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Withalrv . .0.... 68
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JOVABmB. Oeader of Freneh Vonna lamo. 5o
Contlnoad st tbe end of the Tolume.
>6.
ÉLISABETI,
LES EXILÉS DE SIBÉRIE.
PAR Mme. COTTIN.
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TRADUCTION :I]5ît3QllLXî£ÔAiRE
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étrangkrb.
PAULIN, ÉDITEUR.
1862.
THENEWYOSK
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V VC ^•RbiiAf?Cvf)OD èc SON,
fr^ the CIerk*8 Office of the District Court ior the Southern District of New ïorfc.
PRÉFACE DE L'AUTEUE.
Le trait qui fait le sujet de cette histoire est vrai : Tima-
gination n'invente point des actions si touchantes, ni des sen-
timents si généreux ; le cœur seul peut les inspirer.
La jeune fille qui a cor^ç'^ le nofcjjs de^'swnkfari^îcher son
père à Texil, qui Ta exécuté ejp> dépit do tojis-ljss obstacles, a
réellement existé ; sans doute jëlle^ év^i fjipone : si on trouve
quelque intérêt dans mon oUvriigé> xî jes/-ji '^fitif^ pensée que
je le devrai. ^ ^ ' . - . ^ > - - >
J'ai entendu reprocher à quelques écrivains de peindre
dans leurs livres une vertu trop parfaite ; je ne parle pas de
moi, qui suis si loin de posséder le talent nécessaire pour at-
teindre à ce beau idéal :, mais je ne sais quelle plume assez
éloquente pourrait ajouter quelque charme à la beauté de la
vertu. La vertu est si supérieure à tout ce qu'on en peut
dire, qu'elle paraîtrait peut-être impossible si on la montrait
dans toute sa perfection: voilà du moins la difficulté que j'ai
éprouvée en écrivant Elisabeth.
La véritable héroïne est bien au-dessus de la mienne, elle
a souffert bien davantage. En donnant un appui à Elisabeth,
en terminant son voyage à Moscou, j'ai beaucoup diminué
ses dangers, et par conséquent son mérite ; mais si peu de
?)ersonnes savent ce qu'un enfant pieux, soumis et tendre, est
4 PRÉFACE DE l'aTJTEUB,
capable de faire pour ses parents, que, si j'avais dit toute la
vérité, on m'aurait accusée de manquer de vraisemblance ; et
le récit des longues fatigues qui n'ont point lassé le courage
d'une jeune fille de dix-huit ans aurait fini par lasser l'atten-
tion de mes lecteurs.
S'il m'a fallu aller jusqu'en Sibérie pour trouver le trait
principal de cette histoire, je ne puis m'empècher de dire
que pour les caractères, les expressions de la piété filiale, et
surtout le cœur d'une bonne mère, je n'ai pas été les cher-
\ ••••,«, «^ j ••• «.t. ,.
cher si lpçiV*J : : 7' \/*^ • •! l;î
* C'est dans Ja.tândnB^Uâe fia^ère et dans la bonté de son propre
cœur que mi^§;iBe<)(ïl^iaa«UMS^ce» traits sublimes et touchants qui
font de son otc^rftg^^imvqro^a^ii^ ^evé par la piété filiale à l'affec-
tion maternelle.
ELISABETH
ou
LES EXILES DE .SIBEBIE
La ville de Tobolsk, capitale de la Sibérie, est située sur
les rives de Tlrtish ; au nord elle est entourée d'immenses
forêts qui s'étendent jusqu'à la mer Glaciale. Dans cet es-
pace de oûze cents verstes, on rencontre des montagnes
arides, rocailleuses et couvertes de neiges étemelles ; des
plaines incultes, dépouillées, où, dans les jours les plus
chauds de l'année, la terre ne dégèle pas à un pied ; de
tristes et larges fleuves dont les eaux glacées n'ont jamais
arrosé une prairie, ni vu épanouir une fleur. En avançant
davantage vers le pôle, les cèdres, les sapins, tous les grands
arbres disparaissent ; des broussailles de mélèzes rampants
et de bouleaux nains deviennent le seul ornement de ces
misérables contrées ; enfin, des marais chargés de mousses
se montrent comme le dernier effort d'une nature expirante ;
après quoi, toute trace de végétation disparaît. Néan-
moins c'est là qu'au milieu des horreurs d'un étemel hiver,
la nature a encore des pompes magnifiques ; c'est là que les
aurores boréales sont fréquentes et majestueuses, et qu'em-
brassant l'horizon en forme d'arc très-clair, d'où partent des
colonnes de lumière mobile, elles donnent à ces régions hy-
perborées des spectacles dont les merveilles sont inconnues
1*
6 ELISABETH.
aux peuples du Midi. Au sud de Tobolsk s'étend le cercle
d'Ischim ; des landes, parsemées de tombeaux et entrecou-
pées de lacs amers, le séparent des Kirguis, peuple nomade
et idolâtre. A gauche, il est borné par Tlrtisli, qui va se
perdre, après Ju nombreux détours, sur les frontières de la
Chine, et à droite par le Tobol. Les rives de ce fleuve sont
nues et stériles ; elles ne présentent à l'œil que des frag-
ments de rocs brisés, entassés les uns sur les autres, et sur-
montés de quelques sapins ; à leur pied, dans un angle du
Tobol, on trouble village domanial de Saïmka ; sa distance
de Tobolsk est de plus de six cents verstes. Placé jusqu'à
la dernière limite du cercle, au milieu d'un pays désert, tout
ce qm l'entoure est sombre comme son soleil et triste comme
son climat. *
Cependant le cercle d'Ischim est surnommé l'Italie de la
Sibérie, parce qu'il a quelques jours d'été, et que l'hiver n'y
dure que huit mois, mais il y est d'une rigueur extrême.
Le vent du nord, qui souffle alors continuellement, arrive
chargé de glaces des déserts arctiques, et en apporte un
froid si pénétrant et si vif, que dès le mois de septembre le
Tobol charrie des glaces ; une neige épaisse tombe sur la
terre, et ne la quitte plus qu'à la fin de mai. II est vrai
qu'alors, quand le soleil commence à la fondre, c'est une
chose merveilleuse que la promptitude avec laquelle les ar-
bres se couvrent de feuilles et les champs de verdure : deux
ou trois jours suffisent à la nature pour faire épanouir toutes
ses fleurs. On croirait presque entendre le bruit de la végé-
tation ; les chatons des bouleaux exhalent une odeur de
rose ; le cytise velu s'empare de tous les endroits humides ;
des troupes de cigognes, de canards tigrés, d'oies du Nord,
se jouent à la surface des lacs ; la grue blanche s'enfonce
dans les roseaux des marais solitaires pour y faire son nid,
qu'elle natte industrieusement avec de petits joncs ; et, dans
fiLIBABETH. 7
les bois, récureuil volant, sautant d'un arbre à Tautre et fen-
dant Tair à l'aide de ses pattes et de sa queue chargée de
laine, va ronger les bourgeons des pins et le tendre feuiDage
des bouleaux. Ainsi, pour les êtres animés qui peuplent ce»
froides contrées, il est encore d'heureux jours ; mais pou?
les exilés qui les habitent, il n'en est point.
La plupart de ces infortunés demeurent dans les village?
qui bordent le fleuve depuis Tobolsk jusqu'aux limites du
cercle d'Ischim ; d'autres sont relégués dans des cabanes au
milieu des champs. Le gouvernement fournit à la nourri*
ture de quelques-uns ; ceux qu'il abandonne vivent de leurs
chasses d'hiver : presque tous sont en ces lieux l'objet de la
pitié publique, et n'y sont désignés que par le nom de mal-
heureux. A deux ou trois verstes de Saïmka, au milieu
d'une forêt marécageuse et remplie de flaques d'eau, sur le
bord d'un lac circulaire, profond et bordé de peupliers noirs
et blancs, habitait une famille d'exilés. Elle était composée
de trois personnes : d'un homme de quarante-cinq ans, de
sa femme et de sa fille, belle et dans toute la fleur de la jeu-
nesse.
Renfermée dans ce désert, cette famille n'avait de commu-
nication avec personne : le père allait tout seul à la chasse ;
Jamais il ne venait à Saïmka, jamais on n'y avait vu ni sa
femme si sa fille ; hors une pauvre paysanne tartare qui les
servait, nul être au monde ne pouvait entrer dans leur ca-
bane. On ne connaissait ni leur patrie, ni leur naissance, ni
)a cause de leur châtiment : le gouverneur de Tobolsk en
iviât seul le secret, et ne l'avait pas môme confié au lieu-
^nant de sa juridiction établi à Saïmka. En mettant ces
exilés sous sa surveillance, il lui avait seulement recommandé
de leur fournir un logement commode, un petit jardin, de la
nourriture et des vêtements, mais d'empêcher qu'ils n'eus-
sent aucune communication, au dehors, et surtout d'intercep-
8 ELISABETH.
ter sévèrement toutes les lettres qu'ils hasarderaient de faire
passer à la cour de Russie.
Tant d'égards d*un côté, et de Tautre tant de rigueur et de
mystère, faisaient soupçonner que le simple nom de Pierre
Springer, qu'on donnait à l'exilé, cachait un nom plus illus-
tre, une infortune éclatante, un grand crime peut-être, ou
peut-être une grande injustice.
Mais, tous les efforts pour pénétrer ce secret ayant été
inutiles, hientôt la curiosité s'éteignit et l'intérêt avec elle.
On cessa de s'occuper d'infortunés qu'on ne voyait point, et
on finit même par les oublier tout à fait : seulement, lorsque
quelques chasseurs se répandaient dans la forêt et parve-
naient jusque sur les bords du lac, s'ils demandaient le nom
des habitants de cette cabane : Ce sont des malheureux,
leur répondait-on. Alors ils n'en demandaient pas davan-
tage, et s'éloignaient émus de pitié en se disant au fond du
cœur : Dieu veuille les rendre un jour à leur patrie ! Pierre
Springer avait bâti lui-même sa demeure : elle était en bois
de sapin et couverte de paille ; des masses de rochers la ga-
rantissaient des rafales du vent de Nord et des inondations
du lac. Ces rochers, d'un granit tendre, réfléchissaient, en
s'exfoliant, les rayons du soleil ; dans les premiers jours du
printemps, on voyait sertir de leurs fentes des familles de
champignons, les uns d'un rose pâle, les autres couleur de
soufre, ou d'un bleu azuré, pareils à ceux du lac Baïkal ; et,
dans les cavités où les ouragans avaient jeté un peu de terre,
des jets de pins et de sorbiers s*em pressaient d'enfoncer leurs
racines et d'élever leurs jeunes rameaux.
Du côté méridional du lac, la forêt n'était plus qu'un
taillis clair-semé qui laissait apercevoir des landes immenses
couvertes d'un grand nombre de tombeaux ; plusieurs avaient
été pillés, et des ossements de cadavres étaient épars tout
autour ; reste d'une ancienne peuplade qui serait demeurée
ELISABETH. 9
éternellement dans Toubli, si des bijoux d'or, renfermés avec
elle au sein de la terre, n'avaient révélé son existence à l'ava-
rice.
A l'est de cette grande plaine, une petite chapen© de
bois avait été élevée panrdes chrétiens ; on remarquait que
de ce côté les tombeaux avaient été respectés, et que, de-
vant cette croix qui rappelle toutes les vertus, Thomme n'a-
vait point osé profaner la cendre des morts. C'est dans ces
landes ou steppes, nom qu'elles portent en Sibérie, que, du-
rant le long et rude hiver de ce climat, Pierre Springer pas-
sait toutes ses matinées à la chasse ; il tuait des élans, qui se
nourrissent des jeunes feuilles de tremble et de peuplier. Il
attrapait quelquefois des martres zibelines, assez rares dans
ce canton, et plus souvent des hermines, qui y sont en grand
nombre : du prix de leur fourrure, il faisait venir de Tobolsk
des meubles comnnodes et agréables pour sa femme et des
livres pour sa fille. Les longues soirées étaient employées
à l'instruction de la jeune Elisabeth. Souvent, assise entre
ses parents, elle leur lisait tout haut des passages d'histoire ;
Springer arrêtait son attention sur tous les traits qui pou-
vaient élever son âme ; et sa mère, Phédora, sur tous ceux-
qui pouvaient l'attendrir. L'un lui montrait toute la beauté
de la gloire et de l'héroïsme, l'autre tout le charme des sen-
timents pieux et de la bonté modeste. Son père lui disait
ce que la vertu a de grand et de sublime, sa mère ce qu'elle
a de consolation et d'ajpaable : le premier lui apprenait com-
ment il faut la révérer, celle-ci comment il la faut chérir.
De ce concours de soins il résulta un caractère courageux,
sensible, qui, réunissant l'extraordinaire énergie de Springer
à l'angélique douceur de Phédora, fut tout à la foi« noble et
fier comme tout ce qui vient de l'honneur, et tendre et dé-
voué comme tout" ce qui vient de l'amour.
Mais, quand les neiges commençaient à fondre et qu'une
10 ELISABETH.
légère teinte de verdure s'étendait sur la terre, alors la fa-
mille s'occupait en commun des soins du jardin : Springer
labourait les plates -bandes, Pliédora préparait les semences,
et Elisabeth les confiait à la terre. Le petit enclos était
entouré d'une palissade d'aunes, Me cornouillers blancs et
de bourdaines^ espèce d'abrisseau fort estimé en Sibérie,
parce que sa fleur est la seule qui exhale quelque parfum.
Au midi, Springer avait pratiqué une espèce de serre, où il
cultivait avec un soin particulier certaines fleurs inconnues à
ce climat ; et, quand venait le moment de leur floraison, il
les pressait contre ses lèvres, il les montrait à sa femme et
en ornait le front de sa fille en lui disant : " Elisabeth, pare-
toi des fleurs de ta patrie, elles te ressemblent ; comme toi,
elles s'embellissent dans l'exil. Ah! puisses-tu n'y pas
mourrir comme elles !"
Hors ces instants d'une douce émoti m, il était toujours
silencieux et grave: on le voyait demeurer des heures en-
tières enseveli dans une profonde rêverie, assis sur le même
banc, les yeux tournés vers le même point, poussant de pro-
fonds soupirs, que les caresses de sa femme ne calmaient
'J)as, et que la vue de sa fille rendait plus amers. Souvent
il la prenait dans ses bras, la pressait étroitement sur son
cœur, et puis tout à coup, la rendant à sa mère, il s'écriait :
" Emmène, emmène cette enfant, Phédora, sa détresse, la
tienne me feront mourir : ah ! pourquoi as-tu voulu me
suivre ? Si tu m'avais laissé seul ici,* si tu ne portais pas la
moitié de mes maux, si je te savais tranquille et honorée
dans ta patrie, il me semble que je vivrais dans ce désert
sans me plaindre." '; A ces mots, la tendre Phédora fondait
en larmes ; ses regards, ses paroles, ses actions, tout en elle
décelait un profond amour qui l'attachait à son époux. Elle
n'aurait pu vivre un seul jour loin de lui, ni se trouver mal-
heureuse quand ils étaient toujours ensemble. Dans leur
tUBABITIH. 11
ancienne fortune, peut-être que de grandes dignités, d'illus^
très et dangereux emplois le tenaient souvent éloigné d'elle ;
dans Texil ils ne se quittaient plus. Ah ! si elle avait pu ne
pas s'affliger du chagrin de son époux, peuf-ètre aurait-elle
^mé leur exil.
Phédora, quoique âgée de plus de trente ans, était helle
encore ; également .dévouée à son époux, à sa fille et à son
Dieu, ces trois amours avaient gravé sur son front des char-
mes que le temps n'efface point : on y lisait qu'elle avait été
créée pour aimer avec innocence, et qu'elle remplissait sa
destinée. Elle s'occupait à préparer elle-même les mets qui
plaisaient le plus à son époux ; attentive à ses moindres dé-
sirs, elle cherchait dans ses yeux ce qu'il allait vouloir, pour
l'avoir fait avant qu'il l'eût demandé. L'ordre, la propreté,
l'aisance même régnaient dans leur petite demeure. La
plus grande pièce servait de chambre aux deux époux, un
grand poêle réchauffait ; les murs, enfumés, étaient ornés
de quelques broderies et de divers dessins de la main de
Phédora et de sa fille ; les fenêtres étaient en carreaux de
verre, luxe assez rare dans ce pays, et qu'on devait au pro-
duit des chasses de Springer. Deux cabinets composaient
le reste de la cabane ; Elisabeth couchait dans l'un, l'autre
était occupé par la jeune paysanne tartare et par tous les
ustensiles de cuisine et les instruments du jardinage.
Ainsi la semaine se passait dans ces soins intérieurs, soit
à tisser des étoffes avec des peaux de rennes, ou à les dou-
bler avec d'épaisses fourrures ; mais, quand le dimanche ar-
rivait, Phédora soupirait tout bas de ne pouvoir assister à
l'office divin, et passait une partie de ce jour en prières.
Prosternée devant Dieu et devant une image de saint Basile,
pour lequel elle avait une profonde vénération, elle les invo-
quait en faveur des objets de sa tendresse ; et si chaque jour
sa dévotion devenait plus yïve, c'est qu'elle avait toujours
12 âLTSABETH.
éprouvé qu'à la suite de ces pieux exercices, son cœur, plus
éloquent, savait mieux trouver les pensées et les expressions
qui pouvaient consoler son époux.
Élevée dans ces bois sauvages depuis Tâge de quatre
ans, la jeune Elisabeth ne connaissait point d'autre patrie :
elle trouvait dans celle-ci de ces beautés que la nature offre
encore, même dans les lieux qu'elle a le plus maltraités, et
de ces plaisirs simples que les cœurs innocents goûtent par-
tout. Elle s'amusait à grimper sur les rochers qui bor-
daient le lac pour y prendre des œufs d'éperviers et de vau-
tours blancs, qui j font leurs nids pendant Tété. Souvent
elle attrapait des ramiers au filet, et en remplissait une vo-
lière ; d'autres fois elle pochait des corrassins, qui vont par
bandes, et dont les écailles pourprées, collées les unes con-
tre les autres, paraissaient à travers les eaux du lac comme
des couches de feu recouvertes d'un argent liquide. Jamais,
durant son heureuse enfance, il ne lui vint dans la pensée
qu'il pouvait y avoir un sort plus fortuné que le sien. Sa
santé se fortifiait par le grand air, sa taille se développait
par l'exercice, et sur son visage, où reposait la paix de l'in-
nocence, on voyait chaque jour naître un agrément de plus.
Ainsi, loin du monde et des hommes, croissait en beauté
cette jeune vierge pour les yeux seuls de ses parents, pour
l'unique charme de leur cœur ; semblable à la fleur du dé-
sert, qui ne s'épanouit qu'en présence du soleil, et ne se
pare pas moins de vives couleurs, quoiqu'elle ne puisse être
vue que par l'astre à qui elle doit la vie.
Il n'y a d'affections tendres et profondes que celles qui
se concentrent sur peu d'objets : aussi Elisabeth, qui ne con-
naissait que ses parents et n'aimait qu'eux seuls dans le
monde, les aima avec passion : ils étaient tout pour elle, les
protecteurs de sa faiblesse, les compagnons de ses jeux et
son unique société. Elle ne savait rien qu'ils ne lui eussent
ELISABETH. 13
appris : ses amusements, ses talents, son instruction, elle
leur devait tout ; et, voyant que tout lui venait d'eux et que
par elle-même elle ne pouvait rien, elle se plaisait dans une
dépendance qu'ils ne lui faisaient sentir que par des bienfaits.
Cependant, quand la jeunesse succéda à Tenfancc, et que la
raison commença à se développer, elle s'aperçut des larmes
de sa mère, et vit que son père était malheureux. Plusieurs
fois elle les conjura de lui en dii*e la cause et ne put en ob-
tenir d'autre réponse, sinon qu'ils pleuraient leur patrie ;
mais, pour le nom de cette patrie et le rang qu'ils y occu-
paient, ils ne le lui confièrent jamais, ne voulant pas exciter
de douloureux regrets dans son âme en lui apprenant de
quelle hauteur ils avaient été précipités dans l'exil. Mais,
depuis le moment qu'Elisabeth eut découvert la tristesse de
ses parents, ses pensées ne furent plus les mêmes, et sa vie
changea entièrement. Les plaisirs dont elle amusait son
innocence perdirent tout leur attrait ; sa basse-cour fut
négligée ; elle oublia ses fleurs, et cessa d'aimer ses oiseaux.
Quand elle venait sur le bord du lac, ce n'était plus pour
jeter l'hameçon ou naviguer dans sa petite nacelle, mais
pour se livrer à de longues méditations, et réfléchir à un pro-
jet qui était devenu l'unique occupation de son esprit et de
son (XBur. Quelquefois, assise sur la pointe d'un rocher, les
yeux fixés sur les eaux du lac, elle songeait aux larmes de
ses parents et aux moyens de les tarir : ils pleuraient une pa-
trie. Elisabeth ne savait point quelle était cette patrie ,
mais, puisqu'ils étaient malheureux loin d'elle, ce qui lui im-
portait était bien moins de la connaître que de la leur ren-
dre. Alors elle levait les yeux au ciel pour lui demander
du secours, et demeurait abîmée dans une si profonde rêve-
rie que souvent la neige, tombant par flocons, et le vent
soufflant avec violence, ne pouvaient l'en arracher. Cepen-
dant ses parents Tappelaient-ils, aussitôt elle entendait leur
2
14r ÉLISAB£rrH.
voix, descendait légèrement du sommet des rochers, et venait
recevoir les leçons de son père, et aider sa mère aux soins
du ménage ; mais, auprès d'eux comme en leur absence, en
s*cccupant d'une lecture comme en tenant Faiguille, dans îe
sommeil et dans la veille, une seule et unique pensée la pour-
suivait toujours ; elle la gardait religieusement au fond de
son cœ'ir, décidée à ne la révéler que quand elle serait au
moment de partir.
Oui, elle voulait partir, elle voulait s'arracher des bras de
ses parents pour aller seule à pied jusqu'à Pétersbourg de-
mander la grâce de son père : tel était le hardi dessein
qu'elle avait conçu ; telle était la téméraire entreprise dont
ne s'effrayait pas une jeune fille timide. En vain elle entre-
voyait de grands obstacles : la force de sa volonté, le cou-
rage de son cœur et sa confiance en Dieu la rassuraient et
lui répondaient qu'elle triompherait de tout. Cependant,
quand son projet prit un caractère moins vague, et qu'elle
cessa d'y réfléchir pour songer à l'exécuter, son ignorance
l'effraya im peu : elle ne savait seulement pas la route du
village le plus voisin ; elle n'était jamais sortie de la forêt :
comment trouverait-elle son chemin jusqu'à Pétersbourg?
Comment se ferait-elle entendre en voyageant au milieu de
tant de peuples dont la langue lui était inconnue ? Il lui
faudrait toujours vivre d'aumônes. Pour s'y résoudre, elle
appelait à son aide l'humilité qu'elle tenait de la religion de
sa mère ; mais elle avait si souvent entendu son père se
plaindre de la dureté des hommes, qu'elle appréhendait
beaucoup le malheur d'avoir à solliciter leur pitié. Elle
connaissait trop la tendresse de ses parents pour se flatter
qu'ils faciliteraient son départ ; ce n'était pas à eux qu'elle
pouvait avoir recours. Mms à qui s'adresser dans ce désert,
où elle vivait séparée du reste du monde ? et dans cette ca-
bane dont l'entrée était interdite à tous les himiains, com-
ELISABETH. 15
ment attendre nn appui ? Cependant elle ne désespéra pas
d'en trouver un : le souvenir d'un accident dont son père
avait pensé être la victime lui rappela qu'il n'est point de
lieu si sauvage où la Providence ne puisse entendre les prières
des malheureux et leur envoyer des secours.
Il j avait quelques années que, dans une chasse d'hiver>
sur le haut des âpres rochers qui bordent le Tobol, Springer
avait été délivré d'un péril imminent par l'intrépidité d'un
jeune homme. Ce jeune homme était le fils de M. Smoloff»
gouverneur de Tobolsk ; il venait tous les hivers poursuivre
les élans et les martres dans les landes d'Ischim, et combattre
l'ours des monts Ouralsks dans les environs de Salmka. C'est
dans cette dernière chasse, la plus dangereuse de toutes,
qu'il avait rencontré Springer et qu'il lui avait sauvé la vie.
Depuis ce moment le nom de Smoloff n'était prononcé dans
la demeure des exilés qu'avec respect et reconnaissance.
Elisabeth et sa mère regrettaient vivement de ne point con-
naître leur bienfaiteur, de ne pouvoir point lui offrir leur bé-
nédiction ; chaque jour elles priaient le ciel pour lui ; chaque
année, quand elles entendaient dire que les chasses d'hiver
avaient recommencé, elles se flattaient qu'il viendrait peut-
être dans leur cabane ; mais il n'y venait point : l'entrée lui
en était interdite comme à tout le monde, et il ne songeait
point à trouver cet ordre rigoureux, car il ne savait point en-
core ce que renfermait cette cabane.
Cependant, depuis qu'Elisabeth avait senti la difficulté de
sortir de son désert sans un secours humain, sa pensée se
reportait plus souvent sur le jeune Smoloff. Un pareil pro-
tecteur l'aurait délivrée de toutes ses craintes, aurait levé
tous les obstacles. Qui mieux que lui pouvait l'éclairer sur
les détails de la route de Saïmka à Pétersbourg, lui indiquer
la plus sûre voie de faire passer une requête à l'empereur ?
et si sa fuite irritait le gouverneur de Tobolsk, qui mieux
16 ELISABETH.
qu'un fils, se disait-elle, saura désarmer sa colère, éraouvoii
sa pitié et Tempêcher de punir mes parents en les rendant
responsables de ma faute ?
C'est ainsi qu'elle calculait tous les avantages qui lui re-
viendraient d'un semblable appui ; et, en voyant l'hiver
s'approcher, elle résolut de ne pas laisser passer le temps
des chasses sans s'informer si le jeune Smoloff était dans
le canton, et sans chercher les moyens de le voir et de lui
parler.
Springer avait été si touché des terreurs de sa femme et
de sa fille au récit du danger qu^il avait couru, que depuis
cette époque il leur avait promis de ne plus retourner à la
chasse aux ours et de ne s'écarter de la forêt que pour pour-
suivre l'écureuil et l'hermine. Malgré cette promesse, Phé-
dora ne pouvait plus le voir s'éloigner sans effroi, et jusqu'à
son retour elle demeurait inquiète et tremblante, comme si
cette absence eût été le présage d'un grand malheur.
Une neige très- épaisse et durcie par un froid de plus de
trente degrés couvrait la terre ; on était en plein hiver,
lorsque, dans une belle matinée de décembre, Springer prit
son fusil pour aller chasser dans la steppe. Avant de partir
il embrassa sa femme et sa fille, et leur promit de venir
avant la fin du jour ; mais l'heure passa, la nuit s'appro-
chait, et Springer ne revenait point. Depuis l'événement
qui a^it menacé sa vie, c'était la première fois qu'il man-
quait d'exactitude ; et les frayeurs de Phédora furent sans
bornes : tout en cherchant à les calmer, Elisabeth les par-
tageait ; elle voulait aller au secours de son père, et ne pou-
vait se résoudre à quitter sa mère en pleurs. Jusqu'à cet
instant, Phédora, délicate et faible, n'avait jamais été au
delà des rives du lac ; mais la violence de son inquiétude lui
persuada qu'elle aurait des forces pour suivre sa fille et aller
chercher son époux. Toutes deux sortirent ensemble et
&UBABETH. 17
raarcbèrent vers la lande à travers le taillis. L'sûf étidt
très-froid, les sapins paraissaient des arbres de glace ; un
givre épais s'était attaché à chaque rameau et en blanchis-
sait la superficie ; une sombre brume couvrait l'horizon ;
l'approche de la nuit donnait encore à tous ces objets une
teinte plus lugubre, et la neige, unie comme un miroir, fai-
sait chanceler à chaque pas la faible Phédora. Elisabeth,
élevée dans ces climats et accoutumée à bi-aver les froids
les plus rigoureux, soutenait #a mère et lui prêtait sa force.
Ainsi on voit un arbre transplanté hors de sa patrie languir
dans une terre étrangère, tandis que le jeune rejeton qui naît
de ses racines, habitué à ce nouveau sol, élève des jets vi-
goureux, et en peu d'années soutient les branches du tronc
qui l'a nourri et protège de son ombre l'arbre qui lui donna
la vie. En approchant de la plaine, Phédora ne pouvait
plus marcher ; Elisabeth lui dit : " Ma mère, le jour va
finir, repose-toi ici, et laisse-moi aller seule jusqu'à la lisière
de la forêt ; si nous attendions plus longtemps, la nuit m'em-
pêcherait de distinguer mon père dans la lande." Phédora
s'appuya contre un sapin, et laissa partir sa fille. En peu
d'instants celle-ci eut atteint la plaine. Les tombeaux dont
elle est couverte y forment d'assez hauts monticules : debout
sur l'un d'eux, Elisabeth, le cœur navré, les yeux pleins de
larmes, regardait si elle n'apercevait pas son père ; elîè ne
voyait rien : tout était solitaire, silencieux, et l'obscurité
commençait à unir le ciel ^t la terre. Cependant un coup
de fusil parti à peu de distance lui rend toutes ses espé-
rances. Ce bruit, qu'elle n'entendait jamais que de la main
de son père, lui paraît un signe assuré que son père est là ;
elle se précipite de ce côté. Derrière une masse de rochers
elle voit un homme courbé à demi et qui paraissait chercher
quelque chose par terre, et lui crie : " Mon père, mon père,
est-ce toi ?" Cet homme se retourne ; ce n'était point
2*
18 ELISABETH.
Springer : son visage était jeune, beau, et à l'aspect d'Elisa-
beth il exprima une grande surprise. " Vous n'êtes point
mon père, reprit-elle avec douleur; mais ne l'avez- vous point
vu dans la steppe ? ne pouvez- vous me dire de quel côté je
pourrais le trouver ?-:-Je ne connais point votre père, répon-
dit-il ; mais je sais qu'à cette heure-ci vous ne devez point
rester seule dans cette lande ; vous y courez plusieurs dan-
gers, et vous devez craindre. . . — Ah ! interrompit-elle, je
ne crains rien dans le monde^ue de ne pas trouver mon
père." En parlant ainsi, elle élevait vers le ciel ses yeux,
dont la fierté et la tendresse, le courage et la douleur
peignaient si bien son âme et semblaient présager sa desti-
née. Le jeune homme en fut ému : il croyait rêver ; il
n'avait rien vu, jamais rien imaginé de pareil à Elisabeth.
Il lui demanda le nom de son père. " Pierre Springer, lui
dit-elle. — Quoi ! s'écria-t-il, vous êtes la fille de l'exilé de la
cabane du lac ? Tranquillisez- vous, je connais votre père ;
il n'y a pas ime heure que je l'ai quitté ; il à fait un détoui
pour entrer dans sa demeure ; mais il doit y être arrivé
maintenant." Elisabeth n'en écoute pas davantage ; elle
court vers le lieu où elle a laissé sa mère : elle l'appellie avec
des cris de joie, afin que sa voix la rassure avant même
qu'elle ait pu lui parler ; elle ne la trouve plus : éperdue,
elle fait retentir la forêt du nom de ses parents. Du côté
du lac, des voix lui répondent, elle double le pas, elle ar-
rive, et, sur le seuil de la cabane, elle voit son père et sa
mère ; elle s'y jette : en s'embrassant, ils s'expliquent ; cha-
cun d'eux était revenu dans la chaumière par un chemin
différent ; mais les voilà réunis, les voilà tranquilles. Alors
seulement Elisabeth s'aperçoit que le jeune homme l'a sui-
vie ; Springer le regarde, le reconnaît, et lui dit avec un
profond regret : " Il est bien tard, M. de SmolofF ; et ce-
pendant vous savez qu'il ne m'est pas permis de vous offrir un
ELISABETH. 19
asile, même pour une seule nuit. — M. de Smoloff ! s'écrient
Elisabeth et sa mère, notre libérateur, c'est lui qui est ici ?"
et toutes deux tombent ensemble à ses pieds ; Phédora les
baigne de ses pleure ; Elisabeth lui dit : " M. de SmolofF,
depuis trois ans que vous avez sauvé la vie de mon père,
nous n'avons pas passé un seul jour sans demander à Dieu
de vous bénir. — Ah ! il vous a entendue, puisqu'il m'a en-
voyé ici, répond le jeune homme avec une profonde émo-
tion, car le peu que j'ai fait ne méritiiit assurément pas un
pareil prix."
Cependant il était fort tard ; une profonde obscurité en-
veloppait toute la forêt ; le retour à Saïmka au milieu de la
nuit n'était pas sans danger, et Springer ne pouvait se ré-
soudre à refuser l'hospitalité à son libérateur ; mais il avait
promis sur la foi de l'honneur, au gouverneur de Tobolsk,
de ne recevoir personne dans sa demeure, et il lui était af-
freux de manquer à un pareil serment. Il proposa au jeune
homme de l'accompagner jusqu'à Saïmka. "J'allumerai un
flambeau, lui dit-il ; je connais les détours de la forêt, les
marais, les stagnes d'eau qu'il faut éviter ; je marcherai le
premier." Phédora effrayée se jeta au-devant de lui pour
l'arrêter. Smoloff prit la parole : " Permettez- moi, mon-
sieur, lui dit-il, de rester dans votre cabane jusqu'au jour ;
je sais quels sont les ordres de mon père, et les motifs qui
l'obligent à vous montrer tant de rigueur ; mais je suis sûr
qu'il nje permettrait en cettte occasion de vous délier de vo-
tre serment, et je vous réponds de revenir bientôt vous re-
mercier de sa part de l'asile que vous m'aurez accordé."
Springer prit la main du jeune homme ; il entra avec lui dans
la cabane, et tous deux s'assirent près du poêle, tandis que
Phédora et sa fille préparaient le souper.
Elisabeth était vêtue, selon l'usage des paysannes tartares.
avec un court jupon rouge relevé sur le côté, la jambe cou-
20 ELISABETH.
verte d'un pantalon de peau de renne, et les cheveux tom.
bant en tresses jusque sur ses talons ; un corset étroit et
bouconné sur le côté laissait voir toute l'élégance de sa
taille, et ses manches, retroussées jusqu'au coude, ne déro-
baient point la beauté de ses bras. La simplicité de son
costume semblait rehausser encore la dignité de son main-
tien, et tous ses mouvements étaient accompagnés d'une
grâce que Smoloff admirait avec une singulière émotion, et
dont il ne pouvait détacher ni ses regards ni son cœur.
Elisabeth ne le regardait pas avec moins de plaisir ; mais
dans ce plaisir tout était pur ; il ne venait que de la recon-
naissance qu'elle lui devait et des espérances qu'elle fondait
sur lui. Dieu lui-même, qui sonde jusqu'aux derniers re-
plis du cœur, n'aurait pas trouvé dans celui d'Elisabeth un
seul sentiment qui ne se rapportât à ses parents et qui ne
fut entièrement pour eux. Pendant le souper, le jeune
Smoloflf dit aux exilés qu'il n'était que depuis trois jours à
Saïmka ; qu'i avait appris que des loups affamés rava-
geaient le canton, et qu'avant peu on ferait une chasse géné-
rale pour les détruire. A cette nouvelle, Phédora se pressa
contre son époux en pâlissant : " Vous n'irez point, j'espère,
lui dit-elle, à cette chasse dangereuse; vous n'exposerez
pas votre vie, votre vie, le^ plus précieux de mes biens ? —
Hélas ! Phédora, que dites-vous ? reprit Springer avec un
sentiment d'amertume. Qu'est-ce que ma vie ? sans moi
seriez- vous ici ? savez- vous ce qui vous rendrait la liberté, à
vous et à votre enfant ? le savez- vous ?" Sa femme Vinterr
rompit par un cri douloureux : Elisabeth quitta sa place,
vint auprès de son père, lui prit la main et lui dit : " Mon
père, tu le sais, élevée dans ces forêts, je ne connais point
d'autre patrie ; ici, à tes côtés, ma mère et moi nous vivons
heureuses ; mais j'atteste son cœur comme le mien que
dans aucun lieu de la terre nous ne pourrions vivre sans toi.
ELISABETH. 2J
fût-ce dans ta patrie. — Entendez- vous, M. de Smoloff ? ré-
pliqua Springer ; vous croyez que de telles paroles de-
vraient me consoler, et elles enfoncent au contraire le poi-
gnard plus avant dans mon sein : des vertus qui devraient
faire ma joie font mon désespoir, quand je pense qu'à cause
de moi elles demeureront ensevelies dans ce désert ; qu'à
cause de moi Elisabeth ne sera point connue, ne sera point
aimée." La jeune fille l'interrompit vivement par ces mots :
" mon père ! me voici .entre ma mère et toi, et tu dis que
je ne serai point aimée ?" Springer, sans pouvoir modérer
sa douleur, continua ainsi : " Jamais tu ne jouiras de ce
plaisir que je te dois ; jamais la voix d'un enfant adoré ne
te fera entendre de si douces paroles : tu vivras q^ule ici,
sans époux, sans famille, comme un faible oiseau égaré dans
le désert. Innocente victime, tu ne connais point les biens
que tu perds; mais moi, qui ne peux plus te les donner, j'ai
tout perdu." Pendant cette scène, le jeune Smoloff avait
essuyé ses larmes plus d'une fois ; il voulut parier, sa voix
était altérée. Cependant il dit : " Monsieur, dans la place
triste qu'occupe mon père, vous devez croire que je ne suis
pas étranger au malheur ; souvent j'ai parcouru les divers
cercles de son vaste gouvernement : que de larmes j'ai re-
cueillies ! que de douleurs solitaires j'ai entendues gémir !
J'ai vu, j'ai vu dans les déserts de l'affreux Bérésof des in-
fortunés qui vivaient sans amis, sans famille ; jamais ils ne
recevaient une tendre caresse, jamais Une douce parole ne
réjouissait leur cœur : isolés dans le monde, séparés de tout,
ils n'étaient pas seulement exilés, ils étaient malheureux. —
Et quand le ciel t'a laissé ta fille, interrompit Phédora,
d'un ton de reproche et d'amour, tu dis que tu as tout
perdu ; si le ciel te l'ôtait, que dirais-tu donc ?" Spring-
er tressaUlit: il prit la main de sa fille, et, la serrant
sur son cœur avec celle de sa femme, il répondit en les
22 ttUBABEm.
regardant toutes deux : " Ah ! je le sens, je n'ai pas tout
P'^rdu,"
v^uand le jour parut, le jeune Smoloff prit congé des exi-
lés. Elisabeth le voyait partir avec regret, car elle était im-
patiente de lui révéler son projet, de lui demander sa pro-
tection ; elle n'avait pas trouvé un moment pour lui parler
en particulier ; ses parents ne Tavaient pas quittée, et elle ne
voulait pas s'expliquer devant eux : elle espéra qu'en le vo-
yant souvent, elle trouverait l'occasion de l'entretenir. Aussi
lui dit-elle très- vivement : " Ne reviendrez-vous pas, mon-
sieur ? Ah ! promettez-moi que ce jour-ci n'est pas le der-
nier où j'aurai vu le sauveur de mon père !" Springer fut
surpris de ces paroles, surtout de l'air dont elles étaient pro-
noncées ; une secrète inquiétude le saisit. Il se rappela les
ordres du gouverneur et assura qu'il n'y désobéirait pas
deux fois. Smoloff répondit qu'il était certain d'obtenir de
son père une exception pour lui, et que dès ce jour même il
allait retourner à Tobolsk pour la solliciter. " Mais, mon-
sieur, continua-t-il, en réclamant ses bontés pour moi, ne lui
dirai- je rien pour vous ? ne serai-je pas assez heureux pour
vous servir ! n'avez- vous rien à lui demander ? — Rien, mon-
sieur," répliqua Springer d'un air grave. Le jeune homme
baissa tristement les yeux vers la terre, et puis, s'adressant à
Phédora, il lui fit la môme question. " Monsieur, répondit-
elle, je voudrais qu'il me donnât la permission d'aller tous
les dimanches entendre la messe à Saïmka avec ma fille."
Smoloff s'engagea à la lui faire obtenir, et s'éloigna emportant
toutes les bénédictions de la famille et les vœux secrets
d'Elisabeth pour son prompt retour. En s'en retournant, il
n'était occupé que d'elle ; il n'avait plus d'autre pensée.
Cette jeune fille, qui lui était apparue la veille dans ce désert
sous une forme si belle, avait commencé par frapper son
imagination ; bientôt, en la voyant auprès de ses parents,
ELISABETH. 23
8on cœur avait été profondément touché ; il se retraçait ses
moindres paroles, son air, ses regards, surtout le dernier mot
qu'elle lui avait dit. Sans ce mot, peut-être une sorte de
respect Teût-il empêché de Taimer, mais cette vivacité avec
laquelle Elisabeth avait exprimé le désir de le revoir, cette
prière dont l'accent décelait un sentiment si tendre lui firent
croire qu'elle avait été émue comme lui. Sa jeune imagina-
tion s'exaltant par cette pensée, il se persuada que la ren-
contre de la veille n'était pas un coup du hasard, qu'une mu-
tuelle sympathie avait agi sur Elisabeth comme sur lui, et il
était impatient de lire dans son cœur innocent la confirmation
de tout ce qu'il osait espérer. Ah î qu'il était loin de devi-
ner ce qu'il devait y lire un jour !
Cependant, depuis la visite de Smoloff, la tristesse de
Springer avait pris un caractère plus sombre. Le souvenir
de ce jeune homme si aimable, si généreux, si intrépide, lui
rappelait sans cesse l'époux qu'il aurait désiré à sa fille ;
mais sa triste position lui interdisant toute pensée de ce
genre, loin de désirer le retour de SmolofF, il le craignait ;
car Elisabeth pouvait être sensible, et c'eût été le dernier
terme du malheur pour son cœur paternel que de voir sa fille
atteinte par la secrète douleur d'un amour sans espoir.
Un soir, plongé dans ses rêveries, la tète entre ses
deux mains, le coude appuyé sur le poêle, il poussait
de profonds soupirs. Phédora, à cet aspect, avait laissé
tomber son aiguille ; les yeux fixés sur son époux, le cœur
plein d'anxiété, elle demandait au ciel de lui inspirer ces pa-
roles qui consolent et qui ont le pouvoir de faire oublier le
malheur. Un peu plus loin dans l'ombre, Elisabeth les re-
gardait tous deux, et songeait avec joie qu'un jour viendrait
peut-être où ils ne pleureraient plus. Elle ne doutait point
que SmolofF ne consentît à favoriser son entreprise : un
secret instinct lui répondait d'avance qu'il en serait touché.
24 ELISABETH.
et qu'il la protégerait ; mais elle craignait le refus de ses
parents, surtout celui de sa mère. Cependant, comment
partir sans leur aveu, sans savoir le nom de leur patrie, et
pour quelle faute elle allait demander grâce ? Elle sentit
qu'il fallait leur ouvrir son cœur, et que le moment était
venu. Elle mit un genou en terre pour demander à Dieu
de disposer ses parents à l'entendre ; ensuite elle s'approcha
doucement de son père, et demeura debout derrière lui, ap-
puyée contre le dossier de la chaise oii il était assis. Elle
garda le silence un moment, dans l'espoir qu'il lui parlerait
peut-être le premier ; mais voyant qu'il ne quittait point son
attitude pensive, elle commença ainsi : " Mon père, permets-
moi de t'adresser une question." Il releva la tête, et lui fit
signe qu'elle le pouvait. ♦" L'autre jour, quand le jeune
Smoloff te demanda si tu ne désirais rien : Rien, lui répon«
dis-tu ; est-il vrai, ne désires-tu rien ? — Rien qu'il puisse me
donner. — Et qui pourrait te donner ce que tu désires ? —
L'équité, la justice ! — Mon père, où peut-on les trouver ? —
Dans le ciel, sans doute ; mais sur la terre, jamais, jamais."
Ayant parlé ainsi, les noirs soucis qui ombrageaient son front
prirent une teinte plus sombre, et il laissa retomber sa tète
dans ses mains. Après une courte pause, Elisabeth reprit
la parole, et d'une voix plus animée elle dit : " Mon père,
ma mère, écoutez-moi : c'est aujourd'hui que j'accomplis ma
dix-septième année ;- c'est aujourd'hui que j'ai reçu de vous
cette vie qui me sera si chère, si je puis vous la consacrer ;
ce cœur, avec lequel je vous aime et vous révère comme les
images vivantes du Dieu du ciel. Depuis ma naissance,
chacun de mes jours a été marqué par vos bienfaits ; je n'ai
pu y répondre encore que par ma reconnaissance et ma ten-
dresse ; mais qu'est-ce que ma reconnaissance, si elle ne se
montre point? qu'est-ce que ma tendresse, si je ne puis
vous la prouver ? mes parents ! pardonnez à l'audace
ÂLISABETH. 25
de votre fille ; mais, une fois en sa vie, elle voudrait faire
pour vous ce que vous n*avez cessé de faire pour elle de-
puis sa naissance. Ah ! daignez enfin verser dans son sein
le secret de tous vos malheurs. — Ma fille, que me demandes-
tu? interrompit très-vivement son père. — Que vous m'in-
struisiez de tout ce que j'ai besoin de savoir pour vous
montrer tout mon amour, et Dieu sait quel motif m'anime,
lorsque j'ose vous adresser un pareil vœu." En disant ces
mots, elle tomba aux genoux de son père, et éleva vers lui
des regards suppliants. Un sentiment si grand, si noble,
brillait dans ses yeux, à travers les larmes dont ils étaient
pleins, et l'héroïsme de son* âme jetait quelque chose de si
divin sur l'humilité de son attitude, que Springer entrevit à
l'instant une partie de ce que sa fille pouvait vouloir. Sa
poitrine s'oppressa : il ne pouvait ni parler, ni pleurer ; il
demeurait silencieux, immobile, accablé comme devant la
présence d'un ange : l'excès de l'infortune n'avait point eu
la puissance de remuer son cœur, comme venaient de le
faire les paroles d'Elisabeth ; et cette âme si ferme, que les
rois n'intimidaient point, et que l'adversité ne pouvait abat-
tre, attendrie à la voix de son enfant, cherchait en vain sa
force et ne la trouvait plus. Pendant que Springer gardait
le silence, lisabeth demeurait toujours prosternée devant
lid. Sa mère s'approcha pour la relever. Placée derrière
sa fille, elle n'avait pu voir, lorsque celle-ci était tombée à
genoux, ni le geste, ni le regard qui venaient de révéler son
sublime secret à son père, et elle était restée bien loin du
malheur qui menaçait sa tendresse. " Pourquoi, dit-elle à
son époux, pourquoi refuserais-tu de lui confier nos secrets ?
est-ce que sa jeunesse t'effraie ? crains-tu que l'âme d'Elisa-
beth ne s'afflige jusqu'à la faiblesse, de la grandeur de nos
revers ? — Non, reprit le père en regardant fixement sa fille,
non, ce n'est pas sa faiblesse que je crains." A ces mots,
3
26 ELISABETH.
Elisabeth ne douta pas que son père ne Teût comprise;
elle lui serra la main, mais en silence, afin de n*ètre en* jndue
que de lui ; car elle connaissait le cœur de sa mère, et était
bien aise de retarder l'instant qui devait le déchirer. " Mon
Dieu ! s'écria Springer, pardonnez mes murmures ; je con-
naissais tous les biens que vous m*aviez ravis et non ceux
que vous me destiniez. Elisabeth tu as effacé en ce jour
douze années d'adversité. — Mon père, répondit-elle, puis-
qu'on entend de semblables paroles sur la terre, ne dis plus
qu'il ne s'y trouve pas de bonheur ; mais parle, réponds-
moi, je t'en conjure : quel est ton nom, ta patrie, tes mal-
heurs ? — ^Mes malheurs, je n'en ai plus ; ma patrie, où je
vis près de toi ; mon nom, l'heureux père d'Elisabeth. — O
mon enfant ! interrompit Phédora, je pouvais donc t'aimer
davantage ! tu viens de consoler ton père." A ces mots,
la fermeté de Springer fut tout à fait vaincue ; il serra dans
ses bras sa femmç et sa fille, et les baignant de ses larmes, il
répétait d'une voix entrecoupée : " Mon Dieu, pardonnez,
j'étais un ingrat, pardonnez, ne punissez pas." Quand cette
violente émotion fut un peu calmée, Springer dit à sa fille :
" Mon enfant, je vous promets de vous instruire de tout ce
que vous désirez savoir ; mais attendez quelques jours en-
core, je ne pourrais vous parler de mes malheurs aujourd'hui ;
vous venez de me les faire oublier."
L'obéissante Elisabeth n'osa point le presser davantage, et
attendit avec respect l'instant où il voudrait s'expliquer ;
mais elle l'attendit vainement, Springer semblait le craindre
et le fuir; il avait deviné son projet, et aucun terme ne
pouvait exprimer l'admiration et la reconnaissance de ce
tendre père : il ne se sentait pas le droit de refuser à sa fille
le consentement qu'elle allait lui demander ; mais il ne se
sentait pas non plus le courage de le donner. Sans doute ce
moyen était le seul qui lui laissât quelque espérance de sor-
ELISABETH. 27
tir de Texil et de replacer Elisabeth au rang qui lui était dû ;
mais quand il considérait les fatigues inouïes et les terribles
dangers de ce voyage, il n'en pouvait supporter la pensée.
Pour rétablir sa famille et retrouver son pays, il eût
donné sa vie ; mais il ne pouvait pas risquer celle de sa
fiUe.
Le silence de Springer dictait à Elisabeth la conduite
qu'elle devait tenir ; elle était sûre que son père Tavait de-
vinée, qu'il était touché de ce qu'elle voulait faire ; mais s'il
eût approuvé son projet, aurait-il évité avec tant de soin de
lui en parler ? En effet, ce projet était si extraordinaire,
que ses parents ne pouvaient le voir que comme une pieuse
et tendre folie. Pour parvenir à le leur faire adopter, il
était nécessaire qu'elle le présentât sous le jour le plus fa-
vorable, dégagé de ses plus grands obstacles, protégée de
l'aide et des conseils de Smoloflf. Jusque-là il serait rejeté,
elle n'en doutait point. Elle se décida donc à se taire en-
core, et à n'achever d'ouvrir son cœur à ses parents que
quand elle aurait eu un entretien avec Smolofif sur ce sujet.
Comme elle prévoyait aussi qu'une des plus fortes raisons
que ses parents opposeraient à son départ serait l'impossibi-
lité de lui laisser faire à son âge huit cents lieues à pied
dans le climat le plus rigoureux du monde, et pour répondre
d'avance à cette difficulté, elle essayait chaque jour ses forces
dans les landes d'Ischim : aucun temps ne la retenait ; soit
que le vent chassât la neige avec violence, soit qu'un brouil-
lard épais lui cachât la vue de tous les objets, elle partait
toujours, quelquefois malgré ses parents, et s'exerçait ainsi,
peu à peu, à braver leurs ordres et les tempêtes.
Les hivers de Sibérie sont sujets aux orages ; souvent, au
moment oh le ciel paraît le plus serein, des ouragans terri-
bles viennent l'obscurcir tout à coup. Partis des deux points
opposés de l'horizon, l'un arrive chargé de toutes les glaces
28 ELISABETH.
de la mer du Nord, et l'autre dés tourbillons orageux de la
mer Caspienne : s*ils se rencontrent, s'ils se cho^^uent, les
sapins opposent en vain à leur furie leurs troncs lobustes et
leurs longues pyramides; en vain les bouleaux plient jusqu'à
terre leurs flexibles rameaux et leur mobile feuillage : tout
est rompu, tout est renversé ; les neiges roulent du haut des
montagnes ; entraînées par leur chute, d'énormes masses de
glace éclatent et se brisent contre la pointe des rochers qui
se brisent à leur tour ; et les vents, s'emparant des débris
des monts qui s'écroulent, des cabanes qui s'abîment, des
animaux qui succombent, les enlèvent dans les airs, les
poussent, les dispersent, les rejettent vers la terre, et cou-
vrent des espaces immenses de ruines de toute la nature.
Dans une matinée du mois de janvier, Elisabeth fut sur-
prise par une de ces horribles tempêtes ; elle était alors dans
la grande plaine des Tombeaux, près de la petite chapelle
de bois. A peine vit-elle le ciel s'obscurcir, qu'elle se réfu-
gia dans cet asile sacré. Bientôt les vents déchaînés vinrent
heurter contre ce frêle édifice, et, l'ébranlant jusqu'en seg
fondements, menaçaient à toute heure de le renverser. Ce-
pendant Elisabeth, courbée devant l'autel, n'éprouvait aucun
effroi, et l'orage qu'elle entendait gronder autour d'elle at-
teignait tout, hors son cœur. Sa vie pouvant être utile à
ses parents, elle était sûre qu'à cause d'eux Dieu veillerait
sur sa vie, et qu'il ne la laisserait pas mourir avant qu'elle
les eût délivrés. Ce sentiment, qu'on nommera superstitieux
peut-être, mais qui n'était autre chose que cette voix du ciel
que la piété seule sait entendre ; ce sentiment, dis-je, inspi-
rait à Elisabeth un courage si tranquille, qu'au milieu du
bouleversement des éléments et sous l'atteinte même de la
foudre, elle ne put s'empêcher de céder à la fatigue qui
l'accablait, et, se couchant au pied de l'autel où elle ve-
nait de prier, elle s'endormit paisiblement comme l'inno-
ÉUBÂBETTH. 26
eence dans les bras d'un père, comme la vertu sur la foi d'un
Dieu.
En ce même jour, Smoloff était revenu de Tobolsk ; son
premier soin, en arrivant à Saïmka, avait été de se rendre à
la cabane des exilés. Il apportait à Phédora la permission
qu'elle avait sollicitée. Elle et sa fille allaient être libres
de se rendre tous les dimanches à l'office de Saïmka ; mais,
loin que cette grâce s'étendît jusqu'à Springer, les ordres de
la cour à son égard étaient plus sévères que jamais, et, en
permettant à Smoloflf de le revoir une fois encore, le gouver-
neur de Tobolsk avait plus consulté son cœur que son de-
voir. Au reste, cette visite devait être la dernière, le jeune
homme l'avait juré à son père. Il était cruellement affligé
de tant de rigueur ; mais, en s'avançant vers la demeure
d'Elisabeth, insensiblement sa tristesse se changeait en joie,
et il sentait moins le chagrin qu'il aurait à la quitter que le
charme qu'il allait goûter à la revoir. Dans la première
jeunesse, la jouissance du bonheur présent a quelque chose
de si vif, de si complet, qu'elle fait oubher toute pensée d'a-
venir. On est alors trop occupé d'être heureux pour songer
si on le sera toujours, et la félicité remplit si bien le cœur,
que la crainte de la perdre n'y peut trouver place. Mais en
entrant dans la cabane, Smoloff chercha vainement Elisa-
beth ; elle n'y était point : il prévit qu'il serait peut-être
obligé de repartir avant qu'elle fût de retour, et le sincère
jeune homme ne sut point dissimuler sa peine. En vain
Phédora, bénissant la main qui lui rouvrait la maison de
Dieu et celle qui avait sauvé son époux, lui adressait les
plus tendres expressions de sa réconnaissance ; en vain
Springer le nommait l'appui, la providence des infortunés, il
demeurait faiblement touché de ce qu'il entendait ; il répon-
dait à peine, et le nom d'Elisabeth s'échappait à tout mo-
ment de sa bouche. Son trouble révéla aux exilés une par-
8*
80 ELISABETH.
tîe de son socret : peut-être en devînt-il plus cher à Pbé-
dora. Cet amour, dont sa fille était Tobjet flattait vive-
ment son orgueil, et ce n'est pas un faible orgueil que celui
d'une mère. Springer, moins accessible à cette tendre fai-
blesse, et craignant seulement que sa fille ne s'aperçût d'un
sentiment qui pouvait troubler son repos, pressait Smoloff
d'obéir à son père, en terminant au plus vite une visite que
sous mille prétextes ce jeune homme s'efforçait de prolon-
ger. Sur ces entrefaites, Forage se déclara, et les exilés
tremblèrent pour leur fille. " Elisabeth ! que va devenir
mon Elisabeth !" s'écriait la mère désolée. Springer prit
son bâton en silence et ouvrit la porte pour aller chercher
sa fille ; Smoloff se précipita sur ses pas. Le vent souf-
flait avec violence ; les arbres se rompaient de t'^us côtés, il
y allait de la vie à traverser la forêt. Springer voulut le
représenter à Smoloff, et l'empêcher de le suivre ; il ne put
y réussir : le jeune homme voyait bien le péril, mais il le
voyait avec joie : il était heureux de le braver pour Elisa-
beth. Les voilà tous deux dans la forêt. " De quel côté
irons- nous ? demande Smoloff. — Vers la grande lande, re-
prend Springer : c'est là qu'elle va tous les jours, j'espère
qu'elle se sera réfugiée dans la chapelle." Ils n'en disent
pas davantage, ils ne se parlent point ; leur inquiétude est
pareille, ils n'ont rien à s'apprendre ; ils marchent avec la
même intrépidité, s'inclinant, se baissant pour se garantir du
choc des branches fracassées, de la neige que le vent chas-
sait dans leurs yeux, et des éclats de rochers que la tempête
faisait tourbillonner sur leurs têtes. En atteignant la lande,
ils cessèrent d'être menacés par le déchirement des arbres
de la forêt ; mais sur cette plaine rase ils étaient poussés,
renversés par les rafales de vent qui soufflaient avec furie ;
enfin, après bien des efforts, ils gagnèrent la petite chapelle
de bois où ils espéraient qu'Elisabeth se serait réfugiée:
ItLISABETH. 31
maïs en apercevant de loin ce pauvre et faible abri dont les
branches disjointes craquaient horriblement et semblaient
prêtes à s'enfoncer, ils commencèrent à frémir de Tidée
qu'elle était là. Animé d'une ardeur extraordinaire, Smo-
loff devance le père de quelques pns ; il entre le premier, il
voit. . . est-ce un songe ? il voit Elisabeth, non pas effra-
yée, pâle et tremblante, mais doucement endormie au pied
de l'autel. Frappé d'une inexprimable surprise, il s'arrête,
la montre à Springer en silence, et tous deux, par un même
sentiment de respect, tombent à genoux auprès de l'ange
qui dort sous la protection du ciel. Le père se penche sur
le visage de son enfant, le jeune homme baisse les yeux
avec modestie, et se recule, comme n'osant regarder de trop
près une si divine innocence. Elisabeth s'éveille, reconnaît
son père, se jette dans ses bras, et s'éciie : " Ah ! je le sa-
vais bien que tu veillais sur moi !" Springer la serre dans
ses bras avec une sorte d'étreinte convulsive. ** Malheu-
reuse enfant, lui dit-il, dans quelles angoisses tu nous as
jetés, ta pauvre mère et moi ! — Mon père, pardonne-moi ses
larn»es, répond Elisabeth, et allons les essuyer." Elle se
lève et voit Smoloffl " Ah ! dit-elle avec une douce sur-
prise, tous mes protecteurs veillaient donc sur moi : Dieu,
mon père et vous !'/ Le jeune homme retient son cœur
prêt à s'échapper. ** Imprudente, reprend Springer, tu
parl'îs d'aller retrouver ta mère, sais-tu seulement si le re-
tov est possible, et si ta faiblesse résistera à la violence de
la tempête, quand M. de Smoloff et moi n'y avons échappé
que par miracle ? — Essayons, répond-elle ; j'ai plus de forces
que tu ne crois ; je suis bien aise que tu t'en assures, et que
tu voies toi-même ce que je puis faire pour consoler ma
mère." En parlant ainsi ses yeux brillent d'un si grand cou-
rage, que Springer voit bien qu'elle n'a point abandonné son
projet ; elle s'appu^ sur le bras de son père, elle s'appuie
32 AUSABETH.
aussi sur celui de Smoloff : tous deux la soutiennent, tous
• deux garantissent sa tête, en la couvrant de leurs vastes
manteaux. Ah î c'est bien alors que Smoloff ne peut s'em-
pêcher d'aimer ce tonnerre, ces vents épouvantables qui font
chanceler Elisabeth et l'obligent à se presser contre lui. D
ne craint point pour sa propre vie qu'il exposerait mille fois
pour prolonger de pareils moments ; il ne craint point pour
celle d'Elisabeth, il est sûr de la sauver ; dans l'exaltation qui
le possède, il défierait toutes les tempêtes de pouvoir l'en
empêcher.
Cependant le ciel ne menace plus, les nuages s'éclaircis-
sent, ils cessent de fuir avec une affrayante rapidité ; le vent
tombe et s'apaise ; le cœur de Springer se rassure, celui de
Smoloff gémit. Elisabeth dégage son bras, elle veut mar-
cher seule ; elle veut braver, aux yeux de son père, ce reste
d'orage qui agite encore les airs ; elle est fière de ses forces,
éprouve une sorte d'orgueil à les montrer à son père ; elle
espère le convaincre qu'elle n'en manquera point pour aller
chercher sa grâce, fallût-il aller la chercher à l'autre extré-
mité du monde.
Phédora les reçoit tous trois dans ses bras, en bénissant le
Dieu qui les ramène, et console sa fille des larmes que sa fille
vient de lui coûter ; elle fait sécher ses bottes de poil d'écu-
reuil, lui ôte son bonnet fourré, et peigne ses longs cheveux.
Ces soins maternels, si simples et si tendresj qu'Elisabeth re-
çoit tous les jours, et dont son cœur est tous les jours plus
touché, émeuvent vivement le jeune Smoloff ; il sent qu'il
est impossible d'aimer Elisabeth sans aimer aussi sa mère,
et qu'au bonheur d'être l'époux de cette jeune fille tient un
bonheur presque aussi grand, celui d'être le fils de Phé-
dora.
L'orage était entièrement dissipé, le ciel était serein, la
nuit s'approchait. Springer prit la mam du jeune homme.
ELISABETH. 33
la serra avec un sentiment douloureux et tendre, et lui rap-
pela qu'il était temps de partir. Alors seulement Elisabeth
apprit qu'il était venu pour la dernière fois : elle rougit et
se troubla. " Quoi ! lui dit-elle, ne vous reverrai-je plus !
—Ah ! répond-il avec une grande vivacité, tant que je serai
libre, et aussi longtemps que vous habiterez ces déserts, je
ne quitte plus Saïmka ; je vous* verrai dans la forêt, dans la
plaine, sur les bords du fleuve : je vous verrai partout." Il
s'arrête subitement, surpris lui-même de ce qu'il éprouve et
de ce qu'il exprime ; mais il n'a point été compris par Elisa-
beth : dans ce qu'il vient de dire, elle n'a vu que la cer-
titude de pouvoir bientôt lui confier ses projets ; et, ras-
surée par cette espérance, elle le voit partir avec moins de
regret.
Quand le dimanche fut arrivé, Elisabeth et sa mère se
préparèrent de bonne heure à partir pour Saïmka. Springer
leur dit adieu, le cœur un peu serré ; depuis leur exil, c'était
la première fois qu'il restait seul dans sa chaumière : mrds
il sut dérober son émotion à leurs yeux, et les bénit d'une
voix calme en les recommandant aux bontés du Dieu qu'elles
allaieit implorer. Le temps était beau, la route lear parut
courte ; la jeune paysanne tartare leur servit de guide
dans la forêt et jusqu'au village de Saïmka. En entrant
dans l'église, les regards de tout le monde se tournèrent
vers elles ; mais elles ne tournèrent les lem*s que vers
Dieu.
Le cœur plein d'une égale piété, la tête baissée, elles s'a-
vancèrent vers l'autel, se prosternèrent humblement, pro-
noncèrent les mêmes vœux en faveur du môme objet ; et si
ceux d'Elisabeth furent plus étendus que ceux de sa mère.
Dieu ne les entendit pas moins.
Pendant tout le temps de la cérémonie, cette jeune fille
no leva pas le voile qui couvrait son visage; sa pensée.
34 ELISABETH.
toute à Dieu et à son père, ne fut pas même jusqu'à celm
dont elle attendait du secours. Le pieux concert de toutes
les voix qui se réunissaient pour chanter Thymne divin lui fit
une impression profonde et qui tenait de Textase ; elle n'a-
vait jamais entendu rien de pareil ; il lui semblait voir les
cieux ouverts et Dieu lui-même lui présenter un de ses anges
pour la conduire pendant sa route. Cette vision ne cessa
qu'avec la musique : alors seulement Elisabeth leva la tête,
et le premier objet qu'elle vit fut le jeune Smoloff debout à
quelques pas, le dos appuyé contre un pilier, et les yeux
fixés sur elle avec la plus tendre expression. Elle crut voir
l'ange que Dieu venait de lui promettre, l'ange qui devait
l'aider à délivrer son père ; elle le regarda avec beau-
coup de reconnaissance. Smoloff fut ému ; ce regard lui
semblait d'accord avec ce qu'il trouvait dans son propre
cœur.
En sortant de l'église, il proposa à Phédora de la recon-
duire dans son traîneau jusqu'à l'entrée de la forêt ; elle y
consentit avec joie : c'était un moyen de retrouver plus tôt
son époux ; mais Elisabeth éprouva un véritable chagrin
de cet arrangement. En marchant à pied, elle se «flattait
de trouver le moment de parler en secret à Smoloff : dans
un traîneau, cela devenait impossible. Pouvait-elle s'ou-
vrir devant sa mère, qui, n'ayant aucune idée de son pro-
jet, le repousserait avec effroi, et défendrait au jeune homme
d'y donner le moindre encouragement ? Cependant allait-
elle encore perdre cette occasion favorable, cette occgigion
peut-êt.e unique, de révéler son projet à Smoloff? Le
trouble, l'incertitude agitaient son cœur; déjà le traîneau
touchait aux premiers arbres de la forêt ; Smoloff lui-même
avait déclaré ne pouvoir pas aller plus loin. Cependant, ne
pouvant se résoudre à quitter sitôt Elisabeth, il poussa jus-
qu'aux bords du lac; mais* là il fallut s'arrêter. Phédora
ELISABETH. 35
descendit la première ; en lui donnant la main il lui dit :
" Ne venez-vous pas vous promener ici quelquefois ?" Eli-
sabeth, qui descend après sa mère, répond d'une voix basse
et précipitée : " Non pas ici ; mais demain, demain, dans la
petite chapelle de la plaine." Elle venait de donner un
rendez-vous, mais elle ne le savait pas ; elle croyait n'avoir
parlé que pour son père ; et, en voyant dans les yeux de
Smoloff qu'il avait entendu sa prière, une douce joie éclata
dans les siens.
Tandis que sa mère et elle marchent vers leur cabane,
Bmoloff s'en retourne seul à travers la forêt, plongé dans
les plus délicieuses rêveries. Après ce qu'il vient d'enten-
dre, comment ne serait-il pas sûr d'être aimé d'Elisabeth ?
et, avec ce qu'il connaît d'elle, comment ne serait-il pas
ù-ànsporté de son bonheur ?
Ce ne fut point avec le trouble d'une démarche hasardée,
mais avec toute la sécurité de l'innocence, qu'Elisabeth se
rendit le lendemain à la petite chapelle de bois. Sa marche
était plus légère, plus rapide ; elle faisait les premiers pas
vers la déUvrance de son père. Le soleil jetait sa lumière
sur une plaine de neige ; mille glaçons attachés aux arbres
multipliaient sa brillante image sous toutes les formes et
dans des miroirs de toutes les grandeurs ; mais cet éclat si
divin et si pur était moins pur et moins divin que le cœur
d'Elisabeth. Elle entre dans la chapelle ; Smoloff n'y est
point encore : ce retard la trouble, un léger nuage paraît
dans ses yeux. Ah ! ce n'est ni la vanité ni l'amour qui l'y
place. En ce comment ni les faiblesses ni les passions ne
peuvent s'élever jusqu'à Elisabeth ; mais elle craint qu'un
accident, une circonstance imprévue, n'arrêtent les pas de
celui qu'elle attend. Inquiète, elle demande à Dieu de ne
pas prolonger plus longtemps l'incertitude où elle vit. Tan-
dis qu'elle prie, Smoloff accourt ; il est surpris qu'elle Tait
86 ELISABETH.
devancé, il s'était hâté beaucoup. On va vite sans doute
quand c'est la passion qui entraine ; mais Elisabeth venait de
prouver en ce jour que la vertu qui court à son devoir peut
aller plus vite encore.
En voyant Smoloff, elle lève les yeux et les mains au ciel,
et se tournant ensuite vers lui avec une grâce vive et tou-
chante : " Ah ! monsieur, lui dit-elle, avec quelle impa-
tience je vous attendais !" Ces mots, l'expression de ses
regards, ce rendez-vous, l'exactitude qu'elle à mise à s'y
rendre, tout confirme au jeune homme qu'il est aimé ; il va
aussi dire qu'il aime, elle ne lui en donne pas le temps.
" M. Smoloflf, s'écrie-t-elle, écoutez-moi ; j'ai besoin de vous
pour sauver mon père, promettez-moi votre appui." Ce
peu de mots confond toutes les idées du jeune homme:
troublé, confus, il pressent sa méprise, mais n'en aime pas
moins Elisabeth. Il tombe à genoux, elle croit que c'est
devant Dieu : non, c'est devant elle ; il jure d'obéir. Elle
reprend ainsi : " Depuis que j'ai commencé à me connaître,
mes parents ont été ma seule pensée ; leur amour, mon
unique bien ; leur bonheur, le but de ma vie entière. Ils
sont malheureux. Dieu m'appelle à les secourir, et il ne vous
a envoyé ici que pour m'aider à remplir ma destinée. M. de
SmolofF, je veux aller à Péterebourg demander la grâce de
mon père." Il fit un geste de surprise comme pour combat-
tre ce projet ; elle se hâta d'ajouter : " Je ne pourrais vous
dire moi-même depuis quel temps cette pensée est entrée
dans mon esprit ; il me semble que je l'ai reçue avec la vie,
que je l'ai sucée avec le Imt ; elle est la première dont je
me souvienne, elle ne m'a jamais quittée : je m'endors, je
m'éveille, je respire avec elle ; c'est elle qui m'a toujours oc-
cupée auprès de vous ; c'est elle qui m'amène ici ; c'est elle
qui m'inspire le courage de ne craindre ni la fatigue, ni la
misère, ni la mort, ni les rebuts ; c'est elle qui me ferait dé-
ATJSABETH. 87
ftobéir à mes parents s'ils m'ordonnaient de ne pas partir.
Vous voyez, M. de Smoloff, qu'il serait inutile de me com-
battre, et que de pareilles résolutions ne peuvent être ébran-
lées." Pendant ce discours les tendres espérances du jeune
homme s'étaient tontes évanouies ; mais il goûtait jusqu'à
l'ivresse le sentiment de l'admiration, et l'héroïsme de cette
jeune fille lui arrachait des larmes aussi douces peut-être
que celles de l'amour. " Ah 1 lui dit-il, heureux, mille fois
heureux que vous m'ayez choisi pour vous entendre, pour
vous aider ; mais vous ne connaissez point tous les obsta-
cles. . . — Deux seuls m'ont inquiétée, interrompit-elle, et
il n'y a peut-être que vous au monde qui puissiez les lever.
— ^Parlez, parlez, lui dit- il, impatient d'obéir : que pouvez-
vous demander qui ne soit au-dessous de ce que je voudrais
faire ? — Ces obstacles, les voici, répondit Elisabeth : j'ignore
la route que je dois prendre, et je ne suis pas sûre que ma
fuite ne nuise pas à mon père ; il faut donc que vous m'in-
diquiez mon chemin, les villes que je trouverai sur mon pas-
sage, les maisons hospitalières qui recueilleront ma misère,
le moyen le plus sûr de faire passer ma requête à l'empe-
reur ; mais, avant tout, il faut que vous me répondiez que
votre père ne punira pas le mien de mon absence." Smoloff
en répondit : " Mais, Elisabeth, ajouta-t-il, savez- vous à quel
point l'empereur est irrité contre votre père? savez- vous
qu'il le regarde comme son plus mortel ennemi ? — J'ignore,
lui dit-elle, de quel crime on peut l'accuser ; je ne connais
encore ni son vrai nom ni sa patrie ; mais je suis sûre de
son innocence. — Quoi ! repartit Smoloff, vous ne savez point
quel était le rang de votre père, ni le nom que vous lui
rendrez ? — Non, je ne les sais point, répondit-elle. — fille
étonnante ! s'éeria-t-il, pas un mouvement d'orgueil, de va-
nité dans ton dévouement ; tu ne sais point ce que tu vas
reconquérir : tu n'as pensé qu'à tes parents ; mais qu'est-ce
4
88 ÉUSABETU.
que la grandeur de ta naissance devant celle de ton âme l
qu'est-ce auprès de tes sentiments que le nom des. . .
— Arrêtez, interrompit-elle vivement, ce secret est celui de
mon père, et je ne dois l'apprendre que de lui. — Elle a
raison, repartit Smoloff dans une sorte d'enthousiasme ; rien
n'est assez bien pour elle quand elle peut encore faire mieux.
—La jeune fille reprit la parole pour lui demander quand D.
lui donnerait les lumières dont elle avait besoin pour sa
route. " Je vais j travailler, lui dit-il ; mais, Elisabeth,
croyez- vous que vous puissiez traverser les trois mille cinq
cents verstes qui séparent le cercle d'Ischim de la province
d'Ingrie, seule, à pied, sans secours ?^-Ah ! s'écria-t-elle en
se prosternant devant l'autel, celui qui m'envoie au secours
de mes parents ne m'abandonnera pas." SmolofF, les yeux
pleins de larmes, lui répondit après un moment de silence :
" Il est impossible que vous songiez à ime telle entreprise
avant les beaux jours, maintenant elle serait impracticable.
Voici la saison où les traînages vont être interrompus, et où
vous seriez inondée dans les forêts humides de la Sibérie ; je
vous reverrai dans quelques jours, Elisabeth ; alors seulement
je pourrai vous dire tout ce que je pense d'un projet qui m'a
trop ému pour que j'aie pu le juger. Je retournerai à
Tobolsk, je veux parler à mon père. . . Mon père est le
meilleur des hommes ; il y aurait bien plus d'infortunés ici
s'il n'y commandait pas. Les grandes actions plaisent à son
cœur : il n'est pas libre de vous aider, son devoir le lui dé-
fend ; mais, je le jure, il ne punira pas votre père d'avoir,
donné le jour à une fille si vertueuse. Ah ! qu'il s'enor-
gueillirait, au contraire, de vous nommer la sienne ! Elisa-
beth, pardonnez, c'est malgré moi que mon cœur se déclare :
je SMS bien qu'il ne peut y avoir de place dans le vôtre pour
un autre sentiment que pour celui qui l'occupe ; je n'attends
donc rien ; mais, s'il vient im jour où vos parents rendus à
«LTSABSTH. 89
leur patrie soient heureux, et vous tranquille, souvenez-vous
alors que, dans ces déserts, Smoloif vous vit, vous aima, et
qu'il eût préféré y vivre obscur et pauvre avec Elisabeth,
fille d'un exilé, à tous les honneurs que le monde pourrait
lui offrir." Il ne peut achever, des larmes étouffent sa voix;
lui-même s'étonne d'une si extraordinaire émotion ; car
jusqu'alors il n'avait jamais été faible, mais jusqu'alors il
n'avait point aimé.
Cependant Elisabeth est demeurée immobile ; l'idée d'un
autre amour que l'amour filial lui parait si nouvelle,' qu'à
peme elle la conçoit : peut-être lui eût-elle paru moins
étrange si son cœur avait eu de la place pour la recevoir ;
peut-être que, si elle avait vu ses parents heureux, Smoloff
aurait été aimé ; s'ils le sont un jour, peut-être l'aimera-
t-elle ; mais tant qu'ils seront dans l'infortune elle de-
meurera fidèle à sa pieuse passion : pour en contenir deux,
le cœur humain, tout vaste qu'il est, ne l'est point encore
Elisabeth n'a jamais vécu dans le monde, elle en ignore
les usages et les bienséances ; cependant une sorte de pu-
deur, qui est comme l'instinct de la vertu, lui apprend qu'a-
près l'aveu qu'elle vient d'entendre une jeune fille ne doit
point rester seule avec le jeune homme qui l'a osé faire ;
elle marche vers la porte, elle va sortir : Smoloff, qui voit
son dessein, lui dit : " Elisabeth, vous aurais-je offensée ?
Ah ! j'atteste ce Dieu ici présent que, s'il y a de l'amour
dans mon cœur, il n'y en a pas moins de respect ; il sait
que, si vous me l'ordonnez, je puis me taire et mourir: com-
ment donc, Elisabeth, pourrais-je vous avoir offensée ?
— Vous ne m'avez point offensée, répondit-elle avec dou-
ceur ; mais je ne suis venue ici que pour vous parler en
faveur de mes parents : maintenant que vous m'avez enten-
due, je n'ai plus rien à vous dire, et je vais les retrouver.
40 ELISABETH.
— Eh bien ! noble fille, retourne à ton devoir ; en m'associant
à lui, tu m'as rendu digne de toi ; et, loin de jamais songer
à t'en écarter, même dans ma plus secrète pensée, je ne vais
m'occuper que de t'aider à le remplir."
Alors il lui promit de lui remettre, le dimanche suivant, à
Téglise de Saïmka, toutes les notes et les renseignements
dont elle aurait besoin pour l'exécution de son proj et ; et ils
se séparèrent.
Quand le dimanche arriva, Elisabeth suivit sa mère avec
joie à Saïmka ; elle é^t impatiente de retrouver Smoloff et
de recevoir enfin toutes les instructions qui allaient faciliter
Bon départ. Cependant la cérémonie finit, et Smoloff ne
parut point; Elisabeth devint inquiète. Pendant que sa
mère priait encore, elle demanda à une vieille femme si M.
de Smoloff n'était pas dans l'église ; on lui répondit que
non, et qu'il était parti depuis deux jours pour Tobolsk. A
ce mot, Elisabeth fut frappée d'une véritable douleur : l'ob-
jet de ses plus chers désirs semblait toujours fuir devant elle
au moment où elle se croyait près de l'atteindre. Mille
craintes funestes la troublèrent : puisque Smoloff avait quitté
Saïmka sans se souvenir de sa promesse, qui lui répondait
qu'il s'en souviendrait à Tobolsk, et aloi"s, quel serait son re-
cours ? Cette pensée la poursuivit tout le jour ; et le soir,
accablée d'un chagrin d'autant plus cruel qu'elle, en portait
seule tout le poids, et qu'elle employait tout son courage à
le dérober aux yeux de ses parents, elle se retira de bonne
heure dans son petit réduit, afin de se livrer du moins sans
contrainte à l'inquiétude qui la tourmentait. Aussitôt qu'elle
fut sortie, Phédora pencha sa tête sur le sein de son époux,
et lui dit : " Écoute la sollicitude qui pèse sur mon cœur»
N'as-tu pas remarqué le changement de notre Elisabeth ?
près de nous elle est pensive : le nom de Smoloff la fait
rougir, son absence l'inquiète ; ce matin, à l'église, elle était
tUBABETH. 41
préoccupée, ses regards erraient de tous côtés; je l'ai en-
tendue demander si Smoloff n'était point à Saïmka, et elle
est devenue pâle comme la mort, quand on lui a dit qu'il
était parti pour Tobolsk. O Stanislas ! je m'en souviens,
dans ces jours qui précédèrent celui où je devins ton heu-
reuse épouse, c'est ainsi que je rougissais quand on me par-
lait de toi ; c'est ainsi que mes yeux te cherchaient partout,
et qu'ils se remplissaient de larmes quand ils ne te rencon-
traient pas. Hélas ! ces syn^tômes d'un amour qui ne de-
vait point finir, comment ne les verrais-je point avec terreur
dans Fàme de ma fille ? elle n'est pas destinée à être heu-
reuse comme sa mère. — Heui-euse ! reprit Springer avec
amertume ; heureuse dans le désert, dans l'exil ! — Oui, dans
le désert, dans l'exil, interrompit vivement Phédora, heureuse
partout où l'on aime." Et ses bras serrèrent son époux
contre son sein. Mais bientôt, revenant à la première pen-
sée qui l'occupait, elle dit : " Je crains que mon Elisabeth
n'aime le jeune Smoloff; toute charmante qu'elle est, ce-
pendant il ne verra en elle que la fille d'un pauvre exilé ;
il la dédaignera, et mon unique enfant, née de mon sang,
nourrie de mon lait, mourra comme sa mère, avec son
amour. . ."
En parlant ainsi elle pleurait, et la vue de son époux, qui
la console de tout, ne pouvait la consoler du malheur de sa
fille. Springer réfléchit un moment, puis il répondit:
"Phédora, ma bien-aimée, calme tes craintes; j'ai étudié
aussi notre Elisabeth ; peut-être ai-je vu plus avant que toi
dans son âme ; une autre pensée que celle de Smoloff l'oc-
cupe tout entière, j'en suis sûr; je suis sûr aussi que, si nous
la voulions donner à Smoloff, il ne la dédaignerait point,
même dans ce désert, et ce sentiment le rendrait digne de
l'obtenir, si jamais. . . . Non, Elisabeth ne restera pas tou-
jours dans ce désert, elle ne demeurera pas inconnue, elle ne
4*
42 ELISABETH.
sera pas malheureuse, cela est impossible : tant de vertus
sur la terre amioncent une justice dans le ciel ; tôt ou tard
elle se montrera."
Depuis leur exil, c'était la première fois que Springer
n'avait pas désespéré de l'avenir. Phédora en conçut les
plus doux présages ; et, rassurée par les paroles de son
époux, elle s'endormit paisiblement entre ses bras.
Pendant deux mois Elisabeth alla chaque dimanche à
Saïmka, s'attendant toujours Jl j trouver Smoloff. Ce fut
en vain : il ne parut plus, et même elle apprit qu'il avait
quitté Tobolsk. Alors toutes ses espérances l'abandonnè-
rent ; elle ne douta plus que Smoloff ne l'eût entièrement
oubliée, et plus d'une fois elle versa sur cette pensée des
larmes amères, dont la plus pure innocence n'aurait pu lui
faire un reproche. Vers la fin d'avril, un soleil plus doux
venait de fondre les dernières neiges ; les îles sablonneuses
des lacs commençaient à se couvrir d'un peu de- verdure ;
l'aubépine épanouissait ses grosses houppes blanches sem*
blables à des flocons d'une neige nouvelle, et la campanule
avec ses boutons d'un bleu pâle, le vélar qui élève ses
feuilles en forme de lance, et l'armoise cotonneuse, tapis-
saient le pied des buissons. Des nuées de merles noirs s'a-
battaient par troupes sur les arbres dépouillés et interrom-
paient les premiers le morne silence de l'hiver ; déjà sur les
bords du fleuve voltigeait çà et là le beau canard de Perse,
couleur de rose, avec son bec noir et sa huppe sur sa tête,
qui, toutes les fois qu'on le tire, jette des cris perçants,
même lorsqu'on l'a manqué ; et dans les roseaux des marais
accouraient des bécasses de toute espèce, les noires avec
becs jaunes, les autres hautes en jambes avec un collier de
plume. Enfin, un printemps prématuré semblait s'annoncer
à la Sibérie ; et Elisabeth, pressentant tout ce qu'elle allait
perdre si elle manquait une année si favorable pour son
I ELISABETH. 43
voyage, prenait la résolution hardie de poursidvre son pro-
jet, et de ne compter, pour en assurer le succès, que sur elle
et sur Dieu.
Un matin, Springer s'occupait à labourer son jardin : as-
sise près de lui, Elisabeth le regardait en silence ; il ne lui
avait point confié encore le secret de son infortune, et elle
ne recherchait plus cette confidence. Il s'était élevé dans
son âme une sorte de tendre fierté qui lui faisait désirer de
ne connaître les malheurs de 'ses parents que quand elle se-
rait au moment de partir, et de n'entendre le récit de tout
ce qu'ils avaient perdu que quand elle pourrait leur répon-
dre: "Je vais tout vous rendre." Jusqu'à ce jour, elle avait
compté sur les promesses de SmoloflF, et c'était là-dessus
qu'elle avait fondé des espérances raisonnables"; mais, après
les espérances raisonnables, il en est d'autres encore, et ce
furent celles-là qui la déterminèrent à parler. Cependant,
avant de commencer, elle repasse dans sa tête toutes les ob-
jections qu'on va lui faire, tous les obstacles qu'on va lui op-
poser : ils sont terribles, elle le sait, Smoloff le lui a dit, et
elle est bien sûre que la tendresse de ses parents les exagé-
rera encore. Que répondra-t-elle à leurs frayeurs, à leurs
ordres, à leurs prières ? Que répondra-t-elle quand ils lui
diront que les joies de la patrie ne sont rien pour eux au
prix de l'absence de leur enfant? Un instant elle oublie
que son père est auprès d'elle, et, tout en larmes, elle tombe
à genoux en demandant à Dieu de lui accorder d'éloquence
nécessaire pour persuader ses parents. Springer, qui l'en-
tend pleurer, se retourne, court à elle, la prend dans ses
bras, et lui dit : " Elisabeth, qu'as-tu ? que veux-tu ? Ah !
si ton cœur est déchiré, pleure du moins dans le sein de ton
père. — Mon père, répond-elle, ne me retiens plus ici : tu
bais que je veux partir, permets-moi de partir ; je le sens,
c'est Dieu lui-môme qui m'appelle. . ." Elle ne peut achever-
44 ELISABETH.
La jeune Tartare accourt: "M. de Smoloff, leur dît-elle,
Toici M. de Smoloflf." Elisabeth jette un cri de joie, serre
les deux mains de son père contre sa poitrine, en ajoutant :
" Tu le vois bien, c'est Dieu lui-môme qui m'appelle ; il en-
voie celui qui peut m'ouvrir les chemins, il n'y a plus d'ob-
stacles. O mon père ! ton heureuse fille brisera ta chaîne."
Sans attendre sa réponse, elle court au-devant de Smoloff;
elle rencontre sa mère ; elle la serre dans ses bras, l'entraîne
en s'écriant : " Viens, ma mère, il est revenu ! M. de Smo-
loff est ici." Elles entrent dans leur chambre, et y trouvent
un homme de cinquante ans, en habit d*uniforme, et suivi de
plusieurs officiers. La mère et la fille s'arrêtent avec sur-
prise. " Voici M. de Smoloff," leur dit la jeune Tartare.
A ces mots,' toutes les espérances qui venaient de rentrer
dans le cœur d'Elisabeth l'abandonnent une seconde fois ;
elle pâlit ; ses yeux se remplissent de larmes. Phédora,
frappée de la vivacité de cette impression, s'approche de sa
fille, se place devant elle afin de cacher son trouble ; heu-
reuse si, en lui donnant sa vie, elle avait pu la délivrer de la
funeste passion dont elle la croyait dévorée.
Le gouverneur de Tobolsk fit éloigner sa suite ; et, dès
qu'il fut seul avec les exilés, il se tourna vers Springer, et lui
dit : " Monsieur, depuis que la prudence de la cour de Rus-
sie a cru devoir vous envoyer ici, voici la première fois que
je viens visiter ce cercle éloigné ; ce devoir m'est doux,
puisqu'il me permet de montrer à un illustre proscrit toute
la part que je prends à son infortune ; je gémis que ce même
devoir me défende de le secourir et de le protéger. — Je n'at-
tends rien des hommes, monsieur, interrompit froidement
Springer ; je ne veux point tle leur pitié, et je n'espère rien
de leur justice : heureux dans mon malheur de ce qu'ils
m'ont placé aussi loin d'eux, je passerai mes jours dans ces
déserts sans me plaindre. — ^Ah ! monsieur, reprit le gouver-
Hr.TRABETH. 4B
neuT avec émotion, pour un homme comme vous, vivre loin
de sa patrie est un affreux destin. — Il en est un plus af-
freux encore, monsieur le gouverneur, repartit Springer,
c'est de mourir loin d'elle." Il n'acheva point ; s'il eût
ajouté un mot, peut-être eût-il versé une larme, et l'illustre
infortuné ne voulait pas se montrer moins grand que son
malheur. Elisabeth, cachée derrière sa mère, regardait timi-
dement par-dessus son épaule si l'air et la physionomie
du gouverneur annonçaient assez de bonté po;pr qu'elle
osât s'ouvrir à lui. Ainsi la craintive colombe, avant de
sortir de son nid, élève sa tête entre les feuilles, et re-
garde longtemps si la pureté du ciel lui promet un jour
serein.
Le gouverneur la remarqua, il la reconnut ; son fils lui
avait souvent parlé d'elle, et le portrait qu'il en avait fait ne
pouvait ressembler qu'à Elisabeth. " Mademoiselle, lui dit-
il, mon fils vous a connue ; vous lui avez laissé des souvenirs
ineflfaçables. — Vous a-t-il dit, monsieur, qu'elle lui devait la
vie de son père ? interrompit vivement Phédora. — Non, ma-
dame, répondit le gouverneur ; mais il m'a dit qu'elle donne-
rait la sienne pour son père et pour vous. — Elle la don-
nerait, reprit Springer, et cette tendresse est le seul bien qui
nous reste, le seul que les hommes ne pourront jamais nous
ravir."
Le gouverneur détourna la tête avec émotion : après un
court silence il reprit la parole en s'adressant à l'Elisabeth.
" Mademoiselle, il y a deux mois que mon fils, étant à
Saïmka, reçut l'ordre de l'empereur de partir sur-le-champ
pour rejoindre l'armée qui se rassemblait en Livonie : il fal-
lut obéir sans délai. Avant de me quitter, il me conjura de
vous faire passer une lettre : celî^ était impossible. Je ne
pouvais, sans me compromettre, en charger personne ; je ne
pouvais que vous la donner moi-même : la voici." Elisabeth
46 ELISABETH.
la prit en rougissant ; le gouverneur vit la surprise de ses
parents, et s'écria! "Heureux le père, heureuse la mère
dont la fille ne leur cache que de semblables secrets !"
Alors il rappela sa suite, et devant elle il dit à Springer :
" Monsieur, les ordres de mon souverain me prescrivent tou-
jours de vous empêcher de recevoir personne ici ; cependant
je suis informé que de pauvres missionnaires, revenant des
frontières de la Chine, doivent traverser ces montagnes ;
s'ils viennent frapper à votre cabane, et vous demander
pour une nuit l'hospitahté, il vous sera permis de la leur
donner."
Quand le gouverneur fut parti, Elisabeth demeura les yeux
baissés, regardant sa lettre et n'osant Touvrir. " Ma fille,
lui dit Springer, si tu attends de ta mère et de moi la per-
mission de lire ce papier, nous te la donnons." Alors d'une
main tremblante Elisabeth brisa le cachet de la lettre, la
parcourut tout bas, et s'interrompit plusieurs fois par des
exclamations de reconnaissance et de joie. A la fin, ne pou-
vant plus se contenir, elle se précipita sur le sein de ses pa-
rents. " Le moment est venu, leur dit-elle ; tout favorise
mes projets : la Providence m'ouvre une route sûre, le ciel
m'approuve et bénit mes intentions. O mes parents ! ne
les approuverez-vous pas, ne les bénirez-vous pas comme
lui ?"
A ces mots, Springer tressaillit, car il comprit ce qu'il al-
lait entendre ; mais Phédora, qui n'en avait aucune idée,
s'écria : " Elisabeth, quel est donc ce mystère, et que con-
tient ce papier ?" Et elle fit un mouvement pour le pren-
dre ; sa fille osa le retenir. " ma mère ! pardonne, lui
dit-elle, je tremble de parler devant toi ; tu n'as rien deviné,
ta douleur m'épouvante : c'est maintenant l'unique obstacle,
c'est le seul devant lequel je recule. . . Ah ! permets que je
ne m'explique que devant mon père ; tu n'es pas préparée
ELISABETH. éT
comme lui. . . — Non, ma fille, interrompit Sprînger, ne fais
point ce que l'exil et le malheur n'ont pu faire, ne nous sé-
pare pas. Viens, ma Phédora, viens contre le cœur de ton
époux, et, si tu as besoin de force pour les paroles que tu
vas entendre, il te prêtera toute la sienne." Phédora, éper-
due, se voyant comme menacée par la foudre, sans savoir do
quelle main, répondit avec effroi : " Stanislas, que veut dire
ceci? n*ai-je point soutenu tous nos revers avec courage? je
n'en manquerai point, ajouta- 1- elle, en serrant fortement con-
tre son coeur son époux et sa fille ; je n'en manquerai point
contre tous ceux qui m'atteindront entre vous deux." Elisa-
beth voulut répondre ; sa mère ne le permit pas. " Ma fille,
s'écria-t-elle avec un accent déchirant, demande-moi ma vie,
mais ne me demande pas de t'éloigner d'ici." Ces mots di-
saient qu'elle avait tout deviné ; il ne s'agissait plus de lui
rien apprendre, mais de la déterminer. Baignée de larmes
et tremblante devant la douleur de sa mère, Elisabeth, d'une
voix entrecoupée, laissa seulement échapper ces mots : " Ma
mère, pour le bonheur de mon père, si je te demandai?
quelques jours? — Non, pas un seul jour, interrompit sa
mère éperdue : quel horrible bonheur pourrait s'acheter, par
ton absence ! non, pas un seul jour. O mon Dieu ! ne per-
mettez pas qu'elle me le demande." Ces paroles anéan-
tirent les forces d'Elisabeth : hors d'état de prononcer elle-
même ce qui doit affliger sa mère, elle présente en silence à
son père la lettre du gouverneur de Tobolsk, et lui fait signe
de la lire. Springer soutient sa femme contre sa poitrine,
en lui disant : " Repose-toi ici avec confiance, car ce sou-
tien-là ne te manquera jamais." Puis, d'une voix qu'il
s'efforce en vain de raffermir, il lit tout haut la lettre sui-
vante, écrite de Tobolsk par le jeune Smoloff, et à deux mois
de date :
48 âUSABETH.
" Un de mes plus vifs regrets, en quittant Saïmka, made-
moiselle, a été de ne pouvoir vous instruire de Tobligation
rigoureuse x\\iï me forçait à m'éloigner de vous : je ne pou-
vais vous aller voir, vous écrire, ni vous envoyer les explica-
tions que vous ta'aviez demandées, sans contrevenir aux or-
dres de mon père, et sans compromettre sa sûreté ; peut-être
Teussé-je fait sans l'exemple que vous veniez de me donner !
mais, quand je venais d'apprendre auprès de vous tout ce
qu'on doit à son père, je ne pouvais pas risquer la vie du
mien. Cependant, je Tavoue, je n*aime pas mon devoir
comme vous aimez le vôtre, et je suis revenu à Tobolsk le
cœur déchiré. Mon père m'apprend qu'un ordre de l'em-
pereur m'envoie à mille lieues d'ici, et qu'il faut obéir à l'in-
stant : je vais partir, Elisabeth ; vous ne savez pas ce que
je souflfre. Ah ! je ne demande point au ciel que vous le
sachiez jamais ; il ne peut-être juste qu'autant que vous se-
rez heureuse.
" J'ai ouvert mon cœur à mon père : je vous ai fait con-
naître à lui : j'ai vu couler ses larmes quand je lui ai dit vos
projets ; je crois qu'il veut vous voir, et qu'il ira exprès cette
année visiter le cercle d'Ischim. En attendant, s'il se peut, il
vous fera parvenir cette lettre. Elisabeth, je pars plus tran-
quille, puisque je vous laisse sous la protection de mon père.
Cependant, je vous en conjure, n'en usez point pour partir
avant mon retour ; j'espère revenir à Tobolsk avant un an ;
c'est moi qui vous conduirai à Pétersbourg, c'est moi qui
vous présenterai à l'empereur, c'est moi qui veillerai sur
vous pendant ce long voyage. Ne craignez point mon
amour, je n'en parlerai plus ; je ne serai que votre ami,
que votre frère ; et, si je vous sers avec toute la viva-
cité de la passion, je jure de ne vous parler jamais qu'un
langage pur comme l'iimocence, comme les anges, comme
vous.
ELISABETH. éÇ
Un peu plus bas, l'apostîUe suirante était écrite de la
main même du gouverneur :
"Non, mademoiselle, ce n'est point avec mon fils que
vous devez partir : je ne doute pas de son honneur ; mais
le vôtre doit être à Tabri de tout soupçon. En allant mon-
trer à la cour de Eussie des vertus trop touchantes pour
n'être point couronnées, il ne faut pas risquer de faire dire
que vous avez été conduite par votre amant, et flétrir ain^
le plus beau trait de piété filiale dont le monde puisse s'ho-
norer. Dans votre situation, il n'y a pas de protecteurs
dignes de votre innocence que Dieu et votre père : votre
père ne peut vous suivre. Dieu ne vous abandonnera pas.
La religion vous prêtera son flambeau et son appui ; aban-
donnez-vous à elle : vous savez à qui j'ai permis l'entrée de
votre cabane. En vous remettant ce papier, je vous rends
dépositaire de mon sort : car si une pareille lettre était
connue, si on pouvait se douter que j'aie favorisé votre
départ, je serais à jamais perdu ; mais je ne suis pas même
'inquiet : je sais à qui je me confie et tout ce qu'on doit at-
tendre de la force et de la vertu d'une fille qui s'apprête à
dévouer sa vie à son père."
En finissant cette lettre, la voix de Springer était plus
/orte et plus animée, car il voyait avec orgueil les vertus de
sa fille et l'estime qu'on en faisait ; mais la tendre mère ne
voyait que son départ : pâle, abattue, sans mouvement, elle
regardait sa fille, levait les yeux au ciel, et n'avait plus la
force de pleurer. Elisabeth se mit à genoux devant eux, et
leur dit : "0 mes parents ! laissez-moi vous parler ainsi ;
ce n'est que dans une humble attitude qu'on doit demander
la plus grande de toutes les félicités. J'ose aspirer à celle
de vous rendre votre liberté, votre patrie ; depuis plus d'une
5
60 ELISABETH.
année voilà quel est l'objet de mes plus chères espérances !
j'y touche enfin, et vous me défendriez de Fatteindre ! Ah l
s'il est un bien au-dessus de celui que je vous demande, re-
fusez-moi, j'y consens ; mais s'il n'en est pas. . ." Émue,
tremblante, sa voix expira, et ce ne fut qu'en embrassant les
genoux de ses parents qu'elle put achever sa prière.
Springer posa les mains sur la tête de sa fille sans proférer
un seul mot. La mère s'écria : " Seule, à pied, sans se-
cours ! non, je ne le puis, je ne le puis. — Ma mère, reprit
vivement Elisabeth, je t'en conjure, ne repousse pas mes
vœux. Si tu savais depuis combien de temps je nourris
mon projet et toutes les consolations que je lui dois! Aussi-
tôt que mon âge me permit de comprendre vos infortunes, je
me promis de consacrer ma vie à vous en délivrer. Heureux
jour celui où je promis de servir mon père ! heureux espoir
qui me soutenait quand je le voyais pleurer ! . . . Ah 1 que
de fois, étant témoin de vos muets chagrins, j'aurais été con-
sumée d'une mortelle tristesse si je n'avais pu me dire :
Moi, moi, je leur rendrai ce qu'ils regrettent ! . . . Mes pa-
rents, si vous m'arrachez cette espérance, vous m'arrachez la
vie. Privée de cette pensée, où toutes mes autres pensées
venaient aboutir, je ne verrai plus de but à mon existence, et
mes jours s'éteindront dans la langueur. . . . Oh ! pardonnez
m je vous afflige ; non, si vous me retenez ici, je ne mourrai
pas, puisque ma mort serait pour vous un malheur de plus ;
mais permettez-moi d'être heureuse. Ne dites pas que mon
entreprise est impossible ; elle ne Test pas, mon cœur vous
en répond ; il trouvera des forces pour aller demander jus-
tice et des paroles pour la faire obtenir ; il ne craint rien, ni
les fatigues, ni les obstacles, ni les mépris, ni la cour, ni les
rois ; il ne craint que votre refus. . . — Laisse, laisse, Elisa-
beth, interrompit Springer : je ne me connais plus ; tu bou-
leverses mon âme ; jusqu'à ce jour elle n'avait point reculé
ÉUSABÏTIH. 81
devant une bonne action, et des vertus supérieures à son
courage ne s'étaient point présentées à elle. . . Je ne croyais
pas être faible ; ô ma fille ! tu viens de m'apprendre que je
le suis : non, je ne puis consentir à ce que tu veux." Rani-
mée par ce refus, Phédora prit les mains de sa fille entre les
siennes, et lui dit : '* Écoute -moi, Elisabeth ; si ton père est
faible, tu peux bien permettre à ta mère de Tètre aussi ;
pardonne-lui de ne pouvoir se résoudre à te laisser déployer
tant de vertus. Étrange situation, où une mère demande à
sa fille d'être moins vertueuse ; mais ta mère te le demande,
ne te l'ordonne point ; car, en t*élevant au-dessus de tout, tu
as mérité de ne plus recevoir d'ordre que de toi-même. — Ma
mère, reprit Elisabeth, les tiens me seront toujours sacrés ;
si tu me demandes de rester ici, j'espère avoir la force de t'o-
béir ; mais, puisque mon dessein t'a touchée, laisse-moi es-
pérer qu'il aura ton assentiment : il n'est pas le fruit d*un
moment d'enthousiasme, mais de longues années de médita-
tion : il s'appuie autant sur des raisons solides que sur les
plus tendres sentiments. Existe-t-il un autre moyen d'arra-
cher mon père à l'exil ? depuis douze ans qu'il languit ici,
quel ami a pris sa défense ? et quand il s'en trouverait un
qui l'osât, oserait-il parler comme moi ? serait-il inspiré par
un semblable amour ? . . . Oh ! laissez-moi toujours croire
que Dieu n'a donné qu'à votre unique enfant le pouvoir de
vous rendre au bonheur, et ne vous opposez pas à l'auguste
mission que le ciel a daigné lui confier. Dites-moi, que trou-
vez-vous donc de si effrayant dans mon entreprise ? Est-ce
mon absence ? mais ne vous ai-je pas entendus gémir sou-
vent ensemble d'un exil qui vous empêchait de me donner
un époux ? Un époux, ô mes parents ! ne m'aurait-il pas
séparée de vous aussi ? Des dangers ? il n'y en a point :
les hivers de ce climat m'ont accoutumée à la rigueur des
saisons, et mes courses dans nos landes à la fatigue d'une
5S ÉIIBABETH.
V)Dgue marche. Avez-vous peiir de ma jeunesse ? elle sera
mon appui : on vient au secours de tout ce qui est faible.
Enfin, redoutez-vous mon inexpérience ? je ne serai pas
seule : rappelez- vous les paroles et la lettre du gouverneur.
S'il permet à un pauvre missionnaire de se reposer sous no-
tre toit, c'est pour me donner un guide et un protecteur.
Vous le voyez, tout est prévu ; il nV a point de péril, il n'y
a plus d'obstacles, et rien ne me manque que votre consente-
ment et votre bénédiction. . . — Et ton pain, tu le mendie-
ras, répondit Springer avec amertume ; les aïeux de ta
mère, qui régnèrent jadis dans ces contrées ; les miens, qui
se sont assis sur le trône de Pologne, verront l'héritière de
leur nom parcourir, en demandant l'aumône, cette Russie
qui a fait de leurs royaumes des provinces de son empire.
— Si tel est le sang d'où je sors, reprit Elisabeth avec une •
modeste surprise, si je descends des rois, et que deux cou-
ronnes aient été sur le front de mes a!eux, j'espère me mon-
trer digne et d'eux et de vous, et ne point avilir le nom qu'ils
m'ont laissé ; mais la misère ne l'avilira point. Pourquoi la
fille des Séids et de Sobieski rougirait-elle d'avoir recours à
la charité de ses semblables ? tant de grands hommes préci-
pités du faîte des honneurs l'ont implorée pour eux-mêmes !
plus heureuse qu'eux tous, je ne l'implorerai que pour servir
mon père."
La noble fermeté de cette jeune fille, une sorte de divin
orgueil que faisait briller, dans ses yeux la pensée de s'hu-
milier pour ses parents donnaient à tout ce qu'elle disait une
force et une autorité qui triomphèrent de Springer : il ne se
sentit pas la force d'empêcher sa fille de mettre tant de ver-
tus au jour ; il se serait cru coupable de la forcer à les ense-
velir dans un désert. ** ma Phédora ! s'écria-t-il en ser-
rant les mains de son épouse, la laisserons-nous mourir ici,
la priverons-nous du bonheur de donner le jour à des en-
tUSABKIH. 88
fants qui lui ressemblent ? Prends courage, ma bien-aimée ;
et, puisqu'il n'existe nul autre moyen de la rendre à ce
monde dont elle sera la gloire, laissons-la partir." Dans ce
moment la mère l'emporta sur l'épouse, et, pour la première
fois de sa vie, Phédora, s'éleva contre la plus smnte autorité:
" Non, non, je ne la laisserai pas partir ; en vain mon époux
le demande, je saurai lui résister. Quoi ! j'exposerais la vie
de mon enfant ? je laisserais partir mon Elisabeth pour ap-
prendre un jour qu'elle a péri de froid et de misère dans
d'affreux déserts, pour vivre sans elle, pour la pleurer tou-
jours ? voilà ce qu'on ose exiger d'une mère ! O Stanislas !
devais-tu m'apprendre qu'il est un sacrifice que je ne puis
te faire et une douleur dont tu ne me consolerais pas ?" En
parlant ainsi, elle ne pleurait plus, et était comme dans un
état de délire. Springer, le cœur déchiré de sa peine, s'é-
cria : " Ma fille, si votre mère n'y peut consentir, vous ne
partirez pas. — Non, ma mère, si tu l'ordonnes, je ne partirai
pas, lui dit Elisabeth en l'accablant des plus touchantes ca-
resses ; je t'obéirai toujours. Mais peut-être Dieu obtien-
dra-t-il de toi ce que tu as refusé à mon père; viens le
prier avec moi, ma mère ; demandons-lui ensemble ce que
nous devons faire : c'est la lumière qui guide et la force Aii
soutient: toute vérité vient de là, et toute résignation aussi !"
En priant Phédora pleura. Cette piété qui calme, adou-
cit, et ne s'empare du cœur que pour se mettre à la plaœ
de ce qui le tourmente et le déchire ; cette piété divine qui
ne prescrit jamsus un devoir sans en montrer la récom-
pense ; cette voix de Dieu, si puissante sur les âmes ten-
dres, toucha celle de Phédora. Dans les caractères nobles
et fiers, qui ne composent le bonheur que de gloire, l'estime
. des hommes peut obtenir le sacrifice des plus chères affec-
tions ; mais la religion seule peut l'obtenir des cœurs qui ne
composent le bonheur que d'amour.
54 ELISABETH.
Le lendemain Springer, s'était trouvé seul avec sa fille,
lui fit le récit de ses longues infortunes ; il lui apprit quelles
funestes» «guerres avaient déchiré la Pologne, et comment ce
malheureux royaume avait été effacé du nombre des em-
pires. " Mon seul crime, ma fille, lui dit-il, est d'avoir trop
aimé ma patrie et de n'avoir pu supporter son asservisse-
ment. Ses plus grands monarques étaient du même sang
que moi ; je pouvais moi-même être appelé au trône, et je
devais bien mon amour et ma vie au pays dont je tirais toute
ma gloire ; je l'ai servi comme je le devais. Seul à la tête
d'une poignée de nobles polonais, je l'ai défendu jusqu^à la
dernière extrémité contre les trois grandes puissances qui
s'avançaient pour l'envahir, et lorsque, accablé par le nom-
bre de nos ennemis, sous les murs de Varsovie, à la vue de
cette vaste capitale livrée aux flammes et au pillage, il a
fallu céder et se soumettre à la tyrannie, au fond de mon
âme je résistais encore. Humilié d'être toujours dans ma
patrie, et de n'en plus avoir, partout je cherchais des armes,
partout je cherchais des alliés qui m'aidassent à rendre à la
Pologne son existence et son nom. Vains efforts, tentatives
inutiles ! chaque jour rivait davantage des chaînes que mes
faibles mains ne pouvaient ébranler. Les terres de mes
aïeux étaient dans la partie tombée sous la domination de la
Russie ; j'y vivais avec Phédora, heureux, mille fois heu-
reux, si le joug de l'étranger n'avait pesé que sur mon front.
Mes plaintes peu mesurées, et surtout les nombreux mé-
contents qui se rassemblaient chez moi inquiétèrent un mo-
narque absolu et soupçonneux. Un matin je fus arraché
de ma maison, des bras de ma femme, des tiens, ma fille : tu
n'avais alors que quatre ans, et tes larmes ne coulaient sur
ton malheur que parce que tu voyais pleurer ta mère. Je
fus traîné dans les prisons de Pétersbourg ; Phédora m'y
suivit : la permission de s'y enfermer avec moi fut la seule
ELISABETH. 55
grâce qu'elle put obtenir. Nous vécûmes près d'une année
dans ces affreux cachots, privés d'air, presque de jour, mais
non pas d'espérance. Je ne pouvais croire qu'un monarque
juste n'excusât pas un citoyen d'avoir soutenu les droits de
sa patrie, et qu'il ne se fiât pas à la promesse que je lui
donnais de demeurer soumis ; j'avais trop bien présumé des
hommes ; je fus jugé sans être entendu, et exilé pour la vie
en Sibérie. Ma fidèle compagne ne m'abandonna point,
et je dois dire qu'en m'accompagnant ici elle avait l'air
d'écouter plus encore son cœur que son devoir ; si j'eusse
été envoyé dans les ténèbres glacées de l'affreux Borésof,
dans les solitudes perdues du lac Baïkal ou du Kamtschatka,
je n'y aurais pas été seul encore ; il n'est point de désert, il
n'est point d'antre si sauvage où ma Phédora ne m'eût
suivi : oui, je le veux croire, c'est à ses vertus, c'est à son
dévouement si généreux que j'ai dû un exiUplus humain. O
mon enfant! s'il-y a eu quelques douceurs dans mai vie, c'est
à ta mère que je les dois, et, s'il y a du malheur dans la
sienne, je n'en dois accuser que moi. — Du malheur ! mon
père, lui dit Elisabeth, et tu l'îis toujours aimée." A ces
mots Springer reconnut le cœur de Phédora, et vit bien
qu'ainsi que sa mère Elisabeth auprès d'un époux ne pour-
rait pas être mallieureuse dans l'exil. " Ma fille, répondît-il
en lui remettant la lettre du jeune Smoloff, qu'il avait gardée
depuis la veille, si je dois un jour à ton zèle et à ton cou-
rage des biens que je ne désire plus que pour t'en accabler,
au sein de la prospérité cette lettre te rappellera nos bien-
faiteurs ; ton cœur, Elisabeth, doit être reconnaissant, et
l'allitince de la vertu peut honorer le sang des rois." La
jeune fille rougit, prit la lettre des mains de son père,
l'attacha sur son cœur, et s'écria : " Le souvenir de celui
qui t'a plaint, qui t'a aimé, qui t'a servi, ne sortira jamais
de là."
66 ELISABETH.
Durant quelques jours on ne parla plus du voyage d'Eli-
sabeth : sa mère n'y avait pas consenti encore ; mais, à la
tristesse de ses regards, au profond abattement de sa conte-
nance, on voyait assez que le consentement était au fond de
son cœur et que Tespérance n'y était plus.
Cependant, peut-être n'eût-elle jamais trouvé la force de
dire à sa fille : Ta peux partir, si le ciel ne la lui eût envoyé.
Un dimanche soir, la famille était en prières, lorsqu'on en-
tendit à la porte un homme qui frappait avec son bâton.
Springer ouvre à l'instant ; Phédora s'écrie : " Ah ! mon
Dieu, mon Dieu, voilà celui qu'on nous annonce, celui qui
vient enlever mon enfant." Et elle tombe tout en pleurs, le
visage contre la table, sans que sa piété puisse lui donner le
courage d'aller au-devant de l'homme de Dieu. Le mis-
sionnaire entre : une large barbe blanche lui descend sur la
poitrine ; son aif est vénérable ; il est courbé par la fatigue
plus encore que par les années ; les épreuves de sa vie ont
usé son corps et fortifié son âme : aussi porte-t-il dans ses
regards quelque chose de triste, comme l'homme qui a beau-
coup souffert, et de doux, comme celui qui est bien sûr de
n'avoir pas souffert en vain.
" Monsieur, dit-il, j'entre chez vous avec joie ; la béné-
diction de Dieu est sur cette pauvre cabane ; je sais qu'il y
a ici des richesses plus précieuses que les perles et l'or : je
viens vous demander une nuit de repos." Elisabeth s'em-
pressa de lui approcher un siège. *' Jeune fille, lui dit-il,
vous vous êtes bien hâtée dans le chemin de la vertu, et dès
les premiers pas vous nous avez laissés. loin derrière vous.**
Il alltiit s'asseoir, lorsqu'il entendit les sanglots de Phédora :
" Mère chrétienne, lui dit-il, pourquoi pleurez- vous ? le fruit
de vos entrailles n'est-il pas béni? Ne pouvez- vous pas
aussi vous dire heureuse entre toutes les femmes ? Si vous
versez des larmes parce que la vertu vous sépare de votie
ELISABETH. 67
enfant pour un peu de temps, que feront les mères qui se
voient arracher les leurs par le vice et qui les perdent pour
l'éternité ? — O mon père ! si je ne devais plus la revoir !
s'écria la mère désolée. — Vous la reverriez, reprit-il vive-
ment, dans le ciel, qui est déjà son partage ; mais vous la
re verrez aussi sur la terre : les fatigues sont grandes, mais
Dieu la soutiendra ; U mesure le vent à la laine de VagiveauP
Phédora courba la tête avec résignation. Springer n'avait
pas dit un mot encore; il ne pouvait parler, son cœur se dé-
chirait ; et Elisabeth elle-même, qui jusqu'à ce jour n'avait
senti que son courage, commença à sentir sa faiblesse. L'es-
poir d'être utile à ses parents lui avait caché la douleur de
s'en séparer, mais à présent que le moment était venu, quand
elle pouvait se dire : demain je n'entendrai plus la voix de
mon père, demain je ne recevrai plus les caresses de ma
mère, et peut-être un an entier se passera avant que je re-
trouve de si douces joies, alors il lui semblait que tout s'abî-
mait devant elle ; ses yeux se troublèrent, ses genoux flé-
chirent, elle tomba en pleurant sur le sein de son père. Ah !
timide orpheline, si déjà tu tends les bras à ton protecteui,
et que dès les premiers pas tu penches vers la terre comme
une vigne sans appui, où trouveras-tu donc des forces pour
traverser seule presque une moitié du monde ?
Avant de se coucher, le missionnaire s'assit à la table des
exilés pour prendre le repas du soir. La plus franche hos-
pitalité y présidait ; mais la gaieté en était bannie, et ce
n'était qu'avec effort que chacun des exilés retenait ses
larmes. Le bon religieux les regardait avec une tendre
compassion ; il avait vu beaucoup d'afflictions dans le cours
de ses longs vojages, et l'art de les adoucir avait été la
principale étude de sa vie : aussi pour toutes les douleurs
il avait une consolation ; pour chaque situation, chaque ca-
ractère, il avait des paroles qui rencontraient toujours juste.
58 ELISABETH.
Quelquefois il n'empêchait point de pleurer ; mais les larmes
qu'on versait sur une douleur personnelle, il savait, en pré-
sentant rimage d'une infortune plus grande, les détourner
sur les douleurs d 'autrui, et par le sentiment de la pitié
adoucir le sentiment du malheur. C'est ainsi qu'en racon-
tant ses longues traverses et les désastres dont il avait été
le témoin, peu à peu il attacha l'attention des exilés, les émut
de compassion pour leurs frères, les conduisit à se dire inté-
rieurement, qu'en comparaison de tant d'infortunés, leur sort
était bien doux encore. En effet, que n'avait-il point vu,
que ne pouvait-il point dire, cet homme vénérable, qui de-
puis soixante ans, à deux mille lieues de sa patrie, sous un
ciel étranger, au milieu des persécutions, travaillait, sans se
lasser jamais, à la conversion des barbares qu'il appelait ses
frères, et qui souvent étaient ses bourreaux ? Il avait vu la
cour de Pékin, et l'avait étonnée par ses vastes connaissances,
et plus encore par ses vertus ; il avait adouci les mœurs, il
avait réuni des hordes errantes qui tenaient de lui les pre-
mières notions de l'agriculture. Ainsi des landes changées
en champs fertiles, des hommes devenus doux et humains,
des familles auxquelles les noms de père, d'époux et d'en-
fants n'étaient plus étrangers, et des cœurs qui s'élevaient à
Dieu pour le bénir de tant de bienfaits, étaient le fruit des
soins d'un seul homme. Ah ! ces gens-là ne disaient point
du mal des missions ; ils ne disaient point que la religion
qui les commande est une religion sévère et tyrannique ; ils
ne disaient point surtout que les hommes qui la pratiquent
avec cet excès de charité et d'amour sont des hommes inu-
tiles et ambitieux. Mais pourquoi ne pas dire qu'ils sont
ambitieux? En se dévouant an service de leurs frères, n'as-
pirent-ils pas au plus grand prix possible ? ne veulent-ils
pas plaire à Dieu et gagner le ciel ? L'ambition des plus
célèbres conquérants ne s'est jamais élevée si haut ; elle
ELISABETH. 59
s'est contentée du suffrage des hommes et du sceptre de
l'univers.
Le bon père apprit ensuite aux exilés que, rappelé par
ses supérieurs, il retournait à pied dans l'Espagne, sa patrie.
Pour s'y rendre, il avait à traverser encore la Russie, l'Alle-
magne et la France ; mais il disait que c'était peu de chose.
Celui qui vient de voyager dans les déserts, qui pour tout
abri trouvait un antre, pour tout oreiller une pierre, pour
toute nourriture un peu de farine de riz délayée dans l'eau,
doit se croire au terme de ses fatigues en arrivant chez des
nations civilisées ; et, pour le père Paul, c'était être dans sa
patrie que d'être chez des peuples chrétiens. Il racontait
des choses extraordinaires des maux qu'il avait soufferts, des
difficultés qu'il avait essuyées, lorsque, après avoir dépassé
les grandes murailles de la Chine, il s'était enfoncé dans
l'immense Tartarie. Il disait encore comment, à l'entrée
des vastes déserts de la Soongorie, qui appartiennent à la
Chine, et lui servent de limites avec la Sibérie, il avait trouvé
un pays abondant en magnifiques pelleteries, en précieuses
fourrures, et susceptible de faire, à l'aide de cette richesse,
un grand commerce avec les peuples européens ; mais nul
vestige de notre industrie n'avait encore pénétré jusque-là,
aucun marchand n'avait osé porter son or et ses calculs là
où le missionnaire avait planté une croix et répandu des bien-
faits : tant il est vrai que la charité va encore plus loin que
l'avarice.
On arrangea pour le père Paul un lit propre et commode
dans le petit cabinet qu'occupait la jeune Tartare, et celle-
ci vint dormir, enveloppée d'une peau d'ours, auprès du
poêle.
Quand le jour commença à paraître, Elisabeth se leva,
elle s'approcha doucement de la porte du père Paul ; et,
ayant entendu qu'il était déjà en prières, elle lui demanda la
60 ELISABETH.
permission d'entrer et de l'entretenir seul : devant ses pa •
rents, elle n'aurait pas osé lui parler de ses projets et' du
désir qu'elle avait de ne pas attendre plus loin que l'aube
prochaine pour se mettre en route. A genoux près de lui,
elle lui raconta l'histoire de toute sa vie : touchante histoire,
qui n'était composée que de sa tendresse pour ses parents !
Sans doute, dans le long récit de ses incertitudes et de ses
espérances, elle prononça plus d'une fois le nom de Smoloff;
mais il semblait que ce nom n'était là que pour rehausser
son innocence et montrer qu'elle l'avait conservée dans toute
sa pureté : aussi le père Paul fut-il profondément touché de
tout ce qu'il entendit : il avait ftiit le tour du monde et vu
presque tout ce qu'il contient ; mais un cœur comme celui
d'Elisabeth, il ne l'avait point vu encore.
Springer et Phédora ne savaient point que l'intention de
leur fille était de les quitter le lendemain ; mais le matin, en
l'embrassant, ils se sentirent émus et agités de ce frémisse-
ment involontaire qu'éprouvent tous les êtres vivants à la
veille de l'orage. A chaque pas qu'Elisabeth faisait dans la
chambre, sa mère la suivait des yeux, et souvent la retenait
brusquement par le bras, sans oser lui adresser une question,
mais lui parlant sans cesse de soins à prendre pour le lende-
main et lui donnant des ordres pour divers ouvrages à faire
à quelques jours de là. Ainsi elle cherchait à se rassurer
par ses propres paroles ; mais son cœur n'en était pas plus
tranquille, et le silence de sa fille lui parlait toujours de dé-
part. Pend^mt le dîner elle lui dit : " Elisabeth, si le temps
est beau demain, vous monterez dans votre petite nacelle
avec votre père pour aller pécher quelques poissons dans
le lac." Sa fille la regarda, se tut, et de gi'osses larmes
tombèrent de ses yeux. Springer, déchiré de la même in-
quiétude que sa femme, reprit un peu vivement : " Ma fille,
avez- vous entendu l'ordre de votre mère? demain votis
ELISABETH. 61
viendrez avec moi." JjSl jeune fille pencha sa tète sur
Tépaule de son père, et lui dit à voix basse : " Demain vous
consolerez ma mèie." Springer pâlit : c'en fut assez pour
Phédora, elle ne demanda plus rien ; elle était sûre que le
mot de départ venait d'être prononcé, et elle ne voulait pas
l'entendre ; car le moment oii Ton oserait en parler devant
elle serait celui o\ï il faudrait j donner son consentement, et
elle espérait que tant qu'elle ne l'aurait pas donné sa fille
n'oserait pas partir. Springer ramasse toutes ses forces ; il
voit qu'il aura à soutenir le lendemain et le départ de sa fille
et la douleur de sa femme ; il ne sait point s'il survivra au
sacrifice qu'il va faire, sacrifice auquel il ne peut se résoudre
que par excès d'amour pour sa fille, et il a l'air de le rece-
voir ; il la remercie de son dévouement ; et, cachant ses
larmes au fond de son cœur, il feint d'être heureux, pour
donner à son Elisabeth la seule récompense digne de ses
vertus.
Ah ! dans ce jour-là que d'émotions secrètes, de senti-
ments inaperçus, de caresses vives et déchirantes entre les
parents et leur fille ! Le missionnaire cherchait à fortifier
les courages, en rappelant toutes les histoires des saintes
Écritures, o\ï Dieu se montre prompt à récompenser les
grands sacrifices de la piété filiale et de la résignation pater-
nelle ; il laissait entrevoir aussi que les fatigues du voyage
seraient moins grandes, parce qu'un homme puissant, qu'il
ne nommait pas, mais qu'on devinait assez, lui avait fourni
les moyens de rendre la route plus commode et plus douce.
Enfin, quand le soir fut arrivé, Elisabeth se mit à genoux,
et d'une voix émue demanda à ses parents de la bénir. Le
père s'approcha, des larmes coulaient le long de ses joues ;
sa fille lui tendit les bras : il comprit que c'était un adieu ;
son cœur se serra, ses larmes s'arrêtèrent ; il posa les mains
sur la tète d'Elisabeth, en la recommandant à Dieu dans son
fi
62 ELISABETH.
cœui, mais sans avoir la force de proférer une parole. La
jeune fille alors, regardant sa mère, lui dit : " Et toi, ma
mère, ne veux-tu pas bénir aussi ton enftmt ? — Demain,
reprit-elle avec Taccent étouffé d'une profonde désolation,
demain ! — ^Et pourquoi pas aujourd'hui aussi, ma mère ?
— Ah ! oui, repartit Phédora en s'élançant impétueusement
vers elle, tous les jours, tous les jours !" Elisabeth courba
la tête devant ses parents, qui, les mains réunies, les yeux
élevés, la voix tremblante, prononcèrent ensemble une béné-
diction que Dieu dut entendre.
A quelques pas le missionnaire priait aussi : c'était la
vertu qui priait pour l'innocence. Ah ! si de pareils vœux
n'étaient pas écoutés du ciel, quels seraient donc ceux qui
auraient le droit d'aller jusqu'à lui ?
On était alors à la fin de mai ; c'est le temps de l'année
où, entre le crépuscule du soir et l'aube du jour, à peine y
a-t-il deux heures de nuit. Elisabeth les employa à faire
les préparatifs de son départ : elle mit dans son sac de peau
de renne un habit de voyage et des chaussures ; depuis près
d'un an elle y travaillait la nuit à l'insu de sa mère, et de-
puis le même temps à peu près elle mettait de côté à chacun
de ses repas quelques fruits secs et un peu de farine, afin
de retarder le plus longtemps possible le moment d'avoir re-
cours à la charité d'autrui, sans être obligé, en partant, de
rien emporter de ce toit paternel, où il n'y avait que le pur
nécessaire. Huit ou dix kopecks formaient tout son trésor ;
c'était le seul argent qu'elle possédât sur la terre et toute la
richesse avec laquelle elle s'embarquait pour traverser un
espace de plus de huit cents lieues.
" Mon père, dit-elle au missionnaire, en ouvrant doucement
sa porte, partons pendant que mes parents dorment encore ;
ne les éveillons point, ils pleureront assez tôt ; ils sont tran-
quilles parce qu'ils croient que nous ne pouvons sortir que
ELISABETH. 63
par leur chambre ; mais la fenêtre de ce cabinet n'est pas
haute, je sauterai facilement en dehors, et je vous aiderai
ensuite à descendre sans vous faire aucun mal." Le mis-
sionnaire se jprêta à ce pieux stratagème, qui devait épar-
gner de déchirants adieux à trois infortunés. Quand il fut
dans la forêt avec Elisabeth, elle mit son petit paquet sur
son dos, et fit quelques pas pour s'éloigner ; mais, en tour-
nant encore une fois la tète vers la cabane qu'elle abandon-
nait, ses sanglots la suffoquèrent, elle se précipita tout en
larmes devant la porte où dormaient ses parents : ** Mon
Dieu, s'écria-t-elle, veillez sur eux, protégez-les, conservez-
les-moi, et ne permettez pas que je repasse jamais ce seuil,
si je ne devais plus les retrouver." Alors elle se lève, se
retourne, elle voit son père debout derrière elle. " O mon
père ! vous ? Pourquoi, mon père, pourquoi venir ici ? —
Pour te voir, t'embrasser, te bénir encore une fois ; pour te
dire : mon Elisabeth, si durant les jours de ton enfance j'en
ai passé un sans te montrer ma tendresse, si une seule fois
j'ai fait couler tes larmes, si un regard, une parole sévère
ont affligé ton cœur, avant de t' éloigner, pardonne, pardonne
à ton vieux père, afin que, s'il n'est plus destiné au bonheur
de te voir, il puisse mourir en paix. — Ah ! ne dis point, ne
dis point ceci, interrompit Elisabeth. — Et ta pauvre mère,
continua-t-il, quand elle s'éveillera, que lui dirai-je ? que lui
répondrai- je quand elle me demandera son enfant ? Elle te
cherchera dans ceite forêt, sur les rives de ce lac ; je la sui-
vrai partout en pleurant avec elle, en appelant partout avec
elle notre enfant, qui ne nous répondra plus." A ces mots,
Elisabeth s'appuya à demi évanouie contre le mur de la
chaumière. Son père vit qu'il l'avait trop émue, il se re-
procha vivement sa faiblesse. " Ma fille, lui dit-il avec une
voix plus calme, prends courage : je prendrai courage aussi ;
je te promets, non de consoler ta mère, mais de la fortifier
(M ELISABETH.
contre la douleur de ton départ ; je te promets de te la
rendre quand tu reviendras ici. Oui, mon enfant, soit que
le succès couronne ou non ton pieux voyage, tes parents ne
mourront pas sans t* avoir revue." Alors il dit au mission-
naire, qui, les yeux baissés et dans un profond attendrisse-
ment, se tenait à quelque distance de cette scène d'affliction :
" Mon père, je vous remets un bien qui n'a point d'égal ;
c'est plus que mon sang, que ma vie ; je vous le remets ce-
pendant avec confiance : partez ensemble ; des milliers d'an-
ges veilleront autour d'elle et de vous ; pour la défendre, les
puissances célestes s'armeront ; cette poussière qui fut ses
aïeux se ranimera ; et Dieu, puisqu'il est tout-puissant et
qu'il est père aussi de mon Elisabeth, Dieu ne permettra pas
que notre Elisabeth périsse."
La jeune fille, sans oser regarder son père, mit une main
sur ses yeux, donna l'autre au missionnaire, et s'éloigna avec
lui. En ce moment l'aurore commençait à éclairer la cime
des monts, et dorait déjà le faîte des noirs sapins ; mais tout
reposait encore. Aucun souffle de vent ne ridait la surface
du lac, n'agitait les feuilles des arbres ; celles mêmes du
bouleau étaient tranquilles ; les oiseaux ne chantaient point,
tout se taisait, jusqu'au moindre insecte. On eût dit que la
nature entière se tenait dans un respectueux silence afin que
la voix d'un père qui à travers la forêt criait encore un adieu
à sa fille fût le dernier son qu'elle pût entendre. J'ai es-
sayé de dire les douleurs du père ; mais celles de la mère, je
ne l'essaierai point.
Comment peindre cette infortunée qui, s'éveillant au cri
de son époux, accourt à lui, et, en lisant dans son attitude
désolée que son enfant est parti, tombe dans de muettes an-
goisses qui semblaient être à tous moments les dernières de
sa vie ? En vain son époux, rappelant tous les malheurs de
l'exil, la conjurait de se calmer ; elle n'entendait plus la voix
ELISABETH. 65
de son époux, et l'amour lui -môme avait perdu sa puissance
et n'arrivait plus à son cœur : tant il est vrai que les dou-
leurs d'une lîière s'élèvent au-dessus de toutes les consola-
tions humaines et ne peuvent être atteintes par rien de ce
qui vient de la terre." Ah ! Dieu seul s'est réservé le pou-
voir de les adoucir, et, s'il les donne en partage au sexo
qu'il a fait Te plus faible, c'est qu'il l'a fait assez tendre poui
pouvoir aimer la main qui le frappe et croire au seul espoii
qui console.
Ce fut le 1 8 de mai qu'Elisabeth et son guide se mirent
en route ; ils employèrent un mois entier à traverser les fo-
rêts humides de la Sibérie, sujettes en cette saison à des
inondations terribles. Quelquefois des paysans tartares leur
permettaient, pour une faible rétribution, de monter dans
leur charrette, et tous les soirs ils se reposaient dans des
cabanes si misérables qu'il ne fallait pas moins que la longue
habitude qu'Elisabeth avait de la pauvreté pour pouvoir
goûter un peu de repos. Elle se couchait toute vêtue sur
un mauvais matelas, dans une chambre remplie d'une odeur
de fumée, d'eau-de-vie et de tabac, où le vent soufflait sou-
vent à travers les fenêtres collées avec du papier, et où,
pour surcroît de désagrément, dormaient pêle-mêle le père,
la mère, les enfants, et quelquefois même une partie du bétail
de la famille.
A quarante verstes de Tioumen, on passe dans un bois où
des poteaux indiquent la fin du gouvernement de Tobolsk :
Elisabeth les remarqua ; elle quittait la terre de l'exil ; il lui
sembla qu'elle quittait sa patrie et qu'elle se séparait une
seconde fois de ses parents. " Ah ! dit-elle, que me voilà
loin d'eux à présent !" Cette réflexion, elle la fit encore
lorsqu'elle mit le pied en Europe. Être dans une autrfc par-
tie du monde lui présentait l'image d'une distance qu- l'ef-
frayait plus que le chemin qu'elle venait de faire ; ell< Vhs-
6*
66 ELISABETH.
sait en A.sie ses seuls protecteurs, les seuk êtres dans toute
la nature sur qui elle eût des droits, et dont l'affection lui
fût assurée. Et que trouverait-elle dans cette Euiope si
célèbre par ses lumières, dans cette cour impériale où af-
fluent les richesses et les talents ? Y trouverait-elle un seul
cœur touché de sa misère, ému de sa faiblesse, dont elfe pût
implorer la protection ? Sans doute à cette pensée il était
un nom qui devait se présenter à elle. Ah ! si elle avait es-
péré le rencontrer à Pétersbourg ! . . . mais il n'y était point.
L'ordre de l'empereur l'avait mandé pour rejoindre l'armée
en Livonie ; elle ne le trouverait donc pas dans cette Eu-
rope, qui lui semblait n'être habitée que par lui, parce qu'il
était la seule personne qu'elle y connût. Alors tout son
recours était dans le père Paul. Un homme qui avait passé
soixante ans à faire du bien, devait, dans les idées d'Elisa-
beth, avoir un grand crédit à la cour des rois.
De Ferme à Tobolsk on compte près de neuf cents verstes :
les chemins sont beaux, les champs fertiles et bien cultivés :
on rencontre fréquemment de riches villages russes et tartares,
dont les habitants ont l'air si heureux, qu'on a peine à
croire qu'ils respirent l'air de la Sibérie ; il y a même
quelques auberges ornées de très-belles images, de tables,
de tapis et de plusieurs ustensiles de luxe qui étaient in-
connus à Elisabeth, et qui commençaient à étonner sa
simplicité.
Cependant la ville de Ferme, quoique la plus grande
qu'elle eût vue encore, l'attrista par ses rues sales et étroites,
la hauteur de ses maisons, le mélange confus de palais et de
chaumières, et l'air fétide .qu'on y respirait. Ferme est en-
tourée de marécages ; et, jusqu'à Casan, le pays, entrecoupé
de bruyères stériles et de noires forêts de sapins, présente
l'aspect du monde le plus triste. Dans la saison des orag(«,
la foudre tombe très-fréquemment sur ces vieux arbres.
ÉLIBABETH. 67
qu'elle embrase avec rapidité, et qui paraissent alors comme
des colonnes d*un rouge ardent surmontées d'une vaste che-
velure de flamme. Plusieurs fois Elisabeth et son guide furent
témoins de ces incendies. Obligés de traverser ces bois, qui
brûlaient des deux côtés du chemin, tantôt ils voyaient des
arbres consumés par le bas soutenir de leur* seule écorce
leurs cimes que le feu n'avait pas encore gagnées, oup'en-
versés à demi, former comme un arc de feu au milieu de la
route ; ou enfin, s* écroulant avec fracas, retomber l'un sur
l'autre en pyramides embrasées, semblables à ces bûchers
antiques où la piété païenne recueillait la cendre des héros.
Cependant, malgré ces dangers et ceux plus éminents
peut-être du passage des fleuves débordés, Elisabeth ne se
plaignait point, et trouvait môme qu'on lui avait exagéré les
diflScultés du voyage. Il est vrai que le temps était très-
beau, et qu'elle n'allait pas toujours à pied ; on rencontrait
le long de la route des charrettes et des kibicks vides qui
revenaient de mener des bannis en Sibérie ; pour quelques
kopecks nos voyageurs obtenaient facilement des courriers la
permission de monter dans leurs voitures. Elisabeth accep-
tait sans humiliation les secours du bon père ; car, en les
recevant de lui, elle croyait les tenir du ciel.
Arrivés sur les bords de la Kama vers les premiers jours
de septembre, nos voyageurs n'étaient plus qu'à deux cents
verstes de Casan : c'était avoir presque fait la moitié du
voyage. Ah ! si le ciel eût permis qu' lisabeth l'eût fini
ainsi qu'elle l'avait commencé, elle aurait cru avoir faible-
ment payé le bonheur d'être utile à ses parents ; mais tout
allait changer, et avec la mauvaise saison s'approchait le
moment qui devait exercer son courage, mettre au jour
sa vertu, et sur la tête du juste la couronne immortelle
de vie.
Depuis plusieurs jours le missionnaire s'affaiblissait sen*
68 ELISABETH.
♦
siblement; il ne marchait plus qu'avec peme, et, quoique
appuyé sur son bâton et sur le bras d'Elisabeth, il était
obligé de se reposer sans cesse. S'il montait dans un kibick,
la route, formée de gros rondins placés sur des marécages,
lui causait des secousses horribles qui épuisaient seç der-
nières forces sans altérer un moment son courage. Cepen-
dant en arrivant à Sarapoul, gros village à clocher, sur la
rive droite de la Kama, le bon religieux éprouva une défail-
lance si extraordinaire qu'il ne lui fut pas possible d'aller
plus loin. Il fut recueilli dans un mauvais cabaret auprès
de la maison de TOupravitel, qui régit les biens de la cou-
ronne dans le territoire de Sarapoul. La seule chambre
qu'on pût lui donner était une espèce de galetas élevé, avec
un plancher tout tremblant, des fenêtres sans carreaux, pas
une chaise, pas un banc, pour tout meuble une mauvaise
table et un bois de lit vide ; on y jeta un peu de paille, et le
missionnaire s'y coucha. Le vent qui soufflait par la fenêtre
était si froid, qu'il aurait éloigné le sommeil du malade, lors
même que ses souffrances lui eussent permis de- s'y livrer.
De plus funestes pensées commençaient à effrayer Elisabeth.
Elle demanda un médecin, il n'y en avait point à Sarapoul ;
et, comme elle vit que les gens de la maison ne prenaient
aucune part à l'état du pauvre mourant, elle fut réduite à
n'avoir recours qu'à elle-même pour le soulager. D'abord
elle attacha contre la croisée un lambeau de vieille tapisserie
qui pendait le long du mur ; ensuite elle alla cueillir dans
les champs de la réglisse à gousses velues, ainsi que des
roses de Gueldre, et puis les mêlant, comme elle l'avait vu
pratiquer à sa mère, avec des feuilles de cotylédon épineux,
elle en fit une boisson salutaire qu'elle apporta au pauvre
religieux. A mesure que la nuit approchait, son état empi-
rait de plus en plus, et la malheureuse Elisabeth ne pouvait
plus retenir ses larmes. Quelquefois elle s'éloignait pour
ÉUBABETH. 69
étouffer ses sanglots ; au fond de son grabat le bon pare les
entendait, et il pleurait sur cette douleur qu'il ne pouvait pas
soulager, car il sentait qu'il ne se relèverait plus, et que tout
était fini pour lui sur la terre. Ah ! ce n'est pas quand on
a employé soixante ans à travailler pour Dieu qu'on peut
craindre la mort ! mais comment ne pas regretter un peu la
vie, quand il y reste beaucoup de bien à faire? "Mon Dieu,
disait-il à voix basse, je ne murmure point contre votre vo-
lonté ; mais, si vous m'aviez permis de conduire cette pauvre
orpheline jusqu'au terme de son voyage, il me semble que je
serais mort plus tranquille." Elisabeth avait allumé un
flambeau de résine, et demeura debout toute la nuit pour
soigner son malade. Un peu avant le jour elle s'approcha
pour lui donner à boire ; le missionnaire, prévoyant qu'avant
peu il ne serait plus en état de parler, se souleva sur son séant,
prit le verre des mains de la jeune fille, et, l'élevant vers le
ciel, il dit : " Mon Dieu, je la recommande à celui qui nous
a promis qu'un verre d'eau offert en son nom ne serait pas
un bienfait perdu." Ces mots révélèrent à Elisabeth toute
l'évidence d'un malheur que jusqu'alors elle s'était efforcée
de ne pas croire possible ; elle vit que le religieux sentait
qu'il allait mourir, elle vit qu'elle allait tout perdre : son
cœur se brisa, elle tomba à genoux devant le lit, le front
couvert d'une sueur froide et la poitrine suffoquée de san-
glots. " Mon Dieu, prenez pitié d'elle ; prenez pitié d'elle,
mon Dieu !" répétait le missionnaire en la regardant avec
une profonde compassion. A la fin, comme il vit que la
violence de sa douleur allait toujours croissant, il lui dit :
" Au nom du ciel et de votre père, calmez- vous, ma fille, et
écoutez-moi." Elisabeth tressaillit, étouffa ses cris, essuya
ses larmes, et, les yeux fixés sur le religieux, attendit avec
respect ce qu'il allait lui dire ; il s'appuya contre la planche
qui servait de dossier à son lit, et, recueillant toutes ses
70 ELISABETH.
forces, il parla ainsi : " Mon enfant, vous allez être exposée
à de grandes peines en voyageant seule, à votre âge, au nai-
lieu de la mauvaise saison ; cependant c'est là votre moindre
péril ; la cour vous en offrira de plus terribles ; un courage
ordinaire peut lutter contre Tinfortune et ne résiste pas à la
séduction : mais vous n'avez pas un courage ordinaire, ma
fille, et le séjour de la cour ne vous changera pas. Si
quelques méchants (et vous en trouverez beaucoup) vou-
laient abuser de votre situation et de votre misère pour vous
écarter de la vertu, vous ne croirez point à leurs promesses,
et toutes leurs vaines richesses ne vous éblouiront pas. La
crainte de Dieu et Tamour de vos parents, voilà ce qui est
au-dessus de tout, et voilà ce que vous avez. A quelque, ex-
trémité que vous soyez réduite, vous n'abandonnerez jamais
ces biens pour quelque bien qu'on puisse vous offrir, et vous
vous souviendrez toujours qu'une seule faute porterait la
mort au sein de ceux qui vous ont donné la vie. — Ah ! mon
père ! interrompit-elle, ne craignez pas. . . — ^Je ne crains
rien, dit-il : votre piété, votre dévouement ont mérité une
confiance sans bornes, et je suis sûr que vous ne succom-
berez pas à l'épreuve à laquelle Dieu vous soumet. Main-
tenant, ma fille, prenez dans ma robe la bourse que le géné-
reux gouverneur de Tobolsk me donna en vous recomman-
dant à mes soins. Gardez-lui le secret, il y va de sa vie. . .
Cet argent vous conduira à Pétersbourg. Allez chez le
patriarche, parlez-lui du père Paul, peut-être ne l'aura-t-il
pas oublié ; il vous donnera un asile dans un couvent de
filles, et présentera sans doute lui-même votre requête à
l'empereur. . . Il est impossible qu'on la rejette. . . Au mo-
ment de la mort, je puis vous le dire, ma fille, votre vertu
est grande ; le monde en voit peu de semblable, il en sera
touché ; elle aura sa récompense sur la terre avant de l'avoir
dans le ciel. . ." Il s'arrêta, sa respiration devenait gênée, et
ELISABETH. 71
ime sueur froide coulait sur son front. Elisabeth pleurait
en silence, la tête penchée sur le lit. Après une longue
pause le missionnaire détacha de dessus sa poitrine un petit
crucifix de bois d'ébène, et, le présentant A Elisabeth, il lui
dit d'une voix affaiblie: "Prends ceci, ma fille ; c'est le seul
bien que j'aie à donner, le seul que j'aie possédé sur la
terre : avec lui je n'ai manqué de rien." Elle le pressa
contre ses lèvres avec un vif transport de douleur, car l'a-
bandon d'un pareil bien lui prouvait que le missionnaire était
sûr de n'avoir plus qu'un moment à vivre. " Pauvre brebis
abandonnée, ajouta-t-il avec une grande compassion, ne crains
plus rien ; car voilà le bon pasteur du troupeau qui veillera
sur toi ; s'il te prend ton appui, il te rendra plus qu'il ne te
prend, fie-toi à sa bonté. Celui qui donne la nourriture
aux petits passereaux et qui sait le compte des sables de la
mer n'oubliera pas Elisabeth. — Mon père, ô mon père ! s'é-
cria-t-elle en serrant la main qu'il étendait vers elle, je ne
puis me soumettre à vous perdre. . . — Mon enfant, reprit-il,
Dieu l'ordonne : résigne-toi, calme ta douleur ; dans peu
d'instants je serai là-haut, je prierai pour toi, pour tes pa-
rents. . ." Il ne put achever ; ses lèvres remuaient encore,
mais on ne distinguait aucun son : il retomba sur sa paille,
les yeux élevés vers le ciel ; ses dernières forces furent em-
ployées à lui recommander l'orpheline gémissante, et il sem-
blait encore prier pour elle quand déjà \A mort l'avait frappé :
tant était grande en son âme l'habitude de la charité : tant,
durant le cours de sa longue vie, il avait négligé ses propres
intérêts pour ne songer qu'à ceux d 'autrui ; au moment ter-
rible de comparaître devant le trône du souverain juge et de
tomber pour toujours dans les abîmes de l'éternité, ce n'était
pas encore à lui-même qu'il pensait.
Les cris d'Elisabeth attirèrent plusieurs personnes : on lui
demanda ce qu'elle avait, elle montra son protecteur étendu
73 ELISABETH.
sans vie ; aussitôt, au bruit de cet événement, ]a chambre se
remplit de monde: les uns venaient voir ce qui se passait
avec une curiosité stupide ; ceux-ci jetaient un coup d'œil
de surprise sur cette jeune fille qui pleurait auprès de ce
moine mort ; d'autres la regardaient avec pitié : mais les
maîtres de Tauberge, occupés seulement de se faire payer
les misérables aliments qu'ils avaient fournis, trouvèrent
avec joie dans la robe du missionnaire la bourse que, dans sa
douleur, Elisabeth n'avait pas songé à prendre ; ils s'en em-
parèrent et dirent à la jeune fille qu'ils lui rendraient le reste
quand ils se seraient remboursés de leurs frais et de ceux de
l'enterrement. Bientôt les popes arrivèrent avec leui*s flam-
beaux et leur suite ; ils jetèrent un grand drap sur le corps
du mort : la pauvre Elisabeth fit alors un cri douloureux.
Obligée de quitter la main raidie de son guide, qu'elle tenait
toujours, elle dit un dernier adieu à cette figure vénérable
qui respirait déjà une sérénité divine, et se précipita a
genoux dans le coin le plus obscur de la chambre. Là,
baignée de larmes, la tête couverte d'un mouchoir, comme
pour se cacher ce monde désert o\ï elle allait marcher seule,
elle s'écriait d'une voix étouffée : " O esprit bienheureux,
n'abandonne pas la pauvre délaissée 1 mon père ! ma
tendre mère, que faites-vous maintenant que tout secoura
vient d'être ôté à l'enfant de votre amour ?"
Cependant on commença quelques chants funèbres, on mit
le corps dans la bière, et, quand vint le moment de l'empor-
ter, Elisabeth, quoique faible, tremblante et désespérée, vou-
lut accompagner jusqu'à son dernier asile celui qui l'avait
soutenue, secourue, fortifiée, et qui était mort en priant pour
elle.
Sur la rive droite de la Kama, au pied d'une éminence ou
s'élèvent les ruines d'une forteresse construite pendant les
anciens troubles des Baschkirs, est le heu consacré à la se-
ELISABETH. 73
pulture des habitants de Sarapoul. Cette place est en pleine
campagne, elle est entourée d'une haie de mélèzes nains; au
milieu on voit une petite maison de bois qui sert d'oratoire,
ef tout autour des amoncellements de ten-e surmontés d'une
croix qui désignent autant de tombeaux ; çà et là quelques
sapins épars projettent des ombres lugubres, et de dessous
les pierres sépulcrales sortent des touffes de chardons en
forme de bluets avec de larges feuilles pendantes et dé-
coupées, et une autre plante dont la tige nue et penchée se
divise en plusieurs rameaux affilés, et dont les fleurs, d'un
jaune livide, semblent faites pour ne s'épanouir que sur les
tombeaux.
Le cortège qui suivait le cercueil du missionnaire était
nombreux. On y voyait plusieurs sortes de nations : des
Pei*sans, des Trukmènes, des Arabes échappés à l'esclavage
des Kirguis et reçus dans des collèges fondés par la dernière
impératrice. Ils suivaient pêle-mêle, un flambeau de paille
à la main, le convoi funèbre, en mêlant leurs voix à celles
des popes, tandis qu'Elisabeth, silencieuse, marchait à pas
lents, la tête couverte, et ne sentant de relation, au milieu de
cette foule tumultueuse, qu'avec celui qui n'était plus.
Quand le cercueil fut placé dans la fosse, le pope, selon
l'usage du rit grec, mit une petite pièce de monnaie dans la
main du mort pour payer son passage, et, après avoir jeté
un peu de terre par-dessus, il s'éloigna ; et là demeura en-
seveli dans un éternel oubli un mortel charitable qui n'avait
pas passé un seul jour sans faire de bien à quelqu'un ; sem-
blable à ces vents bienfaisants qui portent en tous lieux les
graines utiles et qui les font germer dans tous les climats, il
avait parcouru plus de la moitié du monde, semant partout
la sagesse et la vérité, et il mourait ignoré du monde : tant
la renommée s'attache peu à la bonté modeste, tant les
hommes qui la distribuent ne l'accordent qu'à ce qui les
1
7i ELISABETH.
étonne, a ce qui les détruit, et jamais à ce qui les console,
O rayon éclatant, éblouissante lumière, superbe gloire hu-
maine ! ne pense pas que Dieu t'eût permis d*être ainsi le
• prix de la grandeur, s*il n'avait réservé sa propre gloire pour
être le prix de la vertu.
Elisabeth resta dans ce lieu de tristesse jusqu'à la chute
du jour ; elle y pleura, elle y pria beaucoup, et ses larmes
et ses prières la soulagèrent. Dans les grandes infortunes,
il est bon, il est utile de pouvoir passer quelques heures à
méditer entre le ciel et la mort ; du tombeau s'élèvent des
pensées de courage ; du ciel descendent de consolantes es-
pérances ; on craint moins le malheur là où on en voit la
fin ; et là où -on en pressent la récompense, on commence
presque à l'aimer.
Elisabeth pleurait et ne murmurait point ; elle remerciait
Dieu des bienfaits qu'il avait répandus sur une partie de sa
route, et ne croyait point avoir le droit de se plaindre parce
qu'il les avait retirés à l'autre. Elle se trouvait, comme sur
les bords du ïobol, sans guide, sans secours, mais armée du
même courage et remplie des mêmes sentiments. " Mon
père ! ma mère ! s'écriait-elle, ne craignez nen, votre enfant
ne se laissera point abattre." Ainsi elle cherchait à les
rassurer, comme s'ils eussent pu deviner l'abandon où elle
se trouvait. Et quand un secret effroi gagnait son cœur :
" Mon père ! ma mère !" répétait- elle encore, et ces noms
calmaient sa frayeur. " Homme juste et maintenant bien
heureux, disait-elle en appuyant son front sur la terre
fraîchement remuée, faut-il vous avoir perdu avant que mon
noble père, ma tendre mère vous aient remercié de vos soins
pour leur pauvre orpheline ! ... bonheur d'être béni par
eux ! faut-il que vous en ayez été privé !"
Quand la nuit commença à s'approcher, et qu'Elisabeth
Bentit qu'il fallait s'arracher de ce lieu funèbre, elle voulut y
AUSABISTH. 75
laisser quelques traces de son passage, et, prenant un caîUoa
tranchant, elle traça ces mots sur la croix qui s'élevait au-
dessus du cercueil : le juste est mort, et il n'y a personne
fui y prenne garde.
Alors, disant un dernier adieu aux cendres du pauvre re-
ligieux, elle sortit du cimetière, et revint tristement occuper
la chambre déserte de Taub^rge de Sarapoul. Le lende-
main, quand elle voulut se remettre en route, Thôte lui donna
trois roubles, en l'assurant que c'était tout ce qui restait dans
la bourse du missionnaire. Elisabeth les prit avec un senti-
ment de reconnaissance et d'attendrissement, comme si ces
richesses, qu'elle devait à son protecteur, lui étaient arrivées
de ce ciel où il habitait maintenant. " Ah ! s'écria-t-elle,
mon guide, mon appui, ainsi votre charité vous survit ; et,
quand vous n'êtes plus auprès de moi, c'est elle qui me sou-
tient encore !"
Cependant, dans sa route solitaire, elle ne peut cesser de
verser des larmes ; tout est pour elle un sujet de regret, tout
lui fait sentir l'importance du bien qu'elle a perdu. Si ua
paysan, un voyageur curieux la regarde ou l'interroge, elle
n'a plus son vénérable protecteur pour commander le respect ;
si la fatigue l'oblige à s'asseoir, et qu'un kibick vide vienne
à passer, elle n'ose point l'arrêter, dans la crainte d'un refus
ou d'une insulte ; d'ailleurs, ne possédant que trois roubles^
elle aime mieux qu'ils lui servent à retarder le moment d'a-
voir recours aux aumônes qu'à lui procurer la moindre com-
modité : aussi se refuse-t-elle maintenant les légères dou-
ceurs que le bon missionnaire lui procurait souvent. Elle
choisit toujours pour s'abriter les plus pauvres asiles, et se
contente du plus mauvais lit et de la nourriture la plus
grossière.
Ainsi» cheminant très-lentement, elle ne put arriver à
Kasan que dans les premiers jours d'octobre. Un grand
76 fiXlâAtiETU.
vent de nord-ouest soufflait depuis plusieurs jours et avait
amassé beaucoup de glaçons sur les rives du Volga, ce qui-
avait rendu son passage presque impracticable. On ne pou-
vait le traverser que partie en nacelle et partie à pied, en
sautant de glaçon en glaçon. Les bateliers, accoutumés aux
dangers de cette navigation, n'osaient aller d'un bord du
fleuve à l'autre que pour l'appât d'un gain très-considérable,
et nul passager ne se serait exposé à faire le trajet avec eux.
Elisabeth, sans examiner le péril, voulut entrer dans un de
leurs bateaux ; ils la repoussèrent brusquement en la traitant
d'insensée, et jurant qu'ils ne permettraient pas qu'elle tra-
versât le fleuve avant qu'il fût entièrement glacé. Elle leur
demanda combien de temps il faudrait probablement attendre.
** Au moins deux semaines," j 6pondirent-ils. Alors elle ré-
solut de passer sur-le-champ. " Je vous en prie, leur dit-
elle d'une voix suppliante, au nom de Dieu, aidez-moi à tra-
verser le fleuve ; je riens de par-delà Tobolsk, je vais à Pé-
tersbourg demander è l'empereur la grâce de mon père,
exilé en Sibérie, et j'ji si peu d'argent que, si je demeurais
quinze jours à Ra^an, il ne me resterait plus rien pour con-
tinuer ma route." Ces paroles touchèrent un des bateliers :
il prit Éusabeth par la main : " Venez, lui dit-il, je vais es-
sayer de vous conduire ; vous êtes une bonne fille, craignant
Dieu et aimant votre père, le Ciel vous protégera." Il la fit
entrer avec lui dans sa barque, et navigua jusqu'à moitié du
fleuve ; alors, ne pouvant aller plus loin, il prit la jeune fille
sur ses épaules, et, marchant sur les glaces en se soutenant
sur ses avirons, il atteignit sans accident l'autre rive du
Volga, et y déposa son fardeau. Elisabeth, pleine de re-
connaissance, après l'avoir remercié avec toute l'effusion du
cœur le plus touché, voulut lui donner quelque chose. Elle
tira sa bourse, qui contenait un peu moins de trois roubles :
" Pauvre fille ! lui dit le batelier en regardant son trésor,
«LISABETH. T7
voilà donc tout ce que tu possèdes, tout ce que tu as pour
te rendre à Pétersbourg, et tu crois que Nicolas Eisolofif t'en
ôteiuit une obole ? Non, je veux plutôt y ajouter : cela me
portera bonheur, unsi qu'à mes six enfants."
Alors il lui jeta une petite pièce de monnaie, et s'éloigna
en lui criant : " Dieu veille sur toi, ma fille !"
Elisabeth ramassa sa petite pièce de monnaie, et, la consi-
dérant avec un peu d'émotion, elle dit: ''Je te garderai
pour mon père, afin que tu lui sois une preuve que ses
vœux ont été entendus, que son esprit ne m'a point quitté,
et que partout une protection paternelle a veillé sur moi."
Le temps était clair et serein ; mais, par moments, il ve-
nait du côté du nord des bouffées d'une bise très-froide.
Après avoir marché quatre heures sans s'arrêter, Elisabeth
se sentit très-fatiguée. Aucune maison ne s'offrant à ses
regards, elle fut chercher un asile au pied d'une petite col-
line dont les rochers bruns et coupés à pic la garantissaient
de tous les vents. Près de là s'étendait une, forêt de chênes;
ce n'est que sur cette rive du Volga qu'on commence à voir
cette espèce d'arbres. Elisabeth ne les connaissait point ; et,
quoiqu'ils eussent déjà perdu une partie de leur parure, ils
pouvaient être admirés encore ; mais, quelque beaux qu'ils
fussent, Elisabeth ne pouvait aimer ces arbres d'Europe ; ils
lui faisaient trop sentir la distance qui la séparait de ses pa-
rents ; elle leur préférait beaucoup le sapin ; le sapin était
l'arbre de l'exil, l'arbre qui avait protégé son enfance et
sous l'ombre duquel ses parents se reposaient peut-être en
cet instant. De telles pensées la faisaient fondre en larmes.
"Oh! quand les reverrai-je! s'écriait-elle, quand entendrai- je
leur voix! quand retournerai- je de ce côté pour tomber dans
leurs bras !" Et, en parlant ainsi, elle tendait les siens vers
Kasan, dont elle apercevait encore les tours dans le lointain,
et au-dessus de la ville l'antique forteresse des khans de la
1*
78 ELISABETH.
Tartane, se présentant sur le haut des rochers d'une maniàre
imposante et pittoresque.
Le long de sa route Elisabeth rencontrait souvent des ob-
jets qui portaient dans son cœur une tristesse à peu près
semblable à celle qui naissait du sentiment de ses propres
malheurs : tantôt c'étaient des infortunés enchaînés deux à
deux, qu'on envoyait soit dans les mines de Nertshink pour
y travailler jusqu'à la mort, soit dans les campagnes d'Ir-
koutsk, pour peupler les rives sauvages de l'Angora : tantôt
c'étaient des troupes de colons destinés à peupler la nouvelle
ville qu'on bâtissait par l'ordre de l'empereur sur les fron-
tières de la Chine. Les uns allaient à pied, et les autres
étaient juchés sur des chariots avec les caisses et les ballots,
les chiens et les poules. Cependant tous ces hommes, exilés
pour des fautes qui ailleurs eussent peut-être été punies de
mort, n'excitaient que la commisération d'Elisabeth ; mais
quand elle rencontrait quelque banni conduit par un courrier
du sénat, et dont la noble figure lui rappelait celle de son
père, alors elle était émue jusqu'aux larmes ; elle s'appro-
chait avec respect du malheureux, et lui donnait ce qui dé-
pendait d'elle : ce n'était point de l'or, elle n'en avait pas ;
mais c'était ce qui souvent console davantage, et ce que la .
plus pauvre des créatures peut donner comme la plus opu-
lente, c'était la pitié. Hélas ! la pitié était la seule richesse
d'Elisabeth ; c'était avec la pitié qu'elle soulageait la peine
des infortunés qu'elle rencontrait le long de sa route, et c'é-
tait à l'aide de la pitié qu'elle allait voyager désormais ; car,
en atteignant Volodimir, il ne lui restait plus qu^un rouble.
Elle avait mis près de trois mois à se rendre de Sarapoul à
Volodimir ; et grâce à l'hospitalité des paysans russes, qui,
pour du lait et du pain, ne demandent jamais de payement,
son faible trésor n'était pas entièrement épuisé: mais -elle
commençait à manquer de tout, ses chaussures étaient dô-
ELISABETH. 79
cfairées, ses habits en lambeaux la garantissaient mal du
froid qui était déjà à plus de trente degrés, et qui augmen-
tait tous les joui's. La neige couvrait la terre de plus de
deux pieds d'épaisseur ; quelquefois en tombant elle se ge-
lait en Tair, et semblait une pluie de glaçons qui ne pennet-
tait de distinguer ni ciel ni terre ; d'autres fois c'étaient
des torrents d'eau qui creusaient des précipices dans les
chemins, ou des coups de vent si furieux, qu'Elisabeth, pour
éviter leur atteinte, était obligée de creuser un trou dans la
neige, et de se couvrir la tête de longs morceaux d'écorce de
pin, qu'elle arrachait adroitement, ainsi qu'elle l'avait vu pra-
tiquer à certains habitants de la Sibérie.
Un jour que la tempête soulevait la neige par bouffées, et
en formait une brume épaisse qui remplissait l'air de té-
nèbres, Elisabeth, chancelant à chaque pas, et ne pouvant
plus distinguer son chemin, fut forcée de s'arrêter ; elle se
réfugia sous un grand rocher, contre lequel elle s'attacha
étroitement, afin de résister aux tourbillons de vent qui ren-
versaient tout autour d'elle. Tandis qu'elle demeurait là,
appuyée, immobile et la tête baissée, elle crut entendre assez
près un bruit confus, qui lui donna l'espérance de trouver
un meilleur abri ; elle se traîna avec peine de ce côté, et
aperçut en effet un kibick renversé et brisé, et un peu plus
loin une chaumière. Elle se hâta d'aller frapper à cette
porte hospitalière ; une vieille femme vint lui ouvrir, " Pauvre
jeune fille ! lui dit-elle, émue de sa profonde détresse, d'où
viens-tu, à ton âge, ainsi seule, transie et couverte de neige ?"
Elisabeth répondit comme à son ordinaire : " Je viens de
par-delà Tobolsk, et je vais à Pétersbourg demander la
grâce de mon père." A ces mots, un homme qui avait la
tête penchée dans ses mains, la releva tout à coup, regarda
Elisabeth avec surprise : " Que dis-tu ? s'écria- t-il : tu viens
de la Sibérie dans cet état, dans cette misère, au miheu des
80 ELISABETH.
tempêtes, pour demander la grâce de ton père ? Ab ! ma
pauvre fille ferait comme toi peut-être ; mais on m*a ar-
raché de ses bras sans qu'elle sache où l'on m'emmène, sans
qu'elle puisse solliciter pour moi ; je ne la verrai plus, j'en
mourrai. . . On ne peut pas vivre loin de son enfant. . ."
Elisabeth tressaillit. " Monsieur, reprit-elle vivement, j'es-
père qu'on peut vivre quelque temps loin de son enfant.
— Maintenant que je connais mon sort, continua l'exilé, je
pourrais en instruire ma fille : voici une lettre que je lui ai
écrite ; le courrier de ce kibick renversé qui retourne à Riga
où est ma fille, consentirait à s'en charger si j'avais la
moindre récompense à lui offrir ; mais la moindre de toutes
n'est pas en mon pouvoir, je ne possède pas un simple ko-
peck ; les cruels m'ont tout enlevé."
Elisabeth sortit de sa poche le rouble qui lui restait, en
rougissant beaucoup d'avoir si peu à offrir. " Si cela pou-
vait suflâre," dit-elle d'une voix timide, en le mettant dans la
main de l'exilé. Celui-ci serra la main généreuse qui lui
donnait toute sa fortune, et courut proposer l'argent au
courrier : c'était le denier de la veuve, le courrier s'en con-
tenta. Dieu sans doute avait béni l'offrande ; il permit
qu'elle parût ce qu'elle était, grande et magnifique, afin que,
servant à rendre une fille à son père et le bonheur à une
famille, elle portât des fruits dignes du cœur qui l'avait
faite.
Quand l'ouragan fut calmé, Elisabeth voulut se mettre en
route. Elle embrassa la vieille femme qui l'avait soignée
comme sa propre fille, et lui dit tout bas, pour que l'exilé ne
l'entendît pas : " Je ne puis vous récompenser, je n'ai plus
rien du tout ; je ne puis vous offrir que les bénédictions de
mes parents ; elles sont à présent ma seule richesse. — Quoi !
interrompit la vieille femme tout haut, pauvre fille, vous
avez tout donné?" Elisabeth rougit et baissa les yeux.
ELISABETH. 81
L'exilé leva les mains au ciel, et tomba à genoux devant
elle : " Ange qui m'as tout donné, lui dit-il, ne puis-je rien
pour toi ?" Un couteau était sur la table ; Élisabetb le prit,
coupa une boucle de ses cheveux, et la donnant à l'exilé,
elle dit : " Monsieur, puisque vous allez en Sibérie, vous
verrez le gouverneur de Tobolsk ; donnez-lui ceci, je vous
en prie : Élisabetb l'envoie à ses parents, lui direzvous.
Peut-être consentira-t-il que ce souvenir aille les instruire
que leur enfant existe encore. — Ah ! je jure de vous obéir,
répondit l'exilé ; et, dans ces déserts où l'on m'envoie, si
je ne suis point tout à fait esclave, je saurai trouver la
cabane de vos parents, et leur dire ce que vous avez fait au-
jourd'hui."
Avec le cœur d'Elisabeth, te don d'un trône l'eût bien
moins touchée que l'espoir des consolations qu'on lui pro-
mettait de porter à ses parents. Elle ne possédait plus rien,
rien que la petite pièce de monnaie du batelier du Volga, et
cependant elle pouvait se croire opulente, car elle venait de
gQÛter les seuls vrais biens que les richesses puissent pro-
curer : par ses dons, elle avait fait la joie d'un père, elle
avait consolé l'orpheline en pleurs ; et voilà pourtant ce qu'un
seul rouble peut produire entre les mains de la charité !
Depuis Volodimir jusqu'à Pokrof, village de la couronne,
le pays est dans un bas-fond très-marécageux, et couvert
de forêts d'ormes, de chênes, de trembles et de pommiers
sauvages. Dans l'été, ces diflférentes espèces d'arbres for-
ment des bosquets qui réjouissent la vue, mais qui sont or-
dinairement le refuge des voleurs : l'hiver on les redoute
moins, parce que les taillis dépouillés de leurs feuilles ne
leur permettent pas de se cacher aussi bien. Cependant, le
long de sa route, Elisabeth entendait parler de vols qui
s'étaient commis : .si elle avait possédé quelque chose,
peut-être ces bruits l'eussent-ils effrayée; mais obligée de
82 ELISABETH.
mendier son pmn, il lui semblait que sa pauvreté la mettait
à l'abri de tout, et que, sous cette égide'i elle pouvait tra-
verser ces forêts sans danger.
Quelques verstes avant Pokrof, la grande route venait d'être
emportée par un ouragan, et les voyageurs étaient obligés,
pour se rendre à Moscou, de faire un grand détour à tra-
vers les marécages que le Volga forme en cet endroit ; ils
étaient couverts d'une glace si épaisse, qu'on y marchait
aussi solidement que sur la terre. Elisabeth prit cette route
qu'on lui avait indiquée ; elle marcha longtemps à travers ce
désert de glace ; mais comme aucun chemin n'y était tracé,
elle se perdit, et tomba dans une espèce de marais fangeux,
dont elle eut beaucoup de peine à se tirer. Enfin, après
bien des efforts, elle gagnaTm tertre un peu élevé. Cou-
verte de boue et épuisée de fatigue, elle s'assit sur une
pierre, et détacha sa chaussure pour la faire sécher au so-
leil, qui brillait en ce moment d'un éclat assez vif. Ce lieu
était sauvage, on n'y voyait aucune trace d'habitation, il n'y
passait personne, et on n'y entendait même aucun bruit.
Elisabeth vit bien qu'elle s'était beaucoup écartée de la
grande route, et, malgré son courage, elle fut effrayée de
sa situation. Derrière elle était le marais qu'elle venait de
traverser, et au delà une immense forêt dont ses yeux n'a-
percevaient pas la fin. Le jour commençait à décliner.
Malgré son extrême lassitude, la jeune fille se leva dans
l'espoir de trouver un asile, ou des gens qui l'aideraient à en
trouver un : elle erra çà et là, mais en vain ; elle ne voyait
rien, elle n'entendait rien, et cependant il lui semblait qu'une
voix humaine eût remph son cœur de joie. . . Tout à coup
elle en entend plusieurs, et bientôt elle voit des hommes qui
sortent de la forêt: elle marche vers eux, pleine d'espé-
rance ; mais plus ils approchent, plus elle sent l'effroi suc-
céder à la joie : leur air sauvage, leur physionomie farouche.
ELISABETH. SZ
Tépouvantent plus que la solitude où elle était ; elle se rap-
pelle ce qu'on lui a dit des malfaiteurs qui remplissent cette
contrée, et elle craint que Dieu ne la punisse de la témérité
qui lui a persuadé qu'elle n'avait rien à craindre ; elle tombe
à genoux pour s'humilier devant la miséricorde divine. Ce-
pendant la troupe s'avance, s'arrête auprès d'Elisabeth, la
regarde, et lui demande d'où elle vient, et ce qu'elle fait là.
La jeune fille, les yeux baissés, et d'une voix tremblante,
répond qu'elle vient de par-delà Tobolsk, et qu'elle va de-
mander à l'empereur la grâce de son père ; elle ajoute
qu'elle a pensé périr dans les marais, et qu'elle attend qu'elle
ait repris im peu de force pour aller chercher un asile. Ces
gens s'étonnent, la questionnent encore, et veulent savoir
quel argent elle possède pour faire une si longue roate.
Elle tire de son sein la petite pièce de monnaie du batelier
du Volga, et la leur montre. " Voilà tout ? s'écrient-ils.
— ^Tout," leur répondit-elle. A ces mots, les bandits se re-
gardent l'un l'autre ; ils ne sont point touchés, ils ne sont
point émus, l'habitude du crime ne permet pas de l'être ;
mais ils sont surpris : ils n'avaient point l'idée de ce qu'ils
voient ; c'est pour eux quelque chose de surnaturel, et cette
jeune fille leur semble protégée par un pouvoir inconnu.
Saisis de respect, ils n'osent pas lui faire de mal ; ils n'osent
pas même lui faire du bien ; ils s'éloignent en se disant entre
eux : " Laissons-la, laissons-la, car Dieu est assurément au-
près d'elle."
Elisabeth se lève, et fuit le plus vite qu'elle peut du côté
opposé ; elle entre dans la forêt. A peine y a-t-elle fait
quelques pas, qu'elle voit quatre grandes routes formant
la croix, et à un des angles, une petite chapelle dédiée
à la Vierge, surmontée d'un poteau qui indique les villes
où conduit chacun des chemins. Elisabeth sent qu'elle
est sauvée, elle se prosterne avec reconnaissance : les
84 iUSiJBSTIH.
malfaiteurs ne s'étaient pas trompés» Dieu était auprès
d'eUe.
La jeune fille ne sent plus sa fatigue, Tespoir lui a rendu
des forces ; elle prend légèrement la route de Pokrof ; bien-
tôt elle retrouve le Volga qui forme un coude auprès de ce
village, et baigne les murs d'un pauvre couvent de filles.
Elisabeth se hâte d'aller frapper à cette porte hospitalière ;
elle raconte sa peine» et demande un asile ; on le lui donne
aussitôt ; elle est accueillie, reçue comme une sœur, et en se
voyant entourée de ces âmes pieuses et pures qui lui prodi-
guent les plus tendres soins, elle croit im moment avoir re-
trouvé sa mère. La récit simple et modeste qu'Elisabeth fit
de ses aventures, fut un sujet d'édification pour toute la
communauté. Ces bonnes sœurs ne se lassaient point d'ad-
mirer la vertu de cette jeune fille, qui venait d'endurer tant
de fatigues, de soutenir tant d'épreuves, sans avoir mur-
muré une seule fois. Elles regrettaient beaucoup de n'avoir
pas de quoi fournir aux frais de son voyage ; mais leur cou-
vent était très-pauvre ; il ne possédait aucun revenu, et
elles-mêmes ne vivaient que de charités. Cependant elles ne
purent se résoudre à laisser l'orpheline continuer sa route
avec une robe en lambeaux et des souliers déchirés ; elles se
dépouillèrent pour la couvrir, et chacune donna une partie
de ses propres vêtements. Elisabeth voulait refuser leurs
dons, car c'était avec leur nécessaire que ces pieuses filles la
secouraient ; mais celles-ci, montrant les murs de leur cou-
vent, lui dirent : ** Nous avons im abri, et vous n'en avez
pas ; le peu que nous possédons, vous appartient, vous êtes
plus pauvre que nous."
Enfin, voici Elisabeth sur la route de Moscou ; elle s'é-
tonne du mouvement extraordinaire qu'elle y voit, de la
quantité de voitures, de traîneaux, d'hommes, de femmes, de
gens de toute espèce qui semblent affluer vers cette grande
tLTBA HKiii» 85
capitale : plus elle ayance, et plus la foule augmente. Dans
le village où elle s'arrête, elle trouve toutes les maisons
pleines de gens qui payent à si haut prix une très-petite
place que l'infortunée, qui n'a rien à donner, ne peut que
bien difficilement en obtenir une. Ah ! que de larmes elle
dévore en recevant d'une compassion dédaigneuse un gros-
sier aliment et un abri misérable où sa tète est à peine à
couvert de la neige et des tempêtes ! Cependant elle n'est
point humiliée, car elle n'oublie jamais que Dieu est témoin
de ses sacrifices, et que le bonheur de ses parents en est le
but ; mais elle ne s'enorgueillit pas non plus ; trop simple
pour croire qu'en se dévouant à toutes les misères en faveur
de ses parents, elle fasse plus que son devoir, et trop tendre
peut-être pour ne pas trouver un secret plaisir à souffrir
beaucoup pour eux.
Cependant, de tous côtés, les cloches s'ébranlent, de tous
côtés Elisabeth entend retentir le nom de l'empereur. Des
coups de canon partis de Moscou viennent l'épouvanter ; ja-
mais un tel bruit n'avait frappé ses oreilles. D'une voix
timide, elle en demanda la cause à des gens couverts d'une
riche livrée, qui se pressaient autour d'une voiture renversée.
'* C'est l'empereur qui fait sans doute son entrée à Moscou,
lui dirent-ils. — Comment ! reprit-elle avec surprise, est-ce
que l'empereur n'est pas à* Pétersbourg ?" Ils haussèrent
les épaules d'un cdr de' pitié en lui répondant : " Eh quoi !
pauvre fille, ne sais-tu pas qu'Alexandre vient faire la céré-
monie de son couronnement à Moscou ?" Elisabeth joi^t
les mains avec transport ; le Ciel venait à son secours, il en-
voyait au-devant d'elle le monarque qui tenait entre ses
mains la destinée de ses parents; il permettait qu'elle arrivât
dans un de ces temps de réjouissances nationales, où le cœur
des rois fait taire la rigueur, et même la justice, pour n'é-
couter que la clémence. " Ah ! s'écria-t-elle, en se tour-
8
86 ELISABETH.
nant da côté des terres de l'exil, mes parents, faut-il que
mes espérances^ ne soient que pour moi, et que lorsque
votre fille est heureuse, sa voix ne puisse aller jusqu'à
vous."
£Ue entra en mars 1801 dans l'immense capitale de la
Moscovie, se croyant au terme de ses peines, et n'imaginant
pas qu'elle dût avoir de nouveaux malheurs à craindre. En
avançant dans la ville, elle vit des palais superbes, décorés
avec une magnificence royale, et près de ces palais des
huttes enfumées, ouvertes à tous les vents ; elle vit ensuite
des rues si populeuses, qu'elle pouvait à peine marcher au
milieu de la foule qui la pressait et la coudoyait de toutes
parts. A très-peu de distance elle trouva des bois, des
champs, et se crut en pleine campagne ; elle se reposa un
moment dans la grande promenade : c'est une allée de
bouleaux qui ressemble assez aux allées de tilleuls. Un
nombre infini de personnes s'y promenaient, en s'entretenant
de la cérémonie du couronnement ; des voitures allaient, ve-
naient, se croisaient en tous sens avec un grand fracas ; les
énormes cloches de la cathédrale ne cessaient de sonner ; de
tous les points de la ville, d'autres cloches leur répondaient ;
et le canon qui tirait par intervalles se faisait à peine en-
tendre au milieu du bruit dont retentissait cette vaste cité.
C'était surtout en approchant de la place du Krémelin que
le tumulte et le mouvement allaient toujours croissant ; de
grands feux y étaient allumés ; Elisabeth s'en approcha et
s'assit timidement à côté. Elle était épuisée de froid et
de fatigue ; elle avait marché tout le jour, et sa joie du ma-
tin commençait à se changer en tristesse ; car, en parcourant
les innombrables rues de Moscou, elle avait bien vu des mai-
sons magnifiques, mais elle n'avait pas trouvé un asile ;
elle avait bien rencontré une foule nombreuse de gens de
toute espèce et de toutes nations, mais elle n'avait pas
ÉLIBABETl'H. 87
trouvé un protecteur ; elle avait entendu des personnes de-
mander leur chemin, s'inquiéter de Tavoir 'perdu, et elle
avait envié leur sort. " Heureux, se disait-elle, d'avoir
quelque chose à chercher ! il n*y a que l'infortunée qui n'a
point d'asile, qui ne cherche rien, et qui ne se perd
point."
Cependant la nuit approchait, et le froid devenait très-vif.
La pauvre Elisabeth n'avait pas mangé de tout le jour, elle
ne savsdt que devenir, elle cherchait à lire sur tous les vi-
sages si elle n'en trouverait pas un dont elle pût espérer
quelque pitié ; mais ce monde, qu'elle regardait avec atten-
tion, parce qu'elle avait besoin de lui, ne la regardait seule-
ment pas, parce qu'il n'avait pas besoin d'elle. Elle se ha-
sarda à aller frapper à la porte des plus pauvres réduits ;
partout elle fut rebutée : l'espoir de faire irn gain considé-
rable pendant les fêtes du couronnement avait fermé le
cœur des moindres aubergistes à la charité : jamais on n'est
moins disposé à donner que quand on se voit au moment de
s'enrichir.
La jeune fille revint s'asseoir auprès du grand feu de la
place du Krémelin ; elle pleurait en silence, le cœur op-
pressé, et n'ayant pas même la force de manger im morceau
de pain qu'une vieille femme lui avait donné par compas-
sion. Elle se voyait réduite à ce degré de misère où il lui
fallait tendre la main aux passants pour en obtenir une faible
aumône accordée avec distraction où refusée avec mépris.
Au moment de le faire, un mouvement d'orgueil la retint ;
mais le froid était si violent qu'en passant la nuit dehors elle
risquait sa vie, et sa vie ne lui appartenait pas. Cette pen-
sée dompta la fierté de son cœur : une main sur ses yeux,
elle avança l'autre vers le premier passant, et lui dit : " Au
nom du père qui vous aime, de la mère de qui vous tenez le
jour, donnez-moi de quoi payer un gite pour cette nuit.*'
88 tUSÂBETH.
L'homme à qui elle s'adressait la regarda avec curiosité a
la lueur du feu. " Jeune fille, lui répondit-il, vous faites là
un vilain métier ; ne pouvez- vous pas travailler ? A votre
Âge on devrait savoir gagner sa vie ; Dieu vous aide ! je
n'aime point les mendiants." Et il passa outre.
L'infortunée leva les yeux au ciel comme pour j chercher
un ami : fortifiée par la voix consolante qui s'éleva alors
dans son cœur, elle osa réitérer sa demande à plusieurs
personnes. Les unes passèrent sans l'entendre ; d'autres
lui donnèrent une si faible aumône qu'elle ne pouvait suffire
à ses besoins. Enfin, comme la nuit s'avançait, que la foule
s'écoulait, et que les feux allaient s'éteindre, la garde qui
veillait aux portes du palais, en faisant sa ronde sur la
place, s'approcha d'Elisabeth, et lui demanda pourquoi elle
restait là. L'air dur et sauvage de ces soldats la glaça de
terreur : elle fondit en larmes sans avoir le courage de ré-
pondre un seul mot. Les soldats, peu émus de ses pleurs,
l'entourèrent en répétant leur question avec une insolente
familiarité. La jeune fille répondit alors d'une voix trem-
blante : '* y^e viens de par-delà Tobolsk pour demander à
l'empereur la grâce de mon père ; j'ai fait la route à pied,
et, comme je ne possède rien, personne n'a voulu me rece-
voir." A ces mots, les soldats éclatèrent de rire en taxant
son histoire d'imposture. L'innocente fille, v*vement alar-
mée, voulut s'échapper ; ils ne le permirent pas, et la re-
tinrent malgré elle. . " mon Dieu ! ô mon père ! s'écria-
t-elle avec l'accent du plus profond désespoir, ne viendrez-
vous pas à mon secoure ? Avez-vous abandonné la pauvre
Elisabeth ?"
Pendant ce débat, des hommes du peuple, attirés par le
bruit, s'étaient rassemblés en groupes, et laissaient éclater
un murmure d'improbation contre la dureté des soldats.
Elisabeth étend les bras, et s'écrie : ''Je le jure à la face du
ELISABETH. 8d
del, je n'ai point menti: je viens à pied de par-delà Tobolsk
pour demander la grâce de mon père ; sauvez-moi, sauvez-
moi, et que je ne meure du moins qu'après l'avoir obtenue.'*
Ces mots remuent tous les cœurs, plusieurs personnes s'a-
vancent pour la secourir. Une d'elles dit aux soldats : " Je
tiens l'auberge de Saint- Basile sur la place, je vais y loger
cette jeune fille ; elle parait honnête, laissez-la venir avec
moi." Les soldats, émus enfin d'un peu de pitié, ne la re-
tiennent plus, et se retirent. Elisabeth embrasse les genoux
de son protecteur ; il la relève, et la conduit dans son au-
berge, à quelques pas de là. "Je n'ai pas une seule chambre
à te donner, dit-il, elles sont toutes occupées ; mais, pour
une nuit, ma femme te recevra dans la sienne ; elle est bonne,
et se gênera sans peine pour t'obliger." Elisabeth trem-
blante le suit sans dire un seul mot. Il l'introduit dans une
petite salle basse, où ime jeune femme, tenant un enfant
dans ses bras, était assise auprès 'd'un poêle: elle se lève
en les voyant. Son mari lui raconte à quel danger il vient
d'arracher cette infortunée et l'hospitalité qu'il lui a promise
en son nom. La jeune femme confirme la promesse, et, pre-
nant la main d'Elisabeth, elle lui dit avec un sourire plein
débouté: "Pauvre petite, comme elle est pâle et agitée!
mais rassurez-vous, nous aurons soin de vous ; et une autre
fois évitez, croyez-moi, de rester aussi tard sur la place. A
votre âge, et dans les grandes villes, il ne faut jamais être à
cette heure-ci dans les rues." Elisabeth répondit qu'elle
n'avait aucun asile, que toutes les portes lui avaient été fer-
mées ; elle avoua sa misère sans honte, et raconta son
voysge sans orgueil. La jeune femme pleura en l'écoutant ;
son mari pleura aussi ; et ni l'un ni l'autre ne s'imaginèrent
de soupçonner que ce récit ne fût pas sincère, leurs larmes
leur en répondaient. Les gens du peuple ne se trom-
pent guère à cet égard ; les brillantes fictions ne sont
8*
90 ÉUSABETH.
point à leitr portée, et la vérité a seule le droit de lea
toucher.
Quand elle eut fini, Jacques Rossi, Taubergiste, lui dit :
** Je n*ai pas grand crédit dans la ville ; mais tout ce que je
ferais pour moi-même, comptez que je le ferai pour vous."
La jeune femme serra la main de son mari en signe d'appro-
bation, et demanda à Elisabeth si elle ne connaissait per-
sonne qui pût rintroduire auprès de Tempereur. "Per-
sonne," dit-elle ; car elle ne voulait pas nommer le jeune
Smoloff, de peur de le compromettre ; d'ailleurs, quel se-
cours pouvait- elle en attendre, puisqu'il était en Livonie ?
"N'importe, reprit la jeune femme ; auprès de notre magna-
nime empereur, la piété et le malheur sont les plus puissan-
tes recommandations, et celles-là ne vous manqueront pas. . .
—Oui, oui, interrompit Jacques Rossi, l'empereur Alexandre
doit être couronné demain dans l'église de l'Assomption ; il
faut que vous vous trouviez sur son passage ; vous vous jet-
terez à ses pieds, vous lui demanderez la grâce de votre
père ; je vous accompagnerai, je vous soutiendrai. . . — Ah !
mes généreux hôtes, s'écria Elisabeth en saisissant leurs
mains avec la plus vive reconnaissance. Dieu vous entend,
et mes parents vous bénirqpt ; vous m'accompagnerez, vous
me soutiendrez, vous me conduirez aux pieds de l'empe-
reur. . . Peut-être serez-vous témoins de mon bonlieur, du
plus grand bonheur qu'une créature humaine puisse goû-
ter. . . Si j'obtiens la grâce de mon père, si je puis la lui
rapporter, voir sa joie et celle de ma mère. . ." Elle ne put
achever, l'image d'une pareille félicité lui ôta presque l'espé-
rance de l'obtenir ; il lui semblait qu'elle n'avait pas mérité
d'être si heureuse. Ses hôtes ranimèrent son espoir par les
éloges qu'ils donnèrent à la clémence d'Alexandre, par le
récit qu'ils lui firent de toutes les grâces qu'il avait accordées
et du plaisir qu'il panûssait prendre à faire lé bien. Elisabeth
ELISABETH. 91
les écoutait avidement ; elle aurait passé la nuit à les enten-
dre ; mais il était fort tard, ses hôtes voulurent qu'elle prît
un peu de repos pour se préparer à la fatigue du lendemain.
•Jacques Rossi se retira dans la petite chambre au plus haut
de la maison, et sa bonne femme reçut Elisabeth dans son
propre lit.
Pendant longtemps elle ne put dormir; son cœur était
trop agité, trop plein ; elle remerciait Dieu de tout, même
de ses peines, dont l'excès lui avait valu la généreuse hospi-
talité qu'elle recevait. " Si j'avais été moins malheureuse,
se dit elle, Jacques Rossi n'aurait pas eu pitié de moi **
Quand le sommeil vint la surprendre, il ne lui ôta point son
bonheur ; de doux songes le lui offrirent sous toutes les
formes : tantôt elle croyait voir son père, tantôt la tou-
chante figure de sa mère lui apparaissait brillante de joie ;
quelquefois il lui semblait entendre la voix de l'empereur
lui-même, et quelquefois aussi un autre objet se montrait à
travers une vapeur qui cachait ses traits et ne lui permettait
pas de les distinguer plus que les sentiments qu'il avait fait
naître dans son cœur.
Le lendemain, de nombreuses salves d'artillerie^ le roule-
ment des tambours et les cris de joie de tout le peuple ayant
annoncé la fête du jour, Elisabeth, vêtue d'un habit que lui
avait prêté sa bonne hôtesse, et appuyée sur le bras de
Jacques Rossi, se mêla parmi la foule qui suivait le cortège,
et se rendit à la grande église de l'Assomption, où l'empe-
reur Alexandre devait être couronné.
Le temple saint étixit éclairé de plus de mille flambeaux,
et décoré avec une pompe éblouissante. Sur un trône écla-
tant, surmonté d'un riche dais, on voyait l'empereur et sa
jeune épouse, vêtus d'habits magnifiques et- brillants d'une si
extraordinaire beauté qu'ils paraissaient à tous les regards
comme des êtres célestes. Prosternée devant son auguste
92 ÉLISABBT&.
époux, la princesse recevait de ses mains la couronne impé-
riale, et ceignait son front modeste de ce superbe gage de
leur étemelle union. Vis-à-vis d'^^ux, le vénérable Platon,
patriarche de Moscou, du haut de la chaire de vérité, rappe-w
iait à Alexandre, dans un discours éloquent et pathétique,
tous les devoirs des rois, et l'effrayante responsabilité que
Dieu fait peser sur leurs tètes pour compenser la splendeur
et la puissance dont il les environne. Parmi cette foule im-
mense qui remplissait l'église, il lui montrait des Kamtcha-
dales apportant des tributs de peaux de loutres arrachée»
aux îles Aleutiennes, qui touchent au continent de l'Amé-
rique ; des négociants d'Archangel, chargés des richesses
que leurs vaisseaux vont chercher dans les mers d'Europe ;
il lui montrait des Samoïèdes venus de l'embouchure de
l'Énisséi, oii règne un étemel hiver, où les moissons sont in-
connues, où jamais un grain n'a germé, et des naturels d'As-
tracan, qui voient mûrir dans leurs champs de melon, la
figue et le doux fruit de la vigne, qui y donne un vin exquis ;
il lui montrait enfin des habitants de la mer Noire, de la mer
Caspienne et de cette Grande-Tartarie qui, bornée par la
Perse, la Chine et l'empire du Mogol, s'étend du couchant
à l'aurore, embrasse une moitié du monde, et atteint presque
jusqu'au pôle. " Maître du plus vaste empire de l'univers,
lui disait-il, vous qui allez jurer de présider aux destinées
d'un État qui contient la cinquième partie du globe, n'ou-
bliez jamais que vous allez répondre devant Dieu du sort
de tant de milliers d'hommes, et qu'une injustice faite au
moindre d'entre eux, et que vous auriez pu prévenir, vous
sera comptée au dernier jour." A ces paroles, le cœur du
jeune empereur parut vivement ému ; mais il y avait dans
l'église un cœur .qui n'était pas moins ému peut-être, c'étiût
celui qui allait demander la grâce d'un père.
Au moment où Alexandre prononça le serment solenne
ELISABETH. 93
par lequel il s'eng^eait à dévouer son temps et sa vie au
bonheur de ses peuples, Elisabeth crut entendre la voix de
la clémence qui ordonnait de briser les ch^lines de tous les
malheureux : elle ne put se contenir plus longtemps. Avec
' 'une force surnaturelle, elle écarte la foule, se fait jour à tra-
vers les haies de soldats, s'élance vers le trône en s'écriant :
I " Orâce ! grâce /" Cette voix, qui interrompait la cérémo-
* nie, causa beaucoup de rumeur ; des gardes s'avancèrent et
entraînèrent Elisabeth hors de l'église, en dépit de ses
prières et des efforts du bon Jacques Rossi. Cependant
! l'empereur, dans un si beau jour, ne veut pas avoir été im
I ploré en vain ; il ordonne à un de ses officiers d'aller savoir
ce que cette femme demande. L'officier obéit : il sort de '
l'église ; il entend les accents suppliants de l'infortunée qui
I se débat au milieu des gardes ; il tressaille, précipite ses
pas, la voit, la reconnaît, et s'écrie : " C'est elle, c'est
Elisabeth 1" La jeune fille ne peut croire à tant de bon-
heur, elle ne peut croire que Smoloff soit là pour sauver
son père ; cependant c'est sa voix, ses traits, elle ne peut s'y
méprendre ; elle le regarde en silence, et étend ses bras
vers lui comme s'il venait lui ouvrir les portes du ciel. Il
court à elle, hors de lui-même ; il lui prend la main, il doute
presque de ce qu'il voit : " Elisabeth, lui dit-il, est-ce bien
toi ? D'où viens-tu, ange du ciel ?- — Je viens de Tobolsk.
— ^De Tobolsk, seule, à pied ?" Il tremblait d'agitation en
parlant ainsi. " Oui, répondit-elle, je suis venue seule, à
pied, pour demander la grâce de mon père ; et on m'éloigne
du trône, on m'arrache de devant l'empereur. — Viens, viens,
ÉUsabeth, interrompit le jeune homme avec enthousiasme ;
c'est moi qui te présenterai à l'empereur ; viens lui faire en-
tendre ta voix, viens lui adresser ta prière : il n'y résistera
pas." Il écarte les soldats, ramène Elisabeth vers l'église.
En ce moment, le cortège impérial défilait par la grande
M ÉMBÂBETH.
porte ; aussitôt que le monarque parut, Sraoloff se fit jour
jusqu'à lui, en tenant Elisabeth par la main. Il se jette à
genoux avec elle, il s'écrie : " Sire, écoutez-moi, écoutez la
voix du malheur, de la vertu ; vous voyez devant vous la
fille de rinfortuné Stanislas Potowsky. Elle arrive des dé-
serts d'Ischim, où depuis douze ans ses parents languissent
dans Texil ; elle est partie seule, sans secours ; elle a fait la
route à pied, demandant Taumône, et bnivant les rebuts, la
misère, les tempêtes, tous les dangers, toutes les fatigues
pour venir implorer à vos pieds la grâce de son père."
Elisabeth éleva ses mains suppliantes vers le ciel en répé-
tant : " La grâce de mon père !" Il y eut parmi la foule un
cri d'admiration ; l'empereur lui-même fut frappé : il avait
de fortes préventions contre Stanislas Potowsky ; mais en
ce moment elles s'effacèrent ; il crut que le père d'une fille
si vertueuse ne pouvait être coupable : mais, l'eût-il été,
Alexandre aurait pardonné encore. " Votre père est libre,
lui dit-il ; je vous accorde sa grâce.*' Elisabeth n'en enten-
dit pas davantage. A ce mot de grâce, une trop vive joie
la saisit, et elle tomba sans coiinaissance entre les bras de
Smoloff. On l'emporta à travers une foule immense qui
s'ouvrit devant elle en jetant des cris, et en applaudissant à
la vertu de l'héroïne et à la clémence du monarque. On' la
transporta dans la demeure du bon Jacques Rossi ; c'est là
qu'elle reprit l'usage de ses sens. Le premier objet qu'elle
vit fut Smoloff à genoux auprès d'elle ; les premiers mots
qu'il lui dit furent les paroles qu'elle venait d'entendre de la
bouche du monarque : " Elisabeth, votre père est libre ; sa
grâce vous est accordée." Elle ne pouvait parler encore ;
ses regards seuls disaient sa joie et sa reconnaissance : ils
disaient beaucoup. Enfin elle se pencha vers Smoloff; d'une
voie émue, tremblante, elle prononça le nom de son père,
celui de sa mère. " Nous les reverrons donc, ajouta-t-elle,
ELISABETH. 95
nous jouirons de leur bonheur." Ces mots pénétrèrent j\is-
qu*au fond de Fâme du jeune homme. Elisabeth ne lui
I avait point dit qu'elle Taimait ; mais elle venait de Tassocier
' au premier sentiment de son cœur, au premier bien de sa
I vie ; elle venait de le mettre de moitié dans la plus douce
félicité qu'elle attendait de l'avenir. Dès ce moment il osa
concevoir l'espérance qu'elle pourrait peut-être consentir un
jour à ne plus séparer ce qu'elle venait d'unir.
Plusieurs jours se passèrent avant que la grâce pût être
expédiée ; il fallait revoir l'affaire de Stanislas Potowsky.
I En l'examinant, Alexandre fut convaincu que la seule équité
lui eût ordonné de briser les fers du noble palatin ; mais il
avait fait grâce avant de savoir qu'il devait faire justice, et
les exilés ne l'oublièrent jamais.
Un matin Smoloff entra chez Elisabeth plus tôt qu'il ne
l'avait osé faire^ jusqu'alors ; il lui présenta un parchemin
scellé du sceau impérial : " Voici, lui dit-il, l'ordre que l'em-
pereur envoie à mon père de mettre le vôtre en liberté."
La jeune fille saisit le parchemin, le pressa contre son visage
et le couvrit de larmes. " Ce n'est pas tout, ajouta Smolofl
avec émotion : notre magnanime empereur ne se contente
pas de rendre la liberté à votre père, il lui rend ses dignités,
I son rang, ses richesses, toutes ces grandeurs humaines qui
I élèvent les autres hommes, mais qui ne pourront élever Eli-
sabeth. Le courrier porteur de cet ordre doit partir demain
matin ; j'ai obtenu de l'empereur la permission d'j l'accom-
' pagner. — Et moi, interrompit vivement Élisabetli, ne l'ac-
compagnerai -je pas? — Ah! vous l'accompagneiez sans
doute, reprit Smoloff. Quelle autre bouche que li vôtre
aurait le droit d'apprendre à votre père qu'il est libre ?
J'étais sûr de votre intention ; j'en ai informé l'empereur ;
il a été touché, il vous approuve, et il me charge de vous
annoncer que demain vous pourrez partir ; qu'il vous domie
96 AUSABETH.
ttne de ses voitures, deux femmes pour vous servir, et une
bourse de deux mille roubles que voici, pour vos frab de
route." Elisabeth regarda Smoloflf; elle lui dit : " Depms
le premier jour où je vous ai vu, je ne me souviens pas d'a-
voir obtenu un seul bien dont vous n*ayez été Fauteur : sans
vous je ne tiendrais point cette grâce de mon père, sans vous
il n'aurait jamais revu sa patrie. Ah ! c'est à vous à lui ap-
prendre qu'il est libre, et ce bonheur sera le seul prix digne
de vos bienfaits. — Non, Elisabeth, repartit le jeune homme,
ce bonheur sera votre partage ; moi, j'aspire à un plus haut
prix. — Un plus haut prix ! s'écria-t-elle ; ô mon Dieu ! quel
peut-il être ?" Smoloflf fit un mouvement pour parler ; il
80 retint, il baissa les yeux, et, après un assez long silence,
il répondit d'une voix émue : " Je vous le dirai aux genoux
do votre père."
Depuis que Smoloflf avait retrouvé Elisabeth, il ne s'était
pas passé un seul jour sans qu'il la vit, sans qu'il demeurât
plusieurs heures de suite avec elle, sans qu'il eût une nou-
velle raison de l'aimer davantage, et sans qu'il s'écartât un
moment du respect qu'il lui devait. Elle était loin de ses
parents, elle n'avait d'autre protecteur que lui, et cette jeune
fille sans défense était à ses yeux un objet trop sacré, trop
saint, pour qu'il n'eût pas rougi de lui exprimer un sentiment
qu'elle aurait rougi d'entendre.
Avant de quitter Moscou, Elisabeth avait libéralement ré-
compensé ses bons hôtes ; de même, en passant le Volga
devant Kasan, elle se ressouvint du batelier Nicolas Kisoloflf;
elle demanda ce qu'il était devenu : on lui apprit que, par la
suite d'une chute, il était tombé dans la plus profonde mi-
sère, gisant sur un grabat au milieu de six enfants qui man-
quaient de pain. Elisabeth se fit conduire chez lui : il l'a-
vait vue pauvre et en lambeaux, elle revenait riche et bril-
lante ; il ne la reconnut pas. Elle tira de sa bourse la petite
ÉLIBABBTH. 97
pièce qu'il lui avait donnée, elle la lui montra, lui rappela ce
qu'il avait fait pour elle, et posant sur son lit une centaine
de roubles : " Tenez, lui dit-elle, la charité ne sème point en
vain ; ^oici ce que vous avez donné au nom de Dieu, voilà
ce que Dieu vous envoie."
Elisabeth était si pressée d'arriver auprès de ses parents,
qu'elle voyageait la nuit et le jour ; mais, à Sarapoul, elle
voulut s'arrêter, elle voulut aller visiter la tombe du pauvre
missionnaire ; c'étsdt presque un devoir filial, et Elisabeth
ne pouvait pas y manquer. Elle revit cette croix qu'on
avait placée au-dessus du cercueil, ce lieu où elle avait versé
tant de larmes; elle en versa encore, mais elles étaient
douces ; il lui semblait que du haut du ciel le pauvre reli-
gieux se réjouissait de la voir heureuse, et que, dans ce
cœur plein de charité, la vue du bonheur d'autrui pouvait
même ajouter au parfait bonheur qu'il goûtait dans le sein
de Dieu.
Je me hâte, il en est temps; je ne m'arrêterai point à
Tobolsk, je ne peindrai point la joie de Smoloff en présen-
tant Elisabeth à son père, ni la reconnaissance de celle-ci
envers ce bon gouverneur ; comme elle, je ne serai satisfaite
qu'en arrivant dans cette cabane, où on compte avec tant de
douleur les jours de son absence. Elle n'a point voulu qu'on
prévînt ses parentâ de son retour ; elle sait qu'ils se portent
bien, ofi le lui a dit à Tobolsk, on le lui confirme à Saïmka ;
elle veut les surprendre, elle ne permet qu'à Smoloff de la
suivre. Oh ! comme son cœur palpite en traversant la forêt,
en approchant des rives du lac, en reconnaissant chaque
arbre, chaque rocher ; elle aperçoit la cabane paternelle, elle
s'élance. . . Elle s'arrête, la violence de ses émotions l'épou-
vante, elle recule devant trop de joie. Ah ! misère de
l'homme, te voilà bien tout entière I Nous voulons du bon-
heur, nous en voulons avec excès, et l'excès du bonheur
9
98 6LISABETH.
nous tue, nous ne pouvons le supporter. ÉKsabeih, s'appu-
jant sur le bras de Smoloff, lui dit : " Si j'allais trouver ma
mère malade !" Cette crainte, qui venait se placer entre
elle et ses parents, tempéra la félicité qui Taccablaît, et lui
rendit toutes ses forces. Elle court, elle touche au seuil,
elle entend des voix, elle les reconnaît, son cœur se serre, sa
tète se perd, elle appelle ses parents : la porte s'ouvre, elle
voit son père ; il jette un cri : la mère accourt, Elisabeth
ti(»nbe dans leurs bras. " La voilà ! s'écrie Smoloff, la voilà
qui vous apporte votre grâce ; elle a triomphé de tout, elle
a tout obtenu."
Ces mots n'ajoutent rien au bonheur des exilés, peut-être
ne les ont-ils pas entendus ; absorbés dans la vue de leur
fille, ils savent seulement qu'elle est revenue, qu'elle est
devant leurs yeux, qu'ils l'ont retrouvée, qu'ils la tiennent,
qu'ils ne la quitteront plus ; ils ont oublié qu'il existe d'autres
biens dans le monde.
Longtemps ils demeurent plongés dans cette extase, ils
sont comme éperdus, on les crdrait en délire ; ils laissent
échapper des mots sans suite, ils ne savent ce qu'ils disent ;
ils cherchent en vain des expressions pour ce qu'ils éprou-
vent, ils n'en trouvent point; ils pleurent, ils gémissent, et
lem-s forces, comme leur raison, se perdent dans l'excès de
leur joie.
SmoloflF tombe aussi aux pieds des exilés. " AH ! leur
dit-il, vous avez plus d'un enfant. Jusqu'à ce moment
Elisabeth m'a nommé son frère, mais à vos genoux peut-
être me permettra-t-elle d'aspirer à un autre nom." La
jeune fille prend la main de ses parents, les regarde, et leur
dit : " Sans lui je ne serais point ici peut-être ; c'est lui qui
m'a conduite aux genoux de l'empereur, qui a parlé poui
moi, qui a sollicité votre grâce, qui l'a obtenue ; c'est lui qui
vous rend votre patrie, qui vous rend votre enfant, qui me
ÉUSÂBin^H. 99
ramène dans vos bras. O ma mère ! dis-moi comment doit
se nommer ma reconnaissance ? -ô mon père ! apprends-moi
comment je pourrai m'acquitter ?" Phédora, en pressant
sa fille contre son sein, lui répondit: ''Ta reconnaissance
doit être Taiçour que j'ai pour ton père." Springer s'écria
avec enthousiasme : " Le don d'un cœur comme le tien est
au-dessus de tous les bienfaits, mais Elisabeth ne saurait
être trop généreuse." La jeune fille alors, unissant la main
du jeune homme à celles de ses parents, lui dit avec une
modeste rougeur : " Vous promettez de ne les quitter ja-
mais ? — ^Mon Dieu ! ai-je bien entendu ? s'écria-t-il ; ses
parents me la donnent, et elle consent à être à moi." Il
n'acheva point, il pencha son visage baigné de larmes sur
les genoux d'Elisabeth ; il ne croyait pas que, dans le ciel
même, on pût être plus heureux que lui ; et l'ivresse de
cette mère qui revoyait son enfant, le tendre orgueil de ce
père qui devait la liberté au courage de sa fille, l'incon-
cevable satisfaction de cette pieuse héroïne qui, à l'aurore
de sa vie, venait de remplir le plus saint des devoirs, et ne
voyait plus aucune vertu au-dessus de la sienne ; tous ces
biens réunis, tous ces bonheurs ensemble ne lui sem-
blaient pas pouvoir égaler le bonheur qu'il devait au seul
amour.
Maintenant, si je parlais des jours qui suivirent celui-là,
je montrerais les parents s'entretenant avec leur fille des'
cruelles angoisses qu'ils ont endurées pendant son absence ;
je les montrerais écoutant, avec toutes les émotions de l'es-
pérance et de la crainte, le récit qu'elle leur fait de son
long voyage ; je ferais entendre les bénédictions du père en
f'iveur de tous ceux qui ont secouru son enfant ; je ferais
-'Oir la tendre mère montiant, attachée sur son cœur, comme
ia seiaie force qui avait pu la faii*e vivre jusqu'à cet instant,
*a boucle de cheveux envoyée par Elisabeth ; je dirais ce
491252
100 trjBAmciH.
que les parents éprouvèrent le jonr que Tezilé se présenta
dans leur cabane pour leur«apprendre le bien que leur fille
lui avait fait ; je dirais les larmes qu'ils versèrent au récit
4e sa détresse, les larmes qu'ils versèrent au récit de sa
vertu ; enfin, je raconterais leiu^ adieux à cette cabane sau-
vage, à cette terre d'exil, où ils ont souffert tant de maux,
mais où ils viennent de goûter une de ces joies d'autant
plus vives et plus pures, qu'elles s'achètent par la dou-
leur et naissent du sein des l%rmes ; semblables aux rayons
du soleil, qui ne sont jamais plus éclatants que quand ils
sortent de la nue pour se réfléchir sur des champs trempés
de rosée.
Pure et sans tache comme les anges, Elisabeth va partici-
per à leur bonheur, elle va vivre comme eux d'innocence et
d'amour. O amour ! innocence ! c'est assurément de votre
étemelle union que se compose Fétemelle félicité.
Je n'irai pas plus loin. Quand les images riantes, les
scènes heureuses se prolongent 'trop, elles fatiguent, parce
qu'elles sont sans vraisemblance ; on n'y croit point ; on sait
trop qu'un bonheur constant n'est pas un bien de la terre.
La langue, si variée, si abondante pour les expressions de la
douleur, est pauvre et stérile pour celles de la joie ; un seul
jour de félicité les épuise. Elisabeth est dans les bras de
ses parents ; ils vont la ramener dans leur patrie, la replacer
au rang de ses ancêtres, s'enorgueillir de ses vertus, et l'unir
à l'homme qu'elle préfère, à l'homme qu'ils ont eux-mêmes
trouvé digne d'elle. C'en est assez, arrêtons-nous ici, repo-
sons-nous sur ces douces pensées. Ce que j'ai connu de la
vie, de ses inconstances, de ses espérances trompées, de ses
* fugitives et chimériques félicités, me ferait craindre, si l'a-
joutais une seule page à cett« histobre, d'être obhcrèe «i'y
placer un malheur.
LA TRADUCTION IKTERLINEAIRE
PRONONCIATION FRANÇAISE
DX QUELQUES PAGES!
ACCOMPAGNÉ d'uN VOCABULAIRE DE TOUS LES MOTS DU LIYRB.
EXPLANATIONS OF THE DIFFERENT SIGNS EMPLOTED
JN PRONUNCIATION.
This ^-^ mark between two words signifies that the final consonant
of the first word must be sounded with the firist syllable of the sec-
ond Word ; as cent^ciis, wliich is pronounced cen tai-cu.
The letters « and x joined with the following word take the sound
of 2 ; les^^tnfanU is pronouneed le zang-fang, and tsix^^^amis, si za-mi,
The Setter d takes the eound of t ; graivd^^Jiomme is pronounced
gran tomm.
Letters from the preceding word joined to another are separated
by a dot, and must be pronounced with the syllable to w'iich they
are joined.
In the pronuncialion the syllables are divided by a dash.
The System of pronunciation adopted is that of Meadows' Dictionary
EXPLANATIOlSr OF THE DIFFERENT SIGNS USED IN THE
TRANSLATION.
An asterisk ( * ) is placed before words which are to be omitted in
translation.
The numbers 1, 2, 8, 4, 5, etc^ plaeed before the Engllsh worda,
show the English order of words in each sentence.
A parenthesis ( ) embraces the literal translation of the Frencii,
but the more libéral translation which immediately follows, is to be
preferred. <-- ^p*
Lah
vUl
duh to-bohk.
hàh-pe-fil
duh
lah
se-bai-re,
^
La
ville
de Tobolsk,
capitale
de
la
Sibérie,
est
The
ci^
of Tobolaky,
capital
of
•the
Siberia,
ia
9e-teu-ai seur ley rivv duh IJr-tish; o nor ell ey
située sur les rives de T Irtish; au nord elle est
aitoated on the bordera of the Irtish ; at the north it ia
ang-too-rai d.im-mang88e fo-rey he sxii-tattgde hjeuss-kah
entourée d' immenses forôts qui s' étendent jusqu'à,
Burrouiided (ofy-hy- immense forests which 'themselves extend to
lah. mair glah-syal. dang set ess-pass duh ongze sang
la mer Glaciale. Dans cet espace de onze cents
(he 28ea Ifrozen. In that spaœ of eleven hundred
104: TRANSLATION AND PEONTJNCIATION.
vairst, onff rang-kontr dey mong-tah-inff-yuh z,a^^id,
Terstes, on reDcontre des montagnes ^^ arides»
vents, (one meets)-tbere are- *8ome mountains barren,
ro-khah-yuhze zay koo-vairt duh naihje z.ai-tair-nel ; dey
rocailleuses ^^ et couvertes de neiges ^ éternelles ; des
pebbly and covered (of)-wiUi- Ssdows letenial; *aoiiie
flenn z.aing-huîet, dai-poo-yaiy oo, dang ley hjoor ley
plaines ^.^ incultes, dépouillées, où, dans les jours les
3 plains 1 uncaltiTated, Sstripped, where, in *tbe Sdays Ithe
pieu shœ dtth l.ah-na%e, lah tair nuh dai-hjell
plus chauds de T année, la terre ne dégèle
(most hot)-2hotte8t- of the year, the earth *not (thaws
pah z.(ih ung pyai; duh trisst z.ay larhje fluv
pas ,^ à un pied; de tristes^^^et larges fleuves
iiot)-4oeB not thaw- to one foot; *8ome sad and lange rivera
dong lay z.oe n.ong kjah-^mey z.ah-T(hzai tmn
dont les^eaux n* ont jamais ^ arrosé une
Sofwbich ltbe2waters *noihave never (watered)-run througli- a
^^my-ree, ne veu ai-pah-notheer unn flur, ang n.ah-vang-umg
prairie, ni vu épanouir une fleur. En ,^ avançant
meadow, nor seen 3bloom la 2flower. In adyanclng
dahrvang'ta^e vair luh pôle, ley saidr, ley sah-paing,
davantage vers le pôle, les cèdres, les sapins»
more towards the pôle, the cedar-trees, the fir-trees»
too ley grang z.arhr diea-pah-ress ; dey broo-sathyuh duh
tous les grands^^^arbres disparaissent; des broussailles de
aU the large trees disappear; *8onie bushes of
mai-layze rang-pang z.ay duh boo-loe naing duh-^yenn
mélèzes rampants „_^ et de bouleaux nains deviennent
Slarch-trees Icreeping and of 2bircb-tree8 Idwarf beoome
luh 8ul ornrtrmang duh sey me-zai-rabl hong-trai; ang-faing,
le seul ornement de ces misérables contrées; enfin,
(he only omament of those misérable countries; atlast,
dey mah-rey êhar-hjai duh mooaa suh mongtr
des marais chaigés de mousses se montrent
*aome marshes (Ioaded)-€oyered-- (of )-with- moes (themaelves showV-appew
TRAMBLATION AND PBONUNdATION. 106
kom luh datr^tfoi r.ay-for dwin nah-teur eks-p&mngtê ,
eomme le dernier ^^ effort d* une nature expirante ;
like the last ellbrt of an Snatoro lexpiring;
ah-pre^'hofyctkt ioott traaae duh vai-hjai-tah-syong din-pahrey
après qu(N, toute trace de yégétation disparaît.
aAerwardB, aU trace of Tegetation diwppeanL
nai-ang-nuxhaing 9.ey lah k,o me-lyuhe dey zMT'Tur
Néanmoins c* est là qu' au milieu des^^^^rreura
NevertheiesB (it is there thiU)-ttiere-in the middle ofthe bomm
d.%mg n.ai-tair-nd ee-vair, lah nahrtewr ah any-kor detf
d'un ^^ étemel hiver, la nature a encore des
of «a etemal winter, *tlie natiue bas yet *ioiiie
ponffpe mah-ing^e-fick ; $.ey lah hth Uy zj/htct
pompes magnifiques; c' est là que les ^^ aurores
S pompe Imagniflcent; (it te there that)-there- the S (aiirora8)-liglits
h<Hrai-al 9ong fraÀ-kangte z.ay mahrhjewteu-uhe-te, ay
boréales spnt fréquentes ,^ et majestueuses, et
Inortbem are Awquent and majeatie, and
hang^ah-tang l-^-ree-zony ang fofmm dark trey idair,
qu' embrassant V horizon en forme d' arc très - clair,
*Ûiaft embradng the horizon in fonn of-»- 3arc Ireiy Sdear,
doo parte dey ko-lonn dith leunmyayre mo-hUl, ell
d'où partent des colonnes de lumière mobile, elles
whenoe start *Bonie columos of Slight Imoveable, they
donn t.ah eey rai-hjyong z.ee-pair-bo-raie dey spek-taekl
donnent,^ à ces régions ^ hyperborées des spectacles
giYe to thoae 2 régions Ihyperborean *0ome spectacles
dong ley mair-vay-ytth eong taing-ko'neu z.oe pupl deu •
dont les merveilles sont ^ inconnues ^ aux peuples du
ofwhich the wondera are nnknown to the people ofthe
me-de. o teud duh Tobolsk 9.aitang luh 9airkl
Midi Au sud de Tobolsk s* étend le cercle
South. Âttbe flouth of Tobolsky (it8elfeztend8)-i8- the dnde
dlsa-shim; dey langde, par-suh-mai duh tong-hoe z.ay
à* Ischim; des landes, parsemées de tombeaux^ et
of Ischim; *flome heaths, etrewed (ofVwith- tomba and
>106 TRANSLATION AND PBONUNdATION.
ang-tryhrkùo-pai duh lack xMh^mayr, luh êoi-par
entrecoupées de lacs ,^ amers, le séparent
intereected (or)-by- Slakes (bitter)-! brloy- 2U Iseparate
dey keer-ffhe, pupl no-mad ay ee-do4autr, eih
des Kirguis, peuple nomade et idol&tre. A
IhKnttie KirguiB» 4people l-a-wanderiog 2 and 3idoIater. Onthelefl
goe»h, m ey hor-nai j^r Leer-tUh, ke vah 9uh pairdr,
gauche, il est borné par V Irtish, qui ya se perdre,
haiid, U is bonnded by the Irtisb, whicb goes Sitaelf Itoloae^
ah'prey duh nong-hrufu dai-tour teur ley frong-tyayre
après de nombreux détours sur les frontières
aAer *flome Dumerous windings on the flrontieiB
duh làh «At'nn, ay ah droo-at par luh to-bol.
de la Chine, et h droite par le ToboL
oT *th6 China, and on the right side hy the ToboL
ley riw duh euh fluv eong neu z.ay etai-rill; eU
Les riyes de ce fleuve sont nues ^^ et , stériles ; elles
The borden of tUis great river are destitute and stérile; thej
wth ftai'zangte tah l.uh-yuh kuh dey frag-mang duh
ne présentent ^^ k V oeil que des fragments de
*not S présent 3to the eye lonly aome fragments of
rock hree-zai, ang-tah-sai ley zjung $eur ley z.otre, ay
rocs brisés, entassés les .^ uns sur les ^^ autres, et
2 rocks J broken, heaped up one upon (the)-an- other, and
ieur-mong-tai duh kydck Moh-paing; ah lur pyai,
surmontés de quelques sapins; à leur pied,
surmounted (or)-by- afew fiMrees; at their IboU
dang ZMng n.ang-gl deu to-bol^ ong trouve luh ve-lahje
dans «^ un ^^ angle du Tobol, on trouve le village
in an angle of the Toboi, (one . flnds)-!»- the vUIag»
dtMnah-nyai duh sah-eem-koh; sah diss-tangsse duh
domanial de Salmka; sa distance de
belonging to the domain of Sainika; its distance froro
to-hoUk ey duh pieu duh eiaa aang vairst. plah-sat
Tobolsk est de plus de six cents verstes. Placé
T'^bolsky is of mors (of)-tha&- six hondred venta.
TEANSLATION AND PBONUNOIATIOK.
107
hjeusi-hah lah dair-nyaire le-mitt det* tairklf o me-lyuk$
jusqu' à la dernière limite du cercle, au milieu
as far as the last limit of the drcle, iu tbe middle
doAn^ pay-e dai-zair, too suh ke Lang-toore ey
d* un pays désert, tout ce qui V entoure est
of a 2ooimti7 IsoUtary, ail (that which>-that- SU Isurrounds is
êonghbr kom èong aa-lay-yuh ay trisst kom song klemah,
sombre comme son soleil et triste comme son dimat.
gioomj like its son and melancholy like its dimate,
8uhrpang-dang luh sairkl diss-shim ey seur-no-mai
Cependant le cercle d' Ischim est surnommé
However the circle uf bchim is Bomamed
Lee-tah-lee duh la% se-bai-ree^ parss-kill ah kyelck hjoor
V Italie de la Sibérie, parce qu' il a quelques jours
*the Italy of *the Siberia, because it bas soma (days
dai'taù ay kuh l.ee-vair n,ye deure kuh
d* été, et que V hiver n' y dure que
of 8umnier)-wann days^ and because tbe wbiter *not Sthere llaste Sonly
heii-e moo-aUf may z.ill ye ey dunn re-gyur eks-treyme
huit mois, mais ^ il y est d' une rigueur extrôme
Seight 4month8, but it *tbere is of an 2rigor 1 extrême.
Luh vang deu nor, ke soofl ah-lor kong-
Le vent du nord, qui soufflle alors con-
The (wind of the north)-north wind-, whicb blows then oon-
te-neu-el-mang, ah-riv shar-hjai duh glosa dey dai-zair
tinuellement, arrive chargé de glaces des déserts,^
tinually, arrives loaded (of )-with- ioe from tbe 3 déserts
z.ark'tickj ay ang n.ah-porte ung froo-ah se
un
2a
arctiques, et en ,^ apporte
larctic, and 2thence Ibrings
pai-nai-trang t. ai se vifft kuh dey
pénétrant ,^ et si vif, que dès
3 Sharp 4 and *80 5 violent, that from
9ep-tanghr luh to-bol shah-ree dey
septembre le Tobol charrie des
Peptember the Tobol conveys *Bome
froid si
6cold (8o)-]8uch-
luh moo-au duh
le mois de
the month of
glass ; unn nahje
glaces ; une neige
ice; a Ssnow
108 TKANSLATION AJSD PBONUUCIATION.
tti'pe»8 tonghe seur lah tair, ay nuk lah kitt
épaisse tombe sur la terre, et ne la quitte
Itbick fidls on the eartb, and (not it) -does not quit it-quita
pieu k.ah lah faing duk may. ill ey vray
plus qu' à la fin de mai. H est yrai
(more tbanat>-tiU- tbe end of May. It is true
kjih-lor, hang luh so-lay-uh ko-mangase ah lah fongebr,
qa! alors, quand le soleil commence & la fondre,
tbat then, wben the sun begina to SU Imelt,
êjey tunn shoze mair-vah-yuhze kuh lah prong-te-teud
€? est^_^une chose merveilleuse que la promptitude
it is a Sthing Iwonderfnl (a8)-toBee~ the apeed
ohnoeek lah-kyell ley z,arbr 9uh koovt duh fuh-ynh
avec laquelle les^^arbres se couvrent de feuilles,^
wUh wbich the treea Sthemaelvea Icover (of>-with-> leavea
eMy ley shang duh vair-deur: duhe z.oo troo-au hjaor
ot les champs de verdure: deux ^^ ou trois jours
and the flelda (of)-with- verdure: two or tbree daya
aeu-feeze tah lah nah-teur poor fayre ai-pah-noo-eer
suffisent ^^ & 1a nature pour faire épanouir
areaofDcieDt to *the nature <*for (tomake bloom>>to ope»-
toote $ey flur, ong kroo-ah-rey press hang-tangdr
toutes ses fleurs. On croirait presque entendre
ail its flowera. One would 3 believe lalmost (to bear)-he beam-
luh breu-ee duh lah vai-hjai-tah-syong ; ley shah-tong dey
le bruit de la végétation; les chatons des
iho uoiae of *the végétation; the bloaaoma ofthe
boo-loe e.ay-gsaal tunn o-dur duh roz; luh se-teezê
bouleaux^^exhalent ^^ une odeur . de rose ; le cytise
birch4rees exhale a amell of rose; the Scytisus
vuhrleu 8.ang-par duh too ley z-ang-droo-ah z.eurmid; de^
velu s* empare de tous les ^^ endroits ^^ humides ; des
Ihairy (fleizes)-coTers- *of ail the 8 places Idamp; *floma
froop duh se-go-ing-uh, duh kah-nar te-grai, d.oa-ah
troupes de cigognes, de canards tigrés, d' oies
banda of storka, of Sducka lapotted, or(gec<aa
TRANSLATION AND PBONUNOIATION. 109
deu Hor, êuh hjooe t.<ih Uih êur-fau
du nord, se joaent ,^h la surface
ofthe iiQrtb)-northeni geese-^ 'tbemaelTM play at the BurOoe
dey laek ; Idh greue blangsh ê.ang-f<mgs8e dang ley
des lacs; la grue blanche s' enfonce dans les
ofthe lakes; the Seraoe Iwhite «itoeirplunges into the
ro-zo^ dey mahrreg 80-le-tayre poor ee fayte sang
roseaux des marais solitaires pour y faire son
roeds ofthe Smanhes Isolitary inorderto *there make its
ne, k.eU fiait aing-deiU'trê-yuhze'mang ttih-veek duh
nid, qu' elle natte industrieusement ^ avec de
seBt, wbich it mats industrioualy with
jmh-te hjong; ay, dang ley boa-ah, Lai-keu-ruh-yuh vo4ang,
petits joncs; et, dans les bois, Y écureuil volant,
llttle reeds; and, in the wooda^ the squirrel flyinSi
90é-tang d.ung n,arbr ah Lotr ay fang-dang Lair
sautant d' un ^ arbre à Y autre et fendant Y air
Jumping fh>m one tree to (the)-an- other and catting the air
ah laid duh tey paU ay duh sah kyuhe
à Y aide de ses pattes et de sa queue
(ai thehelp of>-with- ita paws and *with ita taU
ihar-hjai duh layne, vah rong-hjai ley boor-hjong dey
chargée de laine, Ta ronger les bourgecms des
^oaded>-oo7ered- with wool, goea toeat the buds ofthe
poing ZMy luh tangdr fuh-yàhje dey boo-loe. aingse^
pins ^^ et le tendre' feuillage des bouleaux. Ainsi,
pineHrees and the tender foliage ofthe bireh-treea. Thos,
poor ley z,eytr z.ahrne-mai ke pupl sey froo-ah-oA
pour les,^ êtres ^^ animés qui peuplent ces froides
Ibr the Sbeinga lanimated that people thoee oold
kong-traie, illey txing-kor duh-mhe hjoor ; mey poor
contrées, il est ^^ encore d' heureux jours; mais pour
countriea, (it iaHhere are- yet some happy days; bat for
ley g.ay-gze-lai ke ley z.ah'hitt, ill n.ang n.ey poo-aing
les ,^ exilés qui les ^^ habitent, il n' en ^ est point
that o*v^y 11n^^a ^"l gt *notoftt ianot) theieaienoM.
110 TRANSLATION AND PEONDNCIATION.
lah pleii-par duk sey zjaing-for-teu-nai duh^muhré
La plupart de ces ^^ infortunés demeurent
(Tbe greater part>-moBt- of thèse uafortunate live
danff ley ve-lahje ke bord luh fiuv duh-peu-e to-hohk
«Uns les yillages qui bordent le fleuve depuis Tobolsk
in the Tillages which border tbe great river from Tobolsky
hjeusS'koe le-miit deu sairkl disa-shim ; dotr
jusqu' aux limites du cercle d' Ischim; d' autres
(JUI] to the)-to tbo- limita ofthe circle of Ischim; 'someothers
9ong ruhAai-gai dang dey kah.ban z,o me-lyuhe dey
sont relégués dans des cabanes ^ au milieu des
are relegated in *86me buta in the middle ofthe
êhang. luh goo^aim-mang foor-ne t.ah lah noo-re-teur duh
champs. Le gouvemement fournit ^ à la nourriture de
flelda. The goverament fumishes *to tbe nourisbment of
kyelk z,ung ; suhe k.ill ah-bang-donn viw dûh lur
quelques ^ uns ; ceux qu* il abandonne vivent de leurs
aome *ones; tbose that it abandons live by tbeir
shasi d.ee-vair: press-kuh toos iong dang sey lyuhe
chasses d' hiver: presque tous sont dans ces lieux
2hiintiDgs *oflwinter: nearly ail are in tboee places
l.ob-hJay duh lah pe-tyai peu-blick, ay n.ee êong
V objet de la pitié publique, et n* y sont
tbeobject of the 2pity 1 public, and (notthere are
dai-zing-yai kuh par luh nong duh mah-ltth-ruhe.
désignés que par le nom de malheureux,
designed a8)-are only designed- by the name of unfortonate.
àh duhe z.oo troo-aù vairst duh mh-^em-kah, o me-lyuhe
A deux ^^ ou trois verstes de Salmka, au milieu
At two or three versts from Baïmka, in the middle
d,unn Jo-rey mah-rai-kah-hjuhze ay rang-pie duh fiack
d' une forêt marécageuse et remplie de flaques
of a 2forest Imarahy and fuii of plashea
do*, eeur luh bor dung lack seer-kevrlayre, pro-foTig
d' eau, sur le bord d* un lac circulah-e, profond^
*of*water, on the ahore of a 31ake Icirctdar, Sdeep
TRANSLATION AND PEONUNCIATION. 111
tMtf bor^dai duh puh-plyai noo-ar zMy hlanff,
et bordé de peupliers noirs ^^ et blancs,
«nd bordered (of)-with- 4poplaKreea Iblack S and 3wbite,
ah-he-tey tunn fah-me-yuh day-gze-lai. ell ai-iey kong-po-zai
habitait^une famille d' exilés. Elle était composée
Uved a family of exiles. It was comiHMed
duh troo-au pair-sonn: dung n.onun duh khah-rangte-^
de trois personnes: d' un ^^ homme de quarante-
cf throe penoDs: of a man of forty-
taingh ang, duh sah fam ay duh êoh fee-yuht bell
cinq ans, de sa femme et de sa fille, belle
flve years, *of bis wife and *of bis daufcbler, bandsom*
0^ dang toott lah flur duh lah hjuhrness.
et dans toute la fleur de la jeunesse,
aad in ail tbe flower of *tbe youtb.
rang-fair-mai dang 9uh dai-zayr, set fah-me-yuh nÀh-vey
Renfermée dans ce désert, cette famille n' avait
Conflned in tbat deaert, tbis fiunily (not bad
duh kO'fMu-nt'kah'Syong ah-veck pair-sonn: luh payre
de communication avec personne: le père
of)-badno- communication witb (nobody)-anybody: the fatber
ah-ley too std ah lah êhaw ; hjah-mey z,ill wuh
allait tout seul à la chasse; jamais ^^ il ne
went quite alone (to the)-a- bunting; Snever Ibe *not
vuh-ney i.ah sah-eem-kah, hjah-mey z.ong n.ee ah-vey
Fenait ^^ à Salmka, jamais ,^ on n' y avait
came to Sa'imka, 4never (one nottbcre bad
veu ne êah fam ne êah fee-yuh*
vu ni sa femme ni sa fille ;
8')en)-3bad5beenfleen tbere- Ineitber bis wife 2nor bis daugbter;
hor z,unn poevr pay-e-zann tar-tar ke ley sair-vey.
Lors ^^ une pauvre paysanne tartare qui les servait,
except a poor 3 country woman 1 Tartar wbo S tbem 1 seryed,
neul eytr o mongde nuh poovey tuing-irai dang lur
Bul étr au monde ne pouvait ^^ entrer ' dans leur
no being intbe world *not conld («nter)go in thfilt
112 TRANSLATION AND PBONTTNCIATION.
hah-ban, cng nvh ko-ney-sey ne lur pah-tree, ne lur
cabane. On ne connaissait ni leur patrie, ni leur
but. Ooe *oot knew neither their native oouatiy, nor their
nay-sangue, ne lah koze duh Iwr èhau-te-mang : Itth
naissance, ni la cause de leur châtiment: le
birth, nor tbe cause of their punishment: the
fffHMfair-nur duh to-bolêk ang n,ahrvey std luh suh-kray,
gouyemeur de Tobolsk en «^ avait seul le secret,
govemor of Tobolsky 4ofit Ihad 2a]one 3 tbe secret,
ay mth Lcth-vey pah mayme kong-fyai o îyuhrtnang
et ne l' avait pas même confié au lieutenant
and *not 5it Ihad Snot 3even 4 (intni8ted)-told- tothe Ueatecant
duh êàh hjeiHre-dick'Syong ai-tah-ble ah sah-eem-koh, ang
de sa juridiction établi à Salmka. En
of bis Jurisdictioa eatablished at Saimlui. In
may-tang aey z.ay-gze-lai êoo sah aeur-vay-yangsae, ill leue
mettant ces ,^ exilés sous sa surveillance, il lui
pbidng thèse exiles under bis care, he 4tobim
ah-vey nd-mang ruh-k<Hnang-da% duh lur foor-neer ung
avait seulement recommandé de leur fournir an
Ibad 2(Hily 3 recommended 5to 7them 6famiah a
lohj-mang ko-modj ung puh-te hjar-daing^ du lah noo-re-teur
logement commode, un petit jardin, de la nourriture
SdweUing Iconvenient, a smaU garden, *some noorisbmeiU
ày dey veyte-mangy tney dang-pey-skai k.ill
et des vêtements, mais d'empêcher qu' ils
and *Boine clothes, but to prevent (that tbey
n.eusM to-kyuun ko-tneu^ne-kak-eyong
n* eussent ,^ aucune communication
Dot migfat baTe)-them flrom baying- no communication
O duh-hor^ ay seur-too d.aing^air-8ep-tai sai-vayre-mang toote
an dehors, et surtout d'intercepter sévèrement toutes
ooftirardly, and aboveall tointeroept severoly att
TRAHBLATION AND PBOIHTNCIATIOK. 113
Ujf laytr kMl hah-gar-drey duh fayrê jxihrêai rjok lak
les lettres qa' ils hasarderaient de faire passer ^^h la
*the kttere whichtliey wouMtiy (to make paBB>-lo aend- to the
koor diih reu-M.
cour de Russie.
oooit of
tang dMÎ-ghar dung koe-tai, ay duh Loir
Tant d' égards d' un côté, et de 1 autre
Bo many ^ofoonaideratioi» (of)-oo- one ride» sud (or>-oii- the ethêi
iang duh re-gyur ay duh miêê-tayre, fuh-zey 9oopp-so-nai
tant de rigueur et de mystère, disaient soupçonner
■0 moGh *of aeyerity and *of mystery, (made>-gatre- to suapect
kuh luh êaififfpl nong duh pyayre tpring-hger kjong
que le simple nom de Pierre Springer, qu' on
Vbai the Mmple name of Peter Springer, whichthey
do-ney tcJi Lay-çze-lai, hah-shey t.ung nong pieu
donnait «^ à - V exilé, cachait ^^ un nom plus,^
gave to the exile, conoealed a 3 name Imore
gMl-leuêtr, unn aing-for-tunn airhlahriangt^ ung grangi krim
illustre, une infortune éclatante, un grand crime
SilloBtrioufl, an Smisfortune 1 extraordinaiy, a great crime
puh - t^ttf 00 puh - teytr unn grangde aing-hjeitsa-tisê,
peut-^^ôtre, ou peut-^ôtre une grande injustice,
perfaape, or perhaps a great injustice.
«wy, too îey z.ay-for poor pai-nai-trai «lA suh-krety
Mais, tous les .^efforts pour pénétrer ce secret^
Bat, ail. *the eflbrts to penetrate tfais secret
im-yang tai-tai ee-neu-tilly hyaing-tos lah keu ryo-ze-tai
ayant ^^ été inutiles, bientôt la curiosité
hsTing been naeless, bdoq the etirioeity
9»ai-tay-ing-^ tMy Laing-tai-rey tah-veek dl, ong
^ éteignit ^ et Y intérêt ,^ avec elle. On
0t8eirextingul8hed)-decrea8ed- and the intereet with it. People
•ay-èah duh s.o-kethpai daing-for-teu^nai k.ong nuh
cessa de s'occuper d* infortunés qu' on ne
eesaed to (be bQay)-«peak- of onfortunate onea whomthey *&ot
10*
114 TRANSLATION AND PBONUNOIATION.
voo-ah-yey poo^ing, ay ong fe-ne mayme par îey
voyait point, et on finit môme par lea^
(aaw not)-did not see- aad they finiBhed even (by)-to 2them
t.oo-hle-yai too tah fey: std-mang, lort-kuk kyelck shah-sur
oublier tout ^ à fait: eeulement, lorsque quelques chasseurs
Iforget entirely: only, when some hanters
^uh rai-pang-dey dang lah fo-rey t.ay par-vuh-ney
se répandaient dans la forêt ^^ et parvenait
(themaelyes spread)-went- into tbe foreat and anived
hjeusS'kuh seur Iey bor deu lack, s.ill duh-mang-dey
jusque sur les bords du lac, s' ils demandaient
as far as *oii the shores ofthe lake, if they asked for
luh nong dey z.ah-be-tang duh set kah-ban: sith
le nom des ^^ habitants de cette cabane: Ce
tbe name ofthe inhabitants of tbis hut: (Thi8)-tbey-
song dey mah-luk-rukef lur rai-pong-dey-tong,
•ont des malheureux, leur répondait-^^on.
are *Bome unfortunate ones, (to them answered one)-was the answer-.
Ah-lor z.ill n.ang duh-mang-dey pah dah-vang-tahje, ay
Alors ^^ ils n' en demandaient pas davantage, et
Then they (*notofit aaked not)-did not ask- more, and
tai-loo-aJi-iîig-yey tai-meu duh pe-tyai ang suh
s'éloignaient ^^ émus de pitié en se
went away moved (of )-with- pity in* to* themtielves
de-zang to fong deu ^ kyur: dyuh mûi-yuh Iey
disant ,^ au fond du cœur : Dieu veuille les
saying in the bottom of (the)-their- heart: 2 God 1 may *wish 4 them
rangdr ung l^oor ah lur pah-trel pyayre spring-hgcr
rendre un jour à. leur patrie ! Pierre Springer
'toSreatore one day to their native country! Peter Springer
ah-vey hau-te leu-e-mayme tah duh-muhre: ell ai-tey tang
avait bâti lui-même sa demeure : elle était ^^ en
had built himself his dwelling: it was (in)-of-
hoo-ah dtth sah-paing ay koo-vairt duh pau-yuh; dey
bois de sapin et couverte de paille; den
hv'ood of fir)-flr*wood- and covered (of)-with- straw; *gome
TRANSLATION AND PRONUNCIATION. 115
masê duh ro-shai lah ghah-rang'te-êey dey rah-fal
masses de rochers la garantissaient des rafales
miiases of ' rocks SU laecured from the sudden gusis
deu vang deu nor tay dey z.ee-nong'dah-sy<mg
du yent du nord ,^ et des ^^ inondations
ofthe Swiiid (oflhe north)-! northera- and flromihe inundationa
deu loch, sey ro-shai, d.ung grah-nit tangdr, rai'Jlai-she-tey,
da laa Ces rochers, d' on granit tendre, réfléchissaient,
ofthe lake. Thèse rocks, of a 2 granité Isoft, reflected,
ang 8.ek8-fo-lyang, ley ray-yong deu to-lay-yuh; dang
en s' exfoliant, les rayons du soleil; dans
la ^theinaelTes exfoliatlng, the raya ofthe aan; ia
Uy pruh-myai hjoor deu praing-tang, ong voo-ay-yey
les premiers jours du printemps, on voyait
the firat daya of'lhe apring, (one 8aw)-4 were aeen-
gor-teer duh lur f angle dey fah-me-yvh duh
sortir de leurs fentes des familles de
Iho come out 6 of 7 their 8 clefts (some familiea)-! multitudes- 2 of
àhang-ping-yong^ ley z,ung d.ung roze pavl, ley z,otr
champignons, les^^uns d' un rose pâle, les^^autres
3 muahrooma, (the one8)'flome- of a 2ro6eco1or Ipale, *the othcra
koolur duh soofr, oo dung bluhe ah-zeu^rai,
couleur de soufre, où d' un bleu azuré,
(Ofdor)-ora2color- *of Ibrimatone, or of a blue (azure)-color •
pah-rah-yuh z.ah suhe deu loch by-Jcal ; ay^ dang ley
pareils ^^ à ceux du lac Bafkal; et, dans les
similar to thoae ofthe lake Baïkal; and, io the
hahrve-tai z.oo ley z.oo-rah-ghang z.ah-vey hjuh-tai ung
cavités ,^ où les ^^ ouragans ,^ avaient jeté un
cavities where the hurricanes had throwa a
puh duh tair, dey hjey duh paing z.ay duh sor-byai
peu de terre, des jets de pins ^^ et de sorbiers
Uttto *of ground, some apriga of pine^reea and of sorbs
116 TBAJinSLATION AND FBONimOIATIOV.
tMng-frey-^ey dang-fong-êai lur rcJirsinn t.ay dMi-ltth-^m
b' empressaient d' enfoncer leurs racinea ^^ et d' élerer
*tlieiiiielvee borried to Blnk their raois and to laiia
lur l^nn roA-moe.
leurs jeunes rameaux,
ibeir youog branches.
deu koe-iai mai-re^tfo-nal âeu loch, lah fo-fejf
Du côté méridional du lac, la forêt
(OfHm-thttSaide Itouthera ofthe lake, the Carat
n,ai'tey pieu Jcung tah-yee klair-nth-mai he latf-^ey
n' était plus qu' un taillis dair-semé qui lassait^
Snolwas 3 more (than)-but-a 2coppice Itbin which permitied
tah-pair-suk-voiHir dey langde z.im-mang98ê koo-vairt dstrig
apercevoir des landes ^^ immenses couvertes d' un
to perçoive loine 2heBth8 1 immense covered (oO-with^a
ffranff nongbr de tong-hoe ; pUu-syuhre z.ahrvey tai-tai
grand nombre de tombeaux ; plusieurs ^ avaient ^ été
graat number cf tomba; se vend had been
pe-yaij ay dey z.o-amang dvh kak-dauvr z,ai-tey tai-par
pillés, et des^ossements de cadavres ^ étaient ^ épars*
plundered, and aome boues of deadbodies were scattered
too to-toor ; rest dunn ang-syenn puh-plad ke
tout ^autour; reste d* une ancienne peuplade qui
ail around; remainder of an andent colony thatwonld
8uh-rey duh-muk-rai ai-tair-nell-^nang dang l.oo-ble, se dey
serait demeurée éternellement dans V oubli, si des
(be)-bave- remained forever in *tbe oblivion, if some
he-hjoo dor, rany-fair-mai zxi-veek ell o aainy
bijoux d' or, renfermés ^ avec elle au sein
SJewels (orgold>-igold-f shutup vith (it)-them- in the bosom
duh lah tair, n.ah^ey rai-val-lai 9ong n.ay-gzis9-tang99é
de la terre, n' avait révélé son ^^ existence
of the earth, 2not 1 had Srevealed theIr exislenoe
oA lMh-vah-ri99,
à 1* avarice.
to «the availoft
#
TBAIÎBLATrON ANÎ) PBOKtTKOIÀTION. 117
ah Lest duh set ffrangde pienrif unn pàh-iiU
A r est de cette grande plaine, une petite
(At)-on- the eaak oT this great platn, a miaU
thàk-peU duh hoo-ah t,aKvey tat-tai ai-luhrvai par
chapelle de bois ,^ avait ^ été élevée par
Schqpel (of wood)-l wooden- bad been (raised)-biiilt- by
detf hrai'tyaing ; ong ruh-mar-key kuh duh tuh
des chrétiens; on remarquait que de ce
«ome CbrisUans; (one obaenred)-it appeared- tbai (oO-on that
koe-tai ley tong-boe z.ak-vty t.ai-tai resê-peek-iai, ay kuh
c6té les tombeaux^avaient été respectés, et que
ride the tomba bad been respected, and tbat
duh-^ang net kroo-ah ke rah-pell toote ley vair-teu,
devant cette croix qui rappeUe toutes les vertus,
before tbis cnna wbicb recalto aU *ttie virtueB,
l.omm njofi-vey poo-aing to-zai pro-fah-nai lah ëangdr
V homme n' avait point ^ osé profaner la cendre
*Uie man *iiot bad not dared profluie tbe lemaina
dey tnor, 9.ey dang sey langde z.oo êtepp, nong
fies morts. C est dans ces landes ^ on steppes, nom
oftbe dead. It la la tbooe bealba or steppes, name
k.ell portt tang êe-bw-re, kuh,
qu' elles portent ,^ en Sibérie, que,
(wbicb tbey bear)-by wbIcb tbey are eaUed- in Slberia, tbat,
ieu-rang luh long ay reud ee^air dtéh auh kle-mah,
durant le long et rude hiver de ce climat,
during tbe long aod aevere wioter of tbat dimate,
nyayre epring-hger pah-sey toote sey mah-te-naie z.ah lah
Pierre Springer passait toutes ses matinées ^^ à. la
Peler Springer waaapending aU bis momiogs (at tbe
êhass; ill teu-ey dey z.ai-4ang ke tuh
chasse; il tuait des ^ élans qui se
biuiting)-inbiniting-; be killed *8onie elka wbicb Stbemselves
no(Hriêa dey hjunn fuh-yuh duh trangbl ay duh
nourrissent des jeunes feuilles de tremble et da
iDoorlab ofthe young leares of aapen-tiee and oT
118 TBANSLATION AND PBONUNCIATION.
puh-ple-yaù Ul ah-trah-pey hyeîeh-foihah dey martr gthb-linn,
peuplier. H attrapait quelquefois des martres zibelines,
poplar-tree. He caught sometimes *suiiie Smartens 4 sable»
(ih'Sey raur dang nth kang-tong^ ay pieu 80<>-vang dey
assez rares dans ce canton, et plus souvent des^
pratty Bcaroe in that canton, and more often *aome
gMir-minn, he ye tong tMng grang nonghr : deu
hermines, qui j sont^^en grand nombre : du
ermines, wbich Sthere lare in great number: (of tbe)-with the-
pree duh lur foù-reur^ ill fuh-zey imh-neer duh to^lnk
prix de leur fourrure, il faisait venir de Tobolsk
prioe of their fur, he (made come)-oniered- firom Tobolsky
dey rrntbl ho-mod z.ay ah-grai-abl poor sah fam
des meubles commodes ^^ et agréables pour sa femme
Bome 4fumitare8 Iconvenient 2 and Sgenlle for his wife
«y dey livr poor Bah fee-yuK ley longg soû-ah-raie
et des livres pour sa fille. Les longues soirées^
and aome books for his daughter. The long evenings
z.ai'tey tang-ploo-ah-yai z.ah l.aing-streak-syong duh lah
étaient ^^ employées s^ à. V instruction de la
were employed to the instruction of the
hjunn ai'le-zah-bett. êoo-vangy ah-seeze angtr sey pah-rang,
jeune Elisabeth. Souvent, assise entre ses parents,
young Elisabeth. Often, (6eated)-sitting- between her parents,
ell lur le-zey îoo hoe dey pah-aahje diss-too-ctr ;
elle leur lisait tout haut des passages d' histoire;
■he 2thém Iread (quite loud)-aloud- some passages o( hislory;
9pring-hger ah-rey-tey song n.ah-tang-8yong seur too ley
Springer arrêtait son ^^ attention sur tous les
Sprioger (stopped)-flxed- his attention «pon ail the
tray he poo-vey tai-luh-vai song n.aum ; ay sah mayre,
traits qui pouvaient ^ élever son ^^ âme ; et sa mère,
facts which were able to raise his mind ; and her mother,
fai'do-rahf seur too stthe ke poo-vey l.ah-tang-dveer. Lung
Phédora, sur tous ceux qui pouvaient Tattendrir. L* un
Phedora, upon ail those Uiat were able 2 her 1 to move. The ono
/
TBANSLATIOir AND FBOmrcrOlATIOK.
119
s lier Ishowed
aU
le»-e mong-trey toot lah bo-tai duh lah glwhar ay dtêh
liii montrait toute la beauté de la gloire et de
the beauty of *the gioiy and of
luh eharm
le charme
the chann
lMi-r<M8am, Lotr too
V héroïsme, V autre tout
*the heroism, the other ail
pe-yuh z.ay duh lah hong-tai mo-dest
pieux ,^ et de la bonté modeste.
Ipioua and of the Skindoeas Imodest.
dey sang-te-mang
des sentiments
of the S feeliogs
aong payre leur 9
Son père lui
Her father Sher
de-zey suh kuh
lah vair-teu ah duh grang ti
disait ce que la vertu
Itold (that which)-what- «the yirtue
duh seu-blimnif sah mayre 8uh
de sublime, sa mère ce
a de
haa *of
et
grand
great and
k.ell ah duh
qn* elle a de
*of sublime,
her mother (that which)-wbat- it bas
•of
kong-êo-lang t.ay dai-mabl: luh pruh-^myai leu-e ah-pruh-ney
consolant ^^ et d'aimable : le premier lui apprenait
consoling and amiable: the former 2 her Itaught
ko-mang till fo lah rai-vai-rai, tell-se k<hmang t.i!l
comment ^^ il faut la révérer, celle-ci comment ^^ il
how it is necessary 2 it 1 to révère, the latter how 1 it
duh suh kong-koor duh soo-aing
De ce concours de soins ^^
From this concourae of
lah fo shai-reer,
la faut chérir.
4 it 2 is neceflsary 3 to cherisfa.
zAll rai'zeul-tah ung
il résulta un
*it resulted a
kCy rai-eu-ne-sang
qui, réunissant
which, miiting
spring-hger ah l.ang-hjai-lick doo-suhre duh fai-do-rah^ fetA
Springer & V angélique douceur de Phédora, fut
Springer to the augelical roildness of Phedora, woa
too tah lah foo-ah nobl ay fyair kom too nuh
tout ^^ à. la fois noble et fier comme tout ce
(ail Bt the time)-at once- noble and prond like ail tliai
kah-rack-layr koo-rah-hjuhcy 8ang:8fblf
caractère courageux, sensible,
Scharacter Icourageuus, 2 sensible,
Leks-trah-or-de-nayre ai-nair-hjee duh
V extraordinaire. énergie de
the extraordinary energy of
120 TBAUBLATION AND PBOKITNCIATION.
kê 9ê-yaing duh hMiur, ay iangàr ay dai^tMXhmi
qni vient de 1* honneur, et tendre et dévonô
*wliidi ooniM frum *tli6 honour, and tender and deroleA
kom too mh ke ve-yiUng duh Lah^moor
eonune tout ce qui Tient de l' amoor.
]ik0 aU that *which oomes ihn «Uw lov%
ABBREVIATIONS USED IN THE DICTIONARY.
ff. m. Substantive masculine.
«./. Substantive féminine.
t. m. pi. Substantive masculine
pluraL
s.f.pL Substantive féminine plu-
ral.
acfj. Adjective.
cuii. poss. Adjective possessive.
aaj. dem, Adjective démonstra-
tive.
prw\, Pronoun.
pron. pera. Pronoun personal.
pron. poss. Pronoun possessive.
pron. deni. Pronoun démonstra-
tive.
pron. rel. Pronoun relative.
V. auxil. Verb auxiliary.
V. a. Verb active.
V. n. Verb neuter.
•. Verb active and neuter.
V. r. Verb refiected.
près. Présent of the indicative.
imp. Imperfect
prêt. Preterite.
fut. Future.
cor^L ConditionaL
ipiper. Imperative.
près, 8ubj, Subjunctive présent.
imp. suhj. Imperfect of liie aub*
junctive.
p. près. Participle présent.
part. Participle past.
adv. Adverb.
prep. Préposition.
conj. Conjunction.
interj. Interjection.
The répétition of the pre>
ceding word.
1. First conjugation.
2. Second conjugation.
3. Third conjugation.
4. Fourth conjugation
OBSERVATIONS.
A letter, or syllable, such as «, se, le, ve, foUowing an adjective or
participle, shows its féminine.
The infinitive of the first conjugation always ends in er ; the sec-
ond, in ir ; the third, in oir ; and the fourth, ni re.
The infinitive only is given, in this dictionarj, when the verb is
regular.
When a tense of an irregular verb is conjugated like the same
tense of the regular conjugation to which it belongs, it is omitted in
the dictionary.
DICTIONARY,
FRENCH AND ENGLISH,
OF ALL THE
WOBDS CONTAINED IN THIS VOLUME.
(Words whidi are alike in French and English, such as justice, «nton,
fruit, talerU, are omitted.)
AB
A or à, prep. to^ at, in,
A or a.y près. fias.
— (il v), there t«, ihere are.
Abanaon, s. m. the being forsaken.
Abandonner 1, y. a. to abandon,
give up.
s'Abattaient, imp. went dovm.
Abattement, s. m. sadness.
Abattre 4, v. a. to pull doton, cast
dofcn.
b' , to abate, to go down.
Abattu, adj. afflicted, broken down.
Abîme, s. m. abi/ss.
Abîmé, part, destroyed; deep.
Abîmer 1, v. a. to destroy ; tkrow
into an abyss.
s' , to be deHtroyed.
Abondance, s. f. abundanee.
Abondant, adj. abnndant.
, p. près, abounding.
Abonder 1, v. n. to abound
d'Abord, adv. atfirU, at once.
Abordé, part, a^costed
Aborder I, to latid, approach.
Aboutir 2, v. l!i. to etid; to mèet.
Abri, s. m. aheltcr,
à l'Abri, securedfrwn.
s'Abriter 1, v. r. to take shelter.
Absolu, e, adj. absolute.
AO
Absolument, adv. abaolutely ;
quite.
Absorbé, part, abêorbed; deep.
Absorber 1, v. a. to abaorb.
Abuser 1, v. n. to abuse.
Accabler l, y. a. to overburden:
oppress.
Accablé, e, part, oppreseed
Accepter 1, y. a. to accept.
Accessoires, s. m. pi. appendages,
Accessoir, s. and adj. accessor y.
Accompagner 1, y. a. toaecompany.
Accomplir 2, y. a. accompliêk.
d'Accord (être), to agrée.
Accorder 1, y. a. to grani.
s' , to aaree.
Accourait, imp. ran to.
Accourir 2, v. n. to run up.
Accourt, près, runs up ; comeë.
Accoutume, e, adj. accustomed.
Accoutumer 1, y. a. to accustom.
s'Accrocher 1, v. r. to catch hold.
Accroire (fiiire), to persuade.
Accroît, près, increases.
Accroître 4, y. to increase, to aug
ment.
Accru, part increased.
Accueil, s. m. toelcome. [corne.
Accueillir 2, y. a. to re^xive, to ted-
AQ
124
AM
Accusateur, s. m. accuser.
Accuser 1, v. a. ^o accuse.
Acharné, adj. enraged, furious.
s'Acharner 1, v. r. tofallfuriously
upon.
Acharnement, s. m. anirnosity
s'Acheminer 1, v. r. to walk.
Acheter 1, v. a, <o huy.
8* , to be hovght ; to buy.
Achever 1, v. a. tojinish.
Acquérir 2, v. a. to acquire.
Acquis, part, acquired.
Acquitter 1, v. a. ^o acquit.
s'Acquitter 1, v. r. to perfonn; to
discharge.
Adieu, 8. \n.farewell, adieu.
Admirer 1, v. a. ^o admire.
Admettre 4, v. a. to admit.
Admis, part, adinitted.
Adopter 1, v. a. to adopt.
Adorer 1, v. a. ^o adore, to worship.
Adouci, part, softened, cabned.
Adoucir 2, v. a. to soften.
Adresser 1, v. a. to address.
— — — une question, to ask a ques-
tion.
s'Adresser 1, v. r. to apply.
Adroit, e, adj. skiiful, dextrous.
Adroitement, adv. skilfully.
Adversaire, s. m. adversary.
Adversité, s. £ adversity, misf or-
tune.
Affaibli, part, enfeehled, \oeak.
Affaibhr 2, v. a. to enfeehle.
s'Affaiblir 2, v. r. to grow weak.
Affaire, s. f. business.
Affamé, adj. starvedy famished.
Affecter 1, v. a. <o affect, to 7nove.
Affermir 2, v. a. to strengthen.
Affliger 1 , v. a. fa afflict, to grieve.
s' , to grieve, to be afflicted.
Affluent, près, ressort in abund-
ance.
Affluer 1, V. n. to ressort in abun-
dance.
Affreux, se, ad. frightfvl, dreadfvl.
Afin de, prep. in order to.
• que, coiTJ. thaty in order that.
Agé, e, aged, old.
jir 2, V. n. to act. [tiwu
il s'Agissait imp. it was the qutih
Agiter l,y. a. to agitate.
Agréable, adj. agreeable.
Agréablement, adv. agreeably.
Agrément, s. m. omament ; charm.
Agneau, s. m. lamb.
Ah, interj. ah, oh.
Ai (j'), près, of kvoir, to hâve.
Aidé, part, assisted; toith the «•-
sistance.
à l'Aide, by the means.
Aider 1, v. a. to /lelp, to assist.
Aie, aient, près. subj. hâve.
Aïeux, s. m. pL aneestors.
Aigle, s. m. eagle.
Aiguille, s. f. needle.
Aille, aillent, près. subj. may go.
Ailleurs, adv. elsewhere.
d'Ailleurs, adv. besides.
Aimable, adj. amiable^ agreeable.
Aimé (bien), beioved.
Aimer 1, v. a. to love, to like.
Aîné, adj. eldest.
Ainsi, adv. thus, so.
que, as well as.
Air, s. m. air, shy^ tune, looking.
(avoir T), to seetn, to look aa
Aisance, s f. comfort, ease.
Aise (bien), adj. glad.
Aise (mal a son), uneasy.
Aisé. adj. easy.
Aisément, adv. easily.
Ait, près. subj. may hâve.
Ajouter 1, v. a. to add.
Alarmer 1, v. a. to alarm,
s' , to take alann ai.
Allée, s. f. walk.
Allemagne, s. f. Germany.
Aller 1, V. n. to go.
chercher, to go for, tofeteh,
y All«r de, to be at stake.
Allié, ». m. ally ; relation,
Allumei 1, V. a. to light.
Alors, adv. then, at that tinte.
Altérer 1, v. a. to alter, to change.
Amant, s. m. lover.
Amasser 1, y. a. to ass^mbU^ to
collecé.
AP
125
AS
Ambitienx, se, adj. ambitious.
Ame; 8. f. soitl ; mind.
Améliorer 1, v. a. ^o improve,
Amener 1, v. a. to brinff.
Amer, e, adj. bitter.
Amertume, s. f. bittemess; grief.
Ami, 8. m.frien€L
Amitié, p. f. friendëhip.
Amoncellement, a» m. heap, pile.
Amour, s. m. love.
Amour propre, s. m. self-love.
Amuser 1, v. a. ^o amw^.
An, 8. m. year.
Ancêtre, s. m. ancestor.
Ancien, ne, adj. ancient^ old.
Anéantir 2, v. a. to annihilate.
Ange, 8. m, an^el ; beaiUy.
Angélique, adj. angelic, angelical.
Angoisse, s. f. anguish.
Animal, s. m. animal, pi. animaux.
Animer 1, y. a. to animale.
Année, s. f. year.
Annoncer 1, v. a. to announ^e.
Antre, s. m. natural cave, grotto.
Anxiété, s. t anxiety.
Apaiser 1, v. a. ^o appease.
Apercevoir 3, v. a. to perceive.
Aperçu, part, perceived.
s'Aperçut, prêt, perceived.
Apostille, s. f. postscript
Apparaître 4, v. a to appear.
Appartenir 2, v. n. to belong.
Appartenait, imp. belonged.
Appartiens, appartiennent, belong.
Apparu, part, appeared.
Apparut, prêt, appeared.
Appât, s. m. bait, allurement
Appeler 1, v. a. to call.
s' , to be ccUled
Applaudir 2, v. to applaud
Appliquer 1, v. a. to apply.
Apporter 1, v. a. to bring.
Apprécier 1, v. a. to appreciate,
judge.
Appréhender 1, v. a. to appréhenda
tofear.
Apprenait, imp. learnedy heard
Apprenant, p. près, learning, tell-
ing.
Apprendre 4, v. a. to leam; to
hear ; to tell.
s'Api)rÔter 1, v, r. to get ready.
Appris, part. /earne-rf; heard; told.
Apprit, prêt, leamed; heard; told.
Approche, s. f. appronch, coming.
Approcher 1, v. to approach.
s' , to approach.
Approuver 1, v. a. to approve.
Appui, a. m. protector ; protection.
Appuyé, part, leaned, restedupon.
s'Appuyer 1, v. r. to lean, to resi
upon.
Apre, adj. uneven, rough.
Après, prep. after.
Arabe, s. m. Arabian.
Arabie, s. f. AraUa.
Arbre, s. m. tree.
Arbrisseau, s. m. shrub.
Arc, s. m. arc, arch, boto.
Arctique, adj. arctic, northem.
Ardent, adj. burning, ardent.
Ardeur, s. f. ardour, courage.
Argent, s m. money ; silver.
Aride, adj. arid, barren.
Arme, s. î. arm.
Armée, s. f. army.
Armer 1, v. a. to ann.
s' , to take up arms.
Armoise, s. f. mugtoort.
Arracher 1, v. a. to piUl offy tear off
Arranger 1, v. a. to arrange.
s'Arranger 1, v. r. to get settled.
Arrêter 1, v. a. to stop; to arrest,
s' , to stop.
Arrêtons-nous, let us stop.
Arrivée, s. f. arrivai.
Arriver 1, v. a. to arrive.
Arroser 1, v. a. to water, to wet
As (tu), près, thou hast.
Asie, s. f. Asia.
Asile, s. m. shelter, asyhtm.
Aspirer 1, v. a. to aspirate, aspire.
Assemblée, s. f. company ; assem
bly.
Assembler 1, v. a. to assemble.
Assentiment, s. m. assent, conseîu,
s'Assoir, V. r. to sit down.
Asservissement, %. m. subjsction.
AU
126
AV
Assez, ady. enaugh ; pretty,
s'Assied, près, sits down.
Assis, e, part, seatedy sitting,
Assister 1, y. a. ^o cMsist.
1 V. n. to le présent.
s'Assit, prêt. scU down.
Associer 1, y. a. io asmdate.
s'Associer 1, v. r. tojoin with.
Assurément, adv. assuredly.
Assurer 1, v. a to casure^ to affirm.
Astre, s. m. star.
Ati&dié, Jixed, bound, attached.
Attachement,' s. m. love, passion.
Attacher 1, y. a. to attach ; to
fasten.
s' , to he attached orfastened
Atteignait, inip. attained^ reacheU.
Atteignant, p. pr. reaching. [éd.
Atteignit, atteignirent, prêt, reach-
Atteindre 4, v. a. to attain, to reach.
Atteint, près, attains, reaches.
Atteint, e, part, reached.
Atteinte, s. f. blow ; reach ; grief.
Attendre 4, v. a to wait/or^ to ex-
pect.
plus loin, to wait longer.
s'Attendre 4, v. r. to expect.
Attendri, part, moved; so/tened
Attendrir 2, v. a. to soften ; to move.
Attendrissant, e, adj. movingy af-
fecting.
Attendrissement, s. m. compas-
sion ; the being moved or affected.
Attente, s. f. expectation.
Attentivement, adv. attentively.
Attester 1 , v. a. to aitest ; to certify.
Attirer 1, v. a. to attracty to draw.
Attrait, s. m. inclination; charm;
taste.
Attraper 1, v. a. to catch.
Attribuer 1, v. a. to aitribute.
Attristé, e, part, afflicted, grieved
Attrister 1, v. a. to grieve, to affiict.
Au, io thCy at the, in the^ by the.
Aube, s. f. break of day.
Aubépine, s. f. whitehom.
Auberge, s. f. inn.
Aubergiste, s. m. inn-keeper.
Aucun, e, adj. no, none, not any.
Audace, s. £ audacioumea».
Audacieux, se, adj. audacious.
Au-delà, prep. beyond,
Augmenter 1, y. a. to inereotfe,
augment.
Auguste, adj. august.
Aujourd'hui, adv. to-day ; now.
Aumône, s. f. a/m«, charity
Aune. s. m. elder,-tree.
Auparavant, adv. before.
Auprès, prep. near.
Auquel, pron. reL to lohich.
Aurai, aura, fut. shall, or mil hâve.
Aurais, auraient, would hâve.
Aurez, auront, mil hâve.
Auriez, cond. could, or would hâve.
Aurore, s. f. break of day ; east.
Aurores boréales, northern lighta.
Aussi, adv. also^ as, so.
que, as as.
Aussitôt, adv. immediately.
que, as soon as.
Autant, adv. as much^ as many.
que, as much^ or as many a».
dAutant plus, so much the more.
ne — qu'Autant que, only if.
Autel, s. m. altar.
Auteur, s. m. author.
Automne, s. m. and f. antumn.
Autorité, s. f. autJuyrity.
Autour de, prep. round, around.
Autre, adj. and pron. other.
r , the lattcr.
Autrefois, adv. fortnerly.
Autrement, adv. otherwise.
Autrui, s. m. otherSy other people.
Aux, to thcy at the, in the.
Auxquels, auxquelles, to which.
Avait, avaient, imp. had.
Avait (il y), there was, there were.
d'Avance, adv. before, beforelMnd.
Avancer 1, v. a. to advance.
(s'), to advance.
Avant, avant que, before.
(plu&) y fur ther.
en AY'dnty forward
Avantage, s. m. advantage.
Avantageux, adj. advafUageous,
Avare, adj. avaricious.
BA
tsn
BO
Ayec, prep. tnth.
Avenir, 8. m, future.
Aventure, s. t a/dventure.
Aventurer 1, t. a. to venturef to
hazard.
Avertir 2, y. a. to wam ; to inform.
Aveu, 8. m. consent : approbation;
confession,
Avez-Tous, près, hâve yoa.
Avidement, adv. eagerly^ greedUy.
Avilir 2, v. a. to dégrade,
Avious, aviez, imp. had.
Aviron, s. m. oar.
Avis, 8. m. advice ; omnion»
Avoir 3, V. auxiL to nave.
Avons, avez, près. hâve.
Avouer 1, v. a. ^o confess^ to oum.
Avril, 8. m. April.
Ayant, p. presw having.
Ayons, ayez, près. subj. may hâve.
Azuré, adj. azuré.
Jiaigné, e, part watered; toei.
— ^— de larmes, toet with tears.
Baigner 1, v. to bathe; to wet.
Baisser 1, y. a. to let dovon; to
lower.
les yeux, to eeat down the
eyee,
se Baisser 1, t. r. to atoop.
Ballot, s. m. baie.
Banc, s. m. bench.
Bande, & f. bancL
Banni, part, banûhed
Bannir 2, v. a. to banish.
Barbare, adj. barbaroua.
, a m. barbàrian. [tions.
Barbares, s. m. pi. un. ivilized na-
Burbe, s. f. beard.
Barque, s. f. bark.
Bas, basse, adj. loio.
Bas (tout), guîte low.
Bas, s. m. the lower part ; stoeking.
Bas-fund, s. m. shallow.
Basse-cour, s. f. poultry-yard.
Bateau, s. m. boat.
Batelier, s. m. toatemian, bargeman.
Bâtir 2, v. a. to build
Bft.ton, s. m. stick.
Battf e 4, y. a. to beat.
Beau, beaux, adj./n«, ha^idsomê,
Beauct up, adv. mucA, very man^
Beauté, s. f. beauty.
Bec, s. m. beak, biU.
Bécasse, & £ woodeock.
Bel, belle, adj.^n«, beautiful.
Bénédiction, s. f. blessing.
Bénir 2, v. a. to bless ; to praiae.
Besoin, s. m. need^ want
-, (avoir), to be in toantt to
utant.
Bétail, s. m. eattle.
Bote, s. £ beast.
Bien, ady. mell, very, mveK,
que, though, although.
Bien, & m. good, property.
Bienfaisant, e, aoj. benefioent.
Bienfait, s. m. benefit, advantage.
Bienfaiteur, s. m. benefactor.
Bienséances, & f. pL oecomingnesa.
Bienheureux, se, adj. blessed, hap*
Bientôt, ady. soon, very soon.
Bière, s. £ coffin; béer.
Bijou, s. m.jetoel.
Billet, 8. m. note.
Bise, 8. £ north toind.
Blâmer 1, y. a. /o blâme.
Blanc, blanche, adj. tohite.
Blanchir 2, y. a. to tohiten; to uxuh.
Bleu, e, adj. blue.
Bluet, s. m. eornfower, blue-bottU,
Boire 4, v. a. to drink.
Bois, s. m. iDood.
de lit, 8 m. bedstead.
Boisson, s. f. drink ; beverage.
Bon, bonne, adj. goocL
Bonheur, s. m. happiness.
Bonnet, s. m. cap. bonnet.
Bonté, s. £ gooaness, kindness.
Bord, s. m. board, shorCf bank.
Bordé, part, bordered.
Border 1, y. a. to border; to liné.
Borne, s. £ limit.
Borné, part, bounded
Borner 1, v. a. to bound.
Bosquet, s. m. grooe.
Bottes, s. £ pL boots.
CA
128
0£
Bouche, s. f. matUh.
Boucle, s. f. tmeklCy curl.
Boue, 8. î.mitd^ mire^ dirt
Bouffée, 8. f. pun of voind.
Bouleau, & m. birctirtree.
Bouleversement, «. m. overthrow ;
confusion.
Bouleverser 1, v. a. to overthrow;
conftése.
Bourdaine, a. t hlack aider.
Bourgeon, s. m. Imd; pimple.
Bourreau, a. m. executioner, hang-
man, tormentor,
Bourse, s. f. purse.
Bout, s. m. end.
Bouton, s. m. button ; hud.
Boutonner 1, v. a. to button.
Branche, s. t branck
Bras, s. m. arm.
Braver 1, y. a. to brave, to affront.
Brebis, s. t sheep, ewe.
Brigand, s. m. robber.
Brillant, e, adj. brllliant.
♦Briller 1, v. n. to shine; to glitter.
Brise, s. f. vmt wind.
Briser 1, v. a. to break,
se , to /tplity to be broken.
Broderie, s. f. embroidery.
Brouillard, s. m./og, miat.
Broussailles, s. t pi. briers, thoms.
Bruit, a. m. noise ; news.
Brûler 1, v. a. to bum.
Brume, & f. thickfog.
Brun, e, adj. brown.
Brusquement, adv. hastUy,
Bruyère, s. £ heath,furze.
Bûcher, s. m. funeral pile; wood
hottse.
Buisson, a. m. bush, thick shrub.
But, a. m. aim ; object ; end,
C* for ce, this, that, it
Çà et là, hère and there.
Cabane, ^thut; cottage.
Cabaret, a. m. tavem.
Cabinet, a. m. cabinet, study.
Cacher 1, v. a. to hide, to coneeal.
Cachet, a. m. seal.
Cachot, a. m. dungeon; prison.
Cadavre, a. m. eorpse, dead body.
Caillou, a. m. flint-stone, pebble.
Caisse, a. m. chest ; box.
Calcul, a. m. ealculaiion.
Calculer 1, y. a. to calculate.
Calmer 1, v. a. to calm, appease.
Campagne, a. f. country,
(en ple'ne), in the open
fields.
Campanule, a. f. bell-flower.
Canard, a. m. dttek.
tigré, spotted duck.
Canon, a. m. eannon, gun.
Car, conj. /or; as.
Caractère, s. m. disposition, ehat^
acter.
Caresse, s. f. earess.
Caresser 1, v. a. /o earess,
Carosse, & m. eoaeh.
Carreau, s. m. pane of glass.
Cas, s. m. case.
(au), in case.
Caspienne (mer), Caspian êea.
Cause, s. f. cause.
à de, on account of.
Causer 1, v. to cause; to talk.
Cavité, 8. t cavity.
Ce, adj. dem. this, tkat, it.
Ce qui, ce que, what, that whJeh.
Ceci, pron. dem. this.
Céder 1, v. a. to yield; give up.
Cèdre, s. m. cedar.
Ceignait, imp. girded, put on.
Cela, pron. dem. that.
Célèbre, adj. célébra* ed.
Céleste, adj. celestial.
Celle, pron. dem. that, t)te one, shê.
Celles, pron. dem. tfiose.
Celui, pron. dem. that, he.
Celui-ci, celle-ci, this, the latter,
Celui-ld, celle-là, that, the former.
Cendre, s. £ ash ; remainê.
Cent, num. adj. hundred.
Centaine, s. t hundred.
Cependant, adv. hoioever.
Cercle, s. m. circle.
Cercueil, s. m. coffin.
Cérémonie, a. f. ceremony.
Certain, e, adj. certain, sure.
OH
129
00
Oertaînement, adr. certaiidy.
Certitude, b. f. certainttf.
Ces, adj. dem. these^ tkose.
Cesse, 8. f. ceasing. Sans cesse,
without intermission, constant ly.
Cesser 1, v. to cease, leave off.
C'est, it «X, ihis t«, that is.
C'est-à-dire, thcU is to say.
Cet, cette, adj. derxL this^ that.
Ceux, pron. dem. those.
Ceux-ci, celles-ci, these^ the latter.
Ceux-là, celles-là, those, the former.
Chacun, e, pron. each, every one.
Chagrin, s. m. grief sorrow.
Chagriner 1, y. a. ^o grieve, to
afflict.
se ^ to he afflieted, orgrieved.
Chaîne, s. f. chain.
Chaire, s. t pulpit.
Chaise, s. f. chair.
Chambre, s. f. room.
Champ, 8. m.Jield, ground,
(sur le), immediately.
Champignon, s. m. rniuhroom.
Chanceler 1, y. n. to be unsteady,
foaver.
Changement, s. m. change.
Changer 1, y. a. to c/iange.
Chant, s. m. song, singing.
Chanter 1, v. a. to sing.
Chapelle, s. f. chapel.
Chaque, adj. every, each.
Chardon, s. m. thistle.
Chargé, part, loaded; covered.
Charger 1, v. a. to charge , load;
intrust.
se , to taJce charge.
Chariot, s. m. wagon.
Charité, s. f. charity.
Charmant, adj. charming.
Charmer 1, v. a. to charm.
Charrette, s. f. cart. [along.
Charrier 1, v. a. to convey ; cnrry
Chasse, s. f. hunting. [hunt.
Chasser 1, v. a. <o drive oui; to
Chasseur, s. m. hunier.
Châtiment, s. m. punishment.
Chaton, s. m. bloxsom, pointai.
Chaud, B. m. heat ; adj. toarm, h/>t.
se Chauffer 1, y. r. to warm on^t
self.
Chaumière, s. f. cottage; hut.
Chaussures, s. f. pL hose, boots and
shoeSy stockings.
Chef, s. m. chief
Chemin, s. m. toag^ road.
Cheminer 1, t. n. to go, to walk.
Chêne, s. m. oak.
Cher, chère, adj. dear.
Chercher 1, v. a. to seek, tofeteh»
Chérir 2, v. a. to cfierish, to love.
Cheval, s. m. horse; pi. chevaux.
Chevelure, s. f. the hair ; fibres.
Cheveux, a m. pL hair.
Chez, prep. at, or to one^s houae,
moi, ai my house.
Chien, s. m. dog.
Chimérique, adj. ehimericàl,
Chine, s. f. Ofiina,
Choc, B. m. shock; striking.
Choisir 2, v. a. to cJioose,
se Choquer 1, v. r. to strike <mê
against another.
Chose, s. f. thing.
Chrétien, s. m. Christian,
Chute, s. tfall.
Ciel, s. m. heaven ; sky.
Cigogne, s. f. stork.
Cime, s. f. top, summit.
Cimetière, s. m. burying-ground.
Cinq, num. adj. Jive.
Cinquante, num. adi. ffty.
Cinquième, num. adj.^/f/ïA.
Circonstance, s. f. circumstanee.
Circulaire, adj. circular.
Cité, s. f. city.
Citoyen, s. m. citizen.
Civilisé, e, pai't. eivilized.
Clair, adj. dear, bright,
Clair-semé, sowed thin ; scaree,
Clémence, s. f. cletnency.
Climat, s. m. climaie.
Cloche, s. f. bell.
Clocher, s. m. steeple.
A , loith a steeple.
Cœur, s. m. heart.
Coin, s. m. corner.
Colère, s. £ anger^ passion, rage.
co
ISO
00
Coller 1, T. a. tonaste; to tHek.
Collier, a m. necklace, collar.
Colline, a. t hilL
Colombe, a. 1 dore. [eolony.
Colon, & m. an inhalntaut of a
Colonne, s. t eolumn. [y^*^
Combattre 4, v. a. to fight ; op-
Combien, ady. how muehy how
many.
' de temps, how long.
Comble (au), at the twrnmiL
' (pour), to complète.
Commander 1, y. a. to command.
Comme, adv. a», like^ Jioio.
Commencer 1, y. a. to begin.
Comment, ady. how.
Commettre 4, v. a. to commit.
Commis, part, committed.
Commit, prêt, committed.
Commode, adj. convenient.
Commodité, & f. conveniency.
Commun, e, adj. common.
Communauté, s. f. commotmlty.
Compagne, s. f. companion.
Compagnon, s. m. companion.
Comparaison, s. f. comparison.
Comparaître 4, v. n, to appear.
Compenser l,*v. a. to compensate.
Complaisance, s. t complacency.
Complet, e, adj. cmnplete.
Complètement, adv. cotnplctely.
Composer 1, v. a. to cotnpose.
Comprenait, imp. understood.
Comprenant, p. près, understand-
ing.
Comprendre 4, v. a. to under stand
Compris, part, understood
Comprit, prêt, conceived.
se Compromettre 4, v. r. to expose
on^s self.
Compte, 8. m. numher ; account.
Compter 1, v. a, <o count; intend;
rety upon.
— -^ sur, to rely upon.
Concentrer 1, v. a. to concentraie.
Concerner 1, y. a. to concern.
Concev<iir 3, v. a. to conceive.
Conçoit, près, conceives.
Concours, s. m. concurren<ie.
Cooçn, part formed; eoneeiveâ*
Condamner 1, t. a. to eondemtu
Conduire 4, t. a. to amduet, to
lead.
Conduisait, imp. condueted, led.
Conduisant, p. près, leading.
Conduisit, prêt eonducted; took.
Conduit, près, leads.
Conduit, e, part eonducted.
Conduite, a. £ eonduct, behaviour.
Confiance, s. L confidence, trust.
Confidence, & 1 inut, intrusHng,
Confier 1, v. a. to intrust to.
Confirmer 1, y. a. to confirm.
Confondre 4, y. a. to confound.
Confus, e, adj. confused
Congé, a m. leave.farewell.
Conjurer 1, y. a. to conjure ; pray.
Connais, connaissent, know. .
Connaissait, imp. knew.
Connaissance, s. f. knowledge.
Connaissant, p. pr. knowing.
Coimaît, près, knows.
Connaître 4, v. a. to know.
Connu, part, knoton.
Connut, prêt. knew.
Conquérant, s. m. conqueror.
Conquérir 2, y. a. to conguer.
Consacrer 1, y. a. to conseerate ;
dévote.
Conseil, s. m. counsel ; advice.
Conseiller 1, y. a. to aduise
Consent, près, consenis.
Consentement, s. m. consent.
Consentir 2, v. a. to consent.
Consentit, prêt, consented
ne Consentit, imp. subj. \o&uld eonr
sent.
Conséquent (par), consequently.
Conserver 1, v. a. to préserve^ to
keep. \teenu
Considérer 1, v. a. to considère e»-
Consister 1, v. n. to consist.
Consolant, e, adj. consoling^ corn-
forting. [fort
Consoler 1, v. a. to console^ corn-
Constamment, adv. always^ conr
stantly.
Constater 1, y. a. to prove, to show.
00
181
OR
Construire 4, y. a. to eofutruct,
build.
Construit, e, part, eomtrueted.
Consulter 1, v. a. fo eonsult.
Consumer 1, v. a. fo consume.
Contenance, & f. eountenanee.
Contenir 2, v. a. to coniain,
se , to he moderate.
Content, adj. glad, plectsed.
Contenter 1, y. a. to contentf satisfy,
B , to he safiffied.
Contient, près, eontains.
Continuellement, adv. eoniintially.
Continuer 1, y. a. to continue.
Contrainte, s. f. conatraint.
Contraire, adj. eontrary.
(au), on the eontrary.
Contre, prep. againat.
Contrée, s. f. country.
Contreyenir 2, y. n. to infringe,
Conyaincre 4, y. a. to convince.
Conyaincu, part, convinc^d.
Conyenable, adj. convenient.
Conyenir 2, y. n. to suit; to agrée.
(en), to confeas.
Conyoi, s. m. funeral procession.
Cornouiller, s. m. cornel-tree.
Corps, s. m. body.
Corrassin, s. m. sinallfish.
Corrompre 4, y. a. /o corntpt
Cortège, s. m. retinue^ train.
Côté, 8. m. side ; — de côté, a^ide,
à , n«ar.
Cotonneux, se, adj. spongy.
Coucliant, s. m. west.
Couche, s. f. cotich ; mass.
Coucher 1, y. a. to lie dovon^ to slecp.
8*» , to go to bedj lie down.
Coude, s. m. elbow.
Coudoyer 1, y. a. to elbow, push
Vfith the elbow.
Coudre 4, v. a. to «e»o.
Couler 1, y. tofiow^ to nm.
Couleur, s. f. color.
Coup, s. m. strokSy blow ; event,
— — de fusil, gun-shot.
-^-^— d*œil, glance.
(tout â, or d*un), suddeniy.
Coupable, adj. giMty,
Couper 1, y. a. to cta.
Cour, s. f. yard; court. [bold.
Courageux, se, adj. courageotts.
Courant, p. près, runnittg.
Courber 1, y. a. to bendy to bow.
Courir 2, y. n. to run; to be ex-
posed
Couronne, s. fl croum.
Couronnement, s. m. coronation,
croion-îoork.
Couronner 1, y. a. to crown.
Courrier, s. m. courter, express.
Cours, s. m. course.
Course, s. f. running.
Court, près. runs.
Court, e, adj. short.
Couru, part, run ; been exposed.
Courut, prêt. ran.
Couteau, s. m. knife.
Coûter 1, y. n. to cost.
Coutume, s. t cu^tom, habiL
Couvent, s. m. convenu
Couvert, e, part, covered.
à , under shelier.
Couvrait, imp. covered
Couvrir 2, v. a. to eover
Couyrit, prêt, covered
Craignait, imp. was afraid.
Craignant, p. pre». fearing.
Craignit, prêt /<?ar«i
Craindre 4, v. a. to/ear.
Crains, craignons, /car.
Craint, -part, feared
Crainte, s. {.fear.
Craintif, ve, adj./<?ar/W.
Craquer 1, y. n. to crcusk.
Créer 1, v. a. to create. [ligftt.
Crépuscule, s. m. iwiligJU, awl-
Creuser 1, y. a. to dig.
Cri, s. m. cry, shriek.
jeter des Cris, to utter cries.
Crier 1, y. n. to cry ont; shouL
Croire 4, y. a. to believe, think.
Crois, près, believe, think.
Croisée, s. f. window.
Croiser 1, y. a to cruise, to cross.
Croissait, imp. was growing.
Croître 4, v. a. togrow, to inersoêSL
Croyait» irap. believed.
DE
182
DE
Oro^ant, p. près, believing,
Oruix, s. f. cross.
Cru, part, believed^ thou^hi.
Cruellement, adv. erucUy.
Crut, crurent, prêt, believed.
Cueillir 2, ▼. a. to gather.
Cuiiïine, s. f. kitchen.
Cultiver 1, y. a. to ctdtiviUe.
Curieux, se, adj. curious.
Curiosité, a. f. curiosity.
Cytise, s. m. cytisus, bctse trefoil,
D for de, of.frmn^ some.
Daigner 1, v. n. <o deign^ con-
descend.
Daiâ, 8. m. canopy.
Dame, s. f. iady. [ly.
DangereuHement, adv. dangerous-
Dangereux, adj. dangerous.
Dans, prep. t»; toithin.
Davantage, adv. more.
De, prep. of.from; by ; some.
ee Débat, près. struggleSy strives.
Débat, 8. m. debate, strife.
Déborder 1, v. n. to overjlow.
Debout, adv. standing. [mains.
Débris, e. m. pL ruins, broken re-
Déceler 1, y. a. to reveal.
Décembre, & m. December.
Décence, s. f. decency.
Déchaîné, part, unchained..
Déchirant, e, adj. sorrow/ulj heart-
rencUng. [in^.
Déchirement, s. ra. tearing, rend-
Déchirer 1, t. a. to tear, break ;
Décider 1, v. a. to décide^ to résolve.
Déclarer 1, v. a. to déclare^ an-
nounce.
Décliner 1, v. to décline^ decrease.
Décorer 1, v. a. to decorate.
Découper 1, v. a. to eut, citt up.
Découvert, part, discovered; un-
covercd.
Découvrait, imp. uncovered.
Découvrir 2, v. a. to uncover; dis-
cover.
Découvrit, prêt, discovered.
Dédaigner 1, y. a. to disdain.
Dédaigneux, se, adj. disdainftd.
Dédié, e, part dedicated.
Défaillance, a. f. swoon^ fainiing fit.
Défaut, a m. dfifect, fault.
Défendre 4, v. a. to défend, forbid.
Défense, s. £ defence^ protection.
Défier 1, v. a. to defy.
Défiler 1, y. a. tofile off^ défile.
Dégager 1, v. a. to redeem, tofree.
Dégeler, v. to tfiaw.
Dégoûter 1, v. a. to disgust
Degré, s. m. degree; step.
Dehors, out ; au dehors, otUwarâly,
(en), out.
Déjà, adv. already.
Déjeuner 1, v. a to breàkfaat.
Delà, au delà, prep. beyônd.
(par), prep. beyond.
Délai, s. m. deiay.
Délaissé, pKrt. forsaken.
Délayé, e, part, diluted.
Délicat, e, adj. délicate.
Délicatesse, s. f. delicacy.
Délicieux, se, adj. delicious*
Délier 1, v. a. to untie.
Délire, s. m. delirium.
Délivrer 1, v. a. to deliver; relie je
Demain, adv. to-tnorroto.
Demande, s. f. denuxnd, daim.
Demander 1, v. a. to a«A;, askfor
Démarclie, s. f. step, action.
Demeure, s. £ dwelling, abode.
Demeurer 1, v. n. to live, to remain.
Demi, e, adj. half.
à Demi, adv. half.
Demoiselle, s. f. young Iady.
Denier, s m. denarius.
Départ, s. m. departure.
Dépasser 1, v. a. to go beyond.
Dépendre 4, v. n. to dépend.
Dépenser 1, v. a. to spend.
Dépenses, s. £ pi. expenses.
Dépit (en), in spite.
Déployer 1, y. a. to display, show
Déposer 1, y. a. to put dotcn, lay
doum. [tary.
Dépositaire, s. m. and adj. deposû
Dépouiller 1, y. a. to strip ; rob
Dépourvu, é, adj. destitute.
DE
1S8
DI
Depuis, prep. aDd adr. Hnce;
from.
Dernier, e, adj. Ictst. [ceed.
Dérober 1, v. a. to ttteal ; to con-
Derrière, prep. behind.
DeSt of thèf frotn the ; aome.
Dès, prep. /rom.
que, as aoon as. [ness.
Dédagrément, s. m. disagreeable-
Désappointé, part. disappoirUed.
Désarmer 1, y. a. to disarm»
Désastre, s. m. duaster.
Descendre 4, v. to descend, [taty.
Désert, s. m. and adj. désert, soli-
Désesperer 1, v. to despair.
Désespoir, s. m. despair.
Désigner 1, y. a. to mention^ design.
Désir, s. m. désire, toish.
Désirer 1, v. a. to désire, wish.
Désobéir 2, v. n. to disobey.
Désolé, e, part, grieved.
Désormais, adY. hereafter.
Desquels, desquelles, of lohich.
Dessein, s. m. design, intention.
Dessin, s. m. drawing.
Dessous, au-dessous, below.
Dessus, au-dessus, ab(yve, upon.
(par), above.
• ^de),/rom.
Destin, s. m. Vato, destiny.
Destinée, s. i. destiny.
Destiner 1, v. a. to destine.
Détacher 1, y. a. to take off ; untie.
Détail, s. m. retail ; particulars.
Déterminer 1, y. a, to détermine.
Détour, s. m. turning. [vent.
Détourner 1, y. a. to turn ; topre-
Détresse, s. f. distress.
Détruire 4, y. a. to destroy.
Détruit, près, desiroys.
, part, destroyed.
Deux, num. adj. ttoo.
DeYait, imp. was to, ought ; otoed
DeYancer 1, y. a. to go before.
DeYant, prep. before.
(au), before.
Développer 1, y. a. to develop.
Devenait, imp. became. [of.
Devenir 2, y. n. to beeome, became
12
DeYenii, part, beeome. [comê.
Deviendrai, deviendront, will be-
Deviendrait, cond. would beeome.
Deviens, deviennent, beeome.
Deviner 1, y. a. to guess.
Devins, devinrent, became.
Devoir 8, y. a. to owe ; s. m. duty.
Devons, devez, are to, ougJU ; owe.
Dévorer 1, v. a. to devour; conr
sume.
Dévouement, s. m. dévotion
Dévouer 1, y. a. to dévote.
Dicter 1, y. a. to dictate.
Dieu, s. m. God
Difficile, adj. difficult. [ly.
Difficilement, adj. difficultly, kard-
Difficulté, s. f. diffictUty.
Digne, adj. worthy.
Dignité, s. f. dignity.
Dimanche, s. m, Sunday.
Diminuer 1, v. a. to diminish.
Dîner 1, y. n. to dine; s. m. din^
ner.
Dirai, dira, fut. will say.
Dire 4, y. a. to say, tell.
Directement, adv. directly.
Diriger 1, v. a. to direct.
Disait, disaient, imp. said.
Disant, se disant, saying.
Discours, s. m. diaeourse, speech.
Disgrâce, s. f. misfortune.
Disjoint, e, part, disjoined; sepe^
rate.
Disparaissent, près, disappear.
Disparaître 4, y. n. to disappear.
Disperser 1, y. a. to disperse.
Disposer 1, y. a. to dispose.
Dissimuler 1, v. a. to disguise.
Dissiper 1, v. a. to dissipate.
Distinguer 1, y. a. to distinguish.
Distribuer 1, y. a. to distribute.
Dit, says; disons, dites, say.
Dit, dirent, prêt, said
Dit, part, said, told
Divers, e, adj. varioits, several.
se Divertir 2, v. r. to divert oné%
self.
Divertissement, s. m. diversion.
Divin, 0, adj. divine.
DIT
IM
EG
DÎTiser 1, t. a. to divide.
Dix, nani. adj. ten.
Dix-huit, uum. adj. eighteen»
Dîx-sept, Dum. adj. aeventeen.
Dix-septiëDie, setenteenth.
Doit, doivent, rmtJit, ought.
Domanial, e, adj. beLonging io tJu
domain.
Domestic^ue, & m. and. £ servant
Domination, a. f. dominion.
Dompter 1, v. a. fa tame; toover-
come ; to vanquith.
Don, 8. m. gift
Donc, conj. then ; therefore.
Donner 1, v. a. to give.
—^ le jour, to give birth.
Dont, pron. reL tthose, of which.
Dorer 1, y. a. togild; makeyellow.
Dormait, imp. toas sleeping.
Dormant, p. près, deeping.
Dormi, part. »lept»
Dormir 2, v. n. to sleep.
Dormit, dormirent, prêt. dept.
Dors, dorment, près. deep.
Dos, s. m. bock.
Dossier, s. m. the bock of a chair.
Doublement, adv. donbly.
Doubler 1, v. a. fo double ; to Une.
Doucement, adv. softly^ gently.
Douceur, s. f. mildnesSy delight.
Douleur, s. f. grief sorrow.
Douloureux, se, adj. sad, sorrowful.
Doute, s. m. doubt.
• (sans), no doubt.
Douter 1, v. n. to dovbt.
ge , V. r. to suxpect.
Doux, ce, adj. stoeet; soft ; mild
Douze, num. adj. twelve.
Drap, s. m. cloth.
Droit, e, adj. siraight^ right.
' s. m. right.
à Droite, adv. on the right hand
Du, of thcy from the ; some.
Dû, part, owedj ought.
■ (aurait), might to hâve, should
hâve.
Duquel, pron. rel. of which.
Dur, e, adj. hard; severe.
Durant, p. près, and prep. during.
Durci, e, part hardened.
Durée, & £ duration.
Durer 1, y. n. to last.
Dureté, Sl f. hardne*s.
Dut, durent, ought, mfut hâve.
Lau, s. f. teater.
Eau-de-vie, a. f. brandy
Ebène, s. f. ebon, ebony.
Eblouir 2, y. a. to dazde ; impose.
Eblouissant, p. près, dazding ; im
posing.
Ebranler 1, y. a. fo shdke, move.
Ecaille, s. £ secd^ shell. \off.
Ecarter 1, y. a. to reniove; tum
s'Ecarter 1, v. r. to get ont of.
Echapper 1, y. n. to escape ; to
drop.
laisse Echapper ces mots said
tliese words.
Echauffer 1, y. a. to toarm.
Eclair, s. m. lightning.
Eclaircir 2; v. a. to clear, elear up
Eclairer 1, v. a. to light, enlighten.
Eclat, s. m. display ; liistre ; pièce.
Eclatant, e, adj. bright, sparkling.
Eclater 1, y. n. to burst otU.
Ecorce, s. £ bark.
s'Ecouler 1, y. r. toflow away.
Ecouter 1, y. a. to listen, to hear,
s'Ecrier 1, y. r. to exclaim, cry ouL
Ecrire 4, v. a. to torite.
Ecrit, e, part, written.
Ecriture, s. £ toriting.
sainte, holy Scripture,
Ecrivis, prêt, vyrote. [doion,
s'Ecrouler 1, v. r. tofall, or ttanble
Ecureuil, s. m. squirrel.
Effacer 1, v. a. to efface ; to destroy.
s' , to be effaced
Effectivement, adv. really.
Effet, s. m. effect.
(en), «H effect, really.
Effilé, part, reeved ont ; thin.
s'Efforcer 1, v. r. to endeavor
Effrayer 1, v. a. tofrighten.
s' , to be frightened
Effroi, 8. m. greatfear.
Egal, e, adj. egtiaî ; pL égaux.
EN
186
EN
Egalement, adv. equally.
Egaler 1, y. a. ^o equal.
Egard, 8. m. respect; regard.
à l'Egard de, prep. <is to.
Egard (à son), towards him.
s'Egarer 1, v. r. to lose one's teay ;
to be iost.
Egide, 8. f. œgis, shield.
Eglise, s. f. church.
Elan, s. m. elk; sudden tpring.
s'Elancer 1, v. r. to spring.
s'Elever 1, v, r. to arise.
Elever 1, v. a. ^o bring wp, to raise.
Elevé, e, part, brought up ; high.
Elle, pron. pers. she^ her, it.
Elles, proD. pers. pi. they^ them.
Eloge, s. m. praùe, eulogy.
Eloigné, e, adj. distant, far.
s'Eloigner 1, v. r. to go away.
Eloigner 1, v. a. fo remove.
s'Embarquer 1, v. r. to embark.
Embarras, s. m. perplexity, trouble.
Embarrassé, e, part, puzzled
Ëmbellii' 2, v. a to einJbellish.
Embraser 1, y. a. to burn, to in-
Jlaine.
Embrasser 1, v. a. <o embra^e^ kiss.
Edibouchure, s. t harbor^ mouth of
a river.
Emeuvent, près. move. [nent.
Eminent, adj. great^ high, immi-
Emmener 1, v. a. io take^ or carry
avoay.
s'Emparer 1, v. r. to sitbdue ; seize;
cover. [der.
Empêcher 1, v. a. ^o prevent, Ain-
Empereur, s. m. emperor.
Empirer 1, v. n. to grow worse.
Emploi, s. m. employ^ post^ station.
Employer 1, v. a. to employ.
Emporter 1, v. a. <o carry away.
V , to get the better of.
Empressé, e, adj. eager.
Empressement, s. m. eagerness.
s'Empresser 1, v. r. to be eager,
forward
Emu, e, adj. moved.
Emut, prêt, moved.
En, prep. in.
En, pron. ofit, ofiliem, some.
Enchaîné, e, part, chained; eap»
tivated.
Enchanté, part, delighted; glad.
Enclos, s. m. enciosure.
Encore, adv. y et, still, again^ cUso
Encouragement, adv. encourage^
ment.
Endormi, part, asleep^ sleepy.
s'Endormir 2, v. r. tofall asleep.
s'Endormit, prêt, fell asleep.
s'Endort, près. fcUls asleep.
Endroit, s. m. place ; spot.
Endurer 1, v. a. to endure, suffer.
Energie, s. f. energy, force.
Enfance, s. f. yottth ; childfiood.
Enfant, s. m. child [tn.
Enfermer 1, v. a, <o shut up, mut
Enfin, adv. in short, at last, in fine.
Enfoncer 1, v. a ^o sink, go into.
Enfumé, part, smoked; smoky.
Engager 1, v. a. ^o engage.
Enlever 1, v. a. to carry off.
Ennemi, s. m. enemy.
s'Ennuyer 1, v. r. to be weary oî
tired. [proud.
s'Enorgueillir 2, v. r. to grow or be
Enorme, adj. enormous.
s'Enrichir 2, v. r. to grow rich.
Enseigner 1, v. a. to ieach.
Ensemble, adv. together.
Enseveli dans une profonde rôve
rie, to be buried in thought.
Ensevelir 2, v. a. to bury.
Ensuite, adv. afterwards, then.
Entasser 1, v. a. to heap up ; ae-
cumulate. istand.
Entendre 4, v. a. to hear; under-
Enterrement, s. m. burial, funeral.
Enterrer 1, v. a. to bury.
Entier, e, adj. entire, whole.
Entièrement, adv. êntirely.
Entourer 1, v. a. ^o surrouna.
Entrailles, s. f. pL entrails ; heart.
Entraîner 1, v. a. to carry along,
to drag.
Entre, prep. between.
Entrecouper 1, v. a. to interrupt;
âivide.
£P
186
ET
Entrée, s. f. eniry, entranee.
Entrefaites (sur ces), meanvohile.
Entreprendre 4, y. a. to utidertake.
Entre pria, part undertaken.
Entreprise, s. f. enterprise.
Entrer 1, v. n, to enter, go in.
s'Plntretenant, p. près, conversing..
Entretenir 2, v. a. to entertain.
B* , V. r. to converse.
Entretien, & m. eonvencUion ;
maintenance, [naw.
Entrevit, prêt, had a glimpse of.
Entrevoir 3, y. a. to hâve a glimpse
of.
Entrevoyait, imp. had a glimpse of.
Entrevus, part, had a glimpse of.
Entrevue, s. f. interview.
Envahir 2, v. a. to invade.
Envelopper 1, v. a. to envelop, cover.
Enverrai, fut, shall send
Envers, prep. towards.
Envie, s. £ mind, wish, désire ; envy.
Envier 1, v. a. to e^ivy.
Envirou, adv. ahout ; s. m. environs.
Environner 1, v. a. to surround.
Envoie, près, sends.
Envoyer 1, v. a. to send.
Epais, se, adj. thick.
Epaisseur, s. £ thickness.
Epanoui, e, part, dilated.
Epanouir 2, v. to chase tlie spleen ;
blosHotn; dilate.
s'Epanouit, prêt, blossomed
Epargner ] , v. a. to spare ; to save.
Epars, e, adj. scaftered
Epaule, s. £ shoulder. [ijtked.
Eperdu, e, &dj. frightened ; aston-
Epervier, s. m. sparrow-hawk.
Epineux, se, adj. thorng, prickly.
Epoque, s. Iperiod
Epouse, s. £ spouse, wife.
Epouser 1, v. a. to marry.
Epouvantable, adj. frightful.
Epouvanter 1, v. a. tofrighten.
Epoux, s. m. husband
- — (les deux), the man and wife.
Epreuve, s. £ tHal, shock.
Eprouver 1, y. a. to expérience.'
Epuiser 1, Y. a. to drain, to exhaust.
Equité, B. t equity, jtistiee.
Errant, e, adj. wandering.
Errer 1, v. n. to wander^ to err.
Es, près, of être, art.
Escarpé, adj. steep.
Esclavage, s. m. slavery.
Esclave, & hl slave.
Espace, s. m. space.
Espagne, s. £ Spain.
Espèce, 8. £ kindy species.
Espérance, s. £ hope.
Espérer 1, y. a. to hope, to expeet.
Espoir, s. m. hope.
Esprit, s. m. wit, spirit, mind.
Essai, s. m. essay, proof.
Essayer 1, v. a. to try. \yo\tK
Essuyer 1, v. a. to wipe; to meet
Est, s. m. east.
, près, of être, is.
(il, or il en), ihere is, there are.
Estime, s. £ esteem, respect.
Estimer 1, v. a. to esteem.
Et, conj. and
Etablir 2, y. a. to estahlish.
s' , to settle.
Etait, imp. was.
Etant, p. près, being. [^toii.
Etat, s. m. State, condition, situa-
(en), able.
(hors d'), unahle.
Eté, part, be&ti ; s. m. summer.
s'Eteindre 4, v. r. to be extinguish-
ed; to decrease ; to be consunied.
s'Eteignit, prêt, decreased
Etendre 4, y. a. to extend; lay
doivn.
Eternel, adj. eternal.
Eternellement, adv. etemally.
Eternité, s. £ eternity.
Etes, près, of être, are.
Etions, étiez, imp. were.
Etoffe, 8. £ stuf.
Etouffer 1, v. a. to suffocaie; to
suppress.
Etonnant, e, adj. astonishing.
Etounement, s. m. aHonishmenL
Etonner 1, v. a. to astonisK
Etrange, adj. strange.
Etranger, s. m. stranger, foreigner.
fiX
187
F£
Etre, V. auxîl. to he,
— -, R. m. heing.
Etreinte, s. f. clofte pressing.
Etroit, e, close y narrojo. \ly.
Etroitement, adv. closely, narrow-
Etude, & t tttidy. [aminé.
Etudier 1, v. a. to stttdy ; to ex-
Eu, part of être, had.
Eûmes, eurent, prêt. had.
Eus, eut, prêt. had. Eussent,
might hâve.
Eussé-je, wouldy or shonld I hâve.
c*Eût été, it footdd hâve heen.
Eux,*pron. per. they, them.
s'Evanouir 2, v. r. to atooon, faint
away.
Eveiller 1, v. a. to toake.
8* f to atoake.
Evénement, s. m. event.
Eviter 1, v. a. to avoid
Exactement, adv. exactly, punc-
tually. [neês.
Exactitude, s. f. exactnexs, précise-
Exagérer 1, v. a. to exaggerate.
Exalter 1, v. a. to exalt.
Examen, s. m. examination.
Examiner 1, v. a. to exatnine.
Excepter 1, v. a. to except.
Excès, s. m. excesH.
Excessivement, adv. exceasively.
Exciter 1, v. a. to excite.
Excuser 1, v. a. to excuse.
Exécuter 1, v. a. to exécute.
Exécuteur, s. m. executor.
Exemple, s. m. txample.
Exercer 1, v. a. to exercise.
Exercice, s. m. nvarcise.
s'Exfoliant, p. pr«s. exfoliating.
Exhaler 1, v. a. to exhale, send
forth.
Exiger 1, v. a. to demand.
Exil, s. m. exile.
Exilé, s. m. exile
Exiler 1, v. a. to exile, to banish.
Exister 1, v. n. to exist.
Expédier 1, v. a. to dif^patch.
Ex| niant, e, adj. expiring.
Expirer 1, v. n. to expire.
Expliquer 1, v. a. to explain. j
12*
Exposer 1, v. a. to expose.
Exprès, adv. on purpose.
Exprimer 1, v. a. to express.
Exquis, e, adj. exquisite.
Extase, s. f. ecstasy, ravisliment.
Extérieur, adj. exterior.
Extraordinaire, adj. extraordinary,
^Extrêmement, adv. extretnely.
Extrémité, s. t extremity.
r àché, e, adj. angry, sorry,
se Fâcher 1, v. r. to get angry.
Facile, adj. ecisy.
Facilement, adv. easily.
Facilité, s. tfacility.
Faciliter 1, v. a. to facilitate.
Faible, adj. weak.
Faiblement, adv. weakly, slightly.
Faiblesse, s. f. weakness.
Faim, s. f. hunger.
Faire 4, v. a. to make, to do.
passer, to send.
Faisait, imp. did, mode, was doing.
Faisant, p. près, making, doing.
Fait, part, mode, dune.
près, makes, does; causes,
-, s. m.facf, cane, act.
Faite, s. m. height, top, summit.
Fallait (il), it was necessary.
Fallu, part, been necessary.
Fallut (il), it was necessary.
Fameux, se, adj. famous.
Familiarité, s. f.familiarity.
Fam i 1 ier, adj . familiar.
Familièrement, adv. familiarly.
Famille, s. î.famV,y.
Fangeux, adj. mit y, muddy.
Fardeau, s. m. loàd.
Farine, s. {.four
Farouche, Kàyffrce, savage.
Fatigué, adj. tireU.
Fatiguer 1, v. a. to tire, tofailgw.
Faudra (il), it will be necessary.
Faudrait (il), it wouldbe necessary.
Faut (il), it is necessary, one niust.
Faute, s. î.fault ; for wajit.
Faveur, s. {.favor. [sist.
Favoriser 1, v. a. to favor; toas-
Feignit, j^ret. feignei
Fi-
las
FR
FeÎDt, YiTe8.feiffnê.
Félicité, R. hfelieityt happînêsê.
Femme, s. f. tooman ; wife.
Fendant l'air, cutting the air.
Fendre 4, v. a. to sp'lit ; to eut.
Fenêtre, s. f. window.
Fente, s. f. eleft; crevice; crack.
Fer, s. m. iron.
Ferai, fera, fut. tôt// ntake.
Ferait, cond. would make.
Ferme, s. tfarm; adj.^rm.
Fermer 1, v. a. /o shut.
Fermeté, s. tjlrmneaê.
Fermier, s. m. /armer. [death.
me Feront mourir, loill cause my
Fôte, 8. t feaêt, f€9lival.
Fétide, adj. stinking^ rank.
Feu, 8. m. Jire. [foliage.
Feuillage, s. m. a// the leaves ;
Feuille, s. f. leaf.
Fidèle, adj./mM/i*/, true.
Fier, e, adj. proud
se Fier 1, v. r. to trust to.
Fierté, s. f. pride.
Fï^ue,a.f.fig,
Figure, s. tfncey figure.
— ^— amiable, agreeable persan.
se Figurer 1, v. r. to imagine.
Filet, 8. m. net.
Fille, s. f. daughter.
Fils, s. m. son.
Fin, 8. f. end; adj. cunning.
Finir 2, v a. to finish ; surmount
Fit, firent, prêt. 7nade.
Fixe, SLdj.fixed.
Fixement, adv. steadfastly.
(regarder), to look in tfie
face.
Fixer 1, v. a. tofix ; to direct.
Fixés (les yeux), the eyes turned
Flambeau, s. m. torch, light.
Flamme, s. î.fiaine.
Flaque d'eau, s^nall marsh.
Flatter 1, v. a. to flatter.
Fléchir 2, v. a. to hend; to move.
Flétrir 2, v. a. tofade, tarnish, dis-
honor.
Fleur, 8. tflower.
Fleurir 2, y. o. to blossom.
Fleuve, a. m greal river.
Flocon. 8. iQ.flake.
Floraison, s. £ blooming.
Flotter 1, V. p. tofloat.
Foi, s. {./aith.
Fois, s. L tiîfte ; une fois, once.
(ft, la), at once.
(tout à la), in tti^ mean tima.
Folie, ». t/olly.
Food, s. m. bottom.
Fondement, s. m. foundation.
Fonder 1 , y. a. /o found ; to ground.
Fondre 4, v. a. and n. to m^lt.
en larmes, to melt in^ears.
Font, près, of faire, make^ do.
Fontame, s. î.fountain^ spring.
Force, s. f. strength.
Forcer 1, v. a. /o oblige; to force.
Forêt, s. t wood,forest.
Forme, s. {.fortn, shape.
Former 1, v. a. toform.
Fort, e, adj. strong ; adv. very.
Fortement, adv. strongly.
Forteresse, s. i.fortress, tower.
Fortifier 1, v. a. to fortify;
ëtrengthen.
se , to grow strong.
Fosse, 8, fl grave.
Foudre, s. f thunder.
Foule, 8. f, crowd^ multitude.
Fournir 2, v. a. tofurnish.
Fourré, adj. lined withfur.
Fourrure, s. f. fur.
Fracas, s. m. great crash or crack.
Fracasser 1, v. a. to break i7i pièces.
Fraîchement, adv. freshly^ co<U^
ness.
Fraîcheur, s. f. coolness.
Frais, fraîche, cooUfresh,
, s. m. pi. expenses.
Franc, franche, adj. frank.
Frapper 1, v. a. to strike ; to knoek.
Frayeur, s. tfright.
Frôle, &dj. frailf fragile.
Frémir 2, v. n. to tremble.
Frémissement, s. m. trembling.
Fréquemment, adv. frequently
Frère, s. m. brotJier,
Froid, e, adj. cold.
6L
189
HA
Froidement, adv. coldly.
Front, 8. iSLforehead,
Frontière, s. f. f^ontier^ borderinp.
Fruitiers (sahre^), fruit-treea.
Fuir 2, V. a. and n. to thun^ avoid;
fiyfrom.
Fuit, près, avoida, shuna.
Fuite, 8. tfiight.
Fumée, 8. i. smoke.
Fûmes, prêt, toere.
Funèbre, adj./wTieroZ; moumfuL,
Funeste, adj. /a^a/.
Furie, s. {.fury.
Furieux, se, adj. /wrioMS.
Fusil, s. m. gun.
Fut, furent, prêt. w«s, voere.
Fût-ce, would it he; even.
Gage, 8. m. paton ; token.
Gagner 1, y. sl. to gain; to get ;
to attain.
Gai, e, adj. gay, lively.
Gaieté, s. f. gayety.
Gain, s. m. gain, profit
Galetas, s. m. garret, bedroom.
Garantir 2, v. a. to warrant; to
défend
Garde, s. f. care; gtuxrd.
Garder 1, v. a ^o keep.
Gauche, adj. le/t
à , on the left hand.
Geler 1, v. n. tofreeze.
Gémir 2, v. n. to lament.
Gémissant, e, lamenting.
Gêné, part, restrained; difficidt.
Gêner 1, v. a. to put to inconve-
nience ; to restrain.
Généralement, adv. generaUy.
Genre, s. m.kind; gerider.
Généreux, se, adj. générons.
Genou, s. m. knee.
h Genoux, on ofié's knees.
Gens, s. m. pi. people. \up.
Germer 1, v, n. to apring up^ corne
Geste, s. m. gesture.
Gisant, p. pr. h/ing. [in.
Gîte, s. m. a home, a place to reat
Givre, s. m. hoar-front, rime.
Glace, 8. f. ice ; looking-glass.
Glacer 1, v. a. tofreeze; to ehill
Glacial, e, adj. glacial, frozen.
Glaçon, s. m. «cic/e, pièce of ice.
Gloire, s. f. glory.
Gousse, cod, hujtk, ehell. [feeU
Goûter 1, V. a. <o taste, enjoy ;
Gouvernemeot, s. m. government.
Gouverner 1, v. a. to govem.
Gouverneur, s. m. governor.
Grabat, s. m. small aorry bed.
Grâce, 8. f. grâce ; pardon; favor
Grâce à, by favor of.
Grain, s. m. grain, aeed, corn.
Graine, s. f. aeed, grain.
Grand, e, adj. great, large, tall.
Grandeur, b. f. size, greatneaa.
Grandir 2, v. n. to grow, grow tall.
Granit, s. m. granité.
Gravement, adj. gravely. [print.
Graver 1, v. a. to grave ; to im.'
Grec, grecque, adj. Greek, Gre*
cian.
Grimper 1, v. n. to climb up.
Gronder 1, v. a. to f^cold; to roar.
Gros, grosse, adj. big, atout.
Grossier, e, adj. coarae, mean, vile.
Groupe, s. m. cluater, group.
Grue, 8. f. crâne {bird).
Guère, adv. bat iittle.
Guerre, s. t war.
Guider 1, v. a. to guide.
Habile, adj. c/e?>cr; akilful.
Habillé, part, dressed.
s'Habiller 1, v. r. to dreaa one'aaelf
Habit, s. m. coat, gown.
Habitant, s. m. inhabitant, [aide.
Habiter 1, v. a. ^o inhabitylive^re-
Habitude, s. f. habit.
Habituer 1, v. a. to accustoin.
Haie, s. f. hedge ; row ; rank,
crowd
Hameçon, s. m.fi-8hhook.
Hardi, e, adj. bold.
Hasard, s. m. chance.
Hasarder 1, v. a. to venturc
Hâte, s. f. haste.
se Hâter 1, v. r. to make haste.
Hausser 1, v. a. to lift up.
10
140
IN
Hausser les épaules, to ahrug on^t
Haut, e, highj loud.
(tout), aloud.
(là), up there.
Hauteur, s. f. height ; pride.
Hélas, interj. a/ûw.
Herbe, s. £ 7i£rb, grass.
Héritier, s. m. heir.
Héritière, s. f. fieiresê.
Hérobme, s. m. keroism.
Héros, 8. m. hero.
Hermine, s. f. ermîne.
Heure, s. f. Imut^ o^clock.
(tout & T), immecUately.
(de bonne), early. [pity.
Heureusement, adv. safely, Jiap-
Heureux, se, adj. happy.
Heurter 1, v. à. to strike, to knock.
Hier, adv. yesterday.
Histoire, s. f. history.
Hiver, s. m. tointer.
Homme, s. m. man.
Honnête, adj. honest.
Honneur, s. m. honor.
Honorer 1, v. &. to honor.
Honte, s. f. shame.
Honteux, se, adj. ashamed^ timid.
Horreur, s. f. horror.
Horriblement, adv. horrihly.
Hors, prep. except ; hors de, out of.
Hospitalier, adj. honpipahle.
Hospitalité, s. f. hospitality.
Hôte, s. m. inn-keeper.
Hôtesse, s. f. hostess; mistress.
Houppe, s. f. tuft.
Humain, e, adj. human.
Humblement, adv. kumbly.
Humide, adj. damp ; wet.
Humilié, e, part, humbledy morti-
Jted. [self.
s'Humilier 1, v. r. to humble one's
Humilité, s. £ humility.
Huppe, s. f. pewet, tuft.
Hutte, s. f. hut.
Hyperboré, e, adj. hyperborean.
Ici, adv. hère; d'ici, hence.
Ici-bas, in thia toorld, or ïife.
Idée, s. f. ide€L
Idolâtre, adj. idolâtrons
Ignoré, part, unknown.
Ignorer 1, v. a. to be ignorant of,
II, pron. pers. he, it ; ils, they.
Ile, s. f. idand.
Illustre, adj. illttstrious ; eminent.
Imaginer 1, v. a. ^o imagine.
Immédiatement, adv. iminediately
Immobile, adj. immovable.
Impératrice, s. f. empress. [/y.
Impétueusement, adv. impetuouè'
Implorer 1, v. a. ^o implore.
n'Importe, no matier.
Importer 1, v. n. to be important.
Imposant, adj. imposing.
Impossibilité, s. t imposxibility.
Impraticable, adj. impracticable.
Imprévu, e, adj. unforeseen.
Inaperçu, e, part, ujiperceived.
Inattendu, adj. unexpected.
Incendie, s. m. /îr«, con^agration.
Incertain, e, acy. uncertain.
Incertitude, s. f. uncertainty. [bov>.
s'Incliner 1, v. r. to inclinCy to bend^
Inconnu, part, unknown.
Incroyable, adj. incredible.
Inculte, adj. uncultivated ; toild.
Indiquer l, y. &. to indicate.
Industrieusement, adv. skilfullv»
dexterously.
Ineffaçable, adj. indelible.
Inexprimable, adj. inexpresaible.
Infini, adj. infinité.
Infiniment, adv. infinitely.
Infinité, s. f. gréai quantity.
s'Informer 1, v. r. to inquire.
Infortune, s. f. misfortune.
Infortuné, e, adj. unfortunaie,
Inliabité, adj. uninhabited
Ingrat, e, adj. ungrateful.
Injure, s. f. outrage, reproach.
Injuste, adj. unjust.
Inonder 1, v. a. to overflow ; to
drown. [i^-
Inouï, e, adj." unheard of, surpris-
Inquiet, e, adj. uneasy, alarmed.
Inquiéter 1, v. a. to disqviet, to
disturb.
IR
141
JTJ
«^Inquiéter, io he uneaxy.
Inquiétude, s. f. unecmineM.
Inseusé, e, adj. /oo/i«A, aenselesa.
lusensiblement, insetisibly.
Insigailiaut, adj. in»ignijicant.
Insolent, adj. innulting ; impudent.
Inspirer 1, t. a. to inspire.
Instance, s. f. earne&tnesa^ itiatance.
à l'Instant, adv. instantly.
Instruire 4, y. a. to instruct;. to
inform.
Instruisait, imp. instructed.
Instruisant, p. près, instructing.
Instruisit, prêt, instructed ; in-
formed.
Instruise, près. subj. may instruct.
Instruit, part, instructed; inform-
ed {j^dge of.
à rinsu, adv. vnthout the knowl-
Intercepter 1, v. a. to intercept ;
to stop.
Interdire 4, v. a. to interdict.
Interdisait, imp. interdicted
Interdisant, p. près, interdicting.
Interdit, part, interdicted.
Intéressant, p. près, interesttfig.
s'Intéresser 1, v. r. to interest onés
Intérêt, s. m. interest. [«^(Z*.
Intérieur, adj. interior.
Intérieurement, adv. internally.
Interroger 1, v. SLto question ; in-
terrogate.
Interrompait, imp. interrupted.
Interrompit, prêt, interrupted.
Interrompre 4, v. a. to interrupt.
Interrompu, part, interrupted
Intervalle, s. m. interval.
Intimider 1, v. a. /o intimidate.
Intrépidité, s. f. intrepidity.
Introduire 4, v. a. to introduce.
Introduit, part, introdiiced
Inutile, adj. useless, needless. \ly.
Inutilement, adv. in vain, ttseless-
Inviter 1, v. a. <o invite.
Involontaire, adj. involuntary.
Invoquer 1, v. a. to invoke.
Irai, ira, fut. m//, or shaXl go.
Irais, iraient, cond. woidd go.
Irons-nous, shall we go. ^
Irriter 1, v. a. to irritate.
Isolé, adj. loncy insulated
Ivresse, s. f. ebriety, enthuaicam.
Jacques, s. m. James.
Jadis, &dy.form£riy, ancierUly,
Jambe, s. f. leg.
Jamais, adv. never, ever.
Janvier, s. m. January.
Jardin, s. m. garden. [stuff.
Jardinage, s. m. gardening, garden
Jaune, adj. yellow.
Je, and j', pron. pers. I.
J et, s. m. throw, sprig ; water-spauL
Jeter 1, v. a. ^o throw^ to cast,
des cris, to cry out.
Jeu, 8. m. play^ gaming.
Jeune, adj. young.
Jeunesse, s. f. youth.
Joie, s. f. joy^ pleasure
Joignait, imp. joined
Joignant, p. pr. joining.
Joignit, prêt joined
Joindre 4, v. a. lojoiny unité.
Joli, e, adj. pretty.
Jonc, s. m. can£^ reed, rush.
Joue, s. f. cheek.
Jouer 1, V. n. and a. to play.
se , V. r. to divert o7ie*s self.
Joug, s. m. yoke, subjection.
Jouir 2, V. n. to enjoy. [session.
Jouissance, s. f. enjoyment ; pos-
Jour, s. m. day, light.
(de tout le), t}ie whole day.
(se faire), to eut one's wa^
tkrough.
Journalier, e, adj. daily.
Journée, s. f. day.
Joyeux, se.joyful.
Juché, part, perched, placed in a
high place.
Juge, s. m.judge.
Juger 1, V. a. tojudge. [coat^
Jupon, s. m. petticoat, under pettù
Jurer \,y. to swear, to déclare.
Juridiction, s. f. jurisdiction.
Jusque, jusqu'à, as far a«, uniil.
Juste, fidj.Just. [tilL
Justement, &dY. just,/U8tly,
LI
142
MA
Kibick, s. m. a càrriage. Kopeck,
s. m. kopeck (| of a cent).
L' for le or la, thCy him, her, it.
La, art. f. s. the ; pron. her^ it.
Là, adv. there^ thitfier,
— (de), thence.
I/abourer 1, v. a, to pUmgh; to
lahor.
Lac, s. m. lake.
Laine, s. t îoool.
Laisser 1, v. a. to lety to leave.
Lait, s. m. miik.
Lambeau, s. m. pièce.
Lance, 8. f. long spear.
Lande, s. f. heath^ rnoor.
Langage, s. m. language; speech.
Langue, s. f. langttcige, tongite.
Langueur, s. f. languor^ debility.
Languir 2, v. n. to languish.
Laquelle, pron. roi. which.
Large, adj. broady wide.
Larme, s. f. tear.
se Lasser 1, v. r. to get iired.
Le, art. m. tJie ; prou, him, it ; so.
Leçon, s. f. leMon.
Lecture, s. f. reading.
Léger, e, adj. light^ slight.
Légèrement, adv. Hghtly.
Lendemain, s. m. next day.
Lent, e, adj. slow.
Lentement, adv. slowly.
Lenteur, s. f. slovmess.
Lequel, pron. rel. which.
Les, art. pL the ; pron. them.
Lesquels, lesquelles, which.
Lettre, s. {. letter.
Leur, leurs, their.
, pron. pers. them^ to them,
(le, la, les), theirs.
Lever 1, v. a. to raise^ lift up.
se f y. r. to rise^ to get up.
Lèvre, s. f. Up. [ly.
Libéralement, adv. liberally, large-
Libérateur, s. m. saviour, deliverer.
Liberté, s. t liberty.
Libre, adj./ree.
Librement, a.dy.freely.
Lier 1, v. a. to lie; to bound.
Lieu, 8. m. place. Au lien, itutead
Lieue, s. f. leagtte.
Lièvre, a. m. hare.
Ligne, s. f. Hue.
Limite, s. £ limit.
Lire 4, v. a. to read.
Lisait, imp. read, toas reaSng.
Lisant, p. près, reading.
Lisière, 8. f. selvage; extremity.
Lit, près, reads.
, s. m. bed
Livonie, s. f. Livonia,
Livrée, s. f. livery.
Livre, s. m. book.
Livrer 1, v. a. to dévote; to gw9
up; ahandon.
se , to give on^s self «p.
Logement, a. m. lodging, wœlling
Loger 1, V. a. <o lodge.
Loi, 8. f. law.
Loin, adv. /ar.
Lointain, s. m. /ar, distant
Loisir, s. m. leisure.
Long, longue, adi. long,
, s. m. lengtn,
(le), along.
Longtemps, adv. long, a long time.
Lors môme, adv. even if.
Lorsque, lorsqu*, conj. when.
Louer 1, v. a. to praise; to hire.
Loup, 8. m. loolf.
Loutre, s. £ otter.
Lu, part, of lire, read.
Lueur, s. f. faint light, glimpse.
Lugubre, adj. mournfui ; sad
Lui, prou. pers. he, him, to him^
to her.
Lumière, s. f. light ; knowledge.
Lune, s. t moofi.
Lut, prêt of lire, read.
Lutter 1, V. n. to strive, to struggle.
Luxe, s. m. luxury.
Ma, adj. posa. sing. my. [dy.
Mademoiselle, s. f. miss, young la'
Magnanime, adj. magnanimous
Magnifique, adj. magnijicefit.
Mai, s. m. Àfay.
Main, s. t hand.
MA
148
HE
d'nne Main tremblante, tnth a trem-
hling hand.
Maintenant, adv. note.
Maintien, s. m. countenance ; looks.
Mais, conj. but.
Maison, s. f. house.
Maître, s. m. maater.
Maîtresse, s. f. mistress.
Majesté, s. f. majesty. [lime.
Majestueux, se, adj. majestic ; sub-
Mal, s. m. evil, harm ; adv. badly.
Malade, adj. sick^ ill.
Maladie, s. f. illnesSj sickness.
Malfaiteur, s. m. maiefactor.
Malgré, prep. notwitnatandingy in
spite of.
Malheur, s. m. misfortune.
Malheureusement, adv. unfortu-
nately.
Malheureux, se, adj. unhappyy un-
fortunate.
Manche, s. f. sleeve. [corne.
Mander 1, v. a. to command to
Manger 1, v. a. <o eat.
Manière, s. f. manner.
de que, conj. so that
Manifester 1, v. a. ^o manifest
Manque, s. m. toant.
Manquer 1, v. ifo misëy tofail.
Manquer de, to be in warit of.
Manteau, s. m. cloak.
Marais, s. m. mnrsh.
Marchand, s. m. merchani.
Marche, s. f. march.
Marcher 1, v. n. ^o walk.
Marécage, s. m. mariih,fen.
Marécageux, adj. marahy.
Mari, s. m. husband
Marier 1, v. a. to marry.
Marque, s. f. mark.
Marquer 1, y. a. to mark ; to tell.
Mars, s. m. march (month).
Martre, s. f. marten^ marier.
Masne, s. f. ma^a ; h^ap ; bulk.
Matelas, s. m. mattress.
Maternel, adj. vnatemal.
Matière, s. f. mattery substance.
Matin, s. m. morning.
Matinée, & t the wkole morning.
Mauvais, e, adj. bad.
Maux, s. m. pi. evils ; dangers.
M' for me, pron. pers. me^ to me.
Méchant, e, adj. wicked, bad, wretch-
ed [content
Mécontent, e, adj. di/tpleasedj tnal-
Médecin, s. m. pkvsician.
Médiocre, adj. ordinary.
Méditer 1, v. to meditate.
Meilleur, e, adj. better ; best.
Mélange, s. m. înixture.
Mêler 1, V. a. to mix; tojoin.
Mélèze, s. m. larchtree.
Même, adj. same, self; adv. even,
(mettre à), to enable,
(de), adv. also.
Menaçant, e, adj. threatening.
Menacer 1, v. a. ^o threaten.
Ménage, s. hl house-^ioork^ hovse'
keepijig.
Ménager 1, v. a. to save, to spare.
Mendiant, s. m. beggar.
Mendier 1, v. a. to beg.
Mener 1 , v. a. to leady to take to.
Menti, part, lied [truth.
Mentir 2, v. n. to lie^ tell an un
se Méprendre 4, v. r. to be mistaken.
Mépris, s m. contempt, disdain.
, part, mistaken.
Méprise, s. f. mistake, error.
Mépriser 1, v. a. to clespise.
Mer, s. f. sea.
Mère, s. f. moiher.
Méridional, e, adj. southern.
Mériter 1, v. a. to deserve, to merit
Merle, s. m. blackbird.
Merveille, s. f. marvelj wonder.
Merveilleux, se, adj. wonderfid,
marvellous.
Mes, adj. poss. my.
Messe, s. f. m ans; divine office.
Mesure, a. f. weasure.
à que, in proportion a«.
Mesurer 1, v. a. to measure.
Met, près, ptùts, sets.
Métier, s. m. trade.
Mets, s. m. pi. dish^s.
tu, près, dost thou put
Mettant, p. près, putting ; pf-ctcing.
MO
144
KE
Mettre 4, v. a. to ptU^ to vui on.
• & même, to enahle. [liah.
au jour, to divulge, to pub-
se à, to hegin.
so en route, to tei ovt upon
ajourne}/.
Meuble, s. m.fumiture.
Meubler 1, v. aJ^o furnish.
Meure, subj. près, mai/ die.
Meurs, près, of mouiir, die.
Midi, s. m. noon ; south.
Mien, mienne, pron. posa. mine.
Mieux, adv. better ; best
Milieu, 8. m. middle.
Mille, num. adj. thouaand.
Millier, s. m. thousand.
Miroir, s. m. looking-glaa».
Mis, mirent, prêt. ptU, placed.
en route, continued thejour-
ney.
Mis, e, part, pvi^ put on.
Mis à genoux, kneeled down.
Misérable, adj. misérable; poor.
Misère, s. f. miaery.
Miséricorde, s. f. mercy, pity.
Missionnaire, s. ni. missionary
Mobile, adj. movable.
Modérer 1, v. a. to moderate.
Modestie, s. f. modeHy.
Mœurs, s. f. pi. manners ; moraU.
Moi, pron. pers. 7, wîc, to me.
(à), mine.
Moindre, adj. les»; Ua&t.
Moine, s. m. monk.
Moins, adv. Um ; leant
(au or du), at Uast,
Mois, B. m. monih.
Moisson, 8. f. harvest,
]Moitié, s. f. half.
Mon, adj. poss. m. sing. my.
Monarque, s. m. monarch.
Monde, s. m. society ; world.
(tout le), everybody.
Monnaie, s. f. money. [man.
Monsieur, s. m. air, mister, gentle-
Mont, s. m. mountain.
Montagne, s. f. mountain.
Monter 1, v. io mount, to get up,
or in.
Monticule, s. m. small hill.
Montrer 1, y. a. ^o sfiow.
se Moquer 1, v. r. to laugh at.
Morceau, s. m. pièce, bit, morsel
Morne, adj. dull, melancholy.
silence, suUen silence.
Mort, e, adj. and part, died; deac
, s. f. death.
, s. m. dead body, eorpse.
Mortel, adj. mortal.
Moscou, s. m. Moscow.
Mot, s. m. Word.
Mouchoir, s. m. handkerehie/.
Mourait, imp. died.
Mourant, pre& part, dying.
Mourir 2, v. n. to die.
Mourra, fut. ««7/ die.
Mourut, prêt. died.
Mousse, s. f. mo89.
Mouvement, & m. motion; movtnff.
Mouvoir 8, v. a. to move.
Moyen, s. m means ; tcay.
Muet, muette, adj. eilent, mute.
Multiplier 1, v. a. to multiply.
Mur, s. m. wall.
Muraille, & f. loall.
Mûrir 2, v. to ripen^
Murmure, s. m. murmur.
Murmurer 1, v. n. to murmur,
grumble.
Musique, s. f. musie.
Mutuel, adj. mutueU.
Mystère, ». m. mystery.
Nacelle, s. f. smcUl boat.
Nain, s. m, du>ar/.
Naissait, imp. arose.
Naissance, s. f. birth.
Naisse, prêt», subj. 9nay ariae, or b0
produced.
Naît, près, iê born ; arisea.
Naître 4, v. n. to be born; to ariaei
Natter 1, v. a. to mat, to tidat.
Naturel, adj. natural ; native.
Naturellement, adv. naturally.
Naviguer 1, v. n. to navigate.
Navré, part, wounded; aad.
Ne, n' (with pas or point;, noL
que, only.
OB
145
OS
Né, e, part. bom.
Néanmoins, adv. neveriheless.
Nécessaire, adj. necessary.
Nécessairement, adv. necessarily.
^Nécessité, s. f. necessity.
Neige, s. f. snow.
Négliger 1, v. a. to negleet.
Négociant, s. m. merchant
Neuf, neuve, adj. new.
Neuf, num. adj. nine.
Ni, conj. neither, nor.
Nid, 8. m. nest
Noblesse, s. f. nobilityy nobleness.
Noir, e, adj. black.
Nom, 8. m. name.
Nomade, adj. wandering, nomade.
Nombre, s. m. number.
Nombreux, se, adj. numerous.
Nommer 1 , v. a. to naine ; appoint.
Non, adv. no^ not.
seulement, not only.
Nord, 8. m. north.
Nos, adj. poss. pi. our.
Note, s. f. note.
Notre, adj. poss. sing. our. [tain.
Nourrir 2, v. a. to nourish ; enter-
Nourriture, s. {.food, nourishment.
Nous, pron. pers. loe, u.% to ita.
Nouveau, nouvel, adj. neto.
Nouvelle, adj. f. new; s. £ news.
Nuage, s. m. clotùd.
Nu, e, naked; bare; destitute.
Nue, 8. f. cloud
Nuée, s. f cloud, multitude.
Nul, adj. no, not any ; f. nulle.
Nuire 4, v. n. to offend, to hurt.
Nuisse, près. subj. may hurt.
Nuit, 8. f. night.
Obéir 2, v. n. to obey.
Obéissant, e, adj. obedient.
Objet, s. m. object ; article.
Obliger 1, v. a. to oblige.
Obole, s. f. obolus.
Obscurcir 2, v. a. to darJcen.
8* , v. r. to become dark.
Obscurité, s. f. obscurity.
Observer 1, v. a. to observe
Obtenait, imp. obtained
13
Obtenir 2, y. a. to obtain.
Obtenu, part, obtained.
Obtiendra, fut toill obtain.
Obtiendrait, cond. wotUd obtain.
Obtint, prêt, obtained
Occasion, s. f. opportunity.
Occuper 1, v. a. to occupy. [care,
s' , to 'ôccupy onés self^ to
Octobre, s. m. October,
Odeur, s. f odor, smelL
Oeil, s. m. eye ; pL yeux.
Oeuf, 8. m. egg.
Offenser 1, v. a. to offend.
Offert, e, près, offered.
Officier, s. m. officer.
Ofirait, imp. was offering.
Offrande, s. f. offering.
Offre, près, offers; s. £ offer.
Offrir 2, v. a. to offer.
Offrit, prêt, offered.
Oies du nord, northem geese.
Oiseau, s. m. bird.
Ombrager 1, v. a. to shade, darhen.
Ombre, s. f. shade, shadow ; obscu-
rity.
On, l'on, pron. they, one, people.
Ont, près, of avoir, hâve.
Onze, num. adj. eleven.
Opposer 1, V. a. to oppose.
Oppresser 1, v. a. to oppress; stijte.
Or, conj. now ; s. m. gold.
Orage, s. m. storm.
Orageux, se, adj. stormy.
Oratoir, s. m. oratory.
Oreille, s. f. ear.
Oreiller, s. m. pUlwo.
Ordinaire, adj. ordinary, commun,
(à son), as usually.
Ordinairement, adv. generally.
Ordonner 1, v. a. to ordery comr
mand
Ordre, s. m. order.
Orgueil, s. m.'pride.
Orme, s. m. elm.
Ornement, s. m. omament. [*iwnt
Orner 1, v. a. to adom ; to orna-
Orphelin, orpheline, orphan.
Oser 1, V. n. to dare.
Ossements, a m. pi. bones.
PA
146
PA
Oter 1, V. a. to take off, iake away.
Ou, conj. or, either ; où, vjhere.
Oubli, 8. m. oblivion.
Oublier 1, v. a toforget
OueBt, 8. m. toest.
Oui, adv. yes.
Ouragan, s. m. hurricane.
Ours, 8. m. bear.
Outre, en outre, besides, [yond,
(passer), to paas by ; go 6e-
Ouvert, part, opened, open.
Ouvrage, s. m. ioork ; business.
Ouvrait, ouvrions, opened.
Ouvrant, p. près, opening.
Ouvre, ouvrez, près, open.
Ouvrir 2, v. a. to open.
Ouvrit, ouvrirent, opened.
Falen, ne, adj. pagan^ heathen.
Paille, s. f. atraw.
Pain, s. m. bread. [f^^ly-
Paisiblement, adv. calmly ; peace-
Paix, s. f. peace.
Palais, & m. palace.
Pâlir 2, V. to turn pale.
Palpiter 1, v. n. to palpitate.
Pantalon, s. m. pantatoons.
Papier, s. m. paper.
Paquet, e. m. bundle.
Par, prep. by. [or beyond.
de de-là, /rom the otfier side
Paraissait, imp. appeared.
Paraissant, p. pr. appearing.
Paraît, paraissent, «eem.
Paraître 4, v. n. to appear^ to aeem.
Parce que, conj. because.
Parchemin, s. m. parehment.
Parcourant, p. près, running
ihrough. [over.
Parcourir 2, v. a. to travel in, run
Parcourt, près, traveh over.
Parcouru, part, travelled over.
Pardonner 1, v. a. to pardon.
Paré, e, part dreaxed
Pareil, le, adj. equal, ftimilar, such.
se Parer 1, v. r. to dre88one*8 self;
topare; adorn.
Parfait, e, adj. perfect.
Parfaitement, adv. perfeetly.
Parfum, s. m. perfume.
Parler 1, y. to apeak,
se , to apeak to one anotlier.
Parmi, prep. among.
Parole, s. £ toord ; speech.
Pars, près, go away^ aet ont.
Parsemé, e, part, atrewedy acattered.
Part, 8. {.part ; ahare; side.
, près, goea away y départs.
Partage, s. m. ahare.
Partager 1, v a. to ahare ; to divide.
Partais, partaient, aet ont.
Partant, p. près, going away.
Partez, imper, départ^ aet out.
Parti, part, gone away, departed
, 8. m. party ; reaolution.
Particulier, adj. particular. [ly.
Particulièrement, adv. particular-
Partie, s. f. part ; party ; quarter.
Partir 2, v. n. to aet out, départ.
Partis, partirent, we?it away.
fartons, imper, let us aet out.
Partout, adv. everywh^re.
Paru, part, appeared, seeined.
Parure, s. f. dress, attire.
Parus, prêt, seemed.
Parvenait, imp. attaîned, reached.
Parvenant, attaining, reaching.
Parvenir 2, v. n. to attain, reach ;
arrive.
(faire), to aend.
Parvenu, part, attained, arrived at
Parvient, près, reachea, attaina.
Parvins, prêt, aucceeded, attained
Pas, adv. not ; s. m. atep, pace.
Passager, s. m. paasenger.
Passants, s. m. pi. paaacrs-by.
Passer 1, v. to pas» ; to spend
se , io pass.
se de, to do tmthout
Passe-temps, s. m. amusement.
Passereau, s. m. aparrow.
Passionnément, adv. paasionately.
Pasteur, s. m. priest ; ahepherd
Paternel, le, adj. paternal.
Pathétique, adj. pathetic.
Patriarche, s. m. patriarch.
Patrie, 8. f native country.
Patte, 8. f. paw ; claws.
PB
147
PL
Patiyre, adj. poor.
Pauvreté, s. f. poverty.
Payer 1, ▼. &. to pay.
(se faire), to get paid.
Pays, 8. m. eountry.
Paysan, s. m. pecuanl, countryman.
Paysanne, s. f. country^waman.
Peau, 8. t skin.
Pêcher 1, v. a. toJUK <o angle.
Peignait, imp. dencribecL
Peigner 1, y. a. to comb.
Peignit, prêt, represented [paint.
Peindre 4, v. a, to describe ; to
Peine, s. t pain ; grief; trouble ;
àifficuUy.
à , adv. scarcely. [ter,
P61e-mêle, confwedly, helter-skel-
Pelleterie, s. fl /«r«, skins.
Pencher 1, v. n. to lean dmDnwardSy
irtcline. [wards.
se Pencher 1, v, r. to lean dovm"
Pendait, imp. hung.
Pendant, prep. during.
— ^ que, whilstf as.
Pendant, e, adj. hanging, pendent.
Pénétrer 1, v. a. to^ penetraie ;
pierce.
Pénible, adj. painfid. "
Pensée, s. f. thought.
Penser 1, v. a. to think ; to believe.
Pensif, ve, adj. thovghtfuly pensive.
Perçant, e, adj. piercing ; sharp.
Perdre 4, v. a, to lose, [lost.
se , to lose oné^s way ; to be
Perdrix, s. f. partridge.
Père, s. m./ather.
Perfectionner 1, v. a. to per/eet.
Péril, s. m. danger.
Périr 2, v. n, to perish.
Perle, s. f. pearl.
Permet, près», permits. [suffer.
Permettre 4, v. a. to permit; to
Permis, e, purt. permitted
Permit, permirent, permitted
Persan, s. m. Persian,
Perse, s. f. Persia.
Personne, a f. person ; pron. no-
body.
Personnel, le, adj. personal.
Persuader 1, ▼. a. to persuada
convince.
Perte, s. f. loss, [con*ider
Peser 1, v. a. to weigh; oppress;
Petit, e, adj. small^ little.
Peu, adv. little ; few.
à près, nearly, àlmost.
Peu & peu, gradually.
Peuplade, s. f. people ; eolony.
Peuple, 8. m. people.
Peuplé, adj. populous^ peopled
Peupler 1, v. a. to people ; propor
gâte.
Peuplier, s. m. poplar (« tree).
Peur, s. tfear.
(avoir), to be afraid
Peux, peut, peuvent, ean, may,
s'il se Peut, if it is possible.
Peut-être, aa v. perfiftpê.
Pic, s. m. pick ; peak.
Pièce, s. f. pièce ; room.
Pied, s. m. foot ;, à pied, onfoot,
Pierre, s. f.* stone ; s. m. Peter.
Piété, s. f. piety.
Pieux, se, adj. pious.
Pilier, s. m. pillar^ column.
Pillage, s. m, plunder^ pillage.
Piller 1, V. a. to rob; to plunder
Pin, s. m.fir.
Pire, adj. worse.
Pis, worse ; bien pis, tmich worse.
Pitié, s. f pity^ compassion.
Pittoresque, adj. picturesqtte.
Place, s. f. place ; seat.
Placer 1, v. a. to place ; situate,
se Plaignait, imp. cœnplained
se Plaignit, prêt, lamented
Plaindre 4, v. a. to pity.
se Plaindre 4, v. r. to complain,
to lament.
Plaine, s. f. plain; fiM.
Plaint, part, pitied ; complained
se , près complainSy lamenta.
Plainte, s. f. com plaint.
Plaire 4, v. n. to phase.
se , V. r. to be pleated
Plaisait, imp. pleased
se Plaisent, près, are pleatted.
Plaît, près, pleases.
PO
U8
PR
Pianehi», &, t hoard.
Plancher, 8. rxLfloor,
Plante, s. f. plant.
Planter 1 , y. a. to plant.
Plate-forme, 8. f. border.
Plein, e, adj. fiUl. [ment.
Pleurer 1, v. a. to ery^ toeep ; la-
Pleurs, 8. m. pi. tears.
Plier 1, V. a. to hend, tofold [éd.
Plongé, paft. plnnged; overwheîm-
se Plonger 1, v. r. to dive, toplunge.
Plu, part, pleased.
Pluie, 8. f. rain.
Plume, 8. f. pen^feather.
la Plupart, most, t/te preatest part.
Plus, plurent, prêt, pleased
Plus, adv. more; le plus; Ihe most.
de Plus en plus, more and more.
de Plus, adv. moreover ; besides.
Plusieurs, adj. neveral; many.
Plus- tôt, adv. sooner.
Plutôt, adv. rafher.
Poche, s. f. pocket.
Poêle, s. m. stove.
Poids, 8. m. toeight ; conséquence.
Poignard, s. m. poniard
Poignée, s. f. handfid; somefew.
Poil, 8. m. Jiair.
Point, adv. no^ not ; 8. m. point.
Pointe, 8. f. point ; extremity.
Poisson, s. m.fi8h.
Poitrine, s. fl cheat, hreatt.
Pôle, 8. m. pôle.
Poli, e, adj. polite.
Poliment, adv. politely.
Politesse, s. f. politeness. [tic».
Politique, adj. political ; 8. f. poli-
Pologne, 8. f. Foland
Polonais, s. m. Pôle.
Pomme, s. £ apple.
Pommier, s. m. apple-tree.
Pompe, 8. f. pomp^ splendor.
Pont, 8. m. bridge.
Pope, 8. m. prient.
Populeux, adj. populoiu.
Porte, s. f. chor ; près, of porter,
carries.
Portée, e. t reach
Porter 1, y. a. ^o carry^ bear ; vsear.
Porter bonheur, to hring good.
(se bien), to be w^ll. [rier.
Porteur, s. m. porter, bearer, car-
Portrait, 8. m. portrait, picture.
Poser 1 , Y. a. <o place, to put.
Posséder 1, v. a. to ponsesa.
Possesseur, s. m. posMXHor.
Possible (son), oné'a, hia, ker^ beet.
Poteau, 8. m. poet, ttake.
Poule, 8. t hen.
Pour, prep. /or, to, in order to.
Ponrpr^, adj. purple.
Pourquoi, adv. why.
Pourra, pourront, will be able.
Pourrais, pourrions, would be able ;
cmild
Poursuivait, imp. puraued
Poursuivit, poursuivirent, jE>ursu€dl
Poursuivre 4, v. a. topurtue.
Pourtant, conj. /towever.
PourYoir 3, y. n. to provide.
Pousser 1, y. a. to drive; puah;
utter.
Poustsière, s. f. duat. [able.
Pouvait, imp. could, might, waa
Pouvant, p. près, being able. [er.
Pouvoir 8, V. to be able ; s. m. povh
Pouvons, pouvez, can, are able.
Prairie, s. f. meadoto.
Pratique, s. f. practiee.
Pratiquer 1, y. a to practiee; to
do ; to make.
Précédent, adj. /orm«r
Précéder 1, y. a. /o précède.
Précieux, atlj. preeioua. [rush.
Précipiter 1, v. a. /o precipitctte,
se , Y. r. to precipitate ohe^a
self.
Précisément, adY. preciaely.
Préférer 1, v. a. to prefer.
Prématuré, adj. prématuré, too
haaty.
Premier, adj. Jirat ; former.
Prenait, imp. took.
Prenant, p. près, taking.
Prend, près, takea.
Prendre 4, y. a. to take.
Prenez, imper, takc.
Prenions, imp. tooky toere taking.
PR
149
PU
Prenne, près. snbj. may take, takeê.
Préoccupation, s. f. idea, préoccu-
pation.
Préoccupé, part, preoecupied.
Be Préoccuper 1, v. r. to be absorbed.
Préparatifs, s. m. p\. préparations.
Préparer 1, y. & to prépare.
Près, auprès, near,
-—^ de, à peu près, nearly.
Présager 1, v. a. to présage.
Prescrire 4, v. a. to prescribe.
Prescris, prescrivent, prescribe.
k Présent, adv. €U présent j now.
Présenter 1, v. a. to présent.
Présider lyV.iuto préside.
Presque, adv. almost, nearly.
Pressé, part, to be in a hurry.
Pressentir 2, v. a. (like sentir), to
foresee.
Presser 1, v. a. to press ; tofasten.
86 , v. r. to hurry.
Présumer I, v. a. to présume.
Prêt, e, adj. ready
Prétendre 4, v. to prétend.
Prêter 1, v. a <o lend
se , to consent.
Prétexte, s. m. pretext.
Prêtre, s. m. priest.
Preuve, s. f.proof. [form.
Prévenir 2, v. a. to prevent ; to in-
Prévint, imp. subj. should infortn.
Prévit, prêt. /orcwaifl.
Prévoir S, v. a. to foresee.
Prévoyais, imp. foresaw.
Prévoyant, p. près, foreseeinff.
Prévu, part, foreseen.
Prier 1, v. a. topray; to request.
Prière, s. f. prayer ; request.
(être en), to be saying one's
j^ayers.
Principe, s. m. principle.
Printemps, s. m. spring.
Pris, part, and prêt, taken, took.
Prisonnier, s. m. prisoner.
Priver 1, v. a. to deprive.
Prix, s. m. priée; reward.
Probablement, adv. probably.
Prochain, e, adj. next^ near.
Procurer 1, v. a. to procure,
18*
Prodiguer l,y. a. towaste; togîwê
Produire 4, v. a. to produce.
Produit, près, produees.
s. m. product.
Profaner 1, v. a. to profane; vith
late.
Proférer 1, v. a. to utter ; to speak,
P*rofit, s. m. benefit.
Profiter 1, v. a to tàke advantage.
Profond, e, adj. deep.
Profondément, adv. deeply.
Progrès, & m. progress; improvê»
ment.
Projet, s. m. projecty design.
Projeter 1, v. a. to prcffect, to eot^
trive.
Projettent, près, project.
Prolonger 1, v. a. to prolong.
Promenade, s. f. walk.
se Promener 1, v. r. to walk, take
a walk.
Promesse, s. f promise.
Promets, promettent, promise.
Promettez, près, promise.
Promettre 4, v. a. to promise.
Promis, promirent, promised.
Prompt, e, adj. quick^ speedy
Promptement, adv. speedily.
Promptitude, s. f. quiekness, spced,
Prononcer 1, v. a. topronounce.
Proposer 1, v. a. to propose.
Propre, adj. proper ; oton ; cîean.
Propreté, s. f. cleanness, neatness.
Proscrit, s. m. outlaw.
Prospérité, s. f, prosperity.
Prosternée, part. f. prostrated
Prosterner (se) 1, v. r. to prostrate
otié's self.
Protecteur, s. m. protector.
Prouver 1, v. a. to prove.
Pu, part, of pouvoir, been able.
Public, publique, adj. publie.
Pudeur, s. f modesfy ; bashfulneu^
Puis, adv. then; verb, can.
Puiser 1, v. a. to draw.
Puisque, conj. since.
Puissance, s. f. power.
Puissant, e, adj. powetful.
Puisse, puissiez, can, tfiajf.
BA
150
RE
Pnnir 2, t. a tp punish.
Punition, s. i jninûhment.
Pur, e, adj. pure.
Purent, prêt, teere allé.
Pureté, 8. f. purityy cUarness.
Pus, put, prêt, was able. [able,
PCit, imp. Bubj. could; might he
Qualité, s. f. qucdity.
Quand, adv. when.
Quant à, couj. a^ to
Quantité, b. f. quantity.
Quarante, num. &dj.forty.
Quarante-cinq, fortyjive.
Quart, quartier, quarter.
Quatre, num. adj. four.
Que, qu', which, t/iat, thariy lest.
(ne), onlt/y buty nothing but.
de, Aoio many ; than (bef.
an inf.)
ce Que, that which^ what.
Quel, quelles, whichy what.
Quelconque, adj. and pron. what-
ever. \however.
Quelque, sorne^ a few ; whatever ;
Quelquefois, adv. sometimes.
Quelqu'un, some one, somebody.
Quelques uns, some, aotne of them,
a few.
Qu'est-ce que, what is.
Questionner 1, v. a. to question.
Queue, s. f. tail.
Qui, pron. rel. whoy whom, which.
(ce), that whichy what.
Qui que ce soit, whoever.
Quinze, num. Sidj. Jifteen.
Quitter 1, v. a. to quity to leave.
se , to separate one*8 self.
Quoi, pron. rel. what.
Quoi que, pron. reL whatsoever.
Quoique, conj. though, although,
Kacine, s. £ root.
Raconter 1, v. a <o relate.
Rafale, s. f. sqitally sudden gust of
toitid
Raffermir 2, v. & to màke strongcr.
Raidi, e, part, stiffened
Raison, s. t retuon ; right.
Raison (avoir), to he right.
Raisonnable, adj. reasonable.
Ramasser 1, v. a. ^o pick up.
Rameau, s. m. branch, bough.
Ramener 1, v. a. to lead or bring
back.
Ramier, s. m. wood-pigeofi. [ing
Rampant, e, adj. creepingy crawl
Rang, s. m. rank. \der
Ranger 1, v. a. /o rangcy set in or^
Ranimer 1, v. a. <o revive; encowr
âge.
Rapidité, s. f. rapiâity. [eall
Rappeler 1, v. a. <o call back; r«-
ee , V. r. to remember ; recol-
lect.
Rapporter 1, v. a. to bring back ;
produce.
Rare, adj. rarCy scarce.
Rarement, adv. seldom.
Ras, e, adj. smooth; plaine rase^
open fields. \tojoin.
Rassembler 1, y. a. to réassemble,
se , V. r. to meet.
Rassurer 1, v. a. /o réassure.
se , to recover oné's self,- to
cheer up.
Ravager 1, v. a. to ravage.
Ravir 2, v. a. to ravish ; take away^
Rayon, s. m. ray.
Réalité, s. f. reality.
Rébus, s. m. rebusy silly pun.
Rebut, s. m. outcast, trash.
Rebuter 1, v. & to reject.
Receveur 3, v. a. to receive.
Réchauffer 1, v. a. to heat up again.
Recherclier 1, v. a. to search ; to
court.
Récit, s. m. récital. [mand.
Réclamer l, v. a. to clahn ; to com-
Récolte, s. f. crop. [wend.
Recommander 1, v. a. to recmn-
Recommencer 1, v. a; to begin
again.
Récompense, s. f. reward
Récompenser 1, v. a. to reward
Reconnaissance, s. f. gratitude.
Reconnaissant, e, adj. grateftU.
Reconnaissant, p. près, recognizing.
BE
151
BB
Beconnaisoait, irap. recognized.
Reconnaît, près, recognizcs.
Keconnaitre 4, v. a. to recognize ;
discover.
Reconnu, part, recognized; hnoum.
Reconnus, reconnurent, /owwc? ovi.
Reconquérir 2, v. a. to recong^ier.
Recours, s. m. recourte.
Recouvert, e, part, covered.
se Récrier 1, v. r. to exclaim.
Reçu, part received
Recueillais, irap. gathered.
Recueilleront, fut. will receive.
Recueilli, p&rt. received ; gathered.
Recueillir 2, v. a. to gather ; re-
ceive; reap. [itiove ; delay.
Reculer 1, v. to draw back ; re-
Redoubler 1, v. a. to redouble, in-
crease.
Redouter 1, v. a. to dready iofear.
Réduire 4, v. a. to reditce.
Réduit, près, reduces; s. m. bg-
place, nook.
, part, rcduced.
Réel, réelle, adj. reaL
Réellement, adv. really.
Réfléchir 2, v. to reflect, send buck.
Réflexion, s. f. rejlection.
Refroidi, part, cooled
se Refroidir 2, v. r. to become cool.
se Réfugier 1, v. r. toflgfor refuge.
Refus, 8. m. reftisal.
Refuser 1, v. a. to refivse.
Regagner 1, v. a. to return.
Regard, s. na. look, looking.
Regarder 1, v. a. to look ; look eut.
Régir 2, V. a. to govern, to rtde.
Régler 1, v. a. to regulate; to set-
Ile.
Réglisse, s. f. liquorice.
Règne, Sw m. reign.
Régner 1, v. a. to reign. [at.
Regretter 1, v. a. to regret, grieve
Régulier, e, adj. regular.
Régulièrement, adv. regularly.
Rehausser 1, v. a. to raise, in-
crease.
Reine, s. f. queen.
Réitérer 1, v. a. to reiterate.
Rejeter 1, y. a. to throw boek, to
reject. "^
Rejeton, s. m. sticker, young shoot.
Rejoindre 4, v. a. to meet, to rejoin.
Rejouir 2, v. a. to rejoice.
Réjouissance, s. i rejoicing.
Réléguer 1, v. a. torelegate, banisK
Relever 1, v. a. to raise up again ;
recover.
-, to arise.
Religieusement, adv. reîigiously.
Religieux, e, adj. religions.
Religieux, s. m. monk ; religieuse,
8. f. nun.
Relire 4, v. a, to read again.
Relu, part, read again.
Remiu-que, s. f. remark. [serve.
Reniarqu(îr 1 , v. a. to remark, olh
Rembourser 1, v. a. to pay.
Remède, s. m. remedy.
Remercier 1, v. a. to thank.
Remets, près, deliver, give.
Remettant, p. près, giving, putting
again. [again.
Remettre 4, v. a. to restore, put
se , to recover.
se en route, to continue
otie's Joumey.
Remis, remirent, put off.
Remis, part, rentored; given.
Remonter 1, v. to go up again,
bring up again. [place.
Remplacer 1, v. a. to supply t/iâ
Remplir 2, v. a, tofill; fulfU,
se , V. r. to become full.
Remuer 1, v. a. to move ; to stir.
Rencontre, s. f. meeting, rencounter.
Rencontrer 1, v. a. to tneet with.
Rendre 4, v. a. to render, restore;
repair to.
se V. r. to repair to ; to go.
Renfermer 1, v. a. to contain; con-
fine.
Renne, s. m. and f. reindeer.
Renommée, s. {.famé, réputation.
Renoncer 1, v. a. to renounce, give
up.
Renseignement, & m. fnark, token,
indication.
RE
152
BJS
Bentrer 1, v. to retum, corne in
c^ain, [overtkrow.
Een verser 1. v. a. to pull down^
Renvoyer 1, v. a. to send back.
Répandre 4, v. a. to spread; to
»pill. [go through.
86 , V. r. to he scattered; to
Repartir 2, v. n. to set out again,
to reply.
Repartit, prêt, left again ; replied.
Repas, s. m. meal.
Repasser 1, v. to reposa, to repeat
to onés self.
se Repentir 2, v. r. to repent.
se Repentit, prêt, repented.
Répéter 1, v. a. <o repeat.
Replacer 1, v. a. to replace.
Répliquer 1, v. n. to reply, to
anawer.
Replia, s. m./oZdL [thé answer.
Répondait-on, was answered, was
Répondit que non, said no.
Répondre 4, v. a. to answer,
^— (en), to assure that.
Réponse, s. f. answer.
se Reporter 1, v. r. to return.
Repos, 8. m. rest, repose. [rest.
se Reposer 1, v. r. to rest, take a
Reposons-nous, let lis take a rest.
Repousser 1, v. a. to repuise ; re-
fuse, ['reply.
Reprendre 4, v. a. to tahe back, to
Représenter 1, v. a. to represent.
Repris, reprenait, replied.
Reproclie, s. m. reproach.
Reprocher 1, v. a. to reproach.
se Reprocher 1, v. r. to reproach
to onés self.
Requête, s. f. request, pétition.
Réserver 1, v. a. ^o reserve, to keep.
Résigné, part, resigned.
se Résigner 1, v. r. to submit.
Résine, s. f. rosin.
Résister 1, v. r. to reeist.
Résolut, prêt, resolved, determined.
se Résoudre 4, v. r. to résolve, to
resign.
Respecter 1, v. a. ^o respect.
Respectueux, adj. respectful.
Respirer 1, v. a. to respire, <•
brcath^.
Responsable, adj. responsible.
Responsabilité, s. f. reaponsibility.
Ressembler 1, v. n. to resemble.
Ressource, s. f. resource. [again.
Ressouvint (se), prêt, remenibered
Reste, s. m. rest, remainder.
(au), besides.
, près, remains.
Rester 1, v. n. to remain, to stay.
Résultat, s. m. resuit.
il ne me Resterait que, / would
only hâve left. [low
Résulter 1, v. n. to resuit ; to foî-
Rétabhr 2, v. a. to recover, to re-
store.
Retard, s. m. delay.
Retarder 1, v. a. fo delay ; put off.
Retenait, imp. reserved, kept back.
Retenir 2, v. a. to keep back, re-
tain, reserve.
Retentir 2, v. n. to resound.
Retenu, part, retained, reserved.
Retiens, retenez, reiain, stop.
Retint, prêt, kept back, retained.
Retirer 1, v. a. to take out again,
se Retirer 1, v. r. to retire; take
shelter.
Retomber 1, v. n. tofall again.
Retour, s. m. return.
Retourner \,Y.to return, go back,
se , V. r. to tnrn round.
Retracer 1, v. a, <o retrace, recount.
Retrousser 1, v. a. to tuck up ;
turn up.
Retrouver 1, v. a. to find again;
go back to. [ble ; cmnbi9ie.
Réunir 2, v. a. to unité, to assetn-
Réussir 2, v. n. to succeed.
Réveiller 1, v. a. to awake.
se ►-, V. r. to awaken.
Révéler 1,-v. a. to reveal ; diseover.
Revenait, imp. returned; camé
back.
Revenant, p. près, coming back.
Revenir 2, v. n. to corne back, re-
turn; cost, [corne.
Revenu, part, returned; & m. ùv-
RO
163
SA
RAver 1, v. #o dream; think.
Révérer 1, y. a. /o révère, honor.
Rêverie, s*, f. rêverie^ delirium.
Revers, s. m. reverse^ misfortune.
Reverrai, fut. shall aee again.
Revêtu, part, dressed^ clothed,
Revient, près, returns.
Reviendra, fut. will eome hach
Reviendrait, cond. would retum.
Revins, prêt, came bock.
Revit, prêt, saw again.
Revoir 8, v. a. to see again.
Revoyais, imp. aaio again.
Revoyant, p. près, seeing again.
Revu, part, seen again.
Riant, e, adj. gmilir^.
Riche, adj. rieh.
Richesse, s. f. richnesSy wealth.
Rien, s. m. nothing, any thing.
Rigoureux, adj. rigorous ; cold.
Rigueur, s. £ rigor^ 9everity.
Rire 4, v. n. to laugh.
Risquer 1, v. a. to risk, ventitre.
Rit, près, lattghs ; s. m. rite.
Rivage, s. m. bank^ ahore.
Rive, s. f. banky shore.
River 1, v. a. to rivet, to clinch.
Rivière, s. f. river.
Riz, 8. m. rice.
Robe, s. f. dress, gown.
Robuste, adj. robitst.
Roc, e. m. rock.
Rocailleux, se, adj. pebbly.
Rocher, s. m. rock.
Roi, a m. king.
Rompre 4, v. a. to break.
Rompu, part, brokeii.
Ronde, s. f. round, patrol.
Rondin, s. m. billet; cudgel.
Ronger 1, v. a. to gnaWf to eat up.
Roseau, s. m. reed
Rosée, s. f. dew.
Rouble, s. m. a coin, rvble ($8.90).
Rouge, adj. red
Rougeur, s. f. redness, blush.
Rougir 2, V. n. to blush.
Roulement, & m. rolling^ quaver,
tHlL
Rouler 1, ▼. a. to roll.
Route, &, f. way, road; joumey^
Royaume, s. m. kingdom.
Rouvrir 2, v. a. to open again.
Rude, adj. rough, violent
Rue, s. f. Street.
Ruines, s. f. pi. ruina.
Ruisseau, s. m. stream, brook.
Rumeur, s. f. rumoTf report.
Russe, axlj. Russian,
Russie, & f. Hussia.
Sa, adj. poss. f Aïs, hett itt.
Sable, s. m. sand
Sablonneux, adj. 8andy.
Sac. s. m. bag, sack.
Sachant, p. près, knowing.
Sache, sachiez, may knova.
Sacré, adj. sacred
Sage, adj. wise ; good.
Sagesse, s. f. wisdom.
Sain, e, adj. wholesome, heaUhy»
Saint, adj. holy, saint.
Sais» savons, près. know.
Saisir 2, v. a. to seize; to take.
Saison, s. f. seaaon.
Sale, adj. dirty, soiled
Salle, s. f. fially parlor, [bom.
Saluer l, v. a. to soluté, make «
Salutaire, adj. salutary.
Salve, s. f. discharge, volley.
Sang, s. m. blood
Sang-froid, s. m. coolness.
Sanglots, s. m. pi. sobs, soblnngs.
Sangloter 1, v. n. to sob.
Sans, prep. without.
Santé, s. f. Jiealth.
Sapin, s. m.fir'tree.
Satisfaire 4, v.-a. to satisfy.
Satisfait, e, part satisfied
Saurai, saurons, sh^U or wUl knoio.
Saurait, cond. toovld know,
(ne), cannot.
Sauter 1, v. n. to Uap, tojump.
Sauvage, adj. savage.
Sauver 1, v. a. to save; to escapê.
Sauveur, s. m. saviour.
Savait, savions, imp. knew.
Savant, e, adj. learned
Sayez, près, know.
S£
164
SO
Savoir 8, y. a. to hnow.
, 8. m. kiiowledge, leaming.
Sceau, 8. m. ««a/.
Scellé, part wcUed.
Scène, s. f. 9cene.
S^AUt, 8. m. sitting.
Se, 8*, pron. pers. himaelf, herself^
itselfy one's ielfy theniselves.
Sec, sèche, adj. dry.
Sécher 1, v. a. to dry.
Second, e, num. adj. second.
Secourait, imp. aasisted
Secourir 2, v. a. to assistf to sueeor.
Secours, s. m. help, attceor.
Secouru, part, cmsisted.
Secousse, s. £ ithake, concussion.
Secret, adj. and s. m. secret.
Secrètement, adv. secretly.
Sécurité, s. f. security.
Seigneur, s. m. lord.
Sein, 8. m. boswn.
— — (au), in the midst.
Seize, num. adj. sixteen.
Séjour, s. m. stayj sojourn.
Selon, prep. according to.
Semaine, s. f. week.
Semant, p. pr. spreading ; sowing.
Semblable, adj. like ; suck ; equal.
Sembler 1, v. n. to seem, to appear.
Semence, s. f. seed.
Semer 1, v. a. to sow.
Sénat, 8. m. senate.
Sens, s. m. sensé, direction.
Sens, sentent, /ec/, smell. \ly.
Sensiblement, adv. sensibly, great-
Sentier, s. m. path.
Sentiment, s. va. feeling, sensé.
Sentions, sentaient, imp. felt.
Sentir 2, v. a. tofeel, to smell.
Sentit, prêt. felt.
Séparer 1, v. a. to separate, divide.
Septembre, s. m. September.
Septentrional, e, adj. northern.
Serai, sera, seront, mil be.
Serait, serious, cond. tootUd be.
Serein, e, adj. serene, caltn.
Sérénité, s. i serenity, ccUmness.
Serment^ s. m. oath.
Serre, b. i green-JwuM; claw.
Serré, e, part, pressed; grieved.
Serrer 1, v. a. topress.
se , to be pressedf or oppressed
with grief.
Sers, servent, près, serve.
Servait, imp. served.
Serve, près. subj. may serve.
Servi, e, part, served.
Servir 2, v. a. to serve, to be of use,
se , to use, to make use of.
Servit, servirent, served.
Ses, pron. poss. pi /««, her, its.
Seuil, s. m. threshold of a door ;
sill, [tingle.
Seul, e, adj. alone; only ; scie;
Seulement, adv. only, even.
Sévèrement, adv. severely.
Si, conj. and adv. if ; so.
Sibérie, s. f. Sibericu
Siècle, 8. m. century.
Siège, s. na. seat ; tribunal,
le Sien, la sienne, kis, hers, its.
Signe, 8. m. sign ; signal.
Silencieux, adj. sîlent.
Simple, adj. simple ; single ; plain.
Simplicité, s. £ sitnplieity. [lar.
Singulier, e, adj. singular, partieu-
Sinon, adv. else, or else,
que, conj. except that.
Situé, e, part, situated.
Six, num. adj. six.
Société, s. £ Society,
Sœur, s. £ sister.
Soient, près. subj. be, may be.
Soigner 1, v. a. to take eare of.
Soin, s. m. care.
Soir, s. m. evening.
Soirée, s. £ tke whole evening long.
Soit, w, be, may be, whetlier,
que, either, whether.
Soixante, num. adj. sixty.
Sol, s. m. soil.
Soldat, 8. m. soldier.
Soleil, s. m. sun.
Solennel, adj. solemn.
Solide, adj. solid
Solidement, adv. solidly.
Solitaire, adj. solitary.
Solliciter 1, v, a. to »<dieiL
\
so
165
SU
Sombre, adj. melancholy; darh;
dull.
Somme, s. f. sum.
Sommeil, s. m. sleep.
Sommes, près, of être, are.
Sommet, s. m. summit, top.
Son, adj. poss. At.v, her^ its.
, s. m. Sound, ringing.
Sonder 1, v. a. <o soundy examine.
SoDge, s. m. dream.
Songer 1, v. n. ^o think, conaider.
Sonner 1, v. to sofund^ to ring.
Sont, près, of être, are.
(ce), Oiey are.
Sorbier, s. m. sorb^ service-tree.
Sors, sortent, go out, corne oui.
Sort, près, goes out ; s. m.fate.
Sortait, imp. tœnt, or came out.
Sorte, s. f. sorty kind ; v. may go
out.
Sorti, part, gone out.
Sortir 2, v. to go out, corne out ;
take out.
Sortit, sortirent, went out; took out.
Souci, 8. m. care.
se Soucier 1, v. r. to care.
Soudain, e, adj. sudden.
Souffert, part, sufferedy endured.
Souffle, s. m. brèath ; wind.
Souffler 1, V. a. to blow.
Souffrance, s. f. suffering, torture.
Souffre, près, suffers.
Souffrir 2, v. a. to suffcTy to endure.
Souffrit, prêt, suffered.
Soufre, s. m. sulphur, brimstone.
SouViaiter 1, v. a. to wishy to désire.
Soulager 1, v. a. to relieve.
se Soulever 1, v. r. to rise.
Soulier, s. m. shoe.
Soumet, près, submits.
Soumettre 4, v. a. to submit ; yield.
Soumis, part, mibmîtted.
. Soupçon, s. m. suspicion.
Soupçonner 1, v. a to suspect.
Soupçonneux, adj. suspicions.
Souper, s. m. supper ; v. to take
supper.
Soupir, s. m. sigh.
Soupirer 1, v. a <o sigh.
Source, s. f. soutccy spring.
Sourd, e, adj. deaf.
Sourir 2, y. n. to smile ; s. m. a
srnile.
Sous, prep. wider.
Soutenait, imp. sustained.
Soutenir 2, v. a. to sustainy support.
Soutenu, part, maintained.
Soutiendra, fut. toill austain.
ce Soutien-la, that support.
Soutiens, soutiennent, support.
Soutint, prêt, sustained.
Souvenait, imp. rernembered.
Souvenez-vous, imper, retnember.
Souvenir, niemori/y remetubrance.
se , V. r. to remember.
Souvent, adv. often.
Souviendrai, shail retnember.
Souverain, s. m. sovcreign. [beft
Souvienne, près. sabj. may rementr
je m'en Souviens, / reinember it.
Souvient (elle se), she remetnbers.
Soyez, bcy may be.
Spectacle, s. m. shoWy spectacle.
Spirituel, adj. ingeniouSy spiritual.
Splendeur, s. f splendor.
Stagne, s. f. stagnation.
Steppe, s. f. moory heatli.
Stérile, adj. barren, ste^'ile.
Stratagème, s. m. stratagem.
Su, part, knoien.
Subir 2, V. a. to suffery undergo.
Subit, près, undergoes; adj. attd-
den.
Subitement, adv. suddenly.
Subsister 1, v. n. to subsist.
Succéder 1, v. n. to succeed.
Succès, s. m. success.
Successivement, adv. successiveïy.
Succomber 1, v. n. to be overcome.
Sucer 1, V. a. ^o stick.
Sud, s. m. south.
Sueur, s. f. perspiration.
Suffire 4, v. n. to be nufficient.
Suffit, près, is aiifficient.
SuflFoquer 1 v. a. /o suffocate.
Suite, s. f. course, sequel ; attend
antSy order.
(dans la), afterwardi.
TA
166
TE
Suite (de), onê afUr another; Uh
gether.
• " (tout de), immediately.
Suivait des yeux, observed.
Suivant, e, adj. next ; follomng.
Suivi, pa-rt followed.
Suivit, i>r et. followfd.
Suivre 4, v. a. tofol/ow.
Sujet, s. m. subject ; reason ; cause.
Sujet, sujette, adj. rubjectf exposed.
Supérieur, adj. superior.
Superstitieux, adj. superatitiaus.
Suppléer 1, y. a. /o èupply.
Supplier 1, v. a. to beseech, to en-
treat.
Suppliant, e, entreating.
Supporter 1, y. a. to support; bear.
Sur, prep. on, upon, over.
Sûr, sure, adj. sure.
Surcroît, s. m. addition.
Sûreté, s. f. surety.
Surmonter 1, y. a. to surmount;
rise above.
Surnaturel, adj. supernatural.
Surnommer 1, y. a. to surnmne.
Surpasser 1, y. a. to surpass.
Surprenant, e, adj. surpriaing.
Surprendre 4, y. a. to surprise;
seize.
Surpris, part, surpriaed.
Surprit, prêt, surpriaed
Surtout, adv. above ally especially.
Surveillance, s. f. inspection.
Survenir 2, v. a to corne upon.
Survenu, part, happenea; corne
upon.
Survit, près, survived.
Suryivre 4, v. n. to survive, [ble.
Susceptible, adj. capable^ suscepti-
Siispendre 4, y. a. to suspend
Sut, surent, prêt, knew.
la, adj. poss. f. thy.
Tabac, s. m. tobacco.
Tache, s. f. spot; stoin, fault.
Tâche, 8. f. task.
Tâcher 1, y. n. to endeavor.
Taille, s. £ stature, fyure.
Taillis, a. m. cops^, aqtpir''.
88 Taire 4, y. r. to be sUenL
Taire 4, y. a. to conceal, keep ovL
se Taisait, imp. vxu silenL
Talon, s. m. heel.
Tambour, s. m. drum ; drummer.
Tandis que, conj. whiU, wJnlst.
Tant, adV. so much, so many,
que, as long as.
Tantôt, adv. byand by ; sometimeg.
Tapis, s. m. carpet.
Tapisser 1, y. a. to hang ; to deck.
Tapisserie, s. £ tapestry.
Tard, adv. laie.
ne Tarda pas, was not long.
Tarder 1, y. n. to delay.
Tarir 2, v. a. to dry up.
Tartare, adj. Tartar.
Tartarie, s. £ Tartary. [cuèe.
Taxer 1, y. a. to tax, to rate; ae^
Te, t\ pron« pers. thou, tkee, thy-
self.
Teint, s. m. complexion.
Teinte, s. £ tirU, touch.
Tel, le, adj. such.
Tellement, adv. «o, so muck.
Téméraire, adj. rcish, over-hasty.
Témérité, s. £ temerity, rashness.
Témoigner 1, y. a. to express.
Témoin, s. m. vntness.
Tempérer 1, v. a. to temper, sofien.
Tempête, s. £ tempest. •
Temps, s. m. time ; lœather.
Tenait, imp. wa^ holding ; kept.
se Tenait, %oa^ standing ; stood.
Tenant, p. pfes. holding.
Tendre, adj. affectionate, tsnder,
4, y. a. to hold out.
Tendrement, adv. tenderly. [tioik.
Tendresse, s. £ tendemess; affee^
Ténèbres, s. £ pi. darkness.
Tenez, tiennent, lioldy keep
Tenir 2, y. a. to hold, to keep.
(à quoi s'en), wkat to think.
Tentative, s. £ atteinpt, endeavor.
Tenter 1, v. a. to try ; to tempt.
Terme, s. m. term ; word; expres-
sion; end.
Terminer 1, y. a. to end, to ter
minate.
TO
167
TR
Torrain, s. m. ground.
Terre, s. f. earth; ground; land.
Terreur, s. f. terroTy fear.
Territoire, 8. m. territory.
Tertre, s. m. /**//, hillocié.
Tête, 8. f. head.
Tien, tienne, proiL posa, thine.
Tiendra, fut. toiil hold^ or keep.
Tiendrais, cond. akould hold.
Tient, près, holdsj keeps.
Tige, 8. f. trunk; staik.
Tilleul, 8. m. linden-lree.
Timide, adj. timid; bcishful.
Timidement, adv. timiSy,
Timidité, g. if. timidity.
Tins, tinrent) held, kept. [ont.
Tirer 1, v. a. to ptdl ; draw; take
se de, to get <mt of.
Tisser 1, v. a. to tmat, to plait
Titre, s. m. title.
Tobolsk, s. m. Tohohky.
Toi, pron. pers. thee, to thee ; thou.
Toile, s. f. linen clothy cloth.
Toit, 8. m. roof.
Tombe, s. t tomb ; coffin ; grave.
Tombeau, s. m. tomb ; grave; mon-
ument.
Tomber 1, v. n. tofall.
à genoux, to full on one^n
knees ; to knéel down.
Ton, adj. poss. thy.
, 8. m. ttme; manners.
Tonnerre, s. m. thunder.
Torche, s. f. torch.
Tort, 8. m. vrrong ; injury.
(avoir), to be wrong.
Tôt, adv. early ; soon.
Tôt ou tard, sooner or later.
Touchant, e, adj. tauching, moving.
Toucher 1, y. a. <o toitch, to move.
j y to draw very near.
Touffes, s. f. pi. tufts.
Toujours, adv. always.
Tour, s. m. turn ; s. f. tower.
— : — à tour, succesaively.
faire le Tour du monde, to go
round the world
Tourbillon, s. m. tohirlmnd.
Tourbillonné, adj. wkirling.
14
Tourmenter 1, y. a. to twrment
Tournée, s. f. tour; tun^
Tourner 1, v. a. <o turn.
Tout, s, tous, pi. ail; every ; toua
deux, both.
Tout, tout-è-fait, adv. quite.
Tout & l'heure, immediately.
Toutefois, adv. hotoev^.
Tracer 1,y. &.to trace ; toindiectte.
Traînage, s. m. sledging.
Traîneau, s. m. sied. [jmt in.
Traîner 1, v. a. to draw ; put off;
Trait, s. m. aet ; passage ; feature ;
action.
Traitement, s. m. treatment.
Traiter 1, v. a. to treat ; to ww.
Trajet, s. m. passage.
Tranchant, adj. sharp^ cutting.
Tranquille, adj. tranquil^ quiet.
Tranquillement, adv. quietly.
Tranquilliser 1, v.a. to tranquillize.
Transi, part, chilled; benumbed
Transplanter 1, v. a. to transplant.
Transporté, adj. raptured
Transporter 1, v. a. to transport^
carry.
se Transporter 1, v. r. to repair.
Travail, s. m. work, labor.
Travailler 1, v. a. to work.
Travaux, s. m. pi. labors.
Travers (à or au), through.
Traverser 1, v. a. to traverse; to
cross.
Tremblant, e, adj. trembling.
Tremble, s. m. aspen-tree.
Tremblement, s. m. trembling.
Trembler 1, v. n. to tremble.
Trempé, part, wet.
Trente, num. adj. thirty.
Très, adv. very.
Trésor, s. m. treasure.
Tressaille, près, leaps^ starts.
Tressaillir 2, v. n. to leap, to starL
Tressaillit, prêt, leaped [hair
Tresse, s. f. plaited hair ; lock of
Tribut, 8. m. tribute, tax.
Triompher 1, v. n. to triumph.
Triste, adj. sc^ sorrowful.
Tristement, adv. sorrowfidly.
VA
168
VE
Tribteese, a. f. sadness.
Trois, num. adj. three.
Tromper 1, v. a. to deceive.
se , V. r. to be mistaken.
Tronc, s. m. trunk of a tree.
Trône, s. m. throne.
Trop, adv. too, too much.
Trou, s. m. hoU. [trouble.
Troubles, s. m. pL civil war ;
Troubler 1, v. a. to trouble ; agi-
tate.
Troupe, s. f. troop.
Troupeau, s. m. nerd^fiock.
Trouver 1, v. a. tojind.
— — mauvais, tojind favlt with.
se , V. r. to be foundf to
stand; to be. [aians.
Trukmènes, s. m. wandering Jius-
Tu, pron. pers. thou.
Tuer 1, V. a. to kill.
se Tut, prêt, was silerU.
Tyrannie, s. t tyranny.
Tyrannique, adj. tyrannical.
Un, une, a, an, on£. [another.
les Uns sur les autres, one upon
Uniforme, s. m. unifomi.
Unique adj. only ; single.
Uni, e, adj. even.
Unir 2, v. a. to unité.
Univers, s. m. universe^ toorld.
Usage, s. m. custom ; manners.
User 1, v. a. <o use ; to wear out.
n'en Usez point, do not take ad-
vantaae of it.
Ustensile, s. m. utensil, kitchen
tackling.
Utile, adj. useful.
Utilité, s. f. utilityt use.
Va, va- t'en, go^ hegone.
il y Va de sa vie, his life is ex-
posedj or at a stake.
Vague, s. f. wave.
, adj. vague^ loose, uncertain.
Vain, e, adj. vain; en vain, in
vain.
Vaincre 4, v. a. to vanquish ; con-
quer.
Vaincu, part, overcome; eonquer»
éd.
Vainement, adv. in vain.
Vais, près, go^ am going.
Vaisseau, s. m. ship.
Vaisselle, s. t diskes and plates.
Valait, imp. of valoir, was worth.
mieux, was better or besU
Valent, près, are toorth.
Valeur, s. f. value.
Vallée, s. f. valley.
Valoir 8, v. to be worth.
Valut, prêt, was worth ; proeured
Vanité, s. f. vanity.
Vapeur, s. f. steam, vapor.
Varier 1, v. a. to vary.
Varsovie, s. f. Warsaw,
tu Vas, près, thou art going.
Vaudra, fut will be worth.
Vaudrait, cond. would be worth.
Vaut, près, is worth.
Vautour, s. m. vulture.
Vécu, part, lived; vécut, prêt.
lived
Vélar, s. m. hedge-mustard.
Velu, adj. hairy, shaggy.
Veille, s. £ sitting up ; the day be-
fore.
Veiller 1, v. ^o watch ; to sit up.
Venait, imp. came, toas coming,
de, hadjust.
Vendre 4, v. a. to sell.
Venez, imper, cotne.
Venir 2, v. n. to cotne,
de, to havejust.
Vent, s. m. wind.
Venu, part, corne.
Véritable, adj. true^ real.
Véritablement, adv. truly.
Vérité, s. f. truth.
Verra, fut. ioUl see.
Verraient, cond. toould see
Verre, s. m. glass.
Vers, prep. towards. [shed.
Verser 1, v. a. to pour^ put in ;
Verste, s. £ verst (3600 JEnglish
feet).
Vert, e, adj. green.
Vertu, s. f. virtue.
vo
169
VU
Vertueux, se, adj. virhumit.
Vêtement, s. m. elothing.
Vêtir 2, V. a. to clothe.
Vêtu, part elothed, drettsed.
Veuille, près. subj. mai/ be willing.
Veut dire, mearis.
Veuve, 8. f. mdow.
Veux, veulent, wt//, toish.
Viande, a. f. fneat.
Victime, s. f. victim ; 8ufferer.
Vide, adj. empty ; s. m. emptiness.
Vie, 8. f. life; living.
Vieillard, e. m. old man.
Vieille, f. of vieux, old.
Vieillesse, s. f. old âge.
Vieillir 2, v. to grow old
Viendra, viendrez, vnll corne.
Viendrait, cond. wotdd conte.
Viens, viennent, près, corne.
Vierge, s. f. virgin.
Vieux, adj. old; vieil before a
vowel or h mute.
Vif, vive, adj. olive; lively ; hard
Vigne, s. f. vine, •
Vigoureusement, adv. vigorously.
Vigoureux, se, adj. vigorous.
Vil, e, adj. vile, mean.
. Vilain, adj. tigly.
Ville, 8. f. city.
Vin, 8. m. wine.
Vingt, num. adj. twenty.
Vins, vinrent, prêt came.
Vis, vîmes, prêt. aaw.
Vis-à-vis, prep. opposite.
Visiblement, adj. viaibly.
Visite, 8. f. visit.
Visiter 1, v. a. to visit.
Visse, imp. subj. might see.
Vit, prêt, of voir, saw.
, près, of vivre, lives.
Vite, adj. quickly ; au plus vite,
very speedily.
Vivacité, s. f. vivacity.
Vivant, e, adj. alive, livivg.
Vivait, imp. loas living.
Vivement, adv. lively ; deeply.
Vivent, près, live, are living.
Vivre 4, v. n. to live.
Vœu, s. m, vota; toish.
Voici, h-ere iSy hère are.
Voie, 8. f. way ; means.
Voient, près. see. [is.
Voilà, there is; behold; see ; Uiot
que me Voila loin, how far 1
am.
Voile, s. m. veil
Voir 3, V. a. to see.
Vois, près. see.
Voisin, e, adj. neighboring ; neigh'
bor.
Voisinage, s. m. neighborhood.
Voiture, s. f. carriage.
Voix, s. f. voice.
à basse, quite low.
Vol, 8, m. robbery, theft.
Volaille, s. î.fowl.
Voler 1, V. a. to steal ; v. n. tojty.
Voleur, 8. m. thief.
Volière, s. f. great birârcage^ aviary.
Volonté, s. f. will.
Volontiers, adv. willingly.
Voltiger 1, v. n. tojlutter.
Vont, près, of aller, go.
Votre, adj. poss. your.
le Vôtre, pron. poss. yours.
Vos, adj. poss. pi. your.
Voudra, fut. toill be willing.
Voudrais, cond. shouldlike; toùuld.
Voulait, imp. was mlling.
Voulant, p. près, wishing.
Vouloir 3, V. a. to toish for ; to be
mllifig.
Voulons, voulez, loixh.
Voulu, part wished, been willing.
Voulut, voulurent, wished
Vous, pron. pers. you, to you.
Voyage, s. m. journey, voyage
Voyager 1, v. a ^o travel.
Voyageur, s. m. traveller.
Voyait, imp. «aw, was seeing
Voyant, p. près, seeing.
Voyons, voyez, see.
Vrai, e, adj. true.
Vraiment, adj. truly, verily.
Vraisemblable, 2i.\]. probable.
Vraisemblance, s. f. likelihooâ»
Vu, e, part seen.
Vue, 8. f. sight ; view
160
ZI
Y> adv. therey thither.
— , pron. to Ut to him, to her, to
them, in itt therein,
i] Y a. ihere is^ there are.
il — avait, there vhu, there were.
il Y aura, there will be.
Yeux, pk of œil, ei/ee.
Zèle, 8. m. zeal.
Zibeline, s. t sable.
(martre), sable ski».
' PROPERTY OF ^
mmmï ebissîs
, FREE LISRARY. j
BOOKS PUBLI&HEx)
BT
ROE LOCKWOOD & SON
4U BSOADWAT, NEW TŒK.
Fsnons wlshlng anr Book from ihe follo\Hng liât, by «ending qb tûe
■dvartised pric« in biUs or Post-office stamos, post-pald^
viU reçoive it from os hj mail, free of exponsa
A TJBKKATi DISOOXTNT FBOM THJE ANNEXSD PBI0S8 AIXOWED TO B0HOOI&
FRENCH.
Being atoare ofthe objections^ often tpowellfounded^ against Amertcan
éditions of Freneh hooks^ on aeeount of their inaccurcicieSt we hâve
taken particular pains Jn the printing of the follomng séries ; ana
we do not Iiesiiate to affirm, that in regard to correctness of Tgpa-
graphy^ and the quality of the Paper and Binding, they are not
surpasaed by any simUar teorksj tohether published in this countr^
or in FrCMce,
Manesca's Oral System of Teaching Freneh.
1 V. 8vo. $8.
The chief feature of this new «ystera is, that ît seeks to introdnce
he learner of a language to its vocabulary by tlie same process which
ohildren follow : by leading hiin from the simplest olenients — the exprea-
tdons and phrases needed in our earliest expérience — gradually up te
tlie philosophy of the language. The bcginuing is made, therefore, noi
with grammar and the philosophie structure of the language, but witb
itB simple words and sentences.
** The System for teaching languages discovered by Jean Manesca is
the System of TUiture; it is the resuit of twenty years' study and ob^er»
vation.of a snperior mind. In speaking of this admirable method, I do
not speak at random, and without knowledge ; I hâve studied sevenU
iitfiffoafçeB upon tiie aystem— the Freneh, tlie Spanish, Itidian, Germon.
800KS PUBUSHSU BY ROE LOCIvWOOD di BOK*
and liP^in. I hâve examined ihe varions methods employcd in Eumpe
aiid, iVom my own observation, 1 consider Manesca^s system inflnitely
Boperl jr to ail the varioua methods which hâve been put forth by per-
Bona Bccking to abridge the labor of learning languagcs. In faot, it m
the omy method that 1 hâve yet aeeu that deserves the name of sYarKU
—for it is a wholk, complète in ail its parts, based upon the law8 and
prineiples which nature employa in teaching languoge to the youn^
mind, but embracing ail the parts of langnage, and only modifying
aature's method, so far a» to adapt it to mature âge, or to the mind that
can reason, and bring tii<. aid of reflcction and thought to bear in the
Btudy of language ; whereas the child brings only instinct. * * *
It commences by giving to the scholar some of the siuiplest élé-
ments of langnage, which he learns quickly and easily to use, physi-
oally and oientally, as well as those of his own language. Whon thic
» done, new éléments — ^that is, new words and ideas — ^are added, which
are inoorporated in a natural way with those already known, and usod
«âth them until an equally perfect knowledge of them is obtained.
New éléments are progressively added at each lesson, nntil the whole
language is leamed. With twenty years' expérience, Manesca metho-
dized language ; he distributed ail the éléments in the manner the stu-
dent shoold learn them, and his system teaches him to read, to write^
and io speak at the same Urne.''
" This is a new édition of a work which has already acqjaired a repu
tation 80 extended, that few can be unacquahited with its excellence
ovcr ail others for the acquisition of the French language. Untii thû»
work appeared, a few ycars since, little had been done to advance the
êcience of teaching forcign langunges. Those who were iutrusted with
this branch of éducation generally followed a routine handed down te
them by their predecessors — ^a routine in which it waa often required
that words, sentences, and abstract rules should be committed te
memory, without presenting to the pupil an oppori inity far thAr viii
and applicatinn. Many intelligent teachers no doubt felt tlie inefficiency
of such a method, but it appears to hav» oeen reserved for Manescii lo
find ont a new path wliich should lead to certain and suecesaful résulta,
uid at the sarae time imraeasurably rclieve the scholar. A striking
peculiarity of this system, and by which it pre-eminently excels al)
others that hâve ever corne within our notice, is the importance it at
taches to the spoken language, and the fucility it présents to the scholu/
fi>r the acquisition of this most important part of his pursuirc.
Manesca's Fhilological Recorder, adapted to "MaT.esca*s Oral
System of Teaching the Living Languages." 4ta. 75 et»
BOOKB PDBUBHBD BT ROS LOCVWOOO À 80H.
Me o'vtb' French and English Prononncing Dictionai^
16mo. fl.25.
This V jfK is oasea ou tho woll-known Dictionary of Nuoknt, wîth man^
new •■Aorâs in preucral u»e, in Two Parts: 1. Frencli and Eiiglish;
2. ËLsliSh aud French. Ëxhibiting, Tlté Prormnciation of the Frenek
in pt^is Êi^liah »ound8—'Jl\iQ Parts of Speech — Gender of French
Noan8--Iicgaiar and Irrogular Conjugations of Verbs — Accent of
£ngli8h Words — List of the usual CMiristian and Proper Namea, and
Nar-e;* of Ccantnes and Nations. To which are prcflxed, Principles
of French Pionuuciation, and an abridp^ed Granimar. By F. C.
Meadows, m. a. of the Univcrsitj of Paris. New édition, revised
and improved h> Charles L. Pabmentieb, M. A., Profussor of the
French Languagc. uiixi Literature.
"The édition of ' Mkauotts' French Dictionart* which is now sub-
mittod to the public, hab been conniderably improved. It contains a
tist of Proper Names in ii'ost ordinary use, togrether with the names of
Goda, Goddesses, Kings», Heroes, &c., which are often met with in
Works of Poetry, Mytholo^y, and Uistory, and whi4^ are not speUed the
mtne in. English as m I^enc/Ï.
" It is needless to speak ut length of the merîts of this work. lia
nnraerons éditions in Americ& as well as in Europe, prove that it is tke
moHt popular French and English Dictionary eztant.
" The efforts of the subscriber hâve bcen mainly devotcd to extfinding
the uaefulness of the work, by making such atlditions to the labors ol
his pr»»deces8or8, as seemcd necessary to render it at the same tinie a
complète nianuai for the boginner, and, from its great copiousness, a
valuuble assistant to the investigations of the man of letters. He truste
that liis contributions to this end will not prove altogether profitlees to
the caiise of éducation." — Fre/ace by Professor Parmentier.
Nouvelle Grammaire française, par Noël et Chapsal.
12rao. $1.00.
NoTJTBLLE Gbaiocaire FRANÇAISE, sur un plan très-méthodiqne, avec de
Nombreux Exercices d'Orthographe, de Syntaxe, et de Ponctuation,
tirés de nos meilleurs auteurs, et distribués dans Tordre des règles;
J)ar M. No'êl, Inspecteur-Général de l'Université, Chevalier do la
Légion d'Honneur, et M. Chapsal, Professeur de Grammaire générale.
Ouvrage mis an rang des livres classiques, adopté pour les Ecoles
primaires supérieures et pour les Écoles militaires. Non\ elle édition,
revue et augmentée.
The réputation of this popular Grammar is bo well known, that to
praiso it would be superiiuous. The présent is an exact rf^rint of
THE LA»T Paris edhion, and ever^ effort has been taken to «void those
iiiaccpracies so oilen incident to American éditions of French books.
.S
B00K8 FUBUBnSD BT ROS LOCKWOOD A 80K,
Oc«ng6 des Baterctoes frao^aiB sur TOrthographe, In Syntaxe^
et 1a Ponctuation ; par MM. Nokl et Chapsal. {Key to Noèl ana
ChaptoTi French GroPLmar.) 12mo. $1.00
ùecons et Modèles de Littérature française, par M
Chapsal, Professeur de Grammaire générale, or Chaiee Ex
tracts in Prose and Verse, selected from the following writera
12ma 11.25.
POÉSIE.
A]io6lot(Mine.)
Deemahls.
Lebrun.
Eotron.
Andrieaz.
Ducia.
Malherbe^
Bonssean.
Arnaolt
Florlan.
Millevoye
Sainte-Beuve
Béranger.
Fontanes.
Molière.
Soumet
Boileau.
Gilbert
Parny.
fastu (Mme.)
Ghénier.
Gresset
Piron.
Corneille.
Ungu.
Quinaolt
Viennet
CrèbilIoD.
La Fontaine.
Bacan.
Vigny (do)
DeUvigne.
Lamartine.
Bacine.
Voltaire.
Dolllle.
LaBaUIy.
Begnard.
PROftB.
Agnefleesa {ày
Cunsin.
Mal8tre(J.de).
Safntina.
Aimô-MarUn.
Cuvier.
Mannontel.
Salvandy.
Amgo.
D'Âlembert
Mascaron.
Sand.
Ballanche.
Diderot
Mafisillon.
Sanrln.
Balzac (Quez de).
Duclos.
Maury.
Scribe.
Balzac (IL de>
Duma&
Mézeray.
Se^ur.
Baranta
Fônélon,
Michaud.
Sédgné CMniei ôf^i
Barthélémy.
Fléclîier.
Michelet
SismondL
Beaumarchais.
FontenelleL
Mirabeau.
Staël (Mme. de>
B. de 8t. Pierre.
Ouônard.
Molière.
Thierry (A.)
Bonaparte (N.)
Guizot
Montesquieu.
Tlncrs.
BoMuet
Hugo.
No«lier.
Tljomas.
Bourdaloae.
La Bruyère.
Pnacal.
Vftuvonarguea
Bridaine.
Lacépède.
BaynaL
Vertot
BulTun.
La Harpe.
Rollin.
Vigny (A. de)
Chamfort
Lamartine.
Bonssean (J. J.)
VilkmaiiL
Chateaubriand.
Lamennais
Sainte-Beuve.
Volney.
C(»nnenin.
Saint.R('«l.
Voltairei
Courier.
Mably.
Saint-Simon.
A reviaed and improved édition, enriched witli Bio<?raphical and
Critloal Notes, and with Sélection» from WriUrs oj thepresôtU titnê.
Le Siège de la Rochelle, par Mme. de Genlis '2ma $1
" Wo hâve read with gjeat pleasure * Le Siège de la Rooholle,* and
r^soommend it as oae of the beat books for translation t](en> i» vuMial'
4
BOOKS PU6USM1ED BT ROX LOCKWOOD A 80y
(sd. Il !s oonsidered one of the most popalar of Mme. de Q<^nliA' wArk».
wboBe uame i» weii known in Freiioh literature. Tlie narrative in in
tonnely intercHtâi^r, sud will command attention to the doHC. Thoiigli
6 work of fiction, tlie incidents are partly foun<io<l on fiict : tlie hintoricol
scènes and chantcter» are correctly drawn, and présent a fiiir view c»
tLis most eventful period of French liistory.
'*Containing none but just and mora. sentiments, it îa ailniirably
Bdapted to be UHcd as a School Beadcr, and we trust tliat it will meet
with the favor it deserves."
Le Vicaire de "Wakefield, par Goldsmith. 12ma 76 cts.
In translating this bcautifui Ënglish Classic iiito French, spécial care
has heen taken to préserve tlie beau*^y and aini})licity of the style ; and
we trust thut tiie présent effort to render it a School Beadlng Book will
meet with fkvor.
Œuvres Complètes de Molière. 2 y. 12mo. 1S34 pp. $2.00
This édition contains ail the worka of this great author, and is beau-
tifttliy printed, on fine paper.
Œuvres Cboiaies de Molière : contenant La Bourgeois Gentil
homme, Le Misanthrope, et Les Femmes Savantes. 18nio. 63 c
The editor has carefully revised the text, and haa faithfuUy foUowed
tlie rao»t approved Paris éditions. As to the Comédies selected, tiiough
Tuany othen» of the sanie writer are at least equal, if not snperior, in
merit, it must be remembered that this is a Molière intended f&r schooU
and for the ttse of ytmng perwna^ and tlie sélection has been niade in
référence to that object.
Œuvres Complètes de J. Racine : contenant, La ThébaTde, on
Les Frères ennemis — Alexandre — Andromaque — Les Plaideurs
— Brittanicus — Bérénice — Bajazet — Mithridate — Iphigénie—
Phèdre— Eather — Athalie. Édition annotée d'après Racine fils,
Madame de Sévigné, Le Batteiix, Voltaire, La Harpe, Napoléon,
Schleyel, Roger, GeofFroi, Patin, Sainte-Beuve, Saiut-iihlarc G»-
rardin, Niaard, etc. 12mo. 760 pp. f 1.
AVIS SUR CETTE ÉDITION.
PanrJ les grands écrivabis qui honorent notre littérature, il en est pe^
dont les œuvres aient été aussi fréquemment reproduites que celles de
Bacine. Les grammairiens, les critiques et les commentateurs littéraires,
ont depuis deux siècles étudié ses compositions scéniques pour y cher-
cher les un» des modèles de style, les antres le modèle de Turt et do
B00K8 PUBUBUSD fiV ROS LOCKWOOD A 80V«
go&i ) et 1m nombreux travaux dont ce podte à jamais célèbre a &U
l'objet, non» irapo>%aietit de grandes obligation» ; ausi^i nous Boomie»
Dou» efforcé de rendre irrcprjcliable Téilition que nous publi'^na au
fonrd'hni.
Nous avons Jonné d'abord tonten les préfacée, parce qu'elles formeod
'indinpoiiHable introduction dc8 piècett; qu'elles eu contiennent «cu-
rent Panulyse et Texamen, et que Kacinc y développe avec la supériorité
de son génie ses théories esthétiqnos.
Nous avons aussi reproduit toutes les variantes, parce qu'on voit la
les premiers essais du poëte, le travail de son goût daus le choix des
mots, et son constant effort )x>ur approcher autant que possible de la
perfection. * * ♦ Comme toujours, nous avons fuit prédominer le
commentaire moral et psychologi<iue, et en rapportant à l'occasion le
jugement des contemporains du poëte, à partir du grand Condé et de
madame de Sévigné, nous avons suivi, en ce qu'ils ont de plus saillant|
les travaux des critiques et des historiens littcruircs, depuis Kacine fils,
jusqu'à messieurs Sainte-Beuve, Nisiird et Saijit-Murc Girurdin. On a
do la sorte, dons le blâme et dans l'éloge, l'écho fidèle de l'opbdon dans
on espace de près de deux siècles.
Ainsi, notre édition offre, jusque dans les moindres variantes et les
momdres fragments, tout ce que Kacine a écrit pour le thi àtrc, et sous
une forme concise tout ce que l'iilstoire littéraire a dit de plus essentiel
sur ce théâtre lui-même.
Œuvres Choisies de Jean Racine : contenant Bajazet, Andro-
maqvie, Iphigénie et Ësther. 18mo. 63 cts.
it has long been désirable that the works of tliis great poet shonld be
uaed in our schools as a reading-book ; but as his writiugs are toc
voluminous for that purpose, a proper sélection of his l)est pièces bas
been mode. This sélection the e<iitor trusts will prove acceptable to aU
instructors and professors of the French languiige, as well as to sU
mterestcd in French liteniture.
It is printed with great uccuracy, thus removing the usual objection
to tlie éditions of French works publishcd in this countrv
De. r Allemagne, par Mme. De Staël. 12mo. 638 pp. |1
Tliis bas been considered the most popular. of Mme. De Staëf's
«rorks, and bas always sustained a high litcrary réputation.
rreseuting an intcrcsting and tnitiiful Descriptiou of Gcrmnny — ^the
ItSanucrs and Customs of the Germans — their Literature, Arts, and
Bcionces— Views of Philosophy, Moral s, and lieligion — ^and thus coni-
bjning instraction with the stndy of the hiiiguage, it is pre-^^minenU^
edaotcd for an advanced daas-book
BOOKS Pl;BLI8RBD BT UOK LOCKWOOD ^ BON.
A.veiitnres de Gil Blas de S antiliane, par Le Bage
12ina 11.
It hfw for bome tâme been a rnatt^r of doubt whether the ^^AdvêfUurf*
qf cm Jilaa'^ wbs the work of a Spanish or Frencb writer; but we b«-
Ueve it is now generally conceded to be the producUon of the lutter.
Althoiigh net free from objections for indiacriminate use, yet it, hafl
always been considered a désirable book for translation, from the fact
that, consisting as it does of a séries of narratives abonnding in collo-
Qulal expressions, and being oonnected very indirectly, the rea^ler ia
not wearîed as he would be by a lengthy story, the interest continuing
m the snene changes.
Fables de La Fontaine. 100 engravlngs. 18mo. 6^ cts.
La Fontaine's beautiful Fables are known to every French scholar
and are admirably adapted to be uaed as a book for translation.
Each fable is followed by its appropriate moral ; and thus just prîn
eiplcs, in a pleasing manner, are inculcated into the mind of the readei
while engaged in hia study.
Atala, René, par Chateaubriand. 12mo. 50 cts.
The beauty of Chateaubriaud^s writings has established for him 8
ûigh literary réputation.
This little work has always been considered the most popular of hia
minor productions, and was originally a part of the ** Génie du CliristÎJ\
nisme," although latterly it has been generally published in a separaca
form.
It was written, as the author says, "in the wilds of America, and
oiïder the tents of the savages," and the incident f^n which the hMTj
s founded is mentioned m hia "Voyages en Amérique."
It i» printe<l from the author's last édition, antl in a large clear type,
"jid the l'ublisliers hope that it will meet with favor as a Reading
Book for school use.
Paul et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre. 60 cts
"This raost dchghtful work is too favorably kiiown to require any
recommendution from us. The beauty and siniplicity of the style, to-
jçether with the interest of the story, liiive always rendered it a favorite
with joung persons. We trust that the présent édition, iutendec^tbi
whools^ will moet witli gênerai acceptance,"
The same "Work, with a Full and Correct Vocabulary of ail the
Words and Idiomatic Expressions contained in the book; aiso
InterUnear Translations, both free and literal, of the first few
pa^es, with the Pronunciation of the French indicatcd by
En^lish sounds. 12mo. 62 ot&
7
BOOKS PUBLISnXD BT ROX LOCKWOOD A SON.
Gliaabeth, ou Les Exiles de Sibérie, par Mm& Cottin
l2ino. 60 ct&
*• The incident which gave rise to this history is founded in truth. Ne
imagination, however fertile, could prodace actions bo heroïc, or senti-
menta 8o noble and elevated. '1 lie hear; alone cuuld inspire them. * *
Auihora hâve frequtrntly been accused of representing the beauties
virtue with too boid a pencil, and in colors toc vivid. Far am 1, however,
froni presuining to imanuate that this criicism is applicable to myself, who
possess not the abilitiee requisite to attain this btilliant though créative
talent ; noi do I conceive that it is in the power of the most éloquent
Buthcr, by ail the studied embelliahments and décorations of lan^ruage, to
add a single charm to the innatc beauties of virtue. On the contraiy, she
m in herself so far superior to the adscititious aids of omament, that it
would rather appear iinpos«ible to describe her in ail her native ditînity
and lovelinesB. This i^ the chief diihculty I hâve experienced in writing
ïùusABETa"— 'Translation of extract from Authofajtreface.
The same work, with a Full and Correct Yocabulary of ail the
Words and Idiomatic Expressions coutained in the book ; also
Interlinear Translations, both free and literal, of the first few
pages, with the Pronunciation of the French indicated bj
English sounds. 12nio. 63 cts.
Converaatioxial Phraaes Classified, or French Synonlmee,
by J. I«. Mabire. 16nio. 4ô cts.
Most of the Guides to French Conversation heretofore publi^hed in
this country hâve been merely collections of certain conversations on
epeciiicd subjects, which, unless they were again to recur in the precase
fbnn of the lesson, would be of but little assistance to the student. In
other words, he but stores his mind with set forma) phrases for spécifie
occasions, without an acquaintance with the genius and power of the
ianguage, or ihe ability to adnpt his knowledge to the peculiar and Ta
ried circumstances of every-day life.
Thi» work is arranged on an entirely new pi*an. It consista ot the
liîost famiiiar phrases of every-day conversation, classified according in
their sensé unJer various appropriate heads, such as the following:
11. To denign, dmw, «ketch, paint.
IS To i>r«j", b«'«eec i, a»k, entrent.
13 To ni'proTC, ronoent, perniil, tolerttn
H. To loJ|ct), live, dwpU, remcvo.
\h, To ratse, lift, open, shut.
16. To rail, Kbuider. innult, injure.
1 To tire, weary, |:row tirod.
le To Rltirm, aiwure. warrant, atteat
s' Tuobe),>'ield subinit.
4. To iinaeine, believe, (lenuade one'a aeld
6. To ndraire. asUtnisli, hurpriae.
<!. To départ, ««t oui, travri. rida.
7. To liglit, kindie. blow, exUi^piiah.
5. To warm, cool. dry. w«t.
0. To laiisii, aniile. werp, jok*.
10 To daaco, aalute, {leet, buw.
With an Alphabeticai Index.
17. To conimend. pniiae. Anlter. compUr «Ht
18. To Unnie. réprima^ d, crititMiw.
19- To place, put. aet, lay, arranfe.
StO> Tocontiemo,deapw»,dà|iicriiite,d»^t
BOCKS PUfilJLSHEO Mk KOB LOCKWOOO A BON.
It u divided into 236 similar heads, besides containing ModeU ol
Notes, Invilations, Lettere, the moist Difficalt and Common Engliah
Idioins, &c.
It has acquirod an extraordinary popularity in England, liaving, in
a few years passed tliroogh many éditions, numberinç over 100,000 copiai.
Le Livre des Petits Enfants, avec Vocabulaire. 60 cU
This Utile voinme of £asy Taies was publlshed in France for the use
of Yonng Childron who had just lesmed to read. The design of the
xuthoress was, by a séries of ente?taining narratives, ta allure the
Young oiiward in the path of leaming, and at the same time to inibae
their minds with sentiments of religion and virtv e, and of love for iku
Sacred Scriptarea.
To the carefully printed text is added a literai English translation ot
the ârst ten stories, and a full vocabulary to the remaining ones.
Tiie.se facilities, together with the simple style of the stories them^
selvos, rendor this book one of the eaaiest for translation.
Mrs. Barbauld's Lessons for Chiidren, in French, witb
a Vocabulary. 16mo. 46 cta
To attempt a eulogy of "Mrs. Barbauld's Lessons for Chiidren'*
would be supcrfluous. We only remark tlmt, on account of its extrême
simpUcity, no book is better suited for young persons commencing the
study of French.
It is translated with great care, and is beautifuliy printed on a krge
ûlear type, with illustrations.
" The task is humble, but not mean ; for to lay the first stone of a
loble building, and to plant the first idea of a beautiful language in 8
6uman mind, can be no dishonor to any hand." — Mrs. jB.'« Préface,
First Lessons in Leaming French, by Prof. Gustave
Chouquet. 16mo. 46 ct&
This work is intended for pupils commencing the study of the French
language. ïn such a work it is not neoessary that the rulea of grammai
should \yèf&rmally irUroduoed ; they serve rather to weary and emBai
rass than to profit.
In design and exécution it is so simple as to be within the roacl. cf
âny child, however young, who is capable of reading in English. The
présent édition is mach eiilargcd and improved, and printed on very
large t}po. It is divided into six parts, as follows, viz. :
Pabt 1. Spelling Lessons, designed also for Exercises in Pronunciatiou.
Part IL Simple and Progrespive liCssons in Grammar and Translation
B00K8 PUBU8HED RT ROS LOCKWOOD À SO>
Pabt TIl. A Vocabulary of tlie most Common and Familiar Objecta
iOj^ether with appropriate Exercises in Thrases and Short Sen
teuces; tlie whole divided iuto lessons, eacli emhracing a dis*
tinct Sabject.
Pabt IV. Examplos of Frencli Verbs, auxiliary, regular and rcfieo-
tive, fully coujugated.
pABf V. A few simple Stories, the first fcw foUowed by a Tranalatioa
of the more ditficult Words and Idioms.
Pabt VI. A collection of simple and familiar Conversational Phrases,
divided Into short and easy lessons.
French Spelling and Fronunciation, by H. Vannier. 45 cta
After a careful examination of the most récent and approved elo-
mentary Spelling-Books published in France, we hâve selected the
Bystem of H. Vannier, as being the simplest and yet the most metliodical.
It is divided as follows :
Pabt I. Exercises on ail tlie Sounds and possible Combinationa of
Articulations and Words.
Part II. Spelling Lessons, or a Vocabulary of the most useful Nonna
in the French Language, systematicidly arranged under distinct
hoads.
Part III. Examples of French Verbs — ^auxiliary, regular, and reflect*
ive — fully conjugated.
8PAN I 8H.
Odl Mar'a Guide to Spanish and Enfjlish Conversation,
containing various lists of Words in most gênerai use, properly
classified ; collections of Complimentary Dialogues and Conver-
sational Phrases on the most gênerai subjects of life ; Proverbs
and Idioms; also comparative Tables of Coins, Wei^hts, and
Measures. 12nia 75 cts.
In t^is new édition the Proverbs and Idioms, as well as t>e Dialogues,
hâve been considerably enlarged ; the New Orthography lias béer ixh-
Croduced, according to the last décision of the Spanish Royal Acû'lemy ;
tud a Treatise on Spanish Pronui ciation has been prefixed.
Thèse additions wJl further advance the utiliiy of the work, and ren
der it still more worthy of public favor.
BUOS8 PUBU8HXD B7 ROC LOCKWOOD ± SOU.
^IngQt's Ollenâoi-ff's Spanish Grammar : a New Meth'id :f
Learning to Read, Write, and Speak the Spanish LanguagQ
with a FiGURED P£onunciation of THE Spanish Wobds. To
which is added an âppendix, containing a full explanation of tbe
Alphabet, with Exercises in Spelling ; a Summarj of the Rule»
gr^en in this Metbod, with a Treatise on the Verbs ; a Séries of
Letters for a Mercantile Correspoudence, with a Ket ; a New
Spanish Reader and Translator, being a new method of learning
to translate froni Spanish hito Englisii, and from Ënglish into
Spanish, containing Extracts from the most approved worka,
Colloquial Plirases and Words in gênerai use ; the whole ar-
ranged in progressive order, with especial référence to thoae
who study by OllendorflTs Method. 12ma. $1.60.
Key to Vingut'B Ollendorff's Spanish Qrammar. '«5 cts .
FOR SPANIABDS LEAMING EIVGLISH.
i^ÎDgat'a OUendorff— £1 Maestro de Inglés, metodo practioo
para aprender â leer, escribir y hablar la Leagua Inglesa segun
el sistema de Ollendorff, dandose una Dctmonstracion practica
del modo de escribir y pronunciar cada una de las palabras
contenidas en las lecciones y un Apendice que contiene los £le-
mentos de la Leng^a Inglesa, tomados de la ûltima edicion de
Urcullu, publicada en Cadiz en lb45, habiéndose correjido y
aumentado considerablemeute ; comprendiendo toda la parte
elemental no refundida en las lecciones précédentes ; tambieo
un Tratado sobre la Pronunciacion y otro sobre la Propiedad de
las Voces, que bajo un mismo sigiiiiicado en cspa&ol tienen dos 6
mas en inglés, con diferente uso 6 sentido ; ô al conti ario, con
on solo significado en inglés y doe 6 mas en espanol ; compren*
dieudo un Lector y Traductor Inglés, ô sea Nnevo Mé^odo para
aprender â traducir del inglés el espanol y viseversa, ei cual
contiene un Guia de la Pronunciacion inglesa, y Direcciones para
usar los dicdonarios d^ Pronunciacion ; una écrie de Cartas porb
BOOK8 rUBUBHKD BT ItOK LOCKWOOD * 80K.
k meromtO, 7 algnnos troxos esoojîdos jptaê
Lectm 7 TraduociûD. 12jiia |2.
■slatiok): Vingufê Ollendorff—The Kugîish Teacher, or Oîlen-
dorff'» New Method oj Leaming to Re'yJL, Write, and Sprak thé
EnglUk Language,WTia a Figurkd Proxunclation o/Ûie English
Word» intheLemonh ' towhich i» addedan âppkndix, eontaininp
the Elément* of the Engltah Language, takenfrom the last édition
of UretUlu^s Grammar, jmblished in Cadiz in 1845, revited and
tnlarged; alto a Treatise on tiu Pronunciation and variou» Si^
niJUations of English Word» ; alto a new Reader and Translcoof^
being a New Method of Leaming to TSrandole fram Englith irUo
Spanish and from Spanish into English ; a r,àvs Guide to Co^
vertation; a séries of Letters for Mercantile Correspondence
dtCf afc
Clave de los lyercicios del Maestro del Ingres. 12ino. $1
'«ukKSLATioif) : Key to the Exercises of " VinguCs Ollendorff*s English
Teacherr
Trcnllu. — ^Nueva Gramatica inglesa reducida a veinte 7 siete
lecciones, por Don José de Urcullu ; edicioD reimpresa por pri-
mera vez en America, de la ùltima edicion de Cadiz, considérable
mente aumentada 7 correjida, con una Clave de los Temas ; un
Tratado alfal)ético de la Propiedad de las Voces, en que se
esplica la propiedad de las Yoces castillaiias que tienen en inglés
dos ô mas significados con diferente uso 6 sentido, de lo cual
pudieran orijinarse equivocaciones, asî en la locucion como en la
traduccion ; un Lector 7 Traductor inglés, 6 sea Nuevo Método
para aprender à traducir del inglés al espanol 7 vise versa, el
cual contiene un Ouia de la Pronunciacion inglesa, una série de
Cartas para una Correspondeiicia mercantii, 7 algunos trozo£
eBoojidos para lectura 7 traduccion. 12iuo. $1.50.
{Prologo de UrcuUu dé la Edicion de Oadia.)
ALOUNAS PALABRAS SOBKE ESTA NUEVA EDICION.
La buena acojida que ha tenîdo mi gramatica en los veinte anori qr^
OAii posado dcHde que la di à luz, eus ado OifttuTe emigrado en Lôn'lrea.
tOQ ha movido à publi&ir una nueva edicion de la misma Kn la pri-
liera d'.vîdi la gnunàtica en XXXI leociones. Muchoa de las ediciouee
:8
BOOKB POBLIBHBU BY KOE LOCKWOOO & SOK.
que se lian becho tanto en aqnella capital codio en otros pûsi'B desde
1825 hasta ahora, han sido copias de la primera.
£n 1840, estando yo en Oporto, so imprimiô alli una edicion en XXV
iecciones, en la cual hice alteraciones de battante couhlderaclon ; pero
pocos son los ejemplares que ban penetrado en Ëspana. Por con-
BÎguiente para satisfacer los deseos de mucbos profesores de la lengua
inglesa, era necesario que se imprîmlese en £spana mi gramàtica ; mas
no como se ba becbo àntes de abora en Barcelona, siu mi intervenoion,
y copiando los defectos de la qae se publicù en Londres.
La présente edicion, dividida en XXVII ieccioues, es superior à
eoantas se ban pubiicado basta este dia, no solameute por las correo-
eioncs que se ban becbo, como por las materias que se ban aumentado.
Esplicaré esto brevemonto.
Cada una de los Iccciones XIV, XV, XVIII y XXII se ban subdivi-
dido en dos, para que el discipulo pucda aprenderlas mas f'Acilmente
ftiendo maa cortas. He suprimido las leccioues XXIV y XJ V, porque .
îo que eilas contenian no pertenecia, estrictamente bablandc, à la parte
l^ramatical; pero el discipulo lo ballard, cou notable aumento al an del
Ubro en la lista alfabetica de las particulas inglesas.
En los modèles de traduccion, be introducido algunaa m&ximafl de
buenos autorcs inglesos.
Las poesias inglesas que puse en la edicion becba en Oporto, ban sido
traducidas por mi al cafitcllano. £1 Herald ode Madrid publicô una
de ellas el ano pasado, y un periûdico de Cadiz la otra este ano. He
aumentado una poesia inglesa, no como modèle, sino para que el dis«
dpulo se ejercite en la traduccion de los numerosos verbos que eUa
eontiene.
La parte tercera de la obra, que no tieuen las ediciones anteriores, m
oompone : 1°. de una lista alfubética de las principales particulas ingl»*
sas y su uso en dicba lenguo, que àntes formaba el asunto de las doB
ûltimas lecciones, como y a se ba mencionado. 2°. De una esplicacion
de mucbas palabras y abreviaturas latinas muy usadas en los periôdioos
ingleses, y algunos vozes francesas, que forman parte de la lengua in-
glesa. 8<>. De varies documentes de comercio utiles para los que pien-
sen dedicarso d la carrera mercantil. 4°. Finalmente, de una lista de
abreviaturas inglesos, que tambien puedo asegurar es la mas compléta
que basta abora so ba pubiicado en Espaîïa. Lo primero y cuartu ba
npcibidc un aumento considérable ; lo segundo y tercero es enteramente
tiueyo.
En la parte gramatical be becbo correcciones y alteraciones que solo
puedcn uotarse cotejando esta edicion con otras anteriores.
Si el publiée ba recibido àntes de abora favorablomente mi gramàtica,
debo Buponcr sin ninguna clase de presuucion que todavla ba de mero-
.2f<i uias su aprobacion la que boy le efrezco ; y que ya no se itodià decb
)8
liOOKfj PUJbLISnaD BT ROK LOCKWOOD di BON.
c4;ii razon en lo adelante qne era necesario vaierse de çramâticas escniai
en fiance» para aprender la leugua ingle&a.
Es muy probable que ewta sca la ùltinia edicion que yo publiqne, y
mas si) conio prcsnmo, lo8 lazos de faniilla me obligan à dejar la hennofia
Espana para establecerme nuevamente eu el reino vecino, que por la
largra série de anoe que on él lie panado y por los viuculos que à él me
anon considero como à una acgunda patria.
ADVERTKNCIA.
Al reîmprimîr por primera vez en America la ûltima edioion de la
nneva Qramâtica de Don JoBé de Urcullu, publicada en Cadlz por el
mismo autor con las considérables mejoras que esplica en hu Prologo,
bemo^ hecho todo lo que ha estado à nuostro aloance paia mejrrar la
obra, lo que creemos haber conseguido por los medios siguienten :
V*. ATreglando la conjugacion de los verbos, segun las mejores
gramâticis inglcsas, anadiendole por consiguiente el modo Potencial,
desconocilo en nuestra conjugacion, por cuya razon la mayor parte de
los gramàticos lo han confundido con nucstro Subjuntivo, que es à todaa
tuces distinto en su uso y aplicacion, despojando asi à la conjugacion
Inglesa de la inmensa ventaja que en précision y eneijia le dan suf
luxiliares.
2**. ArapUando la leccion sobre los verbos auxiliares, la dcl uso dei
futuro, la del subjuntivo y la de las preposidones, y redactando enter
Sa del imperativo.
Z°. Anadiendo las notas que se han estimado necesarias, y aun refn
tando las opiniones del autor cuando se han creido erradaa.
é^. Dando reglas para la division de las silabaa.
6^. Enriqneciendo la lista de las abrcviaturos Inglesas, é igudment»
Ia de las elicionos.
6**. Anadiendo un Tratado de la Propiedad de equellas voces qne^
teniendo en espanol varias acepciones, se esprcsa r.n ingléu cada aoep-
elon, con difcrente pulabra.
7°. Agregando un Lector y Traductor inglés lajo un plan entera-
mente nuevo, concluyondo con una série de cart«3 parallevar una cor-
respondencia mercantil.
8°. Finalmcnte, publioando una Clave de los Teiias qne se ballar\
al fin de la obra, para que el discîpulo compare con ella ia traduccion
qne hi^^v de los que se dan en la Gramàtica. La ventaja de ente Clave^
aur para los que ostudien con maestro, es demasiado obvia para que
DOS detengamos en recomendarla.
Si à todas las mejoras mencionadas se anaden las hechas por el mianio
autor, segun lo e«plica en el Prologo sîguiente, fiîcil sera penetrarse do
as inmonsas mi^joras de esta edicion sobre todas las anteriores.
Ofri>fnidaH de Xun>u i'ork, Wir<>M'> ieI952. R. J VINflUT
u
BOOKS I-UBU8HED B7 ROX LOCKWOOD di SON.
Robertson. Nnevo Curso practico, analitico, ieorico y sintetico de
Idioma Inglés; escrito para los Franceses por T. Robertsan
obra aproboda por la Universidad de Paris; traducida y
adaptada al castellano sobre la ûltima edidon del original poi
Pedro José Rojas. 8va $3.00.
^*La Academia Beal de Buenos Letras de la Isla de Pncrto Rico,
iespuei de haber oido à su Comision de Inatrucciou pilblica acerca del
Nuevo Curso de Inglés por Robertson, i daptado ai Castellano por Don
P. J. RoJAS, 7 considerando que dichaobra reune a su claridad, précision
7 correcto lenguage, una gran facilidad para la adquisicion del idioms
inglés, y un método admirable para la pronunciacion de las palabras,
ha ordenado que dicha obra se tenga por ûnico texto en las escuelas y
colegios, de la Isla. — Puerto Rico, febrero 10 de 1852. — El Capitan
General, Pezuela."
*^La Direccion General de Estudios de la Repùblica de Venezuela,
l\abiendo ezaminado cuidadosamente el Nuevo Curso de Inglés poi
Roberteon, adaptado al Castellano por el Senor P. J. Rojas, y consider-
andolo sumamente util y eficaz para la ensenanza de aquel idioma, ha
acordado se incluya dicha obra en el catàlogo de textes para los Colegios
y escuelas nacionales. — Caracas 4 de Junio de 1851. — Por la Direccion,
J. Vargas, Présidente."
(translation) : llohertsonian System ; a New PraetictU^ Analytieai
Theoretical^ and SynthetieaX Course of the Engliih Languaga
writtenoriginally for the French, andapproved by the Uhiversttif
of Paris, Translated, and Adapted to the Spaniali Language^
by Pedro José Rojas.
The Royal Academy of the hland of Porto Sico^ after hearing the Oom
mittee of Pufdlc Instruction in regard to the New Course of the English
léOnguage by Robertson^ tranalated into Spanish by Mr. P. J. RqjaSy and
oonMervruj that said toork combines with deamess^ preoisi/m^ and a correct
gtyle^ a great and wonderful facUlty for acquiring so dijffhtUt a langvagt
as the English^ and that it contavns liîewise an admirable method of English
pron/unciationy has in its last session ordered this toork to be used as the onîp
English textr-book in aU tJie achools of the laland, — Porto Rico, Febmary X^thy
1951. — J. de la Pesmda^ Captain General,''''
^^The General Direction of Studies in the Republic of Venezuela, having
oarefiilly examined the New Course ofthe English Language, published in
^ance, by Robertson, avd translated irÀo Spanish by P. J. Rojas, Esq..
md eonsidermg it highly useful and ejicient in teaching that language, hoA
vdered it to be adopted ae a text-book in ail the National Schools, — Caraciia.
Jum Uh, 1 ?62. — By the Direction^ J, Vargas, PreeitienV
\t
I BOOKS PUBLIBHBD BT ROB LOCKWOOD éi BON.
Bmanael del Mar. Guia para la ConverBacion en eepafid
é inglés, que contieoe varias listas de las Voces mas usualtis,
debidamente classificadas ; Colecciones de Diàlogos de Etiqueta
y Frases de Convcrsacioa sobre los asuntoe mas générales de la
vida ; Refranes y modos de decir ; y Tablas comparativas y Mo-
nedas, Pesos, y Medidas. 12mo. 75 ct&
Nttwa Edicion, caidadosamente rcvisada y perfeccionada, y anmen-
tada cou mâchas cosas utiles que^ia juzgado podrian cnsalzar la utilidad
de la obra, y bacerla todavîa mas digua de la aceptacion pùblica.
hoA proverbios, Bofranes, y Modos de DcciO| oomo tambien loe
Diâlogos, han sido considerabicmeute extendidos, por razon de su
muclia utilidad al estudiante, tanto en la conversacion como en la leo-
tura, y se ha tenido cuidado en reunir los que fuesen de uso mas con-
dnuo en àmbos idiomas.
A esta edicion tambien se le ha agregado un Tbatado ds Pbonuncia-
oioN Inqlesa, etc.
(teanslation): Del Mar'i Guide to Spanish andEnglUh Conversation^
eontaining varioua lists of Words in mosf gênerai use, properly
dasidjied; coîlectiotu of Complimentary Dialogues and Conver-
sational Phrases on tfie most gênerai subjeets of Ufe; Proverbe
and Idioms; also comparative l'abUs of Coins, Weights, and
Measures. 12mo. 75 cts,
New EDmoN, earefuUy revided^ improved, and enlarged hy marvg wefzil
additions, tshich migkt furiher admnee the utUUy of the worh and render
U stiU ynore worihy of public fawyr,
Tke Provkrbs and Idioms^ as vféU as the DiALoeuES, hâve been eonsùk-f
aMy enlarged^ on acoowsU of thrir çreat use to the student, both in oonver^Of
Hon and in reading; and partvnUar eare has been taien in seUcUng Ut -m
idùmuUic expressions which are most eommon to both languages,
To tMa edUion has been appended a TreaHse on Enolish Phonukoiat^ i
16
BOOSS PUBUBHBD BT ROB LOOKWOOD et «OK.
ENQLI8H.
The fcllo vring Books, by Miss Eliza Bobbins, are intended not merelj^
to teach reading for reading^s sake, but to suggest an intelligent method
of instruction, in préférence to one merely mechanical.
Introduction to American Popular Lessons. 1 y. 18mo. 26 cts
American Popular Lessons. 1 y. 18mo. 81 cta.
Sequel to Popular Lessona 1 y. 18mo. 60 cts
Primary Dictionary. 1 y. 18mo. 31 cta
The following notice, voluntarily presented by the Principals of tht
Public Sclîools in the city of New York, is but a spécimen of many
others which bave been received : —
**The siibscribers, boing well acquainted with the séries of Schooi
Books prepared by Miss Bobbins, are désirons to bring their mérita
before those iuterested in popular éducation.
** Proceeding gradually through a complète course of school tuition,
thèse Works are replète with useful information, and are well adapted
lo improve the moral and mental powers of youth. They bear the
Impiess of a mind thoroughly yersed in practical éducation, knowing
the matter which is suitable, and the manner in which it is to be applied
to the minds under cultivation. Thèse books hâve obtained a wide
circulation, and the approbation with which they are regarded is oom
mensurate to the use made of them.
" We (the undersigned) hope that such as are interested in selecting
books for the use of schools will examine this séries, the author of which
nas devoted her life to this object."
B. S. Jagobbon, Pablio School, No. 1.
Wm- Bkldbn, do. do. 2.
David Pattrrson, do. do. 8.
John Patteeson, do. do. 4.
Joseph MgKeen, do. do. 5.
J. W. Eetohum, do. do. 7.
0. 8. Pbll, do. do. 8.
Natrak W. Staee, Public School, No. 10.
Wm. h. Bbowne, do. do. 11.
Aba SMn-H, do. do. 1%
Akdebw Stoitt, do. do. 18^
Léonard Hazeltinb, da do. 14
W. A. Walkeb, do. do. U
N. Van Kjjcek, do. do. 16
" Tlie Elementary Eeading Books prepared by Miss Bobbins, hâve been
in UFfa by the Public Schools of this city for many years. I hâve thor-
oughly examined them, and tested them in practice, and am of opinion
iiat they are the best of their kind for the purposes of moral anà
nental development. The sélections in them are from the best writeni
'br juvénile readers, and judiciously adapted to American Schools,
^eherever the subjects may hâve required altérations. Her oontinaeU
ouarae of School Books are wortliy the highest commcndation ; and.
from*tier matared expérience, I hâve the fullest confidence in Misa
Bobbins a» a writer of School Books. Her Introduction and Populai
Leaaons are lULequalled for the purpoae of analytlcai instruction.
S. W. SiCTOM."
" I hâve been acquainted with the Popular LeBSon Séries some time,
and bave givon them my officiai cecommendation for une in the Schoolb
*f this State. Iea Mayhew,
Saperintendent of Public Instruction, Michigan."
'* I am woll acquainted with the text-books prepared by Miss Kobbin}»,
and think hîghly of their merits. What thèse mérita are, in my opinion,
I will briefly state.
They are well written in point of style, showiug an acqnaintance with
jSi best models of £uglish composition, and free from tliose inaccuracies
jnd that carclessness which deface so many of our school books.
Tliey are well adapted to the compréhension of the several dacises of
ehildren for which they are designod. Nothing is oflTered to the under-
«tanding of a child, until it is prepared for its réception.
They convey a great amount of useful knowledgo ; and are also emi-
ently suggestive in their character. They fill the mind of a child with
>hejdthy love of knowlcdge, and that lively désire of progress, which it
is a great end«of éducation to awaken and préserve.
The moral tone of thèse books is excellent. They ineulcate generoua
eeutimenta, and appeal to the highest motives. They direct the admi-
ration of ehildren to those qualifies in humanity which are most admi-
rable. They thus afford great aid to the teacher, in the moral training oj
nis pupils. Geo. S. IIillabd."
** I bave seen Miss Kobbîns' School Books, and some of them I hâve
examined with care. They seem to me to hâve yery great merit. They
are written with good taste, and évince a carcful and skilful use of <*.X'
tensive reading. They are well adapted to excite the mind to inqnîjy
Ctnd to fill it with useful and interesting knowledgo.
Their moral tone is exctîllent ; on this score they are whoUy froe froio
Objection.
The Committee on Boiks used in our Public schools (of which î ani
cliairman) bave just resolvcd, by unanimous vote, to reconmioud the
Introduction of the Scquel to Popular Lessons; and othcrs of hcr
Dooks are under favorable considération.
Boston^ Jvly 25, 1846. Theophiluîi Pabsonb.**
B00K8 POBLISHXD BT ROB LOCKWOOD à SOV.
nzBt IiesBOiiB in Human Fhysiology, for the ase of ScLcx^Ia,
to which are added brief Rules of Health : by John H. G^iscosA.
M. D., with 50 large and distinct illustrations. 16mo. 42 cts.
" This work is written with much care oy one fully competert, not onîj
m respect of hîs thorough acquaintance with the subject, but of thc
feculty or tact neoessary to secure the attention, by reaching and inter
esting the minds of children.
It is strictly a First booh in the stufly of Human Physiology — ^a study
which in importance is second to none, and superior to most oTlhe sub-
,,ects which are now taught in our schools.
I am so well acquainted with Dr. Griscom-s writings, and with the
very sound and practical views he always advances, that I should hâve
no hésitation in commending almost any thing from his pen.
HoN. HoRACB Mann."
Eztract from the Minutée of the Executive Committee of the New
York Public School Society, March 4, 1847.
" BesoUed^ That Griscom's smali work on Physiology be adoptod for
gênerai use in the Upper Schools, and that a copy be placed in the
Prinîary Schools for each of the Teachers, Assistants, and Monitors."
" Dt. Griscom's First Lessons in Human Physiology, 1 consider ad-
mirably adapted to the capacity of children, combining in a very happy
manrer, interest and instruction. 1 shall most oheerfùlly recommend
ïts use in ail our Primary Schools. Ira Mathkw,
Superiutendent of Publie Instruction, Michigan."
** Griscom's Physiology, I consider a work of rare ment; one whioh
onght to be in the possesHion of every child in the land, giving, as it
does, in a condensed but simple form, much valuable information."
Mills' Blair's Rhetoric. Lectures on Khetoric and Belle»-
lettres, chiefly from the Lectures of Dr, Hugh Blair ; to which
are added Copious Questions and an Analyeis of each Lecture
Ey Abrabam Mills, A. M. Kew and enlarged editioa 12mo. f l.
{Extract from thé New Préface,)
**In presenting to the pviblio an improved édition of the following
.jocturo«, the editor has endeavored to render tlie work as nearly «im-
piété as the rjiture of the subject would permit. "With this view, he
has extendcd the critical portion down to the présent period, emhracing
MOOKS PUKLISBXD UY KUK LOCSWOOD et B017.
bU tbose writers in English literatui'e who bave adomei tiie langnaga
witli their productions daring the lafit half century. The criticiamB,
though brief, are as extenaive as the nature of the work requires, and
are writt«n with direct référence to the purposes of instruction," etc.
Baldwin's Table Book. A Table Bock and Primary Âritbmotic,
compiled and arranged for the Introdnctory Department of tlie
New York Public and Ward Schools, and particularly adapte d
to the System of Mutual Instruction. By Austin Baldwik.
New édition, revised. 18mo. 10 cts.
Pr^aee. — Having for a long time eustained considérable inconveni-
ence from the want of a book of Arithmetical Tables adapted to the
oapacities of very young pupils, and arranged in such a manner as to
answer the purposes of a large school, I hâve been luduced. .to compile
one, with a spécial view to the necessities of the System ^monitorial
instruction.
Believing it important that children should be made to understand
the application of what they are required to commit to memory, l hâve
placed a few simple questions at the end of each lesson, illustrating its
use ; and as a knowledge of the rules of Arithmetic can be well under-
Btood by children, only by performing the opérations, 1 hâve endeavored,
m the introduction, to make the rules as concise as possible, depending
principally on the examples for fixing them in the minds of the pupils.
It is conôdently hoped that this little work will lighten the labor of the
child in committing to memory that which is so important as a founda-
tion for Arithmetic, and also that, by the division and numbering oi
the lessons, it may relieve the teacher of much trouble in assigning the
proper portions for each scholar or class.
That it may, however small the otfering, aid the cause of juvénile ed
ucation, is the earnest wish of THE COMPILEE.
Clarke's Eléments of Astronomy ; a new system of Astronomy
in Question and Answer, for the use of Schools. 12mo. 21 cts.
Mrs. Tiithill's Simple Facts, which every child should know
•'V- 12mo. 45ct&
Science of Common Thinga. 18mo. 84cta
Sciiool Diary, per dozen, 68 cputs
1
THE NEW YORK PUBLIC LIBR/
REFERENCE DEPARTMENT .'
book is under no oiromnatan '
tflken from the BuildiniF
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