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Full text of "L'ordre des mots dans la phrase latine"

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Marouzeau,  Jules 

L'ordre  des  mots  dans  la 
phrase  latine 


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COLLECTION    D'ÉTUDES    LATINES 

PUBLIÉE    PAR    LA 

SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  LATINES 

sous    LA    DIRECTION    DE 

J.  Marouzeau 

Série  Scientifique 

—  XIV  — 

L'ORDRE  DES  MOTS 
DANS  LA  PHRASE  LATINE 

Il  -  LE  VERBE 

PAR 

J.  MAROUZEAU 

PROFESSEUR   A   LA    SORBONNE 
DIRECTEUR    D'ÉTUDES    A    l'ÉCOLE    DES    HAUTES   ÉTUDES 


SOCIÉTÉ  D'ÉDITION  «  LES  BELLES  LETTRES  » 

95,     BOULEVARD    RASPAIL,    PARIS,    VI® 
1938 


PROGRAMME.  liT  PUBLICATIONS  DE  LA 

SOCIÉTÉ   DES  ÉTUDES   LATINES. 

La  Société  des  Études  latines,  fondée  en  1923  sur  l'initiative  de  M.  J.  Ma- 
rouzeau,  a  pour  objet  de  grouper  les  personnes  qui  s'intéressent  aux  études  latines  : 
Français  et  étrangers,  membres  des  différents  ordres  d'enseignement,  savants, 
étudiants,  humanistes,  représentants  des  diverses  disciplines. 

Les  séances  de  la  Société  sont  consacrées  à  des  communications  et  discussions 
sur  les  sujets  les  plus  variés,  touchant  la  science  et  l'enseignement  du  latin. 

La  Société  édite  deux  séries  de  publications  : 

La  Revue  des  Études  latines  paraît  en  deux  fascicules  semestriels  qui  con- 
tiennent les  Comptes-rendus  des  séances  de  la  Société,  une  Chronique  des  études 
latines,  des  articles  rangés  sous  les  titres  Mémoires,  Notes  et  communications,  un 
Bulletin  bibliographique  consacré  alternativement  à  diverses  disciplines,  et  un  Bul- 
letin critique  où  sont  recensés  les  ouvrages  récemment  parus. 

La  Revue  est  envoyée  gratuitement  aux  membres  de  la  Société  des  Études  latines 
(cotisation  annuelle  :  50  francs;  cotisation  perpétuelle  :  1200  francs). 

Les  adhé-sions  doivent  être  adressées  à  l'Administrateur  : 

M.  J.  Marouzeau,  4,  rue  Schœlcher,  Paris,  XIV^. 

Les  cotisations,  en  mandat,  chèque  bancaire  ou  chèque  postal  (compte  de  chèques 
postaux  n°  550.54,  Paris),  à  la  Trésorière  : 

M'ie  Jeanne  Wuilleumier,  46,  rue  Lepic,  Paris,  XVIIh. 

Les  collectivités  :  Bibliothèques,  Sociétés,  Revues,  etc.,  peuvent  s'abonner  au  prix 
de  75  francs  pour  la  France,  90  francs  pour  l'étranger. 

Les  demandes  d'abonnement  doivent  être  adressées  à  l'éditeur  : 

Société  d'édition  «  Les  Belles  Lettres  »,  95,  boulevard  Raspail,  Paris,  Vf". 

La  Collection  d'études  latines  comprend  deux  séries,  où  ont  paru  à  ce  jour 
les  ouvrages  suivants  : 

A.  Série  scientifique 

I  :  J.  Marouzeau,  La  linguistique  et  l'enseignement  du  lalin,  2^  édition,  10  francs. 
Il  :  A.  W.  DE  Groot,  La  prose  métrique  des  anciens  (épuisé). 

III  :  P.  Faider,  Répertoire  des  index  et  lexiques  d'auteurs  latins,  10  francs. 

IV  :  A.  GuiLLEMiN,  Pline  et  la  vie  littéraire  de  son  temps,  18  francs. 
V  :  M.  G.  NicoLAu,  Les  origines  du  cursus,  18  francs. 

VI  :  A.  Frété,  Essai  sur  la  structure  dramatique  des  comédies  de  Piaule,  10  francs. 

VII  :  A.  GuiLLEMiN,  L'originalité  de  Virgile  et  la  méthode  littéraire  antique,  20  francs. 
VIII  :  P.  Faider,  Répertoire  des  éditions  de  scolies  et  commentaires,  10  francs. 

IX  :  P.  Perrochat,  Recherches  sur  la  valeur  et  l'emploi  de  l'infinitif,  30  francs 
X  :  Id.,  L'infinitif  de  narration  en  latin,  15  francs. 
XI  :  J.  Gagé,  Recherches  sur  les  jeux  séculaires,  16  francs. 
XII  :  J.  Marouzeau,  Traité  de  stylistipie  appliquée  au  latin,  40  francs. 

XIII  :  A.  GuiLLEMiN,  Le  public  et  la  vie  littéraire  à  Rome,  20  francs. 

XIV  :  J.  Marouzeau,  L'ordre  des  mots  dans  la  phrase  latine  :  Le  verbe,  25  francs. 

B.  Série  pédagogique 

I  :  J.  Marouzeau,  La  prononciation  du  latin,  2"  édition,  10  francs. 
II  :  Id.,  La  traduction  du  latin,  2^  édition,  14  francs. 
III  :  P.  Damas,  La  prononciation  «  française  »  du  latin,  8  francs. 
Les  commandes  de  volumes  de  la  Collection  doivent  être  adressées  à  l'éditeur  : 
Société  des  Belles  Lettres,  95,  boulevard  Raspail,  Paris  (Vh). 


BULLETIN  D'ADHÉSION  A  LA   SOCIÉTÉ 

à  adresser  à  M"'  Jeanne  Wuilleumier,  trésorière,  46,  rue  Lepic,  Paris  (XVIII*) 

Je,  soussigné,  nom  et  prénom  : 

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demande  à  adhérer  ù  la  Société  des  Études  latines,  et  à  recevoir  la  Revue  à  dater  du 
l»janvicrl93    .  i.oyennant  un  versement  j  -„-«;  ',1  ^^  JjTrS.cs. 

BULLETIN  D'ABONNEMENT  A  LA  REVUE 

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La  bibliothèque  de  (désignation  exacte}  : 

demande  à  souscrire  un  abonnement  à  la  Revue  des  Études  latines,  à  dater  du 
1"  janvier  193    ,  .Moyennant  un  versement  annud  de  \  ''^q^^Z  %ZlS)^''^''"'''^- 


L'ORDRE  DES  MOTS 
DANS  LA   PHRASE  LATINE 

II  —  LE  VERBE 


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OUVRAGES  DU  MÊME  AUTEUR 

Lexùjue  de  terminologie  linguistique .  Paris,  Geuthner. 

La  linguistique  ou  science  du  langage.  Paris,  Geuthner. 

La  crise  des  études  classiques.  Leipzig,  Teubner. 

La  linguistique  et  l' enseignement  du  latin.  Paris,  Les  Belles  Lettres. 

La  prononciation  du  latin.  Paris,  Les  Belles  Lettres. 

La  traduction  du  latin.  Paris,  Les  Belles  Lettres. 

Le  latin.  Dix  causeries.  Paris,  Didier. 

La  phrase  à  verbe  «  être  »  en  latin.  Paris,  Geuthner. 

Place  du  pronom  personnel  sujet  en  latin.  Paris,  Champion. 

Le  participe  présent  latin.  Paris,  Champion. 

Traité  de  stylistique  appliquée  au  latin.  Paris,  Les  Belles  Lettres. 

L'ordre  des  mots  dans  la  phrase  latine,  I  :  Les  groupes  nominaux. 

Paris,  Champion. 
L'ordre  des  mots  dans  la  phrase  latine,  II  :  Le  verbe.  Paris,  Les 

Belles  Lettres. 
Récréations  latines  (en  cours  d'impression). 


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COLLECTION    D'ÉTUDES    LATINES 

PUBLIÉE    PAR    LA 

SOCFÉTË  DES  ÉTUDES  LATINES 

sous    LA    DIRECTION    DE 

J.  Marouzeau 

Série   Scientifique 

—  XIV  — 

L'ORDRE  DES  MOTS 
DANS  LA  PHRASE  LATINE 

Il  -  LE  VERBE 

PAR 

jy-MAROUZEAU 

PROFESSEUR  A    LA    SORBONNE 
DIRECTEUR    d'ÉTUDES    A    l'ÉCOLE    DES    HAUTES    ÉTUDES 


SOCIÉTÉ  D'ÉDITION  «  LES  BELLES  LETTRES  » 

95,     BOULEVARD    RASPAIL,    PARIS,     VI® 
1938 


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«Bei  keinem  Redetheile  ist  das  Gesetz  der  Stellung 
schwerer  zu  erkennen  als  beim  Verb  »  (C.  Abel). 

«  Eingehende  Untersuchungen  fehlen  bis  jetzt  » 
(E.  Kieckers). 


AVANT-PROPOS 


Cet  ouvrage  était  projeté  dès  le  jour  où  j'ai  fait  paraître  sous  le 
même  titre  général  (L'ordre  des  mots  dans  la  phrase  latine,  Paris 
Champion,  1922)  un  premier  volume  consacré  aux  Groupes  nomi- 
naux. Depuis  ce  moment,  j'ai  été  attentif  à  toutes  les  recherches  pu- 
bliées sur  la  place  du  verbe;  la  plus  considérable  et  la  plus  systéma- 
tique, celle  de  M.  H.  Fankhànel  (Verb  und  Satz),  vient  de  paraître 
au  moment  même  où  j'imprimais  le  présent  ouvrage  ;  je  n'ai  donc  pu 
l'utiliser,  mais  la  différence  de  plan  et  de  méthode  entre  les  deux  publi- 
cations simultanées  est  telle  qu'elles  ne  risquent,  je  crois,  ni  de  se  nuire 
l'une  à  l'autre  ni  de  faire  double  emploi. 


BIBLIOGRAPHIE 


Pour  la  bibliographie  de  l'ordre  des  mots  en  général,  cf.  J.  Marouzeau, 
L'ordre  des  mots  dans  la  phrase  latine,  t.  I  :  Les  groupes  nominaux,  p.  ix  ss. 

Sur  la  place  du  verbe  en  particulier,  on  consultera  : 

I.  —  Généralités 

H.  Weil,  L'ordre  des  mots  dans  les  langues  anciennes  comparées  aux 
langues  modernes  :  Paris,  Vieweg,  1844  ;  réimpr.  Paris,  Franck,  1869 
[sur  la  place  du  verbe  en  particulier,  p.  49  ss.]. 

A.  Bergaigne,  Essai  sur  la  construction  grammaticale  :  Mémoires  de  la 
Société  de  linguistique,  t.  111,1878,  p.  1-51,  124-154,  169-186  [sujet, 
verbe,  attribut  ou  régime,  p.  125  ss.]. 

K.  Brugmann,  Abrégé  de  grammaire  comparée  des  langues  indo-euro- 
péennes, trad.  franc.  :  Paris,  Klincksieck,  1905,  p.  715-728  :  Ordre 
des  mots  et  accentuation  des  membres  de  la  phrase  simple  et  de  la 
phrase  composée  [place  du  verbe,  finale  dans  les  jugements,  initiale 
dans  la  narration]. 

Ed.  Fraenkel,  Kolon  und  Satz  :  Gôttingische  Gelehrte  Anzeigen,  1932, 
p.  197  ss.  ;  1933,  p.  319  ss. 

E.  LiNDHOLM,  Stilistische  Studien.  Zur  Erweiterung  der  Satzglieder  : 
Lund,  Gleerup,  1931,  225  p. 

0.  Behaghel,  Zur  Stellung  des  Verbs  im  Germanischen  und  Indogerma- 
nischen  :  Zeitschrift  fur  çergleichende  Sprachforschung,  t.  LVI, 
p.  276-282  [différence  de  traitement  du  verbe  de  la  principale  à  la 
subordonnée]. 

H.  Ammann,  U ntersuchungen  zur  homerischen  Wortfolge  und  Satzstruktur 
mit  besonderer  Beriicksichtigung  des  Verbs,  I  :  Allgemeiner  Teil  : 
Freiburg  in  Brisgau,  1922. 

E.  KiECKERS,  Die  Stellung  des  Verbs  im  Griechischen  und  in  den  ver- 
wandten  Sprachen  :  Strassburg,  Trubner,  1911. 


X  BIBLIOGRAPHIE 

J.  Wacekrnagel,  Ueber  ein  Gesetz  der  indogermanischen  Worstellurig  : 
Indogermanische  Forschungen,  t.  I,  p.  406-430  [sur  le  traitement  des 
enclitiques  et  de  la  copule  en  particulier]. 

F.  MuLLER,  Zur  Geschichte  des  Artikels  und  zur  Wortfolge,  besonders  in 

den  italischen  Sprachen  :  Indogermanische  Forschungen,  t.  XLII, 
p.  1-59  [p.  42-55  :  attribut  et  copule,  participe  et  copule,  verbe  réel]. 

E.  Hermann,  Gab  es  im  Indogermanischen  NebensàtzeP  Zeitschrift  fiir 
çergleichende  Sprachforschung,  t.  XXXIII,  1895,  p.  481-535  [p.  500- 
520  sur  la  place  du  verbe]. 

G.  Bonfante,  Proposizione  principale  e  proposizione  dipendente  in  indo- 

europeo  :  Archii^io  glottologico  italiano,  Sezione  P.  G.  Goidanich, 
1929,  64  p.  [verbe  accentué  en  subordonnée,  atone  en  principale], 

—  La  posizione  «  in  incastro  »  del  çerbo  finito  indogermanico  :  Contributi 

glottologici  {Se.  di  filai,  class.  d.  Univ.  di  Roma,  t.  I,  1929,  p.  14-36). 

E.  KiECKERs,  Die  Stellung  der  Verba  des  Sagens  in  Schaltesàtzen  :  Indo- 
germanische Forschungen,  t.  XXX,  1911,  p.  145-185. 

—  Zu  den  Schaltesàtzen  im  Lateinischen,  Romanischen  und  Neuhoch- 

deutschen  :  Ibid.,  t.  XXXII,  1913,  p.  7-23  [traitement  de  ait  et 
inquit]. 

L.  LiNDHAMER,  Zur  Wortstellung  im  Griechischen.  Eine  Untersuchung 
ûber  die  Spaltung  engzusammengehoriger  Glieder  durch  das  Verb  : 
Diss.  Mûnchen,  1908. 

II.   —  Latin 

N.  Schneider,  De  i^erbi  in  lingua  latina  collocatione  :  Dissert.  Munster, 
1912. 

A.  W.  Ahlberg,  De  latini  verhi  finiti  collocatione  :  Fr.  Filolog.  Fôrenin- 
gen  Lund,  III,  1906,  p.  95-128  [traitement  enclitique  de  certaines 
formes  verbales]. 

—  Zur  Enklisis  des  Verbum  finitum  im  Lateinischen  :  Eranos,  t.  VII,  1907 

[complément  à  l'étude  précédente  d'après  les  inscriptions]. 

P.  Linde,  Die  'Stellung  des  Verbs  im  der  lateinischen  Prosa  :  Glotta, 
t.  XII,  1923,  p.  153-178  [position  initiale  ou  seconde  suivant  que  le 
verbe  est  vivement  accentué  ou  inaccentué]. 

H.  Fankhanel,  Verb  und  Satz  in  der  lateinischen  Prosa  bis  Sallust.  Eine 
Untersuchung  iXber  die  Stellung  des  Verbs  :  Berlin,  Junker  &  Dùnn- 
haupt,  1938. 


BIBLIOGRAPHIE  XI 

W.  Kroll,  Die  wissenschaftliche  Syntax  im  lateinischen  Unterricht, 
3e  Aufl  :  Berlin,  Weidmann,  1925  [sur  la  place  du  verbe,  p.  88-100]. 

—  Anfangsstellung  des  Verbums  im  Lateinischen  :  Glotta,  t.  IX,  1918, 

p.  112-123  [ancienneté  de  la  construction  dans  le  style  narratif]. 

—  Syntaktische  Nachlese  :  Glotta,  t.  X,  1920,  p,  93-108  [insertion  du 

verbe  principal  dans  la  subordonnée  et  place  seconde  du  subordon- 
nant]. 

P.  Perrochat,  La  place  du  verhe  dans  la  subordonnée  :  Rei>ue  des  études 
latines,  t.  IV,  1926,  p.  50-60. 

J.  Marouzeau,  La  phrase  à  f^erbe  «  être  »  en  latin  :  Paris,  Geuthner,  1910. 

—  Place  du  pronom  personnel  sujet  :  Paris,  Champion,  1907. 

—  Sur  la  place  du  verbe  dans  la  phrase  :  Mélanges  Desrousseaux,  Paris, 

Hachette,  1937,  p.  301-309  [comparaison  des  faits  grecs  avec  les 
faits  latins]. 

J.  D.  Gheorghe,  Uordre  des  mots  en  latin  dans  la  phrase  nominale  : 
Orpheus,  t.  IV,  1928,  p.  193-198  [application  aux  Métamorphoses 
d'Ovide  des  principes  établis  par  J.  Marouzeau  dans  La  phrase  à 
verbe  être]. 

F.  Hartmann,  Ein  merkwurdiger  F  ail  von  Verbalenklise  im  Lateinischen  : 
Zeitschrift  fur  vergleichende  Sprachforschung,  t.  XXVII,  1885, 
p.  549  ss.  [cas  de  agitur  >  igitur]. 

E.  RicHTER,  Zur  Entwicklung  der  romanischen  Wortstellung  aus  der 
lateinischen  :  Halle,  Niemeyer,  1903  [p.  81  ss.  sur  la  place  du  verbe 
par  rapport  aux  autres  termes  de  la  phrase]. 

R.  Thurneysen,  Die  Stellung  des  Verbums  im  Altfranzôsischen  :  Zeitschr. 
f.  roman.  Philologie,  t.  XVI,  1892,  p.  289-307. 


III.  —  Au 


TEURS    DIVERS 


E.  LiNPiNSEL,  Plautus  qua  ratione  verba  temporalia  in  versibus  collocave- 
rit  atque  praedicata  objecta  subjecta  per  binos  versus  distribuerit  : 
Dissert.  Munster,  1913. 

E.  KoESTLER,  Untersuchungen  iiber  das  Verhàltnis  von  Satzrhythmus  und 
Wortstellung  bei  Sallust  :  Diss.  Bsrn,  1931. 

B.  J.  PoRTEN,  U ntersuchungen  iiber  die  Stellutigsgesetze  des  Verbum  fini- 
tum  in  Ciceros  Reden,  Briefen  und  philosophischen  Schriften  und 
iiber    ihr  gegenseitiges   Verhàltnis  :   Dissert.    Bonn,   1922.  Extrait 


XII  BIBLIOGRAPHIE 

SOUS  le  titre  :  Die  Stellungsgesetze  des  Verhum  finitum  bei  Cicero  und 
ihre  psychologischen  Grundlagen  :  Kôln,  Herold,  1922,  15  p. 

J.  Feix,  Wortstellung  und  Satzbau  in  Petrons  Roman  :  Diss.  Breslau, 
1934. 

0.  MôBiTZ,  Die  Stellung  des  Verbums  in  den  Schriften  des  Apuleius  : 
Glotta,  t.  XIII,  1923,  p.  116-12G. 

K.  Orinsky,  Die  Wortstellung  bei  Gaius  :  Glotta,  t.  XII,  1923,  p.  83-100 
[en  particulier  sur  la  tendance  à  reculer  le  verbe  vers  l'intérieur  de 
la  proposition,  expliquée  par  un  phénomène  d'enclise]. 

M.  S.  MuLDOwNEY,  Word-order  in  the  works  of  St  Augustine  :  Washing- 
ton, The  Catholic  University  of  America,  t.  LU,  1937,  155  p. 
[2^  partie  :  sur  la  phrase  verbale]. 

R.  Haida,  Die  Wortstellung  in  der  Peregrinatio  ad  loca  sancta  :  Breslau, 
1928. 


INTRODUCTION 


Par  rapport  à  l'ensemble  du  système  syntaxique  auquel  il  sert  de 
support  (sujet,  régimes  divers,  déterminaisons  adverbiales),  la  posi- 
tion du  verbe  peut  être  initiale,  finale,  intérieure. 

Presque  à  volonté,  semble-t-il  au  premier  abord.  Maints  pas- 
sages présentent  des  exemples  de  constructions  en  apparence  inter- 
changeables : 

Ter.,  Ph.  595  :  ...  me  laudahat,  quaerebat  senem. 

—  648  :  Vt  ad  pauca  redeam  ac  mittatn  illius  ineptiaç. 

—  690-1:  ...  hoc  ulcus  tongere 

Aut  nominare  uxorem. 

—  735  :  ...  nisi  me  animas  jallit  aut  parum  prospiciunt  oculi. 

—  829  :  Argentum  accepi,  tradidi  lenoni,  abduxi  mulierem. 

—  1039  :  Eas  dedi  tuo  gnato  ;  is  pro  sua  arnica  lenoni  dédit. 

Les  anciens  eux-mêmes  se  sont  préoccupés  de  définir,  sinon  de 
justifier,  les  divers  ordres  possibles. 

L'auteur  de  la  Rhétorique  à  Hérennius  (IV,  27,  37-38)  distingue 
trois  constructions. 

Prenant  comme  exemple  un  énoncé  binaire,  il  explique  qu'il  y  a 
«  adiunctio  )>  si  le  verbe  se  présente  comme  attaché  soit  au  premier, 
soit  au  dernier  terme  de  l'énoncé  : 

Deflorescit  formae  dignitas  aut  morbo  aut  uetustate. 
Aut  morbo  aut  uetustate  formae  dignitas  deflorescit. 

Il  y  a  «  coniunctio  »  quand  le  verbe  est  enclavé  dans  le  corps  de  la 
phrase  : 

Formae  dignitas  aut  morbo  deflorescit  aut  uetustate. 

Il  y  a  «  disiunctio  »  si  chacun  des  termes  de  l'énoncé  est  pourvu 
d'un  verbe  en  place  finale  : 

Formae  dignitas  aut  morbo  deflorescit  —  aut  uetustate  exstinguitur. 

1 


PLACE    DU    VERBE 


Mais  le  commentaire  de  l'auteur  montre  qu'il  mêle  deux  considé- 
rations :  celle  de  l'ordre  des  mots  et  celle  de  la  construction  syn- 
taxique. 

A  propos  de  la  «  coniunctio  »,  il  la  déclare  recommandable  («  sae- 
pius  adhibenda  est  »)  parce  qu'elle  concourt  à  la  concision  de 
l'énoncé  («  ad  breuitatem  est  apposita  »)  ;  or,  la  concision  résulte  du 
fait  que  le  verbe  est  commun  à  deux  énoncés,  et  non  pas  du  fait 
qu'il  est  logé  entre  les  deux. 

A  la  «  disiunctio  »  il  trouve  de  l'agrément  («  ad  festiuitatem  est 
apposita  »),  à  cause  sans  doute  de  l'impression  de  symétrie  qu'elle 
donne,  et  ajoute  qu'il  ne  faut  pas  en  abuser  («  rarius  utemur  »), 
parce  que  la  symétrie  finit  par  engendrer  la  monotonie  («  ne  satie- 
tatem  pariât  »).  Considération  liée  non  pas  au  fait  que  le  verbe  est 
à  la  place  finale,  mais  au  fait  qu'une  même  construction  est  reprise 
plusieurs  fois. 

Cicéron  s'interroge  plusieurs  fois  sur  la  meilleure  construction  à 
donner  à  une  phrase  ;  mais  lui  aussi  confond  deux  considérations  : 
celle  de  l'ordre  proprement  dit  et  celle  de  l'harmonie.  Citant  une 
phrase  de  Crassus  [Orator  QQ,  222)  : 

Misses  faciant  patron  os,  ipsi  prodeant, 

il  dit  qu'il  préférerait  l'ordre  prodeant  ipsi  ;  mais  c'est  pour  le  plaisir 
de  réaliser  une  clausule  harmonieuse  :  «  melius  caderet  »,  dit-il. 

De  même,  rapportant  une  phrase  de  C.  Carbon  qui  avait  été 
saluée  par  les  applaudissements  du  public  {Or.  63,  214)  : 

Patris  dictum  sapiens  temeritas  fdi  comprobauit, 

il  note  que  si  l'on  changeait  la  place  du  verbe  :  «  comprobauit  fili 
temeritas  »,  l'effet  serait  perdu  :  «  iam  nihil  erit  ».  Mais  ce  n'est  pas  à 
cause  du  changement  d'ordre,  c'est  parce  que  la  clausule  n'est  plus 
satisfaisante  pour  l'oreille  :  «  animo  istuc  satis  est,  auribus  non  sa- 
tis  ». 

Enfin,  il  se  plaît  à  citer,  de  son  propre  discours  pour  Cornélius, 
quelques  phrases  «  bien  construites  »  [Or.  70,  232)  : 

Neque  me  diuitiae  mouent,  quibus  omnes  Africanos  et  Laelios  nuilti 
uenalicii  mercatores  superarunt. 

...  Argentum,  que  nostros  ueteres  Marcellos  Maximosque  niulti  eunu- 
c'hi  0  Syria  Aegyptoque  uicerunt. 

...  Villarum,  quibus  L.  Paullum  et  L.  Mummium,  qui  rcbus  his  urbcm 


INTRODUCTION 


Italiamque  omnem  referserunt,  ab  aliquo  uideo  perfacile  Deliaco  aut 
Syro  potuisse  superari. 

Changez,  dit-il,  la  place  du  verbe  : 

...  multi  superarunt  mercatores  uenaliciique. 

...  uicerunt  euimchi. 

...  potuisse  superari  ab  aliquo  Syro  aut  Deliaco. 

Du  coup,  l'énoncé  perd  sa  qualité  :  «  perierit  tota  res...  ;  ad  nihi- 
lum  omnia  recidant  ».  Non  pas  parce  que  les  mots  sont  autrement 
disposés  ;  mais  parce  que  le  rythme  de  la  clausule  est  détruit  :  «  cum 
sint  ex  aptis  dissoiuta  ». 

Quintilien  recommande  la  position  finale  :  «  uerbo  sensum  clu- 
dere  multo,  si  compositio  patiatur,  optimum  est  »,  parce  que  le 
terme  placé  à  la  clausule  s'impose  à  l'attention  :  «  in  clausula  posi- 
tum  adsignatur  auditori  et  infigitur  »  (IX,  4,  29),  et  que  le  verbe 
contient  l'essentiel  de  l'énoncé  :  «  in  uerbis  enim  sermonis  uis 
i:.iest»(IX,  4,  26). 

Cette  théorie  a  été  reprise  dans  les  temps  modernes.  Henri  Weil, 
dans  sa  thèse  sur  U ordre  des  mots  dans  les  langues  anciennes  compa- 
rées aux  langues  modernes,  citant  une  phrase  de  Cicéron  : 

Pro  lege  Man.  5  :  Vos  eum  regem  inultum  esse  patiemini,  qui  legatum 
populi  romani  consularem  uinculis  ac  uerberibus...  excruciatum  ne- 
cauit?...  Vos  uitam  ereptam  esse  negligetis?...  Vos  legatum,  omni 
supplicio  interfectum,  relinquetis? 

en  donne  ce  commentaire  (p.  84)  :  «  On  n'a  qu'à  lire  ces  phrases  pour 
sentir  le  caractère  qui  leur  est  particulier  et  qui  s'exprime  parfaite- 
ment dans  cette  accentuation  qui,  sans  s'émousser  par  une  chute, 
va  grossissant  jusqu'au  dernier  mot.  Dans  ces  phrases  vigoureuses, 
vous  voyez  l'orateur  à  l'attaque,  vous  le  voyez  qui  force  la  volonté 
de  ses  auditeurs  :  ce  sont,  pour  me  servir  d'une  image  de  Quinti- 
lien, ce  sont  des  phrases  qui,  semblables  à  des  traits,  se  terminent 
en  pointe  et  s'enfoncent  dans  l'âme  de  l'auditeur  ». 

Il  y  a  là  matière  à  appréciation  personnelle.  Un  autre  lecteur  esti- 
mera que  dans  cette  phrase  les  mots  importants  sont  non  pas  les 
verbes,  placés  à  la  fin  de  chaque  proposition,  mais  par  exemple  uos, 
qui  est  répété  trois  fois  à  l'initiale,  puis  les  titres  honorifiques  :  lega- 
tum et  consularem,  enfin  les  termes  qui  désignent  des  traitements 
infamants  :  inultum  et  excruciatum.  Et  on  pourra  trouver  que  les 


4  PLACE    DU    VERBE 

verbes,  en  fin  de  phrase,  ne  signifient  que  ce  qu'ils  ont  à  signifier, 
sans  plus. 

Il  est  vrai  que  H.  Weil  attribue  aussi  une  valeur  notable  à  la 
place  initiale.  Considérant,  par  exemple,  une  phrase  telle  que  : 
Romulus  Romam  condidit,  et  les  variantes  possibles  :  Romam  condi- 
dit  Romulus,  Condidit  Romam  Romulus,  il  écrit  (p.  24)  :  «  Le  point 
de  départ,  le  point  de  ralliement  des  interlocuteurs  est  la  première 
fois  Romulus,  la  seconde  fois  Rome,  la  troisième  fois  l'idée  de  sa 
fondation  ;  »  le  sens  des  trois  phrases  serait  respectivement  :  «  c'est 
Romulus  qui  a  fondé  Rome  ;  —  c'est  Rome  qu'a  fondée  Romulus  ; 
—  c'est  la  fondation  de  Rome  qui  appartient  à  Romulus.  » 

La  même  interprétation  est  reprise  par  W.  Wundt,  Vôlkerpsy- 
chologie,  II,  p.  263,  à  propos  du  même  exemple,  avec  plus  de  rigueur 
encore  :  l'ordre  Romulus  Romam  condidit  répondrait  à  une  question 
implicite  :  quel  a  été  le  fondateur  de  Rome?  et  l'ordre  Romulus  con- 
didit Roman  à  la  question  :  qui  était  Romulus? 

M°^6  E.  Richter,  Zur  Entwicklung  der  romanischen  Wortstellung, 
p.  50,  utilisant  encore  le  même  exemple,  interprète  autrement  les 
variations  d'ordre  :  elle  voit  dans  :  Romulus  Romam  condidit  une 
réponse  à  :  que  fit  Romulus?  et  dans  :  Romam  condidit  Romulus  une 
réponse  à  :  qui  fut  le  fondateur  de  Rome? 

Enfin,  je  retrouve  le  même  exemple,  mais  encore  avec  une  nou- 
velle interprétation,  dans  un  article  de  M.  R.  Leclercq  :  Le  latin 
[L'Entraide,  Avranches,  janvier  1928). 

Toutes  ces  interprétations  sont  subjectives  et  empiriques  ;  elles 
reposent  soit  sur  une  conception  à  priori  des  règles  de  construction, 
soit  sur  la  signification  qu'on  prête  dans  chaque  cas  particulier  à 
telle  phrase  prise  comme  exemple. 

Pour  interpréter  les  faits  objectivement,  on  pourrait  avoir  l'idée 
de  recourir  à  la  méthode  appliquée  dans  un  précédent  ouvrage  à 
l'étude  des  groupes  nominaux  [L'ordre  des  mots,  t.  I  ;  cf.  p.  6  et  suiv.). 
Mais  cette  méthode,  qui  consistait  à  observer  les  variations  d'ordre 
dans  l'intérieur  d'un  groupe  syntaxique,  constitué  dans  le  cas  parti- 
culier par  la  réunion  d'un  déterminé  (substantif)  et  d'un  détermi- 
nant (adjectif-épithète,  adjectif-pronom,  démonstratif,  numéral, 
complément  déterminatif),  n'est  applicable  à  la  phrase  verbale  que 
dans  des  cas  particuliers,  qui  ne  peuvent  être  définis  qu'à  la  suite 
d'une  distinction  préalable. 

En  effet,  le  verbe  joue  dans  l'énoncé  deux  rôles  différents,  suivant 


INTRODUCTION 


qu'il  exprime  un  procès  ou  une  attribution.  Par  rapport  à  la  phrase 
verbale  proprement  dite,  qui  énonce  un  procès,  acte  ou  état,  la 
phrase  nominale  ou  attributive  «  indique  seulement  qu'une  qualité, 
une  manière  d'être  est  affirmée  de  quelque  chose  »  (A.  Meillet,  La 
phrase  nominale  en  indo-européen  :  Mém.  de  la  Soc.  de  ling.,  t.  XIV, 
1906). 

Les  deux  types  de  phrase  tendent  à  se  confondre  dans  certaines 
langues  ;  ainsi  en  français,  où  «  l'homme  que  je  suis  »  s'analyse  à  peu 
près  comme  «  l'homme  que  je  vois  »  ;  mais  la  distinction  est  fonda- 
mentale en  latin,  où  survit  même  une  «  phrase  nominale  pure  »  an- 
cienne, sans  verbe  exprimé,  du  type  :  «  omnia  praeclara  rara  ». 

Le  verbe  qui  en  latin  sert  le  plus  souvent  de  support  à  la  phrase 
nominale  est  la  copule,  terme  dépouillé  de  tout  sens  réel  et  devenu 
simple  outil  grammatical.  En  latin,  on  ne  peut  en  aucune  manière 
assimiler  «  hic  sapiens  est  »  à  «  hic  sapientiam  colit  »  :  le  complexe 
«  sapiens  est  »  représente  une  unité  de  concept,  ni  plus  ni  moins  que 
I0  ferait  le  verbe  seul  dans  «  hic  sapit  ».  Il  n'y  a  pas  partage  entre 
trois  termes  :  sujet  (hic),  verbe  {est),  attribut  (sapiens),  mais  répar- 
tition entre  d'une  part  un  sujet  (hic)  et  d'autre  part  un  groupe 
de  deux  termes  étroitement  joints  [sapiens  est). 

Cet  état  de  choses  se  marque  par  l'accord  grammatical,  qui  se 
fait  normalement  entre  la  copule  et  l'attribut  : 

Ter.,  And.  555  :  Amantium  irae  amoris  redlntegratio  est. 
—    Ph.  94  :  Paupertas  mihi  onus  uisum  est. 

Cette  relation  trouve  aussi  son  expression  dans  l'ordre  des  mots. 
L'examen  d'un  grand  nombre  d'exemples  fait  apparaître  que  l'al- 
ternance d'ordre  est  significative  entre  copule  et  attribut,  dans 
l'intérieur  du  groupe  attributif,  tandis  qu'elle  ne  l'est  pas  entre  le 
verbe  réel  et  l'un  quelconque  des  autres  termes. 

Dans  la  phrase  verbale,  la  place  du  verbe  n'est  significative  que 
par  rapport    au  complexe  syntaxique  qui  constitue  la  proposition. 

Soit  une  phrase  telle  que  : 

Legati  aduersus  Caesarem  multa  criminose  ingesserunt  maledicta. 

La  place  de  ingesserunt  doit-elle  être  définie  par  rapport  au  sujet 
legati,  par  rapport  au  régime  direct  maledicta  (ou  plutôt  aux  élé- 
ments disjoints  de  ce  régime  multa  maledicta),  au  régime  indirect 
aduersus  Caesarem,  à  l'adverbe  criminose? 


6  PLACE     DU     VERBE 

La  question  ne  comporte  pas  de  réponse  ;  la  place  du  verbe  se 
définit,  suivant  les  cas,  comme  initiale,  intérieure  ou  finale,  par 
rapport  à  la  proposition  formant  bloc. 

On  pourrait  alors,  pour  simplifier  les  données  du  problème,  son- 
ger à  observer  d'abord  l'alternance  d'ordre  dans  le  cas  où  la  phrase 
ne  comporte,  avec  le  verbe,  qu'un  autre  terme  exprimé,  quel  que 
soit  d'ailleurs  ce  terme.  On  réduirait  ainsi  les  variations  au  mini- 
mum, quitte  à  confronter  ensuite  les  règles  observées  avec  le  cas  de 
phrases  à  termes  multiples.  Mais  l'expérience  montre  que  c'est  là 
une  étape  inutile.  Il  n'importe  pas  qu'il  y  ait  un  seul  ou  plusieurs 
termes  en  rapport  avec  le  verbe,  pas  plus  qu'il  n'importe  de  savoir, 
quand  il  n'y  en  a  qu'un,  quel  il  est,  sujet,  régime  ou  détermination 
adverbiale.  La  valeur  attachée  à  l'une  des  positions,  initiale,  inté- 
rieure ou  finale,  est  indépendante  du  nombre  comme  de  la  nature 
des  termes  composants. 

Étant  données  ces  considérations,  la  présente  étude  se  divisera 
naturellement  en  deux  parties.  Sera  étudiée  dans  la  première  la 
place  de  la  copule  par  rapport  à  son  appartenant  immédiat,  l'attri- 
but, et  dans  la  seconde  la  position  du  verbe  réel  par  rapport  à  l'en- 
semble de  la  proposition. 


PREMIÈRE  PARTIE 

VERBES  ATTRIBUTIFS 

I 

VERBE  COPULE 1 

Dans  la  phrase  à  verbe  «  être  »,  considérée  comme  composée  de 
trois  termes  :  sujet,  attribut,  copule,  la  place  de  l'élément  verbal 
est  fonction  de  l'attribut,  non  du  sujet. 

Ainsi,  dans  plusieurs  énoncés  successifs,  on  voit  la  position  du 
sujet  varier,  alors  que  celle  de  l'attribut  reste  constante  : 

PL,  As.  220-1  :  ...  Aedes  nobis  area  est,  auceps  sum  ego, 

Esca  est  meretrix,  lectus  inlex  est,  amatores  aues. 

Dans  une  phrase  où  l'attribut  se  signale  comme  le  terme  impor- 
tant, le  sujet  peut,  sans  être  mis  en  relief,  soit  s'intercaler  entre  les 
deux  termes  du  groupe  attributif  : 

Ter.,  Hec.  524  :  Vir  ego  tuos  sim?  Tu  uirum  me...  députas  adeo  esse? 
(le  terme  en  relief  est  l'attribut  uir,  repris  par  uirum). 

—  soit  précéder  les  deux  termes  : 

PI.,  Capt.  241  :  Non  ego  erus  tibi,  sed  seruos  sum, 

(le  terme  en  relief  est  l'attribut  erus,  opposé  à  seruos). 

—  soit  suivre  les  deux  termes  : 

Ter.,  Heaut.  11  :  Oratorem  esse  uoluit  me,  non  prologum. 

(le  terme  en  relief  est  l'attribut  oratorem,  opposé  à  prologum). 

1.  J'ai  utilisé  pour  cette  partie,  sauf  eoi-rections,  mou  ouvrage  précédent  :  La 
phrase  à  verbe  «  être  »  en  latin,  Paris,  Geuthuer,  1910,  auquel  il  conviendra  de  se 
reporter  pour  plus  de  détails. 


8  VERBE    COPULE 

—  et  dans  la  même  phrase  occuper  successivement  deux  positions  : 

Mil.  1369  :  Dicant...  jne  uerum  esse,  fide  nulla  esse  te 
(termes  en  relief  :  uerum  et  fide  nulla). 

En  revanche,  le  sujet  peut  être  en  relief  indifféremment  lorsqu'il 
précède  la  copule  : 

Eun.  679-80  :  ...  An  tu  hune  credidisti  esse,  obsecro, 
Ad  nos  deductum? 

—  et  lorsqu'il  la  suit  : 

Heaut.  388  :  Tibi  erunt  parata  uerba,  huic  homini  uerbera. 

Au  contraire,  l'alternance  d'ordre  est  significative  dans  l'inté- 
rieur du  groupe  attribut-copule. 

Le  fait  a  été  souvent  méconnu.  F.  Ritschl  {Opuscula  philologica, 
V,  p.  361),  dans  des  phrases  telles  que  : 

PI.,  Triti.  329  :  Omne  autem  meum  tuum  est 
—        365  :  Multa  ei  opéra  opust 

ne  voit  pas  d'inconvénient  à  lire  :  est  tuum,  est  opus  ;  tout  au  plus  la 
première  construction  lui  paraît-elle  plus  élégante. 

M.  Ph.  Fabia,  dans  Ter.,  Eun.  41  et  371  (édition  Paris,  Colin), 
n'invoque  que  des  raisons  de  rythme  pour  choisir  entre  dictum  sit 
et  sit  dictum,  illum  esse  et  esse  illum. 

M.  W.  M.  Lindsay,  dans  son  édition  des  Captifs,  ne  voit  dans  sum 
miser  par  rapport  à  miser  sum  (v.  993)  qu'une  variante  métrique. 

Or,  dans  chacun  de  ces  cas,  l'ordre  intéresse  sinon  le  sens,  du 
moins  la  présentation  de  l'énoncé. 

On  peut  distinguer,  en  effet,  trois  façons  principales  de  présenter 
l'énoncé  d'une  attribution  : 

1)  Ou  bien  il  ne  s'agit  que  d'énoncer  un  rapport,  sans  insistance, 
sans  souci  d'interprétation  :  le  mur  est  blanc,  la  table  est  ronde. 

2)  Ou  bien  l'attribution  est  donnée  à  l'exclusion  de  telle  autre 
qui  ne  serait  pas  exacte  au  même  titre  :  il  nest  pas  économe,  mais 
avare. 

3)  Ou  bien  l'attribution  est  donnée  moins  comme  notable  que 
comme  certaine,  propre  à  confirmer  une  idée  présente  à  l'esprit,  à 
prévenir  une  objection  possible,  à  écarter  la  négation  et  le  doute  : 
certes  il  Vest,  malin. 


l'attribut  précède  9 

Dans  le  premier  cas,  il  y  a  simple  énonciation  ;  dans  le  second  cas, 
distinction  ou  opposition  ;  dans  le  troisième,  affirmation  ou  confir- 
mation. 

Le  premier  type,  qui  ne  suppose  aucun  relief,  comporte  en  latin 
l'ordre  attribut- copule  ;  le  second  suppose  un  relief  de  l'attribut,  et, 
sauf  le  cas,  qui  sera  étudié  plus  loin,  de  la  disjonction,  s'accommode 
de  ce  même  ordre  attribut-copule  ;  le  troisième  suppose  un  relief  de 
la  copule,  en  tant  que  celle-ci  est  considérée  comme  le  signe  de 
l'affirmation,  et  comporte. l'ordre  copule-attribut. 

A.  —  L'attribut  précède 
a)  Attribution  pure  et  simple. 

L'attribution  qui  fait  l'objet  d'un  énoncé  pur  et  simple  est  la 
plus  fréquente.  De  nombreux  exemples  en  sont  fournis  par  les  for- 
mules du  type  opus  est,  sat  est,  aequom  est,  potis  {pote)  est,  qui  se 
prêtent  si  peu  à  l'inversion  que  leurs  termes  composants  ont  une 
tendance  à  se  souder  en  un  mot  unique  :  pot{e)est,  opust. 

Ce  type  d'énoncé  est  normal  dans  les  exposés  techniques,  où 
l'auteur  n'a  pas  le  souci  de  l'expression  ;  le  traité  d'agriculture  de 
Caton  en  fournit  maints  exemples  en  série  : 

De  agr.  1,  5  ss.  :  Instrumenti  ne  7nagni  siet,  loco  bono  siet  ;  uideto  quam 
minimi  instrumenti  sumptuosusque  ager  ne  siet\  scito...  quamuis 
questuosus  siet,  si  sumptuosus  erit,  relinqui  non  multum.  Praedium 
quod  primum  siet...,  sic  dicam... 

Le  propre  de  cette  construction  est  de  ne  comporter  aucun  com- 
mentaire, et  il  est  inutile  d'en  multiplier  les  exemples. 

b)  Attribution  distinctive. 

L'attribut  est  nécessairement  antéposé  quand  il  est  mis  en  oppo- 
sition avec  un  autre  attribut  : 

PL,  Asin.  495  :  Lupus  est...,  non  homo. 

—  Most.  190  :  Matronae,  non  meretricium  est. 

—  Mil.  438  :  "Aof/.oç:  es  tu,  non  ôtxaca. 

—  Capt.  241  :  Non  ego  erus  tibi,  sed  seruos  sum. 

—  Pseud.  736  :  Non  Charinus  mihi  hicquidem,  sed  Copia  est. 

—  Amph.  511  :  Ego  faxim  ted  Amphitruonem  esse  malis  quam  louem. 


10  VERBE     COPULE 

—  quand  il  est  conjugué  avec  des  attributs  divers  pour  faire  un 
effet  d'accumulation  : 

PL.  Men.  132  :  Hoc  facinus  piilclirimist.  hoc  probumst.  hoc  lepidum  esse 

oportet. 
Ter.,  Ad.  425  :  Hoc  salsiinist,  hoc  adustiuust.  hoc  lautmnst... 

—  quand  il  représente  une  notion  notable,  présentée  par  exemple 
avec  une  intention  laudative  : 

Tér.,  Heaiit.  925  :  Fac  te  patrem  esse  sentiat. 

—  Ad.  962  :  Edepol  iiir  ^onu>  es  1 

—  ou  péjorative  : 

Tér.,  Ad.  ISS  :  Leno  sum.  fateor,  pernicies  commuais  adulescentium. 
PL,  Pr.  688  :  ...  Quando  leno  est.  ni!  mirum  facit. 
Tér..  Heaut.  1006  :  Oh  î  Pergin  mnlier  esse  ! 

c)  Cas  particulier  de  la  disjonction. 

Dans  ces  divers  cas.  pour  souligner  le  relief  de  Tattribut.  on  peut 
avoir  recours  au  procédé  de  la  disjonction. 

L'élément  disjonctif  est  parfois  un  terme  propre  à  souligner  par 
son  sens  même  la  mise  en  relief  : 

PI. .  Poen.  1349  :  Meae  —  quidem  profecto  —  non  sunt. 
1393  :  3Ieae  —  prosum  —  non  sunt. 

Mais  il  peut  être  constitué  par  n'importe  quel  terme  de  la  phrase  : 

—  parle  sujet  : 

PI..  Ep.  178  :  Hereules  —  e^^o  —  fui,  dum  Dla  mecum  fait. 

—  par  un  complément  : 

Tér.j  Ad.  345  :  Primum  indotata  est  ;  tiim  praeterea.  quae  seeunda  —  ei 

—  dos  erat. 

—  par  une  proposition  entière  ou  par  un  bloc  de  termes  disparates  : 

Tér..  Hec.  5<I*9  :  ...  ut  alii,  —  si  huic  non  est.  —  siet. 

—  Hec.  524  :  Tir  —  ego  tuos  —  sim  !  Tu  ninnn  —  me  aut  hominem  — 

députas  adeo  —  esse  ? 

La  disjonction  est  souvent  réalisée  par  le  terme  introducteur 
d'une  subordonnée  : 

Tér..  And.  390  :  Quae  nunc  sunt  certa  ei  consilia,  infertâ  —  ut  —  sient. 

—  HetuU.  216  : ...  nmie  —  quae  —  est,  non  quae  olim  fuit. 


ATTRIBUTION    ASSÉVÉRATIVE  11 

Ter.,  Hec.  211  :  ...  ex  amicis  inimici  —  ut  —  sint...  facis. 
— -    Eun.  192  :  Cum  milite  isto  praesens  absens  —  ut  —  sies. 

—         742  :  Verba  —  dum  —  sint  !  uerum  si  ad  rem  conferentur... 
PI.,  Rud.  1230-1  :  ...  ut  alienum  —  quod  —  est 
Meum  esse  dicam. 

—  Mil.  254  :  Vera  —  ut  —  esse  credat  quae  mentibitur. 

—  Capt.  524  :  Operta  —  quac  —  fuerunt,  aperta  sunt. 

—  Per.  472  :  ...  ancilla  mea  —  quae  —  fuit,  hodie  sua  —  nunc  —  est. 

—  Rud.  822  :  lam  hoc  Herculi  fit,  Veneris  fanum  —  quod  —  fuit. 

Il  y  a  dans  cette  dernière  disposition  une  survivance  de  l'indo- 
européen  ;  cas  particulier  de  la  loi  de  Wackernagel  [Indogerm. 
Forschungen,  I,  p.  406  ss.),  d'après  laquelle  les  mots  accessoires 
tendaient  à  occuper  dans  la  proposition  la  seconde  place.  Il  faut 
seulement  noter  qu'ici  la  survivance  d'un  ordre  ancien  a  été  favo- 
risée par  le  fait  qu'elle  réalisait  une  disjonction  expressive. 

B.  —  La  copule  précède 
a)  Attribution  assé^'ératii'e. 

L'inversion  qui  fait  passer  la  copule  en  première  place  a  pu  être 
interprétée  comme  un  moyen  de  mettre  en  relief  l'attribut  ;  ainsi  la 
Grammaire  latine  de  Haie  et  Buck  enseigne  que,  dans  une  phrase 
telle  que  : 

Cic,  Catil.  I,  2,  4  :  Cupio...  rae  esse  clementem. 

l'attribut  clementem  est  le  terme  sur  lequel  on  veut  appeler  l'atten- 
tion. C'est  au  contraire  la  copule,  signe  grammatical  de  l'attribu- 
tion, qui  est  affectée  par  l'inversion.  Mise  en  première  place,  elle 
prend  le  sens  de  «  être  réellement,  ne  pas  laisser  d'être  »  ;  l'énoncé 
apparaît  alors,  si  la  j^hrase  est  positive,  comme  une  assévération  et, 
si  elle  est  négative,  comme  une  dénégation. 

Il  arrive  que  l'opposition  soit  explicitement  énoncée  entre  l'affir- 
mation  et  la  négation  : 

Ter.,  Ad.  118-9  :  Dahitur  a  me  argentum  dum  erit  commodum  ! 
Vbi  non  erit... 
—    And.  47  :  Quas  credis  esse  has,  non  sunt  uerae  nuptiae. 

—  ou  du  moins  entre  la  réalité  et  l'apparence  : 
Sali.,  Cat.  54,  5  :  esse  quam  uideri  bonus  malebat. 


12 


VERBE    COPULE 


Virg.,  Aen.  VÎII,  271-2  :  ...  Hanc  aram  statuit  quae  maxima  semper 
Dicetur  nobis,  et  erit  quae  maxima  semper. 

La  valeur  d'insistance  peut  être  accusée  par  une  répétition  : 

Ov.,  Met.  II,  424  :  ...  Sunt,  o  sunt  iurgia  tanti. 

- —  par  l'emploi  d'une  interjection  ou  d'une  formule  assévérative  : 

Ter.,  Ad.  375  :  ...  Est  hercle  inepta...  ! 

PI.,  Rud.  527  :  Edepol...  es  balineator  frigidus  ! 

—  Mil.  65  :  Ne  illae  Sunt  fortunatae  ! 

—  Amph.  843  :  Ne  ista  edepol...  est  optuma  ! 

—  As.  387  :  sane  ego  sum  amicus  nostris  ! 

—  Poen.  1049  :  Est  par  probe  ! 

—  Ps.  913  :  Fuit  meum  officium  ut  facerem,  fateor. 

—  As.  922  :  Immo  es,  ne  nega...  nequissumus. 

— -  Most.  95  :  Profecto  esse,  ita  uti  praedico,  uera  faciam. 

—  Capt.  197  :  Demi  fuistis,  credo,  liberi. 

Ter.,  Hec.  276  :  Ita  me  di  ament,...  sum  extra  noxiam. 

—  Ad.  411  :  Spero,  est  similis  maiorum  suom. 

—  Heaut.  295-6  :  ...  Sihaec  sunt,  Cliuia, 

Vera,  ita  uti  credo... 

Mais,  en  l'absence  de  toute  indication  fournie  par  le  texte,  l'ordre 
des  mots  suffit  à  déceler  le  relief,  et  nous  engage  à  en  chercher  la 
raison. 

Ainsi  l'afTirmation  a  une  valeur  comique  dans  le  passage  suivant 
du  Pseudolus,  où  le  leno  se  laisse  insulter  comme  à  plaisir  en  répon- 
dant à  chaque  injure  nouvelle  par  une  adhésion  narquoise  :  itast, 
dicis  uera,  etc.,  et  finit  par  s'écrier  : 

Pseud.  362  :  Sunt  mea  istaec  ! 

=  oui,  ce  sont  là  mes  qualités  ! 

La  nuance  est  d'amertume  dans  ce  passage  de  VEunuque  où 
l'amant  reproche  à  l'amante  son  infidélité  : 

Eun.  90  :  Aut  quia  SUm  apud  te  primus  ! 

=  apparemment  je  suis  le  premier  dans  ton  cœur  ! 

Un  cas  particulier  de  l'attribution  affirmative  est  celui  où  l'in- 
sistance porte  sur  la  notion  temporelle  inhérente  à  la  forme  verbale. 
Lorsqu'il  est  particulièrement  nécessaire  de  noter  le  temps  auquel 
se  rapporte  l'attribution,  la  copule  qui   contient  cette   notation 


ATTRIBUTION    CONFIRMATIVE  13 

prend  la  place  initiale.  Souvent  l'insistance  se  marque  par  l'oppo- 
sition entre  deux  formes  temporelles  : 

Ter.,  Heaut.  265  :  Nam  et  uita  est  eadem  et  animas  te  erga  idem  ac  fuit. 
Enn.,  Ann.  377  (Vahl.)  :  Nos  sumus  Romani,  qui  fuimus  ante  Hudini. 
PI.,  Cas.  684-5  :  Neque  est  neque  fuit  me  senex  quisquam  amator 

Adaeque  miser. 
Catulle  4, 14  :  Tibi  haec  fuisse  et  esse  cognitissima 
Ait  phaselus. 

Ou  bien  l'insistance  sur  la  date  est  accusée  par  l'emploi  d'ad- 
verbes de  temps  : 

Ter.,  Hec.  648-9  :  Etiam  si  dudum  fuerat  ambiguom  hoc  mihi, 
Nunc  non  est. 
— ■    Heaut.  197-8  :  ...  ille  fuit  senex  importunus  semper,  et  nunc 
Vereor... 

Mais  l'antéposition  de  la  copule  suffit,  sans  autre  indication,  à 
appeler  notre  attention  sur  la  notion  temporelle. 

Ainsi  elle  fait  apparaître  le  sens  du  parfait  dans  cette  interroga- 
tion qui  contient  une  insinuation  perfide  : 

PI.,  Per.  846  :  Hicine  est  qui  fuit  quondam  fortis? 
^  qui  a  fini  d'être  valeureux. 

Elle  souligne  la  valeur  du  futur  dans  les  formules  de  promesse,  de 
menace,  de  défi  : 

PI.,  Cist.  73  :  Bono  animo  es,  erit  isti  morbo  melius. 

—  Poen.  374  :  Si  ante  quid  mentitust,  nunciam  dehinc  erit  uerax  tibi. 
■ — -  Ps.  468  :  Cupis  me  esse  nequam  !  tamen  ero  frugi  bonae  ! 

—  Epid.  585  :  ...  hac  inuita  tamen  ero  matris  fdia  ! 
Luc,  Ph.  VIII,  871  :  Atque  erit  Aegyptus  populis... 

Tam  mendax  quam... 

b)  Attribution  confirmatiçe. 

L'antéposition  de  la  copule,  supposant  que  c'est  la  réalité  plutôt 
que  la  nature  de  l'attribution  qui  est  en  jeu,  convient  particulière- 
ment aux  cas  où  on  reprend  une  attribution  précédemment  énoncée 
pour  l'affirmer  ou  la  contester,  en  tout  cas  pour  la  présenter  comme 
remise  en  cause. 

Une  bonne  illustration  de  ce  type  d'énoncé  nous  est  fournie  en 


14  VERBE    COPULE 

français  par  un  passage  de  V Aiglon  d'E.  Rostand.  Au  cours  d'une 
explication,  un  personnage  déclare  (acte  II,  scènes  8  et  9)  : 

A  la  fin,  nous  étions  trop  fatigués. 

Et  l'autre  de  protester  : 

...  Et  nous, 
...  nous  ne  l'étions  pas,  peut-être,  fatigués  ! 

Même  relation  à  peu  près  entre  l'énoncé  et  sa  reprise  sous  forme 
interrogative  dans  : 

PI.,  Tri?i.  1151  ss.  :  ...  Charmiden  socerum  suom 
Lysiteles  salutat... 
—  Non  ego  Siim  salutis  dignus  ? 
=  Et  moi,  je  ne  le  suis  pas,  digne  de  ton  salut? 

Dans  ces  sortes  de  reprises,  où  importe  par-dessus  tout  la  réalité 
de  l'attribution,  la  mention  de  l'attribut  est  d'importance  secon- 
daire, au  point  qu'on  peut  à  la  rigueur  en  faire  Téconomie.  Si  l'at- 
tribut est  répété  dans  : 

PI.,  Epid.  595  :  Vbi  uoles  pater  esse,  ibi  esto  ;  ubi  uoles,  ne  fueris  pater. 

il  ne  l'est  pas  dans  une  phrase  voisine  tout  à  fait  parallèle  : 

Epid.  584  :  ...  haec  negat  se  tuam  esse  matreni.  — Ne  fliat. 

Lorsqu'on  reprend  un  attribut  dans  ces  conditions,  c'est  assez 
naturellement  ou  bien  pour  l'alTirmer  après  qu'il  a  pu  être  soumis  à 
contestation  : 

PI.,  Truc.  389-90  :  ...  neque  praegnas  fui, 

Verum  adsimulaui  me  esse  praegnatem. 

Ter.,  Heaut.  1016  :  Egon  confitear  meum  non  esse  filium,  qui  sit  meus  ! 

Sén.,  Epist.  20, 12  :  Magnae  indolis  est  ad  ista...  praeparari  tanquam  ad 
facilia.  Et  siint,  Lucili,  facilia. 

Virg.,  Bue.  I,  G-7  :  ...  Deus  nobis  haec  otia  fecit. 

Nanique  erit  ille  mihi  semper  deus. 

—  ou  au  contraire  pour  le  nier  après  qu'il  a  été  adirmé  : 

Ter.,  Hec.  687-9  :  Tempus  dixi  esse...  — Non  est  nunc  tempus. 
PI.,  Mil.  187  :  Lautain  uis  an  quae  nondum  sit  lauta? 
—        529-30  :  ...  eandem,  ut  pote  quae  non  sit  eadeni. 

—  Rud.  883  :  IIospcs  !  — Non  sum  hospes. 


ATTRIBUTION    CONFIRMATIVE 


15 


Mais,  souvent  aussi,  la  reprise  a  pour  objet  simplement  de  re- 
mettre en  cause  un  attribut  soit  précédemment  énoncé  : 

PI.,  Poen.  89  :  ...  hornini,  si  leno  est  homo. 

—  Amph.  961  :  Tristis  sit,  si  eri  sint  tristes. 

—  soit  au  moins  suggéré  par  un  mot  de  même  famille  : 

PL,  Most.  1173-4  :  Tranio,  quiesce... 

...  —  Ego  illum  ut  sit  quietus  uerberibus  subegero, 

—  Cas.  396-7  :  ...  deos  quaeso  ut  tua  sors  ex  sitella  ecfugerit. 

—  Ain  tu?  quia  tute  es  fugitiuos... 

—  soit  par  un  synonyme  : 

PI.,  Pseud.  502-3  :  ...  illud  malum  aderat,  istuc  aberat  longius  ; 
Illud  erat  praesens,  huic  erant  dieculae. 

La  reprise  peut  intervenir  après  un  long  intervalle  ;  il  suffit,  pour 
que  l'inversion  soit  justifiée,  que  la  notion  considérée  soit  restée 
présente  à  l'esprit  du  destinataire  de  l'énoncé,  ou  du  moins  soit 
reconnue  immédiatement  par  lui. 

Ainsi  l'affirmation  contenue  dans  : 

PI.,  Men.  505-6  :  ...  non  tibi  |  Sanum  est,  adulescens,  sinciput. 

—  est  reprise  130  vers  plus  loin  : 

633  :  ...  quom  negabas  mihi  esse  sanum  sinciput. 
Il  y  a  350  vers  entre  l'énoncé  : 

PI.,  Rud.  739-40  :  ...  Hanc  Athenis  esse  natam  liheram. 
—  Mea  popularis,  obsecro,  haec  est  ? 

—  et  la  double  reprise  : 

1079-80  :  Huius  mulieris,  quam  dudum  dixi  fuisse  liheram. 

...  hanc...  quam  esse  aiebas  dudum  popularem  meam. 

La  question  de  savoir  si  Bacchis  sera  reconnue  comme  la  niaî- 
tresse  de  Clinias  ou  celle  de  Clitiphon  est  posée  dès  le  début  de 
Heaut.  ;  dès  lors,  chaque  fois  qu'on  reviendra  sur  cette  question,  la 
phrase  attributive  présentera  la  copule  antéposée  : 

Heaut.  333  :  (adsimulabimus)  tuam  amicam  huius  esse  amicam. 

—  670  :  Senex  resciscet  ilico  esse  amicam  hanc  Clitiphonis. 

—  703  :  ...  hanc  esse  Clitiphonis. 


16  VERBE    COPULE 

Heaut.  712  :  eSSe  istam  amicam  gnati... 
— ■      767  :  Clitiphonis  esse  amicam  hanc... 

—  852-3  :  ...  Clitiphonis  est  |  Arnica... 

—  899  :  ...  esse  amtca^H  hanc  Cliniae. 

—  908  :  Fili  est  arnica  Bacchis  (codd.  A,  D,  G). 

Les  principaux  aspects  de  l'attribution  qui  ont  été  envisagés 
jusqu'ici  se  trouvent  représentés  dans  le  passage  suivant  : 

Plin.,  Ep.  X,  97  :  In  iis  qui  ad  me  taniquam  christiani  [premier  énoncé 
du  terme  qui  sera  repris  ensuite  comme  attribut]  deferebantur,  hune 
sum  secutus  modum.  Interrogaui  ipsos  an  essent  christiani  [reprise  de 
l'attribut]...  Qui  negabant  esse  se  christianos  aut  fuisse  [valeur  tempo- 
relle de  la  copule],  cum...  maledicerent  Christo,  quorum  nihil  posse 
cogi  dicuntur  qui  sunt  reuera  christiani  [opposition  de  la  réalité  à  une 
négation  implicite],  dimittendos  esse  putaui.  Alii  ab  indice  nominati 
esse  se  christianos  dixerunt  et  mox  negauerunt  [opposition  de  l'aflir- 
mation  à  la  négation]. 

Il  faut  noter  que  la  règle  de  la  reprise  n'est  pas  susceptible  d'une 
application  mécanique. 

En  effet,  deux  cas  peuvent  être  considérés  : 

10  On  reprend  l'énoncé  d'un  attribut  parce  que  la  question  se 
pose  de  savoir  si  oui  ou  non  il  convient  de  l'affirmer  ou  de  le  nier  ; 
c'est  alors  le  fait  de  l'attribution  et  non  la  nature  de  l'attribut  qui 
est  en  cause.  Dans  ce  cas,  la  règle  trouve  son  application  :  la  copule, 
signe  de  l'attribution,  est  mise  en  vedette  et  l'attribut  est  escamoté. 

20  Mais  on  peut  aussi  reprendre  l'énoncé  d'un  attribut  précisé- 
ment pour  l'imposer  à  l'attention,  pour  le  défmir  avec  complai- 
sance, pour  en  faire  apparaître  avec  insistance  la  nature  ou  la  qua- 
lité. Dans  ce  cas,  c'est  la  copule  qui  est  l'élément  négligeable,  et 
l'attribut  qui  doit  être  mis  en  relief. 

Ainsi  s'expliquent  des  constructions  en  apparence  contradic- 
toires, telles  que,  d'une  part  : 

PI.,  Poen.  89  :  ...  homini,  si  leno  est  homo. 

—  et,  d'autre  part  : 

Ter.,  Hec.  523-4  :  ...  Mi  uir  !  —  ...  Tu  uiruni  me...  députas...  esse  ! 

Dans  le  premier  cas,  la  question  est  de  savoir  si  un  leno  est  ou 
n'est  pas  un  homme.  Dans  le  second  cas,  si  c'est  bien  le  nom  de  uir 
qui  convient  au  personnage  interpellé. 


ATTRIBUTION    CONFIRMATIVE  17 

La  valeur  qu'on  prête  à  l'énoncé  de  l'attribut  se  marque  souvent 
dans  ce  dernier  cas  par  une  insistance  redoublée  : 

PL,  Tr.  1071-2  :  ...  Is  est.  |  Certe  is  est,  is  est  profecto. 

—  Mos,  250-1  :  ...  Speculo  ai  usus  est. 

—  Quid  opust  speculo  tibi  quae  tute  speculo  spéculum 

es  maxumum. 

—  Mer.  207-10  :  ...  Credo,  non  credet  pater. 

...  Neque  ille  credet  neque  credibile  est. 

(cf.  encore  212  :  credet,  credehat;  216  :  credehat ;  217  :  credehat). 

Ter.,  Ad.^ll  ss.  :  ...  Ille  alter...  patria  potitur  commoda. 

Illum  amant...  ;  illi  credunt  consilia  omnia  ; 
Illum  diligunt,  apud  illum  sunt  ambo... 
Illum  ut  uiuat  optant. 

—  ou  par  une  disjonction  : 

PI.,  Per.  486-8  :  Die  bona  fide  :  iam  liberast? 

—  Libéra,  —  inquam,  —  est. 

—  Epid.  504-6  :  ...  postquam  libéra  est. 

...  Eho  an  libéra  —  illa  —  est? 

—  Mer.  292-3  :  Puer  sum. . .  septuennis.  —  Sanun  es. 

Qui  puerum  — ^  te  —  esse  dicebas  ? 
—       489  :  Sanun  es?  —  Pol  sanus  —  si  —  sim... 
Ter.,  Hec.  71-2  :  ...  eandem  iniuriuni  est  esse  omnibus. 

—  Iniurium  —  autem  —  est  ulcisci  aduersarios  ? 

—  Ad.  949-50  :  ...  Agellist  hic  sub  urbe  paulum. 

...  —  Paulum  —  id  autem  —  est  ? 

—  Eun.,  856-8  :  Paulum  quiddam... 

—  An  paulum  —  hoc — ^  esse  uidetur...? 

L'intention  qui  porte  à  souligner  la  valeur  de  l'attribut  répété 
est  celle  que  nous  marquons  volontiers  en  français  par  l'emploi  d'un 
procédé  typographique  tel  que  les  guillemets  : 

PL,  Poen.  353  :  Cur  mi  haec  irata  est?  —  «  Cur  haec  irata  est  »  tibi? 
Ter.,  And.  281-2  :  ...  et  memor  essem  sui. 

—  «  Memor  essem  »? 

PL,  Per.  491  :  Vbi...  est?  —  Apud  te.  —  Ain,  «  apud  mest  »?  —  Aie, 

inquam,  «  apud  te  est  »,  inquam. 

Ce  procédé  de  présentation  a  pour  effet  de  faire  apparaître  le 
groupe  attributif  comme  formant  un  bloc  non  susceptible  de  dislo- 
cation. 

2 


18  VERBE    COPULE 

c)  Attribution  subordonnée. 

Lorsqu'on  reprend  en  fonction  d'attribut  un  terme  qui  a  été 
antérieurement  énoncé,  il  est  assez  naturel  que  ce  soit  pour  en  en- 
visager l'attribution  en  fonction  de  circonstances  nouvelles,  en  par- 
ticulier pour  rapporter  l'attribut  à  un  nouveau  sujet. 

Dans  une  conversation  (H.  Lavedan,  Le  nouf^eau  jeu,  ch.  i),  un 
personnage  dit  de  certain  divertissement  :  «  C'est  un  vieux  jeu, 
i>oilà  ce  que  cest.  »  La  formule  employée  met  en  vedette  la  nature 
de  l'attribut  :  «  vieux  jeu  ».  Mais,  un  peu  plus  loin,  comme  un  in- 
terlocuteur a  introduit  dans  la  conversation  la  mention  d'un  autre 
jeu,  le  «  jeu  icarien  »,  le  premier  personnage  reprend  l'affirmation 
qu'il  a  déjà  énoncée  pour  l'appliquer  à  ce  nouveau  sujet  :  «  Encore 
un  qui  est  vieux  jeu,  le  jeu  icarien.  »  Cette  fois,  la  formule  choisie 
a  pour  effet  de  mettre  en  vedette  le  sujet,  en  laissant  dans  l'ombre 
l'attribut  déjà  connu. 

Souvent  en  latin,  comme  dans  cet  exemple  français,  il  y  a  à  la 
fois  reprise  de  l'attribut  et  mise  en  relief  du  terme  auquel  s'applique 
l'attribution  : 

Fragni.  Corn.  Inc.  203  Ribb.  :  Mors  misera  non  est,  aditus  ad  mortem 

est  miser 
=  la  mort  n'est  pas  un  mal  ;  c'est  le  passage  à  la  mort  qui  est  un  mal. 
PI.,  Capt.  239  :  Nam  secundum  patrem  tu  es  pater  proximus. 

=  après  notre  père  véritable,  c'est  toi  qui  est  notre  père 
le  plus  proche. 

—  Cure.  392-4  :  Vnocule,  salue  !  — ■  Quaeso,  deridesne  me? 

...  Nam  i  sunt  unoculi... 

—  Ps.  917-8:  ...    Leno    Ballio... 

Ipse  ego  sum...  —  Tun  es  Ballio? 

—  Men.  623-4  :  Certe...  aliquoi  irata  es...? 

Num  mihi  es  irata  saltem? 

=  est-ce  contre  moi  que  tu  es  fâchée? 

Dans  les  exemples  qui  précèdent,  l'attribution  est  reprise  pour 
être  rapportée  à  un  nouveau  sujet.  Elle  peut  être  rapportée  aussi 
à  des  circonstances  nouvelles,  être  envisagée  en  fonction  d'un  terme 
nouvellement  énoncé  : 

Pi.,  Poen.  1158  :  Mi  patrue,  salue  ;  nam  niinc  es  plane  meus. 

=  c'est  maintenant  que  tu  es  vraiment  mien. 


ATTRIBUTION    SUBORDONNÉE  19 

PI.,  Amph.  681  :  ...  quom  te  grauidam...  aspicio. 

—         719  :  ...  Non  est  puero  grauida.  —  Quid  igitur?  —  Insania. 
=  ce  n'est  pas  d'un  enfant  qu'elle  est  enceinte. 

Dans  tous  ces  exemples,  l'attribut  est  l'objet  d'une  reprise  expli- 
cite. Mais  l'attribution  se  présentera  avec  le  même  caractère  si 
l'auteur  de  l'énoncé,  sans  que  l'attribut  ait  fait  l'objet  d'aucune 
mention  antérieure,  le  considère  cependant  en  quelque  manière 
comme  connu  et  présent  à  l'esprit,  la  seule  question  qui  se  pose 
étant  de  savoir  à  quel  sujet,  à  quel  objet,  à  quelles  circonstances  cet 
attribut  est  rapporté.  Le  caractère  commun  à  tous  les  exemples  de 
ce  type,  c'est  que  l'essentiel  de  l'énoncé  est  constitué  par  un  terme 
étranger  au  groupe  attributif,  ou,  si  l'on  veut,  que  l'énoncé  du 
groupe  attributif  est  présenté  comme  subordonné  à  l'énoncé  de  ce 
terme. 

Le  relief  du  terme  en  fonction  duquel  l'attribution  est  énoncée 
est  alors  souvent  accusé  par  un  procédé  accessoire,  tel  que  la  répé- 
tition : 

Ter.,  Ad.  456  :  Te  solum  habemus,  tu  es  patronus,  tu  pater. 

— ■    Ph.  673  :  Mea  causa  eicitur,  me  hoc  est  aequom  amittere. 
PI.,  Poen.  1262-3  :  ...  Nunc  ego  sum  fortutiatus, 

Multorum  annorura  miserias  nunc  hac  uoluptate  sedo. 

—  l'emploi  de  mots  intensifs  : 

PI.,  Cas.  836  :  Nunc  pol  demum  ego  sum  liber. 

Mais  le  plus  souvent  la  seule  antéposition  de  la  copule  suffit  à 
signaler  la  mise  en  relief  du  terme  essentiel  : 

Ter.,  Au.  990  :  ...  An  tu  ob  peccatum  hoc  esse  illum  iratum  putas? 
==  que  c'était  à  cause  de  cette  faute  que... 
—    Hec.  780  :  ...  Sin  autem  est  ob  eam  rem  iratus  gnatus 
=  si  c'est  pour  ce  motif  que... 
PI.,  St.  382  :  Quando  adbibero,  adludiabo  ;  tum  sum  ridiculissimus. 

=  c'est  alors  que  je  suis  le  plus  comique  (ce  serait  fausser 
le  sens  que  de  traduire  :  «  alors  je  suis  très  comique  »). 
—  Capt.  675  :  Illum  esse  seruom  credidi. 

Le  sens  n'est  pas  :  «  j'ai  cru  qu'il  était  esclave  »,  mais  : 
«  j'ai  cru  que  c'était  lui  l'esclave  ». 


20  VERBE    COPULE 

C.  —  Cas  particuliers 
a)  Interrogation    et    négation. 

La  valeur  de  l'ordre  apparaît  avec  une  netteté  particulière  dans 
les  phrases  interrogatives  et  négatives,  qui  par  leur  nature  sont 
propres  à  accuser  l'intention  de  l'auteur  de  l'énoncé. 

Le  tour  interrogatif  a-t-il  pour  effet  de  mettre  l'accent  sur  la  dési- 
gnation de  l'attribut,  en  posant  la  question  :  «  De  tous  les  attributs 
possibles,  quel  est  celui  qui  convient  à  un  sujet  donné?  »  L'antépo- 
sition  de  l'attribut  est  de  règle  : 

PI.,  Amph.  844-5  :  ...  Qui  sim  nesciam?  —  |    Ampliitruo  es  profecto. 

—  Capt.  571-2  :  ...  Negas  te  Tyndariim  esse?...  Te  Philocratem 

Esse  ais? 

—  Rud.  1361  :  Tuosne  est?  —  Rogitas?  Si  quidem  louis  fuit,  meus  est. 

C'est  le  cas  essentiellement  de  l'interrogation  double,  qui  a  pour 
effet  de  provoquer  le  choix  entre  deux  attributions  : 

PI.,  Truc.  34  :  Benignusne  an  bonae  frugi  sies. 
Ter.,  Eun.  556  :  ...  sanus  sim  anne  insaniam? 

Au  contraire,  un  seul  attribut  étant  en  cause,  la  question  est-elle 
posée  entre  l'affirmative  et  la  négative?  L'ordre  inverse  s'impose  : 

PI.,  Trin.  1071  :  ...  Estne  ipsus  an  non  est?... 

—  Ep.  538  :  Estne  ea  an  non  est?... 

—  Per.  378  :  Futura's  dicto  oboediens  an  non  patri? 

Dans  les  négatives,  on  a  l'un  ou  l'autre  ordre  suivant  que  l'énoncé 
a  pour  objet  d'écarter  un  attribut  donné  au  bénéfice  d'un  autre  : 

PL,  Capt.  825  :  Non  ego  nunc  parasitus  sum,  sed  regum  rex  regalior. 
—     Trin.  978  :  Quis  ego  sum  igitur,  si  quidem  is  non  sum  qui  sum? 

—  ou  qu'au  contraire,  un  seul  attribut  étant  en  cause,  il  s'agit  d'en 
contester  l'attribution  : 

PL,  Asin.  134  :  Nam  mare  haud  est  mare. 

La  forme  négative  contient  assez  naturellement  en  elle-même 
une  présomption  d'intensité.  Nombreux  sont  les  exemples  où  l'an- 
téposition  de  la  copule  répond  au  besoin  d'exprimer  une  dénéga- 
tion, une  protestation,  un  refus  indigné  ou  ironique  : 

PL,  Mil.  1363  :  ...  Ne  me  descras.  —  Non  est  meum  ! 


IDENTIFICATION  21 

Pétr.,  Sat.  46, 1  :  Non  es  nostrae  fasciae  ! 

La  copule  se  trouve  ainsi  attirée  vers  la  négation  au  point  que 
non  est  se  présente  souvent  comme  une  sorte  de  copule  négative 
jouant  par  rapport  à  est  le  même  rôle  que  nescio  par  rapport  à 
scio  (cf.  N.  Schneider,  De  çerbi  colloc,  p.  27-29). 

L'emploi  de  la  négation  intensive  niimquam  s'accommode  tout 
particulièrement  de  l'ordre  inverse,  quand  elle  est  employée  pour 
exprimer  une  impossibilité,  une  invraisemblance,  une  protestation, 
avec  la  valeur  de  «  jamais  de  la  vie  !  »  : 

PI.,  Pseud.  337  :  Dum  ego  uiuam,  numquam  eris  frugi  bonae. 
—         1323  :  ...  numquam  eris  nummo  diuitior. 

—  Capt.  408  :  Numquam  erit  tam  auarus  quin... 
Accius  337  R.  :  Numquam  erit  tam  immanis...  quin... 

b)  Identification. 

L'ordre  des  termes  est  indépendant  en  principe  de  la  nature 
grammaticale  de  l'attribut  :  on  a  vu  dans  les  exemples  utilisés 
l'attribut  représenté  indifféremment  par  un  substantif,  un  ad- 
verbe, une  locution  adverbiale,  une  proposition...  Cependant, 
certaines  formes  d'attribution  appellent  des  observations  particu- 
lières. 

En  ce  qui  concerne  l'attribution  dite  d'identité,  du  type  paier  est, 
il  faut  noter  que  le  substantif  attribut  peut  servir  soit,  comme  l'ad- 
jectif lui-même,  à  une  qualification  :  il  est  père  (c'est-à-dire  :  il  a 
la  qualité,  l'attitude,  les  sentiments  d'un  père),  soit,  comme  le  nom 
propre,  à  une  identification  :  c'est  lui  le  père. 

Il  y  a  dans  le  premier  cas  énoncé  d'un  attribut  qualificatif,  d'où 
normalement  l'ordre  substantif-copule  : 

Ter.,  Ad.  707  :  ...  hoc  est  patrem  esse  aut  hoc  est  filium  esse? 

—  Ad.  125  :  Pater  esse  disce  ab  illis  qui  uere  sciunt. 

—  Heaut.  925  :  Fac  te  patrem  esse  sentiat. 

Il  y  a  dans  le  second  cas  détermination  du  sujet  auquel  convient 
l'attribut,  donc  attribution  subordonnée  du  type  étudié  p.  18,  avec 
l'ordre  inverse  : 

PI.,  Capt.  633-5  :  Fuitne  huic  poi^r  Thensaurochrysonicochrysidss ? 

—  Non  fuit...  I  ...  Theodoromedes  fuit  pater. 
=  est-ce  Th.  qui  était  son  père? 


22  VERBE    COPULE 

PI.,  Truc.  202  :  ...  istic  est  puero  pater... 

=  c'est  celui-là  qui  est  son  père. 

Le  substantif  leno,  employé  comme  qualificatif  injurieux,  est 
antéposé  : 

Ter.,  Ad.  188  :  Leno  sum,  fateor,  pernicies  comniunis  adulescentium. 
PI.,  Per.  688  :  ...  quando  lenost,  nil  mirum  facit. 

—  Rud.  653  :  Vno  uerbo  absoluam  :  lenost. 

Il  est  postposé  s'il  s'agit  d'une  identification,  si  la  question  est 
seulement  de  savoir  qui  est  ou  n'est  pas  le  leno  : 

PI.,  Poen.  593-613  :  Eum  mihi  uolo  demonstretis  hominem... 
...  —  lUic  hoillO  est  qui  egreditur  leno. 
=  c'est  cet  homme-là  qui  est  le  leno. 

—  Pseud.  1154-5  :  ...  Si  tu  quidem  es 

Leno  Ballio. 

=  si  c'est  bien  toi  qui  es  le  leno  Ballio. 

c)  Construction  suspensive. 

Il  est  un  cas  où  l'ordre  est  déterminé  moins  par  le  sens  de  l'attri- 
bution que  par  la  nature  de  l'attribut  ;  c'est  lorsque  l'attribut  est 
constitué  par  un  complexe  dont  l'énoncé  n'est  pas  prédéterminé  et 
exige  un  temps  de  réflexion.  On  est  amené  dans  ce  type  de  phrase 
à  se  débarrasser  pour  ainsi  dire  de  l'élément  verbal,  signe  gramma- 
tical de  l'attribution,  pour  avoir  le  loisir  ensuite  de  rassembler  les 
termes  composants  de  l'attribut. 

Voici  un  exemple  où  sont  soulignées  les  étapes  de  la  réflexion 
par  laquelle  s'élaborent  les  différents  éléments  de  l'attribut  : 

Ter.,  Eun.  805-6  :  ...  Eam  essi":  dico...  liheram,  —  Hem  ! 
—  meam  sororeni. 

L'attribut  peut  être  constitué  par  une  accumulation  de  qualifi- 
catifs : 

PI.,  Mos.  562-3  :  ...  Ne  ego  sum  miser, 

Scelestus,  natus  dis  inimicis  omnibus. 
Ter.,  Ileaut.  227  :  Mea  est  potens,  procax,  magaifica,  sumptuosa,  nobilis. 
—    Eun.  688  :  Hic  est  uictus  uetiis  ucternos?is  senex. 

—  par  Hn  complexe  syntaxique,  tel  qu'une  proposition  : 

Ter.,  Hec.  604  :  Si  cetera  sunt  ita  ut  uis  itaque  uti  esse  ego  illa  existumo. 


CONSTRUCTION    SUSPENSIVE  23 

P].,  Rud.  1253  :  Nullus  erat  illo  pacto  ut  illi  iusserant. 
—   Trin.  1132  :  Est  ita  ut  tu  dicis. 

Un  cas  particulièrement  net  est  celui  de  l'attribut  chiffré,  dont 
l'énoncé  suppose  un  calcul  ou  du  moins  une  évaluation  réfléchie  : 

PI.,  Ps.  960-1  :  Hoc  est  sextum  a  porta... 

Anglportum. 
Cat.,  Agr.  15,  1  :  id  est  pedes  decem  quoquouorsum. 
Varr.,  R.  R.  I,  10,  2  :  id  est  decem  pedes  et  longitudine  et  latitudine. 

La  formule  id  est  =  c'est-à-dire,  représente  un  aspect  stéréotypé 
de  l'attribut  de  définition  : 

Ps.  Sali.,  ad  Caes.  II,  8  :  id  CSt  non  diuitias  decori  habere,  sed  ipsuin  Mis 
flagitio  esse. 

Enfin,  il  est  un  cas  où  l'auteur  de  l'énoncé  laisse  en  suspens  sa 
phrase  après  l'énoncé  de  la  copule  pour  faire  attendre  un  attribut 
de  forme  ou  de  sens  notable,  en  vue  d'un  effet  de  surprise  : 

PI.,  Ps.  607  :  Tune  es  Ballio?  —  Immo  uero  ego  eius  Slim  —  Subballio. 

Le  nom  propre  comiquement  forgé  «  Sous-Ballion  »  est  énoncé 
après  une  suspension  propre  à  piquer  la  curiosité  de  l'interlocu- 
teur. 

Même  intention  chez  Pétrone,  dans  les  propos  d'un  esclave  qui 
met  en  valeur  ses  trouvailles  d'expression  : 

Satir.  45,  5  :  Titus  noster  magnum  animum  habet,  et  est  —  caldicere- 
brius...  Illi  domesticus  sum,  non  est  —  mixcix. 

C'est  l'intention  à  laquelle  répond  à  peu  près  dans  nos  habitudes 
modernes  la  mise  entre  guillemets  ou  l'impression  en  italique. 

d)    Groupe  participial. 

Les  règles  établies  pour  le  groupe  adjectif-copule  valent  pour  le 
groupe  participe-copule,  qui  est  à  la  base  des  formes  périphrastiques 
de  la  conjugaison. 

Le  cas  du  participe  passé  mérite  un  développement  à  part,  du 
fait  que  cette  forme,  jointe  à  la  copule,  à  servi  à  constituer  dans  la 
conjugaison  l'ensemble  des  temps  du  perfectum  passif. 

Il  est  tout  à  fait  inexact  de  dire,  comme  le  fait  la  Grammaire 
latine  de  Haie  et  Buck,  que  «  dans  les  temps  composés  du  verbe 


24  VERBE    COPULE 

l'auxiliaire  peut,  selon  les  besoins  de  la  phrase,  être  placé  n'importe 
où  sans  être  en  relief  »  (p.  338). 

L'ordre  participe-auxiliaire  convient  soit  à  l'énoncé  pur  et  simple 
(exemples  innombrables),  soit  au  cas  où  il  y  a  lieu  de  mettre  en 
relief  le  participe  (cf.  ci-dessus,  p.  9)  : 

Cic,  Orat.  62,  210  :  Id  nos  fortasse  non  perfecimiis,  conati  quidam  sae- 
pissime  sumus. 

On  a  recours  à  l'inversion  s'il  y  a  lieu  d'insister  sur  l'affirmation 
(ou  la  négation)  du  fait  (cf.  ci-dessus,  p.  11)  : 

PI.,  Amph.  884-5  :  Ea  quae  SUUt  jacta... 

Quae  neque  simt  jacta... 

Quand  la  phrase  est  affirmative,  il  est  fréquent  que  l'affirmation 
soit  soulignée  par  une  particule  (cf.  ci-dessus,  p.  12)  : 

Ter.,  Eun.  395-6  :  ...  Est  istuc  datum 

Profecto  ut  grata  mihi  sint  quae  facio  omnia. 

Si  la  phrase  est  négative,  la  négation  est  souvent  exprimée  sous 
une  forme  intensive  (cf.  ci-dessus,  p.  21)  : 

Ter.,  Hec.  819  :  ...  quam  numquam  est  ratus  posthac  se  habiturum... 

—        419  :  ...  qui  numquam  es  ingressus  mare... 
PL,  Amph.  248  :  Numquam  etiam  quicquam...  est  prolocutus  perperam. 

Certains  verbes  ont,  en  vertu  de  leur  sens  même,  une  valeur 
assévérative  qui  les  prédestine  à  être  employés  avec  le  tour  inver- 
sif  ;  ainsi  celui  qui  signifie  «  avoir  l'audace  de  »  : 

Ter.,  Eun.  644  :  Hocine...  facinus  facere  esse  ausam  ! 

— -    Hec.  562  :  ...  Incendor  ira  esse  ausam...  iniussu  mec. 
PI.,  Bac.  1102  :  ...  Hoc  seruom  meum...  facere  esse  ausum  ! 
—  Capt.  704  :  ...  Cur  es  ausus  mentiri  mihi? 

(Cf.  encore  Heaut.  156,  624,  Tru.  289,  etc.). 

Conformément  à  l'usage  observé  pour  le  groupe  attributif,  l'in- 
version convient  au  cas  où,  l'idée  exprimée  par  le  participe  ayant 
été  antérieurement  énoncée,  on  ne  l'énonce  à  nouveau  que  pour  la 
remettre  en  question  ou  pour  l'envisager  d'un  point  de  vue  nou- 
veau (cf.  ci-dessus,  p.  13  et  suiv.)  : 

Rhcl.  ad  lier.  IV,  28  :  Commotus  non  es,  cuni  tibi  pedes  mater  amplexa- 

retur?  Non  es  commotus? 
Ter.,  Heaut.  627-8  :  ...  Scio  quid  jecerls  :  suslulisti.  —  Sic  est  factutn. 


GROUPE    PARTICIPIAL 


25 


Ter.,  Hec.  845-7  :  ...  Factum.  —  ...  Itane  estfactum? 
—    Eun.  702-8  :  Meam  (uestem)  ipse  induit... 
...  Ea  est  indutus? 
PI.,  Ep.  467-71  :  ...  mi  illa  empta  est...  Estne  empta  mi...  ? 

—  Af en.  1078-9  :  ...   Mosoho  prognatum  pâtre.  —  Tun  meo  pâtre  es 

prognatus? 

—  Cas.  860-1  :  Nec  fallaciam  astutiorem  ullus  fecit 

Poeta  atque  ut  haeo  est  facta...  a  nobis. 
Ter.,  Hec.  10-11  :  ...  eodem  ut  iure  uti  senem 

Liceat  quo  iure  sum  usus  adulescentior. 

(sur  7  exemples  qu'on  trouve  de  l'ordre  inverse  dans  le  De  agr.  de 
Caton,  5  sont  de  ce  type  :  2,  1  ;  25,  26  ;  31,  1  ;  161,  1). 

Tel  énoncé  qui  ne  contient  que  l'indication  d'un  fait,  donnée  à 
titre  de  simple  renseignement,  présente  l'ordre  normal  : 

Ter.,  Eun.  Qll  :  Qui  ad  nos  deductus  hodie  est. 

Repris  quelques  vers  plus  loin  pour  mettre  en  doute  l'identité  de 
la  personne  à  qui  on  rapporte  le  fait,  il  comporte  l'ordre  inverse  : 

Ter.,  Eun.  679-80  :  ...  An  tu  hune  oredidisti  esse,  obsecro. 
Ad  nos  deductum? 

Il  y  a  une  simple  question  posée,  avec  l'ordre  normal,  dans  : 

Cic.,  Pro  Rose.  Amer.  33,  92  :  Vbi  occisus  est  Sex.  Roscius? 

Dans  la  suite  du  même  passage,  quand  il  s'agit  de  déterminer 
quelle  est  la  question  à  retenir,  le  lieu  du  meurtre  ou  l'identité  du 
meurtrier,  l'ordre  est  renversé  : 

...  Quasi  nunc  id  agatur  quis...  occiderit,  ac  non  hoc  quaeratur,  eum 
qui  Romae  sit  occisus,  utrum  uerisimilius  sit  ab  eo  esse  occisum  qui  assi- 
duus  eo  tempore  Romae  fuerit. 

Il  n'est  pas  nécessaire,  pour  conditionner  l'inversion,  qu'il  y  ait 
reprise  explicite  ;  il  suffit  que  l'idée  exprimée  par  le  participe  soit 
supposée  présente  à  l'esprit,  l'essentiel  étant  de  déterminer  à  quelle 
personne,  à  quelles  circonstances  il  convient  de  l'appliquer. 

Le  caractère  commun  à  tous  les  exemples  de  ce  type,  c'est  la 
mise  en  relief  du  terme  qui  désigne  cette  personne  ou  ces  circons- 
tances (cf.  p.  18)  : 

Ter.,  Ph.  912  :  Olim  cum  honeste  potuit,  tuin  non  est  data. 
=  c'est  alors  qu'elle  n'a  pas  été  donnée. 


26  VERBE    COPULE 

Ter.,  Ph.  602  :  ...  pro  uno  duO  sunt  mihi  dati. 

=  au  lieu  d'un,  c'est  deux  qui  m'ont  été  donnés. 
Cic,  Pro  Mur.  75  :  Quasi  uero  esset  Diogenes  mortuus  et  non  Africani 

mors  honestaretur. 

=  comme  si  c'était  Diogène  qui  fût  mort  et  non  pas... 

Les  exemples  suivants,  tous  empruntés  à  un  même  verbe  nascor, 
donnent  une  idée  des  divers  cas  qui  peuvent  se  présenter. 

S'agit-il  d'annoncer  simplement  la  naissance  d'un  enfant  ;  on  a 
l'ordre  direct  : 

Ter.,  Hec.  639  :  Natus  est  nobis  nepos. 

Veut-on  insister  sur  la  qualité  du  nouveau-né  ;  le  participe  natus 
passe  en  seconde  place  pour  laisser  tout  le  relief  à  un  qualificatif  : 

Ter.,  And.  486  :  Per  ecastor  SCitus  puer  est  natus... 
=  c'en  est  un  bel  enfant  qui... 

Même  disposition  si  on  pose  la  question  de  la  paternité  : 

Ter.,  Hec.  279  :  ac  si  ex  me  esset  nata 

=  comme  si  c'était  de  moi  que... 

—  du  lieu  de  la  naissance  : 

PI.,  Mil.  648  :  Ephesi  sum  natus,  non  enim  in  Apulis. 
=  c'est  à  Ephèse,  et  non  pas... 

■ —  des  circonstances  de  la  naissance  : 

Ter.,  Hec.  ()81  :  Puer  quia  clam  te  est  natus. 

=  puisque  c'est  à  ton  insu  que... 

On  notera  ici,  comme  pour  l'adjectif  attributif  (cf.  p.  16-17),  une 
exception  apparente.  Il  arrive  que  dans  le  cas  d'une  reprise  le  par- 
ticipe reste  pourtant  antéposé  au  verbe.  C'est  qu'une  raison  parti- 
culière intervient  de  le  mettre  en  valeur.  Ainsi  quand  on  doit  oppo- 
ser la  notion  verbale  qu'il  contient  à  une  autre  notion  verbale  : 

Cic,  Pro  Mil.  37, 103  :  Qui  possum  putare  me  restitutum  esse  si  distrahar 
ab  iis  per  quos  restitutiis  sum? 

(le  rappel  de  restitutum  esse  devrait  entraîner  l'inversion  sum  resti- 
tutus,  mais  la  nécessité  de  marquer  l'opposition  avec  distrahar 
conduit  à  maintenir  restitutus  en  première  place)  ; 

—  ou  quand  la  reprise  a  pour  efîet  de  souligner  avec  insistance 
l'idée  exprimée  par  le  participe,  le  verbe  étant  pour  ainsi  dire  con- 


GROUPE    PARTICIPIAL  27 

fronté  avec  lui-même  ;  ainsi  dans  les  exemples  suivants,  où  le  relief 
est  encore  accentué  par  une  disjonction  ^  : 

PI.,  Cas.  878  :  ...  piidet  quam  prius  non  puditum  —  umquam  —  est. 

—  1029  :  Ne  capta  praeda  capti  —  praedones  —  fuant. 

—  Truc.  635-6  :  Que  facto  excludi...  potui  planius 

Quam  exclusus  —  nunc  — ■  sum? 

—  Poen.  283-4  :  ...  quom  ornatum  aspicio  nostrum...,  paenitet 

Exornatae  —  ut  —  simus. 

—  Cas.  513-4  :  Que  id  quoi  paratum  est  ut  paratuiu  —  ne  —  siet, 

Sietque  ei  paratum  quod  paratum  —  non  —  erat. 
Ter.,  Heaut.  698  :  ...  celahitur  itidem  ut  celata  —  adhuc  —  est. 

La  construction  du  participe  présent  avec  la  copule  est  extrême- 
ment rare  en  latin  classique  (cf.  J.  Marouzeau,  L'emploi  du  parti- 
cipe présent  latin,  p.  37  ss.)  ;  elle  ne  se  répandra  que  dans  le  latin 
tardif,  où  proficiscens,  sum  deviendra  une  sorte  de  présent  péri- 
phrastique  (cf.  H.  Goelzer,  La  latinité  de  S.  Jérôme,  p.  389). 

La  règle  d'ordre  vaut  encore  pour  les  locutions  de  ce  type.  Le 
participe  précède  s'il  s'agit  d'un  énoncé  normal  : 

Sali.,  Jug.  97,  3  :  quia  looorum  scientes  erant. 

Il  y  a  inversion  s'il  s'agit  d'affirmer  l'attribution  : 

Ter.,  And.  508  :  Renuntio  futurum,  ut  sis  sciens. 

=  pour  que  tu  ne  sois  pas  sans  le  savoir. 

(même  formule  :  Aiid.  11^  ;  PI.,  Poen.  1038). 

Mêmes  observations  pour  les  autres  formes  nominales  de  la  con- 
jugaison. L'inversion  a  pour  effet  soit  d'insister  sur  la  valeur  affir- 
mative de  la  copule  : 

Ter.,  And.  917  :  ...  Est  uero  huic  credundum. 

=  il  faut  bien...  {uero  souligne  la  valeur  de  raHirination). 

—  Ph.  429-30  :  ...  Quin  quod  est  |  Ferundum  fers? 

=  ce  qu'il  faut  bien  supporter. 

—  soit  de  marquer  qu'il  s'agit  d'une  reprise  : 

Ter.,  Heaut.  456  :  Dedl  ;  quod  si  iterum  mihi  sit  danda.. 
PI.,  Rud.  1084-5  :  Det...  \  Nihil  hercle  ego  Slim  isti  daturus. 

1.  CeUe  interprétation  complète  et  corrige  celle  que  j'iii  proposée  dans  La  phrase 
à  verbe  êlre,  p.  125  et  suiv. 


II 

VERBES  ATTRIBUTIFS  DIVERS 


Certains  verbes  à  signification  concrète  sont  susceptibles,  comme 
le  verbe  «  être  »,  d'introduire  une  attribution  ;  ainsi  ceux  qui  servent 
à  énoncer  un  devenir  (fieri),  une  apparence  (uideri),  une  appellation 
[appellari),  etc.  Tel  de  ces  verbes,  fieri,  est  si  étroitement  appa- 
renté au  verbe  «  être  »  que  la  même  racine  est  à  la  base  de  certaines 
de  leurs  formes  :  fio,  fieri,  fui,  fore,  futurus.  Par  leur  fonction,  ils 
sont  assimilables  à  la  copule,  et  chacun  d'eux  peut  former  avec 
l'attribut,  au  même  titre  qu'elle,  un  groupe  syntaxique  dans  l'inté- 
rieur duquel  les  règles  énoncées  ci-dessus  trouvent  leur  application, 
sauf  certaines  particularités  qui  peuvent  tenir  au  fait  que  le  verbe 
considéré,  au  lieu  d'être  un  outil  grammatical  dénué  de  sens,  est 
doué  d'une  signification  concrète. 

A.  —  L'attribut  précède 
a)  Enoncé  banal. 

Dans  un  énoncé  de  type  banal,  l'attribut  précède  le  verbe. 

1)  Verbes  exprimant  l'apparence  : 

PI.,  Ps.  194  :  Satin  magni ficus  tibi  uidetur? 

—       142  :  Hau  mali  uidentur. 
Yarr.,  R.  R.  I,  5,  1  :  Equidem  innurnerabiles  niihi  uidentur. 
Ter.,  Ad.  7.9  :  Nescio  quid  tristem  uideo. 

2)  Verbes  d'appellation,  servant  à  introduire  un  nom  propre,  un 
titre  honorifique,  une  dénomination  technique,  un  terme  étranger  : 

Caes.,  B.  G.  I,  27,  4  :  eius  pagi  qui   Verbigenus  appellatur. 

—     B.  G.  I,  35  :  cum...  rex  atque  amicus  ab  senatu  appellatus  esset. 
Varr.,  R.  R.  III,  12,  6  :  quem  cuniculuni  appellant. 
—  II,  1,  19  :  quarum  oua  hypenemia  uocant. 


ÉNONCÉ     BANAL  29 

Caes.,  B.  G.  I,  16,  5  :  quem  uergohretem  appellant  Haedui. 

3)  Verbes  de  jugement  : 

Cic,  De  diu.  II,  3,  10  :  qui  diulni  habentur. 

PI.,  St.  11  :  ...  ex  omnibus  bonus  perhibetur. 

Varr.,  R.  R.  II,  10  :  qui  de  agri  cultura  Romanus  peritissimus  existimatur. 

Hor.,  Sat.  II,  7,  101  :  Subtilis  ueterum  iudex  et  callidus  audis. 

Fréquentes  sont  les  formules  du  type  :  aequom  censeo  (Ad.  601  ; 
St.  112,  113  ;  Poen.  795  ;  Trin.  304)  ;  dignum  arhitror  [Ad.  919  ; 
Aul.  224)  ;  celles  de  puto  avec  un  adjectif  :  rectum  [Ad.  99),  fortuna- 
tuTïi  [Ad.  43),  ingratum  [Hec.  853)  ;  de  uolo  avec  uiuom,  saluom,  etc. 
{Heaut.  1051;  Hec.  259,  464,  etc.)  ;  de  habeo  avec  manifestum 
(Sali.,  Cat.  41  ;  Jug.  33),  nescium  (Tac,  Ann.  XVI,  14)  ;  laetum 
[Ihid.,  II,  57),  sollicitum  (Cic,  Fam.  II,  16;  VII,  3),  anxium  (Tac, 
Ann.  II,  65),  miserum  (PL,  Ep.  667),  inimicum  (Ter.,  Eun.  174). 

4)  Verbes  factitifs,  tels  que  les  simples  facio  et  fîeri,  que  Plante 
réunit  curieusement  dans  une  construction  syncrétique  : 

PI.,  Per.  760  :  ...  omnis  hilares  ludentis  laetificantis  faciam  ut  fiant, 
le  composé  efficio,  le  simple  do  et  le  composé  reddo. 
On  trouve  ces  verbes  construits  avec  des  substantifs  : 
heredem  [exheredem)  facere  (PI.,  Bacch.  849  ;  Most.  234)  ; 

—  le  plus  souvent  avec  des  adjectifs  : 

sanum  facere  (PI.,  M  en.  894)  ;  sanus  fieri  (Cat.,  De  agr.  157,  8  ;  157,  9  ; 
160)  ;  maturus  fieri  [Agr.  161)  ;  satur  fieri  (Varr.,  R.  R.  II,  1,  3  ;  II,  2, 
15  ;  III,  15,  1)  ;  pinguis  fieri  {R.  R.  III,  7,  10  ;  III,  13,  1)  ;  bonus  effici 
(Cic,  De  diu.  II,  1,  3)  ;  placidum  reddere  (Ter.,  Ad.  534)  ;  sollertem  dare 
[Enn.  478)  ;  praecipitem  dare  ou  agere  [Ad.  318;  And.  606  ;  Ph.  625: 
Sali.,  Jug.  14  ;  Cat.  31  ;  Hor.,  Sat.  I,  2,  41  ;  T.-L.  XXXI,  31)  ; 

—  en  particulier  avec  des  comparatifs  : 

meliorem  facere  (PI.,  St.  622)  et  melior  fieri  (Varr.,  R.  R.  II,  3,  2)  ; 
maiorem  facere  {R.  R.  III,  9,  3)  et  maior  ou  miner  fieri  [R.  /?.  I,  8,  5)  ; 
aptiorem  facere  {R.  R.  I,  27,  2)  ;  alacriorem  (III,  2,  10)  ;  adsiduiorem 
facere  (II,  10,  6)  ;  certior  fieri,  qui  est  si  fréquent  chez  les  historiens  : 
Ces.,  B.  G.,  I,  7,  3  ;  11,  4  ;  12,  2  ;  21,  1  ;  34,  1  ;  41,  5  ;  II,  1,  1  ;  III,  2, 
1,  etc. 

Les  locutions  de  ce  type  répondent  à  ce  que  sont  dans  certaines 


30  VERBES    ATTRIBUTIFS 

langues,  et  exceptionnellement  en  latin  même,  les  verbes  factitifs 
du  type  fr.  agrandir,  amoindrir,  améliorer,  etc. 

Il  faut  signaler  enfin  les  formules  constituées  par  un  verbe  du 
type  facere,  habere,  joint  à  un  adverbe  d'estimation  : 

magni  facere  {Ps.  944)  ou  habere  (Ces.,  B.  G.  IV,  21,  7)  ;  nihili  facere 
[Ps.  1104)  ou  pendere  {Ad.  452)  ;  flocci  facere  {Eun.  303)  ; 

—  et  surtout  les  locutions  verbales  constituées  à  l'aide  d'un  parti- 
cipe, soit  présent  : 

scientem  facere  (PI.,  Asin.  48  ;  Ter.,  Heaut.  873)  ;  flentem  facere  (PI., 
Per.  1041)  ;  laetantem  facere  {St.  407), 

—  soit  passé  : 

Ter.,  Hec.  780  :  missam  iram  faciet. 
Sali.,  Jug.  59  :  uictos  dare. 
Virg.,  Aen.  III,  69  :  placata  dant. 
Ter.,  Ph.  856  :  delihutum  reddo. 
PI.,  As.  122  :  perfectum  reddat. 

—  Bacch.  198  :  impetratuin  redderem. 

—  Ep.  46  :  impeiratum  reddidi. 
Ter.,  Eiui.  212  :  effectum  dabo. 
PL,  Ps.  530  :  effectum  reddam. 

—  Capt.  345  :  transactum  reddet. 
Ter.,  And.  864  :  commotum  reddam. 

—    Ad.  849  :  excoctam  reddam. 

Cf.,  construits  avec  le  futur  dabo  :  perfectum  {Cist.  595),  conditam 
{Ps.  881),  incensam  {Ph.  974),  exornatum  {Heaut.  950),  explicatam 
{Ps.  926),  etc. 

Particulièrement  notable  est  l'emploi  de  habere  avec  un  participe 
passé,  qui  est  à  l'origine  de  la  conjugaison  périphrastique  du  fran- 
çais : 

scnplum  (Varr.,  B.  B.  I,  36  ;  II,  1  bis,  23  ;  II,  2,  20  ;  II,  3,  8  ;  II,  5, 
5  ;  II.  7,  16  ;  II,  10,  10)  ;  clausum,  inclusum,  disclusum  {Ibid.,  II,  7,  10  ; 
III,  3,  8  ;  III,  12,  2  ;  III,  17,  4)  ;  conductum,  emptum,  locatum  {Ibid.,  III, 
1,  8;  III,  16,  10)  ;  acceplum  (PI.,  Most.  91)  ;  repertum  {Mil.  886)  ;  mis^ 
sum  {Ps.  602)  ;  relictum  {St.  362),  abstrusum  {Cure.  606,  Mer.  360)  ;  par- 
tum,  conditum,  promptum,  occultum,  exercitum,  cognitum,  contemptuni, 
inuisum,  despicatum,  etc. 


ATTRIBUTION    DISTINCTIVE  31 


b)  Attribution  distinctii>e. 

L'attribut  se  met  encore  en  première  place,  et  cette  fois  obliga- 
toirement, s'il  joue  dans  l'énoncé  un  rôle  notable. 
Ainsi  quand  il  a  une  valeur  d'opposition  : 

Varr.,  R.  R.  I,  4,  4  :  grauiora  quae  sunt,  ea  leuiora  facere. 
PI.,  Ps.  940  :  ...  memorem  immemorem  facit. 
—  1237  :  Certumst  mihi  hune  emortualem  facere  ex  natali  die. 
Ter.,  Eun.  254  :  ...  ex  stultis  iusanos  facit. 
Sali.,  Cat.  58,  19  :  quae  etiam  timides  fortes  facit. 

—        52, 19  :  rem  publicam  ex  parua  magnam  fecisse. 
PI.,  Amph.  1099  :  Neque  gementem  neque  plorautem...  audiuimus. 
Ter.,  Eun.  1009-11  :  Numquam  pol  hominem  stultiorem  uidi... 

At  etiam  primo  callidum  et  disertiim  credi'di... 
—    Hec.  214  :  ...  quae  me  omnino  lapidem,  non  hominem  putas. 
Sali.,  Cat.  51,  17  :  Sententia  eius  non  crudelis,  ...  sed  aliéna  a  re  piiblica 
nostra  uidetur. 

La  nécessité  de  mettre  en  relief  l'attribut  apparaît  plus  particu- 
lièrement avec  les  verbes  d'appellation,  du  fait  qu'on  a  souvent  à 
pourvoir  différents  objets  de  leurs  dénominations  respectives  : 

Varr.,  iî.  /î.  II,  5,  6  :  quae    sterilis    est    uacca,    taura    appellatur,   quae 
praegnas,  horda. 

—  I,  4  :  luppiter  pater  appellatur,  Tellus  terra  mater. 

—  III,  9,  19  :  antiqui,  ut  Thetim  Tlielim  dicebant,  sic  medi- 
cam  melicam  uocabant. 

—  ou  à  envisager  pour  un  même  objet  plusieurs  appellations  pos- 
sibles : 

Caes.,  B.  G.  I,  1,  1  :  ipsorum  lingua  Celtae,  nostra  Galli  appellantur. 
Cic,  De  diu.  II,  4,  11  :  quem  i];£uoôa£vov  uocant,  quem  ...  licet  acerualem 

uocare. 
Varr.,  R.  R.  I,  7,  6  :  Subari,  qui  nunc  Thurii  dicuntur. 

—  I,  59,  1  :  antea  mustea  uocabant,  nunc  melimela  appellant. 

—  II,  4,  16  :  delici  appellantur,  neque  iam  lactailtes  dicuntur. 

—  I,  32,  2  :  quae  alii  legimiina,  alii...  legarica  appellant. 

—  II,  11,  9  :  quam...  alii  uellera,  alii  uelamina  appellant. 

—  III,  16, 10  :  quod  alii  meliphyllon,  alii  melissophyllon,  qui- 
dam melliuam  appellant. 


32  VERBES    ATTRIBUTIFS 

Varr.,  R.  R.  III,  13,  2  :  quod  non  leporariiim,  sed  theratrophium  appel- 

labant. 
Sali.,  Cat.  51, 14  :  Quae  apud  alios  iracundia  dicitur,  ea  in  imperio  super- 

bia  atque  crudelitas  appellatur. 
PI.,  Ps.  880  :  Quin  tu...  inimicos  potius  quam  amicos  uocas? 

—  ou  à  justifier  une  dénomination  par  appel  à  l'étymologie  : 

Varr.,  R.  R.  I,  10,  2  :  quae  heredem  sequerentur,  heredilim  appellarunt. 

—  I,  23,  2  :  quae,  quod  ita  leguntur,  legumina  dicta. 

—  I,  2,  14  :  uiam  ueham  appellant  propter  uecturas. 

—  I,  10,  1  :  iuglim  iiocant  quod  iuncti  boues  uno  die  exarare 

possint. 

Sont  antéposés  les  attributs  de  sens  intensif,  tels  que  les  compa- 
ratifs ou  exclusifs  prior,  primus,  postremus,  solus...  dans  les  for- 
mules qui  signifient  :  «  être  le  premier,  le  dernier,  le  seul...  à  faire 
telle  chose  »  : 

Ter.,  Ad.  975-6  :  Hodie  prima  mammam  dédit  haec... 
— ■  Siquidem  prima  dédit. . . 
—        23  :  qui  primi  uenient. 
—    Eun.  247  :  hanc  primus  iuueni  uiam. 
Varr.,  R.  R.  I,  54,  1  :  quo  prior  legenda. 
Ter.,  Eun.  168  :  Quia  solae  utuntur  his  reginae. 

—  les  substantifs  qui  expriment  la  primauté,  la  valeur  : 

Ter.,  Hec.  555  :  non  eum  hominem  ducerem. 
PI.,  St.  297  :  neque  id  uiri  officium  arbitrer. 

—  les  adjectifs  qui  énoncent  un  degré  supérieur  de  la  connaissance, 
de  la  volonté  ;  ainsi  l'expression  certior  fieri  se  présente  chez  César 
toujours  sous  cette  forme. 

Quand  l'attribut  joue  ainsi  un  rôle  éminent  dans  l'énoncé,  une 
disjonction  vient  souvent  accuser  la  mise  en  relief  : 

Cat.,  Agr.  109  :  asperum  quod  erit  suaue  —  si  uoles  —  facere. 

Varr.,  R.  R.  I,  4,  2  :  non  solum  fructuosiorem  — ■  eadem  —  faciunt...,  sed 

etiam  uendibiliorem. 
PI.,  Bacch.  768  :  Tarn  frictlim  —  ego  illum  —  reddam  quani  friotum  est 

oicer. 
Ter.,  Ad.  952  :  ...  non  meum  —  illud  uerbum  —  facio  quod  tu,  Micio, 
Bene  et  sapienter  dixti  dudum. 


ATTRIBUTION    ASSÉVÉRATIVE  33 

PI.,  Ps.  812  :  Boues  —  qui  conuiuas  —  faciunt. 

=^  «  ceux  qui  traitent  les  convives  comme  des  bœufs  »  (c'est 
un  cuisinier  qui  dénigre  ses  confrères). 
—  St.  144  :  Probiores,  • — •  credo  — ,  arbitrabunt,  si  probis  narraueris. 
Ter.,  Ad.  546  ss.  :  Prîmus  sentio  mala  nostra,  primus  rescisco  omnia, 
Primus  —  porro  — •  obnuntio,  aegre  solus  —  siquid  fit  —  fero. 
—  Rideo  hune  :  primum  —  ait  se  —  scire  ;  is  SolllS  nescit  omnia. 

—  Eun.  122  :  Neque  tu  uno  eras  contenta  neque  SOlus  dédit. 
—         163  :  Num  solus  —  ille  dona  —  daû 

—  Ad.  481-2  :  ...  Alit  illas,  solus  —  omnem  familiam  — 

Sustentât. 
—        564  :  Laudo,  Ctesipho...  Virum  —  te  —  iudico. 


B.  —  Le  verbe  précède 
a)  Attribution  asséçérative. 

Le  verbe  attributif  précède  si  la  notion  qu'il  exprime  doit  être 
mise  en  valeur  (cf.  p.  11).  Ainsi  quand  on  oppose  l'apparence  à  la 
réalité  : 

Sali.,  Cat.  54,  5  :  esse  quam  ulderi  bonus  malebat. 

Cic,  De  orat.,  II,  5,  19  :  Si  tibi  uideantur...  inepti,  sicut  debent  uideri... 

Ter.,  Heaut.  270  :  Quae  est  dicta  mater  esse  ei  antehac,  non  fuit. 

—  l'afTirmation  à  la  négation  : 

Sén.,  Ep.  3,  1  :  in  eadem  epistula  illum  et  dixisti  amicum  et  negasti. 

—  une  action  à  une  autre  action  : 

Cic,  Att.  IV,  8  a,  2  :  Quid  enim  hoc  miserius  quam  eum  qui  tôt  annos... 
designatus  consul  fuerit,  fieri  consulem  non  posse? 

—  quand  l'énoncé  est  présenté  avec  la  valeur  d'une  affirmation 
forte,  d'un  engagement  formel  : 

PI.,  St.  673-4  :  Mirum  uideri  nemini  uestrum  uolo,  spectatores, 
Quid  ego  hinc...  exeam  :  faciam  uos  certiores. 

—  d'une  menace  : 

PI.,  Amph.  1030  :  Quem  pol  hodie...  faciam  feruentem  flagris. 


34  VERBES    ATTRIBUTIFS 

b)  Attribution  confirmative. 

Le  verbe  attributif  se  met  encore  en  première  place  si  l'énoncé  de 
l'attribut  est  présenté  comme  secondaire,  du  fait  qu'il  est  repris  du 
contexte  antérieur  ou  supposé  présent  à  l'esprit  (cf.  p.  13-15). 

L'acte  III  de  VHécyre  débute  par  un  monologue  où  un  person- 
nage se  lamente  sur  son  infortune  : 

282  :  ...  Heu  me  infelicem  ! 
285  :  ...  miserum  me  ! 

Lorsque,  dans  la  suite,  cette  idée  est  reprise,  le  qualificatif  qui 
l'exprime  est  postposé,  d'abord  dans  deux  phrases  à  copule  : 

293  :  ...  an  quisquam  usquam  gentium  est  aeque  miser? 
296  :  ...  quouis  facile  scitust  quam  fuerilll  miser. 

puis,  de  la  même  façon,  dans  une  phrase  à  verbe  attributif  : 

300  :  ...  quid  restât  nisi  porro  ut  fiam  miser? 

Tout  au  long  d'un  chapitre  de  Varron,  nous  voyons,  à  la  suite 
d'un  énoncé  attributif  présenté  d'abord  avec  l'ordre  normal  : 

R.  R.  III,  9,  21  :  pingues  fiant, 

l'inversion  régulièrement  employée  à  chaque  rappel  de  cet  énoncé  : 

III,  9,  21  :  eodem  modo  palumbos...  redduilt  pingues. 
— ■  10,  7  :  duobus  mensibus  fiimt  pingues. 
— ■  11,  4  :  sic  pascendo  fiunt  pingues. 

—  12,  5  :  faciunt  pingues. 

—  15,  2  :  in  tenebris...  îiunt  pingues. 

La  règle  vaut  pour  tous  les  verbes  attributifs  indistinctement  : 

Varr.,  R.  R.  III,  l'i,  2  :  ros...  si  naturalis  non  est,...  (locum)  manu  facere 
oportet  roscidum. 
—  I,  51,  1  :  Aream...  solida  terra  pauita...  ;  quidam  aream  ut 

habeant  soldam,  muniunt  lapide. 
PI.,  Ps.  325-341  :  ...  non  uenalem  iam  habeo  Phoenicium... 

—  Non  habes  uenalem  amicam  tu  meam  Phoenicium? 
—        1013-4  :  Salutem  scriptam  dignum  est  dignis  mittore. 
Te  si  arbitrarer  dignum,  misissem  tibi. 
Varr.,  R.  H.  III,  2,  10  :  si...  lotus  fundus...  reote  uilla  appellatur,  haec 
quoque  simili  de  causa  débet  UOCari  uilla  in  (jua... 


ATTRIBUTION    CONFIRMATIVE  35 

Varr.,  R.  R.  l,  31,  4  :  Ocinum  dictum  a  graeco  uerbo  toxéwç...  Hoc  am- 
plius  dictum  ocinum  quod  citât  aluom  bubus. 

—  II,  4,  10  :  noua  nupta  et  nouus  maritus  primum  porcum 
immolant...  ;  nam...  naturam  qua  feminae  sunt  in  uirginibus  appel- 
lant  porcum. 

—  II,  1,  19  :  quae  nata  sunt  corda...  ;  dicuntur  agni  cordi  qui.. 

—  II,  1,  18  :  Secunda  pars  est  de  f etura  ;  nunc  appelle  fetu- 
ram  a  conceptu  ad  partum. 

—  III,  1,  6  :  Oppidi  quoque  nomen  Thebae  indicat  antiquio- 
rem  esse  agrum,  quod  ab  agri  génère...  nomen  ei  est  impositum  ; 
nam  lingua  prisca...  UOCant  collis  tebas,  et  in  Sabinis...  miliarius 
cliuus...  appellatur  tebae. 

—  II,  5,  3  :  ...  /ia/ta,  quae  a  bubus  nomen  habere  sit  existi- 
mata.  Graecia  enim  antiqua...  tauros  UOCat  halos...  Ex  Sicilia  Her- 
cules persecutus...  nobilem  taurum,  qui  diceretur  Italus. 

Les  deux  passages  suivants  de  Varron  se  prêtent  à  une  sorte 
d'expérimentation  : 

R.  R.  I,  29,  3  :  ...  In  porcis  relictae  grandiores  sunt  glebae.  Qua  aratrum 
uomere  lacunam  striam  fecit,  sulcus  uocatur  ;  quod  est  inter  duos  sul- 
cos  elata  terra  dicitlir  porca,  quod  ea  seges  frumentum  porricit. 

L'attribut  sulcus  précède  son  verbe,  parce  qu'il  constitue  une 
désignation  inédite  ;  l'attribut  porca  suit  le  sien  parce  que  la  dési- 
gnation est  déjà  présente  à  l'esprit  (cf.  in  poi-cis)  et  n'est  reprise  que 
pour  fournir  l'occasion  d'une  explication  étymologique. 

R.  i?.  II,  4,  1  :  Scrofam...  de  ea  re  dicere  oportere  cognomen  eius  signifi- 
cat.  — ■  Cui  Tremelius  :  Ignorare,  inquit,  uidere  cur  appeller  Scrofa... 
Auus  meus  primum  appellatiis  est  Scrofa...  Nam  eo  proelio  hostes 
ita  fudit  ac  fugauit  ut  eo  Nerua  praetor  imperator  sit  appellatus,  auus 
cognomen  inuenerit  ut  diceretur  Scrofa. 

Trois  inversions  successives  pour  l'attribut  Scrofa,  parce  qu'il 
s'agit  de  rappels  d'une  appellation  connue  ;  antéposition  de  l'attri- 
but imperator,  parce  qu'il  est  inédit. 

La  règle  de  l'inversion  justifiée  par  la  reprise  d'un  attribut  anté- 
rieur souffre  ici,  comme  pour  la  copule  (cf.  p.  16-17),  des  exceptions 
apparentes.  Il  arrive,  en  effet,  que  la  raison  d'être  de  la  reprise  d'un 
attribut  précédemment  énoncé  soit  justement  de  la  mettre  en  va- 
leur. Il  revendique  alors  la  première  place,  soit  qu'on  le  mette  en 
opposition  avec  un  autre  terme  : 

Varr.,  R.  R.  III,  16,  19  :  Hae  differunt  inter  se,  quod  ferae  et  cicures 


36 


VERBES    ATTRIBUTIFS 


sunt.  Nunc  feras  dico  quae  in  siluestribus  locis  pascitant  ;  cicures 
quae  incultis. 

—  I,  10,  1  :  Modos...  alius  alios  constituit  ;  nam  in  Hispa- 
nia...  metiuntur  iugis,  in  Campania  uersibus,  apud  nos...  iugeris.  lu- 
gum  uocant  quod  iuncti  boues  uno  die  exarare  possint  ;  uersum  dicunt 
centum  pedes  quoque  uersum  quadratum  ;  iugerum  quod  quadratos 
duos  actus  habeat. 

—  soit  qu'on  lui  confère  une  valeur  emphatique  : 

PI.,  Pseud.  401  :  ...  quasi  poeta... 

Quaerit  quod  nusquam  gentiumst,  reperit  tamen... 
Nunc  ego  poeta  fiam... 

Le  mot  poeta  est  repris  avec  une  insistance  comique  pour  dési- 
gner celui  qui  trouve  de  l'argent  où  il  n'y  en  a  pas. 

c)  Attribution  subordonnée. 

Comme  on  l'a  vu  pour  la  copule  (cf.  p.  18),  il  est  normal  que, 
lorsqu'on  reprend  une  attribution,  ce  soit  pour  la  rapporter  à  des 
circonstances  nouvelles,  dont  l'énoncé  se  trouve  alors  mis  en  relief 
aux  dépens  de  l'attribution. 

Dans  l'acte  III  du  Pseudolus,  un  cuisinier  nous  est  d'abord  pré- 
senté en  ces  termes  : 

Ps.  789  :  Erus...  ducit  coquom. 

Un  peu  après,  le  mot  coquos  est  repris  en  fonction  d'attribut,  dans 
une  phrase  oîi  on  veut  insister  sur  les  circonstances  de  l'attribu- 
tion ;  l'attribut  passe  en  seconde  place  : 

802-3  :  Auaritia  ego  sum  f actus...  coquos, 
Non  meopte  ingenio. 

=  c'est  par  amour  du  gain  que  je  me  suis  fait  cuisinier,  non  par 
goût  personnel. 

La  règle  vaut  pour  tous  les  verbes  attributifs  : 

Varr.,  R.  R.  II,  2,  3  :  Ouem  esse  opprtet...  uillis  allis  et  densis  toto  cor- 
pore,  maxime  circum  ceruicem  et  collum,  uentrem  quoque  ut  habeat  pi- 
losum. 
=  outre  la  tête  et  le  cou,  que  le  ventre  aussi  soit... 

—  II,  4,  1  :  Ignorare...  uidere  curappeller  Scrofa...  Auus  meus 
primum  appellatus  est  Scrofa. 


LOCUTIONS    FACTITIVES  37 

=  cest  mon  grand-père  qui,  pour  la  première  fois,  s'est  appelé  Scrofa. 

Il  y  a  encore  inversion,  même  sans  reprise  formelle  de  l'attribut, 
si  l'attribution  est  présentée  comme  subordonnée  (cf.  p.  19)  : 

Varr.,  R.  R.  II,  1  bis,  17  :  Faeno   fit  satura   equa,    cum   sues    quaerant 
glandem. 

=^  cest  de  foin  quon  nourrit  la  jument,  tandis  que  les  porcs  recher- 
chent les  glands. 

Ter.,  Ph.  1010  :  ...  Vbi  ad  uxores  uentumst,  tuin  fiunt  senes. 
=  cest  alors  quûs  se  font  vieux. 

—  Hec.  125  :  Vsque  illud  uisumst  Pamphilo  ne  utiquam  graue 

Doneciam... 

=  la  chose  ne  parut  sans  importance  que  dans  la  limite 
où... 

—  Ad.  268-9  :  ...  Quiquidem  te  haheam  fratrem,  o  mi  Aeschine  ! 

0  mi  germane  ! 

=  quand  cest  toi  que  j'ai  pour  frère. . . 
Varr.,  R.  R.  II,  4,  16  :  ab  eo...  appellantur  sacres  quod  tum  ad  sacrifi- 
cium  idonei  dicuntur  primum. 

—  III,  1,  5  :  Nec  sine  causa  terram  eandem  appellahant  Ma- 
trem  et  Cererem. 

Virg.,  Bue.  9,  33  :  Sunt  et  mihi  carmina  ;  me  quoque  dicunt  \  Vatem. 

La  forme  interrogative  de  la  phrase  souligne  avec  une  netteté 
particulière  ce  caractère  de  subordination  : 

PI,,  St.  123  :  Quae  tibi  millier  uidetur  multo  sapientissuma? 

—  Ph.  345  :  Ea  qui  praebet,  non  tu  hune  habeas...  deum? 

C.  Cas  particuliers 

a)  Locutions  factitives. 

Les  raisons  propres  à  justifier  l'inversion  valent  même  pour  les 
locutions  semi-fîxées,  du  type  des  factitifs  mentionnés  p.  29  et  30  : 
Ainsi,  quand  il  y  a  reprise  de  la  notion  attributive  : 

Varr.,  R.  R.  II,  6,  4  :  ...  deteriorem  ;...  remissione  laboris  fit  deterior. 

—  II,  5,  12  :  ne...  se  impleant...  facio  pleniores. 
PI.,  Mil.  1214  :  Si  impetras.  —  Reddam  impetratum. 

—  Cas.  185-9  :  Pessumis  me  modis  despicatur... 

...  me  habet  pessumis  despicatam  modis. 


38  VERBES    ATTRIBUTIFS 

—  en  particulier  pour  rapporter  l'attribution  à  un  sujet  nouveau 
ou  à  des  circonstances  nouvelles  : 

Varr.,  R.  R.  II,  2,  14  :  neque  natum  ex  his   idoneum,  neque  non  ipsae 
fiunt  détériores. 

—  II,  8,  3  :  et  ipse  citius  senescit,  et  quae  ex  eo  concipiiintur 

fiunt  détériora. 

I,  17,  5  :  Eo  enim  fiiuit  firmiores. 
PI.,  Ps.  3  :  Si  ex  te  tacente  fieri  possem  certior. 

—  Per.  540-1  :  ...  te  de  aliis  quam  alios  de  te  suauiust 

Fieri  doctos. 

—  Mil.  1174  :  Meum  opus  ita  dabo  expolitum  ut  improbare  non  queas. 

—  enfin,  quand  la  formule  se  présente  sous  l'aspect  d'une  injonc- 
tion. Dans  ce  cas,  la  forme  impérative  donnée  au  verbe  joue  le  rôle 
d'un  avertissement  ;  elle  est  pour  le  destinataire  de  l'énoncé  le 
signe  qu'il  s'agit  d'un  ordre  donné  et  non  d'une  simple  communi- 
cation ;  d'où  la  nécessité  d'énoncer  le  verbe  d'abord  : 

PI.,  St.  739  :  Fac  nos  hilariores. 
■ — ■  Ps.  18  :  Face  me  certum  quid  tibist. 
—       1141  :  ...  operam  jac  compendi  quaerere. 

Là  oii  exceptionnellement  on  rencontre  avec  l'impératif  la  dis- 
position inverse,  c'est  qu'il  y  a  une  nécessité  particulière  de  mettre 
en  relief  l'attribut  : 

Ter.,  Ad.  241  :  Seruesne  an  perdas  totiim,  diuidiium  face. 
—        754-6  :...  lam  uero  omitte... 

Tuam  istanc  iracimdiam  atque... 
Hilarum  ac  lubentem  fac  te. 

b)  Construction  suspensive. 

Pour  expliquer  certaines  inversions,  il  faut  faire  intervenir  la 
considération  des  éléments  composants  de  l'attribut  (cf.  ci-dessus, 
p.  22). 

Ainsi  il  arrive  qu'au  moment  de  construire  sa  phrase  l'auteur 
de  l'énoncé  ait  déjà  à  sa  disposition  le  verbe  attributif  dont  il  va  se 
servir,  alors  qu'il  n'est  pas  en  mesure  de  prévoir  exactement  ce 
que  sera  l'attribut. 

C'est  le   cas,   par  exemple,   lorsque   l'attribut   consiste   en   un 


CONSTRUCTION    SUSPENSIVE  39 

ensemble  de  qualificatifs  dont  la  liste  pourrait  à  la  rigueur  s'allon- 
ger : 

Varr.,  R.  R.  ÎI,  11,  9  :  Lana  fit  —  inolllor  et  ponderosior  et  colore  melior. 

—  lorsque  divers  attributs  sont  envisagés,  pour  être  rapportés  à  des 
sujets  divers  ou  à  des  circonstances  diverses  : 

Hor.,  Sat.  II,  3,  73  :  Fiet  —  aper,  modo  auis,  modo  saxiim.,  et,  cum  uolet, 

arbor. 

—  lorsque  l'énoncé  de  l'attribut  est  accompagné  d'un  commentaire 
explicatif  destiné,  par  exemple,  à  préciser  les  circonstances  de  l'at- 
tribution : 

Varr.,  R.  R.  I,  10,  2  :  appellantur  in  agris  diuisis  uiritim  publiée  saltus. 

Cette  construction  est  particulièrement  fréquente  dans  la  langue 
des  techniciens,  qui  abonde  en  énumérations,  distinctions,  préci- 
sions : 

Varr.,  R.  R.  I,  22,  6  :  Supellectilem  rusticam  '  omnem  oportet  habere 
scriptam  in  urbe  et  rure  dominum,  uilicum  contra  ea  ruri  omnia  certo 
suo  quoque  loco  ad  uillam  posita. 

—  II,  2,  20  :  faciunt  alii  maiorem,  alii  minorem. 

— -  III,  2,  12  :  empticia  facit  pinguem,  ...  gratuita  exilem. 

—  II?  1   i>is-,  26  :  familiam  faciunt  maiorem  et  rem  pecuariam 
jructuosiorem. 

—  II,  9,  10  :  dentés...  îacit  firmiores  et  os  magis  patulum. 

—  I,  67  :  ficus  fit  pallidior,  palmula  cariosior,  nux  aridior. 

—  III, 12, 5:  in  Gallia...  fiunt  permagni,  in  Hispania...  mé- 
diocres. 

—  I,  12,  1  :  hieme  enim  fit  uehementer  frigida  et  aestate  non 
salubris. 

Construction  fréquente  surtout  quand  sont  énumérées  des  déno- 
minations qu'introduit  un  verbe  appellatif  : 

Varr.,  /?.  i?.  I,  8,  1  :  quibus  stat  reotis  uinea,  dlcuntur  pedamenta  ;  quae 
transuersa  iunguntur,  iuga;  ab  eo  quoque  uineae  iugatae. 

—  III,  9,  3  :  proprio    nomine    UOCantlir    feminae...     gallinae, 
mares  galli,  capi  semimares. 

—  II,  1,  6  :  alios  uocant  polyarnas,  alios  polymelos,  alios  poly- 
butas. 

—  II,  11,  4  :  quod  Graeci  UOCant  alii  ottôv,  alii  oâxcuov. 


40  VERBES    ATTRIBUTIFS 

Varr.,  R.  R.  III,  7,  2  :  quod  alii  UOCâïlt  peristerona,a\ù  peristerotrophioji. 

II,  5,  12  :  quod  Graeci  liocant  lyram,  fidem  nostri. 

III,  1,  7  :  factum  est  ut  dicerentlir  alii  agricolae,  alii  pastores. 

—  I,  2,  14  :  unus  uocatur  uilicus,  alter  magister  pecoris. 

—  IjSlj  3  :  uitem,  quam  uocant  minorem //age^/um,maiorem... 
palmam. 

—  III,  3,  10  :  non  propter  has  appcllati  Sergius  Orata  et  Lici- 
nius  Murena? 

La  construction  suspensive  convient  particulièrement  aux  cas  où 
l'attribut  est  représenté  par  une  évaluation  chiffrée,  dont  l'énoncé 
demande  calcul  ou  du  moins  réflexion  : 

Varr.,  R.  R.  II,  1  bis,  12  :  ita    fiunt   omnium  partes  —  minimum  octo- 
ginta  et  una. 

—  II,  4,  14  :  haram   facere    oportet   —   circiter  trium   pedum 
altam  et  latam  amplius  paulo. 

Il  arrive,  enfin,  que  l'auteur  de  l'énoncé  exprime  d'abord  le 
verbe  pour  différer  l'énoncé  d'un  attribut  qu'il  se  réserve  ensuite 
de  présenter  comme  une  révélation,  en  réalisant  un  effet  de  sur- 
prise (cf.  p.  23)  : 

L'attribut  ainsi  destiné  à  frapper  l'interlocuteur  est  assez  natu- 
rellement un  mot  notable  ;  parfois  un  mot  fabriqué  : 

PI.,  St.  630  :  Nunc  ego  nolo  ex  Gelasimo  mi  fieri  te  —  Catagelasimum, 

—  un  adjectif  pittoresque  ou  comique  : 

Ter.,  Enn.  316  :  Tametsi  bona  est  natura,  reddunt  curatura  —  iunceas. 
=   «  d'une  nature  de  jonc  »,  épithète  appliquée  aux 
jeunes  filles  qui  se  font  maigrir  pour  être  à  la  mode. 
PI.,  Ps.  88-9:  ...  Restimuolo 

Mihi  emere.  —  Quamobrem?  — ■  Qui  me  faciam  —  pensi- 

lem. 
=  pour  me  faire  «  pendulaire  »  =  pour  me  pendre. 

—  un  mot  emphatique  : 

Ter.,  Ad.  535  :  Laudarier  te  audit  lubenter  :  facio  te  apud  illum  —  deiim, 

—  ou  pompeux  pour  un  effet  comique  : 

PI.,  Ps.  608-9  :  ...  Condus,  promus  sum,  proourator  peni  ! 
—  Quasi  te  dicas  —  atriensem  ! 


CONSTRUCTION    SUSPENSIVE  41 

L'intention  est  soulignée  par  toutes  sortes  de  procédés  dans  le 
passage  suivant  : 

Ter.,  Ad.  959-60  :  ...  Ergo  edepol  hodie  mea  quidem  sententia 
ludico  Syrum  fieri  esse  aequom  —  libenim. 

L'énoncé  de  «  liberum  »,  différé  jusqu'à  la  fin  de  la  phrase,  fait 
un  coup  de  théâtre  :  il  révèle  à  l'esclave  Syrus  la  décision  qui  doit 
récompenser  sa  conduite,  l'affranchissement,  et  la  valeur  de  cette 
révélation  est  soulignée  par  la  double  exclamation  d'un  tiers  :  «  Is- 
tunc  liberum  !...  Edepol  uir  bonus  es  !  » 

Cette  construction  suspensive  convient  particulièrement  aux 
verbes  appellatifs. 

En  effet,  il  est  assez  naturel  qu'un  verbe  de  cette  catégorie  intro- 
duise un  attribut  pour  lequel  une  sorte  de  préparation  s'impose. 
Une  appellation  contient  un  enseignement  ;  elle  conduit  du  connu 
à  l'inconnu  ;  d'autre  part,  elle  est  constituée  souvent  par  un  terme 
technique,  nouveau,  emprunté  à  une  langue  spéciale  ou  à  une 
langue  étrangère.  Dans  l'énoncé  oral,  nous  affectons  le  terme  qui 
exprime  l'appellation  d'une  intonation  propre  à  le  détacher  du 
contexte  ;  nous  le  faisons  précéder  d'un  silence  qui  est  pour  l'audi- 
teur une  invitation  à  prêter  l'oreille  ;  dans  l'écriture,  nous  l'annon- 
çons par  un  signe  graphique,  deux  points  ou  tiret  ;  nous  l'encadrons 
entre  guillemets,  nous  le  soulignons  d'un  trait  ou  l'écrivons  en  ca- 
ractères distinctifs,  nous  l'imprimons  en  italique  ou  en  gras...  A  ces 
divers  artifices  répond  en  latin  l'emploi  de  l'inversion  suspensive. 

Nous  apercevons  assez  bien  le  mécanisme  de  ce  processus  dans 
un  exemple  comme  : 

R.  R.  11,4,9:  Sus  graece  dicitur  «  ûç  »  ;  olim  Ôùç  dictus  ab  illo  uerbo  quod 
dicunt  «  9u£'.v  »,  quod  est  «  immolare  ». 

Le  mot  yç  est  traité  comme  une  traduction  qu'on  met  entre 
guillemets  ;  de  même  ensuite,  et  pour  la  même  raison,  immolare  ; 
si  6uç,  en  revanche,  précède  son  verbe,  c'est  qu'il  doit  être  mis  en 
relief  pour  marquer  l'opposition  avec  i>^. 

Cette  façon  de  présenter  l'énoncé  d'une  appellation  convient 
particulièrement  aux  cas  où  il  s'agit  d'une  citation  d'auteur  : 

Varr.,  i?.  i?.  II,  7  :  quam  Homerus  appellat  «  àixTieXÔECdav  ». 

—  II,  11,  11  :  senes  ab  hac  pelle  uocantur  «  diptheriae  ». 


42  VERBES    ATTRIBUTIFS 

—  du  titre  d'un  ouvrage  : 

Varr.,  R.  R.  I,  5,  1  :  libres  Theophrasti...  qui  inscribuntur  «  <^uT(ov  tcTTO- 

Cic,  De  diu.  II,  1,  1  :  (Hber)  qui  est  inscriptus  «  Hortensius  ». 

■ —  d'une  désignation  de  collectivité  : 

Caes.,  B.  G.,  IV,  32,  1  :  legione...  quae  appellabatur  «  Septima  ». 

—  d'une  appellation  géographique  : 

Caes.,  B.  G.  IV,  10,  1  :  parte  quadam...  quae  appellatur  «  Vacalus  ». 

—  I,  12,  4  :  is  pagus  appellatur  «  Tigurinus  ». 

—  III,  1,  4  :  in  uico  Varogrorum  qui  appellatur  «  Octodurus  ». 

• —  enfin,  d'une  dénomination  présentant  un  caractère  de  technicité 
ou  de  rareté  tel  qu'on  juge  à  propos  d'en  entourer  l'énoncé  de  cer- 
taines considérations  : 

Varr.,  R.  R.  III,  10,  1  :  quod  uos  philograeci  uocatis  «  amphibium  ». 

—  I,  48,  2  :  spica,     quam    rustici,    ut    acceperunt    antiquitus , 
uocant  «  specam  ». 

—  III,  3,  7  :  auiaria  sunt  nomine  mutato  quod  uocantur  «  orni- 
thones  ». 

—  I,  8,  6  :  funiculo  aut  uinctu  quod  antiqui  uocabant  «  ces- 

tum  ». 

—  I,  13,  5  :  tectum...  quod  uocant  quidam  «  nubilarium  ». 

c)  Verbes  attributifs  occasionnels. 

La  fonction  attributive  ne  se  laisse  pas  toujours  reconnaître  avec 
évidence. 

Certains  énoncés  se  présentent  de  telle  manière  que,  par  exemple, 
l'adjectif  dit  attributif  est  susceptible  à  la  rigueur  de  deux  appar- 
tenances. 

Dans  :  «  il  a  la  rancune  tenace  »,  faut-il  rattacher  l'adjectif  à  son 
substantif  à  titre  de  qualificatif  comme  on  le  ferait  dans  la  phrase  : 
«  il  a  une  rancune  tenace  »,  ou  à  son  verbe  en  qualité  de  délermi- 
nant  avec  une  valeur  analogue  à  celle  qu'il  aurait  dans  :  «  tenace 
est  la  rancune  qu'il  a  »? 

Étant  donnée  une  phrase  latine  telle  que  : 

Varr.,  R.  R.  II,  7,  5  :  Si  caput  habet  non  magnum  net;  membris  oonfusis 
si  est. 


CONSTRUCTION    ATTRIBUTIVE    OCCASIONNELLE 


43 


on  peut  construire  magnum  avec  caput  comme  on  a  construit  confu- 
sis  avec  membris  ;  mais  il  n'est  pas  impossible  de  le  considérer 
comme  rapporté  attributivement  à  habet. 

D'autre  part,  la  fonction  attributive  n'est  pas  limitée  aux 
verbes  qui  ont  été  considérés  jusqu'ici  :  évidente  pour  fieri,  uideri, 
elle  est  encore  incontestable  pour  le  passif  haberi  ;  elle  peut  être 
reconnue  à  son  transitif  habere,  à  ses  synonymes  approximatifs 
ducere,  censere,  iudicare,  enfin  presque  à  n'importe  quel  verbe, 
pourvu  que  le  rôle  de  l'adjectif  soit  d'indiquer  de  quelle  manière, 
dans  quelles  conditions,  selon  quelle  conception  le  processus  verbal 
est  envisagé. 

Il  n'y  a  pas  de  différence  notable  entre  le  type  de  phrase  :  habere 
aliquem  amicum  =  tenir  quelqu'un  pour  ami,  et  le  type  :  aliquem 
generum  capere  (Ter.,  Héc.  537),  nos  socios  sumere  sibi  (PI.,  St.  101), 
esse  (=  edere)  brassicam  crudam  (Varr.,  R.  R.  I,  2,  28),  semen 
serere  crebrum  (Cat.,  Agr.  151,  3). 

Seulement,  il  faut  se  rendre  compte  qu'à  ce  degré  d'apparte- 
nance la  fonction  attributive  est  très  proche  de  la  fonction  adver- 
biale, ainsi  qu'il  apparaît  dans  des  phrases  telles  que  : 

PI.,  Ps.  391  :  ...  quae  post  me  clara  et  diu  (=  diuturna)  clueant. 

Varr.,  R.  R.  I,  22,  2  :  Vbi  ea  est  bona  et  proxime  (=  proxima)  et  uilis- 

simo  (=  uilissima)  emi  potuerat. 
Sali.,  Jug.  101,  1  :  Speculatores  citi  (=  cito)  sese  ostendunt. 

Il  semble  bien  que  dans  ces  cas  d'attribution  élargie  le  lien  ne 
soit  pas  senti  entre  l'adjectif  et  son  substantif. 

Par  rapport  au  substantif,  on  trouve  l'adjectif,  sans  qu'aucune 
raison  de  sens  paraisse  justifier  l'alternance  d'ordre,  tantôt  post- 
posé : 

Cic,  Att.  VI,  5,  3  :  Exercitum  infirmum  habebam. 

—  tantôt  antéposé  : 

Ces.,  R.  G.  III,  6  :  ...  incolumem.  legionem  in  Nantuates...  perduxit. 

—  tantôt  disjoint,  dans  l'un  ou  l'autre  sens  : 

Cic,  Fam.  XVI,  21,  7  :  ...  communem  nobis  emptum  esse  istum  funduni. 
Juv.  8,  242  :  Roma  patrem  patriae  Ciceronem  libéra  dixit. 

—  alors  que  vis-à-vis  du  verbe  il  occupe  une  place  constante. 

Par  rapport  au  verbe,  l'antéposition  de  l'attribut  adverbial  est 


44 


VERBES    ATTRIBUTIFS' 


de  règle  dans  un  énoncé  normal,  dépourvu  de  relief  et  d'intention  ; 
ainsi  avec  des  verbes  qui  expriment  le  mouvement  : 

Varr.,  R.  R.  I,  52,  2  :  frumentum...  purum  ueniat  ad  corbem. 

—  III,  16,  36  :  si  ex  aluo  minus  fréquentes  euadunt. 
PI.,  Ps.  592  :  qui  oculis  mois  obiiiam  ignobilis  obicitur. 
Ter.,  Ad.  914  :  ego  lepidus  ineo  gratiam. 

— -    Eun.  553  :  neminemne  curiosum  interuenire  ! 
—    Hec.  504  :  percontumax  redisti  hue  nobis. 

—  la  provenance  : 

Varr.,  R.  R.  I,  6,  4  :  quaedam  in  montanis  prolixiora  nascuntur. 

—  II,  7,  7  :  fere  uitiosa  atque  inutilia  nascuntur. 

—  l'attitude,  la  situation,  la  disposition  reçue  ou  donnée  : 

Varr.,  R.  /?.  I,  4  :  quorum  imagines  ad  forum  auratae  stant. 

— •  I,  58  :  legumina...  oblita  cinere  incolumia  seruantur. 

—  I,  50,  2  :  stramenta  stantia  in  segete  relinquit. 

—  I,  4,  5  :  suos  comités...  incolumes  reduxit. 

Ter.,  Ad.  316  :  médium  arriperem  et  capite  pronum  in  terra  statuerem. 

— ■  une  action  quelconque  : 

Cat.,  Agr.  48,  2  :  si  herbam  duram  uelles  (uellere  =  arracher). 
Varr.,  R.  R.  I,  2,  27  :  terram  tangere,...  ieiunum  cantare. 

— •  I,  12,  1  :  contra  uentos  qui  saluberrimi  in  agro  jlabunt. 

L'antéposition  est  obligatoire  si  l'attribut  doit  être  mis  en  relief, 
par  exemple  pour  souligner  une  opposition  : 

PI.,  Ps.  955  :  Vt  transuorsus,  non  proiiorsus  cedit  ! 

Ter.,  Ad.  711  :  Ne  forte  inprudens /aciam...,  sciens  caweèo. 

Varr.,  R.  R.  I,  59,  3  :  non  modo  intégra  eximi,  sed  etiam  maiora  quam 

in  arbore  pependerint. 
Cic,  De  am.  11,  37  :  nec  se  comitem  ilHus  furoris,  sed  ducem  praebuit. 
Sali.,  Caf.  20,  9  :  Emori  per  uirtutem  praestat  quam   uitam  miseram 
atque  inhonestam  amittere. 

Dans  ce  cas,  une  disjonction  vient  souvent  accuser  la  mise  en 
relief  : 

Cat.,  Agr.  156  :  eam  esto  uel  coctam  uel cnidam  ;  crudam  —  si  —  edes... 
Varr.,  R.  R.  II,  8,  2-3  :  a  trimo  potest  admitti;  ...  minorem  —  si  admi- 
seris. 


CONSTRUCTION    ATTRIBUTIVE    OCCASIONNELLE  45 

Varr.,  R.  R.  III,  16,  6  :  Nulla  harum  adsidit  in  loco...  qui  bona  olet  un- 
guenta  ;  itàque  iis  unctus  —  qui  —  accessit  pungunt. 

—  II,  1,  9  :  ex iietere instituto...  aes  antiquissimiim  —  quod  — 
est  flatum. 

Nep.  23,  3  :  Vt  ea  elephantus  ornatus  ire  posset  qua  antea  unus  homo 
inermis  — ■  uix  poterat  —  repère. 

La  mise  en  relief  accusée  ainsi  par  la  disjonction  confère  parfois 
à  l'attribut  la  valeur  d'une  véritable  proposition  : 

Ter.,  Ad.  69  :  Malo  COactus  — ■  qui  suom  offîcium  —  facit. 

=  si  c'est  sous  la  contrainte  du  châtiment  que... 
—    Eun.  155-6  :  Paruola  |  — Hinc  —  est  abrepta. 
=  c'est  toute  petite  que... 

Au  contraire,  le  verbe  est  antéposé  s'il  doit  être  énoncé  avec 
force  (cf.  p.  11  et  33)  ;  par  exemple,  pour  exprimer  une  afTirmation 
pathétique  : 

PL,  Per.  712  :  Ne  hic  tibi  dies  inluxit  lucrificabilis  ! 

—  une  injonction  : 

Varr.,  R.  i?.  II,  5,  1  :  ueni  mi  aduocatus. 

—  III,  2,  18  :  recipe  me  quaeso  discipulum. 
PI.,  St.  696  :  abi  tu  sane  superior. 

—  une  opposition  : 

Ter.,  Eun.  791  :  numquam  accedo  quin...  abeam  doctlor. 

Sali.,  Cat.  61,  4  :  ferociam...  quam  habuerat  uiuos  in  uoltu  retinens 

—  une  insistance  : 

Ter.,  Eun.  1-6  :  Si  quisquam  est  qui...  studeat... 
...  minime  multos  laedere... 
...  laesit  prior. 
—         619-22  :  ...  instare  ut  hominem  inuitet. 
Inuitat  tristis. 

Il  précède  encore  son  attribut  si,  celui-ci  reprenant  l'énoncé  d'une 
idée  antérieure,  il  s'agit  d'indiquer  à  quelles  circonstances  nou- 
velles supplique  cette  idée  (cf.  p.  34-37)  : 

Varr.,  R.  R.  III,  10,  7  :  amant  locum  purum  neque  ipsi  ullum  ubi  fue- 

runt  reUncunt  purum. 
Ter.,  Eun.  521-5  :  ...  ecqua  inde  parua  periisset  soror 


46  VERBES    ATTRIBUTIFS 

...  illa  forte  quae  olim  periit  paritola. 
Ter.,  Ad.  645-76  :  Aniicus  quidam  me  a  foro  abduxit  modo 
Hue  aduocatum  sibi... 
...  Aduorsumne  illum  causam  dioerem 
Quoi  ueneram  aduocatus  ? 
—        659-66  :  Prioreni  esse  illum... 

...  qui...  eonsueilit  prjor. 
PL.  Per.  101-3:0    Saturio...  '. 

...  —  >'ou  aduenlo  saturio. 

Il  semble  donc  que.  jusque  dans  le  détail,  la  construction  de 
Tattribut  entendu  au  sens  large  du  mot  soit  identique  à  celle  de 
l'attribut  proprement  dit.  Cependant,  nous  sommes  ici  trop  près, 
d'une  part,  de  la  fonction  du  verbe  non  attributif  et,  d'autre  part, 
de  remploi  adverbial  de  ladjectif  pour  que  la  question  de  Tordre 
puisse  être  en\'isagée  indépendamment  du  verbe  proprement  dit, 
dont  le  traitement  fait  l'objet  de  la  seconde  partie  de  cette  étude. 


DEUXIÈME  PARTIE 

LE  VERBE  PROPREMENT  DIT 


Dans  la  phrase  verbale  proprement  dite,  la  place  du  verbe  est 
indépendante  de  tel  ou  tel  de  ses  appartenants  ;  elle  se  définit  par 
rapport  à  l'ensemble  de  la  proposition,  comme  initiale,  intérieure, 
ou  finale. 

A.  —  Position  finale 

La  position  finale  est  la  plus  fréquente.  Elle  paraît  employée 
toutes  les  fois  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  prêter  à  renoncé  une  valeur  ou 
un  rôle  notable. 

Elle  est  presque  de  règle  chez  les  auteurs  qui  ignorent  Tart  de  la 
présentation  ;  ainsi  dans  l'ancienne  littérature,  chez  les  chroni- 
queurs que  Cicéron  appelle  «  narratores.  non  exornatores  rerum  » 
(De  orat.  II,  12,  50)  ;  par  exemple  chez  Calpurnius  Pison,  dont  Ci- 
céron qualifie  les  Annales  de  «  exiliter  scriptos  »  (Brut.  27,  105)  : 

Ap.  Gell.  VII,  9,  2  :  Cn.  Flauius,  patrc  libcrtino  uatus,  scriptum /acjViat, 
isque  in  eo  tempère  aedili  curuli  apparebat,  que  tempore  aediles  sub- 
rogantur,  eumque  pro  tribu  aedilem  curulem  renuiuianint...  Adu- 
lescentes  ibi  complures  nobiles  sedebant.  Hi  ooutemiieutes  eum  adsur- 
gere  ei  nemo  uoluit.  Cn.  Flauius  Aniii  (îlius  aedilis  id  adrisit.  Sellam 
curulem  iussit  sibi  adferri,  eam  in  limiue  apposuit... 

—  chez  Claudius  Quadrigarius,  qui  est,  dit  Aulu-Gelle  (II,  2,  13), 
«  modesti  ac  puri  sermonis  »  : 

Ap.  Gell.  XIII,  29  :  Consuli  pater  proconsul  obuiain  in  equo  uehens 
uenit  neque  descendere  uoluit,...  et  lictores  non  ausi  sunt  descenderc 
iubere.  Vbi  iuxta  uenit,  tuin  consul  ait  :  «  Quid  postea?  )■  Lictor  ille  qui 
apparebat  cito  intellexit  ;  Maximum  jn-oconsulem  descendere  lussit. 
Fabius  imperio  paret  et  fdiuni  coidaudauit. 


48  VERBE     RÉEL 

—  chez  Caton,  dont  Cicéron  qualifie  la  manière  de  «  formani  inge- 
nii  admodum  impolitam  ac  plane  rudem  »  [Brut.  85,  393)  : 

De  Agr.  init.  :  Maiores  nostri  sic  hahuerunt  et  ita  in  legibus  posiuerunt, 
furem  dupli  condemnari...  Virum  bonum  quom  laudabant,...  amplis- 
sime  laudari  existimabatur  qui  ita  laudabatur. 

—  23  :  Fac  ad  uindemiam  quae  opus  sunt  ut  parentur  :  uasa 

lauentur,  corbulae  sarciantur,  dolia  picentur  ;  quom  pluet,  quala  pa- 
rentur, sarciantur,  far  molatur,  maenae  emantur,  oleae  caducae  sal- 
liantur... 

Frg.  83  :  Dii  immortales  tribuno  militum  fortunam  ex  uirtute  eius  de- 
dere.  Nam  ita  euenit  :  cum  saucius  multifariam  ibi  factus  esset,  ta- 
men  uulnus  capiti  nullum  euenit,  eumque  inter  mortuos  defetigatum 
uulneribus  atque  quod  sanguen  defluxerat  cognouere.  Eum  sustulere, 
isque  conualuit,  saepeque  postilla  operam  rei  publicae  fortem  atque 
str enuam  perhibuit.  Sed  idem  benefactum,  quo  in  loco  ponas,  nimium 
inter  est... 

Chez  César  encore,  dont  les  Commentaires  sont  dits  par  Cicéron 
[Brut.  75,  262)  «  nudi...,  omni  ornatu  orationis  tamquam  ueste 
detracta  »,  l'usage  de  réserver  au  verbe  la  place  finale  est  «  appliqué 
avec  une  telle  constance,  observe  A.  Bergaigne  [Essai  sur  la  cons- 
truction grammaticale,  p.  8),  qu'on  est  tenté  d'en  faire  une  règle  ; 
dans  le  deuxième  livre  du  De  bello  Gallico...  ne  se  trouvent  guère 
qu'une  quinzaine  de  verbes  construits  autrement  qu'à  l'extrême 
limite  de  la  proposition  )). 

L'auteur  de  la  Rhétorique  à  Herennius  considère  cette  construc- 
tion comme  fondamentale,  et  se  plaît  à  en  relever  dans  un  même 
passage  jusqu'à  huit  exemples  consécutifs  (IV,  27,  37)  : 

Populus  romanus  Numantiam  deleuit,  Kartaginem  sustulit,  Corin- 
thurn  disiecit,  Fregellas  euertit.  Nihil  Numantinis  uires  corporis  aitxiliti- 
tae  sunt,  nihil  Kartaginiensibus  scientia  militaris  adiumento  juil,  nihil 
Corinthis  erudita  calliditas  praesidi  tulit,  nihil  Fregellanis  morum  et  ser- 
monis  societas  opitulata  est. 

Enfin,  Quinlilien  encore  la  recommande  comme  la  plus  normah'  : 
«  uerbo  sensum  cludere  multo,  si  compositio  patiatur,  optimum 
est  »  [Inst.  orat.,  IX,  4,  29). 

Chez  Cicéron,  qui  peut  être  considéré  comme  représentant  une 
sorte  de  moyenne  de  la  langue,  du  fait  qu'il  en  réunit  à  peu  près 
tous  les  aspects,  la  proportion  de  la  place  finale  à  l'ensemble  des 


POSITION    FINALE  49 

deux  autres  positions,  initiale  et  intérieure,  est  d'environ  160 
contre  100,  et  la  proportion  à  la  position  initiale  seule  d'environ 
700  contre  100. 

Mais  plus  probante  que  les  statistiques  brutes  est  une  compa- 
raison qui  tient  compte  des  différents  types  d'énoncé,  faisant  appa- 
raître les  différences  d'emploi  et  de  qualité. 

Un  auteur  sobre  et  ménager  d'efïets  comme  César  se  contente  de 
la  construction  banale  plus  souvent  (90  %  des  exemples)  qu'un 
écrivain  soucieux  de  variété  comme  Cicéron  (55  %  environ). 

La  statistique  est  plus  parlante  encore  si  l'on  tient  compte  de 
l'aspect  syntaxique  de  l'énoncé  :  ainsi  la  position  finale  est  beau- 
coup plus  fréquente  en  subordonnée  qu'en  principale. 

Un  calcul  minutieux  établi  par  B.  J.  Porten  sur  le  texte  de  Cicé- 
ron {Die  Stellungsgesetze  des  i^erbum  finitum  bei  Cicero,  p.  4-5)  fait 
apparaître  pour  les  positions  respectivement  finale  et  initiale  une 
proportion  de  3  à  1  en  proposition  principale,  et  de  21  à  1  en  propo- 
sition subordonnée. 

Encore  ces  statistiques  sont-elles  établies  sans  discrimination 
rigoureuse.  M.  P.  Perrochat  s'est  livré  sur  un  texte  limité  à  une 
investigation  méthodique  [La  place  du  verbe  dans  la  subordonnée, 
Revue  des  Etudes  latines,  t.  IV,  p.  50  ss.),  en  excluant  les  subor- 
données improprement  dites  :  ses  recherches,  qui  portent  sur 
le  livre  II  des  Histoires  de  Tacite,  font  apparaître  que  la  place 
finale  du  verbe  est  presque  de  règle  dans  les  subordonnées  :  sur 
344  exemples  relevés,  le  verbe  ne  se  trouve  hors  de  la  finale  que 
45  fois,  et  encore  faut-il  de  ces  45  exemples  en  défalquer  un  bon 
nombre  qui  comportent  une  justification  particulière  (p.  53  ss.). 

L'explication  ne  saurait  faire  de  doute.  La  subordonnée  a  un 
caractère  d'énoncé  second,  complément  ou  complété  ;  elle  est  une 
donnée  de  l'énoncé,  elle  n'en  est  pas  l'essentiel  et  le  but  ;  il  s'ensuit 
qu'elle  se  prête  moins  que  la  principale  à  l'expression  des  nuances 
et  des  reliefs,  et  s'accommode  mieux  d'un  type  de  construction 
inexpressif. 

B.  —  Position  initiale 

La  position  initiale  apparaît  comme  exceptionnelle  et  significa- 
tive. Elle  est  fonction  du  rôle  et  de  la  valeur  qu'on  prête  soit  au 

4 


50  POSITION    INITIALE 

verbe  lui-même,  soit  à  l'énoncé  dont  il  est  le  support,  et  constitue 
ainsi  un  élément  important  de  l'interprétation  de  la  phrase. 

a)  Relief  de  la  fonction  verbale. 

Le  verbe  peut  devoir  sa  valeur  prééminente  à  son  rcVle  gram- 
matical ou  à  sa  fonction  syntaxique. 

Porteur  des  notions  de  temps,  de  voix,  de  mode,  il  est  mis  en 
vedette  si  telle  de  ces  notions  doit  être  soulignée,  par  exemple  pour 
faire  apparaître  une  opposition. 

Opposition  entre  passé  et  présefit  : 

Ter.,  Heaut.  93-5  :  ...  Filium  unicum  adulescentulum 

Habeo.  Ah,  quid  dixi  habere  me?  Immo  habiii... 
Nunc  habeam  necne  incertumst. 
Ph.  242-8  :  Meditari  secum  oportet  quomodo... 

—  Meditata  mihi  sunt  orania. 
Luc,  Ph.  I,  693-4  :  ...  Noua  da  cernere  litora  ponti 

Telluremque  nouam.  Vidi  iam,  Phoebe,  Philippos. 

—  entre  passé  et  futur  : 

Ter.,  Eun.  13-14  :  ...  Factuni  hic  esse  id  non  negat, 

...  et  deinde  facturum  autumat. 
Laber.,  Corn.  130  (Ribb.)  :  Cecidi  ego  ;  cadet  qui  sequitur. 

—  entre  mode  indicatif  et  mode  potentiel  ou  injonctif  : 

Ter.,  Eun.  1078  :  ...  Et  habet  quod  det,  et  dat  nemo  largius. 
Ov.,  A.  amat.  I,  200  :  VincuntuT  causa  Parthi  ;  uincantur  et  armis. 

—  entre  actif  et  passif  : 

Enn.,  Ann.  193  (V.)  :  Hos  ego  in  pugna  uici  uictusque  Siun  ab  isdem. 

PL,  Trin.  706  :  ...  Hic  uictust  ;  uicit  tua  comoedia. 

Cic,  Phil.  II,  22,  55  :  Doletis  très  exercltus  populi  Romani  iiiterfec- 

tos  :  interfecit  Antonlus.  Desideratis  clarissimos  uiros  :  eos  quoquc 

eripuit  Antonius.  Auctoritas  huius  ordinis  afflicta  est  :  afflixit  Anto- 

nius. 
De  rep.  2,  45  :  Cum  metueret  ipse  poenam  sceleris  sui  summam,  metui 

se  uolebat. 
Sali.,  Jug.  1,5:  nequo  regerentur  magis  quam  regerent  casus. 
T.  Liv.  II,  51,  5  :  Capti  deinde  eadem  arte  sunt  qua  ceperant  Fabios. 

Certains  temps  du  verbe  sont  pourvus  d'une  valeur  en  quelque 


RELIEF    DE     LA    FONCTION    VERBALE  51 

sorte  prégnante,  qui  demande  à  être  dégagée,  et  justifie  la  mise  en 
relief  : 

—  valeur  «  propositive  »  du  futur  simple  : 

Rhet.  Her.  IV,  26,  36  :  Dicet  aliquis... 

Hor.,  Od.  I,  7,  1  :  Laudabunt  alii  claram  Rhodon... 

—  valeur  «  anticipative  »  du  futur  antérieur  : 

Ter.,  Ad.  232-3  :  Nunc  si  hoc  omitto  ac  tum  agam..., 

Nihil  est,  refrixerit  res. 

=  la  chose  aura  vite  fait  de  se  réduire  à  rien. 
Eun.  379  :  Quo  tendis?  Perculeris  iam  tu  me. 
=  tu  vas  du  coup  me  faire  tomber. 

—  ou  des  temps  du  passé  : 

T.  L.  IT,  50,  10  :  Vincebatque  auxilio  loci  paucitas,  ni  iugo  circummis- 
sus  Veiens...  euasisset. 

=  était  en  passe  de  l'emporter. 
Ter.,  Eun.  341  :  Dum  haec  dicit,  abiit  hora. 
=  l'heure  était  déjà  passée. 
Ph.  100-1  :  ...  Quid  uerbis  opust? 

Commorat  omnis  nos. 
=  il  avait  eu  tôt  fait  de  nous  retourner. 

Le  mode  injonctif  jouit  à  cet  égard  d'une  espèce  de  privilège. 
Un  ordre  doit  être  immédiatement  reconnu  comme  tel  ;  il  est  utile, 
pour  éviter  au  destinataire  de  l'énoncé  une  fausse  orientation, 
d'énoncer  dès  l'abord  le  terme  qui  l'éclairé  sur  la  nature  de  la 
proposition  (cf.  p.  38). 

Dans  le  dialogue  familier  des  comiques,  les  formules  d'impératif 
présentent  normalement  le  verbe  antéposé  : 

die  mihi  {Eun.  349,  360,  978)  ;  explana  mihi  [Ph.  380)  ;  responde  mihi 
[Ph.  1042)  ;  die  nomen  {Ph.  385)  ;  ora  me  {Eun.  715)  ;  loquitnini  mecum 
{Ph.  549)  ; 

sequere  me  {Ph,  765)  ;  râpe  me  {Ph.  882)  ;  râpe  hune  {Ph.  985)  ;  ahduee 
hanc  {Ph.  410)  ;  duc  me  ad  eum  {Ph.  718)  ; 

sine  me  {Ad.  321),  ryiitte  me  {Ad.  710),  mitte  ista  {Ad.  185)  ;  omitte  me 
{Ph.  485)  ;  omitte  mulierem  {Ad.  172)  ;  amitte  quaeso  hune  {Ph.  141)  ; 

da  ueniam  {Ad.  942)  ;  da  hoc  Dorcio  {Ph.  152)  ;  da  locum  melioribus 
{Ph.  522)  ; 

abi  domum  {Ph.  563)  ;  ahi  prae  {Ph.  111)  ;  concède  hinc  {Ph.  841)  ; 

transi  sodés  ad  forum  {Ph.  921)  ;  transito  ad  uxorem  meam  {Ph.  719)  ; 


52  POSITION    INITIALE 

accède  ad  ignem  hune  {Eun.  85)  ;  aufer  te  {Ad.  937,  Ph.  559)  ;  apage  te 
(£un.  904)  ; 

orna  me  {Eun.  371)  ;  muta  uestem  {Eun.  609)  ;  attolle  pallium  {Eun. 
769)  ;  fer  opem  (Aci.  487)  ;  quaere  rem  (^^Z.  482)  ;  respice  aetatem  tuam 
{Ph.  434)  ;  rédige  in  memoriam  {Ph.  383)  ;  contemplamini  me  (P/i.  549)... 

Naturellement,  le  subjonctif  injonctif  est  traité  comme  l'impé- 
ratif lui-même  : 

Téi\,  Eun.  612  :  eamus  ad  me. 
Ph.  809  :  eamus  ad  ipsam. 
■ —   1054  :  eamus  intro  hinc. 

—  195  :  reuocemus  hominem. 

—  562  :  eamus  ergo  ad  eum  ocius. 

Ph.,  1029  :  Redeat  sane  in  gratiam  iam  ;  suppliai  satis  est  mihi. 

—  299-300  :  ...  Argentum  deerat.  —  Sumeret 

Alicunde. 

=  il  n'avait  qu'à  en  prendre... 
Pétr.,  Sat.  34  :  Viuamus,  dum  licet  esse,  bene. 
Cf.  aussi  les  formules  du  type  :  Viderint  alii...  —  que  d'autres  voient... 

Le  verbe  injonctif  n'abandonne  la  place  initiale  que  lorsqu'il  y 
a  une  raison  majeure  de  la  réserver  à  un  autre  terme  de  la  phrase, 
par  exemple  à  un  mot  qu'on  répète  avec  insistance  ou  qu'on  met 
en  relief  par  opposition  : 

Tél.,  Ad.  417-8  :  Hoc  facito...  Hoc  fugito... 

Hoc  laudist...  Hoc  uitio  datur. 

Chacun  des  deux  ordres  a  sa  justification  dans  : 

PL,  Amph.  743  :  Tace  tu.  —  Tu  die. 

On  trouve  encore  le  verbe  hors  de  la  place  initiale  dans  les  faux 
impératifs,  en  réalité  des  exclamatifs,  quand  le  terme  à  mettre  en 
relief  est  celui  sur  lequel  porte  l'exclamation  : 

Ter.,  Eun.  994  :  Audaciam  meretricum  specta  ! 
Ad.  228-9  :  ...  ()  scelera  !  Illud  uide 

Vt  in  ipso  articulo  oppressit  ! 

Lorsqu'un  ordre  fait  suite  à  un  ordre  antérieur,  l'interlocuteur, 
prévenu  dès  le  début  de  l'énoncé  de  la  forme  impérative,  n'a  pas 
besoin  d'un  nouvel  avertissement,  et  le  verbe  de  la  seconde  pro- 
position peut  sans  inconvénient  être  différé  jusqu'à  la  place  finale. 


RELIEF    DE    LA    FONCTION    VERBALE  53 

C'est  le  type  même  de  l'exception  qui,  comme  on  dit,  confirme  la 
règle  : 

Ter.,  Ad.  167  :  Abi  prae  strenue  ac  fores  aperi... 

—  168-9  :  ...  Accède  \l\nc,  Parmeno, 

...  hic  propter  hune  adsiste... 

—  354  :  Curre,  obstetricem  accerse... 

Dans  le  début  du  De  agricultura,  Caton  énonce  ses  prescriptions 
et  recettes  en  commençant  par  le  verbe  :  Caueto...,  Scito...,  Vî- 
deto...  ;  mais,  dans  toute  la  suite  du  traité,  la  forme  de  l'impératif 
étant  donnée  une  fois  pour  toutes  et  pour  ainsi  dire  présupposée, 
il  n'y  a  plus  d'utilité  à  indiquer  par  l'antéposition  du  verbe  la 
nature  de  l'énoncé  :  la  première  place  est  alors  occupée  par  tels 
autres  termes  de  la  phrase  qu'il  y  a  lieu  de  mettre  en  valeur  : 

Agr.  5,  6  :  Boues  maxima  diligentia  curatos  habeto. 

—  7  :  Scabiem  pecori  et  iumentis  caueto. 

—  8  :  Frondem  iligneam  legito...,  stercus  sedulo  conserua...,  pabu- 
lum  lupinumque  serito. 

Support  syntaxique  de  l'énoncé,  le  verbe  joue  un  rôle  particu- 
lièrement notable  lorsqu'il  est  exprimé  dans  une  proposition  pour 
être  ensuite  sous-entendu  dans  une  ou  plusieurs  propositions  pa- 
rallèles. 

L'antéposition  apparaît  alors  comme  un  moyen  de  signaler  le 
verbe  à  l'attention,  pour  qu'il  demeure  présent  à  l'esprit  jusqu'à 
ce  que  soient  élucidées  toutes  les  constructions  qu'il  commande  : 

Cic,  Pro  Clu.  15  :  Vicit   pudorem   libido,   timorem   audacia,    rationem 

amentia. 
PL,  Rud.  68  :  Tetllli  et  ei  auxilium  et  lenoni  exitium  simul. 
Sali.,  Cat.  21,  4  :  Admonebat  alium  egestatis,  alium  cupiditatis  suae, 

compluris  periculi  aut  ignominiae,  multos  uictoriae  Sullanae. 
Ces.,  B.  G.  VII,  42,  2  :  Impellit  alios  auaritia,  alios  iracundia  et  teme- 

ritas. 

—  VII,  75,  2  :  Imperant  Haeduis...  milia  XXXV,  parem  nu- 
merum  Aruernis. 

—  V,  12,  4  :  Nascitur  ibi  plumbum  album  in  mediterraneis  re- 
gionibus,  in  maritimis  ferrum. 

B.  C.  III,  5,  3  :  Praeerat  Aegyptiis  nauibus  Pompeius  filius,  Asiaticis 
D.  Laelius  et  C.  Triarius,  Syriacis  C.  Cassius,  Rhodiis  C.  Marcellus 
cum  C.  Coponio. 


54  POSITION     INITIALE 

Virg.,  Bue.  X,  13  :  Illum  etiam  lauri,  etiam  fleuere  myricae. 

De  cette  construction  peut  être  rapprochée  celle  où  le  verbe 
introduit  une  série  de  termes  soit  groupés  dans  une  énumération  : 

Ter.,  Ad.  470  :  Persuasit  nox,  amor,  uinum,  adulescentia. 
Eun.  255  :  Concurrimt  laeti   mi   obuiam  cuppedenarii   omnes, 

Cetarii,  lanii,  coqui,  fartores,  piscatores. 
Eun.  236  :  Video  sentum,  squalidum,  aegrum,  pannis  annisque  obsitum. 
Ces.,  B.  C.  I,  71,  2  :  Concuirebant  legati  centuriones  tribunique... 

—  soit  distingués  par  une  opposition  : 

Cic,  Pro  Mil.  27,  72  :  Occidi  occidi  non  Sp.  Maelium...,  sed  eum... 
Ter.,  And.  333  :  ...  Si  quid  potes  aut  tu  aut  hic  Byrria. 

Les  propositions  dépendant  d'un  même  verbe,  au  lieu  d'être 
anaphoriques,  peuvent  être  liées  entre  elles  par  un  rapport  de  com- 
paraison ou  de  consécution  : 

Ter.,  Ad.  29-31  :  ...  Euenire  ea  satius  est 

Quae  in  te  uxor  dicit... 

Irata  quam  illa  quae  parentes  propitii. 
And.  967-8  :  ...  Euenit  ut... 

Prius  rescisceres  tu  quam  ego 
Ph.  1041  :  ...  Si  habet  unam  amicam,  tu  uxores  duas. 
Eun.  440  :  Vbi  nominabit  Phaedriam,  tu  Pamphilam. 

—  443-4:  ...  Si  laudabit  haec 

Illius  formam,  tu  huius  contra. 

b)  Relief  de  la  notion  verbale. 

Le  verbe  peut  avoir  en  vertu  de  son  sens  propre  une  valeur  émi- 
nente  qui  le  prédestine  à  occuper  dans  l'énoncé  la  place  initiale. 
Ainsi  sont  fréquemment  antéposés  les  verbes  qui  expriment  : 

—  la  volonté,  le  désir  : 

Ter.,  Eun.  813  :  ...  ubi  nolis,  cupiunt  ultro 

Ces.,  B.  C.  l,  22,  1  :  Velle  se,  si  sibi  fiât  potestas,  Caesarem  conueiiire. 
—  I,  72,  4  :  Etiam  eum  liellet  Caesar,  sese  non  esse  pugnaturos. 

—  la  certitude  : 

Ter.,  Eun.  761  :  Scio  istuc. 

—  1050  :  Noui  te. 

—  812  :  Noui  ingenium  mulierum. 


RELIEF    DE     LA    NOTION    VEBBALE  55 

P/i.  1032  :N0!m...  omnia 
—  278  :  Ni  nossem  causam,  crederem... 

Cic,  Pro  Lig.  12  :  Noui  enim  te,  noui  partem,  noui  domum  nomenque 
uestrum...,  nota  mi  sunt  omnia. 

—  un  sentiment  intense  : 

Ter.,  Ad.  633  :  Horresco  semper  ubi... 

Hor.,  Od.  III,  1,  1  :  Odi  profanum  uolgus... 

Ter.,  Eun.  297  :  Taedet  cotidianarum  harum  formarum. 

Ph.  491  :  Metuo  hominem. 

Lucil.,  Sat.  (Marx)  153  :  Odi  hominem. 

Les  verbes  de  ces  diverses  catégories  sont  prédestinés  à  être 
rapportés  à  la  première  personne,  celle  qui  aflirme  volontiers  son 
attitude  en  face  des  événements.  Plus  de  la  moitié  des  exemples 
de  verbes  antéposés  au  pronom  de  première  personne  ego  sont  de 
verbes  de  sentiment  :  vouloir,  croire,  savoir  (cf.  J.  Marouzeau, 
Place  du  pronom  personnel  sujet)  : 

PI.,  St.  1  :  Credo  ego  miseram  fuisse  Penelopam. 
Per.  617  :  Scio  ego  ollicium  meum. 
Ter.,  Hec.  243  :  Etsi  scio  ego... 

Très  fréquente  est,  chez  les  comiques,  la  formule  de  refus  du 
type  : 

Nolo  ego  istuc  [Poen.  1005,  1267,  Per.  619,  St.  48,  718,  etc.). 

Dans  ce  cas  particulier,  on  peut  dire  que  l'antéposition  du  verbe 
est  de  règle  ;  l'antéposition  du  pronom  personnel  sujet  fait  figure 
d'exception  et  ne  se  présente  que  s'il  y  a  une  raison  particulière 
de  mettre  en  relief  l'idée  de  personne,  par  exemple  pour  ménager 
une  opposition  : 

PI.,  Poen.  1330  :  Credo.  —  Et  ego  credo. 

Bacch.  473  :  Erras,  Lyde  ;  ego  omnem  rem  scio. 

Ter.,  Ph.  980  :  ...  quid  agam  cum  illo  nesciam...  - —  Ego  scio. 

Hec.  850-1  :  Nescio.  —  At  ego  scio. 

Un  verbe  quelconque  peut  être  affecté  d'une  intensité  notable 
en  vertu  d'une  intention  du  sujet  parlant. 

Il  y  a  lieu  ici  de  mettre  en  lumière  une  distinction  essentielle 
entre  l'énoncé  objectif  et  l'énoncé  subjectif  ;  entre  celui  qui  pré- 
sente le  procès  verbal  tel  quel  et  celui  qui  le  fait  apparaître  comme 


56  POSITION    INITIALE 

accompagné  d'une  interprétation,  d'une  intention,  d'une  émotion. 
L'antéposition  du  verbe  est  comme  le  signe  de  l'intérêt  que  prend 
l'auteur  de  l'énoncé  à  l'action  verbale  et  de  la  valeur  qu'il  lui 
attribue. 

L'énoncé  subjectif  par  excellence  est  l'énoncé  pathétique,  dans 
lequel  le  sentiment  du  sujet  parlant  se  traduit  par  l'emploi  d'une 
formule  exclamative  ou  assévérative  : 

Ter.,  Ph.  1001  :  ...  Ohe  tu,  factumst  abs  te  sedvilo  ! 

—  302  :  Hui,  dixti  pulcre. 

Ad.  486  :  Miseram  me  !  Diffcror  doloribus  ! 

Eun.  397  :  Aduorti  hercle  animum  ! 

Eun.  296  :  0  faciem  pulcrarn  !  DbIbo  omnis  dehinc  ex  animo  mulieres  ! 

Ph.  1029  :  Redeat  sane  in  gratiam  iam... 

Ad.  147  :  Insaniam  profecto  cum  illo... 

Eun.  508  :  Nimirum  dabit  haec  Thaïs  mihi  magnum  malum. 

Ad.  65  :  Et  errât  longe  mea  quidem  sententia. . . 

Ph.  494  :  Crede  mi,  gaudebis  facto... 

—  700  :  Ducendast'uxor,  ut  ais,  concedo... 

—  137-8  :  ...  Vnum  hoc  scio  : 

Quod  fors  feret,  feremur  aequo  animo. 
Ad.  360  :  Persuasit  ille  inpurus,  sat  scio. 
Cic,  Cat.  II,  1,  1  :  Sine  duhio  perdidimiis  hominem. 
Pro  Mil.  4,  10  :  Est  igitur  haec,  iudices,  non  scripta,  sed  nata  lex. 

—        31,  84  :  Est  est  illa  uis  profecto... 
T.  Liv.  II,  2,  6  :  Meminimus,  fatemur,  eiecisti  reges. 

I,  4,  1  :  Sed  debebatur,  ut  opinor,  fatis  taiitae  origo  urbis. 

Mais  la  valeur  assévérative  peut  n'être  révélée  par  rien  d'autre 
que  par  l'antéposition  même  : 

PL,  Ep.  132  :  Perdidisti  omnem  operam  ! 

Ps.  698  :  ...  Seruas  imperium  probe  ! 

Ter.,  Ad.  979  :  Syrc,  processisti  hodie  pulcre  ! 

—        26  :  Non  rediit  hac  nocte  a  cena  Aeschinus  ! 
Ad.  548  :  Rideo  hune  ! 
Ph.  954  :  Inieci  scrupulum  ! 
Eun.  273  :  Vro  hominem  ! 
Ph.  997-8  :  Délirât  miser  |  Timoré. 
Eun.  178  :  Labascit  uictus  une  uerbo...  ! 
—    433  :  Mctuebant  omnes  iam  me  ! 

Une  variété  d'exclamation  est  celle  qui  s'exprime  par  une  inter- 


RELIEF    DE    LA    NOTION    VERBALE  57 

rogation  oratoire,  en  particulier  pour  énoncer  une  protestation  : 

Ad.  395-6  :  ...  Sineres  uero  illum  tu  tuom 

Facere  haec  !  —  Sinerem  illum?... 
Ad.  665  ;  Eun.  653  :  Rogas  me? 
Ad.  924  :  lubet  pater? 
Ph.  970-3  :  Ain  tu?  Vbi  quae  lubitum  fuerit...  feceris, 

Venias  nunc  precibus  lautum  peccatum  tuom? 
Ph.  352  :  Negat  Phanium  esse  hanc  sibi  cognatam  Demipho? 
—  805  :  Non  norat  patrem? 

Cic,  Verr.  II,  5,  121  :  Feriuntur  securi  :  laetaris  tu  in  omnium  ge- 
mitu? 

Sans  aller  jusqu'à  donner  à  la  phrase  une  forme  et  une  intona- 
tion exclamatives,  l'auteur  de  l'énoncé  peut  avoir  intérêt  à  faire 
du  procès  verbal  l'objet  d'une  affirmation  catégorique. 

Cette  valeur  de  l'énoncé  apparaît  avec  évidence  lorsqu'un  pro- 
cès est  présenté  successivement  sous  ses  deux  aspects,  positif  et 
négatif  : 

Cat.,  Agr.  110  :  Odorem  deteriorem  demere  uino...  Si  demptus  erit  odor 

deterior,  id  optime  ;  si  non,  saepius  facito. 
PI.,  Aul.  741  :  ...  Factumst  illud  ;  fieri  infectuni  non  poterat. 
Ter.,  And.  349  :  Id  paues  ne  diicas  tu  illam  ;  tu  autem  ut  ducas. 

—    Eun.  968  :  Dicam  huic  an  non?  Ei  dicam  hercle. 
Ph.  445  :  Abi,  uise  redieritne  iam  an  nondum  domum. 
Lucr.  III,  18  ss.  :  Apparet  diuum  numen  sedesque  quietae, 

...  At  contra  niisquam  apparent  Acherusia  templa. 
Cic,  De  diu.  I,  9,  15  :  Videmus  haec  signa  numquam  fere  sentientia,  nec 

tamen  cur  ita  fiât  iiidemus. 
Sén.,  Ep.  123  :  Non  habet  panem  meus  pister,  sed   habet  uilicus,  sed 

habet  atriensis,  sed  habet  colonus. 

—  ou  lorsqu'on  oppose  la  réalité  à  l'apparence  : 

Cic,  De  diu.  II,  68,  141  :  Non  enim  audiuit  ille  draconem  loquentem, 
sed  est  uisus  audire. 

—  ou  lorsqu'on  met  en  opposition  deux  aspects  de  l'action  : 
Hor.,  A.  poet.  179  :  Aut  agitur  res  in  scaenis  aut  acta  refertiir. 

La  valeur  assévérative  apparaît  avec  une  netteté  particulière 
dans  les  négatives.  L'antéposition  du  verbe  est  un  moyen  de  prêter 
à  une  négation  la  valeur  d'une  «  dénégation  »,  avec  le  sens  de  :  «  il 


58  POSITION    INITIALE 

n'est  pas  vrai  que  »  (cf.  p.  20-21).  L'insistance  sur  l'idée  négative 
est  souvent  marquée  par  une  répétition  : 

Ter.,  Ad.  84-6  :  ...  Quid  ille  fecerit?  Quem  neque  pudet 

Quicquam  nec  metuit  quemquam... 
Sén.,  Ep.  2,  3  :  Non  prodest   cibus...    qui    statim   sumptus    emittitur  ; 

...  non  uenit  uulnus  ad  cicatricem  in  quae...;  non  coniialescit  planta 

quae... 

—  par  l'adjonction  d'un  terme  intensif,  adverbe  ou  conjonction  : 

Ter.,  Eun.  530  :  Non  hercle  ueniam  tertio. 

T.  Liv.  I,  14,  11  :  Non  tamen  eripuere  se  hosti. 

—  enfin  par  l'emploi  d'une  forme  intensive  de  la  négation  : 

Ter.,  Ph.  714  :  Hoc  temere  nwnquam  amlttam  ego  a  me... 
Eun.  390  :  Numquam  defugiam  auctoritatem... 
Ad.  362-3  :  ...  Si  me  senserit 

Eum  quaeritare,  numquam  dicet  carnufex  ! 
Ad.   373  :  Ehem,  Demea,  haud  aspexeram  te. 

L'antéposition  équivaut  à  donner  à  certaines  formules  négatives 
la  valeur  d'une  litote  (sens  de  :  «  qu'on  n'aille  pas  croire  que...  »)  : 

Ces.,  B.  C.  II,  41,  3  :  Non  deest  negotio  Curio. 

—  B.  G.  I,  42,  2  :  Non  respiiit  condicionem  Caesar. 
Ces.,  B.  C.  III,  45,  6  :  No?i  reciisare  se  quin... 

—  B.  G.  VIII,  13,  1  :  Non  intermittunt  intérim  cotidiana  proelia. 

—  B.  C.  I,  10,  4  :  Non  intermissiiros  consules  Pompeiumque  dilectus. 
Pétr.,  Sat.  10,  6  :  Non  reciisauit  Ascyltos. 

—        94,  3  :  Nec  fefellit  hoc  Gitona. 
Tac,  Ann.  XV,  2  :  Non  ibo  infitias. 

Le  soin  que  met  l'auteur  de  l'énoncé  à  présenter  avec  insistance 
le  procès  verbal  peut  répondre  à  des  intentions  très  diverses. 
Certaines  affirmations  répondent  à  un  doute  implicite  : 

Ter.,  Eun.  224  :  Stat  sententia. 

=  ne  croyez  pas  que  mon  idée  ne  soit  pas  arrêtée. 
Vlrg.,  En.  VIII,  352  :  Quis  deus  incertum  est  :  habitat  deus. 

=  ce  qui  est  certain,  c'est  qu'il  y  réside  un  dieu. 

Appliquée  au   présent,  l'insistance  convient  à  une  déclaration 
ferme,  à  une  prétention,  à  une  mise  en  garde  : 

PI.,  Epid.  668  :  Dico  ego  tibi  nunc  ut  scias. 

=  si  je  te  le  dis,  c'est  pour  que... 


RELIEF  DE  LA  NOTION  VERBALE  59 

Per.  284  :  Vidpo  ego  te 

=  je  ne  suis  pas  sans  voir... 
Cas.  685  :  Ludo  ego  hune  facete. 

:=  ce  que  je  le  berne  joliment  ! 

Appliquée  à  un  fait  passé,  l'insistance  donne  à  l'énoncé  le  carac- 
tère d'une  constatation  complaisante  : 

Hor.,  Od.  III,  30,  1  :  Exegi  monumentum  aère  perennius. 

—  pathétique  : 

Virg.,  Aen.  11,324  :  Venit  summa  dies  et  ineluctabile  tcmpus  |  Darda- 
niae. 

—  indignée  : 

Ter.,  Ph.  672  :  Occidisti  me  tuis  fallaciis. 

—  ironique  : 

Eun.  416-7  :  Papae  !  |  lugularas  hominem. 

Quand  il  s'agit  de  l'avenir,  l'insistance  convient  à  une  annonce 
pompeuse,  prophétique  : 

Enn.,  Ann.  464  (Vahl.)  :  Auersabuiltur  semper  uos  uestraque  uolta. 
PI.,  Asin.  623  :  ...  Dabunt  di  quae  uelitis  uobis. 
Cic.,  Pro  Mil.  26,  69  :  ...  IlhlSCescet  ille  aliquando  dies  cum... 
Ov.,  A.  amat.  I,  217  :  Spectabimt  laeti  iuuenes  mixtaeque  puellae, 

Diffiindetque  animos  omnibus  ista  dies. 
Luc,  Ph.  VIir,''865  ss.  :  Proderit  hoc  olim  quod... 
...  Veniet  felicior  aetas... 

—  à  l'énoncé  d'une  promesse,  d'un  engagement  ferme,  d'une  déci- 
sion catégorique  : 

PL,  Merc.  472  :  Certumst  :  ibo  ad  medicum... 
Ter.,  Eun.  363-4  :  ...  Faciam  sedulo, 

Dabo  operam,  adiuuabo. 
Ad.  510  :  Ibo  ac  reqiiiram  fratrem. 
Ph.  419-20  :  ...  Haud  desinam 

Donec  perfecero  hoc. 
Cic,  Verr.  II,  4,  81  :  Sin  istius  amicitia  te  impedit,  ...   succedam  ego 
uicarius  tuo  muneri. 

—  d'une  menace  : 

Pomponius  33  (Ribb.)  :  Elimiiiabo  extra  aedis  coniugem. 
PL,  Tri.  896  :  ...  Ludam  hominem  probe. 


60  POSITION    INITIALE 

Ps.  614  :  ...  Procudam  ego  hodie  hinc  multos  dolos. 
Per.  382  :  Exossabo  ego  illum...  ut  muraenam  quoquos. 
Ter.,  Eun.  803  :  Dimimiam  ego  tibi  caput  hodie,  nisi  abis. 
Ad.  571  :  Diminuetiir  tibi  quidem  iam  cerebrum. 
Eun.  358  :  ...  Quatietlir  homo  certe  cum  dono  foras. 
■ —     507-8  :  Profecto  quanto  magis  magisque  cogito, 

Nimium  dabit  haec  Thais  mihi  magnum  malum. 

—  898-9  :  ...  Crede  hoc  meae  fidei  : 

Dabit  hic  pugnam  aliquam  denuo. 
Ad.  401  :  Abigam  hune  rus. 

Une  affirmation  forte  a  parfois  la  valeur  d'une  correction,  pré- 
sentée avec  le  sens  de  :  «  ce  qui  n'empêche  pas  que  ».  Cette  nuance 
peut  être  soulignée  par  l'emploi  d'une  particule  : 

Ces.,  B.  C.  I,  64,  6  :  Pauci  ex  his  militibus  ablati  flumine  ab  equitatu 
excipiuntur  ac  subleuantur  ;  interit  tamen  nemo. 

—  III,  19,  6  :  Quae  (tela)  ille  obiectus  armis  militum  uitauit  ; 

uulnerantur  tamen  complures. 

—  B.  G.  VIII,  41,  3  :  Oppidani...    multos    pertinaciter    succedentes 
uulnerant  ;  non  detenentur  tamen  milites  nostri  uineas  proferre. 

Cic.,  De  orat.  II,  54  :  Sicut  potuit  dolauit  ;  uicit  tamen,  ut  dicis,  supe- 

riores. 
Virg.,  Bue.  10,  31-2  :  Tristis  at  ille  :  «  Tamen  cautabitis,  Arcades,  inquit, 
Montibus  haec  uestris... 

—  ou  par  un  énoncé  joint  : 

Cic,  De  diu.  II,  8,  21  :  Quoquo  enim  modo  nos  gesserimus,  fiet  tamen 

illud  quod  futurum  est. 
Ter.,  Ph.  903-4  :  Heus  quanta  quanta  haec  mea  paupertas  est,  tamen 
Adhuc  curaui  unum  hoc  quidem  ut  mi  esset  fides. 
—        428-9  :  ...  Metuit  hic  nos,  tametsi  sedulo 
Dissimulât. 
Eun.  400-1  :  ...  qui  habet  salem, 

Quod  in  te  est. 

—  833-4  :  ...  Saluae  sumus  : 

Habemus  hominum... 

La  valeur  éminente  de  la  notion  verbale  apparaît  avec  une  net- 
teté particulière  dans  les  cas  de  répétition,  de  renchérissement, 
d'opposition. 

Se  met  volontiers  en  tête  de  la  proposition  un  verbe  répété  dans 
plusieurs  énoncés  successifs  : 

PI.,  Amph.  939  :  Capiunt  uoluptates,  capiunt  rursum  miserias. 


RELIEF    DE    LA     NOTION    VERBALE 


61 


Ter.,  Ewi.  251  :  Quicquid  dicunt,  laudo  ;  ...  si  negaiit,  laudo  id  quoque. 
Ces.,  B.  G.  I,  40,  5  :  Factlim  eiiis  hostis  iam  periculum  patrum  nostro- 

rum  memoria,  factlim  etlam  nuper  in  Italia  seruili  tumultu. 
—  VII,  32,  5  :  Ciuitatem  esse  omnem  in  armis,  diuisiiin  sena- 

tum,  diuisum  populum. 

—  B.  C.  I,  84,  4  :  Nunc  uero...  prohiberi  aqua,  prohiberi  ingressu. 
Cic,  Pro  Mil.  7,  18  :  Caruit  foro  postea  Pompeius,  caruit  senatu,  caruit 

publiée. 

—  13,  35  :  At...  fecit  iratus,  fecit  inimicus. 

Verr.  II,  5,  11,  27  :  Eo    ueniebant   Siculorum    magislratus,    ueniebant 

équités  Romani. 
Catil.  III,  10  :  Erepti  enim  estis  ex  crudelissimo  ac  miserrimo  interitu, 

et  erepti  sine  caede... 
PI.,  Ep.  VIII,  8,  6  :  Balineum  publiée  praebent,  praebent  et  hospitium. 
T.  Liv.,  I,  13,  1  :  Tum  Sabinae  mulieres...  dirimere  infestas  acies,  diri- 

mere  iras. 
Sén.,  Epist.  14,  3  :  Timetur  inopia,  timentuT  morbi,  timentur  quae  per 
uim  potentioris  eueniunt. 

Cette  disposition  plaît  aux  poètes,  quand  ils  ont  à  présenter  les 
éléments  symétriques  d'une  description  ou  d'un  tableau  : 

Virg.,  Bue.  X,  19  ss.  :  Venit  et  upilio... 

...  Venit  Apollo... 

Venit  et  agresti  capitis  Siluanus  honore. 
Aen.  IX,  394  :  Audit  equos,  audit  strepitus  et  signa  sequenlum. 

—  XI,  818  :  Labitur  exsanguis,  labuntur  frigida  leto  |  Lumina 

—  XII,  446-7  :  Vidit  ab  aduerso  uenientes  aggere  Turnus, 

Videre  Ausonii... 
Ov.,  Met.  II,  28-9  :  Stabat  nuda  Acstas  et  spica  serta  gerebat, 
Stabat  et  Autumnus  calcatis  sordidus  unis. 

La  répétition,  au  lieu  d'être  anaphorique,  peut  être  réalisée  par 
la  reprise  du  verbe  dans  une  construction  et  sous  une  forme  nou- 
velle : 

Cat.,  De  agric.  110  :  Odorem  deteriorem  demere  uino...  Si  demptus  erit 
odor  deterior... 

—  111  :  Vinum  id  quod  putabis  aquara  habere...  Si  habebit 
aquam... 

—  148,  2  :  Dominus  uinum  admetietur.  Quod  admensus  erit 
dorainus... 

—  112  :  Infundito  in  idem  dolium  usque  dum  impleueris. . . 
Vbi  impleueris  dolium... 


62  POSITION    INITIALE 

Naev.,  Epigr.  :  Immortales  mortales  si  foret  fas  flere, 

Fièrent  diuae  Camenae  Naeuium  poetam. 
Ter.,  Eun.  1056-8  :  ...  Hoc  si  effeceris,   . 

Quoduis...  a  me  optato,  id  optatum  auferes, 

—  ...  Si  efficio  hoc,  postulo  ut... 

—  185-7  :  Vbi  illic  dies  est  compluris,  accersi  iubet. 

...  Postquam  accersimt  saepius... 

—  678-86  :  ...  An  tu  hune  credidisti  esse,  obsecro, 

Ad  nos  deductum?... 

Ad  nos  deductus  est  hodie  adulescentulus... 
Ad.  129-30  :  Ciirae  est  mihi.  —  Et  mlhi  ciirae  est.  Verum,  Demea, 

Cliremus  aequam  uterque  partem. 
Ces.,  B.  G.  VIII,  36,  5  :  Omnibus...   aut  interfectis   aut  captis  magna 

praeda  potiuntur.  Capitur  ipse  eo  proelio  Drappes. 
B.  Alex.  70,  8  :  Tune  sibi  mitteret  munera  ac  dona...  Miserai  enim  ei 

Pharnaces  coronam  auream. 
Cic.,  De  diu.  I,  18,  34  :  Duo  gênera  diuinationum  esse  dixerunt,  unum 
quod  particeps  erat  artis,  alterum  quod  arte  careret...  Carent  autem 
arte  ii  qui... 
Hor.,  Sut.  II,  3,  185  :  Scilicet  ut  plausus  quos  fert  Agrippa  feras  tu. 
Petr.,  Sat.  72,  1  :  Haec  ut  dixit  Trimalchio,  flere  coepit  ubertim  ;  flebat 
et  Fortunata,  flebat  et  Habinnas. 

La  répétition  peut  n'être  pas  littérale  ;  il  suffît  qu'elle  soit  réali- 
sée par  une  synonymie  approximative  : 

Ter.,  Ad.  761-2  :  ...  quod  cauere  possis  stultum  admittere  est. 

Malo  ...  prospicere  quam  hune  ulcisci  accepta  iniuria. 
Ph.  357-8  :  ...  Ignoratur  parens, 

Neglegitur  ipsa. 
Ces.,  B.  C.  I,  64,  3  : ...  ea  transire  flumen  qua  traductus  erat  equitatus. 
Cic.,  Brut.  127  :  Laudabant  hune  patres  nostri  ;  fauebant  etiam  propter 

patris  memoriam. 
T.  L.  II,  20,  12  :  Equiii  admoti  equi...,  secuta  et  pedestris  acies. 

Quand  la  répétition  n'est  pas  textuelle,  le  choix  d'un  équivalent 
approximatif  répond  souvent  au  désir  d'exprimer  un  renchérisse- 
ment : 

Pac,  Trag.  365  :  Solatur  auxiliatur  hortaturque  me. 
PI.,  Amph.  645-6  :  ...  Feram  et  perferam  usque 

Abltum  eius  animo  forti  atque  ollirmato. 
Ter.,  Eun.  750  :  Et  habetur  et  referctur  ...  tibi  ita  ut  mérita  es  gratia. 


RELIEF    DE    LA    NOTION    VERBALE 


63 


Ces.,  B.  G.  VIII,  22,  2  :  ...  scire  atque  intellegere  se... 

—  VlII,  12,  6  :  Inflantur  atque  incitantur  hostium  animi  se- 
cundo proelio. 

—  V,  22,  7  :  ...  monere  orare  Titurium  pro  hospitio  ut... 

—  IV,  2,  6  :  ...  remollescere  homines   atque  efleminari  arbi- 
trantur. 

—  II,  15,  5  :  ...  increpitare  atque  incusare  reliques  Belgas. 
Ces.,  B.  C.  II,  32,  7  :  Desertos  enim  se  ac  proditos  a  uobis  dicunt. 

—  III,  73,  5  :  ...  expulisse  ac  superasse  pugnantes. 

Cic,  Pro  Clu.  15  :  Perfregit  ac  prostraiiit  omnia  cupiditate  ac  furore. 
Tusc.  III,  15  :  ImpeUit  rursum  et  incitât  ad  conspiciendas...  uoluptates. 

Si,  dans  le  cas  d'une  reprise,  le  verbe  cède  la  place  initiale  à  un 
autre  terme,  c'est  que  ce  terme  réclame  impérieusement  pour  son 
compte  une  mise  en  relief  ;  ainsi,  lorsque  la  question  se  pose  de 
savoir  quel  sujet,  à  l'exclusion  de  tous  autres,  doit  être  envisagé 
dans  une  circonstance  donnée  : 

Ad.  924-5  :  lubet  frater?...  Tun  iubes  hoc,  Demea? 

— •  Ego  uero  iubeo. 
—  933-4  :  Hanc  te  aequomst  ducere... 

—  Me  ducere?  —  Te  !  —  Me?  —  Te  inquam. 
Ph.  924-6  :  ...  Si  uis  mi  uxorem  dare 

Quam  despondisti,  ducam.  Sin  est  ut  uelis 

Manere  illam  apud  te,  dos  hic  maneat... 

Quand  il  y  a  opposition,  elle  est  assez  naturellement  entre  verbes 
de  sens  contraire  : 

Ter.,  Eun.  813  :  Nollint  ubi  uelis  ;  ubi  nolis,  CUpiunt  ultro. 
Ph.  583-4  :  Tacebit  dum  intercedet  familiaritas  ; 

Sin  spreuerit  me... 
Sali.,  Cat.  3, 1  :  Pulcrum  est  benefacere  rei  publicae  ;  etiam  benedicere 

haud  absurdum  est. 
Cic,  Mil.  13,  35  :  Non  modo...  nihil  prodest,  sed  obest  etiam  Clodi  mors 

Miloni. 
De  amie.  11,  37  :  Non    enim   paruit   ille    Ti.    Gracchi    temeritati,    sed 

praefuit. 
Tusc.  I,  34  :  Prudentia...,  quam,  ut   cetera  auferat,  adfert  certe  se- 

nectus. 
Fam.  II,  5,  2  :  Siue  habes  aliquam  spem  de  republica  siue  desperas. 
Caes.,  B.  C  II,  21,  3  :  Quae  ex  fano  Herculis  conlata  erant  in  priuatam 

domum,  referri  in  templum  iubet. 


64  POSITION    INITIALE 

Caes.,  B.  G.  I,  18,  8  :  Faiiere  et  cupere  Heluetiis...,  odisse...  Caesarem 
et  Romanos. 

VI,  39,  4  :  Redisse    primo    legiones    credunt,    quas    longius 
discessisse  ex  captiuis  cognouerant. 

L'opposition  peut  être  réduite  à  une  distinction  ou  à  une  correc- 
tion : 

Lucil.,  Sat.  171  :  Qui  edit  se,  comedit  se. 

Caes.,  B.  G.  II,  12,  5  :  Quae  neque  uiderant  ante  Galli  neque  audierant. 
— ■  VIII,  12,  2  :  Equités...  mittunt,  qui  primum  elicerent  nos- 

tros,  deinde...  adgrederentur. 
B.  Alex.  11,  4  :  Capta  est  una  hostium  quadriremis,  depressa  est  altéra. 
Cic,  Au.  XV,  4,  2  :  Excisa  est  enim  arbor,  non  euulsa. 
Pro  Cael.  11,  27  :  Tametsi  probabam  eius  eloquentiam,  tamen  non  per- 

timescebam. 
Caes.,  B.  G.  VIII,  53,  2  :  Quibus  non  frangebantur  animi  inimicorum 

Caesaris,  sed  admonebantur. 
Luc.,  Ph.  VIII,  273-4  :  ...  Sparsit  potius  Pharsalia  nostras 
Quam  subuertit  opes. 

c)  Qualité  particulière  de  V énoncé. 

Le  verbe  peut  être  redevable  de  sa  mise  en  relief  moins  à  son 
sens  propre  ou  à  la  valeur  que  lui  prête  l'auteur  de  l'énoncé 
qu'aux  circonstances  dans  lesquelles  se  présente  l'action  qu'il  ex- 
prime. 

Un  énoncé  qui  fait  un  effet  de  surprise,  qui  constitue  un  coup  de 
théâtre,  une  révélation,  comporte  d'ordinaire  l'antéposition  du 
verbe. 

L'effet  produit  est  souvent  celui  que  le  français  rend  par  l'em- 
ploi de  la  périphrase  :  «  Voici  que...  «  Il  est,  du  reste,  parfois  mar- 
qué en  latin  même  par  l'emploi  d'une  particule  telle  que  ecce  : 

Virg.,  En.  II,  403  :  Ecce  trahebatuT  passis  Priameia  uirgo 

Crinibus... 

—  d'un  adverbe  exprimant  la  soudaineté  : 

Ter.,  Eun.  335  :  Continuo  acciirrit  ad  me... 

Ces.,  B.  C.  I,  5,  5  :  Profugiunt  statim  ex  urbe  tribunl  plebis. 

—    B.  G.  VII,  88,  6  :  Fit  prof  inus  hac  re  audita  ex  castris  Gallorum  fuga 
Cic,  Pro  Glu.  12  :  Repente  est  exorta  muheris  inportunae  nefaria  libido. 
—  27  :  Arcessit  subito  sine  causa  puerum  Teano. 


QUALITÉ    PARTICULIÈRE    DE     l'ÉNONCÉ  65 

Virg.,  En.  VIII,  585  :  lamque  adeo  exierat  porfis  equitatus  apertis. 

—  III,  521  :  lamque  rubescebat  stellis  Aurora  fugatis. 

—  VII,  25  :  lamque  rubescebat  radiis  mare  et  aethere  ab  alto... 

—  II,  250  :  Vertitur  interea  caelum  et  ruit  Oceano  nox. 

—  X,  1  :  Panditnr  interea  domus  omnipotentis  Olympi. 

—  VI,  703  :  Interea  uidet  Aeneas  in  ualle  reducta... 

Cette  construction  caractérise  la  narration  vive,  où  l'écrivain 
est  attentif  à  présenter  les  événements  avec  leur  relief  expressif  : 

Cic,  Ph il.  II,  58  :  Vehebatur  in  essedo  tribunus  plebis...,  seqiiebatur 
raeda  cum  lenonibus. 

Les  poètes  y  recourent  volontiers  pour  mettre  en  valeur  des  évo- 
cations grandioses  ou  pittoresques. 

Hor.,  Od.  I,  4,  1  :  Soluitur  a  cris  hiems  grata  uice  ueris  et  Fauoni. 

—  IV,  7,  1  :  Diflugere  niues,  redeunt  iam  gramina  campis. 
Luc,  Ph.  I,  135  :  ...  Stat  raagni  nominis  umbra... 

C'est  le  secret  de  beaucoup  de  grands  vers  d'Ennius  : 

Ann.  (Vahl.)  253  :  Deducunt  habiles  gladios  filo  gracilento 

—  263  :  Stant  rectis  foliis  et  amaro  corpore  buxum 

—  285  :  Densantur  campis  horrentia  tela  uirorum 

—  343  :  Aspectabat  uirtutem  legionis  suai 

—  386  :  Labitur  uneta  carina,  uolat  super  impetus  undas 

—  393  :  Horrescit  telis  exercitus  asper  utrimque 

—  398  :  Occumbunt  muiti  letum  ferroque  lapique 

—  401  :  Vndique  conueniunt  uelut  imber  tela  tribune  ; 

Conflgunt  parmam,  tinnit  hastilibus  umbo. 

—  439  :  It  eques  et  plausu  caua  concutit  ungula  terram 

—  443  :  Concummt  ueluti  uenti  cum  spiritus  austri 

—  472  :  Oscitat  in  campis  caput  a  ceruice  reuulsum 

—  478  :  Labitur  uncta  carina  per  aequora  cana  celocis 

—  527  :  Tum  tomiit  laeuum  bene  tempestate  serena 

—  540  :  Ëffudit  noces  proprio  cum  pectore  sancto 

—  557  :  Interea  fugit  albus  iubar  Hyperionis  cursum 

—  558  :  Inde  patefecit  radiis  rota  candida  caelum. 

—  et  de  Virgile  : 

En.  I,  118  :  Apparent  rari  nantes  in  gurgite  uasto 

—  I,  187  :  Constitit  hic  arcumque  manu  celeresque  sagittas  |  Corripuit 

—  I,  423  :  Instant  ardentes  Tyrii 

—  IX,  197  :  Obstipuit  magno  laudum  percussus  amore 

5 


66 


POSITION    INITIALE 


En.  I,  612  :  Obstipuit  primo  aspectu  Sidonia  Dido 

—  XII,  665  :  Obstipuit  uaria  confusus  imagine  rerum 

—  II,  1  :  Conticuere  omnes  intentique  ora  tenebant 

—  V,  575  :  Excipiunt  plausu  pauidos  gaudentque  tuentes 
• —  VI,  268  :  Ibaut  obscuri  sola  sub  nocte  per  umbram 

—  VII,  761  :  Ibat  et  Hippolyti  proies  pulcherrima  bello 

—  VI,  313-4  :  Stabant  orantes  primi  transmittere  cursum 

Tendebantque  manus  ripae  ulterioris  amore 

—  XII,  398  :  Stabat  acerba  fremens  ingentem  nixus  in  hastam 

—  IX,  581  :  Stabat  in  egregiis  Arcentis  filius  armis 

—  X,  453  :  Desilllit  Turnus  biiugis,  pedes  apparat  ire 

—  X,  719  :  Venerat  antiquis  Corythi  de  finibus  Acron 

—  X,  896  :  Aduolat  Aeneas  uaginaque  eripit  ensem 

—  XI,  486  :  Cingitur  ipse  furens  certatim  in  proelia  Turnus 

—  XI,  699  :  Incidit  huic  subitoque  aspectu  territus  haesit 

—  XII,  446  :  Vidit  ab  aduerso  uenientes  aggere  Turnus. 

Lorsqu'on  introduit  par  ce  moyen  une  péripétie  notable,  on  inter- 
rompt volontiers  la  chronologie  des  événements  pour  présenter 
l'action  comme  actuelle,  en  recourant  au  présent  dit  historique  ou 
de  narration  : 

Ter.,  Ph.  859-60  :  Vt  modo  argentum  tibi  dedimus...,  recta  domum 

Sumus  profecti  ;  interea  mittit  erus  me  ad  uxorem. 
=  nous  partîmes  (énoncé  banal)  ;  là-dessus,  voici  que 
mon  maître  m'envoie  (énoncé  dramatique). 

Le  tour  est  fréquent  chez  les  historiens,  quand  il  s'agit  d'une 
intervention  inopinée  : 

Ces.,  B.  C.  I,  2,  7  :  Refertur  confertim  de  internecione  tribunorum 

—  I,  1,  2  :  Referunt  consules  de  re  publica 

—  I,  2,  8  :  Dicuntur  sententiae  graues 

—  I,  3,  7  :  Dicuntur  etiam  ab  nonnullis  sententiae 
B.  G.  V,  25,  4  :  Defertur  ea  res  ad  Caesarem 

—  VI,  7,  5  :  Loquitur  in  consilio  palam. 

—  d'une  mission  soudainement  décidée  : 

B.  G.  II,  2,  2  :  Dat  negotium  Senonibus  reliquisque  Gallis 

—  I,  23,  3  :  Mittuntur  etiam  ad  cas  ciuitates  legati 

—  V,  27,  1  :  Mittitur  ad  eos  colloquendi  causa  G.  Arpinius 

—  V,  40,  1  :  Mittuntur  ad  Caesarem  confestim...  litterae 

—  VU,  87,  1  :  Mittit  primo  lirutum  adulescentem 


QUALITÉ    PARTICULIÈRE     DE     l'ÉNONCÉ  67 

B.  G.  VI,  24,  8  :  Dimittit  ad  (initimas  ciuitates  nuntios  Caesar 
. —     VII,  4,  4  :  Dimittit  quoque  uersus  legationes 

—  V,  58,  5  :  Submittit  cohortes  equitibus  subsidio. 

—  d'un  mouvement  de  troupes  : 

B.  G.  VI,  37,  4  :  Circumfunduntur  ex  reliquis  hostes  partibus 

—  VI,  35,  6  :  Transeunt  Rhenum  nauibus  ratibusque 

—  VII,  87,  5  :  Accélérât  Caesar,  ut  proelio  intersit 

B.  C.  I,  76,  3  :  Subseqmmtur  tribun!  militum  centurionesque 
B.  Alex.  75,  3  :  Insequitur  hos  acies  hostium. 

—  d'une  manifestation  de  foule  : 

B.  G.  VII,  21,  1  :  Conclamat  omnis  multitude 

—  VII,  66,  7  :  Conclamant  équités 

—  VII,  38,  6  :  Conclamant  Haedui 

—  I,  69,  4  :  Conclamatur  ad  arma. 

Dans  la  comédie,  lorsque  l'entrée  en  scène  d'un  personnage  est 
inattendue,  constitue  une  péripétie,  elle  est  d'ordinaire  notée  par 
l'emploi  d'un  verbe  antéposé,  souvent  accompagné  d'une  interjec- 
tion : 

Ter.,  Ph.  791  :  Ei  !  uideo  uxorem  !... 

Eun.  967  :  ...  Ecce  autem  uideo  rure  redeuntem  senem, 

—  289  :  Sed  uideo  erilem  filium... 

—  905  :  Adest  optime  ipse  frater... 
Ad.  635  :  Prodit  nescio  quis... 

De  même,  lorsqu'un  personnage  en  interpelle  un  autre  pour  lu 
communiquer  une  nouvelle  importante  : 

Ter.,  Ad.  776  :  Heus,  Syre,  rogat  te  Ctesipho  ut  redeas. 
—        882  :  Heus,  Demea,  rogat  frater  ne  abeas  longius. 

Un  des  caractères  du  style  narratif  est  qu'une  péripétie  notable 
soit  conjuguée  avec  d'autres,  fasse  partie  d'un  ensemble  de  faits 
ou  d'actions  dont  l'accumulation  iTiême  donne  au  récit  son  intérêt 
et  sa  valeur.  Le  verbe  est  alors  si  bien  l'essentiel  de  l'énoncé  qu'il 
constitue  souvent  à  lui  seul  toute  la  phrase  : 

Ph.  103-4  :  ...  Imus,  uenimus, 

Videmus. 

—  135  :  Persuasumst  homini  :  factumst,  uentumst,  uincimur, 

Duxit. 


68  POSITION    INITIALE 

S'il  est  accompagné  d'autres  termes,  il  les  précède  généralement  : 

Ter.,  Eun.  593  ss.  :  lit,  lauit,  rediit... 

Sto  exspectans...  Venit  una... 

...  Accipio  tristis. 
Abeunt  lauatum,  perstrepunt... 
PI.,  Aul.  166-7  :  Adeunt,  consistunt,  copulantur  dextras, 

Rogitant  me  ut  ualeam... 
Ter.,  Eun.  134  ss.  :  ...  Forte  fortuna  adfuit 

Hic  meus  amicus  :  émit  eam  dono  mihi, 
...  Postquam  sensit  me  tecum  quoque 
Rem  habere,  ângit  causas  ne  det  sedulo  ; 
Ait,  si  fidem  habeat... 
Eun.  570  ss.  :  ...  Summonuit  me  Parmeno 

Ibi  seruos  quod  ego  arripui... 

...  Traditus  sum  mulieri... 
Commendat  uirginem... 
Edicit  ne  uir  quisquam  ad  eam  adeat... 

...  Adnuo 
—  Terram  intuens  modeste... 
Abducit  secum  ancillas... 
...  Arcessitur  lauatum  interea  uirgo. 
...  Venit  una  :  Heus  tu,  inquit... 
Cape  hoc  flabellum... 
...  Accipio  tristis. 
Abeunt  lauatum... 

Cette  construction  est  fréquente  chez  les  historiens,  soucieux  de 
rendre  de  façon  imagée  la  précipitation  des  événements  : 

Cael.  Antip.,  Fragm.  44  :  Ipse  régis  eminus  equo  ferit  pectus  aduorsum, 

congenuclat  percussus,  deiecit  dominum. 
Caton  ap.  Gell.,  X,  3,  14  :  Dixit  a  decemuiris  parum  bene  sibi  cibaria 

curata  esse  ;  iussit  uestimenta  detrahi...,  uidere  multi  mortales... 
Nepos,  Eum.  9,  1  :  Conueniunt  duces,  quaeritur  quid  opus  sit  facto. 

Intellegebant  omnes . . . 

—  9,  6  :  Mutât  consilium  et...  flectit  iter  suum. 

Ces.,  B.  G.  V,  46  :  lubet  média  nocte  legionem  proficisci...   Exit  cum 

nuntio  Crassus...  Scribit  Labieno... 

—  VI,  38,  2  :  Hic...  ex  tabernaculo  prodit,  uidet  imminere 
hostes...,  eapit  arma...  Sequuntur  hune  centuriones...  Relinquit  ani- 
mus  Sextium  grauibus  acceptis  uulneribus... 

—  V,  44,  7  ss.  :  Transflgitur  scutum  Pulloni  et  uerutum  in  bal- 


QUALITÉ    PARTICULIÈRE     DE    l'ÉNONCÉ  69 

teo  defigitur.  Auertit  hic  casus  uaginam.,.  Succurrit  inimicus  illi 
Vorenus... 

B.  G.  V,  31  1  :  Consurgitur  ex  consilio  ;  comprehendunt  utrumque  et 
orant...  Tandem  dat  Cotta  permotus  manus,  superat  sententia  Sa- 
bini.  Pronuntiatur  prima  luce  ituros.  Consumitur  uigiliis  reliqua  pars 
noctis. 

B.  C.  I,  1  ss.  :  Referunt  consules...  Dixerat  aliquis...  Intercedit  M.  An- 
tonius...  Refertur  confestim...  Dicuntur  sententiae...  Laudat  Pom- 
peius...  Completiir  urbs...  PoUicetur  L.  Piso...  Dicuntur  etiam...  De- 
curritur...  Profugiunt  statim...  (Cf.  encore  B.  C.  I,  60  et  61). 

Tue, Hist.  III,  23,  1  :  Sustinuit  labantem  aciem  Antonius  accitis  prae- 
torianis.  Qui  ubi  excepere  pugnam,  pelluut  hostem. 

Elle  sert  à  l'orateur  pour  rendre  expressives  les  péripéties  de  sa 
narration  : 

Cic,  Catil.  I,  1,  2  :  Immo  uero  in  senatum  uenit,  fit  publici  consilii  par- 
ticeps,  notât  et  désignât  oculis  ad  caedem  unumquemque  nostrum. 

—  I,  3,  10  :  Introductus  est  Statilius,  cognouit  et  signum  et  ma- 
num  suam,  recitatae  sunt  tabellae...,  tum  ostendit  tabellas  Lentulo. 

Caec.  16  :  Adest  ad  tabulam,  licetur  Aebutius,  deterrentur  emptores. 
Au.  I,  16,  5  :  Refertur  ad  consilium,...  defertur  res  ad  senatum...,  lau- 
dantur  indices,  datur  negotium  magistratibus. 

—  au  poète  pour  mettre  en  valeur  ses  évocations  : 

Enn.,  Ann.  401  (Vahl.)  :  Vndique  conueniunt  uelut  imber  tela  tribuno  ; 
Configunt  parmam,  tinnit  hastilibus  umbo 
Aeratus,  sonit  aes  galeae... 

De  même  que  les  péripéties  d'une  action,  peuvent  être  détaillés 
les  éléments  notables  d'un  exposé,  d'une  description,  d'un  tableau  : 

Ter.,  Ph.  248-9  :  Meditata  mihi  sunt  omnia...  : 

Molendum  esse  in  pistrino...,  habendae  compedes. 
Ces.,  B.  G.  V,  29,  3  :  Titurius  fugiendi  consilium  probauit  bis  argumen- 
tis  :  subesse  Rhenum...,  ardere  Galliam... 

—  VI,  66,  3  :  Vercingetorix...  uenisse  tempus  uictoriae  de- 
monstrat,  fugere  in  prouinciam  Romanos... 

—  II,  15,  4  :  Caesar...  sic  reperiebat...  esse  homines  feros  ma- 
gnaeque  uirtutis,  increpitareatque  incusare  reliquos  Belgas...,  confir- 
mare  sese... 

—  I,  1,  5-7  :  Initium  capit  a  flumine  Rhodano,  continetur  Ga- 
rumna  flumine,..,  attingit  etiam...  flumen  Rhenum,  uergit  ad  sep- 
temtriones. 


70  POSITIOiN'    INITIALE 

Cic,  Pro  Arch.  3,  6  :  Erat    temporibus    illis    iucundus    Q.    Metello...  ; 

audiebatur  a  M.  Aemilio,  iiiuebat  cum  Q.  Catulo,  afficiebatur  summo 

honore. 
Pro  Cael.  4,  10  ss.  :  Fuit  adsiduus  mecum  praetore  me  ;  non  nouerat 

Catilinam...   Secutus  est  tum  annus...   Deinceps  fuit  annus  quo  ego 

consulatuni  petiui.  Petebat  Catilina  mecum. 
—        5,  12  ss.  :  Habuit    enim   ille...    permulta...    signa    uirtutum. 

Vtebatlir  hominibus  improbis  multis...   Ërant  apud  illum  inlecebrae 

libidinum  multae.  Erant  etiam  industriae  quidam  stimuli  ac  laboris. 

Flagrabant  uitia  libidinis  apud  illum  ;  uigebant  etiam  studia  rei  raili- 

taris. 

Le  passage  éventuel  d'un  ordre  à  l'autre  demande  à  être  in- 
terprété, et  apparaît  comme  l'indice  d'un  changement  de  ton  qui 
est  un  élément  important  du  style  narratif  : 

Dans  V Heautontimoroumenos ,  Ménédème  fait  un  long  récit  qui 
dure  du  vers  93  au  vers  150.  La  première  partie  constitue  une  expo- 
sition nécessaire  à  l'intelligence  de  l'intrigue  ;  elle  est  faite  posé- 
ment, les  faits  sont  présentés  avec  le  seul  souci  de  mettre  au  cou- 
rant l'interlocuteur  ;  tous  les  verbes  sont  à  la  place  finale  : 

...  Filium  unicum  adulescentulum 
Habeo... 

...  ille  amare  coepit... 
Vbi  rem  resciui... 
Cotidie  accusabam... 

Ego  istuc  aetatis  non  amori  operam  dabam, 
Sed  in  Asiam  hinc  abii...  atque  ibi 
Simul  rem  et  gloriam  armis  belli  repperi. 
Postremo  adeo  res  rediit  :  adulescentulus 
Saepe  eadem  et  grauiter  audiendo  uictus  est... 
In  Asiam  ad  regem  militatum  abiit... 
...  Clam  me  profectus  mensis  tris  abest. 

Jusqu'ici,  il  ne  s'agit  que  d'une  préparation  à  la  catastrophe  qui 
va  suivre.  Mais  voici  que  le  père  apprend  le  départ  de  son  fils  : 
désespoir  et  agitation  ;  les  événements  se  précipitent  et  les  verbes 
prennent  la  tête  de  la  phrase  : 

Vbi  comperi..., 

Adsido  ;  accurrunt  serui... 

Video  alios  festinare... 

...  Nihil  relinquo  in  aedibus 


QUALITÉ    PARTICULIÈRE    DE     l'ÉNONCÉ  71 

...  Conrasi  omnia. 

...  Inscripsi  illco 

Aedis  mercede... 

Decreui  tantisper  me  minus  iniuriae 

...  meo  gnato  facere  dum  fiam  miser. 

Aulu-Gelle  (X,  3)  cite  deux  récits  parallèles  d'événements  ana- 
logues ;  l'un  est  de  Gracchus,  écrit  dans  le  ton  des  chroniqueurs, 
sans  emphase,  sans  effets  dramatiques  («  breuitas  et  uenustas  et 
mundities  orationis  »,  dit  Aulu-Gelle)  :  les  verbes  sont  à  une  place 
inexpressive  : 

Palus  destkutus  est  in  foro,  eoque  adductus...  M.  Marius  ;  uestimenta 
detracta  sunt,  uirgis  caesus  est... 

Et  encore  : 

Praetor  noster  quaestores  arripi  iussit  ;  aller  se  de  mure  deiecit,  alter 
prehensus  est  et  uirgis  caesus  est. 

L'autre  récit  est  de  Cicéron  ;  c'est  la  mise  en  scène  pathétique 
du  supplice  de  Gavius  :  cette  fois  les  verbes  sont  jetés  dramati- 
quement en  tête  de  phrase  : 

Ipse...  in  forum  uenit  ;  ardebant  oculi...  Exspectabant  omnes  que  tan- 
dem progressurus...  esset,  cum  repente...    . 

Et  Aulu-Gelle  interrompt  sa  citation  pour  nous  faire  observer 
comment  Cicéron,  pour  prolonger  à  nos  yeux  l'horreur  du  sup- 
plice, emploie  soudain  l'imparfait  au  lieu  du  passé  narratif  : 

Non  «  caesus  est  »,  sed  :  «  Caedebatur,  inquit,  uirgis  in  medio  foro  Mes- 
sanae  ciuis  Romanus.  » 

Ce  n'est  pas  seulement  le  changement  du  temps,  c'est  surtout 
la  place  du  verbe  qui  doit  nous  apparaître  comme  expressive. 

Le  cas  est  assez  fréquent  où,  une  péripétie  notable  ayant  été 
énoncée  avec  le  relief  qui  lui  est  dû,  les  actions  subséquentes  ne 
méritent  pas  la  même  mise  en  valeur.  Le  parallélisme  entre  les 
phrases  successives  n'est  alors  qu'apparent  ;  en  réalité,  seule  l'ini- 
tiale est  destinée  à  faire  un  effet  de  surprise  ;  dans  les  suivantes, 
le  verbe,  dépourvu  de  valeur  spéciale,  reprend  sa  place  inexpressive, 
à  la  finale  : 

Ces.,  B.  C.  I,  5,  5  :  Profugiunt  statim  ex  urbe  tribuni  plebis  seque  ad 
Caesarem  conferunt. 


72  POSITION    INITIALE 

Ces.,  B.  C.  I,  69,  4  :  Conclamatur  ad  arma  atque  omnes  copiae...  exeunt 
rectoque,..  itinere  contendunt. 

—  I,  83,  3  :  Producitur  tum  res  aciesque  ad  solis  occasum  con- 
tinentur. 

Petr.,  Sat.  9  :  Consedit  puer  super  lectum  et  mariantes  lacrimas  pollice 
extersit. 

—  28,  6  :  Sequimur  nos  admiratione  iam  salui  et  cum  Agamem- 
none  ad  ianuam  peruenimus. 

—  36,  4  :  Damus  omnes  plausum...  et  res  electissimas  ridentes 
aggredimur. 

La  fréquence  de  cette  disposition  a  pu  faire  croire  (A.  W.  Ahl- 
berg,  De  latini  uerhi  finiti  collocatione,  p.  10)  qu'elle  était  fondée 
sur  la  recherche  du  chiasme.  L'explication  présentée  ci-dessus 
montre  qu'elle  est  dans  la  nature  des  choses. 

d)  Enoncé  «  jonction  ». 

L'antéposition  du  verbe  est  parfois  l'indice  d'une  fonction  par- 
ticulière de  l'énoncé  verbal. 

Il  y  a,  en  un  certain  sens,  deux  manières  de  présenter  un  énoncé, 
suivant  qu'il  est  donné  comme  exprimant,  sans  plus,  ce  qui  résulte 
de  la  combinaison  des  termes  composants  : 

Mon  ami  est  arrivé  à  sept  heures. 

Je  ne  sais  pas  ce  que  je  ferais  sans  vous. 

—  ou  comme  ne  prenant  tout  son  sens  qu'en  fonction  d'un  autre 
énoncé,  soit  précédent  : 

Voulez-vous  que  je  vous  dise  ce  qui  ma  retardé?  Mon  ami  est  arrivé  à 
sept  heures. 

—  soit  subséquent  : 

Je  ne  sais  pas  ce  que  je  ferais  sans  vous  :  vous  êtes  le  seul  en  qui  j'aie 
conjiance. 

L'un  de  ces  types  d'énoncé  peut  être  dit  autonome  ou  absolu, 
l'autre  relatif  ou  fonctionnel. 

Le  rapport  de  l'énoncé  dit  relatif  à  celui  dont  il  est  fonction  se 
marque  normalement  par  un  procédé  syntaxique,  la  subordina- 
tion : 

Vous  vous  taisez,  alors  que  j'attendais  de  vous  une  explication  ; 


ÉNONCÉ    «    FONCTION    »  73 

—  quelquefois  par  la  coordination  : 

Cinna,  tu  t'en  souviens,  et  veux  m'assassiner  ; 

—  souvent,  dans  la  langue  parlée,  par  une  intonation  que,  dans 
l'écriture,  on  suggère  par  un  artifice  de  ponctuation  : 

Calomniez  :  il  en  restera  toujours  quelque  chose. 

Les  deux-points  invitent  à  un  effet  de  voix  montante  sur  la 
finale  qui  les  précède,  et  de  voix  descendante  sur  l'énoncé  qui  les 
suit. 

En  latin,  l'ordre  des  mots,  et  précisément  la  place  prééminente 
donnée  au  verbe,  est  un  moyen  de  faire  apparaître  le  caractère  de 
l'énoncé  «  fonction  ». 

Lorsque  la  phrase  est  conditionnante,  c'est-à-dire  conçue  en 
fonction  de  ce  qui  va  suivre,  l'énoncé  se  présente  assez  normale- 
ment comme  répondant  à  une  question  schématique  telle  que  : 
«  Quelle  action  étant  donnée  telle  chose  s'ensuit-elle?  »  Le  verbe 
antéposé  énonce  la  condition  en  faisant  prévoir  l'énoncé  de  la  con- 
séquence. 

Soit  un  énoncé  normal,  venant  à  sa  place  parmi  d'autres  et  pa- 
rallèle à  celui  qui  l'a  précédé  ;  le  verbe  y  est  à  sa  place  normale  : 

Ter.,  Ad.  45-6  :  Vxorem  numquam  habui.  Ille  contra... 
...  uxorem  duxit. 

Mais  que  le  même  énoncé  soit  présenté  en  fonction  d'un  énoncé 
subséquent  donné  comme  une  résultante,  le  verbe  prendra  la  place 
initiale  : 

Ter.,  Ad.  867  :  Duxi  uxorem  :  quam  ibi  miseriam  uicli  ! 
Exemples  analogues  : 

Eun.  252  :  Negat  quis  :  Nego. 
Ad.  867-8:  ...  Nati  fûn  : 

Alia  cura. 

—  46-7  :  ...  Natirûu 

Duo  :  inde  ego  hune  maiorem  adoptaui  mihi, 

—  117  :  ...  Olet  unguenta  :  de  meo. 

—  119-20  :  ...  Discidit 

Vestem  :  resarcietur. 
Ph.  135  :  Persuasit  homini  :  factumst. 
Eun.  542  :  Praeteriit  tempus  :  ...  parati  nihil  est. 


74  POSITION    INITIALE 

Ph.  186  :  Purgem  me?  Laterem  lauem. 
—  592-4  :  ...   Venio  ad  hominem  ut  dicerem...  : 

...  Vixdum...  dixeram,  intellexerat. 
B.  Alex.  13,  2  :  Deerant  remi   :   porticus,   gymnasia,   publica  aedificia 
detegebant. 

Le  cas  de  la  phrase  conditionnée,  qui  présente  un  énoncé  sub- 
séquent en  fonction  de  celui  qui  précède,  est  plus  fréquent.  La 
question  implicitement  posée  est  alors  du  type  :  «  Telles  circons- 
tances étant  données,  telles  conditions  réalisées,  telles  prémisses 
posées,  qu'en  résulte-t-il?  »  Le  verbe  mis  en  vedette  introduit  la 
réponse  attendue. 

Les  rapports  exprimés  par  cet  artifice  de  construction  peuvent 
être  de  nature  très  diverse.  Il  y  a  parfois  réponse  à  une  question 
explicitement  formulée  : 


Ter.,  Ph.  478 

—  682 

—  835 


Quid  is  fecit?  —  Confutauit  uerbis  ...  iratum  senem. 

...  Quid  egisti?  —  Emunxi  argenté  senes. 

...  Partis  tuas  acturust.  —  Quas?  —  Vt  fugitet  patrem. 


—  ou  à  une  simple  annonce  : 

Eun.  233-4  :  ...  Hoc  adeo  ex  hac  re  uenit  in  mentem  mihi  : 
Conueni  hodie  adueniens  quemdam  mei  loci... 
Ph.  705  ss.  :  Quot  res...  euenerunt  mihi  : 

Introiit  in  aedis  ater  alienus  canis, 
...  interdixithariolus. 
Ph.  757-8  :  ...  Quam  saepe  forte  temere 

Eueniunt  quae  non  audeas  optare  :  offendi  adueniens 
Quicum  uolebam... 

Souvent  la  phrase  contient  l'explication  de  faits  antérieurement 
présentés  ;  dans  ce  cas,  le  verbe  est  normalement  accompagné  d'une 
particule  explicative  : 

Ter.,  Ph.  830  :  Curaui...  ut  Phaedria  poteretur  ;  nam  emissast  manu. 
—        836  :  Te  suas  (partis)  rogauit  rursum  ut  ageres... 
Nam  potaturust  apud  me. 

JVombreuses  sont  les  phrases  de  ce  type  chez  les  historiens,  sou- 
cieux de  faire  apparaître  les  causes  des  événements  ;  ainsi  chez 
César  et  les  Césariens  : 

B.  G.  I,  14,  5  :  Consuesse  enim  deos  immortales... 
—    VIII,  52,  4  :  ludicabat  enim...  causam  suam  facile  obtineri. 


ÉNONCÉ    «    FONCTION    »  75 

B.  C.  III,  47,  6  :  Recordabantur  enim  eadem  se;.,  perpessos. 
B.  Alex.  69,  2  :  Facturum  enim  omnia  Pharnacem  quae... 

—  70,  8  :  Miserai  enim  ei  Pharnaces  coronam  auream. 

La  relation  entre  les  deux  énoncés  peut  être  du  type  condition- 
nel : 

Tér.,  Ad.  178  :  Tetigin  tui  ...?  — ■  Si  attigisses,  ferres  infortunium. 

—  232-3  :  ...  Si  hoc  omitto  ac  tum  agam, 

...  refrixerit  ras. 
Eun.  315  :  Si  quae  est  habitior  paulo,  deducunt  cibum. 
Ad.  103-4  :  ...  Haec  si  neque  ego  neque  tu  fecimus, 

Non  siit  egestas  facere  nos. 
Cic,  De  rep.  I,  22,  35  :  Si  ut  dicis  animum  quoque  contullsti  in  istam... 
artem,  habeo  maximam  gratiam  Laelio. 

Dans  les  fragments  historiques  de  Caton,  le  verbe  se  trouve 
une  seule  fois  à  l'initiale  ;  or  c'est  précisément  dans  une  phrase  de 
ce  type  : 

Fragm.  128  :  Si  quis  strenue  fecerat,  donabam  honeste. 
La  relation  peut  être  temporelle-causale  : 

PI.,  Aul.  382  :  Postquam  hanc  rationem  uentri  cordique  edidi. 

Accessit  animus  ad  meam  sententiam. 
Poen.  68  :  Quoniam  periisse  sibi  uidet  gratum  unicum, 

Conicitur  ipse  in  morbum  ex  aegritudine. 
Trin.  14  :  Quoniam  ei  qui  me  aleret  nihil  uideo  esse  relicui, 

Dedi  ei  meam  gnatam... 
Ter.,  Ph.  91-2  :  Interea  dum  sedemus  illi,  interuenit 

Adulescens  quidam  lacrimans... 
Ad.  868  :  ...  Dum  studeo  illis  ut  quam  plurimum 

Facerem,  contriui  in  quaerundo  uitam  atque  aetatem  meam. 
—  526-7  :  ...  Nunc  ubi  me  illic  non  uidebit, 

Rogitabit  me  ubi  fuerim. 
Varr.,  R.  R.  I,  69,  2  :  Cum  haec  diceret,  uenit  libertus  aeditumi  ad  nos. 

—  II,  8,  1  :  Cum  haec  loqueremur,  uenit  a  Menate  libertus. 

—  III,  5,  18  :  Cum...  scire  uellemus  quid  esset,  uenit  ad  nos 
Pantuleius  Parra,  narrât  ad  tabulam...  quemdam  deprensum. 

Ces.,  B.  G.  V,  18,  2  :  Eo  cum  uenisset,  animaduertit  ad  alteram  fluminis 
ripam  magnas  esse  copias  hostium  instructas. 

—  VII,  44,  1  :  Nam  cum  in  minora  castra  operis  perspiciendi 
causa  uenisset,  animaduertit  collem  qui... 


76 


POSITION    INITIALE 


B.  C.  I,  31,  2  :  Tubero  cum  in  Africain  uenisset,  inuenlt  in  prouincia 

cum  imperio  Atticum  Varum. 
—  III,  16,  3  :  Eo  cmn  uenisset,  euocantur  illi  ad  colloquium. 

B.  G.  I,  7,  1  :  Caesari  cum  id  nuntiatum  esset...,  maturat  ab  urbe  pro 

ficisci. 
Cic.,  Ad  Au.  5,  16  :  Cum  abessent  consulares,  factum  est  senatus  con- 

sultum. 
Pro  Clu.  55  :  Cum  in  consilium  iri  oporteret,  quaesiuit  ab  reo  C.  lunius, 
Petr.,  Sat.  34,  7  :  Dum  titulos  perlegimus,  complosit  Trimalchio  manus. 

Les  phrases  à  verbe  initial  se  présentent  parfois  en  série  ;  ainsi 
lorsque,  une  situation  étant  donnée,  on  énumère  les  multiples  ac- 
tions qui  y  sont  liées  : 

Catulle  64,  31  ss.  :  Quae  simul  optatae  finito  tempore  luces 

Aduenere,  ... 

...  oppletur  laetanti  regia  coetu, 

...  déclarant  gaudia  uultu, 

Deseritur  Scyros,  linquont  Phtiotica  Tempe, 

...  mollescunt  colla  iuuencis  ; 

Candet  ebur  soliis,  collucent  pocula  mensae. 
Lucr.  III,  14  ss.  :  Nam  simul  ac  ratio  coepit  uociferari 
Naturam  rerum,  ... 
Diffugiunt  animi  terrores..., 
Apparet  diuum  numen  sedesque  quietae. 
At  contra  nusquam  apparent  Acherusia  templa... 

Il  est  fréquent  que  rien  ne  nous  avertisse  du  rapport  établi  entre 
les  deux  énoncés,  si  ce  n'est  précisément  l'antéposition  du  verbe. 
Il  y  a  là  une  espèce  de  subordination  implicite,  que,  dans  la  tra- 
duction française,  nous  rendons  volontiers  par  une  conjonction  (en 
effet),  une  périphrase  (c'est  que),  souvent  par  un  simple  signe  de 
ponctuation  (deux-points)  : 

Ter.,  Ph.  851  :  Familiarem  oportet  esse  hune  :  minitatur  malura. 
=  en  effet,  il  me  menace... 

—  267  :  Quom  illest,  hic  praestost  :  tradunt  opéras  mutuas. 

—  802  :  Non  temere  dico  :  redii  mecum  in  memoriam. 

Eun.  121  :  Attat  data  hercle  uerba  mihi  sunt  :  uicit  uinum  quod  bibi. 
^(i.  480-1  :  ...Non  malus 

Neque  iners  :  alit  illas... 
Eun.  448-9  :  ...  lamdudum  illi  facile  fit 

Quod  doleat  :  metuit  semper... 


ÉNONCÉ    «    FONCTION    »  77 

Eun.  569  :  Erat  quidam  eunuchus,.. 

Neque  is  deductus...  ad  eam  :  summonuit  me  Parmeno 

Ibi  seruos  quod  ego  arripui. 
Ph.  879-80  :  Haud  multo  post  cum  patre  idem  recepit  se  intro...  : 

Ait  uterque  tibi.,. 
Ad.  118  :  Amat  :  dabitur  a  me  argentum... 
Eun.  424  :  Forte  habui  scortum  :  coepit  ad  id  adludere. 
Ph.  297  :  Dotem  daretis  :  quaereret  alium  uirum. 

—  326  :  Non  ita  est  :  factumst  periclum... 

—  321  :  Cedo  senem  :  iam  instructa  sunt...  ominia. 

—  615-20  :  Visumst  mihi  ut  eius  temptarem  sententiam  : 

Prendo  hominem  solum. 

—  690-2  :  Quid  minus  utibile  fuit  quam... 

...  nominare  uxorem?  Iniectast  spes  patri... 
Ces.,  B.  G.  I,  18,  2  :  Quaerit  ex  solo  ea  quae  in  conuentu  dixerat  :  dicit 
liberius  atque  audacius.  Eadem  secreto  ab  aliis  quaerit  :  aperit  esse 
uera. 

—  V,  26,  4  :  Aliqui  ex  nostris  ad  conloquium  prodiret  :  habere 
sese  quae  de  re  communi  dicere  uellet. 

—  V,  46,  2  :  Nuntium...  ad  M.  Crassum  mittit..,,  iubet...  ad  se 
uenire  :  exit  cum  nuntio  Crassus. 

—  V,  48,  1-2  :  Auxilium  in  celeritate  ponebat  :  uenit  magnis 
itineribus  in  Neruiorum  fines. 

—  I,  18,  2  :  Quaerit  ex  solo  ea  quae  in  conuentu  dixerat  :  dicit 
liberius  atque  audacius. 

Ces.,  B.  G.  V,  31,  3  :  Tandem  dat  Cotta  permotus  manus  :  superat  sen- 

tentia  Sabini. 
Cic,  Pro  Caec.  16  :  Adest  ad  tabulam  :  licetur  Aehutius,  deterrentur  emp- 

tores  multi. 

—  17  :  Mulier  moritur  :  facit  heredem...  Caecinam. 

—  20  :  Aebutius  in  castellum  uenit  :  denuntiat  Caecinae... 
Ad  Att.  I,  16,  5  :  Grauissime    ornatissimeque    decernitur    :     laudantur 

iudices,  datur  negotium  magistratibus. 
Catil.  III,  10  :  Introductus  est  Statilius  :  cognouit  et  signum  et  manum. 

—  I,  6  :  Exeant...  :  demonstrabo  iter. 

Virg.,  Bue.  10,  75  :  Surgamus  :  solet  esse  grauis  cantantibus  umbra. 
Petr.,  Sat.  49,  6  :  Non  lit  mora  :  despoliatur  cocus. 

—  76,  9  :  Manum  de  tabula  :  sustuli  me  de  negotiatione. 

T.  L.  II,  23,  8  :  Se  undique  in  publicum  proripiunt  :  implorant  Quiri- 

tium  fidem. 
Tac,  Hist.  III,  10,  9  :  Inici   catenas  Flauiano   iubet  :  sensit  ludibrium 

miles. 


78  POSITIOiM    INITIALE 

Un  type  d'énoncé  fréquent  chez  César  est  celui  où,  après  men- 
tion des  préparatifs  d'un  combat,  l'action  qui  en  résulte  est  expri- 
mée par  un  verbe  antéposé  : 

B.  G.  III,  21,  1  :  ...  proelium  renouauerunt  :  pugnatum  est  diu  atque 
acriter. 

- —     IV,  26,  1  :  ...    hostibus    adpropinquauerunt    :    pugnatum  est   ab 
utrisque  acriter. 

—  VIII,  19,  3  :  constanter   proeliantur    :   pugnatum   est  aliquandiu 
pari  contentione. 

B.  C.  ï,  57,  3  :  ...  confligunt  :  pugnatum  est... 

B.  G.  VII,  67,  2  :  Caesar...  contra  hostem  ire  iubet  :  pugnatur  una  om- 
nibus in  partibus. 

—  VII,  84,  2  :  Vercingetorix  ex  arce...  egreditur...   :  pugnatur  uno 
tempère  omnibus  locis. 

Cette  disposition  est  particulièrement  recherchée  lorsque  l'ac- 
tion qui  fait  l'objet  de  l'énoncé  conséquent  est  soudaine,  propre  à 
réaliser  un  effet  d'émotion  ou  de  surprise  (cf.  ci-dessus,  p.  64). 

Souvent  le  verbe  même  est  de  ceux  qui  expriment  une  péripétie 
pittoresque  ou  dramatique  : 

Ces.,  B.  G.  VIII,  19,  1  :  Cum...   rari   proeliarentur...,   erumpunt  ceteri 

Correo  proeliante  ex  siluis. 
Cés.,B.G.  VII,  87,  5  :  Labienus.,.    Caesarem...    facit    certiorem    quid 

faciendura  existimet  :  accélérât  Caesar. 
Cic,  Ad  Att.  I,  14,  5  :  Cum  dies    uenisset...,    concursabant    barbatuli. 
Hor.,  Sat.  I,  9,  1  ss.  :  Ibam  forte  Via  Sacra...  : 

Accurrit  quidam  notus  mihi  nomine  tantum. 

Ou  bien  il  est  accompagné  d'un  mot  qui  souligne  l'intérêt, 
l'étrangeté,  la  soudaineté  de  l'action  : 

Ter.,  Ad.  406-7  :  Nam  ut  numerabatur  forte  argent um,  interuenit 

Homo  de  inprouiso. 
Cic,  Pro  Cl.  12  :  Cum  essent  eae  nuptiae  plenae  concordiae,  repente  est 

exorta  mulieris  inportimae  nefaria  libido. 
Ces.,  B.  C.  I,  5,  4  :  Decernitur  :  p/'o/ugiu/ii«<atiniex  urbe  trlbuni  plebis. 

Ou  bien,  comme  dans  ce  dernier  exemple,  le  verbe  apparaît  sous 
la  forme  d'un  présent  historique  faisant  suite  à  des  temps  passés, 
construction  propre  à  présenter  l'action  sous  un  aspect  dramatique 
(cf.  ci-dessus,  p.  66)  : 

Ter.,  Ph.  617  :  Vt  abii  abs  te,  fit  forte  obaiam  mihi  Phormio. 


ENONCE    «    FONCTION    » 


79 


Eun.  973  :  Vbi  satias  coepit  fieri,  commuto  locum. 

—  137-8  :  ...  Postquam  sensit  me  tecum  quoque 

Rem  habere,  fingit  causas  ne  dem... 
Cic,  Pro  Rose.  Am.  18  :  Cum...  frequens  Romae  esset,  occiditur...  redi- 
ens  a  cena  S.  Roscius. 

—  Catil.  III,  6  :  Cum...   legati  Allobrogum  ingredi  inciperent...,  fit 
in  eos  impetus. 

Ces.,  B.  C.  II,  11,  2  :  Id  ubi  uident,  mutant  consilium. 

—  III,  15,  6  :  Cum  esseat  in...  angustiis  ac  si  Libo  cum  Bibulo 
coniunxisset,  loquuntur  ambo  ex  nauibus... 

—  I,  84,  2  :  Vbi  id  a  Caesare  negatum  est...,  datur  obsidis  loco 
Caesari  fîlius  Afranii. 

Ces.,  B.  G.  VIII,  43,  2  :  Cum  quid  ageretur  in  locis  reliquis  essent  sus- 

pensi,  reuocant  ab  impugnandis  operibus  armatos. 
Petr.,  Sat.  27,  4  ;  Cum  has  ergo  miraremur  lautitias,  accurrit  Menelaus. 

—  97,  1  :  Dum    Eumolpus   cum   Bargate   in    secreto    loquitur, 
intrat  stabulum  praeco. 

T.  L.  II,  65,  3  :  Dum  cunctatur  consul,  loco  parum  fidens,  ...  conclamant 
se  ituros. 

Une  construction  plus  propre  encore  à  présenter  sous  un  aspect 
dramatique  une  action  consécutive  à  des  circonstances  précédem- 
ment énoncées  est  celle  de  l'infinitif  de  narration  : 

Ter.,  Eun.  407-10  :  Tum  me  conuiuara  solum  abducebat  sibi  :  ... 
Inuidere  omnes  mihi... 
Mordere  clanculum... 

Les  exemples  de  cette  construction,  recueillis  indépendamment 
des  considérations  présentées  ici  par  M.  P.  Perrochat  dans  son 
ouvrage  sur  L'infinitif  de  narration  en  latin,  Paris,  Les  Belles 
Lettres,  1932,  offrent  en  très  grand  nombre  le  verbe  en  tête  de  la 
proposition  : 

Sali.,  Jug.  66,  1  :  lugurtha  postquam  omissa  deditione  bellum  incipit, 
cum  magna  cura  parare  omnia,  festinare,  cogère  exercitum... 

B.  G.  II,  30,  3  :  Vbi...  uiderunt,  primum  inridere  ex  muro  atque  incre- 
pitare  uocibus. 

Cic,  Verr.  II,  187  :  Quaerere  incipimus  de  Carpinatio...  :  haerere  Homo, 
uersari,  rubere. 

—  II,  188  :  Postulo  ut  mihi  respondeat...   :  clamare  omnes  in 
conuentu  neminem  unquam  in  Sicilia  fuisse. 

—  IV,  52  :  Qui  uideret,  ...  urbem  captam  diceret  :  efferri  sine 


80  POSITION    INITIALE 

thecis  uasa,  extorqueri  alia  e  manibus  mulierum,  effringi  multorum 
fores,  reuelli  claustra. 
T.  L.  XXV,  37,  9  :  Ceterum    postquam    Hasdrubalem...    uenientem... 
adlatum  est,  ...  flere  omnes  repente  et  offensare  capita. 

Dans  cette  construction  de  l'énoncé  «  fonction  »  d'un  énoncé  an- 
térieur, on  pourrait  voir  l'explication  d'un  type  de  phrase  abon- 
damment représenté  dans  certaines  langues  comme  le  grec  ancien, 
le  vieux  français,  et  normal  dans  l'allemand  moderne,  dans  lequel 
le  verbe  se  trouve  attiré  vers  le  début  de  la  phrase,  immédiate- 
ment après  une  détermination  adverbiale  initiale. 

Il  semble  qu'on  trouve  le  prototype  de  cette  construction  dans 
les  phrases  où  le  verbe  suit  un  ablatif  absolu  : 

Ces.,  B.  G.  VII,  37,  9  :  Tali  timoré  omnibus  perterritis,  confirmatur  opi- 
nio  barbaris...  nullum  esse  intus  praesidium. 

—  VII,  2,  1  :  His  rébus  agitatis,  profitentur  Carnutes  se  nullum 
periculum...  recusare. 

—  VII,  88,  2  :  Vtrimque  clamore  sublato,  excipit  rursus  ex  uallo... 
clamer. 

Ces.,  B.  C.  I,  13,  4  :  Commisse  proelie,  deseritur  a  suis  Varus. 

—  B.  G.  V,  4,  2  :  His  adductis,  ...  consolatus  Indutiomarum  horta- 
tusque  est  uti... 

—  V,  52,  2  :  Preducta  legione,  cognosci'nion  decimum  quemque 
esse  reliquum  militum  sine  uulnere. 

Elle  se  présente  aussi  à  la  suite  d'un  ablatif  de  circonstance  : 

Ces.,  B.  C.  I,  5,  1  :  His  de  causis  aguntur  omnia  raptim  atque  turbate. 

—  après  une  apposition  explicative  au  sujet  : 

B.  C.  III,  59,  3  :  Freti  amicitia  Caesaris  et...  arrogantia  elati   despicie- 
bant  sues... 

De  cette  construction  peut  être  rapprochée  aussi  celle  des  verbes 
«  dire  »  employés  en  incise  pour  introduire  un  énoncé  qu'on  repro- 
duit en  discours  direct.  L'énoncé  étant  amorcé  par  quelques  mots 
préliminaires,  on  attend  l'indication  qui  le  situera  en  l'attribuant 
à  une  personne  donnée  ;  cette  indication  fait  ainsi  l'objet  d'un 
énoncé  «  fonction  »  : 

Cic,  Orat.  36  :  inquit  alius  ;  T.  L.  XXII,  32  :  ait  Romanus  ;  Hor.,  Sat. 
II,  7,  37  :  dixerit  iWe  ;  Ov.,  Met.  III,  636  :  ait  Liber  ;  V,  182  :  dixit  Thesce- 
lus  ;  Fast.  VI,  467  :  dixit  dea  ;  Met.  IV,  31  :  rogant  Ismenides,  etc. 


ÉNONCÉ    «    FONCTION    »  81 

Si,  dans  ce  type  de  phrase,  l'ordre  est  renversé,  c'est  qu'il  y  a 
un  besoin  impératif  de  mettre  en  relief  le  sujet  : 

Ov.,  Met.  V,  214  :  Adiectura  preces  erat  his  Latoiia  relatis  : 

«  Desine,Phoebusait,  poenaemoralonga  querela  est». 
=  Latone  allait  ajouter...,  mais  c'est  Phébus  qui 
prend  la  parole. 

Peut-être  doit-on  enfin  chercher  dans  les  considérations  ici  pré- 
sentées l'explication  de  la  place  donnée  au  verbe  dans  les  formules 
introductrices  de  contes.  Dans  ce  type  de  narration,  en  dépit  des 
apparences,  la  formule  initiale  ne  représente  pas  un  début  absolu. 
L'auditeur  est  supposé  en  liaison  anticipée  avec  le  narrateur  ;  il 
attend  de  lui  pour  ainsi  dire  la  réponse  à  une  question  muette  : 
«  Qu'allez-vous  nous  raconter?  »  Les  formules  du  type  «  Or  donc...  » 
par  lesquelles  commence  fréquemment  le  narrateur  indiquent  bien 
que  le  récit  est  présenté  comme  une  suite  à  quelque  chose  qui  n'est 
pas  exprimé,  mais  qui  est  dans  la  pensée.  Ainsi  s'expliqueraient 
les  constructions  bien  connues  : 

Lucillus,  Sat.  XVI,  534  :  Ibat  forte  aries... 

Lucilius,  Sat.  Inc.  1142  :  Ibat  forte  domum... 

Hor.,  Sat.  I-,  9,  1  :  Ibain  forte  Via  Sacra... 

Phèdre,  III,  fab.  52,  2  :  Habebat  quidam  filiam  turpissimam. 

—  V,  fab.  99,  1  :  Inuenit  caluus  forte  in  triuio  pectinem. 
Ter.,  Eun.  134-5  :  ...  Forte  fortuna  adfuit 

Hic  meus  amicus. 
Varr.,  R.  R.  I,  2,  24  :  Suscipit  Stolo... 

—  I,  23,  1  :  Suscipit  Agrasius... 

—  II,  11,  11  :  Suscipit  Cosinius... 


Arrivés  à  ce  point  de  l'exposé,  il  nous  faut  reconnaître  que  la  plu- 
part des  explications  invoquées  ici  comportent  une  certaine  part 
d'appréciation  personnelle  et  d'hypothèse.  Aucune  des  règles  ne  se 
prête  à  une  application  mécanique  ;  toutes  souffrent  éventuelle- 
ment exception,  parce  qu'elles  sont  fonction  de  facteurs  souvent 
insaisissables,  et  de  nature  subjective  :  de  l'attitude  du  sujet  par- 
lant, de  sa  disposition  d'esprit,  des  nuances  de  sa  pensée. 

L'essentiel,  c'est  de  constater  que  la  position  initiale  du  verbe 

6 


82  POSITION    INTÉRIEURE 

fait  figure  d'exception.  A  ce  titre,  elle  fixe  l'attention  du  destina- 
taire de  l'énoncé,  elle  provoque  de  sa  part  une  réaction. 

Dans  les  cas  les  plus  nets,  l'impression  qu'il  reçoit  de  cette  cons- 
truction exceptionnelle  est  celle  d'une  valeur  prééminente  conférée 
au  verbe  et  à  la  notion  verbale,  donc  d'une  mise  en  relief. 

Mais  il  ne  faudrait  pas  croire  qu'il  en  soit  toujours  ainsi.  Une 
erreur  commune  de  ceux  qui  se  sont  occupés  de  l'ordre  des  mots, 
c'est  de  prêter  à  la  place  initiale  le  privilège  de  conférer  automa- 
tiquement un  relief  notable  au  terme  qui  l'occupe.  L'antéposi- 
tion  du  verbe,  en  tant  qu'infraction  à  l'ordre  banal,  apparaît  dans 
nombre  de  cas  comme  un  moyen  de  rompre  l'équilibre  de  l'énoncé 
et  de  signaler  par  cette  rupture  le  caractère  exceptionnel  de  la 
phrase  à  laquelle  le  verbe  sert  de  support  syntaxique  :  valeur  de 
prémisse  ou  de  résultante,  de  cause  ou  de  conséquence,  de  condi- 
tion ou  de  dépendance  ;  valeur  subjective  en  tout  cas,  qui  ne  peut 
être  reconnue  que  par  une  interprétation  à  laquelle  sont  appelés  à 
collaborer  et  l'auteur  et  le  destinataire  de  l'énoncé. 

C.  —  Position  intérieure 

Si  dans  la  phrase  latine  la  position  initiale  du  verbe  apparaît 
comme  significative,  il  semble  qu'entre  la  finale  et  l'intérieure  il  y 
ait  une  sorte  de  liberté  d'indifférence. 

Une  phrase  dite  par  un  personnage  sous  la  forme  : 

Pétr.,  Sat.  87,  3  :  Aut  dormi,  aut  ego  iam  dicam  patri. 

lui  est  retournée  plaisamment  par  son  interlocuteur  avec  une  inver- 
sion que  rien  ne  semble  justifier  : 

Ibid.  87,  8  :  Aut  dormi,  aut  ego  iam  patri  dicam. 

Dans  certains  textes,  la  position  intérieure  est  si  fréquente  qu'elle 
semble  normale  autant  et  plus  que  la  finale  : 

Ter.,  Heaut.  213  ss.  : 

Quam  iriiqui  sunt  patres... 

Qui  aequom  esse  censent  nos  a  pueris  ilico  nasci  scnes 
Neque  illarum  ad  finis  esse  rerum  quas  fert  adulescentia... 
Mihi  si  umquam  illius  erit,  ne  ille  facili  me  utetur  pâtre  ; 
Nam  et  cognosceudi  et  ignoscendi  dahitur  peccatis  locus  ; 
Non  ut  meus,  qui  mihi  per  alium  ostendit  suam  sententiam. 
Perii,  is  milii,  ubi  adhibil  plus  paulo,  sua  quae  narrai  facinora  ! 


CONSIDÉRATION    DU    RYTHME  83 

Dans  la  plupart  des  cas,  il  ne  semble  pas  que  le  choix  de  la  posi- 
tion intérieure  confère  une  valeur  quelconque  soit  au  verbe  lui- 
même,  soit  à  tel  autre  terme  de  la  phrase.  Il  apparaît  d'ordinaire 
comme  une  liberté  offerte  à  l'écrivain,  qui  en  use  selon  les  besoins 
de  l'énoncé. 

Ainsi  pour  varier  l'expression,  en  réalisant  un  chiasme  : 

Ter.,  Ph.  735  :  ...  nisi  me  animus  fallit  aut  parum  prospiciunt  oculi. 
Ter.,  Ph.  1039  :  Eas  dedi  tuo  gnato  ;  is  pro  sua  arnica  lenoni  dédit. 
Plin.,  Ep.  IX,  6  :  Nunc  fauent  panno,  pannum  amant. 

—  pour  faire  un  effet  par  rapprochement  de  mots  expressif  : 
PL,  Ps.  585  :  Ballionem  exhallistaho  lepide. 

a)  Considération  du  rythme. 

On  peut  aller  plus  loin  :  il  est  des  cas  où  le  déplacement  du 
verbe  semble  intéresser  moins  la  construction  syntactique  que  la 
structure  rythmique  de  l'énoncé. 

Ainsi,  dans  la  versification  iambo-trochaïque,  lorsque  la  phrase 
se  termine  avec  le  vers,  l'écrivain  est  amené  à  réserver  pour  la 
place  finale  les  mots  de  type  iambique,  qui  viennent  déloger  de 
cette  place  le  verbe,  s'il  est  de  type  métrique  différent  : 

Ter.,  Ph.  192  :  ...  qua  quaerere  insistant  uia? 

—       964  :  ...  gladiatorio  anime  ad  me  adfectant  uiam. 

Très  fréquemment,  le  mot  iambique  qui  expulse  le  verbe  de  la 
place  finale  est  une  forme  de  possessif  : 

Ter.,  Heaut.  60  :  ...  praeter  quam  res  te  adhortatur  tua. 

—  73  :  Quod  in  opère  faciundo  operae  consumis  tuae. 

—  143  :  ...  facile  sumptum  exercèrent  suom. 

—  202  :  ...  nam  quem  ferret  si  parentem  non  ferret  suom? 

Ainsi  paraît  s'expliquer  le  changement  d'ordre  dans  deux 
phrases  par  ailleurs  exactement  parallèles  : 

Eun.  146-7  :  Primum  quod  soror  est  dicta  ;  praeterea  ut  sùîs 
Restituam  ac  reddatn... 
—    157  :  Soror  dictast  ;  cupio  abducere,  ut  reddam  suis. 

Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il  est  commode  de  réserver  l'iambe  siils 
pour  la  finale  ;  dans  le  premier  cas,  rien  n'oblige  à  déplacer  le  verbe, 


84  POSITION    INTÉRIEURE 

puisque  la  phrase  se  continue  au  delà  du  vers  ;  dans  le  second  cas, 
le  possessif  prend  la  place  du  verbe. 

Dans  l'hexamètre  dactylique,  maintes  formes  verbales  sont  émi- 
nemment propres  à  fournir  soit  le  dactyle  pénultième,  soit  les  deux 
syllabes  finales  de  ce  dactyle,  suivant  que  la  brève  finale,  qui 
domine  dans  toute  la  conjugaison,  est  précédée  soit  de  la  voyelle 
thématique  longue  des  première,  deuxième  et  quatrième  conju- 
gaisons, soit  de  la  brève  de  troisième  conjugaison. 

La  commodité  de  loger  une  forme  verbale  à  la  place  pénultième 
semble  suffire  à  expliquer  une  disposition  des  mots  extrêmement 
fréquente  dans  le  vers  de  Virgile  : 

Virg.,  Géorg.  I,  377  ss.  :  ...  circumuolitâuH  hirundo. 
..  cecinërë  querelam. 
,.  ëxtûlït  oua. 
..  infûndêré  rores. 
,.  cUrrére  in  undas. 
,.  gestîrê  lauandi. 
..  spatiâttir  a.Tena.. 

Des  observations  analogues  peuvent  être  faites  pour  la  prose,  dans 
la  mesure  où  elle  est  soumise  à  des  règles  métriques. 

Quintilien  fait  déjà  observer  [Inst.  orat.,  IX,  4,  26)  que  le  verbe 
ne  garde  la  place  finale  que  si  les  règles  de  la  clausule  le  permettent  : 
«  si  compositio  patiatur...  ;  sed,  si  id  asperum  erit,  cedet  haec 
ratio  numeris,  ut  fit  apud  summos...  oratores  frequentissime  ». 

Le  fait  a  été  invoqué  par  les  modernes.  M.  H.  Hagendahl,  étu- 
diant chez  divers  auteurs  la  répartition  des  formes  de  parfait  en 
-érûnt  et  -érë  [Skrifter  utg.  af.  k.  human.  Vetensk.  Samf.  i  Uppsala, 
XXII,  3,  1923),  observe  par  exemple  (p.  8)  que  chez  les  panégy- 
ristes du  IV®  siècle  les  formes  en  -érûnt,  qu'on  peut  dire  normales, 
sont  presque  toujours  à  la  finale,  tandis  que  les  formes  en  -érë,  qui 
ont  caractère  d'exception,  ne  s'y  rencontrent  presque  jamais 
(quatre  exemples  seulement,  et  dans  deux  discours  seulement), 
presque  jamais  non  plus  hors  de  la  clausule,  c'est-à-dire  avant  la 
place  pénultième. 

Les  exemples  d'une  telle  répartition  sont  très  nombreux  : 

II  (XII),  12,  1  :  posuere  reipublicae  ;...  principem  creauerunl. 

—        41,  4  :  certo  occupauerunt,  qui  uerbera  uitauere  suspendio...  et 
usque  ad  praecipitia  fugerunt. 


CONSIDÉRATION    DU    RYTHME  85 

III  (XI),  9,  1  :  non  modo  miserias  exuerunt,  sed...  opulentam  reuilixere 
fortunam. 

VI  (VII),  18,  4  :  manibus  adgressi  inciibuere  remigiis,  et  naturam  flumi- 
nis  urguendo  uicerunt,  et  tandem...  uix  ipso  Rhodano  fuere  contenti. 

VII  (VI),  12,  8  :  posuere  uenti,  fugere  nubes,  fluctus  resederunt. 

X  (II),  11,  7  :  ad  oceanum  peruenere  uictoria,...  sanguine  reciproci  fluc- 
tus sorhuerunt. 

XII  (IX),  10,  3  :  comités  et  tribuni  corripuere  lacrimantes,...  hinc  atque 
inde  clamarunt. 

Qu'est-ce  à  dire,  sinon  que  la  place  donnée  au  verbe  est  détermi- 
née par  la  commodité  métrique  qu'offre  la  forme  de  sa  finale  :  --? 

Le  même  auteur  observe  encore  (p.  16  et  suiv.)  que  dans  les 
Déclamations  du  Pseudo-Quintilien  (milieu  du  ii®  siècle),  sauf  deux 
exemples,  les  verbes  en  -ère  sont  toujours  à  la  clausule,  et  toujours 
à  la  place  pénultième  (quinze  fois  en  tout)  ;  tandis  que  tous  les 
exemples  de  -érunt  sont  à  d'autres  places  (en  particulier,  vingt-sept 
exemples  à  la  finale  absolue). 

Même  observation  pour  Sénèque  (Hagendahl,  p.  17),  Pline  le 
Jeune  (p.  18),  et  pour  divers  auteurs  de  basse  époque  (p.  19  et 
suiv.),  ainsi  Symmaque,  qui  dans  ses  Discours  emploie  -ère  exclusi- 
vement à  la  pénultième,  Ammien  Marcellin  (p.  29  et  suiv.),  qui 
dans  un  livre  entier  (XIV)  n'emploie  qu'une  seule  fois  -érunt  hors 
de  la  finale  absolue,  et  de  même  une  seule  fois  aussi  -ère  hors  de  la 
pénultième. 

On  peut  dire  que,  pour  les  auteurs  que  M.  Hagendahl  a  soumis  à 
son  enquête,  la  forme  -ère  n'a  guère  d'autre  utilité  que  de  fournir 
en  clausule,  avant  le  mot  final,  un  groupe  trochaïque. 

On  pourrait  faire  des  observations  analogues  pour  d'autres 
formes  verbales  :  Horace,  dans  ses  œuvres  en  hexamètres,  n'em- 
ploie que  huit  fois  l'infinitif  passif  en  -ier  ;  la  circonstance  détermi- 
nante semble  être  la  commodité  qu'offre  cette  forme  pour  réaliser 
le  dactyle  pénultième  de  l'hexamètre  (six  exemples  sur  huit),  indé- 
pendamment de  la  valeur  propre  du  verbe,  qui  se  trouve  exclu  de  la 
place  finale  du  vers  et  de  la  phrase  sans  conséquence  pour  le  sens  : 

Ep.  II,  1,  94  :  Coepit  et  in  uitium  fortuna  lahier  aequa. 
—  11,2, 148  :  . . .  Nulline  faterier  audes  ? 
Sat.  I,  2,  36-6  :  ...  Nolim  laudarier,  inquit, 
Sic  me. 


86  POSITION    INTÉRIEURE 

La  même  constatation  a  été  faite  pour  diverses  formes  verbales 
dans  le  récent  ouvrage  de  Mary  Sarah  Muldowney,  Word-order  in 
the  Works  of  S^  Augustine,  Washington,  1937,  p.  150  :  certaines  par- 
ticularités de  l'ordre  des  mots  dans  le  De  ciuitate  Dei  s'expliquent 
par  «  l'emploi  fréquent  de  la  position  intérieure  en  vue  de  réaliser 
un  type  de  clausule  favori  ». 

b)  Enoncé  «  à  retardement  ». 

Le  seul  cas,  semble-t-il,  où  puissent  être  invoquées  des  considéra- 
tions de  sens,  ou  du  moins  de  présentation,  c'est  celui  où  l'on  ex- 
prime le  verbe  prématurément,  en  quelque  sorte,  pour  réserver  la 
place  finale  à  un  terme  dont  on  a  des  raisons  de  différer  l'énoncé  : 

Dans  une  phrase  telle  que  : 

Tac,  Ann.  XV,  51,  1  :  Epicharis...  in  Campania  agens  primores  classia- 
riorum  Misenensium  labefacere  et  conscientia  inligare  conisa  est  — 
tali  initie  :  Erat... 

—  il  était  à  peu  près  nécessaire  de  réserver  la  place  finale  aux 
termes  tali  initio,  qui  servent  à  amorcer  l'énoncé  Erat... 

Il  arrive  qu'au  moment  de  construire  sa  phrase  l'auteur  de 
l'énoncé  ne  soit  pas  encore  en  mesure  de  donner  une  forme  défini- 
tive à  tel  ou  tel  terme  ;  par  exemple,  s'il  s'agit  d'un  complexe  dont 
il  a  besoin  d'analyser  à  loisir  les  éléments  (cf.  p.  38  et  suiv.). 

Dans  ce  cas,  un  subterfuge  courant  est  d'énoncer  d'abord  sous 
une  forme  vague  et  provisoire,  par  un  mot-amorce,  le  complexe  en 
question  : 

Ter.,  Eun.  59-61  :  In  amore  haec  omnia  insunt  uitia  :  iniuriae, 
Suspiciones,  inimicitiae,  indutiac, 
Bellum,  pax  rursum. 

Les  termes  haec  uitia  constituent  un  sujet  provisoire,  qui  sera 
ensuite  analysé  en  ses  éléments  :  iniuriae,  suspiciones,  etc.  : 

Ter.,  Eun.  343-4  :  Illa  sese  interea  commodum  hue  aduorterat 
—  In  hanc  nostram  plateam. 
—         352  :  Hue  deductast  —  ad  meretricem  Thaidem. 

Ici  et  là  le  terme  hue  annonce,  et  dispense  d'énoncer  tout  de  suite, 
les  développements  :  in  hanc  nostram  plateam  et  ad  meretricem 
Thaidem. 

Mais  il  peut  être  commode  aussi  dans  ce  cas  de  se  débarrasser 


ÉNONCÉ    «    A    RETARDEMENT    »  87 

d'abord  du  verbe,  qui  n'est  pas  en  cause,  pour  se  donner  le  temps 
de  développer  ensuite  ce  qui  demande  à  l'être,  ce  qui  suppose  ré- 
flexion : 

Cat.,  Agr.  157,  9  :  Date  edit,  —  si  poterit,  sine  pane. 

Ter.,  Eun.  223  : . . .  non  ego  illam  caream,  —  si  sit  opus,  uel  totum  triduom  ! 

Ad.  662-4  :  ...  Factum  a  uobis  —  duriter 

Inmisericorditerque,  atque  etiam,  si  est,  pater, 

Dicendum  magis  aperte,  inliberaliter. 
Ter.,  Hec.  114-5  :  ...  Hanc  Bacchidem 

Amabat,  —  ut  quom  maxime,  tum  Pamphilus. 

Les  propositions  si  poterit,  si  sit  opus,  si  est  dicendum,  ut  quam 
maxime,  marquent  l'intervention  d'un  scrupule,  accusent  le  rôle  de 
la  réflexion  qui  fait  différer  une  partie  de  l'énoncé  :  détermination 
adverbiale  inliberaliter,  complément  de  manière  sine  pane  ou  de 
temps  totum  triduum,  sujet  Pamphilus. 

La  différence  entre  les  deux  modes  de  présentation  apparaît  dans 
un  passage  tel  que  : 

Ter.,  Hec.  44-45  :  Agendi  tempus  mihi  datuinst  ;  uobis  datur 
—  Potestas  condecorandi  ludos  scaenicos. 

Dans  la  première  phrase,  le  sujet  agendi  tempus  n'est  pas  en 
cause;  la  formule  n'énonce  qu'une  constatation;  au  contraire,  dans 
la  seconde,  le  sujet  potestas  condecorandi...,  exprime  ce  qui  est  à 
définir,  ce  dont  le  sujet  parlant  diffère  la  révélation  :  «  ce  qui  vous 
est  donné  à  vous,  c'est  ce  que  je  vais  vous  dire  :  le  pouvoir  de...  » 

La  détermination  différée  peut  consister  en  une  accumulation  de 
termes  qui  font  fonction  soit  de  sujet  : 

Ces.,  B.  C.  II,  38,  2  :  Multum  ad  hanc  rem  probandam  adiuuat  adules- 
centia,  magnitudo  animi,  superioris  temporis  prouentus,  fiducia  rei 
bene  gerendae. 

—  soit  de  régimes  directs  ou  indirects  : 

B.  C.  III,  96,  1  :  In  castris  Pompei  uidere  licuit  trichilas  structas,  ma- 
gnum argenti  pondus  expositum,  recentibus  caespitibus  tabernacula 
constrata... 

B.  G.  II,  34  :  Eodem  tempore  a  P.  Crasso  quem  cum  una  legione  mise- 
rat  ad  Veaetos,  Venellos,  Osismos,  Coriosolitas,  Esuuios,  Aulercos, 
Redones... 

Cat.  fr.  83  :  Propter  eius  uirtutes  omnis  Graecia  gloriam  atque  gratiam 


88 


POSITIO>î    INTERIEURE 


praecipuam  claritudinis  inclutissumae  decorauere  monumentis,  signis, 
statuis,  elogiis,  historiis  aliisque  rébus. 

(seul  exemple  de  verbe  intérieur  dans  un  passage  qui  contient  jus- 
qu'à seize  exemples  de  verbes  finaux). 

Ces.,  B.  G.  III,  19,  3  :  Factum  est  opportunitate  loci,  hostium  inscientia 

ac  defatigatione,  uirtute  militum  et  superiorum  pugnarum  exercita- 

tione  ut... 
Ces.,  5.  G.  VII,  29,  4  :  sed  jactutn  imprudentia  Biturigum  et  nimia  obse- 

quentia  reliquorum  uti... 
Varr.,  R.  R.  I,  2,  13  :  qui  de  agri  cultura  scripserunt  et  poenice  et  graece 

et  latine. 

L'énoncé  différé  peut  être  représenté  par  une  proposition,  soit 
relative  : 

Ter.,  Ph.  161  :  ...  quam  mox  ueniat  qui  adimat  banc  mihi  consuetudi- 

nem. 

—  soit  infinitive  : 

Ces.,  B.  C.  III,  99,  2  :  Sic  enim  Caesar  existimahat  eo  proelio  excellen- 
tissimam  uirtutem  Crastini  fuisse. 

—  I,  82,  5  :  Hac  de  causa  constituerai  signa  inferentibus  resistere, 
prior  proelio  non  lacessere. 

—  soit  participiale  : 

Ces.,  B.  C.  I,  23,  5  :  eodem   die    castra    mouet  iustumque    iter   conficit 
septem  omnino  dies  ad  Corfinium  coramoratus. 

—  B.  G.  V,  21,  2  :  Ab  bis  cognoscit  non  longe  ex  eo  loco  oppidum 
Cassiuellauni  abesse  siluis  paludibusque  munitum. 

Cic,  Att.  IX,  10,  3  :  Hippias...,  qui  in  Marathonia  pugna  cecidit  arma 
contra  patriam  ferens. 

—  par  un  ablatif  absolu  : 

Ces.,  B.  G.  VII,  19,  4  :  Indignantes   milites...    quod   conspectum   suum 
hostes  ferre  passent  tantulo  spatio  interiecto... 

—  Z?.  C  III,  33,  1  :  Cum  in  fanum  uenturus  esset  adbibitis  compluribus 
ordinis  senatorii... 

—  III,  76,  2  :  Quod  subito  consilium  profectionis  ceperant  ma- 
gna parte  impedimentorum  et  sarcinarum  relicta. 

—  par  un  complément  au  gérondif  ou  au  supin  : 

Ter.,  Eun.  620  :  Id  faciebat  retiiiendi  illius  causa. 

—  Ad,  880  :  Si  id  fit  dando  atque  obsequendo. 


ENONCE    «    A    RETARDEMENT    » 


89 


Ces.,  B.  C.  II,  24,  2  :  ipse  cum  equitatu  antecedit  ad  castra  exploranda 
Cornelia. 

—  B.  G.  VIII,  4,  2  :  Ibi  cum  ius   diceret,  Bituriges  ad  eum  legatos 
mittunt  auxilium  petitum  contra  Carnutes. 

—         I,  31,  9  :  Ob  eam  rem  se  ex  ciuitate  profugisse  et  Romam  ad 
senatum  uenisse  auxilium  postulatum. 

B.  Alex.  30,  3  :  castellum  quod...  cum  opère  castrorum  coniimxerat  uici 
obtinendi  causa. 

II  peut  consister  en  une  détermination  ajoutée  comme  après  coup 
à  un  terme  de  l'énoncé  par  une  sorte  de  scrupule  et  de  repentir, 
au  point  que  dans  la  traduction  on  est  porté  à  lui  donner  l'aspect 
d'une  proposition  additionnelle  : 

Ter.,  Ph.  250  :  ...  Horum  nil  quicquam  accidet  animo  nouom. 

=  rien  n'arrivera  —  qui  soit  inattendu. 
Cat.,  Agr.  93  :  postea  amurcam  cum  aqua  commisceto  aequas  partes. 

=  et  ceci  à  parties  égales. 
Cic,  Fam.  X,  9,  3  :  Copias  abduco  et  munere  et  génère  et  fidelitate  fir- 
missimas. 

—  Au.  IV,  16,  2  :  Rem  enim,  quod  te  non  fugit,  magnam  complexus 
sum  et  grauem  et  plurimi  oti. 

Virg.,  Aen.  VIII,  382-3  :  ...  sanctum  mihi  numen 
Arma  rogo,  genetrix  nato. 

Cette  disposition  est  particulièrement  usitée  dans  les  types 
d'énoncé  suivants  : 

—  prescriptions  introduites  par  un  verbe  du  type  placet,  placuit  (cf. 
E.  Kieckers,  Die  Stellung  des  Verbs...,  p.  19)  : 

Inscr.  Dessau  642  :  Placet  igitur  huic  tabulam...  offerri. 

—  6113  :  Placet  itaque  uniuerso  populo  Empurii  Namitam 

tabulam  aère  incisam  ei  ofïerre  debere. 

—  6114  :  Placet  Helpidio  honestissimo  uiro... 

—  5918  a  :  Placuitque  uniuersis  Curiatio  Casano  curatori  ob 
eam  rem  epistulam  mitti. 

—  répartition  d'attributions  : 

Ter.,  Ph.  didasc.  :  Incipit  Terenti  Phormio  ;  acta  Ludis  Romanis  L.  Pos- 
tumio  Albino  L.  Cornelio  Merula  aedilibus  curulibus  ;  egere  L.  Am- 
biuius  Turpio  L.  Hatilius  Praenestinus  ;  modos  fecit  Flaccus  Claudi... 

—  formules  dédicatoires  et  votives,  du  type  fourni  par  le  plus  an- 
cien exemple  de  dédicace  que  nous  connaissions  : 

C.  I.  L.  P,  3,  XIV,  4123  :  Manios  med  fhefhaked  Numasioi. 


90  POSITION    INTÉRIEURE 

—  formules  d'exécration,  où  l'on  fait  suivre  un  verbe  introducteur 
de  la  liste  des  objets  visés  par  la  malédiction  : 

Dessau, /n5cr.  Zaf.  se/.  8756  :  uobis  adiuuantibus...  ut  ohliuiscatur  — 
patris  et  matris  et  propinquorum  suorum  et  amicorum  omnium  et 
aliorum  uirorum... 

C.  I.  L.  X,  8249  :  Vobis  comedo  —  ilius  memra,  colore,  figura,  caput, 
capilla,  umbra,  cerebru,  frute,  supercilia,  os,  nasu  {sic)... 

Mais  deux  catégories  d'énoncés  méritent  une  place  à  part  :  ce 
sont  ceux  où  le  verbe  sert  à  la  présentation  d'un  chiffre  ou  d'un 
nom  propre. 

Le  nom  propre  est  généralement  postposé  au  verbe  dans  les  iden- 
tifications de  personnes  ou  de  lieux.  Dans  l'exemple  suivant  : 

Plin.,  £p.,  I,  10,  2  :  Multa  claraque  exempla  sunt  ;  sufficiat  unum  : 
Euphrates  philosophus. 

le  nom  attendu  est  préparé  par  un  sujet  provisoire  :  unum,  et 
rejeté  ensuite  hors  de  la  construction  ;  l'intention  est  la  même,  seu- 
lement moins  accusée,  lorsqu'il  y  est  incorporé  : 

Ep.  I,  14,  3  :  nisi  paratus  et  quasi  prouisus  esset  Minicius  Acilianus. 

=  si  l'on  n'avait  tenu  quelqu'un  en  réserve  :  à  savoir  M.  A. 

Ce  type  de  phrase  est  fréquent  chez  les  historiens  : 

Nep.  IX,  2  :  Re  quidem  uera  exercitui  praefuit  Conon. 

Ces.,  B.  G.  I,  37,  3  :  His  praeesse  Nasuam  et  Cimberium  fratres. 

—    B.  G.  I,  16,  4  :  Diem  ex  die  ducere  Haedui. 

- — ■    B.  C.  I,  56,  3  :  quibus  praeerat  D.  Brutus. 

—  III,  37,  4  :  quorum  studium...   cum  cognouisset  Scipio. 

Il  est  curieux  de  constater  combien  de  fois  César  fait  figurer  son 
propre  nom  en  fin  de  phrase  :  B.  G.,  I,  50,  4  ;  III,  1,1;  IV,  26,  4  ; 
B.  C,  I,  4,  4  ;  II,  32,  5  ;  III,  46,  4  ;  III,  51,  1  ;  III,  56,  1  (nombreux 
exemples  réunis  dans  N.  Schneider,  De  verhi...  colloc,  p.  74). 

Pour  ce  qui  est  du  chiffre,  la  disposition  est  particulièrement  jus- 
tifiée quand  l'évaluation  fait  difficulté  et  n'est  énoncée  qu'après 
réflexion  (dans  ce  cas,  elle  est  souvent  accompagnée  d'un  adverbe 
d'approximation)  : 

Ces.,  B.  G.  I,  24,  5  :  quod  mons  aherat  —  circiter  mille  passus. 

—  V,  13,  1  :  Hoc  latus  tenet  —  circiter  milia  passuum  D. 

—  VIII,  20,  1  :  quae  non  longius  ab  ea  caede  abesse  —  plus  mi- 
nus VIII  milibus  dicebantur. 


ÉNONCÉ    «    A     RETARDEMENT    »  91 

Nombreux  sont  les  exemples  relatifs  à  des  chiffres  d'effectifs,  de 
distances  (cf.  N.  Schneider,  De  uerhi...  collocat.,  p.  73)  : 

Ces.,  B.  C.  III,  71,  1  :  Duobus  bis  unius  diei  procliis  Caesar  desiderauit 
—  milites  dcccclx  et  équités  ce,  iu  bis  T.  Tiiticanum  Gallum,  sena- 
toris  filium,  notes  équités  Romanes,  C.  Fleginatem  Placentia,  A. 
Granium... 

Les  techniciens  construisent  de  même  les  termes  qui  expriment 
la  mesure,  le  prix  : 

Varr.,  R.  R.  II,  1,  4  :  usque  eo  ut  mea  memeria  asinus  uenierit  —  ses- 
tertiis  milibus  sexaginta,  et  unae  quadrigae  Romae  constiterint  — 
quadringentis  milibus. 

Dans  le  De  agr.  de  Caton,  lorsque  le  verbe  est,  par  exception, 
hors  de  la  place  finale,  c'est  le  plus  souvent  parce  qu'il  introduit 
une  évaluation  chiffrée  : 

Agr.  5  :  expeliterem  diutius  eundem  ne  haheat  die. 

—  26  :  ubi  erit  lectum  dies  triginta. 

—  76  :  in  tabula  pura,  quae  pateat  pedem  unum. 

—  89  :  ne  plus  aqua  sita  sit  horam  unam. 

—  88  :  usque  adeo  denec  sol  desiuerit  tahesccre  biduum. 

Dans  les  inscriptions  funéraires,  l'énoncé  du  chiffre  qui  repré- 
sente la  durée  de  la  vie  ou  la  date  de  la  mort  suit  généralement  le 
verbe  uixit  ou  mortuus  est  ;  type  : 

Restituta  uixit  annos  xviii,  menses  vin,  dies  vi. 

De  ces  divers  emplois  peut  être  rapprochée  la  construction  des 
phrases  du  type  suspensif. 

Il  arrive  que  l'auteur  de  l'énoncé,  tout  en  ayant  présent  à  l'esprit 
ce  cju'il  va  dire,  escompte  l'effet  sur  son  interlocuteur  d'un  terme 
qu'il  juge  à  propos  de  tenir  en  réserve  pour  ne  le  révéler  qu'en  fin 
d'énoncé,  après  une  attente  volontairement  prolongée  (cf.  p.  40). 

Il  peut  arriver  que  la  construction  usuelle  soit  respectée  par  l'ar- 
tifice d'une  prolepse  : 

Ter.,  Ad.  870-1  :  Nune  exacta  aetate  hoc  fructi  pro  labore  ab  eis  fero  : 

Odium. 
PI.,  Epid.  653  :  Tibi  quidem  quod  âmes  demi  praestost  :  fidicina. 

Les  termes  «  hoc  »  et  «  quod  âmes  »,  énoncés  à  leur  place  normale, 
préparent  la  révélation  différée  ;  «  odium  »  et  «  fidicina  ». 


92  POSITION    INTÉRIEURE 

Mais  un  procédé  commode  est  aussi  de  se  débarrasser  d'abord  de 
tous  les  termes  d'importance  secondaire,  y  compris  le  verbe,  pour 
laisser  en  attente,  jusqu'à  la  fin  de  la  phrase,  le  terme  qui  contient 
l'objet  de  la  révélation  : 

Ter.,  Eun.  679  :  ...  An  tu  hune  credidisti  esse,  obsecro, 
Ad  nos  deductum?... 

Tace  obsecro  ;  quasi  uero  paullum  intersiet  ! 
Ad  nos  deductus  hodie  est  —  adulescentulus. 
=  celui  qui  a  été  aujourd'hui  amené  chez  nous,  c'est  un  tout  jeune  homme. 
Ph.  572  ss.  :  ...  Quid  illi  tam  diu 

Quaeso  igitur  commorabere...? 

—  Pol  me  detinuit  —  morhus  !  —  Vnde?  aut  qui?  —  Rogas  ? 
Senectus  ipsast  morbus. 
=:  ce  qui  m'a  retenu?  c'est...  c'est  une  maladie.  —  Comment?  —  Mais 
oui,  c'est  une  maladie  que  la  vieillesse. 

Il  arrive  qu'on  prolonge  l'attente  comme  à  plaisir  ;  dans  le  pas- 
sage où  Virgile  rapporte  l'étrange  prédiction  de  la  laie  blanche,  il 
s'amuse  au  contraste  entre  la  préparation,  qui  remplit  trois  vers,  et 
la  révélation,  qui  tient  en  un  monosyllabe  : 

Aen.  VIII,  81-3  :  Ecce  autem,  subitum  atque  oculis  mirabile  monstrum, 
Candida  per  siluam  cum  fétu  concolor  albo 
Procubuit  uiridique  in  litore  conspicitur  —  sus  ! 

La  postposition  dans  les  conditions  qui  viennent  d'être  définies 
donne  assez  souvent  l'impression  que  le  terme  postposé  est  par  là 
même  mis  en  relief.  Une  phrase  telle  que  : 

Nep.  IX,  2  :  Re  quidem  uera  exercitui  praefuit  Conon 

peut  se  traduire  :  «  En  réalité,  celui  qui  se  trouvait  à  la  tête  de  l'ar- 
mée, c'était  Conon.  » 

Mais  il  s'agit  moins  d'un  relief  d'insistance  que  d'une  disposition 
propre  à  signaler  un  terme  comme  apportant  la  réponse  à  une 
question  implicitement  posée. 

Le  destinataire  de  l'énoncé  a  l'impression,  au  moment  où  inter- 
vient prématurément  le  verbe,  que  normalement  la  phrase  devrait 
être  finie  ;  ce  qui  figure  ensuite  apparaît  comme  une  sorte  de  com- 
plément, qui  s'impose  en  tant  que  tel  à  l'attention.  Pour  présenter 
les  choses  d'une  manière  simpliste,  on  peut  dire  qu'une  phrase 
telle  que  : 

Subito  Pamphilus  accurrit 


L  ENCLISE    VERBALE 


93 


signifie  simplement  :  «  Pamphile  accourut  soudain  »  ;  tandis  que  la 
disposition  : 

Subito  accurrit  Pamphilus, 

pourra  répondre,  si  les  circonstances  s'y  prêtent,  à  une  intention 
comme  celle  que  marquerait  le  tour  :  «  Qui  est-ce  qui  accourut  sou- 
dain? Pamphile.  » 

Il  n'y  a  pas  relief  par  insistance  ;  il  y  a  suspension  d'intérêt  et 
effet  par  révélation. 

c)  Hypothèse  d'une  enclise  i^erbale. 

On  a  proposé,  pour  justifier  dans  certains  cas  la  position  inté- 
rieure, une  explication  qui  met  en  cause  la  nature  du  verbe. 

Elle  se  fonde  sur  le  fait  qu'en  indo-européen,  du  moins  en  propo- 
sition principale,  le  verbe  aurait  été  enclitique,  et  comme  tel  pré- 
destiné à  se  loger  soit,  comme  les  enclitiques  accessoires,  à  la  place 
seconde,  soit  dans  l'épaisseur  de  la  proposition  et  particulièrement 
à  l'intérieur  d'un  groupe  syntaxique  compact  ;  type  représenté  par 
le  grec  :  Iluppoç  —  k-Koir^Gev  —  'Aôrivaïoç. 

La  tendance  à  réaliser  cette  disposition,  signalée  par  W.  Schulze 
(compte-rendu  de  l'ouvrage  de  Meister  sur  les  dialectes  grecs  :  Bei-- 
liner  Philolog.  Wochenschrift,  1890,  p.  1472)  et  considérée  par  lui 
comme  caractéristique  du  grec,  du  latin,  de  l'indo-iranien  et  occa- 
sionnellement du  germanique,  a  été  admise  par  J.  Wackernagel 
{Indogermanische  Forschungen,  t.  I,  1891,  p.  434),  reconnue  pour  le 
grec  par  Havers  [Indog.  Forsch.,  XXXI,  1912,  p.  230  ss.),  pour  le 
latin  par  E.  Kieckers  {Die  Stellung  des  Verbs,  1911,  p.  87-89  ;  cf. 
Sprachwissenschaftliche  Miszellen,  IV,  Dorpat,  1926,  p.  40  ss.)  et 
N.  Schneider,  Z)e  uerhl  in  lingua  latina  collocatione,  1912,  p.  9  ss.), 
reprise  enfin  pour  confirmation  par  G.  Bonfante  [Archiçio  glottolo- 
gico,  1929,  et  Contributi  glottologici,  Scuola  di  filologia  classica 
delV  Unii'ersità  di  Roma,  1929). 

Une  objection  de  principe  se  présente  immédiatement  :  si  c'est  la 
valeur  d'enclitique  qui  prédestine  le  verbe  à  occuper  la  position 
intérieure,  pourquoi  cette  position  est-elle,  dans  les  langues  considé- 
rées, attribuée  indifféremment  au  verbe  de  la  principale,  que  l'on  re- 
connaît pour  enclitique,  et  à  celui  de  la  subordonnée,  qui  ne  l'est  pas? 

En  second  lieu,  qu'est-ce  qu'un  traitement  d'enclitique  spécial  au 
verbe,  lui  ménageant  une  place  différente  de  celle  des  autres  encli- 


94  POSITION    INTÉRIEURE 

tiques,  qui  est  la  seconde,  après  le  premier  mot  autonome  de  la 
phrase?  Ce  n'est  pas,  à  mon  avis,  une  réponse  suffisante  que  d'invo- 
quer l'importance  du  verbe  et  en  quelque  manière  sa  masse 
(G.  Bonfante,  Contributi,  p.  32-33,  citant  B.  Delbrûck,  Verglei- 
chende  Syntax,  III,  p.  42),  à  moins  qu'on  ne  lui  retire  en  vertu  de 
cette  considération  sa  qualité  d'enclitique,  sur  laquelle  précisément 
on  se  fondait. 

Il  y  a  aussi  une  difficulté  de  caractère  historique.  L'influence  de 
l'enclise  sur  la  place  des  mots  est,  de  l'aveu  des  linguistes  eux- 
mêmes,  une  survivance  dont  les  effets  vont  s'atténuant.  Or,  la  posi- 
tion intérieure  du  verbe  gagne  sur  la  position  finale  à  mesure  qu'on 
avance  dans  l'ordre  des  temps  :  le  verbe  est  en  fin  de  phrase  à  date 
ancienne  dans  la  grande  majorité  des  cas  (80  %)  ;  à  partir  de  Cicé- 
ron,  cette  construction  n'est  plus  chez  certains  auteurs  qu'à  égalité  ; 
chez  les  écrivains  de  basse  époque,  elle  devient  exceptionnelle  (30  % 
dans  certains  textes).  Est-il  concevable  que  le  traitement  d'encli- 
tique se  généralise  à  mesure  que  s'abolit  la  notion  d'enclise? 

Un  des  principaux  arguments  invoqués  en  faveur  du  traitement 
d'enclise  est  tiré  de  l'observation  suivante  :  les  enclitiques  se  logent 
de  préférence  dans  la  phrase  après  un  mot  fortement  accentué,  qui 
apparaît  comme  mis  en  relief  par  la  postposition  même  de  l'encli- 
tique ;  or  le  verbe  intérieur  occupe  fréquemment  cette  place,  après 
un  mot  qui  joue  un  rôle  notable  dans  l'énoncé. 

Ainsi,  tandis  que  dans  une  phrase  qui  contient  un  simple  rensei- 
gnement et  ne  comporte  aucune  mise  en  relief,  nous  avons  l'ordre 
normal  : 

Ter.,  Eun.  352  :  Hue  deductast  ad  meretricem  Thaidem  ;  ei  donc  datast, 

à  la  reprise,  quand  il  s'agit  d'appeler  l'attention  sur  le  sujet  du  verbe 
pour  l'identifier,  on  fait  suivre  ce  sujet  immédiatement  de  son  verbe  : 

Ter.,  Eun.  344-5  :  ...  Mirum  ni  hanc  dicit,  modo 
Huic  quae  datast  donc. 
=:  celle-ci  précisément  qui... 

Le  relief  du  mot  qui  précède  immédiatement  le  verbe  est  incon- 
testable dans  un  grand  nombre  d'exemples  : 

Ter.,  Eun.  744  :  Sein  tu  turbam  propter  te  esse  factam?  et  adeo  ad  te 

attinere  hanc 
Omnem  rem?  —  Ad  me?... 
=  que  c'est  pour  toi  que... 


l'enclise  verbale  95 

Ter.,  Eun.  381  :  ...  At  enim  istaec  in  me  cudetur  faba  ! 

=  c'est  sur  moi  que... 
And.  742  :  ...  Mulier,  tu  adposisti  hune?... 

=  est-ce  toi  qui?... 
Eun.  829  :  Nurti  id  lacrimat  uirgo?... 

=  est-ce  pour  cela  qu'elle  pleure? 

—  736  :  ...  Nesciebam  id  dicere  illam. 

=  que  c'était  cela  qu'elle  voulait  dire. 

—  491  :  E  flamma  petere  te  cibum  posse  arbitror  ! 

—  278  :  Ecquid  beo  te?...  Sic  soleo  amicos  ! 

—  1075  :  Quod  des  paiiliim  est,  et  necesse  est  multiim  accipere  Thai- 

dem. 
Ph.  659-60  :  Vtrum  stultitia  facere  ego  hune  an  malitia 

Dicam. 
Ces.,  B.  G.  VII,  29,  2  :  Non  uirtute  neque  in  acie  uicisse  Romanos. 
B.  Alex.  71,  2  :  Quod  aliis  temporibus  natura  facere  consuerunt,  tune 
necessitate  fecit  adductus. 

Même  disposition,  avec  même  effet,  répétée  deux  fois  de  suite  : 

Ph.  546-7  :  Sed  parumne  est  quod  omnibus  nunc  nobis  suscenset  senex, 
Ni  instigemus  etiam  ut  nullus  locus  relinquatur  preci? 

—  276-7  :  Qui  saepe  propter  inuidiam  adimunt  diuiti 
Aut  propter  misericordiam  addunt  pauperi. 

Faut-il  voir  dans  tous  ces  exemples  l'application  d'une  règle?  Y 
a-t-il  entre  l'antéposition  du  verbe  et  le  relief  du  mot  qui  le  suit  une 
relation  de  cause  à  effet?  Il  est  permis  d'en  douter,  car  en  regard  de 
ces  exemples  on  peut  en  citer  un  très  grand  nombre  où  non  seule- 
ment le  mot  qui  précède  le  verbe  intérieur  n'est  pas  en  relief,  mais 
où  se  trouve  justement  à  une  autre  place  de  la  phrase  un  mot  en 
relief. 

Ce  mot  peut  être  loin  du  verbe  et  séparé  de  lui  par  des  termes  in- 
signifiants : 

Ter.,  Ph.  284  :  Ita  eum  tum  timidum  ibi  obstupefecit  pudor. 

—  327  :  Quot    me    censés    homines    iam    deuerberasse   usque    ad 

necem  ! 

—  323-4  :  ...  ex  crimine  hoc 

Antiphonem  eripiam  atque  in  me  omnem  iram  deriueni 

senis. 
Ter.,  Eun.  700-1  :  ...   Parmeno 

Dicebat  eum  esse  ;  is  mihi  dédit  hanc. 
=  c'est  lui  qui  me  l'a  donnée. 


96  POSITION    INTÉRIEURE 

Ter.,  Eun.  707  :  Dicdum  hoc  rursum  :   Chaerea  tuam  uestem  detraxit 

tibi? 
=  c'est  Chéréa  qui...? 

Il  peut  être  postposé  au  verbe  : 

Ter.,  Ph.  958-9  :  Vides  peccatum  tuom  esse  elatum  foras. 

—  1037  :  ...  Priusquam  haie  respondes  temere,  audi  ! 

—  1009-10  :  ...  An  quicquam  hodie  est  factum  \  Indignius? 

Dans  la  phrase  suivante  : 

Ter.,  Eun.  886  :  Ego  me  tuae  commendo  et  committo  fidei  ; 
Te  mihi  patronum  capio. 

si  tuae  est  en  relief,  ce  n'est  pas  parce  qu'il  précède  immédiatement 
son  verbe  commendo,  puisque  te  l'est  au  même  titre,  qui  est  éloigné 
de  son  verbe  capio. 

Voici  une  phrase  de  Cicéron  où  abondent  les  termes  en  relief  : 

De  rep.  I,  22,  35  :  Non  hercule,  inquit,  Scipio,  dubito  quin  tibi  ingenio 
praestiterit  nemo  ;  USU  quidem  in  re  publica  rerum  maximarum  fa- 
cile omnes  uiceris  ;  quibus  autem  studiis  semper  fueris  tenemus  ; 
quam  ob  rem  si,  ut  dicis,  animum  quoque  contulisti  in  istam  ratio- 
nem  et  quasi  artem,  habeo  maximam  gratiam  Laelio. 

Or,  parmi  ces  termes,  si  ingenio  et  animum  se  trouvent  précéder 
le  verbe  intérieur,  en  revanche  omnes  est  devant  un  verbe  final  ; 
studiis  est  disjoint  du  verbe  intérieur  ;  usu  de  même,  à  plus  longue 
distance  encore  ;  maximam  gratiam  est  postposé  à  un  verbe  initial, 
et  nemo  à  un  verbe  intérieur. 

Il  n'y  a  donc  rien  à  tirer  de  la  postposition  du  verbe  à  un  mot  en 
relief,  sauf  dans  le  cas  suivant,  qui  a  pu  faire  illusion. 

d)  Rôle  disjonctif  du  verhe. 

N.  Schneider,  G.  Bonfante  et  d'autres  ont  remarqué  que  le  verbe 
se  loge  très  souvent  «  en  enclave  »,  en  un  point  compact  de  la  phrase, 
et  de  préférence  dans  l'intérieur  d'un  groupe  (Bonfante,  Contrib., 
p.  iA).  L'observation  est  exacte,  mais  elle  fournit  tout  simplement 
une  application  du  principe  bien  connu  de  la  disjonction. 

Lorsque  dans  l'épaisseur  d'un  groupe  syntaxique  vient  se  loger 
un  corps  étranger,  l'élément  antérieur  à  la  disjonction  se  trouve 


VERBE    DISJONCTIF  97 

mis  en  relief.  Le  fait  est  établi  par  d'innombrables  exemples  (cf. 
J.  Marouzeau,  L'ordre  des  mots,  t.  I,  p.  112  ss.). 

Or,  il  suffît  de  passer  en  revue  les  exemples  de  verbe  intérieur 
qui  ont  été  réunis  par  N.  Schneider  [De  verhi...  collocatione,  p.  20 
et  suiv.)  et  G.  Bonfante  [Contrih.  glottoL,  p.  23  ss.)  pour  constater 
que  dans  la  très  grande  majorité  des  cas  l'élément  antéposé  au  verbe 
est  l'appartenant  syntaxique  d'un  élément  postposé  (M.  Bon- 
fante relève  22  exemples  de  cette  disposition  dans  210  vers  de 
Virgile  consécutifs  :  En.,  XI,  560-770,  et  11  exemples  dans 
49  vers  d'Horace  :  Sat.,  l,  8)  ;  d'autre  part,  que  cet  élément  anté- 
posé joue  dans  l'énoncé  le  rôle  d'opposant  et  se  trouve  par  là  frappé 
d'un  accent  d'insistance  : 

Ter.,  Eun.  1009-1011  :  Numquam  pol  hominem  stultiorem  uidi... 

At...  primo  callidum  et  disertum  —  credidi  — 

hominem. 
Ces.,  B.  G.  VII,  84,  4  :  quod  suum  periculum  in  aliéna  —  uident  — 
uirtute  constare. 

—  VII,  20,  2  :  malle  Caesaris  concessu  quam  ipsorum  —  habere 
—  bénéficie. 

—  VI,  13, 1  :  nam  plèbes  paene  seruorum  —  habetur  —  loco. 

—  II,  17,  4  :  equltatu   nihil   possunt...,   sed   quidquid   possunt 
pedestribus  —  ualent  —  copiis. 

Dans  une  enquête  faite  sur  le  texte  d'Ammien  Marcellin  [Die 
Perfektjormen,  p.  29-30),  M.  Hagendahl,  cherchant  à  établir  les  con- 
ditions d'emploi  de  la  forme  exceptionnelle  du  parfait  en  -ère,  est 
amené  à  constater,  d'une  part,  que  les  formes  verbales  de  ce  type 
sont  d'ordinaires  exclues  de  la  finale,  mais  qu'en  outre  le  plus  sou- 
vent (70  %  des  exemples)  elles  viennent  se  loger  entre  un  déterminé 
et  son  déterminant,  de  façon  à  réaliser  une  mise  en  relief  par  dis- 
jonction ;  type  :  omnes  rediere  captiui,  per  squalidas  transiere  per- 
sonas,  prope  ipsas  stetere  loricas. 

Sont  prédestinés  à  faire  ainsi  fonction  d'opposants,  et  par  suite  à 
occuper  la  place  qui  précède  le  verbe,  les  mots  qui  expriment  une 
exclusion,  par  exemple  les  possessifs  : 

PI.,  Amph.  252  :  regem...  sua  —  optruncauit  —  manu. 

—  535  :  ego  mea  —  occidi  —  manu. 

—  Capt.   151  :  malum  cum  amici  tuom  —  ducis  —  malum. 

—  740  :  periclum  uitae  meae  tuo  —  stat  —  periclo. 


98  POSITION    INTÉRIEURE 

PI.,  Aul.  736  :  meque  meosque  —  perditum  ires  —  liberos. 

—  Poen.  1234  :  etiam  me  meae  —  latrant  —  canes. 

—  Bacch.  760  :  uos  uostrum  —  curate  —  offîcium. 
PI.,  Cure.  178  :  sibi  sua  —  habent  —  régna. 

—  Most.  50  :  te  tuom  —  maneat  —  malum. 

—  Epid.  490  :  non  nouisse  me  meam  —  rere  —  amicam  posse. 
Ter.,  Ph.  432-3  :  egon  tuam  —  expetam  —  amicitiam  ! 

—       491  :  SUO  —  suât  —  capiti. 

—  les  démonstratifs  et  adjectifs-pronoms  : 

Ter.,  Eun.  635  :  Vbi  ad  ipsum  —  ueni  —  deuerticulum. 

—  Ph.  629  :  Si  cum  illo  —  inceptas  —  homine. 

Ces.,  B.  G.  V,  1,  2  :  quibus  in  reliqilis  —  utimur  —  maribus. 

—  B.  C.  III,  13,  4  :  hoc  idem  reliqiii  —  iurant  —  legati. 

—  III,  77,  2  :  hoc  idem  reliquis  —  fecit  —  diebus. 

—  les  adjectifs  qui  expriment  la  grandeur  : 

Ter.,  Ad.  719  :  te  magniis  —  perdat  —  luppiter  ! 

—  Eun.  245  :  tota  —  erras  — ■  uia. 

—  Ph.  885  :  summa  —  eludendi  —  occasiost  mihi  nunc  senes. 
Cic,  Diu.  II,  11,  25  :  summum  —  exsuperat  —  louem. 

Ces.,  B.  C.  II,  29,  1  :  magnus  omnium  —  incessit  —  timor  animis. 

—  B.  G.  VI,  30,  2  :  magno  —  accidit  —  casu. 

—  B.  C.  II,  34,  4  :  magnum  —  habere  —  usum. 

— ■  III,  31,  2  :  magnas  —  imperauerat  —  pecunias. 

Hor.,  Sat.  I,  8,  36  :  post  magna  —  latere  —  sepulcra. 
Ces.,  B.  G.  VII,  66,  6  :  id  quo  maiore  —  faciant  —  animo. 

—  VIII,  53,  2  :  quo  maiores  —  pararent  —  nécessitâtes. 

—  Z?.  C  III,  66,  4  :  maiorem  —  adiecere  —  munitionem. 

—  II,  37,  1  :  tantam  —  habebat  —  suarum  rerum  fiduciam. 

—  B.  G.  VII,  23,  5  :  summam  —  habet  — •  opportunitatem. 

—  I,  7,  2  :  quam  maximis  —  potest  — ■  itineribus. 
B.  Alex.  7,  1  :  tantus  — •  incessit  — ■  timor. 

Ter.,  Eun.  384  :  omnibus  —  cruciant  —  modis. 

—  489  :  infra  infimos  omnes  —  puto  —  homines. 
Ces.,  B.  G.  VII,  17,  7  :  omnes  —  perferre  —  acerbitates. 

B.  C.  III,  70,  1  :  quominus  omnis  —  deleretur  —  exercitus. 

—  III,  87,  2  :  omnibus  —  interfui  —  proeliis. 

—  I,  52,  3  :  omnibus  — •  abundarent  —  rébus. 
Petr.,  Sat.  116  :  omnibus  —  prohibetur  —  commodis... 

—  112  :  supremo  —  mandauerunt  —  ofTicio. 


VERBE    DISJONCTIF 


99 


Varr.,  R.  R.  I,  2,  3  :  uos  qui  militas  —  perambulastis  —  terras. 
—  I,  7,  2  :  minus  multum  — ■  faciebat  —  uinum. 

—  la  petitesse  ou  le  petit  nombre  : 

Ter.,  Eun.  197  :  ...  forsan  hic  mihi  paruam  —  habeat  —  fidem  ! 

—  Ad.  293  :  numquam  unum  —  intermittit  —  diem. 

—  Eun.  1047  :  tôt  res  tantas  in  unum  —  conclusit  —  diem. 
Nep.  11,  5  :  uix  decem  annis  unam  — ■  cepit  —  urbem. 

Ter.,  Ph.  638-9  :  ...  tria  —  non  commutabitis  — 
Verba  hodie  inter  uos  ! 

—  la  négation  : 

Ces.,  B.  G.  VI,  3,  1  :  plèbes...  nulli  —  adhibetur  —  consilio. 
—         VI,  23,  6  :  latrocinia  Ullllam  —  habent  —  infamiam. 

—  B.  C.  I,  78,  5  :  nulluin  —  intercédât  — ■  tempus  quin... 
Petr.,  Sat.  102  :  nullum  —  recuso  —  periculum. 

Cic,  Diu.  II,  24,  52  :  aut  nullos  —  habuerint  — ^  exitus  aut  contraries. 

Dans  la  majorité  des  cas,  et  dans  tous  les  exemples  cités  jus- 
qu'ici, c'est  le  déterminant  qui  précède  l'élément  disjonctif  et  se 
trouve  ainsi  mis  en  relief.  Mais  cette  place  peut  être  aussi  occupée 
par  le  déterminé,  qui  est  susceptible  d'être  mis  en  relief  dans  les 
mêmes  conditions  (cf.  L'ordre  des  mots,  t.  I,  p.  110-111)  : 

Ces.,  B.  G.  VI,  22  :  neque  modum  certum  aut  fines  —  habet  —  proprios. 
Cic,  Ad  Att.  X,  12  a,  3  :  fortima  —  uelim  —  maiore,  anime  Caeliano. 
Nep.  7,  3  :  non  solum  spem  —  in  eo  habebant  —  maximam,  sed  etiam 
timorem. 

II  ne  paraît  donc  pas  douteux  que  l'intercalaison  du  verbe  ait 
pour  effet  de  mettre  en  relief  l'élément  premier  du  groupe  dans 
l'épaisseur  duquel  il  vient  s'insérer. 

Mais  faut -il  en  conclure  qu'il  y  ait  là  un  privilège  du  verbe  et  que 
sa  prétendue  qualité  d'enclitique  y  soit  pour  quelque  chose?  Quan- 
tité d'exemples  font  apparaître,  au  contraire,  que  le  fait  essentiel 
est  celui  de  la  disjonction,  et  que  la  nature  de  l'élément  disjonctif 
est  indifférente. 

Parfois,  le  verbe  partage  avec  d'autres  termes  la  fonction  dis- 
jonctive  ;  par  exemple,  avec  un  enclitique  ou  mot  accessoire  : 

Ces.,  B.  G.  V,  45,  3  :  magnis  —  que  persuadet  ■ — ■  praemiis. 
Ter.,  Ph.  1043  :  ut  meam  —  iam  scias  —  sententiam. 


100  POSITION    INTÉRIEURE 

—  avec  une  préposition  : 

PI.,  Capt.  826  :  meo  —  adest  in  —  portu  cibus. 

—  avec  un  introducteur  de  subordonnée  : 

Ter.,  Ph.  502  :  alia  —  quom  occupatus  esset  —  solHcitudine. 

—  621-2  :  ...  haec  potius  bona  — 

Vt  comparemus  —  gratia  quam  cum  mala. 

—  avec  un  verbe  auxiliaire  ou  attributif  : 

PL,  Aul.  736  :  meque  meosque  —  perditum  ires  —  liberos. 
Ces.,  B.  C.  I,  7,  4  :  Pompeium,  quiamissa — ■  restituisse  uideatur  —  bona, 
etiam  quae  antea  habuerit  ademisse. 

—  B.  G.  IV,  3,  1  :  maximam  —  putant  esse  —  laudem. 

—  VII,  45,  3  :  omnes  —  petere  iubet  — -  regiones. 

B.  Alex.  56,  3  :  quibus  parum  —  uidebatur  imposuisse  —  oneris. 

—  avec  le  sujet  : 

Ces.,  B.  G.  I,  33,  1  :  magnam  —  se  habere  —  spem. 

—  VI,  40,  3  :  eundem  —  omnes  ferant  —  casum. 

—  avec  un  adverbe  : 

Varr.,  R.  /?.  I,  3  :  quae  terra  maximos  —  perpétua  reddat  —  fructus. 

—  avec  un  régime  direct  : 

PI.,  Cas.  992  :  maxumo  — •  me  opsecrauisti  —  opère. 

Ter.,  Éun.  532  :  maxumo  —  te  orabat  —  opère. 

Virg.,  Georg.  I,  377  :  argllta  — •  lacus  circumuolitauit  —  hirundo. 

—  ou  indirect  : 

Ter.,  Ph.  908  :  omnis  —  posthabui  mihi  —  res. 

—  503  :  hoc  —  esse  mihi  obiectum  —  malum  ! 

Cic,  Fam.  VII,  18, 1  :  Graeculam  —  tibi  misi  —  cautionem. 

—  Att.,  XIV,  2,  1  :  duas  —  a  te  accepi  — ■  epistulas. 

—  enfin,  avec  tout  autre  élément  que  peut  comporter  l'énoncé  : 

PI.,  Aul.  455  :  opéra  — •  hue  conducta  est  —  nostra,  non  oratio. 

—  Merc.  223  :  ea  —  ego  hue  praecucurri  —  gratia. 

Ter.,  Ph.  259  :  bonas  —  me  absente  hic  confecistis  —  nuptias  ! 

—  461  :  quod  —  mihi  dederit  de  hac  re  —  consilium,  id  sequar. 

—  483  :  Nam  par  eius  unam  — ,  ut  audio,  aut  uiuam  aut  moriar  — 

sententiam. 

—  977  :  Tantain  —  adfectum  quemquam  esse  hominem  —  audacia  ! 


VERBE     DIS.IONCTIF  101 

Ces.,  B.  G.  V,  58,  5  :  magna  ^ —  proponit  lis  qui  occiderint  —  praemia. 
—    B.  C.  I,  51,  6  :  magnum  — ■  attulit  nostris  ad  salutem  ■ —  momentum. 

—  III,  74,  2  :  tantus  —  incessit  ex  incommodo  —  dolor. 
Ces.,  B.  G.  III,  63,  3  :  duplicem  —  eo  loco  fecerat  —  uallum. 

Luc,  Ph.  VIII, ■631-4  :  Nos  in  templa  tuam  —  Romana  accepimus  — 

Isim  ; 
...  Tu  nostros,  —  Aegypte,  tenes  in  puluere  —  Mânes. 

Et  il  n'est  même  pas  nécessaire  que  le  verbe  soit  représenté  dans 
l'élément  disjonctif  : 

PI.,  Trin.  1000  :  lam  dudum  meum  —  ille  —  pecius  pungit  ■ —  aculeus. 

{ille  joue  par  rapport  à  meum...  pcctus  le  même  rôle  que  pectus  pun- 
git par  rapport  à  ille...  aculeus). 

M.  G.  Bonfante  observe  [Contrih.  glottol.,  p.  32)  que  le  terme  dis- 
jonctif, s'il  n'est  pas  le  verbe,  est  fréquemment  un  enclitique  ou 
mot  accessoire  :  me,  detnum,  etiam,  adhuc,  modo,  quidem,  tandem... 

Parfois  aussi,  reconnaît-il,  un  vocatif  ;  mais  le  vocatif,  dira-t-on, 
était  atone  en  indo-européen  (p.  34). 

A  l'occasion  aussi  un  adverbe  : 

Cic,  Verr.  V,  81  :  ut  muliebria  —  cotidie  —  conuiuia  essent. 
Pétr.,  Sat.  117  :  posita  —  fréquenter  —  sarcina. 

—  106  :  turbato  —  uehementius  —  uultu. 

Qu'à  cela  ne  tienne  :  les  adverbes  tendaient  à  l'atonie  en  indo- 
européen (p.  34). 
Un  instrumental? 

Petr.,  Sat.  89  :  liberae  —  ponto  —  iubae. 

Mais  l'instrumental  joue  un  rôle  proche  de  celui  de  l'adverbe 
(p.  35). 

D'autres  parties  du  discours?  C'est  qu'elles  subissent  l'analogie 
des  formes  nominales  du  verbe,  infinitif  ou  participe  (p.  35). 

Des  substantifs,  qu'on  ne  peut  pas  suspecter  d'enclise,  même 
analogique?  On  déclarera  cette  construction  artificielle  (p.  36)  ! 

Cette  élimination  des  cas  embarrassants  est  superflue.  Il  faut  se 
résigner  à  retenir  tous  les  exemples  où  l'élément  disjonctif  est  autre 
que  verbal  et  autre  qu'atone.  Une  même  explication  vaut  et  pour 
les  enclitiques,  et  pour  le  verbe,  et  pour  tout  autre  mot  :  on  emploie 
comme  élément  disjonctif  un  terme  de  la  phrasç  suffisamment  auto- 


102  POSITION    INTÉRIEURE 

nome  pour  qu'il  puisse  être  déplacé  sans  conséquence.  C'est  excel- 
lemment le  cas  du  verbe,  qui  d'une  part  n'est  lié  à  aucun  terme  de 
la  phrase  plus  particulièrement  qu'à  tel  autre,  et  qui,  s'il  est  habi- 
tuellement relégué  à  la  place  finale,  n'y  est  cependant  pas  attaché. 
On  tire  parti  de  sa  mobilité  pour  réaliser  une  structure  de  phrase 
qui  se  recommande  par  des  raisons  indépendantes  et  de  sa  nature 
et  de  sa  fonction. 


APERÇU  HISTORIQUE 


Du  fait  que  l'ordre  est  déterminé  par  des  tendances  et  des  usages 
plutôt  que  par  des  règles  impératives,  du  fait  aussi  qu'il  y  a  des 
cas-limites  où  l'ordre  peut  être  considéré  comme  indifférent,  la 
proportion  d'un  ordre  à  l'autre  peut  varier  suivant  les  auteurs,  les 
genres,  les  époques.  On  constate  en  fait,  au  cours  de  l'histoire  du 
latin,  une  évolution  qui  conduit  le  verbe,  dans  tous  les  types  de 
phrases,  à  abandonner  la  position  finale. 

En  ce  qui  concerne  la  copule,  à  date  ancienne,  l'ordre  inverse  est 
à  peine  représenté  dans  le  De  agricultura  de  Caton,  dont  la  langue 
présente  un  degré  notable  d'uniformité  et  de  banalité.  Il  est  déjà 
plus  fréquent  chez  les  comiques,  dont  le  dialogue  reproduit  les  mul- 
tiples aspects  de  la  langue  vivante. 

A  la  fin  de  l'époque  républicaine,  Varron,  qui  traite  des  mêmes 
sujets  que  Caton,  fait  appel  beaucoup  plus  souvent  que  lui  à  l'ordre 
inverse.  Cicéron.  fait  la  balance  égale  entre  les  deux  ordres,  qu'il 
utilise,  avec  son  sens  des  nuances,  selon  les  besoins  d'expression. 

A  basse  époque,  l'ordre  inverse  est  en  progrès  chez  tous  les  au- 
teurs, et  particulièrement  chez  ceux  qui  sont  accessibles  aux  inno- 
vations de  la  langue  d'usage. 

Pour  ce  qui  concerne  les  autres  verbes  attributifs,  on  constate, 
surtout  à  partir  de  Varron,  et  surtout  dans  les  formules  empruntées 
à  la  langue  d'usage,  une  tendance  marquée  à  l'inversion. 

On  trouve  chez  Varron,  dans  un  même  passage,  et  sans  que  le 
sens  justifie  un  changement  d'ordre  :  R.  R.  II,  9,  10-14  :  acrioresque 
fiunt  et  opiimi  in  alendo  fiunt  à  côté  de  quo  fiunt  acriores  et  quo 
fiunt  segniores  ;  dans  II,  2,  13  :  firmiores  fiunt  à  côté  de  fiunt  ue- 
grandes  ;  dans  deux  passages  exactement  parallèles  : 

R.  R.  II,  5,  17  :  qui...  postea  castrantur,  duri  et  inutiles  fiunt. 
—     II,  4,  13  :  qui  nati  hieme,  fiunt  exiles. 

L'antéposition  du  verbe  est  particulièrement  fréquente  dans  les 


104  PLACE    DU    VERBE 

formules  composées  avec  un  comparatif,  qui  expriment  l'idée  de 
s'améliorer  ou  d'empirer  : 

R.  R.  II,  2,  12  :  faciunt  segetes  meliores. 

—  I,  23,  3  :  terram  faciunt  meliorem. 

—  III,  16,  7  :  opus  facit  deterius. 

—  I,  4,  2  :  faciunt  honestiorem  agrum. 

dans  des  locutions  d'usage  courant,  qui  expriment  des  idées  telles 
que  : 

—  «  devenir  la  propriété  de  tel  ou  tel  »  : 

Varr.,  R.  R.  VI,  1,  15  :  ut  fiât  meum  ;  II,  9,  7  :  fit  alterius  ; 

—  «  parvenir  à  un  âge  donné  »  : 

R.  R.  \\,2,11  :  quaad  facti  sunt  quadrimestres. 

—  II,  4,  21  :  quaad  fiant  trimestres. 

—  «  prendre  une  place  donnée  »  : 

R.  R.  I,  20,  3  :  quem  feceris  dextrum,...  si  alterius  fit  sinister. 

—  «  acquérir  une  qualité  donnée  »  : 

R.  R.  I,  6,  6  :  fieri  solet  uliginosus. 

—  fit  propter  lacunas  aquosus. 

Peut-être  y  a-t-il  là  un  trait  de  la  langue  d'usage,  non  littéraire, 
qui  serait  en  avance  sur  la  langue  traditionnelle  et  conservatrice. 

Mais  l'extrême  diversité  des  phrases  attributives  rend  difficile 
l'établissement  de  relevés  comparatifs.  On  ne  peut  suivre  le  progrès 
de  l'inversion  qu'en  considérant  un  type  de  phrase  rigoureusement 
défini. 

Une  enquête  portant  sur  la  locution  verbale  que  constitue  le 
participe  joint  à  la  copule  donne  les  résultats  suivants. 

L'ordre  direct  {type  faclum  est)  est  à  peu  près  seul  attesté  dans  les 
inscriptions  les  plus  anciennes  (à  peine  3  ou  4  exemples  de  l'ordre 
inverse).  La  proportion  des  exemples  de  l'ordre  inverse  à  ceux  de 
l'ordre  direct  est  de  7  pour  100  chez  Caton  ;  10  pour  100  dans  les 
fragments  des  orateurs  et  historiens  anciens  ;  25  pour  100  chez 
Plante  et  Térence  ;  elle  sera  de  50  pour  100  chez  Varron  et  Cicéron. 
On  voit  l'ordre  inverse  gagner  des  premières  pièces  aux  dernières 
chez  Plante  et  Térence,  et  des  discours  de  jeunesse  à  ceux  de  l'âge 
mûr  chez  Cicéron  (cf.  La  phrase  à  verhe  «  être  »,  p.  308  ss.). 


APERÇU     HISTORIQUE  105 

A  partir  de  ce  moment,  aux  environs  du  milieu  du  i^^  siècle  avant 
notre  ère,  l'évolution  cesse  d'être  régulière.  Elle  est  contrariée  par 
des  réactions  et  des  alTectations  :  admettre  l'inversion  fréquente, 
c'est  souscrire  à  une  innovation  de  la  langue  vivante  :  des  histo- 
riens qui  ont  prétendu  se  faire  les  continuateurs  de  César,  l'auteur 
du  Bellum  Hispanense  a  dans  ses  22  premiers  chapitres  presque 
autant  d'exemples  de  l'ordre  inverse  que  de  l'ordre  direct  (34 
contre  39)  ;  dans  le  livre  VIII  du  De  bello  Gallico,  l'inversion  est 
trois  fois  plus  fréquente  que  l'ordre  direct  ;  Vitruve,  dans  l'Intro- 
duction du  De  architectura,  n'a  que  2  exemples  de  l'ordre  ancien 
contre  15  de  l'ordre  nouveau. 

Au  contraire,  César  met  sa  coquetterie  à  conserver  l'état  de 
choses  ancien  (80  %  des  cas)  ;  certains  correspondants  de  Cicéron 
qui  se  distinguent  par  leur  souci  d'imiter  l'ancienne  langue,  ainsi 
Caelius,  dont  Tacite  dit  {Dial.  21)  :  «  redolet  antiquitatem  »,  Asi- 
nius  Pollion,  dont  Tacite  dit  aussi  {ibid.)  :  «  uidetur  inter  Mene- 
nios  et  Appios  studuisse  »,  ne  nous  fournissent  pas  d'exemples  de 
l'ordre  nouveau. 

Le  cas  le  plus  curieux  est  celui  de  Salluste,  qui  reproduit  l'usage 
de  l'ancienne  langue  si  scrupuleusement  qu'on  ne  trouve  pas  dans 
toute  son  œuvre  un  seul  exemple  authentique  de  l'ordre  inverse. 
Les  deux  seules  inversions  qu'on  peut  relever  chez  lui  sont  l'une 
[Cat.  48,  6  :  esset  mentitus)  dans  le  texte  d'un  décret  du  sénat  («  con- 
sulente  Cicérone  frequens  senatus  decernit  »),  l'autre  {Cat.  35,  4  : 
sum  secutus)  dans  une  lettre  de  Catilina  textuellement  reproduite 
(«  quarum  exemplum  infra  scriptum  est  »). 

Sous  l'Empire,  l'évolution  se  poursuit,  mais  tellement  contrariée 
chez  certains  écrivains  par  le  souci  de  maintenir  un  type  d'énoncé 
traditionnel  que  chaque  cas  particulier  demande  une  interprétation 
et  une  sorte  de  casuistique. 

Un  écrivain  du  iv®  siècle  qui  se  classe  sans  conteste  parmi  les 
vulgarisants,  Lucifer  de  Calaris,  emploiera  est  factum  aussi  souvent 
que  factum  est  ;  c'est  un  bon  témoin  de  l'évolution  non  contrariée. 

Au  contraire,  un  écrivain  du  vi®  siècle,  qui  a  pu  être  considéré 
aussi  comme  représentant  du  latin  vulgaire,  l'auteur  de  la  Peregri- 
natio  ad  loca  sancta,  ne  connaît  presque  pas  l'ordre  inverse.  Dans 
un  ensemble  de  50  chapitres,  on  ne  trouve,  contre  315  exemples  de 
factum  est,  que  13  exemples  d'inversion.  Encore  ces  rares  exemples 
sont-ils  d'un  type  spécial  :  tous  présentent  la  copule  à  une  forme 


106  PLACE    DU    YERBK 

de  perfectum,  donc  polysyllabique  et  non  enclitique  {fuit,  fuisse, 
fuerat,  fuisset,  etc.).  Il  y  a  évidemment  chez  cet  auteur,  qui  par  ail- 
leurs écrit  un  latin  très  altéré,  le  souci  de  se  conformer  à  une  règle 
apprise  (cf.  sur  cette  attitude  :  K.  Meister,  Rhein.  Mus.,  N.  F., 
t.  LXIV,  p.  368  ss.  ;  E.  Lôfstedt,  Philol.  Kommentar  zur  Peregr.  Ae- 
theriae,  p.  9  ss.  ;  A.  W.  de  Groot,  Rei>.  des  Etudes  latines,  I,  p.  113). 

Le  traitement  du  groupe  participial  à  travers  toute  la  latinité 
fournit  ainsi  une  pierre  de  touche  pour  apprécier  l'attitude  de  l'écri- 
vain vis-à-vis  du  mouvement  de  la  langue.  Mais,  en  dépit  des  pra- 
tiques individuelles,  des  résistances  et  des  affectations,  l'évolution 
est  dans  le  sens  d'un  progrès  marqué  de  l'ordre  inverse,  qui  s'affir- 
mera dans  les  formes  romanes  :  franc,  est  fait,  fut  fait. 

Pour  ce  qui  concerne  la  phrase  verbale  proprement  dite,  si  l'on 
totalise  les  exemples  qui  présentent  le  verbe  à  l'initiale  et  à  l'inté- 
rieur, on  observera  que  ces  deux  positions,  à  mesure  qu'on  avance 
dans  l'ordre  des  temps,  font  une  concurrence  victorieuse  à  la  posi- 
tion finale.  Celle-ci,  dominante  et  même  presque  exclusive  dans  les 
textes  les  plus  anciens  (cf.  ci-dessus,  p.  47-48),  est  de  plus  en  plus 
abandonnée  à  mesure  qu'on  avance  dans  le  cours  de  la  latinité  ; 
dans  certains  textes  de  basse  époque,  elle  apparaît  comme  excep- 
tionnelle, au  point  que  l'état  roman  se  trouve  préfiguré  dans  l'état 
latin. 

Des  statistiques  établies  par  P.  Linde  [Die  Stellung  des  Verbs  in 
der  lateinischen  Prosa,  Glotta,  t.  XII,  p.  153  ss.)  font  apparaître 
que,  de  Caton  à  Salluste  conservateur,  la  fréquence  de  la  position 
finale  ne  varie  pas  (80  %  environ)  ;  mais  elle  diminue  de  César  à 
Tite-Livc  (70  %)  ;  elle  n'est  que  de  62  %  chez  Sénèque,  de  60  % 
chez  Apulée  ;  elle  n'est  plus  qu'à  égalité  chez  un  écrivain  de  basse 
époque  comme  Victor  de  Vita  (50  %)  ;  enfin,  elle  devient  l'excep- 
tion chez  Aetheria  (30  %). 

Pour  chacun  des  types  de  phrase  considérés,  le  renversement  de 
l'ordre  aboutit  non  à  faire  passer  le  verbe  en  tète  de  la  phrase,  cons- 
truction qui  demeure  exceptionnelle,  mais  à  le  loger  dans  l'inté- 
rieur de  la  proposition,  construction  qui  préfigure  l'état  roman. 

Les  diverses  actions  qui  entrent  en  jeu  pour  déterminer  ce  dépla- 
cement du  verbe  sont  plus  particulières  les  unes  à  la  langue  écrite, 
les  autres  à  la  langue  parlée. 

Le  souci  de  réaliser  une  fin  de  vers  ou  une  clausule  d'un  type  pré- 
féré appartient  exclusivement  à  l'écrivain.  La  disposition  qui  per- 


APERÇU     HISTORIQUE  107 

met  de  réaliser  une  disjonction  expressive  est  aussi  un  procédé  de 
langue  savante.  Le  procédé  qui  consiste  à  réaliser  une  présentation 
dramatique  en  différant  la  partie  de  l'énoncé  propre  à  faire  un  effet 
de  surprise  est  un  procédé  de  la  langue  familière  aussi  bien  que  de 
la  langue  littéraire.  La  recherche  de  la  présentation  expressive  et 
insistante  qui  détermine  l'inversion  de  la  copule  est  un  trait  de  la 
langue  vulgaire.  Dans  les  cas  les  plus  favorables,  il  y  a  eu  sans 
doute  convergence  d'actions  diverses. 

On  peut  aussi  invoquer  des  actions  analogiques. 

D'abord,  celle  de  la  phrase  à  verbe  initial.  Le  verbe  étant  appelé 
en  première  place  lorsqu'il  joue  dans  l'énoncé  un  rôle  éminent,  le 
type  de  phrase  timet  omnia  constituait  un  énoncé  expressif,  destiné 
par  là  même  à  s'imposer  et  à  se  répandre  ;  la  propension  du  verbe  à 
quitter  la  place  finale  pour  l'initiale  créait  peu  à  peu  l'habitude  du 
déplacement,  et  il  est  permis  de  penser  que  la  préférence  donnée 
dans  nombre  de  cas  à  l'ordre  timet  omnia  sur  l'ordre  omnia  timet 
devait  faciliter  le  passage  de  ille  omnia  timet  à  ille  timet  omnia. 

En  second  lieu,  la  construction  de  la  phrase  verbale  a  pu  être 
influencée  par  celle  de  la  phrase  nominale  :  les  types  de  phrase  ille 
est  doctus,  illud  uocatur  odium,  dans  lesquels  l'inversion  condi- 
tionne un  relief  du  sujet  (cf.  p.  18  et  36),  peu  à  peu  généralisés  par 
recherche  de  l'expressivité,  devaient  favoriser  l'extension  du  type 
ille  inuidet  doctis  ou  ille  uocat  amicos. 

Mais  le  facteur  déterminant  qui  devait  amener  le  verbe  en  posi- 
tion intérieure  a  sans  doute  été  l'avantage  que  présentait  cette 
disposition  pour  éclairer  la  construction  syntaxique,  à  mesure  que 
s'obscurcissait  par  l'amuissement  des  finales  le  jeu  des  désinences. 
Tant  que  le  latin  a  maintenu  sa  contexture  morphologique,  la 
construction  ancienne,  avec  son  jeu  expressif  d'alternances,  pou- 
vait résister  au  processus  d'uniformisation  de  la  phrase.  Seule  la 
ruine  de  la  morphologie  a  pu  faire  aboutir  cette  tendance,  si  bien 
qu'il  y  a  un  hiatus  entre  l'ordre  latin,  libre  jusqu'au  terme  de  l'évo- 
lution latine,  et  l'ordre  roman,  fixé  presque  dès  ses  origines.  Ainsi  il 
appartient  aux  romanistes  d'observer  et  d'expliquer  l'aboutisse- 
ment d'une  évolution  qui  n'était  qu'ainorcée  en  latin  ;  l'objet  de  la 
présente  étude  ne  pouvait  être  que  d'en  discerner  les  étapes  prépa- 
ratoires. 


TABLE  DES  MATIÈRES 

Pages 

Avant-propos vu 

Bibliographie ix 

Introduction 1 

Première  partie  :  Verbes  attributifs 

I.   Verbe  copule 7 

A.  L'attribut  précède 9 

a)  Attribution,  pure  et  simple 9 

b)  Attribution  distinctive 9 

c)  Cas  de  la  disjonction 10 

B.  La  copule  précède 11 

a)  Attribution  assévérative 11 

h)  Attribution  confirma tive 13 

c)  Attribution  subordonnée 18 

C.  Cas  particuliers 20 

a)  Interrogation  et  négation 20 

b)  Identification 21 

c)  Construction  suspensive 22 

d)  Groupe  participial 23 

IL  Verbes  attributifs  divers 28 

A.  L'attribut  précède 28 

a)  Énoncé  banal 28 

b)  Attribution  distinctive 31 

B.  Le  verbe  précède 33 

a)  Attribution  assévérative 33 

b)  Attribution  confirmative 34 

c)  Attribution  subordonnée 36 

C.  Cas  particuliers 37 

a)  Locutions  factitives 37 


110 


TABLE    DES    MATIERES 


b)  Construction  suspensive 38 

c)  Verbes  attributifs  occasionnels 42 


Deuxième  partie  :  Verbe  proprement  dit 

A.  Position  finale 47 

B.  Position  initiale 49 

a)  Relief  de  la  fonction  verbale 50 

b)  Relief  de  la  notion  verbale 54 

c)  Qualité  particulière  de  l'énoncé 64 

d)  Enoncé  «  fonction  » 72 

C.  Position  intérieure 82 

a)  Considération  du  rythme 83 

b)  Enoncé  à  retardement 86 

c)  Hypothèse  d'une  enclise  du  verbe 93 

d)  Rôle  disjonctif  du  verbe 96 

Aperçu  historique 103 


IMPKIMEKIK    D\UP1:LEY-00UVEKNEUU    A    NOOENT-LE-ROTROU.    —    1938. 


COLLECTION  DE  BIBLIOGRAPHIE  CLASSIQUE 

BIBLIOGRAPHIE  CRITIQUE  ET  ANALYTIQUE  DE  L'ANTIQUITÉ  GRÉCO-LATINE 

PUBLIÉE    PAR   LA  SoCIÉTÉ    DE    BIBLIOGRAPHIE    CLASSIQUE 

SOUS    LA    DIRECTION    DE   J.    MaROUZEAU 

Publication  couronnée  par  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 

A  mesure  que  s'accumule  la  production  scientifique,  la  tâche  de  la  documentatioï 
devient  plus  impérieuse  et  plus  difficile  à  la  fois. 

Pour  l'antiquité  gréco-latine  en  particulier,  des  instruments  bibliographiques 
la  fois  sommaires,  systématiques  et  complets  nous  faisaient  défaut  pour  la  période 
qui  commence  approximativement  au  début  de  ce  siècle.  ! 

Afin  de  remédier  à  cette  situation,  qui  risquait  de  compromettre  l'avenir  des 
études,  la  Société  de  bibliographie  classique,  fondée  par  M.  J.  Marouzeau,  a  entrepris 
la  publication  d'une  Collection  bibliographique,  éditée  par  la  Société  des  Belles 
Lettres,  en  liaison  avec  l'Association  Guillaume  Budé,  avec  le  concours  de  la  Con-I 
fédération  des  Sociétés  scientifiques  françaises,  et  selon  les  directives  approuvées  pai 
la  Commission  de  bibliographie  de  l  Institut  international  de  coopération  intellectuel le\ 

Fondée  sur  un  dépouillement  de  plus  de  700  périodiques  en  toutes  langues,  cett^ 
Bibliographie  signale,  rangées  alphabétiquement  par  noms  d'auteurs  sous  chaque 
rubrique,  toutes  les  publications  relatives  à  l'antiquité  gréco-latine  (littératureJ 
philologie  et  linguistique,  histoire  et  transmission  des  textes,  archéologie,  épigraphiel 
numismatique,  histoire  politique,  institutions,  religions  et  mythologie,  philosophieJ 
droit,  sciences,  histoire  et  méthode  des  études  classiques)  pour  toute  la  période  quj 
va  de  la  préhistoire  à  la  fin  des  époques  byzantine  et  gallo-romaine. 

L'avantage  essentiel  de  cette  Bibliographie  est  de  fournir,  pour  les  ouvrages  auto-j 
nomes,  l'indication  des  comptes  rendus  dont  ils  ont  été  l'objet,  et,  pour  les  articles 
de  Revues,  de  brèves  analyses  conçues  de  façon  à  dispenser,  le  cas  échéant,  de 
recourir  aux  originaux. 

La  Collection  comprend  les  trois  séries  suivantes  : 

I  :  BIBLIOGRAPHIE  CLASSIQUE 

POUR  LES  ANNÉES  1896  A  1914 

Bibliographie  récapitulative  pour  la  période  qui  va  de  la  date  extrême  de  la  Biblio- 
Iheca  scriplorum  classicorum  de  Klussmann  jusqu'à  l'année  de  la  guerre  mondiale, 
période  pour  laquelle  nous  manquons  de  toute  documentation  systématique. 

Un  fort  volume  d'environ  1200  pages  [en  cours  de  préparation]. 

II  :  DIX  ANNÉES  DE  BIBLIOGRAPHIE  CLASSIQUE 

ANNÉES    1914    A    1924 

Bibliographie  récapitulative  pour  la  période  de  guerre  et  d'après-guerre,  pendant\ 

laquelle  notre  documentation  a  été  fragmentaire  ou  désorganisée. 
I"  partie  :  Auteurs  et  textes,  461  pages  in-8o,  75  francs. 
Il'  partie  :  Matières  et  Disciplines,  824  pages  in-8°,  150  francs. 

IH  :  L'ANNÉE  PHILOLOGIQUE 

ANNÉES    1924   ET   SUIVANTES 

publiée  avec  la  collaboration  de  M"»  J.  Ernst 

Tome  I  :  Bibliographie  des  années  1924-1926,  351  pages,  65  francs. 

Tome  II  et  suivants  :  Bibliographie  des  années  1927  et  suivantes,  jusqu'à  l'année^ 

courante.  Chaque  volume,  d'environ  450  pages  :  65,  puis  75  francs. 
Les  commandes  doivent  être  adressées  à  l'éditeur  : 

Société  d'édition  «  Les  Belles  Lettres  »,  95,  boulevard  Raspail,  Paris,  VI' 

N.  B.  —  Des  avantages  sont  accordés  aux  souscripteurs  de  la  Collection  entière. 


BULLETIN  DE  SOUSCRIPTION 

à  adresser  à  la 
Société  d'édition  i  Les  Belles  Lettres  »,  95,  boulevard  Raspail,  Paris  (VI*) 

Je  soussigné  :  

La  Bibliothèque  de  :  

désire  recevoir  les  volumes  suivants  de  la  Collection  de  bibliographie  classique 
1°  :  Dix  Années  de  bibliographie  classique,  1914-1924.  2  volumes. 
2°  :  L'Année  philologique,  tome 


NOGENT-LK-nOTROU,    IMPRIMERIE    DAlîPELEY-GOlIVERNEUR.    —    1938 


PA 
2293 
M3 
t,2 


Marouzenu,   Jules 

L'ordre  des  mots  dans  la 
phrase  latine 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKET 


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