Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at |http: //books. google .com/l
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp: //book s .google . coïrïl
^^ s-^7 '■*!
I^arbarl) Collège tilirars
DEPOSITED BY THE
MASSACHUSETTS
STATE LIBRARY
IF
j
r /
0^
'o^5'^^^.f
> ^
Société he l'Uinon dei5 Uati0nje
POUR
LA CIVILISATION UNIVERSELLE.
ÉLCXËIE
H, M. DOIV PEDRO,
Duc de Bragaace y Régent do Portugal et de TAlgarve^
PAR
LE COMTE GOnOE DE LIANCOURT,
SUIVI DE
PAR M. DE SAINT-ANTOINE.
. Osten tient fume terris tantiun fata....
En la chapelle sainte où repose t6n père.
Don Pedro, dors en paix dans rimmortalîté ;
Le Portugal est libre, et la patrie entière
fîcspire dans la liberté.
A PARIS 9
<z in fftncif âttx ,^,t6rAtr<» )>n ^^afaU-^^o^af,
183a.
^^•^mmimmÊt^
i
n-->5
<':v^i.
/
'••■•-, ■* ^^
3
^^
^Ti'^
H/kRVARnC0UE6EUBRAW
.«
i.
■ V .. • »♦
•>•» t
•.:»"»«•'■■• va*»*: ^ac*. .• "-
1 1 , * / • >»- > * » I »• • . 1*-
-■•U-^? »«»^ » t
./<^
mm
S
M
Clage Snnèbve
•1 • • I-.
DUC DE BRA6ANCE, EHPEREUB DU BRÉSIL,
BÉGENT BU PORTUGAL ET BE L'ALGAEVE,
Messieurs ,
Osiendeni hune terris tantùm faia,,..
En U chapene aamte où rqKM« ton père,
Don Pedro , dors en paix dan» rimmortaUté ;
Le Portugal est libre, et la patrie entière
^Mpire dans la liberté.
)
Je ne viens pas louer Thamanité d'un général qui a été cruel, la
▼ie d'un prince revêtu de la pourpre , l'intégrité d'un magistrat qui
a vendu les lois, mais je viens vous entretenir d'un homme qui est,
aujourd'hui, sans titres et saqs pouvoir; je viens le remercier, au
nom de la civilisation, de ce qu*il a servi glorieusement sa patrie
T -î i*^.
'j%
et rhuinanité , et proposer son exemple à ceux qui out encore à
vivre et à mourir.
Chez toutes les nations éclairées, messieurs > il y a des honneurs
résfrws à la înéinoire des grands citoyens. La Société de VUnioik
des nations pour la civilisaiio'n univers elle distribue sur la ten*e
l'éloge et le blâme i elle préside k cq partage comme Dieu et la
conscience le feraient.
Je la remercie de m'avoir choisi pour prononcer Téloge de feu
S. M. I. don Pedro, duc de Bragance, empereur du Brésil, roi duPor-
tugal et de TAlgarve, régent au nom de S. M . la reine dona Maria II.
Je vais vous décrire , sans art , une vie que nous déplorons sans
feinte , et en homme qui a interrogé son cœur avant d'aborder son
sujet , en homme qui apprécie la gloire des autres sans crainte et
sans espérance.
Le Portugal % rea&nnié , de tout temps , un peuple brave et ja-
loux de son indépendance i sds habîtans furent les premiers qui
lancèrent leurs viaisseau'T sur des mers inconnues, qui subjuguè-
rent les Indes après en avoir fait la découverte. Cependant les Por-
tugais se sont montrés plus fiers encore de la dignité de la nation
que de la gloire des conquêtes.
Dès le XII* siècle , les Portugais se donnèrent une constitution
libre et conservèrent un gouvernement représentatif jusqu'au mo-
ment où , tombés sous la pernicieuse domination monacale i^ leur
histoire ne nous offre plus » pendant trois siècles ^ qu'une série d'af-
freux; désastres. C'est en vs^in que , de loin en loin ^ quelques
hommes arrêtent ce mouvement de décadence^ D'aussi rares succès
sont effacés par une multitude de revers^ les jésuites apparais-
saientsur Le premier plan^ #t 86 précipitaidAt île tous c6t^ aox
funérailles da grand peuple, pour s'tirracher jusqu'aux derniers
lambeaux de son indépendancQ.
Foui* coniblé de malhear, la vivacité d'imagination qoi distingue
la nation pos^tiigaise la rendait^ plus que tottte a«ire^ aoceasible à la
Superstition»
Au Xyi* siècle ^ une révolution violente éclata à Lisbonne , et
sembla tappder le peuple à son ancienne énei^e. Elle Èe JSt avec
tant de rapidité, qu'au palaia*de«j«isliee les magistrats^ qui venaient
de prononcer na arrêt au nom ddt roi Philippe, s^n$ lever la léance^
jugèrent une autre cause an nom de Jean IV.
Les efforts de l'Espagne étaient devenus impnissans pour com-
battre l'émancipation de ses voisins. Elle semblait sur le point de
perdre pour toujours sa dateatable influence politique; mais les
Portugais I en recouvrait leur indépendante > n'avaient )>aa pensé
à détruire les causes qui la leur avaient fait perdre : l'empire des
moines et des jésuites était resté debout. Sans armée , sans coni-
mu*ce , sans agriculture^^ la nation retomba sous le joug.| et les tré<-
^ors du Brésil ne purent la sauver de la misère.
Cependant la maison de Bra^pnce montait sur le trône au milieu
d'un immense cri de liberté^ dont l'écho devait survivre au règne
des factions, parce que tout ce qui est légitime dans son principe
est ordinairement durable dans ses effets*
Peu d'événemens de cette nature sont plus instructifs et provo-
quent de plus sérieuses réflexions sur la faiblesse des combinaisons
humaines*
Tous les souverains de TEurope accueillirent les ambassadeurs
i
-4-
da roi Jean ; le pape seul se montra récalcitrant , pour ne pas dire
indomptable , comme il le fut quatre siècles plus tard dans une cir-
constance analogue.
Le Portugal, messieurs, semblait ainsi destiné II épuiser la coupe
du malheur, lorsqu'une catastrophe épourantable ^int y mettre le
comble. Pendant une nuit de 1757, Tenfer menaça de bri-
ser ses voûtes et d'ouvrir un soupirail au sein même de Lisbonne ,
pour engloutir la race des moines* La terre tremble, le ciel gronde,
les temples et les palais chancèlent et s'écroulent.... Superbe et
terrible spectacle ! Le vertige de la terreur se répand en tous lieuir,
dans les murs, hors les murs; la désolation et l'épouvante boule-
versent les coeurs les plus solides. Le peuple , les mains levées au
ciel , fait entendre d'affreux gémissemens , désespérant d'échapper
aux périls qui le menacent sur cette terre mouvante. Consterné^
ou saisi d'effroi , il se presse en foule autour de l'infortuné Joseph ,
en proie , lui-même , a la plus douloureuse inquiétude , et deman-
dant partout : Que faire? — Enterrer les morts et songer aux vi^
vans ! s'écrie la voix de Pombal , debout su milieu des ruines-
Parole d'une sublime énergie qui révélait l»ien une âme faite pour
commander. Aussitôt on vit Carvalho, marquis de Pombal , se pla-
cer à la tête de l'administration. Richelieu portugais , il annonçait
aux rois de l'Europe ^ue le temps des grandes fautes était passé
pour sa patrie; que le Portugal allait redevenir puissance. Mi-
nistre intrépide , non content de chasser du Portugal les jésuites et
les moines , qu'il appelait la vermine la plus dangereuse qui puisse
ronger un état, il provoqua leur expulsion de toute l'Europe.
Sébastien- Joseph de Carvalho, aidé d'une t;ol6nté constante et
V>."-
— 5 —
passionnée, administra le Portugal avec force et célérité. On
vit refleiirif Funiversité de Coïinbre ; Tespril militaire se ranimait ;
le commerce , Tinduslrie et la marine se réveillaient après une fa-
tale léthargie.
Cependant , messieurs , cet homme , qui avait exercé un pouvoir
absolu , si éclatant et si utile , œ fondateur du gouvernement cons-
titutionnel , ce grand architecte qui avait fait sortir Lisbonne de
ses mines , ne trouva pas grâce devant la noblesse et le clergé ; il
fut écrasé sous le poids du rocher qu'il avait eu la hardiesse de sou-
lever. On Tàccusa , il fut condamné , banni , et mourut en 1 782.
L'homme de ce siècle avait cessé de vivre depuis plusieurs années,
mais l'impulsion vigoureuse qu*il avait donnée aux idées du peuple
eut la force d'atteindre le règne de Jean VI , honnête homme ,
étranger à l'art politique^ k la science gouvernementale, et cepen-
dant appelé à régner dans un temps des plus difficiles.
Le prince portugais n'apportait pas sur le trône des préjugés fa-
t
vorables à la noblesse et à la cour d'Espagne. '
Ce fut le principe de sa disposition à s'allier avec l'Angleterre et
à se diriger d'après les lumières de son siècle . * •
Malheureusement les événemens politiques vont suspendre toute
idée d'amélioration sociale. ' '
La révolution de 91 éclata en France , et le Portugal se laissa en«
traîner, avec tous les états secondaires, <lans la coalition qui vou-
lait la comprimer. . . . ' » . r
Napoléon paraissait sûr U scène politique au milieu de ses ai-
gles; vainqueur de l'Espagne, dictant des lois à. Cainpo-Mayor, »
El vas , à Olivenza ; traitant avec Pinto , et maître de la Guiaae.
.f^rx
•»■ ^i ^
Le Portugal per&îstô daos sa DeuXralîié ^pvès Im vidUlion du traité
d'Amiens^ et refuse obstinément de fermer ses ports qax vaisseaux
de la Grandes-Bretagne.
Napoléon conçoit aussitôt le projet de le rayer delà caii^poU-*
t^qxie de TEmope.
Après d'inutiles et nisigoifiante& oégociatioos^ Jeau YI apprit,
pur le Moniteur^ que la m^isoo de Bragaoce avait cfissé de r^oer
en Eui*ope« -
Les événemens se succédaient partout avoclainéme rapidité que
les idées de rhotunaie étouoant qui reiuuatt le monde entier.
Lorsque le prince régent se vit menacé par les armées françaises
déjà, sur son territQire^ il chetclia un asile sur sa flotte^ avec sa fa->
mille et une partie de sa c<|ur, et fit voUe pour le Brésil»
Au même moment, 17 novembre 1807, le ministre aBglais, lord
Strangford , demandait ses passeports et se rendait u bord de Tes^
cadre anglaise sous le commandem^ent de sir Sydney Smith.
Le temps était arrivé où la vaste Amérique allait offrir uu^a iioun
velle patrie aux rois de l'Europe dépossédés par les révolutions.
Cette terre lointaine devenait le jardin déUciens où les Bra-«
gance vont rêver à leurs destinées nouvelles ; où deux frères pré-
luderont bientôt, par une éducation différente, ^Tordre des évé-
nemens qui détermineront la nature de leur sort respectif.
Doo Pedro, pjçince doux et affiiM^^, joignait à ce j^ qualités, toute
la hardiesse que donne l'instinct de la supériorité. U unissait ^ à
beaucoup de talens, boaucpup d'/esprit; e| un désir insatiable île
s'instrun^ à uu §ùia> prononcé picmr M ar^^ dont i^ ^e montra
protecteur éduiré.
Do0 Miguel, aiLcoatraira, livré fort jeune à un entourage de su-
balterneS) eut une éducatioii. qui soufTrit de$ révolutions qui agi-
taiéait le pfiys. Élevé au milieu d'enfans corrooipuS) il débuU dans
la vie psir d^atroces exercices*. On le voyait tantôt arrêter les
passans sur les grandes roules ^ ou bien exercer d'affi:euse& barba-
ries sur de pauvres animaux dopiestiques.
Don Pedro ^ entraîné dans la cUrection apposée ). cbevcha de
bonne heure à connaitre les passions des boixiQiies > sans doute parce
qu'il atspirait à.lea.diriger*^^ Il voqluti ainsi quQ César, unir la gloire
des lettres à La gloire dc& ai*tne$y et comnire il avait la consejienc^e
de ce qu'il pouvait faire et de ce qu'il avait à craindre, il n^ trouva
rien au*des»s de son ambitign €px^ la^ajpdenr de.s^ vu^.
Le 16 décembre 181 5^ huit ans après l'arrivée de la famille
royale pprtugaise au Brésil » au momept oàiNey éta^t iusIUé par les
Bourbons en France , où les chambres législatives donnaîej[|t l'abr
solution aux fauteurs de la rébellion et de VumrpùtiQn de Bono^
parte, le, rpi Jeau YI élçyaifc le Brésil au rang, de royaiype*
Napoléon, qui avait démeinbré le PorM^^l, était au milieu de
l'Océan atlantique, à cinq cents lieues de toute terre ; Murât, qu'il
avait faitpiyippuraitfAsîU^.^ Piasq^.petîte grille de kt Calabre ; et
Jean Vl accoirdait à soi) tour, k d^o Pedro, le titre âe prince royal
des royaumes unis de Portugal, de Rio et d'Algarve......
. Étranges de&tinées de&.TÛi& et des peuple U!. Q«eji est celai qui
ne serait ému à la viue de cette: vieille Europci agitée l9a|<*àrc»i»p par
l'esprit novateur que les écrite de .quelques ho9^nM9^Qn<t produit eu
vingt an», et qui jse* trouva exposée ^aiijnilj eu de aes mutiklnofis,
aux outrages de tant d'ambitions subalternes'!
-,8 —
Don Pedro, qui avait vu le jour (i s octobre 1798) au temps où
le génie de Bonaparte commençait à se développer, où il veillait sui:
les moissons de FÉgypte et le Nil , qui en est le dispensateur ; don
Pedro, héritier présomptif de la couronne par la mort de son frère,
voulut, comme Napoléon , s'allier à la maison d'Autriche. ^
La gloire immense de celui qu'il avait pris pour modèle avait
frappé sron imagination du plus grand enthousiasme.
Le prince foyal àes royaumes unis épousa, K Tâge de dix-neuf
ans (1817), l'archiduchesse Léopoldina, fille de l'empereur Fran-
çois I", et sœur de Marie-^Louise , ancienne impératrice des
Français. '
L'année suivante (5 février 18 18), le régent Jean VI se fit cou-
ronner roi de Portugal et du Brésil .
Le monde continuait ainsi à changer de face dans les deux hé-i
misphères.
Le Chili proclamait son indépendance*
Bernadotte montait au trône de Suède : avec une épée pour an<t
cétres, il se croyait aussi légitime que les descendans d'Odiq
(ï8i8).
' En Espagne , Riego et Quiroga insurgeaient plusieurs corps
d* armée, proclamaient la constitution des cortès, et marchaient
sur Madrid.
Malheureusement pour lui ^ le roi Ferdinand VU avait oublié que
les corps politiques sont comme les cèdres du Liban , qui , à mesure
qu'ils s'élèvent^ ont autant besoin de la terre que du ciel.
Le tocsin sonnait en mémo temps dans les Asturies , U Navarre ,
^ ■ •
la Galice et l'Andalousie, '
De rapides succès légitimèreat Taudace des révolutionnaires. L'ar-
mée espagnole changea la face de l'Europe, en iSao^ comme l'armée
prussienne en ifii!2.
De son câté^ le Portugal ne pouvait pas demeurer spectateur de
tant d^événemens qui se passaient à la porte de Lisbonne.
Il éprouva bientôt et vivement le besoin de se régénérer.
L'exemple donné en Espagne par les Mina, les Porlier, les Lascy,
les Milans, les Quiroga, les Riego, etc., trouva des imitateurs dans
TÂlgarve.
La révolution d^Espagne mit bientôt le feu au Portugal.
IjOs troupes portugaises, comme les armées du continent , sem-
blent aussi attaquées de la manie de donner des lois à TEurope ;
elles s'insurgent à Oporto le ^4 ^^^^ 1820, expulsent les Anglais, et
vont droit à Lisbonne.
Un gouvernement provisoire est établi sous la présidence de
Pinto.
Lisbonne se trouva très-disposé à suivre cet exemple , malgré la
proclamation du gouverneur royal , qui taxait d'horrible rébellion
le mouvement d'Oporto.
Tout change.... Les contestations se décident promptement à
coups de sabre. Mais ces régénérations momentanées s'accomplis-
sent trop vite pour être durables. Il viendra des convulsions plus
terribles après lesquelles se terminera l'anarchie complète qui
règne dans le grand système européen.
Para , Bahia , Rio* Janeiro , embrassèrent la cause des Cortès.
Le roi Jean adopta , lui-même , les bases du nouvel ordre social
€t politique ; nomma le prince royal don Pedro vice-roi du Brésil ;
2
— lO
et s'embarqaa ^ avec le reste ie sa famille , poar retourner en Eu-
rope (a5 avril 1831 )•
Sur le continent américain, le goût de la liberté continua à gagner
les prorince», <}ont les habitans se déclarèrent indépendans de Rio-
Janeiro.
On vit les Cazadores courir aux armes à San-Paulo , au moment
où, à Villa-Rica, les habitans levaient l'étendard de la révolte. .
Jean VI arriva le 5 juillet 1821 dans larade de Lisbonne, jura
la constitution devant le congrès national, et tint parole.
Ce retour du roi en Europe devint bientôt le sujet d!ane grave
scission entre les deux grandes pièces de la monarchie Brésilio^por-
tugaise.
La situation respective des deux pays subissait un important chan-
gement. Le Portugal reprenait son ancienne attitude de métropole^
Jean YI redemanda son fils don Pedro.
Mais le progrès avait marché à pas de géant en Amérique. C'é*
tait un empire que les Bragance avaient jeté au moule. La présence
de don Pedro avait été un puissant mobile pour le développement
des sciences et l'état florissant du Brésil. C'était à son activité que
cette jeune nation était redevable d'être entrée ^ur la scène des
grands événeméns politiques:
Tandis que, sous la protection éclairée du régent, Tagriail-
ture fertilisait un sol vierge , étonné de se voir si riche ; tandis^
que le commerce multipliait ses relations, le nouvel état social de^
venait préférable à celui des Portugais.
Cette émancipatioB de fait ne^ pouvait pas tarder à être suivie
d'une manifestation générale.
M
Les proTinces éprouvaient TÎvement le besoûii de proclamer
Pacte de leur indépendance de droii.-lÈMes eâvoyèreint une adresse
à don Pedro danii laquelle un le suppliait de rester au Brésil , sous
peine de provoquer les plus ^nglans déciiirenrens. En effet, les
contributions n'étaient plus payées^ \^s provinces sHsolaîent, et
Rio- Janeiro était une ctipitale sans départ€fmens.
Au milieu de ce conflit qui menaçait de bonleversef la £ice de
TËmpire , de compromettre ^ en - même temps , la vie du régent et
celle de sa famille , la municipalité de Rio- Janeiro renvoya les
troupes portugaises , et les députés brésiliens conférèrent à don
Pedro le titre de régent , puis de protecteur constitutionnel , enfin
celui d'empereur (i 3 tnars 183:2).
Les titres les plus glorieta s'alliaient bîe^ aux noms d'un prince
à qui > le Patriarche disait , cdmme saint Grégoire de Naziance à
Thémiste : o Vous êtes te seul ^qui • travaillez en faveur des lettres;
vous êtes à la lé te des gens éclairés ; vous savez philoso{^er dans
la plus haute place , joindre Tétude au pouvoir, et la dignité à la
science.»
Le soleil avait à peine paru quelques fois sur le brûlant horizon
brésilien, que tous les peuples se ralliaient à cette énergique parole
du nouvel Empereur : L'indépendance ou la mSori ! >
Pendsf nt que^ la terre d'Amérique offrait 'ainsi le spectacle d'un
pevple nottveau s^affrandiissant de ià tutelle d^une mélr^ypdie il-
vrée aux moines, lie Portugal et fÂlgarve continuaient à être en
proie à des attentats de toute nature.
La mère de l'infant Miguel cherchait à détrôner son mari sous
le prétexte qu'il était aliéné , mais avec l'intention secrète de re-
12
▼étir son fils de la pourpre royale, afin de régner elle-même
comme la tutrice de Charles IX.
Cette Charlotte de Bourbon , tour à tour absolutiste ou républi-
caine, machinait de perfides complots, comme pour plonger, à plai-
sir, le Portugal dans une éternité de malheurs.
Le 23 février iSsS, le comte d'Âmaranthe, marquis de Chavès,
et les Jésuites, appelèrent les Portugais aux armes. Cette tentative
resta d'abord sans succès. La bonne contenance de quelques géné-
raux constitutionnels étouffa ce mouvement d'insurrection, et Cha-
vès fut rejeté en Espagne ,. où il of&it ses servii:es au duc d'An-
gouléme.
 cette époque , l'armée française occupait Madrid , et le parti
absolutiste triomphait dans la péninsule ibérique.
Don Miguel , honteux de sa défaite , s'enfuyait du palais de son
père. Mais la liberté ne pouvait pas cependant résister long-temps
aux sourdes menées des moines qui confessaient l'armée, et de
l'Infant , qui croyait pouvoir légitimer toute espèce de crimes par
des processions , et que l'on trouva toujours disposé à faire couler
le sang du juste , pourvu qu'il eût une Sainte-Vierge pendue à son
chapeau.
Le gouvernement absolu fut proclamé de nouveau à Lisbonne-
La presse une fois enchaînée , Charlotte et son fils sortaient triom-
phans de leur palais d'exil , suivis d'une longue file de ces hommes
couverts d'un linceul, et qu'on retrouve partout où il y a une proie
à dévorer.
L'assassinat de LouUé signala l'intronisation de la fisiciion abso^
latiste.
— i3 —
Trois mois étaient à peine éconlés , que don Miguel fit son père
prisonnier dans son propre palais , afin que cette fois la couronne
ne lui pût échapper.
L'autorité des ambassadeurs , ayant à leur tête Hyde de Neu-
ville ^ suffit à peine pour permettre à Jean VI de gagner ses vais-
seaux.
Étrange spectacle , qu- un monarque poursuivi par sa femme et
par son fils , obligé de se sauver en pleine mer^ arborer son pavillon
à la mâture d'un navire anglais ! ! • . •
Don Miguel , mandé à bord , y parut en suppliant ; demanda et
obtint son pardon ; partit pour Brest sur une frégate française, et
ne tarda pas à arriver à la cour de Louis XVIII , qui lui adressa de
sévères réprimandes.
La famille royale finit par le consigner aux portes du château.
Sur ces entrefaites Jean VI mourut (lo mars i8a6). Il avait été le
mari d'une Jésabelle , le fils d'une mère folle , le père d'un fils re-
belle , roi absolu , mais sans pouvoir.
Don Pedro , empereur du Brésil , fut appelé à remplacer Jean VI
sur le trône portugais.
Mais don Pedro s'était fait tout brésilien ; il mettait sa gloire à se
proclamer le défenseur de sa nouvelle patrie ...
Il avait célébré pompeusement son indépendance \ protesté con-
tre les actes tyraqniques dirigés par le Portugal contre les droits
politiques du Brésil.
L'Empereur et Roi abdiqua, le 2 mai i8a6, la nouvelle cou-
ronne que lui avait apportée le duc de Lafoens , en faveur de dona
Maria da Gloria , princesse du grand Para.
- i4-
Uatm plus tard, don Mîguei Ibt nommé Régeoft du Aojrauiii€-4ini
de Portugal et de FAlgarve, et .fiancé a Sv M. la jeune reine.
C'était une faute inouie que la bonté du oœur d'un père et la
grarité des circonstances ne sauraient :&ire pardonner.
Dans le même temps, le reflnK des idées réyolutionnaires gagnait
le continent mexicain ; on voyait éclater au Brésil une agitation
causée par les iniraitîésqui existaient entre les Portugais, deyenus
Brésiliens par adoption , et les Brësiliena d'origine.
Le marquis de Barbacena, le général Brant, le marquis de Ca-
rarplbos, marchaient en tête des mécontens.
Il était hautement question d'une fédération k l'instar de celle
des États-Unis.
En Portugal , les affaires se compliquaient de jour en jour. Don
Miguel oubliait la lettre datée de Vienne (19 octobre 1827) par la-
quelle il remerciait son frère d'avoir daigné le nommer lieutenant-
général et Régent du Rojr^ume-uni , et lui jurait d'employer tous
ses efforts h maintenir la constitution portugaise. Le traître ren-
dait un décret qui suspendait cette même constitution pour se faire
proclamer roi de Portugal.
Nouveau monarque^ il débu^ par vouloir faire emprisonner
tout le Portugal ; rapprochant ainsi , malgré lui , le terme de sa
chute , en préparant ceUe* des» autres.
Don Miguel , la personnification de l'absolutisme ,'de ce gouver-
nement imbécille, assis sur la pourpre, dans un coin^de TËvrope...
Au moment où- les Jésuites arrivaient au^ eonseils' du roi Char-
les X... C'était im trait de la fatalité capable de blesser bien du
monde.
— i5 —
Les temps étaienl ckongës. Le siècle ne se rcfMMaiii, à de courts
intervalles ) que pour marcher ensuite. plus à son aise^ers sa des-
tinée.
Il n'était plus permi&de faim servir long-temps la religion à la
politique; pas plus que de voir un peuple de moines parquer au
milieu de TEurope nouTelle. Le palladium des ambitieux et des
courtisans, la propriété du. crime et. de l'a bossesse ;, était au pen-
chant de sa ruine.
Cependant le soi^ de la liberté en Portugal fit tremUer, le Brésil.
Maisden Pedro, afin de prouver sa sincérité au peuple^^qui pré*-
voyait, a tort, la dissolution Ae sa constitution danis oellede son
ancienne métropole ^ créa altssitàt) sa fille duchesse) d'O porto .^ en
L'honneur des 'habitans de oeO)e- ville Ivéroïque ^ qui- avaient essayé
de soutenir ses droits par les armes « .
Jamais le mimde Wavait été plus .gi*a2id ni plus avidie de gran^
deur ; jamais scène politique et révolntiionnaire n^avait été plus lar-
gement dessinée.
On a vu, à. certaines époques^ certains peuples se remuer sur leurs
bases pour être libres entre ^tous^ mais à coté d^eux les .autres nan
tiens demeurer immobiles» A oette épreuve ' soleonelle ,. au coi»-
traita, tous les^regards^ont tournés vers la France^ Il n'y en a pas
une^ui soit-disposée à lui céder le^rivilége* du iraouvement et de
l'action^
Au XVIU' siècle,, la- pensée avait pris deux directions : Tintelli^
gence du passée et la passion dUnterroger Vauenir.i
Au XIX*^ siècle, les intérêts matériels semUent dominer exclusif-
vement Teiisemble des conceptions humaines. Ua nouveau pr«^
— i6 —
bléine social est donné à résoudre. Les masses entrent en tournoi
avec leurs Gracques en tête.
L'Europe ancienne et l'Europe moderne se séparent en deux
camps, s'apprétant h prendre part à la discussion la dague au
poing.
D'un côté, on voit le pouvoir aristocratique aveuglé ; de l'auti^,
le pouvoir constitutionnel résolu h rompre l'équilibre.
Plaise à Dieu que les nations qui sont environnées de la nation
entfvprenante soient pacifiquement amenées à subir la loi de l'é-
galité des droits politiques , plutôt que de s'exposer à de doulou-
reuses alternatives capables de faire trôner cette autre égalité, en-
nemie de toute gloire , jalouse de toute supériorité , et ne recon-
naissant le plus souvent , pour loi , que la spoliation et le sang !
Au milieu de ces préparatifs pour une grande tragédie , don
Pedro s'élança dans l'avenir en homme de conviction.
Le Brésil lui devait la liberté de la presse , des écoles nombreu-
ses , une foule d'établissemens de charité , une constitution libérale
extrêmement large. Il voulut encore lui donner un nouveau gage
de gloire et de stabilité en associant à ses destinées celles d'une
jeune femme de la maison de Napoléon.
Le 17 octobre 1:829 eut lieu la célébration du mariage, en se-
condes noces , de l'Empereur avec la Princesse Amélie-Âugusta-Na-
poléon, fille du prince Eugène-Napoléon, Duc de Leuchtenberg, et
de la Princesse Amélie , sœur du Roi de Bavière.
La civilisation du monde se ranime ; les' conditions de l'espace s'a-
baissent devant la loi du temps; il semble que l'heure a sonné où
les choses humaines vont être révisées.
i
\
— 17 —
I
L'Orient, le Midi, FOccident et le Septentrion s'émeuvent et s'ap-
prêtent à se confondre dans une même pensée révolationnaire.
La tempête gronde. La France, comme un Océan^ Ta se déborder
par tous ses rivages ; l'artillerie de sa pensée va retentir d'un pôle
à l'autre.
C'était un spectacle bien plus imposant que celui des champs de
bataille |.t»
La France versait des flots de lumière sur des terres qui jadis * \
avaient jeté dans son sein des millions de barbares*
Mais les hommes ne savent plus pourquoi il3 sont rassemblés.
Les rois semblent prêts à $e disperser.
Le christianisme parait abandonner sa glorieuse mission, comme
s'il n'avait plus la force de la continuer. *
L'humanité n'est plus capable d'un assez grand effort pour se £siirc
une religion ; cependant elle a l'air de marcher avec confiance dans
la vie... Elle n'est plus soutenue que par l'intelligence de sa position,
m^ cet instinct lui .suffit encore ponr l'animer, pour ne la rebuter
de rien et ne pas lui permettre de se décourager.
Les sociétés sont plongées dans la fermentation d'un polythéisme
décoloré; elles ne savent pas où elles vont...
Elles ont passé alternativement du dogme à Paiiome philoso-
phique , de l'axiome à la loi , et le terme des métamorphoses n'est *
point arrivé. . . Le siècle ne possède pas* ••
Quelques esprits éclairés ont avancé que la science représentait la
vérité; mais la marche rapide des sciences affranchîra-t-elle, à elle
seule , l'univers ?
•
*
~ i8 —
La ^d4^pq^ à riodivâdaitliSBie ne Qdas nienat^e-t-elle pas d'une
La poésie ti'e^t plii£ possible , car elle ne saurait être Tinlerprète
d^ l'égoS^iue.
Le déisme ferait-il plus pour les hommes que le protestantisme ^
qui a rendu 1^ France coinme un i^éléore ?
Rien n^échappera à cette crise*. • Le Brésil tourmenté , comme
tant d'autres pays, par un vague désir de chaqgeniçnt ^ continuait
son mouvement d'insurrection.
Don Pedro parcourait les provinces. Tout se calmait à son aspect.
Au 29 décembre i83o, l'enthousiasme deTamour éclatait en tous
lieux sur son passage.
A ilio<JaneÎFo , quelques joumatix se répandaient en invectives
contre l'Empereur ; pendant «e temps ou le portait en triomphe
dan9 les prqvinqes de Minas. . .
IJii réd^çA^ur éi^it miaen jugement, mais bientôt après 1^ tribunal
le renvoyait avçc.iin v^xJict d'acquittement : "et cette circonstance^
presque i^pçrçeptibl^ par 4Ue^n\êiiie, deviat un signât d'eneoupa-
gement pour les aj[itai?4M*$»
L'Ewpiçr^ur paruti et tout rentra dians l'immobilité jusqu^a sou-*
«
lèvemeut de la populace^ qoeiques joupq plus lai'd*
Aiu$i ballotté bat» i'ivressb de la tsédition et l'ivresse de la joie j
<jbn Pedro faîaait un péniUe a|>pr en tissage de là royauté.
*Le Brésil subissait la loi oo4)|mane dos métamorphoses de tout
ce qui est.
Au ouJi>eu de tout oe dévergondage, il y avait un fait très-singu*
lier et bien propre k caractériser l'esprit du siècle.
~ «9 —
Les Brésiliens reprochaient amèreœfejaft à FEmperéiir ses rela-
tions ayee l'Europe; et c'étail préek^tneftt avec les idées desder*
nières ibsurrectioDs popalaires <lé notre continent qu'on menait
le povo liëroSco du Brésil !
Étranges desiinées des empires! Le Brésil, naguère forcé d'em-
prunter ses moindres inslrumenS de traraîl^ persécute un prince,
parce qu'il importait trop l6t, sur sa terre Tierge, les arts, les scien-
ces , les institutions et la culture de TEûrope !
Au moment oà la^ Sarmatie succombait et derenait un fief de
cosaques;
Où le lion belge se réTeillait yittorieux ;
Où les friperies du Torysme allaîéût être jetées aux vents dé
la mer;
Au Brésil , on se plaignait aussi du ministère.
En ce Iemps4à^ au i5 mars i8îo^ (Quatre mois avant la révolution
de juillet , le marquis de Palmella arrivait à Terceira constituer le
nouveau gouvernement an notn de S. M. dona Maria da Gloria.
Palmella , pour échapper aux croiseurs portugais envoyés dans lé
but de Varrêtér, avait recours à une ruse audacieuse qui fbt cou-
ronnée jd'iio plein succès* Il transféra la Bégence , du vaisseau où
il l'avait établie lors de son départ d'Angleterre , sur un bâtiment
américaijD faisant voilà |iour Ttle, en vœ de l'escadre du blocus, et
le commandant de l'escadare ne se douta de rien.
Les plus grands événemens sont suspetidus à des ûh impercep-
tiUe8%
Don Pedro., voiulant coocilier ce qui était inconciliable, changeait
son mijiistère le 17 mats i83o, et le recomposait seulement de Bré-
— ao —
siliens nés, et parmi lesquels se trouYaient plusieurs conspirateurs*
L'Empereur s'aperçut bientôt, mais trop tard, qu'il s'était trompé,
et le 5 avril suivant le conseil subit une modification complète.
Le lendemain la révolte leva la tête. Une vingtaine de députés
et trois juges-de-paiz, entourés de la populace, demandaient le ren-
voi des nouveaux ministres et le rappel des anciens.
La liberté subissait ainsi la mise en œuvre de toutes les inter-
prétations.
L'Empereur répondit : uPour ce qui est des ministres actuels, je
me consulterai sur le parti qu'il me convient de prendre. Nul n'a le
droit de prétendre à m'en imposer d'autres. Ce serait renoncer à
l'ordre établi par la constitution , et je n'y consentirai jamais.... Je
vous déclare , messieurs , que je ferai tout pour le peuple , mais
rien par le peuple. »
Le temps déploya ses ailes rapides ; la dernière secousse appro-
chait.
 la nuit le nombre des révoltés se grossit ; la presse avait frappé
l'oreille de tout le peuple.
Les portes des arsenaux furent rompues. La populace fut appelée
au combat au bon moment^ c'est-à-dire au commencement de la
victoire.
A onze heures, le major et quelques soldats de la garde d'hon-
neur, ainsi que le bataillon de l'Empei^eur, commandé par le jeune
Lima, partirent pour le camp Sainte-Anne.
Les ministres de France et d'Angleterre furent appelés au châ-
teau. Sur ces entrefaites, le brigadier Lima vint lui-même au pa-
laia, et y expédia ensuite plusieurs officiers d'ordonnance pour en-
— ai —
gager l'Empereur à céder aux exigences du peuple. S. M. persista
courageusement dans son refus.
Don Pedro vit alors qu'il n'avait plus rien à prétendre au sceptre
des tropiques.
Il connaissait la prédiction de Rousseau : « Nous approchons de l'é-
« tat de crise et du siècle des révolutions. Le grand pourra devenir
u petit, le riche devenir pauvre , et le monarque devenir sujet. »
Le 7 avril, à deux heures du matin, le major Prias vint, au nom
du brigadier Lima , supplier de nouveau l'Empereur de conserver
la pourpre. A trois heures et demie, malgré les représentations des
ministres étrangers et les supplications de ses amis , don Pedro re-
mit à M. Prias l'acte d'abdication en lui disant : « Voilà la réponse
« qu'il convient à l'honneur de donner; j'ai abdiqué. Je pars; soyez
« heureux dans votre patrie. »
A sept heures, l'Empereur, l'Impératrice et la Reine se rendirent
h bord du vaisseau anglais le JVarspite.
La révolution brésilienne s'était faite en un jour; don Pedro avait
rendu sa couronne , mais sans cesser d'être roi (i).
Hoc est regnare noie regnare cirni possis.
Je l'aime mieux maître d'école à Syracuse, que Tarqnin mendiant.
L'abdication de l'Empereur ne tarda point à produire ses effets
naturels.
(i) On a pensé qu'il n'était pas improbable qae la résolntlon prompte de don
Pedro arait pa avoir lieu à la suite d'un arrangement pris entre lui et ^n fils, afin
de reconquérir le sceptre de sa fille, et d'ayoir ainsi un trône i Touest de l'Europe,
et un autre sous les tropiques.
— 22 —
Les Porlugj^is ont été d'abord insultés, dbassésen masse des em-
plois publics, et enfin, poursuivis ea plusieurs lieux dans leurs vies
et dans, leurs biens« ' .
m
Pendant ces actes de vengeance , on remarque un ineideni très-^
pi<2uant. Le président de la législature coaâdéraiil ^ dana sa pro^
clamation, le Brésil , comme n'existant que depuis le 7 avrils jeur ou
don Pedro IL montait sur le trône de son pays natal,, et, d'un autre
côté, yingt- quatre. Députés de Bahia adressaient des représenta-
tions à l'ex-Empereur, qu'ils regardaieut comme leur seul Menais
que^ et engageaient à comprimer la révolte»
Don Pedro reviat du Brésil avec la même sef énité que s^il fàk:rei-
venu d^un voyage d'agrément.
En un an de temps, il avait abdiqué la couronne du Port«^let
de l'Âlgarve en faveur de son auguste fille ^ dona Maria da Gloria ,
petite*fiUe de François I*% Empereur d'Allemagne , beau*-pèr0 de
l'Empereur Napoléon ; celle du Brénl , pour la conlSer au nouveau
Moïse destiné à être, le législateur du Mexique ^ et petiO-fils.d'Eun
gène Beauharnais , beau-fils de Bonaparte, et vice-roi d'Italie»
Tant de révolutions^ d'usurpations, de déchéances, d'abdications,
précipitées, capables de bouleverser de. fond en comble Tharmonie
de Tétre humain , n'altérèrent nullement la situation tranquille de
l'âme du duc de Bragance.
L'Empereur débarqua à Che]4)ourg.
Les autorités municipales et les principaux habitans de la ville se
rendirent auprès de l'illustre voyageur , pour s'attrister avec lui sur
ses nobles infortunes , lorsqu'il leur grand étonnement ils trouve-,
rent don Pedro et la fille de Beauharnais occupés autour d*un piano
à cultiver les arts.
. /
- !l3 -
Mais le duc «de iBragance s'arracha bientôt des bras d^ane population
dont il avait captivé le plus yif intérêt, pour se diriger vers Paris ;
parce que, à Paris, la Providence y est plus grande qu'ailleurs , et
que c'est de cette capitale que les idées révolutionnaires sont toutes
parties pour faire le tour du monde.
Le 26 juillet i83i , don Pedro arriva à Paris , dina à la cour du
nouveau roi des Français , et assista au concert qui avait lieu au
Palais^Royal.
LIEmpereur^ qui devait repartir le lendemain pour Cherbourg,
accepta cependant arec empressement l'invitation que lui fit le Roi
de l'accompagner à cheval dans les solennités qui devaient avoir lieu
au Panthéon et à la Bastille. Don Pedro différa son voyage , pour
paraître k la revue du 29 juillet^ une des plus belles revues mili-
taires dont la capitale ait jamais eu le spectacle.
Le canon des Invalides annonça bientôt un premier anniversaire
des journées de juillet i83o.
Don Pedro se sentit fortement ému k la vue du grand peuple.
Rendu à là condition de simple citoyen français , il se laissa péné-
trer dé toute la puisisancè des idées de confraternité , de puissance
et de mouvement.
La France était alors le pays le mieux placé pour permettre au
philosophe d'y juger de Tautorité du droit, et de la faiblesse du
despotisme. L'imprimerie balayait le monde de toutes les entraves
qui s'opposaient à ses progrès rénovateurs, pour suivre le meuve-
■
ment révolutionnaire^ allant d'un bout de la terre à l'autre,,
comme avait fait le mouvement philosophique sous l'impulsion de
Descartes.
•
•
F
Le duc de Bragance sentit toute la valeur des coups d'ëtat^ qui
n*ont qu'un éclat éphémère; il savait que les révolutions sont de^
tremblemens de terre qui se communiquent à des distances incom-
mensurables.
En s'associant à nos joies , don Pedro puisa l'inspiration de la li*
berté aux lueurs d'un volcan qui s'éteignait ; mais cependant nous
allons le voir marcher, presque seul, à la conquête du trô|ie ^e
sa fille ^ usurpé par son frère.
Don Miguel régnait : il ayait montré tant de penchant à tiiçr,
qu'il avait fini par SQ faire bourreau. Ce Domitien entretenait ainsi
le vautour dont il était la victime.
Don Migue} demandait à la crainte, qu'il inspirait, ce que
l'amour devait seul lui accorder; il abaissait ses sujets, dans
l'espoir de relever sa dignité. Les vertus étaient devenues des arrét^
de mort , parce que le courage était un crime ; Lisbonne ne fut
plus rempli que de délateurs, une moitié du Portugal emprison-i
nait l'autre : vieux généraux , négocians , magistrats , furent jetés
péle-méle avec les voleurs et les assassins; les femmes respectables
et leurs filles étaient arrachées au calme et à l'innocence pour être
renfermées avec des prostituées. ••
La reine Charlotte criait au gouverneur de Lisbonne ; « Coupez
« des têtes , mpnsieur le gouverneur ; la révolution française en o^
« fait tomber quarante mille , et la population n'a pas dimi-r
(( nué! »
Jamais le Portugal i^'avait compté tant de yiclimej; et d'orphe-
lins chassés du sein de leurs dieux domestiques.
I
Pans cette afireuse mêlée , le hasard et la vengeance dési^qèn
— 25 —
i^nt les victimes , le caprice détermÎBait le genre da supplice.
Les pauvres Portugais en étaient réduits à la condition de ces
anciens Perses que le prince faisait cruellement battre de verges,
et qu'on obligeait ensuite à paraître en sa présence : a Nous venons,
« disaient-ils, vous remercier, seigneur, d'avoir daigné vous souve**
« nir de nons. » '
Glorieux d'avoir remporté quelques victoires sur des fantômes ,
le monstre portugais crut pouvoir insulter impunément la France
*
dans la personne de quelques-uns de ses enfans. Il n'est aucun de
vous, messieurs, qui ne se rappelle comment le contre-amiral
baron Roussin , commandant l'escadre française dans le Tage , lava
cet outrage en imposant au gouvernement de Tinfant la flétrissante
obligation de chasser ses juges et le chef de la police du royaume,
d'annuler les jugemens et de payer un million el demi d'indemnités.
Le respectable Mello^ âgé de quatre-vingt-quatre ans, ancien am-
bassadeur et ministre de la justice , doyen des magistrats portugais ,
avait été jeté dans un obscur cachot où l'o.n s'étudiait h le torturer;
on allait jusqu'à couvrir d'ordures son peu d'alimens, et avant qu'on
lui permit de prendre un léger repos sur son grabat, le geôlier y
faisait entrer un mendiant couvert de vermine* Mello succomba....
son cadavre ne fut pas même respecté.... Les tyrans sont des lâches
qui insultent jusqu'à la cendre des morts.
m
Voilà comme un grand citoyen , objet de vénération partout où
l'on est citoyen , est traité pire qu'un forçat dans un gouvernement
despotique; voilà aussi comme la grandeur éphémère s'avilit sans
remords*
Mais assez sur ce savant criminel qui mourra sans avoir jamais
4
— a6 —
trouTé uo i9ou»Q«>t pour vivre <, etqa'uo uûnîstre anglais osa ce^
pendant proposer aux Français de reconnaitre !
Dans ce maode , il n'y a pcânt de crimes auxquels on ne prodigue
des éloges ^ Gordon avait bien raison de dire : Si la peste avait des
honneurs ou des pensions à donner , il est des hommes asses vils
p*our soutenir que le règne de la peste est de droit divin, et que
se soustraire à ses malignes influences, c'est se rendre coupable au
premier chef.
IVéanmoins , Pesprit d'innovation et de découverte continuait h
se propager activement, il animait et vivifiait tout ce qui n'était
pas le Portugal : on se dirait au temps où la doctrine d'Épîcure dé-
trônait les divinités païennes.
Les systèmes nouveaux ne sèchent pas sur pied. Partout le mou-
vement pratique suit de près Timpulsîon théorique ; on marché par
bonds ; les hommes et les choses se transforment si rapidement,
qu'il semble que rien n'appartiendra bientôt plus au passé.
La Belgique , la Hollande, l'Angleterre , l'Espagne^ la Suisse, le
9
Wurtemberg, la France, l'Italie, la Pologne^ l'Afrique, l'Amé-
rique... tout est bouleversé.
L'Egypte rappelle à nos souvenirs les illustrations guerrières des
Omarites.
L'Allemagne invoque silencieusement une réforme c<^stitution-
neUe, mais la liberté qu'elle convoite est une moisson que les
pe^upltô n6 recueillent qu'au milieu des tempêtes
La Russie épuisée a le sein déchiré par des dissensions intestines.
I^e jour où sa vieille ai?istoqratie aura le dessons, la révolution la
— 37 —
débordera, et les serfs, comme ceux de la Pologne, seront appelés
à la liberté , pour en abuser et la perdre.
La France et PÂngleierre unies apparaissent an milieu des
inondes, comme ce colosse de Rhodes qui a tu tant de pavillons
passer entre ses jambes et qu^un tremblement de terre a renversé.
Tous les peuples ont les yeux tournés vers la France; la force et
Fénergie qu'elle inspire rayonnent autour d'acné comme les feux
des volcans.
La cbaine des pensées, la chaîne des êtres matériels^ le monde
suspendu à leurs anneaux , tout se tient d'une manière grande et
mystérieuse à la fois. On cherche dç toute part à pénétrer les se-
crets de Tavenir ; les plus profonds publicistes se perdent dans un
océan de conjonctures ; cet avenir s^avance , menaçant bien des
têtes illustres; et il a été donné à peu de Papercevoir.
Au loin , dans le Brésil , on aperçoit le yolcan des dissensions
jeter encore quelques étincelles.
Pinto-Medera , homme de cœur et d'entreprise^ tentait une in*
surrectîon en faveur de l'ex-Empereur dans la province deCeara. Et,
pendant qu'au Brésil la mémoire de don Pedro faisait ainsi palpi-
ter des coeurs généreux^ à Paris on baptisait avec pompe aux
Tuileries, l'infante J&lle de l'Empereur^ descendante des Bona*
parte *, le Roi des Français la tenait en personne^avec la Reine^ qui
lui donna son nom (lo janvier i83a).
La vue de don Pedro avait, percé la nuit ife$ temps ; il semUe
même que ce ptiaee avait déchiffré le caractère des arrêts q«i
limitaient les destinées humaines et la sienne propre. U lui était
— 20 —
deveaa impossible de rester dans Finaction. .. Un aliment devenait
nécessaire à son âme ardente... Il va bientôt le troaver*
Le Portugal gémissait ; la nature, la morale étaient foudroyées
sur sa terre sanglante... Les droits dedona Maria y sont foulés au Xi
<
pieds par un monstre q.ui s'épuisait à tout détruire par art et
par principes; Le duc de Bragance prit alors le noble parli d'aller
briser les fers qu'un tyran secouait sur un peuple plus malheureux,
qu'esclave.
Au milieu de ces graves circonstances, nous allons voirie Régent
s'affranchir lui-même de sa chaîne mortelle. Si jamais la noblesse,
le courage , la majesté de l'homme ont annoncé qu'il.était le maître
de la terre , c'était surtout dans les traits de Bragance qu'il fallait
voir comment la nature y avait imprimé le caractère de sa dignité à
cette époque solennelle de sa carrière.
L'Empereur, qui avait étudié le monde et l'homme, observé l'état
critique de l'Europe , le mouvement des idées et la marche dès es-
prits, se prépara à attaquer le tigre dans sa retraite. Il ne s'in-
forma point du nombre de ses ennemis, mais seulement du lieu où
ils campaient.
Le Portugal, qui depuis son départ n'avait vu luire que de tristes
soleils, va admirer le père de sa Reine, bravant les dangers^ bri-
guant, le fer à la main, le privilège de mourir en héros, et ne
vouloir assurer sa mémoire et le trône qu'aux dépens de ses jours^
Le canon de Falmouth ne tarda point à saluer son arrivée dans la
Grande-Bretagne; mais l'Empereur, impatient de se mesurer avec
ks difficultés incalculables que présente l'expédition qu'il a prépa*-
rée , confie bientôt sa fortune aux flots de la mer, et aborde à Ter^
— 2^-
ceira , où le brave Villaflor, sentinelle vigilante , interrogeait les
destins.
Là commençaient à se rassembler les illustres débris de vingt
peuples qui s'y étaient donné rendez-^vous pour assister aux funé-
railles de Tabsolutisme portugais*..* On eût dit les trois cent cin-
quante Suisses de Glaris.
L'expédition se prépara et s'accomplit au milieu de toutes les
privations, de la faim, des besoins de toute espèce ; mais chacun
s'apprêtait à combatre pour la liberté , et plaçait toute sa force dans
sa confiance , et toute sa confiance dans sa force.
La révolution qui fait le tour de l'Europe au pas de course , rend
le succès de la phalange guerrière de jour en Jour moins chanceux.
La seconde ville du royaume céda bientôt aux efiorts de l'armée
libératrice, sous la conduite du Régent.
Les beaux faits d'armes du maréckal Solignac, de Saldanha, de
Stnbbs , de Sartorius, de Villaflor , du vice-'^amiral Napier , devant
rhéroïque Oporto, la ville des braves, sont tous présens à votre
mémoire. Pas un d*entre vous n'a oublié , entre autres , la touchante
et généreuse action de l'Empereurpendant les affaires qui avaient
Heu entre Valongo. et Poiitor-Ferr^ra. Don Pedro avait vu, lors du
combat, tomber prèsde lui un soldat frappé d'une balle à la jambe.
Aussitôt S« M.r L se saisit d'un couteau, ouvrit la botte du malheur
reux blessé, afin d'examiner sa blessure, et lui poser le premier ap-
pareil.'
Don Pedro vainqueur k Oporto, marcha vers les murs de Lisbonne,
à la tète d'une phalange qui se croit justement invincible , et qu'ur
premier succès a rendue fière comme l'armée de Godefroy.
/
4^
— 3o —
Le premier soleil levant donna \e signal du totaobat ^ tant chacun
était impatient de signaler sa braTOure. L^artillerie de l'ennemi
semblait tonner du faant deseienx; maâs doa Bedm^ inébran-
lable, méprisant les furenrs de la guerre ,. s'avançait d'un pas
ferme an milieu des torrensdefen^ brarant la mitraille qui pieu*
vait de tous côtés, pendant que du sein de la- flotta les instrumens
destroctifs Élisaient gronder les bombes qni albnent ravager la ville.
Le cri de Thonneur partit de la bouche de FEmperenr : il est plus
fort et plus imposant que le fracas des foudres ; ansrà le péril, la mort,
la crainte, tout disparut jusqu'à ce qne la victoire £àt enchaînée. Le
général en chef, mesuré dans ses mouvemeas, unissait partout la force
de la discipline à la force de l'eKcmple^ et communiquait à cens qui
l'en tombaient cette flamme inconnue au reste des hommes* L'ennemi
s'étonne, le sang de vingt nations a vait fait ftimer la terre, et dès lors
r£mperem% qui parut en ce moment unir le génie des sièges à ce-
lui Aes batailles , fixa la victoire. L'on se demanda bientôt où étaient
les redoutables bataillons de Tabsolutisme. Lisbonne était forcée,
le feu s'éteignit , et le bruit dn canon cessa de frare trembler les
Portugais.
Après le combat, S. M. L tr&versait le champ de bataille pour
visiter les blessés des deux armées* Il aperçeit un oiBder de l'armée
miguelliste perdant une grande quantité de sang. Don Pedro le< pansa
immédiatement en attendant l'arrivée du miédecin. Mais tandis que
le duc de Bragance honorait ainsi sa victoire, de tristes objets* de
comparaison accusaient la férocité des migueUisteSb
Un officier russe ^ au service de don Pedro , était tombé au pour
l'armiée ennemie. On lui creva les ;euz ^,on.lui coupa la lan-
— 3i —
gue ) el son c^ps fut criblé de coops de baïonnettes arant d'être
aoberé par oes eonnibolcs. Où était donc l'eaptrit de charité de cette
armée de jneises qm se prétendaient les défenseurs de TÊTangile ?
Est-ce à coups de poignard qu'on persuade 7
Les entrailles de la terre aoat le aeol asile ou ces aOrenz propbè*
tes doivent aller célébrer lears mystères.
Don Miguel était seul plongé dans les alarmes ; ce superbe cri mi-
nel voyait des abâines s'ouvrir de toutes parts. La mort avait frappé
son vil ironpeau dont elle fut le pasteur ; ses ressorts politiques
étaient brisés^ ses titres magnifiques anéantis : le poids &tal de son
usurpation écrasait sa poitrine.
Lui seul ^ il prenait la fuite avec ses £iusses divinités politiques ,
et s'éloignait à jamais d'an sol où il avait prétendu creuser le tom*
^ beau de la civilisation.
«
Ah ! messîeui*», si vous venez d'assister , parla pensée , à un spec-»
taele afTreui^ celui où des hommes s'entre- détruisent et s'égorgent
sans se connaîti*e et se comprendre , vous saurez qu'il y avait en-
core une scène plus touchante que les dehors de la guerre ^ les
commencetnens , Iw progrès et l'ardeur de la mêlée , que toutes ces
situations cruelles qui attaquent Pâme par tant d'endroits : c'était
l'intérieur de Lisbonne.
Don Pedr(> et ses braves soldats n'apercevaient plus que du sang
et des cadavres, un déluge de victimes dont les sons du clairon
** i
avaient seuls honoré la mort. La terre natale du Régent , le berceau I
de sa fiUe^, étai^t peuplés de fan t6m es , et ces&ntômes respiraient*
encore! Ou eotendait partout de longs géniissemens ; les malhe»
reines victimes entassées dans les prisons n'avaient plus la foir ^^
«
y
•
X
[
i
» .
— 32 —
m
crier vire la liberté ; les yeux éteints , le front pâle, le corps couvert
de lambeaux , ils viennent exprimer aux vainqueurs cette recon-
naissance vive et sensible qui n'est connue quèdes prisonniers em-
brassant leurs libérateurs.
Don Pedro , au milieu de tontes tes satisfactions qui naissent des
prospérités militaires , conserva l'âme la plus élevée^ Il ne regarda
pas comme son propre bien la gloire qui avait usé le principe de sa
vie, et voulut la partager avec Palmella, Villaflor, Saldanha,
Stubbs , Napier, Sartorius. Vous l'avez vu s^empresser de les armer
de l'épée de la civilisation , et leur partager ses lauriers : chez un
général honnête homme, la vanité n'étouffe pas la reconnaissance^
Sur ces entrefaites^ le Régent mourut ; parce que dans l'homme^
pour l'homme, autour de l'homme, tout périt, tout s'use, tout
change : Fata marient omnes. Il fallait peitt-étre cette mort préma-
turée pour mettre le comble à sa gloire , en le sauvant des écueîls
d'une longue carrière. La mort seule met le comble aux grandeurs
humaines : Fitœ brevis est cursus. . . gloriœ sempiternus. Mais il se*
rait bien difficile de chercher un exemple plus frappant de la haute
mission confiée au duc de Bragance , que de Vous rappeler l'inquié-
tude qui dominait vos esprits à la nouvelle de sa mort , et les soins
qui agitaient vos âmes pendant cette lutte de la civilisation contre
l'absolutisme; vous avez vu chanceler aussitôt la fortune du Portu-
gal ; la paix sembla prête b s'élbigtier. Un instant plus tard , le camp
ennemi allait peàt-étre se ranimer par la vengeance.
A la nouvelle de cette mort, les villes et les campagnes pleure*
leur défenseur ; chacun admira le passé et trembla pour l'ave-
^^^ '\nstinct de la nation lui fît sentir que la perte du régent était
/<
— sa-
une calamité publique. On ne pensa bientdl plus qu'à lai dresser
une pompe funèbre là «ttenV-atleodaiC a lui préparer un triomphe.
Comme c^est le plus ordinairement au moment où l'on descend
l'homme au tombeau que l'on aperçoit le vide qu'il a laissé sur la
terre f. on ne tarda pas à prendre, api-ès sa mort, une idée frap-
pante de la puissffncfedc l'EmpereeT, (l<**ravawx qu'iLavait exé-
cutés, et de la peine qu'ils lui araient coûtée.
Bien des esprits furent «aisis^dladmiration et d^étonnement. Un
autre sentiment succéda à ces premiers transports , quand on vint
à méditer sur la patrie, sur l'objet de l'emploi des talens d'un roi ;
on se sentit pénétré d'un respect religieux pour l'homme qui n'était
plus ; en cessant de jeter des regards aussi dédaigneux sur la pre-
mière fonction sociale , on jugea mieux comment le caractère d'une
nation dépend souvent de celui qui est placé à sa tête , et comment
aussi la figure du monde se renouvelle et change sans cesse avec les
vivans et les morts.
En quittant ia :vie,don Pedfo.rendit.à .la dignité impériale
l'hommage le plus imj4aaiHit>; «WKieJ* vainqueur de l'Apocalypse,
il ramassa toute sa gloire; et vous avez tous vu avec quelle confiance
calme il consacra d'une main l'épée d'OpORto a. notr£ brave compa-
triote Eugène BeaubaraQJ«>y ft^lpir^ulre 41 poMila couronne royale
6ur la tête de doBa<1tlaria da'fiUmâf nfla-^iiMccée de la paix , bril-
lant et favorable augure du rtptiË'ét'iÉle'lw Jiberté du Portugal et de
l'Algarve.
Un instant après, il s'él«igntt uoottiM ies-ivaydns-du soleilt are^
majesté.
avâttQcs
SUB Uk WÊÙBT
DE S. M. DON PEDRO.
Muse de la doaleur, rieits essuyer nos larmes !
Sa grande âme est partie aax champs de l'avenir ;
Dans les mains de la Gloire il a remis ses armes
Pour se reposer et mourir !
Mourir ! quand le flambeau des discordes civiles
S'éteignait étouffé sous son pied triomphant ;
Quand sur le Portugal des jours purs et paisibles
Rempla^ient le deuil et le sang !
La Liberté voulait encor cette victime*...
Ses soldats trépassés l'appelaient k grands cris.
Pour se oonsolcr sûenx dans le fond de l'aUme
Avec le sauveur du ptys.
Liberté ! liberté! veille .sur le rivage
\^ Où flottait l'étendard de la rébellion,
NProtége les travaux du soldat et du sage;
\ Du père de la nation.
\
\
— 35 —
Parmi les plus grands rois de la Lusitanie ,
Son nom resplendira comme un pliare éclatant ;
Et dans le Panthéon fondé par la patrie ,
La piwmière place l'attend.
En yain ses ennemis noirciraient sa mémoire ,
C'est le roc snr lequel viennent mourir les flots ;
La Calomnie expire à Taspect de la Gloire
Rendant compte de ses travaux.
Vous savez ce qu'il fut au milieu des batailles.
De Porto triomphant , héroïques soldats ,
Recula-t-il jamais devant les funérailles
Que la mort semait sons ses pas ?
Tous y dont le fer vengeur immola l'esdavage
Comme un serpent impur qu'on écrase chez soi y
Conservez par la paix votre immortel ouvrage ,
Et vivez libres sous la loi.
Sous le sceptre éclairé de votre noble reine ^
La gloire et le bonheur renaîtront tour à tour ;
L'hydre aux sanglans complots verra tomber sa haine
En présence de son amour.
Le soleil descendant sur les rives du Tage ,
De 9e9 rayons d'azur caressera son front ;
Comme une jeune fleur échappée à l'orage |
Les autans la respecteront.
/
/
• .■^. .V
^^'
>^'
*-»•
— 36 —
£a la chaptlle'Sdititdoû npoceiion père.
Don Feâlt>) doRSieri^paÎK^laiisi^iiiMilorUlhé ;
Le Portugal cttlîlnre yietJa ^râe «niière
Respire daoslla dîi
Dors CD piux!:ioii^jpinnrët-l»£Ue ebérie
T'învoqticktml lotiventtlesijt^ttK 'notiillés depleurs;
Et leur main' eMîrà kt |ilvim kIo k patrie ,
En ft'entr^Hnmfat'ooinimcr'dnM sœurt.
DAmEL DE SAINT-ANILINE.
la Octobre i834>
Château d^Hargenville,
\
\
■iMBvaaHHHiiHHHHBèHfièsBaacnnEvéÉUièiiHÉ^
PARIS. — IMPRIMERIE D£ D£ZAUCn£ , RUE Ot tACïOtJRC-MONTAUUTBE , K* !!•
.^ L
\
\
L •>?..• .♦ :'^^ vt ».<»«,.*,• »
'rf-V •
!»■ ». . ~ mJ^
I
^tyf^ * >^ * 4t »r - .»
» >
» e
, .. A.i :
/
/
I
,.*'