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Full text of "L'Intermédiaire des chercheurs et curieux"

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L'INTERMÉDIAIRE 


DES 


CHERCHEURS    ET   CURIEUX 


QUyÇQUE 


Cherchez  et  toiu     <        ^^*'jdÊi.J'  t     [^     Il  se  faut 

trouicrei  ^     "^  *  ilP      \    ;*    m  entr'aider 

D 
O 


L'INTERMÉDIAIRE 


DES 


CHERCHEURS  ET  CURIEUX 

FONDÉ  EN  1864 

CORRESPONDANCE    LITTÉRAIRE,    HISTORiaUE    ET    ARTISTIQUE 
aUESTIONS    ET    RÉPONSES,    LETTRES    ET    DOCUMENTS    INÉDITS 

COMMUNICATIONS  DIVERSES  A  L'USAGE  DE  TOUS 

LITTÉRATEURS  ET  GENS  DU  MONDE,  PROFESSEURS,  ARTISTES,  AMATEURS, 
BIBLIOPHILES,  ÉRUDITS,  COLLECTIONNEURS,  ARCHÉOLOGUES,  GÉNÉALOGISTES,  NUMISMATES,  ETC. 


50"  ANNÉIi  —   F914 

DEUXIÈME  SEMESTRE 

VOLUME     LXX 


PARIS 


UtNlERMÉDlAlRE  DES  CHERCHEURS  El  CURIEUX. 
)i  bis.  RUE  VICTOR  MASSÉ    31  bis 


/ 


%. 


1970 


309 

ISO 

V.  10 


i&i^\!ëJ;fS-:A»m 


ALEXANDRE  DE  BEAUHARNAIS 


Intermédiaire  hX\.  coloone  1. 


LXX*  Volume  Paraissant   Us  lo,  lo  et    jo  de  chaque  mois 


10  Juillet  1914 


••'".r.Victor-MaiiR^ 
PARIS  i\X'\ 


ODAQOB 


Chtrches  et 
vou» trouvaret 


Bureaux:  de3i6beure> 


g       II  te  faut 
w       intr*  aider 


N»  1405 

3«"",r.tlclor-K»«iie 
P/inif»  <IX») 

Bnroaui  :  dnSi  6h«ar«i 


€  3nUxmébxaixe 


DES 


CHERCHEURS 

Fondé   en 


ET    CUR 

1864 


EUX 


QUITTIONS     ET     RÉPONSRS 


r.ITTERAIBES,     HISTORIQUES,    SCIENTIPlyUKS 
TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


KT   ARILSTUJUIS 


Nota  plions  nos  correspondants  Je 
vouloir  tien  répéter  leur  nom  au-dessous 
de  leur  pseudonyme,  et  de  n'écrire  que 
d'un  côté  de  la /eut  lie.  Les  ntticles  ano- 
nymes OH  signés  d-,  pseudoiiyinci  inconnus 
ne  seront  pas  iméiés. 

Pour  la  précision  des  rubriques,  une 
question  ne  peut  viser  qu'un  seul  nom  ou  un 
seul  objet. 

Indiquer  les  rubriques  et  leurs  cotes. 

Qiiand  la  question  sollicite  la  connais- 
sance d'une  liste,  la  liste,  sanj  exception^ 
n'est  pas  insérée,  mais  envoyée  directement 
à  l'auteur  de  la  question. 

L'Intermédiaire  des  chercheurs  et  cu- 
rieux s'interdit  toute  question  ou  réponse 
tendant  à  mettre  en  discussion  le  nom  ou  If 
titre  d'une  famille  non  éteinte. 


«10 


La  dame  X  ..  d'Alexandre  de 
Beauharnais.  —  Nous  posons  une 
question  sans  doute  insoluble,  parce  que 
celui  qui  Javait  la  solution,  notre  distin- 
gué collaborateur,  le  D'  Piciicvin  est  dé- 
cédé. 

Dans  son  intéressant  ouvrage  :  L'Impé- 
ratiicc  Joséphine,  il  dit  page  139  :  <  qu'A- 
lexandre de  Boauharnais  rencontra  à  Pa- 
ris, une  femme  mariée,  une  créole  alliée 
auxTascher,par  les  d'Orange,  proche  pa- 
rente de  l'ancien  gouverneur,  M.  le  Yas- 
ser de  la  Touche  ». 

Cette  femme  distinguée  enjôla  le  vi- 
comte, le  séduisit,  devint    sa    maîtresse, 


capta  sa  confiance  et  fil  pénétrer  dans 
l'esprit  du  mari,  le  soupçon  de  légèretés 
que  sa  femme  aurait  commises  avant  son 
mariage  à  la  Martinique.  H  alla  sur  place 
faire  une  enquête  avec  cette  personne. 
Cette  enquête  ne  donna  point  de  résultats 
probants,  mais  ladame  X...  qui  était  dans 
une  position  intéressante  dut  abandon- 
ner ce  bel  ouvrage  et  rentrer  précipitam- 
ment en  France. 

Le  D'  Pichevin  ajoute  en  note  : 

Nous  avons  pu  déterminer  la  personii.iîité 
de  la  femme  qui  joua  un  rôle  néfaste  dans 
la  vie  d'Ale.'iaiidre  de  Beauharnais  et  de  la 
vicomtesse.  Il  est  préférable,  semble-t-il,  de 
ne  pas  dévoiler  son  nom. 

Pourquoi  .?  Ces  faits  remontant  à  1782, 
il  y  a  prescription  :  ils  rentrent  dans  le 
domaine  de  l'histoire. 

D'  L. 

Le  Serment  de  liberté  el.  o'éga- 
litô.  —  Le  14  août  1792,  l'Assemblée  Lé- 
gislative ordonna  de  prêter  un  nouveau 
serment,  dont  voici  la  formule  :  «  Je  jure 
d'être  fidèle  à  la  nation,  et  de  maintenir 
la  liberté  et  l'égalité  ou  de  mourir  en  les 
défendant  ».  L'obligation  de  prêter  ce 
serment,  d'abord  restreinte  aux  seul' 
membres  de  l'Assemblée  Législative,  fut 
étendue  bientôt  à  tout  Français  qui  rece- 
vait un  traitement  de  l'Etat,  puis  à  tous 
les  fonctionnaires  publics,  jusqu'à  ce  que. 
enfin  le  3  septembre,  elle  fût  imposée  à 
tous  les  citoyens  sans  exception. 

Consulté  EU  sujet  de  ceux  qui  avaient 
fait  ce  nouveau  serment,  le  Pape  Pie  Vl 
répondit  toujours  invariablement  :  «  Con. 

LXX,  1 


h»  1405. 


Voi. 


LXX. 

-      3 


UiNTÊRMÉDlAlRE 


sulantconscientiœ  suœ,  cùm  in  dubio  ju- 
rare  non  liceat.    » 

La  seconde  partie  de  cette  réponse, 
«  cùm  in  dubio  jurare  non  liceat», a  donné 
lieu  à  controVèl-sé.  due  vise  directemëtlt 
le  Pape  ? 

la    formule   équivoque   du  ser- 


Est-ce 
ment  ? 
Est-ce 


la  conscience  douteuse  des  ju- 


Autrement  dit,  le  éeAa  dé  \à  réponse 
pontificale  est  il  tout  à  fait  objectif  ou 
subjectif? 

Dans  le  pren^ier  cas,  il  éiait  interdit  à 
tous  les  catholiques  de  faire  ce  nouveau 
serment,  jusqu'à  ce  que  le  Pape  ait  pro- 
noncé. Dans  la  seconde  traduction,  il 
suffisait  de  se  fotmer  l3  cOhSCietice  pour 
pouvoir  jurer. 

Lés  partisans  de  la  première  Opinion 
traduisent  de  la  sorte  :  «<  Que  ceux  qui 
ont  ptêté  le  sefn  ent  avec  une  conscience 
douteuse,  auront  à  se  nietlre  en  règle 
avec  leur  conscience.  >> 

Les  autres  disent  :  «  Cortirne  dans  le 
douté  il  n'est  pas  permis  de  jurer,  qu'ils 
mettent  ordre  à  leur  conscience.  » 

Qui  a  raison  ? 

F      UzURKAU, 

Directeur  de  VAn/ou  Historique. 

Aioft  de  Duroc;  rtonument  élevé 
à  sa  mémoire.  —  On  sait  le  chagrin 
(JUe  tnfltiifesta  l'Emlsei-eur  lorsque  le 
grand  maréchal  Duroc  fut  tué  en  1813.  Il 
chargea  le  pasteur  de  MackersdorfT  de 
f;iire  placer  sur  le  lieu  où  Duroc  venait 
d'expirer,  une  pierre  monumentale  avec 
cette  inscription  : 

/ci  le  général  Ditroc,i'uc  de  Frioul,  i^rand 
Mirichal  du  palais  de  l' Empereur  Napoléon, 
fVappé  d'uti  bouiet,  a  expiré  dirii  les  bras  de 
ion  Empereur  el  de  Suh  arni 

Lés  ordres  de  l'hfnperêur  ont-ils  été  exé- 
êués  ?  Napoléon  acheta  encore  la  maison 
OÙ  Duroc  était  mort,  ert  fit  don  à  ses  ha- 
bitants,à  charge  de  veiller,  de  père  en  fils, 
à  là  conservation  de  celle-ci. 

Que  Sont  devenus  ces  deUk  souvenirs? 
C.  DE  La  Benotte. 

Le  roi  dfi  Serbie  pendant  la 
guerre  franco-aliemande.  —  On  lit 
dans  le  journal  La  Liberté  du  26  juin 
1914  (p.  I,  col.  5)  : 


La  cause  première  de  la  maladie  du  roi 
Pierre  est  un  refroidissement  qu'il  contracta 
eri  traversant  le  Rhin  à  la  nage,  lotsqu'en 
1870  il  s'échappa  duhe  forteresse  allemande 
où  il  était  détenu,  ayant  été  fait  prisonnier 
alors  qu'il  combattait  dans  nos  rangs  pour  la 
France,  son  pays  d'adoption   .. 

Le  prince  Pierre  Karageorgevitch  était 
à  l'Ecole  militaire  de  SaititCyr,  au  titre 
étranger,  lorsqu'éclata  la  guerre,  en 
1870  :  il  fut  alors  nommé  officier  à  la 
Légion  étrangère  dont  il  porta  toujours 
l'uniforme.  11  appartint  d'abord  à  l'ar- 
mée de  la  Loire.  Après  la  reprise  d'Or- 
léans pat  les  Allemands,  il  fut  attaché,  en 
qualité  de  lieutenant,  à  l'état  major  de  la 
1"  division  d'infanterie  du  i8'  corps  de 
l'armée  de  l'Est,  où  il  demeura  jusqu'à  la 
fin,  et  où  celui  qui  écrit  ceci  demeura 
aussi  constamment  attaché  avec  lui. 

Son  évasion  d'une  forteresse  allemande 
et  le  passage  du  Rhin  à  la  nage  confir- 
meraient une  légende  à  laquelle  il  con- 
vient de  couper  les  ailes. 

H     DE  L. 

L'oriflamme  de   Saint-Denis.    — 

L'Intermédiaire  a  déjà  abordé  cette  ques- 
tion que  les  belles  fêtes  de  Saint  Denis 
permettent  de  fenouvelér  :  on  a  reconsti- 
tué l'oriflamme  ;  mais  cette  reconstitution 
est-elle  parfaiterhent  exacte  ?  V. 

La  col oûlie  de  Rosbacii.  —  Qu'est 
devenue  la  colonne  de  Rosbach  que  Napo- 
léon a  fait  enlever  et  qu'il  envoya  à  Paris.? 
Comment  y  arriva-t-elle  ?  Qu'en  fit-on? 
Où  la  mit-on  t  Où  est-elle? 

A.  B.  X. 

Compagnie  du   Saint-Sacrement. 

—  La  compagnie  du  Saint-Sacrement 
dont  on  parle  depuis  quelques  années, 
aurait-elle  des  filiales  dans  l'Ouest  ^ 

Un  ManCeau. 

Domaine  de  Sousy  (m'niaturej.  — 

Là  société  des  Bibliophiles  français  va  pu- 
blier prochainement  une  reproduction  de.; 
miniatures  qui  ornent  le  «  Terrier  de  iVlar- 
coussis  »  et  qui  ont  été  exécutées  au  com- 
mandement de  l'amiral  Malet  de  Graville, 
vers  l'an  i  500. 

Une  des  petites  miniatures,  qui  mesu- 
rent sensiblement  180""°  en  hauteur  sur 
225   en    largeur^   manque  au    manuscrit. 


OEa  CHEKCHEUr<S  KT  CURIEUX 


10  juillet   1914 


Elle  a  trait  au  domaine  de  Sousy,  mot 
qui  doit  être  écrit  en  haut  à  droite  en 
lettres  d'or,  et  figure  probablement  une 
scène  de  la  vie  d  campagne.  Elle  a  été 
vue,  il  y  a  quelques  années,  chez  Un  anti- 
quaire. 

d'ielque  amateur  de  nos  amis  connaî- 
trait il  l'existence  de  cette  page  dont  je 
désire  une  photogtdphie  ? 

Comte  A.  dé  Laborde. 

A  Verne.  —  Le  Régent  a  eu,  enlr'àu- 
très  maîtresses,  Madame  d'Averne.  Elle 
était  fille  de  M  de  Brézy,  conseiller  au 
Parlement  et  avait  épousé  à  quinze  ans  le 
marquis  d'Averne  ? 

D'où  vient  ce  nom  d'Averne  .'' 

J  han  de  Qalland,  argentier  de 
Louis  XI  —  Je  désirerais  avoir  quel- 
ques renseignements  généalogiques  sur 
Jehan  de  Qalland,  argentier  de  Louis  XI, 
dont  un  curieux  hôtel  du  quai  d'Orléans 
à  Tours  porte  le  nom.  —  Quelles  étaient 
ses  armes  ? 

Est-ce  à  lui  que  Balzac  fait  âllusioti  en 
ces  termes,  dans  un  de  ses  ouvrages  dont 
j'ignore  le  titre  :  c  L'argentier  de  Louis  XI 
ressemblait  à  ci  monarque,  il  en  avait 
pris  certains  gestes  comméil  arrive  à  ceux 
qui  vivent  ensemble  dans  une  sorte  din 
timité...  »  Baron  de   G. 

Routier  d)  Lisle.  —  Un  aimable 
intermédiairiste  voudraii-il  me  faire  con- 
naître la  famille  <  Routier-de-Lisle  »  et 
quelles  furent  ses  armoiries  .'' 

Cette  famille  dut  être  appdéi,  après  la 
Révolution  :  «  Routier-Delisle  »,  et  même 
«  Delisle  >'>  ou  «  Delille  ». 

Je  serai  très  reconnaissant  des  rensei 
gnements  que  cet  aimable  confrère  vou 
dra  bien  me  donner.  des  Andes. 

Marquis  de  la  Thoisou  de  Ro- 
cheblancae.  Louis-An-able  Laurent 

de  la  Thoison  de  Rocheblanche,  né  dans 
l'île  de  Saint-Domingue  en  1726,  seigneur 
de  Vaugien  (com.  de  Saint  Remy  IcsChe- 
vreuse,  S.  et  O.)  terre  qu'il  avait  achelée 
du  prince  de  Lambesc,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  capitaine  des  milices  de  Saint-Do- 
mingue, lieutenant  des  maréchaux  de 
France,  mort  à  Vaugien  le  27  ociobrc 
'770,  avait  été  élevé  a  la  dignité  de  mar- 
quis. 


Il  h.ibita  longtemps  Saint-Domingue  et 
quelque  peu  vers  la  fin  de  sa  vie,  son  do- 
maine de  Vaugien. 

Les  lettres  patentes  qui  conféraient 
semblables  titres  étaient,  je  crois,  tou- 
jours registrees  par  les  Parlements.  Quel 
est  celui  qui  dut  recevoir  les  lettres  du 
marquis  de  la  Thoison  ;  dans  quels  regis- 
tres peut  on  espérer  les  trouver  ? 

R.  DE  CressiA. 

Armoiries  à  détermlnel*  :  de 
gueu  es  à  2  trèfles  d  or.  -  Un  aima- 
ble intermédiairiste  pourrait-il  me  dorther 
quelques  renseignements  sur  les  armoi- 
ries suivantes  :  de  gueules  à  2  tièflei  d'or, 
au  chef  d'août,  chargé  d'une  étoife  d'ar- 
gent? 

J.  DE  T. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'azur  à 
la  fasce  d'hermine  —  D'azur  à  la  fasce 
d  her  ruine,  accompagnée  de  2  étoiles  d'ar- 
gent, chargées  cH  cœur  d'une  rose  de  ^ 
feuilles  de  gueules,  et  en  pointe  d'UH  cyghe 
plumé  et  becqui  d'argent. 

Ces   armoiries  appartiennent  à  des  fa 
milles  qui  furent  alliées  aux  Titon,  et  sont 
vraisemblablement  celles  des    Bfodelet  et 
des  Benserot.  Où  pourrai-je  trouver  con- 
firmation de  ces  attributions? 

I    DE  T. 

Armoiries  à  déterminer  :  pal  de 

sable.  —  D'argent  au  pal  bieteisé  de  sa- 
ble au  chef  ti'a^ur  chargé  de  trois  éloilts 
d'or  rangées  en  fasce.  Ecu  ovale,  timbré 
d'une  couronne  de  comte,  dans  un  car- 
touche style  Louis  XIV,  accolé  de  deux 
rainceaux  de  branches  fruitées  de  laurier, 
liées  par  le  bas  d'un  cordon  dont  le  nœud 
soutient  une  croix  de  l'ordre  de  Saint 
Louis. 

Geo  Film. 

Le  Tonum  nt  du  poète  Sully- 
Prndhomme  à  Lyon.  —  Une  sous- 
cription fut  ouverte  peu  de  temps  après 
la  mort  du  poète  Sully  Prudhomme.pour 
ériger  à  sa  mémoire  un  moiiumcnf  sur 
une  des  places  de  Paris.  On  attendait  de- 
puis longtemps  l'inauguration  de  cette 
statue,  très  médiocre  d'inspiration  et 
d'exécution,  qui  figurait,  il  y  a  deux  ou 
trois  ans,  a  l'exposition  des  artistes  fran- 
i  çais  ;  voici  qu'on   nous  annonce  qu'elle 


N»  1405.  Vol. 


LXX. 

-     7 


L'INTERMEDIAIRE 


8 


va  être  prochainement  installée  à  Lyon. 
Pourquoi  ce  changement  ?  Est-ce  que 
Sully-Prudhomme  est  né  à  Lyon  ?  Y  a-t-il 
passé  une  partie  de  sa  vie  ?  Qui  donc  a 
décidé  cette  modification  au  orojet  primi- 
tif? 

Voici  la  statue  de  Coppée  qui  s'élève 
sur  une  des  places  les  plus  fréquentées 
de  Paris  ;  elle  y  a  été  érigée  moins  de 
cinq  ans  après  sa  mort,  et  celle  de  son 
grand  ami  et  collègue  sera  bannie  de 
Paris  et  reléguée  au  fond  de  la  province. 
Pourquoi  cet  ostracisme  .?  dui  a  pris  la 
responsabilité  de  cet  exil  ?  Testis. 


fais.'iiit    rougir 
dévergondées) 


Tapabor 

Sa    mauvaise    intention    la 
(car  elles  rougissent  aussi   les 
sa  gorge  n'avait  pas  moins  de  rouge  que  son 
visage  et  l'un  et  l'autre  auraient  été  pris  pour 
un  tapabor  d'écarlate. 

(Scarron,  Le  roman  comique,  ch.  X.) 

Quelle  était  au  xviii»  siècle^  —  cette 
partie  de  l'ajustement  féminin  —  le  tapa- 
bor, auquel  Scarron  compare  le  visage  et 
la  gorge  de  la  Bouvillon  dans  la  scène  un 
peu  scabreuse  de  la  séduction  du  pauvre 
Destin  t 

Lacurne  Ste  Palaye,  Godefroy  et  Raci- 
net  sont  muets  à  cet  égard.  A  ne  consi- 
dérer que  sa  consonnance,  il  semble  ori- 
ginaire d'Espagne,  mais  je  ne  l'ai  pas 
trouvé  dans  les  Dictionnaires  Espagnol 
Français  modernes.  Dehermann. 

L'origine  du  mot  «  Italie  ».  — 
Keniisi  du  (las  Laiid,  pourrions  nous  dire 
comme  l'héroïne  de  Goethe  r  Mais  en  l'in- 
terprétant dans  un  sens  un  peu  dif- 
férent, dans  un  sens  philologique.  Et 
les  bons  philologues  qui  lisent  l'Intermé- 
diaire de  nous  renvoyer  aussitôt  aux  fa- 
bles de  Denys  d'Halicarnasse,  au  vihilu 
totémique  —  dernier  bateau,  car  l'avant- 
dernier  se  contentait  d'un  veau  moins 
symbolique,  celui  qui  abonde  dans  les 
troupeaux  des  grands  massifs  de  la  Sila. 
Voici,  cependant,  une  question  inquié- 
tante. Comment  se  fait-il  que  les  Bruzzes 
des  vie  v»  siècles  avant  notre  ère  aient  ap- 
pelé vilitlus  le  jeune  taureau,  puis  appli 
que  ce  vocable  à  un  pavs  montagneux  ? 
Et  comment  se  fait-il  que  les  veaux  ainsi 
dénommés  —  j'entends  les  veaux  à  deux 
pattes  —  ne  se  soient  pas  offensés  d'une 
application  qui  les  assimilait  de  la  sorte  à 


leur  bétail  .?  Car  les  liali  éducateurs,  ou 
gardeurs  de  vitelli,  eussent  dû,  en  bonne 
philologie,  s'appeler  /talini,  comme  les 
Tauiini  ou  les  Piceni,  qui  se  réclamaient 
d'un  faunts  et  d'un  picus. 

On  nous  objectera  ;  Et   les  monnaies, 
les  fameuses  monnaies  de   l'époque  de  la 
guerre  sociale  —   non   celle  de  Gustave 
Hervé,  mes  frères,  —  où  se  lit  :  Eiteliu, 
yHeUu,  Italia  ?  Malheureusement,  l'écri- 
ture osque  la  plus  antique  apparaît,  pré- 
cisément, sur  l'une  de  ces  pièces,  avec  la 
diphtongue  ei.  Or  celle-ci  indique  une  an- 
cienne   prononciation   aiteltu.  Et  vtieliii- 
Itaiia  s'en  va  à...  vau-l'eau, avec  les  trou- 
peau.<  d'Hercule,   dont    s'inspiraient  les 
fables  rapportées  par    l'historien  du  pays 
d'Artémise  II.    D'autre    part,  l'île  d'Elbe 
ne  s'est-elle  pas  appelée  naguère  Âetalia 
et  Eiteltu  n'est-elle  pas  une   forme   com- 
mune aux   côtes  d'Etrurie  ?  Il  s'agit  donc 
ici  d'un  radical  à  signification   originaire 
spécifique  et  généralisée,  commençant  par 
un-  diphtongue,  indiquée   dans  les  ins- 
criptions antiques  psr  le  digamma,  1'/ ou 
le  V  des   graphies    italiques,  l't;   des  gra- 
phies osques.    D'où  il   suit  que  le    mythi- 
qu,^  roi  Italus  ne  serait  plus  que   l'agreste 
personnification  de   la  fertilité    du  sol  de 
la  Calabreen  vigne,  plante  désignée  dans 
les    langues    italiques  par   un    radical  en 
eit^fil,  vit,  auquel   aurait  été  adjoint   un 
suffixe  /,  al,  alu,  courant  dans  les  dialec- 
tes étrusques,  voire  en  latin.  Ce   suffixe, 
dans  les  primitifs  patois  barbares  d'Italie, 
devait  avoir  une  valeur  propre,  rendue 
dans  la  suite   équivalente  à   la  désinence 
du  génitif  —  quand  ces  idiomes   eurent 
acquis  la  flexion  nominale.  Comment,  de 
là,  est  venue  Eitalia  (=  pays  des  vignes)  ; 
comment,  aussi,  tout  ceci  n'est  pas  d'une 
solidité  à  toute  épreuve,  le  lecteur  curieux 
de  ces   bagatelles  pourra  l'étudier  en  dé- 
tail dans  les  Orioini  lialiclie  du  député  de 
Pontedera,  M.   Nello  Toscanelli,  dont   le 
t    I — 754  pages  et  232    illustrations  — 
vient  de  paraître  chez  U.  Hoepli  à  Milan. 
Mais  n'est-il  pas  curieux,  à  l'appui  de  ces 
hypothèses,    d'observer    que     l'Italie    et 
l'Œnotrie  furent, pour  les  écrivains  grecs, 
des  pays  identiques  .^  Or  il  est  rl-iir  qu'Oi- 
twtria  n'est  que  l'hellénification  d'£';7^//a 
interprétée  comme  nous  venons  de  dire. 
Voilà  un  argument  de  valeur,   nous  sem- 
ble-t  il...  Qu'en    pensent  les  doctissimes 
collègues .?  Camille  Pitollet. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1914 


Répo^ocô 


Louis  XIV  a-t-il  félicité  Jean  So- 
biesky  après  la  délivrance  de 
Vienne?  (LXIX.  785).  -  Erratum.  — 
Au  lieu  de  :  a  victoire  aussi  nuisible  aux 
intérêts  du  roi  de  France  qu'aux  vieux 
intérêts  de  la  Pologne  »,  prière  de  lire  : 
aux  t'r»?(j  intérêts  de  la  Pologne.  J'en  pro- 
fite pour  demander  à  mes  confrères  si, 
contrairement  à  ce  qui  était  professé  jus- 
qu'à ce  jour,  la  délivrance  de  Vienne  par 
Sobieski  a  été  réellement  contraire  aux 
intérêts  de  la  France  et  à  ceux  de  la  Po- 
logne en  1683,  c'est-à-dire  à  une  époque 
où  l'Islam  menaçait  toute  l'Europe  ? 

].  W. 

Reddition  de  Lunéville  le  12  août 

1870  (LXIX,  91,    245.   297,   447,    554, 
706).  —  Du  Journal  de  Lunéville  : 

Je  puis  vcus  ceriifier,  étant  présent,  que 
c'est  bien  M.  Saucerolte  qui  fit  la  remise  de 
ces  clefs  au  capitaine  voii  Po  !cet,  le  12  août 
1S70  ;  il  était  deux  heures  environ  de 
l'après-midi.  Von  Poncet  attendait  à  cheval, 
devant  la  mairie,  accompagné  d'un  hu'îsard 
de  la  Mort.  M.  Saucerotte,qui  était  premier 
adjoint  et  faisait  fonctions  de  maire,  descen- 
dit avec  un  couçsin  de  velours  grenat  sur 
lequel  brillait  une  seule  clef. 

L'officier  prussien,  sitôt  la  clef  prise  en 
guise  de  su.seraineté,  fit  demi-tour  et  partit 
au  trot  sans  même  daigner  saluer  M.  Sauce- 
rolte et  dire  merci. 

J'ai  dit  «  une  seule  clef  ».  Cela  m'a  d'au- 
tant plus  frappé  que  je  savais  qu'il  y  en  avait 
deux  ;  que  je  les  avais  vues  et  touchées  ea 
plusieurs  circonstances.  C'étaient  les  an- 
ciennes clefs  de  la  prison,  laquelle  était  si- 
tuée au-dessus  du  tribunal  actuel  et  qu'on 
appelait,  par  ironie  sans  doute,  «  Notre- 
D.mie  de  hon-Grillage  ».  On  les  avait  fait 
dorer  exprès  pour  la  venue  de  l'Impératrice, 
le  18  juillet  1806,  et  on  les  présenta  à  la 
souveraine  comme  celles  de  la  Ville  Amèrc 
ironie. 

Où  est  l'autre?  Le  qardien  du  musée  de 
Frédéric  le  Grand  a  affirmé  h  votre  corres- 
pondant, AT.  Ellem,  qui  le  visitiit  en  1912, 
et  s'étonnait  de  n'en  voir  qu'une  dans  la  vi- 
trine, à  côté  de  celle  de  Paris  <  que  la  se- 
conde se  trouvait  à  Potsd.nn  ».  Si  elle  s'y 
trouve, c'est  qu'elle  a  été  emportée  postérieu- 
rement pendant  l'occupation  prussienne. 

Je  souhaiterai?  pour  ma  part,  en  bon  Lu- 
n'SvilloU  que  jo  auit,  quu  celtti  seconda  clef 
i\'«ti(  p««  quittit  U  clt4,  aall  qu'ails  (ùt,  t$- 


\     léguée  dans   un  coin,  soit   qu'un   collection- 
neur local  la  gardât  précieusement. 
Veuillez  agréer,  cher  Monsieur  etc. 

H. 


L'éclipsé  maçonnique  pendant  la 
Révolution  (LXIX,  758).  —  11  est  diffi- 
cile de  répondre  à  cette  question  en  quel- 
ques mots  ;  et  le  problème  est  complexe 
et  les  solutions  sont  multiples. 

J'ai  expliqué  dans  Autour  ciu  Temple  (II, 
496  et  suiv.)que  trois  maçonneries  dilïé- 
rentes,  quant  au  mode  de  recrutement  et 
au  milieu  social,  se  sont  superposées  et 
c'est  ce  qui  explique  qu'on  rencontre  des 
maçons  dans  les  camps  les  plus  oppo- 
sés. 

Le  rôle  de  ces  maçonneries  a  été  certes 
considérable,  car  elles  furent  une  des 
causes  de  la  Révolution  et  surtout  de  la 
direction  que  celle-ci  a  suivie,  mais  elles 
ne  furent  pas  la  seule  cause.  Des  événe- 
ments de  cette  importance  ne  s'organi- 
saient pas  dans  une  loge,  ni  même  dans 
un  convent  ;Ia  Révolution  n'a  pas  été  dé- 
crétée, machinée  et  n'a  pas  triomphé  en 
vertu  d'un  plan  exactement  prémé- 
dité ;  une  pareille  puissance  n'a  jamais 
existé 

Parfois  des  «  faits  négatifs  »  imprévus, 
des  inerties  invraisemblables,  des  «  faits 
positifs  >  voisins,  interviennent  contre 
toute  prévision  et  entraînent  les  gouver- 
nements et  les  peuples.  Un  régime  sub- 
siste parfois  non  pas  parce  qu'il  est  fort, 
juste  et  légitime,  mais  parce  qu'il  y  au- 
rait un  danger  évident  tellement  grave 
à  se  substituer  à  lui,  que  personne  n'ose 
se  risquer  à  en  assumer  la  responsabilité. 

A  cette  succession  indésirable,  vient 
parfois  s'ajouter  l'absence  d'adversaires 
organisés,  ayant  un  programme  simple 
et  concret  à  proposer. 

Supposer  que  la  maçonnerie  a  tout 
prévu  et  a  été  maîtresse  de  situer  les 
laits  à  l'heure  dite,  c'est  vraiment  lui  at- 
tribuer une  puissance  que  seuls  jusqu'ici 
les  croyants  ont  attribuée  à  Dieu. 

Une  évolution  économique  et  sociale  se 
préparait  depuis  les  découvertes  de  l'Amé- 
rique et  de  l'imprimerie  ;  un  esprit  de  ré- 
volte existait  à  l'état  latent  depuis  la  Ré- 
forme. Avec  le  temps,  la  science,  le  cré- 
dit, les  travaux  publics,  avaient  soulagé 
l'humanité  et  rapproché  les  hommes  ; 
c'4«t  en  rRluon  do  t'cntsmbla  d*  ce*  cautf» 


Kp    !4fi5.  Vp>. 


LXX. 

l  ! 


LIN  TE  H  M  $PI  AIRE 


12 


dont  je  n'ai  cité  que  les  principales,  que 
l'évolution  s'annonçait. 

Les  gouvernements  et  les  peuples  de- 
vaient s'y  préparer,  la  faciliter,  adoucir 
ses  heurts  ;  la  France  était  alors  le  pilote 
de  la  conscience  de  l'iiiinianiîé  L'idée  ma- 
çonnique vint  jeter  le  désordre  dans  les  es- 
prits au  moment  critique, et  de  l'évolution 
économique  nécessaire,  fit  upe  révolution 
politique  inutile,  inopportunp  et  dange- 
reuse. 

Mais  Ifi  maçonnerie  ne  fut  p^s  la  seule 
coupable  ;  les  philosophes  avec  leurs  théo- 
ries abstraites,  les  parlementaires  avec 
leur  esprit  de  légistes^  n'eurent  pas  une 
influence  moindre  ,  sans  copipter  le 
rôle  si  nuisible  des  puissances  jalouses 
de  la  prédominance  de  la  France  et  l'envî 
mesquin  que  le-:  rois  de  TSiirope  portaient 
à  la  piaison  de  Bpurbon. 

Pendant  qu'en  France  il  y  avait  lin  Peu- 
ple en  révolution,  dans  l'armée  des  coali- 
sés il  y  eut  ur|e  révolution  de  Rois,  et 
ceux-ci  firent  plus  pour  le  tj-iomphe  du 
Jacobinisme  en  Frapi^e  iJLie  les  francs-ma- 
çons, 'es  légistes  et  les  philosophes. 

Pour  expliquer  leur  étrange  attitqde,  il 
n'est  pas  nécessaire  de  supposer  une  in- 
tervention clandestine  de  laf.-.  m.-,  dans 
les  conseils  des  souverains,  attendu  que  le 
partage  4e  la  Pologne  et  éventgellement 
(;eji4i  de  la  France,  la  destruction  de  notre 
rnarine  et  la  conquête  de  l'Inde  par  l'An- 
gleterre sont  suilisants  pour  motiver  la 
conduite  des  coalisés. 

Il  convient  d'ajouter  que  les  Loges  fran- 
çaises ne  furent  par  fermées  partout  ainsi 
que  l'indique  le  Pue  de  Lesli.  Si  la  plu- 
part t-les  Loges  à  Orient  fixe  entrèrent  en 
sommeil,  les  loges  de  régiment  subsistè- 
rent i/resque  toutes,  et  j'ai  été  à  même  de 
constater  que  dans  presque  tous  les  régi- 
ments de  nouvelle  foiniation,  des  Loges 
dont  personnejusqu'ici  n'avait  soupçonné 
l'existence,  furent   constituées  dès  179?. 

Enfin,  voyez  rpa  réponse  à  la  question  î 
«  Les  sociétés  populaires  et  la  franc-ir|a- 

çonnerie  ».  J.-G.  Bord. 

♦ 

»    m 

Pans  le  ntimérodu  in  juin  dernier,  un 
lecteur  pe  s'explique  pas  la  disparition  des 
lages  msiçonpiques  pendant  la  RévpU'- 
tion. 

Jl  voit  une  anomalie  étrange  et  insîç- 
pliquée  dans  leur  disparition  au  moment 
où  leur  triomphe  semblait  assuré. 


La  raison  en  est  toute  simple.  Les 
loges,  oflRciellemenl,  /omèèr^H/  en  sommeil, 
c'est-à-dire  qu'elles  se  fermèrent,  en  tant 
que  loges,  mais  pour  rouvrir  immédiate- 
ment sous  le  nom  de  Club  dei  amis  de  la 
ConstitiiH^n  ou  Jacobins. 

Ces  clubs,  une  fois  installés  à  la  face 
du  soleil,  enrôlèrent  de  force  beaucoup 
de  gens  timprcs  pour  étendre  les  respon- 
sabilités et  les  complices,  mais  sans  les 
initier  à  la  maçonnerie  afin  de  réduire  le 
nombre  des  profiteurs  de   la  révolution. 

Dans  la  petite  ville  d'Uzerche,  en  Li- 
mousin, j'ai  compulsé  leurs  registres.  Le 
secrétaire  ne  s'y  trouvait  pas  et  dans  les 
rrocès-verbaux,  en  désignant  les  mem- 
bres de  la  société,  il  n'oublie  pas  d'écrire 
le  {.  un  tel,  s'il  s'agit  d'un  maçon,  ou 
simplement  le  citoyen  un  tel,  s'il  s'agit 
d'un  non  initié. 

Il  en  était  de  même  dans  tous  les  autres 
clubs  de  [acobins  et  il  y  en  avait  presque 
autant  que  de  communes  en  France. 

|'V1a?.T1A1,  de   PpADEL   DE  L.^MASE   . 
•  » 

Dans  son  livre  si  judicieusement  pensé 
et  si  solidement  documenté,  Z(?  iccret  ds  la 
Franc-  Miiçor,iiene,N[.yi3iX  Doumic  a  donné 
l'explication  de  l'éclipsé  de  la  Franc-Ma- 
çonnerie pendant  la  période  révolution- 
naire. 

Voici  ce  que  l'on  peut  lire  aux  pages 
190,  191  de  cet  ouvrage  ; 

Nous  avons  dit  que  la  fiqiic-mnçqnnerie 
av.iit  fait  la  Révolution  et  nous  avpns  rnon- 
tié  coqinient.  Une  fois  la  Révolution  accom- 
plie, la  franc-maçor.ntrie  s'éteint  presque 
coniplptenient  ;  le  Giand-Orient  a  disparu  : 
trois  loges  seulemem  subsistent  à  Pans  :  les 
Amis  de  la  Liberté,  la  Martiiiique  des  frères 
réunis,  le  Ceptre  des  ar.iis  C'est  sur  ce  fait 
que  se  sont  appuyés  les  :  uteurs  qui  ont  con- 
testé la  participation  de  la  maçonnerie  à  la 
Révolution.  I!  n'y  a  là  qu'une  équivoque 
qui  ne  résiste  p.is  à  un  examen  sérieux. 

Nous  avons  expliqué  l:^  transformation  qui 
s'était  opérée  en  I789  et  comment  les  loges, 
doiit  le  s;.-ciet  couvrait  la  conspiration,  se 
!ont  ouvertes  et  sor^l  devenui^s  des  clubs, 
lorsque  cette  conspiration  a  éclaté  et  triom- 
phé. Les  loges  ont  ^lors  tout  naturellement 
cessé  d'c};ister  :  elles  n'avaient  plus  de  rai- 
son d'être,  elljs  devaient  au  contraire  deve- 
nir suspectes  au  nouveau  gouvernement.  On 
y  avait  en  effet  enrôlé  ties  gens  de  toute 
sorte,  de  toutes  les  coiidjtiûiis  et  de  toutes 
les  opinions  ;  011  les  y  avait  fait  travailler  j 
la  réalisation    d'un    progr^rarne   qu'ils    igno- 


DES  CHEÇÇHRU^!»;  RT  CURIEUX 


10  Juillet   191 4 


'5 


-      14 


raient.  Pour  cela  on  avait  dft  leur  donneriez 
signes  de  reconnaissance,  leur  révéler  l'orga- 
nisadon  intérieuie  de  l'ordre,  on  les  avait 
initiés  à  U  science  de  la  conspiration,  on 
leur  en  avait  livré  tous  les  éléments.  Une 
feii  /j  Révolution  fuite  il  Uiirs  aspiralions 
dtçuei,  ces  hommes  juraùnl  pu  se  servir  de 
la  fr,incmaçonnerif  pour  cnnsfiter  à  Uur 
tour  contre  la  Révûlutton,  faire  des  loges 
royalistes,  des  loges  gironc'.ines.  Les  Jaco- 
bins voulurent  «carter  ce  dai  ger  çt  c'est 
pour  cela  que  tant  qu'ils  furent  au  pouvoir, 
la  frapc-mafonneriç  ,  ou  plutôt  la  forme 
qu'ellp  avait  revètuo  jusqu'alors,  subit  une 
éclipse. 

P.  c.  c.         Emile  Deshays. 


Comments'appellea'lesmembres 
de  Ift  famille  de  Ntpoléoa  :  Bonet- 
parte  ou  Napoléon  ?  (LXIX,  48),  s9t. 
bï9,  7SI,  805,  844).  -  M.  l'itollet  estil 
bien  certain  que  la  copie  qu'il  donne  4e 
l'acte  de  baptême  de  Napoléon  Bona- 
parte est  semblable  à  l'original  ?  Ah  I 
s'il  en  donnait  le  fac-similé,  la  question 
ne  se  poserait  pas,  et  encore  ;  car  il  ne 
faudrait  pas  prétendre  qu'une  erreur  dans 
un  acte  de  l'état-civil  ne  peut  se  recti- 
fier, les  redressements  de  cette  sorte  sorti 
fréquents. 

J'indir.e  à  croire  que  la  copie  en  ques- 
tion est  inexacte  parce  qu'elle  relate  la 
signature  du  père  Carlo  Bonaparte, 
sans  «;  puisque  le  Temps  faisait  re- 
marquer que  le  père  de  Napoléon  si- 
gnait Buonaparte.  Son  fils  Louis  signait 
de  même,  ['ai  sous  les  yeux  le  fac-similé 
d'une  lettre  écrite  par  ce  dernier  à  Ber- 
nardin de  Saint  "ierrc,  le  3î  jum  179Î, 
elle  est  signée  :  Louis  Buonaparte. 

Mais  Napoléon  lyi-mème  na-t  il  pas 
signé  son  noan  avec  un  m  ? 

J.  Brivcis. 
•  * 

Un  coUèguî,  dont  la  communication 
nous  apporte  des  renseignements  intéres- 
sants, semble  penser  que  le  nom  de  Na- 
poléon fut  attribué  comme  patronyme 
aux  men-.bres  de  laFamillc  Impériale, ceux 
de  la  Famille  Privée  conservant  seuls  le 
nom  de  Bonaparte,  par  le  décret  de  l'Em- 
pereur réglant  l'ordre  de  la  succession  au 
trône.  Mais  je  trouve,  au  Moniirur,  un 
décret  postérieur  du  24  janvier  iB^j,  par 
lequel  Napoléon  111  nomme  Général  de 
Division  son  «  cousip  t^jen-airpé  S.  A.  i. 


le  prince  Napoléon  Joseph  Bonaparte  »,^t 
cond  héritier  éventuel.  Alors.' 

J'ajoute  que  le  statut  de  la  Famille  Im- 
périale, en  date  du  21  juin  185?,  ne  fajf 
aucpne  mention  dq  pom  officiel  des  Prinçei^ 
Français. 

Une  dernière  rerparque  :  M.  Frédéric 
Masson,dansla  dédicace  du  Lh'ed'Or  411 
nouveau  Petit  Prince,  ne  reconnait-il  pas 
implicitement  que  le  prénom  impérial  ne 
peut  être  un  nom  de  famille,  puisqu'il 
adresse  cette  page  émouvante  à  '<  Lpuis- 
Napoléon  de  France  »  ? 

Dans  un  article  récent  du    Figaro,  M- 
André  Beaunier  qualifiait  de  même  Eugène 
de  Beauharnais,  fils  adoptif  de  Napoléon. 
Bernard  Latzarus. 
* 

C'est  seulement  lorsqu'ils  sont  en  or 
que  les  Bourbons  s'appellent  Louis,  et  les 
Bonaparte,  Napoléon. 

Il  ne  peut  pas, il  me  semble,  y  avoir  de 
doute  ;  Napoléon  est  un  prénom  dési- 
gnant une  personne  et  Bonaparte  est  Iç 
nom  de  la  famille-  Néanmoins  un  point 
d'interrogation  se  pose  ?  Je  n'entends 
nullement  donner  à  ma  question  un  sens 
injurieux  qu'à  certaines  époques  on  a 
voulu  donner  au  nom  de  Buonaparte. 

Qyel  est  le  véritable  nom  de  la  famille 
de  Napoléon  I'"'  .?  Bonaparte  ou  Buona- 
purte.  En  français  on  aurait  dit  Bonpart  ; 
en  italien,  c'est  évidemment  Buonaparte, 
et  il  est  hors  de  doute  que  jusqu'à  une 
date  que  je  ne  retrouve  pas  et  que  je 
crois  avoir  précisée  dans  une  publication. 
Napoléon  a  signé  Buonaparte.  Son  acte 
d'étatcjvil  reproduit  ici  même,  orthogra- 
phie Bonaparte.  Qui  s'est  trompé  ^  Le 
rédacteur  de  l'acte  ou  Napoléon  ? 

Connait-on  l'acte  de  naissance  4e 
Charles  Bonaparte  ?  Que  dit  il  ? 

En  réalité,  les  Bourbons  s'appellent  : 
France  et  les  Napoléons, Buonaparte;  mais 
l'usage. et  on  peut  même  dire  la  politesse, 
a  adopté  Bonaparte. 

J    G.  Bord. 

•  • 
Je  remercie  bien  sincèrement  l'éru- 
dit  confrère  intermédiairiste  ,  M.  Ca- 
mille Pitollet,  qui  s'est  donné  la  peine 
d'éclairer  mon  ignorance  au  sujet  de  la 
question  q\ie  j'avais  posée  et  qu'il  d<t 
avoir  été  résolue  par  le  journal  Le  Tcnp 
(c^\\\  ^'éclipsa  en  1842  et  fut  revivifié  en 


N'  1405  Vo!.  IXX 


L'INTERMÉDIAIRE 


16 


i86i  par  Nefftzer),  dans  son  numéro  du 
samedi  i"' novembre  1834.  Malheureuse- 
ment, je  n'ai  pas  sous  la  main,  pour  le 
consulter,  ce  numéro  documentaire. 
Mais  il  est  du  plus  haut  intérêt  de  lire 
l'acte  de  naissance  de  Napoléon  reproduit, 
en  italien,  d'après  le  registre  de  l'état- 
civil  d'Ajaccio.  Il  décajle  de  cet  acte  que 
le  nom  familial  est  bien  écrit  ,<  Bonaparte  », 
et  que  c'était  là,  par  conséquent,  son  or- 
thographe officielle.  Ce  fait  demeure 
acquis. 

Passons  maintenant  à  un  autre  ordre 
d'observations. 

En  italien,  le  mot  français  *<  bon, 
bonne  »  se  dit  «  buono,  buona  »  :  de 
même  «  parte  »,  en  italien,  signifie  <  part, 
partie,  côté,  rôle  >>  ;  donc  «  Buonaparte  » 
peut  se  traduire  «  bonne  part,  bon 
rôle.  »  Il  faut  avouer  que  Napoléon, 
titulaire  de  ce  patronyme,  a  joui  d'une 
bonne  part  de  génie,  de  succès,  d'au- 
torité et  de  grandeur  et  qu'il  a  joué 
dans  le  monde  un  rôle  prépondérant. 
Il  est  vrai  que  ceci  fut  payé  chèrement, 
sur  le  déclin  de  sa  vie,  par  une  détresse 
terrifiante  :  quelles  que  soient  ses  fautes 
et  ses  erreurs,  il  est  impossible  de  ne  pas 
se  sentir  tristement  apitoyé  à  la  pensée 
des  tortures  physiques  et  morales  qu'il  a 
subies  pendant  sa  captivité  de  Sainte- 
Hélène  et  par  la  désolation  de  sa  mort 
obscure  sur  un  rocher  presque  désert,  lui, 
qui  avait  commandé  presque  au  monde 
entier  !...  mais  laissons  cela. 

J'ai  trouvé  moi-même  —  comme  il 
arrive  d'ailleurs  assez  souvent  pour  cer- 
taines questions  qu'on  a  eu  l'idée  de  poser 
à  V Intermédiaire  —  une  réponse  très  plau- 
sible à  certaine  partie  de  ma  demande. 
Elle  procède  du  simple  raisonnement.  La 
voici  : 

Il  est  évident  qu'au  moment  de  la  dé- 
chéance de  Napoléon,  de  l'invasion  des 
alliés,  du  retour  des  Bourbons,  du  réveil 
de  toutes  les  vieilles  rancunes  de  l'ancien 
régime,  alors  triomphantes,  on  s'ingénia 
à  molester,  à  ridiculiser  le  colosse  etlon- 
dré  Toujours  le  coup  de  pied  de  l'âne! 
C'est  ainsi  qu'on  affecta  d'italianiser  son 
nom  de  Bonaparte  en  le  transformant 
gouailleusement  en  celui  de  «  Buonaparte». 
On  avait  l'intention  de  faire  une  allusion 
offensante   à    son    origine  exotique  et  de 


ï  lité  française.  C'était  un  témoignage  de 
'  sanglant  mépris  pour  cet  homme  qui, 
parti  de  rien,  s'était  élevé  jusqu'au  plus 
haut  sommet,  qui  avait  avec  arrogance 
dicté  des  lois  à  tous  les  souverains  de 
l'Europe  et  les  avait  si  longtemps  et  vic- 
torieusement soumis  à  ses  desseins  ambi- 
tieux, à  ses  caprices  et  à  ses  fantaisies. 
Déchu  aujourd'hui,  par  les  coups  du  sort, 
de  sa  puissance  et  de  sa  majesté,  prison- 
nier de  ses  pires  ennemis,  relégué  en 
exil,  trahi  par  ceux  qu'il  avait  le  plus 
aimé,  comblé  le  plus  de  faveurs  et  de  di- 
gnité, abandonné  même  de  sa  femme, 
privé  de  son  enfant,  on  s'évertuait  encore 
à  le  dépouiller  de  son  nom  francisé,  nom 
qu'il  avait  le  droit  officiellement  de  por- 
ter, de  par  son  acte  de  naissance,  pour 
l'affubler,  avec  dédain,  comme  d'un  man- 
teau de  carnaval,  d'un  nom  à  la  forme 
étrangère  !  duel  abaissement  !  quelle  mes- 
quinerie !  Certes,  ce  n'était  ni  digne,  ni 
généreux,  pas  même  petitement  spirituel. 
Et  pourtant  des  hommes  de  haute  valeur, 
tel  Chateaubriand,  usèrent  de  ce  triste 
procédé  qui  témoigne  que  les  plus  grands 
esprits  ont  aussi  leurs  petitesses.  Le  mal- 
heur est  trop  souvent  la  rançon  de  la 
gloire,  et,  comme  disait  [oseph  Pru- 
dhomme,  si  Bonaparte  était  resté  lieute- 
nant d'artillerie,  il  serait  encore  sur  le 
trône. 

Voilà  donc,  pour  ainsi  dire,  un  semblant 
de  réponse  à  ma  propre  question.  Mais 
ce  qui  resto  à  présiser,  ce  qu'il  importe 
de  savoir,  c'est  de  quelle  source,  sous 
quelle  inspiration  partit  l'intuition,  l'ini- 
tiative de  cette  misérable  façon  d'agir  ? 
Qiji  s'avisa,  de  prime  abord,  de  changer 
le  nom  de  Bonaparte  en  celui  de  Buona- 
parte. Il  doit  y  avoir  un  point  initial.  C'est 
là-dessus  que  je  serais  bien  reconnaissant 
à  qui  pourrait  me  renseigner. 

Gros  Malo. 


Gentilhomme  de   la  chambre  du 

Roi  (LXIX,  740).  —  St-Simon  dit  dans 
ses  Memoiies  (vol.  XI,  p.  159  de  l'édition 
Chéruel,  Hachette  éditeur,  1865)  en  par- 
lant des  usurpations  en  tous  genres  des 
princes  du  sang  depuis  la  mort  de 
Louis  XIV  : 

I..e  aeul  pteminr  princo  du  sang  5  un  gontil" 


l'axclura  «tmu«lque  »ort«  ci«  la  notions-  i  hùrtim»^»!»  elum'ur*,  lU  l'dppalUiitmoln- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX                         lo  Juillet  1914 
,7     _     ,8      

d'avoir   la    tenue  de    ceux   de 


tenant  premier  gentilhomme  de  la  chambre  et 
en  ont  tous  -n.  La  date  de  cette  nouveauté, 
peu  après  imperceptiblement  introduite,  est 
djpuis  la  moLt  du  roi,  et  n'a  paru  que  long- 
temps aprsè. 

D'après  Laiotuse,  les  gentilshommes 
de  la  chambre  étaient  v«  ceux  qui  servaient 
le  roi  quand  il  manfjeait  dans  sa  cham- 
bre ï..  Le  Dictionnaire  Je  l'Académie  dit 
seulement  que  c'était  un  titre  de   charge. 

D'après  Littié,  les  gentilshommes  de 
la  chambre  du  roi  étaient  quatre,  et  leur 
service  (outre  celui  que  mentionne  La- 
rousse) consistait  à  donner  la  chemise  au 
roi  en  l'absence  du  premier  chambel- 
lan. 

Voltaire  a  été  gentilhomme  de  la 
chambre. 

V.  A.  T. 

Livrée  de  Louis-PhiIippe(LXVIlI, 

715,  821).  —  On  lit  dans  le  Journal  lies 
Dames  et  des  Modes,  de  La  AJè^angère,  à 
la  date  du  15  août  18^0  : 

On  nomme  aujourd'hui,  quoiqu'il  y  ait 
un  roi,  bleu  national,  ce  qu'on  nommait 
ci-devant  bleu  de  Roi.  Cela  s'explique  an  ce 
sens  que  la  couleur  du  fond  de  l'habit  da  la 
maison  du  Roi  était  le  bleu  foncé,  la  rnêma 
nuance  que  celle  de  l'une  des  trois  couleurs 
iiationiles,  tandis  que  le  tond  de  la  livrée 
de  la  maison  d'Orléans  est  le  rouge. 

Louis-Philippe  avait  donc  substitué  au 
bleu  de  roi  de  la  branche  aînée  le  rouge 
qui  devint  la  livrée  de  la  branche  ca- 
dette. 

PlFIÎRK  DlJFAY. 

Anciens  th-âtres  de  banlieu^j  de 
Paris  (L.XIX,  644.  757^.  —  IV1.  Maurice 
Artus  a  consacre,  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  le  Vieux  Monlmarlie,  une  mono- 
graphie très  intéressante  et  des  plus  do- 
cumentées, dont  il  existe  un  tirage  à 
part  ('i),.au  Tbcâtie  de  Monliiiariie. 

D'autre  p;'rt,  j'ai  relevé  dans  \t:  Journal 
des  Damei  et  des  Modes  de  La  Mésangère, 
ces  deux  notes  relatives  à  la  direction  Se- 
veste  : 

Les  actrices  des  théâtres  dirigés  par  les 
frèies  fieveste,  des  ihédlres  extra-muros,  ont 
des  toilettes  qui  ne  seraient  pjs  déplacées  sur 
les  théâtres  de  !a  capitale  Quant  aux  acteur?, 


(t)  Maufic»  Artui  1 
murtre.  S,  I,  n.  di  ; 


U    'l'héiilr^-  ,i*  Mont- 
n-S,d«  80  Pi  (pi,) 


ils  sont    loin 
Paris. 

(10  novembre  1827). 

Contrairement  au  chansonnier,  je  n'ai 
pas    su    qui  payait    les   toilettes   de    ces, 
dames  ;  mais,  voici  un  filet  qui   dut  aller 
bien  plus  au  cœur  des  frères  Seveste  : 

Nors  avons  vu  au  théâtre  de  Montmartre; 
dans  le  rôle  de  madame  Pinchon  (du  Ma- 
riage Je  ratso\)  une  jeune  personne,  nom- 
mée Eugénie,  qui  n'avait  encore  paru  sur 
aucun  théâtre,  et  qui  cependant  a  une  finesse 
de  jeu  lemarqu  ible.  Ce  n'est  point  la  gen- 
tillesse étudiée  de  Mme  Jentiy  Vcrtpré,rnais 
une  mièvrerie  naturelle,  un  air  spirituel  et 
câlin  M.  Sevcate,  directeur  du  théâtre  de 
Montmartre,  cherche,  trouve  et  foinie  de 
jeunes  taleus  dont  les  grands  théâtres  s'en- 
richissent. 

(5  mars  1828). 

Ainsi  donc,  en  l'an  de  grâce  1S28,  les 
rédacteurs  de  l'amusant  recueil  de  La 
IVlésangère  ne  craignaient  pas  de  monter 
passer  la  soirée  à  Montmartre  et  savaient 
y  découvrir  des  émubs  de  [enny  Vertpré, 
cette  fine  et  jolie  fille  dont  V Intermédiaire 
a  déjà  parlé  à  diverses  reprises. 

Pierre  Dufay. 
* 

»  « 
De  la  Liberté,  20  mai  1874  : 

Le  petit  théâtre  de  Sèvres  va  être  vendu 
aux  enchères.  M.  Willis,qui  l'avait  fait  cons- 
truire et  qui  est  mort  il  y  a  un  an,  avait  été 
d'abord  tambour  d.;  ville  et  afficheur  à  Sè- 
vres. Il  avait  fini  par  avoir  l'entreprise  des 
bals  champêtres  dans  plus  de  cinquante  com- 
munes des  environs  de  Paris.  C'est  en  1849 
qu'il  avait  l'ail  construire  le  théâtre  de  Sè- 
vres, qui,  muni  d'un  plancher  mobile,  pou- 
vait être  transformé  eu  salle  de  bal  tiès  ra- 
pidement Certains  artistes  connus  parurent 
au  théâtre  de  Sè"res,  notamment  Tambu- 
rini,  Couderc, Marié,  Déjazet,  M.  Pasde- 
loup  y  avait  fait  entendre  à  plusieurs  repri- 
ses l'Orphéon  de  Sevrés,  dont  il  était  le  di- 
recteur. 

L'évêque  de  Fez  (LXIX,  381,  500, 
5^9,  606).  —  11  est  parfiitement  exact 
qu'il  n'y  eut  jamais  d'évèché  de  Fez,  Les 
évcchés,  appelés  de  nos  jours  titulaires, 
dénotent  qu  à  l'époque  des  premiers  siè- 
cles de  l'Église,  ou  avant  les  schismes 
orientaux,  il  y  avait  un  siège  épiscopal 
de  leur  nom.  On  comprendra,  pour  peu 
qu'on  scrute  l'histoire  des  provinces  du 
Nord  dtf  l'Afrique,  qu'il  n'y  «ut  pat  d« 
chrétienté  asBc»  Importante  k  FcK,  iivat\t 


N»  I4P5.  Vol. 


LXX. 

-      «9 

pour 


MÏNTEHMROIAUBE 


2p 


posséder  un  évê- 


l'invasion  arabe, 
ché. 

L'erreur  commise  est  d'autant  plus  ex- 
cusable qu'il  y  avait  un  évêché  titulaire 
(jadis  :  in  pattibus  iufijelium)  appelé  <»  Ma 
roc  >»(NN.  SS.  Torina  en  1859,  GuiHon 
1853  à  1847,  Lasserre  1881  à  1905  eu- 
rent ce  titre).  Je  dis  avait  parce  que,  de- 
puis 1905,  ce  litre  n'est  plus  conféré.  |e 
pense  que  la  Congrég;ation  des  Rites, 
bien  que  n'ayant  pas  compris  ce  siège 
dans  ceux  à  éteindre  par  voie  d'extinc- 
tion, par  son  décret  de  1894,  netientpas 
à  le  maintenir  à  cause  de  la  situation  po- 
litique du  Maroc. 

L'évêché  sujet  de  cette  nofice  se  nomme 
bien  t  Fessa  »  (<>.  Fesseitanensis  »).  La 
ville  chrétienne  de  ce  nom  était  en  Nu- 
midie  et  ainsi  dans  la  partie  orientale  de 
l'Algérie.  Mgr  Felician  Alon^o  en  fut  ti- 
tulaire de  1789  à  Î799  et  Mgr  Domingo 
Henares:  de  1807  a   tSjS. 

11  est  intéressant  de  voir  comment  la 
question  a  l'égénéré  et  qij'en  somme  nous 
n'avons  répondu  aucuns  à  la  question  : 
qui  était  évêque  titulaire  de  Fessa  en 
1720  ? 

Dans  l'ouvrage  :  Les  évêqiies  de  France 
de  1683  à  1801,  par  le  P.  Jean,  je  ne 
vois  pas  que  le  cardinal  A.  G.  de  Rohan, 
évêque  de  Strasbourg  de  1704  à  1749, ait 
eu  un  auxiliaire  avant  1742,  en  la  per- 
sonne de  son  petit  neveu,  appelé  le  car- 
dinal de  Soubise,  qui  fut  son  coadjuteur 
cum  jure  SHCcessionis. 

Comte  DE  Saint-Saud. 

Seigneurs  d'Ormoy  (Yonne)  (LXIX 

692).  —  Voici  ce  que  j'ai  relevé  au  mot 
Nargonne  dans  mes  notes  : 

Claude  de  N.,  seigneur  de  Mareuil, 
épousa,  le  5  janvier  i^^gS,  Judith  de  Bé- 
thune,  veuve  de  Jean  de  Méry,  et  fille  de 
Jean  de  Béthune,  seigneur  de  Champeaux 
et  de  |eanne  Cholet. 

Charles  de  N., baron  de  Mareuil  en  Brie, 
mort  avant  i6ss,  rnarié  avec  Eléonore  de 
la  Rivière,  qui  vivait  en  16^5,  fille  de 
Hubert,  baron  de  la  Rivière,  vicomte  de 
Tonnerre  et  de  Madeleine  de  la  Rivière, 
dont,  au  moins  : 

Marie  Françoise  de  N.,  née  vers  1620, 
f  à  Montmort,  le  10  février  171?.  Elle 
avait  épousé,  le  2s  février  1644,  Charles 
de  Valois,  duc  d'Angoulême,  qui  la  laissa 
veuve  en  16^0. 


D'Hozier  (Armoriai  général,  art.  i?/- 
mond)  dit  qu'elle  était  la  tante  de  Fran- 
çoise-IVadeleine  Apoil  (fille  d'Eustache 
Apoil,  seigneur  de  Romicourt  et  de  Ma- 
rie de  Picquet  de  Sautour),  qui  épousa, en 
1706,  Pierre  Rémond,  seigneur  de  Mont- 
mort. 

Jean-Charles  de  N.,  marquis  de  Mareuil, 
épousa  Anne  de  Criée  de  Marguilly,  qui 
se  remaria  :  i"  à  Pierre  de  Creil,  seigneur 
de  Grandmesnil  ■\-  1670;  2»  à  Jean- 
Etienne  de  Charreton,  marquis  de  la  Ter- 
rière. 

Suzanne  de  N.,  née  vers  lôço  -f  à  Pa- 
ris le  12  novembre  1722,  épousa  l'Jean 
du  Roux,  marquis  de  Lucaré;  2°  Ar- 
mand-Léonard, comte  de  Broc  -j"  1704. 

Charles  de  N  ,  seigneur  de  iVlareuil  et 
]ules  de  N.,  sieur  de  Boissy,  lieutenant- 
colonel  du  régiment  de  la  reine,  ont  été 
maintenus  dans  leur  noblesse  au  mois 
d'août  '667,  par  Caumartin,  intendant  de 
Ch.impagne,  sur  une  preuve  de  deux  de- 
grés, quoique  les  édits  et  règlements 
prescrivissent  de  remonter  au  moins  à 
Tannée  1560. 

La  duchesse  d'Angoulême  portait  pour 
armoiries  :  Ecartelé  ;  au  i"  d'n^ur  au 
chevron  d'or,  accompagné  de  5  têtes  d» 
loup  (alias  ;  de  lion)  arrachée»  du  même, 
qui  est  de  Nargonne  ;  <ji<  .3^  :  de  sable  à 
la  bande  d'argent  qui  est  de  la  Rivière  ; 
au  3  :  d'argent,  à  la  fasce  de  gueules,  qui 
est  de  Béthune  ;  au  4  :  d'azur,  à  la  fasce 
d'or,  au  loup  passard  du  même  en  chef,  qui 
est  de...  (?) 

On  trouve  aussi  Nargonne,  nom  d'une 
seigneurie. 

Urve  Hanus,  sieur  de  Nargonne,  natif 
du  vilUige  du  Faillis,  en  Champagne, 
épousa,  au  Mans,  en   1649,  Jeanne  Seru, 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

* 

Ma  table  pianuscrite  des  noms  de 
lieux  et  de  personnes  relevés  dans  \'In- 
vcntaire  des  archii'is  du  département  de 
i' Yonne,  me  permet  de  signaler  à  M.René 
Durand  les  références  ciapiés  touchant 
les  personnages  qui  l'intéressent  et  aux- 
quelles il  pourra  se  reporter  dans  l'ou- 
vrage susvisé,  savoir  : 

Marmeaux,  Volume  1,  série  B,  p.  4. 
Supplément  E,  p.  336. 

11,  3^9,  364,  396,  397,  4S0,  4S5. 

m,  290, 291 ,  610,  61  (. 

Grancey,  \,  E,  10,  78. 


DES  CHBRCH^URS  ET  CURIEUX 


ip  Juillet  iQM 


21 


Z2 


E.  26,  47,  82,  St  E.  4,  1 19, 


59.  60, 
î8i, 

}34- 


114, 


140,  160, 
510,  52t. 


111,621. 
Ormoy,  1, 
124.  J45. 

II,  64,  281,  291,  456. 

m,  60,    6î.     i:jl.  228,    25s,     242,    366, 

282, 361,  588,  4S2,  498. 

Cbeny.  I.  E.  25,  26,  Supplément  E, 
lis,  116. 
11-75,  'î'.  27"*,  î'6. 

III.  I,    15,    18,  2S,42 

242,  260,  ^73,  274,  291 
S26,  567. 

Malain,  I.  St  E.    120, 

m,  264. 

Baleine.  III,  67.  511. 

Bal/aines,  III,  212. 

Nargogne,  I,  St  E.  51. 

Nargoitiie,  I,  Si  E.  336. 

Rivière.  Le  nombre  (Jes  références  à  ce 
mot  est  trop  considérable  pour  que  je  les 
donne  toutes  Ici.  Je  suis  prêt  à  les  fournir 
à  notre  collaborateur,  s'il  le  désire. 

Thiani,  I,  E.  39. 

II,  286. 

III,  228,  254,  256,  264,  505. 

Les  inventaires  d'archives  départemen- 
tales sont  à  la  disposition  des  chercheurs 
1°  dans  la  sille  du  public  aux  Archives 
nationales  ;  2"  dans  la  sa)le  de  travail  de 
la  Bibliothèque  nationale  (Imprimés  et 
manuscrits). 

Albert  Catel. 

Balaguisr-Montsalè H  (LXIX,  698, 
848).  —  Les  armes  de  Balaguier  Mont- 
sales  (et  non  pas  Montsalez)  sont  :  d'or  à 
^  fa  se  es  de  gueules. 

Le  Vicomte  de  Bonald. 

Une  amie  de  Balzac,  Mme  Zul  11a 
^arraud  (LXIX,  485,607,7^7;.  —  Le  ro- 
man de  Balzac  dédié  à  Mme  Zulma  Ca- 
raud    a  pour  titre  :  La  Maison  Nucingen 

D'  LOMIES*. 

Famille  Cauchon  (LXIX,  742)  — 
Sources  que  je  trouve  dans  mes  notes, 
mais  qu.:  je  n'ai  pis  consultées. 

Bibliothèque  nationale  :  mss  d'André 
Duchesnc,  t.  58  ou  ABO,  et  :  Manuscrits 
fonds  français  1)3660  f"  206. 

McLvigcs  d'hisioire  nobiliaire  et  d'ar- 
chcohgie  h-haldique.  par  A.  de  Barthélé- 
my, le  marquis  de  Beaucourt,  etc.  Paris, 
gr.  in  8  de  572  pp.   Il  y  a  la  généalogie 


Cauchon  (Répertoire  géné^ 
Champion  n°  1033  ). 


de  la  famille 
logique  de  H. 

Voici  ce  qu'on  lit  dans  les  Noies  génfif- 
logiques  tirées  des  legistres  paroissiaux  du 
canton  de  t^er:(i,  par  le  Docteur  Pol  Gos- 
5et  (page  31,  note  2)  : 

La  très  intéressante  énèalogir  de  la  fa- 
mille Caïuhon  publiée  par  M.  de  Barthélémy 
daijs  la  Revue  nnbiHatre  Je  1882,  n'est  pas 
définitive.  M.  Y\f",ù  .^^enu,  employé  à  la 
Bibliothèque  de  Reims,  avait  r.iuni  sur  cette 
famille  beaucoup  de  notes  qj'il  n'a  malheu- 
rcusemer.t  pas  eu  le  temps  de  mettre  en  œu- 
vre. 

Le  Père  Anselme  donne  les  généalogies 
de  toutes  les  familles  des  Grands  officiers 
de  la  couronne  de  France.  H  fait  une  ex- 
ception pour  celle  de  Pierre  Cauchon, 
évèque  et  comte  de  Beauvais,  pair  de 
France,  pour  laquelle  il  renvoyé  au  Nobi- 
liaire de  Champagne  de  i6yo.  qui  est  pro- 
bablement la  Recherche  de  la  Noblesse 
faite  à  cette  époque,  par  Caumartin. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Le  marquis  de  Dalmatie  (LXIX, 

743).  —  Du  Soleil  : 

Ce  n'est  point  le  maréchal  So'ilt  qui  a  été 
qualifié  de  marquis  de  D.ilmatie  ».  C'est  son 
fils  N.ipoléon  Hector. 

On  sait  que  Soult  —  qui,  par  parenthèse, 
n'était  pas  «  un  fils  de  la  Ke'volution  »,  ainsi 
que  le  prétendit  un  jour,  dans  la  chaleur 
commuîiicative  d'un  b.inquet,  le  feu  général 
André,  mais  qui  avait  fait  ses  premières 
armes  dans  l'arméa  de  Louis  XVI  :  |l  était  ca- 
poral dans  Royal  Infanterie  lorsque  la  Révo- 
lution éclata  —  on  sait  que  Soult  fut  créé 
«  duc  de  Dalmatie  r>  par  l'Empereur  après 
il  paix  de  Tiisitt. 

Scus  l'ancienne  Monarchie,  son  fiU  aurait 
été  :  «  le  chevalier  de  Dalmatie  ",  et  il  eût 
pris  à  la  mort  du  maréchal  —  le  titre  de 
€  duc  de  Dalmatie  ». 

«  Marquis  de  Dalmatie  i>  était  donc  un 
litre  «  décroissant»,  c'est  à-dire  un  titre  de 
pure  courtoisie.  Ce  cas  n'est  pas,  d'ailleurs, 
unique  dans  !a  noblesse  impériale,  puisqu'elle 
comprend,  pour  ne  citer  que  ces  trois  fi- 
milles,  les  marquis  de  Trévise,  de  Monte- 
bello  et  de  Massa. 

Le  maréchal,  qui  aurait  souhaité  que  son 
fils  fût  soldat,  le  fit  entrer  à  l'Eiole  po!y- 
lechnique.  NapoléonHfctor  Souit,  h  sa  sor- 
tie de  l'école,  accompagna  en  Morée  le  gé- 
néral Maison  en  qualité  d'officier  d'ordon- 
nance. Après  la  Révolution  de  juillet,  il 
entra  dans  la  diplomitie  et  fut  successive- 
ment mi'iistre  plénipotentiaire  îi  Stockholm, 
à  la  Haye,  i  Turin  e(   à    Berlin.   En    1849,  il 


N»  1405.  Vol.  LXX. 


L'INTERMÉDIAIRE 


2? 


24 


fut  nommé  député  par  les  électeurs  de  Cas- 
tres. Deux  ans  plus  tard,  à  la  mort  de  son 
père,  il  prit  le  titre  de  n  duc  de  Dalmatie  » 
et  mourut  dans  les  premières  années  du  se- 
cond Empire.  Il  avait  une  sœur  qui  épou--.! 
le  marquis  de  Mornny. 

Parmi  les  olficiers  qui  [.lisaient  partie  de 
l'armée  de  IVletz  en  1S70,  on  remarquait  le 
capitaine  de  Mornay-Soult,  qui  —  si  mes 
souvenirs  sont  e.'îacts  —était  un  des  officiers 
d'ordonnance  du  maréchal  Bazaine. 

J.  Mantenay. 

Le  corps  deDesaix  (LXI.X.  837).— 
Notre  confrère  trouvera  tous  les  rensei- 
gnements qu'il  cherche  clans  un  article  de 
la  Bibliothèque  Univeiselleti  Revue  Suisie, 
décembre  iqog,  intitulé  :  Desaix  an 
G'and  S.iint-BernarJ. 

NÉRAC. 

Charles  Emile  Jacque  (LXIX,  646, 
851). —  Lire).  Meurgey  au  lieu  de  F. 
Meurgev. 

[Notre  abonné  nous  prie  de  dire  à  M.  E. 
D.  qu'il  lui  communiquera  très  volontiers 
l'ouvrage  en  question,  si  cela  peut  l'inté- 
resser] . 

Le  généalogiste  Laîné  (LXIX,  240, 
509).  —  Aucun  généalogiste  ne  fait  foi,  ce 
n'est  pas  douteux  ;  aucune  généalogie, 
même  étayée  de  pièces  justificatives,  ne 
fait  foi  non  plus  d'une  façon  absolue, 
attendu  qu'elle  peut  renfermer  des  docu- 
ments faux,  reproduits  de  bjnnefoi,  on 
n'en  doute  pas.  Au  Cabinet  des  Titres  on 
peut  avoir  la  plus  grande  confi.mce  dans 
les  dossiers  de  Chérin,  mais  enfin  lui- 
même  a  pu  se  tromper.  D'Hozier  peut 
être  quelquefois  pris  en  faute.  J'ai  trouvé 
—  rarement  j'ajoute  —  chez  lui  des  filia- 
tions absolument  controuvées. 

l'ajoute  qu'une  copie  notariée  ancienne 
(vidtmus,  par  exemple  ;  copie  signée  d'un 
conseiller  secrétaire  du  Roi  :  etc.),  peut 
être  fausse.  Ce  qui  fait  foi,  c'est  par 
exemple  une  minute  de  notaire,  reliée  ou 
brochée  avec  d'autres  minutes  à  sa  date, 
c'est  encore  un  acte  inscrit  dans  les  re- 
gistres des  Insinuations  des  sénéchaussées 
ou  dans  ceux  du  Contrôle,  enfin  dans 
tout  recueil  similaire. 

Sur  ce  sujet  très  délicat,  et  que  beau- 
coup de  personnes  qui  font  de  la  généa- 
logie ne  conn»i»8etn  pu  imeï,  H  ctt  bon 


de  consulter  le  Manuel  de  Diplomatique  de 
Givry. 

Saint-Saud. 

Œuvres  de  Mme  de  Mirbel  (LXVIII, 
531,  571,  590.  792)-  -  Voici  quelques 
ouvrages  de  cette  artiste,  qui  n'ont  pas 
été  encore  cités  par  \' Inlermédiaire  : 

\        En  1819  —    Portrait  do    femme  jouant  d* 
la  harpe  ; 

Louis  XVIII  ; 

En  1824  —  plusieurs  miniatures  dont  un 
portrait  du  duc  de  Fitz  James  ; 

En  1827  —autre  portrait  du  duc  de  Fitz- 
Jàmes  (l'un  des  deux  a  été  gravé  par  Pan- 
nier)  ; 

De  Guerchy,  architecte  ; 
En  iSjO  —  portrait  de  jeune  homme  (Mu- 
sée du   Louvre)  ; 

En  1S31  —  portrait  de  Jal. 
Mlle  de  Fitz  James  (Musée  du  Louvre)  ; 
Bn  1S32  —    Portrait   de  E.  J.    Uelescluze 
(vente  i\lahérault   1880)  ; 

En  1834  —  Portrait  du  duc  Decazes  ; 
l.a  princesse  de  Chalais  ; 
Le  comte  Demidoff  ; 

En   183  j  —  Portr;;itde  la  reine  des  Belges. 
En  1844  —  Portrait  de  Mme  Guizot; 
La  baronne  Nathaniel  de  Rothschild  ; 
M.  le  Normant  ; 
Mme  Martin  du  Nord  ; 
Mme   Le  Roy  ; 
ConileGuy  de  la  Tour; 
M.  de  Kasse  ; 
M .  Prévoteau  ; 

En  1S45  —  Portrait  de  la  duchesse  de  Tré- 
vise  ; 

Mme  Prévoteau  ; 
Mme  Rodier  de  la  Bruyère; 
En   1846  —    Portrait  de  la   vicomtesse    de 
Raymond  ; 
Mme  Leroy  ; 
B.;ronne  de  Castelnau  ; 
I        .Vlme  Read  ; 
j        Mme  Chagot  ; 
i        Le  garde  des  Sceaux  ; 
j        M.  S**'* 

En   1847  —  Portrait    de    His   de    Butenval 
(musée  de  Rouen)  ; 
Ibrahim  Pacha  ; 
Le  comte  Pajol  ; 

En   1848  —   Portrait    de    Mme    Creuzé    de 
Lesser  ,• 
M .  T***  ; 
Emile  de  Ginird'ui  : 
M.  d'Esgrignv  ; 

En  1849  —  Portrait  de  Mme  Ernest  Che- 
net ; 

M.  d'Aldenberg  ; 

Mmo  C*-^*  ; 

M,  Alphonse  Chsnaiit, 


DBS  CHERCHEURS  BT  CURIEUX 


10  Juillet  1914 


26 


Les  -.atalogues  des  divers  salons,  qui 
me  manquent,  fourniraient  certainement 
d'autres  renseignements.  Voici  du  reste 
d'autres  œuvres  dont  j'ignore  la  date  : 

Portrait  de  M.  Fichel  (Musée  du  Louvre). 
Le  président  Amy  (musée  du  Louvre).  Gé- 
néral comte  de  Monthion  (lithographie  par 
Mauriii).  Charles  Nodier  (vente  H.  Emdeii 
Hambourg  1911).  A.  Thiers  (gravé  par  Pau- 
ner).  Louis  Philippe.  Anne  de  Bretagne 
(gravé  par  Blanchard  dans  le  Plutarque  fran- 
çais). Cuvier  (hôtel  Drouof  rgia  ;  gravé  par 
Richomrr.e  et  Chollet).  Le  duc  d'Orléans 
(vente  1899  et  vente  Dollfus  1912).  Louiche- 
Desfontaines.  botaniste.  Baron  Gérard  (mu- 
sée du  Louvre).  Ingres  (musée  du  Louvre- 
ébauche  vente  Levaigneur  191:).  Charles  X 
(exposition  de  Bruxelles  1912).  Comte  de 
Paris.  Fanny  Hssler.  Général  Gouigaud.  Mau- 
rice d'Argout.  Duchesse  de  Berry  (v-nte  Al- 
lègre 1872).  Duc  de  Duras,  Duc  de  Damas. 
Walter  Scott.  Cooper.  Princesse  Marie  d'Or- 
léans (vente  1887) 

Portrait  d'homme  (vente  Armand  Lcvy 
1913),  Portrait  d'un  inconnu  (exposition  de 
Bruxelles  igra).  Dame  de  la  Cour  du  l'^'  Em- 
pire (vente  1887).  Jeune  femme  (vente  Malic- 
rault  1880).  Portrait  d'homme  en  costume  de 
capitaine  d'état-m.ijor  (vente  marquis  d'Hou 
donl.  Femme  brune  à  grand  chapeau  noir, 
oriré  de  roses  et  de  brides  de  dentelle  (Expc- 
sîtion  Bruxelles  1012).  Deux  jeunes  filles 
d'après  Greuze  (esquisse  vente  Allègre   1872). 

Un  poitrait  Je  l'acteur  Larochelle,  attrib'ié 
à  Mme  de  Mirbel,  figure  au  musée  de  la  Co- 
médie française. 

Cf.  Maze  Sencier,  Le  livre  des  colleciion- 
neurs.  /ouiiial  dei  Beaux-Aits,  septembre 
1849.  Hocfer,  Biographie  Générale.  Bel- 
lier  de  la  Chavigneric.  Dictiotuiatre  des  ar- 
iistci  de  l'école  française.  Bryan's,  Diction- 
nary.  Jal,  Esquisses  sur  le  salon  de  iS^j. 
P.  Lafond,  Le  .'vlusêe  de  Rouen.  Ljonnet, 
Dictionnaire  des  CoihtfJieiis  fiançais,  t.  H, 
p  297.  Avezac-Lavip;ne,/'Wis/o/V(;  moi/t'/;;« 
par  la  gravnie.  De  Granges  de  Surgères, 
Iconographie  bretonne.^  t.  I,  p.  24.  D'  Mi- 
rem,  Dietionnaiie  des  ventes  d'art.  Be- 
raldi,  Les  graveurs  an  XIX'  siècle,  t.  Vill, 
p.  96.  Les  Aits,  septembre  1912,  p.  18, 
Gabet,  Dictionnaire  des  altistes  de  l'école 
française.  Annuaire  de:  artistes  français, 
1832. 

Le  Dictionnaire  de  Jal  (p,  866),  con- 
tient uf.e  assez  longue  notice  sur  Mme  de 
Mireur  avec  un  certain  nombre  de  rensei- 
gnements biographiques.  La  comtesse  de 
Bassanville  dans  Les  Salons  d'autiefois 
(Brunet  1842;,  rapporte  à  son  sujet  d'in- 


téressants souvenirs.  En  1908,  figurait  à 
un  catalogue  de  M.  Léo  Delteil,  une  lettre 
de  Mme  de  Mirbel  à  Boulanger  dans  la- 
quelle elle  l'invit.iit  à  venir  manger  un 
monstre  marin  qui  arrivait  du  Havre. 

G.  Dehais. 

I-lason  à  identifier  :  3  croissants 
d'argent  (LXIX,  343,  675).  -  Voir  : 
Arnioriaux  de  Bretagne,  de  Gourcy,  de 
Laubrièrc,  Cormier  de  la  Courneuve,  de 
la  Vieuville,  du  Médic  :  de  gueules  au 
chevron  d'or,  accompagné  de  trois  croissants 
d'argent. 

Em.  G. 

Arnioirieî  à  déterminer  :  chevron 
et  merlette  (LXIX,  6^0,  775).  — J'ai  re- 
trouva ,iux  Archives  Nationales  un  sceau 
donnant  sur  l'écu  (autant  qu'il  est  possi- 
ble de  le  juger  quant  aux  couleurs)  la  si- 
tuation décrite  par  le  questionneur  de 
Vlntermédiaiic,  soit  un  chevron  d'or  ac- 
compagné de  3  merletles  du  même  sur 
champ  d'argent.  —  Le  sceau  est  dit, 
d'après  l'inventaire  de  «  Jacques  Destail- 
leurs, de  l'abbaye  de  Hasnon  à  Ferriéres- 
1389  ».  L'écu  est  très  net,  mais  de  l'ins- 
cription qui  l'entoure  on  ne  peut  lire  que 
«  Estailleurs  >>.  La  disposition  des  lettres 
d'après  la  cassure  du  sceau  permet  de 
croire  que  le  nom  était  bien  «  d'Estail- 
leur  »  ainsi  que  nous  le  trouvons  à  diver- 
ses reprises,  orthographié  aux  x*  xi°  xii° 
xive  siècles.  La  famille  d'Estailleur  ayant 
compris  autrefois  plusieurs  br.  nchcs,  dif- 
féremment titrées,  ces  armoiries  devaient 
être  celles  d'une  tige  ainée.  Comme  je  fais 
actuellement  des  recherches  à  ce  sujet,  je 
serais  heureux  de  savoir  si  le  question- 
neur de  \' Intel iiicdiaiie  possède  quelques 
renseignements  importants, 

Philippe  d'Estailleur. 

*  w 

Je  n'entends  rien  au  blason.  Mais,  j'ai 
vu  souvent  à  Gif  (Seine  elOise),  sculptées, 
au  dessus  d'une  vieille  porte,  à  quelques 
pas  de  la  mairie,  des  armoiries  analo- 
gues ;  je  ne  pense  pas  que  l'état  de  la 
pierre  permette  de  savoir  si  les  émaux 
furent  indiqués  ;  mais  on  dislingue  bien 
te  chevron  et  les  trois  merlettes,  deux  et 
une.  Il  seiait  peut-être  intéressant  de 
chercher  à  ce  sujet  dans  la  liste  des  sei- 
gneurs de  Gif,  et  dans  celle  des  abbesscs 
de  Gif,  Sglpn. 


ti'  1405.  Vol   LXX. 


L'INTER  MÉDIAIRE 


27 


28 


Ëx-libris  :  trois  bandes  d'argent 

(LXlX,  143.  —  De  nouvelles  recherches 
m'ont  mis  à  même  de  répondre  aujour- 
d'hui à  la  question  que  j'ai  posée  en 
février  1914,  sous  ce  titre.  Il  s'agit  de 
l'exlibris  Huet  et  d'Ambrun,  famille  ori- 
ginaire de  l'Orléanais. 

Huet  d'Ambrun  (.\ntoine  Pierre)  bap- 
tisé le  6  février  1728,  écuyer,  capitaine 
de  cavalerie,  mousquetaire  du  Roi,  épou- 
sa en  1756  Françoise  Curault,  qui  se  ser- 
vit à  ta  mort  de  son  mari  de  son  ex-libris, 
en  y  faisant  ajouter"  la  cordelière  des 
veuves.  Le  premier  écu  est  aux  armes  de 
Huet  qui  sont  :  d'azur  à  un  cerf  d'or, 
sortant  à  demi-corps  d'une  rivière  d'argent, 
rnouvante  de  la  pointe  dé  Vécu,  à  un. chef  de 
gueules,  chargé  de  trois  molettes  d' éperon 
d'argent.  Le  second  est  écartelé  :  aux  1 
et  ^  de  gueules  à  trois  bandes  d'argent  au 
chef  d\v gent  chargé  de  trois  molettes  de 
sable  ('Curault)  ;  aux  2  et  ■}  d'azur  ait 
chevron  d'argent  chargé  de  trois  mcrleties 
de  sable  accotHpagné  de  trois  besanis  d'or 
(Tourtier). 

Quand  au  mot  «  Villiacëi  »,  c'est  le 
nom  latinisé  d'un  château  ou  d'un  fief 
substitué  au  nom  patronymique  de  la  fa- 
mille. 

Inquirer. 

Indoati  distant  et  ament  memi- 
nisse  périt;  (LXIX,  744  .  —  Ce  vers  est 
du  président  Hénault.  V.  E.  Fournier  : 
L'Esprit  des  autres  5'  édit.  Paris,  Dentu, 
1879  ;  pp.  59  et  587. 

Gustave  Fustier. 

*  « 
Ce  vers,  attribué  à  Horace,  est  du  pré- 
sident Hén  lult  qui  l'avait  placé  en  tête  de 
son  Abrégé  Cbronjlogiqne.  L'histoire  en  a 
été  plaisamment  contée,  par  Edouard 
Fournier.  dans  VUspttl  des  autres.  Il  l'a 
même  contée  deux  fois.  Le  président  Hé- 
nault ne  s'avoua  l'auteur  du  vers,  que 
dans  la  troisième  édition  de  son  livre,  en 
1749.  Voir  Esprit  Jei  autres,  pp.  39  et 
387. 

E,  Gr. 

« 

Vers  du  président  Hénault,  (1685- 
1770),  Abiégé  chionologiqne,  1749,  aver- 
tissement, lequel  est  la  remarquable  tra- 
duction des  deux  vers  suivants  de  Pope, 
(1688-1744),  Essay  ou  Criticism,  111=  pat- 
tie,  lignes  i8o-i  : 


Content,  if  hence    th'uiilearn'd    their   wanti 

[may  view, 

The    leari;ed    refle:t    on    wliat   before    they 

fknew. 

H.  GOUDCHAUX. 

« 
i  « 

Ce  joli  vers  d'une  concision  élégante  et 
digne  d'Horace, a  toujours  été  attribué  au 
président  Hénaultet  serait  inspirédu  poète 
anglais  Pope.Je  suis  porté  à  croire  que  c'est 
une  sentence  isolée  que  le  très  lettré  pré- 
sident aura  jetée  quelque  jour  en  passant 
ou  plutôt  en  causant  et  que  l'on  se  sera 
empressé  de  recueillir.  Je  ne  crois  pas^  en 
effet,  que  le  Spii-ituel  président  qui  mérite 
d'être  mis  très  honorablement  au  second 
rang  parmi  les  hommes  du  xviii'  siècle 
français  se  soit  jamais  amusé  à  écrire  en 
latin. 

Tout  cela,  sans  doute,  aurait  besoin  de 
précision,  mais  je  ne  pense  pas  me  trom- 
per en  attribuant  à  Hénault  le  ve  s  sur 
lequel  on  demande  et  je  demande  moi- 
même  de  faire  la  lumiète. 

H.  C,  iVl. 


Que  les  ignorants  apprennent,  que  ceux  qui 
[  savent  aimsnt  à  se  ressouvenir. 

Vers  du  président  Hénault  placé  comme 
épigraphe  en  tète  de  son  Abrégé  Chrono- 
logique. Il  sert  d'épigraphe  à  une  foule 
d'ouvrages  ou  de  travaux  didactiques. 

«  Petit  Larousse  :  locutions  latines  et 
étrangères  ». 

P. ce.  Gros  Malo 


La  réponse  est  donnée  par  Edouard 
Fournier,  page  37  de  l'Esprit  des  autres, 
4"  éd.,  Paris,  Dentu    1861  : 

.  Nous  ajouterons  à  ce  petit  supp'ément 
lUi  Cradus  ai  Parnas.um  une  anecJote  sur 
le  vers  mille  fo  s  cité  au  fronlispice  des  livres 
d'éducation  : 

liidocti  discant  et  atiient  meminisse  p^^riti. 
Qi^ie  les  ia;norants  apprennent,  que  ceux  qui 
[  savent  se  souviennent. 

Il  parut  pou  la  première  fois,  c.o  unie  é|>i- 
graphe,  au  premier  feuillet  d  •  la  première 
édition  de  VAb>-égé  chronologique  du  prési- 
dant Hénault,  et  ce  fut  aussilôl  à  qui  le  pro- 
clanuirail  un  des  vers  les  plus  heureux 
d'Horace,  à  qui  se  récrierait  sur  la  justesse 
de  la  citation.  L'auteur  l.iissa  dire,  en  riant 
sous  cape  de  l'hubileté  de  ces  latinistes  et  de 
la  sû'-eté  de  leur  mémoire.  Quand  parut  la 
troisième  édition    (Paris,    1749,  in-4»|i,    il  sd 


Dhl)  CHlsRCliUURS  itCUKlJBO.. 


—   29 


10  Juillet  1914 


dolihà  p'.uttant  le  plaiiii-  de  les  démentif-.  Il 
avovla  huiiiblenient,  dans  un  coin  de  la  pré- 
face, que  ce  vers,  loin  d'être  d'Horace,  était 
tout  boniieni  nt  de  lui,  Charles-Jean-l'ian- 
çois  Hénault,  qu;  s'était  permis  de  le  tra- 
duire des  740e  et  741»  de  VEssai  sur  ta 
critique,  par  Fope  : 

Content,  if  heiice   th'unl.ain'd    their   wants 

(  niay  view, 
The  learn'd  reflect  on  what  before  they  knew 

Le    vers    n'en    resta   p^s    moins  excellent 
Mais  il  est  bien  entendu  qu'on    oublia  vite  la 
petite  réclamation    du    président.  Qu:ind  on 
cite  son  Vefs,  on  croit  toujours  citer  Horace 

).  Lt. 

Mêmes  réponses  :  Dehermann,  Edouard 

BeNSLY,    D'  C0i<DfcS. 


inscription  latine  de  la  fresque 
du  Tiepolo  du  musée  André  Jac- 
quemont  (LXIX,  695,  816).  -  Tout 
n  est  assurément  pas  irréprochable  dans 
la  traduction  présentée,  mais  ce  n'est 
pas  de  cela  qu'il  est  question.  Passons  à 
la  formule  finale  et  à  ses  abréviations. 

D.  M.  est  mis  pour  D  [.'V«|  M  [arci] 
procurator, procuTâleur  de  Saint  Marc. 

Ces  procuraties,  depuis  l'année  !432, 
étaient  au  nombre  de  neuf.  Les  titulairei 
de  ces  charges,  hauts  dignitaires  auxquels 
elles  donnaient  préséance  sur  toute  la  no- 
blesse vénitienne,  portaient,  dans  le  cé- 
rémonies, un  costume  particulier.  Ils  de- 
vaient pourvoir  à  l'adm.imstration  du 
temporel  de  l'église.  Saint  Marc.  La 
garde  des  archives  de  la  république  de 
Venise,  la  gestion  des  biens  de  certains 
établissements  religieux  et  hospitaliers,  la 
tutelle  des  orphelins,  etc  ,  leur  était  éga- 
lement confiée. 

Il  faudrait  probablement  lire  ainsi  les 
deux  mots  qui  suivent  :  /midi  domitim 
ou  domnui,  possesseur  de  ce  domaine 
Pour  ce  qui  est  des  sigles  M.  P.,  j'y 
verrais  volontiers,  et  sauf  meilleur  avis, 
l'abréviation  de  31  [onimcntiim]   P  |osh«/] 

D'autres  inscriptions,  à  Venise,  rap- 
pelèrent le  séjour  q\iy  fit  Henri  III  à  son 
retour  de  Pologne.  Au  dessous  d'une  sta- 
tue ou  d'un  buste  de  Louis  ou  (Alosio) 
Mocenij,'o,  qui  fut  doge  de  1570  à  1377, on 
grava  celleci   : 

Serenissiina  domus  Mocenica,  qiiae  très  oliin 
Venetiaruni  principes  peperit  et  quinque 
classiuni  marisq.  imperatorcs  amplissimos, 
enixaest  Aloysium  hune  cujus  iniaginem  cer- 
bis,  priacipem  animi   celsitudine,  opbus  vir- 


30 


futeq.  proe  ceiei-ls  spectdhdum,  quô  etiâm 
I   régnante,    felicissima    illa    ad    Echinadds  de 

Turcis  Victoria  parta  est,  divinitus  data  ad 
j   taiiti     ducis     iiomen    propagandura,  et  cujtis 

tempore    Henricus    lertius,    rex   Poloniae   et 

Fracise,  magnificentis.inio  apparatu   a  patri- 

bus.  ...  exceptus  est... 

Deux  grands  événements  (1571  et 
■574)  y  sont  à  la  fois  commémorés. 

Qy/EsiTOR. 

Echarpe  royaliste  (LXIX,  787).  — 
L'écharp'^  royaliste  qu'a  vue  M.  Frank 
Puaux,  semble  être  la  copie  d'une  ban- 
nière de  la  dernière  guerre   carliste. 

l'ai  vu  cette  bannière  trois  ans  après  la 
mort  de  Don  Carlos,  au  Palais  Loredan, 
la   résidence  vénitienne  de  ce  prince. 

La  bannière  est  placée  la  dans  une 
salle  des  grands  appartements  du  premier 
étage,  qu'on  appelle  El  Quarto  de  Bande- 
ras. 

La  bannière  est  placée  à  côté  de  nom- 
breux autres  drapeaux  qui  ont  flotté  à 
Sommorostro,  à  Lacar,  à  Cuenca  et  sur 
tant  d'autres  champs  de  bataille  carlistes. 
Fromm,  de  l'Univéts. 

Le  colonel  Duvard,  fils  naturel  de 
Napoléon  (LXIX,  69s).  —  Le  Dic- 
tionnaire des  otiviages  anonymes  de  Bar- 
bier, qu'on  ne  consulte  pas  assez  souvent, 
attribue  cet  ouvrage,  d'après  de  Manne,  à 
Louis  Gabriel  Montigri)'.  L'ouvrage  for- 
mant 4  volumes  in-12  parut  en  1827, 
chez  Baudouin. 

La  Nouvelle  biographie  générale  d'Hœ- 
fer  contient  sur  l'auteur  une  notice,  dans 
laquelle  se  trouve  la  liste  assez  longue  de 
Ses  productions. 

A  noter  que  Barbier  et  Hœfer  indiquent 
comme  titre  de  l'ouvrage  en  question  :  le 
colonel  Duvar  et  non  Duvard. 

Albert  Catel. 

D'après  Barbier,  Dict.  des  ouvrages 
aMo/zy/?;!;!, l'ouvrage, publié  d'après  les  Me- 
tttoiresd'un  contemporain, serait  de  Louis- 
GabrielMontigny.  Paris,  Baudouin,  1827, 
4  vol.  in-12. 

J.  Lt. 

Hô'-édia,    Lemaitre    et  Sabinula 

aXlX,  74s).  —  Que  M.  A  0  veuille 
bien  chercher  à  la  table  des  Tiopbies, 
dans  la  série  Rome  et  Us  Bat  bat  ei,  le  sort- 


N'MûS.  Vol.  LXX. 


L'INTERMEDIAIRE 


3' 


32 


net  intitulé  rfxi'/cV,  inspiré  par  une  inscrip- 
tion votive  gallo-romaine  deSabinula  au 
Dieu  Gav,etqui  a  naguère  fait  l'objet  déjà 
d'une  question  à  V Intei médiaire.  Le  son- 
net est  adressé  par  le  poète  à  la  «  triste 
Sabinula  »  en  qui  il  s'est  plu  à  voir  une 
exilée,  qui  chaque  soir  vient,  au  chemin 
d'Ardiège,  s'accouder  sur  «  la  roche  mous- 
sue »  en  rêvant  à  Rome. 

Ibère. 

* 

Le    nom    «    vainement    cherché  »    de 
Saitibida  figure,  cependant,  à  deux  repri- 
ses dans  une   page  des    Trophées. 
Tout  d'abord,  cette  épigraphe  : 

MONTIBVS... 
GARRIDEO... 
SANIBVLA... 
V.S  L.M. 
Puis,  du  sonnet  qui  suit,  ce  quatrain  : 

Tu  revois  (a  jeunesse  et  ta  chère  villa 
Et  le  Flaminc  rouge  avec  son  blanc  cortège  ; 
Et  pour  que  le  regret  du  sol  Latin  s'allège. 
Tu  regardes  le  ciel,  triste  Sanibula. 

[Sonnets  épigraphiqiics  :  l'Exilée'). 


P 


P.  D. 


avec  le  nom  de  Sabinula  et  le  commen- 
taire de  M.  |ules  Lemaitre,  occupent  toute 
la  seconde  moitié  de  la  page  64.  M.  A.  G. 
n'a-t-il  pas  lu  son  Hérédia  et  son  Lemai- 
tre avec  un  peu  d'inadvertance.'' 

Gallus. 


Voir  dans  les  1  ropbces(éà\\.\on  Lemcrre, 
page  S7)  le  sonnet  intitulé  :  ÏExilèe,  ou 
bien  encore  l'étude  consacrée,  dans  les 
Contemporains,  à  |osé-Maria  de  Hérédia, 
(2°  série  page  64).  Le  sonnet  en  question 
est  partiellement  reproduit. 

The  man  who  Knows. 

Le  vers  qui  a  échappé  aux  recherches 
du  collègue  A.  G.  et  qui  contient  le  nom 
de  Sabinula,  est  le  huitième  du  sonnet 
qui  a  pour  litre  :  f  Exilée. 

Ce  sonnet  est  le  cinquième  de  la  série 
intitulée  :  Sonnets  cpigraphiqucs,  et  si  le 
collègue  A.  G.,  a  l'édition  des  Troph'.es, 
parue  chez  Lemene  en  1893,  ce  sonnet 
en  occupe  la  page  87. 

Champvoi.ant. 

M.  A.  G.  s'informe  de  Sabinula,  dont 
il  a  «  cherché  vainement  le  nom  dans  les 
Trophées  ».  De  nombreux  iiilermédi:iiristes 
le  lui  indiqueront  à  la  page  87  du  recueil. 
Mais  songeront  ils  à  lui  signaler  que  l'ar- 
ticle même  qu'il  cite  lui  donnait  la  ré- 
ponse .''  La  phrase  qui  a  provoqué  sa 
question  et  qu'il  rapporte  se  trouve  à  la 
page  65  du  tome  11  des  Contemporains, 
et  les  deux  quatrains  du  sonnet  de  l' Exilée, 


M.    A.  G.   n'a  pas   assez   feuilleté    les 
Trophées    :    le    sonnet   de   Sabinula  s'y 
trouve  à  la  page  87  de   l'édition    que  j'ai 
?  sous  les  yeux 

\   Dans  ce  vallon  sauvage  où  César  t'exila 
\   Sur  la  roche  moussue,  au    chemin  d'Ardiège 
{   Penchant  ton    front   qu'argenté  une  précoce 
I  [neige 

j  Chaque  soir  à  pas  lents,  tu  viens  t'accouder  là. 

i  Tu  revois  ta  jeunesse  et  ta  chère  villa, 

!  Et  le  flaniine  rouge  avec  son    blanc  cortège, 

f  Ei  pour  que  le  regret  du  sol  latin  s'allège, 

I  Tu  regardes  le  ciel,  triste  Sabinula. 

I   'Vers  le  Car  éclatant  aux  sept  pointes  calcaires, 
I   Les  ai<>le3  attardés  q-.ii    regagnent  leurs  aires, 
Emportent  en  leur  vol  tes  rêves  familiers. 

Et    seule,    sans     désirs,    n'espérant      rien    de 

[l'homme. 
Tu  dresses  des  autels  aux  riionls  Irospitaliera 
Dont  les  dieu.\  plus  prochains  te  consolent  de 

[Rome. 

En  épigraphe  Heredia  a  mis  :  «  Monti- 
bus..  Garri  Deo..  S.tbinula.  V,  S  L. 
M.  » 

Cela  a  l'air  d'une  inscription  latine. 
Mais  est  ce  une  inscription  authentique, 
ou  bien  Heredia  l'a-t-il  forgée  pour  don- 
ner plus  de  piquant  à  son  sonnet  ?  Si 
quelque  intermédiairislc  a  vu  l'inscription 
telle  qu'Heredia  la  cite,  je  lui  serai  recon- 
naissant de  le  faire  savoir,  sinon  je  croirai 
ju.-iqu'à  nouvel  ordre  que  le  sonnet  deSa- 
binula a  été  suggéré  à  Heredia  par  une 
inscription  latine  que  j'ai  rencontrée  par 
hasard  en  feuilletant  le  Coipus  Inscriplio- 


r.iiin  lalinarnm, 
conçu  : 


XL 


I,   page    iK,  ainsi 


Mont 

Sabinula 

Ser.  V. 

et  |MOvenant  de    la    vieille    église   à'Ai- 
dicgc.  Au  même  endroit   on  a  trouvé  une 
autre   inscription  ;    «   IVlarti    Deo  Monta- 
nus  »,  ce  qui  autorise  à   croire  que  Mont 
signifie    Montanus   dans    la    i'"   inscrip- 
tion. 
On  en  propose  deux  explications  : 
Montanus  Sab:nula(e)  ser(vus). 
Montanus   esclave  de  Sabinula  (a  dédié 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  I914 


33     

cette  inscription).  Mais  a-t-on  le  droit  de 
supposer  qu'i4  v  avait  Sabinulae  là  où 
nous  lisons  Sabinula? 

On  peut  interpréter  aussi  autrement  : 

(Pro  salute)  Mont(ani)  Sabinula  ser- 
(va)? 

Pour  le  salut  de  Montanus  Sabinula 
son  esclave. 

Les  deux  interprétations  sont,  comme 
on  voit,  bien  différentes  de  celle  de  Héré- 
dia  qui  a  traduit  Mont...  par  Montibus  et 
a  conclu  que  l'inscription  était  dédiée  aux 
montagnes.  Qiiant  à  Ser...  il  n'en  a  tenu 
aucun  compte.  Mais  son  imagination  toute 
seule  lui  a  fourni  l'exil  de  Sabinula,  le 
regret  du  sol  latin,  la  blanche  villa,  etc.. 
C'est  ainsi  qu'avec  trois  mots  n'offrant 
pas  grand  ser.s,  un  grand  poète  a  su  faire 
une  pièce  exquise. 

L.  DES  Ch. 

Petit  sexe  (LXIX,  745).  —  On  lit 
dans  Balzac,  Physiologie  du  mariage.  Mé- 
ditation IV,  de  la  femme  vertueuse,  page 
38,  (Paris,  Calmann  Lévy  et  Librairie 
nouvelle,  187b  ;  in   18)  : 

A  notre  honte,  une  femme  ne  nout  est 
ja  mais  si  attachée  que  quand  nous  souffrons. 
A  cette  pensiie,  toutes  les  ëpigrammes  diri- 
gées contre  le  petit  sexe  (cai  c'est  bien  vieux 
de  dire  le  beau  sexe)  devraient  se  de'sarmer 
de  leurs  pointes  aiguës  et  se  changer  en  ma- 
drigaux. 

Albert  Ci  m. 

Séez  :  Sées  (LXIX,  745).  —  J'ai  souS 
les  yeux  un  Indicateur  des  Télégraphes  de 
1908, lequel  mentionne5«s  Orne  et  Sée{, 
Savoie.  11  n'y  est    pas  question  des  deux 

Sées  de  l'Eure.  V.  A.  T. 

« 

*  • 
Le  Dictionnaire  des  villes  et  communes 
de  France  (ouvrage  rédigé  sur  les  maté- 
ria  -x  les  plus  authentiques)  par  M.  F.  G. 
employé  supérieur  au  Ministère  de  l'inté- 
rieur. —  Paris,  Langlois  et  Leclercq,  rue 
de  la  Harpe  81.  (Edité  probablement  vers 
1842  —  cette  date  est  au  crayon),  indi- 
que :  Sées,  Orne,  Alençon,  et  ceci  cer- 
tainement avant  1848,  puisque  ce  Diction- 
naire donne  la   population  du   Royaume. 

XUATREB. 

Le  mot  boufre  (LXIX,  650,  821).  — 
C'est  évidemment  dans  la  seconde  des 
deux  acceptions  signalées   par    M.  Gus-  , 


34 


tave  Fustier,  que  Daudet  a  employé  le 
mot  boufre,  lorsque,  vers  la  fin  du  chap. 
XIII  de  son  Tartarin  sur  les  Alpes,  il  dé- 
peint son  héros,  et  l'ami  Gonzague,  re- 
tenus par  une  même  corde,  laquelle  se 
rompt,  les  laissant  rouler  chacun  dans 
un  abime,  de  part  et  d'autre  d'une  crête. 
Les  deux  cris  outre  I  et  boufre  !  sont 
alors  poussés  en  même  temps  par  les 
deux  infortunés  touristes. 

V.  A.  T. 

Dache,le  perruquier  des  zouaves 

(LXIX,  794).  —  Dache  est  le  héros  d'une 
banale  plaisanterie  militaire  quiavait  cours 
avant  la  guerre,  peut-être  du  temps  de  la 
garde  impériale.  Le  fond  était  celui-ci  : 
Va  donc  à  Dache,  le  perruquier  des  zoua- 
ves, qui  rase  à  la  mécanique.  On  le  voit, 
ce  n'était  pas  très  méchant. 

E.  Grave. 
1^  * 
En  argot,  «  dache  »  c'est  le  diable  et 
envoyer  quelqu'un  «  à  dache  »  ,  c'est  l'en- 
voyer au  diable.  Mais  pourquoi  désignait- 
on  ce  noir  personnage  comme  le  «  perru- 
quier des  zouaves  »  ?  Sans  doute  parce 
qu'il  était  capable,  au  figuré,  de  leur 
faire  la  barbe  ou  -  plus  familièrement  — 
le  poil. 

QVMSiTOR. 

«  » 

Je  me  souviens  avoir  lu  quelque  part, 
que  dans  le  Nivernais  le  mot  dache  est 
couramment  employé  pour  diable,  et 
qu'il  est  également  usité  dans  les  patois 
des  pays  immédiatement  voisins. 

Dache  étant  une  altération  du  mot  dia- 
ble, envoyer  à  dache  est  donc  une  accep- 
tion de  la  locution  envoyer  au  diable. 

Dans  son  dictionnaire  d'argot,  Loredan 
Larchey  donne  ainsi  la  signification  de  ce 
mot  : 

Dache  :  diable.  Envoyer  à  Dache  :  envoyer 
au  diable. 

D'autres  locutions  seinblables  et  déri- 
vant sans  doute,  elles  aussi,  d'envoyer  au 
diable,  sont  nombreuses. 
On  peut  citer  les  suivantes  : 
Envoyer  à  l'ours, 
promener 
paitre 
coucher 
faire  lanlaire,  etc. 

L.  Capet. 


N»    1405  Vol.  LXX. 


L'INTERMEDIAIRE 


^Ç 


Œuvres  ou  inventions  dues  à  des 
rêves  (LXIX,  O98,  828).  —  Colonne 
828,  ligne  12,  au  lieu  de  célébration  lire 
cérébraiion. 


Voici  l'anecdote  qui  se  trouve  racontée 
dans  un  livre  de  magie  blanche  anglais 
{Consult  the  Oracle)  au  sujet  de  Elias 
Howe,  inventeur  de  la  machine  à  coudre. 

Ne  parvenant  pjs  à  adapter  une  aiguille 
pratique  à  sa  machine,  Howe  se  désespérait. 
Une  nuit,  il  rêva  que,  jeté  par  la  tempête 
dans  une  île  de  nègres  cannibales,  il  était 
condamné  à  mort  par  le  roi  du  pays  ;  tan- 
dis qu'un  détachement  de  farouches  niori- 
cauds  l'escortait  au  supplice,  ses  legards 
s'attachèrent  sur  les  hallebardes  qu'ils  te- 
naient, et  il  remarqua  qu'elles  portaient  un 
trou  à  la  pointe. 

^  Ce  fut,  au  réveil,  un  trait  de  lumière  pour 
l'inventeur,  qui  perça  l'aiguille  de  sa  machine 
à  la  pointe  et  non  au  talon  comme  les  aiguil 
les  ordinaires. 


36 


Feux  de  joie  (LXIX,  98,  522,  682). 
—  L'usage  du  feu  de  St-Jean  a  persisté 
dans  la  ville  de  St-Sever  (Landes).  Le  sa- 
medi soir,  veille  de  la  fêle  locale  (St-|ean) 
le  maire,  accompagné  de  ses  deux  adjoints, 
des  conseillers  municipaux  et  des  mem- 
bres de  la  commission  des  fêtes,  quitte  la 
mairie,  musique  et  agents  de  police  en 
tête.  Le  cortège  se  rend  à  l'Eglise  pour 
aljer  y  chercher  l'archiprêtre  et  son  clergé 
vêtus  de  leurs  ornements.  Tous  se  ren- 
dent sur  la  place  où  a  été  dressé  un  fais- 
ceau de  branchages  et  de  pailles. 

Le  canon  tonne,  les  cloches  sonnent  et 
à  ce  moment  l'archiprêtre  prend  une  tor- 
che que  lui  présente  un  agent  de  police 
et  allume  le  faisceau  ;  un  deuxième  agent 
offre  une  autre  torche  au  maire  qui  après 
avoir  allumé  le  faisceau,  la  passe  à  ses 
adjoints  qui  en  font  autant  ;  un  troisième 
agent  ofïre  enfin  une  troisième  torche  ;  u 
président  de  la  commission  des  fêtes  qui, 
à  son  tour,  allume  le  faisceau,  et  tout  le 
cortège  escorte  le  clergé  dans  l'Eglise.  Le 
cortège  civil  rentre  alors  à  la  mairie.  Le 
feu  continue  à  brûler,  les  enfants  jouent 
autour,  passent  à  travers  les  flammes  et 
lorsque  tout  le  bois  est  consumé  l'on  em- 
porte chez  soi  un  morceau  de  charbon 
afin  de  chas.ser  de  son  toit  les  êtres  mal- 
faisants, sorcières...  etc.,  etc. 

L.-LÉON  DUFOUR. 


Il  n'y  a  pas  qu'à  Paris  que  les 
ânes  portent  culottes  (LXIX,    746). 

—  Dans  l'île  de  Ré,  et  peut-être  ailleurs, 
on  affuble  les  ânes  de  sortes  de  guêtres 
fort  comparables  à  des  culottes. 

Sglpn. 

La  danse  aux  chansons  (LXIX, 
175,  680,  819).  —  J'ai  écrit  après  ré- 
flexion «  paysanesque  »  (avec  un  seul  n) 
parce  que  l'orthographe  de  ce  mot  s'est 
apparemment  simplifiée  à  l'usage. 

je  n'ignore  pas  que  le  Laiousse  écrit 
«  paysannesque  »  en  donnant  précisé- 
ment en  exemple  la  phrase  de  Lamar- 
tine qu'a  reéditée  Nauticus. 

Mais  le  Litousu  n'a  pas  fixé  l'ortho- 
graphe des  mots  pour  l'éternité. 

Cette  orthographe  se  modifie  perpé- 
tuellement, au  contraire,  en  marchant 
vers  la  simplification;  le  Larousse  mensuel 
lui-même  le  reconnaissait  tout  récemment 
encore  en  publiant  le  texte  de  la  fameuse 
dictée  de  Prosper  Mérimée. 

C'est  avec  juste  raison  que  le  directeur 
de  la  Revue  du  Tiaditioiinismc  français  et 
étranger  qui  n'est  autre,  je  crois  bien, 
que  le  distingué  collaborateur  de  V Inter- 
médiaire qui  signe  ordinairement  B.  F., 
répète  en  tête  de  chaque  numéro  de  son 
intéressante  publication  que  la  tradition 
de  l'orthographe  française  est  de  se  sim- 
plifier depuis  l'origine.    Ce    mouvement, 

—  dit-il  —  fut  arrêté  par  les  pédants  du 
XVI'  siècle,  mais  ils  ne  le  détruisirent  pas  : 
«  il  a  repris  malgré  eux  ;  et  depuis,  l'or- 
thographe n'a  pas  cessé  de  continuer  à  se 
simplifier.  Non  seulement,  l'officielle  or- 
thographe actuelle  n'est  pas  celle  du  xii°, 
du  xV,  du  xvi»  siècle,  orthographes  qui 
variaient  ,  différaient  sensiblement  en- 
tre elles,  mais  elle  n'est  pas  celle  du 
xvii»,  du  xviu',  du  XIX'  siècle  ;  les  au- 
teurs d'une  même  époque  eurent  cha- 
cun une  orthographe  dissemblable.  L'or- 
thog'aphe  n'est  pas  même  celle  d'il  y  a 
vingt  ans,  car  l'Académie  enregistre  fré- 
quemment des  modifications  orthographi- 
ques de  mots. 

Sans  porter  l'amour  de  la  réforme  or- 
thographique à  d'extrêmes  limites,  sans 
mêr.e  me  livrer  jamais  —  de  ma  propre 
autorité  —  à  la  moindre  tentative  d'in- 
novation, j'avoue  que  j'adopte  bien  vo- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1914. 


37 


lontiers  les  simpliricatlons  que  l'usage  a 
consacrées. 

C'est  pourquoi  j'ai  écrit  «  paysanes- 
que  »,  d'accord  avec  les  nouveaux  dic- 
tionnaires en  usage  dans  les  écoles  et  no- 
tamment avec  le  Dictionnaiie  Armand  Co- 
lin. 

J'ajoute  que  je  n'en  fais  pas  une  affaire, 

et  que  je   ne  tiens   pas    plus  à  une  forme 

qu'à   l'autre.    iMe  suis-je    trop   hâté  ?  Je 

Isisse  à  de  plus  savants  le  soin  d'en  juger, 

mais  j'en  laisse  aussi  la  responsabilité  au 

Dictionnaire  que  je  viens  d'indiquer. 

Adrien  Hiiguf.t. 
* 
*  * 

A  propos  de  l'orthographe  du  mot 
«  paysanesque  »  par  une  seule  n,  ou 
«  paysannesque  >  par  deu.x  n. 

On  trouve  dans  Littré  {Supplément  au 
dictionnaire  de  la  langue   française,  1882  : 

Paysancsfu.'.. .  Néologisme  ;  qui  a  un  ca- 
ractère paysan. 

Cette  obseivation  attentive  du  langage 
campagnard  et  paysanesque. 

Sainte-Beuve  :  Causeries  du  Lundi. 
Tome  VIII.  Art.  sur  R.  Topft'er. 

D'   LOMIER. 

Chahut  (LXIX,  697,869).—  M.  Pierre 
Dufay  écrit  :  colonne  872  :  «  La  cour 
pontificale  ne  songeait  pas,  alors,  à 
substituer  la  furlana  chère  à  Casanova, 
au  tango.  » 

La  cour  pontificale  est  étrangère  à  la 
réclame  faite  à  la  furlana,  qui  n'a  été 
qu'une  entreprise  du  puftisme. 

Ne  versons  pas  a  l'histoire  de  la  danse, 
et  surtout  dans  un  article  d'une  si  inté- 
ressante autorité, des  documents,non  éprou- 
vés. 

V. 


38 


de  la    danse 

575,  687,   821). 


La  condamnation 

(LXIX,  )86,  374.  526,  ,_.  ,,  ___,. 
—  Comme  contribution  à  l'article  de  M. 
J.  G.  Bord,  je  me  permets  de  lui  indiquer 
ce  qu'en  a  écrit  iVl.  le  baron  Davillier 
dans  son  Voyage  en  Espagne  en  1862.  [Le 
Tour  du  Monde,  tome  XVI, 412'  livraison, 
p.  J22. Chapitre  consacré  entièrement  aux 
danses  religieuses  en  Espagne;. 

Le  Tour  du  Monde,  journal  de  voyages, 
à  publié  successivement  de  1862  à  1873, 
le  voyage  de  M.  Ch.  Davillier  et  G.  Doré, 
qui  a  paru  ensuite  en  un  volume  chez 
Hachette  vers   1874.  Journal  et    volume 


sont  à  la  disposition  du  public  à  la  Biblio- 
thèque Nationale. 

Dehermann. 

•  * 
M.  Bord  trouvera  sur  ce  sujet  des  no- 
tes très  utiles  dans  la  partie  bibliographi- 
que de  mon   dictionnaire,  partie  annotée. 
J'y  cite  :  page  420  : 

Abbé  Gauthier.  Traité  contre  les  danses  et 
les  mauvaises  chansons.  Paris  A.  Boudet, 
1909,  1  vol.  in-i3  par  l'abbé  Gauthier, 
curé  de  Savigny. 

Prêtre  Gautier.  Critique  d'un  ballet  moral 
(dansé  au  collège  des  Jésuites  de  Rouen  en 
août  17SI), intitulé  :  Le  plnnr  sage  et  réglé 
parle  prêtre  Gautier.  S.  L  Rouen  1751, 
I  vol.  in-ia. 

Abbé  Hulot  :  Instructions  sur  U  danse 
«  extraites  des  saintes  écritures,  des  saints 
conciles  et  des  théologiens  les  plus  recom- 
mandables  par  leur  piété  et  par  leur  science  1^ 
par  l'abbé  Hulot,  3"  édition  —  Paris, Leclercq, 
1826  —  I  vol.  iii-ia. 

Marius  Desrat. 

©rouuailUa  et  fi^uvio^ités 

Toulouse-Lautrecet  les  jurys.  — 

La  place  considérable  occupée,  aujour- 
d'hui, par  Toulouse-Lautrec,  parmi  les 
artistes  contemporains,  la  vogue,  qui,  en- 
fin, rend  justice  à  ce  maître  dont  l'œuvre 
est  l'une  des  plus  personnelles,  des  plus 
puissantes,  des  plus  significatives  ,  des 
plus  humaines  de  ce  temps,  donne  la 
curiosité  de  le  connaître  dans  liiitimité  de 
sa  conception  d'art  Observateur  et  silen- 
cieux, il  ne  semait  point  sur  ses  pas 
les  théories  et  les  préceptes  :  il  démon- 
trait sa  conception  de  l'œuvre  d'art  en 
la  créant. 

Ce  n'est  que  pour  donner  plus  d'intérit 
à  quelques  rares  billets  011  il  a  pu  porter 
un  jugement  critique  sur  les  écoles  offi- 
cielles. 

Nous  donnerons  pour  cette  raison  la 
lettre  qu'il  nous  adressa,  et  qui  devait 
être  l'ébauche  d'une  polémique  qui  ne  fut 
pas  ouverte  : 

Mon  cher  Montorgueil, 
Vous  m'avez  demandé  mon  opinion  sur  la 
reprise  de  possession  des  pavillons  de  la 
Ville  de  Paris  pour  en  faire  un  musée.  Par 
ce  fait,  les  fleurs,  les  froruages  et  les  Indé- 
pendants se  trouvent  sans  local.  Il  est  inu- 
tile de  vous  rappeler  les  débuts  pénibles  des 
Indépendants,  Ipur  énergie  qui    ne   s*  d4- 


N»  1405  Vol.  LXX. 


L'INTERMÉDIAIRE 


39 


40 


ment  pas  depuis  1884,  leur  succès  définitif. 
Vous  pouvez  vous  étendre  sur  la  liberté 
d'exposition  que,  seule,  la  Société  observe 
sans  restriction,  de  telle  sortequ'avec  125  fr. 
par  mois,  tout  peintre  a  le  droit  d'exposi- 
tion avec  part  de  cimaise  égale.  Que  ne  di- 
rait-on pas  si  le  Palais  de  l'industrie  était 
retiré  à  la  Société  des  Artistes  français,  qui 
n'est  qu'une  fraction  de  l'Art,  appelée  à 
sombrer  sous  le  poids  de  l'imbécillité  de  son 
jury,  imbécile  comme  tous  les  jurys? 

Pourquoi  ne  pas  déclarer  au  plus  tôtd'uti- 
lité  publique  une  Exposition  ouverte  à  tous, 
au  lieu  d'appuyer  les  débris  d'une  routine 
qu'est  le  Salon  ?  Pourquoi  ne  pas  affecter  le 
Templeau  transplantement  du  musée  d'A.u- 
teuil  comme  l'a  demandé  M.  Levrault,  con- 
seiller municipal,  et  ne  pas  laisser  aux  Indé- 
pendants leur  pavillon  jusqu'à  1900,  époque 
à  laquelle  il  doit  disparaître,  englobé  par 
l'Exposition  ?  Voilà,  mon  cher  Montor- 
gueil,  matière  à  une  chronique.  Si  vous  avez 
besoin  de  renseignements  autres  adressez- 
vous  à  Valton,  dont  je  vous  ai  donné 
l'adresse,  ou  à  moi,  ai  rue  Fontaine. 

Bien  à  vous. 

F.  T— Lautrec, 

Au  besoin,  demandez,  consultez  le  rapport 
du  Conseil  municipal  à  ce  sujet. 

Les  ministres  à  l'Académie.  Tur- 
got  sollicité.  —  Les  têtes  de  colonnes 
de  l'Etat  politique  sont  souvent  aujour- 
d'hui de  l'Académie  française  :  M.  Poin- 
caré,  M.  Ribot,  M.  Paul  Deschanei...  Et 
bientôt  M.  Louis  Barthou. 

Entre  l'Académie  française  et  les  minis- 
tres en  exercice,  il  y  a  eu  souvent  de  ces 
coquetteries. 

Nos  immortels  ont  volontiers  appelé 
à  l'honneur  de  prendre  rang  parmi  eux, 
des  hommes  au  pouvoir  qui  se  distin- 
guaient autant  par  leur  haute  autorité  que 
par  leurs  œuvres  littéraires. 

C'est  ainsi  que  Turgot  aurait  pu  être 
de  l'Académie  française,  s'il  avait  cédé 
aux  sollicitations  de  Condorcet  qui  se 
faisait  le  porte-parole  d'un  grand  nombre 
de  ses  collègues. 

11  lui  adressait  la  lettre  sjivante  que 
M.  Noël  Charavay  dont  la  complaisance 
est  inépuisable  veut  bien  tirer  pour  nous 
de  ses  opulentes  archives. 

[1776] 

Vous  ne  revenez   point  à  Paris,  et  malgré 

l'intérêt    personnel   je   trouve   que    c'est  Un 

parti    bien   sage.     Mais    comme   Je    m'étais 

chargé  auprès  de    vous    d'une  grande  affaire 

I  faut  que  je  vous  en  écrive. 


M.  de  Saint-Lambert  qui  a  pour  vous  une 
vraie  passion  trouve  que  dans  ce  moment  où 
la  voix  du  public  qui  n'est  pas  la  voix  publi- 
que est  contre  vous,  où  vos  édits  vont  exciter 
cent  clabauderies,  il  serait  fort  agréable  aux 
gens  de  lettres  de  vous  donner  une  marque 
de  leur  vénération  en  vous  nommant  à  la 
place  de  M.  le  duc  de  Saint-Aignan  ;  que 
c'est  peut-être  la  seule  occasion  que  l'Acadé- 
mie puisse  avoir  d'élever  un  ministre  en 
place  sans  faire  une  espèce  de  platitude  ;  il 
m'a  chargé  de  vous  en  parler.  Voici  mainte- 
nant l'état  des  choses.  M.  de  Malesherbes 
doit,  après  avoir  vu  M.  de  Maurepas,  parler 
au  roi  de  M.  de  La  Harpe.  Si  le  Roi  ap- 
prouve ce  vœu  des  gens  de  lettres,  il  me  pa- 
raît tout  simple  de  les  laisser  faire,  mais 
s'il  ne  l'approuvait  pas  alors  vous  rendriez 
vraiment  servie;  à  l'Académie  en  entrant 
dans  les  vues  de  M.  de  Saint-Lambert. 

1°  L'Académie  a  envie  d'élire  M.  de  La 
Harpe  et  ne,  le  pouvant  pas,  il  est  plus 
honnête  pour  elle  d'être  toujours  à  portée  de 
donner  à  M.  de  La  Harpe  la  première  place 
d'homme  de  lettres  ;  elle  n'.i  plus  l'air  d'être 
contiedite  dans  son  vœu  et  elle  n'est  plus 
forcée  à  choisir  celui  qu'elle  ne  croit  point 
le  plus  digne  ;  2°  L'Académie  ferait  un 
choix  qui  lui  ferait  honneur,  qui  augmen- 
terait sa  considération,  au  lieu  que  le 
choix  de  M.  Colardeau,  qui  fait  bien  des  vers 
mais  qui  n'a  d'autre  existence  morale  que 
celle  d'ami  de  Mlle  Verrière  et  d'êtrj  un  bon 
entant,  ne  fortifierait  pas  beaucoup  l'Acadé- 
mie. On  n'élira  point  M.  de  Chabanon  qui, 
dit-on,  n'a  point  de  talent  mais  qui  est  du 
moins  un  homme.  Il  ne  peut  être  question 
pour  différentes  raisons  ni  de  M.  de  Gui- 
bert  ni  de  l'abbé  Raynal.  Les  autres  choix 
seraient  ridicules. 

.Mettez-moi, je  vous  prie, en  état  de  répon- 
dre à  M.  de  Saint-Lambert,  le  plus  tôt  pos- 
sible. 

On  dit  lacis  le  monde  que  l'édit  des  ba- 
nalités n'est  pas  de  cette  fois-ci,  j'avoue  que 
si  cela  est  vrai  je  n'en  serais  point  fâché 
quoique  j'abhorre  ce  genre  de  vexation,  vous 
n'auriez  fait  que  les  pallier.  Dans  deux  ans 
vous  les  ôterez  tout  a  fait  si  vous  voulez.  Il 
m'est  venu  sur  cette  matière  une  idée  qui 
pourrait  être  bonne  je  vous  la  donnerai  une 
autre  fois. 

Ce  fut  Colardeau  qui  fut  élu  le  2  mars 
1776.  H  mourut  le  7  avril  suivant  sans 
avoir  prononcé  son  discours  de  récep- 
tion. 

Li  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEîL 

Imp.CiBRC-DAHia.St-Amarid-Mont-Rond 


LXX*  Volume  Paraissant  tes  to,  70  el    10  dt  cbaqm  mois 


20.Juillet  1914 


8t'".r.VK!tor  Massé 
<  -.i  roux  :  de  3  »  6  Ii«u  ri<t 


Chtrchet  et 
vous  trotittercT 


Il  se  faui 
tntr'axder 


N°  1406 

31>'-,r.Viclar-Mii«»e 
PAItlë  <IX') 

Burtaoi  :  4n3t  Gheuri» 


C^utcnnéMairt; 


DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUITTIONS     ET     REPONSES     LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIBNTIPiyUES     ET  AR  lISTiyj;  T 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


41 


Nj'.is  plions  nos  correspondants  de 
vcxloir  bien  répéter  leur  nom  au-desscus 
de  leur  pseudonyme,  et  de  n'écrire  que 
d'un  côté  de  la  feuille.  Les  articles  ano- 
nymes ou  signés  dt  pseudonymes  inconnus 
ne  seront  pas  insérés. 

Pour  la  précision  des  rubriques,  une 
question  ne  peut  viser  qu'un  seul  nom  ou  un 
seul  objet. 

Indiquer  les  rubriques  et  leurs  cotes. 

Quand  la  question  sollicite  la  connais- 
sance d'une  liste,  la  liite,  sauf  exception^ 
n'est  pas  insérée,  nais  envoyée  directement 
à  l'auteur  de  la  question. 

L'Intermédiaire  des  chercheurs  et  cu- 
rieux s'interdit  toute  question  ou  réponse 
tendant  à  mettre  en  discussion  le  nom  ou  U 
titre  d'une  famille  non  éteinte. 


ucdtionê 


Un  truc  militaire  du  Grand  Fré- 
déric. Je  lis,  dans  Chamfort  {Edition 
de  ses  Œuvies  en  1824,  t.  II,  p.  55)  : 

Le  roi  de  Prusse  a  fait  plus  d'une  fois  lever 
des  plans  géographiques  très  déftctueux  de 
tel  ou  tel  pays  •  la  carte  indiquait  tel  marais 
impraticable  qui  ne  l'était  point  et  que  ses 
ennemis  croyaient  tel  sur  la  foi  d'un  faux 
plan. 

L'anecdote  est-elle  exacte  ?  Et  connaît- 
on  des  exemplaires  de  cette  topographie 
fantaisiste  d'ailleurs  parfaitement  compa- 
tible avec  la  fourberie  coutumière  du  per- 


42 


sonnage 


d'E. 


Le  drapeau  blanc  sous  l'ancienne 
monarchie.  —  On   lit   dans   Vlr.dépen- 
dance  belge,soas  la  signature  de  M.  Robi 
net  de  Cléry  : 

On  sait  que  l'ancien  drapeau  royal  et  mi- 
litaire de  la  France  ét.iit  le  drapeau  blanc 
fleurdelisé.. . 

Les  meilleurs  auteurs  soutiennent  que 
le  drapeau  blanc  royal  ne  djrive  que  de 
l'émigration. 

Auquel  croire  ? 

V. 

[La  question  a  été  traitée  à  fond  tomes 
X  et  XI  de  l'Intermédiaire,  années  1877, 
1878.] 

Titre  de  duc  de  Lorraine.  —  Voici 
ce  qu'on  lit  dans  les  journaux  : 

L'Empereur  d'Autriche  va,  dit-on,  relever 
le  titre  et  les  armes  du  duché  de  Lorraine, 
qui  appartenaient  h  ses  ancêtres,  au  profit  de 
son  petit-neveu  le  prince  Maxirnilien  de  Ho- 
henberg,  fils  de  l'archiduc  François-I  erdi- 
nand. 

François-Joseph  n'est  en  effet  Habsbourg 
que  du  fait  du  mariage  de  son  bisaïeul,  le 
duc  François  III  de  Lorraine  avec  IVlarie-Thé- 
rèse  fille  de  Charles  VI,  le  dernier  empe- 
reur de  la  maison  de  Habsbourg,  lequel 
François  III  devint  empereur  sous  le  nom 
de  François  \<",  en  1747. 

C'est  donc  un  honneur  tout  particulier 
que  le  vénérable  souverain  rend  à  la  mé- 
moire de  François-Ferdinand  ;  il  ne  peut 
mettie  le  jeune  prince  de  Hohenberg  au  rang 
de  ses  cousins  les  archiducs,  mais  lui  donne 
un  titte  qui  lui  appartient  en  propre  et  qui, 
poui  être  purement  platonique,  n'en  est  pas 
moins  éclatant. 

LXX.  4 


N"    1406  Vol. 


LXX. 

—    4Î 


L'INTERMÉDIAIRE 


44 


Si  ce  titre  est  concédé,  le  nom  sera-t-il  ;j 
Lorraine  ou  Lotbaringen  avec  la  forme  al-  j 
lemande  ?  Les  princes  de  la  maison  de  | 
Lorraine  usaient-ils  souvent  de  la  forme  j 
germanique  dans  l'orthographe  de  leur  | 
nom  ?  Les  Français  ont  déformé  des  nom  s  | 
allemands  pour  faire  Bavière,  Saxe^'f-C,  i 
mais  ici  ne  se  trouve-t  on  pas  en  présence  . 
d'un  nom  franc  déformé  par  les  Germains?  | 
Le  fils  de  l'infortuné  archiduc  ne  devrait-il  | 
pas  écrire  Lorraine  plutôt  que  Lotbaringen'.  \ 
La  CoussiiiRE.       ! 

i 

Titre  de  duc  de  Lorraine.  —  Lors  j 
de  la  réunion  de  la  Lorrame  et  du  Barrois  j 
sous  Louis  XV,  quelle  fut,  vis-à-vis  de  la 
France  la  situation  nobiliaire  des  familles  , 
lorraines  qui  tenaient  leurs  titres  des  ducs  ^ 
de  Lorraine  ou  des  «  Empereurs  »  ?  Du- 
rent-elles  faire  confirmer  leurs  titres  par 
le  Roi  ?  ou   la  confirmation  et  reconnais- 
sance de  ces  litres  leur  fut-elle  accordée 
par  un  article  du  Traité  de  réunion  ou  par 
quelque  Edit  ad  hoc  ?  Si   oui,  j'aimerais  à 
connaître  les    articles  de  Traité,   les  Or- 
donnances ou  Edits  réglant    cette  ques- 
tion. M.    M. 

Le  péril  est  à  gauche.  —  Quand 
Jules  Frrry  a-til   prononcé  ces  paroles  ? 

B. 

Facultas  virgo.  —  duelle  est  dans 
l'ancien  régime  la  Faculté  de  Théologie 
qu'on  appelait  Factilias  virgo  i 

Un  CURIEUX. 

Aïssé.  —  Sainte-Beuve,  dans  sa  no- 
tice sur  mademoiselle  Aissé,  dit  qu'il  a 
été  heureux  d'apprendre  que  la  postérité 
de  celle-ci  n'était  pas  éteinte,  comme  il 
l'avait  cru  d'aborJ.  Deux  des  arrière-pe- 
tits-enfants d'Aissé,  le  marquis  de  Bonne- 
val  et  la  comtesse  de  Calignon,  avaient 
encore  des  descendants  vivants  à  ri:poque 
(1846)  où  il  écrivait  cette  notice. 

II  y  a  de  cela  68  ans.  Au  moment  où 
nous  sommes,  on  peut  de  nouveau  poser 
la  même  question  :  La  postérité  d'Aissé 
est-elle  encore  florissante  .? 

Debasle. 

L'archidiacre  Bèrenger.  —  L'ar- 
chidiacre Bérenger  a-t-il  répandu  ses  er- 
reurs à  Angers? 

Un  curieux, 


Champoléon  et  le  Cadet  de  Cha- 
rance.  —  Si  la  vie  de  Lesdiguières  nous 
est  bien  connue, ses  principaux  lieutenants 
pendant  les  guerres  de  Religion  en  Dau- 
phiné  sont  à  peine  sortis  de  l'obscurité; 
aussi  serai-je  très  reconnaissant  à  ceux  de 
mes  confrères,  érudits  en  l'histoire  Dau- 
phinoise, qui  voudraient  me  renseigner 
sur  deux  chefs  protestants  qui  paraissent 
avoir  joué  un  grand  rôle  dans  nos  guerres 
religieuses,  Albert  Martin  de  Champo- 
léon, désigné  toujours  par  son  nom  de 
fief  et  François  Philibert,  de  Gap,  sur- 
nommé le  Cadet  de  Charance,  ainsi  que 
m'indiquent  les  sources  à  consulter.  Le 
premier,  d'une  famille  noble  du  Champ- 
saur,  était  par  son  mariage,  beau-frère  de 
Lesdiguières,  le  second,  de  ses  grands 
fidèles,  fut  anobli  grâce  à  lui. 

Les  vies  de  l'un  et  de  l'autre  se  mêlè- 
rent étroitement  ;  aussi  ayant  vu  en  un 
recueil  particulier  de  généalogies,  que 
Suzanne  de  Philibert,  fille  du  Cadet  de 
Charance,  avait  épousé  Jacques  Martin, 
tige  d'une  famille  de  fermiers  généraux 
des  Ducs  de  Lesdiguières,  je  me  demande 
si  ce  n'est  pas  un  fils  cadet  et  par  suite  mal 
connu  de  Champoléon.  Ne  serait-il  pas 
naturel  que  les  Ducs  de  Lesdiguières 
aient  réservé  à  des  parents  la  place  de  fer- 
mier général,  avantageuse,  bien  que  dé- 
rogeant à  noblesse,  ce  qui  n'était  pas 
pour  en  écarter  des  cadets. 

Il  doit  y  avoir  des  éléments  pour  véri- 
fier cette  hypothèse  généalogique  :  les 
registres  tenus  par  les  pasteurs  Dauphi- 
nois, les  recherches  de  noblesse  faites  en 
Dauphiné  vers  1660  et  surtout  les  ar- 
chives des  ducs  de  Lesdiguières.  Où  peu- 
vent être  ces  documents  ? 

Albert  du  Champsaur. 

Famille  Châles  de  Bsaulieu.  -  En 

170Ç)  un  François  Cliales  Je  Beaulieu, 
d'origine  française,  et  son  épouse  Elisa- 
beth, née  Napierski,  d'origine  polonaise, 
habitaient  Danzig.  Selon  la  tradition  de 
la  famille,  le  susdit  François  Châles  de 
Beaulieu  fut  jadis  capitaine  de  vaisseau, 
mais  cela  n'est  pas  prouvé,  je  cherche  la 
souche  de  la  famille  Châles  de  Beaulieu  en 
France  avant  1709  et  ledomicile  de  François, 
je  cherche  en  outre  le  lieu  et  la  date  de 
naissance  du  même  François.  11  doit  s'être 
marié  avec  Elisabeth  Napierska  vers  1708, 
D'  Stephan  Kekule  von  Stradonitz,  * 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


4î 


46 


90  Juillet  1914 


Piiilippe  de  Crévecceur,  maré- 
chal d'Esquerdes.  —  ^^'est  un  fait 
avéré  que  Philippe  de  Crévecœur,  maré- 
chal d'Esquerdes,  mort  le  22  avril  1494, 
fut  inhumé  dans  l'église  Notre-Dame  de 
Boulognesur-Mer. 

1°  A  quel  <  endroit  précis  »  de  l'an- 
cien édifice,  rebâti  et  devenu  la  cathédrale 
actuelle,  l'illustre  guerrier  a-t-il  été  en- 
terré ?  2"  Ouc  serait  devenu  le  cercueil  de 
plomb  qui  renfermait  ses  restes  mortels  ? 

Les  quelques  renseignements  que  l'on 
trouve  à  ce  sujet  dans  la  Notice  archéolo- 
gique sur  Li  crypte  de  l'Eglise  de  Notre- 
Dame  de  Boulogne,  pir  l'Abbé  Haigneré, 
et  dans  :  Antique^  de  la  ville  d'Amiens, 
par  La  Morlière,  ne  nous  éclaircissent  pas 
complètement  à  ce  sujet. 

P.   T\PFIN. 

Une  branche  anglaise  des  Gri- 
maldi.  —  La  famille  des  GrimalJi  passe 
pour  s'être  éteinte  dans  celle  des  Goyon 
Matignon,  et  c'est  à  ce  titre  que  le  prince 
Albert  de  Monaco  règne  actuellement  sur 
la  principauté  qui  forma  l'ancien  fief  des 
Grimaldi. 

Or,  si  j'en  crois  une  coupure  d'un  jour- 
nal anglais,  une  branche  de  cette  ancienne 
famille  compterait  encore  en  Angleterre 
des  représentants  provenant  d'un  certain 
marquis  Alexandre  Grimaldi  qui  aurait 
quitté  Gênes  en  1694,  pour  se  fixer  dans 
la  Grande-Bretagne  et  dont  la  descen- 
dance était  représentée,  il  y  a  une  cin- 
quantaine d'années,  par  deux  branches  : 

L'aînée  ayant  pour  chef  Alfred  Gri- 
maldi (10'  marquis  Grimaldi)  né  en  1857 
et  possédant  un  fils,  Ernest  Georges,  ac- 
tuellement vivant. 

La  cadette  représentée  par  un  certain 
Etacey  Grimaldi  qui  eut  un  fils,  Alexandre 
Beaufort  Grimaldi,  lequel,  vers  cette  épo- 
que, aurait  fan  valoir  sans  succès  ses  ti- 
tres et  droits.  On  ne  dit  pas  si  la  branche 
cadette  compte  encore  des  représentants. 

Que  faut-il  penser  de  cette  assertion  ? 
Le  procès  intenté  par  Alexandre  Beaufort, 
s'il  a  eu  lieu,  a  dû  f?irc  un  certain  bruit 
[luisqu'on  contestait  ses  droits  à  un  prince 
régnant. 

G.  DE  Massas. 

Le  baron  de  Heiss.  —  le  désirerais 
avoir  quelques  renseignements  généalo- 
giques  sur    le   commandant,    baron    de 


Heiss, gouverneur  du  château  de  la  Petite- 
Pierre,  près  de  Saverne,  en  1787.  Oyelle 
était  sa  parenté  avec  Jean  et  Thomas  de 
Heiss,  seigneur.-,  de  Kogenheim  (ou  Kau- 
guherin),  le  premier  (; 6 15- 1688)  rési- 
dent de  l'électeur  palatin  en  France,  puis 
intendant  de  l'armée  française  en  Allema- 
gne; le  second,  baron  libre  du  St-Em- 
pire,  intendant  des  armées  de  S.  M.  au 
pays  de  Cologne.  Ce  dernier  résidait  à 
Saint-Port  (Seine-Port),  où  il  avait  une 
maison,  dans  la  première  partie  du 
xviii-  siècle.  Baron  de  G. 

Le  début  de  Mérimée. 

M.  Mérimie  .ivait  débuté  dans  le  monde 
par  un  fait  malheureux  :  il  avait,  dit-on,  dans 
un  duel,  tiré  sur  le  mari  de  sa  maîtresse,  et 
l'avait  lue  .. 

Le  point  noir  de  ses  débuts  a  dû  souvent 
assombrir  et  troubler  son  e.xistence,  et  peut- 
être  est-ce  là  le  secret  de  cette  amertume  et 
de  ce  désenchantement  qu'on  trouve  dans 
tous  ses  ouvrages. 

Voilà  ce  qu'on  lit,  page  297  des  Souve- 
nirs personnels  et  silhouette!  contempo- 
raines, par  Auguste  Barbier,  Paris,  lib. 
Dentu,  i88î. 

Est-ce  là  une  anecdote  controuvée,  ou 
faut-il  croire  que  les  biographes  de  Méri- 
mée ont  été  d'accord  pour  ne  pas  parler 
d'un  fait  que  les  contemporains  ont  pu 
connaître,  mais  sur  lequel  on  a  réussi  à 
jeter  un  voile  ?  Debasle. 

Marquis  de  Tissart  de  Rouvres. 

—  Cette  famille,  qui  possédait  le  château 
de  Beaubourg,  (Croissy-Beaubourg,  S.-et- 
M.)  est-elle  encore  représentée  ?  Quelles 
sont  ses  armes  ? 

Baron  de  G. 

Da  Saint-Aubin  —  Lieutenant  gé- 
néral d'épée.  Renseignements  sur  ce  per- 
sonnage (xviiP  siècle)  et  sa  fonction. 

NlSIAR. 

De    Saint  -Hilaire,  XVIII»  siècle. 

—  Renseignements  sur  la  famille  de  ce 
nom  qui  portait  :  d'azur  à  trois  pins  arra- 
chés d'argent.  NlSlAR. 

P.  H.  de  Saint  Père,  minéralo- 
giste. —  Renseignements  sur  ce  pe. son- 
nage  ;  fin  du  xviii*  siècle. 

NlSIAR. 


N»  i40f.  Vol.  LXX. 


L'INTERMEDIAIRE 


47 


48 


Le  peintre   Jossph  Vivien.  —  A 

quelle  famille  appartenait  Joseph  Vivien, 
peiiitre,  élève  de  Le  Brun,  né  à  Lyon  en 
1657  -f  3  Bonn  en  1735  f  N'était-il  pas 
d'origine  parisienne?   Quelles  étaient   ses 


armes  ! 


Baron  de  G. 


Chevaliers  de  Malte.  —  Existe-t-il 
une  liste  complète  des  chevaliers  de  Malte 
depuis  Louis  XVI  jusqu'à  Charles  X  ? 

Où  pourrait  on  la  consulter,  en  ce  cas? 
C.  DE  LA  Benotte. 

Armoiries  à  déterminer  :  de.  ..  à 
3  bandes  de...  —  Sur  la  tombe  de  )ean 
de  Choiseul.  mort  en  1561,  et  d'Antoine 
de  Choiseul,  mort  en  1560,  (église  de 
Fresnoy,  Haute  Marne),  l'un  des  écus- 
sons  représentés  porte  :  EcartcU  :  aux  i 
et  4,  de...  à  trois  bandes  de...  ;  aux  2  et  j 
de  Dinteville.  A  quelle  famille  appartient 
l'écu  chargé  des  trois  bandes  ? 

Baron  A. -H. 

Armoiries  à  identifier  :  trois  crois- 
sants. —  Sur  une  horloge  faite  à  Brescia 
en  1685    sont   les    deux    écus  :     àdextre, 

De à  trois  cioissants  tiiontants  de. . .,  et  a 

sénestrc,  coupé  au  premier  de.. .  à  un  aigle 
ail  vol  abaissé  de,..,  au  deuxième,  de...  à  un 
arbre  sur  une  terrasse  de.  . 

Df  DUVERNOY. 

Armes  à  identifier  :  Horloge  ita- 
lienne de  1582.  —  Coupé,  an  premier 
de...  à  trois  poissons,  rangés  en  fasce  de... 
au  deuxième,  de....  à  un  aigle  tenant  à 
dexfre  un  rameau  fleuri,  à  sénesire  un  ra- 
meau sec  posés  en  chevron. 

Initiales  au  dessous  de  l'écu  :  I.  Z. 

D"'  DuVERNOY. 

Armoiries  sur  une  montre  alle- 
mande du  XVI"  siècle.  —  Ecartelé,  au 
premier,  de...  à  deux  marteaux  posés  en 
sautoir,  au  2°  et  3',  fascé  de  quatre  pièces; 
au  4'  de...  à  deux  flcun  de  lys  au  pied  nour- 
ri, l'uiicienveiséc,  accoUes  par  le  pied. 

Initiales  accompagnant  l'écu  :  C,  P. 

D'    DUVERNOV. 

Vers  alexandrins  et  rimes.  —  On 

connaît  l'histoire  du  fameux  sic  vos  non 
vohis  de  Virgile, mais  c'est  l'occasion  de  la 
rappeler. 

Pendant.les  fêtes   qu'Octave   donna  au 


peuple  de  Rome,  pour  célébrer  la  fin  des 
guerres  civiles,  il  fit  assez  mauvais  temps. 
Un  inatin,  à  la  porte  du  palais  dictato- 
rial, une  main  inconnue  aj'ant  atfiché  ce 
distique  : 

Nocte  pluit  totâ  :  redeunt  spectacula  manè  ' 
Divisum  imperium  :um  Jove  cnesar  habet. 

Octave  voulut  savoir  quel  en  était  l'au- 
teur. 

Un  certain  Bathylle  (était-ce  le  célèbre 
pantomime  ou  un  autre  Batylle.?)  eut  l'im- 
pudence de  s'en  attribuer  la  paternité,  et 
il  en  reçut  une  honnête  récompense  d'Qc- 
tave. 

Ce  qu'apprenant,  Virgile  qui  avait  com- 
posé ces  vers,  fit  écrire  au  dessous  le  vers 
suivant  : 
Hos  egc  versiculos  feci  :  tulit  aller  honores. 

Et   plus  bas  en  quatre  lignes  ces  mots  : 

Sic  vos  non  vobis.  . 
Sic  vos  non  vobis.  . . 
Sic  vos  non  vobis  .. 
Sic  vos  non  vobis... 

en  présentant  cela  comme  des  vers  à  rem- 
plir par  celui  qui  s'était  approprié  lesdeux 
premiers  vers  affichés. 

Naturellement  l'impudent  Batylle  n'as- 
suma point  la  tâche  impossible  pour  lui 
de  les  compléter. 

Et  Virgile,  se  faisant  alors  connaître, 
les  termina  comme  on  sait  : 

...  nidificatls,  aves. 
...  vellera  fertis,  oves. 
...  niellificatis,  apes. 
...  fertis  aiatra,  boves. 

ce  qui,  avec  le  vers  :  Hos  ego,  etc.,  for- 
mait cinq  vers  rimant  ensemble. 

Or  on  peut  remarquer  que  les  quatre 
vers  du  quatrain  qui  riment  entre  eux  ont 
chacun  douze  syllabes  avec  césure  à  la 
cinquième. 

Ne  serait-ce  point  ce  mètre  de  douze 
syllabes  qui  aurait  inspiré  à  Alexandredit, 
tantôt  de  Bernay,  tantôt  de  Paris,  lequel 
vivait  à  la  fin  du  xii"  siècle,  l'idée  de  créer 
le  vers  de  douze  syllabes,  avec  césure  à 
la  sixième  syllabe,  qu'on  appelle  encore 
alexandrin,  et  qu'il  employa  pour  son 
poème  en  l'honneur  d' Alexan  ire-le-Grand  ? 

Ne  seraient-ce  point  ces  rimes  de  Virgile 
qui,  un  siècle  plus  tard,  auraient  donné  à 
Uante  Alighieri  l'idée  de  rimer  les  pre- 
mieis  vers  qui  furent  écrits  en  italien, 
ceux  de  La  Divine  Comédie  ? 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


49 


Quel  érudit  spécial  pourrait  dire  si  c'est 
de  là  ou  d'ailleurs  que  le  vers  de  douze 
syllabes  et  tes  rimes  tirent  leur  origine  ? 

RusTicus. 

IJne  vieille  ballade  ;  C'est  le  che- 
valier des  Landes.  -  Où  trouver  le 
texte  compli;t  de  la  vieille  ballade  à  la- 
quelle Chateaubriand  fait  allusion  dans  la 
Défense  du  Gfnie  du  Christianisme,  et 
dont  il  ne  cite  que  ces  deux  vers  : 
C'est  le  chevalier  des  Landes, 
Malheureux  chevalier,  etc..  ? 

F.  A. 

Critiquable  Praticable. Obligeant. 

Négligent.  —  Le  verbe  «  critiquer  » 
et  le  verbe  «  négliger  »  sont  deux  voca- 
bles qui  semblent  cousins  germams, 
quant  à  la  forme.  Ils  ont,  l'un  et  l'autre. 
un  substantif  de  construction  similaire: 
Il  critique  et  pratique  ».  Alors,  par 
quelle  combinaison  arbitraire  a-t-on  mna 
giné  une  orthographe  dissemblable  pour 
les  adjectifs  qui  dérivent  de  l'un  et  de 
l'autre  de  ces  substantifs,  et  pourquoi 
écrit-on  :  »<  critiquable  et  praticable  »  ?... 
Quel  linguiste,  quel  grammairien  pour- 
rait nous  donner  une  raison  plausible  et 
péremptoire  de  cette  anomalie  ? 

je  fais  la  même  observation  et  je  suis 
dans  la  même  perplexité,  en  ce  qui  con- 
cerne les  adjectifs  «  obligeant  »  »  exi- 
geant »,  qui  s'écrivent  avec  ea  comme 
des  participes  présents,  et  procèdent  de 
verbes  de  même  conjugaison  «  obliger, 
exiger  »,  alors  que  »  négligent  »,  adjec- 
tif qui  dérive  du  verbe  »  négliger  »  et  qui 
est  de  formation  identique,  ne  prend  pas 
ea.  Le  plus  drôle,  c'est  que  les  substan- 
tifs correspondant  aux  deux  adjectifs  ci- 
dessus  en  ea,  s'écrivent  le  premier  «  obli- 
geante», le  second  «exigence»,  celui- 
ci  tout  comme  s'écrit  «<  négligence  ». 

Subtilité,  mystère  et  bizarrerie  ! 

Gros  Malo. 

Rue  des  Bournaires,  à  Clicby.  — 

Une  des  rues  de  Clichy  porte,  depuis  l'an- 
née 1877,  le  nom  de  »<  rue  des  Bournai- 
res  î..  Malgré  nos  recherches,  nous  ne 
pouvons  arriver  à  découvrir  le  sens  de  ce 
nom  :  à  quoi  se  r.ipporte  t-il, s'agit-il  d'un 
nom  de  lieu  dit,  tst-ce  un  nom  d-j formé 
dontl'appellation  primitive  nous  échappe'? 
Rien,  dans  la  délibération  municipale  qui 


30  Juillet  1914 

50 

cette   voie,  n'indique 


a  attribué  le  nom  à 
la  raison  du  choix. 

Nous  retrouvons  à  Gennevilliers  une 
autre  <  rue  du  Bournaire  »  précédemment 
appelée  <  rue  du  Bournard  »,et  à  Colom- 
bes existe  aussi  la  ru.^  du  Bournard,  mais 
dans  aucune  de  ces  communes  nous 
n'avons  pu  trouver  l'éclaircissement  de 
ce  nom  qui  parait  spécial  à  la  région. 

LECLERca. 

Monts  de-Piété  du  X'VIP  siècle.— 

Quels  sont  les  Monts-de-Piécé,  en  France, 
qui  remontent  au  xviii'  siècle  .? 

Un  Parisien. 

Le  vin  d'Anjou.  —  Le  vin  d'.-^njou 
était-il  connu  au  moyen  âge  ^ 

Un  viticulteur. 

Armoiries  et  anagrammes  à  dé— 
terminer.  —  Sur  une  horloge  de  table 
en  cuivre  doré,  datée  de  1648,  sont  gra- 
vés deux  écussons  accolés.  Celui  de  dex- 
tre  porte  : 

D'argent  à  la  faice  de  gueules,  accompa- 
gnée en  chej  d'un  lion  naissant  Je  sable,  et 
en  pointe  d'une  fleur  de  lys  de  gueules  (?)  ; 
comme  cimier,  un  aigle  les  ailes  ouvertes  ; 
tenants,  deux  anges. 

Celui  à  sénestre  porte  :  d'or  à  un  chevron 
Je  sable,  ployé,  .ijouré  Je  cinq  losanges,  ac- 
compagné en  pointe  d'un  tourteau  Je  ?  ci- 
mier, un  buste  d'homme  sans  bras,  à 
bonnet  pointu,  chargé  des  pièces  de  l'écu. 

Au  dessus  de  chaque  écuse  trouvent  les 
mots  suivants  : 

AMOR    MEUS  CHARITAS         10  SIS  REGlA    SALUS 

ANAGR.  ANAGR. 

T.  C.  1.  G. 

Le  premier  anagramme  donne  sans  hé- 
sitation :  Thomas  Camerarius  nom  lati- 
nisé de  Chamhrier,  Chamberlain...  ou 
Zimmermann  en  Allemagne,  où  plusieurs 
savants  se  sont  fait  connaître  au  xvn"  siè- 
cle sous  le  nom  de  Camerarius  ;  mais  je 
n'ai  pas  trouvé  les  premières  arnvoiries  ci- 
dessus  pour  aucune  de  ses  familles. 

Quant  au  deuxième  anagramme,  qui 
doit  donner  le  nom  de  la  femme  du  précé- 
dent, je  n'ai  pu  le  déchiffrer.  Le  prénom, 
commençant  par  I  peut  être  Iulia  ou  losia, 
mais  le  nom  île  famille,  sans  doute  aussi 
latini.sé,  m'échappe.  )e  n'ai  pas  réussi  non 
plus  à  identifier  les  armoiries,  d'allure 
bie  nallemande.  D' Duvernoy. 


fl-    «4o6  VfSi,    LAX 


L'INTERMEDIAIRE 


Eépoîiseô 


Louis  XIV  a-t-il  félicité  Jean 
Sobiesky  après    la   délivrance    de 

Viean.^  ?  (LXIX,    78s,    LXX,  9)   —La 
vérité  historique  est  que  Louis  XIV  a  en- 
voyé son  frère,  Monsieur,  Duc  d'Orléans, 
chez   le  Nonce  pour  le  féliciter  de  la  vie 
toire  des  armes  chrétiennes. 

L'exemple  du  duc  d'Orléans  fut  ensuite 
suivi  par  tous  les  hauts  dignitaires  de  la 
Cour. 

Une  lettre  du  cardinal  Pio,  datée  de 
Rome  le  8  octobre  1683  ^^  adressée  à 
l'empereur  Léopold,  dit  ce  qui  suit  : 

— Si  sono  haouto  lettere  del  Nuntio  di  Pari- 
gi,  quale  avisa  che  tutti  li  Grandi  di  quella 
Coitc  e  sino  il  D  j  ;-.  d'Orléans  si  erano  coti 
lui  raliegrati  délia  \ittoria  délie  ariiii  chiis- 
tiane.  Lunedi  raattina  giunse  un  Corriere  di 
Francia  a  questo  ambassadore,  quale  subito 
adimando  l'Audienza,  che  li  fu  concassa. 
Per  la  corte  vien  detto,  ch'cspnmi-sse  al 
nome  del  Re  a  sua  Beatitudine  il  giubilo 
riceouto  per  la  liberazione  di  Vienna.  — 

(On  a  eu  des  lettres  du  Nonce  de  Paris 
annonçant  que  tous  les  grands  de  la  Cour 
et  même  le  duc  d'Orléans  se  sont  réjouis 
avec  lui  de  la  victoire  des  armes  chré- 
tiennes. Lundi  matin  est  arrivé  un  cour- 
rier de  France  chez  l'ambassadeur  (le 
cardinal  d'Estrées)  celui-ci  a  demandé 
aussitôt  une  audience,  qui  lui  fut  concé- 
dée. On  dit  à  la  Cour  qu'il  a  exprimé  à  Sa 
Béatitude  au  nom  du  Roi  la  joie  éprouvée 
par  Sa  Majesté  à  l'occasion  de  la  déli- 
vrance de  'Vienne). 

Roussel  nie,  dans  son  Histoiie  de  Lou- 
vois,  t,  III,  page  23,  que  le  Roi  ait  mani- 
festé de  tels  sentiments  et  dit  que  s'il 
l'avait  fait,  ce  n'eût  été  de  sa  part  que  de 
la  pure  hypocrisie. 

Fromm,  de  l'Univers. 


La  Colonne  de  Rosbach  (LXX,  4). 
—  Sans  répondre  précisément  à  la  ques- 
tion posée,  je  me  permets  d'indiquer  à 
A.  B.  X  la  pièce  de  circonstance  en  un 
acte  de  Barré,  Radet  et  Desfontaincs,  La 
Colonne  de  Rosbach  ou  le  Réve^  repré'^en- 
tée  au  théâtre  du  Vaudeville  le  1  ^  novem- 
bre 1806.  Comme  il  s  agissait  d'une  pièce 
d'actualité  (nous  dirions  de  nos  jours  une 


•  revue),  il  n'est  pas  impossible  que  l'on 
trouve  dans  ce  léger  ouvrage  le  renseigne- 
ment demandé. 

Henry  Lyonnet. 


je  possède  une  gravure  représentant 
deux  sapeurs  qui,  devant  Napoléon  et 
divers  personnages,  abattent  la  colonne 
de  Rosbach  élevée  par  le  grand  Frédéric  à 
la  mémoire  de  la  bataille  perdue  par  les 
Français. 

Cette  colonne,  est-il  ajouté  en  note,  fut 
chargée  sur  une  charrette  qu'on  fit  partir 
immédiatement  pour  Paris. 

C'était  le  15  octobre  1806. 

Albero. 

Rivalité  amoureuse  du  duc  d'Or- 
léans (LXIX,  741,  847).  —  Il  s'agit  bien 
du  frère  de  Louis  XIII,  Gaston  d'Orléans, 
Sans  aller  chercher  plus  loin,  on  eût  pu 
se  reporter  aux  indications  données,  il  y 
a  quelques  mois,  dans  V Intermédiaire 
(LXVIII,  742  et  LXIX,  68),  sous  la  rubri- 
que :  «  Mefternich  avec  un  bracelet  4e 
cheveux  •«. 

Q.U^S1T0R. 

Les  fourgons  de  l'étranger  (LXIX, 
281,  445,  651,  747;.  —  11  m'est  extrê- 
mement précieux  d'obtenir  l'app^^i  de 
M.  Gustave  Bord,  surtout  dans  une  ques- 
tion controversée,  où  sa  compétence  est 
admise  de  tout  le  monde  ;  mais  je  ne 
saurais  m'associer  à  son  espérance  de 
voir  un  jour  l'Histoire  se  dégager  de  l'es- 
prit de  parti. 

L'Histoire  est  un  moyen  de  parvenir 
comme  la  dialectique. On  s'en  sert  comme 
de  toute  autre  arme,  sachant  combien  est 
vrai  le  mot  du  bailli  de  Mirabeau  :  «  Ce 
sont  deux  animaux  bien  bêtes  que  l'hom- 
me et  le  lapin,  quand  on  les  tient  par  les 
oreilles.  »  L'  «  homo  insipiens,  »  tel  que 
nous  le  connaissons  aujourd'hui,  lâché  en 
pleine  liberté  démocratique, pareil  à  »<  l'âne 
sauvage  dans  le  désert  ».  dont  parle  Hob- 
bes,  forme  la  grande  animalité  politique 
d'.'Kristote.  11  est  agi  par  trois  besoins:  le 
premier, universel,  se  nourrir  ;  le  second, 
très  général, se  reproduire  ou  à  peu  près)  ; 
le  troisième,  trop  fréquent,  se  produire. 
Toutes  les  forces  de  son  esprit  et  de  son 
corps  sont  tendues  à  cette  satisfaction.  On 
le   démontre   dans   certaines  Universités 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


3o  Juillet    1914. 


53 


54 


américaines  ;  M.  Paul  Leroy-Beaulieu  dé- 
clare qu'il  faut  renoncer  désormais  au 
rêve  d'un  bon  gouvernement,  le  meilleur 
devant  toujours  être  handicapé  par  une 
forte  surcharge  de  sottise  publique  [Eco- 
nomisti  Françjii  ,  21  mars  1914,  p. 
405)  ;  et  la  Société  d'Economie  politique 
rappelait  naguère  le  mot  de  Whately, 
qui.  si  un  intérêt  confessionnel  ou  consti- 
tutionnel s'était  attaché  a  la  géométrie 
d'Euclide,  jamais  l'humanité  n'eut  con- 
senti à  franchir  <  !e  pont-aux-ânes  »  de 
l'hypoténuse  (5  novembre  1913). 

Voyez,  d'ailleurs,  en  ce  mohient,  M. 
Camille  JuUian  obligé  de  protester,  de- 
vant l'Académie  des  Inscriptions,  contre 
l'érudition  allemande,  '.^ui  repousse  le 
texte  de  César  où  il  est  dit  que  les  Celtes 
occupaient  notre  territoire  jusqu'au  Rhin. 

—  César  a-t-il  menti  d'avance  pour 
plaire    a    notre    Troisième    République  .'' 

—  Non,  mais  i.n  déclare  le  texte  inter- 
polé :  sans  doute  comme  les  textes  de  la 
Bible  ou  de  l'Evangile,  dès  qu'ils  gênent 
un  certain  ordre  d'exégèse  (27  mars 
1914). 

Et  prenez  les  Balkans,  où  chaque  race 
travaille  à  exterminer  les  autres,  accumu- 
lant toutes  les  horreurs  de  la  liuerre  ou- 
verte ou  sournoise,  viuls,  incendies,  mas- 
sacres de  villages  entiers  :  les  télégram- 
mes tendancieux  volent  par  le  vaste 
monde,  nous  contant  les  i?ourdesque  l'on 
se  tlatte  de  nous  faire  absorber.  On  tru- 
que les  cadavres,  on  les  déguise  pour 
tromper  les  correspondants  du  Tcmpi  et 
les  photographes  de  VlUintralton.  Et  les 
professeurs  de  Sofia  livrent  en  bande  des 
batailles  livresques  aux  professeurs  d'Athè- 
nes, qui  ripostent  semblablement.  Quand 
Lord  Byron  descendit  en  Grèce  pour  se- 
courir les  insurgents,  un  négociant  fran- 
çais d'Athènes  lui  demandait  avec  sur- 
prise :  «<  Qu  est-ce  que  Votre  Honneur 
vient  faire  ici  ?  Ces  gens-là  sont  les  mêmes 
Canailles  que  du  temps  de  Théniistocle  ». 
Ils  le  sont  restés  ;  mais,  ne  craignons  pas 
de  généraliser,  nous  sommes  tous  plus  ou 
moins  Balkaniques  à  cet  égard. 

Néanmoins,  nous  pouvons,  en  petit 
nombre,  nous  donner  le  luxe  de  1  impar- 
tialité, luxe  rare,  qui  ne  nous  mettra 
bien  en  aucune  Cour  et  qui  ne  va  pas,  Je  1 
l'accorde,  sans  quelque  orgueil  pharisa'i- 
que  :  mais,  après  tout,  qui  oblige  le  com- 
mun des  autres  à   se  conduire   en  publi- 


cains  et  à  raisonner  en  Philistins?  Nous 
agissons,  avec  simplicité,  comme  les 
physiciens  qui  étudient  les  lois  des  cou- 
leurs, tout  en  gardant  leurs  préférences 
quand  il  s'agit  d'orner  leurs  apparte- 
ments. 

J'entends  bien,  —  le  Tinut  nous  l'ex- 
pliquait un  jour,  et  il  n'est  pas  le  seul, 
—  que  l'historien  impartial  est  un  être 
«  abominable  »,  et  d'ailleurs  impossible. 


parce  que 


nul  ne  peut  dépouiller  le  vieil 
homme,  plein  de  passions  et  de  préjugés. 
—  Oui  et  non.  je  crains  qu'il  y  ait  là  sur- 
tout le  désir  d  excuser  la  paresse  d'esprit 
et  de  discréditer  d'avance  les  conclusions 
qui  déplairaient.  C'est  oublier  que  l'objec- 
tivitéa  soncharme  de  supériorité  d'abord, 
et  son  utilité  ensuite,  comme  chez  lé 
mauvais  juge  de  l'Evangile,  qui  rendait 
de  bons  Jugements,  pour  éviter  des  en- 
nuis. Nous  avons  intérêt,  dans  une  recher- 
che d'érudition,  à  nous  garder  contre  la 
révélation  d'un  fait  nouveau,  la  décou- 
verte d'un  document  inédii  qui  détrui- 
rait notre  œuvre  Puis,  d'une  façon  géné- 
rale, ce  n'est  pas  sans  motif  que  les  an- 
ciens disaient  :  Pas  est  ab  hoste  doceri.  11 
nous  importe  de  connaître  exactement 
notre  ennemi, comme  en  temps  de  guerre, 
chaque  état-major  doit  s'efforcer  de  jjéné- 
trer  ce  qui  se  passe  uans  le  cerveau  de 
l'état-major  adverse  .  Tout  problème 
d'histoire  comporte  une  solution  vraie,  et 
n  en  comporte  qu'une  :  Ce  qui  s'est  passé. 
Libre  à  chacun  de  la  découvrir,  et  peu  va- 
lentles  procès  de  tendance  qu'on  lui  dres- 
sera sans  léllexion... 

Nous  pouvons  donc  chercher  valable- 
ment, «  quoi  qu'on  die  »,  ce  que  pensait 
M.  de  Robespierre,  quand  il  votait  la 
mort  de  Louis  XVI,  et  ce  que  pensait  Na- 
poléon, quand,  malgré  ses  etTorts  pour 
les  discréditer,  il  vit  le  retour  des  Bour- 
bons. 

Il  eût  été  furieux,  on  le  sait,  d'être 
remplacé  par  un  de  ses  maréchaux,  un 
Bernadotte  quelconque.  Cela  rabaissait 
son  épopée  au  niveau  d'une  aventure  cou- 
rante. Pour  la  même  raison  d'amour- 
propre,  il  eut  voulu,  disait-il.  qu'  <  à  son 
retour  le  Roi  se  fut  adressé  au  peuple 
français  en  ces  termes  : 

Voua  avez  eu  une  grande  révolution  pen- 
il;iiil  laquelle  on  a  commis  de  grandes  atro- 
cités, nuis  la  nation  a  fait  Je  grandes  choses. 
Vous   avez  choisi    un    homme  pour    Empe- 


N»  1400.  Voi.  LXX. 

?5 

reur.  Il  a  fait  de  grandes  choses  pour  la 
France  et  ajouté  à  sa  gloire.  Les  circonstances 
vous  ont  amené  à  m'ofïrir  la  cou'onne.  Je 
l'accepte  aux  :inditions  que  vous  proposez. 
Des  changements  ont  eu  lieu  qui  ne  rendent 
ni  désirable  ni  possible  que  les  choses  re- 
viennent à  leur  état  originel,  lorsque  ma  fa- 
mille régnait  sur  vous.  Par  conséquent,  puis- 
que vous  avez  trouvé  convenable  de  créer 
une  quatrième  dynastie,  je  me  considère 
comme  le  fondateur  de  la  cinquième.  —  Et, 
ajoutait  Kapoléon,  s'il  eût  parlé  delà  sorte, 
j'aurais  terminé  mes  jouis  à  l'Elbe,  ou  partout 
ailleurs  où  l'on  ejjt  voulu.  En  France,  l'opi- 
nion est  tout. 

Or,  cette  idée  de  cinquième  dynastie, 
on  la  retrouvait  chez  des  Bonapartistes 
de  l'époque,  —  y  eùt-il  un  mot  d'ordre, 
ou  était-elle  dans  l'air  ?  —  M.  Philippe 
Gonnard  la  relève  dans  la  Bibliothèque 
Historique  : 

Louis  XVIII  aurait  dû  fonder  la  cin- 
quième dynastie  et  n'a  fait  que  continuer  la 
troisième. 

[Revue  Napoléonienne^  mars  1912,  p. 
239).  Une  lettre  de  Talleyrand  reprend 
la  même  thèse,  mais  avec  une  variante  . 

11  faut  établir  une  nouvelle  ère,  et  partir  de 
là.  Pour  faire  ce  que  je  demande,  il  faut  que 
Buonaparte  soit  le  dernier  roi  de  l'Ancien  Ré- 
gime ;  il  faut  que  les  émigrés  et  les  bona- 
partistes ayant  perdu  ou  leurs  biens  ou  leurs 
dotations  actuelles. .  .    la  r.>ce  finit  l.V 

(il  août  1823.  Cat.  Charavay,  vente 
du  Sjiiin  1914).  duelle  colère  chez  >.<.  Buo- 
naparte »,  s'il  s'était  vu  classer  comme  le 
dernier  des  Capétiens  ! 

Et  les  Anglais,  quelle  idée  poursui- 
vaient-ils en  remettant  aux  prises  Bona- 
parte et  les  Bourbons  ? 

Leurs  sentiments  étaient  assez  mélan- 
gés. Si  les  Whigs  étaient  pour  «  Bon- 
ney  »,  certains  Tories  inclinai-nt  vers 
les  Bourbons,  quoique  Bourbons,  par  une 
méfiance  des  libertés  populaires,  assez 
prévoyante,  comme  la  suite  le  montre 
aujc'urdhui.  Même,  en  1830,  ils  encou- 
rageront encore  Charles  X  à  la  résis- 
tance. Maib  en  1S15,  les  politiques  es- 
comptaient un  mouvement  jacobin,  qui 
chasserait  le  vieux  Roi,  et  probablement 
assassinerait  Bonaparte.  (Voir  la  curieuse 
conversation  de  Wellington  et  de  i  ho 
mas  Creevey,  à  Bruxelles,  le  22  avril 
1815,  ii»ns\iiS  Cl ecvey  Papeis,  p.  215. 
La  Duchesse    d'Angoulème  semble   avoir 


L'INTERMÉDIAIRE 


56 


eu  vent  de  ces  conspirations  diverses  : 
CorresponJaiii .  25  août  1913,  p.  653), 

Quant  à  la  suite,  qui  s'en  souciait  ? 
L'Angleterre,  bo  itiquière  par  excellence 
(je  ne  lui  en  fais  pas  reproche, je  constate), 
comme  tous  les  boutiquiers  du  monde, 
ne  songeait  point  au-delà  de  la  prochaine 
échéance. 

Pourtant,  d'une  façon  générale,  la  mé- 
fiance con're  les  Bourbons  persistait  en 
haut  lieu.  La  reine  Victoria,  tout  en  étu- 
diant la  politique  dans  les  Mémoires  de 
Louis  XIV,  —  elle  ne  prévoyait  pas  les 
dédains  de  l'école  Lavisse,  —  ne  mar- 
quait aucune  tendresse  pour  la  lignée  lé- 
gitime du  grand  Koi,  soutenue  dans  cette 
antipathie  par  son  excellent  oncle  Léo- 
pold  de  Belgique.  Tous  deux  lui  témoi- 
gnent un  éloignement  qui  n'est  pas  seu- 
lement inspire  par  la  prudence  diplomati- 
que Relisez  entre  auties,  la  lettre  de 
Léopold  sur  l'inoffensif  comte  de  Cham- 
bord,  le  16  juillet  1858  : 

Puisque  nous  parlons  de  Chambord,  à 
mon  extrême  horreur,  il  est  ici  et  a  demandé 
hier  à  me  voir  aujourd'hui.  Ce  n'est  pas  bien 
de  sa  part,  puisque  les  légitimistes  affectent  à 
celte  heure,  de  nous  regarder  comme  des  re- 
billes. Je  ne  pouvais  pas  refuser  de  le  voir 
puisqu'il  est  encore  de  la  faiiilie,  quoique 
éloigné;  mais  je  compte  le  traiter  comme  on 
a  fait  en  Hollande,  le  recevoir  et  borner  nos 
salutations  à  un  échange  de  visites.  S'il  me 
parle  d'aller  en  .\ngleteire,  je  ne  manquerai 
pas  de  lui  décl.irer  que  je  considérerais  une 
visite  comme  tout  à  fait  intempe,  tive . 

(Sic,  en  français). 

A  son  extrême  horreur  !  Dirait-on  pas 
qu'il  a  trouvé  un  crapaud  dans  sa  chaus- 
sure, comme  on  en  rencontre  au  Congo, 
et  comme  nous  espérons  que  l'Allema- 
gne en  trouvera  quelques-uns  dans  ses 
Isottes! 

Visiblement  le  gendre  de  Louis-Phi- 
lippe garde  plus  de  rancune  à  la  branche 
ainée  des  torts  que  la  branche  cadette  eut 
envers  elle,  que  de  la  confiscation  des 
biens  d'Orléans  par  les  Bonaparte. 

Aujourd'hui  toutes  ces  branches  et  fa- 
milles sont  mêlées  généalogiquement  en- 
tre elles  ainsi  qu'avec  les  autres  familles 
souveraines  :  -  rappelons  que  notre 
prince  Napoléon,  dit  «  Pion  pion  »,  fail- 
lit devenir  l'héritier  du  trône  d'Angle- 
terre. Mais,  il  est  à  croire  que,  chez  les 
gouvernements  qui  tiennent  encore  compte 
de  la  France   sur  leur   échiquier,  1'   «  ex- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


-■>! 


ao  Juillet  1914 


58 


clusive  y  contre  les  Bourbons  doit  peser 
désormais  contre  les  Orléans,  et  que  les 
fourgons  de  l'étranger  ne  sont  pas  près 
de  devenir  les  carrosses  du  sacre  pour  le 
Roi  de  France  légitime. 

Britannicus. 

Sacre  de  Louis  XVI  (LXIX,  484). 
—  Nous  lisons  dins  les  Mémoii  es  secrets, 
à  la  date  du  18  mai  1775  : 

C'est  M.  de  Cussé,  archevêque  d'Aix,  qui 
est  chargé  du  discours  à  piononcer  au  sscre. 
Ce  piélat  s'est  enferme  pour  son  travail.  Le 
C(  rdon  bleu  est  la  récompense  oïdinaire  de 
cette  fonction. 

A  la  date  du  21  mai  177?  : 

Voici  la  ma-che  décidée  du  roi  pour  le  sa- 
cre S.  M.  pjrt  le  3  juin  pour  Compiègnc. 
Elle  V  séjournera  jusqu'au  8  qu'elle  partira 
pour  Fimes.  Elle  arrivera  le  ç  à  Rheims  Le 
10  les  premières  vêpres  ;  le  i  1  le  sacre  ;  le 
12  la  céréiuouie  de  sa  réception,  comme 
grand-maître  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  :  re- 
pos le  13  :  le  14,  la  cavalcade  à  l'abbaye  de 
Saint-Remy.  Ce  même  jour,  S.  M.  touchera 
les  écrouelles.  Le  15  elle  ira  à  la  procession 
de  la  fête-Dieu,  et  reviendra  le  16  à  Com- 
piègne,  jusques  au  19  qu'elle  retourne  à 
Versailler. 

A  la  date  du  27  mai  : 

On  ne  saurait  rendre  l'affluence  de  monde 
qui  va  voir  les  ornements  du  sacre  et  sur- 
tout le  carrosse.  C'est  dune  richesse,  d'un 
fini,  d'une  beaulé  à  étonner  les  plus  con- 
naisseurs. 

Le  29  mai  1775  : 

Il  ne  restera  de  la  famille    royale   à    Ver- 
sailles   que    Mesdames    tantes,      pour    tenir 
compagnie  à  Mme    la  comtesse  d'Artois  pen 
dant    le   sarre.  On    appelle  «ujourd  hui   ces 
princesses  Mesdames  Royalei. 

Le  3  I  mai  1775  : 

L'affluence  des  curieux  qui  se  dispose  à  se 
rendre  au  sacre  est  immense.  Mais  il  y  a  ap- 
parence que  beaucoup  seront  frustrés  en  par- 
tie dans  leurs  projets,  puisqu'il  n'y  a  aue 
500  places  à  donner,  les  gens  de  la  cour 
placés. 

Le  3  juin  : 

La  cérémonie  du  sacre  approchant,  c'est 
aujourd'hui  l'objet  des  entretiens  du  public. 
Pour  mieux  l'instn.'ire  on  a  fait  imprimer 
L'ordre  de  la  marche  et  ile^  ccrémonies  qui 
y  seroi.t  observées 

Dans  ce  fairas  très  long  d'étiqi'etles  pué- 
riles, voici  ce  qu'on  en  peut  extraire. 

La  cérémonie  étant  censée  commencer  au 
départ    de    Versailles,    S.  M.    en    partira   en 


grand  appareil  avec  la  reine,  les  princes  ses 
frères,  les  princes  du  sang,  les  grands  offi- 
ciers de  la  couronne,  les  seigneurs  et  dames 
de  la  Cour  et  les  ministres. 

S.  M.  sera  reçue  dans  toutes  les  villes  où 
elle  passera,  au  son  des  cloches,  au  bruit  de 
rarîlllerie,  aux  acclamations  des  peuples,  et 
sera  complimentée  par  les  magistrats.  (Les 
acclamations  futures  des  peuples  ont  paru 
fort  singulières  dans  cette  relation,  cqmme 
si  elles  étaient  de  commande  ainsi  que  le 
restej. 

Monsieur  le  duc  de  Bourbon,  gouverneur 
de  Champagne,  présentera  à  S.  M.  les  clefs 
de  la  ville  à  son  arrivée. 

S.  M  ,  après  tout  le  cérémonial  de  son  en- 
trée et  de  sa  marche,  se  mettra  à  genoux  à  la 
porte  de  l'église  métropolitaine,  et  y  baisera 
le  livre  de  l'évangile  Éllr  offrira  à  Dieu  un 
ciboire  d'or  dont  elle  fera  présent  à  l'église 
de  Rheims,  et  qu'elle  posera  sur  l'autel. 

Il  n'y  a  de  toute  la  magistrature  que  les 
Conseillers  d'état  et  -maîtres  des  requêtes  in- 
vités au  sacre  qui  s'y  trouveront,  et  six 
secrétaires  du  roi, députés  de  leur  compagnie. 

Au  sacre,  Monsieur,  frère  du  roi,  repré- 
s  ntera  le  duc  de  Bourgogne  ;  M.  le  comte 
d'Artois,  le  duc  de  Normandie,  le  duc  d'Or- 
,  léans,  le  duc  d'Aquitaine,  le  duc  de  Chartres, 
le  co-nte  de  Toulouse,  le  prince  de  Condé,  le 
comte  de  Flandre,  et  le  prince  de  Bourbon, 
le  comte  de  Champagne. 

Les  pairs  ecclésiastiques  ont  tous  les  hon- 
neurs. Ils  sont  assis  à  la  droite  de  l'autel  : 
ce  sont  deux  d'entre  eux  qui  vont  chercher 
le  roi,  et  qui  après  avoir  vainement  demandé 
le  roi  Jeux  fois  à  sa  porte,  disent  pour  la 
troisième  :  Nous  demandons  Louis  XVI  que 
Dieu  nous  a.  donné  pour  roi  :  ils  le  condui- 
r  nt  il  l'église. 

L'archevêque  de  Rheims  commence  par 
faire  une  requête  pour  toutes  les  églises  de 
France,  .-sujettes  au  roi,  et  ce  n'est  qu'après 
ce  premier  serment  que  le  monarque  en  fait 
un  autre  qu'on  app-^lle  /=■  ierment  du 
royaume,  et  qu'il  prête  le  troisième,  comme 
chef  et  souverain  grand-maitre  de  l'ordre  du 
Saint-Esprit. 

Le  7  juin  : 

Les  princes  endeuil  le  quiilcrontpourlejour 
du  sacre.  Le  prince  de  Conti  et  le  comte  de  la 
Marche  n'iront  point  à  Rheims  n'ayant  à  y 
représenter  aucun  pair.  Le  piince  de  Sou- 
bise  fera  les  fonctions  de  grand-maître  de  la 
maison  du  roi,  ii  la  place  du  prince  de 
Condé,  représentant  le  comte  de  Flandre. 

Le  7  juin  : 

Sa  Majesté  a  décidé  la  contestation  élevée 
entre  le  coadjuteur  de  Rheims  et  l'évèque 
de  Soissons,  en  faveur  du  premier,  qui  doit 
sacrer  en  l'absence  ou  au  défaut  de  M.  de  la 


Roche-Aymon . 


N»  1406.  Vol.     LXX. 

— ; 59    

Le  9  juin  : 

Rien  n'est  si  singulier  à  voir  que  la  route 
de  Rheims  depuis  quelque  iours  :  elle  est 
battue  comme  la  vue  Siirt-Honore.  Il  y  a 
20.000  chevaux  de  poste  continuellement  en 
course.  Cependant,  comme  si  l'on  craignat 
qu'il  n'y  eut  pas  assez  de  monde,  M.  le 
prince  de  Beauveau  a  envoyé  ces  jours  pas- 
sés aux  dames  de  Paris  des  billets  d'invita- 
tion pour  se  trouver  au  sacre,  avec  assurance 
de  billets  pour  voir  la  cérémonie.  D'un  au- 
tre côté,  pour  éviter  la  confusion,  depuis  le 
dimanche  4  la  ville  est  fermée,  et  l'on  n'y 
entre  que  par  permission  . 

Le  14  juin  : 

Suivant  les  nouvelles  de  Rheims,  il  ne 
s'est  pas  trouvé  dans  cette  ville  autant  de 
monde  qu'on  en  espérait,  et  M.  de  Beau- 
veau  n'avait  pas  eu  lort  d'inviter  les  dames 
de  Paris  à  y  venir,  et  de  leur  prornettre  des 
billet»,  ayant  été  obligé  de  donner  les  der- 
niers ap*  gens  de  bonne  volonté  qui  se  sont 
présentés.. . 

16  juin  177c  : 

Léç  précauiions  qu'on  avait  cru  prendie  à 
Rheims,  pour  y  empêcher  le  tumulte  it  la 
confusion,  en  ne  permettant  pas  aux  voitures 
d'entrer  dans  cette  ville  après  le  dimanche 
de  la  Pentecôte,  sans  une  espèce  de  passe- 
port, ont  été  inutiles,  vu  le  peu  d'affluence, 
et  les  portes  ont  été  ouvertes  comme  à  l'or- 
dinaire. 

20  juin  1775  : 

L'envoyé  de  Tripoli  ayant  eu  son  au- 
dience de  S.  M.  peu  avant  son  sacre,  elle 
l'a  invité  à  s'y  trouver.  11  s'y  est  rendu  et  a 
été  placé  parmi  les  ministres  étrangers,  à 
son   rang. 

Geo  de  Rhé. 

Biens  nationaux.  —  Marie-Antoi- 
nette (LXiX,  641,  797).  —  Le  confrère 
X'VZpeut  se  documenter  sur  la  question 
en  consultant  le  livre  de  Marion  :  La 
vente  des  biens  nationatix  pendant  la  Révo- 
lution (étude  spéciale  au  Cher  et  à  la 
Gironde)  Paris,  H.  Champion,  éditeur, 
1908,  f"  69. 

Il  y  verra  que  si  la  Reine  n'achetait  pas 
pour  elle-même  des  biens  du  clergé,  elle 
conseillait  ce  placement  aux  royalistes, 
entre  autres  à  Fersen;  elle  lui  écrivait  le  5 
juin   1793  : 

...  Je  rr.e  suis  occupée  sur  le  champ  de 
retirer  vos  fonds  de  la  société  Boscaris.  Il 
n'y  avait  pas  de  temps  à  perdre...  vous  me 
manderez  ce  que  je  dois   faire  de  ces  fonds. 


L'INTERMEDIAIRE 


bo 


Si  j'en  étais  le  maître,  je  les  placerais  avan' 
tageusement  en  faisant  l'acquisition  de  quel" 
tjues  beaux  domaines  du  clergé  :  c'est  quoi 
qu'on  en  dise  la  meilleure  manière  de  placer 
son  aigent. 

(Klinckowhdm,  le  comte  de  Fersen  et 
la  cour  de  France,  II,  289). 

Le  26  juin  1792,  Marie-Antoinette  écrit 
au  même  ; 

..  Vous  recevrez  incessamment  des  dé- 
tails relatifs  aux  b  ens  du  Clergé  dent  j'ai 
lait  ncquisttioK  pour  voire  compte.  Je  me 
bornerai  aujourd'hui  a  vous  tranquilliser 
pour  le  placement  de  vos  assignats  :  Il  m'en 
reste  peu  et  dans  quelques  jours,  j'espère 
qu'ils  seront  aussi  bien  placés  que  les  au- 
tres. . . 
(ibid.  p.  309). 

Marie-Antoinette  pensait  sans  doute 
qu'étant  impossible  de  résister  à  la  dislo- 
cation des  biens  du  clergé,  il  était  préfé- 
rable de  les  voir  acquérir  par  des  parti- 
sans de  la  royauté  plutôt  que  par  les  sans- 
culottes. 

M.  Marion  constate  avec  preuves  à 
l'appui  que  bien  des  membres  de  la  no- 
blesse du  Berry,  de  la  haute  bourgeoisie 
et  même  du  clergé,  qui  certainement 
étaient  loin  d'être  révolutionnaires,  se 
rendaient  acquéreurs  d'une  grande  partie 
des  biens  mis  en  vente  en  1791  et  1792  ; 
les  assignats  avaient  alors  encore  presque 
toute  leur  valeur  ;  mais  il  n'en  fut  pas 'de 
même  lorsque  plus  tard  on  vendit  les 
biens  des  émigrés,  la  saisie  de  ces  biens 
était  une  véritable  spoliation  et  le  prix 
des  ventes  était  payable  en  assignats  dér 
préciés  dans  d'énormes  proportions. C'est 
avec  raison  qu'on  disait  alors  qu'un  bon 
domaine  s'acquérait  pour  une  paire  de 
bœufs. 

E.  Tm.'sserat. 

Echarpe  Royaliste  (LXIX,  787; 
LXX,  30).  —  11  est  presque  certain  que 
cette  écharpe  dut  appartenir  à  un  officier 
de  cavalerie  de  la  légion  de  Mirabeau,  car 
elle  rappelle  les  funèbres  ornements  que 
les  hussards  et  les  hulans  de  cette  légion 
portaient  au  sïiako  :  une  tète  de  mort 
blanche  large  comme  la  main  avec  deux 
os  en  croix,  ce  qui  leur  valut  le  nom  de 
hussards  de  la  mort.  Je  pense  que  le  vi- 
comte de  Mirabeau,  et  plus  tard  le  comtj 
Roger  de  Damas,  ainsi  que  tous  leurs 
officiers,  portaient  cette  écharpe.  mais  le 
Prince    de    Condé   ne  dut  pas  porter  cet 


DHS  CHHfltïiëÙRè  Bt  CUiilEUX 


30  Juillet  1914 


61 


62 


insigne  qui  était  l'attribut  particulier  d'un 
seul  corps  de  son  armée. 

L'uniforme  de  la  cavalerie  de  la  légion 
de  Mirabeau  était  assez  brillant  quoique 
s-ivère  ;  la  vesle  et  la  pelisse  noires  avec 
brandebourgs  blancs,  la  ceinture  et  le 
pantalon  bleu  de  ciel,  les  boutons  ornés 
d'une  fleur  de  lys  en  relief  avec  cette  fière 
devise  :  Honneur  aux  Preux. 

Baron  de  G. 


Echarpe  royaliste  :  .<  Vmcere  aut 
mori  ».  .Au  siège  de  Seurre  de  1650  (21 
mars  9  avril)  dernier  refuge  des  partisans 
de  Condé,  après  l'arrestation  de  celui-ci, 
Tavanne,  qui  était  dans  cette  place,  fit  ar- 
borer sur  les  remparts  u.i  drapeau  blanc 
parsemé  de  tètes  de  morts  avec  cette  ins- 
cription :  «  Vincere  aut  mon.  » 

(Voir  Mémoires  du  marquis  de  Mont- 
glat,  année  i6so  et  les  historiens  bour- 
guignons qui  ont   traité  de  ce   siège. 

X. 

La  dame  X  d'Alexandre  de  Beau- 
harnais  (l.XX,  i).  —  A  propos  de  l'in- 
connue de  l'époux  de  Joséphine,  on  peut 
rapprocher  cet  extrait  d'une  lettre  de 
Mme  Campan  qui  a  figuré  dans  le  catalo- 
gue d'une  vente  faite  le  8  juin  dernier  par 
M.  Noël  Charavay. 

N"  22  Campan  (Henriette  Genêt)  lectrice 
de  Marie-Antoinette,  auteur  de  Mémoires, 
n"   17^2.  m.  1822. 

Lettre  autographe  signde  des  initiales  C.C.; 
1"  prairial  an  Vil,  4  p.  iri-4''. 

Très  eu- buse  Isttre  à  un  ami  qu'elle  excuse 
de  son  inconstance.  Elle  lui  p.irle  du  chagrin 
des  demoiselles  Auguié  et  lui  dit  que  devint 
l'incertitude  des  afluiresdu  pays  elle  n'a  pas 
donné  lu  concert  où  devait  chaiiler  rin.;ora- 
parable  Garât.  «  Je  suis  réellement  française 
et  lorsque  mon  pais  peut  craindre  ou  secousse 
ou  revers  je  crois  qu'il  ne  faut  point  prendre 
de  plaisirs  bruyans.  Cela  ne  tient  à  ajcun 
sentiment  politique,  mais  réellement  .i  l'atta- 
chement qlje  j'aurai  iusqu'à  mon  dernier 
soupir  pour  ce  tarif  beau  fiays  de  France  que 
je  n'aime  à  voir  ni  baitu,  ni  envahi,  ni  pillé, 
que  ce  soit  par  les  vandales  ou  les  bulgares. 
Aimer  le  sol  !  aimer  la  patrie  !  aimer  son 
existence  politique  1  c'est  une  folie  chiniiri- 
que  pour  les  uns,  c'est  une  vertu  pour  les 
autres  ».  Mme  Campan  cile  un  Irait  de  bonté 
de  sa  pcnsionn.iire  Hortense  |  Beauharnais  ] 
qui  se  di-cbre  prête  à  recommander  à  sa  mère 
un  petit  coriespondant  d'Orléans,  qu'il  soit 
un  parent   pauvre  ou  un   enfant    'aturel  de 


leur  pauvre  père,  comme  la  petite    fille  don 
elle  prend  déjà    soin  aime  son  frère  Kiigène. 

Waterloo  et  le  colonel  Stofifel 
(LXVl  ;  LXIX.  78?).  —  Cette  question  a 
déjà  été  posée  LXVI,  4? 5.  602,  7^  1 . 

Le  manuscrit  est  chez  MM.  Chopin 
dejanvry,à  Versailles.  «  Notre  intention, 
nous  écrivent-ils,  est  de  publier  cette  im- 
portant ouvrage  sur  la  valeur  historique 
duquel  vous  êtes  exactement  instruit.  s> 

Le  Roi  de  Serbie,  pendant  la 
guerre  franco-allemande  (LXX,  j). — 
Le  roi  Pierre  n'était  pas  à  Saint-Cyr  au 
moment  de  la  guerre.  11  avait  fait  partie 
de  la  promotion  1862-64.  Voir  Annuaire 
de  la  Saini-Cyrienne . 

Germain  Bapst. 

A.^serhblées  J)aroissiales  à  la  porte 
des  égli  es,  avec  procès-v  rbaux 
ou  actes  notariés  (LXIX,  834).  —  A  la 
référence  au  Dictionrlaire  topographiqué 
du  département  de  la  Vienne,  il  faut  lire 
le  nom  de  l'auteur  «  Prédet  »  au  lieu  de 
«  Hédet  >». 

Dans  la  citation  du  procès-verbal  de 
réparation  d'honneur,  après  les  mots  «  et 
avoir  dit  »  il  faut  ajouter  «;  qu'il  lui  avait 
pris  du  blé*:  propos  qui  appelait  surtout 
la  réparation,  et  auquel  se  rapportent  ces 
autres  mots  :  «  incapable  d'une  pareille 
action.  » 

M.  A.B. 

Nourrices  de  rois  (LXIX,  1547).  — 
Le  volume  de  la  session  de  Tunis  (1913) 
de  \'l'  Asiociaiion  française  pour  l'avan- 
cement dei  iciences  (ou  AFAS)  contient 
aux  environs  de  la  page  7!;o,  le  portrait 
en  pied  de  la  nourrice  du  duc  de  Berfy, 
petit-fils  de  Louis  XIV. 

11  y  a  une  légende,  mais  qtii  ne  donne 
malheureusement  pas  le  nom  de  la  nour- 
rice représentée. 

Ce  duc  de  Berry  n'a  pas  été  roi,  mais  il 
l'aurait  été  si  son  grand-père  Louis  XIV  ne 
lui  avait  pas  survécu,  car  il  est  mort  en 
1714. 

V.  A.  T. 

■Vmaigre  d'Annibal  T.  G  ,  48; 
LXIX,  241,  451,  004,  711).  —  Jesuiç 
tout  à  fait  de  l'avis  de  M  E  Grave;  il  est 
très   probable    qu'un    ingénieur   ayaht  i 


N»i4o6.  Vol.  LXX. 


L'INTERMEDIAIRE 


^3 


64 


ouvrir  un  passage  dans  le  rocher,  calcaire 
ou  non,  des  Alpes,  ne  s'avisera  jamais  de 
l'arroser  de   vinaigre,   il  prendra  le  pic. 

C'est  ce  que  pensait  mon  très  savant 
maître,  le  colonel  Hermebert.  Dans  son 
ouvrage  sur  la  vie  d'Annibal.  il  aborde 
ce  point  et  suppose  avec  raison,  qu'un 
copiste  a  lu  aatum  au  lieu  de  acutiim. 

Ayant  eu,  à  maintes  reprises,  au  cours 
de  ma  carrière,  l'occasion  de  suivre  les 
parcours  supposés  d'Annibal  dans  les 
Alpes,  je  n'ai  vu  que  deux  endroits  où 
l'intervention  de  l'ingénieur  fût  néces- 
saire :  tout  d'abord,  au  lieu  dit  :  pasuioe 
d'Annibal,  près  du  village  de  Queyrièies, 
dans  le  Briançontiais  ;  en  second  lieu  au 
pas  de  la  Croix,  sur  le  revers  italien  du 
col  du  Mont  Cenis  ;  mais  partout  le  pic 
suffit  à  dégager  la  voie. 

Sur  le  point  de  savoir  de  quelle  nature 
géologique  sont  les  roches  alpeslres,  je 
puis  affiimer  que  la  grande  masse  est 
calcaire.  Quelques  sommets  très  élevés  en 
Savoie  ou  en  Dauphiné  ont  percé  cette 
carapace  et  sont  granitiques,  tel  le  Mont 
Blanc,  le  Pelvoux,  Belledonne  et  quelques 
noyaux  provençaux. 

Dans  plusieurs  valléesleschiste  abonde, 
mais  c'est  une  roche  tendre.  En  somme, 
partout  les  difficultés  de  passage  sont 
secondaires  sur  les  parcours  indiqués. 

C  L.  Abet. 

L'écriture  des  prénoms  (LXIX, 
282,  ■556.  —  Les  prénoms  réduits  à  leur 
initiale  sont  dangereux  à  lire.  Un  profes- 
seur dicta  tout  lécemment  à  mon  fils  un 
«  Extrait  d' Henri  de  Balzac  !  »  Je  bron- 
che ombrageusement  chaque  fois  que  je 
me  trouve  en  présence  de  s<  IVl.  >»  ;  Dirai- 
je  «  Maurice  »,  ou  «  Marcel  »  ou..., 
«  Monsieur  «  ?  Cruelles  énigmes  !  car  je 
ne  rencontre  pas  seulement  des  écrivains 
à  prénom  notoire  !... 

Sglpn. 

Famille  d'Argent  (LXIX,  741).  — 
Les  auteurs  ne  sont  pas  d'accord  sur  les 
armoiries  de  la  famille   d'Argent. 

L' Armoriai  de  Franche- Comté  de  Jules  et 
Léon  Gauthier  la  cite  deux  fois  : 

587.  Aigent,  famille  de  Vesoul,  —  «  De..- 
à  la  croix  anciëe  de..  .  »  (S.  d'un  secrétaire 
du  baill.ige  d'Araoïit  —  156a. 

(page  Ç2). 


'  1194.  Argent,  famille  originaire  de  Cham- 
pagne étjbhe  à  Vesoul  —  1667-1737,  «d'a- 
zur au  lion  d'argent,  au  chef  d'or  chargé  de 
trois  étoilej  d'azur  »  —  a'ias  :  «  d'argent  à 
une  fasce  de  gjeules  chargée  de  trois  basants 
d'azur  ». 

(page  99. 

«  L'Armoriai  Général  des  familles  no- 
bles existantes  »  de  Magny,  2'  partie, 
page  280,  blasonne  sous  le  nom  d'Argent 
de  Deux  Fontaines  (Hainaut  et  Champa- 
gne :  d'azur  au  lion  d'argent,  au  chef  d'or 
chargé  de  trois  étoiles  de  gueules 

Je  ne  connais  pas  de  généalogie  com- 
plète :  dans  Mtt{,  Documents  généalogi- 
ques (Paris,  Lamulle  et  Poisson,  Paris 
1899)  l'ab'ué  Poirier  donne,  page  13.  une 
courte  notice  sur  la  famille  d'Argent  de 
Deux  Fontaines  —  elle  concerne  :  Benoît- 
Louis-Charles,  chevalier,  seigneur  de 
Cerlan,  de  Girondelle  et  d'Hardi,  époux 
de  Suzanne  de  Belchamps,  veuve  de  Lau- 
rent Durand,  seigneur  de  Crépv  —  et 
Claude  jean-Baptiste  son  frère,  époux 
d'Anne  de  Chazelles,  veuve  d'Antome 
Goussaud. 

R.    DE  R. 

Bertrand    de    Briquebec    (LXIX, 

6r)8).  —  Sur  ce  personnage,  voir  l'Histoire 
généalogique...  du  P.  Anselme,  t.  VI, 
pp.  688  et  suiv. 

De  Mortagne. 

* 

Le  P.  Anselme  consacre  un  long  ar- 
ticle à  Robert  Bertrand  Vil,  baron  de 
Briquebec,  vicomte  de  Roncheville,  che- 
valier, seigneur  de  Fontenay-le-Marmion 
et  de  Magneville,  maréchal  de  France,  et 
lieutenant  du  roi  en  Guyenne,  Saintonge, 
Normandie  et  Flandre.  11  a/ait  succédé  à 
Mathieu  de  Trie  qui  était  mort  en  1344. 
Il  épousa  le  3  mai  1318,  Marie  de  Sully, 
dont  il  eut  plusieurs  enfants.  En  1  ^48,  il 
était  mort.  V.  le  H.  Anselme,  Histoire  des 
Maréchaux  de  France. 

E    Grave. 

•  * 

Sur   Robert   Bertrand,   baron  de   Bric- 

quebec,  maréchal  de    France,  mort  entre 

I  347  et  1  348,  consulter  le  Père  Anselme  : 

Histoiie  des  Grands  Officiers,  t.  IV,  p.  689. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 


Bricquebec  (Bertrand  de),   y'  du  nom, 
baron  de  Bricquebec,  vicomte  de  Bouche- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


so  Juillet  1914 


6ç     

ville,  etc.  Fils  aîné  de  Robert  Bertrand, 6« 
du  nom,  baron  de  Bricquebec  et  d'Alix 
de  Nesle. 

Maréchal  de  France  le  s  juillet  132S. 
Né...  Marié  le  ^  mai  1318,3  Marie  de 
Sully,  fille  de  Henri,  4"  du  nom.  sire  de 
Sully  et  de  Jeanne  de  Vendôme.  Mort  en 

'347- 

Nommé  par  lettres  du  22  janvier  1327 
lieutenant  du  roi  Charles  le  Bel  dans  la 
guerre  de  Gascogne  et  commandant  de  la 
province  de  Languedoc,  il  fit  la  guerre 
contre  les  Gascons  et  les  Anglais.  11  fut 
créé  maréchal  de  France  sur  la  démission 
de  Bernard  de  Moreuil  en  1328,  défendit 
en  13401a  ville  de  Tournay.  assiégée  par 
le  roi  d'Angleterre,  et  servit,  en  1342, 
dans  la  guerre  de  Charles  de  Blois  contre 
la  comtesse  de  Montfort  ..  Il  possédait 
encore  la  charge  de  maréchal  de  France 
le  10  décembre  1  343,  suivant  un  arrêt  du 
parlement  de  ce  jour  et  s'en  démit  au 
mois  de  mars  1344. 

M.  P. 
*  « 

Je  transcris  succinctement  au  diction- 
naire de  Moreri,  2'  vol.  page  102,  l'^et 
2°  colonne  :  «  Robert  Bertrand  VU"  du 
nom,  baron  de  Briquebec,  etc.  épousa  en 
1318,  Marie  de  Sulli,  fille  aînée  de  Henri 
IV"  du  nom...  >>  était  un  descendant  de 
Robert  Bertrand,  baron  de  Bricquebec  vi- 
vant en  1082. 

Il  était  fils  de  Robert  Bertrand  VI  et  de 
Alix  de  Nesie. 

Robert  Bertrand  Vil,  baron  de  Bricque- 
bec. vicomte  de  Ronchcville,  maréchal 
de  France  et  lieutenant  du  roi  en  Guier.ne, 
Xainton;ie,  Normandie  et  Flandre  fut  em- 
ployé dans  les  affaires  du  roi  en  1320, 
ambassadeur  en  Bohême  en  1321.  Fut  en- 
voyé pour  garder  les  côtes  de  Normandie 
en  132^  et  fut  à  cette  époque  élevé  à  la 
dignité  de  maréchal.  Commanda  avec  le 
comte  d'Eu,  dans  la  guerre  qui  s'ouvrit 
en  Guienne  contre  les  Anglais  En  1328, 
Philippe  de  Valois  le  manda  pour  assister 
à  son  sacre  à  Rome,  Du  conseil  du  roi  en 
133^,  fut  choisi  pour  conclure  à  Paris  un 
traité  d'alliance  avec  Ferdinand,  roi  de 
Castille.  Etabli  lieutenant  du  roi  es  Mar- 
ches de  Bretagne  était  mon  en  1 348. 

Un  Plagiaire. 

Boyle-Roche,  membre  du  parle- 
ment irlandais  (LXIX,    741).   ■—  Sir 


66 


Boyle-Roche,  qui  naquit  en  1743  et  mou- 
rut en  1807,  a  un  article  dans  le  Dictio- 
tiary  cf  national  Biogiaph  y  de  Sidney  Lee. 
Il  y  est  dit  qu'il  devint  célèbre  comme 
au  inveteraie  perpetrator  of  «  buUi  ».  On 
rapporte  ensuite  quelques-unes  de  ces  bé- 
vues, mais  en  ajoutant  qu'il  n'est  nulle- 
ment prouvé  qu'il  soit  l'auteur  de  toutes 
celles  qu'on  lui  a  attribuées. 

De  Mortagne. 


Naquit  en  1743.  H  entra  dans  le  métier 
des  armes  de  bonne  heure  ;  servit  dans  la 
guerre  américaine,  se  distingua  à  la  prise 
de  Port  Moro,  Hasannah  ;  entra  au  par- 
lement Irlandais,  député  pour  Gowran 
1777  83),  Po'^  Arlingloii  (1783  90)  etc., 
jusqu'à  l'union  avec  lAngleterre.  Est 
d'une  famille  respectable  et  aristocrati- 
que irlandaise. 

Dans  ses  fonctions  publiques,  il  était 
aimé  pour  sa  politesse  et  son  urbanité. 

11  n'y  eut  de  plus  honorable  gentil- 
homme. Sir  Boyie  Roche  est  mort  chez 
lui  en  Eccles  street,  Dublin,  le  s  juin 
1807. 

Edward  West. 

Mlle  Caillou  et  le  naufrage  du 
«  Saint-Géran  »  (LXIX,  4s,  2S7,  358, 
694). —  Colonne  ôôy^lignc  13, lire:  c  Ma- 
demoiselle Caillou  était  sur  le  gaillard 
d'avant  ^,  au  lieu  de  gaillard  d'arrière, 
comme  je  l'ai  écrit  par  erreur. 

D'  P. 

Abbé  Edgfworth  de  Firmont 
(LXIX,  788).  -  Il  a  été  publié  tant  de 
choses  sur  La  Révolution  depuis  quelques 
années  qu'il  serait  difficile  d'indiquer  la 
bibliographie  de  l'abbé  d'Edgevorth  ;  mais 
il  a  occupé  certainement  beaucoup  d'his- 
toriens. Le  Temps  a  publié  un  récit  cir- 
constancié de  ses  tribulations  après  la 
mort  de  Louis  XVI,  écrit  certainement 
d'après  une  étude  particulière,  mais  c'est 
tout  ce  dont  je  me  rappelle. 

E.  Grave. 

Famille  Eyma  (T.  G.).  -  [e  ré- 
ponds, après  18  ans,  à  une  question 
posée  dans  le  tome  du  2"  semestre  1896, 
ayant  moi-même  interrogé  nos  collabo- 
rateurs sur  Xavier  Eyma,  écrivain,  il  y  a 
quelques  mois.  Ma  réponse    sera   brève. 


No    1406. 


Vol.  LXX. 

67 


LiNTEftMEblAIRE 


b8 


1°  Cettefamilleexiste encore  en  Bergera- 
cois,  où  elle  es!  connue  depuis  le  xv"  siècle 
et  en  Hollande  où  une  branche  émio-ra 
au  xviii". 

2°  Xavier  Eyma,  qui  n'a  laissé  qu'une 
fille,  appartenait  à  un  rameau  fixé  à  la 
Martinique  vers  1780. 

3"  Les  armoiries  vraies  (car  celles  de 
gueules  à  ^  besaus  d'argent,  portées  ac- 
tuellement en  France,  sont  parmi  celles 
imposées  d'office  par  les  commis  de 
d'Hozier  à  l\4rmom/  de  1696)  sont  : 
d'or  au  lion  d'azur  armé,  lainpiisUé  et 
couronné  Je  gueules,  adextré  en  chef  d' un 
soleil  de  gueules  et  sénestré  d'une  étoile 
du  même  au  chef  de  sable  chargé  de  ^  étoiles 
d'argent. 

Je  viens  de  publier  une  petite  étude 
sur  cette  famille.  SaintSaud. 

Mlle  Gossin,  actrice  (LXIX,  487). 
-  L  txtiaU  de  l' Abrégé  de  l'Histoire  du 
Théâtre  François,  depuis  son  origine, 
jusqu'au  premier  juin  1780,  par  M.  lé 
Chevalier  de  Mouhv  ;  Tome  11.  Paris 
1780. 

Gaussin  (Madertioiselle  Marie  Magde- 
leine)  fille  d'un  laquais  de  Baron,  et  dune 
cuisinière  de  Mademoiselle  de  Fry,  dé- 
buta le  28  avril  1731  dans  Britaunicus. 
par  le  rôle  de  junie  ;  reçue  le  26  juillet  de 
la  même  année, elle  quitta  le  Théâtre  à  \o 
clôture  de  l'année,  1 76;).  Avant  de  pa- 
roitre  à  Paris,  elle  avoit  joué  à  Lille  en 
Flandre  ;  elle  remplissoit  les  rôles  de  ten- 
dresse et  de  sentiments  avec  une  âme  qui 
pénétroit  les  cœurs  sensibles  ;  elle  se  ma- 
ria en  I7s8,  avec  un  danseur  de  l'Opéra 
nommé  Taolaigo.   Elle   mourut   en  1767. 

II  :  D'apfés  Le  Grand  Dictionnaire 
Pierre  Larousse  (répondant  aux  seuls 
points  visés  par  la  question  de  mon  Con- 
frère E.  R.) 

Gaussin  (Jeanne  Catherine  GaUssem 
dite)  célèbre  comédienne  française,  née 
à  Paris,  le  2 s  décembre  1711,  morte  dans 
la  même  ville  le  6  juin  1767. 

Elle  était  fille  d'Antome  Gaussem,  la- 
quais de  l'acteur  Baron  et  de  Jeanne  Col- 
lot,  cuisinière,  qui  fut  depuis  ouvreuse 
de  loges. 

Observations  :  Mes  Confrères  H.  L.  — 
V.  A.  T.  —  A.  P.  et  le  Dictionnaire  La- 
rousse, la  prénorhmcrtt  <.  Jeanne  Cathe- 
rine »  ; 


Le   Chevalier    de     Mouhy   lui    donne 
comme  prénoms  .<   Marie.   Magdeleine  ». 
René  Durand. 

Lagrang  le  général,  le  m  ;tké- 
maticien  (LXIX,  789).  —  Le  château 
dont  il  s'agit  est  celui  de  Dangu 
près  Gisors.  Le  général  comte  Lajrrange 
en  hérita  de  son  beau-père, M.  de  Falhouët 
et  le  laissa  a  son  fils  le  célèbre  sports- 
man  propriétaire  de  Gladiateur,  le  comte 
Frédéric  de  Lagrange.  A  la  mort  de  ce 
dernier  (1884)  le  château  de  Dangu  fut 
acheté  par  le  comte  Bozzo  di  Borjo. 

L.  C.  D.  L.  H. 

« 

Un  général  Lagrange  habitait,  en  1825, 
un  ciiâteau  Dargut  (ou  Dargiesj  à  i8 
lieues  de  Paris.  Dans  quelle  région  se 
troave-t-il  .? 

Ce  château  doit  être  le  château  de 
D^ngu  proche  de  Gisors  qui,  en  effet,  est 
à  72  kilomètres  de  Paris  sur  la  route  de 
Dieppe 

Le  château  de  Dangu  sous  le  second 
Empire  était  habité  par  le  comte  .le  La- 
grange. 

M.  Gilles  de  Villars  trouvera  certaine- 
ment dans  les  archives  du  château  tous 
les  renseignements  qui  l'intéressent  au 
sujet  du  général. 

*  » 

Il  existe  une  localité  du  nom  de  Dar- 
gies  dans  l'Oise,  canton  de  Grandvil- 
liers. 

'e  trouve  :  Argut  (Meuse),  commune 
di  ''/iUiers-sur-Meuse  ; 

A'gut-Dessous  (Haute-Garonne)  canton 
de  ^aint-Béat,  et  Argut-Dessus,  même 
région. 

NlSIAR. 

«  * 

Lire  Dangu  (canton  de  Gisors, Eure),  et 
non  Daigut  ou  Dargies. 

Le  domaine  de  Dangu  était  venu  au 
général  Joseph  de  Lagrange  par  son  ma- 
riage avec  Mlle  de  Talhouet. 

En  1885  ou  (884,  après  la  mort  de 
leur  fils  Frédéric,  comte  de  Lagrange,  te 
célèbre  sportsitian,  le  château,  inis  en 
vente,  fut  acquis  par  les  Pozzo  di  Borgo 
qui  l'ont  récemment  fait  démolir.  Une 
construction  ricllve  b  rempiàcfc. 

QO/i-StTOR. 


DKb  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 

-      ^ 


30  Juill«t  IÇH- 


70 


Gittherine  de  la  Treille  de  Sorbs 
(LXIX  787).  —  L'auteur  de  la  question 
pourrait  s'adresser  directement  à  M.  Bé- 
rarJ  Je  la  Treille  de  Fozières.  à  Lavaur 
(Tarn),  qui  serait  certainement  en  état 
de  fournir  les  renseignements  demandés 

ECUODNOF. 


Artefcuil  donne  les  armes  de  cette  fa- 
mille :  Coupé  JU  1"'  Je  giieuhs  à  un  lion 
naissant  J'or  ;  au  2°  ii\i^ur  plein. 

Il  dit  qu'elle  fut  mariée  à  Michel- 
Ange  1,  de  Castellane,  brigadier  d'armées, 
gouverneur  de  Niort,  et  ambassadeur  à 
la  Porte,  et  qu'elle  était  proche  parente 
de  M.  le  cardinal  de  Fleury,  ministre 
d'Etat. 

L',4  rmoriai  général  de  kietstap  donne 
cette  famille  comme  originaire  du  Lan- 
guedoc. 

NlSIAR. 

La  Kevellière-Lopeaux  ses 
Mémoires  (T.  G.  496  ;  LXIX  405,566, 
fc>7  1,763).  —  Sur  ce  pamplilct  d'un  politi- 
cien aigri,  voir  : 

I»  Vicomte  Eugène  Melchior  de  Vogué, 
de  l'Académie  Française,  Un  P'aiJoyer 
pour  le  Directoire  [Revue  des  DeuxMon- 
Jes  du  !«'■  lévrier  1895). 

2"  Etienne  Charavay,  La  Revelîière- 
Lepeaux  et  ses  mémoires  {Revue  Bleue  des 
26  janvier  et  2  février  1895). 

Ue  ces  deux  études,  également  remar- 
quables, on  peut  tirer  une  même  conclu- 
sion, qui  n'est  pas  à  l'avantage  du  pape 
des  thëophilanthropes. 

Dont  Cake. 

Leshenaut  de  Bouille  (LXIX,  541, 
589).  —  Malade,  je  n'ai  pu  adresser  plus 
tôt  à  M.  H.  V.  les  renseignements  ci-des- 
sous : 

1»  Les  Leshenaut  possédaient  au  xviii" 
siècle,  le  château  de  Bouillé-Theval,  pa- 
roisse de  St-Sauveur-de-Flée,  près  de  Se- 
gré  (alias  paroisse  de  Montguillon).  Cette 
terre  fut  vendue  national',:inent  pour  émi- 
gration le  17  thermidor  an  VI. 

Les  L.  étaient  également  possessionés 
dans  plusieurs  paroisses  de  la  Mayenne, 
voisines  de  Château-Gontici .  Leur  nom, 
souvent  défigure,  y  figure  parmi  ceux  des 
personnes  exemptes  de  taille. 

2"  La  généalogie  des  Leshenaut  jusque   \ 


vers  1725,  figure  dans  le  d'Hozier  (tome 
11,  page  717)  qui  est  à  la  disposition  du 
public  dans  les  casiers  de  la  Bibliothèque 
Nationale. 

3°  |e  dois  à  l'obligeance  de  M.  l'abbé 
Uzureau  les  renseignements  suivants,  ti- 
res en  partie  des  Archives  de  Maine-et- 
Loire  (E.  3ifcit<). 

Marie  Anne  de  Scepeaux,  2"  femme 
d'Antoine  Hercules  11  de  L,  fut  inhumée 
le  25  septembre  1761  à  Ghâteau-Gontier. 

1736  Mariage  d'Antoine  Hercules  L, 
seigneur  de  Bouille,  fils  de  feu  Antoine 
Hercules  et  de  Marie-Anne  de  Scepeaux, 
de  Chàteau-Gontier,  et  de  Pcirine  Bernar- 
din Barrin,  veuve  de  [acques-Réné  Jou- 
bert,  seigneur  de  la  Jacric,  Montigné, 
Saint-Jean  de  Montfaucon  (il  doit  y  avoir 
une  erreur  de  date  :  Antoine  Hercules  II 
et  Marie-Anne  de  Scepeaux  s'étant  mariés 
le  16  mai  1723,  leur  fils  ne  pouvait  con- 
voler en  1736). 

1737  Naissance,  à  Château  Gontier.  de 
Ctaude-Henri-Réné,  fils  d'Antoine  Her- 
cules L.  et  de  Marie  Anne  de  Scepeaux. 

Antoine-Gabriel-Joseph  L,  thevalier, 
seigneur  de  Marigné,  fils  de  feu  Antoine 
Hercules  L  e£  de  feu  Marie-Anne  de  Sce- 
peaux, lieutenant  de  vaisseau,  chevalier 
de  S  lint-Louis,  épouse  :  1"  le  20  avril 
1773  à  rHotellerie  de  Fiée,  Marie-Félicité 
dé  Gibut  de  la  Perrinièl-e'  2°  par  contrat 
du  18  septembre  1777,  Mélârtie-Françoise 
Louet,  veuve  de  Pierre  ou  René  du  Mes- 
nil,  seigneur  du  Pineau.  11  habitait  à  Paris, 
rue  du  Cherche-Midi^  en  1789. 

1782  Piiul  François  L,  seigneur  de 
Bouille,  capitaine  au  régiment  d'Auhis, 
habite  le  château  de  Bouille,  paroisse  de 
Montguillon. 

Comte  DE  GuenyvEau. 

Je  remercie  .Monsieur  le  vicomte  de 
Noucl  de  son  aimable  communication  : 
le  n'ai  pu  encore  établir  les  parehtés 
exactes. 

]e  Serais  reconnaissant  à  M.  H.  V.  dé 
me  donner  des  détails  sur  Julie-Philippine 
de  Leshcnaiilt . 

Saunier  ébéniste  (LXVllI;LXlX,8io). 

—  Il  y  avait  iiu  Nviii^siecleun  JacquesSaul- 
nicr,  ébcnisteà  Paris,ruc  Chariot,  qui  avait 
été  reçu  maitre  le  i"  mars  1755 

Un  autre  Louis-j<tcqucs  Saunier, rue  des 
Prêtres  St-Germain-l'Auxerrols,  avait  été 
reçu  le  22  juillet  1782. 


N»  1406.  Vol.  LXX. 

^ 7,     

Mais  s'il  s'agit  d'un  ébéniste  du  xvii' 
siècle,  je  ne  puis  répondre.  Notre  collègue 
Walterus  pourrait  s'adressera  MM.  Henri 
Vial,  Adrien  Marcel  et  André  Girodin  qui 
travaillent  à  la  dernière  partie  du  Dictwn- 
naire  de;  Arfis'es  décoialeiirs  du  Bois. 
Paris.  Bibl.  d'Art  et  d'Archéol.  CoUect. 
Doucet.  16,  rue  Spontini. 

E   FvoT. 

Madame  la  générale  Verdier, 
membre  de  rExpédilion  d'Egypte 
(LXIX,  490,  81 1) .  —  H  y  a  une  gravure 
in-quarto  avec  texte  dans  la  série  des 
Fastes,  publiée  par  Ternisien  d'H.iudri- 
court,  et  qui  représente  la  générale  Ver- 
dier conduisant  dans  le 
devenu  aveugle. 


L'INTERMEDIAIRE 


72 


désert  son  mari 
Simon. 


Armoiriesàidentifier:  Aigleéplo-  \ 

yée(LXlX,  791)  —  D'or  à  l'aigle  èp!oyé'  \ 

de  sjble.  —  Armes  de  Jean-Jacques-Mariej  j 

comte  d'Astorg, sous  licutenantdes  gardes  j 
du  roi,  prieur  de   l'ordre  de   Malte,  né  le 

I  I  juin  17S2.  1 

(Guigard,    Armoiial    du   Bibliophile  T. 

Il,  p.  21).  ! 

NlSlAR. 

Aimes  à  déterminer  :  deux 
palmes  (LXIX,  744).  —  Du  Resnel  (sei- 
gneur du  Bellay)  :  D  a^ur  à  deux  p.ilmes 
adossées  d'or,surnionléesd'iiiie  étoile  diiméme 
et  accompagnées,  en  pointe,  d'un  croissant 
d'argent. 

A  cette  famille  appartenaient  :  Nicolas 
du  Resnel,  sieur  de  Boslecomte,  conseiller 
aux  Requêtes,  à  Rouen  ;  Jean-François 
du  Resn  I,  abbé  de  Sept-Fontaines,  mem- 
biede  l'Académie  française  ;  —  François- 
Nicolas  du  Resnel,  chanome  de  Saint- 
Malo,  conseiller  clerc  au  Parlement  de 
Normandie,  etc. 

La  couronne  de  marquis  qui  timbre  les 
armoiries  est  un  ornement  de  pure  fan- 
taisie. 

Q.U.ÏS1T0R. 

Armoiries  à  déterminer  :  Fortis 
dominabitur  astris  (LXIX,  744).  — 
Bidé-La  Bidière,  en  Bretagne  :  D'ars-ent.  à 
un  lion  de  sahle  armé  trt  lampa'isé  de 
gueules,  accompagné  en  chef  d'un  crois- 
sant d'azur  à  dextre,  d'une  étoile  de  gueules 


à  senestre  et,  en  pointe,  d'une  autre  étoile 
du  i7:cnie 

On  trouve  aussi,  pour  la  même  famille  : 

D'argent  au   lion  de  sable. ,  accom- 

paoné  de  deux  croissants  d'argent  bordés  de 
sable,  en  chef,  et  d' une  étoile  d'or  bordée 
de  sable,  en  pointe. 

QUitSlTOR. 

« 

«  Fortis  dominatibur  astris  ».  Les  ar- 
mes décrites  sont  celles  de  la  famille 
Bidé  de  la  Grandville,  Bretagne  et  Bra- 
bant. 

NlSlAR. 

Ex-libris  du  monde  du  théâtre 

(LXVIII,  478,  653).  —J'ai  relevé  récem- 
ment la  mention  des  quelques  ex-libris 
suivants  qui  me  paraissent  appartenir  au 
monde  du  théâtre. 

1°  ex-libris  Gabriel  d'Annuiizio  (vers  1906) 
d'après  G.,  A.  Sartorio 

2°  ex-libris  Lodorico  Amorini-Bolognini 
(vers  !84oi. 

5°  ex  libris  Vincenzo  Bosisio  (vers    1820). 

4"  ex-libris  attribué  au  comte  Angelo  Curti 
(vers  1790)  par  Stagnon  père 

5»  deux  ex-libris  de  Salvatore  di  Giacoi-no 
(vers  1900)  l'un  anonyme, l'autre  d'apiis  Sco- 
petta. 

o"  ex-libris  Giuseppe  Giacosa  (vers  1880). 

7"  ex-libris  Thomas  Guealette  (vers  1750) 
par  H.  Becat  (?) 

8°  ex-libris  E.   etj.  de  Concourt. 

9"   ex-libris  A.  Houssaye. 

10°  ex-libris  Magnocavalli  (vers  1780). 

Il'   ex  libris  Ferdinaudo  Neri  (vers  I904). 

12"  ex-libris  Gioachino   Pizzi   (vers    1770). 

13"  ex-libris  LéopoM  Pullc  (vers  1880). 

14°  ex-libris  Giro'airio  Rovetta  (vers  1904) 
d'après  Martini. 

Cf.  Gelli  :  3.500  ex-libris  italiani  (Mi- 
lan Hoepli  1908)  aux  noms  cités   • 

C.  Dehais. 

Ex-libris  musicaux,  éx  musicii, 
ex-c  ^niibus  (LXVIII.  478,  653).  — J'ai 
relevé  aussi  les  ex-libris  suivants  appar- 
tenant au  monde  de  la  musique  ou  ■com- 
portant des  attributs  musicaux  : 

1°  ex-libris  Franc-Anderle. 

3»  ex  libr.'s  Hans  Bastanier. 

3»  ex-libris  Valérie  Breltauer  (189S)  l'un 
par  W.  Belirens  de  Nuremberg,  1  aut;e  si- 
gné M .  G. 

4»  ex-libris  Cari  Claudius  (1899)  par  Call- 
m:irider,  de  Goteborg  (Suède). 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1914 


7Î 


74 


<)•  ex-libris  Louis-Claude  Daguin,  orga- 
nisle  du  roi,  par  F.  Pilseii. 

6»  ex-libris  D'  Georges  Dieiil. 

7"'exlibris  Giuseppe    Kreddi  (vers  1760). 

8»  ex-libris  Kastner,  musicien  de  la  cha- 
pelle de  Niipoléon  III. 

9°  ex-libris  D''  J.  Kliiber,  par  Hans 
Probst. 

lo*  ex-libris  Edwin  eijulia  Lnr.dau. 

Il"  ex-libris  Karl  Lorenz,  p  ir  K.  Gsur. 

12"  ex  libiisOuo  Luetsner,  par  M.  Zaïii- 
bony. 

1^°  ex-libtis  Marciâk  Jàn  )s  Konyvcibol. . . 
gravé  par  G  Morelli  d'après  F.  Goldmann 
(Budapest  1900). 

i4"  ex-libris  Francesco-  Maria  iVIalvolti 
(vers  17801. 

I5*ex-libris  Jordi  Monsalvatje,  par  J.  Re- 
nan. 

Ex-libris  Jorge  Monsalvatje,  par  Mathilde 
Ade,  de  Munich. 

16°  aus  der  Musikmappe  von  Eugène 
Fasch  (1901)  par  Conrad  Ysenflamm  (Bàle 
1901 .  Paris  1902). 

17»  ex-libris  Giovanni  Nencini  (vers 
1860). 

18°  ex-libris  Académie  et  Conservatoire 
de  musique  de  Pesaro  (commencement  du 
xix«  siècle. 

19°  ex-libris  Diego  Pigriatellijl'un  de  1899, 
l'autre  vers  1890. 

so*  ex-libris  Ch.  Sauvageot,  de  l'Acadé- 
mie royale  de  musique. 

31"  ex  libris  d^  l'Harmonie  de  Schaffhouse 
xviil'  siècle  par  Schellenberg. 

23'  ex  libiis  attribué  à  Edoardo  Sobolewski 
(vers  1850). 

33»  ex-libris  Paolo  Solanges  (  1900) 

24"  ex  donc  Giuseppe  ed  Amalia  Torre. 

25»  marque  de  l'Ut  mineur,  pji  George 
Aui  iol. 

26°  ex-libris  Hélène  Wagel  par  Félix 
Scbmitt. 

27"  ex  cantibus  Coecilie  Wolbrandt  par 
Cari  Wolbrandt  (Hambourg  .898161  un  ex- 
libfis  de  la  même  par  !o  même  (il 


Cf.  Gelii  :  3500  ex  libris  italiani  (Milan 
Hoepli  1908).  —  Catalogue  n°  291  de  A. 
Durai,  18  rue  de  l'Anciçnne-Comédie 
Paris  n»  152}  —  Catalogue  d'ex  libris 
Geoffroy,  5  rue  Bianclie.  l'aris ,  avril 
1912,  n''272.  --  Catalogue  de  la  collec- 
tion d'ex-libris  Loureiro  vendue  le  24  dé- 
cembre 1912,  p.  1 1  n"  93,  —  The  Stu- 
dio, 14  avril  IQ09,  p.  227. 

C.  DtHAlS. 

Les  voyages  de  "ooken  papier 
peint  (LXIX.  793).  —  «'  Les  Sauvages  de 
la  Mer  Pacifique,  tableau  pour  décoration 


en  papier  peint,  composé  sur  les  décou- 
vertes faites  par  les  capitaines  Cook,  de 
la  Pérouze  et  autres  voyageurs,  form.int 
un  paysage  en  nuance,  exécuté  sur  vingt 
lés  ou  largeur  de  papier  de  vingt  pouces, 
sur  quatre-vingt-dix  de  hauteur,  de  la 
Fabrique  de  [oseph  Dufour  et  Compagnie, 
à  Màcon  ».  (Mâcon,  imp.  Moiroux,  an 
XIII,  48  p  in- 12).  Cette  rarissime  pla- 
quette contient  la  description  d'un  sujet 
de  papier  peint  dont  vraisemblablement 
on  ne  retrouvera  plus  les  vingt  lés  ori- 
ginaux. 

BiBL.  Mac. 

Comment  les  Romains  se  ser- 
vaient de  leurs  chifîces?  (VI;  LXVIII; 
626    788  ;  LXIX,  57Î. 

Les  apothicaires  du  xviie  siècle,  ou  au 
moins  certains  d'entre  eux,  se  servaient 
encore  de  chiffres  romains  pour  établir 
leurs  mémoires;  mais  peut  être  ne  fai- 
saient-ils les  additions  ni  comme  les  Ro- 
mains ni  comme  M.  A.  Ponroy.  car  \'In- 
ieimédiaire  des  Ckeicbettu  'VIII  :  222  ; 
254)  mentionne  l'emploi  des  chiflfres 
arabes  dans  ce  genre  d'opérations. 

Sglpn. 

«  N-ître,  ivre  et  mourir  dans  le 
cinmp  pattsrn  1  >  ou  «  i-ous  le  toit 
paternel  » .  Vers  à  attribuer  (LXIX, 
189,  629).  —  Ah  !  si  notre  ami  en  Inter- 
médiaire, M.  Iules  Troubat,  n'eut  pas  été 
à  ses  derniers  mo  ■  ents, quelle  aimable  et 
gentille  réponse  il  eût  envoyée  à  la  pré- 
sente question  !  A  son  défaut,  j'essayerai 
bien  de  parler  pour  lui,  encouragé  que  je 
me  sens,  par  l'aménilé  de  son  souvenir 

Eh  bien  I  oui  fermement  sans  critique 
aucune,  je  crois  que  la  mémoire  de  notre 
confrère,  .M.  P.,  l'a  ici  mal  servi. 

Le  vers  de  Sainte  Bcuve  : 

Naître,  vivre  et  mourir  dans  la  même  maison, 

bien  qu'il  ne  soit  pas  cité  dans  VEipril  de^ 
aulrei  de  Edouard  Fournier  (3''  édition, 
Paris,  Dentu,  1867)  est  trop  bien  connu 
comine  étant  de  Sainte-Beuve  et  dit  trop 
bien  aussi  ce  qu'il  veut  dire,  pour  q  ue  au- 
cun poète  de  ce  temps  ait  pu  avoir  I  a  pc  n- 
sée,  non  certes,  de  se  l'approprier,  mais 
seulement  de  le  moiifier. 

Il  fait  p.-irtic.  ce  vers  du  second  volume 
do  poésies  que  publia  Sainte-beuve,  en 
mars   1830  :    Les    Consolations.   Il  y   est 


NO  1406.  yoi,  Lxx. 

75    

placéjbienenvue,  tout  en  tête  de  l'Epilre 
4  Edouard  Fotiinet,  datée,  celle-ci,  de 
<<  Août  1829». 

Entre  nous,  je  m'imagine  assez  que 
l'idée  qui  inspira  ce  vers  à  Sainte- 
Beuve,  de  même  que  ceux  qui  le  suivent 
et  le  complètent,  doit  venir  de  quel- 
que ressouvenir  de  la  jeunesse  boulon- 
naise  du  poète  Ce  qui  m'incite  à  le 
penser,  c'est  que  cette  rhême  idée  de  sé- 
jour continu  dans  la  rficrne  maison,  réap- 
paraît, sept  ans  plus  tard,  à  l'adresse 
d'un  sien  ami  d'enfance,  dans  le  troisième 
volume  de  poésies  du  même  auteur,  les 
Pensées  li  Août,  1837.  On  l'y  voit,  en 
tête  de  Epître  à  l'abbé  Eintachc  Barbe, 
(un  ancien  camarade,  alors  devenu  grave 
professeur  de  philosophie,  h.  Boulogne- 
sur-Mer, —  leur  commune  patrie): 

Il  ejt  trois  fois  béni,  celui    qui   dans  sa  ville' 
En  province  resté, comme  au  siècle  tranqiiillle' 
Y  grandit,  y  mûrit,  intégre  et  conservé  ; 
Dans  la  minié  maison  qui  l'avait  élevé 
Devient   maître,    puis    prêtrt,    en    cette  église 

[même 
Où  s;  communion  se  fit,  et  son  baptême,  etc. 

{Vid. ,  pour  ces  deux  Epîtres  :  Poésies  corn- 
plètesde  Sainte-Beuve.,  grandeédition  in-S", 
Paris,  IVlichel  Lévy,  1863,  t.  Il,  pages  36 
et  245). 

Les  souvenirs  d'enfance,  rappelons- 
nous-ie,  sont  ceux  qui  se  gravent  le  mieux, 
dans  les  vieilles  mémoires. 

Mais  à  chacun  son  bien  :  Laissons  donc 
à  César,  ce  qu'  :  appartient  à  César  I 

Ulric  RichardDesaix. 

Chandail  (LXIX,  342).  —  En  Angle- 
terre, on  aurait  donné  le  nom  de  chan- 
dail à  la  chemise  de  laine  portée  par  les 
Roscovites  (habitants  du  pays  de  Roscoff, 
Finistère),  qui.  enrégimentés,  passent  la 
Manche,  depuis  nombre  d'années,  pour 
vendre  leurs  lég'imes  (ail,  échalotes, 
pommes  de  terre,  artichauts,  etc).  On  les 
appelle  '{.  marchands  d'ail  »  et  par  abré- 
viation «  chands'd'ail  ». 

Em,  G. 

Entendu,  dans  la  rue,  un  gamin  traiter 
son  petit  camarade  de  «  Ci)and'ail  ». 

Martin  (l'âne)  CLXIX,  794).  —  On  lit 
dans  duitard,  Dictionnaire  des  proverbes, 
Paris,  Bertrand,  1842,  p.  528  : 

Plus  d'an  âne  à  la  l'oire  a  nom  Martin. 


L'INTERMEDIAIRE 


76 


C'était  autrefois  l'usage  de  donner  des 
noms  de  suints  aux  animau.t.  et  l'àne  reçut 
celui  de  Martin  De  là  le  proverbe  qui  s'em. 
ployait  autrefois  pour  signifier  qu'il  ne  faut 
pas  affirn\er  une  chose  d'après  un  simple  in 
dice. 

Une  tradition  proverbiale  dit  qu'un  nemm» 
Martin,  huche  sur  un  de  ses  ânes,  n'en  re- 
trouvait pas  U  nombre,  pnce  qu'il  oubliait 
de  se  compter,  c'tst-à-dire  l'âne  sut  lequel  il 
était  monté. 

P.  c.  c.  Gustave  Fustier. 

Calendriers  perp't  els  (LXIX  , 
741;).  —  Il  doit  s'agir  de  Calendriers  per- 
pétuels d'une  forme  spéciale,  peut-être  de 
ces  oblongs  qui  se  vendaient  tout  enca- 
drés 

Car  il  existe  des  Calendriers  perpétuels 
publiés  bien  antérieurement,  tel  celui  de 
la  collection  Hennin,  daté  de  i6ii  :  Ca- 
lendrjrinm  naturale  magicum  perpetuum..., 
grande  estampe  anonyme  en  deux  feuil- 
les. 

Bernard  Picart  a  dessiné  et  gravé  un 
Calendrier  pour  38  ans  (1712-1749),  pu- 
blié en  1714  chez  Du  Change. 

Le  3 1  décembre  1792,  le  républicain 
J.  F.  Lefèvre  présenta  à  la  Convention  un 
Calendrier  National,  calculé  pour  30  ans, 
gravé  par  Mlle  Vallet  et  publié  chez  la 
citoyenne  Lesclapart,  rue  du  Roule. 

La  médaille-almanach  de  1778  {Maga- 
sin pittoresque,  XXVI,  128)  est  aussi  un 
Calendrier  perpétuel. 

Dans  les  cartons  des  marchands  d'es- 
tampes on  en  trouve  parfois.  Voir  les  ca- 
talogues Geoffroy  frères  n°s  7,  8,   14,  28, 

32,  34i42.  44)- 

Alex.  G. 

Dagobert  et  sa  culotte  (LXIX,  syo). 
-  On  lit  sur  cette  chanson  dans  l' Antho- 
logie de  la  chanson  française  de  P.  Vri- 
gnault  (Dclagrave,édit.) 

La  chanson  s'est  faite,  comme  beaucoup  du 
même  genre,  par  l'adjonction  successive  de 
couplets  venus  de  l'un  ou  de  l'autre.  Elle  a 
été  fixée  vers  17S0.  Elle  eut  grande  vogue  en 
1814,  où  l'on  avait  ajouté  quelques  traits 
contre    Napoléon.    Le    pouvoir    l'mteidit  et 

I    elle  ne  reparut  que  plus  tard,    comme  ronde 

i   entantine. 

i  -       .    . 

M.  Le  Roux  de   Lincy,  dans  la  notice 
!  qu'il  consacre  à  la  Chanson  du   roi  Dago- 


01i>.  CHishCa^Uliâ  #1'  CUMilàt.' 


30  Juillet  1914 


77 


78 


bert,  {Chants  et  Chamons  populaires  de  la 
France,  tome  III)  se  contente  de  la   don 
ner    comme   certainement     antérieure    à 
1789. 

L'histoire  de  la  culotte  est  bien  une 
drôlerie  et  ne  semble  reposer  sur  aucun 
»<  fondement  >  —  si  j'ose  m'exprimer 
ainsi.  La  familiarité  du  roi  et  du  ministre 
dans  la  chanson  aurait  eu  pour  base  les 
traits  de  bonté  envers  ses  serviteurs  ..  et 
même  ses  chiens,  rebtés  par  les  Grandes 
Chroniques  de  Saint-Denis,  à  l'actif  de 
Dagobert  dont  le  péché  mignon  était, 
faut-il  le  dire,  de  ne  point  toujours  garder 
la  continence  des  saints. 

Mais,  tous  les  détails  sont  purement 
fantaisistes  et  dus  vraisemblablement  à 
l'imagination  populaire,  qui,  aimant  à 
broder,  comme  elle  a  accoutumé,  aura 
ajouté  petit  à  petit,  de  nouveaux  couplets 
à  un  thème  initial,  dont  nous  ne  connaî- 
trons, sans  doute,  jamais  l'auteur. 

Antérieure  à  1789,  la  chanson  du  roi 
Dagobert  ne  parait  pas  devoir  être  très 
ancienne.  Elle  ne  figure  dans  aucun  des 
recueils  cités  par  Weckerlin  [L'ancienne 
chanson  populaire  en  France,  xvi"  et  xvii' 
siècle)  et  daterait  tout  au  plus  de  la  fin  du 
xvui"  siècle. 

Pierre  Dukay. 


Si  Ton  veut  savoir  à  quelle  époque  la 
chanson  fut  composée,  les  indications 
manquent  ;  seulement  il  parait  qu'elle 
est  antérieure  à  la  Révolution  de  1789 
et  que  l'air  sur  lequel  ont  été  faites  les 
paroles  est  une  ancienne  fanfare  de 
chasse  dont  les  habiles  en  cette  matière 
renoncent  a  trouver  l'origine. 

Il  faut  donc  se  contenter,  quant  à  la 
chanson,  de  ce  renseignement  verbal  sans 
précision  et  chercher  dans  l'histoire  la 
cause  de  cette  familiarité  qui  parait 
avoir  existé  entre  Dagobert  et  son  minis- 
tre... 

Quoi  qu'il  en  soit,  une  tr?ce  bien  effa- 
cée existait  encore  des  faits  relatifs  à 
Dagobert  ;  c'est  une  chanson  populaire 
satirique  qui  en  a  ravivé  le  souvenir  après 
un  espace  de  1200  ans. 

Le  Roux  de  Lincy,  Chants  et  chansons 
populaires  de  la  France,  i'' série,  Delloye, 
Paris  1843. 

P.  c.  c.       Dehermann. 


Le  tome  I"  de  La  Vieille  Chanson 
française,  paru  chez  L.  Boulanger,  dit, 
non  sans  vraisemblance,  de  la  chanson 
du  Roi  Dagobert  : 

Il  serait  difficile  de  dire  à  quelle  époque 
elle  a  été  composée,  d'autant  que  ch.i- 
que  génération  y  a  ajouté  quelques  cou- 
plets :  cependant  son  style,  l'air  de  chasse 
sur  lequel  elle  se  chante,  ne  la  font  guère  re- 
monter plus  haut  que  le  xviu'  siècle. 

B.  -F. 

Donner  (LXIX,  794).  —  La  maxime 
cherchée  n'est-elle  pas  contenue  dans  ces 
deux  vers  de  Corneille  : 

Tel  donne  à  pleines  mains  qui  n'oblige  per- 

[soTine  ; 

La  façon  de  donner  vaut  mieux  que  ce  qu'on 

[donne. 

Si  les  expressions  diffèrent,  le  fond  de 
la  pensée  est  assurément  le  même. 

QU/tSITOR. 

Etymologie  de  se  terce  (LXIX, 
794).  —  La  première  subdivision  de  Vas 
était  le  demi-as,  eu  semis  (semis,  proche 
parent  du  radical  grec  hèmi  (^,\'-'),  si- 
gnifiait moitié  en  latin  Hrchaïque).  Si  on 
avait  à  payer  2  as  1/2,  la  première  pièce 
à  verser  était  un  as,  la  seconde  un  as,  la 
troisième  un  demi  as,  «  semis  tertius  «  ; 
c'est  à  peu  près  ainsi  que  Varron,  l'érudit 
romain,  s'expliquait  qu'on  en  fut  venu  à 
employer,  pour  dire  2  as  1  2,  l'expres- 
sion «  semis  tertius  y,  devenue  par  abré- 
viation sestertius  (de  même  *<  semisque  », 
c'est-à-dire  :  «  et  demi  »,  est  devenue 
sesqui,  qu'on  trouve  en  tète  de  bien  des 
mots  composés).  On  pourrait  en  rendre 
compte  autrement  :  qu'on  imagine  la 
suite  des  nombres  :  1/2,  i,  1  1/2,  2, 
2  1/2,  etc.  ;  2  1/2  est  le  troisième  ovi 
figure  1/2.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'étymolo- 
gie  et  le  sens  primitif  de  sestertius  ne  peu- 
vent faire  doute  :  c'est  le  «  dem:-as  qui 
vient  en  troisième  lieu  »,  et  c'est  le  mot 
adopté  pour  dire  2  as  1/2.  Quant,  au  iii' 
siècle,  s'introduisit  à  Rome  l'u'-age  de  la 
monnaie  d'argent,  dans  le  système  mo- 
nétaire nouveau  on  créa  une  pièce  d'ar- 
gent qui  devint  vite  l'unité  monétaire 
c. jurante  ;  elle  fut  censée  avoir  la  même 
valeur  que  l'as  libralde  cuivre, de  13  on- 
i  ces,du  système  aboli  ;  et  comme  elle  valait 


N»  1400.  Vol.  LXX. 


L'INTERMÉDIAIRE 


79 


80 


2  as  et  demi  du  système  nouveau, où  l'as   \ 
ne  pesait  plus  que  4  onces, on  l'appela  ses-    J 
tertiiis:  ■.<  duponJius  (2  as)  et  semis  anti-    ; 
quus  sestertius   est  «  (Varro,   de  Lingua 
latina,  V),  Ce  rapport  entre  la  valeur  du 
sesterce  et   celle  de  l'as,   dont  le    poids 
alla  sans  cesse  en  diminuant,    ne  subsista 
pas  longtemps  ;  le  sesterce  valut    bientôt 
quatre  as.  Mais  il  conserva  son  nom  pri- 
mitif. 

Ibère. 


Ce  fut  le  cuivre  ou  son  alliage  avec 
l'étain  (nés,  ais  =  bronze)  qui  servit 
de  monnaie  aux  anciens  Romains.  L'as  fut 


L'as  libralis  n'a  eu  d'abord  que  dix 
onces,  au  lieu  de  douze,  comme  la  livre 
romaine,  et.  cela,  —  d'après  les  explica- 
tions de  Mommsen  et  Lenormant,  — 
pour  mieux  correspondre  à  la  valeur  de 
l'argent,  qui  circulait  à  Rome  comme 
marcliandise  ou  sous  l'orme  de  monnaies 
étrangères  Ensuite,  l'abondance  de  l'ar- 
gent di.ninua  sa  valeur,  en  même  temps 
qu'elle  renchérissait  comparativement  la 
monnaie  de  cuivre  ou  bronze  qui,  à  son 
tour,  était  plus  employé  industriellement. 
L'as  courant  descendit  ainsi  à  quatre  onces 
pondérales  et  devint  Vas  trientalis  (12  j 
=  4)  Les  anciens  asies  Uhrala  (de  10 
leur  plus  ancienne  monnaie  et  comme  son  \  «""s  en   moyenne)    valurent  donc  deux 


poids  était  celui  de  la  livre   romaine  C325 
a  333  grs),  on    la  nomma    primitivement 


;  asses  trientales  et  demi. 

Ce  fut  alors  (269   A.   C.)  que    parut  le 


as  libfalts  ou    librarim.   As  =    aes  ou  ais  j  iesi'irtius  ou  \e  nu  m  m  us  syracusain,  évalué 
•     ■     •  ■      •"  '  ■        à  deux  ^îs.,'5 /r(V«<(j/cj  et  demi.ou  à  un  an 

cien  as  libralis.  Son  étymologie,  déjà  ex- 
pliquée, se  contient  dans  ces  deux  phrases 
de  Varron  :  Seste-iiius  quod  duobus  semis 
additur. . .  ab  semis  ieiiius  sesteitius  dictns. 
On  employait  le  mot  sestertius^a,um  dans 
le  sens  Aq  deux  et  demi  et  même  Jeux  pieds 
cl  demi. 

A  Syracuse  l'usage  consacra  le  système 
attique,  et  l'on  employait  une  double 
drachme  ou  le  didrachme  qui  pesait 
8  gr.  7.  au  lieu  de  8,50  ou  8,64,  valeurs 
de  deux  drachmes  attique.^.  Le  didrachme 
se  divisait  en  dix  vo-Junot  d'argent.  Chaque 
vo-ja;xo;  de  o  gr.  87  équivalait  à  une  livre 
de  cuivre  et  devint  le  nuinmus  semis  tertius 
ou  seiterlius  du  système  romain,  égal  à  un 
ancien  as  librali.\  ou  à  deuxdssw  Iricnlales 
et  demi.  Avec  le  temps,  comme  on  sait, 
l'as  s'est  encore  réduit  à  deux  onces,  à 
une  et  même  à  i  12  d  once.  Ce  serait 
long  le  développement  de  ce  sujet  et  dé- 
passerait les  limites  de  la  question.  (V.  les 
ouvrages  de  Lenormant,  Momnsen.  Ba- 
belon,  Dezo'-ry,  Gow,  S.  Reinach  et  sur- 
tout l'excellent  Dictionnaire  des  antiquités 
grecques  et  romaines.^  dirigé  par  Darem  ■ 
berg  et  Saglio,  où  l'on  rencontre  des  ar- 
ticles très  complets  de  Lenormant  iX  de 
Babeion). 

José  Féliciano-de-Oliveira 


viendrait  du  sanscrit  âyas  :=  fer  ou  mé- 
tal. 

iVlais  la  Grèce  était  plus  avancée  que 
les  peuples  italiotes  et  elle  possédait  déjà 
l'argent  comme  base  de  son  systèm_  mo- 
nétaire. Les  Sjracusains  surtout,  qui 
avaient  déjà  prêté  aux  Romains  le  mot 
libra  =  ÀÎToa,  leur  fournirent  encore  le 
nummus  =  vojaao;,  monnaie  d'argent  qui 
circulait  en  Sicile  et  dans  les  villes  de  la 
Grande-Gièce  (Magna  Gracia,  au  sud  de 
l'Italie'. 

Les  Romains  estimèrent  à  deux  as  et 
demi  de  leur  monnaie  les  quelque  87  cen- 
tigrammes d'argent,  que  contenait  le 
vouij.;j.oç  sicilien,  et  le  nommèrent  nummus 
semistertius  ou  sesteitius.  par  abréviation. 
Ses-tertius  —  d'après  l'explication  du 
plus  éminent  des  philologues  français,  M. 
Michel  Bréal,  —  signifierait  que  h  troi- 
sième as  n'est  qu'un  Jemi-âs.  «  Des  ellipses 
analogues  se  trouvent  dans  toutes  les 
langues  »,  ajoute  M.  Bréal.  L'abréviation 
HS,  que  l'on  trouve  dan.*  les  manuscrits 
et  les  inscriptions,  me  semble  I  -|-  1  -(-  S 
=  deux  as  et  un  demi  (le  troisième,  ter- 
tius). M.  Reinach,  Manuel  de  Philologie 
classique,  I,  330,  donne  l'interprétation 
L{ibra),  L{ibra),  S{emif)  =  2  livres  et  i;'2 
(le  sesterce  valant  primitivement  deux 
asses  et  demi). 


La  question  exige  une  explication  com- 
plémentaire, pour  répondre  directement  à 
l'étymologie  du  sestertius  équivalent  à  un 
ancien  i7i  libralis. 


Trolley  (LXIX,  697) .   —  Le  récit  du 
Figaro  est  de  pure   fantaisie.   Très    long- 
temps  avant    l'invention  des    tramways 
électriques  le  tnot  était  anglais. 


BAOUR  LORMIAN 
de    l'Académie    Française 


Intermédiaire  LXX,  colonne  k6 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1914 


81 


82 


J'ai  sous  la  main  le  Roy.il  Dictionary, 
de  A.  BoyerLondon,  1764,011  je  lis  :  »<  to 
tioll  about  (trolier,  rôder,  courir  la  pré- 
tentaine, courir  de  côté  et  d'autre  dans 
un  équipage  mal-honnête  ». 

C'est  le  même  verbe  que  to  stroll, 
d'où  j<ro//^/- (baladin,  saltimbanque).  On 
voit  donc  tout  d'abord  que  notre  mot 
trâUr  (rôder),  s'écrivait  trollo  au  wiii» 
siècle  ;  il  a  d'ailleurs  conservé  son  ortho- 
graphe en  terme  de  chasse  où  il  signifie 
quêter.  On  peut  constater  ensuite  que 
l'origine  en  est  toute  germanique,  car  on 
trouve  en  ancien  haut-allemand  :  troUen 
(trottiner),  d'où  l'allemand  irollen  (trôler 
rôder,  rouler),  sirolch  (rôdeur,  vaga- 
bond). 

Ce  mot  est  de  même  nature  que  les 
mots  drailU,  drille,  drôle,  traille,  treille, 
treuil,  trille,  trolle,  trouille,  truelle,  où  le 
radical  a  constamment  le  sens  de  rouler, 
ainsi  que  je  pourrai  le  montrer  à  notre 
confrère  M.  si  cela  l'intéresse 

O  L.  Abet. 

*  * 
Ce  n'est  pas  seulement  en  langue  po- 
pulaire ou  argotique,  que  le  mot  ancien 
troler  se  trouve  employé.  .Mistral  en  a  usé 
au  moins  deux  fois  dans  la  traduction 
française  de  son  admirable  Poème  du 
Rhône. 

«  Au  chant  IV, les  Vénitiennes  >'  (XXXIII): 
Mais  elles  ont  besoin  lie  faire  bonm  foire, 
car  à  trôler  ainsi  et  par  monts  et  par  vaux, 
pour  l'entretien  et  pour  la  colophane,  et  ceci 
et  cela,  il  v  va  Je  grands  frais.  »  Et  au 
chant  Vil,  <  La  Fontaine  deTourne  »  (LV) 
«...  Njus  nous  ferions  dire  la  bonne  aven- 
ture ;  nous  trôlerions  par  toutes  les  bara- 
ques ;  et  je  t'achèterais  un  bel  anneau.  » 

Mistral  traduit  viageja  et  voute/a  par 
troler  employé  au  sens  neutre,  et  qui, 
dans  ce  cas,slgnifie,  courir  ça  et  là  {Pic- 
tionnaire  de  l'Académie).  Mereuil. 

<  Fior    d'Aliza   »   et   Lamartin  ; 

(LXIX.  492.  626J.  -  Pas  plus  que  Raphaël, 
Fior  d'  Ali{a  ne  se  trouve  dan  ;  les  deux 
volumes  de  Coiifilences  de  Lamartine, 
ains  fait  cependant  partie  des  Confi- 
dences. 

Le  volume  p;irut  chez  Dentu,  en  1863, 
sous  ce  titre  :  Mes  Confidences,  Fior 
d'Aliza.  A  cette  même  librairie  il  fut  réé- 
dité en  1879  dans  la  collection  à  1  franc, 
Nouvelle  Bibliothèque  choisie.  Fior  d'Aliza 


n'existe  plus  en  librairie  de  façon  cou- 
rante, il  est  1  épuisé  »,mais  il  n'a  rien  de 
rare  et  peut  aiséments'acquêter  d'occasion. 

B   —  F. 

Enseignes  decoifEaurs  (LXIX,  687). 
—  Aux  enseignes  de  coiffeurs  on  peut  op-  ■ 
poser  celle  des  dentistes,  du  moins  des 
dentistes  mécaniciens  d'autrefois.  Vers 
1850  à  Bordeaux,  il  y  avait  .M.  Lacour- 
tiadc,  d'abord  rue  Notre  Dame  aux  Char- 
trons,  puis  route  de  Toulouse,  qui  expo- 
sait à  une  vitre  un  interminable  et  hor- 
rible chapelet  de  dents,  extirpées  sans 
doute  par  lui.  Mais  à  côté  de  ce  spectacle 
plutôt  pénible,  une  œuvre  d'art  sollicitait 
l'attention.  Une  dame  était  assise  devant 
une  table,  sur  laquelle  on  voyait  une  cu- 
vette pleine  d'eau  sanguinolente,  et  au- 
près d'elle,  le  dentiste,  debo  it,  présentait 
au  mari  de  la  dame  une  dent  qu'il  venait 
d'arracher,  en  lui  disant  :  «  .Monsieur  le 
comte,  voilà  votre  dame  soulagée  :  à 
quoi  bon  souffrir  si  longtemps,  quand  on 
peut  être  guéri  si  promptement  .?  » 

Il  y  avait  aussi  Victor  Longeron,  et 
Michel  Phocion,  lesquels,  quoique  den- 
tistes établis  sur  le  cours  actuel  des  Fos- 
sés allaient,  pendant  les  foires,  opérer 
sur  les  places  dans  leur  voiture.  L'un 
d'eux,  Longeron,  avait,  à  sa  maison,  un 
grand  tableau  qui  le  représentait  ainsi. 
J'ai  vu  son  collègue,  Phocion,  opérer  à  la 
foire  gratis,  et,  après  avoir  martyrisé  une 
paysanne  assez  jolie  qui  était  montée  dans 
le  cabriolet,  lui  donner  vivement  un  gros 
baiser,  criant  à  la  toule  :  caJun  si  pague! 
(chacun  se  paie  !)  V.  A.  T. 

«    * 

Je  crois  en  avoir  envoyé  plusieurs  a 
V  Intermédiaire,  je  ne  sais  si  celle-ci  en 
faisait  partie  Elle  était  chez  Diot,  rue  de 
l'Echaudé,  n°  2  ou  4,  il  peut  y  avoir  62 
ans. 

O  têtes  sans  coiffeur,  qui  cherchez  au  hasard 
Si  votre  barbe  est  longue  ou  vos  cheveux  sans 

[art 
Arrctez-vous  ici,  vous  êtes  à  l'eTiselgiie 
Du  merveilleux  rasoir  etdu  magique  peigne. 

et  puis  celle  d'Isopy,  coiffeur  de  Lamar- 
tine : 

Le  maître  de  cette  officine 

Est  Isnpy,  qui  fut  coiffi-'ur 

Du  grand  poète  Lamartine 

Mort  dans  sa  fleur  ! 

Pour  une  très  modique  somme 


N»  1406.  Vol.  LXX 


L'INTERMEDIAIRE 


8? 


84 


On  peut  acheter  en  ces  lieux 

Des  poils  de  barbe  du  grand  homms 

Ou  des  cheveux . 

V.  A.  T. 


Etalages  et  terrasses  des  cafés 
parisiens  fLXIX,  234,  326,  375,  52Ô, 
637,  781,  830.  —  je  ne  voudrais  pas 
abuser  de  l'hospitalité  deV Interméiiùiire, 
en  prolongeant  avec  mon  honorable  con- 
tradicteur M.  de  T.,  une  discussion  fu 
tile,  mais,  sans  me  croire  infaillible,  je  ne 
puis,  cependant,  accepter  la  responsabi- 
lité d'erreurs  que  je  n'ai   pas  commises. 

Je  n'ai  jamais  dit,  en  effet,  que  le  café 
Turc  était  établi  au  Palais-Royal,  ne 
pouvant  ignorer  qu'il  était  situé  sur  le 
Boulevard  du  Temple  ;  j'ai  simplement 
fait  remarquer,  pour  le  besoin  de  mon 
argumentatio.i,  que,  comme  ceux  du  Pa- 
lais-Roval,  le  café  Turc  était  établi  dans 
des  jardins  'i;  en  retrait  de  la  voie  publi- 
que. » 

D'autre  part,  M.  de  T.  estime  que  je  ne 
réponds  pas  à  la  question  posée.  Evidem- 
ment j'ignore  (et  je  doute  fort  que  quel- 
qu'un le  sache),  quellefut  la  première  ter- 
rasse de  café  parisien,  mais  il  m'a  semblé, 
comme  le  pensait  notre  confrère  Surel 
(LXIX,  326),  que  la  meilleur  moyen 
d'être  à  peu  près  renseigné,  con- 
sistait à  rechercher  à  quelle  époque  l'au- 
torité s'est  préoccupé;  de  réglementer 
ces  terrasses  qui  ne  pouvaient  être  ins- 
tallées sans  son  assentiment.  C'est  ce  que 
j'ai  fait,  et  )'ai  la  prétention  d'avoir  éclai- 
ré, sinon  résolu,  la  question. 

Quant  à  la  gravure  du  Paris  au  Xl^lll' 
siècle  et  à  la  citation  de  Marcel  Fouquier 
à  l'aide  de  laquelle  M.  de  T.  croit  me 
confondre,  je  constate,  au  contraire, 
qu'elles  confirment  mes  assertions. 

Au  bas  de  la  terrasse,  sous  les  grands  ar- 
bres de  la  voie  publique,  les  promeneurs 
aiment  à  s'asseoir  pour  entendre  un  jeune 
flûtiste,  pour  savourer  un  oublie,  pour  dé- 
guster un  sorbet... 

Voilà  ce  que  m'oppose  iVl.  de  T.  Or  il 
y  avait  bien,  en  effet,  une  terrasse  au 
café  Turc,  mais  elle  n'était  pas  sur  la 
voie  publique,  le  texte  ci-dessus  en  four- 
nit la  preuve.  Qyant  aux  promeneurs  qui 
savouraient  des  oublies  et  des  sorbets,  ils 
n'étaient  p.^s  des  clients  du  café,  mais 
bien  des  flâneurs  auxquels  les  marchands 
d'oubliés   et   de  sirops   circulant   sur  la 


voie  publique,    vendaient  leur    marchan- 
dise. 

Nous  voyons,  de  nos  jours, des  prome- 
neurs également  assis  autour  des  cafés - 
concerts  des  Champs-Elysées,  par  exem- 
ple, et  cependant  ces  concerts,  comme  le 
café  Turc,  n'ont  qu'une  terrasse  inté- 
rieure. 

Je  me  résume,  en  maintenant  qu'avant 
1848,  aucun  règlement  de  police  ne  s'est 
jamais  occupé  des  terrasses  de  cafés, 
inexistantes  jusqu'alors...  C'est  en  1848 
seulement,  qu'apparaissent  les  premières 
tolérances  accordées  sur  les  boulevards, 
et,  jusqu'à  preuve  du  contraire,  je  m'en 
tiens  à  mes  précédentes  conclusions,  dé- 
clarant la  discussion  close  en  ce  qui  me 
concerne. 

Eugène  Grécourt. 

La  plus  vieille  boutique  pari- 
sienne (LXIX,  696).  —  Les  maisons  de 
commerce  plus  que  centenaires  ne  sont 
pas  rares  à  Paris.  Un  chercheur  doué 
d'un  peu  de  patience  pourrait  en  fournir 
une  longue  énumération. 

]e  signale  à  l'auteur  de  cette  question 
deux  vieilles  boutiques  parisiennes  qui 
par  leur  ancienneté  et  surtout  par  leur 
originalité  ont  souvent  attirré  mon  atten- 
tion. La  première  se  trouve  rue  de  Gram- 
mont  au  n°  12  ou  au  n"  14,  en  face  les 
bureaux  du  Crédit  Lyonnais  et  est  occu- 
pée par  M.  Lemaire,  pharmacien. 

La  devanture  de  cette  vieille  boutique 
aux  moulures  fantaisistes  a  conservé  l'as- 
pect des  maisons  de  commerce  d'autre- 
fois. Au  fronton  on  lit  ce  mot  quelque 
peu  molièresque  : 

APOTHICAIRE 
C'est  la    seigle  pharmacie    de   Paris  et 
peut-être  aussi  la  dernière  en   France  qui 
a  conservé  ce  titre  désuet. 

A  ce  sujet,  un  rapprochement  :  au 
cours  d'un  voyage  en  Norvège,  j'ai  re  ■ 
marqué  qu'à  Christiania,  à  Christiansund 
et  à  Bergen,  les  pharmaciens  indiquent 
encore  leur  profession  sous  le  couvert 
d'APOTECK.  Il  en  est  de  même  à  Reikia- 
wick  (Islande)  où  la  langue  parlée  est  le 
danois. 

L'autre  boutique  d  origine  très  ancienne 
est  située  dans  une  voie  peu  fréquentée, 
rue  Volta  n"  3,  presque  à  l'angle  de  la 
rue  Aumaire  et  est,  je  crois,  occupée  par 
une  épicerie-fruiterie  pour  laquelle  il  est 


DES  CHERCHBURS  KT  CURIEUX 


85 


20  Juillet  i9iif 


86 


inutile  d'indiquer  une  date  de  fonda- 
tion. Son  aspect  atteste  son  ancienneté. 
Elle  est  remarquable  par  une  pierre 
arrondie  en  forme  de  bandeau  très  sail- 
lant sur  laquelle  les  commerçants  qui 
l'ont  occupée  depuis  plusieurs  siècles 
pouvaient  faire  un  peu  d'étalage. 

Dans  les  vieilles  maisons  de  Granville 
on  voit  encore  quelques  boutiques  sem- 
blables. 

La  maison  de  la  rue  Volta  dans  laquelle 
elle  se  trouve  est  une  des  plus  vieilles  du 
quartier  du  Temple  et  en  même  temps 
une  véritable  curiosité  de  ce  qui  reste  du 
vieux  Paris. 

Les  traverses  de  bois  enchevêtrées  qui 
en  forment  la  charpenterie  sont  appa- 
rentes sur  toute  la  façade.  De  plus  cet 
immeuble  présente  cette  bizarrerie  de 
posséder  de  minuscules  fenêtres  carrées 
pouvant  avoir  1  m.  20  au  plus  au  2* 
étage  ;  80  centimètres  au  3'  et  au  4'  éu.ge 
6oc  carrés  seulement. 

L.  Capet. 


Sans  pouvoir  dire  q  le  je  flâne,  —  mes 
occupations  ne  me  le  permettant  pas  — 
j'aime  assez  tout  ce  qui  touche  au  vieux 
Paris,  pour  scruter,  au  hasard  de  mon 
chemin  ;  les  petits  coins,  et  explorer  les 
vieux  quartiers. 

C'est  ainsi  que  j'ai  trouvé  au  n"  loi  du 
faubourg  St-Martin,  une  boulangerie,  fon- 
dée, suivant  l'inscription  au-dessus  du 
premier  étage,  en  1720. 

Le  Restaurant  de  la  Tour  d'Argent  15, 
Quai  de  la  Tournclle,  annonce  comme 
date  de  sa  fondation,  l'année  1582. 

Je  suppose  que  l'enseigne  qu'il  arborait 
autrefois,  était  plus  artistique  que  celle 
qui  doit  inviter,  aujourd'hui,  les  passants 
en  quête  d'une  table  bien  garnie. 

A.  M. 

Œuvres  ou    inventions    du-s  à 

des  lèves  (LXIX,  69b,  «28).  —Dans 
Mmique  Ré Irospec tique,  un  des  plus  jolis 
«  Propos  »  d'Edmond  Bonnafté,  l'auteur 
raconte  comment  le  maitre  Samuel  Bach, 
arrière  petit-fils  du  grand  Sébastien  Bach, 
ayant  acheté,  en  1805,  une  épinette  an- 
cienne, aux  armes  royales, eut  à  son  sujet, 
le  soir  même,  un  rêve  des  plus  étranges  : 
Un  personnage  lui  apparut  (à  Samuel 
Bach;,  barbe  longue,  grande  collerette,  haut- 


de-;hau^ses  boutïant  et  pourpoint  ;\  crevés  : 
«  Cette  épinelte  était  à  moi,  lui  dit-il,  le  roi 
«  Henri  III,  mon  maitre,  me  l'.ivait  donnée 
«  et  je  m'en  servais  pour  le  distraire.  Tiens, 
«  écoute  cette  chanson  d'amour  qu'il  avait 
«lui-même  composée  et  que  jo  lui  jouais 
«  souvent  f.  En  même  temps,  l'homme  se 
met  a  chanter,  en  s'accornpagiuint  : 
J'ai  perducello  pourqui  j'avois  tantd'amour... 
Un  air  si  triste,  si  triste  et  d'une  voix  si 
touchante  que  le  vieux  Bach  tout  ému  se 
réveille  en  sursaut...  Le  lendemain,  il  aper- 
çoit, parmi  des  papiers  à  musique  traînant 
sur  la  table,  une  feuille  criblée  de  petits 
points  ;  il  la  prend,  la  tourne,  la  retourne  ; 
il  y  a  bien  des  notes,  des  noires,  des  croches, 
des  soupirs  des  mesures  mais  cela  n'a  point 
de  sens  ;  ce  sont  d-.s  car.-;cièies,  des  mots  si 
vous  voulez,  mais  sans  liaison,  sans  phrases. 
Le  vieux  maître  appelle  à  son  aide  son  fils  et 
sa  fille,  pianistes  comme  lui,  car,  dans  cette 
famille  privilégiée,  on  naît  musicien.  Chacun 
essaye  de  déchiffrer,  peine  perdue  I  Enfin,  on 
s'avise  que  les  anciens  écrivaient  en  clef  à'ut 
première  ligne  ;  c'était  l'^itrc/cd  d'Archimède. 
On  transpose,  et  le.  .  comment  dirai-je  ?  le 
noci«iK(f  apparaît  clair  et  lisible,  tel  que  l'in- 
connu l'avait  chanté  la  nuit  précédente. 

Samuel  Bach  est  mort  en  1874.  Son 
épinette  fait  maintenant  partie  de  la 
collection  du  Conservatoire. 

E.X.B. 


«ïrouoiùlles  et  (/|uno^itéH 


La  collaboration  de  Baour-Lor- 
niian   et    de  Lamothe-Langon.    — 

Etait  elle  connue,  la  collaboration  de 
Baour-Lormian  et  de  Lamothe-Langon  ? 
Savait  on,  comme  nous  leditle  document 
que  nous  publions  plus  loin,  que  ces  deux 
écrivainsavaient,  un  jour,uni  leurs  médio- 
crités r 

En  1828,  a  paru  un  maussade  roman 
historique  de  Baour  Lormian  intitulé: 
Duranli,  premier  Préstder.l  du  Pailement 
de  Toulouse^  ou  la  Ligue  en  province.  Pour 
ce  dernier  ouvrage,  le  successeur  de  Bout- 
fiers  à  l'Académie  avait  un  collaborateur. 

Il  en  avait  un  également,  et  c'est  pour 
nous  surprendre  davantage,  pour  les  Lé- 
genJei,  ballada  et  fabliaux. 

Mais  il  faut  nous  incliner  devant  les 
termes  du  traité  secret  qui  nous  apporte 
cette  révélation. 

Ce  traité  nous  est  communique  par  M- 
Noël  Charavay  avec   son  obligeance  a»;- 


N»  1406.  Vol.  LXX. 

87     

coutumée.  En  voici  le  texte,  qui  ne  laisse 
place  à  aucune  équivoque  : 

Entre  Messieurs  Baour  de  Lorniian,  mem- 
bre de  l'académie  française  demeurant  à  Pa- 
ris, Rue  de  Clichy  n*  74  et  le  Baron  de  La- 
mothe  Langon,  homme  de  lettres  —  demeu- 
rant aussi  à  Palis,  Rue  St  Honoré  n"  2s6, 
ont-été  reconnus  les  points  suivants  : 

1°  Messieurs  de  Lormian  et  de  Lamothe 
Langon  sonten  commun  pour  la  propriété  de 
l'ouvrage  intitulé  Duranii  ou  la  ligue  en 
province. 

2°  ils  le  sont  également  de  celui  ayant 
pour  titre:  Légendes,  ballades  et  fabliaux. 

3"  Le  prix  de  la  réimpression  des  ouvrages 
qui  viennent  d'être  désignés  par  les  deux 
articles  précédens,  sera  partagé  entre  Mes- 
sieurs de  Lormian  et  de  Lamothe  Langon, ou 
leurs  héritiers  et  représentans. 

4°  M,  de  Lormian  venant  à  publier  la  col- 
lection complette  de  ses  œuvres,  s'oblige  à 
déclarer  à  son  éditeur  que  bien  qu'il  ait  si- 
gné en  seul  les  ouvrages  mentionnés  aux  ar- 
ticles 1  et  2  des  présentes,  néanmoins  at- 
tendu qu'ils  ont  été  faits  en  communauté,  il 
reconnaît  que  la  moitié  du  prix  de  ces  mêmes 
ouvrages  devra  appartinir  et  appaitiendra  à 
Monsieur  de  Lamothe  Langon, ou  à  ses  héri- 
tiers et  ce  à  raison  du  prix  que  sera  vendu 
chaque  volume. 

5"  M.  de  Lormian  oblige  ses  héritiers,  ou 
cessionnaires  de  ses  œuvres  à  l'exécution  des 
présentes  en  ce  qui  concerne  les  deux  ou- 
vrages dont  il  s'agit. 

Fait  double  à  Paris  le    douze  juin  mil  huit 
cent  trente, 
approuvant  l'écriture 
Baour  lormian. 

approuvant  l'éciiture  ci-dessus 
Lamothe  lamgon. 

A  cette  époque,  à  peu  près  aveugle  et 
malheureux,  Baour-Lormian  subsistait 
de  ces  trop  rares  aubaines  de  librairie.  Il 
adressait  à  Delangle,  libraire,  rue  du  Bat- 
toir-Saint-André-des-Arts,  n°  19,  le  3 
aoijt,  cette  lettre  intéressante  en  ce  qu'elle 
nous  met  au  courant  de  ses  difficultés  et 
de  ses  projets.  Elle  fait  partie  également 
du  dossier  Noël  Gharavay  : 

Monsieur 

Des  affaires  et  le  mauvais  état  de  ma  santé 
oiit  relardé  mon  voyage  dans  le  Midi.  Je  vais 
l'effectuer  vers  le  15  <ie  ce  mois. 

Avant  mon  départ  je  désirerais  traiter  pour 
la  réimpression  de  deux  ouvrages,  Ossian, 
et  Les  Veillées  augmentées  ei  corrigées. 
Leur  débit  ne  peut  être  prompt  mais  il  est 
certain.  Avant  de  les  proposera  quelqu'un  j'ai 
cru  devoir  vous  en  prévenir.  Dans  la  suppo- 
sition que  la  chose  vous  convient  pour  abré- 


L'iNTERMÊDIAiRE 


ger  voici  mes  conditions   qui  seraient  diffé- 
rentes pour  un  autre  que  vous. 

Ces  ouvrages  devraient  être  imprimés  avec 
soin  et  du  format  des  légendes  afin  de  pou- 
voir se  l'.onner  comme  livres  d'étrennes. 

1°  Je  vous  demande  1200  fr.  pour  les 
deux  ouvrages  ou  bien  700  fr.  si  vous  ne 
traitez  que  pour  un  seul. 

2°  Je  vous  donne  six  ans  pour  le  débit  de 
l'édition. 

3°  Vous  me  faiiez  le  payement  en  deux 
billets  l'un  de  600  fr,  le  5  avril  et  le  second 
de  pareille  somme  le  5  juillet  prochain. 

4'  Ou  b;en  un  seul  billet  de  700  fr.  paya- 
ble le  5  avril,  s'il  vous  convient  de  ne  traiter 
que  pour  un  seul  ouvrage. 

Veuillez  je  vous  prie  m'écrite  un  petit  mot 
de  réponse  car  je  suis  un  peu  pressé  par  tou- 
tes les  petites  affaires  que  j'ai  à  régler  aux  ap- 
proches d'un  long  voyage. 
Mille  amitiés 

B.iouR  Lormian 
rue  de   Clichi   n-  74. 

II  avait  publié  Ossian  en  1801  et  Les 
Veillées  en  181 1 . 

Le  libraire  sollicité  n'a  pas  pensé  que 
ces  œuvres  pussent  supporter  une  nou- 
velle édition...  Le  beau  temps  oii  Baour- 
Lormian  rendait  jaloux  Lebrun-Pindare 
était  décidément  passé,  —  beau  temps  oii 
il  chantait  César: 

Honneur,  triomplie  d'âge  en  âge 

A  notre  invincible  César  ! 

Tout  cède  à  son  noble  courage  ; 

Un  dieu  même  conduit  son  char. 

Ses  mains  par  la  gloire  asservies 

Balancent  le  sort  des  états 

Et  les  phalanges  ennemies 

Disparaissent  devant  ses  pas. 
Ce  n'était  pas  pour  rien  que  le  rhapsode 
flattait,  il  visait  à  devenir  poète  officiel. 
Il  écrivait  au  dessous  de  ces  vers  :  (Le 
manuscrit  fait  partie  du  même  dossier)  : 
«  Cate  strophe  doit  être  placée  dans  la 
copie  qui  sera  présentée  au  ministre  de  la 
police  générale  ». 

Il  sollicitait  un  regard  du  maître.  Mais 
si  un  regard  de  Louis  enfantait  des  Cor- 
neille, Napoléon  fut  beaucoup  moins  heu- 
reux qui  n'enfanta  à  peu  près  que  des 
Baour  Lormian. 

M. 


Lt  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


Imp.Ci»c-DA(iiH.,St-Amsnd-Mont-Ron(J 


LXX*  Volume  Paraissant  lu  lO,  to  et    iO  dt  chaque  mois  30  Juillet  1914 


tl*".r.Vlctor-Ma88é 

PARIS  (IXM  Chtrchex  et 

Bateaux    de  3  iSheurea 


g       II  »e  faut 
5       êntr'aider 


N"  1407 

SfX'.r.Tictor-MuMé 
PARIS  (IX') 

Bareaui  :  de  3  i  6  hearet 


€3nUxmébïa\x( 


DES 


CHERCHEURS 

Fondé 


en 


ET    CURIEUX 

1864 


QUESTIONS     RT     nKC()!S.SKS     LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIRNTIPIQUKS     Kl    ARIlSTIQUhS 

TROUVAILLKS    ET    CURIOSITÉS 

89 -— 90 

Nous     plions     nos    correspondants    Je  t  Léonard  Joseph  Joubert    Du    Collet 


vouloir  bien  répéter  leur  nom  au-dessous 
Je  leur  pseudonyme ,  et  Je  n'écrire  que 
d'un  côté  Je  la  feuille.  Les  articles  ano- 
nymes OH  signés  d^  pseudonymes  inconnus 
ne  seront  pas  iusèiés. 

Pour  la  précision  des  rubriques,  une 
question  ne  peut  viser  qu'un  seul  nom  ou  un 
seul  objet . 

Indiquer  les  rubriques  et  leurs  cotes. 

Quand  la  question  sollicite  la  connais- 
sance d'une  liste,  la  liste,  sanj  exception, 
n'est  pas  insérée,  mais  envoyée  ditectement 
à  l'auteur  de  la  question. 

L'Intermédiaire  des  chercheurs  et  cu- 
rieux s'interdit  toute  question  ou  1  épouse 
tendant  à  mettre  en  discussion  le  nom  ou  le 
titre  d'une  famille  non  éteinte. 


OHuestinnô 


Le  rang  de  naissance  des  grmds 
hommes.  —  Quel  était  le  rang  de  nais- 
sance occupé  dans  leur  famille  par  les 
g  ands  hommes  ? 

Exemple:  Napoléon  était  le  quatrième. 

Ceci  pour  établir  ce  que  l'humanité 
eût  perdu  sans  les    familles  nombreuses. 

D'  L. 

Un  traité  avec  Mesmer.  —  En  ce 
moment  ou  l'Intermédiaire  s'occupe  des 
francs-maçons  du  xvm'  siècle,  voici  un 
do'.umcnt  qui  émane  de  l'un  d'eux  et  je 
voudrais  bien  savoir  si  l'on  connaît  d'au- 
tres actes  pareils  à  celui  qu'on  va  lire. 


fut 
propriétaire  du  château  de  Tilly,  canton 
de  Houdan  (Seine-et-Oise)  après  le  comte 
de  Grasse.  11  fut  l'ami  de  Bourdon  de  Va- 
try  :  tous  étaient  francs-maçons.  L'amour 
du  merveilleux,  commun  en  tout  temps, 
mais  surtout  à  la  fin  du  xviii»  siècle  fut 
sans  doute  la  cause  première  du  traité  de 
Joubert  Du  Collet,  conclu  avec  le  fameux 
Mesmer. 

Voici  cet  acte  : 

Nous  soussignés,  Antoine  MESMER,  doc- 
leur  en  médecine,  d'une  part  :  et  Léonard- 
Joïcph  Joubert  Du  Collet  d'autre  part  ;  som- 
mes convenus,  double  entre  nous,  de  ce  qui 
suit.  Savoir  : 

Moi,  Antoine  Mesmer,  ayant  toujours  dé- 
siré de  répandre  parmi  les  personnes  hon- 
nêtes et  vertueuses,  la  Doctrine  du  Magné- 
tisme Anmiat,  je  consens  et  je  m'engage  à 
instruire  dans  tous  les  principes  qui  consti- 
tuent cette  Doctrine,  M.  Léonard-Joseph 
Joubert  Du  Collet  ci-dessus  nommé,  aux  con- 
ditions suivantes  : 

io|l  ne  pourra  former  aucun  Elève,  trans- 
mettre directement  ou  indirectement, à  qui  que 
ce  puisse  être,  ni  tout,  ni  la  moindre  partie 
des  connoissances  relatives,  sous  quelque 
point  de  vue  que  ce  soit  à  la  découverte  du 
Mjgnctism  ■  Animal,  saiis  un  consentement 
par  écrit,  signé  de  moi. 

a""  Il  ne  fera,  avec  aucun  Prince,  Gouver- 
nement ou  Communauté  quelconque,  ni  né- 
gociation, ni  traité,  ni  accord  d'aucune  es- 
pèces relatifs  au  Magnétisme  Animal,  me 
réservaut  expressément  et  ptivativeœent  cette 
faculté. 

}"  Il  ne  pourra,  sans  mon  consentement 
exprès  et  par  écrit,  établir  aucun  Tiaitement 
public,  ou  assembler  des  Malades  pour  les 
traiter    en   comtnua    par    ma    Méthode,   lui 

LXX.  3 


N»  1407.  Vol.  LXX. 

91 

permettant  seulement  de  voir  et  de  traiter 
des  Malades  en  particulier,  et  d'une  manière 
isolé. 

4*  Il  s'engagera  avec  moi  par  le  serment 
sacré  De  l' Honneur  verhs]  et  écrit,  à  se  con- 
former rigoureusement,  sans  lesiriction  au- 
cune, aux  conditions  ci-dessus,  et  à  ne  faire, 
autoriser,  favoriser,  directement  ou  indirec- 
tement, dans  quelque  partie  du  monde  qu  il 
habite,  aucun  Etablissement  sans  mon  atta- 
rhe  formelle. 

Et  moi, 
dénommé  ci-dessus  ,  considérant  que  la 
Doctiine  du  Ma^nélume  Animal,  est  la  pro- 
priété de  M.  MESMER,  son  Auteur,  et  qu'il 
n'appartient  qu'à  lui  de  déterminer  les  con 
ditions  au.xquelles  il  consent  de  la  propager, 
j'accepte  en  totalit;J  les  conditions  énoncées 
au  présent  Acte,  et  j'engage  par  eciit, 
comme  je  l'ai  fait  verbalen.ent,  ma  paiole 
d'hor.neur  la  plus  sacrée,  d'en  observer  la 
teneur  de  bonne  foi,  avec  l'exactitude  la  plus 
scrupuleuse, 

Fail  double  entre  nous  librement,  sous 
nos  seings,  avec  promesse  de  ratifier  par- 
devant  Notaire,  à  la  première  réquisition 
d'une  des  deux  Parties,  aux  frais  du  requé- 
rant  A  Paris  le  lî  janvier  1785. 

MESMER. 


L'INTERMEDIAIRE 


Cet  acte  est  typographie,  à  l'exception 
des  noms    de  Joubert    et  de    la    date.    11 

n'est  signé  que  par  Mesmer  ;   mais  l'acte  |    prisonnier  des   Anglais,  mais  dont  le  (11; 
qu'avait    Mesmer    devait   être     signé   de  j   devait  régner  sous  le  nom  de  Louis  Xll  e 


Joubert  Du  Collet.  11  porte  au  dos,  de  la 
main  de  celui-ci  :  inon  instruction  dans 
la  Doctrine  du  Magnétisme  Animal. 

P.  c.  c.     E.  Grave. 

■Valentins  de  Milan  et  le  château 
d'Asnières.  —  Qui  n'a  compati  à  la 
triste  destinée  de  cette  charmante  Valen- 
tine  de  Milan,  fille  du  duc  Jean  Galeas 
Visconti,  épouse  de  Louis  d'Orléans, 
frère  de  l'insensé  roi  Charle^s  VI,  et  mère 
du  poète  Charles  d'Orléans, père  lui  même 
de  Louis  Xll  ?  Qiji  ne  connaît  les  deux 
fières  devisas  de  cette  femme  supérieure  : 
/l  bon  droit  !  et  Pli/s  Haut  !  et  surtout  la 
troisième  :  Plus  ne  m'est  rien  ;  Rien  ne 
m'«</i/i(s.' dont  elle  illustra  le  misérable 
reste  de  sa  vie,  quand  son  mari  bien  aimé 
eut  été  assassiné,  le  23  novembre  1407, 
rue  Vieille  du  Temple,  par  des  sicaires 
du  duc  de  Bourgogne,  Jean-sans-Peur  ? 

On  n'ignore  pas,  qu'ayant  été  fort  in- 
justement soupçonnée  d'avoir,  par  de  se- 
crets maléfices,  causé  l'incurable  folie  de 
Charles     VI,   son     beau-frère,    et    même 


ritier,  notre  futur  Charles  VII,  elle  fut 
expulsée  de  Paris,  sans  que  son  mari, 
qui,  malgré  les  nombreuses  infidélités 
qu'il  lui  faisait,  et  dont  l'une  donna  nais- 
sance au  bâtard  Dunois,  l'aimait  pourtant 
d'un  amour  tendre,  eut  rien  fait  pour  la 
sauver,  tant  l'opinion  de  la  cour  ei  celle 
de  la  ville  étaient  montées  contre  elle. 
Mais  ce  qu'on  sait  peut-être  moins,  et  ce 
que  je  n'ai  appris,  moi-même,  que  par 
hasard,  en  lisant,  dans  le  Corrieie  délia 
Sera  du  10  mai  191 1,  un  article  consacré 
à  Valentine  de  Milan,  c'est  que  la  mal- 
heureuse princesse,  aussitôt  chassée  de 
Paris,  se  réfugia  dans  le  castel  solitaire 
d'Asnières,  où  Louis  d'Orléans, son  époux, 
fallait  voir  de  temps  en  temps. 

Elle  n'était  plus  à  Asnières,  mais  à 
Château-Thierry  quand  lui  parvint  la 
nouvelle  de  l'assassinat  de  son  mari,  et 
l'on  se  souviei  t  qu'après  avoir  imploré 
vainement  Charles  VI  de  venger  son 
frère  contre  Jean-Sans-Peur,  elle  mourut 
de  chagrin,  un  an  plus  tard,  le  4  décem- 
bre 1408,  en  léguant  le  soin  de  cette  ven- 
geance à  ses  fils,  et  notamment  à  Charles, 
son  aine,  qui  ne  réussit,  après  la  bataille 
d'Azincourt,   qu'à  rester,  vingt-cinq  ans, 

s 
t 
le  surnom  de  «  Père  du  Peuple  ». 

Or.  qu'il  soit  permis  au  vieux  citoyen 
d'Asnières  que  je  suis,  depuis  plus  de 
trente  ans,  de  demander  à  plus  érudit 
que  moi,  si  ce  château  d'Asnières  qu'ha- 
bita la  princesse  Valentine.  dans  les  pre- 
miers temps  de  son  exil,  était  l'Asnières, 
voisin  de  Paris,  ou  un  autre  Asnières  plus 
éloigné  de  la  capitale,  et  quelle  trace 
existe  du  dit  château  dans  les  fastes  histo- 
riques. Edmond  Thiaudière. 

Les    exécutions    criminelles    en 

Serbie.  —  Dan^  une  relation  de  vovage 
en  Serbie  qui  date  de  1901,  je  lis  que  les 
condamnés  à  mort,  dans  ce  pays,  ne  sont 
ni  pendus,  ni  décapités,  mais  fusillés. 

Ce  mode  d'exécution  est-il  encore  en 
vigueur?  Alpha. 

Les  académiciens  qui  n'ont  rien 
écrit.  —  Bigot-Préameneu  —  dont  on 
trouvera  en  hors  texte  le  portrait  par 
Boilly,  est  de  ceux-là. 

«  Elu,  membre  de  la  2"  classe  de  l'ins- 


d'avoir  tenté  d'empoisonner  le  prince  hé-  «   titut,  26  décembre  1794,  et  maintenu  le 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1914 


9Î 


94 


28   janvier    180^    >»     note    l'impeccahle 
liographic   de  l'AcaJ^inie  française  de  M. 
Raoul  Bonnet. 
Le  Larciissi  dit  : 

Bigot  avait  clé  élu  membre  de  l'Académie 
française  en  1800  pour  remplacer  Baudin, 
quoiqu'il  n'eut  jamais  rien  fuit  imprimer. 

Baiidin  !  Qiiel  Baudin  ? 

C'est  Mathieu  de  Montmorency-Laval 
qui  succéda  à  Bigot-Préameneu  —  lequel 
non  plus  n'avait  rien  écrit,  il  est  dans  les 
traditions  de  l'Académie  française  de 
vouloir  compter  parmi  elle  des  hommes 
distingués  qui  n'ont  rien  produit  au  point 
de  vue  littéraire 

Une  suggestion  :  Si  V Intermédiaire 
dressait  la  listedes  acadéniiciensqui  n'ont 
jamais  écrit  ?  11  est  bien  entendu  que 
cette  question  suppose  une  réponse  en 
bloc  et  d'un  seul  coup  —  risque  à  y  re- 
venir et  à  la  corriger. 

A.  B.  X. 

[  Les  académiciens  sont  trop  nombreux 
qui  n'ont  jamais  écrit,  pour  que  la  rubri- 
que s'encombre  de  tous  les  noms  qui 
viennent  sous  la  plume.  Nous  sqmmes 
d'accord  sur  ce  point  avec  l'auteur  de  la 
question,  qu'il  ne  peut  être  répondu  que 
par  une  liste  déjà  dressée  et  soumise  à 
la  critique  de  fous  Que  ne  la  fait-il  lui- 
même,  d'abord  ?  Suggestion  pour  sug- 
gestion]. 

De  Beaumont,  gêné  *logiste. —  Sa- 
vait-on que  M.  de  Beaumont,  évêque  de 
Saintes,  avait  composé  une  ou  peut-être 
plusieurs  généalogies.^  On  trouve  l'indi- 
cation de  ce  fait  dans  un  passage  inédit 
d'un  manuscrit  consacré  à  des  recherches 
historiques  sur  le  pays  de  Marsan,  pas- 
sage où  est  citée  «  la  généalogie  de  la 
maison  de  Cauna  faite  par  M.  de  Beau- 
mont,  evesque  de  Xaintes.  » 

Cette  généalogie  existe-t  elle  encore,  et 
où  ? 

A  quelle  époque  exactement  vivait  ce 
M.  de  Beaumont,  et  a-t-il  laissé  des  com- 
pilations manuscrites .''  Auribat. 

Mlle  Brochard.  —  Mlle  Brochard 
était  actrice  française  à  Saint-Pétersbourg 
à  ia  fin  du  xviii'  siècle  :  ou  pourrais-je 
trouver  des  renseignements  biographi- 
ques sur  cette  arti.vte,  sur  sa  famille,  sa 
carrière  en  France  et  même  en  Russie.^ 

Davydoff. 


Cambreraer  (Fannlle).  —  Quel' 
que  intermédiairislc  pourrait-il  nous  dé" 
crire  l'écu  de  cette  famille  vraisemblable- 
ment normande,  et  dont  le  .lom  est 
aussi  celui  d'une  bourgade  du  départe- 
ment du  Calvados  ?  Prière  de  vouloir  bien 
indiquer  l'ouvrage  manuscrit  ou  imprimé 
où  il  figure.  C.  L. 

M.  et  Mme  de  Forgeville.  —  Dans 
son  très  intéressant  ouvrage  :  La  l' te  pri- 
vée à  Caen  ;  les  Usages  -  -  La  Société  — 
Les  Salons,  publié  à  Caen  (Louis  Jouan, 
éd.  1912)  M.  G.  Vanel  cite,  p,  3^9,  M.  et 
Mme  de  Forgeville,  en  correspondance 
avec  Mme  de  Saint-Luc,  et  qui  \o\aient 
très  souvent  Fontenelle.  Ces  Forgeville 
étaient  très  souvent  à  Caen. 

D'où  étaient  les  Forgeville  r  Quelles 
étaient  les  armes  de  cette  famille,  peu 
connue,  semble  t-ii,  en  Normandie  .' 

C.  L. 

Les  abbés  de  Gran  mont.  —  Liste 
des  abbés  de  Gr^ndmont  du  xvi<=  au 
xviii«  siècle.  Dates  de  l'entrée  en  charge 
et  date  du  décès?  ?.  L. 

Pierre  Arnaud  de  la  Briffe   —  En 

mai  177b,  Pierre  Arnaud  de  la  Briffe 
épouse  Marie-Félicité  de  Bernage.  Ya-t-il 
eu  des  descendants  et  quel  est  le  nom  et 
le  lieu  de  résidence  du  dernier  représen- 
tant de  la  famille  de  la  Briffe  ? 

S.  L. 

Nicolas  de  Malézieux.  —  Que  sait- 
on  de  Nit-olas  de  Malézieux,  commanda- 
dataire  de  Notre-Dame  de  Moreuil  en 
Bas-Poitou  ?  Dates  de  naissance  et  de  dé- 
cès. Cette  famille  de  Malézieux  a  t-elle 
encore  des  decendants  ?  S.  L. 

Le  docteur  P. -Max-Simon.  —  Ce 

savant  médecin  aliéniste  et  littérateur, 
originaire  de  Montmirail  (Marne),  ayant 
été  élève  du  lycée  de  Rouen,  auteur  au 
moins  d'une  douzaine  de  volumes  fort 
intéressants,  parmi  lesquels  Temps  passé, 
Journal  sans  dates  ;  et  qui  fut  directeur  de 
l'asile  d'aliénés  de  Bron  (Rhône)  est 
mort  à  Lyon  en  septembre  1905. 

Je  désire  vivement  trouver  une  notice 
sur  ses  travaux  et  sa  vie,  qui  a  dû  paraître 
dans  une  Revue  médicale. 

C.  L. 


N»  1407.  Vol.  LXX. 

— •     95 

Antoinette  de  Mornay,  dame  de 
Chasteauvieux.  —  Un  aimable  con 
frère  intermédiairiste  pourrait-il  me  don- 
ner quelques  renseignements  généalogi- 
ques sur  Antoinette  de  Mornay,  dame  de 
«  Chasteauvieux  »  et  de  «  Fresnes  »,  qui, 
en  1514,  reçoit  déclaration  pour  terre 
dite  en  la  paroisse  de  Courcebeufs,  au 
Maine  (aujourd'hui  commune  du  canton 
de  Ballon,  arrondissement  du  Mans, 
Sarthe)? 

Les  Mornay,  originaires  du  Berry, 
n'apparaissent  dans  le  Maine,  à  ma  con- 
naissance du  moins,  qu'en  la  personne  de 
François  de  Mornay  -  Montchevreuil, 
onz'ème  abbé  de  Champagne  (1663- 
1680). 

Je  serai  reconnaissant  des  renseigne- 
ments que  nos  confrères  voudront  bien  me 
donner. 

Urbain  Deschartes. 

Le  major  de  Perpignan.  —  Quel 
est  le  nom  du  personnage  que  Manceau, 
intendant  de  la  maison  de  Saint  Cyr,  dé- 
signe dans  ses  mémoires  sous  le  titre  «  le 
major  de  Perpignan  »?  Le  major  de  Perpi- 
gnan, qui  avait  épousé  une  nièce  de  Mme 
de  Brinon,  rupérieure  à  Saint-Cyr,  obtint 
depuis  (après  1688)  la  lieutenance  de  roi 
à  Montpellier. 

Je  connais,  à  peu  près  à  la  même  épo- 
que, un  Louis  de  Hangest,  seigneur  de 
Louvencourt  et  de  Ouarty,  qui  est  major 
de  Perpignan  ;  mais  sa  femme,  qui  s'ap- 
pelle Apolline  Anseau,  n'est  pas  de  la 
parenté  de  Mme  de  Brinon  :  s'agit-il  d'un 
premier  mariage  ?  Q.uel  est  le  nom  de  la 
nièce  de  Mme  de  Brinon  qui  épousa  le 
major  de  Perpignan  en  1688  ? 

Labruyère. 

Pierre-Magd.  Saguez  de  Breu- 
very.  —  Membre  non  résidant  de  l'Aca- 
démie celtique.  Renseignements  sur  ce 
personnage  et  sur  cette  Académie 

NlSIAR. 

Amé  de  Saint-Didier, XVIir siècle 

—  Qui  était  ce  bibliophile,  dont  l'cx  li- 
bris  porte  les  armes  suivantes  :  d'or  à 
trois''jtourncsols  de  gueules  tiges  et  feuilles 
de  sinople,  an  chef  d'azur  chargé  de  deux 
colombes  affrontées  d'argent  ? 

NlSIAR. 


L'INTERMEDIAIRE 


96 


Médaille   curieuse.  —    Un  de  mes 

amis,  collectionneur  d'occasion,  vient 
d'acquérir  une  médaille  fort  curieuse 
qu'il  me  demande  d'identifier.  J'ai  recours 
aux  collègues  de  V Intermédiaire  ,  car 
pour  ma  part  j'avoue  devoir  y  renoncer. 
Voici  :  Médaille  ronde  avec  bélière,  de 
27  millim.  de  diamètre,  représentant  de 
chaque  côté  une  double  tète  inversée,  le 
nez  de  l'une  sert  de  menton  à  l'autre. 
Sur  une  face  une  figure  coiffée  d'une 
mitre  et  une  figure  coiffée  du  chapeau 
cardinalice.  Autour,  autant  que  le  mau- 
vais  état   de  la    pièce     permet  de   lire  : 

«  CONSTITVES    EUS    PRINCIPES  SVPER    OMNEM 
TBRRAM. 

Sur  l'autre  face  une  tête  couronnée  du 
diadème  iinpérial  et  une  tête  couronnée 
de  la  tiare  papale.  Autour  «  in  virtvte 
TVA  LETABiTVR»  (je  crois  deviner)  :  «;  Impe- 
RATOR.  !>  Ces  deux  textes,  sauf  le  dernier 
mot  du  second  sont  empruntés  à  l'Ecri- 
ture sainte.  Quel  est,  ou  quels  sont  les 
personnages  représentés  sur  cette  mé- 
daille .?  Je  dis  quels  sont  ;  car  si  la  tête 
de  l'évêque  et  du  pape  semblent  identi- 
ques, elles  diffèrent  de  celle  du  cardinal 
et  de  l'empereur,  qui  ont  un  nez  plus 
écrasé.  Avec  celte  demande  je  dépose  aux 
bureaux  de  la  Revue  une  médiocre  pho- 
tographie de  cette  curieuse  médaille. 

Arch.  Cap. 

[Nous  tenons  la  photographie  de  cette 
médaille,  que  le  graveur  n'a  pu  repro- 
duire, à  la  disposition  de  nos  collabora- 
teurs]. 

Armoiries  à  déterminer  :  sept 
billettes.  —  Pourrait-on  nommer  les 
familles  de  noblesse  chevaleresque  dont 
les  armoiries  sont  représentées  ainsi  qu'il 
suit  sur  des  monuments  du  xvi"  siècle 
commençant  : 

De...  àla  bande  de..  .  accorupagnées  de 
sept  billetles  de...,  posées  dans  le  sens  de  la 
bande,  1  et  ^  en  chef,  2  et  1  en  pointe.  Cet 
écusson  avoisine  ceux  de  Baissey-Saulx, 
Bauffremont  et  Badoncourt. 

H.  C.  M. 

Armoirits  à  déterminer:  écusson 
échiqueté.  —  De...,  scné  de  fleurs  de  lys 
de...,  à  une  coix  de  ..  brochant,  chargée 
d'un  écusson  échiqueté  de...  et  de...  Ce 
blason  fait  cortège  à  ceux  de  Baissey-Le- 
noncourt,    Beauvau    et    la  Tour-Landry. 


Le  Comte  BIGOT  de  PREAMENEU 
de  l'Académie  Française 


Interώdimire  LXX,  colonne  92 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


97 


98 


30  Juillet  1914 


Toutes  ces  figurations  héraldiques  se 
rencontrent  en  Bourgogne,  sur  une  tombe 
de  la  famille  de  Baissey,  et  aussi  dans  le 
château  où  elle  tenait  résidence. 

H.  C.  M. 

La  nuit  de  Joubert.  -  Dans  une  in- 
terview publiée  par  la  Kcviu  françaiie.W.. 
Paul  Raynal  fait  dire  à  Mt;r  Baudrillart  : 
«  ...  Non,  je  n'ai  pas  eu  ma  nuit  de  Jou- 
bert. s>  Nouvelle  nuit  ?  Ou  confusion?  je 
ne  connaissais  que  la  nuit  de  [ouffroy. 

Dialogues.  —  Andry  de  Bois-Regard, 
dans  ses  Réflexions  sur  l'usage  présent  de  la 
langue  françohe,  publiés  en  1689,  à  propos 
des  répétitions  et  redites,  et  du  tour  néces- 
saire en  toutes  sortes  Je  discours,  cite  les 
Entretiens  J'Euthyme  et  de  Ibcagcne,  par 
V.  un  certain  auteur  nouveau  ». 

Q.uel  est  cet  auteur  ?  De  qui  sont  ces 
Dialogues  ? 

Debasle. 

I  es  plus  court'  s  folie:;  sont  les 
meilleures.  —  Je  trouve  un  exemple 
de  cette  locution,  si  commune  aujour- 
d'hui, dans  une  lettre  de  Montesquieu  qui 
date  de  1725. 

Est-ce  l'auteur  des  Lettres  Persanes 
qui,  l'imagina  .''  En  connaît-on  un  exem- 
ple antérieur? 

SiR  Graph. 

Fourg.  —  Que  signifiait  ce  mot  dans 
l'ancienne  langue  ?  11  ne  se  retrouve  ac- 
tuellement que  comm.;  nom  de  localité, 
notamment  dans  le  Jura. 

le  n'ai  pas  l'occasion  de  consulter  les 
documents  franc-comtois  me  permettant 
de  m'éclairer  sur  ce  point. 

Peut-être  ui.  intermédiairiste  obligeant  i 
serait-il  plus  heureux  que  mol.  j 

C  L.  Abet. 

Arpète. —  Ce  mot  va-t  il  passer  dans 
l'usage  ?  Sous  celte  rubrique  :  sauvée  par 
une  arpète,  un  fait  divers  du  Soleil,  du  9 
juillet,  raconte  : 

«  qu'une  jeune  arpéle  envoyée  chez  une 
ouvrière  qu'on  attendait  à  l'atelier  la  trouva 
se  balançant  dans  le  vide  au  bout  d'une 
corde  qu'elle  s  empressa  de  couper  ;  la  dé- 
sespérée put  èlre  sauvée  grâce  à  la  petite  a'- 
pète.  » 


je  ne  trouve  ce  mot  que  dans  le  Dic- 
tionnaire d'argot  fin  de  siècle,  par  Charles 
Virmaitre,  Paris,  1894  : 

Arpette,  apprenti  de  n'importe  quel  mé- 
tier. En  connaît-on  l'origine  ? 

^  I.  Lt. 

Le  Médaillon  deBaîzac,du  Lycée 
de 'Vendôme.  —  En  191 },  le  dimanche 
I  I  mai,  jour  de  Pentecôte,  sur  l'initiative 
première  d'un  érudit  professeur  du  Lycée, 
bibliothécaire  de  la  ville  de  Vendôme, 
M.  G.  Bonhoure,  a  été  inaugurée  officiel 
lement,  par  u.ne  belle  cérémonie  publique, 
avec  discours,  fanfare,  banquet,  et  tout 
le  tralala  habituel  d'un  pareil  jour  de 
fête,  l'installation  d'un  Médaillon  en 
bronze  de  H.  de  Balzac,  sur  les  murs  du 
Lycée  de  Vendôme,  cù  fut  autrefois  élevé 
l'illustre  auteur  de  la  Comédie  humiine. 

Ce  Médaillon,  dû  au  ciseau  d'une  ar- 
tiste parisienne  de  talent,  Mme  Itasse- 
Bioquet,  a  été,  m'a-t  on  dit,  très  admiré. 
Le  souvenir  de  cette  belle  journée  est 
resté  empreint  dans  l'esprit  des  Ven- 
dômois. 

Saurait-on  me  dire  si  ce  Médaillon  de 
Balzac  a  été  reproduit  par  la  gravure  ou 
ia  photographie,  ou  dans  des  journaux 
illustrés,  parisiens  ou  provinciaux,  à  gros 
tirages  ? 

Ulric  Richard-Desaix. 


Une  petit'j  énigme  bibliographi- 
que. —  En  17 19,  ou  avec  la  date  de 
1719,  parut  cet  opuscule  :  Silva  disti- 
choruin  moralium,  pleraque  liberalis  et 
Christian»  institutionis  pravepta  conti- 
ncns.  Joannes  Baptista  Silvius  sibi  dictata 
edidit.  Apud  Forum  Segusian.Typis  Br^n- 
novic.    .M.  DCC.  XIX.  Petit  in-a-,  ^  pp. 

Forum  Segunan  loniw']  ne  peut  être, 
il  semble,  que  Feurs  en  Forez  (départe- 
ment de  la  Loire).  Mais,  en  1719,  il  n'y 
avait  pas  d'imprimeur  à  Feurs.  et  Bran- 
nuvic  est  évidemment  nom  de  fantaisie, 
j'ajoute  que  SUviiis  parait  être  une  tra- 
duction de  Foré^ien. 

Peut  on     donner     le      mot     de     c.;tte 


eniçme  r 


O.  C.    Reure. 


Académies  de  province.  —  Quelles 
sont  les  plus  anciennes  .^cadémiesdc  pro- 


vince 


H. 


N»  1407.  Vol.  LXX 


L'INTERMEDIAIRE 


99 


100 


Eépoïïdes 


Jacqueline  Ancelin,  nourdce  de 
Louis  XiV.  — ?«"ourrices  de  roi  (LXIX, 
LXX,  62).  —  Quoique  fort  indigne  de  me 
mêler  aux  savants  qui  collaborent  a  notre 
Revue,  j'ai  pensé  qu'il  ne  serait  pas  sans 
intérêt  d'apporter  un  fait  nouveau,  au 
dossier  des  nourrices  d^  nos  Rois,  dont 
Xlntertnédiaiie  nous  a  entretenu  à  plu- 
sieurs reprises  ces  temps-ci.  Ce  document 
est  puisé  dans  les  Mémoires  inédits  ou 
Journal  historique  d'un  magistrat  de  la 
ville  de  Lyon,  Conseiller  avocat  du  Roi, 
au  Bureau  des  finances  de  cette  ville.  Mé- 
moires au  jour  le  jour,  commencés  en 
l'année  1715. 

..  Septembre  1729.  La  nourrice  qui  a  été 
choisie  pour  le  Dauphin  est  de  cette  ville. 
Elle  s'appelle  I  rançoise  Gonet,  fille  de  feu 
Antoine  Gonet  marchand  toilier,  demeurant 
dans  la  rue  Longue,  marié  en  }"  noces  avec 
la  DUe  Beraukl  qui  était  sœur  de  Christophe 
Berauld  anciennement  greffier  à  la  Senes- 
chaussée  et  aujourd  huy  commissaire  aux 
saisies  réelles  de  la  dite  seneschaussée  et  au- 
tres juridictions  de  Lyoï.,  mère  de  la  dite 
Françoise  Gonet  Ses  père  et  mère  étant 
morts  sans  presqu'aucuns  biens,  on  plaça 
Françoise  Gonet,  en  qualité  de  fille  de  bou- 
tique, ^hez  une  marchande  lingère  de  la  pe- 
tite rue  Mercière.  Le  nommé  Pierre  Dufour, 
du  pays  des  Givennes  ou  du  GévauJan,  cal- 
viniste de  religion,  en  devint  amoureu.x  ; 
(elle  était  jolie  et  avait  l'air  fort  coquet), 
htant  grosse  de  ses  faits,  il  la  mena  à  Avi- 
gnon où  il  l'épousa.  Le  10  aoust  1717,  il 
revint  à  Lyon  ou  il  leva  avec  sa  femme  une 
boutique  de  toiles  et  de  dentelles  et  fit  quel- 
ques années  après  banqueroute  ;  qu'il  accom- 
moda au  40  ou  au  5»,  lequel  n'ayant  pu  en- 
core payer  dans  les  ternies  échus,  il  se  mit 
dans  les  gardes  du  corps  du  Roy  pour  se 
soustraire  à  la  poursuite  de  ses    créanciers. 

Elle  a  deux  frères,  l'un  nommé  Antoine 
Gonet,  maître  ouvrier  en  bas  de  soie  et  M. 
Gonet  aujourd'hui  secrétaire  de  M.  Dugas, 
prévôt  des  marchands. 

S.  V.  C 

Le  milliard  des  migres  (LXIll  ; 
LXIX,  482,  845).  —  La  question 
du  milliard  d'indemnité  accordée  aux 
victimes  de  la  Révolution  est  une  ques- 
tion politique  si  on  pose  le  problème  sous 
le  tilre  de  Milliard  des  Emigrés. 

Essayons  d'en  taire  une  question  his- 
torique ;  j'ai  tout   lieu  de  croire  que    elle 


est  l'intention  de  M.  A.  V.  du  Pront  qui 
a  publié  sur  les  indemnités  bien  minimes 
accordées  aux  victimes  de  la  guerre  ci- 
vile en  Vendée  de  très  intéressants  arti- 
cles dans  le  Bulletin  de  la  Société  Acadé- 
mique de  la  Loire-Inférieure. 

La  Révolution  avait  confisqué  les  biens 
des  condamnés,  des  déportés  et  des  émi- 
grés sans  distinguer  si  les  malheureux  à 
qui  elle  donnait  ce  nom  n'étaient  pas 
simplement  des  proscrits. 

La  période  des  violences  matérielles 
était  à  peine  calmée,  que  l'on  songea  à 
indemniser  les  victimes  ou  leurs  héritiers 
et  même  à  leur  restituer  les  biens  non 
vendus.  Personne  n'a  songé  à  trouver 
blâmables  ces  indemnités  et  ces  restitu- 
tions accordées  par  le  Directoire,  les  Con- 
suls ou  l'Empereur 

Lorsque  vint  la  Restauration,  les  resti- 
tutions étaient  loin  d'être  complètes;  les 
personnes  dont  les  biens  avaient  été  ven- 
dus se  trouvaient  spoliées,  sans  qu'elles 
aient  été  cependant  moins  dans  leur  droit 
que  celles  dont  les  biens  n'avaient  pas 
trouvé  d'acquéreurs  ;  l'injustice  était  évi- 
dente. D'autre  part,  pourquoi  la  per- 
sonne rentrée  en  1814  avait-elle  moins 
de  droits  que  celle  rentrée  en  181  j.' 

Enfin  les  détenteurs  de  biens  natio- 
naux, (certains  étaient  de  bonne  toi,  cer- 
tains possédaient  en  deuxième  et  même 
troisième  main),  avaient,  plus  peut- 
être  que  les  spoliés,  intérêt  à  voir  régula- 
riser leurs  possessions  et  l'apaisement 
se  faire  sur  leur  légitimité.  Cette  régula- 
risation devait  augmenter  la  valeur  de 
leurs  biens  et,  en  fait,  elle  les  aug- 
menta. 

Rendre  complètement  justice,  il  n'y 
fallait  pas  songer;  les  sommes  à  resti- 
tuer n'étaient  pas  possibles  à  trouver,  car 
il  s'agissait  de  Quinze  milliards.  En  met- 
tant de  côté  les  biens  du  clergé  supposés 
compensés  par  le  Concordat,  la  somme  à 
restituer  était  encore  considérable  ;  ils 
n'étaient  du  reste  pas  visés  par  la  loi  du 
27  avril  1825  d'accord  avec  la  Charte. 

Les  5,  6  décembre  1814,  Louis  XVIII 
commença  par  annuler  les  rares  excep- 
tions que  le  Senatus-consulte  du  6  floréal 
an  X  avait  maintenues  contre  certaines 
catégories  d'émigrés  s'opposant  à  la  res- 
titution de  bien  non  vendus. 

En  1816,  ce  fut  un  maréchal  de  l'Em- 
pire,   ."/lacdonald,  qui  demanda,  lors  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1914 


102 


l'établissement  du  budget,  que  l'on  don- 
nât des  rentes  aux  propriétaires  des  biens 
confisqués  et  ce  fut  Louis  XVIII  qui  s'op- 
posa à  cette  mesure  et  à  toutes  mesures 
analogues  tant  que  la  situation  finan- 
cière de  la  France  ne  serait  pas  pros- 
père et  les  indemnités  de   guerre  payées. 

Ce  fut  seulement  quelques  mois  avant 
sa  mort,  le  2?  mars  1824  que  Louis  XVlll 
annonça  aux  Chambres  le  désir  de  fer- 
mer cette  dernière  plaie  de  la  Révolu- 
tion. 

Charles  X  acheva  l'œuvre  de  son  pré- 
décesseur. 

L'indemnité  qui  fut  allouée  par  la  loi 
du  27  avril  182s  fut  un  adoucissement 
insuffisant  pour  soulager  les  victimes 
des  confiscations,  mais  il  avait  néan- 
moins l'avantage  de  liquider  le  passé 

Hource  règlement  s'élevant  à  987.819, 
963  fr.  9b  réduits,  le  6  janvier  1831, 
à  912,819.962  fr.  96,  on  proposa, pour  ne 
pas  surcharger  le  budget,  de  faire  appel 
au  crédit  par  un  emprunt  :  au  lieu  du 
taux  usuel  de  5  ojo,  M.  de  Villèle  pro- 
posa celui  de  3  010  ;  l'emprunt  devait 
être  fait  en  cinq  années,  soit  à  raison  de 
six  millions  de  rentes  par  an,  dont  trois 
seulement  rachetées  par  la  Caisse  d'amor- 
tissement. 

Pour  les  15  millions  qui  restaient  au 
lieu  de  jo,  les  excédents  du  budget  de- 
vaient les  couvrir. 

Par  l'article  1  3,  le  bénéfice  de  la  loi  était 
applicable  non  seulement  aux  émigrés, 
mais  aussi  aux  individus  déportés  ou  con- 
damnés révolutionnairement. 

Ce  fut  Portalis  qui  défendit  la  loi  de- 
vant la  Chambre  des  Pairs.  «  Ce  n'est 
pas,  dit-il,  une  récompense  accordée  aux 
défenseurs  d'une  cause  respectable  et  sa- 
crée, c'est  la  propriété  qu'elle  réhabilite 
dans  ses  droits  ». 

Le  Général  Foy  fut  le  chef  de  la  pro- 
testation, il  fit  un  véritable  appel  à 
l'émeute 

En  fait,  l'indemnité  fut  surtout  une 
satisfaction  morale  attendu  qu'on  ne  ren- 
dit pas  les  biens,  mais  leur  valeur  esti- 
mée d  après  l'état  déprécié  de  1790, 
très  inférieur  à  celui  de  18215  ;  qu'on  ne 
tenait  pas  compte  de  la  perte  des  fruits, 
qu'on  ne  restituait  pas  les  meubles  ou 
leur  valeur  et  que  l'on  payait  avec  un  nu- 
méraire  qui    avait    baissé. 

Bien  mieux,    cette    estimation    dépré- 


ciée qui  s'élevait  à  2  milliards  et  demi 
était  encore  réduite  à  un  milliard,  c'est- 
à-dire  de  60  010.  L'opposition  de  gauche 
acquiesça  a  la  loi  et  Nettement  remarque 
avec  raison  que  ses  principaux  chefs  fu- 
rent ceuxqui  touchèrent  les  plus  grosses 
indemnités. 


Le  Duc  d'Orléans 
La  Fayette 
Charles  de  Lameth 
Gaétan  de  la  Rochefoucauld 
Le  duc  de  Choiseul 
Duc  de  la  Rochefoucauld- 
Liancourt 


7.600.000  fr. 

450.682  fr. 

201.696  fr. 

428.206  fr. 
1. 100.000  fr. 

1.400.000  fr. 

La  seconde  République  sanctionna  à 
l'unanimité  la  loi  de  1825  lorsqu'en  1851 
Colfavru  et  Lagrange  proposèrent  de  faire 
restituer  le  fameux  milliard. 

Le  partage  fut  fait  avec  la  plus  scru- 
puleuse équité  entre  22  1  s)  personnes 
sur  lesquelles  3.210  seulement  restaient 
à  liquider  au  premier  janvier  1839.  A 
cette  date  les  sommes  allouées  s'élevaient 
à  766,496,615  fr.  02.  La  moyenne  des 
indemnités    fut  de    40.289  francs. 

La  Vendée  ne  fut  nullement  favorisée 
par  la  répartition;  321  titulaires  touchè- 
rent 15  205.453  fr-  95  (population  de 
322,  826  en  1827)  ;  Le  Maine-et  Loire 
pour  260  titulaires  toucha  15. 192.830  fr. 01 
(population  458,  674)  ;  La  Loire  Infé- 
rieure pour  317  titulaires  toucha  9  mil- 
lions437.429  fr.  16  (population  475.090) 
et  les  Deux-Sèvres,  pour  232  titulaires, 
9.252.771  fr  19  (population  288,260)  ; 
alors  que  nous  voyons  par  exemple  la 
Saône  et-Loire  toucher, pour  22c)titulaires 
25.168.035  fr.  93  ("population  515,776) 
le  Calvados,  pour  380  titulaires,  19  mil- 
lions786.465fr.  58  (population  500  956)  : 
l'Isère,  pour  124titulaires21.860.302fr.69 
(population  594.196)  etc. 

La  Cor>e  ayant  été  occupée  de  1793  à 
1796  par  l'Angleterre,  avait  eu  peu  à 
souffrir  de  la  vente  des  biens  d'émigrés 
ou  condamnés.  La  population  de  180.348 
habitants  partagea  100.622  fr.  62  entre 
9  réclamants  ;  le  gouvernement  précédent 
avait  du  reste  fait  une  large  part  aux 
compatriotes  de  l'Knipereur. 

Il  v  a  lieu  d'observer  également  que, 
en  raison  des  nombreux  décès  survenus 
pendant  25  ans,  des  dettes  contractées 
par  les  condamnés  ou  les  émigrés  par 
suite  de  la  confiscation  de    leurs  biens. 


N°  .407  Vol.  LXX. 


L'INTERMÉDIAIRE 


103 


104 


une  bonne  partie  des  indemnités  revinrent 
à  leurs  créanciers. 

Il  y  eut  cependant  un  confisqué  à  qui 
la  loi  ne  fut  pas  profitable. 

Ce  fut  le  roi  Charles  X  et  par  ricochet 
Mme  d'Houry,  veuve  Debure,  proprié- 
taire de  l'Almanach  Royal.  Celle-ci  récla- 
mait 12,087  livres  tournois  prêtées  au 
Comte  d'Artois  et  garanties  par  les  ter- 
rains qu'il  possédait  entre  la  rue  du  Co- 
lisée  et  la  rue  iVlatignon.  Le  sieur  Bon- 
nard,  vérificateur  des  domaines  lui  fit  sa- 
voir, le  27  juin  1827,  que  *<  Mgr  le  Comte 
d'Artois,  par  suite  de  son  avènement  à 
la  couronne,  n'étant  pas  susceptible  de 
recevoir  une  indemnité  pour  raison  de 
ses  biens  vendus  »  on  ne  pouvait  rece- 
voir sa  demande.  Le  même  jour,  les  hé- 
ritiers du     terroriste    Arthur    touchaient 

i25,398fr-45- 

Le  droit  de  dévolution  ayant  été  rétabli, 
le  roi  était  le  seul  citoyen  français  inca- 
pable de  posséder. A  son  avènement,  Char 
les  X  avait  entre  autres  choses,  versé  au 
domaine  de  la  Couronne  les  n°  108, 12  jet 
139  de  la  rue  du  Faubourg  du  Roule  (rue 
du  Faubourg  Saint-Honoré)  représentant 
670.000  fr, 

Lorsque  Charles  X  quitta  la  France,  il 
n'eut  guère  plus  en  1830  qu'en  1814  et 
s'il  n'avait  eu  des  subsides  discrets, 
le  vieux  roi  serait  mort  de  faim,  car  le  li- 
quidateur de  la  liste  civile,  le  carbonaro 
de  Schonen  ne   fut  ni  généreux,  ni  juste. 

Depuis  huit  siècles,  à  chaque  avène- 
ment et  à  chaque  mort  de  souverain,  tout 
ce  que  nos  dauphins  et  nos  rois  avaient 
acquis  à  titre  viager,  car  ils  ne  pouvaient 
posséder  autrement,  tombait  par  dévolu- 
tion dans  le  domaine  de  la  Couronne. 

C'est  ainsi  que  la  France  possède  mu- 
sées, bibliothèques,  archives,  châteaux, 
bois,  etc.  Après  tout,  il  vaut  mieux 
qu'il  en  soit  ainsi  ;  c'est  plus  beau  et  ça 
console  ceux  qui  n'ont  rien. 

Le  milliard  dit  des  émigrés  ne  fut  pas 
complètement  distribué.  Les  indemnités 
restant  h  payer  et  s'élevant  375  millions 
ne  furent  plus  versées  à  partir  du  29  juil- 
let 1830. 

Il  n'est  que  temps  de  faire  disparaître 
la  légende  fameuse  du  milliard  des  émi- 
grés ;  elle  est  étranglée  par  la  vérité  et 
ensevelie  sous  les  décombres  des  innom- 
brables milliards  qui  se  sont  accumulés 
sur   le    budget    d'un    milliard   de    1830 


î  depuis  que    nous   n'avons  plus  de  Ty- 
I  ran.  J.  G.  Bord. 

Les  prisonniers  de  Saint-Florent 

(LXVIll.)  —  L' Intermédiaire,  dans  le 
n"  1376,  daté  du  20  septembre  1913,  a 
publié  une  lettre  de  Haudaudine  au  ci- 
toyen Fayau,  dont  Monsieur  A.  V.  du 
Front  a  trouvé  une  copie  dans  le  fonds 
Dugastt  Matiteux  (Bibl.  de  Nantes,  51, 
iQO)^  Votre  correspondant  était  désireux 
de  savoir  si  l'original  en  était  connu  et 
où  il  se  trouvait,  et  pour  le  savoir  moi- 
même  je  me  suis  adressé  à  M.  J.  B.  Oli- 
vier Fayau,  propriétaire  à  Montaigu,  ar- 
rière petit  fils  du  citoyen  Fayau. 

Dimanche  dernier  M.  Fayau  m'a  appris 
qu'il  avait  retrouvé  l'original  de  la  lettre 
de  Haudaudine  dans  les  papiers  de  son 
arrière  grand-père,  et  a  bien  voulu  m'en 
remettre  une  copie  authentique,  qui  ne 
diffère  de  celle  de  M.  du  Front,  qu'en 
quelques  points  très   secondaires  : 


p.  330,   I"  ligne, 


3'° 


3='° 


32" 


au  lieu  de  :  avec  plaisir. 
lire:  avec  grand  plaisir. 

au  lieu  de  :  pour  moi, 
Ure  :    pour    mon  cœur. 

après  :  Movésinière,  ajou- 
ter :  et  puis  enfin  à 
Saint-Fiorent. 

au  lieu  de  :  peu.x  te,  liie  : 
peux  pas  te. 

au  lieu  de  :  duretés,  par- 
fois, lire  :  duretés  et 
parfois. 

au  lieu  de  :  ceux  d'entre 
mus,  lire  :  ceux  de 
nous. 


p.    53',  3"^   'ig"« 


4" 


6» 


o»     — 


au  lieu  de 
lions,  lire 
tiens. 

au    lieu  de  : 
sez,  lire  : 


ses   transla- 
nos  transla- 

marcher  as- 
marcher  très. 


au  lieu  de  :  Beauprëau,  de 
là,  lire  :  Beaupréau,  et 
de  là. 

au  lieu  de  :  Movoinière, 
lire  :  Movésinière. 

au  lieu  de  :  300  de  nos 
pauvres,  lire  :  joo  pau- 
vres. 

au  lieu  de  :  considérable- 
inent,  parce  que,  lire  : 
cousidérablement  dans 
ks    prisons,  p.irce  que. 

au  lieu  de  :  nous  man- 
quions, lire  :  nous  y 
manquions. 


DES  CHERCKKUR^  BT  CUKIHU. 


30  Juillet  1914 


105 


106 


7«     —       au  lieu  Je  :  secours,  que, 

lire  :  secours,  et   que. 
8"     —       au  lieu  de  :  nous  trouver,    ' 

lire:  nous  être  trouvés 
8*     —       au  lieu  de  :  même  prison,    ! 

supprimer  :  prison.         ' 
iy«     —       au  lieu    Je  :  d'entre  eux, 

lire  :  d'entre  ceu.'C.  i 

20'     —       au   lieu  Je  :  Adieu,  lire  :    . 

A  Dieu.  ; 

Mais  ie  dernier  paragraphe  de  la  lettre 
de  Haudaudine.  où  sont  relatés  des  faits 
étrangers  à  sa  captivité,  a  été  omis,  et 
nous  ne  le  reproduirons  ici  que  pour  don- 
ner une  nouvelle  preuve  de  la  générosité 
d'âme  de  son  auteur. 

Dans  le  même  temps  que  j'écrivis  au  capi- 
taine Paris   (\),  j'écrivis   aussi  à  Mauflâtre  à    \ 
qui  tu  me  dis  que  le  premier  a  fait   passer  la   ! 
lettre  que  je  lui  avais  adressée.  Je  suis  néan-   1 
moins  sans  réponse,  ce  qui  me  fâche  par  rap-   : 
port  à  la    brave    femme   Choblef,  qui    a   des   i 
droils  aux  pensions  que  la  loi  accorde,  et  que 
je  ne  puis  cependant  lui  faire  obtenir    qu'au 
préalable  je  ne  sois  nanti  d's  pièces  que  j'ai   | 
demandées.  Je  récrirai  de  nouveau  incessam-   ■ 
ment  audit  Mauflâtre  (2),  si  je  n'en  reçois  pas 
de  nouvelles,  parce  que  j'ai  le  désir  de  procu- 
rer \  cette   bonne  fïnime   les  secours  qu'elle 
mérite  ;  elle  ne  peut  pas  agir  par  elle-raêir.e,    : 
aussi  remplis-je  avec  satisfaction  le  devoir  de   ! 
lui  être  utile 

M.  Du  Pront  fait  remarquer  que  Hau- 
daudine «  ne  fait  aucun  rappel  à  son  ami 
Fayau,  du  geste  généreux  de  Bonchamp 
auquel  les  prisonniers  durent  la  vie  > 
dans  la  nuit  du  18  au  19  octobre  1793. 
Depuis,  VlnterméJiaire  a  publié  l'attesta- 
tion, datée  de  Nantes  le  2  juillet  1817,  par 
laquelle  Haudaudine  et  quelques  uns  de 
ses  compagnons  d'ancienne  infortune 
(Painparay,  |.R.  Maucomble,  F.  Marrion), 
rendirent  à  la  mémoire  de  Bonchamp  un 
hommage  mérité.  Il  me  semble  donc  que 
le  6  thermidor  an  11  (25  juillet  1794  Hau- 
daudine ignorait  la  clémence  de  Bonchamp. 
C'est  à  l'arrivée  très-prochaine  de  l'armée 
de  Mayence  qu'il  attribue  son  salut,  et 
cela  dut  lui  paraître  naturel  car  il  eijt  été 
impossible  aux  Vendéens  de  garder,  pen- 
dant le  combat  qui  allait  s'engager,  les 
5.500  prisonniers  de  Saint  Florent.  11  n'en 
est  pas  moins   avéré  que  Bonchamp  avait 

(1)  Paris  'René-Mathieu),  capitaine  de  la 
gendarmerie  nationale  à    Fontenay. 

(a)  Mauflâtre,  capitaine  de  gendarmerie, 
juge  à  la  con-mission  militaire  des  sables. 


demandé  que  l'on  épargnât  les  prison- 
niers. Fut-il  le  seul  à  conseiller  et  à  or- 
donner le  pardon  ?  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu 
de  le  rechercher. 

11  existe  aussi  a  la  Bibliothèque  de 
Nantes,  dans  le  fonds  Dugast-Matifeux  (  i  ) 
une  note  manuscrite  dans  laquelle  Du- 
gast-Matifeux relate  les  souvenirs  d'un 
nommé  Mauduit(2>, alors  habitant  de  Nan- 
tes, qui  avait  été  le  compagnon  de  capti- 
vité de  HauJaudine  à  Monlaigu  et  jusqu'à 
Saint-Florent.  J'ignoie  à  quelle  époque  il 
fut  interrogé.  Mauduit  raconte  que,  logé 
a  Saint-Florent,  avec  quelques  camara- 
des, chez  Madame  de  Bonchamp,  ils  y 
furent  bien  traités,  et  purent  se  reposer 
de  leur  longues  fatigues  sur  des  matelas 
étendus  à  terre.  Le  frère  de  Mme  de  Bon- 
champ,  notaire  au  même  lieu,  qui  veillait 
sur  eux,  les  avertit,  vers  trois  h;;ures  du 
matin,  de  l'approche  des  vedettes  de 
l'armée  républicaine,  et  leur  conseilla  de 
profiter  de  celte  circonstance  et  de  l'obs- 
curité de  la  nuit  pour  aller  rejoindre 
leurs  compagnons  d'armes,  ce  qu'ils 
firent  aussitôt.  Mauduit  ne  fait,  comme 
Haudaudine..  aucune  allusion  à  l'mter- 
vention  de  Bonchamp. 

D'  G      .MiGNEX 

Les    sociétés    populaires    et    la 

fraac-maçonnerie    (LXIX,   434,    548, 

657)  —«11  n'y  a  paslieu  de  tenir  compte 

de  l'argument   invoqué  par   M.   Armand 

Granel  1  »  Ne  nous  laissons  pas  impO'^er 

par  le  ton  tranchant  de  cette  affirmation 

et  comparons  notre    «  hypothèse  »  à  la 

:    c  preuve  -   de  M.   Bord,  pour  voir  s'il  ne 

'   s'agirait    pas,  en  définitive,  d'un  seul  et 

:    même  argument. 

!  Or,  il  arrive  qu'un  des  procédés  les 
.  plus  habituels  de  nos  francs-maçons,  qui 
connaissent  admirablement  la  psycholo- 
gie des  foules,  consiste  précisément  à 
s'-.mparer  des  «s  minorités  violentes  et 
audacieuses  »  pour  <*  triompher  des  ma- 
jorités craintives  >.  Et  toute  la  maçonnc- 


(i)J'ai  copié  cette  note  avant  que  ce  tonds 
ait  été  classé,  et  ne  puis  indiquer  une  plus 
précise  référence. 

(2)  Mauduit  (Henri)  fils  de  Joseph  et  de 
Thérèse  B  juclict, était  marchand  de  toiles, ru: 
des  Halles  à  Nantes.  Il  y  mourut  en  ni.ii  1H61 
âgé  de  S6  ans.  C'était  probablement  le  dernier 
survivant  des  «  volontaires  Nantais  de  1793  ». 


N»  1407.  Vol.  LXX. 

rie  elle-même,  peut-on  le  contester  au- 
jourd'hui, est-elle  autre  chose  qu'une 
«  minorité  violente  et  audacieuse  »  qui 
«  finit  toujours  par  triompher  de  la  majo- 
rité craintive  1»  des  non  maçons,  dans  la- 
quelle elle  évolue  ? 

Et  l'on  voit  ainsi,  n'en  déplaise  à  M.  G. 
Bord,  comment  les  deax  minorités  super- 
posées du  rapport  de  Mailhe  peuvent  très 
bien  être  devenues  des  minorités  maçonni- 
ques, sans  cesser  d'être  pour  cela  des  mi- 
norités ordinaires. 

A.  G. 

La  loge  des  «  S;p1  Amis  »  à  l'O.'. 
de  Chambéry  cessa  officiellement  ses  tra- 
vaux en  1790  sur  l'ordre  de  S.  M.  Sarde, 
mais  on  sait  qu'en  réalité  ceux  des  mem- 
bres de  cette  loge  qui  avaient  *  l'esprit 
français  »  continuèrent  à  se  réunir  en  se- 
cretjusqu'au  5  juillet  1792  (ils  reprirent 
leurs  travaux  le  28  octobre  1800).  Il  sem- 
ble bien  que  las  membres  de  la  f.  ".  m.-. 
aient  joué  cependant  un  rôle  très  impor- 
tant dans  les  événements  qui  provoquè- 
rent l'annexion  de  la  Savoie  à  la  France 
(Voy.  Dufayard,  Le  club  des  AUohroges 
et  Vermale  :  La  franc-maçonnetie  savoi- 
sienneà  l'époque  Je  la  Révolution). 

On  sait  par  Doppet  qui  présidait  le 
Club  des  Allobroges  de  Paris  qu'en  1791 
et  1792  les  t.  .  m.',  du  Dauphiné  et  de 
l'Am  s'entendirent  secrètement  avec  ceux 
de  Savoie. 

Aussi  lorsque  les  troupes  françaises  en- 
trèrent à  Chambéry  le  24  septembre  1792 
lef.'.  général  Montesquiou  inaugura  la  so- 
ciété populaire  qui  venait  de  se  fonder  et 
de  s'affilier  aux  Amis  de  la  Constitution 
de  Paris. 

Parmi  les  membres  du  nouveau  club  de 
Chambéry  figurent  : 

Lyonnai,  Morel,  Tardy,  Favre,  Marin 
et  Garin  de  la  «  Parfaite  Union  »  de 
Chambéry  ; 

Jacquier,  Arnaud, Debry  et  Duport,  des 
«  Sept  Amis  >»  de  Chamljéry  ; 

Magnin,  Vénérable  de  la  «  Vraie  ami- 
tié »  de  Rumillv  ; 

Mrtgnan  et  Bomard  de  la  «  Concorde 
des  Centrons  »  de  iVloutiers. 

iVl.  Vermale,  dans  un  travail  très  précis 
conclut  qu'après  le  5  juillet  1793  les  so- 
ciétés maçonniques  savoisiennes  «  ne  dis- 
parurent pas  mais  se  transformèrent  en 
société  populaire  ». 


L'INTERMEDIAIRE 


108 


En  fait  les  motions  révolutionnaires  du 
club  émanent  de  f. •.  m.'. 

Lorsque  la  Sa\  oie  envoya  des  députés  à 
la  Convention  le  17  février  1793,  sur  10 
élus  on  relève  le  nom  de  4  f. •.  m.-.  ;  au 
Conseil  géné/al  du  département,  on 
compte  10  frères  sur  27. 

Mais  il  convient  d'ajouter  que  si  les  lo- 
ges des  «  Sept  Amis  y  et  la  «  Parfaite 
Union  z.  fournissent  de  nombreux  parti- 
sans de  la  Résolution  ;  on  retrouve  les 
membres  des  «  Trois  Mortiers  »  et  de  la 
«  Sincérité  »  parmi  les  émigrés. 

Plus  tard  les  montagnards  savoisiens  se 
recrutent  principalement  parmi  les  mem- 
bres des  1  'cpt  Amis  »  et  les  Girondins 
parmi  ceux  de  la  «  Parfaite  Union  ». 

Pendant  la  réaction  thermidorienne, 
c'est  un  membre  de  la  <  Sincérité  y  qui 
est  le  conseiller  secret  du  représentant 
Bion. 

Cette  succession  de  faits  concorde  très 
exactement  avec  le  rôle  de  la  franc-ma- 
çonnerie dans  les  événements  de  la  Ré- 
volution tel  que  je  l'ai  expliqué:  les  trois 
maçonneries  successives,  unies  avant 
1 771  et  se  détachant  successivement  les 
unes  des  autres  en  décembre  1788,  juillet 
1791  et  juin  1793. 

Tout  porte  à  croire  qu'il  n'y  eut  pas 
de  discussion  politique  entre  les  f.'.  m.', 
français  avant  i766.Acette  date  commen- 
cèrent les  luttes  personnelles  à  la  suite  des- 
quelles la  f,  ■ .  m .  .  française  semble  devoir 
succomber. 

Louis  XV  crée  le  Parlement  Maupeouet 
peu  après  le  Grand  Orient  "e  forme  sous 
l'influence  des  partisans  des  anciens  Par- 
lements. Survient  le  rappel  des  Parle- 
ments et  la  guerre  des  Farines,  c'est  le 
commencement  de  l'action  politique  delà 
franc  maçonnerie. 

Pour  les  successions  des  vagues  maçon- 
niques je  ne  puis  que  prier  les  lecteurs  de 
vouloir  bien  consulter  mes  deux  derniers 
chapitres  du  tome  11  de  Autour  du  Tem- 
ple. 

J.-G.  Bord. 

Assemblées  paroissiales  àla  porte 
des  églises  avec  procès- vu  rbaux  on 
actes  notariés  (LXIX,  834  ;  LXX,  62). 
—  Le  jour  où  des  familles  se  réunirent 
en  groupes  et  s'attachèrent  au  sol,  elles 
eurent  des  intérêts  communs  à  défendre 
ou  à  protéger.  Ce  jour-là,  la  <  commu- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


3a  Juillet   191  4 


109 


1 10 


nauté  >  fut  fondée  ;  c'est  dans  ce  sens 
qu'on  a  pu  dire  qu'elle  a  existé  «  de  tous 
les  temps  du  monde.  » 

Ces  communautés  se  constituèrent  au 
moyen  âge  lentement,  d'elles-mêmes,  par 
la  force  des  choses,  parce  besoin  d'ordre, 
de  réglementation  qui  se  fait  sentir  dans 
toute  société  qui  s'organise,  par  la  néces- 
sité de  résister  à  l'oppression. 

Sauf  pour  la  nomination  annuelle  des 
procureurs  de  fabrique,  l'époque  de  la 
réunion  des  assemblées  générales  des 
communautés  n'avait  rien  de  fixe.  Elles 
se  tenaient  suivant  que  les  circonstances 
l'exigeaient.  L'époque  même  de  la  nomi- 
nation des  procureurs  et  de  la  reddition 
des  comptes  n'a  pas  toujours  été  la  même. 
Le  règlement  du  1 1  juillet  1786,  arrêté 
par  le  Parlement  de  Paris  pour  le  diocèse 
d'Angers,  fixa  l'assemblée  générale  pour 
la  reddition  des  comptes  au  i"  juillet. 

Jusqu'aux  premières  années  du  xvii°  siè- 
cle, les  assemblées  générales  étaient  déci- 
dées ordinairement  par  les  procureurs  de 
fabrique  en  charge.  A  partir  de  la  créa- 
tion des  intendants,  elles  ont  lieu,  en  An- 
jou, s<-it  en  vertu  des  mandements  des 
juges,  des  élus,  du  grand  maître  des  eaux 
et  forêts,  des  procureurs  fiscaux,  des  offi- 
ciers du  présidial,  s'il  s'agit  d'affaires 
conlentieuses  ;  soit  sur  la  convocation  de 
l'intendant  pour  la  nomination  des  as- 
séeurs,  des  collecteurs  :  soit,  s'il  s'agit 
d'affaires  purement  administratives,  sur 
l'ordonnance  du  lieutenant  général  près 
la  sénéchaussée. 

L'assemblée  se  composait  des  habi- 
tants de  la  paroisse.  Le  curé,  le  vicaire 
presque  toujours,  en  font  partie.  Rare- 
ment le  seigneur  y  apparaît  en  personne. 
Le  syndic  n'apparaît  guère  qu'après  l'édit 
d'octobre  1703,  et  il  n'y  en  a  pas  par- 
tout. 

La  convocation  de  l'assemblée  était 
faite  au  prône  de  la  messe  paroissiale,  et 
elle  avait  lieu  devant  la  grande  perte  de 
l'église,  sous  le  porche  ou  galerie. 

Le  notaire  faisait  connaître  l'objet  de  la 
réunion  et  il  rédigeait  un  acte  mention- 
nant l'accord  unanime  ou  partiel  des  ha- 
bitants. 

Ces  assemblées  furent  tenues  jusqu'à  la 
création  par  Louis  XVI  des  assemblées 
provinciales. La  dernière  lois  qu'oii  les  réu- 
nit, ce  fut  au    mois  de   mars    1789    pour 


l'élection  des  membres  qui  devaient  nom- 
mer les  députés  aux  Etats  généraux. 

F.    UZUREAU, 

Diiecteur  de  VAnpu  historique. 

Comment  s'appellent  les  mem- 
I  bres  de  la  famille  de  Napoléon  : 
j  Bonaparte  ou  Napoléon  ?  (LXiX, 
483,  595,  6s9,  751,  803,  844;LXX,  13). 
—  Pourquoi  faire  un  procès  de  tendance 
à  la  Restauration,  et  aux  auteurs  royalis- 
tes, à  propos  du  nom  de  Bonaparte? 
Pourquoi  tant  de  dissertations  à  propos 
d'un  nom  d'origine  Italienne,  qui  norma- 
lement et  logiquement  ne  pouvait  s'écrire 
que  Buonaparte.  avant  que  le  grand  Em- 
pereur ait  éprouvé  le  besoin  de  le  fran- 
ciser? 

D'ailleurs,  cherchez  donc  simplement 
comment  s'écrivait  ce  nom  illustre  alors 
qu'il  était  encore  obscur,  dans  les  textes 
otficiels. 

Ainsi  cherchez  dans  les  Etats  militaires 
Je  Roussel  {chez  Dufroy,  libraire,  rue  St- 
Victor,  Paris)  années   1789,    1790,  1792, 

'79Î- 
Vous  trouverez  : 

'789.  P3ge  21b  : 

Corps  royal  de  l'artillerie,  régiment  de  la 
Fére,  à  Auxonne,  parmi  les  lieutenants  en 
second  ;  de  Buonaparte. 

(Avec  accent  aigu  sur  \'e  par  dessus  le 
marché). 

Année  1790,  page  216  : 

Même  régiment,  même  garnison,  parmi 
les  lieutenants  en  second  ;    i3e   Uuonapfrté. 

Annéee  1792  : 

*„i  devant  Grenoble,  à  Valence,  page  iô6, 
parmi  Us  lieutenants  en  premiers  Buona- 
parte. 

Année  1793,  page  164  : 

Ci  devant  Grenoble,  à  Grenoble  parmi  les 
seconds  capitaines.fiaowu^ari'f. 

11  me  semble  que  la  cause  est  enten- 
due. 

A.B.L. 

* 

«  • 
On  paraît  s'attacher  uniquement  à 
l'acte  de  naissance  de  l'Empereur.  Se  limi- 
ter à  cet  acte  pour  déterminer  le  nom  de 
la  famille  Impériale  est  un  tort.  Cet  :icte 
peut  être  erroné.  Les  tribunaux  admet- 
tent que  le  nom  d'une  famille  s'établit  par 
une  série  d'actes,  que  ce  nom  est  déter- 
miné par  les  actes  les  plus  anciens  et 
c'est  logique.  Nous  le  ripé  ons,  un  scu 
acte  pouvant  être  erroné. 


N»  1407.  Vol 


LXX. 

—      I  : 


L'INTERMÉDIAIRE 


I  12 


Il  faudrait  donc  se  reporter  aux  actes 
de  baptême  du  père  et  de  l'aïeul,  voir  du 
bis-aïeul  de  l'Empereur  et  même  compa- 
rer des  actes  notariés  ou  officiels  concer- 
nant ces  personnes  ;  le  l'ensemble  de  ces 
actes  ressortirait  le  véritable  nom  de  la 
famille  de  l'Empereur. 

Gadeb. 
*  * 

Le  prince  Napoléonjoseph-Charles-Paul 
Bonaparte,  fils  du  roi  [érome,  a  possédé 
successivement  quatre  marques  de  biblio- 
thèque. La  première  est  simplement  for- 
mée par  \s  lettre  N  portant  une  lêle  d'ai- 
[;le  ;  une  autre  (vers  1848)  porte  la  men- 
tion :  Bibliothèque  du  citoyen  Napoléon 
Bonaparte.  La  3"  (1850)  chnnge  le  titre 
de  citoyen  en  celui  de  Prince,  et  la  qua- 
trième porte  :  Bibliothèque  de  S.A.  I. 
Mgr.  Le  Prince  Napoléon. 

Bonaparte  a  disparu. 


NlSIAR. 


Du  Temps 
Nous    disions 


dans  l'un  de  nos  derniers 
courtiers  à  propos  du  récent  baptême  du  fils 
du  prince  Victor  Napoléon  à  Bruxelles  qu'un 
séiialus-consulte  de  1852  divisa  la  famille  de 
l'empereur  en  deux  catégories  : 

1°  La  famille  impériale,  composée  de  per- 
sonnes éveutuellenient  appelées  à  l'héiédité, 
et  de  leurs  descendant^  des  deux  sexes  ;  2° 
les  autres  membres  de  la  fjn.ille,  forruant  la 
famille  civile. 

Les  membres  de  la  famille  impériale  pri- 
rent le  nom  de  «  Napoléon  >  ;  les  membres 
de  la  famille  civile  conservèrent  le  nom  de 
«  Bonaparte  ». 

L'un  de  nos  lecteurs  nous  écrit  à  la  fois 
pour  confirmer  ce  que  nous  avions  dit  et 
pour  nous  signaler  une  particulaiité  fort  cu- 
rieuse touchant   le  prince  impérial. 

Si  les  deux  fils  du  prince  Jérôme  Napoléon 
ont  bien  été  inscrits  sur  les  contrôles  du  re- 
crutement sous  le  nom  patronymique  de  Na- 
poléon, il  n'en  va  pas  de  même  en  effet  pour 
le  fîls  de  Napoléon  IIL 

Le  prince  Victor  Napoléon  et  le  prince 
Louis  Napoléon  figurent  encore  sur  les  re- 
gistres matricules  du  6»  bureau  df  recrute- 
ment de  la  Seine,  le  prince  Victor  comme 
conscrit  du  8«  arrondissement,  au  domicile 
de  son  père,  avenue  d'Antin,  20,  et  le  prince 
Louis  comme  consent  du  17"  arrondissement, 
rue  de  IMialsbourg,  12.  Ils  n'y  figurent  d'ail- 
leurs plus  quiJ  pour  mémoire,  ayant  été  rayés 
des  conirriles  de  la  réserve  lors  du  vi  te  de  la 
loi  dite  d'expulsion  des  princes. 

Par  contre  le  princa   impérial    fut  en  1877 


inscrit  au  i'"'  arrondissement,  dernier  domi- 
cile de  son  père  en  France,  sous  l'état  civil 
erroué  de  :  «  Bonaparte  (Napoléon-Eugène- 
Louis-Jean-Joseph).  » 

C'est  également  sous  le  nom  de  Bonaparte, 
mais  celte  foistiès  régulièrement,  puisque  les 
descendants  de  Lucien  font  seulement  partie 
de  la  famille  civile  de  l'empereur,  que  le 
prince  Roland  Bonaparte  fut  inscrit  sur  les 
contrôles  dj  recrutement. 


On  a  contesté  mon  assertion,  d'après 
laquelle  les  membres  de  la  famille  impé- 
riale, appelée  éventuellement  au  trône, 
avaient  remplacé  le  nom  patronymique  de 
Bonaparte  par  celui  de  Napoléor.,  tandis 
que  les  membres  de  la  famille  civile  de 
l'Empereur  avaient  conservé  le  nom  de 
Bonaparte. 

Si  l'on  se  reporte  à  V Almanach  Impé- 
rial, de  1870,  on  y  trouve  nommés  les 
membres  de  la  famille  impériale  :  après  le 
prince  impérial,  fils  de  Napoléon  111.  la 
princesse  Malhiide,  le  prince  Napoléon,  la 
princesse  Clotilde,  son  épouse,  leurs  deux 
fils  et  leur  fille.  Us  sont  désignés  par 
parmi  lequels  se  trouve 
aucun   ne   porte   le 


leurs   prénoms 
celui   de  Napoléon 
nom  de  Bonaparte. 

Quelques  pages  plus  loin,  on  trouve  les 
princes  faisant  partis  de  la  famille  civile 
de  l'Empereur,  tous  portent  le  nom  de 
Bonaparte  ou  de  Murât. 

On  demande,  d'autre  part,  à  quelle 
époque  Napoléon  I"''  a  échangé  son  nom 
italien  de  Buonaparte  contre  le  nom  fran- 
cisé :   Bonaparte. 

Reportons-nous  à  la  même  source  et 
consultons  la  collection  des  Ahnatiachs 
Nationaux  de  la  première  République,  à  la 
Bibliothèque  Nationale. 

Les  Atmanachs  Nationaux,  jusqu'à  ce- 
lui de  l'an  VU  inclusivement,  mention- 
nent Buonaparte  parmi  les  Généraux  en 
chef. 

L'Àlmanach  National  de  l'an  VIIl,  le 
premier,  nomme  le  Général  Bonaparte, 
commandaiit  en  chef  l'armée  d'Egypte. 

R.  T. 


[c  puis  a|iporfer  une  toute  petite  con- 
tribution à  la  question.  Ayant  obtenu  de 
la  bienveillance  de  Mgr.  Ugolini,  préfet 
des  Archives  du  Vatican,  de  pouvoir  pho- 
tographier le  Concordat  passé  en  i8oi 
entre    Pie  Vil  et  le   premier  consul,  j'ai 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1914 


remarqué  que  la  signature  de  Bonaparte 
est  écrite  sans  \'u.  Au  point  de  vue  gra- 
phologique, cette  signature  se  différencie 
complètement  des  autres  qui  l'accompa- 
gnent. Elle  est  écrite  en  grosses  lettres, 
et  au  lieu  d'aller  horizontalement,  va  de 
bas  en  haut,  ce  qui,  pour  tous  les  j^ra- 
phologues,  est  signe  d'ambition, qualité  ou 
défaut  dont  Napoléon  ne  manquait  pas. 
Donc  en  1801,  alors  qu'il  était  premier 
consul,  Bonaparte  signait  sans  u. 

Puisque  je  suis  sur  les  signatures  du 
Concordat  je  signalerai  que  Mgr.  Charles 
Spina.  archevêque  de  Corinthe,  plénipo- 
tentiaire de  la  part  de  Pie  VII,  signe  d'une 
façon  insolite.  Sa  signature  n'est  point 
précédée  d'une  croix,  et  cela  se  conçoit. 
j'ai  démontré  dans  V Annuaire  pontifical 
Catholique  que  la  croix, qui  n'a  commencé 
à  être  usitée  en  Fr^ince  que  vers  1682, 
était  inconnue  ailleurs, et  de  là  s'est  répan- 
due parmi  tous  les  évêques  de  ce  pays, 
d'abord,  puis  parmi  les  évêques  français 
qui  étaient  à  l'étranger.  Mais  au  milieu  du 
XIX'  siècle,  au  Concile  du  Vatican,  en  fai- 
sant abstraction  des  prélats  français,  l'é 
piscopat  se  divisait  encore  en  deux  grou- 
pes, l'un  qui  adoptait  la  croix,  l'autre, 
plus  considérable,  qui  ne  l'employait  pas. 
Mais  non  seulement  Mgr.  Splna  ne  fait 
pas  précéder  sa  signature  Je  son  prénom, 
comme  c'est  l'usage  constant  chez  les 
évoques,  il  n'écrit  même  pas  son  nom,  se 
contentant  d'émettre  seulement  la  pre- 
mière lettre  S.  arihiep.   Corintbius. 

D'A.  B. 

Maréchal  Niel,  son  mot  :  x/^oulez- 
vous  donc  faire  de  la  France  un  ci- 
metière (L/WII  :  LXVill)  —  On  ne 
saurait  contester  l'authenticité  de  la  ré- 
ponse du  rraréchal  Niel  à  Jules  Favre.  A 
plusieurs  reprises,  M.  Dugué  de  la  Fau- 
connerie a  affirmé  l'avoir  entendue. 
Quand  à  la  date,  ce  doit  être,  suivant  M. 
Joseph  Denais,  député  de  Paris,  celle  du 
12  décembre  1867,  jour  où  fut  déposé  de- 
vant le  Corps  législatif  le  iiouveau  projet 
de  loi  militaire. 

F.  Girard. 

Averne  (LXX,  5).  —  Avcrne  est  une 
petite  commune  de  Seine-et  Oise,  arron- 
dissement de  Pontoise  et  du  canton  de 
Marines.  Mme  d'Averne  est  bien  connue  ; 
mais  son  mari  l'est  moins.  Il   s'appelait 


114 

fils 


Ferrand  et  était  fils  de  François,  et 
d'Anne-Ysabelle  de  Vasse,  née  à  Yprc.  11 
était  marquis  d'Averne  et  possédait  en- 
core certain  fief  à  Banthelu.  canton  de 
Magny.  On  sait  que  Mme  d'Averne  avait 
été  la  maîtresse  du  marquis  d'Alincourt, 
deuxième  fils  du  duc  de  Villeroy. 

Barbier  prétend  même  que  le  régent, 
d'Alincourt  et  Ferrand  d'Averne  faisaient 
bon  ménage  à  trois.  V.^ir  sur  Madame 
d'Averne  ;  Les  uiaUrems  du  Réa^ent,  Mé- 
moires de  Mathieu  Marais.  Mémoires  de 
Sarhier,  mais  surtout  le  t.  IV  du  Recueil 
de  C!érambânlf-Maiirepas  avec  ses  notes 
nombreuses. 

E.  Grave. 

L'évêqae  de  Fez  (LXIX,  381,  ^00, 
SS9,  606  ;  LXX,  18)  —  Faisant  pour 
V  Annuaire  pontifical  catholique  de  1915  la 
liste  des  évêques  titulaires  disposés  par 
sièges,  lisle  bien  incomplète,  il  est  vrai, 
mais  premier  essai  tenté  en  ce  genre,  je 
trouve  comme  évêque  de  Fessa,  au  iq  sep- 
tembre 17  14, Mgr  Evelroy,  évêque  in  par- 
tibus  de  Fessa. 

Mais  malheureusement  c'est  tout  ce  que 
je  sais  sur  ce  personnage.  Sacré  en  1714, 
il  y  a  grand'chance  qu'il  était  encore  évê- 
que de  Fessa  en  1720. 

D'  A.  B. 

La  mort  de  Paul-Louis  Courier 

(T.  G.  244  ;  lXIX,  608).  —  Ce  sujet  est 
traité  dans  les  143°  et  144'  livraisons 
{28  pages)  der.  Causes  célèbres  de  tous  les 
peuples,  par  Armand  Fouquier,  éditées 
chez  H.  Lebrun,  34,  rue  de  la  Montagne 
Ste-Geneviève. 

Courier  avait  été  assassiné  en  avril  1825 
par  un  Louis  Frémont  qui  passa  en  cour 
d'assises  et  fut  acquitté  le  3  septembre 
1825,  mais  avoua  son  crime  cinq  ans 
plus  tard,  et  ne  pouvant  plus  être  jugé 
pour  l'assassinat,  fut  condamné,  le  17 
juin  1830,  à  10.000  francs  de  dommages 
intérêts,  à  la  requête  des  parties  civiles, 
et  mourut  le  lendemain  18. 

V.  A.  T. 

Nicolas  de  Malézieux.  académi- 
cien (LXIX,  =1421.  —  Nicolas  de  Malé- 
zieux, membre  de  l'Académie  française  et 
de  l'Académie  des  sciences,  était  fils  de 
Nicolas  de  M.,  seigneur  de  Bray,  et  de 
Marie  des    Forges.     Il    épouse   Françoise 


N»i4c.7.  Vol.  LXX. 


L'INTERMEDIAIRE 


115 


Gaudel,  gouvernante  des  enfants  du  duc 
du  Maine,  née  vers  1650  f  à  Chastenay 
au  mois  de  décembre  1741.  Il  en  eut  : 

1°  Nicolas  de  iVl.  évêqiie  de  Lavaux  en 
1713  ;  né  vers  :672  f  14  mars  1748, 
2°  Pierre,  qui  suivra. 
3°  Charles-François  de  M.  brigadier  de 
cavalerie,  gouverneur  de  la  Rochelle,  -j-  à 
Chalons-sur-Saône  le  3  septembre  itôî 
(célibataire?) 

4° Jacques-Louis  de  IVl.,  de  Chastenay, 
secrétaire  du  comte  d'Eu,  né  vers  1694, 
f  le  12  juin  17  16. 

15°  Elisabeth  de  M.  femme  d'Antoine 
des  Rioux,  comte  de  Messimy  -{-  1712. 

6°  Marie  de  M  qui  épousa  Louis,comte 
de  Guiry. 

7»  Louise  de  M.  née  vers  1696  f  le  30 
avril  17 16. 

Pierre  de  Malézieux,  cité  plus  haut, 
seigneur  de  Chastenay  et  des  Tournelles' 
lieutenantgénéral des  armées  du  roi, com- 
mandeur de  l'Ordre  de  St-Louis,  décédé 
le  21  mai  1756,  marié  avec  Louise  Stoppa 
dont  : 

1°  Louise-Françoise-Charlotte  de  M. 
née  le  24  juillet  1718,  f  le  n;  mai  1792, 
avait  épousé,  le  1 1  juin  17:;  1,  Louis,  mar- 
quis de  St-Chamans. 

2»  Nicolas  de  M.  major  de  carabiniers, 
né  vers  1720  f  à  Paris  le  4  mai  1755. 


116 


Il  existe  encore  un  monsieur  de  Ville- 
gly  de  Bruniquel  d'Ouvrier,  halitant  43, 
rue  de  Courcelles  à  Paris  et  château  de 
Villegly  (Aude;. 

H.  T. 


G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


Famille  d'Ouvrier  (LXIX,  789).  — 
Anne  Joséphine  d'Ouvrier,  née  en  1778, 
qui  épuusa  Charles-Louis-Henri,  comte  de 
Montlezun,  était  fille  de  Jean-Accurse- 
Rigal-Louis  d'Ouvrier,  vicomte  de  Bruni- 
quel, seigneur  de  Villegly  et  de  Marie-  f 
Charlotte  Catherine  de  Brunet  de  Ville-  ! 
neuve.  j 

Elle  était  la  tante  du  général  Louis-  j 
Antoine  d'Ouvrier  de  Villegly,  vicomte  I 
de  Bruniquel,  marié  en  1893,  avec  Mlle  ' 
de  Villeneuve  Batgemon,  dont  postérité,  1 
et  la  comtesse   de  Ripert  d'AIauzier.        '   I 

Consulter  pour  la  généalogie  de  celte  j 
famille  :  Villain  :  L.i  France  moderne,  l  Ili  j 
P-  433  ;  MahuI  :  Ca-tnlaire  de  càrcas-  j 
sonne,  t.  II,  134  ;  La  Roque  :  Armoriai  \ 
de  Languedoc  ;  d'Aubais  .•  Picca  fiigili-  j 
ves  ;  Révérend  :  Titres  et  confirmations  de  \ 
titres  ;  Bonald  :  Tableaux  de  parenté  etc.,  î 
etc.  '  ; 

G.  P.  LE  LiEUR  d'Avost.       i 


On  trouve  dans  la  France  Moderne  par 
J.  Villain  (première  partie  de  c  Haute- 
Garonne  et  Ariège  »)  la  filiation  de  la 
Maison  d'Ouvrier,  originaire  d'Auvergne 
et  fixée  en  Languedoc  au  débutdu  xvi'  siè- 
clt;. 

D'après  cette  généalogie,  Anne-José- 
phine, née  le  26  septembre  1778,  6' en- 
tant de  Jean-Accurse-RIgal-Louis  d'Ou- 
vrier, vicomte  de  Bruniquel,  seigneur  de 
■Villegly  et  de  Marie-Charlotte  de  Brunet 
de  Villeneuve  ,  épousa  Charles-Louis- 
Henri,  comte  de  Montlezun. 

H  y  a  tout  lieu  de  siipposer,  si  toute- 
fois les  dates  ne  s'y  opposent  pas,  que  ce 
comte  de  Montlezun  est  le  même  que  le 
comte  de  Pardiac,  de  la  famille  de  Mont- 
lezun, dont  parle  le  général  Thiébault 
dans  ses  Mémoiies. 

Lli  famille  d'Ouvrier  est  encore  repré- 
sentée par  Raymond-Roger-Germain-An- 
toine d'Ouvrier  de  Villegly,  vicomte  de 
Bruniquel,  marié  en  1893  à  Anne  de  Vil- 
leneuve-Bargemon,  dont  plusieurs  en- 
fants, et  qui  est  précisément  le  fils  du  gé- 
néral «  de  division  »  d'Ouvrier,  résidant 
à  Toulouse  vers  1800  auquel  fait  allu- 
sion F.  G.  —  Le  général  est  mort  le  10 
mars  1886. 

D.-jr,s  le  tome  11  du  Caitulaire  de  l'ar- 
rondissement de  Carcassoniie  par  M.  MahuI, 
à  l'article  de  la  commune  de  Villegly,  se 
trouvent  aussi  de  nombreux  renseigne- 
ments sur  la  famille  d'Ouvrier. 

Raymond  Bizarcel. 

Perducat  d'Albret  (LXVIll,  573  ; 
LXI.X,  214,  767).  —  Froissart  ayant  fré- 
quemment parlé  de  Perducat  d'Albret, 
«  grand  capitame  de  gens  d'armes  et  de 
routes  >«,  on  aura  un  aperçu  de  sa  carrière 
militaire  rien  qu'en  consultant  la  table  de 
l'édition  de  Kervyn  de  Lettenhove  (T. 
XX.  p.  19).  Le  savant  belge,'  qui  fournit 
là  divers  renseignements  sur  ce  person- 
nage, se  demande  s'il  n'était  pas  un  fils 
illégitime  de  Bernard  Ezi  II  d'Albret. 
De  Mortagne. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1914 


U7 


118 


Pas  besoin  de  recourir  au  manus- 
crit du  chanoine  Tarde,  car  ses  Chro- 
niques ont  été  publiées  chez  Picard  en 
1887.  On  y  verra,  page  140,  que  Perdu- 
cat,  inconnu  des  généalogistes,  fut  an- 
glais, puis  français  en  1370  et  que  s'il 
pilla  le  pays  périgourdin,ce  fut  sans  doute 
pour  prendre  les  villes  et  terres  que 
Charles  V  lui  avait  données...  sauf  à  lui 
en  reprendre  s'il  s'en  emparait.  Q.ue  de 
choses  bizarres  sur  les  marches  anglo- 
françaises  à  ces  époques  ! 

Petragoricensis. 

Famille     Reynard      de     Bussy 

(LXIX,  589,.  —  Marie-Louise  Reynard 
de  Bussy,  morte  à  Pans  le  22  décembre 
182}.  avait  épousé,  le  28  octobre  1794, 
Jean-Baptiste-Chailes-René  de  Malezieu  ; 
qui  mourut  le  17  octobre  1798,  la  lais- 
sant veuve  avec  deux  petiis  enfants, 
Pierre-Alexandre, né  le  2  septembre  1795, 
et  Charles  Marie,  né  le  i  s  avril  1797.  Il 
était  fils  de  Jean-Joseph  de  Malezieu  et 
d'Angéli  lue-CatherineElisabeih  de  |un- 
quières,  celle-ci  fille  de  Jean  Baptiste  de 
Jupquiercs  et  de  Catherine  Reynard  de 
Ramilly. 

Le  Comité  Archéologique  de  Senlis  pu- 
bliera dans  quelques  mois  les  Mémoires 
de  J.-B.  de  Junquières  et  de  son  fils,  où 
l'on  trouvera  des  renseignements  sur  la 
famille  Reynard  de  Ramilly  et  Bussy. 

M.  G. 


Je  trouve  dans  mes  notes  de  famille 
certains  renseignements  répondant  à  la 
question. 

La  famille  Reynard  de  Bussy  est  une 
branche  .ies  Reynard  ou  Regnard  du 
Dauphiné,  barons  d'Avançon  et  comtes 
de  Serre.  D'après  un  portrait  de  famille 
du  xviu"  siècle,  les  armoiries  de  la  bran- 
che de  Bussy  sont  :  Je  gueules  au  Renard 
rampant  d'or.  Les  Reynard  ou  Regnard 
(Picardie  et  Dauphinéj  portent  :  D'or  au 
Renard  de  gueules,  d'aprci  plusieurs  ou- 
vrages spéciaux. 

La  généalogie  de  cette  famille  a  été  pro- 
duite a  l'Election  provinciale  d'Artois,  en 
1774,  pour  obtenir  un  arrêt  de  confirma- 
tion de  noblesse.  Les  p'èces  originales 
produites  à  l'appui  font  connaître  les  dé- 


tails suivants  concernant  les  alliances  du 
xvii*  siècle  : 

Jean  IV  de  Reynard.  seigneur  de  Bussy, 
épousa  le  27  juillet  1689,  en  l'Eglise  de 
."t-Etienne  du  Mont,  à  Paris,  Mlle  Denise 
de  Hocédey,  tille  minsure  de  défunt  Jean 
de  Hochêdy  {sic),  chevalier  seigneur  de 
Gournay  et  de  Catherine  de  Coignet, 
veuve  du  dit  seigneur  de  Gourn.Ty  ;  petite 
fille  d'autre  Jean  de  Hochedey  (sic)  et  de 
Mlle  Fabienne  de  Goulard.  Cette  dernière 
était  fille  de  noble  Fabien  de  Goulard, 
secrétaire  ordinaire  de  feue  la  reine  Mar- 
guerittc.  C'est  le  seul  renseignement  qui 
figure  dans  mes  notes  sur  les  alliances  du 
xvii»  siècle. 

Trois  membres  de  cette  famille  ont  voté 
dans  les  Assemblées  de  la  Noblesse  en 
1789,  dans  le  Baillage  de  Péronne.  Le  fief 
de  Bussy  ou  Bucy  était  situé  à  Lihons, 
dans  le  dit  baillage. 

Vers  1750,  Louis-Marie  de  Reynard  de 
B.  capitaine  aux  grenadiers  royaux. épou- 
sa Mlle  Marie-.'\nne  Maillard  de  Frémi- 
court.  Il  en  eut  entre  a<itrï';  t:;ifants  : 

Louis-Edouard  d;  Reynard  de  B.  che- 
valier, capitaine  au  régiment  de  la  Reine, 
qui  épousa,  vers  1780,  Adehiide  de  Wal- 
lour.  De  ce  mariage  sont  issus  plusieurs 
enfants  parmi  lesquels  pourr.<it  se  trouver 
Mme  de  Malezieu  qui,  si  elle  n'en  était  pas 
la  sœur,  était  au  moins  la  parente  très 
proche  des  deux  suivants  ; 

1"  Le  Chevalier  de  Reynard,  ancien  offi- 
cier émigré,  devenu  sur  ses  vieux  jours 
érudit  et  collectionneur,  mort  à  Abbe- 
ville,  dans  un  âge  avancé,  vers  1855. 

2"  Adélaïde  de  Reynard  de  B.  qualifiée 
dans  un  acte,  dame  d'Applaincourt,  née  à 
St  Orner  en  1783.  Elle  se  maria  à  Abbe- 
ville,  le  29  Thermidor  an  X.  à  Victor  Le 
Maire  de  Montifault,  capitaine  du  génie, 
qui  mourut  2  années  plus  tard  des  suites 
de  sa  23"  blessure.  Il  était  fils  de  François 
capitaine  d'Infanterie,  chevalier  de  St- 
Louis  et  de  Thérèse  de  Houdetot,  dame 
de  Colomby . 

De  ce  premier  mariage,  Adélaïde  d<" 
Reynard  de  B.  eut  deux  enfants  dont  un 
fils  Victor,  marié  à  Joséphine  de  la  Hocut, 
qui  fiit  l'héritier  de  son  oncle  le  chevalier 
de  Reynard. 

Adehiide  de  Reynard  de  B.  épousa  en 
2'™  noces,  Louis  Herman,  qui  devint  séna- 
teur du   2»   Empire.  11  était   fils  de  Fran- 


N»  1407, 


Vol.  LXX. 

119 


L'INTERMEDIAIRE 


120 


çois,  consul  général  à  Londres  sous  Louis 
XVI,  puis  conseiller  d'Eiat  sous  la  Res- 
tauration, et  de  Lady  Campbell  de  Calder, 
qu'il  avait  épousée  à  Londres. 

Les  enfants  de  ces  deux  mariages  ont 
laissé  postérité.  Mme  de  Malézieu,  morte 
à  Paris  en  1823,  était  sœur  ou  cousine 
germaine  d'Adélaïde  de  Reynard  de  B. 
Au  moment  du  mariage  de  cette  dernière 
avec  Louis  Herman,  c'est  M.  de  Malézieu, 
parent  de  ses  enfants  mineurs,  qui  s'est 
occupé  de  leurs  intérêts  et  semble  avoir 
été  leur  tuteur  ;  il  était  domicilié  à  Paris. 

Si  le  collaborateur  H.  V.  veut  bien  me 
fair;  connaître  son  adresse,  je  pourrais  lui 
fournir  une  anecdot.^  assez  curieuse  sur 
M.  de  Malézieu  qui  était,  paraitil,  d'une 
taille  gigantesque. 

Faultimont. 

Docteur  Yvan  (LXIX,  239)  —  Yvan 
(Alexandre-Urbain)  est  né  à  Toulon,  le 
28  avril  17615.  Fils  d'un  simple  maître 
maçon,  il  s'éleva  par  ses  seuls  talents 
aux  plus  hautes  dignités,  et  fut  une  des 
plus  curieuses  figures  de  l'époque  napo- 
léonienne. 

Après  de  très  brillantes  études  chez  les 
P.  P.  de  l'Oratoire  de  Toulon  sa  ville  na- 
tale, au  moment  de  choisir  une  situation, 
il  embrassa  la  carrière  médicale  vers  la- 
quelle le  portait  une  vocation  irrésistible. 

Chirurgien-élève  à  l'hôpital  militaire 
de  Toulon,  de  1779  à  1789.  il  fut  admis, 
en  1790,  au  même  hôpital,  en  qualité 
d'élève  appointé.  L'année  suivante,  il  était 
reçu  chirurgien  militaire.  Attaché  à  l'ar- 
mée d'Italie,  il  y  servit  avec  tant  de  dis- 
tinction que  Bonaparte  le  prit  a  son  état- 
m.^jor  et  en  fit  son  médecin  particulier. 

A  partir  de  ce  moment,  il  ne  quitta  plus 
le  grand  homme,  et  l'accompagna  dans 
toutes  ses  campagnes,  ce  qui  le  fit  sur 
nommer  le  «  Koustan  médical  »,  tant  il 
galopa,  avec  fidélité,  à  la  suite  dj  l'im- 
mortel capitaine  L'empereur  l'avait 
chargé  de  le  renseigner  sur  les  pertes  su- 
bies après  chaque  bataille,  sur  le  fonc- 
tionnement des  ambulances,  sur  les  bles- 
sures ou  la  mort  des  maréchaux  et  d'^s 
généraux.  Aussi  Larrey  et  Percy  le  fai- 
saient-ils appeler  auprès  de  tous  leurs 
grands  blessés. 

A  Rati.^bonne,  c'est  Yvan  qui  soigna 
Napoléon,  qui  avait  été  blessé  au  pied  par 
une  balle  morte.  Gauiherol,   dans  un  ta- 


bleau célèbre,  a  représenté  Yvan  pansant 
l'empereur  impatient,  mettant  un  pied  à 
rétrier,  prêt  à  s'élancer. 

Souvent,  i!  traita  l'empereur  de  sa  dy- 
surie,  en  le  plongeant  lui-même  dans  des 
bains  très  chauds,  et,  à  défaut  de  bai- 
gnoire, dans  un  tonneau,  comme  à  la 
Moskova. 

Yvan  se  trouvait  dans  le  palais  de 
Fontainebleau,  lorsque  Nipoléon,  dans  la 
nuit  du  12  au  13  avril  1814,  tenta  de 
s'empoisonner.  Trouvant  que  la  mort  tar- 
dait à  venir  et  en  proie  aux  plus  cruelles 
souffrances,  l'empereur  fit  appeler  Yvan  : 
i(  Croyez-vous  que  la  dose  soit  assez 
forte  »  demanda  le  moribond  à  son  mé- 
decin qui  venait  d'arriver  ;  puis,  avec  in- 
sistance, avec  autorité  même  :  «  Vite  une 
potion  »,  c'est-à-dire  un  autre  poison. 
Yvan  s'empressa  de  faire  boire  à  Napo- 
léon plusieurs  bols  de  thé,  en  présence  de 
Caulaincourt  accouru,  lui  aussi, au  chevet 
du  mourant.  Un  spasme  se  produisit, 
suivi  d'un  vomissement.  L'empoisonne- 
ment fut  ainsi  conjuré.  «  C'en  est  fait  ,dit 
l'empereur,  la  mort  ne  veut  pas  de  moi  ». 
Le  peintre  Guillomet  a  reproduit  celte 
scène  émouvante  :  Yvan  imistant  auprès 
di  l'empereur  pour  qu'il  boive  l'infusion 
que  Caulaincourt  approche  de  ses  lèvres. 
Certains  historiens  ont  cru  pouvoir  dé- 
duire des  paroles  prononcées  par  Napoléon 
durant  cette  nuit  historique,  que  c'était 
Yvan  lui-même  qui  avait  présenté  le  breu- 
vage mortel  à  l'empereur  désireux  d'en 
finir  avec  la  vie.  Ainsi  interprété,  le  fait 
n'est  pas  exact.  Napoléon  s'était  empoi- 
sonné, sans  en  faire  part  à  son  entourage, 
avec  la  dose  de  poison  qu'il  portait  tou- 
jours sur  lui.  depuis  le  départ  de  Moscou, 
dans  un  sachet  de  peau  entouré  de  tatie- 
tas  noir,  et  qu'il  avait  demandé  à  Yvan 
de  lui  préparer  pour  lui  permetire  de  se 
donner  la.  mort,  s'il  tombait  vivant  entre 
les  mains  des  Cosaques  Mais  ce  poison 
vieilli  et  éventé  ne  produisit  pas  son  effet. 
C'est  ce  même  sachet  vide  qui  fut  trouvé, 
à  Fontainebleau,  devant  la  cheminée  de 
la  -hambre  .à  coucher  de  l'emperour.  Dès 
qu'il  vit  Napoléon  hors  de  danger,  Yvan, 
pris  de  remords  sans  doute  d'avoir  parti- 
cipé même  indirectement  à  cette  tenta- 
tive d'empoisonnement,  sortit,  descendit 
précipitamment,  sauta  sur  un  cheval  et  se 
rendit  à  Paris.  Le  poison  qu'avait  absorbé 
l'empereur  avait  été  inventé  par  le  méde- 


DES  CHEKCHEUR3  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1914 


121 


122 


cin  Cabanis  dans  le  temps  des  fureurs 
révolutionnaires  pour  soustraire  ses  amis 
et  lui  aux  supplices  de  la  Terreur.  C'est 
ce  même  Cabanis  qui,  soupçonné  un  ins- 
tant d'avoir  empoisonné  Mirabeau,  avait 
fourni  à  Condorcet  le  poison  dont  celui-ci 
s'était  servi  pour  se  donner  la  mort. 

Yvan  fut  comblé  d'honneurs  par  Napo- 
léon. Il  fut  successivement  chirurgien 
particulier  de  l'empereur,  chirurgien  en 
chef  de  l'état  major,  officier  de  la  Lég:on 
d'honneur  en  1S07,  baron  de  l'Empire  en 
1809.  médecin  en  chef  de  l'hôpital  des 
Invalides  en  remplacement  du  chirurgien- 
inspecteur  Percy,  «  le  Nestor  de  la  chi- 
rurgie ».  Sa  thèse  De  l'aviftutation  des 
membies  à  la  suite  des  plaie  d'aunes  à  feu 
eut  un  grand  retentissement.  Yvan  était 
plutôt  conservateur  qu'amputeur. 

Après  la  chute  de  l'Empire,  il  servit  à 
l'hôpital  militaire  du  Gros-Caillou.  A  la 
fondation  de  l'Académie  de  médecine,  en 
1820,  il  en  fut  nommé  membre  titulaire. 
Admis  à  la  retraite  le  27  mai  1822,  il 
mourut  à  Paris,  le  30  décembre  1839. 

Nacticus. 


M.  Dorveaux  a  eu  l'amabilité  de  nous 
faire  connaître  que  le  baron  Yvan,  chi- 
rurgien en  chef  de  la  maison  médicale  de 
l'Empereur,  eut  un  fils  qui  servit  comme 
chirurgien  militaire, puis  quitta  l'armée  et 
s'établit  à  Paris,  rue  Coq  Héron  3. 

Le  baron  Yvan  eut  aussi  une  fille  dont 
il  est  question  dans  la  rectification  «  au 
sujet  de  l'empoisonnement  de  Fontaine- 
bleau » ,  parue  dans  le  Musée  des  Familles, 
1845  6  p.  205-6. 

On  intermédiairiste  pourrait-il  nous 
renseigner  sur  leur  descendance  .' 

Df  Bonnette. 

Famire.';  nobUs  de  la  République 
de  'Venise  (LXIX.  649.  776,  814;.  — 
Je  signale  aussi  à  l'auteur  de  la  question 
un  manuscrit  du  xvi°  siècle  qui  se  trouve 
au  musée  civique  Correr,  à  Venise.  H  est 
intitulé  Famtglie  vtnele  (Familles  véni- 
tiennes) et  catalogué  sous  le  n»  3619.  Il 
provient  de  la  collection  Cigogua,  dans 
laquelle  il  était  inventorié  sous  le  n" 
3677.  Nauticus. 

Pièce  à  l'effigie  de  Louis  XIV. 
Cœurs  (LXIX,  746,  791;.  —  Ce  jeton,  à 


;  l'avers  duquel  Louis  XIV  apparaît  sous 
les  traits  d'un  adolescent,  semble  commé- 
morer la  réconciliation  qui  marqua  la  fin 
de  la  Fronde.  Il  n'est  pas  daté,  mais  la 
physionomie  du  roi  correspond  bien  à 
cette  époque. 

Ueux  cœurs  se  voient  au  revers  d'un 
autre  jeton  ,  de  plus  grand  module,  à 
l'effigie  de  Louis  XIII  et  d'Anne  d'Autri- 
che. Les  cœurs  encadrent,  sous  la  cou- 
ronne royale,  les  mots  caiitas,  spei,  fides. 
Ce  dernier  jeton  a  été  frappé  en  Allema- 
gne ainsi  que  ''indique  le  nom  d'auteur 
qu'on  y  lit  :  Hans  Laufer. 

On  frappa  sous  les  règnes  de  Louis  XIII, 
Louis  XlV  et  Louis  XV,  indépendamment 
des  médailles,  un  grand  nombre  de  jetons 
de  cuivre  à  l'occasion  de  toutes  sortes  de 
circonstances.  Ce  n'étaient  pss  originai- 
rement des  pièces  de  monnaie,  mais  ils 
finirent  par  passer  dans  la  circulation, 
surtout  à  la  campagne,  et  ils  étaient  ad- 
mis, suivant  le  module,  pour  des  pièces 
d'un  liard,  de  deux  liards  et  d'un  sou, 
jusqu'au  retrait  des  anciennes  monnaies 
de  cuivre  en  1853. 

Le  Trésor  montra  même  dans  cette 
opération  une  grande  libéralité  en  accep- 
tant à  peu  près  tout  ce  qui  lui  était  pré- 
senté.Les  pièces  d'un  liard  et  de  deux  liards, 
ainsi  que  les  jetons  qui  circulaient  comme 
monnaie,  n'avaient  généralement  plus 
aucune  empreinte.  Les  pièces  les  mieux 
conservées  entrèrent  dans  les  collections. 

A.  C   R. 

Dbvises     de    diverses    familles 

(LXIX,  791).  —  Ainsi  que  le  pressentait 
M.  de  Cressia,  il  existe  d'autres  ouvrages 
que  le  Dicttonitaire  de  Chassant  et  Tau- 
sin,  relatifs  aux  devises 

Voici  les  devises  de  quelques  familles 
et  les  références  aux  ouvrages  deman- 
dés: 

Bernard  de  Sassenay  (Bourgogne)  .<  Et 
in  pacc  et  in  belle  >»  (même  devise  Ber- 
nard de  Montbrison. 

Feydeau  de  Lespan  (Bourgogne)  «  Vin- 
ccre  aut  mori  >  (Feydeau  de  Brou  de  la 
même  maison  doit  porter  la  même  de- 
vise. 

A  propos  de  Franc  d'Anglurc,  je  ne 
trouve  que  d'Anglure  de  Bourlemont 
^Champagne)  :  Juravit  Dominus  David 
veritatem.  ». 

Consulter  :  1")  Ctii  de  guerre  el  devises 


L'INTERMEDIAIRE 


N»  1407.  Vol.  LXX. 

, ,2:5 

des  états  de  l'Europe  des  provinces  et  villes 
de  France  et  des  famiUes  nobles,  par  le 
comte  de  C  ..  Paris.  H.  Simon,  1852, 
in-16. 

2")  Devises  héraldiques  traduites  et  ex- 
pliquées, par  Louis  de  la  Roque.  Paris. 
Desaide.  1890,  in-12. 

3°)  Devise»  Cris  de  guerre.  Dictons.  Z^- 
^«:«is?«,  par  j.  de  Champeaux.  Dijon.  La- 
marche,    1890,  in  8°. 

4°)  Légendaire  de  la  'Noblesse  de  France, 
par  le  comte  0.  de  Bessas    de  la    Mégie. 
Paris.    Librairie  Centrale 
in-8°. 


124 


1865.    Grand 
R.  deR. 


Feydeau  de  Brou  :  «  Hoc  auspice  con- 
dita  crescet  » .  Cette  devise  se  lit  sur  un 
jeton  frappé  à  Nantes  en  l'honneur  de 
M.  Feydeau  de  Brou,  intendant  de  Breta- 
gne. 172s. 

En  dehors  du  Dictionnaire  de  Chassant 
et  Tausin,  il  existe  beaucoup  d'autres 
ouvrages  sur  les  devises.  En  voici  quel- 
ques-uns : 

O.  de  Bessas  de  la  Mégie  :  Ugendaire 
de  la  noblesse  de  France,  devises,  cris  de 
guerre,  dictons,  etc.,  des  provinces,  villes. 
famiUes  nobles  de  la  France  au  nombre  de 
plus  de  6000,  Paris  i86s. 

H.  Tausin:  Supplément  au  dicttonnaire 
des  devises  historiques  et  héraldiques.  Paris 

H.  Tausin  :  Devises  choisies,  Chauny, 
Nougarède,  1897,  in  8°,  62  pages. 

H  Tausin  :  Ùictionnaite  des  devises  ec- 
clésiastiques,?ax\s,  Em.Lechevalier,  1907, 
in  12. 

H.  Tausin  :  Les  devises  des  villes  de 
France.  Leur  origine,  leur  historique.  Pa- 
ris 1914,  in-S"' 

Baron  Oscar  de  Waiteville  :  Etude  sur 
les  Devises  personnelles  et  les  dictons  popu- 
laires. Paris  1888,  in-8". 

L.  de  la  Roque  :  Devises  héraldiques 
traduites  et  expliquées,  Paris,  A.  Desaide 
l8qo,   in-12. 

J  de  Champeaux  :  Devises ,  cris  de 
guerre,  légendes,  dictons.  Dijon  1890, 
in-S». 

De  Rochas  d'Aiglun  :  Cris  de  guerre, 
devises    etc    Paris  1890,  in  8°. 

L.  Esquieu  :  Devisaire  breton  i'*  série 
191 1,  3«  série  1914. 

G.  Vftllier  :  Dictiennaire  des  devises  hé- 


raldiques, numismatiques,  historiques  et  fan- 
taisistes du  Dauphiné.  Valence,  1801, 
in-8°. 

Larousse  :  Encyclopédie  du  XIX'  siècle. 
Mot.  Devise. 

iNauiRER. 
*  » 

«  Evenant  ad  Sidéra  palmae  >».  Devise 
et  armes  de  la  famille  Lile  ou  Lyle  en 
Provence. 

(V.  Artefeuil) 

NlSIAR. 

Faute  d'un  point,  Martin  perdit 
son  âne  (LXIX,  441,  633).  —  Dans 
V Evénement ,  12  juin  1914,  M.  Léo  Clare- 
tie  publie  le  très  curieux  article  qui  suit  : 

Le  monde  savant  a  remis  en  question 
l'origine  du  dicto.n  populaire  : 

«  Faute  d'un  point,  Martin  a  perdu  son 
âne     » 

L'organe  des  érudits,  \'' Intermédiaire  des 
Chercheurs  et  des  Curieu.v,  a  réuni  et  pro- 
pose diverses  solutions.  La  plus  commune  et 
la  plus  connue  est  celle  qui  rattache  cette 
locution  à  la  bévue  de  Martin,  prieur 
d'Aselle. 

L'abbaye  s'appelait  Asello. 

En  latin  Asetlus  veut  dire  petit  âne. 

Ceci  posé,  il  faut  imaginer  le  prieur  fai- 
sant graver  sur  la  porte  du  monastère  cette 
inscription  : 

Porta,  païens  esta  Nulli  Claudaris  ho- 
nesto. 

Rien  n'est  plus  honorable.  .  ela  vent  dir«  : 
«  Porte,  ouvie-toi  et  ne  te  terme  devant  au- 
cun honnête  honnue  » 

Mais  l'ouvrier  graveur  se  trompa  II  dé- 
plaça le  point,  et  il  écrivit  : 

Horta  païens  esta  nulli.  Claudaris  liu- 
nesto . 

Le  sens  n'est  plus  le  même,  et  cette  fois 
cela  signifie  :  «  Porte,  ne  t'ouvre  àperi^onne. 
Keste  fermée  devant  les  honnêtes  gens  ». 

La  singularité  de  cette  déclaration  scan- 
dalisa l'évêque,  qui  la  trouva  trop  peu  con- 
formr^  aux  préceptes  de  l'Evïupile., 

11  révoqua  le  prieur,  qui  fut  ainsi  privé 
de  'îon  abbaye  d'Asello. 

Et  l'on  fit  cet  autre  vers  : 

Pro  folo puncto,  C'rnit  Murtinus  Asfllo, 
qui  peut  se  traduire  de  deux  laçons  : 

«  Faute  d'un  point,  Martin  fut  privé  de 
6on  abbaye  d'Asello. 

«  Faute  d'un  point,  Martin  perdit  son 
âne.  » 

Mais  M.  Albero  arrive  avec  le  dictionnaire 
de  Nicot  et  dit  : 

—  Ce  n'est  pas  cela.  Il  faut  dire  non  pas  : 
faute  d'un  point,  mais  faute  d'un  poil. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1914. 


125 


I2t) 


Point  ou  poil  ? 

Oyez  l'histoire.  Vn  paysan  perdit  son  âne. 
Il  crut  le  reconnaître  et  réclama  une  bête 
qu'un  autre  paysan  conduisait.  Le  cas  lut 
déféré  devant  le  juge  qui  fit  d'abord  cacher 
l'animal  en  litige. 

Alors  il  detuanda  au  requérant  : 

—  Quelle  est  !a  couleur  du  poil  de  votre 
âne  ? 

—  Il  est  gris. 

—  Or,  celui-ci  est  noir  Donc  ce  n'est  pas 
le  vôtre. 

Et  le  plsignant  fut  débouté. 

Ainsi  il  perdit  son  ine  pour  n'avoir  pas 
su  dire  de  quel  poil  il  était. 

Faute  d'un  poil,  Martin  perdit  son  âne. 

Disons  tout  de  suite  que  celte  histoire  pa- 
raît absurde  et  n'a  aucun  rapport  avec  le 
dicton  Martin  y  perd  son  âne  pour  n'avoir 
pas  dit  la  couleur,  et  non  le  nombre  de?  poils. 

Faute  d'un  poil  paraîtrait  indiquer  qu'il 
fallait  dire  combien  l'âne  avait  de  poils  sur 
le  dos,  et  le  paysan  se  serait  trompé  d'une 
ur.ité 

Mais  allez  donc,  je  vous  prie,  supputer 
combien  de  poils  un  âne  a  sur  le  corps. 

Il  faut  évidemment  préférer  la  ver'ion  : 

«  Faute  d'un  point.  *> 

J'en  connais  et  j'en  propose  une  explication 
qui  me  parait  élégante. 

Avant  d'arriver  à  Charleroi,  dans  le  Hai- 
naut  belge,  le  chemin  de  fer  longe  la  Sam- 
bre  à  travers  un  site  charmant.  D'un  côté  le 
village  de  Landelies  ;  à  l'horizon,  des  collines 
boi'éas  portent  une  verdure  fraîche  et  touffue. 
La  plaine  est  a'une  fertilité  joyeuse  Au  fond 
du  vallon,  des  ruines  se  hérissent. 

C'est  l'abbaye  d'Aulnes. 

Dans  la  partie  des  bâtiments  quia  pu  être 
utilisée  encore  a  été  inst.illé  un  hospice  de 
vieillards.  Le  reste  est  effrite,  défoncé,  cre- 
vassé, i^e  réfec'oire,  la  Chapelle,  sont  béants; 
les  murs  éventrés  ne  tiennent  plus  que  grâce 
aux  liens  formés  par  les  grosses  branches  de 
lierre  très  vieux.  Ils  ont  été  démsnlelés  pen- 
dant les  guerres  du  premier  Empire.  Le  ta- 
bleau est  pittoresque.  Des  fragments  de  mu- 
railles, roiigie..  par  le  feu,  rongées  par  la 
lèpre  des  ans,  se  dressent  et  s'arrondissent 
au  sommet  par  l'amorce  des  nefs  écroulées. 
Le  sol  est  bossue  par  les  pierres  tombées  que 
la  terre  et  la  végétation  ont  recouvertes  et 
cimentées  à  nouveau. 

Tout  auprès  la  hambre  coule  à  pleins 
bords,  au  ras  des  prairies  fleuries.  Une  guin- 
guette reçoit  le  dimanche  la  visite  de  nom- 
breux piomei  eurs  Des  aulnes  croissent  avec 
vigueur  sur  le  terrain  humide.  C'est  un  coin 
à  l'écart,  silencieux,  poétique  et  romantique 
ï  souhait  ;  cet  amas  de  luiiics  est  niché  au 
creux  que  font  les  collines,  dont  la  crite 
verdoyante  fait  un  coude,  comme  pour  les 
jsoler  et  les  abriter. 


I       Jadis    cette    abbaye    des    Aulnes    eut    Un 
i   prieur  n^mmé  Martin. 

(  Ce  serait  lui  qui  aurait  fait  graver  l'inscrip- 
tion SI  malencontreusement  détournée  de  son 
sens  par  l'ouvrier  graveur.  Est-ce  la  même 
inscription  que  celle  de  l'abbaye  d'Asello  ? 
Est-ce  une  autre?  Les  archéologues  de  Char- 
le'oi  le  savent  peut-être.  Il  paraît  certain 
que  l'évèque  fi't  choqué  par  la  phrase  mal 
inscrite  sur  le  mur.  Le  prieur  fut  puni  le 
sa  légèreté,  et  privé  de  son  abbaye.  De  là  le 
dicton  : 

Faute  d'un  point,  Martin  a  perdu  son 
Aulne,  c'esl-à  dire  son  abbaye  des  Aulnes. 

Et  maintenant  il  resterait  à  préciser  et 
fixer  sur  ce  point  l'indécision.  Qui  est  le  vrai 
Martin  ?  Celui  de  Landelies?  Celui  d'Asello? 
Le  Belge?  l'Italien?  Le  calembour  doit-il 
porter  sur  un  âne  ou  sur  un  aulne 'f  Voilà  le 
procès    II  est  sut  judice. 

11  appartient  à  la  riche  et  amusante  série 
des  cas  philologiques  où  la  ponctujtion  joue 
un  rôle  capital. 

On  en  connaît  d'autres. 

M.  Albero  cite  l'oracle  qui  salua  le  départ 
d'Alexandre  le  Grand  pour  la  conquête  de 
l'Asie. 

Ibis.  Redibis    Non  Morieris. 

C'est- à  dire  :  Tu  iras  Tu  reviendras.  Tu 
ne  mourras  point. 

Or,  Alexandre  alla,  mais  ne  revint  pas  et 
mouiut.   L'oracle  était-il  en  liéfaut? 

Point  du  tout.  Sa  réponse  avait  seulement 
été  mal  ponctuée,  il  fallait  lire  : 

l'jis    Re.tibis  ?  Non  !  Morierh. 

En  français  :  Tu  iras.  Reviendras-tu  ?  Non! 
Tu  mourras. 

Il  est  probable  que  les  augures  avaient  pro- 
fité de  la  latitude  que  leur  donnait  l'absence 
de  toute  ponctuation  à  cette  époque.  Et  sans 
doute  avaient-ils  dit  : 

—  Selon  révënemeiit,  on  lira  dans  un 
sens  ou  dans  le  sens  contraire.  De  toute  fa<,on 
l'oracle  ne  mentira  pas. 

Il  faut  rappeler  aussi  le  fameux  procès  de 
Figaro  dans  Le  Mariage  de  pigaro  de  Beau- 
marchais : 

-  Je  la  pjierai  dans  ce  château,  virgule, 
ou  je  l'épouserai. 

--  Sans  virgule. 

Une  question  de  ponctuation  (icut  obliger 
Figaro  à  rembourser  et  â  épouser  la  vieille 
Marceline  ou  bien  â  ne  faire  qu'une  de  ces 
deux  démarches. 

Une  des  plus  plaisantes  erreurs  de  virgule 
fut  commise,  par  la  malice,  sns  doute 
de  quelque  confrère  —  dans  l'annonce  d'un 
roman  d'Octave  Feuillet,  .linsi  libellé  : 

Le  Roman  d'un  jcune  hommk. 
Pauvre  roman  de  M.  Octave  Feuillet. 

Il  fallait  lire  Le  Roman  d'un  jeuni  lu'mmt 
pauvre  ! 


N» 


1407.  Vol.  LXX. 
127 


L'INTERMEDIAIRE 


128 


Tout  cela  revient  à  dire  que  la  ponctuation 
est  une  macliine  délicate  à  manier. 

Elle  demanda  une  extrême  précision  Ne 
ponctuez  pas  :  c  est  illisible.  Ponctuez  à  côté  : 
c'est  à  contte-sens. 

George  Sand  aval  t  étudié  cette  question 
de  la  ponctuation.  Elle  voulait  la  simplifier, 
■  Mais  peut-on  poser  des  lègles  ?  Chacun  ponc- 
tue à  sa  façon.  11  y  a  même  des  écrivains  qui 
estiment  que  les  signes  ne  sont  pas  assez 
nombreux  ;  récemment,  on  a  voi/lu  en  créer 
un  nouveau,  le  point  d'ironie^  destiné  à  aver- 
tir le  lecteur  que  la  phrase  est  ironique  et 
ne  doit  pas  être  prise  à  la  lettre.  Si  le  lec- 
teur est  ^ssez  idiot  pour  ne  pas  s"en  aperce- 
voir, (à  moins  que  l'ironie  ne  soit  de  bien 
mauvais  aloi)  alors  il  est  inutile  de  lui  ap- 
prendre, non  seulement  la  ponctuation,  mais 
même  la  lecture.   Qu'il  rame  des  choux 

Léo  Cl.\retie. 


Bagnolet,  étymologie   de  ce  nom 

(LXIX,  50,    274,   416^.    —    On   lit  dans 
Paris-Bst,  23  mai  1914  : 

Monsieur  le  Directeur, 

Dans  le  numéro  de  Parù-Esi  du  9  mai 
1914,  \ous  remettez  sur  le  tapis  la  question 
de  l'étymologie  du  mot  Bagnolet.  Puisque 
vous  me  faites  l'honneur  de  me  citer,  il  me 
sera  permis,  je  pense,  d'ajouter  quelques  ré- 
flexions. 

Vous  citez  l'article  de  «  l'Inlermédiaire 
des  Chercheurs  et  des  Curieux  »,  dans  lequel 
est  attribuée,  au  mot  Bagnolet,  l'origine  Bnn 
Banve  ou  Bani.es,,  dérivés  de  Bannun  ou 
Banna,  mots  latins.  Or  les  mots  Bunnum, 
Banna.  bien  que  latins  ne  sont  pas  d'ori- 
gine latine  ;  mais  bien  francique  (langue  des 
Francs  au  temps  de  Clovis)  Ils  se  rattachent 
au  francique  bannjan,  proclamer.  Bannum 
est  devenu  en  fiançais  ban,  encore  existant 
dans  les  expiessions  :  ouvrir  le  ban,  fermer 
le  ban  (par  exemple  pour  la  remise  de  dé- 
corations, autrefois  pour  permettre  le  com- 
mencement et  la  fin  de  la  vendange,  publier 
les  bans  de  mariage).  —  Bannjan  est  de- 
venu bannir  tn  français,  bant.en  en  alle- 
mand :  déclarer  sacié,  niettie  en  défende. 

Donc  banni'tn  devient  ban,  son  diminutif 
serait  banncul,  liannuUt,  sans  la  prononcia- 
tion un  de  B;ignolet,  D'autie  part,  le  ban  a 
toujouis  désigné  une  proclamation  publique, 
par  extension  ;  une  jutidiction,  non  pas  mar- 
quée par  une  limite  phy  sique,  un  poteau 
matériel,  mais  simplement  par  une  barrière 
morale,  une  interdiction  ir.orale  de  ne  pas 
aller  su- delà  ,  P.ir  suiio,  on  voit  combien  dif- 
ficilement ce  sens  s'appliquerait  à  une  limite 
de  territoire,   telle   que   la   fin  de  la  banlieue 


de  Pari: 


is  comme  il  est  dit  dans  l'article  du  9 
mai,  cité,  de  Paris-Est.  11  e.xiste  bien  en 
latin  le  mot  Benna,  que  Festus  donne  comme 
d'origine  gauloise  et  qui  désii,ne  un  chariot 
en  osier,  une  voiture  à  transporter  le  char- 
•  bon,  telle  est  encore  la  benne  des  mines. 

Et  alors  on  pourrait  dire  que  Bagnolet 
viendrait  de  Benna  et  serait  l'image  d'une 
banne  à  charbon,  comme  fêtaient  les  an- 
ciens chariots  qui  transporiaient  le  charbon 
de  bois.  Il  est  certain  qu'il  exisie  des  res- 
semblances entre  celte  banne  et  Bagnolet, 
dont  les  maisons  s'étagent  sur  les  flancs  d'une 
vallée  allongée,  sans  eau  en  sa  partie  déclive. 
Telle  Grenade  porterait  ce  nom  parce  que 
cette  ville  aurait  l'aspect  d'une  grenade  en- 
trouverte. Le  mot  grenade  (fruit),  granada, 
étant  antérieur  à  Grenade  ^ville)  et  venan  t 
de  granuin  :  grain. 

Mais  la  même  objection  linguistique  per- 
siste ;  benna  fait  banne,  et  pas  bagne,  et  son 
diminutif  serait  quelque  chose  comme  ban- 
iieul,  d'oii  Bannolet,  et  non  pas  Bagnolet.  Il 
faut  donc  chercher  ailleurs  l'origine  de  la 
1  rononciation  :  gn  mouillée   dans  Bagnolet. 

Il  paraît  tout  naturel  de  s'en  tenir  à  l'éty 
mologie  que  je  m'étais  permis  d'indiquer. 
Ce  n'est  pas  une  découverte  de  ma  part. 
C'est  celle  qui  se  présente  immédiatement  à 
l'esprit.  Elle  est  indiquée  pour  Bagnols  dans 
Dezobry  et  Bachelet, 

Balneum  (latin)  :  bain,  en  fr.inçais, 

Llatnealiim  (latin)  devient  :  Bagneul  (terme 
perdu)  et,  au  pluriel,  Bagneulx,  puis  Bagneux 
existant  comme  commune  dans  la  Seine,  la 
Meutthe-et-Moselle,  la  Marne,  le  Maine-et- 
Loire,  l'Indre,  l'Allier,  r,\isne  —  dans  le 
Midi  la  foi  me  est  Bagnoles  (Aude)  ou  Ba- 
gnols (Puy-de-Dôme,  Gard,  Var,  Lozère),  Il 
est  vrai  qu'il  y  a  Bagnoles  dans  l'Orne, mais 
ce  n'est  pas  une  commune  et  ce  terme,  dans 
cette  région,  est  une  énigme. 

Le  latin  Ba'neolffum  fait  Bagnolet.  Seu- 
lement ce  mot  latin  n'existe  plus.  A-til 
existé  autrefois,  ou  bien  Bagnolet  a-t-il  été 
formé  directement  du  français  Bagneux? 
Question  angoissante,  pour  laquelle  se  pré- 
sente à  l'esprit  une  réponse,  qui  n'est  qu'une 
hypothèse,  je  le  reconnais. 

Bagnolet  viendrait  de  Bagneux,  non  pas 
seulement  comme  mot  mais  aussi  comme 
chose,  comme  fondation  matérielle,  autre- 
ment dit  Bagnolet  serait  une  colonie,  un  es- 
sein  de  Bagneux,  un  petit  Bagneux,  de  même 
que  Barcelonnette    est    une    petite  Barcelone. 

Pour  conclure  je  dirai  :  l'existence  du  lap- 
port  de  Bagnolet  et  de  Bains  est  certaine. 

Ce  lapport  est-il  direct  ?  Y  a-t-il  eu  des 
bains  à  Bagnolet  ?  Ou  taut-il  rattacher  Ba- 
gnolet à  Bagneux,  lequel  a  ceitamement 
possédé  des  établissements  balnéaires  (appar- 
tenant à    l'Abbaye   SaintOerraaln-des-Prés) 


DBS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


3oJuillet  I9I4- 


I2() 


130 


et  alors  le  rapport  de  Bagnolet  avec  Ba'neum 
Balncolum,  Bain,  serait  seulement  iiiJi- 
rect? 

La  question  est  posée.  Qui  veut  la  résou- 
dre ? 

D--  R.  MAzii.it«. 

Critiquable  Pratiquable.  Obli- 
gent. Négligent  (l.XX,  49).  —  Erra- 
tum. 11  faut  lire  :  Le  verbe  .*  critiquer  »  et 
le  verbe  pratiquer,  et  non  pas  négli- 
gc-r... 

Prière  d'excuser  ce  lapsus  calimt. 

Gros  Malo. 

Les  droits    des    auteurs    morts 

(LXIX,  783.  —  Fenouillot  Falbaire,  si 
gnataire  de  la  lettre  du  22  ventôse  an  VI, 
est  sans  doute  le  même  que  l'auteur  de 
la  pièce  L'honnête  ciiniincl,  par  laquelle 
est  mis  en  honneur  le  dévouement  d'un 
protestant  des  Cévennes,  E.  Fabre,  lequel, 
pour  sauver  des  galères  son  père,  qui  avait 
été  condamné  pour  c;<use  de  religion,  sol- 
licita et  oL  tint  de  subir  la  peine  à  sa  place. 
Dans  ses  Tioii  Sermons  sons  Louis  Xy, 
Bungener  admet  que  la  pièce  de  Fenouil- 
lot  a  été  lue  par  le  roi  et  accueillie  par 
lui  avec  une  certaine  faveur  —  ce  qui, 
si  le  fait  est  exact, a  du  contribuer  à  la  libé- 
ration de  Fabre  fils,  gracié  en  1762,  après 
six  ans  de  fers.  Toutefois,  si  la  pièce  n'a 
paru  qu'en  1767  (Bouillet)  c'est  qu'elle  n'a 
été  jouée  qu'assez  longtemps  après  que  le 
roi  en  avait  eu  connaissance. 

Fenouillot  de  Falbaire  est  mort  en 
1800,  inspecteur  général  des  Salines  de 
l'Est.  V.  A   T. 

e  battoment  d'ailes   des  cigales 
ratent  -santés   LXIV  ;  LXV). 

Elle  (ail  résonnei  deux  petits  tambourins 
Qui  sont  caches  dans  sa  poitrine. 

Jean  .Aicard  -  La  leçon  sur  La  Ciga:e 
et  1:1  Fourmi,  dans  Le  Journal  Rose  Iyl2, 
—  octobre  15. 

Sglpn. 

Martin  (l'âne)  (LXIX;  LXX,  75). - 
Je  me  rappelle  avoir  lu  (est-ce  dans  une 
des  ancienn;;s  années  du  Magiisiit  pillores 
quet\i.\in:  les  militaires  tranvais.  prison- 
niers des  Espignols  lors  do  la  capitu- 
lation d'i  Biylen.  furent  transportés  à 
l'ile  de  Cabrera  (Baléares)  qu'ils  trouvè- 


rent inhabitée,  sauf  par   un   âne,  auquel 
ils  donnèrent  le  nom  de  Martin. 

V.  A.  T. 


Bernache  (XLVllI  ;  XLIX  ;  LXIX, 
630).  —  Il  ne  faut  pas  oublier  que  le  mot 
Bernache  s'applique  également  à  une  es- 
pèce d'oie  (et  non  de  canard,  comme  l'in- 
dique Dieuaide  XLIX,  2s6)  du  genre  jn- 
<iei ,  l'auseï  ervthropns  de  Linné  qui  vit  au 
bord  de  la  mer  et  se  nourrit  de  coquilla- 
ges. C'est  du  reste  une  chair  huileuse, 
d'un  goût  peu  délicat  et  qui  est  d'une  fâ- 
cheuse digestion  pour  les  estomacs  même 
les  plus  robustes  (Experto  crede  Roberto\) 
Dehf.rmann. 

Lugdunum  (LXVIII,  769;  LXIX.  121, 
324,  s  17.  Î79'  730)-  —  Voir  Origines 
Gauloises,  ou  <  recherches  sur  la  langue, 
l'origine  et  les  antiquités  des  Celto-Bre- 
tons  >...  par  le  citoyen  La  Tour  d'Auver- 
gne. Corret,  capitaine  d'Infanterie,  ci-de- 
vant commandant  de  Grenadiers  (an  Vde 
la  République,  à  Paris,  p    278-279). 

Du  celtique  Don,  est  dérivé  le  grec  :  «  en- 
don  »,  k".  est  «  infra  »  ;  Duno,  id  est  «  mer- 
go  >  y  l'anglais  «  down  »,  en  bas  ;  «  to  fall 
down  >  tomber...  Si  nous  nous  arrêtons  à 
l'élymologie  du  mot  Lu^^dunuin  (0  Lyon, 
nous  découvrons  que  cette  ville,  située  pour 
rav:intage  de  son  commerce,  au  confluent 
du  Rhône  et  de  U  Saine,  ne  fut  p.ts  bâtie 
dans  l'origine  sur  une  haut»ur,  comme  on 
l'a  avancé  p.ir  erreur  ;  mais  dans  un  lieu  bas 
enfoncé,  sa  dénomin.ition,  celle  de  Lugdu- 
num,  se  rapporte  évidemment  au  celto-bre- 
ton  Loc  don  {2),  en  latin  Locus  profundus. 
Du  celtique  I. oc-don,  sive  Loc  doun  ;  les  La- 
tins ont  fait  par  imitation  l.ug-Junum  ;  les 
Grecs  l.ongdoncsia,  Long-douna  et  Long- 
dounon  (Vid.  Steph ,  et  Ptolom).  Il  paraît 
difficile  que  l'interprétation  du  mot  Lug-du- 
nuni,  telle  qu'on  la  donne  ici,  puisse  être 
combattue  par  aucune  solide  objection  : 
cette  étymologie,  aussi  juste  dans  son  appli- 


(1)  Ce  nom  est  commun  à  plusieurs  villes 
de»  Gaules  et  d'Allemagne  :  Leydu  ;  St-Ber- 
traiid  ;  Glogace  en  Silcsie 

(2)  Les  mots  «  loc  »  et  «  loch  >,  sont  en- 
core l'S  termes  dont  les  Bretons  se  servent 
pour  dire  un  lieu,  une  place,  une  demeure, 
de  li  lo  Latin  Locus,  lo  français  Logis,, 
Loge,  etc.  Nous  disons  en  breton  :  Loc  Tuii, 
lien  habit;';  par  St  Tudi,  Loc-Renan,  Loc- 
Maria,  etc. 


N"    1407  Vol. 


LXX. 


L'INTERMEDIAIRE 


132 


cation,  qu'elle  est  facile  dans  sa  dérivation, 
sembe  entraîner  toutes  les  coiijectuies  "^lu- 
sieurs  opinions  ont  cependant  partagé  les 
savants  sur  cette  étymologie.  Nous  trouvons 
dans  les  histniitns,  le  mol  «  Long-donesia  » 
Lyon,  rendu  parla  c  colline  des  Corbeaux  >:>. 
Charier  interprète  le  latin  «  Lugdunum  » 
par  la  «  colline  du  peuple  ».  D'autres  veu- 
lent que  le  mot  L-.igdun'.im  sign  fie  la  colline 
de  '  Lucius  >.,  oj  de  «  Li:gdus  »  prétendu 
roi  des  Gaulois. 

Le  savant  Pellouliera  consacré  la  négative 
de  toutes  ces  interprétations,  en  rendant  le 
mot  Lug-dunum  par  la  «  Colline  des  Aus- 
pices >.  L'on  pourrait  encore  citer  un  grand 
nombre  d'étyrnologies  du  mot  Lugdunum, 
dérivés  de  la  langue  grecque,  ou  de  celle  des 
Latins.  Mais  si  Lyon  était  la  métropole  de 
la  Gaule  Celtique,  nommée  par  les  Ro- 
mains Lugdunum  Celtarum;  si  cette  vérité 
est  reconnue  par  l'universalité  des  histoiiens, 
n^ est-ce  pas  s'abuser  ctrangiment  el  p  rdre 
lin  temps  irtul •le,  di  chercher  dans  les /an- 
jfues  tribttl. lires  de  celle  lies  Celto-Scvthes, 
le  :10m  d'une  ville  dont  ces  peuples  turnt 
l$i  premiers  fondateurs.  «  On  ne  saurait  ad- 
mettre d'exception  à  la  règle  que  l'on  vient 
d'établir  concernant  la  terminaison  «  du- 
num  «  interprétée  par  le  celtique  don,  doun, 
id  est  profundus,  que  pour  les  villes  ou  les 
habit.itions  qui  se  trouvent  S'Iuées  sur  des 
tertres,  sur  de  très  petites  élévations.  La 
termin:  ison  latine  du  nom  de  ces  villes  peut 
alors  se  rapporter  au  celtique  «  dunem  » 
sive  (I  duchen  »  qui  dans  noire  laiigue  signi- 
fie un  monticule,  un  mamelon,  une  petite 
éminence  ;  de  là  sans  dout;  L  dénominatio'i 
de  Dunes  donnée  aux  f  Jaises  des  côtes  de 
Flandre  aux  monticules  factices,  etc.  (Duy- 
nen  (Belgi)  id  eft  cumulus  arenœ,  sive  :r  ons 
arenarius.  Dunen  et  Duynen  voc.-iulur  are- 
nosi  montes  oceano  ia  HoWundia  et  Flandria 
objecti . 

Ces  lignes  sont  extraites  du  chap.  XI  : 
«  Des  noms  des  villes  de  "Europe  et  de 
l'Asie,  altérés  dans  leur  dési;ience.  dans 
leur  forme  ancienne  et  rappelles  Uic)  à  leur 
véritable  signification  par  la  langue  des 
Bretons,  » 

P.  c.  c.  Em.  g. 


©rouoaiiies    el  Oiuiti.^itcH 

Les  nnaspacres  do  Saint-Domin- 
gus  en  1805.  Dessalines.  —  Les  évé- 
nements actuels  qui  ont  pour  thcàtVe 
Haïti,  ou  l'insurrection  est  a  l'état  endé- 
mique, donnent  quelque  actualité  au  do- 
cument que  nous  publions. 


Après  la  capture  de  Toussaint-Louver- 
ture,  par  le  général  Leclerc,  qui  avait  re- 
pris Haïti,  noirs  et  mulâtres,  affranchis 
par  la  Convention,  se  soulevèrent.  Ils 
chassèrent  les  Français  de  l'ile,  proclamè- 
rent son  indépendance,  lui  rendirent  son 
nom  d  Haïti  et  élirent  Dessalines  gouver- 
neur à  vie. 

(,e  Dessalines,  despote  cruel  et  fantas- 
que, avait  un  projet  plus  ambitieux  :  se 
faire  proclamer  empereur  par  les  noirs 
après  avoir  massacré  tous  les  blancs 

Ce  projet,  il  le  réalisa.  Le  récit  des 
massacres  a  été  fait  par  François  Beau- 
mont,  chirurgien.  C'est  le  témoignage  le 
plus  direct  et  le  plus  complet  que  nous 
possédions  sur  ces  tristes  événements. 

11  est  inédit.  Nous  le  publions  d'après  le 
manuscrit  des  Archives  nationales. 

LÉONCE  Grasilier. 

Dédaration  que  fait  François  Beaumont, 
chi>  urgien  de  z"  classe,  de  divers  événement 
qui  se  sont  fasses  sow;  ses  yeux,  ou  qui  sont 
parvenus  à  sa  ronnan.'atice.à  St-Di^mingue, 
defu:s  le  %  /ru(.t.dor  an  II,  qu' i!  jCit  pris 
par  le^  b.-ii^aiiusa  l.i  suite  d'un  dH  ichement 
à  une  lieue  Je  Port  au  Prince,  jusqu'au  34 
janvier  180^,  jinr  de  son  départ  ae  la  dite 
ville  sur  un  bâtiment  a:néricar,i,  qui  est 
allé  de  relâche  à  la  Jamm.nque,  d'où  le 
soussigné  s'est  reiuiu  à  la  Nouvelle-Or- 
léans. 

Le  29  mars  1S05. 

Au  n^oment  où  ie  fus  pris,  j'ai  vu  assassi- 
ner par  les  brigands,  nos  blessés  qui  éiaient 
au  nombre  de  sept  et  deux  soldats  du  déta- 
ctiement  qui  étaient  avec  moi  pour  m'aider 
a  panser  css  blessés,  ensuite  je  fus  conduit 
au  ca'Tip  l.efrère,  où  je  fus  gardé  à  vue  en 
me  menaçant  souvent  de  me  couper  le  cou, 
si  je  faisais  le  [t:oindre  mouvement  pour  me 
sEuver  ;  ils  me  forcèrent  de  panser  leuis 
blessés;  là  j'ai  vu  arriver  à  différentes  re- 
pri.'es  une  vingtaine  de  soldats  français  qui 
avaient  été  pris,  soit  à  des  forties  qu'on  fai- 
sjit  sur  eux,  de  Port  au  Prince  ou  lorsqu'ils 
allaient  au  fourrage,  ils  les  ont  toujours  tou.s 
assassinés  peu  de  temps  après  les  avoir  ame- 
nés. 

Après  l'évacuation  de  Port  au  Prince  par 
l'armée  Française, ils  m'ont  fait  venir  à  l'hô- 
pital de  cette  ville,  pour  y  pînser  et  soigner 
leurs  blessés,  conjointement  avec  plusieurs 
aunes  chirurgiens  qui  étaient  restés  le  len- 
demain de  leur  entrée  dans  l;i  ville. 

Dessaline.s  a  fait  rassembi  r  tous  les  blancs 
qui  se  sont  troiuvés  sur  la  pi  ce,  au  nombre 
de  80  sjus  arme,  là,  il  leur  a  donné  ordre 
de  remellie  toutes  les  aimes  qu'ils  avaient 
chez  eux  entre  les  mains  du  commandant  de 


'3Î 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 

» 


30  Juillet    1914 


i'?4 


la  place,  sous  peine  de  la  vie.  Ensuite  il  a 
fait  une  imposition  sur  la  ville  de  800.000 
livres,  il  a  incorporé  dans  ses  troupes,  tous 
les  blancs,  jeunes  et  ceux  qu'il  a  jugés  à  pro- 
pos. 

Les  premiers  jours  il  y  a  eu  quelques  ma- 
gasins de  pillés  en  ville,  et  inêmi  plusieurs 
b'ancs  dans  les  rues,  etc. 

Enviion  dix  jouis  après,  Dessalines  a  ras- 
semblé son  armée  et  s'est  mis  en  marche 
pour  aller  attaquer  la  ville  du  Cap,  il  m'a 
forcé  de  suivre  cette  armée  qui  est  arrivée 
au  haut  du  Cap,  le  36  Brumaire. 

Elle  a  attaqué  de  suite  les  postes  de  l'ar- 
mée française.  Le  6  frimaire  la  ville  du  Cap 
leur  a  été  livrée  par  l'évacuation  de  l'armée 
française,  le  lendemain  Dessaliues  a  fait  ras- 
sembler tous  les  blancs  qui  s'y  sont  trou^'és, 
sur  la  place  du  Champ  de  Mars,  au  nombre 
d'enviion  1200,  ils  ont  été  tous  pareillement 
désarmés  et  il  a  choisi  les  plus  jeunes  et 
ceux  qu'il  a  jugés  en  état  de  porter  les  armes 
qu'il  a  incorporés  de  force  ("ans  ses  troupes 
et  il  a  imposé  celte  ville  dun  million.  Il  y 
a  eu  quelques  assassinats  de  blancs,  quelques 
autres  pillés  chez  eux  et  d.rns  la  rue. 

Environ  15  jours  après  Dessalines  est  re- 
parti pour  le  bas  de  la  côte,  moi,  je  suis 
resté  nulade  au  Cap  environ  6  semaines,  en- 
suite je  reçus  ordre  de  retourner  à  Port  au 
Prin:e,  oCi  j'ai  été  chargé  du  service  de 
santé  en  chef,  dans  ce  temps  ;  sous  prétexte 
que  les  blancs  n'avaient  pas  payé  leur  con- 
tingent de  l'imposition,  il  en  a  fjit  noyer 
une  cinquantaine  des  plus  riches  en  s'empa- 
rant  de  ce  qu'ils  posséiaient. 

Ensuite  Dessalines  a  convoqué  une  assem- 
blée générale  de  tous  SCS  généraux  et  chefs 
qui  lut  tenue  aux  Gonsives  ;  où  il  fut  décidé 
que  tous  les  bUncs  français  qui  existaient 
dans  toute  la  colonie,  seraient  exterminés,  et 
tous  ceux  qui  par  la  suite  pourraient  y  abor- 
der. 

En  conséquence  de  ce,  Dessalines  donna 
ordre  de  les  détruire  dans  tous  le»  endroits 
où  ils  s'en  trouverait,  ensuite  il  s'ast  rendu 
lui-méiue  à  Jcrémic  où  i!  fit  massacrer  tous 
ceux  qui  s'y  trouvaitiii,  à  quelque  exception 
prés  ;  de  là  il  est  allé  aux  Cayes  où  il  a  fait 
la  même  chose,  puis,  il  est  venu  à  Port  au 
Prince  où  il  a  donné  ordre  à  tous  les  hommes 
blancs  Je  se  rendre  sur  la  place,  le  15  mars, 
sous  peine  d'être  fusillés  devant  leurs  portes, 
ceux  qui  ne  s'y  rendraient  pas,  ce  qui  a  eu 
effectivement  lieu  pour  environ  une  cinquan- 
taine ;  ceux  qi'.i  se  sont  rendus, ont  été  enve- 
loppés par  SCS  troupes  et  conduits  en  prison, 
a  l'exception  de  quelques  uns  qu'il  a  choisis, 
tels  que  des  officiers  de  santé,  qu'il  a  envoyé» 
à  l'hôpital,  de  quelques  artistes  ou  ouvriers 
qu'il  a  envoyés  à  l'aisenal,  Charles  Scguier  et 
Reignard  qui  par   la    suite   seront   sauvés  du 


continent  ;  dans  la  journée  et  les  deux  jours 
suivants,  il  a  fait  prendre  tous  ceux  qui 
étaient  en  prison,  et  tous  ceux  qu'on  a  pu 
trouver  cachés  ailleurs,  les  a  fait  tous  atta- 
chei  deux  à  deux,  après  les  avoir  entièrement 
fait  dépouiller  de  tous  leurs  vêtements,  lésa 
fait  marcher  tout  nus,  conduits  par  une  quan- 
tité de  mulâtres  et  di  nègres,  luy-mème  à  la 
tète,  les  a  lait  mener  hors  la  villr  sur  le  che- 
min de  Léogane,  où  il  leur  a  fait  trancher  la 
tète,  à  tous  et  les  a  fait  exposer  sur  des  pi- 
quets. Ces  exécutions  ont  duré  trois  jours, 
alors  toutes  les  femmes  blanches  ont  été 
pillées,  quelques-unes  ont  été  égorgées,  de 
même  que  quelques  enfants. 

Ensuite  ce  tigre  est  parti  pour  le  Cap,  où  il 
a  été  faire  exécuter  de  pareils  projets,  et  où 
la  rage  des  assassins  s'est  portée  à  boire  le 
sang,  à  rôtir  et  manger  le  cœur  de  leurs  mal- 
heureuses victimes,  et  où  les  femmes  et  les 
enfan:s  ont  été  exterminés  en  même  lems,  à 
l'exception  d'un  très  petit  nombre.  La 
cruauté  des  hoiiimes  de  couleur  s'est  très  par- 
liculiérement  distinguée  dans  ces  scènes 
d'horreurs;  pareilles  exécutions  ont  eu  lieu 
dans  les  autres  ditïérentj  endroits  où  il  s'est 
trouvé  des  hommes  blancs,  femmes  ou  en- 
tants. 

Environ  trois  mois  après,  toutes  les  femmes 
blanches  qui  restaient  h  Port  au  Prince,  ont 
étc  mises  en  prison  avec  leurs  enfants,  et 
dans  la  nuit  on  lésa  embarquées  et  conduites 
à  I..  pointe  du  Lamantin,  à  la  distance  d'une 
lieue  de  la  ville,  où  elles  ont  été  massacrées, 
ou  noyées  ainsi  que  tous  leurs  enfants.  Envi- 
ron un  niOiS  après  quelques  b'ancs  du  petit 
ncmbre  qui  avait  été  épargné,  se  sont  sauvés, 
Dessalines  a  don^é  ordre  de  les  finir  tous, 
dans  les  dilférents  endroits  où  ils  étaient,  ce 
qui  a  été  exécuté  en  partie,  car  le  petit  nom- 
bre qui  restait  lors  de  mon  départ,  ne  doit 
le  retard  de  leur  supplice  qu'au  besoin  que 
ces  bouireaux  ont  encore  d'eux.  Ce  qui  a 
porté  plusieurs  chefs  .1  se  rendre  caution  pour 
chacun  d'eux  en  pirticulier  ;  voici  à  peu  prés 
ce  qui  restait  à  cette  époque. 

A  Port  au  Prince  25  :  dont  un  prêtre,  y 
chirurgiens,  un  pharmacien,  2  imprimeurs, 
un  notaire  et  le  reste  sont  des  artistes,  ou- 
vriers, qui  ne  peuvent  pas  sortir  de  la  ville, 
et  lorsque  quelque  b.iliment  étr.mger  doit 
partir  on  les  renferme  à  l'arstnal  et  les  offi- 
ciers de  santé  à  l'hôpital,  avec  une  forte 
garde  dans  chaque  endroit,  jusqu'à  quelques 
jours  après  le  départ  des  bâtiments. 

Au  Cap  il  en  reste  quatre,  qui  sont  le  père 
Corneille,  prêtre,  Justanion,  médecin,  Roux, 
imprimeur,   et  Gardel,  boulanger. 

A  St-Marc,  1;.  Uaranzan,  chirurgien,  je 
ne  connais  pas  les  autres. 

A  jacquemel,  Chapot  chirurgien,  à  jérémie 
un  prêtre  et  uo  vieux  chirurgien  fou,  à  Léo- 


N-  1407  Vol.  LXX 


L'INTERMEDIAIRE 


'35 


,36 


gane  deux  officiers  instructeurs  des  troupes. 
Au  Môle,  Bruno  chirurgien  et  un  boulan- 
ger. 

Aux  Cayes,  quatre,  dont  Nombre    chirur 
gien,   un    prêtie,  un    imprimeur    et  un    ou- 
vrier. 

A  1.1  ville  Dessalinc-s  qu'on  établit  nouvel- 
lement pour  la  Capitale,  à  la  petite  Rivière 
de  l'artibonite,  à  l'endroit  nommé  autrefois 
Camp  Marchand,  elle  est  défendue  par  une 
citadelle  et  cinq  forts  considérables,  c'est  là 
qu'on  a  bâti  le  palais  Impérial  où  Dessalines 
sous  le  nom  de  Jacques  l"  empereur  d'Haïti 
doit  siéger  avec  toute  sa  cour.  Là  il  y  a  envi- 
ron trente  ou  quarante  blancs,  parmi  lesquels 
il  y  a  un  prêtre  nommé  Col  Jacobin,  un 
chirurgien,  et  le  reste  des  ouvriers  eiuplcyés 
à  la  construction  des  édifices,  etc. 

Depuis  le  départ  de  l'armée  française,  le.s 
brigands  ont  détiuit  les  forts  qui  défendaient 
les  villes  et  comblé  lei  fossés,  ils  ont  seule- 
ment conservé  un  foit  dans  chaque  port  qui 
défend  les  rades,  à  Port  au  Prince,  c'est  le 
fort  rislet,  au  Cap  Picolet,  etc.  dans  chaque 
quartier  ils  ont  construit  des  nouveaux  torts, 
dans  les  mornes  ils  ont  fait  transporter  les 
canons  et  munitions,  principalement  par  les 
blancs  hommes  et  femmes  avant  qu'ils  les 
eussent  massacre  s.  l'epuis  l'entière  évacua- 
tion par  l'armée  française,  ce  pays  a  un 
commerce  suivi  avec  la  Jamaïque,  les  an- 
glais y  apportent  toute  espèce  de  marchan- 
dises, provisions  et  munitions,  plusieurs  fré- 
gates anglaises  ^e  tiennent  sur  ses  côtes  pour 
protéger  ce  coiinnerce,  et  mouillent  souvent 
dans  différents  ports,  un  de  leuis  principaux 
agens  qui  en  commande  une,  c'est  Porquin. 
homme  de  couleur,  double  et  méprisable, qui 
a  rendu  quelquefois  quelque  service  à  quel- 
ques français  par  caprice,  et  commrais  des 
horreurs  abominables,  envers  beaucoup  d'au- 
tres. 11  est  souvent  chargé  des  dépêches  se- 
crètes du  gouvernement  anglais  auprès  de 
l'Empereur  d'Haïti,  les  bâtimens  des  brigands 
de  St-Dommgue  sont  reçus  à  la  Jamaïque 
sous  pavillon  Danois,  ils  ont  8  ou  10  cor- 
saires armés  chacun  de  8  .î  ro  pièces  de  ca- 
non qui  leur  ont  été  vtrrdus  par  des  arnéri 
cains,  ils  sont  employés  à  favoriser  leur  pe. 
tit  commerce  contre  les  corsaires  français 
qui  viennent  croiser  sur  les  côtes  de  St-Do- 
mingue. 

Quant  aux  Américains,  c'est  eux  qui  font 
le  plus  grand  commerce  dans  les  différents 
ports  de  St-Domingue,  ils  fournissent  con- 
tinuellement à  ces  brigands,  toutes  espèces  de 
provisions,  des  marchandises,  toute  sorte 
d'armes  et  de  munitions.  Je  leur  ai  vu  dé- 
barquer à  Port  au  Prince  il  y  a  environ  6 
mois  six  cents  milliers  de  poudre,  trente  mille 
fusils,  autant  de  gibernes  et  trente  mille  sa- 
bres et  un  moulin  pour  fabriquer  de  la  pou- 
dre venant   du   continent,    avec  des  ouvriers 


nécessaires  pour  l'installation  pour  conduire 
cette  fabricatitn.  Deux  briks  étaient  entiè- 
rement chargés  de  ces  objets.  Il  y  avait  à 
Port  au  Prince  lors  de  mon  départ  vingt  bâ- 
timents américains  tous  plus  ou  moins  ar- 
més, depuis  8  ou  10  canons  jusqu'à  18.  Il  y 
en  avait  un  de  1000  tonneaux  armé  de  40 
pièces  de  canons  ayant  environ  200  hommes 
d'équipage  nommé  <c  Louisiana  »  et  un  aulre 
trois  mât.î  presque  aussi  fort:  il  y  avait  beau- 
coup d'Américains  d'établis  dans  la  ville  dont 
40  au  moins  tenant  nragasin  ;  plusieurs 
d'entre  eux  avant  le  massacre  des  malheu- 
reux français  les  ont  engagés  de  se  réfugier 
chez  eux,  avec  ce  qu'ils  possédaient,  en  leur 
promettant  de  les  sauver;  environ  200  s'y 
sont  cachés,  qui  au  lieu  de  trouver  en  eux 
des  amis,  n'y  ont  trouvé  que  les  complices 
de  leurs  bourreaux  qui  les  ont  inhumaine- 
ment livrés  à  leurs  assassins  les  mulâtres  et 
les  nègres  . 

Lors  de  mor:  déport.  Dessalines  s'occupait 
à  rassembler  uiie  armée  pour  aller  attaquer 
Saiito  Domingo  qui  devait  être  composée  de 
douze  à  quinze  mille  hommes,  il  avait  déjà 
passé  en  revue  le  coniingent  que  Port  au 
Prince  devait  fournir,  les  avait  habiilés  et 
payés  de  même  que  ceux  de  la  partie  du  Sud 
d'où  il  revenait  depuis  peu  de  jours.  Voilà  à 
peu  près  les  principales  choses  que  j'ai  vue^ 
ou  qui  sont  parvenues  jusqu'à  ma  connais- 
sance dont  je  me  rappelle  en  ce  mosient. 

Depuis  environ  6  mois  il  est  arrivé  de 
France  par  la  voie  du  continent  beaucoup 
d'hommes  de  couleur  et  quelques  nègres 
entre  autres  Mentor,  ex-représentant  du  peu- 
ple à  Paris,  Blanchetle,  ancien  adjudant  gé- 
néral de  Rigaud,  trois  anciens  officiers  de 
son  état-major  et  une  infinité  d'autres  que 
je  ne  connais  pas. 

Plusieurs  anciens  chantres  nègres  ont  été 
nommés  par  Dessalines,  curés  dans  différents 
endroits  dont  un  à  St-Marc,  un  h  Léogane, 
un  autre  à  l'Archaï.  Les  brigands  qui  compo- 
sent l'Etat  major  de  Dessalines  sont  Bazelaix, 
général  de  Brigade,  chef  de  son  Etat-major, 
Boiron  Tonnerre,  adjudant  général,  Roux 
Bourno,  Deleard  Caibonne,  Jean  Zombis, 
Macajoux  Lorct  DupuisAine,  interprètes  tous 
mulâtres,  Mentor  Charlolteau  Daraud  Dia- 
coué  Diaqua,  Secrétaire  particulier  tous  nè- 
gres et  Quené  Griffe. 

Beaumont. 

à  la  Nouvelle  Orléans 
le  29  Mars  l8os 
[  F?-  6479-  J 


/,*  Directeur-girant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

IiiiC^-i-fcKC-D*Kici.,Sl-AmaTid-Mont-K.  nd 


LXX*  Volume    Paraissant  u>  ro.io  ei  io  de  cbaque  mois  Du  10  Août  au  10  Dec. 1914 


N»  1408 

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DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fop.dé   en    !SÔ4 


:O.SS     KT     KÉl'Oi'iSÏÏ.S     LITTÉRAHIKS,     HISTOliUjUES,    SOlKPiTIKIol'KS     ICI    AKilSTlOUfS 
TM0ti¥4!!,!.liS    RT    CURiuSITKS 

'37 '38  

A  NOS  LECTEURS  ET  COLLABORATEURS 


L'IuUrmédiaiie  reparait  après  une  éclipse  de  quatre  mois.  Notre  dernier  numéro 
portait  la  date  du  jo  juiliet.  Le  lendemain,  la  mobilisation  était  décidée.  Les  che- 
mins de  fer  appartc.ianî  aux  transports  de  troupes,  le  service  postal  cessait  de  fonction- 
ner normalement.  L'arrêt  de  la  vie  économique  était  à  peu  prés  absolu. 

Un  seul  objet  dominait,  absorbait  tous  les  esprits  :  la  guerre  où,  pour  son  hon- 
neur et  sa  liberté,  la  France  s'engageait. 

V InU-rmcdiaiic  dut  cesser  sa  publication.  11  la  reprend,  ou  pour  être  plus  exact,  il 
croit  qu'il  est  de  son  patriotisme,  de  tendre  en  sa  modeste  sphère,  à  manifester  une 
aciiviie  relative,  parce  qu'elle  ne  peut  qu'être  un  symptôme  d'ardent;  confiance  dans 
l'issue  d'uoi  lutte  où,  nos  soldats,  avec  nos  alliés,  ont  montré  en  des  batailles  quoti- 
diennes, la  magnificence  de  leurs  dons. 

La  guerre  est  loin  de  toucher  à  son  terme.  Devons-nous  l'attendre,  dans  une  impa- 
tience stérile,  ou,  tout  notre  espoir  réfugié  dans  ceux  qui  ont  la  mission  de  libérer 
l'avenir,  n'est-il  pas  plus  patriotique  de  revenir  à  nos  calmes  travaux  ? 

Les  corps  savants  ne  nous  en  donnent-ils  pas  l'exemple  ?  Ne  fut-elle  pas  un  ré- 
confort, à  l'heure  la  plus  sombre  de  ces  jours  passés,  la  décision  que  prirent  les  Aca- 
démies, de  continuer  à  siéger  à  Paris  quand  l'exode  aflfolé  le  dépeuplait  ?  Ce  fut  une 
belle  leçon  d'énergie  morale  ;  d'autant  que  cette  décision  était  loin  de  comporter  le 
moindre  détachement  des  événements  qui  se  déroulent  et  orientent  notre  destinée. 
L'éruJition  et  les  belles-lettres  ne  sont  pas  un  domaine  fermé  aux  préoccupations  ex- 
térieures. 

L'Inttrmédiaire  sera  pour  beaucoup  des  sujets  abordés,  le  reflet  de  l'heure  présente. 
Cependant,  nous  avons  tenu  à  ce  qu'aucune  solution  de  continuité  n'existe,  dans 
notre  publication.  Nous  continuons,  ayant  repris  où  nous  en  étions.  Lorsqu'en  1873, 
lonjitemps  après  la  paix,  r/n/if/-m(<rfi.7(>£'  qui  avait  suspendu  sa  publication  en  juillet 
avec  la  déclaration  de  guerre,  reparut,  ce  fut,  comme  vous  le  savez,  avec  le  numéro 
tout  préparé  qui  avait  été  retrouvé  sur  le  marbre  de  l'imprimerie. 

Nous  en  faifons  autant  :  c'est  le  numéro  qui,  déjà  composé,  devait  paraître  le 
10  août  qui  parait  aujourd'hui,  10  décembre.  Néanmoins,  il  nous  aurait  paru  suprê- 
mement inconvenant  d'affecter  un  détachement  que  nous  n'avons  pas,  et  de  conti- 
nuer à  tracer  notre  sillon,  comme  si,  à  côté  de  nous, le  canon  ne  tonnait  point  ;  comme 
si  nos  fils  n'opposaient  point  aux  entreprises  de  l'ennemi  l'invincible  muraille  de 
leurs  vaillantes  |)oitrines. 

Les    petits  problè  1  es,  dont  la  solution  nous  importe,  seront, le  plus  souvent  pos 
sible,  inspirés  par  les  événements. 

LXX.  4 


N»  1408.  Vol.  LXX. 
139 


L'INTERMEDIAIRE 


140 


Nous  sommes  régis  par  la  loi  des  échanges.  Nous  interrogeons  et  nous  répondons. 
Dans  l'état  actuel  des  relations  postales,  que  peut  être  cette  conversation  ?  C'est  ce 
que  le  présent  numéro  va  nous  apprendre.  Nous  serons  d'autant  plus  réguliers  qu'elle 
sera  plus  active.  Mais  nous  ne  saurons  oublier  que,  sur  de  nombreux  points,  nous  ne 
pouvons  joindre  encore  maheureusement  nos  collaborateurs,  et  que,  d'ailleurs,  beau- 
coup d'entre  eux  sont  sur  la  ligne  de  feu,  qui  font  mieux  que  d'écrire  l'histoire  :  ils 
la  vivent  et  la  (ont. 

Nous  leur  envoyons  notre  patriotique  salut,  en  leur  disant  notre  fierté  et 
notre  reconnaissance  pour  la  tâche  sacrée  qu'ils  accomplissent.  Elle  force  l'admira- 
tion des  peuples  civilisés  que  stupéfie  le  retour  de  ce  \andalisme  que  l'on  croyait 
aboli  depuis  les  âges  barbares. 

M. 


AVIS  A  NOS  ABONNÉS 


Des  abonnés,do>it  l'abonnement  est  expiré  ou  va  expiier,noui  ont  adresié  leur  réabon- 
nement sins  tenir  compte  de  l'interruption. 
Nous  ne  pouvons  que  les  remercier . 

D'jitltes  -ious  ont  propo;i  diveis'i  solutions,    qui,  en  m.ijoriié,  prèferoit  celle-ci: 

Réduire  le  montant  de  l a'oonnemen l pour  igi^  dans  la  proportion  de  VintenupHon 
de  1014.  ' 

En  ce  cas,  le  prix  de  l'abonnement  d'un  an  pour  les  abonnes  d'un  an  dont  l'abonne^ 
ment  expire  fin  décembre,  serait  :  pour  l'année  içt^,  de  12  fr.  au  lieu  de  16  fr. 
(14  fr.   au  lieu  de  18  fr.  pour  l'étranger). 


<ÊL\H'^iïon^ 


La  Force  prime  le  Droit.   —  Cet 

axiome  est  prêté  à  Bismark.  Est-il  litté- 
ralement son  expression  ?  Où  l'a-t-it  écrit  ? 
Quand  ? 

Abbé  G. 

La  prophétie  des  Hohenzollarn 

—  Un  moine  nommé  Hermann,  a  pré- 
dit que  la  fin  des  Hohenzollern  serait  la 
conséquence  d'un  «  forfait  si  exécrable 
que  la    mort    ne    pourrait  l'expier  ■>-. 

Qu'était  ce  moine  .?  Que!  crédit  faut-il 
accorder  à  sa  prophétie?  J'entends  quant 
à    l'authenticité  matérielle  du  document. 

Où,  à  quelle  date,  le  texte  a-t-il  été  pu- 
blié pour  la  première  fois  ? 

D'  L. 

Les    AUsm.inis  en   1871  ont-ils 
passa   sous    l'Are-de  -Triomphe,   à 
Paris?        Qu'ils   y  aient    ou    non    passé 
en  1871,  ils   n'y    passeront  pas   en  1915, 
mais  la  question  n'est   pas  là.  Il   s'agit  de  j 
savoii    si    les  Allemands  passèrent  sous  i 
l'Arc  de-Triomphe  quand   ils   firent  leur  ' 
entrée  dans  Paris.  '' 


.M.  Ernest  Lavisse,  dans  un  article  de 
la  Revue  de  Paris  (novembre   1914)  écrit  : 

!l  y  ,1  chez  nous  dos  âmes  de  vaincus  :  que 
la  jeunesse  leur  soit  indulgente  !  Elles  sont 
hantées  par  les  souvi.-nirs  de  la  iolale  dé- 
faite, des  désolantes  nouvelles  qui  se  succè- 
dent impitoyableniei'.t,  de  cette  procl.imatioii 
d'empire,  sous  les  lambris  de  Louis  XiV  ; 
du  passage  de  ces  casques  sous  l'Arc  de 
Napoléon,  et,  à  la  fin,  de  l'amputation  de  la 
pifrie. 

la  tradition  ne  veut-elle  pas  que  l'Arc- 
de-Triomphe,  ayant  été  encombré,  les 
Allemands,  lors  de  leur  timide  entrée,  dé- 
filèrent à  côté  ^ 

Il  est  vrai  qu'on  dit  aussi  qu'au  départ 
ils  passèrent  d^ïssous 

Où  sont  les  textes  r  Où  sont  les  témoi- 
gnages .? 

Y. 

L'indemnité  aux  vicùmes  de  la 
guerre.  —  Comment  cute  indemnité 
fut-elle  pa\'éc  après  la  guerre  lic  1870.'' 

Quelles  victimes  y  eurent  droit .?  Quelles 
furent  les  parts  contributives  de  l'Etat, 
des  départements,  des  communes  .'' 

A-t-il  été  publié  un  travail  à  cet 
égard  ? 

M. 


DBS  CHERCHEURS  BTCURIBUX 


10  Décembre  1914 


141 


142 


Le  sou  des  chaumières  —  N'y  eut- 
il  pas.  après  la  guerre  de  1870,  une  re- 
constitution des  chaumièresbrùlées  ou  dé- 
truites par  les  Prussiens  qui  portèrent, 
dans  la  maçonnerie,  le  millésime  de  cette 
réédification  ? 

N'en  reste-til  plus  ?  Et  s'il  en  reste, 
où  pourrait  on  en  signaler  ? 

Y. 


Le  Muses  Plantin.  —  On  demande 
des  nouvelles  de  ce  musée.  A  t-il  soufTert 
de  l'occupation  prussienne? 

M. 


Le  pantalon  rouge.  —  Ce  pantalon 
rouge  qui  était  le  caractère  distinctifde 
notre  armée, va  disparaître.  A  quelle  épo- 
que remonte-t-il  .'  On  en  attribue  l'inven- 
tion tantôt  à  Soult,  tantôt  au  vicomte  de 
Vaux.  En  tous  cas  on  lui  assigne  1829 
pour  point  de  départ. 

Ne  serait-il  pas  intéressant  d'en  faire 
l'historique  ? 

A.B.X. 


Culture.  —  Kultur.—  C'est  une  ex 

pression  qui  senible  avoir  été  surtout  em- 
ployée par  les  intellectuels  allemands. 

Nous  avions  le  mot  «  éducation  ». 

A  qui  faut-il  faire  remonter  l'emploi  de 
cette  expression  dans  le  sens  étendu  que 
l'infaluation  germanique  lui  donne  aujour- 
d'hui.? 

D'L. 


I 


Les  deux  étudiants  allemands  de 

1815.  —  En  181  ï,  les  étudiants  de 
l'université  de  Berlin,  au  nombre  de  450, 
vinrent  com'ijatlre  la  France.  Il  y  eut 
parmi  eux  4;  morts.  M.  Ernest  Lavisse 
assure,  sans  donner  de  références  à  son 
ordinaire,  que  deux  de  ces  étudiants  sont 
ensevelis  au  pied  de  la  colline  de  Mont- 
martre. 

Pourrait-on  donner  quelques  précisions 
indispensables  ?  J  .- 

«  Inondatio  6  tendues.  »   —   Les 

communiqués  militaires  ont  appliqué 
cette  expression  «  tendue  »  aux  inonda- 
tions dans  le  Nord. 

Est-ce  une  expression  technique  ? 

V. 


Ohé,  les  Autrichiens  !  —  En  1859 

(ça    ne     me   rajeunit    pas)    j'ai     entendu 
,   chanter  en  France  une  chanson  populaire 
I   sur  l'air  bien  connu  de  :  «  Ohé  !  les  petits 
I  agneaux  !  » . 
;      J'en  ai  retenu  l'un  des  couplets  : 

Ce  bon  Monsieur  François 
1  Qui  gouvern'  l'Autriche, 

De  sa  mcntier  sournois 

N'a  pas  été   chiche. 

De  l'encourager  la  France   était    incapa- 
!  ,  fble. 

C'est  cartes  sur  table 

Qu'elle  a  toujours  joué. 

\  Refrain 

Ohé  les  Autrichiens! 
i  Via  l'bal  qui  commence  ; 

;  Boulets  et  biscaïeiis 

j  Vont  entrer  en  danse. 

Nos  miliciens 
;  Vous  joueront  plus  d'une  contredanse. 

I  V'ià  le  bal  qui  commence, 

■  Oht;  les  Autrichiens  ! 

;  Si  un  intermédiairiste  de  mon  âge 
.  (70  ans), ou  à  peu  près.pouvait  me  procu- 
;  rer  les  autres  couplets,  je  lui  en  serais  re- 
I  connaissant. 

!       Cette   chanson   a  un  vrai  regain  d'ac- 
i  tualité,  car  Monsieur  François  existe  tou- 
jours et  nous  sommes  entrés  en  danse  avec 
son  pays. 

Dehermann. 


€  Incbargée  » .  —  C'est  également 
une  expression  qu'on  rencontre  dans  les 
communiqués  :  «<  La  position  est  inchan- 
gée >  On  en  a  critique  l'usage.  Littré 
cependant  l'admet.  Qu'en  pensent  nos 
collaborateurs  ? 

V. 


I      Ce  qu'on  a  dit  des  allemands.  — 

j  On  a  publié  de  nombreuses  opinions  sur 
j  les   allemands,  toutes  sont  sévères. 

Ne  pourrions-n  us  en  rccueillirde  nou- 
velles'' 

Qu'a-ton  dit  des  allemands  à  travers 
l'histoire  qui   concorde    avec    les   senti- 
ments que   la   guerre   actuelle  nous  ins- 
i   pire  .? 

î  K. 


N»    1408  Vol.  LXX. 

. 145 


L'INTERMEDIAIRK 


La  fin  de  la  guerre  —  Nous  po- 
sons des  questions,  mais  il  en  est  une  que 
l'on  pose  tous  les  jours  partout  :  quand 
finira  la  guerre  ? 

Pourquoi  Vlnteimcdiaiie  ne  l'accepte- 
rait-il  pas  ? 

L.   V. 

[Nous  estimons  que  cette  question  sort 
de  r:otre  cadre.  La  guerre  finira  quand 
les  alliés  auront  été  victorieux,  car  il 
nous  est  défendu  d'admettre  une  autre 
hypothèse,  et  que  l'hypothèse  adverse 
est  d'ailleurs  en  contradiction  avec  la 
logique. 

Mais  nous  pouvons,  pour  exercer  notre 
perspicacité,  essayer  d'entrevoir  une  date. 

Toutefois,    nous  n'insérerions    aucune 
réponse  qui  serait  du  domaine  politique  et 
traiterait  des  conditions  de  la  paix. 
Laissons  ce  soin  aux  diplomates]. 

Boche  —  Qi  el  est  l'origine  de  ce 
mot  qui  est  communément  appliqué  aux 
Allemands  dans  la  présente  guerre  ? 

A-t-il  été  inventé  par  nos  soldats  ? 
Existait-il  avant  l'entrée  en  campagne  .? 

A.  B.  X. 

* 

•  * 
Ce  sujet     a  déjà   beaucoup  intéressé  la 

presse.     Citons    quelques    réponses     qui 

peuvent  aider  à  cet  éclaircissement. 

Du  Temps  : 

L'oiigina  du  mot  «  Boche  »  reste  myté- 
rieuse.  Les  étymologistes  elles  philologues  à 
qui  nous  avor.s  posé  la  question  n'ont  trouvé 
aucune  solution  à  ce  petit  problème  de  lin- 
guistique. En  revanche,  nous  recevons  d'un 
de  nos  lecteurs,  M .  Arnold  Naville,  une  lettre 
où  on  tiouvera  une  explication  que  nous 
soumettons  à  tous  ceux  que  la  question  préoc- 
cupe : 

Monsieur  le  Directeur, 

Puisque  la    question    de   l'origine   du    mot   j 
«   Boche  !•  semble  être,  jusqu'à  ce  jour,  res- 
tée sans  solution,  u;i  lettré  de  chez  vous  veut- 
il  examiner  ma  suggestion  : 

Les  Teutons  eurent  pour  roi,  un  siècle  en- 
viron avant  notre  ère,  un  homme  qui,  la  tra- 
dition raffirnie,  <  était  un  géant  et  sautait 
par-dessus  six  chevaux  rangés  de  front  > 
(cf.  Scignobos.  Hiiloire  de  l'^tnliquité).  II 
fut  pris  et  enchaîné  par  les  légionnaires  de 
Marius,  consul  romain,  au  moment  où,  re-  ! 
venant  d'Ibérie,  il  traversait  la  Gaule  pour  I 
rentrer  en  Teutonie.  j 

M.  Anatole  l'rarce  a  ctriainement  dû  faire  i 
le  récit  de  ces  événements  d.ins  la  grande  | 
«  Histoire  de  France,  50  v(  lûmes,  avec  tous  j 
les  détails  »,  qu'il  écrivit  à  l'âge  de  huit  ans,    \ 


1,(4 
avec    M. 


;    en    colla'Doration    avec    M.    Fontanet  (cf.  A. 
/    France  :  Le  livre  de  mon  ami). 

Ce  roi  des  Teutons  s'.-ippelait   TtUlobochus. 

Les  deux  parties  du  nom  «  Teutoboche  » 
!  ne  coriespondraient  elles  pjs,  ctymoîogique- 
i  ment,  au?;  deux  mots  qui  r.ous  servent  à  dé- 
I  signer  les  Allemands  :  Te'-.tcn^  Jiochc  ?  Se- 
[  rait-il  même  permis  de  ■supposer  qu'un  jour 
I  quelqu'un  piononç:ï  h  T<  ntoboche  »  et  quj 
son  voisin  entendit  «  Ttte-df-Bcche  »? 

Veuillez  agriier,  f.z. 

.*.p-;0LD  Naville. 


Du  Figaio  : 

Sur  l'élyrcologie  de  Bo.he,  on  a  discuté  ; 
on  a  écrit  bien  des  choses,  et  même  A-i  jo- 
lies choses  :  dans  le  Fij^nro,  par  exemple, 
Maurice  Doiinay.  Au  surplus,  laissons  l'éty- 
mologie.  Une  autre  question,  c'est  desavoir 
à  quelle  date  l'Allemand  reçut  le  surnom 
d'Alboche  ou  de  Boche.  On  paraît  croire  et 
l'on  a  dit  que  c'était  là  une  invention  récente  : 
on  i'a  rapport-e  au  début  de  la  présente 
guêtre.  Et  l'erreur,  I.'  voilà.  Il  faut  remonter 
plus  loin.  Beaucoup  plus  loin,  si  je  ne  me 
trompe. 

Un  romancier  belge  de  grand  talent, 
IW.  EdniondGIesener,  a  publié,  voici  quelques 
années.  Le  cœui-  de  François  kémy,  un  très 
beau  livre  d  ailleurs,  et  tout  plein  de  l'amour 
du  sol  natal.  Je  n'ai  pas  sous  la  main  la 
première  édition  de  cet  ouvrage,  mais  la 
«  nouvelle  édition  »,  qui  est  de  1907.  Eh  I 
bien,  dans  Le  Cœur  de  français  Jiémy, 
M.  Glesener  raconte  et  painri  bien  des  épi- 
sodeo  pittoresques,  un  tournoi  de  lutte  à 
mains  plates.  L'un  des  lutteurs  est  un  Po- 
niéranien,  du  nom  de  Su'rgher.  Aux  prises 
avec  un  solide  Wallon,  ce  diable  d'hpmme 
fait  des  siennes.  L'assistance,  principalement 
liégeoise,  souhaite  le  succès  de  l'autre.  Et 
voici  les  bribes  du  dialogue  qu'il  y  a  dans  la 
foule  :  «  Vive  Lombard  !..  »  C'est  le  Wal- 
lon... «  L'Allemand  a  touché.  —  Non,  non  ! 
—  Si.  On  l'a  vu  !  —  Non, non  !..  .  »  La  foule 
se  fâche  et  crie  :  «  A  la  porte  l'Alboche  I...  » 

Donc,  il  y  a  plus  de  sept  ans,  Alb.che 
était  déjà  le  sobriquet  populaire  de  l'Alle- 
mand. Et  je  crois  qu't  n  est  assez  content  de 
le  trouver,  sans  nulle  aménité.,sous  la  plume 
d'un  écrivain  belge. 

«  A  la  porte,  l'Alboche  !. ..  ».  Ces  mots 
ont  pris,  du  reste,  une  signification  plusar- 
df.nte,  aujourd'hui  :  comme  ils  résonnent 
profondément,  tout  vibrants  d'espoir  et  de 
certitude  passionnée,  dans  tous  les  cœurs  de 
Wallonie!... 

RÉMI. 

Boches  et  Alboches. 

M  Gustave  Fustier,  qui  s'est  fait  à  l'In- 
termédiaire des  chercluurs  et  curieux  une 
spécialité   des    questions   argotiques,    nous 


M5 


DES  CHERCHEURS  ET  CUKIEUX  lo  Décembre  1914 

146     


envoie  la  petite  nota  que  voici  en  réponse  à 
l'article  paru  vendredi  dernier  : 

f  L'emploi  du  mot  Alboche  est  plus  ancien 
que  le  croit  votre  col  aboratcur  Rémi,  Si  je 
ne  me  trompe,  on  en  a  usé  quelques  années 
l'prèi  11  guerre  de  1S70;  il  remplaçait  alors 
I;  terme  Prti^co.  Je  n""  puis,  malheureuse- 
ment, vous  donner  de  références  plus  an- 
ciennes que  celles-ci  :  <  Et  alors,  mes  cocos, 
vous  allez  voir  Ijs  Albaches  ?...  Oui,  je  veux 
dire  les  Allemands,. .)  Germain  :  A  toutes 
briJes,  1893),  Parti  hier  de  Biuxelles,  nous 
sonimes  au  pays  des  Alboches  {la.  Patrie, 
so  juin  1S97).  Coupable  d'avoir  bazardé  aux 
Alboches  des  papiers  intéressant  la  défense 
nationale  \te  pire  Pi-'iur  !,  27  février  189S),  » 
Autre  lettre  : 

Eh  !  bien,  mon    cher  confrère,   le  mot  est 
plus  vieux  que  vous  ne  croyez.  Lisez  ceci  : 
t   Monsieu', 

f  Aussi  loin  que  se  reportent  mes  souve- 
nirs, c'est-à-dire  huit  ans  enviion  avant  la 
guerre  de  1870,  je  me  rappelle  qu'à  Metz, 
qui  fut  toujouis  p  u  bo5pit,;uère  aux  Alle- 
mands, on  les  appelait  «  Albcches  »  par 
exécration  de  leur  langage  et  «  Tête  de 
boches  »  pour  leur  esprit  balourd. 

Ce  serait  donc  la  population  messine  qui, 
par  esprit  de  moquerie,  aurait  imaginé  ces 
surnoms,  si  bien  appropriés  au  sujet,  et 
qu'elle  aur.iit  communiqués  à  ses  descen- 
dants après  l'option. 

Veuillez  agréer,  etc. 

M"  D..., 
Bécon-jes-Bruyères. 

Nous  recevons  la  lettre  suivante  : 

«  Voulez-vcus  accepter  une  légère  contri- 
bution à  l'étude  de  l'or  gine  du  terme 
«  Boches  11  ?  Elle  diffère  notablement  de 
l'int'^rprétation,  que  donnait  récemment  le 
général  Zurlinden,  d'un  renversement  du 
mot  «  Schowb  >  dont  le  iv  aurait  été  sup- 
primé par  la  fantaisie  dts  troupiers  revenant 
d'Alsace, 

«  Lorsqu'il  fut  adopté  unanimement,  dès 
les  premiers  jours  de  la  guerre  actuelle,  il 
dérivait  plus  vrai-iemblablcment  de  l'appella- 
tion Alboche,  usiiée  depuis  longtemps,  par 
l'argot  de  Paris  et  d'ailleirs,  pour  dés'gner 
tout  ce  qui  venait  d'outre-Rhin  sans  pouvoir 
s'acclimater  ici.  Au  lycée,  il  y  a  bien  des 
années,  nous  disions  déjà  ;  une  leçon  d'al- 
boche,  un  devoir  d'alboche,  un  professeur 
d'albochc. 

»  Le  parigùt  est  un  lojstic  qui  impose 
promptemeni  à  la  caserne  son  langage  imagé 
et  ses  trouvailles  phonétiques.  Il  a  lancé  iaci- 
lemenl  le  mot  Boche,  qui  simplifiait  l'autre 
et  qui,  par  son  allure  lourde  et  comique,  est 
des  mieux  appropriés  à  bOn  objet, 

Nr  raconte-t-cn  pas  dans    le    peuple   cette, 
petite    légende?   Le    parler    allemand    s'est 


trouvé  fixé,  lors  de  la  construction  de  I* 
Tour  de  Babel,  à  la  suite  d'une  dispute  entre 
maçons,  qui  préparaient  les  matériaux  de 
l'édifice.  L'un  d'eux,  agacé  par  l'autre,  qui 
lui  cherchait  une  mauvaise  querelle,  lui 
lança  en  pleine  bouche  une  poignée  de  mor- 
tier. Depuis  cette  époque,  date  de  la  confu- 
sion des  langues,  le  «  Boche  >  aurait  con- 
servé I  élégante  façon  de  s'exprimer  que  vous 
savez,  » 

Em,  Blondont, 
avo.at  à  la  Cour. 


1  Quelle  pouv.iit-être  la  population 
1  de  Gonstantinople  en  1453?  —  La 
i  question  tst  d'autant  plus  intéressante 
i  qu'en  lisant  le  remarquable  ouvrage  que 
i  M,  Gustave  Schlumberger  vient  de  con- 
■   sacrer  au  siège  et  à  la  prise  de  Constan- 

linople  par  les  Turcs,  on  est  stupéfait  de 
'  constater  l'inertie  des  habitants  de  cette 
':  ville  immense  :  la  défense  était  abandonnée 
:  uniquement  à  une  petite  garniion  de  7  à 
,  8000  combattants  (dont  3000  étrangers) 
!  qui  luttèrent,  durant  33  jours,  avec  un 
i  courage  héro'ique  cintre  les   assiégeants. 

L'armée     turque    comptait     de     160    à 

200,000  hommes  appuyés  par  une  flotte 

importante. 

J.W. 

■UnA  version   scmdaleuse   de  la 
mort  de   Maria-Thérèse    d'Autri- 
che, —  En  dépouillant   la  curieuse  cor- 
respondance de  l'abbé   Atto  Melani  rési- 
dent de  Toscane  à    Paris,   avec  son  gou- 
!  vernement,  je  rencontre  quelques   lignes 
I  relatives  à  la  mort  récente  de  la  Reine  de 
!  France  : 

!  la  Reine,  affirme  Atto  Melani,  à  la  date 
du  34  janvier  1684,  n'est  pas  morte  d'autre 
mal  que  du  mal  que  lui  a  communiqué  son 
ép  ux.  On  dit  que  celui-ci  en  est  guéri. 

La  Re^imt  non  é  moyti  d'altro  maie  che 
di  maie  attocatogU  dal  marito,  qutil  diceno 
enerne  guarito. 

(Archivio  R.  di  Firenze  —  Mediceo 
4801). 

C'est  la  première  fois,  croyons-nous, 
que  l'on  signale  cette  version  de  la  mort 
de  la  Reine,  Est-elle  exacte  ?  Nous  nous 
bornons  à  en  signaler  l'existence  aux  his- 
toriens épris  de  problètnes  de  ce  genre. 

Pour  notre  part,  nous  n'avons  jamaij 
encore  pu  prendre  en  défaut  l'observa, 
teur  minutieux  qu'est  Alto    Melani.  Ce^ 


N»  Mo8.  Vol.  LXX. 
'47 

ancien  chanteur,  devenu  diplomate,  est 
en  général  merveilleusement  informé  de 
tout  ce  qui  se  passe  à  la  Cour  de  France 
et  ne  manque  aucune  occasion  de  crier 
tout  haut  ce  qui  se  murmure  dans  les  ap- 
partements de  Versailles. 

Henry  Prunières. 

A.  de  Corval.  —  Qui  pourrait  me 
donner  des  détails  sur  la  personnalité 
d'A,  de  Corval,  auteur  de  Bandit,  pièce 
en  5  actes  et  en  vers,  imitée  de  V Aïeule 
de  Grillepazer  et  parue  en   1879  ? 

P.  B.  T. 

De  Baissey  (famille).  —  A  propos 
d'une  question  parue  dans  le  dernier  n° 
de  V  Intermédiaire,  je  désirerais  connaître 
les  armes  de  cette  famille  bourguignonne 
et  savoir  s'il  en  existe  une  généalogie. 

C.  B. 

Le  Hideux.  —  Cette  famille,  appa- 
ramment  normande,  a  habité  le  comté  de 
Gournayet  les  environs  deNeufchâlel  en- 
Bray,  notamment  Sommery  ;  ses  armoi- 
ries sont  inconnues,  notamment  de  M. 
Ch.  Fourcin,  qui  s'est  occupé  beaucoup 
des  Le  Hideux. 

On  trouve  ce  nom  mentionné  aussi 
dans  VHiitoire  de  Cournay  de  Potin  de  la 
Mairie,  ainsi  que  celui  des  Chambly. 
Dans  un  recueil  de  sceaux  se  trouve  celui 
d'un  Chambly,  au  centre  duquel  est  ce 
nom  :  «  Hue  Le  Hideux.  —  Les  Le  Hi- 
deux et  les  Chambly  ne  sont-ils  pas  la 
même  famille  sous  ces  deux  différents 
noms  ? 

C.  L. 

Le  cerveau   de    Talleyrand.    — 

Victor  Hugo  raconte,  dans  Choses  vues, 
que  les  médecins  qui  avaient  embaumé 
'lalleyrand  ayant  oublié  son  cerveau  sur 
une  assiette,  un  serviteur  le  jeta  dans 
l'égout  de  la  rue  St- Florentin. 

Cette  histoire  est-elle  vraie  ou  n'est-ce 
qu'une  imagination  du  grand  poète  qui 
a   brodé  là-dessus  de   belles  antithèses  ? 

NlSIAR. 

Armoiries  à  identifier  à  Saint- 
Pierre-Laval.  —  A  quelle  famille  ap- 
partient  cet  écu,     sculpté   sur   le    socle 


L'INTERMEDIAIRE 


—     148 


d  une  très  belle  statue  de  sainte  Cathe- 
rine,   dans  l'église  de  Saint-?ierre-Laval 
(Allier)  ?£)^...   à    la  b.inde  dencbie  de.. 
accompagnée  de    trois   étoiles,   tin    et  Jeux, 
mal  ordonnées. 

O.-C.  Reure. 

La  plus  ancienne    armoirie.   

Pour  qu'on  ne  se  méprenne  point  sur  le 
sens  de  la  question,  js  ne  de-^iande  point 
a  quelle  époque  les  armoiries  sont  deve- 
nues un  signe  de  reconnaissance.  Tous 
les  traités  de  l'art  héraldique  le  disent, 
précisant  plus  ou  moins  la  date  à  laquelle 
ces  symboles  sont  devenus  d'un  usage 
courant,  [e  voudrais  savoir  à  quelle  épo- 
que remonte  la  plus  ancienne  armoirie 
connue  et  que  nous  conservons  encore. 
C'est  donc,  en  d'autres  termes,  la  question 
de  savoir  quel  est  le  plus  ancien  monu- 
ment connu  de  l'art  héraldique.  Cette  se- 
conde question  est  tout  à  fait  indépen- 
dante delà  première,  et  c'est  précisément 
sur  elle  que  je  désirerais  être  fixé. 

Zed. 

Hôtel  de  Brieune.  —  Dans  les  Sœurs 
de  Napoléon  mi  y  Turquan,  on  lit  à  la 
page  40,  que  Lucien  Bonaparte  avait  quitté 
la  rue  Verte  pour  habiter  l'hôtel  de 
Brienne,  rue  Saint-Dominique  (aujour- 
d'hui hôtel  du  ministre  de  la  guerre)  ; 
plus  loin  page  336,  on  lit  encore  que 
Murât  alla  s'installer  avec  sa  femrtie, 
après  son  mariage,  à  l'hôtel  de  Brienne  où 
il  occupa  le  rez  déchaussée.  Cet  hôtel 
était  situé  dans  la  cour  des  Tuileries,  en 
face  le  guichet  du  Pont  Roval.  Lequel  de 
ces  deux  hôtels  était  l'hôtel  de  Brienne  ^ 

j    B. 

Intéressé  dans  les  affaires  du 
Roi.  —  Q_aelle  est  exactement  la  nature 
et  l'importance  de  la  qualité  que  pren- 
nent, en  ces  termes,  certains  personnages 
dans  des  actes,' les  actes  notariés,  en  par- 
ticulier? 

A.  F. 


Nous  serons  reconnaissants  à  ceux  Je  nos 
lecteurs  qui  voudront  bien  nous  faite  savoir 
si  ce  numéro  Us  a  rejoints. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


'49 


Eépo'îîsee 


La  colonne  de  Rosbach  (LXIX). 
—  <  Le  18  octobre  1 800  continuant  à 
petites  journées  sa  marche  sur  Ferlin, 
l'Empereur  avait  traversé  le  champ  de 
bataille  de  Rosbach.  Il  donna  l'ordre  de 
transporter,  a  Paris,  la  colonne  comnié- 
morative  de  la  défaite  des  Français. 
C'était  une  simple  colonne  de  pierre. 
Une  compagnie  de  sapeurs  du  général 
Sucliet  se  mit  en  devoir  de  la  démolir  et 
de  la  charger  sur  trois  chariots.  Par  un 
singulier  hasard,  elle  fut  égarée  en  che 
min.  On  s';ipprêtait,  pour  apaiser  la  co- 
lère de  l'tnipereur,  à  en  construire  une 
fausse,  lorsqu'on  retrouva  la  fameuse  co- 
lonne à  lires»,  venue  là  on  ne  sait  com- 
ment •'(Napoléon  et  11  paix,  p.  613). 
O.  Lévy. 

Bia;:s  nationaux  —  Marie -Antoi- 
nette (LX.X).  —  La  lettre  CC  (Fersen  II, 
289)  à  laquelle  M.  E.  Tausseratfait  allusion 
se  compose  de  deux  parties  :  l'une  en 
claire  pouvant  être  lue  par  des  révolution- 
naires et  qui  n'a  aucune  valeur  ;  la  citation 
faite  par  M.  E  Tausserat  est  empruntée 
à  cette  partie.  La  partie  chiffrée  qui  seule 
a  motivé  la  lettre  est  sur  un  ton  très  diffé- 
rent :  «  Il  y  a  des  ordres  pour  que  l'ar- 
mée de  Luckner  attaque  incessamment 
Il  s'y  oppose,  mais  le  miniître  le  veut 
Les  troupes  manquent  de  tout  et  sont 
dans  le  plui  grand  désordre.  » 

La  lettre  CC  Xlll  (p.  309) est  également 
divisée  en  deux  parties,  la  première  des 
tinée  à  servir  de  passeport  à  l'autre.  La 
lecture  du  document  ne  permet  d'autant 
moins  d'en  douter  que  l'éditeur  des  let- 
tres de  Fersen,  M  le  Baron  de  Klinckows- 
trom  ne  s'y  est  pas  trompe  car  il  met  tn 
note  p.  289  en  visant  les  lettres  CC, 
CC  Xli!  et  diverses  autres  :  €  Sotis  le  dé- 
guiseinent  d'une  correspondance  d'affaires, 
ces  lettres  contiennent  des  nouvelles  très 
intéressantes  sur  la  situation  de  la  famille 
royale  > . 

Réserve  faite,  en  ce  qui  concerne  Fersen 
et  Marie-.\ntoinctte,  je  conviens  qu'on 
est  quelquefois  surpris  de  voir  figurer  cer- 
t.iiiis  noms  parmi  les  acheteurs  de  biens 
nationaux  d'église,  de  la  première  caté- 
gorie :  au  point  de  vue  honnêteté  com- 


10  Décembre   1914. 
150    

merciale,  certains  furent  vendus  à  leur 
valeur  ;  au  point  de  vue  conscience  il  y 
eut  une  période  d'indécision  de  la  part  de 
la  Cour  de  Rome  qui  ne  protesta  irrévo- 
cablement contre  la  vente  des  biens  du 
clergé  que  lorsque  la  Constituante  s'atta- 
qua au  dogme  et  que  la  compensation  du 
traitement  (?)  fut  supprimée  aux  prêtres 
qui  refusèrent  de  prêter  serment  à  la 
constitution  civile  du  Clergé. 

J.  G.  Bord. 

«  Le  Vengeur  »  (T.  G.  913  ;  LXIX, 
843). —  C'estle  rapport  de  Barèreà  1 1  Con- 
vention quia  créé  la  légende  du  Vengeur. 
Cette  légende  veut  que  l'équipage,  l'équi- 
page tout  entier,  après  une  résistance  hé- 
roïque, entouré  par  les  vaisssaux  anglais, 
ait  préféré  se  laisser  engloutir  dans  les 
flots  que  de  se  rendre.  La  vérité  est  bien 
différente  et  surtout  moins  glorieuse  pour 
le  capitaine  Renaudin,  la  voici  :  11  y  avait 
à  bord  473  combattants,  267  hommes 
valides  se  firent  capturer  par  les  .anglais, 
du  nombre  était  Renaudin  qui,  au  mépris 
de  toutes  les  traditions,  abandonna  206 
malades  ou  blessés  ainsi  voués  à  une 
mort  certaine,  Ce  sont  ceux-là  qui  sont 
les  héros  du  t  Vengeur  »  et  qui  méritent 
seuls  d'être  glorifiés,  qu'ils  aient  ou  non 
succombé  aux  cris  de  Vive  la  nation  ! 
Vive  la  République  ! 

Aune  époque  moins  troublée, Renaudin, 
à  .son  retour  de  captivité,  eiit  passé  de- 
vant un  Conseil  de  guerre,  et  sans  doute 
il  ne  serait  pas  mort  dans  son  lit  quelques 
années  après  avec  le  grade  d'amiral. 

En  1881  le  Conseil  général  de  la  Cha- 
rente-Inférieure voulut  élever  une  statue 
à  l'amiral  Renaudin,  ce  n'est  que  sur  la 
protestation  indignée  de  Monsieur  Orner 
Charlet,  faisant  justice  de  la  légende,  que 
le  Conseil  dut  y  renoncer. 

En  1908,  le  sculpteur  Thomas  fut 
chargé  par  l'Etat  de  représenter  au  Pan- 
théon la  légende  historique  du  vaisseau 
Le  l^engeui .  ]e  ne  sais  s'il  s'est  acquitté  de 
cet  c  tache,  mais  clic  a  donné  lieu,  dans 
divers  journaux,  à  des  articles  qui  réta- 
blissaient les  faits  dans  toute  leur  vérité. 
Ils  incriminaient  comme  l'auteur  princi- 
pal de  notre  désastre  le  fameux  Jean  Bon 
Saint  André,  qui  se  trouvait  sur  IcJ  vais- 
seau amiralet  força  Villaret-Joyeuseà  ren- 
trer précipitamment  a  Brest  sans  se  sou- 
cier des  vaisseaux  qu'il  aurait  pu  sauver. 


N-  1408  Vo!.  LXX 


L'INTERMÉDIAIRE 


151 


152 


La  réponse  parue  dans  le  n"  du  30  juin 
de  \' Intermédiaire,  provoque  une  ques- 
tion. Est-il  d'usage  d'indemniser  un  offi- 
cier des  pertes  matérielles  qu'il  a  subies 
dans  un  c^imbat  ?  La  même  faveur  fut  elle 
accordée  aux  autres  officiers  et  survivants? 
Il  faut  remarquer  enfin  que  la  captivité  de 
Renaudin  fut  bien  courte,  puisque  le  com- 
bat eut  lieu  le  i"juin  1794  et  qu'au  mois 
de  septembre  il  pouvait  recevoir  la  somme 
qu'il  avait  réclamée. 

F.  Girard. 

* 
*  » 

11  y  a  plus  de  trente  ans  (1S83),  j'ai  pu  - 
blié  dans  la  Revue  de  Bretagne  et  de  Ven- 
dée une  étude  sur  le  «  Combat  du  30  prai- 
rial an  II  »  (30  p.  in  S",  tiré  à  parc  à  100 
exemplaires). 

l'ai  réduit,  je  le  crois,  la  légende  du 
yengeiir  à  ses  véritables  proportions  et  le 
très  intéressant  article  publié  par  M.  Gic- 
q...el  des  Touches  dans  la  Revue  des  Deux- 
Mondes  (décembre  1905)  n'a  pas  contredit 
les  preuves  fournies  par  moi  en  1883. 

Le  rapport  de  Renaudin  est  formel  et 
respire  la  sincérité. 

b'il  est  hors  de  doute  que  la  conduite 
du  représentant  du  peuple  Jean  Bon  Saint- 
.^ndré  fut  pitoyable,  il  n'est  pas  moins 
certain  que  la  défense  de  Renaudin  et  de 
son  équipage  fut  héroïque. 

Cerné  par  trois  navires,  dont  le  Bruns- 
wiclt  et  le  Ramillies,  le  Vengeur  aban- 
donné par  le  reste  de  la  flotte,  ayant  de 
l'eau  à  hauteur  de  l'entrepont,  avait  dû 
jeter  à  la  mer  plusieurs  canons  ;  son  équi- 
page était  décimé. 

«  Ces  mêmes  hommes,  dit  Renaudin, 
que  tous  les  efforts  de  l'ennemi  n'avaient 
pas  effrayés,  frémirent  à  l'aspect  du  mal- 
heur dont  ils  étaient  menacés.  Nous  étions 
tous  épuisés  de  fatigue  «  et  les  pavillons 
étaient  amarrés  en  berne  ».  Plusieurs  vais- 
seaux anglais  ayant  mis  leurs  canots  à  la 
mer,  les  pompjset  les  rames  furent  bien- 
tôt abandonnées. Ces  i  embarcations  >»  ar- 
rivées le  long  du  bord,  reçurent  tous  ceux 
qui  les  premiers  purent  s'y  jeter,  ceux  de 
nos  camarades  restés  sur  le  Vengeur,  les 
mains  levées  au  ciel  «  imploraient  en  pous- 
santdes  cris  lamentables  dessecours  qu'ils 
ne  pouvaient  plus  espérer.  Bientôt  dispa- 
rurent et  le  vaisseau  et  les  malheureuses 
victimes  qu'il  contenait.  Au  milieu  de 
l'horreur  de  ce  tableau  déchirant,  nous  ne 
pûmes    nous   défendre     d'un   sentiment 


même  de  douleur  et  d'admiration  » .  «  Nous 
entendions  en  nous  éloignant,  quelques- 
uns  de  «  nos  camarades  former  des  vœux 
pour  leur  patrie;  les  derniers  cris  de  ces 
infortunés  furent  ceux  de  :  «  Vive  h  Ré- 
publique... •> 

Comme  les  faits,  tels  que  Renaudin  les 
raconte,  sont  plus  humains  que  ceux  de  la 
légende.  Les  hommes  qui  furent  des  hé- 
ros tant  qu'on  pouvait  lutter,  estimèrent 
que  le  bateau  en  sombrant  devait  mettre 
fin  à  la  nécessité  d'un  sacrifice  devenu 
inutile.  Renaudin  coula  avec  son  bateau 
sous  les  pieds  ;  ce  fut  un  brave  comme 
nous  en  avons  compté  beaucoup.  11  eut  la 
chance.  «  tout  son  devoir  accompli  » 
d'être  sauvé  ;  son  mérite  n'est  pas  dimi- 
nué. 

J'estime  qu'il  appartient,  peut-être  plus 
qu'à  tout  autre,  à  ceux  qui  attaquent 
franchement  la  Révolution  et  déplorent 
ses  conséquences,  de  rendre  justice  à  des 
adversaires  (?)  qui  furent  dans  la  circons- 
tance de  braves  français,  qu'aucune  opi- 
nion n'autorise  à  renier. 

J.  G.  Bord. 

Comment  s'appellent  1  s  mem- 
bres de  la  famille  de  N-:;poléoa  : 
I  Bonaparte  ou  NapoLon.''  (LXIX, 
i  483.  595,  659,  751,803,  844  ;  LXX,  13, 
1 10).  —  J'ai  sous  les  yeux  une  lettre  au- 
tographe du  général  Bonaparte  à  l'offi- 
cier lie  marine  Sénéquier,  commandant 
le  brick  VAlcesle.  Cette  lettre,  dont  ci- 
dessous  la  transcription,  est  signée  : 
(f  Buonaparté  » . 

Citoyen,  La  Ciloyer.ne  que  je  vous  prie 
Je  faire  embarq  er  sur  un  bâtiment  de  l'Etat, 
•  :  vous  pouvés  la  faire  embarquer  sur  votre 
brick  c'est  son  souhait,  au  reste    faites   corne 

vous  jugerez  a  propos.  , Je  vous  demande 

pinlon  de  la  liberté,  je  vous  fais  mille  com- 
pliniens. 

Midy  et  demie  24  frimaire  —  Huonaparté. 

l'ai  reproduit  fidèlement  l'orthogra- 
phe, la  ponctuation  et  le  commencement 
de  mot  raturé  de  l'original. 

Nauticus. 

De  l'authen  icitè   des    récits  du 

«  Mémorial  >>(LX1.\,  730).  —  On  sait  que 
la  question  des  documents  apocryphes  du 
Mémorial  a  été  élucidée  par  M.  (jonnard 
dans  son  livre  sur  les  origines  de  la  lé- 
gende napoléonienne  Les  lettres  apocry- 
phes de  Napoléon  ont  été  forgées  par  les 


'53 


î;KS  chercheurs  et  curieux  10  Décembre  1914 

1 54    


journalistes  en  1815-1816.  Las  Cases,  en 
les  utilisant,  avait  d'ailleurs  prévenu  le 
lecteur  par  un  astérisque  que  ces  pièces  ne 
lui  venaient  pas  do  Ste  Hélène  et  qui!  les 
avait  connues  depuis  son  retour.  Lord 
Roscberry  n'a  p;is  tenu  compîs  de  cet  as- 
térisque. Il  faudrait  examiner  si  les  pas- 
sages extraits  de  Mme  Durand  ont  un  as- 
térisque. 

11  faut  aussi  songer  que  Las  Casos  était 
rentré  en  Europe  avec  son  manuscrit 
avant  1819. 

L'auteur  des  mémoires  de  Mme  Durand 
n'ail  pu  en  avoir  communication,  ou  en- 
tendre raconter  quelques  anecdotes  à  L'S 
Cases  dans  un  salon  ?  L'explication  d'après 
laquelle  Las  Cases  aurait  copié  un  ouvrage 
'venant  de  faraitre  ne  doit  être  proposée 
qu'après  tout  autre.  Il  semble  qu'on  s'en 
serait  aperçu  tout  de  suite.  Il  n'y  a  pas 
moyen  de  nier  d'ailleurs  que  Las  Cases  ne 
soit  allé  à  Ste-Helène,  et  qu'il  n'y  ait  tenu 
un  ample  journal  de  tout  ce  qu;  disait 
l'empereur  (GourgaL;d  le  di:).  Il  faudrait 
donc  que  l'empereur  n'eut  jamais  rien  dit 
d'intéressant  pour  que  Las  Cuses  eût  été 
forcé  de  composer  son  livre  avec  des 
bribes  de  mémoires  irprimés. 

L.  DES  Ch. 

La  riame  X  d'Alexandre  de  T\eaa- 
harnais  (LXX,  1,61,  6i)  —  La  lettre 
citée  est  signée  G.  C.  (Genêt  Camp.in  et 
ro  1  C.  C.)ell'.'  a  été  p  ibliie  enpa:tie  dans 
MijJame  Louis- Bonaparte  de  C.  d'Arju- 
zon,  pagi  1 }  :  A  propos  de  «  la  petite 
fille  ■)  se  trouve  cette  note  : 

<<  Adélaùl  ;-.^Iar!e,  appelée  commundirent 
Adèle,  née  vers  1787,  pour  qui  Joséphine  :e 
nionira  d'une  touchante  boiKe,  qu'elle  dota 
et  maria  en  novembre  iSo.),  avec  François- 
Michel-Augustin  1  ecorr.tc,  capitaine  d'infan- 
terie, aide  de  camp  du   général    Meunier  »  . 

C.  DE  LA  Be:;ottf.. 

Compagnie  du  Saint-Saciement 
(LXIX  ;  L.XX,  4).  —  La  Compagnie  du 
Saint  Sacrement  avait  des  filiales  à  An- 
gers, La  Flèche,  Laval,  etc. 

L'Anjon  Historique  {\,  735)3  parlé  de 
la  filiale  d'.\ngers. 

De  celle  établie  à  La  Flèche  en  1635 
nous  ne  savons  rien,  sauf  que  jcrôme  Le 
Royer  de  la  Djuversicrc  en  faisait  partie  ; 
mais  c'est  vraiinent  pour  elle  un  litre  de 
gloire. 


On  lit  à  la  fin  d'un  exemplaire  des  sta- 
tuts de  la  Compagnie,  conservé  à  la  bi- 
bliothèque de  Laval  : 

Faict  et  deslivré  à  Monsieur  de  la  Dauver- 
sière  pour  servir  à  la  Compjgnie  du  Très 
Satnct  Sicremenl  de  l'autel  qu'il  prendra 
soing  destablir  en  la  ville  de  Laval,...  ce  2ï« 
octobre  1644. 

D'après  cette  indication,  on  peut  con- 
jecturer que  si  la  Compagnie  lavalloise  a 
eu  pour  fondateur  M.  de  la  Dauversière. 
ce  dernier  a  dû  également  être  le  fonda- 
teur de  celle  de  La  Flèche. 

F.     UZUREAU, 
Directear  de  VAnJou  Historique. 

Assemblées  paroissiales  (L.XIX, 
854).  —  C'Jtait  l'usage  courant,  dans  la  ré- 
gion troyenne  au  moins,  que  les  habitants 
des  paroisses  s'assemblent  de  temps  en 
temps, généralement  le  dimanche  à  la  sor- 
tie de  la  messe  ou  des  vêpres, pour  discuter 
les  affaires  de  la  communauté  et  prendre 
les  décisions  qu'elles  comportaient. 

Cesassemblées  avaient  lieu  fréquemment 
sous  le  por:he  de  l'église,  porche  qui  était 
adapté  exprès  pour  ^ela  à  l'édifice  et  dont 
il  reste  encore  beaucoup  de  spécimens  al- 
lant du  xii°  au  xviii"  siècle. 

Dans  ces  réunions  traditionnelles,  dont 
nul  code,  nulles  «  coutumes»  ne  réglaient 
la  tenue  et  la  discipline, mais  qui  n'en  pa- 
raissent pas  moins  avoir  fonctionné  à  la 
satisfaction  des  intéressés,  on  s'occupait 
des  questions  les  plus  diverses  :  on  nom- 
mait les  officiers  municipaux,  on  choisis- 
sait les  maîtres  d'école,  les  gardes  cham- 
pêtres, les  pâtres  communaux  ;  on  s'en- 
tendait pour  résister  au  seigneur  quand  il 
empiétait  sur  les  droits  ou  les  terrains  des 
habitants  ;  au  curé,  quand  il  était  trop 
exigeant  ;  au  fisc  dans  ses  multiples  façons 
de  pressurer  le  paysan  ;  à  l'administra- 
tion, quand  elle  était  jugée  injuste  et  vexa- 
toire  ;  on  décidait  les  réparations  aux 
édifices  publics,  aux  chemins  ;  on  discu- 
tait i'époque  des  bans  de  vendange,  etc. 
Bref,  on  faisait  à  peu  près  ce  que  fait  un 
conseil  municipal  d'aujourd'hui. 

Dans  ce  rôle,  les  habitants  étaient  gui- 
dés —  dominés  parfois,  c'est  certain  — 
par  le  seigneur  ou  ses  représentants,  par 
le  curé;  mais  ils  savaie-.t  aussi  bien  lutter 
contre  l'une  ou  l'autre  de  ces  puissances 
morales  quand  leur  intérêt  direct  était  cp 
jeu. 


L'INTERMEDIAIRE 


156 


N»  1408.  Vol.  LXX. 

155     — .^ 

La  plupart  du  temps,  ces  assemblées 
avaient  lieu  sans  appareil.  Mais  parfois 
aussi,  dans  la  deuxième  moitié  du  xviii» 
siècle  surtout,  les  notaires  étaient  appelés 
à  donner,  par  leur  présence,  un  caractère 
officiel  aux  délibérations. 

Voici  quelques  exemples  réclamés  nar 
M.  A.  B.  : 

Saint- André  près  Troyes,  4  mai  1760 
(minutes  Lasneret,  étude  Lamairesse).  — 
Assemblée  des  habitants  de  Saint-André, 
Echenilly,  Rosières  et  Viclaines,  devant 
l'église  de  Saint-André,  à  huit  heures  du 
malin.  Ils  décident  de  présenter  requête  à 
l'intendant  de  la  province  ou  à  qui  il  ap- 
partiendra,pour  être  déchargés  de  la  con- 
tribution au  don  gratuit  a  laquelle  les 
maire  et  échevins  de  Troyes  veulent  les 
contraindre.  Des  délégués  sont  désignés 
pour  porter  la  requête  ;  on  leur  garantit 
le  remboursement  des  avances  qu'ils  fe- 
ront. 

Le  13  juillet,  une  nouvelle  ;a.';semblée 
décide  de  transiger. 

Le  26  juin  1785  {ibid.),  à  la  sortie  de  la 
gran.l 'messe  et  en  présence  du  curé,  des 
marguilliers  (trois  manouvriers)  et  des 
syndics  des  quatre  communautés  compo- 
sant la  paroisse  (tous  quatre  manouvriers 
également),  on  'hoisit  un  nouveau  rec- 
teur d'école. 

Saint-luUenpih  Troyes^  12  mai  1766 
(minutes  Lasneret,  étude  Lamairesse).  As- 
semblée à  midi,  qui  fixe  les  conditions  du 
loyage  d'un  pâtre. 

Même  jour,  à  une  heure,  assmblce  des 
habitants  pour  se  défendre  contre  un  par- 
ticulier qui  a  intenté  un  procès  pour  dom- 
tyiages  causés  à  ses  arbres  par  les  bes- 
t'aux  du  pays. 

24  décembre  1766  (ibid.\  Assemblée 
pour  se  défendre  des  suites  d'un  procès 
en(amé  au  nom  des  habitants,  mais  sans 
leur    assentiment,  et  «  pour  se  créer  de 

l'ouvrage»,  par   le  garde   gé  éral  de   la   .       y    _-    r--r - 

maîtrise  des  eaux  et  forêts  au  bailliage  de  I   d'après  Pierre  D  'mnil  ; 


différence  de  format  qui  peut  s'expliquer 
par  la  grandeur  respective  des  marges,  je 
serais  assez  tenté  de  croire  d'après  la  des- 
cription qu'en  donne  le  Cohen  (édition 
1912)  qu'il  s'agit  d'un  des  frontispices 
dessinés  par  Jacques  de  Favanne  pour  la 
Conchyolcgie  de  d'Argenville  (Paris,  De- 
bure  1780,2  vol.  in-4).  Vangelisty  est  un 
des  gra\  eurs  pour  cet  ouvrage,  que  je  n'ai 
pas  à  ma  disposition,  et  qui  comprend  3 
frontispices  et  8  planches  de  coquillages 
dessinés  par  Jacques  de  Favanne. 

Cet  artiste,  né  en  1716,  mort  en  1770, 
(1)  était  fils  du  peintre  Henri  de  Favanne 
et  frère  de  Jean-Henry  de  Favanne.  Elève 
de  F.  Thomassin,  il  se  fixa  à  Paris  vers 
1760  et  fut,  comme  son  frère,  peintre  et 
graveur. 

On  cite  encore  de  lui  : 
I»  La  jeune  fille  dessinant.  La  jaine  fille 
lisant.^  deux   pièces   gravées  par    Dorvil- 
lier  ; 

2*  Réjouissance  de  nymphes  et  de  satyres, 
dessin  à  la  plume  lavé  d'encre  de  Chine 
(vente  Andreossy  1864)  ; 

30  Pochades  d'.iteliei ,  dessin  à  la  sangui- 
ne (attribution)  ; 

4'  La  comtfsse  de  Provence,  gravé  par 
Jean  Dambruii  ; 

5°  Latone  demandant  vengeance,  gravure 
d'après  François  Le  Moine  ; 

6°  Li-  galant  jaidinier. L'amour  painble. 
Les  agréments  de  l'été,  3  pièces  gravées 
d'après  Walteau  ; 

7°  Figures  pour  les  Aventures  Je  Ttflé- 
maque  (Jacques  Hsticnne  ly^o).  Je  trouve 
un  sujet  de  l'épisode  de  Calyp.;o  et  un 
autre  de  la  même  hisioire,  gravés  d'après 
Henri  de  Favanne,  par  J.  de  Favanne 
fils; 

8"  Favanne  figure  parmi  les  graveurs 
qui  ont  exécuté  la  suite  de  6  planches 
d'après  Leclerc  sur  la  Vie  de  l'enfant  pro- 
dione  ; 

9°  La    poupée    et    le    volant,    gravure 


iroyes,  contre  des  particuliers  de  Menois 
qui  avaient  fait  rouir  du  chanvre  dans  un 
canal  situé  sur  Saint  [ulien. 

Voir  aussi   :   Le   Ftllage   sous  l'ancien 
régime,  par  M.  Albert  Babeau. 

L.  M. 

La    Tour    de     Fouras-les-Bains 
avant  1756  (LXIX,  690;.  -  N'était  la 


10°  La  belle  complaisante.  L'amusement 
du  petit-maître,  deux  gravures  d'après 
Lancret  ; 

11°  Portrait  pour  l'Hi.stoire  de  la  Cam- 
pagne  du  Prince  de  Condé  en  Flandre  en 
;i)  En  1760,  dit  M^e  Errera  dins  son  Dic- 
tionmire,  lepertoiie  des  peintres,  q;ii  renvoie 
au  Bryans  DIchonniry  T.  Il,  p.  150  et  i 
VEnciclopédia  délie  Belle  Arli,  de  Zoni  (T 
VIII  p,  206),  ■ 


DES  CHERCHEURS  ET  CUKIBU  V 


10  Décembre  1914 


•57 


158 


1674,  par  lean  Je  Beaurain  (Paris,  1774)  ; 

12°  Si  Henri  de  Favanne  père  n'a 
jamais  grave,  on  pourrait  ajouter  le  por- 
trait de  Marie-Kené- François  du  Breil  de 
Pontbriand  qui  porte  :  De  Favanne  del  et 
sculp. 

On  peut  se  demander  si  l'identité  d'ini- 
tiales des  prénoms  des  deux  frères  per- 
met d'établir  avec  certitude  la  part  de 
chacun.  Benezit,  qui  dans  son  Dictiouiiai- 
re  des  aiiistes  (T.  11,  p.  263)  mentionne 
jcanHenry  de  Kavanne  n'indiq'je  rien  de 
lui.  |acqucs.s:lon  lui, n'aurait  été  que  gra- 
veur. Bason  [Dictionnaires  dis  graveurs 
7767,  T.  1,  p.  19O)  cite  J.  de  F.ivennes 
{sic)  graveur. 

Cf.  Bruel.  Inventaire  de  la  collection  de 
Vinck  tome  l,  (p.  338).  D'  Mireur,  Dic- 
tionnaire des  ventes  d'art,  T  111,  p.  138. 
Comte  d'I*'*  Iconographie  des  estampes  à 
sujets  galiinls,  col.  272  André  Blum, 
L'estampe  satirique  et  la  caricature  en 
France  au  XVIII'  siècle  (Gazette  des 
Beaux-.^rts,  octobre  1910).  bénard  Ca- 
brird  Paignon  Dijo:ival  p.  282,  284,  285. 
Fosz,  Watteau  p.  321.  Bourcard,G»;i/(;  ^i; 
l'amateur  d'estampes  du  xviii'  siècle  p.  166, 
377.  Marquis  de  Granges  de  Surgères, 
Iconographie  bietonne,  T.  11,  p.  149 

)e  n'ai  pu  vérifier  Nagler  T.  IV.  p.  256 
qui,  d'après  Le  Blanc  [Manuel  de  l'ama- 
teur d'estampes,  T.  H,  p.  221)  parle  des 
deux  frères  de  Favanne. 

C.  Dehais. 

Château  des  Rochechouart-Mor 
temart  (LXIX,  83(3;.  —  L  histoire  de 
Tonnay-Charenti  a  été  faite  par  l'abbé 
Médéric  Brodut,  curé  doyen  de  celle  ville, 
et  publiée  à  Rochefort,  en  1901,  format 
in-8»,  par  la  Société  Anonvme  de  l'impri 
merie  Ch.  Thèze. 

De  nombreuses  pages  y  ont  été  consa- 
crées au  château  di  cetti  ville,  à  ses  sei- 
gneurs, les  Ko^hechouait-Morteniart,  et 
à  MaJa  ne  do  Moniespan  qui  y  séjourna 
notamment  en  i6^6. 

C.  Musset. 

* 

L'abbé  X...  a  publié  la  monographie 
de  Tonnay-Charente,  il  v  a  une  dizaine 
d'années.  Il  était,  je  crois,  curé  do  cette 
petite  ville.  )c  suis  désolé  de  ne  pouvoir 
mieux  renseigniir  notre  collaborateur,  il 
m'est  impossibl;  de  mettre  la  main  sur  ce 
volume.  Du  moment  où   l'on  sait  que  sa 


monographie  existe,  il  sera  plus  facile  de 
rechercher  ce  qui  concerne  ct;tle  localité 
saintongeaise. 

La  Coussière. 

* 

*  * 
Vers  1870,   le    propriétaire  et  habitant 
de  ce  château  était  M.  Guédon,  beau  frère 
de  M .  Adi  ien  Bayssil'ance,  qui  a  été  long- 
temps mairt;  de  Bordeaux. 

Notre  confrère  pourrait  demander  des 
renseignements  sur  l'histoire  de  ce  châ- 
teau à  la  Société  de  géographie  de  Rocbe- 
foit,  dont  le  siège  est  dans  cette  ville  rue 
de  l'Arsenal,  63,  et  je  suis  convaincu 
qu'il  pourrait  ainsi  obtenir  s:itisf;iction. 

V.  A.  T. 

Secrétaires  de  la  Grande  Made- 
moisell'i  (LXIX.  437).  —  Au  numéro 
d'avril  j'avais  prié  mes  distingués  con- 
frères de  me  renseigner  sur  les  secré- 
taires de  la  «  Grande  Mademoiselle  »  et 
des  sœurs  du  Roi  :  de  Lojis  Xlll  à  Louis 
XVI  inclusivement. 

Ma  demande  devait  plutôt  consister 
dans  cette  question  : 

1°  Un  aimable  inlermédiairiste  pour- 
rait-il m'indiquer  quels  futcnt  les  «  sous> 
secrétaires  de  la  «  Grande  Mademoiselle.''* 
—  Puis  : 

2"  N'y  eut-il  pas  aussi  sous  le  règne  de 
Louis  XVI  un  scjKs-secrétaire  attaché  à 
«  Mademoiselle  .''  »  —  Ensuite  : 

3°  Quels  furent  les  sous  secrétaires  at- 
tachés aux  Cours  de  Louis  Xlll  et  Louis 
XVI.? 

F.  D.  L. 

Le  ma'échal  Davout  (LXlX,  437, 
609,  716,  7b2).  —  Au  mois  d'avril  1792, 
Davout  était  lieutenant-colonel  du  3*  ba- 
taillon des  volontaires  du  département  de 
l'Yonne,  en  g.irnison  dans  la  petite  ville 
de  Dormans  (Marne) .  —  11  fut  mêlé  à  cer- 
tains événements  que  j'ai  raconi-;s  :  Cf. 
Un  épisode  de  l'/mtgialion  en  Champa- 
gne: L'arrestation  de  j -an-Aruan  I  de  Cas- 
tellane,  évêque  de  M  en  Je  à  Dormans. (Révo- 
lution  française  :  décembre  1903-janvier 
1904). 

GiTETAVE  Laurent. 

Le  Corps  de  Desaix    (LXIX,   837  ; 

LXX,  23).  —  Le  tombeau  de  Desaix  existe 

j  bien    dans    la   chapelle   de    l'hospice   du 

Grand  Saint  Bernard  où  je  l'ai  vu  l'an  der- 


N»  1408  Vol.  LXX. 


L'INTERMÉDIAIRE 


159 


160 


nier,  à  pareille  époque  ;  il  se  trouve  à  gau- 
che près  de  la  porte  d'entrée.  —  Le  mo- 
nument est  surmont  i  d'un  buste  du  gé- 
néral et  orné  au  centie  d'un  bas  relief  de 
Moitte  représentant  Desaix  tombé  de  che- 
val et  soutenu  par  un  cavalier,  tandis 
qu'un  autre  maintient  sa  monture,  au- 
dessous, un  hibou  sur  un  glaive  et  autour 
divers  attributs  de  style  grec. 

Une  note,  que  j'ai  copiée,  (provenant  d'un 
registre,  je  crois),  indique  que  :  «  Louis 
Charles  Antoine  Desiix  de  Veygoux,  tué 
à  Marengo  le  25  prairial  an  VllI  (14  juin 
1800),  a  été  enseveli  au  Grand  Saint-Ber- 
nard, le  50  prairial  an  XIII  (igjuin  1805) 
en  présence  du  maréclial  Berthier,  minis- 
tre de  la  guerre  représentant  l'Empereur 
Napoléon  ». 

.  Gustave  L.^urent. 

Dillon  (LXIX,  646,  850).  —  Dans 
Ant.nir  du  Temple  (1,  543-4)  j'ai  donné 
une  biographie  de  celui  que  je  crois  avoir 
été  le  ><  Beau  Dillon  »  et  que  je  noiiime 
Arthur  Dillon,  né  en  1749,  guillotiné  en 
1794. 

M.  P.  des  Aubiers  dit  que  le  «  Beau 
Dillon  s>  s'app  lait  Edward,  qu'il  était  né 
en  1765  et  qu'il  mourut  en  1839. 

Soit.  Dans  ce  cas  je  me  suis  trompé  et 
suis  prêt  à  le  reconnaître.  Mais  j'objecte 
seulement  qu'il  me  parait  difficile  d'attri- 
buer à  Edward,  qui  n'avait  que  17  ans  en 
1780,  les  aventures  du  ><  Beau  Dillon  ». 

[e  constate  que  les  Mémoires  secrets  di- 
sent positivement  XVI,  p.  51,3  la  date 
du  9  novembre  1780  : 

M.  Arthur  Dillon,  appsié  le  Beûtu  à  la 
cour,  singulière, nent  protégé  Je  la  Reine.  ..  » 

due  vient  donc  faire  ici  cet  enfant 
Edward  ? 

J.  G.  Bord. 

*  * 
Je  ,.u.s  très  heureux  que  celte  question 
ait  été  posée.  Elle  me  permet  de  proles- 
ter respectueusement  —  car  ce  fut  une 
femme  sincère  et  d'un  rare  mérite  —contre 
ce  que  la  marquise  de  La  Tour  du  Pin 
Gouvernât,  née  Dillon,  a  dit  dans  ses  cé- 
lèbres mémoires  récents,  sur  les  Dillon  du 
Bordelais.  Elle  proteste  contre  la  parenté 
que  ces  derniers  disaient  avoir  avec  sa 
famille,  celle  des  lords  Dillon.  Il  est  cer- 
tain que  la  situation  honora'  le  mais  mo- 
deste des  Dillon,  arrivés  depuis  peu  en 
Bordelais,  où  ils  achetèrent  la  terre  et  pe- 


tite seigneurie  de  Terrefort  dans  Blanque- 
tort  (qu'ils  débaptisèrent  pour  l'appeler 
Dillon,  d'où  ChâteauDillon,  nom  donné  à 
ce  crû, que  j'ai  des  raisons  particulières  de 
connaître),  n'était  pjs  pour  plaire  à  la 
jeune  marquise  de  Gouvernet.  Ces  cadets 
d'Angleterre  avaient,  comme  beaucoup 
d'autres  descendants  de  vieilles  familles 
du  Royaume-Uni,  trouvé  naturel  de  venir 
faire  en  Bordelais  le   commerce  des  vins. 

Les  Dillon,  de  Bordeaux,  ne  négligè- 
rent point  de  f.iire  reconnaître  leur  no- 
blesse et  leurs  dossiers  du  Cabinet  des 
Titres  à  la  Bibliothèque  Nationale  prou- 
vent qu'ils  sont  de  même  race  que  les 
iords  Dillon,  dont  le  rameau  de  Mme  de 
La  Tour  du  Pin  devint  français  au  xviii= 
siècle.  Consulter  spécialement  le  nouveau 
d'Hozier  118,  où  l'on  verra  au  f"  4,  n"> 
2470,  que  le  fameux  archevêque  de  Tou- 
louse, oncle  de  la  marquise,  reconnut  les 
Dillon  de  Terrefort  comme  parents. 

Au  f"  7  on  trouvera  les  preuves  fait  s 
par  Edouard  Dillon,  sujet  de  la  question, 
pour  être  reçu  Page  de  la  Gramle-Ecurie 
du  Roi.  11  était  né,  non  vers  1763  comme 
il  est  dit  colonne  850.  nais  le  20  juin 
1750,  au  château  d'Haggerston,  du  se- 
cond ?  mariage  de  Robert  et  de  Marie  Dic- 
conson  de  Wright  (aliâi  Dickenson).  Ce 
fut  seulement  peu  d'années  après  que  Ro- 
bert Dillon  vint  en  Bordelais.  11  obtint  des 
lettresde  reconnaissancede  noblesse  enjuin 
1759,  qui  furent  enregistrées  au  Contrôle 
de  Bordeaux,  le  i  i  août  1761.  (Arch  dép. 
de  la  Gironde,  D  323 1.  Edouard  eut  un 
fière,  Théobald,  baptisé  i  Douai,  au  col- 
lège des  Anglais,  en  décembre  1747,  qui 
fut  reçu  Page  de  la  Grande  Ecurie  en  juin 
1765.  Guillaume,  autre  frère,  né  à  Bor- 
deaux en  1760,  fut  admis  au  collège  mi- 
litaire de  la  Flèche.  On  voit  que  tout  en 
s'occunant  d'affaires  commerciales,  Ro- 
bert Dillon  tenait  à  ce  que  ses  fils  n'aban- 
donnassent pas  les  traditions  militaires  de 
sa  famille.  Mme  de  La  Tour  du  Pin  devait 
ignorer  ces  détails,  sinon  je  ne  doute  pas 
que  cette  femme,  à  esprit  'arge,  n'eût 
parlé  de  ses  parents  (reconnus  tels,  je  le 
répète,  par  son  oncle  l'archevêque,  grand 
seigneur  cependant  entiché  de  sa  noblesse) 
du  Bordelais  en  d'autres  termes. 

Com'e  de  St-Saud. 

L'abbé  Landrieu   (LXIX,  780).  — 
*  Dans  le  Catalogue  13  de  Geoffroy    frères, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


l6i 


marchand  d'estampes  qui  décrit  plus  de 
2  ooo  portraiîs  d'Ecclésiastiques,  je  lis 
sous  le  n"  1 1 08  : 

LanJrteu  (Jean  Edme),    curé    de    Sainle- 
Valère   et  de    Saint  Pierre-du  Cros-Ciilloux, 


17941S35     Lith 


infol.  pjf  Patmire   Roy. 

Simon. 


Où  naquit  Maup:  ssnt  ?  (LVII  ; 
LXIX,  614,  76^).  —  La  lettre  de  M.  Len- 
glet,  instituteur  à  Tourville  sur-Arques, 
juge  invraisemblable  la  Idgende  d'après  la- 
quelle Mme  de  Maupassant  ne  voulant  pas 
qu'on  pût  dire  que  son  fils  était  né  dans 
son  »<  pavs  de  saleurs  »  (Etretat"»  aurait 
rapporté  dès  sa  naissance  le  ieune  Guy  au 
château  do  .Miromîsnil  «  ce  qui  aurait 
permis  de  faire  la  déclaration  à  la  mairie 
deTourviUe-sur-Arques.  » 

Les  articles  ^3  et  56  du  code  civil,  tels 
qu'ils  ctaieîit  en  1850, n'auraient  pas  per- 
mis cette  fantaiiii.  Il  est  d'ailleurs  certain 
que  l'état  civil  Ai  Maupassant  est  h  Tour- 
ville-sur-Arques.  C'est  là  aussi  qu'avec 
l'autori.-ation  de  l'archevêque,  il  fut  on- 
doyé. C'est  encore  là  qu'il  fut  baptisé, 
ayant  pour  parrain  Louis-Pierre-)ules  de 
Maupassantet  pour  marraine  Victoire-Ma- 
rie "Thurin,  veuve  Le  Poitevin.  L'abbé 
Sury  était  alors  le  curé  de  Tourvi!le-sur- 
Arques. 

C.  L. 

"Vermesch  (LXVIII).  —  Dans  ses  sou- 
venirs, Mémoirei  d'un  Breton  de  Paris, 
au  journal  Le  Breton  de  Paru,  M.  Paul 
Sébillot  publie  une  page  intéressante  sur 
Vermescli, l'un  des  auteurs  du  Père  Duché- 
ne  de  la  Comnt.tni. 

A  l'une  des  tables  voisines  de  celle  où 
Podech'en  e'^ratignait  ses  planches  ap.ès 
dijeiner,  v^n^it  parfois  s'asi^oir  un  gr,ind 
{{Jtçon  qui  d  jmandait  un  bock,  du  papier 
çt  te  l'enc"!,  et  mordillant  sa  moustache 
blond';,  grilTonnait  des  p  g>is  aux  lignes 
\:\'.gAci  On  ne  larda  pas  à  savoir  qu'il 
était  poète,  et  qu'il  se  nojimait  Eugène 
Veniiersch.  Il  se  lia  facilement  avec  les 
hôtes  de  Théodore  dont  pliisiours  avaient 
lu  ses  Lfllres  à  Mi'iu  .<w  le  Quartier  ijtin, 
plaqjette  .nsscz  n-.i;ij!^  mais  qui  coitensit 
i!es  v-r';  hiure-.ix,  sinon  originaux.  Quand 
o<>  rappelait  Veinieich  il  se  fiihait  pres- 
que :  n  Ne  supprime  pas  mon  R,  mm  de 
IJieu  !  »  s'écriait-il.  Lorsqu'il  lisait  son 
nom,  affaibli  de  sa  lettre  sonore,  dins  les 
journaux,  assez  rires  alors,  qui  s'occupaient 
vij    lui,    il    devenait  furieux.    Il  avait  le  rire 


10  Décembre  1914 

162  ' 

facile,  mîi-3  ne  s'indignait  pas  quand  Léonce 
Petit  traduisait  Vermersch  par  V^^suum  mer- 

rn/'ir. 

li  avait  commencé  sa  médecine  ;  mais  il 
ne  suivait  guère  les  cours,  ni  les  hôpitaux. 
Sa  famille  lui  avait  coupé  un  peu  les  vi- 
vres ;  mais  il  n'en  avait  cure,  n'étant  pas 
dépensier.  Il  gagnait  d'ailleurs  quelque  ar- 
gent en  phiÇ'.nt  des  articles  dans  les  jour- 
naux ;  parfoi-î  une  sagi^-femme  ou  un  her- 
boriste Kii  donnait  un  billet  de  5")  francs 
ou  même  de  100,  lorsqu'il  avait  rédigé,  sur 
des  indicdtions  as-ez  vagues,  un  prospec- 
tus, auquel  il  prétait  ur.e  tournure  médi- 
cale, terminée  par  un  boniment  alléchant 
et  cadencé.  Il  écrivait  beaucoup  en  vers, 
mais  ne  forçait  pas  ses  ami;  à  l'entendre 
les  déclamer.  On  récitait  d'aillrjurs  en  ce 
temps  baaucoup  moins  en  public  qu'on  ne 
l'a  fait  depuis.  Un  de  ses  amusements  con- 
sistait à  émettre,  en  termes  crus  et  exces- 
sifs, des  paradoxes  qui  effaro.ichaient  les 
étudiants  rangés.  :l  se  moquait  dos  bour- 
geois qu'il  déclarait  constitutionnel! -ment 
stupid-s,  et  rimait  de  petites  p'è:es  qui  dé- 
butaient par  des  vers  coin-;ie  c;'ui  ci  : 

Les  placdes   cccus   vive  '.t  dans  la   flanelle. 

Li:térairement  il  étai'  porté  à  l'imitation, 
presque  au  pastiche  ;  il  faisait  du  Ver- 
mersch qui  étdit  du  Musset  ou  du  Baade- 
laire.  11  écrivait  le  Gr  :nt  I'e':t.iinent  du 
sieur  Vermcnck  avec  dis  legs  truculents 
à  la  Villon  Lorsque  vint  l.i  révolution,  il 
fonda  le  Père  Duchêne,  et  se  mit  rapide- 
ment à  la  hiuteur  de  son  prototype.  D'ail- 
leurs, bien  avant  cette  époque,  plus  que 
fiére  Jean,  il  jurait  pour  oiner  son  lan- 
gage. Je  suis  peut-être  la  cau-e  innocente 
du  Père  Duchêne  ;  je  possédais  un  certain 
nombre  d'exemplaires  oiiginaux  du  pam- 
phlet d'Hébert,  que  j'avais,  par  cu'-iosité. 
ramassé  en  même  t-'iips  que  mon  ami 
lîvcn,  parmi  les  papiers  d'un  de  ses  vieux 
oncles.  Vermersch  ir  les  emp  unta  et  il 
ne  me  les  avait  pas  rendus  lors  des  événe- 
ment? de  1870  II  n'est  pas  improbable  qu'il 
ait  été  suggestionné  par  eux;  il  était  tiès 
réceptif  et  involontairement  suiveur. 

Lorsque  ]■:  fis  sa  connaissance,  c'était  un 
gHçon  un  peu  dégiir^îii'é.  d'une  'aille  au- 
dessus  de  la  nioycni.e,  ave^  des  jambes 
longues  et  arqué-.-s.  Il  y  a  d.irs  un  des  pe- 
tits journaux  de  ce  temps,  dont  je  ne  me 
rappelle  (lus  le  titre,  des  charges  qui  le 
représentent.  Celle  qui  le  montrait  vu  do 
dos  était  foit  ressemblante  ;  il  poitait  alors 
un  haut  chapeau  en  frutre  noir  un  peu 
bossue,  et  une  sorte  de  veste  h  longs  poils 
qui  allait  bien  à  son  allure  bohcmc.  11  avait 
les  cheveux  blonds  de  la  Flandre  où  il  était 
né,  raides  et  assez  mal  peignes,  et  avec  ses 
dents    il    écourtiit    presque    inichina'emein 


N»    1408.  Vol.  LXX, 

,63     . 

sa  moustache,  d'un  blond  encore  plus  dé- 
coloré. Son  nez,  d'un  dessin  médiocre,  un 
peu  mou,  avec  I  extrémité  grosse  et  rou- 
geâtre,  quoiqu'il  fiât  presqui  sobre,  man- 
quait de  disti[;ction.  11  avait  des  yjux 
bleus,  d'un  bleu  faïenceux.  assez  doux, 
un  peu  tris'.es  comme  sou  sourire.  A  part 
des  taquineries  qui  ni  déprissaient  pas  la 
plaisanterie  un  peu  grosse,  il  était  bon  ca- 
marade, et  ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'au 
jour  où  il  eut  beso'n  de  ses  amis,  il  en 
trouva  d'assez  dévoués  pour  s'exposer  en  lui 
rendant  service. 

J'ai  été  au  courant  de  ce  qu'ils  fir..-nt 
pour  le  sauver,  au  moment  où  il  eût  été 
exécuté  sommai'ement  ou  après  un  pas- 
sage en  copseil  de  gjerre  qui  l'aurait  indu- 
bitablement condamné  A  mon  retour  à  Pa 
ris,  après  la  Commune,  Félix  Régamey  me 
pria  de  lui  prêter  mon  passeport,  en  me 
disant  que  c'était  pour  Vermersch,  Je  le 
lui  remis  sans  hésiter  :  quelques  heures 
après  il  !e  rendit,  les  différences  de  taille 
et  le  signalement  ne  permettant  pas  de 
l'utiliser.  Verniersch  eut  une  curieuse 
odyssée,  dont  une  partie  me  fat  racontée 
quelques  jours  après  qu'il  fut  en  lieu  de 
sûreté  ;  je  tiens  l'autre  du  dessinateur  Fré- 
déric Régame^.  qui,  tout  récemment,  m'a 
dit  ce  qui  se  passait  au  moment  où  son 
fière  Félix  essayiit  de  lui  procurer  un  passe- 
port. 

Le  soir  de  l'entrée  des  troupes,  Ver- 
mersch  se  réfugia  dans  leur  atelier,  rue  du 
Four-Saint-Germain,  au-dessus  de  l'appar- 
tement de  leurs  parents  André  Gill  y  était 
déjà  ;  mais  au  bout  de  quelques  heures  il 
fit  entendre  à  Vermersch  qu'en  cas  d'alerte 
il  serait  plus  diificile  de  cacher  ou  de  faire 
évader  deux  personnes  qu'une  s;ule.  A  la 
nuit  on  le  conduisit  rue  du  Regard,  dans 
l'atelier  de  Peau  de-Chien  ;  il  v  resta  une 
huitaine,  puis  déclara  à  Régamey  que  les 
punaises  y  étaient  tout  à  fait  insupporta- 
bles. C'est  alors  qu'on  le  mena  chez  Théo- 
dore, à  l'Union,  où  il  occupa  la  mansarde 
qui  avait  servi  de  bureau  de  rédaction  au 
Courrier  de  Paris  de  Pol  de  Guy  (né  E. 
Boursir.).  Théodore  réussit  à  le  conduire 
à  la  campagne  chez  un  de  ses  parents  en  la 
faisant  passer  pour  un  étudiant  qui,  ayant 
beaucoup  souffert  pendant  le  siège,  avait 
besoin  de  respirer  l'air  des  champs  pour 
66  refaire.  Vermersch  pécha  à  la  ligne, 
alla  parfois  à  l'auberge,  causa  avec  les  gens 
du  pays,  et  le  soir  il  rimait  sans  doute. 
Cependant  sa  barbe,  qu'il  avait  eiitièrenient 
rasée  avant  de  sortir  de  Paris,  ayant  re- 
poussé, il  redevint  peu  à  peu  semblable  à 
son  signalement  qu'or,  avait  distribué  avec 
profusion  à  tous  les  agents  de  la  force  pu- 
blique. Ayant  vu  le  garde-champêtre  le  re 
garder    avec    plus   d'attention    qu'à    l'oidi 


L'INTERMEDIAIRE 


164 


:1 


naire,  il  partit  le  jour  même  et  réussit  à 
regagner  son  asile  de  la  rue  Mon:ieur-le- 
rrince.  On  fi.iit  par  lui  trouver  un  passe- 
port vraisemblable,  et  il  monta,  avec  Théo- 
dore et  les  frères  Régamey,  dans  un  fiacre 
dé  ouvert,  qui  devait  le  conduire  à  la 
t-are  du  Nord  :  mais  voici  qa'au  faubourg 
Montmartre  un  camion  accroche  la  voiture 
et  les  agents  arrivent  pour  verbaliser.  Le 
cocher  auquel  on  avait  donné  la  pièce, 
leur  assure  q-j'il  na  pas  d'avarie  et  on  la 
laisse  filer.  Théodore  prend  pour  Ver- 
mersch un  billet  pour  la  frontière  belge,  et 
un  autre  pour  lui  jusqu'à  Chantilly,  afin 
de  iffmonter  un  peu  le  poète,  qui  semblait 
démoralisé.  Vermersch  paivient  sans  inci- 
dent à  Maubeuge,  mais  là,  il  reconnaît  dans 
l'agent  chargé  de  visiter  les  pa-seports,  un 
ancien  employé  de  la  .Marseillaise .  Ça  y 
est,  se  dit-il.  PourtAnt  il  fit  assez  bonne 
contenance  pendant  qu'on  examinait  son 
passeport.  L'agent  y  met  son  visa  en  mon- 
trant par  un  léger  clin  d'œ  1  qu'il  l'avait 
reconnu.  V.rmersch,  qui  n'était  pas  fier 
avec  les  gens  du  petit  personnel,  leur  disait 
volontiers  un  mot  en  passant,  e:  peut  être 
trinquait  avec  eux,  dut  probablement  son 
salut  au  souvenir  de  bon  girçon  qu'il  avait 
laissé  au  journal. 


Catherins   de  la  Treilla  de  Sorbs 

(LXIX.  787).  —Elle  descendait  probable- 
ment de  Henri  delà  Treille,5gr  de  Sorbs, 
qui  fut  maintenu  dans  sa  noblesse  par 
l'Intendant  de  Languedoc,  avec  Gabriel 
de  la  Treille,  Si^r  de  Fossières,  son  frère. 
Henri  de  la  Treille  avait  épousé,  le  26 
septembre  1639,  Isabelle  d^  St  julien. 

Armoiries  de  la  Treille  ou  la  ThreiUie  : 
d'or,  à  une  irnlle  de  iable  ;  au  chef  de 
gueuhs,  chargé  d'un  lion  naissant  d'or, 
armé  et  iampassi  dj  gueuler,  montrant  une 
partie  de  ia  queue. 

G    ?.  I.E  LlEUR  d'.^vost. 

Famille  de  la  Gu3lie,  dit  de  la 
Gueulhe  (LXIX,  788).  —  La  famille  du 
président  de  laGuesle  portait  pour  armoi- 
ries: d'or  au  chevron  de  gueules,  accom- 
pagné Je  j  cors  de  sable  liés  d;  gueules. 

D'après  mes  notes,  Mme  Séguier  ne 
serait  pas  La  fille  du  Président,  mais  sa 
petite-lille, issue  du  mariage  de  Jacques  de 
la  G:iesle, baron  de  Chars, Sgr  dO.  procu- 
reur général  du  parlement  de  Paris,  dé- 
cédé en  1612,  et  de    Marie  de  Kouville. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


DES  CHERCHEURS 

,6;    


ET  CURIEUX 


10  Décembre  1914 


166 


Ex-libris  Huet  d'Ambrun  (LXIX. 
143  ;  LXX,  37).  —  Li-s  Archives  des  col- 
Icclionnems  d'ex-Ubris  ont  décrit  et  déter- 
miné celte  pièce  déjà  en  1910,  p.  108.  L. 
Quantin,  dans  ses  Ex-libris  bèra/Jiçiies 
anonymes,  de  même,  sous  le  n"  596.  On 
écrit  tantôt  Huet  d'Embrun,  tantôt  d'Am- 
brun. et  Riefstap  décrit  ces  armes  sous 
le  nom  de  Huet  de  Montbrun.  Filliacum, 
d'où  Villiacei,  doit  être  Vesly,  soit 
Vailly,  bourg  dans  l'Aisne. 

NlSlAR. 

Armoiries  à  identifier  dans  une 
église  (LXlX,  649)  —  Il  s'agit  d'une 
litre  seigneuriale,  le  prieuré  n'a  rien  à 
voir  avec  elle.  Si  on  avait  donné  le  nom 
de  l'église,  j'auiais  pu  chercher  quels 
étaient  ses  seigneurs  au  xviir-  (il  est  pro- 
bable que  la  litre  est  de  ce  siècle).  Notre 
collaborateur  pourra  chercher  à  Limoges 
dans  le  Nobiluiiie  de  Kadaud  ou  dans  les 
livres  de  M.  Champeval.  s'il  s'agit  du 
Bas-Limousin.  Los  Crochet  et  Gruel,  en 
Normandie,  les  Hunaud  en  Guyenne,  les 
Kerimel  et  Barbier  en  Bretagne,  les  Gruel 
du  Poitou,  les  Laforest  en  Auvergne  por- 
taient :  d'argent  à  jfjsces. 

Saint-Saud. 

Armoiries  de  Paris  en  écartelé 
(LXVl).  —  Le  blason  :  J'atnr  à  la  m,iin 
mouvante  d'un  nuage  en  chef  et  tenant 
un  livre  en  pal,  acconipiigné  de  j  /leurs  de 
lys  d'or,  est  celui  de  1'  c  Université  de 
Paris  ».  Les  quartiers  2  et  3  sont  ceux  de 
la  Ville  de  Paiis,  et  c'est  par  symétrie  que 
le  chef  qui  devrait  y  figurer  a  été  placé 
en  tète  du  blason  entier.  C'est  une  fan- 
taisie qui  est  d'ailleurs,  parfaitement 
«  inhéraldique  ». 

NlSIAR. 

Armoiries  de  Ligne  et  d'Arem- 
berg  (LXIX, 84  ij.  — Extrait  du  Recueil  de 
gméalogies  de  Casimir  de  Sars  de  Solmon. 
Manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Valen- 
ciennes  : 

Tome  i".  457  : 
d'Arenberg,  poite  de  :  gueule.'  à  (y  ois  fl^ui-s 
de  néflier  de   cinq  feuilles  d'or.  Support»  : 
d   droite    de   l'écu    un  lion  ei  a  gauchi  un 
grifjon,  le  tout  d'or. 

Tome  7,  p   350  : 

Ligne  porte  :  d'cr  à  la  bande  de  gucuLs  ; 
Ligue-Barbançon,  porte  :  de  Ligne  icartelé  de 


Barbançoii,  qui  est  d'argent  à  trois  lions  de 
gueules,  armés,  lampassés  et  couronnés  d'or 
et  Lign::  îl',\reip.bi:rg.  porte  :  de  gueules  à 
trois  quinte  feuilles  d  or. 

I.Lt. 


Aremberg  porte  At  gueules  à  trois  quin- 
te/euillei  d'or  (2,  i)  —  Cbristus  protector 
meus.  (Mais  il  y  a  eu,  à  ce  que  m'a  assuré 
un   Ligne,  Lambel  occasionnel). 

Quanta  Ligne,  c'est  d'or  à  la  bande  de 
gueules  (assez  le  contraire  de  Noailles  (Je 
gueules  à  la  bande  d'or)...  Et  souvenons- 
nous,  pour  égayer  notre  mémoire,  du 
passage  où  Ouvarofif  (arraché  à  la  pédan- 
terie par  son  sujet  suave)  voit  passer 
danssa  mémoire  le  feld-maréchalCharles- 
[oseph,  dorit  on  va  commémorer  ces 
jours-ci  le  centenaire  :  «  A  Vienne  »  — 
vers  1807.  —  Tout  le  monde,  peuple  et 
grands,  le  saluait  avec  plaisir;  de  loin  on 
le  voyait  venir,  soit  à  pied,  enveloppé 
d'un  manteau  demi  militaire,  soit  dans 
son  carrosse  gri-,.  attelé  de  deux  chevaux 
blancs,  et  sur  lequel  s'épanouissait,  sous 
la  couronne  princière,  le  large  écusson  de 
ses  ancêtres,  por'ant  d'or  à  la  bande  de 
gueules,  surmonté  du  cri  de  la  grande 
maison  d'Egmont  de  laquelle  celle  de  Li- 
gne est  issue  :  Quocunque  res  cadunt, 
(slal)  semper  linea  recta.  »  (Cte  Ouvaroff. 
j  Esquisses  Poliiiques  et  littnai:es.  Paris, 
.'  Gide.   1848).  Ch.  Ad.  C. 

!  - 

;  Devises  de  diverses  fimilles 
j  (LXIX,  791  ;  LXX,  199  ,  —  Une  belle  de- 
I  vise  est  gravée  sur  deux  bandeaux  de  fer- 
j  ronneric,  au  château  de  Chàteaumorand 
j  (Loire)  :  Vive  France,  Espoir  en  Dieu. 
I  C'était,  croyons-nous,  la  devise  person- 
nelle d'Antoine  de  Lévis-Châteaumorand, 
I  archevêque  et  prince  d'Embrun,  puis  évè- 
j  que  de  Saint-Flour,  mort  en  1566. 

O.-C.  Reurb. 

Echarpe royaliste  (LXX,  60).  —  Les 

j  hussards  de    la   mort   sous  la  Révolution 

furent  des  hussards  républicains  tout  de 

'  noir  habillés,  avec  tresses  blanches  et  sa- 

bretachv^  fouge,  poitant  un  bonnet  et  sur 

la  sabretache  des  os  en  croix  et  la  XiXa  de 

mort,  postichant  ainsi  les  hussards  Prus- 

I  siens, encore  atTublés  à  l'heure  actuelle  de 

'  ces  ornements   funèbres.   Les  hussards  de 

;   la  mort   Français  recrutés  surtout  parmi 

des  batteurs  de  pavé  parisiens  et  montés 


N»  1408.  Vol.  LXX 


L'INTERMEDIAIRE 


167 


168 


en  partie  sur  des  chevaux  provenant  des 
écuries  du  Roi  ne  durèrent  que  quelques 
mois,  n'atteignirent  pas  l'etïectif  d'un  ré- 
giment et  furent  incorporés  dans  d'autres 
corps  sans  avoir  eu  à  leur  actif  aucun  fait 
d'armes  bien  particulier.  N'importe,  tous 
les  recueils  de  costumes  militaires  depuis 
la  Révolution,  ont  donné  ces  peu  intéres- 
sants hussards,  à  cause  de  leurs  orne- 
ments funèbres.  Les  uhlans  de  la  légion 
de  MirabeaM  portaient  les  os  en  croix  et 
la  tête  de  mort  sur  le  devant  de  leur  tal- 
pack  ;  j'en  suis  moins  sur  pour  les  hus- 
sards de  la  même  légion.  Quant  à  l'infan- 
terie qui  en  formait  la  masse  principile 
comme  effectif,  je  suis  sûr  qu'aucun  em- 
blème funèbre  n'ornait  ni  sa  coitïure,  ni 
ses  habits,  je  tie  suis  donc  pas  convaincu 
que  les  officiers  et  les  chefs  d"  la  légion 
Mirabeau  puis  Damas-  aient  tous  porté  des 
écharpes  ou  des  brassards  avec  des  têtes 
de  mort.  C'est  bien  macabre  pour  le  jo- 
vial Mirabeau  et  peu  sérieux  pour  le 
comte  Rogi-r  de  Damas. 

COTTREAU. 

Vieux  Poinçons  servant,  avant 
1797,  à  distinguer  Targ-nt  des  au- 
tres mé'aux  (LXIX,  792).  —  M.  Emile 
Balle  trouvera  tous  les  renseignement  s  qu'il 
désiredansle  Dictionnaire  despoinçûns,s\m- 
boles,  signes  figuratifs  ;  marques  et  niono- 
giammes  des  or)l:vres  français  et  étrangers, 
feimiers  généraux,  maîtres  des  monnaies, 
contrôleurs,  vérificateurs,  etc.,  par  Ris  Pa- 
quot  —  Paris,  Librairie  Renouard,  Henri 
Laurens,  éditeur, 6  rue  de  Tournon,  1890 

Le  poinçon  du  fermier  général  dit  : 
Poinçon  de  charge  est,  pour  Paris,  tou- 
jours la  lettre  A  surmontée  de  la  cou- 
ronne royale,  mais  variant  de  forme  et 
d'ornementation  pour  chaque  fermier.  La 
couronne  elle-même  n'affecte  pas  un  type 
uniforme,  tantôt  ouverte,  tantôt  fermée, 
elle  offre  des  dessins  différents,  quelque- 
fois elle  fait  complètement  défaut,  et  est 
lemplacée,  surtout  aux  xvu«  siècle,  par 
une  et  même  deux  fleurs  de  lys 

Geo  Filh. 

* 

Une  pièce  d'argenterie  se  reconnaît  faci 
lement  des  autres  i. létaux  :  ce  qui  est  plus 
délicat,  c'est  dese rendre  compte  actuelle- 
ment si  la  susdite  pièce  contient  bien  la 
quantité  d'argent  que  la  loi  d'alors  exi- 
geait. 


Les  objets  en  argent  fabriqués  à  Par's 
avant  l'abolition  de  l'impôt  de  garantie 
en  1791,  doivent  toujours  porter  un  cer- 
tain nombre  de  poinçons  qui  peuvent  ser- 
vir à  les  identifier  d'une  manière  certaine. 
La  Révolution  avait  dissous  les  corpora 
tiens  d'orfèvres  en  même  temps  que  les 
impôts  indirects.  Les  inconvénients  de 
celle  suppression  aussi  absurde  que  pré- 
maturée, furent  tels  qu'elle  ne  tarda  pas  à 
rétablir  la  garantie,  les  poinçons,  etc  . . 
par  la  loi  du  19  Brumaire  an  IV  (9  no- 
vembre 1797). 

Pour  les  objets  fabriqués  en  province, 
l'identification  est  presque  impossible. 
Dans  nombre  de  villes  en  effet,  existaient 
des  communautés  d'orfèvres,  et  chaque 
orfèvre  avait  sa  marque  spéciale.  Mais 
ils  ne  se  soumettaient  pas  to  :jours  à  la 
surveillance  du  feimier  des  droits,  et  les 
pièces  provenant  Je  ces  ateliers  ne  por- 
tent pas  nécessairement  les  quatre  poin- 
çons réglementaires.  Même  pour  Paris, 
ces  Quatre  poinçons  ne  sont  pas  de  ri- 
gueur, car  un  arrêt  du  Conseil  d'Etat  du 
8  décembre  1772  décide  que  le  fermier 
est  dispensé  de  mettre  ses  poinçons  sur 
les  ouvrages  des  orfèvres  qui  ont  con- 
clu avec  lui  des  traités  ou  des  abonne- 
ments. 

Les   ouvrages   d'orfèvrerie    ont   com- 
m.encé  à  être  réglementés  en  1579  ^ous  le 
règne  d  Henri  111  qui  institua  un    droit  de 
trois  sols  par  once  d'argent  dit  t  droit  de 
remède  »,  afin  de  mettre  en    h.ïrmonie  le 
prix  des  ouvrages  d'or  et  d'argent  avec  la 
valeur  conventionnelle  des  monnaies.  Cet 
édit  n'eut  pas  d'effet.  En  1631,  Louis  XllI 
institua  une  catégorie   de    fermiers  char- 
gés de    percevoir  le    droit   de    remède  et 
de    marquer   les    objets   l'ayant    acquitte 
d'un  poinçoi    leur  appartenant  :    c'est  le 
«    poinçon  de    décharge  ».   En    1672,    il 
n'y  a    plus    qu'un    seul    fermier   général 
des  droits   qui   applic]ue  le  «  poinçon    de 
i  charge  »    en  cours   de    fabrication,    afin 
1  que  l'orfèvr;  ne  puisse  échapper  au  droit 
I  de  garantie,  mais  ce    dernier  n'était  payé 
j  qu'au  moment  de  l'insculpation  du  poin- 
j   çon  de  décharge   En  169;  l'opposition  du 
j   poinçon  de  charge  est  rendue  obligatoire, 
!  alors  que  depuis  1672,  elle  n'était  que  fa- 
i  cultative. 

L'orfèvrerie  de  Paris  porte  donc  les  4 
poinçons  suivants  depuis  1672  et  il  est 
possible  par  eux  de  savoir  non  seulement 


DES  CHEP.CHEURS  ET  CURIEUX 


169 


la  date  d"une  pièce,  mais  encore  son  au- 
teur: 

i"  Le  pùiiiçoit  du  maître  orfèvre,  com- 
prenant ses  initiales,  une  fleur  de  lys  avec 
deux  points  de  côté  qui  sont  les  «  grains 
de  remède  »  en  haut,  et  son  symbole  ou 
>«dit1èrent  »  entre  les  lettres  initiales  en 
bas. 

2"  Le  pjiition  de  (kaige  du  fermier  des 
droits  alors  en  exercice.  Pour  Paris  c'est 
toujours  la  lettre  A,  variant  de  forme  et 
d'ornementation  pour  chaque  fermier  et 
accompagnée  d'une  couronne.  11  y  eut 
21  fermiers  différents  de  1672  à  1789. 

5'  Le  poinçon  de  coinmnuciili  des  orfè- 
vres de  Paris  apposé  par  le  garde  orfèvre 
en  exercice  afin  d'établir  la  garantie  du 
titre  Le  garde  changeait  tous  les  ans,  le 
poinçon  aussi  :  c'était  une  lettre  de  l'al- 
phabet couronnée. L'ordonnance  du22  no- 
vembre 1506  portait  que  l'on  commence- 
rait par  la  lettre  a  l'année  suivante.  Ces 
lettres  furent  minuscules  et  gothiques 
jusqu'en  1621.  Depuis  lors  furent  utilisées 
les  majuscules  romaines  sauf],  U  et  \V, 
jusqu'en  1783  où,  pour  la  première  et 
dernière  fois,  on  se  servit  de  l'U.  De  1784 
à  1789  on  employa  la  lettre  P.  couronnée 
et  accompagnée  des  deux  derniers  chifiTres 
du  millésime. 

4°  Le  poinçon  de  décharge  du  fermier 
constatant  que  les  droits  ont  été  payés  II 
représente  une  figure,  un  oiseau,  une  ai- 
guière, etc. 

En  effet  la  date  de  la  pièce  sera  indi- 
quée par  la  lettre  du  poinçon  de  la  com- 
munauté prise  dans  la  série  correspondant 
à  la  forme  de  l'A  du  poinçon  de  charge 
du  fermier  en  exercice  .  Le  poinçon  du 
maître  fera  reconnaître  l'auteur  :  on  les 
trouve  presque  tous  dans  !e  Dictionnaire 
de%  marques  et  monogrammes  de  Ris-Pa- 
qiiot. 

Le  baron  Jérôme  Pichon  qui,  fut  avec 
du  Sommerard  et  Davillier,  le  plus  érudil 
collectionneur  du  xix'  siècle,  avait  es- 
sayé de  composer  un  ouvrage  général 
pour  la  France  sur  les  poinçons  d'argen- 
terie Il  dut  y  renoncer.  Et  cela  n'est  pas 
surprenant  si  l'on  remarque  par  exem- 
ple que  le  caducée  est  poinçon  de  dé- 
charge à  Bordeaux,  poinçon  de  la  com- 
munauté a  Ssmur  et  poinçon  de  décharge 
du  fermier  Cordier.  Comment  s'y  recon- 
naître,   et   comment  surtout  parvenir  à 


10  Décembre  I9i4. 
1 70    • 

retrouver  les  poinçons  de  tous  les  maîtres 
des  diverses  communautés  do  France, 
puisque  leurs  archives  ont  disparu  ? 

Alde. 

Armes  à  détern;iner  (LXIX,  744). 
^  |e  trouve  ces  armes  et  cette  devise 
{pcemas  au  lieu  de  pœmec)  dans  le  Diction- 
iiairc  dci  l'.tviws  de  Tausin,  comme  celles 
de  la  famille  de  Lile  en  Ecosse  et  en  Pro- 
vence. La  CoussiÈRE. 

Séez,  Sées  (LXIX,  745  ;  LXX,  35).  — 
Pourquoi  cette  oriliographe  ditlérente.''  Les 
gens  du  pays,  et  j'en  suis,  n'en  savent 
trop  rien.  Séez  est  l'orthographe  ecclé- 
siastique, l'administration  civile  éciit 
Sées. 

En  latin  Saium  ou  Sagium,  jadis  Sais 
en  vieux  français  ;  voilà  le  peu  que  ma 
mémoire  me  fournit  pour  l'étymologie, 
mais  cela  re  suffit  pas  à  expliquer  la  dif- 
férence d'orthographe  adoptée  dans  les 
deux  admmistrations  religieuse  et  ci- 
vile. AsCH.  Cap. 

Une  «  Ténébreuse  affaire  «  de 
Balzac  (XXVIU  ;  XXIX  ;  XXX  ;  LXIX). 
—  La  légende  se  glisse  jusque  dans  les 
ouvrages  les  plus  sérieusement  composés. 
Dt-  ce  nombre  est  l'étude  de  M.  Rinn,  pa- 
rue en  1910  et  intitulée  :  Un  mysiérteux 
enlèvement,  l'araire  Clément  Je  Rii  :  c'est 
assurément  le  meilleur  travail  paru  jus- 
qu'ici sur  la  question  qui  nous  occupe. 
Pourquoi  faut-il  que  l'auteur  termine  son 
livre  par  cette  légende  ? 

Le  î  novembre  iSoi,  Viiiot  partit,    sauta 
I   à  cheval,  et,  d'une  traite    alla  jusqu'au    relal 
j   de  la    Croix-Verte,   où    une  chiise  de    posta 
j   l'attenJait,  preciulion  suspecte,  et  quijiisl:- 
;   fierait  l'inculpation  de   connivence   entre  lui 
j   et  les  partisans  d.-s  condamnes.  Il  avait  pro- 
j    mis     l'acquittement  ;   il    avait    échoué  ;   ce 
i   qu'il  n'avait  pu  obtenir  de  la  justice,  Il  essaie- 
I    rdi:   de    l'obtenir    de   la    clémencu    du    l'ie- 
niier  Consul.   \rrivé   à    Paris  dans  la  nuit,  il 
I   couiut  aux    T  lileries  :    Bonaparte  était    ab- 
lent.  Il  se  préseiua   chez    Jos(.'(  hine  ;  elle  le 
reçut,  l'écouta    et  se    refusa    à    intervenir.  Il 
vit  les  généraux  Moitier  et  junot  :  ils  se  dé- 
robèrent. Seraiti  1    plus    heureux    auprès  du 
Ministre  de    la  Justice,  Abrial  î  Qiiand  après 
longue  attente,  il  parvint  jusqu'à  lui,   ce  (ut 
pour  apprendre  l'inutilité  de    sa    démarche  : 
Gaudin,  de   Mjuduison    et  Canchy   n'é'aieat 
plus  ;  la  justice  avait  suivi  son  cours. 


N»  1408.  Vol, 


LXX. 

-     171 


L'INTERMEDIAIRE 


172 


La  vérité  est  beaucoup  plus  simple.  Le 
jour  de  l'exécution,  3  novembre  1802, 
les  trois  condamnés  à  mort  firent  deman- 
der Viriot,  et  celui-ci  répondit  :  t<  Dites 
que  je  suis  malade  >  (Ar^ou  Historique, 
XIV,  330). 

F.    UZUREAU, 
Directeur  de  \'Anjuu  Historique 

Il  n'y  h  pas  qu'à  Paris  que  les  ânes 
portent  culotte  (LXX,  36).  —  Les  ânes 
sont  très  sensibles  aux  piqûres  des  mou- 
ches et  ces  insectes  les  attaquent  plus 
spécialement  aux  jambes  antérieures,  de 
sorte  que  cet  animal,  pour  éviter  ht  dé- 
mangeaison que  lui  cause  la  piqûre,  se 
mord  jusqu'au  sang  la  partie  de  ses 
pattes  qui  est  au  dessous  du  genou  ; 
aussi  lui  fait-on  porter  de  longues  ge- 
nouillières  qui  ressemblent  à  des  man- 
ches. 

Les  ânes  ne  sont  pas  les  seuls  animaux 
à  qui  on  fait  porter  de  ces  manches;  dans 
certains  pays  on  en  fait  porter  aux  cha- 
meaux, mais  au  lieu  d'être  en  toile, 
comme  dans  l'ouest  de  la  France,  elles 
sont  en  cuir  pour  les  préserver  de  la  mor- 
sure des  serpents. 

Il  existe  en  effets  des  contrées  où  les 
serpents  venimeux  abondent,  où  on  ne 
peut  faire  un  pas,  sans  risquer  d'en  écra- 
ser un  —  ou  d  être  mordu  par  lui  —  ce 
qui  est  infiniment  plus  désagréable. 

En  général,  écrit  un  voyageur,  le  voi- 
sinage des  animaux  rampants  est  d'autant 
moins  apprécié,  qu'on  sait,  qu'en  fait  de 
serpents,  les  plus  petits  sont  quelquefois 
les  plus  dangereux,  et  les  femmes,  en 
particulier  qui  se  sont  usées  à  jouer  avec 
eux  à  commencer  par  Eve  et  finir  par 
Cléopâtre,  ont  été  assez  mal  récompensées 
de  leur  familiarité. 

Et  pour  finir  par  le  titre  de  cet  article, 
on  peut  dire  sans  se  tromper  qu'il  n'y  a 
pas  que  les  ânes  qui  portent  culotte. 

Albero. 
* 

»  » 
Est-ce  qu'il  n'y  aurait  point  là  une 
allusion  aux  Parisiens  de  Mont.Tiartre, 
tout  spécialement  aux  âniers  qui  me- 
naient leurs  bêtes  aux  noinbreux  mou- 
lins qui  existaient  jadis  sur  la  Butte,  soit 
pour  y  amener  le  grain,  soit  pour  en  rap- 
porter la  farine  .?  On  avait  assimilé  les 
conducteurs  à  leurs  ânes.  Etre  de  Mont- 
martre était  autrefois  une  locution  popu- 


laire et  plaisante  qui  valait  autant  que 
niais,  ignorant.  Que  les  temps  sont  chan- 
gés ! 

Dans  son  Théâtre  des  Boulevards  (1757) 
Gueullette'fait  dire  à  l'un  de  ses  person- 
nages : 

Montmartre  n'est  point  un  port  de  mer, 
(<  Si  tu  savais  la  Géographie,  tu  ne  parlerais 
pas  aussi  incivilement  ;  il  i.'y  a  que  les  ânes 
comme  toi  qui  vont  dans  ce  pays... 

Et  dans  Le  Brouhùha  de  la  me  aux  Ours , 
coinédie  représentée  en  1809,  je  trouve 
ce  fragment  de  dialogue  : 

—  Du  donc  a-t-il  étudié? 

—  A  Montmartre  ;  ça  fait  pitié  !  » 

Gustave  Fustier. 

Monts-de~Pièté  du  XVIIP  siècle 

(LXX,  50,.  —  Voir  à  ce  sujet  une  ré- 
ponse de  M.  Eugène  Grécourt,  sous  le 
titre  Mont;  de  Piété,  LVIU,  6«8. 

De  Mortagne 

* 
*  ♦ 

Voici  en  ce  qui  concerne  la  Provence, 
quelques  renseignements  sur  les  Monts- 
de-Piété. 

C'est  la  France  qui  a  l'honneur  des 
premiers  essais  des  Monls-de-Piété,  après 
les  tentatives  d'Italie.  La  ville  d'Avignon 
naturellement  portée  à  subir  l'influence 
italienne  vit  un  Mont-de-Piété  se  former 
dans  son  sein  en  1577.  Plus  tard  l'arche- 
vêque Marini  institua  cette  oeuvre  son 
héiitière  universelle.  Ce  sont  les  étudiants 
d'Avignon  qui  furent  des  premiers  clients 
du  .\lont-de-Piété  pour  y  porter  leurs 
effets  et  leurs  livres  qu'ils  vendaient  au- 
trefois aux  Juifs. 

Le  Mont  de  Piété  de  Beaucaire  date  de 
1585. 

Le  Mont  de-Piété  d'Aix-en-Provence, 
fondé  vers  1635  n'eut,  pendant  de  lon- 
gues années,  qu'une  existence  précaire. 
Celui  de  Brignoles  date  de  1667  ;  celui 
de  Toulon  de  la  même  époque  et  celui 
d'Arles  venait  d'être  créé  en  1666  par 
Toratorien  Agneau. 

Le  Mont-de-Piétéde  Marseille  fut  fondé, 
en  février  1674,  par  le  notaire  Jean  Sossin 
avec  une  somme  de  3  576  livres  qu'il 
avait  reçue  de  quelques  hommes  bienfai- 
sants, somme  qui  s'ajouta  à  une  aumône 
de  200  livres  donnée  par  de  Foresta-Col- 
longue  et  une  de  100  livres  oflFerte  par  la 
dame  Vento-Mayme. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


'7î 


Les  statuts  de  l'Œuvre  furent  approu- 
vés par  l'Evèque  de  Marseille,  le  23  août 
16S8  et  par  lettres-pai«.ntes  du  Roi  le 
18  juillet  1696.  Entre  temps,  en  i69i,un 
gentilhomme  marseillais,  Jean  de  Puget, 
légua  au  Mont-Je-Piété  69.000  livres. 

Chose  à  noter  :  Paris  fut  une  des  der- 
nières villes  en  France  qui  possédât  un 
Mont-dePiété  ;  il  y  fut  établi  par  lettres- 
patentes  du  9  décembre  i  777  . 

Ouvrages  à  consulter  : 

—  Dei  Monti-dt-Pù-ti  et  des  Banquet  de 
prêts  sur  nantisseniefits,  par  Biaise,  Paris, 

'84}- 

—  Montt  di  Piela.  Répertoire  de  l'admi- 
nistration et  de  la  Comptabilité  du  établis- 
sements de  bieiifaisanfe,  par  Durieu  et 
Roche,  Paris,  1842. 

—  Histoire  de  la  Commune  de  Marseille, 
par  Mery  L.  et  Guindon,  1843. 

—  Histoire  du  Monl-de-Piéié  de  Mar- 
seille, par  Augustin  Pabre,  Marseille, 
1869. 

—  Istoiia  di-lla  cilla  d'Avignone,  par 
Fanlo:ii  Castruci,  167,. 

—  Traité  de  V Administration  des  Fi- 
nancer, par  Nocker,  1785,  tome  III. 

—  Notice  sur  Bi  ignoles 

—  Lettres  patentes  du  18  juillet  tôçô. 
Testament  de  Jean  de  Pujjei  aux  archives  du 
Moiil-de  Piété  d'  Marseille. 

A.  Palliès-Commixges. 


En  16(0,  lors  de  la  capiuilalion  d'Arras 
Louis  Treize,  roi  de  France,  accorde  par 
l'article  27  de  sa  charte  que  le  Mont-de- 
Piéti  d'Arras  et  tous  les  objets  qu'il  con- 
tient appartenant  aux  déposants  sera  pris 
en  sa  protection  ci  que  les  droits,  privi- 
lèges et  prérogitives  accordés  seront 
maintenus.  Ce  i'/iont-de-Piété  avait  été  éta- 
bli par  lettrespaleniea  en  date  du  13  mai 
1621  de  l'archiduc  Albert  et  l'infante  Isa- 
belle qui  en  établissait  de  même  dans 
toutes  les  vilh;.;  du  Biabant,  du  Hainaut, 
de  la  Flandre  et  de  l'Artois  où  il  y  avait 
déjà  eu  d-'s  tables  publiques  de  prêts  ou 
lombards,  datant  de  1545  pour  Arras,  par 
exemple. 

E.    ROLCE. 

Prix  payéî  à  divers  écrivaius 
pour  leurs  ouvrages  (T.  G  ) 

...Edgar  Pol-  ne  futjamiiis  un  (écrivain  bi<n 
réiribut.  Ce  n'est  iiu'ai>res  sa  mon  que  son 


10   Décembre  1914 

174     

talent  fut  reconnu  et  unanimement  admiré 
dans  tous  les  pays.  Il  touchait,  à  l'apogée  de 
sa  carrière,  deux  dollars  par  page  manuscrite 
grand  in-quarto.  C'est  le  prix  qu'il  fixe  dans 
une  lettre  adressée  à  John  Thompson,  édi- 
seur  du  Southern  Littrary  Messenger. 

Ûr,  l'original  de  cette  lettre  vient  de  pas- 
ser aux  enchères  dans  une  vente  publique  it 
New-York,  et  il  a  atteint  1700  francs  (340 
dollars)  Cette  lettre,  qui  a  deux  pages,  da- 
tée du  la  janvier  1849  dit  que  l'écrivain 
commences  se  remettre  de  l'état  de  dépres- 
sion où  l'avait  jeté  la  mort  de  sa  femme  en 
1847,  et  qu'il  va  travailler  à  nouveau.  Il 
vient  de  commencer  la  première  version  des 
Cloches  et  propose  au  directeur  du  grand 
ma.:azine  de  lui  envoyer  pour  sa  revue  une 
sdrie  d'études  qui  feraient  suite  à  ses  Margi- 
liana  et  fixe  ^on  prix  à  deux  doll-irs  par  page 
grand  in-quarto.  Sa  mort  augmente  considé- 
rablement la  valeur  de  sa  page  1 
(journal  Le  Temps,  22  juin  1914). 

P.  c    c.       Gustave  Fustier. 

Enseignes  .ie  coifEeurs  (LXIX,  687). 
—  Voici  un  distique  qui  n'a  pas  été  re- 
levé —  je  crois  —  par  aucun  intermé- 
diairiste  et  qu'on  pouvait  lire,  il  y  a 
50  ans,  sur  une  enseigne  d'un  coiffeur,  à 
Béziers,  place  de  la  Citadelle  : 
Les  ciseaux  d'Atropos  (ont  fiémir  la  nature  : 
Les  miens  ont  l'art  heureux  d'embe'.lir  li    fi- 

[gure. 

La  boutique  du  coiffeur  existe  encore 
p-ais  le  distique  a,  depuis  longtemps,  dis- 
paru de  l'enseigne. 

A.   Palliés  Co.mminges. 


foies,    Si'ûiii'uille:;   et 


(.Jinvio^UcE 


Nous  avons  reçu,  au  début  de  la  guerre, 
cette  carte  venant  d'Iglesias.  Nous  la 
publions  avec  la  plus  grande  satisfaction. 

Monsieur  le  Rédacteur, 
Si  cette  carte  vous  arrive,  qu'elle  vous 
apporte  me>  salutations  fraternelles  et  mes 
vœux  lei  plus  ard'.-iils  p.iur  la  triomphe  de 
votre  patrie  adorés,  que  j'aime  presque  au- 
tant que  la  mienne. 

Bien  à  vous. 

Camille  Caooio. 
«  Dieu  protège  la  France  ^ 

Lettre  du  releur  Mercier.  — 
M.Arthur  Meyer  a  reçu  de  M.  Mercier, 
le  maître  relieur,  cette  lettre  d'un:  aima- 


N»  i4o8.  Vol.  LXX. 


L'iNTERMËDIAIRii 


175 


ble  saveur  qui   intéresse    nos   lecteurs,  la 
plupart  bibliophiles  : 

Cher  monsieur, 

Je  vous  prie  de  m'excuser  si  je  vous  man- 
que ds:  paroie  encore  une  fois  ;  je  crains 
très  sérieusement  de  ne  pouvoir  vous  don- 
ner vos  volâmes  pour  Noël  ni  pour  le  jour 
de  !'An,  comme  il  était  convenu.  Depuis 
un  mois,  j'ji  changé  de  métier,  ayant  lâché 
le  ç.'eùt  fer  pour  le  fusil.  Je  pjrs  ce  soir 
afironter  maintenant  le  feu.  C'est  autre  ciiose 
que  ia  reliure, mais  on  s'3'  fait  très  bien,  et  si 
vous  n'avez  ras  vos  volumes  pour  l'époque 
ci  dessus  mentionnée,  du  moins  aurez-vous 
à  la  même  d.ite  deux  provinces  que  j'espère 
bien  contribuer  à  vous  rendre. 

Veuillea  ngréer,  etc. 

G.  Mercier. 


Quillaume  II,  poète.  —  11  est  totit,il 

est   même  p^jète. 

C'était  avant  la  bataille  de  Lemberget 
bien  d'autres  batailles. 

Le  BeiUner  TiigebLilt  recevait  de  Saint- 
Pétersbourg  la  copie  d'une  petite  pièce  de 
vers  écrite  par  l'empereur  Guillaume.  11 
l'avait  aJresséo  par  télégraphe,  de  Me- 
mel  au  prince  Odolensky,  maréchal  de  la 
cour  de  Russie. 

Voici  la  traduction  de  ces  vers  : 

Le  groupe  des  voyageurs  remercie  chau- 
dement —  pour  le  kiulebiak  (pâté  russe)  et 
le  caviar  —  ainsi  que  pour  les  asperges  dont 
le  suc  —  donne  la  force  aux  estomacs  vides. 

—  Nous  en  remercions  eji  levant    nos  verres 

—  à  ta  santé,  prince  m.iréchal  de  la   cour. 

Le  mi'nii  russe  d'aujourd'hui  est  d'une 
digestion  [ilus  diftlcile. 

.  * 

Une  autre  fois,  Guillaume  célébra  en 
vers  le  chocolat  à  la  crème. 

Il  avait  donné  un  thé  à  bord  du  Ho- 
hen^ollein,  ancré  devant  Lofthus,  à  une 
colonie  de  vingt  jeunes  filles  allemandes. 
Il  avait  fait  offrir  à  ses  invitées  le  régal 
cher  aux  cœurs  berlinois  :  le  chocolat  à 
la  crème  fouettée. 

Les  petites  Allemandes  lui  adressèrent 
le  le;-idemain  une  ode  toute  vibrante 
d'un;  lyrique  reconnaissance. 

1  y  répondit  par  le  quatrain  suivant  : 
Ihr  die  ihr  C!io:olade  trankt 
Ihr  schoenjn  Mseichen  seid  ged^nkt 
So  suess  sci  euer  Lebenslauf 
Wie  dieser  Trank  mit  Sahn'drauf. 

WiLHEM  H 

und  seine  Fahrtgesellen,   i 


.76     

bu    votre  chocolat. 


Vous  qui  avez  bu  votre  chocolat,  belles 
jeunes  filles,  je  vous  remercie.  Puisse  le 
cours  de  votre  existence  être  aussi  doux  que 
cette  boisson  h  la  crème  I 

Guillaume  11. 
et  ses  compngno/is  de  voyage. 
Si  les  belles  jeunes  filles  sont  devenues 
les  femmes  ou  le,-;  fiancées  de  ces  soldats 
qu'il  envoie    à  la    mort   avec  une  prodî- 
elles    doivent    trouver 
quelque   peu  tourné. 
X. 


galité    btrbare, 
que    la    crème  a 


La  Força  ot  l?.  Droit.  Une  lettre  de 
Talleyra-Jd  en  1814  —  Notre  ami 
Raoul  Bonnet  nous  signale  une  lettre  de 
Talleyran.i  à  Bourricnne,  datée  d'octobre 
1814,  qui  est  d'une  intéressante  actua- 
lité. 

Elle  montre  la  continuité  de  la  politi- 
que de  la  France,  dans  la  lutte  du  droit 
contre  la  force. 

Vienne,  3  oùtqbre  1814 
Monsieur, 

Le  Roi  ayant  daigné  me  nommer  son  am- 
bassadeur extraordinaire  au  congrès  de 
Vienrie  avec  M.  le  Duc  de  Dalbe.rg  je  suis 
arrivé  ici  depuis  quelques  jours.  Les  premiers 
moments  ont  dû  être  consacrés  aux  présenta- 
tions et  aux  visites. 

Le  Congrès  n'a  point  encore  commencé 
ses  opérations.  Mais  dijà  des  conférences  pré  • 
limin.iires  et  préparatoires  ont  eu  lieu.  La 
conduite  que  les  instructions  de  Sa  Majesté 
nous  prescrivent  de  suivre  est  de  défendre 
con-t.imment  et  de  faire  prévaloir  les  prin- 
cipes de  la  justice  et  du  droit  public  et  con- 
iéquomment  de  tendre  à  assurer  les  droits  de 
chacun  pour  assurer  le  repos  de  tous.  C'est 
dans  ce  sens  que  nous  devons  agir  et  c'est 
aussi  dans  ce  sens  que  vous  devez  parler 
en  toute  circonstance. 

Comme  le  retour  du  Roi  a  fait  disparaître, 
en  France,  toutes  les  idées  qui  avaient  pro- 
duit et  qu'avait  propagées  la  Révolution,  il 
faut  espérer  que  de  même  en  Europe  on  ces- 
sera de  transformer  la  fjrce  en  droit  et  que 
l'on  prendra  pour  règle  non  si  convenance 
mais  l'équité. 

Recevez,  Monsieur,  rassuraiK:e  de  ma  par- 
faite considération. 

Prince  de  Tai.lbyrand. 


Jt:  DtrfcSear-tfi'rant  : 
GliOUGliS  MONTCRGUKJi. 


l^>n  *  lerc-Daki'.i  . '^t-Atwin'l-'.'Ant-'^rtod, 


LXX*  Volume   Paratssani  Ut  lo.io  ei  io  di  chaque  moii  Du  20-30  Décembre  1914 

N»  1409 

—  QD«QDB 

•«'-.r.Victor-Miksiié  «.^*  Si^-.r.TIctor-MaMA 

PARIS  (IX't  Ctfrche*  et  ^   ^^^^^    1        "  "  /'<"•<  PARI8  <I.Y«) 

__  vaut  trouvtrtt  a  JjgulRBnl   E       «ntr'aider  ^ 


«uretox:  de346h8ure«  "  ^EHS^  *  Bnreaai:  de3»  Sheor»» 

C3ntfrmé5iatre 

DES    CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé   en    iSô^^ 

»♦♦»» — . 

■QUESTIONS     ET     RÉfONSBS     LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES     ET   ARTISTJQUf.S 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITES 

177      178     ^— — — — 

A  NOS  LECTEURS  ET  COLLABORATEURS 


La  réapparition  de  V Intermédiaire  des  Chercheurs  et  Curieux  a  été  accueillie  avec  une 
très  vive  sympathie.  Nous  remercions  nos  amis. collaborateurs  et  abonnés  qui  ont  bien 
voulu  nous  prouver  leur  satisfaction  de  ce  q^u'ils  ont  considéré  à  juste  titre,  comme 
une  marque  de  patriotique  confiance. 

Beaucoup  d'entre  eux  ont  repris  aussitôt  leur  collaboration,  intéressés  plus  parti- 
culièrement, par  les  questions  qui  sont  de  la  nuance  des  événements.  Quel  éruJit  res- 
terait enfermé  dans  sa  tour  d'ivoire  pendant  les  heures  ardentes  que  nous  vivons  f 

Tout  est  encore  exceptipnnel  en  ce  moment  et  notre  effort  se  ressent  des  difficultés 
de  jo'ndre  la  plupart  d'entre  nous.  Des  territoires  nous  sont  fermés,  dont  nous  vou- 
lons espérer  la  délivrance  prochaine.  La  famille  de  V Intermédiaire  est  un  peu  disper- 
sée. Beaucoup  de  nos  collaborateurs  sont  retenus  par  leurs  obligations  militaires. 

En  somme,  nous  n'avons  pas  la  prétention  de  nous  présenter  comme  en  temps 
normal,  nous  faisons  des  numéros  de  guerre.  Leur  régularité  et  leur  volume  dépen- 
dront des  circonstances  et  des  possibilités. 

L'importance  de  notre  effort  est  subordonnée  aux  concours  qui  pourront  nous  être 
prêtés. 

Et  puisque  nous  voici,  avec  ce  numéro,  au  seuil  de  l'année  nouvelle,  faisons  un 
vœu  —  nous  n'aurons  jamais  fait  vœu  d'un  coeur  plus  fervent.  Que  nos  amis  et  col- 
laborateurs qui  combattent,  nous  reviennent,  et  que  la  France  —  avec  ses  alliés  — 
resplendisse,  en  1915,  dans  la  gloire  de  la  paix  victorieuse. 

M. 


A  noa  abonnées 


Nous  ne  présenterons  pas  de  quittance  d'abonnements,  avant  la  fin  des  hostilités. 
Nous  comptons  sur  l'obligeance  de  nos  abonnés. 

Nous  rappelons  à  ceux  qui  voudront  bien  nous  adresser  le  montant  de  leur  re- 
nouvellement, quj  le  prix  dés  abonnements  pour  les  abonnés  de  1914  est  de  13,  fr. 
(France)  et  14  Ir.  (Etranger). 

Pour  les  i>ou veaux  aboilnés,  le  prix  reste  fixé  à  16  fr.  et  à  18  fr. 

Si  le  service  ne  pouvait  être  assuré  régulièrement,  une  nouvelle  remise  ferait  faite 
à  l'échéance  ou  une  prolonj^ation  de  durée  au  choix  des  abonnés. 

Nous  conservons  les  exemplaires  destinés  à  noi  abonnés  des  régions  où  le  service 
postal  est  interrompu. 

La  table  pour  le  deuxième  semeilie  dt  1014  est  envoyée  avec  le  piésent  numéro. 


N»  (409.  Vot.  LXX. 
179 


L'iNTËRMÊDlAIRH 


180 


ueeîiûns- 


Livre  d'or  de  la  France.  —  Plu- 
sieurs auteurs  se  sont  proposé  de  publier 
des  recueils  des  héros  morts  pour  la  Patrie 
ou  cités  à  l'ordre  du  jour,  pendant  cette 
guerre  si  meurtrière  de  1914  ?  Quel  est  le 
plus  complet  ? 

IVl.  Xavier  Roux  doit  faire  paraître  pro- 
chainement, sous  le  [titre  Les  Héros  et 
comme  sous-titre  :  «  Tablettes  Histori- 
ques des  familles  »)  des  brochures  don- 
nant, par  département,  la  liste  de  tous 
les  officiers,  scusofficiers  et  soldats  morts 
au  champ  d'honneur.  Ce  mode  de  publi- 
cation, par  département,  offre  le  grave 
inconvénient  de  ne  pouvoir  être  complet 
tant  que  la  paix  ne  sera  pas  signée.  Et 
puis  comment  se  fait  la  classification  par 
département  ?  Est-ce  en  raison  du  lieu  de 
naissance,  du  domicile  habituel,  du  lieu 
de  garnison,  du  régiment,  etc.  ? 

Le  journal  illustré  Le  Panorama  de  la 
guerre  publie  un«  Mémorial  delà  guerre  > 
où  sont  réunis,  par  ordre  chronologique, 
les  noms  des  braves  promus  dans  la  Lé- 
gion d'honneur,  médaillés  militaires  ou 
cités  à  l'ordre  du  jour. 

A  mon  humble  avis,  toutes  ces  publi- 
cations sont  incomplètes.  N'existe-t- il  pas 
un  véritable  «  Livre  d'or  de  la  France 
pendant  la  guerre  de  1914*011  sont  et 
seront  inscrits  les  noms  de  tous  ceux 
qui  : 

1°  Ont  été  tués  à  l'ennemi,  ou  sont 
morts,  soit  des  suites  de  leurs  blessures, 
soit  de  maladies  contractées  pendant  la 
campagne  ; 

2°  Ont  été  blessés  au  champ  d'hon- 
neur ; 

3°  Ont  été  promus  à  un  grade  supé- 
rieur pour  action  d'éclat  ; 

4»  Ont  été  promusdansla  Légion  d'hon- 
neur ; 

5°  Ont  reçu  la  médaille  militaire  ; 

6°  Ont  enfin  été  cités  à  l'ordre  du  jour 
des  armées. 

Les  noms  de  tous  ces  braves,  auxquels 
nous  ne  saurons  jamais  assez  témoigner 
de  reconnaissance,  doivent  être  accompa- 
gnés de  l'indication  de  leurs  prénoms,  du 
régiment  auquel  ils  appartenaient,  de  la 
date  et  du  lieu  où  ils  ont  été  tués  ou  bles- 
sés, du  texte  complet  de  la  citation  à  l'or- 
dre du  jour,  etc.  Brondineuf. 


j  «  Les  Marie-Louise  »  —  Cons- 
I  crits.  —  A-t-il  été  publié  des  articles. des 
I  études  sur  ces  conscrits?—  Inutile  de  ci- 
!  ter  le  roman  d'Erkmann  Chatrian.  —  Dans 
i  quels  documents  contemporains  trouve- 
t-on  le  surnom  de  <  Marie-Louise  »  ap- 
I   pliqué  à  des  conscrits  ? 

B. 

Questions  maritimes  actuelles  : 
la  course,  les  prises.  —  Sans  entrer 
dans  de  longs  détails,  ne  pourrail-on  don- 
ner, dans  nos  colonnes,  quelques-unes  des 
règles,  les  plus  intéressantes,  concernant 
la  Couise,  les  Prises  et  autres  questions 
maritimes?  Cela  permettrait  au  lecteur 
non  initié  de  comprendre  ce  que  disent 
chaque  jour  nos  journaux. 

Saint-Saud. 

Accent  et  regard  de  Guillaume  II. 

—  Que  pensent  du  regard  plus  ou  moins 
franc  de  l'empereur  allemand  et  de  son 
accent,  quand  il  parle  français,  ceux  qui 
l'ont  entendu  parler  notre  langue?  Je  ne 
sollicite  l'avis  que  de  ces  derniers. 

Saint-Saud. 

Hussards  de  la  Mort.  —  Quelle  est 
l'origine  de    ce    régiment  bocbe  ?  Y  a-t-il 
dans  l'armée     allemande    d'autres    régi- 
ments portant  des  noms  extraordinaires.'' 
La  CoussiÈRE. 

Chant  militaire  anglais  :  Long 
■way  Tipperray.  -  Cet  air  a  fait  for- 
tune en  Amérique.  On  l'entend  siffloter 
par  les  boys  dans  les  rues  de  New-York 
et,  sur  les  routes,  les  soldats  de  l'Oncle 
Sam  le  chantent  à  pleine  gorge  C'est 
Long  way  Tipperray..,  la  chanson  déroute 
favorite  de  l'armée  britannique. 

Des  citoyens  allemands  résidant  aux 
Etats-Unis  ont  eu  les  oreilles  agacées  par 
ce  refrain,  qui  leur  parut  hostile.  Ils  ont 
fait  des  démarches  auprès  du  gouverne- 
I  ment  de  Washington  pour  qu'il  fût  dé- 
sormais interdit  dans  l'armée  améri- 
caine. 

Et  voici  l'amusante  réponse  qu'ils  se 
sont  attirée  du  secrétaire  d'Etat  à  la 
guerre  : 

Mais,  voyons,»  Tipperray  ^>  me  parait  être 
une  chansonnette  mélodieuse  et  les  soldats 
américaini  pourront,  tant  qu'il  leur  plaira, 
la  fredonner,  la  chanter  et  la  siffler. 


DES  CHERCHRURS  ET  C'JRIEI'X 


i8i 


ïo-50  Décembre  1914 
,82     


Ne  pourrait-on  avoir  les  paroles  de  ce  s  gretlée,  et  écoutions  tinter  la  Mutte,  dont   le 


chant  et  connaître  son  histoire  ? 

A. 


Singe.  —  Pourquoi  appelle  t  on  ainsi 
les  conserves  qu'on  donne  à  nos  soldats? 
La  Coussière. 

Les  Poilus   —  C'est  par  ce   mot  que 

l'on    désigne  les  soldats   français  qui   se 
battent  en  ce  moment. 

L'absence  de  toute  toilette  explique 
assez  ce  sobriquet.  Mais  n'existait  il  pas 
avant  la  guerre  pour  désigner  des  gaillards 
solides,  éprouvés  ?  V. 

Hurluberlu.  —  Le  mot  ne  figure  pas 
à  la  table  de  l'I/itirni^Jhiieetje  le  trouve 
au  XV'  siècle  comme  nom  d'un  allemand 
pillard  au  temps  djs  guerres  de  Bretagne. 
Lesquelles  cboiet  ont  élé priwcs  par  un  Al- 
mattt  tiomme  Hurelubfrht  (Mémoires  de 
Guil.  de  Rosnivinen  ;  cité  par  D.  iV.orice. 
Preuves.  III,  561).  Le  mot  est-il  plus  an- 
cien ?  Ce  devait  être  un  surnom,  car  il 
est  dit  «  aultrement  Jehan  le  Duc  >  . 

No  serait  ce  pas  plutôt  la  déformation 
du  nom  propre  allemand  sous  la  forme 
d'un  mot  déjà  populaire  ? 

René  Villes. 

■Woëvre  :  pr  noncia'ion.  —  Du 
Bulletin  Jci  Arméei  : 

Voilà  un  nom  qui  revient  constamment 
dins  les  comiiiuiiiquus.  Comrrent  doit-on  le 
prononcer  ?  Voévre  ou  Voivre  ?  Les  gens  du 
pays,  les  seuls  qu'il  convienne  d'écoi^tcr, 
vous  reperdront  que  Wcëvre  se  proronce 
Oivre,  comme  Wallon  se  piononce  Ouallon, 
et  Longwy  Lon-ouy.  Woèvre  est  un  nom  Je 
lieu  d'origine  celtique  non  germanique. «  Es- 
sayez, écrit  un  Lorrain  à  !A.  Ardoiiin-Du- 
niaret,  essayez  de  le  faire  dire  pur  un  Boche, 
il  n'y  parviendra  jamais  :  le  son  oi  n'existe 
pas  pour  leur  gosier.  » 

Ce  nième  correspondant  indique,  à  propos 
du  signal  de  Xon,  que  i  ans  les  noms  lorraiiis, 
X  :iVait  coutume.  Il  n'y  a  pas  lor.jçte  r.ps,  de 
se  prononcer  ch.  «  Nous  disions  ;  Chousie 
et  non  Xousse  ;  nous  grimpions  de  Nancy  au 
chanip  de  tir  de  Laohou  et  Don  Laxoi:,  et  de 
li,  nous  d'/scendions  boire  une  chop.-e  de 
Machéville  à  Maxevillc).  De  même,  lorsque 
j'étudiaiï  à  Pont-à-Mousson,  nos  promenad-'S 
nous  conduisirent  plus  d'une  fois  jusqu'au 
belvédère  du  rignal  de  Chon,  d'où  nous  con- 
templions la  silhouette  bleue  de  Metz  la   ru- 


son  nous  était  un  glas. 
g  }(         j       "La  .Viutte  sonnera    bientôt  la  victoire  !  » 
j        Ajoutons,    en    quittant    la    Lorrains    pour 
[   l'Aigonne,  que  Sainte-Menehould,  dont  il  a 
été  question  bien  souvent  aussi,  se  prononce 
d'une  façon  extrêmement   simple.   L'A,  /,  le 
d,  tout  cela  disparaît,  et  il  ne  reste  plus  que 
Sainte-Menou. 

Puisque  nous  y  sommes  et  que  nous  fai- 
sons les  pédants,  signalons  en  outre,  que  : 

Vai|ly-3ur-Aisne  doit  se  prononcer  :  Vély, 
Ostcl  —   Otel,  Vregny  —   Vreugny,  Braisne 
—   Braine,  l'Aisne,    rivière   et    département 
I    —  l'Aine,  la  Vesie,  rivière  —  la  Vêle,  Laon, 
,   chef  lieu     —     Lan,    la    Lannois  ;    Craonne, 
I   Cranue,  Craonnelle    —    Cranelle,    Guise   — 
I   Guhise,  Montrairail,  bour<  de   la    Marne  li- 
mitrophe de  l'Aisne  —  Moîitmirel. 

Foche  ou  Fok  ?  -  De  la  Presse  : 

Telle  est  la  question  que  se  posent  bien 
des  Français  en  voyant  paraître,  avec  la  ra- 
reté qui  caractérise  la  citation  de  nos  offi- 
ciers supérieurs  dans  les  communiqués  offi- 
ciels, le  nom  du  général  Foch,  l'un  de  nos 
énergiques  et  sympathiques  vainqueurs. 

Il  faut  dire /"«r/i^,  sans  appuyer  outre  me- 
sure sur  la  termination  du  nom.  Du  moins, 
c'est  ainsi  que  prononcent  ceux  qui  appro- 
chent l'un  des  plus  braves  et  remarquables 
auxiliaires  du  général  joffre. 

Pronorcer  Fok,  ce  serait  donner  au  nom 
une  prononciation  germanique,  peu  motivée 
et  regrettable. 

Piopliétia.^  pour  les  temps  ac- 
tuels. —  Les  journaux  nous  servent  tant 
de  calembredaines  h.  ce  sujet,  qu'il  serait 
très  intéressant  —  je  le  crois  du  moins  — 
pour  les  lecteurs  de  \' luteimcJiaite  de 
connaître  celles  des  prophéties  concernant 
les  temps  actuels,  ou  pouvant  s'y  appli- 
quer sans  trop  de  difficultés,  parues  il  y 
a  plusieurs  années.  Pas  de  on  dit  surtout  ! 
des  références  précises,  tirées  non  de 
celles  données  dans  les  feuilles  quoti- 
diennes, mais  de  livres,  qu'on  peut  con- 
sulter si  c'est  nécessaire.  -  Pas  de  com- 
mentaires trop  compliqués,  comme  ceux 
du  Nostradamus,  par  exemple. 

Un  Pyrénéiste. 


1  Ce  n'est  pas  une  émeute,  c'est 
une  révoluti  n.  »  —  A  la  suite  d'une 
discussion  provoquée  p^r  la  proposition 
d'accorder  une  pension  aux  vainqueurs 
de    la    Bastille,     le     23     janvier     1833, 


N»  1409.  Vol.  LXX. 

,83 

La  Fayette  rappela  au  comte  Gaétan  de 
La  Rochefoucauld  le  mot  de  son  père,  le 
duc  de  Liancourt,  au  sujet  de  la  prise,  de 
la  Bastille  :  «  Ce  n'est  pas  une  émeute, 
Sire,  c'est  une  grande  révolution  » 
(voir  G.BoTd,Conspiiatlon  révolutionnaire 
1 10  et  n  1). 

Existe-t-il  des  documents  antérieurs 
au  23  janvier  1833,  établissant  que  ces 
paroles  ont  été  prononcées  ? 

Marmont  a  écrit  à  Charles  X,  le  mer- 
credi 23  juillet  1830,  à  9  heures  du  ma- 
tin :  «  Ce  n'est  plus  une  émeute,  c'est 
une  révolution.   » 

D'après  Vaulabelle  {Hist.  de  la  Restau- 
ration, VIII,  974),  le  29  juillet  1830,  vers 
huit  heures  du  matin,  le  ministre  M.  de 
Peyronnet  aurait  dit  à  M. de  Bayeux  avo- 
cat général  à  la  Cour  royale  :  «  Ce  n'est 
donc  pas  une  simple  émeute?  »  A  quoi  le 
magistrat  aurait  répondu  :  »<  C'est  une  vé- 
ritable révolution  ». 

En  attribuant  cette  phrase  lapidaire  au 
duc  de  La  Rochtfoucauld-Liancourt,  le 
14  juillet  1789,  La  Fayette  ne  faisait-il 
pas  une  confusion,  peut-être  volontaire, 
pour  les  besoins  de  sa  cause? 

jusqu'à  nouvel  ordre,  document  en 
main,  l'auteur  de  la  phrase  me  paraît 
être  Marmont.  [.-G.   Bokd. 

Le  général  Bonapa;  te  à  Nica.  — 
Bonaparte  allant  prendre  le  commande- 
ment de  l'armée  d'Italie  en  1796,  passa 
quelques  jours  à  Nice. 

Un  chercheur  des  Alpes-Maritimes 
pourrait-il  me  dire  quelle  fut  la  durée  de 
ce  séjour  et  dans  quelle  maison  logea  le 
futur  empereur  ? 

Baron  de  G. 

La  duchess'i  de  Berry  à  Mar- 
seille «n  1816.  —  Marie  Caroline  de 
Naples,  duchesse  de  Berri,  s'est  embar- 
quée à  Naples  le  14  mai  18 16  à  bord  de 
la  frégate  napolitaine  la  Syrr.ne  escortée 
par  deux  navires  français,  un  vaisseau  de 
ligne  et  une  corvette. 

La  correspondance  du  Préfet  des  Bou- 
ches-du  Rhône  consultée  aux  .Vrchives  na- 
tionales, F7  12171-12174,  ne  fournissant 
aucun  renseignement  sur  les  instructions 
données  par  le  Gouvernement  Français 
pour  la  réception  de  la  princesse  à  Mar 
seille,  nous  faisons  appel  à  la  haute  com- 
pétence des  abonnés  de   V Intermédiaire  et 


L'INTERMEDIAIRE 


184 


les  prions  de  suppléer  à  cette  lacune  en 
indiquant  où  l'on  pourrait  prendre  con- 
naissance :  1°  des  instructions  données 
par  le  Gouvernement  tant  pour  la  récep- 
tion de  la  Princesse  à  son  débarquement 
que  pour  son  voyage  de  Marseille  à  Pa- 
ris. 

2°  du  compte  rendu  officiel  de  la  ré- 
ception à  Marseille  et  des  réjouissances 
données  en  son  honneur  au  port  de  dé- 
barquement. 

R.  V.  B. 

87°  demi-brigade.  —  Je  désirerais 
savoir  quelles  campagnes  de  la  Révolu- 
tion et  de  l'Empire  a  fait  la  87°  demi- 
brigade,  formée  en  partie  par  le  3'  batail- 
lon des  volontaires  de  la  Côte-d'Or. 

J.  B. 

Tombeau  de  Jean  Amelot  :  Ins- 
cription. —  Une  plaque  de  marbre  re- 
couvrant autrefois  le  tombeau  de  Jean 
Amelot,  président  au  parlement,  et  de 
Marie  de  Saint-Germain,  sa  femme,  dans 
l'église  Saint-Nicolas -des -Champs,  se 
termine  ainsi  : 

Mœrente  Moerentissimo  H.  M.  P.  C. 
obiitjulii  Heniico  III  Rage  Vll=  Kil,  aiiiio 
LV,  menses  XOXV. 

Je  serais  très  reconnaissant  au  confrère 
érudit  qui  pourrait  me  traduire  ces  lignes 
qui  se  rapportent  certainement  à  la  date 
du  décès  et  à  l'âge  de  Jean^.Amelot 

Comte  DE  Varaize. 

Baudelaire.  —  Il  parait  que  Baude- 
laire fut  un  jour  ou  deux  journaliste  à 
Chàteauroux,  où  il  devait  écrire  dans  le 
Journal  de  l Indre,  sous  la  direction  d'Ar- 
thur Ponroy  (vers  iS^ïi).  J'ai  vainement 
cherché,  à  Chàteauroux,  l.^  trace  de  l'au- 
teur des  Fleurs  du  mal. 

A.   PONROY. 

Les  généraux  Caffarelli  du  Falga. 

—  Préparant  en  ce  moment  une  thèse  sur 
les  généraux  Caffarelli  du  Falga  (Maxinii- 
licn  et  Auguste)  je  serais  très  reconnais- 
sant à  ceux  de  mes  confrères  de  X'Inter- 
tiiédtaire  qui  posséderaient  des  lettres  de 
ces  deux  soldats  ou  des  documents  les 
concernant  eux  et  leur  famille,  de  vouloir 
bien  me  les  communiquer. 

Serge  F. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


i8s 


Arthur   Ponroy.     —    Je    désirerais  | 
pouvoir  consuher  1  Itiitèraiie  de  Ptiris  à 
Clennonl,   par   Arthur  Ponroy,  itinéraire 
peut-être   publié,   après     1842,    dans   un 
journal  de  Paris. 

A.  Ponroy. 

De  Salignac-Fénslon.  —  Le  23  no- 
vembre 16S0,  Messire  Gaspard  de  Savi- 
gnac  épousa, au  château  deFénelon,  séné- 
chaussée de  Toulouse,  dinioiselle  Magde- 
lain;  de  Vignes,  fille  de  Messire  Anlhoine 
de  Vignes  et  de  Marie  de  Fénelon  et  pe- 
tite-fille de  feue  dame  Gabrielle  de  Sali 
gnac. 

Au  nombre  d^s  témoins  figurent  Alag- 
delaine  de  Colmié,  veuve  de  Messire  Ga- 
brielle de  Fénelon,  ayeule  de  la  future 
dame  Gabrielle  de  Fénelon,  sa  tante. 

Uuelle  parenté  avait  cette  jeune  mariée, 
fille  d'une  Fénelon  et  petite-fille  d'une  de 
Salignac  avec  lillustre  archevêque  de 
Cambrai  François  de  Salignac- Fénelon  né 
au  château  de  Fénelon  en  1651? 

Frédéric  Alix. 

Armoiries  à  déterminer  :  un 
fascé  sur  un  écarielé  :  aux  3  Potier 
et  aux  4  La  Rochefoucauld.  —  Sur 

un  cartouche  i'"  moitié  du  xviii',  sur- 
monté d'une  couronne  de  marquis  et 
croix  de  Saint-Lojis  au  bas  :  écarteU  au 
1"  de  gueules  à  la  tour  de . ..;  au  2  d'azur 
à  j  con  (?)  de...,  au  franccanlon  dextre 
échiqueté  d'argent  et  d'azur  ;  au  ^  de  gueules 
à  lafaice  J'aigent  accompagnée  de  ^  croi- 
setles  du  même,  qui  est  Potier  de  Courcy  ; 
au  4  de  la  Rochefoucauld  ;  sur  le  tout  de... 
à  j fascei  ondées  de... 

Quelle  peut  être  la  famille  à  qui  attri- 
buer ce  cachet  ? 

Sa!NT-Saud. 

Chanson  de  déserteur.—  Pourrait- 
on  me  procurer  le  texte  complet  d'une 
chanson  populaire  dont  Gérard  de  Nerval 
cite  quelques  vers  dans  Les  Filles  du  Feu  ? 
Il  s'agit  d'un  déserteur  qui  rencontre  la 
maréchaussée. 

On  lui  a  demaiidi!  :  —  a  Où  est  votre 
congé?  —  Lî  congé  que  j'ai  pris,  il  est  sous 
mes  souliers,  n 

Une  amante  éplorée  intervient  : 

La  belle  s'en  va  trouver  son  capitaine,  — 
Son  colonel  et  aussi  son  sergent... 


30-30  Dtcom^re    19 14 
,86  

«  Le  refrain  est  une  mauvaise  phrase 
latine,  sur  un  ton  de  plain  chant,  qui  pré- 
dit suffisamment  le  sort  du  malheuroux 
soldat  »,  ajoute  Gérard  de  Nerval.  Pour- 
rait-on, en  même  temps,  m'indiquer  où  je 
trouverais  l'air  de  cette  chanson  ? 

Ruf. 

Bible  de  Complut.  —  Je  lis  dans 
V Histoire  générale  d'Espagne  de  Juan  de 
Ferreras  ; 

177a.  -  Malgré  de  si  grands  embarras, 
le  roi  Don  Philippe  II  voyant  qu'on  ne 
trouvait  plus  d'exemplaires  de  la  Bible  de 
Complut,  qui  avait  été  imprimée  à  tant  Je 
frais  par  les  soins  du  cardinal  Ximéntz, 
consulta  \' Inquisition  générale,  etc. 

D'où  vient  le  nom  de  Complut  ou 
Complute  donné  à  la  Bible  en  question  f 

Nauticus. 

Famille  Le  Quieu.  —  Cette  famille, 
originaire  de  Picardie,  est-elle  encore  re- 
présentée .'' 

Les  Le  Quieu,  seigneurs  de  Villiers 
l'Hôpital  Moyenneville,  La  Vallée-les- 
.Amiens,  Amboisevillc,  Fortel,  la  Gues- 
diére,  Grandmaison,  remontent  à  David 
Le  Qjiieu  écuyer,  l'un  des  cent  gentil- 
hommes  de  Louis  XI. 

Baron  dh  G. 

Une  marquise  actrice.  —  Albert 
Glatigny.dans  Gilles  et  Pasquins^  publié 
une  poésie,  «  à  Mme  la  Marquise  de  Z...  » 
qui  s'adresse  à  une  dame  de  l'aristocratie 
qui  était  —  en  1869  —  montée  sur  les 
planches. 

Sait  on  le  nom  de  cette  marquise  ^  Fit- 
elle  une  carrière  théâtrale  sérieuse  ? 

J... 

Le  mot  partenaire.  —  Le  Diction- 
naire de  l' Académie  et  le  Dictionnaire  de 
Utile  l'adoptent,  mais  n'en  citent  aucun 
exemple,  j'en  trouve  un  dans  \a  Anec- 
dotes littéraires  de  Voisenon  :  «  l'évêque 
de  .Montrouge  >  dit  qu'il  était  «  Le  parte- 
naire »  de  .Ville  de  Lussan,  un  bas  bleu 
du  temps,  dans  les  indigestions  qu'ils  se 
donnaient  tous  deux,  trois  fois  par  se- 
m.iine,  à  Cauterets  en  1763? 

Existet-il  un  exemplaire  antérieur  de 
ce  terme  qu'on  écrit  aujourd'hui,  à  la 
mode  anglaise  <  partner  i>. 

p'E. 


U»  1409  Vol.  LXX. 


L'INTERMÉDIAIRE 


187 


188 


Rép0?ï0cs 


Les  articles  ayant  un  caractère  d'actua- 
lité, sont  placés  en  tête. 

Les  Allemands,  en  1S71,  ont-iis 
passé  sous  l'Arc-de-i  riomplie,  à 
Paris?  (LXX,  139).  — Voici  la  réponse 
à  la  question. 

On  lit  dans  La  Capitulation  et  l'Entrée 
dei  Allemands,  par  Alfred  Duquet,  page 
306  :  • 

A  3  heurts,  «près  la  revue  passée  par  le 
nouvel  empereur  de  l'hippodrome  de  Long- 
chan''ps,  M.  de  Moltke,  bien  certain  qu'on 
ne  tirera  pas  de  coups  de  l'jsil,  ordonne 
"entrée  générale  des  troi.'pes.  Elles  arrivent, 
par  l'Arc-de-Triomphe,  sans  passer  dessous, 
en  raison  des  barrages,  des  chaînes,  des  pa- 
vés, des  débris  de  toutes  sorti:s  qui  ne  per- 
mettent pas  là  circulation  sous  la  glorieuse 
voilte.  De  plus,  les  vainqueurs  n'étaient  pas 
trop  rassurés,  craignant  qse  des  mines,  de^ 
machines  infernales  n'eussent  été  établies 
sous  le  monument  ou  aux  alentours.  Ils  le 
contournent  donc,  à  distance,  comme  l'ont 
fait  les  premières  troupes  entrées  le  matin, 
et  descendent  l'avenue  des  Champs  Ely- 
sées  (1). 

(3)  C'est  à  tort  que  M.  Jules  Favre  a  écrit 
que  les  colonnes  «llemandes  avaient  «  passé 
sous  l'Arc-de-Trlomphe  ».  (Jules  Favre,  gou- 
vernement de  la  Défense  Naliorale  du  19 
janvier  au  ga  juillet  187',  page  151).  — 
«  L'ennemi  ne  défila  pas  sous  l'Arc-de- 
Triomphe.  »  (Général  Ambert,  le  siège  de 
Paris,  p,  376).  —  Edmond  Ncukomm,  p. 
284.  —  A,  J.  Dalsème,  p.  340. 

•»* 


Le  document  suivant  que  je  trouve  dans 
\'Echo  de  Paris  ne  répond  pas  à  la  ques- 
tion, mais  il  est  à  coté  —  et  non  sans  in- 
térêt. 

Non  seulement  Guillaume  ic  n'est  pas  en- 
tré à  Paris,  mais  son  état-major  n'eit  pas 
descendu  dans  une  habitation  Irançaisc,  car 
cet  état  major  fut  refu  par  mon  père,  Lino 
Munoz,  fils  du  comte  del  Retamoso  et  neveu 
du  duc  do  Riansarès,  qui  épousa  S.  M.  la 
reine  Maria-Christine  d'Espagne,  mère  de  la 
reine  Isabel,  qui  habita  si  longtemps  votre 
noble  pays  de  France. 

La  reine  Marie  Christine  habitait,  an  1871, 
avenue  des  Champs-Elysées,  h  la  p).ice  où 
s'élève  actuellement  l'hôtol  de  M  Dufayel  ; 
c'est  là  que  l'état-major  prussien,  accompa- 
gné de  800  hommes,  vint  habit'jr. 


M.  Jules  Ferry,  maire  de  Paris  à  ce  mo- 
ment, je  crois,  pris  mon  père,  habitant  leul 
l'hôtel  de  Sa  Majesté,  de  bien  vouloir  rece- 
voir les  Prussiens,  aucun  Français  n'accep- 
tant l'humiliation  de  lis  recevoir.  Mon  père 
accepta.  Mon  père  aimait  la  France. 

Non  seulement  l'empereur  n'était  pas  venu 
à  Paris,  mais  son  état-major  était  reçu  dans 
une  habitation  espajinole  :  l'honneur  était 
sauf.. . 

Vous  dire  que  mon  père  étjit  joyeux  en 
recevant  ces  individus  et  qu'il  n'eut  pas  de 
regiets  serait  mentir,  d'autant  plus  qu'il  ne 
fut  pas  ftécisément  satis'ait  de  cette  inva- 
sion. 

Une  nuit  que  le  géiiér.;!  en  chef  eut  besoin 
d'un  renseignement,  il  envoya  un  de  ses  offi- 
ciers auprès  de  mon  pèie,  qu'il  trouva  ins- 
tallé dans  un  fauteuil  dans  la  plus  belle 
chambre.  Aussitôt  l'officier  d'en  faire  l'ob- 
servation. Sur  la  réponse  de  mon  père, 
qu'étant  dans  la  chambre  de  Sa  Majesté  et 
que,  lui,  se  contentant  d'un  fauteuil,  ce  ne 
serait  pas  son  général  qui  coucherait  dans  le 
lit  de  la  reine,  l'officier  le  menaça  en  sortant. 
Le  lendemain  matin  arrivait  le  général  en 
chef  qui,  au  lieu  de  remontrances,  fit  des 
excuses  à  mon  père  en  le  complimentant. 

En  1871  il  y  avait  encore  des  hommes  du 
monde  en  Allemagne.  Quel  changement  en 
44  ans  ! 

Cependant,  un  mois  après  leur  départ, 
l'hôtel  conservait  une  odeur  désagréable  et, 
comme  souvenir,  les  Prussiens  nous  laissè- 
rent d'énorrries  caisses  i.e  contenant  que  du 
suif.  Si,  en  fait  de  parfums,  c'était  de  cela 
qu'ils  se  servaient,  je  comprends  que  l'odeur 
des  Barbares  soit  restée  longtemps  dans  le 
nez  de  mon  pauvre  père... 

*  * 

Dans  le  même  numéro  (  ig  septembre 
1914),  M.  Charles  Foley  soutint  la  néga- 
tive —  quant  au  passage  des  Allemands 
sous  l'Arc  de  Triomphe  : 

Rappelons  d'abord  que,  en  1S71,  l'entrée 
des  Allemands  à  Paris  ne  ressembla  en  rien 
aux  libres  et  glorieuses  occupations  de  Vien- 
ne ou  de  Berlin  par  les  armées  de  Napoléon. 

Vers  onze  heures,  le  i"  mars,  après  revue 
à  Longchamp,  l'armée  de  Guillaume  I»r  ne 
pénétra  dans  notre  villa  que  pour  y  être 
très  étr'jitcment  pjrquèe  dans  les  quartiers 
compris  entre  les  fortifications  (ouest),  les 
quais  de  la  rive  droite  jusqu'au  pont  de  la 
Concorde,  puis  la  rue  RoyaK-,  le  faubourg 
Sjint-Honoré  et  l'avenue  des  Ternes.  Po  ts, 
places  et  rues  aboutissant  à  cette  ligne  de  dé- 
marcation étaient  fermés  par  deux  barricades, 
lormant  espace  vide,  à  environ  cent  mètres 
l'une  de  l'autre.  La  prennère  barricade  était 
gardée  par  notre  armée  active,  la  seconde 
par  notre  garde  nationale. 


DES  CHERCHEU 


189 


Beaucoup  de  Parisiens,  moins  effrayés  que 
cutieiiï,  cherchèreiif  à  voir  les  Ca  ftics  à 
pointe.  Ceux-ci  se  se;itaiei;t  rien  moins  que 
rassurés  dans  ces  avenues  d«'serles,  enlre  cei 
façades  do  maisons  aux  volets  heimélique- 
ment  clos,  —  remparts  de  pierre  derrière 
leiquîls  ils  entendaient  se  briser  les  remous 
d'une  foule  hostile. 

D'ailleurs  cette  épreuve,  aussi  pénible  aux 
vaincus  qu'aux  vainqueurs,  fut  de  courte  du- 
rée. Entrés  à  Paris  le  i"'  mars,  après  midi, 
les  Allemands,  par  ratification  de  la  paix, 
évacuaient  le  3  mars,  dès  le  matin  ! 

A  peine  trois  petits  jours  de  siler.cieuse 
gloriette  I 

Guillaume  V'  avait  vainement  rêvé,  au 
front  de  sa  garde  roy.ile,  de  pass  r  sous 
l'Arc  de  Triomphe,  de  traverser  à  cheval  les 
Chanips-Eiysées  et  de  coucher  aux  T'uile- 
ries. 

Des  lettres  de  menaces  émurent  chance- 
lier et  ministres,  leur  firent  craindre  un  atteii- 
lat,  —  coups  de  fusil  ou  de  revolver  de 
Français  exaspérés  —  L'entrée  tr;omohale 
que  se  promettait  l'empereur  fut  donc  jugée 
par  trop  dangereuse  11  fallut  y  renoncer. 
L'élat-inajor  en  ressentit  quelque  déception, 
mais  le  monarque,  assez  vite  résigné,  écouti 
la  voix  de  la  prudence,  ce  qu'en  euphémisme 
de  cour  on  nomme  le  conseil  d:  la  raiinn. 

Guillaume,  pendant  ces  troisjours  d'occu- 
pation, ne  pénètre  donc  pas  dans  Pari;, 
même  en  cachette. 

La  revue  de  Longchamps  terminée, l'empa- 
reur  se  rend  à  cheval  jusqu'à  sa  voiture  ;  il 
y  monte  avec  son  fils  et  retourne  tout  bour- 
geoisement, pour  ne  pas  dire  tout  piteuse- 
ment, \  Versailles. 

Hictoriographe  en  titre,  Louis  Schneider, 
en  ses  Souvenirs  annotés  et  corrigés  par  le 
monarque  lui-iiicme,  nous  apprend  que  l'en- 
tourage impérial  n  avait  pu  voir  partir  Guil- 
laume pour  Longchamp,  par  li  route  de  Sè- 
vres, nn'avec  cramtt  ut  Irembbment. 

Quind,  ap  è§  cette  excursion  cependant 
rien  moins  que  risquie,  «  la  voiture  royale 
rentra  dans  la  cour  de  la  préfecture,  —  nous 
avoue  officiellement  notre  historiographe,  — 
il  nous  tomba  un  poids  de  dessus  le  cxur  .' » 
* 
»  • 

Parisien  de  Paris  que  je  n'ai  jamais 
quitté,  j'ai  suivi  tous  les  incidents  du 
Siège  avec  l'insouciance  du  danger  et  la 
curiosité  du  gamin  que  j'étais  alors, et  do- 
micilié dans  le  quartier  des  Champs-Ely- 
sées, j'ai  assisté  personnellement  à  l'en- 
trée des  Allemands  dans  la  capitale, après 
la  revue  du  corps  d'occupation  passée  a 
Longchamp,   par    le  vieux  Guillaume. 

Aux  termes  de  la  convention  signée 
entre  Bismarck,  Thiers  et  Jules  Favre 


RS  ET  CURIEUX      30-30  Décembre  1914 

1 90    

h  partie  de  h  ville  de  Paris,  à  l'intérieur  de 
l'eiKeiiite,  co.iiprise  entre  la  Seine,  la  rue  du 
Faubouig-S.nint-Honoré  et  l'avenue  des  Ter- 
nes devait  être  occupée  par  les  troupes  alle- 
mandes dont  l'effectif  ne  devait  pas  dépasser 
30.000  hommes. 

La  veille  de  l'occupation,  la  grande 
ville,  dit  Jules  Favre 

ne  cessa  pas  un  instant  de  conserver  une  atti- 
tuJe  morne  et  silencieuse  ;  et,  quand  la  nuit 
vint,  au  lieu  d'offrir  le  spectacle  du  mouve- 
ment et  de  la  vie  qui  donne  un  air  de  fête  à 
ses  soirées  les  plus  ordinaires,  elle  s'enveloppa 
de  ténèbres  volontaires. 

Aucun  de  ses  habitants  ne  songea  à  fran- 
chir le  seuil  d'un  café,  et,  sur  les  boulevards, 
dans  ses  rues  habituellement  étincolantes  de 
lumières  et  sillonnées  de  promeneurs,  on  en- 
tendait à  peine  le  pas  solitaire  et  cadencé  des 
patrouilles  qui  veillaient  inquiètes  sur  la  cité 
consternée. 

Le  \"  mars,  dans  l'après-midi,  le 
corps  d'occupation  commandé  par  le  gé- 
néral Kamecke,  entra  dans  Paris,  venant 
de  Longchamp,  par  l'avenue  de  l'Impé- 
ratrice et  l'avenue  de  la  Grande-Armée  ; 
je  puis  affirmer  que  les  régiments  contour- 
nèrent l'Arc  de  Triomphe,  car  ils  n'au- 
raient pu  passer  sous  les  arceaux  qui,  la 
veille,  avaient  été  obstrués  'et  barricadés 
par  les  Parisiens. 

L'avenue  des  Champs-Elysées  était  com- 
plètement déserte,  et  les  devantures  des 
rares  magasins  qui  y  existaient  alors 
avaient  été  baissées,  et  portaient  une  ins- 
cription: <  Fermé  pour  cause  de  deuil  na- 
tional »  ;  l?s  maisons  et  les  fenêtres 
étaient  closes. 

Seuls  un  millier  de  gamins  du  quartier 
dont  je  faisais  naturellement  partie,  ac- 
compagnaient l'avant-garde  formée  par 
les  Bavarois  qui,  tous,  avaient  arboré  sur 
leur  casque,  un  rameau  de  verdure. 

Nous  suivions  la  musique  et,  peu  à 
peu,  l'esprit  du  tili  parisien  reprenant  le 
dessus,  nous  commençâmes  à  assaillir  les 
Bavarois  de  nos  quolibets,  puis  à  siffler 
et,  enfin,  à  faire  un  vacarme  tel  qu'on 
percevait  à  peine  le  son  des  instruments. 
Cela  ne  nous  paraissant  pas  suffisant, 
nous  nous  enhardîmes  au  point  de  ramas- 
ser et  de  jeter  des  cailloux  qui  allaient  re- 
bondir sur  les  cuivres. 

L'inc'dcnt  faillit  alors  mal  tourner, car, 
devant  le  P.ilais  de  l'Industrie  e'  l'avenue 
Marigny,  le  général  furieux  ordonna  une 
halte   et   fit    armer    les    fusils  ;    inutile 


N» 


1409  Vol.  LXX. 
_     ,9, 


L'INTERMEDIAIRE 


d'ajouter  qu'en  un  instant  nous  avions 
disparu,  dispersés  comme  une  volée  de 
moineaux. 

La  troupe  reprit  alors  sa  marche  jus- 
qu'à la  place  de  la  Concorde  dont  toutes 
les  statues  étaient  voilées,  et  la  musique 
s'arrrta  devant  la  statue  de  Strasbourg 
pour  exécuter  l'air  «  Salut  à  toi,  cou- 
ronné par  la  Victoire  »,  semblant  ainsi 
braver  l'armée  française  qui  gardait  les 
barricades  établies  rue  Saint-Florentin, 
rue  Royale  et  rue  Boissy  d'Anglas. 

Le  lendemain,  un  grand  nombre  de 
filles  publiques  accoururent  dans  les 
Champs-Elysées,  mais  Gavroche  veillait 
et,  dès  que  l'une  d'elles  après  avoir  con- 
versé avec  un  Allemand,  venait  à  s'éga- 
rer dans  les  allées,  des  mains  juvéniles 
l'empoignaient,  la  fouettaient  et  lui  fai- 
saient prendre  un  bain  dans  les  bassins 
des  fontaines  environnantes. 

Enfin,  le  3  mars,  à  8  heures  du  matin, 
l'évacuation  commençait  ;  elle  était 
terminée  à  midi  et,  pas  plus  au  départ 
qu'à  l'arrivée,  l'Arc  de  Triomphe  ne  fut 
souillé. 

Je  me  souviens  encore  d'un  pauvre  dia- 
ble de  traînard,  resté  seul  sur  la  place  en 
arrière  de  l'armée,  auquel  nous  lancions 
force  lazzis  et  qui,  bien  inoffensif,  se  bor- 
nait à  répondre  :  <  Moi  pas  Prussien  ! 
Bavarois,  déteste  Prussien  !  » 

Quelques  instants  après,  on  amoncela 
de  la  paille  sur  la  place  de  l'Etoile  et  on 
y  mit  le  feu  pour  purifier  l'endroit  ;  on 
recommença  la  même  opération  devant 
l'hôtel  de  )a  reine  Christine,  avenue  des 
Champs  Elysées  (aujourd'hui  hôtel  Du- 
fayel)  où  le  général  Kameckc  avait  établi 
son  quartier  général. 

En  résumé,  l'entrée  des  Allemands  dans 
Paris  en  ib'71,  fut  plutôt  piteuse.  Ils  furent 
parqués  comme  des  animaux,  en  nombre 
limité  et  pendant  deux  jours  seulement, 
dans  un  coin  de  la  capitale.  Ni  Guillaume,' 
ni  le  Kronprinz,  ni  Bi.smarck  n'c-^èrent 
franchir  les  fortifications.  11  y  eut  donc 
une  différence  sensible  entre  cette  entrée 
aussi  discrète  que  craintive  et  celle  du 
«  Parvenu  Corse  »  à  Berlin  que  le  Kaiser 
actuel  a  tenté  vainement  d'imiter. 

Eugène  Grécourt. 


M.  Maxime    Vuillaume,  dans   les    C<i- 
hiers,  a  publié  une  relation  établissant  que 


192 


d'une 
il  ré- 
ui  re- 


l'armée   allemande  a   passé  sous  l'Arc  de 
Triomphe,  mais  au  retour.  H. 

La  force  prime  le  droit  (LXX,  39). 
—  Il  s'agit  d'un  vieil  adage  Force  passe 
droit  recueilli  par  Leroux  de  Lincy  dans 
son  livre  des  Proverbe  français. 

Bismarck  s'est  toujours  défendu  de 
l'avoir  employé  et  a  prétendu,  tout  au 
moins,  que  sa  pensée  avait  été  mal  com- 
prise. 

Le  23  janvier  1863,  au  cours 
séance  à  la  Chambre  Prussieime, 
pondit  au  comte  de  Schwerin  qui 
piochait  cette  formule  : 

D'après  ce  que  j'entends,  l'orateur  m'au- 
rait c  impris  comme  si  j'eusse  dit  «  La  Force 
prime  le  droit.  » 

Je  ne  me  souviens  pas  d'avoir  léelleraent 
en;ployé  de  pareilles  expressions  et,  malgré 
les  marques  d'incrédulité  avec  lesquelles  vous 
accueillez  ma  rectification,  j'en  appelle  à 
votre  mémoire. 

{Discours  de  Bismarck,  Tome  1  paee 
26). 

Tout  mauvais  cas  est  niable  et  il  est 
probable  que,  plus  tard,  le  chancelier  ac- 
tuel d'Allemagne  niera,  lui  aussi,  avoir 
dit  qu'il  fallait  considérer  un  traité  comme 
un  «  chiffon  de  papier  sans  importance  ». 
Eugène  Grecourt. 

Bismark  s'est  toujours  défendu  d'avoir 
dit  cela,  mais  il  en  était  bien  capable  ; 
d'ailleurs  il  n'aurait  fait  que  concrétiser 
les  deux  premiers  vers  de  la  fable  de  La 
Fontaine  Le  loup  et  l'iignea"  : 
La  raison  du  plus  fort  est  to'jjoiirs  la  meilleure, 

Nous  l'al.'ons  montier   lout-à  l'heure. 
J.  Brivois. 

C;  qu'on  a  dit  des  Allemands 
(LXX,  142).  —  Les  Allemands  considè- 
rent Schopenhauer  comme  leur  Montai- 
gne et  ils  ont,  pour  lui,  une  véritable  vé- 
nération. 

11  est  donc  intéressant  de  relever,  dans 
les  œuvres  de  ce  philosophe,  les  opinions 
qu'il  a  émises  sur  ses  compatriotes  : 

En  voici  quelques-unes  : 

On  a  reproché  aux  Allemands  d'imiter  tan- 
tôt les  Fiançais,  tantôt  les  Anglais,  mais 
c'est  justement  ce  qu'ils  peuvent  faire  de 
plus  (in,  car,  réi'uits  à  leurs  propres  ressour- 
ces, ils  n'ont  rien  de  sensé  à  vous  offrir. 

Ans.  A.  Schopenhauer' s  handsc/n iflli- 
cbem  Nachlass. Leipzig,  1864.  Page  387. 


'93 


Licbtenbtrg  compte  plus  de  cent  expres- 
sions allemandes  pour  exprimer  l'iviesse. 
Quoi  d'étonnant?  les  Allemands  n'ont-ils 
pas  été  depuis  les  temps  les  plus  reculés,  fa- 
meuïparleur  ivrognerie. 

Mais  ce    qui    est    exiraordinjire,  c'est  que 
dans   la    langue   allemande  renommée   entre 
toutes  pour  son    honnételé,  on  trouve,    plus 
que  dans  toute  autie  langue,   des  expressions   ; 
pour  exprimei    la  tromperie,  et  la   plupart  du    ' 
temps,  elles  ootun  air  de  triomphe,  peut-être   . 
pa'ce  que  l'on  considère  la  chose  comme  très 
difficile.  ^ 

(Du  même  ouvrage.  Page  386.)  f 

Le  véritable  car.ictére  national  des  Aile" 
mands,  c'est  la  lourdeur.  Elle  éclate  dan^ 
leur  démarche,  dans  leur  manière  d'être  e' 
d'agir,  dans  leur  langue,  leurs  récits,  leurs 
discours,  leurs  écrits,  dans  leur  façon  de 
comprendre  et  de  penser,  mais  tout  spécia- 
lement dans  leur  style. 

Elle  se  reconnaît  iu  plaisir  qu'ils  trouvent 
à  construire  de  longues  périodes,  lourdes, 
embrouillées.  | 

! 

C'est  à  ce  jeu  qu'ils  excellent,  et  quand  ils   , 
peuvent  ajouter  du  préci'.-ux,  de  l'emphatique 
et  un  air   grave    plein    d'affectation,  ils  na- 
gent alors  dans  la  joie. 

Us  s'étudient  tout  spécialement  à  trouver 
toujours  les  expressions  le?  plus  indécises  et 
les  plus  impropres  de  sorte  que  tout  apparaît 
comme  dans  le  brouillard  :  leur  but  semble 
être  de  se  ménager  à  ch;ique  phrase  une 
porte  de  sottie,  puis  de  se  donner  le  genre  de 
paraître  en  diie  plus  qu'ils  n'en  ont  pensé, 
enfin,  ils  sont  stupides  et  ennuyeux  comme 
des  bonnets  de  nuit. 

(Parerga  tind  Paralipo'iiciia.  3°  édition. 
Leipzig,    1874.1.11.  Pajie  578). 

Et  pour  terminer,  ce  mot   de  la  fin  : 

En  prévision  de  ma  mort,  je  fais  cette 
confession  que  je  méprise  la  nation  alle- 
niande  à  cause  ic  sa  bêtise  infinie,  et  que  je 
rougis  de  lui  apparleuir. 

Fon  dam.  Ubcr  ihm.  Von  Linder,  Me- 
morabilun  (^on  Fiauemtaedt.  Berlin  1863. 
l'âge  399). 

Eugène  Grécourt. 

Culture  Kultur  fLXX,  142).  —  Cul- 
lura  a  été  employé  en  latin  au  sens  figuré 
de  culture  de  l'esprit,  éducation.  Culture 
tout  court  l'est  aussi  depuis  longtemps  , 
en  français.  Litlré  en  cite  des  exemples 
tirés  de  Vauvcnargucs  et  de  Voltaire.  Le 
sens  est  même  plus  étendu  que  c;lui 
d'éducation  quand  nous  disons  :  culture 
générale,  un  homme  sans  culture,  etc.  11   . 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX      20-30  Décembre  191  4 

194    


embrasse  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  for- 
mation de  l'esprit.  C'est  en  ce  sens,  mais 
plus  élargi  encore, que  les  Allemand  s'em- 
ploient le  mot.  emprunté  par  eux  il  y  a 
assez  longtemps  déjà  soit  au  français,  soit 
au  latin,  et  plus  récemment,  je  crois,  affu- 
blé d'un  K  pour  lui  imprimer  la  marque 
germanique.  C'est,  si  je  ne  me  trompe, 
«  civilisation  »,  qui  approcherait  le  plus 
en  français  du  sens  que  les  Allemands  at- 
tp.chent  au  mot  Kultur.  Je  ne  crois  pas 
que  le  mot  luUiire  ait  jamais  été  pris 
chez  nous  dans  une  acception  aussi  éten- 
due ;  à  moins  qu'on  ne  le  trouve  avec  cet 
emploi  chez  quelqu'un  de  ces  spécialistes 
qui,  tout  imprégnés  de  lectures  germani- 
ques, ont  cru  bon  de  transporter  en  fian- 
çais l'adjectit  allemand  Kutimell  sous  la 
forme  du  barbarisme  cuUuiel,  signifiant 
quelque  chose  comme  :  «  qui  a  rapport  à 
la  civilisation.  » 

Ibèrs. 

Inchangé  (LXX,  141).  —  Ce  n'est 
pas,  comme  on  l'a  prétendu,  un  néolo- 
gisme des  rédacteurs  de  communiqués, 
puisque  Littré  le  connaissait  déjà.  Les 
mots  de  ce  groupe,  adjectifs  formés  avec 
le  préfixe  négatif  et  un  participe  passif, 
ne  sont  pas  aussi  nombreux  en  français 
qu'en  anglais,  où  ils  sont  innombrables 
(et  l'anglais  unchanged  a  peut-être  contri- 
bué à  suggérer  inchangé  au  premier  Fran- 
çais qui  l'a  employé).  11  y  en  a  cependant 
un  certain  nombre,  par  exemple  :  in- 
connu, incréé,  indéterminé,  indompté, 
inespéré,  invaincu.  L'analogie  justifie 
donc  la  formation  de  celui-ci.  Il  ne  fait 
double  emploi  avec  aucun  mot  déjà  exis- 
tant. 11  évite  une  périphrase.  Il  est  clair 
pour  tout  le  monde.  Il  n'y  a  donc  aucune 
raison  de  lui  contester  le  droit  de  cité  qui 
lui  est  déjà  depuis  quelque  temps  acquis. 
Il  a  trouvé  dans  noire  langue  un  vieux 
parent,  pas  très  souvent  employé,  mais 
qui  date  de  l'ancien  français  :  inchangea 
ble.  Ibkre. 

Le  mot  boche  (LXX,  143).  —Du 
T^mps  : 

La  plus  vraisemblable  réponse  csl  apportée 
par  une  lettre  du  commandant  C...  au 
Figaro  : 

6  décembre  1914. 
Au  Figaro, 
Ne  pas  chercher  trop  loin  l'étymologio  du 


N»  1409.  Vol.  LXX 


L'INTERMEDIAIRE 


•95 


mot  Boches.  L'argot  auquel  ce  vocable  ap- 
partient incontestablement,  emploie  deux 
modm  péjoratifs  :  remplacement  du  mot  (gé- 
néralemenr  un  substantif)  par  un  qualificatif 
ou  plutôt  par  un  disqualificatif;  curieux  pour 
juge,  culbutant  pour  pantalon,  etc.,  —  dé- 
formation de  la  syllabe  finale  ou  substitution 
à  celle-ci  d'une  autre,  souvent  très  ûifferente, 
mais  de  sonorité  caractéristique,  faible  ou 
forte.  Dans  ce  deuxième  niode  l'argot  trans- 
forme : 

Auver— gnat  en  Auver— pin 
Arti— Heur  en       Arli-flard 
Fanta — ssin   en     Fanta  — boise 
Trou-pier   en     Trou  — bade 
Serg—ent(de  ville)  en  Serg— ot 
et  aussi  : 

Aile — mand  en  Aile— boche  ; 
l'orthographe   «    Alboche    »    est,  en   consé- 
quence, tout  à  f.i't  défectueuse. 

Les  «  Boches  »  sont  tout  simplement  les 
«  mands  >.  Ne  pas  confondre  avec  «  Boschi- 
mans  >,  ce  qui  serait  peu  «im.ablc  pour  ces 
derniers,  en  dépit  de  la  faiblesse  de  leur  angle 
facial. 

CoMMANDAKT    C... 

Lettre  digne  du  meilleur  philologue  :  la 
tefniinaison  argotique    en  oche   ou    en  uche   \ 


—      156  


fut  un  mot  courant  dans  l'argot  des  lycées  pa- 
risiens. 

Ce  n'est  pas  tout.  Notre  confrère  M.  Re- 
naudet,  m'écrit  qu'en  1868,  au  lycée  de 
Tours,  quand  il  était  élève  de  rhétorique,  le 
piofesseur  d'anglais  appelait  impétueusement 
«  têtes  d'Alboches  »  les  cancres  qui  se  mon- 
traient les  p!ui  rebelles  à  son  enseignement. 
Ln  1868,  -  avant  l'autre  gtierre  !...  Et,  à 
cette  tpoque,  la  savante  Allemagne,  comme 
on  disait,  avait  b^jaucoup  d'admirateurs. 
Néanmoins,  la  tête  cirrée  de  l'Albocha  était, 
au  lycée  de  Tours,  jugée  sainement  :  ce  pi-o-^ 
testeur  d'anglais,  d  ailleurs,  qui  sait  s'il 
n'était  pas  brouijlé  avec  son  collégua  le  pro- 
fesseur d'aliemand?  Peu  importe  :  et  Al- 
boche, sinon  Boche,  est  de  deux  années  au 
moins  antéiieur  à  l'autre  guerre. 

Rémi. 

Alboche  était  déjà  employé  en  1871, 
par^  des  réfiigiés  de  la  '  Commtjne' 
h  Genève.  Son  étymoiogie  me  semble 
identique  à  celle  de  rigolboche,  et  le  mot 
peut  par  conséquent  être  né  bien  avant 
1870.  S'il  est  resté  longtemps  dans  la 
coulisse,  cela  tient  uniquement,  je  pense, 


^  evi   ucfic    ^     -  -  -      —  I x^"v,i..v.uL,jv  p^_ii3t ^ 

n  est  pas   rare.    Quant    au   succès   du   nom   |  au  fait   qu'avant  1870,  l'Allemagne  et  les 
à' Alboche,  n'est-ce  parce  qu'il  rime  aisément  |  Allemands  ne  jouaient  aucun  rôle  :  on  ne 

connaissait  que   les   divers   Etats  consti- 
tuant l'agglomération  germanique. 

Boche  est,  en  revanche,  tout  à  fait 
moderne,  et  correspond  à  notre  besoin 
du  moindre  effort  (i;.x  :  auto,  métro, 
tram,  etc.) 

D'   VoGT, 


avec  «  moche  »  î 

* 

Du  Figaro  : 

Faute  de  divertissements  beaucoup  plus 
vifc,  en  ce  moment,  nous  pouvons  bien  con- 
tinuer un  peu  cette  petite  recherche  —  oh  ! 
modeste  :  il  ne  s'agit  pas  de  philologie  ou  de 
Kultur  !  —  touchant  les  origines  des  mots 
Boches  et  Alboches.  Cela  n'a  point  de  consé- 
quence ;  mais  je  crois  que  les  temps  sont  ve 
nus  de  sentir  la  grâce  des  choses  anodines  : 
ce  qui  n'est  pas  anodin,  depuis  quatre  mois, 
n'est  que  trop  terrible. 

Donc,  il  «era  bien  établi  désormais  que  le 
sobriquet  de  Boches  ou  Alboches  ne  date 
point  d'hier.  Reculons  dans  le  parsë.  Un  de 
nos  lecteurs  a  eu  l'cbligeance  de  me  com 
muniquer  un  «  texte  »  digne  de  remarque 
Dans  les  Poèmes  irobies  de  ce  pauvre  Mac 
Nab  qui  avait  une  bjune  gaieté  de  tcmp.-i  de 
paix  et  qu'on  ne  x'oit  peut-étr^-  pas  sans  sur- 
prise mêlé  au  commentaire  de  la  Barbarie 
une  courte  fantnisie  intiiulée  :  «  Un  drôle  de 
dîner  »,  contient  ces  lignes  :  «  Mais,  dites- 
moi,  qu'est-ce  qu'on  vous  apprend  donc  au 
bahut?—  Nous  faisons  des  la'ius  ;  on  nous 
poiisfc  des  colles  sur  le  latin,  le  gre.-;,  l'al- 
boche,Ics  matmuches,  etc..  >  Or,  les  Fcèmcs 
mobiles  de  Mac-Nab  ont  paru  (pei-sonne,  ou 
peu  s'en  faut,  ne  l'ignorei  cht-z  l'éditeurLéon 
Vanier,  l'ann -e  iSSe^.D'oùil  résulte  qu'il  y  a 
Vingt-cinq    ans   Valbocht,  pour    Valkmantl, 


Le  Pantalon  rouge  (LXX,  141).  — 
De  M.  Ernest  Laiit,  Snpplhnnnl  du  Petit 
Journal  13  décembre  1914  : 

La  Révolution  a.lopta  la  couleur  bleue 
pour  les  habits  des  soldats.  On  vit  courir  sur 
tous  les  ch.împs  de  bataille  de  l'Europe  t  ces 
habits  bleus  par  la  victoire  usis  >.  ^lais  sous 
l'L'mpire,  le  bleu  fut  un  instant  abandonné. 
L'indigo  qui  servait  îi  la  teinture  des  draps 
militaires  vonait  d'Angl.teire,  et  l'empereur 
i;e  voulait  employer  aucun  des  produits  de 
l'industrie  anglaise.  11  essaya  de  l'habit 
blanc.  Essai  malheureux  dont  il  ne  tarda  pat 
à  se  repentir.  C'était,  en  effet,  une  idée  sin- 
gulière que  d'habiller  de  blanc  des  soldais 
destiné»  à  passer  leur  vie  au  bivouac.  Au 
bout  de  quelques  jours  les  habits  étaient 
d'une  saleté  rep..;ussanle.  On  mit  l'habit 
blanc  au  rancart  et  l'on  revint  à  l'habit  bleu 
teint  avec  du  pastel  au  lieu  d'indigo. 

Les  soldats  d'alors  devaiert  poner  ia  cu- 
lotte, mais  en  campagne  ils  la  portaient  le 
moins  possible.  Bien  qu'elle   leur  fût  fournie 


197 


DES  CHSRCHEUF.S  ET  CL'KIEUX     20-30  Décembre  1914 

198     


gratis,  ils  préféraient  revêtir  des  pantalons 
qu'ils  payaient  de  leurs  deniers.  Un  officier, 
qui  fit  le  rect  de  la  guerre  de  Prusse  de  i8o6, 
raconte  que,  des  le  premier  jour  de  l'entrée 
en  campagne,  les  so'Jatj  jetèrent  leurs  cu- 
lottes. 

a  Le  leniemain  du  premier  bivouac,  dit-il, 
celui  qui  eût  vu  l'énorme  quantité  «le  culot- 
tes qui  jonchaient  la  plaine  où  nous  avions 
couché,  eût  pu  croire  que  l'ennemi  n.ius 
ayant  surpris  pendant  la  nuit,  nous  nous 
étions  sauvés  en  chemise.  •  C'est  que  les 
hom.^les  préféraient  le  pantalon  qui  laissait 
toute  liberté  aux  mouvements  de  la  jambe,  ï 
la  culotte  qui,  en  serrant  le  jarret,  paralysait 
les  efforts  dt;s  plus  intrépidîs  marchcuis. 

La  Restauration  garda  le  pan'aloti,  mais 
elle  le  voulu!  blanc.  L'inconvénjent  qui  avait 
fait  rejeter  cette  couleur  sous  l'Empire  ne 
tarda  pas  à  ipparaitre  de  nouveau.  On  cher- 
cha quelle  couleur  adopter.  Or,  à  cette  épo- 
que, on  cultivait  la  garance  entre  le  Rhône 
et  la  Durance,  et  cette  culture  menaçait  de 
péricir.er  faute  de  iébou;hés.  Pour  la  sauver 
le  gouvernemeiit  de  Charles  X  résolut  de 
teinv'ie  en  louge  les  pantalons  des  soldats. 

Tel'e  fut  l'origine  du  pantalon  rouge  :  ton 
adoption  eut  pour  cause  un  intérêt  économi- 
que. Il  est  vrai  qu'on  Jéclara  pour  la  justifier 
qu'on  avait  voulu  surtout  prendre  une  teinte 
sur  laquelle  les  taches  de  sang  seraient 
moins  apparentes  que  sur  le  pantalon  blanc. 
Depuis  lors,  le  pantalon  roug;  a  été,  en 
quelque  sorte,  le  vêlement  symbolique  du 
troupier  français. 

O.T  l'a  vu  en  Algérie,  en  Italie,  en  Crimée, 
au  Mexique,  partout  cù  s'est  dépensé  l'hé- 
roïsme de  nos  soldats  ;  on  l'a  vu  sur  les 
Ichamps  de  bataille  de  la  guerre  funeste  ;  on 
'aura  vu  encore  sur  ceux  de  la  guerre  de 
revanche:  et  lors  ceux  qui  l'ont  porié  dans 
les  heures  de  gloire  ou  de  ditresse  ne  le 
v-rront  pas  disparaître  sans  un  ierrement  de 
jCOBur. 

Le  pa»talon  rouge  était  bien  une  spéci.i- 
liti  français;.  Seule,  l'Autriche  l'a  employé 
u;.|u'ici.  et  seule. nent  pour  sa  cavaler  e. 

l.a  raison  pour    Î3.|iielL   il    fut  adopté  par 
les  cavaliers   autrichiens  est, 
riou'ie,   peu   connue    et    vaut 
tée. 

Il  y  a  tout  juste  un  demi-siécle,  Mjximi- 
lien  d'Aatri;tie  venait  d'ètrd  noinmé  empe- 
reur du  Mexique.  Grand  admirateur  de  l'ar- 
mée fr.riyiis.',  il  voulait  avoir  Jes  troupes  à 
l'image  des  nôtres.  A  cet  cffit.  i!  avait  com- 
mandé aux  fi  riqucs  de  Biûnn  et  de  Rei - 
chcnberjr  des  q.iantiiés  considérables  de 
drap  rougi  Les  industriels  .lutrichien;  se 
méfiaient  de  l'aventure  nicxicame.  .  lia  dé- 
clarèrent ne  consentir  à  exécuter  les  com- 
mandes de  .\l3ximilien  que  si  l'empereur,  son 
père,  voulait  bien  en  garantir  le  paiement. 


d'ailleurs,    cu- 
d'étre   rappor- 


La  condition  fut  acceptée.  Quand  survin 
la  catastrophe  de  Queretaro,  les  fabricants 
informèrent  donc  le  csbiiiet  de  Vienne  qu'ils 
tenaient  à  sa  disposition  les  laissés  pour 
co.iipte  de  Maxirailien.  Justement  les  troupes 
autrichiennes  étaient  revenues  des  campa- 
gnes de  Boh<?me  et  d'Italie  en  aseez  mauvais 
éiat.  Le  besoin  de  les  habiller  de  neuf  se  fai- 
sait sentir.  Si  l'on  utilisait  les  draps  du 
Mexique  ? 

Ce  qui  fut  fait.  Et  voilà  comment  nnire 
paatalon  rouge  est  devenu  le  pantalon  des 
cavaliers  d'.\utriche. 

G  est  sous  l'administration  du  ministre 
de  Caux  (Louis  Victor  de  Blanquefort,  vi- 
comte), lieutenant-général  et  lîiembre  de 
la  Cliairbre  des  députés,  que  le  pantalon 
rouge  fut  d  itiné  aux  troupes  d'infanterie, 
comme  le  prouve  le  document  ci-des- 
sous : 

Décision  du  R  ^i  portint  que  le  pantalon  en 
drapvinnces  se- a  substitué  au  pantaon 
bleu,  dans  Vumformede  L'in/anteric . 

Paris,  le  26  juillet  1829. 

Le  Roi  a  dcci.lj,  le  26  de  ce  mois,  que  le 
pantalon  de  drap  garance  serait  substitué  au 
pantalon  bleu,  dans  l'uniforme  de  l'infante- 
rie de  ligne  et  de  l'infanterie  lé.;ère. 

Ce  changement  n'auia  lieu  qu'au  far  et  à 
mesure  des  remplacements. 

L'inserlin  au  Journal  niililairâ  tiendra 
lieu  de  not'ficalion. 

P.  c.  c.       Nauticus. 

La    prophè'ie    des  HohenzoUern 

LXX,  157).  —  M.   Edouard   Drumont  en 
a  parlé.  Et  voici  te  qu'il  en  a  dit  : 

Hermann  était  un  moine  très  savant. 
11  habitait,  au  tr;.izième  siècle,  le  monas- 
tère de  Lehnin,  dans  le  Biandebourg  et 
c'est  là  qu'il  écrivit  le  yatinicium  lehni- 
tieme,  dans  lequel  sont  prédites,  règne 
par  régne  les  destinées  des  Hohenzollern. 
Le  yaticiniiim  lehnineme  a  été  publié  il  y 
a  quelques  années,  avec  toutes  sortes 
d'intéressants  commentaires,  par  l'abbé 
Florent  Dumas. 

Les  prédictions  du  moine  de  l.-chnirj 
sont  er.  vers,  ou  plutôt  en  proso  rimce. 
Après  les  tristesses  et  1-s  humiliations 
qui  suivirent  léna.  l'cclalante  loi  tune  de 
Guillaume  I''  est  annoncée  en  toutes 
lettres,  à  sa  date  —  ce  qui  n'est  pas  mal 
pour  quelqu'un  qui  éciivait  au  treizième 
siècle 

90.  Natui  floicbil,  quoJ  non  fperasset  habe- 

[bit. 


N-  1409  Vol,  LXX, 


L'INTERMEDIAIRE 


199 


200 


91. 
q2. 


Nam  sortis   mirce  videnlur  faia  venue 
Et  princeps  tietcit  qiiod   nova   potentia 

[crtscit. 

«  Le  fils  aura  des  jours  prospères  ;  il 
possédera  ce  qu'il  n'aurait  jamais  osé  es- 
pérer. Car -je  vois  s'approcher  le  temps 
où  s'accompliront  d'étonnants  coups  de 
fortune  et  le  prince  lui-même  ignore  les 
accroissements  que  prendra  la  nouvell 
puissance.  »  e 

La  fin  des  Hohenzollcrn  y  est  annoncée 
ainsi  : 

93.  Tandem  sceptra  gcrit  qui  sifinmatts 

[idtimiis  ctit. 

94.  Israël    infandum   se  élus    audet    morte 

[pianditm 
«  Enfin   le   sceptre    est  aux   mams   de 

celui  qui  sera  le  dernier  de  la  liste  royale. 

Israël  tente  un   exécrable  forfait    que    la 

mort  seule  peut  expier.  » 

Le  D'  L.   serait  utilement  renseigné  en 

se  procurant  la  brochure  suivante  : 

La  Fin  de  l'Empiie  Allemand,  annoncé 

par  plusieurs  prophéties   (par  S.   H.  La- 

vaur). 

L.   RlGAUT. 

La  fin  dn  la  Guerre  (LXX  143),  — 
Je  verrais  avec  quelque  regret  les  amis 
collaborateurs  mettre  à  l'ordre  du  jour  un 
tel  sujet.  Non,  assurément,  qu'il  puisse  y 
avoir  de  contradicteurs  sur  le  fond  même 
de  la  question,  il  n'y  a  dans  toute  la 
France  qu'un  esprit,  qu'un  coeur,  qu'une 
volonté  :  la  guerre  atroce  que  l'on  nous 
fait  ne  peut,  ne  doit  finir  que  par  la  com- 
plète victoire  des  allies,  c'est-à  dire  par 
le  triomphe  de  la  justice,  du  droit  et  de 
la  liberté  des  peuples.  Mais  VlnteiméJiaire, 
Journal  des  Chercheurs  et  Curieux,  est-il 
fait  pour  des  articles  de  journaux  sur  les 
probabilités  de  l'avenir?  je  ne  pense  pas. 
V Intermédiaire  est  plutôt  voué  par  défi- 
nition aux  recherches  et  précisions  sur  des 
faits  concrets,  déterminés  ;  aussi  ouvrir 
la  voie  à  des  causeries,  à  des  dissertations 
et  à  des  hypothèses  ne  me  paraît  pas  sans 
inconvénient. 

Et  cet  inconvénient  serait  d'autant  plus 
réel  selon  moi  que,  fort  sagement,  d'ail- 
leurs,la  direction. par  une  note  éditoriale, 
exclut  toute  réponse  «  qui  serait  du  do- 
maine politique  et  traiterait  des  conditions 
de  la  paix  «.  Mais  alors  ?  ht  comme  la  cen- 
sure pourrait  égahment  donner  des  coups 
di   ciseau  dans  des  communications  qui 


toucheraient  aux  questions  militaires,  il  me 
semble  que  le  champ  laissé  libre  se  trou- 
verait singulièrement  limité. 

H.  C.  M. 

♦ 

Que  V Intermédiaire  reçoive  dès  mainte- 
nant l'écho  de  la  guerre,  rien  de  plus 
naturel,  mais  j'aperçois  une  question  sur 
«  la  fin  de  la  guerre  »  dont  on  n'a  pas 
manqué  de  relever  aussitôt  le  carac- 
tère inopportun  et  déplacé.  On  va  ob- 
tenir en  réponse  bien  des  bavardages 
oiseux  ! 

Pourquoi  ne  pas  limiter  cette  question 
aux  seules  prophéties  anciennes  et  nou- 
velles qui  fixent  à  des  dates  bien  variables 
le  terme  du  conflit?  Ces  prophéties  sont 
nombreuses:  en  les  enregistrant  avec  le 
moins  possible  de  commentaires,  Vhiter- 
niédiaire  resterait  parfaitement  dans  son 
rôle  et  intéresserait  tout  à  la  fois  ses  lec- 
teurs actuels  et  ceux  qui,  plus  tard,  y 
chercheront  la  chronique  d'aujourd'hui. 

d'Heuzel. 

* 

Il  me  paraît  que  notre  confrère,  soif  dit 
sans  le  désobliger,  aurait  dû  poser  cette 
question  à  iMadame  de  Thèbes,  il  n'y  a 
que  des  inconnues  dans  le  problème  dont 
il  demande  la  solution, 

Qiiand finir.i  la  giieire  ?  Personne  ne 
me  parait  pouvoir  étayer  sérieusement 
une  réponse  sensée  à  cette  question. 

La  guerre  doit  finir  à  l'épuisement  com- 
plet d'un  des  deux  partis  en  présence. 
Quand  ? 

Thix. 

[Nous  nous  rendons  aux  raisons  de  nos 
collaborateurs,  et  d'accord  avec  l'auteur 
de  la  question,  nous  la  supprimons]. 

Quelle  pouvait  être  la  population 
de  Coustantinople  en  145S  ?  (LXX, 
146).  —  Je  ne  suis  pas  en  état  de  répon- 
dre à  cette  question  ;  mais  comme  tout  ce 
qui  regarde  Constantinople  a  un  grand 
intérêt,  au  moment  où  les  alliés  vont 
peut-être  définitivement  expulser  les  Turcs 
de  l'IÏLirope,  nous  croyons  devoir  signa- 
ler une  très  curieuse  brochure,  publiée  en 
1913,  parle  chanoine  Reure,  professeur  à 
la  Facullé  catholique  des  lettres  de  Gyen. 
sous  ce  titre  :  Jean  de  Clmteaumorand  a  t  il 
retardé  de  cinquante  ans  la  p'ise  de  Cons- 
tantinople par  les  Tûtes? 


DBS  CHERCHEURS  £T  CURIEUX 


201 


Sans  prétendre  apporter  une  démons- 
tration décisive,  M.  Reure  établit  du 
moins  comme  très  probable,  que  Jean  de 
Châleaumorand,  «  capitaine  pour  le  roi 
de  France  en  la  ville  et  cité  de  Constanti- 
nople  »,  de  ijgg  à  1402,  a  sauvé  alors 
cette  ville  de  l'ambition  du  sultan  Baja- 
zet,  et  par  conséquent  retardé  sa  chute 
d'un  demi-siècle. 

M.  M. 


V''leniine  de  Milan  et  le  château  j 

*d'Asnières  (LXX,  q).  —  Le  château  ac-  j 

ticl  d'Asnières-sur-Seine  ne  date  que   du  i 

xvMi'  siècle.  Ne  serait  ce  pas  le  vieux  châ-  [ 

teau  de  la  Tour  d'Asnières   (Sarthe)    qui  ' 

aurait  été    habité    par    Valentine    de    Mi-  ' 
lan  ? 

Nauticls. 

Louis  XIV  a-t-il  félicité  Je. in  So- 
bie  ky  airès  la  délivrance  de  Vien- 
ne ?(LXIX,  785,  LXX,  9,  51).  —J'ai  lu, 
mais  je  ne  pouvais  dire  où,  que    l'empe- 
reur Léopold,  une  fois  Vienne  délivrée  par  j 
Jean  Sobiesky,  aurait  hésité,  ou  se   serait  j 
refusé  à  tendre  la   main  au  roi   polonais,  j 
parce   que  celui  ci  n'était  qu'un  roi   élec-  i 
tif  !        Et  lui,  donc  I  1 

V.  A.  T.  1 

La  vénalité  deMmedePompadour 

(LXIX.  780;  —  La  vénalité  de  Mme  de 
Pompadour  ne  fait  malheureusement  de  ' 
doute  pour  persor:ne.  Mais,  dans  l'affaire  \ 
qui  motive  la  question  de  P.  M.  elle  ne  | 
saurait  être  mise  en  cause  La  marquise  '; 
exécrait  trop  Frédéric,  qui  l'avait  insul-  • 
ice  avec  une  muflerie  essentiellement  teu-  i 
tonne,  pour  prêter  l'oreille  à  ses  proposi-  j 
tiohs.  En  effet,  le  roi  de  Prusse,  alors  aux  j 
"abois,  suscitait,  de  tous  côtés,  des  émis-  j 
saircs,  pour  obtenir  de  la  France  une  paix  i 
acceptable.  i 
D.ins  un  article  du  Coire.ip,^itda>il,k\3L  \ 
date  du  25  avril  1914,  sur  les  comtes  de  1 
WieJ-Rcwied,ancclresdu  roi  d'Albanie  (.?)  j 
actuel,  le  comte  Paliuat  de  Besset  établit  j 
qu'un  certain  Barbute  de  Maussac,  flan- 
qué du  colonel  iJaIbi,  muni  d'un  faux  pas-  • 
scport  et  accrédité  par  Newied,  que  Berin  j 
appelait  «  le  plus  intrig.\nt  des  comtes  de  i 
l'Empire  >»,  vint  offrir.  Je  la  pari  de  Fré-  j 
déric,  à  Mme  de  Pompadour  la  cession  1 
viagère  des  principautés  de  Ncufchàlet  et  [ 
de  Valengin.  Dès  leur  arrivée  à  Paris  les  '. 


20-30  Décembre  1914 

202    

deux  aventuriers  furent  arrêtés  et  envoyés 
à  la  Bastille.  Les  Archives  de  la  prison 
d'Etat,  publiées  par  Ravaisson,  relatent 
tout  au  long  cette  affaire.  D'autres  agents 
de  Frédéric, porteurs  de  propositions  iden- 
tiques, en  échange  des  bons  offices  de  la 
favorite,  subirent  le  même  sort,  car, 
comme  nous  l'avons  dit,  Mme  de  Pompa- 
deur  n'avait  pas  pardonné  au  roi  de 
Prusse  ses  insolences.  Malheureusement, 
Soubise  se  fit  battre  à  Rosbach. 

d'E. 

La  colonne  de  Rosbach  (LXX,  4, 
51,  149).  —  Il  y  a  un  mois  environ  j'ai 
visité  le  musée  de  Versailles  et  j'y  ai  vu 
parmi  les  tableaux  de  toutes  dimensions, 
qui  représentent  des  scènes  historiques, un 
tableau  commémorant  la  destruction  par 
des  militaires  français,  du  monument  des- 
tiné à  rappeler  la  victoire  prussienne  de 
Rosbach.  La  gravure  possédée  par  notre 
confrère  M  Albero  aurait  elle  été  faite 
d'après  ce  tableau,  dont  je  n'ai  relevé  ni 
la  date,  ni  le  nom  du  peintre.'' 

V.  A.  T. 

Nourrie- s  d3  roi.  —  Jacqueline 
Ancelin  (LXIX  ;  LXX,  62).  —  Parmi  les 
nourrices  d'enfants  royaux,  il  faut  citer 
Geneviève  Barbier,  femme  Poitrine,  nour- 
rice du  premier  dauphin,  fils  d.' Louis  XVI, 
décédé  le  4  juin  1789,  à  9  ans.  Elle  était 
originaire  de  Prouill>-  près  Reims  et  ma- 
riée à  Antoine  Poitrine,  manouvrier  dans 
ce  village  dont  le  nom  figure  dans  la  liste 
des  habitants  ayant  comparu  à  l'Assem- 
blée de  la  communauté  pour  les  élections 
de  1789  (Cf  :  Cahiers  de  doléancei  pour 
les  Etats  Généraux  de  jy8ç  :  Baillage  de 
Chalilton  sur-Mi3riu\  page  300) 

En  178}.  l'archevêque  de  Reims  ayant 
fait  demander  «  les  noms  des  «  hommes 
célèbres  »  de  chaque  paroisse  du  dio- 
cèse »,  le  curé  de  Prouilly  signnla  :  «  le 
manouvrier  Antoine  Poitrine  époux  de 
la  nourrice  de  Mgr  le  Dauphin  a.lucl  *... 
ajoutant  malicieusement  :  «  Vous  le  pas- 
serez sous  silence,  si   vous  vouUz    ». 

Le  portrait  de  la  dame  Poitrine  a  été 
gravé  par  Chevillct  et  publié  par  M.  Ca- 
banes qui  donne  sur  cette  nourrice  quel- 
ques détails  fort  intéressants  (D^  Ca- 
banes) :  Morts  mysléiiniscs  Je  l'Histoire, 
nouvelle  édition,  p.  164). 

Gustave   Laurent. 


N»  J409,  Vol.  LXX. 

203 


L'iN'IEïiMEDSAiRE 


.*»  1  situé    roe 

Vous    me    permettrez    d'apporter   une  j    18S2. 


de 


204 
Tour, 


78.    Démoli  en 


nouvelle  contribution  aux  renseignements 
qui  ont  déjà  été  donnés  sur  la  nourrice  de 
Louis  XIV. 

Il  s'agit  de  son  mari  qualifié  de  nour- 
ricier du  roi  dans  un  acte  de  baptême. 

Je  transcris  le  document  tiré  des  regis- 
tres paroissiaux  de  SaintGermain-en- 
Laye  : 

Le  premier  jour  de  avril  1565  furent  sup- 
plées les  cérémonies  du  saint  sacrement  de 
baptesnie  à  Louys  nay  du  22'  jour  de  février 
dernier  passé,  fils  de  nob'.e  homme  Simon 
Roussel  cscuyer,  l'un  des  gendarmes  de  la 
garde  du  Roy  et  de  damoiselle  Ch  irlotte  Ba- 
chelier sa  femme.  Le  parrain  :  noble  adoles- 
cent Loys  fils  de  noble  homme  Estienne  An- 
selin.  nourricier  du  roy,  la  marreiiie  Damoi- 
selle  Margueiitte  fille  dudit  sieur  Rouîsel. 

Prêts  faits  au  moyen  âge  par  des 
ordres  rdigieux  (LXIX,  6^9,  795). — 
L'Eglise  prohiba  de  bonne  heure  le  prêt 
à  intérêt  qui  devint  alors  l'apanage  spé- 
cial, mais  non  exclusif,  des  |uifs  et  des 
Lombards.  A  coté  de  ce  prêt  défendu  se 
développèrent  d'autres  formes  decrédittel 
que  l'engagement  immobilier  -  mort 
gage  et  vif  gage  —  l'achst  de  rentes.  Et 
les  monastères  dont  le  trésor  était  ali- 
menté par  la  bonne  administration  de 
leurs  biens  et  par  des  largesses  privées 
devinrent  des  sortes  de  maisons  de  ban- 
que où  l'on  pratiquait,  sous  une  autre 
forme,  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui 
le  prêt  sur  hypothèque 

Consulter  l'excellent  ouvrage  de  M.  Ge- 
nestal,  professeur  de  droit  à  la  Faculté  de 
Caen  : 

Rôle  des  Monastèrfs  comme  établisse- 
ments de  crédit,  étudié  en  Normandie  du 
Xh  à  la  fin  du  XII h  siècle  (Paris  1901, 
in-8  de  XII,  2So  p.  (Thèse  de  droit)  et  la 
savante  étude  de  M  N.  Sauvage,  archi- 
viste p.iléographe,  bibliothécaire  de  la 
ville  de  Caen  : 

Histoire  et  développement  économique 
d'un  monastère  normand  au  moyeu  âge  : 
L'abbaye  de  Saint-Martin  de  Troarii,  au 
diocèse  de  Baveux  des  origines  au  Xl^I"  siè- 
cle. Caen  1911,  in-4'' de  LU,  524  p. (Thèse 
de  doctorat). 

Frédéric  Alix. 

Anciens  théâtres  de  la  Banlieue 


(LXIX,  644).  —  Le  théâtre  Rossini  était  k  fit  de  l'église)    p.  44-45 


Le  théâtre  de  Saint-Cloud,  était  situé 
Avenue  du  Palais.  Démoli  en  1883. 

Le  théâtre  de  StDenis  était  situé  Cours 
Benoist.  Disparu  en  1S81. 

Eugène  Grécourt. 

Les  trois  fils  de  Brissot  (LXIX, 
234,  400,561,  667,  849).  —  M.  J.-G. 
Bord  donne  l'état  civil  des  trois  fils  de 
Brissot  et  indique  que  le  troisième,  Jac-  , 
ques-jérôme  Anacharsis,  né  le  31  mars 
1791,  eut  pour  parrain  Petion  et  pour 
marraine  :  «  Marie-Anne-Victoire  Gous- 
sart,  épouse  d'un  commissaire  du  roi  au 
tribunal  d'Evreux  ». 

duel  était  ce  commissaire  du  Roi  ?  Le 
nom  de  sa  femme  n'était-il  pas  plutôt  : 
«  Gaussart  »  .?  Une  des  sœurs  du  général 
Gaussart,  d'une  famille  de  magistrats  de 
Châtillon- sur-Marne,  avait,  en  effet,  les 
mêmes  prénoms  :  «  Marie-Anne -Vic- 
toire, » 

l'ajouterai  que  Brissot  était  lié  avec  le 
père  du  général  Gaussart  qu'il  avait  connu 
à  l'Université  de  Droit  de  Reims. 

Gustave  Laurent. 

Abbé  Edgeworth  le  Ferment 
(LXIX,  788  ;  LXX,  66).  --  Un  livre  sur 
l'abbé  Edgeworth  et  ses  amis  vient  de  pa- 
raître à  Londres,  com^-osé  par  Miss  Vio- 
lette Montagu.  H.  Welschinger  a  pu- 
blié sur  cet  abbé  et  Louis  XVI  un  article 
paru  dans  la  Revue  hebdomadaire  le 
4  juillet  dernier. 

F.  B. 

L'abbé  Landrieu(LXlX,  789,  852). 
—  )e  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  eu  un  curé 
de  ce  nom  à  Saint-Thomas-d'Aquin  ;  il 
s'agit  sans  doute  de  l'abbé  Landrieu, 
curé  de  Sainte  Valère.  CetL  paroisse,  dé- 
tachée de  Saint-Thomas  d'Aquin,  fut  éri- 
gée en  succursale  après  le  Concordat. 

L'abbé  Landrieu  en  était  certainement 
curé  en  1830:1e  i"  mai,  il  prend  part  en 
cette  qualité  à  la  consécration  de  Saint- 
Pierre  du  Gros  Caillou,  alors  simple  cha- 
pelle de  secours. 

Voici  les  détails  que  je  trouve  sur  lui 
dans  la  Noli.e  historique  sur  la  paroisse  de 
Saint-Pierre  du  Gios  Caillou  (par  l'abbé 
Bartliélemy,  Paris,  1899  ;  se  vend  au  pro- 


ÛJBS  CliÈRCHEURS  ET  CURlKi;/- 


305 


so-30 
206 


Décembre  191  4 


L'abbé  Landrieu  (Edmond),  ordonné  en 
1819,  fut...  «  p  ofasseur  au  collège  Stanis- 
las et  ensuite  vicaire  à  Sainte-Elisabeth... 
Nommé  curé  de  Saintc-Valère.  il  se  dévoua 
tout  entier  au  double  serwice  de  sa  paroisse  .  ; 
après  avoir  prêché  à  Sainte-Valère,  il  recom- 
mençait au  Gios-Caillou.  Ses  instructions... 
recueillies  en  partie  par  une  personne  pieuse, 
furent  imprimées  dans  la  suite,  sous  le  li- 
tre de  :  Souven'fs  dis  conférences,  prôneS  d 
sermons  en'.endui  à  Sainte-Vaiére  de  tSjo  à 
lS)y  (cn  3  vol  ,  après  1S35)...  11  se  dé- 
pensa surtout  au  service  des  pauvres,,.. 

M.  Landrieu  mourut  subitement  dans  U 
nuit  du  ai  «u  sa  décembre  183^...  H  n'avait 
que  41  ans,  » 

Il  serait  àonc  né  en  1794.  On  trouve 
son  éloge  dans  VAmi  de  la  RcUoion  et 
même  dans  le  peu  clérical  Conitiiulionnel . 
Une  épitaphe,  dans  l'église  du  Gros-Cail- 
lou, atteste  que  son  cœur  y  fut  déposé.  Un 
passage  proche  de  l'église  porte  encore 
son  nom. 

Son  lieu  de  naissance  ne  figure  pas 
dans  la  Notice  de  l'abbé  B.  Peut  être 
l'article  signalé  de  VAmi  de  la  Religion 
(fin  décembre  183s).  rcnseignera-t-ii  sur 
ce  point  M.  Léon  Dufour. 

Dasserc. 


Madelon  de  Touros  (LXIX,  837) 
—  Le  15  décembre  1776.  décès  de  M.  de. 
Touros  (Charles-François  et  non  Made- 
lon) «  directeur  des  Fortifications  de  la 
Guyenne  et  des  Pyrénées  »•, laissant  veuve 
jeanne-Tliérèsîde  Gauthicret  ayant  un  fils 
marié  à  Pauline  Aynaud,  dont  Marie-Thé- 
rèie  Pauline-Josefa-.Made!eine,chanoinesse 
de  Saint-Walbourgis  (?)  en  Westphalie, 
comtesse  de  Heinx,  héritière  universelle 
de  son  aïeul.  Le  père  de  celle  ci.  mécon- 
tent des  dispositions  testamentaires  de 
Charles-François,  déshérita  sa  fille,  la 
chanoinesse,  qui  entre  temps  avait  épousé 
un  pauvre  et  modeste  gentilhomme  du 
Périgord,  Pierre  Louis  de  Lavergne  décédé 
en  1830,  dont  plusieurs  enfants  avec  pos- 
térité, féminine  tout  au  moins.  IVladelon 
est,  croit-in,  le  prénom  du  mari  de  Pau- 
line Aynaud.  Avant  d'aller  à  Bayonne, 
C.  F.  de  Touros  habitait  Bordeaux  et  avait 
des  propriétés  près  de  cette  ville  ;  son 
nom  n'est  toutefois  point  bordelais.  Il  est 
possible  qu'il  soit  le  mêmeque  Madelaine- 
Picrre-François  de  Touros,  seigneur  de 
Meillon,  capitaine  d'artillerie,  parrain  à 
Dax,  en   1758,  d'une  nièce.  L'un  de  ces 


!  Touros,  comte  de  Heinx  ou  lîeinze,  fut 
ingénieur  en  Prusse.  11  est  probable  que 
le  Tjuros,  époux  de  Mlle  Aynaud,  a  été 
aussi  ingénieur  militaire  aux  Pyrénées. 
Celui  qui  fut  comte  d'Heinze  fut  fait  lieu- 
tenant colonel  en  Allemagne  en  1768. 

Je  connais  une  personne,  de  qui  je  tiens 
ces  détails,  assez  documentéesur  ce  sujet, 
car  elle  descend  de  la  chanoinesse,  la  der- 
nière des  Touros,  mais  je  ne  pourrai  la 
faire  connaître  (elle  a  leurs  armes)  que  si 
le  collaborateur  auteur  de  la  question  veut 
bien  me  faire  connaître  les  motifs  de  cette 
question  et  lui  promettre  d'aider  dans  ses 
recherches  la  personne  dont  je  lui  donnerai 
l'adresse. 

Un  Pyrénéiste. 

* 

Il  semble  originaire  du  pays  Messin. 
C'est  à  Bordeaux  qu'il  épousa,  le  16  mars 
175^,  dame  ThérèssPauline  Eynaud.d'où 
fut  issue  MariePauline-Thérèse-|osèphe- 
Madeleine,  chanoinesse  de  la  maison  no- 
ble de  Sainte  Walbourgis  à  Soesi  en  West- 
phalie, mariée  à  messire  Pierre  Louis  de 
Lavergne  de  Boiron.un  des  chevau-légers 
de  la  garde,  mort  en  1824,  laissant  au 
moins  dix  enfants,  dont  la  descendance 
subsiste  encore. 

Madelon  était  (ils  de  messire  Charles- 
François  de  Touros,  directeur  des  fortifi- 
cations de  la  Guyenne  et  des  Pyrénées, 
sur  lequel  nous  avons  plusieurs  notes,  au 
point  de  vue  généalogique,  de  ses  filles 
qui  s'allièrent  à  de  bonnes  familles  des 
Landes. 

Marie-Jeanne-Thérèse  de  Gaultier  de 
Vigny,  sa  femme,  testa  le  29  octobre 
1776  a  Ayres-Leuy,  dans  les  Landes. 

AURIBAT. 

Tardy  de  Montravèl  (LXIX,  589, 
771,  858).  — J'ai  conservé  une  copie  de 
la  liste  des  candidats  admis  à  l'Ecole  Po- 
1)  technique  en  1897  (Journal  officiel,  du 
26  septembre  1897)  et  l'y  trouve,  avec  le 
n"  47  à  l'admission,  M.  Tardy  de  Mon- 
travèl (Théodore  Antoine). 

L'Annuaire  de  1912  de  la  Société  ami- 
cale de  Secours  de  l'Ecole  (Gauthier-'Vil- 
lars,  éditeur)  porte  le  nom  à  la  promotion 
1897  et  à  la  page  274  : 

Tardy  de  Moatravel  (ifiwice)  Ingénieur 
des  Manufactures  de  l'Etat,  service  de  l'ex- 
pertise, 319,  rue  de  Charenton,  à  Paris. 

V.  A.  T. 


N»    1409.  Vol.  LXX. 

. 207 


r. 'INTERMEDIAIRE 


208 


Le  Tardy  de  Moniravel  dont  parle  M. 
le  comte  de  Guenyveau,  entra  à  l'école 
Polytechnique  en  1897. 

Il  est  actuellement  ingénieur  des  manu- 
factures de   l'Etat,  en   service  à  Paris,  et 

habite  319  rue  de  Charenton. 
» 

*  * 

J'ai  connu  un  autre  Tardy  de  Montra- 
vel,  également  polytechnicien  ;  officier 
démissionnaire,  ancien  capitaine  du  Gé- 
nie ;  il  s'est  retiré  à  l'Albenc,  petite  com- 
mune de  l'Isère. 

Enfin,  je  me  suis  trouvé  en  relations 
avec  un  troisième  Tardy  de  Montravel, 
plus  âgé  que  les  deux  précédents  ;  il  a 
pris  sa  retraite  en  septembre  1910,  alors 
qu'il  était  capitaine  au  38""  régiment  d'ar- 
tillerie, à  Nismes.  IVlais  j'ignore  son 
adresse  actuelle. 

Puissent  ces  quelques  renseignements 

être  utiles  à  M.  O.  C.  R. 

Georges  Mareschal. 
* 

*  * 

Cette  famille  était  originaire  du  Viva- 

rais  où  encore  en  1860,  elle  possédait 
d'importantes  plantations  de  mûriers  qui 
avaient  donné  un  revenu  considérable  à 
l'époque  où  l'industrie  de  la  sériciculture 
était  florissante.  Le  célèbre  critique  Comte 
Armand  de  Pontmartin  avait  épousé  une 
Tardy  de  Montravel. 

D. 

Madame  la  Générale  'Verdiar, 
membre  de  l'expé  ition  d'Egypte 
(LXX, 71).  — je  proteste  contre  la  cita- 
tion erronée  qui  est  faite  d'une  planche 
des  fastes  de  Ternisien  d'Haudricourt  en 
ce  sens  que  si  elle  représente  Madame 
Verdier  et  un  militaire  en  Egypte,  ce 
n'est  nullement  le  général  qui  ne  perdit 
jamais  la  vue  et  continua  à  servir  pen- 
nant  bien  des  années,  mais  un  simple  sol- 
dat à  qui  elle  vient  en  aide. 

Madame  Verdier  était  Italienne  et  ac- 
compagna son  mari  en  Egypte. 

Elle  montait  bien  à  cheval  et  circulait 
dans  un  costume  masculin  et  semi-mi 
litaire  qui  rendait  ses  mouvements  faciles 
et  lui  permit  de  rendre  bien  des  services 
en  secourant  des  militaires,  malades  ou 
blessés  Un  jour,  et  c'est  ce  que  représen- 
tent les  fastes, elle  entendit  dans  le  désert 
les  cris  d'un  soldat  devenu  complètement 
aveugle,  seul  et  abandonné. 


Elle  lui  fit  prendre  la  queue  de  son  che- 
val et  le  ramena  ainsi  doucement  la  où  il 
pouvait  retrouver  des  camarades  et  être 
secouru 

Mais  il  s'agissait  d'un  simple  fantas- 
sin. 

COTTREAU. 

Devises    de    diverses     familles 

(LXIX.  791).  —  11  existe,  outre  leTausin, 
Devises  Héraldiques,  par  L.  de  La  Roque 
fPaiis,  Desaide,  1890;  in-12).  Cet  ou- 
vrage ne  donne  que  la  devise  des  Feydeau 
de  Lespon  en  Bourgogne)  :  Vincere  aiU 
ineti. 

St-S. 

ft  * 

M.  de  Cressia  trouvera  les  devises  d'un 
grand  nombre  de  familles  françaises  dans 
le  Légendaire  de  la  Noblesse  de  France, 
par  le  Comte  O.  de  Bessas  de  la  Mégie, 
Paris,  Librairie  centrale  1865. 

l'y  trouve  notamment  pour  les  Bernard 
de  Sassenay  :  El  pace  et  hdlo  ;  pour  les 
de  Brcu  :  Spes  mea  in  Deo  est 

M.   DE  F. 

* 
*  * 

11  y  a  toute  une  bibliographie  d'ouvra- 
ges sur  les  devises  et  les  cris  de  guerre 
(en  dernier  lieu,  je  citerai  ceux  du  col.  de 
Rochas  et  de  M.  de  Champeaux)  mais  sur 
quelles  futilités  n'a-t-on  pas  écrit  ?  Celle-là 
me  parait  spécialement  inconsistante, 
parce  que,  dès  la  fin  du  moyen  âge,  les 
cris  de  guerre  disparaissent  avec  les  fa- 
milles chevaleresques,  et  que  les  devises, 
choisies  par  le  caprice  des  individus, 
cessent  d'avoir  aucun  caractère  familial 
et  même  nobiliaire.  Sur  les  quatre  fa- 
milles citées  par  notre  confrère,  deux  au 
moins  sont  d'origine  bourgeoise,  c'est-à- 
dire  roturière  ;  pourquoi  veut-il  leur 
attribuer  une  devise?  Palliot,  mon  illus- 
tre maître,  a  bien  enregistré  quelques  de 
vises  de  parlementaires  bourguignons, 
mais  à  ceuK  qui  n'avaient  que  des  armoi 
ries  il  n'a  pas  imposé  de  devises,  et  c'est 
fort  heureux,  car  on  ne  s'y  reconnaîtrait 
plus  aujourd'hui.  Sur  les  bancs  du  col- 
lège, nous  faisions  aussi  une  collection 
des  devises  accompagnant  les  monogram- 
mes ou  emblèmes  des  plus  jolies  péche- 
resses contemporaines,  mais  est  ce  là  de 
la  science,  et  l'histoire  peut  elle  y  ga- 
gner quoi  que  ce  soit  f 

LouvAN  Geliot. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


209 


50-30  Décembr»  1914. 

210    


Jaoque  (Charles-Emile)  (LXIX,646, 
8çi).  —  |e  ne  crois  pas  que  Charles- 
Emile  lacque,  qui  signait  la  plus  souvent 
Ch.  Jacque,  ait  ji»mais  signé  Emile  jacque. 

Ne  s'agirait-il  pas  plutôt  de  son  fils 
aîné  Emile  Jacque  ? 

Cet  artiste  né  à  Epervans  (1)  (Saône-et- 
Loire)  en  1849  est  mort  en  1912.  Elève 
de  Gerôme,  il  ob;int  une  mention  honora- 
ble au  salon  de  1889  avec  «  L'omnibus  do 
rOdéon  >>  et  une  autre  à  l'exposition  uni- 
verselle faite  à  Paris  la  même  année  avec 
«  Chevaux  de  halage».  Une  médaille  de 
3°  classe  récompensa  au  salon  de  1901 
(Société  des  Artistes  français)  un  tableau 
«  Les  Boueux  ». 

On  le  trouve  à  Paris,  10  rue  Laferrière 
(1887),  17  avenue  Trudaine  (1889)  et  à 
Annct  (Seine-et-Marne)  (1905). 

«  11  n'avait  pas  voulu  donner,  dit  M. 
Jean  de  Caldon  dans  VEcho  de  Paris,  du 
Il  mars  1913,  à  ses  tableaux  le  même 
objet  que  son  père,  et  il  s'était,  depuis  des 
«nnées,  proposé  d'interpréter  les  chevaux 
de  trait  et  de  labour,  les  fardiers  vigou- 
reux, les  bêtes  patientes  qui  s'épuisent 
dans  le  labeur  monotone  des  chemins  de 
halage  ;  il  y  avait  brillamment  réussi. 
C'est  un  artiste  laborieux,  un  dessinateur 
et  un  coloriste  de  race  ;  il  savait  tout  de 
son  métier,  pour  l'avoir  appris  à  côté  de 
son  père,  qui  fut  un  maître  admirable  >. 

La  vente  de  l'atelier  d'Emile  Jacque  eut 
lieu  à  l'hôtel  Drouot  le  12  mars  191  3.  Le 
plus  haut  prix,  820  fr.  fut  atteint  par  le 
«  labourage  à  Annet  (38  X  4t>)  >,  tandis 
qu'un  tableau  «  La  Sieste  (65  X  53)  »  ^^ 
son  père  dont  il  avait  gardé  plusieurs  toi- 
les, trouvait  preneur  à  10.000  fr. 

Cf.  Catalogue  des  divers  sjlons.  —  Guif- 
frey.  —  L'œuvre  de  Ch.  Jacque,  p.  ç.  - 
Benegit,  Dictionnaire  dts  artistesT.  Il,  p. 
699.  —  Galette  de  l'hôtel  Danrot  1  }  mars 
191 }.  —  Catalogue  illustré  du  salon  de 
içoi  qui  reproduit  les  Boueux,  p.  194.  — 
Paris.  Salon  18S8  (p.  39)  et  Paiis  illustré, 
1888  p.  266  qui  reproduisent  «  Dessous 
Je  porte  »! 

C.  Dehais. 


(i)  le  cataIoe:ue  de  i'exfosition  univer- 
selle de  Parts  en  188^  (groupe  I  p.  30)  le 
dit  lié  i  Chalon-sur-Sadne. 


Secrétairv^  de  la  Grande  Made- 
moiselle (LXiX,  437  ;  LXX,  158).  —  La 
question  me  semble  très  compliquée  et 
plutôt  que  de  chercher  à  la  résoudre, je  me 
contenterai  de  renvoyer,  au  moins  quant 
aux  secrétaires  de  la  grande  Mademoiselle 
à  ses  Mémoires  qu'on  trouve  à  peu  près 
partout. 

On  y  trouvera  d'abord  un  M.  de  Pré- 
fontaine qui  fut  privé  de  sa  charge  par 
ordre  de  son  père.  Il  avait  cependant 
rendu  de  grands  services  à  la  princesse. 
Elle  eut  plus  tard  comme  secrétaire  un 
M.  Guilloire,  à  l'époque  de  la  question  du 
mariage  avec  le  duc  deLauzun,  auquel  il 
ne  parait  pas  avoir  été  favorable. 

On  pourra  encore  con^ulter  les  Mé- 
moires, au  nom  d'un  M.  Le  Bon,  qui  ce- 
pendant ne  fut  pas  accepté  comme  secré- 
taire. Quant  aux  sous-secrétaires,  je  n  en 
trouve  pas  la  moindre  trace,  et  il  faut 
laisser  cet  honneur  à  d'autres. 

E.  Gravi. 

Titre  de  duc  de  Lorraine  (LXX,  43). 
—  Voici  copie  exacte  de  l'article  II  de 
l'Hdit  du  Roy  d'avril  177  i  ,pour  la  confir- 
mation des  anoblis  depuis  1715  et   1736. 

Vouloni  quo  les  annoblis  dans  nos  du- 
chés de  Ljrr.iine  et  de  Bar  qui  étaient  en 
possession  et  jouissance  de  la  Noblesse  et 
privilège  y  attnchée  en  vertu  de  lettres  ou 
a  :tre3  vivres  d'annoblisseraeiit  à  eux  accor- 
dés par  les  Ducs  de  Lorraine  et  de  Bar,  avant 
la  cession  qui  nous  a  été  faites  desdites 
provinces  le  13  décembre  1736  et  qui  ont 
continué  d'en  jouir,  soient  et  demeurent 
nuiiitenus  dans  la  noblesse  comme  nous  les 
y  maintenons  et  confirmons  sans  qu'ils 
soient  tenus  de  nous  payer  aucune  finance. 
N'entendons  néanmoins  que  la  dispense  de 
ladite  finance  puisse  s'étendre  à  ceux  desdits 
annoblis,  leurs  enfants  et  descendants,  qui 
avant  la  dite  cession  et  depuis  le  \"  janvier 
1715  auraient  obtenu  de  nous  des  lettres  ou 
arrètsdenotre  conseil  de  maintenue, confirma- 
tion léhabilitation,  recon^ai^sance  de  noblesse 
maternelle,  ni  à  ceux  auquels  il  aurait  été 
accordé  ou  d'autres  titres  d'annoblissement 
depuis  ledit  jour  13  Décembre  1736,  toit 
par  nous  soit  par  (eu  notre  très  cher  frère  et 
beau-trerc  lo  roi  de  Pologne,  duc  de  Lor- 
raine et  de  Bar, 

Cet  extiait  répond,  ce  me  semble,  à  la 
question  de  notre  collaborateur  M. M. 

R.  de  R. 

« 

Le  roi  René  épousa   Isabelle,  fille  aînée 


N«  i4«9.  Vol.  LXX. 

211 


L'iNTERMÈDIAIRE 


212 


de  Charles  II,  duc  de  Lorraine  ;  après  la 
mort  de  son  père,  cette  princesse  devint 
elle-même  duchesse  de  Lorraine. 

Yolande  d'Anjou,  fille  de  René  et  d'Isa- 
belle, fut  à  son  tour  duchesse  de  Lorraine, 
après  la  mort  de  sa  mère 

Yolande  eut  pour  fils  René  II,  duc  de 
Lorraine. 

René  II  eut  un  fils,  Antoine,  duc  de 
Lorraine. 

Antoine  eut  pour  fils  François  i'',  duc 
de  Lorraine. 

François  I"  eut  un  fils,  Charles  III,  duc 
de  Lorraine. 

Charles  111  eut  pour  fils,  François  de 
Lorraine. 

François  de  Lorraine  eut  un  fils,  Ni- 
colas Frrnçois  de  Lorraine. 

Nicolas  François  de  Lorraine  eut  pour 
fils  Charles  IV,  duc  de  Lorraine, 

Charles  IV  eut  un  fils,  Léopold  Joseph, 
duc  de  Lorraine. 

Léopold  [oseph  eut  pour  fils  François 
II,  duc  de  Lorraine,  marié  à  Marie  Thé- 
rèse, qui  devint  empereur  d'Autriche  et 
d'Allemagne  sous  le  nom  de  Fran- 
çois i  '. 

Léopold  II,  leur  fils,  succéda  à  son 
père  sur  le  trône  impérial. 

Léopold  II  eut  pour  fils  l'empereur 
François  11. 

François-Charles,  fils  de  ce  dernier, 
est  le  père  de  l'empereur  actuel  d'Autriche 
François-Joseph. 

F,    UZUREAU. 

Chevaliers  de  Malte  (LXX,  47).  - 
La  question  concerne-t-elle  l'ensemble  de 
l'Ordre  ou  seulement  la  France  ? 

Si  c'est  l'ensemble,  il  faut  s'adresser  à 
la  chancellerie  du  Grand-Magistère  via  de 
Condotti  à  Rome  ;  si  c'est  la  France,  on 
consultera  le  Catalogue  des  chevaliers 
publié  en  1891  par  Louis  de  La  Roque 
(Paris,  Dieusaide,  in-8»)  et  le  lome  IV  du 
Nobiliaire  universel  de  Fiance,  par  Sainl- 
Allais. 

Un  chevalier  de  malte. 

*  * 

II  y  a  dans  un  catalogue  de  livres  pro- 
venant des  bibibliothèques  du  vicomte 
Révérend  et  du  vicomte  de  B*'*,  publié 
récemment  chez  Champion,  de  nombreux 
ouvrages  relatifs  à  l'ordre  de  Malte. 

Ceux   qui    me  paraissent    répondre   le 


plus  directement  à  la  question  sont  les 
suivants  : 

N"  734.  Louis  de  La  Roque.  Catalogue 
des  chevaliers  de  Malte  appelés  successi- 
vement chevaliers  de  l'ordre  Militaire  et 
Hospitalier  de  Saint  Jean  de  Jérusalem,  de 
Rhodes  et  de  Malte.  Ce  catalogue  com- 
prend plus  de  quatorze  mille  noms  de 
Chevaliers  reçus,  depuis  la  fondation  de 
l'Ordre  des  Hospitaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  en  1099  jusqu'à  la  Révolution 
française.  Les  admissions  qui  ont  eu  lieu 
postérieurement  de  iSoo  à  1890,  figurent 
à  la  suite  du  catalogue.  Un  vol.  in  8. 

N"  7î8.  Baron  de  Lavigerie. L'Ordre  de 
Malte  depuis  la  Révolution  française.  Pa- 
ris, 1889,  in-i2. 

Il  serait  fastidieux  de  transcrire  ici  la 
liste  des  autres  ouvrages  ;  voici,  à  titre 
d'indication,  les  numéros  du  catalogue, 
auxquels  on  pourra  se  reporter  : 
(  43,  61,  84,  209,  344  34î,  49S,  6ûo, 
606,  694,  723,  843,  932,  930,  972,  973, 
1118,  1127,  1162.  1245,  12S8.  1291. 
JACQUES  Meurgey. 

* 

La   liste    complète  des    Chevaliers    de 
Malte  a  paru  dans  la  Revue  Nobiiiaiie . 
F.  Uzureau. 

Petit  sexe  (LXIX,  745  ;  LXX,  33). 
—  L'intéressante  citation,  à  ce  mot,  de 
Balzac,  que  nous  a  donnée  notre  érudiî 
confrère  M.  Albert  Cim,  a  éveillé  en  moi 
une  bien  compréhensible  curiosité  de  vieux 
Balzacien  :  j'ai  voulu  savoir,  exactement, 
par  la  comparaison  du  texte  des  pre- 
mières éditions  successives  de  la  Physio- 
logie du  Mariage,  si  son  illustre  auteur 
avait  écrit,  telle  quelle,  de  premier  jet,  la 
phrase  citée,  ou  s'il  l'avait  remaniée,  re- 
travaillée, relimée  après  coup. 

Aussi  bien,  dans  l'édition  originale, 
non  encore  «  reconnue  »  par  l'auteur  : 
Phviiologie  du  Mariage,  ou  Méditations  de 
philosophie  èleciiique  sur  le  bonheur  et  le 
malheur  conjugal,  publiées  par  un  Jeune 
Célibataire,  Paris,  Levavasse  r  et  Urbain 
Canel,  1830  (1),  2  vol.  in-8'\  tome  I" 
page  59,  —  que  dans  la  première  Edition 

(i)«  Paris,  Imprimerie  de  A.  Barbier,  rue 
des  Marais  St-G.,  N°  17.  »  Ce  b:J!bier,  tap- 
pelons-le,  fut  d'abord  l'associé,  puii  devint 
le  successeur  de  Balzac,  imprimeur,  même 
maison. 


DES  CHEKCHEURS  ET  CURIEUX  20-30 

215 214    - 


Décembre   1914 


Charpentier.  Paris,  i8}8, grand  in- 18, page 
56,  --■  et  dans  la  première  Edition,  col- 
lective de  la  Comédie  bitmatne.  Paris, 
Furne,  184Ô,  in  8»,  illustr.,  tome  XVI, 
page  370,  les  Jeux  phrases  précitées  et 
leur  quelque  peu  irrévérencieuse  exprès- 
pression  de  ♦  petit  sexe  y,  sont, quant  au 
texte,  identiques.  La  seule  diftérence 
entre  elles,  au  reste  peu  importante,  ré- 
side dans  leur  disposition  typographique 
et  dans  leur  ponctuation  finale.  Dans  l'ori- 
ginal, la  première  :  «  ,4  notre  iens  »,  ter- 
mine un  alinéa  qui  la  précède,  et  la  se- 
conde :  €  A  cette  pemée  ».  descendue  à 
la  ligne,  commence  l'alinéa  suivant. 
Puis,  l'une  après  l'autre,  chacune  des 
deux  phrases  se  termine  par  un  point 
d'exclamation. 

Si  je  le  dis,  c'est  simplement  parce  que 
je  sais  de  reste,  combien  notre  bon 
Balzac,  à  titre  d'ancien  imprimeur,  soi- 
gnait, dans  ses  écrits,  la  question  de  la 
ponctuation. 

En  relisant  la  Physiologie,  en  revoyant 
les  cruelles  duretés  que  son  auteur,  le 
«  Jeune  Célibataire  »,  y  applique  aux 
femmes,  en  général,  je  me  remémore  la 
belle  lettre  que  H.  de  Balzac  écrivait  de 
Paris,  en  1830,  à  sa  fidèle  amie  et  bonne 
conseillère  Madame  Zulma  Carraud, alors 
à  Saint  Cyr  l'Ecole,  pour  essayer  de 
la  faire  revenir  sur  «  le  sentiment  de  ré- 
pulsion que  lui  avait  fait  éprouver  la  lec- 
ture des  premières  pages  du  livre  ».  — 
Mme  Carraud,  née  en  1796,  avait  alors 
trente-quatre  ans.  Malgré  sa  jeunesse,  la 
haute  supériorité  de  son  esprit,  eût  pu 
la  porter  à  l'indulgence.  Elle  était  trop 
bien  de  son  sexe  pour  avoir  hésité  à  mar- 
quer, à  son  ami,  l'impression  pénible 
qu'avaient  faites  iir  elle  ces  attaques  di- 
rectes et  continues,  à  ses  yeux  si  injusti- 
fiées, contre  la  femme. 

Qii'on  la  relise,  cette  lettre  (Corres- 
pondance de  Balzac.  Edition,  originale, 
Paris,  Calmann  Lévy,  in-8°,  1876,  page 
76).  Elle  fait  autant  honneur  à  la  femme 
qui  la  reçut,  qu'au  maître-homme  qui 
l'écrivit. 

Quel  dommage,  seulement,  qu'on  n'ait 
pas,  aujourd'hui,  dans  le  volume,  en  re- 
gard de  la  lettre  de  Balzac,  la  petite  lettre 
même  de  Madame  Carraud.  Quel  plus 
vrai  commentaire  eut-on  jamais  pu 
mieux  trouver  ! 

Ulric  Richard-Desaix. 


Comptines  (LXIX,  341,  633).  — 
Dans  le  Haut-Jura  on  les  appelle  :  en- 
trônes.  A  part  celles  qui  ont  déjà  été  men- 
tionnées dans  la  revue,  voici  les  plus 
usitées  : 

Uni,  unelle 
Ma  tante  .'■lichelle 
Des  poires,   des  pommes,  Jes  raisins  doux 
Pour  en  manger,    Marie  Flouflou, 
La  reine  des  loups 
San  va-t-à  Besançon 
Chercher  de  l'empoison 
Pour  ses  petits  moutons. 

Une  oie,  deux  oies,  trois  oies, 

Quatre  oies,  cinq    oies,  six  oies. 

C'est  toi. 

Une  souris  verte 

Qui  courait  dans  l'herbe, 
Je  l'attrape  par  la  queue 
Je  la  montre  à  ces  messieuri. 
Les  voilà  qui   m'disent  : 
«  Où  l'avez-vous  prise  î  » 
Caroline  sauve-toi 
Si  j't'attrap'  prends  garde  à  toi  ! 

Entre,  plantre,  trismoué 
Tiifle.   trafic.   Domine 

A  complô 

Supernô 
Meo 

Trois  gendarmes  sur  un  pont 
Qui  péchaient  des  gros  poissons 
La  corde  qui  casse 
L'enfant  qui  trépasse 
Ne  pleurez  pas  Madame 
Vous  en  aurez  un  autre 
Qui  aura  les  pieds  jaunes 
Et  des  mains  d'Arlequin, 
Va  t'en  petit  Baboin, 
Dans  ton  petit  coin 
Bien  loin, 

La  fille  du  Roi 
S'en  va  t'au  boit 
Cueillir  la  fraise 
Et  la  framboise 
S'il  y  en  a,  tu  en  aura». 
S'il  n'y  en  a  pas,  tu  t'en  pasierti. 

Bleue,  bleue,  bleue,  la  bouteilU  est  bleue, 
Rouge,  rouge,  rouge,  on  la  remplira, 
Un  petit  bonhomme  pas  plus  groi  qu'un  rit, 
Qyi  porte  sa  femme,  par  detious  le  bras. 


Crocodiles  en  ex-voto  (LXIX,  546, 
7)4,  782).  —  La  légende  du  lézard  de 
Saint-Vulfran  d'Abbeville  que  M.George 
Auriol  a   esquissée  si  agréablement  dans 


N*  1409.  Vol, 


LXX. 

-     215 


L'INTSRMEDI*  IRE 


216 


un  des  derniers  numéros  de  Vlntermé- 
Jiaire,  ne  mériterait-elle  pas  d'être 
rapportée  plus  longuement  ?  Il  y  a  une 
variante  :  le  lézard  se  nourrissant  des 
cadavres  inhumés  dans  l'église  ;  il  y  a 
aussi  un  détail  plein  de  saveur  :  la  colla- 
boration fraternelle  du  lézard  et  d'un 
crapaud  dans  l'entreprise  d'approvision- 
nement de  comestibles. 

Il  nous  suffira  de  laisser  la  parole  à 
l'un  des  fidèles  collaborateurs  disparus 
de  V Intermédiaire^  qui,  sans  doute,  s'il 
avait  vécu,  n'aurait  pas  manqué  de  pren- 
dre la  plume  en  l'honneur  du  lézard  et  du 
crapaud  légendaires.  Voici  donc  ce  que 
disait  Alcius  Ledieu  dans  le  numéro  de  la 
Revue  Picarde  du  15  avril  1899  : 

On  raconte  qu'à  une  époque  assez  loin- 
taine, ce  lézard  avait  élu  domicile  dans  un 
caveau  de  l'église,  et  qu'il  partageait  sa  de- 
meure avec  un  énorme  crapaud.  Le  soir 
venu,  ce  dernier  se  gonflait  de  telle  sorte 
qu'il  soulevait  la  dalle  recouvrant  le  tom- 
beau afin  de  permettre  au  lézard  d'aller  en- 
lever les  corps  qui  venaient  d'être  enterrés 
dans  l'église,  et  que  le  voleur  allait  ensuite 
partager  avec  le  crapaud,  le  produit  de  son 
larcin . 

II  arriva  qu'un  assez  long  temps  s'écoula 
sans  qu'on  enterrât  dans  l'église.  La  faim, 
dit  la  sagesse  des  nations,  chasse  le  loup  du 
bois  ;  elle  chassa  aussi  le  lézard  de  l'église 
Saiiit-VuKran  ;  il  alla  s'approvisionner  chez 
un  boucher  du  voisinage. 

Le  boucher  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir 
que  ses  quartiers  de  boeuf  disparaissaient  du 
soir  au  matin,  il  s'embusqua,  et  la  huit  sui- 
vante, il  aperçut  le  voleur  qu'il  suivit  dans 
l'église  ,  il  le  vit  disparaître  avec  son  butin 
sous  une  dalle  qu'un  crapaud  d'une  taille 
extraordinaite  avait  soulevée  à  l'approche  de 
son  complice. 

Le  jour  venu,  le  boucher  raconta  son 
aventure  à  tous  ses  voisins.  Chacun  s'arma 
d'un  instrument  ou  d'une  arme  quelconque, 
et  tous  se  rendirent  dans  la  collégijle. 

La  dalle  fut  en  levée,  et  les  deux  carnassiers 
furent  impitoyablement  mis  à  mort. 

Cette  histoire  d'association  de  malfai- 
teurs ne  méritait-elle  pas  d'être  rap- 
pelée. 

Sigrialons,  pour  terminer,  la  note  pu- 
bliée par  M.  ci.  Cochin  dans  l'un  dgs 
derniers  numéros  du  Bulletin  historique 
de  la  société  des  Antiquaires  de  la  Mo- 
rînie  (iq^,  1**  fascicule,  p^ge  297)  sur 
lé  crocodile  d'Oiron  (Deux-Sèvres)  exposé  J 
dans  lé  transept  de  la  collégiale  cons-  1 
tf'iiite  par  Artus  Gouffier. 


Bien  que  la  tradition  n'ait  pas  rattaché 
j  le  crocodile  d'Oiron  à  la  mène  légende 
j  que  les  crocodiles  (ou  gros  lézards)  de 
\  Saint-Bertin,  de  Saint-Omer  et  de  Saint- 
!  Wulfran  d'Abbeville,  la  société  des 
j  Antiq.iaires  envisage  une  origine  coih- 
j  mune  :  l'offre  de  ces  carcasses  exoti- 
j  ques  comme  ex  voto  apportés  par  des 
i  voyageurs  d'outre-mer. 

L'amiral  Courbet  n'aurait  donc  fait 
que  de  se  conformer  à  une  très  ancienne 
tradition  locale  en  offrant  à  la  collégiale 
Saint-Wulfran,  sa  paroisse  natale,  un  sou- 
venir de  ses  voyages  en  Extrême-Orient  : 
les  gigantesques  coquillages  qui  servent 
actuellement  de  bénitiers. 

Sur  le  IJzard  de  Saint-Wulfran,  voir 
aussi  les  Souvenin  de  Jeunesse,  par  M.  de 
Belleval. 

Adrien  Huguet. 

La  basilique  Saint-Remi,à  Reims. 

—  Le  «  28  décembre  igi4  y  d'après  Le 
Petit  Parisien,  citant  le  rapport  officiel  de 
M.  Whitney  Warren,  architecte  améri- 
cain, les  Allemands  ont  bombardé  et  pro- 
fondément endommagé  «  la  basilique 
Saint-Remi  »,  à  Reims. 

En  1862,  cet  édifice  était  en  cours  de 
réparation  et  j'y  ai  relevé  les  vers  que 
voici,  écrits  au-dessus  d'un  tronc  pour  les 
offrandes,  et  que  je  me  rappelle  de  mé- 
moire : 

A  l'aspect  imposant   de  cette  église  antique 
Si  ton  cœui  est  ému.  si  ton    regard  surpris 
Suit  avec  intérêt  les  travaux  entiepris 
Pour  restaurer  un  peu  la  vieille  basilique, 

Au  sortir  du  saint  heu 
Ne  te  refuTe  point  à  notre  humble  demande, 
Dépose  dans  ce  tronc  ta  sympathique  offrande 

C'est  un  prêt  (ait  à  Dieu 

V.  A.  T. 

Nécrologie 

Nous  avons  eu  le  vif  regret  d'apprendre 
la  mort  de  notre  ancien  collaborateur 
M.  le  docteur  Auguste  Cordes,  décédé  à 
Marnexsur-Coppet  (Vaud)le  4  août,  dans 
sa  71°  année. 


Li  Direcleur-gercnl  : 
GHORGIiS  MONTORGUHIL 

Tmp.("LERC-OAMifiL.St-Amand-Monl-Rood 


N«  1409.  Vol.  LXX.  L'INTERMEDIAIRE  20-30  Décembre  1914 


TABLE 


DU 


2^  Semestre  1914 


VOLUME    LXX 


1409.  Vol.  LXX.       DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX      20-30  Décembre  1914 


Académiciens  qui  n'ont  rien  écrit.  92. 

Académie  (Les  ministres  à  1').  Turgot  solli- 
cité. 39. 

Académies  de  province,  98. 

Allemands  (Les)  en  1871  ont-ils  passé  tous 
l'Arc  de  triomphe  à  Paris?  139,  187. 

Allemands  (Ce  qu'on  a  dit  des).  143,  193. 

Amé  de  Saint-Didier  xvni' siècle.  9s. 

Amelot  (Tombeau  de   Jean).  184. 

*  Anes  (Il  n'y  a  pas  qu'à  Paris  que  les  ânes 
portent  culotte).  16,  171. 

*  Annibal  (Vinaigre  d').  62. 

Arc  de  Triomphe.  Voir  Allemands. 

*  Argent  (Famille  d').  63. 
Akmoiries  : 

(La  plus  ancienne).  148. 

de  Paris  en  écartelé.  165. 
Armoiries  a  déterminer  : 

tiois  bandes  de.  47. 

sept  billettes. 

chevrons  et  merlettes.  26  . 

trois  croissants.  47. 

rois  croissants.  26. 

écusson  échiqueté. 

de  gueules  à  trois  trèfles  d'or. 

deux  palmes.  7  1 . 

de  Ligne  et  d'Aremberg.    i6ç. 

un  fascé  sur   un   écartelé  :    aux  3   Potier 
et  aux  4  La  Rochefoucaud.  185. 

*  Fortis  dominatibur  astris.  71. 

Monogramme.   50. 

à  Saint-Pierre  de  Laval.   147. 

dans  une  église.  165. 

Horloge  italienne  de  i^Sa.  47. 

Montre  allemande  du  xvi"  siècle.  47. 
Ar  pète    97 

*  Assemblées  paroissiales  à  la  porte  des 
églises,  procès-verbaux,  actes  notariés.  6a, 
108,  153. 

Autrichiens  (Ohé  les).  Voir  Chanson.  142. 
Avsrne,  5,  113. 


Bagnolet  (Etymologie).  127. 
Baissey  (Famille  de).   147. 

*  Balaguiet-Montalès.  21. 

*  Balzac  :  Une  ténébreuse  affaire.  170. 

*  Balzac  (Une  amie  de)  :  Mme  Zulma  C»r- 
raud    21. 

Balzac  (Le  médaillon  de)  au  lycée  de  Ven- 
dôme. 98. 

Baour-Lormain  et  Lamothe-Langon,  colla- 
borateur i     86. 

Baudelaire  à  Châteauroux.  184. 

Beauharnais  (La  dame  X...  d'Alexandre  de). 
1,61,  151. 

Beauraont  (De)  généalogiste).  93. 

Berenger  (archidiacre).  43. 

Berry  (Duchesse)  à  Marseille  en  1816.  183. 

*  Bertrand  de  Briquebec.  64. 
Bible  de  Complut.  186. 


*  Biens    nationaux.    Marie-Antoinette 
149. 

Boche  (Le  mot).    143,  195. 
Bonaparte  (Le  général)  à  Nice.  183. 
Bournaires  (Rue  des)  à  Clichy.49. 
Boutique  parisienne  (La  plus  vieille).  84. 

*  Bayle-Roche.  65. 
Brienne  (Hôtel  de).  148. 

i   Brifte  (Pierre-Arnaud  de  la).  94. 
I   Brissot  (Les  trois  fils  de).  205. 
.   Brochard  (Mlle).   93. 


Caffarelli  du  Falga  (Les  généraux).  184. 

*  Oillou   (Mlle)    et    le    naufrage    du  Saint- 

Géran.  66. 

*  Calendriers  perpétuels.  76. 
Cambremer  (Famille).  94. 

*  Cauchon  (Famille)    21. 
Châles  de  Beaulieu.  44. 

Champoléon  et  le  Cadet  de  Charance.  44. 

"'  Chandail.  71; . 

Chanson  du  déserteur.  185. 

Chant  militaire  anglais.    Long    way  Tipper- 

ray.  V.  Chant  militaire. 

Chevalier  des  Landes.  Vieille  ballade.  49. 

*  Chiffres  (Comment  les  romains  se  servaient 
de  leurs  chiffres,.  74. 

*  Cigales  (Battements  d'ailes  des).   129. 
Comptines.  213. 

Constantinople.     La    population     en    1453 
146,  201. 

Cordes  (D"').  Nécrologie.  216. 

Corsaires.  Courses,  v  .  Courses. 

Corval  (A  de).  147. 

■"  Courier  (La  mort  de  Paul-Louis).  114. 

Courses.  Corsaires.  179, 

Crèvecceur   (Philippe    de)    maréchal    d'Es- 
querdes.  45. 

Critiquable.     Praticable.     Obligeant.     Négli- 
gent. 49,  129. 

'•'  Crocodiles  en  ex-voto,  214. 

Culture  —  Kultur.   142,  194. 


*  Dache  :  le  perruquier  des  zouavei.  84. 

*  Dagobert  et  sa  culotte.  76. 

*  Dalmatie  (marquis  de).  22. 

*  Danse  aux  chansons  (La).   36. 

*  Danse  (Condamnation  de  la).  37. 

*  Davout  (Le  maréchal).  158. 
Demi-brigade  {Sj').  184. 

*  Desaix  (Corps  de).   23,  158. 
Déserteur  (Chanson  du).  185. 

*  Devises  des  diverses  familles.  12a,  106,  209, 
Dialogues.  97. 

*  Dillon.   159. 

*  Donner.  78. 

Drapeau    blanc    sous    l'ancienne  monarchie 
(Le).  42. 

*  Droits  des  auteurs  morts. 139. 


N» 


1409, 


Vo!    LXX. 


L'INTERMÉDIAIRE 


30-30  Décembre  1914 


Duroc  (Mort  de)  ;  monument  élevé  à  sa  mé- 
moire. 3. 

*  Duvard  (colonel)  fils  naturel  de  Napoléon. 
30. 


*  Echarpe  royaliste.  30,  60,  166. 

*  Edgevoorth  de  Firmont  (abbé).  66,  205. 

*  Emigrés  (Le  milliard  des).  99. 

Emeute  (Ce  n'est  pas  une)    c'est  une  révolu- 
tion.  183. 
Enigme  bibliographique  (Une  petite).  98. 

*  Enseignes  de  coiffeurs.   83,  174. 

*  Etalages  et  terrasses  de  cafés.  83. 
Etudiants.  Les  deux  étudiants  allemands  de 

181^.  141. 

*  Eyma   (Famille).  66. 

*  Ex-libris  Huet  d'Ambrun.  27.  165. 

*  Ex-libris  musicaux.  72. 

*  Ei-libris  du  monde  du  théâtre.  7a. 
Ex-libris:  trois  bandes  d'argent.  27. 

P 

Facultas  virgo.  43 

*  Feux  de  joie    15. 

*  Fez  (évêque  de).   18,  114. 

*  Fior  d'Aliza  et  Lamartine.  81. 
Foche  ou  Fok  (Général).   182. 

Folies  (Les  plus  courtes  folies  sont  les  meil- 
leures). 97. 
Forgeville  (M    et  Mme  de).  94. 
Force  prime  le  Droit  (La).  139,  192. 
Force  et  le  Droit  (La),  voir  Talleyrand. 

*  Fouras-les-Bains  (La  Tour  de).  155. 
Fourg.  97. 

*  Fourgons   de  l'étranger  (Les).  52. 

*  Franc-Maçonnerie.     Eclipse     maçonnique 
pendant  la  Révolution.    10. 

*  Franc-Maconnerie  (La)  et    les  sociétés   po- 
pulaires. 106. 

Frédéric  (Un  truc  militaire  du  Grand).  41. 


Galland  (Jehan)  argentier  de  Louis  XI.  5. 

*  Gentilhomme  de  la  chambre  du  roi.  16. 

*  Gossin  (Mlle),  actrice.  67. 

*  Grande    Mademoiselle  (Secrétaire    de    la). 
.58. 

Grandmont  (Les  abbés  de).  94. 

*  Grimaldi  (Une  branche  anglaise  des).  45. 
Guerre  (Fin  de  la).   143,  300. 
Guillaume  11  poète.   17^. 

Guillaume  II  (Accent  et  regard  de).   180. 


Heiss  (Le  baron  de).  4^. 
•  Hérédia,  Lemattre  et  Sabinula.  30. 
HohenzoUern  (La  prophétie  des).  139,  199. 
Hommes  (Le  rang  de   naissance   des  grands). 

89. 
Hurluberlu.  iSi. 
Hussards  de  la  mort.  180. 


Inchangé.   141,  194. 

Indemnité  (L')    aux   victimes  de  la  guerre). 
140. 

•  Indocti  discant  et  ament  meminitse  periti. 

27- 
Inondations  tendues.  141. 
■*  Inscription    latine  delà   fresque  du  Tiepolo 

du  musée  André  Jacquemont.  29. 
Italie,  origine  du  mot.  7. 

*  Jacque  (Charles-Emile).   2}. 


Joubert  (La  nuit  de).  97. 

L 

'*  Lagrange  :   le  général,   le    mathématicien. 

68. 
Laguelie   dit  de  la   Gueulhe  (Famille).   164. 

*  Laine  (Le  généalogiste).  33. 
Lamothe-Langon  V.  Baour-Lormian. 
Landrieu  (Abbé).  160,  205.  . 
Le  Quieu  (Famille).    186. 

*  La  Réveillère-Lepeaux.  (Mémoires  de)  69. 

*  La  Treille  de  Sorbe  (Catherine  de).  69,  164 
Le  Hideux.  147. 

*  Leshenaut  de  Bouille.  69. 
Livre  d'or  de  la  France.    177. 

*  Livrée  du  loi  Louis-Philippe.  17. 

Lon  way  Typperray  C.lant  militaire  anglais. 

180. 
Lorraine  (Titre  de  duc  de).  42. 
Lorraine  (Titres  donnés  par  les  ducs  de).   43, 

210. 

*  Louis  XIV  a-t-il  félicité  Jean  Sobiesky  après 
la  délivrance  de  Vienne?  9.  51.  302. 

■*  Louis  XVI  (Sacre  de).  57. 

*  Lugdunum.   130. 

*  LunéviUe    (Reddition     de),     le     12    août 

1870.  9. 

M 

*  Malezieux    (Nicolas    de),   académicien.  94' 

"4- 

Malte  (Chevaliers  de).  47,  911. 

Marie-Louise   (Les)  conscrits.    179. 

Marie  Thérèse  d'Autriche.  (Version  scanda- 
leuse de  la  mort  de).  146. 

Marquise  actrice  (Une).    186. 

*■  Martin.  F.iute  d'un  point,  Martin  perdit 
son   âne.    134. 

*  Martin  ^L'ine)    75,  129. 

*  Maupassant  (Où  naquit)  161, 
Max-Simon.  (Le  docteur  P).  94, 
Médaille  curieuse.  96. 

*  Mémorial  (De  l'authenticité  des  récits  du). 
152. 

Mercier  (Lettre  du  relieur).  174. 
Mérimée  (Les  débuts  de).  46. 
Mesmer.  (Un  traité  avec).  89. 
■•  Mirbel  (Œuvres  de  Mme  de).  24. 
Monts-Je-piété  du  xvii*  siècle,  jo.  173. 


N.  1409.  Vol.  LXX.        DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX     20-30  Décembre  1914 


Mornay,  (Antoinette  de)  dame  de  Chateau- 
Vieux.  95. 

N 

*  €  Naître,  vivre  et  mourir  dans  le  champ 
paternel  >  ou  <  sous  le  toit  paternel  ». 
Vers  à  attribuer.  74. 

•Napoléon.  (V.  Duvard). 

*  Napoléon  ou  Bonaparte.  Comment  s'ap- 
pellent les  membres  de  la  famille.  13,  110, 
IS  =  . 

Négligent    V.   Critiquable. 

*  Niel  (IVlaréchal).  Son  mot  :  «  Et  vous,  pre- 
nez garde  de  faire  de  la  France  un  cime- 
tière  ».  113. 

Nourrices  de  rois,  62,  99,  Î03. 


Obligeant.  V.  Critiquable. 
Ohé    les  Autrichiens  !  Chanson.    V.    Autri- 
chiens. 
Orifiamme  (L')  de  Saint-Denis.  4. 

*  Orléans  (La  rivalité  amoureuse  du  duc  d') 

5'- 

*  Ormoy  (Seigneurs  d'),  (Yonne).  19. 

*  Ouvrier  (Famille  d').  115. 


Pantalon  rouge  (Le).  141,  197). 

*  Perducat  d'Albret.   116. 
Péril  (Le)  est  à  gauche     43. 
Perpignan  (Le  major  de).  9^. 

*  Pièce  à   l'effigie  de    Louis   XIV     avec    des 
<œurs.  121. 

Plantin  (Le  musée).  141. 

Poilus  (Les),  surnom  des  soldats.  i8r. 

*  Poinçon  (Vieux)  ser\ant  avant   1797  à  dis- 
tinguer l'argent  des  autres  métaux.   167. 

Pompadour  (La  vénalité  de   Mme   de).  203. 
Ponroy  (Arthur).   185. 
Praticable.  V.  Critiquable. 

*  Prénoms. Ecriture  des  prénoms.  63. 

*  Prêts  faits  au  moyen-àge  par  des  ordres  re- 
ligieux. 20    . 

*  Prix  payé  à  divers  écrivains  pour  leurs  ou- 
vrages.  173. 

Prophéties  sur  les  temps  actuels.  183. 


Reims  (Basilique  de  Saint-Rémi  à).    316. 

**  Rêves  (Œuvres  ou    inventions  dues   à  des 

rêves.  35,  85. 
Reynard  de  Bussy  (Famille).  117. 
Routier  de  Lisle.  5. 

*  Rochechouart-Mortemart  (Château  de).  157. 
Rosbach  (La  colonne  de).  4,  5r,   149,  303. 
Rue  des  Bouriiaires,  à  Clichy.  49. 

S 

Siguez  de  Breuvery  (Pierre  Mgd).  95. 
Salignac-Fénelon  (de).  185. 

•  Saunier,  ébéniste.  70. 


Saint-Aubin  (De).  46. 
Saint-Domingue  (Massacres  de).  13  r. 

*  Saint-Floient  (Les    prisonniers   de),    104. 
Saint-Hilaire  (De),  xviii"  siècle     46. 
Saint-Père  (P.  H.    de),  minéralogiste.  46. 
Saint-Sacrement  (Compagnie  du).  4,   15). 

*  Séez  :  Sèes.  33,  170. 

Serbie   (Le  roi  dei  pendant  la  gueire  frinco- 

allemande.  3,  62 
Serbie  (Exécutions  criminelles  en).  93. 
.Serment  (Le)  de  liberté  et  d'égalité.  2. 

*  Sesterce  (Etymologie  de).  78. 

*  Sexe  (Petit).  }),  ai2. 
Singe  —  conserve-    181. 

Sousy  (Domaine  de),  miniature.  4. 

*  Sob;e>ki  (Louis  XIV  a-t-il  félicité)  après  la 
délivrance  de  Vienne  î  9,    51. 

Sou  des  chaumières  (Le).   141. 

*  Stofïel  (Vk'aterloo  et  le  colonel).  62. 
Sully  Prudhomme  (Monument  de).  6. 


*  Terrases  (Etalages  et)  des  cafés   parisiens. 

83. 

*  Théâtres  de  la  banlieue  de  Paris  (Anciens). 

17.  205. 
Thoison  de  Rocheblanche  (marquis  de  la).  5. 
Talleyrand     Lettre    de  Talleyrand   en  1814. 

La  F.jr:e  et  le  Droit     176. 

*  Talleyrand  (Le  cerveau  de).   147. 
Tapabûr.  7. 

Tardy   de  Montravel     207. 
*Tiepolo.  —  Insciipiioii  latine  de  la  fresque 
de  Tiepolo   du  musée  André  Jacquemont, 

2^, 

Tissait  de  Rouvres  (Marquis  de).  46. 

Tourns  (Ma.-.elon   de)     206. 

Toulouse-Lautrec  et  les  jurys.  38. 

■►  Trolley.  80. 

Turgot  à  l'Académi.;.  39.  Voir  Académie. 


Valentine  de  Milan  et  le  château  d'Asnière». 
9,  91,  202 

*  Vengeur  (Le).  149. 

*  Venise  (Familles  nobles  de  la    République 
de).  121.. 

*  Verdier  (  Mme  la  générale),  membre  de  l'ex- 

pédition d'Egypte.  71,  208. 

*  Vermesch.   101  . 

Vers  Alexandrins  et  rimes.   47. 
Vin  d'Anjou,  ^o. 

*  Vinaigre  d'Annibal     Voir  Annibal. 
Vivien  (Le  peintre  Joseph).  47. 

*  Voyages  de  Cook   en  papier.  73. 

*  Waterloo  et  le  colonel  Stofïel.  6a. 

w 


Woëvre  :  prononciation.   181. 

Y 

*  Yvan(Df).  119. 


y 


AG 
309 
156 
V.70 


L'Intemédiaire  des  chercheurs 
et  curieux 


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