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Full text of "Élisabeth; ou, Les exilés de Sibérie"

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JOVABmB. Oeader of Freneh Vonna lamo. 5o 



Contlnoad st tbe end of the Tolume. 



>6. 



ÉLISABETI, 



LES EXILÉS DE SIBÉRIE. 

PAR Mme. COTTIN. 



••*• ••••• •, 

• • •• 2 * ••• 

• ••••••••• • 

TRADUCTION :I]5ît3QllLXî£ÔAiRE 
, •« ••• ••••• •» 



UE T.A 

PRONONCIATION FRANQAlSiî 

DIS QUELQUES PAGES. 
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fr^ the CIerk*8 Office of the District Court ior the Southern District of New ïorfc. 




PRÉFACE DE L'AUTEUE. 



Le trait qui fait le sujet de cette histoire est vrai : Tima- 
gination n'invente point des actions si touchantes, ni des sen- 
timents si généreux ; le cœur seul peut les inspirer. 

La jeune fille qui a cor^ç'^ le nofcjjs de^'swnkfari^îcher son 
père à Texil, qui Ta exécuté ejp> dépit do tojis-ljss obstacles, a 
réellement existé ; sans doute jëlle^ év^i fjipone : si on trouve 
quelque intérêt dans mon oUvriigé> xî jes/-ji '^fitif^ pensée que 
je le devrai. ^ ^ ' . - . ^ > - - > 

J'ai entendu reprocher à quelques écrivains de peindre 
dans leurs livres une vertu trop parfaite ; je ne parle pas de 
moi, qui suis si loin de posséder le talent nécessaire pour at- 
teindre à ce beau idéal :, mais je ne sais quelle plume assez 
éloquente pourrait ajouter quelque charme à la beauté de la 
vertu. La vertu est si supérieure à tout ce qu'on en peut 
dire, qu'elle paraîtrait peut-être impossible si on la montrait 
dans toute sa perfection: voilà du moins la difficulté que j'ai 
éprouvée en écrivant Elisabeth. 

La véritable héroïne est bien au-dessus de la mienne, elle 
a souffert bien davantage. En donnant un appui à Elisabeth, 
en terminant son voyage à Moscou, j'ai beaucoup diminué 
ses dangers, et par conséquent son mérite ; mais si peu de 
?)ersonnes savent ce qu'un enfant pieux, soumis et tendre, est 




4 PRÉFACE DE l'aTJTEUB, 

capable de faire pour ses parents, que, si j'avais dit toute la 
vérité, on m'aurait accusée de manquer de vraisemblance ; et 
le récit des longues fatigues qui n'ont point lassé le courage 
d'une jeune fille de dix-huit ans aurait fini par lasser l'atten- 
tion de mes lecteurs. 

S'il m'a fallu aller jusqu'en Sibérie pour trouver le trait 
principal de cette histoire, je ne puis m'empècher de dire 
que pour les caractères, les expressions de la piété filiale, et 

surtout le cœur d'une bonne mère, je n'ai pas été les cher- 

\ ••••,«, «^ j ••• «.t. ,. 
cher si lpçiV*J : : 7' \/*^ • •! l;î 

* C'est dans Ja.tândnB^Uâe fia^ère et dans la bonté de son propre 
cœur que mi^§;iBe<)(ïl^iaa«UMS^ce» traits sublimes et touchants qui 
font de son otc^rftg^^imvqro^a^ii^ ^evé par la piété filiale à l'affec- 
tion maternelle. 



ELISABETH 



ou 



LES EXILES DE .SIBEBIE 



La ville de Tobolsk, capitale de la Sibérie, est située sur 
les rives de Tlrtish ; au nord elle est entourée d'immenses 
forêts qui s'étendent jusqu'à la mer Glaciale. Dans cet es- 
pace de oûze cents verstes, on rencontre des montagnes 
arides, rocailleuses et couvertes de neiges étemelles ; des 
plaines incultes, dépouillées, où, dans les jours les plus 
chauds de l'année, la terre ne dégèle pas à un pied ; de 
tristes et larges fleuves dont les eaux glacées n'ont jamais 
arrosé une prairie, ni vu épanouir une fleur. En avançant 
davantage vers le pôle, les cèdres, les sapins, tous les grands 
arbres disparaissent ; des broussailles de mélèzes rampants 
et de bouleaux nains deviennent le seul ornement de ces 
misérables contrées ; enfin, des marais chargés de mousses 
se montrent comme le dernier effort d'une nature expirante ; 
après quoi, toute trace de végétation disparaît. Néan- 
moins c'est là qu'au milieu des horreurs d'un étemel hiver, 
la nature a encore des pompes magnifiques ; c'est là que les 
aurores boréales sont fréquentes et majestueuses, et qu'em- 
brassant l'horizon en forme d'arc très-clair, d'où partent des 
colonnes de lumière mobile, elles donnent à ces régions hy- 
perborées des spectacles dont les merveilles sont inconnues 

1* 



6 ELISABETH. 

aux peuples du Midi. Au sud de Tobolsk s'étend le cercle 
d'Ischim ; des landes, parsemées de tombeaux et entrecou- 
pées de lacs amers, le séparent des Kirguis, peuple nomade 
et idolâtre. A gauche, il est borné par Tlrtisli, qui va se 
perdre, après Ju nombreux détours, sur les frontières de la 
Chine, et à droite par le Tobol. Les rives de ce fleuve sont 
nues et stériles ; elles ne présentent à l'œil que des frag- 
ments de rocs brisés, entassés les uns sur les autres, et sur- 
montés de quelques sapins ; à leur pied, dans un angle du 
Tobol, on trouble village domanial de Saïmka ; sa distance 
de Tobolsk est de plus de six cents verstes. Placé jusqu'à 
la dernière limite du cercle, au milieu d'un pays désert, tout 
ce qm l'entoure est sombre comme son soleil et triste comme 
son climat. * 

Cependant le cercle d'Ischim est surnommé l'Italie de la 
Sibérie, parce qu'il a quelques jours d'été, et que l'hiver n'y 
dure que huit mois, mais il y est d'une rigueur extrême. 
Le vent du nord, qui souffle alors continuellement, arrive 
chargé de glaces des déserts arctiques, et en apporte un 
froid si pénétrant et si vif, que dès le mois de septembre le 
Tobol charrie des glaces ; une neige épaisse tombe sur la 
terre, et ne la quitte plus qu'à la fin de mai. II est vrai 
qu'alors, quand le soleil commence à la fondre, c'est une 
chose merveilleuse que la promptitude avec laquelle les ar- 
bres se couvrent de feuilles et les champs de verdure : deux 
ou trois jours suffisent à la nature pour faire épanouir toutes 
ses fleurs. On croirait presque entendre le bruit de la végé- 
tation ; les chatons des bouleaux exhalent une odeur de 
rose ; le cytise velu s'empare de tous les endroits humides ; 
des troupes de cigognes, de canards tigrés, d'oies du Nord, 
se jouent à la surface des lacs ; la grue blanche s'enfonce 
dans les roseaux des marais solitaires pour y faire son nid, 
qu'elle natte industrieusement avec de petits joncs ; et, dans 



fiLIBABETH. 7 

les bois, récureuil volant, sautant d'un arbre à Tautre et fen- 
dant Tair à l'aide de ses pattes et de sa queue chargée de 
laine, va ronger les bourgeons des pins et le tendre feuiDage 
des bouleaux. Ainsi, pour les êtres animés qui peuplent ce» 
froides contrées, il est encore d'heureux jours ; mais pou? 
les exilés qui les habitent, il n'en est point. 

La plupart de ces infortunés demeurent dans les village? 
qui bordent le fleuve depuis Tobolsk jusqu'aux limites du 
cercle d'Ischim ; d'autres sont relégués dans des cabanes au 
milieu des champs. Le gouvernement fournit à la nourri* 
ture de quelques-uns ; ceux qu'il abandonne vivent de leurs 
chasses d'hiver : presque tous sont en ces lieux l'objet de la 
pitié publique, et n'y sont désignés que par le nom de mal- 
heureux. A deux ou trois verstes de Saïmka, au milieu 
d'une forêt marécageuse et remplie de flaques d'eau, sur le 
bord d'un lac circulaire, profond et bordé de peupliers noirs 
et blancs, habitait une famille d'exilés. Elle était composée 
de trois personnes : d'un homme de quarante-cinq ans, de 
sa femme et de sa fille, belle et dans toute la fleur de la jeu- 
nesse. 

Renfermée dans ce désert, cette famille n'avait de commu- 
nication avec personne : le père allait tout seul à la chasse ; 
Jamais il ne venait à Saïmka, jamais on n'y avait vu ni sa 
femme si sa fille ; hors une pauvre paysanne tartare qui les 
servait, nul être au monde ne pouvait entrer dans leur ca- 
bane. On ne connaissait ni leur patrie, ni leur naissance, ni 
)a cause de leur châtiment : le gouverneur de Tobolsk en 
iviât seul le secret, et ne l'avait pas môme confié au lieu- 
^nant de sa juridiction établi à Saïmka. En mettant ces 
exilés sous sa surveillance, il lui avait seulement recommandé 
de leur fournir un logement commode, un petit jardin, de la 
nourriture et des vêtements, mais d'empêcher qu'ils n'eus- 
sent aucune communication, au dehors, et surtout d'intercep- 



8 ELISABETH. 



ter sévèrement toutes les lettres qu'ils hasarderaient de faire 
passer à la cour de Russie. 

Tant d'égards d*un côté, et de Tautre tant de rigueur et de 
mystère, faisaient soupçonner que le simple nom de Pierre 
Springer, qu'on donnait à l'exilé, cachait un nom plus illus- 
tre, une infortune éclatante, un grand crime peut-être, ou 
peut-être une grande injustice. 

Mais, tous les efforts pour pénétrer ce secret ayant été 
inutiles, hientôt la curiosité s'éteignit et l'intérêt avec elle. 
On cessa de s'occuper d'infortunés qu'on ne voyait point, et 
on finit même par les oublier tout à fait : seulement, lorsque 
quelques chasseurs se répandaient dans la forêt et parve- 
naient jusque sur les bords du lac, s'ils demandaient le nom 
des habitants de cette cabane : Ce sont des malheureux, 
leur répondait-on. Alors ils n'en demandaient pas davan- 
tage, et s'éloignaient émus de pitié en se disant au fond du 
cœur : Dieu veuille les rendre un jour à leur patrie ! Pierre 
Springer avait bâti lui-même sa demeure : elle était en bois 
de sapin et couverte de paille ; des masses de rochers la ga- 
rantissaient des rafales du vent de Nord et des inondations 
du lac. Ces rochers, d'un granit tendre, réfléchissaient, en 
s'exfoliant, les rayons du soleil ; dans les premiers jours du 
printemps, on voyait sertir de leurs fentes des familles de 
champignons, les uns d'un rose pâle, les autres couleur de 
soufre, ou d'un bleu azuré, pareils à ceux du lac Baïkal ; et, 
dans les cavités où les ouragans avaient jeté un peu de terre, 
des jets de pins et de sorbiers s*em pressaient d'enfoncer leurs 
racines et d'élever leurs jeunes rameaux. 

Du côté méridional du lac, la forêt n'était plus qu'un 
taillis clair-semé qui laissait apercevoir des landes immenses 
couvertes d'un grand nombre de tombeaux ; plusieurs avaient 
été pillés, et des ossements de cadavres étaient épars tout 
autour ; reste d'une ancienne peuplade qui serait demeurée 



ELISABETH. 9 

éternellement dans Toubli, si des bijoux d'or, renfermés avec 
elle au sein de la terre, n'avaient révélé son existence à l'ava- 
rice. 

A l'est de cette grande plaine, une petite chapen© de 
bois avait été élevée panrdes chrétiens ; on remarquait que 
de ce côté les tombeaux avaient été respectés, et que, de- 
vant cette croix qui rappelle toutes les vertus, Thomme n'a- 
vait point osé profaner la cendre des morts. C'est dans ces 
landes ou steppes, nom qu'elles portent en Sibérie, que, du- 
rant le long et rude hiver de ce climat, Pierre Springer pas- 
sait toutes ses matinées à la chasse ; il tuait des élans, qui se 
nourrissent des jeunes feuilles de tremble et de peuplier. Il 
attrapait quelquefois des martres zibelines, assez rares dans 
ce canton, et plus souvent des hermines, qui y sont en grand 
nombre : du prix de leur fourrure, il faisait venir de Tobolsk 
des meubles comnnodes et agréables pour sa femme et des 
livres pour sa fille. Les longues soirées étaient employées 
à l'instruction de la jeune Elisabeth. Souvent, assise entre 
ses parents, elle leur lisait tout haut des passages d'histoire ; 
Springer arrêtait son attention sur tous les traits qui pou- 
vaient élever son âme ; et sa mère, Phédora, sur tous ceux- 
qui pouvaient l'attendrir. L'un lui montrait toute la beauté 
de la gloire et de l'héroïsme, l'autre tout le charme des sen- 
timents pieux et de la bonté modeste. Son père lui disait 
ce que la vertu a de grand et de sublime, sa mère ce qu'elle 
a de consolation et d'ajpaable : le premier lui apprenait com- 
ment il faut la révérer, celle-ci comment il la faut chérir. 
De ce concours de soins il résulta un caractère courageux, 
sensible, qui, réunissant l'extraordinaire énergie de Springer 
à l'angélique douceur de Phédora, fut tout à la foi« noble et 
fier comme tout ce qui vient de l'honneur, et tendre et dé- 
voué comme tout" ce qui vient de l'amour. 

Mais, quand les neiges commençaient à fondre et qu'une 



10 ELISABETH. 

légère teinte de verdure s'étendait sur la terre, alors la fa- 
mille s'occupait en commun des soins du jardin : Springer 
labourait les plates -bandes, Pliédora préparait les semences, 
et Elisabeth les confiait à la terre. Le petit enclos était 
entouré d'une palissade d'aunes, Me cornouillers blancs et 
de bourdaines^ espèce d'abrisseau fort estimé en Sibérie, 
parce que sa fleur est la seule qui exhale quelque parfum. 
Au midi, Springer avait pratiqué une espèce de serre, où il 
cultivait avec un soin particulier certaines fleurs inconnues à 
ce climat ; et, quand venait le moment de leur floraison, il 
les pressait contre ses lèvres, il les montrait à sa femme et 
en ornait le front de sa fille en lui disant : " Elisabeth, pare- 
toi des fleurs de ta patrie, elles te ressemblent ; comme toi, 
elles s'embellissent dans l'exil. Ah! puisses-tu n'y pas 
mourrir comme elles !" 

Hors ces instants d'une douce émoti m, il était toujours 
silencieux et grave: on le voyait demeurer des heures en- 
tières enseveli dans une profonde rêverie, assis sur le même 
banc, les yeux tournés vers le même point, poussant de pro- 
fonds soupirs, que les caresses de sa femme ne calmaient 
'J)as, et que la vue de sa fille rendait plus amers. Souvent 
il la prenait dans ses bras, la pressait étroitement sur son 
cœur, et puis tout à coup, la rendant à sa mère, il s'écriait : 
" Emmène, emmène cette enfant, Phédora, sa détresse, la 
tienne me feront mourir : ah ! pourquoi as-tu voulu me 
suivre ? Si tu m'avais laissé seul ici,* si tu ne portais pas la 
moitié de mes maux, si je te savais tranquille et honorée 
dans ta patrie, il me semble que je vivrais dans ce désert 
sans me plaindre." '; A ces mots, la tendre Phédora fondait 
en larmes ; ses regards, ses paroles, ses actions, tout en elle 
décelait un profond amour qui l'attachait à son époux. Elle 
n'aurait pu vivre un seul jour loin de lui, ni se trouver mal- 
heureuse quand ils étaient toujours ensemble. Dans leur 



tUBABITIH. 11 

ancienne fortune, peut-être que de grandes dignités, d'illus^ 
très et dangereux emplois le tenaient souvent éloigné d'elle ; 
dans Texil ils ne se quittaient plus. Ah ! si elle avait pu ne 
pas s'affliger du chagrin de son époux, peuf-ètre aurait-elle 
^mé leur exil. 

Phédora, quoique âgée de plus de trente ans, était helle 
encore ; également .dévouée à son époux, à sa fille et à son 
Dieu, ces trois amours avaient gravé sur son front des char- 
mes que le temps n'efface point : on y lisait qu'elle avait été 
créée pour aimer avec innocence, et qu'elle remplissait sa 
destinée. Elle s'occupait à préparer elle-même les mets qui 
plaisaient le plus à son époux ; attentive à ses moindres dé- 
sirs, elle cherchait dans ses yeux ce qu'il allait vouloir, pour 
l'avoir fait avant qu'il l'eût demandé. L'ordre, la propreté, 
l'aisance même régnaient dans leur petite demeure. La 
plus grande pièce servait de chambre aux deux époux, un 
grand poêle réchauffait ; les murs, enfumés, étaient ornés 
de quelques broderies et de divers dessins de la main de 
Phédora et de sa fille ; les fenêtres étaient en carreaux de 
verre, luxe assez rare dans ce pays, et qu'on devait au pro- 
duit des chasses de Springer. Deux cabinets composaient 
le reste de la cabane ; Elisabeth couchait dans l'un, l'autre 
était occupé par la jeune paysanne tartare et par tous les 
ustensiles de cuisine et les instruments du jardinage. 

Ainsi la semaine se passait dans ces soins intérieurs, soit 
à tisser des étoffes avec des peaux de rennes, ou à les dou- 
bler avec d'épaisses fourrures ; mais, quand le dimanche ar- 
rivait, Phédora soupirait tout bas de ne pouvoir assister à 
l'office divin, et passait une partie de ce jour en prières. 
Prosternée devant Dieu et devant une image de saint Basile, 
pour lequel elle avait une profonde vénération, elle les invo- 
quait en faveur des objets de sa tendresse ; et si chaque jour 
sa dévotion devenait plus yïve, c'est qu'elle avait toujours 



12 âLTSABETH. 

éprouvé qu'à la suite de ces pieux exercices, son cœur, plus 
éloquent, savait mieux trouver les pensées et les expressions 
qui pouvaient consoler son époux. 

Élevée dans ces bois sauvages depuis Tâge de quatre 
ans, la jeune Elisabeth ne connaissait point d'autre patrie : 
elle trouvait dans celle-ci de ces beautés que la nature offre 
encore, même dans les lieux qu'elle a le plus maltraités, et 
de ces plaisirs simples que les cœurs innocents goûtent par- 
tout. Elle s'amusait à grimper sur les rochers qui bor- 
daient le lac pour y prendre des œufs d'éperviers et de vau- 
tours blancs, qui j font leurs nids pendant Tété. Souvent 
elle attrapait des ramiers au filet, et en remplissait une vo- 
lière ; d'autres fois elle pochait des corrassins, qui vont par 
bandes, et dont les écailles pourprées, collées les unes con- 
tre les autres, paraissaient à travers les eaux du lac comme 
des couches de feu recouvertes d'un argent liquide. Jamais, 
durant son heureuse enfance, il ne lui vint dans la pensée 
qu'il pouvait y avoir un sort plus fortuné que le sien. Sa 
santé se fortifiait par le grand air, sa taille se développait 
par l'exercice, et sur son visage, où reposait la paix de l'in- 
nocence, on voyait chaque jour naître un agrément de plus. 
Ainsi, loin du monde et des hommes, croissait en beauté 
cette jeune vierge pour les yeux seuls de ses parents, pour 
l'unique charme de leur cœur ; semblable à la fleur du dé- 
sert, qui ne s'épanouit qu'en présence du soleil, et ne se 
pare pas moins de vives couleurs, quoiqu'elle ne puisse être 
vue que par l'astre à qui elle doit la vie. 

Il n'y a d'affections tendres et profondes que celles qui 
se concentrent sur peu d'objets : aussi Elisabeth, qui ne con- 
naissait que ses parents et n'aimait qu'eux seuls dans le 
monde, les aima avec passion : ils étaient tout pour elle, les 
protecteurs de sa faiblesse, les compagnons de ses jeux et 
son unique société. Elle ne savait rien qu'ils ne lui eussent 



ELISABETH. 13 

appris : ses amusements, ses talents, son instruction, elle 
leur devait tout ; et, voyant que tout lui venait d'eux et que 
par elle-même elle ne pouvait rien, elle se plaisait dans une 
dépendance qu'ils ne lui faisaient sentir que par des bienfaits. 
Cependant, quand la jeunesse succéda à Tenfancc, et que la 
raison commença à se développer, elle s'aperçut des larmes 
de sa mère, et vit que son père était malheureux. Plusieurs 
fois elle les conjura de lui en dii*e la cause et ne put en ob- 
tenir d'autre réponse, sinon qu'ils pleuraient leur patrie ; 
mais, pour le nom de cette patrie et le rang qu'ils y occu- 
paient, ils ne le lui confièrent jamais, ne voulant pas exciter 
de douloureux regrets dans son âme en lui apprenant de 
quelle hauteur ils avaient été précipités dans l'exil. Mais, 
depuis le moment qu'Elisabeth eut découvert la tristesse de 
ses parents, ses pensées ne furent plus les mêmes, et sa vie 
changea entièrement. Les plaisirs dont elle amusait son 
innocence perdirent tout leur attrait ; sa basse-cour fut 
négligée ; elle oublia ses fleurs, et cessa d'aimer ses oiseaux. 
Quand elle venait sur le bord du lac, ce n'était plus pour 
jeter l'hameçon ou naviguer dans sa petite nacelle, mais 
pour se livrer à de longues méditations, et réfléchir à un pro- 
jet qui était devenu l'unique occupation de son esprit et de 
son (XBur. Quelquefois, assise sur la pointe d'un rocher, les 
yeux fixés sur les eaux du lac, elle songeait aux larmes de 
ses parents et aux moyens de les tarir : ils pleuraient une pa- 
trie. Elisabeth ne savait point quelle était cette patrie , 
mais, puisqu'ils étaient malheureux loin d'elle, ce qui lui im- 
portait était bien moins de la connaître que de la leur ren- 
dre. Alors elle levait les yeux au ciel pour lui demander 
du secours, et demeurait abîmée dans une si profonde rêve- 
rie que souvent la neige, tombant par flocons, et le vent 
soufflant avec violence, ne pouvaient l'en arracher. Cepen- 
dant ses parents Tappelaient-ils, aussitôt elle entendait leur 

2 



14r ÉLISAB£rrH. 

voix, descendait légèrement du sommet des rochers, et venait 
recevoir les leçons de son père, et aider sa mère aux soins 
du ménage ; mais, auprès d'eux comme en leur absence, en 
s*cccupant d'une lecture comme en tenant Faiguille, dans îe 
sommeil et dans la veille, une seule et unique pensée la pour- 
suivait toujours ; elle la gardait religieusement au fond de 
son cœ'ir, décidée à ne la révéler que quand elle serait au 
moment de partir. 

Oui, elle voulait partir, elle voulait s'arracher des bras de 
ses parents pour aller seule à pied jusqu'à Pétersbourg de- 
mander la grâce de son père : tel était le hardi dessein 
qu'elle avait conçu ; telle était la téméraire entreprise dont 
ne s'effrayait pas une jeune fille timide. En vain elle entre- 
voyait de grands obstacles : la force de sa volonté, le cou- 
rage de son cœur et sa confiance en Dieu la rassuraient et 
lui répondaient qu'elle triompherait de tout. Cependant, 
quand son projet prit un caractère moins vague, et qu'elle 
cessa d'y réfléchir pour songer à l'exécuter, son ignorance 
l'effraya im peu : elle ne savait seulement pas la route du 
village le plus voisin ; elle n'était jamais sortie de la forêt : 
comment trouverait-elle son chemin jusqu'à Pétersbourg? 
Comment se ferait-elle entendre en voyageant au milieu de 
tant de peuples dont la langue lui était inconnue ? Il lui 
faudrait toujours vivre d'aumônes. Pour s'y résoudre, elle 
appelait à son aide l'humilité qu'elle tenait de la religion de 
sa mère ; mais elle avait si souvent entendu son père se 
plaindre de la dureté des hommes, qu'elle appréhendait 
beaucoup le malheur d'avoir à solliciter leur pitié. Elle 
connaissait trop la tendresse de ses parents pour se flatter 
qu'ils faciliteraient son départ ; ce n'était pas à eux qu'elle 
pouvait avoir recours. Mms à qui s'adresser dans ce désert, 
où elle vivait séparée du reste du monde ? et dans cette ca- 
bane dont l'entrée était interdite à tous les himiains, com- 



ELISABETH. 15 

ment attendre nn appui ? Cependant elle ne désespéra pas 
d'en trouver un : le souvenir d'un accident dont son père 
avait pensé être la victime lui rappela qu'il n'est point de 
lieu si sauvage où la Providence ne puisse entendre les prières 
des malheureux et leur envoyer des secours. 

Il j avait quelques années que, dans une chasse d'hiver> 
sur le haut des âpres rochers qui bordent le Tobol, Springer 
avait été délivré d'un péril imminent par l'intrépidité d'un 
jeune homme. Ce jeune homme était le fils de M. Smoloff» 
gouverneur de Tobolsk ; il venait tous les hivers poursuivre 
les élans et les martres dans les landes d'Ischim, et combattre 
l'ours des monts Ouralsks dans les environs de Salmka. C'est 
dans cette dernière chasse, la plus dangereuse de toutes, 
qu'il avait rencontré Springer et qu'il lui avait sauvé la vie. 
Depuis ce moment le nom de Smoloff n'était prononcé dans 
la demeure des exilés qu'avec respect et reconnaissance. 
Elisabeth et sa mère regrettaient vivement de ne point con- 
naître leur bienfaiteur, de ne pouvoir point lui offrir leur bé- 
nédiction ; chaque jour elles priaient le ciel pour lui ; chaque 
année, quand elles entendaient dire que les chasses d'hiver 
avaient recommencé, elles se flattaient qu'il viendrait peut- 
être dans leur cabane ; mais il n'y venait point : l'entrée lui 
en était interdite comme à tout le monde, et il ne songeait 
point à trouver cet ordre rigoureux, car il ne savait point en- 
core ce que renfermait cette cabane. 

Cependant, depuis qu'Elisabeth avait senti la difficulté de 
sortir de son désert sans un secours humain, sa pensée se 
reportait plus souvent sur le jeune Smoloff. Un pareil pro- 
tecteur l'aurait délivrée de toutes ses craintes, aurait levé 
tous les obstacles. Qui mieux que lui pouvait l'éclairer sur 
les détails de la route de Saïmka à Pétersbourg, lui indiquer 
la plus sûre voie de faire passer une requête à l'empereur ? 
et si sa fuite irritait le gouverneur de Tobolsk, qui mieux 



16 ELISABETH. 

qu'un fils, se disait-elle, saura désarmer sa colère, éraouvoii 
sa pitié et Tempêcher de punir mes parents en les rendant 
responsables de ma faute ? 

C'est ainsi qu'elle calculait tous les avantages qui lui re- 
viendraient d'un semblable appui ; et, en voyant l'hiver 
s'approcher, elle résolut de ne pas laisser passer le temps 
des chasses sans s'informer si le jeune Smoloff était dans 
le canton, et sans chercher les moyens de le voir et de lui 
parler. 

Springer avait été si touché des terreurs de sa femme et 
de sa fille au récit du danger qu^il avait couru, que depuis 
cette époque il leur avait promis de ne plus retourner à la 
chasse aux ours et de ne s'écarter de la forêt que pour pour- 
suivre l'écureuil et l'hermine. Malgré cette promesse, Phé- 
dora ne pouvait plus le voir s'éloigner sans effroi, et jusqu'à 
son retour elle demeurait inquiète et tremblante, comme si 
cette absence eût été le présage d'un grand malheur. 

Une neige très- épaisse et durcie par un froid de plus de 
trente degrés couvrait la terre ; on était en plein hiver, 
lorsque, dans une belle matinée de décembre, Springer prit 
son fusil pour aller chasser dans la steppe. Avant de partir 
il embrassa sa femme et sa fille, et leur promit de venir 
avant la fin du jour ; mais l'heure passa, la nuit s'appro- 
chait, et Springer ne revenait point. Depuis l'événement 
qui a^it menacé sa vie, c'était la première fois qu'il man- 
quait d'exactitude ; et les frayeurs de Phédora furent sans 
bornes : tout en cherchant à les calmer, Elisabeth les par- 
tageait ; elle voulait aller au secours de son père, et ne pou- 
vait se résoudre à quitter sa mère en pleurs. Jusqu'à cet 
instant, Phédora, délicate et faible, n'avait jamais été au 
delà des rives du lac ; mais la violence de son inquiétude lui 
persuada qu'elle aurait des forces pour suivre sa fille et aller 
chercher son époux. Toutes deux sortirent ensemble et 



&UBABETH. 17 

raarcbèrent vers la lande à travers le taillis. L'sûf étidt 
très-froid, les sapins paraissaient des arbres de glace ; un 
givre épais s'était attaché à chaque rameau et en blanchis- 
sait la superficie ; une sombre brume couvrait l'horizon ; 
l'approche de la nuit donnait encore à tous ces objets une 
teinte plus lugubre, et la neige, unie comme un miroir, fai- 
sait chanceler à chaque pas la faible Phédora. Elisabeth, 
élevée dans ces climats et accoutumée à bi-aver les froids 
les plus rigoureux, soutenait #a mère et lui prêtait sa force. 
Ainsi on voit un arbre transplanté hors de sa patrie languir 
dans une terre étrangère, tandis que le jeune rejeton qui naît 
de ses racines, habitué à ce nouveau sol, élève des jets vi- 
goureux, et en peu d'années soutient les branches du tronc 
qui l'a nourri et protège de son ombre l'arbre qui lui donna 
la vie. En approchant de la plaine, Phédora ne pouvait 
plus marcher ; Elisabeth lui dit : " Ma mère, le jour va 
finir, repose-toi ici, et laisse-moi aller seule jusqu'à la lisière 
de la forêt ; si nous attendions plus longtemps, la nuit m'em- 
pêcherait de distinguer mon père dans la lande." Phédora 
s'appuya contre un sapin, et laissa partir sa fille. En peu 
d'instants celle-ci eut atteint la plaine. Les tombeaux dont 
elle est couverte y forment d'assez hauts monticules : debout 
sur l'un d'eux, Elisabeth, le cœur navré, les yeux pleins de 
larmes, regardait si elle n'apercevait pas son père ; elîè ne 
voyait rien : tout était solitaire, silencieux, et l'obscurité 
commençait à unir le ciel ^t la terre. Cependant un coup 
de fusil parti à peu de distance lui rend toutes ses espé- 
rances. Ce bruit, qu'elle n'entendait jamais que de la main 
de son père, lui paraît un signe assuré que son père est là ; 
elle se précipite de ce côté. Derrière une masse de rochers 
elle voit un homme courbé à demi et qui paraissait chercher 
quelque chose par terre, et lui crie : " Mon père, mon père, 
est-ce toi ?" Cet homme se retourne ; ce n'était point 

2* 



18 ELISABETH. 

Springer : son visage était jeune, beau, et à l'aspect d'Elisa- 
beth il exprima une grande surprise. " Vous n'êtes point 
mon père, reprit-elle avec douleur; mais ne l'avez- vous point 
vu dans la steppe ? ne pouvez- vous me dire de quel côté je 
pourrais le trouver ?-:-Je ne connais point votre père, répon- 
dit-il ; mais je sais qu'à cette heure-ci vous ne devez point 
rester seule dans cette lande ; vous y courez plusieurs dan- 
gers, et vous devez craindre. . . — Ah ! interrompit-elle, je 
ne crains rien dans le monde^ue de ne pas trouver mon 
père." En parlant ainsi, elle élevait vers le ciel ses yeux, 
dont la fierté et la tendresse, le courage et la douleur 
peignaient si bien son âme et semblaient présager sa desti- 
née. Le jeune homme en fut ému : il croyait rêver ; il 
n'avait rien vu, jamais rien imaginé de pareil à Elisabeth. 
Il lui demanda le nom de son père. " Pierre Springer, lui 
dit-elle. — Quoi ! s'écria-t-il, vous êtes la fille de l'exilé de la 
cabane du lac ? Tranquillisez- vous, je connais votre père ; 
il n'y a pas ime heure que je l'ai quitté ; il à fait un détoui 
pour entrer dans sa demeure ; mais il doit y être arrivé 
maintenant." Elisabeth n'en écoute pas davantage ; elle 
court vers le lieu où elle a laissé sa mère : elle l'appellie avec 
des cris de joie, afin que sa voix la rassure avant même 
qu'elle ait pu lui parler ; elle ne la trouve plus : éperdue, 
elle fait retentir la forêt du nom de ses parents. Du côté 
du lac, des voix lui répondent, elle double le pas, elle ar- 
rive, et, sur le seuil de la cabane, elle voit son père et sa 
mère ; elle s'y jette : en s'embrassant, ils s'expliquent ; cha- 
cun d'eux était revenu dans la chaumière par un chemin 
différent ; mais les voilà réunis, les voilà tranquilles. Alors 
seulement Elisabeth s'aperçoit que le jeune homme l'a sui- 
vie ; Springer le regarde, le reconnaît, et lui dit avec un 
profond regret : " Il est bien tard, M. de SmolofF ; et ce- 
pendant vous savez qu'il ne m'est pas permis de vous offrir un 



ELISABETH. 19 

asile, même pour une seule nuit. — M. de Smoloff ! s'écrient 
Elisabeth et sa mère, notre libérateur, c'est lui qui est ici ?" 
et toutes deux tombent ensemble à ses pieds ; Phédora les 
baigne de ses pleure ; Elisabeth lui dit : " M. de SmolofF, 
depuis trois ans que vous avez sauvé la vie de mon père, 
nous n'avons pas passé un seul jour sans demander à Dieu 
de vous bénir. — Ah ! il vous a entendue, puisqu'il m'a en- 
voyé ici, répond le jeune homme avec une profonde émo- 
tion, car le peu que j'ai fait ne méritiiit assurément pas un 
pareil prix." 

Cependant il était fort tard ; une profonde obscurité en- 
veloppait toute la forêt ; le retour à Saïmka au milieu de la 
nuit n'était pas sans danger, et Springer ne pouvait se ré- 
soudre à refuser l'hospitalité à son libérateur ; mais il avait 
promis sur la foi de l'honneur, au gouverneur de Tobolsk, 
de ne recevoir personne dans sa demeure, et il lui était af- 
freux de manquer à un pareil serment. Il proposa au jeune 
homme de l'accompagner jusqu'à Saïmka. "J'allumerai un 
flambeau, lui dit-il ; je connais les détours de la forêt, les 
marais, les stagnes d'eau qu'il faut éviter ; je marcherai le 
premier." Phédora effrayée se jeta au-devant de lui pour 
l'arrêter. Smoloff prit la parole : " Permettez- moi, mon- 
sieur, lui dit-il, de rester dans votre cabane jusqu'au jour ; 
je sais quels sont les ordres de mon père, et les motifs qui 
l'obligent à vous montrer tant de rigueur ; mais je suis sûr 
qu'il nje permettrait en cettte occasion de vous délier de vo- 
tre serment, et je vous réponds de revenir bientôt vous re- 
mercier de sa part de l'asile que vous m'aurez accordé." 
Springer prit la main du jeune homme ; il entra avec lui dans 
la cabane, et tous deux s'assirent près du poêle, tandis que 
Phédora et sa fille préparaient le souper. 

Elisabeth était vêtue, selon l'usage des paysannes tartares. 
avec un court jupon rouge relevé sur le côté, la jambe cou- 



20 ELISABETH. 

verte d'un pantalon de peau de renne, et les cheveux tom. 
bant en tresses jusque sur ses talons ; un corset étroit et 
bouconné sur le côté laissait voir toute l'élégance de sa 
taille, et ses manches, retroussées jusqu'au coude, ne déro- 
baient point la beauté de ses bras. La simplicité de son 
costume semblait rehausser encore la dignité de son main- 
tien, et tous ses mouvements étaient accompagnés d'une 
grâce que Smoloff admirait avec une singulière émotion, et 
dont il ne pouvait détacher ni ses regards ni son cœur. 
Elisabeth ne le regardait pas avec moins de plaisir ; mais 
dans ce plaisir tout était pur ; il ne venait que de la recon- 
naissance qu'elle lui devait et des espérances qu'elle fondait 
sur lui. Dieu lui-même, qui sonde jusqu'aux derniers re- 
plis du cœur, n'aurait pas trouvé dans celui d'Elisabeth un 
seul sentiment qui ne se rapportât à ses parents et qui ne 
fut entièrement pour eux. Pendant le souper, le jeune 
Smoloflf dit aux exilés qu'il n'était que depuis trois jours à 
Saïmka ; qu'i avait appris que des loups affamés rava- 
geaient le canton, et qu'avant peu on ferait une chasse géné- 
rale pour les détruire. A cette nouvelle, Phédora se pressa 
contre son époux en pâlissant : " Vous n'irez point, j'espère, 
lui dit-elle, à cette chasse dangereuse; vous n'exposerez 
pas votre vie, votre vie, le^ plus précieux de mes biens ? — 
Hélas ! Phédora, que dites-vous ? reprit Springer avec un 
sentiment d'amertume. Qu'est-ce que ma vie ? sans moi 
seriez- vous ici ? savez- vous ce qui vous rendrait la liberté, à 
vous et à votre enfant ? le savez- vous ?" Sa femme Vinterr 
rompit par un cri douloureux : Elisabeth quitta sa place, 
vint auprès de son père, lui prit la main et lui dit : " Mon 
père, tu le sais, élevée dans ces forêts, je ne connais point 
d'autre patrie ; ici, à tes côtés, ma mère et moi nous vivons 
heureuses ; mais j'atteste son cœur comme le mien que 
dans aucun lieu de la terre nous ne pourrions vivre sans toi. 



ELISABETH. 2J 

fût-ce dans ta patrie. — Entendez- vous, M. de Smoloff ? ré- 
pliqua Springer ; vous croyez que de telles paroles de- 
vraient me consoler, et elles enfoncent au contraire le poi- 
gnard plus avant dans mon sein : des vertus qui devraient 
faire ma joie font mon désespoir, quand je pense qu'à cause 
de moi elles demeureront ensevelies dans ce désert ; qu'à 
cause de moi Elisabeth ne sera point connue, ne sera point 
aimée." La jeune fille l'interrompit vivement par ces mots : 
" mon père ! me voici .entre ma mère et toi, et tu dis que 
je ne serai point aimée ?" Springer, sans pouvoir modérer 
sa douleur, continua ainsi : " Jamais tu ne jouiras de ce 
plaisir que je te dois ; jamais la voix d'un enfant adoré ne 
te fera entendre de si douces paroles : tu vivras q^ule ici, 
sans époux, sans famille, comme un faible oiseau égaré dans 
le désert. Innocente victime, tu ne connais point les biens 
que tu perds; mais moi, qui ne peux plus te les donner, j'ai 
tout perdu." Pendant cette scène, le jeune Smoloff avait 
essuyé ses larmes plus d'une fois ; il voulut parier, sa voix 
était altérée. Cependant il dit : " Monsieur, dans la place 
triste qu'occupe mon père, vous devez croire que je ne suis 
pas étranger au malheur ; souvent j'ai parcouru les divers 
cercles de son vaste gouvernement : que de larmes j'ai re- 
cueillies ! que de douleurs solitaires j'ai entendues gémir ! 
J'ai vu, j'ai vu dans les déserts de l'affreux Bérésof des in- 
fortunés qui vivaient sans amis, sans famille ; jamais ils ne 
recevaient une tendre caresse, jamais Une douce parole ne 
réjouissait leur cœur : isolés dans le monde, séparés de tout, 
ils n'étaient pas seulement exilés, ils étaient malheureux. — 
Et quand le ciel t'a laissé ta fille, interrompit Phédora, 
d'un ton de reproche et d'amour, tu dis que tu as tout 
perdu ; si le ciel te l'ôtait, que dirais-tu donc ?" Spring- 
er tressaUlit: il prit la main de sa fille, et, la serrant 
sur son cœur avec celle de sa femme, il répondit en les 



22 ttUBABEm. 

regardant toutes deux : " Ah ! je le sens, je n'ai pas tout 
P'^rdu," 

v^uand le jour parut, le jeune Smoloff prit congé des exi- 
lés. Elisabeth le voyait partir avec regret, car elle était im- 
patiente de lui révéler son projet, de lui demander sa pro- 
tection ; elle n'avait pas trouvé un moment pour lui parler 
en particulier ; ses parents ne Tavaient pas quittée, et elle ne 
voulait pas s'expliquer devant eux : elle espéra qu'en le vo- 
yant souvent, elle trouverait l'occasion de l'entretenir. Aussi 
lui dit-elle très- vivement : " Ne reviendrez-vous pas, mon- 
sieur ? Ah ! promettez-moi que ce jour-ci n'est pas le der- 
nier où j'aurai vu le sauveur de mon père !" Springer fut 
surpris de ces paroles, surtout de l'air dont elles étaient pro- 
noncées ; une secrète inquiétude le saisit. Il se rappela les 
ordres du gouverneur et assura qu'il n'y désobéirait pas 
deux fois. Smoloff répondit qu'il était certain d'obtenir de 
son père une exception pour lui, et que dès ce jour même il 
allait retourner à Tobolsk pour la solliciter. " Mais, mon- 
sieur, continua-t-il, en réclamant ses bontés pour moi, ne lui 
dirai- je rien pour vous ? ne serai-je pas assez heureux pour 
vous servir ! n'avez- vous rien à lui demander ? — Rien, mon- 
sieur," répliqua Springer d'un air grave. Le jeune homme 
baissa tristement les yeux vers la terre, et puis, s'adressant à 
Phédora, il lui fit la môme question. " Monsieur, répondit- 
elle, je voudrais qu'il me donnât la permission d'aller tous 
les dimanches entendre la messe à Saïmka avec ma fille." 
Smoloff s'engagea à la lui faire obtenir, et s'éloigna emportant 
toutes les bénédictions de la famille et les vœux secrets 
d'Elisabeth pour son prompt retour. En s'en retournant, il 
n'était occupé que d'elle ; il n'avait plus d'autre pensée. 
Cette jeune fille, qui lui était apparue la veille dans ce désert 
sous une forme si belle, avait commencé par frapper son 
imagination ; bientôt, en la voyant auprès de ses parents, 



ELISABETH. 23 

8on cœur avait été profondément touché ; il se retraçait ses 
moindres paroles, son air, ses regards, surtout le dernier mot 
qu'elle lui avait dit. Sans ce mot, peut-être une sorte de 
respect Teût-il empêché de Taimer, mais cette vivacité avec 
laquelle Elisabeth avait exprimé le désir de le revoir, cette 
prière dont l'accent décelait un sentiment si tendre lui firent 
croire qu'elle avait été émue comme lui. Sa jeune imagina- 
tion s'exaltant par cette pensée, il se persuada que la ren- 
contre de la veille n'était pas un coup du hasard, qu'une mu- 
tuelle sympathie avait agi sur Elisabeth comme sur lui, et il 
était impatient de lire dans son cœur innocent la confirmation 
de tout ce qu'il osait espérer. Ah î qu'il était loin de devi- 
ner ce qu'il devait y lire un jour ! 

Cependant, depuis la visite de Smoloff, la tristesse de 
Springer avait pris un caractère plus sombre. Le souvenir 
de ce jeune homme si aimable, si généreux, si intrépide, lui 
rappelait sans cesse l'époux qu'il aurait désiré à sa fille ; 
mais sa triste position lui interdisant toute pensée de ce 
genre, loin de désirer le retour de SmolofF, il le craignait ; 
car Elisabeth pouvait être sensible, et c'eût été le dernier 
terme du malheur pour son cœur paternel que de voir sa fille 
atteinte par la secrète douleur d'un amour sans espoir. 

Un soir, plongé dans ses rêveries, la tète entre ses 
deux mains, le coude appuyé sur le poêle, il poussait 
de profonds soupirs. Phédora, à cet aspect, avait laissé 
tomber son aiguille ; les yeux fixés sur son époux, le cœur 
plein d'anxiété, elle demandait au ciel de lui inspirer ces pa- 
roles qui consolent et qui ont le pouvoir de faire oublier le 
malheur. Un peu plus loin dans l'ombre, Elisabeth les re- 
gardait tous deux, et songeait avec joie qu'un jour viendrait 
peut-être où ils ne pleureraient plus. Elle ne doutait point 
que SmolofF ne consentît à favoriser son entreprise : un 
secret instinct lui répondait d'avance qu'il en serait touché. 



24 ELISABETH. 

et qu'il la protégerait ; mais elle craignait le refus de ses 
parents, surtout celui de sa mère. Cependant, comment 
partir sans leur aveu, sans savoir le nom de leur patrie, et 
pour quelle faute elle allait demander grâce ? Elle sentit 
qu'il fallait leur ouvrir son cœur, et que le moment était 
venu. Elle mit un genou en terre pour demander à Dieu 
de disposer ses parents à l'entendre ; ensuite elle s'approcha 
doucement de son père, et demeura debout derrière lui, ap- 
puyée contre le dossier de la chaise oii il était assis. Elle 
garda le silence un moment, dans l'espoir qu'il lui parlerait 
peut-être le premier ; mais voyant qu'il ne quittait point son 
attitude pensive, elle commença ainsi : " Mon père, permets- 
moi de t'adresser une question." Il releva la tête, et lui fit 
signe qu'elle le pouvait. ♦" L'autre jour, quand le jeune 
Smoloff te demanda si tu ne désirais rien : Rien, lui répon« 
dis-tu ; est-il vrai, ne désires-tu rien ? — Rien qu'il puisse me 
donner. — Et qui pourrait te donner ce que tu désires ? — 
L'équité, la justice ! — Mon père, où peut-on les trouver ? — 
Dans le ciel, sans doute ; mais sur la terre, jamais, jamais." 
Ayant parlé ainsi, les noirs soucis qui ombrageaient son front 
prirent une teinte plus sombre, et il laissa retomber sa tète 
dans ses mains. Après une courte pause, Elisabeth reprit 
la parole, et d'une voix plus animée elle dit : " Mon père, 
ma mère, écoutez-moi : c'est aujourd'hui que j'accomplis ma 
dix-septième année ;- c'est aujourd'hui que j'ai reçu de vous 
cette vie qui me sera si chère, si je puis vous la consacrer ; 
ce cœur, avec lequel je vous aime et vous révère comme les 
images vivantes du Dieu du ciel. Depuis ma naissance, 
chacun de mes jours a été marqué par vos bienfaits ; je n'ai 
pu y répondre encore que par ma reconnaissance et ma ten- 
dresse ; mais qu'est-ce que ma reconnaissance, si elle ne se 
montre point? qu'est-ce que ma tendresse, si je ne puis 
vous la prouver ? mes parents ! pardonnez à l'audace 



ÂLISABETH. 25 

de votre fille ; mais, une fois en sa vie, elle voudrait faire 
pour vous ce que vous n*avez cessé de faire pour elle de- 
puis sa naissance. Ah ! daignez enfin verser dans son sein 
le secret de tous vos malheurs. — Ma fille, que me demandes- 
tu? interrompit très-vivement son père. — Que vous m'in- 
struisiez de tout ce que j'ai besoin de savoir pour vous 
montrer tout mon amour, et Dieu sait quel motif m'anime, 
lorsque j'ose vous adresser un pareil vœu." En disant ces 
mots, elle tomba aux genoux de son père, et éleva vers lui 
des regards suppliants. Un sentiment si grand, si noble, 
brillait dans ses yeux, à travers les larmes dont ils étaient 
pleins, et l'héroïsme de son* âme jetait quelque chose de si 
divin sur l'humilité de son attitude, que Springer entrevit à 
l'instant une partie de ce que sa fille pouvait vouloir. Sa 
poitrine s'oppressa : il ne pouvait ni parler, ni pleurer ; il 
demeurait silencieux, immobile, accablé comme devant la 
présence d'un ange : l'excès de l'infortune n'avait point eu 
la puissance de remuer son cœur, comme venaient de le 
faire les paroles d'Elisabeth ; et cette âme si ferme, que les 
rois n'intimidaient point, et que l'adversité ne pouvait abat- 
tre, attendrie à la voix de son enfant, cherchait en vain sa 
force et ne la trouvait plus. Pendant que Springer gardait 
le silence, lisabeth demeurait toujours prosternée devant 
lid. Sa mère s'approcha pour la relever. Placée derrière 
sa fille, elle n'avait pu voir, lorsque celle-ci était tombée à 
genoux, ni le geste, ni le regard qui venaient de révéler son 
sublime secret à son père, et elle était restée bien loin du 
malheur qui menaçait sa tendresse. " Pourquoi, dit-elle à 
son époux, pourquoi refuserais-tu de lui confier nos secrets ? 
est-ce que sa jeunesse t'effraie ? crains-tu que l'âme d'Elisa- 
beth ne s'afflige jusqu'à la faiblesse, de la grandeur de nos 
revers ? — Non, reprit le père en regardant fixement sa fille, 
non, ce n'est pas sa faiblesse que je crains." A ces mots, 

3 



26 ELISABETH. 

Elisabeth ne douta pas que son père ne Teût comprise; 
elle lui serra la main, mais en silence, afin de n*ètre en* jndue 
que de lui ; car elle connaissait le cœur de sa mère, et était 
bien aise de retarder l'instant qui devait le déchirer. " Mon 
Dieu ! s'écria Springer, pardonnez mes murmures ; je con- 
naissais tous les biens que vous m*aviez ravis et non ceux 
que vous me destiniez. Elisabeth tu as effacé en ce jour 
douze années d'adversité. — Mon père, répondit-elle, puis- 
qu'on entend de semblables paroles sur la terre, ne dis plus 
qu'il ne s'y trouve pas de bonheur ; mais parle, réponds- 
moi, je t'en conjure : quel est ton nom, ta patrie, tes mal- 
heurs ? — ^Mes malheurs, je n'en ai plus ; ma patrie, où je 
vis près de toi ; mon nom, l'heureux père d'Elisabeth. — O 
mon enfant ! interrompit Phédora, je pouvais donc t'aimer 
davantage ! tu viens de consoler ton père." A ces mots, 
la fermeté de Springer fut tout à fait vaincue ; il serra dans 
ses bras sa femmç et sa fille, et les baignant de ses larmes, il 
répétait d'une voix entrecoupée : " Mon Dieu, pardonnez, 
j'étais un ingrat, pardonnez, ne punissez pas." Quand cette 
violente émotion fut un peu calmée, Springer dit à sa fille : 
" Mon enfant, je vous promets de vous instruire de tout ce 
que vous désirez savoir ; mais attendez quelques jours en- 
core, je ne pourrais vous parler de mes malheurs aujourd'hui ; 
vous venez de me les faire oublier." 

L'obéissante Elisabeth n'osa point le presser davantage, et 
attendit avec respect l'instant où il voudrait s'expliquer ; 
mais elle l'attendit vainement, Springer semblait le craindre 
et le fuir; il avait deviné son projet, et aucun terme ne 
pouvait exprimer l'admiration et la reconnaissance de ce 
tendre père : il ne se sentait pas le droit de refuser à sa fille 
le consentement qu'elle allait lui demander ; mais il ne se 
sentait pas non plus le courage de le donner. Sans doute ce 
moyen était le seul qui lui laissât quelque espérance de sor- 



ELISABETH. 27 

tir de Texil et de replacer Elisabeth au rang qui lui était dû ; 
mais quand il considérait les fatigues inouïes et les terribles 
dangers de ce voyage, il n'en pouvait supporter la pensée. 
Pour rétablir sa famille et retrouver son pays, il eût 
donné sa vie ; mais il ne pouvait pas risquer celle de sa 
fiUe. 

Le silence de Springer dictait à Elisabeth la conduite 
qu'elle devait tenir ; elle était sûre que son père Tavait de- 
vinée, qu'il était touché de ce qu'elle voulait faire ; mais s'il 
eût approuvé son projet, aurait-il évité avec tant de soin de 
lui en parler ? En effet, ce projet était si extraordinaire, 
que ses parents ne pouvaient le voir que comme une pieuse 
et tendre folie. Pour parvenir à le leur faire adopter, il 
était nécessaire qu'elle le présentât sous le jour le plus fa- 
vorable, dégagé de ses plus grands obstacles, protégée de 
l'aide et des conseils de Smoloflf. Jusque-là il serait rejeté, 
elle n'en doutait point. Elle se décida donc à se taire en- 
core, et à n'achever d'ouvrir son cœur à ses parents que 
quand elle aurait eu un entretien avec Smolofif sur ce sujet. 
Comme elle prévoyait aussi qu'une des plus fortes raisons 
que ses parents opposeraient à son départ serait l'impossibi- 
lité de lui laisser faire à son âge huit cents lieues à pied 
dans le climat le plus rigoureux du monde, et pour répondre 
d'avance à cette difficulté, elle essayait chaque jour ses forces 
dans les landes d'Ischim : aucun temps ne la retenait ; soit 
que le vent chassât la neige avec violence, soit qu'un brouil- 
lard épais lui cachât la vue de tous les objets, elle partait 
toujours, quelquefois malgré ses parents, et s'exerçait ainsi, 
peu à peu, à braver leurs ordres et les tempêtes. 

Les hivers de Sibérie sont sujets aux orages ; souvent, au 
moment oh le ciel paraît le plus serein, des ouragans terri- 
bles viennent l'obscurcir tout à coup. Partis des deux points 
opposés de l'horizon, l'un arrive chargé de toutes les glaces 



28 ELISABETH. 

de la mer du Nord, et l'autre dés tourbillons orageux de la 
mer Caspienne : s*ils se rencontrent, s'ils se cho^^uent, les 
sapins opposent en vain à leur furie leurs troncs lobustes et 
leurs longues pyramides; en vain les bouleaux plient jusqu'à 
terre leurs flexibles rameaux et leur mobile feuillage : tout 
est rompu, tout est renversé ; les neiges roulent du haut des 
montagnes ; entraînées par leur chute, d'énormes masses de 
glace éclatent et se brisent contre la pointe des rochers qui 
se brisent à leur tour ; et les vents, s'emparant des débris 
des monts qui s'écroulent, des cabanes qui s'abîment, des 
animaux qui succombent, les enlèvent dans les airs, les 
poussent, les dispersent, les rejettent vers la terre, et cou- 
vrent des espaces immenses de ruines de toute la nature. 

Dans une matinée du mois de janvier, Elisabeth fut sur- 
prise par une de ces horribles tempêtes ; elle était alors dans 
la grande plaine des Tombeaux, près de la petite chapelle 
de bois. A peine vit-elle le ciel s'obscurcir, qu'elle se réfu- 
gia dans cet asile sacré. Bientôt les vents déchaînés vinrent 
heurter contre ce frêle édifice, et, l'ébranlant jusqu'en seg 
fondements, menaçaient à toute heure de le renverser. Ce- 
pendant Elisabeth, courbée devant l'autel, n'éprouvait aucun 
effroi, et l'orage qu'elle entendait gronder autour d'elle at- 
teignait tout, hors son cœur. Sa vie pouvant être utile à 
ses parents, elle était sûre qu'à cause d'eux Dieu veillerait 
sur sa vie, et qu'il ne la laisserait pas mourir avant qu'elle 
les eût délivrés. Ce sentiment, qu'on nommera superstitieux 
peut-être, mais qui n'était autre chose que cette voix du ciel 
que la piété seule sait entendre ; ce sentiment, dis-je, inspi- 
rait à Elisabeth un courage si tranquille, qu'au milieu du 
bouleversement des éléments et sous l'atteinte même de la 
foudre, elle ne put s'empêcher de céder à la fatigue qui 
l'accablait, et, se couchant au pied de l'autel où elle ve- 
nait de prier, elle s'endormit paisiblement comme l'inno- 



ÉUBÂBETTH. 26 

eence dans les bras d'un père, comme la vertu sur la foi d'un 
Dieu. 

En ce même jour, Smoloff était revenu de Tobolsk ; son 
premier soin, en arrivant à Saïmka, avait été de se rendre à 
la cabane des exilés. Il apportait à Phédora la permission 
qu'elle avait sollicitée. Elle et sa fille allaient être libres 
de se rendre tous les dimanches à l'office de Saïmka ; mais, 
loin que cette grâce s'étendît jusqu'à Springer, les ordres de 
la cour à son égard étaient plus sévères que jamais, et, en 
permettant à Smoloflf de le revoir une fois encore, le gouver- 
neur de Tobolsk avait plus consulté son cœur que son de- 
voir. Au reste, cette visite devait être la dernière, le jeune 
homme l'avait juré à son père. Il était cruellement affligé 
de tant de rigueur ; mais, en s'avançant vers la demeure 
d'Elisabeth, insensiblement sa tristesse se changeait en joie, 
et il sentait moins le chagrin qu'il aurait à la quitter que le 
charme qu'il allait goûter à la revoir. Dans la première 
jeunesse, la jouissance du bonheur présent a quelque chose 
de si vif, de si complet, qu'elle fait oubher toute pensée d'a- 
venir. On est alors trop occupé d'être heureux pour songer 
si on le sera toujours, et la félicité remplit si bien le cœur, 
que la crainte de la perdre n'y peut trouver place. Mais en 
entrant dans la cabane, Smoloff chercha vainement Elisa- 
beth ; elle n'y était point : il prévit qu'il serait peut-être 
obligé de repartir avant qu'elle fût de retour, et le sincère 
jeune homme ne sut point dissimuler sa peine. En vain 
Phédora, bénissant la main qui lui rouvrait la maison de 
Dieu et celle qui avait sauvé son époux, lui adressait les 
plus tendres expressions de sa réconnaissance ; en vain 
Springer le nommait l'appui, la providence des infortunés, il 
demeurait faiblement touché de ce qu'il entendait ; il répon- 
dait à peine, et le nom d'Elisabeth s'échappait à tout mo- 
ment de sa bouche. Son trouble révéla aux exilés une par- 

8* 



80 ELISABETH. 

tîe de son socret : peut-être en devînt-il plus cher à Pbé- 
dora. Cet amour, dont sa fille était Tobjet flattait vive- 
ment son orgueil, et ce n'est pas un faible orgueil que celui 
d'une mère. Springer, moins accessible à cette tendre fai- 
blesse, et craignant seulement que sa fille ne s'aperçût d'un 
sentiment qui pouvait troubler son repos, pressait Smoloff 
d'obéir à son père, en terminant au plus vite une visite que 
sous mille prétextes ce jeune homme s'efforçait de prolon- 
ger. Sur ces entrefaites, Forage se déclara, et les exilés 
tremblèrent pour leur fille. " Elisabeth ! que va devenir 
mon Elisabeth !" s'écriait la mère désolée. Springer prit 
son bâton en silence et ouvrit la porte pour aller chercher 
sa fille ; Smoloff se précipita sur ses pas. Le vent souf- 
flait avec violence ; les arbres se rompaient de t'^us côtés, il 
y allait de la vie à traverser la forêt. Springer voulut le 
représenter à Smoloff, et l'empêcher de le suivre ; il ne put 
y réussir : le jeune homme voyait bien le péril, mais il le 
voyait avec joie : il était heureux de le braver pour Elisa- 
beth. Les voilà tous deux dans la forêt. " De quel côté 
irons- nous ? demande Smoloff. — Vers la grande lande, re- 
prend Springer : c'est là qu'elle va tous les jours, j'espère 
qu'elle se sera réfugiée dans la chapelle." Ils n'en disent 
pas davantage, ils ne se parlent point ; leur inquiétude est 
pareille, ils n'ont rien à s'apprendre ; ils marchent avec la 
même intrépidité, s'inclinant, se baissant pour se garantir du 
choc des branches fracassées, de la neige que le vent chas- 
sait dans leurs yeux, et des éclats de rochers que la tempête 
faisait tourbillonner sur leurs têtes. En atteignant la lande, 
ils cessèrent d'être menacés par le déchirement des arbres 
de la forêt ; mais sur cette plaine rase ils étaient poussés, 
renversés par les rafales de vent qui soufflaient avec furie ; 
enfin, après bien des efforts, ils gagnèrent la petite chapelle 
de bois où ils espéraient qu'Elisabeth se serait réfugiée: 



ItLISABETH. 31 

maïs en apercevant de loin ce pauvre et faible abri dont les 
branches disjointes craquaient horriblement et semblaient 
prêtes à s'enfoncer, ils commencèrent à frémir de Tidée 
qu'elle était là. Animé d'une ardeur extraordinaire, Smo- 
loff devance le père de quelques pns ; il entre le premier, il 
voit. . . est-ce un songe ? il voit Elisabeth, non pas effra- 
yée, pâle et tremblante, mais doucement endormie au pied 
de l'autel. Frappé d'une inexprimable surprise, il s'arrête, 
la montre à Springer en silence, et tous deux, par un même 
sentiment de respect, tombent à genoux auprès de l'ange 
qui dort sous la protection du ciel. Le père se penche sur 
le visage de son enfant, le jeune homme baisse les yeux 
avec modestie, et se recule, comme n'osant regarder de trop 
près une si divine innocence. Elisabeth s'éveille, reconnaît 
son père, se jette dans ses bras, et s'éciie : " Ah ! je le sa- 
vais bien que tu veillais sur moi !" Springer la serre dans 
ses bras avec une sorte d'étreinte convulsive. ** Malheu- 
reuse enfant, lui dit-il, dans quelles angoisses tu nous as 
jetés, ta pauvre mère et moi ! — Mon père, pardonne-moi ses 
larn»es, répond Elisabeth, et allons les essuyer." Elle se 
lève et voit Smoloffl " Ah ! dit-elle avec une douce sur- 
prise, tous mes protecteurs veillaient donc sur moi : Dieu, 
mon père et vous !'/ Le jeune homme retient son cœur 
prêt à s'échapper. ** Imprudente, reprend Springer, tu 
parl'îs d'aller retrouver ta mère, sais-tu seulement si le re- 
tov est possible, et si ta faiblesse résistera à la violence de 
la tempête, quand M. de Smoloff et moi n'y avons échappé 
que par miracle ? — Essayons, répond-elle ; j'ai plus de forces 
que tu ne crois ; je suis bien aise que tu t'en assures, et que 
tu voies toi-même ce que je puis faire pour consoler ma 
mère." En parlant ainsi ses yeux brillent d'un si grand cou- 
rage, que Springer voit bien qu'elle n'a point abandonné son 
projet ; elle s'appu^ sur le bras de son père, elle s'appuie 



32 AUSABETH. 

aussi sur celui de Smoloff : tous deux la soutiennent, tous 
• deux garantissent sa tête, en la couvrant de leurs vastes 
manteaux. Ah î c'est bien alors que Smoloff ne peut s'em- 
pêcher d'aimer ce tonnerre, ces vents épouvantables qui font 
chanceler Elisabeth et l'obligent à se presser contre lui. D 
ne craint point pour sa propre vie qu'il exposerait mille fois 
pour prolonger de pareils moments ; il ne craint point pour 
celle d'Elisabeth, il est sûr de la sauver ; dans l'exaltation qui 
le possède, il défierait toutes les tempêtes de pouvoir l'en 
empêcher. 

Cependant le ciel ne menace plus, les nuages s'éclaircis- 
sent, ils cessent de fuir avec une affrayante rapidité ; le vent 
tombe et s'apaise ; le cœur de Springer se rassure, celui de 
Smoloff gémit. Elisabeth dégage son bras, elle veut mar- 
cher seule ; elle veut braver, aux yeux de son père, ce reste 
d'orage qui agite encore les airs ; elle est fière de ses forces, 
éprouve une sorte d'orgueil à les montrer à son père ; elle 
espère le convaincre qu'elle n'en manquera point pour aller 
chercher sa grâce, fallût-il aller la chercher à l'autre extré- 
mité du monde. 

Phédora les reçoit tous trois dans ses bras, en bénissant le 
Dieu qui les ramène, et console sa fille des larmes que sa fille 
vient de lui coûter ; elle fait sécher ses bottes de poil d'écu- 
reuil, lui ôte son bonnet fourré, et peigne ses longs cheveux. 
Ces soins maternels, si simples et si tendresj qu'Elisabeth re- 
çoit tous les jours, et dont son cœur est tous les jours plus 
touché, émeuvent vivement le jeune Smoloff ; il sent qu'il 
est impossible d'aimer Elisabeth sans aimer aussi sa mère, 
et qu'au bonheur d'être l'époux de cette jeune fille tient un 
bonheur presque aussi grand, celui d'être le fils de Phé- 
dora. 

L'orage était entièrement dissipé, le ciel était serein, la 
nuit s'approchait. Springer prit la mam du jeune homme. 



ELISABETH. 33 

la serra avec un sentiment douloureux et tendre, et lui rap- 
pela qu'il était temps de partir. Alors seulement Elisabeth 
apprit qu'il était venu pour la dernière fois : elle rougit et 
se troubla. " Quoi ! lui dit-elle, ne vous reverrai-je plus ! 
—Ah ! répond-il avec une grande vivacité, tant que je serai 
libre, et aussi longtemps que vous habiterez ces déserts, je 
ne quitte plus Saïmka ; je vous* verrai dans la forêt, dans la 
plaine, sur les bords du fleuve : je vous verrai partout." Il 
s'arrête subitement, surpris lui-même de ce qu'il éprouve et 
de ce qu'il exprime ; mais il n'a point été compris par Elisa- 
beth : dans ce qu'il vient de dire, elle n'a vu que la cer- 
titude de pouvoir bientôt lui confier ses projets ; et, ras- 
surée par cette espérance, elle le voit partir avec moins de 
regret. 

Quand le dimanche fut arrivé, Elisabeth et sa mère se 
préparèrent de bonne heure à partir pour Saïmka. Springer 
leur dit adieu, le cœur un peu serré ; depuis leur exil, c'était 
la première fois qu'il restait seul dans sa chaumière : mrds 
il sut dérober son émotion à leurs yeux, et les bénit d'une 
voix calme en les recommandant aux bontés du Dieu qu'elles 
allaieit implorer. Le temps était beau, la route lear parut 
courte ; la jeune paysanne tartare leur servit de guide 
dans la forêt et jusqu'au village de Saïmka. En entrant 
dans l'église, les regards de tout le monde se tournèrent 
vers elles ; mais elles ne tournèrent les lem*s que vers 
Dieu. 

Le cœur plein d'une égale piété, la tête baissée, elles s'a- 
vancèrent vers l'autel, se prosternèrent humblement, pro- 
noncèrent les mêmes vœux en faveur du môme objet ; et si 
ceux d'Elisabeth furent plus étendus que ceux de sa mère. 
Dieu ne les entendit pas moins. 

Pendant tout le temps de la cérémonie, cette jeune fille 
no leva pas le voile qui couvrait son visage; sa pensée. 



34 ELISABETH. 

toute à Dieu et à son père, ne fut pas même jusqu'à celm 
dont elle attendait du secours. Le pieux concert de toutes 
les voix qui se réunissaient pour chanter Thymne divin lui fit 
une impression profonde et qui tenait de Textase ; elle n'a- 
vait jamais entendu rien de pareil ; il lui semblait voir les 
cieux ouverts et Dieu lui-même lui présenter un de ses anges 
pour la conduire pendant sa route. Cette vision ne cessa 
qu'avec la musique : alors seulement Elisabeth leva la tête, 
et le premier objet qu'elle vit fut le jeune Smoloff debout à 
quelques pas, le dos appuyé contre un pilier, et les yeux 
fixés sur elle avec la plus tendre expression. Elle crut voir 
l'ange que Dieu venait de lui promettre, l'ange qui devait 
l'aider à délivrer son père ; elle le regarda avec beau- 
coup de reconnaissance. Smoloff fut ému ; ce regard lui 
semblait d'accord avec ce qu'il trouvait dans son propre 
cœur. 

En sortant de l'église, il proposa à Phédora de la recon- 
duire dans son traîneau jusqu'à l'entrée de la forêt ; elle y 
consentit avec joie : c'était un moyen de retrouver plus tôt 
son époux ; mais Elisabeth éprouva un véritable chagrin 
de cet arrangement. En marchant à pied, elle se «flattait 
de trouver le moment de parler en secret à Smoloff : dans 
un traîneau, cela devenait impossible. Pouvait-elle s'ou- 
vrir devant sa mère, qui, n'ayant aucune idée de son pro- 
jet, le repousserait avec effroi, et défendrait au jeune homme 
d'y donner le moindre encouragement ? Cependant allait- 
elle encore perdre cette occasion favorable, cette occgigion 
peut-êt.e unique, de révéler son projet à Smoloff? Le 
trouble, l'incertitude agitaient son cœur; déjà le traîneau 
touchait aux premiers arbres de la forêt ; Smoloff lui-même 
avait déclaré ne pouvoir pas aller plus loin. Cependant, ne 
pouvant se résoudre à quitter sitôt Elisabeth, il poussa jus- 
qu'aux bords du lac; mais* là il fallut s'arrêter. Phédora 



ELISABETH. 35 

descendit la première ; en lui donnant la main il lui dit : 
" Ne venez-vous pas vous promener ici quelquefois ?" Eli- 
sabeth, qui descend après sa mère, répond d'une voix basse 
et précipitée : " Non pas ici ; mais demain, demain, dans la 
petite chapelle de la plaine." Elle venait de donner un 
rendez-vous, mais elle ne le savait pas ; elle croyait n'avoir 
parlé que pour son père ; et, en voyant dans les yeux de 
Smoloff qu'il avait entendu sa prière, une douce joie éclata 
dans les siens. 

Tandis que sa mère et elle marchent vers leur cabane, 
Bmoloff s'en retourne seul à travers la forêt, plongé dans 
les plus délicieuses rêveries. Après ce qu'il vient d'enten- 
dre, comment ne serait-il pas sûr d'être aimé d'Elisabeth ? 
et, avec ce qu'il connaît d'elle, comment ne serait-il pas 
ù-ànsporté de son bonheur ? 

Ce ne fut point avec le trouble d'une démarche hasardée, 
mais avec toute la sécurité de l'innocence, qu'Elisabeth se 
rendit le lendemain à la petite chapelle de bois. Sa marche 
était plus légère, plus rapide ; elle faisait les premiers pas 
vers la déUvrance de son père. Le soleil jetait sa lumière 
sur une plaine de neige ; mille glaçons attachés aux arbres 
multipliaient sa brillante image sous toutes les formes et 
dans des miroirs de toutes les grandeurs ; mais cet éclat si 
divin et si pur était moins pur et moins divin que le cœur 
d'Elisabeth. Elle entre dans la chapelle ; Smoloff n'y est 
point encore : ce retard la trouble, un léger nuage paraît 
dans ses yeux. Ah ! ce n'est ni la vanité ni l'amour qui l'y 
place. En ce comment ni les faiblesses ni les passions ne 
peuvent s'élever jusqu'à Elisabeth ; mais elle craint qu'un 
accident, une circonstance imprévue, n'arrêtent les pas de 
celui qu'elle attend. Inquiète, elle demande à Dieu de ne 
pas prolonger plus longtemps l'incertitude où elle vit. Tan- 
dis qu'elle prie, Smoloff accourt ; il est surpris qu'elle Tait 



86 ELISABETH. 

devancé, il s'était hâté beaucoup. On va vite sans doute 
quand c'est la passion qui entraine ; mais Elisabeth venait de 
prouver en ce jour que la vertu qui court à son devoir peut 
aller plus vite encore. 

En voyant Smoloff, elle lève les yeux et les mains au ciel, 
et se tournant ensuite vers lui avec une grâce vive et tou- 
chante : " Ah ! monsieur, lui dit-elle, avec quelle impa- 
tience je vous attendais !" Ces mots, l'expression de ses 
regards, ce rendez-vous, l'exactitude qu'elle à mise à s'y 
rendre, tout confirme au jeune homme qu'il est aimé ; il va 
aussi dire qu'il aime, elle ne lui en donne pas le temps. 
" M. Smoloflf, s'écrie-t-elle, écoutez-moi ; j'ai besoin de vous 
pour sauver mon père, promettez-moi votre appui." Ce 
peu de mots confond toutes les idées du jeune homme: 
troublé, confus, il pressent sa méprise, mais n'en aime pas 
moins Elisabeth. Il tombe à genoux, elle croit que c'est 
devant Dieu : non, c'est devant elle ; il jure d'obéir. Elle 
reprend ainsi : " Depuis que j'ai commencé à me connaître, 
mes parents ont été ma seule pensée ; leur amour, mon 
unique bien ; leur bonheur, le but de ma vie entière. Ils 
sont malheureux. Dieu m'appelle à les secourir, et il ne vous 
a envoyé ici que pour m'aider à remplir ma destinée. M. de 
SmolofF, je veux aller à Péterebourg demander la grâce de 
mon père." Il fit un geste de surprise comme pour combat- 
tre ce projet ; elle se hâta d'ajouter : " Je ne pourrais vous 
dire moi-même depuis quel temps cette pensée est entrée 
dans mon esprit ; il me semble que je l'ai reçue avec la vie, 
que je l'ai sucée avec le Imt ; elle est la première dont je 
me souvienne, elle ne m'a jamais quittée : je m'endors, je 
m'éveille, je respire avec elle ; c'est elle qui m'a toujours oc- 
cupée auprès de vous ; c'est elle qui m'amène ici ; c'est elle 
qui m'inspire le courage de ne craindre ni la fatigue, ni la 
misère, ni la mort, ni les rebuts ; c'est elle qui me ferait dé- 



ATJSABETH. 87 

ftobéir à mes parents s'ils m'ordonnaient de ne pas partir. 
Vous voyez, M. de Smoloff, qu'il serait inutile de me com- 
battre, et que de pareilles résolutions ne peuvent être ébran- 
lées." Pendant ce discours les tendres espérances du jeune 
homme s'étaient tontes évanouies ; mais il goûtait jusqu'à 
l'ivresse le sentiment de l'admiration, et l'héroïsme de cette 
jeune fille lui arrachait des larmes aussi douces peut-être 
que celles de l'amour. " Ah 1 lui dit-il, heureux, mille fois 
heureux que vous m'ayez choisi pour vous entendre, pour 
vous aider ; mais vous ne connaissez point tous les obsta- 
cles. . . — Deux seuls m'ont inquiétée, interrompit-elle, et 
il n'y a peut-être que vous au monde qui puissiez les lever. 
— ^Parlez, parlez, lui dit- il, impatient d'obéir : que pouvez- 
vous demander qui ne soit au-dessous de ce que je voudrais 
faire ? — Ces obstacles, les voici, répondit Elisabeth : j'ignore 
la route que je dois prendre, et je ne suis pas sûre que ma 
fuite ne nuise pas à mon père ; il faut donc que vous m'in- 
diquiez mon chemin, les villes que je trouverai sur mon pas- 
sage, les maisons hospitalières qui recueilleront ma misère, 
le moyen le plus sûr de faire passer ma requête à l'empe- 
reur ; mais, avant tout, il faut que vous me répondiez que 
votre père ne punira pas le mien de mon absence." Smoloff 
en répondit : " Mais, Elisabeth, ajouta-t-il, savez- vous à quel 
point l'empereur est irrité contre votre père? savez- vous 
qu'il le regarde comme son plus mortel ennemi ? — J'ignore, 
lui dit-elle, de quel crime on peut l'accuser ; je ne connais 
encore ni son vrai nom ni sa patrie ; mais je suis sûre de 
son innocence. — Quoi ! repartit Smoloff, vous ne savez point 
quel était le rang de votre père, ni le nom que vous lui 
rendrez ? — Non, je ne les sais point, répondit-elle. — fille 
étonnante ! s'éeria-t-il, pas un mouvement d'orgueil, de va- 
nité dans ton dévouement ; tu ne sais point ce que tu vas 
reconquérir : tu n'as pensé qu'à tes parents ; mais qu'est-ce 

4 



88 ÉUSABETU. 

que la grandeur de ta naissance devant celle de ton âme l 
qu'est-ce auprès de tes sentiments que le nom des. . . 
— Arrêtez, interrompit-elle vivement, ce secret est celui de 
mon père, et je ne dois l'apprendre que de lui. — Elle a 
raison, repartit Smoloff dans une sorte d'enthousiasme ; rien 
n'est assez bien pour elle quand elle peut encore faire mieux. 
—La jeune fille reprit la parole pour lui demander quand D. 
lui donnerait les lumières dont elle avait besoin pour sa 
route. " Je vais j travailler, lui dit-il ; mais, Elisabeth, 
croyez- vous que vous puissiez traverser les trois mille cinq 
cents verstes qui séparent le cercle d'Ischim de la province 
d'Ingrie, seule, à pied, sans secours ?^-Ah ! s'écria-t-elle en 
se prosternant devant l'autel, celui qui m'envoie au secours 
de mes parents ne m'abandonnera pas." SmolofF, les yeux 
pleins de larmes, lui répondit après un moment de silence : 
" Il est impossible que vous songiez à ime telle entreprise 
avant les beaux jours, maintenant elle serait impracticable. 
Voici la saison où les traînages vont être interrompus, et où 
vous seriez inondée dans les forêts humides de la Sibérie ; je 
vous reverrai dans quelques jours, Elisabeth ; alors seulement 
je pourrai vous dire tout ce que je pense d'un projet qui m'a 
trop ému pour que j'aie pu le juger. Je retournerai à 
Tobolsk, je veux parler à mon père. . . Mon père est le 
meilleur des hommes ; il y aurait bien plus d'infortunés ici 
s'il n'y commandait pas. Les grandes actions plaisent à son 
cœur : il n'est pas libre de vous aider, son devoir le lui dé- 
fend ; mais, je le jure, il ne punira pas votre père d'avoir, 
donné le jour à une fille si vertueuse. Ah ! qu'il s'enor- 
gueillirait, au contraire, de vous nommer la sienne ! Elisa- 
beth, pardonnez, c'est malgré moi que mon cœur se déclare : 
je SMS bien qu'il ne peut y avoir de place dans le vôtre pour 
un autre sentiment que pour celui qui l'occupe ; je n'attends 
donc rien ; mais, s'il vient im jour où vos parents rendus à 



«LTSABSTH. 89 

leur patrie soient heureux, et vous tranquille, souvenez-vous 
alors que, dans ces déserts, Smoloif vous vit, vous aima, et 
qu'il eût préféré y vivre obscur et pauvre avec Elisabeth, 
fille d'un exilé, à tous les honneurs que le monde pourrait 
lui offrir." Il ne peut achever, des larmes étouffent sa voix; 
lui-même s'étonne d'une si extraordinaire émotion ; car 
jusqu'alors il n'avait jamais été faible, mais jusqu'alors il 
n'avait point aimé. 

Cependant Elisabeth est demeurée immobile ; l'idée d'un 
autre amour que l'amour filial lui parait si nouvelle,' qu'à 
peme elle la conçoit : peut-être lui eût-elle paru moins 
étrange si son cœur avait eu de la place pour la recevoir ; 
peut-être que, si elle avait vu ses parents heureux, Smoloff 
aurait été aimé ; s'ils le sont un jour, peut-être l'aimera- 
t-elle ; mais tant qu'ils seront dans l'infortune elle de- 
meurera fidèle à sa pieuse passion : pour en contenir deux, 
le cœur humain, tout vaste qu'il est, ne l'est point encore 



Elisabeth n'a jamais vécu dans le monde, elle en ignore 
les usages et les bienséances ; cependant une sorte de pu- 
deur, qui est comme l'instinct de la vertu, lui apprend qu'a- 
près l'aveu qu'elle vient d'entendre une jeune fille ne doit 
point rester seule avec le jeune homme qui l'a osé faire ; 
elle marche vers la porte, elle va sortir : Smoloff, qui voit 
son dessein, lui dit : " Elisabeth, vous aurais-je offensée ? 
Ah ! j'atteste ce Dieu ici présent que, s'il y a de l'amour 
dans mon cœur, il n'y en a pas moins de respect ; il sait 
que, si vous me l'ordonnez, je puis me taire et mourir: com- 
ment donc, Elisabeth, pourrais-je vous avoir offensée ? 
— Vous ne m'avez point offensée, répondit-elle avec dou- 
ceur ; mais je ne suis venue ici que pour vous parler en 
faveur de mes parents : maintenant que vous m'avez enten- 
due, je n'ai plus rien à vous dire, et je vais les retrouver. 



40 ELISABETH. 

— Eh bien ! noble fille, retourne à ton devoir ; en m'associant 
à lui, tu m'as rendu digne de toi ; et, loin de jamais songer 
à t'en écarter, même dans ma plus secrète pensée, je ne vais 
m'occuper que de t'aider à le remplir." 

Alors il lui promit de lui remettre, le dimanche suivant, à 
Téglise de Saïmka, toutes les notes et les renseignements 
dont elle aurait besoin pour l'exécution de son proj et ; et ils 
se séparèrent. 

Quand le dimanche arriva, Elisabeth suivit sa mère avec 
joie à Saïmka ; elle é^t impatiente de retrouver Smoloff et 
de recevoir enfin toutes les instructions qui allaient faciliter 
Bon départ. Cependant la cérémonie finit, et Smoloff ne 
parut point; Elisabeth devint inquiète. Pendant que sa 
mère priait encore, elle demanda à une vieille femme si M. 
de Smoloff n'était pas dans l'église ; on lui répondit que 
non, et qu'il était parti depuis deux jours pour Tobolsk. A 
ce mot, Elisabeth fut frappée d'une véritable douleur : l'ob- 
jet de ses plus chers désirs semblait toujours fuir devant elle 
au moment où elle se croyait près de l'atteindre. Mille 
craintes funestes la troublèrent : puisque Smoloff avait quitté 
Saïmka sans se souvenir de sa promesse, qui lui répondait 
qu'il s'en souviendrait à Tobolsk, et aloi"s, quel serait son re- 
cours ? Cette pensée la poursuivit tout le jour ; et le soir, 
accablée d'un chagrin d'autant plus cruel qu'elle, en portait 
seule tout le poids, et qu'elle employait tout son courage à 
le dérober aux yeux de ses parents, elle se retira de bonne 
heure dans son petit réduit, afin de se livrer du moins sans 
contrainte à l'inquiétude qui la tourmentait. Aussitôt qu'elle 
fut sortie, Phédora pencha sa tête sur le sein de son époux, 
et lui dit : " Écoute la sollicitude qui pèse sur mon cœur» 
N'as-tu pas remarqué le changement de notre Elisabeth ? 
près de nous elle est pensive : le nom de Smoloff la fait 
rougir, son absence l'inquiète ; ce matin, à l'église, elle était 



tUBABETH. 41 

préoccupée, ses regards erraient de tous côtés; je l'ai en- 
tendue demander si Smoloff n'était point à Saïmka, et elle 
est devenue pâle comme la mort, quand on lui a dit qu'il 
était parti pour Tobolsk. O Stanislas ! je m'en souviens, 
dans ces jours qui précédèrent celui où je devins ton heu- 
reuse épouse, c'est ainsi que je rougissais quand on me par- 
lait de toi ; c'est ainsi que mes yeux te cherchaient partout, 
et qu'ils se remplissaient de larmes quand ils ne te rencon- 
traient pas. Hélas ! ces syn^tômes d'un amour qui ne de- 
vait point finir, comment ne les verrais-je point avec terreur 
dans Fàme de ma fille ? elle n'est pas destinée à être heu- 
reuse comme sa mère. — Heui-euse ! reprit Springer avec 
amertume ; heureuse dans le désert, dans l'exil ! — Oui, dans 
le désert, dans l'exil, interrompit vivement Phédora, heureuse 
partout où l'on aime." Et ses bras serrèrent son époux 
contre son sein. Mais bientôt, revenant à la première pen- 
sée qui l'occupait, elle dit : " Je crains que mon Elisabeth 
n'aime le jeune Smoloff; toute charmante qu'elle est, ce- 
pendant il ne verra en elle que la fille d'un pauvre exilé ; 
il la dédaignera, et mon unique enfant, née de mon sang, 
nourrie de mon lait, mourra comme sa mère, avec son 
amour. . ." 

En parlant ainsi elle pleurait, et la vue de son époux, qui 
la console de tout, ne pouvait la consoler du malheur de sa 
fille. Springer réfléchit un moment, puis il répondit: 
"Phédora, ma bien-aimée, calme tes craintes; j'ai étudié 
aussi notre Elisabeth ; peut-être ai-je vu plus avant que toi 
dans son âme ; une autre pensée que celle de Smoloff l'oc- 
cupe tout entière, j'en suis sûr; je suis sûr aussi que, si nous 
la voulions donner à Smoloff, il ne la dédaignerait point, 
même dans ce désert, et ce sentiment le rendrait digne de 
l'obtenir, si jamais. . . . Non, Elisabeth ne restera pas tou- 
jours dans ce désert, elle ne demeurera pas inconnue, elle ne 

4* 



42 ELISABETH. 

sera pas malheureuse, cela est impossible : tant de vertus 
sur la terre amioncent une justice dans le ciel ; tôt ou tard 
elle se montrera." 

Depuis leur exil, c'était la première fois que Springer 
n'avait pas désespéré de l'avenir. Phédora en conçut les 
plus doux présages ; et, rassurée par les paroles de son 
époux, elle s'endormit paisiblement entre ses bras. 

Pendant deux mois Elisabeth alla chaque dimanche à 
Saïmka, s'attendant toujours Jl j trouver Smoloff. Ce fut 
en vain : il ne parut plus, et même elle apprit qu'il avait 
quitté Tobolsk. Alors toutes ses espérances l'abandonnè- 
rent ; elle ne douta plus que Smoloff ne l'eût entièrement 
oubliée, et plus d'une fois elle versa sur cette pensée des 
larmes amères, dont la plus pure innocence n'aurait pu lui 
faire un reproche. Vers la fin d'avril, un soleil plus doux 
venait de fondre les dernières neiges ; les îles sablonneuses 
des lacs commençaient à se couvrir d'un peu de- verdure ; 
l'aubépine épanouissait ses grosses houppes blanches sem* 
blables à des flocons d'une neige nouvelle, et la campanule 
avec ses boutons d'un bleu pâle, le vélar qui élève ses 
feuilles en forme de lance, et l'armoise cotonneuse, tapis- 
saient le pied des buissons. Des nuées de merles noirs s'a- 
battaient par troupes sur les arbres dépouillés et interrom- 
paient les premiers le morne silence de l'hiver ; déjà sur les 
bords du fleuve voltigeait çà et là le beau canard de Perse, 
couleur de rose, avec son bec noir et sa huppe sur sa tête, 
qui, toutes les fois qu'on le tire, jette des cris perçants, 
même lorsqu'on l'a manqué ; et dans les roseaux des marais 
accouraient des bécasses de toute espèce, les noires avec 
becs jaunes, les autres hautes en jambes avec un collier de 
plume. Enfin, un printemps prématuré semblait s'annoncer 
à la Sibérie ; et Elisabeth, pressentant tout ce qu'elle allait 
perdre si elle manquait une année si favorable pour son 



I ELISABETH. 43 

voyage, prenait la résolution hardie de poursidvre son pro- 
jet, et de ne compter, pour en assurer le succès, que sur elle 
et sur Dieu. 

Un matin, Springer s'occupait à labourer son jardin : as- 
sise près de lui, Elisabeth le regardait en silence ; il ne lui 
avait point confié encore le secret de son infortune, et elle 
ne recherchait plus cette confidence. Il s'était élevé dans 
son âme une sorte de tendre fierté qui lui faisait désirer de 
ne connaître les malheurs de 'ses parents que quand elle se- 
rait au moment de partir, et de n'entendre le récit de tout 
ce qu'ils avaient perdu que quand elle pourrait leur répon- 
dre: "Je vais tout vous rendre." Jusqu'à ce jour, elle avait 
compté sur les promesses de SmoloflF, et c'était là-dessus 
qu'elle avait fondé des espérances raisonnables"; mais, après 
les espérances raisonnables, il en est d'autres encore, et ce 
furent celles-là qui la déterminèrent à parler. Cependant, 
avant de commencer, elle repasse dans sa tête toutes les ob- 
jections qu'on va lui faire, tous les obstacles qu'on va lui op- 
poser : ils sont terribles, elle le sait, Smoloff le lui a dit, et 
elle est bien sûre que la tendresse de ses parents les exagé- 
rera encore. Que répondra-t-elle à leurs frayeurs, à leurs 
ordres, à leurs prières ? Que répondra-t-elle quand ils lui 
diront que les joies de la patrie ne sont rien pour eux au 
prix de l'absence de leur enfant? Un instant elle oublie 
que son père est auprès d'elle, et, tout en larmes, elle tombe 
à genoux en demandant à Dieu de lui accorder d'éloquence 
nécessaire pour persuader ses parents. Springer, qui l'en- 
tend pleurer, se retourne, court à elle, la prend dans ses 
bras, et lui dit : " Elisabeth, qu'as-tu ? que veux-tu ? Ah ! 
si ton cœur est déchiré, pleure du moins dans le sein de ton 
père. — Mon père, répond-elle, ne me retiens plus ici : tu 
bais que je veux partir, permets-moi de partir ; je le sens, 
c'est Dieu lui-môme qui m'appelle. . ." Elle ne peut achever- 



44 ELISABETH. 

La jeune Tartare accourt: "M. de Smoloff, leur dît-elle, 
Toici M. de Smoloflf." Elisabeth jette un cri de joie, serre 
les deux mains de son père contre sa poitrine, en ajoutant : 
" Tu le vois bien, c'est Dieu lui-môme qui m'appelle ; il en- 
voie celui qui peut m'ouvrir les chemins, il n'y a plus d'ob- 
stacles. O mon père ! ton heureuse fille brisera ta chaîne." 
Sans attendre sa réponse, elle court au-devant de Smoloff; 
elle rencontre sa mère ; elle la serre dans ses bras, l'entraîne 
en s'écriant : " Viens, ma mère, il est revenu ! M. de Smo- 
loff est ici." Elles entrent dans leur chambre, et y trouvent 
un homme de cinquante ans, en habit d*uniforme, et suivi de 
plusieurs officiers. La mère et la fille s'arrêtent avec sur- 
prise. " Voici M. de Smoloff," leur dit la jeune Tartare. 
A ces mots,' toutes les espérances qui venaient de rentrer 
dans le cœur d'Elisabeth l'abandonnent une seconde fois ; 
elle pâlit ; ses yeux se remplissent de larmes. Phédora, 
frappée de la vivacité de cette impression, s'approche de sa 
fille, se place devant elle afin de cacher son trouble ; heu- 
reuse si, en lui donnant sa vie, elle avait pu la délivrer de la 
funeste passion dont elle la croyait dévorée. 

Le gouverneur de Tobolsk fit éloigner sa suite ; et, dès 
qu'il fut seul avec les exilés, il se tourna vers Springer, et lui 
dit : " Monsieur, depuis que la prudence de la cour de Rus- 
sie a cru devoir vous envoyer ici, voici la première fois que 
je viens visiter ce cercle éloigné ; ce devoir m'est doux, 
puisqu'il me permet de montrer à un illustre proscrit toute 
la part que je prends à son infortune ; je gémis que ce même 
devoir me défende de le secourir et de le protéger. — Je n'at- 
tends rien des hommes, monsieur, interrompit froidement 
Springer ; je ne veux point tle leur pitié, et je n'espère rien 
de leur justice : heureux dans mon malheur de ce qu'ils 
m'ont placé aussi loin d'eux, je passerai mes jours dans ces 
déserts sans me plaindre. — ^Ah ! monsieur, reprit le gouver- 



Hr.TRABETH. 4B 

neuT avec émotion, pour un homme comme vous, vivre loin 
de sa patrie est un affreux destin. — Il en est un plus af- 
freux encore, monsieur le gouverneur, repartit Springer, 
c'est de mourir loin d'elle." Il n'acheva point ; s'il eût 
ajouté un mot, peut-être eût-il versé une larme, et l'illustre 
infortuné ne voulait pas se montrer moins grand que son 
malheur. Elisabeth, cachée derrière sa mère, regardait timi- 
dement par-dessus son épaule si l'air et la physionomie 
du gouverneur annonçaient assez de bonté po;pr qu'elle 
osât s'ouvrir à lui. Ainsi la craintive colombe, avant de 
sortir de son nid, élève sa tête entre les feuilles, et re- 
garde longtemps si la pureté du ciel lui promet un jour 
serein. 

Le gouverneur la remarqua, il la reconnut ; son fils lui 
avait souvent parlé d'elle, et le portrait qu'il en avait fait ne 
pouvait ressembler qu'à Elisabeth. " Mademoiselle, lui dit- 
il, mon fils vous a connue ; vous lui avez laissé des souvenirs 
ineflfaçables. — Vous a-t-il dit, monsieur, qu'elle lui devait la 
vie de son père ? interrompit vivement Phédora. — Non, ma- 
dame, répondit le gouverneur ; mais il m'a dit qu'elle donne- 
rait la sienne pour son père et pour vous. — Elle la don- 
nerait, reprit Springer, et cette tendresse est le seul bien qui 
nous reste, le seul que les hommes ne pourront jamais nous 
ravir." 

Le gouverneur détourna la tête avec émotion : après un 
court silence il reprit la parole en s'adressant à l'Elisabeth. 
" Mademoiselle, il y a deux mois que mon fils, étant à 
Saïmka, reçut l'ordre de l'empereur de partir sur-le-champ 
pour rejoindre l'armée qui se rassemblait en Livonie : il fal- 
lut obéir sans délai. Avant de me quitter, il me conjura de 
vous faire passer une lettre : celî^ était impossible. Je ne 
pouvais, sans me compromettre, en charger personne ; je ne 
pouvais que vous la donner moi-même : la voici." Elisabeth 



46 ELISABETH. 

la prit en rougissant ; le gouverneur vit la surprise de ses 
parents, et s'écria! "Heureux le père, heureuse la mère 
dont la fille ne leur cache que de semblables secrets !" 
Alors il rappela sa suite, et devant elle il dit à Springer : 
" Monsieur, les ordres de mon souverain me prescrivent tou- 
jours de vous empêcher de recevoir personne ici ; cependant 
je suis informé que de pauvres missionnaires, revenant des 
frontières de la Chine, doivent traverser ces montagnes ; 
s'ils viennent frapper à votre cabane, et vous demander 
pour une nuit l'hospitahté, il vous sera permis de la leur 
donner." 

Quand le gouverneur fut parti, Elisabeth demeura les yeux 
baissés, regardant sa lettre et n'osant Touvrir. " Ma fille, 
lui dit Springer, si tu attends de ta mère et de moi la per- 
mission de lire ce papier, nous te la donnons." Alors d'une 
main tremblante Elisabeth brisa le cachet de la lettre, la 
parcourut tout bas, et s'interrompit plusieurs fois par des 
exclamations de reconnaissance et de joie. A la fin, ne pou- 
vant plus se contenir, elle se précipita sur le sein de ses pa- 
rents. " Le moment est venu, leur dit-elle ; tout favorise 
mes projets : la Providence m'ouvre une route sûre, le ciel 
m'approuve et bénit mes intentions. O mes parents ! ne 
les approuverez-vous pas, ne les bénirez-vous pas comme 
lui ?" 

A ces mots, Springer tressaillit, car il comprit ce qu'il al- 
lait entendre ; mais Phédora, qui n'en avait aucune idée, 
s'écria : " Elisabeth, quel est donc ce mystère, et que con- 
tient ce papier ?" Et elle fit un mouvement pour le pren- 
dre ; sa fille osa le retenir. " ma mère ! pardonne, lui 
dit-elle, je tremble de parler devant toi ; tu n'as rien deviné, 
ta douleur m'épouvante : c'est maintenant l'unique obstacle, 
c'est le seul devant lequel je recule. . . Ah ! permets que je 
ne m'explique que devant mon père ; tu n'es pas préparée 



ELISABETH. éT 

comme lui. . . — Non, ma fille, interrompit Sprînger, ne fais 
point ce que l'exil et le malheur n'ont pu faire, ne nous sé- 
pare pas. Viens, ma Phédora, viens contre le cœur de ton 
époux, et, si tu as besoin de force pour les paroles que tu 
vas entendre, il te prêtera toute la sienne." Phédora, éper- 
due, se voyant comme menacée par la foudre, sans savoir do 
quelle main, répondit avec effroi : " Stanislas, que veut dire 
ceci? n*ai-je point soutenu tous nos revers avec courage? je 
n'en manquerai point, ajouta- 1- elle, en serrant fortement con- 
tre son coeur son époux et sa fille ; je n'en manquerai point 
contre tous ceux qui m'atteindront entre vous deux." Elisa- 
beth voulut répondre ; sa mère ne le permit pas. " Ma fille, 
s'écria-t-elle avec un accent déchirant, demande-moi ma vie, 
mais ne me demande pas de t'éloigner d'ici." Ces mots di- 
saient qu'elle avait tout deviné ; il ne s'agissait plus de lui 
rien apprendre, mais de la déterminer. Baignée de larmes 
et tremblante devant la douleur de sa mère, Elisabeth, d'une 
voix entrecoupée, laissa seulement échapper ces mots : " Ma 
mère, pour le bonheur de mon père, si je te demandai? 
quelques jours? — Non, pas un seul jour, interrompit sa 
mère éperdue : quel horrible bonheur pourrait s'acheter, par 
ton absence ! non, pas un seul jour. O mon Dieu ! ne per- 
mettez pas qu'elle me le demande." Ces paroles anéan- 
tirent les forces d'Elisabeth : hors d'état de prononcer elle- 
même ce qui doit affliger sa mère, elle présente en silence à 
son père la lettre du gouverneur de Tobolsk, et lui fait signe 
de la lire. Springer soutient sa femme contre sa poitrine, 
en lui disant : " Repose-toi ici avec confiance, car ce sou- 
tien-là ne te manquera jamais." Puis, d'une voix qu'il 
s'efforce en vain de raffermir, il lit tout haut la lettre sui- 
vante, écrite de Tobolsk par le jeune Smoloff, et à deux mois 
de date : 



48 âUSABETH. 

" Un de mes plus vifs regrets, en quittant Saïmka, made- 
moiselle, a été de ne pouvoir vous instruire de Tobligation 
rigoureuse x\\iï me forçait à m'éloigner de vous : je ne pou- 
vais vous aller voir, vous écrire, ni vous envoyer les explica- 
tions que vous ta'aviez demandées, sans contrevenir aux or- 
dres de mon père, et sans compromettre sa sûreté ; peut-être 
Teussé-je fait sans l'exemple que vous veniez de me donner ! 
mais, quand je venais d'apprendre auprès de vous tout ce 
qu'on doit à son père, je ne pouvais pas risquer la vie du 
mien. Cependant, je Tavoue, je n*aime pas mon devoir 
comme vous aimez le vôtre, et je suis revenu à Tobolsk le 
cœur déchiré. Mon père m'apprend qu'un ordre de l'em- 
pereur m'envoie à mille lieues d'ici, et qu'il faut obéir à l'in- 
stant : je vais partir, Elisabeth ; vous ne savez pas ce que 
je souflfre. Ah ! je ne demande point au ciel que vous le 
sachiez jamais ; il ne peut-être juste qu'autant que vous se- 
rez heureuse. 

" J'ai ouvert mon cœur à mon père : je vous ai fait con- 
naître à lui : j'ai vu couler ses larmes quand je lui ai dit vos 
projets ; je crois qu'il veut vous voir, et qu'il ira exprès cette 
année visiter le cercle d'Ischim. En attendant, s'il se peut, il 
vous fera parvenir cette lettre. Elisabeth, je pars plus tran- 
quille, puisque je vous laisse sous la protection de mon père. 
Cependant, je vous en conjure, n'en usez point pour partir 
avant mon retour ; j'espère revenir à Tobolsk avant un an ; 
c'est moi qui vous conduirai à Pétersbourg, c'est moi qui 
vous présenterai à l'empereur, c'est moi qui veillerai sur 
vous pendant ce long voyage. Ne craignez point mon 
amour, je n'en parlerai plus ; je ne serai que votre ami, 
que votre frère ; et, si je vous sers avec toute la viva- 
cité de la passion, je jure de ne vous parler jamais qu'un 
langage pur comme l'iimocence, comme les anges, comme 
vous. 



ELISABETH. éÇ 

Un peu plus bas, l'apostîUe suirante était écrite de la 
main même du gouverneur : 

"Non, mademoiselle, ce n'est point avec mon fils que 
vous devez partir : je ne doute pas de son honneur ; mais 
le vôtre doit être à Tabri de tout soupçon. En allant mon- 
trer à la cour de Eussie des vertus trop touchantes pour 
n'être point couronnées, il ne faut pas risquer de faire dire 
que vous avez été conduite par votre amant, et flétrir ain^ 
le plus beau trait de piété filiale dont le monde puisse s'ho- 
norer. Dans votre situation, il n'y a pas de protecteurs 
dignes de votre innocence que Dieu et votre père : votre 
père ne peut vous suivre. Dieu ne vous abandonnera pas. 
La religion vous prêtera son flambeau et son appui ; aban- 
donnez-vous à elle : vous savez à qui j'ai permis l'entrée de 
votre cabane. En vous remettant ce papier, je vous rends 
dépositaire de mon sort : car si une pareille lettre était 
connue, si on pouvait se douter que j'aie favorisé votre 
départ, je serais à jamais perdu ; mais je ne suis pas même 
'inquiet : je sais à qui je me confie et tout ce qu'on doit at- 
tendre de la force et de la vertu d'une fille qui s'apprête à 
dévouer sa vie à son père." 

En finissant cette lettre, la voix de Springer était plus 
/orte et plus animée, car il voyait avec orgueil les vertus de 
sa fille et l'estime qu'on en faisait ; mais la tendre mère ne 
voyait que son départ : pâle, abattue, sans mouvement, elle 
regardait sa fille, levait les yeux au ciel, et n'avait plus la 
force de pleurer. Elisabeth se mit à genoux devant eux, et 
leur dit : "0 mes parents ! laissez-moi vous parler ainsi ; 
ce n'est que dans une humble attitude qu'on doit demander 
la plus grande de toutes les félicités. J'ose aspirer à celle 
de vous rendre votre liberté, votre patrie ; depuis plus d'une 

5 



60 ELISABETH. 

année voilà quel est l'objet de mes plus chères espérances ! 
j'y touche enfin, et vous me défendriez de Fatteindre ! Ah l 
s'il est un bien au-dessus de celui que je vous demande, re- 
fusez-moi, j'y consens ; mais s'il n'en est pas. . ." Émue, 
tremblante, sa voix expira, et ce ne fut qu'en embrassant les 
genoux de ses parents qu'elle put achever sa prière. 
Springer posa les mains sur la tête de sa fille sans proférer 
un seul mot. La mère s'écria : " Seule, à pied, sans se- 
cours ! non, je ne le puis, je ne le puis. — Ma mère, reprit 
vivement Elisabeth, je t'en conjure, ne repousse pas mes 
vœux. Si tu savais depuis combien de temps je nourris 
mon projet et toutes les consolations que je lui dois! Aussi- 
tôt que mon âge me permit de comprendre vos infortunes, je 
me promis de consacrer ma vie à vous en délivrer. Heureux 
jour celui où je promis de servir mon père ! heureux espoir 
qui me soutenait quand je le voyais pleurer ! . . . Ah 1 que 
de fois, étant témoin de vos muets chagrins, j'aurais été con- 
sumée d'une mortelle tristesse si je n'avais pu me dire : 
Moi, moi, je leur rendrai ce qu'ils regrettent ! . . . Mes pa- 
rents, si vous m'arrachez cette espérance, vous m'arrachez la 
vie. Privée de cette pensée, où toutes mes autres pensées 
venaient aboutir, je ne verrai plus de but à mon existence, et 
mes jours s'éteindront dans la langueur. . . . Oh ! pardonnez 
m je vous afflige ; non, si vous me retenez ici, je ne mourrai 
pas, puisque ma mort serait pour vous un malheur de plus ; 
mais permettez-moi d'être heureuse. Ne dites pas que mon 
entreprise est impossible ; elle ne Test pas, mon cœur vous 
en répond ; il trouvera des forces pour aller demander jus- 
tice et des paroles pour la faire obtenir ; il ne craint rien, ni 
les fatigues, ni les obstacles, ni les mépris, ni la cour, ni les 
rois ; il ne craint que votre refus. . . — Laisse, laisse, Elisa- 
beth, interrompit Springer : je ne me connais plus ; tu bou- 
leverses mon âme ; jusqu'à ce jour elle n'avait point reculé 



ÉUSABÏTIH. 81 

devant une bonne action, et des vertus supérieures à son 
courage ne s'étaient point présentées à elle. . . Je ne croyais 
pas être faible ; ô ma fille ! tu viens de m'apprendre que je 
le suis : non, je ne puis consentir à ce que tu veux." Rani- 
mée par ce refus, Phédora prit les mains de sa fille entre les 
siennes, et lui dit : '* Écoute -moi, Elisabeth ; si ton père est 
faible, tu peux bien permettre à ta mère de Tètre aussi ; 
pardonne-lui de ne pouvoir se résoudre à te laisser déployer 
tant de vertus. Étrange situation, où une mère demande à 
sa fille d'être moins vertueuse ; mais ta mère te le demande, 
ne te l'ordonne point ; car, en t*élevant au-dessus de tout, tu 
as mérité de ne plus recevoir d'ordre que de toi-même. — Ma 
mère, reprit Elisabeth, les tiens me seront toujours sacrés ; 
si tu me demandes de rester ici, j'espère avoir la force de t'o- 
béir ; mais, puisque mon dessein t'a touchée, laisse-moi es- 
pérer qu'il aura ton assentiment : il n'est pas le fruit d*un 
moment d'enthousiasme, mais de longues années de médita- 
tion : il s'appuie autant sur des raisons solides que sur les 
plus tendres sentiments. Existe-t-il un autre moyen d'arra- 
cher mon père à l'exil ? depuis douze ans qu'il languit ici, 
quel ami a pris sa défense ? et quand il s'en trouverait un 
qui l'osât, oserait-il parler comme moi ? serait-il inspiré par 
un semblable amour ? . . . Oh ! laissez-moi toujours croire 
que Dieu n'a donné qu'à votre unique enfant le pouvoir de 
vous rendre au bonheur, et ne vous opposez pas à l'auguste 
mission que le ciel a daigné lui confier. Dites-moi, que trou- 
vez-vous donc de si effrayant dans mon entreprise ? Est-ce 
mon absence ? mais ne vous ai-je pas entendus gémir sou- 
vent ensemble d'un exil qui vous empêchait de me donner 
un époux ? Un époux, ô mes parents ! ne m'aurait-il pas 
séparée de vous aussi ? Des dangers ? il n'y en a point : 
les hivers de ce climat m'ont accoutumée à la rigueur des 
saisons, et mes courses dans nos landes à la fatigue d'une 



5S ÉIIBABETH. 

V)Dgue marche. Avez-vous peiir de ma jeunesse ? elle sera 
mon appui : on vient au secours de tout ce qui est faible. 
Enfin, redoutez-vous mon inexpérience ? je ne serai pas 
seule : rappelez- vous les paroles et la lettre du gouverneur. 
S'il permet à un pauvre missionnaire de se reposer sous no- 
tre toit, c'est pour me donner un guide et un protecteur. 
Vous le voyez, tout est prévu ; il nV a point de péril, il n'y 
a plus d'obstacles, et rien ne me manque que votre consente- 
ment et votre bénédiction. . . — Et ton pain, tu le mendie- 
ras, répondit Springer avec amertume ; les aïeux de ta 
mère, qui régnèrent jadis dans ces contrées ; les miens, qui 
se sont assis sur le trône de Pologne, verront l'héritière de 
leur nom parcourir, en demandant l'aumône, cette Russie 
qui a fait de leurs royaumes des provinces de son empire. 
— Si tel est le sang d'où je sors, reprit Elisabeth avec une • 
modeste surprise, si je descends des rois, et que deux cou- 
ronnes aient été sur le front de mes a!eux, j'espère me mon- 
trer digne et d'eux et de vous, et ne point avilir le nom qu'ils 
m'ont laissé ; mais la misère ne l'avilira point. Pourquoi la 
fille des Séids et de Sobieski rougirait-elle d'avoir recours à 
la charité de ses semblables ? tant de grands hommes préci- 
pités du faîte des honneurs l'ont implorée pour eux-mêmes ! 
plus heureuse qu'eux tous, je ne l'implorerai que pour servir 
mon père." 

La noble fermeté de cette jeune fille, une sorte de divin 
orgueil que faisait briller, dans ses yeux la pensée de s'hu- 
milier pour ses parents donnaient à tout ce qu'elle disait une 
force et une autorité qui triomphèrent de Springer : il ne se 
sentit pas la force d'empêcher sa fille de mettre tant de ver- 
tus au jour ; il se serait cru coupable de la forcer à les ense- 
velir dans un désert. ** ma Phédora ! s'écria-t-il en ser- 
rant les mains de son épouse, la laisserons-nous mourir ici, 
la priverons-nous du bonheur de donner le jour à des en- 



tUSABKIH. 88 

fants qui lui ressemblent ? Prends courage, ma bien-aimée ; 
et, puisqu'il n'existe nul autre moyen de la rendre à ce 
monde dont elle sera la gloire, laissons-la partir." Dans ce 
moment la mère l'emporta sur l'épouse, et, pour la première 
fois de sa vie, Phédora, s'éleva contre la plus smnte autorité: 
" Non, non, je ne la laisserai pas partir ; en vain mon époux 
le demande, je saurai lui résister. Quoi ! j'exposerais la vie 
de mon enfant ? je laisserais partir mon Elisabeth pour ap- 
prendre un jour qu'elle a péri de froid et de misère dans 
d'affreux déserts, pour vivre sans elle, pour la pleurer tou- 
jours ? voilà ce qu'on ose exiger d'une mère ! O Stanislas ! 
devais-tu m'apprendre qu'il est un sacrifice que je ne puis 
te faire et une douleur dont tu ne me consolerais pas ?" En 
parlant ainsi, elle ne pleurait plus, et était comme dans un 
état de délire. Springer, le cœur déchiré de sa peine, s'é- 
cria : " Ma fille, si votre mère n'y peut consentir, vous ne 
partirez pas. — Non, ma mère, si tu l'ordonnes, je ne partirai 
pas, lui dit Elisabeth en l'accablant des plus touchantes ca- 
resses ; je t'obéirai toujours. Mais peut-être Dieu obtien- 
dra-t-il de toi ce que tu as refusé à mon père; viens le 
prier avec moi, ma mère ; demandons-lui ensemble ce que 
nous devons faire : c'est la lumière qui guide et la force Aii 
soutient: toute vérité vient de là, et toute résignation aussi !" 
En priant Phédora pleura. Cette piété qui calme, adou- 
cit, et ne s'empare du cœur que pour se mettre à la plaœ 
de ce qui le tourmente et le déchire ; cette piété divine qui 
ne prescrit jamsus un devoir sans en montrer la récom- 
pense ; cette voix de Dieu, si puissante sur les âmes ten- 
dres, toucha celle de Phédora. Dans les caractères nobles 
et fiers, qui ne composent le bonheur que de gloire, l'estime 
. des hommes peut obtenir le sacrifice des plus chères affec- 
tions ; mais la religion seule peut l'obtenir des cœurs qui ne 
composent le bonheur que d'amour. 



54 ELISABETH. 

Le lendemain Springer, s'était trouvé seul avec sa fille, 
lui fit le récit de ses longues infortunes ; il lui apprit quelles 
funestes» «guerres avaient déchiré la Pologne, et comment ce 
malheureux royaume avait été effacé du nombre des em- 
pires. " Mon seul crime, ma fille, lui dit-il, est d'avoir trop 
aimé ma patrie et de n'avoir pu supporter son asservisse- 
ment. Ses plus grands monarques étaient du même sang 
que moi ; je pouvais moi-même être appelé au trône, et je 
devais bien mon amour et ma vie au pays dont je tirais toute 
ma gloire ; je l'ai servi comme je le devais. Seul à la tête 
d'une poignée de nobles polonais, je l'ai défendu jusqu^à la 
dernière extrémité contre les trois grandes puissances qui 
s'avançaient pour l'envahir, et lorsque, accablé par le nom- 
bre de nos ennemis, sous les murs de Varsovie, à la vue de 
cette vaste capitale livrée aux flammes et au pillage, il a 
fallu céder et se soumettre à la tyrannie, au fond de mon 
âme je résistais encore. Humilié d'être toujours dans ma 
patrie, et de n'en plus avoir, partout je cherchais des armes, 
partout je cherchais des alliés qui m'aidassent à rendre à la 
Pologne son existence et son nom. Vains efforts, tentatives 
inutiles ! chaque jour rivait davantage des chaînes que mes 
faibles mains ne pouvaient ébranler. Les terres de mes 
aïeux étaient dans la partie tombée sous la domination de la 
Russie ; j'y vivais avec Phédora, heureux, mille fois heu- 
reux, si le joug de l'étranger n'avait pesé que sur mon front. 
Mes plaintes peu mesurées, et surtout les nombreux mé- 
contents qui se rassemblaient chez moi inquiétèrent un mo- 
narque absolu et soupçonneux. Un matin je fus arraché 
de ma maison, des bras de ma femme, des tiens, ma fille : tu 
n'avais alors que quatre ans, et tes larmes ne coulaient sur 
ton malheur que parce que tu voyais pleurer ta mère. Je 
fus traîné dans les prisons de Pétersbourg ; Phédora m'y 
suivit : la permission de s'y enfermer avec moi fut la seule 



ELISABETH. 55 

grâce qu'elle put obtenir. Nous vécûmes près d'une année 
dans ces affreux cachots, privés d'air, presque de jour, mais 
non pas d'espérance. Je ne pouvais croire qu'un monarque 
juste n'excusât pas un citoyen d'avoir soutenu les droits de 
sa patrie, et qu'il ne se fiât pas à la promesse que je lui 
donnais de demeurer soumis ; j'avais trop bien présumé des 
hommes ; je fus jugé sans être entendu, et exilé pour la vie 
en Sibérie. Ma fidèle compagne ne m'abandonna point, 
et je dois dire qu'en m'accompagnant ici elle avait l'air 
d'écouter plus encore son cœur que son devoir ; si j'eusse 
été envoyé dans les ténèbres glacées de l'affreux Borésof, 
dans les solitudes perdues du lac Baïkal ou du Kamtschatka, 
je n'y aurais pas été seul encore ; il n'est point de désert, il 
n'est point d'antre si sauvage où ma Phédora ne m'eût 
suivi : oui, je le veux croire, c'est à ses vertus, c'est à son 
dévouement si généreux que j'ai dû un exiUplus humain. O 
mon enfant! s'il-y a eu quelques douceurs dans mai vie, c'est 
à ta mère que je les dois, et, s'il y a du malheur dans la 
sienne, je n'en dois accuser que moi. — Du malheur ! mon 
père, lui dit Elisabeth, et tu l'îis toujours aimée." A ces 
mots Springer reconnut le cœur de Phédora, et vit bien 
qu'ainsi que sa mère Elisabeth auprès d'un époux ne pour- 
rait pas être mallieureuse dans l'exil. " Ma fille, répondît-il 
en lui remettant la lettre du jeune Smoloff, qu'il avait gardée 
depuis la veille, si je dois un jour à ton zèle et à ton cou- 
rage des biens que je ne désire plus que pour t'en accabler, 
au sein de la prospérité cette lettre te rappellera nos bien- 
faiteurs ; ton cœur, Elisabeth, doit être reconnaissant, et 
l'allitince de la vertu peut honorer le sang des rois." La 
jeune fille rougit, prit la lettre des mains de son père, 
l'attacha sur son cœur, et s'écria : " Le souvenir de celui 
qui t'a plaint, qui t'a aimé, qui t'a servi, ne sortira jamais 
de là." 



66 ELISABETH. 

Durant quelques jours on ne parla plus du voyage d'Eli- 
sabeth : sa mère n'y avait pas consenti encore ; mais, à la 
tristesse de ses regards, au profond abattement de sa conte- 
nance, on voyait assez que le consentement était au fond de 
son cœur et que Tespérance n'y était plus. 

Cependant, peut-être n'eût-elle jamais trouvé la force de 
dire à sa fille : Ta peux partir, si le ciel ne la lui eût envoyé. 
Un dimanche soir, la famille était en prières, lorsqu'on en- 
tendit à la porte un homme qui frappait avec son bâton. 
Springer ouvre à l'instant ; Phédora s'écrie : " Ah ! mon 
Dieu, mon Dieu, voilà celui qu'on nous annonce, celui qui 
vient enlever mon enfant." Et elle tombe tout en pleurs, le 
visage contre la table, sans que sa piété puisse lui donner le 
courage d'aller au-devant de l'homme de Dieu. Le mis- 
sionnaire entre : une large barbe blanche lui descend sur la 
poitrine ; son aif est vénérable ; il est courbé par la fatigue 
plus encore que par les années ; les épreuves de sa vie ont 
usé son corps et fortifié son âme : aussi porte-t-il dans ses 
regards quelque chose de triste, comme l'homme qui a beau- 
coup souffert, et de doux, comme celui qui est bien sûr de 
n'avoir pas souffert en vain. 

" Monsieur, dit-il, j'entre chez vous avec joie ; la béné- 
diction de Dieu est sur cette pauvre cabane ; je sais qu'il y 
a ici des richesses plus précieuses que les perles et l'or : je 
viens vous demander une nuit de repos." Elisabeth s'em- 
pressa de lui approcher un siège. *' Jeune fille, lui dit-il, 
vous vous êtes bien hâtée dans le chemin de la vertu, et dès 
les premiers pas vous nous avez laissés. loin derrière vous.** 
Il alltiit s'asseoir, lorsqu'il entendit les sanglots de Phédora : 
" Mère chrétienne, lui dit-il, pourquoi pleurez- vous ? le fruit 
de vos entrailles n'est-il pas béni? Ne pouvez- vous pas 
aussi vous dire heureuse entre toutes les femmes ? Si vous 
versez des larmes parce que la vertu vous sépare de votie 



ELISABETH. 67 

enfant pour un peu de temps, que feront les mères qui se 
voient arracher les leurs par le vice et qui les perdent pour 
l'éternité ? — O mon père ! si je ne devais plus la revoir ! 
s'écria la mère désolée. — Vous la reverriez, reprit-il vive- 
ment, dans le ciel, qui est déjà son partage ; mais vous la 
re verrez aussi sur la terre : les fatigues sont grandes, mais 
Dieu la soutiendra ; U mesure le vent à la laine de VagiveauP 
Phédora courba la tête avec résignation. Springer n'avait 
pas dit un mot encore; il ne pouvait parler, son cœur se dé- 
chirait ; et Elisabeth elle-même, qui jusqu'à ce jour n'avait 
senti que son courage, commença à sentir sa faiblesse. L'es- 
poir d'être utile à ses parents lui avait caché la douleur de 
s'en séparer, mais à présent que le moment était venu, quand 
elle pouvait se dire : demain je n'entendrai plus la voix de 
mon père, demain je ne recevrai plus les caresses de ma 
mère, et peut-être un an entier se passera avant que je re- 
trouve de si douces joies, alors il lui semblait que tout s'abî- 
mait devant elle ; ses yeux se troublèrent, ses genoux flé- 
chirent, elle tomba en pleurant sur le sein de son père. Ah ! 
timide orpheline, si déjà tu tends les bras à ton protecteui, 
et que dès les premiers pas tu penches vers la terre comme 
une vigne sans appui, où trouveras-tu donc des forces pour 
traverser seule presque une moitié du monde ? 

Avant de se coucher, le missionnaire s'assit à la table des 
exilés pour prendre le repas du soir. La plus franche hos- 
pitalité y présidait ; mais la gaieté en était bannie, et ce 
n'était qu'avec effort que chacun des exilés retenait ses 
larmes. Le bon religieux les regardait avec une tendre 
compassion ; il avait vu beaucoup d'afflictions dans le cours 
de ses longs vojages, et l'art de les adoucir avait été la 
principale étude de sa vie : aussi pour toutes les douleurs 
il avait une consolation ; pour chaque situation, chaque ca- 
ractère, il avait des paroles qui rencontraient toujours juste. 



58 ELISABETH. 

Quelquefois il n'empêchait point de pleurer ; mais les larmes 
qu'on versait sur une douleur personnelle, il savait, en pré- 
sentant rimage d'une infortune plus grande, les détourner 
sur les douleurs d 'autrui, et par le sentiment de la pitié 
adoucir le sentiment du malheur. C'est ainsi qu'en racon- 
tant ses longues traverses et les désastres dont il avait été 
le témoin, peu à peu il attacha l'attention des exilés, les émut 
de compassion pour leurs frères, les conduisit à se dire inté- 
rieurement, qu'en comparaison de tant d'infortunés, leur sort 
était bien doux encore. En effet, que n'avait-il point vu, 
que ne pouvait-il point dire, cet homme vénérable, qui de- 
puis soixante ans, à deux mille lieues de sa patrie, sous un 
ciel étranger, au milieu des persécutions, travaillait, sans se 
lasser jamais, à la conversion des barbares qu'il appelait ses 
frères, et qui souvent étaient ses bourreaux ? Il avait vu la 
cour de Pékin, et l'avait étonnée par ses vastes connaissances, 
et plus encore par ses vertus ; il avait adouci les mœurs, il 
avait réuni des hordes errantes qui tenaient de lui les pre- 
mières notions de l'agriculture. Ainsi des landes changées 
en champs fertiles, des hommes devenus doux et humains, 
des familles auxquelles les noms de père, d'époux et d'en- 
fants n'étaient plus étrangers, et des cœurs qui s'élevaient à 
Dieu pour le bénir de tant de bienfaits, étaient le fruit des 
soins d'un seul homme. Ah ! ces gens-là ne disaient point 
du mal des missions ; ils ne disaient point que la religion 
qui les commande est une religion sévère et tyrannique ; ils 
ne disaient point surtout que les hommes qui la pratiquent 
avec cet excès de charité et d'amour sont des hommes inu- 
tiles et ambitieux. Mais pourquoi ne pas dire qu'ils sont 
ambitieux? En se dévouant an service de leurs frères, n'as- 
pirent-ils pas au plus grand prix possible ? ne veulent-ils 
pas plaire à Dieu et gagner le ciel ? L'ambition des plus 
célèbres conquérants ne s'est jamais élevée si haut ; elle 



ELISABETH. 59 

s'est contentée du suffrage des hommes et du sceptre de 
l'univers. 

Le bon père apprit ensuite aux exilés que, rappelé par 
ses supérieurs, il retournait à pied dans l'Espagne, sa patrie. 
Pour s'y rendre, il avait à traverser encore la Russie, l'Alle- 
magne et la France ; mais il disait que c'était peu de chose. 
Celui qui vient de voyager dans les déserts, qui pour tout 
abri trouvait un antre, pour tout oreiller une pierre, pour 
toute nourriture un peu de farine de riz délayée dans l'eau, 
doit se croire au terme de ses fatigues en arrivant chez des 
nations civilisées ; et, pour le père Paul, c'était être dans sa 
patrie que d'être chez des peuples chrétiens. Il racontait 
des choses extraordinaires des maux qu'il avait soufferts, des 
difficultés qu'il avait essuyées, lorsque, après avoir dépassé 
les grandes murailles de la Chine, il s'était enfoncé dans 
l'immense Tartarie. Il disait encore comment, à l'entrée 
des vastes déserts de la Soongorie, qui appartiennent à la 
Chine, et lui servent de limites avec la Sibérie, il avait trouvé 
un pays abondant en magnifiques pelleteries, en précieuses 
fourrures, et susceptible de faire, à l'aide de cette richesse, 
un grand commerce avec les peuples européens ; mais nul 
vestige de notre industrie n'avait encore pénétré jusque-là, 
aucun marchand n'avait osé porter son or et ses calculs là 
où le missionnaire avait planté une croix et répandu des bien- 
faits : tant il est vrai que la charité va encore plus loin que 
l'avarice. 

On arrangea pour le père Paul un lit propre et commode 
dans le petit cabinet qu'occupait la jeune Tartare, et celle- 
ci vint dormir, enveloppée d'une peau d'ours, auprès du 
poêle. 

Quand le jour commença à paraître, Elisabeth se leva, 
elle s'approcha doucement de la porte du père Paul ; et, 
ayant entendu qu'il était déjà en prières, elle lui demanda la 



60 ELISABETH. 

permission d'entrer et de l'entretenir seul : devant ses pa • 
rents, elle n'aurait pas osé lui parler de ses projets et' du 
désir qu'elle avait de ne pas attendre plus loin que l'aube 
prochaine pour se mettre en route. A genoux près de lui, 
elle lui raconta l'histoire de toute sa vie : touchante histoire, 
qui n'était composée que de sa tendresse pour ses parents ! 
Sans doute, dans le long récit de ses incertitudes et de ses 
espérances, elle prononça plus d'une fois le nom de Smoloff; 
mais il semblait que ce nom n'était là que pour rehausser 
son innocence et montrer qu'elle l'avait conservée dans toute 
sa pureté : aussi le père Paul fut-il profondément touché de 
tout ce qu'il entendit : il avait ftiit le tour du monde et vu 
presque tout ce qu'il contient ; mais un cœur comme celui 
d'Elisabeth, il ne l'avait point vu encore. 

Springer et Phédora ne savaient point que l'intention de 
leur fille était de les quitter le lendemain ; mais le matin, en 
l'embrassant, ils se sentirent émus et agités de ce frémisse- 
ment involontaire qu'éprouvent tous les êtres vivants à la 
veille de l'orage. A chaque pas qu'Elisabeth faisait dans la 
chambre, sa mère la suivait des yeux, et souvent la retenait 
brusquement par le bras, sans oser lui adresser une question, 
mais lui parlant sans cesse de soins à prendre pour le lende- 
main et lui donnant des ordres pour divers ouvrages à faire 
à quelques jours de là. Ainsi elle cherchait à se rassurer 
par ses propres paroles ; mais son cœur n'en était pas plus 
tranquille, et le silence de sa fille lui parlait toujours de dé- 
part. Pend^mt le dîner elle lui dit : " Elisabeth, si le temps 
est beau demain, vous monterez dans votre petite nacelle 
avec votre père pour aller pécher quelques poissons dans 
le lac." Sa fille la regarda, se tut, et de gi'osses larmes 
tombèrent de ses yeux. Springer, déchiré de la même in- 
quiétude que sa femme, reprit un peu vivement : " Ma fille, 
avez- vous entendu l'ordre de votre mère? demain votis 



ELISABETH. 61 

viendrez avec moi." JjSl jeune fille pencha sa tète sur 
Tépaule de son père, et lui dit à voix basse : " Demain vous 
consolerez ma mèie." Springer pâlit : c'en fut assez pour 
Phédora, elle ne demanda plus rien ; elle était sûre que le 
mot de départ venait d'être prononcé, et elle ne voulait pas 
l'entendre ; car le moment oii Ton oserait en parler devant 
elle serait celui o\ï il faudrait j donner son consentement, et 
elle espérait que tant qu'elle ne l'aurait pas donné sa fille 
n'oserait pas partir. Springer ramasse toutes ses forces ; il 
voit qu'il aura à soutenir le lendemain et le départ de sa fille 
et la douleur de sa femme ; il ne sait point s'il survivra au 
sacrifice qu'il va faire, sacrifice auquel il ne peut se résoudre 
que par excès d'amour pour sa fille, et il a l'air de le rece- 
voir ; il la remercie de son dévouement ; et, cachant ses 
larmes au fond de son cœur, il feint d'être heureux, pour 
donner à son Elisabeth la seule récompense digne de ses 
vertus. 

Ah ! dans ce jour-là que d'émotions secrètes, de senti- 
ments inaperçus, de caresses vives et déchirantes entre les 
parents et leur fille ! Le missionnaire cherchait à fortifier 
les courages, en rappelant toutes les histoires des saintes 
Écritures, o\ï Dieu se montre prompt à récompenser les 
grands sacrifices de la piété filiale et de la résignation pater- 
nelle ; il laissait entrevoir aussi que les fatigues du voyage 
seraient moins grandes, parce qu'un homme puissant, qu'il 
ne nommait pas, mais qu'on devinait assez, lui avait fourni 
les moyens de rendre la route plus commode et plus douce. 
Enfin, quand le soir fut arrivé, Elisabeth se mit à genoux, 
et d'une voix émue demanda à ses parents de la bénir. Le 
père s'approcha, des larmes coulaient le long de ses joues ; 
sa fille lui tendit les bras : il comprit que c'était un adieu ; 
son cœur se serra, ses larmes s'arrêtèrent ; il posa les mains 
sur la tète d'Elisabeth, en la recommandant à Dieu dans son 

fi 



62 ELISABETH. 

cœui, mais sans avoir la force de proférer une parole. La 
jeune fille alors, regardant sa mère, lui dit : " Et toi, ma 
mère, ne veux-tu pas bénir aussi ton enftmt ? — Demain, 
reprit-elle avec Taccent étouffé d'une profonde désolation, 
demain ! — ^Et pourquoi pas aujourd'hui aussi, ma mère ? 
— Ah ! oui, repartit Phédora en s'élançant impétueusement 
vers elle, tous les jours, tous les jours !" Elisabeth courba 
la tête devant ses parents, qui, les mains réunies, les yeux 
élevés, la voix tremblante, prononcèrent ensemble une béné- 
diction que Dieu dut entendre. 

A quelques pas le missionnaire priait aussi : c'était la 
vertu qui priait pour l'innocence. Ah ! si de pareils vœux 
n'étaient pas écoutés du ciel, quels seraient donc ceux qui 
auraient le droit d'aller jusqu'à lui ? 

On était alors à la fin de mai ; c'est le temps de l'année 
où, entre le crépuscule du soir et l'aube du jour, à peine y 
a-t-il deux heures de nuit. Elisabeth les employa à faire 
les préparatifs de son départ : elle mit dans son sac de peau 
de renne un habit de voyage et des chaussures ; depuis près 
d'un an elle y travaillait la nuit à l'insu de sa mère, et de- 
puis le même temps à peu près elle mettait de côté à chacun 
de ses repas quelques fruits secs et un peu de farine, afin 
de retarder le plus longtemps possible le moment d'avoir re- 
cours à la charité d'autrui, sans être obligé, en partant, de 
rien emporter de ce toit paternel, où il n'y avait que le pur 
nécessaire. Huit ou dix kopecks formaient tout son trésor ; 
c'était le seul argent qu'elle possédât sur la terre et toute la 
richesse avec laquelle elle s'embarquait pour traverser un 
espace de plus de huit cents lieues. 

" Mon père, dit-elle au missionnaire, en ouvrant doucement 
sa porte, partons pendant que mes parents dorment encore ; 
ne les éveillons point, ils pleureront assez tôt ; ils sont tran- 
quilles parce qu'ils croient que nous ne pouvons sortir que 



ELISABETH. 63 

par leur chambre ; mais la fenêtre de ce cabinet n'est pas 
haute, je sauterai facilement en dehors, et je vous aiderai 
ensuite à descendre sans vous faire aucun mal." Le mis- 
sionnaire se jprêta à ce pieux stratagème, qui devait épar- 
gner de déchirants adieux à trois infortunés. Quand il fut 
dans la forêt avec Elisabeth, elle mit son petit paquet sur 
son dos, et fit quelques pas pour s'éloigner ; mais, en tour- 
nant encore une fois la tète vers la cabane qu'elle abandon- 
nait, ses sanglots la suffoquèrent, elle se précipita tout en 
larmes devant la porte où dormaient ses parents : ** Mon 
Dieu, s'écria-t-elle, veillez sur eux, protégez-les, conservez- 
les-moi, et ne permettez pas que je repasse jamais ce seuil, 
si je ne devais plus les retrouver." Alors elle se lève, se 
retourne, elle voit son père debout derrière elle. " O mon 
père ! vous ? Pourquoi, mon père, pourquoi venir ici ? — 
Pour te voir, t'embrasser, te bénir encore une fois ; pour te 
dire : mon Elisabeth, si durant les jours de ton enfance j'en 
ai passé un sans te montrer ma tendresse, si une seule fois 
j'ai fait couler tes larmes, si un regard, une parole sévère 
ont affligé ton cœur, avant de t' éloigner, pardonne, pardonne 
à ton vieux père, afin que, s'il n'est plus destiné au bonheur 
de te voir, il puisse mourir en paix. — Ah ! ne dis point, ne 
dis point ceci, interrompit Elisabeth. — Et ta pauvre mère, 
continua-t-il, quand elle s'éveillera, que lui dirai-je ? que lui 
répondrai- je quand elle me demandera son enfant ? Elle te 
cherchera dans ceite forêt, sur les rives de ce lac ; je la sui- 
vrai partout en pleurant avec elle, en appelant partout avec 
elle notre enfant, qui ne nous répondra plus." A ces mots, 
Elisabeth s'appuya à demi évanouie contre le mur de la 
chaumière. Son père vit qu'il l'avait trop émue, il se re- 
procha vivement sa faiblesse. " Ma fille, lui dit-il avec une 
voix plus calme, prends courage : je prendrai courage aussi ; 
je te promets, non de consoler ta mère, mais de la fortifier 



(M ELISABETH. 

contre la douleur de ton départ ; je te promets de te la 
rendre quand tu reviendras ici. Oui, mon enfant, soit que 
le succès couronne ou non ton pieux voyage, tes parents ne 
mourront pas sans t* avoir revue." Alors il dit au mission- 
naire, qui, les yeux baissés et dans un profond attendrisse- 
ment, se tenait à quelque distance de cette scène d'affliction : 
" Mon père, je vous remets un bien qui n'a point d'égal ; 
c'est plus que mon sang, que ma vie ; je vous le remets ce- 
pendant avec confiance : partez ensemble ; des milliers d'an- 
ges veilleront autour d'elle et de vous ; pour la défendre, les 
puissances célestes s'armeront ; cette poussière qui fut ses 
aïeux se ranimera ; et Dieu, puisqu'il est tout-puissant et 
qu'il est père aussi de mon Elisabeth, Dieu ne permettra pas 
que notre Elisabeth périsse." 

La jeune fille, sans oser regarder son père, mit une main 
sur ses yeux, donna l'autre au missionnaire, et s'éloigna avec 
lui. En ce moment l'aurore commençait à éclairer la cime 
des monts, et dorait déjà le faîte des noirs sapins ; mais tout 
reposait encore. Aucun souffle de vent ne ridait la surface 
du lac, n'agitait les feuilles des arbres ; celles mêmes du 
bouleau étaient tranquilles ; les oiseaux ne chantaient point, 
tout se taisait, jusqu'au moindre insecte. On eût dit que la 
nature entière se tenait dans un respectueux silence afin que 
la voix d'un père qui à travers la forêt criait encore un adieu 
à sa fille fût le dernier son qu'elle pût entendre. J'ai es- 
sayé de dire les douleurs du père ; mais celles de la mère, je 
ne l'essaierai point. 

Comment peindre cette infortunée qui, s'éveillant au cri 
de son époux, accourt à lui, et, en lisant dans son attitude 
désolée que son enfant est parti, tombe dans de muettes an- 
goisses qui semblaient être à tous moments les dernières de 
sa vie ? En vain son époux, rappelant tous les malheurs de 
l'exil, la conjurait de se calmer ; elle n'entendait plus la voix 



ELISABETH. 65 

de son époux, et l'amour lui -môme avait perdu sa puissance 
et n'arrivait plus à son cœur : tant il est vrai que les dou- 
leurs d'une lîière s'élèvent au-dessus de toutes les consola- 
tions humaines et ne peuvent être atteintes par rien de ce 
qui vient de la terre." Ah ! Dieu seul s'est réservé le pou- 
voir de les adoucir, et, s'il les donne en partage au sexo 
qu'il a fait Te plus faible, c'est qu'il l'a fait assez tendre poui 
pouvoir aimer la main qui le frappe et croire au seul espoii 
qui console. 

Ce fut le 1 8 de mai qu'Elisabeth et son guide se mirent 
en route ; ils employèrent un mois entier à traverser les fo- 
rêts humides de la Sibérie, sujettes en cette saison à des 
inondations terribles. Quelquefois des paysans tartares leur 
permettaient, pour une faible rétribution, de monter dans 
leur charrette, et tous les soirs ils se reposaient dans des 
cabanes si misérables qu'il ne fallait pas moins que la longue 
habitude qu'Elisabeth avait de la pauvreté pour pouvoir 
goûter un peu de repos. Elle se couchait toute vêtue sur 
un mauvais matelas, dans une chambre remplie d'une odeur 
de fumée, d'eau-de-vie et de tabac, où le vent soufflait sou- 
vent à travers les fenêtres collées avec du papier, et où, 
pour surcroît de désagrément, dormaient pêle-mêle le père, 
la mère, les enfants, et quelquefois même une partie du bétail 
de la famille. 

A quarante verstes de Tioumen, on passe dans un bois où 
des poteaux indiquent la fin du gouvernement de Tobolsk : 
Elisabeth les remarqua ; elle quittait la terre de l'exil ; il lui 
sembla qu'elle quittait sa patrie et qu'elle se séparait une 
seconde fois de ses parents. " Ah ! dit-elle, que me voilà 
loin d'eux à présent !" Cette réflexion, elle la fit encore 
lorsqu'elle mit le pied en Europe. Être dans une autrfc par- 
tie du monde lui présentait l'image d'une distance qu- l'ef- 
frayait plus que le chemin qu'elle venait de faire ; ell< Vhs- 

6* 



66 ELISABETH. 

sait en A.sie ses seuls protecteurs, les seuk êtres dans toute 
la nature sur qui elle eût des droits, et dont l'affection lui 
fût assurée. Et que trouverait-elle dans cette Euiope si 
célèbre par ses lumières, dans cette cour impériale où af- 
fluent les richesses et les talents ? Y trouverait-elle un seul 
cœur touché de sa misère, ému de sa faiblesse, dont elfe pût 
implorer la protection ? Sans doute à cette pensée il était 
un nom qui devait se présenter à elle. Ah ! si elle avait es- 
péré le rencontrer à Pétersbourg ! . . . mais il n'y était point. 
L'ordre de l'empereur l'avait mandé pour rejoindre l'armée 
en Livonie ; elle ne le trouverait donc pas dans cette Eu- 
rope, qui lui semblait n'être habitée que par lui, parce qu'il 
était la seule personne qu'elle y connût. Alors tout son 
recours était dans le père Paul. Un homme qui avait passé 
soixante ans à faire du bien, devait, dans les idées d'Elisa- 
beth, avoir un grand crédit à la cour des rois. 

De Ferme à Tobolsk on compte près de neuf cents verstes : 
les chemins sont beaux, les champs fertiles et bien cultivés : 
on rencontre fréquemment de riches villages russes et tartares, 
dont les habitants ont l'air si heureux, qu'on a peine à 
croire qu'ils respirent l'air de la Sibérie ; il y a même 
quelques auberges ornées de très-belles images, de tables, 
de tapis et de plusieurs ustensiles de luxe qui étaient in- 
connus à Elisabeth, et qui commençaient à étonner sa 
simplicité. 

Cependant la ville de Ferme, quoique la plus grande 
qu'elle eût vue encore, l'attrista par ses rues sales et étroites, 
la hauteur de ses maisons, le mélange confus de palais et de 
chaumières, et l'air fétide .qu'on y respirait. Ferme est en- 
tourée de marécages ; et, jusqu'à Casan, le pays, entrecoupé 
de bruyères stériles et de noires forêts de sapins, présente 
l'aspect du monde le plus triste. Dans la saison des orag(«, 
la foudre tombe très-fréquemment sur ces vieux arbres. 



ÉLIBABETH. 67 

qu'elle embrase avec rapidité, et qui paraissent alors comme 
des colonnes d*un rouge ardent surmontées d'une vaste che- 
velure de flamme. Plusieurs fois Elisabeth et son guide furent 
témoins de ces incendies. Obligés de traverser ces bois, qui 
brûlaient des deux côtés du chemin, tantôt ils voyaient des 
arbres consumés par le bas soutenir de leur* seule écorce 
leurs cimes que le feu n'avait pas encore gagnées, oup'en- 
versés à demi, former comme un arc de feu au milieu de la 
route ; ou enfin, s* écroulant avec fracas, retomber l'un sur 
l'autre en pyramides embrasées, semblables à ces bûchers 
antiques où la piété païenne recueillait la cendre des héros. 

Cependant, malgré ces dangers et ceux plus éminents 
peut-être du passage des fleuves débordés, Elisabeth ne se 
plaignait point, et trouvait môme qu'on lui avait exagéré les 
diflScultés du voyage. Il est vrai que le temps était très- 
beau, et qu'elle n'allait pas toujours à pied ; on rencontrait 
le long de la route des charrettes et des kibicks vides qui 
revenaient de mener des bannis en Sibérie ; pour quelques 
kopecks nos voyageurs obtenaient facilement des courriers la 
permission de monter dans leurs voitures. Elisabeth accep- 
tait sans humiliation les secours du bon père ; car, en les 
recevant de lui, elle croyait les tenir du ciel. 

Arrivés sur les bords de la Kama vers les premiers jours 
de septembre, nos voyageurs n'étaient plus qu'à deux cents 
verstes de Casan : c'était avoir presque fait la moitié du 
voyage. Ah ! si le ciel eût permis qu' lisabeth l'eût fini 
ainsi qu'elle l'avait commencé, elle aurait cru avoir faible- 
ment payé le bonheur d'être utile à ses parents ; mais tout 
allait changer, et avec la mauvaise saison s'approchait le 
moment qui devait exercer son courage, mettre au jour 
sa vertu, et sur la tête du juste la couronne immortelle 
de vie. 

Depuis plusieurs jours le missionnaire s'affaiblissait sen* 



68 ELISABETH. 

♦ 

siblement; il ne marchait plus qu'avec peme, et, quoique 
appuyé sur son bâton et sur le bras d'Elisabeth, il était 
obligé de se reposer sans cesse. S'il montait dans un kibick, 
la route, formée de gros rondins placés sur des marécages, 
lui causait des secousses horribles qui épuisaient seç der- 
nières forces sans altérer un moment son courage. Cepen- 
dant en arrivant à Sarapoul, gros village à clocher, sur la 
rive droite de la Kama, le bon religieux éprouva une défail- 
lance si extraordinaire qu'il ne lui fut pas possible d'aller 
plus loin. Il fut recueilli dans un mauvais cabaret auprès 
de la maison de TOupravitel, qui régit les biens de la cou- 
ronne dans le territoire de Sarapoul. La seule chambre 
qu'on pût lui donner était une espèce de galetas élevé, avec 
un plancher tout tremblant, des fenêtres sans carreaux, pas 
une chaise, pas un banc, pour tout meuble une mauvaise 
table et un bois de lit vide ; on y jeta un peu de paille, et le 
missionnaire s'y coucha. Le vent qui soufflait par la fenêtre 
était si froid, qu'il aurait éloigné le sommeil du malade, lors 
même que ses souffrances lui eussent permis de- s'y livrer. 
De plus funestes pensées commençaient à effrayer Elisabeth. 
Elle demanda un médecin, il n'y en avait point à Sarapoul ; 
et, comme elle vit que les gens de la maison ne prenaient 
aucune part à l'état du pauvre mourant, elle fut réduite à 
n'avoir recours qu'à elle-même pour le soulager. D'abord 
elle attacha contre la croisée un lambeau de vieille tapisserie 
qui pendait le long du mur ; ensuite elle alla cueillir dans 
les champs de la réglisse à gousses velues, ainsi que des 
roses de Gueldre, et puis les mêlant, comme elle l'avait vu 
pratiquer à sa mère, avec des feuilles de cotylédon épineux, 
elle en fit une boisson salutaire qu'elle apporta au pauvre 
religieux. A mesure que la nuit approchait, son état empi- 
rait de plus en plus, et la malheureuse Elisabeth ne pouvait 
plus retenir ses larmes. Quelquefois elle s'éloignait pour 



ÉUBABETH. 69 

étouffer ses sanglots ; au fond de son grabat le bon pare les 
entendait, et il pleurait sur cette douleur qu'il ne pouvait pas 
soulager, car il sentait qu'il ne se relèverait plus, et que tout 
était fini pour lui sur la terre. Ah ! ce n'est pas quand on 
a employé soixante ans à travailler pour Dieu qu'on peut 
craindre la mort ! mais comment ne pas regretter un peu la 
vie, quand il y reste beaucoup de bien à faire? "Mon Dieu, 
disait-il à voix basse, je ne murmure point contre votre vo- 
lonté ; mais, si vous m'aviez permis de conduire cette pauvre 
orpheline jusqu'au terme de son voyage, il me semble que je 
serais mort plus tranquille." Elisabeth avait allumé un 
flambeau de résine, et demeura debout toute la nuit pour 
soigner son malade. Un peu avant le jour elle s'approcha 
pour lui donner à boire ; le missionnaire, prévoyant qu'avant 
peu il ne serait plus en état de parler, se souleva sur son séant, 
prit le verre des mains de la jeune fille, et, l'élevant vers le 
ciel, il dit : " Mon Dieu, je la recommande à celui qui nous 
a promis qu'un verre d'eau offert en son nom ne serait pas 
un bienfait perdu." Ces mots révélèrent à Elisabeth toute 
l'évidence d'un malheur que jusqu'alors elle s'était efforcée 
de ne pas croire possible ; elle vit que le religieux sentait 
qu'il allait mourir, elle vit qu'elle allait tout perdre : son 
cœur se brisa, elle tomba à genoux devant le lit, le front 
couvert d'une sueur froide et la poitrine suffoquée de san- 
glots. " Mon Dieu, prenez pitié d'elle ; prenez pitié d'elle, 
mon Dieu !" répétait le missionnaire en la regardant avec 
une profonde compassion. A la fin, comme il vit que la 
violence de sa douleur allait toujours croissant, il lui dit : 
" Au nom du ciel et de votre père, calmez- vous, ma fille, et 
écoutez-moi." Elisabeth tressaillit, étouffa ses cris, essuya 
ses larmes, et, les yeux fixés sur le religieux, attendit avec 
respect ce qu'il allait lui dire ; il s'appuya contre la planche 
qui servait de dossier à son lit, et, recueillant toutes ses 



70 ELISABETH. 

forces, il parla ainsi : " Mon enfant, vous allez être exposée 
à de grandes peines en voyageant seule, à votre âge, au nai- 
lieu de la mauvaise saison ; cependant c'est là votre moindre 
péril ; la cour vous en offrira de plus terribles ; un courage 
ordinaire peut lutter contre Tinfortune et ne résiste pas à la 
séduction : mais vous n'avez pas un courage ordinaire, ma 
fille, et le séjour de la cour ne vous changera pas. Si 
quelques méchants (et vous en trouverez beaucoup) vou- 
laient abuser de votre situation et de votre misère pour vous 
écarter de la vertu, vous ne croirez point à leurs promesses, 
et toutes leurs vaines richesses ne vous éblouiront pas. La 
crainte de Dieu et Tamour de vos parents, voilà ce qui est 
au-dessus de tout, et voilà ce que vous avez. A quelque, ex- 
trémité que vous soyez réduite, vous n'abandonnerez jamais 
ces biens pour quelque bien qu'on puisse vous offrir, et vous 
vous souviendrez toujours qu'une seule faute porterait la 
mort au sein de ceux qui vous ont donné la vie. — Ah ! mon 
père ! interrompit-elle, ne craignez pas. . . — ^Je ne crains 
rien, dit-il : votre piété, votre dévouement ont mérité une 
confiance sans bornes, et je suis sûr que vous ne succom- 
berez pas à l'épreuve à laquelle Dieu vous soumet. Main- 
tenant, ma fille, prenez dans ma robe la bourse que le géné- 
reux gouverneur de Tobolsk me donna en vous recomman- 
dant à mes soins. Gardez-lui le secret, il y va de sa vie. . . 
Cet argent vous conduira à Pétersbourg. Allez chez le 
patriarche, parlez-lui du père Paul, peut-être ne l'aura-t-il 
pas oublié ; il vous donnera un asile dans un couvent de 
filles, et présentera sans doute lui-même votre requête à 
l'empereur. . . Il est impossible qu'on la rejette. . . Au mo- 
ment de la mort, je puis vous le dire, ma fille, votre vertu 
est grande ; le monde en voit peu de semblable, il en sera 
touché ; elle aura sa récompense sur la terre avant de l'avoir 
dans le ciel. . ." Il s'arrêta, sa respiration devenait gênée, et 



ELISABETH. 71 

ime sueur froide coulait sur son front. Elisabeth pleurait 
en silence, la tête penchée sur le lit. Après une longue 
pause le missionnaire détacha de dessus sa poitrine un petit 
crucifix de bois d'ébène, et, le présentant A Elisabeth, il lui 
dit d'une voix affaiblie: "Prends ceci, ma fille ; c'est le seul 
bien que j'aie à donner, le seul que j'aie possédé sur la 
terre : avec lui je n'ai manqué de rien." Elle le pressa 
contre ses lèvres avec un vif transport de douleur, car l'a- 
bandon d'un pareil bien lui prouvait que le missionnaire était 
sûr de n'avoir plus qu'un moment à vivre. " Pauvre brebis 
abandonnée, ajouta-t-il avec une grande compassion, ne crains 
plus rien ; car voilà le bon pasteur du troupeau qui veillera 
sur toi ; s'il te prend ton appui, il te rendra plus qu'il ne te 
prend, fie-toi à sa bonté. Celui qui donne la nourriture 
aux petits passereaux et qui sait le compte des sables de la 
mer n'oubliera pas Elisabeth. — Mon père, ô mon père ! s'é- 
cria-t-elle en serrant la main qu'il étendait vers elle, je ne 
puis me soumettre à vous perdre. . . — Mon enfant, reprit-il, 
Dieu l'ordonne : résigne-toi, calme ta douleur ; dans peu 
d'instants je serai là-haut, je prierai pour toi, pour tes pa- 
rents. . ." Il ne put achever ; ses lèvres remuaient encore, 
mais on ne distinguait aucun son : il retomba sur sa paille, 
les yeux élevés vers le ciel ; ses dernières forces furent em- 
ployées à lui recommander l'orpheline gémissante, et il sem- 
blait encore prier pour elle quand déjà \A mort l'avait frappé : 
tant était grande en son âme l'habitude de la charité : tant, 
durant le cours de sa longue vie, il avait négligé ses propres 
intérêts pour ne songer qu'à ceux d 'autrui ; au moment ter- 
rible de comparaître devant le trône du souverain juge et de 
tomber pour toujours dans les abîmes de l'éternité, ce n'était 
pas encore à lui-même qu'il pensait. 

Les cris d'Elisabeth attirèrent plusieurs personnes : on lui 
demanda ce qu'elle avait, elle montra son protecteur étendu 



73 ELISABETH. 

sans vie ; aussitôt, au bruit de cet événement, ]a chambre se 
remplit de monde: les uns venaient voir ce qui se passait 
avec une curiosité stupide ; ceux-ci jetaient un coup d'œil 
de surprise sur cette jeune fille qui pleurait auprès de ce 
moine mort ; d'autres la regardaient avec pitié : mais les 
maîtres de Tauberge, occupés seulement de se faire payer 
les misérables aliments qu'ils avaient fournis, trouvèrent 
avec joie dans la robe du missionnaire la bourse que, dans sa 
douleur, Elisabeth n'avait pas songé à prendre ; ils s'en em- 
parèrent et dirent à la jeune fille qu'ils lui rendraient le reste 
quand ils se seraient remboursés de leurs frais et de ceux de 
l'enterrement. Bientôt les popes arrivèrent avec leui*s flam- 
beaux et leur suite ; ils jetèrent un grand drap sur le corps 
du mort : la pauvre Elisabeth fit alors un cri douloureux. 
Obligée de quitter la main raidie de son guide, qu'elle tenait 
toujours, elle dit un dernier adieu à cette figure vénérable 
qui respirait déjà une sérénité divine, et se précipita a 
genoux dans le coin le plus obscur de la chambre. Là, 
baignée de larmes, la tête couverte d'un mouchoir, comme 
pour se cacher ce monde désert o\ï elle allait marcher seule, 
elle s'écriait d'une voix étouffée : " O esprit bienheureux, 
n'abandonne pas la pauvre délaissée 1 mon père ! ma 
tendre mère, que faites-vous maintenant que tout secoura 
vient d'être ôté à l'enfant de votre amour ?" 

Cependant on commença quelques chants funèbres, on mit 
le corps dans la bière, et, quand vint le moment de l'empor- 
ter, Elisabeth, quoique faible, tremblante et désespérée, vou- 
lut accompagner jusqu'à son dernier asile celui qui l'avait 
soutenue, secourue, fortifiée, et qui était mort en priant pour 
elle. 

Sur la rive droite de la Kama, au pied d'une éminence ou 
s'élèvent les ruines d'une forteresse construite pendant les 
anciens troubles des Baschkirs, est le heu consacré à la se- 



ELISABETH. 73 

pulture des habitants de Sarapoul. Cette place est en pleine 
campagne, elle est entourée d'une haie de mélèzes nains; au 
milieu on voit une petite maison de bois qui sert d'oratoire, 
ef tout autour des amoncellements de ten-e surmontés d'une 
croix qui désignent autant de tombeaux ; çà et là quelques 
sapins épars projettent des ombres lugubres, et de dessous 
les pierres sépulcrales sortent des touffes de chardons en 
forme de bluets avec de larges feuilles pendantes et dé- 
coupées, et une autre plante dont la tige nue et penchée se 
divise en plusieurs rameaux affilés, et dont les fleurs, d'un 
jaune livide, semblent faites pour ne s'épanouir que sur les 
tombeaux. 

Le cortège qui suivait le cercueil du missionnaire était 
nombreux. On y voyait plusieurs sortes de nations : des 
Pei*sans, des Trukmènes, des Arabes échappés à l'esclavage 
des Kirguis et reçus dans des collèges fondés par la dernière 
impératrice. Ils suivaient pêle-mêle, un flambeau de paille 
à la main, le convoi funèbre, en mêlant leurs voix à celles 
des popes, tandis qu'Elisabeth, silencieuse, marchait à pas 
lents, la tête couverte, et ne sentant de relation, au milieu de 
cette foule tumultueuse, qu'avec celui qui n'était plus. 

Quand le cercueil fut placé dans la fosse, le pope, selon 
l'usage du rit grec, mit une petite pièce de monnaie dans la 
main du mort pour payer son passage, et, après avoir jeté 
un peu de terre par-dessus, il s'éloigna ; et là demeura en- 
seveli dans un éternel oubli un mortel charitable qui n'avait 
pas passé un seul jour sans faire de bien à quelqu'un ; sem- 
blable à ces vents bienfaisants qui portent en tous lieux les 
graines utiles et qui les font germer dans tous les climats, il 
avait parcouru plus de la moitié du monde, semant partout 
la sagesse et la vérité, et il mourait ignoré du monde : tant 
la renommée s'attache peu à la bonté modeste, tant les 
hommes qui la distribuent ne l'accordent qu'à ce qui les 

1 



7i ELISABETH. 

étonne, a ce qui les détruit, et jamais à ce qui les console, 
O rayon éclatant, éblouissante lumière, superbe gloire hu- 
maine ! ne pense pas que Dieu t'eût permis d*être ainsi le 
• prix de la grandeur, s*il n'avait réservé sa propre gloire pour 
être le prix de la vertu. 

Elisabeth resta dans ce lieu de tristesse jusqu'à la chute 
du jour ; elle y pleura, elle y pria beaucoup, et ses larmes 
et ses prières la soulagèrent. Dans les grandes infortunes, 
il est bon, il est utile de pouvoir passer quelques heures à 
méditer entre le ciel et la mort ; du tombeau s'élèvent des 
pensées de courage ; du ciel descendent de consolantes es- 
pérances ; on craint moins le malheur là où on en voit la 
fin ; et là où -on en pressent la récompense, on commence 
presque à l'aimer. 

Elisabeth pleurait et ne murmurait point ; elle remerciait 
Dieu des bienfaits qu'il avait répandus sur une partie de sa 
route, et ne croyait point avoir le droit de se plaindre parce 
qu'il les avait retirés à l'autre. Elle se trouvait, comme sur 
les bords du ïobol, sans guide, sans secours, mais armée du 
même courage et remplie des mêmes sentiments. " Mon 
père ! ma mère ! s'écriait-elle, ne craignez nen, votre enfant 
ne se laissera point abattre." Ainsi elle cherchait à les 
rassurer, comme s'ils eussent pu deviner l'abandon où elle 
se trouvait. Et quand un secret effroi gagnait son cœur : 
" Mon père ! ma mère !" répétait- elle encore, et ces noms 
calmaient sa frayeur. " Homme juste et maintenant bien 
heureux, disait-elle en appuyant son front sur la terre 
fraîchement remuée, faut-il vous avoir perdu avant que mon 
noble père, ma tendre mère vous aient remercié de vos soins 
pour leur pauvre orpheline ! ... bonheur d'être béni par 
eux ! faut-il que vous en ayez été privé !" 

Quand la nuit commença à s'approcher, et qu'Elisabeth 
Bentit qu'il fallait s'arracher de ce lieu funèbre, elle voulut y 



AUSABISTH. 75 

laisser quelques traces de son passage, et, prenant un caîUoa 
tranchant, elle traça ces mots sur la croix qui s'élevait au- 
dessus du cercueil : le juste est mort, et il n'y a personne 
fui y prenne garde. 

Alors, disant un dernier adieu aux cendres du pauvre re- 
ligieux, elle sortit du cimetière, et revint tristement occuper 
la chambre déserte de Taub^rge de Sarapoul. Le lende- 
main, quand elle voulut se remettre en route, Thôte lui donna 
trois roubles, en l'assurant que c'était tout ce qui restait dans 
la bourse du missionnaire. Elisabeth les prit avec un senti- 
ment de reconnaissance et d'attendrissement, comme si ces 
richesses, qu'elle devait à son protecteur, lui étaient arrivées 
de ce ciel où il habitait maintenant. " Ah ! s'écria-t-elle, 
mon guide, mon appui, ainsi votre charité vous survit ; et, 
quand vous n'êtes plus auprès de moi, c'est elle qui me sou- 
tient encore !" 

Cependant, dans sa route solitaire, elle ne peut cesser de 
verser des larmes ; tout est pour elle un sujet de regret, tout 
lui fait sentir l'importance du bien qu'elle a perdu. Si ua 
paysan, un voyageur curieux la regarde ou l'interroge, elle 
n'a plus son vénérable protecteur pour commander le respect ; 
si la fatigue l'oblige à s'asseoir, et qu'un kibick vide vienne 
à passer, elle n'ose point l'arrêter, dans la crainte d'un refus 
ou d'une insulte ; d'ailleurs, ne possédant que trois roubles^ 
elle aime mieux qu'ils lui servent à retarder le moment d'a- 
voir recours aux aumônes qu'à lui procurer la moindre com- 
modité : aussi se refuse-t-elle maintenant les légères dou- 
ceurs que le bon missionnaire lui procurait souvent. Elle 
choisit toujours pour s'abriter les plus pauvres asiles, et se 
contente du plus mauvais lit et de la nourriture la plus 
grossière. 

Ainsi» cheminant très-lentement, elle ne put arriver à 
Kasan que dans les premiers jours d'octobre. Un grand 



76 fiXlâAtiETU. 

vent de nord-ouest soufflait depuis plusieurs jours et avait 
amassé beaucoup de glaçons sur les rives du Volga, ce qui- 
avait rendu son passage presque impracticable. On ne pou- 
vait le traverser que partie en nacelle et partie à pied, en 
sautant de glaçon en glaçon. Les bateliers, accoutumés aux 
dangers de cette navigation, n'osaient aller d'un bord du 
fleuve à l'autre que pour l'appât d'un gain très-considérable, 
et nul passager ne se serait exposé à faire le trajet avec eux. 
Elisabeth, sans examiner le péril, voulut entrer dans un de 
leurs bateaux ; ils la repoussèrent brusquement en la traitant 
d'insensée, et jurant qu'ils ne permettraient pas qu'elle tra- 
versât le fleuve avant qu'il fût entièrement glacé. Elle leur 
demanda combien de temps il faudrait probablement attendre. 
** Au moins deux semaines," j 6pondirent-ils. Alors elle ré- 
solut de passer sur-le-champ. " Je vous en prie, leur dit- 
elle d'une voix suppliante, au nom de Dieu, aidez-moi à tra- 
verser le fleuve ; je riens de par-delà Tobolsk, je vais à Pé- 
tersbourg demander è l'empereur la grâce de mon père, 
exilé en Sibérie, et j'ji si peu d'argent que, si je demeurais 
quinze jours à Ra^an, il ne me resterait plus rien pour con- 
tinuer ma route." Ces paroles touchèrent un des bateliers : 
il prit Éusabeth par la main : " Venez, lui dit-il, je vais es- 
sayer de vous conduire ; vous êtes une bonne fille, craignant 
Dieu et aimant votre père, le Ciel vous protégera." Il la fit 
entrer avec lui dans sa barque, et navigua jusqu'à moitié du 
fleuve ; alors, ne pouvant aller plus loin, il prit la jeune fille 
sur ses épaules, et, marchant sur les glaces en se soutenant 
sur ses avirons, il atteignit sans accident l'autre rive du 
Volga, et y déposa son fardeau. Elisabeth, pleine de re- 
connaissance, après l'avoir remercié avec toute l'effusion du 
cœur le plus touché, voulut lui donner quelque chose. Elle 
tira sa bourse, qui contenait un peu moins de trois roubles : 
" Pauvre fille ! lui dit le batelier en regardant son trésor, 



«LISABETH. T7 

voilà donc tout ce que tu possèdes, tout ce que tu as pour 
te rendre à Pétersbourg, et tu crois que Nicolas Eisolofif t'en 
ôteiuit une obole ? Non, je veux plutôt y ajouter : cela me 
portera bonheur, unsi qu'à mes six enfants." 

Alors il lui jeta une petite pièce de monnaie, et s'éloigna 
en lui criant : " Dieu veille sur toi, ma fille !" 

Elisabeth ramassa sa petite pièce de monnaie, et, la consi- 
dérant avec un peu d'émotion, elle dit: ''Je te garderai 
pour mon père, afin que tu lui sois une preuve que ses 
vœux ont été entendus, que son esprit ne m'a point quitté, 
et que partout une protection paternelle a veillé sur moi." 

Le temps était clair et serein ; mais, par moments, il ve- 
nait du côté du nord des bouffées d'une bise très-froide. 
Après avoir marché quatre heures sans s'arrêter, Elisabeth 
se sentit très-fatiguée. Aucune maison ne s'offrant à ses 
regards, elle fut chercher un asile au pied d'une petite col- 
line dont les rochers bruns et coupés à pic la garantissaient 
de tous les vents. Près de là s'étendait une, forêt de chênes; 
ce n'est que sur cette rive du Volga qu'on commence à voir 
cette espèce d'arbres. Elisabeth ne les connaissait point ; et, 
quoiqu'ils eussent déjà perdu une partie de leur parure, ils 
pouvaient être admirés encore ; mais, quelque beaux qu'ils 
fussent, Elisabeth ne pouvait aimer ces arbres d'Europe ; ils 
lui faisaient trop sentir la distance qui la séparait de ses pa- 
rents ; elle leur préférait beaucoup le sapin ; le sapin était 
l'arbre de l'exil, l'arbre qui avait protégé son enfance et 
sous l'ombre duquel ses parents se reposaient peut-être en 
cet instant. De telles pensées la faisaient fondre en larmes. 
"Oh! quand les reverrai-je! s'écriait-elle, quand entendrai- je 
leur voix! quand retournerai- je de ce côté pour tomber dans 
leurs bras !" Et, en parlant ainsi, elle tendait les siens vers 
Kasan, dont elle apercevait encore les tours dans le lointain, 
et au-dessus de la ville l'antique forteresse des khans de la 

1* 



78 ELISABETH. 

Tartane, se présentant sur le haut des rochers d'une maniàre 
imposante et pittoresque. 

Le long de sa route Elisabeth rencontrait souvent des ob- 
jets qui portaient dans son cœur une tristesse à peu près 
semblable à celle qui naissait du sentiment de ses propres 
malheurs : tantôt c'étaient des infortunés enchaînés deux à 
deux, qu'on envoyait soit dans les mines de Nertshink pour 
y travailler jusqu'à la mort, soit dans les campagnes d'Ir- 
koutsk, pour peupler les rives sauvages de l'Angora : tantôt 
c'étaient des troupes de colons destinés à peupler la nouvelle 
ville qu'on bâtissait par l'ordre de l'empereur sur les fron- 
tières de la Chine. Les uns allaient à pied, et les autres 
étaient juchés sur des chariots avec les caisses et les ballots, 
les chiens et les poules. Cependant tous ces hommes, exilés 
pour des fautes qui ailleurs eussent peut-être été punies de 
mort, n'excitaient que la commisération d'Elisabeth ; mais 
quand elle rencontrait quelque banni conduit par un courrier 
du sénat, et dont la noble figure lui rappelait celle de son 
père, alors elle était émue jusqu'aux larmes ; elle s'appro- 
chait avec respect du malheureux, et lui donnait ce qui dé- 
pendait d'elle : ce n'était point de l'or, elle n'en avait pas ; 
mais c'était ce qui souvent console davantage, et ce que la . 
plus pauvre des créatures peut donner comme la plus opu- 
lente, c'était la pitié. Hélas ! la pitié était la seule richesse 
d'Elisabeth ; c'était avec la pitié qu'elle soulageait la peine 
des infortunés qu'elle rencontrait le long de sa route, et c'é- 
tait à l'aide de la pitié qu'elle allait voyager désormais ; car, 
en atteignant Volodimir, il ne lui restait plus qu^un rouble. 
Elle avait mis près de trois mois à se rendre de Sarapoul à 
Volodimir ; et grâce à l'hospitalité des paysans russes, qui, 
pour du lait et du pain, ne demandent jamais de payement, 
son faible trésor n'était pas entièrement épuisé: mais -elle 
commençait à manquer de tout, ses chaussures étaient dô- 



ELISABETH. 79 

cfairées, ses habits en lambeaux la garantissaient mal du 
froid qui était déjà à plus de trente degrés, et qui augmen- 
tait tous les joui's. La neige couvrait la terre de plus de 
deux pieds d'épaisseur ; quelquefois en tombant elle se ge- 
lait en Tair, et semblait une pluie de glaçons qui ne pennet- 
tait de distinguer ni ciel ni terre ; d'autres fois c'étaient 
des torrents d'eau qui creusaient des précipices dans les 
chemins, ou des coups de vent si furieux, qu'Elisabeth, pour 
éviter leur atteinte, était obligée de creuser un trou dans la 
neige, et de se couvrir la tête de longs morceaux d'écorce de 
pin, qu'elle arrachait adroitement, ainsi qu'elle l'avait vu pra- 
tiquer à certains habitants de la Sibérie. 

Un jour que la tempête soulevait la neige par bouffées, et 
en formait une brume épaisse qui remplissait l'air de té- 
nèbres, Elisabeth, chancelant à chaque pas, et ne pouvant 
plus distinguer son chemin, fut forcée de s'arrêter ; elle se 
réfugia sous un grand rocher, contre lequel elle s'attacha 
étroitement, afin de résister aux tourbillons de vent qui ren- 
versaient tout autour d'elle. Tandis qu'elle demeurait là, 
appuyée, immobile et la tête baissée, elle crut entendre assez 
près un bruit confus, qui lui donna l'espérance de trouver 
un meilleur abri ; elle se traîna avec peine de ce côté, et 
aperçut en effet un kibick renversé et brisé, et un peu plus 
loin une chaumière. Elle se hâta d'aller frapper à cette 
porte hospitalière ; une vieille femme vint lui ouvrir, " Pauvre 
jeune fille ! lui dit-elle, émue de sa profonde détresse, d'où 
viens-tu, à ton âge, ainsi seule, transie et couverte de neige ?" 
Elisabeth répondit comme à son ordinaire : " Je viens de 
par-delà Tobolsk, et je vais à Pétersbourg demander la 
grâce de mon père." A ces mots, un homme qui avait la 
tête penchée dans ses mains, la releva tout à coup, regarda 
Elisabeth avec surprise : " Que dis-tu ? s'écria- t-il : tu viens 
de la Sibérie dans cet état, dans cette misère, au miheu des 



80 ELISABETH. 

tempêtes, pour demander la grâce de ton père ? Ab ! ma 
pauvre fille ferait comme toi peut-être ; mais on m*a ar- 
raché de ses bras sans qu'elle sache où l'on m'emmène, sans 
qu'elle puisse solliciter pour moi ; je ne la verrai plus, j'en 
mourrai. . . On ne peut pas vivre loin de son enfant. . ." 
Elisabeth tressaillit. " Monsieur, reprit-elle vivement, j'es- 
père qu'on peut vivre quelque temps loin de son enfant. 
— Maintenant que je connais mon sort, continua l'exilé, je 
pourrais en instruire ma fille : voici une lettre que je lui ai 
écrite ; le courrier de ce kibick renversé qui retourne à Riga 
où est ma fille, consentirait à s'en charger si j'avais la 
moindre récompense à lui offrir ; mais la moindre de toutes 
n'est pas en mon pouvoir, je ne possède pas un simple ko- 
peck ; les cruels m'ont tout enlevé." 

Elisabeth sortit de sa poche le rouble qui lui restait, en 
rougissant beaucoup d'avoir si peu à offrir. " Si cela pou- 
vait suflâre," dit-elle d'une voix timide, en le mettant dans la 
main de l'exilé. Celui-ci serra la main généreuse qui lui 
donnait toute sa fortune, et courut proposer l'argent au 
courrier : c'était le denier de la veuve, le courrier s'en con- 
tenta. Dieu sans doute avait béni l'offrande ; il permit 
qu'elle parût ce qu'elle était, grande et magnifique, afin que, 
servant à rendre une fille à son père et le bonheur à une 
famille, elle portât des fruits dignes du cœur qui l'avait 
faite. 

Quand l'ouragan fut calmé, Elisabeth voulut se mettre en 
route. Elle embrassa la vieille femme qui l'avait soignée 
comme sa propre fille, et lui dit tout bas, pour que l'exilé ne 
l'entendît pas : " Je ne puis vous récompenser, je n'ai plus 
rien du tout ; je ne puis vous offrir que les bénédictions de 
mes parents ; elles sont à présent ma seule richesse. — Quoi ! 
interrompit la vieille femme tout haut, pauvre fille, vous 
avez tout donné?" Elisabeth rougit et baissa les yeux. 



ELISABETH. 81 

L'exilé leva les mains au ciel, et tomba à genoux devant 
elle : " Ange qui m'as tout donné, lui dit-il, ne puis-je rien 
pour toi ?" Un couteau était sur la table ; Élisabetb le prit, 
coupa une boucle de ses cheveux, et la donnant à l'exilé, 
elle dit : " Monsieur, puisque vous allez en Sibérie, vous 
verrez le gouverneur de Tobolsk ; donnez-lui ceci, je vous 
en prie : Élisabetb l'envoie à ses parents, lui direzvous. 
Peut-être consentira-t-il que ce souvenir aille les instruire 
que leur enfant existe encore. — Ah ! je jure de vous obéir, 
répondit l'exilé ; et, dans ces déserts où l'on m'envoie, si 
je ne suis point tout à fait esclave, je saurai trouver la 
cabane de vos parents, et leur dire ce que vous avez fait au- 
jourd'hui." 

Avec le cœur d'Elisabeth, te don d'un trône l'eût bien 
moins touchée que l'espoir des consolations qu'on lui pro- 
mettait de porter à ses parents. Elle ne possédait plus rien, 
rien que la petite pièce de monnaie du batelier du Volga, et 
cependant elle pouvait se croire opulente, car elle venait de 
gQÛter les seuls vrais biens que les richesses puissent pro- 
curer : par ses dons, elle avait fait la joie d'un père, elle 
avait consolé l'orpheline en pleurs ; et voilà pourtant ce qu'un 
seul rouble peut produire entre les mains de la charité ! 

Depuis Volodimir jusqu'à Pokrof, village de la couronne, 
le pays est dans un bas-fond très-marécageux, et couvert 
de forêts d'ormes, de chênes, de trembles et de pommiers 
sauvages. Dans l'été, ces diflférentes espèces d'arbres for- 
ment des bosquets qui réjouissent la vue, mais qui sont or- 
dinairement le refuge des voleurs : l'hiver on les redoute 
moins, parce que les taillis dépouillés de leurs feuilles ne 
leur permettent pas de se cacher aussi bien. Cependant, le 
long de sa route, Elisabeth entendait parler de vols qui 
s'étaient commis : .si elle avait possédé quelque chose, 
peut-être ces bruits l'eussent-ils effrayée; mais obligée de 



82 ELISABETH. 

mendier son pmn, il lui semblait que sa pauvreté la mettait 
à l'abri de tout, et que, sous cette égide'i elle pouvait tra- 
verser ces forêts sans danger. 

Quelques verstes avant Pokrof, la grande route venait d'être 
emportée par un ouragan, et les voyageurs étaient obligés, 
pour se rendre à Moscou, de faire un grand détour à tra- 
vers les marécages que le Volga forme en cet endroit ; ils 
étaient couverts d'une glace si épaisse, qu'on y marchait 
aussi solidement que sur la terre. Elisabeth prit cette route 
qu'on lui avait indiquée ; elle marcha longtemps à travers ce 
désert de glace ; mais comme aucun chemin n'y était tracé, 
elle se perdit, et tomba dans une espèce de marais fangeux, 
dont elle eut beaucoup de peine à se tirer. Enfin, après 
bien des efforts, elle gagnaTm tertre un peu élevé. Cou- 
verte de boue et épuisée de fatigue, elle s'assit sur une 
pierre, et détacha sa chaussure pour la faire sécher au so- 
leil, qui brillait en ce moment d'un éclat assez vif. Ce lieu 
était sauvage, on n'y voyait aucune trace d'habitation, il n'y 
passait personne, et on n'y entendait même aucun bruit. 
Elisabeth vit bien qu'elle s'était beaucoup écartée de la 
grande route, et, malgré son courage, elle fut effrayée de 
sa situation. Derrière elle était le marais qu'elle venait de 
traverser, et au delà une immense forêt dont ses yeux n'a- 
percevaient pas la fin. Le jour commençait à décliner. 
Malgré son extrême lassitude, la jeune fille se leva dans 
l'espoir de trouver un asile, ou des gens qui l'aideraient à en 
trouver un : elle erra çà et là, mais en vain ; elle ne voyait 
rien, elle n'entendait rien, et cependant il lui semblait qu'une 
voix humaine eût remph son cœur de joie. . . Tout à coup 
elle en entend plusieurs, et bientôt elle voit des hommes qui 
sortent de la forêt: elle marche vers eux, pleine d'espé- 
rance ; mais plus ils approchent, plus elle sent l'effroi suc- 
céder à la joie : leur air sauvage, leur physionomie farouche. 



ELISABETH. SZ 

Tépouvantent plus que la solitude où elle était ; elle se rap- 
pelle ce qu'on lui a dit des malfaiteurs qui remplissent cette 
contrée, et elle craint que Dieu ne la punisse de la témérité 
qui lui a persuadé qu'elle n'avait rien à craindre ; elle tombe 
à genoux pour s'humilier devant la miséricorde divine. Ce- 
pendant la troupe s'avance, s'arrête auprès d'Elisabeth, la 
regarde, et lui demande d'où elle vient, et ce qu'elle fait là. 
La jeune fille, les yeux baissés, et d'une voix tremblante, 
répond qu'elle vient de par-delà Tobolsk, et qu'elle va de- 
mander à l'empereur la grâce de son père ; elle ajoute 
qu'elle a pensé périr dans les marais, et qu'elle attend qu'elle 
ait repris im peu de force pour aller chercher un asile. Ces 
gens s'étonnent, la questionnent encore, et veulent savoir 
quel argent elle possède pour faire une si longue roate. 
Elle tire de son sein la petite pièce de monnaie du batelier 
du Volga, et la leur montre. " Voilà tout ? s'écrient-ils. 
— ^Tout," leur répondit-elle. A ces mots, les bandits se re- 
gardent l'un l'autre ; ils ne sont point touchés, ils ne sont 
point émus, l'habitude du crime ne permet pas de l'être ; 
mais ils sont surpris : ils n'avaient point l'idée de ce qu'ils 
voient ; c'est pour eux quelque chose de surnaturel, et cette 
jeune fille leur semble protégée par un pouvoir inconnu. 
Saisis de respect, ils n'osent pas lui faire de mal ; ils n'osent 
pas même lui faire du bien ; ils s'éloignent en se disant entre 
eux : " Laissons-la, laissons-la, car Dieu est assurément au- 
près d'elle." 

Elisabeth se lève, et fuit le plus vite qu'elle peut du côté 
opposé ; elle entre dans la forêt. A peine y a-t-elle fait 
quelques pas, qu'elle voit quatre grandes routes formant 
la croix, et à un des angles, une petite chapelle dédiée 
à la Vierge, surmontée d'un poteau qui indique les villes 
où conduit chacun des chemins. Elisabeth sent qu'elle 
est sauvée, elle se prosterne avec reconnaissance : les 



84 iUSiJBSTIH. 

malfaiteurs ne s'étaient pas trompés» Dieu était auprès 
d'eUe. 

La jeune fille ne sent plus sa fatigue, Tespoir lui a rendu 
des forces ; elle prend légèrement la route de Pokrof ; bien- 
tôt elle retrouve le Volga qui forme un coude auprès de ce 
village, et baigne les murs d'un pauvre couvent de filles. 
Elisabeth se hâte d'aller frapper à cette porte hospitalière ; 
elle raconte sa peine» et demande un asile ; on le lui donne 
aussitôt ; elle est accueillie, reçue comme une sœur, et en se 
voyant entourée de ces âmes pieuses et pures qui lui prodi- 
guent les plus tendres soins, elle croit im moment avoir re- 
trouvé sa mère. La récit simple et modeste qu'Elisabeth fit 
de ses aventures, fut un sujet d'édification pour toute la 
communauté. Ces bonnes sœurs ne se lassaient point d'ad- 
mirer la vertu de cette jeune fille, qui venait d'endurer tant 
de fatigues, de soutenir tant d'épreuves, sans avoir mur- 
muré une seule fois. Elles regrettaient beaucoup de n'avoir 
pas de quoi fournir aux frais de son voyage ; mais leur cou- 
vent était très-pauvre ; il ne possédait aucun revenu, et 
elles-mêmes ne vivaient que de charités. Cependant elles ne 
purent se résoudre à laisser l'orpheline continuer sa route 
avec une robe en lambeaux et des souliers déchirés ; elles se 
dépouillèrent pour la couvrir, et chacune donna une partie 
de ses propres vêtements. Elisabeth voulait refuser leurs 
dons, car c'était avec leur nécessaire que ces pieuses filles la 
secouraient ; mais celles-ci, montrant les murs de leur cou- 
vent, lui dirent : ** Nous avons im abri, et vous n'en avez 
pas ; le peu que nous possédons, vous appartient, vous êtes 
plus pauvre que nous." 

Enfin, voici Elisabeth sur la route de Moscou ; elle s'é- 
tonne du mouvement extraordinaire qu'elle y voit, de la 
quantité de voitures, de traîneaux, d'hommes, de femmes, de 
gens de toute espèce qui semblent affluer vers cette grande 



tLTBA HKiii» 85 

capitale : plus elle ayance, et plus la foule augmente. Dans 
le village où elle s'arrête, elle trouve toutes les maisons 
pleines de gens qui payent à si haut prix une très-petite 
place que l'infortunée, qui n'a rien à donner, ne peut que 
bien difficilement en obtenir une. Ah ! que de larmes elle 
dévore en recevant d'une compassion dédaigneuse un gros- 
sier aliment et un abri misérable où sa tète est à peine à 
couvert de la neige et des tempêtes ! Cependant elle n'est 
point humiliée, car elle n'oublie jamais que Dieu est témoin 
de ses sacrifices, et que le bonheur de ses parents en est le 
but ; mais elle ne s'enorgueillit pas non plus ; trop simple 
pour croire qu'en se dévouant à toutes les misères en faveur 
de ses parents, elle fasse plus que son devoir, et trop tendre 
peut-être pour ne pas trouver un secret plaisir à souffrir 
beaucoup pour eux. 

Cependant, de tous côtés, les cloches s'ébranlent, de tous 
côtés Elisabeth entend retentir le nom de l'empereur. Des 
coups de canon partis de Moscou viennent l'épouvanter ; ja- 
mais un tel bruit n'avait frappé ses oreilles. D'une voix 
timide, elle en demanda la cause à des gens couverts d'une 
riche livrée, qui se pressaient autour d'une voiture renversée. 
'* C'est l'empereur qui fait sans doute son entrée à Moscou, 
lui dirent-ils. — Comment ! reprit-elle avec surprise, est-ce 
que l'empereur n'est pas à* Pétersbourg ?" Ils haussèrent 
les épaules d'un cdr de' pitié en lui répondant : " Eh quoi ! 
pauvre fille, ne sais-tu pas qu'Alexandre vient faire la céré- 
monie de son couronnement à Moscou ?" Elisabeth joi^t 
les mains avec transport ; le Ciel venait à son secours, il en- 
voyait au-devant d'elle le monarque qui tenait entre ses 
mains la destinée de ses parents; il permettait qu'elle arrivât 
dans un de ces temps de réjouissances nationales, où le cœur 
des rois fait taire la rigueur, et même la justice, pour n'é- 
couter que la clémence. " Ah ! s'écria-t-elle, en se tour- 

8 



86 ELISABETH. 

nant da côté des terres de l'exil, mes parents, faut-il que 
mes espérances^ ne soient que pour moi, et que lorsque 
votre fille est heureuse, sa voix ne puisse aller jusqu'à 
vous." 

£Ue entra en mars 1801 dans l'immense capitale de la 
Moscovie, se croyant au terme de ses peines, et n'imaginant 
pas qu'elle dût avoir de nouveaux malheurs à craindre. En 
avançant dans la ville, elle vit des palais superbes, décorés 
avec une magnificence royale, et près de ces palais des 
huttes enfumées, ouvertes à tous les vents ; elle vit ensuite 
des rues si populeuses, qu'elle pouvait à peine marcher au 
milieu de la foule qui la pressait et la coudoyait de toutes 
parts. A très-peu de distance elle trouva des bois, des 
champs, et se crut en pleine campagne ; elle se reposa un 
moment dans la grande promenade : c'est une allée de 
bouleaux qui ressemble assez aux allées de tilleuls. Un 
nombre infini de personnes s'y promenaient, en s'entretenant 
de la cérémonie du couronnement ; des voitures allaient, ve- 
naient, se croisaient en tous sens avec un grand fracas ; les 
énormes cloches de la cathédrale ne cessaient de sonner ; de 
tous les points de la ville, d'autres cloches leur répondaient ; 
et le canon qui tirait par intervalles se faisait à peine en- 
tendre au milieu du bruit dont retentissait cette vaste cité. 
C'était surtout en approchant de la place du Krémelin que 
le tumulte et le mouvement allaient toujours croissant ; de 
grands feux y étaient allumés ; Elisabeth s'en approcha et 
s'assit timidement à côté. Elle était épuisée de froid et 
de fatigue ; elle avait marché tout le jour, et sa joie du ma- 
tin commençait à se changer en tristesse ; car, en parcourant 
les innombrables rues de Moscou, elle avait bien vu des mai- 
sons magnifiques, mais elle n'avait pas trouvé un asile ; 
elle avait bien rencontré une foule nombreuse de gens de 
toute espèce et de toutes nations, mais elle n'avait pas 



ÉLIBABETl'H. 87 

trouvé un protecteur ; elle avait entendu des personnes de- 
mander leur chemin, s'inquiéter de Tavoir 'perdu, et elle 
avait envié leur sort. " Heureux, se disait-elle, d'avoir 
quelque chose à chercher ! il n*y a que l'infortunée qui n'a 
point d'asile, qui ne cherche rien, et qui ne se perd 
point." 

Cependant la nuit approchait, et le froid devenait très-vif. 
La pauvre Elisabeth n'avait pas mangé de tout le jour, elle 
ne savsdt que devenir, elle cherchait à lire sur tous les vi- 
sages si elle n'en trouverait pas un dont elle pût espérer 
quelque pitié ; mais ce monde, qu'elle regardait avec atten- 
tion, parce qu'elle avait besoin de lui, ne la regardait seule- 
ment pas, parce qu'il n'avait pas besoin d'elle. Elle se ha- 
sarda à aller frapper à la porte des plus pauvres réduits ; 
partout elle fut rebutée : l'espoir de faire irn gain considé- 
rable pendant les fêtes du couronnement avait fermé le 
cœur des moindres aubergistes à la charité : jamais on n'est 
moins disposé à donner que quand on se voit au moment de 
s'enrichir. 

La jeune fille revint s'asseoir auprès du grand feu de la 
place du Krémelin ; elle pleurait en silence, le cœur op- 
pressé, et n'ayant pas même la force de manger im morceau 
de pain qu'une vieille femme lui avait donné par compas- 
sion. Elle se voyait réduite à ce degré de misère où il lui 
fallait tendre la main aux passants pour en obtenir une faible 
aumône accordée avec distraction où refusée avec mépris. 
Au moment de le faire, un mouvement d'orgueil la retint ; 
mais le froid était si violent qu'en passant la nuit dehors elle 
risquait sa vie, et sa vie ne lui appartenait pas. Cette pen- 
sée dompta la fierté de son cœur : une main sur ses yeux, 
elle avança l'autre vers le premier passant, et lui dit : " Au 
nom du père qui vous aime, de la mère de qui vous tenez le 
jour, donnez-moi de quoi payer un gite pour cette nuit.*' 



88 tUSÂBETH. 

L'homme à qui elle s'adressait la regarda avec curiosité a 
la lueur du feu. " Jeune fille, lui répondit-il, vous faites là 
un vilain métier ; ne pouvez- vous pas travailler ? A votre 
Âge on devrait savoir gagner sa vie ; Dieu vous aide ! je 
n'aime point les mendiants." Et il passa outre. 

L'infortunée leva les yeux au ciel comme pour j chercher 
un ami : fortifiée par la voix consolante qui s'éleva alors 
dans son cœur, elle osa réitérer sa demande à plusieurs 
personnes. Les unes passèrent sans l'entendre ; d'autres 
lui donnèrent une si faible aumône qu'elle ne pouvait suffire 
à ses besoins. Enfin, comme la nuit s'avançait, que la foule 
s'écoulait, et que les feux allaient s'éteindre, la garde qui 
veillait aux portes du palais, en faisant sa ronde sur la 
place, s'approcha d'Elisabeth, et lui demanda pourquoi elle 
restait là. L'air dur et sauvage de ces soldats la glaça de 
terreur : elle fondit en larmes sans avoir le courage de ré- 
pondre un seul mot. Les soldats, peu émus de ses pleurs, 
l'entourèrent en répétant leur question avec une insolente 
familiarité. La jeune fille répondit alors d'une voix trem- 
blante : '* y^e viens de par-delà Tobolsk pour demander à 
l'empereur la grâce de mon père ; j'ai fait la route à pied, 
et, comme je ne possède rien, personne n'a voulu me rece- 
voir." A ces mots, les soldats éclatèrent de rire en taxant 
son histoire d'imposture. L'innocente fille, v*vement alar- 
mée, voulut s'échapper ; ils ne le permirent pas, et la re- 
tinrent malgré elle. . " mon Dieu ! ô mon père ! s'écria- 
t-elle avec l'accent du plus profond désespoir, ne viendrez- 
vous pas à mon secoure ? Avez-vous abandonné la pauvre 
Elisabeth ?" 

Pendant ce débat, des hommes du peuple, attirés par le 
bruit, s'étaient rassemblés en groupes, et laissaient éclater 
un murmure d'improbation contre la dureté des soldats. 
Elisabeth étend les bras, et s'écrie : ''Je le jure à la face du 



ELISABETH. 8d 

del, je n'ai point menti: je viens à pied de par-delà Tobolsk 
pour demander la grâce de mon père ; sauvez-moi, sauvez- 
moi, et que je ne meure du moins qu'après l'avoir obtenue.'* 
Ces mots remuent tous les cœurs, plusieurs personnes s'a- 
vancent pour la secourir. Une d'elles dit aux soldats : " Je 
tiens l'auberge de Saint- Basile sur la place, je vais y loger 
cette jeune fille ; elle parait honnête, laissez-la venir avec 
moi." Les soldats, émus enfin d'un peu de pitié, ne la re- 
tiennent plus, et se retirent. Elisabeth embrasse les genoux 
de son protecteur ; il la relève, et la conduit dans son au- 
berge, à quelques pas de là. "Je n'ai pas une seule chambre 
à te donner, dit-il, elles sont toutes occupées ; mais, pour 
une nuit, ma femme te recevra dans la sienne ; elle est bonne, 
et se gênera sans peine pour t'obliger." Elisabeth trem- 
blante le suit sans dire un seul mot. Il l'introduit dans une 
petite salle basse, où ime jeune femme, tenant un enfant 
dans ses bras, était assise auprès 'd'un poêle: elle se lève 
en les voyant. Son mari lui raconte à quel danger il vient 
d'arracher cette infortunée et l'hospitalité qu'il lui a promise 
en son nom. La jeune femme confirme la promesse, et, pre- 
nant la main d'Elisabeth, elle lui dit avec un sourire plein 
débouté: "Pauvre petite, comme elle est pâle et agitée! 
mais rassurez-vous, nous aurons soin de vous ; et une autre 
fois évitez, croyez-moi, de rester aussi tard sur la place. A 
votre âge, et dans les grandes villes, il ne faut jamais être à 
cette heure-ci dans les rues." Elisabeth répondit qu'elle 
n'avait aucun asile, que toutes les portes lui avaient été fer- 
mées ; elle avoua sa misère sans honte, et raconta son 
voysge sans orgueil. La jeune femme pleura en l'écoutant ; 
son mari pleura aussi ; et ni l'un ni l'autre ne s'imaginèrent 
de soupçonner que ce récit ne fût pas sincère, leurs larmes 
leur en répondaient. Les gens du peuple ne se trom- 
pent guère à cet égard ; les brillantes fictions ne sont 

8* 



90 ÉUSABETH. 

point à leitr portée, et la vérité a seule le droit de lea 
toucher. 

Quand elle eut fini, Jacques Rossi, Taubergiste, lui dit : 
** Je n*ai pas grand crédit dans la ville ; mais tout ce que je 
ferais pour moi-même, comptez que je le ferai pour vous." 
La jeune femme serra la main de son mari en signe d'appro- 
bation, et demanda à Elisabeth si elle ne connaissait per- 
sonne qui pût rintroduire auprès de Tempereur. "Per- 
sonne," dit-elle ; car elle ne voulait pas nommer le jeune 
Smoloff, de peur de le compromettre ; d'ailleurs, quel se- 
cours pouvait- elle en attendre, puisqu'il était en Livonie ? 
"N'importe, reprit la jeune femme ; auprès de notre magna- 
nime empereur, la piété et le malheur sont les plus puissan- 
tes recommandations, et celles-là ne vous manqueront pas. . . 
—Oui, oui, interrompit Jacques Rossi, l'empereur Alexandre 
doit être couronné demain dans l'église de l'Assomption ; il 
faut que vous vous trouviez sur son passage ; vous vous jet- 
terez à ses pieds, vous lui demanderez la grâce de votre 
père ; je vous accompagnerai, je vous soutiendrai. . . — Ah ! 
mes généreux hôtes, s'écria Elisabeth en saisissant leurs 
mains avec la plus vive reconnaissance. Dieu vous entend, 
et mes parents vous bénirqpt ; vous m'accompagnerez, vous 
me soutiendrez, vous me conduirez aux pieds de l'empe- 
reur. . . Peut-être serez-vous témoins de mon bonlieur, du 
plus grand bonheur qu'une créature humaine puisse goû- 
ter. . . Si j'obtiens la grâce de mon père, si je puis la lui 
rapporter, voir sa joie et celle de ma mère. . ." Elle ne put 
achever, l'image d'une pareille félicité lui ôta presque l'espé- 
rance de l'obtenir ; il lui semblait qu'elle n'avait pas mérité 
d'être si heureuse. Ses hôtes ranimèrent son espoir par les 
éloges qu'ils donnèrent à la clémence d'Alexandre, par le 
récit qu'ils lui firent de toutes les grâces qu'il avait accordées 
et du plaisir qu'il panûssait prendre à faire lé bien. Elisabeth 



ELISABETH. 91 

les écoutait avidement ; elle aurait passé la nuit à les enten- 
dre ; mais il était fort tard, ses hôtes voulurent qu'elle prît 
un peu de repos pour se préparer à la fatigue du lendemain. 
•Jacques Rossi se retira dans la petite chambre au plus haut 
de la maison, et sa bonne femme reçut Elisabeth dans son 
propre lit. 

Pendant longtemps elle ne put dormir; son cœur était 
trop agité, trop plein ; elle remerciait Dieu de tout, même 
de ses peines, dont l'excès lui avait valu la généreuse hospi- 
talité qu'elle recevait. " Si j'avais été moins malheureuse, 
se dit elle, Jacques Rossi n'aurait pas eu pitié de moi ** 
Quand le sommeil vint la surprendre, il ne lui ôta point son 
bonheur ; de doux songes le lui offrirent sous toutes les 
formes : tantôt elle croyait voir son père, tantôt la tou- 
chante figure de sa mère lui apparaissait brillante de joie ; 
quelquefois il lui semblait entendre la voix de l'empereur 
lui-même, et quelquefois aussi un autre objet se montrait à 
travers une vapeur qui cachait ses traits et ne lui permettait 
pas de les distinguer plus que les sentiments qu'il avait fait 
naître dans son cœur. 

Le lendemain, de nombreuses salves d'artillerie^ le roule- 
ment des tambours et les cris de joie de tout le peuple ayant 
annoncé la fête du jour, Elisabeth, vêtue d'un habit que lui 
avait prêté sa bonne hôtesse, et appuyée sur le bras de 
Jacques Rossi, se mêla parmi la foule qui suivait le cortège, 
et se rendit à la grande église de l'Assomption, où l'empe- 
reur Alexandre devait être couronné. 

Le temple saint étixit éclairé de plus de mille flambeaux, 
et décoré avec une pompe éblouissante. Sur un trône écla- 
tant, surmonté d'un riche dais, on voyait l'empereur et sa 
jeune épouse, vêtus d'habits magnifiques et- brillants d'une si 
extraordinaire beauté qu'ils paraissaient à tous les regards 
comme des êtres célestes. Prosternée devant son auguste 



92 ÉLISABBT&. 

époux, la princesse recevait de ses mains la couronne impé- 
riale, et ceignait son front modeste de ce superbe gage de 
leur étemelle union. Vis-à-vis d'^^ux, le vénérable Platon, 
patriarche de Moscou, du haut de la chaire de vérité, rappe-w 
iait à Alexandre, dans un discours éloquent et pathétique, 
tous les devoirs des rois, et l'effrayante responsabilité que 
Dieu fait peser sur leurs tètes pour compenser la splendeur 
et la puissance dont il les environne. Parmi cette foule im- 
mense qui remplissait l'église, il lui montrait des Kamtcha- 
dales apportant des tributs de peaux de loutres arrachée» 
aux îles Aleutiennes, qui touchent au continent de l'Amé- 
rique ; des négociants d'Archangel, chargés des richesses 
que leurs vaisseaux vont chercher dans les mers d'Europe ; 
il lui montrait des Samoïèdes venus de l'embouchure de 
l'Énisséi, oii règne un étemel hiver, où les moissons sont in- 
connues, où jamais un grain n'a germé, et des naturels d'As- 
tracan, qui voient mûrir dans leurs champs de melon, la 
figue et le doux fruit de la vigne, qui y donne un vin exquis ; 
il lui montrait enfin des habitants de la mer Noire, de la mer 
Caspienne et de cette Grande-Tartarie qui, bornée par la 
Perse, la Chine et l'empire du Mogol, s'étend du couchant 
à l'aurore, embrasse une moitié du monde, et atteint presque 
jusqu'au pôle. " Maître du plus vaste empire de l'univers, 
lui disait-il, vous qui allez jurer de présider aux destinées 
d'un État qui contient la cinquième partie du globe, n'ou- 
bliez jamais que vous allez répondre devant Dieu du sort 
de tant de milliers d'hommes, et qu'une injustice faite au 
moindre d'entre eux, et que vous auriez pu prévenir, vous 
sera comptée au dernier jour." A ces paroles, le cœur du 
jeune empereur parut vivement ému ; mais il y avait dans 
l'église un cœur .qui n'était pas moins ému peut-être, c'étiût 
celui qui allait demander la grâce d'un père. 

Au moment où Alexandre prononça le serment solenne 



ELISABETH. 93 

par lequel il s'eng^eait à dévouer son temps et sa vie au 
bonheur de ses peuples, Elisabeth crut entendre la voix de 
la clémence qui ordonnait de briser les ch^lines de tous les 
malheureux : elle ne put se contenir plus longtemps. Avec 
' 'une force surnaturelle, elle écarte la foule, se fait jour à tra- 

vers les haies de soldats, s'élance vers le trône en s'écriant : 
I " Orâce ! grâce /" Cette voix, qui interrompait la cérémo- 

* nie, causa beaucoup de rumeur ; des gardes s'avancèrent et 

entraînèrent Elisabeth hors de l'église, en dépit de ses 
prières et des efforts du bon Jacques Rossi. Cependant 
! l'empereur, dans un si beau jour, ne veut pas avoir été im 

I ploré en vain ; il ordonne à un de ses officiers d'aller savoir 

ce que cette femme demande. L'officier obéit : il sort de ' 
l'église ; il entend les accents suppliants de l'infortunée qui 
I se débat au milieu des gardes ; il tressaille, précipite ses 

pas, la voit, la reconnaît, et s'écrie : " C'est elle, c'est 
Elisabeth 1" La jeune fille ne peut croire à tant de bon- 
heur, elle ne peut croire que Smoloff soit là pour sauver 
son père ; cependant c'est sa voix, ses traits, elle ne peut s'y 
méprendre ; elle le regarde en silence, et étend ses bras 
vers lui comme s'il venait lui ouvrir les portes du ciel. Il 
court à elle, hors de lui-même ; il lui prend la main, il doute 
presque de ce qu'il voit : " Elisabeth, lui dit-il, est-ce bien 
toi ? D'où viens-tu, ange du ciel ?- — Je viens de Tobolsk. 
— ^De Tobolsk, seule, à pied ?" Il tremblait d'agitation en 
parlant ainsi. " Oui, répondit-elle, je suis venue seule, à 
pied, pour demander la grâce de mon père ; et on m'éloigne 
du trône, on m'arrache de devant l'empereur. — Viens, viens, 
ÉUsabeth, interrompit le jeune homme avec enthousiasme ; 
c'est moi qui te présenterai à l'empereur ; viens lui faire en- 
tendre ta voix, viens lui adresser ta prière : il n'y résistera 
pas." Il écarte les soldats, ramène Elisabeth vers l'église. 
En ce moment, le cortège impérial défilait par la grande 



M ÉMBÂBETH. 

porte ; aussitôt que le monarque parut, Sraoloff se fit jour 
jusqu'à lui, en tenant Elisabeth par la main. Il se jette à 
genoux avec elle, il s'écrie : " Sire, écoutez-moi, écoutez la 
voix du malheur, de la vertu ; vous voyez devant vous la 
fille de rinfortuné Stanislas Potowsky. Elle arrive des dé- 
serts d'Ischim, où depuis douze ans ses parents languissent 
dans Texil ; elle est partie seule, sans secours ; elle a fait la 
route à pied, demandant Taumône, et bnivant les rebuts, la 
misère, les tempêtes, tous les dangers, toutes les fatigues 
pour venir implorer à vos pieds la grâce de son père." 
Elisabeth éleva ses mains suppliantes vers le ciel en répé- 
tant : " La grâce de mon père !" Il y eut parmi la foule un 
cri d'admiration ; l'empereur lui-même fut frappé : il avait 
de fortes préventions contre Stanislas Potowsky ; mais en 
ce moment elles s'effacèrent ; il crut que le père d'une fille 
si vertueuse ne pouvait être coupable : mais, l'eût-il été, 
Alexandre aurait pardonné encore. " Votre père est libre, 
lui dit-il ; je vous accorde sa grâce.*' Elisabeth n'en enten- 
dit pas davantage. A ce mot de grâce, une trop vive joie 
la saisit, et elle tomba sans coiinaissance entre les bras de 
Smoloff. On l'emporta à travers une foule immense qui 
s'ouvrit devant elle en jetant des cris, et en applaudissant à 
la vertu de l'héroïne et à la clémence du monarque. On' la 
transporta dans la demeure du bon Jacques Rossi ; c'est là 
qu'elle reprit l'usage de ses sens. Le premier objet qu'elle 
vit fut Smoloff à genoux auprès d'elle ; les premiers mots 
qu'il lui dit furent les paroles qu'elle venait d'entendre de la 
bouche du monarque : " Elisabeth, votre père est libre ; sa 
grâce vous est accordée." Elle ne pouvait parler encore ; 
ses regards seuls disaient sa joie et sa reconnaissance : ils 
disaient beaucoup. Enfin elle se pencha vers Smoloff; d'une 
voie émue, tremblante, elle prononça le nom de son père, 
celui de sa mère. " Nous les reverrons donc, ajouta-t-elle, 



ELISABETH. 95 

nous jouirons de leur bonheur." Ces mots pénétrèrent j\is- 

qu*au fond de Fâme du jeune homme. Elisabeth ne lui 

I avait point dit qu'elle Taimait ; mais elle venait de Tassocier 

' au premier sentiment de son cœur, au premier bien de sa 

I vie ; elle venait de le mettre de moitié dans la plus douce 

félicité qu'elle attendait de l'avenir. Dès ce moment il osa 

concevoir l'espérance qu'elle pourrait peut-être consentir un 

jour à ne plus séparer ce qu'elle venait d'unir. 

Plusieurs jours se passèrent avant que la grâce pût être 
expédiée ; il fallait revoir l'affaire de Stanislas Potowsky. 
I En l'examinant, Alexandre fut convaincu que la seule équité 

lui eût ordonné de briser les fers du noble palatin ; mais il 
avait fait grâce avant de savoir qu'il devait faire justice, et 
les exilés ne l'oublièrent jamais. 

Un matin Smoloff entra chez Elisabeth plus tôt qu'il ne 
l'avait osé faire^ jusqu'alors ; il lui présenta un parchemin 
scellé du sceau impérial : " Voici, lui dit-il, l'ordre que l'em- 
pereur envoie à mon père de mettre le vôtre en liberté." 
La jeune fille saisit le parchemin, le pressa contre son visage 
et le couvrit de larmes. " Ce n'est pas tout, ajouta Smolofl 
avec émotion : notre magnanime empereur ne se contente 
pas de rendre la liberté à votre père, il lui rend ses dignités, 
I son rang, ses richesses, toutes ces grandeurs humaines qui 

I élèvent les autres hommes, mais qui ne pourront élever Eli- 

sabeth. Le courrier porteur de cet ordre doit partir demain 
matin ; j'ai obtenu de l'empereur la permission d'j l'accom- 
' pagner. — Et moi, interrompit vivement Élisabetli, ne l'ac- 

compagnerai -je pas? — Ah! vous l'accompagneiez sans 
doute, reprit Smoloff. Quelle autre bouche que li vôtre 
aurait le droit d'apprendre à votre père qu'il est libre ? 
J'étais sûr de votre intention ; j'en ai informé l'empereur ; 
il a été touché, il vous approuve, et il me charge de vous 
annoncer que demain vous pourrez partir ; qu'il vous domie 



96 AUSABETH. 

ttne de ses voitures, deux femmes pour vous servir, et une 
bourse de deux mille roubles que voici, pour vos frab de 
route." Elisabeth regarda Smoloflf; elle lui dit : " Depms 
le premier jour où je vous ai vu, je ne me souviens pas d'a- 
voir obtenu un seul bien dont vous n*ayez été Fauteur : sans 
vous je ne tiendrais point cette grâce de mon père, sans vous 
il n'aurait jamais revu sa patrie. Ah ! c'est à vous à lui ap- 
prendre qu'il est libre, et ce bonheur sera le seul prix digne 
de vos bienfaits. — Non, Elisabeth, repartit le jeune homme, 
ce bonheur sera votre partage ; moi, j'aspire à un plus haut 
prix. — Un plus haut prix ! s'écria-t-elle ; ô mon Dieu ! quel 
peut-il être ?" Smoloflf fit un mouvement pour parler ; il 
80 retint, il baissa les yeux, et, après un assez long silence, 
il répondit d'une voix émue : " Je vous le dirai aux genoux 
do votre père." 

Depuis que Smoloflf avait retrouvé Elisabeth, il ne s'était 
pas passé un seul jour sans qu'il la vit, sans qu'il demeurât 
plusieurs heures de suite avec elle, sans qu'il eût une nou- 
velle raison de l'aimer davantage, et sans qu'il s'écartât un 
moment du respect qu'il lui devait. Elle était loin de ses 
parents, elle n'avait d'autre protecteur que lui, et cette jeune 
fille sans défense était à ses yeux un objet trop sacré, trop 
saint, pour qu'il n'eût pas rougi de lui exprimer un sentiment 
qu'elle aurait rougi d'entendre. 

Avant de quitter Moscou, Elisabeth avait libéralement ré- 
compensé ses bons hôtes ; de même, en passant le Volga 
devant Kasan, elle se ressouvint du batelier Nicolas Kisoloflf; 
elle demanda ce qu'il était devenu : on lui apprit que, par la 
suite d'une chute, il était tombé dans la plus profonde mi- 
sère, gisant sur un grabat au milieu de six enfants qui man- 
quaient de pain. Elisabeth se fit conduire chez lui : il l'a- 
vait vue pauvre et en lambeaux, elle revenait riche et bril- 
lante ; il ne la reconnut pas. Elle tira de sa bourse la petite 



ÉLIBABBTH. 97 

pièce qu'il lui avait donnée, elle la lui montra, lui rappela ce 
qu'il avait fait pour elle, et posant sur son lit une centaine 
de roubles : " Tenez, lui dit-elle, la charité ne sème point en 
vain ; ^oici ce que vous avez donné au nom de Dieu, voilà 
ce que Dieu vous envoie." 

Elisabeth était si pressée d'arriver auprès de ses parents, 
qu'elle voyageait la nuit et le jour ; mais, à Sarapoul, elle 
voulut s'arrêter, elle voulut aller visiter la tombe du pauvre 
missionnaire ; c'étsdt presque un devoir filial, et Elisabeth 
ne pouvait pas y manquer. Elle revit cette croix qu'on 
avait placée au-dessus du cercueil, ce lieu où elle avait versé 
tant de larmes; elle en versa encore, mais elles étaient 
douces ; il lui semblait que du haut du ciel le pauvre reli- 
gieux se réjouissait de la voir heureuse, et que, dans ce 
cœur plein de charité, la vue du bonheur d'autrui pouvait 
même ajouter au parfait bonheur qu'il goûtait dans le sein 
de Dieu. 

Je me hâte, il en est temps; je ne m'arrêterai point à 
Tobolsk, je ne peindrai point la joie de Smoloff en présen- 
tant Elisabeth à son père, ni la reconnaissance de celle-ci 
envers ce bon gouverneur ; comme elle, je ne serai satisfaite 
qu'en arrivant dans cette cabane, où on compte avec tant de 
douleur les jours de son absence. Elle n'a point voulu qu'on 
prévînt ses parentâ de son retour ; elle sait qu'ils se portent 
bien, ofi le lui a dit à Tobolsk, on le lui confirme à Saïmka ; 
elle veut les surprendre, elle ne permet qu'à Smoloff de la 
suivre. Oh ! comme son cœur palpite en traversant la forêt, 
en approchant des rives du lac, en reconnaissant chaque 
arbre, chaque rocher ; elle aperçoit la cabane paternelle, elle 
s'élance. . . Elle s'arrête, la violence de ses émotions l'épou- 
vante, elle recule devant trop de joie. Ah ! misère de 
l'homme, te voilà bien tout entière I Nous voulons du bon- 
heur, nous en voulons avec excès, et l'excès du bonheur 

9 



98 6LISABETH. 

nous tue, nous ne pouvons le supporter. ÉKsabeih, s'appu- 
jant sur le bras de Smoloff, lui dit : " Si j'allais trouver ma 
mère malade !" Cette crainte, qui venait se placer entre 
elle et ses parents, tempéra la félicité qui Taccablaît, et lui 
rendit toutes ses forces. Elle court, elle touche au seuil, 
elle entend des voix, elle les reconnaît, son cœur se serre, sa 
tète se perd, elle appelle ses parents : la porte s'ouvre, elle 
voit son père ; il jette un cri : la mère accourt, Elisabeth 
ti(»nbe dans leurs bras. " La voilà ! s'écrie Smoloff, la voilà 
qui vous apporte votre grâce ; elle a triomphé de tout, elle 
a tout obtenu." 

Ces mots n'ajoutent rien au bonheur des exilés, peut-être 
ne les ont-ils pas entendus ; absorbés dans la vue de leur 
fille, ils savent seulement qu'elle est revenue, qu'elle est 
devant leurs yeux, qu'ils l'ont retrouvée, qu'ils la tiennent, 
qu'ils ne la quitteront plus ; ils ont oublié qu'il existe d'autres 
biens dans le monde. 

Longtemps ils demeurent plongés dans cette extase, ils 
sont comme éperdus, on les crdrait en délire ; ils laissent 
échapper des mots sans suite, ils ne savent ce qu'ils disent ; 
ils cherchent en vain des expressions pour ce qu'ils éprou- 
vent, ils n'en trouvent point; ils pleurent, ils gémissent, et 
lem-s forces, comme leur raison, se perdent dans l'excès de 
leur joie. 

SmoloflF tombe aussi aux pieds des exilés. " AH ! leur 
dit-il, vous avez plus d'un enfant. Jusqu'à ce moment 
Elisabeth m'a nommé son frère, mais à vos genoux peut- 
être me permettra-t-elle d'aspirer à un autre nom." La 
jeune fille prend la main de ses parents, les regarde, et leur 
dit : " Sans lui je ne serais point ici peut-être ; c'est lui qui 
m'a conduite aux genoux de l'empereur, qui a parlé poui 
moi, qui a sollicité votre grâce, qui l'a obtenue ; c'est lui qui 
vous rend votre patrie, qui vous rend votre enfant, qui me 



ÉUSÂBin^H. 99 

ramène dans vos bras. O ma mère ! dis-moi comment doit 
se nommer ma reconnaissance ? -ô mon père ! apprends-moi 
comment je pourrai m'acquitter ?" Phédora, en pressant 
sa fille contre son sein, lui répondit: ''Ta reconnaissance 
doit être Taiçour que j'ai pour ton père." Springer s'écria 
avec enthousiasme : " Le don d'un cœur comme le tien est 
au-dessus de tous les bienfaits, mais Elisabeth ne saurait 
être trop généreuse." La jeune fille alors, unissant la main 
du jeune homme à celles de ses parents, lui dit avec une 
modeste rougeur : " Vous promettez de ne les quitter ja- 
mais ? — ^Mon Dieu ! ai-je bien entendu ? s'écria-t-il ; ses 
parents me la donnent, et elle consent à être à moi." Il 
n'acheva point, il pencha son visage baigné de larmes sur 
les genoux d'Elisabeth ; il ne croyait pas que, dans le ciel 
même, on pût être plus heureux que lui ; et l'ivresse de 
cette mère qui revoyait son enfant, le tendre orgueil de ce 
père qui devait la liberté au courage de sa fille, l'incon- 
cevable satisfaction de cette pieuse héroïne qui, à l'aurore 
de sa vie, venait de remplir le plus saint des devoirs, et ne 
voyait plus aucune vertu au-dessus de la sienne ; tous ces 
biens réunis, tous ces bonheurs ensemble ne lui sem- 
blaient pas pouvoir égaler le bonheur qu'il devait au seul 
amour. 

Maintenant, si je parlais des jours qui suivirent celui-là, 
je montrerais les parents s'entretenant avec leur fille des' 
cruelles angoisses qu'ils ont endurées pendant son absence ; 
je les montrerais écoutant, avec toutes les émotions de l'es- 
pérance et de la crainte, le récit qu'elle leur fait de son 
long voyage ; je ferais entendre les bénédictions du père en 
f'iveur de tous ceux qui ont secouru son enfant ; je ferais 
-'Oir la tendre mère montiant, attachée sur son cœur, comme 
ia seiaie force qui avait pu la faii*e vivre jusqu'à cet instant, 
*a boucle de cheveux envoyée par Elisabeth ; je dirais ce 



491252 



100 trjBAmciH. 

que les parents éprouvèrent le jonr que Tezilé se présenta 
dans leur cabane pour leur«apprendre le bien que leur fille 
lui avait fait ; je dirais les larmes qu'ils versèrent au récit 
4e sa détresse, les larmes qu'ils versèrent au récit de sa 
vertu ; enfin, je raconterais leiu^ adieux à cette cabane sau- 
vage, à cette terre d'exil, où ils ont souffert tant de maux, 
mais où ils viennent de goûter une de ces joies d'autant 
plus vives et plus pures, qu'elles s'achètent par la dou- 
leur et naissent du sein des l%rmes ; semblables aux rayons 
du soleil, qui ne sont jamais plus éclatants que quand ils 
sortent de la nue pour se réfléchir sur des champs trempés 
de rosée. 

Pure et sans tache comme les anges, Elisabeth va partici- 
per à leur bonheur, elle va vivre comme eux d'innocence et 
d'amour. O amour ! innocence ! c'est assurément de votre 
étemelle union que se compose Fétemelle félicité. 

Je n'irai pas plus loin. Quand les images riantes, les 
scènes heureuses se prolongent 'trop, elles fatiguent, parce 
qu'elles sont sans vraisemblance ; on n'y croit point ; on sait 
trop qu'un bonheur constant n'est pas un bien de la terre. 
La langue, si variée, si abondante pour les expressions de la 
douleur, est pauvre et stérile pour celles de la joie ; un seul 
jour de félicité les épuise. Elisabeth est dans les bras de 
ses parents ; ils vont la ramener dans leur patrie, la replacer 
au rang de ses ancêtres, s'enorgueillir de ses vertus, et l'unir 
à l'homme qu'elle préfère, à l'homme qu'ils ont eux-mêmes 
trouvé digne d'elle. C'en est assez, arrêtons-nous ici, repo- 
sons-nous sur ces douces pensées. Ce que j'ai connu de la 
vie, de ses inconstances, de ses espérances trompées, de ses 
* fugitives et chimériques félicités, me ferait craindre, si l'a- 
joutais une seule page à cett« histobre, d'être obhcrèe «i'y 
placer un malheur. 



LA TRADUCTION IKTERLINEAIRE 



PRONONCIATION FRANÇAISE 



DX QUELQUES PAGES! 



ACCOMPAGNÉ d'uN VOCABULAIRE DE TOUS LES MOTS DU LIYRB. 



EXPLANATIONS OF THE DIFFERENT SIGNS EMPLOTED 
JN PRONUNCIATION. 



This ^-^ mark between two words signifies that the final consonant 
of the first word must be sounded with the firist syllable of the sec- 
ond Word ; as cent^ciis, wliich is pronounced cen tai-cu. 

The letters « and x joined with the following word take the sound 
of 2 ; les^^tnfanU is pronouneed le zang-fang, and tsix^^^amis, si za-mi, 

The Setter d takes the eound of t ; graivd^^Jiomme is pronounced 
gran tomm. 

Letters from the preceding word joined to another are separated 
by a dot, and must be pronounced with the syllable to w'iich they 
are joined. 

In the pronuncialion the syllables are divided by a dash. 

The System of pronunciation adopted is that of Meadows' Dictionary 



EXPLANATIOlSr OF THE DIFFERENT SIGNS USED IN THE 
TRANSLATION. 

An asterisk ( * ) is placed before words which are to be omitted in 
translation. 

The numbers 1, 2, 8, 4, 5, etc^ plaeed before the Engllsh worda, 
show the English order of words in each sentence. 

A parenthesis ( ) embraces the literal translation of the Frencii, 
but the more libéral translation which immediately follows, is to be 
preferred. <-- ^p* 



Lah 


vUl 


duh to-bohk. 


hàh-pe-fil 


duh 


lah 


se-bai-re, 


^ 


La 


ville 


de Tobolsk, 


capitale 


de 


la 


Sibérie, 


est 


The 


ci^ 


of Tobolaky, 


capital 


of 


•the 


Siberia, 


ia 



9e-teu-ai seur ley rivv duh IJr-tish; o nor ell ey 
située sur les rives de T Irtish; au nord elle est 
aitoated on the bordera of the Irtish ; at the north it ia 

ang-too-rai d.im-mang88e fo-rey he sxii-tattgde hjeuss-kah 
entourée d' immenses forôts qui s' étendent jusqu'à, 
Burrouiided (ofy-hy- immense forests which 'themselves extend to 

lah. mair glah-syal. dang set ess-pass duh ongze sang 
la mer Glaciale. Dans cet espace de onze cents 
(he 28ea Ifrozen. In that spaœ of eleven hundred 



104: TRANSLATION AND PEONTJNCIATION. 

vairst, onff rang-kontr dey mong-tah-inff-yuh z,a^^id, 

Terstes, on reDcontre des montagnes ^^ arides» 

vents, (one meets)-tbere are- *8ome mountains barren, 

ro-khah-yuhze zay koo-vairt duh naihje z.ai-tair-nel ; dey 
rocailleuses ^^ et couvertes de neiges ^ éternelles ; des 
pebbly and covered (of)-wiUi- Ssdows letenial; *aoiiie 

flenn z.aing-huîet, dai-poo-yaiy oo, dang ley hjoor ley 
plaines ^.^ incultes, dépouillées, où, dans les jours les 
3 plains 1 uncaltiTated, Sstripped, where, in *tbe Sdays Ithe 

pieu shœ dtth l.ah-na%e, lah tair nuh dai-hjell 

plus chauds de T année, la terre ne dégèle 

(most hot)-2hotte8t- of the year, the earth *not (thaws 

pah z.(ih ung pyai; duh trisst z.ay larhje fluv 

pas ,^ à un pied; de tristes^^^et larges fleuves 
iiot)-4oeB not thaw- to one foot; *8ome sad and lange rivera 

dong lay z.oe n.ong kjah-^mey z.ah-T(hzai tmn 

dont les^eaux n* ont jamais ^ arrosé une 

Sofwbich ltbe2waters *noihave never (watered)-run througli- a 

^^my-ree, ne veu ai-pah-notheer unn flur, ang n.ah-vang-umg 
prairie, ni vu épanouir une fleur. En ,^ avançant 
meadow, nor seen 3bloom la 2flower. In adyanclng 

dahrvang'ta^e vair luh pôle, ley saidr, ley sah-paing, 
davantage vers le pôle, les cèdres, les sapins» 

more towards the pôle, the cedar-trees, the fir-trees» 

too ley grang z.arhr diea-pah-ress ; dey broo-sathyuh duh 

tous les grands^^^arbres disparaissent; des broussailles de 

aU the large trees disappear; *8onie bushes of 

mai-layze rang-pang z.ay duh boo-loe naing duh-^yenn 
mélèzes rampants „_^ et de bouleaux nains deviennent 
Slarch-trees Icreeping and of 2bircb-tree8 Idwarf beoome 

luh 8ul ornrtrmang duh sey me-zai-rabl hong-trai; ang-faing, 
le seul ornement de ces misérables contrées; enfin, 
(he only omament of those misérable countries; atlast, 

dey mah-rey êhar-hjai duh mooaa suh mongtr 

des marais chaigés de mousses se montrent 

*aome marshes (Ioaded)-€oyered-- (of )-with- moes (themaelves showV-appew 



TRAMBLATION AND PBONUNdATION. 106 

kom luh datr^tfoi r.ay-for dwin nah-teur eks-p&mngtê , 
eomme le dernier ^^ effort d* une nature expirante ; 
like the last ellbrt of an Snatoro lexpiring; 

ah-pre^'hofyctkt ioott traaae duh vai-hjai-tah-syong din-pahrey 
après qu(N, toute trace de yégétation disparaît. 

aAerwardB, aU trace of Tegetation diwppeanL 

nai-ang-nuxhaing 9.ey lah k,o me-lyuhe dey zMT'Tur 

Néanmoins c* est là qu' au milieu des^^^^rreura 

NevertheiesB (it is there thiU)-ttiere-in the middle ofthe bomm 

d.%mg n.ai-tair-nd ee-vair, lah nahrtewr ah any-kor detf 
d'un ^^ étemel hiver, la nature a encore des 

of «a etemal winter, *tlie natiue bas yet *ioiiie 

ponffpe mah-ing^e-fick ; $.ey lah hth Uy zj/htct 

pompes magnifiques; c' est là que les ^^ aurores 
S pompe Imagniflcent; (it te there that)-there- the S (aiirora8)-liglits 

h<Hrai-al 9ong fraÀ-kangte z.ay mahrhjewteu-uhe-te, ay 
boréales spnt fréquentes ,^ et majestueuses, et 

Inortbem are Awquent and majeatie, and 

hang^ah-tang l-^-ree-zony ang fofmm dark trey idair, 
qu' embrassant V horizon en forme d' arc très - clair, 
*Ûiaft embradng the horizon in fonn of-»- 3arc Ireiy Sdear, 

doo parte dey ko-lonn dith leunmyayre mo-hUl, ell 
d'où partent des colonnes de lumière mobile, elles 
whenoe start *Bonie columos of Slight Imoveable, they 

donn t.ah eey rai-hjyong z.ee-pair-bo-raie dey spek-taekl 

donnent,^ à ces régions ^ hyperborées des spectacles 

giYe to thoae 2 régions Ihyperborean *0ome spectacles 

dong ley mair-vay-ytth eong taing-ko'neu z.oe pupl deu • 
dont les merveilles sont ^ inconnues ^ aux peuples du 
ofwhich the wondera are nnknown to the people ofthe 

me-de. o teud duh Tobolsk 9.aitang luh 9airkl 

Midi Au sud de Tobolsk s* étend le cercle 

South. Âttbe flouth of Tobolsky (it8elfeztend8)-i8- the dnde 

dlsa-shim; dey langde, par-suh-mai duh tong-hoe z.ay 
à* Ischim; des landes, parsemées de tombeaux^ et 

of Ischim; *flome heaths, etrewed (ofVwith- tomba and 



>106 TRANSLATION AND PBONUNdATION. 

ang-tryhrkùo-pai duh lack xMh^mayr, luh êoi-par 

entrecoupées de lacs ,^ amers, le séparent 

intereected (or)-by- Slakes (bitter)-! brloy- 2U Iseparate 

dey keer-ffhe, pupl no-mad ay ee-do4autr, eih 

des Kirguis, peuple nomade et idol&tre. A 

IhKnttie KirguiB» 4people l-a-wanderiog 2 and 3idoIater. Onthelefl 

goe»h, m ey hor-nai j^r Leer-tUh, ke vah 9uh pairdr, 
gauche, il est borné par V Irtish, qui ya se perdre, 
haiid, U is bonnded by the Irtisb, whicb goes Sitaelf Itoloae^ 

ah'prey duh nong-hrufu dai-tour teur ley frong-tyayre 
après de nombreux détours sur les frontières 
aAer *flome Dumerous windings on the flrontieiB 

duh làh «At'nn, ay ah droo-at par luh to-bol. 

de la Chine, et h droite par le ToboL 

oT *th6 China, and on the right side hy the ToboL 

ley riw duh euh fluv eong neu z.ay etai-rill; eU 
Les riyes de ce fleuve sont nues ^^ et , stériles ; elles 
The borden of tUis great river are destitute and stérile; thej 

wth ftai'zangte tah l.uh-yuh kuh dey frag-mang duh 
ne présentent ^^ k V oeil que des fragments de 
*not S présent 3to the eye lonly aome fragments of 

rock hree-zai, ang-tah-sai ley zjung $eur ley z.otre, ay 

rocs brisés, entassés les .^ uns sur les ^^ autres, et 

2 rocks J broken, heaped up one upon (the)-an- other, and 

ieur-mong-tai duh kydck Moh-paing; ah lur pyai, 
surmontés de quelques sapins; à leur pied, 

surmounted (or)-by- afew fiMrees; at their IboU 

dang ZMng n.ang-gl deu to-bol^ ong trouve luh ve-lahje 

dans «^ un ^^ angle du Tobol, on trouve le village 

in an angle of the Toboi, (one . flnds)-!»- the vUIag» 

dtMnah-nyai duh sah-eem-koh; sah diss-tangsse duh 

domanial de Salmka; sa distance de 

belonging to the domain of Sainika; its distance froro 

to-hoUk ey duh pieu duh eiaa aang vairst. plah-sat 
Tobolsk est de plus de six cents verstes. Placé 
T'^bolsky is of mors (of)-tha&- six hondred venta. 



TEANSLATION AND PBONUNOIATIOK. 



107 



hjeusi-hah lah dair-nyaire le-mitt det* tairklf o me-lyuk$ 
jusqu' à la dernière limite du cercle, au milieu 
as far as the last limit of the drcle, iu tbe middle 

doAn^ pay-e dai-zair, too suh ke Lang-toore ey 

d* un pays désert, tout ce qui V entoure est 

of a 2ooimti7 IsoUtary, ail (that which>-that- SU Isurrounds is 

êonghbr kom èong aa-lay-yuh ay trisst kom song klemah, 

sombre comme son soleil et triste comme son dimat. 
gioomj like its son and melancholy like its dimate, 

8uhrpang-dang luh sairkl diss-shim ey seur-no-mai 
Cependant le cercle d' Ischim est surnommé 

However the circle uf bchim is Bomamed 

Lee-tah-lee duh la% se-bai-ree^ parss-kill ah kyelck hjoor 

V Italie de la Sibérie, parce qu' il a quelques jours 

*the Italy of *the Siberia, because it bas soma (days 

dai'taù ay kuh l.ee-vair n,ye deure kuh 

d* été, et que V hiver n' y dure que 

of 8umnier)-wann days^ and because tbe wbiter *not Sthere llaste Sonly 

heii-e moo-aUf may z.ill ye ey dunn re-gyur eks-treyme 

huit mois, mais ^ il y est d' une rigueur extrôme 

Seight 4month8, but it *tbere is of an 2rigor 1 extrême. 

Luh vang deu nor, ke soofl ah-lor kong- 

Le vent du nord, qui soufflle alors con- 

The (wind of the north)-north wind-, whicb blows then oon- 

te-neu-el-mang, ah-riv shar-hjai duh glosa dey dai-zair 

tinuellement, arrive chargé de glaces des déserts,^ 

tinually, arrives loaded (of )-with- ioe from tbe 3 déserts 

z.ark'tickj ay ang n.ah-porte ung froo-ah se 



un 
2a 



arctiques, et en ,^ apporte 

larctic, and 2thence Ibrings 

pai-nai-trang t. ai se vifft kuh dey 

pénétrant ,^ et si vif, que dès 

3 Sharp 4 and *80 5 violent, that from 

9ep-tanghr luh to-bol shah-ree dey 

septembre le Tobol charrie des 

Peptember the Tobol conveys *Bome 



froid si 

6cold (8o)-]8uch- 

luh moo-au duh 

le mois de 

the month of 

glass ; unn nahje 

glaces ; une neige 

ice; a Ssnow 



108 TKANSLATION AJSD PBONUUCIATION. 

tti'pe»8 tonghe seur lah tair, ay nuk lah kitt 

épaisse tombe sur la terre, et ne la quitte 

Itbick fidls on the eartb, and (not it) -does not quit it-quita 

pieu k.ah lah faing duk may. ill ey vray 

plus qu' à la fin de mai. H est yrai 

(more tbanat>-tiU- tbe end of May. It is true 

kjih-lor, hang luh so-lay-uh ko-mangase ah lah fongebr, 
qa! alors, quand le soleil commence & la fondre, 
tbat then, wben the sun begina to SU Imelt, 

êjey tunn shoze mair-vah-yuhze kuh lah prong-te-teud 
€? est^_^une chose merveilleuse que la promptitude 

it is a Sthing Iwonderfnl (a8)-toBee~ the apeed 

ohnoeek lah-kyell ley z,arbr 9uh koovt duh fuh-ynh 
avec laquelle les^^arbres se couvrent de feuilles,^ 
wUh wbich the treea Sthemaelvea Icover (of>-with-> leavea 

eMy ley shang duh vair-deur: duhe z.oo troo-au hjaor 
ot les champs de verdure: deux ^^ ou trois jours 

and the flelda (of)-with- verdure: two or tbree daya 

aeu-feeze tah lah nah-teur poor fayre ai-pah-noo-eer 
suffisent ^^ & 1a nature pour faire épanouir 

areaofDcieDt to *the nature <*for (tomake bloom>>to ope»- 

toote $ey flur, ong kroo-ah-rey press hang-tangdr 
toutes ses fleurs. On croirait presque entendre 

ail its flowera. One would 3 believe lalmost (to bear)-he beam- 

luh breu-ee duh lah vai-hjai-tah-syong ; ley shah-tong dey 
le bruit de la végétation; les chatons des 

iho uoiae of *the végétation; the bloaaoma ofthe 

boo-loe e.ay-gsaal tunn o-dur duh roz; luh se-teezê 
bouleaux^^exhalent ^^ une odeur . de rose ; le cytise 
birch4rees exhale a amell of rose; the Scytisus 

vuhrleu 8.ang-par duh too ley z-ang-droo-ah z.eurmid; de^ 
velu s* empare de tous les ^^ endroits ^^ humides ; des 
Ihairy (fleizes)-coTers- *of ail the 8 places Idamp; *floma 

froop duh se-go-ing-uh, duh kah-nar te-grai, d.oa-ah 

troupes de cigognes, de canards tigrés, d' oies 

banda of storka, of Sducka lapotted, or(gec<aa 



TRANSLATION AND PBONUNOIATION. 109 

deu Hor, êuh hjooe t.<ih Uih êur-fau 

du nord, se joaent ,^h la surface 

ofthe iiQrtb)-northeni geese-^ 'tbemaelTM play at the BurOoe 

dey laek ; Idh greue blangsh ê.ang-f<mgs8e dang ley 
des lacs; la grue blanche s' enfonce dans les 

ofthe lakes; the Seraoe Iwhite «itoeirplunges into the 

ro-zo^ dey mahrreg 80-le-tayre poor ee fayte sang 

roseaux des marais solitaires pour y faire son 

roeds ofthe Smanhes Isolitary inorderto *there make its 

ne, k.eU fiait aing-deiU'trê-yuhze'mang ttih-veek duh 

nid, qu' elle natte industrieusement ^ avec de 
seBt, wbich it mats industrioualy with 



jmh-te hjong; ay, dang ley boa-ah, Lai-keu-ruh-yuh vo4ang, 

petits joncs; et, dans les bois, Y écureuil volant, 

llttle reeds; and, in the wooda^ the squirrel flyinSi 

90é-tang d.ung n,arbr ah Lotr ay fang-dang Lair 

sautant d' un ^ arbre à Y autre et fendant Y air 
Jumping fh>m one tree to (the)-an- other and catting the air 

ah laid duh tey paU ay duh sah kyuhe 
à Y aide de ses pattes et de sa queue 

(ai thehelp of>-with- ita paws and *with ita taU 

ihar-hjai duh layne, vah rong-hjai ley boor-hjong dey 

chargée de laine, Ta ronger les bourgecms des 

^oaded>-oo7ered- with wool, goea toeat the buds ofthe 

poing ZMy luh tangdr fuh-yàhje dey boo-loe. aingse^ 

pins ^^ et le tendre' feuillage des bouleaux. Ainsi, 

pineHrees and the tender foliage ofthe bireh-treea. Thos, 

poor ley z,eytr z.ahrne-mai ke pupl sey froo-ah-oA 
pour les,^ êtres ^^ animés qui peuplent ces froides 
Ibr the Sbeinga lanimated that people thoee oold 

kong-traie, illey txing-kor duh-mhe hjoor ; mey poor 

contrées, il est ^^ encore d' heureux jours; mais pour 
countriea, (it iaHhere are- yet some happy days; bat for 

ley g.ay-gze-lai ke ley z.ah'hitt, ill n.ang n.ey poo-aing 
les ,^ exilés qui les ^^ habitent, il n' en ^ est point 

that o*v^y 11n^^a ^"l gt *notoftt ianot) theieaienoM. 







110 TRANSLATION AND PEONDNCIATION. 

lah pleii-par duk sey zjaing-for-teu-nai duh^muhré 

La plupart de ces ^^ infortunés demeurent 

(Tbe greater part>-moBt- of thèse uafortunate live 

danff ley ve-lahje ke bord luh fiuv duh-peu-e to-hohk 

«Uns les yillages qui bordent le fleuve depuis Tobolsk 

in the Tillages which border tbe great river from Tobolsky 

hjeusS'koe le-miit deu sairkl disa-shim ; dotr 

jusqu' aux limites du cercle d' Ischim; d' autres 
(JUI] to the)-to tbo- limita ofthe circle of Ischim; 'someothers 

9ong ruhAai-gai dang dey kah.ban z,o me-lyuhe dey 
sont relégués dans des cabanes ^ au milieu des 
are relegated in *86me buta in the middle ofthe 

êhang. luh goo^aim-mang foor-ne t.ah lah noo-re-teur duh 

champs. Le gouvemement fournit ^ à la nourriture de 

flelda. The goverament fumishes *to tbe nourisbment of 

kyelk z,ung ; suhe k.ill ah-bang-donn viw dûh lur 

quelques ^ uns ; ceux qu* il abandonne vivent de leurs 

aome *ones; tbose that it abandons live by tbeir 

shasi d.ee-vair: press-kuh toos iong dang sey lyuhe 

chasses d' hiver: presque tous sont dans ces lieux 
2hiintiDgs *oflwinter: nearly ail are in tboee places 

l.ob-hJay duh lah pe-tyai peu-blick, ay n.ee êong 
V objet de la pitié publique, et n* y sont 
tbeobject of the 2pity 1 public, and (notthere are 

dai-zing-yai kuh par luh nong duh mah-ltth-ruhe. 

désignés que par le nom de malheureux, 

designed a8)-are only designed- by the name of unfortonate. 

àh duhe z.oo troo-aù vairst duh mh-^em-kah, o me-lyuhe 
A deux ^^ ou trois verstes de Salmka, au milieu 
At two or three versts from Baïmka, in the middle 

d,unn Jo-rey mah-rai-kah-hjuhze ay rang-pie duh fiack 
d' une forêt marécageuse et remplie de flaques 

of a 2forest Imarahy and fuii of plashea 

do*, eeur luh bor dung lack seer-kevrlayre, pro-foTig 
d' eau, sur le bord d* un lac circulah-e, profond^ 
*of*water, on the ahore of a 31ake Icirctdar, Sdeep 



TRANSLATION AND PEONUNCIATION. 111 

tMtf bor^dai duh puh-plyai noo-ar zMy hlanff, 

et bordé de peupliers noirs ^^ et blancs, 

«nd bordered (of)-with- 4poplaKreea Iblack S and 3wbite, 

ah-he-tey tunn fah-me-yuh day-gze-lai. ell ai-iey kong-po-zai 

habitait^une famille d' exilés. Elle était composée 

Uved a family of exiles. It was comiHMed 

duh troo-au pair-sonn: dung n.onun duh khah-rangte-^ 
de trois personnes: d' un ^^ homme de quarante- 
cf throe penoDs: of a man of forty- 

taingh ang, duh sah fam ay duh êoh fee-yuht bell 
cinq ans, de sa femme et de sa fille, belle 
flve years, *of bis wife and *of bis daufcbler, bandsom* 

0^ dang toott lah flur duh lah hjuhrness. 
et dans toute la fleur de la jeunesse, 
aad in ail tbe flower of *tbe youtb. 

rang-fair-mai dang 9uh dai-zayr, set fah-me-yuh nÀh-vey 

Renfermée dans ce désert, cette famille n' avait 

Conflned in tbat deaert, tbis fiunily (not bad 

duh kO'fMu-nt'kah'Syong ah-veck pair-sonn: luh payre 

de communication avec personne: le père 

of)-badno- communication witb (nobody)-anybody: the fatber 

ah-ley too std ah lah êhaw ; hjah-mey z,ill wuh 
allait tout seul à la chasse; jamais ^^ il ne 
went quite alone (to the)-a- bunting; Snever Ibe *not 

vuh-ney i.ah sah-eem-kah, hjah-mey z.ong n.ee ah-vey 
Fenait ^^ à Salmka, jamais ,^ on n' y avait 

came to Sa'imka, 4never (one nottbcre bad 

veu ne êah fam ne êah fee-yuh* 

vu ni sa femme ni sa fille ; 

8')en)-3bad5beenfleen tbere- Ineitber bis wife 2nor bis daugbter; 

hor z,unn poevr pay-e-zann tar-tar ke ley sair-vey. 
Lors ^^ une pauvre paysanne tartare qui les servait, 
except a poor 3 country woman 1 Tartar wbo S tbem 1 seryed, 

neul eytr o mongde nuh poovey tuing-irai dang lur 
Bul étr au monde ne pouvait ^^ entrer ' dans leur 
no being intbe world *not conld («nter)go in thfilt 



112 TRANSLATION AND PBONTTNCIATION. 

hah-ban, cng nvh ko-ney-sey ne lur pah-tree, ne lur 

cabane. On ne connaissait ni leur patrie, ni leur 

but. Ooe *oot knew neither their native oouatiy, nor their 

nay-sangue, ne lah koze duh Iwr èhau-te-mang : Itth 

naissance, ni la cause de leur châtiment: le 

birth, nor tbe cause of their punishment: the 

fffHMfair-nur duh to-bolêk ang n,ahrvey std luh suh-kray, 
gouyemeur de Tobolsk en «^ avait seul le secret, 
govemor of Tobolsky 4ofit Ihad 2a]one 3 tbe secret, 

ay mth Lcth-vey pah mayme kong-fyai o îyuhrtnang 

et ne l' avait pas même confié au lieutenant 

and *not 5it Ihad Snot 3even 4 (intni8ted)-told- tothe Ueatecant 

duh êàh hjeiHre-dick'Syong ai-tah-ble ah sah-eem-koh, ang 
de sa juridiction établi à Salmka. En 

of bis Jurisdictioa eatablished at Saimlui. In 

may-tang aey z.ay-gze-lai êoo sah aeur-vay-yangsae, ill leue 
mettant ces ,^ exilés sous sa surveillance, il lui 
pbidng thèse exiles under bis care, he 4tobim 

ah-vey nd-mang ruh-k<Hnang-da% duh lur foor-neer ung 
avait seulement recommandé de leur fournir an 
Ibad 2(Hily 3 recommended 5to 7them 6famiah a 

lohj-mang ko-modj ung puh-te hjar-daing^ du lah noo-re-teur 
logement commode, un petit jardin, de la nourriture 
SdweUing Iconvenient, a smaU garden, *some noorisbmeiU 

ày dey veyte-mangy tney dang-pey-skai k.ill 

et des vêtements, mais d'empêcher qu' ils 

and *Boine clothes, but to prevent (that tbey 

n.eusM to-kyuun ko-tneu^ne-kak-eyong 

n* eussent ,^ aucune communication 

Dot migfat baTe)-them flrom baying- no communication 

O duh-hor^ ay seur-too d.aing^air-8ep-tai sai-vayre-mang toote 
an dehors, et surtout d'intercepter sévèrement toutes 

ooftirardly, and aboveall tointeroept severoly att 



TRAHBLATION AND PBOIHTNCIATIOK. 113 

Ujf laytr kMl hah-gar-drey duh fayrê jxihrêai rjok lak 
les lettres qa' ils hasarderaient de faire passer ^^h la 
*the kttere whichtliey wouMtiy (to make paBB>-lo aend- to the 

koor diih reu-M. 
cour de Russie. 
oooit of 



tang dMÎ-ghar dung koe-tai, ay duh Loir 

Tant d' égards d' un côté, et de 1 autre 

Bo many ^ofoonaideratioi» (of)-oo- one ride» sud (or>-oii- the ethêi 

iang duh re-gyur ay duh miêê-tayre, fuh-zey 9oopp-so-nai 
tant de rigueur et de mystère, disaient soupçonner 
■0 moGh *of aeyerity and *of mystery, (made>-gatre- to suapect 

kuh luh êaififfpl nong duh pyayre tpring-hger kjong 
que le simple nom de Pierre Springer, qu' on 
Vbai the Mmple name of Peter Springer, whichthey 

do-ney tcJi Lay-çze-lai, hah-shey t.ung nong pieu 

donnait «^ à - V exilé, cachait ^^ un nom plus,^ 

gave to the exile, conoealed a 3 name Imore 

gMl-leuêtr, unn aing-for-tunn airhlahriangt^ ung grangi krim 

illustre, une infortune éclatante, un grand crime 

SilloBtrioufl, an Smisfortune 1 extraordinaiy, a great crime 

puh - t^ttf 00 puh - teytr unn grangde aing-hjeitsa-tisê, 
peut-^^ôtre, ou peut-^ôtre une grande injustice, 

perfaape, or perhaps a great injustice. 

«wy, too îey z.ay-for poor pai-nai-trai «lA suh-krety 
Mais, tous les .^efforts pour pénétrer ce secret^ 
Bat, ail. *the eflbrts to penetrate tfais secret 

im-yang tai-tai ee-neu-tilly hyaing-tos lah keu ryo-ze-tai 
ayant ^^ été inutiles, bientôt la curiosité 

hsTing been naeless, bdoq the etirioeity 

9»ai-tay-ing-^ tMy Laing-tai-rey tah-veek dl, ong 

^ éteignit ^ et Y intérêt ,^ avec elle. On 

0t8eirextingul8hed)-decrea8ed- and the intereet with it. People 

•ay-èah duh s.o-kethpai daing-for-teu^nai k.ong nuh 

cessa de s'occuper d* infortunés qu' on ne 

eesaed to (be bQay)-«peak- of onfortunate onea whomthey *&ot 

10* 



114 TRANSLATION AND PBONUNOIATION. 

voo-ah-yey poo^ing, ay ong fe-ne mayme par îey 

voyait point, et on finit môme par lea^ 

(aaw not)-did not see- aad they finiBhed even (by)-to 2them 

t.oo-hle-yai too tah fey: std-mang, lort-kuk kyelck shah-sur 
oublier tout ^ à fait: eeulement, lorsque quelques chasseurs 
Iforget entirely: only, when some hanters 

^uh rai-pang-dey dang lah fo-rey t.ay par-vuh-ney 

se répandaient dans la forêt ^^ et parvenait 

(themaelyes spread)-went- into tbe foreat and anived 

hjeusS'kuh seur Iey bor deu lack, s.ill duh-mang-dey 
jusque sur les bords du lac, s' ils demandaient 
as far as *oii the shores ofthe lake, if they asked for 

luh nong dey z.ah-be-tang duh set kah-ban: sith 
le nom des ^^ habitants de cette cabane: Ce 
tbe name ofthe inhabitants of tbis hut: (Thi8)-tbey- 

song dey mah-luk-rukef lur rai-pong-dey-tong, 

•ont des malheureux, leur répondait-^^on. 

are *Bome unfortunate ones, (to them answered one)-was the answer-. 

Ah-lor z.ill n.ang duh-mang-dey pah dah-vang-tahje, ay 
Alors ^^ ils n' en demandaient pas davantage, et 
Then they (*notofit aaked not)-did not ask- more, and 

tai-loo-aJi-iîig-yey tai-meu duh pe-tyai ang suh 

s'éloignaient ^^ émus de pitié en se 

went away moved (of )-with- pity in* to* themtielves 

de-zang to fong deu ^ kyur: dyuh mûi-yuh Iey 

disant ,^ au fond du cœur : Dieu veuille les 

saying in the bottom of (the)-their- heart: 2 God 1 may *wish 4 them 

rangdr ung l^oor ah lur pah-trel pyayre spring-hgcr 
rendre un jour à. leur patrie ! Pierre Springer 

'toSreatore one day to their native country! Peter Springer 

ah-vey hau-te leu-e-mayme tah duh-muhre: ell ai-tey tang 
avait bâti lui-même sa demeure : elle était ^^ en 
had built himself his dwelling: it was (in)-of- 

hoo-ah dtth sah-paing ay koo-vairt duh pau-yuh; dey 

bois de sapin et couverte de paille; den 

hv'ood of fir)-flr*wood- and covered (of)-with- straw; *gome 



TRANSLATION AND PRONUNCIATION. 115 

masê duh ro-shai lah ghah-rang'te-êey dey rah-fal 

masses de rochers la garantissaient des rafales 

miiases of ' rocks SU laecured from the sudden gusis 

deu vang deu nor tay dey z.ee-nong'dah-sy<mg 

du yent du nord ,^ et des ^^ inondations 

ofthe Swiiid (oflhe north)-! northera- and flromihe inundationa 

deu loch, sey ro-shai, d.ung grah-nit tangdr, rai'Jlai-she-tey, 
da laa Ces rochers, d' on granit tendre, réfléchissaient, 
ofthe lake. Thèse rocks, of a 2 granité Isoft, reflected, 

ang 8.ek8-fo-lyang, ley ray-yong deu to-lay-yuh; dang 

en s' exfoliant, les rayons du soleil; dans 

la ^theinaelTes exfoliatlng, the raya ofthe aan; ia 

Uy pruh-myai hjoor deu praing-tang, ong voo-ay-yey 

les premiers jours du printemps, on voyait 

the firat daya of'lhe apring, (one 8aw)-4 were aeen- 

gor-teer duh lur f angle dey fah-me-yvh duh 

sortir de leurs fentes des familles de 

Iho come out 6 of 7 their 8 clefts (some familiea)-! multitudes- 2 of 

àhang-ping-yong^ ley z,ung d.ung roze pavl, ley z,otr 

champignons, les^^uns d' un rose pâle, les^^autres 

3 muahrooma, (the one8)'flome- of a 2ro6eco1or Ipale, *the othcra 

koolur duh soofr, oo dung bluhe ah-zeu^rai, 

couleur de soufre, où d' un bleu azuré, 

(Ofdor)-ora2color- *of Ibrimatone, or of a blue (azure)-color • 

pah-rah-yuh z.ah suhe deu loch by-Jcal ; ay^ dang ley 
pareils ^^ à ceux du lac Bafkal; et, dans les 
similar to thoae ofthe lake Baïkal; and, io the 

hahrve-tai z.oo ley z.oo-rah-ghang z.ah-vey hjuh-tai ung 
cavités ,^ où les ^^ ouragans ,^ avaient jeté un 
cavities where the hurricanes had throwa a 

puh duh tair, dey hjey duh paing z.ay duh sor-byai 
peu de terre, des jets de pins ^^ et de sorbiers 
Uttto *of ground, some apriga of pine^reea and of sorbs 



116 TBAJinSLATION AND FBONimOIATIOV. 

tMng-frey-^ey dang-fong-êai lur rcJirsinn t.ay dMi-ltth-^m 
b' empressaient d' enfoncer leurs racinea ^^ et d' élerer 
*tlieiiiielvee borried to Blnk their raois and to laiia 

lur l^nn roA-moe. 
leurs jeunes rameaux, 
ibeir youog branches. 

deu koe-iai mai-re^tfo-nal âeu loch, lah fo-fejf 

Du côté méridional du lac, la forêt 

(OfHm-thttSaide Itouthera ofthe lake, the Carat 

n,ai'tey pieu Jcung tah-yee klair-nth-mai he latf-^ey 

n' était plus qu' un taillis dair-semé qui lassait^ 
Snolwas 3 more (than)-but-a 2coppice Itbin which permitied 

tah-pair-suk-voiHir dey langde z.im-mang98ê koo-vairt dstrig 
apercevoir des landes ^^ immenses couvertes d' un 

to perçoive loine 2heBth8 1 immense covered (oO-with^a 

ffranff nongbr de tong-hoe ; pUu-syuhre z.ahrvey tai-tai 
grand nombre de tombeaux ; plusieurs ^ avaient ^ été 
graat number cf tomba; se vend had been 

pe-yaij ay dey z.o-amang dvh kak-dauvr z,ai-tey tai-par 

pillés, et des^ossements de cadavres ^ étaient ^ épars* 

plundered, and aome boues of deadbodies were scattered 

too to-toor ; rest dunn ang-syenn puh-plad ke 
tout ^autour; reste d* une ancienne peuplade qui 
ail around; remainder of an andent colony thatwonld 

8uh-rey duh-muk-rai ai-tair-nell-^nang dang l.oo-ble, se dey 

serait demeurée éternellement dans V oubli, si des 

(be)-bave- remained forever in *tbe oblivion, if some 

he-hjoo dor, rany-fair-mai zxi-veek ell o aainy 

bijoux d' or, renfermés ^ avec elle au sein 

SJewels (orgold>-igold-f shutup vith (it)-them- in the bosom 

duh lah tair, n.ah^ey rai-val-lai 9ong n.ay-gzis9-tang99é 
de la terre, n' avait révélé son ^^ existence 
of the earth, 2not 1 had Srevealed theIr exislenoe 

oA lMh-vah-ri99, 
à 1* avarice. 
to «the availoft 

# 



TBAIÎBLATrON ANÎ) PBOKtTKOIÀTION. 117 

ah Lest duh set ffrangde pienrif unn pàh-iiU 

A r est de cette grande plaine, une petite 

(At)-on- the eaak oT this great platn, a miaU 

thàk-peU duh hoo-ah t,aKvey tat-tai ai-luhrvai par 

chapelle de bois ,^ avait ^ été élevée par 

Schqpel (of wood)-l wooden- bad been (raised)-biiilt- by 

detf hrai'tyaing ; ong ruh-mar-key kuh duh tuh 

des chrétiens; on remarquait que de ce 

«ome CbrisUans; (one obaenred)-it appeared- tbai (oO-on that 

koe-tai ley tong-boe z.ak-vty t.ai-tai resê-peek-iai, ay kuh 
c6té les tombeaux^avaient été respectés, et que 

ride the tomba bad been respected, and tbat 

duh-^ang net kroo-ah ke rah-pell toote ley vair-teu, 

devant cette croix qui rappeUe toutes les vertus, 

before tbis cnna wbicb recalto aU *ttie virtueB, 

l.omm njofi-vey poo-aing to-zai pro-fah-nai lah ëangdr 
V homme n' avait point ^ osé profaner la cendre 
*Uie man *iiot bad not dared profluie tbe lemaina 

dey tnor, 9.ey dang sey langde z.oo êtepp, nong 
fies morts. C est dans ces landes ^ on steppes, nom 
oftbe dead. It la la tbooe bealba or steppes, name 

k.ell portt tang êe-bw-re, kuh, 

qu' elles portent ,^ en Sibérie, que, 

(wbicb tbey bear)-by wbIcb tbey are eaUed- in Slberia, tbat, 

ieu-rang luh long ay reud ee^air dtéh auh kle-mah, 

durant le long et rude hiver de ce climat, 

during tbe long aod aevere wioter of tbat dimate, 

nyayre epring-hger pah-sey toote sey mah-te-naie z.ah lah 
Pierre Springer passait toutes ses matinées ^^ à. la 
Peler Springer waaapending aU bis momiogs (at tbe 

êhass; ill teu-ey dey z.ai-4ang ke tuh 

chasse; il tuait des ^ élans qui se 

biuiting)-inbiniting-; be killed *8onie elka wbicb Stbemselves 

no(Hriêa dey hjunn fuh-yuh duh trangbl ay duh 

nourrissent des jeunes feuilles de tremble et da 

iDoorlab ofthe young leares of aapen-tiee and oT 



118 TBANSLATION AND PBONUNCIATION. 

puh-ple-yaù Ul ah-trah-pey hyeîeh-foihah dey martr gthb-linn, 
peuplier. H attrapait quelquefois des martres zibelines, 
poplar-tree. He caught sometimes *suiiie Smartens 4 sable» 

(ih'Sey raur dang nth kang-tong^ ay pieu 80<>-vang dey 
assez rares dans ce canton, et plus souvent des^ 
pratty Bcaroe in that canton, and more often *aome 

gMir-minn, he ye tong tMng grang nonghr : deu 
hermines, qui j sont^^en grand nombre : du 
ermines, wbich Sthere lare in great number: (of tbe)-with the- 

pree duh lur foù-reur^ ill fuh-zey imh-neer duh to^lnk 

prix de leur fourrure, il faisait venir de Tobolsk 

prioe of their fur, he (made come)-oniered- firom Tobolsky 

dey rrntbl ho-mod z.ay ah-grai-abl poor sah fam 

des meubles commodes ^^ et agréables pour sa femme 
Bome 4fumitare8 Iconvenient 2 and Sgenlle for his wife 

«y dey livr poor Bah fee-yuK ley longg soû-ah-raie 
et des livres pour sa fille. Les longues soirées^ 
and aome books for his daughter. The long evenings 

z.ai'tey tang-ploo-ah-yai z.ah l.aing-streak-syong duh lah 

étaient ^^ employées s^ à. V instruction de la 

were employed to the instruction of the 

hjunn ai'le-zah-bett. êoo-vangy ah-seeze angtr sey pah-rang, 

jeune Elisabeth. Souvent, assise entre ses parents, 

young Elisabeth. Often, (6eated)-sitting- between her parents, 

ell lur le-zey îoo hoe dey pah-aahje diss-too-ctr ; 

elle leur lisait tout haut des passages d' histoire; 

■he 2thém Iread (quite loud)-aloud- some passages o( hislory; 

9pring-hger ah-rey-tey song n.ah-tang-8yong seur too ley 

Springer arrêtait son ^^ attention sur tous les 

Sprioger (stopped)-flxed- his attention «pon ail the 

tray he poo-vey tai-luh-vai song n.aum ; ay sah mayre, 
traits qui pouvaient ^ élever son ^^ âme ; et sa mère, 
facts which were able to raise his mind ; and her mother, 

fai'do-rahf seur too stthe ke poo-vey l.ah-tang-dveer. Lung 
Phédora, sur tous ceux qui pouvaient Tattendrir. L* un 
Phedora, upon ail those Uiat were able 2 her 1 to move. The ono 



/ 



TBANSLATIOir AND FBOmrcrOlATIOK. 



119 



s lier Ishowed 



aU 



le»-e mong-trey toot lah bo-tai duh lah glwhar ay dtêh 
liii montrait toute la beauté de la gloire et de 
the beauty of *the gioiy and of 

luh eharm 
le charme 
the chann 



lMi-r<M8am, Lotr too 
V héroïsme, V autre tout 
*the heroism, the other ail 



pe-yuh z.ay duh lah hong-tai mo-dest 
pieux ,^ et de la bonté modeste. 
Ipioua and of the Skindoeas Imodest. 



dey sang-te-mang 

des sentiments 
of the S feeliogs 

aong payre leur 9 

Son père lui 

Her father Sher 



de-zey suh kuh 



lah vair-teu ah duh grang ti 



disait ce que la vertu 

Itold (that which)-what- «the yirtue 

duh seu-blimnif sah mayre 8uh 

de sublime, sa mère ce 



a de 
haa *of 



et 



grand 

great and 

k.ell ah duh 

qn* elle a de 



*of sublime, 



her mother (that which)-wbat- it bas 



•of 



kong-êo-lang t.ay dai-mabl: luh pruh-^myai leu-e ah-pruh-ney 

consolant ^^ et d'aimable : le premier lui apprenait 

consoling and amiable: the former 2 her Itaught 

ko-mang till fo lah rai-vai-rai, tell-se k<hmang t.i!l 

comment ^^ il faut la révérer, celle-ci comment ^^ il 

how it is necessary 2 it 1 to révère, the latter how 1 it 



duh suh kong-koor duh soo-aing 

De ce concours de soins ^^ 

From this concourae of 



lah fo shai-reer, 

la faut chérir. 

4 it 2 is neceflsary 3 to cherisfa. 

zAll rai'zeul-tah ung 

il résulta un 

*it resulted a 

kCy rai-eu-ne-sang 
qui, réunissant 

which, miiting 

spring-hger ah l.ang-hjai-lick doo-suhre duh fai-do-rah^ fetA 
Springer & V angélique douceur de Phédora, fut 
Springer to the augelical roildness of Phedora, woa 

too tah lah foo-ah nobl ay fyair kom too nuh 

tout ^^ à. la fois noble et fier comme tout ce 

(ail Bt the time)-at once- noble and prond like ail tliai 



kah-rack-layr koo-rah-hjuhcy 8ang:8fblf 
caractère courageux, sensible, 

Scharacter Icourageuus, 2 sensible, 

Leks-trah-or-de-nayre ai-nair-hjee duh 

V extraordinaire. énergie de 

the extraordinary energy of 



120 TBAUBLATION AND PBOKITNCIATION. 

kê 9ê-yaing duh hMiur, ay iangàr ay dai^tMXhmi 

qni vient de 1* honneur, et tendre et dévonô 

*wliidi ooniM frum *tli6 honour, and tender and deroleA 

kom too mh ke ve-yiUng duh Lah^moor 
eonune tout ce qui Tient de l' amoor. 

]ik0 aU that *which oomes ihn «Uw lov% 



ABBREVIATIONS USED IN THE DICTIONARY. 



ff. m. Substantive masculine. 

«./. Substantive féminine. 

t. m. pi. Substantive masculine 
pluraL 

s.f.pL Substantive féminine plu- 
ral. 

acfj. Adjective. 

cuii. poss. Adjective possessive. 

aaj. dem, Adjective démonstra- 
tive. 

prw\, Pronoun. 

pron. pera. Pronoun personal. 

pron. poss. Pronoun possessive. 

pron. deni. Pronoun démonstra- 
tive. 

pron. rel. Pronoun relative. 

V. auxil. Verb auxiliary. 

V. a. Verb active. 

V. n. Verb neuter. 

•. Verb active and neuter. 

V. r. Verb refiected. 



près. Présent of the indicative. 

imp. Imperfect 

prêt. Preterite. 

fut. Future. 

cor^L ConditionaL 

ipiper. Imperative. 

près, 8ubj, Subjunctive présent. 

imp. suhj. Imperfect of liie aub* 

junctive. 
p. près. Participle présent. 
part. Participle past. 
adv. Adverb. 
prep. Préposition. 
conj. Conjunction. 
interj. Interjection. 

The répétition of the pre> 



ceding word. 

1. First conjugation. 

2. Second conjugation. 

3. Third conjugation. 

4. Fourth conjugation 



OBSERVATIONS. 

A letter, or syllable, such as «, se, le, ve, foUowing an adjective or 
participle, shows its féminine. 

The infinitive of the first conjugation always ends in er ; the sec- 
ond, in ir ; the third, in oir ; and the fourth, ni re. 

The infinitive only is given, in this dictionarj, when the verb is 
regular. 

When a tense of an irregular verb is conjugated like the same 
tense of the regular conjugation to which it belongs, it is omitted in 
the dictionary. 



DICTIONARY, 



FRENCH AND ENGLISH, 

OF ALL THE 

WOBDS CONTAINED IN THIS VOLUME. 



(Words whidi are alike in French and English, such as justice, «nton, 
fruit, talerU, are omitted.) 



AB 

A or à, prep. to^ at, in, 

A or a.y près. fias. 

— (il v), there t«, ihere are. 

Abanaon, s. m. the being forsaken. 

Abandonner 1, y. a. to abandon, 

give up. 
s'Abattaient, imp. went dovm. 
Abattement, s. m. sadness. 
Abattre 4, v. a. to pull doton, cast 

dofcn. 

b' , to abate, to go down. 

Abattu, adj. afflicted, broken down. 
Abîme, s. m. abi/ss. 
Abîmé, part, destroyed; deep. 
Abîmer 1, v. a. to destroy ; tkrow 

into an abyss. 

s' , to be deHtroyed. 

Abondance, s. f. abundanee. 
Abondant, adj. abnndant. 
, p. près, abounding. 
Abonder 1, v. n. to abound 
d'Abord, adv. atfirU, at once. 
Abordé, part, a^costed 
Aborder I, to latid, approach. 
Aboutir 2, v. l!i. to etid; to mèet. 
Abri, s. m. aheltcr, 
à l'Abri, securedfrwn. 
s'Abriter 1, v. r. to take shelter. 
Absolu, e, adj. absolute. 



AO 

Absolument, adv. abaolutely ; 

quite. 
Absorbé, part, abêorbed; deep. 
Absorber 1, v. a. to abaorb. 
Abuser 1, v. n. to abuse. 
Accabler l, y. a. to overburden: 

oppress. 
Accablé, e, part, oppreseed 
Accepter 1, y. a. to accept. 
Accessoires, s. m. pi. appendages, 
Accessoir, s. and adj. accessor y. 
Accompagner 1, y. a. toaecompany. 
Accomplir 2, y. a. accompliêk. 
d'Accord (être), to agrée. 
Accorder 1, y. a. to grani. 

s' , to aaree. 

Accourait, imp. ran to. 
Accourir 2, v. n. to run up. 
Accourt, près, runs up ; comeë. 
Accoutume, e, adj. accustomed. 
Accoutumer 1, y. a. to accustom. 
s'Accrocher 1, v. r. to catch hold. 
Accroire (fiiire), to persuade. 
Accroît, près, increases. 
Accroître 4, y. to increase, to aug 

ment. 
Accru, part increased. 
Accueil, s. m. toelcome. [corne. 

Accueillir 2, y. a. to re^xive, to ted- 



AQ 



124 



AM 



Accusateur, s. m. accuser. 

Accuser 1, v. a. ^o accuse. 

Acharné, adj. enraged, furious. 

s'Acharner 1, v. r. tofallfuriously 
upon. 

Acharnement, s. m. anirnosity 

s'Acheminer 1, v. r. to walk. 

Acheter 1, v. a, <o huy. 

8* , to be hovght ; to buy. 

Achever 1, v. a. tojinish. 

Acquérir 2, v. a. to acquire. 

Acquis, part, acquired. 

Acquitter 1, v. a. ^o acquit. 

s'Acquitter 1, v. r. to perfonn; to 
discharge. 

Adieu, 8. \n.farewell, adieu. 

Admirer 1, v. a. ^o admire. 

Admettre 4, v. a. to admit. 

Admis, part, adinitted. 

Adopter 1, v. a. to adopt. 

Adorer 1, v. a. ^o adore, to worship. 

Adouci, part, softened, cabned. 

Adoucir 2, v. a. to soften. 

Adresser 1, v. a. to address. 

— — — une question, to ask a ques- 
tion. 

s'Adresser 1, v. r. to apply. 

Adroit, e, adj. skiiful, dextrous. 

Adroitement, adv. skilfully. 

Adversaire, s. m. adversary. 

Adversité, s. £ adversity, misf or- 
tune. 

Affaibli, part, enfeehled, \oeak. 

Affaibhr 2, v. a. to enfeehle. 

s'Affaiblir 2, v. r. to grow weak. 

Affaire, s. f. business. 

Affamé, adj. starvedy famished. 

Affecter 1, v. a. <o affect, to 7nove. 

Affermir 2, v. a. to strengthen. 

Affliger 1 , v. a. fa afflict, to grieve. 

s' , to grieve, to be afflicted. 

Affluent, près, ressort in abund- 
ance. 

Affluer 1, V. n. to ressort in abun- 
dance. 

Affreux, se, ad. frightfvl, dreadfvl. 

Afin de, prep. in order to. 

• que, coiTJ. thaty in order that. 

Agé, e, aged, old. 



jir 2, V. n. to act. [tiwu 

il s'Agissait imp. it was the qutih 
Agiter l,y. a. to agitate. 
Agréable, adj. agreeable. 
Agréablement, adv. agreeably. 
Agrément, s. m. omament ; charm. 
Agneau, s. m. lamb. 
Ah, interj. ah, oh. 
Ai (j'), près, of kvoir, to hâve. 
Aidé, part, assisted; toith the «•- 

sistance. 
à l'Aide, by the means. 
Aider 1, v. a. to /lelp, to assist. 
Aie, aient, près. subj. hâve. 
Aïeux, s. m. pL aneestors. 
Aigle, s. m. eagle. 
Aiguille, s. f. needle. 
Aille, aillent, près. subj. may go. 
Ailleurs, adv. elsewhere. 
d'Ailleurs, adv. besides. 
Aimable, adj. amiable^ agreeable. 
Aimé (bien), beioved. 
Aimer 1, v. a. to love, to like. 
Aîné, adj. eldest. 
Ainsi, adv. thus, so. 

que, as well as. 

Air, s. m. air, shy^ tune, looking. 

(avoir T), to seetn, to look aa 

Aisance, s f. comfort, ease. 
Aise (bien), adj. glad. 
Aise (mal a son), uneasy. 
Aisé. adj. easy. 
Aisément, adv. easily. 
Ait, près. subj. may hâve. 
Ajouter 1, v. a. to add. 
Alarmer 1, v. a. to alarm, 

s' , to take alann ai. 

Allée, s. f. walk. 
Allemagne, s. f. Germany. 
Aller 1, V. n. to go. 

chercher, to go for, tofeteh, 

y All«r de, to be at stake. 
Allié, ». m. ally ; relation, 
Allumei 1, V. a. to light. 
Alors, adv. then, at that tinte. 
Altérer 1, v. a. to alter, to change. 
Amant, s. m. lover. 
Amasser 1, y. a. to ass^mbU^ to 

collecé. 



AP 



125 



AS 



Ambitienx, se, adj. ambitious. 
Ame; 8. f. soitl ; mind. 
Améliorer 1, v. a. ^o improve, 
Amener 1, v. a. to brinff. 
Amer, e, adj. bitter. 
Amertume, s. f. bittemess; grief. 
Ami, 8. m.frien€L 
Amitié, p. f. friendëhip. 
Amoncellement, a» m. heap, pile. 
Amour, s. m. love. 
Amour propre, s. m. self-love. 
Amuser 1, v. a. ^o amw^. 
An, 8. m. year. 
Ancêtre, s. m. ancestor. 
Ancien, ne, adj. ancient^ old. 
Anéantir 2, v. a. to annihilate. 
Ange, 8. m, an^el ; beaiUy. 
Angélique, adj. angelic, angelical. 
Angoisse, s. f. anguish. 
Animal, s. m. animal, pi. animaux. 
Animer 1, y. a. to animale. 
Année, s. f. year. 
Annoncer 1, v. a. to announ^e. 
Antre, s. m. natural cave, grotto. 
Anxiété, s. t anxiety. 
Apaiser 1, v. a. ^o appease. 
Apercevoir 3, v. a. to perceive. 
Aperçu, part, perceived. 
s'Aperçut, prêt, perceived. 
Apostille, s. f. postscript 
Apparaître 4, v. a to appear. 
Appartenir 2, v. n. to belong. 
Appartenait, imp. belonged. 
Appartiens, appartiennent, belong. 
Apparu, part, appeared. 
Apparut, prêt, appeared. 
Appât, s. m. bait, allurement 
Appeler 1, v. a. to call. 

s' , to be ccUled 

Applaudir 2, v. to applaud 
Appliquer 1, v. a. to apply. 
Apporter 1, v. a. to bring. 
Apprécier 1, v. a. to appreciate, 

judge. 
Appréhender 1, v. a. to appréhenda 

tofear. 
Apprenait, imp. learnedy heard 
Apprenant, p. près, learning, tell- 

ing. 



Apprendre 4, v. a. to leam; to 

hear ; to tell. 
s'Api)rÔter 1, v, r. to get ready. 
Appris, part. /earne-rf; heard; told. 
Apprit, prêt, leamed; heard; told. 
Approche, s. f. appronch, coming. 
Approcher 1, v. to approach. 

s' , to approach. 

Approuver 1, v. a. to approve. 
Appui, a. m. protector ; protection. 
Appuyé, part, leaned, restedupon. 
s'Appuyer 1, v. r. to lean, to resi 

upon. 
Apre, adj. uneven, rough. 
Après, prep. after. 
Arabe, s. m. Arabian. 
Arabie, s. f. AraUa. 
Arbre, s. m. tree. 
Arbrisseau, s. m. shrub. 
Arc, s. m. arc, arch, boto. 
Arctique, adj. arctic, northem. 
Ardent, adj. burning, ardent. 
Ardeur, s. f. ardour, courage. 
Argent, s m. money ; silver. 
Aride, adj. arid, barren. 
Arme, s. î. arm. 
Armée, s. f. army. 
Armer 1, v. a. to ann. 

s' , to take up arms. 

Armoise, s. f. mugtoort. 
Arracher 1, v. a. to piUl offy tear off 
Arranger 1, v. a. to arrange. 
s'Arranger 1, v. r. to get settled. 
Arrêter 1, v. a. to stop; to arrest, 

s' , to stop. 

Arrêtons-nous, let us stop. 
Arrivée, s. f. arrivai. 
Arriver 1, v. a. to arrive. 
Arroser 1, v. a. to water, to wet 
As (tu), près, thou hast. 
Asie, s. f. Asia. 
Asile, s. m. shelter, asyhtm. 
Aspirer 1, v. a. to aspirate, aspire. 
Assemblée, s. f. company ; assem 

bly. 
Assembler 1, v. a. to assemble. 
Assentiment, s. m. assent, conseîu, 
s'Assoir, V. r. to sit down. 
Asservissement, %. m. subjsction. 



AU 



126 



AV 



Assez, ady. enaugh ; pretty, 

s'Assied, près, sits down. 

Assis, e, part, seatedy sitting, 

Assister 1, y. a. ^o cMsist. 

1 V. n. to le présent. 

s'Assit, prêt. scU down. 

Associer 1, y. a. io asmdate. 

s'Associer 1, v. r. tojoin with. 

Assurément, adv. assuredly. 

Assurer 1, v. a to casure^ to affirm. 

Astre, s. m. star. 

Ati&dié, Jixed, bound, attached. 

Attachement,' s. m. love, passion. 

Attacher 1, y. a. to attach ; to 
fasten. 

s' , to he attached orfastened 

Atteignait, inip. attained^ reacheU. 

Atteignant, p. pr. reaching. [éd. 

Atteignit, atteignirent, prêt, reach- 

Atteindre 4, v. a. to attain, to reach. 

Atteint, près, attains, reaches. 

Atteint, e, part, reached. 

Atteinte, s. f. blow ; reach ; grief. 

Attendre 4, v. a to wait/or^ to ex- 
pect. 

plus loin, to wait longer. 

s'Attendre 4, v. r. to expect. 

Attendri, part, moved; so/tened 

Attendrir 2, v. a. to soften ; to move. 

Attendrissant, e, adj. movingy af- 
fecting. 

Attendrissement, s. m. compas- 
sion ; the being moved or affected. 

Attente, s. f. expectation. 

Attentivement, adv. attentively. 

Attester 1 , v. a. to aitest ; to certify. 

Attirer 1, v. a. to attracty to draw. 

Attrait, s. m. inclination; charm; 
taste. 

Attraper 1, v. a. to catch. 

Attribuer 1, v. a. to aitribute. 

Attristé, e, part, afflicted, grieved 

Attrister 1, v. a. to grieve, to affiict. 

Au, io thCy at the, in the^ by the. 

Aube, s. f. break of day. 

Aubépine, s. f. whitehom. 

Auberge, s. f. inn. 

Aubergiste, s. m. inn-keeper. 

Aucun, e, adj. no, none, not any. 



Audace, s. £ audacioumea». 
Audacieux, se, adj. audacious. 
Au-delà, prep. beyond, 
Augmenter 1, y. a. to inereotfe, 

augment. 
Auguste, adj. august. 
Aujourd'hui, adv. to-day ; now. 
Aumône, s. f. a/m«, charity 
Aune. s. m. elder,-tree. 
Auparavant, adv. before. 
Auprès, prep. near. 
Auquel, pron. reL to lohich. 
Aurai, aura, fut. shall, or mil hâve. 
Aurais, auraient, would hâve. 
Aurez, auront, mil hâve. 
Auriez, cond. could, or would hâve. 
Aurore, s. f. break of day ; east. 
Aurores boréales, northern lighta. 
Aussi, adv. also^ as, so. 

que, as as. 

Aussitôt, adv. immediately. 

que, as soon as. 

Autant, adv. as much^ as many. 

que, as much^ or as many a». 

dAutant plus, so much the more. 
ne — qu'Autant que, only if. 
Autel, s. m. altar. 
Auteur, s. m. author. 
Automne, s. m. and f. antumn. 
Autorité, s. f. autJuyrity. 
Autour de, prep. round, around. 
Autre, adj. and pron. other. 

r , the lattcr. 

Autrefois, adv. fortnerly. 
Autrement, adv. otherwise. 
Autrui, s. m. otherSy other people. 
Aux, to thcy at the, in the. 
Auxquels, auxquelles, to which. 
Avait, avaient, imp. had. 
Avait (il y), there was, there were. 
d'Avance, adv. before, beforelMnd. 
Avancer 1, v. a. to advance. 
(s'), to advance. 



Avant, avant que, before. 
(plu&) y fur ther. 



en AY'dnty forward 
Avantage, s. m. advantage. 
Avantageux, adj. advafUageous, 
Avare, adj. avaricious. 



BA 



tsn 



BO 



Ayec, prep. tnth. 
Avenir, 8. m, future. 
Aventure, s. t a/dventure. 
Aventurer 1, t. a. to venturef to 

hazard. 
Avertir 2, y. a. to wam ; to inform. 
Aveu, 8. m. consent : approbation; 

confession, 
Avez-Tous, près, hâve yoa. 
Avidement, adv. eagerly^ greedUy. 
Avilir 2, v. a. to dégrade, 
Avious, aviez, imp. had. 
Aviron, s. m. oar. 
Avis, 8. m. advice ; omnion» 
Avoir 3, V. auxiL to nave. 
Avons, avez, près. hâve. 
Avouer 1, v. a. ^o confess^ to oum. 
Avril, 8. m. April. 
Ayant, p. presw having. 
Ayons, ayez, près. subj. may hâve. 
Azuré, adj. azuré. 

Jiaigné, e, part watered; toei. 
— ^— de larmes, toet with tears. 
Baigner 1, v. to bathe; to wet. 
Baisser 1, y. a. to let dovon; to 

lower. 
les yeux, to eeat down the 

eyee, 
se Baisser 1, t. r. to atoop. 
Ballot, s. m. baie. 
Banc, s. m. bench. 
Bande, & f. bancL 
Banni, part, banûhed 
Bannir 2, v. a. to banish. 
Barbare, adj. barbaroua. 

, a m. barbàrian. [tions. 

Barbares, s. m. pi. un. ivilized na- 

Burbe, s. f. beard. 

Barque, s. f. bark. 

Bas, basse, adj. loio. 

Bas (tout), guîte low. 

Bas, s. m. the lower part ; stoeking. 

Bas-fund, s. m. shallow. 

Basse-cour, s. f. poultry-yard. 

Bateau, s. m. boat. 

Batelier, s. m. toatemian, bargeman. 

Bâtir 2, v. a. to build 

Bft.ton, s. m. stick. 



Battf e 4, y. a. to beat. 

Beau, beaux, adj./n«, ha^idsomê, 

Beauct up, adv. mucA, very man^ 

Beauté, s. f. beauty. 

Bec, s. m. beak, biU. 

Bécasse, & £ woodeock. 

Bel, belle, adj.^n«, beautiful. 

Bénédiction, s. f. blessing. 

Bénir 2, v. a. to bless ; to praiae. 

Besoin, s. m. need^ want 

-, (avoir), to be in toantt to 



utant. 
Bétail, s. m. eattle. 
Bote, s. £ beast. 
Bien, ady. mell, very, mveK, 

que, though, although. 

Bien, & m. good, property. 
Bienfaisant, e, aoj. benefioent. 
Bienfait, s. m. benefit, advantage. 
Bienfaiteur, s. m. benefactor. 
Bienséances, & f. pL oecomingnesa. 
Bienheureux, se, adj. blessed, hap* 

Bientôt, ady. soon, very soon. 

Bière, s. £ coffin; béer. 

Bijou, s. m.jetoel. 

Billet, 8. m. note. 

Bise, 8. £ north toind. 

Blâmer 1, y. a. /o blâme. 

Blanc, blanche, adj. tohite. 

Blanchir 2, y. a. to tohiten; to uxuh. 

Bleu, e, adj. blue. 

Bluet, s. m. eornfower, blue-bottU, 

Boire 4, v. a. to drink. 

Bois, s. m. iDood. 

de lit, 8 m. bedstead. 

Boisson, s. f. drink ; beverage. 
Bon, bonne, adj. goocL 
Bonheur, s. m. happiness. 
Bonnet, s. m. cap. bonnet. 
Bonté, s. £ gooaness, kindness. 
Bord, s. m. board, shorCf bank. 
Bordé, part, bordered. 
Border 1, y. a. to border; to liné. 
Borne, s. £ limit. 
Borné, part, bounded 
Borner 1, v. a. to bound. 
Bosquet, s. m. grooe. 
Bottes, s. £ pL boots. 



CA 



128 



0£ 



Bouche, s. f. matUh. 
Boucle, s. f. tmeklCy curl. 
Boue, 8. î.mitd^ mire^ dirt 
Bouffée, 8. f. pun of voind. 
Bouleau, & m. birctirtree. 
Bouleversement, «. m. overthrow ; 

confusion. 
Bouleverser 1, v. a. to overthrow; 

conftése. 
Bourdaine, a. t hlack aider. 
Bourgeon, s. m. Imd; pimple. 
Bourreau, a. m. executioner, hang- 

man, tormentor, 
Bourse, s. f. purse. 
Bout, s. m. end. 
Bouton, s. m. button ; hud. 
Boutonner 1, v. a. to button. 
Branche, s. t branck 
Bras, s. m. arm. 

Braver 1, y. a. to brave, to affront. 
Brebis, s. t sheep, ewe. 
Brigand, s. m. robber. 
Brillant, e, adj. brllliant. 
♦Briller 1, v. n. to shine; to glitter. 
Brise, s. f. vmt wind. 
Briser 1, v. a. to break, 

se , to /tplity to be broken. 

Broderie, s. f. embroidery. 
Brouillard, s. m./og, miat. 
Broussailles, s. t pi. briers, thoms. 
Bruit, a. m. noise ; news. 
Brûler 1, v. a. to bum. 
Brume, & f. thickfog. 
Brun, e, adj. brown. 
Brusquement, adv. hastUy, 
Bruyère, s. £ heath,furze. 
Bûcher, s. m. funeral pile; wood 

hottse. 
Buisson, a. m. bush, thick shrub. 
But, a. m. aim ; object ; end, 

C* for ce, this, that, it 
Çà et là, hère and there. 
Cabane, ^thut; cottage. 
Cabaret, a. m. tavem. 
Cabinet, a. m. cabinet, study. 
Cacher 1, v. a. to hide, to coneeal. 
Cachet, a. m. seal. 
Cachot, a. m. dungeon; prison. 



Cadavre, a. m. eorpse, dead body. 
Caillou, a. m. flint-stone, pebble. 
Caisse, a. m. chest ; box. 
Calcul, a. m. ealculaiion. 
Calculer 1, y. a. to calculate. 
Calmer 1, v. a. to calm, appease. 
Campagne, a. f. country, 
(en ple'ne), in the open 

fields. 
Campanule, a. f. bell-flower. 
Canard, a. m. dttek. 

tigré, spotted duck. 

Canon, a. m. eannon, gun. 

Car, conj. /or; as. 

Caractère, s. m. disposition, ehat^ 

acter. 
Caresse, s. f. earess. 
Caresser 1, v. a. /o earess, 
Carosse, & m. eoaeh. 
Carreau, s. m. pane of glass. 
Cas, s. m. case. 

(au), in case. 

Caspienne (mer), Caspian êea. 
Cause, s. f. cause. 

à de, on account of. 

Causer 1, v. to cause; to talk. 

Cavité, 8. t cavity. 

Ce, adj. dem. this, tkat, it. 

Ce qui, ce que, what, that whJeh. 

Ceci, pron. dem. this. 

Céder 1, v. a. to yield; give up. 

Cèdre, s. m. cedar. 

Ceignait, imp. girded, put on. 

Cela, pron. dem. that. 

Célèbre, adj. célébra* ed. 

Céleste, adj. celestial. 

Celle, pron. dem. that, t)te one, shê. 

Celles, pron. dem. tfiose. 

Celui, pron. dem. that, he. 

Celui-ci, celle-ci, this, the latter, 

Celui-ld, celle-là, that, the former. 

Cendre, s. £ ash ; remainê. 

Cent, num. adj. hundred. 

Centaine, s. t hundred. 

Cependant, adv. hoioever. 

Cercle, s. m. circle. 

Cercueil, s. m. coffin. 

Cérémonie, a. f. ceremony. 

Certain, e, adj. certain, sure. 



OH 



129 



00 



Oertaînement, adr. certaiidy. 
Certitude, b. f. certainttf. 
Ces, adj. dem. these^ tkose. 
Cesse, 8. f. ceasing. Sans cesse, 

without intermission, constant ly. 
Cesser 1, v. to cease, leave off. 
C'est, it «X, ihis t«, that is. 
C'est-à-dire, thcU is to say. 
Cet, cette, adj. derxL this^ that. 
Ceux, pron. dem. those. 
Ceux-ci, celles-ci, these^ the latter. 
Ceux-là, celles-là, those, the former. 
Chacun, e, pron. each, every one. 
Chagrin, s. m. grief sorrow. 
Chagriner 1, y. a. ^o grieve, to 

afflict. 

se ^ to he afflieted, orgrieved. 

Chaîne, s. f. chain. 
Chaire, s. t pulpit. 
Chaise, s. f. chair. 
Chambre, s. f. room. 
Champ, 8. m.Jield, ground, 

(sur le), immediately. 

Champignon, s. m. rniuhroom. 
Chanceler 1, y. n. to be unsteady, 

foaver. 
Changement, s. m. change. 
Changer 1, y. a. to c/iange. 
Chant, s. m. song, singing. 
Chanter 1, v. a. to sing. 
Chapelle, s. f. chapel. 
Chaque, adj. every, each. 
Chardon, s. m. thistle. 
Chargé, part, loaded; covered. 
Charger 1, v. a. to charge , load; 

intrust. 

se , to taJce charge. 

Chariot, s. m. wagon. 
Charité, s. f. charity. 
Charmant, adj. charming. 
Charmer 1, v. a. to charm. 
Charrette, s. f. cart. [along. 

Charrier 1, v. a. to convey ; cnrry 
Chasse, s. f. hunting. [hunt. 

Chasser 1, v. a. <o drive oui; to 
Chasseur, s. m. hunier. 
Châtiment, s. m. punishment. 
Chaton, s. m. bloxsom, pointai. 
Chaud, B. m. heat ; adj. toarm, h/>t. 



se Chauffer 1, y. r. to warm on^t 

self. 
Chaumière, s. f. cottage; hut. 
Chaussures, s. f. pL hose, boots and 

shoeSy stockings. 
Chef, s. m. chief 
Chemin, s. m. toag^ road. 
Cheminer 1, t. n. to go, to walk. 
Chêne, s. m. oak. 
Cher, chère, adj. dear. 
Chercher 1, v. a. to seek, tofeteh» 
Chérir 2, v. a. to cfierish, to love. 
Cheval, s. m. horse; pi. chevaux. 
Chevelure, s. f. the hair ; fibres. 
Cheveux, a m. pL hair. 
Chez, prep. at, or to one^s houae, 
moi, ai my house. 



Chien, s. m. dog. 

Chimérique, adj. ehimericàl, 

Chine, s. f. Ofiina, 

Choc, B. m. shock; striking. 

Choisir 2, v. a. to cJioose, 

se Choquer 1, v. r. to strike <mê 

against another. 
Chose, s. f. thing. 
Chrétien, s. m. Christian, 
Chute, s. tfall. 
Ciel, s. m. heaven ; sky. 
Cigogne, s. f. stork. 
Cime, s. f. top, summit. 
Cimetière, s. m. burying-ground. 
Cinq, num. adj. Jive. 
Cinquante, num. adi. ffty. 
Cinquième, num. adj.^/f/ïA. 
Circonstance, s. f. circumstanee. 
Circulaire, adj. circular. 
Cité, s. f. city. 
Citoyen, s. m. citizen. 
Civilisé, e, pai't. eivilized. 
Clair, adj. dear, bright, 
Clair-semé, sowed thin ; scaree, 
Clémence, s. f. cletnency. 
Climat, s. m. climaie. 
Cloche, s. f. bell. 
Clocher, s. m. steeple. 

A , loith a steeple. 

Cœur, s. m. heart. 
Coin, s. m. corner. 
Colère, s. £ anger^ passion, rage. 



co 



ISO 



00 



Coller 1, T. a. tonaste; to tHek. 
Collier, a m. necklace, collar. 
Colline, a. t hilL 

Colombe, a. 1 dore. [eolony. 

Colon, & m. an inhalntaut of a 
Colonne, s. t eolumn. [y^*^ 

Combattre 4, v. a. to fight ; op- 
Combien, ady. how muehy how 

many. 
' de temps, how long. 

Comble (au), at the twrnmiL 
' (pour), to complète. 

Commander 1, y. a. to command. 
Comme, adv. a», like^ Jioio. 
Commencer 1, y. a. to begin. 
Comment, ady. how. 
Commettre 4, v. a. to commit. 
Commis, part, committed. 
Commit, prêt, committed. 
Commode, adj. convenient. 
Commodité, & f. conveniency. 
Commun, e, adj. common. 
Communauté, s. f. commotmlty. 
Compagne, s. f. companion. 
Compagnon, s. m. companion. 
Comparaison, s. f. comparison. 
Comparaître 4, v. n, to appear. 
Compenser l,*v. a. to compensate. 
Complaisance, s. t complacency. 
Complet, e, adj. cmnplete. 
Complètement, adv. cotnplctely. 
Composer 1, v. a. to cotnpose. 
Comprenait, imp. understood. 
Comprenant, p. près, understand- 

ing. 
Comprendre 4, v. a. to under stand 
Compris, part, understood 
Comprit, prêt, conceived. 
se Compromettre 4, v. r. to expose 

on^s self. 
Compte, 8. m. numher ; account. 
Compter 1, v. a, <o count; intend; 

rety upon. 
— -^ sur, to rely upon. 
Concentrer 1, v. a. to concentraie. 
Concerner 1, y. a. to concern. 
Concev<iir 3, v. a. to conceive. 
Conçoit, près, conceives. 
Concours, s. m. concurren<ie. 



Cooçn, part formed; eoneeiveâ* 
Condamner 1, t. a. to eondemtu 
Conduire 4, t. a. to amduet, to 

lead. 
Conduisait, imp. condueted, led. 
Conduisant, p. près, leading. 
Conduisit, prêt eonducted; took. 
Conduit, près, leads. 
Conduit, e, part eonducted. 
Conduite, a. £ eonduct, behaviour. 
Confiance, s. L confidence, trust. 
Confidence, & 1 inut, intrusHng, 
Confier 1, v. a. to intrust to. 
Confirmer 1, y. a. to confirm. 
Confondre 4, y. a. to confound. 
Confus, e, adj. confused 
Congé, a m. leave.farewell. 
Conjurer 1, y. a. to conjure ; pray. 
Connais, connaissent, know. . 
Connaissait, imp. knew. 
Connaissance, s. f. knowledge. 
Connaissant, p. pr. knowing. 
Coimaît, près, knows. 
Connaître 4, v. a. to know. 
Connu, part, knoton. 
Connut, prêt. knew. 
Conquérant, s. m. conqueror. 
Conquérir 2, y. a. to conguer. 
Consacrer 1, y. a. to conseerate ; 

dévote. 
Conseil, s. m. counsel ; advice. 
Conseiller 1, y. a. to aduise 
Consent, près, consenis. 
Consentement, s. m. consent. 
Consentir 2, v. a. to consent. 
Consentit, prêt, consented 
ne Consentit, imp. subj. \o&uld eonr 

sent. 
Conséquent (par), consequently. 
Conserver 1, v. a. to préserve^ to 

keep. \teenu 

Considérer 1, v. a. to considère e»- 
Consister 1, v. n. to consist. 
Consolant, e, adj. consoling^ corn- 

forting. [fort 

Consoler 1, v. a. to console^ corn- 
Constamment, adv. always^ conr 

stantly. 
Constater 1, y. a. to prove, to show. 



00 



181 



OR 



Construire 4, y. a. to eofutruct, 

build. 
Construit, e, part, eomtrueted. 
Consulter 1, v. a. fo eonsult. 
Consumer 1, v. a. fo consume. 
Contenance, & f. eountenanee. 
Contenir 2, v. a. to coniain, 

se , to he moderate. 

Content, adj. glad, plectsed. 
Contenter 1, y. a. to contentf satisfy, 

B , to he safiffied. 

Contient, près, eontains. 
Continuellement, adv. eoniintially. 
Continuer 1, y. a. to continue. 
Contrainte, s. f. conatraint. 
Contraire, adj. eontrary. 

(au), on the eontrary. 

Contre, prep. againat. 
Contrée, s. f. country. 
Contreyenir 2, y. n. to infringe, 
Conyaincre 4, y. a. to convince. 
Conyaincu, part, convinc^d. 
Conyenable, adj. convenient. 
Conyenir 2, y. n. to suit; to agrée. 

(en), to confeas. 

Conyoi, s. m. funeral procession. 
Cornouiller, s. m. cornel-tree. 
Corps, s. m. body. 
Corrassin, s. m. sinallfish. 
Corrompre 4, y. a. /o corntpt 
Cortège, s. m. retinue^ train. 
Côté, 8. m. side ; — de côté, a^ide, 

à , n«ar. 

Cotonneux, se, adj. spongy. 
Coucliant, s. m. west. 
Couche, s. f. cotich ; mass. 
Coucher 1, y. a. to lie dovon^ to slecp. 

8*» , to go to bedj lie down. 

Coude, s. m. elbow. 

Coudoyer 1, y. a. to elbow, push 

Vfith the elbow. 
Coudre 4, v. a. to «e»o. 
Couler 1, y. tofiow^ to nm. 
Couleur, s. f. color. 
Coup, s. m. strokSy blow ; event, 
— — de fusil, gun-shot. 
-^-^— d*œil, glance. 

(tout â, or d*un), suddeniy. 

Coupable, adj. giMty, 



Couper 1, y. a. to cta. 
Cour, s. f. yard; court. [bold. 

Courageux, se, adj. courageotts. 
Courant, p. près, runnittg. 
Courber 1, y. a. to bendy to bow. 
Courir 2, y. n. to run; to be ex- 

posed 
Couronne, s. fl croum. 
Couronnement, s. m. coronation, 

croion-îoork. 
Couronner 1, y. a. to crown. 
Courrier, s. m. courter, express. 
Cours, s. m. course. 
Course, s. f. running. 
Court, près. runs. 
Court, e, adj. short. 
Couru, part, run ; been exposed. 
Courut, prêt. ran. 
Couteau, s. m. knife. 
Coûter 1, y. n. to cost. 
Coutume, s. t cu^tom, habiL 
Couvent, s. m. convenu 
Couvert, e, part, covered. 

à , under shelier. 

Couvrait, imp. covered 
Couvrir 2, v. a. to eover 
Couyrit, prêt, covered 
Craignait, imp. was afraid. 
Craignant, p. pre». fearing. 
Craignit, prêt /<?ar«i 
Craindre 4, v. a. to/ear. 
Crains, craignons, /car. 
Craint, -part, feared 
Crainte, s. {.fear. 
Craintif, ve, adj./<?ar/W. 
Craquer 1, y. n. to crcusk. 
Créer 1, v. a. to create. [ligftt. 
Crépuscule, s. m. iwiligJU, awl- 
Creuser 1, y. a. to dig. 
Cri, s. m. cry, shriek. 
jeter des Cris, to utter cries. 
Crier 1, y. n. to cry ont; shouL 
Croire 4, y. a. to believe, think. 
Crois, près, believe, think. 
Croisée, s. f. window. 
Croiser 1, y. a to cruise, to cross. 
Croissait, imp. was growing. 
Croître 4, v. a. togrow, to inersoêSL 
Croyait» irap. believed. 



DE 



182 



DE 



Oro^ant, p. près, believing, 
Oruix, s. f. cross. 
Cru, part, believed^ thou^hi. 
Cruellement, adv. erucUy. 
Crut, crurent, prêt, believed. 
Cueillir 2, ▼. a. to gather. 
Cuiiïine, s. f. kitchen. 
Cultiver 1, y. a. to ctdtiviUe. 
Curieux, se, adj. curious. 
Curiosité, a. f. curiosity. 
Cytise, s. m. cytisus, bctse trefoil, 

D for de, of.frmn^ some. 

Daigner 1, v. n. <o deign^ con- 
descend. 

Daiâ, 8. m. canopy. 

Dame, s. f. iady. [ly. 

DangereuHement, adv. dangerous- 

Dangereux, adj. dangerous. 

Dans, prep. t»; toithin. 

Davantage, adv. more. 

De, prep. of.from; by ; some. 

ee Débat, près. struggleSy strives. 

Débat, 8. m. debate, strife. 

Déborder 1, v. n. to overjlow. 

Debout, adv. standing. [mains. 

Débris, e. m. pL ruins, broken re- 

Déceler 1, y. a. to reveal. 

Décembre, & m. December. 

Décence, s. f. decency. 

Déchaîné, part, unchained.. 

Déchirant, e, adj. sorrow/ulj heart- 
rencUng. [in^. 

Déchirement, s. ra. tearing, rend- 

Déchirer 1, t. a. to tear, break ; 



Décider 1, v. a. to décide^ to résolve. 
Déclarer 1, v. a. to déclare^ an- 

nounce. 
Décliner 1, v. to décline^ decrease. 
Décorer 1, v. a. to decorate. 
Découper 1, v. a. to eut, citt up. 
Découvert, part, discovered; un- 

covercd. 
Découvrait, imp. uncovered. 
Découvrir 2, v. a. to uncover; dis- 

cover. 
Découvrit, prêt, discovered. 
Dédaigner 1, y. a. to disdain. 



Dédaigneux, se, adj. disdainftd. 
Dédié, e, part dedicated. 
Défaillance, a. f. swoon^ fainiing fit. 
Défaut, a m. dfifect, fault. 
Défendre 4, v. a. to défend, forbid. 
Défense, s. £ defence^ protection. 
Défier 1, v. a. to defy. 
Défiler 1, y. a. tofile off^ défile. 
Dégager 1, v. a. to redeem, tofree. 
Dégeler, v. to tfiaw. 
Dégoûter 1, v. a. to disgust 
Degré, s. m. degree; step. 
Dehors, out ; au dehors, otUwarâly, 
(en), out. 



Déjà, adv. already. 
Déjeuner 1, v. a to breàkfaat. 
Delà, au delà, prep. beyônd. 

(par), prep. beyond. 

Délai, s. m. deiay. 
Délaissé, pKrt. forsaken. 
Délayé, e, part, diluted. 
Délicat, e, adj. délicate. 
Délicatesse, s. f. delicacy. 
Délicieux, se, adj. delicious* 
Délier 1, v. a. to untie. 
Délire, s. m. delirium. 
Délivrer 1, v. a. to deliver; relie je 
Demain, adv. to-tnorroto. 
Demande, s. f. denuxnd, daim. 
Demander 1, v. a. to a«A;, askfor 
Démarclie, s. f. step, action. 
Demeure, s. £ dwelling, abode. 
Demeurer 1, v. n. to live, to remain. 
Demi, e, adj. half. 
à Demi, adv. half. 
Demoiselle, s. f. young Iady. 
Denier, s m. denarius. 
Départ, s. m. departure. 
Dépasser 1, v. a. to go beyond. 
Dépendre 4, v. n. to dépend. 
Dépenser 1, v. a. to spend. 
Dépenses, s. £ pi. expenses. 
Dépit (en), in spite. 
Déployer 1, y. a. to display, show 
Déposer 1, y. a. to put dotcn, lay 
doum. [tary. 

Dépositaire, s. m. and adj. deposû 
Dépouiller 1, y. a. to strip ; rob 
Dépourvu, é, adj. destitute. 



DE 



1S8 



DI 



Depuis, prep. aDd adr. Hnce; 

from. 
Dernier, e, adj. Ictst. [ceed. 

Dérober 1, v. a. to ttteal ; to con- 
Derrière, prep. behind. 
DeSt of thèf frotn the ; aome. 
Dès, prep. /rom. 

que, as aoon as. [ness. 

Dédagrément, s. m. disagreeable- 
Désappointé, part. disappoirUed. 
Désarmer 1, y. a. to disarm» 
Désastre, s. m. duaster. 
Descendre 4, v. to descend, [taty. 
Désert, s. m. and adj. désert, soli- 
Désesperer 1, v. to despair. 
Désespoir, s. m. despair. 
Désigner 1, y. a. to mention^ design. 
Désir, s. m. désire, toish. 
Désirer 1, v. a. to désire, wish. 
Désobéir 2, v. n. to disobey. 
Désolé, e, part, grieved. 
Désormais, adY. hereafter. 
Desquels, desquelles, of lohich. 
Dessein, s. m. design, intention. 
Dessin, s. m. drawing. 
Dessous, au-dessous, below. 
Dessus, au-dessus, ab(yve, upon. 

(par), above. 

• ^de),/rom. 

Destin, s. m. Vato, destiny. 
Destinée, s. i. destiny. 
Destiner 1, v. a. to destine. 
Détacher 1, y. a. to take off ; untie. 
Détail, s. m. retail ; particulars. 
Déterminer 1, y. a, to détermine. 
Détour, s. m. turning. [vent. 

Détourner 1, y. a. to turn ; topre- 
Détresse, s. f. distress. 
Détruire 4, y. a. to destroy. 
Détruit, près, desiroys. 

, part, destroyed. 

Deux, num. adj. ttoo. 
DeYait, imp. was to, ought ; otoed 
DeYancer 1, y. a. to go before. 
DeYant, prep. before. 

(au), before. 

Développer 1, y. a. to develop. 
Devenait, imp. became. [of. 

Devenir 2, y. n. to beeome, became 
12 



DeYenii, part, beeome. [comê. 

Deviendrai, deviendront, will be- 
Deviendrait, cond. would beeome. 
Deviens, deviennent, beeome. 
Deviner 1, y. a. to guess. 
Devins, devinrent, became. 
Devoir 8, y. a. to owe ; s. m. duty. 
Devons, devez, are to, ougJU ; owe. 
Dévorer 1, v. a. to devour; conr 

sume. 
Dévouement, s. m. dévotion 
Dévouer 1, y. a. to dévote. 
Dicter 1, y. a. to dictate. 
Dieu, s. m. God 

Difficile, adj. difficult. [ly. 

Difficilement, adj. difficultly, kard- 
Difficulté, s. f. diffictUty. 
Digne, adj. worthy. 
Dignité, s. f. dignity. 
Dimanche, s. m, Sunday. 
Diminuer 1, v. a. to diminish. 
Dîner 1, y. n. to dine; s. m. din^ 

ner. 
Dirai, dira, fut. will say. 
Dire 4, y. a. to say, tell. 
Directement, adv. directly. 
Diriger 1, v. a. to direct. 
Disait, disaient, imp. said. 
Disant, se disant, saying. 
Discours, s. m. diaeourse, speech. 
Disgrâce, s. f. misfortune. 
Disjoint, e, part, disjoined; sepe^ 

rate. 
Disparaissent, près, disappear. 
Disparaître 4, y. n. to disappear. 
Disperser 1, y. a. to disperse. 
Disposer 1, y. a. to dispose. 
Dissimuler 1, v. a. to disguise. 
Dissiper 1, v. a. to dissipate. 
Distinguer 1, y. a. to distinguish. 
Distribuer 1, y. a. to distribute. 
Dit, says; disons, dites, say. 
Dit, dirent, prêt, said 
Dit, part, said, told 
Divers, e, adj. varioits, several. 
se Divertir 2, v. r. to divert oné% 

self. 
Divertissement, s. m. diversion. 
Divin, 0, adj. divine. 



DIT 



IM 



EG 



DÎTiser 1, t. a. to divide. 
Dix, nani. adj. ten. 
Dix-huit, uum. adj. eighteen» 
Dîx-sept, Dum. adj. aeventeen. 
Dix-septiëDie, setenteenth. 
Doit, doivent, rmtJit, ought. 
Domanial, e, adj. beLonging io tJu 

domain. 
Domestic^ue, & m. and. £ servant 
Domination, a. f. dominion. 
Dompter 1, v. a. fa tame; toover- 

come ; to vanquith. 
Don, 8. m. gift 
Donc, conj. then ; therefore. 
Donner 1, v. a. to give. 
—^ le jour, to give birth. 
Dont, pron. reL tthose, of which. 
Dorer 1, y. a. togild; makeyellow. 
Dormait, imp. toas sleeping. 
Dormant, p. près, deeping. 
Dormi, part. »lept» 
Dormir 2, v. n. to sleep. 
Dormit, dormirent, prêt. dept. 
Dors, dorment, près. deep. 
Dos, s. m. bock. 

Dossier, s. m. the bock of a chair. 
Doublement, adv. donbly. 
Doubler 1, v. a. fo double ; to Une. 
Doucement, adv. softly^ gently. 
Douceur, s. f. mildnesSy delight. 
Douleur, s. f. grief sorrow. 
Douloureux, se, adj. sad, sorrowful. 
Doute, s. m. doubt. 

• (sans), no doubt. 

Douter 1, v. n. to dovbt. 

ge , V. r. to suxpect. 

Doux, ce, adj. stoeet; soft ; mild 
Douze, num. adj. twelve. 
Drap, s. m. cloth. 
Droit, e, adj. siraight^ right. 

' s. m. right. 

à Droite, adv. on the right hand 
Du, of thcy from the ; some. 
Dû, part, owedj ought. 
■ (aurait), might to hâve, should 

hâve. 
Duquel, pron. rel. of which. 
Dur, e, adj. hard; severe. 
Durant, p. près, and prep. during. 



Durci, e, part hardened. 
Durée, & £ duration. 
Durer 1, y. n. to last. 
Dureté, Sl f. hardne*s. 
Dut, durent, ought, mfut hâve. 

Lau, s. f. teater. 
Eau-de-vie, a. f. brandy 
Ebène, s. f. ebon, ebony. 
Eblouir 2, y. a. to dazde ; impose. 
Eblouissant, p. près, dazding ; im 

posing. 
Ebranler 1, y. a. fo shdke, move. 
Ecaille, s. £ secd^ shell. \off. 

Ecarter 1, y. a. to reniove; tum 
s'Ecarter 1, v. r. to get ont of. 
Echapper 1, y. n. to escape ; to 

drop. 
laisse Echapper ces mots said 

tliese words. 
Echauffer 1, y. a. to toarm. 
Eclair, s. m. lightning. 
Eclaircir 2; v. a. to clear, elear up 
Eclairer 1, v. a. to light, enlighten. 
Eclat, s. m. display ; liistre ; pièce. 
Eclatant, e, adj. bright, sparkling. 
Eclater 1, y. n. to burst otU. 
Ecorce, s. £ bark. 
s'Ecouler 1, y. r. toflow away. 
Ecouter 1, y. a. to listen, to hear, 
s'Ecrier 1, y. r. to exclaim, cry ouL 
Ecrire 4, v. a. to torite. 
Ecrit, e, part, written. 
Ecriture, s. £ toriting. 

sainte, holy Scripture, 

Ecrivis, prêt, vyrote. [doion, 

s'Ecrouler 1, v. r. tofall, or ttanble 
Ecureuil, s. m. squirrel. 
Effacer 1, v. a. to efface ; to destroy. 

s' , to be effaced 

Effectivement, adv. really. 
Effet, s. m. effect. 

(en), «H effect, really. 

Effilé, part, reeved ont ; thin. 
s'Efforcer 1, v. r. to endeavor 
Effrayer 1, v. a. tofrighten. 

s' , to be frightened 

Effroi, 8. m. greatfear. 

Egal, e, adj. egtiaî ; pL égaux. 



EN 



186 



EN 



Egalement, adv. equally. 
Egaler 1, y. a. ^o equal. 
Egard, 8. m. respect; regard. 
à l'Egard de, prep. <is to. 
Egard (à son), towards him. 
s'Egarer 1, v. r. to lose one's teay ; 

to be iost. 
Egide, 8. f. œgis, shield. 
Eglise, s. f. church. 
Elan, s. m. elk; sudden tpring. 
s'Elancer 1, v. r. to spring. 
s'Elever 1, v, r. to arise. 
Elever 1, v. a. ^o bring wp, to raise. 
Elevé, e, part, brought up ; high. 
Elle, pron. pers. she^ her, it. 
Elles, proD. pers. pi. they^ them. 
Eloge, s. m. praùe, eulogy. 
Eloigné, e, adj. distant, far. 
s'Eloigner 1, v. r. to go away. 
Eloigner 1, v. a. fo remove. 
s'Embarquer 1, v. r. to embark. 
Embarras, s. m. perplexity, trouble. 
Embarrassé, e, part, puzzled 
Ëmbellii' 2, v. a to einJbellish. 
Embraser 1, y. a. to burn, to in- 

Jlaine. 
Embrasser 1, v. a. <o embra^e^ kiss. 
Edibouchure, s. t harbor^ mouth of 

a river. 
Emeuvent, près. move. [nent. 

Eminent, adj. great^ high, immi- 
Emmener 1, v. a. io take^ or carry 

avoay. 
s'Emparer 1, v. r. to sitbdue ; seize; 

cover. [der. 

Empêcher 1, v. a. ^o prevent, Ain- 
Empereur, s. m. emperor. 
Empirer 1, v. n. to grow worse. 
Emploi, s. m. employ^ post^ station. 
Employer 1, v. a. to employ. 
Emporter 1, v. a. <o carry away. 

V , to get the better of. 

Empressé, e, adj. eager. 
Empressement, s. m. eagerness. 
s'Empresser 1, v. r. to be eager, 

forward 
Emu, e, adj. moved. 
Emut, prêt, moved. 
En, prep. in. 



En, pron. ofit, ofiliem, some. 
Enchaîné, e, part, chained; eap» 

tivated. 
Enchanté, part, delighted; glad. 
Enclos, s. m. enciosure. 
Encore, adv. y et, still, again^ cUso 
Encouragement, adv. encourage^ 

ment. 
Endormi, part, asleep^ sleepy. 
s'Endormir 2, v. r. tofall asleep. 
s'Endormit, prêt, fell asleep. 
s'Endort, près. fcUls asleep. 
Endroit, s. m. place ; spot. 
Endurer 1, v. a. to endure, suffer. 
Energie, s. f. energy, force. 
Enfance, s. f. yottth ; childfiood. 
Enfant, s. m. child [tn. 

Enfermer 1, v. a, <o shut up, mut 
Enfin, adv. in short, at last, in fine. 
Enfoncer 1, v. a ^o sink, go into. 
Enfumé, part, smoked; smoky. 
Engager 1, v. a. ^o engage. 
Enlever 1, v. a. to carry off. 
Ennemi, s. m. enemy. 
s'Ennuyer 1, v. r. to be weary oî 

tired. [proud. 

s'Enorgueillir 2, v. r. to grow or be 
Enorme, adj. enormous. 
s'Enrichir 2, v. r. to grow rich. 
Enseigner 1, v. a. to ieach. 
Ensemble, adv. together. 
Enseveli dans une profonde rôve 

rie, to be buried in thought. 
Ensevelir 2, v. a. to bury. 
Ensuite, adv. afterwards, then. 
Entasser 1, v. a. to heap up ; ae- 

cumulate. istand. 

Entendre 4, v. a. to hear; under- 
Enterrement, s. m. burial, funeral. 
Enterrer 1, v. a. to bury. 
Entier, e, adj. entire, whole. 
Entièrement, adv. êntirely. 
Entourer 1, v. a. ^o surrouna. 
Entrailles, s. f. pL entrails ; heart. 
Entraîner 1, v. a. to carry along, 

to drag. 
Entre, prep. between. 
Entrecouper 1, v. a. to interrupt; 

âivide. 



£P 



186 



ET 



Entrée, s. f. eniry, entranee. 
Entrefaites (sur ces), meanvohile. 
Entreprendre 4, y. a. to utidertake. 
Entre pria, part undertaken. 
Entreprise, s. f. enterprise. 
Entrer 1, v. n, to enter, go in. 
s'Plntretenant, p. près, conversing.. 
Entretenir 2, v. a. to entertain. 

B* , V. r. to converse. 

Entretien, & m. eonvencUion ; 

maintenance, [naw. 

Entrevit, prêt, had a glimpse of. 
Entrevoir 3, y. a. to hâve a glimpse 

of. 
Entrevoyait, imp. had a glimpse of. 
Entrevus, part, had a glimpse of. 
Entrevue, s. f. interview. 
Envahir 2, v. a. to invade. 
Envelopper 1, v. a. to envelop, cover. 
Enverrai, fut, shall send 
Envers, prep. towards. 
Envie, s. £ mind, wish, désire ; envy. 
Envier 1, v. a. to e^ivy. 
Envirou, adv. ahout ; s. m. environs. 
Environner 1, v. a. to surround. 
Envoie, près, sends. 
Envoyer 1, v. a. to send. 
Epais, se, adj. thick. 
Epaisseur, s. £ thickness. 
Epanoui, e, part, dilated. 
Epanouir 2, v. to chase tlie spleen ; 

blosHotn; dilate. 
s'Epanouit, prêt, blossomed 
Epargner ] , v. a. to spare ; to save. 
Epars, e, adj. scaftered 
Epaule, s. £ shoulder. [ijtked. 

Eperdu, e, &dj. frightened ; aston- 
Epervier, s. m. sparrow-hawk. 
Epineux, se, adj. thorng, prickly. 
Epoque, s. Iperiod 
Epouse, s. £ spouse, wife. 
Epouser 1, v. a. to marry. 
Epouvantable, adj. frightful. 
Epouvanter 1, v. a. tofrighten. 
Epoux, s. m. husband 
- — (les deux), the man and wife. 
Epreuve, s. £ tHal, shock. 
Eprouver 1, y. a. to expérience.' 
Epuiser 1, Y. a. to drain, to exhaust. 



Equité, B. t equity, jtistiee. 

Errant, e, adj. wandering. 

Errer 1, v. n. to wander^ to err. 

Es, près, of être, art. 

Escarpé, adj. steep. 

Esclavage, s. m. slavery. 

Esclave, & hl slave. 

Espace, s. m. space. 

Espagne, s. £ Spain. 

Espèce, 8. £ kindy species. 

Espérance, s. £ hope. 

Espérer 1, y. a. to hope, to expeet. 

Espoir, s. m. hope. 

Esprit, s. m. wit, spirit, mind. 

Essai, s. m. essay, proof. 

Essayer 1, v. a. to try. \yo\tK 

Essuyer 1, v. a. to wipe; to meet 

Est, s. m. east. 

, près, of être, is. 

(il, or il en), ihere is, there are. 

Estime, s. £ esteem, respect. 
Estimer 1, v. a. to esteem. 
Et, conj. and 
Etablir 2, y. a. to estahlish. 

s' , to settle. 

Etait, imp. was. 

Etant, p. près, being. [^toii. 

Etat, s. m. State, condition, situa- 

(en), able. 

(hors d'), unahle. 

Eté, part, be&ti ; s. m. summer. 
s'Eteindre 4, v. r. to be extinguish- 

ed; to decrease ; to be consunied. 
s'Eteignit, prêt, decreased 
Etendre 4, y. a. to extend; lay 

doivn. 
Eternel, adj. eternal. 
Eternellement, adv. etemally. 
Eternité, s. £ eternity. 
Etes, près, of être, are. 
Etions, étiez, imp. were. 
Etoffe, 8. £ stuf. 
Etouffer 1, v. a. to suffocaie; to 

suppress. 
Etonnant, e, adj. astonishing. 
Etounement, s. m. aHonishmenL 
Etonner 1, v. a. to astonisK 
Etrange, adj. strange. 
Etranger, s. m. stranger, foreigner. 



fiX 



187 



F£ 



Etre, V. auxîl. to he, 
— -, R. m. heing. 
Etreinte, s. f. clofte pressing. 
Etroit, e, close y narrojo. \ly. 

Etroitement, adv. closely, narrow- 
Etude, & t tttidy. [aminé. 

Etudier 1, v. a. to stttdy ; to ex- 
Eu, part of être, had. 
Eûmes, eurent, prêt. had. 
Eus, eut, prêt. had. Eussent, 

might hâve. 
Eussé-je, wouldy or shonld I hâve. 
c*Eût été, it footdd hâve heen. 
Eux,*pron. per. they, them. 
s'Evanouir 2, v. r. to atooon, faint 

away. 
Eveiller 1, v. a. to toake. 

8* f to atoake. 

Evénement, s. m. event. 
Eviter 1, v. a. to avoid 
Exactement, adv. exactly, punc- 

tually. [neês. 

Exactitude, s. f. exactnexs, précise- 
Exagérer 1, v. a. to exaggerate. 
Exalter 1, v. a. to exalt. 
Examen, s. m. examination. 
Examiner 1, v. a. to exatnine. 
Excepter 1, v. a. to except. 
Excès, s. m. excesH. 
Excessivement, adv. exceasively. 
Exciter 1, v. a. to excite. 
Excuser 1, v. a. to excuse. 
Exécuter 1, v. a. to exécute. 
Exécuteur, s. m. executor. 
Exemple, s. m. txample. 
Exercer 1, v. a. to exercise. 
Exercice, s. m. nvarcise. 
s'Exfoliant, p. pr«s. exfoliating. 
Exhaler 1, v. a. to exhale, send 

forth. 
Exiger 1, v. a. to demand. 
Exil, s. m. exile. 
Exilé, s. m. exile 
Exiler 1, v. a. to exile, to banish. 
Exister 1, v. n. to exist. 
Expédier 1, v. a. to dif^patch. 
Ex| niant, e, adj. expiring. 
Expirer 1, v. n. to expire. 
Expliquer 1, v. a. to explain. j 
12* 



Exposer 1, v. a. to expose. 
Exprès, adv. on purpose. 
Exprimer 1, v. a. to express. 
Exquis, e, adj. exquisite. 
Extase, s. f. ecstasy, ravisliment. 
Extérieur, adj. exterior. 
Extraordinaire, adj. extraordinary, 
^Extrêmement, adv. extretnely. 
Extrémité, s. t extremity. 

r àché, e, adj. angry, sorry, 
se Fâcher 1, v. r. to get angry. 
Facile, adj. ecisy. 
Facilement, adv. easily. 
Facilité, s. tfacility. 
Faciliter 1, v. a. to facilitate. 
Faible, adj. weak. 
Faiblement, adv. weakly, slightly. 
Faiblesse, s. f. weakness. 
Faim, s. f. hunger. 
Faire 4, v. a. to make, to do. 
passer, to send. 



Faisait, imp. did, mode, was doing. 
Faisant, p. près, making, doing. 
Fait, part, mode, dune. 

près, makes, does; causes, 

-, s. m.facf, cane, act. 



Faite, s. m. height, top, summit. 
Fallait (il), it was necessary. 
Fallu, part, been necessary. 
Fallut (il), it was necessary. 
Fameux, se, adj. famous. 
Familiarité, s. f.familiarity. 
Fam i 1 ier, adj . familiar. 
Familièrement, adv. familiarly. 
Famille, s. î.famV,y. 
Fangeux, adj. mit y, muddy. 
Fardeau, s. m. loàd. 
Farine, s. {.four 
Farouche, Kàyffrce, savage. 
Fatigué, adj. tireU. 
Fatiguer 1, v. a. to tire, tofailgw. 
Faudra (il), it will be necessary. 
Faudrait (il), it wouldbe necessary. 
Faut (il), it is necessary, one niust. 
Faute, s. î.fault ; for wajit. 
Faveur, s. {.favor. [sist. 

Favoriser 1, v. a. to favor; toas- 
Feignit, j^ret. feignei 



Fi- 



las 



FR 



FeÎDt, YiTe8.feiffnê. 

Félicité, R. hfelieityt happînêsê. 

Femme, s. f. tooman ; wife. 

Fendant l'air, cutting the air. 

Fendre 4, v. a. to sp'lit ; to eut. 

Fenêtre, s. f. window. 

Fente, s. f. eleft; crevice; crack. 

Fer, s. m. iron. 

Ferai, fera, fut. tôt// ntake. 

Ferait, cond. would make. 

Ferme, s. tfarm; adj.^rm. 

Fermer 1, v. a. /o shut. 

Fermeté, s. tjlrmneaê. 

Fermier, s. m. /armer. [death. 

me Feront mourir, loill cause my 

Fôte, 8. t feaêt, f€9lival. 

Fétide, adj. stinking^ rank. 

Feu, 8. m. Jire. [foliage. 

Feuillage, s. m. a// the leaves ; 

Feuille, s. f. leaf. 

Fidèle, adj./mM/i*/, true. 

Fier, e, adj. proud 

se Fier 1, v. r. to trust to. 

Fierté, s. f. pride. 

Fï^ue,a.f.fig, 

Figure, s. tfncey figure. 

— ^— amiable, agreeable persan. 

se Figurer 1, v. r. to imagine. 

Filet, 8. m. net. 

Fille, s. f. daughter. 

Fils, s. m. son. 

Fin, 8. f. end; adj. cunning. 

Finir 2, v a. to finish ; surmount 

Fit, firent, prêt. 7nade. 

Fixe, SLdj.fixed. 

Fixement, adv. steadfastly. 

(regarder), to look in tfie 

face. 
Fixer 1, v. a. tofix ; to direct. 
Fixés (les yeux), the eyes turned 
Flambeau, s. m. torch, light. 
Flamme, s. î.fiaine. 
Flaque d'eau, s^nall marsh. 
Flatter 1, v. a. to flatter. 
Fléchir 2, v. a. to hend; to move. 
Flétrir 2, v. a. tofade, tarnish, dis- 

honor. 
Fleur, 8. tflower. 
Fleurir 2, y. o. to blossom. 



Fleuve, a. m greal river. 
Flocon. 8. iQ.flake. 
Floraison, s. £ blooming. 
Flotter 1, V. p. tofloat. 
Foi, s. {./aith. 
Fois, s. L tiîfte ; une fois, once. 

(ft, la), at once. 

(tout à la), in tti^ mean tima. 

Folie, ». t/olly. 
Food, s. m. bottom. 
Fondement, s. m. foundation. 
Fonder 1 , y. a. /o found ; to ground. 
Fondre 4, v. a. and n. to m^lt. 

en larmes, to melt in^ears. 



Font, près, of faire, make^ do. 

Fontame, s. î.fountain^ spring. 

Force, s. f. strength. 

Forcer 1, v. a. /o oblige; to force. 

Forêt, s. t wood,forest. 

Forme, s. {.fortn, shape. 

Former 1, v. a. toform. 

Fort, e, adj. strong ; adv. very. 

Fortement, adv. strongly. 

Forteresse, s. i.fortress, tower. 

Fortifier 1, v. a. to fortify; 

ëtrengthen. 

se , to grow strong. 

Fosse, 8, fl grave. 
Foudre, s. f thunder. 
Foule, 8. f, crowd^ multitude. 
Fournir 2, v. a. tofurnish. 
Fourré, adj. lined withfur. 
Fourrure, s. f. fur. 
Fracas, s. m. great crash or crack. 
Fracasser 1, v. a. to break i7i pièces. 
Fraîchement, adv. freshly^ co<U^ 

ness. 
Fraîcheur, s. f. coolness. 
Frais, fraîche, cooUfresh, 
, s. m. pi. expenses. 



Franc, franche, adj. frank. 
Frapper 1, v. a. to strike ; to knoek. 
Frayeur, s. tfright. 
Frôle, &dj. frailf fragile. 
Frémir 2, v. n. to tremble. 
Frémissement, s. m. trembling. 
Fréquemment, adv. frequently 
Frère, s. m. brotJier, 
Froid, e, adj. cold. 



6L 



189 



HA 



Froidement, adv. coldly. 
Front, 8. iSLforehead, 
Frontière, s. f. f^ontier^ borderinp. 
Fruitiers (sahre^), fruit-treea. 
Fuir 2, V. a. and n. to thun^ avoid; 

fiyfrom. 
Fuit, près, avoida, shuna. 
Fuite, 8. tfiight. 
Fumée, 8. i. smoke. 
Fûmes, prêt, toere. 
Funèbre, adj./wTieroZ; moumfuL, 
Funeste, adj. /a^a/. 
Furie, s. {.fury. 
Furieux, se, adj. /wrioMS. 
Fusil, s. m. gun. 
Fut, furent, prêt. w«s, voere. 
Fût-ce, would it he; even. 

Gage, 8. m. paton ; token. 
Gagner 1, y. sl. to gain; to get ; 

to attain. 
Gai, e, adj. gay, lively. 
Gaieté, s. f. gayety. 
Gain, s. m. gain, profit 
Galetas, s. m. garret, bedroom. 
Garantir 2, v. a. to warrant; to 

défend 
Garde, s. f. care; gtuxrd. 
Garder 1, v. a ^o keep. 
Gauche, adj. le/t 

à , on the left hand. 

Geler 1, v. n. tofreeze. 
Gémir 2, v. n. to lament. 
Gémissant, e, lamenting. 
Gêné, part, restrained; difficidt. 
Gêner 1, v. a. to put to inconve- 

nience ; to restrain. 
Généralement, adv. generaUy. 
Genre, s. m.kind; gerider. 
Généreux, se, adj. générons. 
Genou, s. m. knee. 
h Genoux, on ofié's knees. 
Gens, s. m. pi. people. \up. 

Germer 1, v, n. to apring up^ corne 
Geste, s. m. gesture. 
Gisant, p. pr. h/ing. [in. 

Gîte, s. m. a home, a place to reat 
Givre, s. m. hoar-front, rime. 
Glace, 8. f. ice ; looking-glass. 



Glacer 1, v. a. tofreeze; to ehill 
Glacial, e, adj. glacial, frozen. 
Glaçon, s. m. «cic/e, pièce of ice. 
Gloire, s. f. glory. 
Gousse, cod, hujtk, ehell. [feeU 
Goûter 1, V. a. <o taste, enjoy ; 
Gouvernemeot, s. m. government. 
Gouverner 1, v. a. to govem. 
Gouverneur, s. m. governor. 
Grabat, s. m. small aorry bed. 
Grâce, 8. f. grâce ; pardon; favor 
Grâce à, by favor of. 
Grain, s. m. grain, aeed, corn. 
Graine, s. f. aeed, grain. 
Grand, e, adj. great, large, tall. 
Grandeur, b. f. size, greatneaa. 
Grandir 2, v. n. to grow, grow tall. 
Granit, s. m. granité. 
Gravement, adj. gravely. [print. 
Graver 1, v. a. to grave ; to im.' 
Grec, grecque, adj. Greek, Gre* 

cian. 
Grimper 1, v. n. to climb up. 
Gronder 1, v. a. to f^cold; to roar. 
Gros, grosse, adj. big, atout. 
Grossier, e, adj. coarae, mean, vile. 
Groupe, s. m. cluater, group. 
Grue, 8. f. crâne {bird). 
Guère, adv. bat iittle. 
Guerre, s. t war. 
Guider 1, v. a. to guide. 

Habile, adj. c/e?>cr; akilful. 
Habillé, part, dressed. 
s'Habiller 1, v. r. to dreaa one'aaelf 
Habit, s. m. coat, gown. 
Habitant, s. m. inhabitant, [aide. 
Habiter 1, v. a. ^o inhabitylive^re- 
Habitude, s. f. habit. 
Habituer 1, v. a. to accustoin. 
Haie, s. f. hedge ; row ; rank, 

crowd 
Hameçon, s. m.fi-8hhook. 
Hardi, e, adj. bold. 
Hasard, s. m. chance. 
Hasarder 1, v. a. to venturc 
Hâte, s. f. haste. 
se Hâter 1, v. r. to make haste. 
Hausser 1, v. a. to lift up. 



10 



140 



IN 



Hausser les épaules, to ahrug on^t 

Haut, e, highj loud. 

(tout), aloud. 

(là), up there. 

Hauteur, s. f. height ; pride. 
Hélas, interj. a/ûw. 
Herbe, s. £ 7i£rb, grass. 
Héritier, s. m. heir. 
Héritière, s. f. fieiresê. 
Hérobme, s. m. keroism. 
Héros, 8. m. hero. 
Hermine, s. f. ermîne. 
Heure, s. f. Imut^ o^clock. 

(tout & T), immecUately. 

(de bonne), early. [pity. 

Heureusement, adv. safely, Jiap- 
Heureux, se, adj. happy. 
Heurter 1, v. à. to strike, to knock. 
Hier, adv. yesterday. 
Histoire, s. f. history. 
Hiver, s. m. tointer. 
Homme, s. m. man. 
Honnête, adj. honest. 
Honneur, s. m. honor. 
Honorer 1, v. &. to honor. 
Honte, s. f. shame. 
Honteux, se, adj. ashamed^ timid. 
Horreur, s. f. horror. 
Horriblement, adv. horrihly. 
Hors, prep. except ; hors de, out of. 
Hospitalier, adj. honpipahle. 
Hospitalité, s. f. hospitality. 
Hôte, s. m. inn-keeper. 
Hôtesse, s. f. hostess; mistress. 
Houppe, s. f. tuft. 
Humain, e, adj. human. 
Humblement, adv. kumbly. 
Humide, adj. damp ; wet. 
Humilié, e, part, humbledy morti- 
Jted. [self. 

s'Humilier 1, v. r. to humble one's 
Humilité, s. £ humility. 
Huppe, s. f. pewet, tuft. 
Hutte, s. f. hut. 
Hyperboré, e, adj. hyperborean. 

Ici, adv. hère; d'ici, hence. 
Ici-bas, in thia toorld, or ïife. 



Idée, s. f. ide€L 
Idolâtre, adj. idolâtrons 
Ignoré, part, unknown. 
Ignorer 1, v. a. to be ignorant of, 
II, pron. pers. he, it ; ils, they. 
Ile, s. f. idand. 

Illustre, adj. illttstrious ; eminent. 
Imaginer 1, v. a. ^o imagine. 
Immédiatement, adv. iminediately 
Immobile, adj. immovable. 
Impératrice, s. f. empress. [/y. 

Impétueusement, adv. impetuouè' 
Implorer 1, v. a. ^o implore. 
n'Importe, no matier. 
Importer 1, v. n. to be important. 
Imposant, adj. imposing. 
Impossibilité, s. t imposxibility. 
Impraticable, adj. impracticable. 
Imprévu, e, adj. unforeseen. 
Inaperçu, e, part, ujiperceived. 
Inattendu, adj. unexpected. 
Incendie, s. m. /îr«, con^agration. 
Incertain, e, acy. uncertain. 
Incertitude, s. f. uncertainty. [bov>. 
s'Incliner 1, v. r. to inclinCy to bend^ 
Inconnu, part, unknown. 
Incroyable, adj. incredible. 
Inculte, adj. uncultivated ; toild. 
Indiquer l, y. &. to indicate. 
Industrieusement, adv. skilfullv» 

dexterously. 
Ineffaçable, adj. indelible. 
Inexprimable, adj. inexpresaible. 
Infini, adj. infinité. 
Infiniment, adv. infinitely. 
Infinité, s. f. gréai quantity. 
s'Informer 1, v. r. to inquire. 
Infortune, s. f. misfortune. 
Infortuné, e, adj. unfortunaie, 
Inliabité, adj. uninhabited 
Ingrat, e, adj. ungrateful. 
Injure, s. f. outrage, reproach. 
Injuste, adj. unjust. 
Inonder 1, v. a. to overflow ; to 

drown. [i^- 

Inouï, e, adj." unheard of, surpris- 
Inquiet, e, adj. uneasy, alarmed. 
Inquiéter 1, v. a. to disqviet, to 

disturb. 



IR 



141 



JTJ 



«^Inquiéter, io he uneaxy. 
Inquiétude, s. f. unecmineM. 
Inseusé, e, adj. /oo/i«A, aenselesa. 
lusensiblement, insetisibly. 
Insigailiaut, adj. in»ignijicant. 
Insolent, adj. innulting ; impudent. 
Inspirer 1, t. a. to inspire. 
Instance, s. f. earne&tnesa^ itiatance. 
à l'Instant, adv. instantly. 
Instruire 4, y. a. to instruct;. to 

inform. 
Instruisait, imp. instructed. 
Instruisant, p. près, instructing. 
Instruisit, prêt, instructed ; in- 

formed. 
Instruise, près. subj. may instruct. 
Instruit, part, instructed; inform- 

ed {j^dge of. 

à rinsu, adv. vnthout the knowl- 
Intercepter 1, v. a. to intercept ; 

to stop. 
Interdire 4, v. a. to interdict. 
Interdisait, imp. interdicted 
Interdisant, p. près, interdicting. 
Interdit, part, interdicted. 
Intéressant, p. près, interesttfig. 
s'Intéresser 1, v. r. to interest onés 
Intérêt, s. m. interest. [«^(Z*. 

Intérieur, adj. interior. 
Intérieurement, adv. internally. 
Interroger 1, v. SLto question ; in- 

terrogate. 
Interrompait, imp. interrupted. 
Interrompit, prêt, interrupted. 
Interrompre 4, v. a. to interrupt. 
Interrompu, part, interrupted 
Intervalle, s. m. interval. 
Intimider 1, v. a. /o intimidate. 
Intrépidité, s. f. intrepidity. 
Introduire 4, v. a. to introduce. 
Introduit, part, introdiiced 
Inutile, adj. useless, needless. \ly. 
Inutilement, adv. in vain, ttseless- 
Inviter 1, v. a. <o invite. 
Involontaire, adj. involuntary. 
Invoquer 1, v. a. to invoke. 
Irai, ira, fut. m//, or shaXl go. 
Irais, iraient, cond. woidd go. 
Irons-nous, shall we go. ^ 



Irriter 1, v. a. to irritate. 
Isolé, adj. loncy insulated 
Ivresse, s. f. ebriety, enthuaicam. 

Jacques, s. m. James. 

Jadis, &dy.form£riy, ancierUly, 

Jambe, s. f. leg. 

Jamais, adv. never, ever. 

Janvier, s. m. January. 

Jardin, s. m. garden. [stuff. 

Jardinage, s. m. gardening, garden 

Jaune, adj. yellow. 

Je, and j', pron. pers. I. 

J et, s. m. throw, sprig ; water-spauL 

Jeter 1, v. a. ^o throw^ to cast, 

des cris, to cry out. 

Jeu, 8. m. play^ gaming. 
Jeune, adj. young. 
Jeunesse, s. f. youth. 
Joie, s. f. joy^ pleasure 
Joignait, imp. joined 
Joignant, p. pr. joining. 
Joignit, prêt joined 
Joindre 4, v. a. lojoiny unité. 
Joli, e, adj. pretty. 
Jonc, s. m. can£^ reed, rush. 
Joue, s. f. cheek. 
Jouer 1, V. n. and a. to play. 

se , V. r. to divert o7ie*s self. 

Joug, s. m. yoke, subjection. 
Jouir 2, V. n. to enjoy. [session. 
Jouissance, s. f. enjoyment ; pos- 
Jour, s. m. day, light. 

(de tout le), t}ie whole day. 

(se faire), to eut one's wa^ 

tkrough. 
Journalier, e, adj. daily. 
Journée, s. f. day. 
Joyeux, se.joyful. 
Juché, part, perched, placed in a 

high place. 
Juge, s. m.judge. 

Juger 1, V. a. tojudge. [coat^ 

Jupon, s. m. petticoat, under pettù 
Jurer \,y. to swear, to déclare. 
Juridiction, s. f. jurisdiction. 
Jusque, jusqu'à, as far a«, uniil. 
Juste, fidj.Just. [tilL 

Justement, &dY. just,/U8tly, 



LI 



142 



MA 



Kibick, s. m. a càrriage. Kopeck, 
s. m. kopeck (| of a cent). 

L' for le or la, thCy him, her, it. 

La, art. f. s. the ; pron. her^ it. 

Là, adv. there^ thitfier, 

— (de), thence. 

I/abourer 1, v. a, to pUmgh; to 

lahor. 
Lac, s. m. lake. 
Laine, s. t îoool. 
Laisser 1, v. a. to lety to leave. 
Lait, s. m. miik. 
Lambeau, s. m. pièce. 
Lance, 8. f. long spear. 
Lande, s. f. heath^ rnoor. 
Langage, s. m. language; speech. 
Langue, s. f. langttcige, tongite. 
Langueur, s. f. languor^ debility. 
Languir 2, v. n. to languish. 
Laquelle, pron. roi. which. 
Large, adj. broady wide. 
Larme, s. f. tear. 
se Lasser 1, v. r. to get iired. 
Le, art. m. tJie ; prou, him, it ; so. 
Leçon, s. f. leMon. 
Lecture, s. f. reading. 
Léger, e, adj. light^ slight. 
Légèrement, adv. Hghtly. 
Lendemain, s. m. next day. 
Lent, e, adj. slow. 
Lentement, adv. slowly. 
Lenteur, s. f. slovmess. 
Lequel, pron. rel. which. 
Les, art. pL the ; pron. them. 
Lesquels, lesquelles, which. 
Lettre, s. {. letter. 
Leur, leurs, their. 

, pron. pers. them^ to them, 

(le, la, les), theirs. 

Lever 1, v. a. to raise^ lift up. 

se f y. r. to rise^ to get up. 

Lèvre, s. f. Up. [ly. 

Libéralement, adv. liberally, large- 
Libérateur, s. m. saviour, deliverer. 
Liberté, s. t liberty. 
Libre, adj./ree. 
Librement, a.dy.freely. 
Lier 1, v. a. to lie; to bound. 



Lieu, 8. m. place. Au lien, itutead 

Lieue, s. f. leagtte. 

Lièvre, a. m. hare. 

Ligne, s. f. Hue. 

Limite, s. £ limit. 

Lire 4, v. a. to read. 

Lisait, imp. read, toas reaSng. 

Lisant, p. près, reading. 

Lisière, 8. f. selvage; extremity. 

Lit, près, reads. 

, s. m. bed 

Livonie, s. f. Livonia, 

Livrée, s. f. livery. 

Livre, s. m. book. 

Livrer 1, v. a. to dévote; to gw9 

up; ahandon. 

se , to give on^s self «p. 

Logement, a. m. lodging, wœlling 

Loger 1, V. a. <o lodge. 

Loi, 8. f. law. 

Loin, adv. /ar. 

Lointain, s. m. /ar, distant 

Loisir, s. m. leisure. 

Long, longue, adi. long, 

, s. m. lengtn, 

(le), along. 

Longtemps, adv. long, a long time. 
Lors môme, adv. even if. 
Lorsque, lorsqu*, conj. when. 
Louer 1, v. a. to praise; to hire. 
Loup, 8. m. loolf. 
Loutre, s. £ otter. 
Lu, part, of lire, read. 
Lueur, s. f. faint light, glimpse. 
Lugubre, adj. mournfui ; sad 
Lui, prou. pers. he, him, to him^ 

to her. 
Lumière, s. f. light ; knowledge. 
Lune, s. t moofi. 
Lut, prêt of lire, read. 
Lutter 1, V. n. to strive, to struggle. 
Luxe, s. m. luxury. 

Ma, adj. posa. sing. my. [dy. 

Mademoiselle, s. f. miss, young la' 
Magnanime, adj. magnanimous 
Magnifique, adj. magnijicefit. 
Mai, s. m. Àfay. 
Main, s. t hand. 



MA 



148 



HE 



d'nne Main tremblante, tnth a trem- 

hling hand. 
Maintenant, adv. note. 
Maintien, s. m. countenance ; looks. 
Mais, conj. but. 
Maison, s. f. house. 
Maître, s. m. maater. 
Maîtresse, s. f. mistress. 
Majesté, s. f. majesty. [lime. 

Majestueux, se, adj. majestic ; sub- 
Mal, s. m. evil, harm ; adv. badly. 
Malade, adj. sick^ ill. 
Maladie, s. f. illnesSj sickness. 
Malfaiteur, s. m. maiefactor. 
Malgré, prep. notwitnatandingy in 

spite of. 
Malheur, s. m. misfortune. 
Malheureusement, adv. unfortu- 

nately. 
Malheureux, se, adj. unhappyy un- 

fortunate. 
Manche, s. f. sleeve. [corne. 

Mander 1, v. a. to command to 
Manger 1, v. a. <o eat. 
Manière, s. f. manner. 

de que, conj. so that 

Manifester 1, v. a. ^o manifest 
Manque, s. m. toant. 
Manquer 1, v. ifo misëy tofail. 
Manquer de, to be in warit of. 
Manteau, s. m. cloak. 
Marais, s. m. mnrsh. 
Marchand, s. m. merchani. 
Marche, s. f. march. 
Marcher 1, v. n. ^o walk. 
Marécage, s. m. mariih,fen. 
Marécageux, adj. marahy. 
Mari, s. m. husband 
Marier 1, v. a. to marry. 
Marque, s. f. mark. 
Marquer 1, y. a. to mark ; to tell. 
Mars, s. m. march (month). 
Martre, s. f. marten^ marier. 
Masne, s. f. ma^a ; h^ap ; bulk. 
Matelas, s. m. mattress. 
Maternel, adj. vnatemal. 
Matière, s. f. mattery substance. 
Matin, s. m. morning. 
Matinée, & t the wkole morning. 



Mauvais, e, adj. bad. 
Maux, s. m. pi. evils ; dangers. 
M' for me, pron. pers. me^ to me. 
Méchant, e, adj. wicked, bad, wretch- 

ed [content 

Mécontent, e, adj. di/tpleasedj tnal- 
Médecin, s. m. pkvsician. 
Médiocre, adj. ordinary. 
Méditer 1, v. to meditate. 
Meilleur, e, adj. better ; best. 
Mélange, s. m. înixture. 
Mêler 1, V. a. to mix; tojoin. 
Mélèze, s. m. larchtree. 
Même, adj. same, self; adv. even, 

(mettre à), to enable, 

(de), adv. also. 

Menaçant, e, adj. threatening. 
Menacer 1, v. a. ^o threaten. 
Ménage, s. hl house-^ioork^ hovse' 

keepijig. 
Ménager 1, v. a. to save, to spare. 
Mendiant, s. m. beggar. 
Mendier 1, v. a. to beg. 
Mener 1 , v. a. to leady to take to. 
Menti, part, lied [truth. 

Mentir 2, v. n. to lie^ tell an un 
se Méprendre 4, v. r. to be mistaken. 
Mépris, s m. contempt, disdain. 

, part, mistaken. 

Méprise, s. f. mistake, error. 
Mépriser 1, v. a. to clespise. 
Mer, s. f. sea. 
Mère, s. f. moiher. 
Méridional, e, adj. southern. 
Mériter 1, v. a. to deserve, to merit 
Merle, s. m. blackbird. 
Merveille, s. f. marvelj wonder. 
Merveilleux, se, adj. wonderfid, 

marvellous. 
Mes, adj. poss. my. 
Messe, s. f. m ans; divine office. 
Mesure, a. f. weasure. 

à que, in proportion a«. 

Mesurer 1, v. a. to measure. 
Met, près, ptùts, sets. 
Métier, s. m. trade. 
Mets, s. m. pi. dish^s. 

tu, près, dost thou put 

Mettant, p. près, putting ; pf-ctcing. 



MO 



144 



KE 



Mettre 4, v. a. to ptU^ to vui on. 

• & même, to enahle. [liah. 

au jour, to divulge, to pub- 

se à, to hegin. 

so en route, to tei ovt upon 

ajourne}/. 
Meuble, s. m.fumiture. 
Meubler 1, v. aJ^o furnish. 
Meure, subj. près, mai/ die. 
Meurs, près, of mouiir, die. 
Midi, s. m. noon ; south. 
Mien, mienne, pron. posa. mine. 
Mieux, adv. better ; best 
Milieu, 8. m. middle. 
Mille, num. adj. thouaand. 
Millier, s. m. thousand. 
Miroir, s. m. looking-glaa». 
Mis, mirent, prêt. ptU, placed. 
en route, continued thejour- 

ney. 
Mis, e, part, pvi^ put on. 
Mis à genoux, kneeled down. 
Misérable, adj. misérable; poor. 
Misère, s. f. miaery. 
Miséricorde, s. f. mercy, pity. 
Missionnaire, s. ni. missionary 
Mobile, adj. movable. 
Modérer 1, v. a. to moderate. 
Modestie, s. f. modeHy. 
Mœurs, s. f. pi. manners ; moraU. 
Moi, pron. pers. 7, wîc, to me. 

(à), mine. 

Moindre, adj. les»; Ua&t. 
Moine, s. m. monk. 
Moins, adv. Um ; leant 

(au or du), at Uast, 

Mois, B. m. monih. 
Moisson, 8. f. harvest, 
]Moitié, s. f. half. 
Mon, adj. poss. m. sing. my. 
Monarque, s. m. monarch. 
Monde, s. m. society ; world. 

(tout le), everybody. 

Monnaie, s. f. money. [man. 

Monsieur, s. m. air, mister, gentle- 
Mont, s. m. mountain. 
Montagne, s. f. mountain. 
Monter 1, v. io mount, to get up, 

or in. 



Monticule, s. m. small hill. 
Montrer 1, y. a. ^o sfiow. 
se Moquer 1, v. r. to laugh at. 
Morceau, s. m. pièce, bit, morsel 
Morne, adj. dull, melancholy. 

silence, suUen silence. 

Mort, e, adj. and part, died; deac 

, s. f. death. 

, s. m. dead body, eorpse. 

Mortel, adj. mortal. 

Moscou, s. m. Moscow. 

Mot, s. m. Word. 

Mouchoir, s. m. handkerehie/. 

Mourait, imp. died. 

Mourant, pre& part, dying. 

Mourir 2, v. n. to die. 

Mourra, fut. ««7/ die. 

Mourut, prêt. died. 

Mousse, s. f. mo89. 

Mouvement, & m. motion; movtnff. 

Mouvoir 8, v. a. to move. 

Moyen, s. m means ; tcay. 

Muet, muette, adj. eilent, mute. 

Multiplier 1, v. a. to multiply. 

Mur, s. m. wall. 

Muraille, & f. loall. 

Mûrir 2, v. to ripen^ 

Murmure, s. m. murmur. 

Murmurer 1, v. n. to murmur, 

grumble. 
Musique, s. f. musie. 
Mutuel, adj. mutueU. 
Mystère, ». m. mystery. 

Nacelle, s. f. smcUl boat. 

Nain, s. m, du>ar/. 

Naissait, imp. arose. 

Naissance, s. f. birth. 

Naisse, prêt», subj. 9nay ariae, or b0 

produced. 
Naît, près, iê born ; arisea. 
Naître 4, v. n. to be born; to ariaei 
Natter 1, v. a. to mat, to tidat. 
Naturel, adj. natural ; native. 
Naturellement, adv. naturally. 
Naviguer 1, v. n. to navigate. 
Navré, part, wounded; aad. 
Ne, n' (with pas or point;, noL 
que, only. 



OB 



145 



OS 



Né, e, part. bom. 
Néanmoins, adv. neveriheless. 
Nécessaire, adj. necessary. 
Nécessairement, adv. necessarily. 
^Nécessité, s. f. necessity. 
Neige, s. f. snow. 
Négliger 1, v. a. to negleet. 
Négociant, s. m. merchant 
Neuf, neuve, adj. new. 
Neuf, num. adj. nine. 
Ni, conj. neither, nor. 
Nid, 8. m. nest 

Noblesse, s. f. nobilityy nobleness. 
Noir, e, adj. black. 
Nom, 8. m. name. 
Nomade, adj. wandering, nomade. 
Nombre, s. m. number. 
Nombreux, se, adj. numerous. 
Nommer 1 , v. a. to naine ; appoint. 
Non, adv. no^ not. 

seulement, not only. 

Nord, 8. m. north. 

Nos, adj. poss. pi. our. 

Note, s. f. note. 

Notre, adj. poss. sing. our. [tain. 

Nourrir 2, v. a. to nourish ; enter- 

Nourriture, s. {.food, nourishment. 

Nous, pron. pers. loe, u.% to ita. 

Nouveau, nouvel, adj. neto. 

Nouvelle, adj. f. new; s. £ news. 

Nuage, s. m. clotùd. 

Nu, e, naked; bare; destitute. 

Nue, 8. f. cloud 

Nuée, s. f cloud, multitude. 

Nul, adj. no, not any ; f. nulle. 

Nuire 4, v. n. to offend, to hurt. 

Nuisse, près. subj. may hurt. 

Nuit, 8. f. night. 

Obéir 2, v. n. to obey. 
Obéissant, e, adj. obedient. 
Objet, s. m. object ; article. 
Obliger 1, v. a. to oblige. 
Obole, s. f. obolus. 
Obscurcir 2, v. a. to darJcen. 

8* , v. r. to become dark. 

Obscurité, s. f. obscurity. 
Observer 1, v. a. to observe 
Obtenait, imp. obtained 
13 



Obtenir 2, y. a. to obtain. 

Obtenu, part, obtained. 

Obtiendra, fut toill obtain. 

Obtiendrait, cond. wotUd obtain. 

Obtint, prêt, obtained 

Occasion, s. f. opportunity. 

Occuper 1, v. a. to occupy. [care, 

s' , to 'ôccupy onés self^ to 

Octobre, s. m. October, 

Odeur, s. f odor, smelL 

Oeil, s. m. eye ; pL yeux. 

Oeuf, 8. m. egg. 

Offenser 1, v. a. to offend. 

Offert, e, près, offered. 

Officier, s. m. officer. 

Ofirait, imp. was offering. 

Offrande, s. f. offering. 

Offre, près, offers; s. £ offer. 

Offrir 2, v. a. to offer. 

Offrit, prêt, offered. 

Oies du nord, northem geese. 

Oiseau, s. m. bird. 

Ombrager 1, v. a. to shade, darhen. 

Ombre, s. f. shade, shadow ; obscu- 
rity. 

On, l'on, pron. they, one, people. 

Ont, près, of avoir, hâve. 

Onze, num. adj. eleven. 

Opposer 1, V. a. to oppose. 

Oppresser 1, v. a. to oppress; stijte. 

Or, conj. now ; s. m. gold. 

Orage, s. m. storm. 

Orageux, se, adj. stormy. 

Oratoir, s. m. oratory. 

Oreille, s. f. ear. 

Oreiller, s. m. pUlwo. 

Ordinaire, adj. ordinary, commun, 

(à son), as usually. 

Ordinairement, adv. generally. 

Ordonner 1, v. a. to ordery comr 
mand 

Ordre, s. m. order. 

Orgueil, s. m.'pride. 

Orme, s. m. elm. 

Ornement, s. m. omament. [*iwnt 

Orner 1, v. a. to adom ; to orna- 

Orphelin, orpheline, orphan. 

Oser 1, V. n. to dare. 

Ossements, a m. pi. bones. 



PA 



146 



PA 



Oter 1, V. a. to take off, iake away. 

Ou, conj. or, either ; où, vjhere. 

Oubli, 8. m. oblivion. 

Oublier 1, v. a toforget 

OueBt, 8. m. toest. 

Oui, adv. yes. 

Ouragan, s. m. hurricane. 

Ours, 8. m. bear. 

Outre, en outre, besides, [yond, 

(passer), to paas by ; go 6e- 

Ouvert, part, opened, open. 
Ouvrage, s. m. ioork ; business. 
Ouvrait, ouvrions, opened. 
Ouvrant, p. près, opening. 
Ouvre, ouvrez, près, open. 
Ouvrir 2, v. a. to open. 
Ouvrit, ouvrirent, opened. 

Falen, ne, adj. pagan^ heathen. 

Paille, s. f. atraw. 

Pain, s. m. bread. [f^^ly- 

Paisiblement, adv. calmly ; peace- 

Paix, s. f. peace. 

Palais, & m. palace. 

Pâlir 2, V. to turn pale. 

Palpiter 1, v. n. to palpitate. 

Pantalon, s. m. pantatoons. 

Papier, s. m. paper. 

Paquet, e. m. bundle. 

Par, prep. by. [or beyond. 

de de-là, /rom the otfier side 

Paraissait, imp. appeared. 
Paraissant, p. pr. appearing. 
Paraît, paraissent, «eem. 
Paraître 4, v. n. to appear^ to aeem. 
Parce que, conj. because. 
Parchemin, s. m. parehment. 
Parcourant, p. près, running 

ihrough. [over. 

Parcourir 2, v. a. to travel in, run 
Parcourt, près, traveh over. 
Parcouru, part, travelled over. 
Pardonner 1, v. a. to pardon. 
Paré, e, part dreaxed 
Pareil, le, adj. equal, ftimilar, such. 
se Parer 1, v. r. to dre88one*8 self; 

topare; adorn. 
Parfait, e, adj. perfect. 
Parfaitement, adv. perfeetly. 



Parfum, s. m. perfume. 
Parler 1, y. to apeak, 

se , to apeak to one anotlier. 

Parmi, prep. among. 
Parole, s. £ toord ; speech. 
Pars, près, go away^ aet ont. 
Parsemé, e, part, atrewedy acattered. 
Part, 8. {.part ; ahare; side. 

, près, goea away y départs. 

Partage, s. m. ahare. 
Partager 1, v a. to ahare ; to divide. 
Partais, partaient, aet ont. 
Partant, p. près, going away. 
Partez, imper, départ^ aet out. 
Parti, part, gone away, departed 

, 8. m. party ; reaolution. 

Particulier, adj. particular. [ly. 
Particulièrement, adv. particular- 
Partie, s. f. part ; party ; quarter. 
Partir 2, v. n. to aet out, départ. 
Partis, partirent, we?it away. 
fartons, imper, let us aet out. 
Partout, adv. everywh^re. 
Paru, part, appeared, seeined. 
Parure, s. f. dress, attire. 
Parus, prêt, seemed. 
Parvenait, imp. attaîned, reached. 
Parvenant, attaining, reaching. 
Parvenir 2, v. n. to attain, reach ; 
arrive. 

(faire), to aend. 



Parvenu, part, attained, arrived at 
Parvient, près, reachea, attaina. 
Parvins, prêt, aucceeded, attained 
Pas, adv. not ; s. m. atep, pace. 
Passager, s. m. paasenger. 
Passants, s. m. pi. paaacrs-by. 
Passer 1, v. to pas» ; to spend 

se , io pass. 

se de, to do tmthout 

Passe-temps, s. m. amusement. 
Passereau, s. m. aparrow. 
Passionnément, adv. paasionately. 
Pasteur, s. m. priest ; ahepherd 
Paternel, le, adj. paternal. 
Pathétique, adj. pathetic. 
Patriarche, s. m. patriarch. 
Patrie, 8. f native country. 
Patte, 8. f. paw ; claws. 



PB 



147 



PL 



Patiyre, adj. poor. 
Pauvreté, s. f. poverty. 
Payer 1, ▼. &. to pay. 

(se faire), to get paid. 

Pays, 8. m. eountry. 

Paysan, s. m. pecuanl, countryman. 

Paysanne, s. f. country^waman. 

Peau, 8. t skin. 

Pêcher 1, v. a. toJUK <o angle. 

Peignait, imp. dencribecL 

Peigner 1, y. a. to comb. 

Peignit, prêt, represented [paint. 

Peindre 4, v. a, to describe ; to 

Peine, s. t pain ; grief; trouble ; 

àifficuUy. 

à , adv. scarcely. [ter, 

P61e-mêle, confwedly, helter-skel- 
Pelleterie, s. fl /«r«, skins. 
Pencher 1, v. n. to lean dmDnwardSy 

irtcline. [wards. 

se Pencher 1, v, r. to lean dovm" 
Pendait, imp. hung. 
Pendant, prep. during. 
— ^ que, whilstf as. 
Pendant, e, adj. hanging, pendent. 
Pénétrer 1, v. a. to^ penetraie ; 

pierce. 
Pénible, adj. painfid. " 

Pensée, s. f. thought. 
Penser 1, v. a. to think ; to believe. 
Pensif, ve, adj. thovghtfuly pensive. 
Perçant, e, adj. piercing ; sharp. 
Perdre 4, v. a, to lose, [lost. 

se , to lose oné^s way ; to be 

Perdrix, s. f. partridge. 

Père, s. m./ather. 

Perfectionner 1, v. a. to per/eet. 

Péril, s. m. danger. 

Périr 2, v. n, to perish. 

Perle, s. f. pearl. 

Permet, près», permits. [suffer. 

Permettre 4, v. a. to permit; to 

Permis, e, purt. permitted 

Permit, permirent, permitted 

Persan, s. m. Persian, 

Perse, s. f. Persia. 

Personne, a f. person ; pron. no- 

body. 
Personnel, le, adj. personal. 



Persuader 1, ▼. a. to persuada 

convince. 
Perte, s. f. loss, [con*ider 

Peser 1, v. a. to weigh; oppress; 
Petit, e, adj. small^ little. 
Peu, adv. little ; few. 

à près, nearly, àlmost. 

Peu & peu, gradually. 
Peuplade, s. f. people ; eolony. 
Peuple, 8. m. people. 
Peuplé, adj. populous^ peopled 
Peupler 1, v. a. to people ; propor 

gâte. 
Peuplier, s. m. poplar (« tree). 
Peur, s. tfear. 

(avoir), to be afraid 

Peux, peut, peuvent, ean, may, 

s'il se Peut, if it is possible. 

Peut-être, aa v. perfiftpê. 

Pic, s. m. pick ; peak. 

Pièce, s. f. pièce ; room. 

Pied, s. m. foot ;, à pied, onfoot, 

Pierre, s. f.* stone ; s. m. Peter. 

Piété, s. f. piety. 

Pieux, se, adj. pious. 

Pilier, s. m. pillar^ column. 

Pillage, s. m, plunder^ pillage. 

Piller 1, V. a. to rob; to plunder 

Pin, s. m.fir. 

Pire, adj. worse. 

Pis, worse ; bien pis, tmich worse. 

Pitié, s. f pity^ compassion. 

Pittoresque, adj. picturesqtte. 

Place, s. f. place ; seat. 

Placer 1, v. a. to place ; situate, 

se Plaignait, imp. cœnplained 

se Plaignit, prêt, lamented 

Plaindre 4, v. a. to pity. 

se Plaindre 4, v. r. to complain, 

to lament. 
Plaine, s. f. plain; fiM. 
Plaint, part, pitied ; complained 

se , près complainSy lamenta. 

Plainte, s. f. com plaint. 
Plaire 4, v. n. to phase. 

se , V. r. to be pleated 

Plaisait, imp. pleased 

se Plaisent, près, are pleatted. 

Plaît, près, pleases. 



PO 



U8 



PR 



Pianehi», &, t hoard. 

Plancher, 8. rxLfloor, 

Plante, s. f. plant. 

Planter 1 , y. a. to plant. 

Plate-forme, 8. f. border. 

Plein, e, adj. fiUl. [ment. 

Pleurer 1, v. a. to ery^ toeep ; la- 

Pleurs, 8. m. pi. tears. 

Plier 1, V. a. to hend, tofold [éd. 

Plongé, paft. plnnged; overwheîm- 

se Plonger 1, v. r. to dive, toplunge. 

Plu, part, pleased. 

Pluie, 8. f. rain. 

Plume, 8. f. pen^feather. 

la Plupart, most, t/te preatest part. 

Plus, plurent, prêt, pleased 

Plus, adv. more; le plus; Ihe most. 

de Plus en plus, more and more. 

de Plus, adv. moreover ; besides. 

Plusieurs, adj. neveral; many. 

Plus- tôt, adv. sooner. 

Plutôt, adv. rafher. 

Poche, s. f. pocket. 

Poêle, s. m. stove. 

Poids, 8. m. toeight ; conséquence. 

Poignard, s. m. poniard 

Poignée, s. f. handfid; somefew. 

Poil, 8. m. Jiair. 

Point, adv. no^ not ; 8. m. point. 

Pointe, 8. f. point ; extremity. 

Poisson, s. m.fi8h. 

Poitrine, s. fl cheat, hreatt. 

Pôle, 8. m. pôle. 

Poli, e, adj. polite. 

Poliment, adv. politely. 

Politesse, s. f. politeness. [tic». 

Politique, adj. political ; 8. f. poli- 

Pologne, 8. f. Foland 

Polonais, s. m. Pôle. 

Pomme, s. £ apple. 

Pommier, s. m. apple-tree. 

Pompe, 8. f. pomp^ splendor. 

Pont, 8. m. bridge. 

Pope, 8. m. prient. 

Populeux, adj. populoiu. 

Porte, s. f. chor ; près, of porter, 

carries. 
Portée, e. t reach 
Porter 1, y. a. ^o carry^ bear ; vsear. 



Porter bonheur, to hring good. 

(se bien), to be w^ll. [rier. 

Porteur, s. m. porter, bearer, car- 
Portrait, 8. m. portrait, picture. 
Poser 1 , Y. a. <o place, to put. 
Posséder 1, v. a. to ponsesa. 
Possesseur, s. m. posMXHor. 
Possible (son), oné'a, hia, ker^ beet. 
Poteau, 8. m. poet, ttake. 
Poule, 8. t hen. 

Pour, prep. /or, to, in order to. 
Ponrpr^, adj. purple. 
Pourquoi, adv. why. 
Pourra, pourront, will be able. 
Pourrais, pourrions, would be able ; 

cmild 
Poursuivait, imp. puraued 
Poursuivit, poursuivirent, jE>ursu€dl 
Poursuivre 4, v. a. topurtue. 
Pourtant, conj. /towever. 
PourYoir 3, y. n. to provide. 
Pousser 1, y. a. to drive; puah; 

utter. 
Poustsière, s. f. duat. [able. 

Pouvait, imp. could, might, waa 
Pouvant, p. près, being able. [er. 
Pouvoir 8, V. to be able ; s. m. povh 
Pouvons, pouvez, can, are able. 
Prairie, s. f. meadoto. 
Pratique, s. f. practiee. 
Pratiquer 1, y. a to practiee; to 

do ; to make. 
Précédent, adj. /orm«r 
Précéder 1, y. a. /o précède. 
Précieux, atlj. preeioua. [rush. 
Précipiter 1, v. a. /o precipitctte, 
se , Y. r. to precipitate ohe^a 

self. 
Précisément, adY. preciaely. 
Préférer 1, v. a. to prefer. 
Prématuré, adj. prématuré, too 

haaty. 
Premier, adj. Jirat ; former. 
Prenait, imp. took. 
Prenant, p. près, taking. 
Prend, près, takea. 
Prendre 4, y. a. to take. 
Prenez, imper, takc. 
Prenions, imp. tooky toere taking. 



PR 



149 



PU 



Prenne, près. snbj. may take, takeê. 

Préoccupation, s. f. idea, préoccu- 
pation. 

Préoccupé, part, preoecupied. 

Be Préoccuper 1, v. r. to be absorbed. 

Préparatifs, s. m. p\. préparations. 

Préparer 1, y. & to prépare. 

Près, auprès, near, 

-—^ de, à peu près, nearly. 

Présager 1, v. a. to présage. 

Prescrire 4, v. a. to prescribe. 

Prescris, prescrivent, prescribe. 

k Présent, adv. €U présent j now. 

Présenter 1, v. a. to présent. 

Présider lyV.iuto préside. 

Presque, adv. almost, nearly. 

Pressé, part, to be in a hurry. 

Pressentir 2, v. a. (like sentir), to 
foresee. 

Presser 1, v. a. to press ; tofasten. 

86 , v. r. to hurry. 

Présumer I, v. a. to présume. 

Prêt, e, adj. ready 

Prétendre 4, v. to prétend. 

Prêter 1, v. a <o lend 

se , to consent. 

Prétexte, s. m. pretext. 

Prêtre, s. m. priest. 

Preuve, s. f.proof. [form. 

Prévenir 2, v. a. to prevent ; to in- 

Prévint, imp. subj. should infortn. 

Prévit, prêt. /orcwaifl. 

Prévoir S, v. a. to foresee. 

Prévoyais, imp. foresaw. 

Prévoyant, p. près, foreseeinff. 

Prévu, part, foreseen. 

Prier 1, v. a. topray; to request. 

Prière, s. f. prayer ; request. 

(être en), to be saying one's 

j^ayers. 

Principe, s. m. principle. 

Printemps, s. m. spring. 

Pris, part, and prêt, taken, took. 

Prisonnier, s. m. prisoner. 

Priver 1, v. a. to deprive. 

Prix, s. m. priée; reward. 

Probablement, adv. probably. 

Prochain, e, adj. next^ near. 

Procurer 1, v. a. to procure, 
18* 



Prodiguer l,y. a. towaste; togîwê 
Produire 4, v. a. to produce. 
Produit, près, produees. 
s. m. product. 



Profaner 1, v. a. to profane; vith 

late. 
Proférer 1, v. a. to utter ; to speak, 
P*rofit, s. m. benefit. 
Profiter 1, v. a to tàke advantage. 
Profond, e, adj. deep. 
Profondément, adv. deeply. 
Progrès, & m. progress; improvê» 

ment. 
Projet, s. m. projecty design. 
Projeter 1, v. a. to prcffect, to eot^ 

trive. 
Projettent, près, project. 
Prolonger 1, v. a. to prolong. 
Promenade, s. f. walk. 
se Promener 1, v. r. to walk, take 

a walk. 
Promesse, s. f promise. 
Promets, promettent, promise. 
Promettez, près, promise. 
Promettre 4, v. a. to promise. 
Promis, promirent, promised. 
Prompt, e, adj. quick^ speedy 
Promptement, adv. speedily. 
Promptitude, s. f. quiekness, spced, 
Prononcer 1, v. a. topronounce. 
Proposer 1, v. a. to propose. 
Propre, adj. proper ; oton ; cîean. 
Propreté, s. f. cleanness, neatness. 
Proscrit, s. m. outlaw. 
Prospérité, s. f, prosperity. 
Prosternée, part. f. prostrated 
Prosterner (se) 1, v. r. to prostrate 

otié's self. 
Protecteur, s. m. protector. 
Prouver 1, v. a. to prove. 
Pu, part, of pouvoir, been able. 
Public, publique, adj. publie. 
Pudeur, s. f modesfy ; bashfulneu^ 
Puis, adv. then; verb, can. 
Puiser 1, v. a. to draw. 
Puisque, conj. since. 
Puissance, s. f. power. 
Puissant, e, adj. powetful. 
Puisse, puissiez, can, tfiajf. 



BA 



150 



RE 



Pnnir 2, t. a tp punish. 

Punition, s. i jninûhment. 
Pur, e, adj. pure. 
Purent, prêt, teere allé. 
Pureté, 8. f. purityy cUarness. 
Pus, put, prêt, was able. [able, 
PCit, imp. Bubj. could; might he 

Qualité, s. f. qucdity. 
Quand, adv. when. 
Quant à, couj. a^ to 
Quantité, b. f. quantity. 
Quarante, num. &dj.forty. 
Quarante-cinq, fortyjive. 
Quart, quartier, quarter. 
Quatre, num. adj. four. 
Que, qu', which, t/iat, thariy lest. 

(ne), onlt/y buty nothing but. 

de, Aoio many ; than (bef. 

an inf.) 
ce Que, that which^ what. 
Quel, quelles, whichy what. 
Quelconque, adj. and pron. what- 

ever. \however. 

Quelque, sorne^ a few ; whatever ; 
Quelquefois, adv. sometimes. 
Quelqu'un, some one, somebody. 
Quelques uns, some, aotne of them, 

a few. 
Qu'est-ce que, what is. 
Questionner 1, v. a. to question. 
Queue, s. f. tail. 
Qui, pron. rel. whoy whom, which. 

(ce), that whichy what. 

Qui que ce soit, whoever. 
Quinze, num. Sidj. Jifteen. 
Quitter 1, v. a. to quity to leave. 

se , to separate one*8 self. 

Quoi, pron. rel. what. 

Quoi que, pron. reL whatsoever. 

Quoique, conj. though, although, 

Kacine, s. £ root. 
Raconter 1, v. a <o relate. 
Rafale, s. f. sqitally sudden gust of 

toitid 
Raffermir 2, v. & to màke strongcr. 
Raidi, e, part, stiffened 
Raison, s. t retuon ; right. 



Raison (avoir), to he right. 
Raisonnable, adj. reasonable. 
Ramasser 1, v. a. ^o pick up. 
Rameau, s. m. branch, bough. 
Ramener 1, v. a. to lead or bring 

back. 
Ramier, s. m. wood-pigeofi. [ing 
Rampant, e, adj. creepingy crawl 
Rang, s. m. rank. \der 

Ranger 1, v. a. /o rangcy set in or^ 
Ranimer 1, v. a. <o revive; encowr 

âge. 
Rapidité, s. f. rapiâity. [eall 

Rappeler 1, v. a. <o call back; r«- 
ee , V. r. to remember ; recol- 

lect. 
Rapporter 1, v. a. to bring back ; 

produce. 
Rare, adj. rarCy scarce. 
Rarement, adv. seldom. 
Ras, e, adj. smooth; plaine rase^ 

open fields. \tojoin. 

Rassembler 1, y. a. to réassemble, 

se , V. r. to meet. 

Rassurer 1, v. a. /o réassure. 

se , to recover oné's self,- to 

cheer up. 
Ravager 1, v. a. to ravage. 
Ravir 2, v. a. to ravish ; take away^ 
Rayon, s. m. ray. 
Réalité, s. f. reality. 
Rébus, s. m. rebusy silly pun. 
Rebut, s. m. outcast, trash. 
Rebuter 1, v. & to reject. 
Receveur 3, v. a. to receive. 
Réchauffer 1, v. a. to heat up again. 
Recherclier 1, v. a. to search ; to 

court. 
Récit, s. m. récital. [mand. 

Réclamer l, v. a. to clahn ; to com- 
Récolte, s. f. crop. [wend. 

Recommander 1, v. a. to recmn- 
Recommencer 1, v. a; to begin 

again. 
Récompense, s. f. reward 
Récompenser 1, v. a. to reward 
Reconnaissance, s. f. gratitude. 
Reconnaissant, e, adj. grateftU. 
Reconnaissant, p. près, recognizing. 



BE 



151 



BB 



Beconnaisoait, irap. recognized. 

Reconnaît, près, recognizcs. 

Keconnaitre 4, v. a. to recognize ; 
discover. 

Reconnu, part, recognized; hnoum. 

Reconnus, reconnurent, /owwc? ovi. 

Reconquérir 2, v. a. to recong^ier. 

Recours, s. m. recourte. 

Recouvert, e, part, covered. 

se Récrier 1, v. r. to exclaim. 

Reçu, part received 

Recueillais, irap. gathered. 

Recueilleront, fut. will receive. 

Recueilli, p&rt. received ; gathered. 

Recueillir 2, v. a. to gather ; re- 
ceive; reap. [itiove ; delay. 

Reculer 1, v. to draw back ; re- 

Redoubler 1, v. a. to redouble, in- 
crease. 

Redouter 1, v. a. to dready iofear. 

Réduire 4, v. a. to reditce. 

Réduit, près, reduces; s. m. bg- 
place, nook. 

, part, rcduced. 

Réel, réelle, adj. reaL 

Réellement, adv. really. 

Réfléchir 2, v. to reflect, send buck. 

Réflexion, s. f. rejlection. 

Refroidi, part, cooled 

se Refroidir 2, v. r. to become cool. 

se Réfugier 1, v. r. toflgfor refuge. 

Refus, 8. m. reftisal. 

Refuser 1, v. a. to refivse. 

Regagner 1, v. a. to return. 

Regard, s. na. look, looking. 

Regarder 1, v. a. to look ; look eut. 

Régir 2, V. a. to govern, to rtde. 

Régler 1, v. a. to regulate; to set- 
Ile. 

Réglisse, s. f. liquorice. 

Règne, Sw m. reign. 

Régner 1, v. a. to reign. [at. 

Regretter 1, v. a. to regret, grieve 

Régulier, e, adj. regular. 

Régulièrement, adv. regularly. 

Rehausser 1, v. a. to raise, in- 
crease. 

Reine, s. f. queen. 

Réitérer 1, v. a. to reiterate. 



Rejeter 1, y. a. to throw boek, to 

reject. "^ 

Rejeton, s. m. sticker, young shoot. 
Rejoindre 4, v. a. to meet, to rejoin. 
Rejouir 2, v. a. to rejoice. 
Réjouissance, s. i rejoicing. 
Réléguer 1, v. a. torelegate, banisK 
Relever 1, v. a. to raise up again ; 

recover. 



-, to arise. 



Religieusement, adv. reîigiously. 
Religieux, e, adj. religions. 
Religieux, s. m. monk ; religieuse, 

8. f. nun. 
Relire 4, v. a, to read again. 
Relu, part, read again. 
Remiu-que, s. f. remark. [serve. 
Reniarqu(îr 1 , v. a. to remark, olh 
Rembourser 1, v. a. to pay. 
Remède, s. m. remedy. 
Remercier 1, v. a. to thank. 
Remets, près, deliver, give. 
Remettant, p. près, giving, putting 

again. [again. 

Remettre 4, v. a. to restore, put 

se , to recover. 

se en route, to continue 

otie's Joumey. 
Remis, remirent, put off. 
Remis, part, rentored; given. 
Remonter 1, v. to go up again, 

bring up again. [place. 

Remplacer 1, v. a. to supply t/iâ 
Remplir 2, v. a, tofill; fulfU, 

se , V. r. to become full. 

Remuer 1, v. a. to move ; to stir. 
Rencontre, s. f. meeting, rencounter. 
Rencontrer 1, v. a. to tneet with. 
Rendre 4, v. a. to render, restore; 

repair to. 

se V. r. to repair to ; to go. 

Renfermer 1, v. a. to contain; con- 
fine. 
Renne, s. m. and f. reindeer. 
Renommée, s. {.famé, réputation. 
Renoncer 1, v. a. to renounce, give 

up. 
Renseignement, & m. fnark, token, 

indication. 



RE 



152 



BJS 



Bentrer 1, v. to retum, corne in 
c^ain, [overtkrow. 

Een verser 1. v. a. to pull down^ 

Renvoyer 1, v. a. to send back. 

Répandre 4, v. a. to spread; to 
»pill. [go through. 

86 , V. r. to he scattered; to 

Repartir 2, v. n. to set out again, 
to reply. 

Repartit, prêt, left again ; replied. 

Repas, s. m. meal. 

Repasser 1, v. to reposa, to repeat 
to onés self. 

se Repentir 2, v. r. to repent. 

se Repentit, prêt, repented. 

Répéter 1, v. a. <o repeat. 

Replacer 1, v. a. to replace. 

Répliquer 1, v. n. to reply, to 
anawer. 

Replia, s. m./oZdL [thé answer. 

Répondait-on, was answered, was 

Répondit que non, said no. 

Répondre 4, v. a. to answer, 

^— (en), to assure that. 

Réponse, s. f. answer. 

se Reporter 1, v. r. to return. 

Repos, 8. m. rest, repose. [rest. 

se Reposer 1, v. r. to rest, take a 

Reposons-nous, let lis take a rest. 

Repousser 1, v. a. to repuise ; re- 
fuse, ['reply. 

Reprendre 4, v. a. to tahe back, to 

Représenter 1, v. a. to represent. 

Repris, reprenait, replied. 

Reproclie, s. m. reproach. 

Reprocher 1, v. a. to reproach. 

se Reprocher 1, v. r. to reproach 
to onés self. 

Requête, s. f. request, pétition. 

Réserver 1, v. a. ^o reserve, to keep. 

Résigné, part, resigned. 

se Résigner 1, v. r. to submit. 

Résine, s. f. rosin. 

Résister 1, v. r. to reeist. 

Résolut, prêt, resolved, determined. 

se Résoudre 4, v. r. to résolve, to 
resign. 

Respecter 1, v. a. ^o respect. 

Respectueux, adj. respectful. 



Respirer 1, v. a. to respire, <• 

brcath^. 
Responsable, adj. responsible. 
Responsabilité, s. f. reaponsibility. 
Ressembler 1, v. n. to resemble. 
Ressource, s. f. resource. [again. 
Ressouvint (se), prêt, remenibered 
Reste, s. m. rest, remainder. 

(au), besides. 

, près, remains. 

Rester 1, v. n. to remain, to stay. 

Résultat, s. m. resuit. 

il ne me Resterait que, / would 

only hâve left. [low 

Résulter 1, v. n. to resuit ; to foî- 
Rétabhr 2, v. a. to recover, to re- 

store. 
Retard, s. m. delay. 
Retarder 1, v. a. fo delay ; put off. 
Retenait, imp. reserved, kept back. 
Retenir 2, v. a. to keep back, re- 

tain, reserve. 
Retentir 2, v. n. to resound. 
Retenu, part, retained, reserved. 
Retiens, retenez, reiain, stop. 
Retint, prêt, kept back, retained. 
Retirer 1, v. a. to take out again, 
se Retirer 1, v. r. to retire; take 

shelter. 
Retomber 1, v. n. tofall again. 
Retour, s. m. return. 
Retourner \,Y.to return, go back, 

se , V. r. to tnrn round. 

Retracer 1, v. a, <o retrace, recount. 
Retrousser 1, v. a. to tuck up ; 

turn up. 
Retrouver 1, v. a. to find again; 

go back to. [ble ; cmnbi9ie. 

Réunir 2, v. a. to unité, to assetn- 
Réussir 2, v. n. to succeed. 
Réveiller 1, v. a. to awake. 

se ►-, V. r. to awaken. 

Révéler 1,-v. a. to reveal ; diseover. 
Revenait, imp. returned; camé 

back. 
Revenant, p. près, coming back. 
Revenir 2, v. n. to corne back, re- 

turn; cost, [corne. 

Revenu, part, returned; & m. ùv- 



RO 



163 



SA 



RAver 1, v. #o dream; think. 

Révérer 1, y. a. /o révère, honor. 

Rêverie, s*, f. rêverie^ delirium. 

Revers, s. m. reverse^ misfortune. 

Reverrai, fut. shall aee again. 

Revêtu, part, dressed^ clothed, 

Revient, près, returns. 

Reviendra, fut. will eome hach 

Reviendrait, cond. would retum. 

Revins, prêt, came bock. 

Revit, prêt, saw again. 

Revoir 8, v. a. to see again. 

Revoyais, imp. aaio again. 

Revoyant, p. près, seeing again. 

Revu, part, seen again. 

Riant, e, adj. gmilir^. 

Riche, adj. rieh. 

Richesse, s. f. richnesSy wealth. 

Rien, s. m. nothing, any thing. 

Rigoureux, adj. rigorous ; cold. 

Rigueur, s. £ rigor^ 9everity. 

Rire 4, v. n. to laugh. 

Risquer 1, v. a. to risk, ventitre. 

Rit, près, lattghs ; s. m. rite. 

Rivage, s. m. bank^ ahore. 

Rive, s. f. banky shore. 

River 1, v. a. to rivet, to clinch. 

Rivière, s. f. river. 

Riz, 8. m. rice. 

Robe, s. f. dress, gown. 

Robuste, adj. robitst. 

Roc, e. m. rock. 

Rocailleux, se, adj. pebbly. 

Rocher, s. m. rock. 

Roi, a m. king. 

Rompre 4, v. a. to break. 

Rompu, part, brokeii. 

Ronde, s. f. round, patrol. 

Rondin, s. m. billet; cudgel. 

Ronger 1, v. a. to gnaWf to eat up. 

Roseau, s. m. reed 

Rosée, s. f. dew. 

Rouble, s. m. a coin, rvble ($8.90). 

Rouge, adj. red 

Rougeur, s. f. redness, blush. 

Rougir 2, V. n. to blush. 

Roulement, & m. rolling^ quaver, 

tHlL 
Rouler 1, ▼. a. to roll. 



Route, &, f. way, road; joumey^ 
Royaume, s. m. kingdom. 
Rouvrir 2, v. a. to open again. 
Rude, adj. rough, violent 
Rue, s. f. Street. 
Ruines, s. f. pi. ruina. 
Ruisseau, s. m. stream, brook. 
Rumeur, s. f. rumoTf report. 
Russe, axlj. Russian, 
Russie, & f. Hussia. 

Sa, adj. poss. f Aïs, hett itt. 
Sable, s. m. sand 
Sablonneux, adj. 8andy. 
Sac. s. m. bag, sack. 
Sachant, p. près, knowing. 
Sache, sachiez, may knova. 
Sacré, adj. sacred 
Sage, adj. wise ; good. 
Sagesse, s. f. wisdom. 
Sain, e, adj. wholesome, heaUhy» 
Saint, adj. holy, saint. 
Sais» savons, près. know. 
Saisir 2, v. a. to seize; to take. 
Saison, s. f. seaaon. 
Sale, adj. dirty, soiled 
Salle, s. f. fially parlor, [bom. 

Saluer l, v. a. to soluté, make « 
Salutaire, adj. salutary. 
Salve, s. f. discharge, volley. 
Sang, s. m. blood 
Sang-froid, s. m. coolness. 
Sanglots, s. m. pi. sobs, soblnngs. 
Sangloter 1, v. n. to sob. 
Sans, prep. without. 
Santé, s. f. Jiealth. 
Sapin, s. m.fir'tree. 
Satisfaire 4, v.-a. to satisfy. 
Satisfait, e, part satisfied 
Saurai, saurons, sh^U or wUl knoio. 
Saurait, cond. toovld know, 
(ne), cannot. 



Sauter 1, v. n. to Uap, tojump. 

Sauvage, adj. savage. 

Sauver 1, v. a. to save; to escapê. 

Sauveur, s. m. saviour. 

Savait, savions, imp. knew. 

Savant, e, adj. learned 

Sayez, près, know. 



S£ 



164 



SO 



Savoir 8, y. a. to hnow. 

, 8. m. kiiowledge, leaming. 

Sceau, 8. m. ««a/. 

Scellé, part wcUed. 

Scène, s. f. 9cene. 

S^AUt, 8. m. sitting. 

Se, 8*, pron. pers. himaelf, herself^ 

itselfy one's ielfy theniselves. 
Sec, sèche, adj. dry. 
Sécher 1, v. a. to dry. 
Second, e, num. adj. second. 
Secourait, imp. aasisted 
Secourir 2, v. a. to assistf to sueeor. 
Secours, s. m. help, attceor. 
Secouru, part, cmsisted. 
Secousse, s. £ ithake, concussion. 
Secret, adj. and s. m. secret. 
Secrètement, adv. secretly. 
Sécurité, s. f. security. 
Seigneur, s. m. lord. 
Sein, 8. m. boswn. 
— — (au), in the midst. 
Seize, num. adj. sixteen. 
Séjour, s. m. stayj sojourn. 
Selon, prep. according to. 
Semaine, s. f. week. 
Semant, p. pr. spreading ; sowing. 
Semblable, adj. like ; suck ; equal. 
Sembler 1, v. n. to seem, to appear. 
Semence, s. f. seed. 
Semer 1, v. a. to sow. 
Sénat, 8. m. senate. 
Sens, s. m. sensé, direction. 
Sens, sentent, /ec/, smell. \ly. 

Sensiblement, adv. sensibly, great- 
Sentier, s. m. path. 
Sentiment, s. va. feeling, sensé. 
Sentions, sentaient, imp. felt. 
Sentir 2, v. a. tofeel, to smell. 
Sentit, prêt. felt. 

Séparer 1, v. a. to separate, divide. 
Septembre, s. m. September. 
Septentrional, e, adj. northern. 
Serai, sera, seront, mil be. 
Serait, serious, cond. tootUd be. 
Serein, e, adj. serene, caltn. 
Sérénité, s. i serenity, ccUmness. 
Serment^ s. m. oath. 
Serre, b. i green-JwuM; claw. 



Serré, e, part, pressed; grieved. 

Serrer 1, v. a. topress. 

se , to be pressedf or oppressed 

with grief. 
Sers, servent, près, serve. 
Servait, imp. served. 
Serve, près. subj. may serve. 
Servi, e, part, served. 
Servir 2, v. a. to serve, to be of use, 

se , to use, to make use of. 

Servit, servirent, served. 

Ses, pron. poss. pi /««, her, its. 

Seuil, s. m. threshold of a door ; 

sill, [tingle. 

Seul, e, adj. alone; only ; scie; 
Seulement, adv. only, even. 
Sévèrement, adv. severely. 
Si, conj. and adv. if ; so. 
Sibérie, s. f. Sibericu 
Siècle, 8. m. century. 
Siège, s. na. seat ; tribunal, 
le Sien, la sienne, kis, hers, its. 
Signe, 8. m. sign ; signal. 
Silencieux, adj. sîlent. 
Simple, adj. simple ; single ; plain. 
Simplicité, s. £ sitnplieity. [lar. 
Singulier, e, adj. singular, partieu- 
Sinon, adv. else, or else, 

que, conj. except that. 

Situé, e, part, situated. 

Six, num. adj. six. 

Société, s. £ Society, 

Sœur, s. £ sister. 

Soient, près. subj. be, may be. 

Soigner 1, v. a. to take eare of. 

Soin, s. m. care. 

Soir, s. m. evening. 

Soirée, s. £ tke whole evening long. 

Soit, w, be, may be, whetlier, 

que, either, whether. 

Soixante, num. adj. sixty. 
Sol, s. m. soil. 
Soldat, 8. m. soldier. 
Soleil, s. m. sun. 
Solennel, adj. solemn. 
Solide, adj. solid 
Solidement, adv. solidly. 
Solitaire, adj. solitary. 
Solliciter 1, v, a. to »<dieiL 



\ 



so 



165 



SU 



Sombre, adj. melancholy; darh; 

dull. 
Somme, s. f. sum. 
Sommeil, s. m. sleep. 
Sommes, près, of être, are. 
Sommet, s. m. summit, top. 
Son, adj. poss. At.v, her^ its. 

, s. m. Sound, ringing. 

Sonder 1, v. a. <o soundy examine. 
SoDge, s. m. dream. 
Songer 1, v. n. ^o think, conaider. 
Sonner 1, v. to sofund^ to ring. 
Sont, près, of être, are. 

(ce), Oiey are. 

Sorbier, s. m. sorb^ service-tree. 
Sors, sortent, go out, corne oui. 
Sort, près, goes out ; s. m.fate. 
Sortait, imp. tœnt, or came out. 
Sorte, s. f. sorty kind ; v. may go 

out. 
Sorti, part, gone out. 
Sortir 2, v. to go out, corne out ; 

take out. 
Sortit, sortirent, went out; took out. 
Souci, 8. m. care. 
se Soucier 1, v. r. to care. 
Soudain, e, adj. sudden. 
Souffert, part, sufferedy endured. 
Souffle, s. m. brèath ; wind. 
Souffler 1, V. a. to blow. 
Souffrance, s. f. suffering, torture. 
Souffre, près, suffers. 
Souffrir 2, v. a. to suffcTy to endure. 
Souffrit, prêt, suffered. 
Soufre, s. m. sulphur, brimstone. 
SouViaiter 1, v. a. to wishy to désire. 
Soulager 1, v. a. to relieve. 
se Soulever 1, v. r. to rise. 
Soulier, s. m. shoe. 
Soumet, près, submits. 
Soumettre 4, v. a. to submit ; yield. 
Soumis, part, mibmîtted. 
. Soupçon, s. m. suspicion. 
Soupçonner 1, v. a to suspect. 
Soupçonneux, adj. suspicions. 
Souper, s. m. supper ; v. to take 

supper. 
Soupir, s. m. sigh. 
Soupirer 1, v. a <o sigh. 



Source, s. f. soutccy spring. 

Sourd, e, adj. deaf. 

Sourir 2, y. n. to smile ; s. m. a 

srnile. 
Sous, prep. wider. 
Soutenait, imp. sustained. 
Soutenir 2, v. a. to sustainy support. 
Soutenu, part, maintained. 
Soutiendra, fut. toill austain. 
ce Soutien-la, that support. 
Soutiens, soutiennent, support. 
Soutint, prêt, sustained. 
Souvenait, imp. rernembered. 
Souvenez-vous, imper, retnember. 
Souvenir, niemori/y remetubrance. 

se , V. r. to remember. 

Souvent, adv. often. 
Souviendrai, shail retnember. 
Souverain, s. m. sovcreign. [beft 
Souvienne, près. sabj. may rementr 
je m'en Souviens, / reinember it. 
Souvient (elle se), she remetnbers. 
Soyez, bcy may be. 
Spectacle, s. m. shoWy spectacle. 
Spirituel, adj. ingeniouSy spiritual. 
Splendeur, s. f splendor. 
Stagne, s. f. stagnation. 
Steppe, s. f. moory heatli. 
Stérile, adj. barren, ste^'ile. 
Stratagème, s. m. stratagem. 
Su, part, knoien. 
Subir 2, V. a. to suffery undergo. 
Subit, près, undergoes; adj. attd- 

den. 
Subitement, adv. suddenly. 
Subsister 1, v. n. to subsist. 
Succéder 1, v. n. to succeed. 
Succès, s. m. success. 
Successivement, adv. successiveïy. 
Succomber 1, v. n. to be overcome. 
Sucer 1, V. a. ^o stick. 
Sud, s. m. south. 
Sueur, s. f. perspiration. 
Suffire 4, v. n. to be nufficient. 
Suffit, près, is aiifficient. 
SuflFoquer 1 v. a. /o suffocate. 
Suite, s. f. course, sequel ; attend 

antSy order. 
(dans la), afterwardi. 



TA 



166 



TE 



Suite (de), onê afUr another; Uh 

gether. 
• " (tout de), immediately. 
Suivait des yeux, observed. 
Suivant, e, adj. next ; follomng. 
Suivi, pa-rt followed. 
Suivit, i>r et. followfd. 
Suivre 4, v. a. tofol/ow. 
Sujet, s. m. subject ; reason ; cause. 
Sujet, sujette, adj. rubjectf exposed. 
Supérieur, adj. superior. 
Superstitieux, adj. superatitiaus. 
Suppléer 1, y. a. /o èupply. 
Supplier 1, v. a. to beseech, to en- 

treat. 
Suppliant, e, entreating. 
Supporter 1, y. a. to support; bear. 
Sur, prep. on, upon, over. 
Sûr, sure, adj. sure. 
Surcroît, s. m. addition. 
Sûreté, s. f. surety. 
Surmonter 1, y. a. to surmount; 

rise above. 
Surnaturel, adj. supernatural. 
Surnommer 1, y. a. to surnmne. 
Surpasser 1, y. a. to surpass. 
Surprenant, e, adj. surpriaing. 
Surprendre 4, y. a. to surprise; 

seize. 
Surpris, part, surpriaed. 
Surprit, prêt, surpriaed 
Surtout, adv. above ally especially. 
Surveillance, s. f. inspection. 
Survenir 2, v. a to corne upon. 
Survenu, part, happenea; corne 

upon. 
Survit, près, survived. 
Suryivre 4, v. n. to survive, [ble. 
Susceptible, adj. capable^ suscepti- 
Siispendre 4, y. a. to suspend 
Sut, surent, prêt, knew. 

la, adj. poss. f. thy. 

Tabac, s. m. tobacco. 

Tache, s. f. spot; stoin, fault. 

Tâche, 8. f. task. 

Tâcher 1, y. n. to endeavor. 

Taille, s. £ stature, fyure. 

Taillis, a. m. cops^, aqtpir''. 



88 Taire 4, y. r. to be sUenL 
Taire 4, y. a. to conceal, keep ovL 
se Taisait, imp. vxu silenL 
Talon, s. m. heel. 
Tambour, s. m. drum ; drummer. 
Tandis que, conj. whiU, wJnlst. 
Tant, adV. so much, so many, 

que, as long as. 

Tantôt, adv. byand by ; sometimeg. 

Tapis, s. m. carpet. 

Tapisser 1, y. a. to hang ; to deck. 

Tapisserie, s. £ tapestry. 

Tard, adv. laie. 

ne Tarda pas, was not long. 

Tarder 1, y. n. to delay. 

Tarir 2, v. a. to dry up. 

Tartare, adj. Tartar. 

Tartarie, s. £ Tartary. [cuèe. 

Taxer 1, y. a. to tax, to rate; ae^ 

Te, t\ pron« pers. thou, tkee, thy- 

self. 
Teint, s. m. complexion. 
Teinte, s. £ tirU, touch. 
Tel, le, adj. such. 
Tellement, adv. «o, so muck. 
Téméraire, adj. rcish, over-hasty. 
Témérité, s. £ temerity, rashness. 
Témoigner 1, y. a. to express. 
Témoin, s. m. vntness. 
Tempérer 1, v. a. to temper, sofien. 
Tempête, s. £ tempest. • 
Temps, s. m. time ; lœather. 
Tenait, imp. wa^ holding ; kept. 
se Tenait, %oa^ standing ; stood. 
Tenant, p. pfes. holding. 
Tendre, adj. affectionate, tsnder, 
4, y. a. to hold out. 



Tendrement, adv. tenderly. [tioik. 

Tendresse, s. £ tendemess; affee^ 

Ténèbres, s. £ pi. darkness. 

Tenez, tiennent, lioldy keep 

Tenir 2, y. a. to hold, to keep. 

(à quoi s'en), wkat to think. 

Tentative, s. £ atteinpt, endeavor. 

Tenter 1, v. a. to try ; to tempt. 

Terme, s. m. term ; word; expres- 
sion; end. 

Terminer 1, y. a. to end, to ter 
minate. 



TO 



167 



TR 



Torrain, s. m. ground. 

Terre, s. f. earth; ground; land. 

Terreur, s. f. terroTy fear. 

Territoire, 8. m. territory. 

Tertre, s. m. /**//, hillocié. 

Tête, 8. f. head. 

Tien, tienne, proiL posa, thine. 

Tiendra, fut. toiil hold^ or keep. 

Tiendrais, cond. akould hold. 

Tient, près, holdsj keeps. 

Tige, 8. f. trunk; staik. 

Tilleul, 8. m. linden-lree. 

Timide, adj. timid; bcishful. 

Timidement, adv. timiSy, 

Timidité, g. if. timidity. 

Tins, tinrent) held, kept. [ont. 

Tirer 1, v. a. to ptdl ; draw; take 

se de, to get <mt of. 

Tisser 1, v. a. to tmat, to plait 

Titre, s. m. title. 

Tobolsk, s. m. Tohohky. 

Toi, pron. pers. thee, to thee ; thou. 

Toile, s. f. linen clothy cloth. 

Toit, 8. m. roof. 

Tombe, s. t tomb ; coffin ; grave. 

Tombeau, s. m. tomb ; grave; mon- 
ument. 

Tomber 1, v. n. tofall. 

à genoux, to full on one^n 

knees ; to knéel down. 

Ton, adj. poss. thy. 

, 8. m. ttme; manners. 

Tonnerre, s. m. thunder. 

Torche, s. f. torch. 

Tort, 8. m. vrrong ; injury. 

(avoir), to be wrong. 

Tôt, adv. early ; soon. 

Tôt ou tard, sooner or later. 

Touchant, e, adj. tauching, moving. 

Toucher 1, y. a. <o toitch, to move. 

j y to draw very near. 

Touffes, s. f. pi. tufts. 

Toujours, adv. always. 

Tour, s. m. turn ; s. f. tower. 

— : — à tour, succesaively. 

faire le Tour du monde, to go 
round the world 

Tourbillon, s. m. tohirlmnd. 

Tourbillonné, adj. wkirling. 
14 



Tourmenter 1, y. a. to twrment 
Tournée, s. f. tour; tun^ 
Tourner 1, v. a. <o turn. 
Tout, s, tous, pi. ail; every ; toua 

deux, both. 
Tout, tout-è-fait, adv. quite. 
Tout & l'heure, immediately. 
Toutefois, adv. hotoev^. 
Tracer 1,y. &.to trace ; toindiectte. 
Traînage, s. m. sledging. 
Traîneau, s. m. sied. [jmt in. 

Traîner 1, v. a. to draw ; put off; 
Trait, s. m. aet ; passage ; feature ; 

action. 
Traitement, s. m. treatment. 
Traiter 1, v. a. to treat ; to ww. 
Trajet, s. m. passage. 
Tranchant, adj. sharp^ cutting. 
Tranquille, adj. tranquil^ quiet. 
Tranquillement, adv. quietly. 
Tranquilliser 1, v.a. to tranquillize. 
Transi, part, chilled; benumbed 
Transplanter 1, v. a. to transplant. 
Transporté, adj. raptured 
Transporter 1, v. a. to transport^ 

carry. 
se Transporter 1, v. r. to repair. 
Travail, s. m. work, labor. 
Travailler 1, v. a. to work. 
Travaux, s. m. pi. labors. 
Travers (à or au), through. 
Traverser 1, v. a. to traverse; to 

cross. 
Tremblant, e, adj. trembling. 
Tremble, s. m. aspen-tree. 
Tremblement, s. m. trembling. 
Trembler 1, v. n. to tremble. 
Trempé, part, wet. 
Trente, num. adj. thirty. 
Très, adv. very. 
Trésor, s. m. treasure. 
Tressaille, près, leaps^ starts. 
Tressaillir 2, v. n. to leap, to starL 
Tressaillit, prêt, leaped [hair 
Tresse, s. f. plaited hair ; lock of 
Tribut, 8. m. tribute, tax. 
Triompher 1, v. n. to triumph. 
Triste, adj. sc^ sorrowful. 
Tristement, adv. sorrowfidly. 



VA 



168 



VE 



Tribteese, a. f. sadness. 
Trois, num. adj. three. 
Tromper 1, v. a. to deceive. 

se , V. r. to be mistaken. 

Tronc, s. m. trunk of a tree. 
Trône, s. m. throne. 
Trop, adv. too, too much. 
Trou, s. m. hoU. [trouble. 

Troubles, s. m. pL civil war ; 
Troubler 1, v. a. to trouble ; agi- 

tate. 
Troupe, s. f. troop. 
Troupeau, s. m. nerd^fiock. 
Trouver 1, v. a. tojind. 
— — mauvais, tojind favlt with. 
se , V. r. to be foundf to 

stand; to be. [aians. 

Trukmènes, s. m. wandering Jius- 
Tu, pron. pers. thou. 
Tuer 1, V. a. to kill. 
se Tut, prêt, was silerU. 
Tyrannie, s. t tyranny. 
Tyrannique, adj. tyrannical. 

Un, une, a, an, on£. [another. 

les Uns sur les autres, one upon 
Uniforme, s. m. unifomi. 
Unique adj. only ; single. 
Uni, e, adj. even. 
Unir 2, v. a. to unité. 
Univers, s. m. universe^ toorld. 
Usage, s. m. custom ; manners. 
User 1, v. a. <o use ; to wear out. 
n'en Usez point, do not take ad- 

vantaae of it. 
Ustensile, s. m. utensil, kitchen 

tackling. 
Utile, adj. useful. 
Utilité, s. f. utilityt use. 

Va, va- t'en, go^ hegone. 

il y Va de sa vie, his life is ex- 

posedj or at a stake. 
Vague, s. f. wave. 

, adj. vague^ loose, uncertain. 
Vain, e, adj. vain; en vain, in 

vain. 
Vaincre 4, v. a. to vanquish ; con- 

quer. 



Vaincu, part, overcome; eonquer» 

éd. 
Vainement, adv. in vain. 
Vais, près, go^ am going. 
Vaisseau, s. m. ship. 
Vaisselle, s. t diskes and plates. 
Valait, imp. of valoir, was worth. 
mieux, was better or besU 



Valent, près, are toorth. 

Valeur, s. f. value. 

Vallée, s. f. valley. 

Valoir 8, v. to be worth. 

Valut, prêt, was worth ; proeured 

Vanité, s. f. vanity. 

Vapeur, s. f. steam, vapor. 

Varier 1, v. a. to vary. 

Varsovie, s. f. Warsaw, 

tu Vas, près, thou art going. 

Vaudra, fut will be worth. 

Vaudrait, cond. would be worth. 

Vaut, près, is worth. 

Vautour, s. m. vulture. 

Vécu, part, lived; vécut, prêt. 

lived 
Vélar, s. m. hedge-mustard. 
Velu, adj. hairy, shaggy. 
Veille, s. £ sitting up ; the day be- 

fore. 
Veiller 1, v. ^o watch ; to sit up. 
Venait, imp. came, toas coming, 
de, hadjust. 



Vendre 4, v. a. to sell. 
Venez, imper, cotne. 
Venir 2, v. n. to cotne, 

de, to havejust. 

Vent, s. m. wind. 

Venu, part, corne. 

Véritable, adj. true^ real. 

Véritablement, adv. truly. 

Vérité, s. f. truth. 

Verra, fut. ioUl see. 

Verraient, cond. toould see 

Verre, s. m. glass. 

Vers, prep. towards. [shed. 

Verser 1, v. a. to pour^ put in ; 

Verste, s. £ verst (3600 JEnglish 

feet). 
Vert, e, adj. green. 
Vertu, s. f. virtue. 



vo 



169 



VU 



Vertueux, se, adj. virhumit. 
Vêtement, s. m. elothing. 
Vêtir 2, V. a. to clothe. 
Vêtu, part elothed, drettsed. 
Veuille, près. subj. mai/ be willing. 
Veut dire, mearis. 
Veuve, 8. f. mdow. 
Veux, veulent, wt//, toish. 
Viande, a. f. fneat. 
Victime, s. f. victim ; 8ufferer. 
Vide, adj. empty ; s. m. emptiness. 
Vie, 8. f. life; living. 
Vieillard, e. m. old man. 
Vieille, f. of vieux, old. 
Vieillesse, s. f. old âge. 
Vieillir 2, v. to grow old 
Viendra, viendrez, vnll corne. 
Viendrait, cond. wotdd conte. 
Viens, viennent, près, corne. 
Vierge, s. f. virgin. 
Vieux, adj. old; vieil before a 

vowel or h mute. 
Vif, vive, adj. olive; lively ; hard 
Vigne, s. f. vine, • 
Vigoureusement, adv. vigorously. 
Vigoureux, se, adj. vigorous. 
Vil, e, adj. vile, mean. 
. Vilain, adj. tigly. 
Ville, 8. f. city. 
Vin, 8. m. wine. 
Vingt, num. adj. twenty. 
Vins, vinrent, prêt came. 
Vis, vîmes, prêt. aaw. 
Vis-à-vis, prep. opposite. 
Visiblement, adj. viaibly. 
Visite, 8. f. visit. 
Visiter 1, v. a. to visit. 
Visse, imp. subj. might see. 
Vit, prêt, of voir, saw. 

, près, of vivre, lives. 

Vite, adj. quickly ; au plus vite, 

very speedily. 
Vivacité, s. f. vivacity. 
Vivant, e, adj. alive, livivg. 
Vivait, imp. loas living. 
Vivement, adv. lively ; deeply. 
Vivent, près, live, are living. 
Vivre 4, v. n. to live. 
Vœu, s. m, vota; toish. 



Voici, h-ere iSy hère are. 
Voie, 8. f. way ; means. 
Voient, près. see. [is. 

Voilà, there is; behold; see ; Uiot 
que me Voila loin, how far 1 

am. 
Voile, s. m. veil 
Voir 3, V. a. to see. 
Vois, près. see. 
Voisin, e, adj. neighboring ; neigh' 

bor. 
Voisinage, s. m. neighborhood. 
Voiture, s. f. carriage. 
Voix, s. f. voice. 

à basse, quite low. 

Vol, 8, m. robbery, theft. 

Volaille, s. î.fowl. 

Voler 1, V. a. to steal ; v. n. tojty. 

Voleur, 8. m. thief. 

Volière, s. f. great birârcage^ aviary. 

Volonté, s. f. will. 

Volontiers, adv. willingly. 

Voltiger 1, v. n. tojlutter. 

Vont, près, of aller, go. 

Votre, adj. poss. your. 

le Vôtre, pron. poss. yours. 

Vos, adj. poss. pi. your. 

Voudra, fut. toill be willing. 

Voudrais, cond. shouldlike; toùuld. 

Voulait, imp. was mlling. 

Voulant, p. près, wishing. 

Vouloir 3, V. a. to toish for ; to be 

mllifig. 
Voulons, voulez, loixh. 
Voulu, part wished, been willing. 
Voulut, voulurent, wished 
Vous, pron. pers. you, to you. 
Voyage, s. m. journey, voyage 
Voyager 1, v. a ^o travel. 
Voyageur, s. m. traveller. 
Voyait, imp. «aw, was seeing 
Voyant, p. près, seeing. 
Voyons, voyez, see. 
Vrai, e, adj. true. 
Vraiment, adj. truly, verily. 
Vraisemblable, 2i.\]. probable. 
Vraisemblance, s. f. likelihooâ» 
Vu, e, part seen. 
Vue, 8. f. sight ; view 



160 



ZI 



Y> adv. therey thither. 

— , pron. to Ut to him, to her, to 

them, in itt therein, 
i] Y a. ihere is^ there are. 
il — avait, there vhu, there were. 



il Y aura, there will be. 
Yeux, pk of œil, ei/ee. 

Zèle, 8. m. zeal. 
Zibeline, s. t sable. 
(martre), sable ski». 



' PROPERTY OF ^ 

mmmï ebissîs 

, FREE LISRARY. j 



BOOKS PUBLI&HEx) 

BT 

ROE LOCKWOOD & SON 

4U BSOADWAT, NEW TŒK. 



Fsnons wlshlng anr Book from ihe follo\Hng liât, by «ending qb tûe 

■dvartised pric« in biUs or Post-office stamos, post-pald^ 

viU reçoive it from os hj mail, free of exponsa 

A TJBKKATi DISOOXTNT FBOM THJE ANNEXSD PBI0S8 AIXOWED TO B0HOOI& 



FRENCH. 

Being atoare ofthe objections^ often tpowellfounded^ against Amertcan 
éditions of Freneh hooks^ on aeeount of their inaccurcicieSt we hâve 
taken particular pains Jn the printing of the follomng séries ; ana 
we do not Iiesiiate to affirm, that in regard to correctness of Tgpa- 
graphy^ and the quality of the Paper and Binding, they are not 
surpasaed by any simUar teorksj tohether published in this countr^ 
or in FrCMce, 

Manesca's Oral System of Teaching Freneh. 

1 V. 8vo. $8. 
The chief feature of this new «ystera is, that ît seeks to introdnce 
he learner of a language to its vocabulary by tlie same process which 
ohildren follow : by leading hiin from the simplest olenients — the exprea- 
tdons and phrases needed in our earliest expérience — gradually up te 
tlie philosophy of the language. The bcginuing is made, therefore, noi 
with grammar and the philosophie structure of the language, but witb 
itB simple words and sentences. 

** The System for teaching languages discovered by Jean Manesca is 
the System of TUiture; it is the resuit of twenty years' study and ob^er» 
vation.of a snperior mind. In speaking of this admirable method, I do 
not speak at random, and without knowledge ; I hâve studied sevenU 
iitfiffoafçeB upon tiie aystem— the Freneh, tlie Spanish, Itidian, Germon. 



800KS PUBUSHSU BY ROE LOCIvWOOD di BOK* 



and liP^in. I hâve examined ihe varions methods employcd in Eumpe 
aiid, iVom my own observation, 1 consider Manesca^s system inflnitely 
Boperl jr to ail the varioua methods which hâve been put forth by per- 
Bona Bccking to abridge the labor of learning languagcs. In faot, it m 
the omy method that 1 hâve yet aeeu that deserves the name of sYarKU 
—for it is a wholk, complète in ail its parts, based upon the law8 and 
prineiples which nature employa in teaching languoge to the youn^ 
mind, but embracing ail the parts of langnage, and only modifying 
aature's method, so far a» to adapt it to mature âge, or to the mind that 
can reason, and bring tii<. aid of reflcction and thought to bear in the 
Btudy of language ; whereas the child brings only instinct. * * * 
It commences by giving to the scholar some of the siuiplest élé- 
ments of langnage, which he learns quickly and easily to use, physi- 
oally and oientally, as well as those of his own language. Whon thic 
» done, new éléments — ^that is, new words and ideas — ^are added, which 
are inoorporated in a natural way with those already known, and usod 
«âth them until an equally perfect knowledge of them is obtained. 
New éléments are progressively added at each lesson, nntil the whole 
language is leamed. With twenty years' expérience, Manesca metho- 
dized language ; he distributed ail the éléments in the manner the stu- 
dent shoold learn them, and his system teaches him to read, to write^ 
and io speak at the same Urne.'' 

" This is a new édition of a work which has already acqjaired a repu 
tation 80 extended, that few can be unacquahited with its excellence 
ovcr ail others for the acquisition of the French language. Untii thû» 
work appeared, a few ycars since, little had been done to advance the 
êcience of teaching forcign langunges. Those who were iutrusted with 
this branch of éducation generally followed a routine handed down te 
them by their predecessors — ^a routine in which it waa often required 
that words, sentences, and abstract rules should be committed te 
memory, without presenting to the pupil an oppori inity far thAr viii 
and applicatinn. Many intelligent teachers no doubt felt tlie inefficiency 
of such a method, but it appears to hav» oeen reserved for Manescii lo 
find ont a new path wliich should lead to certain and suecesaful résulta, 
uid at the sarae time imraeasurably rclieve the scholar. A striking 
peculiarity of this system, and by which it pre-eminently excels al) 
others that hâve ever corne within our notice, is the importance it at 
taches to the spoken language, and the fucility it présents to the scholu/ 
fi>r the acquisition of this most important part of his pursuirc. 

Manesca's Fhilological Recorder, adapted to "MaT.esca*s Oral 
System of Teaching the Living Languages." 4ta. 75 et» 



BOOKB PDBUBHBD BT ROS LOCVWOOO À 80H. 



Me o'vtb' French and English Prononncing Dictionai^ 

16mo. fl.25. 
This V jfK is oasea ou tho woll-known Dictionary of Nuoknt, wîth man^ 
new •■Aorâs in preucral u»e, in Two Parts: 1. Frencli and Eiiglish; 
2. ËLsliSh aud French. Ëxhibiting, Tlté Prormnciation of the Frenek 
in pt^is Êi^liah »ound8—'Jl\iQ Parts of Speech — Gender of French 
Noan8--Iicgaiar and Irrogular Conjugations of Verbs — Accent of 
£ngli8h Words — List of the usual CMiristian and Proper Namea, and 
Nar-e;* of Ccantnes and Nations. To which are prcflxed, Principles 
of French Pionuuciation, and an abridp^ed Granimar. By F. C. 
Meadows, m. a. of the Univcrsitj of Paris. New édition, revised 
and improved h> Charles L. Pabmentieb, M. A., Profussor of the 
French Languagc. uiixi Literature. 

"The édition of ' Mkauotts' French Dictionart* which is now sub- 
mittod to the public, hab been conniderably improved. It contains a 
tist of Proper Names in ii'ost ordinary use, togrether with the names of 
Goda, Goddesses, Kings», Heroes, &c., which are often met with in 
Works of Poetry, Mytholo^y, and Uistory, and whi4^ are not speUed the 
mtne in. English as m I^enc/Ï. 

" It is needless to speak ut length of the merîts of this work. lia 
nnraerons éditions in Americ& as well as in Europe, prove that it is tke 
moHt popular French and English Dictionary eztant. 

" The efforts of the subscriber hâve bcen mainly devotcd to extfinding 
the uaefulness of the work, by making such atlditions to the labors ol 
his pr»»deces8or8, as seemcd necessary to render it at the same tinie a 
complète nianuai for the boginner, and, from its great copiousness, a 
valuuble assistant to the investigations of the man of letters. He truste 
that liis contributions to this end will not prove altogether profitlees to 
the caiise of éducation." — Fre/ace by Professor Parmentier. 

Nouvelle Grammaire française, par Noël et Chapsal. 

12rao. $1.00. 
NoTJTBLLE Gbaiocaire FRANÇAISE, sur un plan très-méthodiqne, avec de 
Nombreux Exercices d'Orthographe, de Syntaxe, et de Ponctuation, 
tirés de nos meilleurs auteurs, et distribués dans Tordre des règles; 
J)ar M. No'êl, Inspecteur-Général de l'Université, Chevalier do la 
Légion d'Honneur, et M. Chapsal, Professeur de Grammaire générale. 
Ouvrage mis an rang des livres classiques, adopté pour les Ecoles 
primaires supérieures et pour les Écoles militaires. Non\ elle édition, 
revue et augmentée. 

The réputation of this popular Grammar is bo well known, that to 
praiso it would be superiiuous. The présent is an exact rf^rint of 
THE LA»T Paris edhion, and ever^ effort has been taken to «void those 
iiiaccpracies so oilen incident to American éditions of French books. 

.S 



B00K8 FUBUBnSD BT ROS LOCKWOOD A 80K, 



Oc«ng6 des Baterctoes frao^aiB sur TOrthographe, In Syntaxe^ 
et 1a Ponctuation ; par MM. Nokl et Chapsal. {Key to Noèl ana 
ChaptoTi French GroPLmar.) 12mo. $1.00 

ùecons et Modèles de Littérature française, par M 
Chapsal, Professeur de Grammaire générale, or Chaiee Ex 
tracts in Prose and Verse, selected from the following writera 
12ma 11.25. 

POÉSIE. 



A]io6lot(Mine.) 


Deemahls. 


Lebrun. 


Eotron. 


Andrieaz. 


Ducia. 


Malherbe^ 


Bonssean. 


Arnaolt 


Florlan. 


Millevoye 


Sainte-Beuve 


Béranger. 


Fontanes. 


Molière. 


Soumet 


Boileau. 


Gilbert 


Parny. 


fastu (Mme.) 


Ghénier. 


Gresset 


Piron. 




Corneille. 


Ungu. 


Quinaolt 


Viennet 


CrèbilIoD. 


La Fontaine. 


Bacan. 


Vigny (do) 


DeUvigne. 


Lamartine. 


Bacine. 


Voltaire. 


Dolllle. 


LaBaUIy. 


Begnard. 






PROftB. 




Agnefleesa {ày 


Cunsin. 


Mal8tre(J.de). 


Safntina. 


Aimô-MarUn. 


Cuvier. 


Mannontel. 


Salvandy. 


Amgo. 


D'Âlembert 


Mascaron. 


Sand. 


Ballanche. 


Diderot 


Mafisillon. 


Sanrln. 


Balzac (Quez de). 


Duclos. 


Maury. 


Scribe. 


Balzac (IL de> 


Duma& 


Mézeray. 


Se^ur. 


Baranta 


Fônélon, 


Michaud. 


Sédgné CMniei ôf^i 


Barthélémy. 


Fléclîier. 


Michelet 


SismondL 


Beaumarchais. 


FontenelleL 


Mirabeau. 


Staël (Mme. de> 


B. de 8t. Pierre. 


Ouônard. 


Molière. 


Thierry (A.) 


Bonaparte (N.) 


Guizot 


Montesquieu. 


Tlncrs. 


BoMuet 


Hugo. 


No«lier. 


Tljomas. 


Bourdaloae. 


La Bruyère. 


Pnacal. 


Vftuvonarguea 


Bridaine. 


Lacépède. 


BaynaL 


Vertot 


BulTun. 


La Harpe. 


Rollin. 


Vigny (A. de) 


Chamfort 


Lamartine. 


Bonssean (J. J.) 


VilkmaiiL 


Chateaubriand. 


Lamennais 


Sainte-Beuve. 


Volney. 


C(»nnenin. 




Saint.R('«l. 


Voltairei 


Courier. 


Mably. 


Saint-Simon. 





A reviaed and improved édition, enriched witli Bio<?raphical and 
Critloal Notes, and with Sélection» from WriUrs oj thepresôtU titnê. 



Le Siège de la Rochelle, par Mme. de Genlis '2ma $1 

" Wo hâve read with gjeat pleasure * Le Siège de la Rooholle,* and 
r^soommend it as oae of the beat books for translation t](en> i» vuMial' 

4 



BOOKS PU6USM1ED BT ROX LOCKWOOD A 80y 



(sd. Il !s oonsidered one of the most popalar of Mme. de Q<^nliA' wArk». 
wboBe uame i» weii known in Freiioh literature. Tlie narrative in in 
tonnely intercHtâi^r, sud will command attention to the doHC. Thoiigli 
6 work of fiction, tlie incidents are partly foun<io<l on fiict : tlie hintoricol 
scènes and chantcter» are correctly drawn, and présent a fiiir view c» 
tLis most eventful period of French liistory. 

'*Containing none but just and mora. sentiments, it îa ailniirably 
Bdapted to be UHcd as a School Beadcr, and we trust tliat it will meet 
with the favor it deserves." 

Le Vicaire de "Wakefield, par Goldsmith. 12ma 76 cts. 

In translating this bcautifui Ënglish Classic iiito French, spécial care 
has heen taken to préserve tlie beau*^y and aini})licity of the style ; and 
we trust thut tiie présent effort to render it a School Beadlng Book will 
meet with fkvor. 

Œuvres Complètes de Molière. 2 y. 12mo. 1S34 pp. $2.00 

This édition contains ail the worka of this great author, and is beau- 
tifttliy printed, on fine paper. 

Œuvres Cboiaies de Molière : contenant La Bourgeois Gentil 
homme, Le Misanthrope, et Les Femmes Savantes. 18nio. 63 c 
The editor has carefully revised the text, and haa faithfuUy foUowed 
tlie rao»t approved Paris éditions. As to the Comédies selected, tiiough 
Tuany othen» of the sanie writer are at least equal, if not snperior, in 
merit, it must be remembered that this is a Molière intended f&r schooU 
and for the ttse of ytmng perwna^ and tlie sélection has been niade in 
référence to that object. 

Œuvres Complètes de J. Racine : contenant, La ThébaTde, on 
Les Frères ennemis — Alexandre — Andromaque — Les Plaideurs 
— Brittanicus — Bérénice — Bajazet — Mithridate — Iphigénie— 
Phèdre— Eather — Athalie. Édition annotée d'après Racine fils, 
Madame de Sévigné, Le Batteiix, Voltaire, La Harpe, Napoléon, 
Schleyel, Roger, GeofFroi, Patin, Sainte-Beuve, Saiut-iihlarc G»- 
rardin, Niaard, etc. 12mo. 760 pp. f 1. 

AVIS SUR CETTE ÉDITION. 

PanrJ les grands écrivabis qui honorent notre littérature, il en est pe^ 
dont les œuvres aient été aussi fréquemment reproduites que celles de 
Bacine. Les grammairiens, les critiques et les commentateurs littéraires, 
ont depuis deux siècles étudié ses compositions scéniques pour y cher- 
cher les un» des modèles de style, les antres le modèle de Turt et do 



B00K8 PUBUBUSD fiV ROS LOCKWOOD A 80V« 

go&i ) et 1m nombreux travaux dont ce podte à jamais célèbre a &U 
l'objet, non» irapo>%aietit de grandes obligation» ; ausi^i nous Boomie» 
Dou» efforcé de rendre irrcprjcliable Téilition que nous publi'^na au 
fonrd'hni. 

Nous avons Jonné d'abord tonten les préfacée, parce qu'elles formeod 
'indinpoiiHable introduction dc8 piècett; qu'elles eu contiennent «cu- 
rent Panulyse et Texamen, et que Kacinc y développe avec la supériorité 
de son génie ses théories esthétiqnos. 

Nous avons aussi reproduit toutes les variantes, parce qu'on voit la 
les premiers essais du poëte, le travail de son goût daus le choix des 
mots, et son constant effort )x>ur approcher autant que possible de la 
perfection. * * ♦ Comme toujours, nous avons fuit prédominer le 
commentaire moral et psychologi<iue, et en rapportant à l'occasion le 
jugement des contemporains du poëte, à partir du grand Condé et de 
madame de Sévigné, nous avons suivi, en ce qu'ils ont de plus saillant| 
les travaux des critiques et des historiens littcruircs, depuis Kacine fils, 
jusqu'à messieurs Sainte-Beuve, Nisiird et Saijit-Murc Girurdin. On a 
do la sorte, dons le blâme et dans l'éloge, l'écho fidèle de l'opbdon dans 
on espace de près de deux siècles. 

Ainsi, notre édition offre, jusque dans les moindres variantes et les 
momdres fragments, tout ce que Kacine a écrit pour le thi àtrc, et sous 
une forme concise tout ce que l'iilstoire littéraire a dit de plus essentiel 
sur ce théâtre lui-même. 

Œuvres Choisies de Jean Racine : contenant Bajazet, Andro- 
maqvie, Iphigénie et Ësther. 18mo. 63 cts. 

it has long been désirable that the works of tliis great poet shonld be 
uaed in our schools as a reading-book ; but as his writiugs are toc 
voluminous for that purpose, a proper sélection of his l)est pièces bas 
been mode. This sélection the e<iitor trusts will prove acceptable to aU 
instructors and professors of the French languiige, as well as to sU 
mterestcd in French liteniture. 

It is printed with great uccuracy, thus removing the usual objection 
to tlie éditions of French works publishcd in this countrv 

De. r Allemagne, par Mme. De Staël. 12mo. 638 pp. |1 

Tliis bas been considered the most popular. of Mme. De Staëf's 
«rorks, and bas always sustained a high litcrary réputation. 

rreseuting an intcrcsting and tnitiiful Descriptiou of Gcrmnny — ^the 
ItSanucrs and Customs of the Germans — their Literature, Arts, and 
Bcionces— Views of Philosophy, Moral s, and lieligion — ^and thus coni- 
bjning instraction with the stndy of the hiiiguage, it is pre-^^minenU^ 
edaotcd for an advanced daas-book 



BOOKS Pl;BLI8RBD BT UOK LOCKWOOD ^ BON. 



A.veiitnres de Gil Blas de S antiliane, par Le Bage 
12ina 11. 

It hfw for bome tâme been a rnatt^r of doubt whether the ^^AdvêfUurf* 
qf cm Jilaa'^ wbs the work of a Spanish or Frencb writer; but we b«- 
Ueve it is now generally conceded to be the producUon of the lutter. 

Althoiigh net free from objections for indiacriminate use, yet it, hafl 
always been considered a désirable book for translation, from the fact 
that, consisting as it does of a séries of narratives abonnding in collo- 
Qulal expressions, and being oonnected very indirectly, the rea^ler ia 
not wearîed as he would be by a lengthy story, the interest continuing 
m the snene changes. 

Fables de La Fontaine. 100 engravlngs. 18mo. 6^ cts. 

La Fontaine's beautiful Fables are known to every French scholar 
and are admirably adapted to be uaed as a book for translation. 

Each fable is followed by its appropriate moral ; and thus just prîn 
eiplcs, in a pleasing manner, are inculcated into the mind of the readei 
while engaged in hia study. 

Atala, René, par Chateaubriand. 12mo. 50 cts. 

The beauty of Chateaubriaud^s writings has established for him 8 
ûigh literary réputation. 

This little work has always been considered the most popular of hia 
minor productions, and was originally a part of the ** Génie du CliristÎJ\ 
nisme," although latterly it has been generally published in a separaca 
form. 

It was written, as the author says, "in the wilds of America, and 
oiïder the tents of the savages," and the incident f^n which the hMTj 
s founded is mentioned m hia "Voyages en Amérique." 

It i» printe<l from the author's last édition, antl in a large clear type, 
"jid the l'ublisliers hope that it will meet with favor as a Reading 
Book for school use. 

Paul et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre. 60 cts 

"This raost dchghtful work is too favorably kiiown to require any 
recommendution from us. The beauty and siniplicity of the style, to- 
jçether with the interest of the story, liiive always rendered it a favorite 
with joung persons. We trust that the présent édition, iutendec^tbi 
whools^ will moet witli gênerai acceptance," 

The same "Work, with a Full and Correct Vocabulary of ail the 
Words and Idiomatic Expressions contained in the book; aiso 
InterUnear Translations, both free and literal, of the first few 
pa^es, with the Pronunciation of the French indicatcd by 
En^lish sounds. 12mo. 62 ot& 

7 



BOOKS PUBLISnXD BT ROX LOCKWOOD A SON. 



Gliaabeth, ou Les Exiles de Sibérie, par Mm& Cottin 

l2ino. 60 ct& 

*• The incident which gave rise to this history is founded in truth. Ne 
imagination, however fertile, could prodace actions bo heroïc, or senti- 
menta 8o noble and elevated. '1 lie hear; alone cuuld inspire them. * * 
Auihora hâve frequtrntly been accused of representing the beauties 
virtue with too boid a pencil, and in colors toc vivid. Far am 1, however, 
froni presuining to imanuate that this criicism is applicable to myself, who 
possess not the abilitiee requisite to attain this btilliant though créative 
talent ; noi do I conceive that it is in the power of the most éloquent 
Buthcr, by ail the studied embelliahments and décorations of lan^ruage, to 
add a single charm to the innatc beauties of virtue. On the contraiy, she 
m in herself so far superior to the adscititious aids of omament, that it 
would rather appear iinpos«ible to describe her in ail her native ditînity 
and lovelinesB. This i^ the chief diihculty I hâve experienced in writing 
ïùusABETa"— 'Translation of extract from Authofajtreface. 

The same work, with a Full and Correct Yocabulary of ail the 
Words and Idiomatic Expressions coutained in the book ; also 
Interlinear Translations, both free and literal, of the first few 
pages, with the Pronunciation of the French indicated bj 
English sounds. 12nio. 63 cts. 

Converaatioxial Phraaes Classified, or French Synonlmee, 

by J. I«. Mabire. 16nio. 4ô cts. 

Most of the Guides to French Conversation heretofore publi^hed in 
this country hâve been merely collections of certain conversations on 
epeciiicd subjects, which, unless they were again to recur in the precase 
fbnn of the lesson, would be of but little assistance to the student. In 
other words, he but stores his mind with set forma) phrases for spécifie 
occasions, without an acquaintance with the genius and power of the 
ianguage, or ihe ability to adnpt his knowledge to the peculiar and Ta 
ried circumstances of every-day life. 

Thi» work is arranged on an entirely new pi*an. It consista ot the 
liîost famiiiar phrases of every-day conversation, classified according in 
their sensé unJer various appropriate heads, such as the following: 

11. To denign, dmw, «ketch, paint. 

IS To i>r«j", b«'«eec i, a»k, entrent. 

13 To ni'proTC, ronoent, perniil, tolerttn 

H. To loJ|ct), live, dwpU, remcvo. 

\h, To ratse, lift, open, shut. 

16. To rail, Kbuider. innult, injure. 



1 To tire, weary, |:row tirod. 
le To Rltirm, aiwure. warrant, atteat 
s' Tuobe),>'ield subinit. 

4. To iinaeine, believe, (lenuade one'a aeld 

6. To ndraire. asUtnisli, hurpriae. 
<!. To départ, ««t oui, travri. rida. 

7. To liglit, kindie. blow, exUi^piiah. 

5. To warm, cool. dry. w«t. 
0. To laiisii, aniile. werp, jok*. 

10 To daaco, aalute, {leet, buw. 

With an Alphabeticai Index. 



17. To conimend. pniiae. Anlter. compUr «Ht 

18. To Unnie. réprima^ d, crititMiw. 
19- To place, put. aet, lay, arranfe. 
StO> Tocontiemo,deapw»,dà|iicriiite,d»^t 



BOCKS PUfilJLSHEO Mk KOB LOCKWOOO A BON. 



It u divided into 236 similar heads, besides containing ModeU ol 
Notes, Invilations, Lettere, the moist Difficalt and Common Engliah 
Idioins, &c. 

It has acquirod an extraordinary popularity in England, liaving, in 
a few years passed tliroogh many éditions, numberinç over 100,000 copiai. 

Le Livre des Petits Enfants, avec Vocabulaire. 60 cU 

This Utile voinme of £asy Taies was publlshed in France for the use 
of Yonng Childron who had just lesmed to read. The design of the 
xuthoress was, by a séries of ente?taining narratives, ta allure the 
Young oiiward in the path of leaming, and at the same time to inibae 
their minds with sentiments of religion and virtv e, and of love for iku 
Sacred Scriptarea. 

To the carefully printed text is added a literai English translation ot 
the ârst ten stories, and a full vocabulary to the remaining ones. 

Tiie.se facilities, together with the simple style of the stories them^ 
selvos, rendor this book one of the eaaiest for translation. 

Mrs. Barbauld's Lessons for Chiidren, in French, witb 
a Vocabulary. 16mo. 46 cta 

To attempt a eulogy of "Mrs. Barbauld's Lessons for Chiidren'* 
would be supcrfluous. We only remark tlmt, on account of its extrême 
simpUcity, no book is better suited for young persons commencing the 
study of French. 

It is translated with great care, and is beautifuliy printed on a krge 
ûlear type, with illustrations. 

" The task is humble, but not mean ; for to lay the first stone of a 
loble building, and to plant the first idea of a beautiful language in 8 
6uman mind, can be no dishonor to any hand." — Mrs. jB.'« Préface, 

First Lessons in Leaming French, by Prof. Gustave 
Chouquet. 16mo. 46 ct& 

This work is intended for pupils commencing the study of the French 
language. ïn such a work it is not neoessary that the rulea of grammai 
should \yèf&rmally irUroduoed ; they serve rather to weary and emBai 
rass than to profit. 

In design and exécution it is so simple as to be within the roacl. cf 
âny child, however young, who is capable of reading in English. The 
présent édition is mach eiilargcd and improved, and printed on very 
large t}po. It is divided into six parts, as follows, viz. : 

Pabt 1. Spelling Lessons, designed also for Exercises in Pronunciatiou. 
Part IL Simple and Progrespive liCssons in Grammar and Translation 



B00K8 PUBU8HED RT ROS LOCKWOOD À SO> 



Pabt TIl. A Vocabulary of tlie most Common and Familiar Objecta 
iOj^ether with appropriate Exercises in Thrases and Short Sen 
teuces; tlie whole divided iuto lessons, eacli emhracing a dis* 
tinct Sabject. 

Pabt IV. Examplos of Frencli Verbs, auxiliary, regular and rcfieo- 
tive, fully coujugated. 

pABf V. A few simple Stories, the first fcw foUowed by a Tranalatioa 
of the more ditficult Words and Idioms. 

Pabt VI. A collection of simple and familiar Conversational Phrases, 
divided Into short and easy lessons. 

French Spelling and Fronunciation, by H. Vannier. 45 cta 

After a careful examination of the most récent and approved elo- 

mentary Spelling-Books published in France, we hâve selected the 

Bystem of H. Vannier, as being the simplest and yet the most metliodical. 

It is divided as follows : 

Pabt I. Exercises on ail tlie Sounds and possible Combinationa of 

Articulations and Words. 
Part II. Spelling Lessons, or a Vocabulary of the most useful Nonna 

in the French Language, systematicidly arranged under distinct 

hoads. 
Part III. Examples of French Verbs — ^auxiliary, regular, and reflect* 

ive — fully conjugated. 



8PAN I 8H. 



Odl Mar'a Guide to Spanish and Enfjlish Conversation, 

containing various lists of Words in most gênerai use, properly 
classified ; collections of Complimentary Dialogues and Conver- 
sational Phrases on the most gênerai subjects of life ; Proverbs 
and Idioms; also comparative Tables of Coins, Wei^hts, and 
Measures. 12nia 75 cts. 

In t^is new édition the Proverbs and Idioms, as well as t>e Dialogues, 
hâve been considerably enlarged ; the New Orthography lias béer ixh- 
Croduced, according to the last décision of the Spanish Royal Acû'lemy ; 
tud a Treatise on Spanish Pronui ciation has been prefixed. 

Thèse additions wJl further advance the utiliiy of the work, and ren 
der it still more worthy of public favor. 



BUOS8 PUBU8HXD B7 ROC LOCKWOOD ± SOU. 



^IngQt's Ollenâoi-ff's Spanish Grammar : a New Meth'id :f 
Learning to Read, Write, and Speak the Spanish LanguagQ 
with a FiGURED P£onunciation of THE Spanish Wobds. To 
which is added an âppendix, containing a full explanation of tbe 
Alphabet, with Exercises in Spelling ; a Summarj of the Rule» 
gr^en in this Metbod, with a Treatise on the Verbs ; a Séries of 
Letters for a Mercantile Correspoudence, with a Ket ; a New 
Spanish Reader and Translator, being a new method of learning 
to translate froni Spanish hito Englisii, and from Ënglish into 
Spanish, containing Extracts from the most approved worka, 
Colloquial Plirases and Words in gênerai use ; the whole ar- 
ranged in progressive order, with especial référence to thoae 
who study by OllendorflTs Method. 12ma. $1.60. 

Key to Vingut'B Ollendorff's Spanish Qrammar. '«5 cts . 



FOR SPANIABDS LEAMING EIVGLISH. 

i^ÎDgat'a OUendorff— £1 Maestro de Inglés, metodo practioo 
para aprender â leer, escribir y hablar la Leagua Inglesa segun 
el sistema de Ollendorff, dandose una Dctmonstracion practica 
del modo de escribir y pronunciar cada una de las palabras 
contenidas en las lecciones y un Apendice que contiene los £le- 
mentos de la Leng^a Inglesa, tomados de la ûltima edicion de 
Urcullu, publicada en Cadiz en lb45, habiéndose correjido y 
aumentado considerablemeute ; comprendiendo toda la parte 
elemental no refundida en las lecciones précédentes ; tambieo 
un Tratado sobre la Pronunciacion y otro sobre la Propiedad de 
las Voces, que bajo un mismo sigiiiiicado en cspa&ol tienen dos 6 
mas en inglés, con diferente uso 6 sentido ; ô al conti ario, con 
on solo significado en inglés y doe 6 mas en espanol ; compren* 
dieudo un Lector y Traductor Inglés, ô sea Nnevo Mé^odo para 
aprender â traducir del inglés el espanol y viseversa, ei cual 
contiene un Guia de la Pronunciacion inglesa, y Direcciones para 
usar los dicdonarios d^ Pronunciacion ; una écrie de Cartas porb 



BOOK8 rUBUBHKD BT ItOK LOCKWOOD * 80K. 



k meromtO, 7 algnnos troxos esoojîdos jptaê 
Lectm 7 TraduociûD. 12jiia |2. 

■slatiok): Vingufê Ollendorff—The Kugîish Teacher, or Oîlen- 
dorff'» New Method oj Leaming to Re'yJL, Write, and Sprak thé 
EnglUk Language,WTia a Figurkd Proxunclation o/Ûie English 
Word» intheLemonh ' towhich i» addedan âppkndix, eontaininp 
the Elément* of the Engltah Language, takenfrom the last édition 
of UretUlu^s Grammar, jmblished in Cadiz in 1845, revited and 
tnlarged; alto a Treatise on tiu Pronunciation and variou» Si^ 
niJUations of English Word» ; alto a new Reader and Translcoof^ 
being a New Method of Leaming to TSrandole fram Englith irUo 
Spanish and from Spanish into English ; a r,àvs Guide to Co^ 
vertation; a séries of Letters for Mercantile Correspondence 
dtCf afc 

Clave de los lyercicios del Maestro del Ingres. 12ino. $1 

'«ukKSLATioif) : Key to the Exercises of " VinguCs Ollendorff*s English 
Teacherr 

Trcnllu. — ^Nueva Gramatica inglesa reducida a veinte 7 siete 
lecciones, por Don José de Urcullu ; edicioD reimpresa por pri- 
mera vez en America, de la ùltima edicion de Cadiz, considérable 
mente aumentada 7 correjida, con una Clave de los Temas ; un 
Tratado alfal)ético de la Propiedad de las Voces, en que se 
esplica la propiedad de las Yoces castillaiias que tienen en inglés 
dos ô mas significados con diferente uso 6 sentido, de lo cual 
pudieran orijinarse equivocaciones, asî en la locucion como en la 
traduccion ; un Lector 7 Traductor inglés, 6 sea Nuevo Método 
para aprender à traducir del inglés al espanol 7 vise versa, el 
cual contiene un Ouia de la Pronunciacion inglesa, una série de 
Cartas para una Correspondeiicia mercantii, 7 algunos trozo£ 
eBoojidos para lectura 7 traduccion. 12iuo. $1.50. 

{Prologo de UrcuUu dé la Edicion de Oadia.) 

ALOUNAS PALABRAS SOBKE ESTA NUEVA EDICION. 

La buena acojida que ha tenîdo mi gramatica en los veinte anori qr^ 

OAii posado dcHde que la di à luz, eus ado OifttuTe emigrado en Lôn'lrea. 

tOQ ha movido à publi&ir una nueva edicion de la misma Kn la pri- 

liera d'.vîdi la gnunàtica en XXXI leociones. Muchoa de las ediciouee 

:8 



BOOKB POBLIBHBU BY KOE LOCKWOOO & SOK. 



que se lian becho tanto en aqnella capital codio en otros pûsi'B desde 
1825 hasta ahora, han sido copias de la primera. 

£n 1840, estando yo en Oporto, so imprimiô alli una edicion en XXV 
iecciones, en la cual hice alteraciones de battante couhlderaclon ; pero 
pocos son los ejemplares que ban penetrado en Ëspana. Por con- 
BÎguiente para satisfacer los deseos de mucbos profesores de la lengua 
inglesa, era necesario que se imprîmlese en £spana mi gramàtica ; mas 
no como se ba becbo àntes de abora en Barcelona, siu mi intervenoion, 
y copiando los defectos de la qae se publicù en Londres. 

La présente edicion, dividida en XXVII ieccioues, es superior à 
eoantas se ban pubiicado basta este dia, no solameute por las correo- 
eioncs que se ban becbo, como por las materias que se ban aumentado. 
Esplicaré esto brevemonto. 

Cada una de los Iccciones XIV, XV, XVIII y XXII se ban subdivi- 
dido en dos, para que el discipulo pucda aprenderlas mas f'Acilmente 
ftiendo maa cortas. He suprimido las leccioues XXIV y XJ V, porque . 
îo que eilas contenian no pertenecia, estrictamente bablandc, à la parte 
l^ramatical; pero el discipulo lo ballard, cou notable aumento al an del 
Ubro en la lista alfabetica de las particulas inglesas. 

En los modèles de traduccion, be introducido algunaa m&ximafl de 
buenos autorcs inglesos. 

Las poesias inglesas que puse en la edicion becba en Oporto, ban sido 
traducidas por mi al cafitcllano. £1 Herald ode Madrid publicô una 
de ellas el ano pasado, y un periûdico de Cadiz la otra este ano. He 
aumentado una poesia inglesa, no como modèle, sino para que el dis« 
dpulo se ejercite en la traduccion de los numerosos verbos que eUa 
eontiene. 

La parte tercera de la obra, que no tieuen las ediciones anteriores, m 
oompone : 1°. de una lista alfubética de las principales particulas ingl»* 
sas y su uso en dicba lenguo, que àntes formaba el asunto de las doB 
ûltimas lecciones, como y a se ba mencionado. 2°. De una esplicacion 
de mucbas palabras y abreviaturas latinas muy usadas en los periôdioos 
ingleses, y algunos vozes francesas, que forman parte de la lengua in- 
glesa. 8<>. De varies documentes de comercio utiles para los que pien- 
sen dedicarso d la carrera mercantil. 4°. Finalmente, de una lista de 
abreviaturas inglesos, que tambien puedo asegurar es la mas compléta 
que basta abora so ba pubiicado en Espaîïa. Lo primero y cuartu ba 
npcibidc un aumento considérable ; lo segundo y tercero es enteramente 
tiueyo. 

En la parte gramatical be becbo correcciones y alteraciones que solo 
puedcn uotarse cotejando esta edicion con otras anteriores. 

Si el publiée ba recibido àntes de abora favorablomente mi gramàtica, 
debo Buponcr sin ninguna clase de presuucion que todavla ba de mero- 
.2f<i uias su aprobacion la que boy le efrezco ; y que ya no se itodià decb 

)8 



liOOKfj PUJbLISnaD BT ROK LOCKWOOD di BON. 



c4;ii razon en lo adelante qne era necesario vaierse de çramâticas escniai 
en fiance» para aprender la leugua ingle&a. 

Es muy probable que ewta sca la ùltinia edicion que yo publiqne, y 
mas si) conio prcsnmo, lo8 lazos de faniilla me obligan à dejar la hennofia 
Espana para establecerme nuevamente eu el reino vecino, que por la 
largra série de anoe que on él lie panado y por los viuculos que à él me 
anon considero como à una acgunda patria. 

ADVERTKNCIA. 

Al reîmprimîr por primera vez en America la ûltima edioion de la 
nneva Qramâtica de Don JoBé de Urcullu, publicada en Cadlz por el 
mismo autor con las considérables mejoras que esplica en hu Prologo, 
bemo^ hecho todo lo que ha estado à nuostro aloance paia mejrrar la 
obra, lo que creemos haber conseguido por los medios siguienten : 

V*. ATreglando la conjugacion de los verbos, segun las mejores 
gramâticis inglcsas, anadiendole por consiguiente el modo Potencial, 
desconocilo en nuestra conjugacion, por cuya razon la mayor parte de 
los gramàticos lo han confundido con nucstro Subjuntivo, que es à todaa 
tuces distinto en su uso y aplicacion, despojando asi à la conjugacion 
Inglesa de la inmensa ventaja que en précision y eneijia le dan suf 
luxiliares. 

2**. ArapUando la leccion sobre los verbos auxiliares, la dcl uso dei 
futuro, la del subjuntivo y la de las preposidones, y redactando enter 
Sa del imperativo. 

Z°. Anadiendo las notas que se han estimado necesarias, y aun refn 
tando las opiniones del autor cuando se han creido erradaa. 

é^. Dando reglas para la division de las silabaa. 

6^. Enriqneciendo la lista de las abrcviaturos Inglesas, é igudment» 
Ia de las elicionos. 

6**. Anadiendo un Tratado de la Propiedad de equellas voces qne^ 
teniendo en espanol varias acepciones, se esprcsa r.n ingléu cada aoep- 
elon, con difcrente pulabra. 

7°. Agregando un Lector y Traductor inglés lajo un plan entera- 
mente nuevo, concluyondo con una série de cart«3 parallevar una cor- 
respondencia mercantil. 

8°. Finalmcnte, publioando una Clave de los Teiias qne se ballar\ 
al fin de la obra, para que el discîpulo compare con ella ia traduccion 
qne hi^^v de los que se dan en la Gramàtica. La ventaja de ente Clave^ 
aur para los que ostudien con maestro, es demasiado obvia para que 
DOS detengamos en recomendarla. 

Si à todas las mejoras mencionadas se anaden las hechas por el mianio 
autor, segun lo e«plica en el Prologo sîguiente, fiîcil sera penetrarse do 
as inmonsas mi^joras de esta edicion sobre todas las anteriores. 

Ofri>fnidaH de Xun>u i'ork, Wir<>M'> ieI952. R. J VINflUT 

u 



BOOKS I-UBU8HED B7 ROX LOCKWOOD di SON. 



Robertson. Nnevo Curso practico, analitico, ieorico y sintetico de 
Idioma Inglés; escrito para los Franceses por T. Robertsan 
obra aproboda por la Universidad de Paris; traducida y 
adaptada al castellano sobre la ûltima edidon del original poi 
Pedro José Rojas. 8va $3.00. 

^*La Academia Beal de Buenos Letras de la Isla de Pncrto Rico, 
iespuei de haber oido à su Comision de Inatrucciou pilblica acerca del 
Nuevo Curso de Inglés por Robertson, i daptado ai Castellano por Don 
P. J. RoJAS, 7 considerando que dichaobra reune a su claridad, précision 
7 correcto lenguage, una gran facilidad para la adquisicion del idioms 
inglés, y un método admirable para la pronunciacion de las palabras, 
ha ordenado que dicha obra se tenga por ûnico texto en las escuelas y 
colegios, de la Isla. — Puerto Rico, febrero 10 de 1852. — El Capitan 
General, Pezuela." 

*^La Direccion General de Estudios de la Repùblica de Venezuela, 
l\abiendo ezaminado cuidadosamente el Nuevo Curso de Inglés poi 
Roberteon, adaptado al Castellano por el Senor P. J. Rojas, y consider- 
andolo sumamente util y eficaz para la ensenanza de aquel idioma, ha 
acordado se incluya dicha obra en el catàlogo de textes para los Colegios 
y escuelas nacionales. — Caracas 4 de Junio de 1851. — Por la Direccion, 
J. Vargas, Présidente." 

(translation) : llohertsonian System ; a New PraetictU^ Analytieai 

Theoretical^ and SynthetieaX Course of the Engliih Languaga 

writtenoriginally for the French, andapproved by the Uhiversttif 

of Paris, Translated, and Adapted to the Spaniali Language^ 

by Pedro José Rojas. 

The Royal Academy of the hland of Porto Sico^ after hearing the Oom 

mittee of Pufdlc Instruction in regard to the New Course of the English 

léOnguage by Robertson^ tranalated into Spanish by Mr. P. J. RqjaSy and 

oonMervruj that said toork combines with deamess^ preoisi/m^ and a correct 

gtyle^ a great and wonderful facUlty for acquiring so dijffhtUt a langvagt 

as the English^ and that it contavns liîewise an admirable method of English 

pron/unciationy has in its last session ordered this toork to be used as the onîp 

English textr-book in aU tJie achools of the laland, — Porto Rico, Febmary X^thy 

1951. — J. de la Pesmda^ Captain General,'''' 

^^The General Direction of Studies in the Republic of Venezuela, having 
oarefiilly examined the New Course ofthe English Language, published in 
^ance, by Robertson, avd translated irÀo Spanish by P. J. Rojas, Esq.. 
md eonsidermg it highly useful and ejicient in teaching that language, hoA 
vdered it to be adopted ae a text-book in ail the National Schools, — Caraciia. 
Jum Uh, 1 ?62. — By the Direction^ J, Vargas, PreeitienV 

\t 



I BOOKS PUBLIBHBD BT ROB LOCKWOOD éi BON. 

Bmanael del Mar. Guia para la ConverBacion en eepafid 
é inglés, que contieoe varias listas de las Voces mas usualtis, 
debidamente classificadas ; Colecciones de Diàlogos de Etiqueta 
y Frases de Convcrsacioa sobre los asuntoe mas générales de la 
vida ; Refranes y modos de decir ; y Tablas comparativas y Mo- 
nedas, Pesos, y Medidas. 12mo. 75 ct& 

Nttwa Edicion, caidadosamente rcvisada y perfeccionada, y anmen- 
tada cou mâchas cosas utiles que^ia juzgado podrian cnsalzar la utilidad 
de la obra, y bacerla todavîa mas digua de la aceptacion pùblica. 

hoA proverbios, Bofranes, y Modos de DcciO| oomo tambien loe 
Diâlogos, han sido considerabicmeute extendidos, por razon de su 
muclia utilidad al estudiante, tanto en la conversacion como en la leo- 
tura, y se ha tenido cuidado en reunir los que fuesen de uso mas con- 
dnuo en àmbos idiomas. 

A esta edicion tambien se le ha agregado un Tbatado ds Pbonuncia- 
oioN Inqlesa, etc. 

(teanslation): Del Mar'i Guide to Spanish andEnglUh Conversation^ 
eontaining varioua lists of Words in mosf gênerai use, properly 
dasidjied; coîlectiotu of Complimentary Dialogues and Conver- 
sational Phrases on tfie most gênerai subjeets of Ufe; Proverbe 
and Idioms; also comparative l'abUs of Coins, Weights, and 
Measures. 12mo. 75 cts, 

New EDmoN, earefuUy revided^ improved, and enlarged hy marvg wefzil 
additions, tshich migkt furiher admnee the utUUy of the worh and render 
U stiU ynore worihy of public fawyr, 

Tke Provkrbs and Idioms^ as vféU as the DiALoeuES, hâve been eonsùk-f 
aMy enlarged^ on acoowsU of thrir çreat use to the student, both in oonver^Of 
Hon and in reading; and partvnUar eare has been taien in seUcUng Ut -m 
idùmuUic expressions which are most eommon to both languages, 

To tMa edUion has been appended a TreaHse on Enolish Phonukoiat^ i 

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BOOSS PUBUBHBD BT ROB LOOKWOOD et «OK. 



ENQLI8H. 

The fcllo vring Books, by Miss Eliza Bobbins, are intended not merelj^ 
to teach reading for reading^s sake, but to suggest an intelligent method 
of instruction, in préférence to one merely mechanical. 
Introduction to American Popular Lessons. 1 y. 18mo. 26 cts 
American Popular Lessons. 1 y. 18mo. 81 cta. 

Sequel to Popular Lessona 1 y. 18mo. 60 cts 

Primary Dictionary. 1 y. 18mo. 31 cta 

The following notice, voluntarily presented by the Principals of tht 
Public Sclîools in the city of New York, is but a spécimen of many 
others which bave been received : — 

**The siibscribers, boing well acquainted with the séries of Schooi 
Books prepared by Miss Bobbins, are désirons to bring their mérita 
before those iuterested in popular éducation. 

** Proceeding gradually through a complète course of school tuition, 
thèse Works are replète with useful information, and are well adapted 
lo improve the moral and mental powers of youth. They bear the 
Impiess of a mind thoroughly yersed in practical éducation, knowing 
the matter which is suitable, and the manner in which it is to be applied 
to the minds under cultivation. Thèse books hâve obtained a wide 
circulation, and the approbation with which they are regarded is oom 
mensurate to the use made of them. 

" We (the undersigned) hope that such as are interested in selecting 
books for the use of schools will examine this séries, the author of which 
nas devoted her life to this object." 



B. S. Jagobbon, Pablio School, No. 1. 

Wm- Bkldbn, do. do. 2. 

David Pattrrson, do. do. 8. 

John Patteeson, do. do. 4. 

Joseph MgKeen, do. do. 5. 

J. W. Eetohum, do. do. 7. 

0. 8. Pbll, do. do. 8. 



Natrak W. Staee, Public School, No. 10. 

Wm. h. Bbowne, do. do. 11. 

Aba SMn-H, do. do. 1% 

Akdebw Stoitt, do. do. 18^ 

Léonard Hazeltinb, da do. 14 

W. A. Walkeb, do. do. U 

N. Van Kjjcek, do. do. 16 



" Tlie Elementary Eeading Books prepared by Miss Bobbins, hâve been 
in UFfa by the Public Schools of this city for many years. I hâve thor- 
oughly examined them, and tested them in practice, and am of opinion 
iiat they are the best of their kind for the purposes of moral anà 
nental development. The sélections in them are from the best writeni 
'br juvénile readers, and judiciously adapted to American Schools, 
^eherever the subjects may hâve required altérations. Her oontinaeU 



ouarae of School Books are wortliy the highest commcndation ; and. 
from*tier matared expérience, I hâve the fullest confidence in Misa 
Bobbins a» a writer of School Books. Her Introduction and Populai 
Leaaons are lULequalled for the purpoae of analytlcai instruction. 

S. W. SiCTOM." 

" I hâve been acquainted with the Popular LeBSon Séries some time, 
and bave givon them my officiai cecommendation for une in the Schoolb 
*f this State. Iea Mayhew, 

Saperintendent of Public Instruction, Michigan." 

'* I am woll acquainted with the text-books prepared by Miss Kobbin}», 
and think hîghly of their merits. What thèse mérita are, in my opinion, 
I will briefly state. 

They are well written in point of style, showiug an acqnaintance with 
jSi best models of £uglish composition, and free from tliose inaccuracies 
jnd that carclessness which deface so many of our school books. 

Tliey are well adapted to the compréhension of the several dacises of 
ehildren for which they are designod. Nothing is oflTered to the under- 
«tanding of a child, until it is prepared for its réception. 

They convey a great amount of useful knowledgo ; and are also emi- 
ently suggestive in their character. They fill the mind of a child with 
>hejdthy love of knowlcdge, and that lively désire of progress, which it 
is a great end«of éducation to awaken and préserve. 

The moral tone of thèse books is excellent. They ineulcate generoua 
eeutimenta, and appeal to the highest motives. They direct the admi- 
ration of ehildren to those qualifies in humanity which are most admi- 
rable. They thus afford great aid to the teacher, in the moral training oj 
nis pupils. Geo. S. IIillabd." 

** I bave seen Miss Kobbîns' School Books, and some of them I hâve 
examined with care. They seem to me to hâve yery great merit. They 
are written with good taste, and évince a carcful and skilful use of <*.X' 
tensive reading. They are well adapted to excite the mind to inqnîjy 
Ctnd to fill it with useful and interesting knowledgo. 

Their moral tone is exctîllent ; on this score they are whoUy froe froio 
Objection. 

The Committee on Boiks used in our Public schools (of which î ani 
cliairman) bave just resolvcd, by unanimous vote, to reconmioud the 
Introduction of the Scquel to Popular Lessons; and othcrs of hcr 
Dooks are under favorable considération. 

Boston^ Jvly 25, 1846. Theophiluîi Pabsonb.** 



B00K8 POBLISHXD BT ROB LOCKWOOD à SOV. 



nzBt IiesBOiiB in Human Fhysiology, for the ase of ScLcx^Ia, 
to which are added brief Rules of Health : by John H. G^iscosA. 
M. D., with 50 large and distinct illustrations. 16mo. 42 cts. 

" This work is written with much care oy one fully competert, not onîj 
m respect of hîs thorough acquaintance with the subject, but of thc 
feculty or tact neoessary to secure the attention, by reaching and inter 
esting the minds of children. 

It is strictly a First booh in the stufly of Human Physiology — ^a study 
which in importance is second to none, and superior to most oTlhe sub- 
,,ects which are now taught in our schools. 

I am so well acquainted with Dr. Griscom-s writings, and with the 
very sound and practical views he always advances, that I should hâve 
no hésitation in commending almost any thing from his pen. 

HoN. HoRACB Mann." 

Eztract from the Minutée of the Executive Committee of the New 
York Public School Society, March 4, 1847. 

" BesoUed^ That Griscom's smali work on Physiology be adoptod for 
gênerai use in the Upper Schools, and that a copy be placed in the 
Prinîary Schools for each of the Teachers, Assistants, and Monitors." 

" Dt. Griscom's First Lessons in Human Physiology, 1 consider ad- 
mirably adapted to the capacity of children, combining in a very happy 
manrer, interest and instruction. 1 shall most oheerfùlly recommend 
ïts use in ail our Primary Schools. Ira Mathkw, 

Superiutendent of Publie Instruction, Michigan." 

** Griscom's Physiology, I consider a work of rare ment; one whioh 
onght to be in the possesHion of every child in the land, giving, as it 
does, in a condensed but simple form, much valuable information." 

Mills' Blair's Rhetoric. Lectures on Khetoric and Belle»- 
lettres, chiefly from the Lectures of Dr, Hugh Blair ; to which 
are added Copious Questions and an Analyeis of each Lecture 
Ey Abrabam Mills, A. M. Kew and enlarged editioa 12mo. f l. 

{Extract from thé New Préface,) 
**In presenting to the pviblio an improved édition of the following 
.jocturo«, the editor has endeavored to render tlie work as nearly «im- 
piété as the rjiture of the subject would permit. "With this view, he 
has extendcd the critical portion down to the présent period, emhracing 



MOOKS PUKLISBXD UY KUK LOCSWOOD et B017. 



bU tbose writers in English literatui'e who bave adomei tiie langnaga 
witli their productions daring the lafit half century. The criticiamB, 
though brief, are as extenaive as the nature of the work requires, and 
are writt«n with direct référence to the purposes of instruction," etc. 

Baldwin's Table Book. A Table Bock and Primary Âritbmotic, 
compiled and arranged for the Introdnctory Department of tlie 
New York Public and Ward Schools, and particularly adapte d 
to the System of Mutual Instruction. By Austin Baldwik. 
New édition, revised. 18mo. 10 cts. 

Pr^aee. — Having for a long time eustained considérable inconveni- 
ence from the want of a book of Arithmetical Tables adapted to the 
oapacities of very young pupils, and arranged in such a manner as to 
answer the purposes of a large school, I hâve been luduced. .to compile 
one, with a spécial view to the necessities of the System ^monitorial 
instruction. 

Believing it important that children should be made to understand 
the application of what they are required to commit to memory, l hâve 
placed a few simple questions at the end of each lesson, illustrating its 
use ; and as a knowledge of the rules of Arithmetic can be well under- 
Btood by children, only by performing the opérations, 1 hâve endeavored, 
m the introduction, to make the rules as concise as possible, depending 
principally on the examples for fixing them in the minds of the pupils. 
It is conôdently hoped that this little work will lighten the labor of the 
child in committing to memory that which is so important as a founda- 
tion for Arithmetic, and also that, by the division and numbering oi 
the lessons, it may relieve the teacher of much trouble in assigning the 
proper portions for each scholar or class. 

That it may, however small the otfering, aid the cause of juvénile ed 
ucation, is the earnest wish of THE COMPILEE. 

Clarke's Eléments of Astronomy ; a new system of Astronomy 
in Question and Answer, for the use of Schools. 12mo. 21 cts. 

Mrs. Tiithill's Simple Facts, which every child should know 
•'V- 12mo. 45ct& 

Science of Common Thinga. 18mo. 84cta 

Sciiool Diary, per dozen, 68 cputs 



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THE NEW YORK PUBLIC LIBR/ 
REFERENCE DEPARTMENT .' 



book is under no oiromnatan ' 
tflken from the BuildiniF 



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