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Full text of "L'Odéon: histoire administrative, anecdotique et littéraire du Second ..."

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L'ODEON 

UISTOIRE 

AOMINlSTllAriVK:, A S Er.ll O T IQ U E KT MTTtillAIII 



SECOND THEATHE FRANQAIS 



( IttiS- iB53) 



Pail POEEL H CeoifBs HOIUJL 




PARIS 

ALPHONSE LliMEBRE. fiDITIiBK 



-*-—'-' 



L'ODEON 



* * 



L'ODEON 

UlSTOIRE ('.AL\v 

ADHIMSTRATIVE, ANECDOTIQUE ET LITT^RAIR 



SECOND THfiATRE FRANgAIS 



(1818-1853) 



Panl POREL et GeorgeB KOKVAL 




J.;- - 



PARIS 



^'-^^ ,1.^ 



ALPHONSE LEMERRE, EDITEUR 

37-31, PASSAGE CHOISEDI., '27-31 



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P-Va43* 



L'ODEON ^''■.^'' 



^v^'SL 



CHAPITRE PREMIER 



i81M819. L*Od4oD k la salle Favart. — Debuts de Samson. — La Famille 
Glinet. — > Restauration da th6&tre incendi^. — Ordonnance royale 
coDstitative da second Th6&tre-Fran^i8. — La noavelle troupe de Picard, 
comddiens et trag^diens. 



L^incendie du 20 mars 1818 fut loin d'etre aussi 
grave que celui du 17 mars 1799 *, on put sauver la 
caisse% la plupart des costumes, le grand foyer, plusieurs 
appartements dans les coins de F^diGce et les boutiques 
du peristyle. L'interieur de la salle, la sc^ne, Tapparte- 
ment de Loraux ', secr^taire-conservateur du monu- 
ment, furent seuls enti^rement d^truits. 

Les Tacances de la semaine sainte ^taient cause de 
bien des negligences k FOd^on, paratt-il, puisque ce fut 
encore pendant une de ces fermetures annuelles que le 
plus beau th^&lre de Paris brula une seconde fois. Ainsi 
qu'en 1799, on attribua ce sinistre k la raalveillance, on 

4. Voir Tome P', pages 289 k 291. 

5. Moins 5,469 fr. 30 centimes. 

3. 11 regut 20,000 francs d'indemnit^. Loraux mourut en jan- 
yier 4 850, apr^s avoir 6t6 longtemps secretaire du comity au Tb^lre* 

4 



T5C915 












. \ :•: >: ji:'':: : /;. , ; L'ODfiON. 

arr^ta le chef machiniste et le coDcierge, on fit une 
enquSte severe, mais sans resultat, comme presque toutes 
les enquetes de ce genre. 

Le feu fut signal^ vers 3 heures. Perroud, qui entra 
des premiers dans la salle, afiirma devant les magistrals 
chargfe de rechercher les causes du dfeastre, avoir vu 
les flammessortir des combles d^ le debut; on remar- 
qua, du reste, que cette partie de I'edifice s'ecroula 
tout d'abord ; le bon Picard avait donn^ des chambres 
dans les combles a des gagistes, on crut que le mal vint 
de la negligence de ces pauvres diables. 

La sympathie fut gen^rale pour les malheureux soci6- 
taires de i'Od^on S presque tous les grands th^lres 
organiserent des representations k leur benefice. L'Opera 
en donna deux, dont une superbe, le 31 mars, avec 
Potier dans Les petites Danatdes, et les beneficiaires 
dans les deux Philibert. Les jardins publics, alors 
tr^s k la mode, surtout celui des Montagues russesj se 
signalerent aussi par leur empressement k venir en aide 
aux com^diens et employes du th^&tre incendie. 



4 . Les artistes de la soci^td fondle par Picard en 1 81 5, et h qui ce 
desastre allait porter un prejudice irreparable, formaient UDe sorte de 
famille. P^lissier, qui venait de donner sa demission en 4818, accourat 
des premiers a la nouvelle de Tincendie, et dit a Picard consterne : 
a Vous Stes malheureux, je reste avec vous et n'ai plus le droit de 
vous abandonner. » 

Les pertes caus^es par Tincendie furent ^valu^s, pour Tadminis- 
tration k 53,000 fr.; pour les acleurs, k 52,000 fr. : toUl 105,000 fr., 
sur lequel en deux mois on regul, par souscriptions ou dons volonlaires, 
la somme de 22,000 fr. 



GHAPITRE PREMIER. 3 

En attendaDt ce que le roi d^iderait sur ravenir du 
th^tre de TOdeon, comme il fallait vivre et tenir ses 
eDgagements, Picard et ses associ^s lou^reDt pour ud 
an (30,000 fr.) lasalledu theatre Favartets'y installerent 
de compte k demi avec les chanteurs italieDS : un jour 
^tait coQsacr^ a la commie, le lendemaiQ k Top^ra. 
Celte combinaison ne promettait guere que des inconv^- 
nients : deux genres si diiFerents ne peuvent prosp^rer 
dans la m6me maison, Tun d^vore presque toujours 
Tautre ; heureusement la belle salle dd la rive gauche 
allait renaftre pour ainsi dire de ses cendres, et un succ^ 
de Togue allait permettre k Picard et h sa troupe de 
traverser victorieusement ce temps d'<^preuves, 

L'ouverture des spectacles de TOd^on k Favart eut 
lieu le 2 avril 1818 avec le Jahux malgri lui, le 
Bal a la mode et la Joumie a Versailles ^ ( 2,656 fr. 60 
de recette) . 

4 . Voici quelle dtait la troupe a cette ^poque : 

Administration. — Picard, de rAcad^mie, chevalier de la Legion 
d'honneur; Loraux, administrateur-comptable et secretaire general; 
Bisse, caissier; ValviUe, regisseur; Lavoocourt, secretaire. 

Comit4. — Clozel, president; Ghazel, Armand, Picard, Loraux, 
Valvule, Thenard. 

Acteurs socidlaires. — Clozel, Bouchez, P^lissier, Thenard, Chazel, 
Perroud, Armand. 

Pensionnaires. » Arnaud, Leborue, Duparai, £douard, M^netrier, 
Ozanne, Adolphe, Desroches, Azema. 

Actrices soci^taires, — Delia, Adeline, Fieury, Perroud, Delisle, 
Guilbert, Millen, AdMe. 

Pensionnaire. — Regnault-Fleury. 

MM. Saint-Hilaire,biblioth6caire-souffleur; Cremont, chef d'orches- 
tre; Guillot, inspecteur g^u^ral; Hery, machiuiste ea chef. 



4 L'ODftON. 

Le 8 avrilj la premise nouveaut^ repr^sent^ et 
siffl^e fut : ks Projets d'iconomie, commie en un acte, 
en prose, de Daubigny, bluette Mtie sur deux vers de 
Voltaire : 

Le matin Je fais des projets 
Ety le loDg da jour, des sottises ! 

Pendant pres d*UD m#is on v^cut de vieilleries, pour 
avoir le temps de monter une pi^e importante. 

Le i1 mat, on donna Fiesque et Doria^ com^die 
historique en trois actes, en prose, ouvrage assez spi- 
rituel, qui fut accueilli plus que froidement (attribu^ k 
M, Saint-Marcelin). 6 representations (Clozel). 

Le i4 max. — Rentr6e de Bouchez, dans les r61es de 
Dorsan de la Femme jalouse^ et de Dorante des Jeux de 
Vamour et du hasard. 

Le 24 mat. — Succes anodin de la Jeune veuve, 
petit marivaudage en un acte, en vers, d'Andr6 Delrieu. 
20 representations. 

Le 3 juin. — Selmours de Florian^ com6die en trois 
actes, en vers, de M. Bernard (c'est-k-dire de M. Latouche 
et Em. Deschamps), tir^e d'une nouvelle du fabuliste, 
n'obtint qu'un succes peu marqu^; on diit Tappuyer, le 9, 
conlre le grand Marronnier^ com6die-vaudeville en un 
acte, d'Eug^ne Placard. Rien de plus faible que cette 
petite pik^, qui eutcependant 16 representations. 

Le 20 juin. — Les petits (h^phelins, comedie-drame 
en un acte, en vers, faillirent ^tre abandonn^s du 



GHAPITRE PREMIER. 5 

public et renoDC^ de leur pere. Ge ne fut qu'avec beau- 
coup d*adresse qu'on put Dommer Tauteur : M. Hennet- 
Duyigoeux. 

Le 27 juin. — Le Misanthrope en op^roH^omique ^ co- 
mmie CD UD acte, en vers, par Ch. Maurice, eut un 
demi-succes, gr&ce aux vers de Moli^re, intercai^s 
dans la pi^ce, et servant k Taire le denouement. — 
13 representations. 

Le 6 juillet. — La Girouette de village^ comedie en un 
acte, en prose, par.M. Poujol pere. Point d*action, point 
d'int^rdt : le vent fut contraire et la « Girouette » tomba. 

i8 juillet. — Enfin, la fouleabonde ; la caisse se rem- 
plit avec la Famille Gunet, ou les Premiers temps de la 
Ligue, comedie en cinq actes, en vers, de Camus-Mer- 
ville. Gette pi^ce politique, bas^e sur la necessity de se 
defendre de toute espece d'exag^ration k la suite des 
guerres civiles, etait vraiment gen^reuse et de circons- 
tance, apres les catastrophes de T Empire ^ 

L'auteur sul faire un tableau gai et plein d'int^r^t de 
Tesprit de parti, au lieu d'un drame effrayant ; ce n'^tait 
pas chose facile ! — Le succ^ fut tres grand : Perroud 
amena Merville en scene, et Tembrassa aux applaudis- 
sements du parterre. L'auteur re^ut une pension de 

4 . T&chons enfio d'aimer la France uq peu pour elle^; 
Et, si quelqu'un de nous se fourvoie ea son z61e, 
Get enfant ^gar^, ne Toublions jamais, 
Pour ^tre dans Terreur, n'en est pas moins Francis ! 

[Famille Glinet.) 
Voir, sur la Famille Glinet et la prelendue collaboration de 
Louis XYIII, Goizet, Uistaire de la collaboration au tMdtre^ p. 444. 



6 L'ODfiON, 

800 livres du roi, et vendit son manuscrit 1,800 francs, 
chose inusitde alors. 

24 aoHL — La double Fite, bluette de circonstance, 
par MM. Vial et Belurgey, Quelques scenes ^pisodiques ^ 
la gloire de Henri IV, . .; le moyen de ne pas r^ussir ^ 
cette ^poque, et un jour de gratis, avec un sujet pareil ? 

2 septembre. — Les Oiseaox et les Chaperons, ou 
r Enseignement mutuel^ com^die en un acte, en prose. 
Petit succes. — L'auteur, modeste, s'est caeh6 sous le 
nom de « M. Mathieu, mattre de pension ». 

i6 septembre, — LaMaison de Jeanne d'Arc^ com6die 
anecdotique en un acte, en prose, de Ren^ Perin, egay^e 
par des couplets k grand effet, fit plus d'honneur au 
patriotisme de Tauteur qu'a son talent dramatique. 

42 octobre, — Le Mart en gage ^prouve les mille tri- 
bulations qu'un pauvre homme de son espece etait en 
droit d'attendre. Cette com^die en trois actes, en prose , 
n'eut qu'une seule representation. 

2 novembre. — Reussite avec : A-t-il perdu? agreable 
com^die en un acte, de M. Ch. de Longchamps. — Un 
dialogue sera^ de traits spirituels pla^a quelque temps 
cette petite piece dans le repertoire courant. 

i2 novembre. — D^but de Samson S ^leve de TEcole 
royale de declamation etcom^diendu theatre de Rouen, 



4. Ne a Saint-Denis, le % juillet 4793, soci^taire de la Coraddie- 
Francaise; mort k Paris le 29 mare 4874. Acteur d'un talent superieur, 
professeur incomparable, auteur dramatique estimable, Isidore Samson 
fut certainement une des plus hautes personnalil^s th^trales de noire 
temps, la plus haute peut-6tre I 



GHAPITRE PREMIER. 7 

par le r61e de Dubois des Faitsses confidences. — Succes. 
— Engage pour la r^ouverture du th^dtre du faubourg 
Saint-Germain, il dut retourner achever son ann^ k 
Rouen, oil il fut acclam^ k son retour et k son depart. 

23 novembre. — Succfes complet de : Un tow^ de 
faveur, com^die en un acte, en vers, par MM. Henry 
de Latouche et 6mile Deschamps : vers bien tournfe, 
dialogue spirituel. Gasimir Delavigne s'inspira, dit-on, de 
cette piece pour sa com^die satirique : les ComHiens. 

12 decembre. — Dumersan voit siffler ses Querelks 
de village^ un acte en vers ; sujet de vaudeville, versi- 
fication diffuse. 

H. Dorvo, Tauteur limonadier, se fftche de T abandon 
dans lequel on laisse sa Cousine Albert, ou la Mattresse 
dans la maison. On monte par galanterie cette froide 
imitation du Vieux Cdibataire^ de Collin d'Harieville; le 
public la silfle par justice (19 ddcembre). Cette piece eut 
cependant huit representations. 

En octobre, Picard ayant fait jouer 43 actes de son 
propre repertoire, et en novembre 45, la reprise des 
JUarionnettes (26 decembre) fit crier contre Tauteur- 
directeur, 

3d decembre. — Le Premier janvier, ou I'Oncle sup- 
pos4j comedie en un acte, en vers, n'eut que deux repre- 
sentations. 

1819. 

L*annee commence par deux chutes : Monsieur Dai- 
grieux , ou LEnvie, comedie en trois actes, en vers, 



8 L'ODfiON. 

d*On^sime Leroy (23 Janvier), et Crispin Diogenes co- 
medie en un acte, en vers, de Ch. Maurice, reduction de 
la com^e d'Hauteroche : Crispin midecin (8 Kvrier) . 

Le 25 J M. Eugene Planard, avec sa Pagotille, ou 
r Ambition suhalteme, com^die-imbroglio en 3 actes, en 
prose, n'obtint qu*un demi-succfes (8 representations) . 

i6 mars* — La Miprise en diligence, commie en 
3 actes, en prose, de Gaigniez. — Tomb^ le premier 
soir, cette pifece se releva grftce k quelques coupures. 

27 mars. — Au benefice des nieces de Mol6 ^ — Re- 
presentation extraordinaire : le Collateral; les Reveries 
renouveUes des Grecs^ farce dans laquelle rexcellenl Potier 
jouait Pylade, et un ballet execute par les premiers dan- 
seurs de TAcademie royale de musique. 

Le 2 avril i8i9. — Concert vocal et instrumental de 
MM. Bender freres, « premieres clarinettes de S. M. Tern- 
pereur de Russie. » 

L'annee theAlrale finit le 3 avril 1819, avec la Jeune 
veuve, r Homme gris et les Oiseaux et les chaperons. 

2i avril. — Benefice de M"' Regnault-Fleury. 

On voulut donner des representations les dimanches, 
mais, devantle faible produit, on y renonca'. 

4. Mortle 41 d^mbre 1802. 

S. 1948. RBGETTBS DISPENSES 

Avril 29.648 09 49.400 64 

Mai 4 9.825 04 46.324 88 

Juin 18.724 09 46.667 48 

Juillet.: 20.374 93 45.844 50 

Ao6t 47.724 62 24.278 04 



A reporter 436.287 74 92.609 54 



GHAPITRE PREMIER. 9 

On joua une derniere fois, le 27 aodt, pour la ffite 
daroi: le Collatiral et fAuberge de Calais, devant deux 
cents personnes au plus ! Pas de spectateurs un jour de 
gratis ! Apr^s cela il Q*y avail plus qu'k plier bagage et a 
fermer boutique ; c'est ce qu'on fit. 

Pendant que Picard et ses com^iens faisaient k la 
salle Favart la campagne que nous venons d'enregistrer, 
les travaux avaient march^ sur la rive gauche. Non seu- 
lement rOd6on sortait de ses decombres, mais encore, 
grftce k la protection royale, il ^chappait eofin aux 

aEGBTTBS DEFENSES 

Report 436.287 74 9«.509 54 

Septembre 40.796 97 20,865 69 

Octobre 34.857 72 20.184 60 

Novembre 33.347 81 19.458 64 

D6cembre 27.210 44 47.343 70 

1819. 

Janvier 22.154 74 16.912 40 

F6vrier 23.939 09 16.268 24 

Mars 20.i38 43 15.474 14 

338.826 9A 247.013 65 

247.013 65 

B^neOce 421.813 29 

Les bals^ produisirent 4,407 francs. 

(Gomples rendus par M. Lorauz, agent comptable du th^&tre royal 
de rOd6on, de Janvier 4816 k mars 4849, k M. le directeur g^n^ral dQ 
la maison du roi.) 

1. Depuifl Picard Jasqu'ii Lireiuc, c*e8t-a-diro pendant yingt-cinq ana, cette 
institution des baU k l*Od6on fat ezploit^e par les directeurs. C^etait un 
assez vilain spectacle. Ceuz qui ont assist^ kces r^JoulBsances disent qu'elles 
^talent d*une inconvenance parfaite. Cette exploitation n'ayant rien de 
commun avec Tart dramatique, nous en parlons ici, une fois seulement, afin 
de ne rien omettre. 



40 L'ODfiON. 

r^glements dans lesquels les com^diens de la rue Richelieu 
I'avaient fait enfermer. On se rappelle que, pour installer 
le Th^fttre-Francais au faubourg Saint-Germain, le comte 
de Provence avait d^pens^ prfes de 2 millions. Louis XVIII 
se souvint des lib^ralitfe de sa jeunesse; quelques jours 
aprfes rincendie il donna I'ordre de r^difier iram^diale- 
mentrOdeon, et il I'assimila, par ordonnance sp6cialeS 



4. Voici le texte de Tordonnance royale rendue k cet effet, le 
2.^ mars 1818 : 

LOUIS, elc. 

a Voulant pourvoir, dans le plus court ddlai, aux moyens de repa- 
rerle dommage caus^ par Tincendie qui vient de consumer la plus 
grande parlie du the&tre de TOd^on, et remplir en m6me temps les 
vues que nous a sugg^rees T^tat de decadence dont Tart dramatique 
paratt menace; 

Sur le rapport du president de notre Conseil des ministres el de 
notre minislre de rinl^rieur ; 

Nous avons ordonne et ordonnons ce qui suit : 

Article 1*"'. — Le th^tre de TOd^on sera reconstruit dans son 
emplacement actuel, par les promptes mesures que nous nous propo- 
sons de prendre et que secondent deja les efforts de nos sujets. 

Art. %. — Le thedlre de TOd^on continuera d'Mre annexe de 
la Comedie-Frangaise; il jouera les tragedies, comedies et drames qui 
composent le repertoire du Th64tre-FranQais, et qui appartiennent 
au domaine public, et les pieces du mdme genre qui lui seront pre- 
sentees par les auteurs. 

Art. 3. — Nous determinerons ulterieurement Torganisation et 
Tadministration du theatre de FOddon. 

Art. 4. — Nos ministres, secretaires d'£tat, sont charges de 
rex^cution de la pr^sente ordonnance, chacun en ce qui le concerne. 

Donne au chateau des Tuileries, le 25 mars 1818, M. le comte 
Pradelle, direcleur general de la maison du roi, ayant le portefeuille. 

M. P. de la Ferte, intendant de Targenterie, menus-plaisirs et af- 
faires de la chambre du roi. » 



GHAPITRE PREMIER. 44 

SOUS le rapport du repertoire, h la Com^ie-Frangaise ; 
c'est-Ji-dire que, grftce k lui, le second Th^fttre-Francais 
ne fut plus limits, comme avant, au seul domaine du 
cooiique. 

Des le mois de juin les travaux s'organisent, les 
pierres se taillent, les charpentes se fagoonent, mille 
ouvriers sont a Toeuvre ; tout fait esp^rerque rOd(5on sera 
rouvert a la date fix^e, le 1" avril suivaut. 

Le 24 juillel^ nouvelle ordonnance royale instituant 
la soci^te de I'Od^n sur le modele de celle du Th^Atre- 
Francais*. 

4. Le Roi, vu Tarticle III de TordoDnaDce du 25 mars, ordonne 
ce qui suit : 



III. — Ce th6dtre est, quant k son privilege, assimil^ k la Comedie- 
Francaise, et, aussi longtemps qu'il nous plaira de lui conserverle 
litre et le regime de Th^dtre royal, ii jouira gratuitement de la salle 
de rOd^on. 

IV. — Ce privilege du theatre royal de rOd^on sera accorde k 
une socidt^ de com^diens qui Texploiteront k leurs risques et fortune, 
et aux monies conditions quo eel les impos^es aux Com^diens francais. 

Y. — Le directeur-socielaire du Ih^tre actuel de I'Od^on, au nom 
de ses co-soci^taires ou autres qui seraient choisis k d^faut des direc- 
teur et soci^taires de TOd^on actuel, soumeltront sans d^lai au mi- 
nistre de notre maison les termes de Facte par lequei ils sont dans 
Tintention de r^gler leurs inl^r^ts sociaux^ et le roinistre, apr^s avoir 
approuvd, s'il y a lieu, ces dispositions, donnera aux nouveaux soci6- 
taires un rdglement appropri^ k leur sysl^me de soci^te, et, d'ailleurs, 
aussi conforme que faire se pourra k celui qui r^git actuellement les- 
societaires du T dtre-Frangais. 

YI. — Nonobstant ce qui est dit aux articles HI et Y ci-dessus, il 
est, d^s k present et par nous status : 4<> Que le directeur et les soci6- 
taires du th^ktre annexe de la Gom^ie-Fraacaise ne pourront k I'aye- 



ilS L'0D£0N. 

Le nouveau privilege fut donn^ k Picard, bien 
entendu : oil pouvait-on trouver un plus digue? II s'ad- 
joignit imm^iatemeot comme associ^s MM. Loraux, 
Valville, Perroud, Armand, Chazel, Th^oardet M"* Fleury. 

Clozel, qui avaittous las droits possibles k sa part, fit 
des difficult^s, eut de trop graudes pretentions, bref, 
accepta une pension annuelle de 2,000 fr. pour se reli- 
rer. M'*"" Delia resta, mais comme pensionnaire, c'esl-k- 
dire appointee. On accorda aussi, apr^s des contestations 
fort l^ilimes de part et d'autre, une pension au^L socie- 
tairesde 1816, exclus de la nouvelle societe. 

Un comite d*examen a des sujets qui se presentent 
pour d^buter »), compos6 de MM. Raynouard, Roger, 
Auger, Briffault, Talma, Granger, Perroud el Chazel fut 
institu^, ainsi qu'un comiu^ sp^ial de lecture compost 
deMM. Picard, Loraux, Andrieux, Raynouard, Roger, 
Droz, hommes de lettres, et de MM. Chazel, Perroud, 
Armand et TheDard. 

Voici quels ^taient les artistes composant la nouvelle 
troupe de I'Odeon : 

Dir, sous aucun pr^tezte, admettre dans ieur society, ou au nombre de 
leurs pensionnaires, aucun acteur ayant exercd sur le theatre de la 
Com^die-Frangaise, k titre de pensionnaire ou de societaire admis, k 
mcins d'une autorisation sp^ciale; f^ Que les soci6taires de TOd^n ne 
pourront recevoir de leurs penst^naires d'engagements qui interdi- 
raient k ceux-ci la liberty de passer^u Th^4tre-Franoais, aprds toute- 
fois en avoir donn^ avis au th^ktre deVodeon six mois h Tavance et 
de telle mani6re que Texpiration de ce d^lai coincide avec celle de 
Tann^ thektrale, lors courante. 

YII. — Toules dispositions ant^rleurement faites et qui seraient 
contraires aux prdsenles, sent et demeurent abrog^. 



GHAPITRB PREMIER. 43 

a Les serviteurs de Melpomene », pour parler le style 
du temps, 6taient : MM. Joanny S « le Talma des 
dipartements 9, un trag^ien de grand talent, que des 
cr^tioDS importantes, ^ Rouen et & Bordeaux, avaientmis 
en lumi^re, et qui devait se faire rapidement k Paris un 
nom dans Temploi des grands premiers rdles ; Victor, ex- 
pensionnaire du Th^tre-Fran^ais, premier rdle aussi, 
beau, instruit, dou^ de quality admirables, semblait 
destine k un grand avenir; une susceptibility exag^r^, 
un caract^re sans souplesse T^loign^rent bientdt d*une 
carriere ou il avait superbement d^but^; David % ex-pen- 
sionnaire du Tb^tre-Frangais, venant de Lyon, jeune 
premier excellent, plein .de chaleur et de grftce; Pro- 
vost*, ex-^leve de I'^cole de declamation, professeur- 
adjoint au Conservatoire, charge des trattres a vers 
alexandrins, des grands-prdtres de trag^die, un com^ien 
utile d^jk, qui devint plus tard, apr^ avoir traverse lous 
les emplois avec des alternatives diverses, le grand artiste 
que Ton sail; Eric-Bernard, rois et grands r61es, 6\hye 
de I'ecole de declamation, venant du grand theatre de 
Bordeaux, avait debute k la Gomedie le 6 novembre 
1817; tragedien de haute taille, un peu froid peut-6tre, 
mais d'un talent estimable; Lafargue, qui venait du 
theatre de la Gatte oil il avait eu les plus grands succes 

4. Brisebarre dit J6anny, n^ k Dijon, le 8 juillet 4775, soci^taire 
de la Com^die-Francaise, mort en 4849, avait ^t^ soldat comroe son 
ancdtre La Thorillidre, et avait deux doigts mutiles k la main gauche. 

2. Soci^taire de la Com^die-Francaise, mort h Paris, en octobre 4866. 

3. (J.-B.-Francois), ne k Paris en 4798, soci^taire de la Gom6die- 
Fran^aise, mort en d6cembre 4865. 



44 L'ODfeON. 

et fait a couler tant de larmes » : cet artiste, charge de 
Temploi des peres nobles, aurait certainement acquis une 
grande renomm^e au th^&tre, si la mort ne Ten eut 
arrache pr^matur^ment; Th6nard jeuneS troisiemes r61es 
et grands confidents, com^dien us^, « dans la force de son 
talent il etait mediocre ! »; Duvernoy, ex-pensionnaire du 
th^&tre de la Gatt^, seconds rdles. 

Mesdames : Kleber, ^l^ve du Conservatoire, 4tait 
charg^e de I'emploi des reines; Laroche, ex-pension- 
naire du Th^Atre-Frangais, des grandes princesses; 
Perroud, des jeunes premieres; Dufresnoy, des grandes 
confidentes; Cazaneuve, des secondes confidentes. 

Les « desservants du temple de Thalie » ^talent : 
MM. Valmore, premier role, venant de Bruxelles, 
ci-devant pensionnaire du Th^Atre-FranQais, acteur dis- 
tingue*; David et Provost, d^jk nomm6s; Chazel, secre- 
taire du theatre, plein de rondeur et de z^le dans les 
financiers et paysans, mais malheureusement sur le retour ; 
Perroud, grime de talent; Armand Dailly, r6gisseur : 
de la na'jvete, du mordant, de la gaieie, excellent dans les 
seconds comiques; Samson^un grand artiste, un peufroid 
peut-^tre, mais si fin, si plein de naturel et de distinc- 
tion dans le comique; Th^nard, Duvernoy, d^jk nomm6s; 
Duparai, deuxi^me financier, un vieux comedien d'un 
naturel admirable, que la Gom^die-Frangaise prit trop tard 

4. Fils de Grammontr-Nourry, qui p^it sur FdchafiBiud en 4793. 
(Voir notre premier volume). 

2. Mari^, depuis 4847, avec Marceline Desbordes, qui fut le char- 
maot po^te que Toq salt (If"* Desbordes-Yalmore.} 



GHAPITRfi PREMIER. 15 

k I'Od^on, et qui laissa uae r^pulatioD dans Temploi des 
rdles k manteaux ; M^D^trier, Sabattier, Charles, utilit^s. 

M"** Delia, surnomm^e « le diamant de TOddon. » 
« II est vrai que ies chatons qui TeDtourent rendent son 
feu encore plus blatant ^ m Grande coquette, disant 
avec esprit et chaleur, excellente dans le vieux repertoire. 
M"*' Fleury, Perroud, jeunes premieres; Guilbert, amou- 
reuses; Dufresnoy, Sabattier, caracteres, actrices de 
talent; M"* Millen, une aimable et gaie comedienne, 
tres devouee, tres utile, jouant indistinctement et tou- 
jours avec succes, Ies soubrettes, Ies r61es k travestisse- 
ments et m^me Ies caracteres ; Clairet, autre soubrette, 
ancienne pensionnaire du Thdfitre-Frangais, en dernier 
lieu au Iht^fttrede Toulouse; Cazaneuve, r61es de conve- 
nance ; Falcoz, belle et intelligei\|te comedienne. 

Cette troupe recrutde avec soin, mais un pen h la 
h&te, par un homme expert et du metier, tout en pdchant 
par le cdt6 fi^minin, n'en dtait pas moins curieuse et 
remarquable '. Aussi des qu'elle fut connue, chacun 
attendit-il avec impatience Touverture du nouveau 
second Th^Atre-Frangais, qui devait, disait-on, rdveiller 
enfin la Com^ie-Frangaise, endormie dans sa quietude 
et dans sa majesty. 

4. Ricord atne, Archives de Thalie. 

%. Joanny gagnait 20.000 fr. et 40 0/0 dans Ies bdn^fices. 

Victor 9 4 2 . 000 et un douzi^me. 

Lafargue.... » 6.000 

Eric-Bernard. b 4.000 



CHAPITRE II 



i81M8^. Rdoavertare. — La noavelle salle. -> L» V4pres sieilimnes. — 
Les Com4diens. — Artaxerce. — Le Voyage d Dieppe. 



C'est toujours, a Paris, un ^v^nement considerable 
que I'ouverture d'un th^tre de I'importance du second 
Th^&tre-Frangais ; aussi la vaste place de I'Odeon fut-elle 
remplie de curieux toute la journ^e du jeudi, 30 sep- 
tembrel819. La jeunesse des ecoles, indifferente aujour- 
d'hui, trop indiffi^rente peut-dtre h ce qui se passe dans 
son quartier, vint en foule assister h la resurrection de 
<( sa galerie ». Les moindres places firent prime; a sept 
heureSy on se batlait pour obtenir seulement des billets de 
« coup d'oeil. » — Enfin les porles s'ouvrent, Tassaut 
est donne^ et les bienheureux eius peuvent admirer ou 
critiquer h leur aise la disposition et la decoration de la 
nouvelle salle. 

Ah! ceux qui aimaient Tor etaient bien servis : 
bas-reliefs, cariatides, frontons, arc d'avant-sc6ne, pla- 
fond, coupole du foyer, rampes d'escaliers, devant et 
fond des loges, tout etait dore, jusqu*aux portraits des 
poetes tragiques et comiques frangais, s^par^s les uns 
des autres par des sujets pris dans leurs chefs-d'oeuvre, 
qui ornaient le devant du premier balcon; ces petits 
II t 



48 L'ODfiON. 

tableaux, dus aux conseils de David, des oeuvres d'art 
par la finesse du dessin, disparaissaieot absolument dans 
cette tonalit6 ^clatante et ne formaient plus, k distance, 
que des groupes confus. 

On critiqua, et justement, le nombre exag6r6 des 
loges; il y en avait k tous les Stages el derriere toutes les 
galeries, si bien que Tassembl^e u avait Tair d'etre aux 
fen^tres d'une maison bfttie dans la forme du Colis^e » ^ 

Parmi les innovations les plus heureuses, on remarqua 
la loge royale, plac^e juste en face de la sc^ne, et sup- 
portee par quatre caria tides, imitation de celles de Jean 
Goujon. Le plafond, d^cor6 de peintures representant 
les divinit^s qui president aux mois de Tannde et les • 
signes du zodiaque, fut trouv6 d'un bel effet. On fit des 
eloges du rideau d'avant-scfene; cette toile, due au talent 
de Daguerre,^ reproduisait, par un ing^nieux artifice de 
perspective, I'architecture de la salle qu'elle semblait pro- 
longer en I'agrandissant. Le foyer, d^gage de la cloison 
vitreequi le fermait avantTincendie, 6tait ddcouvert dans 
toute sa longueur ; son plafond, mis k jour, et autour 
duquel passait une galerie soutenue par des cariatides, 
avait de Telegance; il dtait k peupres tel qu'aujourd'hui. 
Le lustre, tres gracieux de forme, fut trouve beaucoup 
trop petit. 

On plaga, de crainte d'accidenl, entre la sc6ne et la 
salle, un rideau det61e d'un poids« formidable, destine en 
cas d'incendie k intercepter sur-le-champ toute commu- 

4. Le Fanal, journal des th^tres. 



GHAPITRE II. 49 

nicatioQ entreles deux parties du monument; pendant 
les entr'actes, on fit baisser et lever cet afTreux rideau, 
d^lassement natf destine a rassurer ies spectateurs ^ 

Le spectacle d'ouverture ^tait compost d'un prologue 
en vers, de Venceslas et de VEcole de$ Maris. 

A sept heures, la toile se leva sur une decoration 
« d'un style gothique » destin^e k la tragedie, et Perroud, 
le doyen de TOd^on, tout de noir vStu, vinl debiter le 
prologue, compliment d'ouverture un peu long, mais 
plein d* esprit, dont la premiere partie surtout, faisant 
allusion k la creation du nouveau th^tre*, fut interrompue 
par de fr^uents applaudissements. L'auteur de cette 
po^ie etait Gasimir Delavigne qui, se r^servant pour un 
debut plus important, ne voulut pas Sire nomm^. 

M"' Gu^rin, Eric-Bernard, Victor, David et Provost 
Turentapplaudis dans la trag6die ; dans VEcole des Maris , 
qui finissait le spectacle, M"' Falcoz eut du succfes; 
Samson se fit remarquer dans le role effaced' Ergaste. 

La premiere nouveaute donnee au nouvel Oddon fut, 
le 23 octobre, les VSpres siciliennes, tragedie en cinq actes, 
en vers, de Gasimir Delavigne. 

G'(5tait un vif sujet de curiosity, qu'une oeuvre dra- 
matique du jeune auleur des Messiniennes, dont les vers 
venaient d'oblenir un si prodigieux succes. 

Un public nombreux et enthousiaste se posta k la 

4. La d^pense totale fut ^valu^e k 4,600,000 fr. Les arcbitectes 
6taient MM. Baraguey et Provost. 

2. n Partagez le champ le plus sterile; 

Ua seul le u^gligeait, deux le rendrout fertile. » 



to L'ODfiON. 

queue du th^fttre, des troisheuresetdemie, pourapplaudir 
la premiere piece de celui que tous les journaux iiberaux 
appelaient alors « le po^te national » . 

li paraissail tres difficile k ceux qui avaient r^flechi 
sur la nature du sujet choisi de Taire une trag^die qui 
put plaire a des Fran^ais avec le spectacle du massacre de 
leurs anc6tres. — Casimir Deiavigne se lira de cette diffi- 
cult6 avec adresse : il mit en scene ce principe de morale, 
que les droits de chaque peuple a la liberty et a I'indepen- 
dance sont imprescriptibles, et cela si habilement, que la 
piuparl des spectateurs ne virent plus dans Montfort et 
ses chevaliers, quoiqu'ils fussent Francais, que des Cosa- 
ques et des Prussiens, etqu'ils accueillirent avec transport 
tous les vers qui pouvaient donner mali^re a une allusion 
contre eux ! 

L'6nergie soutenue du r61e de Procida, Ires bien jou^ 
parJoanny, unquatriemeactesuperbe, une scene magni- 
fique au cinqui^me, des id^es de liberty et de patrio- 
tisme habilement exprimees, firent du succ^s des V^pres 
siciliennes un ^venement considerable, presque aussi 
politique que littdraire, et etablirent du premier coup 
la reputation dramatique de Casimir Deiavigne. Quatre 
vers, dans lesquels on vit une allusion aux empi^te- 
menfs poliliques que se permettait, dit-on, le ministre 
favori du roi, soulevferent des tonnerres d'applaudisse- 
ments : 

De quel droit un ministre avec impunit6 

OBe-t-il attenter k notre liberty? 

Se reposant sur vous des droits du diaddme, 

Le roi vons a-t-il lait plus roi qu'il n^est lui-m^me? 



GHAPITR£ II. 2t 

Apr^s le quatri^me acte, termini par les adieu x de 
LoredaD k Montrort, les bravos et les acclamations s'^le- 
verent et conlinuerent jusqu'au coiumeDcemeat du cin- 
quieme acte ; le jeune auteur dut paraitre ea so^ne k 
la fin de la piece. La passion politique s*en mSIa ; on 
fit des recettes superbes. Les douze premieres produisi- 
rent 66,825 fr. 85 c, chiffre fantastique alors. Le comity 
du Th^tre-Frangais, qui avail refuse a correction celte 
tragedie, dut regretter anierement sa decision, devant un 
tel r^sultal. (E. Bernard, Joanny, Victor, Lafargue, Th6- 
nard, Paul; M"" Guerin et Kl^bert.) * 

Le i^^ dicembre, demi-chute d'£/h Moment (Timpru^ 
dence J com6d\e en trois actes, en prose, due k la collabora- 
tion ordinairement heureuse de MM. Fulgence(de Bury) 
et Wafflard. Cette piece, qui manquait un peu d'int^rfit, 
dut son succes des jours suivants k d*habiles retouches ; 
revue et corrig^e, elle resta sur rafliche, grAce k sa 
donn^e ainoable, k son dialogue spirituel et k sa bonne 

4 . Dans une parodie joa^e un mois apr^s, jour pour jour, le 23 no- 
vembre, a la Porte-Sainl-Marlin, par Potier, sous le litre de Cadet- 
Roussel Procida ou la Cloche du Dtner^ un acte, en vers, de MM. H. 
Dupin et Carmouche, on n'6pargna point les mauvaises plaisanteries 
sur rOddon et la Com^die-Francaise. 

Void, du reste, la liste des parodies de cette pi^ce donnees alors 
avec succes : 

23 novembre, TWAlre des Vari^t^s : les V4pres odSoniennes, 
vaudeville en un acte, de Simonnin, Achille et Armand d'Artois de 
Bournonville et Chazet. — Cadet-Roussel Procida, — Une heure 
avant VSpres^ petite critique des Vepres siciliennes, un acte en 
vaudevilles, par Engival et de Fontbonne (Paris, Setier, 4849). — Et 
nous aussiy nous chantons les Vepres ou Fanfan la Queue aux 
VSpres sicilienneSy fac^tie par Gurry (Paris, 48?0, in-8*). 



« L*ODfiON. 

interpretation. Le Th^tre-FranQais ia mil plus tard dans 
son repertoire, le 17 mai i835 (MM. Valmore, David, 
Lafargue, Armand Dailly; M"" Falcoz, Delia, Millen) *. 



i820 

Seize nouveautfe l^moignent de Tactivit^ de Picard 
dans le cours de cette ann6e : 

6 janviPT. — Les Comidiens^ com^die en cinq actes, 
en vers, pr^dee d'un prologue en prose. 

Gasimir Delavigne, ainsi que nous Tavons dit plus 
haut, avait eu ses V^pres siciliennes refus^es au Tli^tre- 
Frangais. Pour railler le comity de lecture et se venger de 
ce refus, il composa en trois mois cette pitee satirique : 

Ces s^nateurs comiques 

Traitent-ils d'assez haut Tauteur qui les nourrit! 
Font-iU lang^ir assez un pauvre manuscrit! 
Quels d^dains protecteurs I quelle Strange insolence ! 
lis ont pendant six ans lass^ mai patience. 

Quoique n'int^ressant qu'un petit nombre de specla- 
teurs, cette coni^dic qui, selon Jules Janin, manque d'air, 
d'espace et de soleil, s'est maintenue longtemps au reper- 
toire de I'Odeon et mfime k celui de la Comedie-Fran- 
gaise, qui eut le bon gout de la jouer quelques ann^es 
apresS k cause de sa versificaiion brillante et spiriiuelle. 
L*interpretation en fut excellente. Samson y gagna ses 



4. La recelte de 4849 fut de 260,458 fr. 50. 
t. Le43juin4832. ■ 



CHAPITRB II. «3 

6perons. (Lafargue, Th^nard, David, Valmore, Duparai, 
Armand; M"** D61ia, Falcoz.) 

Deux demi-chutes suivirent ce succes : 

Le 28 fivrier. — La Bourgeoise ambitieme^ com6die 
en un acte, en prose, de Hennet-Duvigneux, qui n'eut 
qu'une seule representation. 

Le i*' mars. — Charles de Navarre ^ trag6die en 
cinq actes, de Briffaut. (Eric-Bernard, David.) 

Le f i mar5. — Pigault-Lebrun ^choueavec lesFausses 
apparences, com^die en un acte, en prose, silfl^e. 

heSavriL— Merville n'obtient qu'un succ^ d'estime 
avec l'Homme pou, ou la Fausse bienveillance, com^die 
en cinq actes, en vers, qui n'eut que huit representations. 
(Lafargue, David, Samson, Duparai; M"^' Delia, Fleury, 

Millen.) 

Le 22 avril. — Conradin et Fridiric, trag^die en cinq 
actes, de P. Ch. Liadiferes, capitaine du g^nie, fut ap- 
plaudie. — 16 representations. (David, Eric-Bernard.) 

Le is max. — Daubigny et Poujol ouvrent la paren- 
th^se des chutes retentissantes, avec un indechiffrable 
imbroglio : la Dame noire, ou le Minage romanesqae, 
comedie en trois actes, en prose, qui n'eut que deux re- 
presentations. « Les auteurs de l'Homme gris ont eu tort 
de changer de couleur * . )> 

Le 3 juin. — L' Artiste ambitibux, ou V Adoption^ co- 
medie en cinq actes, en vers, de Theaulon. Les quatre pre- 
miers actes, emailies de quelques traits piquants, se sont 



4. Le Fanaly journal des spectacles. 



n L'ODftON, 

assez bien soutenus ; le cinqui^me ne s'est tratn^ qu'avec 
peine jusqu'au denouement. — i7 representations. 

iOjuillet. — Une PaoHBNADE A Paris, ou De pres et 
de loirif com^die en cinq actes, en prose, de MaImont6, 
attribute k de Rougemont, souieve pendant les trois pre- 
miers actes un orage continuel de sifflets. — Aux cris 
redoubles du parterre, la toile tombe avant que le qua- 
tri^me acte soit commence. 

25 juillet. — Artaxerce^, tragedie en cinq actes, 
d*AIex. de la Ville de Mirmont, qui avail ete representee 
a Bordeaux en juillet 1810, et dans les grandes villes, 
avec le plus grand succes, fut moins heureuse k I'Odeon. 
— 12 representations. 

5 septembre. — L'aimable Desaugiers vient clore 
par un insucces la serie malheureuse, avec son Homme 
aux PrdcautionSy comedie en cinq actes, en vers : mau- 
vaise piece, indigne d*une plume aussi alerle et aussi 
spirituelle. — 10 representations. 

Le 25 septembre. — On devait jouer la Dimence de 
Charles V/, tragedie en cinq actes de Nepomuc^ne Lemer- 
cier. La censure craignant des allusions, un arrSt du 
Conseil des ministres en interdit la representation. 

4 novembre. — Plwcion^ tragedie en cinq actes, de 
Corentin Royou, le censeur. Deja representee au The^tre- 
Francais, en 1817, cette piece fut accueillie avec estime 
et representee cinq fois. 

14 novembre. — L' Accident en Voyage, ou les Ren-- 

4 . Imitation de Melaslasio, sujet traitd en 4808 par Delrieu. 



GHAPITRE II. to 

contres a Valogne^ com^die ea Irois actes, en prose^ de 
Georges Duval, fut siiH^e h outrance. — 2 representa- 
tions. 

9 dicembre. — EuGikNE et Guillaumb, ou ks Amis 
d'enfancBj com6die en quatre actes, en prose, de Rouge- 
mont^ tir^ d'un roman de Picard alors en vogue, ne put 
aller jusqu'au bout. 

20 decembre. — Demi-succes avec Don Carlos *, 
trag^e posthume, en cinq actes, en vers, de Lef^vre. Du 
style, mais une marche lente et souvent obscure. 

(Joanny, Eric-Bernard.) 

27 decembre. — L' Intrigant maladroit^ comedie en 
trois actes, en prose, de Picard, 6choua le premier soir. 
Debarrass^ de quelques longueurs, Touvrage marcha le 
lendemain sans encombre, mais aussi sans succ^s. — On 
fit 550 francs de recette a la troisieme, et cependant la 
piece eut H representations. 

Deux incidents dramatiques firent quelque bruit pen- 
dant cette ann^e th^dlrale : 

Le refus de Victor de jouer dans Coriolan^ tragedie 
« pas assez r^p^t^e » , dit-il, ce qui avait caus6 un scan- 
dale.. (D'H^ricourt, qui Tavait remplace au pied lev6, 
avait 616 siiQ6 el avail eu loutes les peines du monde a 
se faire accepter.) — Et Tengagement mooientand de 
Joanny h la Comedie- Francaise. 

Depuis la r^ouverture brillante de TOdeon, le th^Lre 



4. a On trouve un homme gel^ dans le parterre, froid et ennui 
combines 9, ^ {Le Miroir.) 



«6 L'ODfiON. 

de la rue de Richelieu ne faisait plus que des recettes 

m^diocres. Les soci^laires, pour d^truire la concurrence 

qui leur 6tait faite, resolurent de s'attacher Joauny comme 

soci^taire. Dans une soiree k laquelle assistait M"° Mars, 

SOD engagement fut conclu et m^me sign6, paratt-ii. 

Louis XVIII, qui voulait la prosper! t6 du second Th(5fttre- 

Frangais, fit dire au trag^dien qu'il d&irait que la chose 

n'eiit pas de suites. Joanny dut s'incliner et resler h 

rOd^on. Disons que, pour dMommager son pensionnaire, 

Picard lui proposa un nouvel engagement plus avanta- 

geux, et que celui-ci refusa de rien changer aux termes du 

premier contrat. 

Reprises : Le Mariage de Figaro. — La Famille Gli- 

net. — Le Tour de Faveur. — V^preuve. — Les Petits 

Protecteurs. — VAuherge de Calais. — Mirope. — 

M. de CraCy r^duit en un acte. — Marlon et Frontin. — 

VOncle rival. — U Homme gris. — Nicomede. — Tan-- 

crede. — Les Deux Anglais. — QEdipe. — Miihridate. 

— Les Minechmes. — Les Horaces. — Le Menuisier de 

Livonie. — Iphiginie en Tauride. — Les Plaideurs. — 

Le Ligataire. — Les Ricochets. — Le Mercure galant. — 

Crispin m4decin. — Les deux Philibert. — UAvocat 

Pathelin. — Spartacus. — Euginie. — Le Muet. — Le 

Collateral. — UActe de Naissance. — S4miramis. — Le 

Valet de son Rival. — Guerre ouverte. — Les Jeux 

de V Amour et du Hasard. — Manlius. — La Femme 

jalou^e. — Zaire. — La petite Ville. — Le Jaloux malgri 
lui. 

36 dibuts^ dont les plus importants furent : 



CHAPITRE 11. 27 

9 novembre i8i9. — M"* Gersay, dans V^turie de 
Cor to Ian. 

Si Janvier i820. — Mme Samson, dans Agnes de 
rEcole des Femmes, et Ang^lique de I'Epreuve. Elle 
quitta peu de temps apres le th^tre. Aujourd'hui 
I'excellente et digne femme vit retiree k Auteuil. Elle a 
joue dernigrement, en 1879, k Toccasion de sa fdte, une 
piece de circonstance avec ses |6I^ves et ses petits- 
enfants. 

i^fivrier 4820. — Auguste, dans Achille d'Iphig4nie 
en Aulide ; il avail ddjk d^but^ a la Com^die-Frangaise, 
le 12 octobre 1816, dans Polyeucte. 

i6 mars i820. — M"' Eric-Bernard, dans Monime 
de Mithridate. 

6 avril 1820. — M""* Brocard, venant de Rouen, 
dans Rosine du Barbier. On se souvient qu'elle avail 
dejk d^but^ k TOd^on, le 20 octobre 1812, par Ang^li- 
que de I'Epreuve et Rosine de la Tapisserie^ et au 
Th^tre-Frangais, le 15 juillet 1817, par Henriette des 
Femmes savantes^ et Isabelle de VEcole des Maris. 

H avril 1820. — Alphonse Genies, par 6giste de 
Mirope. 

20 mai 1820. — M"® Derudder, dans Agrippine de 
Brilannicus. 

5 octobre 1820. — W Dutertre, du the&tre de 
Rouen, dans Elmire du Tariufe^ et Ang^lique de la 
Fausse Agnis. 

9 octobre 1820. — D6ricourt, Hippolyte de Phedre. 

10 octobre 1820. — M"* Fizelier, Finetle du Dissi- 



28 L'ODfiON. 

pateur. EUe avait debute a la Com^die-Francaise le 
27 juin precedent ^ 

REPRESENTATIONS EXTRAORDINAIRES. 

2d Janvier i820. — Au b^n^fice de M. Saint-Gerand, 
le plus ancien directeur des th^Atres de la Bourgogne, 
directeur aussi pendant quelque temps du theatre Vol- 
taire, a Ferney, et basse-taille estim^e : les VSpres sici- 
liennesy le Devin du Village^ par les chanteurs de I'Op^ra 
(Prevost, Alexis Dupont et M"* Caroline L.) . Un divertis- 
sement par Paul, M^rante, M"**' Bias et Marinette. 

1821* 

L'ann^e commence mal. — Le 28 Janvier , Baudouin, 
comte de Provence ^ trag6die de M. de Montbrison', cinq 
actes, n'eut qu'une seule representation. — L'orage n'a 
commence h poindrequ*au deuxieme acte; il s*est accru au 



4.40 novemhre 4 8<9, M. Duvemois el M"® Gabrielle; 4 4 novem- 
bre 4849, M. Charles; 2 d^cembre 4819, M"« Treille; 20 Janvier 4820, 
M^^ HeDri ; 44 mars, M. Humbert; 45 mars, Theodore; 24 avril, Ma- 
this; 49 mai, Henri Varnel; 23 mai, M"® Yauchez; 44 juin, M. Yau- 
irin ; 22 juin, M. Massin (il avait dejk fait pariie de TOd^n en 
4808); 27 juin, W^^ Percillie; 43 juillet, Constant; 40 aodt, M"® Jonas; 
4 septembre. Prosper ; 22 septembre, M"« Roy (avait quitte le th6dtre 
depuis 4818) ; 3 octobre, M. Ernest; 4 octobre, M. Castro; 47 octo- 
bre, Dufour; 24 octobre, Am^dee; 3 novembre, M"« Baudin; 40 no- 
vemhre, Emile; 25 novembre, L^on; 7 decembre, M. Amdd^e. 

2. La recette de 4820 fut de 337,567 fr. 20. 

3. Officier du g^nie, comme M. Liadieres. 



CHAPITREII. 29 

troisifeme, a redouble au quatri^me, grond^ k la peripetie, 
que Tauteur a dA trouver terrible, 6clat6 au denouement, 
par dela lequel il s'est prolong^. Joanny vint annoncer 
que Tauteur d^sirait garder ranonyme. 

Le f*' mars. — Le Voyage a Dieppe^ com^die en 
trois actes, en prose, due k I'heureuse collaboration de 
Fulgence et Wafflard, obtint le plus 6clatant succes. — 
Tout le monde connait aujourd*hui la mystification de 
M. d'Herbelin, les incidents et les quiproquos de cette 
piece. Elle fut tres bien jou6e et fit fortune au second 
Th^Atre-Francais. La Com^die-Frangaise, usant de son 
droit I^onin, ne tarda pas k s*en emparer et la fixa dans 
son repertoire, le 9 avril 1835. (MM. Armand Dailly, 
Duparai, David, Samson; M""Brocard, M"''Dutertre). 

Le 27. — N^pomuc^ne Lemercier obtient ce qu'on 
appelle au th^Stre un succes litt^raire, avec FHdigonde 
et Brunehaut ^^ trag^die tr^s ennuyeuse, en cinq actes, en 
vers. (Joanny, Victor; M"®" Humbert et Gu^rin.) 

Nous voici arrives k la fin de la direction de Picard. 
L'activit6 qu'il avait deploy^e depuis la r^ouverture de 
rOd^on s'etait peu k peu ralentie. Tour k tour comedien, 
auteur dramatique fecoad, administrateur habile et infa- 
tigable, il avait men^ pendant plus de vingt ans ce triple 
labeur sans faiblir; mais le moment de la retraite appro- 
chait, il vieillissait, faisait jouer ind^finiment les pieces 
de ses amis et les siennes, mSme quand elles n'attiraient 



4. Cette pi^ce fut reprise par Rachel k la Com^die-Fraocaise, en 
4842, sans raison comme sans succes. 



30 L*0D£0N. 

persoDne; sa bont^ ^tait devenue faiblesse, iad^cision. II 
le comprit et, profitant du succ^s du Voyage a Dieppe 
pour pardr comme il le devait, il donna sa demission 
apr^s la premiere. Une sorte de gouvernement provi- 
soire, compost de Lafargue, Annand et Samson, dirige 
alors rOdton sous sa surveillance, jusqu'k Tinstallation 
du nouveau directeur. Une petition sign^e par D^augiers 
et un grand nombre de litterateurs demanda h Picard de 
retirersa demission. Malgr^ les prieres detous, il persista 
dans sa resolution et se contenta du litre peu dangereuK 
de « Directeur honoraire » . 

Reprises : 8 Janvier, Rhadamiste. — i4 janvier, Ga- 
brielle de Vergy. — 9 fivrier^ Democrite amoureux. — 
4 mars, Le Cid. 

Debuts: M"' Granville, dans M'"* Pernelle du Tartu fe. 
{i7 Janvier). — i5 mars : M"*" Gros, 61^ve de Dugazon, 
par Hermione d'Andromaque. Elle avait d^but^ le 
30 juillet 1801 au Th^tre-Fran^ais, oil elle 6tait rest^e 
jusqu'en 1813. 



CHAPITRE III 



1821-1822. 1823-1824. Direction Gentil. — Le Paria. — Premiere calibra- 
tion de Tanniversaire de Moli6re. — Les deux Minages. — Attila, — Les 
Machabees. — Debuts d'Anais Aubert et de Perrier. — Rentr^e de 
M"* Georges. — Fr6d6rick Lemaltre, confident. — Socage. — Direction 
de Gimel. — Saiil, — Le Celibataire et V Homme martV. — Le trag^dien 
Victor et ses Scandinaves, — Suzanne Brohan. — Plaisanteries sur le 
th^&tre miiitaire. 



M. Gentil *, collaborateur de D&augiers, auteur d'une 
moiti^ de vaudeville et de plusieurs jolles chansons, 
succede a Picard, le l**" avril 1821*. « On ne se plaindra 
plus, dit te Miroir avec malice, que les r^nes de TOdeon 

4. Gentil (Adolphe-MicbeUJoseph Gentil deChavagnac), n^ a Paris 
en 4769, chevalier de la Legion d'honne^r, lecteur de Charles X, mort 
le 28 mai 4846, k Passy. 

2. Voici le tableau de la troupe de rOd6on, pendant les neuf mois 
de cette nouvelle gestion : 

Administration, — Bisse, caissier; Valville, r^gisseur g6ndral; 
Langle, second r^gisseur; Ozanne, r^gisseur adjoint; Lagnon, secr^- 
taire-sonffleur ; Theodore Nezel, secretaire de M. Gentil; DouesDel 
atne, secretaire adjoint ; Douesnel jeune, secretaire adjoint. 

Comite de lecture. — MM. Andrieux, Baynouard, Auger, Roger, 
Picard, Briflfaut, Droz, Chazel, Denugens, Eric-Bernard, Joanny, Sam- 
son^ Perroud. 

Comity daudition. — MM. Gentil, Raynouard, Roger, Briffaut, 
Denugens, Talma, Granger, professeur au Conservatoire. 

Acteurs et Actrices (par rang d'anciennete) . — MM. Valville, Ar- 
mand, Th^nard, Perroud, Chazel, Eric-Bernard, Samson, Joanny, 
Lafargue, Duparai, Provost, David, Perrier, Edouard, Men^trier. 



23 L'ODfeON. 

soient confiees a un homme de letlres. » — H^Ias! il 
fallait un calculateur... (le mot de Figaro). .. et le nouveau 
directeur n'en etait pas un. Trop faible pour imposer k 
sa direction une marche uniforme, trop peu au courant 
du repertoire, il ne put ni composer des spectacles capa- 
bles de piquer la curiosity ni aider les auteurs dans le 
travail important des changements, des corrections et 
de la mise en scene, ainsi que le faisait si habilement son 
pr^decesseur, ni par consequent rendrek Tartdramatique 
les services qu'on Tavait appeie k rendre. 

Le 30 avril. — L'k-propos du spectacle gratis donn^ 
dans tous les theatres : L'HdTELDES Invalides, ou la Dipu- 
talion, com^die en un acte, de M. Dubois, reussit natu- 
rellement, comme r^ussissent toujours ces sorles d'ou- 
vrages. 

Le 15 mat. — Le Present du Prince, ou rAuti^e Fille 
d'honneury comedieen Irois actes, en prose, de Combe- 
rousse et d'Aubigny, compos^e sur la donn^e d*une vieille 
piece de Fabre d'Eglantine, intitul^e : VOrange de 
Make, eutquelque succes (M""Brocard et Lafargue). Le 
public avait cependant 616 mal dispose par la trag^die 
qui commengait le spectacle. Le commissaire de police dut 
venir haranguer les spectateurs, pour les engager k 
ecouter paisiblement M"* Humbert. 



Paul, Theodore, Frederick, Augusle, Dhericourt, Ernest, Fum6, chef 
des comparses. 

M«»~ Fleury, Wlia, Gu6rin, Millen, Humbert, Clairet, Falcoz, Bro- 
card, Sabathier, Gersay, RIebcr, Gorenflot, Percilli^, Derudder, 
Dulertre, Filzelier, AnaYs, Delattre, Georges aln^e, Georges cadelte. 



CHAPITRE III. 33 

Le 16 juin. — Oreste, Irag^die en cinq actes, en 
vers, de M. Mely-Jeannin. — Chute, — Un orage de sifflets 
r^pondit k des applaudissements bruyanls et imm^ritds ; 
les dissidents en vinrent aux mains, line portion du par- 
terre se rua sur Torchestre et escalada le theatre, malgr6 
les efTorts de quelques soldats. Le calmese r^tablit enfin^ 
mais la piece ne se releva pas ; I'auleur ne fut m^me pas 
nomm^. (Eric-Bernard, Joanny, David; M"^Gu6rin.) 

Le 4 aoHt. — Louis IX en Egypte *, trag^die en 
cinq actes de N^pomucene Lemercier. De beaux vers, 
des scenes bien conslruites. Succes d'estime. (Victor.) 

Le 24 aoHt. — La F4te de Henri /K, com^die en un 
acte, en vers libres,de Rougemont. Transports du premier 
TheAtre-Frangais au second, k Toccasion de la fiftte du roi, 
cet ouvrage insignifiant fut tres applaudi. 

Le i5 septembre. — Jean sans Peur, tragSdie en 
cinq actes de M. Liadieres, eut un succes d*estime. 

Le i5 octobre. — La Faosse Modestjb , comSdie en 
trois actes, en prose, de M, 0. Leroy, fut regue froidement 
le premier soir; I'auteur cnit, en Tappelant : les Deux 
Candidals, intSresser davantage a la seconde et exciter 
quelque curiosity, sa piece Stant une sorte de petite satire 
politique sur les Elections d'alors : le public n'y prit point 
garde et brilla par son absence. 

Le i^ d6cembre. — Le Paria % trag6die en cinq 

4 . La police d^fendit le litre de Saint Louis. 

2. Oq fit des parodies de cetle pidce, une au Vaudeville : le 
Gueux; une autre k la Porte-Saint-MarliD, jou6e par Potior : Jocrisse 
Porta... Yoiranssi le Paria travesti, ou la Pagode faubourienne, etc. 

3 



34 L'ODfiON. 

actes, en vers, de Casimir Delavigne^ pi^ philosophique 
h la faQon de VAlzire de Voltaire, obtinl un succes 
d'eDthousiasine. Les choeurs, ThymDe des brahmes au 
soleil, leur cantique du jugement dernier, fiirent procla- 
m^s par toute la presse comme des morceaux lyriques du 
premier ordre. (Eric-Bernard, Joanny, Lafargue, Pro- 
vost; M"** Falcoz et Dutertre.) 

1822 

Une ann^e a suffi entre les noains inexp^riment^es de 
Gentil pour mettre l^Od^on au plus has, et pour decider 
les comediens k renoncer k Tassociation fondee sur le 
modele dela Gomedie-Frangaise. Incertains de leur sort, 
forces de Taire rei&che souvent a cause de la rigueur de 
rbiver, plus souvent encore par le manque de spectateurs, 
lis adressent au ministre une requite pour demander 
que TEtat prenne en main leurs inlerdts sous la forme 
d'une r^gie interessde. Cette combinaison, disent-ils, pent 
seule sauver notre ^tablissement d*une mine certaine. En 
attendant la r^ponse du minislre, Gentil donne^ le iSjan- 
vieVf entre te Paria et les Fourberies de Scapin^ un 
intermede en six couplets, composes par lui et D^au- 
giers, en I'honneur de Moliere. Toute la troupe vint 
chanter, devant le buste de Houdon et sur I'air du vaude- 
ville de M'"* Scarron, ce singulier a-propos. 

Le d6 Janvier^ on joue pour la premiere fois le 
Roman d^une heure^ charmante petite com^die en un acte, 
en prose, d'Hoffmann, sifHee en 1803 au Th^&tre-Fran- 



CHAPITRE III. 35 

(ais, mais repr^nt^e un nombre incalculable de fois ea 
province. Succes. (Perrier, M"^ Georges cadelte et De- 
la ttre.) 

Le 28 Janvier. — Lb P^rb et lb tuteor, ou rEcole 
de la JeunessCy com^die en cinq actes, en vers, de MM. Ar- 
mand et Acbille Dartois de Bournonviile. Demi-chute, 
style faible : six representations. (Lafargue, Samson, 
David, Provost; M'"** Dulertre, Anais, Brocard et Fitze- 
lier.) 

Le ministre ayant r^pondu d*abord h la demande des 
com^dienspar un refus, ilsarr^tentenassembleeg^ndrale 
— la seconde de la piece nouvelle ayant fait 150 francs — 
qu'il leur est impossible de continuer dans ces conditions, 
et qu'en consequence ils fermeront TOd^on le 31 Janvier ^ 

Le 2 fSvrier, le minislre revient sur son refus et 
demande qu'on lui soumette un projet de rdgie detains 
pour lui donner le temps d*etudier la question. Afin de 
sauvegarder aulant que possible leurs int^r^ts, les socie- 
taires de rOd^on, r^unis k nouveau, d^cident qu'ils vont 
faire un dernier effort pour tenir jusqu'au 1" avril. 
Le Paria, les representations de Perrier et de M"" Georges 
faisant de Targent, ils croient possible de reprendre avec 
courage les travaux interrompus. 



4. M. Pouraier-VerDeuil, proprietaire eligible, SO, rue Saint^Au- 

gustio, propose k cette ^poque au Ministre de prendre et g^rer k ses 

risques et perils le deuxi^me Thedtre-Francais. II offre un cautionne- 

ment et demande la continuation de la subvention avec un commis- 

saire investi des mdmes attributions que le commissaire etabli pr^ le 

TheAtre-Frangais. 

(Dossier de la collection A. Yoisin.) ! 



36 L'ODfiON. 

Le i2 mars, petit succes de l'Ami du mart, ou la 
Bague, com^die en ud acte, en vers, de M. Alphonse 
Denis. De la gr&ce, une situation amusante, souvenir 
d'une des plus jolies scenes de la Gageure impr6vue. 
(Provost, David; M"'" Delattre et Dutertre.) 

Le 21 mars, la fortune semble enGn sourire aux 
soci6taires ; ils trouvent ce que les joueurs appelient « la 
veiye de la dernifere heure » avec le grand succes des Deux 
menages, gaie et spirituelle com^die en trois actes, en 
prose, due k I'heureuse collaboration de Picard, Fulgence 
etWafflard^ (David, Samson; M"«* Dutertre, Falcoz, 
Delattre et Glairet.) 

La reponse minist^rielle arrive enfin ; on accorde aux 
soci^taires la regie interess^. Genlil, qui nedoute de rien 
et que le succes des Deux manages rend trop confianl, 
prcnd TafTaire a son compte, revise 1 administration, con- 
tracte des engagements. 

le 26 avril, M"' Georges fait obtenir k M. Hippolyte 
Bis un succes honorable avec son AUila, trag^ie en 
cinq acles, en vers, par la fa^on sup^rieure dont elle 
interpr^te le r61e de Genevieve. (Joanny, David, E. Ber- 
nard, Alphonse, Provost; M*'* Gu^rin.) 

Le i4juin. — Les Magb abides, ou le Mar tyre, trag^ie 
en cinq actes, en vers, d* Alexandre Guiraud ; succes un 
peu contest^ au commencement de la soir^, tr^s gisand 
aux derniers actes ; M"«" Georges et Anai's furent ap- 



4. Aujourd*hui dans le repertoire courant de la Com^die^Fran* 
Caise. 



CUAPITRE III. 37 

plaudies avec transport. (E. Bernard, Joanny, Provost.) 

La nouvelle trag^die s'annonce comme un succes 
d'argent. On fait 3,600 fr. et 4,000 fr. L'espoir renaft; 
h61as ! 

Le 8 juillet. — M. Tourniquet, ou laSosur retrouvie^ 
comedie en trois actes, en prose, tombe k plat. « Tableau 
« de moBurs peu honn^le, trac6 par un auteur qui, d.t-on, 
« n*est pas homme de lettres et qui, devant la chute, 
€ s'est d^rob^. » (Provost, David, Duparai, Samson, 
Frederick ; M"* Anais.) 

Le i7 aoUt, le Pour et le Gontre, ou le Proces du 
manage, comddie en cinq actes, en vers, par. M. Sewrin, 
oblint un certain succes, grfice aux interpretes. (Perrier, 
Samson, Bocage.) 

La nouvelle situation de M. Gentil ne lui donne pas 
plus de d&ision ni d'energie. Les ouvrages nouveaux et 
les reprises se succ^dent avec une lenteur desesp^rante ; 
le repertoire n'est vari6 que par les debuts ; le manque 
d'autorite est tel, qu'on reste huit mois pour reapprendre 
et pour remettre a la scene une piece sue par tons ceux 
qui sortent du Conservatoire et des theAires de province. 

Le 24 aoUt, on donne un k-propos en un acte mele 
de couplets : Une Visile aux Invalides, de Gentil, Ful- 
gence, P. Ledoux et Ramond de la Croisette. 

Le ddsordre est bientdt k son comble; Tadminis- 
tration supdrieure s'en mele, donne des congas, regoit 
des pieces, tout le monde commande, rien ne se fait 
plus ; c'est la fin. Gentil s'avoue vaincu et donne sa 
demission. 



38 L'ODfiON. 

Si les pieces nouvelles furent peu nombreuses, il n'en 
fut pas de m^me des reprises *. 

Trente-deux debuts * dont les principaux furent : 

M. Perrier% dans Alceste du Misanthrope de Moliere. 

M"' Ana'fs Aubert, par Eugenie de la Femme jalouse 
(17 mai). Celte cbarmante comMienne avait d^ja d^but^ 
k la Gom^die dans le mSme rdle et dans Ang^lique de 
VEpreuve^ le 10 juin 1816 ; admise a Tessai le 1'' avril 

1817, elle fut repouss^ a cause de sa petite taille. En 

1818, elle alia k Londres avec Periet ; en 1819, elle resta 
un an au Gymnase. Elle fonda rapidement sa reputation 
k rOd^on par d'^latants succ^s dans tons les genres. 



< . VHdtel garni. — La fausse AgrUs. — Nanine. — Guerre 
ouverle. — Le Philinte de Moliire. — Alhalie. — Le L^gataire. — 
Le Present du Prince. — Les Chateaux en Espagne. — Manlius. — 
L'Hdbiiant de la Guadeloupe, — L'Homme a bonnes fortunes. — 
La Metromanie. — M4d4e. — Le Muet. — Le Philosophe marie, 

— Les M4nechmes. — La Coquette corrigie, — Le Dissipaleur. 

— TancrSde. — L'Jntrigue 4pistolaire. — Le Pire de Famille, — 
V Enfant prodigue, — Eugenie, etc. 

S. Debuts: M. Jourdain ('!«>' avril) ; M. Pastelot (83 mai); M^i^Roux 
(85 mai); M. Delhomme (43 juin); M^^Lebel (44 juillet); Mn«Corn^lie 
Beaumont (8 septembre); M. Hippolyte Doligny (24 octobre); M. Des- 
bordes (42 avril 4822); M. Araaud (4 6 avril); W^ Eugenie Rolland 
(30 avril); M. Thomas Grimaldi (49 maij; M. Charles (23 mai); M. Chat- 
tel (26 juin); M. Isidore Flammarion (40 juillet); M"*^ Simonnet(l4 
juillet); M. Gamille (23 juillet); H^^ Helotse (24 juillet); M. Lazouwki 
(4" aoiHt); M"^*' Gabrielle Deharmes (4 seplembre); M.Vanhove (44 sep- 
tembre); M^i« Ozouf (26 septembre). 

3. Excellent com^dien, n^ k Lyon, militaire en 4808, bless^ k cette 
^poque, avait debute le 47 ao6t prte^dent au Th^dtre-Francais, etan- 
t^rieurement, le 46 septembre 4844, par Rodrigue du Cid et Blinval de 
Defiance et Malice. 



CHAPITRE III. 39 

M"' Delaltre S qui avait debute h TOdeon le 6 aoAt 1812 
et y dtait rest^ jusqu'ea ISIS, debute de nouveau dans 
Tartuffe et les Jeux de l' Amour {!•' aout)» M. Georges 
Raspal, dans Tartuffe \ 

M"* Georges Weymer dans Mirope [i^ oclobre). — 
La Com^die-Frangaise, se basant sur Tordonnance de 
1818, laquelle ddfendaic de passer du premier the&tre 
dans le second, avait voulu emp^cher cette cdebre trage- 
dienne d'entrer a TOd^on. Aprfes quelque tapage dans les 
joumaux, les choses s'arrangerent. La rentr^ k Paris 
de M"® Georges fut un triomphe. On Taccueillit a son 
entree par quatre salves d*applaudissements; chacune des 
scenes de son rdle fut acclam^ ; on jeta k ses pieds des 
fleurs, des couronnes et mSme des vers finissant ainsi : 

Vicoz temple o^ Ton reponsse an m^rite naisaant (Anals), 
Ce rival ne craiDt pas ton foudre mena^nt. 
II poss&de sa reine, il ne yeut pas la rendre, 
Et comme le Ph^nix, il renalt de sa cendre. 

M"' Georges cadette, dans Iphiginie en Aulide et An- 
g^lique de VEpreuve^. M"' Wenzel, dans Iphiginie en 
Aulide et la Femmejuge etpartiey grand succes (16 avril). 

K . M^ Delaltre avait d^butd a la Comedie-Francaise en octobre 
4845; admise k Pessai le 4" avril 4847. 

2. Le public eut la cruaut^ de faire au debutant Tapplication de 
ce vers du r6Ie : 

Mais la ydrit^pnre est que Je ne yaux rien. 

3. AccueilUe froidement dans la Irag^die, oil le voisinage de sa 
SQBur lui portait prejudice, elle fut tr^s goOtee dans la cotnedie (\9 oc- 
tobre). 



,^ 



40 L'ODfiON. 

M"* Halignier-Boulanger * dans Iphiginie en Aulide; 
M. Dellemence dans le Glorieux; grandes qualit^s drama- 
tiques, debul qui promel beaucoup (20 juin). 

Parmi les petits emplois tragiques, on remarqua toute 
l*ann^e un jeune acteur qui avait commence sans mdme 
avoir de debuts annonc^s. « Ge confident a la suite », 
dit un petit journal du temps, « ne manque ni de qua- 
lit^s, ni d'intelligence ; il pourrait, au besoin, servir de 
capitaine des gardes. » Ge jeune comparse qui allait 
devenir rapidement non seiilement capitaine des gardes 
dans Temploi tragique, niais encore le premier acteur de 
son temps, ^lait : 

Antoine-Louis-Prosper LEUAfTRE (dit FR]fiDi5RiCK),n6 
au Havre le 2h juillet 1800. Entre en 1818 au Gonser- 
valoire, dans la classe de Lafond, il s'6tait d^jk presents 
en 1819 au comit6 de TOdeon oil, malgre la voix de 
Talma, il avait 6te refus6. Apres avoir erre des Vari^t^s 
amusantes aux Funambules et de Franconi au Cirque- 
Olympique, il revint frapper a la porte du second Th^tre- 
frangais oil, grAce k Joanny, il fut engage aux appointe- 
ments de 110 francs par mois. 

11 joua successivement Gorasmin dans Zaire, Evandre 
dans Cinna, Procule dans Coriolan^ Araspe dans OEdipe, 
Alberic dans Gabrielle de Vergy, Pylade dans Andromaque^ 
Salemberg dans V Homme gris, Gedar dans Simiramis, 
Gailene dans Fridigonde et Brunehaut, un Prisonnier dans 
Conradin et Frederic, Ganimede dans Oreste, Dangeste 

4 . Plus tard femme de Frederick Lematlre. 



CHAPITRE III. 41 

dans Adelaide Duguesclin, Milrane dans Rhadamiste et 
Zinohie^ un Biicberon dans la Partie de chasse^ Valfere 
dans rAvocal Paihelin^ etc., etc., en un mot, les accessoires 
de deuxieme ordre. Les premiers rdles importants qui lui 
furent confies sont Narcisse dans Britannicusj Salviati 
dans les V4pres sicilienneSy et la Jeunesse dans le Barbier 
de Sioille. 

Nous lisons dans le Journal des thddlres du 28 d6- 
cembre 1821 : « Fr^^rick, deuxieme confident tragique, 
« a triomph^ heureusement d'un grasseyement p^nible. 
<( A pr&ent sa prononcialion est nette, sa diction pleine 
<« d'intelligence. Mais il comple un peu trop sur lui- 
« mSme et on le voit souvent, pour s'^outer, appuyer 
« longuement sur les vers et pour ainsi dire savourer son 
(( rdle. » Savourer Neptali, r61e de cinq vers, dans les 
ilachabees et Gabriel le Jockey, rdle de dix lignes, dans le 
Celibalaire et Vhomme warii. Quel regal ! * 

Pendant que celui qui fut le roi des theatres de drame 
commengait obscurement et modestement sa glorieuse 
carriere, un autre com^dien qui a laiss6 aussi plus tard 
un nom illustre et qui fut une des personnaliies de notre 
Odeon, Bocage, apres avoir parua la Comddie-Francaise, 
le 2/i juin 1821, dans le r6ie deSaint-Alme, A^VAbbide 
VEpiey d^butait a TOdeon avec succes dans i'emploi des 
amoiureux, le h mai 1822. 

4. En mars 4823, Frederick quilte TOd^on et debule k TAmbigu 
daDS le Remords, melodrame de M. Leopold. 



4J L'ODfiON. 



DIRECTION D£ 6I1IEL 



La Soci^t^ fondle en 1816 par Picard avec tant de 
SoiDetdesoIlicitudeest d^sormais d^truite. M. de Gimel, 
colonel de dragons, nomme en octobre direcleur en rem- 
placementde Gentil, devient le maitreabsolu. II mene le 
second Th^lre-Frangais cooime un regiment, fait intro- 
duire dans son cahier des charges la clause sine qud non 
qu'ilpeutajouterdu chant a son repertoire, alleguant que 
rOd^on, par son ^loignement, doit Hre assimil^ a un 
th^dtre de province, el que les lh64tres de province sont k 
la fois lyriques et drama tiques ^ 

On n'appelle plus TOd^on que le Th^&tre militaire. 
Tout s*y Tait avec ponctualil^ et discipline, et cependanl 
tout s'y fait mat. 

La premiere nouveaut6 de la nouvelle direction fu t don - 
n^ le 9 novembre : Saiil, Irag^ie en cinq actes, en vers. 



4. Yoici le tableau de la troupe sous cette troisi^me transfor- 
matioD : 

MM. Joanny, David, E. Bernard, Lafargue, Perrier, Samson, 
Armand, Auguste, Alphonse, Bocage, Cbazel, Duparai, Dellemence^ 
£douard Flammarion, M^oetrier, Paul, Provost, Sabatier. Uhme comile 
de lecture et d'audition, ^ part Talma, qui s'est r^use rapidement. 
Le Douveau directeur 6lait oblig^ de servir des pensions k Cloze), 
P^lissier, Boucher, M^^ Adeline, Provost, Delille, Bausset, MM. Val- 
vule et Picard, M*"^' Fleury et Delia; Chalons d'Arge, qui fonda et 
dirigea en 4828-30 le Journal des Comddiens (Gazette des Th6Atres), 
toit secretaire general. 



CHAPITRE III. 43 

({'Alexandre Soumet, succes d'estime. Cette tragedie ne fit 
pas d'argent et fut retiree de TaSiche apr^s quelques 
soir^. (Joanny, Provost, Frederick; M"" Georges; Anais.) 

Le 25 novembre. — N^pomuc^ne Lemercier donne une 
comMie en cinq actes, en vers : Noirville, ou le Corrupt 
teur^ qui n'obtint qu'un succes Ires contests et fut sus- 
pendue apres la hutitieme representation. ( Perrier, Pix)- 
vost, David, Samson; M*'*" Wenzel et Falcoz.) 

On finit Tannee gaiement, grdce au succes remport^ 
le 16 d^cembre avec le Cilibataire et Vhomme marie j 
com^die en trois actes, en prose, deFulgenceet Wafflard, 
(Perrier, David, Th^nard, Provost, Armand Dailly, Fre- 
derick Lemaitre; M"*' Georges cadette et AnaKs.) 



1823. 

Le i5 Janvier. — Premiere de Mathilde^ tragedie en 
cinq actes, oeuvre sainte et ennuyeuse, tiree du roman 
ceiebre de M"^ Gottin, parvint avec peine au denoue- 
ment, au milieu des sifHets et des eclats de rire. On 
a cependant demande I'auleur, et Joanny est venu 
livrer au public le nom de M. Duparc de Loc-Maria. 
(Joanny, David, Provost, A. Geniez; M"*'* Gersay et 
Wenzel.) 

Apr^s cette tragedie, Samson, dans le costume 
d'Ergaste de TEcole des Maris , a lu avec beaucoup d'es- 
prit une Epitre en vers k la louange de Moliere, due k 
la collaboration de MM. Romieu et Abel Hugo. 



44 L'ODfiON. 

Le 7 fevrier. — Premiere representation a ce theft Ire 
du SMucteur amoureux, com^die en trois actes, deM.de 
•Lonchamp. Cetle piece musquee avail 6t6 representee a la 
Com^die-Frangaise en 1803, oil le talent de Fleury et la 
gentillesse de M"* Mezeray lui avaient obtenu un succes 
d'estime. Malgreune heureuse interpretation, elle n'obtint 
^ rOd^on qu'un succes d'ennui. (Duparai, Perrier, 
Provost, Samson; M"* Wenzel.) 

Le f '' mars. — Mon ami Listrac, com^die en Jtrois 
actes, en prose, deMM. Bayard et Armand, pifece conduite 
avec talent et habilet^, que le public du quartier latin 
4raita avec sa s6v6rite habituelle. (Samson, Provost; 
.M*'^ Anais.) 

Le iO mars. — Au benefice de M"* Delia, attach^e 
au Ih^fttre anglo-frangais [d'Argill-Room, premiere (a ce 
thefttre), de Didon, trag^die de Lefranc de Pompignan 
(Joanny, M"® Georges), et le Jeu de V amour et du 
hasardj avec Potier dans Pasquin et la b6n6ficiaire dans 
Lisette. 

Le d2 avril. — Le Comte Julien, ou V Expiation, 
Irag^die en cinq actes, d'Alex. Guiraud, Cette piece, qui 
avant la representation avail excite TinterSt du public, 
ne trouva que peu de partisans dans le parterre; de 
trfes beaux vers ne purent d^sarmer sa rigueur. (Joanny, 
E. Bernard; M"*" Georges et Wenzel). 

Le il mai, au ben6Qce d'Eric Bernard, 1*"' de Maxime, 
ou Rome limie, trag^die en cinq actes, de Drapamaud, 
Rien ne put sauver Tusurpateur Maxime des sifflets du 
parterre. L'auleur fut cependant nomme. Apr6s la cin- 



GHAPITRE III. 45. 

quinine repr^seDtation, il retoucha sa trag^die, on la 
reprit en septembre et elle obtint alors un succes 
m^rite. (Joanny, M"' Petit.) 

Le 46 juin, brillante r^ussile, pour Tanniversaire de 
Corneille, de Piene et Thomas CorneiUe^ k-propos 
en un acte, en prose, de MM. Romieu et Monni^res. 
Samson , Laf argue et Duparai ont €i6 excellenls ; 
M"* Millen a partag6 leur succes, dans un r6le de sou- 
brette. 

On diminue le prix des places et on fait un tarif d'^t^, 
le 29 juin, ^ Toccasion de la Saint-Pierre. Pour celte* 
solennitS on donne le Baron d'Albikrac^ comedie en cinq 
actes, en vers, de Th. Corneille, retouch^e et reduite a 
trois actes, avec prologue en vers, par MM. Abel Huga 
et J,-J. Ader. Arrangement malheureux, dans lequel on 
n*a remarqu^ et applaudi que le prologue, dit admirable- 
mcDt par Samson. 

Le 30 juin. — V Innocence de la campagne^ com6die 
en trois actes, en prose, par MM. ***, n'eut que deux 
representations, si tumuitueuses quMl fut impossible d*en 
risquer une troisi^me. (Duparai, Provost, Samson;, 
jjiie. \yenzel et AnaTs. ) 

Le 2d juilleL — Les procustes du Baron d'Albikrac^. 
renforc^s cette fois de Romieu, metlent en trois actes le 
Tambour nocturne de Destouches et ^chouent comme la 
premiere fois. 

Le i4 aoiltf on devait jouer les Pricepteurs , comedie 
en cinq actes, en vers, de Fabre d*Eglantine, mais une 
heure avant Touverture des bureaux, des bandes plac^es- 



46 L'ODfiON. 

sur Taffiche annonc^rent que cette pi^ ^tait retardie par 
indisposition. Quelques personnes out pr^tendu qu'elle 
avait ^te d^fendue par ordre; elle avait cependant ^t6 
autoris^e par la censure. M yst^re ! 

Le 2i aoHl, pour ia representation gratuite annuelle, 
les Francais en Espagne^ a-propos- vaudeville d^Abei Hugo 
et A. Vulpian. (Duparai, Provost, Samson; M"" Falcoz, 
Georges cadette.) 

Le 24 septembre. — Le Frere et la Sceur, drame en 
qualre actes, en prose, de Camus-Merviile, inspiree du 
quatri^me memoire de Beaumarchais. On avait pr^t^ k 
cette production plus d'importance que I'auteur n'en avait 
attache lui-m6me. Quoique bien jou^e, elle ne tint pas 
Tafiiche longtemps. ( Perrier, Socage, David, Samson ; 
M'** Anais.) 

Le 20 ociobre. — La Reine de Portugal, tragddie 
en cinq actes, d*Ambroise Firmin-Didot. Encore le 
sujet A'/nes de Castro. Faiblement ^crit, cet ouvrage 
eut un succ^s d* interpretation, r^sultat suflisant pour un 
homme qui ne s'occupait de litt^rature que par delasse- 
ment. 

Apres les arrangeurs et les compilateurs, les mutila- 
teurs se mettent de la partie : le 5 novembre, la Maison 
a deux portes^ comedie en cinq actes, en prose, de 
Cailhava, que M. Menetrier, acteur de TOdeon, a reduite 
a trois actes, est accueillie plus que froidement. Samson 
s'y fit applaudir. (Duparai, M™'* Millen et Brohan.) 

Le y/ novembre. — Le Tribunal secret, tragedie en 
cinq actes, de M. Leon Thiesse. Le defaut d'interfit, une 



CHAPITRB in. 47 

ressemblance trop frappante avec le Mahomet de Voltaire, 
un style parfois ua peu trop naif, provoquent les mur- 
mures du public. 

Le ciDquieme acte s'est pass6 tout entier au milieu de 
rhilarit^ generale : au moment ou Eric-Beroard se dispo- 
sait k dire, sans doute, que Tauteur d^sirail garder Tauo- 
nyme, un veritable combat s'est engage dans le parterre ; 
I'orchestre et la sc^ne ont ^t^ envahis. La gendarmerie a 
paru, et ce n*est qu'avec beaucoup de peine qu*elle a pu 
entrafner un jeune siffleur. Force coups de poings, des 
habits d^chir^s, des chapeaux perdus dans la mSl^e, ont 
servi d*^pisodes a Taction principale. (Joanny, Larargue, 
Provost ; M"" Dupont et Gersay.) 

25 novembre. — Guillaume et Marianne^ drame 
en un acte, en prose, de Bayard, imitation ou adaptation 
de la petite piece de Goethe, intitulee te Frere et la 
ScBur. Siijet leger, mais situation int^ressante. Ce petit 
acte attira du monde k TOdeon. (Perrier, Samson; 
M"« Anafe.) 

16 decemhre. — line joumie de Venddme, com^ 
die en trois acles, en vers libres, par Draparnaud. 
Quoique trop longue, elle reussit. (Lafargue, Sanlson, 
Perrier, Th^nard, Duparai; M"'* Anais, Gersay et 
Brohan.) 

20 dicemhre. — Representation extraordinaire, bono- 
r^e de la presence des princes et des princesses de la 
famille royale. On donna lb Si^ge de G^nes, ou le Comte 
d'Angoul£me^ com^die-vaudeville h^roique en deux 
actes, de Gentil, Fulgence, Ramond et Ledoux. Gette 



48 L'ODfiON. 

piece, Dulle sous le rapport dramatique, r^ussit comme 
ouvrage de circonstaace. On fit r^p^ter ce couplet : 

Un princoy an autre d*Aiigoul6ine, 
Chef ador^ de cent mille soldats, 
Vole an p^ril de sea joun mftme 
Rendre un monarque a ses £tats. 
De palmes son front se couronne, 
De Bes guerricrs il est Tamour. 
Qui salt si bien d^fendre un trdne 
Est dlgne d*y monter un jour. 

Pendant Tenlr'acte, la musique des Suisses ex^cuta 
derrifere le rideau des marches guerrieres, auxquelles Tor- 
chestre de I'Odt^on r^pondit par Fair de Vive Henri IV. Saiil 
et une cantate de M.Saulnier, musique de Schneitzhefler^ 
compl^laient la reprfeentation. (Thdnard, Lafargue, Cha- 
zel, Samson, Bocage; M"'*Anars, Millen, Brohan). 



1824. 



45 Janvier J pour Tanniversaire : Moliere au tMdlre, 
com^die en un acle, en vers libres, de Romieu et Bayard. 
Quelques vers agreablement tourn^s ont fait r^ussir cetle 
bluette, dont voici h peu pres la donn^e : 

Moliere veut faire rep^ter Psych6. Ses acteurs, qui se 
pr^parent secretement k cel^brer Tanniversaire de sa 
naissance, feignent de lui d^sob^ir pour mieux le sur~ 
prendre. Indign^ de leur refus, Moliere jure de les aban- 
donneret se dispose a quitter le thdfttre, lorsqu*on lui 
r^vele le secret de la com^die. Moliere ne peut tenir 



CHAPITRE III. 49 

contreuQ pareii trait d'attachement; ses camarades arri- 

* 

vent, sous di(r<^reDts costumes de leurs rdles, et couron- 
nent leur maitre et ami. Samson jouait Moliere. 

(Duparai, Provost; M'"** Delatlre et Brohan). 

i7 Janvier. — Luxe et indigence, ou le Minage 
parisien^ com6dieea cinq actes, en vers, de Violet 
d*Epagny. Quelques siQlets, le premier soir, ont vaine- 
ment proteste contre le succ^s de cette piece, qui, grdce k 
d'heureuses coupures, r^ussit sans opposition les jours 
suivants et eut 200 representations ^ 

(Samson, Perrier, Lafargue, Provost; M"* Anais.) 

4 fivrier. — Harald, ou les Scandinaves, trag^die en 
cinq actes, de P. Victor (Lerebours), premier ouvrage 
de Tauteur qui remplissait avec grand talent le r61e de 
Harald. Cette piece, tres bien mont^e, n'obtint qu'un 
succes d'estime. (E. Bernard, David, Provost; M"^ Du- 
pont et Gros.) 

Le 26. — Les Z)ts^rat75^ com^die-folie, en un acte, 
en vers, imit^e de Kotzebue, par MM. Benjamin A. . . . 
et Tevoli D . * . . r^ussit. 

(Chazel,^ Samson, Alphonse G. ; M™'» Georges cadette 
et Sabattier). 

Le dd mars. — L^onib, ou la Vengeance d'une Femmej 
drame en cinq actes, en prose, de M. Hippolyte. Le sujet 
de ce drame etait tir6 de Jacques le Fataliste, de Di- 
derot. Rires et sifilets. Tumulle. (Perrier, Duparai; 
M"* Anais). 

4. Reprise au Th^iitre-Francais, pour M^^« Dupuis, en 4833, cetle 
piece eut 28 reprdsentations. 

4 



50 L'ODfeON. 

Le il. — Le Diminagement de La Fontaine j comedie 
en un acle, en vers, de M. Theodore Pein, obtint un 
franc succes, grftce a rexccllent jeu de Duparai, 

Le 2 avriL — Pour la cldture et au benefice de 
M"' Georges, qui devait, disait Taffiche, jouer pour la 
dernifere fois k Paris, premiere de Jane Shore^ tragedie en 
cinq acles, de M. Liadieres; mdme donnde que celle de 
M. Lemercier, tomb^e la veille a la Cona^die-Fran^aise, 
malgre Talma. M"'' Georges fut tres applaudie dans cet 
essai de drame shakespearien ^ 

De tout temps on a fait des plaisanteries sur I'Od^on, 
mais jamais comme sous cette direction. Le lendemain 
de la trag6die de Mathilde, nous trouvons dans le Miroir 
cette annonce comiqiie : « L'ouvreuse de la premiere ga- 
lerie du th^Atre de TOdeon se sert de la voie du journal 
nour informer le Monsieur qui assislait ^ la deuxieme 
representation de Mathilde, qu'elle a trouve une tabatiere 
d'or qui doit lui apparlenir ! » 

La Pandore r^pand le bruit que Tadministration de 
]\I. de Gimel, trouvant T^clairage ordinaire trop conside- 
rable pour ses habitues, a arrete qu'il ne serait plus 

4. Reprises : Les Femtnes, — USdipe. — M4d6e. — Alhalie. — 
Les Chdleaiix en Espagne. — La fausse Agnes. — VOrphelin de 
la Chine (M"« Georges). — Sdmiramis. — La petite Ville. — Sever- 
ley, qui fut un grand succds pour Perrier, Bocage et Provost. — 
Guerre ouverte. — Le Cid, ou David fut acclam^, malgr^ un affreux 
costume abricot. — Les fausses Confidences. — Didon, — J/t- 
thridate, — Rodogune. — Le Joueur. — La Mere coupable. — 
Cinna. — Gabrielle de Vergy. — Nicomide. — Horace. — Bri- 
tannicus. — V Intrigue 4pislolaire. — Le Glorieux. — Rhadamiste 
et Zinohie. — IldracUus. — Le Bourru bienfaisant. 



CHAPITRE III. M 

allum^ qu*UD bee par personne payante; les enfants au- 
dessous de sept ans ne jouiront que d*uD dcaii-bec. 
Malgre cela on craiat de ne jouer que dans les tenebres. 
Les journaux les plus graves raillent le pauvre th^&tre : 
« On a compt6 hier jusqu'a une demi-douzaine de spec- 
tateurs, qui preoaient le frais dans la salle », dit le 
Journal des D4bats. « C'est le theAtre le plus plaint de 
Paris », dit le comique Odry, dans ses calembredaines. 
(( II est si malade qu'il a besoin d'etre administri )>^ lui 
r^pond son camarade Vernet. 

Heureusement un nouveau directeur allait prouver 
que faire de Targent sur la rive gauche n'etait pas une 
pure chim^re. 

Signalons, parmi vingt d6buts ^: 

SOoctobre i822. — M. Dubois-Davesne, premier prix 
de tragedie, dans Mirope; demi-succes, non engage. 
30 mai 4823, le chef de la dynastie des Brohan, la char- 
mante Suzanne, qui ^sortait du Conservatoire, dans les 
*r61es de Dorine du Tartufe et de Lisette des Folies amou- 
reuses^ avec le plus grand succes ; en pen de temps elle 
devint Tactrice prdferee du public de TOdeon. « C'est la 
femmequi rit le mieux de Paris », disent les journaux de 
cetle epoque. Le 4 juin, elle joue Finette du Dissipateur 



4. DibuU : 3 octobre 4822, Celine Chantal; 42 o.:tobre, IPe Saint- 
Felix ; 20 d^cembre, M« Delaunay; 3 mal 4823, W^ Virginie Legrand ; 
5 juin, M. Nestor; 42 juin, M">« Deslrieux-Ribou ; 48 juin, M"« Belle- 
val ; 7 juillot, M. Florent; 46 juillet, M. Lejay; 22 juillet, M^^* Bou- 
langer-Longayroux ; 5 aoul, M"« Dartois ; 20 aoAt, M"'« Palzis; 
40 decembre, M"« Montval; 6 mars 4 82 i, M. Daiglemare. 



^ 
> 



BS L'ODfiON. 

et Lise des Rivatix d'eux-m^mesj et coup sur coup ies 
grands r61es du [repertoire. 

Le i6 juin. — M°*" Valmonzey et Meynier dans 
Andromaque. 

Le iOjuillet. — M**« Dupont dans Phedre. 

LeiO septembre. — M"* Gros dans la Femme jakuse. 



Bl^Nl^FIGES. 

i7 mai[i823y d'Eric-Bernard, avec Potier dans |/e 
Tailleur de Jean- Jacques. — 2 novembrey de Perrier, 
d^valis^ par des voleurs ; Potier joue, avec Ies acteurs de 
rOd^on, le Francais a Londresde Boissy, et Ies Freres 
firoceSj avec Arnal, Brunet et Jenny Vertpre. M"'® Pasta 
chante le troisifeme acte de Romio et Juliette. — 2i dicem- 
brCy de M""* Petit : M"* Pasta dans le premier actede Tan- 
cridc; Nina, ballet de I'Op^ra, et Ies Anglaises pour rire, 
avec Potier, Brunet, Arnal. — 22 fivrier 1824, de « la 
petite orpheline de Wilna », Nadeje Fusil : on donne 
Lisinska, ou la Paysanne russey intermede assez mediocre, 
\mH6 du russe/ et ljou6 pour cette fois seulement par 
des acteurs des differents th^tres de Paris. M"' Nadeje, 
dans un rdle de Boh^mienne, chanlait une romance 
russe et dansait un pas national ; on ne demanda pas 
I'auteur. Le troisifeme acte de Romeo e Giulettay de Zinga- 
relli, avec Bordogni, Levasseur, M""' Pasta et M°** Cinti ; 
on finit par le ballet le Camaval de Venise. 

Le i8 mars. — Representation d'adieux du vieux 



GHAPITRE III. 53 

Yalville, ancien artiste et ancien regisseur. Talma, 
M^^Mars, Poller, Brunet, Tiercelin, Paul, M"'NobIet, etc. 
s'empresserent de concourir k cette deroiere soiree de leur 
vieux camarade. La recette s'^ieva k plus de 13,000 fir. 
Od joua Hamlel, la Jeune [Femme colere, Ics Deux 
PrScepteurs, et TOp^ra donna un ballet de son repertoire. 
— 26 marSy de la veuve de Perroud. — 2 avril, de 
M"' Georges. 

Le 3 avrilj TOdton cldturait au bruit de la cloche 
de Proclda, avec ks Comidiem et les V^pres siciliennes. 

Le H avril, on rouvrit un jour pour le benefice de 
Victor. 



CHAPITRE IV 



1824-18-25-1826. Direction Bernard. — L'0d6oo devicnt th6&tre de chant. 
— Traductions ^trang^res. — Castil-Blaze. — Le Barbier de Seville de 
Rossini. — Robin des Bois. — Le Massacre des InnocentSy ou la Bataille 
de Bethleem. — Debuts de Duprcz. — La trag^die alterae avec Topei-a- 
comique : Cliopdlre, Fiesque, Jeanne d'Arc, RiensL — Adicux ae 
Samson. 



Apres les comediens en socit^.l^, apres la r^gie int^- 
ressee de TEtat, nous arrivons, dans cette nouvelle 
p^riode, k la direction pure et simple. 

Bernard, de son vrai nom Wolf, ancien chanteur de 
province, ancien directeur de Binixelles, que le public 
parisien avail vu d^buter un an auparavant au ThdAti'e- 
Francais dans Temploi des rois^ qu'il remplit un certain 
temps apres a Rouen, Bernard sollicita le l"" juillet 
rOdeon k ses risques et perils, avec le droit d'y jouer 
tons les genres. 

Dfes que cette proposition fut connue, les auteurs 
adresserent une petition au minislre charge des beaux- 
arts, pour lui rtpr^senter « qu'en se debarrassant ainsi 
d*un fardeau n^cessaire au proQt d'un homme, on favo- 
rise une speculation particuliere; qu'on aura deux th^- 
tres ilaliens, une scene de genre de plus , mais un grand 
et utile theatre frangais de moins. » M. de Corbi^res, a 



56 L'ODfeON. 

la Chambre des d^put^s, se fit m^oie Tinlerppete de ces 
justes reclamations; malheureusement, M. de GimeU 
devenu commissaire royal, insistait pres du mioistre pour 
qu*on abandoQD&t uq the&tre qui n*avail donn^ k TEtat 
que des ennuis. 

La demande de Bernard fut accueillie favorablement. 
Le 16 aout 18i3 \ il obtint le privilege qu'il sollicilait 

4. ft Le privilege du second Th^^tre-Francais est accord^ au sieur 
Bernard pour y jouer la trag^die, la com^die et, s'il le desire, Topera- 
comique; mais, pour ce dernier genre, les pitees ^chues au domaine 
public soulement, et les pieces prises dans les repertoires italien et 
allemand, et la comedie m^lee de chanls, c'est-a-dire toutes celles 
d^pendantes de Tancien repertoire du Tbedtre-Fran^ais, dans lesquelies 
il se trouve un ou plusieurs airs; mais nullement, ni sous aucuns pr6- 
textes, les pieces provenantes du repertoire du vaudeville, ni aucune 
pidce qui en aura le caractere. » 

« II en jouira pendant Fespace et lerme de douze ann^s, qui com- 
menceront k courir le 4*' avril 4824 et qui finiront le 34 mars 4835, 
pour, ledit Bernard, exploiter le privilege et dinger ledit th6fttre k ses 
risques, perils et fortune, aux charges, clauses et conditions qui vont 
6tre ^nonc^es et stipul^es au present trait6. 

c Art. 4. Gratuite de la salle et dependances. Art. 5, Subvention 
de 60,000 francs payables par douziemes, k titre d'indemnitd et de 
loyer des loges royales. Art. 6 et 7, Materiel. Art. 8, Carnaval, bals 
masques ou non masqu6s et redoutes. Art. 9, Cldture de deux mois. 
Art. 40, £tablis8ement de tout autre Ihedtre sur la rive gauche. (Droit 
de rOd^on k ce sujet.) Art. 44, Spectacle quotidien. Douze places d'ac- 
teurs secondaires pour les ^l^ves du Conservatoire, k 4,500 francs. Le 
directeur devra souffrir que sans delai, sans emp^chement et sans in- 
demnity, tout acteur ou actrice de la troupe du second Th^tre-Francais 
soit admis ou appele k debuter sur tel autre th^tre royal qu'il plaira 
k Tautorite; mdme chose pour tout autre th^dtre, en le pr4venani six 
mois d^avancfi. Art. X. Gomil6 de lecture. » 

(Premier tra l^ entre le sieur Claude Bernard, entrepreneur du 
th6dtre de TOd^cn, et M. Tintendant des thddtres royaux, baron de la 
Fert^, 46aoi]it4823). 



CHAPITRE IV. 67 

avec une subvention de 60,000 francs, qui fut port^e 
h 100,000 le 16 novembre 182/i. 

Puisqu'il ^tait d^cid^ qu*on allait faire de TOd^on un 
thMlre de province, il ^.tait impossible de choisir mieux 
que Bernard pour mener ^ bien une telle entreprise. 
Intelligent^ actif, il rempla^ait Tacteur malade, jouait et 
chantait tous les rdles au pied lev^ , entre temps d^cla- 
mait les cantates nouvelles, et mettait la main k la pftte 
avec UD entrain extraordinaire. 

II devint rapidement Tidole du parterre, qui ne man- 
qnait jamais, apres une premiere bouleuse, — et Dieu salt 
s'il y en avait alors, — de Tappeler en sc^ne pour Tinter- 
peller sur tel ou tel detail du spectacle. Ce grand et gros 
homme paraissait et, avec quelques gaies paroles d^bit^es 
d'un ton paternel que n'ont pas oublid ceux qui I'ont 
entendu, il calmait la colore ou la susceptibility d*un 
public bruyant et peu indulgent peut-^tre, mais jeune et 
enlhousiaste. 

Dans le cours de cette direction, nous allons trouver 
plus d'une representation c^lebre par les colloques de 
Bernard avec ses spectateurs. Disons que, dans aucun 
th^lre, k aucune ^poque, on ne vit une activity pareille; 
vingt nouveaulds, moitid lyriques, moiti^ dramatiques, 
plus de trente reprises furent donn^es k rOd^on en Tes- 
pace de neuf mois\ Malheureusement, dans ces travaux 

4. Void comment ^taient compost les deux troupes k cette 
^poque : 

Adminislralion, — ^douard, r^gisseiir de )a com^die; Brochard, 
j^gisseur de Top^ra; Douesnel, sous-r^gisseur; Douesoel jeune, secr6- 



58 L'ODfiON. 

nombreux, on n^gligea la com^die et la tragddie, ce qui 
amena le depart de David et de plusieurs com^diens de 
talent. 

Le 27 avril, on inaugura avec les Trots Genres^ pro- 
logue en un acta, en vers : 

M. d'Herbelin, le h^ros du Voyage a Dieppe, a jure 
de ne pas metlre les pieds a TOdeon, ou il a 6ie myslifi^; 
un de ses amis Ty conduit cependant, et le fait assister a 
la r^p^tiiion de quelques scenes de trag^die, de comedie 
et d'op^ra. D'Herbelin, se croyant tour a tour au Th^fi- 
tre-Frangais et a Feydeau, applaudit bruyamment. A la 
fin de Tacle, Samson est venu nommer : Bo'ieldieu et 
Auber pour la musique, M. Pichat pour la trag^die, 
M. E. Dupaty pour la comedie, Scribe pour Topera- 
comique. 

(Perrier, David, Eric-Bernard, Duparai, Samson, 
Auguste, Provost et le directeur Bernard jouaient dans 
cette piece de circonstance, ainsi que M'"" Florigny et 
Brohan) • 

tairo surnum^raire de la r^gie ; Loignon, secretaire de Tadminislra- 
lion; Ozanne, souflleur etbibliothecaire; Fradelle, contr61eur. 

TragMe. — Joanny, Ligier, David, Provost, Felix Huart, Erie- 
Bernard, Lafargue, Auguste, Paul; M<°*' Georges Weimer, Dupont, 
Gharton, Falcoz, Darlois, Gersay, Dorsay, Gros. 

Comedie. — Perrier, Samson, Provost, Duparai, Dellemence, 
David, Felix Huart, Lafargue, Arnaud, Men^trier, £douard ; M"" Ana'is, 
Brohan, Gros, Duterlre, Falcoz, Chazel, Perroud, Dartois, Gorenflot, 
Millen, Gersay, Dorsay. 

Op4ra, — Lecomte, Campenaut, Leon Bizot, F. Valere, Camoin, 
Auguste Lebrun, Laltapy, A. Maire, Saint-Preux; Bl"«« Montano, Va- 
line, Florigny, Letellier, Cannoin, Millen, Pouilley, R^gnier, Virginia 
Gabirel, Dorsan, Saint-Amand. 



CHAPITRE IV. 59' 

Le 6 mai. — Pour les debuts de Topera, le Barbier 
de Seville, arrange par Castil-BIaze, musique de Rossini. 
On pr^tendait alors qu'il n'y avail plus de chanteurs en 
province, cetle soiree prouva le contraire. (MM. Lecomle,, 
Camoin, L^on, Valere; M"***Monlano, Camoin.) 

Le i/ mai. — Ourika, ou VOrphelme africaine,. 
com^die en trois actes, en prose, par MM. de Courcy et 
Merle, a trouve des juges inflexibles qui n'ont pas voulu 
Tenlendre. A la fin du deuxieme acte, un spectateur 
impalient^ a crie : Au fait! Les acleurs ont jou6 au 
milieu d'un brouhaha con tinuel. line seule representation. 

(David, Duparai, Samson; M"'* Anals, Gros, Du- 
tertre.) 

Le 5 juin. — Les Folies amoureuses^ op^ra-bouflTe 
en trois actes, d'aprfes Regnard, par Castil-Blaze, musique 
de cinq auteurs. Succ^s. 

(Camoin, Lecomte, Valere ; M™** Florigny, Lelellier.) 

Le i2juin. — L Adjoint et I'Avouiy comedie en deux 
actes, en prose, de MM. A. Romieu et Alfred de Wailly. 
De Tesprit, des situations plaisantes. (Samson et Provost; 
M"* Dutertre.) 

Le 2 juillet. — CUopdtre^, tragddie en cinq actes,. 
en vers, par M. A. Soumet. On a critique la donn^e de 
celte oeuvre, mais on a applaudi le style de I'auteur. 
Le succes, contest^ k la premiere, s'affirma le lende- 



4. On n*a pas eu k redouter le mot plaisant d*UD spectateur k qui' 
Ton demandait son avis sur la Cleopalre de Marmontel, en 4750, 
— > pour laquelle Vaucauson avail compost un serpent qui sifllait erv 
deroulant ses auneaux — et qui r^pondit : a Je suis de Tavis de I'aspic. » 



60 L'ODfiON. 

main. (Joanny, Ligier, Provost; M""* Georges, Dupont, 
Anals, Gersay.) 

Le 29 juillet. — VEcolier d' Ox ford j com^die en 
trois actes, en prose, de feu Wafflard, r^ussit. 

(Provost, Samson; M"* Anais.) 

Le 2 aodt. — La Pie voleuse % opera-seria en trois 
actes, d*apr^s le drame de MM. Caignez et Daubigny, et 
Top^ra italien la Gazza ladra, paroles ajust^es sur la 
musique de Rossini par Castil-BIaze. Get ouvrage; dont 
la donn^ avait d^jk attendri le public de la Porte-Saint- 
Martin et charme celui des BoufTes, r^ussit brillamment, 
roalgr(^ la platitude du poeme. Beaumarchais avait raison 
quand il ^crivait : « Ce qui ne vaut pas la peine d*Stre 
dit, on le chanle ! » 

(Valere, Leon, Camoin, Saint- Preux, Maire; M""* Va- 
lere, Florigny, Camoin, Montano.) 

Le 46 juilleL — Arthur de Bretagne *, tragddie en 
cinq actes, en vers, de M. Ghauvet, d^but qui annongait 
d'heureuses dispositions. Demi-succ^s. Une allusion en 
faveur des Grecs a ^t^ vivement applaudie. 

( Ligier, David ; M"" Charton, Gersay.) 

Le 24 aoHt. — A Toccasion de la Saint-Louis, la PifecE 
DE GiRGONSTANCE, ou le TMdlre dans la caserne, a-propos 
vaudeville en un acle, par Vulpian et Lassagne. De la 
gaiety, de jolis couplets. On applaudit la cantate : Vive 
le roi 1 Vive la France ! 

1. La Pie n'a pas produit aalant que le Barbier^ qui fut un des 
grands succ^s de la rive gauche. 

2. Shakespeare, Ducis et M. Aignan avaient d^jk traits ce sujet. 



CHAPITRE lY. 6t 

Le 57 septembre. — Le Marichal de Birorij Irag^die 
en cinq actes, en vers, par M. le comte Duparc de Loch- 
Maria; ouvrage estimable. La donn^ de cette pik;e a 
rappel6, paralt-il, au jeune parterre de I'Od^n le proces 
et la mort du marshal Ney. Comme on y appelait con- 
stamment Biron « le mar^chal », la ressemblance a paru 
encore plus grande, aussi les applaudissemenls ont-ils 
6tj6 nombreux et le succes tres vif. On a surtout soulign6 
ce vers : 

Les enfants des proscriU sont hommes avant T&ge. 

(Perrier, Joanny, Provost; M"" Charton/Analfs.) 

Le 30 septembre. — Un Retour de jeunesse^ com^die 
en UD acte, en vers, de M. R. ***. Le dialogue valant 
mieux que la piece, on n'a siffl6 qu*k moiti^. L'auteur 
anonyme la retira apr^s la premiere. 

Le 2d octobre. — Le Sacrifice inlerrompu, opera en 
trois actes, musique de Winter, arrang^e par MM. Voght et 
Cremont. Paroles traduites par MM. de Saur et de Saint- 
Geniez; ouvrage un peu long, qui rdussit cependant, grftce 
aux beautes musicales des premier et troisieme actes. 

(M"* Montano.) 

Le 27 octobre. — Le Veuvage et les Fiancailles^ 
commie en quatre actes, en prose, par M. M.... Les 
sifflets accompagnerent le premier acte, interrompirent 
le second et ne permirent pas d'achever le troisieme. 

(Samson, Duparai ; M"** Aoafe et Brohan.) 

Le 3 novembre. — A I'occasion de la Saint-Charles, 
le Regne de Titus, canlate nouvelle, musique de M.Verger. 



•6i L'ODjfeON. 

Le 5 noveinbre. — Grand succ^s avec Fiesque, tra- 
gedie en cinq actes, en vers, de M. Ancelot, sujet imite 
de Schiller et d6jh traits par Saint-Marcelin et Lamar- 
telliere. Cette piece n'eut que cinq representations ; elle 
lut reprise le 18 Janvier 1826. 

(David, Joanny, Provost; M^** Charton.J 
Le 23 novembre. — L'Ofj^cier de fortune^ comddie 
•en un acte, en prose, par MM, Raissin et Descloseaux. 
Une seule representation. Des la huitieme scene, les 
sifilets ont fait baisser la toile. 

(Duparai, Provost, David, Samson; M"® Anais.) 
Le 7 decembre, — Robin des bois, ou les Trois 
balks ^ op^ra-Kerie en trois actes, musique de Ch.-M. 
de Weber, arrangement ou imitation du Freyschutz^ 
par Castil-Blaze et Thomas Sauvage. Sans entrer dans 
le compte rendu de cette oeuvre, qu'aujourd'hui tout 
le monde connait, disons que Bernard Tavait admira- 
blement niontee. Au premier acte, Ton a remarqu^ et 
applaudi une fort belle chanson de table, d*un caractero 
tout a faitneuf; au deuxieme acte, un duo agreable, un 
trio plein de sentiment et un choeur de divinitfe infer- 
nales; enOn le fameux choeur des chasseurs au troisieme 
acte, obtint les bonneurs du bis. Malgr^ toutes ces 
beaut^s, saluees au passage par des bravos, la premiere 
fut loin d'etre un succes. 

L'ex^cution, a I'exception de Valere et de sa femme, 
faillit tout compromettre ; Campenaut, qui relevait de 
inaladie, ne pouvait donner une seule note. Bernard dut 
venir r^clamer pour lui I'indulgence. Plusieurs motifs de 



CHAPITRE IV. 63 

musique sans couleur et ides naKveles trop forles dans le 
poeme excilereDt des murmures et provoquereDt mSme 
quelques sifflets ; Torchestre, les choeurs etles decorations 
eurenl seuls droit aux eioges. L'efTet fut assez conside- 
rable pour indiquer k Bernard qu*il avait la une mine k 
exploiter; il retarda la seconde de neuf jours, rem- 
placa Campenaut par Lecomte, se chargea du r61e de 
Reynold, et obtint un succcs complet et dclatant h la 
deuxieme. Pendant plus de cent representations on 
refusa du monde. Chapeaux, modes, tout fut k la Robin 
des hois. 

(Lemaire, Campenaut, Lattapy, Valere, Edouard; 
M"" Valere, Letellier.) 

Le i3 dicembre. — V Enfant trouvd S comedie en 
trois acles, en prose, de Mazeres et Picard, reussit. « Les 
enranls de I'amour sont toujours heureuxl » 

(Duparai, Samson, Provost; M"' Anai's.) 

Le 22 dicemhre. — Isidore Flammarion et Lockroy 
donnent sans grand succes la Vestale, tragedie en trois 
actes, en vers. Lockroy abordait comme auteur une 
scene dont il allait devenir plus lard, comme artiste 
dramatique, une des plus grandes illustrations. Flamma- 
rion, acteur intelligent, jouait alors les seconds emplois 
a rOd^n. 

(Joanny, David; M"" Charton.) 

Reprises d' operas : Philippe et Georgette. — Richard 
ccBur de Lion. — Sylvain. — La fausse Magie. — VE^ 

4. Reprise au Thedtre-Francais. 



64 L'ODfiON. 

preuve villageoise. — Le Tableau parlant. — Raoul de 
Criquy. — Blaise et Babel. — VAmant jalotix. — La 
Rosier e de Salency *. 5 

Od remil aussi k la sc^ne uoe foule de tragedies et 
de comedies, [entre autres : le Paria^ avec des choeurs de 
M, Aymoa*, VHdtel garni j la Coquette corrigiej leFestin 
de Pierre, le Glorieux, les trois Sultanes^ etc. , etc. 

Yingt-sept d^buls, dont les plus importaDts ; 

M. F61ix Huart, dans Luxe et Indigence (28 avril). 

Ligier', dans Iphiginie en Aulide^, grand succes, 
(!•' mai). Acteur de talent, admirable de vigueur et de 
puissance dramatique. 

4. Ed 4775, k la mort de Louis XV, les th^tres etaient rest^ 
ferm^s trente-ciDq jours, du 40 mai au 45 juin. Cette ann^e, le 43 sep- 
tembre, tous les lb^4tres fermdrent h Toccasion de T^tal de danger oh se 
trouvait le roi Louis XVIII, mort le 16, k quatre heures du matiD. 
Le 23, SOD corps fut porle solenDellement k Saint-Denis, et, le 24, on 
rouvrit les spectacles. Les th^dtres royaux furent indemnis^s de 
46,000 francs, et, par la plus cruelle injustice, les pelits theatres ne 
touch^rent rien. 

8. Getle musique n'ayant pas produit I'eSet qu^on en attendait, on 
la supprima a la troisi^me. M. F^tis coUabora k cette adaptation 
musicale. 

3. Ligier (Pierre), n6k Bordeaux le 4 4 decembre4797, mort en 4872. 

4. Cette representation fut troubi^e par un incident. Le public, 
on ne sait pourquoi, sifHa M^^ Gros, GorenQot et Georges. Celle-ci, 
peu habituee k ce bruit, quitta la scene. On voulul qu'elle vtnt faire 
des excuses, elle s'y refusa. Le surlendemain elle publia dans les 
joumaux une lettre pour se justiGer, et Bernard vint le soir annoocer 
au public, qui sMnformait de Tincident, que M^^* Georges ferait des 
excuses le lendemain. Le 48, dans AfSrope^ oCt elle fut admirable , elle 
sMnterrompit et dit au parterre : a Messieurs, si j'avais eu le maiheur de 
manquer au public, je ne me serais jamais representee devant vous. » 
Elle fut alors rappelee et applaudie avec transport. 



CHAPITRE IV. 65 

Gampenaut (de son vrai nom Campenhout) , dans le 
Barbier de Siville^ op^ra (12 mai). Musicien, acteur, 
chanteur et compositeur, auteur de la Brabanconne ^ le 
chant populaire beige. 

Rosambeau {n6 en 1753, mort le 15 octobre 1815), 
dans Barlholo du Barbier de Siville^ op6ra (19 mai). 
Get acteur nomade, qu*on avait vu tour k tour a la Gatt^, 
aux Variel^s ^trangeres, a Feydeau, k Louvois, etc., et 
qui revenait de Lyon apres avoir &ii k Lille, fut re?u 
en remplacement de Gamoin. 

Rosambeau (Minet) elait un des types les plus cora- 
plets de cette race de comediens d^crite par Scarron 
et qui disparatt tons les jours. Pourquoi des celte 4po- 
que ce comedien de valeur, paratt-il, ne fit-il point partie 
de la troupe de TOd^on, m6me apres le bon accueil qu'il 
regut? On Tignore. Rosambeau fut une vraie comete dra- 
matique, visible k Paris au\ intervalles les plus divers. 
G'etait un homme a part, un type ^tonnant, uue de ces 
intelligences rares qui, tres propres k tout, n'arrivent 
souvent a rien. 

M"' Gharton, dans Manlius, grand succ^ (17 juin)^ 

4. M. Lebrun et M"« Florigny (M«« Valdre) (4" mai); Letellier el 
Saint-Preux(H mai); M"" Jnunart et Saint-Amand (46 mai); MM. Florent 
elLalappy (48 mai); Adrien(20juin); M"« Darcey (22 juin); »I"*Cholet 
(24 jain); MM. DuHd et Lerminez (42 juiliel); Warin (14 juillet); L^on 
NoSi (47 juillet); Gustave (6 aoiit); M»i« Roy (7 aoiit); M. Derneiville 
(26 aotit); M"" Berthier et Chablos (8 septembre); Th^ophile (6 octo- 
bre); M"» L^on (4 2 octobre). 



n. 



66 L'ODfiON. 



1825 

ViDgt-cinq nouveaul^s, operas, tragedies, comedies, 
sont donn^es dans ie cours de celte ann^e : 

i"" Janvier. — Apollon II, ou les Muses a Paris jTewie 
en un ^cte, m616e de couplets, ^de MM. A. Romieu et 
Ferdinand Langl^, r^ussit. Ce couplet, que I'Od^on, en 
veine de succes, adressait k un autre th6d.tre moins heu- 
reux, fit beaucoup rire : 



Au Vaudeyille en proc^s^ 
Combien de bluettes 
Obtiennent de grands succes 
Devant les banquettes. 
A ses auteurs sans credit, 
Talent et recette 
Galtd, spectateurs, esprit, 
Je leur en souhaite. 



(Th^nard, Provost, Samson ; M"'" Millen et Du- 
terlre.) 

Le i5 Janvier. — La File de Moliere, com^die ^pi- 
sodique en un acte, en vers, premier ouvrage drama- 
tique de Texcellent acteur Samson. Cette petite piece 
bien faite, oil I'on voit Moli^re dans son manage, fut 
tr6s applaudie. (Perrier, Samson, Duparai, Provost; 
M™** Dutertre et Delfitre.) 

Le i^ fivrier. — LOrphelin de Bethliem, trag^die 
en cinq actes, en vers, par M. L***, fig6 de vingt-trois 
ans, plus tard I'abb^ L. . . , fut une des plus orageuses repre- 



GHAPITRE IV. «7 

sentalions d'alors. Les deux premiers actes avaieot 616 
6coules avec bienveillance ; uo iQcideol fatal vint tout k 
coup indisposer les spectateurs ; le jeune Eliacin allait 
entrer en sc^ne, lorsque E. Bernard vint annonoer que 
Tenfant charge du rdle s'etait pris le pied dans uo trapil- 
lon S et s*6tail bless6. Apr^s uo eotr'acte, on continua la 
piece, mais Tabseoce duJi6ros avait refroidi les specta* 
teurs; Teooui vint, puis rimpatieoce, uoe moiii6 du 
public se mil a sifQer, I'autre k applaudir, si bien qu'uoe 
trag^die, autremeot s6rieuse que celle que jouaieot les 
com6dieos, commeoga dans la salle. Les deux partis exa&- 
p6res se pr6cipitent I'uo sur Tautre avec fureur, pendaot 
que les spectateurs paciliques, eifray6s, franchisseat Tor- 
chestre et escaladent la scene pour Tuir. Apres uoe demi- 
heure de m3l6ey les payaots avaieot culbut6 les gratis. 
E060 le calme se retablit, mais la pi^ce etait perdue ; 
les huees Toot accompago6e jusqu'au baisser du rideau. 
Gette soir6e fut d6sigo6e daos le quartier latio sous le 
nom du Massacre des Innocents^ ou la Bataille de 
BethUem * . 

(E. Bernard, David, Joanoy; M"*' Chartoo, Gersay, 
la petite Fr6d6ric.) 

Le iO fivrier. — Roman a vendrb, ou les Deux Li- 
brairess com6die eo trois actes, eo vers, preced6e d*un 



4 . Morceau de bois servant k boucher les interstices du plancher 
de la sc^ne. 

2. A la suite de ce scandale, Bernard aaaoaga dans les journaux 
quMI supprimait la ciaque! Mais ce ph^nix des abus dramatiques o« 
tarda pas k renaltre de ses cendres. 



6f8 L'ODfiON. 

prologue, par Bayard. Ge prologue relalait Texpulsion 
r^cente des claqueurs. — Succfes. 

(Perrier, Samson, Provost, Dufiarai ; M"*** Millen el 
Anais.) 

Le i4 mars. — Au b^n^fice de M*^® Georges, Jeanne 
(TArc S trag^die en cinq actes, d'Alex. Soumet, grand 
succes littdraire. M"® Georges fut tres remarquable *. 
(Joanny, Ligier, Provost, Eric-Bernard; M"*Charton.) 
Le 25 avril. — L Indiscrete com^die en cinq -actes, 
en vers, de Theaulon ; insucces. Quelques coupures ayant 
^t^ faites, la piece fut raieux accueillie a la deuxieme; 
mais a la Iroisieme on ne voulut rien entendre, et, 
eomme la cabale etait evidente cetle fois, on fit ^vacuer 
la salle. 

(Eric Bernard, Perrier, Provost, Samson; M"* Anate.) 
Le 9 mai. — Au benefice de Joanny, ouverture a 
grand orchestre et deux premieres : La Mort de CisaVs 
trag^die en cinq actes, en vers, de M. Royou, censeur. 
Epouvantable chute! A partir du deuxieme acte les sif- 
flets n'ont pas cesse. Au quatrieme acte, au moment oil 
les Romains conspiraient conlre Cesar et le parterre 
contre les Romains, Tauteur s'est precipite au milieu de 
la scene, a arrach^ son manuscrit des mains du souf- 
fleur, et s'est eloigne en faisant au public un geste me- 
na^ant. Un affreux charivari suivit cette apparition. La 

• r 

4. Sujet dejk traite par Davrigny et Dumolard. 

2. Cette representation, augment^e de Robin des Bois^ produisil 
7,664 francs de recette. On avail regu, le 7 aout precedent, une Jeanne 
cTArc de M. Nancy, qui ne fut pas reprdsentde. 



CHAPITRE IV. . 69 

toiles'estimmediatementbaiss^e, mais, surla reclamation 
g^nerale, on dut finir la piece. Une seule representation. 

(Joanny, Alphonse, E. Bernard, Beauvallet, Auguste; 
M'*** Valmonzey.) 

L'autre premiere : Les Noces de Gamache^ 'op6ra- 
boufleen troisactes, traduit de i'allemand, musique de 
Mercadante, arrangee par iM. Gu(5n^, paroles de M. Th. 
Sauvage et II . Dupin, reussit. 

Le d9 mat. — Le Dernier Jour de Folie, comedie en 
Irois actes, en prose, de MM. Romieu et Bayard. Succes 
contesle. (Sarason, Provost, Duparai; M"* Millen). 

Le 7 juin. — A I'occasion du sacre de Charles X, 
spectacle gratis. Louis XII, ou la Route de Reims % opera- 
comique en trois actes, musique de Mozart, paroles 
de MM. de Saint- Georges, Vergne, Leroux et Laur^al. 
Succes. On a remarque une fort belle decoration repr^- 
sentant Reims et sa calhedrale. Le directeur jouait et 
chantait le role de Louis XII. 

Le 27 juin. — Les nouveaux Adblphes, ou les Deux 
Educations, comedie en cinq actes, en vers, imiiee de 
Terence, par M . P.- J. Lesguillon. Cette piece, qui rappelle 
plus d'une scene de I' E cole de$ Maris , etait le debut de 
Tauteur; la jeunesse des ecoles a vaillamment soutenu 
un ancien camarade. L'afTiche annongait un prologue 
ainsi compost : Tacteur, M. Jolly; Tauteur, M"' De- 

4. Le 47, la famille royale vient voir cette pi^ce. La rue de 
rOdeon etait bordee d'ifs lumineuz dans toute sa longueur. Margaillon 
cbanta un couplet de circonstance ; le galant Bernard 6t distribuer des 
bouquets a toules les dames. 



70 L'ODfiON. 

lattre. La censure, on ne sail pourquoi, Tinterdit au 
dernier moment ; le public Tayant r^clam^, et tres vio- 
lemment, Bernard sut tout calmer avec une de ses gaies 
harangues. 

(Th^nard, Duparai, Samson, Provost; M"®* Falcoz, 
AnaHs et Millen). 

Le 30 juin. — Les Francais au siraily op^ra-comique 
en deux acles, traduit de Titalien par MM. Hyacinlhe Alber- 
tin et Fleury, musique de feu Devienne; seconde Edition 
des VisitandineSy dont le poeme 6tait defendu alors. On 
avail ajout^ a la musique primitive un morceau de YEli- 
sabelh de Rossini, que M. Montano a chante d'une ma- 
niere ravissante. Demi-succes. 

Le d6 juillet. — Les deux AmietteSy com^die en un 
acle, en prose, de M. Caigniez, qui a garde I'anonyme. 
Chute. (Samson, M™'* Delattre et Anais.) 

Le S5 juillet. — Otdello, ou le More de Venise^ op^ra- 
seriaentroisactes, traduit de Titalien par le fecond Castil- 
Blaze. Joude avec succes en province, cetle oeuvre, regar- 
dde comme la plus classique de Rossini, r^ussit brillam- 
ment. (Lecomte, Lemoule, M'"** Messyn). 

Le i3 aoHt. — Les deux Ecoles, ou le Classique et le 
Romantique^ com^die en trois actes, en vers, de MM . J . Ader 
et Leonard Detchevery, qui ontgard^ Tanonyme, le pre- 
mier soir, devant la s6vdrit6 du parterre. 

(Duparai, Samson, Provost; M"~ Dutertre, Verneuil 
et Deiatre.) 

Le d6 aoilt, — La Comidie a la campagne^ opera- 
comique en deux actes, en vers libres, paroles de F. Duvert 



GHAPITRE IV. li 

SUV la musique de Cimarosa, arrangde par M. Cr^mont 
(imitation de V Impresario in angustia : le Direcleur dans 
Vembarras). Demi-succes. 

Le 7 septembre, — Les trois Cousins, ou rindi- 
cisiony com^die en un acle, en vers, de M. de Ranc^, 
r^ussit, 

(Th^nard, Joly (Volnys) ; M"** Millen, Anals.) 

Le 28 septembre. — Alain Blanghard, ciioyen de 
flo«en, trag^die en cinq actes, de M. Dupias fils. Qui est-ce 
qui disait que nul n'est prophete en son pays? L'au- 
teur avail fait repr^senter cette IragMie a Rouen, sa ville 
nalale, la veiile de la premiere a TOdeon. Elle r^ussit 
dans la Seine*Inf^rieure, mais sombra sur la scene pari- 
sienne. 

(Joanny, E. Bernard, A. Geniez, Beauvallet; 
M°** Valmonzeyet Charlon.) 

Le 8 septembre. — Le Mori dans Vembarras, com^die 
en trois actes, en vers, de de Wailly et Duval. Demi-succes. 
On a nomme : « MM. Gustave el Leon. ^ 

(Provost, Samson, M^^ Anals.) 

Le 3d octobre. — La Dame dxi lac, op^ra-seria en 
uatre actes, paroles de MM . d'Epagny , Miel, Th . Sauvage 
et Augusle Rousseau, musique de Rossini, arrang^e sur 
les paroles frangaises par M. Lemierre deCorvey. Cette 
imitation de la Donna del Lago oblint un succes complet 
et fructueux. 

(Lecomte, Margaillan, Cceuriot, Bultel; M""* Le- 
moule, Montano et Albert.) 

Le 4 novembre (spectacle gratis k tous les th^Atres) : 



72 L'ODfiON. 

Les deux Adjoints, ou Dansera-t^n ? comedie-vaude* 
ville en un acte, de MM. Yulpian, Lassagne et Ledoux; 
succes mdrit6. Void Tud des couplels du vaudeville final : 

AIR : La rondo do Mofon, 

En tous lieuzy caiman t les alarmes, 
Faisant partout r^gner la paix, 
De iUndigent s^chant les larmes, 
Voil^ bien nos princes fran^ais. 
Vousy dont rincendie et Porago 
Viennent d^vaster rh^ritage^ 
Vous tons que le malheur frappa, 

Du courage! (pis,) 
Les Bourbons sont toujours Ik ! 

Le i7 novembre. — VRECiosk^oulaBoMmiennejOp^vei- 
comique en trois actes, ou pluldt drame en prose de 
Th. Sauvage, avec ouverture et choeursde Ch. Weber. Dfes 
la premifere piece, au debut du spectacle, le parterre avail 
appel^ le directeur et I'avait interpelle k propos du rem- 
placement de Samson par Arnaud, qui avait du quitter la 
sc^ne devant les marques du m^contentement g^n^ral. 
Ge d6but n'annongait rien de bon; aussi, malgr6 la mu- 
sique de Weber, Priciosa ne vit la rampe qu'une fois. 
L'orage gronda des le premier acte et alia crescendo 
jusqu'au moment ou il ne fut plus possible d'entendre 
une note de Torchestre. Le ridicule du dialogue et Fin- 
suffisance de la principale interprete furent, paratt-il, 
les causes principales de cet insucces. Les rires et les 
sifflets altern^rent toute la soir^, jusqu'a la chute du 
rideau. On croyait la soiree finie, quand le parterre eut 
la fantaisie de savoir, de la bouche du directeur, la fin de 



CHAPITRE IV. 73 

la pi^e, qu'il n'avait pas voulu entendre. Bernard, qui 
jouait dans cet op^ra le rdle de Hayardin (personnage 
farouche et sensible), parut, v^tu de sa cotte de mailles, 
et, d*un air fori mecontent, s'adressant au parterre : 
« Eh bien, messieurs! qu'y a-t-il encore? voire decision 
vient d'etre respeclde, la toile est tomb^ ! que voulez- 
vous de moi? » ^ « La fin, monsieur Bernard, contez-nous 
la fin? » — « Preciosa est reconnue par ses parents et 
moi je suis pendu, voila la fin!!! » 

(Th^nard, Joly(Volnys), Dttparai, Provost; M'^^Gros). 

Le 23 novembre. — Les Chapeaux^ comedie en trois 
actes, en prose, par MM. Baudouin d'Aubigny et Auguste 
Maillard, ont 6i6 condamn^s pour le fond et pour la 
forme. Gette fois, on n'eut pas besoind'instruire le public 
du denouement; ce fut lui qui s'en chargea. Un applau- 
dissement maladroit ayant r^v^le la presence de claqueurs, 
les ^tudiants se sont pr^cipit^s sur le devant du parterre 
et, apres une m^l^e acharn6e, ont expuls^ « les chevaliers 
du lustre ». 

Le 3 dicemhre. — Gamille, ou le Capilole sauv4j tra- 
g6die en cinq actes, en vers,deN6p. Lemercier. On saitle 
sujet : RoQ)e, si souvent ingrate envers ses plus illustres 
citoyens, avait banni Gamille. Ge h^ros vivait en paix 
depuis deux ans parmi les Ard^ens, lorsque Tapparition 
de Brennus et de ses legions barbares, au sein mSme de 
Borne, le force h ressaisir les armes. A la tSte de la jeu* 
nesse, il apprend aux vainqueurs ce que peut le courage 
d'une poign^ de braves combattant sur le sol de la pa- 
trie. L'allusion bonapartiste ^tait facile k saisir : Lemer- 



74 L'ODfeON. 

cier conjptait sur ua de ces succes politiques dont il avait 
rhabilude. Une indisposition d'Eric Bernard ddjoua ce 
calcul. Pour ne pas retarder la premiere, le directeur, 
qui ne doulail pas assez de lui, se chargea du rdle de 
Brennus. Des qu'il parut, 11 ne fut pas pris au s^rieux 
un instant et devint Tobjet des hu^s et des sarcasmes du 
parterre. 11 ressemblait exactement au chef des bouchers 
conduisant le boeuf gras pendant les fStes du carnaval, et 
sa diction ne d^mentait pas la veritd de la ressemblance. 
Lemercier dut retirer sa piece apres la premiere. .Pour 
se defend re du reproche qu'on lui faisait d'avoir voulu 
personnifier Bonaparte dans Camille, il ^crivit aux 
journaux Thistoire de sa trag^die, regue en 18U k la 
Comedie-Francaise, proscrite par la censure imperiale et 
mise plusieurs fois a I'^tude, en vain, rue Richelieu. 

(Joanny, Bernard, A. Geniez, Beauvallet; M"''' Val- 
monzey.) 

Le 13 dicemhre. — Les Slrfaces, ou les quatre Cou- 
sins^ comedie-vaudeville en troisactes, en prose, dePicard 
et Malmond. Succes contest<5. 

(Samson, Duparai, Colson, Provost; M'"° Anais.) 

Nous disions que plus d'une representation d'alors 
fut celebre par les colloques de Bernard et du parterre 
de rOdeon. Signalons celle du 21 juin : On jouait Tar- 
tufe et Richard Coeur de Lion. Apres la comedie dont les 
beaux vers avaient excite Tenthousiasme, le public de- 
mande a grands cris le buste de Moliere ; sans ^gard 
pour cette demande, on commence I'ouverture de To- 
pera : des cris effroyables forcent les instruments au 



CHAPITRE IV. 75 

silence. Le directeur est appel^ : a Messieurs, dit-il, vous 
venez d' entendre le chef-d'oeuvre de Moliere, la vue du 
buste de ce grand homme n'ajouterait rien k sa gloire. 
Et puis... nous n'en avons pas Id — <c II y en a un au 
cafe Moliere, envoyez-le chercher* » — « Messieurs, le buste 
ne pent paraitre qu'avec les acteurs, et vous savez bien 
que cela nous est interdit... » Ces explications n'ayant 
point satisfait les spectateurs, le bruit continua un 
grand quart d'heure; le commissaire de police, avec son 
cortege de gendarmes, dut expulser une partie du par- 
terre, pour que Ton put continuer tant bien que mal la 
representation. 

REPRISES 

Shakespeare amoureux, comedie d'Alexandre Duval, 
relir(5e par lui du repertoire de la Coraddie-FranQaise. 
(Perrier, M^'* Brohan.) 

Le Bourgeois gentilhomme (Samson, Provost). Le 
directeur jouait et chantait le Muphti. 

Les Reveries renouvelees des Grecs. Le directeur jouait 
Oreste. 

La Femrne malheureuse et perseciUie. (M™' Brohan.) 

Le Chevalier d^industrie. 

Barbe-Bleue^ opera. 

Vingt debuts, dont voici les plus importants : 

L^on Chapelle, dans Blaise et Bahet (19 avril). 

M"* Verneuil, dans les Jeux de Vamour (26 avril). 

Charles Joly (Volnys), dans Victor des Com4diens; 
succes (1^»- mai) . 

M"* Valmonzey, dans Cinna (2 mai). 



76 L*0D£0N. 

BeauvalletS le « Talma de la banlieue », et Alphoase 
Geniez, dans les V4pres siciliennes: (4 mai.) 

M"' Albert (unedes nieilleures actrices d'alors; plus 
tard, elleentra aux Nouveaules et, pendant vingt ans, fut 
applaudie et apprdcieo; ^pousa en secondes noces 
Bignon), dans Blaise et Babet {h mai). 

GolsoD, dans les Chdteaux en Espagne, grand suc- 
ces (26 septembre) . Get excellent com^dien joua succes- 
sivement le Tyran domesiique, ks Marionnetles, Tarlufe^ 
le Misanthrope et Don Juan. 

Enfin, le 1" dfeembre, le grand chanteur G. Duprez, 
61eve de Choron, par le r61e d'Alraaviva dans le Barbier. 
« Dans les cordes elevees, la voix du debutant est assez 
agr^abie, mais elle est sourde et m^me negative dans le 
m^ium. Comme acteur, Duprez a toute Tinexp^rience 
d'un jeune homme (il avail dix-neuf ans) qui n'a jamais 
paru sur aucun theatre. » 11 chanla, le 9, Valcour dans les 
Folies amourexises. Ch, Maurice dit de lui dans son Cour-- 
tier des thi&tres : « Pour entendre le debutant, il faut 
^tre assis sur le trou du souffleur, et pour le voir, prendre 
la lorgnette par le grand c6l6. » Duprez crea a TOd^on 
ses premiers rdles importants. Sa voix de t^norino, agile et 
exigug, se prStait ^ merveille an repertoire si ornement^ 
de Rossini et de son ^ole*. II ^pousa, etant k TOdton, 
M"® Duperron, sa camarade, au commencement de 1827 •• 

4. Beauvallet (Pierre-Francois), n6 le 43 octobre 4804, soci^taire de 
la Com^die-Frangaise, mort le 24 d^cembre 4873. 

5. Lire Duprez, Souvenirs. (Nouvelle Revue, 4879.) 

3. M"« Am^lie Dorgebray {%t avril); M"* Mcssyn (23 avril); M"' De- 



CHAPITRE IV. 77 



REPRlSSENTATIONS EXTRAORDINAIR £S 

Benefice des incendies du Bazar, le 12 Janvier, 
2,000 francs. 

Benefice de Lecomte, le 18 Janvier, 6,000 francs. 
Ben^Gce de M"* Georges, le 14 mars, 7,564 francs. 
Benefice de Joanny, 9 mai. 
B^n^fice des incendies de Salins, 20 aout. 



1826 



Huit Douveautes seulement furent donn^es pendant 
les demiers mois de la direction Bernard : 

Le 5 Janvier. — Le Naufrage^ corned ie en un acte, 
en vers, deM. P.-J. Lesguillon, fut siQlee. 

Le 9 Janvier. — Honneur et Prejugi, dranie heroi'que 
en cinq actes, en vers, de Drapamaud, tir^ d'un drame 
allemand dont TAmbigu avait d^jk extrait le inelodrame 
Henrietie et AdhimaVy fut ^out6 jusqu'k la Gn sans acci- 
dent grave. 

ville (2 mai); M. et M'^* Lemoule (5 mai); M. Coeuriot (40 mai); Mar- 
gaillan (13 mai); M"« Muller (6 juillel); M. Riquier (2 aoAl). 

Enregistrons : La mort de Lafargue, un des meilleurs et des plus 
inteliigents acteurs de rOd(k)n, auquel le desservanl d'Auteuil no voulut 
pas faire les honneurs de T^giise; la mort de M«« Florigny-Val^re 
et le depart de la charmanle M^^* Brohan pour Rouen, oQ elle resta une 
ann^. 



78 L'ODfiON. 

Le i4 Janvier. — La For4t de Sinart, op^ra-comique 
en trois actes, d'apr^s Colle, paroles ajust^s sur la mu- 
sique de Beethoven, Weber et Rossini, par Castil-Blaze, 
succes. (C'est la Parlie de chasse de Henri IV y dont on a 
conserve Taction, les personnages et la plupart des scenes 
et dont on a supprim6 le premier acte.) 

Le 20 Janvier. — Rienzi, trihun de Rome^ trag6die 
en cinq actes, en vers, par M. P.-Gustave Drouineau, 
grand succes. Brillant debut d'un jeune homme frapp^, 
quelques ann^es plus tard, d'alienation mentale. Demande, 
nomm6, on Tamena sur la scene, presque malgre lui, 
avec une couronne sur la t^te. Par une lettre publi^e 
dans lesjournaux, il bl&ma cet exces dezfele*. 

(Ligier, Alphonse, Beauvallet; M"* Charton.) 

Le 2i fivrier. — Amour et intrigue^ drame en cinq 
actes, en vers, irnite de Schiller, par A. et Gustave de 
Wailly. 

Gette pi^ce^donn^eaub^n^ficede M. Alphonse Geniez, 
rdussit. Ge n'^tait cependant qu'un m^lodrame pareil k 
la Fille du Musicieny tiree du m6me sujet et donn^e k 
I'Ambigu, le 10 d^cembre 1825. 

(Th^nard, Alphonse, Provost, Samson, Duparai; 
M"" Gharton, Anais, Delatlre.) 

Le 27 fivrier. — Boisrosi^ comedie poslhume en un 
acte, en prose, de M. L. Mercier, arrangeepar MM. Mer- 
ville et Horace Raisson. On avait jou6 sans succes, sur 

4. Ce sujet avait ^le traite sans succes, en 4791, par le depute 
LaigneloU Lire la parodie en patois, jou^e au corps de garde, par 
Fanfan la Rose, avec epilre, etc. Bellemain, 4826. 



CHAPITRfi IV. 79 

le mSme sujet, au theatre Louvois, deux comedies, Tune 
en trois actes, Sully et Boisrosi, de Bailleul (12 octo- 
bre 1804) ; I'autre en un acte, Une joumie de Sully 
(8 octobre 1809). 

Le 2 mars. — La Jeune Aveugle, op6ra en un acte, 
paroles de MM. Chalas et Eugene de Montglave, mu- 
sique de Girowitz, arrang^e par M. Poisson, piece qui 
a quelques rapports avec VaUrie^ de Scribe; succes 
conteste. 

Le jff mars. — Marguerite d*Anjou, drame lyrique 
en trois actes, traduit de Titalien par Th. Sauvage, musi- 
que de Mayer Beer {sic), arrang^e par M. Cr^mont. 
Decoration de Cic^ri. Le poeme de cet op^ra, imit^ d'un 
m^lodrame de Pix^r6court, jou6 quinze ans auparavant a la 
Gatt^^ fut trouv6 inri^rieur a son module. On avait mis 
toute la niiseen scene du boulevard a contribution : lyran, 
niais, grande reine et petit prince, brigands f^roces 
et sensibles, etc., etc. Succes musical. Belle mise en 
sc^ne. 

Le i6 mars. — Racine, ou la Troisieme represen- 
tation des PlaideurSy com^die en un acte, en prose, de 
M. Ch. Magnin, de Salins, fut applaudie. Le spectacle 
commengait par CMopdtre, de Soumet. Qualre actes 
avaient lellement ennuy6 le public que, lorsque le 
rideau s'est lev6 sur le cinquieme, un speclateur a 
pris la parole et s'est 6cvi6 : « Messieurs les acteurs 
et mesdames les actrices, vous avez jou6 les premiers 
actes d'une fagon si insignifiante, que vous devriez bien 
nous faire grftce du cinquieme. » Un haro s'^leva contre 



80 L'ODfiON. 

I'orateur, on Texpulsa de la salle; N^anmoins, de nom- 
breuK sifilets ayant salue la fin de la tragddie, on yit 
qu'il n'avait eu tort que dans la forme. 

La Gom^die-FranQaise, usant du droit Idonin que lui 
avait donne Tordonnance de 1818, prenda TOdeon trois 
de ses meilleurs acteurs, Perrier, Joanny qui joua, pour 
sa demiere representation, son grand succes des V^pres 
sictliennes, et debuta le 18 Janvier, rue de Richelieu, 
dans la trag^die de Fiesquej qui ^migrait avec lui ; enfin, 
Samson qui donna sa soiree d'adieu, le 31 mars 1826, 
avec les Deux Anglais, les Deux Menages et Richard 
Cceurde Lion^ spectacle w$6 et peu digne d'attirer la foule. 
Mais TeKcellent com^dien ^tait tellement aime du public 
de la rive gauche que la salle fut comble. Rappei^ a 
I'unanimite, il dut reparaitre malgr^ Tordre du .pr6fet 
de police, interdisant alors cette satisraction aux acteurs. 

Bernard qui avait obtenu, gr&ce k son activity sans 
egale, des succes fructueux a TOdeon, sentant que la 
veine ^tait ^puisee, vendit au mois de fevrier, avec I'au- 
torisation du ministre, la fin de son privilege a M. Fre- 
deric du Pelit-Mer(^. 



REPRISES ET REPRESENTATIONS EXTRAORDINAIRES 

Le Reiour d*un Croise, precede d'un prologue dit par 
Colson. 

Les ChapeauXj diminu^s de deuK actes. 
Benefice des choristes du th^tre (27 Janvier). 



CHAPITRE IV. 81 

BeD^Rce d'AJph. Geniez (21 fevrier). 
Debuts : M"* Alceste, dans la For^t de S4nart 
(31 Janvier). 

M. Camille, dans ZaVre (26 fevrier). 

M"® Meunier, dans I'Epreuve villageoise (16 mars). 



IL 



CHAPITRE V 



1826-1827. — Direction Fi^d^ric (du PeUt-H6r6). — La Belle-Mh-e et h 
Gendre, — Direction Thomas Sauvage. — Le Don Juan de Mozart. — 
Representations de la troupe anglaise : Kemble et miss Smithson. — 
VHomme du monde, — D6buts de Lockroy. 



G'^tait un homme habile en son genre que le nouveau 
directeur de I'Od^on; tour k tour acteur, auteur et r6- 
gisseur au th^fttre de la Gatl6 S il s'y ^tait fait uDe grande 
Dotori^t^; malheureusement, tel brille au boulevard ou 
en province qui s'^lipse souvent au second Th^tre- 
Frangais, dans un quartier aussi Iettr6 et aussi iDtelligent 
qua le faubourg Saint-Germain. L'Odton, avec cela, de- 
venait de plus en plus difficile h conduire : les meilleurs 
com^diens avaient emigre, le public commengait a se 
lasser des chanteurs et des adaptations de Gastil-Blaze ; 
il fallait de TeDergie, de Factivil^ pour rem^ier a cet 
^tat de choses, et le nouveau directeur manquait de ces 
deux qualit^s essentielles. Signalons cependant a Tactif de 
« M. Fr^^ric )>, comme disaient les affiches d'alors, une 

4 . On lui doit un grand nombre de m^lodrames : I'Aveugle du 
Tyrol, VHomme de la Forit^Noire, le Fils tannic la Famille 
Lieven, la Fausse Clef, le Mar4chal de Luxembourg, la Bataille de 
Pultawa, Minuit, Jean Barl^ etc. Et en collaboration avec le baron 
Taylor, Ismael el Maryam, ou I'Arabe el la Chr4lierme, 



84 L'ODfiON. 

innovation importante qu'il voulut tenter pour s'attacher 
les artistes de talent qui restaient a TOddon. II voulut 
fonder des pensions dont la quotit6 devait 6tre du tiers 
des appoinlements au bout de vingt ans, et du sixieme 
au bout de dix ans, les annees antdrieures compt^es. La 
mort surprit cet excellent homme avant qu'il ait pu naettre 
son id6e k execution *. 

Vingt nouveaut^s furent donn^es du 1*' avril au 
31 decembre : 

Le 5 avril. — Les Preventions, conaedie en trois actes, 
en prose, par MM. S... et Carion Nisas, dont la der- 
niere partie n'a mfime pas et6 ^coutt^e *. 

Le 20 avril. — Samson reussit avec sa charmante 

4 . Voici de quels artistes furent compos6es les deux troupes : 

Administration, — £douard, r^gisseur de la com^die; Douesoel, 
r^gisseur de Topera; Dumontet, rdgisseur de I'op^ra; Douesnel jeune, 
secretaire de la regie; Ozanne, secr^taire-bibliolhecaire-souffleur; 
Ladureau, caissier; Barbier de Sainte-Marie, sous-caissier. 

Tragddie. — £ric-fieraard, Auguste, Beauvallet, Saint-Clair; 
Mmes QroSf ChartOD, Falcoz, Gersay, Level, Derfeuille. 

Comidie, — Clozel, Bocage, F. Huart, Duparai, Arnaud, Provost, 
Jenneval, Signol, Thenard, M^n^trier, £douard ; M"»" Gros, AnaTs, 
Dutertre, Falcoz, Wenzel, Millen, Antonioe Mulier. 

Opdra. — Lecomte, Mondonville, Peyronnet, Leclerc, Adotphe, 
L^OQ Bizot, puprez, Signol, Saint-Preux, Tanquerelle, Charles Monnier, 
Grandfond, souffleur; M™<^ Montano, Lemoule, Belmont, Pouilley, 
Dorgebray, Messeyn, Durand, Virginie, Regnier, Virginie Cabinet. 

Fradelle, controleur en chef; Merienne, controleur; Guillot, inspec- 
teur; Cr^mont, chef d'orchestre. 

2. Pour contenir la turbulence du public des premieres, les deux 
portes lal^rales sent occupees a I'ext^rieur avec un luxe de force armee 
si magnifique, qu'il est impossible de ne pas eprouver un saisissement 
involontaire. Rien ne ressemblait plus a Tentr^e d'une cour d'assises 
que I'entr^ de TOd^on dealers, un soir de premiere. 



CHAPITRE V. 83 

com^die en vers, la Belle-Mere ei le Gendre; dialogue 
bien fait, traits de moeurs clairement mis en sc^ne. Au 
denouement, le manque de vraisemblance ayant excite 
quelques murmures, Tauteur-acteur en improvisa un 
nouveau et, a la seconde, le 25, sa piece, r^duite k trois 
actes, obtint un succes complete (Duparai, F. Huart, 
Provost; M"*" Millen et Dulertre.) 

Le 29 max. — Succes encore avec Heritage el Ma- 
riage, com^die en trois actes, en prose, de Picard et 
Maz^res. (Colson, Duparai, Provost; M"" Anais.) 

Le 8 juin. — Premiere representation a ce theatre 
d'Agamemnony trag^die en cinq actes, de N. Lemercier. 
Succes. (Eric-Bernard, Ligier; M"" Anais et Charton.) 

Le is juin. — Premiere a ce theatre de la Fausse 
AgneSy de Destouches, op^ra-bouflbn en trois actes, ar- 
range par Gastil- Blaze, sur la musique de Gimarosa, 
Meyerbeer, Rossini, etc. Get ouvrage, joue precedemment 
en un acte au theatre de Madame, a ete mal accueilli. 
(Bellemont, M"" Mondonville, couple Duprez.) 

Le 20 juin. — Vauban a Charleroi, com^die histo- 
rique en trois actes, en vers, de MM. Vial et Revdrony- 
Saintr-Gyr. Succes legerement contest^. (Golson, Jenneval, 
Thenard, Provost; M"** Gros, Bury, Delattre.) 

Le 22 juillet. — Premiere a ce theatre des Noces de 
Figaro *j op^ra-comique en qualre actes, d'apres Beau- 

4. Passa au repertoire du Th^Atre-Francais, le 24 f6vrier 1830, la 
yeille de la premiere d*Heman%. 

2. « En accueillant cet ouvrage, I'administration a M enlralDee 
par le prestige des nomsde Beaumarchais etHozart! Quelle garantiede 



86 L'ODfiON. 

marchais, musique de Mozart, traduit des Nozze di Ft- 
garoy par Castil-Blaze. Grand succ^s. (Lecomte, Mondoa- 
ville, Adolphe, Charles, Saint-Preux, Signol; M"~ Am^lie, 
Lemoule, Bellemont, Millen, Virginie.) 

Le 29 juilkt. — L'Actrice, ou les Deux Portraits^ 
com^die en un acte, en vers, par MM. J. Ader et Fontan, 
r^ussit. (Jenneval, Provost; M°* Wenzel.) 

Le 4 aoilt. — Le Hfillionnaire, com^die en trois actes, 
en prose, par MM. Martin Saint- Ange, Loignon et Marie 
L.... Succ^s contests. 

Le 7 aotlt. — Le Neveu de Monseigneur, op6ra-bouffe 
en deux actes, paroles de MM. Bayard, Romieu et Sau- 
vage, musique de Morlachi, Pacini, Fioraventi et Rossini, 
arrangde par M. Gu(5n6e. Succ^s musical. (Duprez, L^on 
Bizot; M"" Meyssin.) 

Le 9 aoilt. — Baudouin empereur^j tragedie en trois 
actes, en vers, de N^p. Lemercier, fut sifflee. (Beauvallet; 
W Charton.) 

Le59 aoHt. — UEcole des vewve^^ com^die-drame en 
trois actes, en vers, de M. Gustave-Fabien Pillet tils. Suc- 
ces. (Duparai, Provost, Bocage; M"" Charton et Ana'is.) 

Le i5 septembre. — Ivanhoi, grand op6ra en trois 
actes, tir6 du roman de Walter Scott, paroles d'Emile 

succ^s! Mais comment reconnaltre dans cet arrangement I'oeuvre si 
puissante de Beaumarchais ? Ce qui faisait sa force a dispani. Le dia- 
logue est coDsidere comma un hors-d'oeuvre et, au moment ou uo mot 
spirituel a le malheur de se faire entendre, I'orchestre coupe la parole 
a Tacleur. » [L'Opinion, journal des spectacles.) 

4 . Gette piece ^tait imprim^e depuis seize ans. Cb^nier, dans son 
Tableau de la liUdralure^ en parlait d^ja avec eslime en 4808. 



CHAPITRE V. OT 

Deschamps et Gustave de Wailly, musique^ prise daft$ 
Semiramide^ Mcnse, TancrHe^ la Pie voleuse^ et arran^^ 
avec beaucoup d'habilet^ par M. Pacini. Sacc^s d'ar* 
gent. (Lecomte, Duprez; M^^Lemoule.) 

Le 2d septembre. — Les Biographes, com^die en uo 
acte, en prose, par MM. Ferdinand LangI6, Cav^ et 
Dittmer. 

On a nomm^ M. Bambou, par allusion aux coups de 
caDne distribu^s alors aux biographes anonymes auteurs 
de certaines brochures malveiliantes. (Provost.) 

Le a octobre. — Lb Mari impromptu, ou la Coulume 
anglaise^ com^die en trois actes, en prose, de Georges 
Duval. Succes contest^ le premier soir. Avec quelques 
coupures, cet ouvrage s'est relev6 aux autres representa- 
tions. (Provost, Duparail) 

Le 4 novembre. — A Toccasion de la ffete royale, 
spectacle gratis : I'Ecole de Romey op6ra-comique de cir- 
Constance, en un acte, par MM. Rochefort, Vulpian et 
Lassagne, musique de MM. Panseron etRolIe, quintuple 
effort qui n'aboutit qu'a des sifflels. (Duprez.) 

Le i6 novembre. — La Niece et la Pupille, com6die 
en trois actes, en prose, imit^e de Tallemand, de 
MM. Caigniez et Louis Roux, auteurs cdlebres dans les 
fastes du m61odrame. Succes conteste. (M"** Anais.) 

Le 23 novembre. — Les BoMmiens^ drame en trois 
actes, en prose, de M. Th. Sauvage, avec choeurs, sur 
la musique de Weber. Cette pi^ce, donnee daos une re- 
presentation au benefice de la famille Weber, n'dtait autre 
que Preciosa dont la representation, on s'en souvieat^ 



88 L*0D£0N. 

n'avait pu finir en 1825. Sous ce nouveau litre, Touvrage 
futunpeu plus heureux. (Leon; M"® Montano, Bellemont.) 

Le 9 dicemhre. — Thomas Morus, ou le Divorce de 
Henri V/I/y trag^die en cinq actes, de Draparnaud. Les 
sifflets se sont fait entendre des les premiers actes. Le 
tumulle est all6 croissant jusqu'au baisser du rideau. On 
a cependant nomme Tauteur. (Beauvallet; M"*Gersay.) 

Le d6 decembre. — Le Cachemire^ com^die en un 
acte, en vers, deMM. d'Anglemonl, Ader et Lesguillon, 
fut sifdee. On nomma M. fedouard. (Provost, Duparai; 
M"'* Dutertre, Bury.) 

Le 30 decembre. — UEnthousiaste, comedie en trois 
actes, en vers, parM. Joseph- Leonard Detchevery. 

Vingt-lrois debuts, dont six a signaler ^ : 

Bocage, dans Temploi des premiers r61es, par Tartufe 
(9 avril), et Don Juan du Festin de Pierre (11 avril). 

M"® Level, par Hermione, d' Andromaque (13 avril). 

M"** Bury, aujourd'hui M"' Alexis, Texcellente du^ne 
du th^4tre du Vaudeville, par Marianne de Tartufe 
(28 avril). 

M"* Bellemont, par le r61e de Ninette dans la Pie 
voleuse. Succ^s. (l"juin.) 

M"' Elisa Wenzel, dans la Femme jalouse (18 juillet). 

M. Demouy, dans Adelaide Duguesclin (15 oclobre). 

4. Joseph (48 avril); M^^ Derfeuille (49 avril); M. Charles (27 avril); 
M"« Anlonine Muller (28 avril); M. Signol (28 avril); M»« Virginie 
(29 avril) ; M. Leclerc (4«' mai); M. Adolphe (4 mai); MM. Peronnet et 
Moddonville (6 mai); M. Charles Monnier (16 mai); M. RiquieretM. La- 
croix (20 mai); M. Jenneval (27 mai); M"^ Durand {{•'■ juin); M. d'H^ri- 
court (16 septembre); M. Michelot (2 decembre). 



CHAPITRE V. 89 



REPRISES, REPRESENTATIONS EXTRAORDIN AIRES 

Le Prisonnier de Newgate (Bocage). Les VenitienSy 
tragedie de M. Arnault pere, jou^e pour la preuiiere 
fois le 25 vendemiaire an VII. (Bocage, Beauvallet.) 

Le Chevalier (Tindustrie. — Benefice de MM. Franconi 
(2 mai), 6,200 fr.; benefice de-la famille Weber (23 no- 
vennbre), 6,000 fr, ; concert organise par M. Tulou 
(25 decembre). 

Nolons encore : Rentree de M. Clozel dans la Femme 

j abuse (9 septembre), Tartufe et Philibsrt (13 septembre). 

II avait perdu sa verve et sa gaiety dans ses excursions 

en province. On ne le rengagea point apres sa premiere 
annee. 

A Foccasion de la raort de Talma, TOdeon fit relAche 

le 21 octobre, jour des obseques. 



1827 



Onze nouveatit^s seulement paraissent a la rampe du 
!•' Janvier au 1*' juin : 

Le il Janvier. — Louise^ drame en trois acles, en 
prose, par MM. Fr^d^ric (du Petit-Mere), Crosnier et 
Lacqueyrie P^lissier. Encore une imitation de VIntrigue 
et V Amour, de Schiller. Reussite. (M"* Anais.) 

Le 22 Janvier. — Le Testament, op^ra-pasliccio en 
deux actes, de MM. Desaur et Saint^Geniez, musique de 



90 L'0D£0N. 

Rossini, arrang^e par M. Lemierre de Corvey. Le bruit 
des sifnets emp^cha d* entendre la fin. Aucun acteur 
n'ayant os^ nomraer les coupables, un inconnu s'est pr^- 
sent6. A son aspect, on s'est ecri6 : C'est Tauteur! C'etait 
un pauvre figurant qui n'a pu prononcer que quelques 
mots inintelligibles ^ (Duprez.) 

Le 2 f4vrier. — VAmant de sa femme^ com^die en 
un acte, en vers, par M~" de C..., fut chul^e. On Tat- 
tribua k M(^lesville, la dame qui Tavait congue ayant 
.gard6 I'anonyme. (Colson; M"** Anais.) 

Le 6 f^rier. — Emheline, ou la Famille suisse^ 
op^ra-comique en trois actes, de M. Charles Sevvrin, 
musique de Weigel, arrangee par M. Cr^mont. (Lton.) 

Le 49 fevrier. — L*Homm£ habile, ou Tout pour 
parvenir, comedie en cinq acles, en vers, de M. Violet 
d'Epagny. L'auteur, qui s'est inspire du Tartufe^ a 
voulu prouver qu'au xix' siecle comme au xvii' I'hypo- 
crisie 6lait encore un des meilleurs moyens de parvenir. 
Succes d'argent. (Bocage, Provost; M""AnaTs.) 

Le j24 fevrier. — M. de Pourceaugnac, op(5ra-boulTon 
en trois actes, musique de Rossini et Weber. C'est encore 
du Moli^re a la Tagon de Barbari, ou {)lut6t de Castil- 
Blaze. La musique ^tait bien adaptee. Succes. 

Le i5 mars. — Francoise de Riminiy tragedie en 
cinq actes, en vers, premier ouvrage dramatique de 

\ . La Reunion, journal des spectacles. Dans cette pi6ce, un colonel 
ne sail a qui donner sa fortune que tout le monde refuse. Un spec- 
tateur, touchy de son embarras, s'ost ^cri^ tout haul : « Qu'il Toffre 
aux jdsuilesi » 



CHAPITRE V. 9» 

M. Constant Berrier, sous-chef au minist^re de Fint^- 
rieur; style soign^, deux belles situations aux troisieme 
et quatrieme actes. (Beauvallet; M°* Char Ion.) 

Le .27 mars. — Le G6n6reux par vanitiy comedie en 
cinq actes, en prose, de Picard, fut trait(5e avec la der- 
niere rigueur. (Duparai, Clozel, Bocage, Th^nard, Pro- 
vost; M"" Millen et Anais.) 

Le 2i avrxL — La Folk de Claris, drame lyrique 
en deux actes, traduit de Cordelia, par M. Th. Sau- 
vage, musique de Conradin Kreutzer et J. Paer, sujet 
trop souvent mis au theatre, action nulle, musique d6- 
pourvue de vari^t^. (Lecomte, Duprez; M*"* Schutz.) 

Le 30 avril. — VOncle Philiberl^, comedie- vaude- 
ville en un acte, en prose, de MM. Bayard et Gustave 
de Wailly. Pour avoir voulu faire un r61e a Clozel sur le 
patron des Deux P hi liber t, les auteurs n'ont produit 
qu'une comedie sans int^rfit, que quelques mots spiriluels 
ont seuls preserv^e d'un insucces. (Provost, Clozel; 
M"~AnaTset Millen.) 

Le 46 mat. — Le Mariage par procuration, comedie 
en un acte, en vers, par M. Th. Pein, grammairien et 
philologue. Sifflets. L'auteur garde Tanonyme. (Bocage, 
M"^Wenzel etBrohan.) 

La mauvaise sant6* de M. Fr^d^ric (du Petit-M^rd) 
Voblige a quitter la direction de TOdeon. II cede son pri- 
vilege a M. Thomas Sauvage, un des auteurs a succ^s 
de la rive gauche. 

i. C'est VEsprit de ddsordre, proverbe de Th. Leclercq. 
S. II mourut le 5 juillet. 



92 L'ODfiON. 

Seize d^buls \ dont les plus imporlants : 

14 fivrier. — Charles Desnoyer, auteur-acteur, dans 
les Comediens. II mourut directeur de TAinbigu, apres 
avoir 6i6 r^gisseur g^n^ral au Gymnase et a la Com^ie- 
Francaise. On lui doit un nombre considerable de pieces, 
dont plusieurs eurent des succes retentissants. 

i5 fimier. — Edouard Duprez (frere du grand 
chanteur, comedian estimable, plein de rondeur et de 
conscience), dans le Dipit amoureux et dans Top^ra les 
Noces de Gatnache. 

22 mars. — M"® Duprez, dans la Dame du lac. 

29 mars. — M"'' E. Dupuis, dans Tariufe^ excellent 
debut. 

id avril. — M. Ch. Chilly, dans Valfere de Tartu fe. 
C'est le m^me qui fut plus tard directeur a TAmbigu et k 
rOd^n. On lui reprocha des fr^tillements de corps, une 
prononciation impossible; on disait: c'est une nullity. 
(Opinion du Parterre- Journal.) 



REPRlSSENTATIONS EXTAAOADINAIRES 

i5 Janvier. — Ben^Qce de Clozel, 5,400 fr. 
S4 fivrier. — Benefice de M. Lecomte. 
d4 Mai. — Reprise ou plutdt premiere k ce th^tre 

4 . M. H. Yalcour (8 Janvier] ; M^^^ Louise et M. Lemadre (34 Jan- 
vier); M. Abadie (49 mare); M»«BonnevilIe-Colson (24 mare); M"«aeo- 
phile (27 mare); M.Victor (3 avril); M. Firmin (27 avril); M. Th. Delaunay 
(29 avril); M. Sirant (3 mai); MU«Alpbonsine Gillig (8 mai); M«* Dor- 
gebray (29 mai). 



CHAPITRE V. 9a 

d'Adolphe ct Clara^ op^ra de Marsollier et Dalayrac (Du- 
prez chantait Adolphe) . 

19 mat. — Concert. 

SignaloDs deux ran trees brillantes : 

Suzanne Brohan, dans le Roman d'une heure et 
VHomme habile. 

M"*" Montano, dans Marguerite d'Anjou. 



DIRECTION THOMAS SAUVAGB 

Le I*' juin 1827, un arrfit^ du vicomte de La Roche- 
foucauld approuve I'acle de cession du privilege * de Fre- 
deric (du Petit-M6r6) a Thomas-Marie-Frangois Sauvage, 
homme de lettres *. Vingt pieces de th^Alre pleines 
d'habilete t^moignent du talent dramatique du nouveau 
directeur; il ^tait certainement capable de bien mener 
rOdton ; malheureusement il le prenait k T^tourdie, sans 
argent, sans credit, aussi n'allait-il pas tarder h s'en re- 
pentir cruellement. 

La r^ouverture eut lieu le 18 aout par le Paria et le 
Barbier de Rossini. M. GIdment, architecte, avail fait 

4. Accord^ pour douze ann^es k Bernard, le 4''' avril 1824, il fut 
prorog^ d'uDe ann^e, c'est-^ire jusqu^au 34 mars 4837. Un secours 
de 50,000 fr. fut donn^ h TOdeon, ind^pendamment de la subvention 
de 100,000 fr. ' 

2. Thomas Sauvage, ne en 4794, apres sa faillite a TOd^on, fit, 
outre ses nombreuses pieces de th6&tre, des articles de critique dra- 
matique au Journal g4n6ral de France et au Monitiur universal; 
il est mort le % mai 4877. 



^4 L'ODfiON. 

^x^uter quelques changements k la salle pour la nou- 
velle direction. Le parterre fut ferm^; Tespaoe vide dont 
on se plaignait, surlout pendant ]*hiver, fut remplac^ par 
<des loges grill^es. La devanture de la premiere galerie 
fut enii^rement restaur^; les personnages tragiques et 
comiques, que Ton devait aux dessins et aux conseils de 
David, furent repeints en blanc, sur un fond marbr^. 
Les cariatides de la loge royale furent supprimees ; ce 
<qui permit de faire un amphith^tre devant les loges; 
■amphith^tre mobile permettant d'agrandir la loge du 
milieu. Les loges furent peintes en bleu clair. Ge qu'on 
appelait secondes loges decouvertes fut change en une 
galerie de deux rangs de banquettes, ayant trois larges 
•entries par le corridor. Le plafond de la salle fut repeint 
k neuf S et le lustre augments de plusieurs rang^es de 
bees. 

4 . Les peintures dtaient de M. Gui. D'apr^ les demandes du 
conseil de salubrity de la ville, on installa un syst^me de ventilation 
nouveau^ dQ a M. Provost, architecte de la Chambre des pairs. 

Tableau de la troupe. — Chalons d*Arg^, secretaire g^n^ral; 
Oobillard, inspecteur- general de la salle et du materiel; £douard, r6- 
gisseur pour la trag^die et la corned ie; Dumontet, r^gisseur pour 
I'op^ra ; Douesnel, regisseur et secretaire ; Ozanne, soufileur ; Grandfon, 
fiouffleur d'opera ; Hirne, inspecteur; Bloc, contrdleur. 

On installa a nouveau un comite de lecture. Pour la com^die et la 
tragedie : Andrieux, Raynouard, Auger, Roger, Droz, Briffaut, Gail- 
lard de Muray, Alissan de Chazet, B. R. de Nugent, De Gimel, Mely- 
Janin. — Pour Topdra : Picard, Briffdut, Ancelot, Ch. Nodier, Gadet- 
Gassicourt, Poncelet, Gordon, Mah^rault, De Gimel, Ghalon d'Arg6. 

Trag4diens, — Auguste, Beauvallet, D'Hericourt, E. Bernard, Mi- 
chelot, Lockroy, Desnoyer, Adolphe Vincent, Paul, Timoth^e. 
M>"~Charton, Gersay, Derfeuille, Dutertre, E. Wenzel, Lambert, 
Sabatier. 



GHAPITRB V. 95 

Le S2 aoiU. — Les deux Figaro *, commie de Ri- 
chaud-Martelly, jou^ en Tan III et reprise en Tan VI 
au theatre de la Cit^, est arrang^e en op^ra-comique et 
r^uite a trois actes par M . Tirpenne, musique de Garafa 
et Leborne. Succes* (Lecomte, Duprez; M"** Duprez et 
JMoDdonville.) 

Le 23 aoHt. — La Prison de Pomjma, trag^die en un 
acte, en vers. Chule. L'auteur, qui a garde Tanonyme 
et retire sa piece apr^s la premiere, ^tait M. Paul Lacroix 
(bibliophile Jacob). (Beauvallet, Auguste, Desnoyer; 
M"* Derfeuille.) 

Le 28 aoHt. — La Premiere affaire* j comedieen trois 
actes, en prose, de M. Merville. Succes complet et m^ 
rit^; affaire d'honneur pour Tauteur et d*argent pour 
rOdton. (Duparai, Bocage, Provost; M"" Gharlon et 
Anals. ) 

Le 7 septembre. — Succes encore avec Tancrkde, 
op^ra-s^ria en trois actes, en vers libres, imit6 de Vol- 
taire, par MM. E. d'Anglemont et Lesguillon, musique 

ConMiens, — Socage, Michelot, Provost, Doligny, Duparai, Th6- 
nard, D'H^ricourt, Beauvallet, E. Bernard, Lockroy, Clozel, M^n^trier. 
]fn«fi Charton, Dulertre, Ana'fs, E« Wenzel, Louise Escousse, Milleo, 
Sabatier, Gersay, Brohan, Dorgebray, Lambert. — Chef d'orchestre : 
Cr^mont. 

Chanteurs, — Lecomte, Peronnet, G. Daprez , Siraud, Leclerc, 
Th. Delaunay, Boulard, L6od Bizot, Moadonville, Saint-Preux, Doligny, 
MasBon, fidouard, Paul, Th^nard, Men^trier, Vincent- Adolphe, 
Rihoelle. M°>^ Schutz, Mondonville, Durand, Duprez, Dorgebray, 
Meyssin, Buffardin, Millen, Caroline Lebnin. 

4. Repr^nt^ d'abord en italien k Milan. C'est la traduction de 
cat op^ra que I'Od^on a offerte k son public. 

5. Cette pi^ce passa au Thddtre-Francais. 



96 L'ODfeON. 

de Rossini, arrang^e par M. Lemierre de Corvey. — 
M"* Schutz a ete rappel6e et acclam^e dans le r61e de 
Tancrede. 

Le 4" octobre. — La Ca^^e/^c, com^die en trois actes, 
en prose, de M. de Longchamps, qui garda Tanonyme,. 
Insucces; sifflels des le deuxieme acle. 

Hoffmann avait fait representer au thdAtreLouvois une 
com^die en trois actes, en prose, intitul^e Grimaldi^ ou le 
Dipositaire in/idele. La piece de I'Odeon n'^tait pas autre 
chose que cette com^die arrangee. 

Le 13 octobre. — LEau de Jouvence, op^ra-comique 
en un acte, imile de rallemand, paroles de MM. D... 
et X..., musique de Conradin Kreutzer afn6. Le public 
n'a pas trouv6 de son gout « cette vieille nouveaul6 ». 
Les auteurs n*ont pas 6te nomm^s. G'^taient pourtant 
Duvert et X. Saintine. (Duprez.) 

Le 25 octobre. — VHomme du monde^ com^die- 
drame en cinq actes, en prose, de MM. Ancelot et Sainline. 
Grand succes, surtout pour Socage et M"*Analis. (Provost, 
Duparai; M"* Brohan.) 

Le 3 novembre. — (Spectacle gratis.) Charles V et 
Duguesclin^ opera-comique en un acte, en prose, de 
MM. Vial, Carmouche et Sewrin, musique de MM. Gui- 
raud, Gilbert et Tolbecque, reussit. 

i5 dicembre. — La Soeur,ou les Deux Riches jComidie 
en cinq actes, en vers, de Merville. Une intrigue com- 
pliqu^e, des entrees et des sorties pour du mouvement 
dramatique, des caracteres plus odieux que comiques 
ont fait gronder Torage des le troisi^me acte. Bocage 



CHAPITRB V. 97 

s'est montre pour nommer Tauteur sans qu'on Tait laissd 
parler. (Clozel, Duparai, Bocage, Provost; M"* Anais.) 
Le 4 dicemhre. — VImportantj comedie en trois 
actes, CQ vers, d'Ancelot. Succes. Parmi les vers qui ont 
produit le plus d'effet, citons : 

Uemploi d'ua farori n'est pas inamovible. 

Et surtout : 

On ne plaisante pas avec la Prefecture, 

qui a excite uu enthousiasme difBcile a decrire. Un seul 
spectateur a proteste, mais les oris : « A la poi te, le mou- 
chard! » lui out « coup6 le sifilet ». (Duparai, Bocage, 
Lockroy, Provost; M"~ Aoais et Brohan.) 

Le 54 dicembre. — Grand succes avec Don Juan, 
opera-comique en quatre actes, imite de Moliere, arrange 
par Castil-Biaze, musique de Mozart. Decorations de 
M. Gu^rin* C'est, ^ peu de chose pres, I'opera italien. 
(Duprez, Lecomte; M"*" Schutz.) 

Outre ces oouveaut^s, TOd^n donna Thospitalite 
pendant six semaines k une excellente troupe de com6- 
diens anglais qui obtint le plus grand succes ^ 

Le 6 seplembre. — Apres Tair Vive Henri IV y le God save 
the Queen et un discours d'ouverlure prononce en frangais 
par M. Abboit, on joua the Rivals (les Rivaux), comedie 
en cinq actes, de Sheridan, et Fortune's Frolic (le Ca- 

4. On se plaignit dans la presse, et avec raison, de voir ainsi le 
second Th^tre-Francais envabi par les strangers : les Anglais apr^s 
les importaiions ultramontaines. 

II. 7 



% 



98 L'0D£0N. 

price de la Fortune), commie burlesque en deux actes, 
d'Abbingham. Ges comedies ^taient pr^c^d^es de deux 
prologues explicatifs. Tun en rran^ais, Tautre en anglais 
(de MM. Lake et Wallez), d^bit^s aussi par,M. Abbott, 
avec une grSce qui lui concilia sur-Ie-champ les suffrages 
des connaisseurs. 

Miss Smithson fut tres applaudie. M. Liston, dans le 
r61e de M. Acres, justifia la reputation de com^dien 
consomm^ dont il jouissait en Angleterre. Sous les traits 
de sir Lucius 0*Trigger, M. Power parut un acleur tres 
coroique ; la vivacity de son debit, la mobility de son 
masque, son enjouement communicatif le mirent au pre- 
mier rang. 

Mentionnons le naturel et la joyeuse originalit6 de 
MM. Chippendale et Burnet. Les autres acteurs ^taient 
MM. Mason, Brindal, Spencer, Latham et M"""* Russel, 
Brindal, Bathurst. 

Le 8 septembre. — She stoops to conquer (Elle s'abaisse 
pour vaincre, ou les Miprises d'une nuU)^ com^die en 
cinq actes, de Goldsmith, et Love, Law and Physic (I'A- 
. mour, la Loi et la M6decine), folic en deux actes, imitee 
du Collaterals eurent autant de succes que le pr6c6dent 
spectacle. 

Leii septembre. — M. Gh. Kemble dtant arriv6, le 
public de Paris put enfin jouir de la trag^die anglaise. 
\JHamlety de Shakespeare, fut le rdle de d^but de ce 
grand acteur ; il fut acclam^, ainsi que M^*" Smithson dans 
Opbelie. 

The Irish Tutor y or The new Lights (le Precepteur 



CHAPITRE V. 99 

irlandais ou les Nouvelles Lumieres), commie burlesque, 
farce, comme disent les Anglais, imit^e ou pluldt traduite 
des Deux Pr^cepteurs^ de MM. Scribe et Moreau, termina 
cette representation. 

Le i5 septembre. — On donna Romeo and Juliet, 
avec Kemble et miss Smithson, admirables tous les deux, 
et Plot and counter Plot (rintrigue et la Contre-Intrigue), 
com^die arrangee par Kemble, d'apres la piece frangaise 
le Portrait de Michel Cervantes. 

Le i8 septembre. — Othello. La sc^ne du meurtre 
parut au-dessus de ce que pouvait supporter alors une 
assemblee fran^aise. (Kemble et miss Smithson.) 

Le 20 septembre. — The hell's stratagem (le Strata- 
gfeme de la cloche), com^die en cinq actes, de M" Cowley. 

Le 27 septembre. — Cowley and the weather Cock 
{rFnconstant)y farce en deux actes, d'Abbingham, pour le 
d^but de miss Foote, dont les manieres fines et spirituelles 
ont charm^ tous les speclateurs. 

Le 20 octobre. — The School for Scandal {r£cole de 
la Medisance)y com^die de Sheridan, ou miss Foote fut 
tres applaudie, et A Roland for an Olivar (mm Pr^ti pour 
un Rendu), com^die en deux actes, de M. Morton qui a 
compost cet ouvrage avec Une Heure de Mariage, de 
M. Etienne, et la Somnambule, de MM. Scribe et Ger- 
main Delavigne. 

Par suite d* arrangements avec le ministre de la maison 
du roi, le directeur du th^tre anglais et sa troupe 
quittent I'Od^on pour le Th^fttre-Italien, oil ils presen- 
tent successivement aux applaudissements des connais- 



400 L'ODtON. 

seurs M. ChapmaQ dans le rdle du due de Glocester, 
miss Smithson dans divers r6Ies de sod repertoire, Ma- 
cready, dans Macbeth^ oh il fut admirable, et enfin, le 
c^l^bre Kean dans Richard 111^ de Shakespeare, qu*il 
joua de la fagon la plus puissante. 

AbandoDDODS k regret ces grands artistes et arrivons 
aux debuts de I'annee th^trale : 

Trois seulement sur douze m^ritent d'etre signal^s : 

a octobre. — M. Lockroy, ^leve du Conservatoire, 
par le rdle de Loredan dans les Vipres siciliennes. Le 15, 
il a jou^ Montreal dans Rienzi. 

Yoici ce que disait alors la Reunion^ journal des spec- 
tacles, de cet artiste qui fut un des bommes les plus 
remarquables de la grande p^riode romanlique, comme 
auteur et comme acteur : 

« M. Lockroy a obtenu des encouragements, il lui 
reste maintenant a les justiQer. Ge debutant est jeune, il a 
regu de la nature unetaille ^lev^, un physique agr^ble; 
mais k toute rinexp^rience de son dge il joint une pro- 
nonciation m^ridionale beaucoup trop apparente. » 

M. Edmond, dans N^ron de Brilannicus. Chute 
bruyante. Le laurier de Tempereur romain n*a pu mettre 
celui qui le portait k Tabri de la foudre. 

M^"" Dupont, que nous avons vue dans les princesses, 
debute dans Phedre (9 d6cembre) *. 

4 . M. Brice (24 septembre); M"'* Lefi^vre (2 septembre) ; M. Etieone 
et M*"^ Bossoo-Brice (9 septembre); M""" Buffardin (7 octobre); 
M. Prosper (46 octobre); M"« Milot (U octobre); M. Juclier (2$ oc- 
tobre); M^i* Lemaire (23 d^mbre}* 



CHAPITRB V. 404 






• • « _ • 



• * t « • 



REPRISES. 



• • • ■* ' . m m * • 



La Maison isoUe, de Dalayrac (20 aout). 

La Manie de briller, ou le Valet de son rivals de Scribe 
et Delavigne (9 seplembre) . 

Falkland^ ou la Conscience, de Laya (Bocage jouait le 
r61e cr66 par Talma). 

Camille, ou le Souterrain, op^ra de Marsollier et Da- 
layrac (Duprez chantait Lor^dan). 

Deux representations exlraordinaires : 

La premiere au benefice de la veuve Du Pelit-Mer6 
(21 novembre), dans laquelle on donna Anglais et Fran-- 
cats, com^die en un acte, petite piece agreable de 
MM. Gustave de Wailly et Bayard, donnee pour la pre- 
miere fois, avec le plus grand succes, au b^n^fice de 
M. Abbott, auK Italiens. Le beneficiaire jouait en frangais, 
avec MM. Dobigny, Thenard, M^'^'Anais el Dorgebray. 
La recetle ne s'est devfe qu'a 2,500 francs. 

La seconde (13 d^cembre), au b^n^fice de Felix 
Huart, produit 5,000 francs. 



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CHAPITRE VI 



i8^-1829. — Amy Robsart, — Un illustre collaborateur. — Le romantisme. 
Le Dernier Jour de Missohnghi, — Perkins Warbeck, — Romdo et Juliette 
de Fr6d6ric Soulid. — Direction Lem^theyer. — Le vaudeville k TOd^on. 



La fin du rfegne de Thomas Sauvage approchait. 
Avant sa deMcle, il monta dix nouveaut^s, dont une des 
plus importantes fut : 

Le 43 fevrier. — Amy Robsart, drame ra cinq acles, 
en prose, tir6 du Chdleau de Kenilworth^ roman de Wal- 
ter Scott. 

La Com^die - FranQaise , sous le tilre di Emilia ^ 
rOp^ra-Comique , sous le titre de Leicester j la Porte- 
Saint-Martin, sous celui du Chdteau de Kenilworth, 
avaient 6pms6 tout I'interfit du sujet ; pour rajeunir cette 
donn^e trop connue, Tauteur d^pensa beaucoup de ta- 
lent et d'originalit^ ; ce fut justement ce que lui repro- 
cherent les journaux du temps : « L'auteur de ce drame 
barbaro-amphigouri-romantique a mis une fois de plus 
le roman du Chdteau de Kenilworth en pi^e, mais il s'est 
arrange de fa^on k le rendre meconnaissable ^. » 

4. La Reunion, journal des spectacles. 



404 L'ODfiON. 

La representation, qui dura pres decinq heures, fut 
des plus orageuses. La fagon bourgeoise dont M"* Gharton 
representait le personnage d'Elisabeth, certaines phrases 
un peu trop romantiques provoquerent des rires et des 
sifflets : « Le lutin en cage avec la colombe tomb^e dans 
la serre du vautour, la brebis lanc4e dans la fosse aux 
loups, le tigre se donnant tout entier, sang et cer- 
velle, etc., etc. » 

Amy liobsartj atlribu^ d'abord a Victor Hugo et 
sign6 par Paul Foucher, 6tait en realile de tous les deux. 
Victor Hugo avail commence sa pi^ce en collaboration 
avec Soumet ; la pension de Louis XVIII ^tant venue le 
dispenser des speculations litteraires indignes de son 
genie, il avait jel6 son manuscrit au fond d'un tiroir. 
En J 828, Paul Foucher, qui sortait du college et qui se 
senlait entraind vers la litlerature dramatique, demanda 
ce manuscrit a son beau-frere. « Une piece pareiile m'ou- 
vriraitle theatre, lui dit-ii, et m'improviserait un nom! » 

— Ma foi, repondit Victor Hugo, je ne regarde pas 
cela comme une piece de moi. Fais-en ce que tu vou- 
dras, Walter Scott t'apparlient autant qu'k moi. » 

« Amy Robsarty portc immediatement a TOdeon, fut 
regu facilement et distribue aux meilleurs com^diens de 
I'endroit. ftl. Eug. Delacroix voulut bien dessiner les 
costumes. II elait convenu que le nom de Victor Hugo 
ne serait pas prononc^, mais quelques phrases et quel- 
ques indiscretions le trahirent, et le directeur, enchante, 
s^empressa de r^pandre le bruit que le drame ^tait de 
Tauteur de Cromwell. M. Victor Hugo eut beau s'y pro- 



CIIAPITRE VI. i|05 

poser; le directeur, voyant dans le Dom une attraction, 
contiDua a le crier sur les toits. » La piece n*ayant pas 
reussi, « Victor Hugo, qui voulait bien donner le succes; 
ne voulut pas donner la chute, et ^crivit imm^diatement 
dans les journaux que les passages siffles etaient de lui. 
Ce futpour la piece une reclame involontaire. Les jeunes 
gens, qui ne s etaient pas deranges pour une piece non 
avou^e, accoururent alors et applaudirent ; les sifflets 
redoublerent. L' agitation du parterre s'etendit dans le 
quartier latin, le gouvernement intervint et interdit la 
piece. » — L'auteur du beau livre Victor Hugo raconU 
par tin Umoin de sa rie, auquel nous empruntons ces 
details, se Irompe ici : Amy Robsart n'eut qu'une seule 
representation. Sauvage, epouvante du tumulle, ou ce- 
dant a d*autres considerations, ne crut pas devoir le 
rejouer, k retonnement et au regret de quelques-uns des 
acleurs. — « Celte bouffonnerie romantique ne salira 
plus les planches d'un th^Stre royal, » dit le lendemain 
en conclusion un article du Journal des Debats^ qui rdsu- 
mait ainsi I'opinion d'une partie de la presse. D'autres, 
moins passionnes contre le romantisme , declarerent 
qn'Amy Robsart contenait des beaut^s de premier ordre 
et qu'une chute comnoe celle-lk illustrait un homme. 

On ne peut malheureusement juger ce proces en der- 
nier ressort, le raanuscrit original, donn^ plus tard par 
Victor Hugo a Alexandre Dumas, ayant et6 perdu. Cetle 
piece, curieuse ^ cause du grand nom qui y est attache, 
se trouve 6tre comme « ces villes des temps fabuleux, 
aujourd^hui disparues et dont on ne peut plus mSme d^- 



405 L'ODfiON. 

terminer Templacement avec siirete *. » (Lockroy, Pro- 
vost, Th^nard, Auguste, Doligny; M"'* GhartOD, Anals, 
Dorgebray.) 

Le 14 fevrier. — Les ISpheh&res ou la Vie en un 
jour J vaudeville tragi-comique, romantico-classique , en 
trois actes, avec prologue et Epilogue, de Picard et Fran- 
cois Dercy. Cette folie de carnaval, aimable et gaie, eul 
quelque succes*. (Provost^ Lockroy, Duparai; M"®* Anais, 
Brohan) . 

Le i8 fevrier. — Les Brigands, op^ra-comique en 
deux actes, par MM. Th. Sauvage et H, Dupin, musique 
tir^e des partitions de Dalayrac. Demi- succes, (Du- 
prez.) 

Le ii mars. — Guarles II, ou le Labyrinthe de 
Woodstocky com^die* en trois actes, en prose, d* Alexandre 
Duval. Au deuxieme acte, quelques sifflels se firent en- 
tendre; la piece ennuyait, elle allait peut-4tre sombrer, 
une phrase de Bocage la sauva : « II y aura pardon pour 
tout le monde, dit Gharles II. — Oui, sire, r^pond le co- 
lonel Evrard, et liberty pour le peuple. » A ces mots les 
applaudissemenls ^clat^rent et Lockroy put, sans protes- 
tation, annoncer le nom de I'auteur. (Lockroy, Provost, 
Bocage; M"®* Charton et Wenzel.) 

Le iO avriL — Le Dernier jour de Missolongoi, 
drame heroK-lyrique en trois actes, en vers, m6I^ de 

4 . Paul Foucher. Les Coulisses du passd, 

8. Jouee au Th^tr^-Francais, un dimanche, elle fut impitoyable- 
ment sifflee. 

3. Regue k la Gom^die-francaise, elle allait y dire repr^Dt^e 
lorsque Tauteur s'y opposa. 



CHAPITRE VI. i|07 

chant, par M. Georges Ozanneaux, musique d'H6*oId. 
GrAce a Tactualit^ du sujet, le succes n'a pas 6t6 dou- 
teux un seul instant. 

Le 22 avriL — Pour Tanniversaire de la destruction 
de Missolonghi^ Tauteur ajouta un prologue relatif k 
cette circonstance. On a beaucoup applaudi; mais on a 
ete surpris de voir dans ce dialogue k deux personnages, 
joue par Beauvallet et Lockroy, des recriminations sur 
la critique dramatique et des plaisanteries sur la solitude 
de rOd^n. (Bocage, Provost, Duprez; M"*AnaTs.) 

Le 4 mat. — Premiere representation k ce IheAtre de 
Deux mots, ou Une Nuit dans la forU, op^ra-comique en 
un acte. (Duprez, Doligny; M°*^* Meyssin, AnaKs.) 

Le 6 mat. — Peakins Warbeck, ou le Commis mar^ 
chand, drame historique en cinq actes, en vers, par 
M. Fontan. Succes, malgr^ les accidents de la premiere ; 
au premier acte, M"'' Gersay s'^tait laisse choir en entrant 
en scene; au deuxieme acte, Beauvallet s*etait evanoui*. 
(Beauvallet, Lockroy, Provost, Desnoyer; M""" Gersay.) 

Le i8 mai. — Premiere representation k ce theatre 
de Gdlnare, ou VEsclave persane, opera en un acte, pa- 

4. ff La chute de Missolonghi retentira par delk les si^cles dans 
tous les coeurs g^n^reux. En reproduisant le tableau de ce sublime 
d^sastre, Tauteur a dd compler sur lo triompbe qu'il a oblenu. » 

{Joumatuc du temps,) 

2. Perkins Warbeck avail d^jk 6l6 mis k la sc^ne, au Th^itre- 
Francais, le S4 mars 4827, par MM. Picard et Mazeres, avec un succ^fr 
contest^; le 45 mai, au th^&tre de Madame, par MM. Th^aulon, Brazier 
et Carmouche, avec le mdme r^ultat, et le 19 du mdme mois, au Vau- 
deville, par MM. ♦♦♦. Le drame de TOd^on a 6t6 plus beureux que 
les autres. Aucun mauvais bruit n'a trouble les illusions de Tauteur. 



408 L'0D£0N. 

roles de Marsollier, musique de Dalayrac. Duprez chan- 
tail Osman; M""' Duprez, Gulnare. 

Le 20 mai. — Lb ProtiSgiJ, ou le Danger de la 
faveur, com^die en trois actes, en prose, par MM. 
Georges Duval et Dumersan. -^ Chute. — Au niilieu 
d'.un bruit assourdissant, Provost annonga : « La piece 
est de M. Eugene. » 

Le iO juin. — Rom^o et Juliette, trag^die en cinq 
actes, en vers, imil^e de Shakespeare, d^but dramalique 
de Frederic Souli^- Les quatre premiers actes ont 6l6 
froidement accueillis; le cinquieme, plus anglais, surtout 
par le Tait des acteurs, et plus a la mode, par consequent, 
a d^cid^ de la victoire*. (MM, Lockroy, Beauvallet ; 
M"* Anais.) 

Le manque d'argent ayant force Thomas Sauvage k 
passer sans transition de la prodigality h la parcimonie, 
il se debarrassa des gros appointemenls des chanteurs * 
et reduisit le plus possible ses frais, afin de continuer la 
lutle ; reformes inutiles, il 6tait trop tard. Tout allait a 
la derive ; les comediens, les employes n'dtaient plus 
payes, les representations souffraient du meconlentement 

4 . II existait alors trois ouvrages sur ce sujet, de Ducis, de Monvel 
et de S^gur, jou^s en 477J, 4792 et 4793. La pi^ce de F. Souli^ fut 
reprise h la Com^die-Francaise en septembre 4844, pour M"* Naptal. 

3. Celte reforme ne se fit pas sans quelque esclandre. Le 43 avril, 
Lecomle, qui devait jouer Richard Cceur de Lion^ ayant declare qu*il 
ne joaerait pas sans avoir touch6 la somme de 800 francs qui lui etait 
due, le public, d'un autre c6(6, ayant refuse tout changement de spec- 
tacle, Granfon, souflleur d'opera, fit proposer de chanter et de lire le 
rdle de Blondel; la proposition ^tait trop comique pour n*6tre pas 
accepts. 



GHAPITRE YI. 409 

general, les recettes desceDdaient au-dessous de zero, 
rien ne pouvait plus conjurer la crise ; elle ^clata le 
12juillet. 

MM. Bocage, Boulard, L^oq Bizot, Ch. Desnoyer, 
Doligny, Provost, Auguste, Thenard et Duprez, au nom 
de trente de leurs camarades, Bloc au nom de rorchestre 
et des choBurSy publient dans les journaux une longue 
leltre declarant qu*ils suspendent leur service jusqu*au 
jour oil M. Sauvage se sera acquitte en vers eux. 

Pour conserver sa place a tout prix, Sauvage appela 
k lui tous les comediens de province et de banlieue en 
non-activite, tous les amateurs des theatres de soci^t^, 
et, avec quelques artistes de sa troupe qui pour des 
considerations personnelles ne s*^taient pas joints a 
leurs camarades, il organisa, a la h&te, un spectacle com- 
post de Mahomet et de rEcole des Femmes^ pria la presse 
d*assister k la premiere repr^ntation de sa nouvelle 
troupe et de la juger avec impartiality. Nous ignorons si 
le jugement qui fut port^ alors k Taudition de cet Strange 
assemblage de comediens fut tout k.fait impartial; mais 
nous Savons qu'il fut de la plus grande s6\6ni6. On fit 
un tel vacarme que Tautorit^ dut intervenir et faire fer- 
mer TOd^n le second jour. 

Dans les journaux, une longue pol^mique s'engagea 
entre le malheureux directeur et ses plus malheureux 
pensionnaires, k Tissue de cette soiree desastreuse. Le 
dernier mot resta aux comediens. Ce n*est pas un crime 
de manquer d'argent ; mais c*est une Taute de ne pas 
savoir se taire. Th. Sauvage, apres avoir fatigu^ le 



110 L'ODfiON. 

public de toute uae correspondance aussi passionn^e 
qu'inutile, le conaprit enfin; il renonga k toute id^ de 
direction et revint a ses travaux litt^raires et drama- 
tiques, qu'il n'aurait peut-Stre jamais du abandonner. 

L'Od6on ferm6, la troupe se disperse ; Beauvallet 
eotre a rAmbigu-Comique oil il debute dans la reprise 
de Cardillac; M"* Brohan abandonne la grande com^e 
pour la com^die 16gere et signe un engagement avec le 
Vaudeville ; Duprez enlre k TOp^ra-Comique, qu'il quitte 
rapidement, part pour I'ltalie, d*ou il revient le grand 
artiste que Ton sait. 



REPRlSSENTATlONS EYTRAORDINAIRES ET REPRISES. 



Le 6 Janvier i828y les com6diens anglais donnent 
une representation de King Lear (le Roi Lear). M. Terry 
joue le Roi ; miss Smithson, Cordelia. 

Le iO Janvier^ Socage joue Dorante, des Jeux de 
V amour et du hasard. 

Le i4 Janvier. — Reprise de la F^te de Moliere. 

Le i8 Janvier. — Les comedians anglais jouent the 
Merchant of Venice et Simpson and C°. 

Le 9 f6vrierj benefice de M"* Schulz : un acte du 
theatre du Gymnase ; les Originaux^ avec Monrose de 
la Com^die-Frangaise ; Tancride^ opera, et un intermMe 
de chant et de danse. 



GHAPITRE YI. 444 

Trois debuts importanls sur dix-sept' : 

i2 Janvier i828, W^ Berenger dans Isabelle, de 
CEcole des maris, succes : jeune et jolie comedienne. 

i5 fivrier. — M""* Laine dans Dorine, de Tarlufe. 

i7 mars. — Beauvallet dans Shakespeare, de Shake-- 
speare amoureuco. 



DIAEGTION LEMJ^TnEYER 



M. Lem6theyer se met aux lieu et place des com6- 
diens, creanciers privilegies pour la somme de 80,000 
francs; il traite avec les actionnaires et les creanciers de 
Thomas Sauvage '. 

• 

4. 27 Janvier, MM. Saint-Felix et Sainte-Marie; 23 mars, M. Firmin 
Prud'homme; 43 avril, M. Georges Palais; 45 avril, M"® Louisa Comte; 
24 avril, M'"* Ferdinand; 25 avril, M. Boulard; 26 avril, M"»e Sabatlier; 
44 mai, M"<* Schaffner; 43 mai, M. Charles; 46 mai, M. Chevalier et 
W^ Am^lie; 3juin, M. B^n^dit. 

2. Le 2 oclobre 4828, arr^le du ministre des Beaux-Arts retirant 
h Sauvage le privilege de I'Odeon. Du m^me jour, arr6(^ nommant 
Frederic Lerndtheyer directeur-eotrepreneur, pour exploiter le privi- 
lege hi ses risques, perils et fortune pendant quinze annees, c'est-a- 
dire jusqu'au 4*' octobre 4843 (Tragedie, comedie, drame, comedies 
m6l6es de couplets, bals masques en carnaval). Comity de lecture, re- 
presentations quolidiennes, gratuity du loyor, frais d'entretien de la 
salle et dependances k la charge du directeur. Jouissance gratuite du 
mobilier du Ih^^tre (decorations, costumes, instruments, livres, mu- 
sique, accessoires, etc.), appartenant a la iiste civile et a la chambre 
des Pairs. Cautionnement de 400,000 fr. en inscriptions de rentes. D^* 
cision du roi accordant une subvention de 60,000 fr. 

Adminislration, — M. le chevalier Lem^theyer, ancien officier de 



442 L'0D£0N. 

L'ancien admiDistrateur de Feydeau donna imni^dia- 
tement la mesure de ses capacites, d'abord en aonongant 
que des omnibus transporteraient k toute heure des voya- 
geui*s de TOdeon k Tautre rive, et ensuite, en faisant 
ajoutcr a son cahier des charges le droit d'exploiter le 
vaudeville. Quelle derision! le vaudeville... quand tons 
les chers-d*(Buvre de Scribe ^taient siffl^s sur la rive 
gauche, et a Theure du grand mouvement romantique! 
II fallait parler k des passions jeunes et hardies; a d^faut 
de pieces nouvelles, ouvrir le th^fttre etranger, prendre 
Shakespeare, Schiller, Lope de Vega, enfin sortir des sen- 
tiers battus. Le pauvre Lemetheyer Gt encore moins que 
Sauvage. 

L'inauguralion de cette nouvelle direction se fit le 
5 octobre avec le Collateral et les Jeux de V amour et du 
hasard. 

Le d8 octobre. — Les slitrs d'un codp p*£pMfi, 
com^die en un acte, en prose, par MM. J.~J. Ader et 

marine, ancien directeur des iheAtres du Havre, de Nimes, etc..., 
aocien regisseur de I'Op^ra-Comique, administrateur a Feydeau et 
correspondant dramatique en 4826; M. Leon Hal6vy, secretaire general ; 
Theodore Vaoard, chef de la comptabilit^; £douard, regisseur g6- 
neral ; Douesnei , second regisseur ; Barbarey^ contrdleur g^n^ral , 
Ozanne, souffleur. 

Trag4die, comedie, drame. — Lockroy, Michelot, Socage, De&- 
noyer, Provost, Doligny, Duparai, Auguste, Th^nard, Ad.. Vincent, 
Men^tWer, Paul Coquerel, Uiboelle, Timoth6e, £douard. U^'* Der- 
feuille, Charton, £lisa Wenzel, Dutertre, Anafs, Gersay, Lain6, Eulalie 
Dupuis, Sabattier, Sainte-Suzanne, Berenger, Lambert, Ferdinand. 

Vaudeville. ~ MM. Masson, L6on Bizot. H"'** F61icie Aub^, 
Messyn, Pouilley, Caroline Lebrun, Buffardin, Durand, Flore. 

M. Bloc chef d*orchestre. 



CHAPITRE VI; 443 

Emile Brousse. Succ^s contests. (Provost, Bocage, Mi- 
chelot ; M"~ Dutertre et Berenger.) 

Le 23 octobre. — Le Concert a la gampagne, inler- 
mede mS16 de couplets par MM. de Saint-Georges et 
Leon Hal^vy. 

Un bon bourgeois de Beaune a h^berg^, on ne salt 
trop pourquoi ni comment, les acteurs chantants de 
rOdeon. Get honn^te m61omane> heureux de recevoir un 
de ses bons amis, rassemble tous les musiciens de Ten- 
droit, Torchestre ex(5cute Touverture d'Oberon; apr^s 
Touverture, viennent les choeurs el ainsi de suite jusqu'a 
la fin, le tout entremel4 de poesie et de quolibets debites 
par M"* Flore, la rejouissante comedienne des Varieties qui 
debutait dans cette fantaisie-programmepar un r61e de jar- 
diniere. Ce petit acte, produit incestueux du logogriphe 
etde la charade, reussit. (Provost, Duparai ; M"^ Flore; 
M. Leon Bizot ; M"~ Durand, Pouilley et Buffardio.) 

Le 6 novembre. — L'Appartement, ou Vingt-Quatrc 
Heures de la vie d'un riche, comedie en cinq actes, en 
prose, de C. Merville, piece trop longue : applaudisse- 
menls mitiges quaud on a nomm6 Tauteur. M'^"* Ana'is a 
ete charmante sous les traits d'un jockey. (Bocage.) 

Le i8 novembre. — ^ Marie de Brabant, drame his- 
torique en cinq actes, en vers, de M. Ancelot. On a 
ecout^ jusqu'au bout sans applaudissemenls ni mur- 
mures. Succes d'estime. (Bocage, Provost, Lockroy, 
Desnoyer; M°* Char ton,) 

Le 22 novembre. — Representation au benefice de 
Bocage d6 valise par des voleurs : un Trait de Cartouche, 

II. 8 



4U L'0D£0N. 

ou le Vol el le B6n4fieiaire, iatermMe dramatique en deux 
tableaux, espece d' improvisation au gros sel, ou Ton voit 
Cartouche, pour d^dommager un com^dien que sa troupe 
a d^valis^, lui proposer une repr^eatation k b^n^fice. 
Les auteurs out gard^ ranonyme. (Bocage.) 

Le 27 novembre. — L'Homme entre deux ages, 
com^die-vaudeviile en uo acte, de MM. Saint-Ange, 
Fontan et Gh. Desnoyer, qui jouait dans la pi^ce le 
r6Ie d'Alfred, r^ussit. 

Le 6 dicembre. — L'Espion, drame en cinq actes, 
en prose, de Fontan, Ldon Hal^vy, G. Drouineau et 
Gh. Desnoyer, inspire par le roman de Gooper ; plusieurs 
situations tragiques et un beau quatri^me acte. Le pre- 
mier soir, succes conteste ; succes complet aux repr^n- 
tations suivantes. (Bocage, Duparai, Lockroy, Provost; 
M^Anais, Char ton.) 

Le 13 dicembre. — Premifere k ce th6ftlre du Jecnb 
Maire, com^die-vaudeville en deux actes, de Duvert et 
Dupeuly. (Lockroy ; M*^ B6renger.) 

Le 28 dicembre. — I^ Gontrariant, com^die en un 
acta, en prose, deC. Merville, joli petit acte. Succes. (Loc- 
kroy, Duparai, Th^nard, Provost; M"** Wenzel etLatnd.) 

i829 

Le 8 Janvier. — La Bossue, ou le Jour de la majoritij 
(om^die en un acte, en vers, par MM. J.-J. Ader et 
Fontan, 6crite pour mettre une foisde plus en lumi^rele 
lalent d'Anafe. (Duparai, Provost ; M"~ Wenzel et 
E. Dupuis.) 



I 



CHAPITRE YI. 115 

Le Si Janvier. — Langasteb, ou VUmrpaiion, drame 
en cinq actes, en vers, de M. d'Epagny. Les marques de 
m^conleniement, qui avaient plusieurs fois ^clat^ pendant 
la representation 9 cess^rent des qu*on nomma Tauteur 
(Bocage, Lockroy, Desnoyer, Provost; M"' Gharton *). 

Depuis la premiere representation de VEspion, qui 
n*obtint pas le succ^s que Ton esp^rait, TOdeon etait en 
proie k la plus horrible d^tresse. Dans le mois de fi^vrier, 
un des meilleurs de Tann^e the&trale, on donne pour 
toute nouveaute, le 8, le FfiANpAis au Caire, com^die- 
vaudeville en un acte de M. Florestan, dont quelques 
couplets tourn^s avec esprit font tout le m^rite. (L^n 
Dobigny; M"* B^reuger et Flore.) 

Le 24 fivrier. — La Vieille Fille et la Jeune 
Veuve, aimable com^die en un acte, en vers, de MM. 
N, Fournier et Aug. Arnould. (Lockroy, Duparai; 
M*"*' Dutertre, Wenzel et E. Dupuis.) 

Et enfin, le 26 fevrier, — Le Mariage et l'Enter- 
REMBNT, folie-vaudeville en un acte, de MM. Auguste 
Arnould et Mottet. Gette extravagante petite piece, trop 
bonne pour un th^fttre h I'agonie, avait dte d'abord 
annonc^e sous le titre : Je suis mart. Lem^theyer, qui 
allail abandonner la direction de TOdton, fit changer ce 
sous-titre, qui pouvait preter aux allusions. 

Le i^ mars, les acteurs se coustituent en r^publique 
et se partagent les recettes au prorata. Le &, voyant 

4. D6figur66 par Teau-forte, vengeance d*un amant, M"« Chartoa 
disparut rapidement de la scdne, y^cat paavre, oubliee, et mourut 
le27jwllet487St. 



M6 L'ODfiON. 

qu'avec tous leurs eflTorts, ils arrivent h peine k payer 
les frais de soiree, ils abandonnent la partie. Certaine- 
ment M. Lem^theyer, en se chargeant de gaiety de coeur 
d'un fardeau trop lourd pour lui, 6tait cause de cette 
rechute si prompte ; mais il convieiit de ne pas faire 
retomber sur lui toute la faute.M. de La Rochefoucauld, 
ministre de la maison du roi, Tavait absolument aban- 
donne. La subvention, appoint considerable, ne lui fut 
point donn^e pendant le cours de cette direction, sous 
pr^lexfe qu'on n'avait point vers6 le cauiionoement. 
Avant de quitter leur postfe, les comediens adressfereot 
aux journauK la letlre suivante : 

« Messieurs, 

tt L*Od(5on ferme demain mercredi ft mars. Poiir la 
troisieoie fois depuis deux ans, FinfAme banqueroule est 
aux portes du Theatre- Royal. Pleins de confiance dans 
le ministere, nous avons continue notre service tant que 
nous avons pu le faire. Mais aujourd*hui tout nous man- 
que; il nous est impossible d'aller plus loin. Sur dix 
mois a peine echus de Tannic th^Alrale, il nous en est 
dii six; si un pared ^lat de choses n*occasionne chez 
quelques-uns d'entre nous qu'une grande g(^ne, il en re- 
duit la plupart a un denuement absolu. 

« Deux lettres adress^es par nous k M. Tintendant 
general de la maison du roi sont rest^es sans r^ponse*. 

4. Premiere lellre adressee a M. le baron de La Bouillerie (6 fe- 
vrier 4829), demandant que Ton dispose en leur favour du cautionne- 
ment et de la subvention. — Deuxieme leUre an m6me (40 fSvrier 4829) : 



CHAPITRE VI. Ul 

Nous sommes fond^s a croire qu'elles ne lui sont pas 
parvenues. Comment supposer, en effet, que M. le baron 
de la Bouillerie, bien instruit, eut pu laisser aussi long- 
temps dans une pareille d^tresse des artistes honores du 
tilre de com^diens du roi ? II ne nous, reste qu'un moyen 
de faire entendre nos plaintes a. M. Tintendant g^n^ral, 
c'est la publicite, et nous nous adressons k vous, Mon- 
sieur le r^dacteur, bien * persuades que, par Tentremise 
de votre journal, le ministre en m^me temps que le public 
connattra notre position. 

« DuPARAi, LocKROY, Desnoyer, etc., etc. n 

Les comediens et les actionnaires de TOdeon, voyant 
qu'ils n'obtenaient pas plus de r^ponse a cetle letlre 
qu'auK deuK autres , attaquerent la maison du roi dans 
la personne de M, de la Bouiilerie : les premiers, sur 
cette clause du cahier des charges qui disait formellement 
qu'en cas de modifications ou de retrait du privilege, la 
maison du roi se chargeait des engagements pris; les 
seconds sur lecaulionnement. 

Devaut cette attitude resolue, Tautorite entra en 
composition et proposa des arrangements. lis etaient 
de nature k n'fetre point acceptds, paratt-il, puisqu'on 
courut les chances d'un proces. 

a Au point oil nous en sommes venus, nous ne pouvons cacher que 
beaucoup d*entre nous, dans la saison la plus rigoureuse de Tan nee, 
sont sans pain et seront bientot sans asile... Nous avons I'honneur de 
pr^venir Votre Exceileoce qu'k dater de domain, nous sommes deter- 
mines a employer tous les moyens qui sont en notre disposition pour 
sortir de la fi^'.-heuse situation oil nous sommes depuis trop longtemps. » 



448 L*0D£0N. 

En attendant ce qu*il plairait d^ider au tribunal, les 
choristes, gagistes et employes, apr^ avoir souffert, 
sans appointements, toutes les angoisses d'un hiver des 
plus rigoureux, furent obliges d'avoir recours k la bien- 
faisance publique. Une souscription fut ouverte pour ces 
pauvres diables chez M. Moisson, notaire, et chez 
Risbec, restaurateur, place de TOd^n *. 

Le proces contre le minist^re, men^ cependant avec 
beaucoup d'adresse et d'habilet^, fut perdu. Le tribunal, 
consid^rant que le fait seul du sieur Sauvage avait donn6 
lieu k la cldture et au retrait du privilege, d^bouta les 
comedians de leur demande et d^clara « que ia maison 
du roi n'^tait pas responsable. » 

Ge qui restait de bon dans la troupe s*^parpille 
alors : Lockroy entre a la Porte-Saint-Martin pour cr^er 
le Marino Faliero de Casimir Delavigne. M"* Anais, « le 
bijou de la rive gauche, » signe avec la Com^die-Fran- 
Caise. — On vendit aux encheres le materiel 8 k 9,000 fr. 
La maison fut non-seulement ferm^e, mais encore vid^ 
et saccagee. 

Elle paraissait d^truite k jamais lorsque M. de La 
Rochefoucauld sentit enfin ses fautes et voulut les r6- 
parer. 

Cinq personnes sollicitaient. Ia direction du second 
Th^Atre-Frangais; MM. Petit-David, Texcellent com6- 
dien Perlet^ Nanteuil, professeur de declamation, 

4. Le thdtoe forain du Luxembourg et celui de M"* Saqui don- 
n^rent chacun une representation k leur b^n^Gce. 
Scribe envoya g^n^reuaement 4 ,000 francs 



GHAPITRB VI. 449 

MM. d*6pagny et Lemesle, libraire, associfeS et Harel. 

Les amis de M^^ Georges aidant, Harel Temporta sur 
ses concurrents. L*administration de la maison du roi, 
^clair^ par les reclamations g^n^rales, accorda au nou- 
veau directeur une subvention de 160,000 fr.*, plus 
6,000 fr. pour les d^penses du comite de lecture. 

Sept debuts', dont les plus importants sont : 

i3 octohre. — Eulalie Dupuis dans Dorine de Tartufe. 

3i fanvier. — M^ Charton. 



REPRISES BT REPRlSSENTATIONS EXTRAORDINAIRES. 

3 novembre. — Gratis k tons les th64tres ; on ajoute 
des tirades au Concert a la cour. 

22 novembre. — B6n6fice de Bocage, 7,000 fr. 
f 4 dicembre* — Reprise de Amour et Intrigue. 

4. M. Lemesle se faisait fort, en donnant une carte d*entr^e annuelle 
pour 75 francs ^ 3,000 souscripteurs du quartier, de rendre a TOddon 
sa splendeur. Jouslin de La Salle eut aussi cette id6e; nous trouvons 
dans le Figaro d'alors une longue lettre de lui demandant 100,000 fr. 
de subvention, 400,000 fr. de r£tat et 400,000 fr. par le quartier, 
cr premier int^ress^ », au moyen d'une contribution. 

2. 7 mars 4829, arr6t6 minist^riel retirant k Lem^theyer Tautori- 
sation d'exploiter le thdAtre de FOd^on. — 26 avril, privilege de 
M. Harel (Charles-Jean) pour deux ans et sept mois, du 4*' sep- 
tembre 4829 au 34 mars 4832. 

3. 45 octobre, M"* Sainte-Suzanne; 9 novembre, M« Darine; 
yembre, M^^* Agarithe Tetit; 27 Janvier, M. Auguste Rosemar; 
29 Janvier, M, Borsat. 



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CHAPITRE VII 



1829. — 1830. — Direction Harel. -- M"* Georges et la nouvelle troupe. — 
R^ouverture. — Christine d Fontainebleau. — La FSte de Niron. — La 
Mart de Moliire,— Chnies cdl^bres.— Stockholm, Fontainebleau et Borne. 
— Alexandre Dumas a TOd^on. — Guillaume Tell. — Pendant et apr^s 
les trois journ6es. — Jeanne la Folle. — Fontan et le Mouton enragi. 



Harel *, tout en menant TOdeon et la Porte-Saint- 
Martin avec plus de fantaisie que de science dramatique, 
est reste comme la personnificationdudirecteur parisien. 
Causeur plein d'a-propos, se moquant de tout, mSme de 
lui et de son entreprise, il doit a son esprit de coulisses 
si vif et si paradoxal une grande partie de la reputation 
qui lui a surv^cu. Administrateur mediocre, il remporta 
souvent des victoires dclatantes et n'eut ni le bonheur ni 
le talent d'en savoir tirer profit; apres un* succes il s'ar- 
rfitait net et il fallait un revers pour Tarracher a sa pa- 
resse et k son inaction. Alors il retrouvait toute son 
Anergic, et, comme certains generaux qui n'ont ete 
grands que par leur maniere de dinger les retraites, rien 

4. J.~B. Harel, ne h Rouen en 4790, mort h Ch^tillon pr6s Paris, 
en 484G, a collabore au J>ictionnaire des theatres, 4S24 v^rites, 
(in-42 Barba), et k plusieurs drames : la Guerre des Servantes, etc. 
A donnd seul un jSloge de Vollaire,couronn^ par rAcadernie, et deux 
comedies, les Grands et les Petits au The^tre-Frangais, et le Succis 
i rOd^on. 



An L'ODtON. 

ne rarrfitait : ni les mesures les plus couleuses ni les 
resolutions les plus d^sesp^r^es. II depcnsa certainement 
plus d' esprit pour se ruiner que vingt autres pour faire 
fortune. 

Elev6 par son oncle Luce de Lancival , professeur au 
college imperial et auteur A' Hector , trag^die qui eut un 
certain succfes au Th^Stre-FranQais et qui lui valut la 
protection de Napoleon, Harel obtint tres jeune encore 

r 

une place d'auditeur au conseil d'Etat, puis celle de secre- 
taire de Cambaceres. Devenu commissaire extraordinaire 
dans la sixieme division miiitaire, puis sous-pr^fet de 
Soissons, il se fit remarquer par son ^nergie quand les 
Russes firent le siege de cette ville lors de la premiere 
invasion. 

A la rentr^e des Bourbons il fut destitu^, et revint k 
Paris, oil il fonda, avec Gh. Nodier, Cauchois-Lemaire, 
Bory Saint-Vincent, Mellinet, Arnault, Jouy et Merle, 
le Nain jaune^ petit journal satirique qui eut rapidement 
une grande reputation de malice et d'audace. Au retour 
de Pile d'Elbe, il rentra dans la vie politique et regut, avec 
le litre de pr^fet des Landes, le ruban de la Legion 
d'honneur. Apres Waterloo, il dut quitter Mont-de-Marsan 
et se retirer en Belgique avec ses amis Bory Saint- Vin- 
cent, le general Mellinet et Arnault, comme lui couches 
sur les listes de proscription du Moniteur. 

C'est k Bruxelles, oil M*^* Georges donnait des repre- 
sentations, qu'il commenga avec la ceiebre tragedienne 
une liaison que le succes, les revers, les luttes en com- 
mun rendirent indissoluble. GrAce k elle, il put revenir 



GHAPITRE YII. 4t3 

6D France et obtenir le privilege d'une troupe de com^- 
diens avec laquelle ils parcoururent la proviDce, jusqu*au 
momeot oil il fut nomm^ directeur du th^tre de TOddon. 
M"® Georges avait plus de quarante ans k cette 6poqueS 
et cependant 6tait encore dans tout l^^clat de la beauts : 
un front large et pur, des cheveux ab'ondants et longs, un 
nez mince et droit, une bouche arqu^e et d^aigneuse, 
des dents d'une blancheur ^clatantC; des bras d'une pu- 
ret^ grecque, un regard d'une incomparable beauts. 
« Jamais des yeuK plus noirs, plus grands et plus expres- 
sifs ne parerent la figure d'une femme, » dit avec enthou- 
siasme un contemporain c^l^bre. Avec cela une diction 
simple et naturelle comme celle de Talma; comme lui, 
une pantomime admirable et une entente profonde de 
I'exactitude des costumes. Elle justifiait vraiment alors 
le cri pouss^, k ses debuts , par le critique Geoffroy : 
« C'est Melpomene descendue de son cadre. » 

Autour de cette admirable reine tragique se grou- 
paient : M""** Moreau-Sainti, la G^lim^ne du faubourg 
Saint-Germain, grande et belle personne k Tceil vir, h la 
Yoix Tranche; M"" Delattre et Dupont, pour les sou- 
brettes et les reines, Alexandrine Noblet, Eulalie Dupuis, 
la fille de Rose Dupuis, de la Com^die - Frangaise * ; 
M"* Georges cadelte, gracieuse et utile comedienne; 

4. Georges Weimer ou Wemmer (Marguerile-josephine), n^e k 
Bayeux, le 23 fi6vrier 4787, est morte k Passy le 12 Janvier 4867. — 
c Je veux, dit-elle avant de mourir, qu'on m^enterre dans mon 
manteau de Rodogunel ^^ 

2. Elle ^pousa plas tard sod camarade M. GeiTroy, de la Comedie- 
Francaise. 



424 L'ODtON. 

M"^ Laisn6, M"* Ponceau Saint-Amand, une duegne de 
talent venant de la Porte-Saint-Martin ; Nadeje, Torphe- 
linede WilnaS B6renger, « la jolie; »> M"^'Gersay, Th6- 
nard et Level. 

Du c6t6 des hommes, Ligier, Eric-Bernard, Vizen- 
tini, un artiste de talent qui venait de rOpera-Comique; 
Texcellent Ferville, un com^dien si original et si vrai, 
« le premier qui ait jou6 les Oncles d'Amerique en frac et 
en redingote; avant Iiii on lesjouait en Cassandre*. » 
Le vieux Duparai, un des comedians les plus naturels de 
r^poque; Lockroy, dont la reputation allait grandissant; 
Marius, de son vrai nom comte de Laribeaupierre; Dela- 
fosse, remarque a ses debuts au Thefltre-FranQais pour 
ses qualites de tenue et de sensibilile ; Chilly, raal regu 
alors du public dans les amoureux : a Des qu'on enten- 
dait ma voix, meme dans la coulisse, nous racontait-il 
souvent, le public sifflait » ; Delaistre ', com^dien intelli- 
gent et souple, mort en mars 1881. 

Telle etait cette troupe, qui, quoique faite rapidement 
etmanquant d'homog^neite, n'en etait pas moins, on le 
voit, digne du second Theitie-Frangais. 

4. Interessante petite fille, rccueillie par M"« Fusil (M"* Fleury) 
parmi les d^combres de Wilna, lors des d^sastres de Russie, morte 
eo 483:2, a I'^go de vingt ans. 

5. Jouslin de la Salie, Souvenirs dramaliques {Revue frangaise), 
3. Un deses grands m^rites etait sa garde-robe : « A la mort de 

Talma, il s ^tait rendu acquereur des costumes du grand (ragedien. 
Aussi, quand Harel donnait en province Sylla, Hamlet ou MajUius, it 
avail soin de mettre sur I'aifiche, en lettres d*un pied de long : M. De- 
laistre jouera ce soir avec les costumes de Talma. Et il etait rare 
que la saile ne fut pas comble. (Jouslin de la Salle, id.) 



GHAPITRE YIl. 425 

L'administratioa m^rite aussi une mention particu- 
li^re. • 

Le secretaire du th^ftlre, M. Gentil, qui poussa ce cri 
cel^bre dans les annates romantiques : « Racine est un 
polisson ! » etait le neveu du comle de Roederer. Au 
theatre, on Tappelait souvent M. Tamiral, voici pourquoi : 
Sous Tempire, on Tavait envoys en mission aupres de 
Murat, alors roi de Naples, et il avail eu Taudace et 
Tadresse de faire entrer dans la rade de celte ville, mal- 
gr6 les Anglais qui la bloquaient, un convoi de farine. 
Alurat, pour le r^compenser, Tavait nomm6... amiral!!! 

La conduite du th^Atre ^tait conGee k Jouslin de la 
Salle, un des hommes les plus competents qu'il y eut 
alors dans Tart de la mise en scene. 

Nommons encore : Arsene, Dupont, Michelot, M^ne- 
trier, Leroux, Champein, Auguste, Lebnin, Jourdain, 
Adolphe Vincent, Sain t- Paul, r^gisseur; Edouard , 
deuxieme r^gisseur; Garciere^ caissier, et Ozanne, souF- 
fleur. 

M. J. Verteuil, le digne et excellent secretaire actuel 
de la Com^die-Frangaise, fut attach^ a TOdeon en qua- 
lite de secretaire d'Harel, mais seulement apres 1830. 

A I'occasion de la nouvelle direction, on r^duisit le 
prix des places. Ciceri fut charge de restaurer les pein- 
lures de la salle, le d6me^ la toile et les panneaux des 
loges. Rossini voulut bien composer I'orchestre, dirent les 
joumaux; c'etait du luxe, on en conviendra, puisqu'on 
ne devait plus representer d'adaptations musicales. 

La r^ouverture, annoncee pour le 2 septembre, eut 



426 L'0D£0N. 

lieu exactement. II aurait ^t^ impossible aux plus vieux 
habitues de TOd^oD, s*il ea restait, de reconnaitre la 
vieille salle. Gariatides allegoriques , figures en relief, 
velours fan^, tout avait ^t^ eulev^ et remplace par des 
loges charmantes, de Tor dans une juste proportiou, un 
rideau blanc et brode, un lustre augmente d*un grand 
nombre de bees, et — spectacle nouveau — la foule, une 
foule compacle, riche et choisie comme a I'Op^ra. 

« Voici Armand et M"* Mars. Quelle tournure, quelle 
^l^gance! elle sera loujours jeune, m^me a la ville! 
Voila Rossini, Nourrit, M"'* Damoreau et Dabadie; tout 
rOp^ra s'est donn6 rendez-vous ici. 

(( Ge monsieur, qui a la t^te un peu pench^e sur 
r^paule et qui entre dans la loge de M^** Mars? — C'est 
M. Auber, Tauteur de la Muetle que Ton vient de donner 
k rOp^ra. Et ce petit homme qui porte des lunettes 
et qui a Fair de grimacer? G'est le redacteur d'un nou- 
veau journal populaire , le National , M. Thiers. 11 se 
range pour faire une place k M. Michaud, de la QuoU-- 
dienne. M. Michaud est de TAcad^mie; ces choses-la 
peuvent se retrouver un Jour\ » 

La piece dinauguration : Gatubrine de Medicis aux 
^TATS DE Blois, drauie historique en cinq actes, en vers, 
de Lucien Arnault, n'oblint qu'un demi-succ^s, malgre 
le talent de M""* Georges. (Ligier, E. Bernard, Duparai, 
Yizentini; M^* Nadfeje-Fusil.) 

Graignant avec raison la s^v^rit6 habituelle et sou- 

4. Jouslin de la Salle. Souvenirs dramaliques (Revtte frang., 4858). 



CHAPITRE VII. 427 

vent exag^r^ de son jeune public, Harel, fort expert 
dans Tart de la r^lame, fit publier cet avis dans les jour- 
naux : c( Le parterre de TOd^oo, qui s*est niontr^ poin- 
tilleux si souvent mal k propos, et qui, dans des acc^s de 
gaiety fatals k de pauvres aute urs, a Fait la guerre aux mots 
plus peuMtre que la raison ne yautorisait, voudra-t-il 
renoncer h ses habitudes fac^lieuses pour juger une pi^ce 
tout enti^re et ne pas condamner les expressions avant de 
savoir si elles sont a la trag^die complete comme certaines 
touches hardies sont dans un tableau d'histoire ? » 

Cette priere fut sans efTet, car la seconde piece fit 
une chute ^pouvantable. 

Le 44 septembre. — Cette com^die en prose, intitulde 
LE Fa^re et l'Amant, de MM. F... et C, devait avoir 
trois actes; le parterre en d^cida autrement. On dut 
baisser le rideau au milieu du deuxieme aote sans pou- 
voir parvenir a le terminer. (Duparai, Delafosse, De- 
iaistre; M™* Noblet et Thenard.) 

Le i3 octobre. — Christine a Fontaineble\u, drame 
historique en cinq actes, en vers, de Frederic Soulid, ne 
fut pas plus heureux. Limpatience, qui s'etait mani- 
fest^e par des murmures k partir du deuxieme acte , ne 
se calma qu'au cinqui^me. (Lockroy, Ligier, Delafosse ; 
M"** Georges, Noblet, E. Dupuis.) 

Le 24 novembre. — Premiere (k ce th^fitre) de Marino 
Faliero, drame en cinq actes, en vers, imit^ de Byron, 
par Casimir Delavigne, d6ja jou6 cent trente fois a la 
Porte-Saint-Martin. Succes. Ouverture de Rossini. Cos- 
tumes de Paul Delaroche. 



428 L'ODftON. 

Le P'' dicembre. — Mow Ongle le bossd, com^die 
en un acte, en prose, de MM, Lafontaine et M61esville, fut 
tres applaudie. (Ferville, E. Bernard ; M"" Noblet.) 

Le 29 dicembre. — Une FftxE db NjJron, drame en 
cinq actes, en vers, d'A. Soumet et L. Belmontet, obtint 
un dclatant succes ; Ligier et surtout M^^* Georges furent 
acclam^s. « Ce qu'il y a de plus remarquable dans cet ou- 
vrage, c'est Tinsouciant abandon avec lequelles auteurs se 
sont livr^s ^ la peinture des mceurs de debauche et de 
sang qui ont epouvante le regne des empereurs. » Sue- 

« 

lone ne va pas plus loin, dit alors le Figaro K (Eric-Ber- 
nard, Delafosse, Chilly; M"" Level et Gersay.) 

1830. 

Le 49 Janvier. — L' Article de journal, comedie en 
un acle, en vers, de feu Cheron de la Bruere, le censeur 
dramatique, qui <c desiragarder I'anonyme)), fut la pre- 
miere nouveaul6 donnee dans cette annee c61ebre. 

Cette bluette, ecrite avec gout, mais senlant trop la 
litlerature de 1815, n'etait en reality qu'une vieille nou- 
veaute ; quelques personnes a la m^moire implacable 
reconnurent une piece jouee a la Com^die-Frangaise, le 
13 decembre 1811, sous le titre de I'Auleur el le critique. 
Le parlerTe siffla quelque pen. (Ferville, Duparai, Dela- 
fosse ; M"^ Noblet. ) 

4. Une Fete de Neron passa au Tbedtre-Francais en 4832 et fut 
reprise a I'Odeon en 4862, sous la premiere direction de M. de la 
Rounat. 



CMAPITRB VII. 429 

Le i3 fivrier. — On maltraita aussi lk PAiiPiiLBTy 
ou I* Adjoint dans I'embarras S com<§die en Irois actes, 
eD prose, de Georges Duval. (Duparai, Delafosse; 
M"** Saint- Amand, Dupuis.) 

Le i8 fivrier. — Lk Mort de MoliIsae^ drame en 
troisactes, en prose, termine par un Epilogue en vers, 
couplets et apotheose. Singuli^re piece, n'offrant qu*une 
suite de tableaux aflligeants. Qu*on en juge par la der- 
niere scene : Moli^re est la, inanim^; k cdt6 de lui on 
prepare ses funerailles. En ce moment poignant, le rideau 
du fond se l^ve ; on apergoit le buste de Houdon sur un 
pi^destal ; une jeune fille, dans le costume de Thalie, en- 
loufi^ de quelques figurants, recite des vers ; puis, tout 
a coup, le chef d*orchestre leve son archet, et les apteurs 
que Ton voyait pleurer pr^s du lit de mort de Tauteur de 
TartuffCf se redressent et entonnent, sur I'air du vaude- 
ville d'Une Heure de folic, quatre couplets, k la grande 
stupefaction des spectateurs. 

Voici le couplet au public : 

L'auteur qui trace ces essais 
Les offre d'ane main timide 
Au public qui fait les succ^s 
Et que le bon goilt toujours guide; 

4. La pidce s*appelait d*abord le Sous-Pr4fet. La censure exigea 
UD autre titre. 

2. DumersaQ ^rivit au miDistre de I'int^rieur pour obteoir la per- 
mission de faire terminer sa piece par le tableau de WaQard, cel^bre 
alors, les Deux Soeurs de ckariU. On le lui d^fendit. Je voulais, 
dit-il, terminer par ces mots : c L'hypocrisie a tourmente sa vie , la 
vraie religion le console a sa mort. » 

II. 9 



430 L'ODfiON. 

Sans doute on le critiquera, 
Mais pour r^ussir, il esp^re 
Dans rhabitude que Ton a 
D*applaudir le nom de Moli6re. 



Lockroy portait a son chapeau une plume blanche, 
bleue et rouge qui fit plus d'effet que la piece. La censure 
exigea a la seconde la suppression de ce panache aux cou- 
leurs proscrites. (Lockroy, Ferville, Vizentini ; M"® De- 
lattre.) 

Lundi 22. — Petit succes avec la Soeur cadette, 
com^die en un acte, en vers, de MM. Aug. Arnould et 
N. Fournier, imitation de la Coquette corrigie. (Lockroy, 
Duparai ; M™^ Delattre, Noblet, Th^nard.) 

Le 3 mars. — Le Vkuf amoureux^ com^die en 
trois actes, en prose, donna lieu aux scenes les plus 
singulieres. Le premier acte fut 6coute avec calme. Le 
second, qui se passe dans la nuit, etrange imbroglio oil 
chaque acteur ne songe qu'^ se cacher et ^ disparattre 
comme dans un exercice d'escamotage, fut poursuivi de 
ricanements et de sifHets; le tapage devint tel, que le 
r^isseur fit baisser le rideau avant la fin du deuxj^me 
acte. Apres un entr'acte interminable, M"® Astruc el 
M^^* Noblet, poudr^es et costumees en Louis XV, entrent 
en scene. Le public veut recommencer son tapage, mais 
la jolie prose qu'il entend ne lui donne pas prise. Dupa- 
rai , en habit a la frangaise, paratt a son tour. Elonne- 
ment g^n^ral ! Comment une piece dont Taction a com- 

4. C'^tait le Veuvage el les FianQailles^ pidce donn^e !e %! oc- 
tobre 18:24, quo I'on avail reduite k trois actes. 



CHAPITRB VII. 131 

mence en 1820 peut-elle se terminer soixante ans 
auparavant? « Qu'est-ce que vous jouez la? demanda-t-on 
au vieux com^ien. — Mais, messieurs, reprend-il, vous le 
savez bien ; ce sont les Jeux de V amour et du hasard, qui 
terminent le spectacle. — Eh bien ! et le troisi^me acle ! ! 
ie Iroisi&me acte ! ! le troisieme acte ! ! ! )> Les acteurs hesi- 
tent un instant, puis s'eioignent sur un vacarme que 
ceux qui ont suivi certaines representations du th^lre 
Taitbout peuvent seuls comprendre aujourd'hui. La scene 
reste vide un long temps; enfio, un r^gisseur s'avance, 
fait les trois saluls et lance cette phrase maladroite : 
« Messieurs, Tadministration, ^clair^e par Taccueil que 
vous venez de faire aux deux premiers actes de la pi^ 
nouvelle, a cru donner une preuve de son respect k vos 
decisions en ne jouant pas le troisieme. » 

Les cris , les sifflets s'^I^vent de tous cdt^s : a Se 
moque-t-on de nous? Le troisieme acte! le troisieme 
acte!!!.. 3> La toile tombe. 

Apres un nouvel entr'acte, un second r^gisseur 
eOare vient dire que Tadmiuistration voudrait faire con- 
liuuer le Veuf amoureuxy mais que M. Yizentini est 
deshabille et parti , et que cela est impossible : « Qu'on 
aille le chercher ! Nous altendrous. )» Une demi-heure se 
passe ; dans la salle on tempdte, on casse les banquettes ; 
dans les coulisses on perd la t^te. Pas de Yizentini ! Que 
faire ? On aunonce le plus humblement que Ton pent cette 
d^convenue aux spectateurs, qui exigent qu'on Use le 
rdle. M. Arsene remplit cette tAche au milieu de rires et 
d'applaudissements ironiques s'appliquaut k tout ce qui, 



432 L*0D£0N. 

dans le texte, peut servir k la circoDstance, et le hasard, 
dans ce cas, est loujours complice des rieurs. Apres mi- 
Duit, le public voulut qu'on lui annonQftt le nom de 
Tauteur. Les r^gisseurs exl^nu^s avaient abandonn^ la 
partie. Ud malbeureux comparse, pouss^ malgr6 lur, vint 
dire d'une voix ^Irangl^e par la peur : « II dt^sire garden 
I'anoDyme. » 

« Oq devrait toujours commencer par les deuxi^mes », 
disait Harel avec m^lancolie. U avait raisoQ. 

Le i2 mars. — Adribnne Lecouvrbur , commie en 
trois actes, en pi*ose, fut encore une chute le premier 
soir^ Sujet us6, piece mal ^crite, dit-on, soit; mais 
h coup sAr public insupportable, car on siffla d^s les 
premieres scenes. Lockroy put annoncer cependant les 
noms de MM. Antony Beraud et Valory (Gh. Mouriez). 
(Lockroy, Delafosse, Ferville, Stockleit ; M"*** Moreau- 
Sainti, E. Dupuis, Delaltre.) 

Le 30 mars. — Stocxholm, Fontainebleau et 
Rome, grande trilogie dramatique en cinq actes, en vers, 
avec prologue et Epilogue, d* Alex. Dumas. 

Aprfes la chute de la Christine de F. Souii^, c'etait 
une grande audace d'aborder sitdt la sc^ne de TOd^on 
avec le mSme sujet; mais Taudace ne manquait pas au 
debutant'. 

4 . II semblait que ce fill un malin plaisir du public de rOd^on de 
faire tomber tous les ouvrages. Une phrase, un mot suffisait pour pro- 
Yoquerle lumulte et les sifflets. Le decouragement s'emparait desgeos 
de lettres, et ce n'etait qu'en tremblant qu'on se risquait sur la scdne 
de la rive gauche. 

2. Avant d'avoir ^crit Henri III, Alexandre Dumas avait pr^sent^ 



GHAPITRE VII. 433 

La premiere representation de la nouvelle Christine 
dura plus de cinq heures. Le parterre et les galeries, 
divis^s en deux camps opposes, classiques et romanti- 
ques, se disputerent si bruyamment au sujet du luslre 
qu'on voulait Taire remonler, qu'on fut oblige de recom- 
mencer le prologue. 

— « Perruquiers! lis ne comprennent pas! Lespr^ 
cieuses k Rambouillet! Imbeciles! Perruques! » Yoilkun 
^hantillon des gracieuset^s ^chang^s par les fanaliques 
des deux partis dans le cours de cette curieuse soir^. 

Le nouveau drame romantique , repoussant bien en- 
tendu la vieille unite d'action classique, embrassait dans 
ses cinq longs actes presque toute la vie de la reine de 
Suede. Le succ^s ne s*est dessine franchement qu'au 
cinquieme acte, au moment ou Monaldeschi, arrSte, est li vr^ 
aux mains deSentinelli, son rival et son ennemi. Enferm^ 
dans son apparlement, il salt qu*il va mourir. La reine 
arrive, il se tratne k ses pieds et la supplie. Cette scene, 
tr^s belle, fut tres applaudie : 

Oh! regardez! k genoux, k vos pieds, 
Je suis com me autrefois, oubliant qu*i cette heure 
Votre royale voix dit qu*il faut que je meure, 
Et ne me rappelant ce que dit votre voix 
Que pour me souvenir des accents d'autrefois. 
Sur mon front incline portez Tarrftt supreme; 
Je veux le repousser avec un mot : Je t^aime ! 
Je t^aime! Frappe-moi. Je t*aime! Tiens, yoWk 
Mon poignard. Entends-tu? Je t*aime! Frappe la, 
C'est mon coeur. Frappe done et venge-toi toi-m6me, 
Ou Je vais te redire encore que ]e t*aime. 

Christine au comit^ du Th44tre-Francais, qui I'avait regue k cor- 
recliuns. 



1 



134 L'ODfiON. 

Lockroy ^tait tellement pressant k cet endroit, que 
Delphine Gay s'^cria en rougissant : « Eh bien! Loc- 
kroy! Eh bien! » — Et tellement haut que la moiti^ de 
la salle Tentendit. 

On a ri k quelques endroits que Dumas s'empressa 
de corriger le lendemain. Par exemple, lorsque la reine, 
parlant des s(5nateurs suddois, a dit avec largeur : 

lis s^avanQaient vers moi comme de vieux sapins. 

Au troisi^me acte, quand Pierre Corneille est entr6 
en scene, — car le grand tragique paratt dans cette 
oeuvre si remplie, — une moitie de la salle, la partie 
classique, s'est lev6e et a acclam6.ce vers : 

Corneille, inclinez-vous devant le vieux Romain ! 

Eric-Bernard, qui repr^senlait le pere de la tragedie, 
en est reste tout ^bahi. On a ri, longuement aussi, k 
Tepilogue, lorsqu'k minuit et demi Christine a demand^ 
d'une voix dolenle : 

Gombien de temps encore avant que Je ne meure 7 — 

Trois quarts d'heurea peu pres. — Revenez dans une heurc.. 

Le vers 6tait dramatique, mais il etait bien tard. Un 
plaisant, tirant sa montre, s'est ecri6 : « Si k une heure 
ce n'est pas fini, moi je m'en vais! » 

Cet Epilogue, dans lequel Sentinelli, devenu moinc, 
vient, longtemps apres le crime, confesser Christine k ses 
derniers moments, aurail peut-dtre compromis la soiree, 
si le succes n'avait pas ^le enlev^, comme k Hernani, a 



CHAPITRE VII. 135 

la pointe de Tenthousiasme. Au bout de quelques jonrs, 
on supprima cet acte inutile; la pifece n'eut plus alors que 
ce litre : Christine, ou Stockholm et Fontainehleau. 

Parrai les- interpretes, le succes le plus vif fut celui 
de Lockroy, remarquable dans le r61e de Monaldeschi. 
L'excellent com^dien fut bien recompense, ce soir-1^, des 
efforlsqu'il avait fails pour oblenir du directeur de I'Odeon 
la reception de la piece de son ami Dumas ^ La mise en 
scene etait somptueuse ; les decors, dus k Cic^ri, de vrais 
chefs-d'oeuvre. 

En rfeume, ce drame etrange fut beaucoup applaudi, 
beaucoup discul^, beaucoup critique ; mais il fit le plus 
grand honneur h son auteur et au iheAlre qui Tarvait re- 
pr^sent^. (Lockroy, Ligier, Duparai, Eric-Bernard, De- 
lafosse, Chilly, Delaistre, Stockleit; M""" Georges, Noblet, 
E. Dupuis.) 

Le il avril. — L'Ecole du Pauvre, com^die en 
trois actes, en prose, de Magnan et Brunswick. Le 
deuxi^me acte fut seul applaudi. Deux representations. 
(Ferville, Dela fosse , Lockroy, Stockleit, Vizentini; 
M*^ Georges, Dupuis, Noblet.) 

Le 30 avril. — M\ Femme et m\ Place, ou Re- 
loumons a Senlis^ comedie en trois actes, en prose, de 

4 . Hare), le pourrait-on croire ea voyant les pieces qu'il a donnees 
lant k rOdeon qu'a la Porte-Saint-Martin, 6tait un classique.— Le jour 
de la lecture de la pi^ce de Dumas, nous dit Lockroy, il ne voulut 
jamais entendre plus loin que le vers de Descartes, au prologue : 

Parfois, en expirant, on grimace le rire* 
Ou eut toutes les peines du monde k lui faire dcouler le reste. 



436 L'ODfiON. 

MM. Gustave de Wailly et Bayard, r^ussiU (Ferville, 
Lockroy, Duparai, Delafosse; M"~ Moreau-Sainti et 
Georges cadetle,) 

Le 24 mat. — Le Vieux Mari, com^die en trois actes, 
en vers, de M. De Laville de Mirmonl. Demi-chule. (Fer- 
ville, Vizentini, Lockroy; M"** Moreau-Sainti et Noblet.) 

Le 3 juin. — Le Mabchand de Vbnise, drame imit6 
de Shakespeare, en trois acles, en vers, de M. La- 
marche. Succ^ litt^raire l^gerement contests. Ligier joue 
le rdle de Shylock que fiocage venait de cr^r, le 2 avril, 
^ la Porle-Saint-Martin. 

Le 26 juin. — Manon Lescact, drame en prose, en 
trois aotes et six tableaux, de MM. Garmouche et Fr^- 
d^ric de Courcy. On jouait en ce moment deux 3/anon, 
Tune en ballet k I'Op^ra, Tautre en melodrame k TAm- 
bigu. Ceile de TOd^on ne r^ussit qu'k moiti^. Une 
charrette pleine de filles de joie souleva des sifflets et 
faillit arr^ter net la piece. (Lockroy, Vizentini, Stockleit, 
Delaistre, Chilly; M"** Moreau-Sainti, B^renger.) 

Le i4 juillet. — Le Mari de ma FbmheS com^die 
en trois actes, en vers, de M. Rosier. Demi-succes. (Du- 
parai, Stockleil, Delafosse; M°* Moreau-Sainli.) 

Le 22 juillet. — GuillaumeTell, trag^dieen cinq actes, 
en vers, de feu Pichat, obtint un vif succes. On applaudit 
avec enthousiasme les vers patriotiques dont cette imitation 

m 

de Schiller 4lait pleine, ainsi qu'une jolie scene d'enfant, 
tres bien jou6e par le jeune Tom, &q6 de douze ans. 

4 . Passe plus tard au repertoire du TheAlre-Frangais. 



CHAPITRE VII. 437 

Get ouvrage eAt peut-Stre attir^ du monde a TOdeoo 
sans les preoccupations politiques ; la troisi^cne represen- 
tation fut arrdt^e par la revolution. Harel, regardant 
meiancoliquement par Vodil du rideau k la seconde, dit k 
son r^gisseur : «( On pourrait retourner le proverbe : Point 
d'argent, point de Suisses. — Ge soir, nous avons plus de 
Suisses que d'argent. » (Ligier, Lockroy, E. fiemard. 
Delaistre, Ghiily; M"* Falcoz.) 

Le lundi 26 juillet, on avait affiche les VSpres sici- 
liennes, mais Tagilalion populaire ne permit pas d*ouvrir 
la salle. L'Od^on, Ternie pendant la lutte, rouvrit le 
2 aout par une representation au benefice des bles^s 
des 27, 28 et 29 juillet. On joua Tarluffe"^ et Guillaume 
Tell. Quel changement en une semaine ! directeur, re- 
gisseurs, acteurs, figurants, tons etaient en costumes 
militaires, tous faisaient partie de la garde nationals 
Harel etait chef de bataillon; Eric-Bernard, capitaine de 
grenadiers; Ligier, Lockroy, Delaistre, lieutenants de 
chasseurs; Dupont et Stockleit, artilleurs; Adoiphe Yin- 
cent, aide de camp d'un general improvise pendant les 
trois jours; les comparses formaient une compagnie sous 
le commandement de ieur chef Blanvallet, ancien sous- 
oQicier de la garde imperials Enfin, Jean, gargon de 
theatre, etait tambour ' . 

Les femmes n'avaient pas resiste k la contagion. 

4. Stockleit, qui jouait Tartuffo, parut entourd di9 deux fusiliers de 
la garde nationale qui,au milieu des rires, forcerent le pauvre homme 
k crier : Vive la Charte ! 

2. Jouslin de la Salle, Souvenirs dramatiques {Revue frangaise.) 



438 L*0D60N. 

jy|me8 ^gtrue ct Delattre devaient commander une com- 
pagnie franche , les V^suvtennes^ que Lafayette avail 
promis de passer en revue. Parlait-on de r^p^ter? Im- 
possible : le temps se passait a examiner au foyer la carte 
de I'Europe, h voir sur quel point on entrerait en Alle- 
magne, si Ton prendrait la Belgique en passant, ou si 
Ton devait soulever d*abord Tltalie, I'Espagne et le Por- 
tugaP. Le matin, le th^dtre ^tait un camp; le soir, un 
caP6-concert ; on levait, on baissait le rideau avec la 
Marseillaise; k chaque instant, des deputations, drapeau 
en tete, entraient dans la salie en chantant la Marseillaise, 
ef si Ton battait la g^n^rale, ce qui arrivait souvent, 
public et acteurs sortaient en masse au chant de la 3/ar^ 
seillaise. Pour 6tre prfits au bruit du tambour, les coni6- 
diens avaient fini par jouer en habits de garde naiionale ; 
on vit le comte Almaviva en capitaine de grenadiers, 
Figaro en artilleur et don Gusman Brid'oison en habit de 
voltigeur. 

La premiere nouveaute donn^ apres les trois journ^es 
fut, le 13 aout, l'Entri^e en vagances, com^die en un 
acte, en prose. On entre, on sort, on chante des couplets 
patriotiques et autres a la fin ; on fait beaucoup de faute$ 
de grammaire, le parterre ouvre les oreilles, on nomme 
rauteur, M. Paulin D (Vizentini,De]afosse; M"^ De- 
lattre, Georges cadette.) 

Le 19 aoHt. — Th. Sauvage, aide de M. G. Ozan- 
neaux, donne Le Gentilhomme de la Chambre, ou Dix 

\. Jouslin de la Salle, 5owue/w>s drarnaiiques {Revue frangaise,) 



CHAPITRB VII. <39 

Jours apreSf k-propos-vaudeville en im acle. Cetle fois, 
Epim^nide est un vieux gentilhomme qui s'endort le 
26 juillet et qui se reveille quand tout est fini ; sa niece 
porte des rubans tricolores, son laquais chante la Mar-- 
seillaise^ son brosseur Tappelle « mon ami. » Ferville, 
en marquis de I'ancien regime, botles molles, aiies de 
pigeon, 6lonn^, efTar^, s'^criant : « Ou ^tions-nous done, 
nous autres royalistes? » fut impapble. (E. Bernard, 
Lockroy, Delafosse, Vizentini; RP^ B^renger. ) 

Le 28 aodt. — La premiere representation de Jeanne 
LA FoLLE, ou la Bretagne au \iv Steele, drame en cinq 
actes, en prose, de Fontan, fut une vraie f(§te de famille; 
le public demanda la Parisienne et la Marseillaise h 
I'orchestre; quelques spectateurs ayant apergu Nourrit, 
I'ont pri6 de chanter YHymne de Casimir Delavigne. 
Mont6 sur une banquette, un drapeau tricolore ^ la main, 
i'excellent chanteur a repondu avec la plus grande com- 
plaisance aux desirs exprim^s; Beauvallet, qui assistait 
du balcon a la representation, dut payer son tribut et 
reciter ses vers sur la revolution, que TAmbigu donnait 
alors tous les soirs *. Enfin E. Bernard, mis aussi i 
contribution , vint chanter la Marseillaise dans son cos- 
tume du r61e de Pontarlier, chevalier breton. 

Ces interrafedes avaient surexcite le public, deja bien 

4. A rOdeon, on ne fit point dc couplets politiques sur la Revo- 
lution; k la Cora^die-Frangaise, Samson elMontigny ajouterent au vau- 
deville final du Mariage de Figaro des couplets que chanta Carligny. 
A TAnibigu, Beauvallet et*^ Davesne donnerent un long morceau de 
lilterature sur les trois journees. On voit que les com^diens se signa- 
ls rent dans cette occasion. 



440 L'ODfeON. 

dispose pour Fontan ; aussi, apres la piece, son nom fut-il 
couvert d'applaudissemeots. Le pauvre horame m^ritait 
bien cette compensation. II venait de passer par de ter- 
ribles ^preuves. Cest une histoire touchante que celle de 
Fontan qui, seion l*expression causlique de Harel, a avait 
plus de prison que de talent. » — Le 20 juin 1829, 11 
avait public dans I' Alburn^ petit journal periodique, 
un article intitule : Le Moulon enragi, dans*lequel il 
attaquait le roi Charles X. Le journal fut saisi et Fontan 
poursuivi. Pour pr6venir son arrestation, il s'enfuit en 
Belgique, emportant pour tout bagage son drame com- 
mence et un chat qu'il afTectionnait. R^fugi^ a Bruxelles, 
il en fut chassd par le gouvernement des Pays-Bas, qui 
lui assigna pour residence Groningue, dans Tinterieur 
de la Hollande. 11 adressa une protestation & la chambre 
des repr^sentanls; elle ne fut pas ^cout^. A Toccasion 
du debat qui eut lieu ^ ce sujet, un d^put^ hollandais, 
taquin^ par la muse, composa ce quatrain : 

Loin de nous tout r^dacteur. 
Fontan, malheureux par ta faute, 
Tu n^as pas touch6 mon coQur; 
Tu n*auras pas mon vote. 

Fontan, refusant de partir de bonne volonte, fut con- 
duit, les ft^rs aux mains, hors du royaume, k la frontiere 
hanovrienne. Croyant trouver un meilleur accueil en 
Prusse, il voulut y chercher un asile ; les autorit^s 
prussiennes le rejeterent en Hanovre ; le malheureux, ne 
sachant que devenir, prit le parti de rentrer en France 



GHAPITRE YII. Ul 

et de se livrer k ses juges. II arriva k Paris par le plus 
grand froid de Thiver, a pied, toujours porlant avec lui 
SOD pauvre chal et le drame auquel il o'avait cesse de 
travailler dans sa vie errante. Son proems se fit immedia- 
tement ; il fut coDdamn^ a cinq ans d'emprisonnement, 
10,000 francs d*amende et cinq ans d'interdiction des 
droits civils. 

Ce fat k Sainte-Pelagie, ou il 6tait 6crou^, que Harel, 
M""" Georges, Gentil et Jouslin de la Salle entendirent la 
ieclure de Jeanne laFolle, en compagnie d*unescroc, d*un 
faussaire et d'un assassin, compagnons de cellule du 
pauvre Fontan. Le drame fut regu et mis imm6diatement 
a I'etude. Bl&ma-t-on, au ministere, le prefet de police 
Mangin qui avait auloris^ cette singuli^re lecture? En 
eul-il del'humeurets'en vengea-t-il? Cela est probable; 
car, le lendemain, Fontan se vit arrach^ k cette prison, 
oil il esp^rait finir sa peine dans le travail, et conduit k 
Poissy k pied, entre deux gendarmes, par une cbaleur 
accablante, pour y subir toute Tignominie de la basse 
prison *. 

Les journaux, le Figaro surtout, parlerent hardiment 
en faveur du prisonnier. Jules Janin et Fr. Soulie vou- 
iurent lui faire signer des excuses au roi afin d*obtenir sa 
gr&ce; il refusa. La revolution lui rendit sa liberie. Les 
com^diens Boufle et Ch. Desnoyer lui porterent, apres 
les trois jours, son ordre d'elargissemenl. 

Ges aventures, connues du public, aiderent certaine- 

4. JousUd de la Salle, Souvenirs, [Revue francaiae.) 



44S L'ODfeON. 

ment au succes de Jeanne la Folle^ dracne incomplet et 
par trop cn^lodramatique; le personnage d*un roi faible, 
vieux, craignant la mort, que Tacteur Ars^ne ^ avait fait 
tr^ ressemblant k Charles X , provoqua les brayos en- 

r 

Ihousiastes du parterre. (Ligier, Lockroy, Eric-Bernard, 
Arsene ; M"" Georges, Noblet.) 

4. Ge comedien v^ut loogtemps sur ce succds, sans pouvoir sortir 
de I'emploi de confident. 



CHAPITRE VIII 



1830-1831-1832. — Les Hommes du lendemain, — Chute du Rot fainiant. — 
La Mdre et la Fill; — La Nuit vinitienne, — Napoleon Bonaparte. — 
La MarSchale iVAncre. — Charles VII chez ses grands vassauo!. — De- 
cadence da second Thi&tre-Fran^is. — F6Ux Pyat et Une Revolution 
d* autrefois, — Dick-Rajah et Tdl^phant Kiouny. — Marion Delorme k 
rOdton. 



La Revolution fit Colore un grand nombre de pieces 
satiriques. Une des plus curieuses fut : les Hommes du 
LENDEMAIN, com^die en un acte, en vers, de M. Violet 
d'Epagny, que I'on donna le 11 septembre 1830. Le 
m^contentement populaire commengait k se faire jour; 
sur les paves remis en place, les combaltants de Juillet 
s'avouaient deja qu'ils avaient 6te pris pour dupes; ce qu'ils 
se disaient tout bas, la nouvelle com^die osa le dire tout 
baut. — Un r61e terrible, celui d'un vrai bless6 du 
peuple qui s'^crie en voyant le succes d'un vicomte de 
I'ancien regime que le nouveau gouvernement a remis 
en place : 

« Quel fou Ta replace? Quel autre Ta souffert? 
• Est-ce done pour cela que j*ai le cr&ne ouvert? » 

fut acclam6. Vizentini, qui jouait avec talent ce rdle epi- 



444 L'0D£0N. 

sodique, dut r^p^ter par deux fois ces vers energiques. 
La pi^e se termiDait ainsi : 

Lb vicohtb. — Je reDtre k moa hdtel. 
Lb blbss^. ~ Je vais a rhdpitaU 

(Duparai, Delafosse, Davesae ; M°^^ Saint-Amand et 
Lain^) . 

Le SO septembre. Chute de Nobles et Bourgeois, 
drame en cinq actes, ea prose, doat les auteurs, MM. Fre- 
deric Souli6 et Cav6, garderent Tanonyme. Frederick- 
Lemaitre, qui venait de quitter TAmbigu pour i'Odeon, 
relrouvait dans sa premiere creation sur la rive gauche 
tout Tattirail melodramatique qu'ii avait abandonne 
au boulevard : tortures, executions, tocsin, dame voii^e, 
romance langoureuse, poison rapide etsur, etc., etc. 

(Slockleit, Delafosse, Chilly; M°^«» Noblet, Falcoz et 
Beranger.) 

Le 7 oclobre. — Le Roi faineant, ou Childebert III, 
trag^die en cinq actes, en vers, d'Ancelot. Cette piece en- 
nuyeuse, tir^e des temps obscurs et rebutanls de la pre- 
miere race, n'eut pas et(§ k la moitie sans les incidents 
des entr'actes, qui donnerent unpen de patience au public. 
Entre le premier et le deuxieme acte, bataille entre le 
parterre et les fauteuils. On veut depouiller de ses 
habits un chasseur de la garde nationale designe comme 
chef des applaudisseurs k gages. Du haut de la galerie, 
un grenadier s'^crie, avec I'accent rendu c^lebre plus 
tard par Henry Monnier : « Tout homme qui fait un 
aussi sale metier est indigne de porter Tuniforme de 



GHAPITRE VIII. 445 

soldat citoyen. » La Parw/enne, altaqu^e toutk coup par 
Torchestre et reprise en cboeur par le public, eteinl la 
discorde. 



A la fin du troisieme acte, Eric-Bernard, qui repre- 
senlait le pr^cepteur de Childebert, et qui s*dtait costume 
avec une soutane d'ecclesiastique moderne, fut inter- 
rompu au milieu d*une tirade et pri^ de chanter la Mar- 
setllaisc. EnQn, au milieu du cinquieme acte, au moment 
oil M"* Georges (Clodwinde) allait subir Tepreuve du feu 
en pla^ant son bras surun brasier ardent, on Karrdta net 
pour demander a Ligier de lire Une Semaine a Paris, 
poesie en vogue de Casimir Delavigne. L'infortune Itoi 
faineant n'eut qu'une seule representation, et le nom de 
Tauteur ne fut meme pas demande. Ancelot retira sa 
piece. (Ligier, Lockroy, Eric-Bernard, Chilly; M"' Geor- 
ges.) 

Le ii octobre^ grand succes avec le beau drame en 
cinq acles, en prose, de MM. Mazeres et Empis : La 
M^RE ET LA FiLLE, uu dcs mcillcurs ouvrages de T^- 
poque (repris Si la Com6die-Francaise le 16 juin 1834 et 
a TAmbigu en 1864) ; Fredirick-Lemaitre fut admirable 
dans le rdle de Duresnel. (Ferville, Vizentini, Delafosse, 
Davesne; M'°" Moreau-Sainti, A. Noblet.) 

Le i*' novembrCf La Separation, comedie en trois 
actes, en prose, de Melesville et Carmouche, r^ussit. 

(Ferville, Duparai, Delafosse, Chilly; M""®' Moreau- 
Sainti, Falcoz.) 

Le 6 novembrey L'Abbesse des Ursulines ou le 

Proces el la MoH d' Ur bain G randier ^ drame en trois actes, 
II. 10 



146 L'ODfeON. 

en prose, « lir6 des journaux du temps » (sic), fiit mal- 
mentJ. Fred^rick-Lemaitre et M"® Georges, dans une belle 
scene, furent couverts d'applaudissements; cet « effet » ne 
put preserver des sifflets les noms de MM. Charles el 
Arthur, derriere lesquels se cachaient Ch. Desnoyer et 
J. Maliian. 

(Delafosse, Lockroy; M"^' Noblet, Georges cadelte.) 
Le 47 novembre, Paul Foucher donne Ysellt et 
Raimbaud, drame historique en quatre actes, en vers; 
succes d'estime. (Ligier; M""* Noblet.) 

Le i^^ dicembre, Alfred de Musset, Si peine ^ge de 
vingt ans, voit tomber brutalement sa premiere comedie : 
La NiJiT vjfiNiTiENNK ou Ics NocBs de Laurettey trois 
actes, en prose. Cette charmante nouvelle dialoguee, 
cetle fanlaisie elegante pouvait-elle trouver grSce aiix 
yeuK de spectateurs habitues a une litt^rature mc^lodra- 
matique? a Des entr^ peu motivees, des promenades 
continuelles, des tirades demesurees ont indisposd un 
public aussi peu nombreux que peu patient ^ » On a 
siffle et Tait le plus grand tapage; pour comble de mal- 
heur, le treillage d'un balcon sur lequel s'appuyait la 
jolie M""" B^renger ayant deleint sur sa robe blanche, 



4. Le National. — Le Courrier des ThSdires fut plus cruel : 
ff Gette rapsodie, cette soi-disant pi^ a etd jou6e au milieu des buees 
et des sifflets du parterre. Nous croyons cepeudant avoir entendu pro- 
noncer le nom de M. Alfred de Mussel » ; et Charles Maurice ajoule 
proph^tiquement : « VoM un nom qui ne sorlira jamais de son 
ohscuriU! • 

La Nuil vSnilienne futimprimee en 1834, dans la %• livraison d*un 
Spectacle dam un fauteuiL 



CHAPITRE VIII. ai 

elle perdit la t^te devaat les rires du parterre et ne sou- 
tint plus son r6le. Lockroy seal lutta jusqu*au bout. II 
enflait la voix, profitait du moindre silence. On lui criait : 
a C'est inutile, Lockroy, nous en avons assez ; » il s'ob- 
stina quand m^me, etlorsqu'il vint jeter dans la lempfite 
le nom du charmant pofete des IVuits d'Espagne, il fut 
r^compens6 de sa vaillance par une double salve de 
bravos. (Vizentini, Delafosse, Delaistre ; M"** Berenger, 
Laisn^y Saulay.) 

Reprises principales el dibuis : 

* 
LEcole des vieillards (25 septembre), Jeanne d*Arc^ 

de Soumet (29 septembre), les Trots Quar tiers (23 oc- 

tobre), les Macchahies (2 novembre), Machelh (10 no- 

vembre), Romio et Juliette (16 Janvier 1830), Luxe et 

Indigence (16 juin 1830). 

Du mois de septembre 1829 au mois de decembre 
1830, quatorze dihuts seulement, dont les plus impor- 
tanls furent : 

Le 25 septembre, Ferville, dans le r61e cr6^ par 
Talma de VEcole des vieillards, grand succes. « En pas- 
sant de la petite com6die de M. Scribe a la grande com^- 
die, le debutant a ^t^ k la hauteur de sa t&che \ » 

Le 2 novembre^ le jeune Tom, &g6 de onze ans, dans 
Mizael des Macchabies . (Get enfant de Georges cadette fut 
adopts par Harel et devint directeur des Folies-Drama- 

1. Le Temps. 



448 L'ODfeON. 

tiques. Le th^Atre actuel du boulevard Saint-Martin ou- 
vrit sous sa direction.) 

Le 9 novembre^ Slockleit, rdles deTartuffe etBelrose 
des Comediens. 

Le 8 decembre^ M""" Maxime, rdle de Rodogune. 

Le i2 max, M'" Cosson, qui avail fait partie de la 
Comedie-Frangaise pendant queique temps, dans Jocaste 
iVOEdipe. 

Le 25 juillet, Albert, daus Victor des Comidiens; 
auteur-acteur qui eut de grands succes au boulevard et 
fut plus tard regisseur a TOdeon (!'* direction de la 
Rounat). 

Le 20 seplembre, Dubois-Davesne, dans Victor des 
ComMiem; — du talent, exterieur ingrat, pcu de voix. 
Get auteur-acteur, k qui Ton doit plusieurs pieces d'un 
vrai merite th^tral, avait deja debute, on s'en sou- 
vient, en i8t22; ii mourut directeur de la scene a la 
Comedie-Frangaise, en juin 187i ^ 

Signalons, le 12 aout, la rentr^e de Fr(5d6rick-Le- 
mattre dans Marino Faliero; le 21, il joue Othello; le 31, 
Manlius; le 17 septembre, Procida dans les V4pres sicu 
liennes . 

4. Aulres debuts: 47 septembre, M. Lebrun ; 49 septembre, M.£mile 
Cuillier; 25decembre,M^^« Saulay; 24 Janvier 4830, M<"* Saint-Amand; 
5 Wvrier, M. Saint-Val ; 9 fevrier, M. Boudois. 



CHAPITRE VIII. 149 



1831. 

La r^volulion de 1830 porta ua coup terrible a 
Harel. Le trouble ^tait dans la rue, rOd(^OD faisait des 
recettes d6risoires; les 13,000 fr. de subvention men- 
suelle suflisaient a peine aux frais journaliers, et encore 
on ne savait s'ils allaient 6lre pay^s longtemps. Un jour 
qu'en sa qualite de commandant de la garde nalionale, 
Harel dejeunait aux Tuileries, il demanda au roi un se- 
cours de 10,000 fr. : « Je suis desole de ne pouvoir vous 
obliger, lui repondit Louis-Philippe, mais si j'avais la 
somme que vous me demandiez, je ne vous la preterais 
pas, je vous la donnerais. La liste civile est ob^ree, et, 
si elle vous accordait le secours que vous desirez, vous 
seriez oblige de lui faire credit : desole, vraiment ! » Ce 
refus refroidit le zele militaire du directeur de I'Od^on. 
Plusieurs de ses artistes avaient signd avec la ComMie- 
Frangaise; Jouslinde la Salle, son auxiliaire le plus utile, 
Tabandonnait aussi pour passer k la rue de Richelieu; il 
fallait se remetlre avec activite aux travaux du theatre et 
faire de Targent k tout prix ; F^pop^e napol^onienne etait 
a la mode, Harel pria Dumas de lui fabriquerune grande 
piece sur ce sujet, avec Frederick dans le principal 
rdle*. 

4 . Que d'erapereurs sur la sc^ne k ce moment I Gobert, k la Porte- 
Saint^Martin ; G^not, k POp^ra-Comique; Gazot, aux Varieles; Beran- 
ger, au Vaudeville; Joseph, k la Gatt^; le petit Isidor, chez Comte; 
Fraucisque, k TAmbigu; Edmond, chez Franconi. Tous s'ingeniaieut k 



450 L'ODfiON. 

En huit jours, Alex. Dumas, aid6, dit-on, par Corde- 
lier- Delanoue, ^crivit le drame demands. On profita de 
la cl6ture ordonnee par le ministere, k cause deTemotion 
que causait alors le proces des ex-ministres, surtoutdans 
le quartier des ^coles, pour r^p^ter sans perdre un instant. 
L'Odeon, qui servit pendant ces troubles de corps-de- 
garde i un detachement de gardes nationales, rouvrit 
le 26 decembre avec la Mere el la Fille, Mirope et le Gen- 
tilhomme de la Chambre^. 

Le a Janvier, premiere representation de Napo* 
LiSoN Bonaparte ou Trente arts de Vhistoire de France, 
drame en six actes et vingt-trois tableaux. Dans un de 
ses feuilletons dramatiques de la Presse, A. Dumas dil 
plus lard : « Ma piece etait mauvaise » ; elle diail 
bizarre, incomplete. Pouvait-il en 6tre autrement? 



reproduire les traits et la d-marche de Napoleon. Yirginie D^Jazet elle- 
mdme, osait-on pretendre, faisait illusion avec le petit chapeau, quand 
elle disait, dans Bonaparte a Brienne : « Soldats, je suis content de 

V0U3 I » 

i. Tl). Sauvage ajouta les couplets suivants au vaudeville Qnal : 

Conflant dans la nation^ 
J'ai yu notrc roi^ franc luron, 
Prendre du bivouac le bouillon. 
Via d*la bonne restauration. 

L'peuple et Philippe n*ont qu*une loi^ 
C'est I'ordre, et j'dis, quand je voi 
L*peuple serrer la main du roi : 
C*e8t Tenseigne de la bonne foi. 
Libert^ (bis), 
Sois done une verity. 

Liberte ! (bis) 
Plus de feodalit'i ! 



CHAPITRE VIII. 454 

Etait-il possible defaire enlrer dans le cadre d*uD theatre 
litteraire une pareille histoire? 

Harel, pour monter dignement celte piece, depensa 
plus de 80,000 francs; aussi la raise en scene fut-elle 
splendide; on semblait vivre avec ccs raarecbaux illustres, 
ces generaux en habits brodes, ces grenadiers, ces fan- 
fares et ces drapeaux. G*6tait un enthousiasine indes- 
criptible, Texhumalion d'un monde disparu. Les decora- 
teurs avaient fail des naerveilles; la fagade du chAteau des 
Tuileries, la toile qui montrait, se detachant sur un fond 
sombre, un aigle immense portant les lauriers de Ttle 
d*£lbeau-dessusde Paris, el la Beresina furenl applaudis 
comme des oeuvres de maitre. 

Le spectacle n*^tait pas seulement sur la scene, la 
moitie des spectateurs ^lail en uniforme de garde na- 
tionale; Torchestre, \H\i de meme, faisait entendre 
pendant les entr*actes des marches militaires: on se serait 
cru 5. une representation de gala, a u camp de Boulogne ou 
de Chalons. 

Quelques incidents obliges : quand, k MontmiraiU 
parmi la lisle des mar^chaux, on a prononc^ le nom de 
Marmont, on a sifQe avec violence; et quand, en 
1815, Frederick a jet6 celte phrase : « La Chambre 
s*est montree indigne de la nation ! » trois salves d'ap- 
plaudissements et un « bis! » ont r^pondu. Un seul spec- 
taleur — que diable allait-il faire dans celte galere? — 
a protest^ ; sans de courageux voisins, on Teut echarp^. Le 
S^nat fut hu6 aussi, quand on parla de la Chambre des 
pnire. Fatigante soiree, en somme. Trop de souvenirs 



45? L'ODfiON. 

hrulants ; le temps n'avait pas encore sufiisamment 
eteint les douleurs et les coleres des partis. L'acte le 
mieux fait et le plus applaud! fut celui de Moscou. 

Cette piece occupa seule I'affiche jusqu'au 6 mars, et 
n'en disparut entierement qu'au mois de mai. Elle fut 
r^duite au boutde quelques jours a quatre actesetqua- 
torze tableaux. Frederick -Lemattre eut du succfes dans 
Napoldon, «quoique ayant fait beaucoup Irop de gesles 
pour un empereur », dit en sortant un comedien celebre. 
(Lockroy, Duparai, Ferville, Slockleit, Vizentini^) 

Le iS mai^s. — Un changement de MiNiSTf^RE, co- 
medie en cinq actes, en prose, de MM. Mazeres et 
Empis. Succes, mais peu ^clatant. L'esprit du public 
^tait ailleurs : avec les Polonais, dont on annongait les 
combats h^roiques ; avec les Italiens, opprim^s et baltus 
par TAutriche. Get ouvrage reposait sur cette singuliere 
th^orie, qu'il ne faut pas appeler les jeunes gens aux af- 
faires; apres la revolution de Juillet, c'^tait un assez 
plaisant paradoxe, on en conviendra. Duparai, dans le 
rdle d'un vieux domestique qui est oblig6 de porter le 
malin k rimprimeriedes articles con traires a ses opinions, 
fit beaucoup rire. (Ferville, Lockroy, Eric- Bernard, 
Vizentini, Chilly; MM"** Noblet, Moreau-Sainti.) 

4 . Le manuscrit de NapoUon Bonaparte, entierement de la main 
de Dumas, appartient k M.Verteuil, secretaire de laCom^die-Frangaise. 
II contient quelques tableaux supprim^s : les hauteurs de Borodino, 
une rue de Moscou, etc. M. Verteuil poss^de ^galement le manuscrit 
de Charles VII, date de Trouville (4831), et celui du Fits de Vimi- 
gr4, drame represente par Frederick k la Porte-Saint-Martin, en 4834, 
et qui n'a jamais ^l^ imprim^. 



CHAPITRE VIII. 453 

Le 31 marsy Les Secrets db cour, comedie anecdo- 
tique en un acte, en prose, d'Aug. Arnould et Nar- 
cisse Fournier, r^ussit. (Delafosse, Chilly; MM'"" Falcoz, 
Noblet.) 

Le ii avril, MiSdigis et M^chiavel, drame en 
trois actes, en vers, de M. Pellissier-Laqiieyrie, forte- 
ment con^u, plein de pensees ^nergiques exprimees en 
beaux vers, obtint un succ^s complet. ( Frederick -Le- 
maftre, Ligier, Lockroy, Eric- Bernard ; MM"** Moreau- 
Sainti, Berenger, Georges cadette.) 

Le 25 avril. Norma ou I* Infanticide , tragedie en 
cinq actes, en vers, d'Alex. Soumel\ M"" Georges y fut 
admirable. Grand succes litt^raire. (Lockroy, Eric-Ber- 
nard, le jeune Tom; M^^* Noblet, M*^® Berenger.) 

Le 3 mai, succes encore avec le Mariage par de- 
vocEMENT, comedie en trois actes, en vers, de Rosier. 
(Fervilie, Lockroy; M"® Georges cadette.) 

Le 6 mai, 1783 ou le Retour d*Amirique, comedie- 
drame en trois actes, en prose, de M. Lafonlaine, fit une 
chute si complete qu*k la dixi^me sc^ne on dut baisser 
le rideau. Le principal rdle de cette rapsodie etait la per- 
sonnification de La Fayette. (Eric-Bernard, Delaislre; 
M"* Berenger.) 

Le il mai, Kern ox le Fou*, drame en quatre 



4. Reprise k la Porte-Sainl-Martin le 43 juillet 4833. 

2. L'aclion se passait en Allemagne, sous Maximilien. 4«' acte, 
Kernox est fou, il boit; 2« aeie, Kernox est traltre etse sauve; 3* acte, 
Kernoz est fou et amoureux; 4* acle, Kernox est fou, espion; il d6* 
nonce une femme qui a tu^ son mari ; 5« acte, 4 '* partie, Kernox est 



45i L'ODfiON. 

actes, en vers, de Cordelier-Delanoue. On a nomm^ 
I'auteur ; mais, devant raccueii fait a son nom, ii a retire 
son Strange piece. (Ligier, Delaistre, Chilly; MM"" No- 
blet et Berenger.) 

Le 28 mai, TOd^on se donne au diable avec 
LB MoiNE, drame en cinq actes et huit tableaux, en 
prose, tire par Fontan du roman de Lewis. Ce recit feroce 
de viols et d'amours, ce monde infernal mei^ au monde 
reel, produisirent la plus incroyable piece qu'on puisse 
voir. Elle vaul d'dlre racontee; le public d'aujourd'hui 
comprendra difficilement comment on osait mettre a 
la scene, dans un th^fttre d'ordre, de pareils sujets : 

L' inflexible moine Ambrosio n est plus le m^me de- 
puis qu*il a vu la belle Antonia ; Malhilde, sa niaitresse, 
son genie malfaisant, promet de lui faire poss^der celle 
qu'il convoite ; elle invoque Salan, quientre avecaccom- 
pagnement de flammes de Bengale et de coups de tam- 
tam; Satan est orn^ de grifles et de comes, comme dans 
les contcs de ia Mere TOie; il tire de son pourpoint rouge 
un parchemin, rouge aussi, sur lequel il inscrit le pacte 
fatal que signe Ambrosio. Le moine s*introduit alors chez 
Antonia pendant son sommeil, Tenleve et tue le frere de 
la belle. A Tacte suivant, Ambrosio est dans un palais 
splendide; une foule de seigneurs et de femmes en- 
combre les salons ; il est k table et chante une chanson 
triste, il n'a pas le coeur k la joie. Ces gentilshommes, 
ces nobles dames, ce cardinal en robe rouge, qui viennent 

fou et bourreau; il tae celte femme; &*" acte, V partie, Kernox ne sail 
pits un mol de francais et d6bite d'incroyables soltises (Figaro). 



CHAPITRE VIII. 455^ 

s*incltner devact lui, sont autant de diables qui se mo- 
quent de sa puissance. L'heure fa tale sonne, Satan vient 
reclamer sa proie... — Tout avail march^ lant bien que 
mal jusque-lk ; mais un duel entre Ambrosio et Salan 
parut au-dessusde ce qu*on pouvait supporter, le parterre 
se niit a huer et k siffler; Fredi^rick-Lemattre, peu adroit 
pour le g^nie du mal, ayant manqu6 de s'eborgner dans 
son duel avec Delafosse (Ambrosio), cet accident n'aida 
guere a relever la fin de cetle Strange piece, pourlaquelle 
Adam et Auber composerent deux romances charmantes^ 
et oil debutait la belle Juliette, du theatre de la Porte- 
Saint-Martin. 

Le S5 juin, le beau succes li^teraire de L\ marech^le 
d'Ancre, drame en cinq actes, en prose, d' Alfred de Vigny, 
remit le second TheAtre-Frangais dans sa voie *. Le 
2i jxiiiiy on avail joue les deux premiers actes ; une in- 
disposition grave de M"® Georges empecha de continuer 
la piece ce soir-la. Malgrd son interpretation excellente, 
sa mise en scene soignee, cette belle ceuvre ne fit pas 
d'argent- Reprise k la Comedie-Fran^aise en juin 1840, elle 
r^ussit mieux *. Frederick - Lemaitre dans Concini,. 
Ligier et surtout M"** Georges, furent vivement ap- 
plaudis. 

4. (( De ce jour, dit J. Janin, nous avons un po^te dramalique de 
plus; nous en avions grand besoin. Peu de pieces onl ele moins ap- 
plaudies que ceile de M. de Vigny. J'en connais peu, de nos jours, qui 
aientobtenu autant de succes. d M. Paul Lacroix avail pr^sente un drame 
h^roique du rodme litre, qui ful r^p^te en 4828, mais ne ful pas joue. 

2. Lire, dans la Revue de Paris, un compte rendu remarquable 
fail par Alfred de Vigny sur sa piece. 



156 L'ODfiON. 

Le 7 juillet, C. Merville donne une piece politique 
un peu froide, Le jeune prince ou la Constitution de ***, 
com6die-drame en Irois actes, en prose, qui reussit. L'ex- 
cellent Duparai se fit applaudir une fois de plus dans le 
r61e d'un vieux courtisan. (Lockroy, Eric-Bernard, Doli- 
gny, Chilly; iM"" Noblet et Juliette). 

Le 38 juillet, h Toccasion de Tanniversaire des 
« Trois journ^es », Eric-Bernard vint chanter sur Fair : 
Ten souviens-tu ? qudiire couplets en I'honneur des Polo- 
nais, entre Othello et le Manage de Figuro * : 

lis ne sont plus : iriens pleurer^ noble France ! 
Dans le tombeau dormeot tes d^fensours. 
Leur sang poar toi signa ta ddlivrance. 
Vicns leur payer une dette de pleurs ! 
lis sont tomb^s, fr^missants d'esclavage, 
lis ont bris<) leur frcin ensanglant^ ; 
lis t*ont l^gui rhonneur pour heritage; 
France, iU sont morts ! moi'ts pour la liberty I 

Apres ces couplets, Eric-Bernard a donn6 conomuni- 
cation d*une lettre du comitc^ polonais qui annoncait la 
victoire remporlee sur les Busses. Les cris de : « Vive la 
Pologne ! Mort aux Busses 1 » sont sortis de toutes les 
bouches. 

Le 3 aoUt, L'homme au masque de fer, drame en 
cinq actes, en prose « tire des chroniques aulhentiques » 
par MM. Aug. Arnould et N. Foumier. On connaft ce 
drame, qui fut repris sur presque toutes les scenes du 

4 . Dans presque toutes les representations d'alors, ce comedian est 
mis a contribution. Le 22 avril, entre Tartuffe et Une fete de N&ron, 
il avait chant6 la Varsovienne* 



CHAPITRE VIII. 157 

boulevard ^ II obtint a TOdeon un succes de larmes et 
d'argent. (Ligier, Lockroy ; M"' Juliette). 

Le 44 seplembre. La jeunesse db b* Alehbeevt, drame 
en qualre actes, en prose, imitd du roman de M. Lacre- 
telle afne par C. Merville, n'eut qu'une seule represen- 
tation. (Ferville, Lockroy; M'"''^ Lagardere et Saint- 
Amant) . 

Le 29 septembre, CatherIiVE II, comedie-drame en 
trois actes, en prose, de MM. Aug. Arnould et Loc- 
kroy, obtinl un tres vif succes. (Lockroy, Ferville, Dela- 
fosse, Doligny ; M"'* Georges, Juliette). 

Le ZOoctohre^ Alexandre Dumas donne Charles VII 
CHEZ SES GRANDS vASSAiix, drame en cinq actes, en vers, 
qui ri^ussit brillamment. Getle piece n'est, en realite, mat- 
gr^ sa denomination de drame, qu*une sorte de trag6die 
inspiree A' Andromaque . 

Harel, qui avait monl6 la piece avecluxe : oiseaux de 
proie, chiens de chasse v^ritables, armures authenliques, 
et donn^ une prime a Tauteur, ne fut pas recompense par 
Tempressement du public. 

A la Porte-Saint-Martin et a la Gomedie-Frangaise, 
oil celte oeuvre fut reprise en 1837, elle n'attira pas da- 
vantage *. Pourtant, elle contient peut-6tre les plus beaux 
versqu'ait ecrits Alexandre Dumas. (Ligier, Lockroy, Dela- 
fosse; M"*' Georges et Alexandrine Noblet.) 

4. Porte-Saint-Martin ; Ambigu-Comique (mars 4864)et Galtd. 

1. Celte pi^ce est pluldt un travail d'assimilalion qu*un drame oK- 
gioal. Le r^cit de la chasse au lion est resle c^lebre. Gommencee le 
7 juillet, eile fut finie le 40 aoi^t, a cent vers par jour. {MSmoire$ 
d'Alexandre Dumas.) 



458 L'ODfiON. 

LeS novembre, MiuabeauS drame en cinq ^poques 
et sept tableaux, do M. Bohaio, obtint un deini-succes. Ce 
voyage k travers la vie du grand orateur eiit paru long 
sans Fr6d(§rick, qui fut magnifique dans le r61e principal. 
On racclama quand il vint annoncer que I'auteur desirait 
garder Tanonyme. (Eric-Bernard, Doligny, Delaistre, 
Chilly ; M""^ Noblet et Lagardere). 

Le i4 novembrey Le clerc de la Basocbe, drame 
en cinq actes, en prose, de Scribe. Cette piece, regue par 
ie comite de lecture du second TheAtre-Fran^ais en 1829, 
avait ^te arr^tee par la censure qui ne permit pas d'ex- 
poser sur la scene le personnage de Jacques Clement, par 
respect pour le saint ordre auquel il avait appartenu. 
Apr^s 1830, le th^&tre etant libre. Scribe, qui n*aimait 
rien perdre, tira du mftme fonds deux pieces : un opera- 
comique, et un drame en soci(St^ avec d'Epagny. Pensant 
que le Thedlre-Frangais, qui cependant faisait des recettes 
pitoyables, leur rapporterait toujours plus que I'Od^on, 
les deux auteurs portferent leur drame rue de Richelieu. 
Harel, furieux de voir ^chapper un sujet sur lequel il 
comptait, rassemble les feuillets ^pars du manuscrit laiss^ 
k rOdeon, et met Fa pik^e imm^diatement en repetitions; 
le vendredi 22 juillet ISSl, elle elait affichee et allait 
6tre jou^e : les auteurs I'interdirent. Proces 1 Harel perdit, 
rinterdiction de la censure ayant rompu tout contrat. 11 
en appela. Pour arr^ter tout ce papier timbre inutile, 
Scribe promit satisfaction a Harel : il lira de son sujet 

4 . On donna k la m^me ^poque, et sous le m^me litre, un drame de 
MoDtigny, qui echoua. 



CHAPITRE VIII. 459 

une troisi^me pifece, qui, jouee a la Cona^die-Francaise 
le 17 aout, sous le tilre de Jacques Clement ou le Bache- 
Iter et ie TMologien^ di\ec d'^pagny pour editeur respon- 
sable, eut un demi-succes. La piece qu'ii donna sous 
son nom seul, kla rive gauche, n eut que quatre represen- 
tations et ne fut pas mSme impriinee. (Lockroy, Chilly, 
Duparai, Delafosse, Eric- Bernard; M""* Noblet et La- 
gardere.) 

Des le commencement de 1831, Harel voulait aban- 
donner TOdeon qui le menait k la ruine, pour prendre 
un autre IheAire, mieux silue, et qu'il pourrait gou- 
verner k sa fanlaisie. On se souvient que la lisle civile * 
accordait au second Th^Atre-Francais 13,800 fr. de 
subvention mensuelle, soit a peu pres 170,000 fr. par an. 

Le ministere de Tinlerieur reduisit, en i831, les 
13,800 k 10,000, puis a 9,000 fr., declarant qu'il 
n'^lait pas oblige de tenir les engagements pris par la 
liste civile. Harel se pourvut contre les decisions minis- 
terielles devant le conseil d'Elat. Yoici TarrSt rendu k ce 
sujet, le 22 avrii : 

(( Consid^ranl que le traits passe le 26 avril 1829 n'a 
a pas ete soumis a Tapprobation du ministere de Tinte- 
u rieur, qui seul pouvait engager les fonds de la subven- 
« tion vot^ par les lois des finances; que Tinlendant de 
« la lisle civile ne pouvait obliger le Tr^sor, et n'avait 
«c capacity de disposer que des fonds qui lui ^taient remis 
(c par le ministre de Tint^rieur, sans pouvoir conlracter 

4. Les subventions ne furent inscrites au budget des Chaoibres 
qu'apres 4830. 



460 L'ODfiON. 

« d'engagement pour ravenir, et disposer des deniers 
(( qui n'etaient accord^s par la loi des finances qu'au 
« ministre de rinterieur responsable ; 

u La requele du sieur Hare! est rejelee, >» 

Harel, frappe par ce jugement, traila deQnitivenaent 
avec le theatre de la Porle-Saint-Martin, et emmena une 
partie de sa troupe au boulevard, avec le Richard d* Arling- 
ton d'AIex. Dumas, que Ton repetait alors au second 
Theatre-Frangais. 

Pour terminer son conlrat avec le ministfere des 
beaux-aris et finir certains engagements qu'il avait ^te 
forc6 d*accepter, il fit jouer alternalivement, tanldt d*un 
c6te, lani6t de Tautre, ses deux, troupes. 

On vit d'abord arriver du boulevard le NapoUon a 
Schoenbrunnf avec Gobert; Victorine ou la Nuit porte 
conseil, avec M"° M^lanie et le vertueux Moessard; les 
Meuniers^ ballet, puis Antony (Lockroy et M*"' Dorval) ; 
le Minage du savelier, vaudeville; les Victimes clot- 
tries (Dorval) et les Dix francs de Jeannette^ vaude- 
ville ^ 

Le 24 decembre, on donne Marion Delorme, de Victor 
Hugo, qui venait d'etre representee a la Porte-Saint- 
Martin sous la direction Crosnier, Lockroy jouait te r61e 
de Bocage ; Provost, Gobert et M*"" Dorval, ceux qu'ils 
avaietit crees. C'etait finir Tannee sur une belle reprise ; 
malheureusement, Toeuvre elait mal niise en scene, pau- 

4 . Entreautres spectacles, signalons celui du 82 decembre : les Vic- 
times clo%tr4es, Victorine et Napol4on d Sainle-H^line, Le rideau 
^evait a cinq heures et demiel 



GHAP1TR£ YIl.K 464 

vrement habili^ et peu capable ainsi d^amener la foule 
a rOdeon *. 

Le Si dicembre, Piffard DadLE-DE-ToN, parodie- 
vaudeville, imitatioQ burlesque en trois actes de Richard 
d' Arlington, drame de Dioaux, destine d'abord et rep^t6 
k rOdeoD, et jou^ le 10 d^cembre h la Porle Saint-Martin 
par Frederick et M"' Noblet. Celte « grivoiserie » de 
Dumersan, Saint-Hilaire et Brunswick etail prec^dee de 
la Mansarde de la sage-femme, parodie du prologue la 
Maiscn du Docleur. (Ferville, Serres, Moessard ; M" *' M6- 
lanie. Saint- Amand, etc.) 

Debuts : 

Le 20 avril, Charles Hoster; le 5 mai,'M"*' Meynier, 
Lagardere et M. Doligoy; le 28 raai, M*^"" Juliette ; le 
16 juin, M. Henry; le ISoctobre, M"* L. Escousse ; le 
19 octobre, M"' Mathis. 



Representations extraordinaires : 

Le 30 avril. — Gratis k tous les th^fttres pour la 
f6te du roi. 

Le 28 juillet. — Gratis k I'occasion de Tanniversaire 
de la revolution. 

4. Harel avail tout fait pourobtenir Marion Delorme pour TOd^on. 
(Voir: Victor Hugo racorUi par un t4moin de sa vie.)Le manuscrit 
original de la pi^e porte : « Regae au th^tre de TOdeon le 4 4 juillet 
48X9. Harel. » 

II. 41 



162 . L'0D£0N. 

Le 24 septembre. — Au bea^Qce du frere de Bories et 
d'autres parents des qiialre sergents de la Rochelle : re- 
cette de 3,200 francs. On donna : Josiphine^ opera-conii- 
que, un divertissement de I'Opera, la Norma de Soumet, 
des stropbes « k la memoire des martyrs )>, par Lafont 
de I'Opera, et la Famille impromsie, avec Henry Mon- 
nier et Lepeintre jeune, 

LeSd^cembre, b^n^fice d'un pfere de famille : les En-- 
Tag6s, vaudeville, avec Odry, la Famille improvisie et le 
Napoleon de Regnier d'Estourbet. 



1832. 

Harel, qui'venait d'inaugurer brillamment sa direc- 
tion au boulevard avec le grand succes de Richard d' Ar- 
lington (10 decembre), semble se moquer du th^lre de 
rOdeon en commengant sa derniere ann6e par une parodie 
de la piece de la Porle-Saint-Martin. Cette farce sans 
gout, sans style, pleine de quolibels dignes a peine du 
plus vieux des vaudevilles, reussit, grfice k Ferville et a 
M™* Adolphe, a quelques jolis couplets et a une decora- 
tion charmante, reproduisant la salle des Funambules. 

Le 8 Janvier, la choregraphie fait a son tour ses de- 
buts au second Th^^tre-frangais avec la Fille mal 
gar die. 

Le i7 Janvier^ Jeannjb Yacjbermer ou la Cour de 
Louis XV, comedie-drame en cinq actes, en prose, de 
MM. de Rougemont, J.-B. LaGtteet Auguste Lagrange, 



CHAPITRE YIII. les 

tomba lourdement, malgre les efforts de Ferville et de 
]y|ine Dorval. (Provost, Duparai, F61ix L., Delaistre, Moes- 
sard, Ars6ne, Jemma, Davesne, Albert, Paul, £ldouard, 
Tournan ; M"*' Lagardere, Dubourjal.) 

Pour soutenir sa double eotreprise, Harel empruute 
au repertoire du boulevard : 

Rochester, m^lodrame en trois actes, de Benjamiu 
Theodore, avec M"' Dorval et Gobert (29 Janvier); 
Les harghandes de modes, ballet en deux actes (31 jan- 
Tier), et Farrucr lb Maure, drame eo trois actes, en 
vers, du pauvre Escousse (3 fevrier). 

Ld 5 fivrier, Provost joue Figaro du Manage^ 
j^me Dorval joue la Comtesse. 

Le i*' mars, Une eiSvolution d'autrefois ou les 
fiomains chez eux, com^die en trois actes, en prose, de 
MM. Felix Pyat et Th6odose Burette. Le public fit le plus 
grand succes k cette pi^ce, dans laquelle il trouva ma- 
tiere k une allusion politique. Qu'on juge de la transpa* 
rence : 

Caligula tombe sous le poignard des assassins au mo- 
ment oil il sort du cirque des gladiateurs ; les Iribuns qui 
conspiraient contre lui veulent proclamer la r^publique, 
mais les pretoriens, qui tienoent k Stre gouvern^s par un 
empereur, amenent Claude et le couronnent en sc^ne. 
Un personnage fait ainsi le portrait de celui qu*il s'agit 
de substiluer au f(^roce Caius : u Oh! j*en connais un, 
pour ma part, un empereur. . . II est imb^ile des pieds 
a la tete : ce sera la creme des empereurs. Figurez-vous 
qu'il est gros, gras et bSte, qu'il mange plus que tu ne 



464 L'0D£0N. 

bois, qu'il reste k table plus qu*ua prdtorien k sa faction. 
Quand vous connailrez mon Claude, vous ne regrelterez 
pas Caligula. » 

Le r^publicaia Ch^r^s finissait ainsi la piece : « Tuer 
Caligula pour avoir Claude, c*^tait bien la peine ! » 

Sous le nom de Claude, les auteurs eurent-iis Tinten- 
tion de designer Louis- Philippe? On le croit, puisqu'ils 
refuserent k la seconde la suppression des passages sou- 
lignes par les applaudissements du parterre. Harel, eOray^, 
Gt d'office, malgr^ les protestations de F. Pyat, les cou- 
puresdemand^es. La seconde eut lieu, mais le public ayant 
r^clam^ violemmeDt les mots supprim^s, on dut faire ^va- 
cuer la salle, et la piece ne put 6tre termin^e. La police, 
craignant de nouvelles scenes de d6sordre a la troisi^me, 
rinterdit d^finitivement. Une Revolution (^autrefois ^ ne 
parut plus sur rafliche, — mais I'allusion « gros, gras 
et b^le » en fit conserver le souvenir. 

Provost oblint les honneurs de la soirde dans le rdle 
d'Asinius ; apres lui on remarqua Lockroy, MoSssard, 
Arsfene, M"" Lagardfere et M^lanie. 

Le 43 mars, Mariettb, petite com^die insignifiante 
en trois actes, en prose, de MM. Leopold Brunot et J. -J. 
Ader, que le public accueillit s^v^rement. Quand Davesne 
vint annoncer : « La pi^ que nous avons eu I'honneur 
de repr^senter devant vous est... » — « stupide! » s'est 

4. Apr^s la Commune, Pyat fonda, de sa cachette, un journal, 
la Revolution, dans lequel il raconte de la fagon la plus complete les 
incidents de cette representation. Ce num^ro est curieux. Avis aux 
amateurs de brochures sur le th^tre. 



GHAPITRE YIII. 465 

6cr\6 tout haul Tun des spectateurs. (Provost, Doligny, 
Davesne; M"^* Lagard^re, Mdanie,) 

LemSme soir, on doanait le Mauvais sujei^ vaudeville 
de la Porte-Saint-Martin, d& k MM. Crosnier et Fred^rick- 
Lemattre. 

Le i7 mars^ au b^n6fice d'un ancien artiste, Adolphe 
et Clara de TOp^ra-Comique ; le Philtre champenois du 
Palais-Royal avec Samson, alors a ce theAtre, etDejazet, 
et 31. Chapolardy piece des Variet^s, avec Odry. 

Pendant que Ferville, Lockroy, Chilly, M™" Dorval 
et Noblet combattent et sont vaincus k la Porte-Saint- 
Martin dans Dico ans de la vie d'une femme^ drame de- 
testable de Scribe, I'Od^on livre sa derniere bataille, le 
19 mars, avec Dick-Rajah ou I' Elephant de la Pagode, 
m^lodrame a grand spectacle en trois actes, en prose, 
precede d'un prologue, par M. Saint-Hilaire. — La scene 
se passe aux bords du Gauge. Le meurtrier du defunt 
rajah veut usurper le tr6ne, mais T^lephant sacre Ten em- 
p^che et remet le sceptre, aux applaudissements de la Toule, 
entre les mains de Theritier du rajah qu'il a sauv^. — 
Dans un rdle de vieux cordonnier anglais, Duparai a lutte 
victorieusement contre le pachyderme en representations. 
Rendons justice a Kiouni^ il fut k la hauteur de son rdle. 
II s*agenouilIait comme un dromadaire ; puis, passant du 
grave au plaisant, il dansait un ballet avec des bayaderes. 
Succes de treize ou quatorze representations. (Delaistre, 
Walter, Walkin, Tournan, Bids, Moessard, Davesne, 

4. Toir YExtrait des M4moires deKiouni. 



166 L'ODfiON. 

Vissot, Laisn6; M"®* Simon, Dubourjal, Olympe). 
Le privilege d'Harel expirant en mars, il donne, le 
dimanche l''*' avril, sa derniere repr^entationS L*Od^on 
ferme le lendemain ; il ne reste plus sur la rive gauche, 
pour repr^senter la lilt^rature, que le petit th^lredu Pan- 
theon, ouvert dans Tancienne 6glise Saint-Benoit par 
Eric-Bernard, le 18 mars 1832, et ferm6 bienldt, faute 
de spectateurs, le 24 f^vrier 1833. 



4 . a L*OdeoD expire ce soir. Yous dtes invito k assister a sod convoi. 
On se reunira au faubourg Saint-Germaiu, dans le lieu ordinaire de 
son agonie. Priez pour le tris-passS ». 

{Courrier des Theatres, 45* annde, n© 4853.) 



CHAPITRE IX 



La Comedie-Francaise h TOd^on. — Voltaire el Af^* de Pompadour, 

— Les acteurs de Versailles et le Moise au Sinai de Chateaubriand. 

— Representations extraordinaires, concerts, benefices, etc. — La 
petite troupe Castelli. 



Harel venait de quitter TOd^on, avec Texcellente 
troupe qu'il avait form^e. 

La Porte-Saint-Martin avait tout recueilli : personnel, 
materiel, repertoire. 

Le ministre du commerce et des travaux publics, — 
qui avait alors les beaux-arts dans ses attributions, — 
M. le comte d'Argout, soucieux des inter^ts de la litte- 
rature, ne voulut pas que I'Od^on restftt ferm6, ou tout 
au moins perdit son rang de second Th^tre-FranQais, 
quMl occupait depuis treize ann^es. 

A la stance de la Chambre des d^putds du 1"" mars 
1832, le ministre annonga qu'il venait d'adopler une 
combinaison qui permettrait de donner au quartier latin 
un spectacle attrayant par sa \an6l6 : 

« Je me suis entendu^ concluait M. d'Argout, avec 
les principaux th^tres pour que, chaque jour de la se- 
maine, Tun d'eux alldt donner une repr^entation ^ 
rOd^on. De cette maniere, le public de ce quartier pourra 



468 L'ODfiON. 

« 

jouir d'un spectacle fort agr^able, et il n'y aura plus de 
subvention h lui accorder. » 

Getle decision, tr^s critiquable, ne fut attaqu^e que 
par quelques feuilles sp^ciales, et TOdeon, devenant une 
salle de passage ou tous les genres allaient successive- 
ment faire halte, fut appel^ par derision : le Thidtre- 
omnibus. 

Un arr^t^ ministeriel du t20 mars 1832 nomme agent 
conservateur de TOd^on, « consider^ corame succursale 
des the&tres de la capitale », M. Loraux, alors secretaire 
du comil6 de la Comddie-Francaise, et qui, on s'en sou- 
vient, sous la direction Picard, avait deja appartenu k 
rOd^on en qualited'administrateur-coinptableetde secre- 
taire g^n^ral*. 

Dans la seance du comity du 23 mars 1832, M. Lo- 
raux offrit aux societaires de la Comedie-Frangaise de 
prendre part, pendant la duree d'un trimestre, aux repr^ 
sentations donn^es sur le th^fitre de TOd^on. 

Le comite ne r^pondit pas cat^goriquement k la de- 
mande qui lui ^tait adress^e. Toutefois, il autorisa 
M. Loraux k annoncer au ministre que, la premiere des 
considerations pour le Theatre- Frangais 6tant de secon- 
der ses intentions dans Taccomplissement d'un dessein 
favorable k Tart dramatique, il croyait des k present y 
pouvoir faire contribuer la Com^die pour deux represen- 
tations par semaine. 

A la seance du 8 juin, le comite, pour donner suite 



4 . M. Loraux est mort en janyier 4850. 



CHAPITRB IX. 469 

k sa pr^c^dente deliberation, admit un maxfmum de 
200 francs (220 en hiver) pour les frais des representa- 
tions qui seraient donn^es a la rive gauche. 

Une ordonnance du 15 seplembre 1832 mit a la dis- 
position du ministere la salle de TOdeon, qui allait 6tre 
desservie par le personnel de la Comedie-Frangaise, avec 
Faure comme r^gisseur de la scene. 

Apres quelques travaux de restauration indispen- 
sables, I'ouverture de la salle, entiferement repeinte, eut 
lieu le jeudi 25 octobre 1832 par : 

Un prologue en vers, a deux personnages, de M. P. 
Martine^ : le Temps et l'Odi^on (Samson, Duparai). 

Le Tarluffe (M"*' Mars, Dupont, Brocard; MM. Per- 
rier, Duparai, etc.) ; 

Et le Malade imaginaire, avec toute la Comedie- 
Frangaise dans la Cirimonie : seuls, Beauvallet et 
M"® Valmonzey manquaient a Tappel. 

La premiere recette fut de 2,447 fr. 75; la seconde, 
avec la Mere coupable et Dominique le Posside (Monrose), 
de 1,404 fr.75; le troisi^me jour, VAbbi de VEpie (Col- 
son, M"" Menjaud) et les Deux Freres descendaient k 
252 francs; le quatri^me, un dimanche, on remonte k 
2,411 fr. 25, avec le Louis XI, de Casimir Delavigne, 
alors dans sa nouveaute, et les Rivaux (Teux-m^mes. 

Le Theatre-Frangais envoyait environ deux fois par 
semaine son personnel k la rive gauche repr^senter les 
meilleures pieces du repertoire et quelques OBUvres mo- 

4 . Fils du musicien de ce nom qui avait public en 1 81 3 un volume 
sur la Musique dramatique. 



470 L'ODftON. 

dernes. II donna meme k TOd^on, le 12 novembre, la 
premiere representation d'une com^die en trois actes, en 
prose, de MM. J.-B.-P. LaGtte et Ch. Desnoyer : Vol- 
taire ET Madame de Pompadour, qui, jou^e le m^me 
soir et par les mSmes acteurs, r^ussit rue de Richelieu et 
fut sifflee au quartier latin, devant 855 fr. 15 de recetle 
(Perrier, M. et M'"*' Menjaud, et M'^® Dupuis). 

Dans sa seance du 30 novembre, le comit^ fit con- 
naitre au ministre du commerce et des travaux publics 
le resultat financier des six premieres representations 
donndes par la Com^die h I'Oddon, lesquelles, a raison 
des frais ordinaires et extraordinaires, n'avaient produit 
que 240 fr. de part. 

Et cependant, k celte ^poque m6me (1*' d^cembre), 
le baron de Ces-Caupenne, directeur de TAmbigu-Co- 
mique, demandait le privilege de TOdeon, sans subven- 
tion, mais avec six primes de 5,000 fr. chacune pour les 
meilleurs ouvrages repr^sentes^ Qu'e£lt-il done fait dans 
cette galere, quand la Com^die-Frangaise ne pouvait par- 
venir a la diriger? 

En eflet, le public devint de plus en plus rare. Sou- 
vent la recette ne d^passait pas 200 k 300 francs. Cepen- 
dant, les representations continu^rent jusqu'k la fin 
d'avril 1833, alternant depuis le 1*' novembre avec 
celles donn^es par TOp^ra-Gomique (Martin, Fargueil, 
Ponchard, F^r^ol; M*""' Gasimir, Paul, Massy, Boulan- 
ger, Pradher). 

4. Voir sa brochure n<> 1, p. 28. 



CHAPITRE IX. 174 

En six mois, la Comedie-Frangaise avait jou6 qua- 
rante-deux fois a I'Odeon, la plus forle recette ^tanl de 
2,803 fr. ao (le dimanche gras, aiTevrier, 31« de C/o- 
tilde et la Suite d'un Bal masqu^)^ la plus faible (quatre 
jours apres) de 190 fr. 25. 

Le 8 juia 1833, M. Jouslin de la Salle, dejk directeur 
de la scene, fut noram6 directeur de la Comedie-Fran- 
gaise, qui, apres une interruption de Irois mois, donna 
encore Si TOd^on sept representations extraordinaires, du 
29 juillet au 12 novembre, devant une recette moyenne 
de 872 francs. 

Le comity se persuada alors que les representations 
deviendraient plus fructueuses si elles dtaient plus fr^- 
quentes et plus r^gulieres. Dans sa seance du 11 octobre, 
11 arr^ta qu'on solliciterait un privilege de Irois ann^es, 
pour y jouer, de deux jours Vun, altemativement avec 
rOpera-Comique. Un arr^te du 23 d^cembre 1833 
accorda le privilege a la Com^die, qui recul, Ji cet effet, 
de Tautorit^ un surcrott de subvention de 38,000 fr.*. 

EUe reprit ses representations k TOd^on le 7 Janvier 
183/1, et y joua sans interruption trois fois par semaine 
jusqu^au 31 mars 1835, c'est-Si-dire pendant quinze mois, 
au bout desquels on ne crut pas devoir poursuivre une 
campagne qui coCitait a la Goai6die pres de 80,000 fr. 

Les causes premieres de cet insucces, k une epoque 
ou la Com^die comptait dans ses rangs M"* Mars et Fir- 

4 . Voir, h la BibliolMque de la ville de Paris, une note relative k 
cetle subvention, provenant de la vente L. Sapin. (N« 150 du cata- 
logue. ) 



47J L'ODfiON. 

rain, Monrose et M"" Dupont, MM. Menjaud, Samson, 
David, Perrier, Joanny, Ligier, Dailly, Beauvallet, Gef- 
frey, Regnier; M™" Paradol, Mante, Desmousseaux, 
Brocard, Anais, Thenard, Noblet, Brohan, Plessy, etc.*, 
furent la multiplicity des th^dtres depuis 1850, la 
dispersion du public et le d^placement du mouvement 
litldraire. 

Parmi les nombreuses representations a benefice 
donndes dans cette pdriode k TOdeon, nous signalerons 
seulement celles de M. Delestre-Poirson (14 nov. 1833); 
de M"" veuve Ducange (Trenle ans, par Fred(5rick et. 
M™® Dorval, 5 d^cembre) ; d'AIcide Tousez (8 mars 
1834); de M"« Charton (26 avril); de M™" Gautier 
(20 mai), et les concerts de M. Lafont, violoniste (15 mars) 
et de M"* Mayer (31 mai). 

Le 29 juillet^ matinee gratuite k deux heures, pour 
Vanniversaire des trois journies : Bertrand et Raton^ par 
la Com6die-Frangaise. 

Le i5 aoHly. on devait donner Semirainis et Misan^ 
thropie : la representation ne put avoir lieu « par I'ab- 
sence du gaz ». 

Le 24 octohre, les acteurs du tb^dtre de Versailles, 
alors dirige par M. Carmouche, donnerent en represen- 
tation extraordinaire, au benefice d'un artiste, la pre- 
miere de MoiSE au mont Sinai', trag^die en cinq actes, 
en vers, de M. de Cbdteaubriand, avec des choeurs 

4. Et quels spectacles! Le dimaDche gras, 4*' mars 1835, Taffiche 
portait : le Jaloux, les Pladdeurs, le D4p%i amoureux, let Folies 
amouretises. Ooze acles I Aussi commenga-t-on k six heures. 



GHAPITRE IX. 473 

• 

d'Adam, Garafa, Fontmichel, Rossini, Jadin et Goste. La 
pi^ eut du succ^s, fit une recetle de 2,164 fr. el fut 
redonn^ une seconde fois. Nous remarquons dans la 
distribution les noms de Saint-Leon (Moise) , Palianti 
(Dathan] ; de M'"'^ Astruc (Arzaoe) et Hel(^na Gaussin 
(Marie) . 

Le 2i fivrier 1835, ie jour mdme de I'incendie de la 
Gaite, un arrdte accordait le privilege de TOd^on k M • de 
Saint-Estebeo , ancien directeur du Th6&tre-Nautique, 
dont rintention ^tait de former avec tous les tliMtres de 
Paris uoe sorte d*associalion pour que chacun vtnt a tour 
de r61e donner une representation au faubourg Saint- 
Germain. La troupe ultra-pontaine eut donn^ successive- 
ment commie, vaudeville, drame et ballet. On devait 
ouvrir k la mi-avril, mais M. de Saint-Esteben ne tarda 
pas k renoncer a son privilege (16 mai) et Tarrfite fut 
annule le 19 d^cembre suivaot. 

Le 17 mars 1835, benefice de M. Montigny. 

Le 26 mars, jour de la mi-car6me, la Com^die ter- 
mine ses representations; mais, le dimanche 29, elle 
participe au b^n^Qce d'un malheureux machiniste bless^, 
Lef^vre, a\ec Britannicus (Firmin, Ligier, Desmousseaux; 
M"** Th^nard et Noblet). 

Le 14 avril, benefice de L6on Monval, acteur et r6- 
gisseur du Gymuase, avec le concours de Bouffe {la Fille 
de PAvare), du Palais-Royal, des frferes Florinde et de 
Lipoid Folz, rhomme k la poup^e. 

Le 22 novembrcj benefice de M. Edouard, r^gisseur 
de rOdeon : Othello (Beauvalfet) et la Jeunesse de Henri V. 



Ali L'ODfiON. 

Les 5 et 13 dicemhre^ b6n6fices d^Achard et de 
M"* Thenard mere. 

Enfin, du 2i au 3i decembre, la Porte-Saint-Martin 
donne a TOdeon, peadant qu'oarestaure sa salle, lucrece 
Borgia, Marie Tvdor, Merope, Richard d' Arlington^ la 
Tourde Nesle et Robert Macaire. Grand succes de la 
CL Troupe atiastique » compost de di\ Bedouins venus du 
Sahara, qui joue les Bedouins en voyage, odyssee afri- 
caine en trois chants. 

L'annee 1836 apporte a TOdeon une nouvelle s^rie 
de representations dites extraordinaires ou k benefice; 
tous les theatres de Paris y d^Glent a tour de r61e : 

Le 24 fevrier^ c'est un spectacle au profit des indi- 
gents du XP arrondissenaent, avec M"* Mars et Menjaud 
dans la Suite d'un Bal masqui (recette de 12,000 fr.). 

Le 26 inarSy benefice de M™' Boulanger : le deuxienae 
acte du Mariage de Figaro (M"* Mars et Samson) ; le 
26 avril^j benefice do Faure : Crispin rival, par Mon- 
rose; la Gageure (M"° Mars et le b6n6ficiaire) ; Valerie, 
par M"** Mars; le 2 mai, ben^Gce de M""" Elisa Jacops; le 
28, d'Odry : la Marquise de Pr4tinlaille (Dejazet), le 
Chevreuil et I' Ours el le Pacha, par le b^neficiaire. Le 
21 juin, benefice de Derval ; les 9 el 12 juillet, les Varie- 
t6s donnent deux representations klOdeon^et leSlaout, 
au benefice de M. Nanleuil, Mithridaley jou6 par le 
beneficiaire, ne pent atteiudre la fin du quatrieme acte; 

4. En avril 4 836, un sieur Pinetle , proprietaire , adressa au 
TheStre-Frangais et au miniature un nouveau projet du theatre de 
rOdeon et de ia Gomedie-FraoQaise « amalgames » 



CHAPITRE IX. 475 

le Mailre de chapelle et la Jeunesse d" Henri V compl^- 
taient le spectacle, qui produisit 700 fr. 

A cette date, Anl^Qor Joly obtenait la permission 
d'ouvrir un « Second TheAlre-Franfais » avec Fr^d^rick, 
Socage et M'"* Dorval, et I'Od^on donnait asile a une 
troupe enfantine dite Gymnase Caslelli^ qui, du ii sep- 
tembre au 20 octobre, representa son petit repertoire : 
Zoi^ le HxASsard de Felsheim^ les Deux manages, Thio^ 
bald, Riquet a la Houppe^ des intermedes de danse et la 
Granrfc-Z)wcAe5se,' vaudeville dont le principal r61e 6lait 
lenu par M"® Regine Briel, ^gee de huit ans. 

Nous n'insisterons pas sur le personnel de cette troupe 
lilliputienne, renvoyant pour les details biographiques a 
la monographie que M. Charles Richomme lui a consacr^e 
sous le titre d'Albutn Caslelli^. Nous mention nerons seu- 
lement, dans une seconde serie de ses representations, 
les trois premieres donnees a TOdeon : 

Le 10 decembre^ la Fillb du Prisonnier, drame en 
deux actes, m^le de chants, de Laurencin, obtint un 
succes complet, grdce k la petite Celestine, la perle de 
la troupe, kgee de dix ans, qui sera un jour M"** Thuil- 
lier. 

Le i7t/^eem6re, Valentine, ballet-pantomime en deux 
actes, de Bartholomin, musique de JVI. Haenssens. Cette 
curieuse miniature fit beaucoup applaudir la petite Mon- 
tessu. 

Le 29dicembre, Une MAi'rRESSE-F£MM£ ou les Finesses 
du ccBur, com^die-vaudevilie en un acle, de Lauren- 

h, K vol. petit in-4% avec figures. Paris, 4837. 



176 L'ODfiON. 

cin, ]0\i6e par le jeune Alexandre et la petite R^ine. 

Ce theatre d'eleves avait 616 {ond6 par M. Pierre Cas- 
telli en 1831. Ce fut en iavrii de cette ann^e qu'ii les pr6- 
senta pour la premiere fois au public, sur le ih^tre de 
Rouen. Puis il parcourut la France entiere, la Hollande, 
TAUemagne, et vint, en septembre 1836, a Paris, ou il 
obtinl aulant de succ^s qu*en province et a Tetranger. 
Partout on fit ftte k ses artistes minuscules, qu'on acca- 
bla de bonbons et de jouets. 

Le Gymnase-Gastelli etait un veritable pensionnat 
dramatique ambulant, qui comptait alors une trentaine 
d*eleves, dont le plus vieux n'avait pas treize ans. lis 
apprenaient en commun non seulement T^criture, la 
grammaire, le calcul et le dessin, mais encore la musique, 
la danse et les langues 6trang^res. « Leur Education, dit 
leur historien, ne laissait rien a d^sirer. » lis portaient 
un uni Forme : les garcons, une petite redingote brune k 
boutons ciseles, pantalon noir, souliers ou brodequins, 
casquelte bleue a glands, manleau de mSmecouleur; les 
fiUes, une robe de laine brune, un pantalon, un bibi 
double de rose, un mantelet rouge a carreaux. 

HStons-nous d*ajouter que les jeunes artistes ne 
eonservaient pas ce singulier accoutrement pour parattre 
sur le th6&tre; c'^tait leur costume « de ville ». 

Entre la premiere et la seconde s6rie de leurs repre- 
sentations, la Com^ie-Francaise parut deux fois h 
rOd^on, le 27 novembre, au benefice de M. Beauvallet : 
le D^pit et Don Juan d'Autriche (Firmin, Geffroy, Sam- 



CHAPITRE IX. 477 

son, Beauvallel ; M™' Volnys) ; le 4 d^mbre, au bene- 
fice de M"* Cosson : Hamlet (Ligier), VEcole des Femmes et 
Un Manage raisonnable. 

C'est avec le TheAtre-Fran^ais que nous lerminons ce 
chapitre : c'est avec lui que nous ouvrirons le sui- 
vant. 



II. « 



n 



CHAPITRE X 



Encore la ComMie-Francaise k TOd^on. — Le Camp des Croisis.— Le Bour- 
geois de Gand. — Repr^enUtions da Th^tre-Italien : directions Viardot 
et Dormoy. — Representations k b^n^fice. 



Malgr^ le mauvais succ^ d'une premiere tentative, 
lorsqu'au 1" mars 1837 M. V^del succ^da k M. Jouslin 
de la Salle dans radmiaistration du Th^tre-FranQais, 
le nouveau directeur, ce^dant au voeu depuis loDgtemps 
exprim^ par les auteurs d'avoir un second Theft tre-Fran- 
(ais charg6 de supplier a la t&che trop lourde du premier, 
voulut r^uair TOd^on k la Gom^die qui, par le fait de sa 
sp^cialit^ classique, ne pouvait ofTrir k la litt^rature 
contemporaine un d^bouch6 suffisant. II soUicita done le 
privilege de I'Od^on, « moins pour Texploiter, — dit 
obligeamment le Courrier des Thidtres^ — que pour 
rempficher d'etre exploits par d'autres^ » C'^tait entrer 
dans les vues de M. de Montalivet. 

4. La direction futsuccessivement promise et donnee avec privilege 
plus ou moins ^tendu k M. Saint-Esteben, cr^ateur du Th^tre-Nau- 
tiqae (salle YeDtadour); de La Boullaye; Harel et Bouff^; Morin, direc- 
teurdela Porte-Saint-Aotoine; Blanchard; Duport, Tancien directeurdu 
Th^tre de Yienne, et Bernard. Au mois de juillet 4S37, 11 y avait trois 



480 L'ODfiON. 

Un arr6t6 minisl6riel du 1^' aout 1837 lui accorda 
TautorisatioQ d'exploiter FOdeon pendant deux ann^ k 
partir du 1^' septembre, avec fermeture facultative de 
deux mois d'^t^, et cr^tion d*un comil6 de lecture spe- 
cial et distinct. 

Voici le texte de ce document, que nous donnons in 
extenso, k cause de T importance qu'il peut avoir dans un 
avenir prochain : 

ARR6t£ MINISTfiRIEL DU 4«' AODT 4837. 

Nous, pair de France, ministre secretaire d'£tat au departemeDt de 
riot^eur, 

Avons arrdte et arr^tons ce qui suit : 

Article premier. 

II est accorde k la Soci^td de la Ck}medie-Francaise rautorisation 

d'exploiter le theatre de TOd^on pendant deux ans, k partir du 

4«>^ septembre 4837; — le genre sera le mdme que celui du ThMtre- 

Frangais. 

Art. 2. 

Le directeur-g^rant du Th^tre-Francais devra soumettre k notre 
acceptation le choix de la personne a laquelle il confiera radministra- 
tion de ce thMtre, sous sa propre responsabilit^. 

Art. 3. 

II devra donner tous les jours une representation sur le Ih^tre de 
rOdeon, sans que cette obligation Tautorise k interrompre les represen- 
tations du Tb^dtre-Francais. II pourra n6anmoins obtenir la faculty de 
former la salie de TOdeon pendant deux mois en ^t^. 

Art. 4. 
Les representations qui auront lieu sur le theatre de rOd^on seront 

combinaisons pour Touverture de TOdeon : celle de MM. Blanchard et 
Lefdvre, celie de M. Eugene Briffaut et celle de M. V^deL Le directeur 
de la Comedie-Francaise Temporta. 



GHAPITRE X. 481 

donndes par les soci^talres et pensionaaires de la Gom^die-Francaise, 
panni lesquels le directeur devra choisir ceux qui seront attaches k 
rOd^Q, sans que cette clause puisse les emp^cher de jouer au Th^dtre- 
Fran^is quand le directeur le jugera convenable et sans que les artistes 
de la Gom^die-Francaise puissent refuser de concourir k ces representa- 
tions du th^tre de TOdeon. 

Abt. 5. 

Le directeur-g^rant du Th^tre-FranQais devra, dans le mois qui 
sniyra la d^livrance de la pr^nte aulorisation, justifier de Tadh^sion 
par terit des soci^taires du Th^^tre-FraDgais aux dispositions de Tar- 
ticle precedent. 

Art. 6. 

Le directeur-g^rant du Th^Atre-Frangais devra prendre les mesures 
n^cessairespour qu'aucun pensionnaire dudit tb^tre ne puisse se sous- 
traire aux obligations de I'article prMt^. 

-Aet. 7. 

Un comity special de lecture sera ^tabli aupr^s du th^&tre de 
rOd^on ; M. le directeur-g^rant devra en soumettre la composition k 
DOtre approbation. 

Art. 8. 

Le directeur-g^rant sera tenu de faire repr^enter au moins douze 
pitos nouvelles dans Tann^e, dont deux en cinq actes. 

Art. 9. 

n pourra faire repr^senter les ouvrages du repertoire du Th^&tre- 
Frangais; il pourra donner des concerts; il aura aussi la faculty de 
donner des bals durant le carnaval, en se conformant aux dispositions 
prescrites par la Prefecture de police; neanmoins, nous nous reservons 
de suspendre cette faculty si les circonstances paraissent Texiger. 

Art. 40. 

n aura la jouissance du materiel, et il sera fait par deux experts 
respectifs un inventaire dudit materiel, et, k la fin de sa gestion, le 
directeur-gerant devra en restituer un d'une valeur egale. 

Art. 14. 
Les boutiques qui environnent TOdeon ne font pas partie de la pre- 



488 L'ODfiON. 

sente concession. L'agent conservatear da th^&tre continuera h jouir 
du logement qu'il occupe actuellement et exercera comme par le passd 
la surveillance dans Tint^r^t de la conservation de la salle et da ma- 
teriel. 

Le directear-gerant recevra la salle en bon ^tat de reparations loca- 
tives et sera tenu de la maintenir et de la rendre ^ la fin de la gestion 
dans le m6me etat. 

II lui est interdit de faire ex^cater aucans travaax oa changements, 
soit dans la decoration, soit dans la distribation, soit dans la macbinerie 
du Ibedtre, sans notre autorisation sp^ciale. 

S'il y a besoin de restaurer la salle, cette restaaration sera h la 
cbarge de r£tat, et nous nous rdservons de decider quand et comment 
elle aura lieu. 

Aax. 42. 

Le directeur-g^rant sera tenu des frais de garde des decors, cos- 
tumes, machines et accessoires, des frais de pompiers, de garde de 
police et de garde municipale, et en g^ndral de toutes les ddpenses de 
Fexploitation, de rimp6t, de la patente et des impositions de toute 
nature etablies ou k etablir. 

II devra faire assurer le th^dtre et le materiel k ses frais et sera 
responsable des accidents dMncendie, sauf son recours centre la com- 
pagnie d'assurances avec laquelle il contractera. La responsabilitd se 
bornera au capital reconnu par ladite compagnie. 

Art. 43. 

n sera tenu de respecter les concessions de logos et d'entr6es dont 
le droit sera reconnu par nous. 

Art. 44. 

n sera ^galement tenu de mettre la salle de rOd^on une fois par 
an k la disposition du maire de Farrondissement , pour y donner un 
bal au profit des indigents, lorsque notre autorisation aura 6\j6 obtenue 
k cet effet. II ne lui sera dd aucune indemnity pour le rel&cbe que 
cetle obligation occasionnera. 

II sera en outre oblige de donner une fois par an, au benefice des 
indigents, une representation avec la piece et les artistes que le maire 
indiquera, sauf noire autorisation. 



GHAPITRE X. 483 

Art. 45. 

Si le directeur-g^rant contrevenait aux dispositions pr^c^dentes, 
qu'il a d^clar^ accepter, ets'il n'obtemp^rait ^ toutes les prescriptions 
de Tautorit^ dans I'int^rdt de la morale, de la siiret^ et de la tranquil- 
lit^ publiques, la pr^sente autorisation pourrait lui ^tre retire. 

Paris, le !•' aoAt 1837. 

Sign^ :MoNTALivBT. 
Pour ampliation : 

Le conseiller d'etat, secretaire giniroL 
du Ministire de VIniMeur, 

Sign^ : Edmond Blanc. 

Collationne : 
Le chef du i*' bureau du secretaire g4niral^ 

SigD^ : MouRBT. 

Sur ddib^ratioD conforme du comity de la Com^die, 
en date du 29 aout, et apr^ nouvelle restauration de la 
salle par M. de Gisors, qui reconstruisit Tint^rieur, d^- 
cor6 avec beaucoup de gout par MM. Feuchferes, S^han 
el Cic^ri, la r^ouverture eut lieu le vendredi 1"^ d6- 
cembre 1837 par Cinna et le Tar luff e, avec M"* Mars 
dans Elmire. 

M. Valmore 6tait administrateur-g^rant ; M. Saint- 
Paul, r^gisseur de la sc^ne. 

Au milieu de quelques reprises {Romio et Juliette, de 
Fr. Souli^ ; Euginiey de Beauraarchais ; les Deu.c Phili-' 
bert, Angele^, d'Alex. Dumas (Geffroy), les Comidiens^ le 

\ . Repr^ent^e pour la premiere fois k la Porte-Saint-Martin ie 
28 d^cembre K 833. 



484 L'0D£0N. 

Voyage a Dieppe, etc.), OQ donna les quatre premieres 
representations suivantes : 

3 fivrier 1838. — Lb Camp des Croises, drame en 
cinq actes, en vers, d'Adolphe Dumas (Geffroy, M"* Dor- 
val), succes litt^raire, beaux d&ors*. 

i7 avril. — Les Suites d'lne facte, drame en cinq 
actes, en prose, d'Aug. Arnould et Narcisse Fournier 
(Lockroy, Dela fosse, Ch. Mangin, Regnier; M"** Dorval 
et Vemeuil). Snjet tir^ du Tentateur, roman de M. La- 
croix; demi-r^ussile, quelques sidQels. 

27 avril. — Une Veuve a marier, comedie en deux 
actes, en prose, de MM. Ancelot et Vaulabelle. On 
nomma M. Jules Cordier, pseudonyme de Tenaille*. Le 
premier acte est rempli d'esprit, de details charmants; le 
second est plus faible, le denouement est manqu^. 

Et enfin, le 2i mai, le Bourgeois de Gand ^ ou le 
Secretaire du due d'Albe, drame en cinq actes, en prose, 
de M. Hippolyte Romand, qui obtint un tres grand sne- 
ers (Geffroy, Lockroy, Delafosse, Maillard; M^^' Noblet 
et Guyon) et fut repris plus tard k la Comddie-Fran- 
Caise. 

Les debuts les plus imporlants furent ceux de Mail- 
lart, de Rouviere, de M^** Level, Maxime et Helena 
Gaussin. 

La cldture d'6l6 eut lieu le 30 juin, par le Bourgeois 
de Gand, interrompu en plein succes, et les Plaideurs, 

4 . Lire la preface de ce drame. 

2. Cette pi^ n'a pas ^16 imprimte. 

3. Refuse deux fois avant d'dtre reou h I'Dd^n. 



CHAPITRB X. 485 

Dans une p^riode de sept mois, la Com^ie-Trancaise ' 
avail donn6 environ 180 representations ^ dans lesquelles 
on joua 150 fois Molifere, Corneille, Racine, Regnard, 
Voltaire et Beaumarchais, sans compter le repertoire de 
second ordre : Montfleury, Lafosse, Le Sage, Diderot, 
Goldoni, Ducis, Picard, Alex. Duval, fetienne, C. Dela- 
vigne et Mazeres. 

Voici le tableau des receltes : 

Wcembre 4837 25.663' 25 

Janvier 4838 40.009 46 

Fevrier » 48.497 50 

Mars » 45.589 75 

Avril » 47.842 75 

Mai « 17.536 54 

Jiiin » 27.547 68 

Soit un total de 432.386^93 

qui repr^sente une moyenne de 48.912 fr. 40 par mois. 

En somme, il y avait un deficit d*une quarantaine 
demille francs, dont 25 k 28,000 avaient 6i6 d^pens^s 
pour le Camp des Croisis seulement, et sur lesquels il 
avait encore fallu acheter des costumes et des accessoires 
pour le repertoire courant et creer tout le materiel du 
th^tre et jusqu'au mobilier des loges. 

M. V^del insistait pour essayer une seconde cani- 
pagne, mais les Societaires ne voulurent plus entendre 
parler de TOdeon. L'exp6rience semblait leur demontrer 
qu'il est dangereux de se faire concurrence k soi-m6me. 
Leur privilege en resta IJi; et I'Od^on put alors servir de 

4. II n'y eut que treize reUches. 



486 L'ODfiON. 

feluge au Th^dtre-Italien, qui venait d'etre inceDdi^ k la 
salle Favart. 

Dans la nuit du ill au 15 Janvier 1838, k la suite 
d'une representation de Don Giovanni^ le Tb^tre-Italien 
avait bruie faute de secours^; un froid intense de dix 
degr^s avait fait geler I'eau des fontaines de chute. 
B^fugid depuis le 30 Janvier k la salle Ventadour, 11 se 
transporta le 2 oclobre a I'Od^on, ou il se soutint les 
trois premiers mois avec son repertoire ordinaire, Noima^ 
il BarbierCj Lucia di Lammermoor, Don Giovanni, la 
Donna del Lago, la Sonnamhula, etc., interpr^le, il est 
vrai, par les merveilleux artistes dont la reunion ne se 
retrouvera jamais : Rubini, Tamburini, Lablache, etc.; 
M*"" Giulia et Ernestine Grisi, Persiani, etc.*. 

La premiere nouveaute fut Roberto d'Evereux, opera- 
seria en trois actes, paroles de Gammarone, musique de 
Donizetti (27 decembre 1838), bientdt suivie de YElisire 
d' amove, opera-buffa en deux actes, paroles de Scribe et 
Romand, musique de Donizetti; ouvrage fort agr^able, 
dont rex^cution ravissante eut le plus grand succ^s 
(17 Janvier 1839). 

Nous n'avons a signaler, jusqu'k la cl6ture du 
31 mars, que les benefices de Tamburini, de M"* Grisi et 
de M. IwanolT (4, 18 fevrier et 18 mars). 

4. Get incendie coilta la vie a I'un des direcleurs, M. Severini, qui 
se jeta par une fenfire. 

5. Sur ces artistes a jamais regreltables, lire les cinq premieres 
Etudes biographiques sur les Chanteurs contemporainSj par HH. Es- 
cudier freres. -I vol. in-48. Paris, N. Tessier, 4 840. Portraits lithogra- 
phies. 



CHAPITRE X. 487 

Pendant les vacances, la salle de TOd^on servit k des 
representations extraordinaires, dont trois m^ritent d'etre 
signal^es : le k avril, au benefice et pour la retraite de 
Jenny Vertpr^, avec Rachel dans Bajazet, 10,000 fr. de 
recette; le 20, Wn^fice de Massol, avec Duprez dans 
Guillaume Tell; et le 30, benefice de Rachel, avec la b6- 
n^ficiaire dans Hermione et Dorine. 

Le i"^ ociohre, r^ouverlure du Th^Atre-Italien, par 
Otello et la Cenerentola. • 

Le 24 dicembre^ Ines de Castro, opera-seria en trois 
actes, musique de Persiani, paroles de Coppola (Rubini, 
M"' Persiani\ fut la seule nouveaut^ de cette saison, 
qui finit, comme la pr^c^dente, au 31 mars. 

Le i" avril i840, la direction passe enlre les mains 
de M. Charles Dormoy, qui d^pense 300,000 fr. pour la 
restauration de la salle; le loyer (70,000 fr.) est mis 
a sa charge, ind^pendamment d'un cautionnement de 

60,000 fr. 

Par son cahier des charges, M. Dormoy fut tenu de 
faire jouer exclusivement letf deux genres d'opera-buffa 
et d'opera-seria pendant au moins six mois de I'ann^, 
du 1*' octobre au 31 mars ; il pouvait faire jouer, du 
1" avril au 30 septembre, des operas italiens et d'aulres 
operas strangers, et ne pouvait maintenir le Th^tre- 
Royal-Italien dans la salle de TOd^on que si le loyer 
demand^ pour une autre salle ^tait trop ^lev^, et si les 
conditions de cette location ^talent trop on^reuses, ce que 
le ministre se r^servait d'appr^cier*. 

1. Arr^l^ da 27 avril 4840. — A cette ^poque, rOd^on faillit deve- 



1 



488 L'ODfiON. 

Le nouveau directeur ne voulut pas de subvention, 
eut d'excellents artistes qu'il paya tres cher, et cependant 
maintint la prosp^ritd financi^re du th^dtre. 

Pendant les six raois qui prec^derent la r^ouverture, 
rOd^on fut encore le Ih^tre de quelques soir^s extraor- 
dinaires, parmi lesquelles nous citerons : 

Le samedi saint 18 avril, representation de retraite 
de Faure, aprfes trente-deux ans de service : Bajazet^ 
par Rachel, Beaijvallet, Maillart, et VaUrie, par Regnier, 
Volnys, M"~ Mante et Plessy, 5,600 fr. de recette; — le 

7 mai^ benefice de Louis Monrose, dont Tengagement k 

§ 

la Com^die n'est pas renouvel^ : VEpreuve nouvelle et 
le Maria ge de Figaro , avec Monrose pfere dans les 
deux pieces, M^* Mars dans la seconde, 3,609 fr. de 
recette. 

Le d" octohre, reprise des representations ilaliennes; 
Tavenement du nouveau directeur est brillamment inau- 
gurd par les debuts dut^nor Mario*, marquis de Gandia, 
dans Polione de Norma^ qui furent un veritable ^v^ne- 
ment (17 octobre), et Lucrezia Borgia^ opera-seria en 
trois actes de Donizetti, par Mario, Tamburini, Lablache 
et M^^ Grisi (31 octobre). 



nir Bibliolheque des licoles. Le roi le voulait ainsi ; les plans 6taient 
&its. Ce ful grdce aux efforts de M. Delanneau, directeur du college 
Sainte-Barbe, et alors ma ire de rarrondissement, qu'il conserva sa des- 
tination premiere. On avait aussi parI6 d*en faire un reservoir ou fon- 
taine publique, et de mauvais plaisants ajoutaient qu'on commencerait 
par y laver toutes les ordures qu*on y avait joules depuis vingt ans. 

4. N^ h Turin en 4808, Mario venait de I'Op^ra, oil il avait d6but6 
dans Robert le Diable (S d^cembre i838). 



GHAPITRE X. 489 

Le 8 fivrier i84i^ au b^n^fice de M"** Persiani, Bea- 
trice di Tenda, opera-seria en deux actes, de Bellini, fut 
la derniere nouveaute donn^ par les Itaiiens k la rive 
gauche. La cldture eut lieu le 31 mars, apres les b^n^- 
fices de M"* Grisi, de Rubini et de Tamburini, el le 
samedi 2 octobre, le Th^tre-Royal-Italien faisait sa 
rtouverture a la salle Yenladour (Th^^tre de la Renais- 
sance) . 

Dans rintervalle, Rachel avait jou^ a FOd^on Marie 
Stuart^ dans un benefice (3 avril), et, le 15 juillet 1841, 
un arrSt^ du ministre de Tint^rieur accordait k M. d'Epa- 
gny la direction du second Theftlre-Frangais\ 

4. Dejk, par acte notari6 passe devant M*' Lefebure de Saint-Maur, 
le 49 aoilit 4840, une soci^te s'6tait form^ entre les sieurs Lireux, 
Mirecour, Yalmore et M^^* Mathilde Payre et consorts. Elle fut dissoute 
par un consentement mutuel. 



CHAPITRE XI 



1841-1842. — Resurrection du second Thd&tre-Fran^ais. — D*£pagny et ses 
associ^s. — Triste rtoayerture. — Mathieu Luc. — Les Enfants blancs, 
— Lireux succMe k d*£pag^y. — C4dric k Norw4gien, — Le$ Ressaurces 
de Quinola, — Le Voyage d PotUoUe, 



D'EpagDy % voyant TabaDdon oil ^tait tomb^le beau 
th^tre de la rive gauche, forma une societe en nom col- 
lectif avec MM. Valmore, Robert Kemp, A. Mirecour, 
Lireux, M'"'' Mathilde Payre et sollicita, au nom de cette 
soci^t^, le privilege de rOd^on qu'il n'avait pu obtenir 
seul, on s'en souvient, en 1829. 

Le pass6 th6&tral de d'Epagny lui donnait quelque 
autorit^ : les comediens, ses associ^s, ^taient de braves 
gens eslimables et estim^s; leur ambition n'^tait pas 
exigeante : « Nous youions, disaient-iis, commencer sans 
subvention, et travailler de fagon k Tobtenir un jour. » 
dependant, on Gt attendre plus de deux anndes la rdponse 
qu'ils soUicitaient. 

1. £pagny (Jean-Baptiste Violet d'), ne en 4793, la Gray, mort en 
4868. Auteur dramatique fecond : Ltixe et indigence, VHo7nme habile, 
Lancastre^ Dominique lepo$s6d4, etc., etc. 



492 L'ODfiON. 

Le 15 juillet iSlilf M. Duch&tel coDc6da « au sieur 
baron Violet d*EpagDy, agissant au nom et comme 
direcleur de la societe forraee pour Texploitalion de 
I'Odeon », le privilege du second Th^Atre-Frangais pour 
neufanneesk partir du 1*' octobre 18il. Trois mois 
pour organiser uq theatre de cette importance ! II n'y 
avait pas de temps a perdre : on donua imm(^diatement 
des auditions nombreuses, on fit un appel pressant auK 
auteurs ; quinze jours apres, la troupe etait faite, et le 
spectacle d'ouverture decide ^ 

Voici comment fut instituee I'organisation de la nou- 
velle direction. La societe en nom collectif fut divisee en 
vingt-quatre parts, partagees elles-mSmes en moitieseten 
quarts de part ; les fondateurs fureut soci^taires d^finitifset 
comme tels eurent part entiere; les artistes qu'on s'adjoi- 
gnit, consideres comme candidats societaires, devaient^au 
lieu d'appointemeuts, toucher un prorata determine par le 
directeur dans les benefices de Texploitation. 

La troupe faite h la h&te, tout incomplete qu'elle 
etait, comptait cepeudaat quelques comedieus de valeur 
et d'avenir. Citons : Louis Monrose*, artiste vaillant et 
lettr6, un peu trisle, un peu grimagant peut-Stre, mais 
poss^dant bien la grande tradition paternelle dans les 
Crispins, les Froniins, et tous les personnages de conven- 



4. Le secretaire du th64tre fut d'abord Tun des fils du grand chan- 
teur Ponchard; puis, de 4842 k 4845, Achille Denis, Texcellent r^dac- 
teur en chef de V Entr'acte, 

2. L. Monrose, fils du grand comddien, debute au The^tre-Francais, 
les 44 juin 4846 et 49 juin 4849 ; soci^taire le 4«' Janvier 48(2. 



CHAPITRE XI. 493 

tion du grand repertoire ; Bouchet, premier rdle de talent, 
qui eut Thonneur de creer rAventuriere jd'Emile kugier^ 
au Th^tre-Frangais ; Saint-L^on, dont nous avons cit6 le 
nom h propos du Mo'ise de Ch&teaubriand, acteur mediocre 
dans lesrdles dramatiques, excellent dans les grimes et les 
caract^res; Bignon, beau premier rdle, manquant d'ener- 
gie malheureusement, « un Hercule en beurre », disait le 
jeune comique Gil Perez qui, lui aussi, faisait partie de la 
troupe de TOd^on pour Temploi des ulilit^s ; Texcellent 
Harris aujourd'hui societaire du TheAtre-Frangais, qui 
soriait du petit th^tre du Panth^OD ; Rouvi^re, com^dien 
Strange et puissant; E. Pierron, troisieme r61e de valeur, 
dont nous aurons occasion de parler plus longuement 
sous la premiere direction de M . de la Rounat. 

Apres ces acteurs de m^rite venaient : Verdellet, mort 
pensionnaire de la Comedie-Frangaise ; Ludovic, aujour- 
d'hui directeur en province ; E. Fillion, jeune premier 
venant du th^&tre de la Gatt^, ou il avait debute h I'im- 
proviste, dans une piece de lui : Lord Surrey ou le 
Favori d'un grand roi, en remplacement de Laferrifere, 
malade; Milon-Thibeaudeau, qui fut directeur du theAtre 
des Vari^tes; Muni^, frere du comedien qui tint un cer- 
tain rang, plus tard, au th^tre du Vaudeville ; Charlet ; 
Lautmann ; Alfred BaroD, personnalite interessante, come- 
dien et sculpteur ; Tiilet, Vorbel, Leroy, Auguste Baron, 
Roussel, Cr^cy, Senes; D^rosselle, « un Duparai de Tave- 
nir » 9 disait-on ; le consciencieux Achille Machanette, que 



4. Barr6, ne k Paris en 4849, societaire depuis 4876. 

II, 13 



494 L'ODfiON. 

Ton croyait alors appel6 k devenir un trag^dien de m^rite; 
enfin le yieux, r^toimaDt Rosambeau qui revenait 
mourir k son berceau th^Atral ; M'"" Dubois, Darcey, 
Stella, Lemasson, Darras, Charton, que nous avons vue 
deja sous les directions pr^c^dentes avec succes, et qui 
disparul, ddfigur^e par Teau-forte, dans on ne sait quelle 
aventure; B^ranger, Hermance, Didier, Le Monnier; 
Tilly, Berthault, Laurence, Camille M^ry, Soubiran, 
Rousset, Regine Ewig, Chapon, Lecoq, Vignon, Dain- 
glemare, Weiss, Berthier, Heinault. 

Tons ces com^diens ^taient la plupart absolument 
mconnus du public parisien ; mais, comme on disait alors 
dans une revue du th^&tre des Vari^t^s : 

Sar rOd^on quoiqu*on plaisantC; 

II faut| dans Tinter^t de Tart; 

Prot^ger la troupe naissantc, 

A ses efforts avoir (^gard 

Et 8© souvenir de Picard. 

Les FranQaiS; qu*en vain Ton repl&trei 

Sont un insuffisant foyer : 

Ayons done un second th^&lre 

Afin d^en avoir un premier. 

L'ouverture se flt pauvrement, le 28 octobre. « Les 
(( ponies fuoiaient, les rats s'^taient log^s dans les tuyaux 
« non ramon^s et roulaient a demi grilles parmi la cen- 
u dre et la suie. Un ^pais brouillard r^gnait dans la 
« salle, et, quoiqu'il fit un froid glacial, on avait 6t6 oblig^ 
« de tenir les fenfitres ouvertes. Les quinquets brAlaient 
« jaune et rdpandaient une lueur terne et malade. Les 
« corridors n'^taient pas balay^s et laissaient voir la trace 



CHAPITRE XI. 495 

« des ancieas tapis. Les bonnets des ouvreuses pendaieat 
« flasquement et sinistrement comme les membranes des 
« chauve-souris; les araign^es^ ^tonn^ de cettelumi^re 
« et de ce mouvement inaccoutum^, descendaient du pla- 
ce fond au bout d*un fiP. » 

Le spectacle, compost du prologue oblige et d*UQ 
drame retire du Tbefttre-Frangais pour la circonstance, 
n'eut aucun succes : L' Actionnaibe, com^die-prologue en 
un acte, en vers, de Dumersan et H. Dupin, faisait la 
peiDture de toutes les tribulations d'un directeur qui 
cherche un actionnaire et prometlait, en style mediocre, 
ce que promettent toujours ces sortes d'ouvrages : 

Nous Toulons m^riter le litre qu*on nous donne, 
Et, pour qu*il no nous soit contest^ par personnel 
Songeant que I'union fait toujours le 6ucc^s> 
Style, acteurs et public, qu'ici tout soit fran^ais I 

(Bignon, Derosselle, Alf. Baron, Munie; M"" Rousset, 
Berthault) . 

Mathieu-Luc, drame en cinq actes, en vers, de 
Cordelier-Deianoue, fut siffle; il n'dtait cependant pas 
plus mauvais qu'un autre ; mais la troupe nouvelle, mal 
styl(5e, manquant d'homog^n6it(5, 6lait incapable de le 
soutenir. On fit du tapage quand fut nomm6 Tauteur. 
(Robert Kemp, Saint-L^on, Pillion; M"®' Lemonnier, 
Charton.) 

Le 29 octobrej un Jeune Homme, comddie en trois 

4 . Thdophile G utier, Feuilleton dramatique de la Pre$$e. 30 oc- 
tobre 4841. 



496 L'ODfeON, 

actes, en vers, de Camille Doucet, obtint un succes com- 
plet et merits. Cette petite piece touchante Tut le point de 
depart de la carriere litt^raire de Texcellent secretaire 
perp^tuel de TAcademie frangaise^ (Valmore, L. Mon- 
rose, Fillion; M"®' Rousset, Weiss et HeinauU.) 

Le 4 novemhre. Amour et Sagesse, com^die en un 
acle, en vers, de M. Alexis Lagarde, passa sans en- 
combre. (Munid, Lautmann; M""* Lemonnier.) 

Le i6 novembre, il n'en fut pas de m6me d'uNE 
AvEPTruRE DE Saint-Foix, ou une Reputation de courage^ 
petite com^die musqu^ en un acte, en prose, de M. H. 
Dupin, qui fit une chute complete. L'auteur se deroba 
sous le nom de M.Paul Valet. (Fillion, M*^ Tilly.) 

Le 23 novembre^ Claire Champros^, drame en un 
acte, en vers, de d'Epagny, — Episode de la Saint-Bar- 
thdiemy, — eut un faible succes. (Saint-L^on, Fillion, 
L. Monrose, Rosambeau, Robert Kemp; M"* Lemonnier.) 

Le i7 novembre, TOd^on eut Thonneur de remettre 
k la sc^ne le Don Juan de Moliere, abandonn6 depuis 
1677 pour le Festin de Pierre^ en vers, de Thomas Cor- 
neille. Robert Kemp eut Tidee de cette reprise, qui n'eut 
lieu au Th^Atre-Frangais que le 15 Janvier 1847. Barre 
d^buta dans le rdle de Pierrot. 

Le 27 novembre, les Enfants blancs, drame en cinq 
actes, en prose, de MM. F^licien Mallefille et L6on d'Ar- 

4 . LSonce, vaudeville donn^ au th6fttre des Vari^t^s, est eu r^alite 
la premiere pi^ de M. Camille Doucet; mais, outre qu'elle fut ecrite 
ea collaboration avec Bayard, ce n'est qu'un p^ch^ de jeuaesse sans 
importance^ 



GHAPITRE XI. 497 

tigues, puis6 dans Thistoire des guerres civiles de Tlr- 
laDde, fut applaudi au quatrieme acte et au d^DOuement 
seulement. Les com^diens comptaient sur cette pi^ce, ils 
avaieat mfime fait queique depense pour elle; I'insucces 
les d^couragea ; d'Epagny paria de se retirer. (Cr^cy, 
Bignon, Fillion; M"" Laurence, Darcey.) 

Le 23 d4cemhre, la Vie d'un Com^dien, com^die- 
drame en quatre actes, en prose, de Ch. Desnoyer et 
Eugene Labat. La donn^e, qui ^tait la vie et la mort de 
Moliere, fit r^ussir cette piece mediocre. (Robert Kemp, 
Bignon; M"^ Berthault.) 

Le 27 dicembre, unb Charge a payer, gaie petite 
comedie en un acte, en vers, de M. Acarie Baron pere, 
fut applaudie^ (L. Monrose, Lautmann, Alf. Baron; 
jyjmes Dangeville, Doligny.) 

Le 3i dicembre^ Ivan de Russie, trag^die en trois 
actes, en vers, de Charles Lafont, obtint un succes nit- 
rite. (Muni6, Machanette, Valmore, Bignon, Saint- L^on; 
M"^ Dubois.) 

18/12. 



D'Epagny; effray6, sentant le terrain lui manquer, 
debord^ de toutes parts, engage personnellement pour 
une assez forte somme, abandonna la partie. Ses assochss 
offrirent sa place ^ Hippolyte Lucas, qui, en homme pru- 

4. Uq soir, Tauteur joua, dans sapi^ce, le r61e deLautmana iadis- 
posd : ce d^but improvise eut lieu le 44 mars 4842. 



498 L'ODfeON. 

dent, se r^cusa. Ge privilege dont personoe ne voulaii, 
Lireux, avec T intrepidity de la jeunesse, n'h^sita pas k 
s'en charger. 11 prit officiellement la directioD de TOd^on 
dans le courant du mois de Kvrier. 

Voici quelles furent les dernieres pieces donndes par 
d'Epagny : 

Le dO janvieVy l'Une poor l' autre, com^die en un 
acte, en prose, de Prosper Poitevin, r^ussit. (Mirecour, 
Pierron; M"® Monnier.) 

Le i5 Janvier^ A propos en vers de M. d'Epagny, trois 
scenes recit^es entre les Femtnes savantes et le Midecin 
malgri lui, k I'occasion de Tanniversaire de Moliere. 

Le 2i janvievy d^but dramatique d'Hippolyte Lucas 
avec LA Double Epreuve, comedie en un acte. Cette 
aimable petite satire, ^crite en vers faciles, r^ussit. 
(Valmore, L. Monrose, Fillion, Mirecour; M"^* Rousset, 
Doligny.) 

Le 29 Janvier^ les Philanthropes, comedie en trois 
actes, en vers, de Frederic de Courcy et Theodore Muret, 
obtint un demi-succes, grfice k quelques portraits bien 
frapp^s. (Saint-Leon, L. Monrose, Barr6; M"^' Rousset, 
Berthault.) 

Le 5 fivrier, on donne deux premieres representa- 
tions : l'Avocat Di SA CAUSE, com^dic en un acte, en 
vers, de Camilie Doucet, qui remporte un grand succes 
(Fillion, L. Genet; M""' Berthault, Payre), et les Trois 
Fils, comedie en trois actes, en vers, de M. Deyeux, 
dont la chute fut tellement brutale qu'on dut baisser le 
rideau avant la fin, et que I'auteur ne fut pas m^me 



GHAPITRE XI. 499 

nomm^. (Rosambeau, E. Pierron, Baron; M"' Sou- 
biran.) 

Le i2 fierier^ nouvel insucces avec lb Mari£ghal de 
MoNTLUc, drame en trois actes, en vers, de Mary-Lafon. 
^Bignon, Fillion, Achille; M"" Payre, Rousset.) 

Le i9 fivrier^ lb Vbuvage, com^die en deux acles, 
en prose, de M"® Achille Com teS r6ussit. (L. Monrose, 
Pierron, Muni6; M""* Rousset et Berthault.) 



DIRECTION LIREDX*. 



L*Od^on, k peine ouvert, semblait deja condamn^ h 
une fermeture rapide. En Janvier, on avail encaiss6 
11,553 francs. Les comediens, affam^s et demoralises^ 
sans pieces s(5rieuses devant eux, avec un maldriel d(5Ia- 
br^, insuffisant, parlaient d'abandonner la partie; le 
moment ^tait critique. « Que va faire dans ce s^pulcre 

\. M"* Achille Comte, veuve Lava, est morle en octobre 4878. 

2. A. Lireux, n^ k Rouen, mort a Bougival en mars 1870. Journa- 
lisle infatigabie, 11 crea ^ Rouea le petit journal I'Indiscret; apres 
quelques proces et duels, il vint^ Paris, dirigea l^Gazelte des Th^lres, 
fonda la Patrie en 4841, 6crivit au Courrier francais, k la Seance, 
aa Charivari, fit avec Cham VAssemblde nalioiiale comique en i848, 
le Messager des TMdlres avec A. Denis (4849), le feuilleton drama- 
tique du ConsUtiUiotmel (48*30 a 4855); quiUa la lilt^rature pour les 
affaires, oi^ il s'enrichit. Ses derniers journaux furent : la Bourse co- 
mique et la Semaine finaticidre. 



200 L'ODfiON. 

ce gai et insouciaat garcon? disait-OD, pourra-t-il con- 
duire ce th^Stre impossible? » on ne le croyait pas ! on 
se trompait. Avec son esprit vif, alerte, excellemment 
litt^raire, Lireux fut certainemeDt un des plus utiles 
directeurs du second The&tre-Frangais. 

II comprit que TOd^on doit Hre le tb^dtre de tons 
les genres et de toutes les audaces, et que la premiere 
quality de son directeur c'est I'activit^. 11 renouvela sans 
cesse son afTiche : toutes les semaines, il convia la critique 
k un essai nouveau ; il fit de ce travail non un accident, 
comme la plupart de ses successeurs, mais une habitude. 
Dans cette production hAtive, incessante, il n^gligea bien 
des details importants sans doute, bien des travaux de 
mise au point, mais pouvait-il faire aulrement, et osera- 
t-on leluireprocher quaud on saura que del8/i2 k 18/i5, 
moiti^ sans subvention, moiti6 avec une subvention iusuf- 
fisante, il donna plus de pieces nouvelles que tout autre 
th^tre en dix ann^es, et que parmi les inconnus dont il 
accueillit les oeuvres avec empressement se trouvaient 
£!m. Augier, le premier auteur dramatique moderne, 
Ponsard, Auguste Vacquerie, Paul Meurice, pour ne 
parler que des talents sup^rieurs? 

La premiere annee, les dividendes furent nuls ; les 
com^diens, mines par six mois de credit k la fortune, 
^taient k bout de ressources ; un des soci^taires, Robert 
Kemp, avait donn6 sa demission, ce qui dtait un fi^cheux 
exemple; la soubrette, M^^ Tilly, etait partie; Pillion ^mi- 
grait en province, d*autres allaient en faire autant; il 
fallait rem^ier au plus t6t k- cet ^tat d^sastreux. Lireux, 



GHAPITRE XI. 204 

sans coDsulter les soci^taires foDdateurs^ ce qui ^tait uDe 
faute, racheta toutes les parts au prix de 200 fraacs cha- 
cune, et assuma sur lui tons les risques. Gelte decision 
sauva la situation ; on put rouvrir. 

La seconde ann6e, grftce aux engagements de Bocage, 
de M"* Georges et de M"® Dorval, au succes d'argent de 
la Main droits et la Main gauche^, les afTaires vont 
mieux; le public commence a croirek TOdeon; puis arrive 
la Lucrece de Ponsard. Le ministre comprit enfin les ser- 
vices que pouvait rendre le second Th^tre-Frangais : il 
demanda une subvention aux Cbambres; les Ghambres 
accorderent 60,000 francs pour Tannic 1844 . Au mois de 
juin 1843, Lireux avait fait rentrer d'Epagny dans ses fonds 
et organist d^Qnitivement TOd^on. H^las! avec la fortune 
arrivaient les soucis de tout genre. Le ministre ayant 
declare que la subvention ne serait payde qu'a un direc- 
teur entrepreneur, — une society n'offrant pas de garan- 
ties suffisantes, — Lireux provoqua la dissolution de la 
soci6t6. Les deux derniers soci^taires fondateurs, — car 
M"* Payre n'^tait pas un obstacle, et pour cause, — po- 
s^rent des conditions exag^r^s, inacceptables. Les com6- 
diens qui avaient vendu k forfait leur part, voyant le ben^ 
fice qu*on pouvait faire, « se demand^rent si leur directeur 
6tait rest^dans la stricte 14galit6 en traitant avec eux, et si 
une part dans les b^n^fices ne leur revenait pas de droit; ils 
adresserent une plainte au ministre, se r^servant de porter 
leurs griefe devant les tribunaux^ x>. Lireux, de son c6t^, 

4. A. DoDis, VEntr^acle, juillet 4884. 



SOS L'ODfiON. 

demanda au ministre de briser la resistance qui lui ^tait 
faite^ en declarant que le nouveau privilege detruisait 
Tancien; le ministre refusa d'assumer cette responsabiiit6. 
Les reclamations, sous forme de papier timbre, fondirent 
sur Lireux, qui lint t6te a I'orage avec une inalterable 
bonne humeur, et, soit pour le rachat des droits, soit 
pour les frais de liquidation, donna plus de 60,000 francs 
en quelques mois. Si encore au prix de cette somme il 
avait 6[6 d^gagedu pass6 et mattre de Tavenir! II n*en 
Alt rien; il dut tenir non seulement les conlrats faits 
avec les com^diens, mais encore jouer toutes les pieces 
regues dans des temps mis^rables par son comity de lec- 
ture trop indulgent. Ces obligations furent cause de son 
d^sastre : il 6t faillite. Si la subvention lui avait ^t^ donnee 
un an plus t6t, ainsi que Tavait demand^ a la Ghambre 
Texcellent M. Vavin, il eutpeut-6tre r^ussi. 

Pauvre Lireux ! ce qu'il depensa d'esprit, d'energie 
et d'adresse dans le cours de sa direction est incroyable. 
Ses mots dtaient cit^s. Un jour, Ach. Machanette lui 
demanda a jouer le Misanthrope : « Impossible, mon ami, 
dit-il doucement, j'ai le caissier! » A. la premiere des 
Ressources de Quinola, Helena Gaussin, chargee du r6Ie 
principal, se m^prit sur les applaudissements ironiques 
du public et dit a Lireux en sortant de scene : « Avez- 
« vous vu comme je les ai empoignes?)) — « Ah! madame, 
« r^pondit-il, ils vous Tont bien rendu! » Et quelle inal- 
terable bonne humeur! personne plus que lui n'etait 
capable de faire la suite du" Roman comique. Un soir de 
trag^die, les figurants n'avaient pas de souliers : « Qu'ils 



GHAPITRE XI. 203 

entrent en sc^De tout de m^me», — ditLireux avec ud 
geste k la Fr^d^rick-Lemaftre, « Qa ne se voit pas dans la 
salle. )) Et ils entrerent. — On n'en finirait pas de center 
les fantaisies, les traits spirituels de ce directeur original. 
Quoi qu*on ait dit de sa direction, elle m^rita bien de 
Tart. Personne ne voulait de TOd^on, avant lui; apres 
lui, on n*eutque I'embarras du choix. 

Le 26 fivrier, G^drig le Norvegien, drame h^roique 
en cinq actes, en prose, de F^lix Pyat, fut la premiere 
nouveaut^ de sa direction. Soiree tumultueuse, rappelant 
cellesde la direction Hard. Un retard d'une heure envi- 
ron, par suite d*un accident arrive a un machiniste, indis- 
posa le public. Un style trop plein de m^laphores, Irop 
redondant, quelques tirades tyrannicides provoquerent 
des rires et des siBlets, suivis d'une chute. Trois represen- 
tations. (Rouvifere, Robert Kemp, Bignon, Rosambeau, 
Barre, Baron; M"*®* Charton, Defrance, Arsene). 

Le P^ marsj le Mari malgrb lui, comedie en un 
acte, en prose, de M. P. Poilevin, reussit. (Saint-L^on, 
L. Monrose, Pierron; M°*" Berthault et Weiss.) 

Le i3 marsy Lallieb ou Paris dilivri^ tragedie en 
cinq actes, envers, deM. deVennes, lombe a plat. L'au- 
teur, parait-il, avait donne 4,000 francs pour faire jouer 
cette rapsodie, qui n'eut que deux representations (Crdcy, 
Rouvifere, Valmore) . 

Le i5 mars^ UN D^shonneur posthume, comedie en 
un acte, en prose, premier ouvrage de M. Armand Du- 
ranlin, fut applaudie. (Saint-L^on, Derosselle, Pierron; 
M"^ Rousset.) 



104 L'ODfiON. 

Le 19 mars^ Les Ressoubgbs db Qdinola, drame en 
cinq actes, en prose, precede d'un prologue en irois ta- 
bleaux, de Balzac. Le premier ouvrage dramatique du grand 
^crivain n*avait pas r^ussi k la Porte Saint-Martin. Le 
second ne Tut gu^re plus heureux deux ans apr^s : « En 
« produisant une oeuvre Faite avec toutes les libert^s des 
(( mdmes thd&tres fran^ais et espagnols, Tauleur s'est 
c< permis une tentative appelee par les vodux de plus d'un 
(( organe de Topinion publique, » dit Balzac dans la pre- 
face de sa pi^. Les Ressources de Quinola ont en eiTet 
toute la saveur des pieces de Tancien repertoire espa- 
gnol..., des comedies de Lope de Yega et de Calderon; 
malheureusement, ce n'etait pas une ceuvre originale, 
c'^tait en quelque sorle une imitation, et le public avait 
le droit d^exiger autre chose du puissant cr^teur de la 
Comidie htimaine. La representation fut extrSmement 
houleuse; on avait fait grand bruit autour de la pi^ce. 
c( Balzac, non par avidity, mais par bizarrerie et pour ob^ir 
« k Torgueilleux besoin de se passer d'un entrepreneur, 
« de fouler aux pieds Thomme eternellement place entre 
« le producteur etTacheteur* », s'etait fait le vendeur, 
Tagioteur, le fermier de ses billets. « Se pr^sentait-on pour 
(( louer une loge, il rdpondait invariablement derri^re 
« le grillage du bureau de location oil il etait install^ : 
<c — c( Trop lard, elle est vendue h la princesse Augus- 
« tiua, Augustine de Mod^ne! » — « Mais, monsieur Bal- 
« zac, nous y mettrions un prix fou » • • . « Quand ce prix 

4. Gozlan, Balzac chezlui (Michel L6vy, 4863). 



GHAPITRE XI. 205 

« serait fou furteux, vous n'auriez pas davantage de loge 
a de premiere galerie, puisqu'il n'y en a plus. * » Et Ton se 
retirait sans avoir sa loge. Ge jeu-lk reussit pendant les 
premiers jours de la mise en vente ; on paya tres cfaer 
pour avoir difficilement une place. Mais les jours sui- 
vants, les ddsirs se calmerent. — A force d'entendre dire 
qu'il n'y avait plus de place, on le crut, et la salle Tut 
presque vide. — Les gens de IheAire savent quel danger 
c'est pour unepi^ce qu'une salle incomplete, composee de 
gens du monde ayant pay^ tres cher leur place et peu 
disposes h I'indulgence. 

Le premier acte seul Tut applaudi. Les aulres furent 
sifQ^s. Jamais ce champ de bataille qu'on appelle TOdton 
n*entendit une telle profusion de cris d'animaux, de plai- 
santeries cruelles et feroces : « Le parterre s'embusquait 
u derriere les substantifs et les verbes pour milrailler la 
« piece et les acteurs. » Monrose, Rosambeau, Bignon 
defendirent vaillamment leurs r61es. lis finirent par &tve 
accables sous les hu6es. Balzac assistait dans une baignoire 
k cette d^faite, on pouvait le croire abattu, d^sesp^r^. 
u Aminuit etdemi^ dit L. Gozlan^on le trouva endormi 
« et ronflant ; On eut toutes les peines du monde h le 
« r^veiller*. » (Cr^cy, Valmore, Derosselle, Pierron; 
M"*** H. Gaussin, Defrance, Mathilde Payre.) 

Le 9 avrily le Comtb db Biustol^ drame en cinq 



4 . Gozlan, Balzac chez lui. 

2. Lire le volume d6jk cil^, Balzac chez lui, oil nous puisons ces 
reoaeignementa; livre excellent, amusant et sincere. 



206 L'0D£0N. 

acles, en vers, deM. Jules Hoced^., demi-succfes (Bignon, 
Cr^cy, Baron, Milon ; M"* Dubois) . 

Le f 4 avrily le Voyage a Pontoise, gaie comddie en 
trois actes, en prose, de Gustave Vaezel AlphonseRoyer, 
obtint un succes complete (Saint-L6on, Derosselle, 
L. Monrose, Baron, Pierron ; M"®" Doligny, Berthault.) 

Le 7 mai, le Tbibun de Palerme, draine en cinq 
actes, en prose, de Latour de Saint-Ybars, fut moins heu- 
reux; on siffla. (Bignon, Pierron, Milon, Saint-L^on, 
Barr^, Derosselle ; M"®' BerthauU, Darcey). 

Le i6 avrily l' Audience SEcaifeTE, drame en trois 
actes, en prose, de Paul Foucher et Alexandre de Laver- 
gne, obtint un demi-succes. (Valmore dans Louis XIV, 
et le vieux Rosambeau dans le personnage de Dangeau 
furent tres appri^cies.) 

Le V^ juin, Agrippine, trag^die en cinq actes, en 
vers, de M. le marquis de La Rochefoucauld-Liancourl, 
qui garda Tanonyme, obtint ce qu'on est convenu d*ap- 
peler un succes litteraire. La donnee de cetle piece n'est 
autre que le beau r^cit du quatri^tne acte de Britannicus^ 
mis enaction (Bouchet, Miion, Valmore; M™® Darcey). 

LeGjuirij pour Tanniversaire de la naissance deCor- 
neille, Camille Doucet donne un petit acte en vers : le 
6 JuiN 1606 ou la Naissance de Corneille, compose en vingt- 
quatre heures pour la circonstance et appris en quarante- 
huit heures par les com^diens. M"® Georges dans cette 
repr(5senlation jouait Rodogune. (M"* Georges, Achille, 
Milon.) 

Le idjuin, c*est encore au talent et k Tobligeance de 



CHAPITRB XI. J07 

Camille Doucet que Lireux a recours pour meitre en 
vers un discours de cl6ture : Les Adieux au public, com- 
pliment comme ceux que prononcaient jadis les soci^- 
taires de la Comedie-Frangaise k la fin de I'ann^ Ihed- 
trale. Dans cette po^sie, debit^e par L. Monrose en 
presence de tous ses camarades, on fit allusion aux 
80,000 francs de subvention que Thonorable M. Vavin 
avail demand^s h la Chambre des d^putfe pour I'Od^on 
et que le ministre avait ajourn^s : 



Dernicrcment enfin, — comme moi, comme tous, 

Vou8 Ic savezy du haul d*une grande tribune 

On a par 16 pour nous de meilleure fortune : 

II faut attendre encore; eh bien ! nous attendrons. 

L'espoir soutient le cceur. — Nous yivrons I nous viyrons ! 



SeptDJ^BUTS*. Le plus important h signaler fut celui 
de Rouviere dans Bodogune^ le 31 octobre : « Les fous sont 
^tonnants dans leurs moments lucides », dil un vers 
c^lebre de Casimir Delavigne, que Ton pouvait appliquer 
a ce comedien, sup^rieur et incoherent. 

Repbises. — La plus importante fut le Don Juan de 
Moliere, veritable nouveaut^ dont nous avons parl^ k sa 
date. On remonta successivement : Luxe et Indigence^ le 
vieux Celibataire, les deux Amis, Dominique le possidi, 
les Fourberies de Scapin^ Rodogune, le Ligataire uni- 
versely Crispin rival de son maltre, Macbelhj le Barbier 

4. 8 decembre, M. Charlet. —.47 Kvrier 484«, M"« Berlhault. — 
6 mars, M. Danduran. — 42 mars, M°»o Daray. — 80 mars, M. Boileau. 
— 3 avril, M. MiloD-Tbibeaudeau. 



S08 L'ODfiON. 

de Seville, les Jeux de rAmourj Mirope, les Femmes 
savanleSy le Midecin malgri lui, les Folies amoureuses^ 
S^miramiSy (Edipe^ M. de PourceaugnaCy Othello, le 
Malade imaginaire, Manlius ^Hamlet, le Manage de Figaro, 
le Dipit amoureux, Gahrielle de Vergy, Britannicus, 
Athalie et les Precieuses Ridicules, 



REPRESENTATIONS EXTRAORDINAIRES. 

Le i7 marsy Benefice de M^^ Dubois. 

M""" Georges, revenant de son grand voyage en Russie, 
donne une s^rie de representations : le 18 avril, elle joue 
Britanni&us; le 21, Mirope; le 25, liodogune; le 29, au 
b^n^fice de Monrose, deux actes d'Athalie; le 15 mai, 
Macbeth ;\e 18, S^miramw; le 21, OEdipe. 

Le 20 tnaiy representation k benefice; le 2ft, benefice 
de Mirecour; le 28, benefice de M"® Georges; le2juin, 
benefice de Valmore, avec Socage dans Tartuffe et Odry 
dans le Chevreuil. 

Le 7 juin, benefice de M"' Tilly ; le 15, b^neBce de 
•M. Cresson ; le 12 aout, benefice de M. Eugene Gross ; 
le 7 septembre, benefice de Muni^, avec le concours 
des th^Atres des Vari^l^s, du Palais- Royal et du Vau- 
deville. 



i 



CHAPITRE XII 



184243. — Falstaff. <— Le Baron de Lafieur. — La Main droite et la main 
gauche. — Le Succ^s. — Lttcrice, — Ponsard et T^cole du bon sens. — 
Le MSdecin de son honneur. ~ Le Laird de Dumbicky, 



Soixante-ciaq actes nouveaux, les representations de 
M"* Georges dans la Lucrece Borgia de Victor Hugo, de 
Bocage et de M"** Dorval dans quelques-uns de leurs 
grands r61es, quatorze debuts, plus de trente reprises du 
vieux repertoire ; tel est le travail de cetle annde admira- 
ble. Voilk par quels efforts Lireux conquit enfin les 
60,000 francs de subvention promis depuis si longtemps 
au second The&tre-Frangais. 

Le 29 seplembre, I'HjBaiTAGB du Mal, drame en 
quatre actes, en vers, de feu Camille Bemay, inaugura 
honorablement la saison th^^trale; le talent podtique de 
Tauteur fit passer sur la tristesse du sujet. (Bouchet, 
L. Monrose, Bignon, Barr^; M"* Rousset). 

Le 30 septembre^ deux ^crivains de grand talent, 
deux poetes, Auguste Vacquerie et Paul Meurice, d^bu- 
tent avec succes dans la carriere dramatique, sous le 
pseudonyme de L^on Marcel, par Falstaff, piece en 

11 44 



sno l*od4on. 

trois actes, en vers, imit^e du Henii IV de Shakes- 
peare. 

Un charmanl prologue en vers, de Theophile Gau- 
tier, pr6c6dait cette oeuvre int^ressante. L. Monrose 
debitait le prologue et jouait Falstaff (Milon, Harville, 
Boileau, Bert; &!•"• Rousset). 

Le 8 octobre^ La soeur de la Reinb, drame en cinq 
actes, en prose, de MM. Mol6-Gentilhomme et Pierre 
Ladou. Demi-succfes, (Milon, Machanette^; M°** Darras)- 

Le d5 octobre, Le Po^te ou les Droits d'auleur^ co- 
m^die en un acte, en vers, d'A. Barrifere. Get aimable 
lever de rideau fut (res applaudi. (Derosselle, Baron ; 
M""" Bronx, Weiss). 

Le 3 novembre^ Alph. Royer et G. Vaez obtiennent 
un nouveau succes tr^s m^rit^ avec : Le Bourgeois grand 
SEiGNEDR, com^die en trois actes, en prose; donnee un 
peu usde depuis le Bourgeois genlilhomme, mais de gais 
et amusants details. (Saint-L^on, Derosselle, L. Monrose, 
Pierron, Barr6, Baron, Perez, Manuel; M"" Berthault et 
Volet). 

Le 4 novembre^ le public, peu galant, siffle une com6- 
die en trois actes, en prose, de M"*' Virginie Ancelot : 
LES DEUX lMP]iRATRiCEs OU la Petite guerre, malgr^ le 
talent deploy^ par M-"* Dorval dans le principal rdle 
(Milon, Bouchel; M"* Mathilde Payre). 



I . Machanette, qui remplissait le role du bourreau Jacques, coupa 
plusieure scdoes pour hftter le denouement et terminer le spectacle k 
llieure r^glementaire. 



GHAPITRE XII. S44 

Le 42 novembre, Unb Ayenturb sujSdoisbS drame 
en UQ acte, en vers, d*Hippolyte Lucas, faillit 6tre com- 
promis par le costume ridicule dont etait afTubl^ Tacteur 
Rousset: des qu*il paraissait en sc^ne, le rire ^ciatait 
avec une telle intensity que le malheureux. ne put tenir 
son s^rieux et fit comme le public. 

Le i3 dicevnbre, M. Gamille Doucet obtient un franc 
succes avec: les Dbrniers Valets' ou le Baron de 
Lafleur^ com6die en trois actes, en vers : imbroglio amu- 
sant, intrigue l^g^re mais ing^nieuse, des vers 6tincelants 
d*esprit; sorte de pastiche des pieces en honneur au 
xvm' siecle (L. Monrose, Saint-L^on, Pierron; M""" Ber- 
thault, Weiss et Volet) . 

Le 24 dicembre^ Lk Main droite et la Main gauche, 
drame en cinq actes, en prose, de L^on Gozlan, qui 
abordait pour la premiere fois le th^&lre. Gelte pi^e, 
intitule primitivement : llitaitun roi et unereine^ avait ^t6 
aflSchee le 9 Janvier 1841 au theatre de la Renaissance, 
sous la direction Ant^nor Joly, avec Socage dans le prin- 
cipal r6Ie; h 5 heures du soir, une bande portant ces 
mots : Beldche par ordre^ fut appos^e sur Taffiche, la piece 
6tait interdite; la censure avail pourtant donne son visa, 
d'ou venait cette interdiction imprevue? On dit qu'en 
haut lieu on avait trouv^ cette com6die non seulement 
dangereuse, mais encore pleine d* allusions blessantes a 
I'adresse de la reine Victoria, et, par consequent, de 

4. C'est Hedwige d'Eriestal. (CaracUres et portrait de femmeSj 
1836, t. IL) 

t. Passe ^ la Com^die-Francaise le i*' aotit 4851. 



J« L'ODfiON. 

nature a brouiller la France avec I'AngleterreS etc., etc. 
Cette interdiction pen justifi^e (it un tapage 6norme; Top- 
position dauba sur le gouvemement qui tremblait ainsi 
devant une injonction de i'^tranger: « Une main myst^ 
(( rieuse alia meme jusqu*^ gratter les deuK premieres 
« lettres du mot relAche, comme dans Lucrece Borgia^ et 
« Ton put lire sur Taffiche ainsi mutil^ : Ldche par 
(( ordre*. » 

L^on Gozlan se d^fendit des pens^es que la censure 
lui prStait, il changea le titreprimitifdesondrame, trans- 
porta le lieu de Taction en SuMe, fit quelques modifica- 
tions de details, et Tinterdit fut levd^ Sur ces entrefaites, 
le th^&tre de la Renaissance ayant dd fermer ses portes, 
Gozlan porta sa piece h Lireux, qui Taccueillit k bras 
ouverts. 

Une cauvre a sensation et k allusions probables, 
Bocage et M"** Dorval dans deux grands rdles, on com- 

4. Journal des Ddbals. 

2. A. Denis, VOMon sous Lireux (V Entr'acte, juillet 4884). 

3. La raison de cette interdiction ayant paru inexplicable k tout le 
monde, pour qui aimerait k chercher les raisons de dame Censure, 
voici la donn^e de cette piece curieuse : « Une reine qui, avant son 
c manage de la main droite avec un prince Hermann, a contract^ un 
« manage de la main gauche avec un aventurier; un prince Hermann 
« qui, par une antith^se th^trale assez comique* est uni de son c5te 
c morganatiquement k une certaine Uodolphine de Lavemberg; deux 
« ministres en ilvalit^, marionnettes dont le major Palmer, le premier 
ff mari de la reine, revenu tout expres des Grandes-Indes, tire et fait 
<T mouvoir k son gr^ les ficelles : voilk les ^16ments d'imbroglio, de 
a surprises, de p^rip^ties saisissantes, de nceuds plus que gordiens 
« qu'Alexandre eut coupes et que L^on Gozlan delie avec beaucoup 
« d'adresse ». Jules Sandeau, Revue de Paris. 



CHAPITRB XII. 213 

prend la curiosity qu'excita rannonce de la premiere 
representation. 

Ce fut un grand succes le premier soir, et quelque 
temps un succes d'argent h queue double et triple, comme 
disait Th^ophile Gautier*. Bocage fut excellent dans le 
r61e du major Palmer, M"* Dorval obtint un triomphe 
dans celui de Rodolphine. (Saint-L6on, Milon, Maubant, 
Derosselle, Pierron, Baron, P^rez; M"'« Payre et Rey). 



18/13. 



Le 45 Janvier, pour Tanniversaire d'usage: Moli^rb 
A Ghambord, comAlie en qualre actes, en vers, de 
M. Aaguste Desportes. C'est encore, mais 616gamment 
versifite et plus ^tendue que decoutume, r^lernelledonn^ 
de r^temel k propos. Succes litt^raire. Bouchet joue 
Moliere; Maubant, Louis XIV. (Pierron; M"''* Bronx, dft 
Varennes) .. 

Un dialogue en vers et prose: Pourceaugnac a l'O- 
D^ON, de M. Maurice Peltier, jou6 dans la salle et sur le 
trou du souffleur par MM. Mirecour et Bert, servit k 
relier M. de Pourceaugnac k la c6remonie du couronne- 
ment du buste. 

Le 23 Janvier, les Dohinos Verts, com^die en un 
acte, en vers, de M. Napolfon d*Abrant^s. Cette toute 
petite pi^ce, b&tie sur la pointe d'une toute petite aiguille, 

4. Feuilleton dramatique de la Presse. 



8(4 L'ODfiON. 

fut accueillie sans opposition (Milon,Pierron; M"" Payre 
el France). 

Le 9 fivrier^ Delphine ou la Faute du ifari, commie 
en deux actes, en prose, de Lfen Guiilard. Succ^s d'es- 
time. Reminiscence des pik^s en faveur sous la Restaura- 
tion, mais habilement et spirituellement trait($e. (Pierron, 
Boileau, Baron; M°~ Bronx, Berthault). 

Le 20 fivrierj Migael, monologue dramatique en un 
acte, en vers, de M. Gamille Doucet, compose pour 
Bocage. On connait Tecueil de ces sortes d'ouvrages, et 
com me il est difficile d'int^resser le public avec un seul 
personnage : I'auleur et son interprete y parvinrent. Cette 
sc^ne, 6crite toute de verve et dMnspiration par M. Dou- 
cet, honorait a la fois son esprit de po^te et son coeur de 
oitoyen*. 

Le 26 fimier, M. L^n Marcel (c'est-k-dire encore 
MM. Auguste Vacquerie et Paul Meurice) donne une 
bouffonnerie en un acte, en vers : Le Capitainb Paroles, 
tir6e de Tout est bien qui finit bien, de Shakespeare, qui 
r^ussit (L. Monrose, Rousset, Baron). 

LeOmars, Le Succfes,com^ieendeuxactes, en prose, 
de I'ex-directeur Harel, ne fit pas mentir son titre (Bouchet, 
L. Monrose, Saint-L6on, Genies, Barr6; M"® Volet). 

Apr^s la faillite de la Porte-Sain t-Marlin, Harel dtait 
alW promener M"* Georges et son repertoire en Autriche, 
en AUemagne, en Russie et jusqu'k Constantinople. Re- 
venu de cette course k la fortune, plus riche en bravos 

4 . Le mdme soir, au Wn6fice de M"* Val6rie-Mira, M. de Pourceau-- 
gnac, joue par Bruoet, des Yari^t^. 



GHAPITRE Xli. 245 

qu'en ^us, il s'6(ait remis aux travaux litt^raires : 
Ud Eloge de VoUaire courono^ par rAcad^mie frangaise. 
une piece en cinq actes : les Grands et les Pettis j regue 
au Thddtre-Frangais S avaient remis son nom dans la cir- 
culation parisienne. On fit autour du Succes^ par cama- 
raderie, beaucoup de bruit dans la presse, mais cette 
spirituelle commie fit peu d*argent, mSme appuy^e du 
beau drame de Lockroy : Un duel sous Richelieu, que 
rOd^on prit alors dans son repertoire. 

Le 16 mars, Gaiffer, drame en cinq actes.. en vers, 
de Ferdinand Dugu6. Get Episode de la lutte des M^rovin- 
giens d'Aquitaiue conlre les Francs fut rigoureusement 
siflBe (Maubanty Rouvifere, Grette, flarville; M"** Darras). 

Le 23 mars, Le Gorr^gidor de Pampelune, com^die 
en un acte, en prose, de MM. Altaroche et Jules Moleri 
(deMoliere), fut plus heureuse. (Saint-L^on, Pierron, 
Milon;M"*Payre.) 

Le 27 mars, Un tour de roulette, com^die en un 
acle, en prose, de MM. A. Duranlin et J. de Rieux, fut 
^cout^e avec bienveillance. (Pierron, Baron, Rousset; 
M""' Volet et Broux.) 

Le iO et le il avril, mfinje genre de succes avec : les 
CoNTRASTES, agr^ablc com^die en un acte, en prose, de 
M. Durand de Beauregard (Bouchet, Bert, Baron; 
M"** Berthault, Volet), et les Pr^tendants ou Complol 
de dupes, com^die en trois actes, en vers, de P. -J. Les- 

4. Ce drame en prose fut donn^ k la Com^ie-Francaise le 23 mai 
4843 et n'eut que trois representatioDS. Apr^ ces essais dramatiqueS) 
Harel retomba dans Toubli. II mourut fou en 4846. 



/ 

I 

/ 

246 L'ODfiON. 

guillon, arret^e par la censure en 18/|2 et permise enfin, 
grAce h un changement complet d'epoque et de noms. 
(L. Monrose, Barr6, Saint-L6on, Rousset, Baron, Boi- 
leau, Bert, P^rez; M"** Morales et Bronx.) 

Le22 avril^ LccuiCES tragedie en cinq actes, en 
vers, de Francois Ponsard. 

Lireux avait du flair; il Ta prouv^ plus tard dans les 
affaires, ou il s'enrichit. Quand Charles Reynaud et 
Achille Ricourt lui eurent remis — au nom de Ponsard 
encore au fond de sa province, a Vienne, en Dauphin^, — 
le manuscrit de Lucrece^ il poussa un cri de joie ; 
« J*avais enfin,^ dit-il*, ce que je cherchais avidement, 
« Toeuvre de valeur d'un inconnu, et lemoyen d'enlever 
« haut la main la subvention. » 

Le moment ^taitpropice pour lancer un nom nouveau; 
le public frangais, « qui n'accepte Tart qu'k son corps 
u defendant, commengait k Strelasde passion, delyrisme 
« et de po^sie^ » Les joumaux disaient que les grands 
auteurs ' romantiques 6taient ^puis^, finis: Alexandre 
Dumas semblait abandonner le th^dtre pour le roman ; 
Les Burgraves^ Tadmirable trilogie dramatique de Victor 

4 . C^^tait pour Rachel et pour profiler de la resurrection de la Tra- 
gedie que Ponsard avait fait sa Lucrice. Ch. Reynaud. qui la porta 
chez I'illustre tragedienne, a declare qu'elle ne la lut meme pas. On dit 
aussi alors que le coroite de lecture de l*Odeon la refusa. Cetait un 
bruit absurde que Lireux n'etait pas TAche de laisser circuler. 11 y avait 
dans les vingt-huil membres du comite de lecture de I'Gdeon des gens 
de valeur, incapables d'un tel refus. Lucrice, paralt-il, ne fut pas lue 
en comite. 

t. Feuilleton dramatique du Conslitutionnel. 

3. Th. Gautier, Hisloire du RofnantUme, 



CHAPITRE XII. j847 

Hugo, avail re^u un froid accueil a la Com^die->FranQaise ; 
la trag^die redevenait a la mode, gv&ce h Rachel : Lucr^ce 
arrivait bien. 

Lireux, voyant de quel cdl6 soufflait le vent et vou- 

lant que le succes litt^raire qu*il prevoyait fut aussi un 

succes d'argent, pr^para son terrain ; il publia cette note 

dans les journauxk sa devotion : « Un nouveau Racine 

(( estne! Gen'est pas seulement Paris, mais la France 

« entiere qui doit se feliciter de cet av^nement. M/ P..., 

« jeune homme du Midi, ayant cultiv^ par de bonnes 

a Etudes les rares dispositions qu*il areQues de la nature, 

« est Tauteur d'une trag^die r^put^e admirable. L!^poque 

« romaine qu'il a choisie est celle des Tarquins, et son 

« heroine Lucrece. Ce sujet, plusieurs fois traits, ne Ta 

« jamais el6 assez bien pour qu'un de ces ouvrages put 

« rester au theatre. Cette fois il ferait mieux que d'y 

(( r^ussir, il attesterait chez Tauteur un de ces g^nies 

)) com me il plait k Dieu de n'en accorder aux homraes 

« qu'k de rares intervalles, » Cette reclame k grand 

orchestre fit son effet ; des lectures de Lucrece habilement 

pratiquees par Bocage dans plusieurs c^nacles academi- 

ques, par Ricourt jusque dans les cafes, et comment^es 

dans le public, surexciterent encore Tint^r^t ; on altendit 

avec la plus vive curiosity rapparition de la trag6dienou- 

velle\ 



4. RappeloDS k ce propos ratnusante mystification du podleMery : 
YoyaDt la disposition des esprits, il improvisa malicieusement, dans )e 
style tragique de TEmpire et de la Reslauration, une scene de la future 
Lucrece^ et la fit publier. Les ennemis du rpmantisme, les serviteurs 



J48 L'ODtON. 

C*^tait rendre un dangereux service h Ponsard que 
de le poser ainsi en g^nie; malgr^ son d^sir d*innover 
le jeune poete viennois ne faisait gu^re, en somme, que 
continuer la trag^ie de Casimir Delavigne, avec un peu 
plus de simplicity dans la Torme et de hardiesse dans la 
siluation, et Fappeler xm nouveau Racine n*^tait pas 
sans quelque danger, on en conviendra; la louange ex- 
cessive seme le plus souvent Texcessive s6v^rit6. Heu- 
reusement, on avait affaire k une ceuvre solide, k un 
d^but d'heureux presage et, nous le r^p^tons, le mo- 
ment ^lait opportun. 

La premiere representation Tut une soiree des plus 
brillanles, le succ^s ^clatant et unanime. Comme 
toutes les pieces bien failes, Lucrece fut bien jou6e : 
Bocage dans Brutus, Bouchet, Maubant, M"*' Dorval et 
Halley furent tres apprecies et tres applaudis. L'habile 
Lireux r^colla. L'Od^on fit, chose inconnue alors, des 
recettes de 3,000 francs. Emile Augier, Latourde Saint- 
Ybars, Jules Barbier, A. Ponroy, Adrien Decourcelle, 
Edouard Foumier, les « jeunes » d'alors, proclamerent 
d'enthousiasme Ponsard chef d'^cole : « VEcole du bon 
sens »; ils voulurent mdme debaptiser en sa faveur le 
cafe Tabourey pour I'appeler : cafi Ponsard. Le direc- 
teur de TOd^n soufflait sur toute cette ardeur, il esp6- 
rait ranimer les vieilles querelles entre classiques el 
romantiques et en profiler, lui et son Ih^tre; il allait 

passionnes de la vieille forme tragique firent an accueil enthousiaste 
h ce fragment. M^ry se moqua d'eux^ et le public fit comme lui. 
(Voir la Presse d'avril 4843.) 



GHAPITRE XII. 249 

proclamant le drame mort et la trag^ie ressuscit^e k 
jamais. Ce feu de paille s'^teignit rapidement. Lucrece 
^tait une CBuvre consciencieuse, une belle ^tude latine, 
une ceuvre remarquable en plus d'uo point, si Ton veut ; 
mais Tesprit de camaraderie et de reaction ne put jamais 
Clever ce succ^s, m6rit6 a beaucoup d'^gards, jusqu*k la 
hauteur d'un ^T^nement litteraire considerable. 

Le H mai^ au benefice d'Edouard, le doyen des 
artistes, l'Ham£{:on de PhiSnige, com^die en un acte, en 
vers, imitee de Lope de Vega, par M. Hip. Lucas, 
r^ussit (Pierron, L. Monrose; M"""' Berthault et Broux), 
ainsi que la Famille Renneville, com^die-drame en 
trois actes, en prose, de MM. Leonce et Mol6ri. (Pierron, 
A. Genies, Perez; M"^ Volet et Payre.) 

Le 22 mat. Mademoiselle Rose, com^die en trois 
actes, en prose, dans le gout de Picard, due k la collabo- 
ration ordinairement heureuse de MM. A. Royer et G. 
Vaez, n'obtint qu'un demi-succ^s. (L. Monrose, Saint- 
L^n; M"*'" Weiss, Morales, Volet et Berthault.) 

Le 25 maiy au benefice de Bouchet, la Jeunessb de 
.Luther, drame en un acte, en vers, de Michel Carre, 
obtint un succes complet. (Bouchet.) 

Le i6 juiriy fermeture annuelle quinze jours avant la 
date Gx6e par le privilege. 

1843-1844. 

Une subvention de 60,000 francs est enGn vot^e. Le 
z^le et Taclivit^ de Lireux redoublent ; il donne coup sur 



MO L'ODfiON. 

coup quatre-vingt-huit actes Douveaux, sans compter les 
reprises et les debuts, et cela au milieu d'ennuis de tous 
genres : proces, reclamations, etc., suscites par la liqui- 
dation de la society fond^ en iSlii. 

Le28 septembrej r^ouverture avec : l^un Discoursde 
Rbntbj^b^ en vers, de M. Gamille Doucet, debits par L. Mon- 
rose, dans lequel on faisait allusion, en ces termes, k la 
nouvelle subvention : 

Ses fiaances, messieurs, sont enfin en progr^s; 
Car les repr6s6ntant8 de tous les int^rfits 
Ont fait en sa fayeur an acte acad^mique, 

I En lui yotant; au nom de la France artistique, 

A la majority de deux voix . . . un tr^sor! 
Soixante mille francs.... la moiti6 d'un t^norl 
C*est peu, me dira-t-on 7 C*est beaucoup ; c*est la vie, 

I C'est rhonneur; VOd^on accepte et remercie. 

j 2* Le Midecin volant, de Moli^re*; 3° la 40"* repr^- 

I sentation de Lucrece^ avec Ballande dans le r61e cr^ par 

Bocage, M"® Maxime dans celui de Lucrece, et M°* Dor- 
! val dans le rdle de Tullie, qui convenait mieux k son 

talent. La tragMie de Ponsard avait d^jk ^puis6 la curio- 
sil6 publique, cette reprise n'altira presque personne. 
• Le lendemain 29 septembre, l'Ecole des Princes, 
comt^die en cinq actes, en vers, de Louis Lefevre. Rien 
de plus vertueux et de plus ennuyeux aussi que cette 
pi6ce, qui obtint cependant un demi-succes honorable. 
(Milon, Rey, Darcourt, Derosselle, Pierron, Barr^, P6rez; 
Mme. Payreet Naptal.) 

4. Avait 6td repris k la Gom^die-Francaise le 24 mars 4833. 



CHAPITRE XII. s«4 

Le 6 octobre^ on applaudit : Tdi oo tard, com^die 
en trois actes, en prose, de MM. Ltonce et Mol^ri. 
(Derosselle, L. Monrose, Milon, Pdrez; M"*** Naptal, 
Volet, Berthault.) 

Le 20 octobre^ Pierre Landais, drame en cinq actes, 
en prose, d'Emile Souvestre. Cette pi^ce froide, mais 
bien faile, meritait Taccueil bienveillant qii'elle regut. 
(Bouchet, Sainte-Marie , Rouvifere, Darcourt, P6rez; 
M"'* Volet et Vertpre.) 

Le 31 oclobre, l'H6tel d'Alban, comedie en deux 
ades, en prose, de M>. Deslandes, obtint un demi-succ^s. 
(L. Monrose, A. Mauzin, Pierron; M^^* Berthault, Gras- 
sau et Payre.) 

Le 3 novembre, lb Despote, com^die en deux actes, 
en prose, de Du Mersan ; chute. RMuite en un acte, 
cetle pik^e eut un meilleur sort aux representations sui- 
vantes\ (Derosselle, Sainte-Marie, Barr^; M""*** Bronx, 
Grassau.) 

Le 9 novembre, les Moyens dangereux, com^die en 
cinq actes, en vers, de L^on Guillard. Succ^s entier^ 
Intrigue quelconque ayant servi dans bien des pieces, 
mais mise en scene avec esprit et gaiete. Cette piece 
aimable, pour laquelle on avait conyoqu^ le comity de 
lecture deux jours avant la repr^entation, d^ja annonc^e 
par a(Bches% eut Thonneur d'obtenir un encouragement 
de FAcad^mie frangaise, le jour m^me ou la Lucrece de 

4. Elle n'a pas ete imprim^e. 

5. Ce procedd ud peu cavalier ^tait, paralt-il) assez habituel k 
Lireux. 



MS L'ODfeON. 

Ponsard obtint le prix de 10,000 francs destin6 k la 
ineilleure (Buvredramatique de Tann^e. (A. Mauzin , Rey, 
Derosselle, Perez, Baron, Barr6; M"*** Grassau, Bronx, 
Rousset.) 

Le 5 dicembre, lbs Reparations, corned ie en un acte, 
en prose, de MM. Th. Sauvage et F. Landaye. II s'agit 
d'un jeune homme qui a compromis une jeune fiile etqui 
r^pare sa faute en r^pousant;cen'estpas pr^cis^ment une 
trouvaille, comme on voit ; la piece n'eut aucun succes. 
(Saint-L^on, Baron, Rousset; M°*^* Grassau, Broux.) 

Le i8 d4cembre, le Mkdbcin db son honneur ou la 
Main de sangy drame en trois actes, en vers, imit^ de « El 
medico de su honra, de Galderon, par Hippolyle Lucas. Ver- 
siBcation ^l^gante rendant bien, parait-il, lecaractere du 
chef-d'oeuvre espagnol ; succes. La « Chanson de T Abeille » , 
dont Donizetli avait bien voulu ecrire la musique, fut 
tres godt^e. (Rouvifere, M"** Naptal et Berthault.) 

Le 20 dicembre J jour des obseques de Casimir Dela- 
vigne, on se souvint des succes que ce talent loyal et 
consciencieux avait obtenus a TOdeon, Entre deux pieces, 
M. Godat lut un discours en vers de M. Lesguillon : 
HoMMAGE FUN&BRE A Gasimir Delavigne, qui fut tres 
applaudi^ : 

Et nous, th^&tre heureux, que, grand dans ses essais, 
II enrichit longtemps de ses premiers succes, 
Souffrez qa'4 vos regrets nous unissions les n6tre&. 

Souvenir enchanteur que nous ne c^dons pas^ 
^. Le soir, relAcheau Th^Atre-Francais, en signe dedeuil. 



GHAPITRE XII. 3S3 

C*est ici que sa gloire a fait sea premiers pas : 
Quand d'autres ^touffaient son oeuvre d'espdrance, 
Songez que l*Odeon le donnait a la France. > 



Le 22 d4cembre, lk Duchesse de Chateauroux, 
drame en quatre actes, en prose, de M'"* Sophie Gay, 
piece morne et triste, r^ussit malgrd la turbulence du 
parterre; Torage a grond6 des le deuxieme acte. (Bou- 
chet, Barr6, Sainte-Marie, Derosselle, Darcourt, P^rez, 
Ludovic; M"** Dorval, Rousset, Weiss, Volet.) 

Le 27 decembre, Andre Gh^nier, drame en trois 
actes, en vers, debut de M. Julien Dailliere. Succfescom- 
plet et tres m^rit6. Pifece un peu trop dl^giaque peut-^tre, 
mais brillamment versifiee. Gertaines parlies du rdle de 
Hoche, tres bien jou6 par Bouchet, furent applaudies 
avec transport. (Rouvi^re, Barr6, Raphael Felix, Godat, 
HarvilIe;M"^ Volet.) 

Le 30 dicemhre, le Laird de Dumbicky, drame en 
cinq actes, en prose, d*Alexandre Dumas, en collabora- 
tion avec MM. de Leuven et Brunswick, fut siffl^ aussi 
impitoyablement qu'injustement. II y avait cependant 
bien de Tesprit, des details amusants et de charmantes 
scenes dans cette comedie. La cabale ^tait evidente ; la 
chute fut certainement le r^sultat de rancunes de coulisses 
contre Lireux. Le Laird de Dumbicky fit de Targent et 
amusa quelques jours, mais ne se releva jamais coropl^- 
tement de Taccueil qui lui fut fail le premier soir^ 



4« Pendant un des entr'actes de cetle soiree tumultueuse , une 
pluie de feuilles imprim^es s'est abattue du « bonnet d'^vdque » d)Eins 



JI84 L'ODfeON. 



Dl^BUTS. 



29 septembre 1812, M"° Emilie Volet. 2 octobre, 
M"° Langhersausen. 4 octobre, M. Doligny jeune. 5 oc- 
tobre, M^^*" Valerie Mira. 11 octobre, M. Rissoan. 12 oc- 
tobre, W^^ Laurence. 29 novembre, M. Deschamps. 
6 decembre, M. Georges Max (Hippolyte Bonnelier). 
6 Janvier 18/i3, M. Godat. 5 f^vrier, M"' Fitz-James et 
M. Gentil. 11 mars, M. Alphonse Genies, que nous 
avons vu diJja sous la direction Harel. 7 mai, M. Bal- 
lande. 15 mai, M. Raphael Felix. 4 octobre, Alexandre 
Mauzin, IVP^* Lami, Grassau. 17 octobre, M"** Bourbier. 
20 octobre, M"° Paturel, eleve de Samson. 3 novembre, 
M. Raphael Felix et M"° Rebecca Felix (ils jouent Maho- 
met le 18, Iphiginie le 21 decembre). Ift. novembre, 
M''" Blangy. 

REPRISES ET REPRESENTATIONS 
EXTfiilORDINAIRES. 

Octobre 1842 : benefice de M. Gross, benefice de 
M. Boileau, b^n^fice de la caisse des artistes dramatiques : 

la salJe ; c'^tait une complainte intitulee : Lucrece Collaiin oa la Veriu 
mai r4compem4e, sign^e Achille, jeune ^ludtant : 

De Lucrece, c'est I'histoiro 
Et de la post^ritd 
Son nom toujoun respects 
Restera dans la mdmoire. 
Co qui prouve qa'en se taant 
On pent Tirre fort^lonstempt. 



CHAPITRE XII. St5 

M"* Dorval joue PhMre. Novembre : Bocage et M*" Dor- 
val jouent Antony d' Alexandre Dumas; Bocage joue Tar^ 
tuffe, M"' Dorval joue Andromaque. D^mbre : Bocage 
joue Don Juan de Moliere, Nicomdde et le Misanthrope. 
M"" Dorval reprend YAgrippine deM.de La Rochefou- 
cauld. B^D^fice d'uue descendante du grand Gorneiile. 
B^n^fice de Milon avec Fr^d^rick-Lemaftre dans Auy- 
Blas; reprises du ChefHi'ceuvre inconnu et du Manage de 
Figaro avec M°" Dorval dans le r6Ie de la Comtesse. Jan- 
vier 1843 : M"* Georges joue successivement Rodogune, 
Britannicus, HiracliuSy Midie ; benefice de M"' Dubois, 
reprise de ClotUde, de Fr^i^ric Souli^, avec Bocage et 
M^'^Dorval; b^n^Bce de Saint-Leon, b^ndficede M"' Bronx. 
F^vrier : M"' Georges donne quelques representations de 
Lucrece Borgia^ y de Victor Hugo; benefice deM"" Valerie 
Mira. Mars : benefice de M"* Weiss, benefice de Monrose, 
benefice de Rousset; on donne quelques representations 
des i/emoires du diable. Avril : Bocage joue Othello, 
nine Dorval joue la Mere coupable. Mai et juin : benefices 
d'Edouard, doyen des artistes de TOdeon, de la caisse 
des auteurs, de fiouchet, de Boileau, de M""* Morale, 
Berthault, Volet, Charton. Octobre : ben^tice de Ballande. 
Novembre : reprises de Henri III et sa cour, avec M"' Dor- 
val dans la duchesse de Guise; de Chacun de son cdt4; 

4 . Le 8 d^cembre, les deux ecoles « romantique et du bon sens » 
9ont mises en presoDce dans une reprdsentatioa extraordinaire, odk 
l|aie 0orval jouait la LucrSce de Ponsard et W^* Georges la Lucrice 
Borgia de Victor Hugo. M^*" Georges remporta la victoire; M"* Dorval 
fut slffl^ et dut mdme envoyer le commissaire de police imposer 
sileoce au parterre. (Voir £d. Tbierrv, feuilleton de hChronique,\ 
II. 45 



rt% L'ODtON. 

d'une Fete de Niroriy avec M"* Georges. D^embre : pre- 
miere repr^DtatioQ k TOd^n d'un Duel sous Richelieu, 
drame en trois actes, de Lockroy. 

On remit au repertoire : Henri VIII, de Ch^Dier, 
Tancrede, la Fausse Agnes, le Roi de Cocagne, Zaire, une 
Joumie a Versailles, Iphiginie en Aulide^ VEcole des 
femmes, Othello, le Misanthrope, Cinna, les Horaces, le 
Cid, le Legs, le Barbier de Siville, M. de Crac, le Men- 
teur, Venceslas^ et Hamlet. 

4. 24 novembre 4842, reprise du Venceslas de Rotrou, avec resti- 
iuiion du texte primitif. 



1 



CHAPITRE XIII 



4844-1845. — L*inaugaration da monument de Moli^re. — La vuux ConsuL 
— D6but d*£mUe Augier : La Cigdb. — Antigone. — Lb Bacheliir db 
SfeoviB. — Lea pieces jadiciaires. — Notrt-Dame dss abimes. — l}n faax 
manuscrit de Moli^re : k DocUur amoureux. M. de Calonne mystifica- 
teur. — Faillite de Lireux. — R6sum6 de cette direction. 



Le i5 Janvier i844y Bouchet lut un discours en vers 
de M. des Essarts : A la gloire de Moliere, qui Tut tres 
applaudi. Signalons, k propos de cet anniversaire, le 
petit incident suivant. Dans la journ6e avait eu lieu, rue 
de Richelieu, Tinauguration du monument etde la statue 
^lev^s k Moli^re, grAce k la foi persev^rante de notre cher 
mattre Regnier. La c^remonie fut imposante, les repr6- 
sentants les plus illustres de la litleralure et du th^&tre y 
avaient ^te convife. On omit de r&erver une petite place 
au second The&tre-Francais et k une deputation de la 
jeunessedes 6coles; les ^tudiants protesterent contre cet 
oubli et, s'^tant r^unis sur la place de TOd^on, ils deci- 
d^rent que le buste de Moliere serait couronn^ par eux, 
dans le foyer du second Th^Atre-Frangais, k Theure de la 
c^r^monie de la rue de Richelieu. Louis Monrose, alors 
tres aim6 du quartier Latin, dirigea cette manifestation 



2S8 L'0D£0N. 

platonique, qui fut faite du reste avec le plus grand 
FecueillemeDt, et lut des vers de M. Henri Delatouche*. 

Le d8 Janvier J le Pseudontme, com^die en un acte, 
en vers, laiss^e par Teu Gamille Bernay dans ses papiers, 
obtint le respectueux succ^ qu'elle m^ritait. « Encore 
un encouragement a mourir », disait spirituellement le 
sculpteur Pr^ault. (Pierron, Key, Sainte-Marie, Perez; 
M"" Berthault, Laurence.) 

Le 21 Janvier, demi-representation de Moli^re au 
xix« SINGLE, k-propos en un acte en vers, de M. de La 
Boullaye. Le public, ordinairement indulgent pour ce 
genre d'ouvrages, siOQa avec une telle violence que le 
rideau tomba avant la fin ; on etait pressd, d^clara-t-on, 
d'entendre etd'applaudir7ar^u/fe.(Valmore, M""Chapuis.) 

Le 30 Janvier^ Karel Ddjardin, aimable petite come- 
die en un acte, en vers, du marquis de Belloy. Succes 
complet. Toute la presse constata le talent de Tauteur, 
dont (( les vers coulaient comme un ruisselet d*argent k 
« tra vers les pAquerettes * ». (Derosselle, Rey; M"**Payre.) 

Le 10 fivrier, le Vieux Consul, trag^die en cinq 
actes, en vers, d' Arthur Ponroy. Lireux, voulant recom- 
mencer son coup de Lucrece el, de plus, sincerement 
enthousiaste du, talent reel du poete^ fit beaucoup de pro- 
pagande en faveur de cette trag^die ; on s*attendail, 
d*apr^ les reclames, k une nouvelle r^v^latioo ; le public 
vint en foule et ne se trouva qu'en face d'une oeuvre de 
jeunesse, pleine de talent sans doute, mais aussi pleine 

4 . Le Monument de MolUre (Les Annwenaires, \ 858, p. 79 k 4 06). 
2. Th^ophile Gautier, feuilleton de la Presse. 



GHAPITRE XIII. S29 

de d^fauts^ et par dessus tout faiblement interpr^t^. La 
r^lame avait d^pass6 le but ; le public, di^sappoint^, fut 
extr^mement severe, on siffla ferine. Ce vers, entre autres : 

Deux cent mille Teutons maug^s par les corbeaux, 

dit par Rouviere avec son accent meridional, provoquades 
rires inextinguibles. M"'' Maxime tint vaillamment t^te a 
I'orage, et si le nom de Tauteur fut ^cout^, c'est qu'elle- 
m^me le vint annoncer. (Yalmore, Rey, Ballande, Rou- 
viere, Achille Machanette, Raphael Felix, Barr^, Perez ; 
M"* Maxime.) 

Le d8 fevrier, la Famille Cocnois ou un Manage 
dans la coulisse^ com^die en cinq actes, en prose, de M. A. 
de Long pre. Imbroglio bouflbn, gai, mais beaucoup trop 
long. Insucces. (A. Mauzin, L. Monrose, Rey, Sainte- 
Marie, Derosselle, Barre; M""*' Volet, Grassau, Berthault.) 

Le 28 fevrier^ Lucile ou VHonneur d^une jeune fille, 
drame en trois actes, en prose, de M°* Achille Comte. Cette 
pi^ce touchante el bien faite n'obtint le premier soir qu'un 
demi-succes; elle se releva le lendemain et fut par la 
suite fort appreciee. (Baron, Darcourt, Miion ; M""" Rous- 
set, Volet, Dupont, Weiss, BertfiauU.) 

Le 2 mars, la Reparation forcee ou Amour etEgoisme, 
comedie en cinq actes, en vers, de M. A. Bucheres. «Emi- 
« lie a ^coule les protestations d'amour de Blinval, qui la 
(( quitte indignement; par ses ruses, elle amene son s^uc- 
« teur a lui rendre I'honneur*. » Mauvaise piece, inexpe- 
rience complete de la scene, insucces. (L. Monrose, Rey, 

4. Le CorsaireSalan, jourual des spectacles. 



«30 L'ODfeON. 

A. Mauzin, Perez; M"" Naptal, Payre, Grassau.) 

Le ii marSf la Coutesse d'Altbmbbrg, drame en 
cinq acles, en prose, de MM- A. Royer et G. Va6z. Cette 
piece « de Tecole de Kotzebu^ pour le sentiment, de celle 
(( de Schiller pour la passion ^ n, r^ussit brillamment et 
fut pour M°*" Dorval Toccasion d'un grand succfes. (Bou- 
chet, Milon, Baron, Rouviere ; M"* Naptal.) 

Le /9 marsy Ghampmesli£, com^die en un acte, en 
vers, d'Hippolyte Lucas. Petite pikie pleine de scenes 
originales, « Ce gracieux d61assementd*un esprit 6rudit*» 
fut Irfes applaudi. (L. Monrose, Rey ; M"* Berihault.) 

Le 30 marsy Jane Grey, Irag^dieen cinq actes, en vers. 
d'A. Soumet et de M°®-d'AUenheim. On reprocha aux 
auteurs de s'^tre dearths de la v^rit^ hislorique ; on leur 
reprocha aussi leur style visant trop a TefTet, mais on 
applaudit sans reserves la fagon dont la piece etait con- 
struite, la scene finale repr^sentant le tableau de Paul 
Delaroche : la Mori de Jane Gray, la puissance de 
M'** Georges dans le r61e de Marie Tudor, et le charme de 
M"* Naptal dans celui de Jane Gray. (Ballande, Rouviere.) 

Le is avrily Trois Femmes, comedie en un acle, en 
prose, 'de MM. Saint-Aguet et Theodore Barrier. Petit 
succes. Barr^ fut trfes applaudi. (Baron, M"* Volet.) 

Le 2 mat, Sardanapale, lrag6die en cinq actes, en vers, 
de M. L. Lefevre. Le sujet de cette piece, inspir^e du po^me 
de lord Byron, exigeait, k d^faut de beaux vers, une 
magnifique mise en scene. Lireux, qui n'avait aucune 

4. M. Lucas, feuilleton dramatique. 

5. Jules Janin. 



GHAPITRE XIII. 134 

esp^e d'illusioii sur cette oeuvre, fit la d^pense de quel- 
ques flammes de Bengale par acquit de conscience : « Ce 
(( que nous pouvons dire de cette (rag^die, 6a*it Th^o- 
« phile Gautier, c'est que nous y avons surv^cu. D'au- 
c( Ires spectaleurs ont donn6 a la fin signe de vie, mais 
(( les malheureux n'avaient plus que le souOQe \ » (Bou- 
chet, Rouvifere; M"* Maxime.) 

Le d2 maiy Ars^ne Houssaye donne une petite comMe 
en un acle, en prose : les Caprices de la marquise'. 
Ge badinage, ^crit dans un style aimable, fut tres bien 
accueilli. (Rey, Baron; M"** Pay re.) 

Le 13 mai, la Cigue^ commie en deux actes, en vers, 
d'fimile Augier. Le directeur de I'Od^on avail devin6 el 
lancd Ponsard ; d'oii vient qu'il donna sans tambour ni 
trompelte, sans convocation s6rieuse de la presse, pres- 
quesans publicity prealable, cette charmante comedie, 
d^bul briilantdu plus illuslre auteurdramalique conlem- 
porain? La Cigue, refus^e brutalement, dil-on, par 
Buloz k la Gomedie-Frangaise, semblait de ces pi^es 
mort-nees qui r^ussissent devant les amis de Tauteur el 
qui disparaissent en quelques jours sans lalsser de tra- 
ces. Les journalistes, ^ar^sdans la vaste salle deTOd^on, 
prenaienl des poses nonchalantes et r^sign^es. « Nous 
^tions comme Socrate, pr^par^s au poison », dil Jules 
Sandeau dans son feuillelon de la Revue de Paris. Des 
les premiers vers, on s'apergut que Ton avail affaire k 
quelqu'un, et que le petil-fils de Pigault-Lebrun ferait 

4. Feuilleton th^tral de la Presse. 

2. Imprim^ dans Philosophes et Comediennes, p. S24-25. 



t3% L'ODfiON. 

honneur a son grand-pere. Le succes fut Ires vif. Dans 
les journaux on proclama la Cigue une delicieuse piece 
rappelant le Timon d'Athenes de Shakespeare pour le 
fond, la maniere d'Andr6 Ch^nier pour la forme, et son 
auteur, un ecrivain dramatique du plus grand avenir. La 
prediction celte fois devait se r^aliser. (A. Mauzin, 
L. Monrose, Bouchet ; M"* Volet,) 

Le 2i mat, autre grand succes litteraireavec Antigone, 
trag^die en cinq actes, en vers, traduite de Sophocle, par 
MM. Paul Meurice et Auguste Vacquerie. On repr^sen-. 
tait alors a Berlin, avec les choeurs de Mendelssohn et 
selon la tradition du theatre antique, VAjiiigone grecque. 
Paul Meurice, en traversant la Prusse, vit ce beau spec- 
tacle et en fut frapp^ ; de relour en France, il voulut 
donner au public parisien une idee de la grandeur et de 
la beauts d*un tel divertissement. En moins d*un niois, 
aide par Lireux qui, il faut le reconnattre, se preta avec 
enthousiasme a cet essai, tout se trouva prSt. M. Au- 
guste Morel, chef d'orchestre de rOd^on, se chargea des 
choeurs et de leur arrangement. Louis Boulanger dessina 
les costumes, et la mise en scene allemande, c'est-a- 
dire grecque, fut fidelement ex^cutee. Le theatre et la 
salle furent bouleverses. On supprima le rideau d'avant- 
scene qu'on remplaga par un ch^sis representant une 
decoration grecque. La sc^ne fut divis^e sur sa longueur 
en deux parlies : celle du fond fut exhauss^e, celle du pre- 
mier plan laissee beaucoup plus basse. Ges deux parties 
furent s^par^es k droite et k gauche par des degres per- 
metlant aux personnagesd'entrer, de sorlir et de pendtrer 



GHAPITRE XIII. S33 

dans la partie iaferieure ou I'on plaga les chceurs. Le 
Proscenium (peristyle exhauss^) prolongea ravant-sc^ne 
jusqu'aux anciennes limites des stalles d'orchestre, sub- 
stiluant ainsi I'orcheslre des musiciens a celui des spec* 
tateurs, deguisant le parterre sous ud plaocher incline qui 
se transformait lui-m^me en amphilh^&tre. La logette du 
souQIeur, par une ingdnieuse combinaison, avait ^t^ me- 
nag^e dans le saint Thym^Ie (parvis du palais) ; rien n^avait 
6t6 o\ihl\6 pour donner, autant que possible, I'illusion 
d'une sc^ne grecque aux temps d'Euripide et de Sophocle ^ • 

La piece, commencee k huit heures et demie, dura 
sans entr'actes jusqu'k dix heures^ ou la toile Tut baiss^e, 
c'est-a-dire hauss^, selon la mise en scene antique. 

On pouvait^ et a bon droit, craindre Teflet qu'une 
pi^e d'action aussi simple causerait k un public habitu^ 
k tout le mouvement des pieces d'alors : « L'impression 
« Alt solennelle et religieuse. Get art si ^lev^, si simple, 
c( cette voix du pass6 retentissant a nos oreilles k travers 
« notre langue actuelle, cette poesie morte et vivante k 
« la fois, produisirent sur Tauditoire un efTet merveil- 
« leux. S'il existe encore dans la terre de TAttique une 
(c seule parcelle de la cendre de Sophocle, elle a d^ 
« Iressaillir de joie, car il n'a pas oblenu au th^tre 
a d' Athenes un succes plus grand qu'k I'Odeon *. » Le 
prince de Joinville, le due de Montpensier, Victor 
Hugo 9 Alfred de Vigny, « T^lite des Alh^niens mo- 



4. Lire £d. Thierry, feuilleton du Afessager, 
2. Th. Gautier^ la Presse. 



iU L'ODfiON. 

denies^ », se fit remarquer par ses applaudissemeats*. 

Bocage dans le principal rdle, M*^ Bourbier, MM • Rou- 
vi^re sous le masque, Darcourt et Milon eurenl leur part 
de ce beau succes. Cette int^ressante tentative fitquelques 
belles recettes, malheureusement arret6es par la fermeture 
annuelle du th64tre. 

Auparavanl, le 6 juiu, M. E. Coquatrix, « un Rouennais 

qui se croit po^te, parce quMl est n6 au mSme pays que 

« I'auleur du Cid* », donne, pour c6I6brer i'anniversaire 

de son illustre compalriote : la Jeunesse de Coaneille, 

com^die en trois actes, en vers, sur les amours et le 

manage du grand tragique avec Marie de Lamperi^re; 

le public fut indulgent. (L. Monrose, Rouviere, Bouchet, 
jime. pgyp^ ^^ Volet.) 

Le i6 juiriy l'Egolb d'un Fat, com^die en un acte, 
en prose, de M""** M. de FEpinay et M. Jautard. Succes. 
« Nous avons vu paraitre, dimanche dernier, sur le 
« th^tre de TOdeon, un tout petit ours. Pour celui-lk, 
(( nous demandons grAce et merci. Imaginez le plus joli 
« petit ours qui se soit jamais rencontre, bien lecheS, bien 
« peign^, bichonn6 '^ comme un epagneul, mignon, 
« mignard, gracieux, coquet, poli, bien appris, don- 
u nant la patte, fretillant de la queue, portant bien la 
« t6te, un amour d'ours, un bijou d'ourson\ » (Baron, 
Barr^, Harville; M°*' Payre.) 

Le 30 juin, cl6ture d'et^. 

4 . La Semaine dramatique, 

2. Le Purely journal dos speclacles. 

3. Jules Bandeau, feuilleton theAtral de la Revue de Paris. 



GHAPITRE XIII. 235 



18&&-18&5. 



La reouverlure se fit le 13 septembre^ avec Antigone 
el la Cigue\ les deuK grands succ^s de I'ann^e. Les 
mauvais jours arrivaieat, T^toile de Lireux p^iissait; les 
iDdeiDDit^s donnas aux com^diens dissidents avaient 
d^vor^ la subvention; le comite de lecture que raillait si 
spiritueliemenl le directeur de TOd^on ayant accumuI6 
les rt^ceptions, il fallait enfin repr^senter les tragedies et 
comedies recues, ou payer des dedits. Lireux s'executa ; il 
commenca ce qu'il appelait en soupirant : « La s^rie des 
pieces judiciaires. » II comptait, pour se relever, sur une 
piece de Tauteur de la Main droite et la Main gauche; 
il reengagea mdme, k cette occasion, Bocage dans des 
conditions tres on^reuses pour jouer cette dernifere partie. 

Le i5 octobre^ lb Bacuelier de Si^govie, ou les Hautes 
Eludes^ com^die en cinq actes, en vers, de Casimir Bon- 
jour. Cette piece, qui tend h prouver qu'un homme sorti 
des derniers rangs de la society ne pent se pousser dans 
le monde s'il ne s'attache h quelque gentilhonime imbe- 
cile, avait bien vieilli pendant ses dix annees d'attente 
dans les cartons de la Comedie-Frangaise. Gomme elle 
etait spirituelle et bien faite,elle obtint cependant un vif 
succfes, si vif mdme que le TheAtre-Frangais, repentant, 
la prit au repertoire de TOd^on, et la joua en 1848 pour 
les debuts de Bouchet. (Barr6, Bouchet; M"*"** Fitz-James, 
Berthault, Volet.) 



S36 L'0D£0N. 

Le 19 octobre, l'Auib intime, commie en un acte, en 
prose, de M. A. Leparmentier. Cest une de ces pieces 
coDdamn^s d'avance, que les acteurs ne jouent pas, que 
le public n^^coute guere et dont Tauteur seul est inquiet. 
(M"« Valerie.) 

Le 22 octobre\ insucces encore avec le Gohte d'Eg- 
UONT, drame en trois actes, en vers, de M. A. Senty. 
(Rouviere, Baron, Bouchet; M"'' Fitz-James.) 

Le 3i octobre, Hippolyte Lucas donne une adaptation 

des NuEES d'Aristophane. C'etait une t^che difficile que 

de presenter au public la plus bardie piece du grand 

. railleur grec; Tauteur s'en tira avec tact et habilet^. Suc- 

c^s. Rouviere fut tres appreci6 dans le r61e de Plutus. 

Le 9 novembre^ Heli le proph&tb, tragedie biblique 
en cinq actes, en vers, de M. Riquier-Aldee, continue mal- 
heureusement la s^rie des pieces accumulees par le comity 
de lecture (Ballande, Darcourt, Milon; M"* Fitz-James). 

Le iO novembre^ seconde piece « judiciaire » : le Roi 
Lear, drame en quatre actes, en vers, de MM. E. Sauvage 
et Duhomme. Les auteurs ont trop redoute Shakespeare 
et n'ont fait qu'une pftle imitation du chef-d'oeuvre 
anglais. Rouviere fut celte fois encore tres remarqu^. 

Le i5 novembre : les Paniers de Mademolselle, 
com^dieen un acte, en prose, deL^on Guillard; reussite. 
(L. Monrose, Baron, Perez; M^'^'Yolet.) 

Le 20 d4cembre^ Ursus, com^die en un acte, en 
vers, de Constant Hilbey « ouvrier^ ». Les reclamations 

4. Voir: la Maniere de [aire recevoir une piece au Th. R. de 
rO(/^on^ par Constant Hilbey. In-S® de 8 pages. Paris, Lehougais, 4845. 



CHAPITRE XIII. S37 

de Tauleur con ire le directeur de TOdeon, a qui il pre- 
tendit avoir donnd 800 francs pour faire monter sa pi^, 
eurent quelque retenlissement. Son ours fort mal l^ch^ 
fut accueilli plus que froidement ; 11 fut jou^, du reste, 
d'une fa(^n deplorable. 

Le Si decembre, petit succes avec : la Mouchb 
DU cocHE, comedie en un acte, en vers, de M. Alfred 
Philibert. (Saint-L^on, Boileau; W^ Delphine Baron). 

Le 9 Janvier 1845, Inez, ou la Chute d'un ministrey 
drame en cinq actes , en prose . de ^ don Carlos d*Al- 
garra. Le public ^tait venu bien dispose. On ^tait curieux 
de voir un stranger jeune, exild, proscrit, ^rire, dans 
un idiome qui n'^tait pas le sien une chose aussi difficile 
qu'une piece de Ih^tre; malheureusement^ce drame n'^tait 
qu'un vulgaire m^lodrame bourr6 d'incidents et de sur- 
prises puisnes hdroileel k gauche dans le repertoire de Bou- 
chardy: Insucces. (E. Monrose, Jourdain; M""* Bourbier.) 

Le 45 Janvier, lb Bouquet a MoLii^uE, comedie en 
un acte, en vers, de J. Commerson, qui crea plus tard le 
Tintamarre. Get a-propos de Tillustre auteur des Pensies 
d'unemballeurohimi un petitsucc^s (Moliere,M. Qu^lus.) 

Le i8 Janvier y lb Lys d'Evreux, tragddie en cinq 
acles, en vers, de M. A. Loyau de Lacy, representee en 
verlu d'un jugement du tribunal de commerce. Cetle pauvre 
liliacee fut secou^e par la tempdle et bris6e par Touragan ; 
on dansa la polka pendant les scenes les plus pathetiques; 
au denouement, uncf fanfare de cors eclatantau fond d*une 
baignoire fit un tel vacarme qu*on n*entendit plus un mot. 
(Ballande, Darcourt, Chotel^ Baron; M"* Fitz-James.) 



238 L'ODfiON. 

Le 3d Janvier^ au b^n^fice de L. Monrose, deuK pre- 
mieres; Albert Hermann, drameen qualreactes,en prose, 
de M. Carle Ledhuy, qui ^houa, et un Couique a la ville, 
com^die en un acte, en prose, dont le b^n^ficiaire ^tait 
Tauteur avec M • H. Lucas. Gette pik^ et son principal inter- 
preter car Monrose jouaitDugazon, furent Ires applaudis. 

Le 12 f^vrier, demi-succes avec : l' Article 170 ou 
un Manage a Viirangevy com6die en deux actes, en 
prose, de MM. Desvergers et Louis Dugard B... (Milon.) 

Le 20 fivrier, Notre-Dahe-des-Abimes^ drame en 
cinq actes, en prose, de L^on Gozlan. Gette derni^re 
espdrance de Lireux s'^vanouit brutalement. « L'auteur 
< avait eu le tort de rogner les ailes a sa fantaisie et de 
« forcer son style k cheminer paisiblement a travers les 
« sinuosit^s et les m^andres d*une action compliqu^ k 
(( plaisir^ »; il en est r6sult^ un drame sur le patron des 
pieces de I'Ambigu, une oeuvre obscure et ennuyeuse. 
Bocage et M"'' Eugenie Sauvage firent de leur mieux, 
dans les deux grands rdles, sans reussir cependant 
k int^resser avec cette lourde machine m^Iodramatique. 

Le 3 mars, on lisait en gros caracteres sur TaflSche 
de rOd^on : Premiere reprisentalion du Docteur ahou- 
REDX, de MolierCf et, plus bas, un avis ainsi congu ; 
« Le manuscrit du Docteur amoureux sera expos6 au 
(c foyer du th^tre pendant toute la dur^e de ia repr6- 
« sentation. » Gette pr^tendue trouvaille n'^tait, h^las ! 
qu'une supercherie litteraire due h M. Ernest de Galonne : 

4. Theophile Gautier, la Presse. 



GHAPITRE XIII. S39 

a D6pitd, ddcourag^ d'une ^temelle attente ^ (il avait 
« prdsent^ des pi^es de tous les c6t^s sans en pouvoir 
n faire reprdsenler aucune), je perdis patience, dit la 
n mystificateur, et finis par me donner au diable. Le 
(( diable est toujours 1^ pour proflter de nos impru- 
« dences; il me prit au mot et me souffla une idee natu-> 
« rellement diabolique. Trois jours apr^s, VEnifojctc 
« ins^rait dans ses estimables colonnes une lettre tim-^ 
(( br^e de Rouen, par laquelle M. Gu^rault-Lagrange, 
« qui se disait avocat en celte ville et descendant du 
« com^ien Lagrange, Tancien eamarade de Moli^re, 
(( annonQait urhi et orhi qu'en fouillant dans une armoire 
« oil s'^taient entasses de vieux papiers de famille, il 
tt avait mis la main sur une copie du Docteur Amou- 
« reux. » Lireux la demanda imm^diatement a M. Gue- 
rault-Lagrange, par une lettre publiee dans les journaux. 
M. de Calonne se fit Tinterm^iaire de Tavocat rouen- 
nais, retenu en Normandie par la goutle, etc., etc.'. 
Bref, la piece fut representee et obtint un certain succfes. 
Barre et L. Monrose furent Ires applaudis. Gette double 
com^die fut prise au s^rieux par le public et par quelques 
journalistes. La foule assi^gea le foyer pour voir le ma- 
nuscritde Moliere; un adroit fanatique en enleva mSme 
une page a la barbe de§ deux gendarmes, plantds Ik par 
Lireux pour faire tableau. M . de Calonne avait r^ussi 

4. Preface du Docteur amoureux, 1 vol. in-18, avec fac-simil6 da 
manuscrit. Paris, Michel L^vy, 4862. 

2. Un prologue en vers pr^c^dait la pi^ce et racontait toute celte 
fable; il ^tait r6cil^ par Tacteur Boileau. 



no l'od£on. 

dans sa supercherie, a telles enseigaes qu*ua successeur 
de LireuK lui demanda plus tard, parait-il, de vouloir 
bien lui « retrouver » uue piece de Regnard. M. de 
Calonne s'en tint k sa premiere d^couverte. 

Le i5 mars. Lb Cueyalibr db Pomponnb, com^die 
en trois actes, en vers, de Mary Lafon. Style brillant, 
intrigue aimable et int^ressante, franc succ^ (Jourdain, 
A. Mauzin; M"** Grassau, Volet, E. Sauvage.) 

Le 23 marsy Walstbin, drame en cinq actes, en 
vers, pr6c6de d'un prologue. Traduction de Schiller, due 
k Theodore Yillenave; elle obtint un succes d^estime. 
« G'est du Schiller dedi^ k la garde nationale », disait 
modestement Lireux. (Ghotel, Ballande, Saint-Lton, 
Barre, Milon; M"'** Grassau, Fitz-James.) 

Le 28 mars, Lb Seignbor dbs Broussailles, com6* 
die en trois actes, en prose, de Theodore Barri^re et 
G. Duval. C'est plutdt un vaudeville qu'unecom^die. Les 
quiproquos, les incidents en sont tr^s amusants. Succes. 
(L. Monrose, Roger; M"* Berthault). 

Le 8 avrily Les Pharaons, drame en cinq actes, en 
vers, de Ferdinand Dugu^. Malgr^ le talent de M""" Geor- 
ges, qui fit dans cette piece sa derniere cr^tion k TO- 
d^oh, ce fut un demi-succes. (Darcourt, Raphael.) 

fie 19 avril^ l^Eunuqde, com^die en cinq actes, en 
vers, de M. Michel Garr^, adaptation de la pi6ce latine, 
fut ^cout^e sans applaudissement ni murmure. (Saint- 
L^on, Mauzin, L. Monrose, Barr6; M"'« Payre, Ber- 
thault) • 

Le 29 avril, Camoens, drame en cinq actes, en prose. 



GHAPITRE XIII. S44 

de MM. y. Perrot et A. Dumesnil, obtint quelque succes 
(L. Monrose, Barr6, Bignon ; M**® Fitz-James). 

Le 76 mai, apres trois ann^es de lutte, Lireux, k 
bout de ressources, d^posait sod bilan. Soa passifs'^Ie- 
vait k l/lO,000 francs; son actif: cautioDoement, mate- 
riel, montant des portions de subvention ^chues, a 
82,000 francs. Soit : 58,000 francs de deQcit. L'Odeon 
n'ayant joui de la sifbvention que depuis le 1" Janvier 
1844, et les recettes, du 1*' octobre 1843 au 9 maii8i5 
(16 mois et quelques jours k cause de la cldture de trois 
mois), s'6Ievant, defalcation faitedes droits des pauvres 
et des droits d'auteurs, k 311,600 francs. La recette men- 
suelle de 19,475 francs , en y joignant la subvention 
de 6,666 fr. 66 

fut de 26,141 fr. 66. 

Or, ces 26,141 fr. 66 formaient juslement la somme 
des ddpenses mensuelles de Lireux, lant en personnel 
qu'en materiel. II n'^tait done pas possible qu'avec sa 
situation ant^rieure (dix-huit mois d'une exploitation 
laborieuse et precaire, et 32,891 francs donnes pour la 
liquidation de la sociele, sans parler de 22,000 francs 
d*engagements supplementaires qu'il dut subir pour la 
m^me raison, ni de Targent qu*il perditen empruntant k 
des taux on^reux dans des moments difTiciles), il n'^tait 
pas possible que rOd6on put vivre avec une subvention 
aussi insuffisante. 



II. 46 



S48 L'0D£0N. 



DEBUTS. 



i6 Janvier 4844, MM. Rey, dans le Misanthrope; 
Boudeville, dans les Folies amoureuses. 12 mai, MM. Ar- 
thur Little et E. Monrose daijs le Chef-d' CEuvre inconnu. 
14 septerabre, M^^® Delphine Baron. 21 septembre, 
M. Chotel. 24 et 25 septenoibre, M"" Palurel et Eugenie 
Sauvage. 6 Janvier 1845, MM. Jourdain et E. Dupuis. 
6 avril, M. Randoux et M"** Dufosse. 

Repriseniations extraordinaires . 

Janvier 1844 : premiere (ace th^fttre) de Marie Tudor, 
de Victor Hugo, avec M""" Georges et Dorval. Fevrier : 
b^n^fice de M™* Dorval (Trente ans^ ou la Vie d'un 
joueury avec Frederick- Lemaitre ; le Gymnase donne la 
parodie de la piece de Ponsard : Lucrece a Poitiers *) . 
Reprise &'Athalie avec M**' Georges, au b^n^Dce de 
M^^'Payre. Avril : benefices de MM. Godat, Sainle-Marie. 
18 juin*: benefice de M. Ballande, qui joue, le meme 
soir, le premier acte du Misanthrope (r61e d'Alceste), 
les trois premiers actes du lAgataire universel (role de 
Crispin) , et Hamlet ^ de Ducis (rdle d'Hamlet) . Juillet : un 
b^n^fice. 29 septembre : reprise des Carrosses d'OrUans^. 
Octobre : rentree de Bocage dans Lucrece \ il joue sue- 
cessivement : Riche et Pauvre et TMresa, drames qu'il 

\ . Ou les ^curies d'Aiigias, Irag.-vaudev. de Leonard (M"« Nathalie). 
2. Les Carrosses d'OrlSans, comedie en un acle, en prose, de La 
Ctiapelle(1680). 



GHAPITRB Xlir. UZ 

avail ct66s sous Harel k la Porte-Saint-Martin, Reprise 
de Guerre ouverle. Novembre : reprises de Beverley ou 
les Fureurs du Jeu, du Mart retrouvij de la Brouetle 
du Vinaigrier, de la Jeanne d'Arc de Davrigny, avee 
M^^ Georges; b^n^fice de M"* Payre (on joua la Tour de 
Nesle avec Socage et M"* Georges) ; reprise d'Eugdnie. 
D^mbre : reprise de VOrphelin de la Chine. Le 2 d6- 
cembre, spectacle k Saint-Cloud (on joue la Cigiie et 
Guerre ouverte). Reprise de Christine a Fontainebleau, 
d'Alexandre Dumas, avec M"* Georges. 

Janvier iS45: premieres representations (a ce th^Atre) 
du JUanoir de Montlouvier et d'£/h 3/ariage sous Louis XV. 
L'Ambigu joue : les Amants de Sturcie, avec M^lingue et 
M"* Guyon. Benefice de L. Monrose. Mars : benefices de 
M"*" Laurence et de MM. Barr6 et L^cluse. Avril : b^n6- 
fices de Boileau et de M"" Payre *. 

1. Od remit au repertoire : Les Horaces, les M^ivechmes pour les 
deux fr^res Monrose, les Folies amoureuses^ V^cole des fetnmes, 
I* Avar e J le Tar tuff e, les Femmes savanles^ la Comtesse d'Escarba- 
gnaSy la Mori de Pomp4e, la Mire coupable, Turcarel^ la Petite 
Ville. Pendant la cl6ture d'ete, la troupe de TOd^on toinbe k plat au 
theMre de Rouen, et fait sifllor Corneille dans sa ville natale. On don- 
nait cependant Rodogune^ avec M^^* Georges. 



CHAPITRE XIV 



1845-1846-1847. — Premiere direction de Bocage. -*Sa troupe. — Delaunay. 
— Dn prologue de Th. Gautier. — Debuts d'Octaye Feuillet : Un Bour- 
geois de Rome. — DioghM. — £chee ei Mat, — Cent mille francs de sub- 
Tention. — L'Univers et la Maison. — Agnds de Meranie, 



Le privilege de la direction du second Th^tre-Fran- 
Cais, devenu vacant par la failiite de Lireux, fiit accord^ 
pour cinq ann^ (du !•' juin 1845 au 31 mai 1850), k 
Pierre Martinien Tousez, dit Bocage, * « On ne dira pas, 

4. Bocage, ne ^ Rouen en 4796, mourut k Paris en 4862. Feu d'ac- 
teurs ont en une carridre plus difficile et plus illustre. Tour k tour 
ouvrier cardeur, petit employ^ au ministdre de la guerre, clerc d*huis~ 
sier, gargon Spicier mdme, il monta par degr^s I'dchelle des misses. 
Le Conservatoire ne voulant pas de lui, aprds avoir frapp6 en vain 
k toutes les portes des petits thddtres de Paris, il partit avec une 
troupe nomade en province. En 4 824 , il d^buta a la Com^die-Francaise 
dans Temploi des amoureux, sans succds du reste : il fut trouv^ mala- 
droit, pauvre, d^gingand^. De 4822 k 4824, nous I'avons vu dans la 
troupe de TOdeon. Non r^engag^ en 4825, il revint k la rive gauche en 
4826 pour remplacer Colson dans les premiers r6Ies. On le remarqua 
dans V Homme du monde, VEspion, Lancastre^ etc. Apr^s la failiite 
de Lem^th^yer, il passe aux th^dtres du boulevard, oil il prend enfin 
sa place : Shylock, V Incendiaire, NapoUon aSchosnhrun^ k la Porte- 
Saint-Martin, firent appr^ier la vari^t^ de son talent de composition; 
le r61e de Didier, dans Marion Delorme, le mit au premier rang, De 



S46 L'ODfiON. 

^rivit Th^ophile Gautier dans ud de ses feuilletons du 
lundi, « que celui-la ne conaatt pas le Theatre, il a donD^ 
<( de son iDtelligence et de sa probite toutes les preuves 
« d^irables. 11 croit si bieD k la possibility de TOd^on 
« qu'il y engage 80,000 francs de son avoir, de cet ar- 
c( gent conquis avec labeur et gloire pendant une longue 
« carriere de succes. Si cette fois Tessai ne r^ussit pas, 
(( il faudra raser I'Odeon et semer du chanvre h sa 
« place. » 

Certes, le nouveau directeur ^tait un grand artiste, 
un metteur en scene de premier ordre : il excellait dans 
les conseils k donner aux: jeunes auteurs et aux jeunes 
com^diens pour T^tude et la praticjue de leur art ; il ai- 
mait passionndment le tb^tre, il ^tait honn^te et vaillant ; 
cependant, avec tant de qualit^s, il fut, il faut bien Ta- 
vouer, un directeur mediocre. 

Sous Lireux, du moins, Tesprit ^'initiative r^gnait a 
rOd^on; sous Socage, ce fut I'esprit d'^conomie mesquine, 
de crainte et d'essais timides : « Ne jamais 6chouersemble 



4830 k 4840, il realisa Tid^ de T^cole romantique : c Bocage, beaa 
comme Apollon! », s'^criait Henri Heine. Dans Antony, il Gt epoque, 
la jeunesse le prit pour modele : on yit pulluler de jeanes hommes 
aux longs cheveux, k la voix caveroeuse, k la mine bldme et falale. La 
Tour de Nesle, Th4r4sa, Angile, les Sept Infants de Lara, GUnar- 
von, Ango, Riche et pauvre, Don Juan de Marana, Christophe le 
Su6do\s, la V6niiienne, etc., cent drames sign^s des noms les plus 
illusires firent de lai un des grands com^diens du temps. <c \\ luttait de 
« talent avec le gc^nie de Fr^derick-Lemaltre, la passion de M*^« Dorval, 
c la majesty ^pique de M^® Georges, et il ne fut inferieur k aucun de 
c ces redoutables partenaires. » (Tb. Gautier, Hisloire du Roman- 
tismeJ) 



CHAPITRE XIV. J47 

sa devise; autant vaut dire, ne jamais r^ussir^» Avec 
cela trop en faveur aupr^s du public pour renoncer en 
plein succesy k cinquante ans, k Texercice de son art, il 
crut possible d*6tre a la fois directeur et acteur. Ce dou- 
ble labeur, excusable seulement dans une ville de pro- 
vince, ^tait au-dessus de ses forces ; au bout de deux 
ann^es th^dtrales, fatigu^, ^puis^, il dut, pour cause de 
sante, abandonner un privil^e qu*il avait tant d^sir^. Sa 
direction fut plus heureuse que celle de son predecesseur, 
puisqu'il eut la bonne fortune de voir sa subvention aug- 
ment^e sans raison au bout d'un an de &0,000 francs; 
cependant elle fut moins active et partant moins 
utile. 

La salle fut restaur^ avec gout par M. de Gisors, le 
prix des places fut diminu^. Bocage comprit le premier 
que le second Th^tre-Frangais doit 6tre, avant tout, un 
th^dtre a bon march^. 11 y avait aussi un inconvenient 
dont il avait pu apprecier le danger sous les pr^c^dentes 
directions, c'^tait Tentr'acte. Le public n'etait pas alors 
aussi calme, aussi indiSi^rent qu*aujourd'hui ; Tetudiant 
qui va disparaissant, surlout dans son type* original, 
aimait k aller gaminer a TOd^on ; c'dtaient, pendant les 
entr'actes, des cris d*animaux en fureur, des gr^les de 
fleches en papier, des appels bruyantsde place h place ; ce 
vacarme se continuait sou vent le rideau leve et nuisait k 
bien des pieces. Pour conjurer ce danger permanent, 
Bocage cr^a au foyer du public un mus^, pour la grande 

4 . £doaard Thierry, feuilleton th^tral du Messager, 



248 L'ODfiON. 

joie des spectateursetdes habitues. Les plus grands pein- 
tres envoy^rent h cette exposition permanente et renou- 
velable : Delacroix, un Christ crucifii^ un Saint Gdrome, 
Hamlet devant le spectre ; Diaz, quelques-uns de ses 
paysages ensoleill^s ; Corot, Charlet, Isabey, C. Roque- 
plan, Wattier, Ad. Leleux, Court, Th. Fragonard, Chas- 
s^riau, Jeanron, Dubuffe, L. Boulanger, Phiiippoteaux, 
Abel de Pujol, Granet, Rosa Bonbeur, A. Bonheur, etc. 
Eugene Sue y donna une Marine et Th. Gautier une 
Pane/ore que Jules Janin plaisanta dans les D4bats et qu*il 
appela la d^esse Torticoli. Cette peinture « lilt^raire » 
fut tres vite retiree. 

La nouvelle troupe ^tait compos^e ainsi : Bocage (k 
tout seigneur, touthonneur); Arnault, laur^at du Conserva- 
toire, comedien tres utile dans les tratlresetdanslestroi- 
siemes rdles, qui fit plus tard partie de la Gait^, auteur des 
Cosaques et de quelques m^lodrames estim^s ; Bandoux, 
dont les debuts avaient ^t^ tr^s appr^ci^s; Clement-Just, 
un Bocage au petit pied, artiste de talent qu*il esl regret- 
table devoir, encore aujourd'hui, errer deth^fttre en th^- 
tre ; le pfere noble Darcourt ; Monjauze, alors jeune pre- 
mier de comedie, plus tard premier t^nor au Thefttre- 
Lyrique; Honore Morel, Harville, Aim^Gibert; Husson, 
aujourd'hui directeur de province ; Dornay, Tauteur-ac- 
teur, le Dennery de Belleville ; Montet; Texcellent Ro- 
ger, qui vient de mourir directeur du Vaudeville, un bon 
com^ien ne manquant ni de comique ni de bonhomie ; 
Alex. Mauzin, Derosselle, Barr6 et Jourdain restaient 
de Tancienne direction et formaient le quatuor le plus so- 



CHAPITRE XIV. «49 

lide de la nouvelle troupe. Pres de ces v6l^rans de I'Od^on 
venaienl Blaisot, aujourd'hui au Gymnase, alors fringant 
comique; Henry qui, pourse jjistinguer de soncamarade 
Victor Henry, prit le nom de Vannoy, sous lequel il se fit 
une reputation h la Porte Saint Martin (direction Marc-Four- 
nier) ; Lucknow, Breton, Hubert, Panseron, Carle Ger« 
main, Pirodon, Ernest (nous en passons, non des meil- 
leurs), et enfin le plus charmant amoureux que la scfene 
ait eu depuis Fleury, Uincomparable inlerpr^te de I'Ecok 
des femmesy du Menteur, du petit marquis du Misanthrope 
et de tons ces r6Ies adorables de Tancien repertoire que 
personne de longtemps na jouera comme lui : Delaunay, 
qui venait de d^buter inapergu au Gymnase dans les 
Deux Cisars et qui se fit rapidement une reputation sur 
la rive gauche ^ N'oublions pas : Ancessy, chef d'or- 
chestre de talent; Leon, r^gisseur g^n^ral ; Lachevre, 
comique, second r^gisseur ; Nitot, souffleur. 

Le sexe faible ^tait reprfeenl^ par : M"' Araldi, tra- 
gedienne dou^e de belles qualit^s ; M"* Moreau-Sainti, un 
peu marquee alors pour les grandes coquettes ; M^'® Fitz- 
James; la charmanle M"* Planat, dite Naptal ', elfeve 
de Mickelot, touchante comedienne en reputation dejk 
sous la direction precedente, sans contredit I'etoile Kmi- 



K . La Comddie-FraDcaise eut le boD esprit de s'attacher deux ans 
d'avaDce ce charmant com^dieD, aujourd'hui Tune des gloires de la 
rue de Richelieu. 

2. M^^* Naptal ^pousa son caroarade Arnault et quitta avec lui, au 
bout d'un an, TOd^on pour le boulevard du Temple, ou elle fut tr^ 
appr^ci^. 



t50 L'0D£0N. 

DiDe de la troupe de Bocage; M'^^ FerDand, une Espa- 
gnole de taleDt, qui eut plus tard aussi son heure de sue* 
ces; la gentille M""" Marthe; M"*' Briard, Langershausen^ 
L6v6que, Edith Duflaud^ Potel, Meiguan, Rivals; Bonval, 
gaie et aimable soubrette, plus tard soci^taire de la Com^die- 
Francaise; M'"** Neuville, Chaptal, Blonval, Dupont et sa 
fille, Ancet, Grand^hoinme, Marie Lambert, Duclos, Du- 
noyer, Thill^s et Pr^val. Troupe nombreuse, comme on voit, 
mais assez mal r^tribu^e. Telamoureux touchait cinquante 
francs par mois ; telle forte jeune premiere, qudrante francs. 
Delaunay, Tavoris^, gagn^it cent francs, mais devait four- 
nir tons ses costumes du repertoire, a De lagloire et du 
pain )) , disait Bocage a vec emphase a sesjeunes com^diens ; 
c*etait du pain, mais tout sec ! 

Le i7 novembre^ r^ouverture avec un prologde k 
deux personnages, Lb Y^aiTABLB Saint-Gbnest et Un 
Bourgeois de Rome. Le prologue oblige, compost cette 
fois par Th^opbile Gaulier, Tut malicieusement spirituel. 
En voici le passage le plus saillant et le plus applaudi, 
oil i'alexandrin classique et solennel est fr^uemment 
pastiche : 

l'esprit chagrin (jou6 par Derosselle). 

L*Od6on, qui ne peut ni vivre ni mourir, 

N'est Jamais plus ferm6 que lorsquUl yient d'ouvrir. 

LE DiRBGTBUR (joud par Bocage). 

On a fait la-dessus mille plaisanteries, 
Je le sais ... II poussait de I'herbe aux galeries ; 
Dix-sept varidt^s de champignons malsains 
Daos les loges tigraient la monsse des coussins, 
Une flore complete ; — et plus d*an journaliste 



GHAPITRE XIV. 25.1 

Malicieasement en publia la liste. 
Les ours du pdle arctique et les oun des cartons 
Dans cet autre Spitzberg avaient pris leurs cantons, 
Et par eux fut mang^ le claqueur solitaire, 
Hivernant dans la neige au milieu du parterre ! 
Trouvant Tendroit propice a des repas de corps, 
Prds des acteurs les rats grignotaient les decora. 
Les ponies se chauffaient au moyen de veilleuses, 
Simulacres de feui, lueurs fallacieuses ! 
L*abandon tamisait la poussi^re partout : 
Des fils tombaient du ciel, une araign6e au bout, 
£t, terreur du pompier, le long des couloirs sombres, 
Des directeurs d^funts se promenaient les ombres ! 
Suis-je bien inform^? du moins si je me perds, 
Je plonge dans le gouffre avec les yeux ouverts. 

L*ESPBIT CHAGRIN. 

Votre salle remplie, il vous faut une troupe, 
Des acteurs. 

LB niREGTBDR. 

J*en ai trop, voyez plut6t ce groupe. 

l'bsprit chagrin. 
Comment s*appellent-il8? 

LB dirbctbdr. 

lis ne s'appellent pas ! 
Sur le char de Thespis ils font leurs premiers pas. 
Si leurs noms sont obscurs, ils les feront connaltre. 
AttendoQs, nuLne fut c^l^bni avant de nattre. 
D*autres ont le pass^, nous avons I'areair. 
Le temps coule, et Tespoir yaut bien le souvenir. 
Qui sait? dans cette troupe encor timide et gauche, 
Peut-^tre des Talma sont k Titat d'^bauche ! 

La piece de resistance n'etait qu'une reprise, mais 
une reprise curieuse, presque une nouveaut6, puisqu'elle 
n'avait pas et6 representee depuis J6&6: Le ViSritable 
Saint- Genest S trag^die en cinq actes, de Jean Rotrou^ 

1. Rotrou intitula sa Irag^die: le Vdritable Saiot-Genest, pour la 



S58 L'0D£0N. 

exhumatioQ lilt^raire pleine de beaut^s de premier ordre, 
de vers corn^Iiens, obtiot ud grand succes. Bocage ful 
superbe dans Genest (Randoux, Clement-Just, Arnault, 
Lucknow, Harville, Roger, Jourdain; M"~ Naptal, 
Things, Dupont et Meignan.) 

Un Bourgeois de Rome, comedie en un acte, en 
prose, de MM. Octave Feuillet et Paul Bocage, lerminait 
le spectacle* Cette pi^ce aimable, un peu froide, quoique 
galamm.ent tournee, n'obtint qu'un demi-succes, C'etait 
la seconde oeuvre dramatique^ du charmant ^rivain k 
qui le theatre contemporain doit tant de brillants succes 
(A. Mauzin, Jourdain, Monjauze, M"* Letessier). 

On v6cut tanl bien que mal de reprises emprunt^es 
aux theatres du boulevard, jusqu'a la fin de I'annee. II y 
avait loin de cette sage lenteur k I'activit^ de Lireux. Le 
sommeil commengait k reprendre possession de TOd^on. 



18/t6 

Le 6 Janvier y DiogI^ne, drame en cinq actes et un 
prologue, en prose, de Felix Pyat. Que n*a-t-on pas 
6crit sur ce drame? Selon certains feuilletonnistes, la 
Grece antique n*avait jamais rien produit de pareil; 
c'^tait une ceuvre puissante, originale. Selon d'autres, 

distinguer du Martyre de SainUGenesl, que Nic. DesfonlaiDes avait 
fait repr^eDter I'ann^ pr^cedente. 

4. La premiere pi^ce d'Octave Feuillet fut un vaudeville : la Nuil 
terrible, donu^ saus succes au thdfttre du Palais-Royal. 



CHAPITRE XIV. J53 

c'^tait uae rapsodie imb^ile. Moilk T^cueil des pi^gr 
diles politiques : la passion tue la sinc^rit^, et le public 
est presque certain de n*y jamais trouver son compte. 
(( Prendre un nom consacr^ par le temps, poser celui qui 
<c le porte dans des situations extravagantes, faire Aspasie 
« chaste, Lais pure, Alcibiade imbecile, Diog^ne acteur- 
« directeur de I'Od^on, mettre dans la bouche de tout ce 
<( monde un langage de halles, des mots de portefaix, du 
« style de bousingot, des calembours de coulisses, des 
(( expressions d'eslaminet, et broyer tout cela dans une 
(( intrigue qui na pas ombre d'apparence dramalique, 
(' est-ce composer une com^die? On a siffle au dernier 
(( acte, quand Bocage a lanc^ le nom de Tauteur » , dit le 
terrible Charles Maurice*. — « Succes retentissant, Bocage 
rappel^ deux fois » proclament d*autres journaux; encore 
une fois, auquel croire*? (Bocage, Randoux, Alex. Mau- 
zin, Panseron, Monjauze, Arnault, Darcourt, Blaisot, 
Henry- Vannoy , Derosselle, Roger, Barre, Harville; 
M""* Fitz-James, Marthe, Neuville, Meignan). 

Le i2 fevrier, Samson, aide de J. de Wailly, donne : 
L' Alca.de de Zalami^a', drame en trois actes, en prose, 
qui n'obtint qu'un demi-succes. « Qu'a done fait TOd^on 
k Samson ? » disait, en sortant, une camarade de Texcel- 

\. Le Coureur des spectacles du jeudi 8 Janvier. 

2. On fit une parodie de Diogine au theatre du Luxembourg ; 
auteurs : A. Ponroy et Armand, du Th^&tre-Francais. 

3. Get ouvrage, donl Tid^e appartient k Calderon, avait ^t^ bien 
des fois mis a la sc^ne et traduit de TespagnoL CoUot d'Herbois en fit 
son Paysan magistral, Chervin son tgaXiU devant la loi, et, plus 
tard, F^Iicien Malefille son Paysan des Alpes. 



J54 L'ODfiON. 

lent com^iea-auteur. (Alex. Mauzin, Clement Just, 
Delauoay, Jourdain, Roger; M"** Neuville, Edith.) 

Le 3 marsy L'Oncle de Normandie^ com6die en trois 
actes, ea prose, de Mary-Lafon. Quelques id^es heureuses, 
quelques scenes charmantes, traitees gaiement, ont fait 
r^ussir honorablement cette piece. (Delaunay, Alex. 
Mauzin, Roger, Henry; M"** Marlhe, Neuville.) 

Lem^me soir,DN RfivE, com^die en un acte, en prose, 
par M. Ldonce, passa sans laisser de souvenir, (Barre, 
Henry, Harville; M'^ Edilh). 

Le 20 mars, L'Ingenue a la Cour, comedie en cinq 
actes, en prose, de MM.Mazferes et Empis. Rien debien 
neuf ni de bien impr^vu. On applaudit le dialogue, 
plein de mots a effet, et Tinterpr^tation, qui fut excellente. 
(Delaunay, Alex. Mauzin, Monjauze, Roger, Arnault, 
Jourdain; M™*' Naptal, Moreau-Sainti, Fernand et 
Bonval.) 

Le 6 avril, Les Touristes, comedie en trois actes, 
en vers, d' Ernest Serret, piece du genre Gymnase, vau- 
deville litteraire, fut tres bien accueillie, M"" Fernand eut 
beaucoup de succes. (Alex. Mauzin, Clement-Just, Mon- 
jauze, Roger, Harville, Henry, Dornay; M'"*** Naptal, 
Bonval et Neuville.) 

Le 25 mai, Echeg et Mat, comedie en cinq actes, 
en prose, de M3L Octave Feuiliet et Paul Bocage. Cette 
pifece, habilement enchevetr^e, pleine de scenes bien 
faites, arrangee, dit-on, du moins en partie, par Alexandre 
Dumas, obtintun grand succes. « C*est », dcrivait Gerard 
de Nerval dans V Artiste, « une partie d'echecs bien 



GHAPITRE XIV. 255 

« d^reodue et bien gagaee, ou toiis les acteurs se soDt 
« monlrds des pions fort Intel iigents. » Bocage fut tr^ 
remarquable dans le rdle principal, Alex. Mauzin eut 
aussi sa bonne part d*applaudissements. (Arnault, Mon- 
jauze, Jourdain, Franck ; M""** Naptal, Fernand) . 



1846-1847 



Enlin, TOdeon a ses cent mille francs de subvention, 
et c'est encore sur les succhs de Lireux que le rapporteur 
de la commission du budget fonde son principal argu- 
ment : a La production de quelques ouvrages remar- 
« quables, et surtout de la tragedie de Lucrece^ a laquelle 
« TAcademie francaise a decern^ un prix de 10,000 fr. 
a a justifi6 la soUicitude des Ghambres. Mais le d^sastre 
« ^prouv6 par Tancien directeur prouve que la subven- 
fi lion n'est pas suHisante. Une augmentation de 40,000 
« francs permeltra au nouveau directeur de composer 
« une troupe capable d'interpreter dignement les chefs- 
« d'oeuvre de Tancien repertoire et d'inspirer plus de 
« confiance aux auteurs nouveaux. Alors Texistence du 
w th^Atre de TOdeon cessera d'etre incertaine, Tadminis- 
« tration veillera soigneusement au bon emploi d'une 
<( subvention qui, en dolant defmitivement un quarlier 
a important d'un etablissement qui lui est n^cessaire, 
« contribuera a former des auteurs et des acteurs pour 
« notre premier theitre et a inspirer a la jeunesse des 



5136 L'ODfiON. 

({ ^coles le goCll des ieltres, qui est la plus utile des dis - 
« tractions ^ » 

La reouverture eut lieu le 7 octobre avec le Roman 

(Tune heure, pour les debuts de M. Gaspari, et la suite 

* 

des representations d'Echec et Maty M"* Delvil rempla- 
Qant M^^"" Naptal, et Jourdaili remplagant Arnault. 

Le 24 octobre^ George d'Alton, drame en trois actes, 
en vers, de M. Edmond Arnould. Le public a paru gouter 

« 

m^diocrement cette piece : action languissante, caracteres 
mat dessin^s, demi succes (Randoux, Cl^menl-Just ; 
M"" Delvil, Moreau-Sainti). 

Le 3 novembre, TUnivers et la Maison, com^die en 
cinq actes, en vers, de M^ry. Succes. De jolis vers, des 
tirades pleines de verve compens^rent le manque d'ac- 
tion. Delaunay conimenga sa reputation dans cette pi^ce ; 
il eut meme, a cdte de Bocage, le vrai succes de la soiree 
(Alex. Mauzin, Roger, Clement-Just, Gaspari; M""Frant- 
zia. Cores). 

Le i2 dicembrey Diablb ou Femme, com^die en un 
acte, en vers, imit^e de Tespagnol par Hippolyte Lucas. 
Encore une traduction ou adaptation de Calderon. Petit 



succes* 



Le 22 dicembrey Agnes de Meranie, drame en cinq 
actes, en vers, de Frangois Ponsard. C'est une chose bien 



4 . A ca sujet, Lamartine pronooQa dMloquentes paroles. (Voir le 
Monileur, juin 1846.) 

2. Pour la quatrieme fois, la Dama-DueDde (la Femme reveaant) 
est iraduite ou imitee dans notre langue, par Douville, et Haut«roche 
au xvn« si^cle, par Colle au xvm«. 



CHAPITRE X.IV. 257 

difficile h obtenir k Paris qu'un second succes; on vous 
attend, on vous guette, il faut franchir le Rubicon. L'an- 
nonce de la nouvelle piece de Ponsard provoqua autour 
de rOd^on un brouhaha inaccoutum^ : le peristyle fut 
envahi par quatre queues, la place encombr^e de voitures. 
Salle comble; des femmes en toilette de gala, de Tor et 
des fleurs dans les cheveux ; le quartier latin n'avait vu 
depuis longtemps pareille f^te. Le sujet de la tragedie 
nouvelle, — car malgr6 son titre de drame, c'est Ih 
une ceuvre k tirades et sans action, — est I'amour de 
Philippe-Auguste luftant contre la puissance papale. Rien 
n'a manque a cette pifece pour 6veiller la curiosity pu- 
blique : Tenthousiasnie et les critiques exag^res d'avance 
pour et contre Ponsard, les d^bats devant les Iribunaux 
de M"® Araldi contre la direction de I'Oddon et Tauteur 
de LucrecCy debats qui aboutirent a une fin de non-rece- 
voir ; et cependant, malgr^ tant de bonnes cartes, la partie 
resta ind^cise. Ce ne fut pas un succes. Bocage, tres 
enroue, dans un r61e interminable, ennuya; M°"° Dorval 
fit peu d*effet; Randoux seul, dans un rdie excellent, fut 
Ires applaudi. Avec cela, des decorations criardes et mes- 
quines et un brouillard intense penetrant dans la salle et 
glagant les spectateurs. Ce brouillard londonien, qui dura 
tout le mois, coupa net les recettes d'Agnh de Miranie * . 

\ . La pauvre Agn6s nous reclame; 

Faut lui porter un coup d'main. 
Mais, baste I elle aura rendu Pdme 
Quand nous serons k mi-cheminl 

(Journal'Programme,) 
II. M 



158 L'ODfiON. 

Porch^ sur TOd^on, immense c^notaphe, 
Le grand Bocage f<md en pleurs, 

Et, du Nord au Midi, faisant le t^l6graphe, 
II implore tous Ics auteurs. 
Mais, 6gar^ sur Tautre rive 
Que nous cache un epais brouillard, 
De sa voix cteintc et plaintive, 
II n'a r^veill^ que Ponsard^. 



1847. 

Le 15 Janvier J M^ry sacrlfie h son tour sur I'autel de 
Mollere. Son ^-propos : Le Quinzb Janvier*, un acleen 
vers. Tut tres applaudi. On va baptiser la fille de Moliere. 
Ghapelle, Duparc et Baron se disputent Thonneur de 
tenir Tenrant sur les fonts baptismaux. Moliere, ne 
voulant pas choisir, propose un concours comique ; il a 
lieu : un envoy^ de Louis XIV arrive el declare aux con- 
currents, qui s'inclinent, que le roi veut 6lre le parrain. 
Le bustedu grand « contemplateur » ^tait couronn^ par 
tous les acleurs au denouement. CMment-Just jouait 
Moliere; Delaunay, Baron, (Alex. Mauzin, Gaspari, 
Roger; M"* Fernand). 

Le 2i Janvier J Une AnnjSb a Paris, coroedieen trois 
acles, en prose, de M""* Virginie Ancelot. Rien d*original 
dans ia conception de cetle piece, rien de saillant ni de 
spirituel dans les details, beaucoup de sensiblerie, mais 
quelque entente de la sc^ne. Regue avec indiRi^rence. 
(Randoux, GMment-Just, Henry Vannoy, Victor-Henry, 

4. Le CorsaireSalan. 

8. Ou Com^diens et Parrains. 



CHAPITRE XIV. 259 

Blaisot, Baptiste; M"" Bonval, Neuville, Delvil et Mei- 
gnan.) 

Le 4 fevrieVj En Province, com^die en trois actes, 
en vers, d' Ernest Serret, reflet de la Petite villcj de 
Picard, piece estimable, pleine de vers bien tourn^, fut 
bien accueillie. (Gaspari, Monjauze, Victor- Henry ; 
M"^* Moreau-Sainti, Bonval, Fernand, Cores et Neu- 
ville.) 

Au mois de Kvrier, Bocage, malade et hors d'etat de 
supporter plus longtemps les doubles fonclions de direc- 
leur et d*acteur, transmet, avec Tagr^ment du ministre, 
son privilege a M. Augustin Yizentini, alors r^gisseur 
g^n^ral de TOp^ra. La petite presse th^trale, que les 
proc^d^s hautains et d^daigneux du directeur de TOd^on 
avaient souvent irrit^e, clabauda autour de cet arrange- 
ment et pr^tendit que M. Yizentini achetait cent mille 
francs un privil^e que Bocage n'avait pas le droit de 
vendre. Tout ce bruit n'^tait pas fond6 : le nouveau direc- 
teur 6t simplement ce que son pr^d^cesseur avait du 
faird avec Lireux ; il remboursa le cautionnement habi- 
tuel (30,000 francs), 2,000 francs d'avances faites k 
M""* Dorval, et acheta a Tamiable le materiel, costumes 
et decors, ainsi qu'il y 6lait oblige par son cahier des 
charges. 

DEBUTS. 

Novembre 1845 : M™" Chapel dans Tartuffe; M. De- 
launay^ dans la Cloison; M"' Dunoyer. Dicembre : 

4 . II joua successivemeDl, dans I'ancien repertoire, les pi^s sui- 



^60 L'ODfiON. 

M. Blaisot dans le DipU amoureux; M. PaDseron dans 
Iphiginie en Tauride; M. Henry Vannoy dans Marton et 
Fronlin . 

Janvier i846 : M"° Bonval dans Marton el Frontin; 
}/l^ Slolberg, M"' Laignelot dans Tartuffe; M. Lacoste 
dans les Horaces; M"'' Athalie dans les Jeux de r Amour; 
M^ Pr^val dans Lucrice. 

Fivrier i846 : M. Stolz et M"'^ Bourgeois dans Tar- 
tuffe. Mars : M. Goudboz dans le Cid; M™® Levdque dans 
Jeanne d'Arc; M. Charles Deslys, le ronoancier bien 
connu, dans le Fils de la Folle. Avril : M"** Araldi dans 
Phedre; M. Bellevaut*, dans Pasquin des Jeux de 
I' Amour et le Medecin malgre hi. Mai : M"® Louise 
dans Tartuffe; MM. Doligny et Vernet dans fe Mariage 
de Figaro; M. Victor-Henry dans ks Fausses confidences; 
M.Elienne (Chdry) dans Tartuffe; M. Bret dans Arnolphe 
de VEcole des Femmes; M. Boudeville, dans le Barbier de 
Siville. Juin : M. Bressan. 

Octobre : M. Gaspari dans le Roman d'une heure; 
M"" Delvil et M. Baptiste dans Echec et Mat; M™" Corte 
dans Crispin rival de son inatlre; M"® Lemadre, du 

vantes : Heureusemenl, les Plaideurs, les Jeux de I'mnowr et du 
hasard,Tartuffe, les Fourberies,l'Avare, I'abbS de V^p6e, Vitourdi, 
les Originaux, lu Femme jalouse, Vicole des femmes, I'Alcade de 
Molorido, la Premise Affaire, le Menuisier de Livonie, le Malade 
imaginaire, les Atourdis, le Port de mer. Guerre ouverte, le Men-- 
leur; dans le repertoire moderne, il reprit : le Midecin de son hon- 
neur, Glenarvon, un Jeuve homme, le Voyage a Pontoise. 

4. M. Bellevaut avait fait trois debuts h la Comedie-Francaise, en 
1842; il ne parut a I'Od^on que ces deux fois et y revint, en 1878, 
comme directeur de la scene. 



CHAPITRE XIV. 261 

lhe&tr6 de Versailles, dans la Femme jalouse ; M"'" An- 
theaume dans Sophie des Originaux; M"*** Letourneur 
dans la Premiere affaire; M"® Ancet dans M. de Crac; 
M, Duclos, M""' Grandhomme dans te Voyage inter- 
rompu. Novemhre : M*^® Rabut, qui devint plus lard 
M"" Fechter, dans le Legs; MM. Gubian et Hector dans 
les Horaces; M. Bremont et M"*° Falton dans Britan- 

m 

nicus.Decembre : M°*® Georgina, M. Brevanne, M^^' Talini 
dans Tartuffe; W^ Langershausen dans Andromaque ; 
M"** Briard dans le Cid. 

REPRISES, REPRESENTATIONS EXTRAORDINAIRES. 

Jarvis rhonnSle homme^ Catherine Howard^ d'Alex, 
Dumas, la Vinitienne ou le Bravo, d'Anicet Bourgeois, 
Glenarvon, de F^licien Mallefille, Henri Hameliny pieces 
cr^ees par Bocage, tant a la Porte-Saint-Martin qu'au 
Gymnase, passent dans le repertoire de I'Odeon. On 
reprend successivement Lucrece, ta Comtesse d'AUenherg, 
le Medecin de son honneury les Filles a marier, le Mariage 
d' Amour, les Femmes de D^oustier, le Port de mer, 
VAlcade de Molorido, le Portrait de Michel Cervantes^ 
un Jeune homme^ les Nuies, le Fils de la folle, drame 
de Frederic Souli6, la ChampmesU^ le Manteau, les 
EtourdiSy Madame de Sivigni, le Diserteur, Heureuse^ 
ment; Ricco de Dumaniant, P Habitant de la Giiadeloupe, 
le Voyage interrompu^ Gabriellede Vergy^. 

4 . Outre ces reprises on ' donna : le Misanthrope, la Gageure im- 
privue, le Mariage de Figaro, Misanthropie et repentir, Jeanne 
d^Arc, Um Deux Philiberl, Othello, Cinna, les Famses Infid^lUds, 



S6« L'ODfiON. 

S novembre i846, benefice des inond^s de la Loire; 
24 Janvier i847, autre bdii^fice : on joue Mathilde^ 
d'Eugene Sue. 9 fevrier, b^n^fice de Jourdain. 25 fivrier^ 
b^D^fice d*uQ artiste : les acteurs de la Gatt6 jouent 
Madeleine. 

Les i4 et 20 fivrier^ pour ses adieux k TOdfen, 
Bocage joue Teresa j d' Alexandre Dumas, et les 27 el 28 j 
la Tour de Nesle. 

le Barhier de Seville, J^6lourdi, les Fausses Confidences, V Intrigue 
Spislolaire, le Bourru bienfaisanl, le Ugataire, IphigSnie el Tail- 
ride, I'Avocat Paielin, le Joueur, 



CHAPITRE XV 



1847-1848. — Direction d'A. Vizentini. -^Akeste* — Le PaqueboL — hUbuiB 
de Marie Laurent. — RegardeXf mais ne touchez pas, — Chute terrible 
dcs Alrides, — Une revue de Gamille Doucet : Le dernier banquet de 1848 
— Le dernier Figaro, — La Revolution de F^vrier a TOd^on. — La /IWe 
d'Eschyle. — Fuite de Vizentini. 



Augustin Yizentini, a qui Bocage cedait ainsi, avec 
Tagr^ment du minislre de Tintdrieur, les deux ann^es qui 
lui restaient encore h faire k TOdeon, ^tait un des fils de 
{'excellent com^dien de rOp^ra-Comique qui, on s'en sou- 
vient, tint, sous Harel, une place si importante. Tour h 
lour administrateur de grands theatres de province, r^gis- 
seur g^n^ral au Vaudeville et k I'Op^ra, le nouveau direc- 
teur avait su remplir sympathiquement ces divers emplois; 
on le crut un homme de th^dtre parce qu'il ^tait n^ et avait 
^t661ev6dans les coulisses; cela suffit pour admettre, sinon 
justifier sa nomination, et pour Taccueillir m^me avec bien- 
veillance. Vizentini eut peut-Stre acquis Texp^rience qui 
lui manquait, il eut peut-6lre mdme tenu avec honneur 
le poste qui lui 6tait confid, car il 6tait actifet rempli des 
meilleures intentions ; malheureusement, il eut le tort de 
prendre TOdeon sans argent, h Theure oil ce « nerf dela 
guerre » allait Sire plus indispensable que jamais. 



164 L'ODfiON. 

Dans les premiers temps de cette direction d'une 
ann^e, grftce a une activity incessante, on put joindre les 
deux bouts. La revolution de fevrier, qui devait porter un 
coup terrible aux industries th^Atrales, fit tomber les re- 
celtes k des taux ddsolants. Yizentini s'endetta, comptant 
sur une grande pi^ce d'Autran : La Fille d'Eschyle^ que 
Dumas pere lui avait apport^e et recommandee chaude- 
ment. Cette oeuvre, quoique d'une haute valeur litteraire 
et parfailement montee, n'avait rien de ce qu'il fallait pour 
attirer Targent dans un moment aussi grave. Dfeesperd, 
surle point de d^poser son bilan, le directeur de TOdeon 
s'enfuit de Paris pour aller reprendre a Bruxelles, ou Tat- 
tendait un engagement, Temploi modeste de regisseur 
g^ndral que, pour son repos, il n'aurait certainement ja- 
mais du quitter. 

Ce fut le i" mars 1847 que Vizentini prit la place de 
Bocage. II inaugura sa direction sans tambour ni trom- 
pelte par : Un jeune homme, Horace pour la rentrfe de 
M"® Araldi et En province, avec la troupe de son pr6- 
ddcesseur, se r^servanl de la completer et de la former a 
son gout pendant les vacances annuelles. En trois mois et 
quelques jours il fait maison nette des pieces regues avant 
lui et reprfeente dix nouveautes, dont trois en trois actes 
et trois en cinq actes et a spectacle. 

Le i6 mars, Alceste, trag6die grecque avec choeurs, 
d'Euripide, arrangee en trois actes, en vers, par Hippo- 
lyte Lucas, musique d'Elwart, grand prix de Rome et 
professeur au Conservatoire. Le melange des choeurs et 
de la trag^die n'a pas fait bon effet et a alourdi une piece 



CHAPITRE XV. t65 

d^jk suffisamment lourde. Ge spectacle, iateressant en 
somme, 6t peu d'argenl ; on commengaitk trouver qu'Hip- 
polyte Lucas, fort expert dans Tart des adaptations, en 
abusait un peu Irop : « Qui nous d^livrera des Grecs et 
des Romains ? » d^clamait un jeune poete devant TafQ* 
che de TOd^on^ (Randoux, Lemadre, Darcourt, Cle- 
ment -Just ; M"*« Moreau - Sainti , Araldi , Frantzia , 
Cores.) 

Le S3 mars, Le manghon, com6die en deux actes, en 
vers, de M. Cordelier-Delanoue. Cette petite piece ren- 
tre dans Tin^puisable categoric des comedies oil Tauteur 
croit pouvoir se passer d'observation et d'intrigue, parce 
qu'il parle la langue des dieux. Le public Taccueillit par 
des murmures. (Delaunay, Jourdain, Monjauze ; M*'"" Fer* 
nand et M"*' Delvil.^ 

s 

Le 26 marSy dans une representation au ben^Gce des 
indigents du quartier, entre deux pieces, on lut des vers 
inedils de d'Epagny, en I'honneur de M"* Mars qui venait 
de mourir. Toute la troupe, costuni^e pour la circon- 
stance^ vint se grouper en scene autour du buste de la 
grande cono^dienne : 

Adieu, Mars ! sols heureusc au s^jour k venir. 
En celui-ci toujours vivra ton souvenir. 
Toujours Paris dira : Je pleure et je regrette 
De Tesprit et du coeur la plus noble interpr^te. 

Le dimancf^ 4 avril^ Le paqdebot, comedie en trois 
actes, en vers, de M6ry, 6t la plus heureuse travers^e. 

4. 11 y out rn^me scandale : les sifHeurs furent expulses par la 
claque. 



266 L'ODfiON. 

(( II a trouve des tiedes brises, uq ciel rayoDnant de soleil, 
(( une mer bleue ou sautaieat ies marsouins en belle hu- 
" meur, ces pr^curseurs du beau temps ; nul ^ueil n'a 
(' dress4 sous la coque du navire sa crete de rochers aogu- 
« leux ; des rires bienheureux oat accompagn^ d'un bout 
« k Tautre celle foUe coin6die ^ » II y avait une idee co- 
mique dans celte piece, id6e pas bien neuve peut-Stre, 
mais qui pouvait donner matiere k des quiproquos et k 
des incidents : il s*agissait de deux amoureux qui donnent 
la chasse k un barbon, tantdt dans un hdtel garni, tant6t 
sur un paquebot ; malheureusement c'^tait insuffisamment 
traits pour le th^&tre. Les vers, faciles et ^legamment 
toum^s, ontenIev6 un demi-succte. (Delaunay, Alex. Mau- 
zin^ Roger, Monjauze; M"*' Bonval, Delvil.) 

Le 7 avrily La loge de l'op^ra, drame en trois actes^ 
en prose, de M"* Anai's S6galas. Certaine marquise suit 
par jalousie son mari k TOp^ra, mais au lieu de decoii* 
vrir une intrigue amoureuse, elle apprend un gros secret 
d'oii d6coulent quelques situations m^lodramatiques. Le 
public fut galant et, contre son habitude, applaudit. 
(Delaunay, Monjauze, Gaspari, Henry Vannoy ; M*"*» Del- 
vil, Femand.) 

Le 13 avrily Le Sykien, drame en cinq acles, en vers, 
de Latour de Saint- Ybars. Cette fois, Carthage ne s'est pas 
enrichie des depouilles de Rome. Cette trag^die, car malgr^ 
son titre de drame c'est une tragedie dans toute son hor- 
reur, annonc6e aux Frangais et retire, dit-on, en faveur 

4 . Tyophile Gaulier, feuilleton tbedtral de la Presse. 



CHAPITREXV. t07 

de rOdeon, fut Irouvde ennuyeuse. II y avait cependant 
de beaux vers et des decors de Cic^ri ; malgre cela ce fut 
un insuccfes. M"® Dorval, dans un r61e demfere^ fut admi- 
rable au quatri^me acte. Pauvre grande artiste ! ce devait 
6lre sa derniere creation k TOd^n. En 1849, apres avoir 
perdu son petit-fils, son doux petit Georges, Texcellente 
femme, frapp^e au coeur, s'^teignit dans le desespoir et les 
larmesi. (Randoux, Gl^nQent-Just, Ballande, A. Mauzid.) 

Le 29 avrilj La course a l'h^ritagE) com^die en cinq 
actes, en vers, de Viennet. Des tirades d'^pltres coup^6s 
d'epigrammes ne constituent pas une piece de th^&tre ; 
Tauteur s'en aperQut apres son deuxieme acte ; le public, 
qui avait ecout^ d'abord avec bienveillance, se f^dba et 
siffla ; bref ce fut encore un succ^s contestt^, comme Ceux 
qu'obtenait toujours le spirituel acad^micien. (Delaunay, 
Monjauze, Victor-Henry ; M"""* Fernand, Moreau-Sainti.) 
Un des interpretes s'^tait habille comme Tauteur. 

Le 45 mat, deux premieres representations : Ad pe- 
TIT BONHEUR, com^dic en un acte, en prose, de M. Pros- 
per Poitevin, petit lever de rideau sans pretention, qui 
fut favorablement accueilli. (Blaisot, Jourdain, M"""" Bon- 
val et Delvil), et L'antiquaire " com^die en qua tre actes, 
en vers, de M. Antony Thouret. On avait parl6 de cette 
oeuvre comme d'un ouvrage s^rieux et plein de promes- 
ses ; le public ne ratifia point Topinion des amis de Tau- 
teur et de la direction. Ce fut un insucces tres bruyant 

4. Lire le poignant recit d' Alexandre Dumas p^re : la Demiire 
annde de Marie Dorval, Paris, Librairie nouvelle. 
2. Ge sujet a ^16 soavent mis au theatre. 



268 L'ODfiON. 

et tres com pie t : on ne laissa pas mSme annoncer le nom 
de I'auteur. (Alex. Mauzin, Monjauze, Blaisot, Henry 
Vannoy ; M'^* Bonval). 

Le 20 mai^ dans une representation au benefice de 
M"° Fernand, on donne une comedie en un acle, en vers, 
de M- Emile Coquatrix, d^jh jou6e au Ihefttre des Arts a 
Rouen : II nk faut pas jouer avec le feu. Petit succes. 
(Delaunay, Monjauze; M"'' Fernand.) 

Le 22 mai, Egmont^ drame en cinq actes et six ta- 
bleaux, en vers, d' Alexandre Holland. Gette imitation de 
la pifece de Goethe eut un sort heureux, en depit de son 
style quelque peu boursoufle. (Delaunay, Ballande, Gle- 
ment-Just; M"~ Maxime, Gores.) 

Le 29, encore deux premieres : Pythias et Damon ou 
V Oreille de Denys^ com6die en un acte, en vers libres a 
rimes croisees, de M . le marquis de Belloy, poetique fan- 
taisie qui, jouee sup^rieurement par Delaunay (Damon), 
obtint un succes littdraire complet * ; et les Notables de 
l'endroit, comedie en trois actes en prose, imitation de 
la Petite ville de Kotzebue, par Charles Narrey. De Tob- 
servation, de Tesprit, un style malheureusement un peu 
languissant. Demi-succes. (Blaisot ; M"" Bonval, Dupuis). 

Le 6 juiUy GoRNEiLLE CHEZ PoDSSiN, ii-propos anec- 
dolique en un acte, en vers, suivi d'un Epilogue, de 
M. Ferdinand de Laboiilaye. Succes oblige. 

Le 7 juin, Nouvelles d'Espagne, comedie en un acte, 
en prose, de G. Vaez, pi^ce agreable et spiriluelle, reus- 

4. Gette pi^ce passa au repertoire du Th^^tre-Francais en 4 853. 



CHAPITRE XV. 269 

sit brillamment. (Delaunay, Jourdain ; M"^' Fernand, 
Talini). 

Le 8 juin, Spartacus, tragedie en cinq actes, en vers, 
de M. Hippolyte Magen aine (d'Agen) « Des les premiers 
« vers on crut avoir affaire k une tragedie pur sang, dans 
« le goiit de Pertinax ou d'Arbogaste; bient6t on vit arri- 
« ver ce melange de simplicity et de grandiose qui est le 
« caractere de la nouvelle ecole tragique et que Ton pour- 
« rait comparer au style gallo-roman, genre composite 
« qui a rinconv^nient de ne satisfaire ni les vieux ama- 
« teurs de la tragedie de TEmpire ni les admirateurs re- 
« froidis du drame moderneV » (Uallande, Clement-Just, 
Darcourt, Harville; M'"*"* Frantzia et Meignan). 

Le iO juin, deux premieres representations : Une 
AVENTUiiE DE Panurge, comedie en un acle, en vers, de 
Ch. Fiilieu (Dupeuty et Gabriel). Le public fit un excellent 
accueil k celte petite piece (Roger, Vannoy ; M"'' An- 
theaume), ainsi qu'a Une provingiale, comedie en trois 
actes, en prose, de M . Adolphe Gondinet, sous le pseudo- 
nyme de A. Bellamy. (Roger, Jourdain, Monjauze, Mussa; 
M™~ Delvil, Cores). 

1847-1818. 

La direction A. Vizentini ne date vraiment que de cette 
annee theAtrale, car les pieces joules precddemment ve- 
naient encore du fonds de Bocage. La nouvelle troupe, com- 
pos^e en grande partie de comediens de Tancienne admi- 

4 . Theophile Gautier, la Presse. 



«70 l*od6on. 

nistratioD, s'augmenta de quelques artistes de valeur, ve- 
naDt pour la plupart de province, et dont nous allons dire 
quelques mots : L'^toile, le premier sujet C^miniQ, fut 
Marie Laurent. La vaillante com^ienne, qui porte depuis 
trente ans sans faiblir, aux th^tres du boulevard, au 
Yaudeville, au Cb&telet, k TOdeon, le double heritage de 
M"* Dorval et deM"* Georges, 6t sensation des ses d6buts. 
La puissance et I'autorit^ de son talent furent tres remar- 
qu^. Pres d*elle od applaudit : Lauren tine \ )a fillede 
L^on de Br^court, rtJgisseur general sons Bocage, une 
comedienne aimable et utile dans les soubrettes et ies 
r61es de genre ; M^^ Maria Lopez, aujourd'hui M"** Charles 
Blanc; M"' Anlheaume; rexcellenle mere Grassau ; 
M"** Martelleur, charge des grandes coquettes ; M"''' Frant- 
zia, Berlhe; M^^ Saint-Hilaire, soubrette qui venait de la 
Com^ie-Frangaise, oil M""" Bonval allait prendre sa place ; 
M""' Dupont et sa fiile, M"^ Michallet, Rivals, Henry, 
Rayn^s, Alberic, Tatini, Bruneval, Blanche, Talieuter, 
Derouet, Marie Durey, Eug6nie, Clara, Bonnet. 

Le cdt^masciilin ^tait, h peu de chose pres, le mSme: 
Delaunay comptait les jours qui le s^paraient du Th64tre- 
Frangais et Gnissait son engagement de trois ann^es; 
Randoux, Ballande, Jourdain, Husson, Harville, Osmont, 
Manuel, Roger, Forestier, Bellanger^ Ernest, 6taient tou- 
jours de la maison. Louis Monrose, fort mal avec Bocage, 
y rentrait. D6rosselle ^tait de plus en plus appr^ci^; 
Lemaire, un bon acteur qui mourut chanteur h TOp^ra- 

4 . Plus tard M'^^' Victorien Sardou. 



CHAPITRE XV. 274 

Comique, se faisait remarquer par son nature), ainsi 
qirAnselme Bert, qui allai t se faire une situation auTh^Mre- 
Fran^ais dans les rdles k manteaux. 

Les nouvelles recrues 6taient : Henri Luguet, le frere 
de Marie Laurent, un beau grand premier rdle venant 
faire confirmer k Paris ses succes de province ^ L6on 
Beauvallet, un des fils du soci^taire de la Gom6di&-Fran- 
^ise, le collaborateur de Lambert Thiboust, son cama- 
rade au Conservatoire, com me iui tres m^iocre com^dien, 
mais ^crivain spirituel et Kcond. Qui encore ? Le jeune 
Lachevre, second comique, neveu de Bocage ; Baptiste, 
fils du grand com^dien Bapliste atn^ ; Bonnet ; Octave, 
le fils du pere Lahire de la Ghaumi^re, dont les ^Indian ts 
d'alors ont gard6 le gai souvenir, qui devait faire parler de 
Iui plus tard comme prestidigitateur sous le nom de Gle- 
vermann ; Desroches (Taunus) aujourd'hui ofiicier d'6qui- 
pement, et enfin le jeune Larochelle, laur^at du Conser- 
vatoire, le directeur actuel du theatre de la Gait^, com^ien 
souple et utile, comique d'avenir, un vrai homme de 
th^Stre, ardent, infatigable, que la perspective de doubler 
L. Monrose et d'arriver p^niblement a une situation me- 
diocre peut-6tre, engagea rapidement dans la voiedireclo- 
riale. Longtemps directeur-acteur des theAtres de banlieue, 
Larochelle fut assez heureux et assez habile pour r^ussir 



4. Aprds avoir 6t^ longtemps une des colonnes du th^lre de la 
Porte-Saint-Martin (direction Marc Fournier), cet excellent acteur par- 
tit pour Saint-Petersbourg comme r^gisseur g^n^ral. G*est aujourd'hui 
le directeur du The^tre-D^jazet. II cherche k y acclimater la saine 
com^die. 



272 L'ODfiON. 

daas cet aride el laborieux travail. On salt ce qu'il fit 
au theatre Gluny et a la Porte Saint-Martin ; aujourd'hui 
le petit comedien de 1847 est devenu,. de par son ^ner- 
gie et sa probity, Tun des hommes qui honorent le plus 
la profession. 

Ces cinquante-cinq artistes ^taient conduits par Jules 
Vizentini, frere du directeur, un enfant de la balle, bla- 
gueur, spirituel, qui, comme r^gisseur parlant au public, 
fit souvent preuve de sang-froid et d'esprit d'k propos. 

Le 30 septembrej rt^ouverture par Isabelle de Castille 
et le prologue oblig^ : Le pass^ bt l^avenir, un acte en 
prose et vers, de MM. Michel Carre et Charles Narrey. 
Promettre est le but de ce genre de pieces ; celle-ci reooplit 
son programme ni mieux ni plus mal que les precedentes. 
On remarqua et on applaudit une critique assez vive de 
la litterature marchande. Un personnage (iourdain) lan- 
Qail sur le second TheAtre-Frangais des proph^ties sinis- 
tres; un autre, repr^sent^ par Delaunay, lui r^pondait 
ainsi : 



N*dcoutez pas, messieurs, ce prophete menteur : 
G*est en vain qu'il nous raille et veut nous fairo pcur. 
L*Od6on, gr&ce au ciel, s'est arm6 de courage, 
Et, certain de votre appui, 
Pent braver Tindigne outrage 
De tous les m6con tents d6chain6s contre lui. 



Le drame en cinq actes, en vers, de Jules Baget : Isa- 
belle DE Castille, qui finissait la soiree, fut un insucces. 
L'auleur porta bravement le fer et feu dans ses tirades 
interminables, reduisit sa piece a quatre actes, et se fit 



GHAPITRE XY. 273 

mieux 6coiiter le second jour. (M"** Marie Laurent; 
MM. Randoux, Ballande, Darcourtet Bapliste). 

Le f •*■ octobre, Promettre et tenir, com^die en un 
acte, en prose, de M. Aug. Jouhaud. L'auteur a bien 
prouY^ que promettre et tenir sont choses difii^rentes : sa 
faible petite piece n'avait que le souffle, le public eut 
riodulgence de ne pas renverser cette fragilit^> 

Le 9 octobre, Un valet sans livr^e, commie en un 
acte, en prose, de MM. L^once et Mol^ri, r^ussit. 

Le 20 octobre J Regardez, mais ne todchez pas ! com6- 
die de cape et d'^p6e en trois journ^, en prose, de Th^o< 
phile Gautier et Bernard Lopez. Un certain don Gaspar 
sauve la reine d'Espagne emport^e par un cheval fou- 
gueux. Un drdle s'attribue cette aclion, sans savoir qu*une 
vieille loi du pays dit que tout homme qui touche k la 
reine sera pendu. De Ik, imbroglio et quiproquo. Succ^s 
(L. Monrose, Luguet; M"* Saint^Hilaire). 

Le 28 octobre^ L'homme propose et died dispose, 
com^die en trois actes, en prose, de M. Adolphe Gondinet 
(sous le pseudonyme d'A. Bellamy). litre bien solennel 
pour un sujet de yaudeville : c'est Thistoire d'un brave 
homme d'oncle qui voit tons ses projets troubles par un 
coquin de neveu. Du naturel, de la gaiety dans les de- 
tails, firent obtenir a cette piece un demi-succes. (Luguet, 
Lemaire, Desroches, Lachdvre; M"** Alberic, Grassau.) 

Le 6 novembre^ La gouronne de France, com^die en 
trois actes, en vers, de Louis Monrose et Hippolyte Lucas. 
Pike assez comique. Vers agr^blement toum^s pour la 
sc^ne. L'auteur, qui jouait dans sa comedie le rdle de 

II, • 48 



974 L'0D£0N. 

Gl^ment Marot, vint aDQoncer sa paternity au parterre en 
ces termes : « Messieurs, je suis le coupable, et pourqu*OQ 
ne dise pas : il fut maraud, soyez cUments I » (Luguet, Ro- 
ger; M*""* Laurentine, Martelleur). 

Le 47 novembrej Faute d'un pardon, drame en cinq 
actes. ea prose, de MM. Paul Foucher et Alex. Jarry. 
Get arlequin dramatique, fait de morceaux pris a Une 
chatne, de Scribe, et surtout trop iuspir^e, dit-on, de 
Femande, la d^licieuse nouvelle de Jules Sandeau arran- 
ge par UD auteur expert daus le m^iier, obtint uu suce^ 
de larmes. M*"* Laurent fut trte applaudie dans le rdle 
prlacipal. (Delaunay^ Luguet, Roger, Jourdain, Auselme; 
M- Talini). 

Le 28 novembre. En bonnis fortune, comedie en un 
acte, en prose, de Charles Narrey, petite pi^ce dans le 
genre de Marton et Fronting d' Indiana et Charlemagne et 
de toutes les sayn^tes ^ deux personnages, fut tres bien 
jou^ par L. Monrose el M"'' Laureotine, et partant bien 
accueillie. 

LeSO novembre, Les Geais, comMie en deux actes, en 
yers,de M. Jules Watrin. G'estla fable de La Fontaine, sur 
laquelle on a sem^ quelques scenes agr^bles et plusieurs 
centaines d'alexandrins plus on moins prosalques. Demi- 
succes. (Delaunay, Anselme, Micheau; M"** Saint-Hilaire, 
Talini). 

Le 10 dicembre, Lbs tribulations d'un grand homme^ 
comedie en Irois actes, en prose, de M . Frederic B^chard, 
tournait plaisamment en ridicule les vertueux Candida ts 
h la deputation qui n'ont de patriotisme et d'iudependance 



GHAPITRE XV. t75 

qu'en paroles. R^ussite. YizeDliDi fr^re annonQa Tauteur 
en ces termes : « Messieurs, M. Bechard me prie de vous 
remercier de Thonneur que vous avez bien voulu lui faire 
d'assisler a sou premier ouvrage. » (Lemaire^ Harville, 
Roger ; M"** Laurentine^ Michallet.) 

Le 16 dicembre, Les Atrides, trag^ie eu cinq actes, 
en vers, par Arlhur Ponroy. Chute terrible. Jamais le pu- 
blic de I'Odton ne s'est montr^ si feroce. Le qualri^me 
acte seul fut ^out^ un instant, gr&ce k une jolie sc^ne 
jou^ avec aulorit^ par Randoux el M""" Frantzia. « Les 
(( Grecs et les Troyens ne se disputerent pas avec plus 
« d'acharnement le cadavre d'Heclor, que le parterre, 
« divis^ en deux camps ennemis, les lambeaux de cette 
« trag^die : ils ^taient debout poussant des clameurs, 
« frappant du pied le parquet et les banquettes, soulevant 
« autour d'eux des nuages de poussiere ; leurs bras et 
<( leurs poings battaient Fair en guise d'^tendards et de 
(c drapeaux ; ils se mena(;aient du geste, ils s'attaquaient 
« de la voix, ils se d^voraient des yeux, et Taigre cri des 
« sifflets se mSlait, en jets discordanls, k Tardente sym- 
« phonie des bravos. 

« Le combat, de materiel qu'il 6lait, se convertit en 
tt lutte oratoire : un homme, un h^ros se dresse soudai- 
a nement sur les bancs de Torchestre ; il est du parti de 
« Ponroy : 11 tient pour les Atrides ; son geste commande 
« le silence ; sa voix s'^meut en vives apostrophes ; il 
« reproche & I'armee sifflante sa fureur aveugle et sa 
a f^rocit^ ; il Tattaque sur le point d'honneur ; il s'efTorce 
«c de lui faire honte de sa violence : jeunesse des 



876 L'ODEON. 

(I 6coles, s'6crie-t-il d'ua ton irrit6 et path^tique, 6 jeu- 

<( nesse! est-ce Ik ce qu'on devait altendre de vous? II 

a dit et se d^bat h^roiquement au milieu d*une immense 

K clameur ; on voit que c'est un D^moslh^ne convaincu, 

(( un d^fenseur tout pr6t a mourir pour sa cause ; il ris- 

(( querait sa vie pour Agamemnon ; 11 se ferait mettre en 

« pieces pour Egysthe ; il subirait le martyre, T^preuve 

(( du chevalet et de la poix bouillante, pour les vers et 

« les tragedies de M. Arthur Ponroy. Rare abnegation ! 

a d6vouement magnifique qu'on ne saurait trop c^lebrer 

« dans un temps comme le ndtre, oil les croyances sont 

(( changeantes et les cultes volages ! Dans le camp oppose 

<( on se tait d'abord : ^t forte virum quern conspexere si- 

u lent; puis, du milieu de ce silence d*4tonnement, une 

« voix sort, et un jeune orateur se leve pour r^pliquer 

« aux foudres de Torchestre ; mais quel orateur et quelle 

(( voix! une clarinette qui d^tonne, un matou qu'on 

(( Strangle, une lame de couleau qui crie sur le marbre, 

u un perroquet enrhum6, ont des notes plus moelleuses et 

a plus douces : a Sans prejuger le m^rite de la pi^e ! » 

<( s'^rie le jeune Gic^ron,... il disait, et tout k coup une 

« main ennemie, tombant sur son chapeau, lui donne ce 

«t qu'on appelle un renfoncement, et I'orateur disparatt 

« sous les banquettes, enseveli dans son premier triom- 

« phe*. » 

L'ann^e fmit par une soiree non moins mouvement^, 

le 30 dicembref avec deux premieres representations : 

1. Nestor Roqueplan, Feuilleton tb^tral du Conslilulionnel. 



CHAPITRE XV. 277 

Cegilb Lebrcn ou Ma fiUe est duchessSy com^die- 
drame en cinqactes, en prose, d'Ancelot. Le nom de eel 
academicien d*espritetde talent sufGsait alors pour exas- 
p^rer le jeune public de I'Od^on. Aussi sa piece ne fut- 
elle pas entendue. Au premier acte, un chant piainlif 
comme celui d'un accordion fit fr^mir la salle et troubia 
Texposition. Au second, les aboiements d'une meute effa- 
ouch^e retentirent sans rel&che. Au troisi^me acte, 
on fit un tel vacarme que Jules Yizentini parut en sc^ne, 
et, apr^s trois saluls dont la grdce et le pittoresque ne se 
sauraient d^crire, dit au parterre : Messieurs, imitez cet 
Alhenien qui disait : « Frappe! mais ^coute! » Cette 
p^roraison pleine d'a propos redoubla la gaiete gen^rale. 
Au quatrieme acle, descente du commissaire de police 
dans le parterre, allocution palernelle de ce magistrate k 
la suite de laquelle on expulsa quelques r^alcitrants. Le 
cinquieme acie, ^cout^ avec un silence glacial, fut trouble 
seulement vers la fin par un sextuor de ronflements iro- 
niques. A la chute du rideau, tous les venls sont dechatnes ; 
Yizentini reparatt pour declarer que M. Ancelot desire 
garder Tanonyme *. (Delaunay, Luguet ; M"*" Martelleur 
et Grassau.) 

On pouvait craindre que la soiree, commencee si 
bruyamm^nt, ne se continudt de m^me; il n*en Tut rien. 
Le dernier banquet de 1847, com^die-revue avec cou- 
plets, en deux acies et trois tableaux, en vers, de Camille 



4. On rejoua une seconde fois cette pidce le 5 Janvier; elle ne fut 
gadre plus entendue. 



278 L'ODfiON. 

Doucet, obtint un trfes-vif succ^s. line revue h TOd^n, 
et d'un auleur k qui Ton songeait d^jk peut-^lre k I'A- 
cademie ! 

Le bien et le mal se disputent TaDQ^e qui vient d'ex- 
pirer, afin de decider auquel de ces deux g^nies elle doit 
appartenir. Balsamo fait d^tiler, devant le compere 
Odeon XXII, tous les ev^Dements importanls de 18&7. 
Roger repr^sentaitBasalmo; Larochelle imitait, — mal,du 
reste, — Fr^d^rick-Lematlre dans le Chiffonnier de Paris; 
Delaunay jouail le rdle^d'un homme du peuple qui vante 
rOd^oD et les spectacles a boa march^. Eufin Luguet et 
M"'' AntODie, flonflonnaient comme de simples colonels 
du Gymnase. La piece finissait sur ce couplet au public 
chante par le fils du directeur, Albert Yizentini, « jeune 
prodige Sg^ de sept ans, » disaient les journaux de 
Ih^tre. L'excellent musicien, qui fut plus tard directeur 
du thedtre de la Gatt^, chantait avec un petit air decide 
qui fut trouv^ impayable : 

LB PETIT A 0TB OB : 

n L*auteur m*a dit en me serrant la main : 
« Ami, pour moi, va parler au parterre. 
(I Daignez ce soir m*applaudir, et domain 
i( Je vous prierai d'applaudir mon confrere, 
n Uann^ est morte, une autre vient. 

<i Elle devient 

« La seule reine. 

a L'espdce humaine 

tt Est faite ainsi. 
« Tous Eont ingrats, et nous aussi. » 



CHAPITRB Xr. 879 



18&8. 

La premiere nouveaut^ representee dans celte ann^e 
cei^bre fut, le 10 Janvier: Amour et bbrgerib, com^die 
en UQ acte, en vers, de Jules Barbier, petite pitee d'une 
simplicity tout h fait champ^tre, qui r^ussit. « Cette 
po^sie n'est point virile encore, mais elle a le charme 
naturel de I'adolescence; les hexara^tres de M. Barbier 
sont encore converts de poil follet; rasez-Ies souvent et 
de pr^; le duvet devenant barbe, on en fera des sapeurs, 
lis ont dej^ tous la taille, donze pieds ^ » (Delaunay, 
M"* Grassau.) 

Le i5 janvierj le Prot^g^ de MoliI^re, com^die en 
un acte, en vers, de MM. P.-J. Lesguillon et D^adde 
Saint- Yves. Le protege de Moli^re, c'est Racine, ^pris de 
la Bejart, qui le vient consulter sur ses tragedies. Rien 
h signaler dans cet h propos, hormis quelques vers k 
Tadresse du public de I'Odeon, que Lesguillon avait ajou- 
t^s afin de le gagner pour une grande pi^ce de lui, alors 
en repetition, et qui devait passer quelques jours apres. 
Delaunay fut charmant dans le rdle de Racine. (Laro- 
chelle, Anselme; M"*"' Martelleur et Saint- Hilaire.) 
Outre cet a propos, on lut une piice de vers de Jules 
Barbier, et Lemaire chanta une cantate. 

Le 8 fivrieVf Lesguillon donne sa comedie en cinq 
epoques, en prose, Le dernier Figaro, ou Cinq jou^mies 

4. A. Lireux, Feailleton du Messager des Thedtres, 



280 L'0D£0N. 

d'un Steele. Premiere ^poque : rancien regime ; deuxi^me 
epoque : la R^publique; troisi^me ^poque : TEmpire; 
quatrieme 6poque : la Restauration ; cioquieme dpoque : 
Aujourd*hui. « Figaro, dit Tauteur dans sa preface, « est 
« la persoDniGcation de la France luttant avec gaiel^, 
(I courage et esprit, contre les oppressions nobiliaires ou 
« politiques » • Soit ; quoique i*enlremetteur du comte 
Almaviva, le gai faquin que Beaumarchais a immortalis^> 
le valet peu scrupuieux que Ton connait, nous paraisse 
une singuli^re personnification de notre pays. Cette don- 
n^e Irop large et visant trop k la philosophic, n'^tait pas 
assez th^trale : chaque acte recommencait une nouvelle 
pi^. Le public, all^che par le litre et par les scrupules 
de dame Censure, qui retinl longtemps la piece dans ses 
cartons, vint en foule ; mais apr^s une heure de patience, 
il n*^uta plus, et pendant les longueurs passa son temps 
a chanter : la Carmagnole^ Guerre aux Tyrans et la 
Marseillaise. On finissait par une ronde dite par toute la 
troupe sur Fair des Girondins. En voici le couplet final : 

« Renversons les vieilles idoles, 
« Tous en fr^res serrons la main 
a Aux jeunes soldaU des ecoles, 
Q Avant-garde du genre humain. 

TOUS. 



« Mourir pour la patrie I 

Q C*est le sort le plus beau, etc. » 



L. Mpnrose jouait Figaro (Delaunay, H. Luguet, Jour- 

dain, L. Beauvallet; M"** Michallet, Talini, Laurentine). 

h^iSfivrier, on accueillil favorablement Un Hidalgo 



GHAPITRE XV. 284 

DU TBHPS DB DON Qgighottb, comMie en un acte, en 
vers, d'Emile Coquatrix, jou^ d6jk avec succ^ k Rouen 
sur le th^dtre des Arts. (Larochelle, Roger, L. Beauvallet, 
Anselme; M""^ Saint-Hilaire, Alberic, Blanche.) 

Le il fivrieTj Lb Collibr du Roi, com^die h^roique, 
en un acle, en vers, d'HippoIyte Lucas, r^uction d'un 
drame de don Francisco de Rojas : Garcia del Caslanar^ 
jou^ un an auparavant par la troupe espagnole a la salie 
Ventadour. Succ^s. (Larochelle, Randoux» Ballande, 
L. Beauvallet; M"** Frantzia, Saint-Hilaire.) 

Le 20 fivrier^ Lb di^shonnelr posthumb, com^die en 
un acte, en prose, d'Armand Durantin (Roger; M"* An- 
glic Gonzales). 

Rel&ches les !24, 25 et 26, k cause de la Revolution. 
Rien k signaler d'int^ressant k ce sujet k TOdton. Le di- 
manche 27 on joua, au benefice des blesses : Romio et 
Juliette^ En bonne fortune^ le Dibulant, avec Laferri^re, 
le Voyage a Dieppe et le Voyage interrompu^ treize actes, 
entremdl^s de chants patriotiques. Gette representation 
n'ayant pas produit ce qu'on esp^rait (on fit 628 fr. 25 de 
recette), on en organisa une autre qui eut lieu le 5 roars. 
Entre une cantate : le Triomphe du peuple, et des vers 
de Gordellier-Delanoue sur la Revolution, on donna 
THoTEL C^SAR, une com^die en un acte, en vers, de 
Lambert Thiboust, alors ei^ve du Gonservatoire. Gette 
pi^ aimable et gaie arrivait assez mal k propos au mi- 
lieu de cette atmosphere de combat. Elle fut cependant 
ecoutee et mSme applaudie. G'^tait la premiere oeuvre 
dramalique du charmant el spirituel vaudevilliste k qui 



S82 L'0D£0N. 

le th^&tre coatemporain doit tant de nombreux et gais 
succ^s. (DelauDay, L. Beauvallet, Anselme, Lach^vre; 
M"*Alberic.) 

Le 9 mars 9 Lk Fille d'Esghyle, ^tude antique en 
cinq actes, en vers, de Joseph Autran. Alexandre Dumas 
fits avait pr^senl^ cetle piece k son p^re, qui Tavait regue 
pour son Th^&tre Historique; des circonstances impr^- 
Tues en ayant emp^h^ la representation au boulevard 
du Temple, le bon Dumas p^re la porta lui-mdme a Vizen- 
tini, qui Taccueillit comme un sauveur el qui, esp^rant 
avec cette oeuvre conjurer la faillite qui le menagait, la 
monta imm^iatement avec un certain luxe. Ce fut une 

belle soiree. Les plus illustres ^crivains tinrent k honneur 

« 

d'assister k ce d^but int^ressant. 

Voici, dans toute sa simplicity et sa grandeur, le sujet 
du po^me dramatique d' Autran : Sophocle vient de rem- 
porter le prix au concours Iragique. Eschyle, vaincu pour 
la premiere fois, s'en va seul, d^sesp^r^, par les chemins ; 
de jeunes fous le raillent. Sophocle qui survient les 
chasse avec indignation; puis, s'inclinant respeclueuse- 
ment devant le grand po^te^ il lui avoue qu'il aime sa 
fille M^anire. Eschyle, qui soufTre de la voir Uprise de 
Sophocle, se condamne au bannissement pour ne pas 
assister a leur hymen. Moins heureux qu'CEdipe^ il va 
partir sans Antigone; k cette id6e le coeur de M^ganire 
se brise; ellejette un long adieu k celui qu'elleaime, el 
prend tout en larmes, appuy^ k I'^paule de son p^re, 
le chemin douloureux de Texil. Sophocle avait I'amour, 
il aura la gloire et rimmortalit^. 



CHAPITRK XV. «83 

tt Du premier coup, M. Autran a conquis Tescabeau 
« d^ivoire sous le portique de marhre blanc ou trdneut 
ii les demi-dieux de la pens^e; sa po^sie a le rythme, le 
« nombre et rharmonie, » dit Th^phile Gaulier, qu*OD 
ne saurait trop citer quand il s'agit de po^ie. line accla- 
mation immense, unanime, accueillit le nom de Tauteur. 
Demand^ par la salle enti^re, avec la plus vive insis- 
tance, Autran parut sur le Ih^tre, conduit par Vizentini 
et A. Dumas : en sortant de sc^ne il s'^vanouit. Les ac- 
teurs, Laferri^re ^ et Marie Laurent surtout, eurent bonne 
part dans ce beau succ^s. On applaudit aussi la musique 
d*Auguste Morel, tres harmonieuse et Ires bien appropri^e 
au sujet' (Randoux, Darcourt, Ballande; M°^~ Dupont 
et Antonie). 

Le succ^s de la fille d'Eschyle ne fit pas illusion 
longtemps au malheureux directeur de TOdton. La se- 
conde representation produisit 150 francs de recette, et 
la troisi^me 160. Yizentiui, qui n'avait pu payer les ap- 
pointements de f^^vrier, perdit la t^te et, d^sesp^rant de 



4. Ges qualre vers, adressds par Sophocle aux insultours d'Eschyle, 
firent un tel effet, que Laferriere dut leg r^p6ter : 

« Ya-t-en, l&che troupeau que la d^bauche ^nerve ! 

« Je ne reconnais plus le peuple de Minenre. 

■ Oui, partout oil le vice impudent s'^tala 

« Je me suis toujours dit : Le peuple n'est pas \k, » 

2. La Fille cTEschyle obtient, en juin 4850, avec la Gabrielle 
d'£mile Augier, le prix Moolyon de 10,000 fr. d^cern^ par TAcad^- 
mie fraoQaise « k la meilleare pidce de theatre repr^ntee depuis dix 
anl 7,000 fr. farent accorddsk Augier, 3,000 fr. k Autran. 



284 L'ODfiQN. 

faire face k ses engagements, partit \e id mars pour la 
Belgique^ 

DEBUTS. 

li mars i8&7, M. Boudeville et M"* Maria Lopez dans 
les Jeux de Vamour; 8 mars, M"* Fatton dans Andro- 
maque: 27 mars, M"^ Berthe, dans le Manteau; 3 mai, 
M"'* Marie Durey et Gagneur dans Andromaque ; 12 mai, 
M"* Frantz dans Dorine; 29 mai, M"* Dupuis, du Pa- 
lais-Royal, dans les Notables de Vendroit ; 7 novembre, 
M. J. Olivier et M"* Holbenn dans VEcole des Maris} 
21 octobre, M. Delacroix dans Clotilde; 27 octobre, 
M. Micheaii dans VEcole des femmes, 13 d^cembre, 
M"* Anionic, dans Andromaque. 

REPRISES, REPR]£SENTATIONS EXTRAORDINAIRBS. 

7 mars 1817, Hamlet; le 11, Crispin midecin; le 1ft, 
b6n6fice de M"* Dorval qui joue Marie-- Jeanne^ sa der- 

4 . Recettes faites sous la direction Vizentini : 

Octobre 3IJ,700 fr. 

Novembre S4,664 

D^mbre 45,577 

Janvier 310,846 

F^vrier 47,36« 

Mars . 3,381 

Or, rOdeon avail alors 85,600 fr. de frais mensaels. (Voir une lettre de 
Vizentini, Braxelies, 23 mars, et la r^ponse des d6Iegu6s : J. Olivier 
Ballande, Lemaire atn^, du S7 suivant.) 



« 



GHANTRE XY. S85 

ni^re creation au boulevard ; Laferriere paraissait dans le 
Dibutant (ce spectacle fut doQD6 plusieurs fois) ; le 27, 
b^Q^fice de Klein avec Bouff^ dans la Fille de rAvare ei 
Levassor dans des chansonnettes ; le 18 avril, b^n^fice; 
le 22, rentr6e de M^^'Maxime dans les Horaces ^ le 2&, 
benefice de M"* Berthault avec le concours de M"" D6- 
jazet, Suzanne Broban, Doche; le 25, b^n^fice de 
M°* Naptal-ArnauU : on joue la Cbserie des genets et 
Chatterton mourant^ monologue compost el jou6 par le 
mari de la b^n66ciaire ; le 26, reprise des Templiers de 
Raynouard; le 9mai, b^n^fice des indigents, avec Ch. Po- 
ller dans le Bourgmestre de Saardam; le 20 mai, be- 
nefice de M"* Fernand, oil nous Irouvons entre autres 
curiosit^s, M""® Doche chantant la Lisetle; le 23, reprise 
de Pierre de Portugal; le 17 octobre, la Partie de chasse 
de Henri IV; le 13 novembre, au benefice de la caisse 
des auteurs: rentr^e de Monrose dans le Mariage de 
Figaro; le 2 d^mbre, premiere k ce Ihedtre de YAmi 
Grandetj coro^die en Irois actes, en prose, d'Alexis Gom- 
berousse elAncelot (Vaudeville, 2/i. octobre 183/i); le 
19 d^mbre, on reprend M^^ de Belle^lsle k ce th^ire 
pour Marie Laurent; le 2/i., elle joue Gamille des Horaces^ 
puis successivement : PhHre^ Clotilde et Tancrede; le 
2 Janvier 18^8, le Malade imaginaire^ avec trois futurs 
directeurs : Larochelle, Roger et Albert Yizentini, ce der- 
nier jouant la petite Louison. 

Le 21 Janvier, premiere k ce Ih^tre du Biamais ^ , 

4. Repr6sent4 au Th^tre-Francais le 23 octobre 4844« 



286 L'0D£0N. 

com6die de FerdiDand Dugu^; reprise de la Main de sang; 
le 'ih 9 reprise d* Antony , avec Laferri^re et M*"^ Laurent ; 
18 Janvier, b^n^fice : Elle est folk, avec M. Yolnys et la 
Perruche, op^ra-comique j le 5 fevrier, b^n^fice d'Henry 
Vannoy : Antony et le Dibutant; ^ partir du i*' mars. On 
chante des chants patrioliques, le fa ira el la Marseil- 
laise^ tons les soirs. 

4. La Marseillaise, chants par toute la troupe, faisait recette. Od 
monte, k Toccasion de la revolution : Charles IX, la Mort de Cisar, 
Brutus et GuiUaume'TelL 



CHAPITRE XVI 



1848-1849. — Les com^diens en soci^t^. — Alex. Mauzin commissaire du 
gouvernement. — L$t Pdques V^onaises, — Werner. -— Macbeth, — La 
Beine (TEipagne. — Rachel ou la belle juive. — Fin de la petite r^pu- 
biiqne od^onienne. 



Le 15 mars 9 en apprenant la fuite d'Augustio Yizen- 
tmi, les com^iens tinrent conseil et r^solurent de conti- 
nuer les repr^otations en society, au prorata des appoin- 
tements. cc L'Od6on ferm6» dirent-ils dans une lettre 
adress^e aux joumaux, e(kt ressembl6 k une vic- 
tt time de notre belle R^publique, que nous voulons 
« servir par tous les moyens en notre pouvoir. » Gonti- 
nuer, c'^tait plus facile k dire qu'k faire : les frais, on Ta 
YU, montaient alors k 800 francs par jour ; avec la so- 
ci6t6 au prorata on n'ayait pas k payer d*appointements 
aux artistes, c'est yrai ; mais, outre qu*il fallait Tiyre, il 
fallait encore d^bourser 250 francs chaque soir pour le 
gaz, les afficbeSy etc. ; ou les prendrait-on ? Dans la plu- 
part des th^tres de Paris, les receltes ^taient descendues 



288 L'0D£0N. 

au-dessous de 100 francs ; TOd^on, pauvre exil^, sans 
argent en reserve, sans pieces nouvelles k T^tude, ferait- 
il done mieux que les autres ? ce n'^tait gu^re probable. 
« Essayons! » dirent intr^pidement les com^diens; ils 
nomm^rent un conseil d'administration pr^sidti par 
Lemaire, avec Olivier et Ballande comme vice-pr^idents, 
Husson et Osmont, secretaires ; chacun se cotisant, on 
r^unit tant bien que mai les premiers Trais ; le ministre 
de rinterieur promit la subvention, et TOdeon resta ou- 
vert. 

Jusqu*k la fin du mois, la troupe reste enti^re. Les Vic- 
times cMtries reparaissent sur I'affiche, ainsi que le Duel 
sous Richelieuy il/"' de Belle-lslej Les Mimoires du diable^ 
enSn ce qu*on peut donner de mieux pour attirer le pu- 
blic, et la moyenne n'atteint mSme pas iliO francs. L'es- 
sai parut sufBsant k W^ Laurent, qui partit en Belgique 
relrouyer Texcellent baryton Quilv^r^, son mari, k H. Lu- 
guet, qui signa avec le Vaudeville, k M"*' Martelleur, Henri, 
Lopez et Grassau. L'^bauchedegouvernementprovisoire 
k peine comnaencee se disloquait ainsi de lous cdt^ : Delau- 
nay entrait k la Commie- Fran^aise, oii il d^buta dans La 
rue Quincampoioo de M. Ancelot, apr^ avoir paru dans 
La Grange du Roi attend et jou6 le Menteur; Laferrik^ 
n'avait pas voulu du prorata. Le moment ^tait critique; 
le d^sir de conserver la subvention, appoint important 
dans ces temps malheureux, arrangea tout. 

R^uite d'un tiers, la troupe s*organise k nouveau ; 
une society compost de -douze parts de hQO francs, divi- 
s^ elles-m^mes en 3//i et 1/2 parts, fut institu^ pour 



CHAPITRE XVI. 289 

une ann^e sur le modele de la Com^die-Francaise S avec 
approbation du ministre et promesse de 60,000 francs de 
subvention. 

Jusqu'au mois de septembre, on voit d^6Ier tour a 
lour sur la belle scene de la rive gauche, dans des repre- 
sentations extraordinaires, les chanteurs de TOp^ra, de 
rOp^ra-Coinique, les acleurs de I'Ambigu, du th^fttre 
Beaumarchais, des Folies-Nouvelles, et les musiciens hon- 
grois, « habitues aux voyages, » sans augmenter les re- 
cettes, h^las ! Les plus clairs profits sont encore les relfiches, 
k cause de la subvention ; aussi en fait-on le plus qu*on 
pent. De temps en temps, la premiere representation d*un 



4. Voici la liste des soci^taires, avec leurpart dans Pexploilatlon : 

4 soci^taires k part enti^re : L. Monrose, Ballande, Randoux, 

Jourdain 4 ,600 » 

2 — k 300.fr. par mois : Darcourt, L6on 600 » 

2 — Ji 250 fr. : M«»" Frantzia et Michallet 500 » 

5 — k demi-part : Baptiste, Lemaire, Lachevre, 

Roger; M"** Aotheaume 4 ,000 » 

7 — k 450 fr. : Anselme, L. Beauvallet, Harville, 

Olivier; M™" Dupont m^re, Laurenline, 

Derouet 4,050 » 

2 — k 425 fr. : Larochelle, Osmont 250 » 

5 — a 400 fr. : M"»«' Alberic, Dupont fille, Antonie, 

Durey, Letourneur 500 » 

5,500 » 

Les pensionnaires : Barbier, Husson, Forestier, M*« Talini, 
louchaient 75 fr. par mois. Bellanger, Berlin, Desroches, 
touchaient 50 fr. A ajouter : 6 choristes, I'orchestre , les 
employes, le controle, soil 3,869 66 

Total : frais du mois 9,369 66 

II. ^9 



290 L'ODfeON. 

petit acte insignifiant indique que TOdeon a toute extr^- 
mite se cramponne encore h la vie. 

En trois mois et demi, dii 15 mars au l'"* juillet, les vingt- 
six societaires se partagent au prorata pres de 4,000 francs : 
c'est la mis^re et la faim, comme on voit ; une manne 
inesp^r^e va permettre heureusement de sortir de cet 
etat pitoyable. Apres les terribles journ^es de juin, les 
recettes descend! rent encore dans tons les th6&tres ; la 
faillite,que quelques directeurs avaient conjur^e, semon- 
trait menagante ; TAssembl^e nationale eut souci de cet 
etat. M. Senard, ministre de Tint^rieur, demanda a la 
Ghambre des deputes une indemnity de 680,000 francs 
pour venir en aide aux directeurs et artistes parisiens ; 
cette intelligente et g^n^reuse proposition, appuy^e avec la 
plus grande chaleur par Victor Hugo ^ et Fdlix Pyat, fut 
vot^e k une grande majority ; sur cette indemnity, les come- 
diens de TOd^on toucherent 45,000 francs ! la joie fut 
grande dans la petite r^publique de la rive gauche. Le 
l*^"" septembre, les appointements etaient pay^s, et Ton 
etait tout k fail a u pair. 

C'etait bien d*avoir pu franchir heureusement ces 
temps difficiles, mais la saison th^trale commengait ; il 
fallait mieux. Des spectacles us^s, des representations h 

4 . « Les th^tres de Paris », dil le grand poMe dont on est si!kr de 
trouver le nom dans toutes les g^n^reuses initiatives, a sont pour les 
« Parisiens, ce peuple toinemment sensible et intelligent, un calmant 
a efficace et souverain. Pour ce peuple, qui a tant d'analogie avec le 
ff peuple ath^nien, les joies de rintelligence sont un besoin, et un besoin 
« tenement pressani, qu'on peut dire qu*un attroupement r^sisterait 
c difficilement k un spectacle gratis. » 



CHAPITRE XVI. 291 

b^D^fice, de temps en temps un petit acte sans int^r^t ne 
justiSaieDt pas suSisamment les 60,000 fraDCS de subven- 
tion ; il fallait absolument donner du nouveau, et pour d^ 
-cider les auteurs k francbir les ponts, une direction uni- 
que, une administration responsable ^taient de premiere 
n^essit^; le ministre le comprit : Alexandre Mauzin % 
•commissaire du gouvernement depuis le mois de mai 18&8, 
fut mis a la t^le des com^iens associ^s. 

Entr^ en fonctions en juillet, le nouyel administrateur 
^ntreprit avec le z^le le plus louable la galvanisation de 
rOdeon ; il alia frapper auKportes des plus illustres auteurs 
•dramatiques contemporains et leur ofTrit jusqu'k 6,000 fr. 
de prime et un b^n6fice sur toute recette d^passant 
1 ,000 francs ; peine perdue. Victor Hugo r^pondit qu'il 
<^tait trop absorbs par la politique; Alex. Dumas, k qui il 
demandait un Faiist d*apres Goethe, proposa de le faire 
faire par son fils ; Balzac, pressS d'argent, accepta et com- 
menga un Richard Sauvage qui ne se composa jamais que 
d*un monologue; E. Deschamps seul tira de ses cartons 
sa traduction de Macbeth, qui sommeillait Ik depuis pres 
de vingt ans. Gette oeuvre intSressante, montSe immS- 

4 . Get excellent acteur, qui eut Thonneur de cr6er avec uo grand 
succ^ le don Salluste de Ruy-Blas, au th^dtre de la Renaissance, avait 
d^but^ k la Com^die-Frangaise, en 4830, dans les premiers rdles. Au 
th^&tre de Rouen, k la Porte-Saint-Martin, k TAmbigu, oii il passa 
tour k tour, il fit remarquer ses hautes qualit6s dramatiques. De 4837 
k 4838, il rentre k la Gom^die-Frangaise; nous le retrouvons k TOd^on 
de 1841S k 4847. Apr^s avoir ^t^ commissaire du gouvernement, avec 
5,000 fr. de traitement, de mai 4848 jusqu'en 4853, il fut remplac^ k 
cette ^poque. Aujourd'hui, le vieuz comedien est employ^ sup6rieur k 
la prefecture de la Seine. 



t9f, L'ODfiON. 

dialemeDt et avec un certain ^clat, fit des recettes tres 
honorables pendant deux mois ; ce fut la seule piece sail- 
lante de I'ann^e th^trale 18/i8-i8&9. 

Les ^tranges animaux k conduire que les com^diens ! 
disait Moli^re, qui devait bien les connaitre ; malbeureux 
on se soulenaity heureux Ton se disputait tous les jours ; 
le ministre etait assailli de reclamations et de plaintes. 
Quand le privilege d*une ann^e conc^e a la soci^t^ fut 
expire ou sur le point de T^tre, comme les grenouilles de 
la fable, les com^diens de TOd^on demanderent un roi ; les 
uns etaient pour Ballande, les autres pour L6on, d'autres 
pour le pere de Rachel qui se pr^sentait aussi ; deux ou 
trois, mieux avis^Sy demandaient de continuer en society ; 
Socage profita de cette discorde pour poser de nouveau 
sa candidature. Enlre Ballande ^ et lui le ministre n*he- 
sita pas. Le 1" avril 1849, la society du second Tb^Atre- 
FranQais avait v^cu. 

Signalons k Tavoir de cette petite r^publique drama- 
tique que, sous elle, dans des temps sans precedents 
comme misefe, TOdeon resta ouvert toute Tannee. Ainsi 
en i8i!i8 seulement, on n*eut point cette triste fermeture 
annuelle qui detruit tous les ans la troupe et le repertoire, 
et qui fait ressembler TOdeon, avec ses galeries desertes, k 
quelque clottre abandonne. Cette innovation et la pi^ 
d'Emile Descbamps, voila ce qu*il convient d'applaudir 
sans reserve dans cette periode interimaire. 

1 . fin mars, Ballande soliicita la direction k ses risques et perils, 
avec un apport de 25,000 fr. (Voir son Memoire, 4 p. in-4».) — Un 
arr^t^ minist^riel du 4" avril 4849 nomma Socage directeur. 



GHAPITRE XVI. 293 

Yoici quelles furent les pieces nouvelles donn^ alors : 

Le 2 avrity Le Tyran d'Yvetot, com^die en uq acte, 
en vers, de M. Lelion-Oamiens, quoique extrSmement 
faible, r^ussit. (Larochelle, Osmont, Husson; M^^ An- 
theautne, Talini.) 

Le 10 avril, L'l^LU du clocher ou les Elections 
en i846, spirituelle com^die en un acte, en vers, 
de A. Durantin, qu*on accueillit sous la R^publique aussi 
indulgeminent qu*on eClt fait sous la monarchie (Larochelle, 
Jourdain, Husson; M"*®* Lopez, Durey). Le mSme soir, 
signalons un dialogue satirique h deux personnages: La 
M^TROPHOBiB, de M. J.-M. Cournier. Gette po^ie, dialogue 
dans le genre du Dupont et Durand de Musset, ^tait dite 
par L. Beauvallet et Jourdain. 

19 avril^ Le Gentilhohhe de 18/i7, com^die en 
deux actes, en vers, de M. Alfred Jarry, obtient un franc 
succes. II s*agit du fils d'un bonnetier qui se donne des 
a'ieux, qui tranche du grand seigneur, en faisant la cour 
k la femme d*un ami, et qu*un certain commandant, 
fr^re de la dame, d^masque au denouement. (Roger, Oli- 
vier; M"* Letourneur.) 

Le 7 mai^ Le Billet blang, com^die en un acte, en 
vers, de M. Bauduin de Wiers. Cette petite pi^ce, qui 
n'a pas et^ imprim^e, fut donn^e si myst^rieusement, qu*il 
nous a 6t6 impossible d*en d^uvrir le plus petit compte 
rendu. Nous savons seulement qu'elle 6tait interpr^tee par 
Larochelle, Harville, Montet, L. Beauvallet; M°*** An- 
theaume, Talini et Blanche. 

Le iS mai^ Les Paques v^ronaises, drame en quatre 



294 L'ODfiON. 

actes, en vers, de MM. L. Judicis et Alphonse Arnault 
Les quelques speclateurs qui assist^rent k la representa- 
tion de cette pifece dirent que le talent n'y manquait pas* 
Apres trois soirees sans recettes, les auteurs la retirfe- 
rent pour la porter au th64tre de TAmbigu ^ (Roger, 
Darcourt, Harville, Lachfevre, Baptiste, Osmont, Bar- 
bier; M"* Antonie.) 

Le J?5, Lambert Thlboust donne un nouveau petit 
acte, en prose cette fois : Une heure en Bretagne. Ce 
n'est qu'une nouvelle Edition du Mari et Vamant de Vial : 
il s*agit d'un mari mauvais sujet, qui se charge de diriger 
an petit amoureux dans une intrigue et qui en est puni ; 
peu de chose, comme on voit ; mais le dialogue plein d*es- 
prit et de gaiety obtint un succ^s complet et m^rit^. (Jour- 
dain, Lachevre; M"* Laurentine.) 

Le 26 max, Les Moeurs de 1817 ou les Renards et 
les moutonSj com^die en un acte, en prose, de M. Mar^- 
challe. Prdtexte k satire contre la bourse, le jeu, les 
lorettes, les gentilshommes, etc. Demi-succ^; un pro- 
logue recite par Olivier expliquait en vers que cette 
oeuvre ^tait rest^e trois mois dans les cartons. (Roger, 
Larochelle, Olivier; M"®* Talini, Letoumeur.) 

Le SOjuillety dans une representation au profit des 
blesses, on joue Werner, drame en trois actes, en vers, 
imite de Lord Byron par Ch. Lafont. Plusieur;s ^crivains 
dramatiques ont puis^ k cette source, Gasimir Delavigne, 
entre autres, — pour Marino Faliero. Le sujet de cette 

4.L6 4ayril4851 



CHAPITRE XVI. 295 

piece, analogue a celui de VEspion de Cooper^ etait tr^s- 
bien traits ; succes. (Ballande, GlemeDt-Just, Jourdain; 

M"^Frantzia.) 

Le 25 juilletf Les Femmes fortes, com^die en un 
acle, en vers, de Jules Barbier, reussit. ( Anselme, Roger, 
Harville; M"" Frantzia, Grassau, Avenel, Talini, Dupont.) 

Le 8 aoUt, Van-Dyck a Londres, com^die en trois 
actes, en prose, de MM. Michel Carre et Charles Narrey, 
Tut bien accueillie. (Clement-Just, Baptisle, Roger, Darras; 
M"®' Lauren tine, Ariel.) 

Le d9 aoUt, Le Doute et la Croyance, drame en 
un acte, en vers, de J.-M, Cournier; succes (Ballande, 
Olivier; W^ Frantzia, Berlin); repris en 1850 k la 
Porte Saint-Martin. 

Le 30 seplembre, Le 2& fbvrier, drame en un acte, 
en prose, traduit de I'allemand de Werner par M. Paul 
LacroiK (bibliophile Jacob). L'orchestre joue la Derniere 
pensie de Weber et la toile se leve sur celte piece lu- 
gubre, qui n'avait d*aulre tort que d'avoir ^t^ adapt^e 
dejk k diverses epoques a la scene Trangaise^ Les elu- 
diants, croyant d*apr^s le titre a une piece d'actualite, 
siffl^rent, dit-on. M. Paul Lacroix n'avait decidement pas 
de chance avec TOd^on : en 1825, sdMar^chale d'Ancre 
etait restee dans les cartons; en 18/18, on accueillait ri* 
goureusement une oeuvre qui merilait mieux. 

Le i«' octobrey Les deux chemins, com^die en un 



1. CitODs, en dernier lieu, la traduction excelleute de Camille Ber- 
nay, jouee au theatre de la Renaisrance. 



t96 L'ODfiON. 

acte, en vers, de MM. A. Groult et Leon de Rabastens. 
. Encore un pelit acte insignifiant, encore un petit succes 
sans consi^quence. 

Le 23 octobre, MACBBTn, drame en cinq actes, en vers, 
d*EoQiile Deschamps, musiquede M. Beke. a Comment le 
« charmant poete de toutes les 61^gances a-t-il ose 
(( aborder un poete aussi sauvage et aussi kpre que 
(( Shakespeare? Comment cette main delicate, faite pour 
(( jouer dans les cheveux d*une femme, s'est-elle hasardee 
u dans la rude criniere du lion? M. Emile Deschamps a 
<( apprivois6 Shakespeare, » dit Auguste Vdcquerie dans 
son feuilleton theft tral de VEvinement. Ce Macbeth, infe- 
rieur a celui donn^ plus tard sous la premiere direction de 
La Rounat, prend cependant un rang des plus honorables 
dans la s6rie des traductions du chef-d'oeuvre anglais* 
V. Hugo, Dumas, Musset, Theophile Gautier assisterent 
et applaudirent comme de simples Romains k cette pre- 
miere de leur vieux camarade de jeunesse romantique. 
Grand succes. (Ballande, Baptiste, Robert Drouville, 
Darcourt, Roger, Harville, Husson, V. Henry, Laro- 
chelle, Gaude, Darras ; W^ Frantzia, Solie, Lelourneur, 
Henriette.) 

Le 4 decembre^ 1*" (a ce theatre) de L\ Beine d'Es- 
PAGNE, com^die-drame en cinq actes, en vers, d'Henri de 
Latouche. Celte piece, qui fit tant de bruit a la Comedie- 
Frangaise et dans Ja presse en 1831, en fit bien peu k 
cette reprise. N'ayant paru sur la scene qu*un soir et 
n'ayant 6t& entendue qu'k moiti^, Tauteur en appelait 
ainsi, dix-sept ans aprfes, du jugement severe du premier 



CHAPITRK XVI. 297 

jour. Od ecoula avec plaisir et sans colore cette histoire ' 
un peu incoDvenante. (II s'agit de donner un amant a la 
reine d'Espagne dans Tint^rSt de la dynastie, vu Timpuis- 
saoce du roi Charles II.) II faut lire la pi^ce, ainsi que 
la preface qui est vraiiuent curieuse. L. Monrose jouait 
le rdle cree par son p^re. (Robert Drouviile ; M°^*" Gras- 
sau, Roger-Solie et Avenel.) 

Le 42 ddcembre^ Le Roud innocent, com^die en un 
acte, en vers, par Alfred Delvau ; bluette sans impor- 
tance, dont quelques vers heureux furent applaudis. 
(Moreau-Sainti, Jahyer, Harville ; M"** Vallee, Lauren- 
tine.) 

Le d6y Les Convenances d' argent, commie en trois 
actes, en vers, de Violet d'Epagny, n'a pas r^lis6 les 
esp^rances que les comediens fondaient sur elle. « Pour- 
(( quoi un auteur estimable en son temps eprouve-t-il 
(( le besoin de quitter sa tombe et de venir tratner son 
« linceul dans un monde qui ne le connatt plus? Espere- 
<( . t-il nous faire croire ainsi qu'il est encore en vie? Ah ! 
« bath! nous Tavons vu enterrer il y a longlemps et 
(( nous ne croyons pas aux revenants S » Demi succes. 
(Micheau, Anselme, R. Drouviile, Roger, Larochelle, 
Jahyer; M"^*" Letourneur, Valine, Avenel.) 

Le 23 dicemhre. Comment les femmes se vengent, 
ou Une lecon de seduction, commie en deux actes, en 
vers, de Galoppe d'Onquaire. Marivaudage beaucoup 
trop prolong^, qui plut cependant et que Ton applaudit 

4. Augusle Vacquerie, feuilleton ih^^tral de Viv^nement. 



298 L'ODfiON. 

bruyamment. (Roger, Olivier; M"®" Soli6, Grassau, Le- 
lourneur,) 

1849- 

Le i7 Janvier, Jacques Mabtin, drame en cinq 
actes, en prose, de Gaston de Montheau. Insucces. 
(Roger, Jourdain, Olivier, V. Henry, Gaude, Martial, 
Moreau-Sainti; M"**" Moreau-Sainti, Soli^.) 

Le ii fivrierj lb Heros imaginaire, ou V Amour par 
la fenfire, com^die en un acte, en vers, de MM. Leon 
de Rabastens et Marc Constantin. Quelques protestations. 
Celte pelite piece s'^tait tromp^ de porte; elle 6tait 
digne, dilK)n, tout an plus des D^Iassements-Gomiques. 
(Anselme; M"*"* Grassau, Valine.) 

Le i7 fdvrierj Rachel ou la Belle Juive, drame his- 
torique en trois actes, en vers, d'Hippolyte Lucas. Ce 
n'est pas, h proprement parler, une piece; c'est une 1^- 
gende du Romancero espagnol, mais bien versiG^, pleine 
de charme et d*int^r6t.'Malgr6 la pauvrete des costumes 
et de la rai^e en sc^ne, ce fut un beau succes. (Gaude, 
Osmont, Harville, Darcourt, Darras, Barbier, Micheau, 
V. Henri; M"** Soli6.) 

Le 3 mars, la Mort de Strafford, drame en cinq 
actes, en vers, d'Armand Durantin (de Villevert). De 
gros d^fauts, rachet^s par du mouvement dramatique. 
Succes, surtout au denouement. (Ballande, Darcourt, 
Drouville, Harville, Roger; M"*" Baptiste, Antonie, 
Talini.) 



GHAPITRE XVI. 299 

Le 7 mars, les Vivedrs de la maison d'or, commie 
en deux actes, en prose, de L. Monrose et A. Durantin. 
Pi^ de I'ancienne com^die plus que de la nouvelle; de 
TAndrieux, du Collin d*HarIeville ; mais de la gaiety, du 
mouvement. Succfes. (Monrose, Moreau-Sainti, V. Henry, 
Marlel, Montet, DegruUy, Anselme; M"* Grassau, 
Vall^, Letourneur, Talioi.) 



DEBUTS. 

Mai 1848 : M. Ludovic, dans VEcole des femmes; 
M. Coderat, dans i¥"* de Belle-Isle. 

Juin : M"* Avenel, dans les Folies amoureuses, 

Juillet : M. Pr^val, M. Prot, dans V£cole des maris; 
M"* Lerou, dans M^"" de Belle-Isle; M"* de Bussy,dans les 
Horaces. 

AoAt : M. Prioleau et M^^' Varenne, dans le D^pit 
ammreux; M"*' Rabut (M"^ Fechter), dans Elmire de 
Tar/ii/fe; Robert Drouville, dans la Metromanie; M. Gaud^ 
(Charly), dans le Cid; M. Jahyer, M"^ Prosper, M"^ C6- 
linie Vall^, dans le Barbier de Seville; M. Charles De- 
gruUy, dans la Famille Renneville; M. Victor Henry, 
dans Amolphe; M"* Holbein, dans Tarluffe. 

Septembre :M. Moreau-Sainti Gls, dans les Rivaux 
d'euaym^mes; M. Berou, dans VEcole des femmes. 

D^cembre : M"' Baptiste, dans Eugenie; M"*' La- 
coste. 

Janvier 1849 : M. Monlaur, dans Othello. 

Mars : M°' Sarah Felix, dans le Misanthrope , puis 



300 L'ODfiON. 

dans M"* de Belle-Isle; M. Guichard, dans Gaultier d'Aul- 
nay de la Tour de Nesle. 

REPRISES, REPRESENTATIONS EXTR AORDINAIRES. 

Mars 1848 : les Victimes cloUrees, I' Ami Grandel, les 
Memoires du diable, un Duel sous Richelieu^ M^^ de Belle- 
fsle; dans une representation a benefice, M. Marc Lepre- 
vost Tait une improvisation sous ce titre : Dieu et la 
France. 

Recettes du 15 au 31 : 4,269 &• 13 c. ; depenses : 
4,023 fr. 98 c. Les com^iens touchent 252 fr. 65 c. 

Avril : Les chanleurs hongrois se font entendre plu- 
sieurs fois; Joseph Kelm et Herv6 jouent quinze fois, avec 
le repertoire courant, Don Quichotle^ op6rette k deux 
personnages; cr66e aux Folies-Nouvelles. Dans un bene- 
fice, L. Beauvallet dit un r^cit poetique de lui : A la 
France^ et Marc Leprevost improvise une com^die : I^es 
Rots en ripublique. On reprend le Dernier Figaro, de 
Lesguillon, augments des coupures faites autrefois par la 
censure et d'un nouveau tableau republicain. Les come- 
diens du theatre Beaumarchais represenlent : Marcel, 
drame, dans une des nombreuses representations extraor- 
dinaires; Antony est donne aussi plusieurs fois pour les 
demi^res representations de Laferriere et de Marie Lau- 
rent; le 7 avril, au profit des comediens de TOdeon, le 
Thedtre-Frangais joue VaUrie et un acte de Virginie^ 
avec Rachel; la grande tragedienne declame en outre 
la Marseillaise dans cette soiree ; reprises des Templiers^ 



CHAPITRE XVI. 304 

d'Une File de Niron, de Lucius Junius Brutus, d'An- 
drieux; les artistes de TOp^ra-National, en societe comme 
leurs camarades de la rive gauche, donnent deux fois 
GastihelzajQ^Tdi de Maillart, accompagn^ d'uu ballet el 
de cantates. 

Recetles du mois : 13,208 fr. 6i c; depenses : 
11,372 fr. 47 c. Les comMens se partagent 1,836 fr. 
14 c. 

Mai : Le 9, Les Barricades^ Aline eX uq ballet par les 
acteurs des Folies-Nouvelles. Le 11 , le Mattre de cha- 
pelley par rOp^ra-Comique. Le 27, la Comedie-FrauQaise 
joue le Mart a la campagne et la Porte ouverte ou fer- 
mee, d' Alfred de Musset. B^n^fice de Baptiste, bless6 par 
le timon d*uQ omnibus. 

Recettes : 11,064 fr. 38 c.; depenses : 12,607 fr. 
92 c; deflcit : 1,543 fr. 54 c. 

Juin, le 18 : Henri lllet sa cour (fiallande, Darcourt, 
]y|mes Frantzia, Derouet) . L'Od^on ferme pendant les jour- 
n6es de combat, du 23 au 28, et rouvre par des repre- 
sentations au profit des blesses. Randoux quilte la soci^t^ ; 
il est remplac^ par C16ment-Just. II est question de ne 
plus jouer que trois fois par semaine. 

Recettes : 10,918 fr. 48 c; depenses : 9,763 ; b^n6- 
fice -.•1,155 fr. 18 c. 

Juillet : Rentr^e de M"** Moreau-Sainli dans les 
Fausses confidences. 

Recettes : 9,694 fr. 72 ; depenses : 10,453 fr. 78 ; 
deBcit : 759 fr. 06. 

AoAt : On touche 18,000 francs sur les 45,000 francs 



302 L'ODfiON. 

de secours vot^s par TAssembl^e nationale. Reprises de 
r/ng6nue A la cour^ la Mere coupable, la Premiere affaire, 
le Portrait de Michel Cervantes^ Jarvis Vhonn^te homme. 
Rentr^e de Micheau dans Georges Dandin. 

Receltes : 14,174 fr. 38, qui, joints aux J 8,000 francs, 
donnent 32,174 fr. 38, sur lesquels on paye les appoin- 
temenls arri^r^s. 

Septembre : Reprises : Les deux Anglais^ le Philinte 
de Molihrc. Rentr6e de M"' Antonie. 

Receltes : 12,819 fr. 73, plus 18,000 francs (seconde 
partie de rindemnit^), soit 30,819 fr. 73, sur lesquels on 
paye les d^penses de Macbeth. 

Octobre : premieres representations ^ ce th^tre de 
I'H&ritidre^ com^die d'Empis et de la Fille capitaine de 
Montfleury, arrang6e parM. Ch. Narrey en trois actes, 
en vers. Recettes : 27,810 fr. 80 cent, plus 9,000 restant 
des 45,000 d'indemnit^, soit : 36,810 fr. 80 cent, sur 
lesquels on paye 23,256 fr. 72. Les com^diens se parta- 
gent 13,554 fr. 08. 

Novembre. Les recettes montent encore ; on fait dans 
le mois 30,453 fr. 33 c, sur lesquels on paye 24,617 fr. 33 
soit : 5,836 fr. de benefice. 

Decembre : Reprise d'Eugdnie de Beaumarchais. Re- 
cettes : 26,393 fr. 21 c. ; les frais d^passent cette somme de 
6,696 fr. Le 1*' Janvier, il restait en caisse, tons frais 
pay^s, 12,700 francs. 

Janvier 1849 : B6n66ce d'Hippolyte du Vaudeville, 
avec Duprez dans un acte de la Favorite^ Numa et Le- 
vassor dans deux pieces. Rentr^e de M"' Georges dans 



GHAPITRE XVI. 303 

Vne file de Niron et la Tour de Nesle. Reprises : Othello^ 
Defiance et malice, Hamlet, M. de Crac. 

Recetles : 17,000 francs, avec lesquels il faut en ver- 
ier 25,000 ; soit 8,000 francs k diminuer des b^n^fices* 

F^vrier et Mars. B^n^Qce de M"' Lacaille avec TO- 
pera dans Charles VI, Nuuia dans Estelle, Ravel et Alcide 
Tousez dans la Chambre a deux Ills. B^n^fice d*un artiste 
avec M"* Georges dans deux pifeces. B^n^Bce de L. Mon- 
rose avec Provost, Samson , R^nier et Augustine Brohan 
dans la Famille Poisson, Maria di Rohan par M. et 
M"* Ronconi, une pi^ du Gymnase et un vaudeville du 
Palais-Royal. Dans un autre benefice, BoulK joue la Fille 
de Vavare, et Levassor le Gendre aux ipinards. Reprises 
de Champmesld et des Pharaons avec M"* Georges; pr^ 
mi^re h ce thedtre des Mauvais sujets en manage; reprise 
de M. Beaufils. 

Dans ces deux derniers mois, les recettes absorbent 
ce qui restait des b^n^fices. 

Le !•' avril, on est au pair. 



CHAPITRE XVII 



I 



1849-1850. — Seconde direction de Bocage. — Trop de fanUisie et de po'i- 
tique k I'Od^on. — Revocation du directeur du second Th^fttre-Fran^ais. 
— Un mot Bur la troupe. — Le Bourgeois des mitiers. — La Jeunesse du 
Cid, — Francois le Champi, — Une Nuit blanche. — Le Chariot 
d'enfant. 



Bocage venait de cr^er, au Th^Stre-Fran^ais, la 
Vieillesse de Richelieu, un drame d'Octave Feuillet et de 
son neveu Paul Bocage, quand il apprit que le privilege 
accorde pour une annee aux comediens associ^s ne serait 
pas renouvele. Degrise de la Comedie-Frangaise, oil la 
pi^ce et lui n'avaient obtenu qu'u'n succes d'eslime et oil 
il sentait le terrain glisser sous ses pas, il sollicita de 
nouveau la direction de TOd^on. 

Comment, apr^s avoir mene avec tant d*h6sitation et 
si pen d'eclat ce beau theatre deux ans auparavant, put- 
il Tobtenir une seconde fois? Une boutade de Harel va 
nous aider k en trouver Texplicalion. On demandait, 
en 1835, au spirituel directeur de la Porte Saint-Martin : 
tt Pourquoi laissez-vous partir Bocage? C'est un acteur 
« Eminent, son autorite sur le public est incontestable. — 
« Que voulez-vous? » rdpondit-il, « il me demande la R^- 
« publique^ je ne peux pas la lui donner ! » Done, sous 

II. 20 



306 L'ODfiON. 

Louis-Philippe, Socage ^tait d6jk connu comme repu- 
blicain. En 1848, pouvait-on refuser une faveur au d6- 
mocrate de vieille roche, a Facteur qui osa crier, dans 
la reprise du Pinto de Lemercier : « A bas Philippe! » 
de fagon a s*attirer les foudres de la censure % a Thomme 
politique incompris qui venait de poser sa candidature 
de depute k Rouen et a Paris, et qui en avait 616 pour 
ses frais d'affiches*, enQn a Tami de Felix Pyat et de Le- 
dru-Rollin, au prot^6 de Lamartine? II fut done une 
seconde fois nomm^, pour trois anndes, directeur du second 



4. ct En 4831, je d^sirai faire de i'opposition au Gouvernement. Je 
« pensai k une pi^ce de Lemercier intitulee Pinto, Ce n'^tail pas a 
« coup sur une pi6ce faite expres coutre le gouvernement de Juillet. 
4 Je (rouvai que n^anmoins je pourrais faire naltre de son teite, k la 
« representation, des allusions piquantes, et, plus que cela, des atta- 
c ques tres directes. II y avait dans la pi^ce une conspiration. Pinto 
cc conspirait centre le roid'£spagne; k un certain moment de la pidce 
ff on lui remettait un papier; il le lisait, et en le lisant il s'ecriait : 
fl A bas Philippe 1 Harel, homme d'esprit pourtant, n'avait pas fait 
a attention k ce passage, non plus qu'aux autres dont je voulais tirer 
« parti; il ne comprenait pas pourquoi je desirais jouer Pinto. Le soir 
« ou on le joua pour la premiere fois, il y avait peu de monde dans la 
« salle. J'arrive au passage que je viens de citer, je prononce ces mots : 
t A bas Philippe I de telle faQon que j'enQamme tous les spectateurs. 
u Le lendemain, on d^fendit la pi6ce. M. Thiers exigea des coupures. 
« La premiere fois que Pinlo ainsi mutil^ fut jou6 de nouveau, la 
« curiosity publique avait et6 excit^e; il n'y avait plus une seule 
c femme dans les loges, la salle ^tait comble, et Ton nY voyait que 
<r des habits noirs. A la place des mots retranch^s et k cote je mis des 
a gestos, je glissai des allusions qui firent plus d'effet encore que les 
a mots n'en ayaient produit. » Discours de Bocage, Enquele el docu^ 
menls officiels stir les theatres, in-i", 

2. Lire, dans les Murailles r^volutionnaires, la proclamation du 
citoyen Bocage a ses elccteurs, avec la lettre du citoyen Lamartine. 



CHAPITRE XVII. 301 

Th^Atre-Frangais avec 100,000 francs de subvention, 
sous la condition expresse qu'il ne paraitrait plus sur les 
planches. 

Pour ne pas faire de cldture trop prolongee, Bocage 
eogagea sur parole, pour deux mois, les com^iens asso- 
ci^s et prit, le 1*^' avril, la place d' Alexandre Mauzin, qui 
redevint, comme devant, commissaire du gouvernement. 
Cette fois encore, il est difficile de louer le grand 
acteur de sa direction ; s'il monta admirablement une ou 
deux pieces, il eut le tort d'introduire, hors de propos, la 
politique dans son administration, de faire repr^senter sur 
son beau th^tre des spectacles de mauvais gout, de creer 
des billets de famille qui permeltaient avec vingt sous 
d'entrer a toules les places comme dans les Ihe&tres de 
banlieue, de se passer de son comil(^ de lecture; enfin, 
de considerer I'Odi^on comme un pachalick et son cahier 
des charges comme une plaisanterie. 

A partir du grand succes de Francois le Champi, sa 
vanity ne connait plus de homes ; I'Odeon, cest lui! II 
semble ne plus se douter de ce qu'e\ige la maison qu*il 
a rhonneur de diriger: il donne des ballets grotesques* 
dans lesquels on voit Lambert Thiboust, alors com^dien, 
faire sa partie; une operette enfantine, paroles et musique 
d'Hervd, une fantaisie satirique farcie d'allusions contre le 
gouvernement. 

Un incident tout politique met au comble le m^con- 

4. Le cahier des charges du second Th^^tre-Fraocais autorisait les 
ballets et les operas -comiques, mais seulement comma faisant corps 
a\e3 les pieces. 



308 L'ODfiON. 

tentement du ministre et le decide k arrSter enfin les fan- 
taisies de Tautocrale directeur. 

Le li mai, pour ranniversaire de la R^publique, Bocage 
yeut donner une representation gratuite; le ministre lui 
en ayanl refuse Tautorisation, il passe outre, et, avec des 
billets imprimes pour la circonstance, distribues dans les 
ateliers duquartier etjusque dans le jardin du Luxem- 
bourg, il emplitsa salle,enayant soin d*ouvrir les bureaux 
et d'annoncer, pour la forme, une recette de 141 fr. 75 ; on 
represenla : Planete et Satellites, Francois le Champiyet 
pendant les entr'actes on chanta : la Marseillaise S le 
Chant du Dipart et les Girondins. Cette repr^ntation, 
extr^mement bruyante, ne fut pas du goiit du commis- 
saire du gouvernement ; il fit au ministre un rapport, h 
la suite duquel M. Baroche frappa Bocage d*une amende 
de 2,000 francs. L'altier directeur, en apprenant cette 
mesure, entra dans une violente colere; il ecrivit une 
lettre tout k fait cavaliere h M. Alexandre Mauzin; la re- 
ponse ne se Bt pas attendre : le 27 juillet, le Moniteur 
Universel publiait la revocation immediate du directeur 
de^Odeon^ On dit alors que, la reaction se dessinantde 

4 . La claque avait ordre du directeur de demander la Marseillaise 
tous les soirs. 

2. a CoDsid^rant que le sieur Bocage a, dans le courant desaoDdcs 
« 4849 et 4850, contrairement k Tarticle 34 de Tarr^tedu 40 aoiit 4849, 
c iDodiG^ le prix des billets et des locations k la soiree, sans autorisa- 
c tion prealable : 4' en dislribuant dans Paris des billets, dits de 
a famille, en nombre considerable et sur la pr^ntation desquels on 
« etait admis k toutes places, moyennant un prix de beaucoup inf(^- 
c rieur k celui du bureau ; V en d^livrant des billets destines aux 
«( Aleves de r£:cole polytechnique, avec lesquels lis pouvaient aller a 



CHAPITRE XVII. 309 

jour en jour, M. Baroche fut plus eDchant^ de sevir contre 
le r^publicain que contre le directeur; la chose est pos- 
sible, mais il faut convenir que Bocage fut maladroit de 
donner des armes pour se faire baltre. 

a toutes places, en payant un franc pour tout droit et amener des dames 
« et aulres personnes de leur conoaissance. 

« Considerant que, malgr^ I'avis insert sur ces billets qu'ils seraient 
« refuses au contrdle s'ils etaient acbel^s, plusieurs out 6te vendus aux 
« abords du th^tre, et que, sur le refus fait par les employ^ du con- 
tt lr6le de recevoir ces billets, il s'est ^levd des discussions qui ont 
tt trouble I'ordre et n^cessit^ Tintervention des agents de la force 
« publique. 

a Considerant que, malgre le refus qui avait et^ fait au sieur Bocage 
a de Tautorisation de donner une representation graluite dans la soir^ 
a du 4 mai dernier, il a elude la defense qui lui avait 6i6 notifi^e en 
o: faisant distribuer, soit directement, soit par rintermediaire de di- 
a verses personnes, un trds grand nombre de billets gratuits pour 
a cette representation dans les ateliers du quartier et juf^que dans le 
« jardin du Luxembourg. 

« Considerant en outre que le sieur Bocage, dans ses rapports avec 
a les agents de Tautorite et notamment avec le commissaire du gou- 
« verneroent et les commissaires de police de son thedlre, a manque 
« aux egards et aux bons precedes qui sent un devoir pour tout 
« citoyen et surtoul pour le directeur d'un theatre subvention ne qui 
« reQoit de r£tat aide et protection. 

« Considerant enQn qu'il resulte de Tensemble des faits et du choix 
c des pieces, de Timpulsion donneek tous les employes sous ses ordres, 
c la preuve que le sieur Bocage a, durant sa gestion, constamment 
« obei k un esprit d*hostilite dedaree et employe dans un but poli* 
« tique les moyens d'action qu'il devait a sa position de directeur 
a d'uue exploitation thefttrale autorisee par Tadministration et subven- 
« tionnee par r£tat. Arrete : Les arretes des 4*' avril et 40 aoilkt 4849, 
(c qui ont nomme le sieur Bocage directeur du theatre de I'Odeon, 
« son! rapportes. Le sieur Bocage cessera ses fonctions k partir de ce 
« jour. » 

Paris, 27 juillet 185(^. 



310 L'ODfiON. 

Apres sa revocation et les ennuis qui suivirent, car il 
dut payer des indemnites aux acteurs que son successeur 
ne voulut point r^ngager et faire un proces au n)inis- 
tfere, le vieux com^ien reprit sa vie errante d'acteur en 
representation : on le vit successivement au ih^^tre de la 
Gait^dans le Moliere de G. Sand, k la Porte Saint-Martin 
dans la Claudie du m^me auteur; au Vaudeville, dans le 
Mar brier d'A\e\. Dumas; Paul Meurice lui confia en 1855 
un r61e k travestisseuients dans Paris ^ et Paul Foucher 
J'amiral Bing, dansV Escadre bleue, au Theatre du Cirque. 

Le d^mon de la direction reprend Bocage, pour son 
malheur; mal conseiil^, il sollicite un privilege, et quel? 
Celui du thd&tre Saint-Marcel, une aflreuse petite salle 
k Textr^mite de Paris, au bord de la Bievre ; il veut, 
pure chim^re, acclimaler la lilterature dans ce quartier 
excentrique. « La poesie rafratchissante et les infusions 
de comedies s^hdes^ » dont il avait medicaments TOdSon 
attirferent peu le public de Tendroit, les dernieres Eco- 
nomies du pauvre homme s'y engloutirent, la faillite 
menacait. M. Camille Doucet, alors direcleur des thea- 
tres, vint k son secours en priant Larochelle de joindre 
le theatre Saint-Marcel k ses the&tres suburbains. 

A partir de ce moment, mine, malade, le grand ac- 
teur n'est plus que Tombre de lui-m6me. Une reprise de 
la Tour de Nesle au Theatre de Belleville, concurremment 
avec celle de la Porte Saint-Martin, remet un instant son 
nom en lumi^re; tout Paris courut applaudir sur cetle 

I . Auguste Vacquerie, feuilleton dramalique de I'^v^nemenl, 



CHAPITRE XVII. 344 

petite sc^ne la fagon hautaine et superbe dont ce vieillard 
jouait encore le capitaine Buridan. 

Eq aout 1862, au moment oii la pioche du ddmolis- 
seur attaquait ce qu'on appelait alors le boulevard du 
Crime, celui qui fut une des illustrations de ce coin si 
vivant et si curieux, terminait sa glorieuse carriere sur 
un grand succes, les Beaux Messieurs de Bois-dore^ de 
G. Sand et Paul Meurice, qu'il joua plus de cent fois k 
TAmbigu et ou il fut admirable de [)uissance et de yd- 
rit6. 

Nous avons dit plus haut que Bocage finit la saison 
th^fttrale avec les com^diens en socidt6 ; yoici les pitees 
qui furent reprdsent^ pendant ces deux mois : 

Le i9 avril, apr^s dix-huit jours de relftche, repre- 
sentation au b^n^ice d'un artiste, trois premieres : 

lo Sans lb vouloir ou V Antipathic^ com^die en un 
acte, en prose, de MM. Marc Michel et Ch. Delacour. 
De Tesprit, de la gaiety. Succes (Anselme, Moreau-Sainti, 
Olivier ; M"" Roger-Soli6, Valine) ; 

2"* Le GuiSrilla, drame en trois actes, en prose, 
de MM. L^once et Eug. Nus. Scenes de la vie espagnole. 
de rint^rfit, entente du th^&tre, encore un succfes (Jour- 
dain, Robert Drouville, Moreau-Sainti ; M"^* Roger- 
Solie, Dupont) ; 

So Une Orientale, com^die en deux acles, en vers 
libres, de MM. Jules Barbier et Fauslin (Ed. Foussier), 
fantaisie macaronique pleine de talent et de verve, qui 
n'obtint qu'un demi-succes. (L. Monrose, Roger, Har- 
ville, Larochelle, Anselme; M"*' Vallee et Avenel.) 



342 L'ODfiON. 

Le 5 mat. La Famille, comMie-drame en cmq actes, 
en prose, de Moleri. Pi^ce d^cousue; quelques jolies 
scenes fiirent remarqu6es et applaudies. (Jourdain, 
Baptiste, Gaude, Moreau-Sainti, Anselme, Montet; 
Mmes Roger-Solie, Avenel.) 

Le 45 mai, Le Bourgeois des MiStiers ou le Martyr 
de la PatriCy drame en cinq actes et dix tableaux, en 
prose, de Gustave Vaez*. Agneessens, simple tourneur 
de chaises, k la t^te de ses compagnons organise legale- 
ment ia resistance aux volonles de Tempereur d'Autriche. 
Dans un moment de reaction, abandonn^ 3es siens, il 
continue seul a r^clamer les franchises de Bruxelles. At- 
tir^ dans un piege, condamn^ sur un semblant de proces, 
il marche au supplice la tSte haute, sentant que son 
martyre aidera i secouer le joug de K^tranger. VoilJi, h 
pen pres, la donn^e de ce drame int^ressant transplants 
de Belgique, ou il avait 616 represents un grand nombre 
de fois avec le plus grand succes. Les mots : Patrie et 
LibertS^ dont cette piece Stait remplie, ne pouvaient 
laisser indifferent le public de I'Odeon; aussi dans la 
sc^ne oil le peuple r6\o\i6 criail : « A has les Autri- 
chiens ! » le parterre sMdentifia tellement avec les per- 
sonnages qu'il rSpeta ce cri avec eux. Apres une scfene 
d'audience dans laquelle on prSsentait Tamnistie comme 
le plus sCkr moyen de gouvernement, la Marseillaise fut 
demandSe : les acteurs se mirent sur deux files et 

4. Getle pi^e de Gustave VaD-NieuweiihuiseD, dit Ya^z, avait ^te 
reprdsentee h Bruxelles le 29 d^cembre 1848 et iroprimee sous le titre 
d^AgneessenSj drame national prdc^dd d'un prologue. 



CHAPITRE XVII. 343 

M. Jahyer vint chanter, Dieu sail comment, I'hymne de 
Rouget de Lisle. Ce fut, toute la soirde, une tempfite d'ac- 
clamations, un feuroulant d'allusions*. Succes done, trfes 
bruyant et tres m^ritd. Alexandre, premier r61e de pro- 
vince qui avait cr^ la piece k Bnixelles, d^butait dans 
le r61e d' Agneessens : il fut trfesapplaudi. (Moreau-Sainti, 
Larochelle, Gaud^, Harvilie, Roger, Beaumont, Anselme; 
M™** Roger- Soli6, Frantzia et Baptiste.) 



1849-1850. 

Le Ih^tre de TOd^on, ferm^ le 1®' juin malgrd le suc- 
ces du Bourgeois des Miiiers^ Gtsa r^ouverlure le 8 sep- 
tembre avec deux pieces nouvelles. Avant de publier la 
nomenclature des ouvrages jou^s dans Texercice the^tral 
J8/i9-1850, pr^sentons, ainsi qu*il convient, la nouvelle 
troupe a nos lecteurs : 

M. Deshayes, premier rdle, arrivant du th^&lre de la 
Gatt6 ; un peu bourgeois, un peu petit pour cet emploi ; 
en revanche, excellent de naturel et de bonhomie dans 
les rdles de genre, les hinisseurSy comme on dit en argot 
de coulisses ; Alexandre, premier rdle aussi, venant de pro- 
vince, acteuremphatique; Clarence, el^antjeune premier, 

4. Les mauvais rapports entre Bocage el radministration superieure 
commenc^renl des cette representation. L^effet bruyant de la premiere 
du Bourgeois des metiers causa quelque ^moi. Le prefet de police 
invita officieusement Bocage k supprimer les passages qui avaient par 
trop excite Tenlhousiasme. Bocage r^pondit officiellemenl k la demande 
de M. Rebillot par un refus. 




344 L'ODfiON. 

^ la voix charmaDte, manquant peut-Sire de composition 
et de yari^t^, mais dans son emploi ce sont choses dont on 
se passe souvent. Nous avons dejk parl^ de MM. Laro* 
chelle, Jourdain, Harville, Darcourt, Aimi6 Gilbert^ Os- 
mont, Barbier, Husson, de V. Henry qui allait devenir 
directeur de la Porte Saint-Martin quelque temps aprfes, de 
j^roe* Frantzia, Moreau-Sainti, Payre, de M"® Marie Lau- 
rent, dont nous aurons souvent encore k proclamer ie 
talent; arrivons aux nouvelles recrues: M. Gaudd, qui se 
fit remarquer, sous le nom de Charly, aux th^tres du bou- 
levard, notamment dans Patrie, le beau drame de Victo- 
rien Sardou ; Maurice Coste, artiste consciencieux, eut 
aussi son heure au theatre du Ch&telet ; Moreau-Sainti 61s, 
acteur lettrd, intelligent, joua peu de temps la com^die ; il 
fut un moment administrateur au th^&tre de I'Ambigu et 
directeur des Folies-Dramatiques ; Lambert Thiboust, 
premier prix du Conservatoire, venant du theftlre Beau- 
marchais, comique un peu triste, qui r^servait sa verve 
et sa gaiete pour les jolis vaudevilles et les spirituelles 
comedies qu'il devait faire applaudir plustard; Forestier, 
du caf6 des Aveugles; Gamard, de Bobino. Qui encore? 
Forlini, Bruneau, Philibert, Ernest, le 16gendaire Ernest, 
aujourd'hui comme alors cher de la figuration. 

N'oublions pas Thiron, 616ve de Provost et premier 
prix du Conservatoire. L'excellenl soci^taire de la Com6die- 
Frangaise ne fit qu'une courte apparition sur la scene de 
rOddon ; Bocage lui ayant offert des appointements d^ri- 
soires, 30 francs par mois, il dut signer un engagement 
et suivre Bachel en Angleterre et en Russie. Comme il 



CHAPITRE XVII. 345 

prenait cong^ de son trop parcimonieux directeur, celui-ci 
ne s'avisa-t-il point de lui dire : « Mon pauvre enfant, il 
faut Yous resigner, vous ne jouerez jamais que les petits 
tambours ou les trompettes! ». Thiron n'oublia point 
cetteaimable proph^tie. Plus tard, recevant force com- 
pliments de Socage qui avail oubli6 Tincident, le spiri- 
luel com^dien lui r^pondit : « Oui, monsieur, j'arrive ! 
et sans tambour ni trompette ! )> 

Les nouvelles actrices engag^es 6taient : M"' Max 
Deshayes, touchante jeune premiere venant, comme son 
mari, des th^tres de drame; M"** Avenel, Aspasie, la 
belle M"*Biron, du Palais-Royal; M"* Volnays, ingenue 
de province ; M"" Sen, Darmont, Daubray, M"** Rivals, 
actrices utiles; M*"* Irma Crosnier, aujourd'hui Tune des 
meilleures du^gnes de Paris, resta quelques mois confi- 
dente de trag^die dans cette troupe qui, on le voit, ^tait 
digne du second Th^fttre-Frangais. Quant au ballet que 
Bocage y. ajouta, excepts M. Hazard et M"' Ferdinand,, 
jolie personne excellant k lever la jambe h la hauteur de 
Toeil, nous n'en dirons rien, et pour cause. 

La r^ouverture se fit le 8 septembre avec Le Trem blbiir , 
€om6die en deux actes, en prose, m^l6e de chant, de 
M"* AnaisS^alas, gracieux vaudeville, joyeusement traits, 
sur la peur d'un bourgeois qui ne r6ve que d'^meutes et 
de socialisme (Moreau-Sainti , V. Henry, Larochelle, 
Harville, Forestier; M°^®' Biron, Lauren tine), qui eut 
une dizaine de representations, et La Jednesse du Cid, 
drame h^roique en trois journ^ et sept tableaux, traduit 
de Guilhem de Castro par Hippolyte Lucas. On sait que 



346 L'ODliON. 

c'est dans la pifece espagnole que Corneille prit le sujet 
du Cid; ce travail conscieDcieuK n'dtait done qu'une nou- 
velle Edition du chef-d'oeuvre classique. Quelques eudroits, 
trop empanach^s d' antitheses et de rodomontades, ont 
provoqu6 le rire irr^v^rencieux du parterre. Les chants 
guerriers de M. Bazzoni, ex^cul^s par les chceurs du 
Th^lre italien, ont fait bon effet, ainsi que la chanson dite 
par Larochelle avec beaucoup de gout ; il n*en fut pas de 
mdtne du ballet, T6g\6 par M. Dumas, qu'on critiqua tres 
s^verement. 

(Savigny, Darcourt, Gaud^, Fortini, Osmont, Jahyer, 
Aim6-Gibert, Larochelle, Harville, Maurice Goste; 
M'**' Frantzia, Baptiste et Talini.) 15 representations. 

Le Soctobre^ deux premiferes : Evelyne, drame en 
deux actes, en prose, de M"'' Regnaud de Pr^bois. C'est 
I'histoire d'une actrice anglaise dont un lord s'^prend 
jusqu'au d^lire, d^lire qui cesse par le mariage. Demi- 
succes (Alexandre, Clarence, Moreau-Sainti, Larochelle, 
Darcourt; M"*' Max Deshayes, Avenel), etLA Farnesina 
ou la Vierge de Raphael, drame en trois actes, en vers, 
de M^ry, mfile de chant et de danses, musique d'Ancessy. 
C'est une aventure amoureuse arrivte a Raphael au mo- 
ment oil il peignait la Psyche du palais Farnese. Succes. 
(Clarence, Alexandre, V. Henry, Darcourt; M"** Max 
Deshayes, Moreau-Sainti, Anselme, Baptiste, Sen.) 

Le 26 octobrej l'H^ritier du Czar, drame en cinq 
actes, en prose, de Paul Foucher et Gombaud. Episode 
pris dans I'histoire de Pierre le Grand : c'est la fin tragi- 
que d'Alexis P^trowich, tu6 par ordre du czar son pfere ; 



CHAPITRE XYII. 317 

sujet lugubre. La piece, faite avecbeaucoup d*habilet^, eut 
du succes. (Deshayes, Clarence, Alexandre, Gaude, 
Montet, Savigoy, Maurice Coste; M"'* Deshayes, Payre, 
Dargilly, Daubray.) 

Le 14 nocembre^ Raymond Varney ou le Manoir de 
Grapdale^ drame ea cinq acles, en vers, de Jules Baget. 
C'est I'histoire d'un bon jeune homme qui pousse la piet6 
filiale jusqu*^ assumer sur lui la responsabilil^ d*un crime 
doot son pere est Tauteur. Piece correctement ecrite, 
honnSte et triste, succes d'estime. (Alexandre, Savigny, 
Gaude, V. Henry, Osmont; M°*" Darmont, Talini, 
Crosnier.) 

Le 23 novembre, FiiANgois le Ghampi, com6die en 
trois actes, en prose, de George Sand. Celte oeuvre, 
seconde pi6ce du grand ecrivain (la premiere, Cosima, 
n'avait pas et6 bien accueillie h la Com^die-Frangaise), 
obtint un eclatant succes. Madeleine Blanchet a recueilli, 
du vivant de son defunt mari, un enfant abandonne, un 
Champij comme on dit au pays berrichon. Six annees se 
sont ^coulees depuis celte bonne action; Fiangois, devenu 
bomme, revient au pays avec ses ^onomies et 4,000 
francs qu'un vieux cure lui a comptes au nom de ses pa- 
rents inconnus; il trouve Madeleine poursuivie par des 
cr^anciers; Mariette, sa belle-soeur, en butte aux obsessions 
d'une rus^e paysanne, la Severe, qui veutlui faire^pouser 
son neveu Jean Bonnin. Le Champi remet les choses en 
ordre et d*une si brave fagon que Marietle s'eprend de 
lui; Fran^^iSy qui sentsa reconnaissance envers Madeleine 
faire place peu k peu a un sentiment plus doux, n'ecoute 



318 L'ODfiON. 

pas la coquette fiUe ; il dejoue les intrigues de la Severe 
et obtient la main de sa bieufaitrice. Sur ce canevas bien 
fr^le, comme on voit, la chere femme de g^nie k qui notre 
litt^rature doit tant de pages ^loquentes et superbes 
^crivit i'idylle la plus touchante qui soit. Un critique 
grincheux disait : « Ce n*est pas Ik du th^&tre! » Le 
public, et presque tons les grands feuilletonnistes, n'ont 
jamais partag6 cet avis. Francois le Champiy mis en scene 
avec un art consomm^, encadr^ dans un d^or exact, 
accompagn^ d'une musique de scene tres touchante com- 
posde par Ancessy, admirablement jou6 par. lous les in- 
terpr^tes, fit des recettes considerables pendant cent 
trente-deux representations. (Max Deshayes, Clarence; 
M"*' Marie Laurent, Moreau-Sainti, Max Deshayes, Biron^ 
Volnais) . 

Apres George Sand et son grand style, Bocage ne 
s*avisa-t-il pas de donner, le dimanche 16 d^cembre, Les 
Gardes FRAwgAiSES, op^ra-comique en un acte, paroles 
et musique d'Herve, sous le pseudonyme de Florimond 
Rouyer. Cette op^rette, car malgr^ son etiquette ce 
n^etaitqu'uneoperette digne lout au plus du theatre des 
Folies-Nouvelles, etait pour le moins absolument d^plac^e 
a rOdeon. La musique aimable et gaie Gt passer sur la 
niaiserie du po^me et la m^diocrite de Finterprdtation. 
L'auteur, venu du TheAtre-Lyrique, jouait dans sa piece, 
ainsi que MM. Fosse, Legrand, PedorliniS Deveaux, 

4 . Get acteur abandonna bientdt le chant pour la comedie. Nous le 
retrouverons sous le nom de Joaoni dans les directions qui vout 
suivre. 



CHAPITRE XVII. 34*» 

Forestier, Montm^nil, et M— Cellini. Regu et r^p^t^ k 
rOp^ra-Comique, mais retard^ par le succte du Val 
d'Andorre et GDalement retire par son auteur, Touvrage 
fut arr^t^ par ordre sup^rieur, apr^s quarante-cinq repre- 
sentations cons^cutives, sous pr^texte qu*il n'avait pas 
6t6 veQu par le conait^ de lecture, qui existait, mais ne 
fonctionnait pas. L'Op^ra-Gomique s'^tait ^mu du succes, 
et avail r^clam^, disant qu'on ne devait point chanter h 
rOdeon... sauf dans la trag^die! 



1850. 

Le grand succes de Francois le Champi avait remis 
Bocage en faveur ; les fantaisies musicales et chordgra- 
phiques qu'il fit representer a la fin de Fannie i8ili9 sur- 
prirent. 

Une Nlit blanche, fantaisie noire, en un acte, de 
MM. Bosquillon pere et fils, donn^e le iO f^vrier, arrfita 
bientdt la sympathie et causa bien des coleres. Get acte, 
qui n*etait qu'un tableau d'une revue de i8/i9, com- 
mand^e h Mery et a Gerard de Nerval, revue qui n'avait 
jamais ^t^ termin6e, parodiait Soulouque et sa cour. 
Bocage, a Tafful de toute allusion, apres quelques chan- 
gements op^rds par son neveu Paul, la fit representer 
avec empressement. Voici la donn^e de cette folic qui n'a 
pas ete imprimee : Faustin , -qui cirait les boltes d'un 
riche citoyen de la rue du Helder, retourne a Saint- 
Domingue, sa patrie ; la, en debarquant, il est accueilli 



320 L'ODfiON. 

par des acclamations et nomm^ imm^diatement empereur. 
Un cuisinier qui a renvers6 la marmite en fevrier 1848, 
un ^conomisle sans ^conomie, un poete famelique el une 
vertu de Notre-Dame de Lorette arrivent au palais de Sa 
Majeste noire; Faustin accueille ces illustres Strangers et 
leur donne un diner splendide. Au dessert, la dame, re- 
connaissant le n^gre de la rue du Helder, Tinterpelle brus- 
quement; il se trouble et la conjure de ne point n^veler le 
secret k ses sujels : « Oh ! Majeste, s'ecrie-t-elle, je suis 
incapable d'une telle noirceur ! )> — «Pourquoi cette com- 
« plicite de TOd^on dans cette attaque k prose armee 
« contre la dynastie des Soulouque? » dit le Constitution^ 
nelj « rOdeon n'aurait-il pas touchy son dernier lerme 
(( 6ch\x de Tindemnit^ de Saint-Domingue ? » II est cer- 
tain que Bocage vit dans cette fantaisie I'occasion d'une 
satire contre le gouvernementdu prince-president, temoin 
ces deux vers dits par la dame k son galant : 

Voua le savezy tout chemin m^ne k Romey 
Et souvent Romo est un mauvais chemin. 

Le public, cette fois, ne mordit point k Tallusion: 
des murmures accueillirent le nom des auteurs ^. An- 
selme jouait Faustin; Lambert Thiboust, le cuisinier; 
les autres rdles etaient tenus par Moreau-Sainti, Legrand, 
Montet, Fosse, M"~ Baptiste, Henriette et M. Hazard; 
M°** Demouchy et Duriez dansaient un pas. 

4. A la suite de cette represeatation, on fit defense expresse a 
Bocage de jouer aucune pi^ce avant qu*elle eAt paru devant le comile 
de lecture. 



CHAPITRE XVir. 324 

Le i7 mars, Vous n'j&tes que marquis! com6die en 
deux actes, en vers, de Lelion-Damiens. Un charmant 
gargon, marquis, malheureusement, est 6pris de la fiUe 
de son jardinier ; il la demande en manage, malgr^ les 
siens. Lep^re de Taimable enfant lui r^pond bautement : 
« Non, monsieur I vous n'^tes que marquis! — Mais je 
suis aussi m^ecin I » r^pond le jeune amoureux interlo- 
qu6; le jardinier, pensant, apr^s tout, que le m^decin 
est un travailleur, daigne lui accorder la main de 
sa fille. (Lambert Thiboust, Moreau-Sainti, Anselme; 
M"** Moreau-Sainti, Dargilly.) 

Le 5 avrily deux premieres : Le martyre de Vivia, 
mystere en trois actes, en vers, de Jean Reboul, le bou- 
langer-poete de Nimes. Semblable k Polyeucte, dont elle 
n*est qu*unep&le imitation, Vivia se fraye un chemin vers 
le del k travers les affections terrestres. Po^sie lym- 
pbatique; vers sonores, mais renfermant peu de pens^^s. 
G'est le style de Luce de Lancival dans toute sa puret6. 
M"' Laurent, qui cr6a le r61e principal, fut rappel^e. (Dar- 
court, Gaud6, Savigny; M"* Baptiste.) La pifece ne v6cut 
que huit jours, ses quatre representations furentorageuses. 
Le boulanger a Tait Tour, dirent de mauvais plaisants. 

Et PLAri^TE ET Satellites, com^die en quatre actes, en 
prose, de M^ry. La planfete est une jeune femme outour de 
laquelle fourmillent, se querellent et vont m^me sebattre 
. plusieurs satellites. L'auteur, tres paradoxal, comme on 
sait, a voulu prouver qu'avec de Tesprit on pent quelque- 
fois se passer de sujet pour faire une pik^e. Gette spiri- 
tuelle boutade n*a rdussi qu'k demi. (Glarence, Moreau- 

11. 21 



322 rODfeON. 

Sainti, Larochelle, Anselme; M'"** Payre, Baptiste e 
Herbel.) 

Le iS mat, Le Chariot d'enfant, drame en cinq 
actes et sept tableaux, en vers, de M^ry, Gerard de Ner- 
val et Paul Bocage, tire du drame Sanscrit du roi Sou- 
draka : le Chariot de terre cuite (Mrilchatchati), chef- 
d'oeuvre qui date de 3000 ans; succes ^clatant le premie 
soir; malheureusement les recetles ne r^pondirent pask 
cette tentative si hautemeht litteraire. Dans un de se 
feuilletons, M^ry dit plus tard que les noms indiens, trop 
nombreux sur Taffiche, effaroucherent le public. Cela est 
possible, et, en tout cas, tres regrettable; car cette his- 
toire de la courtisane Vasentasena, que la vue d'un 
enfant 6meut et p^netre, et qui se rehabilite par le de- 
vouement, ^tait bien un des plus beaux po^mes drama- 
tiques qu'on pAt voir : « Nous n'essayerons pas de 
« faire Tanalyse de cette piece, » dit Th^ophile Gautier ; 
« rien ne pourrait rendre ce melange de grandeur et de 
« naivete, cette grftce effemin^e et voluptueuse, cette 
« langueur d' amour, cette profusion de parfums, ces 
w ruissellements de perles, ces bruits d*oiseaux, ces ^pa- 
« nouissements de comparaisons fleuries, tout ce luxe 
X indien, d^licat et barbare, qui fait de ce drame une pa- 
a gode sculpt^een vers*. » Belle mise en scene. Pantoums 

4 . Feuilleton theAtral de la Presse. — Le drame Sanscrit : le Cha- 
riot de terre cuitey attribud au roi C^draka, a 6te r^cemment traduit 
et annot^ des scolies inddites de Lalia-Diskhita par M. Paul Regnaud, 
ancien ^leve de r£coIe pratique des haules Etudes, membre de la 
Soci6t6 asiatique. 4 potits volumes, Paris, juin 4877. (Voir le feuille- 
ton de F. Sarcey, au Temps du 49 juin.) 



GHAPITRE XVII. 323 

de M. Ancessy. Clarence, Deshayesetsurtout Marie Lau- 
rent furent applaudis et rappel^s. (Larochelle, V. Henry, 
Darcourt, Savigny, Husson, Bar, Maurice Coste; 
jl«e. Dargilly, Baptisle, L^onti.) 

d]£buts. 

27 avril 1849. — M. Beaumont et M"»« Sarah Felix 
dans Tartuffe. 

30 avril. — M"" Biron dans M^ de Belle-Isle, 

6 mai. —- M**"" Daroux, M. Ludovic dans V^cole 
des Femmes. 

7 mai. — M'^* Dargilly, M. Bar dans VEcoU des 
Maris. 

iO mai. — M. Passerat, M""** Sen et Aspasie dans 
les Folies amoureuses. 

16 septembre. — M"** Herbel et Blanche dans ks 

Trots Sultanes; M. Lambert Thiboust dans Colin- 

3/aillard. 

23 septembre. — M. Maurice Coste dans le Vert- 
Galant. 

27 septembre. — M . Deshayes dans r Eclat de rire. 

30 septembre. — M. Ch. Thiron dans C Esprit de 

contradiction. 

m 

h octobre. — M. Clarence el M"® Max Deshayes 
dans Eveline et la Famesina. 

1 octobre. — M"* Rivals dans le Barbier de Seville. 

18 novembre. — MM. Charles Humbert et Hazard 
dans le ballet des Meuniers. 



324 L'ODfiON. 

20 novembre. — M°** Crosnier dans le Conteur. 
18 decembre. — M'*« Helena dans fe D4pit amour- 
reux. 

15 Janvier 1850. — M"' Holbein dans VAvare. 

REPRISES, REPRI^SENTATIONS EXTRAORDINAIRES. 

9 avril 1849. — B6n6Bce d'un artiste : un acte du 
Palais-Royal avec Levassor, un acle du Gymnase avec 
Numa, un acte du Vaudeville avec Felix et M"* Nathalie. 

23 avril. — Benefice : chansonnettes chanties par el 
signor Giovanni, Larochelle et les freres Lionnet. 

29 avril. — Premiere (a ce tW&tre) des Mauvais 
svjets en minage^ comedie. 

!•' mai. — B^n^Qce avec M"**" Nathalie, Doche, 
M. Numa et des chansonnettes par Darcier. 

16 et 23 septembre. — Reprises du Colin-Maillard 
et du Vert Galant^ de Dancourt. 

27 septembre. — Premiere {h ce th^tre) de V^clat 
de rire^ drame en trois actes, d'Arago et Maillan, pour 
les debuts de Deshayes dans le r61e d'Andr^, ou Fran- 
cisque alri6 avail fait courir tout Paris. 

iO octobre. — Reprise de VHeureuse erretir de Patrat. 

14 et 30 octobre. — Reprises de Cartouche^ ^ de 
Legrand et des Voisins^ de Picard. 

4 novembre. — Premiere {h ce theatre), de Farruck 
le Maure, drame en vers, d'Escousse. 

i . La censure interdit la pi^e avant le lever du rideau. 



CHAPITRE XVII. 3S5 

15 Janvier 1850. — Tartuffe^ reprise du Sicilien, 
une Cantate et les Fourberies de Scapin. 

10 fevrier. — Ballet des Six Inginues, dans lequel 
Lambert Thiboust dansait et mimait Innocentus. 

17 Kvrier. — Reprise de la Comtesse (TAltemberg. 

26 mars. — Representation extraordinaire. 

1" avril. — Benefice de Forestier : Jocko et le Bar- 
bier de Siville. Lambert Thiboust jouait Figaro. 

13 avril. — Reprise de Diogtne^, de Felix Pyat. 
Desbayes et M"* Laurent jouaient les deux rdles princi- 
paux. 

23 avril. — B^n^fice. 

25 avril. — B6n6fice de Desbayes : premiere (a ce 
th^tre) du Vagabond^ drame en un acte, de Maillan et 
Cormon ; Rachel dans le Moineau de Lesbie; on finit par 
la Chambre a deux lits. 

28 mai. — Reprise de VAmitii des Femmes^ de 
Lafilte. 

31 mai. — C16ture annuelle. 

4 . Pyat ^tait alors exil^. Gette reprise, qui honore le caractdre de 
Bocage, fat uq des arguments de sa revocation. 



CHAPITRE XV[II 



1850-1851-1852-1853. — Direction Alt&roche. — Sa troupe. — Les Ennemis 
de la maison.'-Let Contes d* Hoffmann, ^Andri del Sarto.-^ Richelieu, 
— Henry Monnier et Grandeur et decadence de Joseph Prudhomme. — 
Les Marionnettes du docteur, — Le Feuilleton d'Aristophane. — L*Bon- 
neur et VArgent. 



Le 27 juillet i850j Bocage n'etait plus directeur de 
rOd^on : le 1" aoAt, dix pr^tendants s'inscrivaient pour 
sa succession; Ton 6tait loin, comme on voit, du temps 
ou personne ne voulait du beau th^^tre de la rive gauche. 
Apr^ r^limination de ceux dont les titres parurent 
insuffisants, deux candidatures rest^rent en presence : 
celle d'Auguste Villemot *, associ6 avec Ch. Mouriez, di- 
recteur des Folies-Dramatiques, et celle de Marie-Mi- 
chel Allaroche, « publiciste » et ancien d^put6*. La com- 
mission des theatres penchait pour Villemot ; le ministre 
n'en tint pas compte, il fit choix de son ex-coIl^gue 
h la Constituante. Le 21 aout 1850, Altaroche fut 

4. Le charmant esprit qu'on appela sous Tempire : le Prince des 
chroniqueurs^ et de qui Henri Rochefort disait dans le Figaro : « Cest 
notre mattre k tons », ^tait alors secretaire au th6^tre de la Porte-Saint* 
Martin. 

5. Altaroche, n^ a Issoire en 4844. Aprds avoir donn^ de nom- 
breux articles dans lesjournaux de province, vint k Paris en 4830. 



388 L'ODtON, 

nomm^, pour trois ann^es, directeur du second Th^fttre- 
Francais. 

Si Ton veut chercher les litres du nouveau direcleur 
dans son bagage th^tral, on s'expliquera difficilement 
sa nomination : Lestogq, drama mediocre jo\x6 h la 
Porte-Saint-Martin et le Gorrj^gidor de Pampelune indi- 
quent peu un homme de th^&tre. Le ministre tint plutdt 
compte h son candidal de ia verve et du talent dont il 
avait fait preuve en cent journaux depuis vingt annees, 
du tactadministratifqu'il avait montrS i la Ghambre et 
dans le Puy-de-D6me, oil il avait 6t6 commissaire du 
gouvernement en 1848. 

On est tent6 tout d'abord de reprocher k Altaroche 
ses (&tonnements trop longs au d^bul, plus de r^ularil^ 
que d*eclat dans son administration, une tendance a fa ire 
de sa maison un th^^tre vertueux, acaddmique, et par- 
tant un peu ennuyeux ; mais outre que les temps ^taient 
encore difHciles, il faut lui tenir compte de la rapidite 
avec laquelle il dut prendre sa direction. Des la seconde 
ann^e, du reste, il avait acquis Texp^rience n^cessaire el 
^tait devenu un bon directeur dans toute Tacception du 
mot; aussi quand il fut avis^, apres le retentissant succes 
de l'Honneur et l'Argent, que son privilege ne serait 
pas renouvel^, eul-il lieu d'etre singuli^rement surpris et 
d*attribuer cette disgrace k d'anciens dissentiments politi- 
ques avec Tentourage du tout-puissant due de JVlomy. 

Entr^ au Charinari en 4832, il fait encore partie de la direction de 
ce journal c^Idbre. En quiltant TOd^on, il prit le th^Atre des Folies- 
Nouvelles avec L. Huart. 



CHAPITRE XVIII. 329 

Vainement Alfred de Mussel, Jules Saodeau, Ponsard, 
Th. Barriere, L. Guillard et Jules de Premaray apostill^- 
rentla demande de prolongation qu'il pr^senta au minis- 
ire; il lui fut ^crit : « Que son exploitation n^avait pas 
(( paru r^pondre assez completenQent aux intentions du 
« gouvernenaent et qu'en consequence son privilege ne 
tc serait pas renouvel^ » . 

Void quels furent les comddiens que Ton \il sur la 
sc^ne de TOdeon pendant cette p^riode de Irois ann^es : 
M. Bouchet, dont nous avons parl6 sous Lireux et qui 
n'avait pu 6tre nomm^ socidtaire au Th^Atre-Frangais, 
apres une annee pass^e k Bruxelies retrouva sur la rive 
gauche la faveur du public et plusieurs belles creations, no- 
tansment le Bichelibu de M . Peillon, oil il fut remarquable. 
Clarence, Anselme, Harville, Roger, Moreau-Sainti, Ga- 
mard, Jahyer, Savigny, Felicien, Eugene Douin pas- 
saient de Tancienne troupe dans la nouvelle, ainsi que 
jyjmw Roger-Soli^, Payre, Moreau-Sainti, Morel, Dupont, 
Holbd, Talini, Caron et Dargilly. 

Boudeville frappait une troisi^me fois aux portes du 
second Th^fttre-Frangais et enfin les trouvait grandes 
ouvertes; sa femme, que Ton avait deja applaudie aux 
th^tres du boulevard, fut aussi engag^e, pour essayer 
de remplacer M"* Marie Laurent, qui venait de signer un 
engagement a la Porte-Saint-Martin. 

Parmi les nouvelles recrues : M^trfeme, sortant de la 
Cora^die-Francaise, ou il devait renlrer plus tard, fut 
tres-remarque, ainsi que Neroud, Tetard, second comi- 
que, talent souple et fin ; Fleuret, tragedien, et Tournier, 



1 



330 LODfiON. 

amoureux. Garistie-Martel , apr^ des debuts brillants, 
devint un des meilleurs jeuaes premiers rdles de la mai- 
SOD ; une maladie des yeux ^loigna trop t6t cet artiste 
vaillaDt et lettr6 de la sc^ae ; apr^s plus de dix aon^s 
pass^es dans le professorat, ce com^dien est aujourd'bui 
Tun des pensionnaires les plus appr^ci^s du Tb6&tre- 
Frangais. Kime, excellent acteur, sup^rieur dans quel- 
ques r6les. MM. Ch^ry, Philippe, Tallin, Videix ; Laa- 
glois-Freville, le v6l6ran de I'Oddon, un type 6lonnant, 
consciencieux et vrai, excellent dans les caricatures, 
qui dans cent petits rdles a sut se mettre au premier 
plan », comme disent les cliches des journaux de 
th^Atre. 

M'"" Grassau, alors en pleine possession de son talent 
dans Temploi des du^nes ; M'*"" Sarah-F^lix, une des 
soeurs de Rachel ; M"" Fortin, Jeanne Anats, femmed'Eu- 
g^ne Bondois, I'excellent r^gisseur g6n^ral de la direc- 
tion Duquesnel ; la jolie M"* Theric ; M""" Bilhaut, 61eve 
de Samson, soubrette intelligenteet gaie; M"** Thivet, 
Jolivet, Lafont, Victorine Gros; M""" Valerie, charmante 
comedienne, plus tard M*""" Fould, qui, sous le pseudonyme 
de Gustave Haller, s'est fait une place dans les lettres; 
M"* Siona L6vy (M""" Ernst) ; Laurentine-L6on revenait 
au Ihe&tre de ses premiers succ^s; M""" Zulma Reslout, 
belle personne, avait d6}h paru sur la sc^ne du Gym- 
nase-Dramatique ; M"® Daubrun ; M"' Jouassain, I'^prix 
du Conservatoire, d^butait par Temploi des jeunes pre- 
mieres avec son camarade Talbot, qui, lui aussi, croyait 
qu'une grande connaissance du th^tre, une volont6 



GHAPITRE XVIil 334 

inflexible, une ardeur de travail extraordinaire peuvent 
remplacer lesqualit^s physiques si n^ssaires pour Tern- 
ploi des jeunes premiers r6Ies. Ges deux artistes, plus 
tard soci^taires k ia Gom6die-Fran^ise^ jou^rent en- 
semble, pour leurs debuts, Othello. Le public les ac- 
cueillit favorablement; ils comprirent cependant qu'ils se 
trompaient de route et abandonn^rent Talti^re Melpo- 
mene en faveur de la plus accommodante Thalie (vieux 
style) . 

En6n, le i''' Janvier 1851, deux com^diens qui out 
laiss6, a titres divers, de grands souvenirs au second 
Th6dtre-Frangais, commenc^rent leur engagement : 
M. Eugene Pierron, qui a d6jk paru sous Lireux, venant 
du Th^tre-Historique, ou il avait fait sa place dans le 
beau repertoire d* Alexandre Dumas ; plus d'intelligence que 
de qualit^s naturelleS; des talents litt^raires peu communs , 
une entente tr^ nette du th^tre, d^signaient cet artiste 
aux travaux de la mise en sc^ne plut6t qu*aux succ^s de 
la rampe : nous le retrouverons dans ce poste si utile et 
trop ignord du public. Hippolyte Tisserant, aprfes avoir 
chants le vaudeville au th^Atre du Gymnase, cr^ avec 
6clat : Pied-de-Fer, mdlodramede L6on Gozlan, k la 
Porte-Saint-Martin, abordait enfin la sc^ne ou il allait 
mettre le sceau a sa reputation ; grand, d*une physiono- 
mie mobile, d*une autoritd incontestable, connaissant les 
« eflets D comme un vieux routier de theatre qu'il dtait, 
cet excellent acteur, remarquable mSme dans les grands 
r61es de genre, raisonneurs et maris trompds, tint pen- 
dant quinze ans la premiere place sur notre theatre. 



33t L'ODfiON. • 

Trois grandes personnalil^s dramatiques passerent 
aussi a TOdeon pendant cette direction : Lepeintre afn^, 
rh^ritier de Potier, si populaire au Vaudeville et aux 
Vari^t^s, qui devait finir si trislement par le suicide une 
vie estim^e de tous ; Henry Monnier et Laferriere, dont 
nous parlerons plus loin. 

Le personnel administratif ^tait : A. LebouUeis, ad- 
minislrateur ; Achille Baucheron, ex-second r^gisseur au 
Th^Atre-Francais, directeurde la scene ; Hippolyte Mes- 
sant, auteur dramatique applaudi, secretaire du th^tre ; 
Eugene Briere, second r^gisseur; Huart^ caissier; An- 
cessy, chef d'orchestre. 

1850 —1851. 

Le 28 septembre, r^ouverture par : Les P^chiSs de 
Jeunesse, drame en trois actes, en prose, d'Emile Sou- 
vestre. Des situations atlachantes, peut-^tre un peu trop 
exploit^es, et une bonne interpretation ont enlev6 le suc- 
ces. (Bouchet, Roger, Moreau-Sainti, T^tard, Tournier; 
M"'*' Marie Laurent, Roger-Soli^.) 

Le 9 octobrej Un Valet sans livriSe, com^die en 
un acte, en prose, de MM. Leonceet Moleri. Dans un 
diner d'adieu ^ la vie de gargon, on persuade au fiance 
de M"* Verdureau que le mariage est une chose absurde; 
il envoie sa demission ^ son beau-pere ; heureusement un 
de ses camarades intercepte la leltre. (Moreau-Sainii, 
Anselme, Talbot, Tournier; M'"*' Moreau-Sainti, Dema- 
gerott, Caron, Dargilly, Talini.) 



CHAPITRE XVIII. 333 

Le dS novembre, Sapho S drame en un acte, en 
vers, de Philox^ne Boyer. On connatt le sujet. Ces sortes 
de pieces ne brillent que par la forme et T^tude des ca- 
racteres. Gelle-ci, bien rimee, pleine de tirades savam- 
ment composees^ plut beaucoup. L'auteur, qui ^tudiail 
avec amour les pontes grecs, avait r^pandu dans son 
ouvrage commeun parfum d'H6siode. M'"* Laurent jouait 
Sapho. (Bouchet, Martel, M"*" Th^ric, Jouassain.) 

Le mdme soir. Lbs Baisbus, com^die en un acte, 
en prose, d'Hippolyte Lucas. Une comtesse habile 
son ch&teau avec le docteur Remy. Le neveu du bon- 
homme s'y inlroduit sous la defroque de son oncle et 
parle d'amour k la comtesse dont il est ^pris. Tout finit 
parun mariage. (M"*' Sarah Fdix, Laurentine L^n ; 
M. Moreau-Sainti.) 

Le 6 decembre, Lbs Ennemis de la maison, com^die 
en trois actes, en vers, de Gamille Doucet ; charmant 
ouvrage ou Ton applaudit des caract^res bien observes, 
et quelques-unes des meilleures scenes de ce talent aima- 
bleel spirituel. Grand succes. La pi^e est maintenant au 
repertoire de la Com^die-FranQaise. (Bouchet, Moreau- 
Sainti, T6tard; M"" Rog[er-Solie, Sarah F61ix, Bilhaut, 
Fortin.) 

Le 23 dicemhre. La Fin de la Comi^die, com^die en 
deux actes, en prose, de Taxile Delord. La scene se 
passe en Allemagne. Deux jeunes mari^s, la lune de 

\ . Theodore de Banville avait fait un charmant prologue k cette 
piece ; il ne put dtre dit, Altaroche Tayant distribu^ trop tard. L'ou- 
verture ^tait de M. Ancessy. 



334 L'ODtON. 

miel finie, s'imagineDt qu'ils ne s'aiment poitit; on leur 
conseille de divorcer; d^s qu'ils soot libres de se quitter, 
lis s'apergoivent qu'ils ne peuvent se passer Tun de 
1 'autre. Pour faire vivre un tel sujet, surtout en trois acles, 
il fallait beaucoup de verve et d'esprit. L'auteur, jour- 
naliste distingu^ cependant, eut le tort de s'en passer ^ 
Chute. Trois representations. (Bouchet, Roger, Harville, 
Boudeville; M"** Roger-Solid, Bilhaut.) 



1851. 

. Le 4 Janvier, Le Testament d'un Garpon, drame 
en trois actes, en prose, de MM. Ch. Desnoyer et Eugene 
Nus. Ouvrage intdressant. Tisserant et Eugene Pierron 
ddbutferent dans celte pi^e et firent beaucoup pour sa 
rdussite. (M"" Marie Laurent, Roger-Solid.) 

Le 15^ en Ire le Misanthrope et les Femmes savanies. 
Ode a MoLifeRE, hommage dramatique a quatre person- 
nages, de Thdodore de Banville. Voici quelques strophes 
ciseldes par le maltre-ouvrier des Cariatides : 

Peuple, je auis la ComMie, 
La Muse au sourire effront(^ 
Que fuit la sottise, assourdie 
Aux carillons de sa gaiety. 

C*est k moi de chanter Moli6re I 
Moi, la Muse aux graves leQons, 
Qu'il a trouv6e, aventuri^re, 
Errante k travers les buissons. 

4. On sail le parti que vient de tirer du mdme aujet M. Victorian 
Sardou dans sa charmante com6die du Palais-Royal : Divorgoyis I 



CHAPITRE XVIII. 333 

Je fus sa premiere maltresse, 
Et si, pour le peuple enchant^, 
Dans un soavenir d*all6gresse 
Moli^re doit 6tre chants, 

Cest par moi, c'est par mon d^Iire , 
Car boh^mtenne du del 
Moli^re me doit son soarire 
Et CO sourire est immortel! 

(Bouchet; M"^ Marie Laurent, Sarah Felix, Roger- 
Solie) . 

Le i6 Janvier, Un paysan d'aujourd'hui, com6die 
en un acte, en prose, d'Emile Souvestre. II n'y a plus 
de paysans aujourd'hui, ilssavent tous parler latin, faire 
des armes et des mots, t^moin ce bon fermier, qui, 
habile comme Scapin, dejoue les projels d'un jeune sei- 
gneur sur safermiere. (Tisserant, Tetard, Harville.) 

Le f" fivrievy Don Gaspar le Mendiant, drame en 
cinq actes et six tableaux, en vers, d'Adrien Lelioux^ 
Don Fr^^ric, trouvant Philippe II chez celle qu'il 
aime, Tinsulte. Le roi, peu endurant, comme on sait, 
le fait Jeter en prison. Juana ^perdue, pour sauver son 
amant, cede au roi d'Espagne. Le comte apprend ^ quel 
prix il a sa liberty ; sc^ne de reproches, etc. Les deux 
amants s'empoisonnent. Caract^res bien traces; ^l^gance 
et vigueur de style. (Tisserant, Bouchet, Martel, Har- 
ville, Talbot; M"*' Payre, Roger-Soli6, Langlois, Le- 
petit.) 

Le 2 mars, Pierrot, comedie de carnaval, un acte 

4 . Adrien Leiioux ne declamait ses vers que le chef co\S6 d'uD 
bonnet rouge. 



336 L'ODEON. 

en prose, de MM. Lefranc et A. Decourcelle. Belmont, 
aprfes avoir pass6 la nuit au bal de TOp^ra, en compa- 
gnie d'^cervel^s, la termine chez lui par un souper 
fm : histoire d'enterrer sa vie de gargon. Dans son 
ivresse, il parie qu'il gardera toute la journ6e son cos- 
tume de Pierrot. Apres une foule de quiproquos, I'ar- 
rivee de son beau-p^re, de sa fiancee, etc. , il gagne son 
pari. Succfes. (Moreau-Sainti, Anselme.) 

Le 21 mars J les Contes d'Hoffmann, drame fan- 
tastique en cinq actes, tanldt en prose tantdt en vers, ni 

plus ni moinsqu'une piece de Shakespeare, par MM. Jules 

« 

Barbier et Michel Carre, musique d'Ancessy. Dans un 
prologue dont la decoration repr(5sentait la cave ou 
s'enivrait Hoffmann, la muse de Tinspiration jaillissait 
d'une tonne d' Heidelberg, et par une allocution en 
vers pr^parait le public a la bizarrerie du spectacle. 
Alors, comme dans Viclorine ou la Nuit parte conseil^ 
premiere piece de ce genre, les r^cits du pofete attabl6 
avec les etudiants prenaient corps et se d^roulaient 
devant les yeux des speclateurs. Cette piece, originale, 
d'un style vif et spirituel, pleine de caracteres dra- 
matiques, tres bien montee, jou^^e sup^rieurement par 
M™* Laurent, etonnante en personnage automatique 
au deuxieme acte, par Tisserant dans un rdle a tra- 
vestissements, par Pierron dans Hoffmann, fit deux 
mois de belles receltes ^ . (Jourdain, Anselme, Tetard, etc. ; 
M"' Bilhaut.) 

4. Cette fantaisie dramatique n'avait primitivement qu'an acte 
et etait destin^ au theatre des Vari^tes. Augment^e de la mu- 



CHAPITRE XYIIl. 337 



1851-1852. 



Le 6 seplembre, i*eouverture avec les Fauilles, 
com^die en cinq actes, en vers, d'Ernest Serret. C'est 
Thistoire de deux families, Tune heureuse par son tra- 
vail, I'aulre d(fsunie par la faute du pfere. Intrigue simple, 
denoument trop prevu ; mais des caraclferes bien traces, 
de belles pensees exprim^es en jolis vers. Grand succes. 
Cette oeuvre litteraire et morale obtint, sur le rapport de 
Sainte-Beuve, le prix de 3,000 francs fonde par le 
ministre L^on Faucher, pour le raeilleur ouvrage drama- 
tique de I'annee. Vingt et une representations. (Tisserant, 
Bouchet, Pierron, Neroud, Metreme, Tallin; M"^'Grassau, 
Boudeville, Roger-Sol ie, Jeanne Anais.) 

Le 19 seplembre, deux premieres : Sous les 
PAHPRES, comedie en un acte, en vers, de Jules Lorin. 
Le vieux Gellius aime Lesbie et veut Tenlever a Catulle; 
une pifece de vers que le pofete fit contre Cesar sert de 
prdlexte a la denonciation du jaloux. Heureusement, 
Cesar est bon prince, et pardonne. Intrigue indigente 
rachet^e par des vers Elegants et faciles. Succes d'es- 
time. Quinze representations. (Bouchet, Talbot, Chery, 
M^trfeme; M"" Sarah Felix, Lepetit), et Livre III, 
GUAPiTRE 1*% comedie en un acte, en prose, de MM. Eu- 
gene Pierron, Ad. Laferriere et H. Auger S Une des 

sique de Jacques OfTenbach, elle est aujourd'hui Tun des plus grands 
succ^ de rOp(5ra-Comiqne. 

\. C'est la comeJie d'H. Auger : Un moyen dangereux, represen- 
ts a Saint-P^teribourg en mars 184i, arrangde par Pierron. 



338 L'ODfeON. 

petiles pieces les mieux faites du repertoire derOd^on. 
R^petee quelque temps au Thefttre-Historique, elle 
passa avec un des auleurs au second TheAtre-Francais et 
y obtint un trfes vif succes. Trenle-quatre representa- 
tions. (Pierron, N^roud; M"*^ Laurentine.) 

Le 2i octohre, Andre del Sarto % drame en deux 
actes, en prose, d'Alfred de Mussel. Musique d'Ancessy. 
Ge n'etait en r^alite qu*une reprise, mais ayant tout 
i'atlrait d'une premiere representation. Deux ans aupa- 
ravant, Ie21 novembre 1848, cette belle oeuvre n'avait 
r^ussi qu'a demi a la Corned ie-Frangaise. Tisserant, qui 
brulait de jouer le r6ie cree par Geffroy, alia, le lende- 
main de son engagement k I'Od^on, demander k Tauteur 
la permission de la reprendre. On etablit Tunit^ de lieu 
qui n'existait pas auparavant : les jolies scenes parasites 
furent retranch^es, le denouement fut change : Cordiani 
mourut au lieu de fuir avec Lucrece, et Ton obtint un 
tres beau succes. Trente-sept representations. (Tisserant, 
Martel, Roger, Harville, Fleuret, Tallin ; M"*» Sionah- 
L^vy, Bilhaut, Jeanne Ana/s.) 

Le 6 novembre^ Les Droits de l'homhe^ comedie en 
deux actes, en prose, de Jules de Premaray. « Du cdt^ de 
la barbe est la toute-puissance », dit Moliere. Elle est 
plut6t du c6te de la cornette, tend a prouver cet aimable 



1. Andre del Sarto avait paru pour la premiere fois en 4833 dans 
la Revue des Deux Afondes; imprim^ en 1834, dans la 2* livraison du 
Spectacle dans un Fauteuil; retouche pour la sc^ne, rtduit a deux 
actes et reprcsenle sur le Theatre-FranQais le 21 novembre 4848 par 
Geffroy, Maillart et .M"« Rimblot. 



CHAPITRB XYIII. 839 

ouvrage, qui reussit et passa au TheStre-Frangais en 
1852. Vingt-sept representations. (Lepeintre atn^, Pier- 
ron, N^roud; M"~ Sarah Felix, Roger-Solie, Laurentine.) 

Le d9 dicembre, premiere (a ce theatre) du C^ghb- 
MiRB VERT, com^die en un acte, en prose, d'Alexandre 
Dumas et Eugene Nus, representee au theatre du Gyra- 
nase deux ann^es auparavant* Tisserant, qui y avait 
obtenu un tres grand succfes, la fit reprendre k TOdeon, 
oil elle fut accueillie avec faveur. Seize representations. 
{Talbot, Delacroix; M"' Roger-Solie.) 

Le 29 dicembre, Les Marionnettes du dogteur, 
drame en cinq actes et onze tableaux, dont un prologue 
et un Epilogue, en vers et en prose, de MM. Jules 
Barbier et Michel Carr^. Musique de M. Ancessy. Les 
deux nieces du docteur Lebon veulent s'envoler k Paris 
avec leurs amoureux ; pour les retenir, il imagine de 
repr^senter devant eux un drame de sa composition, afin 
de leur montrer les dangers qui les attendent dans la 
capitale. Pendant quatre acles on voit cette le^n se 
d^velopper dans deux intrigues plus ou moins reus- 
sies. Un acte, ou la scene' etait divisee en quatre par- 
ties, plut particulierement par son originality. Les au- 
teurs des Conies d' Hoffmann avaient voulu donner un 
pendant k leur premier succes. Us ne r^ussirent qu'a 
demi. Gelte nouvelle pi^ce fantaisiste fut trouvee 
curieuse, mais un peu indigeste. Quarante-huit repre- 
sentations. (Tisserant, Clarence, Pierron, Martel, Bou- 
d3ville, Tetard, Fleuret; M"" Roger-Solie, Sarah Feli\, 
Jolivet, Bilhaut.) 




340 L'0D£0N. 



1852. 



he ^6 Janvier, Hohmagb a Moli^re, po^sie r^il^ 
par M""* Sionah-L^vy; I'auteur, M. Arthur Tailhand, 
donne le 11 fevrier : Le Premier Tableau do Podssin, 
drame en deux actes, en vers, qui obtint un franc succes 
litt^raire. 21 representations. (Clarence, Talbot, Tetard; 
j^mes Briard, Roger-Soli^.) Le mfime soir, Un Bal d' AvouiSs, 
comedie en trois actes, en prose, de Melesville et Carmou- 
che, fut trfes-applaudie. Cen'^tait d'ailleurs qu'un arran- 
gement, sous un autre titre, de la Separation, jouee le 
1*' novembre 1830, sous la direction Harel. 26 repre- 
sentations. (Tetard, Neroud, Lacroix, Dubois; M"" Gras- 
sau, Sarah-Felix, Lemerle.) 

Le 15 fevrier, L'Original et la Copie, coni^die en 
un acte, en vers, de MM. Jautard, Gustave Harmant et 
Numa. Succfes, sauf au denoument. 13 representations. 
(Roger, Meireme, Tetard ; M"*' Laurentine-Leon, Res- 
tout, Jeanne AnaKs.) 

Le 8 mars, Les Cinq Minutes do Comhandeur, 
drame en cinq actes et sept tableaux, en prose, tire par 
Leon Gozlan de son roman : le Dragon Rouge, echoua. 
« J'ai Yu tomber le Commandeur », disait au denoue- 
ment Tacleur Videix avec un grand geste desespere. 
<c Et nous aussi ! » repondirent en choeur les etudiants du 
parterre. On n'eut pas le courage de sillier cette piece, 
qui contenait de grandes et serieuses beautes. 17 repre- 
sentations. (Tisserant, Clarence, Bouchet; M"** Boude- 
ville, Laurentine-Leon, Bilhaut.) 



CHAPITRE XVin. 34! 

Le 2 avrily Dos a Dos, proverbeen ud acte,en prose, 
de M"* Roger de Beauvoir, joue au b6n6fice de M"* Sarah- 
F^lix par la ben^ficiaire, M. Leroux et M^*" Judith, de la 
Com^die-Frangaise. 

Le ii avril, Un Mari d'oggasion, de M. Hippolyte 
Lucas, un acte en prose, com^die, disait Taffiche; c'^tait 
plutdt un vaudeville. De la gaiete, mais un peu grosse. 
Succte. 16 representations. (Talbot, T^tard.) 

Le i6 avril^ L'exil de Maghiavel, drame, d'abord 
en cinq, puis en trois actes, en vers, de Leon Guillard *. 
Machiavel exile et puni par son propre fils^ voilJi le sujet 
de cette piece, pleine de belles situations, malheureuse- 
ment un peu a I'^lroit dans ses trois actes. Succes d'es- 
time. ill representations. (Bouchet, Martel, Fleuret; 
M"* Sionah-L^vy.) 

Le 7 maij Les Absents ont raison, com6die en deux 
actes, en prose, de M"" Anais S6galas. OEuvre l^gere, 
aimable et bien faite. R^ussite complete. 17 representa- 
tions. (Talbot, Lacroix, Fillion, Tetard; M"' Laurentine- 
L6on.) 

Le 19, Ghassb au Lion, com^die en un acte, en 
prose, de MM. Emile de Najac et Gustave Vattier. Ge 
lion pourchasse n'a aucun rapport avec le roi des fauves ; 
c'est un elegant personnage de quarante-huit ans, un peu 
ridicule, qu*une femme dechambre habile conduit, par le 



4. L'auteur coDsentit auz suppressions impos^es par la censure. 
L'ezcellent comedien Geffrey regrettait que la pi^ce n'eiit pas die joude 
k la Comddie-FraDQaise. 



34« L'ODlfeON. 

nez, jusqu'au mariage. 11 representations. (Pierron, 
T6tard;M"«Laurentme.) 

Le 21 maty Le Bougeoir, com^die en un acte, en 
prose, de Clement Caraguel. Piece dans le genre de a 
Gageure imprivue et des proverbes d' Alfred de Musset, 
d^jk publi^e par la Politique nouvelle ^ Un pen pelite 
pour le grand cadre de TOd^on, mais amusanteet fine, 
cette aimable bluelfe est aujourd*hui au repertoire de la 
Comedie-Frangaise *. 11 representations. (Pillion, Me- 
trfeme;M'°« Sarah-Felix.) 

1852-1853. 

Le f" septembrej reouverture avec deux grandes 
pieces nouvelles : Marie de Beaumarchais, drame en 
quatre actes et un prologue, en vers, imite du Clavijo de 
Goethe par Galoppe d'Onquaire. Piece ennuyeuse et som- 
nifere. Insucces, 10 representations (Bouchel, Pierron, 
Boudeville, Martel, Crigny; M'"®' Marie Leroux, Briard), 
et les FiLLES SANS DOT, com^die en trois actes, en prose, 
de MM. Lefranc et Bernard Lopez, qui, beneficiant de 
reflet desastreux de la premiere piece, obtint, de par la 
Joi des contrastes,.avec un pen d' esprit, de gaiete et quel- 
que connaissance de la sc^ne, un succes edatant. 41 re- 
presentations. (Tisserant, Metreme, Roger, Tetard ; 
M"" Roger-Solie, Valerie, Marie de Berg, Holbe.) 

4. Revupi hebdoraadaire, numero da 26 octobre 4854. 
t. Depuis le 26 mai 48')6, apr6s avoir et6 jou^e k Saint^Peters- 
bourg par M'"« Arnould-Plessy. 



CHAPITRE XVIII. 343 

Le 2 septembre^ La Tante Ursule, com^die en deux 
actes, en prose, de Mol^ri. Cette piece n'avait qu'un 
tort, celui d'etre en deux actes; quoique trop longue, elle 
fut accueillie avec faveur. 24 representations. (Kime, 
Fleuret^N^roud, Benjamin; M"*" Grassau, Lafont.) 

Le 20 oclobre, Bicheliel, drame en cinq acles, en vers, 
debut de M. Felix Peillon. Le defaut des oeuvres des 
« jeunes » est souvent I'imiiation ; on trouva que cette 
pi^ce^tail inspir^ede la Marion Delorme d'Hugo et de la 
Diane d'Emile Augier. L'action roule sur une double 
conspiration : celle de Baoul d'Arques contre Bichelieu 
et celle de Gaston d*Orleans contre le roi. Succes litteraire 
complet. Le cinquieme acle, excellent de tous points, fut 
accueilli par des acclamations. D'oii vient qu'apres un 
debut si brillant Ton n'a plus enlendu paiier de 
M. Peillon? (Pierron, Bouchet, Fillion, Kime, Neroud, 
Ferviile; M"" Briard, Daubrun, Marie Leroux) 36 repre- 
sentations. 

Le 7 novembre^ Les Quatre Corns, comedie en un 
acte, en prose, de Leon Ballu. Donnee inspirce du jeu 
d'enfants : un amoureux, plus adroit que les trois 
aulres, ne laisse point conquerir son coin. Agreable 
bluelle. 15 representations. (Telard, Neroud, Harville ; 
M""* Boger-Solie.) 

Le 23, Graniteur et decadence de Monsieur Joseph 
Prudhomme, comedie en cinq actes, en prose, de 
MM. Henry Monnier et Gustave Va^z. Des 1831, avec 
la Famille improvis^ey le personnage de Joseph Pru- 
dbomme parut sur la scene. Dans les ateliers, ou Henry 



344 L'ODfeON. 

Moanier ^lait si populaire, dans ies caricatures* dans 
les journaux, on s'^tait familiarise avec ce type que Tau- 
teur-acteur personnifiait d'une fagon si plaisante et si 
parfaite. Altaroche avaitpu apprc^cier mieux que personne 
dans le Charivari combien cette cr^tion humoristique 
etait goiitee du public; en la transportant agrandie sur la 
scene, on avait dej^ un grand element de curiosity., la 
moiti^d'unsucces. Quelques mots sur lesujet : Au pre- 
mier acte, nous sommes avant iS/iS, M. Prudhomme 
est capitainede la garde nationale. Quel d^sespoir quand, 
apres la r^rorme, il apprend que Ies bonnets a poil sont 
supprim^s! Du moins il en conservera k jamais le souve- 
nir, grdce a Thabile pinceau de M. Marteau, qui Fa peinl 
en pied dans son uniforme. le chef coiffe du fameux et 
si regrette bonnet. Apr^s la r(§volution de 1818, M. Prud- 
homme se retire ^ la campagne, non pour soigner ses 
laitues comme Diocli^tien, mais pour y planter des choux. 
L'ambition le saisit encore; au milieu des champs il 
songe a la deputation. On lui fait mSme accroire qu'il est 
ministre; cette illusion s'^vanouit vite. Les auteurs ont . 
plaque sur cette don nee simple Ies mots ceiebres de 
reieve de Brard et Saint-Omer, professeur d'dcriture 
patente. Henry Monnier dans le r61e de Prudhomme fut 
etonnant de fantaisie ; M*""" Grassau, qui repr^sentait sa 
femme, M. Tetard, la charmante M^^° Valerie, MM. Tal- 
bot, Boudeville, Metreme, M"' Bilhaut contribuerent au 
succes de cette gaie comedie bourgeoise. 98 represen- 
tations. 

Le d9 dicembre^ Le Loup dans ia Bergerie, comedie 



CHAPITRE XVIII. 345 

en ua acte, en prose, d' Arnould Frtmy, Un mari qui veut 
d^o&ter sa femme des plaisirs mondains, feint de les 
aimer jusqu'k la passion. L6ger succfes. 1/i representa- 
tions (Tisserant, Pillion, Boudeville; M"*' Laurentine- 
L^on, Marie de Berg, Bilhaut). 

Le 26, LE Feuilleton d'Aristophane, com^die sati- 
rique en un acte, en vers, pr^c^d^e d'un prologue en 
prose, avec entr'acte en vers dit par M"* Roger-Soli6, de 
MM. Philoxfene Boyer et Theodore de Banville, musique 
d'Anc^asy. Le compere de cette revue parisienne (car, 
ainsi qu'au Palais-Royal et aux Vari^t^s, les auleurs ont 
employ^ cet inevitable personnage) est ici Aristophane lui- 
m^me. Le grand satirique grec, dont la verve est ^puis^e, 
est conduit k Paris pour y trouver de nouveaux sujets de 
comedies. En bottes vernies, en pantalon coUant, enfin 
k la derni^re mode, suivi de son esclave Xanthias, il voit 
deQler les curiosites de Tann^e : la peinture, la musique, 
les livres, le the&tre. Fantaisie charmante^ pleine de 
beaux vers, de strophes spirituelles et g^n^reuses. On 
applaudit un joli rondeau sur Balzac et sa Comidie hur- 
maine, ainsi que ces vers qui rentrent trop dans notre 
sujet pour que nous les passions sous silence : 



L^Od^on! c'est tonjours, pour Tesprit des Journaux, 
Le Tolcan dont le temps ^teignit les fourneaux, 

La Palmyre aux detours sonores 
Dont jamais un Volney ne trouble le repos, 
Et le morne desert, od ronflent les troupeaux 

De buffles et d*onocentaures 1 
Mais, quand ils ont, pendant les farces du dihut, 
Centre notre Od^on et contre Tlnstitut 



346 L'ODfiON. 

Tordu r^pigramme momie, 
Les railleurs k leur toar r^vent un Pantheon 
Ely Icur oeuvre k la main, tourmentent TOddon, 

Cette cler de TAcad^mie. 

(Pierron, T^tard, Kirae, Boudeville, N^roud, Fleuret; 
M"" Bilhaut, Roger-Soli^, Grassau, Marie Daubrun, 
Valerie, Deberg, Del ma ry, Clairemont). 10 representations. 

1853. 

Le d 5 Janvier y en Ire le Misanthrope et leMalade ima- 
ginaire^ Hommage a Moli^re, stances tres-reussies de 
M. Henri Beaunis, r^citees par M"' Marie Leroux. 

Le ii fivrier, Les CEuvres d'Houace, comedie en 
unacle, en prose, de M. Eugene Pierron. Demi-succes. 
L'auteur-acteur jouait dans sa pitee avec M"*" Laurentine 
et Valerie. 16 representations. 

Le a marsj L'Honneor et l'Argent, comedie en 
cinq actes, en vers, de Ponsard. Cette premiere comedie 
de Tauleur de Lucrece, regue Ji corrections le 2 novembre 
1852 par le comil6de la Comedie-Frangaise sous le litre 
de la Comedie boiirgeoise^ y aurait certainement ete re- 
presentee avec Lady Tartvffe, alors en repetition ; mais 
Ponsard ne voulut pas altendre. Les societaires se 
seraient plus presses si Ulysse^ du mSme auteur, qui 
leur avait coute 36^000 francs de depenses, n'avait pas 
refroidileur ardeur. Cefutun tr^s-grand succes d'honneur 
le premier soir, et peu de temps apres un succ^s d^argent. 
L'inlerpretalion fut superieure. Laferrifere joua Georges 
avec une chaleur, une verve, une passion^ que son sue- 



CHAPITRE XVIII. 34 

cesseur Delaunay, plus irr^prochable comme diction, n*^- 
gala peut-^tre pas, quand plus tard la pi^ce passa au 
repertoire de ]a Com^die-FranQaise. Tisserant fut parfait 
dans le beau r6Ie de Rodolphe. Pr6s de ces deux excel- 
lents artistes on applaudit : Kime, Talbot; M"® Valerie, 
tous! M"* Preval seule fut critiqu^e. 94 representations. 

Le dimanche 5 jiiin, Le Roman de Village, gracieuse 
com^die en un acle, en vers, de MM. Pol Mercier et 
fedouard Fournier, deux auteurs d^j^ jou^s k la Com^- 
die-Frangaise. Succ^s. \ 9 representations. (Bouchet, 
Martel, Xetard; M"'*^' Marie Leroux, Bilhaut.) 

La dernifere representation de la direction Altaroche 
futdonn^e le 26 juin 1853. On joua Vllonncuret r Argent 
devant 2,883 fr. 50 c. de recette. Les 94 representations 
donnferent le chiffre de 203,702 francs ^ 

djSbuts. 

1850. — 29 septembre. — M. Tournier; M"'' Sio- 
nah-Levy et Jouassain dans Hamlet. 

30 septembre. — M. Boudeville dans les Folies 
amoureuses. 

1" octobre. — M™*" Fortin dans George Dandin. 

3 octobre. — M^^""* Theric et Demongeotte dans 
VEcole des Femmes. 

4. Ponsard, croyant peu k un succes d'argent, renonQa, dit-on, h 
ses droits si la recette ne couvrait pas les frais; les frais couverts, il 
devait parlager avec Altaroche. II gagna ainsi de plus que le direc- 
teur 25,000 ^cus, qu'ii perdit, paralt-il, k Spa, k la roulette. 



348 L'ODfiON. ' 

13 octobrc. — M. Talbot dans Othello. 

15 oclobre. — M"' Jolivet dans les Fernmes savantes. 
16octobre. — M"" Sarah-Felix et Bilhaut dans 

Tartuffe et les Pr^cieuses ridicules. 

17octobre. — M. Martel AdJ\s Andromaque. 

1851. — 2 mars. — M. Adolphedans ZcCire. 

16 mars. — M. Delacroix dans les Conies d' Hoff- 
mann. 

6 septembre. — MM. N^roud, M6treme, M"' Bou - 
deville dans les Families. 

li septembre. — M. Fleuret, M"' Ficher dans les 
Horaces. 

21 septembre. — M™' Amant dans Andromaque. 

9 octobre. — M. Hubert dans le Dipit amoureux. 

2 novembre, — M"*' Derby dans Horace ^ Restout dans 
le Mariage de Figaro. 

6 novembre. — M"* Lafont dans VEcole des maris. 

1852. — 11 Janvier. — M. Armand Colin dans 
le Cid. 

15 Janvier. — M"* Florence, T6tard, dans le Malade 
imaginaire. 

3 fevrier, ■— M"® Lemerledans VEcole des maris. 

8 fevrier. — M^'* Isabelle Constant dans Andromaque. 

11 Kvrier. — M"' Briard. 

18 avril. — M"® Hortense dans le MMecin malgri 
lui. 

1*' septembre. — M"®* Valerie et Marie de Berg dans 
les Filles sans dot. 

5 septembre. — M. Kimedans les Folies amoureuses . 



CHAPITRE XYIII. 349 

11 septembre. — M^" Daubrun et Lafont dans 
Tariuffe. 

li oclobre. — M"* Delmary dans les Jetix de I'a^ 
mour. 

15 oclobre. — M"* Adrian, M. Fr^ville dans Tariuffe. 

27 octobre. — M"** Marie Dorigny dans le Dipit amou- 
reux. 

6 d^mbre. — M"* Robert dans les Folies amou- 
reuses. 

1853. — 11 mars. — M"® Preval dans VHonneur et 
VArgent. 

RBPRISES5 AEPRl^SENTATIONS EXTRAORDIN AIRES. 

1850. — Le 7 septembre. — Lepeinlre ain6 joue 
dans deux pieces : YAbbi de VEpie et la Petite Ville; 
le li, dans Une Journie a Versailles. 

Le 21^ reprise de V Homme gris, avec Lepeintre 
atn6. 

Le 28^ reprise du Philosophe sans le savoir. 

5 oclobre, premiere (a ce th^Atre) de Elle est Folk ! 
drame de Melesville*, et le Voyage interrompu (Lepeintre) . 

24 octobre, benefice : 3f* de la Verriere. 

26 octobre, b^n^fice : Les Freres corses (Feebler, 
Boutin). 

27 octobre, reprise de Jeanne d'Arc. 

4. Joud primitivement, avec les couplets, au Ih^tre du Vaude- 
ville. 



350 L'ODfiON. 

5 novembre, b^n^ftce : trois pi^es du Palais-Royal, 
dont une avec Arnal. 

23 novembre, premiere (kcethdfttre) du Mart de la 
Favorite, de Michel Masson. 

27 novembre, premiere (k ce th^&tre) de la Jeu- 
nesse de Henri V. 

1851. — 12 Janvier, premiere (a ce th^tre) d'Une 
Temp4le dans un verre d'eau^y com^die en un acte, 
en prose, jouee primitivement au Thefitre-Historique 
(Pierron ; M"* Laurentine.) 

2 fevrier. — Reprise de Jarvis Vkonn^te homme. 

9 Kvrier. — Reprise du Don Juan de Moliere. 

18 et 25 Kvrier. — Deux benefices : chaque fois, 
Y Ambassadrice y op^ra-comique avec Ponchard et 
M'^' Miolan. 

Mi mars. — Benefice de M^^* Lia-Felix : Phedre avec 
Rachel, les Femmes savantes avec Menjaud. 

15 mai. — Representation extraordinaire : La Tour 
de Nesky avec M^lingue et M°*® Marie Laurent. 

22 mai. — premiere (ace th^tre) du Tyrandomestique. 

1®' juin. — Fermelure. 

11 septembre. — Reprise des Trois Freres rivaux. 

2 decembre. — Le soir du coup d'Etat, personne 
dans la salle, non plus que le lendemain. 
Le ft. et le 5 decembre. — Relftches. 

12 decembre. — Ren tree de Clarence dans Francois 
le Champi. ^ 

1. Aujourd'hui au repertoire de la Comddie-Francaise. 



GHAPITRE XYIII. 354 

1852. — 29 Janvier. — Bdn^fice de Lepeintre atn6: 
Dejazet chante la Lisetle de Beranger ; Rachel joue le 
deuxifeme acie d' Athalie ; on Bnissait par le Binificiaire, 
com^die en cinq actes. 

2 avril. — B^n^fice de M"' Sarah-F^lix : elle joue 
Adrienne Lecouurcwr avec sa soeur Rdcliel. 

11 avril. — Premifere (k ce th^&tre) des Deux Minages. 

30 avril. — Benefice de M"* Sionah Levy : Horace et 
Tartuffe avec Ligier, M°*** Allan et Dupont, de la Com6- 
die-Frangaise. 

6 mai. — Benefice de Tisserant : Roger BontempSy par 
les acteurs du Gymnase; le Bonhomme Jadis, par la Goni6- 
die-Frangaise ; intermfedes par les freres Lionnet. 

28 mai. — Bdn^fice de M^ Briard : Rachel joue les 
Horaces avec son fr^re Raphael et sa soeur Rebecca. On 
finil par un acte du Palais-Royal. 

2 juin. — Benefice des enfants de Merle : la Dame 
aux Camillas, avec Fechler et M"*' Doche. 

6 juin. — Benefice de M. Marchand fils : La Poissarde^ 
par les acteurs dela Porte-Saint-Martin (Boutin ; M"' Lau- 
rent) . 

6 septenibre. — Reprise de le Premier venu, ou Six 
lieues de chemin^ comedie en trois actes, de Vial *. 

24 septembre. — Benefice de la caissedes auteurs. 

19 octobre. — Representation extraordinaire offerte 
aux regiments du quartier du Luxembourg. Musique par 
M. Nicou, du 19*deligne. 

4. Representee en i'an IX, et mise en op6ra-coroique en 4848. 



361 L'ODftON. 

ft decembre. — L'affiche de I'Od^oa porte pour la 
premifere fois ren-t6te : TMdtre imp^riaL 

1853. — 17 f^vrier. — B6n6fice de Tisseranl : 
le Misanthrope, par le ben^Qciaire ; un acte du Gymnase ; 
chansonnettes par D^jazet et Joseph Kelm, et quatre ta- 
bleaux de Benvenuto Cellini avec M^liDgue. 2,092 fraDcs 
de recette. 

19 f^vrier. — Ben^QcedeM. Messant ://a Terre promise^ 
com^die en trois actes, du Vaudeville. 737 fr. 50 de 
recette. 

2 mars. — B^n^Qce de la caisse des auteurs : Le Ma- 
lade imaginaire et des pieces des Vari6t^s et du Palais- 
Royal. 

20. — Kime joue le Manage de Figaro. 

En mai. — Trois b6n^fices : i° celui de Laferriere, avec 
VHonneuret V Argent ; 2** celui de T6tard, avec deux pieces 
de rOdeon et une du Palais-Royal; 3'* celui de M"® Marie 
Leroux, trois actes du Gymnase et un du Vaudeville 
(F61ix). 

27 juin. — Cldture. — Fin de la direction Alta- 
rocbe. 



<•: 



INDEX ALPHABETIQUE. 



(Les litres des pieces sont en italique,) 



Abadie, 92. 

Abbd de V6p4e (D, 41, 469, 260. 
Abbesse des Ursulines {V), 445. 
Abbingham, 98^ 99. 
Abbott, 97, 98, 104. 
Abrantes (Napoleon d'), 243. 
Absents ont raison (les), 341 . 
Accident en voyage (1*), 24. 
Achard, 474. 
Achille, 499,206, 229. 
Achille (M°>«), 495. 
Acres, 98. 

Acle de naissance (l'), 26. 
Actionnaire (r),'495. 
Actrice (F), 86. 
Adam, 454, 473. 
Ad6Ie (M"«), 3. 
Adeline (M"o), 3, 42. 
Adelaide Duguesclin^ 44, 88. 
Ader (J.-J.), 46, 70, 86, 88, 442, 
444, 464. 
II. 



Adieux au public (les), 207. 

Adjoint (V) et VAvou4, 59. 

Adolphe, 3, 84, 88, 348. 

Adolphe (M™), 462. 

Adolphe et Clara, 93, 465. 

Adrian (M"«), 349. 

Adrien, 65. 

Adrienne Lecouvreur, 432, 354. 

Agamemnon^ 35. 

Agnes de M4raniey 256, 257. 

Agrippine, 206, 225. 

Aignan, 60. 

Aim6-Gibert, 248, 344, 346. 

A la gloire de MolUre, 227. 

Alain Blanchard, citoyen de 

Rouen, 7^1. 
Alb^ric (M«n«), 270, 273, 284, 282, 

289. 
Albeit, 448, ^63. 
Albert (M»»«), 74, 72. 76. 
Albertin, 70. 
Albert Hermann, 238. 
Alcade de Molorido (F), 260, 264. 
Alcade de Zalamea (1*), 253. 

23 



35 'a 



INDEX alphab*:tique. 



Alceste, 261. 

Alcesle (M"«) , 81. 

Alexandre, /.76, 312, 313, 316, 

317. 
Alfred, U4. 

Algarra (Carlos d'), 237. 
Aline, 301. 
Allan (M"*), 351. 
Alphonse, 36, 42, 78. 
Altaroche, 327, 328, 333, 344, 347- 

352. 
Altenheim (M">« d'), 230. 
Alzire, 34. 
Amanl (M"e), 348. 
Amant de sa femme (V), 90. 
Amant jaloux (P), 64. 
Amants de Murcie (les\ 2i3. 
Ambassadrice (!'), 350. 
Amedee, 28. 
Amelie (M"«), 86, 111. 
Ami du mari (!'), 36. 
Ami Grandel (!'), 285, 300. 
Ami intime (!'), 236. 
Amis d'enfance (les), 25. 
Amitie des femmes (I'), 325. 
Amour el Bergerie, il9. 
Amour el Intrigue, 78, <19. 
Amour el Sagesse, 496. 
Amy Robsarl, 103, 104, 105. 
Anais (Jeanne — M'n^ Eugene Bon- 

dois), 330, 337. 
Ancelot, G2, 94, 96, 97, 113, 144, 

184, 275, 285,288. 
Ancelol (M"« Virginie), 210, 258. 
Anressy, 249, 316, 310, 323, 3^2, 

333, 336, 338, 339, 345. 
Ancet (M'"°), 250. 
Andrd Chdnier, 223. 
Andr4 del Sarlo, 338. 
Andrieux, 12, 31, 9i, 299, 301. 



Andromaque, 30, 40, 52, 88, 157, 

225, 261 , 348. 
Angile, 183, 246. 
Ango, 246. 

Anglftis (Y) el le Franca w, 101. 
Anglaises pour rire (les), 52. 
Anglemont (d'), 88, 95. 
Annde a Paris (une), 258. 
Anselme, 274, 279,281, 289, 2£5, 

298, 299, 311, 312, 320, 321, 

322, 329, 332, 336. 
Ansel ine (Roger), 277. 
Anlheaume (M«o), 264, 269, 270, 

289, 293. 
Antigone, 235. 
Anliquaire (!') 267. 
Antonie (M»«;, 278, 289, 294, 298, 

302. 
Antony, 160, 225, 246, 286, 

300. 
Apollon If, 66. 
Apparlemenl (!'), in. 
A propos en vers, 198. 
Arabe (l') el la Chrdtienne, 83. 
Arago (£lienne), 324. 
Araldi (M»«), 249, 2o7, 260, 264, 

265. 
Arbogaile, 269. 
Argout (romte d'), 167. 
Ariel (M™*), 295. 
Aris(ophane, 236. 
Armand, 3, 12, 21, 23, 30, 31, 42, 

44, 126, 253. 
Arnal, 58, 350. 
Arnaud, 3, 38, 58, 72, 8^. 
Arnauld, 248. 
Arnauld (Alphonse), 294. 
Arnault (Lucien), 426, 249, 252, 

255, 256. 
Arnault pere, 89, 122. 



INDEX ALPHABftTIQUE. 



355 



Arnould (Auguste), H5, nO, 453, 

156, 457, 484. 
Arnould (Edmond), 256. 
Arnould Fr^my, 345. 
Arnould-Plessy (M"**), 34?. 
A Roland for an Olivar (un Prit4 

pour un Rendu), 99. 
Arsdne, 425, 434, 442, 463, 464. 
Ars^ne (M»«), 203. 
Artaxerce, 24. 
Arthur de Brelagne, 60. 
Article de journal (!'), 4 28. 
Article 170 (C), 238. 
Artigues (Loon d'}, 496. 
Artiste amhitieux (!'), 23. 
Artois de Bournonville (Acbille d'), 

24, 35. 

Artois de Bournonville(Armandd'), 
24, 35. 

Aspasie (M"e), 345, 323. 

Astruc (M™«), 430, 438, 173. 

Aihalie, 38, 50, 208, 242, 354. 

Atbalie (M"«), 260. 

A-t'ilperdu? 6. 

Alrides (les), 275. 

Atlila, 36. 

Aub6 (]«■»« F^licie), 142. 

Auber, 58, 426, 434. 

Aubergede Calais (I*), 9, 26. 

Aubert(M"« Anais), 32, 35, 3r>, 37, 
38, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 
58, 59, 60, 64, 62, 63, 68, 70, 
74, U, 78, 84, 85, 86, 87, 89, 
90, 94, 95, 96, 401, 406, 407, 
408, 442, 443, 444, 448, 472. 

Aubigny (d'), 32,73. 

Audience secrite (l*), 206. 

Auger, 42, 34, 94. 

Auger (H.), 337. 

Augier (fimile), 493, 200,248, 234. 



Augusle, 27, 32, 42, 58, 69, 84, 
94, 95, lOfi, 409, 442, 425. 

Auteur (!') et le critique, 428. 

Autre n, 26 i. 

Autre fille (fhonneur (r), 32. 

Avare (F), 243, 260, 324. 

Avenel, 295, 297, 299. 

Avenel (M"»«), 314, 345, 346. 

Avenluriire (I'), 493. 

Aventure de Panurge (une), 296. 

Aventure de Saint- Foix (une), 
^96. 

Aventure su4doise (une), 244. 

Avocaldesa cause [!'), 498. 

Avocat Pathelin (K), 26, 41, 262. 

Aveugle du Tyrol (I*), 83. 

Aymon, 64. 

Az6ma, 3. 



B 



Bachelier de S^govie (le), 235. 

Bailieul, 79. 

Raisers (les), 333. 

Baget (Jules), 272, 317. 

Rajazet, 487, 488. 

Ral d'avoud (un), 340. 

Bal a la mode (le), 3. 

Ballande, 220, 224, 225, 229, 236, 
237, 240, 242, 267, 268, 269, 
270, 273, 284, 283, 288, 289, 
292, 295, 296, 298, 304 . 

Balzac, 204, 205, 292, 345. 

Bambou (M.), 87. 

Banville (Theodore de), 333, 334, 
345. 

Baptiste, 259, 260, 274, 273, 289, 
294, 295, 296, 299, 301, 313, 
316, 320,322,323. 



356 



INDEX ALPHABfiTIQUB. 



fiaptisle (M"<), 298, 324. 

Bar, 323, 325. 

Baraguey, 49. 

Barba, 421. 

Barbe-Bleue, 75. 

Barbarey, 442. 

Barbier, 84, 289, 294, 298, 344. 

Barbier (Juied), 248, 279, 295, 34 4 , 
336, 339. 

Barbier de Sainte-Marie, 84. 

Barbier de Seville (le), 27, 44, 59, 
60, 65, 76, 93, 207, 226, 260, 
299, 323, 325. 

Barbier e (II), 486. • 

Barr6, 493, 496, 498, 203, 206, 
209, 240, 244, 246, 220, 224, 
222, 223, 229, 230, 234, 235, 
240, 244, 243, 248, 252, 253,254. 

Barricades (ies), 304. 

Barriere (A.), 240. 

Barridre (Th^dore), 230, 240, 329. 

Baroche, 308, 309. 

Baron (Alfred), 493, 495, 497, 499, 
203, 206, 240, 24 3, 244, 245, 
246, 222, 229, 230, 234, 234, 
236, 237, 258. 

Baron (Aiiguste), 493. 

Baron p^re (Acarie), 497. 

Baron [JA^^ Delphine), 237, 242. 

Baron d^Albikrac (le), 45. 

Bataille de Pultawa (la), 83. 

Bartholomin, 475. 

Bathurst (miss), 98. 

Battu (Uon), 343. 

Baucheron (Achille), 332. 

Baudin (M"»«), 28. 

Baudouifi, comle de Provence^ 28. 

Baudotiin empereur, 86. 

Baudain de Wiers, 293. 

Bausset, 42. 



Bayard, 44, 47, 48, 68, 69, 86, 94, 
404,436, 496. 

Bazzoni, 346. 

B4amais (le), 285. 

Beatrice di Tetida, 4 89. 

Beaumarchais, 46,60, 85, 86, 483, 
485, 280, 302. 

Beaumont, 343, 323. 

Beaumont (M»«), 38. 

Beaunis (Henri], 346. 

Beauvallet (L^on), 69, 74, 74, 76, 
78, 84, 86, 88, 94, 94, 95, 407, 
408, 440, 444, 439, 469, 472, 
473, 476, 477, 488, 274, 280, 
284, 282, 289, 293, 300. 

Beauvoir (Roger de), 344 . 

Beaux Messieurs de Bois-Dor^ 
(Ies), 344. 

B^cbard (Fr^d^ric), 274. 

BSdouins en voyage (Ies), 474. 

Beetho7en, 78. 

Bellamy (A. Gondinet), 269, 273. 

Bellanger, 270. 

Bellemain, 78. 

Belle-mkre (la) el U Gendre, 85. 

Beliemont, 85, 86, 88. 

Bellemont (M"*), 86, 88. 

Belleval (M"«), 54 . 

Bellevaut, 260. 

Bellini, 489. 

Belloy (marquis de), 228, 268* 

Beirs Stratagem (ihe), 99. 

Belmont (M">«), 84. 

Belmonlet (L.), 428. 

Belurgey, 6. 

Bender Mres, 8. 

B6n6dit, 444. 

BifUficiaire (le), 354 . 

Benjamin, 343. 

Benvenuto Cellini^ 352. 



INDEX ALPHABfiTIQUE. 



357 



Beranger, 449, 354. 

B^raud (Antony), 432. 

Bdrenger (M"«) , 4 4 4 , 4 4 2, H 3, 4 4 4, 

4 45, 424, 436, 439, 444, 446, 

447, 453, 454, 494. 
Berg (MUe Marie de), 342, 348. 
Bernard (M.)} 4. 
Bernard (Wolf, dit), 55, 57, 58, 

62, 74, 80, 479. 
Bernay (Camille), 209, 228, 295. 
B^rou, 299. 
Berrier (Conslantj, 94. 
Bert (Anselme), 240, 213, 245, 

246, 272. 
Berthault (M"*), 494, 495, 497, 

498, 499, 203, 206, 207, 240, 

244, 244, 245, 249, 224, 222, 

i25, 228, 229, 230, 235, 240, 

285. 
Berthe {W^), 270, 284. 
Berthier (M°»«), 63, 494. 
Berlin (M"®), 289, 295. 
Bertrand et Raton, 472. 
Beverley, 50, 243. 
Bias (M"«), 28. 
Bignon, 493, 495, 497, 499, 203, 

205, 206, 209, 244 . 
Bilhaut, 330, 333, 334.. 
Bilhaut (M"«), 336, 338, 339, 340, 

344, 345, 346, 347, 348. 
Billet blanc (le), 293. 
Biographes (les), 87. 
Biron (M»«), 345, 348, 323. 
Bis (Hippolyle), 36. 
Bisse, 3, 34 . 
Bisse-Lavoncourt, 3. 
Bizot (Leon), 58, 84, 88, 95, 409, 

442, 113. 
Blaise et Babel, 64, 75, 76. 
Blaisot, 249, 253, 259, 260, 267,268. 



Blanc (Edmond), 483. 

Blanc (M»« Charles), 270. 

Blanchard, 479, 480. 

Blanche (M*'*), 270, 284, 293, 323, 

Biangy (M»«), 224. 

Blan valet, 437. 

Bles, 465. 

Bloc, 94, 409, 442. 

Blonval (M««), 250. 

Bocage, 37, 44, 42, 46, 48, 50, 84, 
86, 88, 89, 90, 91, 95, 96,97, 
404, 406, 409, 440, 442, 413, 
444, 445, 449, 436, 460, 475, 
204, 209, 244, 242, 243, 244, 
247, 248, 220, 225, 234, 235, 
238, 242, 245, 246, 247, 248, 
250, 252, 253, 235, 257, 259, 
264, 263, 264, 269, 270, 274. 
292, 305, 306, 307, 308, 309, 
310, 344, 343, 314, 345, 348, 
34 9, 320, 325, 327. 

Bocage (Paul), 252, 254, 349, 322. 

Bohain, 458. 

Bohdmiens (les), 87. 

Boieldieu, 58. 

Boileau, 207, 240, 244, 246, 224, 
225, 237, 239, 243. 

Boisrose, 78. 

Boissy, 52. 

Bonaparte a Brienne, 450. 

Bondoig, 4 48. 

Bonheur (A.), 248. 

Bonheur (Rosa), 248. 

Bonhomme Jadis (le), 354. 

Bon jour (Casimir), 235. 

Bonner, 274 . 

Bonnet (M"*), 270. 

Bonneviile-Golson (M"e), 92. 

Bonval (M"^), 250, 254, 259, 260, 
266, 267, 268, 270. 



358 



INDEX ALPHABftTIQUE. 



Boquillon pdre, 319. 

fiord ogni, 52. 

Bories, 162. 

fiorsat, 149. 

Bory Saint-Vincent, 122. 

Bossonfirice (M"«), 100. 

Bossue (la), 144. 

Boucbardy, 237. 

Boucher, 3, 4, 42. 

Bouchet, 493, 206, 209, 210, 243, 

244, 215, 248, 249, 224, 223, 

225, 227, 230, 234, 232, 234, 

235, 236, 329, 332, 333, 334, 

335, 337, 340, 341, 342, 343, 

347. 
Boudeville, 242, 260, 284, 329, 

334, 337, 342, 345. 
Boudeville (M"»), 329, 339, 340, 

344, 346, 347, 348. 
Bouffe, 444, 473, 179, 285, 303. 
Bougeoir (le), 3i2. 
Bouianger-Longayroui (M"*), 51 . 
Boulanger (M"»«), 470, 474. 
Boulanger (Loui$}, 232, 248. 
Boulard, 95, 409,4 44. 
Bouquet a HioUire (le), 237. 
Bourbier (M»»), 224, 234, 237. 
Bourgeois (Anicet), 261. 
Bourgeois (M«ne), 260. 
Bourgeois de Gand (le), 184. 
Bourgeois de Rome (le), 250, 252. 
Bourgeois des metiers (les), 312, 

313. 
Bourgeois genlilhomme (le), 75, 

240. 
Bourgeois grand seigneur (le), 

210. 
Bourgeoise ambitieuse (la), 23. 
Bourgmeslre de Saardr.m (le), 

285. 



Bourru hienfaisani (le), 50. 

Boutin, 349. 

fioyer (Pbiloxdne), 345. 

Brabangonne (la), 65. 

Brazier, 407. 

Br^court (L^on de], 270. 

Br^mont, 264 . 

Bressant, 260. 

Bret, 260. 

Breton, 249. 

Brevanne, 264. 

Briard (M"*), 250, 264, 342, 343t 

348. 
Brice, 400. 
Bri^re (Rugdne), 332. 
Briet (MU» Regine), 475, 476. 
Briffault (Eugene), 23, 480. 
Briffaut, 42, 94, 31. 
Brigands (les), 406. 
Brimeau, 314. 
Briodals, 98. 
Brindals (miss), 98. 
Brilannicus, 27, 44, 50, 400, 473, 

206, 208, 225, 261. 
Brocard (M"«), 27, 29, 32, 35, 469, 

472. 
Brocbard, 57. 
Broban (Suzanne), 46, 47, 48, 49, 

51, 58, 61, 75, 77, 91, 93, 95, 

96, 97, 106, 440, 472. 
Broueite da Vinaigrier (la), 243. 
Brousse (£mile), 413. 
Broux (M"«), 210, 243, 244, 245, 

216, 219, 224, 222, 225. 
Brunei, 52, 53, 244. 
Bruneval (M""), 270. 
Brunei (Leopold), 464. 
Brunswick, 433, 461, 223. 
Buch^res (A.), 229. 
iBufTardin (M'"^), 95, 400, 442, 113. 



INDEX ALPHABftTlQUE. 



359 



Buloz, 231. 

BuUel, 74. 

Burette (Tb^dose), 463. 

Burgraves (les), 146. 

Burnet, 98. 

Bury (M„« Alexis), 85, 88. 

Byron, 4«7, «30, «94. 



Cabirel (Yirginie), 58, 84. 
Cachemire (le), 88. 
Cachemire vert (le), 339. 
Gadetr-Gassicourt, 94. 
Cadei'Roussel Procida, 24. 
Caigniez, 8, 60, 70, 87. 
Cm ira (le), 280. 
Galderon, 204, 222. 253, 256, 
Galonne (Ernest de), 238, 239,240. 
Gambacer^^, 422. 
Camille ou le CapUole 8auv4^ 73. 
Camille ou le soulerrain, 4 04 . 
Camille, 38, 84. 
Cammarone, 486. 
Camoens, 240. 
Caoioin, 58, 59, 60, 65. 
Camoin (M"*), 5S, 59, 60. 
Camp des Crois^s (le), 484, 485. 
Campenaut, 58, 62, 63, 65. 
Camus-Merville, 5, 46, 78, 96. 
Cap ilaine Paroles (le), 214. 
Caprice de la Fortune (le), 97. 
Caprices de la Marquise (les), 234 . 
Carafa, 95, 473. 
Caraguel (Ci^ment), 342. 
CardUlac, 440. 
Carmagnole (la), 280. 
Cariatides (les), 334. 



Carion-Nisas, 84. 
Caristie-Martel, 330. 
Carmouche, 24,96, 407, 436, 445, 

472. 
Carnaval de Venise (le), 52. 
Caron, 329, 332. 
(:arr6 (Michel) 249, 240, 272, 336, 

339. 
Carrotses d'OrUans (les), 242. 
Cartigny, 439. 
Cartouche, 324. 
Casimir (M"«), 470. 
Cassette (la), 95. 
Gaslelli (Pierre), 476. 
Caslibelza, 304 . 
Castil-Blaze, 59, 60, 62, 70,78, 85, 

90, 97. 
Castro, 28. 
Catherine de M4dicis aux itals de 

Blois, 426. 
Catherine Howard, 261 . 
Giucbois-Lemaire, 422. 
Cave, 87, 444. 
Cazaneuve [W^), 44, 15. 
Cazot, 449. 
C4cile Lebrun, 277. 
Cddric le Norv^gien, 203. 
Celestine (la petite), 475. 
Celibataire (le) el I'homme mari^, 

41,43. 
Cellini (M«»), 319. 
Cenerentola (la), 487. 
C^^aupenne (baron de), 470. 
Chablos (M"**), 65. 
Chacun de son cote, 225. 
Ctialas, 7i). 

Chalons d'Arge, 42, 94. 
Chambre a deux lits (la), 303, 

325. 
Champeln, 425. 



360 



INDEX ALPHABfiTlQUE. 



ChampmesU, 230, 303. 
Champmesle (la), 261. 
Changement de minisUre (ud), 

452. 
Chantal (Celine), 51. 
Chapeaux (les), 73, 80. 
Chapel (»!«»«), 259. 
Chapelle (Leon), 7b, 258. 
Chapolard, 465. 
Chapmann, 400. 
Chapon (M"®), 494. 
Chaptal (M"'e), sso. 
Chapuis (M"«), : 28. 
Charge a payer (une), 497. 
Chariot d'enfafit (le,) 322. 
Charles, 44, 45, 28, 3^ 86, 88, 

444. 
Charles de Navarre^ 23. 
Charles II, 406. 
Charles et Duguesclin, 96. 
Charles VI, 303. 
Charles VII chez ses grands vas- 

sauXj 452, 457. 
Charlet, 493, 207, 248. 
Charton (M"*). 58, 60, 62,63, 68, 

84, 85, 86, 91, 94, 404, 406, 

442, 443, 445, 449, 472, 494, 

495, 203, 225. 
Chasse au lion (!a], 341. 
Chasseriau, 248. 
Chateaubriand (de), 472, 493. 
Chateau de Kenilworlh ( le ) , 

403. 
Chateaux en Espagne (les), 38,50, 

76. 
Chatlcrton mourant, 285. 
Chattel, 38. 
Chauvet, 60. 
Chazel, 3, 42, 44, 24, 34, 42, 48, 

49, 58. 



Chef-d'oeuvre inconnu (le), 225, 

242. 
Chenier (Andre), 232. 
Ch6nier (Marie-Joseph), 86, 226. 
Charon de la Bru^re, 428. 
Ch^ry, 330, 337. 
Chevalier, 444. 

Chevalier d'industrie (le) 75, 89. 
Chevalier de Pomponne (le), 240. 
Chevreuil (le), 474, 208. 
Chiffonnier de Paris (le), 278. 
Chilly (Charles), 92, 4 24, 428, 435, 

436, 137, 444, 445, 452, 453, 

454, 456, 458, 459, 465. 
Chippendale, 98. 
Cholet (M"«), 65.. 
Cnotel, 237, 240, 242. 
Christ crucifix (le), peinture, 248. 
Christine, 435. 
Christine a Fontainebleau, 427, 

432, 243. 
Christophe le Suidois, 246. 
Cic^ri, 79, 125, 435,483, 267. 
Cid (le), 30, 38, 50, 216, 260,264, 

299, 326, 348. 
Cigu'e (la), 234, 232, 235, 243. 
Cimarosa, 74, 85. 
Cinna, 40, 50,75, 483, 226. 
Cinq minutes du Commandeur 

(les), 340. 
Cinli (M»«) 52. 
Claire Champros^, 496. 
Clairemont (M»«), 346. 
Clairet (M"«), 45, 32, 36. 
Clara (M»«), 270. 
Clarence, 343, 346, 347, 348, 324, 

323, 329, 339, 340, 354. 
Clarisse, 342. 
Claudie, 310. 
Clement, 93. 



INDEX ALPHABfeTIQUE. 



364 



Clement-Just, ^48, 252, 254, 256, 

258,265, 267,268,295, 304. 
CUopdlre, 59, 79. 
Cleophile (M"«), 92. 
Clerc de la basoche (le), 458. 
Closerie de$ Genils (la), 285. 
Clolilde, 174 , 225, 284, 285. 
Clozel, 3, 4, 42, 42, 84, 89, 94, 92, 

95, 97. 
Coderat, 299. 
Coeuriol, 74, 77. 
Colin (Armand), 348. 
Colin-Maillard (le), 323, 324. 
Collateral (le), 8, 9, 26, 98, 412. 
Colle, 78, 256. 
Collier du roi (le), 284 . 
Collin d'Harleville, 7, 299. 
Collot d'Uerbois, 253. 
Colson, 74, 76, 80, 85, 90, 469. 
Comberousse (Alexis), 32, 285. 
Com6die a la campagne (la), 70. 
Cofn^diens (les), 7, 22, 53, 75, 92, 

448, 483. 
Comique a laville (un), 238. 
Comment les femmes se vengent, 

297. 
Commerson (J.), 237. 
Comte, 449. 

Comle (W»«Louisa), 444. 
Comte (M™ Achille), 499, 229. 
Comte d'Angouleme (le), 47. 
Comte de Bristol (le), 205. 
Comte d'Egmonl (le), 236. 
Comte Julien (le), 44, 
Comlesse d'Allemberg (la), 230, 

264, 325. 
Comtessed'Escarbagnas (Fa), 243. 
Concert d la campagne (le), 4i3. 
Conradin et Fr4d6ric, 23, 40. 
Constant, 28. 



Constant (MUe Isabelie), 348. 

Constantin (Marc), 298. 

Contes d' Hoffmann (les), 336, 348. 

Conteur (le), 324. 

Contrariant He), 444. 

Conlrastes (les), 245. 

Convenances d' argent (les), 297. 

Cooper, 4 44,295. 

Coppola, 487. 

Coquatrix (6mi!e), 234, 268, 280. 

Coquerel (Paul), 4 42. 

Coquette corrigie (la), 38, 64, 

430. 
Corbidres (M. de), 55. 
Cordelia, 94. 
Cordelier-Delanoue, 450, 454,495, 

265, 284. 
Cordier (Jules), 484. 
Cores (M™«), 256, 259, 260, 265, 

268, 289. 
Coriolan, 25, 27, 40. 
Cormon, 325. 

Corneille (Pierre), 485, 316. 
Corneille (Thomas), 45, 496. 
Corneille chez Poussin, 268. 
Corot, 248. 
Corr4gidor de Pampelune (le), 

215, 328. 
Cosaques (les), 248. 
Cosima^ZM. 
Cosson (M"*), 448, 477. 
Coste (Maurice), 473, 314, 346, 

317, 323. 
Courcy (Fr^d^ric de), 59,436, 498. 
Cournier (J.-M.), 293. 
Couronnede France (la), 273. 
Course a Vheritage (la), 267. 
Court, 1248. 

Cousine Albert (la), 7. 
Cowley (M"), 99. 



362 



INDEX ALPHABfiTIQUE. 



Cowley and the weather Cock 

(VlQConstent), 99. 
Cr6cy, 193,197, 203,205, 206. 
Cremont, 3, 61, 71, 79, 84, 90, 95. 
Gresson, 208. 
Crette, 215. 
Crigny, 342. 
Crispin DiogSne, 8. 
Crispin tnddecin, 8, 26, 284. 
Crispin rival de sonmaitre, 174, 

260. 
Cromwell, 104. 
Crosnier, 89, 160, 465. 
Crosnier (M"« Irma), 315, 324. 
Guillier (Simile), 148, 317. 



D 



Dabadie (M^*), 126. 

Daguerre, 18. 

Daiglemare, 51, 194. 

Dailli^re (Julieo), 223. 

Dailly (Armaod), U, 22, 29, 31, 

43,172. 
Dalayrac, 93, 101, 406, 108. 
Dama Duende {la Femme reve- 

nant), 256. 
Dame aux cavMias (la), 351. 
Dame da lac (ia), 74, 92. 
Dame noire (la), 23. 
Damoreau (M°»*J, 126. 
Dancourt, 324. 
Dangeville (M"«), 197. 
Daray (M—), 207. 
Darcey (M-), 65, 194, 206. 
Darcier, 324. 
Darcourt, 220, 221, 223, 229, 234, 

236, 237, 240, 248, 253, 265, 



269, 273, 283, 289, 294, 296, 

298, 301, 314, 316, 321, 323. 
Dargilles (M«-), 323. 
Dargilly, 317, 321, 329, 332. 
Darine, 119. 
Darmont, 315, 317. 
Darou (W^^), 323. 
Darras (M"-), 194, 210, 215, 295, 

296, 298. 
Dartois (>!»•) , 51, 58. 
Daubigny, 4, 23, 60, 73. 
Daubray (M»*), 315, 317. 
DaubruD (M"« Marie), 330, 343, 

346, 349. 
Dauduran, 207. 
DayesDe, 439, 144, 145, 463, 164, 

165. 
David, 13, 14, 18, 19, 22, 23, 29, 

31, 33, 35, 36, 37, 42, 43,46, 

49, 50, 58, 59, 60, 62, 63, 94, 

472. 
DavrigDy, 68, 243. 
Deberg, 346. 

Debutant (le), 281 , 285, 286. 
Decourcelle (Adrien), 218, 336. 
Defiance et Malice, 38, 303. 
Defrance (M"*), 203, 205. 
Degrully, 299. 

Deharmes [W Gabrielle), 38. 
D^jazet (Virginie), 165, 174, 285, 

352. 
Ddlacour, 411. 
Delacroix (Eugene), 104, 248, 284, 

339, 348. 
Delafosse, 124, 127, 428, 429, 432, 

435, 136, 438, 439, 444, 445, 

446, 447, 153, 455, 457, 159, 
484. 

Delaistre, 424, 427, 435, 436, 137, 

447, 453, 454, 458, 463, 465. 



INDEX ALPHABETIQDE. 



363 



Delanneau, 188. 
Delaroche (Paul), 427, 230. 
Delatouche (HeDri), 228. 
Delaltre (M"«), 32, 35, 36, 39, 66, 

69, 70,85, 423,430,432, 438. 
Delaunay, 249, 250, 254, 256, 258, 

259, 265, 266, 267, 268, 269, 

270, 272,274,277, 278, 279, 280i 

282, 288. 
Delaunay (Th.), 92, 95. 
Delavigne (Casimir), 7, 19, 20, 22, 

34, 448, 127, 439, 445, 169, 485, 

248, 222, 294. 
Delavigne (Germain), 99, 404. 
Delestre-PoirsoD, 472. 
Delhomme, 38. 
WIia(M„e),3, 42,45, 22, 23, 34, 

448,427. 
Delille, 42. 
Delisle, 3. 

Dellemence, 40, 42, 58. 
Delmary (M"«), 346,349. 
Delord (Faxile), 333. 
Delphinej 244. 
Delrieu (Andre), 4, 24. 
Delvau (Alf.), 297. 
Delvil (M ), 2o6, 259, 260, 265, 

266, 267, 269. 
Demageroll (M"»), 332, 347. 
D^mdnagement de La Fontaine 

(le), 50. 
D4mence de Charles VI (la), 24. 
DSmocrite amour eux, 30. 
Demouchy (M««), 320. 
Demoustier, 264. 
Demouy, 88. 
Denis (Achille), 492,204. 
Denis (Alphonse;, 36. 
De Nugcns, 34 . 
D4pil amoureux (ie), 92, 472, 



476, 208, 260, 299, 324, 348, 

349. 
Derby (M^*), 348. 
Dercy (Francois), 406. 
Derfeuille (M"'), 84,88,94,95,442. 
Derneiviile, 65. 
Dernier banquet (Ie), 278. 
Dernier Figaro (le), 279. 
Dernier jour de folie (le), 69, 
Dernier jour de Missolonghi (le), 

406. 
Demiers Valets (les), 24 4. 
Derouet (M-"), 270,289, 301. 
D^rosselle, 493, 495, 203, 205, 

206, 240, 213, 220, 224, 222, 

223, 228, 229, 248, 250, 253, 

270. 
Derudder (M"»«), 27, 32. 
Derval, 474. 

D^saugiers, 24, 30, 34, 34. 
Desaur, 89. 
Desbordes, 38. 

Desbordes-Yalmore (M™*), 44. 
Deschamp, (tmile), 4, 7, 87, 224, 

291, 292, 296. 
Descloseaux, 62. 
D4serteur (le), 261. 
Deshayes, 343, 316, 317, 318, 323, 

324, 325. 
Deshayes (M"« Max), 315, 317, 

323. 
DSshonneur posthume (un), 20, 

281. 
Deslandes, 221 . 
Deslys (Charles), 260. 
Desmousseaux, 172, 473. 
Desnoyer (Charles), 92, 94, 95, 

407, 409, 412, 113, 114, 445, 

417, 141,146, 170, 197,334. 
Desportes (Augusle), 213. 



364 



INDEX ALPHAB6TIQUE. 



Despote (le), 224. 
Desroches, 3. 

Desroches (Taunus), 274, 273. 
Desroches (M"«), 289. 
Destouches, 45, 85. 
Destrieux-Ribou (M"«), 54 . 
Desvergers, 238. 
Detchevery (Leonard), 70. 
Deux Adjoinls (les)^ 72. 
Deux Amis (les), 207. 
Deux Anglais (les), 26, 80, 302. 
Deux Annettes (les), 70. 
Deux Candidats (les), 33. 
Deux C4sar8 (les), 249. 
Deux Chemins (les), 207, 295. 
Deux icoles (les), 70. 
Deux Figaro (les), 95. 
Deux Freres (les), 169. 
Deux Imp^ratrices (les), 240. 
Deux Manages (les), 36, 80, 475, 

354. 
Deiuc Mots ou Une nuit dans la 

forit, 407. 
Deux Philibert (les), 2, 26, 94, 

483. 
Deux Pr^cepteurs (les), 53, 99. 
DeuxSceurs de Charite (les), 429. 
Deveaux, 378. 
Devienne, 70. 
Deville (M"»«), 76. 
Devin du Village (le), 27. 
Deyeux, 498. 
Dhericourt, 32. 
Diable ou Femme, 256. 
Diane, 343. 
Diaz, 248. 
Dick-Rajah ou I'Hephant de la 

Pagode, 465. 
Diderot, 49, 485. 
Didier (!!»•), 494. 



Didon, 44, 50. 

Dieu et la France, 300. 

Dinaux, 464. 

Diogene, 252, 325. 

Directeur dans Vembarras (un), 

74. 
Discours de rentr4e, en vers, 

220. 
Dissipateur (le), 27, 38, 54. 
Distrait (le), 49. 
Dittmer, 87. 
Divorcons, 334. 
Dix ans de la vie d*une femme, 

465. 
Dix francs de Jeannette (les), 44, 

50, 460. 
Dobigny (L6on), 404, 406, 407, 

409, 415. 
Doche (M"»»), 285, 324. 
Docteur amoureux (le), 238, 239. 
Doligny (Hippolyte), 38, 95, 406, 

407, 409, 412, 456, 457, 458, 

464,465,260. 
Doligny (Leon), 4 45, 224. 
Doligny (M-), 4 97, 498, 206. 
Dominique le Poss4d4, 469, 494, 

207. 
Dominos verts (les), 243. 
Don Carlos, 25. 
Don Caspar le Mendiant, 355. 
Don Giovanni^ 486. 
Donizetti, 486, 488, 222. 
Don Joan, 76, 97, 496, 207, 225, 

350. 
Don Juan d'Autriche, 4 76. 
Don Juan de Marana, 246. 
Donna del Lago (la), 74, 186. 
Don Quichotte et la France, 300. 
Dorgebray (Amelie), 76, 84, 92, 

95, 404, 406. 



INDEX ALPHABfiTIQUE. 



365 



Dorigny (M"« Marie), 349. 

Dormoy (Ch.), 487. 

Dornay, 248, 254. 

Dorsan, 58. 

Dorsay (M"»), 58. 

Dorval (M"-), 160, 463, 464, 465, 

484, 204, 209, 210, 242, 243, 

248, 220, 223, 225, 230, 242, 

257, 259, 267, 270, 284. 
Dorvo (H.), 7. 
Dos it do8, 344. 
Double ^preuve (la), 498. 
Double file (la), 6. 
Doucet (Camille), 496, 498, 206, 

207, 244, 244, 220, 278, 340, 

333. 
Douesnel atn^, 34, 57, 84, 94, 442. 
Douesnel jeune, 34 , 57, 84. 
Douin (Eugene), 329. 
Douville, 256. 

Draparnaud, 44, 47, 77, 84. 
Droils de I'homme (les), 338. * 
Drouineau (Gustave), 78, 444. 
Drouville (Robert), 296, 297, 298, 

299, 344. 
Droz, 42, 34, 94. 
Dubois (M.), 32. 
Dubois, 340. 
Dubois (M"«), 494, 497, 206, 208, 

225. 
Dubois-Davesne, 54, 439, 444, 

445, 448. 
Dubourjal (M"*), 463, 466. 
Dubuffe, 248. 
Dncange (!!"»•¥▼•), 472. 
Duch^tel, 492. 
Duchesse de Chdteauroux (la), 

223. 
Duels, 60,408, 485, 242. 
Duclos (M™), 250, 264 . 



Duel sous Richelieu (ud), 2^5, 
226, 288, 300. 

Dufi^ud (£dith),250. 

Dufoss6 (M»«), 242. 

Dufour^ 28. 

Dufresnoy (M"«), 44, 45. 

DugazoQ, 30. 

Dugu6 (Ferdinand), 245,240, 286. 

Duhomme, 236. 

DuHd, 65. 

Dumaniant, 264. 

Dumas (Adolpbe), 484. 

Dumas p^re (Alexandre), 404, 405, 
432, 434, 435, 449, 450, 457, 
460, 483, 246, 223, 225, 243, 
254, 264, 262, 282, 283, 294, 
296, 340, 334, 339. 

Dumas fils (Alexandre), 282. 

Dumas (M.), 346. 

Dumersan, 7, 408, 429, 464, 495, 
224. 

Dumesnil (A.), 244. 

Dumollard, 68. 

Dumontet, 84, 94. 

Dunoyer (M"'), 250, 259. 

Duparai, 3, 44, 23, 29, 34, 37, 42', 
44, 45, 46, 47, 49, 50, 58, 59, 
64 , 62, 63, 66, 68, 69, 70, 73, 
74, 78, 84, 85, 86, 88, 94 , 95, 
96, 97, 106, 442, 443, 444, 445, 
447, 424, 426, 427, 428, 429, 
430, 435, 436, 444, 445, 452, 
156, 463, 465, 469. 

Duparc, 258. 

Duparc de Loch-Maria, 43, 64 . 

Dupaty (E.), 58. 

Doperron (M"*), 76. 

Dupeuty, 444. 

Dupias fils, 74 . 

Dupin (H.), 24, 69, 406, 495, 496. 



366 



INDEX ALPHABfeTIQUE. 



Dupont, 125, <37. 

Duponl (Alexis), 28. 

Dupont (M"*), 289. 

Dupont (M"«), 47, 49, 52, 58, 60, 

400, 423, 4?5, 469, 47?, 250, 

252, 270, 283, 289, 295, 344, 

329. 
Dupont el Durand, 293. 
Duporr, 479. 
Duprez (fedouard), 92. 
Duprez (G.), 76, 84, 85, 86, 87, 90, 

94, 93, 95, 96, 97, 404, 406, 

407, 408, 409,410, 487,302. 
Duprez (M»«), 85,92, 95, 408. 
Dupuis (Mii« Euhilie), 49, 92, 442, 

143, 414, 145, 119, 123, 127. 

129, 132, 135, 170, 242, 268,284. 
Dupuis (Rose), 123. 
Duquesnel, 330. 

Durand (M°^), 84, 88,95,112,113. 
Durand de Beauregard, 215. 
Duranlin (Armand), 203, 215, 281, 

293, 298, 299. 
Durey (Marie), 270, 284, 289, 293. 
Duriez, 320. 
Dulertre (W% 27, 29, 32, 34, 35, 

36, 58, 59, 66, 70, 84, 85, 88, 

94, 95,112, 113,415. 
Duval, 71 . 

Duval (Alexandre), 75, 106, 185. 
Duval (Georges), 25, 108, 129, 240. 
Duvernois, 28. 
Duverney, 14. 
Duvert, 70, 96, 111, 114. 



E 



Eau de Jouvence (T), 96. 
£chec el mat, 254, 256, 260. 



Eclat derive {V), 323, 324. 

l&cole de Rome (I*), 87. 

tcole des femmes (V)\ 27, 409, 

177, 226, 243, 249, 260, 284, 

299, 323, 347. 
J^cole des maris (1*), 19, 27, 43, 

69, 111, 284,299, 323,348. 
^cole des Princes (!'), 220. 
icole des veuves (l*), 86. 
JScole des vieillards (!'), 147. 
icole d'un Fat (P), 234. 
licole du pauvre (!'], 135. 
£colier d'Oxford (!'), 60. 
Edilh (M»«), 254. 
Edmond, 100, 149. 
£douard, 3, 31, 57, 58, 63, 84, 

88, 94, 95, 112, 125, 163, 113, 

219,225. 
igaliti devanl la lot (1'), 253. 
Egmontj 268. 
Elisabeth, 70. 
EUe est foUe, 286, 349. 
El medico de su honra {le Mide- 

cin de son honneur), 222. 
iloge de Voltaire, 121, 215. 
£lu du docker (1*), 293. 
Elvi^art, 264. 
£mile, 28. 
Emilia, 103. 
Emmeline^ 90. 
Itmpis, 145, 152, 254, 302. 
En bonne fortune, 274, 281. 
Enfant prodigue (!'), 38. 
Enfants blancs (les), 196. 
Enfant trouve (P), 63. 
Engival, 21. 

Ennemis de la maison (les) 333 
En province, 259, 261. 
Enragds (les), 162. 
Enthousiaste (F), 88. 



INDEX ALPHAB6TIQUE. 



367 



Entree en vacances (F), 438. 
fipagny (Violet d), 49, 74, 90, 445, 
419, 448, 458, 459, 489, 491, 
492, 496, 497, 498, 804, 265, 
297. 
ipheineres (les), 406. 
£p%tre en vers & la louange de 

Moliere, 43. 
Apreuve (I'), 26, 27, 38, 39. 
ipreuve nouvelle (I'), 488. 
£preuve villageoise {!'), 63, 84. 
firic-Bernard, 43, 49, 24, 23, 25, 
34 , 33, 34, 36, 37, 42, 44, 47, 
49, 52, 58, 67, 68, 69, 1\ , 74, 
84, 85, 94, 95, 424, 426, 4 28, 
434, 435, 437, 439, 442, 445, 
152, 453, 458, 466. 
Jfcric-Bernard (M"«), 27. 
Ernest, 28, 32, 249, 270, 314. 
Escadre Bleue (V), 310. 
Escousse, 463, 325. 
Escousse (M»«L.), 95, 464. 
Escudicr freres, 486. 
Espion (F), 444, 415, 245, 295. 
Esprit de contradiction (l*), 323. 
Essarts (des), 227. 
Estelle, 303. 
fetienne (M ), 99, 485. 
foienne (I'acteur), 400. 
filienne (Chery), 260. 
Et nous aussi nous chanlons les 

vSpres, 24. 
itourdis (les), 264. 
Engine et Guillaume^ 25. 
Eugdnie, 26, 38, 483, 243, 299, 

302. 
Eugenie (.M"«), 270. 
Eunuqne (!'), 240. 
Euripide, 233. 
Evelyne, 316, 323. 



Ewig(M"- Regine), 494. 
Exit de Machiavel (1'), 341. 



Fabre d'figlantine, 32, 45. 

Falkland, 4 04 . 

Falcoz (M"»«), 49, 22, 23, 32, 34, 

36, 43, 46, 58, 70, 83, 437, 444, 

445,453. 
FaIton(M««), 264. 
Falstaff, 209. 
Famille Cochois (la), 229. 
Famille de Renneville (la), 2! 9. 
Famille Glinet (te), 5, 26. 
Famille improvisee {la.}, 462, 343. 
Famille Lidven (la), 83. 
Famille Poisson (la), 303. 
Families (les), 337, 348. 
Fargueil, 470. 
Famdsina (la), 316, 323. 
Farruck le Maure, 463, .325. 
Fatton (M°«), 284. 
Faucher (Leon), 337. 
Faiire, 469, 474, 488. 
Fausse Agnes (la), 27, 38, 50, 85, 

226. 
Faiisse Clef (la), 83. 
Famse Magie (la), 63. 
Faiisse Modestie (la), 33. 
Famses apparences (les), 23. 
Fausses confidences (les), 7, 50, 

260. 
Faust, 290. 

Faute d'un pardon, tiki. 
Favorite (la), 302. 
Fechter, 349, 354 . 
Felix (du Vaudeville), 324. 



368 



INDEX ALPIIABfiTIQUE. 



F^lix (M- Lia), 350. 

F61ix (Raphael}, 223, 234, 229, 240, 

351. 
F^lix {M^ Rebecca), 224. 
Felix (»!"»• Sarah), 323, 330, 333, 

335, 337, 339, 340, 341, 342, 

348. 
Femme jalouse (la), 4, 26, 38, 52, 

88, 89, 261. 
Femme juge et partie (la), 39. 
Femme malheureuse et pers^cutde 

(la), 75. 
Femmes (les), 50, 261 . 
Femmes fortes (les), 295. 
Femmes savantes (les), 27, 208, 

243, 334, 348, 350. 
Ferdinand (MW), 111,112, 315. 
Fernand (M"«), 250, 254, 255, 258, 

259, 265, 266, 267, 268, 269, 285. 
Ferr^ol, 170. 
Ferle (de la), 10, 56. 
Ferville, 124, 128, 130, 13«, 135, 

436, 139, 145, 147, 152, 153, 

157,161, 162, 163, 165. 
Festin de Pierre (le), 64, 88. 
F^te de Henri IV (la), 33. 
Fetede MolUre (la), 66, 110. 
FMe de Ndron (une), 128, 156, 

226, 301, 303. 
Feucheres, 183. 

Feuillet (OcUve), 252, 254, 305. 
Feuilleton d Aristophane (le), 345. 
Ficher [W], 348. 
Fiesque, 6i, 80. 
Fiesque et Doria, 4. 
Fille d marier (la), 261 . 
Fille capilaine (la), 302. 
Fille de Vavare (la), 173, 285, 

303. 
FiUe d'Eschyle (la), 264, 282, 283. 



FilU du mtisicien (la), 78. 
Fille du prisonnier (la), 175. 
Fille mal gardee (la), 126. 
Filles sans dot (les), 342, 346. 
Fillieu (Charles), 269. 
Pillion (E.), 193, 195, 496, 197, 498, 

199,200, 341,342, 343, 345. 
Fits banni (le), 83. 
Fils de la folle (le), 260, 264. 
Fils de Vemxgri (le), 452. 
Fin de la Com^die (la), 333. 
Fioraventi, 86. 
Firmin, 92. 

Firmin (M"»«), 172, 173, 476. 
Firmin-Didot (Ambroise), 46. 
Fitzelier (M»i«), 27, 32, 35. 
Fitz-James (M»«), 224, 235, 236, 

237, 240, 241, 249, 253. 
Flammarion, 38, 42, 63. 
Fleuret, 329, 338, 339, 344, 343^ 

346, 348. 
Fleury, 3, 70, 249. 
Fleury (M^o), 42, 45, 23, 32, 42. 
Flore (M»«), 442, 443, 445. 
Florence (M»«), 348. 
Florent, 54,65. 
Florestan, 445. 

Florigny (M»«), 58, 59, 60, 65. 
Florigny-Valere (M™«), 77. 
Florinde (les freres), 473. 
Folies amoureuses (les), 54, 59, 

76, 472, 208, 242, 243, 323, 347, 

348, 349. 
FolU de Claris (idi), 94. 
Folz (Leopold), 473. 
Fontan, 86, 407, 414, 440, 444,454. 
Fonlbonne (de), 24. 
Fontmichel, 473. 
Fook (miss), 99. 
Foreslier, 270, 289, 344, 315, 325. 



INDEX ALPHABfiTIQDB. 



369 



Forit de Sdnart (la), 78, 84. 

FortiD, 330, 333. 

Forlin (M«>«), 347. 

Fortini, 344. 

Fortune, 346. 

Fortune's Frolic (le Caprice de la 

Fortune), 97. 
Foucher (Paul), 404, 406, 446, 206, 

274, 340, 346. 
Fourberies de Scapin (les), 34, 

207, 325. 
Fournier (fidouard), 248, 347. 
Fournier (N.), 445, 430, 453, 456, 

484. 
Fourniei^Verneuil, 35. 
Fradelle, 58, 84. 
Fragonard (Th.), 247. 
Frangais au Caire (les), 4 45. 
Francais auSerail (les), 70, 
Frangais en Espagne (les), 46. 
France (Mi»«), 244. 
Francisque, 449. 
Francisque aln6, 324. 
Franck, 255. 
Francois le Champi, 307, 308, 317, 

348, 349, 354. 
Frangoise de Rimini, 90. 
FranU (M»«), 284. 
Frantzia (¥«•), 256, 265, 269, 270, 
275, 284, 289, 295, 296, 301, 
343, 344, 346. 
Fr4d6g<mde et Brunehaut, 29, 40. 
Frederic (la petite), 67. 
Fr6d6rick-Lemallre, 32, 40, 44 , 43, 
444, 445, 446, 448, 449, 454, 
452, 453, 455, 458, 465, 278. 
Frire (le) et VAmant, 427. 
Frhre (le) el la Sceur, 46, 47. 
Fr^res corses (les), 349. 
FrSres feroees (les), 52, 
II. 



Fi^ville, 343, 349. 

Freysehulz (le), 62. 

Fulgence (de Bury), 24, 29, 36, 37, 

43, 47. 
Fuin6, 32. 
Fusil (M«>e), 424. 



Gabrielle, 283. 
Gabrielle (M«o), 28. 

Gabrielle de Vergy, 30, 40, 50, 
208, 264 . 

Gageure imprdvue (la), 36, 174, 

342. 
Gai/fer, 245. 
Gaillard de Muray, 94. 
Galoppe d'Onquaire, 297, 342. 
Gamard, 344, 329. 
Garcia del Caslanar, 284 . 
Garciere, 425. 

Gaspari, 256, 258, 259, 260, 266. 
Gaud^, 296, 298, 343, 344, 346, 

347, 324. 
Gaussin (M"* Helena), 473, 484, 

202, 205. 
Gautier (]»•»•), 472. 
Gautier (Theophile), 240, 243, 

246, 231, 233, 238, 246, 248, 

250, 273, 283, 296, 322. 
Gay (Delphinp), 434. 
Gay (Sophie), 223. 
Gazza ladra (la), 60. 
Geais (les), 274. 
Geffroy, 472, 476, 483, 484, 338, 

344. 
Gendre aux ^pinards (un), 303. 
G^n^reux par vanity {le)^ 92. 

24 



870 



INDE)C ALPflAhfiTlQOE 



Genftt (L.), 498-* 

Geniez (Alphonse), 27, 43, 49, 74, 
74, 76,78, 81, 244, 219. 

G^QOt, U9. 

Gentil (Ad. de Chavagnac), 31 , 34, 

36s 37,47,425,144,224. 
Gentilhomme de la Chambre (le) , 

438, 450. 
Gentilhomme de i8i7 (le), 293. 

GeoEfroy, 123. 

George Dandin, 302, 347. 



God save the queen, 97. 

GoBthe, 47, 291,342. 

Goizet, 5. 

Goldoni, 485. 

Goldsmith, 98. 

Gombaud, 316. 

Gondinet (Adolphe), 269, 273. 

Gonzales (M[»^«Atig61e), 284. 

Gordon, 94. 

Gorenflol (M"«), 32, 68, 64. 

Goudboz, 260. 



Georges (MUe), 32, 35, 36, 39, 43, Gozhin (Uon), 204, 205, 244, th% 
44,46, 50, 53, 58, 60, 64, 68, | 238, 334, 340. 



77,449,422, 426,427,435, 441^ 
442, 445, 446, 453, 455, 457, 
204,206, 208, 209, 214, 225, 
226, 230, 240, 242, 243, 246, 
270,303. 
Georges cadette (MUe), 32, 35, 39, 
43,49, 423, 436,438,4 46,447, 

4 53. 
Georges d' Alton, 256. 
Georgina (M^i«), 261. 
Germain (Carle), 248. 
Gersay (M»«), 27, 32, 43, 47, 

58, 60, 67, 83, 84, 88, 94, 95, 

407, 442, 424, 428. 

Gilbert, 96. 

Gillig(M"« Alphonsine), 92. 

GilP^rez, 493. 

Gimel (de), 42, 50, 56, 94. 

Girondins (les), 280. 

Girouelte de village (la), 5. 

Girowilz, 79. 

Gisops (de), 483, 247. 

Gle7iarvon, 246, 261. 

Glorieux (le), 40, 50, 64. 

Gobert, 449, 460, 463. 

Gobillard, 94. 

Godat, 222,223, 224, 242. 



Grammont-Nourry, 44. 
Grand Marronnier (le), 4. 
Grande*Duchesse (la), 475. 
Grandeur et Decadence de Mon-- 
sieur Joseph Prudhomme, 343. 
Grands (les) ei les petils, 424, 

215. 
Grandfond, 84, 94, 408. 
Grandhomme (M— ), 260, 264. 
Granet, 248. 
Granger, 43, 31. 
Granville (M««), 30. 
Gras (Victorine) 330. 
Grassau (M»«), 224,222, 224,229, 
230, 240, 270, 273, 277, 279, 
288, 295, 297, 298, 299, 380, 
337, 340, 343, 344, 346. 
Grimaldi, 96. 
Grimaldi (Thomas), 38. 
Grisi (Ernestine), 486, 488, 489. 
Grisi (Giulia), 486. 
Gros (M-*), 49, 58, 59, 73, 84, 

85. 
Gros (W»«), 30, 49, 52, 83, 85. 
Gross (Eugfene), 208, 224, 
Groult (A.), 296. 
Gubian, 261 . 



INDEX ALPHABfiTIQUE. 



374 



Gq^, 94. 

Gu6n6e, 69, 86. 

Guerre aux tyrans, 880. 

Gu^rault-Lagrange, 838. 

Guerillas (le), 314. 

Guerre omerle, 26, 38, 50, t43. 

Guerre desservantes (la), 481. 

Gu^rin, 97. 

GueriD (]»"•), 49, 84, 89, 3f, 33, 

36. 
Gueux (le), 33, 36. 
Guilbert, 3. 
Guilbert (MUe), 46. 
Guilhem de Castro, 345. 
Guillard (L^on), 244, 224, 344. 
Guillaume Tell, 436, 437, 487. 
Guillaume et Marianne, 47. 
Guillot, 3, 84. 
Guiraud, 96. 

Guiraud (Alexandre), 36, 44. 
Gulnare, 407. 
Gustave, 65. 
Guyon (Mn»), 484, 243. 



H 



Habitant de la Guadeloupe (1'), 

38, 264. 
Haensseos, 475. 
Halevy (Leon), 442, 143, 444. 
Halignier-Boulanger (M"®), 40. 
Haller (Gustave j , 330. 
HaJley (M™*), 248. 
Hamegonde PMnice (1*), 249. 
Hamlet, 53, 98, 424, 477, 208, 

226, 242, 284, 303, 347. 
Hamlet devant le spectre, peiD- 

ture, 248. 



Harald, 49. 

Harel, 449, 424, 422, 424, 425, 
427, 432, 435, 437, 440, 444, 
447, 449, 454, 457, 458, 459, 
460, 461, 462, 163, 464, 466, 
467, 479, 244, 245, 263, 305, 
306, 340. 

Harmaod (Gustave), 340. 

HarviUe, 240, 245, 223, 234, 248, 
252, 253, 254, 269, 270, 275, 
289, 293, 294, 295, 296, 297, 
298, 343, 344, 345, 346, 329, 
334, 335, 338, 343. 

Hauieroche, 8, 256. 

Hazard (Th.), 315, 324. 

Hector, {%%, 

Heinault(MUe), 494, 496. 

Heine (Henri), 246. 

Helena (Mii«), 324. 

HM le Prophete, 236. 

Heloise (MW«), 38. 

Henri [W^), 28. 

Henri HI et sa cour, 432, 225, 
304. 

Henri /F, 240. 

Henn VIH, 226. 

Henriette (M»i«), 296. 

Henriette et AdMmar, 77. 

Henry, 464. 

Henry (M«»«), 270, 288. 

Henry (Vannoy), 248, 253, 254. 

Henry (Victor , 249, 258, 259, 
260, 267, 296, 298, 299, 344, 
345, 346, 317, 323. 

H4racliu8, 50, 225. 

Herbel (M««), 322, 323. 

Hericourt (d'), 25, 88, 94, 95. 

Heritage et Mariage, 85. 

HMtage du mat (!'], 209. 

Hdritier du czar (Y), 316. 



372 



INDEX ALPHAB^TIQUB. 



HiritUre (!'), 30«. 

Hermance (M"*), 494. 

Hermet-Duvigneux, 5, t3. 

Hemmi, 85, 434. 

H6rold, 407. 

H4roi imaginaire (le), 298. 

Herv6, 307, 348. 

Hery, 3. 

Heure avant vSpres (une), 24 . 

Heure de manage (une), 99. 

Heure en Bretagne (une), 294. 

Heureuse erreur (!'}, 324. 

Ueureusement, 264. 

Hidalgo du temps de Dan Qui- 

choUe (an), 280. 
Hilbey (Constant), 236. 
Hippolyte, 49, 302. 
Ilirne, 94. 

Hocedd (Jules), 206. 
Hoffmann, 34, 96. 
HoIW (M"«), 329, 342. 
Holbein (M^*-), 324, 
Holbenn [M^^), 284. 
Hommage b, MoUirey 340. 
Hommage funibre d Casimir De- 

lavigne, 222. 
Homme a bonnes fortunes (i'), 

38. 
Homme au masque de fer {V) 

456. 
Homme aupp precautions (I'), 24. 
Homme entre deux Ages (I*), 444. 
Homme de la Forit-Noire (!'), 

83. 
Homme du monde (!'), 96, 245. 
Homme gris (F), 8, 23, 26, 40, 

349. 
Homme habile (1'), 93, 494. 
Homme mari4 {\\ 43. 
Homme poli (F), 23. 



Homme (!') propose et Dieu dis* 

pose, 273. 
Hommes (les) du lendemainf 

443. 
Honneur (F) e< V Argent, 328, 

346, 347, 349, 352. 
Honneur et Pr4jug4^ 77. 
Horaces (les), 26, 226, 243, 260, 

264, 264,285, 348, 354. 
Hortense (AT^), 348. 
Hosier (Charles), 464. 
Hdtel C4sar (V), 281. 
Hotel d^Alban (F), 224 . 
Hdtel des Invalides (F), 32. 
Hdtel garni (F), 38, 64. 
Houdon, 34, 4 29. 
Houssaye (Ars^ne), 234 . 
Huart, 332. 
Huart (F6lix), 64, 84, 85, 404, 

328. 
Hubert, 249, 348. 
Hugo (Abel), 43, 45, 46. 
Hugo (Victor), 404, 105, 460, 464, 

209, 227, 225, 233, 242, 290, 

294 , 296, 343. 
Humbert (Charles), 28, 324. 
Humbert (M"«), 29, 32. 
Hussard de Felsheim (le), 475. 
Husson, 248, 270, 288, 289, 293, 

296, 323. 



I 



II 4ta%t un roi et tme reine, 24 1 . 
11 ne faut pas jouer avec le feu^ 

268. 
Important (F), 97. 
Impresario in angustia (F) : le Di- 

recteur dans I'embarras^ 74. 



INDEX ALPHAB£TIQU£. 



373 



huiendiaire (l*), S45. 

Indiana ei Charlemagne^ 874. 

Indiscret (I*), 68. 

Inez de Castro, 46, 487. 

Inez, «37. 

Ingenue d la cour (!'), 254, 302. 

Innocence a la campagne (!'), 

45. 
Intrigant maladroit (i'), 25. 
hUrigtte ipistolaire (V), 38, 50. 
Intrigue et Amour, 89. 
Iphig^nie en Aulide, 27, 39, 40, 

64, 224, 226. 
IpkigSnie en Tauride, 26, 260. 
Msh Tutor (the) : le Prdcepleur 

irlandaiSj 98. 
Isabelle de Castillej 272. 
Isabey, 248. 

Iseult et Rambaud, 446. 
Isidore (le petit),> 449. 
Ismail et Maryam, 83. 
Ivan de Russie, 497. 
IvanhoS, 86. 
Iwanoff, 486. 



J 



Jacops (M"« £lisa), 174. 

Jacques Clement J 459. 

Jacques le Fataliste, 49. 

Jacques Martin, 298. 

Jadin^ 473. 

Jahyer, 297, 299, 343, 346, 329. 

Jaloux fnalgr4 lui (le), 3, 26, 472. 

Jane Grey, 230. 

Jane Shore, 50. 

Janin (Jules), 22, 444, 230, 248. 

Jarry (Alexandre), 274. 



Jarry (Alfred), 293. 

Jarrais I'honnSte homme, 264, 

302, 350. 
Jaumart (MU""), 65. 
Jaatard, 234, 340. 
Jean, 437. 
Jean Bart, 83. 

Jeanne d'Arc, 68, 447, 243, 349. 
Jeanne la Folle, 439, 444, 442. 
Jeanne Vaubemier, 462. 
Jeanson, 248. 
Jean sans Peur, 33, 39. 
Jemma, 463. 
Jenneval, 84, 85, 86, 88. 
Jeune Aveugle (la), 79. 
Jeune femme coUre (la), 53. 
Jeune Homme (un), 495, 264, 264. 
Jeune maire (le), 414. 
Jeune Prince (le), 456. 
Jeune Vetive (la), 4, 8. 
Jeunesse de Comeille jla), 234. 
Jeunesse de d^Alembert (la), 157. 
Jeunesse de Henri V (la), 473, 

475, 350. 
Jeimesse de Luther (la), ^149. 
Jeunesse du Cid (la), 345. 
Jeux de I'Amour et du Hasard 

(les),4,26,44, 75, 440, 442,434, 

208, 260, 284, 349. 
Joanny, 4 3,45, tO, 24, 25, 26, 

29, 34 , 34, 36, 42, 43, 44, 45, 

47, 58, 60, 63, 67, 68, 69, 74, 

74, 77, 80. 
Jocko, 325. 
Jocrisse Paria, 33. 
Joinviile (prince de), 223. 
Jolivet, 330. 
Jolivet (M""*), 339, 348. 
Joly (Volnys), 72, 73, 75. 
Joly (Aot^Dor), 475, 2i4. 



374 



INDEX ALPHABfiTIQUE. 



Joly (Charles), 76. 

Jolly, 69. 

Jonas (MUe), 28. 

Joseph, 49. 

Josephine J 462. 

Jouassain (M««), 330, 333, 347. 

Jotteur (le), 50. 

Jouhaud (Auguste), S73. 

Jourdain, 38, 425, 237, S40, 242, 
248, 252, 254, 255, 256, 262, 
265, 267, 269, 270, 272, 274, 
280, 289, 293, 294, 295, 298, 
3U, 336. 

Joumie a Versailles (una), 3, 226, 
349. 

Joum^e de Sully (une), 79. 

Joumie de Vendome (une), 47. 

Jouslin de la Salle, 449, 424, 425, 
426,437, 444, 449, 474, 479. 

Jouy, 422. 

Jaclier (L.), 400, 294. 

Judith (M««),341. 

Juliette (MUe), ^54, 456, 457, 464. 



K 



Karel Dujardin, 228. 

Kean, 400. 

Kelm (Joseph), 352. 

Kemble (Ch.), 98, 99. 

Kemp (Robert), 494, 495, 496, 

497,200, 203. 
Kemox le fou, 453. 
Kime, 330, 343, 346, 347, 348, 

352. 

« 

King Lear : le Roi Lear, 440. 
K16ber(M»e), 44, 24,32. 
Klein, 285. 



Ko(zebu6, 49, 230, 268. 
Kreutzer (Gonradin) aln6, 96. 
Kreutzer (Gonradin) cadet, 94 . 



L... (Mii«) Caroline), 27, 28. 

L... (Marie), 86. 

Labat (Engdne), 497. 

Lablache, 486, 488. 

La Bouillerie (de), 446, 447. 

La Boullaye (F. de), 479, 228, 268, 

Lacaille (M"«), 303. 

La Ghapelle, 242. 

Lach^vre, 249, 274 , 273, 282, 289, 

294. 
Lacoste, 260, 299. 
Lacretelle, 157. 
Lacroix, 88, 4.84, 340, 344. 
Lacroix (Paul), 95, 455, 295. 
Ladou (Pierre), 240. 
Ladureau, 84. 
Lady Tartuffe, 346. 
Lake (M.), 98. 
Lafargue, 43, 24, 22, 23, 30, 34, 

32, 34, 35, 42, 45, 47, 48, 49, 

58. 
La Fayette (de), 438, 453. 
Laferri^re, 49, 281, 283, 285, 286, 

288, 300, 332, 337, 346, 35S. 
Lafitte (J.-B.), 462, 170. 
Lafont, 462, 472, 330. 
Lafont (Charles), 497, 294. 
Lafont (Mm'' Grassau), 343, 348, 

349. 
La Fontaine, 274. 
LafoQtaine, 428, 453. 



INDEX ALPflABfeTIQUB, 



m 



Lafosse, 485. 
Ugarde (Alraii), 496. 
Lag?rd6re (W^), 4 58, 4 59, 4 64 , 4 63, 

464, 465. 
Lagnon, 34 . 

Lagrange (Auguste), 442. 
Lahire (le p^re), 274. 
Laignelot, 78. 

LaigDelot (MU«), 260. 
Lain6(M"«),444,412,444,424,444, 

447, 466. 
Laird de Dumbicky (le)^ 223. 
Lallier on Pari$ d6Uvr6^ 203. 
Lamarche, 436. 
Lamartelli^re, 62. 
Lamartine, 306. 
Lambert (M-«), 94, 95, 442. 
Lambert {HL^ Marie), 250. 
Lambert-Thibousl, 271, 281, 290, 

307, 3«4, 320, 324, 323, 325. 
Lami (M-«), 224. 
Lamperi^e (Marie de), 234. 
Lancasire, 191, 245. 
Lancastre ou FUsurpaieur^ 445. 
Landaye (F.), 222. 
LaDglier8aiiaeD(M-«^,.224, 250,264 . 
Langle, 34. 

LaDgl6 (Ferdioand;, 66, 87. 
Laoglois, 33, 35. 
Langlois-Fr^ille, 330. 
pDibaanipiem (oomle de), 424. 
LarodM (M»«;, 44. 
La Rocbefoacaold (De) 446, 420, 



La Bocfaflfbocsald-Liaiicoait (mar- 
qais de), 206. 

LarodieDe, 274, 278, 2M, 285, 289, 
293,294, 296,297, 310, 341,343, 
344, 345. 316, 322, 323, 324. 

Laaoa]Ui;De„448,493. 



Lassagne, 60, 72, 87.| 
Latham, 98. 

Latouche (Henri de), 4, 7. 
Latour de Saint-Ybars 206, 248, 

266. 
La Hapy, 58, 63, 65. 
Laar^al, 69. 

Laurence (M°^], 4 94, 224, 228, U3. 
Laarencin, 475. 
Laurent (M«- Marie), 270, 274, £73, 

274, 283, 285, 286, 288, 300, 344, 

34 5, 323, 325, 329, 332, 333,334, 

335, 350, 352. 
Laarentine-L^n (M"*"), 330, 333, 

339, 340, 344 , 345. 
Lanrentine {M}^) (plus tardM"^ Tic- 

torien Sardou), 270, 274, 275, 

280, 289, 294, 295, 297, 345, 338 

339, 342, 346, 350. 
Lantmann, 493, 4%, 497. 
Lavergne (Alex, de], 206. 
LaviUe de Mirmont (de), 436. 
Lavoncourt, 3. 
Laya, 404. 
Lazonwki, 38. 
Ubei rM"*:, 38. 
Lebome, 3, 95. 
Ubonlleis .A.) 332 
LebroD, 425, 448. 
Lebran (Aagnste;, 58. 
LebruD M*^ Caroline, 95, 442. 
Leclerc, 85, 88, 95. 
Udnse, 243. 
Leeomte, 58, 59, 63,70, 74,77, 85,' 

86, 87, 94, 92, 95, 97, 408, 
Leeoq (M-*,, 494. 
Ladbtry (CaHe;, 2^. 
Ledoox T.;, 37, 47. 72. 
Ladm-Bollio, 306. 
UMore de Saifii-Manr (M*^4M. 



376 



INDEX ALPHABftTIOUE. 



Lefevre, 25,473, 180. 
Lefevre(M«»«), 400. 
Lefdvre (Louis), 820, 230. 
Lefranc, 336, 342. 
Lefranc de Pompignan, 44. 
Ugataire universel (le), 26, 38, 

207. 242. 
Legrand, 324. 
Legrand, 348, 320. ' 
Legrand (M"« Virginie), 54. 
Legs (le), 226, 264 . 
Leicester, 403. 
Lejay, 54. 
Leleux (Ad.), 248. 
Leiion-Damiens, 293, 321. 
Lelioux (Adrien), 335. 
Lemadre, 265, 273, 275, 279. 
Lemadre (M^^), 260. 
Lemaire, 63, 92, 270, 288, 289. 
Lemaire (M>^], 400. 
Lemasson (M"°«), 494. 
Lemercier (N^pomucdne), 24, 29, 

33, 43, 50, 73, 74, 85, 86, 306. 
Lemerle (M"*), 340, 348. 
Lemesle, 449. 
Lem^h^yer, 444, 442, 446, 446, 

419. 
Lemierre de Corvey, 74, 90, 96. 
LemODDier (Mii«), 494, 495,496. 
Lemoule, 70, 74,77, 86. 
Lemoule (M««), 86, 87. 
L^n, 20, 59, 60, 249, 289. 292. 
L^n(M»*), 65. 
L^nard, 242. 
L^^onc^, 496. 

Uonce, 219,221 ,254, 273, 314 , 332. 
L4on%e ou la Vengeance d^une 

femme, 49. 
L^nti (M«*), 323. 
Leopold, 40. 



LeparmeDtier, 236. 

Lepeintre atn^, 332, 339^349, 354. 

LepeiDtre jeune 462. 

Lepetit, 335, 337. 

L^pinay {^^ de), 234. 

Lermioez, 65» 

Leronx, 69, 425, 344. 

Leroux (M>i« Marie), 299, 342, 343, 
346, 347. 

Leroy, 193. 

Leroy (On^ime), 8, 33. 

Lesage, 485. 

Lesguillon (P.-J.), 69, 77, 88, 95, 
216, 222, 279, 300. 

Letellier (M»«), 58, 59, 63, 66. 

Leteasier (IfUe), 252. 

Lelourneur (M»«), 264, 289, 293, 
294, 296, 297, 299. 

LeuveD (de), 223. 

Leyassear, 52. 

LevaBSor, 303, 324. 

Level (MU«), 85, 88, 424, 428,484. 

L^vdque (M">«), 250. 

Lewis, 454. 

Liadi^res (P. Gb.), 23, 28, 33, 50. 

Ligier, 58, 60, 64, 68, 78, 85, 424, 
426, 427,428,435, 436, 437,442, 
445,446, 453,454,455, 457, 472, 
473, 477, 352. 

Lion net (les frdres], 324, 351. 

Lireuz, 9, 489, 494, 498, 499, 200, 
204, 20 S, 203, 209, 242, 246, 
247, 248, 249, 223, 228, 230, 
235, 238, 240, 244, 245, 246, 
252,255,259^329,334. 

LUelU (la), 285. 

Lisinska, 52. 

Listen, 98. 

Little (Arthur), 242. 

Livre III, chapitre t^^ 337. 



INDEX ALPHAB£TlQUfi. 



377 



Lockroy, 63, 94, 95, 97,400, 406, 
407,408,44S,443,444, 445, 447, 
448, 4S4, 497, 430, 432, 434, 
435, 4 36, 4 37, 4 39,4 4«,« 45, 4 46, 
447, 45S, 453, 456, 457,459, 460, 
464, 465, 484, 245, 226. 
Loge de VOpira (la), 266. 
LoigDon, 58, 86. 
LoDgchamps (Ch. de), 6. 
Longpi^(A.),229. 
Lope de Vega, 442, 204, 249. 
Lopez (Bernard), 273, 342. 
Lopez (M»» Maria), 270, 284, 288, 

293. 
Lorauz, 4, 3, 9, 42, 468. 
Lord Surrey, 493. 
Lorin (Jules), 337. 
Louu XII, ou la Route de Reims, 

69. 
Louis IX en igypte, 33. 
Louis XI J 469. 
Louis-Philippe, 449. 
Louise, 89. 
Louise {W^}, 92, 260. 
Loup dans la Bergerie (le), 344. 
Love, Law and Physic : V Amour, 

la Loi et la M^decine, 98. 
Lucas (Hippolyte), 497, 498, 244, 
249, 222, 230, 236, 238, 256, 
264, 265, 273, 284, 298, 345, 
333, 341. 
Luce de Lancival, 422, 324. 
Loyau de Lacy (A.), 237. 
Lucia di Lamermoor, 486. 
LucUe, 229. 

Lucius Junius Brutus^ 304. 
Lucrice, 204, 246, 247, 248, 249, 
220, 225, 228, 242, 255, 257, 
260, 264 , 346. 
Lueriee d PoUiers^ parodie, 242. 



Lucrice Borgia, 4 74,4 88, 209, 24 2, 

222, 225. 
Lucrice Collatin, parodie, 224. 
Ludovic, 493, 223, 299, 323. 
Luguet (Henri), 271, 273, 274, 277, 

278, 280, 288. 
Luknow, 249, 252. 
Luxe et Indigence, 49, 64, 447, 

494, 207. 
Lys d^ivreux (le), 237. 



M 



Macbeth, 400, 447, 207, 294, 296, 
302. 

JUachabies (les), 36, 44, 447. 

Machanette (Achille), 193, 497, 
202, 240, 229. 

Macready, 400. 

Madame de Laverriire, 249. 

Madame de S^vignS, 204 . 

Madeleine, 262. 

Mademoiselle de Belle-Isle, 285, 
288, 300, 323. 

Mademoiselle Rose, 249. 

Ma femme el ma place, 435. 

Magen (Hippolyte), 269. 

Magnan, 435. 

Magnin (Charles), 79. 

Hah^rault, 94. 

Mahomet, 47, 409, 224. 

Maillan, 324, 325. 

Maiilart (Aim^Louis), 304. 

Maillart, 484, 488, 338. 

Btain droile (la) et la Main gau- 
che, 204,24 4,235. 

Haire (A.), 58. 60, 

Maison d deux partes (la), 46. 



378 



INDEX ALPHABfiTIQUE. 



Maisonde Jeanne d'Atc^ (la), 6. 
Maison du Docteur (la) 464 . 
Maitre de Chapelle (le), 3a, 475. 
Mailresse-Femme (une), 475. 
Mtdade imaginaire (le), 4 69, 208, 

285, 346, 348, 352. 
Mallefille (F61icien), 196, 253, 264. 
Mallian(J.), 446. 
Malmone, 74. 
Malmont^, 24. 
Manchon (le), 265. 
Mangin(Gh.), 484. 
Manie de briller (la), 204 . 
Maniire de faire recevoirunepiice 
au theatre de V0d4on (la), 236. 
Manlius, 26, 38, 65, 424, 448, 208. 
Manoir de Montlouvier (le), 243. 

Manon Lescaut^ 436. 

Mansarde de la sage-femme (la), 
464. 

Mank(M»«), 472, 488. 

Manteau (le), 264 , 284. 

HaDue1,t40, 270. 

Marbrier (le), 340. 

Marc-Fournier, 249. 

Marc-Michel, 344. 

Marc-Lepr^vost, 300. 

Marcel, 300. 

Marcel (L6on), 209, 244. 

Marchand fils, 354. 

Marchandde Venise (le), 436. 

Marchandes de modes (les), 463. 

Marichal de Biron (le), 64 . 

Mar4chal de Luxembourg (le), 
83. 

MarSchal de Montluc (le), 499. 

Mdr4chale d*Ancre (la), 455, 295. 

Mar^challe, 297. 

Margaillan, 69, 74 , 77. 

Marguerite d^Anjou, 79, 93. 



Mart d la campagne (le), 304 . 
Mari de ma femme (le), 436. 
Mart d* occasion (le), 341. 
Mari en gage (le), 6. 
Mari (le) ei I'Amant, 294. 
Mari impromptu (le), 87. 
Mari malgr6 lui (le), 203. 
Mari retrouvS (le), 243. 
Maria di Rohanf 303. 
Mariage d amour (le), 264 . 
Mariage de Figaro (le), 26, 439, 
456, 463, 474, 488, 225, 260; 
285, 348, 352. 
Mariage (le) et V Enterrement^ 445. 
Mariage par ddvouement (le) , 4 63. 
Mariage par procuration (le), 94. 
Mariage raisonnable (un), 477. 
Mariage sous Louis XV (un), 243* 
Marie de Beaumarcfiais, 342. 
Marie de Brabant, 443. 
Marie-Jeanne, 284. 
Marie Sluart, 489. 
Marie Tudor, 474, 242; 
Marietle, 464. 

Marinette (M»«), 28. 

Marino Faliero, 418, 427, 448, 
294. 

Mario (marquis deCandia), 488. 

Marion Delorme, 460^ 464, 245, 
343. • 

Marionneltes du Docteur (les),"^, 
76, 339. - 

Marius (comte de Laribeanpierre, 
dit), 424. 

Marmontel, 59. 

Marquise de PrSlinlaille Oa), 474. 

Mar8(Mn«), ^6, 63, 426, 469, 474, 
474, 483, 488, 265. 

Marseillaise (la), 438/ 439, 445, 
280, 286. 



INDEX ALPHABfllQITE. 



2179 



Marsollier, 93, 401,408. 

Hartel (Caristie), 330, 333, 335, 

338, 339, 344, 34), 347, 348. 
Martelleur (M»«), 268, 874, 277, 

279, 288. 
Marthe (1M"«), 250, 253, 254. 
Martial, 298, 299. 
Martin, 470. 
Martin Saint*Ange, 86. 
Martini (P.), 469. 
Marim el Froniin, 26, 260, 274. 
Mar tyre de Vivia (le), 324. 
Mary-Lafon, 499, 240, 254. 
Mason, 98. 

Massacre des Innocents (le) , 67. 
Massio, 28. 
Massol, 487. 
Masson, 442. 
Masson (Michel), 350. 
Massy (W^), 470. 
Malhieu Lite, 4 95. 
Mathilde, 43, 50, 262. 
Mathis, 28. 
Mathis (M">«), 464. 
Maubant, 243, 245,248. 
Maurice (Charles), 5, 8, 45, 446, 

253. 
Mauvais svjet (le), 465. 
Mauvais sujets en manage (les), 

303, 324. 
Mauzin (Alexandre), 224, 222, 224, 

229, 230, 232, 240, 248, 252, 

253, 254, 255, 256, 258, 266, 

267, 268, 294 , 307, 308. 
' Max (Georges-HippolyteBonnelier) , 

224. 
Maxime ou Rome livr^e, 44. 
Maxime (M^^^), 448, 484, 220, 229, 

234 , 268, 285. 
Mayer (M"«),472. ' 



Maz^res, 63, 85, 407, 445, 452, 

485, 254. 
M. Beau-fils, 303. 
M. de Croc, 26, 226, 264 , 303. 
if. de PourceaugnaCj 90, 208, 244. 
MM^e, 38, 50, 225. 
Midecin desonhonneur (le), 222^ 

264,286. 
Midecin malgri lui (le), 208, 260, 

348. 
Mddecin volant (le), 220. 
M4dicis et Machiavely 453. 
Meignan (M"*), 250, 252, 253,259, 

269. 
M^lanie (M>"«), 460, 464, 464, 465. 
M^Iesville, 90, 428, 445, 349. 
M^Iingue, 243, 350, 352. 
Mellinet, 422. 
M6Iy-Jannin, 33, 94. 
M^moires du Diable (les), 225, 

288, 300. 
Manage du Savetier (le), 460. 
M4nechmes (les), 26, 38, 243. 
M^n6trier, 3, 45, 34, 42, 46, 58, 

85,95, 442, 426. 
Menjaud, 469, 470, 472, 474, 360. 
Menleur (le), 226, 249, 288. 
Menuisier de Livonie (le), 26. 
M&prise en diligence (la), 8. 
M^rante, 28. 
Mercadante, 69. 
Merchant of Venice (the) : le MUr- 

chand de Venise, 440. 
Mercier (L.), 78. 
Mercier (Pol), 347. 
Mercure galant (le), 26. 
Mire coupable (la), 50, 469, 225, 

243, 302. 
Mere (la) el la Fille, 445, 460. 
Merienne, 84. 




380 



INDEX ALPHABfTlQUE. 



Merle, 59, 449, 351. 

M&rope, «6, 27, 39, 54, 64, 450, 

SOS. 
Merville (Francois Camus, dit), S3, 

78, 96, 96, 443, 444, 457. 
M^ry, sn, S48, S56, S65, 346, 319, 

3SI, 3SS. 
M^ry (M"« Camille), 194. 
Messant (Hippolyte), 33S, 35S. 
MessSniennes (les), 49. 
Metastasio, S4. 
M^ti^me, 3S9, 337, 340, 34S, 344, 

348. 
M4tToman%e (la), 38, S99. 
Mitrophohie (la), S93. 
Meunier (]P«), 84. 
Meuniers (les), 460, 314. 
Meurice (Pad), SOO, 209, S4 4, S3S, 

340. 
Meyerbeer, 79, 85. 
Meynier (M««), 5S, 464. 
Meyssin (M"«), 70, 76, 84, 86, 407, 

44S. 
Micael, S44. 

Michallet (M»e), S70, S75, S80, S89. 
Michaud, 4S6. 

Micheau, S74, S84, S97, S98, 302. 
Michelot, 88, 94, 95, 4fS, 443, 

4S5, S49. 
Miel, 74 . 
Milen (M^^), 3, 45, SI, S3, 32, 

45, 46, 48, 68, 66, 68, 69, 70, 

74 , 84, 85, 86, 94 , 96. 
Millionnaire (le), 86. 
Milon-Thibeaadeau, 493, S06, S07, 

S40, S43, S44, SSO, SS4, SS5, 

SS9, S30, S34, S36,S40. 
Milot (MU«), 400. 
Miolan (M"*), 350. 
Minuih 83. 



Mira (M"« Valerie), S24, 225. 
MirctbeaUj 458. 

Mirecour, 489,494, 498, 208, S43. 
Misanthrope Oe), 38, 76, SOS, S25, 

226, 242, 249, 299, 334, 346, 

35S, 
Misanthrope en opirorcomiqus 

(le), 6. 
Misanthropic et repenlir, 4 7S, S64 . 
Milhndale, S6, 27, 50, 474. 
MoSssard, 460, 461, 463, 464, 465. 
Mcsurs de 1847 (les), 294. 
Moine (le), 454. 
Moineau de Lesbie (le), 32 o. 
Moise, 87, 493. 
MoUe au mont Sinai, 47S. 
Moisson (Mn«), 448. 
Mol6, 8. 

Mol^-Gt'Qtilhomme, S4C. 
Mol^ri, S49, 224, 273, 34 S, 33S, 

343. 
MoLikaE, 5, 48, 74, 97, 485, 496, 

238, S9S, 340, 350. 
MoliSre h Chambord, S43. 
Moliire au xix* siScle, SS8, S58. 
Motive a;a thSdtre, 48. 
Moment d^ imprudence (un), S4. 
Mon ami Listrac, 44. 
Mondonyille (Mn«), 84, 85, 86, 88, 

95. 
Monjauze, S48, 252, 253, 254, S55, 

259, 265, 266, S67, S68, S69. 
Monlaur, 299. 
Monnier (Gharies), 84, 88. 
Monoier (HeDri), 4U, 46S, 332, 

343, 3U. 
Monnier (Mn«), 498. 
Monni^res, 45. 
Mon Oncte lebossUj 428. 
Monroae pdre, 440, 488. 



INDEX ALPHAB£TIQUB. 



38{ 



Moorose (Eugene), S37, S4), S43. 

Monrose (Louis), 469, 172, 474« 
488, 498, 496, 497, 198, 499, 
SOS, 205, S06, 207, 209, 240, 
244, 244, 246, 249, 220, 224, 
226, 227, 229, 230, 232, 234, 
236, 238, 240, 244, 243, 271, 
273, 274, 278, 280, 285, 289, 
299, 303. 

Monsieur Daigrieux ou FEnvie, 7. 

MoDtalivet (comtede), 479,483. 

MoQtano (M»«), 58, 59, 60, 64, 'JO, 
74,84, 87,90,93. 

Honlbrison (de), 28. 

MonteBsu fla petite), 475. 

Montet, 248, 293, 299, 342, 317, 
320. 

HoDtfleury, 485, 302. 

Hontglave (Eugene de), 19. 

Montheau (Gaston de}> 298. 

Montigoy, 439, 458, 473. 

MoDtm^Dil, 349. 

MoQlpensier (due de), 233. 

HoQtval (HU«;, 54. 

Monval (L^oo), 473. 

Monvel, 408. 

Morales (HUe), 246, 249, 225. 

Moreau, 99. 

Moreau-SaiDti [W^], 423,432, 436, 
445, 452, 453, ?49, 254, 256, 
259, ^65, 267, 304, 344, 346, 
348,324, 329, 332. 

Moreau-Sainli, 297, 298, 299, 344, 
342, 343, 345, 320, 324, 322, 
332, 333, 336. 

MoreaU'Sainti fils, 344. 

Morel (Augusta), 232, 283. 

Morel (Honore), 248, 329. 

Morin, 479. 

Morlachi. 86. 



Momy (due de), 328. 
Mort dam I'embarrat (le), 74. 
Mart de C4$ar (la), 68. 
Mort de MolUre (\b\ i1^. 
Mort de Pomp^e (la), 243. 
Mort de Strafford (la), 298. 
Morton, 99. 
Mottet,445. 

Mouche du cache (la), 237. 
Mouret, 483. 
Mouriez (Ch.), 327. 
Mouton enrage (le), 440. 
Moyen dangereux (an), 224, 337. 
Mozart, 69, 85, 86, 97. 
Muet (le), 26, 38. 
Muette (la), 426. 
MuUer (M^^) , 77, 85, 88. 
Muni^, 495, 496, 497, 499, 208. 
Murat (roi de Naples), 425. 
Muret (Theodore), 498. 
Mussa, 269. 

Mussel (Alfred de), 446, 296, 304 , 
328, 338, 342. 



N 



Nad6je-Fusil (MU«), 52, 424, 426, 

435. 
Najac (£mile de), 344 • 
Nancy, 68. 
Naninej 38. 
Nanteuil, 448, 
Napoleon, 462. 

NapoUcn h Sainte-H^lSnCj 460. 
Napol4on d SchoBnbrvnn, 460, 

245. 
SapoUion Bonaparte, 450, 452. 
Naptal (M"«), 408, 220, 224, 222, 

230, 252, 254, 255, 256. 



389 



INDEX ALPHAB£TIQUB. 



Naptal-Arnault (M"«), 285. 
Narrey (Charles), 268, 272, 274, 

295. 
Nathalie (¥"«], 242, 324. 
Naufrage (le), 77. 
mrood, 329, 337^ 338, 339, 340, 

343, 346, 348. 
Nerval (Gerard de), 349, 322. 
Nestor, 54. 

Neuville (M«»«), 250, 253, 254, 259. 
Nezel (Theodore), 34, 
Neveu de- Manse igneur (le), 86. 
Nicomide, 26, 50, 225. 
Nicou, 352. 

Nidce (la) et la pupillej 87. 
Nina^ 52 . 
Nisas (Garion), 84, 
Nitot, 249. 

Nobles et Bourgeois j 444. 
Noblet (M»i«), 53, I36, 442, 444, 

445, 446, 452, 453, 454, 456, 

457, 458, 459, 464, 465, 472, 

473, 484. 
Nocesde Figaro (les), 85. 
Noces de Ganiache (les), 69, 92. 
Nodier (Charles), 94, 422. 
No^l (Leon), 65. 
Ndrville ou le Corrupleur, 43. 
Norma, 462, 486, 488. 
Nortna out Infanticide, 453. 
Notables de Vendroit (les), 268, 

284. 
Notre-Dame des AbimeSy 238. 
Nourrit, 426. 

Nouueaux Adelpkes (les), 69. 
Nouvelles d'Espagne, 268. 
No2ze di Figaro (le), 86. 
Nu6es{\es), 236, 264. 
Nugent (E.-R. de), 94. 
Nuii blanche (une), 349. 



Nuii vinitienne (la), 446. 
Nuits d^Espagne (les), 447. 
Numa, 303, 324, 340. 
Nus (Eugdne), 344, 334, 339. 







Octave, 274 . 
Ode a Molierey 334. 
Odry, 462, 46o, 474, 208. 
(Edipe, 26, 40, 50, 448, 208. 
CEuvres d'Horace (les), 346. 
Offenbach (Jacques), 337. 
Officier de fortune (!'), 62. 
Oiseaux (les) el les Chaperons, 

6, 8. 
Olivier (J.), 284, 288, 289, 293, 

294, 295, 298, 34 4 . 
Olympe (M"®), 466. 
Oncle de Normandie (!'), 254. 
Oncle Philibert (0,94. 
Oncle rival (1'), 26. 
Orange de Mallei (1'), 32. 
Oresle, 33, 40. 
Orientate (une), 344. 
Original (Y) el la Copie, 340. 
Originaux (les), 440, 264. 
Orphelin de BelhUem, 66. 
Orphelin de la Chine (F), 50, 243. 
Osmont, 270, 288, 289, 293, 294, 

298, 344, 346, 347. 
OtheUo, 70, 99, 448, 456, 473, 487, 

208, 225, 226, 299, 303, 334, 

348. 
0' Trigger (Lucius), 98. 
Ourika, 59. 
Gurry, 24. 

Ours [Y] el le Pacha, 474. 
Ozanne,.3, 34, 58, 84, 94, 4 42, 425. 



INDEX ALPHABfeTlQUE. 



m 



Ozaooeaux (Georges], 407, 438. 
Ozouf (Mn«), 38. 



Pacini, 86, 87. 

Pacotille (la), 8. 

PaSr, 94 . 

Palais (Georges), 444. 

Paliant}, 473. 

Palzis (M™*), 61. 

Pamphlet (le), 429. 

Pandore, peinture, 248. 

Paniers de Mademoiselle (les], 

236. 
Panseron, 87, 249, 253, 260. 
Paquebot (le), 265. 
Pdgms veronaises (les), 293. 
Paradol (M"'), 472. 
Pana (le), 33, 34, 35, 42, 53, 58, 

94. 
Paria TravesH (le)^ 33. 
Pari9, 310. 
Parisienne {la), 439, 445. 

Panic de chasse (la), 44. 

Parlie de chasse de Henri /l^(Ia), 
78, 285. 

Pass^ (le) et VAvenir, 272. 

Passerat, 323. 

Pasla (M-*), 52. 

Pastelot, 38. 

Patrat, 324. 

Patrie, 34 8. 

Paturel (M"*), 224, 242. 

Paul, 24, 28, 32, 42, 53, 68, 94, 
463. 

Paul (M"®), 470. 

Pay re (M«»«), 489, 494, 498, 499, 
204, 205, 240, 243, 244, 249, 



220, 224, 228, 230, 234, 234,^ 

240,242,243, 344, 347, 323, 329, 

335. 
Pay son d*aujourd'hui{vLn}, 335. 
Paysan des Alpes (le), 253, 
Pay son Magistral (le), 26S. 
P4cMs de jeunesu (les), 332. 
P^dorlini (plus tard Joanni), 34 8 « 
Peillon (F^lix), 329, 343. 
Pein (Theodore), 50. 
Pelissier, 2, 3, 42. 
Pellissier-Laqueyrie, 89, 453. 
Peltier (Maurice), 243. 
Percilli6 (M»^), 28, 32. 
Pere de famille Je), 38. 
Pire et le Tuteur lie), 35. 
Perez, 240, 243, 146, 219, 220, 

224, 222, 223, 218, 229, 230, 

236. 
Perin (Rene), 6. 
PerkinS'Warbeck, 407. 
Perlet, 38, 448. 
Peronnet, 88, 95. 
Perrier, 34 , 35, 37, 38, 42, 43, 44, 

46, 47, 49, 50, 52, 58, 64 , 66, 

68,75, 80, 469, 470, 472. 
Perrot(V.), 241. 
Perroud, 2, 3,5, 12, 44, 49, 34, 

58. 
Perroud (M"*), 4 5, 53. 
Perruche (la), 286. 

Persian!, 487. 
Persiani(M»«), 486, 487. 

Pertinax, 269. 

Petit (M"« Agarithe), 45, 449. 

Petit (M"®), 52. 

Petit auteur (le), 278. 

Petit bonheur (au), 267. 

Petit-David, 448. 

Petites Danaides (les), 2. 



384 



INDEX ALPHAB^TIQUE. 



Petite vitle (la), S6, 243, S59, 

268, 349. 
Petit-H^r6 (Fr^eric du), 80, 83, 

89,91. 
Petits.orphelins (les), 4. 
Petits prolecteurs (les), 86. 
Peyronnet, 84. 
Pharaom (les), 303. 
PkHre, %1, 58, 100, 225, 260, 

285, 350. 
Philanthropes (les), 498. 
Philibert (Alfred), 344, 337. 
Philinte de Moliire (lej, 38. 
Philippe, 330. 

Philippe et Georgette, 63. 
Philippoteauz, 248. 
Philosophe marH (le), 38. 
PhUosophe eons le savoir (le;, 

349. 
Philtre champenois (le), 465. 
Phocion, 24. 
Picard, 3, 7, 9, 4 2, 22, 25, 26, 29, 

30, 34, 36, 40, 42, 63, 74, 85, 

92, 94, 406, 407, 468, 485, 259. 
Pichat, 58. 

Pi^ce de circonstance (la), 60. 
Pied-de-fer, 334 . 
Pierre de Portugal, 285. 
Pierre et Thomas Corneille, 45. 
Pierre Landais, 224 . 
PierroQ (Eugene), 493, 498, 499, 

203, 205, 206, 240, 244, 243, 

214, 24iS, 249, 220, 228, 334, 

334, 336, 337, 338, 339, 342, 

343, 346. 
Pierrot, 335. 

Pie voleuse (la), 60, 87, 88. 
Piffard'dr6le-de-ton, 464. 
Pigault^Lebrun, 23, 234 . 
Pillet fila (Gustave-Fabien), 86. 



Pioette, 474. 

Pinto, 306. 

Pirodon, 249. 

Pixer^>ourt, 79. 

Plaideurs (les), 26, 472. 

Planard (Eugene), 4, 8. 

Planat (H"*, dite Naptal), 249. 

PlanSte et SatelliteSj 308, 324 . 

Plessy (M««), 472, 488. 

Plot ant counter plot {V Intrigue 

et la Contre-Intrigue), 99. 
PoSte (le), 240. 
Poissarde (la), 354 . 
Poisson, 79. 

Poilevia (Prosper), 498, 203, 267. 
Polyeucte, 27, 324. 
Ponceau SaiDt-Amand (Mi^^), 424 
Poncelet, 94. 
PoDcbard, 470, 492. 
Ponroy (Arthur), 248, 228, 234, 

253, 275. 
Ponsard (Francois), 200, 204, 

246, 248, 220, 222, 234, 242, 

256, 257, 329, 346, 347, 350. 
Portde Mer{ie)y%6i. 
Porte ouverte ou fermde (la), 304 . 
Portrait de Michel Cervofites e 

99, 264, 302. 
Potel (M •), 250. 
Potter (Charles), 2, 8, 24, 33, 44, 

52, 53. 
Pouilley (M«o), 58, 84, 442. 
Poujol, 5, 23. 

Pourceaugnac a fOdeon, 243. 
Pour (le) et le contre, 437. 
Power, 98. 

Pradelle (le comle), 40. 
Pradher (M"^)^ no. 
Preault, 228. 
Pr4cepteurs (les), 45. 



r 



liNDBX ALPHAB£TIQUE. 



385 



rNcieuses ridicules [les], 208, 
348. 

Preciosa, 7J, 87. 

Pr^maray (Jules de), 329, 338. 

Premiirs affaire (la), 95, 261, 
301. 

Premier Janvier (le), 7, 

Premier tableau du Poiusin (le), 
340. 

Premier venu (le), 351. 

Present du prince, 32, 38. 

Pr^lendaMs {\es), 215. 

Pr6val, 299. 

Preval (Mile), 250, 347, 349. 

Prevost, 49, 28, 97, 406, 407, 408, 
409, 442. 

Preventions (les), 84. 

Prioleau, 299. 

Prison de Pompeia (la), 95. 

Prisonnier de Newgate (le), 89. 

Projets d'^conomie (les), 4. 

Prologue d'ouverture (an), 240. 

Promenade & Paris (une), 23. 

Prometlre et tenir, 273. 

Prosper, 28,400. 

Prot, 299. 

Protdg4, (le), 408. 

Prot4if4 de Moliere (lej, 279. 

Promnciale (une), 269. 

Prt)vost, 13, 44, 49,31, 34, 35, 36, 
37, 42, 43, 44, 45, 47, 49, 50, 
58, 59, 60, 64, 62, 63, 66, 68, 
69, 70, 73, 74, 75, 78, 84, 85, 
86, 87, 88, 90, 94, 95, 96,406, 
407, 408, 409, 412, 413, 444, 
445, 460, 463, 164, 165, 303, 
314. 

Provost (M.), architecte, 94. 

Prud'homme (Firmin) ,444. 

Pseudonyme (le), 228. 
u. 



Psychs, 48. 

Pujol (Abel de), 248. 

Pyat (Felix;, 463, 464, 203, 252, 

290, 303, 325. 
Pythias et Damon, 268. 







Quatre coins (les), 343. 
Quelus, 237. 

Querelles de village (les), 7. 
Quinze Janvier (le), 258. 



R 



Rabasteos (Leon de), 296, 298. 

Rabut (M»«, depuis &!«»* Fechter), 
261, 299. 

Rachel (M"«), 29, 187, 188, 189, 
216. 217, 300, 314, 325. 

Rachel ou la belle juive, 297. 

Uacine, 185. 

Racine ou la troisieme represen- 
tation des Plaideurs, 79. 

Raisin, 62. 

Raisson (Horace), 78. 

Ramond de la Groisette, 37, 47. 

Ranee (de), 71 . 

Randoux, 257, 258, 265, 267, 242, 
248, 252, 253, 256, 270, 273, 275, 
281, 283, 289, 301. 

Raoul de Cr4quy, 64. 

Raspal (Georges de), 39. 

Ravel, 303. 

Raymond Varney, 317. 

Rayn^s (M"'), 270. 

Kaynouard, 12, 31, 9i, 285. 

Rebillot, 313. 

Roboul (Jean), 321. 

25 



386 



INDEX ALPHAB]6TIQUB. 



Reine de Portugal (la), 46. 
RegardeZj mats ne touches: pas i 

273. 
Begnard, 59, 485, 240. 
Regnaud (Paul), 322. 
Regnaud de Prebois (M««), 346. 
Regnault-Fleury (M«»«), 3, 8. 
Rigne de Titus (le), 64 . 
Regnier, 472, 484, 488, 227, 303. 
R^pnier (M"*), 58, 84. 
Regnier d'Estourbet, 462. 
Remord* (le), 40. 
RSparation forcSe (la), 229. 
Reparations (les), 222. 
Ressources de Quinola (les), 202, 

204. 
Restout (M«« Zulma), 330, 340, 

348. 
Retour de Jeunesse (ud), 64 . 
Retour d'un crois4 (le), 80. 
Rive (un), 254. 
Reveries (les) renouvelies des 

GrecSy 8, 75. 
R6v6rony-Saint-Cyr, 85 
Revolution {^9)y 464. 
Revolution d'autrefois (nne)^ 463, 

464. 
Rey, 243, 220, 222, 228, 229, 230, 

234, 242. 
Reynaud (Charles), 246. 
Rhadamiste, 30. 
Rhadamiste et Z6nohie^ 40, 50. 
Ricdo^ 264. 
Richard III, 400. 
Richard Cceur de Lion, 63, 74, 80, 

408. 
Richard d^ Arlington, ^^0, 464,462, 

474. 
Richard Sauvage, 294. 
Richand-Martelly, 95. 



Riche et pauvre, 242, 246. 

Richelieu, 329, 343. 

Richomme (Charles), 475. 

Ricochets (les), 26. 

Hicourt (Achille), 246, 247. 

Rienziy tribunde Rome, 78, 400. 

Rieax (Jules de}, 245. 

Rihoette, 442. 

Rimblot {M}^), 338. 

Riquet a la HouppCj 475. 

Riquier, 77, 88. 

Riquier-Aldto, 236. 

Rissoan, 224. 

Rivals (the) : les Rivaux, 97. 

Rivals (M-), 250, 270, 345, 328. 

Rivaux d'eux-memes (les), 52,469, 
299. 

Robert (M"«)i 349. 

Robert le Diable, 488. 

Robert Macaire, 474. 

Roberto d'ivreux, 486. 

Robin dcs bois, 62, 68. 

Rochefort, 87. 

Rochefort (Henri), 327. 

Rochester, 463. 

Rodogune, 50, 448, 207, 208, 225, 
243. 

Roederer (comte de), 425. 

Roger, 42, 34, 94, 240, 258, 266i, 
269, 270, 274, 275, 278, 280, 
285, 289, 293, 294, 295, 296, 
298, 344, 329,332, 334, 338, 
340, 342. 

Roger BontempSy 354 • 

Roi attend (le), 288. 

Roi de Cocagne (le), 226. 

Roi faineant (le), 4 44. 

Roi Lear (le), 236. 

Rots en republique (les), 300. 

RoUand (Alex.), 268. 



INDEX ALPHAB£TIQUE. 



3S7 



Holland (]IF« Eugenie;, 38. 
RoUe, 87. 

Roman & vendre (le), 67. 
Roman de village (le), 347. 
Roman d*une heure (le), 34, 93, 

260, 266. 
fiomand (Hippolyte), 484. 
Romeo and Juliet, 99. 
Romeo e GiiUielta^ 52. 
Rom4o el JtdieUe, 52, 408, U7, 

485,284. 
Romieu, 43, 45, 48, 59, 66, 69, 86. 
RoDConi, 303. 
RoDConi (M"«), 303. 
Roqueplan (Gamille), 248. 
Roeambeau (Minet), 65, 494, 496, 

499, 203, 205, 206. 
Rosemar (Aug.), 449. 
Rosier, 436, 453. 
Rosiire de Salency (la), 64. 
Rossini, 59, 70, 74, 78, 85, 86, 90, 

93, 96, 426, 427, 473. 
Rotrou. 254 . 
Rou6 innocent (le), 297. 
Rougemont (de), 24 25, 33, 462. 
Rouget de Tlsle, 343. 
Rousseau (Aug.), 74. 
Roussel, 493. 
Rousset, 494, 495, 496, 498, 499, 

203, 209, 240, 244, 244, 245, 

246, 222, 223, 225. 
Rousset (M-w), 225, 229. 
Rouvi^re, 484, 493, 203, 207,245, 

224, 222, 223, 229, 230, 231, 

234, 236. 
Roux (Louis), 87. 
Roux {W^\ 38. 
Roy (M"«), 28. 
Royer (Alphonse), 206, 240, 249, 

230. 



Royon (Corentin), 24, 68. 
Rnbini, 486, 487, 489. 
Rue Quincampoix (la), 288. 
Rassel (M— ), 98. 
Ruy Bias, 225. 



Sabattier (M»«), 32, 94, 95, 44 4, 

442. 
Sabattier (W^^), 45, 42, 49. 
Sacrifice interrompu (le), 64. 
Saint-Atnand (Mn^^), 58, 429, 444, 

448, 461. 
Saint-Aguet, 230. 
Saint-Clair, 84. 
Saint-Esteben (de), 473, 479. 
Saint-F^lix (M"«), 54. 
SaiatnGoDiez (de), 69, 443. 
Saint-G6rand, 28. 
Saint J4rdme, peinture, 248. 
Saint-Hilaire, 3, 464,465. 
Saint-Hilaire [W^], 270, 273, 274, 

279, 284 . 
Saint-L^on, 473, 493, 495, 496, 

497, 4^8, 203, 206, 240, 244, 

243, 244, 246, 249, .222, 225, 

237, 240. 
Saint-Marcelin, 4, 62. 
Saint-Paul, 485. 

Saint-Preux, 58, 60, 65, 86, 9&. 
Saint-Val, 448. 
Saint-Yves (Deadd^), 279. 
Sainte-Beuve, 337. 
Sainte-Marie, 444, 221, 223, 228, 

229,242. 
Sainte-Suzanne (MU«), 442, 4 49. 
Saintine (X.), 96. 
Samson, 6, 44, 49, 22, 23, 29, 30, 



A 



388 



INDEX ALPHAfi£TlQUE. 



34, 35, 37, 42, 43, 44, 45, 46, 
47, 48, 49, 58, 59, 60, 61, 68, 
63, 66, 68, 69, 70, 74, 75, 78, 
80, 439, 465, 469, 47«,' 474, 
476, 253, 303, 330. 

Samson (Mmo), 27. 

Saad (George), 340, 344, 347, 348. 

Sandeau (Jules), 234, 234, 329. 

Sans le votUoir, 34 4 . 

Sapho, 333. 

SapiD{L.). 474. 

Saqul (M«»>e), 448. 

Sarcey (F.), 322. 

Sardanapale^ 230. 

Sardou (ViclorieD), 314, 334. 

Saul, 42, 48. 

Saulay (M"«), 447, 448. 

Saulnier, 48. 

Saur (de), 64. 

Sauvage (MJ^ Eugenie), 236, 238, 
240, 242. 

Sauvage (Thomas), 62, 69, 74, 72, 
79, 86, 87, 94, 93, 403, 405, 
406, 408, 409, 412, 438, 450, 
222. 

Savigny, 346, 347, 321, 323, 329. 

Schaffner (m^), 444. 

Schiller, 62, 78, 442, 436, 230, 
240. 

Schueitzhelfer, 48. 

School far Scandal (the) : V6cole 
de la MSdisancCj 99. 

Schutz (M««), 94, 94, 97. 

Scribe, 58, 79, 99, 404, 442, 4 48, 
447, 453, 465, 274. 

S^han, 483. 

Secrets de cour (les), 453. 

S4ducteur amoureux (le), 44. 

S^galas (M»« AoaYs), 266, 345, 
344. 



Segur (de), 4 08. 

Seigneur des Broussailles (le), 

240. 
Selmours de Florian^ 4. 
Semaine a Paris (uae), 445. 
Semiramide^ 87. 
S4miramis, 26, 40, 50, 472. 
Sen (M^), 345, 346, 323. 
Senard, 290. 
S^n^, 493. 
Senty (A.), 436. 
Separation (la), 445, 340. 
Sept Infants de Lara (les), 246. 
Serres, 464. 

Serret (Ernest), 259, 337. 
.^everini, 486. 

Sewrin (Charles), 37, 90, 96. 
Shakespeare, 98, 400, 409, 442, 

240,244,232, 236, 296,336. 
Shakespeare amoureux, 75. 
She stoops to conquer : EUe s^a- 

haisse pour vaincre, 98. 
Shylock, 245. 
Sicilien (le), 325. 
SUge de Gines (le), 47. 
Signol, 84, 86, 88. 
Signer Giovanni (il), 324. 
Simon (M««), 466. 
Simonnet (M»«), 38. 
Simonnin, 24 • 
Simpson andG*^ 4 40. 
Siona-Uvy (M»« Ernst), 330, 338, 

340, 342, 347. 
Siraud, 92, 95. 
Sixingihiues (les), 326. 
6 juin (le), 208. 
6 mai 1783 (le), 453. 
Sceur (la), 96. 
ScBur cadette (la), 430. 
Sceur de la Reine (la), 240. 



INDEX ALPHABliTiQUE. 



389 



SoH^ (M»« RogeHt S^« 344, 3411, 

3S9, 339, 333, 334, 335, 337, 

339, 348, 343, 345, 346. 
SomnambuU (la), 486. 
Sophocle, S33. 
Soubiran (M»»), 494, 499. 
Souli^ (FrM^ric), 408, 427, 432, 

444,444,483,925,964. 
Soumet (Alex.), 43, 68, 79, 404, 

428, 447, 453, 462,230. 
Sous le$ Pampret, 337. 
S<m'Pr4fet (le), 429. 
Souvestre (£mile), 224, 339, 335. 
Spartaciu^ 26, 269. 
Spencer, 98. 
Stella (M»*), 494. 
Stockleit, 432, 435, 436, 437, 444, 

448, 452. 
Siockholm,Fontainebleau el Rome^ 

432. 
Stolberg (Hu.), S40. 
Stolz (H»«), 260. 
5ticc^<(le),424, 244. 
Sue (Eagdne), 262, 248. 
Suite d'unBal masqui (la), 474, 

474. 
Suites d^un coup d^4p4e (les), 442. 
Suites dune fauie (les), 484. 
SuUy el Boisrosiy 79. 
Surfaces (les), 7i. 
Sylla, 424. 
Sylvain, 63. 
Syrien (le), 266. 



Tableau parlant (le), 64. 
Tailhand (Arthur), 340. 
Tailleur de Jeaty-Jacquet (le), 52. 



Talbot, 330, 332, 335, 337, 339, 
340, 344 , 344, 347, 348. 

Talieuter (M»), 70. 

Talini (Mn«), 264, 269, 270, 274, 
280, 289, 293, 294, 295, 298, 
299, 346, 347, 349, 330, 332. 

Tallin, 337, 338. 

Talma, 42, 34, 40, 42, 50, 53, 89, 
424, 447. 

Tambour nocturne (le), 45. 

Tamburini, 486, 488, 489. 

Tancride, 26, 38, 52, 87, 285. 

Tancride, op^ra, 95, 440, 226. 

Tante Ursule (la), 343. 

Tapisserie (la), 27. 

Tarluffe (le), 97, 30, 39, 54, 74, 
76, 88, 90, 92, 444, 449, 437, 
448, 456, 469, 483, 208, 225, 
228, 259, 260, 264, 299, 323, 
323,348, 349,351. 

Tartuffe el Philibert, 89. 

TempSle dans un verre (Teau (une), 
350. 

Templiers (les), 285, 300. 

Temps (le) el VOd4on^ 469. 

Tenaille, 484. 

Tenlateur (le), 484. 

TMsa, 242, 246, 262. 

Terre promise (la), 352. 

Terry, 410. 

Tessier (N.), 486. 

Testament (le), 89. 

Testament d'ungargon (le), 330. 

Tetard, 329, 332, 333, 335, 336, 
339, 340, 344 , 342, 343, 344, 346, 
347, 348, 352. 

Tevoli D..., 49. 

Th^ulon, 23, 68, 407. 

Tb^nard, 3, 42, 44, 24, 23,34,43, 
47, 48, 66, 74 , 73, 78, 84, 85, 



390 



INDEX ALPHABfiTlQUE. 



I, 95, 404,406,409, 442,444. 
Thenard jeune, 4 4, 70. 
Th6nard (M«e), 424, 427, 430, 472, 

473, 474. 
TMobald, 475. 
Theodore, 28, 32. 
Theodore (BeDJamin), 463. 
Th^ophile, 65. 

Th^ric (M"«), 330, 333, 347. 
Thierry (fedouard), 233, 247. 
Thiers, 426, 306. 
Thiess6 (L6on), 46. 
Things (M-), 250, 252. 
Thiron, 344, 345, 323. 
Thivet (M»«), 330. 
Thomas Moru$, 88. 
Thorilli^re (la), 43. 
Thou ret (Antony), 264. 
Tiercelin, 53. 
Tillet, 493. 
Tilly (M"«), 494, 496, 200, 208. 

Timon d'AtMnes, 232. 
Timoth^e, 94, 44 2. 
Tirpenne, 95, 

Tisserant (Hippolyte), 331, 338, 
339, 340, 342, 345,347, 354 , 352. 

Tolbecque, 96. 

Tom, 447, 453. 

Tot ou lard, 224. 

Tour de Faveur (un), 7, 26. 

Tour de Nesle (la), 474, 262, 246, 
300, 302, 340, 350. 

Tour de roulette (ud), 245. 

Ttmristes (les), 254. 

Tournan, 463, 465. 

Tournier, 349,332, 347. 

Tousez (Alcide), 472, 303. 

Tout e$t bien qui finit bien^ 244. 

Trait de Cartouche (un), 413. 

Treille (M"*), 28. 



Trembleur (le), 345. 

Trente ans ou la vie d'un joueur, 

472, 242. 
Tribulations d'un grand homme 

(les), 274. 
Tribun de Palerme (le), 206. 
Tribunal secret (le), 46. 
Triomphe du peuple (le), 284 .. 
Trois Cousins (les), 74 . 
Trois Femmes (les), 230. 
Trois Fits (les), 498. 
Trois Frires rivaux (les), 350'. 
Trois Genres (les), 58. 
Trois Quartiers (les), 447. 
Trois Sultanes (les), 64, 323. 
Tulou, 89. 
Turcaret, 243. 

Tyran domestigue (le), 76, 350. 
Tyran d'Vvetot (le), 293, 



D 



Ulysse, 346. 

Une (r) pour Vautre, 498. 
Univers (/') et la Maison, 256, 
Ursus, 236. 



Vacquerie (Auguste), 200, 209^ 
244, 232, 296, 297, 340. 

Va^z (Gustavo), 206, 240, 249, 230, 
268, 342, 343. 

Vagabond {\q\ 325. 

Valcour, 92. 

Vat d'Andorre (le), 349. 

Valentine, 475. 

Val^re, 58, 59, 60, 62, 63. 



INDEX ALPHABfiTIQUE. 



394 



VaJdre (M"-), 58, 60, 63, 65, 77. 
VaUrie, 79, 174, 488, 300. 
Valerie {W^, plus tard M"« Fonld), 

S36, 330, 343, 346, 347, 348. 
VaWrie-Mira (M««),«44. 
VaUt de son Rival (le), 26. 
Vctlet sans livr^e (an), 273, 332. 
YalMe (Celine), 297, 298, 299, 322. 
Valmonzey (M"-), 52, 69, 74, 74, 

75, 469. 
Valmore, 44, 22, 23, 483, 489, 

494, 496, 497, 498, 203, 205, 

206, 22S, 229. 
Valmore (M™ Desbordes-), 44. 
Valory (Charles Mouriez), 432. 
Valot(Paul), 496. 
Valville, 3, 42, 34, 42,53. 
Vanard (Theodore), 442. 
Van Dyck a Londres, 295. 
Yanhove, 38. 
Vannoy (Henry), 258, 260, 266, 

268, 269, 286. 
Varennes (M*« de), 213, 299. 
Yarnet (Henri), 28. 
Varsovienne (la), 156. 
Vauban ii Charleroi, 85. 
Yaacanson, 59. 
Yauchez (M"«), 28. 
Vaulabelle, 484. 
Yautrin, 28. 
Yavin, 202, 207. 
Y^del, 479, 480, 485. 
Venceslas, 49, 226. 
VSnilienne (la) ou le Bravo, 264, 

246. 
Vdnitiens (lea), 89. 
Yennes (de), 203. 
V4pres sidliennes (les) , 4 9, 20, 22, 

27, 40, 63, 76, 80, 400, 437, 

448. 



Yerdellet, 493. 

Yerger, 64. 

Yergne,'69. 

VMlable Sain^Genest (le), 250, 

254. 
Yernet, 260. 
Yerneuil, 484. 
Yerneuil [W^], 70, 75. 
Yerleuil (J.), 425, 452. 
Vert galant (le), 323, 324. 
Yertpr6 (W* Jenny), 52, 487, 224. 
VesUde (la), 63. 
VSsuviennes (\es), 438. 
Veuf amoureux (le), 430, 434. 
Veuvage (le;, 499. 
Veuvage (le) el les FiangailleSf 

430. 
Veuve d marier (une), 484. 
Yial, 6, 85, 96, 294. 
Viclimes cloilrdes (les), 460, 288, 

300. 
Victor, 4 3, 4 9, 24, 25, 29, 33, 53, 92. 
Victor (P. Lereboars), 49. 
Viclorine ou la nuit porte conseil, 

460, 336. 
Videix, 330, 340. 
Vie (Tun ComSdien (la), 497. 
VieilleFille {\a)et laJeune Veuve, 

445. 
Vieillesse de Richelieu (la), 305. 
Viennet, 267. 

Vieux Cilibataire (le), 7, 207. 
Vieux Consul (le), 228. 
Vieux Mari{\e),hU. 
Yignon (M"«),494. 
Yigny (Alfred de), 455, 233. 
Yillemot (Auguste), 327. 
Yillenave (Theodore), 240. 
Vincent (Adolphe), 94, 95, 442, 

425, 437. 



3d2 



INDEX ALPHABtTlQDE. 



24 /"^mcr (le), «95. 

Virginie, 300. 

Virginie (M^^JjSi, 86,88. 

Visilandines (les), 70. 

Visile aux Iiwalides (une), 37. 

Vissot, 466. 

Vive Henri IV, 97. 

Viveurs de la Maison-cTOr (les), 
i99. 

Vizentini, 124, 126, 130, 131, 135, 
136, 438, 139, 143, Uo, 44^ 
152. 

Vizentini (Albert), 278,285. 

Vizentini (Augustin), 259, 263, 264, 
269, 275, 283, 287. 

Vizentini (Jules), 272, 277. 

Voisin (A.), 35. 

Voi$in$ (les), 324. 

Volet (M"e), 210, 211, 214, 215, 
219, 221, 223, 225, 229, 230, 
232, 234, 235, 236, 240. 

Volet (M"« fimilie), 224. 

Volnays(3r>«), 315, 318. 

Volnys, 188, 286. 

Volnys (M^e), 177, 181. 

Voltaire, 34, 95, 185. 

Vollaire el madame de Pompa- 
dour j 170. 

Vorbel, 193. 

Vow n' dies que marquis! 324. 

Voyage a Dieppe (le), 29, 30, 58, 

1 84, 281 . 
Voyage a Ponloise (le), 806. 
Voyage inlerrompu (le), 261 , 28 ' , 
349. 

Vulpian(A.), 46,60,72, 87. 



W 



Wafflard, 24,29,36, 43. 
Wailly (Alfred de), 59, 78. 
Wailly (Guslave de), 71 , 78, 87,94 , 

404, 436. 
Wailly (Jules de), 253. 
WalkiD, 465. 
Wallez, 98. 
IValsUin, 240. 
Walter, 165. 
Walter ScoU, 86, 403. 
Warin, 65. 
Watrin (Jules), 274. 
Wattier (Gustave), 248, 344. 
Weber (Ch.-M.de), 62, 72, 78, 87, 

89, 90, 295. 
Weigel, 90. 
Weiss (M««), 494, 496, 203, 240, 

214, 249, 223, 225,223. 
Wenzel (M"« filisa), 39, 43, 44,45, 

84, 86, 91,94, 95,406,442,114, 

415. 
Werner, 294. 
Werner, 295. 
Winter, 61 . 
Woght, 64. 
Wolf, 55. 

Y 

Vseull el Raimbaudj 146 



Zaire, 226, 348. 
Zingarelli, 52. 
Zo4, 475. 



TABLE DIES CHAPITRES 



CHAPTTRE PREMIER. 

Pages, 

1 84 M 81 9. L*Odeoo k la salle Favart. — Debuts de Samson. — 
La famille GlineL ~- Restauration du tb^tre incendi^. — 
Ordonnance royale constitutive du second Th^dtre-FranQais. — 
La nouvelle troupe de Picard : com^diens et tragddiens. . • 4 



CHAPITRE II. 

4819-4820. R^ouverture. — La nouvelle salle. — Les Vepres sid- 
liennes. — Les ComSdiens. — Artaxerce. — Le Voyage a 
Dieppe 47 

CHAPITRE in. 

4824-4822. 4823-4824. Direciion Gentil. — Le Paria. — Premiere 
c^ldbralion de Tanniversaire de Moli^re. — Les Deux MStiages. 
— AUila. — Les Macchab^es. — Debuts d'Ana'is Aubert et de 
Perrier. — Rentr^e de M'^® Georges. — Fi^derick-Lemaitre 
confident. — Bocage. — Direction de GimeL — Saul. — Le 
C4l%baiaire el PHomme marie. — Le tragedien Victor et ses 



394 TABLE DES GHAPITRES. 

Scandinaves. — Suzanne Brohan. — Plaisanteries sur 1e th^tre 
militaire 34 



CHAPITRE IV. 

4824-4825-4826. Direction Bernard. — L'Od^on devient thddtre de 
chant.— Traductions ^Irang^res. — Castil-Blaze. — Le Barbier 
de Seville, de Rossini. — Robin des Bois. — Le Massacre des 
Innocents, ou la bataille de Bethldem. — Debuts de Duprez. — 
La trag^die alterne avec i'op^ra-comique : Cliopdire, Fiesque, 
Jeanne d'Arc, Rienzi, — Adieux de Samson. ...... 55 



CHAPITRE V. 

4826-4827. Direction Frederic du Peti,t-M^r6. — La Belle-Mire 
el le Gendre. — Direction Thomas Sauvage. — Le Don Jwm 
de Mozart. — Representations de la troupe anglaise : Kemble et 
miss Smithson . — V Homme du monde, — Debuts de Lockroy. 83 

CHAPITRE VI. 

4828-1829. Amy RobsarL — Un illuslre coUaborateur. — Le roman- 
tisme. — Le Dernier jour de Missolanghi. — Perkins Warbec. 
— RomSo el JulieUe, de Fr6d6ric Souli6. — Direction Lem^- 
tb^yer. — Le vaudeville k I'Odeon 404 



CHAPITRE VII. 

4829-4830. Direction Harel. —IkP^® Georges et la nouvelle troupe. — 
R^ouverture. — Christine h Fonlainebleau. — La File de 
Niron. — La Mori de Moliire. — Chutes c616bres.— Alexan- 
dre Dumas k rOd^n. — Stockholm^ Fonlainebleau et Rome.^ 
Guillaume Tell. — Pendant et apr^s les trois journ^es. — 
Jeanne la Folle, — Fontan et le Moulon enragd .... 442 



TABLE DBS CHAPITRES. 395 

CHAPITRE VIII. 

4830-4834-4832. Les Homme B du lendemain. — Chute du Rot 
faineant. — La Mire et la fille. — La Nuil v^itienne. — 
NapoUon Bonaparte, — La Mar4chale dAncre. — Charles 
VII Chez ses grands vassaux. — D^deoce du second Th^tre- 
fraogais. — Felix Pyat et Une R^olulion d'aulrefois, — Dick- 
Rajah et rdl^phaut Kiouny. — Marian Delorme h TOd^on . 443 



CHAPITRE IX. 

La Com^ie-Francaise k TOd^on. — Voltaire el Jf"* de Pompa- 
dour. — Les acteure de YerBailles et le Moise au Sinat de 
Chateaubriand. — Representations extraordinaires, concerts, 
ben^BceSyetc. — La petite troupe Caste Hi 467 



CHAPITRE X. 

Encore la Comedie-Francaise I TOd^on . — Le Camp des Crois^s. — 
Le Bourgeois de Gand. — Representations du The^tre-Italien : 
directions Yiardot et Donnoy.— Representations k benefice. 4 80 



CHAPITRE XL 

4844-4842. Resurrection du second Thefttre-FranQais. — D*£pagny 
et ses associes. — Triste reouverlure. — Mathieu Luc. — Les 
Enfants blancs. — Lireux succede h D'£pagny. — C4dric le 
Norvigien. — Les Ressources de Quinola, — Le Voyage d 
Ponloise 494 



CHAPITRE Xn. 



4842-4843. — Falstaff, — Le Baron de Lafleur. ^ La Main droite 
el la Main gauche* — Le Suce4s. — Lucrece. — Punsard et 



396 TABLE DES CHAPITRES. 

r£coIe du bon sens. — Le M4decxn de son honneur. — Le 
iMird de Dumbicky 240 

CHAPITRB XIII. 

h 844-1 845. — L'Inauguration du monument de Moliere. — Le Vieux 
Consul. — Debut d'fimile Augier : La Cigue, — Antigone. — 
Le Bachelier de S^govie. — Les pieces judiciaires. — Notre- 
Dame des abimes. — Un faux manuscrit de MoIi^re : Le Docteur 
amoureux. M. de Galonne myslificateur.^ Faiilite de Lireux.— 
R^sum^ do cette direction 228 

CUAPTTRE XIV. 

4845-4846-1847. — Premiere direction de Bocage. —Sa troupe. — 
Delaunay. ^ Un prologue de Th. Gautier. — Debut d'Octave 
Feuillet : Un Bourgeois de Rome. — Diogine. — £chec et 
mat. — Gent miile francs de subvention, — VUnivers et la 
maison. — Agnds de Mdranie 245 



CHAPITRE XV. 

4847-4848. — Direction d'A. Vizentini. — Alcesle, — Le Paque- 
bat. — D6buts de Marie Laurent. — Regardez, mais ne touches 
pas I — Ghule terrible des Alrides. — Une revue de Camille 
Doucet : Le dernier Banquet de 1848.^ Le dernier Figaro.-^ 
La Revolution de F^vrier a TOd^on. — La Fille d'Eschyle. — 
Fuite de Vizentini 263 

CHAPITRE XVL 

4 848-4849. — Les com6diens en soci^te. — Alex. Mauzin commis- 
saire du gouvernement. — Les Pdques v^ronaises. — Werner. 
— Macbeth. — La Reine d'Espagne. — Rachel on la belle 
juive. — Fin de la petite r^publique odeonienne .... 287 



TABLE DES CHAPITRES. 397 

CHAPITRE XVII. 

4849-4850. — Seconde direclioQ de Bocage. — Trop de fantaisie 
et de politique k TOdeon. — Revocation du directeur da second 
Th^tre-Frangais. — Uo root sur la troupe. — Le Bourgeois 
des metiers. — La Jevnesse du Cid. — Frangois le Champi. 
— Une Nuil blanche, — Le Chariot d'enfanl 305 

CHAPITRE XVIII. 

4850-4851-4852-4853. Direction Altaroche. — Sa troupe. — Les 
Ennemis de la maison. ~ Les Contes d^ Hoffmann. — Andr4 
del Sarto, — Richelieu, — Henry Monnier et Grandeur el deca- 
dence de Joseph Prudhomme. — Les Marionneiles du doc- 
teur. — Le Feuilleton d'Aristophane, — L'Uonnenr et V Ar- 
gent 327 

Index Alphabetiqub 353 

Tablb DES Chapitres 393 



ACEEVt D' IMP RIMER 
PAH A. QUANTIN 

LB IfEUF AVRIL MIL HDIT CENT QUATRE- VIHGT-DEUX 




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