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Full text of "L'olivier en Algérie"

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L 'olivier en Algérie 



Louis Trabut 



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L'OLIVIER EN ALGÉRIE 



It 



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ALGERIE 



L'OLIVIER EN ALGÉRIE 



PAU LE 



D'- TRABUT 

DIRECTEUR DV SERVICE BOTANIQUE DU GOUVERNEMExNT (tÉNÉRAL 



ALGER-MUSTAPHA 
GIRALT, IMPRIMEUR-PHOTOGRAVEUR 

Rue des Colons, 17 
1900 



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J/OLIVIER EN ALGÉRIE 



L'Olivier qui est l'arbre des rives méditerranéennes a une his- 
toire qui se lie aux anciennes civilisations qui y ont surgi et s'y 
sont éteintes, depuis trente siècles. En Grèce, l'Olivier était l'arbre 
de la Paix, l'arbre qui fait vivre; mais ce sont les Romains qui ont 



Oléastres à Benî-Mansour. 



su donner à la culture de rofivier une extension considérable vers 
l'Ouest et pendant les siècles de la domination latine le Nord de 



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TAfrique se couvrait d'olivettes. Les forêts d'oliviers sortaient de 
cette terre si propice par le fait d'une volonté qui ne connût pas 
d'obstacle et qui sut maîtriser les besoins du moment pour orga- 
niser la prospérité des 
générations à venir. 

On a beaucoup discuté 
sur l'indigénat de l'Oli- 
vier en Afrique. Il est 
certain que l'Olivier est 
spontané en Algérie ; 
mais la forme vraiment 
sauvage est l'Oléaslre 
vrai à très petits fruits 
dont il est très difficile 
de retirer de l'huile pour 
un usage courant. Les 
Phéniciens importèrent 
probablement les races 
déjà cultivées en Orient, 
ces races améliorées se 
propagèrent de la Gyré- 
naïque au Maroc et même 
en Espagne, le nom arabe 
de roiëastre est Zeboudj, 
tandis que l'Olivier cul- 
tivé est nommé, en arabe, 
Zitoun, d'où l'espagnol 
Aeeytuno. En kabyle, 
l'Oliviercultivésenomme 
oiéastre, olivier spontané. • Azemmourt, ce nom ber- 

bère n'a pas d'analogie 
de même racine dans les langues de la région de l'Olivier, cette 
dénomination indique donc une introduction très ancienne. 
Les noyaux des Oliviers cultivés ont donné naissance à beau- 



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— 7 — 

coup d'Oliviers sauvages qui sont, à tort, confondus avec le véri- 
table Oléastre ou forme primitive qui se reconnaît facilement à «on 
port, surtout à ses fruits très petits, sans chair. 

Certains de ces Zeboudj ou Oliviers sauvages se couvrent de 
fruits parfois assez volumineux pour être récoltés et donner une 
bonne huile ; mais en faible quantité. 

C'est M. Bourde qui, dans un mémorable rapport sur la Culture 
de r Olivier dans le centre de la Tunisie (1893), a établi par des 
observations nombreuses et des textes très clairs que l'Olivier 
avait été, pendant la période si heureuse de l'occupation romaine, 
l'agent presque unique de la prospérité de la Tunisie. Il est non 
moins certain que dans une grande partie du littoral algérien 
l'Olivier a joué un rôle beaucoup plus important que de nos jours. 



Huilerie romaine prés Tébe&sa (photogr. de M. Gsell), 

Dans le massif du Chenoua entre deux anciennes villes qui ne 
comptaient pas moins de 60.000 habitants, Tipaza et Cherchell, on 
trouve encore des ruines nombreuses d'huileries romaines et 
cependant l'Olivier y est devenu rare et les quelques arbres témoins 
ne sont même plus exploités. 



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- 8 ^- 

Dans la région de Tebessa les ruines d'huileries sont importantes, 
M. Gsell nous a communiqué la photographie d'une usine très 
remarquable qui est encore debout à une trentaine de kilomètres 
au Sud de Tebessa. 

On attribue aux grandes invasions arabes la destruction des 
forêts d'Olivier. Dans le massif de TAurès, une légende rend aussi 
responsable de cette destruction la Kahena, héroïne qui comman- 
dait dans cette région lors de la sixième invasion arabe. La Kahena 
pensait décourager renvahisseur en ruinant le pays, tous les 
arbres fruitiers furent abattus par ses ordres. 

Enfin il est probable que l'exportation sur Rome et Constanti- 
nople devint plus difficile, la mévente découragea à ce moment 
déjà, plus d'un producteur. Depuis plus de six siècles la culture de 
l'Olivier s'est localisée dans quelques sites plus particulièrement 
favorables, comme la Kabylie où, actuellement, la production de . 
l'huile est bien loin de suffire à la consommation locale, car l'Al- 
gérie importe tous les ans dix à douze millions de litres d'huile 
comestible. La tradition comme les documents historiques sem- 
blent bien établir que les Carthaginois comme les Romains ont 
provoqué par des mesures administratives la plantation des immen- 
ses olivettes qui s'étendaient de Sfax aux rives de' l'Océan. 

En Kabylie une légende attribue à un conquérant venant de 
l'Est la mise en culture de l'Olivier dans tous les terrains propi- 
ces, en quelques années ce puissant bienfaiteur aurait fait mettre 
en terre les millions d'Oliviers qui alimentent le pays depuis. Il 
serait à désirer qu'une nouvelle intervention du même genre obli- 
geât les Kabyles d'aujourd'hui à réparer les vides qui se sont pro- 
duits dans leurs plantations. 

Au moment de la conquête la fabrication de l'huile par des pro- 
cédés primitifs était confinée en Kabylie et dès les débuts de notre 
occupation, les émigrants jetèrent leurs vues sur l'industrie de 
l'huile. Les Oliviers sauvages de la banlieue d'Alger furent greffés 
et déjà en 1832 trois moulins importés de France avaient été mon- 
tés par MM. Nadaud, Lacroutz et P. Raynaud. Ces premiers essais 



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— 9 — 

clémonfrèrcut que les olives d'Alger pouvaient donner une huile 
fine comparable à celle de Provence et d'Italie. 

En 1833, plus de 40.000 Oliviers élaiont greffés et M. Fougeroux 
plantait 2.000 oliviers venus de France. 

En 7 ans, 60.000 oliviers furent greffés dans la banlieue d'Alger, 
à Bône le même élan était donné. Mais, malgré le concours de 
toutes les administrations locales en 1846, la situation élait peu 
brillante, à peu près toutes les espérances étaient déçues ; des lois 
douanières antilibérales refusaient d'ouvrir le marché français aux 
produits d'origine algérienne. 

L'administration locale avait cependant, dès les premiers jours, 
soutenu l'effort des colons et le Jardin d'essai ou Pépinière cen- 
trale ne pouvant fournir les greffes en suffisante quantité, il fut 
créé une importante collection d'Oliviers. Pour cela on fit appel 
aux agents consulaires de France, en Espagne et en Italie en 1845, 
un premier envoi d'Espagne comprenait 200 rejets de souches et 
200 boutures d'Olivier nain dit Arbtca et de plants de Palma et de 
Séville. En 1846, 72 plants et 18 variétés furent introduits d'Italie, 
ce sont : Rezzara, Colombaia, Mortigna, Fignola, Razzola, Rion- 
dina, Taggiasca, Pendolina, Spagnola, Olivella, Ogliastro, Fre- 
meireuCy Poncineri, Prevezi, 

En 1847 et 1848, le Jardin dressai recevait de Provence deux 
envois et 27 variétés venaient s'ajouter aux collections espagnoles 
et italiennes. 

Ces variétés étaient dénommées : Picholine, Blanquet, Souraou, 
Negret, Pleureur, Super fine, Berrugueù, Selounen, Bécu.Verdale, 
Bouquetier^ Virmillon, Groussaou, Pointue, Sauvine, Verdaou, 
Barralinque, Trouesac, Rascas, Caïon du Var, Caïon du Roii- 
geaou, Le vrai Caïon, Noir de Grasse, Caïon de Varage, Amellaou. 

En 18^4, cette collection était, d'après J. Duval, un des plus 
beaux et des plus précieux ornements du Jardin d'essai. Des sujets 
étaient envoyés à Misserghin et à Bône. 

Une instruction sur le greffage des Oliviers élait rédigée par 
M. Hardy et distribuée lai*gement. 



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- 10 — 

Les premiers moulins créés à Alger^ n'avaient pu continuer, 
car non-seulement les huiles algériennes étaient grevées de droits 
à leur entrée en France à titre de produits exotiques ; mais une 
ordonnance du 2 février 1848 accordait aux produits des graines 
oléagineuses étrangères entreposées à Marseille, la faveur de Tim- 
portation en franchise dans les ports de la colonie. 

L'accès en franchise du marché national n'a été accordé aux 
huiles et autres produits agricoles d'Algérie que par la loi du il jan- 
vier 1851. -, 

A ce moment, le Gouvernement fut poussé à primer les greffes ; 
mais l'Administration jugea qu'il valait mieux encourager la 
création de moulins européens et des primes importantes furent 
accordées. Le meilleur encouragement à donner était de fournir 
aux colons les moyens de tirer parti des récoltes obtepues. On y 
arriva par des primes aux meilleurs moulins. 

En 1883, J. Duval estime à 2 millions de litres l'exportation en 
huile d'olive par le port d'Alger, et s'exprime ainsi à ce sujet : 
« On expédie en France, à vil prix, des huiles d'olives de qualité 
supérieure en échange d'huiles très inférieures et très chères. Le 
commerce s'enrichit à ce va et vient ; mais la production s'y 
ruine ». 

A ce moment, la province d'Alger comptait 18 moulins ; la 
province de Gonstantine 20 ; la province d'Oran n'avait que 11 mou- 
lins : 2 à Mascara, 9 dans la région de TIemcen. L'importance de 
ces moulins est très variable : les uns avaient coûté 50.000 francs 
d'installations, d'autres 4 à 5.000 francs. La force motrice était 
empruntée à des chutes d'eau. Le moulin Picot, établi en 1850, à 
Miliana, et le moulin Gastelbou, à Fouka, étaient actionnés par le 
vent ; beaucoup de ces usines avaient des manèges. 

Le mouvement en faveur de l'Olivier était général et partout où 
la colonisation pénétrait après la pacification complète du pays» 
des efforts considérables étaient faits. En 1850, la Gompagnie des 
Mines de Mouzaïa faisait greffer les nombreux Oliviers de sa 
concession par les soldats greffeurs-du capitaine Bréanti et aujour- 



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— 11 — 

d'bui encore on trouve dans cette région qui fut longtemps 
abandonnée après la feriiïeture des usines métallurgiques des 
Oliviers donnant de bonnes olives et formant une véritable station 
d'essai où il sera possible de choisir les races qui se comportent 
le mieux. 

A Saint-Denis-du-Sig, dès 1852, 4.000 Oliviers étaient plantés. 
L'élan gagnait la population indigène, et dans la région de Mascara 
les Beni-Chougran qui avaient, dès 1844, reçu des maîtres-greffeurs, 
envoyés par le général Bugeaud, grefifèrent 2.000 pieds par an avec 
l'aide des soldats. Le même travail s'effectuait dans la région de 
Sidi-bei-Abbès. 

Après ce premier effort qui est trpp souvent méccHinu, l'Algérie 
avait, en 1854, 23.000 hectares d'Oliviers en rapport, cinquante 
moulins européens en arrivait à une production évaluée approxima- 
tivement à onze millions de litres d'huiles dont près de trois 
millions étaient exportés. 

Les chiffres cités sont tirés d'un important mémoire de M. J. 
Duval et basés sur des renseignements officiels. Il parait donc 
évident que, depuis 1854, l'oléiculture n'a fait en Algérie que des 
progrès assez lents. En 1894, le nombre de moulins européens 
étaient de 158; en 1899, il est de 195. Quant à la production, il 
est impossible de l'évaluer exactement avec les renseignements 
recueillis. On pense que la production est d'environ 250.000 hecto- 
litres, 2.500 hectolitres le sont exportés. 

En 1893, M. Bourde, directeur l'Agriculture en Tunisie, adressait 
au Résident général un très remarquable rapport sur la culture de 
l'Olivier dans le centre de la Tunisie. Ce travail, très documenté, 
fut un événement dans l'agriculture du Nord de l'Afrique. En 
Tunisie, l'élan fut considérable et de très importantes plantations 
furent faites notamment dans la région de Sfax. 

Le rapport de M. Bourde ne fut pas sans eflet en Algérie et 
bien des colons se sont de nouveau préoccupés des avantages que 
peuvent présenter, dans certains sites, la culture de l'Olivier ; beau- 
coup d'Oléastres sont greffés tous les ans et des plantations sont 
faites dans les trois départements. 



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— 12 — 



La Région de l'Olivier 

L'Olivier caractérise eyi Algérie une zone naturelle très étendue 
comprenant le littoral, les plaines qui y aboutissent et reparaissant 
dans l'intérieur quand l'altitude est inférieure à 900 mètres dans 
les vallées qui descendent des massifs montagneux du Tell. Toute 
cette zone de l'Olivier n'est pas également propice à la culture de 
cet arbre. Dans le voisinage immédiat de la mer, comme dans les 
environs d'Alger et de Bougie, l'Olivier a à subir les attaques de 
nombreux parasites, le ver de l'olive détruit une si grande partie 
de la récolte que les arbres greffés dès 1854 ont été en grande 
partie abandonnés. 

Les rendements en huile sont aussi bien diflërents d'une contrée 
à une autre et souvent à de faibles distances. Le rendement en 
huile est beaucoup plus élevé à Relizane, à St-Deuis-du-Sig que 
dans les olivettes de la base de l'Atlas ; dans la Mitidja quand 
100 kilogr. d'olives donnent 18 litres d'huile à St-Denis-du-Sig, on 
obtient que 14 litres dans le Sahel et dans la Mitidja. 

C'est un fait du reste bien connu que le rendement en huile 
augmente à mesure que Ton avance vers les régions plus chaudes. 

L'Olivier paraît se plaire à une altitude de 300 à 600 mètres. 
Des peuplements considérables d'Oliviers sont en pleine production ; 
mais il est facile de constater que beaucoup de vides pourraient 
être comblés, soit par le greffage, soit par de nouvelles planta- 
tions. 

Dans le département de Constantine la région de La Galle ne 
présente l'Olivier qu'à l'état épars, les arbres ne sont pas greffés, 
les fruits sont cependant récoltés par les indigènes qui en fabri- 
quent une huile de leur goût. Les grés de Numidie et les gneiss 
sont surtout boisés de chênes. Ce sont les alluvions des vallées 
et les formations marneuses ou calcaires qui sont occupés par les 
Oliviers. Ces arbres s'avancent jusque dans le Sud sur le versant 
dé l'Aurès à Batna et dans la vallée de l'Oued-Chabro, près 



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— 13 — 

Tébessa. Les hautes piaiwes de GoQStantine, Sétif, Batna, Aïn- 
Beïda sont trop élevées et froides pour l'Olivier que Ton retrouva 
très abondant à Guelma, dans toute la vallée de la Seybouse, à 
Gastu et Jemmapes, d'El-Kantour à Philippeville. 

Un petit peuplement s'observe dans le massif des Dreats, mais 
c'est dans la vallée de la Soummam et les vallées secondaires qui 
en dépendent que l'on, retrouve les plus importantes plantations. 
On évalue à quatre millions et demi le nombre des oliviers greffés 



Olivette Cheinlal à Maillot, dans la vall^^e de l'Oued-Sahel. 

de ce département ; cette richesse est en majeure parlie entra les 
mains des indij;ènes. 

Dans le département d'Aller la Kabylie est le centre principal 
de la culture de l'Olivier. Les vallées de la base des massifs que 
bordent la Milidja et le Chélif sont le plus souvent peuplées d'Oli- 
viers. Cet arbre s'avance jusqu'^ Médéa, remonte sur les rives des 
affluents du Chélif. On évalue à un million et demi le nombre des 
Oliviers greffés. 

Dans le département d'Oran la région de TOlivier comprend toutes 
les plaines et les vallées de la mer à la limite des steppes ; Mo$ta- 
ganem est environné de peuplements considérables, Relizane et 
St-Denis-du-Sig sont remarquables par de très belles plantations 
en terres irriguées. Du Gboiogran à Mascara se trouvent aussi de 
nombreuses olivettes ; mais Tlemcen est le centre le plus impor- 



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- u — 

tant; TOlivier peuple le pays jusqu'à la frontière du Maroc d'un 
côté et jusqu'à la mer de l'autre. La statistique accuse pour ce 



Olivette irriguée à St-Denis-du-Sig. 



département 500.000 Oliviers greffés appartenant pour la plus 
grande partie aux colons. 



Les variétés de TOlivier 

Tous les auteurs qui ont écrit sur TOlivier se sont trouvés aux 
. prises avec la difficulté de la détermination des races locales et 
surtout de leur assimilation avec les variétés déjà décrites dans les 
autres contrées. Ce fait avait déjà frappé l'abbé Rozier qui dans 
son cours d'agricultuj^e indiquait,* il y a un siècle, le moyen de 
remédier à cette situation : 

« Il y aurait un moyen sûr de parvenir a une bonne classifica- 
« lion de ces espèces jardinières de l'Olivier, il faudrait réunir 
« dans un champ les principales variétés et les comparer, établir 
< une synonymie sûre. Il est étonnant que les états de Provence et 
« Languedoc n'aient pas encore tenté cette opération. 

« Sans une synonymie exacte comment se faire entendre d'un 



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— 15 — 

« bout de la province à l'autre ? Dès lors il faut se contenter 
« d'écrire des généralités et les généralités sont peu instructives... 
« N'est-il pas singulier que dans toutes les provinces du Royaume 
€ on ait établi des pépinières d'ormeaux, de mûriers, de peupliers, 
« d'arbres fruitiers, tandis que dans celles qui ont par leur posi- 
« tion le privilège d'élever l'Olivier, l'administration n'ait p^s 
« encore songé de vouloir en établir de semblables pour u» arbre 

< dont le produit constitue un revenu qu'aucun autre canton du 

< royaume ne peut lui enlever. ; 

« Il faut donc conclure que les lumières que l'on a sur l'Olivier 
« sont purement locales, de village à village et il n'y a point d'en- 
4i semble pour la généralité d'une région. Preuve sans réplique de 
4 la nécessité d'établir une nomenclature afin que les cultivateurs 
« puissent s'entendre, savoir par l'expérience quelles sont les 
« conditions qui conviennent à chaque espèce. » 

Depuis nous n'avons pas fait grand progrès. Les auteurs espa- 
gnols nous ont fait connaître leurs Oliviers, les italiens en ont 
décrit aussi, la France n'est pas resté en retard, tout récemment 
une nomenclature des Oliviers tunisiens a été établie, enfin je m'ef- 
force depuis quelques années de déterminer et de décrire nos 
races algériennes, mais ce travail est assez long. 

La détermination pour être rigoureuses nécessitent des compa- 
raisons, il faut donc constituer une collection vivante, c'est ce qui 
a été tenté à la Station botanique de Rouiba. 

Les variétés d'Oliviers cultivées en Algérie sont assez nombreu- 
ses, chaque région a ses formes particulières et il est impossible 
d'assimiler ces Oliviers aux races connues dans les autres centres 
de culture de cet arbre. 

Les noms indigènes n'ont pas une grande fixité et des variétés 
très différentes ont une même dénomination, il y a cependant lieu 
d'adopter la nomenclature indigène qui seule permettra de retrou- 
ver facilement les variétés indiquées. 

Le tempéram*ent de chaque race d'Olivier doit être bien connu 
quand on veut faire des plantations. Certains Oliviers ne donnent 



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-- 16 - 

pas de récoltes s'ils ne sont pas arrosés, d'autres aiment les allu- 
vions des vallées et ne donnent rien dans les marnes. 

Le Chemlal qui est si beau dans le fond de la vallée de l'Oued 
Sahel jaunit et dépérit quand il est placé sur les versants du Cré- 
tacé à Seddouk où il est avantageusement remplacé par l'Adjeraz 
qui est peu fertile dans la plaine. 

Dans les plantations il est donc très important dé ne pas accueil- 
lir trop facilement les Oliviers dont on ne connaît pas bien les 
aptitudes à supporter les particularités du sol ou du climat. 

Les Oliviers sont souvent, dans un but pratique, divisés' en deux 



Olivier Chemlal. — Azib bcn Alï Clierif (vallée de rOued-Sahel). 

sections, les olives à gros fruits pour conserve, les olives à huile. 

Jusqu'à ce jour la culture des olives pour conserve a été très 
limitée. On prélève sur les grosses olives ce que la consommation 
locale exige. * 

Il y aurait cependant grand intérêt à cultiver, dans de bonnes 



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- 17 ~ 
condilions, les grasses olives qui existent déjà cliez nous, mais à 



Adjeraz 

l'état de rareté, il faudrait aussi introduire d'Flspagnc, de Grèce et 

d'Asie Mineure les belles olives à confire. 

2 



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— 18 — 

Les olives à huile sont nombreuses et bien que l'étude n*en soit 
pas achevée on peut trouver déjà les éléments suffisants pour les 
plantations à faire. 



Petite Adjeraz d'Ali-Cherif 

L'énumération suivante n'est que le résultat d'une première 
investigation et ne doit êlre considérée que comme un catalogue 
provisoire, les races qui jouent un rôle important sont seules* 
décrites. 

Adjeraz de Seddouk. — Arbre moyen, plutôt petit, à feuil- 



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— 19 — 

lage dense* à branches étalées horizontales, rameaux plus bu 
moins pendants d'un vert foncé avec des reflets blancs très 
accusés. Feuilles moyennes très vertes en dessus, très blanches en 
dessous. 

Olive moyenne, cylindro-conique, pointue, noyau assez gros, 



Boucliok 



terminée par une pointe aigûe longue. Les plus grosses olives 
pèsent plus de 8 grammes, les moyennes 4 à 5. 

L'Adjeraz convient pour les conserves et pour l'huile. Cueillies 
vertes, elles ont la chair blanche et la peau fine ; sous cette forme, 
elle pourrait être préparée en assez grande quantité dans la région 
de Bougie. 

A maturité, l'Adjeraz est d'un beau noire et charnue, séchée ou 



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— àO - 

mise en saumure, elle donne encore de très bonnes conserves. 
L'huile d'Adjeraz est très grasse et moins propre à Texportation 
que celle de Ghemlal. 

L'Adjeraz présente un assez grand nombre de formes: les plus 
intéressantes que j*ai notées sont : 

Adjeraz des Beni-bou-Meleh, — Arbre moins dense, feuilles 
moins blanches en dessous, belle variété pour les plantations. 

Orosse Adjeraz d' Ali -Chéri f. — Gros fruit pesiht plus de huit 
grammes. 

Petite Adjeraz d'^Ali-Cherif. — Arbre beaucoup plus grand 
que le type, feuillage moins sombre, fruit très abondant, olive ne 
pesant que 3 gr. 5 en moyenne. Variété intéressante à suivre. 

Bouchok. — Arbre élevé, feuilles grandes, larges. Fruit assez 
long, terminé par une pointe très marquée déjetée. Très bonne 
race pour conserve ; est plus précoce que TAdjeraz, la chair est 
fine, il en existe un beau sujet à Bou-Khalfa, près Tizi-Ouzou. 

Chemlal de Kabylie, — Arbre de grande dimension, attei- 
gnant un âge très avancé, à feuillage vert clair souvent vert jaune, 
formant un couvert assez clair ; feuilles grandes allongées. Fruit 
abondant le long des. rameaux de forme ovoïde pointu, un peu 
déprimé d'un côté, blanc puis rouge et noir, pulpe charnue peu 
colorée. Cette olive ne pèse guère plus de 2 grammes à 2 gr. 5. 

Assez répandu en Kabylie dans les alluvions, présente de nom- 
breuses variations. 

Le Chemlal est un Olivier très estimé en Kabylie, son huile est 
très fine et convient très bien pour l'exportation. On peut rappro- 
cher les différents Chemlal du Gaillet et Blanquet de France en 
Tunisie. Le Ghemlal de Sfax est justement estimé. 

On peut distinguer dans le Ghemlal les formes suivantes : 
Chemlal précoce de Tazmalt, — Très belle variété, très fertile. 



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Chemlallde Kabylie (Oued-Aïssi). 



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— 22 — 

Chemlal blanche d'' Ali Gherif. — Olive moyenne de 2 grammes, 
donne une huile presque incolore. 



Limli de S(;adouk 

Azib d'Ali Cherif, près Akbou. 



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Grosse Aberkan du Béni Aïdel 

Ghemlal de Sfaœ. 
Chemlal de Djerba. 
Ghemlal de Tebourba. 



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— u — 

Limli de Seddouk. — Arbre arrondi, bas, pouvant atteindre 
de grandes dimensions, feuillage vert foncé, dense, feuilles 
moyennes, fruit par groupe à la base des rameaux. Olive ovoïde, 
régulière, noire, bleue à maturité, à jus coloré, pesant un peu plus 
de 2 grammes, avec un noyau petit ne pesant que 19 pour 0/0 de 
la pulpe. 

Le Limli qui se rencontre surtout à une altitude de 400 m. sur 
la rive droite de la Soummam est un très bel arbre résistant bien 
à la sécheresse et donnant une belle olive — qui rend à Seddouk 
13 litres d'huile pour 100 k. d'olives. 

Grosse Aberkan des Beni-AïdeL — Arbre moyen, feuillage vert 
foncé, fruit régulièrement ovoïde. Olive assez grosse pesant en 
moyenne 4 grammes, le poids du noyau est de 190/0 du poids total. 

L'huile est excellente mais le rendement faible. Cette olive 
convient surtout pour faire des conserves d'olives noires, elle est 
très peu amère. J'ai vu des Kabyles la manger sans aucune pré- 
paration. 

Les Beni-Aïdel, près Seddouk. 

Petite Aberkan de Seddouk. — Assez semblable à la grosse 
Aberkan, mais fruit toujours plus petit, ne pesant que 2 gr. 5, 
bonne variété, peu répandue, assez fertile, donne une huile très 
fine. 

Seddouk. 

Aaleth, Oualette lies Beni-bouMelek. — Arbre de grande dimen- 
sion, élevé, feuilles moyennes, olives petites, arrondies, groupées 
à la base des rameaux. 

Cet Olivier est encore assez abondant dans la région de Gouraya, 
chez les Beni-bou-Melek il paraît avoir été cultivé du temps des 
Romains, car on trouve encore de vieux sujets alignés et francs 
de pieds. 

VAaleth est un des Oliviers qui conviennent pour les plantations 
en terre sèche, son huile est très fine. 



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BoU'Hamar ou Asgouart de la région de Gouraya. 
Azoubaï, fruit allongé, Beni-bou-Melek. 

BoudisSy se rapproche du Zeboudj, est cependant récolté, cons- 
titue un excellent porte-greffe. 



Petite Aberkan de Scddouk. 

A rdou, Beni-bou-Melek. 
M'Chiada, Beni-bou-Melek. 
Ziza, Beni-bou-Melek. 
Goulu, Beni-bou-Melek. 
Aberkan, région de Gouraya. 

Aberkan de Tizi-Ouzou. — Belle olive observée sur la rive droite 
du Sebaou, au-dessus de l'huilerie Aillaud. 



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»l L_ ^ ■ " '■ - " 

V Aaleth Beni-Bou-Melek 



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A3gouart (tes Beni-Bou-Melek 



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Azoubaï des Beni-Bou-Melek. 



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Aberkan de Tizi-Ouzou. 



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-. 3C 

Arhoni. petite noire. 

Aabeche, Tizi-OuzoUv 

Azibli, Tizi-Ouzou, forme à demi sauvage, peu estimée. 

Akcnna, Akbou. 

Tefah. — Arbre peu élevé, à rameau pendant, feuilles de la 



Tefah. 



base du rameau large. Olive en forme de pomme du poids de 7 
grammes. 
Le Tefah est cultivé par arbre isolé dans les jardins des indi- 



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^ 31 — 

gènes, il donne de très gros fruits bons pour les conserves, mais le 
rendement est faible. 

Olivier de St-Denis-du-Sig . — Arbre moyen, fruit assez gros, 
abondant, demande l'irrigation. Rendement considérable en huile? 
pouvant atteindre 18 et 20 litres pour 100 kilos d'olives. 

Cet Olivier très répandu dans l'Oranie provient des anciennes 
plantations de Misserghin, il se multiple facilement par bouture et 
se prête très bien à la constitution des Olivettes irriguées. Le fruit 
est assez gros pour pouvoir être utilisé pour conserves. L'huile est 
fine et très estimée. 

Olive rouge de Rio-Salado. — Olive ronde, rouge cerise, en 
terre sèche. 

Cor*ni cabra, — Olive longue courbe. Pendoulier de Provence. 

Olive de Mascara, — Olive régulière ovoïde produit beaucoup. 

Oliviers de la région de Tlemcen 
(d'après M. Soipteur) 

Olive moyenne de Saf-Saf assez fertile, non irriguée. 
Olive petite de Saf-Saf, non irriguée, moins répandue que la 
précédente, renommée pour Thuile. 

Olive petite de Bréa, très fertile, les fruits sont souvent en 
grappes ou bouquets, assez répandue, terre non irriguée, huile 
très fine. 

Olive moyenne de Bréa, fertile. 

Grosse olive de Bréa, arbre petit, à rameaux pendants, tardif, 
olive très bonne pour conserve, médiocre pour Thuile. 

Olives de la région de Constantine 

Œive de Gastu, fruit moyen, très fertile. 
Olives du Hamma de Constantine : 
a Grosse olive ronde pour conserve ; 



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— 32 - 

b Grosse olive ovoïde, très belle pour conserve, rappelle Tolive 
Besbassi de Tunis.. 

Cette olive de Constantine est la plus grosse olive de conserve 
que j'ai vue en Algérie, la chaire est fine et savoureuse, le noyau 
moyen. Ces oliviers sont cultivés dans des jardins arrosés. 

En dehors des Oliviers que l'on peut considérer comme indi- 
gènes on trouve dans les plantations quelques Oliviers introduits, 
tels que le Pigale, le Pendoulier, le Rouget. 

La difficulté de bien caractériser les variétés d'Olivier ne doit 
pas conduire à nier leur existence, ces races locales ont bien leur 
importance et un travail complet qui mettra en lumière avec les 
caractères morphologiques les qualités propres à chaque forme 
sera une œuvre des plus utiles pour la colonisation algérienne. 

Culture de rOlivier 

La culture de l'Olivier en Algérie est faite avec beaucoup de 
soin sur quelques points du territoire de colonisation ; mais très 
négligée dans la plus grande étendue du domaine de l'Olivier. 

Les anciennes Olivettes présentent de nombreux vides que per- 
sonne ne songe à combler et sur bien des points aucune planta- 
tion, aucun greffage n'a été effectué depuis des siècles. 

Les indigènes qui détiennent la plus grande partie des Olivieis 
se bornent à récolter et laissent l'Olivier sans soins. La récolte se 
fait à la gaule, l'arbre n'est pas soumis à la taille, ne reçoit aucune 
fumure et n'est même pas cultivé au pied. 

Sur d'autres points l'Olivier est mieux traité et est l'objet d'une 
véritable culture. Le sol est labouré et les sillons tracés horizonta- 
lement permettent à l'eau des pluies d'imbiber le sol. 

L'eau de pluie est même amenée par des sillons dans une 
cuvette au pied de l'arbre ; mais on ne voit pas comme en Tunisie 
de merka ou surface de réception des eaux de pluie destinées à 
être conduites dans les bas-fonds plantés en Oliviers. 

L'Olivier occupe les sols les plus différents et prospère dans 



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— sa- 
les gneiss des terrains primitifs de la Kabylie, dans les grès 
et dans les terres marneuses et les schistes ou sur des calcaires 
Iravertineux. 

Les rendements varient beaucoup suivant la nature du sol, le 
maximum est obtenu dans les terres très calcaires et les climats 
secs et chauds. 



Olivier sur^unc pente ravinée et maintenue par un mur en pierres sèches (Kabylie). 

La multiplication de l'Olivier est facile, cependant cet arbre est 
assez rare dans les pépinières et le prix en est resté élevé. 

Les semis d'Oliviers sont rarement pratiqués, les races ne se 
conservent pas par ce moyen, mais les semis ne donnent pas tou- 
jours des Oliviers inutilisables. 



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-^ 34 - 

Les olives traitées par macération dans l'eau par les indigènes 
de certaines régions donnent des noyaux qui germent très bien et 
peuvent être utilisés pour constituer des pépinières, mais le plus 
Souvent on Irouve facilement de jeunes Oliviers de semis que l'on 
peut transplanter en pépinières pour les greffer Tannée suivante. 

Le semis en place de noyaux lessivés ou macérés dont la germi- 
nation est certaine, donnerait peut-être de bons résultats dans les 
terrains rocheux où les racines doivent descendre profondément. 



Olivette d'Adjeras dans les marnes du Crétacé inférieur à Seddoult 

Les sujets ainsi obtenus seraient plus résistants à la sécheresse et 
aples à être greffés dès la troisième année. 

Les graines devront être de préférence demandées à des Zeboudj 
vigoureux. 

Le bouturage de TOlivier est le procédé le plus employé. On 
bouture généralement des branches vigoureuses, coupées .en fragr- 
ments de 30 centimètres et plantés droits dans un sol. bien pré- 
paré et bien arrosé Tété. ;. . , 

Si le bois qui a fourni les boutures était très sain et très vigou- 



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.. 35 ~ 

reux l'enracinement se fait très bien, si les boutures sont prises 
sur des arbres souffreteux, la reprise est très difficile. 

Si ces boutures sont placées dans un soi bien défoncé et fumé, 
après 3 ans elles forment un arbre bon à mettre en place et qui 
vaut 2 à 2 fr. 50, prix exagéré qui est dû à la rareté des sujets. 

En Amérique on a adopté pour multiplier l'Olivier, le système 
des petites boutures de 8 centimètres faites avec des bois d'un an 
bien aoûté, les boutures doivent être placées dans du saWe pur et 
sous verre. Ce procédé a le grand avantage de permettre la multi- 
plication rapide et en grand des bonnes variétés ; l'enracinement 
obtenu, on place en pépinière les jeunes plants et à 3 ans Tarbre 
est bon à planter. 

Ce procédé ne réussit pas avec toutes les variétés, il réclame 
une certaine habileté et un matériel spécial il n'est, dans l'état 
actuel, praticable que chez les horticulteurs. Le mois de janvier 
est le moment le plu^ favorable pour le bouturage. Les Espagnols 
emploient encore un système de bouturage qui est décrit par 
Ibn-el-Aouan dans son livre de l'Agriculture : 

« On multiplie l'Olivier au moyen de grosses branches qu'on 
« divise à la scie en divers endroits sans couper entièrement, on 
« pousse seulement le trait de scie jusqu'au tiers de la grosseur. » 

« On dispose dans le sol pour recevoir les branches des fosses 

< dans lesquelles on les pose en long ; on les couvre de terre sur 
€ une épaisseur de 25 centimètres en formant un espèce de bassin 
« à l'en tour et l'on arrose. ^ .* 

< La végétation s'établit aux bords des traits de scie et quand les 

< jeunes pousses ont atteint la hauteur d'une coudée on replante 
« celles qui se montrent vigoureuses. »^ 

(Ibn-el-Aouan, chap. VII). 

Les grosses branches ainsi couchées sous terres peuvent donner 
d'abondants rejets que l'on détache avec un empalement qui 
assure la reprise. Malgré ces avantages le procédé espagnol est 
peu employé ; on préfère les boutures ordinaires plantées droites 
ou inclinées. 



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— 36 - 

Le marcottage de roiivier peut aussi se faire facilement, ce 
procédé de multiplication est employé en Amérique, mais très peu 
connu et pratiqué ein Algérie). 

En Tunisie les Oliviers sont généralement francs de pieds et 
multipliés au moyen d'éclats détachés de la base renflée des vieux 



Marcottage de l'Olivier 

arbres. L'éclat est déposé au fond d'un trou de 60 centimètres de 
profondeur et de 50 de côté, on jette 25 centimètres de terre par 
dessus. Au printemps les rejets se montrent et le trou se comble 
naturellement. Ces plantations sont arrosées trois fois pendant les 
deux premiers étés. 

Ce procédé n'est pas employé en Algérie ; quand les indigènes 
étendent leurs olivettes c'est par la grefl'e sur les Oleastres, les 
européens grefl'ent aussi ou plantent des arbres élevés en pépi- 
nière. 

Les jeunes oliviers de bouture bien soignés se développent assez 
rapidement; nous avons vu chez M. Bertrand, à l'Arba, de très 
beaux sujets non irrigués qui, à la sixième année donnaient une 
moyenne de 32 kilogs d'olives par arbre. 



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- 37 - 

Le greffage des ^Oleastres est pour beaucoup de localités le 
moyen le plus économique de propager l'Olivier, des versants 
boisés présentent TOlivier sauvage en très grande abondance : 



Olivier de bouture (6« année) chez M. Bertrand à l'Arba. 

ailleurs les sujets sont rares et réunis seulement dans les bas- 
fonds. 

Suivant les circonstances les Oleastres se présentent très gros, 



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— as- 



tres vigoureux, ou bien au contraire fortement endommagés, 
réduits à des vieilles souches donnant des rejets. 

Les beaux oliviers ont depuis longtemps attiré l'attention et 
depuis 50 ans les colons en greffent un certain nombre. 

Quand les arbres sont sains et bien constitués on greffe en cou 
ronne sur les grosses branches. 



^ 1* 





Olivier greffé et ébourgeonnô 

Pendant Thiver, Tarbre est élagué ; toutes les branches jugées 
inutiles sont supprimées. 

Cette greffe a de nombreux avantages : le plus important est de 
mettre les jeunes pousses à l'abri de la dent du bétail, on lui 
reproche par contre de nécessiter des frais considérables pour 
éliminer les repousses qui tendent à se montrer de toute part. 

Depuis longtemps, on a opéré plus radicalement en coupant les 
Oliviers ras de terre, les greffes sont ensuite placées sur la souche. 
A Tazmalt, on greffe en couronne ; on maintient les greffons au 
moyen d'une lanière de cuivre fixée par des clous. Après la pose 
des greffons, on recouvre la souche de terre fine puis on accumule 



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- 39 - 
autour des grosses pierres qui servent à fixer des fagotis épineux. 



Olivier greffé ras de terre à Tazmalt 

de jujubier sauvage. Ces greffes doivent être surveillées pour ente- 



Oiivier greffé en écusson puis transplanté (6 ans de plantation) 
propriété Duiour à Ighzer Amokran. 

ver les gourmands ; trois ans après, la récolte commence sur des 
sujets vigoureux auxquels il est facile de donner, par la taille, une 
bonue forme. 



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- 40 — 

En Tunisie, on a même fait des greffes sur les racines en vue 
de régénérer de vieux Oliviers décrépis. 

En Algérie et en Tunisie, les indigènes pratiquent la greffe en 
écusson, pour cela les oléastres sont coupés ras île terre, et au 
printemps suivant, les trois ou quatre plus belles pousses sont 
greffées en écusson. Les Kabyles détachent les écussons en contour- 
nant le bourgeon avec^la pointe du greffon, Técorce est coupée 
perpendiculairement à la surface et conserve sur les bords toute 
son épaisseur ; ils enlèvent ensuite l'écorce avec l'œil adhérent 

sans se soucier du bois, il est rare que 
l'œil se vide. L'écusson est placé dans 
une incision en T et assez bas, les ra- 
meaux sont rabattus à mesure que le 
bourgeon se développe trois ou quatre 
ans après le greffage, les jeunes Oliviers 
commencent à donner. 

Chez M. Dufour, à Ighzer Amokran, 
les Oléastres à greffer sont d'abord net- 
toyés, préparés et même sevrés par 
l'amputation des racines autour du pied. 
Ces sujet greffés en écusson, sur place, 
sont l'année suivante transplantés dans 
Greffe de côté j^g Olivettes en création et planté. A la 

greffe en écusson déjà facile on peut substituer avec avantage une 
greffe de côté d'un petit rameau enlevé avec un ëcusson et inséré 
dans une fente en T faite comme pour la pose d'un écusson ordi- 
naire ; ce greffon est effeuillé puis ligaturé comme il est de règle ; 
au bout de deux ou trois semaines l'union est faite et le sujet peut 
être écimé. 
Cette greffe ^^^^ ^^^^ pratiquée pendant tout le printemps. 
Le rameau greffon inoculé sous l'écorce peut simplement être 
taillé en biseau très allongé et plat. On introduit le biseau dans 
rincision du sujet, et on ligature. 
La greffe en fente de l'Olivier est aussi employée sur des sujets 



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- 41 — 

jeunes. Il existe, en Algérie, des peuplements importants de 
phyllaria, genre voisin de TOlivier, la greffe peut être faite avec 
succès sur ce sujet, mais on ne sait pas quelle est la valeur des 
Oliviers ainsi obtenus, il est nécessaire de suivre cet essai. 

Plantations. — Les anciennes plantations d'Oliviers sont très 
irrégulières; tantôt les arbres sont les uns sur les autres, formant 
une véritable forêt ne recevant le jour que par le sommet des 
arbres, tantôt des vides importants se sont manifestés et les arbres 
sont isolés. II est très facile de constater, dans la vallée de la Soum- 
mam notamment, que ces forêts denses d'Oliviers sont d'un 
médiocre rapport, qu'au contraire dans les mêmes terrains les 
arbres isolés sont remarquablement fertiles. Dans les sites non 
irrigables, 20 Oliviers à l'hectare paraissent suffisants ; en terrain 
irrigué, on plante souvent 100 arbres ; mais on obtient les meil- 
leurs résultais si les arbres sont à 10 mètres dans des lignes dis- 
tantes de 15 mètres. 

Pour beaucoup de raisons, il est utile que le terrain soit tenu 
très propre sous les Oliviers, les arbres qui restent entouré de 
broussailles, comme cela arrive quelquefois, sont peu fertiles et 
sujets aux attaques de nombreux parasites, surtout du ver ou t)acus. 

La perméabilité du sol sous les Oliviers est nécessaire pour faci- 
liter l'aération et aussi l'imbibition. Dans la Kabylie de Bougie, les 
indigènes labourent les Oliviers en traçant entant que possible des 
sillons horizontaux qui retiennent les eaux de pluies. A Tlemcen 
et sur bien d'autres points, l'arbre est entouré d'une cuvette qui 
reçoit les eaux de pluies qui s'écouleraient dans les bas fonds. Ces 
cuvettes sont parfois disposées en V et peuvent, si elles sont bien 
entretenues, jouer un rôle considérable, car l'Olivier végète dans 
des régions à pluie peu abondantes et cependant il ne craint pas 
les bonnes irrigations. Le terrain doit toujours être préparé pour 
retenir toute l'eau tombée et pour la conduire aux racines. 

En Tunisie dans les pays mamelonés où il ne tombe pas plus de 
350mm (jg pluie par an, les oliviers sont plantés dans les fonds et 
les pentes des mamelons sont disposés pour recevoir l'eau qui est 



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— 42 - 

conduite par de petits canaux au pied des arbres. Cette surface de 
réception se nomme une Meska, il est bien reconnu que les Olivet- 
tes qui sont pourvues d'une Meska donnent des rendements plus 
abondants et surtout plus réguliers. Cette disposition a une très 
grande importance et devrait être imitée en Algérie sur bien des 
points où la culture de l'Olivier amènerait l'aisance si non la 
richesse. 

Les Oliviers devront être le plus souvent plantés a d'assez gran- 
des distances. On a de tout temps fait .quelques cultures dans les 
Olivettes, les céréales y prospèrent mais au détriment des Oliviers. 
En Tunisie les ensemencemenls qui avaient envahi les Olivettes 
sont interdits et deux labours sont obligatoires. 

Dans les régions qui reçoivent, en hiver^ suffisamment d'eau, la 
culture de la fève et de quelques autres légumineuses ne peut 
qu'être conseillée. 

Bien que l'Olivier s'accommode de terres pauvres en pays sec, il 
vient encore mieux dans les terres riches avec irrigation. 

C'est dans l'Oranie que l'on trouve les plus anciennes plantations 
d'Oliviers à l'irrigation, à St-Denis-duSig, Relizane, elles sont en 
pleiae prospérité et s'étendent autant que la multiplication des 
Oliviers le permet. 

Les plantations sont faites de préférence en terre légère à raison 
de 100 arbres par hectare. 

On donne en temps ordinaire au moins cinq irrigations, l'eau est 
amenée dans de larges cuvettes au pied des arbres. 

Quand les hivers sont pluvieux on donne deux irrigations en 
hiver et quatre en été. Chaque irrigation est suivie d'un binage. 

Certaim^s légumineuses comme les Vigna, Soja, Mucuna, pour- 
raient avec avantage être cultivées entre les lignes pendant l'été et 
donneraient un fourrage abondant en même temps qu'une fumure. 

Fumure* — Un kilogramme d'olives contient plus de 7 gram- 
mes de potasse, près de 3 grammes d'-azote et l gramme d'acide 
phosphorique. D'un autre côté on sait que la potasse domine dans 



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— 43 - 

les bonnes terres à Olivier, à Sfax d'après M. Bertainchand. Les 
terres des Olivettes contiennent 3 et 4 0/0 de potasse. 

La potasse est donc l'élément principal que Ton doit s'eflForcer 
de restituer à l'Olivier. Les Margines ou Morges qui sont générale- 
ment sans emploi, contiennent la plus grande partie de la potasse 
que rOlivier a enlevé au sol, il est donc indiqué, quand cela est 
possible, de ramener ces liquides de déchet dans les Olivettes avec 
les irrigations. On pourrait aussi les évaporer. Il ne faut pas perdre 
de vue que ce sont les sols calcaires qui produisent les fruits 
riches en huile et que l'huile des régions calcaires est de meilleure 
qualité. 

L'usage des engrais verts peut rendre de grands services pour la 
fumure des Oliviers. 

La fumure potassique et phosphorique sera appliquée à la légu- 
mineuse choisie et la récolte enfouie en totalité ou en partie dans 
le sol. 

Taille. — La taille des Oliviers n'est faite méthodiquement 
que dans quelques cultures dirigées par des colons, elle consiste à 
évider les arbres en gobelets. Chez les indigènes souvent on ne 
pratique aucune taille, surtout dans les tribus qui récoltent au 
moyen du gaulage. 

Au contraire dans les pays où les olives sont rammassées à la 
main, les femmes chargées de ce soin abattent tous les ans à coup 
de hachette un certain nombre de branches, elles cherchent sur- 
tout à donner à l'arbre une forme rendant la récolte plus facile. 

En Tunisie il existe des tailleurs qui pendant longtemps ont reçu 
comme rémunération le bois qu'ils abattaient, aussi trouve-t-on 
souvent dans ce pays des arbres qui sont réduits par la taille à un 
véritable létard. Des tailleurs brevelés ont été formés depuis l'oc- 
cupation et doivent seuls tailler les Oliviers. 



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-. 44 — 

Animaux nuisibles et maladies 

Un grand nombre d'insectes nuisent à l'Olivier et constituent un 
obstacle très sérieux à Textension de sa culture. 

La Mouche ou Dacus est le plus redouté de tous les parasites de 
l'Olivier ; dans certaines localités le Dacus se multiplie dans de 
telles proportions que la récolte des olives est complètement 
détruite. La Mouche des olives présente au moins trois générations 
qui donnent un nombre croissant d'individus. Quand les premières 
olives atteintes sont ramassées ou limite le mal, 
c'est ce qui se passe dans une grande partie de 
la Kabylie, les Oliviers sont très surveillés el dès 
que les premières olives tombent elles sont 
ramassées par des femmes et des enfants, par- 
fois ce sont des moutons qui se chargent de les 
^ utiliser. Ce n'est que par une récolte hâtive des 
fruits attaqués et par les binages fréquents du 
sol qu'il sera possible de combattre efficacement 
ce parasite très abondant, surtout dans les ré- 
gions où beaucoup d'Oliviers sont laissés sans soins 
et où la récolte trop véreuse n'est pas ramassée. 
La présence du ver dans les olives diminue 
beaucoup la quantité et la qualité de l'huile, il est à noter que 
certaines variétés sont préférées par le Dacus. 
Les Cochenilles que l'on rencontre sur l'Olivier sont nombreuses. 
Le Lecanium ou grosse Cochenille détermine la Fumagine en 
couvrant les feuilles d'un enduit sucré qui entretien le Champignon 
noir. Ge parasite est assez fréquent, mais ce n'est que rarement 
qu'il se multiplie assez pour devenir très nuisible. 

Le Psylle de COlimcv est beaucoup plus fréquent,, il forme dans 
les grappes de fleurs une masse cotonneuse qui le fait parfois 
nommer par erreur puceron lanigère. Quand le Psylle est abondant, 
au moment de la floraison, il cause des dégâts très sérieux car, 
installé dans les inflorescences, il détermine Tavortement du fruit. 



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- 45 - 

V Aspidiotus Nerii' envahit parfois l'Olivier et recouvre les 
feuilles et les fruits qui sont déformés et sans valeur. C'est dans 



Psylle de l'ollvlcp 



les olivettes en terre sèche que ce parasite se développe avec 
beaucoup d'intensité ; il n'est limité que par d'autres insectes qui 



CbilDcorus bipustulatus 



le dévorent : la Coccinelle noire avec tache rouge {Chilochorus) en 
fait une grande consommation, ses larves velues sont parfois très 
nombreuses sur les arbres atteints. Des Hymeaoptères parasites 



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— 46 - 

en détruisent aussi un grand nombre. Quand on fait des planta- 
tions d'Oliviers il est bon de s'assurer que les sujets plantés ne 
sont pas atteint de ce mal. 

L'Olivier est assez rarement atteint par le Pourridié ; ce mal 
apparaît quand les racines rencontrent trop d'humidité dans le 
sol. 

La Tuberculose de f Olivier ou Rogne est une affection grave 



Rameau atteint de Tuberculose 

déterminée par un bacille (Bacillus Olieœ) qui provoque des 
tumeurs parfois très nombreuses et très volumineuses qui peuvent 
épuiser l'arbre et le faire périr. En Kabylie ce mal est connu sous 
le nom de Tiffiyv, il est surtout très fréquent dans la région de 
Fort-National, Tizi-Ouzou, chez les Beni-Aïssi, les Beni-Raten et les 



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— 47 - 

S&airZemenzer où il s^emble faire du progrès depuis «taa ^jniiizaine 
d'anoées. T?esl en isol sîticetrx, dans les bas-fonds humides, que le 
Tiffiri arrive à faire périr de vieux Oliviers. 

Dans les plantations atteintes depuis quelques années la présence 
des tumeurs ne paraît en rien diminuer la fécondité de l'arbre ; 
mais à la longue, quand les conditions sont favorables au dévelop- 
pement du parasite, les branches trop eiTvahies se dessèchent et 
l'arbre tout entier périt. 

La tuberculose de l'Olivier doit se transmettre très facilement 
par le greffage et le bouturage, il est donc de la plus grande 
importance de ne prendre des boutures et des greffons, que sur les 
arbres absolument sains. 

Aucun traitement n'a jusqu'à ce jour été opposé à la rogne. On 
remarque cependant que les régions saines, où l'Olivier n'est pas 
gaulé et où il est taillé présentent très peu ou pas du tout d'arbres 
malades du Tiffiri. 

Le Cycloconium oleaginum qui a été observé dans le midi de la 
France et en Italie existe aussi en Algérie, il est assez fréquent sur 
les Oliviers irrigués dans le département d'Oran. Ce Champignon 
noir vit dans l'épaisseur de la cuticule, il forme des cercles sur les 
feuilles et finit par les altérer suflSsamment pour en déterminer la 
chute ; les arbres fortement atteints dans les fonds humides 
souffrent sérieusement, mais en général ce parasite n'occasionne 
pas de dégâts sérieux. On peut le combattre avec les préparations 
cupriques. 

Cueillette* — La cueillette des olives commence dès octobre 
pour les olives vertes de conserve qui sont vendues en assez 
grande quantité sur les marchés. Ces olives sont destinées à la 
consommation familiale et arrivent rarement dans les conditions 
nécessaires pour une bonne préparation pour le commerce. Si l'in- 
dustrie des conserves d'olive devait un jour s'établir en Algérie, 
une usine devrait être organisée sur les lieux de production. Pour 



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— 48 — 

le moment les plantations dikdjeraz delà région d'Akbou Seddouk 
pourraient alimenter une usine. Ces olives doivent être cueillies 
très vertes elles donnent dans ces conditions un excellent produit. 

On trouvera quelques difficultés pour acheter aux indigènes ces 
olives cueillies avant maturité, il faudra probablement l'appât d'un 
prix élevé pour les décider à oublier un préjugé bien établi. 

Les olives pour Phuile sont cueillies de deux manières différentes 



Cueillette des olives en Kabylie 

par le gaulage ou à la main. Le gaulage n'est facile que si les oli- 
ves sont bien mûres, il a le grand inconvénient de briser beau- 
coup de brindilles qui devraient porter les olives l'année suivante. 
Ce procédé est généralement reconnu comme défectueux. Dans les 
tribus plus laborieuses qui ont plus de soin des Oliviers, la récolte 
est faite à la main, les Kabyles appellent cette opération du terme 
caractéristique « traire les olives ». 
Ce sont. les femmes et les enfants qui se chargent de faire la 



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- 49 — 

récolte. Les olives sont portées dans des paniers en roseau et en 
brindilles d'olivier. Depuis quelques années une grande partie de 
la récolle est portée aux moulins européens établis à portée, les 
olives sont alors vendues à la mesure ou au poids ; la mesure est 
le double-décalitre qui, rempli normalement, doit peser 16 kilo- 
grammes. Parfois l'acheteur exige une chéchia qui s'élève aussi 
haut que possible au-dessus de la mesure. 



Femmes Kabyles partant des olives au moulin européen 

Les prix varient beaucoup suivant les rendements ils oscillent 
entre 5 et 11 francs les 100 kilos. 

Dans les cultures européennes il faut prendre des ouvriers pour 
faire la récolte, le quintal d'olives à St-Denis-du-Sig coûte 1 fr. 25 
à 1 fr. 50 de frais de récolte, les frais de main-d'œuvre sont parfois 
si considérables que certains colons en sont effrayés et pensent 
que les frais de cueillette annulent les bénéfices réalisables avec 
les prix très bas des bonnes huiles d'olive. C'est aussi pour atté- 
nuer, autant que possible, ces dépenses que les grosses olives 



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— ?)0 — 

seront toujours recherchées pour les cultures irriguées et exploitées 
par les colons. 

En Tunisie, la cueillette est faite à des époques réglées en raison 
de l'impôt prélevé par TEtat. Les Tunisiens ont adopté un procédé 
particulier qui consiste à se garnir l'extrémité des doigts avec des 
cornes de chèvres et à peigner les rameaux avec la main ainsi 
armée les olives tombent et sont ramassées dans des corbeilles. 

Les olives cueillies pendant la saison froide se copservent assez 
bien à condition de ne pas êlre mises en tas trop élevés, étendues 
sur des planchers, sous une épaisseur de 25 à 30 centimètres elles 
peuvent attendre quelques jours avant d'être mises en œuvre. 
Pendant ce temps dans beaucoup d'usines elles sont soumises à 
une manipulation qui a pour but de séparer les feuilles apportées 
avec les fruits. 

Chez les indigènes les olives sont souvent conservées pendant 
• plusieurs mois avant d'être triturées et pressées. Dans quelques 
tribus dès que les olives sont arrivées à la maison elles sont plon- 
gées dans l'eau bouillante puis étalées et enfin mise en tas et recou- 
verte de feuilles et de branchages. 

Toutes ces olives ainsi conservées subissent des fermentations 
qui augmentent le goût de fruit et détermine un rancissement qui 
est très recherché par les consommateurs indigènes. 

Les Kabyles sont convaincus que les olives ainsi traitées rendent 
plus d'huile que les olives fraîchement récoltées. D'après eux cette 
maturation déterminerait l'augmentation du taux de l'huile et ren- 
drait son extraction plus facile. 

La conservation des olives dans les usines est une question qui 
présente un certain intérêt. Le plus souvent dans les moulins à 
huile on cherche à éviter autant que possible l'encombrement 
causé par les livraisons qui se fonf parfois d'une manière irrégu- 
lière. 

Le procédé qui donnerait les meilleurs résultats, au point de vue 
de la qualité de l'huile, consisterait à placer les olives dans des 
citernes où elles seraient recouvertes d'eau que l'on renouvellerait 
tous les jours, en vidant la citerne par le bas. 



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— ol — 

Les olives cueillies peuvent avoir atteint trois degrés de matu- 
rité qui sont indiqués par la couleur du fruit. 

Les olives encore vertes donnent une huile fruitée qui- a une 
légère amertume et se conserve bien. 

Les olives violettes donnent une huile fine fruitée généralement 
très appréciée et de conservation facile. 



Jeunes Kabyles employées à la cueillette des olives. 

Les olives noires donnent une huile très douce, mais plus 
sujette au rancissement. 

Il est très important quand on recherche la qualité de faire cueil- 
lir chaque variété d'olive suivant le degré de maturité qu'elle exige 
pour atteindre son maximum de rendement en quantité et en 
qualité. 



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— 52 — 

Les olives qui tombent et les olives piquées doivent autant que 
possible être traitées séparément leur rendement est non-seulement 
inférieur mais la qualité laisse beaucoup à désirer. 

Rendement* — Il est fort difficile d'évaluer le rendement de 
rOlivier. Cet arbre est susceptible de se montrer d'une fertilité 
extraordinaire, il peut aussi dans des conditions moins avanta- 
geuses rester à peu près sans rapport. 

Ce n'est que vers la sixième année que TOlivier commence à 
rapporter à Sfax, d'après M. Bourde l'Olivier ne donnerait à cet âge 
que deux ou trois litres d'olives. Chez M. Bertrand à l'Arba, j'ai vu 
une plantation de 6 ans dans de bonnes conditions, mais non irri- 
guée, donner 32 kilogrammes d'olives par arbre, ce qui représente, 
à 100 arbres à Iheclare, un rendement de 448 litres d'huile. 

Des Oliviers greffés par M. Dufour à Ighzer Amokrane dans des 
penCes assez rocailleuses rendent à 6 ans, 6 kilogrammes d'olives 
et à 10 ans, 16 à 20 kilogrammes. 

Dans les Olivettes de St-Denis-du-Sig on obtient d'après M. De- 
loupy à 6 ans, 10 kilogrammes par arbre ; à 10 ans, 40 kilogram- 
mes ; à 20 ans, 80 kilogrammes. Ce qui représente dans cette 
région un rendement en huile de 160 litres, 640 et 1.280 litres. Il 
faut se rappeler aussi que TOlivier saisonne et qu'on ne peut pas 
compter tous les ans sur ce rendement. 

A Relizane, les résultats sont à peu près les mêmes, à 10 ans un 
arbre rapporte pour 5 francs d'olives, à 20 ans pour 10 francs. 

Il paraît évident que pour l'Olivier comme pour beaucoup d'au- 
tres plantes de nos cultures, les rendements peuvent devenir très 
élevés quand on arrive à réaliser toutes les meilleures conditions 
sur le choix du sol, de la variété et du mode de culture. 

Il est aussi certain que l'Olivier, tout en étant l'arbre des ter- 
rains secs, donne des produits abondants surtout quand on lui 
donne un peu d'eau. 

L'Olivier ne porte pas régulièrement ses fruits. Les arbres sai- 
sonnent, une bonne année est généralement suivie d'une médiocre 



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— 53 — 

et d'une mauvaise si bien qu'on ne compte qu'une bonne récolle et 
demie en trois ans. 

La taille bien conduite, les labours fréquents, les irrigations ont 
pour effet de régulariser la production. 

La valeur des olives varie plus encore que la quantité^ on ne 
tient compte pour l'apprécier que du rendement en huile. Ce ren- 
dement varie de 8 à 20 0/0. La moyenne obtenue généralement est 



RuUaçs d'une huilerie romaine entre Tébessa et Bir-Oum-Ali (photographie de M. Gsell) 

de 12 à 15 pour 100, c'est à-dire de 13 à 16 litres pour 100 kilo- 
grammes d'olives. 

Le tourteau pressé ou grignon qui représente à peu près la moi- 
tié du poids des olives contient encore 10 p. 0/0 d'huile. 

Il serait inléressanl de pouvoir apprécier rapidement la quantité 
d'huile contenu dans les olives, une méthode sure et rapide 
d'appréciation réglerait les achats faits dans les usines. J'ai essayé 
de prendre la densité des olives qui est très variable et d'établir 
une relation entre cette densité et la quantité d'huile, je ne peux 



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- 84 — 

pas, sans les avoir vérifier plusieurs fois, donner des chiffres précis, 
maison peut je crois admettre que moins une olive est dense 
plus elle contient d'huile. Pour apprécier cette densité il suffit 
d'avoir des éprouvettes contenant de l'eau pure et de l'eau avec 
un sel qui augmente la densité, j'ai employé le nitrate de soude, 
la densité du liquide est facile a prendre au moyen d'un densi- 
mètre, quand les olives restent à peu près en équilibre c'est 
qu'elles ont la même densité ; j'ai noté comme densité extrême 



Huilerie roinaluc à Bir-Oum-Ali (pliotograpljie de M. Gsell) 

1145 pour une petite Chemial et j'ai trouvé dans les Beni-bou- 
Melek des olives Oualelh moins denses que l'eau. 

Les analyses d'olives ont surtout été faites avec beaucoup de 
soins en Tunisie, pal* M. Bertainchand, directeur de la Station 
Agronomique ; de ces analyses il résulte que les olives de quelques 
variétés ne contiennent que 7 0/0 d'huile dans leur pulpe, tandis 
que les bonnes races comme les Chemlali de Sfax, Nabdjemel 
donnent a l'analyse jusqu'à 30 0/0 d'huile. Les olives des régions 
chaudes sont plus riches, le rendement est plus considérable dans 
le Ghélif que dans la Mitidja. 



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— 55 ~ 



Extraction de l'huile 

• 

L'exlraction de l'huile est la plus ancienne industrie du Nord de 
l'Afrique, elle a acquis même sous la domination romaine un 
degré élevé de perfectionneineni si on en juge par les vestiges que 
Ton trouve dans toute la région de TOlivier. 

Les huileries romaines différaient peu de nos huileries moder- 



Prcssoir de Tépoque romaine d'après les ruines de Bir-Oum-AIi (Croquis de M. Gsell) 

nés, les bâtiments étaient parfois très grands et faits avec un 
vérilable luxe, comme l'huilerie de Bir-Oumi-Ali, près Tébessa. 

Les Romains employaient au détrilage des olives des meules qui 
permettaient d'écraser la pulpe et le noyau ou la pulpe seule. Le 
premier modèle est le plus fréquent et est toujours en usage. 

Le moulin qui n'écrasait que la. pulpe est plus rare, il en existe 
un assez bien conservé à Tipàza, dans la propriété Trémeaux ; il 



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-86 - 

se compose d'une grande Casque en pierre du pays portant au 
milieu une colonnelle, sur cette partie était fixé le pivot sur 
lequel était appuyé une barre en bois qui traversait les deux 
meules ainsi suspendues, les olives étaient dépulpées et 
broyées sans que la pression fat assez forte pour écraser le noyau. 
Ces moulins portaient le nom de Trapetum. Le Trapete était 
évidemment destiné à la préparation de Thuile fme, car les anciens 



^. 






T //^ V//2 _ mi .j ^ jiL^ m m 



Plan de rimllerle romaine fie Hir-Oum-Ali ; A, poteaux verticaux ; *B, dalle avec rigole ; C, Bassins 
circulaires (D'après un Croquis de M. (iscll). 

savaient déjà que l'huile des olives dépulpées était supérieure. Les 
meules ou molae roulaient sur les olives et écrasaient la pulpe et 
le noyau comme cela se pratique encore de nos jours. 

Les anciens avaient encore d'aulres types de moulins, entre 
autres le indicula qui était formé d'un cône de pierre sur lequel 
roulait une meule qui s'emboitait; 

r^es pressoirs étaient généralement constitués par deux poteaux 
verticaux entre lesquels s'engageait une longue poutre {Lingula) 



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— 57 — 

faisant levier ; au-devant, sur une dalle munie d'une rigole circu- 
laire élaient placé les cabas (fiscinae oleariae). Ces fiscin^s étaient 
parfois remplacées par de vérilables claies en pierre, comme celle de 
Thala trouvée en Tunisie, Textrémité du levier devait être abaissée 
au moyen d'un treuil ou d'une vis. 

Les liquides s'écoulaient du pressoir dans des bassins placés en 
avant, là devait s'opérer la décantation et la séparation des mar- 
gines. 

r^'huilc élait ensuite reçue dans de grandes jarres que l'on 



Trapctum romain à Tipaza 

retrouve partout et qui sont encore en usage dans la région 
oîéditerranéenne. 

Des vestiges nombreux de Tinduslrie ancienne des huiles on 
peut conclure que l'extraction se faisait avec beaucoup de soins et 
surtout que les anciens ont opéré sur de grandes quantités. 

Chez les indigènes la fabrication de l'huile est la plus importante 
industrie, l'outillage est parfois très rudimentaire. Dans le cercle 
de La Calle les olives sauvages sont recueillies et traitées par l'eau 
chaude puis écrasées, l'huile qui suinage est recueillie. 

Des procédés plus compliqués sont en usage dans le pays où 



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— 58 - 

l'Olivier est cultivé, cependant toutes les manipulations des indi- 
gènes sont défectueuses, car elles tendent à 'obtenir une huile 
rance qu'ils aiment, mais qui est d'une valeur très inférieure pour 
le commerce qui la paie 50 0/0 de moips que l'huile des mêmes 
olives faites par les procédés modernes.. 

Chez les Kabyles de la région de Tizi-Ouzou on extrait encore 
l'huile suivant les anciennes traditions dans toutes les tribus : 



tn»50 



Coupe du Trapctum de Tlpaza. 

mais cependant la plus grande partie des olives est portée chez 
des industriels français, qui préparent une huile très estimée. 

Dans les tribus moins bien outillées, les femmes sont presque 
uniquement chargées de la préparation de l'huile. 

A mesure que les olives rentrent elles sont soumises à l'ébulli- 
tion, puis mises en tas. Après une quinzaine ces olives ont perdu 
une partie de leur eau, elles sont séchées puis réduites en pâte 
par le piétinement. Cette opération se fait souvent sur des surfa- 
ces rocheuses creusées de trous. 



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I 



— 59 — 

La pâte laisse suinter Thuile qui est recueillie. On place aussi la 
pâte dans des vases percés de trous par où Thuile s'écoule len- 
tement. 

Quand la pâte a été ainsi triturée plusieurs fois elle est portée à 
la rivière où elle est traitée par l'eau froide dans de petits bassins 
dits Ahadoun, 

L'eau est détournée du ruisseau par une séguia qui remplit le 
bassin, la pâte d'olive apportée dà^ns des jarres et des plais est 



Jarre û huile de la période romaine à ïipaza. 

délayée dans Teau, pour cela les femmes troussées jusqu'au dessus 
du genou foulent avec les pieds la pulpe, pour achever la mise en 
suspension, l'eau est vivement agitée au moyen d un petit bâton 
{thisrouith) . L'écume qui se produit alors à la surface (thachela- 
bats) contient l'huile abandonnée par la pulpe, elle est recueillie 
dans un vase spécial ; cette opération est recommencée tant que 
l'écume est grasse, puis lé Ahadoun est ouvert et souvent le liquidé 
est entraîné dans un bassin plus grand qui reçoit les résidus de 
tous les ahadoun particuliers. Ce bassin appartient à la commur 
nauté. • 



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- 60 — 

L'huile obtenue dans les bassins est très forte et de qualité 
inférieure. * 

Les olives sont aussi écrasées sur un rocher plat au moyen 
d'une pierre que deux femmes poussent alternativement, ce mou- 



Claie d'un pressoir à huile de l'époque romaine à Tliala 
(d'après une photographie de M. Mouline). 

vement écrase les olives et forme bientôt une pulpe huileuse. 

Dans beaucoup de tribUs cetle pierre [Aberraï) est remplacée 
par une grande meule qui tourne (hr' arel) dans une cuvette en 
maçonnerie. Cette meule est traversée par une longue perche qui 



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- 61 — 

aboutit à un arbre vertical au centre de la cuvette et qui. est tnuni 
d'un pivot en fer roulant dans une crapaudine, l'exlrémité supé- 
rieure est maintenue par une traverse en bois posée sur deux 
montants. 

Souvent c'est un mulet ou un bœuf qui est attelé à ce manège, 
mais on y voit aussi les femmes. 

Lorsque les olives sont réduil.es en pâte on en remplit les 



Rocher creusé de trous pour la préparation de i'huile, en Kabylie 

escourtins d'alfa {thisenatin) qui sont empilés sur la table d'un 
pressoir en bois. 

Les grignons sont ensuite traites à la rivière dans TAhadoun. 
Cette installation est celle qui existait dans la Provence au 
moyen-âge. 

Partout où l'Olivier est abondant on trouve des moulins moder- 
nes avec un outillage perfectionné permettant de traiter rapide- 
ment les olives à mesure qu'elles arrivent. -^ 

Les olives sont achetées aux indigènes souvent à la mesure 



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— 62 — 

doublQ décalitre qui, bien coiffé, représente 16 kilos et se paye 
des prix très variables suivant l'abondance du produit, la 
maturité, la teneur en huile. Les prix oscillent entre 5 et H fr. 
les 0/0 kilogs. 

Les moulins sont assez nombreux pour que les indigènes puissent 
trouver une certaine concurrence dans les achats qui leur est 
avantageuse. Ils savent du reste très bien qu'en dehors de l'huile 
dont ils ont besoin pour leur propre consommalion ils ont intérêt 



Ahadoun au bord d'un Oued cri Kabylie 

à ne pas fabriquer, puisque pour la vente leur huile ne vaut pas 
celle qui est obtenue par les moulins modernes qui est vendue 
toujours 50 0/0 plus cher et est demandée de plus en plus. 

Aucune huilerie Algérienne ne peut être comparée à quelques 
grandes usines de Tunisie, cependant d'importants progrès ont été 
réalisés dans ces dernières années et il est maintenant bien établi 
que les'olives peuvent, eu Algérie, donner des huiles très fines si 
toutes les minutieuses précautions sont prises pour la fabrication. 

Aucune usine ne dépulpe les olives; en Tunisie un industriel 
qui procède au dénoyautage, M. Epinal, à Mahdia, a obtenu 130 fr. 



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— 63 — 

des huiles du dépulpeur, tandis que ses huiles dé fabrication 
courante ne se vendaient que 90 fr. Il y aurait donc à faire quel- 
ques essais pour obtenir une plus-value très sensible. 

Les grandes usines marchent à la vapeur et ont un assez grand 
débit qui permet d'éviter l'encombrement et la fermentation des 
oKves. Aussitôt livrées les olives sont soumises à un triage, les 



Deux femmes écrasant les olives au moyen d'une pierre. 

feuilles toujours très nombreuses sont enlevées, c'est une bonne 
précaution, car la feuille triturée avec l'olive lui- communique une 
amertume désagréable. 

Les manipulations après le triturage et le pressurage sont assez 
délicates pour bien priver les huiles d'eau et de morge, la chambre 
des piles est souvent chauffée, ce qui permet à l'huile do déposer 
plus facilement. La filtration est une importante opération qui doit 



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— 64 — 

être faite aussitôt que la décantation est terminée. Les filtres en 
colon sont généralement préférés, il serait à désirer que quelques 
progrès fussent réalisés dans les appareils en usage. 

La fillration débarrasse les huiles d'impuretés qui contribuent 
au rancissenipnt. 

Les grignons sont parfois vendus à Marseille au degré, ils sont 
utilisés pour la nourriture des porcs ou môme comme combusti- 
bles. L'extraction de l'huile au sulfure de carbone n'est installée 



Feniincs Kabyles occui)6cs îi rcxtractiou de l'huile dans les Ahadoun. 

nulle part en Algérie. Les inorges ou margines sont sans emploi 
et jetées ; cependant M. Berlainchand a récemment ap|)elé l'atten- 
tion sur la composition de ce liquide qui est riche en matières 
minérales: un litre donne Vk grammes de cendres contenant plus 
de 12 grammes de potasse. Les margines peuvent donc être assi- 
milées aux vinasses des distilleries. Par évaporation et calcination 
o'h a obtenu à Tunis un salin d'une valeur de 22 à 23 les 0/0 kilogs. 
La potasse retirée des margines pourrait être utilisée sur place à 



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- 65 — 

la préparation de savons et les autres résidus constituent des 
engrais. 

Huile. — L'huile algérienne fut longtemps connue surtout par 
l'huile Kabyle fabriquée comme nous Pavons vu, par une popula- 
tion qui recherche Thuile forte et qui va jusqu'à conserver des 
levains de margine rance d'une année à l'autre. 

Les usines in:)dernes ont beaucoup amilioré la réputation dos 



Meule à huile en Kabylic. 

huiles d'Afrique, mais il reste encore beaucoup à faire pour obte- 
nir des produits aussi fins qu'en Provence et qu*en certaine con- 
trée de ritalie où la fabrication est très soignée. 

Les dégusiateurs d'huile d'olive reconnaissent aux huiles certains 
caractères importants qui sont le goùl, l!odeur, la couleur, la pâte. 
Le goût est doux généralement et souvent d'une manière très 
nette, mais il y a aussi des échantillons amers, celte amertume 
peut tenir à la variété d'olive, à un défaut de maturité, à un 



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c 
, o 
'te 

■2 



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— 67 - 

mélange de feuilles, fj'odeur a une importance assez grande et se 
confond avec le goût ; la rancidité se manifeste par une mauvaise 
odeur ; pour obtenir des huiles n'ayant pas d'otleur laissant à dési- 
rer, il faut beaucoup de précautions dans le triage des olives et 
dans toutes les manipulations, Thuile fixant avec la plus grande 
facilité les parfums développés par les moisissures ou toute fer- 
mentation complexe même ceux provenant de la fumée. Lafiltralion 



Huilerie à Tizi-Ouzou 

faite le plus lot possible est une bonne précaulion contre les 
odeurs pouvant provenir des liquides aqueux restant en contact 
avec Thuile. 

La couleur est très variable et les consommateurs ont des goûts 
.différents. Les huiles vert-claire sont généralement peu recher- 
chées, on préfère les huiles ambrées ; avec certaines variétés de 
Chemlal on obtient dans la vallée de la Soummam des huiles 
blanches très remarquables. La limpidité est obtenue par des 



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- G8 — 

décantations et filtralions, c'est une qualité trop souvent négligée. 
La pâte désigne l'impression onctueuse, visqueuse que laisse dans 
la bouche une huile dégustée, on dit aussi qu'une huile est grasse 
quand elle a de la pâte. Les huiles surfines devant être consom- 
mées sans coupage ne doivent pas avoir de pâte, les huiles de 
Chemiai sont dans ce cas. Mais la pâte est quelquefois recherchée 
par le commerce pour foire des coupages, l'huile grasse d'Azeradj 
convient pour améliorer les huiles de coton démargarinées si 
abondantes sur le marché. En dehors de ces caractères on trouve 
dans les huiles, comme dans les vins, des crus. La nature du 
terrain, la variété cultivée, le mode de fabrication et de conser- 
vation jouent alors un rôle prépondérant. 

La densité des huiles d'olives algériennes varie de 0,917 à 0,919 
à 15«.' 

La détermination et le dosage des acides gras des huiles Algé- 
riennes n'ont pas encore été taits avec le même soin et la même 
précision qu'en Tunisie. Mais il est déjà évident que les huiles 
Algériennes contiennent comme les huiles Tunisiennes, peut-être à 
un degré moindre, une assez forl^ proportion d'acides gras con- 
crets qui explique une tendance exagérée à se solidifier sous 
l'influence des basses températures. En général, la solidification de 
l'huile d'olive ne se produit qu'entre et -f- ^"» '^^ huiles Algé- 
riennes ^e figent parfois à une température pitis élevée. Certaines 
variétés d'olives^ donnent des huiles plus margarinées, il y aurait 
intérêt à déterminer pour chaque variété le taux des acides gras 
concrets. L'acidité des huiles est parfois assez élevée ; mais c'est 
là un défaut dû à une mauvaise conservation. On évite l'acidité 
par une fabrication rapide et soignée et par la filtration faite 
aussitôt que possible. 

Les huiles d'olive sont classées en deux catégories : les huiles 
comestibles et les huiles industrielles; mais chacun de ces groupes 
se subdivise. 

Les huiles comestibles sont loin d'avoir la même valeur. On 
distingue ordinaireinejit les huiles de première pression qui sont 
dites huiles vierges surfines et fines et vendues de 140 à 120 fr. 



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— 69 — 

Les huiles de deuxième pression sont mi-fines, ordinaires, man- 
geables, kabyles et se vendent de 100 fr. à 80 fr. 

Les huiles industrielles ou lampantes sont en grande partie 
produites par les indigènes et proviennent d'une mauvaise fabri- 
cation, le mauvais goût provient de la fermentation des olives et 
du rancissement, elles peuvent devenir très fortement acides et 
conviennent alors très bien pour la savonnerie ; elles valent de 
80 à 70 fr. Les huiles de ressence d'enfer, de crasse sont utilisées 
par les industries et valent encore 50 fr. ; mais les grignons ne 
sont pas traités par le sulfure et une importante part de la matière 
grasse des olives est perdue, car les grignons sont peu utilisés 
pour Talimentation des animaux ; Thuile de pulpe obtenue par le 
traitement au sulfure n'est pas acide et très propre au graissage 
des machines, la production de cette huile tend à se généraliser 
dans le pays de l'Olivier ; il est à désirer que les industriels algé- 
riens examinent les avantages que cette nouvelle manipulation 
pourrait leur donner. 

Un certain nombre vendent leurs grignons au degré, le prix est 
généralement de 30 cent, le degré. 

Conserves. — L'importance des conserves d'olives est peut- 
être un peu méconnue en Algérie. De tout temps les peuples qui 
ont vécu au contact de l'Olivier ont consommé son fruit. Chez les 
Romains les conserves d'olives étaient très recherchées et les for- 
mules de préparation que nous ont fait connaître leurs auteurs 
sont très compliquées. En Grèce, en Espagne, en Orient on mange 
des quantités très considérables d'olives conservées. Les popula- 
tions pauvres trouvenl dans ce fruit un aliment très sain et d'un 
prix peu élevé. Les gourmets peuvent aussi trouver des olives très 
bien choisies et préparées qui peuvent constituer un véritable 
régal. En dehors des lieux de production les olives conservées sont 
consommées surtout sous forme d'olives vertes salées. En Califor- 
nie, où les plantations d'Oliviers prennent une grande extension, 
presque toute la récolte est destinée a la pré^paràtion*(le conserves/ 



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— 70 — 

Les américains ont reconnu que, sans conteste, les meilleures 
conserves d'olives, étaient obtenues avec les olives mûres et c'est 
avec le plus grand soin qu'ils préparent les grosses olives noires 
qui sont fort recherchées. 

En Algérie une part importante de la récolte est cliaque année 
consommée par les européens et les indigènes sous forme de 
conserve. 

Certaines olives, comme VAberkan des Beni-Aidel est mangée 
sans subir aucune préparation, quand elle est bien miire et en 
partie desséchée. 

En général les olives doivent subir, une préparation destinée à 
enlever l'amertume et à assurer la conservation. 

Suivant une pratique importée d'Espagne, les premières olives- 
vertes sont écachées avec un maillet en bois, puis mises dans de 
l'eau pure où elles ne tardent pas à perdre leur amertume. Ces- 
olives sont ensuite salées et consommées de suite, elles n'ont pas^ 
une très belle apparence, maïs sont bonnes et peuvent fournir 
pendant quelques mois un appoint à l'alimentation. Les olives que 
l'on conserve sont généralement les grosses olives indigènes comme 
VAdjeraz Qi\di Tefah \ en Tunisie il existe quelques très belles^ 
races comme les Besbassi, le Limi^ Marsalina, Souaba el Aljia 
qu'il y aurait intérêt à propager en Algérie. Les meilleures olives 
de conserves que j'ai observées en Algérie venaient des jardins du 
Hamma de Constantine. A TIemcen et dans l'Oranie on trouve 
aussi de belles olives pour cet usage. Les conserves vertes ne sont 
pas faites en grand pour alimenter même le commerce local, les 
olives vertes des marchands viennent de Provence. 

La préparation des olives vertes est faite surtout pour la con-- 
sommation du ménage et chaque ménagère a sa formule de prépa- 
ration. Généralement on emploie une lessive alcaline: pour 
50 kilpgr. de fruits on tamise 50 kilogr. de cendre, on ajoute 
1.250 grammes de chaux, le mélange délayé avec de Teau forme 
une pâte dans laquelle la potasse caustique prend naissance, oa 
ajoute la quantité d'eau nécessaii^e pour couvrir les olives. 



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--- 71 — 

On peut remplacer une partie de la cendre par du crtstMX de 
soude. 

On fait aussi avec le carbonate de soude et la cbaux une lessive 
très active. 

Cristaux de soude 2 kilogr. 

Cendre fine 10 kilogr. 

Chaux , 2 kilogr. 

Délayer et agiter en ajoutant de l'eau jusqu'à ce que cette disso- 
lution pesé 8® au pèse-sel. 

Cette préparation est concentrée et les olives ne doivent y 
séjourner que 5 à 6 heures. 

Dans l'industrie il serait plus simple d'employer une dissolution 
de potasse ou de soude caustique. 

Les meilleurs résultats sont obtenus avec les solutions un peu 
concentrées (6^ au pèse-sel) et dans ces cas la durée du séjour ne 
doit pas dépasser quelques heures, il est parfois avantageux de 
faire deux fois Topera tion en lavant fortement les olives à l'eau 
pure après le premier bain. 

Mais les conserves que l'Algérie devraient surtout préparer pour 
l'exportation sont les conserves des olives noires qui, bien présen- 
tées, trouveraient une place importante sur les marchés d'Europe. 

La formule la plus simple et aussi la plus susceptible de donner 
un produit marchand est celle qui est adoptée en Californie (1). 

1® Les- olives sont placées dans une lessive de potasse à raison de 
700 grammes de potasse pour 50 litres d'eau, l'immersion est de 
quatre heures. Cette opération est répétée une deuxième fois si 
l'amertume est encore sensible. 

2<> Rincer les olives à l'eau, changer l'eau deux fois par jour 
jusqu'à ce que le goût de potasse ait disparu. 

3® Mettre les olives dans une saumure de 50 litres d'eau et 

1.200 grammes de sel pendant deux jours. 

_ * 

(1) Olives, par Bialetti and G. Colhy^AgricuH. Expérimmt. Station, Bulle- 
tin 123. 



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— 72 — 

4^ Mettre les olives dans une sauaiure de 50 litres d*eau et 
iSOO grammes de sel pendant six jours. 

5* placer dans une saumure de 50 litres d'eau et 3.7u0 grammes 
dé sel pendant deux semaines. 

6^ Placer finalement dans une aumure de; 50 litres d'eau et 
5 kilogr. de sel. 

L'eau employée doit être aussi pure que possible, l'eau de pluie 
est préférable. 

Si les olives sont molles il vaut mieux ajouter du sel à l'eau du 
premier lavage, après l'immersion dans la lessive alcaline on peut 
même ajouter du sel à la lessive si les fruils sont très mous. 

De très bonnes olives peuvent être préparées sans l'intervention 
d'alcali. 

L'amertume est enlevée par un traitement prolongé à l'eau pure. 
L'eau doit être changée deux fois par jour pendant quarante ou 
soixante jours. On peut activer le traitement à l'eau pure par des 
incitions ou piqûres sur chaque fruit, ce qui augmente beaucoup 
les manipulations et expose au développement de bactéries qui 
provoquent le ramollissement. 

Il est très important pour la préparation des olives mûres de 
choisir les olives d'une même variété et même du même degré de 
maturité, c'est-à-dire de même couleur. On peut avoir des olives 
noires, des olives violettes et des olives encore en partie vertes, il 
faut aussi les trier suivant la grosseur. 

Les olives très mûres sont communément préparées plus simple- 
ment, elles sont placées dans un récipient et agitées avec du sel 
fin, sous l'influence du sel Feau de végétation s'écoule et entraîne 
le principe amer. Au bout de quelques jours on passe les fruits 
dans l'eau et on les sèche incomplètement. 

Ces olives sont alors conservées dans des tonneaux ou des jarres, 
avant de les manger on les fait tremper dans de feau salée ou 
dans de l'huile. 

Ces olives très mûres, un peu desséchées et imbibées d'huile 
sont fortement appréciées par les populations riveraines de la 



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— 73 — 

Méditerranée. On peut en choisissant bien les fruits, en soignant 
la préparation pour éviter les moisissures, obtenir un excellent 
hors-d'œuvre que Ton peut aromatiser avec des truffes dont 
l'olive mûre fixe très facilement le parfum. 

Ce très belles olives noires sont importées en France, de Grèce, 
d'Italie et d'Espagne. 

En dehors d'une importante production d'huile, l'Olivier doit en 
Algérie donner des olives de conserve, il peut être bon de prépa- 
rer des olives vertes à la Picholine comme en Provence ; mais il 
serait peut-être plus avantageux de créer l'industrie des conserves 
d'olives mûres. Les olives mûres constituent un aliment très agréa- 
ble, de digestion facile, elles sont riches en principes nutritifs, 
surtout en huile, tandis que les olives vertes ont tous les défauts 
des fruits non arrivés à maturité elles sont indigestes et peu nutri- 
tives. 

Produite aeeessoires de rOlivier. — A propos de la fabri- 
cation nous avons déjà vu que les grignons pouvaient être employés 
pour la nourriture des animaux, surtout des porcs, ils doivent être 
donnés en mélange avec du mais, ils sont toujours riches en 
matières grasses. Après l'extraction de Thuile par le sulfure, les 
grignons peuvent encore être agglomérés en briquettes formant un 
bon combustible. 

Des morges ou margines qui sont généralement perdues, il est 
possible de retirer de la potasse. 

Les feuilles de l'Olivier constituent un excellent fourrage et dans 
bien des cas les frais de la taille peuvent être récupérés par une 
bonne litilisation des ramilles. 

les feuilles de TOlivier contiennent : 

Eau 48 0/0 

Protéine : 9 » 

Matières grasses 4 » 

Extrait.... 34 30 

Cellulose 2 » 

Gendres , 2 70 



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-- 74 -^ 

Un kilo de brindille donne d'après la Station agronomique de 
Tunis : 

Azote 5 » 

Acide phosphorique 75 

Potasse 3 32 

Chaux 8 79 

Magnésie 1 54 

Les feuilles d'Olivier comme les feuilles de figuiers et de frêne 
apportent un appoint considérable à la nourriture du bétailsur- 
tout quand les autres fourrages font défaut. 

Les indigènes utilisent très bien les brindilles d'Olivier pour la 
vannerie. Les brindilles longues, minces et souples donnent des 
articles solides et d'un long usage. 

Les Cannes cTolivier font en Algérie l'objet d'un commerce con- 
sidérable. Les industriels achètent les cannes avec un fragment 
plus ou moins gros de branche^ 

Cette exploitation faite sans discernement peut ruiner des peu- 
plements d'oliviers. C'est pour cela que le Gouvernement Général 
a, par un arrêté du 2 août 1886, réglementé le colportage des 
brins destinés à la fabrication des cannes. Tout colporteur doit 
être muni d'un permis établi en son nom ; ne doit voyager que le 
jour, et les acheteurs de brins doivent rester munis des permis de 
colportage. 

Le bois d'olivier est très dur, très compact et homogène ; il est 
agréablement veiné et peut se prêter à la confection de très jolis 
meubles ou objet de tabletterie et marquetterie. Cette industrie 
des bibelots en bois d'olivier a pris une importance relative dans la 
région de Nice, en Italie, en Suisse et en Palestine ; mais, en Algé- 
rie, de très grandes quantités de bois provenant de vieux oliviers 
sauvages sont inutilisées. Les vieux oliviers ont surtout été em- 
ployés pour faire du charbon qui, du feste, est excellent. 



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— 75 — 



Commerce 

L'Algérie est loin de produire la quantité d'huile nécessaire à sa 
consommation ; plus de 120.000 hectolitres d'huiles de graines sont 
importés tous les ans et consommés par une population qui, à prix 
égal ou peu supérieur, préférerait Thuile d'olive. Les meilleures 
huiles produites dans les principaux centres oléicoles sont expor- 
tées ; mais, 12.000 hectolitres sur une production de 200.000 repré- 
sentent encore une faible exportation. La France importe plus de 
250.000 hectolitres qu'elle achète en Italie (100.000 hectolitres), en 
Espagne (55.000 hectolitres) et depuis quelques années en Tunisie 
(100.000 hectolitres). La production totale de Thuile est assez limi- 
tée et à mesure que les bons procédés de fabrication démontreront 
de plus en plus que l'huile d'olive est la plus fine et la plus comes- 
tible de toutes les huiles, la consommation augmentera. 

Les pays producteurs de l'huile d'olive versent annuellement 
dans la consommation environ 8 millions d'hectolitres d'huiles, 7 
millions d'hectolitres sont consommés dans les régions productri- 
ces et 1 million d'hectolitres environ exportés dans les contrées 
dépourvues d'oliviers. Cette proportion est encore faible et il est 
probable que la facilité croissante des relations commerciales éten- 
dra, dans de notables proportions, les transactions sur cette mar- 
chandise. 

Les pays qui importent le plus d'huile d'olive sont la Grande Bre- 
tagne, la Russie et les Amériques du Nord et du Sud. L'Angleterre 
importe près de 200.000 hectolitres d'huile d'olive, ces huiles pro- 
viennent en grande partie d'Italie et de Turquie, elles ne sont 
soumises à aucun droit; les huiles fines et douces sans goût, mar- 
qué de fruit, sont recherchées. Les bonnes marques de l'Algérie 
trouveraient certainement un débouché si elles étaient mieux 
connues. 

Les Etats-Unis importent près de 50.000 hectolitres d'huile d'o- 
live ; ce produit est très apprécié, La Californie plante beaucoup 



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— 76 — 

d'oliviers, mais fait surtout des olives de conserve dont la vente 
est plus rémunératrice ; les droits d'entrée sont de 55 francs Thec- 
tolitre. L'Allemagne du Sud consomme environ 70.000 hectolitres, 
les huiles fruitées sont le plus souvent recherchées. Le Mexique, 
rUrugay ont fait des plantations; l'huile de coton est partout 
entrée dans la consommation courante. 



ICise en valeur des Oliviers existant dans les Forêts 

domaniales. 

En 1896, le Conseil Supérieur émettait un, vœu relatif au recen- 
sement des Oliviers qui se trouvent dans les forêts domaniales en 
vue de le mettre en valeur par le greffage. Une étude très com- 
plète de la question fut faite par les trois Conservations des forêts, 
il en résulte que dans l'ensemble du territoire soumis au régime 
forestier, il existe environ 400.000 Ohviers susceptibles d'être 
greffés. 

Malheureusement ces arbres sont le plus souvent épars dans les 
ravins ne formant pas des peuplements continus. Ces conditions 
rendent les travaux et la surveillance très difficiles. 

Cependant dans les trois départements on trouve quelques peu- 
plements assez denses pour être mis utilement en valeur. Quelques 
essais ont été faits notamment dans la forêt de Sidi-Sbâa dépen- 
dant de rinspeclion de Miliana, ils ont permis d'établir quelques 
prix de revient. 

Pour chaque arbre on peut prévoir : 

Prix de chaque greffe 0,10 

Préparation de Tarbre 0,15 

Entretien des greffes 0,20 

Piochage de l'arbre 0,50 à I fr. 

A Sidi-Sbâa beaucoup de sujets isolés par suite d'un <iébrous- 
saillement complet ont subis des coups de soleil qui ont desséché 
l'écorce sur tout le côté du tronc orienté au Sud, 



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— 77 — 

Dans cette forêt, dès 1897, une quar 
furent réunies. Cet important essai pc 
des différentes races introduites dans I 

La mise en valeur des Oliviers paraît 
forêts en raison du voisinage des indigèi 
les arbres sont exposés aux déprédati( 
lesquelles il sera difficile de prendre d 
caces. 

Il y a 40 ans des essais de mise ( 
faits. Des bois d'Oliviers furent concède 
le bénéficiaire de remettre à la fin ( 
pleine produclion.. aucun résultat sat 
somme les oliviers à greffer dans les 
en aussi grand nombre qu'on aurait p 

100.000 arbres pourront être avanlaj 
moyen d'une dépense de 400.000 francs 
difficilement 100.000 francs. 

Mesures propres à assurer Tex 

de roiiviei 

Depuis longtemps les meilleurs ami 
conseil d'étendre la culture des Oliviers 
pas toujours suivi avec empressement p 
vier réclame du temps et des capitaux, 
l'élément indigène que cette culture a p 
quelques années en Tunisie sous l'impul 
directeur de l'Agriculture! 

En Algérie c'est aussi par les indigène 
peut reprendre son ancienne prépondér 

Dans les olivettes actuellement en n 
qui ne sont jamais réparés. Les arbres 
rare de trouver des arbres plantés récei 

Il serait facile de favoriser la reconsti 



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— 78 — 

création des pépinières à portée des régions à repeupler. Si l'Admi- 
nistration délivrait des Oliviers bons à planter, les Kabyles creuse- 
raient facilement les trous et mèneraient à bien les nouvelles 
plantations qu'ils ne manqueraient pas de faire. 

Ces pépinières pourraient facilement être dirigées par le Service 
forestier qui poursuivrait ainsi une œuvre de reboisement vraiment 
utile. Souvent les jeunes sujets pourraient être greffés en forêts et 
livrés ensuite aux tribus avoisinantes qui n'auraient qu'à arracher 
et à opérer le transport. Un vœu dans ce sens fut adopté par le 
Conseil supérieur en 1899. 

M. R. Mares, le distingué professeur départemental de l'Agricul- 
ture d'Alger, a pris Tinitiative de créer à Orléansville une pépinière 
pour l'Olivier, avec le concours du Comice Agricole. Cette pépinière 
est déjà en mesure de distribuer des Oliviers aux ^colons qui 
veulent faire des plantations. 

Depuis 1900, des primes (1) sont promises aux agriculteurs qui 

(1) ARRÊTÉ 

Le Gouverneur Général de l'Algérie. 

Vu le décret du 23 août 1898 sur le Gouvernement et la haute adminis- 
tration de l'Algérie ; 

Vu le décret du 23 mars 1898 relatif aux services de l'Agriculture en 
Algérie ; 

Vu le vœu émis par le Conseil supérieur de Gouvernement, à la date 
du 30 janvier 1899 en vue de l'extension à donner à la culture de l'Olivier ; 
sur la proposition du Secrétaire Général du Gouvernement Général ; 

Arrête : 

Article premier. — A partir de l'exercice i900. il sera réservé, chaque 
année, sur le crédit inscrit au budget sous la rubrique Encouragements à 
V Agriculture une somme dont le montant sera fixé par le Gouverneur 
Général et sera affecté aux primes à donner aux agriculteurs qui auront 
créé des olivettes, soit par la plantation, soit par greffage de sauvageons. 

Le quantum de cette prime, dont le maximum ne pourra dépasser 
500 francs par ayant droit, sera établi au prorata du nombre d'arbres 
plantés ou greffés. 

La somme allouée par arbre dont la plantation ou le greffage aura réussi 
ne pourra pas être supérieure à un franc. 



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— 79 — 

auront créé des olivettes ; la* prime allouée par arbre ne pourra 
excéder 1 franc et la prime totale pour là même personne ne 
dépassera pas 500 francs. Une Commission spéciale sera chargée de 
vérifier la valeur des plantations effectuées et lorsqu'elles seront 
^n rapport fera des propositions. 

Chez l'indigène l'Olivier, quelque soit le prix de vente, donne 



Art. 2 — Le nombre d'arbres plantés ou greffés devra être de 25 au 
maximum pour donner droit à la prime. 

Art. 3. — Pour bénéficier de la prime, tout cultivateur d'Oliviers devra 
faire trois mois avant le commencement des travaux de plantation ou de 
greffage, une déclaration écrite à la Mairie de la commune sur le terri-' 
toire de laquelle devront être effectués les travaux. Cette déclaration 
indiquera ta superficie, la situation et Tétat actuel des terrains à planter 
ou le nombre en la situation des sauvageons à greffer. 

Art. 4. — L'exactitude des renseignements contenus dans la déclaration 
sera vérifiée, avant tout travail de plantation ou de greffage,* par un agent 
de TËtat ou du Département désigné par le Préfet ou par le Général com- 
mandant la Division. A Tissue de la vérification, le délégué transmettra 
un procès-verbal de ses opérations au Préfet qui le fera parvenir au Gou- 
verneur Général. 

Art. 5. — Les primes ne seront payées que lorsque les travaux de plan- 
tation ou de greffage seront déjà assez anciens pour que leur avenir 
puisse être sûrement apprécié. 

 cet effet, une Commission composée du professeur départemental 
d'Agriculture, de deux oléiculteurs désignés par le Préfet ou par le 
Général commandant la Division ' et dont Tun pourra être un indigène, 
vérifiera sur place, la réussite des plantations ou des greffages, dressera 
un état des travaux effectués, donnera son appréciation sur l'avenir de 
Topération, formulera des propositions sur le montant de la prime à 
allouer, et adressera le dossier au Préfet ou au Général commandant la 
division qui le fera parvenir au Gouverneur Général avant le !•' décembre 
de chaque année. 

Art. 6. — Lorsque, au cours des travaux, des mutations dans la propriété 
^u dans la jouissance des terrains mis en valeur se seront produites, la 
prime appartiendra à celui qui aura fait la déclaration prescrite à l'art. 3. 

Art. 7. — Les Préfets et les Généraux commandant les Divivisions sont 
chargés, chacun en ce qui te concerne, de l'exécution du présent arrêté. 

Alger, le 8 mai 1900. 

Le Gouverneur Général, 
Signé : Ed. Laferrièrb. 



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— 80 — 

toujours des bénéfîces et lui assure un éJémént important de àa 
nourriture. C'est pour ce motif qu'il n\y a aucune crainte à avoir, 
ni de mévente, ni de surproduction. Chez le colon les conditions 
sont un peu différentes, car il doit payer la main-d'œuvre, les 
olives récoltées lui coûtent, il peut difficilement les vendre 
au-dessous de 40 à 11 fr. les 0/0 kil., ce qui nécessite un prix 
d'huile de 80 à 90. L'indigène peut facilement s accomoder de 
toutes les fluctuations du marché et il fait le plus souvent de 
l'huile défectueuse qu'il ne vend que 50 fr. 

Il semble donc, que dans l'état actuel du marché, l'indigène doit 
totijours planter, les olives lui seront toujours achetées par les 
moulins européens à un prix en rapport avec la valeur des huiles. 

L'Algérie importe plus de 12 millions de litres d'huile pour sa 
consommation; elle doit déjà, par l'augmentation de sa production, 
faire face à ce besoin. 




:^' 



Alger-Mustapha. — Irap. Giralt, rue des Colons, il. 



;^* 






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