurants tètesàVhuiJe :
Lorsqu'autrefois les individus qui
n'avaient jamais figuré se présentaient au
chef de la figuration, dans l'espoir de tou-
cher le cachet auquel ils avaient droit,
cet exploiteur leur en retenait la moitié,
et quand ces malheureux lui demandaient
la raison de cette retenue ; <\ c'est pour
Vhuile » leur répondait-il. Et ils n^osaient
se plaindre, dans la crainte de passer pour
des bleus.
Cela se passait au temps des quinqiteis
et depuis, les figurants de métier ont
appliqué cette épithète aux nouveaux et
aux amateurs qui viennent se faire estam-
per par le chef de la figuration.
— F. Jacotot.
Herboristes (L, 675). — La croyance
aux simples et leur usage ayant toujours
existé, il s'ensuit que la vente des herbes,
soit en boutique, soit sur les places et les
marchés, est vieille comme le monde. Mais
c'est seulement depuis la loi de germinal
an XI que, chez nous, la profession d'her-
boriste a été réglementée.
Réglementation parfaitement illusoire
d'ailleurs, tant au point de vue de l'utilité
dudit métier que des garanties de capacité
exigées des titulaires. Comme instruction
générale, tout ce qu'il y a de plus simple :
savoir lire et écrire ; comme instruction
professionnelle, également tout ce qu'il y
a de plus élémentaire : reconnaissance de
quelques plantes fraîches ou sèches avec
indication des moyens de les conserver.
Deux classes — sans aucune différence
d'examen — consistant en ceci que l'herbo-
riste de la première, moyennant le verse-
ment d'un droit plus élevé, peut s'établir
où bon lui semble, aiors que celui de la se-
conde ne peut pratiquer que dans le res-
sort de l'école où il a été reçu.
L'institution avait pour but de mettre
avec plus de sécurité les plantes à la portée
de tous et d'épargner aux petites bourses
les prix légendaires de l'apothicaire d'au-
trefois, du pharmacien d'aujourd'hui.
Rien de plus. Jamais, en effet, il n'y a eu
de confusion possible entre ces deux cor-
porations absolument distinctes et jamais
non plus l'herboriste n'a été l'embryon du
pharmacien ; il n'en est que le parasite.
Apothicaires et — depuis la mê.me loi
de germinal an XI — pharmaciens ont
toujours été des hommes véritablement
instruits, soumis à des stages plus ou
moins longs, suivant les époques, et à des
concours et à des examens de plus en plus
sérieux, sanscompter les études classiques.
Les récentes communications adressées
à Y Intermédiaire ont fait voir, sans en
épuiser la liste, ce qu'ils ont fourni de sa-
vants. Les hôpitaux peuvent dire ce
qu'ils ont montré de dévouement.
Quant aux herboristes, établis de pré-
773
férence et pour cause dans les quartiers
ouvriers et populeux, beaucoup y trou-
vent un terrain favorable à l'exploitation
de la crédulité humaine et font clandesti-
nerrient aux médecins et aux pharmaciens
une concurrence dont les tribunaux ont
eu souvent à s'occuper et les malades à se
plaindre.
11 y a dans le métier un grand nombre
de sages-femmes.
Les hommes se recrutent plus spéciale-
ment parmi les aides et les garçons de
laboratoire. Sous le couvert de leur mo-
deste certificat, ils mettent à profit les
vagues connaissances acquises dans les
officines où ils ont servi. Soulget.
* *
L'herboristeest au pharmacienne que le
dentisteetla sage-femme sont au médecin.
La création des herboristes date de la
loi du 2 1 germinal an XI, elle a été mo-
tivée par la pénurie des officines de phar-
maciens.
L'apothicaire est l'ancêtre direct du
pharmacien. Légalement, cequalificatif date
du 10 février 1780 où le collège de phar-
macie fut institué ; les élèves qui avaient
satisfait aux examens, recevaient le di-
plôme de maître en pharmacie ; cepen-
dant aux xvif et xviii* siècles, certains
apothicaires instruits prenaient volontiers
ce titre, mais il n'avait pas d'existence
légale.
Les herboristes ne peuvent vendre dans
leur échoppe que des plantes indigènes,
non toxiques ; s"ils vendent d'autres subs-
tances médicamenteuses ils sont en con-
travention avec la loi. Le sens du mot
appliquer nous échappe. Boutineau.
Le père du bridge (L, 450, 658).
— La question a été longuement traitée
dans les Notes and Qiieries cette année
même et les années précédentes. Je ne l'ai
pas suivie avec intérêt, mais je crois me
rappeler que tout en concluant à l'origine
récente du jeu, on n'est pas .arrivé à
nommer l'inventeur. Un de nos lecteurs
anglais voudrait-il consulter à ce sujet la
collection des N. and O .? ' '**
Cartes cornées (L, 675). — J'ignore
d'où vient cet usage, mais autrefois
l'usage était de plier la carte et non pas
de la corner.
Le vicomte de Bonald.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Novembre 1904
774
gotfis, irinîi'ailîcîî ti Curiosités
L'épuration de l'armée en l'an
III. — Sous le règne de Robespierre, les
administrations civiles et l'armée avaient
été épurées par des citoyens de bonne vo-
lonté qui fournissaient, sans grand risque,
des renseignements variés pour justifier le
remplacement des modérés par des parti-
sans de la Terreur. Après la chute de Ro-
bespierre,une nouvelle épuration se fit en
sens contraire ; les partisans du dictateur
furent dénoncés à leur tour. Afin de sau-
ver la face, on avait toujours soin de met-
tre en avant le royalisme et l'aristocratie
comme principaux griefs, mais la vraie
raison des évictions était d'être partisan
du « régime de sang et de terreur ».
Voici un arrêté pris dans ce sens par le
conventionnel Tellier en mission, en l'an
111, dans les départements avoisinant Lyon.
Nous l'empruntons au bulletin de novem-
bre de M. Noël Charavay.
AU NO.M DU PEUPLE FRANÇAIS
Egalité Liberté
Maçon le 12 pluviôse an III, de la Répu-
blique une et indivisible.
Les représentants du peuple Tellier et
RiCHAUD, ENVOYÉS DANS LES DÉPARTEMENTS DE
l'aIN, l'izÈRE, RHONE, LOIRE ET SAONE-ET-LOIRE,
Après avoir pris les renseignements les
plus précis sur les chefs de la garde natio-
nale et des divers fonctionnaires publics,
Considérant que les citoyens qui sont
investis de la confiance et du pouvoir et no-
tamment ceux qui sont chargés de diriger
la force armée doivent être recoramanda-
bles par un patriotisme pur et se montrer
en tous tems ennemis du royalisme, de l'a-
ristocratie, du sistème de sang et de terreur
et être uniquement attaché à la République
et à la Convention nationale
Arrêtent
Art. I. Le citoyeii Jacques Buis est rem-
placé dans les fonctions de commandant du
2me bataillon par le citoyen Charmel.
Art. 2, Le citoyen Blampoix, demeurant à
Bel-Air, est nommé bibliothécaire à la place
du citoyen Galand.
Art. 3. L'agent national est chargé d'infor-
mer lescitoyens susnommés de la disposition
du présent arrêté, de les appeler à leur poste,
de les installer dans les fonctions qui leur
sont confiées^ après avoir requis et prêté le
serment exigé par la loi.
Tellier.
C'est la loi de la délation érigée en
système : tel qui dénonce aujourdhui
sera dénoncé demain. B.
N. 1058
L'INTERMEDIAIRE
775
776
Madame Bovary : origine du
titre de ce roaaan, d'après Flau-
bert. — Quelle femme fut l'héroïne du
roman de Flaubert ? L'écrivain a-t-il
dessiné un type d'après nature, comme on
a cru pouvoir le dire ? Mme Bovary est-
ce une demoiselle Delphine C. qui épousa
à Ry, un sieur D. comme un lettré nor-
mand, M. J. Dubosc, a pensé pouvoir
l'affirmer après enquête ? La lettre qui
suit, si elle est sincère, tendrait à détruire
cette légende, encore que cette légende
cadre si bien avec la manière réaliste de
Flaubert. Cette lettre est une protestation
contre les procédés qu'on prête à l'écri-
vain. Elle est surtout intéressante en ce
qu'elle renferme un renseignement qui
a son prix : l'origine du titre du célèbre
roman.
Pourquoi ce roman a-t-il été intitulé
Madame Bovary ^ D'où est venue, à
Flaubert, l'idée de ce nom .? Sur ce point,
il satisfait, du moins, notre curiosité.
Bovary. c'tsi le nom de Bouvaret déna-
turé. Mais le nom de Bouvaret n'impli-
que nullement qu'une femme ainsi appe-
lée ait trompé son mari. En transfor-
mant Bouvaret en Bovary, Flaubert sup-
posait qu'il se mettait à l'abri de toutes
revendications. Or, il y avait en Afri-
que une madame Bovaries qui, tout comme
l'autre, trompait son Charles ?
On va lire la lettre qui apporte cette
explication de l'origine du titre de Ma-
dame Bovary. —
Nous avons supprimé, par discrétion,
une indication trop précise et relative à la
qualité du mari de la Bovaries, d'Afrique.
Votre dévousment s'était alarmé, à tort,
chère madame. J'en étais sûr ! Voici la ré-
ponse qui m'arrive poste pour poste.
Les gens du monde, je le répète, voient
des allusions oij il n'y en a pas. Quand j'ai
fait iW' Bovary on m'a demandé plusieurs
fois : « Est-ce M^ *** que vous avez voulu
peindre ? » Et j'ai reçu des lettres de gens
parfaitement inconnus, une entre autres
d'un Monsieur de Rheims qui me félicitait
de l'avoir vengé ! (d'une intîdèle). Tous les
pharmaciens de la Seine-Inférieure se re-
connaissant dans Harnais voulaient venir
chez moi me flanquer des gifles : mais le
plus beau, (je l'ai découvert cinq ans plus
tard), c'est qu'il y avait alors en Afrique,
la femme d'un (i)[.. ..] s'appelant Mme Bo-
varies et qui ressemblait à Af"" Bovary.^
nom que j'avais inventé en dénaturantcelu i
de Bouvaret.
La première phrase de notre ami Maury
en parlant de VEducation sentimentale a
été celle-ci : « Est-ce que vous avez connu
X,un italien, professeur de mathématiques?
Votre Senecai est son portrait physique et
moral ! Tout y est jusqu'à la coupe des
cheveux! » D'autres prétendent que j'ai
voulu peindre dans Arnoux, Bernard-Latte
(l'ancien éditeur) que je n'ai jamais vu, etc.
Tout cela est pour vous dire, chère
Madame, que le public se trompe en nous
attribuant des intentions que nous n'avons
pas.
J'étais bien sûr que Mme Sand n'avait
voulu faire aucun portrait 1° par hauteur
d'esprit, par goût, par respect de l'art, et 2*
par moralité, par sentiment des convenances,
et aussi, par justice.
Je crois même, entre nous, que cette
inculpation l'a un peu blessée ? Les jour-
naux, tous les jours, nous roulent dans
l'ordure, sans que jamais, nous leur répon-
dions, nous, dont le métier cependant, est
de manier la plume, et on croit que pour
faire de l'effet, pour être applaudis, nous
allons nousen prendre à tel ou à telle. Ah !
non I pas si humbles. Notre ambition est
plus haute et notre honnêteté plus grande.
Quand on estime son esprit on ne choisit
pas les moyens qu'il faut pour plaire à la
canaille. Vous me comprenez, n'est-ce
pas?
Mais en voilà assez. J'irai vous voir un
de ces matins. En attendant ce plaisir là,
chère madame, je vous baise les mains et
suis tout à vous.
Gustave Flaubert.
Dimanche soir.
Invente-t-on jamais un nom .f" Flaubert
le crut avec Mme Bovary et se trompa ;
il le crut avec Homais et se trompa
encore. Nous avons sous les yeux une
réponse, adressée le 28 fructidor an 9, par
le ministre de la guerre, à un citoyen
réclamant des nouvelles de son fils : le
citoyen Homais, marchand à Rouen !
Il y eut donc des Homais à Rouen, —
des Homais authentiques, mais moins illus-
tres, certes, que celui de la fiction. Y.
(i) titre du fonctionnaire.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Cham30n St-Amand- Mont-Rond.
!• Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mots 30 Novembre 1904,
40» Année
t%*^* ,r. Victor MasHé
PAItlS (l\*) Cherchez et
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g II te faut
entr'aider
N» 1059
3I»^ r. Victor lUaaaé
PARIS (IX»)
Bureaux : de 2 à 4 heures
€3nUxmébiaxxt
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET RÉPONSKS LITTÉRAIRES, HISTORIQUES. SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
/ /
778
OJllîC0ÎÎOIî6
Armes et devise delà comtesse
du Barry. — Dans un article consacré
à la bibliothèque de la célèbre favorite
et publié dans les Miscellanées bibliogra-
phiques d'Ed. Rouveyre, Paris, 1879, II,
103, l'auteur, M. Léon de Labessade, à
propos de la devise : Bouter en avant !
lui reproche d'avoir osé « afficher sur
« ses armes un résumé de sa profession ».
« C'est, dit-il, la signature de la débauche
« sur les œuvres de l'art. La phrase qui
« serait fière sous la plume d'un homme
« d'armes est une abjection dans le nobi-
« liaire d'une ex-amie de la Gourdan. »
Ces armes et cette devise n'étaient-
elles pas celles que son mari, Guillaume
du Barry, avait prises à la famille irlan-
daise du Barry de Buttevant dont il pré
tendait descendre ? Alors le reproche de
cynisme dans le choix de la devise serait
injuste ? J. C. Wigg.
Les mœurs du chevalier de la
Barre. — Le Conseil municipal, guidé
par sesardeurs politiques, adécidé de doter
Paris d'un monument sujet à criti-
que. M. Le Grandais ademandé à la majo-
rité du conseil à faire ériger, par esprit
d'opposition, devant le SacrérCœur, à
iVlontmartre, une statue au chevalier de
La Barre, qu'un tribunal civil condamna
à mort pour sacrilège, en vertu des moeurs
du temps. M. d'Andigné s'éleva contre cet
hommage rendu à un jeune homme dont
l'unique action d'éclat consista, étant
ivre, et sans esprit de propagande délibé-
rée, à abattre une croix ; il fit une allusioti
très précise aux mœurs de ce personnage.
La discussion était violente ; on opposa à
M. d'Andigné des dénégations de principe,
mais point d'arguments de fait. L'accu-
sation est donc restée entière.
La question qui se pose, sans parti-pris,
est celle-ci : M. d'Andigné a-t-il des preu-
ves historiques ? A-t-on la procédure re-
lative à cette affaire ? Existe-t-il une étude
suffisamment autorisée, impartiale, et
démontrant, sur ce point délicat, la culpa-
bilité du chevalier ou son innocence ^
Quoi qu'on trouve ou dise, la statue
sera érigée, et c'est bien pourquoi il est
assez naturel qu'on cherche à connaître
aussi complètement que possible, l'exis-
tence d'un héros donné en exemple au
peuple. Y.
L'auteur d'une publication sur
Guillaume II inconnu à la cour
d'Allemagne. — A Berlin, on s'entre-
tient d'une publication qui fait grand
scandale.
Ce sont des indiscrétions d'une audace
inouïe sur ce qui se passerait à la cour de
Guillaume II. Un journal français, l'^c/^/r.
s'en fait à ce moment même l'éditeur ; il lui
consacre quotidiennement, depuis plus
d'un mois, son feuilleton. Ce n'est pas un
roman, mais des sortes de mémoires
abondant en détails précis révélateurs
des secrets les plus intimes qui font pé-
nétrer, comme jamais on n'y avait péné-
L. 15
"N. 1059
L'INTERMEDIAIRE
779
780
tré encore, dans les coulisses de la cour
impériale. On ne peut pas mettre en
doute l'exactitude des faits ou déjà connus,
ou soupçonnés, ou même, jusqu'à cette
publication, ignorés. Mais on cherche à
savoir qui tient la plume.
Ces mémoires sont donnés sous ce
titre : %<. Mémoires d'Ursula, comtesse
d'Eppinghoven, dame d'honneur du pa-
lais de l'impératrice ». On a été prévenu
par le journal, on sait que ce n'est là
qu'un pseudonyme. Donc, il serait su-
perflu de chercher une grande dame de
ce nom à la cour ou dans la noblesse alle-
mande. Mais on s'ingénie à deviner quelle
femme ayant approché l'impératrice a pu
dicter ces pages d'une vérité si crue qu'on
serait tenté de croire à une vengeance.
Malgré le style qui n'est point sans per-
fidie féminine, malgré telles observations
qui ne relèvent également que de l'esprit
d'une femme, on doute de la «dame d'hon-
neur ». Dans les cercles officiels, on met
les éditeurs au défi de fournir une preuve
authentique de sa réalité. Les journaux
anglais ont abandonné les pistes fausse-
ment suivies par eux, il y a une quinzaine.
Que cache ce mystère }! Qu'y a-t-il der-
rière cette extraordinaire publication, dont
on parle un peu en France, et dont on
s'occupe considérablement ailleurs, sous le
manteau .''
Ma question est celle-ci : on ne croit
pas à la dame d'honneur, mais alors qui
B.
?
L'existence d'Hamlet, prince de
Danemarck, est -elle historique-
ment certaine ? — Fut-il enterré à El-
seneur.^
A quelle année remonte la tombe que
les Danois appellent : la tombe d'Ham-
let.? Martin E.
Récits d'événements historiques
consignais à !a dernière psge des
ancieiîs registres d'état -civil. -
Dans certains registres notariaux de la fin
du xvi^ siècle, j'avais déjà relevé, sur le
dernier feuillet, le récit sommaire des évé-
nements politiques et militaires de l'an-
née ; mais j'ignorais que semblables men-
tions pouvaient aussi se rencontrer sur
les registres de l'état-civil.
Or, sur la dernière page du registre de
l'état-civil de la commune de Barre
(Lozère), année 1702, se trouve le récit
du meurtre à Pont-de-Montvert de l'abbé
François de Langlade du Chayla, c'est-à-
dire du premier et sanglant épisode delà
guerre des Camisards.
Ce document inédit me parait de na-
ture à intéresser certains de nos collabo-
rateurs, aussi je le reproduis, en prenant
la liberté de leur demander s'ils ont eu
déjà l'occasion de trouver des mentions
de cette nature, sur les vieux registres
détat-civil :
Mémoire de plusieurs homicides commis
parles plianatiques assemblés au nombre d'en-
viron quarante.
Le 24 ou 2S juillet, jour de saint Jac-
ques apôtre, monsieur l'abbé faisant la
mission au Pont-de-Montvert avec quelques
missionnaires, sur les dix heures du soir,
arrivèrent au Pont de-Montvert, une troupe
de phanatiques, qui demandaient les pri-
sonniers qui avaient été amenés quelques
jours auparavant : à quoi Monsieur l'abbé
répondit qu'on les lui Ht rendre ; mais n'é-
tant pas contents de cela, ils environnè-
rent la maison du sieur André, où il était
et ayant demandé à lui parler, on répondit
que cela ne se pouvait pas. Alors voulant
monter, on commença à tirer d'en haut,
sur quoi les autres ayant mis le feu à la
maison et monsieur l'abbé se voyant exposé
à la mort, s'y disposa pour exhorter ou
confesser ses domestiques qui étaient Mi-
chot et La Violette ; et après cela, il leur
dit de se sauver s'ils pouvaient et ne s'avi-
ser pas de lui ; mais la fin les prenant, ils
sautèrent les fenêtres. Monsieur l'abbé étant
sorti et s'étant fait mal au pied, il se retira
proche un petit cerisier, oii il resta quel-
que temps. Mais ayant été aperçu par ces
misérables, ils l'allèrent prendre là et
l'ayant traîné au Pont et proche la croix, il
leur demanda la vie. Ils lui dirent qu'ils la
lui donneraient, s'il voulait faire comme
eux et renoncer à sa foi, à quoi ayant vigou-
reusement résisté par son zèle pour son
Dieu et sa foi, il fut martyrisé et demanda
à être enterré à Saint-Germain, où il fut
porté et inhumé le 26 juillet 1702.
A RM. D.
Uniforme du régiment de Berry-
Cavalerie. — Je possède une miniature,
datant de quelques années avant la Révo-
lution, représentant un jeune lieutenant
de cavalerie.
Son uniforme est bleu ; les revers, for-
mant plastron, sont blancs ; le collet est
rouge ; le gilet, qui apparaît un peu, sem-
ble blanc ; les boutons sont d'argent ;
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
781 —
30 Novembre 1904
782
[
répaulette (à gauche) et la patte d'attente
sont d'argent sur drap rouge.
Je crois que cet uniforme est celui du
régi^pent de Berry-Cavalerie ; mais je
n'en suis pas certain. Mes confrères de
V Intermédiaire^ plus documentés que moi
sur la question des costumes militaires
avant 1789, seraient bien aimables de me
dire ce qu'ils en pensent.
Brondineuf.
Compagnons vitriers de Lyon.
— Une lettre fut adressée en 1789 à «Ma-
dame Bouet,mère des compagnonsvitriers
rue Corchebœuf, pour remettre à Fléchois
le bon accord, compagnon vitrieràLyon».
Quelqu'un saurait il ce qu'étaient ces
compagnons et leur mère ?
Louis Calendini.
Monasteriolum — Ce mot latin,
d\m'\nut]{ de ruonasterium, a donné nais-
sance aux noms de lieux Montreuil, Mo-
nestier, Monêtier, Monistrol, Menes-
treau, Moutier. et autres, fort nombreux
en France S'ensuit-il d'après l'étymolo-
gie, que là ont existé des monastères,
plus ou moins importants f Et, cela étant,
quels ouvrages pourrait- on consulter — en
dehors des quelques Dictionnaires topogra-
phiqites départementaux existants — pour
être fixé sur ces établissements religieux ?
HODGE.
Maille d'or de Florencs. — Quelle
pouvait être, en 1350, la valeur d'une
maille d'or de Florence ?
Cette monnaie d'or était usitée en Bre-
tagne, à cette époqup, ainsi que nous le
voyons dans un acte du samedi, après la
Saint-Etienne 1353, par lequel diverses
personnes s'engagent à payer solidaire-
ment à l'abbé et au couvent de Sainl-Me-
laine, de Rennes, « ^o pièces d'or ^nommées
mailles de Florence^ des plus belles et bonnes
et de pays » pour remboursement d'un em-
prunt fait à ces religieux.
Exprimée en livres tournois, à combien
s'élevait alors la somme à rembourser ^
Quelle serait la valeur actuelle de cette
somme .? Brondineuf.
Armoiries à déterminer : de
gueules, à quatre carreaux. — De
gueules^ à quatre carreaux d'argent^ rangés
'infasce et au croissant du même en chef :
couronne de comte. Supports : deux cerfs
ailés. Cimier : un écureuil. Devise : Loyal
devoir.
Ces armoiries se trouvent dans une tête
de page gravée sur bois par Panillon et
employée pour Tendrillette, tragédie en
trois actes et en vaudevilles. Londres,
1753, 16°, Seraient-elles à Tauteur ano-
nyme ? J.-C. WlGG.
Armoiries de Cbâtillon -sur -
Marne. — D'après Girault de Saint-Far-
geau, ces armoiries sont .■ de gueules, à
trois pzls ^'ivoire ; an chef d'or^ charge
d'une MERLERETTE de sable. Je comprends
merlerette pour merlette, mais ivoire }
Qiiel terme héraldique se peut bien cacher
sous le vocable éburnéen } Axel.
Armoiries à déterminer : Fascé
onde d'argent. — Un aimable collè-
gue pourrait-il me donner l'explication
des armoiries suivantes :
Parti. Dexire. Fascé onde d'aroent et de
gueules., de six pièces. — (Rochechuuard).
Sénestre. D'a^^ur, à deux pointes d'or., les
pointes en hant.^ an chef d'argent chargé de
trois couronnes de duc de gueules. — (D'Es-
tampes).
L'écusson entouré d'une bordure de
chargée de six tourteaux de...
Probablement d'or, componée de sable, ce
qui est la bordure des arm< s des de Sève.
Ces armoiries sont gravées sur une pla-
que constatant une fondation faite le 28
octobre 1637 dans l'église d Izy (Loiret^
par Marie-Marguerite de Rochechouard,
femme de Alexandre de Sève, seigneur de
Launay Mézelan etChatillon-le-Roy (Loi-
ret).
Les armes de Sève étaient : fascé d'or et
de sable de six pièces, à la bordure componée
de sable et d'or.
Comment les armes de Rochechouart
sont-elles jointes à celles d'Estampes, et
comment n'a-t-on prisdans celles du mari
que la bordure. Mud. de Sève n'aurait-
elle pas pris les armes paternelles .?
Ya-t-il eu des Rochechouard alliés à
la famille d'Estampes ? Martellière.
<5c Emblèmes d'amour divin, etc. »
— Dans la Revue de l'Hypnotisme, d'octo-
bre IQ02, on cite ^' un ouvrage intitulé Em-
blèmes d'amour divin et humain ensemble,
renfermant des eaux-fortes par Messager',
No 1059.
783
avec explication des gravures par un
Père Capucin. »
Et cela sans autre renseignement. Je
n'ai pu trouver le livre ni à h Bibliothè-
que nationale, ni dans aucun répertoire de'
bibliographie. On m'obligerait de me
mettre sur la piste de ce curieux ouvrage
qui doit être du xvn* siècle ; mais faute
d'un titre absolument précis, on ne peut
rien trouver dans une Bibliothèque.
■ G. Servandy.
Amico di S. Botticelli. — J'ai re-
levé cette singulière expression dans le
catalogue de la vente des tableaux de
Bourgeois, qui a eu lieu à Cologne der-
nièrement :
Amico di S. Botticelli ; la Vierge et V En-
fant, y^çoo marks.
Cela veut dire probablement que le
peintre est un ami d'Alessandro Botti-
celli.
Mais ce n'est pas la première fois que
je remarque cet ylwîco di S. Botticelli;
je suis certain de l'avoir vu, il y a quel-
ques années, dans une publication fran-
çaise consacrée aux Arts, je ne sais plus
laquelle.
Le but de la présente question est de
connaître le titre de cette revue.
Etrange façon de sortir d'embarras : on
est en présence d'un tableau qui présente
des analogies avec la manière de Botti-
celli, mais qui n'est pas de lui, et on n'en
connaît pas l'auteur ; alors on invente un
peintre imaginaire et on le nomme ami
de Botticelli.
Le procédé est très commode, mais il
est inadmissible.
11 paraît cependant avoir été adopté.
De sorte que le gâclris qui règne dans le
langage des Arts va encore être aug-
menté.
Le mot gâchis n'est pas exagéré.
On s'obstine à appeler fresques., les
peintures sur toile appliquées contre les
murailles; dernièrement encore, un mem-
bre de l'Académie française a parlé des
fresques de Puvis de Chavannes à la Sor-
bonne.
On nomme priiniti/s des peintres de la
fin du xvi' siècle.
L'Académie de France à Rome est cou-
ramment appelé YEcole de Rome, dans
les journaux, au Parlement, et même à
l'Institut ; dernièrement dans un discours
L'INTERMEDIAIRE
784
prononcé à l'Académie des Beaux-Arts,
par un ancien pensionnaire de la Villa
Médicis, l'expression Ecole de Rome est
revenue plusieurs fois.
Quel que soit le sens donné au mot
école en matière d'art il ne peut s'appli-
quer à notre Académie.
Ce sont là des abus de langage dont le
résultat inévitable est de créer et de pro-
pager des erreurs. Gerspach.
Mimi Besse, artiste. — Un de mes
amis possède un portrait au crayoa du
duc de Reichstadt, très bien et artistique-
ment fait, signé Mimi Besse. Quelqu'un
pourrait-il me dire qui était Mimi Besse,
artiste ou femme du monde français ou
autrichien, de l'entourage du duc.f'
Auguste de Doerr
Bory (Edouard). — Chef de batail-
lon, il joua un rôle dans Taflaire desiVc^w-
veau-Nés de l'insurrection royaliste de
1815. D'où était-il ^. Qu'était sa famille? Je
rencontre Biaise Bory « chef de bataillon
àrex-13* régiment d'infanterie légère»
en 1816. Est-ce le même ou son parent .f*
Louis Calendini.
Bratiano. — Demetre Bratiano, né
à Bucharest en 1818, ministre des affai-
res étrangères
en Moldo-Valachie, était
détenu à Mazas au mois de juin 1853.
Sait-on sous quelle inculpation ?
Arm. D.
Un biographe d'Etienne Geoffroy
Saint-Hilaire. — Dans une lettre écrite à
son frère au mois d'août 1836, le célèbre
naturaliste lui mande qu'on lui a commu-
niqué une biographie sur lui faite par un
Anglais. L'article, dit-il, est vif, poétique,
éloquent. On l'imprime dans le Diction-
naire de la Conversation. 11 y a pour lui
à boire et à manger ; il est loué beaucoup
et il est gourmande bien sévèrement.
Quel est l'auteur de cette biographie }
Paul Pinson.
La tombe de Le Bègue de Presle
à Charonne. — Visitant dernièrement
le vieux cimetière attenant à l'église de
Charonne. rue de Bagnolet, j'y remar-
quai un vaste terre-plein carré entouré
d'une grille délabrée, au milieu duquel se
trouve la statue en bronze, plus grande
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
785
ue nature, d'un personnage portant le
costume de la fin du xvin= siècle. Il est
représenté debout, la main droite appuyée
sur une grosse canne ; il examine une
plante ou une fleur qu'il tient dans sa
main- gauche. 11 est coiff'é du tricorne
s< retapé à la française », qui était à la
mode à l'époque de la Révolution. L'as-
pect général rappelle certaines représen-
tations connues du grand Frédéric et de
Voltaire.
Les inscriptions qui couvraient, de trois
côtés au moins, le piédestal sur lequel
est posée la statue, sont totalement dis-
parues. 11 n'en reste d'autres traces que
les nombreux trous ou étaient fixés les
tenons des lettres, sans doute en bronze,
qui les avaient formées.
D'après le gardien du cimetière, ce
monument aurait été érigé par les habi-
tants du village de Charonne à la mé-
moire de V Bègue », médecin et herbo-
riste (5/c), en reconnaissance de sa cha-
rité. On prétend, mais à tort sans doute,
m'a ajouté le gardien, que ce personnage
aurait été secrétaire de Robespierre. On
ne trouve, paraît-il, dans les registres du
cimetière aucune mention de sa sépul-
ture, car ces registres ne remontent pas
au temps où il mourut.
Sans aucun doute, le personnage en
question n'est autre qu'Achille-Guillaume
Le Bègue de Presle, né à Pithiviers vers
1735, reçu docteur médecin à la Faculté
de Paris en 1760, censeur royal, mort
dans cette dernière ville, disent les bio-
graphies, le 18 mai 1807. 11 a laissé di-
vers ouvrages de médecine, de botani-
que, etc., et, outre ces ouvrages de fonds,
on a de lui un grand nombre de traduc-
tions. Ami de J.-]. Rousseau, ce fut lui
qui le décida à accepter l'hospitalité à
Ermenonville ; il a donné une Relation ou
notice des derniers jours de mousieur Jean-
Jacques Rousseau. Londres, B. White, et
Paris, 1778, in 8".
S'est-on déjà occupé de cette tombe,
aujourd'hui abandonnée .^ En a-t-on relevé
les inscriptions avant leur disparition ?
A-t-elle été réellement érigée par les habi-
tants de Charonne en témoignage de leur
reconnaissance envers un bienfaiteur ^
E. O.
îvïillière, graveur sur bois. — A-
t-on quelques renseignements sur cet
30 Novembre 1904^
786
artiste qui a gravé unetrèsjolie marqueau
chiffre AD F, entouré d'amours et de nuages,
pour l'imprimeur François Ambroise Di-
dot, en 1782 .? Le dessin est signé Jom-
bert, qui est le libraire Antoine Jombert,
ou l'un de ses deux fils, probablement
Louis- Alexandre, qui était le gendre de
François-Ambroise Didot.
Cette gravure a subi une transforma-
tion du chiffre devenu D. P.
W. Hamilton, auteur des Frcncb hooli-
plates (Ex-libris français) page 328, en
fait l'ex-libris de l'ingénieur de Prony. Ne
serait-ce pas plutôt une marque dont se
serait servi Pierre Didot? J.-C. Wigg.
Moitte (Jean-Guillaume), sculp-
teur et statuaire distingué du
XVIIïe siècle (1747-1810). — Déjà
bien oublié, il fut chargé, lorsque la Cons-
tituante désaffecta l'église Sainte-Gene-
viève pour la transformer en Panthéon,
d'exécuter le bas-relief du fronton et d'y
représenter la Patrie couronnant les ver-
tus civiques et guerrières.
Cette œuvre fut détruite sous la Res-
tauration, ainsi que la belle légende de
Pastoret : Aux grands hommes^ la patrie
reconnaissante, ç^i l'église Sainte-Geneviève
rendue au culte.
Le dessin de ce bas-relief détruit existe-
t-il.? Pourrait-on en avoir la description?
David d'Angers, en le reconstituant plus
tard, et traitant le même sujet, s'est-il ins-
piré de l'œuvre de Moitte ? Paul T.
Mony (Jacques-Micliel). — Quelles
étaient les armoiries de Jacques- Michel
Mony, écuyer, conseiller secrétaire du.
roi, seigneur de Coulonges, la Démédière,
Courdétain, la Belle-Hôtellerie, le Fief,
au-Gras, la Tabarière etc., etc ? Origi-
naire de Saint-Calais (Sarthe), il acquit,
en 1782, les fiefs et domaines ci-dessus
du comte de Moges, forcé de les vendre
par ses nombreux créanciers.
Louis Calendini.
Famille de Vill^fort (L, 617). —
La famille Isarn de Villefort, originaire du
Vivarais,se répandit en Rouergue,Quercy ;
elle est encore représentée de nos jours
dans l'Aveyron. Comme elle était protes-
tante, il se peut qu'une branche alla se
fixer en Suisse après la révocation de
redit de Nantes. Cette famille a eu de fort
No 1059.
L'INTERMEDIAIRE
787
788
bonnes alliances et a produit de nom-
breux officiers. On peut consulter les
Documens historiques et généalogiques sur les
familles et les hommes remarquables du
Rouergue par de Barrau et les Documents
généalogiques sur les familles du Rouergue
par le vicomte de Bonald.
Pierre Meller.
Un jubé à R-îirabeau. — Un ama-
teur saintongeais a acheté au château de
Mirabeau (Auvergne) un jubé qu'il a dé-
monté pierre à pierre et réédifié dans une
propriété sise dans les environs de Saintes,
Ce jubé 'porte la date de 1582.
Mirabeau est situé à peu de distance de
l'ancien château de Beauregard, propriété,
au XVI' siècle, de Guillaume Duprat, évê-
que de Clermont, et est certainement l'ab-
baye de Minimes fondée par ce prélat et
dont parle Moréri.
Au cours de leur travail de démolition,
les ouvriers ont trouvé, dans un caveau
existant sous le dallage du Jubé, une pla-
que carrée de 0,50 environ de côté, sur la-
quelle est gravé un cœur chargé de trois
feuilles de trèfle, deux et une, et autour
duquel se lit l'inscription suivante : cor-
DNi-DUPRAT-FUND, 1 560. Pourrait-on :
1° Me donner des renseignements précis
sur l'histoire de ce petit monument ;
2° Me dire s'il a contenu le cœur de
Guillaume Duprat, évêque de Clermont ;
30 Que signifie fund s'appliquant à un
personnage décédé 22 ans avant l'érection
du monument en question ;
4° Enfin, pourrait-on me dire le nom
de l'architecte, le lieu de sépulture de
Guillaume Duprat, et me donner en un
mot les renseisfnements intéressants et
complets?
Champvolant.
L'auteur de « Napoléon et la
grande armée. » — Quel est l'auteur
de l'ouvrage suivant :
Napoléon et la Grande Année ou Vie
Privée, Publique et Militaire de Bonaparte
par M D. F, officier supérieur attaché à
Napoléon .
A Paris, chez Mme WolfF-Lerouge, 182S.
Aucune bibliographie n'a pu me ren-
seigner à cet égard, non plus que le Dic-
tionnaire des Anonytnes. M R.
Un tableau de Marillo. — Pour-
rait-on donner la description et les di-
mensions d'un tableau de Murillo, inti"
tulé Sainte-Guste et Sainte Rufine, qui se
trouve à Londres, dans la galerie du duc
de Sutherland ? Pourrait-on donner des
renseignements sur les autres tableaux
du même peintre sur le même sujet et en
particulier sur celui qui est à la cathé-
drale de Séville ? Lasco.mbes.
Visites artistiques d'Eugène Fro-
mentin. — Qiielque chercheur de V In-
termédiaire pourrait-il me renseigner sur
un point ^ je voudrais avoir sous les yeux
un article d'Eugène Fromentin : Visites
artistiques ousimples pèlerinages 1852 1856,
par Eugène Fromentin, pei ntre et littérateur.
11 est fait mention de cette étude dans la
Grande Encyclopédie; l'auteur de l'article et
\ç. Dictionnaire de laConversation parDuchet
donnent cet ouvrage comme un compte-
rendu de missions archéologiques fait
pourleComité des monuments historiques.
Un manuscrit de 1870 de Léopold De-
layaud, ancien bibliothécaire de La Ro-
chelle, porte cet ouvrage comme ayant
été publié dans le journal Le Pays, de
1852 à 18157.
Un renseignement le donne comme
ayant fait l'objet d'une publication spé-
ciale en plaquetto qui aurait été publiée à
La Rochelle,
Le Dictionnaire illustré Larousse et VEn-
cyclopédie Britania portent deux œuvres
séparées : Visites artistiques^ 1852. Sim-
ples pèlerinages, 1856.
je n'ai rien trouvé à ces diverses sour-
ces,ni à l'Instruction publique, ni à la Na-
tionale, ni aux Beaux-Arts, ni aux Archi-
ves nationales.
QLiels seraient donc la nature de l'on
vrage et les moyens de le retrouver ?
Jean de Bougon.
Editions simultanées. — J"ai sous
les yeux deux brochures portant le même
titre : Les grandes manœuvres du i^^corps
en i8Sj, par le comte de Poudras ; toutes
deux publiées à Roanne, par Brun, li-
braire-éditeur ; l'une imprimée par Daran-
tière, imprimeur à Dijon, le 10 novembre
18S3 ; l'autre par Jules Leclère, à Paris,
rue Cassette, le 24 novembre ; soit qua-
torze jours après. Connait-on d'autre
exemple d'un ouvrage imprimé, pour
ainsi dire, simultanément chez deux im-
primeurs ? CÉSAR BlROTTEAU.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
789
epomes
Le secoûd maritige de la du-
chesse de Berry (L. 722). ^ Le pas-
sage' concernant le second mariage de
Mme la duchesse de Berry avec le comte
Lucchesi-Palli, cité dans V Intermédiaire
du 20 novembre, se trouve dans les mé-
moires que le cornte de Reiset, ancien
ministre plénipotentiaire, a publiés ré-
cemment sur sa carrière diplomatique.
11 ne faut pas les confondre avec ceux
du lieutenant général de Reiset, comman-
dant des gardes du corps et gentilhomme
de la chambre des rois Louis XVllI et
Charles X.
Ces mémoires ont été publiés par son
petit-fils, le vicomte de Reiset, qui prépare
en ce moment un volume sur la duchesse
de Berry. L
*
* *
Le chevalier d'honneur « déjà d'un
certain âge » cité par M. de Reiset et
beaucoup d'autres, est le comte Louis-
Charles-Bonaventure-Pierre de Mesnard,
né en Poitou en 1769, dont l'admirable
dévouement pour la princesse ne s'est
jamais démenti. Il était dans la cachette
de Nantes avec elle et plusieurs autres
personnes, de M. Guibourg, auquel, soit
dit en passant, d'aucuns ont attribué la
paternité de la fillette né à Blaye.
l'ai entendu dire, il y a quelques an-
nées, à un membre de la famille de Mes-
nard, mort depuis, que le véritable père
était un superbe garde-du-corps de
Charles X, le marquis de R. propre gen-
dre du comte de Mesnard. et que ce der-
nier — qui avait dépassé la soi.xantaine
— s'était toujours refusé à protester con-
tre les bruits répandus à son sujet, parce
qu'il ne voulait pas courir le risque de
troubler la paix du ménage de sa fille.
H. Baguenier Desormeaux.
Parbleu ! c'est facile à diie que le ma-
riage de Lucchesi-Palli n'eut lieu qu'après
l'accouchement ! J'ai eu connaissance des
pièces relatives à cette union et elles m'ont
pa:u tout à fait régulières. D'ailleurs, ce
que je sais de Lucchesi-Palli me le repré-
sente comme un parfait gentilhomme in-
capable d'une bassesse et si son zèle mo-
narchiste l'eût porté à couvrir la faute de
la princesse — ce qui n'est pas ! — il n'au-
30 Novembre 1904.
790
rait jamais consenti à recevoir le payement
de son acte de dévouement.
Quant au chevalier d'honneur de Ma-
dame, c'était M. le comte de Mesnard. Je
suis surpris que le savant M. P ignore
ce détail pourtant bien connu de notre
histoire contempcaine.
A. S..E.
*
» *
Le comte de M..., chevalier d'honneur
de la duchesse de Derry, était Louis-
Charles-Pierre-Bonaventure, comte de
Mesnard, gentilhomme poitevin, né à
Luçon en 1769, mort à Paris en 1842,
pair de France sous la Restauration, ma-
réchal de camp, commandeur de Saint-
Louis. Condisciple du jeune Bonaparte à
l'Ecole militaire de Paris, puis sous-lieu-
tenant dans Conti-Dragons, il avait bien
servi en émigration et était devenu, dès
1795, aide de camp du jeune duc de
Berry. Lors de l'jssassinat de ce prince,
le 13 février 1820 il se trouvait à ses
côtés. En décembre 1820, il fut attaché à
la personne de la duchesse de Berry
comme premier écuyer. Les Mémoires du
maréchal de Casiellane donnent de piquants
détails sur la liaison du comte de Mesnard
et de la duchesse. Monsieur, comte d'Ar-
tois, s'apercevant du goût de sa belle-fiile
pour son premier écuyer, avait fait venir
celui-ci et demandé à l'honnête Mesnard
sa parole d'honneur qu'il n'abuserait pas
de sa position. Celui-ci assura qu'il « ai-
merait mieux mille fois perdre la vie plu-
tôt que de manquer à sa parole ». Et de
fait, il fit une belle défense ; mais, dès
avril 1823, sa chute était considérée
comme consommée. Il avait pourtant
cinquante quatre ans et n'était '<ni jeune,
ni beau ». En novembre 1828, Castellane
écrit : « Ce chérubin d'un nouveau genre
est malade, ce qui aftlige beaucoup la
princesse » ; et, en mars 182g, au sujet
d'un célèbre bal costumé : « M. de Mes-
nard n'était pas beau en amiral de Coli-
gny. Mme la duchesse de Berry était
effroyable en Marie Stuart ». •
En 1830, le comte de Mesnard accom-
pagna la famille royale en Angleterre. En
1852, il suivit la duchesse de Berry en
Vendée. Arrêté, il passa en jugement et
fut acquitté. Le 14 mai 1833, Castellane
écrit : « Le Moniienr contient l'acte du
« 10 mai 18^3. constatant la naissance de
« la fille de Mme la duchesse de Berry et
N" 1059,
L'INtERMÉdlAlRE
791
792
* du comte Lucchesi-Palli... lorsqu'on a
« annoncé à Mme la duchesse de Berry
« que son fidèle Mesnard la rejoindrait
« avant son embarquement, elle a été
« dans l'enchantement. >> — Mais, le 20
inai, Castellane enregistre : « M. de
« Mesnard est parti pour Bla)'e, où il
« avait demandé à aller après son acquit-
te tement de Montbrison ; depuis qu'il a
« eu la certitude de l'accoucht-ment, il a
« montré moins d'empressement. 11 pa-
« raîtrait donc qu'il n'est pas le père de
« l'enfant. 11 a dit : «J'étais le chevalier
« d'honneur de Mme la duchesse de Berry,
« mais je ne suis rien à la comtesse Luc-
« chesi-Palli y.
Peut-être ce vieux guerrier trouvait-il
que, du moment où elle prenait un second
époux, la princesse, par égard pour leur
longue liaison, aur .it dû lui donner la
préférence. S. Churchill.
* *
Contes ou calomnies : les fiançailles
du comte Lucchesi-Palli avec une demoi-
selle Mathilde de Walburg-Truchsess —
le paiement entre les mains de celui-ci
d'une somme de 2 millions pour couvrir
de son nom la prétendue faute de la prin-
cesse — l'étrangeté de la rencontre du
comte et de la duchesse à bord du bâti-
ment qui ramenait celle-ci en Sicile — la
paternité du comte de Mesnard ou celle
de M. Guibourg ou encore celle du comte
de Rosambo — l'intervention de Mme du
Cayla et d'un abbé Mary — tout cela,
sans conteste ni discussion possible, con-
tes ou calomnies.
Il n'y a plus de question ni sur la réa-
lité du mariage de la duchesse de Berry
avec le comte Lucchesi-Palli qui n'a certes
pas été inventé après coup — ni sur la
légitimité de l'enfant — une fille, Anna,
née à Blaye dans la nuit du 10 mai 1835.
La preuve irréfragable en est : î" Aux
archives nationales de France, rue des
Francs-Bourgeois, où se trouve le dossier
des papiers saisis à Nantes en 1833 —
dossier dont nous avons pris connais-
sance, le premier, en 1900, et dont nous
avons, de nos mains, brisé les scellés —
dossier que, dans notre livre sur la Du-
chesse de Berry, nous avons qualifié dans
les notes, D.S. — c'est-à-dire dossier se-
cret. Dans ledit dossier, nous avons
trouvé une grande feuille de papier-éco-
lier sur laquelle, de la main même de la
Duchesse, sont mentionnées en mémento,
à leur date, les lettres reçues ou adressées
par elle. Or, du mois de juillet 1832, la
Duchesse écrit le nom de Lucchesi, c'est-
à-dire onze mois avant la naissatice de
l'enfant. Lucchesi n'a donc pas été in-
venté après.
2° Dans les Archives du Vatican, à
Rome, où nous avons trouvé l'acte du
mariage du comte Lucchesi et de la Du-
chesse de Berry, dix-sept mois avant la
naissance de l'enfant — acte dont nous
avons une expédition authentique, que
nous tenons à la disposition de tous, et
dont voici d'ailleurs intégralement le li-
bellé :
Fidem facio siibscriptus, almœ iirbis iri-
bunalis vicarialus secretariiis, in libro primo
matrimoniorum, qui in hac secretarid asscr-
vatur, pagina ijy, scqucntein repèriri par-
ticulam ; videlicet :
14 décembre 1831. Je soussigné, certifie
que son altesse royale Marie-Carolinè-Ferdi-
nande-Louise, madame. Duchesse veuve de
Berry et monsieur Hector-Charles comte Luc-
chesi-Palli de Campo-franco, s'étant adressés
à moi confesseur, afin dé s'unir secrètement
par les liens du mariage, des raisons de la
plus haute importance les empêchent dé le
faire publiquement, muni de toutes les fa-
cultés spéciales nécessaires pour procéder h
cette union dans le plus grand secret, je les
ai conjoints en mariage légitime, sans pré-
sence de témoins, comme j'en avais le pou-
voir.— En foi de quoi, trois copies du présent
acte ont éié écrites de ma main, dont deux
pour les parties contractantes, la troisième
devant rester déposée dans les archives se-
crètes du vicariat de Rome en témoignage de
la vérité. — A Rome, 14 Décembre 1831.
Jean-Louis Rozaven — Soussignés certifions
la vérité de l'acte ci-dessus. Rome, ce qua-
torze décembre mil huit cent trente et un —
Marie-Caroline, Hector-Charles Lucchesi-Palli.
Datiim Roinx secretaria vicariatiis, hac
die iertia mensis Januarii, anno iSçç.
Petrus Checchi Secretarius.
H. Thirria.
Un petit neveu de la Pucelie
(T. G., 737 ; XLIII à XLVlll). - 11 existe,
paraît-il, une petite brochure relative à la
généalogie de la famille Labourasse, dans
laquelle il est dit que : Jacquemin d'Arc
avait épousé Catherine Corviset de Vau-
ville, et que celle-ci, âgée de 43 ans à la
mort de son époux, aurait épousé, en se-
condes noces. Jacques le Melcion de
Ruppes.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
/y?
30 Novembre 1904.
7^4
Il s'agit de savoir si l'on pourrait se
procurer cette brochure, quel en est l'édi-
teur et où, du moins, l'on pourrait la con-
sulter. Il serait intéressant de savoir si
ce renseignement relatif au mariage de
Catherine Corviset a été signalé dans
d'autres ouvrages.
La duchesse Hanri de Rohaa (L,
723). — D'après la France protc^t.Tiite,
Marguerite de Béthune (vol. 2, page 2 53)
était l'une des neuf enfants que le minis-
tre Sully eut de sa seconde femme,
Rachel de Cochefilet.— A peine sortie de
l'enfance (vol. 8, page475) elle épousa,
le 7 février 1605, Henri de Rohan, duc et
pair depuis avril 1603. Neuf enfants na-
quirent de ce mariage, (page 5ob\ mais il
ne survécut qu'une fille, nommée aussi
Marguerite, qui, le <o juin 1645, épousa
François Chabot, contre là volonté de sa
mère. Cette dernière mourut le 21 octo-
bre 1660, et sa dépouille mortelle, trans-
portée à Genève, fut déposée auprès de
celle de son époux, le 3 janvier 1661.
Elle avait vainem.ent cherché à faire
reconnaître comme son fils légitime Tan-
crède de Rohan, né à Pans le 18 décem-
bre 1630, pendant une absence de son
mari. Sa fille Marguerite prétendit que
Tancrède était un enfant supposé, et elle
eut gain de cause.
Tancrède fut tué dans une escarmou-
che près de Vincennes, pendant la Fronde,
le 29 janvier 1649. V. A. T.
Lapetite-Slle du chevalier d'As-
sas ((T, G., 64). — Est-il permis de
compléter et rectifier une réponse à près
de vingt ans d'intervalle ^
Au mois de décembre 1886, un de nos
collaborateurs demandait si la pension
accordée à mademoiselle d'Assas, petite-
fille du chevalier, était toujours payée
à ses descendants ?
Dès le mois de janvier 1S87, il fut ré-
pondu que le chevalier, mort célibataire,
n'avait jamais eu de petite-fille, et que la
pension perpétuelle et héréditaire de mille
livres accordée, au mois d'octobre 1777,
au frère et aux neveux du chevalier
d'Assas, avait toujours été payée à eux
ou à leurs descendants, sauf une très
courte interruption pendant la période
révolutionnaire aisruë.
L'auteur de la réponse ajoutait qile le
titulaire actuel (en 1887) était M. Marie -
Philippe-Fulcrand, marquis d'Assas, né
en 1819.
Un assez curieux document, en ma
possession depuis quelques jours, me per-
met de rectifier un passage de cette ré-
ponse :
C'est l'original de la supplique adressée
à Louis XVIU.le 27 septembre 18 14, par le
vicomte et le marquis d'Assas, pour obte-
nir le rétablissement intégral de la pen-
sion de mille livres. Ils exposent, en effet,
que malgré le décret de l'Assemblée na-
tionale du 22 août 1790, portant (art. 20
— 3) que les pensions accordées sur le
trésor royal aux familles d'Assas, de
Chambord et au général Luckner, ne
subiraient pas de réduction, celle qui leur
revenait à titre d'uniques descendants col-
latéraux du chevalier, avait été suppri-
mée pendant la Révolution pour cause
d'émigration; que depuis quelques années
seulement elle avait été rétablie, mais
réduite à un tiers.
La supplique du vicomte et du marquis
d'Assas ne fut favorablement accueillie
que pour partie, car en marge et proba-
blement de la main du ministre des finan-
ces, je lis: Rétablissement des 2/^.
Le titulaire de la pension en 1887 étant
né en 18 19, on peut se demander s'il n'y
a pas un nouveau titulaire, s'il touche la
pension intégrale, ou si elle est toujours
réduite aux deux tiers ? Arm. D
Duc d'Aiguillon. Son rôle en
1789 (L, 331, 455, 624). — Dans un
article sur les journées d'octobre 1789, de
\a.Oii!n:(aine le baron de Maricourt a parlé,
dans le numéro du 12 octobre 1904, du
rôle ». du duc d'Aiguillon « déguisé en
poissarde. R. E.
Le conventionnel Joseph Chê-
mer accusé de fratricide (L, 387,
511). — )e crois savoir ce qui a pu
donner naissance à cette accusation.
N'ayant pas mes livres ici, je ne puis véri-
fier , mais je crois bien me souvenir que
la scène en question est racontée par
Alfred de Vigity, dans S/e/Zo, le docteur
Noir. D'après lui, autant qu'il m'en sou-
vienne, Marie -Joseph Chénier, à la de-
mande instante et tenace de son père et
malgré ses propres résistances deééspé-
N-
1059.
L'INTERMEDIAIRE
797
796
rées, serait allé trouver Robespierre pour
solliciter l'élargissement de son frère. Ro-
bespierre, tout en paraissant prendre des
notes, répondit énigmatiquement qu'il y
serait pourvu. Ce qu'il écrivait en présence
de Marie-Joseph, était précisément l'ordre
de mise en jugement d'André, rédigé en
termes tels que la condamnation devait
être fatale. En effet, le lendemain, la tète
d'André Chénier tombait, précédant de
24 heures l'exécution de Robespierre lui-
même. C'est là, sans doute, la légende
qui a donné lieu à l'accusation de fratri-
cide ; mais sur quoi est fondée cette lé-
gende ? Lotus Sahib.
Louis XVII. ^a mort au Temple
(T. G., 534; XLIX, 911 ; L, 625, 741).
— Le crime rappelé par M. Tastevin pa-
rait être l'assassinat de Genès Ojardias,
qui aurait, suivant une version dévelop-
pée par M. G. Lenôtre, dans les Lectures
pour tous d'Octobre 1904, enlevé le
dauphin du Temple, avec la connivence
de la femme de Simon, son gardien ;
«Ojardias, dit M. Lenôtre, fut découvert
« par quatre individus affiliés à une bande
« royaliste de l'Auvergne et nommés
«Gavais dit Racle, Colin, Baric et Dubois :
« Ce sont ces hommes, dit un rapport
« conservé aux Archives, qui ont assassiné
« Ojardias de Thiers, qu'ils prétendaient
« être un agent de la police générale ; ils
« l'ont tué sur la chaussée d'un étang où
« ils l'ont jeté. A quelle date placer cette
« vengeance de royaliste .^ On ne sait ».
La date de l'assassinat, 9
s'accorderait bien avec le
nôtre, dont l'article est
intéressant.
tloréal an IV,
récit de M . Le-
fort curieux et
V. A. T.
*
* ♦
L'assassinat de sept personnes à Vitry
est un drame effroyable qui se passa au
château de Vitry-sur-Seine, près Paris,
sous le Directoire. Je raconte de mémoire,
n'ayant pas les Souvenirs de la duchesse d' A-
hrantès sous la main.
Le château avait été récemment acquis
et était habité par une famille bourgeoise
dont le nom m'échappe. Un jour de la
fin de mai 1796 on remarqua dans le
bourg de Vitry un nombre inusité de
soldats de la Légion de police buvant dans
les cabarets (ce corps jouissait d'ailleurs
d'une mauvaise réputation et fut licencié
peu après). Dans la nuit qui suivit, tous
les habitants du château, maîtres et do-
mestiques, hommes, femmes et enfants,
furent égorgés par des assassins qui res-
tèrent inconnus. Qiielques années après,
le préfet de police Dubois, homme d'une
grande intégrité, étant devenu proprié-
taire du château de Vitry, pressa le Pre-
mier Consul de lui permettre de faire
rouvrir l'enquête sur ce drame. Bona-
parte ne voulut pas y consentir, pour
une raison que j'oublie. La belle propriété
de Vitry appartient actuellement à un
membre de la famille de Fadate de Saint-
Georges. La comtesse de F. de Saint-G.,
morte il y a quelques années, était petite-
fille ou arrière-petite fille du préfet Du-
bois, dont on voit un beau portrait dans
le salon principal.
S. Churchill.
M. Otto
surchargé de besogne
Friedrichs, en ce moment
nous avise qu'il a
trouvé tous les renseignements que de-
mande M. Tastevin et qu'il les'.'communi-
quera sous peu à V Intermédiaire.
La sentinelle qui empêcha de
passer le Petit Caporal (L 105, 608,
739. — M. Joanneton, ingénieur à Sainte-
Savine, possède un billard Empire, dont
la riche marqueterie reproduit six fois, et
dans des attitudes diverses, la légende de
Coluche.
C'est un meuble unique auquel tient
son propriétaire, ce qui se conçoit aisé-
ment. Red.
*
» »
Le journal V Illustration, dans son n^'du
24 octobre 1846, a publié un portrait de
Jean Coluche en uniforme de lieutenant
de la garde nationale, d'après un croquis
de madame Viardot-Garcia. — Ce por-
trait est accompagné d'un article relatant
la vie et les états de service de Coluche,
et racontant l'anecdote qui l'a rendu cé-
lèbre. H. D.
Le plus ressemblant des portraits
de Napoléon (L, 555, 700). — M. Mas-
son a publié un article dans la Revue des
Beaux- A rts du i" février 1S94, qui semble
définitivement résoudre la question : Le
portrait le plus ressemblant de Napoléon
serait celui que Girodet fit au théâtre de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
797
Saint-Cloudjle 13 avril 1812, pendant que
l'Empereur assistait (?) endormi à une
représentation de Y /binant Boiiru.
M. R.
Pichegru (T. G., 702). — On a de-
manda, dans Y Intermédiaire^ où sont les pa-
piers de Pichegru, je n'espérais point
l'apprendre en me rendant chez M. Henri
Pichegru, emp!o3'^é, qui demeure à Paris, rue
Germain-Pilon et qui est un descendant
du général. Mais j'ai appris de lui quel-
ques détails intéressants concernant la
translation des restes de Pichegru du ci-
metière de Clamart au cimetière d'Arbois.
C'est un oncle de M. Henri Pichegru
qui s'est acquitté de ce soin ; ce ne fut pas
sans nécessiter de délicates démarches.
D'abord, il était indispensable de bien
s'assurer que les débris de tombeau, qu'on
voyait encore dans le cimetière désaffecté,
étaient ceux du vainqueur de la Hollande ;
il convenait aussi d'avoir l'agrément des
autorités, qui toutes impériales quelles
fussent, montrèrent à l'endroit de l'adver-
saire de Napoléon, du conspirateur qui
en avait voulu à sa vie et à son trône, un
large esprit de tolérance.
S'il y eut quelques tiraillements, ce fut
chez les compatriotesde Pichegru, certains
ne lui pardonnant point les visées ambi-
tieuses qui l'avaient acculé à une véritable
trahison.
M. Henri Pichegru a conservé une cor-
respondance intéressante que j'ai parcou-
rue, échangée entreson parent, lePichegru
d'Arbois, cousin germain du général, et un
représentant qu'il avait à Paris.
Celui-ci lui écrit en février 1862 :
Comme je vous Tannonçais, je suis allé
au cimetière de Clamart pour prendre con-
naissance de la véritable place de l'illustre
général ; je dois vous l'avouer, mon éton-
nement en voyant cette tombe si abandon-
née, ne laissant aucun indice, rn'a laissé un
doute, que j'ai dû éclaircir avec le conser-
vateur des registres. Il m'a convaincu de
la vérité de la tombe, et sur le renseigne-
ment que je lui ai demandé, s'il se croyait
assez en règle pour me permettre de faire
relever toutes les pierres entassées'les unes
sur les autres.
Il était nécessaire d'obtenir une autori-
sation : elle fut demandée par une lettre,
à ce titre, curieuse :
Monsieur le directeur,
Ayant appris que le cimetière de Clamart
30 Novembre 1904.
— — 798
situé rue du Fcr-à-Moulin, qui appartient à
votre administration, doit être réuni pro-
chainement à la voie publique, j"ai Thor:-
neur de vous prier, au nom et comme
membre de la famille Pichegru, de vou-
loir bien m'autoriser à exhumer les restes
mortels de ce dernier pour les faire trans-
porter à Arbois (Jura), son pays natal.
Veuillez. , .
Pichegru.
On prend ainsi toutes les dispositions.
« La bièreouplutôtla petite boite. peut être
faite par le premier menuisier venu ; le
transport peut s'effectuer de la manière
qu'on voudra, pourvu qu'il soit décent».
L'exhumation se fait en présence du cou-
sin germain, Charles Pichegru. On retire
du sol une bière dans laquelle est couché
nu, et roulé dans une toile grossière, le
général. Détail particulier: sescheveux sont
encore nattés à la mode des armées de la
République et gardent trace de la poudre
qui les blanchissait. On autorise M. Charles
Pigregru à les couper, ainsi qu'un mor-
ceau de la serpillière qui sert de linceul.
J'ai vu ces dépouilles entre les mains du
jeune emplo^'é de banque, qui les garde
respectueusement et qui a bien voulu les
tirer de leur enveloppe et les mettre sous
rues yeux.
Qiielques lignes d'écriture attestent leur
authenticité :
Cette chevelure qui ne pourrait être con-
testée, est la preuve la plus évidente de
l'identité du général.
11 a été fait, par les feuilles locales un ré-
cit delatranslation des restes à Arbois. Une
certaine lettre de la correspondance que
l'on me permit de consulter, faisait allu-
sion àla résistance d'unofiiciermunicipal ;
l'auteur de la lettre s'indignait et parlait de
montrer comment un ancien soldat prouve
qu'il est entendu en les choses d'honneur.
Il faut croire que du côté d'Arbois les
exécuteurs de cette pieuse pensée eurent à
vaincre certaines hostilités. Pichegru mort,
rentra dans son pays à la dérobée. On me
communique la lettre suivante, signée de
M. Monnier, receveur des contributions,
en retraite aux Tilleroys (Doubs), qui
donne, sur cette translation, des détails
extrêmement curieux :
La translation des restes du général Pi-
chegru a eu lieu à Arbois et cela au prin-
temps ou été de l'année 1S63, exactement,
je puis l'affirmer car j'en ai été le témoin
oculaire et voici comment. J'étais profes-
N° 1059
L'INTERMEDIAIRE
799
seur à cette époque au village d'Aibois, et
aussitôt que la belle saison arrivait, j'allais,
après mon repas, avec un ami, faire souvent
une promenade sur la route de Bligny pour
faire parler un écho merveilleux qui se
produisait à un tournant de la route.
Un soir donc, ou plutôt une nuit (car
nous nous étions attardés ce jour-là) nous
revenions entre 11 h. et minuit et pour
abréger le trajet, au lieu de suivre la route,
nous prîmes le chemin qui longe le cime-
tière.
Arrivés à une centaine de pas de Tangle
de ce cimetière, nous vîmes (la nuit était
claire) des silhouettes d"liommes sur le
mur.
Etonnés, nous ralentîmes le pas et mar-
châmes sans bruit. Alors nous vîmes passer
une forme vague par dessus le mur que
des individus au bas hissaient à ceux qui
se trouvaient au haut. Cela se fit très rapi-
dement, car lorsque nous arrivâmes à cet
endroit, tout avait disparu. Nous nous re-
gardions et croyions à une apparition fan-
tastique.
Plusieurs jours après,je me trouvais dans
l'atelier de M. Roy, marbrier-sculpteur dont
l'industrie avait pour objet spécial les mo-
numents funèbres, et je lui confiai ce que
j'avaisvu la nuit dont il s'agit. « C'est cela !
me répondit-il, c'est bien cela ! » Je ne
comprenais pas et lui demandai ce que
c'était ce cela 1 — M.Roy alors, — homme
vif et décidé, - me dit : « Àvez-vous le
temps ? — Oui ! — Eh ! bien I allons au
cimetière et vous comprendrez ». Là, il me
fit voir, presque cachée sous de l'herbe
rapportée, une petite croix de bois blanc
sortant à peine du sol où étaient écrits ces
simples mots : « Général Pichegru », —
« Voilà ce que vous avez vu passer, mais
gardez cela pour vous, me dit M. Roy, car
c'est en contrebande oue le o-énéral a été
introduit ici ».
Voilà ce que je tenais à révéler, et ce
n'est pas en 1862, mais bien en 1863 que
le fait a eu lieu, car en 1862 je ne connais-
sais pas encore M. Roy.
etc.,
Ernest Monnier.
800
Veuillez aorreer.
Droit de navâge(L,268, 098,746). —
Iln'est pas étonnant qu'on n'ait rien trouvé
sur ce mot dans Trévoux ou ailleurs, par
la bonne raison que c'est une mauvaise
lecture. Ce n'est ni navage, ni lavage ni
même levage. Le nom de ce droit, très
connu, est havage que Littré et Besche-
relle écrivent à tort, je crois, Avage :
« Sorte de dime que l'exécuteur des hau-
tes œuvres prélevait les jours de marché
sur certaines marchandises ou dont il re-
cevait l'équivalent en argent. »
Le mot a cependant deux acceptions.
Son sens bas-latin signifie : poignée. Pro-
prement et généralement, c'était un droit
qui se prélevait dans les marchés, sur les
marchandises dont on pouvait prendre
une poignée.
Dans le Cartulaùe Normand de M.L.De-
lisle, on trouve, vers l'an 1204, le droit de
havage, à Vernon, évalué 30 1. (n° 976).
En l'année 1281. ce droit à Pont-Saint-
Pierreet Bacqueville vaut 16 L. : Havagium
scxdecim libras. Dans un aveu au roi de
l'Hôtel-Dieu de Vernon, avec apparte-
nances et dépendances dicelluy qui vault
communs ans IIII^^ livres parisis ou envi-
ron.
Pourtant, le droit de havage est bien
sussi connu sous le nom de Droit du
Bourreau. La lettre de Sanson semblerait
établir que le bourreau de Paris l'exerçait
tous les jours puisqu'il lui rapportait
60 000 1. J'ai tout lieu de penser au con-
traire, sans rien affirmer, qu'il ne devait
être perçu que les jours d'exécution, puis-
qu'il l'était nécessairement en tout autre
temps.
j'ai signalé un procès entre l'exécuteur
des hautes-œuvres du bailliage de Mantes
et Meulan, et les administrateurs de l'hô-
pital de Mantes, en 1769. {Chronique de
Mantes p. 530), l'en donne ici une ana-
lyse :
Entre Michel Durand, exe'cuteur des senten-
ces Criminelles... appelant de l'ordonnance
rendu par le Lieutenant général le 24 mai
1765, en ce que par icelle il lui a été fait dé-
fenses de percevoir les Jours d'exécution, le
droit de hiavage simple dans le marché de
I^Ieulan et le droit de Havage double dans le
Marché de Mantes... émandant, il fut main-
tenu et gardé dans le droit de percevoir les
jours d'exécution seulement les droits de
Havage simple et double, conformément aux
Arrêts du Conseil, Lettres-Patentes et Arrêts
d'enregistrement du 24 mars 1743. etc.
Suivant la sentence de 1769, l'hôpital
continua à percevoir le droit de havage,
tous les jours de marchés, même les
jours d'exécution. Michel Durand eut seu-
lement la faculté de percevoir un second
droit simple, par doublement du premier,
avec défense de percevoir aucun droit
double. E. Grave.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
80 !
802
Le droit du seigneur (T. G., 290 ;
L, 206, 295, 396, 755). — Ce droit,
mis en doute, a dû exister. II n'y a pas
de fumée sans feu.
S'il est difficile d'en trouver des preu-
ves écrites, si les textes les plus connus
sont muets à son égard, c'est qu'on n'a
pas osé le codifier formellement. Ce n'é-
tait que le droit du plus fort, le bon plai-
sir du maître sur ses serfs. A l'article
« Marcheta », du Glossaire de Ducange,
on en trouve quelques traces probantes.
Outre le témoignage de Bohier, déjà cité
ici, on y lit :
Item, anno 1^07, a le dit seigneur (le
comte d'Eu) au dit lieu St-Martin, droit de
cullage quand on se marie.
Au surplus^ on annonçait qu'un tel
droit, pour bien des raisons, ne se préle-
vait pas toujours en nature. Il se transfor-
mait alors en exaction pécuniaire. Les
intéressés se rachetaient du genre d'igno-
minie auxquelles ils étaient assujettis par
suite d'une coutume barbare. Une va-
riété mitigée du jus primœ nociis^ le droit
de jambage, qui autorisait le seigneur à
introduire sa jambe nue dans la couche
de la mariée, en était pour ainsi dire la
constatation ou confirmation symboli-
que.
Le curieux passage récemment cité
ici (L, 135), relatif à une cession faite à
l'abbaye de Voisins, montre que ce droit
pouvait même se changer en une fourni-
ture de jambons, redevance plus conve-
nable à une maison de religieuses.
LÉON Sylvestre,
Les miracles de Marc d'Aviano
(L, 615, 756). — Charles Christofori
(c'était son véritable nom) était né dans
le Frioul. le 17 novembre 1631. En sou-
venir de son père, il prit le nom de Frère
Marc, le jour où il revêtit la bure fran-
ciscaine, c'est-à-dire le 21 novembre 1648.
Ses pieux biographes nous le montrent
ensuite semant sur ses pas les bienfaits et
les prodiges, avec l'éclat d'une parole
chaude et entraînante. II est, tour à tour,
à Inspruck, prés de Charles y de Lor-
raine, à Munich, près de la Cour ducale,
en France, dans les provinces belgiques,
à Vienne surtout — où il mourut le 16
août 1699.
Son compagnon de voyage, le P. Côme
de Castelfranco, a laissé de lui une bio«
graphie manuscrite, hlle est conservée,
avec d'autres documents originaux, aux
archives provinciales des capucins de
Venise. C'est à cette source, non men-
tionnée jusqu'ici Yi^r Y Intermédiaire., qu'ont
puisé tous les écrivains postérieurs.
Le P. Ubald d'Alençon, qui nous la
signalait, en août 1903, au Congrès tenu
à Dînant par la Fédération archéologique
et historique de Belgique, a signalé aussi
toutes les autres, imprimées et manuscrites,
en sa curieuse communication le P. Marc
d'Aviano dans les Flcjndres en 16S1 insérée
aux Annales de cette Fédération, tome
XVII, pages 649 à 654.
On trouvera là une lettre infiniment
intéressante, découverte par l'auteur à la
Bibliothèque municipale de Tours (ms.
1490, n" II). Datée de Bruxelles le 26
juin 1681, elle est adressée, par André
Chevrier, à don Pierre Savaumare, pro-
cureur de Saint-Nicaise. Le célèbre capu-
cin était arrivé dans les provinces bel-
giques, en traversant la France. Là, des
foules entières s'étaient levées sur sori
passage. Le roi Louis XIV craignait-il,
à ce propos, une émotion trop vive dans
sa bonne ville de Paris ? S'imagina-t-il,
comme il semble par certaines dépêches,
que le P. Marc d'Aviano arrivait en espion
de l'Empereur .? Toujours est-il que la
Dauphine, alors malade à Versailles et
qui comptait recevoir la visite du thau-
maturge, fut déçue : par ordre du Roi,
celui-ci ne put s'arrêter à Paris. Depuis
Villeneuve-Saint-Georges, dans l'arron-
dissement de Corbeil, on le conduisit jus-
qu'à Valenciennes, « sans luy permettre,
dit la lettre publiée par le P. Ubald d'A-
lençon, de parler à qui que ce soit, non
pas même de loger dans les couvens de
son ordre. »
A. BoGHAERT -Vaché.
M Paul Pinson trouvera une partie des
renseignements qu'il cherche, dans une
étude intitulée : Le P. Marc d'Aviano.
La délivrance de Vienne en iù8:j. Voyagi
de Marc d'Aviano dans les Pays-Bas en
16S1 . par Ernest Rembry, chanoine hono-
raire de la cathédrale de Bruges. Bruxel-
les, Alfred Vromant, imprimeur-éditeur,
3, rue de la Chapelle, 1884, 143 pa-
ges in -8°. Extrait de la revue Précis histo-
riques., 1884, sauf l'Appendice, compre»
N« 1059.
L'INTERMÉDIAIRE
803
804
nant les pages 111-141, et la Tahle des
matières^ p. 143.
Dans les mêmes Précis historiques, t.
XXXVl, 1887, 11° II, novembre, pp. 526-
527, se trouve une note bibliographique
sur les lettres du P. d'Aviano, publiées
par Onno Klopp, en 1886, 1 vol. in-8'\
E. O.
*
* *
Rectifier ainsi un lies passages de la
question (col. 757 : Notifie Storiche ron-
cernenti V illnstie servo di Dio F. Marco
d' Aviano^coDipilate dal P. Fedele da Zara.
Venise.
Le ménage de Socrate(T. G., 844).
— La femme de Socrate, Xantippe, a
laissé dans Thistoire la réputation d'une
mégère accomplie ; l'indulgente postérité
semble même croire que le pauvre mari
se réfugia dans la philosophie pour fuir
les criailleries domestiques. Cependant,
VEdinhurgh Revieu\ en janvier 1803, pré-
tendait que, d'après la chronique médi-
sante, Socrate aurait prêté sa femme Xan-
tippe à son élève, le bel Alcibiade ; « et
que, nonobstant l'humeur acariâtre qui,
dit-on, caractérisait la dame, elle aurait,
cette fois du moins, obéi volontiers à son
époux » (p. 488). Cela déjà suppose que
Xantippe était jeune et jolie ; cela permet,
en outre, d'imaginer que sa méchante hu-
meur s'expliquait par des griefs intimes
contre son mari ; et qu'elle devait être
assez justifiée à lui reprocher de courir les
rues, avec les gamins d'Athènes à ses
trousses, au lieu de s'occuper d'elle. Pro-
bablement elle jouait comme d'autres
l'ont joué plus tard, et si souventes fois,
le rôle à' Âmnnreiise, deux mille ans avant
la comédie de M. Porto Riche.
En tout cas, lorsque Bernardin de Saint-
Pierre, âgée de 56 ans, voulut épouser
Mlle Félicité Didot. âgée de 20 ans, il lui
cite les exemples, encourageants pour les
barbons, de Socrate et de Sénèque :
Socrate^ plus vieux que moi, épousa une
jeune femme qui lui donna des enfants, qui
étaient en bas âge lorsqu'il mourut à 70 ans.
11 eut même deux femmes à la fois, suivant
la loi de son pays ; mais il paraît qu'il n'eut
pas lieu d'en être content.
{Revue des Deux-Mondes, 15 mai 1904,
p. 365).
Serait-il possible d'obtenir quelques dé-
tails précis sur le ménage socratique et
sur la personne de Madame ou Mesda-
mes Socrate, — puisque, suivant la ju-
dicieuse remarque de Sainte-Beuve, il est
essentiel pour apprécier un intellectuel de
savoir comment il se comportait à l'égard
des femmes et de l'argent .?
D'où vient l'histoire de ce ménage grec
à trois, bruit ou cancan qui était ainsi
répandu en France et en Angleterre, voilà
un peu plus d'un siècle ^ Est-ce d'un écri-
vain grec } ou est-il sorti de l'imagmation
facétieuse d'un écrivain moderne .? 11 est
à noter, en effet, que Bayle, d'une érudi-
tion si universelle, ne connaissait pas
l'histoire ; car, parlant de Socin et du
socinianisme, il dit que le premier Socin
C1401- i4(")7) ayant pris femme, cessa d'en-
seigner la philosophie. « Alais Socrate,
« lui disait-on, était marié et continuait de
« philosopher. ~ Oui-da ! mais Xantippe
<.< devait être laide et acariâtre, tandis que
« mon épouse est jolie et complaisante. >>
On peut conclure de cette citation qu'au
temps de Bayle, c'est-à-dire au xyii^' siè-
cle, l'histoire de Xantippe prêtée au bel
Alcibiade n'était point courante.
Avant d'envoyer cette question, nous
avons cherché dans la Table générale de
ce recueil. Elle a été posée 111,641 ; et
on a référé (V, 34) à un article de Zeller,
sans doute le philosophe allemand, dans
la Revue modeiue du i'^'' septembre 1867 ;
mais n'ayant pas accès à cetie revue, je
ne sais si cet article donne une réponse
précise. Une autre mention de la T. G.
semblait, d'api es son titre {Socrate coiffé
par Xantippe, X'V,6-j^, 724) mettre sur
la voie ; mais dans celte note le mot coiffé
n'est pas pris en métaphore et synonyme
de c... ; il se réfère à un mauvais tour
joué par Xantippe à son époux et sem-
blable à cehii qu'un journaliste a subi sur
les boulevards de Paris, il .y a dix ou
quinze ans.
La question mériterait d'être tirée au
clair ici-même, autrement que par une
référence à une revue quelconque ; elle se
rattache, en effet, à une question plus
large de psychologie conjugale, celle de
la façon dont les intellectuels, une fois
mariés, se comportent avec leurs femmes.
Dans plus d'un ménage de ce genre, la
femme (à ce qu'on a raconté) aurait eu le
droit de demander à son mari de se faire
suppléer dans l'intimité. On raconte no-
tamment des histoires étonnantes de cer-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1904,
805
806
tains intellectuels anglais, morts de notre
temps (et surtout Ruskin), qui s'étaient
mariés s'ignorant eux-mêmes, et qui ne
purent donner l'agrcment d'usage à leurs
femmes. Renan, dans ses Dialogues philo-
sophiques^ rappelle (je ne sais plus à quel
propos) l'aventure d'un philosophe védique
ou TÔ (Tûép/MK £('; T'/jv zEjjK/vjv à.'jiZq Je nc tra-
duis pas ce grec ; je l'explique seule-
ment comme transformation ou métas-
tase de la virilité en pure force céré-
brale. Z,âf5<:m ]e donne e siuâia la matetiiaiica,
dit une Vénitienne à Jean-Jacques Rous-
seau. Bien d'autres femmes, désappointées
et humiliées, ont dû en dire autant à
d'autres intellectuels, mais ceux-ci ne s'en
sont point vantés devant le pu'olic.
Arcades Ambo.
La fleur de lis dans les srmes des
Peretti délia RoccavL, 168. 366, 689).
— je serais bien étonné que M. Th. Cour-
taux, dont on connaît la compétence
comme l'obligeance en matière héraldique,
ait fait erreur en disant que Mgr Peretti
délia Rocca, évêque auxiliaire d'Ajaccio,
mort en 1892. portait : d'a:(ui',à la fleur de
lis d'or^ soutenui! par deux lions du même.
Cependant de Corse j'ai reçu sur lui les
renseignements suivants : d'abord il ne
s'appellerait que^/e^Pt'rc'///, pas délia Rocca :
puis ses armes seraient (on m'en a com-
muniqué un dessin) : paiii de gueules, à la
colonne d'argenl,et de gueuler, à la toni d'ar-
gent ^terrassée de iinople^et suriuontèe d'une
balance de... au chef cousu d'a:^ui\chargé de
2 lions a-frontts d'argent, tenant un casque
de vicme, souunê ^'7;;/^ fleur de \\%d'or{l),
L'écusson est posé sur une aigle à 2 têtes.
Devise : flirtas et Mono?-.
Je désirerais bien être fixé à mon tour
d'une façon certaine sur les armoiries de
Mgr de Peretti. de Saint-Saud.
*
* *
Je crois devoir compléter ic i les ren-
seignements donnés par M. de Lapouzat
sur la famille Peretti délia Rocca, et le
prier, en revanche, de préciser certains
points obscurs des sources qu'il cite.
Par arrêt du Conseil supéiieur- de l'île
de Corse, en date du 28 avril 177:?, les
Peretti délia Rocca, au nombre de cinquante
et un., furent reconnus nobles de noblase
prouvée au delà de deux cents ans. Tous
prouvaient leur filiation sur pièces depuis
Napoléon de Levie (ou mieux Napoleone
délie 'Vie) capitaine au service de Henri II'
Les arrière-petits-fils des Peretti reconnus
en 1772 se comptent aujourd'hui par cen-
taines : leur origine et leur noblesse, offi-
ciellement consacrée à l'annexion fran-
çaise, ne sont pas discutables.
Napoléon de Levie était, d'après la tra-
dition, fils d'Angelo-Santo et petit-fils de
Peretto délia Rocca. Filippini, contempo-
rain de Napoléon, cite ces trois personna-
ges, mais ne parle pas de leurs liens de
parenté. M, de L. pourrait-il me commu-
niquer les pièces ou les textes qui ont for-
mée sa conviction ? ce point établi, on pour-
rait, et ce ne serait pas sans intérêt pour
l'histoire de la Corse féodale, à l'aide de
nombreux titres que je possède sur la
maison délia Rocca, faire remonter jus-
qu'au douzième siècle l'arbregénéalogique
de la famille Peretti.
Je dis au douzième siècle, parce que les
biographies de Ugo Colonna et de ses des-
cendants supposés pendant deux siècles,
n'appartiennent pas à l'histoire. On cher-
cherait envain,dans les éditions diverses des
œuvres d'Alcuin, un passage relatif à ce hé-
ros. Le texte que l'on a maintes fois im-
primé en en attribuant la paternité au
maître de Charlemagne. est l'œuvre d'un
prêtre corse du xvii® siècle, Angelo-Fran-
cesco Colonna, qui ne démontra guère, en
le publiant, que sa propre ignorance de
la grammaire latine et de l'histoire.
De 1250 à 15 12, la famille délia Rocca
exerça en Corse une indiscutable supré-
matie, mais cette suprématie, il faut le no-
ter, ne provenait pas d'un droit héréditaire
dont le principe était reconnu. Le titre de
comte de Corse était électif. En 15 12, tout
privilège féodal disparut dans la seigneu-
rie délia Rocca, malgré les protestations
et les revendications des héritiers délia
Rocca. 11 ne semble pas que les descendants
de Peretto aient fait valoir leurs droits, mais
l'auraient-ils fait, la qualification de sei-
gneur de Levie au xvi* siècle, constitue
un anachronisme.
Anachronisme également la colonne dans
les armoiries de Napoléon de Levie en
I 558. La colonne ne fut introduite comme
meuble héraldique chez les descendants
des seigneurs de Cinarca qu'après la publi-
cation du livre de Filippini en i ^596. Encore
son emploi ne devint-il général qu'à la fin
du XVII* siècle. 11 serait bon que M. de L.
ait la complaisance de reproduire dans
N* 1059,
L'INTERMÉDIAIRE
807
808
V Intermédiaire au moins la formule d'en-
registrement des lettres patentes, à qui
cette formalité seule peut rendre leur va-
leur historique.
Le nombre des personnages distingués
fournis dans toutes les carrières par la
famille Perettl délia Rocca est considéra-
ble, cependant, parmi les prélats nés de
cette race, je ne vois aucun cardinal. S'il
y en a, les listes si lombreuses des prin
ces de l'Eglise ne les ont pas mentionnés.
Je demanderai encore à M. de L. dans
lequel des volumes de Borel d'Hauterive
se trouve le passage sur la famille Perettl
délia Rocca auquel il fait allusion.
COLONNA DE CfiSARI RoCCA.
Les tresses de Navarre (L, ^bi,
691 j. — M. La Coussière se trompe au
sujet des louis de 1814. Sous la Restau-
ration, les armes de France sont les trois
fleurs de lis pour la monnaie, et il n'y a
pas trace des chaînes de Navarre.
Patchouna.
Eatrebas (L, 561). — Ce mot n'a
pas de sens en héraldique et doit être le
résultat d'une faute d'impression.
Loisie, en Bourgogne, porte : d'apir^ à
un entrelacs, ou lacs d'amour, d'or.
P. LEj.
Singulières armoiries papales fL,
168, 231, 365, 691). — Je demande bien
pardon au D'' A. B. mais, en italien, pi-
gnatta^ pignatto^ signifient pot, cruche et
non point marmite, qui se traduit par mar-
mitta et aussi ramino.
On n'a d'ailleurs qu'à jeter les veux sur
les armes des Pignatelli, pour s'assurer
que les trois figures, ayant une anse et
un bec, représentent une sorte d'aiguière
et nullement une alla. A. S..E,
Armoiries des évêobés, abbayes,
etc. (L, 672). — On trouve les armoiries
d'un certain nombre d'évêchés, abbayes,
communautés et chapitres de France dans
la brochure qui a pour titre : Armoiries de
communautés., associations, corporations rc-
lioieuses et civiles françaises et étrangères.^
extraites d'un Armoriai manuscrit inédit
de l'abbé Bredeault par Louis Morand.
Paris, aux bureaux du Bulletin héraldique
de France, 56, quai des Orfèvres, 1900,
29 pages gr. in-8°. E. O.
Arm-.s à indiquer (L, 672). — Co-
lombe de Boucher, comtesse d'Epineuil,
qui épousa, le 22 juillet 1608, Patrice le
Bascle, baron d'Argenteuil, appartenait à
la famille Boucher di; la Rupelle de Flo-
gny, de Milly. etc., qui portait pour
armes : d'argent, à 5 écrevisses de gueules.^
2ei I (d'Hozier, Armoriai général. Re-
gistre V!).
je ne connais pas la famille le Tenneur
à laquelle appartenait A.nne-Elisabeth le
F. qui épousa, le 4 mai 1689, François le
Bascle d'Argenteuil, comte d'Epineuil.
Benjamin le Tenneur, maître d'hôtel de
la duchesse d'Orléans, reçu le 2 1 mars
1682 chevalier de l'ordre de Saint-Lazare
et du Mont Carmel, portait: d'azur .^a^
maillets d'argent (Catalogue et Armoiries
des chevaliers de l'ordre de Saint-La-
zare, etc. Bulletin héraldique.^ 189(0). La
famille le Tenneur de Langrqne, en Nor-
mandie, maintenue dans sa noblesse en
1666, portait : de gueules.^ au château d'ar-
gent.^ couvert de sable., en pointe., ouverture
d'oii sort une tête de lion du même (Cha-
millart. Recherche de la noblesse de Caen,
en 1666), ou d\i:(ur,à la fasce d'argent.,
chargée de ^ mouchetures d'hermines, accom-
pagnée en cljef d'une étoile d'or, au milieu
de 2 maillets d'argent, et en pointe d'un
maillet d'argent., au milieu de 2 étoiles d'or.
Supports : 2 lévriers d'argent. Cimier : un
lévrier naissant (Mss. de D. Grenier, cités
par : Sandret. Notes sur les gentilshommes
de la généralité de Caen., en 16^6).
Armoiries de la famille de Rogres de
Champignelles (Poitou) gironné d'argent
et de gueules, de 12 pièces (La Chesnaye-
des Bois Dictionnaire de la Noblesse., XV,
461).
Le Tenneur de Tillières, en Normandie,
porte pour armes : d'argent., à la bande
d'azur, chargée de ^ sautoirs d'or (P. An-
selme. Histoire des gt an ds officiers, t. Vlll,
p. 250). Marie-joséphine-Caroline de Bar-
jot, fille de Paul -Jean -Baptiste- Alexis,
comte de Roncée, et d"Adélaïde-julie-So-
phieHurault de Vibraye, qui épousa, le 29
septembre 1779, Jean- Louis-Marie le
Bascle, comte d'Argenteuil, était issue
d'une famille originaire de Bourgogne,
établie ensuite en Touraine, dont les ar-
mes étaient : d'azur., au griffon d'or, le
franc canton renipli d' nnt étoile du même.
Cimier : une tète de licorne d'argent. Sup-
ports : 2 licornes du même. Devise :
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
809
L'haurce, non Vhanre (Carré de Busserolle.
Armoriai AtToMïzmt, p. 103).
G. P. Le Lieur dAvost.
D.e Lusigimn de Coné en Normandie, sei-
gneur de Chevreuse, élection de Lyons.
paroisse de Saint-Lucien : écarteUaux i et
^ d' a:^ur, à ^ merleiies d'or ; au 2 et ^ d^or,
à 3 riierlettc's d'a:(nr.
Sires de Lusignan (rois de Jérusalem,
etc.) l)and^s d'argent ctd'a:(tir. Lusignan de
Cljypre écartelé aux i et 4 d'a^nr^ à la
croix d'argent ; aux 2 et ^ burelè d'argent
et d'a^iir^au lion de gueules, lampassc, cou-
ronne et armé d'or brochant sur le tout.
Le Veneur, baron de Tillière en Nor-
mandie, etc., d^ argent, à la bande d'a;(M\
chargée de trois croix d'or, ou chargée de trois
sautoirs d'or.
Boitcher, au Maine, — sans particule —
de gueules, au lion d'argent. Vécu semé de
crcisetics de même.
Boucher.^ plusieurs familles du Maine :
d'or, à la bande d'a:^iir^ chargée de ^ étoiles
d'or, et accompagnée de trois ro^es de
gueules.
b) d'argent, à trois fasces d'apir, chargée
de trois étoiles d'or., accompagnées de trois
roses de gueules., t. L
de Boucher, ancienne noblesse de Cham-
pagne, au Maine au xix® siècle : d'argent, â
j écrevisses de gueules 2, i. Supports :
2 lions contournés.
Louis Calendini.
Trois cachets àidontiûer (Ljaô).
— La famille portant des armes se rappro-
chant le plus de celles de la question n° i
est celle de Monnier, en Franche-Comté :
d'apir, à deux brochets d'argent, posés en
pals et adossés. Un assez grand nombre de
familles portent deux bars d'argent ou d'or
sur champ d'a:(ur : Bertaud de la Guiton-
nière, en Bretagne, Origny en Ile-de-
France, Roussy ou Ruttich, en Luxem-
bourg, Saineval de Pissy, en Picardie,
Soy ou Soye, en Luxembourg., etc. ;
mais les bars affectent toujours une forme
cintrée qui ne paraît pas se rapporter à
des poissons ^05« en pals.
_ P. '-Ej.
Gironné de... et de... de douze
pièces (L, 561). — Ces armes doivent
se lire : Gironné d'argent et de gueules de
dou:^e pièces, et sont celles de Louise-
30 Novembre 1904.
_ — _ 810
Anne-Victoire de Rogres de Champignelles,
qui, le i^ novembre 1712, épousa
Louis IV le Bascle, comte d'Epineuil,
marquis d'Argenteuil, lieutenant général
des provinces de Champagne et de Brie,
et gouverneur de la ville de Troyes.
D. DES E.
*
* »
Dans la description de l'écusson des le
Bascie d'Argenteuil, il faut lire : aux 2 et ^
d'azur, semé de /leurs de lis d'or et à la bor-
dure de gueules qui est France-Anjou et
non Bourbon- Anjou. T.
*
* *
Louise -Anne- Victoire de Rogres de
Champignelles, dame de Ville-Maréchal,
de Saint-Ange et de Chevrainvililiers, née
vers l'an 1694 et décédée le 14 janvier
1764, épousa, le 14 novembre 17 12, Jean-
Louis le Bascle, marquis d'Argenteuil.
Elle appartenait à une famille qui portait
pour armes : gironné d'argent et de gueules
de dou^e pièces.
J. P. Le Lieur d'Avost,
Le plus gr.and ex-libris (XLIX,
^64, 652, 751, 876 ; L, 642). — Parmi
les plus grands ex-libris français anciens,
à citer celui de Perrot de Fercourt (1650-
1 670) mesure 326 c X 300 = 978 cent.c;
et celui de Le Febvre de la Planche me-
sure 350 X 250 = 875 cent. c.
Ce dernier est aussi du xvir' siècle.
S..Y.
Antoine, artiste dramatique (L,
666). — J'ai signalé dans mon Diction-
naire du Comédien français trois Antoine :
1° Antoine l'aîné, comédien de S. A. S.
Electorale Palatine, auteur d'une comédie
en un acte, en vers, le Retour de Lindor
ou le Nouvel Heureusement (de 1743 à
1770).
2° Antoine, (Nicolas Ancelin, dit) : En
1846, Antoine qui avait alors 69 ans et
43 ans de théâtre, obtint 120 fr. de pen-
sion de la Société des artistes, alors à ses
débuts. Il habitait Amiens et mourut en
17,3, à 75 ans.
3° Antoine, acteur des Funambules, où
il tenait l'emploi des Cassandre II joua
dans Pierrot valet de la mort (1846), rôle
de Cassandre, et dans la Reine des Ca-
rottes (23 sept. 1848) rôle du juge.
Henry Lyonnet,
N* 1059.
L'INTERMEDIAIRE
8u
812
Eernotde Charant (1,500,632, 685).
— J'avais bien ccrit (ou mal écrit) Bernot
de Charant, il s'agissait de l'auteur de
l'Histoire du prieuré de la Charité.
Le plus connu de ses descendants est
Louis-Joseph Bernot de Charant, né à la
Charité le 27 mai 1663. d'abord avocat
au parlement, puis maire de la Charité
de 1694 à 1707, et enfin subdélégué à
l'Intendance du Berry, poste qu'il occu-
pait encore à la fin de 1735.
Un autre membre de la même famille,
Jacques-François Bernot de Charant, était
subdélégué à l'Intendance du Berry en
1759-
La propriété de Charant se trouve à
Mesves, près la Cliarité (Nièvre), la fa-
mille existe encore aujourd'hui.
Pila.
Famille Boux (XLIX). — Messire
Antoine Le Boultz vivant écuyer, seigneur
d'Aubevoye (ferme située au Lude), tien
partie du canal de Briarre, meurt au Lude
(Sarthe) à trente-huit ans, le 22 sep-
tembre 1738, et est inhumé le lendemain
dans l'église paroissiale. En quoi consis-
tait cette seigneurie du canal de Briare ?
Louis Calendini.
Famille îîoynelou Doisnel(L,6i6)
— M. le vicomte Doynel de la Sausserie,
qui habite le château de Dampierre près
Thorigny (Manche), et Rennes, pourrait
sans doute répondre à cette question qui
concerne sa famille. Renaud d'Escles.
* *
M'occupant fort peu de questions gé-
néalogiques ou héraldiques, j'avoue ne
pas connaître de Magn)-. Mais je connais
fort bien une branche probablement très
roturière de la famille Doisnel, que je
crois originaire de l'Ile-de-France, mais
depuis longtemps fixée à Paris.
Dans le vol. de ï Intermédiaire (col. 988)
on cite Doisnel, grand vicaire, comme
ayant été, en 1776, vénérable d'une loge
maçonnique de Beauvais.
RoLiN Poète.
Estoublon (L, 727y — Estoublon est
une seigneurie de Provence (Ar. Digne,
C. Mezel, Basses-Alpes) qui appartint suc-
cessivement aux Matheron, aux Baschi
(1570), aux Grasse et fut érigée en mar-
quisat, en avril 1664, en faveur de Grille.
Le comte Henri de Grille d'Estoubloni
ancien officier d'infanterie, habite à Saint-
Servan (lUe-et-Vilaine), boulevard Sur-
couf. Lui seul, je crois, pourrait répondre
à la question de G. A. S..E.
Projet de mariage de Gambetta
(L, 445, 633, 7ti). — « Un (ils de cette
femme » n'a pu passer par une université
allemande, pour la raison péremptoire
qu'elle n'a jamais eu d'enfants. Il s'agit
d'un neveu ou d'un petit cousin mort de-
puis longtemps déjà.
Un personnage connu a bien essayé de
laisser croire qu'il pourrait être fils de
Gambetta. En rapprochant les dates de
naissance, on voit que Gambetta aurait
eu à l'époque de la naissance de ce fils une
douzaine d'années tout au plus.
Un CADURCIEN.
Inhumations hors des cimetières
(XLVIU; XLIX; L, 191, 316,437, 530,
691 . 654, 698, 766).
i» Quelques membres de la famille de
Mailly sont inhumés dans la chapelle du
château de Mondragon. Cne de la Bosse
(Sarthe).
2" Le marquis de Lancry de Pfonleroy
est inhumé dans la chapelle du château de
la cour de Broc à Dissé-sous-le-Lude
(Sarthe).
3" La famille Mabilleau repose dans
une petite chapelle, dite de Saint-René,
située dans le bourg de la Chapelle-aux-
Choux (Sarthe).
4" M. l'abbé Lochet fut inhumé dans la
chapelle deN.-D du Tertre qu'il avait fon-
dée au Mans. rue du Tertre-Saint-Laureut.
5" La famille de Talhouët-Roy a son
caveau dans U chapelle de l'hospice du
Lude (Sarthe). Là fut aussi inhumé
M. Fisson, bienfaiteur de la ville.
Louis Calendini.
Famille Goaet du Four (L, 389,
519, 582, 682). — Je ne connais pas de
postérité à Alexandre du Four.
Pour ce qui se rapporte à l'alliance
avec la famille Noël, s'agit-il de cette
famille du Four, ou plutôt des du Four de
Villeneuve .? (V. Bouillet. Nobiliaire d'Au-
vergne, t. 111 p. 94-97 ; D. Bétencourt,
Nonis/coilaux, t, 11, p. 173-173 ; La Ches-
naye des Bois. Dictionnaire de la Noblesse.
Edition Schlesinger, t. VIII, p. 497).
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
813
30 Novembre 1904.
814
L'on trouve, en effet, Jean du Four,
seigneur de Villeneuve, de Merdogne, etc.,
lieutenant général de Clermont-Ferrand,
mari de N Noël, dont il eut un fils unique
Jean François du Four de Villeneuve, Pré-
sident au Grand Conseil, lieutenant civil
au Chàtelet de Paris en 1766, né en 17 10.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Famille Hémart de la Charmoye
(L, 669). — La famille Hémard est origi-
naire d'Ay (Marne).
Le titre de baron de la Charmoye fut
donné par Napoléon à Pierre-Charles
Hémart, député aux Cinq-Cents pour le
département de la Marne, les i^r prairial
an 6 et 9 nivose an 9, mem.bre du Corps
législatif le 23 nivose an 10, membre du
collège électoral de la Marne, membre de
la Légion d'honneur. 11 était frère du Prési-
dent de la Chambre criminelle de la Seine
lors du procès Cadoudal, Moreau et
Pichegru et des 43 autres accusés, créé
peu après chevalier de l'Empire.
Les armes portées à l'heure actuelle
par la famille sont : d'a{ur,â trois têtesde
profil d'or ^posées deux et une.
Marquis de L. C.
La carrière politique du député Hemart
paraît assez effacée. — Voici quelques no-
tes sans doute incomplètes que je puis,
dès aujourd'hui, fournir sur lui :
11 était fils d'un notaire d'Ay (Marne)
qui exerça dans cette ville de 1748 à
1766. — 11 naquit le 26 juillet 1752 ainsi
que le témoigne l'acte de baptême ci-
après :
Ay — 1752 — : L'an mil sept cent cinquante-
deux, le vingt-sept juillet, je Louis Nicart
prêtre curé d'Ay et doyen rural d'Epernay
soussigné ay baptisé le fils du sieur Isaac-
Pierre Hémart, notaire royal et de Marie-
Louise Jannet ses père et mère mariés en-
semble habitans de cette paroisse né la
veille auquel on a imposé le nom de
Pierre-Charles , Le parain a été le sieur
Charles Jannet de la paroisse de Condé, la
maraine .Madame Marguerite Rogé v" du
sieur Isaac-Pierre Hémart, vivant officier
de Roy qui ont signé
Charles Jannet — Margt" Rogé
V" Hémart — Nicart.
Isaac-Pierre Hémart fut échevin de la
ville ; il eut encore plusieurs enfants,
notamment deux autres fils : V un Jean-Bap-
tiste né Is 2 octobre 1754 devint prêtre
et mourut à La Charmoye, chez son frère
aine le 14 mars 1806 ; l'autre, Claude-
Nicolas-Loiiis, né le 8 juillet 1757, et
dont nous reparlerons ci après. Les
Hémart étaient, du reste, fort nombreux
dans la région d'Ay et d'Epernay aux
xviii^ et xix*^ siècles. 11 serait facile de
reconstituer la généalogie de cette famille.
Le fils aîné du tabellion d'Ay, après
avoir fait ses études de droit, acquit lui-
même, le II août 1779, une charge de
notaire au Chàtelet de Paris. 11 habitait
alors, rue de Seine, quartier du faubourg
Saint-Germain ; en 1789, l'Assemblée du
district de l'Abbaye réunie pour la con-
vocation des Etats Généraux le choisit
comme secrétaire. — 11 vendit, à cette
époque, sa charge de notaire et acheta,
lors de la mise en vente des biens natio-
naux l'abbaye de La Charmoye fdes bé-
nédictins de l'ordre de Citeaux) sur le
territoire de la commune de Montmort
(Marne). — Pendant la Révolution il se
retira dans sa propriété et évita, autant
que possible, de se mêler aux événements.
Tout au plus, le 22 thermidor an 111,
trouvons-nous sur le registre des délibé-
rations du district d'Epernay la mention
« qu'Hémart l'aîné, cultivateur a La Char-
moye, est nommé commissaire pour re-
chercher les déserteurs du canton »
Aussi ce fut eninconnuqu'ilfutaccueilli
par la presse locale quand en l'an VI,
l'Assemblée scissionnaire de la Marne
dont il était cependant le secrétaire, le
nomma, le 28 germinal, député au Con-
seil des Cinq-Cents à la place du négo-
ciant rémois Jobert-Lucas qui venait de
refuser : « Jobert, dit le « Joiirtial de la
Marne », a refusé la mission dangereuse
dontlui avaientfaitcadeauces Messieurs...
Un notaire de Paris, retiré à Montmort,
nommé Hémart, plus hardi que lui, lui
succède et veut tenter le hasard ». Il
faut dire, pour expliquer ce ton ironique,
que ce journal, républicain avancé, com-
battait les choix de l'Assemblée scission-
naire et avait bon espoir que les élections
des s< réactionnaires » allaient être annu-
lées. Le contraire se produisit et Hémart
resta en fonctions jusqu'au Consulat. Pen-
dant cette session, il ne se fit guère re-
marquer. Nous ne connaissons de lui
qu'une motion en faveur des rentiers et
pensionnés de l'Etat présentée à la séance
du 4 thermidor an VI ainsi qu'un rapport
qui fut imprimé et qu'il fit, le 28 ventôse
N*
i059
L'INTERMEDIAIRE
8i5
8i6
an VII, au nom d'une commission spé-
ciale « sur une réclamation du ci-devant
bureau de bienfaisance de la commune de
Paris contre laiicnation des biens des
pauvres». — Nous avons aussi quelques
documents d'intérêt purement local sur ses
relations avec le département.
Après le coup d'Etat de brumaire, le
Sénat conservateur le choisit, le 4 nivôse
an VIII (1800) pour représenter la Marne
au nouveati Corps législatif.
Ici, les historiens et biographes sem-
blent avoir commis une erreur : on dési-
gne généralement le député Hémart (Pierre-
Charles) comme ayant, sous le Consulat
et jusqu'en 181 1, présidé le Tribunal cri-
minel de la Seine ; et à ce titre, on le cite
comme ayant dirigé, en 1804, les débats
de l'affaire Géôfgés Cadoudal, Pichegru,
Moréaii et autres. Mais M. Campardon
nous apprend, (Liste des membres de la
noblesse impériale) que le président de
cette Cour criminelle, que Napoléon fit
chevalier de l'Empire le 28 janvier 1809,
portait les prénoms de Cliiide-Nicolas-
Louis. C'est justement le frère du député,
rié, on l'a vu, à Ay, le 8 juillet 1757 et
qui demeurait alors à Paris, rue des Ma-
çons-Sorbonne, n" 399. — La conduite de
ce magistrat, lors du procès Cadoudal-
Pichegru-Moreau, fut l'objet des critiques
les plus vives et les plus passionnées. Bour-
rienne, dans ses Mémoires (tome VI),
blâme très sévèrement son attitude et ses
rigueurs vis-à-vis des accusés ; il le traite,
Oh ne sait pourquoi, de « régicide >>, titre
qu'il accole également au nom de l'ancien
conventionnel de la Marne Thuriot qui
fut le juge instructeur de cette affaire et
qui partagea avec son compatriote Hé-
mart hs injures et même les calomnies des
adversaires du Consulat. — Un fait que
j'ai noté, en étudiant ce procès, c'est la
présence de plusieurs Marnais, qui jouèrent
un rôle dans les débats • le Président Hé-
mart, le juge instructeur Thuriot, le com-
rhissaire du gouvernement Nicolas Oudart
qui devint membre de la Coui" de Cassa-
tion et dont le frère acquit, dans notre
département, une certaine notoriété, et
comme administrateur et comme magis-
trat, etc. tous étaient de cette région, tous,
jusqu'aux deux témoins qui. avec les gen-
darmes et Thuriot, assistèrent à la consta-
tation du suicide du général Pichegru : un
ancien adminisîi'ateur du district de Sé-
zânne, Claude-Mériadec Pierret qui habi
tait à Paris, rue de Grenelle, et un nommé
Adrien Jacques Dumoutier, propriétaire à
Sézanne, pays de Thuriot.
Mais revenons au député Hémart. — Il
fit partie du Corps législatif jusqu'en 1803,
puis il retourna à Montmort dont il fut
nommé maire le i*'' janvier 1808 et où il
mourut dans sa propriété de La Char-
moye le 15 janvier 1825.
Il aurait été créé baron de l'Empire le
2 janvier 1814. Mais cette nomination ne
figure pas dans la liste de M. Campardon
publiée en 1889, d'après les registres de
lettres patentes conservés aux Archives
nationales.
Telle est esquissée très rapidement la
biographie de cet ancien député de la
Marne. Je pourrais peut-être encore re-
t ouver quelques documents et quelques
faits ignorés le concernant. Je pourrais
donner, notamment, si notre confrère le
désire, la copie du procès-verbal de vente
de l'abbaye de La Charmoye dont le dos-
sier existe aux Archives départementales
de la Marne. Gustave Laurent.
La graveur Huquier 8t les Jé-
suites (L, 669). — On trouverait peut-
être ce renseignement dans Y Essai d' Ico-
nographie de la Compagnie de Jésus par le
R. P. Hamy (Paris, 1875) contenant 163
caricatures.
C'est dans V Intermédiaire que l'on
donne cette indication (vol. X, col. 557)
à propos d'une question déjà fort ancienne
à cette époque et reproduite après douze
ans d'intervalle par un curieux très per-
sévérant.
Il s'agissait alors de la caricature de
Dix Jésuites en Eau-forte (T. G. 463) et
on demandait le nom de l'auteur ? Une
vignette, qui est une réduction de cette
caricature, a même paru deux fois dans
notre journal, en 186^ et en 1877, en
même temps que la question. Elle est, du
reste, accompagnée d'une légende assez
méchante :
Âd quorum Effigies non soluin Mejere
fas est. PiETRO.
Origine de Jourdain dans l'Isle-
Jourdain (Vienne) (L, 218,3^7, 703).
— Je ne puis rien dire au sujet de cette
localité. Cluant à l'Isle-Jourdain (Gers), je
crois savoir que fondée par .^Ifonse Jour-
DES CHERCHEURS Bï CURIEUX
817
30 Novembre i^io/[.
„ 818
dain, comte de Toulouse (-1 103-1 148),
eette ville fut dite sa fille (en gascon
hillo).
Le dialecte gascon supprime partout les
f. et les remplace par des /;. Une des cu-
riosités du département de la Haute-Ga-
ronne, où régnent par moitié les deux idio-
mes,c'est que le langage ou tout au moins
la prononciation varie, souvent, de village
à village quelquefois eéparés par un court
espace de terrain. C'est ainsi que dans le
canton de Muret on dit fiUo, fenno, foc à
Lagardelle ; tandis qu'en la cominune
d'Eaunes, qui n'est séparée que par la
route de Toulouse à Saint-Girons, on
prononce hillo, henno, hoc.
Dans Hillo de Jour dan la chute de 1' h.
a laissé illo dont les -?: francimans » ont fait
île et isle.
Il est de même pour Isle en Dodon
(hillo d'Odon) fondée par Odon aussi
comte de Toulouse (-]- 918) ; pour Isle de
Noé, et autres.
A.
* *
Voici ce qu'on trouve à la bibliothè-
que de Poitiers sur les seigneurs de
risle-Jourdain.
lo Au dictionnaire Redet Senierres de
Islei ; Jordanus de la Isla. Cartulaire de
de Saint-Cyprien xi* siècle.
2" Au manuscrit de Dom Fonteneau
(t. XVIII, p. 503), je lis ce qui suit :
« Mirable, comtesse de la Marche, fit don,
«vers l'an 1178, au monastère de Mun-
« tazai, de tout ce qui lui appartenait
« dans les moulins de Civray.
Le manuscrit reproduit la charte de
donation dans un mélange de latin et de
français, dont voici le passage essentiel.
« Hoc donum concessit et confirmavit
« Rex Henricus apud Insulam jordanis,
« multis viris audientibus ^>.
Au nombre des témoins cités, se trouve
Jourdain, seigneur de l'Isle-jourdain. Don
Fonteneau explique qu'il s'agit là de
Henri d'Angleterre, alors duc d'Aqui-
taine.
3° Au même manuscrit ^^t. XXIV, page
267). fc Vers 1268, Jourdain, seigneur de
« risle-Jourdain, et Boson son fils, che-
« valier, firent don à l'abbaye de la Réau
(Beatîe Mariœ Regalis) de divers héri-
« tages situés aux environs de la dite
'{. abbaye ».
Comme on le voit par ce qui précède,
rien de ce côté n'indique un rapport quel-
conque entre ce nom de l'Isle-jourdain,
et Jourdain du Pin, le croisé du xin* siècle.
Qu'il me soit permis de profiter de la cir-
constance pour signaler aux chercheurs
de Y Intermédiaire^ une œuvre qui pour-
rait être aussi utile qu'intéressante. Ce se-
rait de poursuivre la découverte de tout
ce qui peut rester aux mains des nou-
veaux propriétaires d'anciennes abbayes,
de leurs archives. Je viens de citer les
deux monastères de Monîazai et de la
Réau, où le m.oine Dom Fonteneau a
puisé vers 1740 ou 1750, quantité de do-
cuments. Ces deux endroits ne marquent
plus la place de leurs couvents, et églises
de couvents, que par des ruines. Qiie sont
devenues leurs archives ?
Que sont devenues les archives de la
Colombe, autre abbaye du bas Berry sou-
vent citée par Dom Fonteneau, et qui fut
le lieu de sépulture des la Trén:oïle pen-
dant la seconde moitié du xiv^ siècle .?
En ce qui concerne les chartes de cette
dernière abbaye, je puis affirmer qu'il
n'en existe rien aux Archives départe-
mentales de l'Indre et de la Vienne... les
deux départements qui auraient dû, par
la position de la dite ancienne abbaye, en
recueillir les registres, papiers et par-
chemins, ou du moins ce qu'il en est
resté. M. A. B.
Le N5ir, lieutenant de police
(XLVII ; XLVIIl; L, 247, 362, 683). —
Une famille Le Noir résidait au Maine au
xvni* siècle. Plusieurs branches : Le Noir
de la Cochetière, Le Noir du Ruisseau, Le
Noir des Ormicaux résidaient au pays flé-
chois. L'une d'elles. Le Noir de la Coche-
tière, existe encore.
Louis Calendini.
Claude de Ramesay (XLIX, 562).
— Notre collaborateur La Guérie a fait
parvenir à l'auteur de la question des notes
sur cette famille.
Camille Ssldsn, livre sur Heeri
Heine (L, 498, 585). — Par hasard, je
lis dans \t Journal de Méd. de Paris (1904,
p. 463) :
La noble et pâle figure d'une oubliée,
victime de son attachement à l'égoïsme
d'un universitaire avide de réputation, se
précisa : Camille Selden, le maître inconnu,
l'inspirateur et le créateur de Henri Taine,
N 1059.
L'INTERMÉDIAIRE
819
820
revécut de cette vie qu'ont les morts, vic-
times de l'injustice des hommes...
Donc, après Henri Heine, Henri Taine!
Celte pauvre Camille était vouée aux
« Henri », à noms propres se terminant
en « Aine ou Eine ! » — Rien d'étonnant
qu'elle ait été douée de télépathie (voir
notre Mémoire), et tout s'explique dès
lors. Marcel Baudouin.
Famillô Tanaille (XLVIII ; XLIX,
29, 124, 240, 365). — Ms'- de Beaumont
était fils de François de Beaumont, sei-
gneur du Repaire, mort en 1770, et de Ma-
rie-Anne de Lostanges,sa seconde femme.
Cette maison de Beaumont qui s'est divi-
sée en plusieurs branches, parmi lesquel-
les celles du Dauphiné, des Adrets, du
Repaire, d'Aulichamp, etc,_ porte pour
armes : degneide-,^ à La fasce d'argent, char-
gée de ^ fleurs de lis du même, et elle n'a
rien de commun avec la famille Tenaille.
Le vicomte de Bonald.
Un livre et une héroïne retrou-
vés (L, 661, 760). —Si notre collabora-
teur M. R.pose de mémoire une question
incidente au sujet d'un collier d'Ordre, je
pense qu'il a le souvenir du collier de
l'Ordre de N.-D. du Mont-Carmcl et de
Saint-Lazare.J'ai sous les yeux, en ce mo-
ment, un collier de cet Ordre ; il y a bien
le monogramme de la Vierge : M. A. en-
trelacés. Ce collier est un peu comme un
chapelet : cinq grains en acier bruni, le
monogramme en question doré, cinq grains,
deux palmes émail vert en sautoir, cinq
grains etc., ainsi de suite.
La CoussiÈRE.
Pour répondre à la question relative au
collier de l'ordre du Saint-Esprit, je copie
ici quelques lignes trouvées dans Duclos
(Morceaux historiques) :
Les ornements ducollier(du Saint-Esprit)
étaient les monogrammes de Marguerite et
de Henri, séparés alternativement par un
autre monogramme symbolique, composé
d'un ahi et d'un delta joints ensemble, aux-
quels on faisait signifier fidelta pour fedelta
en italien et fidélité en français, Henri l'V
instruit de ce mystère changea le collier
et remplaça par des trophées d'armes le
monogramme symbolique.
P. TONNEL.
Le cri des rues de Paris (T. G.,
249). — Le Bulletin du Bibliophile, 15
novembre 1904, contient une très com-
plète et très curieuse bibliographie de
tous les ouvrages qui, anciens ou moder-
nes, traitent des cris de Paris. L'auteur,
M. le vicomte de Savigny de Moncorps,
dans une suite, décrira, avec la même
exactitude, les estampes sur ce sujet.
Cette première partie se termine sur
cette observation mélancolique, si juste :
I£n l'an de grâce 1904, nous n'avons donc
plus qu'une vingtaine de petits métiers, au
lieu de cent dessinés par Carie Vernet, sous la
Restauration. Depuis cette époque, Paris a été
métamorphosé ; mais s'il a beaucoup gagné
en embellissements de toutes sortes, il a perdu
énormément de son côté pittoresque et il a
fallu dire adieu aux jouets de la rue, aux
vêtements bariolés, aux musiciens cambrio-
leurs, aux dentistes en plein air, aux acrobates
des carrefours, à Fanchon la vielleuse, aux
marmottes du petit Savoyard, etc., etc.
Histoire de la Restauration (L,
672)- — Selon Barbier : Dictionnaire des
ouvrages anonymes, 11, 709, c'est indûment
qu'on a attribué dans le public cet ou-
vrage à Armand Malitourne, comm
l'ayant rédigé sous la direction du duc
Decazes, ancien ministre de Louis XVllI.
La seconde édition et les suivantes portent
le nom de l'auteur : }ean-Baptiste Honoré-
Raymond Capefigue. Th.Courtaux.
Littres sur le Salon de 1834 (L,
279, 647). — Indépendamment des indi-
cations données par M. Ulrich R.-D.,
M. Anatole de Montaiglon, dans son
Bssai de bibliographie des livrets et des cri-
tiques de Salons depuis lôy:^ jusqu'en i8jl,
donne le renseignement suivant :
Hilaire L. Sazerac. Lettres sur le salon de
1834 avec cette épigraphe : La vérité avant
tout. A Paris, chez Delaunay libraire, 1834
in-8° de 500 p. et 6 de table avec 7 litho-
graphies. En avant du titre imprimé il s'en
trouve un premier lithog. avec le nom de
l'auteur, son adresse et celle d'Engelmann.
Ch. Rev.
*
* *
Je crois qu'il n'y a eu que deux Salons
des refusés : en 1863 et en 1864. J'ai vu
celui de 1863, qui occupait les salles du
sud-ouest du Palais de l'Industrie.
Le catalogue forme 80 pages, y compris
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1904,
821
822
12 de supplément et avait été publié par
les Bemix-Arts, revue de V Arl ancien et
moderne dont les bureaux étaient rue Ta-
ranne, 19. 781 ouvrages avaient été expo-
sés, j'y relève les noms de Berne-Belle-
cour,' Bracquemond, Chintreuil, Fantin-
Latour, qui avait exposé une féerie et un
portrait, Harpignies, Lansyer, Jean-Paul
Laurens, Manet et Vollon.
Les membres du Comité étaient : Chin-
treuil, Jean Desbrosses, Desbrosses P.
Félix Dupuis, Frederick Juncker, Lapos-
tolet, Levé et Jules Pelletier.
Les membres du jury du salon officiel
se trouvent à la page xxiii du catalogue
officiel. J'y relève les noms de : Brascassat,
Léon Cogniet, Eugène Delacroix, Hippo-
lyte Flandrm et Meissonier.
je lis dans la Chronique des arts et de la
curiosité, année 1864, page 138, les lignes
suivantes :
Enfin l'exposition des refusés occupe, comme
l'an dernier, deux longues galeries, mais elle
est loin de les remplir. L'indulgence du jury
a rendu cette mesure inutile, sinon dange-
reuse.
Je ne crois pas qu'il y ait eu de cata-
logue pour cette deuxième année ; je l'ai
vainement cherché dans la Bibliographie
de la France ; ainsi du reste que celui de
l'année 1863, qui n'a sans doute pas été
déposé. GoMBOUST.
Livre des poinçons (L, 673). —
Voici plusieurs ouvrages français qui ten-
dent au même but que le livre anglais
Old French Plate^ mentionné par M . L. C.
Monfiaic, médailles et bijoux. Essai et
contrôle des ouvrages d'or et d'argent, par
A. Riche, directeur des essais à la Mon-
naie... avec figures intercalées dans le
texte. Paris, librairie J. B, Baillière et fils,
1889, I vol. in-i6 de 396 pages. Ce vo-
lume renferme 261 figures de poinçons
français et -i 1 1 de poinçons étrangers.
Dictionnaire des poinçons.^ symboles, si-
gnes figuratifs, marques et monogrammes
des orfèvres frayiçais et étrangers, fermiers
crénéraux, maîtres des monnaies, contrôlews,
vérificateurs, etc., par Ris-Paquot. Paris,
librau'ie Renouard, Henri Laurens, édi-
teur. 6, rue Tournon, 1890. i vol. in-8°
écu de 2 ff. 4- vni -4-384 pages.
La Garantie pançaise et ses poinçons de
1260 à nos jours, par Paul de Cazeneuve,
contrôleur chef de service de la garantie
à Alger. Alger, S. Léon, éditeur, rue de
Tanger, 15, 1898, 1 vol. gr. in-8'' con-
tenant u 1 grand nombre de planches.
Outre ces ouvrages français, mention-
nons un excellent \olume allemand qui
donne des figures de poinçons de tous
pays. 11 est intitulé : Der Goldschniede
Merk:(cichen 20CO Stempel aiif celteren
Goldsclmiiedearbeiten in fac simile heraus-
gegeben und erklœrt von D"" Marc Rosen-
berg, A. O. Professor an der Technischen
HochschuleKarlsruhe.Frankfurtam Main,
Verlag von Heinrich Keller, 1890. i vol.
in-8° de x -j- 582 pages.
En échange de ces quelques renseigne-
ments que je suis heureux de lui fournir,
M. L. C. aurait-il l'obligeance de me don-
ner le nom de l'auteur de l'ouvrage an-
glais, Old French Plate, qu'il mentionne,
et de me dire où et quand cet ouvrage a
été publié ? E. O.
Biographies épiscopak-s moder-
nes (XLIX, 506, 705, 928 ; L, 147). —
— U vient de paraître, chez le libraire
Téqui, un ouvrage posthume très inté-
ressant de Ms"' Dupanloup, intitulé : La
Vie de Mz^ Border ies, évéque de Versailles,
in- 12. Paul Pinson.
Raid randonnée(L,673.766). — Raid
est bien un mot anglais et cependant, en
effet, je ne le trouve pas non plus dans
un Dictionnaire, pourtant assez complet,
celui de Spiers. Son sens principal est
« une course, ou incursion militaire,
« exécutée à travers les lignes ou sur les
« derrières de l'ennemi ». Et, à ce sujet,
je serais porté à considérer le mot com-
me d'origine américaine, car dans les ou-
vrages militaires, il apparaît pour la pre-
mière fois, il me semble, au sujet des
fameux « raids de cavalerie » du général
confédéré Stuart sur les derrières des ar-
mées fédérales, au cours de la guerre de
Sécession. Il va de soi que, comme opéra-
tion militaire, le raid n'était exécuté jus-
qu'à présent que par des troupes mon-
tées, mais rien n'empêcherait qu'elles ne
le soient à bicyclette, ou en automobile,
par exemple.
Le mot raid est aujourd'hui employé
continuellement par les journaux de lan-
gue anglaise avec l'acception de « des-
cente inattendue » généralement de la po-
lice. De raid, on a fait raiders, raiding.
N« 1059.
L'INTERMEDIAIRE
823
824
To raid a comitry, piller ou rançonner un
pays.
Je le répète, ce mot doit être d impor-
tation américaine. S.Churchill.
Baud dans le Morbihan (XLIX,
165, 574; L, 150, 315,433). — Ajouter
aux divers exemples cités de l'emploi des
mots Baud, bau, etc. le nom du Bau de
quatre heures^ montagne qui précède im-
médiatement le Faron, à droite de la
route d'OUioules à Toulon. V. A. T.
Les mots anglais introduits dans
la langue française (L,6i9). — On peut
consulter à ce sujet un petit opuscule fort in-
téressant,intitulé : L'anglomanie dans le fran-
çais et les barbarismes anglais iisiiés en
France^ par Justin Améro, auteur du French
Gibberish. Paris, librairie européenne de
Baudry, sans date [1878], 70 pages in-18
Jésus. E. O.
Mots étrangers entrés dans la
langue française avec un sens pé-
joratif (L, 674). — Oui, la question a
déjà été posée sous un titre un peu diffé-
rent (XXXIV, 429, 657 et XXXVI, 59) et
plusieurs de nos collaborateurs ont déjà
fait remarquer que ce n'est pas toujours
à la langue la plus connue ou la plus rap-
prochée de la nôtre qu'il faut attribuer
l'origine de certains mots.
S'il était permis cependant d'étendre
cette question aux mots d'argot, je citerais
le mot gouape qui vient peut-être de l'Es-
pagne. Or, chez nos voisins, les mots
guapo et gitapa sont des plus élégants et
qualifient la beauté la plus épanouie ou la
vaillance. Rolin Poète.
L'origine des mots « chic ?> et
«mic-mac» (T. G. 204, 588;L, 312,434,
482, Ç36, 594, 647,7(32). — Je fais amende
honorable en confessant que j'ai nié trop
légèrement la présence du mot mic-mac
dans le Dictionnaire de Littré. Je m'ex-
plique mal d'avoir pu faire si négligem-
ment cette vérification.
Quant au mot chic, en dépit de l'arti-
cle du Figaro inséré dans \ Intermédiaire
du 30 octobre, la discussion n'est pas en-
core épuisée.
Dans le vers de Schiller cité, le mot
allemand scbick n'a pas tout à fait la
signification de notre mot chic, que lui
prête l'auteur. Il signifie plutôt aptitude,
dextérité.
La pièce où figure ce vers a paru en
1799.
Le mot de Schiller ne remonte donc
pas nécessairement à la guerre de Trente
Ans, comme les personnages du drame.
Notre mot chic, par contre, est d'un
type si français qu'il est bien permis de
contester son origine allemande. Il y a
plus: les Allemands modernes nous ont
emprunté le mot avec son sens actuel, en
l'orthographiant à la française.
Quant à l'étymologie réelle, elle reste
obscure. Si l'on s'est à peu près accordé
à la faire dériver de chicane, ce qui sem-
ble légitime, puisque les deux mots ont
le radical identique, et que les citations
qu'en a faites C. Roche prouvent que le
mot chic était déjà usité du temps de
Louis Xlll, il n'en est pas moins vrai que
c'est une étymologie selon la lettre, et
non selon l'esprit. En effet, dans les cita-
tions susdites, le mot chic n'est autre
chose qu'une abréviation de chicane, avec
le même sens. Or, qu'a de commun la
chicane avec la signification actuelle du
chic ?
Par chic, nous entendons une certaine
grâce d'état, une certaine performance
professionnelle, qui n'a rien de commun
avec la chicane.
Un écuyer a du chic à cheval, une
femme porte une toilette chic, un avocat
même peut avoir du chic, en plaidant
spirituellement, mais il ne le devra pas à
la chicane.
En résumé, le mot chic, dans son
acception actuelle, m'apparait comme un
néologisme moderne qui remonte tout au
plus à la monarchie de Juillet.
LÉON Sylvestre.
Le vent d'autan (L, 733). —
Littré dit que ce mot provençal vient
de << altanus » qui signifie vent delà terre,
vent de la haute mer et vent du sud-
ouest, sans doute de << altus » haut, soit
que l'on considère la terre qui est plus
haute que la mer, soit que l'on considère
la mer qui se disait en latin « altum ».
Quoi qu'il en soit, il semble que puis-
que s< autan » veut dire « vent du sud-
ouest », comme « aquilon » veut dire
« vent du nord », c'est une faute de dire
« vent d'autan » ; il suffit de dire Tautan,
ÔÊS CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1904.
825
826
comme on dit l'aquilon ». Mais les méri-
dionaux ne sont avares ni de gestes, ni de
mots.
Vi.ctor Hugo a dit :
Qu'importe à l'heureux solitaire
Que l'autan dévaste la terre...
Odes, 4, 2.
Le vicomte de Bokald.
*
« Vent du midi », d'après le Diction-
naire de l'Académie.
11 vient, sur le continent, de la haute
mer, d'où sa dénomination.
J'ajoute que ce n'est pas toujours du
midi proprement dit qu'il souffle, mais du
sud-ouest.
Ainsi, je me souviens d'avoir vu à Cas-
tres (Tarn), toute une rangée de platanes
adultes dont les troncs étaient uniformé-
ment penchés de l'ouest à l'est, parce
qu'on appelait, m'a-t-on dit, le « vent
d'autan », qui soufflait du golfe de Gas-
cogne.
Le Dictionnaire de l'Académie dit
encore « qu'autan ne s'emploie guère
qu'en poésie, pour signifier un vent vio-
lent ».
C'est, sans doute, en ce sens, que, dans
la Chute des feuilles^ Mille voye, qui était
d'Abbeville, a écrit, au moins pour l'une
des variantes de cette élégie :
... De leur froide haleine,
M'ont touché les sombres autans ;
Et Victor Hugo, dans ses Odes ei Bal-
lades :
Qu'importe à l'heureux solitaire
Que l'autan dévaste la terre,
S'il ne fait qu'agiter ses bois?
On peut se rendre compte du même
phénomène pour les platanes de l'avenue
Feuchères, à Nimes, inclinés vers le midi,
sous l'action des vents du nord, qui sont,
là-bas, d'une force irrésistible.
L. DE Leiris.
*■ *
Le mot autan se trouve dans Littré^qui
le définit comme suit : « 1° Vent du midi.
2° En poésie, un vent violent. »
Qu'importe à l'heureux solitaire
Que l'autan dévaste la terre
S'il ne fait qu'agiter ses bois.
(Vict. Hugo Odes, IV, 2).
« Etymologie : Provençal : autan ; de
« altanus, qui signifie vent de la terre,
« vent de la mer, et vent du sud-ouest.
<•< Sans doute de altus, haut soit que l'on
« considère la terre qui est plus haute
« que la mer, soit que l'on considère la
« mer qui se disait en latin altuni. »
V.A.T.
* *
Autan vient évidemment du latin alta-
nus, de la haute mer. Allâmes, dit Du-
cange, flatiis qui in alto est, id est in pelago.
On prononçait aiitanus. Dans les chartes
françaises du xiii* siècle, on trouve l'ar-
ticle contracté aux écrit als et même as ;
on prononçait aux. De Maistre Albert n'a-
t-on pas fait Malbert qu'on prononçait
Maubert (place Maubert actuelle) t
Le vent d'autan et la Montagne Noire
où ce vent sévit avec une intensité parti-
culière ont été célébrés dans la strophe
suivante par l'excellent poète Sorézien
Edmond Py, dans l'ode de ses Antiques et
Contemporaines, intitulée Les deux tom-
beaux de la Montagne Noire, Pans, in- 18,
1868, p. 157 :
Des antres sont béants sur ses yolcans éteints
Des vents du sud, chargés du bruit des flots latins.
Sans cesse labourent sa crête
Et l'arbre, par les pieds au sol noir attaché.
Vers le nord tend les bras, suppliant et penché.
Sous cette fréquente tempèle.
Th. Courtaux,
Coqueluche (L, 564,655,711,763).
— Ma dernière note sur la coqueluche
devient parfaitement ■ incompréhensible,
par suite des fautes typographiques nom-
breuses, qui ont échappé au correcteur ;
je dois déclarer d'ailleurs que je n'ai pas
corrigé ces épreuves. Mais je pense que le
lecteur pourra faire les rectifications né-
cessaires, sans que je sois obligé de réédi-
ter mon affaire de Rébus ! Je me borne à
ajouter qu'il faut lire : kok^ gosier (et non
pas : gonir) ^ « dériverait » au lieu de
« dérivait. »
Je dois déclarer, en outre, pour expli-
quer ma dernière phrase, que j'avais
adressé d'abord une autre réponse, qui
n'a pas encore été insérée, sur les débats
des épidémies de coqueluche en France
et sur l'étymologie du mot. J'y faisais la
même réflexion que M. E. Grave, et par-
lais, en médecin, du <s chant du coq ; »
Je terminais par ces mots : « 11 y a du
coq en cette affaire ! »
D»" Marcel Baudouin.
N. 1059.
L^INTERMÉDIAIRÊ
827
828
Haricots et fayots (XLV à XLVIII).
— 11 me semble que les opinions soute-
nues ici même en 1902 sont fortement
battues en brèche par deux savants mé-
moires, parus en 1903 sur cette question,
mémoires qu'on n'a pas encore mention-
nés ici, à ce qu'il me semble. Le premier
estune communication deM.M. Wittmack
au Congrès des Aincricanistes à Berlin et
intitulé: Die Nui{pflan:^en dei alten Periia-
ner ; et le second une notice présentée au
Congrès de Tafas. à Angers, ayant pour
titre : De l'origine américaine du Phaseolns
vulgaris, due à M. le comte de Cliarencey
(de Paris). D'après ces deux travaux, le
haricot n'aurait apparu en France qu'au
xv^ siècle et serait originaire de 1 Amé
rique du Sud, et par suite du Pérou, plus
particulièrement.
En présence de ces affirmations, que
deviennent les hypothèses sur les étymo-
logies grecque, celtique ou autres, des
mots '.Haricots, fayots, niJnjettes.^monjettes,
etc., etc. .? - Nous serions très heureux de
le savoir.
Marcel Baudouin.
Les salières en céranriique ita-
lienne (L, 446^ — Cette note est très
intéressante. En fait de travaux spéciaux
sur le service de table en Italie dans les
vieux temps, je ne connais qu'un très
érudit travail de M. Lombroso sur la
fourchette. Je n'ai jamais rien lu sur les
salières en majolique. )e sais seulement
qu'elles sont maintenant très recherchées
en raison de leur rareté. La réunion la
plus importante a été formée à Florence
par M. E. Gerspach.
Elle comprend plus de cent pièces en
usage soit sur le.s tables modestes du
peuple, soit sur celles des patriciens.
G. UziELLI.
Le serment maçonnique (L, 498,
681, 747). — Le serment maçonnique ainsi
que les questions du vénérable et les ré-
ponses du récipiendaire sont peut-être se-
crètes. Mais ainsi que pour les mots sa-
crés, la divulgation en a eu lieu quelque-
fois.
Je rédige en ce moment le catalogue de
la bibliothèque franc-maçonnique d'un
vénérable de loge, 31= degré de la maç.".
ecos.'. anc". accept.-. — Dans cette bi-
bliothèque figure une grande quantité de
manuscrits et de rituels imprimés aux-
quels tous les serments et mots sacrés
sont ajoutés manuscritement lorsqu'ils
manquent.
Tous les papiers, correspondances, dis-
cours, ordres du jour, convocations, de-
mandes de renseignements sur les pro-
fanes ainsi que les réponses à ces questions
y figurent.
En résumé, tout ce qui peut faire con-
naître les secrets de la Fr. Maç. se
trouve dans cette bibliothèque.
L. D.
Casserole (L, 734). — L'origine de
la signification actuelle de ce mot ne re-
monte guère à plus d'un demi siècle
Primitivement, il ne s'appliquait qu'aux
femmes apportant des dénonciations à la
police, mais, depuis quelques années, il
est devenu fort à la mode en matière de
dénonciations politiques, et il semble vou-
loir remplacer le mot mouchard, qui lui-
même a succédé à la mouche, surnom
donné par le peuple aux agents que de
Mouchy, l'un des juges d'Antoine Du-
bourg, employait pour connaître les opi-
nions religieuses des citoyens de l'épo-
que
Maintenant, d'où vient l'emploi spécial
du mot « casserole » .? On peut, à mon
avis, l'expliquer ainsi :
En ce qui concerne la délation, l'argot
fait un usage considérable de termes de
cuisine et d'alimentation.
Ainsi, par exemple, le verbe casser qui
signifie manger (casser une croûte), signi-
fie aussi dénoncer, dénigrer (casser du
sucre). C'est donc probablement de là que
vient le mot casserole.
D'autre part, dans le monde des vo-
leurs, le dénonciateur était connu autre-
fois sous le nom de coqueiir, de l'ancien
mot tro,/ (cuisinier) . Aujourd'hui on l'appelle
« bourrique, vache, mouton », etc.
Puis, ce fut l'agent de police que l'on
désigna sous le terme générique de cuisi-
nier, et la police, sous celui de cuisine.
Quant à l'inculpé qui sans être vérita-
blement un délateur, finit par avouer ses
méfaits et par désigner ses complices, on
dit, dans la langue verte, qu'il se met à
table, mange le morceau, mange la galette,
mange sur l'orgue (aveux mêlés de chan-
tage).ma«^e son niè^e (dénonce son com-
plice) etc.
En définitive, on peut donc résumer à
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1904»
- 829
850
peu près comme suit la genèse du mot :
La cuisine, c'est la police.
Le cuisinier, c'est l'agent de police.'
Dans toute cuisine, il y a un récipient
indispensable : la casserole, c'est-à dire
en T'espèce, le délateur qui fournit à la
police des renseignements qu'il se pro-
cure en abusant de la confiance de ses
amis.
Quand la cuisine est terminée, l'inculpé
qui avait été amené dans le panier à
salade (mot dont l'explication assez peu
connue est délicate), l'inculpé, dis-je, se
met à table, puis, mange le morceau,, en
attendant le moment de passer devant la
Cour d'assises où il pourra encore man-
ger, puisque le banc des accusés s'appelle
la planche à pain.
Peut-être ces explications paraîtront-
elles fantaisistes. On reconnaîtra cepen-
dant qu'elles ne sont pas invraisemblables,
étant donné l'enchaînement des mots et
des expressions. Eugène Grécourt.
otis, i'rouuailîes ti (^wxmxih
Voltaire requérant une lettre de
cachet. — Après deux tentatives in-
fructueuses, le 9 mai 1746, Voltaire fut
admis à l'Académie. Les démarches avaient
été pénibles, les pourparlers compliqués.
En fin de compte, Voltaire fit le voyage
de Canossa : à la suite de sa lettre au
P. de la Tour, la réconciliation était faite
avec la Congrégation.
Certes, son amour-propre avait dû souf-
frir et au lendemain de son élection, sa
nervosité devait être extrême, sa suscep-
tibilité excessive.
Ses adversaires n'avaient admis ni paix
ni trêve. Batteux, dans le journal de
Fréron, accueillit son discours de récep-
tion avec des critiques acerbes et deux
anciens pamphlets remis en circulation,
« Le discours prononcé à la porte de
l'académie par le Directeur à M*'* » et
« Le Triomphe poétique », pamphlets
d'ailleurs médiocres, poussèrent son exas-
pération au paroxysme. La valeur litté-
raire de Voltaire aurait dû être au-dessus
de semblables vexations et l'insignifiance
des attaques était faite pour calmer sa
susceptibilité. Gcnus irritabile vates. Vol-
taire entra en fureur et ne trouva à se
mettre sous la dent qu'un malheureux
danseur de l'opéra. Son histoire avec Tra-
vencl citée un peu partout n'est mise à
jour nulle part.
Dernièrement, dans la bibliothèque de
Mlle Chasles, qui possède la plus belle et
la plus complète collection qu'on puisse
trouver sur la danse, et qui en connaît
admirablement toutes les richesses, je mis
la main sur les mémoires échangés en
1746, entre Travenol et Voltaire.
Ces pièces valent la peine d'être ana-
lysées, et j'avoue que ce n'est pas sans
un malin plaisir que je pris le défenseur
de Calas et de Damiens en flagrant délit
d'abub de pouvoir, appliquant avec féro-
cité, pour son compte personnel, les lois
dont il devait faire une critique souvent
injuste. A notre tour, ne soyons pas trop
sévères, Thurnanité tourne toujours la
même roue.
Ayant appris la vente des deux pam-
phlets. Voltaire entra dans une fureur
homérique ; grâce à son crédit, il com-
mence par faire enfermer à Bicêtre, un
pauvre diable de colporteur nommé Fa-
lizot ; terrorisé, le malheureux prison-
nier, pour obtenir une atténuation de sa
peine, dénonça le sieur Louis Travenol
fils, violon à l'Opéra, comme détenteur
des libelles.
Aussitôt Voltaire se plaint à l'Académie
et finit par obtenir, à force d'instances,
qu'une démarche soit faite auprès du Roi,
qui signa l'ordre d'arrestation uu facé-
tieux musicien.
Pour un scandale que Voltaire jugeait
immense, il voulut une réparation écla-
tante. 11 : émit donc à l'exempt la Vergée,
l'ordre dont il était pourvu, et le 7 juin
1746, une bande d'archers cerna le logis
de l'infortuné Travenol, rue du Bacq au
coin de celle de Grenelle, s'apprêtant à
en faire le siège ; n'ayant pas trouvé de»
résistance et pour cause, les archers pé-
nétrèrent dans l'antre de la calomnie.
Après avoir bien cherché, ils ne décou-
vrirent pas l'inculpé ; au moment de se
retirer après avoir fait buisson creux, ils
trouvèrent enfin, tremblant de tout ce
tapage, un pauvre vieux de quatre-vingts
ans, muet de frayeur. Sans autre forme
de procès, ils l'appréhendent, le con-
duisent au Fort l'Evêque et le mettent au
secret : à défaut du fils ils avaient em-
prisonné le père, Antoine Travenol, an-
cien danseur de l'Opéra. L'affaire fit du
bruit, l'illégalité de l'arrestation était
N» 1059.
L'INTERMÉDIAIRE
831
852
vraiment excessive, et après cinq jours
de détention, on invita le maliieureux
danseur à aller se faire pendre ailleurs.
Encore sous l'impression de la terreur,
l'infortuné Travenol, sorti de prison, va
supplier Voltaire de cesser ses poursuites
contre son fils promettant, de son côté,
de ne pas porter plainte au sujet de son
arrestation arbitraire. Le 'compromis fut
passé ainsi que cela ressort des versions
des adversaires ; Voltaire prend la pose
d'un roi qui pardonne et Travenol celui
d'un père qui implore.
La paix n'était pas sincère ; dès le
17 août, sans articuler de faits nouveaux,
Voltaire présente requête au lieutenant de
police, sous prétexte que le 7 juin le
commissaire la Vergée a trouvé plusieurs
exemplaires des libelles dans la maison
des Travenol. Le 24 août, nouvelle re-
quête, mais cette fois, elle est adressée
au lieutenant criminel.
La paix étant rompue, en possession
de tous ses droits, Antoine Travenol
porte plainte contre Voltaire dont la dé-
fense semble fort embarrassée ; ses ex-
plications sont inexactes et pitoyables.
Il prétend avoir ignoré l'arrestation du
père Travenol, dont il n'aurait eu con-
naissance que cinq jours plus tard, par
l'abbé d'Olivet ; il insinue, à tort, que
l'incarcération du vieux danseur n'était
pas motivée par son affaire, mais par
d'autres écrits concernant la religion.
Après une réponse des inculpés et une
lettre de l'abbé d'Olivet à son frère, con-
seiller au parlement de Besançon, l'affaire
parut enfm devant la justice.
M^ Manoury, défenseur des Travenol,
plaida avec verve et malmena fort con-
gruement le grand écrivain trop irascible,
En fait, les écrits n'étaient pas de Trave-
•nol ; ils n'étaient pas injurieux ; le
« Triomphe poétique » avait paru il y
avait plus de dix ans, dans les recueils
nommés Calottes ; quant au discours il
avait paru en 1743, alors que Voltaire
n'était pas encore académicien. C'était
donc le candidat qui était visé, et non
pas un membre du docte corps. L'Aca-
démie n'avait donc rien à voir à cette af-
faire.
Quant à l'arrestation arbitraire. M*" iVla-
noury s'en sortit avec esprit, et certes
ce jour-là. les rieurs ne furent pas du
côté de Voltaire. Les juges non plus,
car le verdict porte « que le sieur Arrouet
de Voltaire est condamné à 6.000 francs
de dommages et intérêts et aux dépens,
sauf au sieur Travenol de se pourvoir pour
les voies de droit, pour obtenir la radia-
tion de son écrou. i, J. G. Bord.
Un tour de force do construction
navale. — Nous lisons dans la Galette
de 1679 (n° 101):
De Marseille le 28 octobre 1679,
Le marquis de Seignelay, secrétaire d'Etat,
était arrivé à l'arsenal de Marseille à six
heures du matin. A peine y fut-il entré que
le sieut Brodart, intendant général des ga-
lères, fit paraître d'un coup de siftlet 800 ou-
vriers qui commencèrent à bâtir une galère,
ils étaient de plusieurs métiers, tous distin-
gués par des habits différents, afin qu'ils se
pussent reconnaître en travaillant et qu'il n'y
eût point de confusion. Us commencèrent à
travailler à six heures et demie du matin ; et à
cinq heures du 5oir la galère était achevée
et équipée ; le maréchal duc de Vivonne, le
marquis de Seignelay et le chevalier de
Noailles, lieutenant général de galère, mon-
tèrent dessus et atterrait presqu'au château
d'If.
Ce tour de force est-il possible ? Nous
ne dirons pas aujourd'hui, étant donné
l'état d'esprit qui anime les travailleurs
de nos arsenaux et ports militaires, mais,
si l'ordre et la discipline pouvaient ja-
mais y rentrer ? Sir Graph.
NECROLOGIE
Nous avons le très vif regret d'apprendre la
mort de celui de nos collaborateurs qui signait
le « duc Job ». Son nom était Boleslas Lopa-
cinski.
Très entendu dans l'histoire des alliances
des maisons souveraines d'Europe, il a publié
sur ce sujet, une suite de remarquables arti-
cles. Sa conversation extrêmement ornée, était
abondante en anecdotes et en souvenirs, qui
en faisaient un vivant répertoire précieux.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
lmp.DANiEL-CHA.»ABO!< St- Amand- Mont-Bond .
L' Volume
Paraissant les lo, ao et ^o de chaque mots 10 Décembre 1904.
40» Année
tl^'.r. Victor MasHé
PARIS (IX*)
Sureaux : de 2 à 4 heures
QCiEQnB
Cherchez et
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M entr'aider
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N<» io6o
3I'^ r.Victor Massé
PARIS (IX«;
Bureaux: de2à4haures
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DES
CHERCHEURS
Fondé en
ET CURIEUX
1864
•QUESTIONS ET REPONSES LITTÉKAIRES. HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
833
834
(fiHucôtiouô
Barbe-Bleue et Gilles de Retz. —
M.Salomon Reinach a entretenu l'Académie
■des inscriptions de ses doutes : il ne
croit pas Gilles de Retz coupable des
crimes pour lesquels il fut condamné.
Depuis la publication des pièces de la
procédure, chez Champion, n'a-t-il pas
paru des études sur ce sujet ? Quel est
l'état de la question? L'identité de Gilles de
Retz et de Barbe-Bleue est-elle établie ?
Les crimes de Gilles de Retz : meurtres
-d'enfants par sorcellerie et magie sont-ils
vraiment contestables ? Y.
Les ^< Délices satyriques » et le
« Parnasse satyrique ». — On trouve
dans le Catalogue Auvillain (Paris, J.
Miard, 1865), sous le numéro 761, la
mention d'un exemplaire des Délices
satyriques (Paris, Ant. de Sommavllle,
1620, in-12).
Sait-on ce que devint ce livre rarissime,
unique peut-être ?
Doit-on le considérer comme un livre
perdu, ou bien quelque correspondant
de VIntermédiaire,Va-t-\\ en sa possession ?
En connaît-on un autre exemplaire ?
Où peut-on trouver en outre Le Par-
nasse satyrique — suivi de la Qiiintesseiice
satyrique — de 1622, lequel figurait à la
même vente .''
Inutile de consulter les Inventaires de
nos fonds publics. Ad. B.
Une pantoufle de Marie-Antoi-
nette. — Dans une villa des environs de
Royat, on conserve religieusement, sous
globe, une pantoufle ayant appartenu à
Marie-Antoinette et un petit étui à pièces
d'or.
Voici, d'après la tradition conservée
dans la famille, l'histoire de ces deux reli-
ques.
Le 10 août, pendant le trajet des Tuile-
ries à l'Assemblée, Marie - Antoinette
ayant fait un faux pas, laissa échapper
une de ses pantoufles. M. D'Aubier, qui
l'accompagnait, avec d'autres personnages
de la cour, se précipita pour aider la reine
à remettre sa chaussure, et on arriva aux
Feuillants sans autre incident.
Le soir, le roi et Marie-Antoinette se
trouvant absolument dépourvus d'argent,
M. D'Aubier les pria d'accepter vingt-cinq
louis, et, ayant obtenu leur agrément,
leur remit cette somme. La Convention
ayant fait mettre dès le lendemain matin
des fonds à la disposition du roi, Louis
XVI s'acquittant de sa dette, remit à M.
D'Aubier un petit étui renfermant vingt-
cinq louis.
Par les soins de l'Assemblée, des vête-
ments de rechange avaient été portés aux
membres de la famille royale ; et M.
D'Aubier s'apercevant que la reine avait
remplacé ses pantoufles de la veille par
de nouvelles chaussures, la pria de lui
laisser une de ces pantoufles à titre de
souvenir ; Marie-Antoinette y consentit,
et remit la seconde pantoufle au valet de
chambre Hue.
L. 16
K« 1060.
L'INTERMÉDIAIRE
83:
836
M. de Vyré et après lui M. Lenôtre,
signalent bien le prêt de vingt-cinq louis
fait à la reine par M. D'Aubier : ils ajou-
tent même que M. D'Aubier fit accepter
un mouchoir de batiste destiné à rempla-
cer celui que Marie-Antoinette avait
mouillé de ses larmes ; mais ni l'un ni
l'autre ne font allusion au don de la pan-
toufle.
Celle qui est conservée à Royat est en
soie, couleur marron, à talon Louis XV
très haut et fortement cambré.
L'étoffe déchiquetée à été tailladée à
coups de ciseaux pour obtenir de petits
fragments offerts aux parents ou amis de
la famille. Arm. D.
Un problème de cryptographie :
la lettre da Desmaretz. — Le texte
suivant est emprunté à un autographe en
partie chiffré avec traduction, et en
partie sans traduction. On voudrait avoir
le nom du destinataire inconnu et le sens
de la fin chiffrée de la lettre. Ce sens
peut être fort intéressant, si l'on consi-
dère rétat de crise où se trouvait alors la
France, sous Louis XIV. La dépêche, éma-
née de Desmaretz, contrôleur des finances
depuis 1708 et ministre d'Etat, se réfère,
je crois, aux négociations du congrès de
Gertruydenberg. Firmin,
A Marly, ce 4 Juin 1710
On a Youlii tenter un événement dans l'espérance
1. 27. 479. 119. 343. 174. 402. 350. 408. 4.
qu'il pourroit estre heureux, qu'il (eroit changer
S58. 86. S26. 539 47 «. 467. 508. 531.
la facp des affaires présentes. Soit prudence, soit
35. 83 201. 373. 408. 068. 467. 415 531.
impossibilité, on n'a rien lait, mais il y a grande
•200 347. 356. 224 12. 43. 126. 389. 411.83.
apparence que ce qu'on n'a pas tenté volontairement
111, 4^8. 357 262 56. 549. 91. 448. 317.
deviendra forcé, et que l'action qu'on n'a pas
538 477. 512. 541. 446 29. 1. 347. IM. 394.
hasardée dans ces premiers temps deviendra
116 516 252 49.101.61.114.2.186.540.116
nécessaire et inévitable ; peu de semaines
94. 32. 43. Î09. 92. 85. 477. 174. 212.
feroil connoiftre ce qui en arriver.!. C'est
479. 288. 549. 113 49 83. 382. 56. 261.
cependant la r?ison qui a fait difTérer de
312. 549. 43&. 308 78. 43. 563. 32. 224
d'envoyer vostre courrier. La depesche qu'on
388. 62 209. 92 86. 231. 161. 301. 540.
tous porte vous fera connoislre qu'on
56. 304. 526. 43. 477. 411. 459 250. 25.559.
s'approche et qu'on se dispose a aplanir la
463. 221. 116 439. 558. 183. 493. 22. 4. 144
difficulté la plus essentielle. Le pouvoir
489. 297. 495. 4. 261. 247 501. 552. 304.
qu'on vous envoyé est assez estendu, et on ne
«4. 476. 424. 144. 89. 1. 170. 306. 206. 94.
s'y tiendra pas absolument. Si vous pouvez
461. 229 116.540. 394. 136. 161. 183. 170.
venir à bout d'avoir des seuretés et des
43. 513. 224. 480. 461. 161. 516. 318. 415.
éclaircissements. Sur les demandes ultérieures
179. 534.56. 83 343. 128. 78. 65. 343. Ii7.
on veut la paix, on 'a veut seure, mais
140. 373. 394. 250. 224 221. 664. 111. 50
on veut encore ménager l'honneur du
467 505. 538. 78. 29. 385 415 122. 306,
tiouvernement. Enfin, pourveu que les
206. 209. 493. 635. 203. 50. 563.
demandes ultérieures n'aillent pas
209. 64. 321. 161. 27. 123. 133. 78.224.
a des démembrements entiers et qu'on les.
318. 132. 230. 554 29. 101. 114. 521.
borne a peu de chose au delà des préliminaiies
264 347,429.344.40 290. 209. 5C5.
on s'y portera. Le peu qu'on vous envoya
116. 128. 35. 487. 64. 301. 489 116. 66
est un chemin pour conduire au traité
563. 52 549. 347. 4. 111. 660. 429. 116
11 ne se concluera pas sans bien des
439. 85. 111. 27. 246. 313. 343. 86.
explications et des conférences, mais voila
612. 385. 538. 119. 8. 301. 334. 22
au moins un relâchement qui peut produire
161 160. 324. 552. 27. 276. 126. 69.
la paix, ce qui n'auroit pas été selon
29. 111. 5G3. 126,451,224. 22 452. 111.
toutes les apparences si l'on etoit demeuré
231. 4. 80. 153. 78. 40. 111. 56. 269.
termes dans les premières résolutions
A partir de ce passage la lettre n'est
plus que chiffrée.
231. 119, 101. 402 49. 197. 424. 1.
219. .33.224. 532. 52. 347 22i 219
166. 69. 252. 1. 219 166 51 414.
92. 356. 101. 365 66. 243. 86.
116. 132. 347. 508. 151. 32. 118. 66.
269. 111. 119. 101. 402. 49. 197. 424. 347.
101. 554. 391. 316. 27. 149. 66. 3.
353. 377. 86. 111. 4. 347 429. 250. 563.
209 118. 160. 78. 558. 27. 601. 56.
115. 64. 67. 66. 224. 126. 411. 44G.
469. 92. 49 83. 111. 1. 231. 560.
5:^8. 78 402. 27. 40. 123. 347. 209. 385. 669.
116. 128. 36. 360. 50 459. 347. 608.
486. 83. 27. 350.120. 410. 558. 64. 249.
20i 243. 122. 315. 506 4.i3. 126. 267.
272. 293. 62- 111. 663. 126. 249. 416
362. 183 252. 479.49, 224. 67.
124 350. 83. 224.. 50. 382. 461.
501. 357. 203 66. 22. 4 224 532. 43.
461. 92. 373. 565. 316. 4. 29. 64.
437. 256. 111. 118. 186 27 362. 183
512.437.563.25^.56.3.119.83.
415. 78. 3. 526. 118. 411. 469. 250.
424. 57. 62. 111. Je suis très parfaitement
Monsieur, votre très humble et très obéissant ser-
viteur.
Desmaretz.
L'hôtel du chancelier Duprat. —
Les auteurs d'ouvrages sur le vieux Paris,
en général, et en particulier les deux
derniers qui aient écrit un guide à travers
les vestiges de son passé : le vicomte de
Villebresme et le marquis de Rochegude,
DÉS CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Décembre
837
838
i 904 ,
croient voir dans la maison de la rue des
Grands-Augustins, qui fait face à la rue
du Pont de-Lodi,et porte les numéros 5
et 7. l'hôtel ou une aile de l'hôtel d'Her-
cule'habité parle chancelier Duprat.
L'hôtel d'Hercule avait été bâti sous
Louis XI et décoré des peintures qui lui
ont valu son nom, pour Jehan de la
Driesche, président de la Chambre des
comptes décédé en 1472.
Les bâtiments qui subsistent sont posté-
rieurs, certainement, à la Renaissance. Ils
ne peuvent donc pas être tout ou partie
d"une maison bâtie sous Louis XI.
Quel intermédiairiste curieux du vieux
Paris pourrait me renseigner et me dire
l'histoire de cette vieille maison qui me
paraît contemporaine au plus de la visite
célèbre et bruyante que Henri 111 fit à
monsieur de Nantouillet, dont il pilla
l'argenterie ? Champvolant,
Pdtris, imprimeur de la com-
mune da Paris en 1793. — J'ai connu
vers 1869, un imprimeur parisien de ce
nom de Patris,dont les prénoms m'échap-
pent. Je le suppose avoir été le fils ou le
petit-fils de Charles-François-Robert Pa-
tris, nommé « d'une voix unanime />, im-
primeur de l'Assemblée générale des com-
missaires de la majorité des sections de
Paris, le 12 août 1792 (iVlaurice Tourneux,
Procès-verbaux de la commune de Paris,
p. 15).
le crois me rappeler que le Patris de
186g, venu plusieurs fois en Haute-Nor-
mandie, était le fils ou le mari d'une Mar-
tin d'Auvilliers, de la famille de l'arrê-
tiste collaborateur de Sulpicy (.?) Il avait
quelques acquisitions d'immeubles non
loin du domaine d'Auvilliers, au pays de
Bray (cinton de Neufchâtel-en-Bray).
Je désire savoir si mes souvenirs sont
exacts, les préciser et connaître la date
et le lieu du décès de ce Patris et de sa
femme, et les noms de ses descendants
actuels. PÉRÉGRIN,
Les membres de la Chambre in-
trouvable. — Pourrait-on m'indiquer
une publication contenant les noms des
députés envoyés par le Département de la
Seine-Inférieure, à la Chambre z(Z/;a roya-
liste des représentants, qui siégea du 7 Oc-
tobre 1 8 I 5 au 5 Septembre 1816. — Autant
que possible, une publication que j'aurais
chance de trouver, par exemple, dans une
bibliothèque publique comme celle de
Rouen .f' Pérégrin.
Gerzat, abbaye. — On lit dans le
Guide illustré du baigneuràChâtel-Guyon,
p. 212 :
Dans le mur d'une maison (à Gerzat) est
conservé un ancien bas-relief représentant
trois scènes de la Passion, ayant très pro-
bablement appartenu à une ancienne abbaye
située dans le voisinage.
Quelle abbaye existait à ou près de
Gerzat ? Axel.
Jonval-L'abbaye. — Flaubert, sur
qui V Intermédiaire a publié, dans le n"
du 20 novembre dernier, de si intéres-
santes choses, a placé la résidence de
madame Bovary, à. Jonval-L'abbaye.
Je ne trouve nulle part ce village.
Est-ce un simple « lieu-dit » ou un nom
de fantaisie ? A, d'E.
« Mandement » de Lans le-Bourg.
— A la sortie de Lans-le-Bourg, dernier
village français avant de franchir le Mont-
Cenis, à côté des plaques habituelles de
notre vicinalité, se voit un vieux poteau
portant une pancarte délabrée, sur laquelle
se déchiffrent encore ces mots : « Mande-
ment de Lans-le-Bourg ».
Quel est s. v. p. le sens de ce mot
« mandement » } S'agit-il d'une ancienne
circonscription ecclésiastique sarde ?
A. d'E.
Mariages acaiémiques. — Dans
une vente d'autographes Laverdet (24 avril
au i^' mai 18Ô2), se trouvait une lettre
d'Andrieux à Campenon, datée du 23 mai
1830, d'où je détache ce passage :
Z^Ion cher ami, dans notre Académie
c'est à qui ne fera pas. Cette pauvre Acadé-
mie est une vieille femme qu'on a peut-être
grande envie d"épouser, mais à condition
de s'exempter du devoir conjugal. C'est à
qui ne lui fera rien. Le secrétaire perpétuel
ne peut pourtant pas payer pour tout.
Sait-on à quel événement faisait allu-
sion l'épigramme irrévérencieuse d'An-
drieux ? Alpha.
Un comte de Fiers. — Antoine de
Pellevé, comte de Fiers, ancien capitaine
1 dans le régiment des cuirassiers du Roi
N. 1060
L'ÏNTÈRMEDlAfRÉ
839
840
d'une famille protestante de Normandie,
impliqué dans la conspiration du cheva-
lier de Rohan, parvint à s'en tirer sain et
sauf. 11 eut un fils qui hérita de tous ses
titres et mourut en 1722.
Sait-on si ce fils a laissé des descen-
dants ? Paul Edmond.
Domiciles do M. deGuiîautet de
Mme de Sôvigné. — Dans sa lettre
du 28 février 1671, devenue classique,
M™^ de Sévigné raconte l'incendie qui
consuma la maison de M. de Guitaut,son
voisin — Où se trouvait la maison de M.
de Guitaut (appartenant à M. Leblanc)
et, par suite, celle de Mme de Sévigné ?
Elle n'habitait plus place Royale où elle
était née et n'occupait pas encore l'hôtel
Carnavalet. L'ambassadeur de Venise qui,
dans cette lettre, joue le rôle de voisin
obligeant, demeurait alors rue Saint-
Gilles, au i2actuel.je crois. Ceci pourrait
être une indication. P. de B.
Famille Matiffas. — Pourrait-on
dire s'il existe encore des « MatifTas »
dont la filiation suivie commence avec
Mathieu Matiiïas, écuyer, demeurant à
Saint-Riquier (Somme), noble et issu de
noble génération par ses ascendants, le
27 juillet 1374; et quelles alliances ils
ont contractées depuis 1700 ? K. H.
L'art du grime chez Molière. —
Dans des lettres de Muret, datées de 1666,
que publiait en 1879 le Cabinet historique^
d'après le manuscrit de la Bibliothèque
nationale, 17046, je lis cette description
d'une procession en Espagne :
Aprèscelavenaituiiefoulede femmes avec
leurs cottes retroussées sur la tète. Cette
momerie me fit regarder le ciel pour voir
s'il y avait appréhension de la pluie ; mais
l'ayant trouvé fort serein, je ne pus m'em-
pêcher de rire. Ivlon hôte qui survint là
dessus, m'ayant demandé d'où venait un
si grand éclat, dont j'avais peine encore à
me tenir, et lui en ayant dit le sujet, fut
autant surpris de ma risée que je l'avais été
de cet ajustement et me dit d'un ton fort sé-
rieux que ni femme, ni fille n'oserait sortir
du logis d'une autre manière.
Je vous laisse à penser si Molière peut
faire une figure sur le théâtre plus ridicule
que ces femmes tenant des deux mains
teurs cottes retroussées tout autour du vi-
sage en sorte qu'à peine peut-on voir le
bbirt é^ kur nez ; au contraire,des pauvr.e.3
qui n'ont pas bien des habits et qui sont
obligées de mettre le meilleur sur leur tète,
j'oserais vous dire, Monsieur, qu'on leur
voit presque le derrière.
A quelle pièce, ou à quel rôle de Molière
Muret peut-il bien faire allusion .? L'auteur
du Médecin malgré lui savait, paraît-il,
merveilleusement se grimer. Est-il une de
ces transformations qui se rapprocherait
du portrait indiqué par Muret.? d'E.
Famille Pinsart ou Pinsard. —
Serait-il possible d'obtenir des renseigne-
ments généalogiques sur la famille Pin-
sart ou Pinsard, qui fut champenoise, rhé-
teloise et lorraine, et qui doit encore
exister dans le nord-est de la France 't
de Cavrines.
Golan dd "Vilîers. — Je désirerais
quelques détails et surtout ks armoiries
de cette famille. ]t dois confesser que
l'orthographe que je donne est douteuse ;
il est probable que cette famille est fla-
mande. Etienne de Bellet, d'une ancienne
famille mayorquine ou catalane, épousa,
à la fin du xvii* siècle, en Flandres, une
Gotan de Villers. Lui, ou son petit fils,
prénommé Etienne, fut lieutenant général
des armées de Philippe V.
Comte DE St-Saud.
Lettres gravées sur des sous. —
Un numismate, dans ses recherches, pour
sa collection, a trouvé et mis de côté un
certain nombre de monnaies de cuivre
aux effigies de Louis XV à Napoléon III,
des sous anglais et américains, et même
de simples flancs, contremarques 1 ou J.,
suivis d'une lettre quelconque de l'alpha-
bet, exemple lAIB JC, etc., etc.
Ces lettres en creux ou en relief sont
toujours grossièrement frappées, quelque-
fois gravées à la main, mais jamais pa-
reilles.
On serait curieux d'avoir des rensei-
gnements sur ces sous mystérieux.
Un membre du cercle des Méridionaux,
Armoiries à déterminer : de si-
nople à six besaas. — i" Double
écusson : de sinople à six besants de
posés ^, 2, /.
De gueules au chevron de... accompagne'
en.pûinted'im sabre ou épée, et en chef de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre 1904 •
841
842
2 molettes d'éperons à 6 pointes. Cou-
ronne : marquis. — Supports : allons.
R. L.
Af iï'oiries à déterminer : d'azur
à trois trèfles. — D\-i{nr à 9 trèfles po-
sés 2 et j et au centre une étoile de... à y
branches. R. L.
Armoiries à déterminer : d'ar-
gent au sautoir de gueules. — Ecu
coupé en deux verticalement. Côté droit :
D'argent au sautoir de gueules ; côté gau-
che : D'hermine au chef d'apir chargé de
^fleurs delvs de... ; dans la partie supé-
rieure de l'hermine, et contre le chef de
l'écu, un petit écu û!or, au lion couronné
de... Couronne : comte. — Devise : Po-
tius viori quani fœdari. R. L.
Indes Libroruoi prohibitorum.
— A quelle date ce livre parut-il pour la
première fois.^ Combien d'éditions a t-il
eu depuis .?
Charles Poyntz Stewart.
Vers latin à retrouver : quca ju-
venes... — Je serais très reconnaissant
à quelque intermédiairiste de dire où se
trouve ce vers :
Q.uœjuvenesdidicerenoluntperdendafateri.
H. M.
Ma'chais : étymologie. — La ré-
gion parisienne compte, parmi ses noms
de lieux dits, un certain nombre de terri-
toires appelés Marchais. J'ai pu constater
que plusieurs se rapportaient à des en-
droits où l'eau est proche du sol. Pour-
rais-je savoir, grâce aux collaborateurs de
Y Intermédiaire.^ l'origine et l'étymologie
du nom de Marchais, et obtenir la liste
aussi complète que possible des lieux dits
portant ce nom ? Louis Tesson.
L'auteur du « Martyre des deux
frères ». — En 1589 fut publiée une no-
tice intéressante intitulée : Le martyre des
deux frères, << contenant au vray toutes les
particularitez plus notables des massacres
et assasinats commis es personnes de très
hauts très puissantet très chrestiens prin-
ces messeigneurs le revérendissmie Cardi-
nal de Guise, archevesque de Rheims.et de
monseigneur le duc de Guise, pairs de
France, par Henry de Valois, à la facedes
estats dernièrement tenus à Blois ». L'au-
teur de cette publication est, je crois,
inconnu, malgré le soin qu'il a pris de
donner, à la fin de son travail, deux ana-
grammes de son nom : Ypresche le salut. —
La richesse peult.
L'un de nos collaborateurs pourrait-il,
plus heureux que moi, trouver le nom de
cet écrivain .? E. M.
Les statues sur la voie publique
et lesjardins. — Le Sénat a décidé que
la statue d'un contemporain ne pourrait
être élevée dans le jardin du Luxembourg
que dix ans après la mort du personnage.
Quelle est la législation pour les statues
sur les rues, places et jardins des com-
munes de France ^
A qui faut-il s'adresser pour obtenir
l'autorisation ? Un sculpteur.
A la première mouche. — Au
temps où chez nous on se moquait des
Allemands sans les connaître, on assurait
qu'un de leurs amusements, à la brasse-
rie, était d'attendre silencieusement qu'une
première mouche se posât sur un des
verres. Le maître de ce verre gagnait
l'enjeu.
Or, voici que dans le Journal de la
Santé ^ du 25 septembre 1904, on raconte
(p. 778) une facétie semblable en l'attri-
buant aux juges de Paris, jouant quel-
quefois ainsi avec leurs toques, sans
doute pendant l'audience.
11 serait amusant de recueillir des
exemples authentiques de ce jeu où une
mouche joue inconsciemment le rôle de la
Fortune. La pratique, du reste, se com-
prendrait mieux comme manière d'inter-
préter le sort pour déterminer une pri-
mauté ou une priorité. G. Servandy.
Temple de 1" Amitié.— On sait qu'il
existe à Paris, dans un jardin dépendant
du n° 20 de la rue Jacob, un Temple de
l'Amitié. Ce petit monument est décoré
d'un fronton élevé sur quatre colonnes
d'ordre dorique ou toscan, et son style
parait indiquer les années 1805 à 1810
comme date de la construction. Sur la frise,
l'inscription : A V Amitié.^ et sur le tym-
pan se lisent les trois lettres D. L. V . Que
signifient ces trois lettres et que sait-on
d'un peu exact sur cette construction cu-
rieuse:
PlETRO.
N» 1060
L'INTERMEDIAIRE
845
844
KépoiT^eâ
Alfred Mousse (L, 617, 754). —
Mon ami, M. le vicomte de Spoëlberch,
érudit impeccable, attribue au seul Arsène
Houssaye, le volume De Profundis. Voici
ce que m'écrivait Houssaye lui-même à
propos de l'œuvre <X Alfred Mousse :
Cher ami,
Je ne t'ai donc pas donné les Confessions
où je parle de cet incroyable De Profundis,
qui faillit être le de Profundis de l'éditeur? Je
n'étais pas attablé à ce chef-d'œuvre ; nous
étions trois ou quatre, sans compter le peintre
qui retoucha ma vignette. Le plus âgé des
quatre avait dix-sept ans, nous étions des
échappés de collège ne doutant de rien. C'était
à qui ferait le plus mauvais chapitre. Pour
mon compte,je commis la moitié de ce crime
littéraire.
J'ai donc travaillé à ce mauvais livre, mais
tu as fait une bonne affaire, car les biblioma-
nes ont payéjusqu'à 150 fr. l'exemplaire.
A mon retour à Paris j'irai serrer ta main
cordiale. Respectueux hommages à Madame
Claretie.
Ainsi, Arsène Houssaye n'est que le
demi-auteur de ce livre qui est moins
noir que son titre et plus intéressant que
le dit l'auteur des Confessions et du Qjia-
rante et- Un ihne Fa u îeu i l .
Jules Claretie.
La femme de Bernardin de
Saint-Pierre : « Félicité Didot.a éîé
le souffre-douleur de son mari » (L,
734). — Bernardin de Saint-Pierre ne
devait pas être jugé, d'après son esprit
aventureux, d'un caractère très facile.
Mais de là à conclure qu'il eut tous les
torts vis-à-vis de Mlle Félicité Didot, sa
première femme, il y a peut-être exagéra-
tion.
Marié sept ans avec Mlle Félicité Didot,
qui avait 33 ans de moins que lui, il y
eut, croit-on, incompatibilité d'humeur
entre les époux, mais les hommes n'ont
pas le monopole du caractère acariâtre et
désagréable, et Mlle Félicité Didot n'avait
pas su rendre l'illustre auteur assez heu-
reux pour qu'il portât à jamais son deuil
puisque, moins d'un an après sa mort, il
épousait, en secondes noces, Mlle de Pel-
lepore qui lui ferma les yeux en 181 4.
Dans la vente très importante d'auto-
g-'-iphes de M, Alfred Bovet, qui eut lieu
à Paris en 1884, il existait deux lettres de
Bernardin de Saint-Pierre, Le n" 763,
adjugé 40 fr., a été, par erreur, catalogué
par l'archiviste-expert Eiienne Charavay,
comme lettre adressée à Mlle Didot, lors-
qu'en réalité elle l'était à sa seconde
femme Mlle de Pellepore, et datée du 20
septembre 1805. Cette lettre est d'une
grande tendresse ; le sentimental auteur y
dit, entre autres choses :
II faut que tu rallumes mon feu, je ne dis
pas celui de mon amour, car celui-là ne
s'éteindra qu'avec ma vie.. .
Je possède une lettre datée de brumaire
an XllI (octobre, novembre 1804) adres-
sée par Bernardin de Saint-Pierre à sa se-
conde femme, et qui n'indique pas, non
plus, un cœur aussi dur (jue celui de cet
infernal mari dont parle M. Ruinât de
Gournier.
Voici cette lettre qui porte le cachet de
poste de Pontoise au XIII".
à Madame
Madame de Saint-Pierre
Hôtel de Broglie
rue de Varennes, fb St-Germain
à Paris.
Ma bien aimée, nous n'aurons le plaisir de
t'embrasser que dimanche au soir ou lundi
sur le midi. M. de Besmont est absent au-
jourd'hui vendredi . Je ne pense le voir que
demain samedy et j'espère conclure définiti-
vement. Quand au dimanche il est probable
que Rolland arrivera. Je fais ainsi d'une pierre
quatre ou cinq coups, pourvu qu'aucun de
ces coups ne te blesse. Ta mère est enchantée
de la maison, du paysage et du voisinage.
Paul est d'une gayeté charmante, nous t'em-
brassons de toûs nos cœurs, ta n-ère Paul et
moi, ainsi que notre bonne Virginie. Nous
lui rapporterons quelques jolies fleurs.
Adieu chère et tendre amie, je ne m'absente
de toi que pour m'occuper de ton bonheur.
Paris, ce brumaire an 13
Nous sommes retenus aujourd'hui chez
Mme de Besmont d'où je t'écris, ton ami à
jamais. De Saint Pierre.
Cette lettre est datée par erreur de
Paris, puisque, comme je l'ai dit plus
haut, elle porte Xc timbre de Pontoise,
G, BOUDET.
Le second mariaga da la du-
chesse da Berry (L, 722, 7S9). —
Aux intéressantes communications de
M. Thirria et de M. A. S. e dans Ylnîer-
inédiaire du 30 novembre, touchant le 2"
mariage de M""' la duchesse de Berry, je
DES CHERCHEURS BT CURIEUX
845
10 Décembre 1904,
846
puis ajouter, que, outre la copie de l'acte
de célébration conserve au Vatican, j'ai
trouvé, cet été, dans les archives du châ-
teau de Brijnnsée. où Madame a passé les
dernières années de son existence, d'autres
docurnents qui prouvent encore d'une
façon irréfutable que le mariage avait
précédé de beaucoup la captivité de
Blaye. Je me propose de les publier dans
l'ouvrage que je prépare en ce moment
sur cette princesse si injustement calom-
niée par le gouvernement de Louis-Phi-
lippe. 'Vicomte de Reiset.
* *
Errata. — Colonne 792, ligne 3, au lieu
«<//( mois de juillet » lire « c7/( mois de juil-
let ».Et lig. 28, au lieu de : <.< des raisons
de la plus haute importance les empê-
chent... »,lire <{. les empêchant... >>.
H. Thirria.
* *
C'est des bordsdela mer Noire quej'avais
adressé à V Intermédiaire ma question au
sujet de la duchesse de Berry et de Lu-
chesi-Palli. Je n'avais pas ma bibliothè-
que sous la main. Que notre confrère A.
S. ..e m'excuse donc d'avoir sollicité un
renseignement sur le comte de Mesnard
Je lui pardonnerai l'ironique épithète de
« savant » dont il me gratifie, je ne suis
doctiis que ciim libro, avec mes bouquins,
je Tavoue sans honte.
Mais ma question a soulevé un incident
assez curieux : M. H. Thirria traite de
« contes » et de « calomnies » les affir-
mations de M. de Reiset au sujet du ma-
riage de la duchesse. Le comte de Reiset
passe pourtant pour un homme sérieux,
digne de foi, et ses Mémoires m'ont paru
très exactement documentés, au moins
pour les périodes historiques que je con-
nais. Pourquoi aurait-il fait, à propos des
événements de Blaye, une digression
rétrospective, oiseuse et calomnieuse ?
C'est un point à élucider. M. P.
Le vaillant capitaine Cigongne
(L, 553). — 'Voici ce que je trouve au su-
jet de ce capitaine dans : Mémoires pour
servir à l'histoire de la ville de Dieppe par
Michel Claude Gnibert., prêtre, publics pour
la première fois avec une introduction., des
suppléments jusqu'à 1790 et des notes histo-
riques^ par Michel Hardy, correspondant
du ministère de l'Instruction publique.
Dieppe, Paris 1878, 2 voL in^".
Le 10 juin 1603, le s'' Charle-Timole'on de
Benuxongles, seigneur de Sigogne, arrrva en
cette ville, pour occuper la place lie gouver-
neur. Il se proposa de suivre l'exemple de son
père. Il fut, comme ses prédécesseurs, vice-
amiral de la côte de Normandie, et si consi-
déré du Roy qu'il obtint la modération de la
taxe d'un écu par tonneau, créée au mois de
mars 1604, en sortequ'on n'en paya que vingt
sols jusqu'à l'an 16: 5 .
... Dans le mois d'avril 161 1, le s'' de Si-
gogne fut attaqué d'une fièvre qui le mit à
l'extrémité. Se voyant en danger, il se récon-
cilia avec plusieurs habitants qui avoient été
mal avec luy pour avoir eu part à la disgrâce
du s' d'Ecusson. Il mourut le 16 et fut inhu-
mé dans le tombeau de son père et représenté
sous la même arcade (dans la chapelle de la
sainte Vierge de l'église de Saint-Rémy) oij il
est à genoux, avec sa cotte d'armes et cette
épitaphe :
Charles-Timoléon de Beauxongles, Chkvalier,
Seigneur de Sigogne, Rochevreux ht St-Simon,
Capitaine de cinquante hommes
Des Ordonnances du Roy,
Vice-Amiral de Normandie, Gouverneur
POUR Sa Majesté
De la Ville, Château et Citadelle de Dieppe,
Lequel y décéda le 16 d'avril 161 1,
L'écusson de ses armes est environné des
trophées de l'amirauté, écartelé de quatre
écus ditférenfs, surmontez dans le milieu d'un
cinquième qui porte trois coquilles en dehors.
...Le s'' de Chate étant mort le 13 mars 1603,
le gouvernement fut donné au s'' de Sigogne.
11 se proposa d'imiter l'exemple de son père,
et ordonna que, selon les édits du Roy, les
protestants feroient mettre un tapis devant leurs
portes et maisons le jour du Saint-Sacrement ;
ce qui leur déplut si fort, que quelques-uns
percèrent les tentes à coups de couteaux ; mais
ia punition des coupables fit connaître à tout
le parti qu'il ne leur étoit pas permis de
s'émanciper.
. . .Apres le s"" de Sigogne ( 1 ), le gouverne-
ment fut donné, en 161 i, au s'' de Villers
Ou dan.
Dans le même ouvrage sont d'intéres-
sants détails sur le père de ce capitaine,
qui mourut
le 5 novembre 158::, d'une chute qu'il avoit
fait avec son cheval dans la rivière de Pour-
ville. Il fut inhumé dans la chapelle de la
sainte Vierge de l'église de Saint Rémy, et sa
vefve y a fait construire un mausolé, où il
est représenté à genoux avec les habits et le
collier de l'ordre de Saint-Michel et cette épi-
taphe :
(1) Voir les intéressants détails donnés sur
Sigongne fils, par M. Emile Lesens, dans l'ou-
vrage des Daval, t. 1, page 257-230,
No 1060,
L'INTERMEDIAIRE
847
848
J'eus mes honneurs guerriers en Piêniont et en
[France,
Mes grades à la cour, el à l^urin 'mon Los ;
La Beausse a eu tues biens, mes parents ma nais-
[sance
El Dieppe mon conseil, mon labeur et mes ns .
L'écusson de ses armes est chargé de trois
coquilles en dehors.
L. Greder.
Parenté d'Henri VÏII et à'Av.-
toine de Ligne (L, 723). — La parenté
du roi anglais avec le grand seigneur
hennuyer, d'une naissance plus relevée
en noblesse que la • ienne, est des plus
faciles à établir historiquement. Henri VIII,
arrière-petit-fils de Catherine de France
et du gentilhomme gallois, Owen Tudor,
était le descendant. par son arrière r^rand'
mère, de Bonne de Luxembourg, femme
de Jean II roi de rrance, et sous-arrière-
petite-fille de Hesiîi le Blondel, comte de
Luxembourg et (Je la Roche, marquis
d'Arlon, en même temps qu'arnère-
petite-nièce de Walram ou Valeran de
Luxembourg, sire de Ligny et de Roussi.
D'un autre côté, Antoine de Ligne, qui
était fils de Jean III, baron de Ligne, et de
Jacqueline de Cr6i(exviafre : de Lorraine-
Vaudémont), était issu, au sixième degré,
de Marie de Luxembourg-Ligny-Saint-
Pol, dont la fille, Jeanne de Condet-Bail-
leul-Moriamez, fut l'épouse de Fastred,
sire et baron de Ligne, niaréchal de Hai-
naut, son quatrième aïeul. Et ladite Marie
de Luxembourg-Saint- Pol était sous arrière-
petite-fille de Valeran, seigneur de Ligny
et de Roussi.
Par sa mère, née de Croï, Antoine de
Ligne avait pour autre ancêtre, Margue-
rite de Joinville, dame dudit lieu et com-
tesse de Vaudémont, dont la mère était
Marie de Luxembour'.^-Ligny, fille de
Jean, châtelain de Lille, et d'Alix de
Flandres-Dampierre-Bourbon (i).
Le comte P. -A. duChastel,
descendant des maisons de Luxcmhoiirg et
de Lorraine par Jeanne-Lamberte de
Croï-Rœulx.
Titulaires de majorât? ^L. 724). —
Mon excellent ami M. Louis Thomas, un
de nos meilleurs publicistes régionaux,
(i) Voyez le Dictionnaire historique de
Morcri, aux mots France^ Ligne, Lorraine
et Luxembourg.
qui habite actuellement Grisolles, se met
à la disposition de V Intermédiaire et du
collaborateur R. F. pour tous renseigne-
ments concernant son majorât en dota-
tion. DE Thomières.
Le boulet qui a tué Turenne (L,
665). — Un de nos confrères les plus
heureux en trouvailles intéressantes, qu'il
expose avec beaucoup d'esprit et de ta-
lent, M. Etienne Charles, de la Liberte\3i
voulu percer le mystère des de.ux boulets,
conservés l'un à Saizbach, l'autre à Paris,
qui passent, chacun, pour être celui qui a
tué Turenne.
C'est au musée de l'Armée, à droite de
l'entrée, dit M. Etienne Charles, que l'on peut
voir, sous verre, le fameux boulet, lequel a un
diamètre de 0.073 ^t pèse i kilog. 510, et
divers autres objets, le tout désigné ainsi sur
l'étiquette explicative : « Boulet qui a tué
Turenne ; flambeaux de ^on équipage de
Campagne et statuette équestre (conservés h
l'hôtel des Invalides). Médaillon représentant
le portrait du maréchal, don du baron du
Teil. »
C'est seulement le médaillon, qui a été
donné par M. du Teil. Les autres objets, le
boulet notamment, proviennent. m'a--t-on
déclaré au musée de l'Armée, du musée d'Ar-
tillerie et lui avaient été donnés au début du
second Empire par la famille Hay de Slade.
On n'a pu, au musée de l'Armée, m'en
dire davantage sur la provenance du boulet
ni sur les conditions dans lesquelles il était
entré dans les mains de la famille Hay de
Shde. On a seulement ajouté que l'on croyait
que l'acceptation de ce le; s avait été précédée
d'une enquête officielle et avait fait l'objet
d'un décret de Napoléon III.
j'ai entièrement parcouru le Bulletin des
Lois de 1S53 à
1870
je n y ai trouve que
deux décrets relatifs aa musée d'Artillerie,
L'un, du 22 novembre 1856, accepte le legs
fait à ce musée par M. Napoléon Bessières,
duc d'htrie, de <£ 1" deux pièces de canon
prises à Médina -del-Rio-."-ecco. le 14 juillet
1808 ; 2° un sabre arabe avec ses origines ;
3° les armes, rapportées par lui, des cheva-
liers de Saint-Jean-de-]érusalem ».
L'autre, du 18 mai 1S67, autorise le minis-
tre de la guerre à accepter le legs « fait par
feu M. le baron Léon-François Desmazis au
musée d'artillerie, comprenant la collection
de ses armes tant otïensives que défensives,
avec tous les accessoires d'armes, tant de
chasse que de guerre, tels que poires à pou-
dre, clefs d'arquebuse et tous les accessoires
généralement quelconques qui se rattachent
aux armes du quinzième siècle. »
OHS CHERCHEURS ET CURIEUX
~ 849
850
10 Décembre 1904
il n'y a pas, au Biillelin des Lois, de dé-
cret relatif au don de la famille Hay de Slade.
La question, comme on dit au Parlement,
resîe donc entièie.
Dos deux exemplaires du « boulet qui a
tué Turenne», celui des Invalides et celui de
Salzbacii. l'un, forcément, est faux. Mais le-
quel ?
Le général Thiébault, dans ses Mémoires,
raconte qu'un de ses camarades, nommé Ri-
vière, possédait le boulet qui avait tué Tu-
renne et qui avait appaitenu à la famille de
Bouillon, de laquelle était Turenne.
List-ce ce boulet que l'on voit au musée de
l'armée ? Et comment de ce Rivière éfait-il
venu aux mains de la famille flav de Slade ?
Le droit du i^eigneur (T. G. 290 ;
L,2o6, 29^, 396,735. Soi). — Pourse faire
une juste idée de ce droit, il faut se bien
persuader qu'il a existé dans l'ancien
monde, dès les temps les plus reculés ;
ce droit n'était donc qu'un reste d'une
coutume antique. Anisi, d'après Hérodote
(IV, 158), dans la tribu libyque des Ad}^--
makhides, « on présentait au roi les filles
qui voulaient se marier, et celles qui lui
plaisaient étaient déflorées par lui ».
Ainsi encore, d'après Volkof, ce même
usage existait parmi les Slaves du Sud
et, en L kraine, il n"a cessé qu'à l'époque
de l'affranchissement des serfs, en 1861.
D'A. T. Vercoutre.
* *
je m'étais imposé jusqu'ici de ne rien
écrire en réponse à la question irritante du
droit du seigneur poiu- lequel on signale
trop de probabilités et pas assez de textes,
j'avais pour cela de bonnes raisons : elle a
été traitée depuis si longtemps et de tant de
manières, je sais de plus, qu'il y faudrait
une grande compétence et une réelle au-
torité ; aussi, je me contentais d'assister
au débat en curieux intéressé. Il ne sem-
ble pas, en effet, qu'on ait encore apporté
un argument décisif. On a cité quelques
cas isolés qui semblent plutôt des excep-
tions brutales que des faits d'ordre géné-
ral.
L'un des droits de l'abbaye de Voisins
(L, 396) est beaucoup plus facile à éluci-
der et n'a qu'un rapport très lointain avec
le droit du seigneur. C'est un droit fiscal
féodal, dont on connaît beaucoup d'exem-
ples et voilà tout. Il a fallu un mot de
mauvais latin, injambis corporum , pour éta-
blir, par altération, une corrélation vague
avec le droit de jambage. Ce droit de jambes
de po}c peut paraître singulier, mais il en
est bien d'autres dans les coutumes et les
aveux du moyen âge. Celui-ci consistait,
en particulier, dans la redevance d'un ou
deux pieds des porcs tués par les bou-
chers ou chairecuitiers. Il devait être établi
dans des conditions propres à chaque fief
et je suis persuadé que si on faisait une
recherche dans les aveux de l'abbaye de
Voisins, on trouverait certainement un
texte précis qui le définirait d'une façon
plus formelle que la citation à laquelle je
réponds.
11 existait à Mantes, un fief de Cham-
bine, relevar.t en plein fief des seigneurs
de jouy, qui étaient les chanoines de la
Sainte-Chapelle de Paris au xv« siècle,
et en arrière-fief, des seigneurs de Rosny.
Le droit principal est ainsi énoncé vers
1390 : « Item, les piets de devant de tous
les pourceaulx que tuent les bouchers de
la ville de Mante et que les marchands du
dehors y apportent pour vendre... Item,
chacun boullanger qui vent pain en la
ville de Mante doit chascun dimanche un
denier de coutume. » On connaît ce droit
dès le xiu'' siècle et il est bien le même
que celui de l'abbaye de Voisins. Ce n'est
pas autre chose qu'un revenu de la sei-
gneurie.
Qj.]ant au fameux droit du seigneur,
je puis assurer que fouillant des archives
anciennes depuis cinq ans. en vue de re-
recherches locales, je n'ai encore trouvé
rien autre que le droit de Mets dans la
chatellenie de Blaru près Mantes et dans
quelques seigneuries voisines d'origines
communes. Il consiste, comme on sait,
en un plat du repas de noces, semblable
au meilleur servi aux mariés. Il était
porté au seigneur, par les parents des
époux, précédés du ménétrier. Peu à peu,
ce droit, en nature, fut changé en une
redevance en argent.
je demande pardon de citer si souvent
la Condition de la Classe Agricole en Nor-
mandie de M. Léopold Delisle, mais c'est
une source si sûre et de plus inépuisable.
Dans une note, il rappelle les vers con-
nus :
Le vilain sa fîlle marie
Pir dehors la seignorie
Le seignour en a le culage ;
m sol en del mariage.
N. 1060.
L'INTfiRMÊDiAIRE
^^^ 851
852
Et il ajoute : « Dans ces vers on ne
peut être choqué que de l'expression. Dans
un aveu de l'abbaye du Trop, en 145s,
nous voyons encore les vassaux tenus
« de paier le cullage de mariage >v Dans
l'un et l'autre de ces exemples, il ne s'agit
encore que d'une redevance en argent,
ce qui autorise à donner une semblable
autorisation au « droit de cullage quand
on se marie » que le comte d'Hu avait
sur ses hommes ». Et encore : « Dans le
xii' siècle à Carpiquet, l'abbesse de Caen
demandait trois sous au paysan dont la
fille s'établissait hors de sa seigneurie....
Les vilains de Vernon acquittaient un droit
semblable au profit des moines du Mont
Saint-Michel Au xiii* siècle dans \xn
manoir anglais des moines de Préaux, cette
redevance s'appelait la Gtieison : Dehciit
date Guersiniii/nvii (1231). » Enfin M.
Léopold Delisle cite maint exemple de re-
devances en gâteaux, membre de bœbf,
longe de porc avec la queue, etc, et il ter-
mine ainsi : « Pour être absolument im-
partial, observons qu'une fois seulement
un mot peu décent (dans les vers cités)
s'est rencontré sous notre plume : mais
que le vers suivant ne laisse pas la moin-
dre place à une maligne interprétation ;
qu'une autre fois encore, les regards de
mariages sont indiqués comme l'équiva-
lent d'autres redevances remises à la fin
du xiii^ siècle par le seigneur de Chauvi-
gny à ses hommes (gastel, jambe de port
bon, etc), mais que personne ne saurait
se faire un argument de la transformation
de ces redevances, à moins de s'appuyer
sur le contrat même de rachat — enfin,
que dans un seul cas nous avons vu spé-
cifier ce droit infâme dont le nom se jette
sans cesse à la face de la féodalité comme
le plus sanglant outrage ; mais que dans
ce cas même nous n'avons sous les )'eux
qu'une formule comminatoire, puisque
l'exercice de ce droit est subordonné à la
négligence que le mari mettrait à donner
un morceau de porc ou un galon de vin. »
Voilà l'aveu auquel, il est fait allusion :
« Eu dit lieu (la Rivière Bourdet, en 1419)
aussi ay droit de prendre sur mes hommes
et autres quant ilz se marient en ma terre,
dix soulz tournois et une longue (longe)
de porc tout au long de l'eschine jusques
à l'oreille, et la queue franchement com-
prinse en y celle longue, avecque ung
gallon de tel bruvaige comme il aura aux
nopces, 011 je puis et dois, s'il me plaist
ûlcr conchier avecqiies l'espoiisée, eu cas ou
sou mary eu personne de par lui ne me paie-
rait à moy ou à mon eonm-iandtment l'une
des choses dessus déclairées. »
Voilà donc un texte précis, mais si
conditionnel qu'il en faut chercher d'au-
tres. Je m'arrêterai ici en soumettant une
observation sur le mot cullagium : pour-
quoi ne viendrait-il pas de Cul la, vesimen-
lis genus ut Cucidla ?
E. Grave.
♦ »
On m'a fait dire : « Au surplus, on
<(. annonçait qu'un tel droit, pour bien des
« raisons, ne se prélevait pas toujours en
nature ». — ce qui n'a pas de sens.
J'avais écrit : « Au surplus, on conçoit
qu'un )) etc., etc. Léon Sylvestre.
La banqueroute du prince de
Guéménéo(L,'723). — On trouve, chez
les marchands d autographes et de docu-
ments, des papiers sur cette ruine.
A S .Y.
î,a petito-ûUo du chevalier
d'Assas^T. G, 641,793). — Les titu-
laires actuels sont : M. Louis, marquis
d'Assas, propriétaire du château du Cas-
telnau, près de Nant (Avcyron), Mme la
comtesse de Riencourt, château de Beau-
court (Somme), et madame la comtesse
Doria, château d'Orroy (Somme), tous
issus du marquis d'Assas (Fulcrandj et de
la marquise née d'Espous.
Le vicomte de Bonald.
La famille Sniison. Le droit
do havage (T. G., 820 ; XLIX, 923 ; L,
1 56, 267,698,746, 790). — Sur ce droit de
havage, voyez l'article : Le Bourreau
d'Angers, 1784, de M. E. Laurcin, dans
V Anjou historique àQ septembre 1904, pp.
153 sq. Louis Calendini.
Livre debord delas< Sémillante»
(L, 721). — Les rôles d'équipage des bâ-
timents de l'Etat sont conservés dans les
archives du commissariat (Détail des
armements) des cinq ports de guerre.
Toutefois, ceux antérieurs à 1792, après
avoir été déposés aux archives de la ma-
rine, à Paris sont, depuis peu d'années, aux
Archives nationales. Je n'ai pas à ma dis-
position le répertoire du commissaire gé-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre (904.
855
854
néral de La Gatinerie qui indique les ports
comptables des bâtiments armés jusqu'en
1836 et je ne puis indiquer à notre colla-
borateur l'arsenal qui avait armé « La
Séniillante » à la fin du xviu^ siècle. J'ai
cependant lieu de penser que cet armement
eui lieu à Brest.
Les journaux de navigation (le terme
livres de bord est impropre) se trouvent
dans les archives des majorités des ports
et au dépôt des cartes et plans à Paris.
E. M.
Les 256 quartiers cîu comte de
Chainbord (L, 389). — Je ne sais pas
si l'on a donné quelque part ces quar-
tiers : j"ai cherché à les reconstruire et je
crois avoir à peu près réussi.
J'adresse à ï Intermédiaire des tableaux
qui démontrent la descendance du comte
de Chambord de ces 2^6 aieux, avec
prière de les communiquer à M. A. B.
qui a posé la question, aussi bien que
rénumération de ces aieux dans le cas
où ils pourraient intéresser les lecteurs de
Y Intennédiaiie.
Dans cette énumération, il y a trois la-
cunes : la plus importante est celle qui
comprend les quartiers 17 à 32, c'est-à-
dire les 16 quartiers de Marie Lesczinska,
la femme du roi Louis XV ; il s'agit de
familles polonaises sur lesquels je ne
possède pas de renseignements.
Autre lacune au N" 48 : ici il ne s'agit
que de la femme de Jean-Casimir Wild-
Rhingrave, et mère d'Anne-Dorothée
Wild-Rhingrave, morte en 1655, qui
épous Ebérard III, duc de Wurtemberg-
Stuttgard, né en 1614 •{- 1674. }e n'ai pas
sous la main le Dictionnaire Historique de
Moreri (Edit. de 1759) : mais je crois que
l'on pourra y trouver ce nom à l'article :
Wurtemberg : je crois même que cet au-
teur consacre une notice à la famille de
]ViId-Rlnn grave ou de Salm : il s'agit de
vérifier.
Enfin, pour compléter les 256 quar-
tiers, il faudrait retracer les noms des
quatre aïeux de Marie-Polixène Kuhon de
Beîasy (famille hongroise r) morte en
1714, femme de Maximilien-CharleS,
prince de Lœwenstein, né en 1656 f en
1718 (quartiers 93-96),
G. P. Le Lieur d'Avost.
I Louis XIII,
* *
roi de
France, 2 Anne
d'Autriche, 3 Philippe IV, roi d'Espagne,
4 Elisabeth de France, s Maximilien, élec-
teur de Bavière, 6 Marie-Anne d'Autriche,
7 Victor-Amédée I", duc de Savoie, 8
Christine de France, 9 Victor Amédée I*"",
duc de Savoie, 10 Christine de France,
Il Charles-Amédée de Savoie, duc de Ne-
mours.
12 Elisabeth de Vendôme, 13 Louis X^II
roi de France, 14 Anne d'Autriche, 15
Charles T'' roi d'Angleterre, ib Henriette
de France (ly à ^2 les 16 quartiers de Marte
Lescj^inska femme de Louis XV^ roi de
France), 33 Jean Georges ?■■ électeur de
Saxe, 34 Madeleine de Brandebourg, 35
Chrétien de Bandebourg, margrave de Ba-
reith,36 Marie de Prusse, 37 Chrétien IV,
roi de Danemark, 38 Anne de Brande-
bourg, 39 Georges, duc de Brunswick-
Zell, 40 Anne d'Hesse-Darmstadt, 41
Chrétien de Brandebourg, margrave de
Bareith,^42 Marie de Prusse, 43 joachim-
Ernest de Brandebourg, margrave d'Ans-
pach, 44 Sophie de Solms, 45 Jean-Fré-
déric, duc de Wurtemberg-Stuttgard, 46
Barbe de Brandebourg, 47 Jean Casimir
Wild-Rhingrave, 48 49 Ferdinand II
d'Autriche, empereur d'Allemagne, 50
Marie de Bavière.
51 Philippe III roi d'Espagne, 52 Mar-
guerite d'Autriche, 53 Wolfang Guillaume
de Bavière, duc de Neubourg, 54 Margue-
rite de Bavière, 5^ Georges II landgrave
d'Hesse-Darmstadt, 50 Sophie de Saxe,
57 Guillaume de Brunswick duc de Lu,
nebourg Zell, 58 Dorothée de Danemark,
■59 Louis XV, landgrave d'Hesse-Darms-
tadt, 60 Madeleine de Brandebourg, 61
Frédéric V de Bavière, électeur Palatin,
62 Elisabeth Stuart, 63 Charles de Gon-
zaga, duc de Nevers et de Mantoue, 64
Catherine de Lorraine, 65 Charles Em-
manuel I, duc de Savoie, 66 Catherine
d'Autriche, 67 Henri IV, roi de France,
68 Marie de Médicis, 69 Henri de Savoie,
duc de Nemours.
70 Anne de Lorraine, 71 César de
Bourbon, duc de Vendôme, 72 Françoise
de Lorraine, 73 Henri IV, roi de France,
74 Marie de Médicis, 75 Philippe III, roi
d'Espagne, 76 Marguerite d'Autriche,
77 Jacques I, roi d'Angleterre, 78 Anne
de Danemark, 79 Henri IV roi de France,
80 Marie de Médicis, 81 Maurice, land.
N* 1060,
L'INTERMEDIAIRE
855
856
guérite
grave d'Hesse-Cassel, 82 Julie de Nassau-
Dilleni bourg.
83 Philippe-Reinald, comte d'Hohen-
Solms, 84 Elisabeth de Wied, 85 Jean
Théodoric, comte de Lœwenstein, 86 Jos-
sine de la Marck, 87 Egon, comte de
Furstemberg, 88 Anne de Hohenstein,
89 Jean Théodoric, comte de Lœwenstein,
90 Jossine de la Marck, 91 Egon, comte
de Furstenberg, 92 Anne de Hohenstein
(çp-p6 : les quatre quartiers de Marie Po-
lixcne KJnion de Bêlas y f ly i^^ femme de
Maximilien Charles prince de Lœxvenstein),
97 Henri IV, roi de France, 98 Marie de
Médicis.
99 Philippe III, roi d'Espagne, 100 Mar-
d'Autriche, loi Philippe 111, roi
d'Espagne, 102 Marguerite d'Autriche,
103 Henri IV, roi de France, 104 Marie de
Médicis, 105 Guillaume V duc de Bavière,
106 Renée de Lorraine, 107 Ferdinand II
d'Autriche, empereur d'Allemagne, 108
Marie de Bavière, 109 Charles Emma-
nuel I, duc de Savoie, 1 10 Calherine d'Au-
triche, III Henri ÎV, roi de France, 112
Marie de Médicis, 1 13 Ranuce 1 Farnèse,
duc de Parme, 114 Marguerite Aldobran-
dini.
115 Côme 11 de Médicis, grand duc de
Toscane, 116 Marie Madeleine d'Autriche,
117 Alphonse 111 d'Esté, duc de Alodène,
118 Isabelle de Savoie, 119 Ranuce 1 Far-
nèse, duc de Parme, 120 Marguerite Al-
dobrandini, 121 Philippe Louis de Ba-
vière, duc de Neubourg, 122 Anne de
Clèves, 123 Guillaume V duc de Bavière,
124 Renée de Lorraine, 125 Louis V
Landgrave d'Hesse-Darmstad, 12(3 Made-
leine de Brandebourg, 127 Jean Georges II
électeur de Saxe, 128 Madeleine de Bran-
debourg.
129 Louis XIII roi de France, 130 Ann^
d'Autriche, 131 Philippe IV roi d'E?pa-
gne, 132 Elisabeth de France, 133 Maxi-
milien, électeur de Ba\'ière,i34Marie Anne
d'Autriche, 135 Victor Amédée I, duc de
Savoie, 136 Christine de France, 137
Edouard P"", Farnèse, duc de Parme, 138
Marguerite de Médicis.
139 François I'^'" d'Esté duc de Modènei
140 Marie Farnèse, 141 Vv'^olfang Guillau"
me de Bavière, duc de Neubourg, 142
Marguerite de Bavière, 143 Georges II,
Landgrave d'Hesse-Darmstadt,i44 Sophie
de Saxe, 145 Jean Georges II, électeur de
Madeleine de
Brandebourg
Saxe, 146
Culmbach.
147 Frédéric ill roi de Danemarck, izj8
Sophie de Brunswick, 149 Herman de
Brandebourg, margrave de Bareth, 150
Sophie de Brandebourg - Anspach, 151
Ebérard 111, duc de WurtembergStuttgard,
153 Anne Dorothée Wild-Rhingrave, 153
Ferdinand 111, empereur d'Allemagne, 154
Marie- Anne d'.-\utriche.
I 7=5 Philippe-Guillaume de Bavière élec-
teur Palatin, i^ôElisabeth d'Hesse Darms-
tadt, i 57 Georges duc de Brunswick Zell,
158 Anne d'Hesse Darmstadt, 159 Edouard
de Bavière, com.te Palatin, 160 Anne de
Gonzaga, 161 François duc de Lorraine,
162 Christine de Salm, 163 Henri 11 duc
de Lorraine.
164 Marguerite de Gonzaga, 165 Fer-
dinand II empereur d'Allemagne, 166
Marie-Anne de Bavière, 167 Charles de
Gonzaga-Clèves, duc de Rethelois, 168
Marie de Gonzaga, 169 Henri Î'V, roi de
France, 170 Marie de Médicis, 171 Phi-
lippe III roi d'Espagne, 172 Marguerite
d'Autriche.
173 Frédéric V de Bavière électeur Pa-
latm, 174 Elisabeth Siuart, 175 Guillau-
meV, landgrave d'Hesse-Cassel, 176 Amé-
lie de Hanau, 177 Fernand 11 empereur
d'Allemagne, 178 Marie- Anne de Bavière,
179 Philippe III, roi d'Espagne, 180 Mar-
guerite d'Autriche, 181 Wolfang Guil-
laume de Bavière, électeur Palatin, 182
Marguerite de Bavière,
183 Georges II, landgrave d'hlesse-
Darmstadt, 184 Sophie de Saxe, 185 Au-
guste de Brunswick duc de Wolfenbuttel,
186 Dorothée d'Anhalt Zerbzt, 187 Fré-
déric, duc d'Holstein Norbourg, 188 Eléo-
nore d'Anhalt, 189 Joachim-Ernest. comte
d'Œttingen-Œttingen, 190 Anne de Solms.
191 Ebérard II, duc de Wurtemberg-
Stuttgard, 192 Anne Dorothée Wild-Rhin-
grave, 193 François duc de Lorraine, 194
Christine de Salm, 19c Henri il duc de
Lorraine, 196 Marguerite de Gonzaga,
197 Ferdinand II empereur d'Allemagne,
198 Marie-Anne de Bavière, 199 Charles
de Gonzaga-Clèves, duc de Rethélois, 200
Marie de Gonzaga.
201 Henri IV roi de France, 202 Marie
de Médicis,203 Philippe III, roi d'Espagne,
204 Marguerite d'Autriche, 20^ Frédéric
V de Bavière électeur Palatin, 206 Elisa-
beth Stuart,207 Guillaume IV, landgrave
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre 1904
--^ 857
858
d'Hesse-Cassel, 208 Amélie de Hanau,
209 Ferdinand II. empereur d'Allemagne,
210 Marie-Anne de Bavière, 21 1 Philippe
111. roi d'Espagne.
2 {2 Marguerite d'Autriche, 213 Wol-
fang Guillaume de Bavière électeur Pala-
tin, 214 JVLirguerite de Bavière.2it5 Geor-
ges II. landgrave d'Kesôe-Cassel. 216 So-
phi^ de Saxe, 217 Auguste de Brunswick
duc de Woifanbuttel,2i8 Dorothée d'An-
halt-Zerbzt.
219 Frédéric, duc d'Holstein-Norbourg,
220 Éléonore d'Anhalt, 221 Joacliim-Er-
nest comte d'Œttingen-Œttingen, 222
Anna de Salm, 223 Ebérard ill, duc de
Wurtemberg Stuttgard, 224 Anne Doro-
thée Wild-Rhingrave, 225 Louis XIII, roi
de France.
226 Anne d'Autriche, 227 Philippe IV
roi d'Espagne, 228 Elisabeth de France,
229 Maximilien électeur de Bavière, 230
Marie-Anne d'Autriche, 231 Victor-Amé-
dée l'^r duc de Savoie, 232 Christine de
France, 233 Edouard F"", Farnèse, duc de
Parme
234 Marguerite de Médicis, 235 Fran-
çois d'Esté, duc de Aiodène,236 Marie Far-
nèse, 237 Wolfang Guillaume de Bavière,
électeur Palatin, 238 Marguerite de Ba
vière, 239 Georges II, landgrave d'Hesse-
Darmstadt,240 Sophie de Saxe, 241 Jean
Georges II, électeur de Saxe. 242 Madeleine
de Brandebourg Culmbach, 245 Frédéric
III, roi de Danemarck, 244 Sophie de
Brunswick.
245 Herman de Brandebourg, margrave
de Bareith, 246 Sophie de Brandebourg-
Anspach, 247 Ebérard II, duc de Wurtem-
berg-Stuttgard,248 Anne Dorothée Wild-
Rhingrave. 249 Ferdinand III. empereur
d'Allemagne, 2=50 Marie-Anne d'Autriche,
251 Philippe-Guillaume de Bavière, élec-
teur Palatin.
2^2 Elisabeth d'Hesse-Darmstadt, 253
Georges, duc de Brunswick Zell, 254
Anne d'Hesse-Darmstadt, 255 Edouard de
Bavière, comte Palatin, 256 Anne de
Gonzaga.
Armo ries des évêchés, abbayes
etc. — L, t-j2, 807). — La Coussière est
prié de se reporter aux tomes XXX,
XXXI, XXXIl de V Intermédiaire. T. XXXI,
col. 372, il verra que l'archevêché de
Besançon a pour armes une aigle éployée
(Les émaux ne sont pas décrits).
L'Armoriai des archevêchés, évêehés,
abbayes, chapitres, prieurés, couvents de
France existe — en manuscrit. Verra-t-il
jamais le jour ? J'en doute. Un de nos
amis qui a dressé un « Dictionnaire topo-
graphique des archevêchés, évêchés,
abbayes... avec la description de leurs
armoiries, la bibliographie et l'iconogra-
phie de chacun (t) d'eux » avait, étant à
Rome, l'année dernière, trouvé une com-
binaison qui permettait d'éditer cet ou-
vrage dans des conditions économiques,
telles qu'un exemplaire de ce dictionnaire
aurait pu être offert à titre gracieux à
toutes les bibliothèques ecclésiastiques de
France, aux séminaires, etc., et que le
produit de la vente des exemplaires res-
tants aurait grossi, tous les ans, le chiffre
du denier de Saint-Pierre. Il rédigea une
note explicative et détaillée qu'il remit aux
personnages sur le concours desquels il
croyait pouvoir compter. Ce fut en pure
perte. On ne prit pas garde à sa note...
Néanmoins, je suis autorisé à dire à
noire excellent collaborateur, que les
15.000 fiches qui ont servi à composer le
Dictionnaire topographique ecclésiastique
sont et seront toujours à sa disposition. 11
n'a qu'à ?iàvtsstv kV Intermédiaire .,sts desi-
derata. La réponse suivra sans tarder.
A. S,.E
Pourquoi la couronne de comte
a.-t-elle été si souvent usurpée
dans les armoiries? (L. 725). — Sans
prétendre répondre à la question de Léda,
je me permettrai de faire observer qu'il
devait y avoir une certaine tolérance à
l'égard de la couronne de comte, car il
est admis en blason que la couronne de
comte, ainsi que la couronne de marquis,
n'implique aucun titre chez ceux qui la
portent, tandis que les couronnes de duc,
de vicomte et de baron impliquent l'exis-
tence des titres de duc, de vicomte ou
de baron chez ceux qui en timbrent leurs
armes. Le vicomte de Bonald.
Le:-: .s^mss des Collet (L, 726). — ^
Faut-il lire (XY{e pour d'Ys ? Famille
originaire de Monaco, dont un rameau
s'établit en Dauphiné au xvi** siècle, puis
en Lyonnais, et dont les armes étaient :
d'argent au lion de gueules, à la bande
d'a;(ur chargée en chef d'une fleur de lys
d'or brochant sur le tout. Jehan.
N' 1060.
L'INTERMEDIAIRE
859
860
Armes de trois familles bourgai-
gnonnes (L, 726). — Rietstap donne :
Villeîîeuve Je la Saira^. en Bourgogne,
maison éteinte : de sable à cinq hcsans d'ar-
gent^ deux 7t)i et deux.
Griff'otid. Il y a deux personnages de
ce nom dans V Armoriai général, généra-
lité de Bourgogne : Pierre GrifTond, lieute-
nant delà mareschaussée de Bresse '.d'azur
à une pirarnide (sic) d'or, et tm chef cousu
de gueules, chargé d'un griffon passant d'or
— Jacques Gritfon, conseiller du Roy au
bailliage de Bourg en Bresse : d'azur à
un pairie renversé d'or, et un chef de
gueules chargé d'un griffon d'argent. —
Peut-être ces personnages descendaient-
ils des Griffond de Dijon ? Jehan.
Armoiries à déterminer: à trois
molettes d'éperon de sable (L, 444,
587, 692). M. T. insiste pour que les mo-
lettes de la famille de Tubières de Caylus
soient de sable q.\. non pas ^'or. Qu'il veuille
bien me permettre de lui dire que le
blason dont il demandait la détermina-
lion est archi connu des héraldistes : Pa-
pillon dans son Œjivre gravé, le Recueil
du cabinet des Estampes où se trouvent
les armoiries coloriées des évêques de
France, publié en l'année 1727, des titres
de mandementset d'instructions pastorales.
Dubuisson dans son Aimorial des princi-
pales familles et nombre d'autres ouvrages
anciens de la même nature, qu'il serait
beaucoup trop fastidieux de citer, donnent
tous, sans exception, des molettes d'or sur
champ d'a:(ur^ non seulement à l'évêque
d'Auxerre, mais également à tous les
membres de la famille des marquis de
Caylus.
Aucun doute ne peut exister à cet
égard ; et s"il se trouve une vignette
dont la gravure est défectueuse, elle ne
peut être une autorité qui permette de
remplacer un métal par un émail. Du
reste, et cela a été la source de bien des
erreurs d'attribution, la représentation
héraldique, par le burin, de l'or ou du
sable, surtout dans la taille du bois, est
tellement rapprochée que bien souvent
l'artiste, copiant un document peu ou mal
figuré, a pris facilement lepcintillé de l'un
pour le quadrillé de l'autre, et vice-versa.
De cette méprise, les exemples fourmillent
malheureusement. Je répète donc que la
pièce que possède mon honorable contra-
dicteur ne peut faire aucune autorité,
puisque certainement, elle est incorrecte-
ment gravée.
11 est un second point de la réponse de
M. T. où je ne suis pas non plus d'accord
avec lui. C'est quand il nous affirme que le
quartier : d'a:(iir, à trois/leurs de lisd'cr et
au bâton de gueules péri en bande, ne peut
convenir à la famille de Bourbon-Malause :
parce que, dit-il, ce sont les armes ces
princes de Condé, qu'eux seuls avaient le
droit de les porter et qu'en conséquence
les Bourbon-Malause n'ont pu commettr3
une pareille usurpation, eux de souche
bâtarde. Ce droit des Condé, aussi absolu
qu'il puisse être, je ne le discute pas. La
question n'est pas là. Les Bourbon-Ma-
lause ont-ils oui ou non. avec ou sans
droit, pris à une certaine époque des
armoiries similaires en tous points à celles
des Condé ? Que M. T. veuille bien ouvrir
le tome 111 de la nouvelle édition du Dic-
tionnairede la noblesse dt Lachesnaye-Des-
bois à la page 776, il y lira ceci « Le der-
« nier marquis de Malause (i)et la com-
« tesse de Poitiers, sa sœur et son héri-
« tière, portent leurs armes comme le
« prince de Condé. » Cela est clair et
précis. — Dernièrement encore, cette dé-
rogation aux armes primitives s'est trou-
vée confirmée par la production d'une
gracieuse vignette, gravée sur cuivre vers
173^, pour l'usage personnel de la mar-
quise de Malause qui s'en servit comme
marque des livres de sa bibliothèque. {2)
Là aussi les armes sont absolument sem-
blables à celles des Condé, et si ce n'était
les armes des Maniban (3)on aurait pu les
prendre également, à première vue, pour
les armes d'un descendant du vainqueur
de Rocroy.
Une autre preuve, plus ancienne encore,
est celle qui se peut voir dans le Recueil
de plusieurs nobles Maisons et Familles,
gravé par Magneney en 1633. Ce rare
ouvrage nous montre sur son 85' feuillet
que déjà le « marquis de Mallauce » {sic)
de ce temps là avait supprimé le petit
(1) Louis- Auguste de Bourbon, marquis
de Malause, né en 1694, mort en 1744.
(2) Cf. D' Bouland, dans les Archives des
collée Honneurs d'Ex-libris. Année 190^,
page 28.
(3) Marie-Françoise de Maniban épousa,
en 1729, Louis-Auguste, marquis de Ma-
lause, avant d'être cité.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
86 1
bâton péri en barre, sans doute avec l'au-
torisation des Condé, car ceux-ci étaient
trop jaloux de leurs prérogatives pour
permettre une telle usurpation de la mar-
que-distinctive de leur maison, surtout
au profit d'une branche illégitime, fût-elle
des ducs de Bourbon, sans y avoir tout
au moins tacitement consenti.
Il résulte de tout ceci, qu'il ne peut y
avoir rien d'anormal à ce que l'évêque
d'Auxerre ait fait graver dans ses armes
un quartier d'alliance auquel il avait droit
et tel que la famille de Bourbon-Malause
le portait alors. Je pense que M. T. vou-
dra bien le reconnaître.
Quant à l'orthographe du mot cmanché^
M. T. a raison. C'est un simple lapsus
calami de ma part, je le reconnais et je
m'en excuse. Henri M.
Rue de la Paroisse (XL VI ; L, 702).
— « L'excellente raison » de notre sym-
pathique collègue Gomboust ne vaut
rien. 11 oublie que l'église de l'antique
abbaye de Saint-Germain-des-Prés était
devenue l'une des trente-trois nouvelles
paroisses décrétées par l'Assemblée natio-
nale, le 4 février 1791 : paroisse tout à
fait distmcte et indépendante de Saint-
Sulpice qui en formait une autre. La sec-
tion de l'Unité avait donc son église pa-
roissiale sur son propre territoire et, en
conséquence, il n'y a rien d'impossible à
ce qu'une rue avoisinante de l'abbaye ait
prisa cette époque, le nom de rue de la
Paroisse. — Qiielle était exactement cette
rue ? Là est la très facile question à ré-
soudre. Henri Masson.
Lettres inédites ou peu connues
de Berlioz (L, 665). — Je crois bien
me rappeler qu'il y a peut-être une
vingtaine d'années, dans les premiers
temps de sa fondation, la Nouvelle Revue
a publié du compositeur Berlioz des mé-
moires ou des souvenirs de jeunesse. On
peut facilement s'en assurer.
RoLiN Poète.
Une toile de Rembrandt datée de
1670 (L, 721) — Le tableau de Rem-
brandt donné par M. Kaempfen au musée
du Louvre est daté de 1630 et non 1670.
La question ne se pose donc pas.
G. P.
10 Décembre 1904.
862 ■ — .
De Cabrières (L, 445, 579). — La
famille de Cabrières en Rouergue, n'a pas
été éteinte à la mort de François Gaspard
de Cabrières, son frère Marc-Marie-Théo-
dore, baron de Cabrières, ancien officier
de la marine royale, ancien sous-préfet
de Céret, n'est mort à Saint-Germain-en-
Laye qu'en 1870, laissant plusieurs en-
fants, dont Marie, Gaspard, Louis, Antoine.
Herbert le seul qui se soit marié, décédé à
Lille en juillet 1903, Lieut Colonel du 19'
chasseurs à cheval, laissant quatre filles.
Il était l'arrière petit-neveu de Joseph-
Antoine-Gaspard de Cabrières, vicaire gé-
néral du Mans. Les armes de la famille
étaient les ^ chevrons sur fond d'ûj^ur.
C'est le père du Lieut-Colonel qui prit la
chèvre sur fond de gueidcs.k l'époque où les
armes parlantes étaient à la mode.
Baronne de Cabrières.
Manuscrits inédits d'André Ghé-
nier (L, 329, 464, 632, 751). —Je
retrouve dans mes fiches cet extrait du
Monde Thermal^ journal de villes d'eaux,
qui, je crois, paraît encore. Cette note
doit dater de 1880 ou 1882 :
Les amateurs de beaux vers ont appris avec
peine, par la révélation d'un admirateur
d'André Chénier. qu'un grand nombre de ma-
nuscrits de ce poète ont disparu en 1870. Ces
manuscrits étaient chez une dame qui dans
sa jeunesse avait connu la famille des Ché-
nier ; elle gardait pieusement ces écrits de
l'illustre poète dans la petite retraite qu'elle
habitait aux environs de Chevreuse. Pendant
le siège de Paris, sa maison fut occupée par
des Bavarois, et l'un de ces guerriers prit par
mégarde les papiers d'André Chénier, puis les
mit par distraction dans son sac. Peut-être
aussi le hasard dont on ne saurait prévoir les
surprises glissa-t-il dans ce sac deux ou trois
montres et une pendule. Mais les manuscrits
ont disparu. Cependant on a des motifs de
croire qu ils ne sont pas détruits et qu'en
offrant une récompense honnête on les retrou-
verait.
d'E.
La mort de Paul-Louis Courier
(T. G., 244 ; L, 24s, 3^8, 709). —Co-
lonne 710, avant dernière ligne, au lieu
de : « la vente après décès », lire : « après
san décès » (celui de M'"° Dupré).
Colonne 711, ligne 3 , au lieu de : <» res-
tés à Tours qui, lui, ne possède même pas»,
il faut lire, (avec une ligne entière sautée
par l'imprimeur) : « soient restés à Tours,
N" 1060,
L'INTERMÉDIAIRE
863 -
864
et encore moins au Musée de Tours, —
qui, lui, ne possède même pas », etc.
Ulric R.-D,
Estoubîon (L. 727, 811). — L'Estou-
bIon,dont parle Saint-Simon, devait être de
la maison des Grille, marquis d'Estoublon,
encore abondamment représentée en Pro-
vence, dont elle est originaire. Voir la
généalogie qu'en donne La Chesnaye des
Bois. Un comte de Grille d'Estoublon a
épousé, ce printemps, une des filles du
général de Miribel. Jehan.
*
* * .
Je n'ai sous la main que les 10 pre-
miers volumes des Mémoires de Saint-
Simon (collection des grands écrivains)
et dans les tables de ces volumes je n"ai
pas relevé le nom de : d'Estoublon ; je ne
suis donc pas à même d'identifier le per-
sonnage qui forme objet de la question.
Cependant, d'après l'époque à laquelle
se rapportent les Mémoires de Saint-Si-
mon, il s'agit probablement de François
de Grille, marquis d'Estoublon, qui
épousa, en 1684, Eugénie de Riquetti de
Mirabeau, ou de son tlls, Jean -Baptiste-
Hector de Grille, marquis d'Estoublon,
allié à Anne-Marguerite de Montgrand de
la Napoule.
Us appartenaient à une famille de Pro-
vence dont il y a une notice dans La Ches-
naye des Bois (IX, 817), qui cite Artefeuil
{Hist. héioïqne de la noblesse de Provence^
t. L p. 524).
Leur postérité, encore existante, est
rapportée par le vicomte Révérend dans
VAtmoiial du i'" Empire.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Projet de mariage de Léon G.?.ni-
betta (L. 445,635, 812, 751). — Je suis un
abonné du Figaro, de l'origine m.ême de
ce journal. Je ne dis point cela pour me
rajeunir, certes, mais pour démontrer
que je dois connaître « mon » Figaro.
Je me souviens d'y avoir lu, dans les
années qui suivirent celle du décès de
M. Gambetta, un article signé Ignotus^
qui corrobore les renseignements si pré-
cis de M. Jules Laflfitte, dans son intéres-
sante chronique plus haut citée de la Ré-
publique Française.
Ignotus, depuis de longues années déjà
décédé, et bien qu'il fût l'un des collabo-
rateurs les plus appréciés du Figaro
d'alors, n'était point un journaliste de
profession. Sous son véritable nom de
M. Eugène Platel, Ignotus était un homme
du monde et du vrai monde, dans toute
l'acception du mot. Plusieurs fois quand
j'habitais Paris, il me fut donné de l'y ren-
contrer dans des salons qui n'étaient pas
d'un accès précisément facile: chez la mar-
quise de Blocqueville, princesse d'Eck-
mi'ihl, entre autres.
L'article, bien que piquant, était rédigé
dans le mode discret.
Ignt'tus, en ce temps-là, habitait dans
les premiers numéros pairs de la rue
Bonaparte, ou de la rue des Saints-Pères,
je ne sais plus bien. Le hasard, et un
hasard qui dura longtemps, lui avait
donne pour voisine, et voisine de fenê-
tre et de balcon, la Dame en question,
et comme il avait pu, maintes fois,
voir de ses yeux, sans le chercher, l'arri-
vée mystérieuse chez celle-ci, de M. Gam-
betta, alors dans toute sa gloire, il ne
crut pas mauvais, après la mort de
l'illustre homme d'Etat, de rappeler ce
qu'il avait vu, de tracer un très fin por-
trait de sa jolie voisine, mais sans la
nommer. — On voyait seulement que
l'auteur en savait bien plus qu'il ne vou-
lait le dire.
Si M. Gambetta, qui, vivant, avait
bien connu, personnellement, Ignotus,
eût pu lire cet article ainsi consacré par lui
à son souvenir, pas un seul mot n'eût en
rien pu le froisser, tellement l'écrivain,
maître de sa plume, dans sa petite indis-
crétion, était resté de bonne compagnie.
Ceux que cet article pourrait encore
intéresser le trouveront dans la collection
du Figaro^ aux dates que j'ai, plus haut,
indiquées II est imprimé dans les pre-
mières colonnes de la première ou de la
seconde page du journal. La signature
« Ignotus », qu'il porte, d'ailleurs en
toutes lettres, sera pour eux un jalon sûr
qui leur permettra de le retrouver.
Ulrîc R.-D.
Renseignements demandés sur
plusieurs persoBces du nom de Gi-
nestous (L, 728). — M. G. P. Le Lieur
d'Avost a fait tenir à fauteur de la ques^
tion, une réponse un peu longue pour être
publiée, mais comme toujours, admirable*
ment documentée.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre 1904,
865
866
Famille Hémart de la Char-
moye (L, 669, 813). — Hémart retourna
à Montmort dont il fut nommé maire le
l'r janvier 18S8, fonctions qu'il conserva
jusqu'au mois d'août 1815. 11 passa le
restant de ses jours dans sa maison de La
Charmoye et mourut à Ay, le 15 janvier
1824, au cours d'un voyage qu'il fit dans
sa ville natale, où il avait encore con-
servé des propriétés. Ce fait est resté
jusqu'alors ignoré, car les quelques cour-
tes notices biographiques qui lui sont
consacrées, notamment dans le Diction-
naire du D' Robinet, indiquent qu'il mou
rut à Montmort en 1825. Voici, du reste,
son acte de décès :
Ay. — 1824 : L'an mil huit cent vingt
quatre le quinze janvier à six Iicures du soir,
par devant nous Conseiller d'Etat, Maire,
officier de TEtat civil de la ville d'Ay, sont
comparus messieurs Pierre Charles Jean
Baptiste Roger, âgé de trente-cinq ans, et
Jean Baptiste Magdelaine Desallangre, âgé de
trente sept ans, tous deux proprétaires, domi-
ciliés audit Ay, neveux du décédé ci-après
nommé, lesquels nous ont déclaré que Mon-
sieur Pierre Charles Hé:nart,ègé de soixante-
onze ans et demi. Baron, domicilié à La
Charmoye, commune et canton de Montmoit,
arrondissement d'Epernay, département de la
Marne, né au dit Ay le vingt six juillet mil
sept cent cinquante deux, mari de dame
Dorothée Adélaïde Durant, fils de défunts
Isaac Pierre Hémart et de Marie Louise jamet,
vivants domiciliés audit Ay, est décédé en sa
maison sise au dit Ay, aujourd'hui à deux
heures apiès-midi, et ont les déclarants signé
avec nous le présent acte, après lecture laite.
Roger. — Desallangre. — F. de la Bouiaye.
Le maire d'Ay, qui signe l'acte de
décès d'Hémart, était, à cette époque,
Jean-Baptiste-Louis Froc de la Bouiaye,
député delà Marne, de 181 5 à 1824.
Hémart fut, le 2 janvier 1814, créé
baron de l'Empire avec autorisation de
fonder un nitijorat et de porter le titre
« de La Charmoye ». Cette nomination ne
figure pas dans la liste de M. Campardon
publiée en 1S89, d'après les registres des
lettres patentes conservées aux Archives
Nationales, car les lettres patentes qui au-
torisèrent Hémart à porter ces litres ne
furent datées que du 19 avril 181 7, sous
la Restauration. • — Le majorât de La
Charmoye fut, depuis, l'objet de plusieurs
arrêtés ministériels, notamment ie 6 juin
1872, après le décès de l'unique héritier
du capitaine Pierre Elie Hémarl, fils aîné
du législateur, mort sans postérité (voi''
jugement du Tribunal d'Epernay du 17
Juin 1873 rendu à la requête des enfants
du second fils Emile Hémart, qui avait
été, lui-même, comme son père, maire de
Montmort de 184 1 à 1850).,
Gustave Laurent.
(Ce passage, qui corrige et complète celui
déjà publié, n'avait pu paraître dans le
précédent article du même auteur, déjà ert
page).
Edine Le Bascle d'Argenteuil (L,
668, 754). — j'ai eu un fort dossier de
papiers du xviii* siècle, sur eux. Ils ont
dû être vendus dans la contrée, ou peut-
être ils sont encore rangés dans l'un de
mes catalogues. A. S.. y
Le Noir, lieutenant de police
(XLVII ;XLVII1;L, 247,362,683,818).— Je
travaille depuis deuxans,et avec beaucoup
de peine, une généalogie de la famille de
Le Noir. Je suis parvenu à en établir huit
degrés, malheureusement très incom-
plets. La grande difficulté, c'est qu'il
existait à Paris, au xyiii-^ siècle, au moins
quatre familles portant ce nom, remplis-
sant les mêmes charges au Parlement ou
au Châtelet, et dans lesquelles les mêmes
prénoms sont fréquents. Les documents
manuscrits que possède la Bibliothèque
nationale n'ont fait que m'embrouiller
encore plus. Je suis étonné de n'avoir pas
pu découvrir encore une généalogie de la
famille de Le Noir, impri.riée ou manus-
crite. C'était un personnage assez mar-
quant à son époque que le lieutenant gé-
néral de police, pour que ses contempo-
rains, experts en la matière, aient re-
cherché ses ancêtres. Il était né, dit
Bourg Saint-EJme, dans « une de ces
« familles considérées par une antique
« probité et par une suite d'emplois ho-
« norablement exercés, soit dans la robe,
« soit dans la haute finance.
Je puis répondre à M. B. de Mairet que
Joseph Le Noir, écuyer, conseiller secré-
taire du roi, maison couronne de France
et de ses finances (cousin germain du père
du lieutenant de police; né à Troyes en
1672, mort à Paris en 1732, avait épousé,
en 171 1, Anne Ursule de la Botte. 11 en
eut huit enfants :
1° Jacques Joseph, marquis du Breuil, che-
valier des ordres du roi^ trésorier général des
dons et aumônes du roi, marié deux fois ;
N jo6o.
L'INTERMEDIAIRE
867
868
la première avec Mlle Desquiddy de Chailly,
la seconde avec Mlle du Hallay. 11 n'eut, je
crois, qu'un fils, qui émigni et mourut en
émigration.
2° Jean C/iiT''/<?^,écuyer, conseiller à Pondi-
chéry, né à Saint-Eustache le 21 mai 1713,
épousa N... leur fille fut la baronne de Ceciatti.
Cette dernière eut, je crois, quatre entants,
deux fils officiers, et deux filles : Mmes de
Raismes et Magon de la Ballue.
3° Michel le Noir, écuyer, seigneur des
Ardonnes, fermier général de l'apanage du
duc d'Orléans, marié à Marie Anne le Cocq,
et dont la postérité représente seule, je crois,
de nos jours, la famille et le nom du lieute-
nant de police.
4' Anne-Antoinette, mariée en 1737, à
Cliarles- François-Robert de Versigny.
5° François-Etienne, chevalier, seigneur
de Villemilau, conseiller au parlement de
Paris, guillotiné le 31 mars 1793. Sans pos-
térité.
6° Ursule, mariée, en 1741, à Antoine-Guil-
laume Bonamy, s' de Drossin, écuyer, dont
Mme de Noblet.
7° Antoine Pierre, seigneur de Maulencourt.
né à Paris en 1722, mort sans hoirs.
8' Alexandre François, (peut-être le Louis
Alexandre dont parle M. B. de Mairet. ) sei-
gneur de Zamelles, inspecteur général des
domaines du roi pour la province de Champa-
gne, né à Paris en 1726. Egalement sans pos-
térité.
Je serais très reconnaissant à M. B. de
Mairet de me dire, soit par la voie de V in-
termédiaire, soit en entrant directement
en relations avec moi, où 11 a trouvé trace
de ces Le Noir; peut-être serais-je ainsi
sur une nouvelle piste de documents.
Jehan.
Famille le Roy de Buneville
(XLIX,787).— Je trouvedans VHistoire de
Joseph Le Bon^ par A. J. Paris, quelques
renseignements sur cette question restée
sans réponse. Amélie et Agathe le Roy
de Buneville(49ans et 43 ans),sceursfurent
arrêtéescomme ex-nobles le 5 mars 1793.
Elles sont surnommées, dans un autre
endroit, Mlles d'Hurtebise. Serait-ce leur
frère cité avec elles : Antoine le Roy
d'Hurlebise (51 ans) conseiller honoraire
au Conseil d'Artois, officier municipal en
1790, emprisonné le 10 février.? Ils furent
tous trois guillotinés.
Pourrait-on me dire les armes de cette
famille le Roy ? (Quelques notes généalo-
giques. Tous renseignements sur elle
m'intéresseraient vivement, duels sont
les auteurs artésiens que je pourrais con-
sulter à ce sujet '^ )ehan.
Le peintre Terburg (L. 730). — Né
à ZwoU, en 1608 d'après Siret et quelques
autres, en 1617 d'après MM. Lafenestre et
Richtenberger, mort à Deventer en 1681.
Elève de son père, artiste inconnu, qui
passa quelques années à Rome ; étudia plus
tarda Haarlem sous des maîtres habiles; le
goût de. voyages lui vint de bonne heure,
[larcourut successivement l'Allemagne, l'Italie,
l'Espagne, l'Angleterre et la France. Ayant été
distingué, en 1646, à Munster, par l'ambassa-
deur d'Espagne, celui-ci l'emmena dans son
pays ; Terburg y reçut les honneurs que mé-
ritait son talent et s'y fit une grande fortune ;
ayant quitté Madrid, il se rendit à Londres ;
après avoir visité Paris, il revint en Hollande,
où il épousa sa nièce. Il dut habiter quelque
temps Haarlem, car on l'y trouve inscrit dans
les registres de Saint-Luc. Le prince d'Orange
le nomm.i bourgmestre de Deventer. II mourut
dans cette ville entouré de l'estime générale.
Cet artiste imita parfaitement les étoffes
et surtout le satin ; bonne ressemblance, mais
dessin lourd et parfois incorrect ; pinceau un
peu sec, manière agréable et large, coloris frais
et transparent, beaucoup d'élégance dans les
costumes ; grande harmonie. On lui reproche
le manque d'expression ; ses portraits offrent
des beautés peu communes ; ils sont presque
tous de petite dimension. 11 p:ut être consi-
déré comme le fondateur de cette école de
genre, à petits sujets, qui compta tant d'illus-
trations en Hollande. Siret.
Ces renseignements sont complétés par
la désignation d'une partie des œuvres du
peintre et l'indication de quelques prix de
ventes. Les plus élevés sont : 2500 fr.
Portraits des Ministres plénipotentiaires du
Congrès de Munster, V. de Morny 1863 ;
35000 fr. Le Cavalier en visite, V. Sala-
manca 18Ô7 ; loooo f r . Portrait d'un
gentilhouime ; 30000 ïr. Jeune femme et ca-
valier, 45000 fr. La dégustation, V. De-
lessert 1869. Presque tous les grands mu-
sées européens possèdent des tableaux de
Terburg. Un Portrait de femme se trouve
au musée de Lille.
Tous les biographes, spéciaux à la pein-
ture, mentionnent Gérard Terburg dont
une sœur, Gezina, est aussi indiquée par
Siret, dans son Dictionnaire des peintres.
X. trouvera, sans nul doute, tous les
renseignements désirables dans la m.ono-
graphie de Terburg, monographie qui
fait partie At Les artistes célèbres, publica-
tion moderne que je n'ai pas sous la
main. Ch. Rev.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
869 —
10 Décembre 1904 ,
Madame de Thuisy (XLV, 786 ;
XLVI, 646 ; XLVII, 73). — Encore une
question que ï IiitL'niicdiaiir, toujours si
informé, a laissé cependant sans réponse.
Voici quelques renseignements recueillis
par "moi. Il va sans dire que je ne veux
pas recopier ici ce qu'on trouvera tout au
long dans les publications spéciales sur
TArmorial de la noblesse. Notre confrère
demande quelles femmes, au xvui^ siècle
ont porté ce nom de Thuisy. C'est à cela
que je vais essayer de répondre.
A.Louis-François de Goujon de Thuisy,
chevalier, marquis de Thuisy, sénéchal hé-
réditaire de Reims, comte de Saint-Souplet,
baron de Challerange,Passy,Vergeuretd'a-
bordchevalierdcMalteen 171 1 ,puisconseil-
1er au Parlement de Paris le 28 mai 1737,
conseiller d'honneur, mort à Châlons-sur-
Marne le 2 janvier 1777. dans la ôô' année
de son âge, avait épousé, par contrat du
II avril 1737, Marie-Louise de Rebours,
fille de jean-Baptiste-Auguste, premier du
nom, chevalier, seigneur de Saint-Marc-
sur-Mont (on trouve aussi Saint-Mard-sur-
le-Mont) et de la Bruyère, conseiller de
grand chambre au Parlement de Paris et de
Marie-Louise Chubéré. Elle mourut le 1er
août 1785 et les deux époux de Thuisy
furent inhumés dans l'église de Saint-Sou-
plet. De leur mariage sont issus :
1. Jérôme-Louis, né le 16 septembre
1738, mort en bas âge.
2. Jérôme-François, mort en bas âge.
3. Jérôme-Guillaume-Emile, comte de
Saint-SoupIet,né en 1748, conseiller, au Par-
lement, mort sans alliance en 1772, à 24
ans, enterré à Saint-Souplet.
4. Louis-Jérôme né en '.749 (le 13 mai
suivant les uns, le 13 juin suivant d'autres)
chevalier profès de Tordre de Malte le 23
août 17 51, capitaine de dragons au régiment
de Monsieur, commandeur de l'ordre de
Saint-Jean de Jérusalem et chargé des
affaires de cet ordre en Angleterre.
5. Jean-Baptiste-Charly, (voir ci-après)
6. Charles-François, baron de Vergeur,
chevalier non profès de l'ordre de Malte
reçu le 3 février 1761, page du roi en 1768,
puis premier page de la comtesse de Pro-
vence lors de son mariage, capitaine au ré-
giment de Noailles, dragons, chevalier de
l'ordre royal et militane de Sainf-Louis et
de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, né le
14 novembre 1753.
7. Pierre-Auguste-Louis, mort au ber-
ceau,
8. Marie-Angélique appelée î^llle de
Thuisy, morte fille en 17S2.
870
9. I^Iarie-Renée Mclanie, mariée par con-
trat du 9 mai 1775 à Alexis-Balthazar-Jean-
Charles de Ricouart d'Hérouville, chevalier,
conseiller au Parlement de Paris du 19
août 1763.
Passons maintenant à la seconde géné-
ration des Thuisy au xviii*^ siècle.
B. Jean-Baptiste-Charles de Goujon de
Thuisy, né le ^ janvier 175 i , chevalier, mar-
quis de Thuisy, comte de Saint-Souplet, ba-
ron de Passy-en-Valois,mort en 1834, séné-
chal héréditaire de Reims, reçu chevalier de
Malte de minorité le 23 août 1751, entré
page de feue mad. la dauphine en 1766,
puis officier et lieutenant de grenadier au
régiment des gardes, chevalier honoraire de
l'Ordre de Malte, maréchal des camps et
armées du roi, chevalier de l'ordre royal et
militaire de Saint-Louis et honoraire de
l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, l'un des
douze députés de la noblesse de Champagne
à l'assemblée tenue à Châlons en 1787,
présenté à la cour au mois de juillet 1776
avec le commandeur et le chevalier de
Thuisy, ses frères. A épousé le 12 août 1780
Catherine-Françoise-Philiberte de Bérulle,
chanoinesse, comtesse du chapitre de Neu-
ville,arrière-petite nièce de Pierre de Bérul-
le, cardinal mort le 20 octobre 1629, et fille
d'Amable-Pierre-Thomas de Bérulle, cheva-
lier, marquis de Bérulle, conseiller du Roi
en tous ses conseils, maître des requê-
tes honoraire de son hôtel, premier prési-
dent du Parlement de Dauphine et com-
mandant,né pour le roi en la dite province,
reçu conseiller d'honneur au Parlement de
Paris, et de Catherine-Marie-Rolland, (i).
De ce mariage sont issus :
I . Amable-Jean-Baptiste-Louis-Jérôme,
appelé le comte Thuisy, chevalier hono-
raire de l'ordre de Malte, né à Paris le 24
juin 1781 .
2. Eugène-François-Sixte né à Paris le 4
août 1782, reçu chevalier de Malte de mi-
norité par bref du 25 septembre 1782, mort
à Cadix le 11 mars 1809.
3 . Charles-François-Emmanuel-Louis, né
à Paris, le 5 mai 1784, appelé le comte
Emmanuel de Thuisy, reçu chevalier de
(i) Amable-Pierre-Thomas, marquis de
Bérulle, premier président au Parlement de
Grenoble depuis 1760 épousa, en février
1748, Catherine-Marie-Rolland, née en 1730,
fille de Pierre-Barthelemy Rolland, com.te
de Chambaudoin, conseiller de grand Cham-
bre et de Catherine Pichon, dont, entre
autres enfants : Amable-I ierre Albert, né en
1755, et Adélaide-Catherine-Renée de Bé-
rulle née en 1749, mariée le 2 juin 1767 à
Conrad-Alexandre Bochart, marquis de
Champigny, lieutenant aux gardes.
N" 1060.
871
Malte de minorité sur bref de mai 1784, che-
valier honoraire de l'ordre de Saint-Jean de
Jérusalem, marié à lùlle de Galard de
Béarn.
4. Auguste-Charlemagne-Macchabée, né
à Paris le 22 février 1788.
5. Georges-Jean-Baptiste-Louis, né à Ri-
chemond en Angleterre le 21 juin 1705,
chevalier de Malte.
6. Albertine-Louise-Mélanie,née à Saint
Souplet le 17 octobre 17S5, non mariée, a
reçu en 1819 la croix honoraire de l'ordre
de Malte (chanoinesse de Malte).
Passons enfin à la troisième génération
des Thuisy au xvui" siècle.
C. Charles -François -Emmanuel-Louis-
Goujon de Thuisy,marquis de Thuis}-, baron
de Vergeur, ancien sénéchal héréditaire de
Reims, chevalier de Malte et de la Légion
d'Honneur marié : i" en 182 i à Alexandrine-
Francoise Victorine de Galard de Biarn-
Erassac -Recédée en 1S36 ; 2" en 1841 à
Camille-Elisabeth- Do rothée-Augusta- Adèle
de Chassepot, fille de Camille, comte de
Chassepot, colonel chambellan de l'empereur
d'Autriche, chevalier de Saint-Louis et de
ivîalte. officier de la Lé:jion d'honneur et
de Anne-Dorothée-Elisabeth baronne de
Kuabenau.
C. BIS. Auguste-Charlemagne-Macchabée,
comte de Thuisy, chevalier de Malte, né en
178S, mort le 29 décembre 1836, marié à
Eulalie-Charlotte Julie de Béthune, fille du
comte Philippe de Béthune, d'où :
Eugène-.Marie-Joseph,né le 10 avril 183O.
C. TER. Jean-Baptiste-Amable-Louis-Jé-
rôme de Goujon, comte de Thuisy, cheva-
lier de jNîalte, mort le 15 mai 1829, marié
à Constance-Marie-Simonne Ferrand,firie
aînée du comte Ferrand, pair de France et
ministre d'Etat ; d'où :
I. A.imée-Francine-Jîarie-Z)^?;/5(?, née le
27 mai 1825.
2.Claudine-Charlotte-Marie-Erardine née
le 10 mars 1828.
Je m'arrête ici, car nous ne sommes
plus au XVIII* siècle. G.
Famille de Viliefort(L, 617, 786).—
La famille d'Yzarn de Villefort, d'origine
chevaleresque, à laquelle appartenait le
célèbre et saint jésuite que nous avons eu
l'honneur de voir au Gesu, est originaire
du Rouergue. Les ouvrages de M. de
Barrault qui a, je crois, publié un nobi-
liaire de son pays natal, pourraient ren-
seigner complètement M. C. Barbey-
Boissier. A. S., e.
L'INTERMÉDIAIRE
872
A'Dr^robation d3>^^ livres au SVîîI»
Siècle (L, 730). — J'ai trouvé un jour,
dans l'arriere-boutique d'un vieux libraire
un bouquin oublié sous une couche de
poussière et dont l'intérêt avait échappé
au marchand : c'était un modeste recueil
de pièces au milieu duquel se dissimulait
un exemplaire du « Tracas de Paris »
revêtu de toutes les approbations autographes
des autorités : curiosité rarissime.
Par ce petit livre, nous allons suivre
facilement Thistoire d'une publication
sous Louis XIV. Les formules des trois
approbations sont bien connues puis-
qu'elles se trouvent imprimées sur tous
les ouvrages publiés en France à la
mênTe époque ; mais on sait moins bien
comment elles se délivraient et sous quel
aspect elles sa présentaient à l'éditeur.
Un libraire désire réimprimer, en mai
1714, un poème burlesque de François
Colletet. Il prend un exemplaire de l'édi-
tion Rafflé (1692) et le porte au lieute-
nant général de police, Marc-René d'Ar-
genson, avec une lettre exposant sa re-
quête. (Des lettres analogues sont con-
servées dans les Archives de la Bastille).
D'Argenson transmet le livre au censeur
Passart et celui-ci fait son métier de lec-
teur en numérotant chaque feuillet à la
main et en paraphant chaque page. Puis il
écrit à la plume sur la page dernière,
immédiatement au-dessous du mot Fin :
J'ay lu par ordre de Mons. le lieutenant
général de police un livre intitulé le Tracas
de Paris, etc. dont on peut permettre la réim-
pression à i^aris ce 21° may 1714.
Passart.
De là, le volume revient au cabinet du
Lieutenant Général qui dessine, lui aussi,
son monogramme (M. R. D.) sur chaque
feuillet. Un secrétaire a préalablement
écrit sous la signature du censeur :
Yen laprobation du sieur Passart permis
d'imprimer ce 29° may 1714.
Et le chef signe, après avoir tracé qua-
rante-six fois ses initiales : M. R. de Vo-
yerd'Argenson.
Une troisième marque se lit à la se-
conde page, un grand p minuscule qui
n'est pas de la main des précédents. Est-ce
l'initiale de Pontchartrain .^. .. Bref, on
écrit encore sur le titre :
A rendre ce 29*^ may avec permission.
Et le malheureux exemplaire, couvert
d'inscriptions, est restitué à l'éditeur...
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
873
10 Décembre 1904.
874
qui n'a pas encore le Jroit de le faire
imprimer. Une dernière formalité est né-
cessaire : le visa du syndic. Comme la
page finale est entièrement griffonnée, on
écrit en marge de l'avant-dernière :
Enregistré sur le livre de ia corr.munauté
des Lib'" et Impr. N° 910, à Paris ce 2» juin
1714.
RoBUSTET, syndic.
Le chiffre 910 est répété sur le titre
entre deux barres. Enfin, tout est prêt
pour l'impression.
Ces laborieuses précautions officielles
ne sauraient être plus ridicules qu'en
protégeant Je Tiacds de Pari:., un livre
qui n'est bon dans aucun sens du mot.
En 17 14, nous sommes en pleine terreur
littéraire. La moitié de notre littérature
s'imprime à l'étranger. Pascal est expurgé,
La Fontaine interdit, Télémaqne poursuivi ;
et d'Argenson, l'homme sur qui repose
la sûreté de l'Etat, ne dédaigne pas de
consacrer une partie de son temps à
écrire une signature et 46 monogrammes
pour approuver les petites obscénités de
François Colletet.
Nous sourions ; mais les choses ont-
elles beaucoup changé ? Dans deux siècles
dici. les curieux retrouveront le visa de
l'Instruction Publique sur nos chansons
de café-concert, et s ils apprennent qu'à
la même époque une tragédie de M. Bor-
nier était interdite par la censure, ils ne
seront pas moins étonnés. P. L.
* *
Il faudrait savoir si le curé de Saint-
Paui, Bossu, n'était pas au nombre des
censeurs royaux ; beaucoup d'entre eux
prenaient leurs différentes qualités sans y
ajouter celle de censeur royal.
Comment explique-t-on la grande
quantité d'ouvrages publiés avec les
noms véritables d'imprimeurs et éditeurs
français et non sous des rubriques de
fantaisie, et qui cependant ne portent pas
d'approbation, ni même, bien souvent,
de privilège? César Bi.rotteau.
Alizoïî, comédie (L, 724). — je
serais bien reconnaissant à monsieur
P. L. de nous donner le titre complet du
précieux exemplaire d'Alizon, dont il
est 1 heureux possesseur.
Si cet exemplaire est unique, il a droit
de figurer dans l'Essai de Bibliographie
spéciale des livres perdus^ iniroiivahles on
connus à l'état d'exemplaire unique, en
cours de publication dans le Bulletin de
la société Le Vieux Papier, et fera l'objet
d'une addition au premier volume du
tirage à part, à la veille de paraître.
Le renseignement sollicité a aussi pour
objet de préciser le format de l'édition
originale d'Ali{on. L'exemplaire de notre
collaborateur serait de lormat in-8'\
De Beauchamps, dans ses Recherches sur
les théâtres, (tome II, page 178) attribue
le format in- 12 à l'édition de 1637. Le
titre de cette édition, toujours d'après De
Beauchamps, semblerait indiquer qu'elle
n'était pas la première :
^< Alison, comédie en cinq actes, en vers
N< deMiée cy-devant aux jeunes veuves et
« aux vieilles filles, <?/ à présent aux bour-
« rières de Paris, avec un avertissement
« où il est dit que c'est l'histoire de la
« veuve d'un pauvre bourgeois de Paris.
« / vol. in- 12, 1637. Paris >>.
Y aurait-il eu. la même année, une édi-
tion in-8°, qui serait l'originale et une
édition in- 12 ?
Monsieur P. L. signale comme seconde
édition celle de 1664. N'est-ce point une
erreur ? De Beauchamps décrit ainsi la
seconde édition :
« Alison, comédie, seconde édition,
« 1644, en la boutique de Langelier, chez
« Jean Guignard, le père ».
Il mentionne aussi l'édition de 1664,
avec l'indication troisième édition.
Ce sont là minuties bibliographiques,
et il serait autrement intéressant de dé-
voiler le pseudonyme si discret de l'au-
teur, mais si les bibliographes contempo-
rains n'ont pu y parvenir, comment
espérer réussir aujourd'hui '■ Ar.m. D.
Les docum?nt.=j phalliques (L, 172,
309, 423^.528, 598, 657, 693, 759). —
Dans l'antiquité, les bornes avaient sou-
vent la forme phallique. A Dijon, la Pe-
tite-rue-de-la Monnaie est fermée à ses
extrémités par de grosses bornes taillées
en forme de phallus.
*
Au musée d Aixen Provence on voit, sous
le numéro 285, une pierre sur laquelle ne
ressort aucun emblème phallique, et si
cette pierre est cataloguée : « Bas-relief
phallique de l'époque romaine », c'est
N* 1060
L'INTERMEDIAIRE
875
876
qu'elle porte, gravé, ce distique relatant
Vexpurgation dont elle a été l'objet :
Prœses phallus abest ; erasit barbara dextra ;
Sed latet in calidis ipse Priapus aquis.
V. A. T.
Lou Lavament (L, 11. 144, 309). —
Le mot poufiiiga figure, dans la petite
épigramnie scatologique ci-après, qui se
trouve à la page 86 du Recul d'nvras pa-
toi^as de M. Favre, priou-curat dé cella
NOVA (à MOUNPÉYÉ, 1818).
Epigramma sus un apouthicayre é un
jipié (plâtrier) que loujavoun dins lou
méma houstaou.
L'aoutre soir, un jipié cagayre
Dessus sa iénestra mountet,
E fort adréchamén caçuet
Sus tou nas d'un apouthicayre.
Ah ! poulissoun, viien cugnoul
Yé cridet lou porta seringa,
S'as iamay bézoun dé pouting^i,
Té vole courdura lou cuou I
V. A. T.
Ouvrages sérieux mis en vers
— (T. G., 665 ; XXXV à XL ; XLIl ;
XLIV à XLIX ; L, loo, 142, 212, 321,
430,487,551,762). — Ai-je {ou a t-on)
déjà communiqué à V Intermédiaire le titre
qui suit :
s< Catrchismeen versAéà\é à Monseigneur
le Dauphm. Dans lequel les veritez chré-
tiennes sont expliquées d'une manière si
intelligible et si exacte que toutes sortes
de personnes s'en pourrons {sic) servir
utilement avec des Prières quand on
assiste à la Messe ; et pour la journée.
Par Monsieur d'Heau ville, abbé de Chan-
temerle. à Troyes, chez Jacques Febvre,
demeurant en la grande rue près Saint
Urbain. M. DCC. LXXXVl >\
Petit in-i2 de 1 1 pp. n. ch., 89 p. ch.
(la première commençant au verso de la
onzième n. ch.) et 8 pp. n. ch. d'appro-
bation.
Un exemplaire s'en trouve à la biblio-
thèque de Troyes.
L'ouvrage commence par une épitre au
dauphin, suivie d'un long avis *< Au lec-
teur ». Il est presque entièrement divisé
en sixains, sauf quelques appendices en
dixains, le tout en vers de huit pieds, de
facture bien ordinaire.
Les approbations sont datées d'avril à
décembre 1668 ; elles émanent de doc-
teurs et de curés de Paris, de l'Archevê-
que de cette ville, des évêques d'Angou-
lême, de Bayeux et de Coutances. L'au-
teur paraît être de ce dernier diocèse.
Cette édition est une réimpression lo-
cale d'un ouvrage dont le privilège royal
est daté du 12 août 1668, achevé d'im-
pression pour la première fois le 30 jan-
vier 1669, et dont une édition datée
« M.DCC.LXX » a été imprimée à Paris,
chez Frédéric Léonard, Imp. du Roy, rue
Saint-jacques, à FEcu de Venise ». (Pet.
in-i2 de 7 ff. n. ch., 132 pages pp. ch.
et 5 flf n.ch. d'Approbations et Privilège).
Un exemplaire s'en trouve également à la
bibliothèque de Tro^-es. L. M.
. *
L'éditeur Kistemaeckers a publié, en
1885, sous ce titre : La Constitution belge
mise en vers, un recueil de cinq cents vers,
signés Félix Coveliers, et destinés à glo-
rifier l'œuvre du Législateur belge de
1830 :
En voici le commencement :
Muse, chante avec moi d'ur.e voix pénétrante
L'ordre nouveau fondé depuis mil huit cent
[trene ;
Célébrons dans ces vers I? Révolutiont :
Celle à qui nous devons la Constitution !
Je vous fais grâce des quatre cent qua-
tre-vingt-seize autres vers qui complètent
le recueil. Hector Hogier.
1
Origine du mot huguenot (T. G ,
436). — Lettre de Balzac à Conr?rt qui
se trouve dans les cenves de Balzac, édi-
tion de 1665, In-f', t. 11, p. 911
« Papiste et Calviniste sont les deux ter-
mes de faction : huc^tteiiot est votre nom
O
de guerre imposé à vos premiers pères
fortuitement et par le hasard. Ce nom ne
loue, ni ne blâme : il marque et distingue
seulement. Mais, mon bon monsieur,
comment rejetez-vous du langage sérieux
l'ancienne probité huguenote, la phalange
huguenote^ les Sibylles et les Cassandres
huguenotes, dont se sont servis les plus
honnêtes gens de votre parti, comme
vous diriez Duplessis d'Aubigné, du Fay,
l'Hôpital, etc. , etc.
« Je voudrais bien que protestant fût aussi
bien usité en France qu'en Allemagne, et
je m'en servirais très volontiers, si le
peuple l'entendait. Mais quoi qu'il en soit,
les mots ne valent qne ce qu'on les fait
valoir ». Alpha.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
877
10 Décembre 1904,
878
Les calembours dans les déno-
minatiors (L, 339, 481, 525, 592, 652,
71 1,760). — M. Marcel Baudouin dit, avec
raison. que. jadis, Vhypochondrie avait son
siège sous les cartilages costaux, dans
l'hypbcondre ; mais, plus exactement, on
la localisait dans le foie : de là, les ex-
pressions : avoir des humeurs noires,
être atrabilaire, se faire de la bile, etc.
Les Anglais la localiseraient dans la ra^^ :
de là, le mot spleen.
D"' A. T. Vercoutre.
Il n'y a pas que. . . Il n'est pas que .
(XLVin;XLlX; L, 28, 151, 699.767).
— Les observations de M. Paul Argelès
me font craindre de ne m'ètre pas expli-
qué assez clairement. Je me vois donc
obligé de préciser.
11 n'est jamais entré dans ma pensée
de vouloir proscrire les mots nouveaux,
ni d'imposer à personne des élégances de
style. Ce que je ne saurais admettre, c'est
que l'on détourne un mot de sa significa
tion véritable pour lui faire dire autre
chose. Cela ne me choque nullement que
l'on dise boule pour iête. parce qu'en effet,
la tète n'est autre chose que la boule du
corps humain. Mais si, après qu'il est
admis que botde est l'équivalent de tête.
vous venez vous servir de ce mot pour
désigner les pieds, par exemple, nous ne
serons plus d'accord, et je protesterai, je
ne me servirai pas du mot conséquent
pour dire important, non pas parce que
ce mot est vulgaire, mais parce qu'il
signifie qui sitit^ qui succède (cum se-
quens) et que son acception dans le sens
d'important, est inexacte. De même pour
entrailles : ce mot désigne les intestins :
si vous l'employez pour désigner aussi le
cœur et les poumons, comme beaucoup
le font, je protesterai encore. Si vous
dites qu'un ruban de i m. 50 de long
est un centimètre, il n'y a plus moyen de
s'entendre. Appelez-le, si vous voulez,
mon cent cinquante, mais ne l'appelez pas
mon centimètre. Sinon, quand vous com-
manderez à un marchand une pièce d'é-
toffe de dix centimètres carrés, vous serez
exposé à en recevoir une qui mesurera
I 7 mètres. En ce cas particulier, la rai-
son pst d'accord avec la loi (une fois n'est
pas coutume !), et un magasin affichant
le mot centimètre pour désigner une me-
sure de I m. 50, ainsi que je l'ai vu faire,
s'expose à être poursuivi pour contraven-
tion à la loi sur les poids et mesures.
La conclusion et la morale de ce que
M. Paul Argelès appelle ma thèse, c'est
que le devoir des gens qui connaissent
leur langue, est d'empêcher ceux qui ne
la connaissent pas ou qui la connaissent
mal, de la dénaturer, de donner cours
forcé à des expressions qui choquent le
bon sens, violent les règles étymologi-
ques, et créent des confusions qui, dans
la pratique de la vie, peuvent devenir
préjudiciables. O. D.
Le nard des Romains (L, 620,
742). — Je suis obligé de répondre d'a-
bord que, dans mon esprit, puro nardo n"a
jamais voulu dire nard vrai ou indien.
J'ai traduit nardo par nard indien., simple-
ment, parce que c'est le nard typique ;
mais il est évident que cette traduction
n'est que « libre ». — De plus j'ai écrit :
'< Les naturalistes prétendent », et non
pas : «j'admets », que « cette plante ne
pousse guère qu'à l'Ile de Java ». Il y a
là une nuance véritable, qu'un critique
un peu pressé n'a peut-être pas distin-
guée ? Tout le monde, en effet, peut avoir
du daltonisme..^
Mais revenons au nard indien. —Je
crois, en effet, que ce nard est originaire de
l'Hindoustan, et que, précisément, c'est
celui que les Romains utilisaient, parce
que. à l'heure présente, c'est encore le seul
qui soit dans le commerce. — Nous
sommes donc tous d'accord.
Marcel Baudouin.
♦
* *
Une étude approfondie de la question
nous conduit aux conclusions suivantes :
lo Le nard des Romains ne provenait pas
de Java, parce que le nard actuel dejara.^
ainsi appelé par nos pharmaciens mo-
dernes, n'est cultivé dans cette colonie
hollandaise que depuis les temps moder-
nes. Ce sont les Hollandais qui l'ont in-
troduit dans cette île ; en allant chercher
dans les Indes les espèces de nardostacbys
qui croissent naturellement dans les mon-
tagnes de l'Himalaya, et notamment le
N-Jatamansis du Népaul.
2° Les Romains recevaient le nard in-
dien en question, de la famille des valé-
rianées, par l'intermédiaire des marchands
arabes de la Syrie, où on cherchait à le
N* 1060.
L'INTERMÉDIAIRE
879
880
falsifier avec l'andropogon ; que l'on ven-
dait aux Romains sous le nom de nard
indique, précisément pour tromper sur
son origine réelle, avec cette étiquette
qui satisfaisait leurs désirs.
3° Il est de toute évidence que, si les
Romains avaient fait venir le nard de
Java, les falsificateurs syriens auraient eu
la précaution de lui donner ce nom ; de
même que les Hollandais ne se seraient
pas donné la peine d'aller récolter leur
nard dans le nord de l'Inde, pour le cul-
tiver dans leur colonie.
4° En un mot, le nom de nardiis indien
que lui donnaient les Romains, indique
bien son origine vraie, et par suite nous
précise le nom de l'espèce : nardostachys
hymalayens, c'est-à-dire jatamansis.
D"" Bougon.
Le cas de M. Guérin (L, 734). —
Puisqu'on me demande mon avis, je vais
le donner, après avoir remercié mon col-
lègue M. ). G. Bord, d'avoir retiré de
iouhVi le nionstie double de M. Guérin,
car les monstres doubles ayantvécii se com-
ptent [j'en ai la liste sous les yeux, liste
que j'ai d'ailleurs publiée ; or, il ne figure
pas, ce me semble, dans cette énumération] .
Les monstres doubles*de cette espèce
ayant vécu sont assez fréquents, car ils
naissent viables^ et vivent, en somme, fré-
quemment. Ils constituent d'ailleurs une
classe très particulière, appelée classe des
EnJocymiens ; les anciens disaient : Fœins
infœtu. En réalité, il s'agit de deux su-
jets,nés /««a'jKx et accolés au début, dont
/'zm, en se développant ^ a englobé l'nutie
dans la cavité générale de son corps. —
Ces monstres sont connus dès la plus
haute antiquité ; et l'on en cite un, qui
vivait en 836 après J.-C. (1).
J'offre l'hospitalité de la Ga:(ette Médi-
cale de Paris, pour la publication in extenso
du texte, découvert par M. Bord, qui
constitue un document scient ijique de haute
valeur^ à ne pas laisser perdre dans la
masse des rapports administratifs de-
meurant manuscrits.
D"" Marcel Baudouin.
(i) Deux mémoires scientifiques datés de
1823 (Thèse de Lachèze) et de 1823 (E. Le
Sauvage), contiennent peut-être des renseigne-
ments sur le « cas de M. Guérin », daté de
-.1820 ; ce serait à vérifier.
A la suite de cette réponse, M. le D'
Baudoin nous faisait parvenir ce post-
scriptum :
♦ *
Après quelques recherches plus cir-
constanciées dans la littérature médicale,
je viens de découvrir que le fait signalé
par M. J. G. Bord n'est, en réalité, pas
inédit du tout, comme je l'avais cru tout
d'abord.
Ce qui m'avait trompé, c'est la date (1820)
donnée par notre collègue. Or elle est
erronée (sans doute par faute d'impres-
sion) ; c'est, en effet, 1802 ou 1804 (et non
1820) qu'il doit falloir lire !
Cela dit, le monstre de « l'Oise v> en
question devient celui décrit dans les
deux mémoires ci-dessous :
Verdier-Heutin. Diss. sur le fœtus
trouvé à yerneuildansle corps d'un enfant
mâle. Paris, in-8°, 1804, planches.
Dupuytren. Rapport sur un fœtus
humain trouvé dans le mésentère d'un
jeune homme de quatorze ans. Mém.dela
Fac. de M éd. de Paris, in-40, 1812, p.
231, avec planches.
En Science, il est connu sous le nom
de cas de Dupuytren., parce que c'est ce
fait qui a servi de base à la théorie de ce
célèbre chirurgien sur les inclusions fœ-
tales.
Dans le rapport de Dupuytren, le su-
jet, du nom de Bissieu, né en 1790, se-
rait de Verneuil {Eure) ; et l'autopsie a
bien été faite par le Dr Guérin, assisté du
D"" Bertin-Desmardelles. — Comment se
fait-il dès lors que M. J. G. Bord ait
trouvé le rapport sur cette question
(sans doute celui demandé par le Ministre
Chaptal) dans des Archives venant de
VOise'^ — A notre collègue de s'expliquer
là-dessus. Peut-être y a t-il encore Oise
pour Eure, par faute typographique.?
D' Marcel Baudouin.
Directeur de V Institut de Bibliographie .
Inhumations liors des cimetièrse
(XLVllI ; XLIX ; L, 191, 316, 437, 530,
601,654, 698,766,812).— 6") M. et Mme
Leroy, propriétaires du château de Mortier,
en Dissé-sous-le-Lude, furent inhumés dans
un pavillon mauresque transformé en
chapelle, qu'ils avaient fait construire au
milieu d'un étang. . Louis Calendini.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre 1004
881
882
t
Eglises fortifiées (T. G., 308 ;
XXXVIII ; XXXIX ; XLI à XLIV ; XLIX ;
L,i52, 265, 369, 421,530, 590,657,759).
— Je communiquerai volontiers ma litho-
graphie de Victor Petit à M. Villeroy.
A. S.. Y
Biographies épiscopales moder-
nes (XLIX, 506, 705, 928 ; L, 145. 822).
— Vie de S. E. le cardinal Despry^
archevêque de Toulouse, par Jules La-
cointa. Lille, Desclée, 1881, in-8".
yie de Mgr Dupatdoup, évêqiie d'Or-
léans^ par Labbé F. Lagrange. Paris,
Poussielgue, 1883, 3 vol. in-8.
Histoire du Cardinal Pie, êvcque de
Poitiers, par Mgr Baunard. Poitiers, 1886,
2 vol. in-8. Paul Pinson.
Compagnons vitriers de Lyon (L,
781). — Les compagnons vitriers en
question ne formaient pas une compagnie
spéciale. Ils étaient une partie de l'en-
semble d'une société :
Compagnons ; compagnonnage, sorte de
franc-maçonnerie en usage dans les cor-
porations ; usage très ancien, dont l'ori-
gine remonterait à l'époque de la cons-
truction du temple de Salomon.
La M'cre des compagnons n'est autre
qu'une maîtresse d'auberge, désignée,
par les compagnons, dans les villes d'une
certaine importance, où il sont reçus pour
y prendre leur pension et logis.
L'adresse reproduite dans la question,
pour être bien comprise, a besoin de
l'explication suivante :
Les compagnons, dans leurs rapports,
prennent le nom de la province, ou de
la ville qui les a vus naître. Bourgui-
gnon, Dauphiné, Lorrain, etc., ou, Pa-
risien, Marseillais, Lyonnais, etc. Le com-
pagnon était né à La Flèche, ce qui ex-
plique la dénomination de « Fléchois ».
En outre, chaque compagnon avait un
surnom qui lui était octroyé dans 'la cé-
rémonie de réception, il faut donc lire
ainsi l'adresse : « Fléchois (dit) Bon-ac-
cord ».
Pour de plus amples renseignements,
voir aux mots « compagnon » et « com-
pagnonnage », le Nouveau Larousse qui
contient des détails assez étendus ; ou,
mieux encore, le Livre du compagnonnage
par Agricol Pendiguier, dit « Avignon-
nais la Vertu ».
J. BÉHEM.
Voir le très remarquable article de M.
J. Godard : Le compagnonnage à Lyon.
{Revue d'Histoire de Lyon^ fascicule VI),
La tombe de Le Bègue de Presle
à Charonne (L, 1059). — La vieille
église de Charonne, si curieuse encore
malgré les badigeonnages qu'elle a subis,
est la seule de Paris qui ait conservé son
cimetière ; aussi les amateurs du pitto-
resque parisien reconnaissent-ils qu'il
existe là un des coins les plus imprévus
et les plus curieux de la capitale. Le vieil
édifice gothique perché au faite d'un es-
calier élevé, a conservé, groupées autour
de ses murs et de ses contreforts, un
grand nombre de tombes autour des-
quelles l'herbe pousse dru, tout comme
dans les cimetières de village.
La sépulture de Bègue, qui se remar-
que au fond à droite de ce cimetière, est
d'une origine singulière qui ne doit éveil-
ler aucun souvenir digne d'être retenu.
C'est un grand carré dépassant de beau-
coup les dimensions des concessions or-
dinaires de nos cimetières ; l'entourage
est formé d'un assemblage bizarre de
grillages, de balcons, de panneaux en
fonte de fer formant une .'-^'î.ection des
productions de la fonderie de Soque de
1830, qui ont remplacé les belles ferron-
neries dont les logis parisiens étaient or-
nés autrefois. Au milieu de ce carré, un
piédestal, et dessus, une statue en fonte
de fer représentant un personnage habillé
à la mode de la fin du xviu' siècle. La
génération actuelle des habitants de Cha-
ronne a laissé prendre racine à une lé-
gende suivant laquelle la statue serait la
représentation d'un secrétaire (.^) de Ro-
bespierre.
La communication de M. E, O. dans
Ylntermédiaire^ apprend qu'une autre lé-
gende — celle d'un médecin philanthrope
dont les habitants de Charonne auraierit
voulu honorer la mémoire — cherche à
s'établir.
Mais hélas ! II ne s'agit de rien mioins
qu'un médecin ou un philanthrope dont
les restes reposent dans ce coin du cime-
N" 1060,
L'INTERMÉDIAlkË
883
Charonne. Il
884
tière de Charonne. Il existe encore, a
Charonne et à Bagnolet, des vieillards qui
ont connu dans leur enfance le w Père
Bègue ».
C'était tout simplement un entrepre-
neur de serrurerie, dont l'atelier donnait
par derrière, surle cimetière en question.
Original et esprit singulier, Bègue avait
fait confectionner d'avance le cercueil qui
devait lui servir , puis il avait fait acqui-
sition d'une concession dans le cimetière
et s'était édifié son monument avec les
pièces de fonte qui étaient d'un usage cou-
rant dans son industrie. 11 put contempler
pendant de longues années la place qu'il
s'était aménagée pour reposer après sa
mort. Les habitants de Charonne ne fu-
rent pas peu surpris de la prodigalité ma-
nifestée par l'établissement de cette sé-
pulture tapageuse, eux qui avaient appris,
à leur dépens, que Bègue était un maître
dans l'art de faire rapporter à l'argent un
intérêt plus élevé qu'il n'est coutume.
J'ajouterai que les livres du cimetière
mentionnent régulièrement la date de la
concession qui ne compte pas moins de
45m. de superficie.
Louis Tesson.
L'algèbre du jeu (L, 615). — Le
collaborateur d'E demande : « ces combi-
naisons mathématiques qui rendent la for-
tune favorable sont-elles possibles .? » —
Assurém.ent ! et les martingales ne man-
quent pas. — En en poussant l'applica-
tion sufHsamm.ent loin, il n'en est pas
une qui n'assurerait un gain certain ; mais
elles sont déjouées par les règles des
maisons de jeu qui, toutes, ont imposé wn
maximum des mises . Or les martingales
sont basées sur une progression croissante
des mises, telle qu'en cas de perte d'un
coup, surcharger, le coup suivant, fait ré-
cupérer la perte et procure en outre un
gain. La règle des jeux, imposant un mi-
nimum pour la mise initiale et un maxi-
mum pour la mise finale, le joueur mal-
heureux ne dispose que d'un nombre très
restreint de coups pour l'application de la
martingale. Là, durant ce nombre restreint
de coups, la fortune lui est constamment
défavorable, il perd une somme énorme,
et cette série malchanceuse n'est pas aussi
rare qu'on pourrait le croire. En sorte que
le joueur qui applique une martingale
peut gagner constamment de faibles som-
mes, mais est exposé quelque jour à faire
une perte considérable qui annule tous
ses gains antérieurs et l'engage, en outre,
dans une perte des plus sérieuses. D'ail-
leurs le fait corrobore le raisonnement.
Nul n'ignoie le nombre considérable de
joueurs qui appliquent des martingales et
se ruinent, et la colossale fortune des te-
nanciers des grands établissements de jeu,
comme Monaco, est suffisamment connue.
Lotus Sahib.
Herboristes (L, 675, 772). — - Nous
recevons la lettre suivante :
Paris, le 29-1 1 1904.
Monsieur le Directeur du Journal
V Intermédiaire des Chercheurs et Curieux.
C'est par le Courrier de la Presse que
j'ai eu connaissance de l'art, que vous avez
fait paraître dans les colonnes de V Inter-
médiaire des chercheurs et curieux et par
lequel vous posiez à vos lecteurs trois ques-
tions au sujet de la profession d'herboriste.
C'est également le Courrier de la Presse
qui m'a communiqué les deux réponses qui
vous sont parvenues à ce sujet et que vous
avez publiées dans votre numéro du 20
novembre.
Si je n'avais pas trouvé dans l'une de ces
réponses, signée Soulget, de nombreuses
erreurs, je me serais abstenu de tous com-
mentaires puisque vous n'avez pas cru de-
voir puiser vos renseignements auprès de
la Chambre Syndicale des herboristes.
Mais ayant à cœur de défendre la cor-
poration des herboristeschaque fois qu'elle
est attaquée et aussi dans l'intérêt de vos
lecteurs, qui s'intéressent à votre publica-
tion parce qu'elle peut les instruire, je me
permettrai quelques rectifications que je
crois utiles pour les uns comme pour les
autres.
S'il est vrai que la réglementation de la
profession d'herboriste date de germinal an
XI, il n'en est pas moins vrai que long-
temps avant cette époque on trouvait des
herboristes épiciers, qui, seuls, avec les apo-
thicaires pouvaient se livrer au commerce
des plantes médicinales.
En 1353, le roi Jean II rendait la pre-
mière ordonnance relative à la vente des
drogues par les pharmaciens et droguistes.
Cette ordonnance peut être à juste titre
considérée comme la loi organique sur la
pharmacie.
Je ne suis pas du tout de l'avis de votre
correspondant lorsqu'il dit que la régle-
mentation faite par la loi de germinal an
XI (oh ! combien surannée ! ) est parfaite-
ment illusoire tant au point de vue de l'u-
tilité dudit métier que des garanties de ca-
pacité exigées des titulaires.
L'herboristerie est une profession indis-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
885
pensable à la société en général qui sait
reconnaître la supériorité des plantes mé-
dicinales auxquelles l'herboristeapporte par
lui-même un soin tout particulier à leur con-
servation.
Et l'herboriste n'est-il pas le pharmacien
du D.auvre ?
Et la classe laborieuse ne soulage-t-elle
pas ses maux aussi efficacement par les
quelques sous de plantes achetées chez
l'herboriste que par les nombreux et coû-
teux médicaments qu'elle pourrait se pro-
curer chez le pharmacien ? La chose ne fair
aucun doute. Si, à maintes reprises, il a été
question de supprimer la profession d'her-
boriste, depuis longtemps l'idée en est
abandonnée, car l'utilité de cette profession
a été reconnue de façon évidente.
Et qui demandait cette suppression ? La
société ? Non pas ; mais le pharmacien qui
voulait créer à son profit un monopole pu-
rement arbitraire.
II y a deux classes d'herboristes : ceux
de ire classe qui ont le droit d'exercer dans
toute la France ; ceux de 2^ classe dont
l'exercice professionnel est limité au dépar-
tement pour lequel, ils ont été reçus.
La différence des deux classes provient
non pas d'un supplément de versement
afférent au Trésor, puisque ces droits sont
absolument les mêmes pour l'une et l'au-
tre classe : mais les aspirants au titre de
I" classe doivent subir un examen prépa-
ratoire qui porte sur le français, l'ortho-
graphe, le calcul, le sytème métrique, etc.
Et le deuxième examen, c'est-à-dire l'exa-
men probatoire ou professionnel est-il
aussi illusoire que veut bien le dire votre
correspondant? Sans doute n'a-t-il jamais
assisté à cet examen public passé devant
une école de pharmacie ; car alors, il au-
rait pu se rendre compte avec quelle diffi-
culté les aspirants étaient admis au certifi-
cat d'aptitude. Ceux-là seuls qui connaissent
parfaitement la fîore française et les carac-
tères de ses plantes se voient délivrer le
diplôme d'herbori^ite. L'examen d'herbo-
riste est bien moins compliqué que celui
des pharmaciens, je n'en disconviens pas,
et les connaissances exigées des candidats
sont moins nombreuses, c'est évident ; mais
aussi, combien est autrement limitée leur
liberté commerciale.
Le mot apothicaire encore en usage chez
les anglais, les allemands et les espagnols
et qui vient du grec «tto^/îx»! (boîte, bouti-
que) a été presque le seul nom p;ir lequel
les pharmaciens ont été désignés en France
pendant tout le moyen âge ; ce n'est qu'au
commencement du xix« siècle que celui de
pharmacien prévalut.
Puisqu'il est interdit aux herboristes de
vendre aucune composition ou préparation
10 Décembre I90i4.
886
pharmaceutique, il s'ensuit qu'ils ne peu-
vent faire eux-mêmes l'application de re-
mèdes qu'ils n'ont pas le droit de vendre.
Et si leurs officines sont moins luxueuses
que celles des pharmaciens, elles sont loin
de ressembler toutefois aux échoppes du
moyen -âge.
Confiant en votre équité pour remettre
les choses au point, je vous prie d'agréer,
Monsieur le directeur, l'assurance de ma
considération distinguée,
Lyet,
Président de la Chambre
Syndicale des herboriste».
Le père du bridge (L, 4=50, 658,
773). — Bien avant que le bridge fût
devenu à la n:ode en France, je l'ai joué en
Autriche, il y a plus de trente ans, sous
le nom de iérolach ; seulement le jeu pré-
sentait un peu plus de combinaisons que le
bridge. As de pique.
La quête de l'hirondelle à Rho-
des (L, 732). — Notre confrère Léda
trouvera le meilleur texte de cette chan-
son populaire dans Bergk . Poetae lyrici
graeci, t. III. 1882. p. 617. La traduction
de Sainte-Beuve a été faite sur de mauvai-
ses lectures.
La Chanson de l'hirondelle nous est con-
servée par Theognis. Péri ton en Rhodô
tbustôn.l. II. (Athénée. VIII. 360. B.)Cf.
EusTATHE. Commentaires sur l'Odyssée.
1914. 45, et KoESTER. De cantilenis popu-
larihus veteruni g} aecoritm^ p. 73.
L'hirondelle a toujours été considérée
comme l'oiseau du meilleur présage, et
c'est bien à tort que les poètes classiques
français ont insisté sur le mythe deProcné,
purement littéraire.
Dans Aristophane, les hirondelles cons-
truisent la cité des oiseaux. Arrien raconte
qu'Alexandre dut son salut à une hiron-
delle. C'était un oiseau sacré, presque
surnaturel aux yeux des Grecs, car la ra-
pidité de son vol le sauvant des oiseaux
de proie, on le croyait invulnérable aux
serres de l'aigle.
Pour tous les peuples de l'Europe, l'hiron-
delle est une amie, parce qu'elle loge sous
lestoitsde l'homme: une amie fidèle, parce
qu'elle revient, d'année en année, à la
même maison ; une bonne messagère,
parce qu'elle annonce le printemps ; elle
est enfin l'oiseau par excellence, parce
que ses pattes sont presque invisibles et
ses ailes démesurées.
N» 1060
L'INTERMEDIAIRE
887
888
Le fameux oiseau de Siegfried remplace
dans la version wagnérienne, un groupe
de sept hirondelles qui viennent annoncer
à Sigurd où il tuera le monstre et prendra
le trésor {Edda). En Allemagne, on les
appelle les oiseaux de la Vierge. Saint
François les nommait ses sœurs.
La Chanson de l'hirondelle entre dans le
même cycle. Dès qu'une hirondelle pa-
raissait au ciel après l'hiver, les jeunes
Rhodiens venaient frapper aux portes et
chantaient au lever du soleil : « Nous
apportons une bonne nouvelle ; donnez-
nous de l'argent ». Sur cette vieille cou-
tume, M. Marcel Schwob a écrit un petit
poëme en prose qui est une page char-
mante et qu'on lira dans son dernier vo-
lume : La Lampe de Psyché^ p. 17.
P. L.
Le Jacobinisme et la Liberté. —
Du Pont, de Nemours, élève de Quesnay
et de Turgot, était, aux Etats-Généraux de
17S9, un des représentants les plus qua-
lifiés du parti des philosophes, libéraux
en politique et tolérants en religion.
Il fonda, à lafin dei795, un journal, dont
le premier numéro paru le i"" frimaire
an IV, il eut pour titre l'Historien. Cette pu-
blication est recherchée, dit Hatin dans
sa Bibliographie de la presse périodique
française., (p. 264), pour ses excellents ar
ticles sur les lois fondamentales et sur les
finances. Du Pont, de Nemours s'efforçait
de rallier les libéraux qui, etlrayés par les
sectateurs des doctrines révolutionnaires,
s'étaient rejetés dans le camp opposé.
La lettre que nous publions plus bas
montre avec quelle prudence il dirigeait
sa publication.
Il décline l'insertion d'un article sur
Voltaire et Jésus-Christ, dont la forme,
sinon le fond, pouvait inquiéter les hom-
mes encore sous l'impression des pros-
criptions anti-religieuses de la Terreur. Les
•idées exprimées dans sa lettre sont d'une
piquante actualité ; elles pourraient être
méditées avec fruit par les hommes de
bonne volonté. R. B.
15 thermidor an IV
(2 août 1796)
J'ai lu avec beaucoup de plaisir, mon cher
philosophe, votre petit article sur Voltaire et
sur Jésus-Christ. H est, comme tout ce que
vous faites, fortement pensé et énergiquement
écrit. Mais mes lecteurs ne sont point encore
à cette hauteur-là.
Il faut les y amener par degrés et se tenir
pour contents s'ils y arrivent l'année prochaine.
Les persécutions jacobiniques ont reculé la
Lumière. Leur intolérance a refait des chré-
tiens de gens qui n'étaient pas même déistes.
Telle est la révolte de la Liljerté contre toute
Tyrannie.
« Tu ne veu.x p.as que je croie ce qui est
absurde et tu me menaces pour cela du cachot
ou de la guillotine, hé bien Je veux dire que
je le crois. »
Et, après l'avoir lépété, quelquefois par
courage, beaucoup de gense se mettrent à le
croue un peu par habitude.
Ces demi-chrétiens sont d'ailleurs utiles et
respectables en ce qu'ils sont ennemis de nos
bourreaux et alliés naturels de la liberté, de
la sûreté, de la propriété.
Il convient donc que nous les ménagions
sur des préjugés qui ne peuvent être durables,
et qui cesseront avec la persécution qui les ré-
veille.
Je vous embrasse bien tendrement, vous
remercie de même de l'intérêt que vous avez
la bonté de prendre à V Historien et réclame
pour lui votre secours en bornant votre zèle
aux octaves moyennes. On nous croit hardis.
Nous n'allons pas à la moitié du clavier. Mais
cela viendra.
Vale et 7ne atna
Du Pont [de Nemours).
Reliques napoléoniennes. — Sait-
on généralement que le premier brouillon
entièrement autographe de l'abdication
de Napoléon à Fontainebleau se trouve à
la bibliotlièque d'Amiens, dans la collec-
tion léguée à cette ville par le comte de
l'Escalopier? Ce précieux document se
compose de 4 à 5 lignes fiévreusement
écrites avec la plupart des mots raturés,
ou remplacés au-dessus par d'autres sur
un feuillet de papier in-octavo oblong
qui parait avoir été froissé et jeté au pa-
nier.
On a beaucoup parlé, dans ces der-
niers temps, d'un chapeau de Napoléon I""
offert au musée Condé. Il en existe un
autre à la bibliothèque de la ville de Fon-
tainebleau. Un vieux chercheur.
Le Directeur- gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon St-Amand-Mont-Rond.
L" Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mots 20 Décembre 1904.
40» Année
»4*" ,r. Victor Mnssé
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N» 1061
31*^ r. Victor Massé
PARIS <!X«j
Bureaux : de 2 à 4 heures
DES
CHERCHEURS
Fondé en
ET CURIEUX
1864
QUESTIONS KT KÉPONSES LlTTÉKAiaES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITES
889
fidueetionô
Chateaubriand,;, politique et di-
plomate. — Préparant un travail sur
Chateaubriand, politique et diplomate,
je serai très reconnaissant à ceux des
nombreux lecteurs de l'Intermédiaire^ qui
voudront bien me signaler des documents
inédits, ou me donner les renseignements
qu'ils pourraient posséder sur ce sujet.
J. Ladreit de Lacharrière.
Amodiateur. — Je désirerais savoir
si, au xvui* siècle, amodiateur est exacte-
ment synonyme de fermier, au sens où
nous l'entendons aujourd'liui.
L'amodiateur d'une terre seigneuriale
a-t-il les paysans sous ses ordres, ou
bien est-il paysan lui-même ? ***
Corneille et la marquise de Con-
tades. — Les stances de Corneille qui
contiennent les deux strophes suivantes,
sont des plus belles et des plus connues :
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Chez cette race nouvelle,
Où j'aurai quelque crédit.
Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit.
M. Charles Marty-Laveaux, au tome X,
p. 165, de son édition des Œuvres de
Pierre Corneille^ Paris, in -8°, 1862, a à
890
peu près démontré que ces stances avaien
été adressées par Corneille à l'actrice Du
Parc, qui était connue sous le nom de la
marquise, et désignée parfois par Corneille
sous le nom d'Iris.
On lit cependant dans le William Sha-
kespeare de V. Hugo, édition in- 18 de
1867, p. 86 :
Corneille, à soixante-cinq ans, se fait aimer
(tradition dans la famille Escoubleau) de la
toute jeune marquise de Contades, en lui pro-
mettant la postérité :
Chez cette race nouvelle, etc.
Il serait intéressant de savoir ce qu'il y
a de vrai dans cette assertion de V. Hugo.
Th. Courtaux.
Le peintre Galimard. — Les vieux
Parisiens doivent se rappeler, comme
moi, avoir été intrigués, vers 1855, par
des inscriptions bizarres, crayonnées sur
tous les murs de la ville, pour injurier ou
tourner en ridicule le pemtre Galimard.
]1 y en avait une, notamment, qu'on ren-
contrait à chaque coin de rue : Galimard
pou mystique ! Pourquoi, à quelle occa-
sion, par quel besoin de vengeance, cet
artiste, qui ne manquait pas de mérite et
paraissait d'un caractère bienveillant, fut-
il ainsi poursuivi, pendant plusieurs
années, par ces injures anonymes .? Le
souvenir de cette scie m'est revenu en
trouvant plusieurs lettres autographes de
Galimard s'adressant, en 1855, au com-
missaire de son quartier (il demeurait rue
Cassette 22), pour lui demander aide et
protection contre ses persécuteurs. Il y a
L. 17
h° I06I.
L'INTERMÉDIAIRE
891
892
là un petit mystère à éclaircir, sans
inconvénient actuellement, car Galimard
est mort depuis vingt-cinq ans. P, F.
Ravaillac. — Est-il exact que les des-
cendants du meurtrier d"Henri IV habitent
encore dans le Jura ? Leur nom de fa-
mille a subi une légère déformation.
A quelle époque remonterait-elle.?
Errikos.
Voir tome XLVII.
Madame Mère. — Dans un article
paru dans \q. journal du 6 décembre 1904,
sous la signature àe. Jean de Bonne fou ^ in-
titulé La yertu dans le vice^ je lis :
S'il est vrai que la, mère de Bonaparte ait
fait de la prostitution pour donner au lieu-
tenant des secours nécessaires, cette mère est
plus impériale, ce faisant, que ne le fut jamais
son fils terrassant la Re'volution et terrorisant
les rois. Celle qui devait ètre« Madame Mère »
pensait-elle à un autre sujet qu'un fils qu'elle
avait porté dans ses flancs, quand elle se
livrait au baiser paye de quelque goujat ?
Qu'y a-t- il de vrai dans cette assertion,
et sur quels documents s'appuie l'auteur ?
Quelle serait l'origine de cette légende ^
D^ A. L.
Poudre et imprimerie connues
des Rcmains. — On lit dans le numéro
de décembre dernier des Leclures pour
tons (p. 276) cette phrase :
Les Romains connurent, dit-on, la poudre
à canon et l'imprimerie.
C'est fort bien d'avancer des choses
semblables quand on donne à l'appui les
raisons d'une assertion, qui détruit d'un
coup tout ce que l'on a appris sur ce
sujet. Mais j'ai peine à lire une phrase
sèche, comme celle ci-dessus, puis rien
après. Attendu que cette Revue est une
revue d'instruction comme d'agrément,
très lue par \x jeunesse, il me paraîtrait
bon qu'elle s'expliquât. Pour le moment,
je me contente de demander à nos érudits
collaborateurs ce qu'ils savent de l'impri-
merie et de la poudre en usage chez les
Romains. De Torla.
Cardinal de Sainte Potantiane.
— Pourrais-je savoir dans quel ouvrage,
Bertrand de Chanac, l'un des fondateurs
du collège de ce nom, à Paris, est quali-
fié de Cardinal au titre de sainte Poten'
tiane et ce que signifie cette désignation •''
V.
Paroisse de Criq. — Je recherche
actuellement où pouvait être située la
paroisse de Criq ou Cricq, qui est indiquée
par un acte de 1705, comme faisant partie
de la généralité de Bourgogne, district
d'Auiun.
Qiielque intermédiairiste pourrait-il me
dire :
1° Si cette paroisse existe encore ;
2° A quelle commune actuelle son ter-
ritoire se rapporte, dans le cas où elle
aurait disparu ;
3° En quel lieu ses archives pour l'épo-
que indiquée (fin du xvii' siècle et com-
mencement du xvin'') ont chance d'être
actuellement ;
4" Si le diocèse d'Autun possède la
liste des curés de ses paroisses à la même
époque. H. G.
Le cMteau et la baronnie de
Digoine en CharoUais.— - Un aimable
collaborateur pourrait-il mindiquer un
ouvrage sur le château et la baronnie de
Digoine en CharoUais .?
J'y voudrais trouver des renseigne-
ments sur ses possesseurs du xvn* au
xix® siècle, les terres et seigneuries qui en
dépendaient et la construction du château
actuel qui date de 1735 et savoir comment
il est devenu la propriété de la famille de
Musy.
Je serais désireux de savoir aussi la
date, le lieu de publication et le nom de
l'éditeur de l'ouvrage cité.
Marquis de L. C.
La paroisse Saint - Martin -le -
Thierry. — Quel est actuellement le
nom de laparoisseSaint-Martin-le-Thierry
et dans quel département se trouve-t-elle?
Je rencontre ce nom dans un acte de décès
de 1796. Segro.
Ecurie d'Orléans. — Le Gaulois a
publié, dans son Supplément illustré du 12
novembre dernier, la reproduction d'une
« Estampe de la Révolution » représen-
tant un bâtiment d'où l'on sort du fu-
mier.
Au dessus de la porte cochère de ce
bâtiment figurent deux chevaux sculptés;
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
893
l'écusson aux armes d'Orléans ; enfin ces
mots : Ecurie d'Orléans.
Je serais heureux de savoir quel était,
en 1792, l'emplacement, à Paris, de ces
Ecuries d'Orléans.
Les ouvrages de Girault de Saint-Far-
geau et de Lefeuve — non plus que les
guides à Paris de Théry — ne me rensei-
gnent à ce sujet. A d'E.
Archives de l'Enregistrement
de Paris. — On désirerait savoir si les
Archives de l'Enregistrement de Paris
sont accessibles aux chercheurs actuelle-
ment, et si la consigne impitoyable qui
en défendait jadis Taccès s'est quelque peu
adoucie. La série des Sommiers fonciers est
consultable depuis qu un récent modits
Vivendi a été établi avec la Direction des
Archives de la Seine. Mais qu'en est-il des
dossiers personnels qui présentent un si
grand intérêt pour l'histoire révolution-
naire '<: Muni de sérieuses références, est-il
impossible de les consulter dans un but
purement historique ^
L'un de nos savants collaborateurs,
aujourd'hui décédé, n'a-t-il pas utilisé
avec beaucoup de profit ce riche dépôt ?
NÉRAC.
De Framery de la Fosse (Bour-
gogne). — Les registres paroissiaux de
Laignes (Bourgogne) ont encore de nom-
breux actes concernant une famille de
Framery, Framecy ou Flamery, parmi
laquelle Gilbert de Framery, écuyer, sieur
de la Fosse (marié avant 1697).
Ce nom manque à d"Hozier, d'Arbau-
mont, Petitot.
Que pourrais-je apprendre sur les ori-
ffines et les armoiries de la famille ^
^ S.
De la Barre. — Le chevalier Jean-
François de la Barre, exécuté le i^'' juillet
1766. était-il parent en ligne directe de :
1° Jehan de La Barre, conseiller au Par-
lement de Paris de 1652 à 1645.
2° de De La Barre, gentilhomme ser-
vant du roi en 1642, et touchant en cette
qualité un gage annuel de sept cents
livres.? Arm. D.
Lefebvre. — Sur une liste des secours
extraordinaires accordés à diverses per-
sonnes par le duc d'Angoulême pendant
20 Décembre 1904.
894
le mois d'août 1817, je vois figurer pour
une somme de 150 fr., un sieur Lefebvre,
et en regard de son nom se trouve la
mention : Anciennement aiiachè à rédu-
cat ion de Monseigneur le Dauphin Louis
XVI I.
Cette liste de secours est approuvée
et signée par le duc d'Angoulême.
Ce Lefebvre est-il connu ^ Quelle était
sa fonction auprès du Dauphin .?
Arm. D.
Les Maillard de la Martinière.
— Maillard de la Martinière, propriétaires
du château de Gorcy, près de Lonwy,
( Meurthe-et-Moselle ), émigrèrent en
1793. Existe-t"il encore de leurs descen-
dants ? DE M.
Famille Patras. — 11 a été beau-
coup question, en ces derniers temps,
dans le monde archéologique belge, d'un
certain Lambert Patras, auteur présumé
des célèbres Fonts baptismaux de Saint-
Barthélémy, à Liège. On a même con-
testé l'existence de ce nom de famille. Or,
j'ai l'intime conviction qu'il existe encore,
ou qu'il a existé en Hollande, une famille
portant ce nom. Bien plus, j'ai vu, il y a
peu d'années, un petit ouvrage consacré
à Abraham Patras.^ gouverneur général des
Indes-Néerlandaises. On y donnait même
des notes biographiques et généalogiques
sur sa famille. Si mes souvenirs sont bons,
ce petit volume lut imprimé à Grenoble,
1892. Un aimable collègue de Vlntermé-
diaire voudrait-il m 'aider à connaître le
titre de l'ouvrage, ou me dire chez quel
libraire on peut le trouver ^ A. H.
Poëric, commandant la Légion
étrangère
Pourrait-on me donner
quelques renseignements sur un Napoli-
tain du nom de Poërio, qui fut comman-
dant d'un bataillon ce la Légion étran-
gèreen Afrique, vers 1832, etpassa, com-
me lieutenant-colonel commandant de
place, à Blidah .?
Ce Poërio aurait été nommé général de
division en Piémont vers 1848.
Segro.
FiimJliesdu Pontet le "Vassôur. —
Quelles sont les armes de ces deux
familles, probablement artésiennes ^ Un
aimable collègue pourrait-il me donner
N<» »o6i
L'INTERMEDIAIRE
895
aussi quelques notes généalogiques con-
cernant : « Marguerite-Thérèse-Françoise
« du Pont, sœur de madame de Fiennes
« (?) et fille du sieur Gilles du Pont et
« de damoiselle Marie Scolastique le Vas-
« seur demeurant à Arras. Cette Margue-
« rite du Pont y épousa, le 24 avril 1749,
« François-Michel-Bernard de Gantés,
« chevalier, seigneur d'Ablainzevelle, frère
« du marquis de Gantés, lieutenant-géné-
« rai des armées du roi. (Bibl. nat.
dossiers bleus). Jehan.
Trois familles de Saumur. — On
serait bien reconnaissant aux savants cor-
respondants de V Intermédiaire des cher-
cheurs et curieux qui pourraient donner
des renseignements sur les familles :
Sailland, ou Saillant, seigneur des Che-
minées ;
Gallais ou Gallois, seigneur de la Bre-
tonnière ;
Bureau ou Brureau.
Depuis 1600 à 1640 a 1650.
Ces trois familles habitaient Saumur ou
ses environs à cette époque.
On voudrait connaître leurs armoiries,
alliances, etc. H. F. S. V.
Question de dérogeance, — Voici
ce dont il s'agit :
Lorsque dans une famille, une ou deux
générations ont enfreint les lois qui régis-
sent la noblesse, le représentant actuel
peut-il obtenir régulièrement sa réintégra-
tion en faisant à nouveau enregistrer ses
lettres à la Chancellerie compétente ? La
noblesse dont il s'agit étant d'origine
étrangère.?
Indépendamment de cette position lé-
gale à établir, quelle est la situation mo-
rale de la personne en cause .f' A-t-elle bien
le droit de reprendre place à la suite de
ses ancêtres, malgré les erreurs et les
dérogeances de ses auteurs ?
A. C. C.
Pièce de 5 francs. — Telle est l'exer-
gue d'une pièce d'argent qui m'est venue
entre les mains. Elle porte l'effigie de
Louis XVlll roi de France et la date de
18 14, avec la lettre I. Elle a été gravée
par Tiolier F.
Peut-être existe t-il encore beaucoup
d'écus de ce type, mais je n'en ai jamais
vu. A-t-on longtemps frappé des mon-
896
naies avec la légende : Pièce de cinq
francs .? 11 me semble que les pièces de
Louis XVIIl à un autre millésime portent
simplement 5 fr. Ardouin-Dumazet.
J.-J. ttousseau. — L'édition Marc-
Michel Rey, Amsterdam, 1772, du Dis-
cours sur l'origine et les fondements de l'iné-
galité parmi les hommes^ est-elle la pre-
mière de cet ouvrage .? J.
La Table du Recueil Montaiglon.
— En 1865,1a Bibliothèque Elzévirienne
annonçait comme <* en préparation » le
tome X et dernier du Recueil d'anciennes
poésies françaises publié par Anatole de
Montaiglon. Le volume devait contenir :
1° Une table méthodique des pièces ;
2° Une table des noms de personnes et
de lieux ; y Un glossaire.
En 1875, Montaiglon «allait terminer»
ces tables, quand il se décida inopiné-
ment à continuer la publication des textes,
avec la collaboration de MM. Emile Picot
et J. de Rothschild.
Nous attendons toujours l'index et le
glossaire. Les éditeurs actuels de la Bi-
bliothèque Elzévirienne laisseront-ils ina-
chevée cette anthologie si intéressante,
qui plus que toute autre a besoin d'une
table ?
Si je suis bien renseigné, la table a été
faite par M. Picot lui-même. Pourquoi
reste-t-elle inédite ? S.
Œuvres inédites de M. Paul Her-
vieu. — La Revue des Deux-Mondes an-
nonçait naguère qu'elle publierait deux
romans nouveaux de M. Paul Hervieu.
L'un s'appelait Aline et l'autre Amitié.
Vers le même temps, la Revue de Paris
annonçait à ses lecteurs la publication
prochaine de Peaux Neuves que suivrait
bientôt celle de Ivraie humaine, du même
Paul Hervieu. Ce dernier ouvrage a
d'ailleurs été annoncé par M. Paul Her-
vieu sur la couverture d'un de ses der-
niers livres. Je voudrais savoir si l'un
quelconque de ces quatre romans a paru
sous un autre titre ou quand il paraîtra.
Et si M. Paul Hervieu voulait renseigner
à ce sujet V Intermédiaire, je crois que
personne ici ne songerait à s'en plaindre.
G.
DBS CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1904
897
La réforme de Torthographe. —
La question revenant à l'ordre du jour,
est- il exact qu'il existe une collection
d'autographes de membres de l'Académie
française, dont chaque pièce renferme une
faute d'orthographe ? Nemo.
Malgré que — quiconque. —
Littré blâme la locution « malgré que »,sauf
dans l'expression s< malgré qu'il en ait » ;
M. Faguet, dans les Débats du 24 octobre,
emploie « malgré que », mais il a bien
soin d'ajouter, entre parenthèses : style
parisien ; M. Emile Deschanel, dans les
déformations de la Langue française, dit
textuellement : « quicotique doit être
suivi d'un verbe. Non suivi, il est de
mauvais français. »
Or, dans le Roi Lear, (traduction de
Pierre Loti et Emile Vedel), on lit, page
125 : « Malgré qu'elles m'aient com-
mandé... » et page 217, « il marche de
pair avec quiconque. »
D'un côté, Littré, Faguet, Deschanel,
de l'autre Loti et Vedel : qui tranchera le
différend ? X. Y. Z.
Horsain. — Pourrait -on me dire
l'exacte signification du vieux mot nor-
mand horsain, ainsi que son étymologie ?
De M.
Faydit. — Que signifie, exactement,
cette expression souvent employée par
les auteurs des histoires et récits sur la
guerre des Albigeois ? Elle suit d'ordinaire
le nom des personnes qui avaient pactisé
avec l'erreur.
Par ailleurs, on trouve le féminin Fay-
dite ou Faydide employé comme prénom,
ainsi Raymond Bérenger, comte de Bar-
celone (xii^ siècle) épousa Faydide d'Uzès.
Alex.
Charivari, costume ds femme. —
Qu'appelait-on, sous la Restauration, un
charivari, qui faisait partie de la toilette
des femmes et même des princesses. Dans
des mémoires inédits, il est parlé de ce-
lui très joli de madame la ducliesse de
Berry. De B.
L'honneur du mari. — « L'homme
qui croit gue son honneur dépend de celui
de sa femme est un fou qui se tourmente
et la désespère ».
898
Qui a émis cette opinion sur l'honneur
du mari .'' A. B.
«Voilàcomme nous les faisonset
voici comme ils nous font!» — De qui
est cette parole qu'un grand seigneur de
médiocre prestance prononçait, dit-on,
en montrant à un de ses amis la magnifi-
que stature de quelque laquais ?
M. R.
Chanson rosse, caractère rosse,
rosserie. — Quel est aujourd'hui le
sens exact de ces trois termes, qui ne se
trouvent pas plus dans les dictionnaires
d'argotque dans les dictionnaires sérieux?
j'ai entendu des chansons et vu des pièces
qualifiées rosses, sans pouvoir me rendre
compte de ce qui caractérise le genre ;
cela n'est pas iJiot, cela n'est pas grossier
qu'est-ce que c'est ?
Paul.
ou ignoble
« Il y a eu des anges » « Il est
passé des anges...». — Connaît on
cette expression ? je l'ai entendue au cours
d'un récit rapportant une conversation
dans laquelle un interlocuteur avait fait
une « gaffe », parlant peut-être de corde
dans la maison d'un pendu ! Ce qui avait
jeté un froid « A ces mots, disait
un narrateur, il j a eu des anges... »
\< Jeter un froid » ; « entendre voler
une mouche » ; voilà deux idées qui dé-
peignent bien le silence qui suit parfois
une « gaffe » commise dans la conversa-
tion.
Ces mots : « 11 y a des anges. . . » s'em-
ploient-ils dans le même sens .''
A. d'E.
Le lieu de naissance de Marin
Le Roy de Gomberville. — En 1878,
col. 326 et 411, les collaborateurs de
V Intermédiaire se sont préoccupés d'éta-
blir le lieu de naissance de Gomberville,
un des fondateurs de l'Académie française,
mais la question n'a jamais été résolue.
11 y a de fortes présomptions pour qu'il
soit né à Chevreuse, ou aux environs,
vers 1594, car les Registres de l'Académie
française, t. 1, p. 93, annoncent sa mort
au mois de juin 1674 et disent : « décédé
plus qu'octuagénaire. » M. Paul Pinson
qui avait posé la questfon en 1878, pour-
rait-il y répondre en 1904? R. B.
N- 1061
L'INTERMÉDIAIRE
-899
900
%émmeiSi
Une pantoufle de Mario Antoi-
nette (L, 834). — Sans me prononcer
contre l'authenticité de la tradition rap-
portée sous cette rubrique, je dois dire
que mon bisaïeul, le baron Hiie, premier
valet de chambre du Roi, qui s'enferma
au Temple avec la famille royale et ren-
dit, dans le même temps, à Louis XVI
des services d'argent, analogues à ceux
que celui-ci avait reçus de M. d'Aubier,
ne fait aucune allusion au don qu'il aurait
reçu de Marie-Antoinette, dans ses Sou-
venirs que j'ai récemment publiés.
Dans ma famille, où sont religieuse-
ment conservées plusieurs reliques de la
famille royale, on n'a jamais eu connais-
sance de la panfouflc de la Reine.
Baron de Maricourt.
* *
Cette pantoufle est-elle la sœur de celle
qui figura au musée des souverains au
Louvre, jusqu'à sa dispersion, et qui avait
été donnée à ce musée par M. Salvador,
dit Chéri ? J.-C. Wigg.
*
¥ *
Je possède une lettre d'Aubier de Coû-
tât, adressée probablement au baron de
Breteuilet datée de (Potsdam)8 mai 1797,
qui peut permettre d'authentiquer la
pantoufle de Royat.
Voici, en effet, comment débute cette
lettre :
Voici, Monsieur le Baron, la moitiJ de la
garniture de souliers de notre malheureuse
reine ; le pied était si petit qu'il en fallait
peu pour remplacer la boucle, je voudrais
pouvoir vous offrir un morceau de l'étui de
bois de rose qu'elle me doua pour souvenirdela
nuit du 1 1 au 12 août, mais il faudrait le bri-
ser, et il appartient à votre cœur de sentir que
je le respecte. ..
La lettre d'Aubier de 2 pages et 5 lignes
in-4", renferme le morceau "de la boucle
en question, fixé au milieu de la troisième
page par un fil blanc retenu par un ca-
chet de cire rouge aux armes d'Aubier de
Coûtât. Les froncés de ruban loutre sont
cousus sur une languette de cuir. Il y a
environ quinze ans. j'ai donné un fragment
de ce morceau à M. Maxime de la Roche-
terie. En rapprochant ma garniture, du
soulier qui se trouve à Royat, s'il y a si-
militude, la signature d'Aubier de Coutar
que je possède, authentiquerait le souliet
de Royat. J. G. Bord.
Un édit de Henri II (XLIX, 833,
959 ; L, 72, 123, 289). — Cet édit avait
encore force de loi, à la veille de la Ré-
volution, s'il faut en croire cette piquante
historiette, que nous cueillons dans les
Anecdotes sur la comtesse Du Barry, de
Pidansat de Mairobert :
Une jeune fille, d'un endroit appelé
Liancourt, était devenue grosse des oeuvres
de son curé, qui avait peu survécu à ce com-
merce. Soit honte pour elle-même, soit égard
pour la mémoire de son pasteur, elle n'avait
point fait la déclaration prescrite par les
ordonnances et par une suite de maladie, que
le chagrin et l'inquiétude lui avaient occa-
sionnée sans doute, elle était accouchée d'un
enfant mort. Le fait parvenu à la connais-
sance des premiers juges, ils avaient con-
damné cette malheureuse à être pendue, comme
réputée coupable de Tavortement, faute d'avoir
satisfait à la loi qui est formelle sur cet ar-
ticle. La sentence venait d'être confirmée au
Parlement ; et la prisonnière devait retourner
sur les lieux pour être exécutée.
Un mousquetaire noir, nommé M. de i^Ian-
deville, entendit raconter cette histoire dans
une maison. Touché de compassion ainsi que
les autres convives, il proposa de dresser sur
le champ un mémoire de cette affaire et
d'aller à Marly, où la Cour était alors, de-
mander la grâce de la pauvre innocente. Le
cas bien exposé, il partit ; il se lendit chez
Mme la comtesse Du Barri qu'il ne connais-
sait point, mais dont il se flatta d'émouvoir
les entrailles. Il réussit. Elle trouva le cas
très grâciable ; et sur le champ elle écrivit
de sa main une lettre à M. le Chancelier
(Maupeou), dont les spectateurs retinrent des
copies et qui démentit authentiquement l'in-
capacité qu'on lui supposait en ce genre ou
qui prouve combien est grande l'éloquence
du cœur. On va en juger :
« M le Chancelier,
Je n'entends rien à vos lois : mais elles
sont injustes et barbares, elles sont contraires
à la politique, à la raison, à l'iuimanité, si
elles font pendre une pauvre fille, accouchée
d'un enfant mort sans l'avoir déclaré. Suivant
le mémoire ci joint, la suppliante est dans
ce cas: il paraît qu'elle n'est condamnée que
pour avoir ignoré la règle, ou pour ne s'y
être pas conformée par une pudeur très natu-
relle, je renvoie l'examen de l'affaire à votre
équité, mais celte infortunée mérite de l'in-
dulgence. Je vous demande au moins une
commutation de peine. Votre sensibilité vous
dictera le reste. J'ai l'honneur etc.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
90 1 —
M. de Mandeville porta lui-même cette
lettre à M, le Chancelier qui ordonna un sur-
sis, et, sur le compte rendu des faits, fit
avoir la grâce à la fiUe. Tout Paris ne put
s'empêcher d'applaudir à cette belle action,
également honorable pour le Mousquetaire, la
comtesse et le chef de la justice.
Réserve faite de la lettre, écrite en un
style lapidaire qui ne fut jamais celui de
cette bonne et folle fille, qu'on appelait
la Dubarri, je crois à l'authenticité de
Tanecdote, d'autant que le livre de Pi-
dansat de Mairobert n'est pas précisé-
ment un panégyrique de la maîtresse du
Roi. Et cette femme, qui avait arraché
une fille du peuple à la barbarie d'une loi
de l'ancien régime, fut \'ictime, peuple
elle-même, de cette création du « nouvel
ordre de choses » (comme on disait alors)
oui fut le tribunal révolutionnaire !
D'E.
Barbe-Bleue et Gilles de Rais
(L, 833). — Il faut écrire de Rais et non
pas de Retz. Le livre de MM. Bossard et
de Naude, paru en 1 886, semble concluant.
Les crimes de sorcellerie et de magie et
les meurtres sont incontestables. Quant
au nom de Barbe-Bleue, il est certain
que Gilles de Rais ne fut pas seul à le
porter, mais il est certain aussi que c'est
ainsi qu'on le désigna longtemps à Nantes
où eut lieu son procès.
Martin Ereauné.
* *
J'ai été très surpris, mais non boule-
versé, par la communication de M. S.
Reinach à l'Académie des Inscriptions.
En tant que ycndéen, ayant beaucoup
étudié les châteaux du <% Maréchal » de
Retz, j'ai été amené à avoir, — moi
aussi — des doutes sur les fameux cri-
mes du célèbre... Barbe-bleue vendéen.
Pour l'instant., je me borne à soulever
trois questions, sans les résoudre :
1° L'analogie de la Légende de Barbe
bleue avec celle de Béatrix de Mauléon,
fondatrice de l'abbaye des Fontenelles,
près La Roche-sur-Yon (xiii^ sièclej.
2° Les rapports d'armes du maréchal de
Retz avec Jeanne d'Arc qui me paraissent
avoir quelques relations avec la légende
(xv* siècle), du sire de Vergy, etc.
3° On prétend, en Vendée, que dans les
fossés du château de Puzauges, qui ap-
partint jadis à Gilles de Retz, on aurait
trouvé des ossements d'enfants eji grande
20 Décembre 1904.
• 902
quantité. — Depuis de longues années,
nous voulons faire des fouilles dans ces
fossés et contrôler ces assertions. Mais
jusqu'à présent on nous a toujours refusé
le moyen pratique de faire aboutir cette
question. Marcel Baudouin.
*
A voir l'article de P. L. jacob, biblio-
phile, le uiarcr.hjl de Rays, dans les Curio-
sités de V Histoire de f^i\jnce^ 2* série (Paris,
Delahays, 1858, in 12). J. l. t.
Statue de Henri IV sur le Pont-
Neuf (L, 667, 736). — J'ai entendu raconter
au baron Larrey que David d'Angers lui
avait affirmé avoir mis — avec quelques
élevés, et à l'insu de Lemot — dans la fonte
de Henri IV, une statue de Napoléon.
Un rat de BIBL10THÈQ.UE.
Journal des Inspecteurs de M. de
Sartines (T. G , 822 ; XLIX,
4^9)-
vante
32,
1 1
— Nous recevons la lettre
7i
sui-
Paris, 30 novembre 1904.
î>Ion cher monsieur,
J'ai l'honneur de vous informer que je
compte publier incessamment Ions les rap-
ports des inspecteurs de police à M. de Sar-
tine, de 1747 à 1777. Ces documents sont de
tout premier ordre. C'est grâce à l'obligeance
du Mercure de France que cette publication
paraîtra prochainement. Le premier volume
(rapport de Marais) est sous presse. Les rap-
ports de Meusnier suivront.
Ce volume sera accompagné de la reproduc-
tion des jecons de la collection de .Vi. Feuar-
dent dont le pren^ier volume vient de paraî-
tre. En voici l'énume'ration :
n" 5832 du catalogue.
At. rend. jn. gubt. Gel de Sartine. Me des
reg''" L' GEN. DE POLICE. 1759. ^^^ armcs.
R. Vigilat.ut.q:.jiescant.i713. La grue des
lieutenants de police. AP^^.
Antoine-Raymond-Jean-Gualbert-Gabrielde
Sartines, né en Espagne de parents français,
fut conseiller au Chatelet, lieutenant-crimi-
nel, etc :
N" 5854. A. R. J. G. G. DE Sartise. C"
D. Estât. L' G«l de Police. 1767. Ses armes,
deux aiglons pour supports.
R. ViGiLAT. UT. QU1ESCANT. 1713. Grue Se
retournant vers sa vigilance, ses petits. AR9.
N" 5855. Illumoi de Paris, p. les soins de
M. DE Sartine. 1769. Mêmes armes, la pose
des aigles est variée .
R. Illo. PROCURANTE. Nox. INSTAR. DiEi. Mi-
nerve assise à gauche tenant le portrait de
Sartine. Signé !. G. AR^.
N» io6i
L'INTbRMEDlAlRE
— 903
904
Veuillez agréer, monsieur et cher directeur,
l'assurance de mon sincère dévouement,
C. Piton.
N B Ces jetons ne sont-ils pas la pieuve
qu'il faut écrire SÂKTINE et non SARTINES ?
Je soumets la question aux aimables intemie-
diairistes. ^ j "i„
Les mœurs du chevalier do la
Barre (L, 777)- — ^ ^■'' lii\^^/^ 37'
livraison des Causes célèbres de tous les
peuples, par M. Armand Fouquicr, publi-
cation éditée en 1857 et années suivantes
par M. Lebrun, rue des Saints-Pères, 8,
se trouvent des détails assez complets (3
colonnes) sur le procès du clievalierde la
Barre, condamné, le 28 février i766,àAbbe-
« ville, pour avoir chanté des chansons
^abominables et exécrables contre la Vierge
«et les Saints, » a la torture, à avoir la
langue arrachée ci à être jeté dans les
flaiBmes. Cette sentence fut, après appel,
confirmée par le Parlement de Paris, et
l'arrêt fut exécuté à Abb^viUe. — Le 25
brumaire an II, la Convention réhabilita
la mémoire de La Barre. V. A. T.
Armes et devise de la coaite.sse
du Barx-y (L, 777). — Voici les armes
de Mme du Barry : cfe gueules, à 5 ju-
melles d'argent (Du Barry) ; accolé d'azur,
au chevron d'or portant en chue un geai
surmonte d^un G, et accompagné en chef
de deux roses, et en pointe, d'une main
dextre en pal ; le tout d'argent.
Devise : « Boutez en avant ».
Cette devise était celle des du Barry de
Colomi,des du Barry de Merval (France),
des du Barry de Buttevant (Irlande).
^*^ Patchouna.
Oui, sans doute, « Boutez en avant ! >•>
était la devise des Du Barry, mais au
xviu" siècle, tout le monde a une devise
et personne ou presque personne ne la
donne à son relieur. Dans Guigard, la pro-
portion des armes entourées d'une bande-
role ne dépasse pas deux pour cent.
Mme du Barry a donc dérogé à la mode
de son temps en faisant frapper ces trois
mots sur les plats de ses livres. Et pour-
quoi l'a-t-elle fait ? Il est trop aisé de ré-
pondre. . .
Mme du Barry avait passé une partie
de s? jeunesse, non pas chez la Gourdan,
comme le croit M. de Labessade, mais
chez le sieur Labille, marchand de modes,
r ue Neuve des Petits-Champs, « A la Toi-
lette >>. Elle est toujours restée fille de
modes au fond de l'âme. Une pareille
devise devait être pour elle la plus drôle
du monde.
11 est même bien probable qu'elle mit
quelque orgueil à s'en parer et qu'elle
l'interpréta dans un sens relativement ver-
tueux. On ne peut décem.nent expliquer
pourquoi bon nombre de ses amies avaient
un autre cri de guerre, mais les curieux
qui ont beaucoup Iules archives secrè-
tes du xviii* siècle, savent bien que chez
les filles de mode, « boutez en avant »
était le mot des plus sages. Candide.
1,6 conventionnel Joseph Ché-
nier accusé de fratricide (L. 387,
-11^ yç)^^ — La scène un peu artificielle
qu'on lit dans le .S/^Z/o d'Alfred de Vigny,
n'est pas- tout à fait telle que d jnne,
d'après un souvenir de lecture, le collabo-
rateur Lotus Sahib. Le docteur Noir a été
appelé chez Robespierre malade, ou plu-
tôt indisposé, et encore ; il s'y rencontre
d'abord avec Marie-foseph Chénier appelé,
lui aussi, sans qu'il sache bien pourquoi,
puis avec Saint-Just. Au milieu d'une
conversation qui tourne à l'acide entre les
trois conventionnels, Robespierre lait in-
troduire le vieux M. de Chénier.
Déjà le docteur a eu sa visite le matin
même et a cherché inutilement à le dé-
tourner de faire du bruit au sujet d'André
incarcéré sans mandat d'arrêt.
L'auteur nous peint les pressentiments
du docteur qui s'attend à une gaffe, le
désespoir de Marie-Joseph, ses signes, ses
adjurations à son père pour le faire taire,
mais tout est inutile, le vieillard veut par-
ler, il parle et le résultat e.^t que,^ séance
tenante, Robespierre signe l'ordre de coni-
parutiondevant le tribunal révolutionnaire.
La scène est bien conduite, presque trop
bien ; les dernières répliques sont, en
effet, de celle que l'on entend à la fin
d'un quatrième acte dramatique, et le ri-
deau tombe sur celle-ci du docteur au
vieux père. « Reprenez votre fils, vous
venez de tuer Taîné ».
André Chénier était oublié, Mari^-jo-
seph comprenait que là était le salut,
peut-être le poète eût -il été sauvé sans les
démarches imprudentes du père.
le ferai remarquer que André fut con-
di'mné etexécutéle 25 juillet 1794 -7 ther-
midor an II — et que Robespierre monta
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1904.
905
906
à son tour sur l'échafaud le 28 — 10 ther-
midor. Cela fait non un jour, mais trois,
entre les deux exécutions.
H. C. M.
Date de naissancs do Napoléon
1^-^ IXLIX, 501, 568, 632,974; L, 74).
— Sur le registre paroissial conservé
aux Archives de la ville d'Ajaccio, tout le
monde peut lire l'acte de baptême de \< Na-
poléon Bonaparte » sous la date du 21 fè-
viici 7765. Cet acte, inscrit au milieu de
la page, après deux autres et avant un au
tre, suivant Tordre chronologique, ne pré-
sente ni rature, nigrattage, nisurcharge.
Actuellement, on peut se procurer, à
Ajaccio, au prix de vingt centimes, la
photographie de la page en question,
carte postale, chez Guittard et chez Car-
dinali.
Si, donc, on admet la version du D' E.
il faut admettre que Napoléon a été bap-
tisé dix-huit mois avant sa naissance.
S. G. DE ROCHEFORT.
L'auteur d'uQ^ publication sur
Guillaume lî inconnu à la cour
d^'Aliemagno (L, 778). — Il a été
question très certainement dans Vlnfer-
inédiaire, mais je ne retrouve pas à quelle
date, des diverses entrevues de la reine
Louise de Prusse avec Napoléon P^ Aussi,
à propos d'une question qui vient d'être
posée sur la Cour actuelle d'Allemagne
et sur l'arrière-petit-fils de cette même
reine Louise de Prusse, ai-je cru devoir
publier cette note qui, elle aussi, appelle
une réponse et que je trouve dans la
Revue hchdouiaJaire du 9 juillet 1904 :
La Deutsche Rundschau de Vienne a
publié des lettres de la reine Louise se
rapportant à cette époque et à cet incident.
Elle s'y plaint amèrement de son sort,
disant que, pour conserver la couronne à
son mari, elle a dij passer un jour et une
nuit avec Napoléon. Elle ajoute que, depuis
ce moment, elle n'ose plus regarder son
mari en face et elle appelle" Napoléon
x- un monstre qui l'a forcée à subir les
pires outrages qu'une femme puisse sup-
porter. »
La reine de Prusse, qui avait souvent
l'imagination très vive et mêm.e trop vive,
n'aurait-elle pas été le jouet d'une hallu-
cination .' Ou bien a-telle su'oi réelle-
ment l'étreinte de Napoléon ? Alpha.
Le monument ds Lefebvre-Des-
noëttes au Havre (XLIX, 947). —
M. Georges Bertin, dans Joseph Bonaparte
en Amérique^ p. 2n (Paris, 1893), dit
que le général Lefebvre-Desnoëttes, ren-
trant en France sur le brick l'Albion,
capitaine Williams, périt dans le naufrage
qui eut lieu le 21 avril 1822, en vue des
côtes d'Irlande, sur le littoral du comté
de Cork. Des 54 personnes qui se trou-
vaient à bord, 8 seulement réussirent à se
sauver. Dans un accident, la veille, Le-
febvre-Desnoëttes s'était cassé un bras.
L'auteur ajoute cette note :
On voit entre la jetée du Havre et les
phares de la Hève un monument blanc en
forme de pain de sucte. 11 se rapporte au
drame qui coûta la vie au général Lefebvre-
Desnoëttes. L'inscription de sa base indique
qu'il a été élevé par la veuve de ce généial
pour servir de point de repaire aux navires en
péril et les sauver du sort de l'Albion.
S. G. DE ROCHEHORT.
Droit de iiavag« (L, 267, 698, 746,
799, 852). — Si le droit de havage qui est
mentionné dans le Dictionnaire de La-
rousse et qui constituait les émoluments
du bourreau fut supprimé à Paris en 1721
et remplacé par un traitement fixe, il
n en fut pas de même partout.
En effet, à Etampes, ce droit a existé
jusqu'à la suppression de l'office de l'exé-
cuteur des sentences criminelles, Antoine-
Louis Desmoreîs,et fut la cause d'un pro-
cès intenté par celui-ci à plusieurs habi-
tants de la ville qui refusaient de le payer
en partie. La ville étant intervenue en
leur nom. par arrêt de la cour du Parle-
ment du 30 juillet 1767, il fut jugé que
le droit de havage se percevrait chaque
jour de marché, a l'entrée de la ville, sur
les grains seulement, et qu'il était anéanti
et supprimé sur tous les autres objets.
Paul Pinson.
Livre da bord de lace Sémillante >^
(L, 721, 852). — Les livres de bord sont
conservés dans les préfectures maritimes.
La correspondance du ministre avec le
commandant, et du commandant avec le
ministre, aux Archives de la marine.
R.
Cette frégate a été coiistruiteàLorient en
1 79 1 .On connaît son journal debord pour la
W" looi.
L'INTERMÉDIAIRE
907
908
campagne de l'Inde (1803-1807) sous le
commandement de Motard. Il se trouve à
la bibliothèque communale de Honlleur ;
il se compose de vingt cahiers. La Sé-
iitilbnte fut destinée pour l'expédition de
rindc le 20 brumaire an XI et sortit du
port de Brest le 6 mars 1803.
Ch. Br.
LeménagedeSoc!rate(T.G.,844 ;L,
803). — D'après Diogène Laëce, qui se réfé-
rait à Aristote, Socrate épousa deux fem-
mes : la première, Xantippe, dont eut il
Lamproclès. l'autre, Myrto de laquelle il
eut Sophronisque et Mencxène.
<\ Quelques uns veulent qu'il épousa sa
Myrto en premières noces ; d'autres,
comme en particulier Satyrus et Jérôme
de Rhodes, croient qu'il les eut toutes les
deux à la fois. » Certains auteurs, enfin,
prétendent que Lamproclès, Sophronisque
et Menexène étaient tous trois issus de
Xantippe. En tous cas, quand il mourut,
Socrate laissait des enfants en bas âge ;
sa femme aurait donc eu mauvaise grâce
à demander à son mari de se faire sup-
pléer dans l'intimité et à lui adresser le
compliment que fit la courtisane véni-
tienne Zulietta à Jean-Iacques Rousseau.
Que Xantippe eût l'humeur acariâtre,
voila un fait qui parait certain d'après les
textes suivants :
Alors Socrate : « Il y a mille preuves, mes
amis... que la nature de la femiiîe n'est pas
inférieure à celle de l'homme ; il ne lui man-
que qu'un peu plus d'intelligence et de vi-
gueur. Qii'ainsi ceux d'entre vous qui ont
une fenune lui apprennent résolument tout
ce qu'ils veulent qu'elle siiclie et qu'elle
mette eu pratique. — Eh bien, dit Antis-
thène, comment se fait- il, Socrate, qu'avec
cette opinion tu n'apprennes rien à Xantippe,
mais que tu t'accommodes de cette femme,
la plus acariâtre des femmes passées et à ve-
nir ? — Cest que je vois, répondit Socrate,
que ceux qui veulent devenir bons écuyers
ne se procurent pas les chevaux les plus do-
ciles, mais les plus fougueux, persuadés que,
s'ils les domptent, ils viendront facilement à
bout des autres chevaux. De même moi, qui
veux apprendre à vivre en société avec les
hommes, j'ai pris Xantippe, convaincu que,
si je la supportais, je m'accommoderais facile-
ment de tous les caractères ».
Xénophon, Le Banquet^ chap. II :
En supportant Xantippe dont le caractcie
était violent et détestable, Socrate savait qu'il
serait lui-même plus patient avec les autres
'il était habitué à cette humeur.
Plutarque. Comment l'on pourrait tirer
utilité de ses ennemis. 8.
Socrate, au sortir des exercices de la pa-
lestre, s'était emparé d'Euthydème et l'avait
emmené dîner chez lui. Xantippe survint. La
voilà qui, dans sa furei'r, les accable d'injures
et finit par renverser le couvert. Euthydème
se lève, et fort mécontent se dispose à partir.
Mais Socrate : « Est-ce qu'hier chez vov.s, dit-
il à son ami, une poule en sautant sur la
table n'a pas fait la même chose ? Pourtant
nous ne nous sommes pas indignés ».
Plutarque, Sur les moyens de réprimer
sa colère .13. Patchouna .
L'autre femme de Socrate se nommait
Myrto. Elle était lîUe d'Aristide le Jeune.
Son existence est affirmée par un grand
nombre d'historiens : Callisthène, Deme-
trios de Phalère, Satyros. Aristoxene,
Hieronyme de Rhodes, Aristote, Diogène
Laërce, etc.
Au témoignage de Hieronyme et de
Satyros, Socrate l'épousa du vivant de
Xantippe, ou du moins il profita d'un
décret éphémère qui, pour remédier à la
dépopulation de la ville, aurait permis
aux Athéniens de choisir, outre leur
fem.me, une concubine légitime, dont les
enfants dussent être nommés citoyens.
(Voir Athénée. XIll. 5^5 d. Plutarciue.
Socrate. 6. Aristide. 66).
Myrto eut deux fils de Socrate : So-
phroniskos et Ménéxéne. On prétend
qu'elle était sans dot et qu'elle fut épou
sée pour sa beauté.
Malheureusement, toute cette histoire
a été démentie par Panétios de Rhodes. La
question reste donc ouverte. Selon toute
apparence, elle ne sera jamais résolue.
L'existence d'Hamlet, princo de
Danemark, e^î-Glio historiquement
cortai'io (L, 779). — Hamlet, prince
danois, qu'on place vers le 1 1" siècle avant
). C, était, selon des traditions rapportées
par Saxo Grammaticus, neveu par sa
mère de Roric, roi de Danemark, et fils
d'Horvendill, souverain feudataire du
Jutland, que son frère, Fengo, assassina
pour s'emparer de ses Etats et pour épou-
ser sa veuve. Cette histoire, que la plu-
part des historiens regardent comme
fabuleuse, a fourni à Shakespeare le
sujet d'une de ses plus belles tragédies.
(Bouillet,et pour copie :) V. A. T.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
909
Outillage gallo-romain (L, 219,
422, t28, i^jo, 657). — En décrivant les
outils anciens les plus intéressants du
musée local des Cléons, je tâcherai d'en
raisonner l'usage ; mes bienveillants con-
frères apprécieront.
M Marcel Baudouin, en citant fort à
propos l'ouvrage de l'abbé Baudry : Les
Puits funéraires du Bernard^ m'amène à
présenter de suite un instrument de
moyenne grandeur, et sur l'emploi du-
quel n'existe pas un complet accord. 11
est en fer forgé, assez fortement atteint
par la rouille, et figure un parallélipipède
haut de 56 millimètres, dont l'une des
bases est un rectangle de 36 millimètres
sur 21, et dont l'autre base est tronquée
par la section oblique de l'un des côtés
et réduite à une bande large de ^ millimè-
tres, conservée à l'aplombdu côté opposé.
Le centre de Tobjet est percé d'un tiou
qui reçoit un manche carré, également
en fer, d'une longueur de 27 centimètres
et dont l'extrémité, appointée légèrement,
devait être garnie d'une poignée de bois
qui n'existe plus. En l'état où il se trou\'e,
l'outil pèse 363 grammes.
C'est un mari eau, dixt-on le plus souvent
ou bien ; c'est un fer à souder'? Mais cepen-
dant, le marteau devrait avoir une section
oblique de chaque côté, pour ramener la
bande métallique dont on avait besoin dans
le plan même où se trouve le centre de
gravité de l'objet. Q.uant au fer à sou-
der, qui comporte aussi la même disposi-
tion, il est généralement en cuivre, si l'on
s'en rapporte aux fers actuels.
Les faits suivants sont d'ailleurs à re-
tenir.M. Baudouin a trouvé lui-même dans
un puits funéraire « un grand seau de
bois et de fer à douelles très reconnais-
sablés ». L'abbé Baudry en cite aussi plu-
sieurs, voire un baril et un baquet, tous
figurés avec des cercles de fer. J'incline
donc à penser que notre outil n'est autre
qu'une de ces chasses utilisées par les
Gallo-Romains, pour la mise en place des
cercles en question. On comprend alors
que l'un de ses côtés ait été conservé bien
droit, pour s'appliquer plus exactement
sur lesdouvelles etrecevoir.sans se déver-
ser le coup, qui repoussait la chasse.
Ce genre d'outil a, du reste, persisté
jusqu'à nos jours, avec quelques modifi-
cations nécessitées par le peu d'épaisseur
de nos fers laminés, Félix Chaillou.
20 Décembre 1904.
. 9)0
Récits d'événements historiques
à la dernière page des registres
d'état-civil (L, 779). — Qu'il me soit
permis de dire ici que, depuis 415 ans, je
m'occupe, sans relâche, de l'histoire
d'Auvergne. Dans ce but, j'ai dépouillé
des milliers de registres de l'état-civil,
dans le département du Puy-de Dôme,
c'est-à-dire les anciens registres tenus,
avant 1789, par les curés. Eh bien, j'y ai
rencontré une foule de faits intéressants
pour l'histoire locale, quelquefois l'histoire
générale. C'est ainsi que j'ai trouvé dans
l'un des registres concernant la paroisse
de Verneugheol, prés d'Herment (Puy-
de-Dôme) que le 4 novembre 1663 « il se
brûla, à Herment, environ 50 bâtiments
d'un feu inconnu et même on le disoit
estre descendu du ciel ». Evidemment, il
s'agit ici de la chute d'un bolide. Mais
les registres paroissiaux de Royat (Puy-de-
Dôme), bourg dont j'ai publié l'histoire,
rapportent un grand nombre de faits locaux
notamment au xviii' siècle, quand ces
registres furent rédigés par le savant
curé l'abbé Delarbre, naturaliste. Les re-
gistres paroissiaux de Clermont-Ferrand
possèdent aussi beaucoup défaits locaux.
Peut-être, un jour, un courageux cher-
cheur relèvera-t-il cette suite curieuse
pour en publier le texte, mais hélas, de
nos jours l'érudition locale semble se
mourir. On n'est guère à cet ordre
de choses ; et comme les érudits ne
sont généralement pas fortunés, les pu-
blicistes risquent fort, en s'adonnant à
l'histoire de leur région, de perdre bien
souvent leur temps, encouragés, d'autre
part, nullement par l'Etat. Voilà la triste
vérité. Ambroise Tardieu.
Les 256 quartiers du comte de
Chambord (L, 389,855). — Je trouve
dans mes notes, mais sans pouvoir indi-
quer de références, l'indication des 16
quartiers de Marie Leczinska manquant à
la nomenclature donnée par M. Le Lieur
d'Avost.
17. Raphaël Leczinski, comte de l'Em-
pire, 18. Catherine de Radziminska,
19. Ernest, comte de Donhof, 20. Agnès
de Coniapole, 21. Jean, comte de Jablo-
now, 22. Anne, comtesse Ostrorog, 23.
Alexandre, comte de Casanova, 24. Anne,
comtesse Potoska, 25. Pierre, comte de
Brin Opalinski, 26. Sophie, comtesse de
N. 1061
L'INTERMKDIAIRE
QU
912
Kostka, 27. Adam, comte de Czarnkow,
28. Catherine Leczinska, comtesse de
Hésus.'^Q. Pierre, comte de Czarnkowski,
30. Sophie, comtesse de Ostrorog, 31.
Remigier, comte de Zalowski, 32. Anne,
comtesse de Alielzaski.
On peut remarquer, en dépouillant les
256 quartiers du comte de Chambord, qu'il
descendait, sauf erreur, 21 fois de Henri
IV, ce dernier se trouvant 8 fois dans les
quartiers précités, et ses enfants et petite-
fille 13 fois. A. E.
Ojiariier n" 48. Jean-Casimir, Wild-et-
Rhingrave de Kirbourg, né en 1577, mort
en 165 1, fils de Othon, né en i 5 36, mort en
1607, et d'Odile, comtesse deNassau-Weil-
bourg, mariée en 1567, a eu pour femme
Dorothée, comtesse de Solms, fille de Jean-
Georges, cointe de Solms-Lich à Laubach,
né en 1547, ^iioi't en 1600, et de Margue-
rite de Schœnbourg, née en 1554, morte
en 1616. M. Ernest Lehr, dans ses Etudes
sur Vhistoire et la généalogie de quelques-
unes des principales maisons souveraines de
V Europe (un vol. in-4", Paris, 1866), a
publiéles seize quartiersdes quatregrands-
parents de la fille de Jean-Casimir (tab.
40, 41, 48 et 49), à peu près au complet.
Quartiers n"'^ pj à ç6. Marie-Polyxène
Khuon (et non Kithon de Bellasy, mariée
le 26 août 1678, morte le 13 novembre
1712, était fille de Mathias K. de B..
comte de Kûstenberg (lui-même fils de
Jacques K. de B. et de Siguna-Marguerite
d'Annenberg") et d'Anne-Susanne, com-
tesse de Meggau, d'après les Genealogische
Tabellen de Hûbner et des notes manus-
crites jointes à mon exemplaire de cet
ouvrage (tab. 369 et 869). Paul.
*
Les 256 familles desquelles était issu
le comte de Chambord (en arrêtant le
tableau à la ligne du septième aïeul) peu-
vent se classer ainsi par pays d'origine :
Etats allemands 141
Etats italiens 33
France 22
Pologne (?) 16
Espagne (Maison d'Autriche) 1 1
Savoie 9
Lorraine 9
Panemark 5
5
4
I
2S0
e se
dé-
55
0/0
37
0,0
8
0/0
Angleterre
Hongrie (?)
Inconnu (n" 48)
Proportionnellement, l'origine se
compose comme il suit :
Sang allemand
Autres origines étrangères
Sang français
100
Encore faut-il faire observer que le
« sang français » est représenté ici plu-
sieurs fois par Louis Xlll dont les ancêtres
étaient, pour moitié, italiens.
Et encore ne comptons-nous pas comme
allemands : 1° Les descendants mâlçs de
Maximilien qui régnent en Espagne au
XVII*' siècle ; 2'^ La maison de Lorraine
dont l'origine est bien connue. Si nous
donnions à ces deux familles le nom de
leur véritable race, la proportion du sang
germanique dépasserait 62 0/0.
Un Passant.
Singulières armoiries papales
(L, 168, 251, 365, 691, 807). — Le Dic-
tionnaire de Fanfani, le plus renommé de
l'Italie après celui de la Crusca, déclare
que pignatta a le même sens que pentola^
mais est moins usité, ou, si l'on veut,
plus familier. Or le mot pcntola signifie
bien marmite. Le proverbe italien nver la
pcntola al fiioco^ avoir la marmite au feu,
suffirait à le prouver. Quant su sens réel
du mot, je me réclame de trente ans
de séjour en Italie pour confirmer mon
dire.
11 est vrai que, dans les armes des Pi-
gnatelli, le vase a une forme particulière
et est orné d'une anse (^pas toujours d'un
bec), mais le peuple a pris ce vase pour
une pignatta ; la famille en a gardé le nom
et je n'ai point prétendu dire autre chose,
ni assurer que les vases pris à Constanti-
nople, dans le palais de l'empereur, fus-
sent de véritables marmites. 11 suffit que
le peuple les ait appelées, à tort ou à rai-
son, de ce nom, et que de là soit venue
l'origine de la famille.
D-- A. B.
Armoiries des évêchés. abbayes,
eto. (L, 673, 807, 857). — On peut si-
. gnaler Armoriai et Sigillographie des évé-
\ quei de Marseille^ par l'abbè Albanès ;
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1004
913
914
Marseille Marius Olive, rue Sainte, 39,
1894. Dans le Gnllia Christiana iiovisstna
du même auteur, continué par Ul3'sse
Chevalier, on trouve d'autres sceaux d'évê-
chés de la province d'Arles. Ciacconi,
dans ses Vies des souverains pontifes et des
Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine^
donne toutes les armes des cardinaux jus-
qu'à Benoît XIV (édition avec les supplé-
ments). On peut aussi consulter sur ce
sujet les deux ouvrages de M. Taussin.
A rmorial des Car dinaux ^archevêques et èvc-
qnes contemporains de Frarce. deux volu-
mes imprimés, l'un en 1874, Tautre en
1887. M. de Saint- Saud prépare son Armo-
riai des êvcques et prélats français pendant
le XIX" siècle et qui contiendra près de
700 sceaux gravés. Enfin les papiers de
M. de la Morandière.fmort en 1900) dont
je possède la plus grande partie renfer-
ment ce qu'il}' a de plus complet sur cette
question. J'avoue toutefois qu'il y a dans
ces notes un tel fouillis et enchevêtre-
ment qu'il faudrait un travail considéra-
ble pour mettre en bonne place les tré-
sors d'érudition héraldique qu'il renferme.
D^ A. B.
Armes à indiquer (L, 672, 808) et
gironné da... et do... (L. 561, 810).
— Je remercie MM. le Lieur d'Avost et
CalenJini de leur extrême complaisance,
com.plaisance,du reste, dont ils sont cou-
tumiers :
Je pense que pour lesarmes des Barjot :
d'a:^ur^ aii griffon d'or, le franc-canton
rempli d'une étoile de ménie^ on peut aussi
les blasonner : d'a:^nr au griffon d'or
addextrè en chef d'une étoile de rnêrne.
En ce qui est de Louise-Anne Victoire
de Rogres, je ferai observer à M. D. des
E. que j'ai aussi à remercier, et à M. le
Lieur d'Avost que sur l'épitaphe de la
dite dame placée en l'église cathédrale de
Troyes, où ses restes sont inhumés avec
ceux de jean-Louis le Bascle, marquis
d'Argenteuil, son mari, elle est dénommée
Louise-Anne-Vicîoire de Rogres de I.usi-
gnan. Saiî-on pourquoi ce nom de Lusi-
gnan au lieu de celui de Chamgignelles,
qui est le nom habituel ?
Colombe de Boucher, femme de Patrice
le Bascle. baron d'Argenteuil, avait épousé
en r" noces, Louis de Saint-Biaise, sei-
gneur de Pouy. Pourrait-on me dire
quelle était cette famille de Saint-Blaise,si
elle avait un autre nom, quelles ét?.ient
ses armes et comment la terre de Pouy,
sa propriété, put arriver aux d'Argen-
teuil par Colombe de Boucher .?
Le Dictionnaire de la Noblesse de la
Chesnaye, qui a publié la généalogie des
le Bascle, ne fait pas mention de Edme
le Bascle, marquis d'Argenteuil, élu géné-
ral de la noblesse aux Etats de Bourgo-
gne de 1778 a 1781. pour Tidentification
duquel je fais toujours appel à l'érudition
et à la complaisance des collaborateurs de
Vlntermédiaiie, ni de Louis-Marie le Bas-
cle d'Argenteuil, dernier abbé de Vézelay,
fils de Jean-Louis Nicolas et de Marie-
Angélique Philippe le Veneur. Cet abbé
portait : écartelé au /"de Rochechouart,
au 2 d'Anjou, ancien qui est Naples ; au ^
de Rohan,«M ^ d'argent à la cioix de deux
bâton y estoqnés de... et sur le tout le Bascle.
Les 3 premiers quartiers rappellent le ma-
riage de Antoine le Bascle avec Marguerite
de la Touche, qui avait pour mère une Ro-
chechouart et pour grand'mère une fille
de la maison royale d'Anjou et une
Rohan. Mais de quelle famille étaient les
armes du 4^ quartier et à quel titre figu-
rent-elles dans le blason de l'abbé ?
— T.
Armoiries à déterminer : fa&cé,
onde d'argev;î (L, 782). — La bor-
dure en question : de... chargée de six
tourteaux de. . n'est point la bordure des
armes des de Sève, avec laquelle elle n'a
qu'une ressemblance plus qu'imparfaite.
Cette bordure dont voici l'énoncé :
d'azur chargé de 6, aliàs S, besans d'or,
est la brisure de la branche de Jars de la
famille de Rochechouart. Or c'est bien de
cette branche qu'il s'agit.
Guy de Rochechouart, puîné du sei-
gneur de Jars, naquit en 1580 et fut tué
le 3 juin 1621. au siège de Saint-Jean
d'Angéîy. 11 était capitaine de cinquante
hommes d'armes et seigneur de Chatillon-
le-Roy. Il avait épousé, en i6ii, Louise
d'Etampes, fille de Louis, chevalier, et
d'Anne du Plessis. De ce mariage provint
une fille unique, Marie-Marguerite, alliée
en 1637 à Alexandre de Sève, seigneur
de Chatignouville, prévôt des Marchands
de la ville de Paris de 1654 à 1661, fils
de Guillaume de Sève, chevalier, et de
Catherine Catin. Marie-Marguerite mou-
rut en i66î,
Un de leurs enfants, Guy de Sève,
N* io6i.
L'INTERMÉDIAIRE
915
916
fut évêque d'Arras ; le plus curieux, c'est
qu'il se faisait appeler Guy de Rociie-
chouart, seigneur de Sève, et que comme
ses frères (qui prenaient aussi le nom de
Rochechouart s il portait un écusson mi-
parti Rochechouart, mi-parti de Sève.
("ela ne dura que deux générations.
On peut se demander si la plaque,
rappelant la fondation de 1637, ne fut
pas faite après coup. Il semblerait que
cette plaque eût dû porter les armes des
de Sève en parti, plutôt que celles des
d'Etampes. Cte de St-Saud.
*
* •
Les armes des Rochechouart sont :
fasce\ enté et onde d'argent et de gueules de
6 pièces^ et celles des d'Etampes : d'azur
à 2 girons d^or appointés en cl)evron au
chef d'argent chargé de j couronnes ducales
de gueules.
Puisque les i""" sont parties des secondes
dans le même écusson, c'est probablement
que ces armes parties étaient propres à la
branche des Rochechouart, à laquelle
appartenait la femme d'Alexandre de
Sève.
Quant à la bordure chargée de tour-
teaux, ou peut-être mieux besantée,dont
l'écu est entouré, je ne vois pas qu'elle
puisse avoir rien de commun avec la
bordure des armes de la famille de Sève
puisque, nous dit M. Martellière, elle était
componce de sahJe et a or. Dans une bordure
componée, les pièces qui la composent
sont carrées, tandis que les besants ou
les tourteaux sont ronds. T.
Marie -Marguerite de Rochechouart,
dame de Châtillon-le-Roi (femme d'Alexan-
dre deSève, seigneur de Chatignonville)etc.
portait probablement les armes des sei-
gneurs de Jars dont elle était issue, qui
sont : fascé onde d'argent et de gueules de
6 pièces, à la bordure d'azur., chargée de 8
hélants d'or. (P. Anselme Hist. des Gr.
Off,, t. IV, p. 668) Elle portait :
parti d'Etampes, à cause de sa mère,
puisqu'elle était née du mariage de Guy
de Rochechouart, seigneur de Châtillon-
le-Roi, avec Louise d'Etampes, fille de
Louis d'Etampes, seigneur d Autry et
d''Anne du Plessis.
Son fils, Guy de Sève de Rochechouart,
évêque d'Arras, portait, comme écartelure,
les armes de sa mère, dont cependant il
avait quitté la bordure, puisqu'il fit enre-
gistrer A^ns Y Armoriai général de 1696:
Ecartelé : aux i et ^ : Jascé de sahle et d'or
de 6 pièces.^ à la bordure contre-componnée
d'or et de sable ; aux 2 etj : fascé^ onde.,
enté de ^^ueules et d'argent de 6 pièces
(Borel d'Hauterive. Armoriai dArtois et
de Picardie.^ p. 32).
G. P. Le Lieur d'Avost.
Armoiries à déterminor : à trois
molettes d'éperon de sable (L, 444,
587, Oc)2^ 859}. — Eirati-m : co\.S6o,note
3. Au lien de « avant d'être cité » lire
« cité dans la première note >".
Armoiries à déterminer : coupé
de gueules, au lioa d'or (L, 617). —
Parti 1" : d'a{ur à 2 épées d'argent gar-
nies d'or en sautoir, au chef de gueules char-
gé d'un lion de St-Marc tenant un livre
O
ouvert au naturel.
au 2° : d'argent au chevron d'a{ur accom-
pagné de 5 merleites de sable.
Ce sont les armes de M. Félix Le Clerc
de Publigny et de sa femme, Dame Sophie
Huvé de Garel.
La première de ces deux familles est
d'origine lorraine, la seconde est nor-
mande. P. DE B.
Armoiries de ChâtilloQ sur-
Marne (L, 782). — Quel terme héraldi-
que se peut bien cacher sous le vocable :
ivoire ? Mais c'est tout simplement vair
qu'il faut dire, ce qui est très héraldique,
et que d'ailleurs, l'on trouvera dans la
description des armoiries des anciens sei-
gneurs de Châtillon (P. An-elme, Histoire
des grands off. , t. 'VI, p. 91).
G, P. Le Lieur d'Avost
Lettres gravées sur des sou^ (L,
840). — M. Lionnel Bonnemère, 26, rue
Chaptal, à Paris, possède une collection
importante de sous.^ ayant des lettres gra-
vées. Interrogé, il pourra fournir de pré-
cieux renseignements sur ce sujet.
Marc Ell.
La petite médrille commémora-
tive dubapîême clu Prince Impérial
1856 (XLVII ; XLVIII). — Il a été cons-
taté qu'il existait un nombre assez con-
sidérable de ces médailles en argent;on en
connait même en or. Je n'ai pas vu men-
tionner d'exemplaires en bronze. Or, j'en
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Oécembre 1904,
917
918
possède un en très bon état, concurrem-
ment avec un exemplaire en argent.
Mais la médaille en bronze que j'ai entre
les mains est une variante du type com-
mun. Elle est légèrement plus épaisse et
le relief des figures est plus fort. L'avers
est identique à celui de la pièce en ar-
gent. Au revers, la tète de l'enfant impé-
rial, tout en ayant la même hauteur, est
notablement pins large, plus arrondie en
arrière, sans que cette différence paraisse
provenir de la frappe. Peut-être est-ce
un ssai qui n'était pas suffisamment res-
semblant. Eu. C.
Baufremont (L, 445, 578, 681). —
Je possède deux énormes volumes in-f"
datés de 1678 et 1680, contenant les
Généalogies des plus gi andes maisons nobles
de France, d'Angletene, d'il a lie, de Bel-
gique, de Suisse, etc., etc., composées par
Charles Charreton de la Perrière de Cha-
vannes, prieur de Saint-Pierre de Vérins
en Poitou, qui a soin, dans le cours de
son travail, de nous apprendre que sa
sœur Anne-Marie Charreton de la Per-
rière, a épousé Auijustin de Grouche, à
présent marquis de Chepy et deGrébauval,
vicomte de Saint-Maxens, seigneur de
Huppy, Grouches, Limeux, etc., chef du
nom et des armes de l'ancienne maison
de Grouches par suite de circonstances
qu'il serait trop long d'énumérer ici.
Qu'on me pardonne cependant ces quel-
ques détails préliminaires pour signaler
et décrire, comme il le mérite, cet impor-
tant manuscrit inédit, écrit entièrement
de la main de l'auteur, fruit de recher-
ches sérieuses et patientes, bourré de faits
non mentionnés dans les ouvrages nobi-
liaires.
Dans la Généalogie de la maison de
Oéqui ( « Branche des comtes de Cre-
quy-Haimond, puisné de Bernieulle >>), je
I rouve Catherine de Bcauf reniant de Senerey,
épouse de Jean de Vieuxpont, baron du-
dict lieu, Saintines, etc., dont la fille,
Louyse de Vieuxpont, contracta mariage
avec
Philippe de Ciéquy I du nom, chevalier,
seigneur d'Auffeu, puis de Haimond, etc.
y fils de Claude de Créquy, seigneur de Hai-
mond, et d'Anne de Bourbon, sa femme. Il
fui aussi seigneur de Souverainmoulin, Wi-
mille, Wiquinghem, Haimond, Ouste, Frian-
court, Camptepie et baron de Debinchthon.
II a longtemps servi sa maiesté Très chres-
tienne tant dans les guerres des huguenots
comme au passage de lisle de Rhé, siège de
!a Rochelle qu'aux barricades de Suse ausquel
lieu il receut une mousquetade h la cuisse, et
au siège de Saint-lean d'Angelit il fut estro-
pié d'un coup de mousquet à la main droitte.
Et dans tous ces lieux il commandoit le régi-
ment de Rambures dont il estoit premier
capitaine. Ledit Philippe de Crequy fut en-
voyé par sa maiesté Louys XllI dans la ville
de Calais pour y commander la première
année de la guerre entre la France et l'Espa-
gne, comme il se voit par les lettres patentes
de sa maiesté lesquelles furent enregistrées au
greffe de l'hostel de ville dudict Calais, il
mourut en l'année 164s, six mois après sa
femme, et gissent ensemble dans le chœur de
l'église de Wimille. Le feu Roy Louys XIII.
lui avoit donné congé de Privas pour venir
espouser Louyse de Vieuxpont.
Ce passage suffira pour se faire une
idée du très curieux manuscrit de messire
Charreton de la Perrière. Pierre.
Bourbon Lavedan — Bégole —
La Corne (L. 113). — De la Corne.
En i7=;9, Chérin dressa une généalogie de
la famille de la Corne, qui a possédé, en
Auvergne, les fiefs de la Corne, de Chap-
tes, etc. et s'est alliée aux maisons de la
Roche-Aymon, de Molen de la Vernède,
d'AUemaigne de la Combaude, etc.
Cette généalogie, établie sur titres com-
nuiinqiiés par AI. fabbé de la Corne, fait re-
monter la filiation à noble Barthélémy de
la Corne, écuyer, homme d'armes des
ordonnances du Roi. qui, le 26 novembre
1448, épousa d"' Philippe de Paray, et,
le 7 décembre 1472, acquit une partie de
la dîme de Randan.
L'alliance de Madeleine de Bourbon
Lavedan avec Louis, seigneur de la Corne,
n'y est pas mentionnée.
En 1566, Jean de la Corne, écuyer, sei-
gneur de la Mothe Chantereine près Ran-
dan, (ne serait-ce pas La Motte-Chan-
toin .?), homme d'armes de la C'^ du mar-
quis de Villars, est capitaine de Randan.
je trouve dans les Carrés de d'Ho:(ier
que Catherine de la Corne, décédée en
16 10, avait épousé .Antoine de Grosbois,
écuyer. seigneur de Grosbois et de Mont-
guynet, capitaine des château et seigneu-
rie de Randan, lequel était veuf de Jeanne
de Saint-Julien.
Ces Grosbois, d'origine chevaleresque,
(Bourbonnais) portaient : d'or, au porc-
épic de sable, et s'allièrent aux familles de
N" 1061
L'INTERMEDIAIRE
919
Lormc de Pagnat, de Boyer de Choisy,
Laniy de Boiscontaud, etc.
Les armoiries de la famille de la Corne
ne sont indiquées ni par Chérin, ni par
l'Armoriai officiel de 1696.
Un confrère pourrait-il les faire connaî-
tre ?
(V. Collection Chérin, vol. 59, dossier
1272 ; carrés de d'Hozier, vol. 316, dos-
sier de Grosbois). de Lorval.
Le général Beiraas (XLII). — On
trouvera des réponses aux diverses ques-
tions posées sur le général Delmas, dans
l'ouvrage très complet de M. Johannès
Plantadis, qui vient de paraître : Antoine-
Guillaume Dehnas^ premier général
d'avant-garde de la République (Tulle,
Crouffon ; in-8, 139 p.; avec portrait).
B.-F.
Famille roynel ou Doisnel (L,
616, 81 1). — Les titres de la Bibliothèque
nationale contiennent de nombreux docu-
ments relatifs à la famille Doynel ou Dois-
nel, dont le nom est aussi orthographié
de différentes autres façons, ce qui n'a
rien d'étonnant si l'on se reporte aux épo-
ques où chaque scribe écrivait les noms
comme il les comprenait et où l'on voit
souvent le même nom écrit d'une façon
différente dans le même acte.
Cette famille est essentiellement nor-
mande et, si nombreuses qu'aient pu être
ses branches, quelle que soit aujourd'hui
la position sociale de ses membres disper-
sés, tous ont une origine commune.
M. Jules Doinel, archiviste paléographe,
mort à Carcassonne en 1902, possédait
une lettre de M. de !a Sicotière, qui faisait
remonter cette origine jusqu'aux anciens
rois d'Irlande, desquels, prétendait-il, sont
issus également les O' Donnell de l'autre
côté du détroit, et établissait la parenté
de ces derniers avec les Doisnel de Nor-
mandie.
De Magny, cité par l'intermédiairiste
Jean du Val, dit que la famille Doynel ou
Doisnel, connue depuis le xi*^ siècle, a
constamment joui des privilèges attribués
à la noblesse d'extraction chevaleresque,
et qu'elle descend de N. Doinel, compa-
gnon deGuillaume-le-Conquérant en 1066
Le cabinet des titres à la Bibliothèque
nationale possède les lettres de noblesse,
, „_ c)20
renouvelées en mai 169^, contenant les
ascendances de François d'Oisnel de Mon-
técot. et le nommant marquis, avec cette
mention : <■< Les dits ancêtres tous écuyers,
chevaliers, capitaines, etc., et antérieurs
à Henri IV ».
Tvlon distingué confrère, M. Renaud
d'Escles, mentionne, parmi les membres
existants de cette famille , M. le vicomte
Doynel de la Sausserie.
Il en est bien d'autres encore certai-
nement qui doivent descendre des Doy-
nel de Qiiincey et des Doynel de Saint-
Quentin, des Doisnel du Taillis et des
Doisnel du Val-Michel, — dont se tar-
guait d'être M. }ules Doinel, dont j'ai cité
le nom plus haut — sans parler des Doisnel
de la Chapelle, auxquels appartenait ce
Georges que cite Jean du Val. Les uns
étaient de la vicomte de Domfront.les au-
tres du comté de Mortain, ceux-ci de
l'Avranchin, ceux-là de la vicomte de
Vire.
La Révolution n'a pas été étrangère à
la dispersion de ces branches nombreuses
d'un même tronc et elle a fait déchoir,
sans doute, plusieurs d'entre elles de leur
ancien lustre . Il n'y a rien de sur-
prenant à ce que celles-ci, chassées au
loin par la tourmente, aient connu les
décadences qui frappent les familles, comme
les nations, et c'est parmi ces dernières,
je pense, qu'il faut ranger celle dont parle
mon confrère, M. Rolin Poète.
11 semble que chacune des branches de
la famille Do3'nel ait eu ses armoiries pro-
pres.
Le règlement des armoiries fait par
d'Hozier donne les suivantes :
Christophe Doësnel ou d'Oisnel, conseil-
ler général au grenier àseldeLisieux : Un
écii d'or à une nierlette de sableaceoinpagnée
en chef de trois roses de gueules rangécsenfasee
et en pointe d'une rose de ou en les. Vécu tim-
bré d'un casque de profil orné de ses lam-
brequins, de sable, d'or et de gueules.
N. Doisnel, substitut au parlement de
Rouen : d'a^nr à une merlette d'argent,
surjnontée d'une étoile d'or et accompagnée
de t> ois roses de même, deux en chef et une
autre en pointe .
Doisnel de Montécot et Doynel de la
Sausserie : d'argent au chevron de gueules
accompagné de trois merletta de sable^posées
3 et I.
Je ne sais quelles étaient les armoiries
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
— — 92 1
de Georges Doisiiel de la Chapelle, ni s'il
faut les rattacher aux unes ou aux autres,
de celles qui précèdent. Comme Jean du
Val, je serais heureux que quelque inter-
médiairiste versé dans la science héraldi-
que"pût combler cette lacune.
Charles D.
Projet de mariage de Léon Garr;-
betta (L, 44=;, 633, 751, 812, 863). —
La femme dont la persistance à lui écrire
son admiration était arrivée à faire la
connaissance de Léon Gambetta, était
Mlle Léonie Léon, fille d'un commandant
de place, ancien officier, presque mulâ-
tre, mort fou. 11 avait deux filles dont
Léonie était la cadette, fort iolie, d'un
esprit exalté, sans aucune ressource. Gam-
betta la sortit de son obscurité et l'arra-
cha à un avenir difficile. A-t-il jamais
formé le projet de l'épouser ? J'en doute.
D'ailleurs à quoi bon ? Henri B.
Bihli'jii
îlicthèque du baron cle Guorne.
— (L, 502, 642). — La bibliothèque du
baron de Guerne, conservée par son fils,
le comte de Guerne en son château d'Es-
querchin, près Douai, fut, par la suite,
achetée en totalité par M. Gustave Leleu,
libraire, rue Neuve, à Lille.
Paul Dy.
Jourdain du Pin (L, 557, 688). —
Crigi:-Le de Jourdain dans i'ïsic
Jourdain. (Vienne) (L, 218, 357, 703.
816). On a recherché quelles pouvaient
être les origines du nom de l'Isle Jourdain
dans la Vienne ; et d'autre part, si Jour-
dain du Pin, croisé Normand, avait pu
donner son nom à une localité du Poitou ?
A défaut de renseignements sur cette
double question, par la Bibliothèque na-
tionale, on s'est demandé si les chroniques
ou anciennes histoires provinciales ne
pourraient pas aider à l'élucider.
La bibliothèque de Poitiers a été citée
comme étant l'endroit où ces recherches
auraient le plus de chance d'aboutir à un
résultat. Cette bibliothèque possède en
effet le manuscrit de dom Fonteneau. Ce
savant et patient Bénédictin, entre les
années 1740 et 1778, avait rassemblé
une énorme quantité de documents, pour
une histoire du Poitou qui resta à l'état
embryonnaire . Voici ce qu'on trouve
dans les tomes XVIII et XXIV de ce ma-
20 Décembre 190^.
nuscrit au sujet des Jourdain, et de l'Isle
Jourdain.
Vers 1173, Miroible, comtesse de la Marche,
fait don au monastère de Montazai, de tout ce
qui lui appartenait dans les moulins de Civray.
Henr}' Il d'Angleterre consacra plus tard cette
donation, par une charte oii on trouve ces
mots : hoc donum conceasit et confirmavii
Rex Henriciis apud Insiilam Jordanis, muUis
viris audieiitibus . Et au nombre des témoins,
on remarque le nom de Jourdain de l'Isle,
(Dom Fonteneau, t. XVIII, p. 503).
Vers 1262, Jourdain, seigneur de l'Isle Jour-
dain, et Boson son fils, chevaliers, firent don
à l'abbaye de la Réau de divers héritages si-
tués dans les environs de la dite abbaye.
(Dom Fonteneau, t. XXIV, p. 267.
C'est là tout ce qu'on trouve dans dom
Fonteneau sur les Jourdain et l'Isle Jour-
dain.
Moreri parle d'un Jourdain qui fut évo-
que de Limoges au xi^ siècle, et dit qu'il
était d'ancienne noblesse. Aussi est- il pro-
bable et très vraisemblable, que celui-ci
était de l'ancienne maison des « Seniores
de la Hislà » dont le nom se trouve aussi,
au xi'' siècle, aucartulaire de Saint-Cyprien
(Redet, Dict. iopog. des localités mtciennâs
et modernes du département de la Vienne.
On peut donc, d'après ces divers docu-
ments, croire que le nom de l'Isle Jour-
dain fVienne) est antérieur à Jourdain du
Pin, le croisé Normand.
BoiSCAMUS.
Fcrnille de Ph'I^pponat de Mal-
penne (Cliampagne) (L, 729). —
Claude Cachapt de Champagne, écuyer,
officier chez le Roi, piqueur au vol dans
la fauconnerie, épousa, au xvii"= siècle, Bo-
naventure le Philipponat. Ils eurent une
fille. Louise-Catherine, mariée à Jean
Jacobé de Farémont, écuyer (1660- 17 59).
On trouve des membres de cette fa-
mille le Philliponat à Vitry-le-François au
xvii*^ siècle. — (Voir le catalogue des
Archives de la Marne).
A. B.
C;iiii:îiile Selden, livre sur Henri
Heine (L, 498, 585, 8:8). — Lejouinal
de médecine de Paris a induit le collabora-
teur Marcel Baudouin dans une erreur très
répandue. Taine signait ses livres H. Taine,
et beaucoup croient qu'il se nom.mait
Henri, alors qu'il avait pour prénoms
Hippolyte-Adolphe. Il me semble que l'on
ferait bien, pour éviter l'erreur que je si
N" 1061.
L'INTERMÉDIAIRE
923
924
gnale, d'ajouter à l'initiale indiquant Hip
polyte et non Henri un petit exposant qui
donnerait cette forme à laquelle personne
ne se tromperait : H'^ Je n: me souviens
plus si le chroniqueur très spirituel qui
Horissait âux Débets W y a un demi-siècle,
mettait au titre de ses livres et dans sa
signature H. ou H'« Rigaud ; il se nom-
mait, en effet, Hippolyte.
H. C. M.
Camille Selden — de son vrai nom Elise
Krinitz — est décédée le 7 août 1896,
à Orsay, canton de Palaiseau (Seine-et-
Oise) à 64 ans.
La succession a été recueillie par
cousines, habitant l'Allemagne.
Un inventaire a été dressé les 14
vembre et 25 novembre 1896
M" Trempé, notaire à Orsay.
Camille Selden a laissé des manuscrits
(romans, nouvelles, études critiques).
L'inventaire signale aussi de nombreu-
ses lettres d'un écrivain céVebie^ nienibrc de
V Académie française, décédé il y a ic ou 12
ans. Ces lettres sont, dit-on, très inté-
ressantes. Camille Selden avait vécu dans
l'intimité de H. Heine On a retrouvé
quelques lettres de cet écrivain.
Par son testament du 24 août 1872,
déposé à M° Trempé, notaire à Orsay, le
14 septembre 1896, Camille Selden a
légué tous ses livres à la bibliothèque de
Strasbourg.
Tous les manuscrits et les lettres de
H. Heine à la Bibliothèque nationale
des
no-
par
Il serait intéressant de savoir si ce legs
a reçu son exécution. La demoiselle
Meyer, légataire universelle, à Berlin,
a-t-elle rempli cette charge qui lui était
imposée par le testament ^ G.
Rue de la Paroisse (XLVI; L, 702,
861). — Erratum : Je n'ai pas écrit :« Là
est la très facile question à résoudre »,
mais « Là est la trcs peu facile question
à résoudre », ce qui n'est pas du tout la
même chose. Henri Masson.
Dalles da îa rua Pvdazarine (XLIX,
895 ; L, 82, 192. — Erratum. — Ligne
20, lisez : ... ont l'habitude de se repérer...
au lieu de... se répéter. Eldepal.
Salon des refusés (L, 675,757, 820).
— Le Catalogue n" 89, paru récemment,
de la librairie Léon Sapin, 3, rue Bona-
parte à Paris, otïre l'ouvrage suivant :
763 Desnoyers (Fernand) Salon des refusés,
Va peinture en 2863 Paris, 1S65, in 8, br.
couv. imp. (99) 4 fr.
Pi... R.
Les statues sur la voie publique
et les jardins (L, 842). — foute érec-
tion de statue sur une voie publique doit
être autorisée par le conseil municipal de
la ville, propriétaire du sol. Cette auto-
risation peut sufifire s'il s'agit d'un per-
sonnage historique, mais non contempo-
rain. Dans ce dernier cas, un décret est
nécessaire.
Même distinction pour les statues allé-
goriques ou les monuments commémora-
tifs.
Si la statue est celle d'un contemporain
ou d'un personnage ayant pris part à des
événements assez rapprochés de nous,
l'autorisation du gouvernement est obli-
gatoire en vertu de l'ordonnance royale
du 10 juillet 1816, qui s'applique aussi
aux dénominations de voies publiques.
SoiIVIRÔN.
Un tableau de Murillo (L, 787). —
D'après mes souvenirs, le tableau de Mu-
rillo représentant sainte Justine et sainte
Rufine soutenant dans les airs la Giralda
ébranlée par un cyclone, se trouve non à
la cathédrale de Séville, mais an musée.
Je ne crois pas que la cathédrale renferme
d'autresMurillos quele grand saint Antoine
de Padoue, et la Vierge de la salle capi-
tulaire.
L'apparition miraculeuse de sainte Jus-
tine et de sainte Rufine est un sujet très
populaire à Séville où on le rencontre
sous toutes les formes dans l'imagerie re-
ligieuse.
Je n'avais pas connaissance du tableau
appartenant au duc de Sutherland ; pour
celui de Séville, je ne pourrais donner
qu'un renseignement de mémoire, ce qui
paraîtrait à bon droit insuffisant à notre
collaborateur. Je dirai seulement que les
deux saintes sont représentées debout en
demi nature, tout au plus, et que — selon
son habitude — Murillo a pris pour modèles
deux belles filles du faubourg de Triana, à
Séville. L'œuvre est d'ailleurs de la bonne
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
925
qualité du maître, sans égaler toutefois
les chefs-d'œuvre qui sont ses voisins au
musée de Séville, le saint Thomas de
Villanueva, le saint François d'Assises au
pied du Christ en croix, que je considère
comme le plus beau, le plus saisissant, le
plus expressif de tous les Murillos, du
moins de ceux que je connais ; le saint
Antoine de Padoue agenouillé devant l'en-
fant Jésus, et la Madone, dite de la Ser-
viette. H. C. M.
Les femmes célèbres qui ont
posénues(L, 117, 318,436, 530,597,
653). — Les y émis couchées du Titien ne
représentent pas Laura de Dianti. On pré-
tend que Titien faisait poser ainsi sa maî-
tresse Violante Palma, fille de Palma
Vecchio, et sa propre femme Cecilia. — On
a dit la même chose d'un célèbre peintre
français de notre époque : sa femme au-
rait posé pour um Vérité qui est un de
ses tableaux les plus connus.
Je tiens à rectifier moi-même une hypo-
thèse inexacte que j'avais émise sous la
même rubrique, col. 436. Mlle C. .. n'est
pas la Camargo, mais Mlle Carton, de
l'Opéra ; j'en ai acquis la preuve. Ceci
posé, il est bien probable que l'auteur du
manuscrit de 1731 s'est trompé en attri-
buant le portrait à Rigaud. Mlle Cartou
avait en elTet son portrait « toute nue en
nayade » mais peint par Raoux. Qu'est
devenu ce tableau i
T+*
Les membres de l'Académie des
Beaux-Arts (L, 075, 767). — Notre
confrère R. B. a mal compris ma question
ou bien je me serai mal exprimé. Il m'in-
dique une liste parue en 1869, alors que
je me plains que celle du dictionnaire
Z,t7;o/w5f s'arrête en 1889, G.
Les documeurs phalliques (L, 1 72,
309, 423, 52S, 598, 657, 693, 759, 874).
— En dehors des monuments anciens, si
nombreux et généralement connus, peut-
on classer parmi les monuments phal-
liques la très remarquable colonne de style
Louis XVI, récemment signalée par le
très érudit archéologue parisien. M. Hoff-
bauer. Cette colonne se trouve rue Cas-
sini, près de l'Observatoire de Paris, dans
une misérable cour, entourée de construc-
tions modernes qui empêchent de la voir.
Sa forme caractéristique semble à pre-
20 Décembre 1904.
926
mière vue autoriser cette classification,
mais jusqu'à présent on ne sait absolu-
ment rien de sa provenance ni de sa signi-
fication, PlETRO.
Un livre et une héroïne à retrou-
ver (L,66i, 700,819). — Visitant la der-
nière portion de la collection Soulavie, qui
va être dispersée ces jours-ci, j'ai rencontré
parmi des Estampes relatives aux costu-
mes du xvii'' siècle (sous le n° 274) une
gravure intitulée Capitaine de Carabiniers
et représentant un guerrier à longue per-
ruque revêtu de justaucorps et d'une
jupe de femme. Nul doute que ce ne soit
là le portrait authentique de Geneviève
Prémoy, l'héroïne dont nous parlait ré-
cemment M. Pierre Louys . On peut en
juger par ces quelques passages que j'ex-
trais de l'explication figurant au bas de
cette bizarre estampe.
Le fait que l'héroïne était bien réelle-
ment décorée de Saint-Louis est nette-
ment précisé , mais je ne m'explique
toujours point de quelle façon M. Pierre
Louys a pu être amené à confondre le
Cordon Bleu et la Croix de Saint-Louis.
... « Présentée au roi en Octobre 1697
... a été reconnue pour telle (pour femme)
par une blessure qu'elle a reçue au sein...
elle servait le roi dans ses armées depuis
18 à 20 ans ... . le roi lui attribua une
pension de 900 livres et la Croix de
Chevalier de Saint-Louis... elle était
connue sous le nom de Chevalier Baltha-
sard... elle portait une jupe par ordre du
roi avec l'épée et le justaucorps. »
Malgré ce que dit d'Argenson de l'habit
« hétérocUie » de cette dame et du cor-
don bleu qu'elle portait en sautoir, la
gravure ne nous donne point l'idée d'un
personnage de carnaval, tant le haut de
chausses ressemblait à cette époque à des
jupes ; quant au cordon en sautoir, il ne
figure point sur l'estampe, et c'est dom-
mage, car peut-être que l'aspect de ce
ruban nous eût permis de savoir à quoi
nous en tenir sur la question de ses déco-
rations. Il est impossible que cette aven-
turière fût chevalier du Saint-Esprit,., elle
ne portait donc le cordon bleu que de
sa seule autorité et n'eût point osé s'en
orner dans une peinture officielle. Comme
chevalier de Saint -Louis, elle n'avait
droit qu'au cordon rouge ou plutôt seu-
N" loôl.
L'INTERMEDIAIRE
927
928
lement à la croix attachée à un simple ru-
ban rouge. M. R.
Latfres inédites oa peu connues
de Berlioz (L, 665, 861).— Les Mémoires
de Berlioz ont été publiés en deux volumes,
mais je ne puis me rappeler ni l'époque
ni le nom de l'éditeur.
César Birotteau
Approbation dos livres au
XVlli^ siècle (L, 730, 872). — Il
n'existait pas, à proprement parler, de
Comité de censure, au xvui« siècle, mais
bien un corps de censeurs nommés par le
garde des sceaux. Ce corps de censeurs,
très nombreux, était composé d'hommes
de lettres, d'artistes, de médecins,
d'hommes de loi et de savants de toutes
spécialités, y compris la théologie.
La chancellerie adressait à l'un des cen-
seurs l'ouvrage soumis à son approbation
et c'est sous le rapport de cet unique
censeur qu'était accordé ou refusé le pri-
vilège.
Or, le corps des censeurs royaux com-
prenait un très grand nombre d'ecclé-
siastiques, et l'abbé Bossu figure à ce
titre à VAlinanach royal de 1788, comme
censeur en théologie. La présence de prê-
tres dans le corps des censeurs était abso-
lument dans les usages et je ne relève pas
moins de quarante censeurs appartenant
au clergé, à l'almanach de 1788.
Maintenant, pourquoi l'examen àtï Ami
des jeunes demoiselles fut-il confié à un
grave théologien .•^ S. du P.
*
M. Bossu, curé de Saint-Paul, était, en
1788, un des censeurs royaux pour les
ouvrages de théologie.
La question posée par monsieur A. Dieu-
aide mériterait une longue réponse, car
elle comporte l'historique de l'organisa-
tion de la censure au xviu" siècle ; mais
une étude complète encombrerait les co-
lonnes de Vliiiermédiaire.
Les censeurs royaux, en 1781, étaient
au nombre de 143, 17 pour les ouvrages
de théologie (tous ecclésiastiques),
20 pour la jurisprudence,
2 pour l'histoire naturelle,
I pour l'agriculture,
21 pour la médecine,
6 pour la chirurgie.
5 pour la chimie,
8 pour les mathématiques et la physi-
que,
59 pour les belles-lettres et l'histoire,
1 pour la géographie,
2 pour la gravure,
I pour l'architecture,
I pour la généalogie.
La liste complète des censeurs royaux
avec leurs adresses, se trouve dans Y Al-
manuchdiQXs. librairie Paris, Moutard, 1781,
I vol. in- 12.
Voyons maintenant, très sommaire-
ment, sans entrer dans les détails, com-
ment s'exerçait la censure, quel était
son mécanisme.
Le libraire, voulant imprimer ou réim-
primer un ouvrage, adressait sa demande
au bureau de la librairie, en ayant soin
d'indiquer s'il demandait un piiviU'ge,iine
permission du sceau ou une permission
simple.
Le privilège, valable au moins pour
dix ans, comportant le droit exclusif
d'imprimer et de vendre l'ouvrage, don-
nait ouverture à la perception d'un droit
de 36 livres douze sols. -
La permission du sceau valable seule-
ment pour cinq ans, n'entraînait qu^un
droit de 7 livres 2 sols.
La permission simple ne donnait d'autre
droit que celui de faire une édition d'un
ouvrage, pour lequel il n'y avait point de
privilège, ou dont le privilège était ex-
piré.
La demande reçue au bureau de la
librairie inscrite suivant sa nature, sur les
registres des privilèges, de la permission
du sceau ou de la permission simple,
était remise à l'impétrant, avec un man
dat de censure indiquant le nom du cen-
seur délégué à l'examen de l'ouvrage.
C'est à ce censeur, que le libraire por-
tait le manuscrit.
J'ignore si un délai pour l'e.xamen de
Uouvrage était imposé au censeur, mais
il devait en parapher toutes les pages et
les renvoyer avec son jugement au Direc-
teur Général de la Librairie, en ayant
soin de rappeler en tête de son rapport,
le numéro du mandat de censure.
Le jeudi de chaque semaine, les rap-
ports du censeur étaient adressés au
Garde des sceaux, avec les propositions
tendant à l'octroi ou au refus des privi-
lèges ou permissions. Les privilèges ou
DES CtiERCHEURS ET CURIEUX
929
permissions devaient être enregistrés
dans le délai de trois mois, à la cliambre
syndicale de la Librairie.
Les ouvrages avec épitres dédicatoires
devaient être accompagnés d'une lettre de
la personne à qui ils étaient dédiés con-
tenant acceptation de la dédicace.
Après l'impression de l'ouvrage, le li-
braire était tenu, avant la mise en vente,
d en adresser un exemplaire au censeur,
et d'en remettre huit à la chambre syndi-
cale, trois pour le Roi. un pour M. le
Chancelier, un pour le Garde des sceaux
et trois pour les archives de la chambre.
Les pièces de théâtre, les chansons, les
affiches et en général tous les ouvrages
ne comportant pas plus de deux ou
trois feuilles d'impression, devaient être
adressées au lieutenant de police, qui,
après examen d'un censeur spécial,
(censeur roval ci de police) accordait ou re-
fusait la permission sollicitée.
Les rapports des censeurs ont été con-
servés. Us existent à Paris dans un dépôt
public. Lequel ? Je Tai su, mais j'ai eu le
tort de ne pas prendre la note indispensa-
ble aux mémoires défaillantes. Pour obte-
îenir de nouveau ce renseignement, je
fais appel à nos collaborateurs. Le dé-
pouillement de ces rapports permettrait,
en efTet, d'ajouter un chapitre nouveau à
notre histoire littéraire, en dressant la liste
des ouvrages interdits par la censure. Ne
serait-ce pas le supplément tout indiqué
de la Bihliooraphie des livra perdus ?
Arm. D.
Les i< Délices satyriques » et le
« Parnasse satyrique » (L, 833). —
Je possède un exem.plaire du Parnasse sa-
tyriqiie, suivi de la Ouiniessence sat}'ric[îie
on seconde pariie^ du Parnasse des doctes
satyriques de nosire temps. M.DC.XXII,
et j'en donnerai très volontiers communi-
cation chez moi à M. Ad. B.
Henri iVloNOo.
Alizoa, comédie (L, 724,873). — Co-
lonne 874, ligne 191, au lieu de boiir-
rières lire beiiiricres.
*
* *
M. Arm. D. peut être assuré que j'ai
donné le titre complet de l'édition prin-
ceps. Je n'ai rien à corriger, pas même le
numéro du format. Ayant 16 pages à la
20 Décembre 1904,
930
feuille, le volume est in-S", quoi qu'en
ait dit Beauchamps qui ne l'avait jamais
vu.
Beauchamps a fait comme bien d'au-
tres bibliographes négligents : il a copié
le titre d'une édition commune et il lui a
donné la date de l'originale rare, qu'il
n'avait pu se procurer,
Mon exemplaire est-il unique? fe l'es-
père, mais je n'en sais rien. C'est une
question que je pose aux lecteurs de V In-
ieniiédiaire. P. L.
Livre des poiaçons (L, 673,821).
— Je remercie M. E. 0. de ses très inté-
ressantes indications et m'empresse de lui
faire connaître que l'ouvrage anglais « 01a
French Plate /> est l'œuvre de IVilfred-
Joseph Cripps et a été publié, en 1S80, à
Londres, chez John Murray, Albemarle
Street. L. C.
Madame Bovary : origine du
titre de ca roman d'après Flimbert
(L, 77s). — Le journal de Rouen fait sui-
vre la lettre de Flaubert, empruntée à In-
termédiaire.^ des lignes suivantes :
Le nom de Madame Bovary serait donc
une transformation de Bouvaret, qui était le
nom de l'hôtelier chez qui Gustave Flaubert
et Maxime Ducamp descendirent au Caire,
pendant leur fameux voyage en Egypte, en
1S49-1830.
Gustave Flaubert crut alors en changeant
la terminaison, inventer un nouveau nom .
Cependant, des noms pi'esque semblables ont
existé dans la vie réelle, même à Rouen. Il y
eut notamment, dans un procès célèbre d'em-
poisonnement par l'arsenic, l'affaire Oursel
de Buchy, jugée ù la cour d'assises de Rouen,
en 1845, une jeune fille Esther de Bovery,
qui parut comme témoin. Plus tard, un chef
d'orchestre du Théàtre-des-Arts, de 1850 à
1S55 environ, et qui a signé de nombreuses
compositions musicale-, s'appelait Jules Bo-
very. 11 y a même un théologien italien du
xvi" siècle qui s'appelle Boverius.
Quant au thème du roman lui-même, on
sait par les Souvenirs littéraires de Maxime
Ducamp, par les Mémoires d'un Critique de
Jules Levallois et par diverses études, publiées
ici même, qu'il fut bien fourni par la réalité,
mais transformée et élargie par le magistral
talent de Gustave Flaubert.
Jonval-L'abba^re. — Yonville-
L'Abbaye (L, 838). — Ce n'est pas à
Jonval-L'Abbaye que Flaubert, après le
départ de Tostes, place la résidence de
N io6i,
L'INTERMEDIAIRE
931
madame Bovary, mais à Yonville-L'Ab-
baye. On ne trouve d'ailleurs ce nom
nulle part, car il est de fan;aisie, mais le
village existe.
Des camarades de cours, normands
d'origine, perJus de vue depuis long-
temps, me l'ont affirmé et mèrnj nommé,
lors de l'apc-arition du livre. C'est bien
vieux ; j'ai donc oublié.
Flaubert, qui écrivait d'après nature et
poussait, comme on sait, à l'extrême, le
souci de l'exactitude, n'aurait jamais tiré
de son imagination, pour la description
de l'endroit, une telle minutie et une pa-
reille vérité de détails. Il avait son mo-
dèle sous les yeux.
Le village existe donc, mais sous un
autre nom, et je ne serais nullement sur-
pris si, en même temps que cette note,
V Intermédiaire recevait de là-bas le ren-
seignement demandé. Soulget.
*
* *
C'est à Yonville-rAbba3'e que Flaubert
fait se dérouler l'action de Madame Bo-
vary. Pour M. Dubosc (voir \q Journal de
Rouen) Yonville-l'Abbaye serait le gros
village de Ry, situé sur les contins du
Vexin et du pays de Bray.
Index litarorum prohibitoruni
(L, 84 1). — Pour les premières éditions
(1540 et années suivantes) voir Brunet,
au mot Catalo^ns et au mot Index.
L'Index n'a jamais cessé d'être réim-
primé. L'édition que je crois la dernière
est celle-ci :
Index lihrornni prohibilornm., sanctissimi
doiiiini nosfri Leonis XI JI Pont. Max. j'ussn-
éditas. — Taurini. Typ Pontificia et
Archiepiscopalis Eq. Petrus Marietti. 1890.
— in-8°.439 pages.
Il en existe une édition française mo^
derne que Brunet ne cite pas : Paris.
1825, chez Beaucé-Rusand.
Candide.
La femme de Bernardin de Saint-
Pierre : .< Félicité Didot a été le
souffre-douleur do son mari » (L,
734, 843). — Les catalogues d'autogra-
phes contiennent de nombreuses lettres
de Bernardin de Saint-Pierre adressées à
ses deux épouses. Le catalogue de la col-
lection Meaume, notamment Etienne Cha-
ravay, expert, 15 février 1887), contient
la description d'un recueil de 45 lettres
adressées à Félicité Didot par Bernardin
de Saint-Pierre. Ce recueil a été acheté
par la famille Didot. R. B.
Ouvrages sérieux mis en vers
(T. G. 665 ; XXXV ; XLI ; XLll ; XLIV à
XLIX ; L, 100, i/|2, 212, 321, 430, 487,
S31, 762, 875). — M. de Giafferi, com-
missaire de la marine à Saint-Nazaire. a
publié en 1876-1877, en quelque mille
alexandrins : La théorie du transformisme.
J. G. Bord.
Lou Lavament(L, 1 1,144, 509, 87s).
— Pour compléter votre note (L, 144), le
Nouveau. Glossaire genevois de Jean Hum-
bert indique que le mot potringue signifie
médecine, breuvage purgatif, drogue. Se
dit aussi de toute mauvaise boisson ; est
un terrain suisse, savoisien et méridional.
François Turettini.
Biographies épiscopales moder-
nes (XLIX, 506, 705, 928 ; L, 145, 822,
88 1). — Mgr Jean-Joseph Marchai, arche-
vêque de Bourges, Oraison funèbre pro-
noncé le 3 août 1892, dans la cathédrale
de Bourges, par S. G. Mgr Perraud,
évèque d'Autun, de l'Académie Française
— suivie de notes sur sa vie et sa mort
extraites de la Semaine religieuse de
Bourges des 11, 18 et 2^ juin 1892. —
Bourges, imprimerie Tardy Pigelet, 1892,
avec un portrait. Pi... R.
♦ *
Au lieu de cardinal Despry, c'est Des-
prez qu'il faut lire.
Histoire du Cardinal Donnct.^ arche-
vêque de Bordeaux, sa vie, ses œuvres, son
influence et son rôle sous Louis- Philippe,
V Empire et sous les deux républiques.^ par
François Combes. Paris, Périsse 1888,
in-8.'
le Cardinal Lavigerie, par le vicomte
de Colleville. Paris, 1904, in-8.
Paul Pinson.
« Etant donné » (L, 61, 315). —
« En français les principaux cas à exami-
miner sont e.vcepfè,vu,entendu, ouï, attendu,
comprti, passé _ supposé, approuvé. On peut
toujours se demander si l'invariabilité gra-
phique n'est pas une conséquence de l'in-
\ariabilité plionéticjue.
En tout cas, il est certain que, grâce à
leur position devant l'article, les participes
sont descendus de plus en plus au rang de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembro 1904.
933
934
mots apparentés aux prépositions, et c'est
grâce à cela qu'ils ont pu se passer de
flexion ».
(Meyer Liicke, Grammaire des langues
romanes, tome III de la traduction, page
176).
Signaler non seulement les locutions
comme étant donné ^ mais surtout les for-
mes sans auxiliaire comme:
Reconnu dans la foule élégante l'ambas-
sadeur de Turquie, M. et Mme Missak-
Effendi (suivent une vingtaine de noms)...
remarque parmi les plus élégantes toilettes
sa mariée en robe de satin blanc, mar-
quise de Barbentane en velours pensée,
comtesse de Bertier en velours saphir, mar-
quise de Bridieu en robe de satin gris, etc.,
luivent une dizaine de noms.
(^Figaro du 21 février 1895, p. 2, col.
2 et 3). Lpt. du Sillon.
Raid, randonnée (L, 673, 766,
822 j. — Raid est un mot Scandinave
importé en Angleterre. Il vient de l'islan-
dais reidh qui signifie à la fois \< route 2/
et « chevauchée ». (W. Skeat. Etynulo-
gical Dictionary of the English Lan-
g liage).
En anglais, il a le sens très net de
ra:({ia. (Un raider est un brigand). Mais
on l'emploie au figuré dans le sens de
« rafle » en argot de jeu ou de finances.
Touiidthc nidiket.cQsi lancer une fausse
nouvelle en pleine Bourse et rafler le
marché
Bien entendu, le mot est congénère de
ride^ road, ready, reiten^ etc. Faut il ajou-
ter randonnée .? Scheler l'a proposé depuis
longtemps, mais son opinion ne semble
pas avoir prévalu. ***
*
* *
Raid est plutôt écossais avec le sens
d'incursion équestre. De là incursion hos-
tile et pillarde, invasion, irruption Anglo-
saxon rad^ ridan, to ride ; hollandais rid ;
allemand, ritt ; danois, rid ; irlandais
raid; suédois //-./f. EdiME de Laurme.
L'origine des mots '-< chic » et
« mic-mao » (T. G., 204, ^88 ; L, 313,
434, 482, 536, 5C)4, 6^7, 762,823). - A
propos du mot »< chic», relevons ce passage
du discours prononcé par M. Henri Bou-
chot, membre de l'Instilut. conservateur
à la Bibliothèque nationale, à l'inaugura-
tion du monument Gavarni, le 3 décem-
bre. 11 parle de la rencontre du dessina-
teur avec l'illustre Chicard :
Ce Chicard, héros des fêtes et bout-en-
train du galop final, suggérait inconsciem-
ment à Gavarni ses meilleures histoires de
bal populaire. Marchand de cuirs, de son
état, et tellement qu'il émaillait de ses cuirs
ses moindres phrases, Chicard cependant
travaillait lui aussi au dictionnaire de l'A-
cadémie. Toute une famille de mots célè-
bres ont été créés par lui ou, d'après lui,
sont passés -aux ateliers de rapins et, par
ces rapins arrivés, ont forcé les portes. Le
chic, travailler de chic, chiquer, chicocan-
dard, sont restés avec de variables fortu-
nes ; nous les employons volontiers, car
Gavarni leur a donné une consécration
forcée.
Gros Malo.
* *
Hatzfeld :
Micmac, origine inconnue. Le hollandais
mik mak est emprunté du français.
Est-il démontré que les formes allemande,
danoise, suédoise et anglaise ne dérivent pas
de la même source ? xvu' siècle, Mique-
macque dans Bibliophile Jacob, Paris bur-
lesque, p. 186.
De même que les chimistes et autres
hommes de science ont, de nos jours, jeté
dans la circulation le mot grec magma qui
commence à faire fortune jusque dans les
journaux de banlieue, de même, à mes
yeux, ce sont les alchimistes et chercheurs
de pierre philosophale qui, au xv« et
peut être au xvi* siècle (c'est-à-dire à une
époque où le grec était tellement en hon-
neur que nos savants déguisaient leurs
noms français sous des noms grecs) ont
introduit migma en français.
Lpt du Sillon.
C'est tout réfléchi (L, 116). —Cette
expression empruntée au langage fami-
lier, n'est pas encore admise, que je sache,
dans le style soutenu et doit, par consé-
quent, être considérée comme incorrecte.
C'est une ellipse dont le sens n'est pas
douteux : Après avoir à tout réfléchi.
On peut estimer que cette expression
recevra droit de cité plus tard et sera alors
considérée comme expression adverbiale.
(Cf. Tout bien considéré.^
On peut en dire autant de : \< Au re-
voir », ellipse pour : au plaisir de vous
revoir ; à vous revoir. (Cf. la formule des
Italiens : « A revoir toi. »)
L'admission de cette seconde exprès-
N. 1061.
L'INTERMÉDIAIRE
935
936
sion dans le langage correct paraît devoir
être plus prochaine. L. Depal.
Herboristes (L, 675, 772, 884). —
Sans vouloir, pour une question aussi spé-
ciale, abuser de la patience des lecteurs
et des colonnes de \' Intermédiaire où des
communications d'un intérêt plus grand
et d'une curiosité plus générale attendent
leur tour, je ne puis pourtant pas, sans
une réplique, que je fais aussi brève que
possible et avec preuves à l'appui, laisser
passer le plaidoyer /)ro domo du président
du syndicat des herboristes, et s'établir
de regrettables confusions.
J'avais dit, en substance, qu'en dehors
des notions élémentaires de l'école com-
munale et de la connaissance non moins
élémentaire des plantes indigènes, il n'y
avait entre l'herboriste de i""» et l'herbo-
riste de 2* classe d'autre différence que la
somme à verser. Eh bien, j'étais encore
au-dessous de la vérité.
Je copie le programme officiel édité par
Delalain :
Aucune condition d'études n'est exigée
pour l'admission à cet examen — celui
de 2' classe — auquel on ne peut se pré-
senter avant l'âge de 21 ans. 11 porte sur
la connaissance des plantes médicinales,
les précautions nécessaires pour leur ré-
colte, leur dessication et leur préparation.
Le prix de l'examen, du certificat et du
visa est de 100 francs à Paris et de 80 fr.
dans les départements.
j'allais oublier : à l'herboriste de i^'
classe on demande en plus quelques no-
tions élémentaires concernant le caractère
de ces plantes.
Et c'est à ce prix et avec ce bagage que
mon contradicteur laisse échapper ce cri
du cœur : l'herboriste n'est-il pas le phar-
macien du pauvre ? Et par surcroît, son
médecin aussi , n'est-ce pas ? Comme
preuve, je cite : Et la classe laborieuse
ne soulage-t-elle pas ses maux aussi effi-
cacement par les quelques sous de plantes
achetées chez l'herboriste que par les
nombreux et coûteux médicaments qu'elle
pourrait se procurer chez le pharmacien ?
Bref, le traitement des simples par les
simples^ sous la direction qualifiée et avec
les fournitures humanitaires du savant ci-
dessus.
Monsieur Lyet ajoute : Vexamen d'her-
boriste est bien moins complique que celui
— au singulier — des pharmaciens^ je n'en
disconviens pas. Voilà qui est net et il ne
s'agit que de s'entendre. Voyons donc,
programme en main, ce qu'est cet examen.
Et d'abord, avant de commencer, le
baccalauréat.
Ensuite, je copie :
13 inscriptions à 30 fr. 360 tr.
Droit de bibliothèque (10 fr.
par an) 30 fr.
12 droits de travaux pra-
tiques à 2ç fr. 300 fr.
1 examen de validation de
stage 25 fr.
Î'i de fin d'année j
ISemeslriel [ ^ «^ fr. i 50 fr.
2 premiers examens de fin
d'études à 80 fr. 160 fr.
11;» épreuve 50 fr.
1 troisième examenj 2" épreuve (y com-
de fin d'étudej pris 100 Ir. pour
/ frais malériels). 1 -q fr.
3 Certificats d'aptitude à
40 fr. 120 fr.
1 Diplôme 100 fr.
1445 fr
plus un stage de 3 ans, plus, pour assu-
rer le service des hôpitaux, le concours
de l'externat et, pour les mieux doués, le
concours de l'internat. Enfin, pour le di-
plôme supérieur, une soutenance de thèse,
si le pharmacien a la licence ès-sciences
comportant trois certificats d'études su-
périeures de l'ordre des sciences phy-
siques ou des sciences naturelles.
En tout, six ou sept années d'études
professionnelles — à ne supposer aucun
échec — et vingt-cinq ans d'âge.
Dans de telles conditions, il me paraît
inutile d'insister pour montrer qu'il n'y a
aucun rapport proche ou lointain entre le
pharmacien et l'herboriste.
Quant au mot échoppes, qui choque à
bon droit monsieur Lyet, j'avais d'excel-
lentes raisons pour ne pas l'employer.
C'est qu^en effet, à côté de boutiques sou-
vent modestes, mais toujours conve-
nables et généralement tenues par des
femmes, il est fréquent d'en voir d'un tout
autre cachet, celles-ci gérées par des
hommes et aménagées en trompe-l'œil
pour leur donner l'apparence, tant que
cela pourra durer, d'une pharmacie ordi-
naire, et la facilité, du jour au lendemain,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1904,
937
938
en cas de poursuites pour exercice illégal
de la profession, de les transformer en
officines sous le couvert d'un pharmacien
besogneux devenu prête-nom.
Pour éviter tout soupçon de parti-pris
et comme conclusion à un débat auquel
j'aurais voulu, pour lui donner plus d'in-
térêt, voir prendre part, avec leur auto-
rité habituelle, les Docteurs qui envoient
à VlrJermédiaire des notes si documentées,
j'emprunte au dictionnaire de Larousse
les lignes qui suivent :
Un vice bien connu dans la profession dont
nous parlons — Herboriste — est l'ignorance
de ceux qui l'exercent...
Un inconvénient qui peut avoir des con-
séquences plus désastreuses — ici un exem-
ple— c'est que la plupart des herboristes ne
se contentent pas de vendre des plantes fraî-
ches ou sèches, ils débitent encore, par tolé-
rance ou en cachette, des substances dange-
reuses qui ne doivent être livrées que parles
pharmaciens et avec de grandes précautions.
De plus, il n'est pas rare d'en voir quelques-
uns s'ériger en médecins et exploiter la con-
fiance du bas peuple par des consultations
soi-disant gratuites, mais largement rétribuées
par la quantité d'herbes ou de médicaments
qu ils font prendre aux malades.
SOULGET.
Les ruines des Tuileries (XLVI à
XLIX). — Je crois intéressant de signaler
les souvenirs archéologiques collection-
nés par M. Laroze, dans sa Villa « les
Gandines » aux Essarts-le-Roi (Seine-et-
Oise).
1° Un fragment d'une corniche d'an-
gle des Tuileries.
11° Deux colonnes des Tuileries sculp-
tées par Delorme.
Ill" Un arc représentant le Soleil, qui
se trouvait au-dessus de l'escalier de
l'empereur conduisant aux jardins.
IV° Dix-huit mètres de grille des Tuile-
ries.
A cette nomenclature, il est intéres-
sant de signaler que le même collection-
neur possède encore :
1" Les bornes et les chaînes en fer de
Trianon.
11° Deux colonnes lisses avecxhapiteau
et bases de l'ancien palais de justice de
Versailles.
III" Une porte complète de Versailles,
en fer, datant de Louis XIV avec les bor-
nes en forme de canons. F. Marcon.
Le boulet qui a tué Turenne
(L, 665, 848). — Je ne crois pas que ce
boulet ait jamais figuré au musée d'artil-
lerie, et je ne le trouve pas au catalogue
publié en 1862 ; mais je me souviens
l'avoir vu, il y a bien longtemps (plus de
40 ans, peut-être), avec les flambeaux
et la statuette, sur une cheminée de la bi-
bliothèque des Invalides. J. C. Wigg.
Le cas de M. Guéria (L, 734, 879).
— C'est bien en effet du jeune Bissieu qu'il
s'agit, le dossier est bien de 1804, et c'est
bien Eure qu'il faut lire.
C'est par suite d'une interposition de
fiches que l'erreur s'est produite.
Le dossier de ce monstre double se
trouve intact aux Archives nationales F^
Cimetières — Inhumations — Eure.
J. G. Bord,
♦ »
Ces cas de malformations congénitales
ne sont pas aussi rares qu'on pourrait
le croire.
Nous avons connu une dame qui vit
encore et pas très âgée, qui a eu un mal-
heureux petit garçon affligé d'une mons-
truosité à peu près semblable.
Depuis la base du col, jusqu'au pubis,
il avait un autre enfant, sans tête, mais
possédant bras et jambes, collé sur lui par
le ventre.
Cet enfant, ou ces enfants^ ont vécu 6
à 7 ans. L'autopsie qui eût été curieuse,
n'a pas été faite. P, V.
L'algèbre du jeu (L, 615, 883). —
La branche d'analyse mathématique,
connue sous le nom de calcul des probabi-
lités, s'occupe de la recherche des lois qui
gouvernent ce que l'ignorance humaine a
été contrainte d'appeler le hasard. Elle
étudie donc tous les problèmes relatifs
aux assurances, aux questions de démo-
graphie, de mortalité pour lesquelles la
statistique lui fournit les données néces-
saires à la recherche de ses inconnues,
celle relatifs aux chances d'erreurs dans
les sciences d'observation, enfin... aux
jeux dits de hasard. Les esprits les plus
éminents depuis le xvii' siècle se sont
passionnés pour ces études attachantes
auxquelles les noms de Fermât, de Pas-
N* loéi
L'INTERMEDIAIRE
939
940
cal, d'Euler, de Bernouilli, de Laplace j
resteront immortellement liés.
Disons d'abord que le hasard n'existe
pas :;ce n'est qu'un mot ne représentant
rienautre chose que l'insuffisance de l'es-
prit humain à saisir les relations qui lient
les causes à leurs effets ou son ignorance
de ces causes elles-mêmes. Quand, à la
roulette, la bille lancée par le croupier se
promène dans le cylindre semblant incer-
taine du numéro où elle va se fixer, il
vous est sans doute arrivé de dire que
nul ne peut le prévoir, que tous les nu-
méros se valent et que seul en souverain
maître règne le hasard ; mais ce mot ne
sert qu'à voiler votre ignorance : si vous
aviez su avec quelle force et sous quel an-
gle la bille était lancée, de quel mou-
vement était animé le cylindre, vous
auriez pu à l'avance assigner le numéro
précis où elle devait terminer sa course :
s^ Une intelligence, a dit Laplace, qui
« connaîtrait toutes les forces dont la na-
« ture est animée et la situation respec-
« tive des êtres qui la composent, si
« d'ailleurs elle était assez vaste pour sou-
« mettre ces données à l'analyse, embras-
« serait dans la même formule les mouve-
« ments des plus grands corps comme
« ceux du plus léger atome, rien ne serait
« iricertain pour lui, et l'avenir comme le
« passé seraient présents à ses jeux. »
Cette réserve faite sur la portée qu'il
faudra attacher à ce terme de « hasard »,
remarquons que les jeux où le susdit
hasard joue un rôle sont de deux sortes :
1* dans les uns il n'entre pas seul en
scène ; l'adresse ou la façon de jouer
comptent aussi pour quelque chose et
peuvent corriger ses effets (par exemple
le piquet, l'écarté...)
2' Dans les autres (par exemple le bac-
carat, la roulette...) il semble rester seul
l'arbitre du succès.
Dans les uns comme dans les autres,
les mathématiques trouvent leur applica-
tion, mais cela ne veut point dire qu'elles
enseignent des moyens infaillibles de
gagner.
Prenons pour exemple parmi lej. jeux
de la première catégorie celui de Vécarté :
il existe 169911 façons de combiner 32
cartes 5 à 5, autrement dit il existe 16991 1
jeux différents en présence desquels peut
se trouver un joueur à l'écarté. Pour un
grand nombre, il est vrai, la façon de
jouer s'impose même à un joueur novice-
mais pour beaucoup d'autres un joueur
même expérimenté ne voit pas a priori la
meilleure solution et s'en remet à son
intuition qui eit une forme de son juge-
ment. Pour un mathématicien il n'y au-
rait pas d'intuition à mettre enjeu : pour
chacun de ces 16991 1 cas, il y a une ma-
nière de jouer et une seule qui est supé-
rieure si peu que ce soit à telle autre. —
On voit donc dans les jeux de cette caté-
gorie à quoi peut servir l'algèbre : simple-
ment à jouer constamment de la façon la
plus rationnelle au lieu de s'en remettre à
une intuition plus ou moins trompeuse.
On voit aussi par là que le jugement
d'un individu est d'autant meilleur que
son intuition lui permet d'entrevoir des
solutions se rapprochant davantage des
solutions mathématiquement trouvées et
l'on pourrait, ce me semble, deviner là
les bases logiques d'un procédé promet-
tant de doser facilement le jugement d'un
sujet ; je laisse ce soin aux examinateurs
des baccalauréats futurs.
Pour les jeux de la 2^ catégorie qui sont
les jeux de hasard proprement dits ;^bac-
carrat, roulette...) l'algèbre enseigne
d'abord quel est l'avantage de la banque,
par conséquent apprend au joueur dans
quelle situation défavorable il va se trou-
ver en face du banquier ; c'est bien déjà
quelque chose. Mais s'arrête-t-elle là .''
A voir de mirifiques annonces qui promet-
tent de dévoiler des procédés mathémati-
quement infaillibles de gain à la roulette,
on pourrait espérer mieux de sa part ;
elle va en effet plus loin : elle permet de
doser la valeur de chacune de ces métho-
des, de proclamer la supériorité de tel
procédé sur tel autre, de déterminer
exactement pour chacun d'eux quel sera
le nombre de coups qui sera nécessaire
pour amener la ruine du joueur qui l'aura
employé ; car tous fatalement, mathémati-
quement, y conduisent par des chemins
plus ou moins détournés ; j'entends dire
par là que tout joueur qui va s'asseoir à
une table de roulette, muni d'une méthode
dite infaillible, pourra peut-être réaliser
des bénéfices pendant quelques jours,
pendant des mois et plus, mais, quelque
soit le procédé employé^û arrivera fatalement
à perdre à un moment donné dans la série
indéfinie des coups qui se présenteront,
alors qu'inversement la banque peut
UES CHERCHEUKi ET CURIEUX
20 Décembre 1Ç04.
94 I
942
essuyer parfois des échecs passagers, mais
doit fatalement réaliser des bénéfices si le
jeu continue indéfiniment : c'est sur cette
considération que sont établis le budget
d'une minuscule principauté que tout le
monde connaît, la liste civile d'une Altesse
Sérériissime et les dividendes de nom-
breux actionnaires : les heureux contri-
buables n'y connaissent pas l'impôt et
cependant les coffres de l'Etat s'y remplis-
sent avec une régularité que doivent en-
vier les grands Etats européens.
C'est une conséquence du principe
suivant dont la démonstration sort du
cadre de V Intermédiaire : <» Lorsque deux
joueurs jouent l'un contre l'autre dans un
« jeu équitable (c'est à-dire dans lequel l'un
« des adversaires n'a aucun avantage sur
« l'autre, ce qui n'est le cas ni du baccarat
« ni des autres jeux de cercles ou de; casi-
« nos où le banquier a toujours un avan-
ts tage plus ou moins considérable, ce qui
« ne peut que rendre pour ces divers jeux
« nos conclusions encore plus fortes) le
« plus riche des deux a d'autant plus de
« chances de ruiner son adversaire que la
« différence entre leurs fortunes respec-
« tives est plus forte. »
Or, le joueur professionnel, celui qui
passe son temps devant une table de jeu,
joue en somme contre le public et quelle
que soit sa fortune elle est toujours infime
par rapport à celle de Monsieur Tout le
Monde. 11 court donc fatalement à la ruine
par des chemins plus ou moins longs,
suivant les procédés employés. Les librai-
ries de Nice et de Cannes sont encom-
brées d'enveloppes qui se vendent 10, 20
ou 50 francs et qui ont la prétention de
renfermer des méthodes infaillibles pour
conduire l'acheteur à la fortune : aucune
ne résiste à l'examen sérieux d'un homme
un peu versé dans ces questions. 11 y a
quelques jours, un de mes amis avait
acheté pour 30 francs une de ces métho-
des qui devait, avec une mise de fonds de
loooo fr.; permettre de gagner 10 louis
chaque jour : l'auteur l'assurait infaillible.
à son dire il l'avait suivie ipar la pensée)
pendant six mois consécutifs sans avoir
jamais essuyé un seul jour de perte. —
Mon ami me demanda mon avis — Le
résultat de la consultation fut le sui-
vant :
1* Ce procédé permet en effet de réa-
liser le bénéfice indiqué tant que la pre-
mière douzaine ne sortira pas onze fois
de suite ; mais à ce moment tout croulera;
or ce phénomène que le prospectus re-
garde comme impossible sous prétexte
que l'observateur ne l'a pas vu se produire
durant six mois consécutifs, doit se pro-
duire en moyenne exactement une fois
sur 177.237 coups, soit environ une fois
en onze mois et 22 jours (il se joue envi-
ron 500 coups par jour à une table de
roulette à Monte Carlo). Donc normale-
ment le joueur qui suivrait ce procédé
doit se ruiner en moins d'un an : mainte-
nant, il n'y a par conséquent rien d'éton-
nant à ce que le joueur de passage qui
viendra passer un mois à Monaco et
suivra ce procédé gagne chaque jop.r ses
dix louis, (il y 2 près de onze chances
sur douze même pour qu'il en soit ainsi
si le jeu ne doit durer qu'un mois, comme
aussi la déveine peut faire qu'il se ruine
dès le premier jour) ; mais il sera sage
pour lui d'en rester sur ce succès pas-
sager.
2" de plus, ce à quoi le donneur de
méthode n'avait pas rétléchi. sans doute
parce qu'il n'avait pas joué « pour de vrai »
il y a dix-neuf chances contre trois pour
que le joueur ne puisse même pas suivre
le procédé aussi longtemps, contraint
qu'il serait d'exposer à un moment donné
pour suivre la progression indiquée par
la méthode, des sommes supérieures au
maximum imposé par les conditions de
la maison de jeu (on sait qu'à Monte Carlo
la banque ne pave pas à la roulette de
sommes supérieures à 6000 francs).
Tous les procédés passés au crible de
l'analyse donnent des résultats analogues.
Maintenant, si l'on ne peut que blâmer
et plaindre le joueur professionel qui court
à une ruine certaine, on peut, à la rigueur,
excuser celui qui n'exposant que le su-
perflu de sa fortune et se fixant d'avance
un minimum de perte à supporter ou de
gain à emporter, va en passant tenter la
fortune : c'est intéressant comme toute
recherche d'émotion, com-e tout sport
dangereux et pas beaucoup plus absurde
que la plupart de ces derniers.
Les mathématiques pourront lui être
utiles pour lui faire connaître exactement
quel danger il court et lui permettre de
doser la valeur des conseils qu'on ne man-
quera pas de lui donner.... ou de lui
vendre. G. de Massas.
Noio6i.
L'INTERMEDIAIRE
943
944
g;oUs, S^rouuatU^s et (ïfuricrBttés
Gambetta jugé par Barthélémy
Sâint-Hilaire. — Comme tous les ans,
les amis de Gambetta, vont se rendre,
dans quelques jours, aux Jardies, en pèle-
rmage. Ils visiteront la petite maison où
le célèbre tribun est mort. Mort aujour-
d'hui bien expliquée, mais qui, alors,
donna lieu aux versions les plus folles,
car un homme célèbre ne peut quitter la
vie, dans des circonstances brutales, sans
que le drame s'exagère encore de tous
les fantômes dont notre imagination ro-
manesque est pleine.
Nous avons retrouvé une lettre fort
curieuse : c'est le jugement porté par Bar-
thélémy Saint-Hilaire sur Tœuvre publi-
que de cet homme d'Etat. Ce jugement
est intéressant en raison de sa franchise
et de sa spontanéité. 11 est plus vivant
que ne le serait une page écrite pour le
public, et prudemment, dans ses limites,
une lettre intime en dit plus que tout un
gros chapitre d'histoire. Y.
Paris, Boulevard FlanJrin, 4,
4 janvier 1S83.
Cher Monsieur,
11 est assez difficile, en l'absence des Cham-
bres, de voir quelles conséquences la mort de
Gambetta peut produire. Je ne crois pas
qu'elle change beaucoup à l'état présent, et
mauvais, de nos affaires. Gambetta, doué de
qualités rares et attachantes, en avait toujours
fait un ussge assez fâcheux. Depuis la chute
de M. Mac-Mahon, il n'a guères fait que des
fautes. L'amnistia, les discours contre l'Alle-
magne, le voyage de Cahors, la compétition
factieuse au chef de l'Etat, le scrutin de liste,
la révision, la guérie à la religion, et tant
d'autres faux pas, ont été des causes d'agita-
tions stériles et redoutables, dont nous subis-
sfons encore les contre-coups.
Au dehors, Gambetta était une menace
perpétuelle de guerre. Malgré cela, sa mort a
causé une émotion profonde. Mourir à 44
ans ! d'une si sotte façon ! C'est là. un cas
bien humain, et tout ce qui a quelque cœur
peut s'apitoyer.
On va faire des funérailles superbes ; on
lui élèvera une statue, quand M. Thiers
attend encore la sienne à Paris ; mais dans
peu de temps, tout ce bruit sera passé : et
comme Gambetta a promis ou semblé pro-
mettre beaucoup plus qu'il n'a tenu, malheu-
reusement pour lui et pour nous, il sera vite
oublié.
M. John Lemoinne s'est trompé en faisant
de Gambetta un homme de gouvernement.
C'était bien plutôt un homme de désordre • il
menait les affaires publiques comme sa pro-
pre vie. 11 nous aurait menés bride-abattue à
l'abîme, comme il y est allé lui-même. Tout
cela est fort triste ; mais l'opinion, toujours
humiliée de l'échec égyptien, va se satisfaire
à peu de frais par nos manifestations qui ne
coûteront que de grands mots et des fleurs
funéraires.
A la Chambre, une partie de l'Union répu-
blicaine reviendra à la gauche pour peu que
le gouvernement ait un peu d'habileté. Le
reste ira à M. Clemenceau. Ce serait une
occasion de refaire une majorité sérieuse, si
le cabinet avait la moindre force, mais il est
nul .
Voilà, cher monsieur, quelques considéra-
tions que je livre à votre sagesse.
Bonne santé ; bonne année.
Votre dévoué
B. Saint-Hilaire.
Un roi de Madagascar à retrou-
ver. — On lit dans la collection de l'Ob-
servateur provençal, journal qui se publiait
à Aix en 1827 :
Le 2 1 août 1769, on ensevelit dans l'église
prieuriale de Saint-Jean, à Aix, alors dépen-
dante de l'Ordre de Malte, un enfant de trois
ans que le registre de cette église désigne
ainsi : Jean-François-Charles de Panola, fils
de feu noble Charles, petit-fils du roi de Ma-
dagascar et de dame Catherine des Essartsde
Cardon.
Quel est ce roi de Madagascar et com-
ment son petit-fils se trouvait-il à Aix .?
Nos recherches sur le nom italien Pa-
nola ont amené la découverte de la men-
tion de ce renseignement dans les regis-
tres du Secrétariat du Roi, conservés aux
Archives Nationales :
Panol^, Enseigne des gardes du duc Maza-
rin, obtint, le 31 Janvier 1675,, de Sa Majesté,
le don de tous les biens, meubles et immeu-
bles qui ont appartenu au feu S'' Alphena,
cousin-germain du dit Panola. échus au Roi
par droit d'aubaine (Reg O' i9,p. 31 verso).
O'Kelly de Galway.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chamboh St-Amand-Mont-Rond.
L* Volume
Paraissant les lo, 20 et jo de chaque mots 30 Décembre 1904.
40» Année
«'".r.VIctorMamté
PAIIIS (IX*)
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Cherehtz et
vous trouvtrtz
Il se faut
entr'aidtr
N» 1062
3I■>^ r. Victor Massé
PARIS (1X«)
Bureaux: de2à4heures
ntexmébxaïte
DES
CHEHCHEURS
Fondé en
ET CURIEUX
1864
QUESTIONS KT RRl'OfJSRS LITTEKAIRES, H
TROUVAILLES
945
<âuc6tion6
Journal des inspecteurs de M.
Lépine. — Dans son numéro du 25 dé-
cembre 1904, le Temps a publié la note
suivante qui est évidemment officielle :
11 résulte de renseignements recueillis par
la Préfecture de police et communiqués au
Parquet, que M. Syveton ne s'est jamais pré-
senté avec une femme à la maison de la rue
Joubert dont on a parlé.
Si brève qu'elle soit, cette note est fort
instructive pour les historiens de notre
époque.
Elle nous apprend :
1° Que les directrices des maisons hos-
pitalières sont encore chargées, comme
sous Louis XV, d'un service de rensei-
gnements destiné à livrer à la police les
noms de tous les visiteurs qu'elles reçoi-
vent.
2'^ Que cet espionnage est aujourd'hui
porté à un assez haut point de perfection
pour qu'après plusieurs années écoulées,
le service des mœurs puisse affirmer ou
démentir non seulement la présence de
tel citoyen dans telle maison et à telle
date, mais les moindres détails de sa vi-
site éventuelle.
Quelqu'un pourrait il nous dire com-
ment fonctionne ce service inconnu de
l'administration française?
Um passant.
Bornes do la corvée. — Sur l'an-
cienne route royale de Grenoble à Gap,
partie abandonnée entre Grenoble et Vi-
ISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQGES
ET CURIOSITÉS
946 —
zille et sur le territoire de la commune
de Brié et Angones. sont deux ou trois
bornes que je crois seules de leur espèce
en France : elles indiquent, par une ins-
cription restée très lisible, les limites des
portions de chaussée à entretenir par les
corvées de la paroisse de Vaulnaveys.
Pourrait-on me dire si d'autres témoins
de ce mode de construction de vicinalité
m'ont échappé pendant mes quinze ans
d'exploration de la France .''
Ne serait-il pas bon de classer ces bor-
nes parmi les monuments épigraphiques
à conserver ? il me semble qu'elles ont
pour notre histoire autant d'intérêt que
les menhirs. Cet intérêt grandira à me-
sure que l'époque des corvées, c'est-à-
dire des temps qui précédèrent la Révo-
lution, reculera dans le passé.
Un autre souvenir s'attache à ces bornes
hautes et puissantes, elles furent témoins
de la rencontre de Napoléon revenant de
l'île d'Elbe et du 7* de ligne commandé
par le colonel de Labédoyère, qui venait
se joindre à la petite troupe débarquée au
golfe Jouan. Ardouin-Dumazet.
L'abbé de Cajamano, prisonnier
au donjon de Vinceanes. — A pro-
pos d'un article récent de M. G. Lenôtre
sur Boisé Lucas, paru sous la rubrique :
Vieilles maisons, vieux papiers, (journal
le Temps, 14 décembre 1904), j'ai re-
feuilleté mes notes sur les prisonniers dé-
tenus au Donjon de Vincennes et j'ai re-
trouvé un ancien article du même auteur
(le Temps 18 décembre 1901) sur ua
L. 18
Noio62.
L'INTERMEDIAIRE
947
948
certain abbé de Cajamano. Je rappellerai
en quelques mots l'histoire curieuse,
étrange, de ce moine espagnol : Il était
entré en France en 1808, à la suite du
prince de Masserano, ambassadeur d'Es-
pagne, et se proposait d'aller à Rome
pour se faire relever de ses vœux. Inter-
rogé à Chambéry sur les raisons de son
voyage, il avait répondu dans un jargon
inintelligible. Ses explications incompré-
hensibles ayant paru louches, il avait été
arrêté, conduit à Paris et incarcéré à la
Force, sous l'inculpation vague, mais
terrible à cette époque, de manœuvres
contre la sûreté de l'Etat. Pendant quatre
ans, il avait médité sur les inconvénients
de voyager dans un pays sans en con-
naître la langue. A sa sortie de prison,
un hasard l'avait mis en rapport avec le
général Malet ; ce fut dans son modeste
logement qufe se réunirent les conjurés
avant de tenter leur invraisemblable coup
d'Etat. Arrêté de nouveau, il ne passa
pas en conseil de guerre ; on espérait en
effet qu'il ferait découvrir d'autres com-
plices recherchés. Cet oubli volontaire
le sauva de la mort, mais non de la pri-
son. « De l'Abbaye, nous dit M. Lenôtre,
le moine espagnol revint à La Force.
On le retrouve aussi sous les écrous de
Sainte-Pélagie : il passa de là au donjon
de Vincennes. »
M. Lenôtre, toujours si bien docu-
menté, pourrait-il me dire s'il a la preuve
du passage de l'abbé Cajamano dans les
prisons de Vincennes ? je ne vois pas ce
nom figurer sur le registre d'écrou, con-
servé à la préfecture de police. J'y re-
trouve celui de Delaunay, Boisé Lucas
fils, entré le 8 décembre 1809, sorti le
1 1 mars i8ii.Mais aucune mention ne
se rapporte au moine espagnol.
IvAN d'Assof.
Question sur Richelieu. — - Quel-
qu'un de nos savants collègues a t-il eu
connaissance d'un manuscrit du xviii* siè-
cle, dont l'auteur est M. Archambault de
Grammont, manuscrit fort intéressant, et
qui a trait au Richelais, à ses usages et à
ses familles. Ce manuscrit a été emporté
en Angleterre par M. Louis Torterne de
la Cour, petit-neveu de M. Archambault,
et vendu par lui vers 1870.
Connaît-on livres ou manuscrits sur la
ville de Richelieu et le duché de ce nom ?
A-t-on eu connaissance que Antoine
du Plessis, dit le Moine, grand'oncle du
cardinal de Richelieu, cordelier dans sa
jeunesse et revêtu seulement du sous-dia-
conat, ait demandé plus tard à être relevé
de ses vœux, et l'ayant obtenu, ait épousé
à Turin, Anne Bouquetto, vers i 580, d'où
une fille unique non reconnue par la fa-
mille du Plessis de Richelieu, et qui se
serait appelée Marguerite Dulac ? Cette
fille épousa, vers 1600, Jacques du Carroy,
sieur de la Chaussée, intendant de la mai-
son de Richelieu, souche d'une famille
éteinte aujourd'hui et sur laquelle on
aimerait à avoir des renseignements.
Comte DU Fort.
Liste générale des otages de
Louis XVI et de sa famille. — Cette
liste publiée « à Paris chez Pillet impri-
meur, rue Christine, 5, 1816 >>, in-8,est,
dit l'avertissement, daté dedécembre 1815,
la copie exacte de la liste manuscrite re-
mise à la duchesse d'Angoulême (Ma-
dame Royale).
J'ai acheté dernièrement cette brochure
dont l'existence m'avait été révélée par la
lecture des « Souvenirs et Correspondance
du comte de N.eiiilly,?. Douniol, 1865,
in-8, page 34, note 3 ».
C'est une plaquette in-8. recouverte
d'une couverture factice et qui devait faire
suite à un autre ouvrage, ainsi que le
prouve la collation suivante :
3 feuillets pour le titre, le faux-titre et
l'avertissement ;
18 feuillets numérotés seulement à par-
tir du verso du ^^ feuillet. 164 à iq'd.
Qi'elque obligeant collalôorateur de
V Intermédiaire pourrait-il me dire à quel
ouvrage ou à quelle brochure pouvait faire
suite la liste en question ?
L'abonné H. Cd.
Un buste de Louis XVI. — De qui
était ce buste que les agents de change
avaient commandé pour leur salle de la
Bourse, rue Vivienne .?
L'inauguration eut lieu en mai 1789.
Necker y présidait et demanda pour le roi
le discours que Boscaris avait prononcé à
l'occasion de cette cérémonie.'' Rip-Rap.
Les ecclésiastiques et la cons-
cription. — Les ecclésiastiques furent-
ils exempts de la conscription militaire
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1904.
- 949
950
sous le Consulat et l'Empire ? Si oui, à
quelle date, et en vertu de quel décret?
X.
Ecole gratuite de musique. —
Lorsque, en 1792, ks qo musiciens du
pseudo • conservatoire furent licenciés,
Sarrette obtint, de la commune de Paris,
de créer une« Ecole gratuite de musique »
qui devait servir à former les musiciens
nécessaires aux armées et aux fêtes pu-
bliques.
Sarrette installa son école rue Saint-
Pierre-Montmartre (rue Paul-Lelong ac-
tuelle).
Quel fut l'immeuble occupé par Sar-
rette? J. G. Bord.
Trestaillon, Servan, Truphémy.
— A-t-on publié le procès de Truphémy
devant la cour de Riom en 1 8 1 9 ?
Où trouverais-je des détails exacts sur
les troubles de Nimes en 181 5 pendant
cette petite Terreur qu'on appelle la Blan-
che, pour la distinguer de la Sanglante ?
S.
« Les barricades de 1832 ». — Il
est venu dernièrement entre mes mains
une brochure intitulée : Les barricades de
18^2^ par Alphonse Pépin, avocat... Pa-
ris. Imprimerie Dezanche ; librairie De-
launay, 1832.
A cette brochure était fixée une fiche
libellée comme suit : « Louis-Philippe
est l'auteur de cette brochure avec Pé-
pin. » Ecriture de l'époque.
Cette assertion est-elle exacte et le fait
est-il connu .'' Eldepal.
Aiici?n3 registres criminels. —
On a publié, en 1864, \q Registre Criminel
du Châtelêt (1389-1392), et en 1877 le
Registre Criminel de Saiiit-Martinda-
Champs (1332-1357).
Existe-t-il d'autres publications analo-
gues ?
Ou se trouve
phie du sujet ?
la
meilleure bibliogra-
Pandora et sainte Elpice. — Une
ingénieuse explication vient d'être pro-
posée au mythe de Pandore, qui est assez
obscur.;
Pandore lève le couvercle d'une grande
sur l'humanité. Seule l'Espérance, prête
à s'envoler, reste arrêtée au bord de la
jarre. Pandore ayant refermé le couvercle
par la volonté de Zeus. Hésiode. Erga.
V. 94-99.) Tel est le mythe sous sa forme
la plus ancienne. Il est incompréhen-
sible.
En effet, l'Epérance ne peut pas être
un mal : c'est le premier des biens. Et si
elle est un bien, pourquoi la nommer ici?
Le Désespoir a dû être envoyé sur la terre
avec les autres maux ; il est superflu
d'ajouter que l'Espoir ne l'a pas suivi.
A cela, on répond aujourd'hui que
l'expression employée par Hésiode {elpis)
ne signifie pas surtout espérance, mais
prévision^ pronostication, et que tel est
précisément le sens archaïque du mot et
que depuis des siècles nous construisons
le récit de cette histoire sur un contre-
sens fondamental.
D'après l'explication proposée, le pire
de tous les malheurs étant la prévision
de l'avenir, Zeus n'aurait pas voulu frap-
per les hommes de cette calamité su-
prême, dont la Peau de chagrin est le
commentaire le plus connu. C'est un ren-
versement total de la léo:ende.
Mais alors que signifie cette vertu théo-
logale qui a été canonisée sous le nom de
sainte Elpice (fête le i^"- août) et qui de
nos jours est plutôt invoquée sous le
nom de sainte Espérance .f* Est-ce bien
traduire que la nommer ainsi .? Les Pères
de l'Eglise n'entendaient-ils pas, avec
leur mot grec, beaucoup plus que ne dit
notre mot français ^ Candide.
Confrérie eni'honaeur de saints
Sclioiastique. — On demande si, outre
les confréries du Mans et de la Drôme, il
existe ou a existé quelque part une con-
frérie en l'honneur de sainte Scholastique
(sœur de saint BenoitJ ?
On serait très reconnaissant s'il était
donné réponse dans l'Intermédiaire.
Ch. Trillon de la Bigottière.
Reliqua du voile de la sainte
vierge. — Dans un reliquaire ancien se
trouve un morceau d'étoffe avec l'inscrip-
tion : Vel. Beaiœ Mariœ Virginis. Quel
était le sanctuaire qui contenait \q. voile de
la sainte Vierge? Il y avait sans doute une
jarre (pithos) et répand toutes les misères \ tradition à cet égard et je serais heureux
N' 1062.
L'INTERMÉDIAIRE
95^
952
qu'un de nos confrères de Y Intermédiaire
pût donner des éclaircissements.
HussoN.
La commune de Pelleport. — Un
lecteur de \' Inlcrincdiaire peut-il me don-
ner des renseignements sur la commune
de Pelleport, canton de Cadours, arron-
dissement de Toulouse ; origine, his-
toire, etc? Baron Ch. de Pelleport.
Château do la Tou^nelle. — Peut-
on donner des renseignements sur le châ-
teau de la Tournelle qui existait encore à
l'Hay (Seine), vers 1750 et appartenait,
à cette date, au marquis de Livry.? Con-
naît-on les propriétaires antérieurs et
postérieurs? X.
Evêques de Bayeux. — Je prie un
de mes confrères de V Intermédiaire de me
compléter la liste des évêques de Bayeux,
de 1500 à 1640
1552. Charles d'Humières, évêque.
1582. Bernard de Saint-François, id.
1607. Jacques d'Angennes. H. H.
Sur la comtesse de Eouffiers. —
1° La maison d'Auieuil où moururent
successivement la comtesse de Boufflers,
née Puchat des Alleurs, en 1820, et son
fils, Amélie - Joseph - Emmanuel-Edouard
en i8=;8, n'était-elle pas, comme cela est
probable, la même maison que possédait
également à Auteuil, la comtesse de
Boufïïers, leur belle-mère et grand'mère,
dite l'Idole du Temple, et où elle se retira
à la mort du prince de Conti ? Cette mai-
son existe-t-elle encore et pourrait-on en
préciser la situation ?
2° L'Idole mourut le 7 frimaire an IX.
Pourrais-je savoir le lieu de sa mort, et
ne fut-ce pas également à Auteuil ?
3" Amélie-Joseph-Emmanuel-Edouard,
le dernier des BoutBers, mort à Auteuil le
5 avril 17,8, avait-il été marié? Enfin
quels furent, à défaut d'enfants, ses héri-
tiers en 1858? Sa grand-mère, l'Idole,
n'a-t-elle pas laissé des papiers intéres-
sants, mém.oires, correspondances, dont
il devait être possesseur, et qui doivent
être maintenant entre les mains de ses
héritiers? Comte de Varaize.
Chaulnes. — Il existait en Dauphiné
une famille de Chaulnes, qui a fourni, au
xviii* siècle, un évêque à Grenoble. Elle
possédait la terre de Noyarcy, érigée en
marquisat, le 19 août 16S4, en faveur de
Joseph de Chaulnes, fils de Claude de
Chaulnes, président du bureau des finan-
ces à Grenoble?
Quelles étaient leurs armoiries ?
Peut-on rattacher cette famille à la
Picardie? ou cette similitude de noms
avec le duché d'Albert de Luynes est-elle
une simple coïncidence?
La Cliesnaye des Bois la donne comme
originaire du Dauphiné. A. B. L.
Les Chargh'rods. — Le clan des
Chargh'rods ofifre-t-il encore aujourd'hui
quelque intérêt ?
Quels sont les ouvrages qui ont été
publiés sur les Chargh'rods ?
Vandevelde.
Dupleix. — Où trouver la généa-
logie du marquis Dupleix, gouverneur de
Pondichéry ? Les familles Dupleix de Ca-
dignan et Dupleix de Mézy se rattachent-
elles au grand colonisateur, dont je vou-
drais connaître les armoiries et la descen-
dance ? A. B.
Définition de GuydeMaupassant.
— « C'est un faune un peu triste revenu
à la vie primitive ».
De qui cette définition du romancier ?
Où se trouve-t-elle ? Gros Malo.
Perrin - Duseuil, gouverneur
d'An 'ers sous l'Empire. — Que
sait-on sur ce personnage et où pourrait-
on trouver des renseignements à son su-
jet? Eldepal.
Rochechouart d'Illand. — Puisque
trois de nos confrères connaissent si bien
la généalogie Rochechouart, je reprends
l'espoir d'être renseigné sur la branche
d'Illand, dont je ne connais encore que
deux générations.
Alexandre de R., écuyer, seigneur d'Il-
land, capitaine du château de Nolay, de
1492 a 1^32, marié à Cécile de Barges,
avait eu au moins six enfants :
— Jean, seigneur de Corda ;
— Hugues, seigneur de Saint-Marc, ar-
cher de la garde du corps du Roi;
— Pierre, seigneur de Chappes et du
Pleix, marié à Jeanne de Humblière;
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Décembre 1904
953
954
— Louis, mort en 1539;
— Georges, fille, mariée à Nicolas de
Rovoise ;
— Madeleine, mariée à Nicolas Porte-
bedyan, lieutenant en la justice de Châ-
teauvillain.
Comment cette branche se relie-t-elle
à la branche historique des Rochechouart?
Quand et co r, ment s'est-elle établie en
Bourgogne ?
Quelle a été sa descendance ?
Dont Care.
Portrait de Saint-Just par Pru-
d'hon. — Le célèbre peintre Pierre-Paul
Prud'hon fréquenta la famille Duplay et
fit un beau portrait du conventionnel
Saint-Just.
Sait-on ce qu'est devenue cette œuvre
d'art? D-- BL.
Les mariages de Scaimouche.
— Le Dictionuaire des arrêts^ de Brillon,
1727, 6 vol. in-f", au mot mariage, art.
43, commente le jugement du 4 juin
1097 intervenu entre les héritiers de Sca-
ramouche (Tiberio Fiurelli) issus de son
i»"" mariage avec Isabelle del Campo,
morte à Florence en 1687, et la mineure
Elisabeth Fiorelli ou Fiurelli issue de son
2^ mariage avec la demoiselle Duval dé-
cédée
Il résulte de ce jugement que Scara-
mouche aurait débauché une nommée Du-
val, fille d'un faiseur de batois(5/c) qu'il
en eut une fille, baptisée à Saint-Eustache,
sous son nom et comme fille de cette
Duval, sa femme, ainsi qualifiée, et ce en
l'année 1681 ; qu'après la mort de sa i'''
femme en 1687^ il aurait épousé en face
d'église cette concubine. La question à
ju2,er était de savoir si la bonne foi de la
fille Duval mériterait à sa fille la qualité
de légitime.
11 fut jugé que la fille Duval ne pour-
rait se laver delà tachede fille adultère, et
on lui adjugea une provision de 1 500 livres
et une pension viagère de deux cents li-
vres.
Brillon demande pourquoi on n'a pas
exigé l'acte de célébration du i'^"' mariage
de Scaramouche avec sa première femme
Isabelle del Campo car s'il n'y avait pas
eu de mariage contracté, le second aurait
valu.
Scaramouche s'est-il réellement marié
avec Isabelle del Campo ?
A. DlEUAlDE.
M. de Villayer. — Je désirerais
avoir quelques renseignements biographi-
ques sur jean-}acques de Renouard de
Villayer, mort doyen des conseillers
d'Etat . C'est en sa faveur que la terre de
Villayer, en Bretagne, avait été érigée en
comté, en janvier 1655. Avant d'être
conseiller d'État, n'était il pas maître des
requêtes de l'hôtel du roi, et occupait-il
cette charge en 1653 ? Ne pas le confon-
dre avec M. le Vayer, maitre des requêtes
vers la même époque. P. le f.
Carrosses du roi. — Combien fallait-
il de quartiers de noblesse et quelles
étaient les conditions exigées pour être
admis aux carrosses du roi ^ A. B.
Compositeurs à retroxxr^ev {Suite)
(XL1X;L, 10, 62, 118, 562, 667I. —
C
59. Caccia in Etolia. Venezia i72t.
60. la Caduta di una Repubblica, trage-
dia lirica. Sans nom d'auteur. Ecrite à
Rome, janvier 1847. Pi-ibliée à Ancône en
1849. Je doute qu'elle n'ait jamais été
mise en musique.
61. Cajo Mario. Livorno, Teatro degli
Avvalorali, autunno del 1793.
62. Calisto ingannata, Ferrara, T" Pio
Enea Obizzi, 1651.
63. Canzone in Iode del « virtuoso» Sig.
Giuseppe Aprile detto Scirolino che so-
stienne la parte di Linceo nelflpermestra.
Venezia, T" S. Samuele, Ascens. 1757.
64. Canzone novissimacantata nelJoS.
Samuele, carnevale 1766 nel dramma la
Donna Stravagante. Venezia, 1766.
6:5. Capitan Galoppo. Venezia, T° S.
Angelo, aut, 1741.
66. Capriccio Poetico. Brescia 1699.
(Sous ce titre se trouvent plusieurs com-
positions pour musique, mais sans nom
d'auteur ni de musicien non plus).
67. Carlo Calvo. Lisbonne, Théâtre Rua
dos Condes, 1739.
68. 'I Castel Frust. Turin. 1872. (En dia-
lecte Piémontais).
69. S. Catterinad'AIessandria. Venezia,
1675.
70. Celio. Florence 1646.
7 1 . Cesare in Egitto.Teatro in Claghem-
N. 1062.
L'INTERMÉDIAIRE
■■■' 955
956
furth (Austria) 1738. Edition de Venise.
72.Cesare in Egitto.Treviso, T° Dolfin,
aut. 1746.
73. i Cherusci. Iinola, T" Nuovo, fiera
1814.
74. the Children in the Wood. London,
T' Royal Haymarket 1793 (Fourth édi-
tion).
75. Christiis et anima. 1733. (Absque
nota).
76. il Ciarlatano fortunato nelle sue
imposture. Venezia, T*^ Tron di S. Cas-
siano, carn. 1750.
77. il Ciarlone. Vienna, Teatri Privile-
giati, 1770.
78. Clarice Visconti, tragedia lirica di |
L. Barbareschi. Milano 1835. (A-elle été
mise en musique.?)
79. la Clémenza d'Auguste. Roma, T°
Tor di Nona. 1697.
80. Clémenza di Tito. Lisbonne. Th.
Rua dos Condes,i738.
81. Componimenti sacrl per musica.
Venezia, Oratorio S. Filippo Neri. Sans
date. (17..)
Noms et adresses de fabricants,
merciei's, etc. de 1650 à 1850, à
Paris. — Quels ouvrages donnent ces
renseignements 1 Remerciements antici-
pés. D' A. T. Vercoutre.
Les mots vaseline, mercerisé,
mercerisage et carter. — (Quelqu'un
peut-il me donner l'origine, et, au besoin,
a date d'introduction dans notre vocabu-
. aire, des mots vaseline, mercerisé^ merce-
risage^ carter (enveloppe destinée à pro-
téger les organes d'engrenage d'un mé-
canisme) .? Je sais que l'opération du
mercerisage fut inventée, vers 1844, par un
nommé Mercer. Mais ce chimiste était il
anglais, allemand, ou américain ? De
même pour carter, qui doit venir d'un
nom propre d'inventeur étranger, et sur
lequel Murray et Larousse restent muets.
E. X. B.
Le papier à l.ttra Job. — L'Ama-
tciir cfantociraphcs signale un billet de
Marie-Antoinette, écrit sur papiers lettre
portant dans son filigrane le mot M. )ob.
Il demande, pour authentiquer cet auto-
graphe, si on connaît un fabricant de pa-
pier de ce nom ?
Le 'geste de se boutonner chez
l'iiomma et la femme. — Les hommes
boutonnent à droite, les femmes à gauche.
Qiiand un tailleur fait un vêtement pour
femme, malgré l'habitude qu'il en a et le
caractère masculin qu'il donne au costume,
il le fait boutonner à gauche. Il y a dans
cette persistance d'un geste à travers le
temps une bizarrerie qui appelle quelques
réflexions. En quels ouvrages en rencontre-
t-on?
Fêtps en l'honneur des maris
trompf^S. — Il paraît qu'anciennement
on célébrait en France, notamment à
Sens, des fêtes en l'honneur des maris
trompés (Molière emploie un autre mot).
Mille remerciements aux ophélètes qui
voudront bien me faire connaître :
1° Des documents relatifs à ces cou-
tumes ;
2° Si cet usage persiste encore, soit à
Sens, soit ailleurs en France ;
3° S'il a jamais été pratiqué en Bel-
gique et dans les pays flamands ;
4° S il est connu en certains pays où il
eût pu être introduit par les Flamands ;
50 Où trouver des renseignements sur
saint Eternon ou saint Arnould, envisagé
comme patron des maris malheureux.
— ISKATEL.
Une cruelle plaisanterie d'Al-
fred de Musset. — Est-il vrai qu'Ai.
fred de Musset et son ami Alfred X
attirèrent un jour, dans une maison de
campagne, sous un prétexte galant, une
jeune pianiste portant un nom bien connu
des musiciens : Mme ?...? Est-il vrai
qu'après l'avoir attachée aux quatre coins
du lit par les quatre membres, ils lui
grent subir, non pas les derniers outra-
fies auxquels elle était préparée, mais un
traitement si singulier, qu'elle n'osa pas
de six mois, se représenter devant son
mari ?
Je m'abstiens de conter ici les détails
de la scène, et je demande seulement si
l'anecdote est véritable. Un Passant.
Caraco. — Quelle est l'étymologie du
mot t'
A quelle date remonte l'usage de ce
vêtement ?
Comment le décrivait-on dans les livres
et journaux de modes entre 1770 et 1820.''
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1904.
957
958
Livre ignoré sur Louis XVII
(L, loô, 35^, 70,). — Sous la signature
de M. Alexis Dubosc, je relève : « N'ou-
blions pas que Joséphine fut l'ange tuté-
laire du dauphin après avoir été l'une de
ses libératrices, de l'aveu de l'ex- impé-
ratrice Eugénie, veuve de Napoléon III ».
L'Impératrice étant vivante, nous lui
avons fait voir ces lignes, et S. M. déclare
n'avoir jamais tenu des propos approchant
même de ceux qu'on lui prête en cette
occasion. Ce serait, paraît-il, M. d'Hé-
risson i-]ui aurait le premier monté cchaiean.
Le rôle de Joséphine, étayé sur l'auto-
rité de l'impératrice Eugénie, est donc une
fable. Un rat de bibliothèque.
Archives de l'enregistrement de
Paris (L, 893). — Les Archives de l'enre-
gistrement, qui ont été utilisées avec grand
profit par le savant M. Bégis, restent tou-
jours closes aux érudits, à l'exception des
sommiers fonciers, véritable état-civil des
maisons de Paris, qui sont consultés deux
fois par mois dans l'intérêt des chercheurs
par le service des Archives de la Seine :
c'est donc à cette administration qu'il faut
s'adresser pour obtenir les communica-
tions.
La partie la plus ancienne des Archi-
ves de l'enregistrement, comprenant les
insinuations du xviii^ siècle, di 1704 à
1791 (Lettres de chancellerie, donations,
testaments, actes de vente, etc.,) contenue
dans 406 registres, a été versée aux Ar-
chives de la Seine, il y a déjà quelques
années. On peut les y consulter tous les
jours, de midi à cinq heures.
Un versement de documents du même
ordre a été opéré par les recettes d'enre-
gistrement de banlieue.
Ultérieurement, les Archives de la
Seine ont reçu les Archives du vieux bu-
reau des Hvpothèques de 177 1 à 1798,
comprenant 174 cartons de lettres de
ratification, documents fort importants
pour l'histoire des maisons et des familles
de Paris et de sa banlieue au xvin' siècle,
ainsi que 91 registres d'oppositions, et 94
volumes de tables alphabétiques de ven-
deurs.
Un répertoire topographique des lettres
de ratification par rues de Paris et par
localités du département de la Seine, est
à peu près terminé.
Quant à la partie des insinuations en
registres, postérieure à 1791 et conser-
vée aujourd'hui aux Archives de l'enre-
gistrement, des démarches vont être bien-
tôt tentées auprès du s:ivant éminent, qui
est aujourd'hui à la tête de la Direction
générale de l'enregistrement, pour que le
droit de consultatio .1 des Archives de la
Seine soit étendu à ces précieux répertoi-
res.
Il n'existe pas, à ma connaissance, de
DOSSIERS aux Archives de l'enregistre-
ment.
Il y en avait par contre une importante
collection, relative surtout à l'époque
révolutionnaire, aux Archives des Dom.^i-
NES.
Ces dossiers enfermes dans 866 car-
tons, ont été versés aux Archives de la
Seine et un répertoire alphabétique de
252 pages à deux colonnes en a paru chez
Picard, en 1904.
Un versement ultérieur, qui comprend
environ 400 cartons et 1.200 registres,
fait en ce moment l'objet d'un second
inventaire. On y trouvera, parmi d'autres
choses, les proces-verbaux de ventes des
domaines nationaux parisiens, la comp-
tabilité de cette grande opération et un
grand nombre de dossiers personnels.
Testis.
Le vaillant capitaine Cigongne.
— (L, S53, 84^). — Les biographes du
poète Sigogne ne nous parlent jamais de
sa mère. Elle était pourtant célèbre avant
lui et mériterait d'intéresser les cher-
cheurs.
Jeanne des Essars avait épousé, en 1556,
René de Beauxoncles, seigneur de Sigon-
gne, chevalier de l'ordre du Roy, gentil-
homme ordinaire de la Chambre et capi-
taine en Piémont.
Il est question d'elle en ces termes dans
dans un mss de la Bibl. nat. \q Recueil de
Proverbes français historiques ou moraux^ 3
vol. in-4° de la collection Gaignières.
tlle fut fort connue sous le nom de la
dame de Siorona;ne, estant une des dames
de la Reine Mère Catherine de Médicis.
Elle avoit de l'esprit et faisoit si bien un
conte que on la citoit tousiours en ce genre
pour une des plus agréables personnes de
la cour, et pour y fournir elle en inventoit
souvent, ce qui fit dire depuis ce commun
N 1062.
L'INTERMEDIAIRE
9=59
960
proverbe : faire des contes A la Sigongiie
quand ce sont des choses fabuleuses. Cette
dame mourut fort âgée.
Est-ce là tout ce qu'on sait d'elle ?
P. L.
Date de naissance de Napoléon
V (XLIX; L, 74,905). — Il sérail bon, je
crois, de publier ici cet acte de baptême de
Napoléon, daté du 21 février 1768 ; et il me
semble curieux que lung, (Bonaparte et
son temps) qui tient pour la substitution
de l'aîné au cadet, et qui reproduit l'acte
où Napoléon est dit né le 15 août 1769, et
baptisé le 2 1 juillet 177 1 , certifié conforme
par l'archiviste et le préfet de la Corse
en 1880 ; il me parait singulier, dis-je,
que lung n'ait pas connu cet
argument
qui lui aurait donn' si facilement raison,
et l'aurait dispense de plus longs déve-
loppements. De même, Frédéric Masson,
Napoléon inconnu, qui ne croit pas à la
substitution, aurait dû tenir à réfuter
cette objection capitale.
D. ViGEN.
la Chambre
— Dans le Dic-
Les membres do
introuvable (L. 837)
tionnaire des parlcinenfaùes par Robert,
Bourloton et Cougny, Paris 1891, il a été
publié, à la fin du 5'^ volume, la liste des
députés par département et par législa-
ture, de mai 1789 à mai 1889. Là, le
collaborateur Pérégria trouvera aisément
les noms des membres de la Chambre
introuvable. Voici ceux de la Seine-Infé-
rieure : Ribard, Caste!, Uelamare, d'Haus-
Sez, de Germiny, de Montmorency, Du-
vergier de Hauranne, de Bou ville, Odoard
du Hazay. Patchouna.
Même réponse : R. B.
* *
La liste des membres de la Chambre
des députés 1815-1816 figure à l'Aima-
nach Royal de 1816.
J.-G. Bord.
On peut consulter à cet effet les 3 bro-
chures suivantes, la première, notam-
ment, dans laquelle les députés sont clas-
sés par ordre alphabétique de Départe-
ments :
a) Chambre des Députés ; liste de MM.
les membres de la Chambre, session de
181^.
n-4".
Paris, imprimerie de Hacquart,
b) Liste des membres composant la
Chambre des Pairs suivie de la liste de
Députés •— Paris, 1815, imp. Baudouin,
in-8».
c) Liste des noms et demeures de MM.
les Pairs de France, m.embres de la
Chambre des Députés, etc. Paris, 181 5.
P. Tiger imprimeur-libraire, in-32.
Bien entendu, si ces brochures ne se
trouvaient pas dans les bibliothèques de
Rouen, je serais tout à la disposition de
M. Pérégrin pour lui communiquer les
renseignements que j'y ai trouvés.
Luc RiNEHEIMS.
Les lettres de Napoléon lïl à ma-
dame Co'nu seront-elles publiées.^
(T. G. , 140). — Dans le numéro du Cm-
rieux du 15 octobre 1883, M, Nauroy
annonçait que « la correspondance de Na-
poléon 111 avec sa filleule madame Cornu >^
devait être x< publiée par M. Ernest Renan,
1885 ». Cette publication a-t-elle été
faite.? Chez quel éditeur? Nous ne l'avons
pas trouvée à la Bibliothèque nationale.
NÉRAC.
La famille ? anson. Le droit de
havage ^T. G., 820 ; XLIX, 923 ; L, 156,
267, 698,746, 790, 852, 906). — On lit
dans : Dn Congé, Glossaire /tançais .. . pu-
blié par L. Favre, Niort 1879, 2 vol.
in-8° :
Havage, Havagian. Le droit de prendre dans
les marchés autant de grains que la main peut
en contenir. Gl.(ossaire) Havagium sous
Havadium.
Eldepal.
« *
C'est certainement havage qu'il faut lire.
On trouve le mot dans Larousse.^ Liitré
(supplément).
Trévoux : Havage ; il vient apparem-
ment du mot havir^ qui n'est plus en usage
au sens de prendre. Le bourreau de Pans
a un droit de havage dans les marchés ; et
à cause de l'infamie de son métier, on ne
le lui laisse prendre qu'avec une cuiller
de fer blanc qui sert de mesure. Le
bourreau a le même droit en d'autres
endroits de France, et le prend de la
même manière. En quelques lieux on a
dit havée.
Godefroy : Dans plusieurs contrées, par-
ticulièrement en Lorraine, on appelait
droit de havage le droit que percevait le
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
961
30 Décembre 1904,
9Ô2
bourreau sur tous ceux qui apportaient j
des denrées au marché. Après avoir pré-
levé cet impôt, le bourreau imprimait
avec de la craie une marque sur l'épaule
de ceux qui l'avaient acquitté. Cet usage,
dont il est déjà fait mention dans le rè-
glement de René II, du 12 juin 1497, ne
fut aboli qu'en 1768, après de longues ré-
clamations de la part des marchands et
des officiers municipaux. J. Lt.
Récits d'événe-Tients historiques
consignés à la dern ère page des
anciens registres d'état-ci vii (L,779,
910), — En Berry, les marges et les blancs
des registres anciens, livres de raison ou
de comptes et particulièrement cahiers de
l'état-civil, c'est-à-dire paroissiaux, sont
généralement couverts d'annotations très
curieuses ; on peut dire que c'est l'excep-
tion qui se fait remarquer.
Pour ne parier que des registres de
l'état-civil de l.i ville du Blanc (Indre)
que j'ai étudiés plus particulièrement, on
y rencontre des renseignements précieux
non seulement sur les événements poli-
tiques et militaires, locaux et nationaux,
en question, mais encore touchant la sta-
■istique, les faits divers régionaux, les
observations agricoles, météorolpgiques
et cliinatériques, le prix des grains depuis
1618 jusqu'en 1789, sans interruption, le
tout entremêlé de recettes médicales et
même culinaires, décomptes, de dépenses
de ménages, dî notes de lessives, de cita-
tions puisées dans les gazettes ou les au-
teurs anciens ou contemporains, de ser-
mons, de dissertations et aussi d'anec-
dotes grivoises, pour ne pas dire tout
à fait licencieuses.
Ces inscriptions sont l'œuvre des des-
servants successifs des paroisses ; on n'en
peut douter après cette déclaration placée
sur la couverture du cahier de l'église
Saint-Eîlenne n° 8, depuis 1767 jusqu'en
1777 : ';^ Il y a onze années de registre
dans cette liasse, à la fin dé chacun où il
y a du blanc j'ay écrit quelques anecdottes
frappantes », signé Bastide^ curé ; puis
cette citation subséquente : fine, cororari
(sic) nohile gaudet opns ! Et dans le suivant,
de 1778 à 1788 : « Il y a onze années de
registres dans cette liasse et à la fin de
chacune où il s'est trouvé du blanc, j'ay
écrit quelques anecdottes (sic) frappantes
et n-otamm.ent les remorïtrances des curés
de France aux états généraux qui com
menceront à Versailles le 29 avril 1789 »
Pour demeurer dans le goût du docu
ment puisé aux archives communales de
Barre (Lozère) — assassinat de l'abbé d^
Langlade du Chayla à Pont-de-Montvert
( 1 702) — je citerai seulement les notes sui-
vantes relevées au Blanc :
Le second jour de mars aud. an 1691, ont
esté enterré dans le cimetière deux corps qui
avoient esté tués le jour précédent au village
de Rolenier, que l'on nous a dit l'un estre
e;entilhomme et l'autre son valet du côté de
Buzançois que l'on a jugé estre bons chres-
tiens et par conséquant estre inhumés.
— Le vintuniesme jour de septembre aud*
an 1687 est décédé Claude Gaultier, maréchal
qui fut tué d'un c;up de couteau cti4 dud
mois. Enterré dans le cimetière de St-Cirangt.
Sanguis ejiis clamai posi suum carnificem.
— M" Jean Gaillaud, curé de .Mauvierre, a
esté assasignée par Pierre Héraudin, dit Tri-
liodière, neveu dudit Gaillaud qui lui donna
cinq coups d'espée dans le vantre proche le
vilage de Roche le lundy dixiezme jour de
juillet 1674.
Saiigins ejus clamât vindiitionem (sic)
Requiescat inpacc. Amen.
Annotation postérieure : La mort dud .
M. Jean Gailliaud n'a point esté vangée par
l'absence dudit Triliodière.
Ai-je besoin de faire remarquer qu'alors,
chez nos bons curés, les phrases étaient
assez amphigouriques, les mots horrible-
ment estropiés et le latin plutôt barbare.
Mais il y avait quelque chose de plus bar-
bare encore : les - exploits de MM. les
assassins qui semblent avoir eu singuliè-
rement beau jeu au déclin du xvii^ et a
l'aurore du xviiio siècle, et estropiaient
cyniquement, sans ambages, jusqu'à ce
que mort s'en suive, leurs infortunés vic-
times et en particulier MM. les curés sur
lesquels ils prenaient une bien cruelle
revanche.
Pierre.
Héroïnes iccnorées de la Révo-
lution d?. iS;JO (XLVil, 271). — Sous
ce titre, M. Eugène Gi-écourt publiait ici,
l'an dernier, une intéressante communi-
cation sur les prostituées qui avaient fait
le coup de feu en 1S30.
Les noms de la plupart des blessées
ayant été publiés, on pourrait aisément,
en s'aidant des adresses, identifier les
filles de joie.
Voici, par exemple, Thérèse-Joséphine
Acher, qui est blessée à la mamelle gau-
N" 1062
L'INTERMEDIAIRE
963
964
che et qui demeure, 16, rue du Cloître-
Saint-Honoré. En 1830, cette maison
était un lupanar. Le doute n'est donc pas
possible à l'égard de la profession.
D'autres demeurent rue de la Reynie,
rue aux Ours, rue du Cadran, rue Pavée
Saint-Sauveur : toutes rues où les pros-
tituées étaient chez elles, ou plutôt chez
leurs matrones. Candide.
Cardinal de Sainte-Potentianne
(L, 891). — Le collaborateur V. oublie
que les cardmaux de l'ordre des j^rêtres et
des diacres, portent tous le titre d'une
église de Rome, dont ils sont les curés
d'honneur, comme à l'origine ils en
étaient les curés effectifs.
Si ce détail peut intéresser les lecteurs
de Vlntcnucdiaire^ voici quelques-uns des
titres cardinalices actuellement portés :
Le pape Pie X, créé cardinal le 12 juin
1893, était titulaire de S. Bernardo aile
Terme ;
Le cardinal Gibbons, archevêque de
Baltimore, de Santa Maria m Trastevere ;
Le cardinal RarnpoUa, de Santa Ceci-
lia ;
Le cardinal Richard, de Santa Maria in
Via ;
Le cardinal Vaugham, archevêque de
Westminster des S. S. Andréa e Gregorio
al Monte ;
Le cardinal Langénieux.de S, Giovanni
à Porta Latina ;
Le cardinal Lécot, archevêque de Bor-
deaux, de S. Pudanziana ;
Le cardinal Perraud, évêque d'Autun,
de S.Pietro in Vincoli;
Le cardinal Ledochovvski de S.Lorenzo
in Lucina ;
Le cardinal Goossens, archevêque de
Malines, de S. Croce in Gerusalemme ;
Le cardinal Moran, archevêque de
Sydney, de S. Suzanna ;
Le cardinal Ferrata, de S. Prisca.
Aucun titre cardinalice n'est joint au
nom des cardinaux de l'ordre des évêques
qui sont les évêques des diocèses groupés
autour de Rome, Porto e S. Rufma, Alba,
Palestrina, Frascati, Sal ina, Albano.
Quant au nom de Sainte-Podantiane,
ouplutôt Potentienne, je ne le retrouve
pas dans la nomenclature des églises à
titre cardinalice, pas même dans celle des
paroisses de Rome ; peut-être s'agit-il de
Sainte-Pudentienne. H. C. M.
Sainte-Pudentienne et o//;« Potantianne,
est une église que l'on croit la plus an-
cienne de Rome, à laquelle est attaché un
titre cardinalice que portait naguère le
cardinal Bonaparte.
Cette église occupe l'emplacement delà
maison du sénateur Pudent, qui fut l'hôte
de saint Pierre. A. S., e.
♦ ♦
On trouvera dans tous les dic-
tionnaires que Sainte-Pudentienne (Sainte-
Potantiane aux xiv' et xv* siècles) est un
titre cardinalice de l'ordre presbytéral qui
est encore aujourd'hui porté. Bertrand de
Chanac, archevêque de Bourges et pa-
triarche de Jérusalem, le reçut, lorsque, le
12 juillet 138^, Clément III, le pape d'Avi-
gnon,lui conféra la pourpre. 11 ne le quitta
que pour prendre, sur la fin de sa vie,
celui d'évêque de Sabine.
Puisque l'occasion m'est donnée de
parler de ce prélat, voici le texte inédit
de l'épitaphe qui fut placée sur son tom-
beau, dans le chœur de l'église des Domi-
nicains d'Avignon :
Hic jacet Rêver endissimus in Christo Pater
D. Bertrandus de Chanaco^ Lotmviciiisis
diocesis, génère nobilis. I. V.D. arclùcpis-
coptis Bilurricensis, post- inodum pat riarclia
Terosolimitamis et admmistrator ecclèsie
Abrincensie, deinde in S. R.E. Carsinaled
preshitorum assoinplus et demum sahinensis
ecclèsie episcopus effectiis. Obdormivit in
Domino, die 21 mai 1404.
(Bibl. d'Avignon, ms, 1738, recueil des
épitaphes d'Avignon par de Véras, fol. 93
V°). L.-H. Labande.
«
Ce ne peut être qu'une mauvaise tra-
duction de cardinal de SanlaPiiden^iana.
Ce titre est attaché à l'Eglise qui existe
encore à Rome, via urhana^ dans les
environs de Sainte-Marie-Majeure. Elle
passe pour la plus ancienne de Rome,
ayant été bâtie, suivant une légende, sur
l'emplacement même de la maison du sé-
nateur Pudens, qui donna l'hospitalité à
saint Pierre. Elle est dédiée à sainte Pu-
dentienne, l'une des deux filles du séna-
teur.
G. G.
« Mandement >^ de Lans-le-Bourg
(L, 838). — Le mot mandement est, si je
ne me trompe, le nom d'une circonscrip-
tion administrative de la Savoie pendant
la domination sarde. C'était un terme en
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
150 Décembre 1904,
965
— 966
usage dans la région des Alpes et répon-
dant à peu près à notre canton actuel
Puisque notre collaborateur A. d'E. a
vu le mot mandement inscrit à Lans-le-
Bourg, je lui signalerai dans la même
minuscule ville, au coin de la caserne
des chasseurs alpins, cette autre inscrip-
tion remontant à la dernière annexion de
la Savoie : Route impénale n° 16, frontière
sard€ à 10 kilomètres. Le souvenir du
royaume de Sardaigne et celui du second
empire restent donc sous une forme epi-
graphique. Ardouin-Dumazet.
Ecuries d'Orléans (L, 892). — En
1 792, les écuries d'Orléans occupaient l'hô-
tel de Thun. situé rue de Provence, en face
de la cité d' Antin (ancien hôtel de Mme de
Montesson).
Sur le plan de Turgot, 1734. les
écuries d'Orléans occupent, rue Vivienne,
le n" 6 actuel, tandis que la duchesse
d'Orléans avait les siennes entre la place
Vendôme et la rue des Capucines, n"^ ac-
tuels 5, 7. 9, II. /. DE Beauchêne.
L'hôtel de La Rocheguyon, connu sous
le nom de chancellerie d'Orléans, a été
affecté aux écuries du.duc d"Orléans, frère
de Louis XIV.
Un hôtel sis à l'angle de la rue Neuve-
des-Petits- Champs et de la rue Vivien-
ne dénommé sur le plan de La Caille
(1714) Hôtel Colb^rt, figure dans le plan
de Bretez (1739), ^ous celui d'Ecuries de
M. le duc d'Orléans, puis dans celui d't
Deharme (1763) sous celui d'Ecuries d'Or-
léans, et enfin devient, dans le plan Verni-
quet (179O. Hôtel des domaines du Roy.
Bretez désigne de plus la maison for-
mant l'angle nord-est de la place Ven-
dôme sous le nom d'Ecuries d'Orléans.
11 serait bien difficile de dire quel était
celui de ces immeubles que désigne la
gravure de 1792, à moins que l'un d'eux
ne porte encore les têtes de chevaux.
Champvolant.
Tresses de Navarre (L, 0i, 691.
807). — Le P. C. François Menestrier,
dans son livre : Le Vériiahle art 'du Bla-
son et la pratique des armoiries depuis leur
institution, paru à Lyon en 167 1 . dit ceci :
Les anciens rois depuis Sance le fort, ont
porté les chaînes merrelées, que tant de Hé-
rauts ont prises pour un rais d'EscarboucIe.
Mais tant d'autheurs Espagnols qui ont écrit
sur ce sujet et tant de familles d'Espagne qui
portent des chaînes depuis la célèbre défaite
des Maures arabes doivent prévaloir au senti-
ment de ces hérauts.
M.
Armes de Vabbé de Chaulieu
(,L, 72b). — Son nom patronymique est
Anfrie et non Aufrie, comme on me La fait
dire. P-LEj.
Armoiries de Châtillon-sur-Mar-
ne (L, 782, 916). — La petite ville de Chà-
tillon-sur-Marne a donné son nom a l'il-
lustre famille de Chàtillon, et ses armes
sont celles de ses anciens seigneurs qui
blasonnent : de gueules, à trois pals de
vair : an chef d'or. La merlette est une •
brisure de branche cadette de_ cette mai-
son et je suis surpris que la' ville n'ait
pas retenu les armes pleines. Est-ce une
faute de plus à mettre au compte de Gi-
rault de Saint-Fargeau ? P. le j.
Armoiries à déterminer : de
gueules, à quatre carreaux (L, 781).
La devise ; loyal devoir est celle de
la famille Carteret de Granville dans le
Bedfordshire. Les armes doivent se lire :
de gueules, à quatre fusées d'argent, accolées
en fasce Le croissant est ici comme bri-
P LE 1
sure. ^ • ^^ J'
Armoiries à déterminer : à 3 mo-
lettes d'éperon de sable (L, 444,387,
692,839,910). -Je regrette de n'avoir
pas su m'expliquer assez clairement. Néan-
moins, si M. Henri M. veut bien me lire
avec un peu plus d'attention, il verra que
je n'ai jamais prétendu que les molettes
de Caylus dussent être de sable et non
d'or Ma seule prétention a été d'affirmer
que ma description du blason dont l'image
était sous mes yeux, est rigoureusement
exacte, aussi bien pour l'écu qui est sur
le tout que pour les 4 quartiers.
En ce qui est des armes de la maison
de Condé, qu'ai-je affirmé ? Uniquement
que les Bourbon-Malause, d'origine bâ-
tarde, n'avaient aucun droit de les pren-
dre. Je maintiens mon affirmation a cet
égard et je ne crois pas que Ton puisse
apporter aucune preuve à l'encontre.
j'ajouterai, quoi qu'en dise mon honora-
ble et très obligeant contradicteur, que
même une autorisation formelle des
Condé à ce sujet, n'aurait pu leur consti-
N* 1062
LiNTKRMEDÎAlRE
967
968 ™
tuer le moindre droit. Rappellerai-je à !
M. Henri M. que même les princes légi-
timés gardaieiit la barre ? T.
Armes de trois familles bourgui-
gnoanes (L, 726. 859). — Les rensei-
gnements sur la seigneurie d'Avelanges
font complètement défaut pendant le xv" siè-
cle.Lors delà convocation du ban etde l'ar-
rière ban de 1474, Pierre d'Achey, écuyer,
seigneur de Vevrotte, tient une partie d'A-
velanges en franc-allcu (B. 11,722). La
famille de la Sarra possédait-elle alors en
fief l'autre partie?
A partir du xvr' siècle, les documents
sont assez nombreux, tout en laissant
planer une certaine obscurité ; voici ceux
que j'ai puisés aux Archives de la Côte
d'Or :
5 mars 1500 : Reprise de fief par Jean
du Fayl, écuier, de ce qu'il tient au lieu
d'Avelanges, à cause de damoiselle Clere
de Berquam, sa femme (B. 10.590).
22 avril 1501. Reprise de fief de la
seigneurie d'Avelanges, par Simon Da-
chey (B. 10,590).
7 juillet 1509. Reprise de fief de la sei-
gneurie d'Avelange, mouvante du châtel
de Saulx-Ie-Duc, par Jeannot de la Sarra.
écuier, coseigneur de Marcelois (B.
10.594).
10 février 1525. Reprise de fief de la
seigneurie d'Avelange, par Jean de la
Baulme, chevalier, seigneur de Bussy et
de Fermes, comme acquéreur puis na-
guères de Jean du Fay, écuier (B. 10.604).
7 janvier 1532. Reprise de fief de la
seigneurie d'Àvelanges-les-Saulx le Duc,
par |ean du Fay, écuier, seigneur du Potey ,
capitaine de Labergement (en Bresse)
pour M. lean de la Baume, comte de
Montrevel, baron de Labergement, comme
acquéreur dudit comte de Montrevel. Est
jointe sa procuration à François du Fay,
écuier, son fils (B, 10. 609).
9 février 1552. Reprise de fief de por-
tion de la seigneurie d'Avelange, par
messire François du Fay, chevalier, sei-
gneur de Longepierre, comme acquéreur
puis naguères, par droit de retrait ligna-
ger, de )ean de Gand, seigneur de Vernot,
qui Lavait auparavant acquise de Edme
du Fay (B. 10, 637).
Deux ans plus tard, en 1554, la sei-
gneurie sort définitivement de la maison
du Fay pour passer dans celle d'Amon-
court ; quant à l'autre portion qui éta'*
de franc alleu, elle passa aux mains de^
Blurard.
Il résulterait donc de ces documents
qu'au commencement du xvî* siècle, la
seigneurie d'Avelanges était partagée
entre les d'Achey et les du Fay. Jeannot
de la Sarra acheta sa portion de ces der-
niers ; après en avoir joui pendant qua-
torze années il la vendit au comte de
Montrevel qui la rétrocéda, au bout de
quelques années, à Jean du Fay (proba-
blement le fils du Jean du Fay de 1 500).
Ces deux familles de la Baume et de la
Sarra étaient savoyardes, établies en
Bresse ; celle-ci dut s'éteindre de bonne
heure et le nom et les armes ont été relevés
parles Gingins du pays deVaud; elle por-
tait : Pale d'argent et d'azur, au chef de
gueules^ chargé de trois étoiles d'or.
Aucun Villeneuve n'a possédé la sei-
gneurie d'Avelanges ; il y a bien eu en
Bourgogne plusieurs familles de ce nom,
mais les Villeneuve de la Sarraz me sont
totalement inconnus.
Je fais des recherches pour répondre
aux autres questions de M. Robit.
Palliot lr Jeune.
La âeur de lis dans les arines de
■peretti dalla Rocca(L, 168, 368, 366,
689, 805) — D'après un arbre généalo-
gique de la famille de Peretti délia Rocca,
il ressort que Napoléon Peretti de Levie
était fils de Angelo Santo, petit-fils de
Peretto délia Rocca et arrière petit-fils de
Giudice délia Rocca, comte de Corse en
1460. M. Colonna de Cesari- Rocca pour-
rait se rendre compte de l'exactitude de ce
que nous avançons en prenant connais-
sance de l'arbre généalogique cité plus
haut. Nous ajouterons que d'après cette
pièce que nous avons consultée ily a plu-
sieurs années, lors d'un voyage que nous
fimes en Corse, l'auteur de la famille de
P. della R. est Ugo Colonna (816).
Nous voulons bien admettre, ainsi que
M. C. de C. R.le fait remarquer dans son
article de Y Intermédiaire du 30 novembre
dernier, que le passage de Ugo Colonna
en Corse, en Lan 816, est du domaine de
la légende. Mais en ce cas, nous sommes
étonné de lire dans V Armoriai Corse que
M. Colon !ia de Cesari-Rocca a publié, en
1892, que la famille Colonna de Cesari-
Rocca a reçu des lettres-patentes confir-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
969
mant sa filiation depuis Ugo Colonna,
(page 72). Nous avons fait la même re-
marque en lisant l'ouvrage que M. C. de
C. R. a publié, en 1893, sur la maison
Colonna d'Ornano et dans lequel il tire
l'origine de cette maison de Ugo Colon-
na, (page II). M. C. de R. est donc en
contradiction avec lui-même.
Nous avons également consulté l'origi-
nal des Lettres-patentes données par le
roi Henry 11, au capitaine Napoléon Pe-
retti de Levie, en I758. Dans ces lettres,
le roi de France octroie à Napoléon Peretti
le droit d'ajouter à ses armoiries la fleur
de lis d'or sur champ d'azur. Voici le
passage se rapportant à cette concession:
« Nous lui avons permis, permettons et
octroyons qiien Vécu et blason de ses ar-
moiries telles qu'elles sont ici peintes et
écrites, y puisse ajouter deux lions rampants
avec une fleur de lys d'or entre les pattes
des dits lions, etc » Ces lettres données
à Saint-Germain-en-Laye, au mois de
novembre 1558, sont signées de Mgr. le
duc dj Guise.
Les armoiries peintes sur ces lettres,
que nous avons vues, sont. nous le répé-
tons : Parti au i de gueules, à la colonne
d'argent, la base et le chapiteau d'or sommée
d'une couronne du même à l'antique; au 2
de gueules^ au château d'argent, surmonté
d'une balance d'or^ tenue par une main du
même mouvante du chef; — an chef la con-
cession royale citée plus haut.
Ces lettres, dont l'authenticité ne peut
être mise en doute, prouvent d'une façon
incontestable que lacolonne fut introduite
comme meuble héraldique chez les des-
cendants de Cinarca, bien avant la publi-
cation du livre de Filippini qui parut en
î 596. Serait-ce une preuve que les Pe-
retti délia Rocca auraient été les premiers
reconnus comme descendants des Co-
lonna de Cinarca?
Nous renvoyons M. de C. R. au volume
de Borel d'Hauterive de l'année 1895, à
l'article concernant les Colonna de Ci-
narca. Dans cet article, à la page 391,
parmi les fils de Giudice délia Rocca, on
cite Peretto. Or, ce Peretto esi l'auteur
de la branche des Peretti délia Rocca. Par
conséquent, les descendants de ce Pe-
retto ont droit, tout comme les descen-
dants de ses frères Renuccio, Colombano
et Polo, de faire ressortir les titres portés
par leurs ancêtres, les délia Rocca. (Ti-
30 Décembre 1904
970
Cinarca et de comtes-
tres de princes d
souverains de Corse).
Nous ne pouvons donner d'autres ren-
seignements sur cette famille que nous ne
connaissons que parce que le hasard nous
a fait tomber sur certains documents au-
thentiques lors de notre voyage en Corse.
Pourquoi Al. C. de C. R., s'il tient à voir
lui-même les documents, ne s'adresserait-
il pas à la famille de Peretti délia Rocca,
qui, certainement, lui communiquerait les
pièces qu'elle possède ?
M. DE Lapouzat.
Pourquoi la couronne de comte
a-t-sUe été si souvent usurpée dans
les armoiries ■ (L, 725, 858). —H y
auraità faire sur ce sujet une longue disser-
tation qui ne rentre pas dans le cadre de
cette revue. Je ne partage pas l'opinion de
M. le vicomte de Bonald, les couronnes
de baron et de vicomte sont assez rares,
en effet, mais simplement parce que ces
titres paraissaient trop minimes pour les
gros appétits des bourgeois et des nou-
veaux anoblis. On timbrait son écu d'une
couronne de comte, même sans être no-
ble, parce qu'on avait acheté une terre,
démembrement d'un comté, ou parce
qu'on possédait un arrière-fief relevant
d'un comté : à leur tour les comtes pre-
naient la couronne de marquis et ceux-ci
celle de duc ; c'était dans l'ordre logique
des choses. L'Intermédiaire citait derniè-
rement (L, 414) le cas de la famille Rous-
sel de Tilly, anoblie en 1700, et qui,
moins de trente ans après, timbrait ses
armes d'une couronne ducale ; on
chercherait vainement le duché qui au-
rait pu donner le droit à cette couronne.
Le bon plaisir était la seule règle exis-
tante, puisque le pouvoir royal était im-
puissant à refréner ces usurpations. Les
jugements des Intendants chargés des re-
cherches de la noblesse, avaient été durs
pour tous ces geais parés des plumes du
paon ; mais déjà dans le premier quart
du xvm« siècle il n'en était plus question.
La noblesse ; chevaleresque, était alors
clair-semée et celle qui lui avait succédé
depuis le xvi* siècle, non^moins frivole et
insouciante que son ainée, était poussée à
son tour par une ; bourgeoisie, ambitieuse
et tenace, qui s'était enrichie dans le
négoce et qui achetait, à beaux deniers
comptants, les charges de iudicature pour
N' 1062.
L'INTERMEDIAIRE
971
972
arriver à la noblesse.Elle avait dûpréparer
les voies par les marques extérieures et
1 orsqu'elle était arrivée à son but, il ne
lui restait plus qu'à se faire fabriquer une
généalogie pour oublier ses trop récentes
origines roturières. Les lecteurs de Vln-
iertnédiû ire n'ont pas encore oublié l'ardente
polémique soulevée par les armes des
Viry et leur généalogie forgée par Waro-
quier de Combles. C'était la mode à cette
époque de travailler les titres et nos grands
auteurs de Bourgogne, les D. Plancher,
les D. Villevieille eux-mêmes ne furent pas
exempts de cette faiblesse.
Cependant, il est juste de remarquer
que la plus grande partie des anoblis
s'empressait de quitter la robe pour em-
brasser le métier des armes, et cette
noblesse de fraîche date ne le céda en
rien à l'ancienne pour la valeur et la
bravoure sur les champs de bataille.
Tous étaient également Français, de cœur
comme de race. Palliot le Jeune.
Régulièrement les couronnes devraient
correspondre aux titres de ceux qui s'en
parent.
Certes, les couronnes de comte et de
marquis ont été usurpées, mais celle de
duc aussi, etjepourtais citer bon nombrede
familles, principalement de noblesse de
robe, qui ont pris sans droit des couron-
nes ducales. Si la couronne de ccmte a
été le plus usurpée, c'est parce qu'elle re-
présente une dignité moyenne, et que
beaucoup n'ont pas osé viser plus haut. Le
mal sévissait déjà au temps de La Bruyère,
jj 'Vicomte de Mazières-Mauléon.
« Emblèa es d'amour divin, etc. ^>
(L, 782). — Le titre cité par M. G. Ser-
vandy est celui du frontispice gravé, le
voici textuellement : Les emblèmes d'a-
mour divin et humain. Explique:^ pas des
vers français^ par un Père Capucin. A
Paris, cke{ Pierre Mariette, rue Saint-
Jacqries, à V Espérance ; mais le vrai titre
du livre est : « Emblesmes sacrés, avec
leurs explications nouvelles, où sont
exprimez les différens états de la vie spi-
rituelle,et les résolut'ons que l'ame fidèle
y doit prendre. A Auxerre, de l'Imprime-
rie de François Garnier, Imprimeur du
Roy, de Monseigneur l'Evèque, et de la
Ville. M.DC.LXXXVll >v ; in-12.
L'ouvrage se compose de 1 19 planches
dont un grand nombre est signé /. Mes-
sager excud. ; au-dessous de chaque figure
d'emblème sont lesdeux vers du Père Ca-
pucin.Sur l'exemplaire que j'ai sous les
yeux, on lit au dos de la première gra-
vure, en écriture du xix* siècle :
Le Père Capucin ne s'était pas contenté
d'apposer deux vers à ses emblèmes, mais
il a donné une édition que n'avait peut-
être pas connue le chanoine Brunet et où
on trouve en regard de la figure trois stan-
ces qui formaient une page. Elles se font
remarquer par leur naïveté.
Les ouvrages du même genre paraissent
assez nombreux dans le xvu® siècle ; à
ma connaissance je puis citer les deux sui-
vants :
\'^ Amoris Divini emblemaîa studio et
crr^.Othonis Vœni concinnata. Antverpiae
ex officina Plantiniana Baltasaris Moreti, .
M DC LX, petit in-4° carré.
Il se compose de 60 figures d'emblèmes
gravées par Otho Vœnius ; le texte est en
quatre langues : latin, espagnol, tlamand
et français.
2" Pia Desideria . tribus libris, com-
prehensa : i. Gemitus anims poenitentis ;
2, Vota animée sanctcc ; 3. Suspiria ani-
mœ amantis. Auctore R. P. Hermano
Hygone, soc Jésu. Antiverpiie. Apud Su-
cam de Potter, in candido Pilio, M. DC,
LXXVl ; in- 16.
11 comprend 45 planches gravées, non
signées.
Tous ces livres sont devenus rares,
même très rares d'après une note du ca-
talogue de la vente de Gabriel Peignot.
Enfin, dans ma collection de petites
estampes, je possède une suite de 59 gra-
vures (incomplète de quatre numéros)
sur le Divin Amour ; les planches sont de
format in-12, bien gravées, mais non si-
gnées. J'ignore à quel livre, ellesanparte-
naient et serais reconnaissant à qui pour-
rait me l'indiquer, La gravure est certai-
nement contemporaine des ouvrages
précités.
Toujours de la mêr.ie époque, mais
dans un tout autre g^-nre, un journal
hebdomadaire — disons galant, pour être
poli — donne depuis l'année dernière des
reproductions de planches intitulées : Le
centre deV amour découvert sous divers em-
blèmes (1648).
Mysticisme et pornographie se tradui-
saient par des emblèmes sous le règne
du grand roi. D. des E.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1904.
973
974
*
* *
J'ai eu souvent entre les mains ce cu-
rieux petit livre dont voici le titre
exact : Les emblèmes d'amont divin et
humain ensemble. Explique^ par des vers
français . Par un Père Capucin. A Paris,
chez }ean Messager, rue Saint-Jacques, à
TEspérance » in-12, sans date. Il en existe
une autre édition avec un titre identique,
mais avec la mention : chez Mariette.
Ce petit livre renferme 119 gravures;
au-dessous de chacune est une sentence
de l'Ecriture et sa traduction plus ou
moins libre en deux vers français.
Quel est ce Père Capucin ? On peut
supposer, avec quelque vraisemblance,
que ce fut le Père Paul de Lagny. mort,
le 8 août 1694.au couvent de la rue Saint-
Jacques, devenu l'Hôpital du Midi, aujour-
d'hui désigné sous un autre nom. Cette
conjecture est appuyée par la publication
due à ce P. Paul d'un livre intitulé : Cano-
nes Amoris sacri . Collectore P . Paulo Lati-
niaco Capucino, Paris, 1659, in- 12, pag.
495. 11 faudrait cependant vérifier par des
comparaisons ce que cette supposition
peut avoir de bien fondé.
11 faut toutefois noter que les Emblèmes,
explique::^ par un Père Capucin.^ ne furent
pas la seule publication de ce genre. On
trouve les mêmes sujets de gravures dans
un livre in-4'', édité à Anvers par VO/Jl-
cina Plantiniana, en 1660, et dont voici
le titre : Amoris divini emblemata studio et
aer Othonis Vaenius. Van Veen fut le pre-
mier maître de Rubens. Ce livre avait été
précédé par un autre édité pareillement à
Anvers en 16515 : Theatrum aurions divini
et hiimani, tanquam sccnis expressif latinis.^
S^allicis., hispanicis et flandricis versihus
illiistrati., in- 12. Les gravures sont aussi
du même genre que celles de l'édition de
Paris. On trouve encore à Anvers, en
1670 : Amoris divini et humant antipathia.^
sive efjectus varii e variis sacrac scripturae
locis de prompti, Embleniatis suis expressi...
Editio III aucta et recognita. Ce doit être
une troisième édition du Thcatrum.,car on
y lit pareillement des vers en diverses
langues.
Voilà tout ce que mes fiches bibliogra-
phiques sur le livret du P. Capucin me
permettent de dire. Je crois que notre
collaborateur aurait plus de chance en
poursuivant ses recherches au cabinet des
estampes, où cet ouvrage sans texte se
trouve plus probablement qu'au départe-
ment des imprimés. Arch. Cap.
Lettres gravées sur des sous (L,
840,916). — J'ai, dans une petite collection
de jetons, deux de ces sous, l'un à l'effigie
de Louis XVI, sur la face duquel on a ins-
crit au moyen de poinçons, le nombre
3693 et gravé grossièrement au burin le
nom Jean Nemri ; l'autre au millésime
de i8i5,dont la face a été usée et rempla-
cée par une ancre dans un cercle ovale ou
une lettre O.
Celui-ci est percé d'un trou en haut,
comme pour v passer un cordon. J'ai
classé ces deux pièces avec des jetons de
cuivre sur lesquels se trouvent des noms
et des chiffres poinçonnés ou gravés plus
ou moins maladroitement et qui ont servi
de tout temps, dans les halles et marchés
comme monnaies représentatives ou
comme marque sur des lots de marchan-
dises achetées. J-'C. Wigg.
Bratiano (L, 784). — Demetre Bra-
tiano a été condamné comme étant l'un
des complices du complot de l'Opéra-Co-
mique ayant pour but d'attenter auxjours
de Napoléon 111.
Comme beaucoup de ceux qui ont essayé
d'assassiner Napoléon 111, Bratiano était
au mieux avec madame Cornu.
Un rat de bibliothèqlUE,
*
Ne confond-on pas Démètre Bratiano'
avec son frère cadet Jon (Jean) Bratiano*
lui aussi banni de Roumanie en 1848 e
qui vint se réfugier à Paris ?
Ce Jean Bratiano fut impliqué dans le
complot dit « de l'Opéra Comique »
dirigé contre l'empereur Napoléon 111 ;
et passa en cour d'assises avec des co-
accusés, fut défendu par Jules Favre et
condamné à deux ans de prison.
Son état de sa^^é laissant à désirer, il
obtint la faveur d'accomplir la plus grande
partie de sa peine dans la maison de santé
du docteur Blanche.
Plus tard, Jean Bratiano, devenu Pré-
sident du Conseil roumain, sollicita, lors
d'un passage à Paris, une audience parti-
culière de l'empereur Napoléon lll, mais
elle ne lui fut point accordée.
Tabac.
N* 1062
L'INTERMÉDIAIRE
" 975
976
p. 206,
Capilupi (L, 620) . — Qiie de cu-
rieux ont cherché en vain l'introuvable
original italien ou plutôt latin du (( Stra-
tagcma di Carlo-nono » paru, dit-on, à
Rome, en 1572, in-4''
L'abbé Langlet du Fresnoy, dans sa
Méthode pour l'histoire, Paris 1772,
donne le texte de ce livre introuvable :
Lo Stratagema di Carlo IX, contra II ugo-
notti, rebelli di Dio, da Camillo Capilupi.
in Roma, 1572, in-4°.
Freytag Analecta litteraria,
donne ce titre : Camilli Capilupi
Stratagema, Romœ, 1572.
Brunet dit simplement que l'original
italien avait déjà paru à Rome en 1572.
Graesse en dit autant et ajoute que cette
apologie des massacres de la Saint-Bar-
thélémy a été reproduite dans le vol. i*''
de la Bib. Elrang. de St-Aignan et dans
les Archives cur. de V Histoire de France,
vol. VII (F" série).
Il ne nous reste plus qu'à chercher mé-
thodiquement les écrivains qui ont parlé
du texte latin de 11572.
D'après Bayle. le premier serait l'his-
torien de Thou (lib. LU, 1089!.
Le catalogue de Thou (1704, p. 35S)
n'indique que l'édition connue de 1574,
c'est une présomption qu'il n'a jamais vu
celle de 1^72.
Après Bayle, nous trouvons Gerdes et
Freytag.
David Clément dit dans sa bibliothèque
curieuse non terminée, Leipsic 1756 :
Le titre insinue que cette édition (1572) es'
latine ; personne n'en indique le format. Pou'
moi, j'espère que l'on me permettra de révo-
quer en cloute celte édition latine, jusqu'à ce
qu'un témoin oculaire me dise qu'il l'a con-
templée et qu'elle est réelle.
Et dire que dans les desiderata de la
Bibliographie de la France, on demande
toujours l'édition de 1572 !
A. DiEUAlDE.
Un comte de Fiers (L, 838). —
Louis de Pellevé, comte de Fiers, baron
de Larchant, etc. mort le 23 avril 1722,
épousa, au mois de mars 1696, Madeleine
de Gaureaul du Mont, dont trois enfants :
(1) Hyacinthe-Louis de Pellevé, comte
de Fiers, baron de Larchant ou Larchamp,
lieutenant d.s gendarmes de la garde du
Roi, gouverneur de Meudon, décédé en
avril 17365 sans postérité de Marie-Angé-
lique de La Chaize d'Aix, qu'il avait
épousée le 3 juillet 1724
2) Antoinette-Jourdainede Pellevé, héri-
tière de son frère, comtesse de Fiers, ba-
ronne de Larchamp, châtelaine de la
Lande-Patry, dame de Frenaye, Chanu,
Bellefontaine. Hémérer, Riou etc. f le 6
février 1738, àParis ; alliée, le 11 juin 1^17
à René-Philippe Ango, seigneur de la
Motte-Ango, conseiller au parlement de
Normandie. C'est de ce mariage que des-
cend la famille de la Motte-Ango, mar-
quis et comtes de Fiers, encore exis-
tante.
3) N, morte à l'âge de 10 ans.
(La Chesnaye des Bois Dict. delà Nohl.
XV, 600. Mercure de France 1736, p.
1032 ; 1758, p. 369).
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Domiciles de M. de Guitaut et de
Mme de Sévigné (L, 839). — La
lettre où Mme de Sévigné raconte l'in-
cendie de la maison de M. de Guitaut est
du 20 février et non du 28 février 1671 .
D'après une note de M. Monmerqué,
Mme de Sévigné demeurait alors rue de
Thorigny. Le savant éditeur renvoie à
■Walckenaer, tome IV, p. 68 et 334.
Patchouna.
Fnmille Hémart de la Cbarmoye
(L, 669, 813, 865). — Pierre-Charles
Hémart de la Charmoy, le député, avait,
ainsi que M. Gustave Laurent nous l'a
dit, un frère cadet, Claude-Nicolas-Louis
Hémart, né à Ay le 8 janvier 1757, che-
valier de l'empire le 28 janvier 1809,
qui, après avoir été procureur au Parle-
ment de Paris, devint Président du Tri-
bunal criminel de la Seine. 11 épousa, le
9 novembre 1788, Amélie-Françoise Do-
bersecq qui mourut en i8ob, et se re-
maria en 1808, avec Caroline Lejeune, sa
parente. Du i*"" lit est venue une seule
fille, Emilie Hémart, née à Paris le 29
avril 1798, mariée en 1819 à Félix de
Lacoste ; du second lit sont nées deux
filles : l'une a épousé M. Fery Desclands,
dont Alphonse, duc romain, marié à
Mlle de Casablanca, et Caroline, mariée
à M. de Castelnau d'Essenault ; l'autre
avait épousé M. Pajot et n'a pas eu de
postérité.
Félix de Lacoste, le gendre du prési-
dent Hémart, naquit à Paris en 1795 et fut
DES CHERCHEURS ET CURIEU)
30 Décembre 1004
977
" 978
admis, le 16 juin 1814, ajarde du corps,
dans la Cie de Raguse, mais pendant
les Cent-fours il prit le parti de Napoléon
et devint aide de camp du lieutenant-gé-
néral Girard, en mai 1S15. Rendu à la
vie tivile après Waterloo, il s'essaya au
commerce à Saint-Domingue, revint en
France, se maria et s' étant lié d'une étroite
amitié avec le roi Joseph Bonaparte, il
s'attacha à lui, devint son hôte et son
commensal à Point-Breeze en Amérique,
et ne le quitta presque plus. C'est lui qui
apporta à la f!hambre, en 1830 , la pro-
testation du roi Joseph en faveur du duc
de Reichstadt contre la souveraineté de
Louis-Philippe. 11 créa ou contribua à
créer en Amérique un journal, le Courrier
des Etais Unis, dont il fut le directeur.
Entre temps, venant parfois faire de
courts séjours à Paris, il emmenait sa
femme et son fils ou les laissait chez une
de ses tantes, Madame Davillers, dont le
salon était fréquenté par Lamennais, Mé-
rimée, Béranger : c'est là que Madame
de Lacoste se lia avec ce dernier et en-
core avec Anthony Descham.ps, Benja-
min Antier, Adolphe Bérat et P.-L. Cou-
rier. Lors de la présidence de Louis-Na-
poléon et le 18 septembre 1849, il fut
nommé consul général de France à New-
York, poste qu'il occupa jusqu'à l'époque
de sa mort arrivée le 14 novembre 1853.
11 eut pour successeur le marquis de
Montholon.
Du mariage de M. de Lacoste et de Mlle
Hémart sont nés trois nîs dont un seul a
survécu et laissé une descendance : Félix
de Lacoste, né en 182^, à Point-Breeze
(New-York), aujourd'hui trésorier-payeur
général en retraite et veuf d'Isabelle de
Gérando, fille du baron de Gérando, pre-
mier Président de la Cour d'appel de
Nancy et petite-fille de Joseph-Marie, ba-
ron de Gérando, conseiller d"Etat, mem-
bre de l'Institut et pair de France.
Lyot.
Famille Le Lieur ou Le Livra
(XLIX, s, 193. 472. 592). — Edme Le
Lieur était, en 1697. seigneur d& Vauxel-
les (commune d'Auboncourt) Ardennes.
11 y eut une fille, Claude-Remiette-Char-
lotte, baptisée le 12 septembre. )'off"re, au
collègue qui s'occupe de cette famille,
copie textuelle de cet acte s'il peut l'inté-
resser, Jehan.
* *
Le 5 novembre 1903, par une lettre
que j'ai reçue de la direction de Vlnier-
mrdiaire, on demandait des renseignen:ents
sur la famille Le Lieur.
En voici un qui pourra l'intéresser.
A la Bibliothèque nationale, il y a une
collection de manuscrits d'André du
Chesne, qui constituent \& fonds Duchesne
et qui porte le no 9612 de l'ancien fonds
français.
Dans le volume 45 ou AY (entre les
pages 252 et 348) de cette collection,
'l'on trouve une notice sur la famille Le
Lieur. E. P.
Le Noir, lieutenant de police
(XLVII ; XLVIII ; L. 247, 362, 683, 818,
866). — Je puis indiquer une famille Le
Noir habitant les environs de Béthune
(Pas-de-Calais) avec laquelle je me suis
parfois rencontré, il y a une vingtaine
d'années. Ils se disaient descendants du
lieutenant de police.
Ils étaient très connus dans le pays ?
B. B.
M. Louis Caler.dini peut-il me dire les
armes de la famille Le Noir, dont il parle,
qui résidait au Maine au xvin* siècle .?
Celles du lieutenant de police étaient :
d'a^t'.r, au chevron d^or, accompagne en chef
de têtes de maures de sable^ celle de sénes-
tre contournée.^ et en pointe d'une grappe de
raisin tigée et feiiillée de sinople.
Jehan.
A la famille du lieutenant de police
appartenait, d'après une tradition de
famille. Isaac Le Noir, écuyer, conseil-
ler, secrétaire du roi, maison et couronne
de France. Celui-ci avait épousé Margue-
rite-Gabrielle Lorne, dont au moins une
fille :
Gabrielle-Suzanne, (aliàs Antoinette-
Gabrielle) Le Noir, morte en 1741, mariée
à Gilbert Farjonel, écuyer, seigneur d'Au-
terive, procureur du Roi en la sénéchaus-
sée du Bourbonnais, fils de Claude Farjo-
nel, seigneur d'Auterive, Aubigny, etc.,'
receveur des épices au bureau des finan-
ces de Moulins, et de Louise Villardin.
Cette famille Le Noir, seigneurs de Cin-
dré, du Bouys, du Cluseau, de Nades, de
Chavigny, de la Lisolle, d'Espinasse et
de Mirebeau. en Bourbonnais, portait
N" 1062
L'INTERMEDIAIRE
979
980
pour armes, d'après l'Armoriai de cette
province du comte de Soultrait, (2» éd.
II, p. 62) : d'or, an chevron d'a^iir, sur-
monté d'un trèfle de sinople, et accompagné
en chef de deux trèfles de métne, et en pointe
d'une tête de nègre de sable, tortillée d'ar-
gent.
Ces armoiries diffèrent beaucoup de
celles données par le vicomte Révérend
dans l'article qu'il a consacré à cette fa-
mille dans V Annuaire de la Noblesse de
1904, pages 273 et 274. Brondineuf,
Le lieu de naissance de Marin
Le Roy deGomberville (L, 898). —
Voici un renseignement qui pourra peut-
être mettre notre collaborateur R B. sur la
voie d'une bonne piste : j'ai trouvé dans
les papiers de la Bastille plusieurs lettres,
à la date de 1738, émanant d'un certain
Leroy de Gomberville, vraisemblablement
un descendant de l'Académicien, lettres
qui venaient d'Etampes. Alpha.
Famille Matiffas (L, 839). — La
filiation de cette famille a été donnée par
Belleval [Nobiliaire de Ponthieiî) ; mais
elle s'arrête au commencement du xviii'
siècle. G. P. LeLieur d'Avost.
Denis-Nicolas da Puget (XLVIII ;
XLIX ; L, 521, 639). — Je trouve seu-
lement aujourd'hui, en rentrant à Paris,
après une longue absence, la question que
me fait l'honneur de me poser notre con-
frère, M. Le Lieur d'Avost. Ainsi que je
l'ai dit précédemment (col. 524), je n'ai pas
suivi la trace des Putret de Montauron-
Pommeuse, au-delà de Denis-Nicolas et de
ses frères ; je ne puis donc répondre au
désir exprimé par notre collaborateur.
Quant à la prétention des anciens Puget
de Toulouse et de Paris de se rattacher à
ceux de Provence, je ne puis que ren-
voyer aux documents du Cabinet des
Titres, justifiant l'opinion négative du
savant auteur du Nobiliaire de Provence.^
l'abbé Robert de Briançon. Le fait que le
P. Anselme a consacré cette prétention
en 1664 ne peut être d'aucun poids dans
la balance. Notre érudit confrère sait, en
effet, mieux que moi, que le P. Anselme
— pas plus que les d'Hozier et les autres
généalogistes — ne doit pas être cru sur
parole, et qu'on ne peut accueillir ses
affirmations que lorsqu'elles sont appuyées
sur des documents probatifs, ce qui n'est
pas le cas ici.
Vicomte de Caix de St-Aymour.
Camille Selden, livre sur Henri
Heine (L, 498, 585, 818, 922). — Une
faute d'impression, que je prends à mon
compte puisque j'ai eu à corriger l'épreuve
de ma communication, m'a fait écrire
Rigaud au lieu de Rigault, le nom du
chroniqueur très spirituel, un peu précieux,
mort il y a près d'un demi-siècle, laissant
une œuvre distinguée, sa thèse de doc-
torat, La querelle des anciens et des mo-
dernes.Qt deux ou trois volumes d'articles
réunis.
Et puisque je suis appelé à me rectifier
moi-même, je reviens sur ce sujet de la
confusion possible entre les différents
prénoms qui commencent par une H,
pour en donner un exemple assez piquant.
M. Salomon Reinach vient de faire pa-
raître un élégant petit volume, grand
comme un paroissien, illustré de nom-
breuses vignettes, dérivant de photogra-
phies, intitulé Apollo, qui est le résumé en
25 leçons professées à l'école du Louvre
de l'histoire entière de la peinture et de
la sculpture depuis les graffiti préhisto-
riques des courmes, jusque aux impres-
sionnistes contemporains. C'est un vrai
tour de force, et supérieurement exécuté ;
je ne croyais pas, en vérité, qu'il fût pos-
sible de dire tant de choses et si bien, en
si peu de pages. Mais il s'y est glissé une
erreur de détail que je crois devoir signa-
ler à l'appui de ma thèse ; par deux fois,
M. Salomon Reinach écrit Hippolyte Ri-
gaud pour désigner le grand portraitiste
des xvir et xvin^ siècles. Or, c'est une
erreur manifeste, il se nommait Hyacinthe,
et j'ajoute que la véritable orthographe
de son nom de famille est Rigau et non
Rigaud ; la première forme est, en effet,
celle qui est en usage dans le Roussillon
pour les désinences en au, mais l'artiste
ayant vécu à Paris pendant les trois quarts
d'une vie fort longue, puisqu'il est mort
à Paris à 84 ans, en 1743.
H. C. M.
Comte Vasno (XLIX, 891). — Le
testament de la reine Christine du 1'""
mars 1689, dit textuellement :
Al comte di Vaseno, oltre la provisione,
c' h'à da santa Brlgida, lasciamo seudi 500 a.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
3oDécembre 1904.
981
982
Nous laissons au comte Vasanz outre la
provision qu'il a de sainte Brigitte, cinq cents
écus par an.
Les mémoires d'Artagnan, p. 488-489
disent :
Ce comte de Wasanau étoit fils naturel
d'Uladislas VII, roi de Pologne et arrière cou-
sin de la Reine Christine,
Lockner Vid. Samlung merckw mé-
daillen 1739, P 201, raconte que le car-
dinal Albani a recueilli l'héritage de Va-
seno en 1698, ce qui ferait supposer qu'il
est mort cette année-là.
Dans le Leben der Kônigin Christine
Vid. Bûcher, cabinet 17 iS, in-8,on trouve,
page 449, une lettre que Christine écri-
vait à Vaseno pour lui persuader d'em-
brasser l'état ecclésiastique.
D'après les Mémoires concernant Chris-
tine, Leipzig, 1751,1e pape Alexandre Vlll
fit de Vasano un de ses chevaliers d'hon-
neur après la mort de Christine, et le
pape Innocent Xll le confirma dans cette
charge, où il subsista de ses appointements
et de la pension de Christine.
Ce ne serait qu'après la mort du roi Ca-
simir, dans l'abbaye de Saint-Germain-
des-Prés, que Vasenau se serait retiré à
Rome auprès de Christine, qui l'aurait re-
connu pour son parent et l'aurait mis au
nombre des seigneurs de sa cour.
Il paraîtrait que cette faveur aurait
attiré l'ombrage du cardinal Azzolini et
du marquis del Monte, qui craignaient
que Vasenau ne leur ravit toute la faveur
de la reine, c'est probablement pour ce
motif qu'il fut envoyé en Suède pour ses
affaires.
Dans le Negoz, di Pol. 242 et suivan-
tes, on trouve de nombreuses lettres de
Christine à Vasenau, écrites sous l'in-
fluence de ses conseils.
Par curiosité, j'en détache quelques
fragments :
24 août 1674.
Vos lettres me sont insupportables, remplies
d'une nonchalance, et d'une insensibilité, qui
me désespère.
Si vous croyez avoir à faire au Roi Casimir,
vous vous trompez fort, je ne suis pas frappée
à ce coin, et suis d'une trempe très différente.
Je vous ai dit qu'il faut changer de manière
d'écrire et d'agir ; et qu'il faut que vous vous
échauffiez plus sur les matières, si vous avez
dessein de me plaire, et que vous agirez avec
plus de chaleur à l'avenir.
i'^'' septembre 1674.
Je commence à m'accoutumer à votre style
et à connaître que vous n'êtes bon à rien.
J'ai honte de m'être trompée dans la bonne
opinion que j'avois de vous. Je vous avoue que
si j'eusse cru recevoir de vous des lettres aussi
fades, je n'aurais eu garde de vous employer,
comme j'ai fait dans la plus importante affaire
de ma vie.
8 septembre 1674.
Est-ce que vous vous prévalez de ce que je
vous ai reconnu mon Parent du côté gauche ?
Misérable, vous vous trompez fort. Sachez que
les Rois n'ont point de sang, et que je suis
assez libéral du mien, pour me le tirer sans la
moindre peine, quand je suis persuadé qu'il
est mauvais.. .
Surtout, sachez que si vous faites le voyage
de Gotland pour faire votre cour, vous n'avez
plus qu'à vous noyer dans ce voyage; car ce
seroit pour vous une grande fortune que de
n'en retourner jamais...
Vous n'êtes pas fils du roi \Vladislas,il faut
de nécessité que vous le soyez du roi Casimir;
vous êtes pour le moins aussi bête que lui.
Le duc Job connaissait-il :
I. Charles, baron Gyldenbielm, fils na-
turel de Charles IX, roi de Suède, l'un des
tuteurs de Christine ;
II. Gustave Gustaffon, dit comte de
V^^asaborg, fils naturel de Gustave Adol-
phe, roi de Suède (père de Christine), et
de Mademoiselle Cabeliau ;
III. Et Gustave Carlson, fils naturel de
Charles-Gustave, roi de Suède, et de la
belle Brigitte Allerts de Nuremberg ?
A. DiEUAIDE.
Famille de "Villefort (L, 617, 786,
871). — Le nom patronymique est îsarn.et
ils existaient sous ce nom à Villefort
(Lozère), au xv^ siècle ; on trouverait
des actes les concernant dans les Archives
notariales de ce lieu.
Une inscription au château du Cassanet
près Villefort, porte qu"il fut construit en
1578, par Isarn de Villefort, ce de Ville-
fort était protestant et joua un rôle im-
portant dans les luttes religieuses de cette
époque. Ce château, assez bien conservé
comme murs, est possédé et habité par
un petit propriétaire de la localité.
F. P. Mac Rebo.
Journal des inspecteurs de M.
de Sartiues (T. G. 822 ; XLIX ; L,902).
— Je remercie M. C. Piton d'avoir si vite
exaucé le vœu que j'exprimais ici même,
N. 1062
L'INTERMbDlAlRli
983
touchant la publication intégrale des rap-
ports adressés à M. de Sartines (XLIX,
32).
Mais comment cette publication pour-
rait-elle embrasser la période 1747- 1777?
En 1747, M. de Sartines avait dix-huit
ans et on faisait peut-être des rapports
sur lui, mais on ne lui souniettaitpas ceux
qu'on rédigeait sur ses contemporains.
De même, Meusnier qui disparait en
1757, ne saurait avoir écrit officiellement
à M. de Sartines qui entre en fonctions en
1759. Il s'agit sans doute des papiers
adressés au lieutenant général Berryer?
Quoi qu'il en soit, là publication pro-
jeLée est intéressante et pourra être fort
utile aux chercheurs si elle est suivie d'un
index onomastique donnant l'identifica-
tion précise des personnages cités.
P. L.
Ouvrages sérieux mis en vera
(T. G. 665 ; XXXV à XL ; XLIl ; XLIV à
XLIX ; L, loo, 142, 212, 321, 450, 487,
531, 762, 875, 932). — Le droit de main-
morte^ aboli dans les domaines du Roi :
Poème, par M. de Maisonneuve. A Paris,
chez Lesprit, libraire, au Palais-Ro3'al, et
chez les marchands de nouveautés.
Discours en vers sur V abolition de la ser-
vitude dans les Domaines du Roi, par
M. Gudin de la Brénellière. A Paris, chez
Demonville, imprimeur-libraire de l'Aca-
démie Française, rue Christine.
La Servitude abolie : Discours en vers,
lu en partie à la séance publique de l'A-
cadémie Française, le jour de Saint-Louis,
25 août 1781 ; par M. le Chevalier de
Langeac. A Paris, chez Monory. libraire,
rue de l'Ancienne Comédie Française.
(Extraits du n» 4 de la Ga:(ette des
Tribunaux, tome. 13, année 1782).
Paul Dy.
Biographies ôpiscopales moder-
nes (XLIX, 506, 705, 92S ; L, 145, 822,
881, 932). — /^/> de Mgr Montait H des
Isles^ évéque d' Angers, par M. Dumont
(Angers, Cosnier et Lachèse. 1842).
Vie de Mgr Montault des Isles, évêque
d'Angers^ par l'abbé Maupoint (Angers,
Barassé, 1844).
Fie de Mgr Jngebault, évcque d'Angers,
par l'abbé Gillet (Angers, Germain et
Graèsin, 1899).
984
Discours sur Mgr de Lcsquen, par l'abbé
Alaupoint (Rennes, in-8", 1855;.
Vie de M or de Hercé, évcque de Nantes,
par l'abbé Maupoint (Rennes, 1856; 2*
édition, Angers, 1864)
Vie de Mgr Soyer, évéque de Luçon,
par l'abbé du Tressay (Paris, 2* édition
1874, in-8°).
Mgr Fournier, évcque de Natites, par
l'abbé Pothier (Nantes, Libaros, 1900,
2 volumes).
Urbain de Hercé, dernier évêque et comte
de Dol, pai- Labbé Robert (Paris, Retaux,
«900). F. UZUREAU.
Les documents phalliques (L, 17.0..
309,423,528,598,657,693,759, 874,925),
— }e ne sais si l'antiquité avait des bornes
phalliques, c'est peut-être un rapproche-
ment trop ingénieux entre certaines
formes. Mais pour reconnaître une telle
intention dans les bornes qui — deux à
une extrémité, une à l'autre — ferment
la ruelle de la Monnaie, il faut 3' mettre
par trop d'imagination. Je les ai vues
maintes fois dans ma vie, sans y entendre
malice, je viens de les revoir avec une
curiosité éveillée par la communication
lue col. 874. et déclare nettement que se-
lon moi, elles n'ont aucun rapport de
forme, même approximatif avec le phal-
lus. H. C. M.
Marcliais : étymoiogie (L, 841).
— Dans le Loiret et dans toute la région
environnante, \< marchais » est un mot
très usité, qui sert b. désigner une étendue
d'eau plus grande qu'une mare et plus
petite qu'un étang.
Les « lieux-dits » dans lesquels se
trouve ce mot ss marchais » sont innom-
brables, plus nombreux encore que ceux
dans lesquels se trouve le mot « étang »
par la raison simple que les marchais se ren-
contrent beaucoup plus fréquemment que
les étangs. Dans une seule propriété de ma
connaissance se trouvent quatre marchais
portant chacun un nom spécial tellement
établi qu'on ne les désigne jamais autre-
ment dans le pays : « Marchais de X...
Marchais de "Y... »; l'un d'eux a donné
son nom à une ferme dépendant de cette
propriété : « Ferme du Marchais de X... »
L'étymologie doit être la même que
celle des mots « mare, marais, mare-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1904,
98:
986
cage»; laracineesttoujours : « umre.meT ». !
On attribue comme étymologie à |
« marais » le mot latin « mariscus »,
jonc marin. Cette étymologie ne convien-
drait-elle pas encore mieux à « mar-
chais »?... Sous toutes réserves. X.
*
* *
L'étymologie du mot Marchais est bien
connue des archéologues de l'ouest de
la France, où les lieux dits de cette sorte
sont fréquents. Ce terme vient du bas
latin marcha, qui a fourni, en Vendée, le
nom ancien du bourg de l'Ile d Olonne,
appelé autrefois Isla ad Marchas ou lie
aux Marchais (Charte de l'an 1020 du
cartul. de Saint-Cyprien de Poitiers).
En patois vendéen, on appelle encore
« Marchais » les mares voisines des fer-
mes du marais de Mont, où Ion fait boire
les animaux et où pataugent les canards
dits nantais. Les « Marchais » sont, en
somme, des quartiers à eau stagnante et
boueuse. (Voir Ducange).
Marcel Baudouin.
* *
Les lieux-dits se trouvent, pour le plus
grand nombre, dans le dictionnaire des
postes. A. D.
11 existe deux villages de ce nom dans
le département de l'Aisne :
1" Marchais, près du célèbre pèlerinage
de Liesse. Le prince de Monaco y pos-
sède un château historique, au milieu
d'un parc entouré de larges canaux. Le
pays est très marécageux. — Au xii" siè-
cle, ce lieu se nommait : Terra Marconis^
en 1544, Marchet:(.
2'- Marchais en-Brie, appelé Marcheis^
Marcheium au xu® siècle, et Marches à la
fin du XlV^. JEHAN.
*
Buzançais, ville du Bas-Berry, possède
un faubourg du nom « des P/iarchis >> si-
tué sur les bords de l'Indre, en contre-bas
par rapport à la colline qui a porté l'é-
norme château de Buzançais, dont il ne
reste que des vestiges. Ce faubourg, au-
quel on descend par une pente raide, con-
tient un bon nombre de jardins-marai-
chers, autrefois dits maraîchis.
Vicomte de Mazières-Mauléon.
Il n'y a pas que... Il n'est pas
que (XLVIU ; XLIX ; L, 38, 151, 699,
7^7' '^77)- — J^ ^°'s ^^^^ plaisir que je
ne suis pas éloigné de m'entendre avec
M. O. D. Mais un point de détail reste
non fixé, au point de vue historique, du
moins : c'est l'emploi du mot conséquent
avec le sens d'important.
Cette expression que je n'aime pas plus
que M. O. D. n'est pas nouvelle. Beau-
marchais l'employait. (Voir le volume IV,
pages 537 et 429 de ses œuvres complè-
tes).
La Harpe s'élevait contre cet « usage
de coulisses et de journaux ». Domergue
(Journal IX, 85) reconnaît que le mot est
à la mode dans le sens d'important et
qu'on l'emploie « dans les meilleures so-
ciétés », mais il le rejette comme bar-
barisme.
Isltxdtï {Tableau de Paris^X^ 192), se
montre favorable à ce néolosfisme : « le
peuple dit une ajf aire conséquente^ un ta-
bleau conséquent, pour dire une affaire
importante, un tableau de prix... » Les
grammairiens et les journalistes proscri-
ront le terme conséquent. Presque tout le
monde s'en servira et il faudra bien qu'il
soit accepté, du moins dans la conver-
sation ».
M. O. D. voit que des auteurs, qui n'é-
taient pas les premiers venus, n'étaient
pas non plus aussi dégoûtés que nous.
Mais ce que je tenais à établir, c'est
que l'expression n'est pas nouvelle,
puisqu'elle date au moins de Lavant-der-
nier siècle, Paul Argelès^
Ce
mot signifie
Faydit (L, 897;.
banni.
Il se retrouve dans le vieux haut alle-
mand febida, avec le sens de inimitié,
démêlé, qui existe encore dans l'allemand
moderne sous la forme de fehde. La
moyenne latinité a adopté /t2ïii<a! etl'adjec-
in faidosus pour « querelleur ». Le vieux
français possédaitle mot/aide avec le sens
d'inimitié ; on trouve en vieux proven-
çal faidir., pour « bannir », conséquence
de l'idée << poursuivre de son hostilité ».
Voir le 22^ vers d'un poème du xii^ siècle
« roman de Girart de Rossilho.page 34 de
la Chrestomathie provençale de Kare
Bartsch. — Faydit ç\ Faydide sont de-
venus des noms propres.
Paul Argelès.
N" 1062.
L'INTERMEDIAIRE
987 -
988
*
Ce mot est parfaitement bien connu.
On disait jadis /aider pour %< agir en
ennemi w de faidirc (voir faida, dans Du-
cange). Le mot faidit veut donc dire :
agissant, ou ayant
agi
comme ennemi.
D^ B
Doit signifier traître, déloyal. Du latin
fiillcre. A Valognes, un lâche, un poltron,
un homme déloyal s'appelle un fade.
Gustave Fustier.
* *
Du Gange donnerait toute satisfaction
au confrère Alex ; à défaut, le petit lexique
de basse latinité de Migne tA encore très
suffisant. J'y trouve /t7/W(7, faidiis avec le
sens : inimitié qui portait à venger la
mort d'un parent, vengeance de famille,
autrefois, faide. Faidani portare alictii se
trouve dans les anciennes lois anglaises.
Faidiciis ou faiditus^ ennemi, banni au
proscrit. Faidire^ fomenter la fède (i 181)
ou bannir, faiditas même sens que faida.
Enfin /a r^//«s pour faiditus, si on rappro-
che ces mots de/(3^i7,fée,et defadus génie
ou démon, on comprendra facilement le
sens méprisant du mot faydit ou faidit,
sous la plume des chroniqueurs catholiques
qui nous ont laissé des récits de la guerre
des Albigeois ou qui se sont occupés de
leurs croyances. Pour eux, c'étaient des
démons, des ennemis, dont on ? fait des
bannis, des proscrits, quand Simon de
Montfort n'en faisait pas des victimes.
Mais cela n'explique pas d'où vient le
nom de faydide d'Uzèset je passe la main.
J'ajouterai encore que dans la langue des
troubadours les faydits ou faidits sont des
contes où les fées jouent peut-être quel-
ques rôles. — E. Grave.
Ainodiatôur(L 889). — En Bourgogne,
depuis lexv^siècle jusqu'àla Révolution, le
terme aniodiatear n'a pas eu d'autre sens
que celui de fermier, c'est-à-dire de béné-
ficiaire des revenus d'une terre moyen-
nant paiement d'annuités au propriétaire.
Ce terme notarial n'implique aucune mo-
dification dans l'état social des personnes;
on trouve indifféremment comme amo-
diateurs des grandes propriétés religieuses
(celles qui avaient le plus besoin d'être
confiées à des tiers) des nobles, des bour-
geois et des manants non affranchis. Cette
source de revenus n'amenait sûrement
pas la dérogeance. Nolliacus.
Charivari, costume de femme (L,
897). — J'ignore ce costume féminin,
mais je sais que les hommes, sous la Res-
tauration, portaient des pantalons à sous-
pieds et à bande, cette dernière chargée
de boutons forme grelot, cousus dans le
sens de la hauteur et rapprochés l'un de
l'autre ; on les désignait sous le nom de
pantalons charivari. A. S . e.
Horsa'n (L,897) — Rien n'est plus fa-
cile que de répondre à cette question, Hor-
sain n'est pas absolument normand, puis-
qu'on l'emploie encore dans l'Ile-de-France.
Le mot vient de //c'/'5,et proprement aujour-
d'hui se dit d'une personne étrangère aune
localité et i;ui vient y exercer un commerce
ou une industrie. On s'en sert encore
quand on discute d'octroi, pour marquer
que le horsain y échappe. Un marchand,
un boucher horsain, par exemple, est le
marchand ou le boucher qui vient sur un
marché débiter sa marchandise et retourne
chez lui, le soir.
Ce mot avait.au moyen-âge, une valeur
importante dans les villes et communes.
Le horsain était non seulement privé des
privilèges des communions, mais encore
grevé de certaine? charges compensatrices.
11 était mal vu des membres des corpora-
tions et soumis par eux, à une étroite sur-
veillance : c'était un concurrent contre
lequel on élevait des barrières plus ou
moins solides. Horsain était un mot signi-
ficatif : il est regrettable qu'il n'ait pas
été recueilli pas les dictionnaires, ou sim-
plement par l'usage. E. Grave.
*
» *
On trouve dans Le Héricher [Histoire et
Glossaire du Normand 11,405) horsain, éivdLn-
ger ; dèhorsé ; gauche, et comme étranger
que Le Héricher dérive du latin hostis,
l'homme du dehors, l'ennemi.
Gustave Fustier,
» *
Le terme est, en effet, toujours en vigueur
dans différentes locatités de la Normandie.
Que de fois ai-je entendu dire, par exem-
ple,d'un candidat à la députation, étranger
au pays :
— C'est un horsain.
Et j'orthographiais ainsi le mot : hors
sein. Serait-ce là l'explication et l'étymo-
logie réelles du mot }
d'E.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
989
Horsain signifie en normand, liomme
du dehors, l'étymologie se fait jour
d'elle-même. A Guernesey, on dit ho-
rain.
Et moi je souffriray... qu'un tas de hor^atns
l'oppressent (le peuple)
(Manifeste de Jean Nuds pieds durant
la fronde, cité dans le Diaire de P. Séguier
en Norm.)
A la halle on vend pu de souliais
O chavetiers Jwf-ains
(Muse Normande).
A l'agronome hor\ain qui demande en tra-
versant Bolluc des fermes du pays, etc.
(Arm. de la Normandie).
Le mot existe en picard avec le même
sens. Prononciation hor^in.
En wallon, horsi signifie lever sa robe
et se fâcfier. « El si horsi pa fé veie si bel
geamb ». « Si horsi po rein >y, se fâcher
pour rien.
N'est-ce pas toujours l'idée de '< mettre
dehors » ou de se mettre hors de soi ?
En béarnais, bore hiengiit signifie venu
du dehors, étranger.
Paul Argelès.
* *
Dans une commune que je visitais aux
environs de Meaux, on me signalait des
ouvriers étrangers, sous ce nom de horsain.
J'ai demandé ce que cela voulait dire,
on m'a répondu : « Ce sont des gens du
dehors ». Il est probable que le mot nor-
mand dont parle M. de M. a la même si-
gnification. Ardouin-Dumazet.
« Il y a eu des anges ». c< Il est
passé des anges » (L, 898). — Vieille
locution de nos grand"mères, déna-
tur e aujourd'hui, en ce sens qu'elle est
employée dans tous les cas où « cela
jette un froid » dans une assemblée.
Jadis, au contraire, on ne l'employait
que dans le cas particulier où c'est une
belle parole qui empoigne les cœurs de
tous les assistants. Tantôt c'est l'ange du
patriotisme qui passe, en parlant par la
bouche d'un vieux général à Versailles,
en faisant blêmir Jules Favre et Bismark;
tantôt c'est l'ange de l'ijmour 'maternel,
qui parle par la bouche de la mère des
Gracques, et qui fait rougir une femme
vantant ses parures ; tantôt c'est l'an ,fe
d'une autre belle vertu, exprimant un
noble sentime. t, qui fait tressailh'r toute
une assemblée. Assurément, on n'aurait
30 Décembre 1904,
990
pas employé cette expression autrefois,
comme aujourd'hui, dans le cas où on
commet la faute de parler de corde dans
la maison d'un pendu, où l'ange n'a plus
rien a y voir !
D"" Bougon,
*
On disait familièrement, au xvin* siècle,
d'un visionnaire, d'un homme, en extase,
étonné, qu'il voyait des anges violets. Cette
expression est donnée par Leroux et
Dhautel. Gustave Fustier.
A la premièro mouche (L, 842). —
Voir le petit volume : Jiirisprudentiana.,
ou recueil de faits singuliers et d'anecdotes
concernant la Jurisprudence et les Juris-
consultes (Lille, Blocquel, 1812), in-18 de
128 pages avec figure coloriée.
Simon.
Coqueluche L, 564, 655, 711,763,
826.) — Le Prince Coqueluche .^son histoire
intéressante et celle de son compagnon
Moustapha, par Ed. Ourliac. Vignettes par
E. Lacoste. Paris, 1856, in-80 X.
Tosse, toïen, tozal (L, 281). — En
patois saintongeais, une tosse est un tê-
tard, ou arbre coupé à deux ou trois
mètres de haut, et destiné à fournir du
bois de fagot, qui est recépé tous les cinq
ou six ans. C. V.
Pièce de cinq f ri nos (L, 895). —
La pièce de cinq francs décrite par M.
Ardouin-Dumazet est fort com.mune.
C'est le premier des deux types d'écus à
l'eflTigie de Louis XVIII, celui qui a servi
depuis son avènement jusqu'après les
Cent jours. On a frappé, dans les neuf
derniers mois de i8i4,pour 49.063,355 fr.
et, en 1815, pour 30.732.650 fr. de ces
écus au buste vêtu de l'uniforme à épau-
lettes. 11 existe dans la série des « pièces
de vingt francs », et pour la même épo-
que, un louis absolument analogue à
l'écu de 5 francs et tout aussi commun.
Paul.
¥ *
Ces pièces ne doivent pas être fort rares.
J'en possède même une de 1818, avec
cette exergue. C. V.
*
* *
Je possède également une pièce de
5 francs, portant l'effigie de Louis XVIII
et la date de 1814 avec les lettres BB.,
ii to6s.
L'INTERMEDIAIRE
991
gravée par TroUier F. j'ai eu entre les
mains des pièces semblables. Les autres
pièces, à un autre millésime, et notam-
ment celles de 1822, gravées par Michaut,
portent simplement : 5 fr.
Signalons en passant une autre ano-
malie : Les pièces de Napoléon 1" de
1806 et celles de l'an XIll, portent l'effi-
gie de « Napoléon Empereur » et à
l'avers : République française.
Bastin Lefebvre.
Herboristes (L, 675, 772, 884,933).
— Le collaborateur Soulget demande
l'avis d'un médecin dans l'affiiire des
Herboristes. Je vais lui donner celui d'un
docteur, qui n'exerce pas, et qui, par
conséquent, ne pourra pas être accusé de
jalousie de métier. Mais j'ajoute que ce
médecin est journaliste spécialisé et que,
par suite, il est joliment renseigné en la
matière !
Il n'y a évidemment aucun rapproche-
ment à faire, au point de vue scientifique,
entre un herboriste et un pharmacien.
Toute la question est de savoir s'il faut
conserver l'herboriste, comme on doit le
faire pour la sage-femme ou l'infirmière
diplômée. A mon sens, l'Herboristerie est
une profession devenue absolument inu-
tile, en temps que profession à diplôme. ]e
ne demande pas, certes, à ce qu'on sup-
prime les Herboristes ; mais je prétends
qu'il est inutile de leur faire passer des
examens — si ce n'est au point de vue
budgétaire —, et qu'il serait bien plus
logique de laisser la pratique de l'Herbo-
risterie absolument libre, comme celle de
l'Epicerie,
Quelques médecins vont plus loin et
demandent le libre exercice de la Phar-
macie ; je ne suis pas très loin de cette
opinion, par les temps qui courent ! Mais
il serait trop long de dire pourquoi. QLi'il
me suffise d'ajouter qu'il n'y a guère
d'Herboristes que dans les villes, et sur-
tout les grandes, et qu'il n'y en a presque
pas dans les campagnes. Pour ceux qui vou-
dront lire entre ces lignes, cette simple
remarque en dit long sur l'exercice illé-
gal... de la Pharmacie et de la Médecine !
D"' Marcel Baudouin .
Alizon comédie (L, 724,873, 929).
D'après le Dictionnaire historique, critique
et bibliographique. ?d.x\s. Ménard 1822, les
992
frères Parfait ou Parfaict seraient les pre-
miers qui auraient avancé que le nom de
Discret (L. C) serait un pseudonyme,
mais il a soin d'ajouter que cette opinion
n est pas celle des autres biographes.
Ce nom de Discret, au commencement
du xvii'^ siècle, que l'on retrouve actuelle-
ment dans le Bottin de Paris, est- il un
pseudonyme .? par ce que l'on ne possède
aucun détail sur sa vie, comme pour beau-
coup de ses contemporains ^
L'éditeur Jean Guignard a publié cette
autre pièce licencieuse attribuée à Dis-
cret :
« Les nopces de Vaugirard, où les
« naïvetez champêtres. Pastoralle (5 a-V.)
«. dédié à ceux qui veulent rire, par L.C.D.
« Paris 1638 in-8 de ff. et 144 p.
Ce nom de Discret est indiqué dans le
Répertoire de l'hôtel de Bourgogne depuis
1620 jusqu'à sa fermeture en 1680. Voir
Soleinne tome, dernière partie, livres
doubles et livres omis
La bibliothèque de Soleinne tome \"
n° 1062, après avoir cité quelques vers des
nopces de Vaugirard ajoute : « Ce qui fit
dire à un plaisant : « M"" Discret est par
trop indiscret »,
En effet, indiscret aurait justifié le pseu-
donyme, mais non discret.
— A. D1EUAIDE.
Les membres de l'Académie des
Beaux-Arts (L, 675, 757, 925^ — Le
collaborateur P. A. (col. 675), puis G.
(col. 925), demandait une liste complète
des membres de l'Académie des Beaux-
Arts de 1795 à 1905. Faute de pouvoir
lui indiquer un volume à paraître en
1905, je lui ai signalé l'excellent Potiquet,
qui s'arrête malheureusement à 1869.
C'était déjà 75 ans de la vie de l'Acadé-
mie des Beaux-Arts sur 110 que désire
M. P. A. G. Je puis ajouter à mon pre ■
mier renseignement l'ouvrage suivant :
Comte de pRANauEViLLE : Le premier siè-
cle de V Institut de France{2^ octobre 1795-
25 octobre 1895). Paris, 1895, 2 vol.
in-4.
M. P. A. G. trouverait, sans doute, les
renseignements qui l'intéressent à la bi-
bliothèque de l'Institut. R. B.
Le boulet qui a tué Tarenna (L,
66s, 848, 938). — Ce que rapporte M.
I- C. Wigg, dans le n°du 20 décembre de
l'Intermédiaire.^ au sujet de l'existence,
DÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1964
993
994
autrefois, dans la bibliothèque des Inva-
lides, du boulet qui a tué Turenne et de
la statuette, est confirmé par la mention
suivante qui se trouve dans Paris... Ma-
niteldnvovageiu% par K. Baedeker, 3* édi-
tion, Leipzig, 1874, page 245:
La bibliothèque [de l'Hôtel des Invalides],
au premier, du côté du N., se compose d'en-
viron 20,000 volumes et de quelques manus-
crits de Sully et de Colbert. On y voit une
copie ilu tableau de David représentant le
passage du Saint-Bernard, par Bonaparte, un
bon portrait de Napoléon 111, par Logier, une
statuette équestre du maréchal de Turenne, le
boulet autrichien qui le tua à Salzbach, près
de Bade, le 27 juillet 1675 ; un grand plan en
relief de l'hôtel des Invalides, etc.
E. O.
Le second mariage de la du-
chesse da Berry (L, 722, 789, 844).
— La question me paraît devenir celle-ci.
Le comte Lucchesi Palli a épousé morga-
natiquement la duchesse de Berry dès
l'année 1831 ; les documents fournis ne
laissent pas de doute; mais est-il venu
réellement à Nantes au mois d'août 1832,
pour pouvoir être le père de la princesse
née à Blaye le 10 mai 1833 ? )e l'ai lu
sûrement quelque part ; peut-être est-ce
dans le Figaro-supplément du 22 mai
1875, dans un article que je n'ai plus
sous la main. D'autre part, Imbert de
Saint-Amand {Captivité de la duchesse de
Berry., p. 329) cite les Mémoires du comte
de Rochechouart qui ayant connu, en
1832, Lucchesi Palli, comme lui diplo-
mate à La Haye, note les profonds senti-
ments de dévouement et d'affection que
ce dernier professait ouvertement pour la
princesse, et se rappelle qu'il fit deux
voyages d'un mois chacun, sans qu'on
sût leur but.
Si, dans ces conditions, Lucchesi Palli
consentit à endosser une paternité qui
n'aurait pas été la sienne, et à recevoir
lui-même sa femme à Palerme, il faudrait
lui reconnaître un certain toupet.
Je sais d'un autre côté que tel n'est pas
l'avis de M Nauroy : pourquoi ne ferait-il
pas connaître son sentiment, avec preu-
ves à l'appui ? C. V.
Un édit da Henri II (XLIX, 833,
959 ; L, 72, 123, 289, 900), —
L action, cette fois si honorable, de la com-
tesse du Barry, nous remémore l'aven-
ture d'autres condamnés sauvés de la
liart par un dévouement sans doute peu
ordinaire, et comme parmi ces pendus
en perspective figurent aussi des filles mè-
res,c'est bien le cas ou jamais d'en parler.
N'y aurait-il là qu'une tradition, elle
remonterait loin, car La Monnoye nous la
montre comme déjà ancienne de son
temps (1), en en faisant le motif de l'un
de ses plus jolis noëls :
NOLI TÔ NÔVEA.
XII Sur l'air de Léandre.
Je ne sais voii çà que j'ai 11
Ene coutume de nos peires...
Quand po les rues on conduizô
Ai la potance ein mizérable.
Qui lai torche ai l'ai main faizô
En cheminze aimande honorable,
Voici po le tirer de lai
Q.uei fut la mode en ce temps
Si por aventure en chemin
Ene fille aivô le coraige,
Embrassant le prôvre coquin
D'en requérir le mairiaige,
Ene tei demande ai l'instan
Du licô sauvô
ai.
le brigand.
Tô de moinie si le licô
Etô pur ene de ces filles
Qui todent ai los enfants lecô
De pô de passai po gaudrilles,
Un garçon qui l'ai requérô
En l'épouzant lai délivrô.
Gui BarozaI.
Noei Borguignon.
Honoré de Balzac l'a certainement aussi
connue, mais le Vieux Parchemin des con-
tes drolatiques, n'étant qu'uN vagabond,
n'a rien à faire ici. Tout au plus pourrait-
on en ranger la conclusion sous la rubri-
pue : La pudeur et la mort (^2), s'il était
mieux démontré que la donnée primitive
n'a pas subi de notables arguments.
On sait quelle preuve le Vieux Parche-
mins, en cela plus favorisé que certain
époux rendu célèbre par un procès reten-
tissant, donne coram populo, au pied du
gibet, de son aptitude au mariage, condi-
tion sine qua non, de la rémission.
En somme, que faut-il penser de cette
tradition ?
LÉDA,
(i) Commencement du xviii' siècle,
(2) (L, 629),
W" t66s.
L'INTERMÉDIAIRE
9Q5
996
Le Bard des Romains (L, 620,
742, 878). — Les Romains paraissent
avoir connu d'abord un nard qui venait
d'Asie et se présentait sous la forme de
fibrilles ou de racines grêles et allongées,
ce que l'on appellerait aujourd'hui du
chevelu. Comme le prix en était élevé,
ceux qui le vendaient (les commerçants
ont été les mêmes de tout temps) lui ont
substitué, comme succédané, des racines
aromatiques qui, ayant le même aspect,
étaient d'un prix moins élevé.
De là la multiplicité des noms et des
lieux d'origine relatés par Pline. Il faut
ajouter, en outre, que Ton aromatisait
avec ces racines des onguents servant
pour la chevelure comme pour oindre le
corps et qui prenaient aussi le nom de
nard. N'est-ce pas de cette préparation
que parle Tibulle?
Quant à prouver que les Romains con-
naissaient les îles de la Sonde, java et
l'Australie, c'est une autre affaire Cepen-
dant le D' E. T. Hamy n'a-t-il pas établi,
il y a quelques années, que des naviga-
teurs originaires d'Asie-Mineure suivaient
en vrais caboteurs, les côtes de la mer
Rouge et celles de la Méditerranée et, en
faisant ce dernier périple, vendaient des
porcelaines chinoises et des produits
asiatiques sur tous les points où ils relâ-
chaient .f* Eldepal.
*
* T
Un correspondant parle d'une Ambas-
sade envoyée en 166, au Tonkin, par
Marc-Aurèle. — Où trouvet-on la rela-
tion de cette ambassade que mes souve-
nirs classiques sont impuissants à me
rappeler .? G. de Massas.
Inhuaiations hors des cimetières
(XLVI1I;XLIX; L. 191, 316,437, 530,
601, 654, 698, 766, 812, 880). — Les
travaux relatifs aux guerres de Vendée
foisonnent d'indications relatives à des
inhumations, faites d'abord hors des ci-
metières, suivies ou non plus tard d'exhu-
mations. C'est ainsi que Henri de la Roche-
jaquelein, en 1794, fut enterré au pied
de cerisiers dans un champ voisin de la
métairie de la Haie Bureau, près Cholet ;
t que l'abbé Remaud, aux Esarts, fut
inhumé dans une prairie du manoir de la
Vrignonnière en 1794, etc.
M. Baudouin.
* *
1° En Poitou, les familles de Talouët
Roy et de Maussabre possèdent chacune
une chapelle mortuaire dans le parc de
leurs propriétés ?
2" A Chenonceaux, M""* Dupin, pro-
priétaire du château de 1733 à 1799, fut
inhumée, selon sa volonté, dans un des
parcs où l'on éleva un monument à sa
mémoire. J. B. M
Poudre et imprimerie connues des
Romains (L, 891). — J'estime que le
« dit-on», jeté prudemment dans la phrase,
corrige d'une manière très insuffisante ce
qu'il y a de téméraire dans l'affirmation
produite par l'écrivain anonyme. Et je suis
tout à fait de l'avis du collaborateur de
Tolra, le titre, Lectures pour ious^ de la
publication, d'ailleurs très bonne, sauf
quelques réserves sur certains romans
adaptés de l'anglais, doit rendre très diffi-
cile sur les faits présentés aux lecteurs
jeunes ou vieux. Aucun esprit raisonnable
n'admettra jamais que les Romains aient
pu connaître la poudre à canon et l'im-
seconde, ils
en
pnmerie ; mais pour la
ont été assez près ; j'ai souvenir, en effet,
d'avoir rencontré dans Cicéron un passage
dont le sens serait celui-ci; parlant des
empreintes de cachets sur la cire, il ajoute
à peu près ceci : « Si l'on avait des ca-
chets dont chacun porterait une lettre, on
pourrait composer Y Iliade tout entière ».
Où ai-je vu cela ? Je n'en sais plus rien,
puissent les collaborateurs de l'Intermé-
diaire faire une fois de plus la lumière.
Mais mon impression est d'une certaine
vivacité et il me souvient d'avoir fait cette
réflexion : l'homme touche à une décou-
verte, il n'a plus qu'un geste à faire, une
parole à dire, une conclusion nécessaire
à déduire, pour s'en rendre maître, mais
la limite de la vision présente est atteinte ;
l'idée ne germera pas et en voilà pour des
siècles. H. C. M.
TLe cas de M. Guérin (L, 734, 879,
938). — je ne puis laisser classer dans la
même catégorie que « le Cas de M. Gué-
rin », qui se rapporte à un monstre endo-
cymien^ le fait, fort précieux, d'ailleurs
— puisqu'il paraît inédit et inconnu des
savants jusqu'à présent — qu'a signalé le
collaborateur P. V.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1904.
997
998
Il s'agit là d'un monstre double tout à
fait différent du précédent, et qui consti-
tue une autre catégorie, très particulière,
on lui donne le nom d'Héléradelphie. Ces
derniers monstres sont fréquents' vivants ;
et, actuellement, il y en a un de 20 ans,
qui court les foires, et qu'on a voulu
opérer récemment,
Nous serions reconn?issants à M. P. V.
de nous envoyer un récit complet des faits
qu'il rapporte, pour le publier dans une
revue scientifique. Il y a, en effet, un inté-
rêt majeur à ne laisser perdre aucune
observation de cette nature. A-t-on une
photographie de cet enfant (car ici il n'y a,
en somme, qu'un seul sujet) .?
Marcel Baudouin.
*
* *
hn ce moment, s'exhibe à la foire de
Plaimpalais, à Genève, un monstre dou-
ble constitué par un homme adulte, bien
portant, très habile, m'a-t-on dit, dans
les exercices corporels, — il a eu des prix
dans des courses, sur sa bicyclette, —
auquel est accolé une sorte de jumeau,
du même sexe, complet, sauf la tête,
invisible au premier aspect, mais que la
radiographie a fait découvrir dans le ven-
tre du premier. Ce dernier est beaucoup
plus petit que l'autre. Ce cas est sembla-
ble à ceux qu'a décrits et figurée Fortu-
nins Licefas. dans De monstris, Patavis,
1668, p. 82, 99 et 177, et dans l'Appen-
dice de cet ouvrage, page 346. Ces der-
niers ont été vus par Licetas, à Haflna
(Copenhague), puis à Bâle. Ils se nom-
maient Lazare et Jean-Baptiste Colloredo.
A. Cordes.
Le petit-fils à& Napoléon I»' re-
présentant de commerce. — Un
document historique.— Dans les pre-
miers jours de l'année 1806, la princesse
Murât avait pour lectrice, Louise-Cathe-
r ne Eléonore Denuelle de la Plaigne,
épouse divorcée de François Revel, capi-
taine de dragons. Sa réputation 'de jolie
femme lui avait valu le surnom de *^ la
Belle Eléonore », Napoléon la remarqua.
Il jeta sur elle un de ces regards que les
plus célèbres briguaient. Le dieu du siècle
pour elle s'humanisa.
Napoléon installa cette femme dans son
propre hôtel, où le 13 décembre 1806, elle
mit au monde un fils qui fut déclaré à
l'état-civil, s< fils d'Eiéonore Denuelle et
de père absent » ; mais de hauts person-
nages de la maison impériale signèrent
l'acte de naissance.
L'empereur exigea que son fils fût éle-
vé avec soin, mais il entendit que la mère
resterait étrangère à cette éducation. Ce
fut la princesse Caroline Murât qui se
chargea de veiller sur l'enfant qui avait
reçu à son berceau une donation de 40.000
fr. Toutefois une certaine discrétion enve-
loppait cette naissance. Témoin ce petit
billet que nous avons sous les yeux : il est
du secrétaire des commandements de la
la princesse Murât.
La reine de'NapIes, Madame, me charge
de vous prier de venir demain à une heure
de l'après-midi, avec l'enfant et de passer
par la grille du jardin. Vous aurez la
complaisance de rester dans le boudoir
d'argent.
La mère se remaria avec un officier
qui devait mourir e 1 Russie. Veuve au
moment de la chute de l'Empire, elle con-
volait en troisièmes noces et devenait Ma-
dame de Luxbourg.
Le fils de Napoléon I"' qu'on appelait le
comte Léon, avait rejoint sa mère, pour
s'en séparer à la suite de violents désac-
cords dont les tribunaux ont retenu les
douloureux échos.
C'était pour ce fils que Napoléon agoni-
sant, à Sainte-Hélène, le 24 avril 1821,
faisait rouvrir son testament, et y ajoutait
un codicille secret lui allouant 300.000 fr.
destinés à lui acheter un titre, dans
l'année même de sa mort. >^ Sa main déjà
défaillante, le lendemain traçait encore
« Article 33 je ne serais pas fâché que le
petit Léon entrât dans la magistrature, si
cela était de son goût ».
Le petit Léon n'entra point dans la
magistrature. Tempérament bouillant et
désordonné, sans fortune, prompt aux
entreprises, il fit quelque bruit dans la
société sous Louis-Philippe et davantage
en 1848, lorsque revenu, il essaya vai-
nement de s'approcher de Napoléon III qui
ne lui pardonnait point un anciendiflërend.
Le fils de Napoléon I''' n'est mort qu'en
1894. Sa dotation passa alors aux Wa-
lewski. 11 laissait un fils — qui vit toujours
— et qui est ainsi, à l'heure actuelle, le
plus proche héritier du sang des Napoléon.
N' 1062.
L'INTERMEDIAIRE
999
1000 —
Gefilsalui-même un fils, élève de l'Univer-
sité, qui a écrit, pour nous, le document
qu'on va lire, cette curieuse page en
marge de l'histoire intime de Napoléon.
Cette lettre l'accompagnait.
A î»Ionsieur Georges Motitorgueii,
Monsieur,
Je vous envoie un brouillon écrit par
mon fils : vous l'excuserez de ne l'iivoir pu
mettre au net ni le terminer, sa santé en
ce moment délicate ne le lui a pas permis.
Comtesse Léom.
L'hISTOI.'ÎEDU FILS DE NAPOLÉON 1°' PAR SON PETIT-
FILS, LYCÉEN
Celui qui lut à son berceau le roi de
Rome, dont la naissance fut annoncée par
le canon, sur les bords de la Seine, du Rhin,
de l'Elbe, du Tibre et du Tage, et qui fut
cond.imné h vivre sans famille, sans cou-
ronne et sans liberté même, enfermé dans
le sombre manoir de Schoenbriln ; est,
comme l'on sait, le héros principal de la
pièce de Monsieur Edmond Rostand, qui fit
accourir en 1900 au théâtre Sarah-Bernardt,
des milliers de personnes curieuses de con-
naître à côté de l'histoire souvent trop pré-
cise, quelques anecdotes. Et voici qu'au-
jourd'hui, après un silence que seule la
modestie peut admettre, s'éveillent les sou-
venirs d'un autre fils de Napoléon, le frère
aîné du duc de Fveichstadt. Cette autre fils de
Napoléon (mon grand-père) naquit en 1806
des amours de l'Empereur avec une dame
d'honneur de la princesse Caroline Murât,
CatherineEléonore Denuelle de la Plaigne.
C'étaitunefemmed'unebeautéet d"un esprit
remarquables; cette beauté lui valutdans les
salons qu'elle avait coutume de fréquenter,
legracioux titre de «la belle Eléonore ».En
1806, jeune et spirituelle, « la belle Eléo-
nore » attira sur elle les regards bienveil-
lants de l'Empereur et lui donna le 13
décembre do cette même année un fils ca-
pable dans l'avenir d'être son héritier. Sa
naissance combla de joie l'Empereur et
lorsque la Maréciiale Lefèvre vint lui annon-
cer l'heureuse nouvelle au camp de Dant-
zig, il ne put s'empêcher de dire : « J'ai un
fds !... Car cet enfant est de moi... il n'y
a pas à en douter. ..Je peux donc faire sou-
che... la nature a répondu à mon appel...
à présent l'avenir m'appartient » Dans la
certitude du fait, l'Empereur le confia à la
princesse Caroline pour se charger de son
éducation ; lui donna à son berceau le ti-
tre de comte avec la moitié de son nom et le
reçut aux Tuileries même après la naissance
du Roi de Rome,
L'empereur avait pour lui une affection
toute paternelle quise manifestaitleplussou-
vent dans ses jeuxavec ce petitétre qui était
appelé à gouverner l'Europe et dont la vie ne
futguère plusheureuseque celledesonfrère
le duc de Reichstadt. Vinrent alors les évé-
'lements de 1809, 18 10, et la naissance du
roi de Rome le 20 mars 181 1. Dès lors son
étoile commença à pâlir ; l'Empereur avait
triomphé, il avait maintenant un héritier
direct et ne pouvait songer à proclamer dé-
sormais le petit Léon, son héritier. Cepen-
dant il ne l'oublia jamais, s'occupa de lui
jusqu'aux pires jours de 1S15 et sa dernière
pensée à Sainte-Hélène fut pour ses deux
enfants, dont l'un devait mourir loin des
siens sous les verrous de l'Autriche, et
l'autre abandonné de tous au sein même de
sa patrie. En iS8i le comte Léon (mon
grand-père) laissait une veuve, une fille et
trois fils. Q^ue font-ils? Où sont-ils? telles
sont les questions parfois intéressantes que
se posent surtout ceux qui veulent tout sa-
voir et tout comprendre. La comtesse Léon
(ma grand'mère) mourut en 1899, ^' Vitz
Villeroy, dans le département de la Somme.
Mon oncle, le comte Charles Léon, mourut
en 1S94, au Venezuela, après avoir obtenu
une concession de chemin de fer.
Mon père le comte Léon actuel travaille
et peine pour nous élever et nous rendre
dignes du nom que nous portons. C'est un
homme dont la sincérité et la droiture ne
démententpointson origine. La fermeté dans
ses gestes, sa parole éloquente qui pourrait
au besoin faire trembler les masses montre
bien le sang qui coule dans ses vein.s et
la source à laquelle il l'a puisé.
C'est un sang bouillant des victoires de
son auguste grand-père qu'il emploiera
jusqu'à la dernière goutte pour l'honneur
de son pays et de sa famille. Ma mère la
comtesse Léon actuelle est une personne
simple de goûts et modeste qui ne recher-
che nullement le bruit ni les grandeurs ;
ce qu'elle veut, n'est-ce pas le bon sens lui-
même ? le bonhsurde sa famille ! Qui peut
croire en eftet que le comte Léon son mari
est représentant de commerce ? personne !
Le soir lorsque je pense à toutcela, lorsque
ma sœur aînée, après avoir chantéune douce
mélodie, se retire pour aller prendre son
repos quotidien, moi je songe et médite ce
vers fameux du poète :
Peut-on être à la fois si grand et si petit .''
Gaston Léon.
Elève du Lvcée Saint-Louis.
Le Directeur-gérant :
GEORGES .MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon St-Amand-Mont-Rond,
'SLûble Îre6 Matières
Sr.-B. — * Ce signe indique des réponses à des questions posées dans les volumes précédents.
** Ce signe indique les articles insérés sous les rubriques • Lettres et documents
inédits, Trouvailles, Curiosités et Bibliographie.
Les autres titres sont des questions posées dans ce volume. Celles qui sont suivies
d'«« seul chiffre de renvoi n'ont pas encore rec^u de réponse.
Abbayes. "Voir Armoiries des évêchés, ab-
bayes, etc.Gerzat. Jonval.Lonrey. Saint-
Cyran en Brenne.
Abbéma (Mlle Louise). 133, 242.
A bicyclette ou en bicyclette, 448,593,657.
Académie des Beaux-Arts (Les membres de I')
675, 757, 925. 992.
* A. E. I O. U. (La devise). 303.
Affaire (L') du Pot-au-Lait. 109.
* Agonir (Conjugaison du verbe). 96.
« Ah, comme il y viendra ! ». Voir Air et
chanson de l'Empire à retrouver.
Aigle de Prusse (L') dans les armes d'une
famille. 501, 690.
Aigle des Guides de la Garde Impériale du
i" Empire. 357.
Aiguillon (Duc d') : son rôle en 1789. 331,
435, 624, 794- , , „^ . ,
* Air (Un) et une chanson de 1 Empire a
retrouver. 643, 761 .
A la bonne heure ! 564, 697.
A la première mouche. 842, 990.
Algèbre (L') du jeu. 615, 883, 938.
Allez (d') ou Dalliez. 114.
« Alizon » comédie. 724, 873, 929, 992.
Allemagne (Les colonies françaises protes-
tantes en). 614,707.
Aller en Portugal, au Monténégro, etc. 117.
Améric Vespuce et Laurent et Jean, fils de
Pierre François de Médicis (Documents
à trouver relatifs aux rapports et à la
demeure en France d'). 51.
Amico di S. Botticelli. 783.
Amis de la Constitution (Les). Voir Club
Breton.
Amitié (Temple de 1'). 842.
Amodiateur. 889, 9S7.
Amyot (Léopard), Voir Vendôme (Le car-
dinal de).
Anacréon de la guillotine (L'). Voir Barère.
Ane (La promenade sur 1'). 162, 397, 461,599.
Anciens registres criminels. 949.
Anciens registres d'élat-civil. 779, 910,961.
Ange blanc (L') de Barbey d'Aurevilly. 120.
Angennes (d') Voir Bruniere (Familles de la).
Anges (Il y a eu, Il est passé des). 898, 989.
Angevine (L'). 447.
Angivilliers (Mme d'), dame d'honneur de
la reine Marie-Antoinette ou de la prin-
cesse de Lamballe, 443.
Anhalt. Voir Favras.
Ansse de Villeloison (Une lettre de J.-B.d').
659-
* Anthropophages français. 104, 323, 658,
810.
relatives à
d') sous
730»
174, 3'7, 485,
existants. 24,
Antoine, artiste dramatique. 666
Antoine (Rue). 702.
Antoine de Padoue (Légendes
saint). 5, 238, 398, 546, 711.
Anvers (Perrin-Duseuil gouverneur
l'Empire. 952.
Approbation des livres au xviii<^ siècle
872,927.
* « Après le bal ». 36.
* A propos de bottes. 40, 205.
Araignées (Quatremère Disjonvalet les). 4,
'55, 254, 356, 755-
Arbres (La plantation des).
599-
* Arbres de la liberté encore
125, 4S9, 654.
Archevêque (Un) emprisonné. 52.
Archives de l'arrondissement d'Yvetot 274
398.
Archives de l'Enregistrement de Paris. 893,
957-
Archives des loges maçonniques bretonnes.
221,351.
* Argent (L') n'a pas d'odeur. 603.
Argenteuil (Edme le Bascle, marquis d')
668, 7=;4, 866.
Armée (Epuration de 1') en l'an III. 774.
Armes de la Rivière. 168,304, 364 418.
Armes à indiquer. 672, 808, 913.
Armes et devise de la comtesse du Barry.
903 .
Armes de trois familles bourguignonnes
859, 967.
Armes des Collot. 726, 858.
* Armes des le Galois d'Aulnoy. 24
Armes d'une famille. Voir Aigle de Prusse.
Armoiries. Voir :
Blason de la famille Thumery.
Bonnes villes.
Couronne de comte...
Ecusson à déterminer. Entrebas (Entrelacs)
terme héraldique.
Familles de Gujienne, Gascogne et Langue-
doc. Fleur de lis dans les armes des Pe-
retti délia Rocca.
Plaque de cheminée à identifier.
Sautoir.
Tresses de Navarre. Trois cachets à identi-
fier.
Armoiries de l'abbé de Chaulieu
Armoiries de Collot. 726, 858.
Armoiries des Dominicains. 131.
Armoiries de d'Estouteville. 26.
Armoiries de Saulnier de Beauregard.
416.
Armoiries de familles bourguignonnes. 564,
L-19
777,
726,
726, 966.
526,
L'INTERMEDIAIRE
1003
* Armoiries de deux
cheblave). 197
familles (Margane, Ro-
abbayes, etc. 672,
168,
Armoiries des évêchés,
807, 857, 912.
Armoiries papales (Singulières). 168, 251,
365,691,807,912.
Armoiries de Chàtiilon-sur-Marne. 782, 916,
966.
Armoiries h déterminer ou à expliquer :
D'or, à la bande de gueules, accompagnée
de deux cotices d'azur, et chargée de trois
losanges d'argent : écartelé d'or, à la
croix de sable. 564,
D'or, à la fasce de sable. 499.
D'or, à trois bars entrelacés. 562.
D'or, h trois roseaux de sinople. 168,251,365.
* D'or, au bouquetin de sable. 25.
D'argent, à cinq losanges de gueules. 392,
524-
D'argent, au griffon de gueules, écartelé de
gueules, à trois têtes de léopard d'or. 564.
D'argent, à trois fasces d'azur. 564.
D'argent, au sautoir de gueules. 841.
* De gueules, au château de. .. 24.
De gueules, à quatre carreaux. 781, 966.
D'azur, à trois glands d'or. 277, 419, 474.
D'azur, à trois trèfles. 841.
D'azur, au lion léopardé d'argent. 562.
D'azur, à deux poissons posés en pals. 726,
D'azur, au coq d'or. 564.
De sinople, à six besants. 840,
D'hermines, au chef d'azur. 841.
De. .. à l'aigle de... 672.
De... au chevron. .. 676.
A trois molettes d'éperon, de sable.
S87, 692, 859, 916, 966.
A une aigle au vol abaissé. 338, 524,
* Aux I et 4 de sable, fretté d'argent. 24.
Croix chargée de cinq coquilles. 198, 365,
475, 525-
Coupé degueules,au lion d'or. 617, 916.
Equipolé ou échiqueté d'or et de gueules,
le 26 point chargé d'un lion d'or ; écar-
telé d'or, au lion de gueules. 564.
Fascé onde d'argent. 782, 914.
Gironné de. .. et de... de douze pièces. 561,
809, 913.
* Trois croissants. 139.
Armoiries (Descriptions d') :
Angennes. 27. Anquetil. 277, 420, Argen-
teuil. 561. Arlatan. 524. Armenonville
(Fleuriau d'). 588.
Bâcle ou Bascle. 561. Balbs ou Puget-Thé-
nieis. 523. Barjot.8o8, 9i3.Barry (Du).
903. Bautru. 686. Baux. 7 Beauvillé. 53,
192,304, 405. Beauviller. Bedumont.819.
Benoist.297. Beuzeville.305. Binche.47,
Boissieax.363. Boucher. 803. Bourbon-An-
jou. 521, Bourbon-Malauze.587, Brandelis
de Champagne. 25. Brienne. 24. Brul-
ley de la Brunière. 27. Bret. 251. Bret-
teville. 420. Bygaerden. 414, Bussy. 7.
Bussy-Dinteville. 7.
444.
588.
Cabrières
24. Caylus
1004
445, 519' 862
Castellane(ville).
Chabot. 7. Châlon, 7.
Champagne. 24. Châ-
782. Cheverus. 616,
7. Clervaux. 420. Clin-
31 Collot. 726, 858.
Coidier. 475. Cour-
692.
Chamblanc. 406.
tillon-sur-Marne.
686. I. Clermoiit.
champ. 29, 30,
Colonna. 368. 2.
tivron. 687.
Doësnel. Doinel. Doynel . 920. Duchesne.
420. Dupuy de la Giand-Rive. 376. Du
Four. 582.
Estampes, 782. Estouteville. 26.
Febvre (Le) de Vatimesnil. 366. Flavigny.
576. Fleuriau. 524. Fleuriau d'Arme-
nonville. 588, Font de Savine (La). 475.
Four (du). 582. France-Anjou. 687.
Gallois d'Aulnoy (Le). 24. Gaumin. 420.
Gingins. 967. Godard. 475. Griffon, Gri-
ffond 859. Grimoard. 587.Grosbois.918.
Hémard. 813, Hoorn (Van), 475. Huvé de
Garel. 916.
Innocent XII. 168, 251.
Jancourt-Dinteville. 7.
La Font. 475. La jarrie. 420. Laval. 25,
Laval-Loué. 24. Le Bret. 25 1 . Le Clerc de
Publigny. 916. Le Febvre. 366. Le Gal-
lois. 24. Le Noir. 974, 975. Le Roy de
Chavigny. 51. Lévis. 587. 588. Lin-
gendes. 420. Loisie. 807, Lusignan, Lusi-
gnan deCoué. 809. Luxembourg. 7.
Margane. 197, Mathefelon. 24. Méliand,
588. Mesgrigny. 7. Mesnil-Jouidain.357.
Monlas. 7. Monnier 809,
Navarre. 092.
Paulet et Powlett. 4i4.Peretti délia Rocca.
168, ^66, 368, 689, 805, 965. Pestels.
" " " ■ 168.
Por-
Mar-
Bar-
523.
588. Pin (du). 558. Pignatelli
251. Pommeuse-Montauron . 523.
tail de Vaudreuil. 278. Poulet de
cilly. 414. Poret. 419. Puget de
bentane, de Roquebrune, Théniers.
Puy (du). 576.
Rayneval. 198. Rey (Mgr). t;72. Rivière
(La). 304, 364, 418,419. Rocca-Cinarca.
369, Rocheblave. 197. Rochechouart,
561, 782, 914, 815. Rogres de Champi-
gnelles de Lusignan. 808, 913. Roussel de
Tilly. 413, 414. Roussel d'inval, Rous-
sel en Normandie. 414. Russel. 414.
Ruau du Tronchet. 251.
Saint-Cyran en Brenne. 239. Saint-Simon
Courtomer. 560, 685. Sainte-Maur. 7,
Sanguin 420. Sarraz (Villeneuve de la),
859. Saulnier. 416, 417. Saux-Tavannes.
7. Saulnier de Beauregard, 416. Savine
(La Font de). 475. Sève. 782, 916.
Tenneur(Le). 808. Thoisy. 420. t'Serclaes
de Tilly. 414. Tubières. 588.
Vietinghof. 416. Veneur (Le). 808, Vit-
tinghoff. 197.
Ysou Yze. 858.
Arnould (Un adorateur de Sophie). 275.
Art du grime (L') chez Molière. 839.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
100 =
1006
Aspasie (La romance d'). 116.
* Assas (La petite fille du chevalier d').
793, 852-
* Attendez-moi sous 1 orme. 206, 311.
* Attiger la cabane. 40, 315, 480.
* Auberge de 1' « Etoile d'or » (L')à Paris. 41.
* Aunay (Alfred d'). 46.
Au pique du soleil. 619.
Auscenti. (Ouessant) 296,
* Aiistrice est imperare orbi universo.
Voir A. E. I. O. U.
Autan (Le vent d"). 733, 824.
* Autel à chanter. 264, 373, 589.
Auteur allemand traduit en français. 731.
Auteur à retrouver. 59.
Auteur (L') du « Martyre des deux frères ».84i.
Auteur (L') de « Napoléon et la Grande Ar-
mée ». 787.
Auteur (L') d'une publication sur Guil-
laume II, inconnu à la cour d'Allemagne.
778,905.
Auteur d'un « Voyage à Madagascar ». 730.
* Automobiles en 1827, 102, 266, 422.
Auvray (Lieutenant général d'). 669.
Avaleur de sabres. 734.
* Avoir l'air. 93.
Aviano , capucin (Les miracles de Marc d').
615, 756, Soi .
B
Bachaumont, pseudonyme. 116, 256.
Balagny. 500, 632.
Baldaquin (Bérain et le). 672, 758.
Balzac « Etudes Philosophiques ». Voir
Couverture.
Balzac imprimeur. Les éditions compactes.
37. '75. 370-
Balzac (Un roman de) « Le prêtre catholi-
que ». 57, 19Q.
*"*= Balzac (Un billet de). 216.
* Balzac [et le prêtre Génois]. 35.
* Bannier (Porte) à Orléans. 239.
Banqueroute (La) du prince de Guéménée. 723,
852.
* Baptême. 570,
Baraguey d'Hilliers (Le général). 125.
Barbe-Bleue et Gilles de Retz (ou de Rais).
833, 901.
Barbey d'Aurevilly. Les « Memoranda ». 120.
Bardonnet (Vicomte de). 530.
Bareilher (M.). 223, 404.
Barére, i'Anacréon de la Guillotine. 443.
Barjot de Roncée. Voir Armes à indiquer.
Baron (Arnauld). Voir « Le poète au siècle ».
Baronte (Saint), i 1 1, 239.
Barre (de la). 893.
Barre (Lesmœurs duchevalierde la). 7-77,903.
Barricades (Les) de 1832. 949.
Barry (Armes et devise de la comtesse du).
777, 903
Barthélémy (A. de): « Histoire de Ville-
d'Avray. » 338, 476, 388.
Barthélémy Saint-Hilaire (Gambetta jugé par).
943.
Bascle (Edme le), marquis d'Argenteuil. 668,
754, 866.
* Baud dans le Morbihan. 150, 315, 453, 833.
Baudinière de la Pommeraye. Voir Martin.
Bauffremont. 445, 378, 681, 917.
* Bautru. 132, 337, 464, 578, 685.
Bayeux (Evêques de). 951.
* Bayonne (Sur un singulier usage de). 80.
Béatrix de Bourgogne (L'impératrice). 108.
Beaubourg. Voir Poupart.
Beaupoil de Siiiile-Aulairc (Poupart de Beau-
bourg, contre). 391 .
Beauté (Le pays de la). 714.
Beauvais. Voir ChTrion de Beauval.
Beauvillé. 53, 192, 304, 405.
* Beauviller. 304.
Beaux-Arts (Les membres de l'Académie des). •
675» 757' 925. 992.
Bec noir. Voir Bayonne (Sur un singulier
usage de).
Begole. 113, 918.
Bègue, entrepreneur de serrurerie à Charonne.
Belem. 223, 376, 476, 630.
Bellangé, médecin. 248.
* Belle (Faire la), en jouant aux cartes. 154,
Belle lurette (11 y a). 447, 596, 697.
Benaben (Correspondance originale de).
497-
Bcnoist (Famille). 164, 297.
Bérain et le baldaquin. 672, 75S.
Béranger (Le grenier de). 500.
Béraut de Mercœur (Descendants de). 729.
Berlioz (Lettres inédites ou peu connues de).
665, 861, 927.
Bernhard (Damala, mari de Mme Sarah). 224,
^33.
Bernot de Charant. 500, 652, 683, 811.
Berry (Le duc de).Voir Eckart (Eugénie d').
Berry (Second mariage de la duchesse de).
722, 789, 844, 993.
Berry- Cavalerie (Uniforme du régiment de).
7S0.
Bertin (Famille de). 356.
Bévues des municipalités au sujet des pla-
ques commémoratives. 00.
** Bibliothécaires masqués (Les). 3S3,
Bibliothèque du baron de Guarne. 320, 642,
921.
Bibliothèque i^La) du D'' Court. 733.
Bibliothèque du Sénat (Peintures de Dela-
croix dans la). 49, 191 .
* Bibliothèque Harléienne (La). 34,
Bicyclette (A) ou en bicyclette. 448, 593,
637.
Billecault (Famille). 6.
* Biographies épiscopales modernes 143,
822,881,932,983.
Biron (Marquis de). 556.
Bizet. 444, 376.
Blanc (Louis). Voir Gordon (Mme).
* Blason de la famille de Thumery. 131.
Bleu (Un) dans l'argot des troupiers. 734.
L'INTERMEDIAIRE
1007
1008
441.
de
occace et la peste de 134S
Boerhaave. 83.
];oi!eau (Une épître). 279.
Boissy (Sur le collège de). 403, 631.
Boloinier (Guillaume de), chanceliei'
Savoie supplicié. 332, 454.
Bomarsuiid. 5, 125, i()0, 257.
Bonafous (Louis), frère Léotade. 568,
Bonaparte. Voir Napoléon.
Bonaparte (La tombe de la femme de Lucien).
719.
* Bongouvert (L abbaye de). 190.
* Bonnes villes. 13, 127, 630.
Borde. 484, S91, 696.
Bordelais (Familles fixées en), 444,576.756.
Borderies (Mgr), évêque de Versailles. 822.
* Borie ne serait-ce pas métairie ? 484, ^()\,
696,
Bornes-canons. 12, 153.
Bornes de la corvée. 945.
Bory (Edouard). 784.
Bosc (François) banquio
Bosc de la Calmette (Famille
Bosc de la Calmette (J.-H.). 0
Bosc (du). Voir Clin:ha:iip.
Boscal de Réals de Momac (de)
(Ambroise-Louis-Marie d') .
* Bossut (Combat de). 73.
Bottes (A propos de). 40, 205.
Botticelli (Aniico di S.). 7S3.
Boufflers (Sur la comtesse de)
* Boucher (Tableau de). 82.
Boucher. Voir Armes à indiquer. ^'
Boufflers (La véritable « Edition princeps
des œuvres du chevalier de). 502.
Boules (Le jeu de). 174.
Boulet (Le) qui tua Turenue. 665, 848, 93S,
9 ',12.
Boulogne (La lampe de Bon). 620.
■*' « Boulotter » (Origine du mot). 649.
Bourbon-Basian
liez. 114.
à Lyon, eu 1672.6.
54-
, Voir Hozier
951
Garisson. d'Alier. ou Da-
1 1
^>
275-
Voir Tripes
i) et Gnbrielle d'Es-
de) et de Roche-
55. 240.
- Drouon-Demailly.
Bourbon-Lavedan. Begole. La Corne
918.
Bourbon-Montmorency (Charles de)
Bourbon -Montmorency-Créquy
à la mode de Caen.
* Bourdaisière (M. de '
trées. 82, 132.
Bourdaloue (Familles
chouart-Chandenier
Bourgade de Lagarde. -
616, 751.
Bourget (Deux œuvres inédites de M. Paul).
731-
Bourgogne (La grossesse de la duchesse de).
014.
Bourkart (Famille). 223.
* Boux (Famille). 811.
Boutonner (Le geste de se^
la femme. 956.
** Bovary (Mme) : origine du litre
roman, d'après Flaubert, 775, 930.
chez l'homme et
ce
de
des)
3«4,
Bramant. 174, 376.
Bratiano. 784, 974.
* ikaiier (Famille de). 83.
Bridge (Le père du). 450, 658, 773,886.
* Brunière, de Rayneval, d'Angennes,
Girardin (Familles de la). 27, 84, 192,
Brunoy (Mme de), dame d'honneur de la reine
Marie-Antoinette ou de la princesse de
Lamballe. 443.
Brunswicg. Voir Nécrologie.
Bruslys(Un portrait Des) à retrouver. 165.
Bugnot de Farémont (Famille). 55,
Bulletin de la Grande Armée. 556.
Bullones (Martin de) père de saint Antoine
de Padoue. 238.
Bunevilie (Famille Le Roy de). 867.
Bureau (Famille). 895.
Bureau de Surveillance. Voir Police sous le
Directoire.
Bussy-Dinteville. 6, 193.
Buste (Un) de Louis XVI. 948.
c
Cabanis, ami de î^Iirabeau. 621.
Cabrières (de). 44s, 579, 862,
Cadrans solaires (Inscriptions
479, 538.
Caillot de Pommares (Famille). 666,
Cajamano (L'abbé de) prisonnier au donjon
de Vincennes. 94Ô .
Calcar (Un portrait d'homme inconnu par)
au musée du Louvre, école italienne. 54.
Calembours (Les) dans les dénominations.
359, 481, 525, 592, 652, 711, 760,877.
Caligula (Trirèmes de). 12.
Calmette. Voir Bosc. Marc.
Cambyse (La conquête de
610.
Cambronne à Waterloo. 52,
456.
Campagne de Hollande (1809). 52.
* Campi (La peau de) en reliures. 540.
Camus, baron de Richemont. 361.
« Canale dei Mulini. Schuna, Auscenti » en
Bretagne. 104, 296.
Canot automobile (Le). 449, 592, 696.
* Cantacuzène (Les), 128, 406.
Cany d'Auppegard (Le Marinier de). 248.
Capilupi . 620, 975
Capitaine Cigonghe (Le vaillant). 553, 8j=î,
95S.
Caractère rosse. 898.
Caraco. 956.
Caractères physiques de Leibnitz. 174, 63S.
Caramboles (Monnaies). 197.
Cardinal de Sainte-Potantienne. 891, 963.
Cardinal de Vendôme (Le). 54.
Carrosses du roi. 954.
Carte de visite cornée. 675, 773 .
Carter (Les mots vaseline, mercerisé, merce-
risage et). 955.
Cas (Le) de M. Guérin.
Casserole, 734, 828.
Sigilory.
l'Egypte par).
•89, 235, 351,
734, 879, 938, 99^-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1009
■^lOIO
Casta placent superto ; pura cum vtente ve-
[niie,
Et manibus puris stimite fontis aquam.
De qui ce distique? 172.
Castaing (Le docteur). Voir Chassaing.
* Catalogues pour vente de vieux livres, 91,
201, 310, 426, 527, 589, 643, 699.
Catlioliques (Eglises communes aux) et aux
protestants. 603, 713.
Cave (Mayeux et) villages. 239.
Causer, Préférer. 39.
* Cendrière, 209, 318,
« Ce ne sont pas les lieux, c'est son cœur
[qu'on habite »,
II, 147.
** Centenaire (Le) de Sainte-Beuve. 718.
Cercueil du cardinal de Retz (Qu'est devenu
le) 68.
« C'est en vain que d'eux tous le sang m'a
[fait descendre.
« Si j'écris leur histoire, ils descendront de
[moi ».
Versa retrouver. 673, 770.
C'est tout réfléchi ! 110, 934.
Chabiillan (Portraits de Mme de). 114, 240.
*Chambla;iC( Famille de) .83, 132, 406, 516,
Chambord (Les 256 quartiers du comte de).
3S9, Ss3,9io-
Chambre des Pairs. Voir Statues.
Chambre introuvable (Les membres de la).
837, 959-
* Chamilly (Famille de), 132,
Champ de Mars (Le) dans l'histoire, 222.
Chanac (Cardinal de), 891, 963,
Chancelier (Un) de Savoie supplicié, 332,
454.
Chanoines de Saint-Denis. 572,
Chanson de Nadaud (Les Deux Gendarmes).
90, 144, 253.
Chanson (La) de M, de La Palisse, 17!,
373,657-
Chanson (La) de Pipe-en-Bois. 159,
Chanson rosse. Caractère rosse. Rosserie.
898.
Chapeaux (Saint Roch et ses trois). 198.
Chapeaux de Napoléon !"■ (Les). 555,
Charant (Bernot de). 500, 632, 685, 811.
Chargh'rods (Les). 952.
Charités (Les Grandes) de Paris. 553,
Charivaw, costume de femme. 897, 988.
Charlemagne (L'hommage des rois de France
au tombeau de). 219.
Charlemagne (Le talisman de). 3S7.
Charonne. Voir Le Bègue de Presles. Bègue,
■* Chartes (Recueil de) à retrouver. 88,
Chartreux (Le trésor des), 163,
Chassaing (Le docteur). 389.
Chassilly (Mme de), 250.
Chassin et les « Souvenirs d'un étudiant de
1848 ». 218,
Château de la Tournelle. 95 i ,
Chateaubriand ou Chateaubriand, 276, 406,
516, 579.
Chateaubriand politique et diplomate. 889,
Chateaubriand (Julien, domestique de). 554.
Chateaubriand (Les demeuresde). 1 15, 193,337.
Châtelaine de Vergi (La). Iconographie de
la légende. 274, 399, 514.
Châtillon-sur-Marne (Armoiries de). 782,
Chats (Les) de Kilkenny, 385, 525, 571,
Chaulieu (Armes de l'abbé de), 726, 966,
Chaulnes. 95 i .
Chef-d'œuvre d'un inconnu. Voir Matha-
nasius (Le docteur).
Chénier (Paris en 1790, d'après le père
d'André). 715.
Chénier (Manuscrits inédits d'André), 329,464,
632, 751, 862.
Chénier (Le conventionnel Marie-Joseph) ac-
cusé de fratricide. 387, 511, 794, 904-
Chenillion, sculpteur. 7, 132, 682.
Chevaux (Les) de Napoléon 1°'. 75.
Cheverus (Lefèbvre de). 616, 686, 754.
* Cheveux de femmes célèbres, 44, 153, 318,
437.
* « Chic » et «Mie-Mac » (L'origine des mots).
312, 434, 482, 536, 394,647,762,823,933.
* Chien (Le) de Jean de Nivelle. 380, 463,
571, 629, 707,
Chronique scandaleuse de Roanne sous Napo-
léon 1°'. 609,
Cigongne (Le vaillant capitaine), 553,845,958.
Cimer, simer. 393, 537, 591, 650, 696,
* Cimetières fortifiés. 590.
Cimetières (Inhumations hors des). 191, 316,
437,530,601,654,698, 766, 812,880,995.
* Citoyen, citoyenne (L'emploi du terme de),
737-
Civri (Pierre Collin, prétendu comte de). 28.
* Clarion de Beauval (Maurice-Jules-Louis),
241.
Claris de Florian. 8.
^ Classical Journal » bji A.-John Valpy.
Voir Cote (Une),
'^ Clinchamp. 29, 241, 358.
* Clous (Les) de la passion. 184, 458,
Club de l'hôtel Massiac. Voir Club breton.
Club Breton (Le), les Amis de la Constitution
et les Jacobins, 49, 230, 292.
Coco (La concience de M.) 503.
* Cochu, 133.
♦Coiffure au bec noir. 80.
* Collections de gravures provenant de jour-
naux illustrés. 699.
* Collège de Boissy (Sur le), 403, 631, 749.
Collier (Le) de la Légion d'honneur. 77.
* Collin (Pierre) prétendu comte de Civri.
28.
Collot (Les armes des). 726, 858,
Colmar (Mgr. Joseph-Louis), évèque de
Mayence. 463.
Colonies (Les) françaises protestantes en Alle-
magne. 614,' 707.
Coluche, Voir Sentinelle qui empêche de
passer le Petit Caporal.
Combat de Bossut. 73,
L'INTERMEDIAIRE
lOI I
I0I2
« Commandatiire » allemande (La) à Paris en
1871. 556, 680.
* Comniinges. 84.
Commune de Paris en 1792 (Patiis. impri-
meur de la). 837.
Compagnons vitriers de Lyon. 781, 881.
Compasseur (Le). Voir Créquy-Montfort.
Compère babillard. 675.
* Complices de l'attentat du prince Louis-
Napoléon à Strasbourg. 21.
* Compositeurs à retrouver. 10, 62, 118, 562,
667, 954.
Comte (Couronne de). Voir Couronne.
* Concession royale à Marly-le-Roi. 539.
Condorcet. Voir Statues.
Confrérie en l'honneur de sainte Scholasti-
que. 950.
Conquête (La) de l'Egypte parCambyse. 610.
Conscription (Les ecclésiastiques et la). 948.
* Construction des églises. Droit de sépulture.
316.
Construction navale (Un tour de force de).
839.
Consulat sua; coiiscicntiawbi, 314,375, 694.
Contades (Corneille et la marquise de). 889.
* Contât (Emilie). 85, 133, 242.
* Contemporaine (Mémoires d'une). 305, 527.
* Controvcrsiœ de Sénèque. 89, 198.
"■ Conversation du P. Canaye et du maréchal
d'Hocquincourt. 200, 251.
Coqueluche. 564, 055, 711, 703, 826,990.
Corne (La). 918.
* Corneille (Descendants de Pierre). 85, 134.
Corneille et la marquise de Contades. 889.
* Cornes (Les) . 1S4.
'^ Cornu (Les lettres de Napoléon 111 à Mme)
seront-elles publiées? 960.
Corona (Recueil de). 170, 253.
Correspondance originale de Benaben. 497.
Correspondance (Une) du Père Didon. 339
477.
Corvée (Bornes de la). 945,
*Cote (Une). 256.
Couleur bleue chassant les mouches
450,
771
Courbevoie (Impasse Banier à). 239.
* Courier (La mort de Paul-Louis). 245,
358, 709, 862.
Couronne de comte (Pourquoi la) a-t-elle
été si souvent usurpée dans les armoiries?
725, 858, 970.
**" Courrier (Le) de Lyon. 568, 677.
Court (La bibliothèque du D'). 733.
Courtalon. Voir Rue.
'''Couvertures de publications. 478, 526.
* Couverture (La) imprimée des livres bro-
chés. 478, 526, 644, 761.
*^ Couverture (La) du tome premier des
c Etudes Philosophiques
478, 526.
Crenne (Hélisenne de). ^^.
Créquy (Alexandre de). 275
Créquy-Montfort. 615, 687,
de Balzac.
Criq ou Cricq (Paroisse de). 892.
■■" Cris (Les) des rues de Paris. 820.
* Croix vivante. 589.
Croullardière (Péan). 8.
Crozat. ^17.
Cruelle plaisanterie (Une) d'Alfred de Musset,
Q56.
Cryptographie (Un problème de). 835.
Curé (Un) de Saint-Paul. 387.
D
Dailly. 223, 466, 518.
Dalles (Les) de la rue Mazarine.82, 192,923.
Damala, mari de Mme Sarah Bernhard.
224, 633.
Dames d'honneur de Marie-Antoinette.
443, 567-.
Damville, famille fixée en Bordelais. 444.
Dancourt (Dlles Mimi et Manon). 225.
Danton (Dernières paroles de). 555.
Darall (Aristide). Voir Damala.
* Daudet (L'ingénieur), 115, 246.
Débris de la Vieille Armée (La Société des).
'74> 357- .
* Décors peints par Puvis de Chavannes,
. 475-.
-* Dédicaces excentriques et singulières 425.
Définition de Guy de Maupassant. 932.
Dejean (Mgr François - André), évèque
d'Asti. 464.
Delacroix (Peintures de) dans la bibliothè-
que du Sénat. 49, 191.
Delbreil de Scorbiac. 135, 246, 304.
« Délices satiriques » (Les) et le « Parnasse
satirique ». 833, 929.
* Drlmas (Le général). 919.
Del.;iet (L'ccil de verre de Paul). 676.
* Djnis (Saint), évêque des Gaules, a-t-il
e.-.isté ? 122, 237, 344.
Der i ées et marchandises (Détail des anciens
p.:x des). 37, 319^, 379.
« D .■ Profundis » (Une adaptation du). 393.
Derrières paroles de Danton. 555,
Dércgeance (Question de). 895,
* Dcsaix ('Le monument de), place Dau-
phine. 128.
Descendants de Pierre Corneille, 85, 134.
Desmaretz (La lettre de). 835.
Desmoulins (L'écharpe de Camille). 499,
5^5, 657-
Desmoulins. Voir Sans-culotte Jésus (Le).
Desprey(S.Em.), cardinal-archevêque de "Tou-
louse. 932.
Détail des anciens prix des denrées et mar-
chandises. 37, 319,379.
« Deux Gendarmes » (Les), chanson de
Nadaud. 90, 144, 253.
Deux-Ponts (Mme des), dame d'honneur de
la reine Marie-Antoinette ou de la prin-
cesse de Lamballe. 443.
Dévalues (Jean). 727.
Devin ou de Vin. 57.
* Diadesté, 311.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1013
* Diane et saint Hubert. 462, 571.
« Dictionnaire des termes politiques ». 11,
143.
Dictons et proverbes météorologiques. 153,
539-
Didori (Une correspondance du Père). 339,
477- . ^ .
Didot (Félicité). Voir Saint-Pierre.
« Dieu nous garde de l'équité de messieurs
du Parlement ». 59.
Digoine en Charolais (Le château et la ba-
ronnie de). Sc)2.
Dillon, famille fixée en Bordelais. 444.
Dinteville (Bussy-). 6, 193.
Directoire (La police sous le). Voir Bureau
de Surveillance.
Disjonval (Quatremère) et les araignées. 4,
155, 254' 356, 755-
Distique (In) : Casta placent . 172, 314.
* Document (Un) runique. 26.
Documents phalliques (Les). 172, 309, 423,
528, 598, 657, (393, 759, 874, 925, 984.
Documents sur Améric Vespuce. Voir
Améric.
Domiciles de M. de Guitaut et de Mme de
Sévigné. 839, 976.
Domiciles parisiens. 226, 370, 422, 476.
* Dominicains (Armoiries). 131.
•«: Don Juan » de Mozart (Le manuscrit du).
3-9» 439»
Donnet (S.Em), cardinal-archevêque de Bor-
deaux. 932.
Doria (Lorenzo). 668.
Doucet (Joseph). 217, 359, 466.
Doudinot de la Boissière, famille fixée en
Bordelais. 444.
Doynel ou Doisnel (Famille). 616, 811,919.
Drapeaux (Les) des Suisses en août 1792.
2, 119.
Drapiers (Termes de marchands). 359, 483.
Droit de havage. 268, 698, 746, 799, 852,
906, 960.
Droit de sépulture. 316.
* Droit du seigneur (Le). 206, 29=;, 396,
735, Soi, 849.
DroQon-Demailly. Boure,ade de Lagrarde.
6IO, 751.
Druides (L'if, arbre sacré des). 164, 319, 398.
* Druyer du Pointé ((Nicolas). 85, 194.
Du Camp (Flaubert et) photographes. 161.
Dudin, censeur en 1789. 389.
Dumas, dit le Rouge, juge au tribunal révo-
lutionnaire. 443.
Dumas père (Des vers de) à retrouver.
497, 642.
Dupleix. 952.
Du Pont et le Vasseur (Familles). 894.'
Duprat (L'hôtel du chancelier). 836.
Dupuy de la Grand-Rive, famille fixée en
Bordelais. 444, 576.
Dutailli, frère de Bernardin de Saint-Pierre
727.
Dutertre (Unprédécesseurdu capitaine). 614.
1014 — —
E
Ecclésiastiques (Le serment des) sous la
Révolution. 123,188,231,292,400,508,624.
Ecclésiastiques (Les) et la conscription. 94S,
Echarpe (L') de Camille Desmoulins. 499,
565,657.
* Echecs (Jeu d'). 377.
* Eckart (Eugénie d'). 32.
Ecole gratuite de musique. 949.
* Ecreignes (Les). 40, 150.
Ecrivains latins ayant écrit en grec. ^-^d.
Ecuries d'Orléans. 892, 965.
Ecusson à déterminer. 118, 251, 365.
Edit (Un) de Henri II. 72, 123,289,900,993.
Edit de Nantes (Monument commémoratif
de la révocation de r).i7.
Editeurs ignorés.! i, 255, 528.
« Edition princeps » (La véritable) des
œuvres du chevalier de Boufflers. 502.
Editions compactes. Voir Balzac imprimeur.
Editions simultanées. 788.
* Education patriotique. 73,
Egalité (La fortune et les papiers d').72.
Eglise (La fille ainée de 1'). 554,
''' Eolises communes aux catholiques et aux
protestants. 603, 713.
* Eglises fortifiées. 152, 265, 369, 421, 530,
590, 637, 759; 881.
Egypte (La conquête de 1') par Cambyse.6io.
Elpice (Pandore et sainte). 949.
« Emblèmes d'amour divin, etc. ». 7S2, 971.
Empierger (S').282, 434, 480,536, 652, 765.
Enfants (Les) de Voltaire. 618, 688.
Engel (J.J.) 1741-1S02. Voir Auteur allemand
traduit en français.
Enghien (Mariage du duc d'). 332, 455.
Enregistrement de Paris (Archives de 1') 893,
957-
Entrebas (Entrelacs). 561,807.
Entrées gratuites. 62, 326, 484.
* Envierges ((Quartier des). 203.
** Epuration de l'armée en l'an III. 774.
* Erreur persistante (Une). 35, 146, 201.
* Escaliers en bois, 759.
Esnault d'Asselines. 250.
Espinasse (de 1'). 8, 56.
Estoublon. 727, 811, 863.
* Estouteville (Maisons d"). 26.
Estrées (M. de la Bourdaisière et Gabrielle
d').82, 132.
« Etant donné ». 61, 3 1 5, 932.
Etat civil (L'),les actes notariés et le Con-
seil général de la Seine-Inférieure. 388,
5'4, 575, 632.
«Etat militaire de France, pour 1 année
1789. » Voir Dudin, censeur.
« Etoile d'or » (Auberge de 1') à Paris. 41.
« Etudes philosophiques » de Balzac. Voir
Couverture.
* Eugène (Le prince). 284.
Evêchés. Voir Armoiries des évèchés.
Evénements historiques (Récits d') consignés
L'INTERMEDIAIRE
1015
[O16
à la dernière page des anciens registres
d'élat-civil. 779, 910, 961,
Evèques de Bayeux. 951.
Eve que de Tempe. ']\, 196.
* Evëques français en Italie et en Allema-
gne. 463.
Examen (L') de la fiancée royale. 330.
Exécutions à Paris (Le lieu des). 498.
Existence (L"^ d'Hanilet prince de Danem ark,
est-elle historiquement certaine?779, 908.
* Ex-libris (Le plus grand). 642, 810.
* Experto crede Roberlo. 202.
Faber (Petrus), 441, 579-
Facio (Jean), dit Vulteius^ poète rémois.
616.
Faire la belle en jouant aux cartes. 154.
* Familles de Guyenne, Gascogne et Lan-
guedoc : Armoiries. 26, 135, 246, 304.
Familles (Trois) de Saumur. 895.
Familles fixées en Bordelais 444, 576, 756.
• Familles françaises contemporaines. 82,
Familles. Voir :
Angennes, voir Brunière.
Barre (Filley de la). Beauvillé. Bertin. Be-
noist. Billecault. Boissière (de la), voir
Doudinot. Bosc de la Calmette. Bourda-
loue. Bouvkait. Boux. Braùer. Brunière.
Bugnot de Farémont. Bunéville (Le Roy
de). Bureau.
Caillot de Pommaies. Cantacuzène. Cham-
blanc. Chamilly. Chelles de Chellem-
berg (Villinghoff de). Civry. Clinchamp.
Collin de Bar, Collin de Barisieu. 29.
Comminges.
Danville. Devin, voir Vin. Dillon. Dou-
dinot de la Boissière. Doynel ou Doisnel.
Dupont. Dupuy.
Estouteville.
Farémont (Bugnot de). Filley de la Barre.
Flavigny, Fontaine de Saint- Clément.
Four (du), voir Gonet.
Gallais. Giraidin, voir Brunière. Goes.
Gonet du Four. Gottreau de Pensier.
Grand-Rive (de la), voir Dupuy. Griffon.
Guibert (de),
Hémart de la Charmoye. Holtzin. Hugue-
not de Monlas. Hustin.
Jassaud.
L'Espinasse. Le Lieur ou Le Livre. Le Roy
de Bunéville. Le Vasseur.Lignières (des
Essarts de). 139.
Matifas. Marc de la Calmette. Marinier ou
Mariner. Marinière. Mignot (Claudine).
136. Momertz. Monlas ou Moulas (p. ê.
de Monloise). Monlas (Huguenot de).
Pandevant de Sully. Panon-Desbayssins.
- Patras. Pensier, voir Gottreau. Philip-
ponat (le) de Malpenne Pinsart ou Piu-
sard. Pontet. Porteret.
Rayneval, voir Brunière. Reynard de Bois-
sieux. Rochechouart-Chandenier, voir
Bourdaloue. Roëll (de). Roussel de Tilly
138.
Saillant, Saint-Simon-Courtomer. Sar.son.
Sarra (de la). Saugrain, Scorbiac. Sigi-
lory, Sommariva.
Tenaille. Thumery. Tilly (Roussel de).
Vasseur (Le). Villefort. Vin (de) ou De-
vin. Vinci. Von Vittinghoff dit Schell
zu Schellemberg).
Zandt.
* Favras (Marquise de). 19,188,289,395,547.
Faydit. 897, 986.
« Fayots » (Haricots et). 827.
* Félicité (Ordre de la). 169, 417.
Femme ù barbe (Vénus et la). 62.
Femmes célèbres (Cheveux de). 44, 153,
318,437.
Femmes célèbres (Les) qui ont pose nues.
117, 318, 436, 530, 597, 653,925.
* Femmes russes (Les) aiment-elles à être
battues ? 604,
Fer de cheval dans les églises, 340,490, 542,
600.
Fêtes en l'honneur des maiis trompés. 956.
Fiancée royale (L'examen de la). 330,
Fille aînée (La ) de l'Eglise. 554,
FiKes publiques héroïnes de la révolution de
1S30. 962.
Filleul (Adelaïde-Marie-Emilie), dame de
Flahaut. 23.
Filley de la Barre, famille fixée en Bordelais.
444, 576.
Finis Galliit. 279.
Flahaut (de). 23. .
Flaubert (Gustave). Voir Bovary. Réquisi'
toire célèbre,
Flaubert et Du Camp, photographes. 161.
Flavigny, famille fixée en Bordelais. 444,576,
756.
Fiers (Un comte de). 838, 975.
Fleur de lis (La) dans les armes des Peretti
délia Pvocca. 168,366, 689, 805, 968,
Fleury (Mme de Polignac née).6i7.
Florence (Maille d'or de). 781.
Florian (François de Claris de) parent du fa-
buliste. 8.'
Folkes (Les papiers de Martin). 618.
* Fontainebleau (Un curieux fossile humain
trouvé dans la forêt de). 1 19, 190.
* Fontaine (La) de la place Dauphine, à Paris.
128.
*FontainedeSaint-CIément(Famille delà). 135.
Fontaines (Mlle de). 115, 246, 40S.
Forli (La tour de). 225,
Fosse (de Framery de la). 893 .
Fossile humain. Voir Fontainebleau.
Fournier (Marc), sa correspondance. 559.
Fourquet (Jeanne). Voir Hachette (Jeanne).
Framery delà Fosse (de) (Bourgogne). 893.
** France (La) et le Vatican en 1818. Lettre
inédite du comte Portails. 495.
Franc-maçonnerie (Le cardinal de Rohan et
la). 455j 681, 746.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1017
10 18
Frutiicide. Voir Chéiiier (Marie-Joseph.)
Fromentin ( « Visites artistiques » d'Eugène).
78S.
Fusion (Tentative de) du parti royaliste au
mois d'octobre 1863. 499.
G
* Galbanum. 204.
Galiniard (Le peintre), S90.
Gallais (Famille). 895,
Galliffet (Le ventre d'argent du général de),
357.
Galois d'Aulnoy (Armes des le). 24.
** Gambetta jugé par Barthélemy-Saint-
Hilaire. 943.
Gambetta (Projet de mariage de). 445, 6^),
751, 812, 865, 921.
* Gambetta (Claire), chanteuse de café-con-
cert. 32, 297, 408.
Gant de velours, main de fer. Voir Pour con-
duire les Français. . .
Garisson. 114.
Gatayes (Antoine et Léon). 224, 409, 518,
634.
* Généalogie de la Maison de France. 624.
* Gengoux (Saint). 184.
Genlis (Comtesse de). 500, 634.
Geoffroy - Saint - Hilaire (Un biographe
d'Etienne). 784.
« Géographie poétique de la France ». Voir
Trézal.
* Géramb (Les frères). 86.
Gérard (Bachaumont pseudonyme). 116, 256.
Gerzat, abbaye. 838.
Geste (Le) de se boutonner chez l'homme et
chez la femme. 9^6.
* Gicquel (Le portrait de Prosper). 86.
Ginestous de la Tourette. 727.
Ginestous. Voir Renseignements demandés.
Girardin (de). Voir Brunières (Familles de la).
Gironné de... et de... de douze pièces. ^61,
809, 913.
Glandier, chartreuse. 337, 469.
* Godiveau. 98.
Goes (Famille de). 667.
* Gois père et fils (Les statuaires). 190.
Gomberville (Le Roy dei. 898, 979.
Gonet du Four (Famille). 389, 519, 582, 682,
812.
Gordon (Eléonore Brault, dame) cantatrice,
complice de Louis-Napoléon, à Strasbourg.
21.
Gotan de Villers. 840.
Gottreau de Pensier (Famille do). 3S9, 519.
Goujon de Thuisy. 869.
Goupilleau, vendéen célèbre; son tombeau.
531.
* Grammaire catalane. 699.
Grandchamp (Souvenirs de Simon de). 299, 4 1 5.
Grande Armée. Voir Bulletin.
Grandes Charités (Les) de Paris. 353.
Granjean (DWe) Voir Lebreton.
Graveur (Le) Huquier et les Jésuites. 669,
816.
Gravure démarquée. 117.
Gravures provenant de journaux illustrés.699.
Grenier (Le) de Béranger. 500.
Grezy (Le général). 125.
Griffon, famille bourguignonne. 726, 859,967.
Grossesse (La) de la duchesse de Bourgogne.
ô 1 4 .
Gruau de la Barre, historien de Louis XVII,
partisan de la survie. 027.
Grunstein (Baron de). 165,410,467,^19,582.
Guéménée (La banqueroute du prince de).
723,852.'
Guérin (Le cas de M.). 734. 879, 958, 996.
Cuerne (Bibliothèque du baron de). 502, 643,
921.
Guibert (Famille de). 166.
Guidon de l'infanterie Dijonnoise. 398,538.
Guillaume 11 (L'auteur d'une publication sur)
inconnu à la cour d'Allemagne. 778, 905.
Guitaut (Domiciles de Yi. de). S39, 976.
H
Habitants de la place des Victoires en 1703.
724.
* Hachette (Jeanne). 46, 185.
Hamlet (L'existence d') prince de Danemark,
est-elle historiquement certaine ? 779, 908.
* Haricots et « fayots ». 827.
Havage ("Droit de). 268, 698, 746, 799, 852,
906, 960.
Heine (Camille Selden, livre sur Henri). 498.
585, 8:8, Q22, 9^0.
* Hélisenne de Crenne, ^).
Hémart de la Charmoye (Famille). 669, 813,
865, 976.
* Henri 11 (Un éditde). 72,125,289,900,993.
Henri IV. Sa statue sur le Pont-Neuf. 667,
736,902.
Henri VIIl et Antoine de Ligne (Parenté de).
723,847.
* Herald de Pages (Le baron) et « le Petit
Journal ». 390, 519.
Herbière. 226, 376, 435.
Herboristes. 675, 772, 884, 935, 991.
* Héritage colossal. 4 i .
''■'■ Héroïnes ignorées delà révolution de 1S30.
962.
* Hervé (Le compositeur). 583.
* Hervé (Le nom de). 38, 149, 312.
Hervieu (Œuvres inédites de M. Paul). 896.
Hirondelle. Voir Quête de l'hirondelle.
His de Lasalle, collectionneur. -^ Saint-Mar-
cel-Corbin, peintre. 557, 682.
« Histoire delà Restauration ». 672, 820.
Histoire de l'ordre de Saint-Louis. 561.
« Histoire du tribunal révolutionnaire » par
Ch . Monselet. 673.
« Histoire de Ville d'Avray ». 338, 476,588.
L'INTERMEDIAIRE
1019
Hocquincouit. (Conversation du P. Canaye
et du maréchal d'). 200, 2^1.
Hollande (Campagne de) (1809). 52.
Holtzin (Famille). 224.
Hommage des rois de France sur le tombeau
de Cliarlemagne. 219,
Honneur (L') du mari. 897.
Horsain. 897, 988.
Hôtel de la rue de la Verrerie fUn). 499, 63 i .
Hôtel (L') du chancelier Duprat. S36.
Hôtel Torpanne, 476.
Houssaye (Arsène). Voir Alfred A^ousse.
* Hozier (Ambroise-Louis-Marie d'), cheva-
lier, vérificateur des armoiries près la com-
mission du sceau, en 1828, et la famille de
Boscal de Réals de Mornac. 17.
Hubert (Diane et saint). 462, 571.
* Huguenot (Origine du mot). 876.
Huguenot de Moulas (Famille). 8,
Hugues (Victoi). 729.
* Hugo (La bosse de Victor). 246.
* Hugo (Les armoiries de Victor). 601.
* Hugo (Vers attribues à Victor). 89.
Huquier (Gabriel) graveur et les Jésuites.
669, 816.
* Hustin de Douai et de Lille (La famille) 86,
410.
Huyghens (Madame). 500.
Hyde de Neuville. 530.
* Iconographie du meurtre rituel. 44.
Ida Saint-Edme.(Elzelina Van Aif de Fonghe).
Voir Mémoires d'une contemporaine. 572.
Idole (L'). Voir Boufflers (Sur la comtesse de).
If (L'), arbre sacré des druides. 164,319, 39S.
« H monte sur sa bête et la chanson le dit ».
59-
* 11 n'y a pas que... 11 n'est pas que... 38,
151, 699, 767, 877, 985.
Il y a belle lurette. 447, 596, 697.
« Il y a eu des anges ». « Il est passé des
anges ». 898, 989.
* Imparfait (L') du subjonctif. 95, 762.
Imprimerie (Poudre et) connues des Romains'
891.
Imprimeurs et libraires du nom de Saugrain.
137.
* Inceste suivi de mariage, 126.
Incinérations (Les). 282,
« Inclyte ». Néologisme à expliquer. 735.
Index libroru7n prohibitoruin. 841, 931.
Ingénu solatium unà cum universo rapt. 618,
762.
* Inhumations hors des cimetières. iQi, 316,
437» 53C>. 601, 654, 698, 766, 812,880, 995.
Innocent Xll, Pignatelli. Voir Pignates.
* Inscription (Une) latine à traduire. 645.
* Inscriptions des cadrans solaires. 314, 479,
538.
Introduction du poivre en France, 422.
Isotta de Rimini. 610,
1020 ■- —
J
** Jacobinisme (Le) et la liberté. 887.
Jacobins. Voir Club Breton.
« J'appelle un chat un chat... »'. 173, 310,
375, 483, 605.
Jassaud (Famille de). 55, 194, 360.
Jean de Nivelle (Le chien de). 380, 463,
571, 629, 707.
* Jean l'Evangéliste (Saint). 184.
Jeanne la Grise. 721.
« Je lis pourm'élever et non pas pour m'ins-
[truire » :
Citation à retrouver. 339.
* ]e m'en suis allé. Je me suis en allé. 95,
202,315.
Jésuites (Le graveur Huquier et les). 609,816.
Jésus (Le Sans-culotte). 4.
leu (L'algèbre du). 615, 883, 938.
Jeu de boules (Le). 174.
Jeu d'échecs. 377.
Jeu de massacre : son origine. 340, 536.
Jeu de tête-béche. 398, 538.
Job (Le papier h lettres). 955.
*«Jocelyn » (Le) de Lamartine. 699.
**Joinville (Une lettre au prince de). 550.
Jonval-l'Abbaye. 838, 930.
Jourdain (Origine du nom de) dans l'Isle en
Jourdain (Vienne). 2 18, 357, 703, 816, 921.
Jourdain du Pin. 557, 688, 921.
Journal des inspecteurs de M. Lépine. 945.
Journal des inspecteurs de M. de Sartin3.902.
982.
Jonquière (Le Marinier de la). 248.
julien, domestique de Chateaubriand. 554,703.
K
Kilkenny (Les chats de). 585, 525, 571,
* Knauss (Frédéric de). 196,
« La conscience de M. Coco ». 563, 571.
La Corne. 113, 918.
Lafarge (Mme), le Glandier et les chartreux.
337' 4&9-
* Lafitte de Pelleport. 634.
Lafon-Labatut (j.). 276, 410, 634.
La Galisse. Voir La Palisse. 374.
Laguiche (Le peintre et dessinateur Claude). 670.
Lai.Mié (Jeanne). Voir Hachette (Jeanne).
Lamartine (Le « Jocelyn » de). 699.
Lampe (La) de Bon Boulogne. 620.
Lancier du roi. 340, 484.
* Langage (Modifications dans le). 92, 201.
Langeac (Mariage à la). 36.
Langeron (Mme Andrault de) dame d'hon-
neur de la reine Marie-Antoinette ou de la
princesse de Lamballe. 443.
Langue celtique. 226.
Langue française (Mots angl.iis introduits
dans la). 619, 823.
« La Némésis ouvrière ». 66-,.
Lannes (Le maréchal). 387.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
I02I
1022
Lans-le-Bourg ( « Mandement » de). 838, 964.
* La Palisse (La chanson de M. de). 171,
373> 657.
Lasalle. Voir His de Lasalle.
La Tour du Pin. Voir Tour (La).
Laura de Dianti, maîtresse du duc Alphonse
d'Esté. 530 653, 925 .
Laure (Le portrait peint de la) de Pétrarque,
par Simone di Martine . 33 i , 62 i , 749.
* Laure de Pétrarque. (Quelle est la vérita-
ble). 63, 399.
Lauriston (Le maréchal marquis de). Voir Le-
gallois (Mlle).
La Valette (Les) de Provence. 558, 6S7.
« La Vogue». 563, 637.
Le Bègue de Presle (La tombe de) à Charonne.
784, S82.
* Le Bon (Joseph). 353, 510.
** Lebon (L'acte de naissance de Philippe)
... et le véritable •?: découvreur > du gaz
d'éclairage. 214.
Le Bourdais de Chamillé.230.
Lebreton et Granjean (Les Dlles Resico). 5.
« Le dernier des Rabastens ». Voir Roman à
rechercher.
Lefebvre. 893.
Lefebvre de Cheverus. 616, 686, 754.
* Lefebvre-Desnoëttes (Le monument) au
Havre. 906.
Le Febvre de la Planche. Ex-libris. 810.
« Le Fleuron royal » de Jean Mégret. 446.
Legallois (Mlle) [danseusej.501 , 637.
Légendes relatives à saint Antoine de Padoue.
5,238, 398, 546, 711,
Légion étrangère (Poërio, commandant à la).
894.
* Légion d'honneur (Le collier de la). 77.
Legs (Les testaments et les) étrangers. 450,
598.
Leibnitz (Les caractères physiques de). 174,
638.
* Le Lieur ou Le Livre (Famille). 977.
* Le Noir, lieutenant de la police. 247, 562,
683, 818, 866, 978.
Léon (Comte). Voir Napoléon i'^'' (Le petit-
fils de).
Léon (Léonie). Voir Gambetta (Projet de ma-
riage).
Léotade (Le frère). 568, 677.
« Le Petit Journal » Voir Herald de Pages.
Lépine (Journal des inspecteurs de M.). 945.
*« Le poète au siècle ». 30S, 3>'5.
« Le prêtre catholique .^, roman de Balzac.
Voir Balzac.
Le Roy de Gomberville ;Le lieu de naissance
de Marin). 898, 979.
*Le Roy de Buneville (Famille). 867.'
« Les Barricades de 1832 ». 949.
« Les meilleurs livres sont ceux qu'on n'écrit
pas. » Voir Auteur à retrouver.
Le Sourd. Voir Curé de Saint-Paul.
L'Espinasse (de). 8, 56,
Leta pane. 53, 200 <
** Lettre (Une) au prince dejoinville. 550.
** Lettre (Une) de J.-B. d'Ansse de Villeloi-
son. Orléans sous la Révolution. 659.
Lettre (La) de Desmaretz. 835.
Lettre inédite du comte Portails. 49=5.
Lettres (Les) de Napoléon 111 à Mme Cornu
seront-elles publiées ?96o.
Lettres gravées sur des sous. 840, 916, 971.
Lettres inédites ou peu connues de Berlioz,
665, 861, 927.
« Lettres sur le Salon de 1834. ».279, 647,820.
Liberté (Le jacobinisme et la). 887.
Lieu de naissance de Marin Le Roy de Gom-
berville. 898, 979.
Lieu de naissance du duc de Morny. 23.
Ligne (Parenté d'Henri Vill d'Angleterre et
d'Antoine de). 723. 847.
Ligue (Tableaux sur la). 117, 185, 346.
■'■= Lion (Le) de Waterloo en 1833. 76, 293.
Liste générale des otages de Louis XVI et de
sa famille. 94S.
Lit de famille (Le). 504.
« Livre d'Amour » (Le) de Sainte-Beuve.
620, 735.
Livre de bord de la « Sémillante », 721, 052,
906.
Livre des poinfons. 673, 821, 930.
"^■■^ Livre (Un) et une héroïne retrouvés. 661,
760, 819, 926.
Livre (Un) ignoré sur Louis XVIL 106, 355,
705» 957-
Livies (Approbation des) au xviiie siècle, 730,
872, 927- , ... X
Livres (Catalogues pour la vente de vieux).
91, 201, 310, 426, 527, 589, 643, 699.
Livres imprimés surles vaisseaux de l'Etat. 618.
Loges maçonniques bretonnes (Les archives
des). 221, 351.
Lonrey, abbaye. 239.
Lopacinsky. Voir Nécrologie.
Lorenzo Doria. 668.
Lorimier. Voir Chamilly.
* Loriquet (A-ton calomnié 1' « Histoire de
France », du père). 459, 741.
Loubet, graveur. 8,
* Louis XIV (;Une fille naturelle de). 230.
Louis XV (Télégraphie à coups de canon
sous). 72.
Louis XVI et sa famille (Liste générale des
otages de). 948.
Louis XVI (Un buste de). 948.
* Louis XVII. Documents inédits. 227, 293.
* Louis XVII. Sa mort au Temple. 625, 741,
795-
Louis XVII (Un livre ignoré sur). 106, 355,
705. 957-
Louis XVIII. Voir Provence (Le comte de).
Marie-Antoinette. Mémoires d'une femme de
qualité.
Louis-Philippe. Voir Barricades de 1832.
Louis-Philippe (Les « Mémoires » de). 49.
Louis, roi de Hollande (Mémoires de). Manus-
crit inédit. 21.
L'INTERMÉDIAIRE
102-
1024
Louis II de Bavière. 332, 438.
Louis Blanc. Voir Gordon (Mme).
Loti lavament, 1 1, 144, 309, 875, 932.
Louvois. 443.
Louvre (Musée du). Voir Calcar.
Lucchesi-Palli. Voir Second mariage de la du-
chesse de Berry.
* Lulli (La musique de). 146.
Lurette (Il y a belle). 447, 596, 697.
Luxbourg (Comtesse de). Voir Napoléon i'^'"
(Le petit-fils de).
Luxembourg (Sébastien de), i.
Luzarche (Victor). 224.
Lyonne (Paule et J^Iadeleiue de). 666,
M
Mac-Mahon blessé. 53.
Mac-Namara (Comtesse). 337, 519.
Maçon, 447, 649.
Madagascar (Auteur d'un voyage à). 730.
Madagascar (Un roi de) à retrouver. 943.
Madame mère 891 .
Mai d'amour. 173, 309.
Maillard de la Martinière (Les). 894.
Maille d'or de Florence. 781.
I^Iain de fer, gant de velours. Voir Pour
conduire les français...
Main (Poignée de). 206.
Maistre (Xavier de). 218.
Maisonblanche (Louise de). 230.
Majorât de Claude Monet. 539, 684.
Majorais (Titulaires de). 724, 847.
* Malgaigne Lniédecinj. 87, 248.
Malgré que... Quiconque. 897.
Malodeozens. Voir Bulletin de la Grande
Armée.
Malpenne (Famille le Philipponat de)
(Champagne). 729, 922.
« Mandement » de Lans-le-Bourg. 858, 964.
Manuscrit inédit. Voir Mémoires de Louis, roi
de Hollande.
* Manuscrits inédits d'André Chénier,
464, 632, 751, 862.
Marc d'Aviano (Les miracles de). 615, 756,
801.
Marc (Antoine de) seigneur de la Calmette.
670.
Marc de la Calmette (Famille de). 9.
Marcaille (Un livre de Séb.). 446.
Marcel (Un portrait de l'imprimeur Jean-
Joseph). j66, 249.
Marchais : étymologie. 841, 984.
Marchai (Mgr) archevêque de Bourges. 932.
Marche des Portes de fer. 10.
Marconillière (Le chanoine de). 250.
* i^Iariage à la Langeac. 36.
Mariage (Second) de la duchesse de Berry.
722, 789, 844, 993.
Mariage du duc d'Enghien. 332, 455.
Mariages académiques 838.
Marie ou Marion. S9, 140, 20s.
Marie-Antoinette(Les dames d'honneur de).
443, 567-
329,
Marie-Antoinette jugée par Louis XVIII.
62, 155.
Marie-Antoinette (Une pantoufle de). 834,899.
Mariner. Voir Marinière.
Marinière (Familles de la) et le Marinier
(ou Mariner). 56, 196, 248.
Marion (Marie ou). 59, 140, 205.
Maris trompées (Fêtes en l'honneur des). 936.
Marly-le-Roi (Concession royale à). 539.
Martigues (Vicomte de). Voir Sébastien de
Luxembourg.
* Martin (Saint) et les cornes. 184.
iMartin, dit Baudinière et Plouzin. 337, 520.
Martinière (Les Maillard de la). 894.
« Martyre des deux frères » (L'auteur du). 84 1.
Massiac (Hôtel de), so, 230.
Mathanasius(Le D'), auteur du «Chef-d'œu-
vre d'un inconnu ». 390, 505.
Mathieu (S. Em.), cardinal-archevêque de
Besançon. 145.
.Matiffas (Famille). 839, 979.
Matines brugeoises (Les). Voir Vêpres sici-
liennes.
Maupassant (Définition de Guy de). 952.
Mauriac (Les armes d'Angélique de), épouse
du marquis delà Grange. 115, 419, 588.
Maurice (Une pièce de 50 sous de l'île).
278,421.
Maxime latine {\Jné):Inqens solaiiu7n...6i8,
762.
May (Régiment de). 17.
* Mayeux et Cave (Villages). 239.
^lazarine (Les dalles de la rue). 82, 192, 923.
T^Iazuy (François), auteur de « la Némésis
populaire ». 665.
* Médaille (La petite) commémorative du
baptême du prince impérial (1856). 916,
Médicis (Laurent et Jean, fils de Pierre-
François de). Voir Aniéric Vespuce.
jNIéduse (Piquer une). 596.
Megret (Jean). Voir « Le Fleuron Royal ».
Méliant de .Mauriac de la Grange. Voir i^Iau-
riac.
Membres (Les) delà chambre introuvable. 837,
959-
Mémoire (La). 116, 320, 543, 6S5.
Ménîoires de Louis-Philippe. 49.
* Mémoires de Louis, roi de Hollande. —
Manuscrit inédit. 21.
« Mémoires d'une femme de qualité sur
Louis XVIU, sa cour et son règne ». 'j6).
« Mémoires sur la vie de Mme de Ville-
neuve ». 733.
* « Mémoranda » (Les) de J. Barbey d'Aure-
villy. 120.
Ménage (Le) de Socrate. 803, 907.
Mercerisé, mercerisage (Les mots vaseline) et
carter.
Mercier (Théophile). 337.
Merciers, etc. de 1650 à 1850, à Paris. (Noms
et adresses des fabricants). 955.
Mercœur (Descendants de Béraut de). 729.
Mérimée. Voir Chats de Kilkenny.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
102:
1026
** Meudon (Le parc aérostatique de) en 1796.
271.
Meurtre rituel (Iconographie du). 44.
Mie-Mac. 312, 434, 482, ^^6, 594, 647, 762,
^ Mignot (Claudine) la dauphinoise. 81, 136,
197.
Minière, graveur sur bois. 783.
Mimi i^esse, artiste. 7S4.
Minuter sa retraite. 60, 203,311.
Mirabeau. Voir Statues.
* Mirabeau (La tombe de). 451, 505, 621, 737.
Mirabeau (Les bonnes fortunes de). 3.
Mirabeau (Un jubé à). 787.
MiracIes(Les) de Marc d'Aviano. 615,756,801.
Mirieu (Le marquis de). 390.
* Mode(La) dansles nomsde baptême. 208, 7 12.
Modifications dans le langage. 92, 201.
Mœurs (Les) du chevalier de la Barre. 777, 903.
Mogador Voir Chabrillan .
Moitte (Jean-Guillaume), sculpteur et sta-
tuaire distingué du xvin' siècle (1747-1810).
786.
Molière (L'art du grime chez). 839.
Molière (Les moustaches de). 329, 451, 520.
Momertz (Gaspard) officier. Date de sa mort.
Famille Momertz. 670.
Monasterioluiii .781.
Monet (Majorât de Claude). 559, 684.
Moulas (Huguenot de). 8,
Moulas ou Moulas (peut-être de Monloises)
(Famille de). 559.
* Monnaies « Caramboles S'. 197.
* Mons (François), ^j, 197.
Monselet (Charles) « Histoire du Tribunal
révolutionnaire ». 673.
Monsieur Coco (La conscience de). 563.
Montaiglon (La table du Recueil de). 896.
Montaigne (Prononciation du nom de). 166,
249, 297, 341, 470, 521, 639.
Montbelliard (Potot de). Mémoires. 385,
Montbrun (Baron de). 225,36", 585. 755.
Î^Ionteil (Mme de) dame d'honneur de la reine
Marie-Antoinette ou de la princesse de
Lamballe. 443.
Montijo(La comtesse Maria-Francisca de). 337.
Montluc (Un portrait de). 9, 283.
Montreuil-sur-Mer. (Saint Salve, ermite et
abbé de). 238.
Monument commémoratif de la révocation de
redit de Nantes. 17.
Monument (Le) Lefebvre-Desnoëttes au Havre.
906.
Mony (Jacques-Michel). 786.
Mornac. Voir Boscal.
* Morny(Lieude naissance du duc de Morny.
Morus (Thomas). 723.
Mort ^La pudeur et la). 386, 538, 629.
Mots anglais (Les) introduits dans la langue
française. 619. 823.
Mots étrangers entrés dans la langue française
avec un sens péjoratif. 674, 823.
Mouche (A la première). 842, 990.
Mouches (Les) et saint Bernard. 490.
Mouches (Couleur bleue chassant les). 450,
/ /
Mousse (Alfred). 617, 754, 843.
Mulini (Molène), 296.
Mulissac (Notice sur la comtesse de).390,639.
* Municipalités (Les bévues des) au sujet des
plaques commémoratives. 90.
Murillo (Un tableau de). 787, 924.
Musique (Ecole gratuite de). 949.
Musset (Cne cruelle plaisanterie d'Alfred de).
956.
N
* Nadaud i'Chanson de) : <-< Les Deux Gendar-
mes. ». 90, 144, 253.
Naissance de Napoléon 1". (Date de la). 74,
905, 959, _
Napoléon i" (Chronique scandaleuse de
Roanne sous). 609.
* Napoléon 1^' (Date de la naissance de). 74,
905. 959-
Napoléon i'"" (Le plus ressemblant des por-
traits de). 555, 706, 796.
Napoléon i*'' (Les chapeaux de). 535.
* Napoléon 1" (Les chevaux de). 75.
** Napoléon i'"" (Le petit-fils de) représentant
de commerce. — Un document historique.
997.
Napoléon i" (Sobriété et gourmandise de). 321.
Napoléon i^r (Une statue de) à Lyon, no,
">"*'> ^ ^ ^
« Napoléon et la Grande Armée » (L'auteur
de). 787.
* Napoléon (Lt masque mortuaire de). 568.
Napoléon Bonaparte appelé Nicolas. 163, 234,
292, 567, 677. , , , ^,
Napoléon 111 (Les lettres de) a Mme Cornu
seront-elles publiées? 960.
Napoléon 111 et le talisman de Charlemagne.
3S7.
Nard (Le) des Romains. 620, 742, 878, 995.
Navage (Droit de). VoirHavage.
Navarre (Les tresses de). 561, 691, 807, 965.
Nécrologie : Brunswicg (Léon). 384. Lopa-
cinsky (Boleslas). 832. Rousseau (Samuel).
552.
Némésis ouvrière (La). 665.
Néologisme à expliquer. 733.
Nicolas (Napoléon Bonaparte appelé). 163,
234,292, 567, 677.
Niel (Le général). 125.
Noms de baptême. (La mode dans les noms de).
208, 712.
*Noms de lieux altérés ou détournés de leur
sens primitif. 93, 592 .
Noms de villes donnés à des enfants. Voir
Baptême.
Noms et adresses des fabricants merciers, etc.
de 1650 à 1850. 955.
« Notice sur la comtesse de Mulissac». 390,
639.
L'INTERMÉDIAIRE
1027
1028
Numérotage révolutionnaire. 564, 630.
* Nune (Le peintre W. de). 617.
Voir Delmet (Paul). Waldeck
M. Paul Bour-
Œil de verre.
Rousseau.
Œuvres inédites (Deux) de
get. 731.
Œuvres inédites de Paul Hervieu. 896.
Olivier, (Mgr), évêque d'Evreux. 14s.
Onfroy, libraire à Paris, en 1789. 390.
Opportunisme (Du mot) en politique. Origine
de ce mot. 438.
Oraison dominicale (L') en 150 langues.
Exemplaire de S. S. Pie VII. 338, 477.
Ordre de la Félicité. 169, 417.
Origine de la Sainte -Barbe (La date de 1'). 6 14.
Origine du mot Huguenot. 870.
Orléans (Ecuries d'). 892, 965.
* Orléans (Porte Bannier, à). 239.
Orléans sous la Révolution. 659.
Orthographe (La réforme de 1'). 897.
Osmond (Mgr. Antoine-Eustache^, évêque de
Comminges, puisde Nancy; archevêque de
Florence. 464.
Otages de Louis XVI et de sa famille. 948.
Outillage gallo-romain. 219, 422, 528, 570,
657, 909.
* Ouvrages sérieux mis en vers. 100, 142, 212,
321, 430, 487, 531, 762, 875, 932, 983.
P
Pain de sucre. Voir Lefebvre-Desnoëttes.
* Pairs de France et sénateurs (Anciens).
403.
Pandevant de Sully (Famille de). 166, 250,
361.
Pandore et sainte Elpice. 949
(Famille).
22
:>»
361,
573,
Panon Desbassayns
585, 755-
Panonceau révolutionnaire. 669.
Panthémont (Le couvent de). 443,
681, 7=it.
Pantoufle (Une) de Marie-Antoinette. 834,899.
Papier (Le) à lettre Job. 955.
Papiers (Les) de Martin Folkes. 618.
Papiers peints de 1848. 562.
Pâques (Robe de). 441, 604.
Pardaillan (Mme de) dame d'honneur de la
reine Marie-Antoinette ou de la princesse
de Lamballe, 443.
Parlement (Dieu nous garde de l'équité de
messieurs du). 59.
** Paris en 1790, d'après le père d'André
Chénier. 71s.
« Parnasse satirique » (Les « Délices satiri-
ques » et le). 833, 929.
Paroisse (Rue de la). 702, 861, 923.
Paroisse Saint-Sauveur (Délimitation delà).
82.
Parti royaliste (Tentative de fusion du) au
mois d'octobre 1863. 499.
T>.
(La commune
„ ^ ar une telle nuit.. »
Vers à retrouver. 92.
Passion (Clous de la). 184, 458.
* Pastorien ou Pasteurien ? 480, 650.
« Pathelin ». Sainte-Beuve. 502.
* Patois Orléanais. 37.
Patras (Famille). 894
Patris, imprimeur de la Commune de Paris,
en 1792. 837.
* Patte de Chat (La). 99, 49'..
* Pays (Le) de la beauté. 714.
* Péan CrouUardière. 8.
Peintres: Bérain. Botticelli. 783. Boucher.
Boulogne (Bon). Calcar. Capucino (il), voir
Strozzi. Courteilles, voir Le Noir. — Dela-
croix. Dupont, voir Sartines. — Gali-
mard. Genlis (comtesse de). Girodet. Voir
Napoléon 1'' (Le plus ressemblant por-
trait de). — Laguiche. — Maître (Le)
de Mouhns. 184. Mimi Besse. Murillo.
^87. — Nunc (W. de). — Piola.^ 35.
Prêtre Génois, voir Strozzi. Prud'hon.
Puvis de Chavannes. — Raphaël (Elèves
de). Rembrandt. — Saint-Marcel-Corbm.
Simon de Sienne, Simone diMartino. 331.
Strozzi. 35.— Terburg. Tintoret. - Van
der Goes (Hugues).
Pellegro Piola. 35.
Pelleport [Haute-Garonne]
Pellevé (Aiitoinede), comte dePlers. 838,975.
Pensier (Gottreaude). 389, 319-
Pépin (Alphonseï avocat, auteur de « Les
Barricades de 1832 ». 949- ,. , ,
Peretti délia Rocca (La fleur de lis dans les
armes de). 16s, 366, 689, 805, 9^8.
Perrin-Duseuil, gouverneur d'Anvers sous
l'Empire. 952. , , ,••. • \
Perrot de Fercourt(Le plus grand ex-libris).
PestWossi, médecin agrégé au collège de
Lyon (1721). 276, 41.'- ,, . ...
Petit Caporal (La sentinelle qui empêche de
passer le). 105, 608, 739. 796-
Pétrarque à Liège en 1333. 273, 472.
Pétrarque(La Laure de). 63,33 i,399i02 ''749.
Pharmaciens ayant été des savants. 322,
431, 653, 760.
Philippe-Egalité. Voir Egalité
Philipponnat (Famille le) de Malpenne
(Champagne). 729, 922.
* Philogyne. 96
Phrase imprudente de Renan (Une). 89,255 .
Phrase (Une) à expliquer. 226.
Piat (Félix). 188.
Pic de Replonge. 730. _
* Pichegru (Que sont devenus les papiers de).
797-
* Pichegru (Le tombeau de). 797.
Pièce (Une) de 50 sous de .Alaurice. 278,421.
Pièce de 5 francs. 895, 990.
* Pierre (Saint) à Rome. 64, 175.
* Pigeons voyageurs. 402.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1029
1030
Pignates, terme d'armoiries. 251.
Pin (Jourdain du). 5557,688, 921.
Pinard. Voir Réquisitoire célèbre.
* Pinchinat. 39, 97.
Pinsait ou Pinsard (Famille)- 840.
Piola (Pellegro). 35.
** Pipe-en-Bois (La chanson de). 1^9.
* Piquer une Méduse. 596.
Pitou (Les cahiers d'Ange). 450, 565.
Place des Victoires (Habitants de la) en 1703.
724.
Plantation (La)des arbres. 174,317,485,599.
* Plaque de cheminée à identifier ; croix
chargée de cinq coquilles. 198, 365, 475,
525-
Plaques commémoratives (Les bévues des
municipalités au sujet des). 90.
Plouzin. Voir Martin.
Poërio, commandant à la Légion étrangère. S94.
Poète aveugle. Voir J. Lafon Labatut.
* Poignée de main (La). 206.
Poigner (Le verbe). 281, 537.
Poinçons (Livre des). 673, 821, 930.
Pointé (Nicolas Druyer du). 85, 194.
'*' Poivre (Introduction du) en France. 422.
Polastron (Mme de), dame d'honneur de la
reine Marie-Antoinette ou de la princesse
de Lamballe. 443.
Police (La) sous le Directoire. Le bureau de
Surveillance, 109.
Polignac (Mme de) née Fleury. 617.
Pommares (Caillot de). 666.
Pontet iFamilie de). 224.
Poplinière ou Poupelinière (Mme de la). 225.
Portails (Lettre inédite du comte.) La France
et le Vatican en 1818. 495.
Portail de Vaudreuil. 278.
Porte Bannier, à Orléans. 239.
Porteret, famille bourguignonne. 726, 859,967,
Portes de fer (Marche des). 10,
* Portraits à retrouver : Bois-Briant ; Antoine
de Lam the-Cadillac ; Antoine de Crozat;
de l'Epinay. 517.
Portraits : Bruslis (Des), — Cakar. Chabril-
lan, — Gicquel, — Laure de Pétrarque,
Le Noir, — Marcel (J, J,). Mogador, voir
Chabrillan. Montluc. Napoléon 1". — Saint-
Just. Sartines
Pot-au-lait (L'affaire du). 109,
Potot de Montbélliard (Mémoires de), 385.
Poudre et imprimerie connues des Romains,
891. 996.
Poulpry (Mme de', dame d'honneur de la reine
Marie-Antoinette ou de la princesse de
Lamballe. 443 .
Poupart de Beaubourg, contre Beaupoil de
Sainte-Aulaire. 391 .
* Pour conduire les Français, il faut une
main de fer recouverte d'un gant de velours.
264.
* Préférer. Causer. 39.
Premoy (Geneviève) femme dragon, 661,
760, 819, 926. I
Prétérir, prétériter. 61, 479, 590, 651.
Prince impérial (La petite médaille commémo-
rative du baptême du), 916.
Problème (Un) de cryptographie : la lettre de
Desmaretz. 835,
* Procès aux Animaux, 489,
Procès (Le) des 79 voleurs. 336, 768,
Promenade (La) sur l'âne au xvn' siècle. 163,
397, 461, 599-
Prononciation du nom de Montaigne, 166,
249, =97, 54'> 470, 5='. 639.
Protestants (Eglises communes aux catholi-
ques et aux). 603, 713.
Protestants ("Les colonies françaises des) en
Allemagne. 614, 707.
* Provence (Le comte de) et l'émigration,
.74-
* Proverbes (Dictons et) météorologiques.
'53,539-
Prud'hon (Portrait de Samt-just par). 953.
* Pucelle (Un petit neveu de la). 792.
Pudentienne (Cardinal de Sainte-). 891, 963.
Pudeur (La) et la mort. 386, 538, 629.
* Puget (Denis-Nicolas du). 521, 639, 979.
'*' Puits dans les églises. 191 .
Puray (Félix), médecin. 248.
Puvis de Chavannes (Décors peints par). 475.
Once iiivenes . Vers latin à retrouver.
Quartiers du comte de Chambord (Les 256).
Voir Chambord.
*'* Quatre filles et un tsaievitch. 440,
Quatre hors-d'oeuvre de Rossini. 171.
Quatremère Disjonval et les araignées. 4, 155,
254. 356, 755-
Qu'est devenu le cercueil du cardinal de
Retz ? 68.
Question de dérogeance. 895.
Question de droit. 223,403.
Question sur Richelieu. 947.
Quête (La) de l'hirondelle à Rhodes. 732,886.
QLiiconque, , . , Malgré que. ,. . 897.
* Quos vult perdere Jupiter demeniat. 147,
251.
=>= Rachel (L'intelligence artistique de). 299.
Raid, randonnée. 673, 766, 823, 933.
Rais. Voir Retz.
* Ramesay (Claude de). 81S.
Randonnée, raid. 673, 766, 822, 933.
Raphaël (Elèves de). 388.
Ravaillac. 891.
Ravoux (Auguste), vicaire apostolique de
Montana. 276, 413,
Ravoux, Rézé (évêques), 276, 413,
Rayneval (de). Voir Brunière (Familles da la)
Recueils de chartes à retrouver. 88.
Réformel La) de l'orthographe. S97.
Refusés (Le Salon des). 675, 757, 820, 984.
Régence (La) [bibliographie]. 109.
"= Régiment de May. 17.
N- 10^4.
L'INTERMÉDIAIRE
1031
1032
Registres criminels (Anciens). 949.
Relique du voile de la sainte Vierge. 950.
** Reliques napoléoniennes. 88S.
* Reliure en peau humaine. 540.
Rembrandt (Un parent de). 730.
Rembrandt (Une toile de) datée de 1670. 721,
861.
* Renan (Une phraseimprudente de). 89,215.
Renseignements demandés sur plusieurs per-
sonnes du nom de Ginestous. 728, 864.
Replonge (Pic de). 730.
* Réquisitoire (Un) célèbre. 18.
Resico Lebreton Voir Lebreton.
* Res sacra miser. 148.
Restauration (Histoire de la). 672, 820.
Retz (Gilles de). Voir Barbe-Bleue.
* Retz (Qu'est devenu le cercueil du cardinal
de). 68.
* Révocation de l'édit de Nantes (Monument
commémoratif de la). 17.
Révolution (Le serment des ecclésiastiques
sous la). I 23, 188, 23 I , 292, 400, 508, 624.
* Revue rétrospective. 35, 141.
Rey (Mgr.), évêque de Dijon, chanoine de
Saint-Denis. 572 .
Reynard de Boissieux (Famille). 166, 362,472.
Rézé.(Mgr.), évêque de Détroit. 276.
* Richelet (Le dictionnaire de). 425,
Richelieu (Le duc de) [sa statue à Gênes]. 115,
Richelieu [ville) (Question sur). 947,
Richement (Comte de). 225, 361, 585, 755.
* Rigaud (Pierre de). 136.
Rimini (Isotta de). 6 10.
Rivière (Armes de la). 168, 304, 364, 418.
* Riz (Le), ration militaire. 77.
Roanne (Chri^nique scandaleuse de) sous Na-
poléon i^r.ôop.
Robe (La) de Pâques. 441, 604.
* Robespierre. 188.
Robespierre sur la charette. 3,291.
* Roch (Saint) et ses trois chapeaux. 198.
Rochechouart-Chandenier. Voir Bourdaloue.
Rochechouart d'illand. 952.
Roëll (Jean de). 9.
Rogres de Lusignan. Voir Armes à indiquer.
Rohan (La duchesse Henri de). 723, 793.
* Rohan (Le cardinal de) et la franc-maçon-
nerie. 45 s, 68 î, 746.
** Roi (Un) de Madagascar à retrouver. 943.
Romains (La poudre et l'imprimerie connues
des). 891, 996.
Roman (Un) d'Eugène Sue à retrouver. 116,
199, 256, 370.
Roman (Le mot). 447, ^91,695.
Roman à rechercher. 280, 425, 761.
Ronsard. 105.
* Ronsard (Le tombeau de). 87.
Rosse. Rosserie. Voir Caractère. Chanson.
Rossini (Quatre hors d'œuvre de). 171.
''' Rousseau (Une lettre de J.-I.). 139.
Rousseau (J.J.) [Une édition], 896.
Rousseau. Voir Nécrologie.
* Roussel de Tilly (Famille). 138, 413.
Roussel (Jacques de), auteur de !'« Etat mili-
taire de la France ». 391.
* Roussy (Mme de). 137,
* Rue Antoine. 702.
Rue (La) et le nom de Courtalon. 1 1 .
Rue d'Assas. 446.
*kue des Imbergères. 203.
'*' Rue Maz.irine (Les dalles de la). 82, 192,923.
Rue de l'Ouest. Voir Rue d'Assas.
* Rue de la Paroisse. 702, 861, 923.
Rue de la Verrerie (Un hôtel delà). 499. 631.
Rues de Paris (Les cris de). 820.
* Ruines des Tuileries. 9'57.
Runique (Un Document). 26.
Russie (La) pendant la guerre de 1870. iii.
Sadisme et sadique (Sur les mots).393, 533.
Saillant (i amille de). 895.
Saillant (Marquise du) sœur de Mirabeau. 622.
Saint-Cyran en Brenne. 239.
* Saint-Denis (Chanoines de). 572.
Saint-Elme (Mme Ida), la veuve de la grande
armée. ^06.
Saint-just (Portrait de) parPrud'hon. 953.
Saint-Just (Un vers étrange de).73i.
Saint-Louis (Histoire de l'ordre de). 561.
Saint-Malo, nom d'homme. 280, 415.
Saint-Marcel Corbin. Voir His de Lasalle.
Saint-Mars (Le Marinier de). 248.
Samt-Martin-le-Thierry (La paroisse). 892.
Saint-Pierre (Dutailly, frère de Bernardin de).
7 = 7-
Saint-Pierre (La femme de Bernardin de) :
« Félicité Didot » a été le souffre-douleur
de son mari. 734, 843, 931.
Saint-Sacrement (Le) donné à manger à un
cheval, m.
* Saint-Sauveur (Délimitation de la paroisse).
82.
Saint - Simon - Courtomer (Famille de) . 560,
685.
Sainte-AuLiire. Voir Beaupoil.
Sainte-Barbe (La fête de la). 222.
Sainte-Barbe (La). Date de l'origine. 614.
Sainte-Beuve. Le « Livre d'amour 2>. 620,
735-
Sainte-Beuve. « Pathelin ». 302.
Sainte-Beuve (Le centenaire de). 718.
Sainte-Pudentienne (Cardinal de). 891, 963.
Salières en céramique italienne des xvi*, xvii^
siècles et suivants. 446, 827.
Salon des refusés en 1864. 675, 757, 820,924.
* Salons du xvnie siècle. 309.
* Salve (Saint), ermite, abbé de Montreuil-
sur-Mer, puis évêque d'Amiens. 238.
"^ Sand (Réponse à retrouver de George). 255.
Sang royal (Le) de France. 171.
Sans-culotte Jésus (Le). 4.
* Sanson (La famille). 156, 267, 698, 746,
832, 960.
* Sanson (Mémoires de) et Mémoires des San-
son. 254.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1033
1034
Sana (de la) famille bourguignonne. 726.859,
967.
Sarcey (Francisque). Voir Finis Galhcc.
* Sartines (Journal des inspecteurs de M. de).
902, 982.
* Sartines (Portrait de) par Dupont. 41=5.
« Satire ou Lanterne Magique de la ville de
Roanne ». 609.
* Saugrain (La famille). Les imprimeurs et
libraires de ce nom. 137.
Saulnier de Beauregard (Armoiries). 226,416.
Saumur (Trois familles de). 895.
Sautoir. 278
* Savoyard, Savoisien, Savoyen. 97, 177, 257.
Sazerac (H.-L.) auteur des « Lettres sur le
Salon de 1834 ». 647, 820.
S. B. (M. de). 501.
Scaramouche (Les mariages de). 933.
Schuna pour Schina (Sein). 296.
Scholastique (Confrérie en l'honneur de
sainte). 950.
Scorbiac. 26, 135. 246, 304.
Sébastien de Luxembourg. 1.
Second (Le) mariage de la duchesse de Berry,
722, 789, S44, 993.
Seine-Inférieure. Voir Etat civil (L'), les actes
notariés et le Conseil général.
Selden (Camille), livre sur Henri Haine. 498,
585, 818, 932, 980.
« Sémillante» (Livre de bord de la). 721,852,
906.
Sénat (Peintures de Delacroix dans la biblio-
thèque du). 49, 191.
Sénateurs (Anciens Pairs de France et). 403.
Sénèque {Controversia; de). 89, 198.
Sentinelle (La) qui empêche de passer le Petit-
Caporal. 105, 608, 739, 796.
Sepulveda. 273, 429.
* Serment (Le) des ecclésiastiques sous la Ré-
volution. 123, 188, 231, 292, 400, 508,624.
Serment maçonnique (Le) . 498, 681 , 747,827.
* Serpent de mer (Le) du « Constitutionnel ».
43) «46.
Servan. Voir Trestaillon.
Servantes (Les) dans l'ancienne famille fran-
çaise. 332, 490, 598.
Sévigné (Domiciles de Mme de). 839, 976.
Sévigné (Mme de) avait-elle un « teinturier » ?
445-
Sforza (Iconographie de Catherine). 225,355.
* Shakespeare fouetté. 34.
* Siéyès. Orthographe de ce nom, sa pronon-
ciation. 249.
Sigilory (Famille de). 67!,
Simer. Cimer. 393, 537, 591, 650.
Simon de Grandchamp (Souvenirs de). 299,
415.
Simone di Martino, peintre Siennois. 331.
* Sirènes (Les). 211.
Sobriété et gourmandise de Napoléon i". 221.
Société (La) des Débris de la Vieille Armée,
174, 357-
'* Socrate (Le ménage de). 803, 907.
Sommariva (Famille de). 225, 416.
Sous (Lettres gravées sur des). 840, 916,971.
* Sous-marins (Les) en 1859. 80, 128, 266.
« Souvenirs de la Guerre d'Espagne, par un
adjudant de chasseurs ». 171.
* Souvenirs de Simon de Grandchamp. 299,
4'5.
« Souvenirs d'un Etudiant de 1848 ». Von-
Chassin.
Statuaires (Les) Gois père et fils. iq6.
Statue de Henri IV, sur le Pont-Neuf, 667,
736, 902.
Statue équestre de Napoléon i'' à Lyon, i lo,
232.353-
Statues (Les) sur la voie publique et dans les
jardins. 842, 924.
Statues (Les) de Thouret,de Mirabeau, de Con-
dorcet enlevées de la chambre des Pairs. 53.
Strozzi. Voir Balzac [et le prêtre Génois],
Sue (Un roman d'Eugène) à retrouver. 116,
•99; 256,370-
Suisses (Les drapeaux des) en août 1792.
2, 119.
Supercheries typographiques. 731.
Table (La) du Recueil de Montaiglon. 896.
Tableaux. Voir: Bareilher. Boucher. — Ligue.
— Murillo. — Rembrandt.
Tableaux sur la Ligue. 117, T85, 346.
Taine (Hippolyte). Voir Selden (Camille).
Talisman de Charlemagne (Le). 387.
** Talma poète. 493.
* Tanneries (Les) de peau humaine. 540.
Tardin (Jean) « découvreur » du gaz d'éclai-
rage. 214.
« Teinturier » (Mme de Sévigné avait-elle
un.)? 445.
** Télégraphie à coups de canon sous Louis XV.
72.
Temple (Louis XVII. Sa mort au). 625, 741,
795-
Temple de l'Amitié. 842.
* Tenaille (Famille). 819.
Tenneur (Le). Voir Armes h indiquer.
Terburg (Le peintre). 730, 868.
Termes de marchands drapiers. 339, 483.
Terre noble. 162, 296, 397.
Testaments (Les) et les legs étrangers. 430,
59S.
* Tête-Bêche (Jeu de). 398, 538.
Têtes à l'huile. 619, 712, 771.
Thouret. Voir Statues.
* Thuisy (Mme de). 869.
Thumery (Blason de la famille). 131.
* Tilly (Le comte de). 250, 301.
Tilly (Roussel de). 138, 413.
Tintoret (Ouvrages sur le). 501 .
Titres celtiques. 338.
Titulaires de majorats. 724, 847,
** Tombe (La) de la femme de Lucien Bona-
parte suspectée d'inconvenance. 719.
Tombeau de Ronsard. 87.
L'INTERMÉDIAIRE
10
•>■)
1036
Torche (de) bitteiois, 391, 524.
* Torpanne (Hôtel). 476.
Tosse, tosen, tozal. 281, 990,
Totleben (Le premier). 392.
** Tour de force (Un) de construction navale.
832.
* Tojr duPin de Li Cliarce (Philis de la). 411.
Tournelle (Château de la). 951.
* Tout passe, tout casse, tout lasse. 310.
* Traite des blanches. 154.
Tiavenoi. Voir Voltaire requérant une lettre
de cachet. 829.
Trésor (Le) des chartreux. 103.
Tresses (Les) de Navarre. 561, 691, 807, 965.
Trestaillon. Servan. Truphémy. 949.
Trézal (D'). « Géographie poétique de la
France ». 668.
Tribunal Révolutionnaire (Le). 443.
Tripes (Les) à la mode de Caen de Bourbon-
Montmorency-Créqui. 504.
Trirèmes (Les) de Caligula. 12.
Trois cachets à identifier. 726, 809.
Trois familles dé Saumur. 895.
Truphémy. Voir Trestaillon.
Tuileries (Ruines des). 937.
Turenne (Le boulet qui tua). 665, 848, 938.992,
U
Uniforme du régiment de Berry-Cavalerie.
V
Vaisseaux de l'Etat (Livres imprimés sur les).
618.
Valette (La). Voir La Valette.
Van der Goes (Hugues) miniaturiste. 333, 584.
Van Rhyn. Voir Rembrandt.
Vaseline, mercerisé, mercerisage et carter
(Les mots). 935.
* Vasno. 9S0. «
Vasseur (Familles Du Pont et le). 894.
Vaudreuil (Portail de). 278.
Vaupalière (Mme de la), dame d'honneur de
la reine Marie-Antoinette ou de la princesse
de Lamballe. 443 .
Veilleurs (Les) de nuit au xviii* siècle. 619.
Vendôme (Le cardinal de) Léopard Amyot. 54.
Veneur (Le) Voir Armes à indiquer.
Vengeance de comédienne. 220.
Vent d'autan. 733, 824.
Ventre d'argent. Voir Galliffet.
Vénus et la femme à barbe. 62, 379.
* Vêpres siciliennes (Le mot des). 187.
Verbe agonir (Conjugaison du). 96.
Verbes en eler, eler (Les). 503.
Vergy (La châtelaine de). Iconographie de la
légende. 274, 399, 514.
Vermeil (Antoine de). 671, 75s.
Verrerie (Un hôtel de la rue de la). 499, 631.
Vers à retrouver :
<i: C'est en vain que d'eux tous... ».
673, 770,
* Vers à letrouver :
« Par une telle nuit... ». 92.
Vers de Dumas père à retrouver. 497, 642,
* V<.rs équivoques. 646.
Vers étrange de Saint-Just. 731 .
Vers latin à retrouver : Quce juvenes....
* Vers latins pouvant se lire par les deux
bouts. Voir Vers rétrogrades.
Vers rétrogrades. 645.
* Vers tragiques ridicules. 646.
« Vie et miracles de saint Menoux ». Voir
Marcaille (Séb.)
Vieille Armée (La société des Dibris de la").
174, 357.
* Vierges noires. 689.
Vieux livres. Voir Catalogues.
Villages Mayeux et Cave. 239.
Villarceaux (Hôtel de). 277, 473, 639.
Villayer (M. de). 954.
Ville d'Avray (Histoire de). 138,476, 588.
Villefort (Famille de). 617, 786, 871, 982.
Villeneuve (Mémoires sur la vie de madame
de). 733.
Villers (Gotan de). S40,
Villon coupe bourses (Un second), i.
Vin ou Devin (Famille de). 57.
Vincennes (L'abbé de Cajamano prisonnier au
donjon de). 046.
* Vinci (Les familles). 87.
« Visitesartistiques» d'Eugène Fromentin. 788.
Vitriers de Lyon (Compagnons). 781, 881.
Vittinghoff dit Schell zu Schellenberg (Fa-
mille von). 10, 139, 197, 416.
« Voilà comment nous les faisons et voici
comment ils nous font ». 898.
Voile de la sainte Vierge. 950.
Voltaire (Les enfants de). 618, 688.
•Voltaire. Statues et portraits faits de son
vivant. 303.
Voltaire (Une liabitation de'. 277, 473, 639.
** Voltaire requérant une lettre de cachet. 829.
Voyage à Madagascar. (L'auteur d'un). 730.
Vrain-Lucas. 501 .
Vulteius (Jean Facio dit), poète rémois, 616
W
** Waldeck-Rousseau (M.) et sa lettre sur la
pêche à la ligne. 384.
** Waldeck-Rousseau (L'œil de verre de).
272, 324, 459. 587.
Waterloo (Le lion de) en 1832. 76, 293.
Waterloo. Voir Cambronne.
Weinborn (Abbé). 168.
Willinghof de Chelles de Chellemberg. Voir
Vittinghoff.
Y
Yvetot. (Les archives de l'arrondissement d').
274, 398.
Z
Zandt (en Allemand von Zandt) (Famille de).
561, 688, 755.
Zemulpeda, Zepulmeda, Zupelmeda. Voir Se-
pulveda.
5 francs (Pièce de) 895, 900.
1832 (Les barricades de). 949.
XVIIP siècle (Les veilleurs do nuit au). 619. <
S'
0
AG L'Intermédiaire des chercheurs
309 et curieux
156
V.50
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