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• /
CL'=^
C 'v . 3 J
L',UNIVERS.;^<,*.
HISTOIRE ET DESCRIPTION
DE TOUS LES PEUPLES.
SYRIE
ANCIENNE ET MODERNE.
PARIS
rYPO<;RAl'HIE l)K KIRMIIN HiDOT 1 UKRK*^.
RUK JAO<»H, 56,
I- a-,.; -US
SYRIE
ANCIENNE ET MODERNE,
PAR M. JEAN YANOSKI,
OmciEB ET AGREGE DE l'UNIVBRSIII^ ,
PROFRSSEUR D^UISTOIRE AU LYC^ CCAlNEILLE ,
MEMBRE DU OOHIT^ BI8T0RIQUE
insliUic pres le Minlst^re de I'lnfttnicUon pubUque, pour la pubUcatiuii
dcfl documents Inedtts relallfs h I'histoirc dr France ,
ET
PAR M. JULES DAVID,
0RIENTALI8TE.
PARIS,
FIRMIN OIDOT FRERES, ^DITEURS,
fllPRIMIWRK-LIBRAIRES DE L'iNRTITUT DE PHANCF,
HI F JACUH , 5H.
1848.
-m
v>7
L'UNIVERS.
ov
HISTOIRE ET DESCRIPTION
DE TOUS LES PEUPLES,
DE LEIIRS RELIGIONS, MOEURS, COUTUMES, etc.
HISTOIRE
DB LA
SYRIE ANCIENNE,
PAR M.JEAN TANOSKI,
PROFKSSIUR d'hISTOIRB AV COLLiOB ROTAL DS HSVIII IT (*),
ET PAR M. MAXIMILIEN VEYDT.
CHAPITRE PREMIER. nous voulons parler. S'appuyant sur de
vieiiles traditions, plasiearsont confondu
DBSCKiPTion OBOGRAPHiQUB DE LA FAssyrie etla Syrie;ilsontappel^Syrien8
STBU ARGiBNNB. tous ceux qui liabitaient le pays com-
pris entre la Babylonie et le solfe d^Is-
Sous ie nom de Syrie, nous ne com- bus, et depuis ce golfe jusqirau Pont-
prendrons , soH dans oette description , Euxin (*). Du temps de Justm, on corn*
loit dans le r^it qai va suivre, que le mettait encore la mdme confusion (**).
pays qui s*tond depuis la Cilicie et FA- Strabon restreint davantage la Syrie ;
maD08,ao nord,jusc(u'ji la Ph^nicieet mais, frapp6 de certaines similitudes
k la Jod^ , an midi ; et depuis la nter ethnologiques, il Tagrandit trop au midi.
Int^rieore, i^ Touest, jusqu'arEuphrate, Pour lui , elle s*6tend depuis la Cilicie
a Test et aux r^ions d^ertes, habitues et TAmanus jus^u'^ T^gypte. « Je la di-
par les Arabes sc^oites. Nous ne sorti- vise, dit-il, ainsi qu'il suit, en partant
rons des limites que nous venons de de la Cilicie et du mont Amanus : la
tracer que pour raeonter les destines du Comma^^ne, la S6leucide» la Coel6syrie,
Taste empire qui ^ut en partage aux la Ph6nicie, sur las c6tes, et la Jud6e,
S^leueides. dans Fint^iieur des terres C**). » Pour
Quelques anteors anciens ont singu- nous, comme nous I'avons dit, nous
limroeot recul6 les bomes du pays dont ne nous occuperons que de la Syrie pro-
prement dite, laissant h part la Judee,
ai1'!I;iI;?!!S.!S[^l^S'nS?na^^^^ r) Strabon, XII, 644; XVI. 737. WfOdote, I.
pl^lee en plaalean endroits, aartoat aa com. ??« i« ^J^^ 'x?fT*T «««<»'«^ ^uoioev
mcncemoit , |>tr des additioos oomldArablea. X<7«ieai y^ , ti^ inA *oiv(xt)<; jAcxpt BaguXw-
Tooldbla, U at ploalears parties qui soot res- viae. Q«i venati sunt in Sacris sciunt quam
itn k pen prts lellet qoit Paatear les ayait r6- late paleal terra Sar Hebrait dicta.
digfes. nous Cfterons, par exemple, toales les (**) Imperium Auyrii^ quipostea Sffri dicti
pages qnl m rapporteot k to dyoasUe des S6* ntnt, mitie trecentitannit tenuert, Justin, 1.9.
Kaddes. (Note des iditeitrt,) ("*) Strabon , XV 1 , 749.
1'^ UvraUon. (sybib ANCisiHifE.} 1
I/UNIVERS.
la Ph^nicie , la M^sopbtainie . la Babylt)-
nie , la Cilicie et les cantons nabit6s par
les Syriens blancs ou Leucosyriens. Tons
ces paysont 6t^ design^s qoelquefois,
il est vrai , par un nom commun; mais
lis ont eu des fortunes di verses, et
chacun d'eux se distingue par quelques
traits d'une vive originalite (*).
La Syrie est un pays montagneux;
mais on y rencontre aussi de belles et
vastes ulaines f*). La terre, cultiv^ avec
soin , dans les tennps anciens, par une
nombreuse population, ^tait d'une
grande fertility , et elle pr^sentait un as-
pect qu^elle n'a plus aujourd'hui. Des ci-
t^s ilorissantes s'elevaient de toutes
parts, mdme du cot^ du desert ou se
trouve Palmyre. Le voyageur moderne
Burckhardt, parcourant ia chaliie mon-
tagneuse qui s^pare la piaine d'Alep du
bassin de rOronte, rencontra les ruines
de quarante-deux villes anciennes.
Les montagnes de la Syrie se ratta-
chent, du cote du nord, au Taurus et a
TAmanus ; et au Liban du c6t^ du midi.
La plus ^levee de toutes est celle qui se
trouve sur la rive gauche de TOronte, et
que Ton appelait dans Tantiquite Cassius
(Ka9io(). Elle etait couverte,en plusieurs
endroits, d'epaisses for^ts. La province
qui Tavoisinait fut appelee, de son nom,
Cassiotis. Au nord se trouvait la mon-
tagne Pieria (i nu^ia), qui se rattachait a
I'Amanus.
L'Oronte (6 Opovrvtc), plus ancienne-
ment appele Typhon (Tu^mv) , es( le
fleuve principal de la Syrie. 11 prend sa
source dans laGoel4^syrie,non loin d'U^-
liopolis, dans la chatne de TAntiliban :
ii re^it , dans son cours , un affluent ,
le Marsyas , et il se jette daus la mer
Int^rieure. Vient ensuite le Cbalus (Xa-
Xo( ); il termine son cours dans une
sorte de lac qui se trouve entre Cbaleis
et Bero^. Les poissons de cette riviere
^taient sacres pour les Syriens. Pres de
I'Kuphrate, d'autres petites rivieres cou-
lent dans la direction du nord au sud,
oorame le Singas et le Daradax.
La Syrie, pour les anciens, se divisait
•' C*) IVoos avoDfl ^emeot , et poor la mteie
cause , retraocb^ de Dotre redt tout oe qui se
ratlache & la Palmy reoe.
{**) On Irouvera aiiieurs, dans cette collection,
k propos de la Syrie moderne, les descriptions
iles voyageurs etce qui se rapporte k Tbistolre
naturelledelaoontrSe.
eh dehx parties princi pales : la Syrie supe-
rieure {yi antti Zupia), qui comprenait les
cantons du nord jusqu'au Liban , et la
Syrie injirieure (o^ xa7« 2upi«) , com-
mun^ment appel^e Syrie creuse (i( xciXn
2«pia) ou Coefesyrie (*).
Les divisions politiques subirent de
nombreux changements Dans les tein[>s
les plus anciens, la contree renfermait
plusieurs petits royaumes. Sous la do-
mination mac^donienne, elle avait qua-
tre villes princi pales : Antioche , Seleu-
cie, Apamee et Laodicee, et peut-^tre
.autantde provinces distinctes. Plus tard,
elle fut de nouveau parfagee en dix pro-
vinces, que nous ferons connaitre dans
I'ordresuivant :
1° La Commagene (Kof&fta')pm) , au
nord , entre T Amanus , TEuphrate et le
Singas. Ce petit pays, qui eut , pendant
auelque temps , une existence ind^pen-
ante, fut reuni d^finitivement au reste
dela Syrie par Tern pereurVespasien (**).
T LaCyrrhestique(Kuppt(mxi)), au sud
dela precedente,s'etendaitjusqu'a TEu-
phrate.
S*" La Pi6rie (ntipia) aait a Touest :
elle touchait, au nord, a la Cilicie.
4° La Seleucide(Z8XtiiAi(), au sud de
la pr^cedente. Cette petite province
avoisinait la mer.
6** La Chalcidice (XxXxi^ixii) 6tait situee
^ Test de la Seleucide.
6° LaChalybonitide (XxXuScmic) , plus
k Torient encore , s'^tendait , dans le
desert, jusuu'a TEuphrate.
V La Paimyrene (noaiAupnivii), pays sa-
blonneux, diait au sud de la precedente.
S*" La Laodicene (A«c<^wir)vr.) avoisinait
la Phenicie, et se trouvait h Touest de la
Paimyrene.
9* L*Apam^ne {kjsvj^tm) 6tait situ^
au nord de la precedente.
10° LaCassiotide (R>a9(n&Tt{) s*etendait
k Touest , sur les cdtes, entre la Seleucide
et la Phenicie.
Cette division subsista jusqu*au mo-
ment ouConstantinsepara la Commagene
et la Cyrrhestique du reste de ia Syrie, et
en forma une province ^ part qui fut desi-
gnee sous le nomd' Euphrateusis ouKu-
phraUsia (***). Plus tard encore, Theo-
[::
(*) Slrabon , p. 133, 692 . 742 , 749 , 750 , 75*.
('♦) Boeciih, Corpus vtscript. grac, t. I,
p. 433.
(*♦«) Ammlcn,XlT, 8; XVIO, 4. Procope,
^^A3^"
^i
i
^
SYRIE ANCIENNE.
doseleJeonediTisa tout le pays en deux
grandes parties: Syria PrimaeiSafiaSe'
cunda. La premiere avait Antiocne poor
capiule : elle embraasait les cdtes et les
eantons du nord, Josqu'a rEuphrate.
La seeoode, qui afait poor ville princi*
pale Apam^ eomprenait tout le pays
situ^ao oiidide i'Oronte. La partie orien-
tate de la Syrie, vers rEuphrate, et pr^
do 66sen , appartenait alors aux bar-
bares , Parthes ou Arabes , eooeinis de
Tempire.
Mous aliens teom^rer les prineipales
Tillesde la Syrie, en repreoant une a une
les di verses provinces, suivant Tordre
que nous a vons pr^eedemment ^tabli.
F^Uleg de la Commagine. La plus con-
siderable de toutes ^tait Samosate, pa-
trie de Lucien. Les rois du pays y resi-
daient. Une legion romaine y tut placee
sous Tempire. Puis vient Germanicia^
palrie de Nestorius. Quelques auteurs
ont pretendu qu*Adata avait ^t^ son
premier nom (*). Nous nommerons en-
eore Jnfiochia ad Taurutn,
failles de Ui Cyrrketiique. AU premier
rang se u^^s^HUrapoiis, aussi appelee
BamJbyce ( BofiiGuKik ) et Mabog. Cetait
nne des viiles les plus florissantes de la
arrie. Elle de vait sa prosp^rite au tem-
, e fameux de la grand e deesse syrienne.
C'etait uneentre religieux ou aflluaient,
de toutes parts, les etrangers porteurs
de riches offrandes. Le christianisme
ameoa sa ruine. Quand Justinien, conime
■oQs Tapprend Proeope, voulut relever
ses murs, elle 6tait en partie inhabi-
ts ("*). A ZeugmOy sur 1 Euphrate , se
troavait on pout de bateaux. Cetteville,
eomme Thapsaque, servait a communi-
quer avec la M^opotamie. Europus (Eu-
^MKo;), aussi sur TEuphrate , se trouvait
aa sud de Zeugma. Beroea (BipoM), aussi
v^\i»Chalep (ZcXiic), est placee entre
Antioche et Uierapolis. Quelques-uns
rontconfondue, i tort , avec Chalybon
ou Chelbon. Cette ville ( auj. Alep) doit
son importance aux Seljoucidies. BatncB
( Bxtva^xux ) se trouvait entre Beroea
et Hierapolis. Aujourd'hui encore une
vallee fertile, plae^e entre Alep et Mund-
^ Bell. per$., 1, 17 ; H, 40. Malala. Chron., p.a.
— Foyez aassi Boeckloc , ad Not, imp., I , p. 3S9.
(•) }'oy. Manocrt, VI, I , p. 384.
rh Procope, de JSd. 11,9.— f^oy, Pococke, 11,
p. 3i2.
bedje, est appel^ Batn ou Bathnan (*),
Cyrrhut ( Ku^po< ) donna son nom a
toute la province ( Cyrrhestiea ).
FUiesdeta Piirie. Suria cdte se trou-
vait une ville florissante , JIf yrlojufrtif
( Mup^dcv^pec ). Cetait, suivant les tradi-
tions, uneoolonie ph^nicienne j elle s'^
levait non loin des defiles de la Cilicie et
d'Issus. Elle fut appelee plus tard au-
(xv^ptia ( on ajoutait d ce nom nar'
favov pour la dlstinguer des autres
Alexandries ), et aussi Alexandria Sea
biosa, Ce fut, suivant quelques-uns,
pres de ses murs qu'Alexandra livra
oataille k Darius (**). On trouvait en-
core, dans la Piirie, la ville de Pagroe
(naf^pxt), et non loin de eelle-ci une
place maritime appellee Bhosus ( t»«<r6c }.
F^Ules de la Sileucide. La ville prin-
cfpale ^tait Seleucia ( ZtXi6iuift ) : elle
fut fond^ par S^leucus. Cetait une
place tres-forte. Nous nommerons en-
eore Gindarus (Tn^apoc), placee a tort
par quelques-uns dans la Cyrrbestique.
rnies de la Chalcidice. Dans cette
province se trouvait, sans parler de
Chalets (XiXxiOi la capitate, la ville
d'Arra, appelee ^fnarra/ par Abulf<6da.
^iltes de la Chaiybonitide, Apres
Chalybon (XaXuC»v), la capitate, qui
donna son nom k la province , il faut
nommer Thapsacus ( e««|>ouoc ), ville
tres>ancienne. Cetait le passage le plus
fr^quent^ de tons ceux qui se trouvaient
sur rEuphrate. S6leucus , s*il faut en
eroire Pline , changea le nom de Thap-
sacus en celui d'Amphipolis. Les voya-
geurs et les g^graphes modernes ne
S*accordent pas tous sur Templacement
de cette ville (***). On trouvait aussi
dans la Chalybonitide , Barbalissus
(BAp6ixXiaao(), que Justinien fortiGa; Sura
( 2oOf,« ), detruite par Chosroes et rebdtie
par Justinien. Cette derniere ville ^tait
sjtu^esur TEuphrate. M. Forbiger, dans
un ouvrage recent , pretend que Man-
nert n*a point connu le veritable empla-
(•)Maiiiiert,VI,I,p. 400. -^ Pooocke, H,
(•*) Foy,, tar Mexandntie, les Lettret idyUunr
in Writes par les mtsslonnafres j^alles , t. II ,
p. 98 el 99 ; «d. de Paris , 1780. — Nlebohr, III .
^1 9. — Pococke, II, p. 260 el sulv . — Foy* aasM
Iter , Erdkunde . II , p. 464.
(*••) Mannerl, VI, I, p. 410, snppoae k tort
Sue Ton donna it la %lfe«le Thapsaque le nom
e Ze^iohia,
1.
LTJNIVERS.
cement de Sura H. Zenohia (Zr.vo€ia)^
fond^ par Z^nobie , dtait a trois jour-
D^es de marche de Sura, et k la m^me
distance deCircesium. Serianey qui est,
suivant Manuert, la ville appelee Chalj-
bon par Ptol6m^. Delia Valle {ep. IS },
et les voyageurs lea pluR modemes, ont
cru reconnattre ses ruines k trois fortes
iourD^ de marche sud-estd*Alep, et k
rest de Hamath , dans le d^rt. Nous
nommerons encore Salaminias et Are-
thusa ( ip<6ouoa ). Cette derniere, pla-
cee au nord-ouest de Salaminias, au
uord d'j^ese, pr^s d'£piphanie, ^tait,
au temps de Strabon, le si^ge d*une pe-
tite principaut^ arabe qui existait sous
la protection de Rome {**).
failles de la Pahnyrine. D*abord
Palmyre (noXfAu^a), appelee aussi Thad-
mor dans r£criture sainte, ensuite
Resapha ( Koo^a ) , sur TEu^hrate , au
sudde Sura (*♦*).
FUles de la Laodicene, Nous ne cite-
rons parmi les Yilles de cette province
que la capitale, Laodicea ( AaodUeta ).
P tiles detApam^ne. La capitale, Apa-
fiiea ( Xffoifiketx), plac^edans une contr^
tres-fertile, ^tait une grande et forte
ville. Suivant quelques auteurs, Antigoue
lui avait donned'abord le nom dePella.
£lie fut, sous la domination romaine,
comme nous Tavons dit plus haut, la
capitale de la Syria Secunda, Burck-
hardt (****) a cru reconnattre, h Tendroit
appel6 aujourd'hui KakaM-Medyk,
Templacement de Tancienne Apamee.
(*) A. Forbiger, Handbueh der alien Geo-
graphic^ t. II , p. 656 ; Leipzig , 1844 , ia-8*. —
^oy. Manoert , YI , 1 , p. 408.
(**) yoy, sur ses ruines : Pococke, II, p. a08,
et Ricl)ter*8 ff"alifahrien , p. 2I«.
(••*! f^oy. sur Palmvre, uootnous ne devoos
point parler dansceiU histolre, HuUnglon, dans
mPhiloaoptUcat transactions, vol. XlX, n. 217
et 218 —Seller, The Antiquities of Palmyra ;
Lond. 1606. — Dawlilns,dan8l*ouvrage inlitul^:
Rvins of Palmyra de Rol)ert Wood; Lond.
1768. — Volney, Foyage en Syrie eten£gypte.
— Richter, ff^alUahrten. p. 216. — RoseamuUer,
Handbuch der Bihl. AlteHhumskunde . I, II,
p. 277. — FlOgel, art. sur Palmyre dans VSncy-
clopedie vniverselle de Erscli et Grul>er , 3* sed.,
dixi^me vol., p. 185., etc. Nous n*avons pas bcr
soin de renvoyer ici tux prindpaux gtographes.
(****)jBurcUiardt, Travels in Syna^p, 148.—
M. Letronne, dans le Journal des Savants, oo-
tobre 1833 , dit que la position de Seidjar paratt
oonvenir ji Apamte. — Forbiger, de son o6t^
{Handbuch der alien Geographu. II, p. 648),
critiqueRurckhardt. — Koyez aussi sur ce point :
Kitter , Erdhunde , 11 , p. 449 .
Aux environs de la ville se trouvaient
de gras pflturages ou S^teucns avait pla-
c^ trois cents etalons , trente mille ju-
ments et dnq cents 61^phants. Apr^
Apamee nous devoos citer Emesa
( i/^ifsoL } , c^l^bre par son temple de
Baal {"). La ville de Berya est plac^
dans la carte de Peutinger an sud-est
d*Antioche, entre Cbalciset Bathna (**).
L'Apamene renfermait encore une ville
c^lenre : c^^tait Epiphania ( iirt^antiz ).
Elle est appelee Hamath dansPficriture.
Suivant certains auteurs , elle avait ete
fondee par les Ph^niciens. Epiphania,
qui a repris son ancien nom ( if amah ),
est encore aujourd'hui one ville conside-
rable.
niles de la Cassiotide, La capitale,
Antiochia (ivTto'xiift), fut une de& plus
frandes villes du monde. Elle fut agran-
ie ou embellie, depuis le regno de Se-
leucus Nieator, presque par tous les rois
de ladynastie desSeleucides. Elle fut
d^truite par Cbosro^s et relev^ par
Justinien. Bile conserva sa grandeur
jusque dans les derniers temps de la
domination romaine. Elle fut la patrie
d*Ammien Marcellin et de Jean Ciiry-
sostome. Antioche ^taitplacte au milieu
d'une plaine d'une admirable fertilite.
Cette plaine (to t«v Avtiox^»v «i^iov)
dtait drros6e par trois petites rivieres
qui avoisinaient TOronte, ^savoir : VJr»
ceuthus ( IpxiuOoc } , le Labotas ( Aa^o'-
Ta; ) et VCSnobaras ( ONoSapxc }. La
premiere de ces trois rivieres , d*apre8
Af alala, etait la plus considerable. Abul-
feda {Tab. syr,, p. 153) les appelle /a-
ghYa, Aswadet Eejrin (***). Dansle voi-
sinage d' Antioche, k quarante stades,
se trouvait lebourg de Daphne ( Ao^ vr, ],
dans un bois de lauriers et de cypres. lA
s'^levait un temple fameux , fond^ en
rhonneur d'Apolton et de Diane. II fut
an^anti par les flammes, en 363. Dans la
inline province se trouvait Laodicea
( jffiTf Oa>.arn;i), aujourd'hul Latakieh.
{") ConstaotlD PorphyrogeD^te ( de Adm,
imp. c. 2ft) I'appelle £ueo9a; Anamfen Ifar-
oelUn (XI Y , 8) , Emit$a, et la carte de Peatin-
aer, Uemesa, — Voy ., snr ses ruines ; Pooocke,
11, p. 206.— Ric)iter*s ff'allfahrien, p. 205, etc
{**) Mlebulir vit les ruines de cette viile,
eonnue aujourd'liui sous le nom de Berua. ill,
p. 06.
(***) Foy., sur les mines d*Antioche : Pococke,
II, p. 27&; et Richter*! fFaUJahrUn, p. 381.
SYRIE ANCIENNE
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Cu'/*4'/t//i'///'y ,/r^ U^t^^f/^f Lf4i*fA',yft^t*,/*' iA^
STRIE ANCIENNE.
C^taitaossi rone des principales villes
de la Syne.
yUles de la CcBliifprie. I9oiu devons
mentionner avant tout Damascus ( Ao^
fMiovoc ). Damas est la plus ancienne
ville du monde. On voit dans la Genese
S'elle eiistait d^ia du temps d' A bra-
in. EUe est situee dans une vall^ ar-
TOfi^ par le Chrysorrhoas ( Xpu<ro^^oa« )
00 Bardines ( hd^^ina ). Cette ville, tres*
riche et tres-nopuleuse dans Tantiquit^,
n'a nen perdu aujourd'hui de son im-
portanee. £ile fut souvent un sujet de
diseorde entre les S^eucides et les La-
gtdes. Diocl^lien y etablit une fabrique
d'annes. D*un autre cdt^, elle porte,
ebez les 6crWains ecclesiastiques, le
titrede m^tropole (*). HiliopoUs ( 6xtcu-
seXtc), aujoura*bui Baaibeck, est c^lebre
par son teniple'du soleil. Les ruines de
cette ville et de son temple font en-
ooie maintenant Tadmiration des voya-
geurs f *)• jibUa ( l6aa ) , au*il ne faut
pM coofoodre avec Abila de r Arable Pe-
tree, etait situ6e entre H^liopolis et Da-
mas: elledeviutlacapitalede la t^trarchie
d*Abilene. On trouvait encore dans la
Coel^yrie : Aphaca ( ra 'Aooxa), plac6e
i ^ale distance d'Heliopolis et cle By-
blus, surle fleuve Adonis; Occarura
et Mariamne.
-' Nous Savons, par de nombreux temoi-
gnages , que les habitants de la belle
eontr^ dont nous venons de parler,
appartenaient a la famille aram^nne.
D*aiUeurs, leurs traditions, ieurs moeurs,
Jeurs usages et leurs croyances religieu-
ses Jes rapprocbent incontestablement
des peoples, comme eux de race semi-
tique, Qui les avoisinaient a Test et au
ftiidi. S^ils different par quelques points
des Arabes, par exemple, ou des Phe-
niciens, c*est qu'ils sont places geogra-
(*) A^<>y., Bor DamoM , aaxis parler des aateuit
aooens : Schulteus , Comment, giograph,, %. v.
Damascus. -^LtsLettres edijkmles, t.l, p. 165,
976 et iuiv.; t II , p. 430 etBOiv. - Pococke, II,
p. 171. — mebuhr, lll« p. 83. — Ricfater's ff'alif.,
p, 138. — Paoiui Sammlungd. merkwurd. Rei-
ten in d. Orient, VI , p. 69.
C*) Fog.t sor Meiiopolis ou BatObeik: Schal-
tern, s. ▼. Balbtcum. — MaoDdrell, Joumeufrom
JUb to Jerusaiem, p. 136.— LaRoque,f^7yaoe
defyrie, p. I3i etsiilv. — RadzivUl, Peregrin.
lenmolym., ep. II. — Poeocke, II« p. 156. — Wood
et DawUiit ( The Auins qfBaaibee, ). — Yoloey,
Fogageen Sgrie, — Barckhardt, Travels in Sg-
ria, p. lu. — aichter's PFai\fahrUn, p. 81.
.phiooement, si nous pouvonsnous ser-
vir de oe mot , dans d^autres conditions,
lis subissent i'influencedu pays quMIs
habitent. Les Syriens, par n^cessit^,
durent se livrer aux travaux de Tagri-
culture.
lis n'eurent pas, dans les temps an-
ciens , comme navigateurs , la reputa-
tion des Ph^niciens. Cependant, toutes
les villes de la cdte,depuis Myriandre jus-
qu'au port pheniciend*Araaus, firent un
grand commerce par mer. D*aotre part,
les mardiands syriens , qui voyageaient
sur les fronti^res, par caravanes ou au-
trement , <^taient nombreux. lis domi-
naient TEupbrate; et Thapsaque, le
grand passage sur le fleuve , leur appar-
tenait. lis sembiaient plac^, en quelque
sorte, pour unir, comme Alexandrie plus
tard, la haute Asie aux paysoccidentaux.
Cetait vers leurs frontieres, depuis Tex-
tr^mite de la Commageoe jusqu^a Thad-
mor, quesedirigeaient tous les produits
naturels ou fabriqu^ de TOrient pour
arriver en £gypt^ et, par la Phenicie,
iusqu*aux parties les plus recuiees de
r£urope.
Aussi , comme Tattestent les auteurs
anciens, la Syria, soit par son agricul-
ture, soit par son commerce, atteignit^
des les temps les plus recul^s , ^ un naut
degr^ de prosp^rile.
CHAPITRE II.
BSLIGION DB6 SYRIBNS.
Rien ne prouve mieux la parente des
Syriens avec les peuples qui les avoisi-
naient que leurs croyances et leurs c^r^-
monies religieuses. Le savant Creuzer,
dans un morceau que nous citerons ici ,
parce auMI se rattache directement a no-
tre sujet, a parfaitement etabli les rap-
ports qui existent entre la religion dela
vieille Syrie et celles de presque toutes
les eontr^esasiatiques. II ait : « Isischer-
che dan.sByblos son epoux au'elle a perdu.
La d^esse nous met elle-meme sur la voie
des rapports certains qui existent entre
les religions de l'£gypte et celles de la
Ph6nicie et dela S:^rie. £n effet , les Ph^-
niciens et les Syriens revendiquaient le
dieu de Fl^ypte; toQs les ans, k la fgte
d* Adonis, une t^te myst^rieuse 6tait,
dit-on , port^ par mer du rivage ^ypr
LUNIVTERS.
tiensurlac^tedeBybloa. Les monDaies*
de cette ville ph^nicienne montrent en^
core la figure d'lsis ; et les cuites et le$
divinity , et les id^s et les images , tout
cela , au foild , ^tait identique ehez les
£gyptiens et chez les nations de TAsie
moyenne et ant^ieiire. Vovons done en
3uoi consiste oette identite ; tdchons de
^velopper les conceptions fondamenta-
les qui, etant eommunesaux religions de
tous ces peuples , les ont eonduits a rap-
Erocber et m6me a confondre ensem-
le ieurs dieux. D'abord , nous remar-
quons eng^n6ral, dans les cuites de PA-
sie occidentale, les deux sexes a cdte
Tun de Tautre , un principe aetif et un
principe passif , un dieu-soleil , roi des
cieux, qui a le pouvoir f^ondant; une
d^esse-lune, qui con^it de hii, et qui
parfois seconrond avec la terref^condee.
En second lieu, dans ces religions, une
seule et m^me divinite reunitsouvent les
deux sexes; tantdt c*est un hoinme-
femme, et tant6t une femme-homme ,
selon que Tun ou Tautre sexe domine.
Quelquefois enOn , Tune des deux per-
sonnes divinesrdisparaft tout k fait dans
le culte populaire; sou vent, par exem-
{)1e, c'est le principe femeile qui fait
'objetexclusif des adorations, mais non
sans des rapports plus ou moins evidents
avec un principe mk\e. Si maintenant
nous cherchons comment ces notions et
ces combinaisons diversea peuvent se
rattacher aux grandes divinites de
r£gypte,le9 noms r^clament avant tout
notre attention : Bel ou Baal , Belsa-
meu, Moloch, Adon, Baaltis, Astarte
ou Astaroth, Mylitta, Aiitta,Silith, Ma,
Ammas, Mitra I tels sont les principaux.
Or, ^ue nous representent ces noms ?
trois idee^ fondamentates : rid^.e de Tern*
pire et de la domination ; Tid^e de la nuit
et celle de la lune, qu^elle emporta
avecelle; Pid^ de |a maternity. Toute$
se retrouvent e^alement dans les nom^
des dieux de I'Egypte, principalement
dans ceux d*Athor et d*Isis ; dans le sur*.
Dom de cette derni^re, Moyth, ou la mere
par excellence, la mere du monde,
Gomme s*appelait encore la lune chez les
^gyptlens , ^elon Plutarque ; enfin , dans
rOsiris , }lau\s le Serapis, seigneur et roi ,
dans rjsisr^ioe elmaitresse: attribu-
tions si generales, qu'il n*est presque
pas un culte, pas une religion qui ne\es
ait consacrto*. Quant aux corobinaisons
de ces id^es, Isis, le principe femeile,
apparattd*abord comma la grande deesse
de r£gypte, pendant qu'Osiris, bienfai-
teur des numains , aceomplit sur la terre
les travaux, les souffranoes et ia mort,
qui doivent lui m^riter I'honneur de par-
tager avec sa divine Spouse les bomma-
ges des peuples. Voila done un dualisrne
qui se forme pen a peu , mais od le prin-
eipe femeile est longtemps dominant. Un
dualisrne d'un autre genre se remarque
dans les.fdtes religieuses de Tfigypte,
aussi bien que dans oelles de rAsie
moyenne et ant^ieure. La ftSte de Thaift-
muz dans la Syrie et dans la Ph^nicie;
oelle de Cyb^ledans la Phrygie, divjsees
en deux parties distinctes , avaient Ieurs
jours de deuil oh Ton pleurait un dieu
perdu, et lenrs joure ^'all^gresse oik
Ton se r^jouissait de I'avoir retrouvt^; de
m^me en £gvpte, la f§te d^Osiris pr^seo-
tait ce double caractere, les lannes et la
joie; un dieu perdu et retrouv^; mais oe
o'est pas tout; la religion des EgypUens
eonnaissait encore ce singulier accident
dont nous avons parl^ , les forces actives
reunies aux forces passives dans un <tre
unique mdle et femeile a la fois. Isis, ou
la lune, se montre sous deux aspects
divers , passive vis-^-vis du taureau g^
n^rateur, du soleil fecondant ; active vis-
^•vis de la terre qu*elle feoonde k son
tour, en lui communjquant les germei
producteurs qu*elle a recus, Le rappro-
chement des deux sexes engendra par-
tout, comma nous le verrons , un triple
ordre de symholes. Faisait-oii ressortir
Tidee de la puissance virile, alors uo
dieu mdle pr&idait i U nature; dans I9
cas contraire, une deesse figurait comma
la mere universeile des etres. Imagi-
nait-on de rassembler les deux propriety
dans une divinity unique, on la reprd-
sentait sous la forme et avec les attri-
buts d*un androgyne. Les hermaphrodi-
tes ne sont pas moins frequents dans les
religions de TAsie ocddentale que dans
celles dont nous avons dej^ traite; seu-
lement, nous devons ajouter que cette
figure bizarre , qui , dans les systemes
th6olo^iques de la haute Asie^ renferme
des idees sublimes, par exemple, celle
de la toute-puissanoe divine , se sufDsant
k elle-m^me, n'a pas, a beaucoup pres,
dans les cuites populaires dont il s*agit
• •• •
• • • •
SYRIE AMGIENNE.
id, an sens auesi rdev^ ; elie eiprime
simpleiDent TunioQ toute physiaue de*
d&dx puissances qui ooncoureut a la gen^-
ratioodes^tres. Les religions de la haute
et de la moyenne Asie se frayerent de
bonne heure un passage dans les contrees
les plus ocddentales de cette partie du
moode. L' Asie ant^rieure , ea y com-
picoant la Syrie, la Ph^nicie et la Ju-
dee, etait coaime la grande route par
ou circulaientcontiDuellement, et les ea-
lavanes et les armees des nations puis-
santes de rinterieur. Les Assyriens, les
premiers, fireot de ces contrees le but de
leurs exp^itions guerrieres ; des peuples
entiers furent transplantes par eux au
dela de FEuphrate et du Tigre. L'einpire
ayaotpas^e dans d'autres mains, Ton
vit les Babyloniens, les Medes et les
Perses se succeder tour a tour sur le
trone de VAsie; tous ces vainqueurs ea-
voyerent des colonies dans les pays (|u'ils
venaient deeonquerir, etavec elless*y ua-
turalisereatdes coutumes et des croyan-
ees ou assyriennes ou mediques , comine
on ies oommait dans Tantiquit^. Vint
eosuite la grande domination des Perses.
Les satiapes, suivis d^arm^es nombreu-
ses, ailment tenir leurs cours dans TA-
sie Mineure. Mais T Europe parait sur
la scene; et rA8ie,bouleversee par des
oonquerants nouveaux, vittour a tour les
longues dynasties des rois grecs seper-
petuer dans son seih; et, quand ellea
furent tombees, les armees romainea
^tablir leurs quartiers en Asie Mineure,
en Syrie, et dans les oontr^es voisinea.
Ajoutes les relations si anciennes et si
djverses que le commerce avait form^es
entre toutes les parties de T Asie , et tou-
tes les influences qui devaient en r^ulter
snr les moeurs et les idees des peuples.
lei m^me, dans TAsie ant^rieure,etaient
le grand mardie des esclaves et Tentre-
pdt g^n^ral des roarchandises de TAssy-
he, de la Babylenie, de Tlnde; les Ph6-
nidens en furent les foadateurs. De 1^
eette multiplicity et ce melange des lan<
gues que SUabon remarque en Asie
Mineure, au commencement de son
douziemelivre. De la aussi ceUe multi*
plicit^ de eultes et de religions , dont le
melange forme un tissu singulierement
divers. Toutefois , dans ce tissu merveil-
leux. Ton peut saisir eomme une chatne
jnysterieuse qui en unit les ills nom-
breux , et qui rattacbe k la fois aux re-
ligions du fond de TOrient, et les eultes
populaires et les systemes religieux des
contrees plus rapproch^ de nous (*). »
C'est ainsi que Creuzer a signale d'une
maniere generale les rapports qui exis-
tent entre les eultes et les religions, en
appareuce tres<divers« quisesont succe-
de dans la plus grande partie de TAsie
connuedes anciens. Mous aliens inainte-
nant parler $pecialement de la religion
des Syriens. .
La cosmogonie et la th6ogonie des
Syriens sont, a coup sAr, moinsconnues
que celles des Pl)6nicicns et des ChaU
deens.:Nulrenseignementbien precis ne
nous a ete transmis sur la religion et le
culte oui ont domine dans le pays situ6
eutre rAmanus, TEuphrate, le Liban et
la mer Interieure. Toutefois, quelques
savants modernes, parmi lesquels nous
citerons Selden , Hyde , Uager, Gcerres,
Creuzer et Guigniaut, sont parvenus,
a Paide de rapprochements ingenieux et
d'analogies , et surtout par une habile
critique des textes anciens , a donner
sur ce point important quHques notions
qui , dans ce livre , paraltront peut-toe
sufOsantes.
Le mot fiaoi chez les Syriens , comma
Bel chez les Chaldeens , Adon chez les
Pheniciens, semble avoir indique I'idee
du principe de toute chose, de la cause
premiere. Baal etait le gouverain Sei"
gneur ou Dieu. Ce mot s'appliquait quel*
quefois particuli^rement a Tobjet qui,
chez les esprits grossiers, personniDait
ridee de Dieu; au Soleil, par exemple,
a Jupiter ou a quelque autre planete.
Creuzer a remarqu^ que le nom de Baal
fut , dans I'antiquite , d'un usage aussi
r^pandu que va^ue par lul-mSnie. II re-
presentait tour a tour, chez les peuples
orientaux, habitu^, si nous pouvons
nous exprimer ainsi , a ce dualisme , un
£tre mdleet feraelle. Ajoutonscependant
que les Syriens paraissent avoir ador6
une d^esse, la Lune( principe passif, par
opposition auSoleil, principe aetif), sous
(*) Religions de FAntiquiiiy oQvrase de
Creuzer, traduit. refooda, compl^U eta^ve-
lopp^ par M. Gafeniaut ; t. II , premiere partie,
p. I et saiv. — Foy. aussi aur oe sujet : Hii^
toire utuvenelle , par uoe soci^t^ de geoa de
lettres, traduUe de Panglais; t. II, p. ai et
8uiv.; Amsterdam, 1770. — MunlL, Palestine
(d^DS la collectioQ de VUnivers)^ p. 89 et sulv.
$
L'UNIVERS.
3;
le nom compose de Baal-Cad ou Bei"
Gadn-
Les rapports frequents que la Sjrie
proprement dite eut avec les r^ions
qui ravoisiaaient durent D^oessairement
exercer une grande influence sur sa re-
figion et sur son culte. Les points de
rapprochement entre la religion des
Syriens et celle des Ph^niciens sont
nombreux. Nul doute que, sur les cdtes,
depuis le Kersas jusqu'a la ville d'Ara-
dus, et depuis la mer lnt6rieure jusqu'^
r£ujphrate , on n'ait ador6 , comme dans
la Pb^icie ou la M^opotamie, sous des
noms plus ou moins alter^s, Astart^, Mo-
loch ou M^lech, Melkarth, I^ibchas,
Tharthak, etc. La Syrie toutefois eut ses
divinit^s sp6ciaies. La plus cdebre de
toutes est la grande d^esse de Syrie,
[u! ne diffi^re pas autant qu*on Ta cru
le TAstart^ des Ph6niciens. £lle avait
son temple principal a Mabog , ou Bam-
byce , plus tard Hierapolis. Nous em-
prunterons encore , a propos de cette
deess , un fragment au savant Creuzer.
« Strabon la nomme Aiargatis, dit-
il, et Ct^ias Derceto; le g^ographe
ajoute que son vrai nom ^tait Athara , ce
^ue savait d^ja le vieux Xantfaus de
.ydie. Derceto n*etant visiblement
qu'uue corruption d'Atargatis ou Ater-
gatis, il est plus que probable que les
trois noms d&ienent une seuleet m^me
divinite. Gependant Lucien, ou Tauteur,
quel qu'il soit, qui nous a laisse I'intd-
ressant traite sur la deesse de Syrie, dis-
tingue express6ment cette d^se r^v^-
r^e a Hi6rapolis , dela ph^cienne Der-
ceto , se fondant sur ce que celle-ci ^tait
represent^ avec les extremit^s inf^rieu-
resd*un poisson,etrautre, au contraire,
sous la figure entiered'une femme. Nous
Savons, en efifet, par divers temoignages,
que Derceto ^tait adoree demi-femme
et demi-poisson, a Jopp6, en Ph^nicie,
k Ascalon . h Azotus , chez les Philis-
tins , et ailieurs. D*un autre c6t6 , maint
vestiee , mainte allusion au poisson et
a sa forme, conserve dans de tres-an-
(*) Le mot Baaltis, BeltU, ou p]at6t Baa^
loth , est aassi , oomme on Ta remarqu^ , le fd-
miDlD de BeuU, 11 signifle reine ou maUrease,
Baaltii £tait un prf ncipe femeUe qui r^idait soft
dans la I une, sott dans la planete de V^nus.
Cette d6esse des nations syriennes avait une
gnnde analogie avec la Mylitta des Babylo-
niens, VAlHta ou Alilat des Arabes et la Mi-
tra des Penes.
dens auteurs, identifient les mythes
d*Atergatis et de Derceto, aussi biea
que leurs noms. Dans ces noms m^mes
est renferm^ I'id^ de poisson, de
grand, d'excellent poisson. Comment
r^oudre maintenant la oontradictioii
qui existe, au suiet de la d^se de Syrie,
entre Lucien , temoin oculaire , et des
toivains d'une date plus recul^ , d*une
autorit^ non moins forte que la sienne?
Cela ne se pent guere qu*en distinguaal
les 6poques. II est k croireque^a deesse
de Syrie appartient d'abord aux ddesses-
poissons. Une foule de circonstances
tendent k le prouver; d*abord la sc^e
0(1 nous conduit sa l^ende , puis d'an-
ciens usages, ^ui subsistaient encore, au
temps de Lucien, dans le temple d'Hi4-
rapolis, tels que celui de porter de I'eaa
dans un goufire sacr<S ; celui de nourrir,
au voisinage du temple, des poissons
sacr^s ^galement; la d^ense de man-
ger du poisson faite aux adorateurs de
la d^se, etc. Ce fut la premiere p6-
riode du culte d*Hi^rapolis. Dans la
seconde p^riode, la forme de poisson,
donnee longtempsa Tidoledu temple,
tomba en d^uetude ; et la deesse com-
mence d^ lors k se rapprocher de beau-
coup d'autres. Plus tard, les formes se
moaifi^rent encore : Tidole devint une
especedePanth^,oik les symboles et les
attributs les plus divers se donnerent
rendez-vous. Aussi Lucien, qui Tap-
pelle , oomme on sait> Here ou Junon,
ne peut-il s*emp^er de reconnaltre
qu*elle a des traits de Minerve et de VS-
nus , de la Lune et de Rh^ , de Diane ,
de N^m^siQ et des Parques. Dans Tune
de ses mains elle tient un sceptre , dans
I'autreunequenouille; sur la t^e elle
Sorte une tour, et elle est environn^
e rayons; elle est encore par^ de la
ceinture , ornement distinctif de Ydnus-
Uranie. Mais alors m^me que la d^se
eut revdtu cette derni^re forme, et que
Stratonice lui ellt bdtl un temple nou-
veau, les souvenirs de la forme primitive
et des vieilles croyances qui 8^ atta-
chaient, subsist^rentavee lamdmoire de
Tancien temple. Le culte de la divinity
syrienne avait de nombreux et frap-
pants rapporu avec celui de la Cybele
de Phrygie. Aussi Lucien nousapprend-
il qu*une opinion repandue de son temps
identifiait les deux dresses; et cette opi-
SYRIE ANCIENNE.
nioa parAH mtoie avoir trouve aocte
dans Fart, poiaque Ton a dea in6dail«
lea d'Hierapolia, aur leaquellea eat re*
prtenUe la d^eaae de Syria, assise sor
un tt6nt entre deux lions. Les inscrip-
tiona ttooignent ^alement de cette
identity En effet, a Hitopolis , comma
eo Phrygie, existaient oes eunuques
saer^ etde saer^s orgies, ou leadeYots,
formaiit des danaes sauvages, au bruit
da tambour et au son des fldtes, se
flagdlaient mutuellement jusqu'a faire
eoolor leur sang, et m^me, dans le
transport fir^n^ique de la ffite, sous les
yeax dn peuple assemble , portaient la
main sur leur propre corps , et se pri-
▼aient de la virility. lA aussi des femmes
lanatiques, se passionnant pour ces eu-
nuques Tolontaires qui leur rendaient
un Ddkiant amour, avaient avec eux un
moostrueux commerce. U aussi le ool-
\€ffi ^ prftres ^tait extrdmement nom-
breux; carFauteur du traite d^j^ cit6
en eompta plus de trois cents occupy
a un sacrifice. Us avaient des v^tements
bJancs et des chapeaux. Le coll6jge ^tait
pr^ide par un grand prltre, qui restait
pendant un an en possession de cette
dignity, dont les marques ext^rieures
elaient la tiare et une robe de pour>
pre. Le eonoours des Strangers qui ve-
naient en foule de la Ph^nicie, de TA-
rabie, de la Babylonia, de TAss^rie et
de TAsie Hineure, faire leurs oSrandes
a la d^esse , grossissait n^cessairement
le tresor du temple, non moins riche que
cclui de Cybele. Beaucoup d^autres ins-
tittttious communes , parmi lesquelles
iJ ftut remarquer la v^n^ration pour lea
pojasona et Tabstinence de leur chair,
tradaient k rapprocber les deux divini-
ty, soit entre elles, soit de plusieurs
autres ; et nous savons que ce dernier
usage se liait particulidrement au culte
d'Astarte. Cette adoration des poissons,
et cette dtfensede s'en nourrir, sont un
des traits les plus caracteristiques des
religions de la Syria tout entiere. Tou-
tefois , il eat a croire que ce commande-
ment si general souftrait de cerlaines
restriclions, que lesprdtres seuls ^taient
tenus dVbserver dans toute sa rigueur
le precepte d'abstinence ; tandis que le
peuple avait aeulement pour sacres et
uviolablea les poisaons nourris dans les
^tao^ des temples. L*exemple des Egyp-
tians eat une assez forte preuve en far-
veur de Cette opinion, quoiqu'ils pa-
raissent avoir attach^ au poisson des
idto diff(6rentes de celles des Syriens.
Ceux-cl tenaient^galement pour aacrees
les colombes , les adorant et se gardant
de leur faire du mal (*). »
Cette v6n6ration pour les colombes
remonte , en Orient , suivant la remar-
que de Sainte-Croix, de Sacy, deRosen-
miiller, aux epoquea les plus recul^s, et ,
malgr^ Tislamisme , elle s'est perp6tu^
jusqu'^ nos jours. Elle est commune
a tons les peuples de race stoitique.
Quel ^tait le culte que les Syriens
rendaient k leurs dieux? Le passage
que nous avons emprunt^ a Creuzer,
sur la grande ddesse , k defaut de ren«
seignements plus pr6cis, pent nous le
faire connattre. C'etaient des sacrifices ,
oQ coulait souvent le sang bumain;
puis des ffites empreintes tout a la foia
d*une profonde tristesse et d*une joie
fren^tiaue. Des pratiques lugubres , des
danses lascives, la plus violente expres-
sion de ce qui s'allie avec une singu-
li^re vivacite , dans Tesprit des Orien-
taux, la douleur et la luxure, voila ce
qui dut caract^riser le culte dea Syrians.
lit m£me ou n*avaient point pen^tre ,
dans toute leur purete , les traditions
sacrees dela Ph^ieie, les f(§tes syrien-
nes ressembl^rent aux Jdonies. Nous
n'avons pas besoin 4b dire, apres le
passage que nous avons cit6y que la
m^me analogic se manifeste dans la
culte rendu ^ Cvb^leeta Attis,^ Anaitis,
k Mj^litta et k Mitra, en Phrygie, en Ar-
m^nie,dans la Babylonia et dans la Perse.
Suivant certains critiques, les Syriens
auraient aussi plac6 au rang des dieux ,
en souvenir de glorieuses victoires ou
de bienfaits re^us, plusieurs de leurs
anciens rois. C'est amsi quMis auraient
adore Hadad et Hazael.
Les croyances , les traditions et lea
pratiques religieuses de la Syria, comme
celles de tousles autres pays de TOrient
en general , se conserverent intactes ,
jusqu*au moment ou parut Alexandre.
Le conquerant macedonien, en impor-
tant , en tous iieux , k la suite de son
arm^, les ideea et la civilisation greo-
(*) Religion* de rAntiqitiU, t H, prenl^
partle, p. 26 et suiv.
to
LUWIVERS.
ques, n'aDeaptiifiasantierement, il e$t
vrai, les vieilles religioos asiatiques, mats
ii leur lit aqbir una profonde altecatH>o.
CHAPITRE n\.
HISTOIBB DE LH SYB1B DBPUIS LBS
TEMPS LES PLUS BECULES JUSQU'A
LA CONQUETE MACEDONIBRNE.
FOBMATIOlf DBS BOYAOMBS SYBIEN «.
— Les Syrians , connus dans rfxriture
sous le nom generique d'Arameens, se
partageafent d'abord en tribus indepen*-
dantes. Ghaque peu pladeavait son dief ou
roi , appel6 Metech dans la langue du
pays. Le temps altera cette constitutioa
primitive. Par des ehangements plus ou
moins rapides, dont Fhlstoire n*a pais
rendu compte , quelques tribus s*eleve-
rent, quelques autres d^churent; les
plus favorisees r^unirent sous une domi-
nation eommune des voisins moins heu*
reux ; et, sans modiQer Tancienne consti-
tution patriarcale, impos^rent aax chefs
particuliers leur suzeraioet^ nouvelle.
Ainsi se formerent les £tat8 de Sobd,
(Zobah, Tsobd), d*Hamatbou flemath,
d'Arpad, de Maacha, de Gueschour
ouGessur, de Beth-Rehob, de Dames-
chek (Damas).
L*histoire de ces petits royaumesreste
eouverte iusqu*au'onzieme siecle (avant
J. C.) de la plus complete obscurite. Le
silence de TEorit^re , qui ne les nomme
pas avant le r^gne de Saiil (Schaoul),
prouve seulement qu*Arame ne s*associa
point d'abord k la ligue de la race de
Cham contre le peu pie de Dieu. Les
victoiresdu premier roi d'Israel lestir^-
rent entin de cette dangereuse indiffi6-
rence. Jusque-la , battues et assujetties
par les P61ichtimes (Philistins), les douze
tribus s*6taient relev^es : dej^ elles re-
poussaient les vainqueurs au del^ de
leurs limites. Schaoul allait ramener les
temps de Josud. C'est alors que nous
▼oyons les rois de Sobd Ogurer pour la
premiere fois dans le livre de Samuel.
Schaoul obtint la royaut^ sur Israel ;
et il combattit tous ses ennemis a Ten-
tour : Moab, les fits d' Amm6ne, Edome,
les rois deSob§, et les Pelichtimes, et
partout ou il se tournait, il r6pandait la
terreur (*).
(*) Schemouel , liv. I, XIV, 47.
Les rois de Sobt devaient gouverner
dans une sortt d^union federative la
partie de la S^rie voisine du Liban , qui
ftait borp^e a Test, par rEuphrate;au
sud-ouest , par le pays de Chauaan et par
Danoesehek. Au nombre de ces rois,
00 place Reohob, p^re de Uadadezec.
BBGNS DE 0ADAOEZEB. — Uadade^ar
paraitau temps de David* vers 1 050 avant
J. G. C). H^ritier des projets de soq pere
contre les liebreux» mais instruit par
inexperience d'ua premier revers, ce
prince, avant d'attaquer le suocesseur de
Schaoul, concentra dans sa main toutes
les forces du pavs 4e Sob4. II assujettit
les cbefs de tribu, et regna seul avec
uneautoritequi, divis^, se fdtaffaiblle.
Bientot , recberchant le principe de la
grandeur dans Tunite, il rallie tous les
peuples syriens contre Fennemi com-
roun, et se place, comme chef national,
a la t^te d*une vaste confederation. Mm
en poursuivant oette grande idee, il ne
sut pas tenir assez compte des int^-
r^ts particuliers. Deja TalmaT , lils d' A-
mihoud, roi de Gueschour, avait donn^
k David sa Glle Maacha, et montre
Texemple de Talliance avec retranger.
A son tour, Tobi, roi de Hamath, se jette
par l^aine d'un rival dans le parti d'ls-
rael, et combat les envahissements du roi
de Sobd. Hadadezer ne sVffraye point
de cette oppositioh partielle; sdr deTap-
pui des Syriens de Damas , il s*avanoe
avec conOance contre David , vainqueur
des Moabites. Mais il ne trouya dans
cette expedition que honte et revers :
David lui enleva 1 ,700 cavaliers et 20,000
hommes de pied ; David ooupa les jar-
rets a tous les attelages, et n'en r^sarva
que cent (**). La Chronique parle de
1,000 cbdrriots, 7,000 cavaliers, el
20,000 hommes de pied {***)- Quel aue
Boit le chiffre qu*on adopte ^ I'etenaue
de ce desastre compromettait a la fois
etaum£medegr6,peut-^tre, la puissance
(*) Tie Dom de oe prince revieni plusiears
((As dans le livre de Scbemouel et dans les
Chroniquen &ous line forme dirf(6rente : Uada-
Tfzer et Hadadezer, par exempie; Chr., I, eh.
XYIII,v.8;etSamael,nv 1I,X, 10. Mate Hada-
dezer e&t la veritable ortbograpbe: hadad tml-
ra!t 6tre le Hire commun de tous les rots tfA-
rame- Ben> Hadad I*S Ben- Hadad II, etc.; de
iD^me Parau, PhaniOt c|i«t9 les £sypti<)ns» Ai)-
iur cbez les Arabes.
[♦♦)Sara., Ilv. 11, VIII, 4.
(••*) Ckrouiques, liv. I, VIII, 4.
SYRIE AWCEENNE.
11
nouvene du roi de Sob^ et rind^pen-
dance d^Arame. Les babitaDts de Da-
roeschek comprirent le danger; ils arri-
Terent au secours de leur allie; mais
cette fois encore David triompha de
la ligue syrienne et battit 22,000 bom-
mes d^Aranie (*).
Ce coup 6tait d^isif. Hadadezer, aban*
donne par une partie de ses serviteurs, se
soumit (**). Dameschek re^ut des pos-
ies militaires , et ceux d'Araine devinrent
suieU et tributaires de David {***). Les
▼ainqueurs rapport erent a Jerusalem un
riche butin , les boucliers d'or, les car-
quois d'or pris sur les serviteurs de Ha-
dadezer,et Fairain enlevedans les villes
de Betah el de Berotha! (****) , de Tibath
et de Coune (♦****).
Ainsi, le sort avail confondu les vas-
les projets du dominateur d'Arame, et
donne gain de cause aux adversairesdesa
puissance. Tohi , roi de Hamath, en voya
son 61s Jorame k Jerusalem pour felici-
ter Dawid de la defaite de leur commua
ennefDi, et lui offrir en present des vases
d*argent,de8 vases d'or etdes vases d'ai-
rain (******). Le vaincu , cependant , n'e-
tait pas dompl6; il oe renoncait pas k sa
difDcile entreprise , et se preparait pour
one nonveHe tentative.
David r^gnaiten palx sur Israel; vain-
queurde Moab, d*Amm6ne, d*Arame,
des Pelichtimes et d'AmaIek , 11 ^tendajt
sur tous ses voisins une puissanee soli-
dement affermie.
Cest alors que le roi des enfants
d'Ammone mourut; et Hanoune, son
fiis, rcgna en saplace (•******).
« David dit : « Je veux a^ir avec bont^
envers Hanoune, Gls de Nahasch, comme
son pcre a agi avec bonte envers moi ; » et
David en voya ses serviteurs pour le con-
soler de la mort de son p^re. Les ser-
viteurs de David arrivcrent au pays des
enfants d'Amm6ne.
' « I^s princes des fils d'Ammdne di-
TentaHanoune,leurmaUre: ttEsl-ceque
David veut honorer ton p6re a tes yeux,
qu*il t'a envoys des consolateurs? N'est-
(•) Sam. ibid,, 5. - Chr. , ibid. . J^ . , ^
(**} R^zoM, fils d*EliQda, vas'ttablfr^ Da-
Mocbek comme ch^f de bande. Mois, 1. 1, XI, SS.
r*) Sam., Uv. II, VIII, S.
(— *i Sam. , t6/dr. , 8.
(••••*) Chrvniques. liv. I, XVllI , 8.
(••••••) Sam., ibid., 10.
(*♦•*♦••) Sam., liv- II , X, I.
ce pas plutdt pour explorer la ville, pour
I'^pier, afin de la d^truire , que David a
envoy^ ses serviteurs vers toi ? »
« Hanoune prit les serviteurs de
David, leur fit raseria moitie de la barbe,
couper la moiti^ de leurs habits jus*
qu'aux hanches, et les renvoya.
« Ils le firent savoir a David; et tl
en voya au devant d*eux ; car ces hommes
^taieiit tr^confus; leroi dit : « Demeu-
rez k Jer^ho (Jericho) , jusqu*a ce que
voire barbe ait repouss^, et puis vous re-
viendrez. »
Les fils d*Amm6oe, voyant qu*ils s*^-
taient mis en peril , chercherent des de-
tours contre la vengeance des Hebreux.
lis prirent a leur solde de Bethrehob
et de Sobd 20,000 hommes de pied;
du roi de Maacha, 1,000 hommes, et
des hommes de Tob (Istob), 12,000 {*).
Ainsi, le parti forme, dans Arame, par
Hadadezer se relevait de sa chute, pour
reconimencer, au compte etavec Tappui
des Ammonites, la lutte de la race de
Cham contre les envahissementsd'Israel.
David Tayant appris, envoya Joab et
toute son armee(**).
« Les enfants d'Ammdne sortirent el
se rang^reot en bataille k Tentree de la
porte. Arame Sobd , Rehob el lea hom-
mes de Tob et de Maacha ^talent k part
dans la campagne (***).
« Joab, ayant vu que rarm6e ^tail
tournee contre lui, devanl et derriere,
choisit parmi tous les hommes d*^lite
d'lsrael, et les rangea contre Arame;
« £t remit le reste du peuple, qu*il
rangea contre les enfants d^Aminone,
dans la maind'Abischai, son frere.
« II dit : « Si Arame est plus fort que
mot, tu viendras a mon secours; si les
enfants d*Ainmdne soot plus forts que
toi , hrai te secourir.
« Sois fort; et agissons avec force
pour notre peuple , et pour les villes de
noire Dieu, et que r£ternel fasse ce qui
sera bon k ses yeux. »
« Joab et le peuple qui ^tait avec
lui s'approcherent pour le combat con-
tre Arame, qui s'enfuit devanl lui.
« Les enfants d'Ammone, vojant
qu' Arame avait pris la fuite^ prirent
(*) Sam., ibid. , 6. - Chr,, liv. J., XIX, 6.
(**) Sam., ibid, , 7.
(***) Cump&i en face de Medaba, au midi de
Rabbath-Ammou) Chr., liv. I, XIX, 7.
13
L'U RIVERS.
aussi lafuite devaot Abischai (*). » Ainsi
les Syriens h pea pres seuisont soutena
le chocdes H^breux.Vaincus, Ieurd6-
faite est pour Araine un echec national.
Ce n'est done plus d^ormais au compte
d'un alli^, e'est en leur nom, e'est pour
leur ind6pendance menac6e quMls doi-
vent combattre. Hadad^zer se met a la
t^tedu mouvement, pour assurer le
triomphe de ses projets; il se sert du
danger commun, et , ralliant toutes les
tribus des deuxbords de TEuphrate,
fonde 9 au profit de son ambition , I'unit^
momentaneedes peoples d'Arame.
« Les enfants d*Arame, se voyant
battus devant Israel, s*unirent ensemble.
« Hadadezer envoya (**) et /it $or-
tir ceux d*Arame qui itaientau deid du
fleuve; ceux-ci vinrent h H^lame. Scho-
bab , chef de Tarmee d'Hadadezer , etait
devant eux. »
Gette fois Fattaque ^tait menacante
pour Israel. David asserabia tout son peu-
pie et passa le Jardene (Jourdain). Les
Syriens rang^rent en bataille leurs cha-
riots et leur cavalerie; mais TEternel
donna la victoire k David. Schobah perit
dans la m^l^e : 700 chariots, 40,000
cavaliers, suivant Samuel (***), 7,000
cfi^riots, 40,000 hommes de pied,
suivant les Chroniques (*•**), couvrireot
la plaine de Helame.
« Tons les rois, serviteurs d'Hada-
d6zer, ayant vu qu'ils ,avaient 6te battus
devant Israel, (irent la paix avec Israel,
dont ils devinrent les sujets, et Arame
craignit de secourir encore une fois les
enfants d*Amm6ne (*****). »
Ici se termine Tliistoire et probabie-
ment la vied*Uadadezer. R ien ne resta de
l^oeuvre de ce grand chef, pas m^me le
royaume que son ambition avait^lev^li
une importance peu durable.
Ilavait r^ve Tind^pendance d'Arame,
fondee sur i'unite. Arame perd k la fois
Tunite et Tind^pendance. Ses peuples, a
peine rapproches par les liens de leur r6-
cente confederation, se morcellent pour
s'affaiblir sous la domination d*Israel.
Tout le pays en de^a de TEupbrate jus*
qu'a Tiphsah (******) (Thapsaque), recon-
(*) Sam., Uv. H , X.
Misit nuntiofl. CAr., Uv. I, XlX, 16.
•*•) Liv. 1 . X » 18.
*) Uv. t, XlX, IS.
nut la loi de Schelomo. Seul, un senri teur
d'fladad^zer, R^ne, fils d'£liada, con-
tinue la tutte contre les vainqueurs. Re-
zone avait d^rte le camp du roi de
Sobd pour se faire<ihef de bande, et s'^ta-
blir^Dameschek. De cette place, comme
Faigle de son aire , dit la Bible , il do-
mina la Syrie et les frontieres de la Judee.
« 11 fut un adversaire d'fsrael pen-
dant tout le temps de Schelomo (Salo-
mon); il eut de la repugnance pour Is-
rael , et r^gna sur Arame (*}. »
A Rezone succ^da H^sione. Ce chef,
qui, sans doute, avait commence par ser-
vir dans la bande de Rezone, n*a laiss<§
dans rhistoire aucun souvenir. Quelques
critiques m6me (**j ont nie son existence.
Ils ont pris Hesione et Rezone pour
deux formes du m^me nom.
Tobrimone, fils d'H^sione, renon^a
k toute hostility contre les H^breux ,
et v^cut dans Falliance d'Abiam , roi de
Juda (Abiam r6gna de 958 a 9.i6).
II ne s'occupa point d'etendre sa puis-
sance su dehors ; mais , |iar une politi-
que mieux entendue, il reunit dans Tu-
nite du royaume d'Arame les diff^rentes
fractions de la puissance syrienne. Pen-
dant que les Syriens se formaient ainsi
en corps de nation sous Tautorite d*un
seul chef, les dix tribus d'Israel se sepa-
raient de Juda, et fondaient, en face de
Jerusalem, un royaume rival.
LUTTB ACHABNBB CONTRE LBS IS-
RAELITES; BEN-HABAD T'ETBEN-HA-
DAD 11. — Ben-Hadad I«% fiisde Tobri-
mone > sut babilement profiter de ces
divisions.
II s*unit d'abord avec Baascha , roi
il*lsrael.
« Mais Assa, roi de Juda, prit tout
Targent et Tor aui etaient rest^s dans
les tresors de la maison de Dieu et
dans les tresors de la maison du roi , les
donna a ses serviteurs, et les envoya vers
Ben-Hadad, fils de Tobrimone, filsd*HeJ%
siooe, roi d'Arame, qui demeurait k
Dameschek, en lui disant :
« Qu'il y ait une alliance entre moi
et toi , comme entre mon pere et ton
p^re ; void : je t'envole un present en
argent et en or; va , romps ton alliance
avec Baascha, roi dMsrael. »
« Ben-Hadad ecouta la proposition de
^) Sam., ibid,, 19.
(*) JloM,Uv. I,XI,S5.
(•♦} Newton , ChronoL,
p. S38.
SYRIfi AJSCIENNE.
IS
Assa, et envoya les capitaines de son ar-
mee coAtfC les villes d'Israel , et battit
Tioiie, Dane, Abel-Betb-Maadia et tout
Kiilroth n , dans tout )e paysdeNeph-
tali (939 av. J. €.)(*♦).»
Cetait le jour des repr^illes. Ben-
Hadad Teogeait Hadad^r ; Araoie, fort
de son unite nouvelle, prenait sa revan-
che sur Israel, affaibli et divise. Etrange
aTeugieoient! Lepeuple de Juda applau-
dit au triompbe de I'^tranger ; seufs, les
proph^tes {Hrotesterent, au nom de leur
Dieo, contre Talliance des ennemis de
Jdiova.
■ Banani, le prophete, vint vers
Assa, roide Juda,et luldit : « Parce que tu
as mis ta eonfiance dans le roi d'Arame,
et non dans le Seigneur, ton Dieu , c*est
ponrquoi rarni6e du roi d'Arame s*est
cehapp^ de ta main.
« £st-«e que les J&thiopiens et les Li-
byensn'etaie&t|iasbienp]us nombreux ,
a^ec lenrs ehariots et leurs cavaliers ,
6t ieiir multitude ?Tu t'es conGe au Sei-
gneur ; et le Seigneur les a li vr^ dans tes
« Car les veux du Seigneur voient
toute la fiice de la terre , et donnent de
k force a ceux qui se reposent sur lui.
Tu as done follement agi , et pour cela,
a partir de ce jour, des guerres s'eleve-
rent contre toi (***). •
Le people ^tait habitu6 a r^verer la
Toil des homines inspires. U se troubia
des menaees d*Hanani. Mais Assa, pour
riitabVtr leealme, fitchdtierle propliete
importun et mettre a mort quelques me-
contents (****). *
Sans inquietude du c6t6 de Jerusa-
lem, Ben-HadadF'continuases hostility
eontre le royaume d'Israel. 11 enleva plu-
sieurs riilessousleregne d*Omri (**^,
et obtint pour les marchands syrlens
des privileges commerciaux , le droit de
libre entrte et de libre sortie dans la
ville de Schomrone (******), le droit d'y
▼Ivre ensemble selon les lois de leur
paysetd'y bdtirdes rues. Ben-Hadad II,
fils de Ben-Hadad P% h^rita de la puis-
sance de son pere et de ses projets d'a-
grandisseroent (901 avant J. G.).
n Le oom ujcwlerne est Gennesarelh.
«*♦) Rots, llr. I, XV, 18 el suiv.
(••*) Chrvniques J!v. 11, XVI, 7 et soiv.
(••••) Chr. iluL, 10.
f*') Hou, Uv. 1, XX, 34,
r*****) Samade, r^cemmcnt Mlie, Wl.
Ben-Hadad , roi d*Araroe, asseuibla
toute son arm^e : trente-deux rois (ou
chefs de tribu ) ^ient avec lui , ainsi
que des elievaux et des chariots. II
monta, dit r£criture, assi^ea Schom-
rone , et lui fit la guerre.
« Et il envoya des messs^ers vers
Acbab, roi d'Israel , dans la viTle;
« Et lui dit : « Ainsi a dit Ben-Hadad :
Ton argent et ton or sont a moi ; tes fem-
roeset tes plus beaux enfantssonthmoi. »
A la vue de eette multitude , cample
aux portes de Schoiurone, Achab se
troubia. II crut que le roi d'Arame se
coutenterait d'une simple suzerainete ,
et se reconnut son vassal.
ft Leroi d'Israel r^pondit,et dit : kMoh
Seigneur le roi, comme tu dis , je suis
a toi, avec tout ce que j'ai. »
a Les messagers retourn^rent, et di-
rent : « Ainsi a dit Ben-Hadad , savoir :
Puisquej'ai envoy^aupres de toi pour
dire : Tu me donneras ton argent, ton
or, tes femmes et tes enfants ;
« Sache que, lorsque j'enverrai de-
main, a cette heure, mes serviteurs chez
toi , ils fouilleront ta maison et les mai-
sons de tes serviteurs , se saisiront de
tout ce qui est agreable a tes yeux , et
Temporteront (*). »
Achab avaitcompte sur la moderation
des Syriens : d6trompe par la repoiise
de Ben*Hadad , il refusa de se livrer sans
defense a la merci de cet insatiable en-
nemi. 11 consulta les anciens d'Israel ;
a Et tons les anciens et tout le peu-
ple lui dirent: « N'obeispas, et n'accorde
pas. »
« Alors un prophete s'approcha d'A-
chab, roi d'Israel, et dit : « Ainsi a dit
r£ternel : As-tu vu cette grande multi-
tude.' Je la livrerai entre tes mains au-
jourd'hui, et tu sauras que moi je suis
I'Eternel. » Ben-Hadad ne s'attendait
point a la resistance; indign^ de I'au-
dace d'Achab :
« Ainsi me fassent les dieux, s'^cria-
t-il , et plus encore , si la poussiere de
Samarie sufXit pour les pieds de tout le
peuplequi me suit. »
« Le roi d'Israel r^pondit : aCelui qui
se ceint de Tep^e ne se vante pas comme
celui qui la deiie. »
« Le roi d'Arame , lorsqu'il entendit
ce discours ( il buvait alors dans les
(») Rois, llv. 1, XX, 1,
14
L'UNIVERS.
tentes avee les rois) , dit a ses servi-
teurs : « Commencez; et ils commence-
rent le si^ge de la vHle. »
Le camp des Syriens 6tait rempU de
d^sordre : les chefs eux-m^mes don*
naient Texemple d'une aveugte assu-
rance. ConBantsdans leiir nomore, dans
la force de leurs chariots et de leur ca-
valerie, ilssp livraient, dans lears tentes,
^tous les exc^ du vin. Achab crut le
moment favorable pour tenter une sor-
tie; il rassembla une petite arm6e de
sept mille hommes , et donna Tordre du
combat. Une troupe d*6lite, composee de
deux cent trentendeux jeunes gens de
naissance, 8'avan<^ la premiere. Ben-Ha-
dad les envoya reconnattre : < Qu*ils
soient yenus, dit-il, pour la paix ou pour
la guerre , amenez-les vivants. » Cette
imprudentes^curit6perdit les Syriens.
Dans le trouble et la confbsion d*une
attaqueinattendue, embarrasses de leurs
chariots et de leurs bagages, ilsn'eu-
rent pas le temps de se reconnattre. Ben-
Hadad lui-m^me se sauva sur un cheval
avec quelques cavaliers.
Honteux d*un tel renversement de
fortune, les serviteurs du roi d'Arame
attribuerent leurd^route^auelque mys-
terieuse Influence. « Leurs dieux, dirent-
ils, sont des dieux de montape; voil^
pourquoi ils ont ^t^ plus forts que
nous; mais combattons dans la plaine,
est-ce que nous ne serous pas plus fbrt^
qu'eux (*)? »
Ben-Hadad dut adopter une oninion
Jiui consolait son amour-propre numi-
i6 ; mais il ne s*abusa point sur la ve-
ritable cause de sa defaite. Aux chefs
de tribu , aux rois qui conservaient dans
les camps une ind^pendance g^nante, il
substitua des officiers entierement sou-
mis h Tautorite de leur mattre.
Quand il eut, par ce changement, r^ta-
bll dans la confederation des troupes
syriennes Tordre et la discipline, il passa
son peuple en revue, et monta vers A[)hek
pour la guerre contre Israel. Achab
vint h sa rencontre, anim6 par les pro-
messes des proph^tes. — « Un homme
de Dieu s'^tait approche et lui avait dit :
a Telle est la parole de r£ternel : Puis-
« que ceux d'Arame ont dit : J6hova est
c un dieu des montngnes, mais il n'est
« pas un dieu des vallees, je livrerai cette
[*) ilow.llv.I, \X,23.
« grande multitude entre tes mains, et
« Youssaurezquejesuls r£teniel. • ^
Les deux armies resterent sept jours en
pr^ence. Les enfants d'Israel semblaient
deux troupeaux de chevres, et ceuxd*A-
rame remplissatent lepays. £nfin, le sep-
tiftmejour, on en vint aux mains. Les St-
riens perdirent dans le combat cent mille
hommes de pied. VInet-sept mille, re-
tires dans la ville dAphek, p^rtrent
^erases sous la chute des remparts.
Ben-Hadad prit la fuite et tint dans
la ville.
Ses serviteurs lal dirent : « Mous
avoos oul que les rois de la maison d*Is-
raei sont des rois mis^ricordieut ; tnet-
tons maintenant des sacs sur nos rein^
et des cordes h nost^tes, et sortdris
vers le roi d^Israel; peut-^tre quMl te
laissera la vie. »
lis se ceignirent de sacs dtitour des
reins et de cordes autour de la t^te, et
vinrent vers le roi dlsrael en disant :
« Ton serviteur Ben-Hadad a dit : « De
« grdce, laisse-moi la vie ! » il repondit :
< Vit-il encore? II est mon frfere(*). »
Achab pardonna au suppliant et Tae-
ct^eillit dans son alliance. Pour toutes
conditions, il exfgeala restitution des
villes enlev^es k Omri, et le droit de se
faire des places h Dameschek, comme
Ben-Hadad en avait fait h Schomrone.
Les proph^tes reproch^rent am^rement
au roi dlsrael sa maladroite faiblesse.
Ils refusaient de croire aux promesses
de retranger^.et rappelaient au peuple
que Ben>Hadad I^, le vainqueur dlsrael,
avait d^ja, par une alliance perfide.
trahi Timprudent Baascha.
La paix ne dura pas longtemps entre
Arame et Israel. Troisans s*etaient 6cou-
les depuis la conclusion du traits, et
Ben-Hadad n*avait point encore rendu
toutes les villes enlev^es par son pere.
Sur ces entrefaites, il arriva aue Je-
hoschaphate(Josaphat], roi de Jehouda,
descendit vers le roi d'lsrael.
« Le roi d'Israel dit k ses serviteurs :
« Savez-vous que Ramoth de Guilad est
^ nous, et nous n^gligeons de la repren-
dre de la main du roi d* Arame ? » '
« II dit k Jehoschaphate : « Vfen-
dras-tu avec moi k la guerre contre
Ramoth de Guilad? » Jehoschaphate
dit au roi dlsrael : « Moi comme toi ,
{*) Rois, ibid., 9S,
SYRIE ANOENINE.
fS
mon peuplecorome ton peuple, mes ehe-
vaux eomnie tes chevaux (*). »
£a vain MicKaiah, fila de Yimla^ osa*
Mi predire la defaite et la mort da roi
d^Israet : Fordre des prophetes appiau-
dissait a Talliance des deux rois , et lear
promettait la victoire : • Montez, disatent-
ils, a Raiuoth de Guilad, rEteroel la Ih
vrera entre vos mains. »
Ben-Uadad euit pi^t h aoutenir le
combat. II avait exhort^ les trente-deax
cbefe de ses ehariots , en disant : « Ne
eombattes ni contre petit ni contre
grand <, mats contre le roi d'lsrael seul. »
Aebab apprit le danger qoi le mena-
fait; pour tromper les ennemis, il se
confondit dans les rangs. Aussi , quand
les chefis des charioU Yirent Jehos-
chaphate r^ta de ses habits royaux, ils
s^^rierent : « C'est la le roi dUsirael , » et
ilsrentour^renten eombattant. Mais lui
Mussa UQ cfi ^ers le Seigneur , et le
Seiencar le secourut et le delivra. Car
sito( que ies chefs des cavaliers vi-
reor que ee n^etait point le roi d'lsrael,
iJs se detouriierent de lui. Alors quel-
au'uo tira de son arc au hasard , et fr&ppa
Adiab au defaut de la cuirasse (**) ;
et le roi dit k celui qui conduisait son
char : « Tourne ta main, et fais-moi
sortir do camp ; car je suis gri^vement
blessd. > — La bataille se termina ce
jour-la; etie roi fut soutenu sur son
char en face d'Arame jusqu'au soir , et
il mourut au coucher du soleil {***). »
Ben-Hadad , suivant le r^cit de Jos^-
phe « fut present a cette bataille ; mats
il laissa le eorainandement de Tarmee k
80Q seniteuT Naemane.
Naeniane ^tait un homme puissant et
eonsidere aupres deson mattre; par lui,
r£temel a?ai tdonne la victoire k Arame;
flnais eet homme fort et Taiilant ^tait
l^preux.
Or, en ce temps-la, nne jeune fille
du pays d'Israel, enlevee par une trou-
pe d'Arameens^servaitla femmede Nae-
mane. Jalouse de faire eclater la puissan-
ce de son Dieu , Tlsraetite dit a sa mat-
tresse : « llest aSchomroneun prophete
aime de Jebova. Puisse mon maltre* al-
r^
.•) Rois, liv. l,XXrT,4.
(**) Le Syrien qui toA le roi d'lsrafil est appel4
Aman Mr Jos^he.
(—) Chron., liv.lI,XYni,34. — l?aif,Uv. I,
XXII, 36.
ier a Schomrone! L*holnmede Dieu le
delivrerait de sa lepra. »
Naemane entendit ces pardles; il alia
vers le roi son seigneur, etlni dit : « Mon
Seigneur, le Dieu d*lsrael est un DiftU
puissant ; peut-ftre anra-t-il piti^ de
son serviteur; » et il r^peta les paroles
de la jeune captive. Le roi d*Arame ai-
mait Naemane, sou serviteur. a Va, dit-
il ; prendsdix talents d^argeht , six mllle
pieces d'or , et dix v^tements de reehan-
ge. Je te donnerai une lettre pour Jo-
rame, roi d'Israel. « Naemane partit
ayec ses chevaux et ses chariots : il porta
la lettre de son mattre au roi d*lsrael;
et cette lettre contenait ces mots : « Je
t'envoie Naemane, mon serviteur. Til
ledelivreras desa l^pre. » Jorame, roi
d'israeljutcesmotsetsetroubia : «Quoi,
dit-il, suis-je done un dieu pour faire
mourir ou pour rendre la viel suis*
ie un dieu pour purifier les plaies de cet
homme! Arame cherche une occasion
contre moil > Et parlant ainsi, il d6chi-
rait ses v^tements. Jorame, fits d*Achab,
disait vrai ; fifs impie d'un pere Impie ,
iln*afait pas paissance pour delivrer
Naemane; mais, suivant la parole de
risraelite captive, un prophMe, aime
de J^hova, vivait a Schomrone. £llscha
( £lisee ) envoya dire au roi d' Israel :
« Pourquoi as-tu d^chir^ tes vdteraents ?
Que Naemane vienne done vers moi, il
saura quil y a un prophete en Israel. »
Naemane dit a ses serviteurs : « Aliens
vers rhomme de Dieu : sans doute il sor-
tira, il invoquera r£ternel, son Dieu; II
^l^vera les mains vers le temple , et le 1^-
preux sera purifi^. » II dit, et, avec ses
chevaux et ses chariots, il se plaga h
Tentr^e de la maison d*£lischa. Le
prophete ne sortit point de sa maison;
il n^^leva pas les mains vers le temple ;
mais il envoya un messager k Naemane
avec ces mots : « Va et lave-toi sept
fois dans le Jard^ne : ta chair redevien-
dra saine, comme la chair d*un jeune en-
fant. » Naemane s*attendait k voir Pla-
ter, dans un solennel appareil , la puis-
sance de Jehova : il entendit avec co-
lere les paroles du messager. « Partons ,
dit-il a ses serviteurs, le prophete ^tran-
Ser s'est jou6 de votre mattre. Avais-je
one besoin de quitter Dameschek pour
me baigner sept fois dans les eaux d'un
fleuve? Abna et Parpar, fleuves de
16
L'UNIVERS.
'^
mon pavs, ne sont-ils pas meilleurs que
toutes les eaux dlsrael? » H panait
ainsi, et s*en allait en grande colore.
Les servitears de Naemane farent
tooeh^s de I'excte de sa douleur. lis
attelerent les chevaux pour le depart;
roais, quand tout fut pr^ et dispose ,
lis s'approch^rent de leur mattre, et
lui dirent : e Mon p^re, si le pro-
ph^te t*avait ordonne quelaue grande
chose , n'aurais-tu point omi ? tu ne
connnais pas le dieu Stranger. «
Naemane vit que ses serviteurs par-
laient avec sens. II descendit, et se
plongea dans le Jarddne sept fois, selon
la parole de Thomme de Dieu ; et sa
chair redevint saine comme la chair d'uii
jeune enfant.
Naemane ^tait un homme sa^e et cher-
^ chant le bien. 11 retourna , lui et toute
sa suite, vers £lischa, rhomme de
Dieu, disant: « Non, il n'est qu'un Dieu
en toute la terre; c'est le Dieu d'Israel :
reqois , je tjB prie , le don que t'a destin6
ton serviteur. »
11 dit : rnais £lischa prit TEternel h
temoin qu'il refusait d'accepter aucun
present.
• Naemane cessa d'inutiles instances :
« Si^tu ne veux, dit-il,ni or, ni ardent,
ni v^tements de rechange, si tu rejettes
Toffre de ton serviteur, prouve seule-
ment que tu n'es pas irrite contre lui;
. permets qu*il emporte de Ja terre du
pays d*Israel la charge de deux mulcts;
car ton serviteur ne fera plus d'holo-
causte ni de sacritice a d'autres dieux ;
mais seulementa r£teroeK Mais que
r^ternel pardonne en un point a son
serviteur. Quand mon mattreentredans
la maison de Rimone pour s*y proster-
ner, et qu'il s'appuie sur ma main, je
me prosterne avec lui, dans la maison
de Rimdne. Puisse r£ternel me par-
donner. »
Eiischa dit k Naemane : « Va en paix,
et que le Seigneur soit avec toi ! »
Naemane se disposa au retour : il prit
ses chevaux et ses chariots, etdescendit
la hauteur de Schomrone. D^ja il avait
fait une partie du chemin; il s^entre-
tenait avec ses serviteurs de la joie que
son retour allait ramener dans sa mai-
son ; il leur parlait de la puissance, du
ddsinteressement de Thomme de Dieu;
et il n'oubliait pas non plus la jeune cap-
tive Israelite, qui, sansdoute, nes'at
tendait pas a trouver, dans son mat-
tre, doublement purifi^ , un senriteur
de J6hova. Tandis que sa pens^ se '
partageait ainsi entre Schomrone et
Dameschek , tout & coup il vit acconrir
derri^e lui, Gu^hazi, serviteurd'£li8cha.
II se jeta en has de son chariot , et lui
cria : « Tout va-t-il bien? » — « Toutva
bien, r^pondit Gu^hazi; je viens, au
nom de mon mattre, pour te dire : Deux
jeunesgens de la montagned'J&phraime,
des fils de proph^tes, sont venos vers
moi ; donne, je te prie, pour eux, un
talent d'argent et des v^tcments de re-
change. » — « Prends, dit Naemane,
f trends deux talents au lieu d'un , enve-
oppe-les dans deu» sacs, avec deux v£-
tements de rechange; deux de mes ser-
viteurs Jes porteront devant toi. »
Arrive h la colline, Gu^hazi renvoya
les deux servitears. II prit de leurs mains
le present de Naemane, et le serra dans
sa maison ; car il s*^taitdit avec un esprit
de malice : « Mon mattre a refuse de pren-
dre les pr^ents de TAram^n ; mais ,
vive Dieu ! si je coors apr^ ce Naemane,
ie lui enl^veraiquelque chose. » Safour-
oerie n'avait pomt eehapp^ aux yeux du
proph^te. « D*oiii viens-to , Gu6nazi?dit
Eiischa. Parle, mon coeur t'a suivi ,
quand un homme est venu de son cha-
riot au-devant de toi. Gu^hazi, ce
n'est point le temps de prendre de Tar-
gent et des v^tements , aes oliviers, des
vignes , des troupeaux , das serviteurs et
des servantes. va, la lepre de Naemane
s'attachera a toi et a ta post^rit^ k ja-
mais. » Et Gu^hazi sortit de la maison
deson maftre, l^preux comme la neiee {*).
Ici setermine lerecitbiblique. htm-
ture ne dit point si Naemane v^ut long-
teivps dans la favour de son maftre. Il
ne paratt pas qu*il ait conserve le
commandement de Tarm^e; mais sans
doute, attach^ a la personne du roi, il
continua'de Taccompagner au temple
deRim6ne dans iesc^r^monies religieu-
ses. Sans doute aussi, accordant avec
les obligations de sa charge . Thomma^
quMl devait au vrai Dieu , if construisit,
(♦) Rots, llr. n, ch. V. — LeToyagear Th^miot
Kr6tend avoir tu prte des mun de Damai on
6pUal de lepreux k qai la tradition donne
pour foDdateur Naemane I'Arameen. Toya^f
de Tli6venot, tome m» cli. IV, p. 62.
SYRlE AISCIENNE.
IT
avex; la terre apport^e dlsrael , un aatel
a Jehova. On ne salt si la jeane esclave,
rendue a la liberty , revit les rives du
Janleoe; peut-^tre vieillit-elle dans la
maisoQ de Tetranger. Mais alors^ du
moins, partageant avec son mattre le
sein d'ofrir a J^hova des prieres et des
sacrifices, elle trouva dans les occupa-
tions de sa pi^t^ un souvenir de la pa-
trie, et se consola de son exil.
Leshostilitds n^avaient point cesse en*
tre Ararae et Israel. Ben-Hadad dressa
des embQches a Jorame, son ennemi.
II tint conseil avec ses serviteurs, et leur
dit : a Entel et tel lieu sera mon camp. »
Eliscba, Fhomnie de Dieu, envoya
dire auToi d'Israel : « Garde-toi de pas-
ser en ce lieu-la. CA les Aram^ens sont
descendus. >
Lc roi d'Israel envoya des troupes a
Tendroit dont lui avait parie riiomme
de Dien ; U dejoua toutes les ruses de
Ben-Hadad.
Le ccrar du roi d*Arame fut trouble,
k cause de cela : il appela ses serviteurs,
et leur dit : « Me dira-t-on qui de nous
est pour le roi d'Israel ? »
Un de ses serviteurs lui dit : « II n*y a
pas de traltre parmi nous , 6 roi mon sei-
gneur ! Mais Elischa , le proph^te qui est
en Israel , entend toutes les paroles que
toproDonces, Inline dans ta chambre h
coucher, et les rapporte au roi d'Israel.»
Le roi dit : « Allez et voyez ou il est ,
pour que je le fasse saisir. » — On lui re-
pondit: ■ II est a Dothane. »
\\ y envoya des chevaux , des cha-
riots, et une troupe considerable; lis
vioreift de nuit et entourerent la ville.
Lliomnie de Dieu se leva de bon ma-
tin pour s'en aller, et sortit ; mais voici
qu'une troupe avait investi la ville avec
des chevaux et des chariots : son servi-
teur lui dit : « U6las I mon seigneur ,
comment ferons-nous ? »
II dit : • Ne crains pas ; car ceux qui
soot avec nous sont plus nombreux que
ceux qui sont avec eux. »
Elischa pria et dit : « Eternel ! ouvre ,
je te orie, ses yeux pour qu'il vole. » L'£-
terDel ouvrit les yeux du serviteur, qui
vit la montagne pleine de chevaux et de
chariots defeu autour d' Elischa.
Les Aram^ns etant descendus vers
lui, Elischa pria TEternel, et dit : « Frap-
pc, je te pne, cette nation d'eblouisse-
2* Livraison. (syrie ancienn£.)
ment ; » et Tlfcternel les frappa d*^blouis-
sement selon la parole d*Elisch».
]t:iischa leur dit : « Ce n*est pas ici le
chemin , et ce n'est pas ici la viile : sui-
vez-moi, et je vous conduirai aupr^s
de rhomme que vous cherchez ; » et il les
conduisit a Schomrone.
Quand ils furentarriv6s Ik Schomrone,
Elischa pria le Seigneur : « Seigneur,
ouvre les yeux 5 ces hommes, pour qu*ils
voient. » L'Eternel leur ouvrit les yeux,
et ils virent qu'ils ^talent au milieu de
Schomrone.
Le roi d'Israel , quand il les vit , dit
h Elischa : « Frapperai-je, frapperai-je,
mon pere.' »
— « Non , tu ne frapperas pas : ceux
que tu prends avec Tare et T^p^e , vol la
ceux que tu peux f rapper. Mets du pain
et de Teau devant ces hommes; qu*ils
roangent et qu'ils boivent, et qu'ils s*en
aillent vers leur mattre. »
II leur fit un grand repas ; ils mange-
rent et burent ^ et ils s'en all^rent vers
leur mattre, et les troupes d*Aramene
revinrent plus au pays alsrael (*). Ben-
Hadad renoncant 5 des ruses mutiles ,
Gontinua ouvertement la guerre (**).
II rassembia toute son armee, et monta
pour faire le siege de Schomrone. La
ville, pressee de tons cdtes , fut bien-
t6t reunite ^ une horrible famine. Une
t€te d'5ne se vendait quatre-vingts pie-
ces d'argent, et un quart de fiente de
pigeons cinq pieces d*argent. II arriva
que comme le roi d'Israel passait sur la
muraille, une femme lui cria, en disant :
« Au secours, mon seigneur le roi.
Vois ; cette femme m'a dit : Donne ton
fits et mangeons-le aujourd'hui; demain
nous mangerons mon fils. Nous avons
fait cuire mon fils; nous Tavons manp;6 ;
jelui dis le jourd'apres : Donne ton fits ,
nous le mangerons : mais elle a cach6
son fils. » Jorame entendit avec horreur
les paroles de cette femme. II d^chira
ses v^tements ; et le peuple vit qu'il avait
uu sac sur la chair.
Elischa ^tait a Schomrone dans sa
maison; il avait conseill^ au roi defer-
mer les portes de la ville, et de resistor
avec Constance. Jorame s'en prit h lui
des maux de son peuple. II envoya un
messager pour le tuer. Mais I'homme^de
(') RoU, Mv. n, VI, 9-23.
(*«) Io»Jphe, AnHq,, IX, 3.
u
L'UNIVERS.
jDieu dit aux anciens : a Ecoutez la pa-
rolede T^terDel. L'£ternel a dit : Demaio
k cette heare on aura uq seah de Gne hxiae
pour un scbekel, deux seahs d*orge pour
un scbekel, a laporte de Schomroue. »
Un capitainedu roi entendit ces mots:
« Bon ! ditil , quand Dieu ferait des fe-
nfires au del, est'ce possible ? » — f:iis-
cbar^pondit : « Tu Terras de tes yeux cette
abondance; mats tu n'en jouiras pas. »
Or,quatre bomines lepreux etaient k
Fentree de la porte ; ils se dirent i'un a
Tautre : Que faisons-nous ici? Irons-nous
1^ Ja vilie? Mais la famine est dans Sebom-
Tone; nous y mourrons. Si nous restons
ici, c'est pour mourir. Allons, jetons-
nous dans le camp : s'ils nous laissent
la vie, nous vivrons; et nous mourrons,
sM faut mourir. lis se leverent done
avec Faube , et se mirent en cberain. Le
camp ^tait plonse dans Tombredouteuse
des demi^res neures de la nuit. Ar-
rive k Tenceinte ext^rieure, ils penetre-
rent dans les tentes silencieuses. L'armee
d*Arame avait disparu. Car r£ternel
avait fait entendre dans le camp d*Arame
un bruit de cbariots et un bruit de cbe-
vaux , un bruit d*une grande arm^e ; et
ils avaient die : « Voila ; le roi d*Israel a
engage contre nous les Uetheeiis et les
rois d*£gypie pour nous assaillir. » lis
s^^taient leves, et avaient pris la fuite
pendant le crepuscule , et avaient laiss^
leurs tentes, leurs cheraux et leurs
Anes, le camp tehquMl etait, et avaient
couru pour sauver leur vie. Les lepreux
entr^rent dqns une tente : ils mangerent
et burent avec les provisions abandon-
n^s ; puis, leur faim apais^, ils se char-
g^rent d'argent, d'or et de vStements;
eniin , avant que le jour eclair^t en-
ti^rement la viUe, ils vinrent frapper a
la porte de Scbomrone, et ils appelereiit
les gardiens endormis. Le roi re^ut avec
d^Uance cette etonnante nouvelle. U
dit a ses serviteurs : « Prenons garde;
les Arameens se seront caches dans les
champs pour nous surprendre. » II en-
Toya done deux trains de chevaux pour
reconnattre le pays jusqu'au Jardene;
mais tout le chemin etait couvert de
Y^tements et de bagages disperses.
Rassur^ par le rapport des messagers,
le peuple sortit et se precipita sur le
camp;il nelaissa rien dans les tentes
d^ertes. Alors il eut un seah de fine
farine pour un scbekel , et deux seahs
d'orge pour un scbekel , k la porte de
Schomrone; et la parole d*£lischa fut
accomplie. Le capitaine du roi vit de ses
yeux cette abondance. Mais, comme it
se lenait pres de la porte de la ville , il
fut ^.ras^ par la foule, et il mourut (*).
B^GNB d'hazael; gbandeub db
LA SYRiB.— 'Ben-Hadad ne survecut pas
longtemps k la honte de sa deroute.
Quand il fut pres de mourir, £lischa se
rendit a Dameschek , pour accomplir ia
parole de r£ternel. « Va, retourne par
ton chemin, vers le d^ert de Dames-
chekzquand tu seras arrive, tu oindras
Hazael pour roi sur Arame (**). »
Le'roi apprit que rhonim^ de Dieu
^tait venu. II dit a son serviteur Hazael :
« Prends en main un pr^ent, va au-de-
vant d'Eliscba, etconsulte TEternel au-
pres ?le lui , en disant : « Releverai-ie de
cette maladie ? » Hazael prit un pr&ent
de tout ce quMl y avait de bon a Da-
meschek ; c'etait la charge de quarante
chameaux. II vint et s^arr^ta devant
Thomme deDieu, disant : « Ton fils Ben-
Hadad, roi d' Arame, m*envoie vers toi
Sour te dire : Releverai-je de cette mala-
ie? _ Va, dis-iui : Tu releveras de ma-
ladie; mais r£ternel m'a niontr^ quit
mourra. » Ainsi parla le propb^te; et ii
arr^ta sa vue sur Hazael , et versa des
larmes. Hazael dit : « Pourquoi mon sei-
gneur pleure-t-il ? — Farce que je sals
que tu feras du mal aux enfieints d'Israel ;
tu mettras le feu a leurs villes fortes ;
tu tueras par le glaive leurs jeunes gens ;
tu ecraseras leurs petits enfants , et tu
6ventreras leurs femmes enceintes. «
Hazael dit : a Mais qui est ton serviteur^
ce chien , pour (aire de si grandes cho-
ses? » Elischa dit : « L'^ternel m*a
montr^ que tu regnerassur Arame. » Le
lendemam, Hazael prit un linge tremp^
dans Teau , et Tetendit sur le visage deson
mattre. Beu-Hadad mourut etouffe (***),
et Hazael r^na en sa place.
Hazael fut une verge dans la main
de Jehova pour chdtier Schomrone et Je-
rouschalaime. Toutefois il ne comment
point les hostilites : elles 6clatent seule-
ment en 884. Ahaziahou (Acbazia),
^^) Rout, llY. I, XIX, 16.
V *) AoiJ, Itv. I[, VUI, 8-. 15. —SoivantlOfi*-
pbe , Antiq,, U, S, U ful dlraogle par HazaAl.
STRIE ANGIENNE.
1»
JIM de Jttda, et Jorame, roi d'Israel,
nnouvelaat cootre Araine Talliance
d'Aebab el de Josaphat, assi^gent et re-
preooeot Ramoth de Guilad (*). Jo-
nme, mortellement blessd« se retire k
Tezreel. II est assassin^ par Jebou
(Jehu ), 61s de Jehoschapbate.
Hazail eut bientdt repar^ la perte de
Ramoth. II battit les troupes de Jehu, et
nvagea, depuis le Jardene, vers le lever
da soleil, tout le pays de Guilad, le pays
de Gad , de Reoul>eiie et de Menasche,
depuis Aroer, qui est sur le torrent d'Ar-
Dooe, jusqu^a Guilad et Baschane C*}.
La guerre contioua peodant le regne
de Joachaz, fils de J^hu; roais la colore
de Jehova avait eclats cootre Israel. U
De resta de toot le peuple aue cinquante
cavaliers, diz chanotset dix mille horn*
mes de pied , parce que le roi d*Arame
les avait detruits , et les avait broyte
coimne la poussi^ qu*oo foule (***)•
Juda s*&ait ligu^ eootre Arame avec
Israel. Pius beureux que sod alli^, il
ileroiinia d^abord la* vengeance des Sy-
rieos. Hazael s^emparade Gath et me-
aa^a Jirusaleoi. « Mais Joasch, roi de
Joda , suivit Texemple donn^ autrefois
par Aasa : il prit dans le temple tout ce
que Joeaphat, Joram et Achazia, ses pe-
ret f'^avaieut eoosacrd, ce qu*il avait con-
aacre loi-uitoe; tous les triors de la
maisoD de r£ternel et de la maison du
rai , et les eovoya au roi d*Arame C*^. »
Hazad ajourna seulement ses projeta.
Ud aa apr^ le nieurtre de Zacharie,
^It de Joiada, assassin^ par Joasch,
let Syrieosarriverent et saccagereot la
TJI/e, tuerent tous les princes du peu-
jale et empon^rent un riche butin. lis
etaient veous en petit oombre centre
toutes les forces de Juda ; mais le Sei-
ffneur leur livra , comme aux ministrea
de sa oolere, Jerusalem iofidele, parce
qo*ejle avait quitl^ le Dieu de ses pd-
Eofin, Jehova eut piti^ de son peuple,
h cause de son alliance avec Abraham,
Isaac et Jacob. II D*avait pas r^lu d'ef-
heer le nom dlsrael de dessous les
. Hazael moorut,etlesen£ants d*Is-
[*) Tortpbe, j4nL, IX, 6. — RoU, Uv. U, Viri,
'OBois, U?. n«X, 83.
(— ) ilo«. My. II, XIII, 7.
(•••*) Am> , llr. II, XII , 19.
(••*••) CAron., Uv. U, XXIV, M.
rael furent ddlivr^s du joug des Sy-
rieos. « Les enfants d'Israel parent ha-
biter dans leurs tentes comme aupara-
vant (*)• »
BE action; sucg^s d*isbakl gon-
TBB LBS AB4lfEENS AU TEMPS DE BEIT-
HAD AO III.— Eiischa, rhoinme de Dieu.
etait malade de la maladie dont il
mourut ; Joasch, roi d'lsrael, descendit
vers lui , et pleurant sur son visage, il
dit : « Mon pere, mon pere , chariots et
cavalerie d'Israel ! »
Klischa lui dit :« Prendsun ercetdes
(leches ; « et il lui apporta un arc et des
(leches.
II dit au roi : « Appuie la main sur
Tare; » et il mit ses mains sur les mains
du roi.
II dit : « Ouvre la fen^tre vers To-
rient; » et leroi Touvrit. II dit : « Tire : »
et le roi tira. 11 dit : « Cest une fleche de
salut pour r£ternel , et une fleche de
salut contre Arame ; tu battras comple-
tement Arame a Aphek. »
Ilajouta : « Prends lesfleches, etfrappe
centre terre ; » le roi frappa trois fois et
s'arrlta.
£t rhomme de Dieu se mit en colore,
disant. « il fallait frapper cinq fois, six
fois, alors tu auraiscompletementfrapp^
Arame ; maintenant tu ne le frapperaa
que trois fois (**). »
La parole du prophete futaccomplie.
Joas attaqiia Ben-Hudad III, fils de Ha-
zael , et lui reprit toutes les places enle-
v^s a Joachaz.
Jeroboam II, fils de Joas, poursuivit
la guerre contre les Syriens, et recon-
quit tout le pays pres du Jourdain , de-
puis Hamath jusqu'a la mer de la plaine
(la mer Morte) (***) . II parait m^me s'fitre
empare d'Hainath etde Dameschek (***^.
A pres la mort de Jeroboam II , en 784,
le royaume d Israel tomba dans Tanar-
chie et laissa aux Syriens quelques an-
neesde repos. Enfin, Menaheme, vers
771, met le siege devant Tiphsah (Tha-
psaque) (***"*), etextnrmine tous les ha-
bitants de la contree.
CONQUETB DE LA 8YBIB PAB LBS AS-
(♦) Hois, liv. II, XIII, 6.
(••) Hois, liv. II, XIII, 14—19.
<•••) /foM.llv. ll, XVI,26.
{•*••) HoiM, liv. II, ibid. 8a.
(•****) Selon quelques oommeotatean, la viUe
prise par Menaheoie etait une autre Tiphsah
du parlage d'Ephralme.
2.
20
L'UNIVERS.
SYBiENS. — Mais deia s'el^ve a TOrient
une puissance nouvelle , dont les progres
menacent k la fois tous les pays voisins de
l*Eu|)hrate. Encore un demi-siecle, et
Tempire d*Aschoar aura r^uni dans une
servitude commune les peuples d'Arame
et d'Israel. Poul (Phul), roi des Assyriens,
envahit la Sy rie et s'avance contre Schom -
roneavecsoixantemille hommes. Satis-
faitdela soumission de M^naheme, il Taf-
fermit sur son trdne usurp6 , et reqoit
en retour miile talents d'argent. M6na-
h^me menrt (760). Son ills Pekabia
est assassine (758). Un des meurtriers ,
Pekah,filsdeRemalia,sVmparedutrdne.
Pekah, pour se soutenir, avait besoin
d'un allie ; 11 en trouve un dans Retsine
(Resin), roi d*Arame. Unis par un com-
mun inter^t contre Tambitionde Tiglath-
Pilesser (le dominateur du Tigre), lis
s'efforcent d^associer h leur ligue Jo-
tham , roi de Juda. Sur son refus, ils
forment le projet de le d^troner, et de
mettre en sa place Ben Tabeel (*);
mais, arr^t^s par les mesures de ce sage
et habile prince , ils reservent leurs
coups ^ sonfils Achaz. Retsine envahit,
avec son alli6, le pays de Juda , et met
le siege devant Jerusalem. II range l*ar-
m^e d*Arame autour de la viTle, et
deia Achaz se trouble au lieu de recourir
a 1 Eternel; il implore Tappui des Assy-
riens , et montre k T^tranger le chemm
de la terre sainte. En vain le prophete
Isai'e proteste contre cette alliance fata-
le : tt^Necrainsrien, dit Thommede Dieu ;
au'as-tu k redouter de ces deux bouts
ae tisons fumants? » 11 dit; mais Achaz
est sourd a tous les conseils ; il enleve
les triors de la maison de r£ternel,
les tresors de la maison du roi, et en-
voie des messagers avec des presents vers
Tiglath-Pilesser, roi d'Aschour , disant:
<« Je suts ton serviteur et ton fils; mon-
te, et d6livre-moi de la main du roi d'A-
rameet deia main du roidMsrael. vHon-
teuse et inutile lAchet^. Dej5 les Syriens
^puis^s ont commence leur retraite.
Retsine leve le si^e et se d^tourne vers
£lath pour y retablir les Idum^ens.
Mais le dopiinateur du ligre a enten*
du Fappel du roi de Juda. II accourt, il
monte vers Dameschek, s*en empare , et
d'Arame conquis fait une province assy-
(•) Uaie, VII, 6.
rienne. Retsine, dernier foi de TanetaMie
Syrie, est mis ^mort;et soo peuple,
transport^ k Kir, sur )e bord du fleuve
Cyrrhus, va se perdre obscur6ment dans
un coin de i'empire d*Aschour.
La prediction d* Amos ^taitaccompiie :
« Amsia parleJ6hova; Dameschek,
pour trois crimes et pour ie quatrieme.
Je ne retiendrai pas le chAtimeot, parce
qu'ils ont foul6 Guilad avec des crochets
de fer.
« J*enverrai le feu dans la maison de
Hazaei ; et il consumera le palais des
fils de Hadad.
« Je briserai la barre de Dameschek.
Texterminerai les habitants de Bikath-
Aven et de Beth-]£den , qui tient le scep-
tre , et le peuple d* Arame sera transporte
k Kir. Ainsi Jdhova a |>rononce (*). •
G*en etait fait deia vieille race d'A-
rame ; ensevelie ausein de la domination
assyrienne, die avait perdu pour tou-
jours son independanee. Le conqueraut
avait disperse dans Texil tous les ebds
du pays et la moitie des habitants; il
repeupla la Syrie, en distribuant k
des colonies assyriennes les maisons et
les terres des exiles. Pour sorveiller b
population soumise et proteger les 6ta-
Dlissements des colons, il etablit sur di*
vers points des gamisons etdes postes.
II chargea les principaux commandants
d*imposer ot ae recueillir le tribut, el
sans doute aussi d*approvisionner Tar-
mee;car la contr^e, fertile en b\i eten
betail (**),dut6tre sanscessetraversee
ou occupee par les troupes deTiglath-^
Pilesser, de Salmanassar, de Sargon et
de Sennacherib.
Tiglath-Pilesser n'avatt pas encore
acheve sa conqa^te, lorsque le roi de Juda
vint^sa rencontre k Dameschek. Achaz
vit le temple ou les Syriens sacrifiaient a
leurs dieuxnationaux. II envoyaau srand
Sretre Ouriah le modele et la figure
e i'autel , avec ordre d*en construire
un semblable. Le ^and pr^tre obeil;
et quand ie roi revint de Dameschek ,
« il fit Tencensement de son bolocaaste
et de son offrande , versa des libations ,
et repandit le sang de ses sacrifices pa-
eifiques (***). »
Dans tous les coins de Jerusalem , dans
(*) Amos , 1 , 3, 4, 5.
r*)XtoophoD, Cyropidie, VI, 9.
(•••) Rois, llv. II, ivi, 13.
SYRIE ANQENNE.
21
toiites les vJlJcs de Juda , il eleva des au-
tfis aux diTinitesaram^nnes (*).
L'iternel laisaait triompher l^iniDie.
II retardait poor Juda le jour du chati-
ment et Je ndtait pour Israel. Ed 721,
SaJraanassar prit Schomrone , et trans-
portaie peuple a Halah, sur le Habor,
ileuve de Gozane» et dans les villes des
Hedes(**); mais il ne Toulait pas lais-
ter le pays sans habitants.
« II Gt veuir des gens de Babel , de
Coutb , d'Ava , de Hamath et de Separ-
nime, et les etablit dans les villes als«
raeIC**). >AiDsi^Yingtansapr^ la prise
de Damesebeky une colonie de Syriens
vient prendre dans Schomrone , a son
toarconquise, la place des aneiensalli^
de Retsine. II fallait que Salmanassar edt
pleiiie eonfiance ou dans la faiblesse ou
dans la fidelity de ses sujets. Da reste,
poor plnsde sQret^, ilpla^ dans la nou-
veUe proTince une garnison assez
forte, dont la pWisence devait arrlter
toat eoroplot entre les indigenes et
les colons etrangers. Les Syriens , ^ta-
biis a St^bomroae , observerent le culte
du frai Dieu , avec les superstitions de
leor patrie , et partag^rent ieur hommage
eotre Asefaima et Jehova {****), Gonfon-
du8, sous le nom commun de Gouth^ens ,
a? ee let gens de Coutha, d' Ava et de S^-
parTainie, ils formerent la secte des Sa*
marjtains.
Apresretablissement de la colonie de
Schomrone, le nom de la Syrie ne repa-
raft plus dans Thistoire d'Aschour.
Sans doQte les regnes de Sargon , de
Semiachfrib, et d*£5ar-Haddon m^me,
n'amenerent aacun changement dans la
cooditioo de cette province. Mais il est
probable qu'apres la mort d'Esar-Had-
don, dans la decadence de Ninive, les
habitants de la rive droitede TEuphrate
ne furent pas les derniers a se detacher
de Fempire. Enfin, Ascbour tomba(025).
Le moment ^tait venu pour les Syriens
dereconquerir, par des mesures^ner^i-
ques,ieur independance. Les colonies
assyriennes et les debrisde la famille d*A-
tame s*etaient rapprocbes , unis , nielan*
g^; mais la fusion n'avait pas eu le
Uoips de s'achever. De raccouplenient
{•} CAfoit.. iiv. 11, xxviii, aa.
n Aw, Iiv. II , XVII, 24.
(— ) Aotf, Iiv. 11, XVH, 30.
des deux races sortit un peuple bdtard,
sans nationality , sans caract^re , destin^
h vieillir dansTabaissement et la servi-
tude; prole sans defense offerte a Tam-
bition de tous les conqu^rants.
LA SYBIB sous LBS CHALDEBNS.— Ge
fut Nabopolassar, roi chald6en de Baby-
lone » qui, le premier, menaca la Syrie.
Yainqueur de Ninive, il allait traverser
FEuphrate, quandN6cbao, roi d*Egypte,
pour arr^ter ses progr^, r^olut de
s*emparer de Garchemisch ou Girc^ium,
a Tembouchure du Gbaboras. Arr^te un
moment par Josias, roi de Juda, qu'il
bat a Megiddo, II ajourna son ent re-
prise centre Giraesium , pour soumettre
la Svrie et la Palestine, et il s'etablit k
Ribla , villedu territoire de Hamath (*).
Suivant le recit d^H^rodote (**), les
Syriens tent^rent une r^istance inutile.
Vaincus pr^ de Magdole ,, ils ne purent
d^fendre, contre des forces supeneures,
la villedeGadytis.
Quand le Pharaon eut ^tendii sa do-
mination de la Mediterraneea TEuphrate,
il reprit ses projets contre ^abopolassar.
Mais, vaincu a Gircesium (606) , il per-
dit toutes ses conqu^tes ( 60.5). Les Goal-
d^ns le rejet^rent dans les limites de
r£gypte, et fonderenten Syrie une puis-
sance solidement affermie : ils impo-
serent aux habitants le tribut, sans
doute, et certainement Tobligation da
service militaire ; mais ils Ieur aocorde-
rent des chefs nationaux. Nous voyons ,
sous le regne de Sodekia . des rois d'fi-
dom, de Moab et d*Ammone. Nabuchad-
nessar, qui avait laiss^ h tous ces pays
leurs souverains particuliers, ne dut
pas exclure d'une faveur commune les
populations tranquilles de la Syrie. En
599, « r£ternel envoya contre Joakim
les troupes de Gardime ( Ghaldeens ),
les troupes d'Arame, les troupes de
Moab et les troupes des enfants d'Am-
mdne : il les envoya contre Jehouda pour
le d6truire(*^*). » Ainsi, les Syriens com-
battaieutdans lesrangs de Tarm^e chal-
d6enne. D'ailleurs, ils paraissent avoir
sunporte sans, regret la domination de
Baoylone. Soil prudence, soit attache-
meot pour le maltte. etranger, ils ne
(*') fl^rodote, 11, 150. — roy. la savaole ^m-
totre de fa PaluHne deM. Munck, p. 343.
C— ) Rois, llv. II, XXIV, 2.
92
UUNIVERS.
prirent aucune part aux compiots des
nations voisines.
Les revers dessucesseursde Nabuchad-
nessar n^^branterent point leur fldetit^.
lis prirent ies armes pour la defense deNa-
tonnede contre Cyrus et Gyaxare. Mais
Babylone devait succomber. Gyrus r6u-
nit , sous SOD sceptre , la Perse, la Media
et tout Tern pi re des Ghaldeens.
LA SYBIB sous Lk DOMINATION DBS
9BBSB8. — La Svrie cbangea encore une
fois de maltre. Ktle perdit ses cbefs natio-
naux et re^ut un satrape perse. Ge sa-
trape gouvernait les habitants, levait
les im^ts, papit les ^arnisoiis {*). II
recueillatt aussi des tributs en nature
pour les envoyer a la cour du roi (** ).
A cdt^ de lui , se plaqaient les gouver-
neurs des postes et des garnisons dout
la Syrie etait couverte. Ces comman-
dants ^taient sous la d^pendance im-
mediate du roi, et recevaient de la cour
leur grade et leursolde(*^*). Ainsi, d*un
cdte, les ofOciers royaux, de Tautre,
une sorte de chef feodal , vassal du roi ,
mais qui avait aussi ses vassaux. Sous la
suzeraiiiete du satrape, se groupent une
foule de seigneurs qui ont re^u en re^
eompense de leur fidelite et de leur bra-
Toure (****) des terres en Syrie. Ges vas-
saux sont astreints a Phommage et au
Service militaire. lis levent , dans leurs
domaines, un certain nombre de cava*
liers et les conduisent a Tar'n^e, sous
le commandement du satrape {*****). ||s
ne sont pas seuls possesseurs du sol : les
courtisans recoivent aussi a titrede pen-
Stons des proprietes herediuires (******).
Chaque seigneurades esclaves attaches
^ la gt^be. Les serfs, c*est-a-dire les
vaincus, lesSyriens , cuiti vent les champs
pour leurs mattres {*******). lis payent
des tallies , des irnpdts de toutes sortes :
« Quand iis seront pauvres , dit Gyrus, il
sera plus faci le de les assou pli r (********). »
Ge n est poipt assez des tallies , ils ont
aussi les corvees. Quand le roi, par exem-
ple, inventa les postes, et les etablit en
n X^nopb., Cyropedie, L. YlU.ch. 6, g 3.
(**) Ibid.
{***)Ibid.,%\etiyisnm.
(•*•*) Llv. Vll , ch. 5. « Cyriu donna des
palais, des maisons, des terres, distribuaot
les meil leurs lots aux plus braves. »
(*»••*, Xen.Jiv. VIU, ch.8, alafm.
(****"i Xen., llv. Vir.ch.G, 8*-
("****•) X6n.,Iiv. VIi,ch. 5.
(********) id., ibid.
Syrie pour la eominodit^ de son admiais-
tration , ilsoonstruisirent les ^curies aux
relais marqu^, etquerquefois mtoie ils
fournirent les ebevaux (*). On ne son*
geait point h les indemniser. Quand le
satrape avait envie d*un pare, ilsenfer-
maient , dans une enceinte de murs, des
for^ts et des lacs {**") ; mais , quand ils
avaient faim, ils n'osaient toucher au
gibier privil^i^ D*ailleurs, ils ne pou*
faient chasser : il ^taitd^fendu aux serfs,
sous peine demortfd^avoirdesarmesO-
Les artisans dc« villes , les commer-
cants, les bourgeois, etaient plus heu-
reux. On avait besoin de leur Industrie
et de leur commerce. Ils aoprovision-
naient la cour du satrape, la cour du
roi, les armtes. lis 6quipaient, dans
les portsde Syrie, des triremes dont le roi
pou vait au besoin former une flotte C^**)»
£n un mot , ils etaient utiles et point
dangereux. Peut-^tre serait-il permis
d^afflrmer que , sur les bords de la Me-
diterranee et de TEuphrate, les habi-
tants des villes formerent une dasse
moyenne entre les seigneurs perses et
les Syriens esclaves {*****),
AInsi est tomb^ le peuple d'Arame. II
avait perdii sous les Assvriens et sous les
Ghald^ns son indepenoance. Gette fois*
il perd sa nationality. La Syrie, devenue
province et satrapie, embrasse sous une
m^me admiuistration tout le pays com«
pris entre TEuphrate et la mer, parexem-
ple, la Palestine et la Phenicie (******).
Sous Xerxes, ies Pheniciens el k$
Syriens de la Palestine fournissent une
partie dela flotte (***'***). Cesten Syrie
et en PhMeie qu'Artaxerxes rasseinble
contre le roi d'figrpte, Inarus, une ar«
m^ de terre et de mer. La province
avait alors pour gouverneur Megabyze,
beau-fr^re d'Artaxerx^. Ge satrape se
r^volte apres I'expMition d'^gypte^
\^
[*) Xto. Cyr. Uv. VIU, ch. 6.
{**) ibid.
(•*•) Id. i6. VII, ch. &.
(**«^)Sur les 1207 vaisseanx dela flotte de Xer-
xte dans la guerre medlque . Irs Phi^nidens et
ies Sv riens en fournirent aii»i, H^rodotp . V 11 , 80*
(****) Nous devons ajoater que, sous la doml-
oation des Perses, il y eut de nombreuses ^rol-
graUons de Syriens ; ils se mJrent souvent aussi
oomme meroenaires au service des vllles grec-
ques. Cest oe que nous appreod X^oopooii,
he feciig, II, a.
(•••••*) Esra, 111,6.
(•*»*•*) Herodole, Vll, 89.
SYRIE ANCIENNE.
U
nssembltf une armee considerable, et
bat deux fois )es troupes royales.
Son exemple devait trouver des imi-
lateurs. En 401 , Cvrus )e Jeune prit les
amies contra *on frere Artaxerxes Mne-
mon. L^bistorien Xenophoii, qui le suivit
dans cette guerre, raconte te passage de
Tarm^ en Syrie.
m. Dlssus, dernidre ville de Cilicie , Cy-
ras Yint en une marche de cinq paia-
ganges, au passage de la Cilicie et de la
Syrie. Deux murs se pr^sentaient : Tun,
en depict au-devaot dela Cilicie, ^tait
garde par Syennesis et ses troupes : on
disait qu^une garnison d'Artaxerxes oc-
cupait celui qui etait au dela , du c6x6
de la Syrie. Entre les deux coule le fleuve
Carsus (Kersas), large d'un pleihtr.
L*espaee qui est entre les deux murs est
de trois stades; on ne pouvait forcer ce
p»ssg4<ff ^troit : les murs descend -i lei it
jusqu'ala mer : au-dessus ^taient des ro-
cbers k pic, et Voi\ avait pratique des
portes dans les murs. Pour s*ouvrir ce
passsigB, Cyrus avait fait venir sa flotte,
afin dedebarquer des hoplites entre ces
deux marset au dela , et de forcer le pas
de Syrie, s'il 6tail d^fendu par les en-
nemis. II s'attendait qu'Abrocomas, qui
avait beaueoupde troupes a ses ordres,
Ini disputerait ce passage. Mais Abro-
comas n'en fit rien. Des quMl sut que
Cyras ^tait en Cilicie, if se retira de la
Pbenicie, et marcha vers le roi avec une
armee qu*on disait 6tre de trois cent mil-
kbommes. De 1^ Cyrus fit, en un jour
de marche. cinq parasanges dans la Sy-
rie , et Too arriva a Myriandre , ville ma-
ritime, habitee par les Pheniciens. C*est
une viile de commerce ou moui I lent beau- ^
eoupde vaisseaux marchands. On s'yar-
rlta sept Jours.... Cyrus fit ensuite vingt
parasanges en quatre man hes , et vint
sor les bords du Chains, fleuve large
d*un plethre, et rempli de grands pois-
sons prives : les Syriens les regardent
comme des dieux , et ne permettent pas
qu*on leur fassedu mal, nonplus qu'aux
eolombes. Les villages ou Ton campa
appartenaient a Parysatis , mere du roi.
usloi avaient ^t^ donnes pour son entre-
tien. De la, aprte trente parasanges, en
cinq marches , on arriva aux sources du
iteuve Dard^s, lar^e d'un plethre. La
^it le palais de Belesis, gouverqeurde
Syrie, avec de tr^-beauxet tres-vastes
jardins , fronds en (ruits de toutes les
saisons. Cyrus rasa le pare et brdla le
palais. Ennn, apres trois jours de mar-
che, Tarm^e arriva a Thapsaque, vilfe
grande et riche, sur PEuphrate, large
en ce lieu de quatre stades. Cyrus y de-
meura cinq jouis. On traversa le fleuve
k gne avec de IVau jusqu'a 1 aisselle. Les
habitants de Thapsaque pretendaient
que TEuphraten'avait jamais 6tegu^-
ble qu'en ce moment, et qu*on ne pou-
vait le traverser sans bateaux ; Abro-
comas, qui avait devance Cvrus, les avait
brdles. On regarda cet ^venement com-
me un miracle. II parut evident que le
fleuve s'etait abaisse devant Cyrus,
comme devant son roi futur (*)• *
La Syrie, reside indifterente dans la
lutte d' Artaxerxes etde son frere, n*eut
point de regrets pour Cyrus vaincu et
tue dans les champs de Cunaxa (401).
Mais « lie ne devait pas se rontenter
]ong(emps de ce r6le passif. En 362, tou-
tes les provinces de TAsie Mineure se
souleverent a la fois, et proclamerent
leur independance. Dans cette vaste
confederation, nous trouvons au pre-
mier rang, la Syrie, avec la Lycie,
la Pisidie, la Pamphylie, la Phenicie,
et presque toutes les citis maritimes.
« Les revoltes, dit Diodore de Sicile, ^lu-
rent pour leur chef, avec une autorit^
souveraine, Oronte, satrape de Mysie.
Mais, aussitot que ce satrape fut investi
du pouvoir, et qu'il eut re^u Targent
necessaire pour entretenir, pendant une
annee, une armee de vin^t mille hom-
roes, if trahit ceux qui avaicnt mis en lui
leur confiance. Comme il se figurait qu*il
obtlendrait aisemeotdu roi de maguifi-
aues recompenses, et la satrapie geuerale
es provinces maritimes, s'il livrait les
revokes aux Perses, il commenqa par
envoyer devant Artaxerxes ceux qui lui
avaient apport^ Targent, et livra egale-
mentaux ofQciers, detaches sur les lieux
par le roi, un grand nombrede villes
avec leurs garnisons, compos^es d*e-
trangers a la solde des conf^deres.
Rh^pmithres, envoys par les rebelles
en Egypte , pres du roi Tachos , et en
ayant're^u cmq cents talents avec cin^
quante vaisseaux ion^s , revint en Asie et
aborda a Leuce. Arrive dans cette ville,
il appela pres de lui plusieurs des prin-
ce Xenophon , Jnah. , I, 4.
24
L'UNIVERS.
cipaux chefs de la lisue, ies fit arr^ter,
et les envoya, charges de chatnes, a Ar-
taxerx^. Pour prix de cette perfidie, il
obtint de faire sa paix avec le roi (*)• *
Aiosi fut comprim^ ce mouvemcDt
qui , seconde par rfgypte et par Lac^-
d^mone , devait renverser, sur toute la
cdted'AsieJa domination des Perses.
Dix mille Grecs mercenaires, soudoy^
par Tacbos, avaient aborde en Phenicie,
sous la conduite de Chabrias; mats rap-
Sel^ en ^gypte par la r^volte de son fils
Tectan^bus , Tachos abandonna ses al-
lies. Les Syriens se soumirent ; et de-
sormais convaincus de leur impuissance,
lis oublierent des souvenirs importuns
de gloire et de liberte.
C est en vain que sous le r^ne d*Arta-
xerx^s III, la Phenicie, Chypreet r£gypte
renouent les liens de leur ligue dissoute.
Les Syriens restent.sourds a Tappel de
leurs anciens allies (354).
Mais d^ja les Perses touchent au ter-
me fatal de leur domination. Encore
vingt ans , et la Syrie aura chang6 do
inaitres.
Ochus meurt en 338 > son fils Ars^s
en 336, tous deux empoisonnes par
Feunuque Bagoas. Darius Codoman
monte sur le tr6ne (336). Ce prince edt
sauv6 Tempire, si Tempire avait pu £tre
sauve. Mais la Grto s est souvenue des
^erres ro6diques : Alexandre s'avance
a la conqu^te de TAsie (334.)
J^ vaste empire des Perses ^tait di-
vis^ par le cours de TEupbrate en deux
parties distinctes : TAsie Mineure et la
haute Asie. L'Asie Mineure, ou pays en
deca de FEupbrate, formait elle-mtoe
deux regions S(6par^es par la cbatne du
Taurus, la basse Asie, et la Syrie. La
Cilicte ^tait la iimite commune.
« Cette province est tel lement enferm^
par te mont Taurus , qu'on la prendrait,
suivant Texpression d un voyageur,pour
un enclos de murailles. Du c6te de Toc-
cident, la montagne est absolument im-
praticable; et il neparait pasqu*on ait
jamais tente de la traverser par la Pam-
pbyiie. A I'orient , il y a un autre bras
du Taurus , sous le nom d'Amanus , ou
Ton trouve deux passages , Tun au nord
et Tautre au sud , distants de deux stath-
mes ou de cinq parasanges ; ces defiles
donnent seuls entree dans la Syrie; ils
i (*) DIodore de SlcUe, XV, 91 et saiv.
86 nomment , Tun Porks de Syrie, Fau-
tre Pyles Amaniques (*). »
Le passage du Granique avait ouvert
aux Mac^doniens toute la basse Asie. Le
Taurus seul pouvait arr^ter leur marche
et sauver la Syrie. Darius vint camper
^SochoSjdanslaCommagene. Cette posi-
tion ^tait bien choisie ; elle permettait
aux Perses de fermer les d^fil^s , et leur
laissait, en cas de revers, une ligne de
defense derri^re FEuphrate , qui forme
un angle avec F Amanus. Le roi se perdit
par une impatience maladroite. II apprit
qu* Alexandre s'avan<jait a travers Jes
Pyles deCilicie. « Lechemin,ditQuinte-
Curce , pouvait a peine contenir quatre
bommes de front; le sommet de la mon-
tagne dominait sur le passage, qui etait
non-seulement ^troit , mais encore rom-
pu enplusieurs endroits, par une infinite
de ruisseaux qui s*y repandent de tous
c6t^s (**). » Darius devait attendre aux
Portes de Syrie ou au defile de FA manus
les Mac^doniens fatigues. Emporte par
son ardeur imprudente, il envoya ses
tresors a Damas, sous la garde d'une fai-
blegarnison, et francbit, avec toutes
ses forces, les Pyles amaniques. Il comp-
tait surprendre Fennemi dans sa mar-
che ; mais il 6tait trop tard : les Mace-
doniensetaientarrivesa Myriandre, sur
la c6tede Syrie C"). Alexandre vit le mou-
(♦) Sainte-Croix , Examen critique det histo-
riens dT Alexandre , 2" M., p. 681.
(**) Quinte Curce, III, 4.
(***W Aprts avoir travers* les Pyles syricn-
Des, Alexandre campa prte de Myriandrus, ^ille
mariUme. Xenophon, qui acoompagnalt \t
Jeuoe Cyrus, en lit autant, et cet auteur oompte
dans cet espace cinq parasanges. La paras^ange,
oomme !*a *vaiu^ d'AnvineCa), est egale h
trois milles romalns ancieos; le raiUe ^taut
de 766 toises, elle revfent a *l,S68 toises Or, cioq
parasanges font li,340 toises, et c'est a peu de
chose pr^ la mesure que Ton trouve sur la
carle de Nielmhr, et sur oelles du Foyaoe
de Drummood (6), entre un chAteau appera
Menkes, qui parait «lre h Tendroit m^me des
Pylps syriennes , et la situation d'Alexandrette.
On doit done crolre que la ville d*AlexaiidrettA
est sur {'emplacement m6me du camp d*Alexan-
dre et de Cyrus, et que c'est IVndroil au'avalt
d^iffne Alexandre (c) pour construire la vjlle
qui depuis fut appelee Aiexandria-caUi'isaott {d)
k cause de sa siluaUon.
(a) D'ABville, Tr. da\Mes. Uin., p. 44, 7S et 7».
\h) Niebohr. ro^ago, t 11 . pi. ss, p. U6. - Dram-
nond , TravetM , pi. II , p. ao*.
(c) Scymo., p. 5i. op. Ceogr. win. grec, t II. — He-
rod., Ill , 12.
(d) VaillaDt, Afum. grac., p. a? et 97< — PlolciB*
Ceogr., V , i5.
SYRIE ANQENNE.
35
remait des Parses. II pouvait tomber
sar leurarri^re-garde, et les prendre
eo queue dans le passage de TAmaous;
mais il aima mieux repasser, par uoe
Gontre-niarche rapide, les Portes sy-
rieooes : le lendemain, la bataille d*Is-
stts decida de la fortune deTAsie (333).
. Tandis qo' Alexandre vainqueur ele-
Tait,sur les oords du Pinare,des troph^s
et des autels, Darius fuyaitvers TEu-
phrate, a travers ces plaines de la Syrie
a TeiUe encore convenes d*une immense
armee, maintenant silencjeuses et de-
sertes (*).
Alexandre ne poursuivit pas les vain-
cus dans leur retraite. Avant de s'en-
gager an dela de TEuphrate , il voulait
affermir sa domination dans la Syrie et
soumettre toute la rive droite du fleuve.
U s*avanca vers la Coelesyrie , en Ion*
geant le littoral , et se rendit maitre de
nie d* Aradus et des villes de Mariamne
etde Marathe. En m^me temps, Parm^-
nion sVnfon^it plus avant dans les
terreselmardiaitsur Oamas, pour faire
le si^e de cette ville. Au milieu de la
route, les edaireurs trouverent un bar-
bare qui portait une lettre adressee par
legooverneur de Oamas a Alexandre.
Ce satrape promettait de livrer tons
les tr^Bors du roi si on tui envoyait un
d(B generaux avec quelques troupes. Le
prisonnier, renvoye sous escorte a Da-
mas, s'echappa des mains de ses gardes. Sa
fuite jeta les Macedoniens dans rinqui6'
tudeet Tenibarras. lis craignaient q[uel-
que secrete embOche, et n'avao^aient
« Damee 6M, oette ville, |Mir sa position, de-
Tiit le tfODfcr fort prts de oplle de Myriao-
droi ; et oes deax villes devaieot en quelqua
fa^oo former le fanbuurg Vuae de Tautre. Ausal
Ploltai^ les plaoe-t-il daos la m^e longitude ;
■aiaU mH an pea d^ecart daos leur latitude (a).
If^aoaoios ers deux Titles existerent coocor-
nmowot , Juaqa^i ce qu'eofin oelle de Myrlan-
dius o6da a sa rivale; car 11 n'est plus qnea-
Uoo que de la ville d' Alexandria dans les No-
tkaeeelenastigyeM lb). • ~ Analyte de la carte
des marchet tide r empire d* Alexandre ^ par
M. Barbi^du Bocage, dans Saiote-Crolx , S^
cd.. p. 806.
{*) Ferioea, qtue fro^ immentis agminibUM
> »m^ltventt. Jam inania et ingenti eolitudine
^eUefugiebaC Pauei regem aequebantur : nam
/ Mr eodem omnM fmfom intenderant , et.de-
fontihrns eqmut curaum eormn qtiot ,rex su-
^ademuUdai, ^nuareriMpottnnt, — QuiaL
Out, jy. I.
S'SS3ir.§!S&pi*.*p' 70».-0rteMcbrlst,l.||,
eiLpdeC9o«.
qu'avec prtoution. Enlln, Parm^nion,
plein de foi dans la fortune d^Alexan-
dre, prit pour guides des Syriens de la
campagne, et arriva en quatre jours au
pied des remparts. Damas ouvrit ses
portes. Les tresors de Darius , qui mon-
taienta deux mille cinq cents talents (*) ,
tomberent au pouvoir de Parm6nion ;
mais ce n*etait pas la partie la plus pr^
cieuse du butin. Au nombre des prison-
niers se trouvaient les enfants et les
femmes de tons les seigneurs les plus
nobles de la Perse. On cite les trois nlles
d'Ochus et leur m^re, la fille d'Oxa-
thris, fr^re de Darius, Tepouse d'Ar-
tabaze et son Ols; I'epouse et le Ols de
Pharnabaze, satrape des provinces ma-
ri times; les trois filles de Meftor; T^-
pouse et le fils du faroeux Meranon;
enfin une jeuiie femme de Pydne, nom-
m^e Antigone, remarquable entre tou-
tes les captives par sa beaut^. Elle ^hut
en partage a Philotas, Ols de Parm^
nion (**). ^
Darius avait laiss6 a Damas, comme
dans une sdre retraite , les envoys des
villes grecques. La trabison du satrape
les livra aux mains de leur ennemi. Mais
Alexandre se montra genereux : il remit
en liberty les deux depute de Thebes,
et le Ols d'Iphicrate , depute d*Athe-
nes (***). « Les cavaliers thessaliens Orent
dans cette campagne un gain conside-
rable; comme ils s'etaieiit distingu^
dans le combat, le roi les y envoya ex-
pres pour leur donner une occasion de
s*enrichir. Lereste de Tarmee v amassa
aussi de grandcs richesses ; et les Mace-
doniens, qui godtaient pour la premiere
fois de Tor, de Targent, des femmes et
du luxe des barbares, furent ensuite
comme des cbiens qui ont tdte de la
curee : ilsallaient avec ardeursur tou tes
les voies pour decouvrir a la piste les
richesses aes Perses (****). «
Parm^nion, au retour de son expedi-*
tion de Damas, re^ut le gouvernement
du pays en dech de TEuphrate.
La Syrie et'la Ph«*nicie etaient sou-
mises; seuls, les habitants de Tyr fer-
maient leurs portes aux Macedoniens.
(*) Sainte-Croix , s« ed., p. 429.
r*) Plutarque, Fie d* Alex., LXXV.
(•**) ^oy., pour cerecit,QuinteCnroe,Hf 13.
(**•*) Plutarque, Fie d*Alex., XXXII, trad, de
Elcard.
26
L'UMVERS.
Pendant le sl^e de cette viile, Alexan-
dre re^t one ambassade de Darius.
Le roi de Perse ofifrait a son ennemi la
main d*une de ses filles , trois milte ta- ,
lents et tout le pays en de^a de I'Eu-'
phrate. Pour sauver la haute Asie ^ il
abandonnait TAsie Mineure et la Syrie,
c'est-a-dire toute la c6te, et se reufer-
mait dans Tinterieur des terres. Alexan-
dre refusa « La terre , dit-il, ne pent
avoir qu'un mattre (*). »
cc Vers le milieu du siege, 11 alia faire
\h guerre aux Arabes de TAnti-Li-
ban. II y courut risque de la vie pour
avoir attendu son precepteur Lysima-
que, qui avait voulu le suivrea cette
6xp6d!tiyi, en disant qu*il n'etait ni
plus vieux ni moins courageux que
Ph^ix, qui avait accompagne Achilfe au
si^^e de Troie. Quand on fut au pied
de la montagne, Alexandre quitta les
chevaux pour la monter a pied. Ses
troupes le devancerentde beaucoup ; et
eomme il ^tait deja tard, que les enne-
mis n*^taient pas loin, il ne voulut pas
abandonner Lysimaque, h qui la pe-
santeur de son corps rendait la marche *
difficile ; mais, en Tencourageant et le
portant a moiti^, il ne s'apercut pas qu*il
s'^tait s^pare de son armee", qu*il n*a-
vait avec loi que tr^s-peu de moude, et
qne par une nuit obscure et un froid
tr^s-pi^uant , il etait engage dans des
lieux difficiles. II vit de loin un grand
nombre de feux que les Arabes avaient
allum^s de e6i€ et d*autre. Se confiant
a sa legerete naturelle, accoutume, en
travaillant lui-m^me, h soutenir les
Macedoniens dans leurs fatigues , il cou-
rut a ceux des barbares dont les feux
^taient le plus proches^ en pervade son
^6e deux qui ^taient assis aupres du
feu, et prenant un tison allume, il re-
Tint trouver les siens, qui allumerent de
grands feux dont les Arabes furent si
effrayds qu'ils s'enfuirent precipitam-
ment. Tel est le recit de Thistorien
Chares (**). »
La prise de Tyr acheva de fonder
8ttr la rive droitede TEuphrate, depuis.
le fleuve jusqu'a la mer, la domination
maoedonienne. Alexandre confia la Ci-
licie h Socrate, et le pays de Tyr h Phi-
lotas. Parm^nion remit a Andromaque
nDiod.sic,xvn,M.
le gouvemement de la Coel^yrie, et
partit pour Tarm^e (*).
Mais les Samaritains se r^volt^rent
contre le nouveau commandant, le pri-
rent, et le brdlerent vif. Alexandre reve-
nait d*£gypte, quand il requt cette dou-
velle ; aussitot il nomma Memnon au
gouvernement de la Syrie, et fit execu-
ter les assassins d'Andromaque(**). Ces
mesures ne retard^rent pas la marche
de rarm6e; elle traversa TEuphrate k
Thapsaque r***). La cavalerle passa la
premiere, suivie de la phalange (•***); elle
trouva lefleuvegueableau milieu (*****).
Maz^e 6tait venu , avec six mille ca-
valiers , pour emp^cher le passage. II
n*osa faire T^preuve de ses forces, et
se retira derricre le Tigre f *****♦). Ainsi
la haute Asie s'ouvrait devant le conqu^
rant : e'en ^tait fait de Darius et de son
empire (331).
Nous ne suivrons pas Alexandre dans
sa marche au dela de FEuphrate; mais
(*) CilMam Socrati tradidertU, Phiiota n-
gioni circa Tfpvm juato prasidere, SffHam,
gum Ccele appellalur, Andromacho Parmenio
tradiderat, bello quod tupererat inter/ulKrus.
Quint. Cur.. IV, V
(**) Andromachvm vivum Samariimcre-
maveranL QuiotCur., IV. 8. — « Abut -Parage,
od aulrement Gregorius Bar-Uebrteos , dans
la fieconde partie-nonHmprlmee de sa Cknmi-
que syriaque, fait d*Aiidromaque un grand
pretre, et pretend que les Samaritains le tuirent
parce quMI avait reconnu Alexandre .poar roi,
et l*avait traite avec honnear, etc. » Saiota-
Croix, p. 663.
(***) « Alexandra passa TEuphratei Tbapsa-
que , que M. d*Anville croit Aire aujourdind
rend roi t appel^ El-Der (a) ; mats il se trompe.
Thapsaque, suivant la marche des DIx mille (6),
etait a aoixante-cinq parasanges deMyriandrvSk
et cette mesure, k partir dela ville d^Alexan-
dreUe, tomt)e assez bien sur Racca, qui cat
encore un grand passage de rEophrate. »
M. Barbie du Boca^e, dans Salnte-Croix , p. Bio.
« Pllne et Dion Cassius (<;) rapporlent qa'A-
lexandre traversa le fleuve pres de Zeugma,
sur un pont soutena par des chaines de fer. Get
^Ivains ont sans doute ^t^ ioduits en erreor
par Petymologie du nom de oe Ueu; rittn^
raire de Tarmte maoedonienne, depuis Tyr
Jusqa'a Arb^e, d^montre la faussete de leur
r^ll. » Sainte-Croix, p. 296.
(*♦*•) « Undecimis casiris pervenUnd Eyphra"
iem ; quo poniibusjuncio, eqmiUs primot sre,
phalanqem tequi jvbeL Quint Cur., IV, ••
(*••*•) Arrien, 111,7.
{*•***•) Mazaoqui adinhibendumtransUMm
efu», cum $ez miUibut equUum oceurrerai,
fum attso periewiMm ttd facere* Quint. Cur. ,
IV, 9.
la) n'Anville, fiifpAra<0 et Tigre, p. li.
»)X«'noph..^iia6., U,4. .. ^ , „
(e) Plui., V. 14. ~ DLoa Cass., Ut. XL, tjl , p. ni.
SYRIE ANCIIENNE.
notre r^tdans les limitefl
de la Syrie, nous ^tudierons TMat de
tttte provinee sous la domination ma*
cMontenne.
La Syrie, suee^asWement goaTerote
parPaimenion, Andromaque et Mem-
Bon, eomprenait, comme au temps des
Perses , la Phenicie et la Palestine.
Lea habitants, tenus en respect par
det commandants et des garnisona,
payaient ietribut sans resistance, etfour-
Dtssaienl k Tentretien des troupes. lis
avaieot d^abord sapporte avec impa-
tieace roccupation militaireC). L'irri-
tatioa g^n^rale edata par la rdvolte des
Samaritains et le meurtre d'Androma-
qoe. Mais une repression rapide con-
vainqutt les peuples opprimes de leur
impuissance. L'ordre retabli ne fut
phtt trouble; insensiblement, il s'op^ra
une sortede fiision. Au contact des
ninqaeurs , les vaincus modiGerent les
eoutumes^lesmceurs, la religion natio-
nales; etda melange des deux civilisa-
tions, rOrient sortit transform^.
Beja, s'il faut en croire la tradition rap-
port^ par le sophiste Llbanius, Alexan-
dre afaitpos^ les fondements d*Antio-
dw, la capitaie de ce monde nouveau.
« Aleiaodre, en traversant la Syrie,
apres la bataille d^lssus , s'arr^ta tout
pres des sources de la fontaine de
Dapho^, y dressa sa tente; il trouva
Tcau de eette fontaine si agreable, qu'elle
lui rappela toute la douceur da lait qui
eoulait des mamelles d'Oiympias, sa
mere. Aussitot, il con^ut le projet de
fadtir une rille en cet endroit, et oraonna
d'en eommencer la construction. Le
temple de Jupiter-Bottienet la citadelle,
appelee Emathie, sont les restes de ces
premiers travaux. Tel est le r^it de
Llbanius , confirme par Malala ; mais il
repose sur une faus^e tradition, imsr
ginee pour flatter la vanit6 des Antio-
«hieos(**).
Deja la domination macedonienne
appelle la Syrie k de grandes et glo-
neuses destmees. Alexandre, vainqueur
deTAsie, m^ite la conqudtedu monde,
t*j iVoMf m trnperium Syrif nondum belH
<wi<6iis domiti aspemabantur ; ted celeriter,
^^i , obedienter imperata fecerunt. > Qufot.
,y*) Uban., Or. IK t. I op. p. 296 et 2»7.
M-RcBke. ~ Halal. Chron., p. 302. Cites par
SaioteH^nnx, p. 4o6.
et place sur la rive droite de TEuphrate
le centre de ses prodigieuses entreprises.
« Les moyens ne Tembarrassaient pas;
il n'avait besoin que de vivre. On ne
peut douter de ses projets, puisquMls
se trouverent consign6s dans ses pro-
pres Memoires. Ephippus d'Olynthe de-
vait en avoir eu connaissance; etc*est
Vraisemblablement dans son ouvrage
que DiodoredeSicile les apuiscs. Perdio-
eas fit lecture aux Mac^aoniens assem-
bles des principaux articles de ces Me-
moires (*)..D*abordil s'agissait defaire
construire enSvrie, en Cilicie et dans Tile
de Cypre, mille vaisseaux longs, plus
forts que les triremes^ destines a por-
ter la guerre chez les Carthaginois et
les peuples de la Numidie , jusqu'aux
-colonnes d'Hercule (**)• Les Macedo-
niens applaudirent beaucoup k ces vas-
tes desseins; mais ils jugerent qu*il leur
6tait impossible de reinplir 5 cet ^gard
les vues d'Alexandre (***). »
D'autres projets nioins ambitieut
avaient deja recu un commencement
d'ex^cution.
c La d6couverte des cdtes de la mer
Caspienne ^tait un de ceux que le roi
avait le plus a coeur. II ordonna d He-
raclide' de faire couper des bois dans
les forfits d'Hyrcanie, pour construire
des navires longs, les uns pontes, les
autres sans pont , destines a cette pre-
miere decouverte (•***). Les preparatifs
pour la seconde se Qrent a Thapsaaue ;
on devait y transporter tous les Dois
coupes sur le mont Liban, aUn d'y
^uiper neuf cents spptir^mes ; et les
rois de Cypre avaient ordre de les four-
nlrde fer, de voiles etde cordages (***•*;,
Tous ces details, que nous devons a
(*) ''Hv & Tfiiv (mop.v7iiiaTu>v Tot piyioTa xal
Mrc (55ta T(4«e, elc. Diod.SIc, XVII, 4.
(**) Ip9€t animo fnjlnita complextu , siO'
hierat omni ad Orientem maritima regione
perdomita , ex Syria petere Mticamf Cortha-
gini infenaus : tnde, ISumiauB solUudinibus
peragralis, cunum Gadet dmaere, HupanioM
deinde adire, et pralervehi ^Ipes, liatias^ue
Oram, unde in Epirum brevif cunut esL Quint.
Cor , X, I.
(•**) Salnte-Crolx,p. 481.
(•*•*) Arrien, VII, 16.
(•***•) MaUrtain Libanotnonie ccnaydevector
que ad urbem Syriw Thapgacum , ingentium
carina* naviumponere^ septiremes omnes eiuc,
deducique liabulonem. Cypriurum regibuM
imperalum , ut tes tluppamque et vela prm-
l^erenL qainU Cur.,X,I.
98
L'UNIVERS.
Quinte-Curce, ont ete vivement criti-
ques; il a para inconcevable au'on ait
imaging de faire descendre a aes septi-
remes TEuphrate, qui est une riviere
tortueuse, ordinairement peu profonde
et charriant beaucoup de sable (*). £lle
avait trois cents toises de large a Thap*
saque (**) , et si peu de profondeur que
les Dix mille la passerent en cet endroit
n*ayant de Teau aue jusque sous les
bras (***). Alexandre meme la trouva
gu^able au milieu , lorsqu'ii la traversa
pour entrer dans la M^potamie (****]/
Au-dessus , vers TArm^nle , on n*y navi-
guait au'avec des canots d'ecorce (*****) ;
et au-clessous, avecdes bateaux de troncs
de saule, converts ext^rieurement de
peaux (******). Enfln, le cours de I'Eu-
f>hrate ayant plus de trois cents grandes
ieues, depuis Thapsaque jusqu'a son em-
bouchure, qu* Alexandre venait de rou-
vrir, nepassa jamais pour ^trefaciiement
navigable. Comment done ce prince
aurait-il pu concevoir ie dessein d'^ta-
blir le cbantier de sa marine sur un pa-
reil fleuve et a une si grande distance
de la mer? 11 avait sans doute compte
sur les crues d'eau qui arrivaient a la
fonte des neiges et faisaient deborder
TEuphrate (***♦•**). Si degros bdtimenU
Eouvaient ^tre alors mis a flot, il etait
ien hasardeux de les faire naviguer sur
ce fleuve, pendant un si long trajet.
D'ailleurs , quelque idee qu'on sc fasse
des seotiremes , elles tiraient trop d*eau
f)Our descendre de Thapsaque k Baby-
one. Suivant Aristobule, ce fut en
cette derniere ville quese rendit la flotte
de N^iirque, ou se trouvaient deux pen-
tir^mes, trois quatririmes, douze tri-
remes et trente bdtiments a trente
rames. lis avaient €l6 transport's en
pieces et h dos de chameaux , de Pii'ni-
cle a Thapsaque, d ou, apres avoir 6t6
assembles , ils navigu^rent jusqu'a Ba-
bjlone (********).Cette petite flotte, s^n8
aucunchargement, et h la'faveur des
(*) Deslandea , Bisai sur la Marine des an-
ciensy p. 86.
(") D'Anvillc, rir«pArote et le Tigre , p. 44.
(•••*) Arrlen, 111,7.
. ^••♦•»j jfji ,'rf naves codicarke occulta per
kyemctn fabricala: aderant, Sallust. But,
/mf/m. , !. IV.
("•*•*) H^rod., M94.
('*•••••) Strnb., XV,p.60».- Arrlcn, YII, 67*
(•••*•*»•) Aristob, ap, Arrian., \U, 19.
crues p^iodiques d*eatt, a pu arriver a si
destination, mais non sans des peines
infioies, et sans beaucoup d'avaries.
G*est vraisemblablement ce qui engagea
Alexandre a en construire uoe autre
avec des cypres, dont il y avait une
quantity considerable en Aasyrie. II fit
bdtir, non loin de Babylone, un araeual
maritime , et creuser un port capable de
contenir mille vaisseaux. Tous les oo-
vriers , matelots et p^heurs de la coo-
tree furent rassembles, et il envoya
Miccale, de Clazomene, en Syrie et en
Phenicie (*), avec cinq cents talents,
pour y enroler tous les ^ens de mer qu*fl
pourrait engager a le suivre (**). > Ainsi
la face du nionde va changer eous la
main d* Alexandre. L'lnde s^unira par
TEuphrate a TAsie Mineure (***); TAsie
toucnera aux colonnes d'Hercuie, el
bientdt le soleil , en parcourant sa car-
riere , ne verra plus les homes de la
domination macedonienue. D^a PAsie
adore le Ills de Jupiter Ammon ; d^
la Gr^e m^me, par la main des Thdores,
Py
, , Arrlcn, Vll , 19.
•*) Salntc-Crolx, p. 484-486.
(***) I Alexandre forma le deiaein d*oiiir les
lodes avec TOocideot par un ooromeroe mad*
time, comme il les avait ante par des coJonies
qu*il avait etahlles daos les terres.
« A peine fut-ll arrive des Indes qu*n at
oooslraire de nouvelles flotles , et navlgua aw
TEuleos , le Tigre, rEuphrate , et la mer. U 61a
les cataractes que les Perses avaient mlaes sor
oes fleuves; 11 d^oouvrit que le sein PeniqiM
<^tait on golfe de rooeao. Gomme il alia re-
ooDoaltre oette mer, ainsi qu*il avait rrooom
cetle des Indes ; comme 11 lit construire oo
port k Babylone pour mtlle vaissseaux et des
arsenaux; comme il envoya doq cents laieols
en Syrle et en Ph^ntcle , pour en faire veoir
des nautoniers, qoMl voulalt placer dans les
colonies quMl r^pandait sur les c6les; oomme,
enfln, 11 tit des tnivaax immenses sur i*Eii-
phrate et les aytres (jleuves de TAssyrie , on na
peut douter que son dessein ne fdfde faire le
commerce des lodes par Babylone et le goUe
Arabique.
« Apres Alexandre, les rois de Syrie laiss^
rent a ceux d*£gypte le commerce meridional
des Indes, et ne s'aitach^rent qu*ik ce oommeroe
septentrional qui se falsait par l*Oxus et la
mer Caspieone. Seleucus et Antiochos eurent
une attention partlculiftre k la reooonaftre :
ils 7 entretinrent desflottes. Ce queS^leacus
reoonnut fut appele mer S^leudde; oe qu'An-
tiochus decouvrit fut appei^ mer Antiodiide.
« LA commerce par rOxus et la mer Caspieone
reQUt de nouvelles facility par I'^blissement
des colonies mac^doniennes ; les marchandlset
des provinces plus septentrlonales de rimfo
etaient port^ depuis S^ra, la lour de Pierre ci
autres stapes Jusqu'& TEuphrale. > Montes-
quieu , Esprit des lois, Uv. XXI , ch. 8 , 9, 16,
SYRIE ANCrfcNNE.
i&
le dieu de h terre (*)• Mais
cedieo n^est qu'on dieu mortel. ^.puis^
de debauches, empoisonn^ peut-etre^
Alexandre meart a Babylonef*)(824).
P41TA6B DSS PR0yi!«GE8 APB^S
LAHOIT d'ALBXANDBB; LAOMEDO!f
GOIIVKBHBUB BB LA SYRIE. ~ On 8
dit qu'a ses derniers instants , le coq-
qficrant iDacedooien voulut opposer ua
obstacle aux ambitieux qui devaient
troubler et dMiirer son vaste empire ;
et paisme , aupres de lui , tnkne dans
sa famille , il ne voyait personne qui
pdt maintenir cette alliance entre TEu-
rope et TAsie qui avait 6te Tobiet de
Iras ses T^ves et de tons ses efforts ,
qi*il essaya de pr^venir, au moins en
pertie, nne dissolution violente, en
eretnt qoatre ro^aumes au proflt de
eeux an'il arait Initio k ses projets et
qui, fNus que les autres, devaient parta-
ker ses gjrandes id6es. Est-il done vrai
S* Alexandre, sur son lit de mort , ait
t on testament ? La r^olution qui
i'aecoroplit, sous les murs de Babyione,
ao moment tokne oik il venait d'ex*
pirer, serable attester qu'il ne put ou
oe voulut point r^ler poor I avenir
les afiaires de son empire. 11 ne pro«
Bonqa , avant de mourir qu'un mot : Au
pbu diqne ! II s'6tait tourn^, il est vrai,
vers Perdiecas; mais chaque g^n^ral,
dans son orgudi, pouvait croire que ce
motltti aait adresse (*^*).
Lessoldats, comme on ie salt, par un
sentiment de reconnaissance et d'ad-
mirattoa , proclamerent rois le fiis et
le frere d* Alexandre. Perdiecas, qui ue
se croyaJt pas encore assez fort pour
domi'oerses aneiens compagnons d*ar-
J^) Avroi TE iaTC90cvc&uiyoi *A>£^x^ci) npo-
•$UB«v, xflu ivtcf^vouv auxdv atssdcvoic XP^'^^C,
6( kaopot a^Oev i; xiiAi^ 6«ou A^iYpivot. Ar-
riai,vn, 23.
(**) Le 28 da molft dcesias ( htotoinboeoo.)
(***) O ne fat que plus tard, k une ^poque
ie decadenoe, ^era le temps de la conqoftte
que les rols aaatiqoet, pour se
fnadir peot-Mre, imagio^reot un testaoK^Dt
trAleiandre. lis pt^teodirent que leun an-
cMics ^laieiil devenus rois , oon par la force des
s, mais par aoe sueeessioo hggale , si nous
IWVOQS nous aenrlr de ce mot , c*esUii-dire en
vcfto des dispositions dn testament dont nous
Mas. On a beaoooup dlscot^ sur oe point.
voyeiDioysen, qui a rtani tons les textes et
JKSciles opiolons, dans an excellent-ouvrage
MihiK : GeMehiehte des UelleMitmiu . t. I , p.
M,<PjBtfnd. 3; Hamboorg, 18K.
mes , avait encourage et dirig^ peut-
6tre ce roouvement militaire. II gagna
alors le titre de tuteur et de regent, qui
sembla le mettre au-dessus des autres
g^neraux.
fiientdt il fallut pourvoir a toutes les
ambitions ; et on partagea les provinces
entre les chefs les plus influents et les
plus danffereux. Dans ce partake, Lao-
m^on obtint la Syrie. Celui-ci n^^tait ,
par son titre , que le delegue des deux
rois proclames par les soldats ; mais lui,
comme les autres gouverneurs , n*avait
quitt^ Tarmee que dans rintention de
se cr6er une position ind^pendante.
Tout nous porte a croire que ne ren-
contrant , pour obstacle , que la volonte
impuissante de Perdiecas , il eut , sur
la Syrie , un pouvoir ^gal h celui des
aneiens chefs nationaux ou des rois
assyriens , chald6ens et perses qui, tour
a tour , avaient domine T Asie.
Quand Perdiecas mourut, Pithon
accepta la tutelle des rois; puis, II s'en
demit. Antipater lui succeda. On (it
alors , a Trisparadis , en Syrie , un nou-
veau partage des provinces ( 320 ). Ce
fut 5 la suite de ce partage que Ptole-
mde , le premier des Lagides , essaya de
depouiller Laomedon.
II attaqua les villes maritimes avec
sa flotte, et envoya dans Tinterieur du
pays une arm^e command^epar Nicanor.
Avecces forces r6unies, il soumit toute
la rive droite de TEuphrate (*) : mais il
ne prit aucune mesure pour assurer
sa conqu^te . Antigone envahit ia Sy-
rie (315) , et la trouva sans defense : les
vaisseaux de guerre qui mouillaient sur
les cdtcs s*etaient retires a son appro-
che. Antigone s'empara des ports et
les changea en vastes chantiers de cons-
truction. Attaqu6 par Cassandre (**), il
laissa au jeune Demetrius , a peine !^g6
de vingt ans, le soin d'arr^ter les in vasions
de Ptol^mee. Le roi d'£gypte profita de
r^loignement d'Antigone et ae Pinex-
perience de son flis. II fit une descente
sur les c6tes (313) , et pilla plusieurs
villes pen importantes (* *). Les evene-
ments de Tannic suivante eurent uae
(*) Champollioo, £gyple (Uoiv. pltiores-
que), p. 893, a,
(**} Cliampolllon, ibid.^ p. ?95.
(**•; W., fftirf., p. 896, a, b. - Voy. aussi Dio-
dore de SIcile el Plutarque, dans la Pie de Oc-^
metrlus.
to
LTJNIVERS.
influence d^isive sur le sort des pays
en de^a de l^Euphrate. L'occupation
d'une partie de la Syrie par les 6gyp-
tiens (312) permit a Ptol^m^ede secourir
S(6leucus. C<^lui-ci, avec treize cents hom-
mes, s*empara de Babyloae. C'est ici que
commence Fere des S6leucides (*). tia
presage beureux annon^a la grandeur fu-
ture du nouvel empire. L'armee trouva,
sous une roche, pres des bords de TEu-
phrate , une ancre enfouie. Ce.tte ancre,
signe de force et de stabilite, resta consa-
cr^e par les traditions {**).
Tandis que Tbeureux Seieucus s'^ta-
blissait dans les provinces babylonien-
nes, Ptol6m6e avait a combattre'les for-
ces reunies d* Antigone et de son fits,
et perdait toutes ses conqu^tes. Anti-
gone, vainqueur, fixa sa re^iidence en
Syrie, etenvoya Demetrius en Grece. Le
jeune pripce retablit dans Athenes le
gouvernement de la multitude. II atta-
qua Cypre, oil commandait Menelas,
rrere de Ptolemee (***), et batlitia flotte
du roi d'^gypte. En m^me temps , son
p^re arr^tait sur I'Euphrate les incur-
sions des Arabes. Proclame roi par les
Syriens, Demetrius partaijea le pou-
voir avec Antigone (306). Mais ses victoi-
res a vaient excite la jalousie des vieuz
§6n^raux d* Alexandre. Seieucus qui, peu
e temps auparavant, avait battu et tu6
Nicanor, le meilleur general d'Autigone,
forma centre la Syrie une redoutable
coalition.
C^tait en 302. Antigonie s'elevait
sur les bords de I'Oronte. Des jeux so-
lennels avaient attir^ une multitude d'e-
trangers qui , retenus par la beaute du
pays et la magnificence de la ville, s*6»
tablissaient avec leurs families dans la
nouvellecapitale (****). Tout a coup les
fStes cesserent. L'arm^e de Lysimaque
ayait traverse la Pbrygie, la Lydle, la
Lycaonie, toutes les provinces au dela du
M6andre ; Ptolemee menacait la frontiere
de Coel^syrie. II etait temps de sortir du
(*) BabyloDe fat prise en 8ii. Cestdono h
raotomne de eette annee , et non eo 3i3, qu'll
faul placer le oofDmencement de l*^re des Selea-
ddei. Voy. Saint Martin , ^i"<;r. unit;., art. 5^-
leucus , torn. XLI , p. 508 , nole.
(**) Seieucus prit pour armes une ancre de
navire.
. (*'•) Champolllon, igypie, p. 898, a, 6; 899, 400.
(•*••) Justb, XV. 4. - tiiod., iiv, xi. -
Platarq., fie de Demetrius,
repos; Antigone quitta la viUe ^u'll iM
devait plus revoir , et partit arec oent
mille bommes. 11 esp6rait arr^ter , dana
les plainesde Pbrygie, Lysimaque et Se-
ieucus ; roais Ipsus d^cida la querelle.
Seieucus, vainqueur, s'empara de toute
la rive droite de TCupbrate (*).
CHAPITRE IV.
BOYADKE PB SYBIS; aEANDBUm DS
L*BMP1RB DBS SB{iBUCI]>B8.
Seieucus fonda en Syrie la capitale de
son empire, et lui donna le nom de eon
p^re, Antiochus (**). Antioche» moaa*
mentd'une grandeur jalouse, ne devait
pas supporter de rivale. Antigonie fat
renversee et demolie; ses habitants, Ma-
cedoniens ou Ath^niens, au nombre de
cinq mille trois cents bommes, eniporte-
rent eux-m^mes les pierres, les poutres,
tous les materiaux, et des ruines de leurs
maisons ^levereut Torgueilleuse capi-
tale. Suivant quelques auteurs , ils troo*
v^rent un asile dans S6leueie. Cette ville
nouvelle ^tait unedesquaire scBurs fon-
dees par Seieucus^ Antioche, S6leucie,
Apam^, Laodic6e, portaient en effet la
nom de sceurs. Ce titre leur est conserve
sur les m^ailles C^*). Leurs habitaats
jouissaient tous des nidmes droits , sans
distinction de race ou de religion. Les
Juifs , profitant des bienfaits de Tegalit^
appQrterent, dans ces villes, leurs ri-
chesses et leur esprit commercial. Elles
aequirent bientot un d^veioppement si
complet, Antioche surtout, queduraot
les siecles de la domination roniaine,
rhistoire de Syrie se renferme pres^ue
tout eutiere dans Tbistoire de ces cit^
florissantes.
Seieucus jouissait en paix de ses con*
quotes. II n etait pas eepeudant sans in-
quietude, et s'et'ror^ait de menager le
ressentiment de D6metrius, fils d*Anti-
(*) Voy., rar les rapports de la Syrie svce
I'Egyptn au temps d'Antiffone, one trea-savaiiM
monographic de M. R. Geier, qoi est inUtulte :
de Pwemai Lagida vita et commentariorum
fragmeniiscommentatuh Halts Saxooum, I8S8;
in-i\ Nous renvoyons specialemeot nos ledeur*
aux pages 38 el suiv.
(**) Seton St^atmn i le Dom de son fits , d^a-
pres Malala. Voyez, sar la fondatlon d'AtiUo*
Qhe, Liban., p. 349. — Malala, p. SOI. —Diod..
XX, 48. — Dion Cass., «L, 29.
(***) EckheU III, p. 60.
I I
\ \
z 'i 1
12;
<
>• II
CO ■
i !
SYRIE ANCIENNE.
31
me. U lui demanda la maiade sa fille,
SIratODice (299).
D^iD^trius re^ut eD Gr^e les envojrds
da roi de Syrie ; il mit sa flotteli la voile,
et rassenibla toutes ses forces militaires.
Avec ce cortege , il conduisit sa fllle en
Orient. Apres avoir quelque temps lon^^
la cote de Cilicie, il descendit ses troupes
a terre, etd^ola le pays parune rapide
incursion. Gette province , enlevee a An-
tigone, ^tait tomb^ en partage a Piis-
tarque; mais elle ne devait pas rester
loD^temps aux mains de ce general.
Demetrius ajourna seuleroent ses pro-
jets dc conqu^te , pour cel^brer h Rhos-
sus runion de Seleucus et de Stratonice.
Quand les fStes furent terniinees, il re-
prit la route de la Cilicie, et s'empara de
tout le pays. Seleucus voulait ^tendre son
empire dans TAsie Mineure. 11 proposa a
son beau-pere de lui acheter ia Cilicie, et
r6clama la restitution des villes dc Sidon
et de Tyr. Demetrius refusa , ot se mit
en mesure de defendre ses possessions.
1/ ne put saiiver la Cilicie; mais il ra-
vagea fa Coelesyrie : contraint de quitter
rOrient, il se rejeta sur la Maceaoine,
et s*en rendit maitre (294). II repoussa
heureusement les attaques de Lysima-
que, et des peuples barbares, cam pes sur
les frontieres. La Mac^oine ne sufGsait
pas a sou ambition. En 290, il rfl^sembla
cent dfz mille hommes, une flotte nom-
breuse, et pari it contre la Syrie. Pyr-
Thus profita de son doignement pour ea-
Tabir la Macedoine. Rappel^ par les suc-
ees de son ennemi , Demetrius rentra en
Europe, li u^avait pas renonc^ a son
entreprise. II remit a la voile pour I'A-
sk; maJs, sans cesse inquiete par les
manoeuvres de Tarmee thraee, surpris
par Agathorle, fils de Lysimaque, il n au-
rait conserve , lorsquM arriva en Cilicie ,
que onze mille bommes. Cetait pour Se-
leucus le moment d^eeraser son ennemi :
le roi de Syrie, avec une generosity, ou
feinte,ou veritable, doima Tordred^en-
Toyer a Demetrius d*abondantes provi-
tions. Enfin « ^clair^ pnr les plaintes de
•ea sujets, dont Patrocle se fit Tinter^
pr&te, il reconnut le danger, et changea
tout a coup de politique. Au milit u de
Hiivcr, il se miten marche avec des forces
eonsiderables. Demetrius reprit Toffen-
sive.Il for^ les defiles du Taurus, et se
Jeta au eoeur de la Syrie. Arr^t^ par une
maladie de quarante jours , il se vit aban-
donn6 d'une partie de ses soldats. Mais,
tandis que les Syriens, sdrs d'un facile
triomphe, refusaient les secours de Ly-
simaque, il se releva pour tenter un coup
de desespoir. II voulait surprendre Se-
leueus, la nuit, au milieu de son camp,
et chercher dans cette entreprise t^m^-
raire la mort ou Tempire. Un transfuge
trahit le secret. Seleucus, averti, mit son
armee sous les armes. II fallut s^abandon-
ner aux chances d'une bataille ran^^e.
« Le lendemain, a la pointe du jour,
Seleucus lui ayant pr^sent^ la bataille,
Demetrius envoie un de ses capitaines
commander une des ailes de son armee;
et chargeant les ennemis h la t^te de
Tautre, il les met en fu>te. Seleucus,
mettant pied a terre et quittant son cas-
que, va, sans autre arme que son bou-
clier, se presenter aux soldats mercenai-
res de Demetrius, eties exhorte k passer
dans son arm^e, en les assurant que
c*est pour menager leur sang, et non
pour epargner Demetrius , quit a diff^r^
si longtemps le combat. A 1 instant ils le
saluent tons, le proclament leur roi, et
se rangent sous ses drapeaux. Deme-
trius, quoiau'il senttt que ce dernier re-
vers etait plus terrible que tons les pre-
cedents, \ oulut tenter encore de s'en re-
lever; 11 s'enfuit a Ira vers les portes
Amaniques; et, suivi d'un petit nombre
d^amis et d'officiers, il gagna un bois
epais, ob il passa la nuit, dansle dessein,
s il lui etait possible, de prendre le che-
min de la ville de Cnune , et de descendre
au bold de la mer, ou il esperait trouver
sa flotte. Mais, quand il eut su qu'il n*a-
vait pas de vivres pour la journee, il vit
qu'il fallait son^zer a d^autres moyens.
Duns ce moment, arrive un de ses amis
nomme Sosigenes, avec quatre cents
pieces d*or qu^ii avait dans sa ceinture.
Esperant pouvoir, avec ce secours, se
rendre jusqu'a la mer, ils s'acheminent,
M*entree de la nuit, vers les passages des
montngnes. Mais les feux que les ennemis
y avaient allum^s, leur otant touteesp6-
rance de pouvoir tenirce chemin, ils re-
viennent au lieu qu'ils avaient quitte, en
nombre moindre quails n*en etaient par-
tis; car plusieurs de ceux qui le suivaient
avaient oris la fuite; et ceux qui etaient
restes n avaient plus le m^me courage.
La, quelqu'un ayant ose dire qu'ii fallait
M
LtJNIVERS.
se rendi e a S^leucus , b^m^trius tira son
^pee; et il allait 8*en percer, si les amis
qui Tenvironnaient ne Ten eusseot em-
p^che. l^tant parveno enfin a lui fdirere-
cevoir quelque consolation , et a lui per-
suader de prendre ce parti, 11 envoya vers
Seleucus pour iui dire qu*il se reinettait
entierement a sa discretion.
« Quand S61eucus eut recu son envoys,
il dit a ses courtisans : « Ce n'est pas la
« bonne fortune de Demetrius qui le
« sauve, c*est la mienne, qui ajoute a tant
« d*autres faveurs, celle de montrer d son
« ^gard ma douceur et mon humanite. •
En m^me temps il appelle les officiersde
sa maison , leur ordonne de dresser une
tente digne d*un roi, et de tout preparer
pour faire a D^m^trius la reception la
plus niasnifique. Seleucus avait alors au-
pres de lui un ancien ami de Demetrius,
Domme Apollonides ; ce fut lui qu*il choi-
sit pour renvoyer a Fheure meme vers
ce prince, afin de lui inspirer plus de
confiance de venir trouver un parent et
un gendre qui serait charm^ de le rece-
Tolr. Lorsque les courtisans eurent con-
nu ces sentiments de leur roi pour D^-
m^trius , quelques-uns, d'abora en petit
nombre, ensuite la plupart desamis m^-
me de iS^leucus, allerent sur-le-cham|)
au-devant de D6m^trius : c*^tait k qui
montrerait le plus de z^le et arriverait
le premier aupres de ce prince , qu'ils
s'attendaient a voir dans un grand credit
a la cour de Seleucus. Get empressement
changea bient6t en jalousie la com[)as-
sion que ses malheurs avaient d*abord ins-
pir6e ; les courtisans en vieux et mechants
en prirent occasion de d6toufner et de
rendreinutilesles dispositions favorables
du roi , en lui faisant craindre qu'aus-
sitdt que D^m^trius serait arrive , il ne
vtt dans son camp des mouvements s6-
ditieux et des nouveaut^s dangereuses.
Apollonides ^tait arriv6 plein de joie au-
pres de Demi^trius; et ceux qui Tavaient
suivi, survenant Tun apres Tautre , por-
taient a ce prince les paroles les plus flat-
teuses de la part de Seleucus. Deja De-
metrius, qui m^me, apres un revers si
affreux , avait regard^ comme la d-mar-
che la plus honteuse de s'^tre ainsi livr-
lui-m^me, se repentait de la repugnance
3u1l avait t6moign6e; il ne doutait pas
e la bonne foi de S-leucus, et s*abandoii-
nait aux plus douces esp-rances.
I
« Mais tout a coup on volt arriter i*au-
sanias avec un corps d'environ mille
hommes, tant fantassins que cavaliers «
qui , environnant Demetrius, et -cartant
tous ceux qui ^taient autour de lui, con-
duit ce prince non a S<^leucus^ raais dans
la Chersonese deSyrie (*). »
Enferme dans un chateau royal , non
loin de Laodic^^ , Demetrius niourut,
apr^ trois ans de captivity : il ne vit
pas le singulier destin de sa (ille Stra-
tonice, femme de Seleucus, et runion
d'Antiochus avec Sa belle-m^re.
« Antiochus tomba dans une maladie
de langueur dont les m-decins ne pou-
vaientdecouvrir la cause, et qui, par cette
raison, paraissaitsans remeae etne lais-
salt aucune esperance. On pent juger de
la douieur d'un pere qui se voyait pres
de perdre un flis dans la fleur de son
dge, qu'il destinait pour lui succeder
dans ses vastes £tats, et qui faisait toute
la douceur de sa vie. Erasistrate , Tun
des medecins, plus attentif et plus ha-
bile que tous les autres, ayant examine
avecsoin et suivi de pres tous les symp-
tdmes de la maladie dujeune prince,
crut enGn , par tout ce qu*il avait remar-
que , ^tre veriu a bout a'en decouvrir la
vraie cause. II jugeaque son mal n'etait
qu'un effet de I'amour ; et il ne se trom-
pait pas ; mais il n*etait pas si ais- de de-
couvrir Tobjet qui causait une passion
d'autant plus violente, qu'elle demeurait
secrete. Voulant done s*en assurer, il
pnssait les journ-es entieres dans la
chambredu malade; et, quand il y en-
trait quelque femme, il observait attenti- ;
vement ce qui se passaitsur le visage diij
prince. II remarqua que, par rapport
a toutes les autres , il etaittoujours dans
une position egale; miiis toutes les foL
que Stratonice entrait ou seule ou avei
le roi son mari , le jeune prince ne man
quait pas de tomber dans tous les acci
dents que decrit Sapho, dit Plutarque
et qui d-signent une passion violente
extmction de voix , rongeur enflamme<
nuageconfus repandusurles yeux,snei
froide, grande in^alite et d-sordre sei
sible dans le pouls, et d*autres sympt^
mes pareils. Quand le medecin se trou
seul avec son malade, il sut, par des ii
terrogations adroites, tourner si bi<
(*) Plutaraae, Fie de Demefr., di. 68, 69 , 1
traduction de Ricard.
STRIE ANCIENNE.
sa
too esprit, qa*il tira de loi son secret.
Aiktio^os SToua qoMI aimait la reine
Stnrtooice, sa beile-mere; qu'il avait
,£iit tous ses efforts pour raincre sa pas-
am, mais toujoors inntileineDt ; qu'ii
i*c(ait diteent fofs tout ce qu'on poavait
hri representer dans une telle oon-
jopctore, le respect pour un p^re et un
roi dont il 6tart tendrement aimd , la
lionted*une passion illicite et contraire
k toates les r^les de la biens^nce et de
rhono<tet6,la folfe d'un dessein qu*il oe
poufalt et ne devait jamais vouioir
iatisftire; mais que sa raison, 6garee
eloocQp^ed^unseul dessein, n'ecoutait
rieo : qoe poor se punir d*un d^ir invo-
kntaire en an sens, mais toujours eri-
minel, il avait r^la de se laisser mou-
rir pea a pea , en negligeant le soin de
son corps , et en s'abatenant de prendre
delaoQunitore.
« C^tait beaoooap que d^avoir p^n^tr^
josqQ*a la source da mal ; mais le plus
dffnnle reslait a iaire, qui ^tait d'y ap-
porter le remede. Comment faire une
telle proposition k an pere et a un roi ? Ia
pramierefoisque Seleucus demanda com-
ment se portait son fils, £rasistrate lui
r^dit ooe son maletait sans remede,
pireeqo1loaissaitd*une passion secrete,
qui n*ea avait point , aimant une femme
9u*il ne pouvait aToir. Le pere, surpris
et afllige de cette r^ponse, demanda
poarqooi il ne poayait avoir la femme
?i'il aimait. ■ Paree que, dit le m^ecin,
ettlamienne, et que je ne la lui donne«
nd pa&. — Yous ne la cederez pas, repar-
tit le friBoe,pour aauver la vie k un fils
9»^rmmea tendrement! Est-ce 111 I'a-
nitSqae roua avez pour moi ? — Set-
peor, reprit le m^ecin , mettez-vous h
ma place : lui e^deries-vous Stratonice ?
Kt si Yous, qui ^tes p^re, ne consen-
tiez pas ft le mire pour an fils qui tous
est SI Cher, comment pouvez-vooscroire
Si on autre le fasse? — Ah! plflt aux
»i, 8*ecria Seieucns, que la guerison de
■on fils ne dependit que de mon consen-
^sneat ! Je lui e^derais de tout mon cceur,
gStratoniee,el rempire rodme. — Eh
M, dit Erasistrate , fe remede est entre
^ mains : e'est Stratonice qa*il aime. »
^ pirenli^ta pasun moment, et obtint
<>os peine le oonaentement de son ^pou-
*. lis forent oouronn^ roi et reine de la
BOIeAsie. Jalien TApostat, empereur
«• UvruUan. (SYwi ancibniis.)
des Remains, marque, dans un 6crit
qu^on a de lui (*}, qu'Antiochus ne voulut
recevoir Stratonice pour sa femme qu'a-
pres la mort de son p^re. »
Au moment ou Seleucus donnait cette
preuve de d^vouement paternel , la cour
re^ut deux h6tes royarix : Ptol^mee Ce-
raunus , (lesherite par son p^re Ptolemee
Soter, trahi par Lysimaque , roi de Ma-
c^oine, vint chercher un asileen Syrie.
II amenait avec lui sa soeur Lysandra ,
femme d'Agathocle, fils a!n6 de Lysi-
maque. Les deux fugitlfs, encourages par
Taccueil bien veil Ian t de Seleucus , exci-
t^rent le vieux r^i contre la Mac^doine et
r£gypte. Seleucus , alors dg^ de soixan-
te-treize ans, abdiqua en faveur d'Antio-
cbus, et declara la guerre a Lysima-
que. II traversa I'Asie Mineure,' entra
dans Heracl^ avec C^raunus, se fit
reconnattre dans toute la province de
Pergame avec le secours du gouverneur
Philet^re, et emporta d'assaut la cita-
delle de Sardes. II trouva dans cette
place tous les tresors du roi de Mac^-
doine. Mais Lysimaque avait pris les
armes. Les deux armies se rencon-
tr^rent dans les plaines de Phrvgie, h
CouropedJon. Lysimaque et ses nils per-
dirent la vie dans le combat. Cette
victoire donnait k Seleucus la Thrace et
la Mac^oine. Rest^ seul de tous les g6-
n^raux d'Alexandre, il prit le titre de
vainqueur des vainqueurs, et attacha
au nom de Seleucus eelui de Nicator
(280). Pourtant, malgr6 toutesles ins-
tances de G^raunus, il n'avait point
encore tourne ses armes contre Ptol^
m6e Soter. II se souvenait de son
ancienne alliance avec TEgypte , et ne
Toulait pas attaquer une puissance
amie. Ceraunus, irrit6 de ses retards,
m^itait des projets de vengeance, et
attendait le moment oii le roi de Syrie
quitterait FAsie, pour passer en Grece.
Sept mois apres la bataille de Couro-
pMion, SeleucusdebarqbaaLysimachia,
ville de Thrace (279). En touchant le ri-
vage, il offrit auxdieux.des actions de
mces solennelles et de pompeux sacri-
fices. Mais, au milieu des cMmonies sa-
cr^es, Ceraunus Fassassina, dans la con-
fusion ff^^rale. Le meurlrier^ soutenu
de qudques partisans soudoyds, se fit
(*) Dani le Muopogon,
u
LTJNIVERS.
proclamer roi par les soldats et par le
peuple.
Ainsi tut accomplie la parole de To-
racle qui avail annonc^ le destinde 86-
leucus : < Necberche pas TEurope; le
rivage de TAsie est moins daagereux
pour toi. Tout en fuyant Argos, tu y
arriveras au temps 'fatal; et, lorsque
tu seras k Argos, tu y trouveras la
mort (*). » Or, il existait ^Lysima-
chia UQ temple tres-ancien, appele Ar-
gos. Philetere, Tanciea gouverneur de
Pergame, acheta k C^rauous le corps de
Seieucus , le mit sur un bdcher, et en-
Toya Ifs cendres a Antiochus. Le roi de
Syrie eleva k son pere, pr^s des bordi
de la mer, non loin de Seleucie, un
inagnifique monument, qui prit le nom
de Nicatoriura (**).
ADHINIST&ATION DE 8ELEUGUS;0B-
GA.NISAT10N DES PROVINGBS DE SON
BOYAUME. — S^leucus comprenaiit le
danger de iaisser entre les mains d'un seul
homme una vaste etendue de pays, nior-
cela les anciennes satrapies en petlts
gouvernements particuliers. Son em-
pire, qui ne formait gu^re plus de douze
Srovinces au temps d* Alexandre, fut
ivis^ en soixante-douze satrapies C**)*
La S.yrie proprement ditefutsubdivis^
en hciit districts et peut-ltre m^me da-
vantage. II y en avait quatre au nord 2
ceux de Seleucie, d'Antioclie, d*Apam^
et de Laodic^e; la Ccel^syrie en com*
prenait quatre autres.
Dans toutes les provinces assez ^ten-
dues, leroi pla^aitaupr^sdu gouverneur
des m^ridarques charges de contenir soa
ambition.
Le pouvoir militaire etait presque tou-
jours separe du gouvernement civil.
Ainsi, k cote de Teparqae, se trouvait le
fitratdge. Cependant, il paratt que dans les
provinces les plus orientales les deux pou-
Yoirs 6taient r^unis dans une seule main.
Au temps de Polybe, les deux denomi-
nations destratege et d'^arquesembleiil
avoir perdu leor signification distincte.
Le caractere du regne de Seleueosi
c'est le soin de fonder des villes nou*
(*) Argot fitugleni Atall In tempore prrgf* ;
Ar|o« rum fttrris, torn nrlem MOitit •bibia.
r*> Applen. ^ JittUA, XVII, I«.--1IMi»tton1fc
Bxcerpta apad Phot. 9. — Pausail.,in Attic,
p. 18. — Oros, 111, 23. - PoIyeD, 49. — Strabod ,
Xni, p. 629.
(•**) Aypieu,5yr.,62.
Yelles et de rdpandre sur toi^s leS poiota
le commerce et la richesse. Un hameau,
Botzia , consacr^ k de gtorieux desliiis,
devient la grande Antioche, sous Iss
auspices d'une jeune fille immol^ (*)•
Cette vilie, construite par rarehitecU
Xenacus, pritun sirapideaocroisserosali
?|u*au bout de trente anuses le roj Vmh
erma d*une ceinture de murailles (^
Seleucie, sur le Tigre, et Ct^siphon n e<i«
rent pas une destin6e moins briilants
qu*Antiocbe. Toutes ces viUes^ daos
la Syrie comme dans TAsie MioetirB,
par une imitation des constituUcos
des cit^s grecques , obtinrent des droits
politiques. Apamee et d'autres places
reQurent m4me une certaine oraaniss*
tion militaire. Un acropbylax veillaitala
police int^rieure.
Partout en Syrie et dans la hautS
Asie, on trouve, apres la mort de S^
leucus, dans les denominations g^ogra-
phiques, une foute de mots grees qA
attestent la profonde influence de lao-
vilisation bellenique dans oes contrta.
La Cyrrhestique se distingue entre toa-
tes les autres par ses etablissenMBts
mac^oniens. (Test dans cette provuh
ce que s'arr^tereot les compagnons 4s
Seieucus* Le roi, en fondant des vil-
les et des places fortesi ne n^ligaait
aucun moven de faciliter les communi*
cations, d'6tabli» des marches et des
entrep6ts de commerce dans les lien
encore d^erts, mais propres par lear
situation a devenir des centres ae.popa*
lation; toutefois il ne songea poioi a e»*
courager les sciences et les arts. Le mea*
vement intellectuel ne fut pas secmidi
pariesSeleucides. A laverite,AntioehHS
in rassen)bla une bibliotlieque a Antio«
cbe; ily en avait une aatre a Ninive. Ajh
tiochus VI donna aussi un musde a la ea«
pitale; mais oe n'eiait \k 9u'une iinitaiiott
sans grandeur des institutions des La-
gides. iAs Seleucides paraissent s*6lfe
occupy surtout de la pompe et de to
dignite exlerieure. On ne eonnatt pas
roi^anisatiouL de leur eour; mais oat sail
(*) Le lOjuin (22 da mois d'aHeroialot) SSt.
(**) Une IradiUoQ orientate rapporte 4 Ad-
tiechus la gloire d*ayolr fond^ Antiodif. Oeftir.
dM<eUe , pour aoDoaipUr m Tora. Aoetbl« pm
une perpelueUe ipmMDoie, il pronit d6 baiir
Vcy, BroyseD,
t. n, p. OSS.
[leuk lui rendai«ot k' sommeiU
SYRIE ANQEkNE.
d« moins qiills s^entouraienf de jeunes
gardes (ir9u^t$ oMpLSTc^xaxi;} (*}.
autiochus soter; ses guebhbs con-
tbb philad8lphb, zipoit^s, nico*
mede et antigoiib ; il combat lbs
GAULOis. — Antiochus avait ^irenger son
p^re assassin^; a faire Talotr les droits
de S^eucas , dont il avait h^rit^ sur la
Ma^oine et la Tbrace;enfin, ^ consoli-
der sa domination dans TAsie Mineure.
Les titles de eette contr^e se souleTirent
oontre la dottiination syrienne . comme
dies s*etaieDt d^lar^es pen oe temps
anparavant eontre Lysimaque; ellesvou-
laient se reiidre indcpendantes. H^racl^e,
Brzance , Chateedoine , se plac^rent h la
tae de la confederation ; elles eurent pour
allies Zipoit^ et flicomede son ills ; rois
de Bithrnie, Mithridate, roi du Pont, et
Ptoiemee C^raunus. Antiochns envoya
Palrode pour ramener a Tobeissance
les habitants d*Heraciee ; mais son armee
fut arrltee dans sa marche par le vieux
Zipoit^, et compietementdetruite {**)
(279). Dans le mSme moment, Ptoiem^e
Pbifadef phe atuquait la Syrie par le sud.
11 rappelait d^ancienstrait^s, conclus en*
tre son pere et Sefeucus, et fHamait
Damas et son territoire. 5ieconde par les
Juifs , il sVmpara facilement de la ville.
Moins hetireux oue son fr^f e , Cerauntis
arait KQcombe dans une guerre contre
les Gaulois; sa mort ne rendit point H
Antiochus la Mac^doineet laThraee. An-
tigone pretendait, comme le roi de Syrie,
*kla possession des provinces d'Europe.
nbattit \a flottc de son com|>6titeur (278),
et s'empara de la Macedoine. Mais les
incursions des Gaulois rendaient la po-
sition de tous les princes egalpmeni
Srpcaire : elles mirent fin k toutes les
ivisions. Antiochus signa la paix avec
Nieoiiidde. Une afm^e syrienne avail
passe le Taums et marche contre Zipoi-
tes, mais elle se contenta d'observer Ten*
nemi. Un traitefiitconclu avec Antigone.
Antiochus lui donna en mariage sa soeut
Phila , mie de Stratonice (•**)( 275).
Les Gaulois avaientdevaste touteTA-
' <•) Voy. Droysen, t TI. p. M et sulv. - Sdlnl-
■artto. Biomraphie untvenetle, t. XLI, p. 511
ct ioiv. -Tpolybe, Uv. lY et Y. - l<Me|itie,
XB.&.
(*; Droyipn, I. IT, p. «70, m, 229 el solv.,
Hsumt ees fait^ avec unegrandeclarte.
{***) Suldas Cs. V. 'A{iaT<K)dita i9rt que PfaUa
«^ fiUe (fADUpater. Yoy. Plut., Dttn.y 3i.
sie Mineure; itsallaient peut-etresejetar
sur la Syrie. Antiochus les prevint, et
comment la guerre , pour leur fermer
ses ittats. Les barbares avaient sur les Sy-
rians Tavantage du nombre; leur centre
fbrmait une piialange compacte, eoaisse
de vingt-quatre rangs. Sur fa premiere H-
gne, tous portaient la cuirasse de fer.
Yingt mllle cavaliers se mirent sur les
ailes. Quatre-vingts chariots, armes de
faux, traf nes chacun par quatre chevaux,
et un nombre double de chars de guerre
a deux chevaux garnissaient le front de
bataille. Antiochus n^avait qu*une faible
armee, composee presque entierementde
peltastes et de soldats ai^mes a la leg^re.
II voulutparlementer; mais Theodote de
Rhodes lui montra tout le parti que les
Syriens pouvaient tirer de leurs seize
elephants. L*ombre d'Alexandre appa-
rut au roi , la veille de la bataille. Pleins
de con fiance dans ce presage , les Sy-
riens commencerentrattaque; leurs ele-
phants , diriges contre la cavalerle enne-
mie, la mirent en deroute; les chevaux,
effrayes, romp! rent les raiigs de la re-
doutable phalange du centre. Les bar-
bares furent tous pris ou tues. Les Sy-
riens, enivres de leur victoire, entoure-
rent Antiochus avec des cris de triom-
phe. Mais le roi , loin de partager cet
enthousiasme,8*ecria:'« Rougissons plu-
t5t, car nous devons notresnlut a seize
eiephants.»Les medailles destinees^ con-
server le souvenir de cette journee por-
taient, au lieud'inscription, Tima^e d*ua
elephant. » Antiochus re^ut le titre de
Soter et celui d'Apollon sauveur. On
voit surquelques medailles : Avnoxov,
PourjustlQerradmirationdesSyrienSt
Antiochus essaya dereduire les villes de
la Coelesyrie, enlevees par le roi d'£gypt6
apres la mort de Seieucus. tl s*allia avec
Magas^ roi de Cvrene , ennemi de Pto-
lemee Philadelpne (* ), et chassa les
£gyptiens de Damas. Mais Ptoiemee
viiit avec sa Qotte ravager toute la c6te
de Syrie et d*Asie Mineure (363). Apr^s
la mort de Philetere, foadateur du
royaume de Pergame , Antiochus se jeta
(•) Droyien, ibid., p. 233, S83. — Froelteh ,
Ann. Seteucid. p. 26. — Mionoet, 8Upp.» YlII,
p. 9,n. 48,etp. Ii,D. 66.
(••) Champoflion, p. 414.— Oroysen, p. 248 et
ly. . f^oy. aotti RolUo, t YIl, p. 182.
soiv
u
LUKITERS.
dans une nouvelle ffuerre. 11 disputa k
Euin^ne rh^ritagede son oncle. Maisil
trouva uoe vi^oureuse r^istance. Vain*
cu pr^ d'£phese, ii mourut dans cett6
Yille, k soixante-quatre ans, et livra
ses sujets k Tiava^ion ^trang^re ( 263
OU 361 ).
ANTIOCHUS II THB08. — AntlOCbuS
Th6os de^en^ra de son p^re et de son
aieul. II aimait le vin h 1 exces, et trai-
tait dans Tivresse la plus grande partie
des affaires. Bient6tilabandonna le far-
deau du gouvernement k deux ireres ,
Aristus etXb^misoD (*).L'iDf4me amiti^
qui liait le roi k ces favoris leur donna une
autorit^ sans partage. Th^mison parais-
sait dans les cer^mdnies religieuses con-
vert d*une peau de Hon, avec Tare etia
massue, attributs dUercule, dont il pre-
nait le nom, et il obltgeait le peuple de
sacrifier k sa divinity.
Au reste^ Tti^mison ^tait peut-ltre de
race royale. Cypre eut un roi qui porta
le m^me nom. Plus tard les Lagides,
par la conqu^te de cette tie, depouill^
rent du pouvoir royal la race de Tb^mi-
son. Ces rapprochements font penser k
Af • Droysen aue les deux fr^res ^taient
les petits-6Is du roi Tb^mison , k qui
Aristote dedia Tun de se8 0uvrages,et
quMIs vinrent k la cour de Syrie , dans
respoir de trouver aupr^ d'Antiochus
les moyens de reconqu^rir lli^ritage pa-
tcmel(**).
Abandonnee aux mains de ces deux
hommes, la Syrie d^but de sa grandeur.
La paix oonclue avec la Macedoine , sous
le regne pr^6dent , fut raffermie sous
Antiocbus n par une alliance de famille.
Stratonice, sosur du roi de Syrie, ^pousa
le fils d'Antigone C^). Leroi de Bitbynie,
Micom^e, venaitde mourir(2G4). II
avait laiss^ aux rois Philadelpbe et An-
tigone le soin de proteger son fils atn^
contre les pretentions de Zielas, n^ d'un
second mariage. Gomme l^iooinede Ta-
vait pr^vu, une ^erre civile 6clata
aprte sa mort. La victoire resta k Zielas.
Antiocbus laissa les fgyptiens, ses en-
nemis , proflter seuls des troubles de la-
Bltbynie* Ainsi la Syrie devenait de
jour en jour plus ^trangere aux affaires
n KXhMe, VII , p. M ; X , p. 438. ^ ^len,
(■•) Droysen, t. IT,©. 8
^(••4)Euil,.ifni,i;p
ssietaas.
Si5.
de I'Asie Mioeure. Cependant, Antio-
cbus cbercha k r<>preiidre sur le Bos-
. phore Tautorite que son aleul Selaucas
y avait autrefois exerc^ (262-2^). D
equipa une flotte pour attaquer Byzance.
Cette ville importante par sa situa-
tion et bien fortiGee , avait dans set
murs une population amollie par les plai-
sirs et la deoaucbe. Antiocbus entrepric
le siege; mais la vue des enneinis camp^
autour des murailles n*ef!raya pas les Iuh
bitants. On avait peine k les retenir sor
les remparts ; des que les cbefs s*^oi«
gnaient , les soldats quittaient leurs pos- .
tes pour se livrer k tons les eicts da
vin. C*en ^tait fait de Byzance, si les
babitants d'H^racI^ n*6taient point ar-
rive avec un secours de quarante trire-
mes. Les Syriens se retir^rent devant oe
nouvel ennemi, et d^toumerent leurs
armes^ contre la Tbrace. Cette cootr^e,
apres la bataille de Couropedion , etait
tomb6e, avec les autres provinces de
Lysimaque, au pouvoir de Seleucas
Nicator. Ind^pendante depuis la mort
de ce roi, elle s etait d6fendue assez beu-
reusement contre les Gaulois. Apres ie
si^e de Byzance , Antiocbus se prints
devant Cypsela , et ^ntra dans cette ville
comma un ami et un alli^. II menait a sa
suite une foule de se^neurs thraees.
Ces nobles, qui avaient tait partie de Tex-
p^ition contreByzance, serev^tireotde
leurs plus ricbes habits, et se cbargerent
de cbafnes d'or etd*argent; oe bril-
lant cort^e, conduit par Dromichaites,
s*avan^ vers Cypsela. Les babitants re-
connurent leurs concitoyens; et, les
voyant parattre dans un si pompeux an-
reil , lis concurent une baute id^ oe
g^n^rosite U' Antiocbus. lis ouvri-
rent avec joie les portes de Cvpsela.
Les autres villes grecques des cotes de
Tbrace, Lysimacbia, Ainos, Maroneta,
peut-^tre m^me P6rintbe , suivirent cet
exemple. Tout le pays, iusqu'au tcrri-
toire de Byzance et aux fronticres de la
Mac^oine, reconnut momentan^ment
le pouvoir d*Antiocbus 0«
Des malbeurs accumul^s au dela de
TEupbrate et dans les guerres contre les
Egyptiens effacerent les sucoes obtemis
en Europe. Toutefois, cette heureuse ex-
p^ition de Tbrace encouragea peat-
ni^royiea, t. II, p. «S4 k sss.
SYRIE ANCIONE.
17
tn Antiochns , comme paratt le sup-
poser M. Droysm , a rainener sous son
obeissance les portions de la Palestine
et de la Phenicie alors soumises a Ptold-
mee Philadelphe. Nous n*avoDS pres-
que aucun detail sur les ev^nements de
cette guerre. Le fait le plus important
imeroQ en connaisse, c^est la revolution
oe Milet-Timarque, oppresseur de Tan-
tique eapitale de I'lonie , avait pour al-
lies les £gyptiens. Mais le peuple, secon-
ds par le roi de Syrie , seeoua le jpug.
I^ reconnaissance des Milesiens atfran-
dus deceroa a Antiochus letitrede Dieu
(ScG^). Mais, tandis qu*il triomphait
des amis de i*£gypte en Asie Mioeure,
it taissait la Coelesyrie sans defense. II
re^ut la paix des £gyptif ns, sous la con-
dition d'epouser la princesse Berenice ,
et de donner la couronne, apr^ sa mort,
anx enfants de oe second mariage.
MOBT b'abtiochiis theos; inva-
sions EGYPTUNN ES ; GCEBBB SRTBB
LES FIL8 d'antiochus. — Autiochus
epousa la fitle de Philadelphe; mais il
▼oulut laireoublier la Yictoire des £gyp-
tiens por des conqu^tes en Asie Mineure.
Hpartit, laissant a Autioche Berenice
et Tenant h qui cette reine venait de
donner le jour. Des que le roi Antio-
chus se fut, par son depart, soustrait h
rinfluence de sa nouvelle epouse , son
aocien amour pour Laodice, alors pros-
crite et malheoreuse , se r^veilla avec
plus de force, et il rappela la Glle d*A-
diaeas. Laodice accourut aupres d 'An-
tiochus, avec des projets de vengeance :
elle craignait une nouvelle diszrdce.
Pour eviter eet outrage, elle r6solut de
tuer le roi. Antiochus fut empoisonn^
a Sardes, ou dans une ville voisine (*).
A son lit de mort, il designa pour son
soccesseur son fils Seleucus. Selon des
recits differents, Laodice, mere de ce
jeune prince, aurait eu recours a un ar-
tiGce pour assurer la couronne a son fils.
On raconte que pour cacher la mort
d*Antiodui8, elle pla<^ sur la couche
rojaJe an homme aont la figure trompa
tons les yeux. Get homme, nomme Arte-
mott C*) 1 prit la voix d'un mourant, et
n U tradoctkm arraenieonis d'Eosibe ( I ,
6Mk) fall moorir Antlodiot k Eph^; mail
. Droyaen <U II , p. 34u) coDlesUla verite de
CdlpaHrrlioo.
i**} PUne evil* IS) pvlc d'ArtemoD eomme
reconnut pour son heritier le ieaoe S6-
leucus. Laodice s'empara de I autorit6.
Elle fit mourir les Egyptiens qui , To-
nus en' Syrie avec Berenice, se trou-
vaient aupres d' Antiochus, & la mort du
roi. Sophron, Funde cesetrangers, des-
tin<'. a p6rir oomme les autres, ne dut
la vie qu*au devouement de Dana^,con-
fidente de Laodice. Dana^, fille de Lton-
tion, s*etait^endue c^l^bre par son amiti6
pour ie philosophe, dont elle6tait I'^l^ve.
Victime de son devouement, cette femme,
conduite au lieu du supplice , pronon^a
ces mots : « Comment le vulgaire ne se
plaindrait-il pasde la divinity, qui m>n-
voie une telle r^mpense pour avoir
sauv^ un homme, tandis que Laodice,
apres la mort de son ^poux , est environ-
nee d'honneuret de puissance? » A Au-
tioche, Laodice trouva de nombreux en-
nemis : elle fit assassiner, par un garde,
le fils de sa rivale. B^r^nioe, pour ven-
ger son enfant, prenddes armes, monte
sur un char et poursuit le meurtrier ; die
diri^e centre lui sa lance mal assure ;
saisissant alors une pierre, elle le frappe
d*un coup mortel et pousse ses chevaux
sur le cadavre. Elle traverse ensuite sans
crainte les rangs des soldats pour aller
au lieu ou elle espdre trouver le corps
de son fils. Le peuple, admirant le
courage de cette mere au desespoir, lui
donne une garde de soldats gaulots.
Bertoice recoit le serment de cette
troupe, et, (Tapres le conseil de son me-
decin Aristarque , va s^enfermer dans
le temple de Daphn^. Mais la saintete
du lieu ne la protege pas contre la co-
lore de sa rivale ; les partisans de Lao-
dice la trompent par de fausses promes-
ses, etregorgentdans sa retraite au mi-
lieu de ses femmes. Toutes les compa-
sues de Berenice ne Tavaient pas suivie
a Daphn<^; plusieurs, restees dans
le palais d^Antioche, dirent que leur
mattresse vivait encore, et qu*elle
se retablJssait de ses blessnres. Pour
mieux tromper la multitude, une de
ces Egyptiennes, prot^ee par le peu-
ple, jou^ le role de Berenice. Cette nou-
velle fut port^e en toute h$te h Ptole-
mee ^vergete, frere de Berenice, cfui
venait de succ^er en £gypt« a son pere
d*un honim^ da people; au coDlraira Ya-
1^ Maxime le fait de raee royale {regiasUrptiU
li
L'UNIVERS.
Ptol^m^-Philadelpbe. ^vergete s'em-
barqua avec tous les forces dont il
pouvait disposer : il traversa la Syria ,
donnant partout des ordres , au noin
de Berenice et de sod iils ; il passa TCu-
phrate et le Tigre , et s'avanQa jusqu'a
rlDde sans trouver de resistance; les po-
pulations et les villes voyaient, sans
&'emouvoir,ces guerres de famille. Les
historiens modemes out peut-^tre exa-
g^r^ le mouvement excite dans TAsie
Mineure par le meurtre' de Berenice.
Mais au nioins les villes de Lycie et
de Garie,£phese, Samos, Cos, reconnu-
reot alors la puissance des ^gyptjens,
et les autres cit^s demanderent la pro-
tection de Ptolemee centre la Syrie.
Enlin, le roi d'£gypte fut rappele dans
ses £tats(243) (*); il laissa des garni-
sous en Syrie et confia le gouvernement
a Xantippe. II donna la Cilicie a An-
tioclius, als de Laodice ; ce prince , en-
core enfant, n'avait pu prendre part au
meurtre de Berenice. L'Asie au dela de
r£uptirate , rest6e sans mattre, sut pro-
liter des malheurs de FOrient : de grands
royaumes s'yformdrent etconsolidereat
leur puissance naissante : la Bactriane,
la Drangiane, la Perse, I'Aracosie, et
surtout les Parthes. assiir^rent leur inde-
pendance. La Syrie , naguere maltresse
de toutes ces contrees, maintenantsou-
mise aux Strangers, paraissalt condam-
n^ane plus serelever jamais. Cependant
le fils aln^du dernierroi, Seleucus, epiait
roccasioQ de reconquerir le royaume de
son p^re Refugi^ en Asie Mineure,^ il
travaillait a rassembler des allies. Ce
fut lui sans doute qui s'adressa au
seaat de Rome pour obtenir sinon des
secours , au moius rassentiment du peu-
ple-roi. Seleucus, invo9uant d'ancien-
nes traditions, r^lamait au nom d'une
commune origine ramiti6 de la colonie
troyeune duLatiumC*). Le s6nat r^pon-
dit par une lettre en langue grecque ;
il approuvait le dessein de soustraire
au joug de T^gypte la Troade, berceau
(*) Voy. poar les <UUUa et les r^alUts de
rexp^iUoD de Ptol^m^ CbampolIioD, &gypte^
p. 418.
C^*) Sa^tone, Claud., S5. II est Evident
poar M. Droyseo que c^est a oe S^eucas , et
non k son Im, qa*il faut rapporter la tenia-
tiye faite auprte dus^nat romain. — liion n*ap-
partenalt d^a plus aax Seieucides vers le rfegoe
4e SeJfiucus Cerouaus. Foy, Polyb., li v. V, c.
des fondateurs de la puissance romaiQO.
Seleucus avait en Asie des allies plus
utiles que les Romains. Sa soeur , Stra-
tonica, venait d*epouser le fils atn6,du
roi de Cappadoce. Quelques villes de
TAsie Mineure , en petit nombre a la
verite, peut-gtre Smyrne, Lemnos, Rho-
des , lui avaient fourni une flotte aussi-
tot apres le retour de Ptolemee £;ver-
^ete en %ypte. Ces vaisseaux avaieui
a peine quitte le port, qu'ils furent assail-
lis par une temp^te et engloutis dans la
mer. Seleucus ecbappa avec quelques
horames. Ce malheur reveilla l*inter^
des villes de TAsie Mineure et des pro-
vinces de Syrie. pans ce royaume, deux
villes, depuis la mort d*Antioclius
Theos, ^taient 4emeur6es constamment
fideles a son fils : Orthosia et Damas.
£n 242, la Cyrrhestique, la Chalcidice,
la Pierie et la Seleucide se declarerent
pour Seleucus. Le j/eune prince fonda ,
la m^rpe annee , la ville de Callinicus ,
sur r£uphrate. Cependant, la Coelesyrie,
ou Xantippes'etaitetabli, tenaittoujours
pour les E^yptiens. Seleucus rassembia
une armee et commen9a la guerre (*). II
fut vaincU, et n'echappa qu'avec des fati-
gues inouies a la poursulte de Fennemi.
Enfin il traversa 1 Oronte a Antiocbe sur
un pont de bateaux. Pour r^parer ses
desastres , il ^orivit aus$it6t a son fr^
Antiocbus, lui offrant, en ^bang^ de
quelques secours, la souverainete de
FAsie Mineure. Antiocbus accepta cette
proposition. Smyrne et Magnesie don-
nerent alors une preu ve singulis de leur
attachement aux Seieucides. Ces deux
villes se ligu^rent entre elles pour se-
oourir le malheureux roi abandonn^
Ptolem^, voyaot son ennemi soutenu
de tous c6t^ , lui accorda une trdve de
dix ann^. Delivre des £gyptiens , Se-
leucus voulut disputer a Antiocbus les
provinces de TAsie Mineure. Ce fut la
le commencement de la guerre entre les
deux freres. L'atne avait pour lui son
§rand-pere AchsBus, son onde. An*
romaque, dont il ^pousa la fille, et
un fils d^Andromaque, qui s*appelait
aussi Acliaeus; le plusjeune, alors Age
de quatorze ans^ ^tait soutenu par
Laodice, sa mere, et par un de ses
ondes, Alexandre, gouverneur de la
(*)rusuu, XXVII, 2,
SYRIE AifciEime.
M
Foot, beau-frere de Seleucus et d'Antio-
chus, avail re^u la grande Phrygie eo
dot. II se declara pour Seleucus , doqt
it B^avait pay a craindre Tambition.
4iitiocbua« ne pouvan^ tii^r assez de
Iroupaa de la Cilicie, |>rit les Gala-
tea a ^ solde ; il fut rainca dan^ ua
rnwVr combat en Lycie. Cet^hecne
rebuta point. Una b^taille plus im-
portante fat liyree dai^; les plainei
tfAo^yre en Galatie.Cettefois la chaooe
Ai combat tourna oootre Seleucus; il
perdit viogt nulla hommes : ie bruit
ONirut qqe lui-in^nie avait cU tu^. 4
cette QouveltOv Aotiocfaus pritdes ha-
bits de deoil , et il donoa des marquea
d'aoe douleur sincere (*). Ce fut cepen-
dant vers eette ^poque qu*il re^ut la
funioin da Uiirax ( ^pervier )• Sea
eontempofains vouiureot, par ceite epi-
' thete, 6temiser la sonyeair de eette Iqtt^
Iratriioide. Scleueua ayait fui eo Syrie. Il
y retrouva Mysta , sa maltresse, q^e les
^iiod Jens Jui renvoyajent. Cette iemme
avait #te prisa a la bataille d'Aocyjre;
laodoa a des Rbodien^t elle se Qt
aaooaltra a aes laaUras. Ceux-ci , alli^
de S4EleuaiSt la ramen^rent ayep boo-
aaor a son aoiaot Antioqbui, depuis sa
lictoire, etait tombe dans de nouveau^
perils. LeifGaulois, ses allies, avaient
lante de rassassiner; il leur payait un
}iibu|« iSnn)^, fp\ de P^rgqoie, avait
Ism6 le deasein de detruire sa puissance
Maaante. Antiocbua, craignaof; d'etre
atlaque par son frere, au milieu de ees
oooveaia embarraSy Qt la pak avec
feieoeos vers 999*
Setoiqis, traoauHIa du c6t6 de TAsie
MiiieHre, tenta q» ri^ablir son autorit6
anrlesbordsduTigre. Uentreprit uneex-
p^ilfoofiontre lea Perthes. Alanouvelle
de la bataille d'Aneyre, Arsace, chef
de cetle nation, s'^tait iet^ sur THvr-
eanie. et Tavait annexee au pays des
Perthes. Mais eraignant les forces de ia
Syriet il fit nae alliance avec le suc-
eeaseur deTfaeodote, roi de Bactriane.
S^leueoa, vaincupar les torces r^unies
des Baetriens et des ParUies, fut rappel^
dans t^ £tats par une revolution sou-
daine (239 ou 238). Stratonice, sceur
da roi, et femme de Demetrius, avait sou-
(*) Atbeo., XIII, p. 5W. ^ Polyen, VIU, ei.
•-Dnyyica, t. II, 853 dsaiv.
li^ve Antiocbe. AFapproche de Seleucua
elle prit lafuite, et se retira a Seleucie (*)
}k Tembouchure de TOronte. Mais elle
fut prise et mise a mort, Probablement
cette sedition avait ^t^ excitee par An-
tiochus Hierax. Capepdant la position de
ee prince dans TAsie Mineure etait alora
precaire. Attale , successeur d'Eumene ,
venait dp reniporter sur ses troupes
uue vietoire signalee dans le voisinage
de Pergame, et de fonder une dy-
nastic royale. Malgr^ ses revers , An-
tiochus tenta de nouveau la fortune;
il pilla la Phrygie, qui appartenait a Mi-
thridata , allie de Seleucus. Cette ex-
p^ition ranima la guerre entre les deux
fr^res. Antiocbus avait besotn d'allies ;
il cbercha un appui dans Zielas, roi de
Bithynie, dont ii epousa la fiUe; puia
il conimenca les hostilites. II essuya
une premiere defaite en Mesopotamie.
Poursulviparlesvaindueurs, il se retira
dans les montagnes de TArmenie , dont
(e gouvernement avait ete conG^ a Ar-
sanie, son allie. Atteint par Androma-
que et par Acbseus , il fut vaincu , et
laisse pour mort. Mais, aussitdt apres
le combat , il se porta sur une hauteur,
et, pendant la nuit, lit occuper, par
des d^tachements , les deGles voi$ins«
II se jervit d^une ruse pour tromper les
ennemis. Un soldat, envoys par ses
ordres, alia demander a Andromaque
le corps du jeune roi , pour lui rendre
les derniers bonneurs.Le general de Se*
leiicus repondit qu*on n'avatt pas encore
trouv^ le cadavre , mais qu*on le cher-
chait. Andromaque crut qu-une armee
sans chef se rendrait a la premiere som-
matipn; il envoya dans les ipontagnes
quatre mille hommes pour demander
aux soldats d*Antiocbus leurs armes et
les amener prisonuiers. Ce. corps s'ap*
procha sans defiance des ennemis ; mala
nientdt, assailli par Antiocbus en per-
sonne, il fut taille en pieces (235) {*"*).
Des liens de famille unissaient Antio-
cbus au roide Cappadoce, Ariamne, son
beau-pere. Force de quitter TArmenie,
il esp6rait trouver un refuge en Cappa-
doce; mais ii courait le danger d'etre
(*) Polybe dit que S^Ieacie fut saos inter-
fQpUon , depvls rinvasion de Plolemee , apr^
la roort de sa sonir Berenice, au poavoir des
Lagides; mais il se trompe. Noire opioioa est
celie de M. Drovsen, t II, 421.
(♦•) Polyeii,.IV, IS. - Droyseo, t II , p. 4ia
40
LUNIVERS.
livr^, a S^ieucus ou assassine par les
Gaulois meroenaires. II se determina a
fuir un alli^ d*une foi douteuse. Quoi-
que les troupes de S^leucus ^piassent
tous ses moavements , il fut assez heu-
reax pour gagner Magnesie, ou se troa-
vait un poste de troupes egvptiennes.
II voulut ensuite passer a Eph^se : il
rencontra rennemi dans sa route ; mats
avec le secours des £gyptiens, ils*empara
de son grand-p^re maternel , Achaeus.
Gette ))artieaerhistoire des S^leucides
est sans contredit tres-obscure. Tout
porte a croire aue la paix n*^tait point
troublee entre la Syrie et r£gypte. Si^
leucus employa les courts moments de
tranquillite de son r^ne a bdtir de nou-
veaux quartiers dans Antioche. II y ras-
sembla des Etoliens, des Eubeens et des
Cretois (*). On netrouve point de details
sur les aventureuses expeditions qui rem-
plir^nt la fin du regne d'Antiochus Hi^-
rax. On a mis en doute Thistoirede sa
captivity en tgvpXe[**), II est certain qu'ii
combattit quelque temps pour defendre
la Lydie centre le roi de Pergame. Per-
dant enfin Tespoir de retablir ses afifaires,
il se d^cida k chercher un refuge en
Thrace. II fut arr^t^ dans sa fiiite par des
Galates,suivantcertainsauteurs;suivant
d*autres, par des brigands qui le tue-
rent (226). Get Antiochus laissait une
fitle; nous la verrons plus tard epou«
ser le c^lebre Acbaeus. Seleucus, apr^
Ja mort de Hi^rax, n'osa point taire
valoir les droits de sa famille sur I'Asie
Blineure. II tourna ses forces contre les
Parthes. II fut vaincu et fait prisonnier.
Mais des 6rudits de notre temps mettent
en doute cette expedition (***). S^ieucus
mourut en 225 (*^**).
BEGNE DE SELEUCUS III; OUSBSB
EH AsiB MiNEUBE. ^ Selcucus, ap-
pele communement Ceraunus^ mais
dont le veritable surnom etait So-
ter, avait une sante faible, un corps d6-
licat et une intelligence pea d6velop-
pee. Pendant son regne les favoris .et
les ministres acquirent unpouvoir ab-
solu. Leur jalousie causa a la Syrie dirre-
(*) Slrab., XVI, p. a&5; ^. Taacho,
Dliu, 1 1, p. ao9; ^. Retske.
-Llbi-
(•*) ^oy. Droysen, t. II, p 425, •
(***) Saint-MarUn, Biographie univertelle,
I. XLl, p. bSO.
{****] Les historiens rappellent otdinairemeat
CaUmtcui et qaelqaefois Pogonn
m^diables maux.Ptoiemee, mi^ltredeSe-
leucie, menaealt Antioche; el les avant-
postes d'Attale, places sur les versants
du Taurus, iosultaient la Syrie par leor
presence. La guerre dtait inevitable. Ge
fut contre FAsie Mineure que S^leuciis
tourna ses armes. II laissa le gouveme-
ment des pays situ^ au dela de TEopbrate
Il son fr^re Antiochus , et ceini de la Sy»
rie au Carien Hennias. Suivi d'Acbaeus,
fits d'Andromaque (222) , il traversa le
Taurus et p^netra jusqu'en Phrygie. Mais
Targf n t manquait pour payer les troupes;
les soldats murmur^rent, et deux de leurs
shefs, Nicanoret Apaturius,empoisonne-
rent le prince. L*armee offritlacouronne
a Achaeus : loin de Taccepter, il fit moii-
rir les auteurs du crime et revint en
Syrie, proclamant Antiochus suoesseur
de son fr^re. Gependant Seleucus avait
laiss^ un fils, Antipater, llge desept aos;
mais il fut dcarte du trdne.
ANTIOCHUS III LB GB AND ; HBBKIAS;
BEYOLTB DE MOLON; GOEBBB DB CCB-
LESYfiiB. — Antiochus avait h pdne
quinze ans, lorsque Epigene, g^o^ral
envoys par Achaeus, lui porta la nou-
velledela mort de son fr^re, etdte^^
nements qui le faisaientroi (p.
« Des qu' Antiochus eut pris posses-
sion de la couronne , il envoya en Orient
deux fr^res , Melon et Alexandre ; le pre-
mier pour gouvemer la Medie , et le
second, la Perse. Achaeus fut charge des
provinces de TAsie Mineure. £pigdns
eut le commandement des troupes qu'M
tint aupr^ de la personne du roi ; et
Hermias le Garien fut d^tare son
premier ministre comme il Tavait et6
sous son (rere. Achaeus reprit bient6t
tout ce qu'Attale avait enlev^ a Tempire
de Syrie, et Tobligea k se r^uire a son
royaume de Pergame. Alexandre ^
Melon, m^prisant la Jeonesse du rot,
ne furent pas plut6t anennis dan; leurs
gouvernements, qu*ils ne voulurent plus
le reconnattre , et diacun d*eQX se ren-
dit souverain dans la province qui lui
avait ^i^ confiee. Les sujets de meoonten-
tement qu'Hermias leur avait donn^
eontribuerent beaucoup k leur r^volte.
« Ce ministre ^tait dur. Des plus pe-
tites fautes il en faisait des crimes, et les
(*) Nous donnons id le ricM de Rollin, qid »-
prodail fldelemenl celui de Polybe. Vby. BitU
anc., t Vil, p. 107 et luiv.; Paria, Dklot, isn.
STRIE ANGENNE.
4t
imusnit avee la derni^re rigoeor. C^
taitun petit esprit, mais fier, pleia da
hu-onme, attache k son sentimeot, et
mi aorait em se deshonorer all edt
Mmaiide oa suivi eonseil. II ne poayait
fiMifiiir que persomie partagedt avec lui
le erMit et Tautorit^ Toat merite hii
etait suspect, on, pour mieux dire , lui
etaitodieux. II en voulait surtout k £pt«
me, qoi passait pour un des plus ha-
mles eapitaines de son temps, et en qui
les troupes avaient une entiere oon-
fianee. Cetait cette r^utation m^ine
qai iaisait ombrage au ministre , et il
ae pouYait dissimuler sa mauvaise vo«
kmti k son ^rd.
• AntiodMis avalt assemble son eon-
idl au sujet de la revolte de Molon, pour
savoir quel parti il derait prendre , et s'il
Ml necessaire qn'il marchi&t lui-m^roe
contre ee rebeile. ou s^il devait tourner
da fM de b Coeiesyrie pour arrdter les
entiepracs de Ptoldmde. Epicene paria
]e premier, et dit qu*ii n'y avait point de
temps a pnrdre; que le roi devait inces*
sammeot se transporter en personne dans
rorient, afin de proGier des moments
et des occasions favorables pour agir
eootre les revoltds; que, quand il y se-
rait, ou Molon n*aarait pas la hardiesse
deremuer sous les yeux de son prince et
4*006 armde, ou, s*il persistait dans son
desseitt, les peuples touches de la prd-
senee de leur pnnce, rdveillant leur zele
ft leur affection pour son service, ne
mapqueiaient pas de le lui livrer bientdt;
nsisqiie Timportant dtait de ne lui point
l»sser Ve temps de se fortifier. Hermias
Be put s'empfeher de rinterrompre; et,
ayee uik ton d*aigreur et de sufiisance , il
drt que de faire marcher le roi contre
Molon avec si peu de troupes, c'etait li-
ner sa personne entre les mains des rd-
Tolt^. Sa veritable raison dtait la crainte
qall avait de eourir les risques de cette
expedition. Ptoldmee dtait pour lui beau-
eoop moins redoutable. On pouvait, sans
rien craiodre, attaquer un prince qui ne
s'occupait que de plaisirs. L'avis <l*Her-
mias remporta. II fit donner la conduite
delaguerre contre Molon et d'une partie
te troupes a Xdnon et a Theodote C);
(*1 SomoiiiiD^ ttcmioUitM. Polvb., Hy. V.
I5 drui seo^nojk. voalunni prendre U roule
Jrf^a de Bajsdad k H«aiadao. Dcoyseo, t. II,
et le roi marcha, avec Tautre partie de
Tarmde, du cdt^ de la Coeld^rie.
« En arrivant pres de Zeugma, il
trouva Laodice , fille de Mithridate, roi
de Pont, qu*on lui amenait pour Fepou-
ser. II s*arrdta quelaue tem(>s pour
o^ldbrer ce manage, aont la joie fut
bientdt troublde par la nouvelle qu*on
re^^t d*Orient, que ses gdndraux, trop
faibles pour (aire tdte a Molon et a
Alexandre, qui s'dtaient joints , avaient
dtd obllgds de se retirer et de les laisser
maltres du champ de bataille. Antiochus
vit alors la feute qu'il avait faite de ne
pas suivre Tavis a*£pigene, et voulait
abandonner le dessein de }a Goeldsyrie,
pour aller avec toutes ses forces arrdter
cette rdbellion. Hermias persists avee
opintdtrete dans son premier sentiment,
if crut dire des merveilles en declarant
d'un ton empbatiquc et sentencieux qu'U
convenaU au roi de marcher en per-
sonne contre des rots, et d*envoyer ses
lieutenants contre des rebeUes. Ia roi
eut encore la faiblesse de se rendre a IV
vis d'Uermias... il se contenta d'envoyer
un gdneral et des troupes dans TOrient,
et reprit Texpedition de Goeldsyrie.
« Le gdndral qu*il envoya futXendtas,
Adiden, dont la commission portait que
les deux gdndraux lui donneraient leurs
troupNBS, et serviraient sous lui. Xdndtas
n*avait jamais commandd en chef, et tout
son mdrite dtait d'dtre ami et crdature du
ministre. Parvenu k une place a laquelle
il n'avait jamais osd aspirer, il devint fier
k r^ard des autres ofBciers, et plein
d'audace et de temdritd a regard des en-
nemis. Lesucote fut tel qu'on devait Tat-
tendre d'un si mauvais choix. »
Xdndtas rdclama les secours de Dio-
net de Pythias, Tun gouverneur de
usiane, Tautre des pays qui avoi-
sinent la mer Rouge. 11 alia camper
avec toute son armde sur les bords du
Tigre. Molon Fobservait sur le rivage op-
posd. II envoya au gdndral d'Antiochus
un grand uorobrede soldats, qui passaient
lefleuve^ la nage comma des transfuges,
et trompaient Xdndtas par de faux ran-
Krts sur Tdtat et les dispositions de
nnemi. Ilsracontaient que leur armde
dtait sincdrement ddvoude a Antiochus,
qii*eile dtait prdte a passer sous les en«
seignes de Xendtas des que celui-ci ap-
procherait Tronipd par ces rapports »
i9
LTUMlVpRS.
X6n6iQB traversa peodant.la ouit le fleu-
ve, et 8*^tablit a environ quatre-vingts
slades au-dessous de Molon, dans une
position environnee, d*un cdte par le Ti-
gre, de Tautre par des marais. lielende-
main matin il vit arriver un corps deca-
valerie qui semblait dispose a rattaquefy
et k lui faire repa$6er le fieuve. Mais ces
cavaliers prirent eux-mSmes la fuite;
quelques-UQS se perdirentdans les mar6-
cages. L*arm^d Antiocbus, encourages
par ce premier succea, quitta ses retraa-
cbements et s^approjclia au camp des re*
belief. C'^tait le moment attendu par
Molon. 11 Ot sortir ses troupes , et donna
le signal de la relraita. ]>es ennemis en*
trerent dans les tentes abandonn^es , et
pass^rent le jour entier dan$ la plus folle
assurance. Mauf le feodemain, Molon
rentra dans le camp, et tit un horriblo
carnage des soldats sans defense. Ceux
qui se r^veillaient, encore tout 6tourdia
par Torgie de la veille, couraient au
fleuve , et s'y jetaient precipitamment
pour gagnerrautre rive, (^resistance
da X^netas n'arr6ta point Moiou, et ne
Temp^cba pas de passer au^sitot le Tigre,
Sour attaquer Zeuxis et l^rriere-garde
e rarmi6e. Molon entra sans obstacle
dans Seleucie, abandonnee par le gou«
verneur Diom^don et par la moitie
des habitants. II marcba epsuite contra
Suse; m^is la citadelle ou commandait
Diog^ne opposa uneglorieuse resistance.
Cependant le roi, conduit par son mi-
nistre, traversa Apamee et Laodio^e
(Scabiosa)^ point de reunion deTarniite;
il passa ensuite le desert, et arriva dans
un petit canton appele Maf^yas; c*eat
une longue et etroite vallee entre le Li-
hao et Tanti-Liban. Les eaux qui des-
cendent de ces montagnes , 9e r^uissant
dans la partie la plus resserr^e, et rendent
le terram fangeux. Deux villes, Gerra et
Brocbium, dominent le Marsyas. Le roi
d'£gypte en avait confie la deienae a r&-
tolien Tbeodote. Antiochua voulait d'a-
bqrd se rciidre maftre d^ Gerra; il fit cam*
Ser son arm^ sur les bords des maraia
ont nousyenons de parler; mais il sa
lassa bientot des dimeult^ du si^e. La
nouvelle des nuilbeurs arrives sur le Ti-
gre decida la retraite.
« II assembia son conseil et remit de
Qouveau Taffiaire en deliberation. £;pi-
^M , apr^s avoir dit d*ua ton modeste,
que le parti le plus lage aunil M dt
marcher d'abora contra les rebellea pour
ne leur point laisser le moyen de se (orli-
fier comme ils avaient fait, ajouta que
c'etait une nouveileraison maintenantdo
ne plus perdre de temps, et de doonef
tons $GS soins a une auerre qui pouvait
entralner la ruine de rempire si on la ne-
giigeait. Hermias , qui se crut offense par
ce ((iscours, commenga par s'emporter
violemment centre Epii^^ne, en h char-
^eant de renrocbes etd*mjures, et eon*
jurale roi de ne point renoncer a Teotfe*
prise de la Coeiesyrie, qu'il ne ponvait
abandonner sans marquer de la legereti
et de Fiiiconstance, ce qui ne conre-.
nait point du tout k un prmce aussi sajge
et efhiv6 qu^il ^tait. Tout le conseil bais-
sait les yeux de honte. Antiochus lui*
m^me souffrait beaucoup. 11 fut conclu,
d*uue voix unanime,qu*il£allait marcher
a grandesjourneea centre les rebeiles.
Alor$ Hermias , qui vit bien que la re-
sistance serait inutile, change tout a coup
en un autre homme, embrassa le senti*
meot commun avec une sorte d'empres-
sement, et se moutra plus ardent qu*ao-
cun autre h en presser Texecution. Lea
troupes marcberent done vers Apamte,
qui etait le lieu du rendez-vous.
« A peine en etait-on sort! , qu'il 8*e-
leva une sedition dans Tarmee au sujet
d*un reste de paye qui dtait dd aux sol-
dats. Un oontrtt-temp9 si fScbeu:! jeta le
roi dans unegraudeconsternation et dans
uue morteile inquietude. En effet, le pMI
etait pressant. Hermias, trouvant le roi
dans ces embarras, le rassura, ei lui
promit de payer sur-le-champ tout ce qui
etait dd a rarmee; mats il lui demands
par gr4ce qu1l ne menfit point £pig^oe
avec lui kcette expedition, pareequ'apres
reclatqu'avait fait leur brouiUerie, on ne
pouvait plus esperer d^agir de concert
dans les operations de la guerre, comme le
bien du service le demandait. Sa vue^tait
de comroeocer par refroidir Testime et
raffaction d' Antiochus a regard d*£pi-
gena par son absence. .. Celts propositioa
ntunepeineextremeau roi. .. Maiscomme
Hernuas s'etait etudie de loin k Fobse-
der par toutes sortes de voies, en lui
fournissant des vues d*economie, en le
gardant a vne , en le gagnant par ses
complaisances et ses flatteries, ce prince
n'etait point so|i maitre. Le roi conseotit
STRIE AHCIENNE.
.^,
|oiiCiqpiioigitt'aT6C beaucoup de repu-
gnance, lice qu'oD luideniandaitf et Epi*
gene eut ordre de se retlrer a Apamee.
Cet ev^ement surpril et effraya torn les
eourtisans, qui craignirent pour eux uq
pareiJ sort; mm raroie^, qui veaait de
recevoir sa paye, s'eo coosola... »
Uo corps de sU mille homme<, les Cy-
trastes, continua la r^vQlte. Uais iis
liireat pre^^ue toua nij|«sacr^ par leg
fioJdaU qui etaient rentres daos Tobeis-
sanee... « Alpxis, gouverneur de la
dtadeile d' Apamee, ^tait entieremenl
derou^ k Hermias... II ie charge de le
deDaire d'£pigene, et lui eo prescrjt let
moyens. En coosequence, A^w^ gagne
un des eselaves d'l^igeue, et a force
de firfeeots et de prooiesse9, Tepgage
a gtisser daa$ les papiers de son inal*
tre uoe lettn qu'il lui donna. £lle 6tait
ecrite et sigoea, a ce qu'il paraissait,
par Moloa, Tuii dee chefs des rebelies,
qui remerciait Epigeoe de la coospi-
ratioo qu*ilarait formee cootre ie roi,
et iui commuoiquait des moyens s6r9
pour rex6a^f£^. Quelques jour^ apr^,
Alexis TaJia trouver, et lui demaodasMl
avait reqa <(Delaue lettre de Melon. £pi-
geoe, surprie dune telle demande, mar-
que sou etoQoeniettt et en lotoe temps
foo indignation* L*autfe repondit qu il
avait ordre de foqiller dans ses papiers.
On 7 trouva ea ef&t la pr^tei^due lettre ,
et, saosautreexamen ni autre formalite,
tpigene fut mis a mort. Le roi , sur la
simple iaspedioQ de la lettre , crut le
eriBK \»m avM et Men prouv^....
Quoiqoe la saisnn fdt fort avano^ , An*
Hochus^issa I'Eupbrate, rassembla 9»9
troupes, et leur aoona quaraote jours
de repqe. » L'eni»^ continoa eosuite sa
marone. EJJe trarersa ie Tigre , grav|t le
mootOricus, et deseeadit dan^ TApol-
kmie. liCS habitants de eette pontrie
etaicfftt veous au-devant d^Aiytiocbus
pour l«i demaoder grioe. Lorsque (VIq)oo
apprit rinvasJon des troupes royales. U
eeumt ji dies* esp^ant les SMrpr^nqra
dans las bois 4^ i Apolloaie; il ae YQ^r
hit pae laisaar aux nabitaots de la Su-
iane ef de la Sabylonie letempsde sui vre
Fcsenple des Apollonieos, et il joi^nit
Wntk Ajitioehus. Les soldats legere-
BKat armes se battirent avec acharne-
Sttat de cbaque cot6 ; on leur envoya du
imfort; et comoie les secQurs se »ucce-
3;
^aient sane interruption, la m^j^e allait
qevenir une bataille g^n^rale, lursque les
chefs doniierentle signal de la retraite. Le
combat s*arr£ta ; on se pr^para a creuser
des retranchemei^ts pour la nail : les deux
camps n'etaient separes que par une dis-
taneedeauarante stades. Cependant Mo-
loirrefl^issait avec inquietude aux chan-
ces du lendemain. Comment ses troupes
soutiendraient-elles la presence du roi?
11 ne voulut donner a Antiochus aucua
avantage, et resolut de le surprendre la
nuit m^me; il choisit done des soldats
d*^lite, ettraver:sadeslieux impraticables.
4fais,eri chemin, il a()prit que di^ jeunes
Sens s'etaient detaches desa troupe. Sans
oute ils allaieot informer le roi du p^rii
|u*il courait. Des ce moment le coup
le main etait manqu^. Molon revint sur
ses pas; mais son retour alarma toutes les
troupes. Au lever du soieil , les deux ar-
mees se rangerent en bataille. Dix ^1^-
phants formaient le centre de Tarmee
royale. Antiochus commandait Taile
droite, compos6ede cavaliers portent des
lances, et dont Ie chef etait Ardys, des
Cretois allies, des Gaulois et des troupes
mercenaires. Hermias et Zeuxis, ^ la t6te
de la gauche , avaient toute la cavalerie
sous teurs ordres. L'arm^^e de Molon
ayaitunecontenance irresoiue; les cava-
liers etaient m^les aux fantassins dans
une confusion generate. Lessoldatsd'Aa-
tiocbus redoublaieot de courage a la vue
de leurs eonemis troubles. L^ile droite
de Molon selani^ sur le corps d'arineede
Zeuxis : mais Taile gauche passa dans les
rangs destrpupesroyales. Cette trahison
decouraffea completement ceux qui res-
taient (ioeles. Molon, entqure d'ennemis,
se tua de sa main. Son frere Ndolaus eut
le temps de fulr. |1 courut en Perse por-
ter k Alexandre la nauvelle de cet ir-
r^arable desastre. Pour ne nas tomber
yl vantsa vec leur fami He ei Ure les mains du
vainqueur, ils donnerent la mort a leur
quere, a leurs enfans, et se frapperent en-
suite. Lecadavrede Molon futmis eq croix.
Du reste, Antiochus se montra clement
envers les viJlesr^elles. II alia a Seleucie;
Hermias, pour ch&tier les habitants,
leur impose une contribution de mille
talents; il punitde Texil, de la prison,
m^me dels mort, lesprincipaux citoyens.
Le roi reduisit a cent cinquante talents
le tribut demande par son ministre. il
44
rUNIVERS.
IS
donna le gouvernement de la M^ie a
Diogeo6,cttlai de la Susiane^ Apollo-
dore, et conQa la garde de la mer Roujia
t Tychon. Autiocnus ne voulut pasauit-
ter la haute Asie sans avoir intimide les
rois ind^pendants de ces contrto....
« 11 marctia coutre les habitants de FA*
tropat^ne , qui occupaieot le pays siiu6
a Toccident de la Medie, et qu*onappelle
k present la G6orgie. Leur roi , nomm6
Artabazane, ^tait un vieillard qui futsi
effray6 de I'approche d*Antlochus avec
one arni6e vtctorieuse, qu*il envoya
feire sa soumission, et fit la paix aux
conditions qu*on jugea k propos de lui
imposer... On re^ut dans ce tetnps-lli les
nouvelles qu'il ^tait n6 un fils au roi ; oe
itii fut un grand sujet de joie pour toute
a cour et pour toute Tarni^e. Hermias,
des ce moment , songea aux moyens de
se defaire du roi, dans Tesp^rance qu*a-
pres sa mort il ne manquerait pas d^Hrt
nomm^ tuteuf du jeune prince , et que ,
sous sonnom, ilexercerait an empire ab-
solu. II 6tait devenu odieux h tout le
monde parsa hauteur et son insolence...
Apollopbane, medecin d'Antiocbus, en
qui il avait grande confiance, et qui, par
sa place, avait un libre acc& aupres de
lui , prit son temps pour lui repmenter
le mecontentement general des peuples,
et le danger ou il ^tait lui-m6me de la
Sart d'un tel ministre. II Tavertit de pren-
re garde k sa personne, de peur qu^il ne
lui arrivdt, comme k sonfr^re, en Phry-
gie , d*ltre la victime de Tambition de
ceux en qui il avait le plus de confiance ;
quMI ^tait visible qu^Hermias formait
quelque dessein, et qu*il nV avait point
oe temps aperdre, si on voulait le prev^
nir. » Maisil ne s'agissait pas seulement
de donner au roi des conseils. Apollo-
pbane rassembia sesamis, et convint avec
eux de r^pandre le bruit qu*Antiochu8
etait afflig6 d'un mal d*yeux; c'^tait un
moyen de signer du temps et d*assurer
la reussltede leur dessein. Enfin, quand
on eut achet6 des partisans d^voues, le
mMecin ordonna publiquement k Antio*
chus de sortir tons les matins k la pointe
du jour; la fratcheurde Tair pouvaitseule
Suerir cettemaladie.Suivi d*un cort^^ge
*amis, Antiochus sortit du camp , avec
Hermias, qui voulait Taccoropagner . Par*
venu a un endroit d^rt, II donna le
signal con venu ; sa suite se jeta sur Her-'
mias, et le tua. Acette nouvell6,toutes
les provinces t6moign^rent leur joie.
Les fetnmes et les enfants d*Apam^
massacr^rent les fils et la veuve a'Her^ .
mias.
TBNTATIYS D'ACHiEUS OONTBB LA
syhib; antiochus assibgb sblbu-
cie; THBopoTB.—Tandis qu*Antiochu8
marcfaait centre Artabazane, Achaeusfor-
mait le projet de conqu^rir la Syrie. II
comptait s'etablir solidement dfans le
royaume avant qu'Antiochus edtle temps
de revenir.
Achseus avait pris a son serrice les
debris des Cytrastes, dont nous avons
parle plus haut. II quitta la Syrie, et
vint k Laodicde de Pnrygie, ou, pousse
par les conseils defexil^ Syniride, U prit
avec la couronne le titre de roi.
II continua sa marche jusque sur les
fronti^res de la Lycaonie. L^, il reacoo-
tra les anciens soldats d' Antiochus qui
se disposaient a uneenergique resistance.
II se detourna sur la Pisidie, dont ses
soldats se partagerent les depouilles.
Ce fut dans ces circonstanoes que des
ambassadeurs d'Antiochus amverent
aupres d'Achaeus. Le roi de S^rie, apr^
avoir pris ses quartiers d'hiver, etait
arrive dans sa capitale. Chaque jour,
k Antioche , on discutait, dans le con-
seil du roi , un plan d'attaque cofitre
les figyptiens. Apollophaneproposad*a9-
sieger Seleude , et d enlever a rennemi
Tembouchure de TOronte. Get avis rto-
nit tens les suffrages. Le roi donna
Tordre a Diognete, commandant de la
flotte, de s'avancer sans retard vers
Seieucie. Antiochus en personne alia
camper prte d'Hippodore, li cinq sta-
des de la ville. II tacha de s6duire les
habitants par des sommes d*argent et
des promesses; mais les principaux ci-
toyens repouss^rent ses offres. Les of-
ficiers n*imiterent pas ce desint^resse-
ment. Lejourde I'assaut arriva. Zeuxis
devait escalader la porte de la ville qui
regarde Antioche ; Hermog^ne se tenait
place avec ses troupes sur la route de
Dioscure. L'attaque des faubourgs et
des quais 6tait confine k Dio^te et il
Ardys. Cetait le cAte le plus faible de S6-
leucie. Ardys p^netra dans le faubourg ;
mals les autres g^n^raux furent repous-
s^s sur tons les points. Ardys meme ne
se serait pent^tre pas mamtenu dans
SYRIE ANCIEI9NE.
sa pofiitioo « si les officiers vendas I An-
twams n*avaient quiiU ks remparts
poor se retirer aupras de L6oDtius, pre-
Dier magistral oe la ville. lis repr6-
sentaient tous les dangers d*une re-
sistance inutile, et la n6cessite d'une
prompte soamission. Leontius tromp^
sigpa one capitulation sous la seulecon-
diti(m qoe les personnes seraient respec-
ttes. Antiodius entra dans la ville; il
rendit sqx habitants leurs droits muni-
cipaux et rappela tous les exiles. II n'a-
Tait point encore quitte S^leucie, lors-
aa*on Id apporta des lettres de Th^
ooteje g^noral de Ptol^m^. Deux an*
n^ auparavant ce general arait fldele*
ment conserve a TEgypte la place de
Gem. Mais, accuse h la cour par ses
enoemis, il resolut de se venger des
soopqons de Ptol^m^. II envoya Pane-
tolus k Tyr , pour faire reconnaltre An-
tiochus (Mtnscette ville ; lui-m^me s*eta-
blit dans PtolemaTs, au nom du roi de
Syrie.
GDSIBS CONTBS l'BGYPTI; Bii-
TAOU DB BAPHiA. — Un autfc ^6*
Deral de Ptol^mee, N6olaus, £toiien
eomme Tbeodote, ^tait demeur^ fidele
k son mattre. II alia assi^^er Ptol^als,
et confia a Dorvmene et a Lagoras la
ddense des defiles qui conduisent , par
Beryte, en Ph6nicie. Antioehus repoussa
fecileinent ces deux generaux, et prit
possession de Tyr, de Ptolemais et
de qoarante vaisseaux qui stationnaient
<lans les ports de ces deux villes. Une
mite non interrompue de succes couvrit
^ gloire les armes d'Antiochus jusqu*^
la fjtale d^faite de Raphia (*). Quelque
temps araot la bataille, Theodote essaya
de se gllsser dans rarni6e ^ptienne
et d'arriYer jusqu*au roi. A Ta faveur
de la nuit, il entra sans obstacle dans
latente de Ptolem^e; mais le hasard
voulut que ce prince ne s'y trouvdt pas;
Tbfodote tua le m6decin Andr^us et.
I>le8sadent courtisans. II regagna, sans
^ reconnu, le camp des Syriens.
Enfin parut le jour du combat. Pto*
wnee sortit le premier de ses retranche*
nents. L'aroi& d' Antioehus 6tait com-
post de differents peuples. Les Da-
(*) Hone miroyoiis poor le detail des ^y6-
MBCMi qai MMdercBl oefte batoUle. m t6-
•■» de M. CbampoUloo-ri^MCi ig^pU ,
hes et les Caramaniens^ au nombre d'en-
▼iron cinq mitle, avaient pour chef le
Mac6donien Byttacus. M^n^dme com-
mandait deux mi lie archers et fron-
deurs perses, et mille soldats thraces.
Un g^n^ral , fils du Mede Aspasian, con-
duisait cinq mille hommes , M^des, Cis-
siens et Cadusiens. D*autres barbares
ob^issaient h Zabdbell [Zabdibellum)^
et formaient un corps de pres de dix
mille hommes. Theodote avait sous ses
ordres les argyraspides et prds de dix
mille hommes armes et ^quip^s ^uivant
I'usage mae^onien. Les g^n^raux de la
phalange, form6e de plus de vinst mille
nommes, ^taient Nicarque et Theodote
Hemiolius; Hippolocus, le Thessaiien,
avait amen6 de la Grece cinq mille mer-
cenaires. II y avait encore quinze cents
Cr^tois avec Eurilochus; mille archers,
quinze cents frondeurs lydiens , et mille
autres soldats sous Lysimague. Toute la
cavalerle ne montait pas a plus de six
mille hommes : c*etait probablement
dans cette partie de Tarm^e que s'etaient
enrdles les Syriens. La cavalerie ^tait di-
vis^e en deux corps ; Tun, de quatre mille
chevaux , avait ei€ conft^ au jeune Anti-
pjiter , neveu du roi. Ainsi, les forces
d* Antioehus s'^levaient a soixante-huit
mille hommes et cent deux Elephants.
L'arm^ de Ptol^m^e ^tait superieure
en nombre; mais ses ^l^phants^ tir^s
des d^rts de laLibye, n*^taieut pas
aussi forts queceux d' Antioehus. Ces ani-
maux commencdrent la bataille; la trou-
pe de Ptol^m^ prit la fuite, et jeta le d^-
sordre au centre de Tarm^ dont elle de-
vait ^tre le rempart. « L'issue de la bataille
fut qu*Autlochus , h la t^te de son aile
droite, d^fit Taile gauche des Egyptiens.
Mais, pendant oue, par une ardeur in-
consid^r6e , il s'^chauffait a la poursuite
des ennemis, Ptol6m^ , qui avait eu le
m^me succes k Tautre aile, chargea en
flanc le centre d'Antiochps qui se trouva
d^ouvert,et le rompitavant quece prince
pdt venir k son seeours. Un vieil officier
qui vit ou roulait la poussi^e , conclut
que le centre 6tait battu , et le mon-
tra a Antioehus. Quoique dans le mo-
ment m^me il fit faire volte-face, il arri va
troptard pour reparer sa faute, et trouva
tout le reste de son arm^ rompu et
mis en fuite. II fallut songer a faire
retraite. II se retira k Raphia, d'oik
46
UUNIVERS.
il regagna ensuite Gaza, apr^s avoif
perdu dans cette bataille dix miile hom-
ines tu^s et quatre mille faits prison-
niers. Se voyant par la hors d*etatde te-
nir la cainpagne contre Ptol^m^e, il
abandonna toutes ses conqu^tes , et ra-
mena k Antioche ce qu*il put ramasser
des debris de son arm6e. Cette bataille
de Raphia se donna en m^me temps
?ue celle odi Annibal battit le consul
laminius , sur le bord du lao Trasi-
m^ne, en fitrurie (217) (*). »
Antlochus avait hdte de terminer la
guerre. II envoya h Ptolem^e deux am-
bassadeurs : Antipater et Theodote He-
miolius. Ilsobtinrentune annee de trSve.
Sosibius alia a Antioche pour faire ra-
tiGer la cession de la Coelesyrie^ de la Pa-
lestine et de la Phinicie, abandonnees
au roi d'^gypte.
GUERRE CONTRE AGHJEUS. — On nC
fit pas mention d'Achaeus dans le traite ;
depuis longtemps le roi de Syrie cher-
chait Poccasion d'attaquer ce prince et
de renverser sa domination en Asie
Mineure; Achaeus avait resserr^ les liens
de famille qui l*attachaient dej^ aux Se-
leucldes par son mariage avec Laodice,
filled' Antiochus Hierax. Cette princessci
encore en has Sge a la mort de son pere,
avait grandi dans Tinfortune. tin ancien
serviteur de sa famille prit soin de son
enfance, et donna sa mam et ses droits &
rambitieux Achaeus. Celui-ci cherchait
par tons les moyens aconsolider sa puis-
sance. « Cela parut clairement dans un^
guerre qui survint (quelques annees
avant la bataille de Raphia) entre les
Rhodiens et les Byzantins , 5 Poccasion
d*un tribut que ceux-ci avaient impost
sur tons les vaisseaux qui passaient
par le d^troit; tribut qui ^tait fort^
charge aux Rhodiens, a cause du grand
commerce qu*ils faisaient avec le Pont-
Euxin. Achaeus, sollicit^ vivement par
ceux de Bvzance, avait promis de les
secourir. Cette nouvelle consterna les
Rhodiens » ajussi bien que Prusias, roi
de Bithynie, qu'ils avaient attir^ dans
leur parti. Dans Pextrlme embarras
oil lis se trouvaient , il leur vint dans
Pesprit un expedient pour detacher
Achaeus des Byzantins et Pengager dans
leurs int^Sts. Andromaque,.son p^re,
[*) Rollin, i VII, p. 326.
fi-^re de Laodice, que S^eucus Callinl-
cus avait epous^e, 6tait actuellement
retenu prisonnier h Alexandrie. lis
deput^rent vers Ptol6m6e pour lui de-
mander en grdce sa liberty. Le roi, qui
^taitbien aiseaussides'attacher Achaens
de qui il pouvait tirer de grands ser*
vices contre Antlochus, avec qui il ^tait
alors en guerre, accorda volontiers
aux Rhodiens leur demande, et leur
remit entre les mains Androma<{ue.
Ce fut un present bien agr6able pour
Achaeus , mat's qui fit perdre courage aux
Byzantins. lis consentirebt h f^tnettre
les choses sur Pancien pied, et a dter le
nouveau droit qui avait cause la guerre.
La paix fut ainsi r^tablie entre les deux
peuples, et Achaeus en eut tout Phoii-
neur. » Telle etait la puissance et Pea-
nemi qu'Anliochus allait combattre.
« Antlochus , apr^ avoir fait la paix
avec Ptolemee, donna toute son appli-
cation a la guerre contre Achaeus, et
fit tous les pr^paratifs pour la com-
mencer. It passa enHn le modt Taurus,
et entra dans PAsie Mineure pour la re-
duire (2 1 6). II y fit une ligue avec Attale,
roi de Pergame, en vertu de laquelle
ils joi^nirent leur$ forces contre leur
ennemi commun. lis le press^rent si
fort, qu'il abandonna la campagne
et se retira dans Sardes. Antiochus
en forma le siege ; Achaeus le soutint
?ilus d'un an. II faisait souvent des sof*
ies, et il y eut quantity d^actions au
pied des murailles de la ville. Enfin ,
par une ruse de Liguras , un des com*^
mandantsd'Antiochus,onprit la ville,
Achaeus se retira dans le chateau , et
s*y defendait encore quand il fut livr^
par deux trattres cretois. Cette his-
toire merite d*^tre rapportde. Plolemde
Philopator avait fait uu traits aveo
Achaeus, et 6tait fortfSche de le voir
si 6troitement bloqu6 dans le chflteaii
de Sardes. II chargea Sosibe du soin
de Pen tirer, a quelque prix que ce fdt.
II y^ avait alors ^la cour de Ptol^m^ un
Cretois fort rus^, nomm^ Bolis, qui
avait demeurd longtemps h Sardes.
Sosibe le consulta et lui demanda s*il
ne saurait point quelque expedient pour
reussir k uire ^chapper Achaeus. Le
Cretois lui demands du temps pour y
soncer, et guand il revint trouver
Sosine, II offrit de Pentreprendre, et lui
SYRIE, ANCIENNE.
47
cxpliqua la maoi^re dont il vouiait coa-
duire TafTaire. 11 lui dit qu'il avail ua
ami intiine, ^ui etait aussi son proche
great, capitaine dans les troupes^ de
eteau service d^ADtioclTus; qu'il com*
mandait aiors dans un fort , derriere le
ehdteau de Sardeg; qu'il Tengajserait
a laisser sauver Acbaeos par ce cdte-la.
Soo plan fut approuve. On Tenvoie en
diligenee a Saraes pour Tex^uter, et
OQ lui coropte dix talents pour ses be-
soins, avec promesse d'une somme
plus considerable, s'il reusslt. Apres
son arriv^, il communioue Taftaire
k Gambyse. Ces deux mallieureux coo-
Tiennent , pour en tirer plus de proflt«
d*aller d^larer lear dessein a Antiocbus.
Ds offrirent k ce prince, coinme iis
Tavaient resolu , de jouer si bien leur
T^ie qu'SQ lieu de faire sauver Achsus,
Us ie lui amdaeraient , mojennant une
T^mpense oonsiderable qu'ils parta-
rient eatro eux aussi bien que les
taieots que Bolis avait deja re^.
Antiocbus fut ravi de cette ouverture ,
et leur promit use recompense suffi*
sante pour les engager k lui rendrecet
important service. Bolis , par le moyen
de Gambyse , entra sans peine dans le
chateau , bu les leltres de cr^nce qu*il
avait de Sosibe • et de quelques autres
amis d'Adiaeus lui gagnerent la conr
fiance entiere de oe prince infortun^. II
se mit entre les mains de ces deux sc^-
lerats qui, ^ qu'il fut bors du cb^teau,
le Baisirent de sa persoona, et le livr^
rent a Antiocbus. II lui Gt aussitdt
louicber la t^te, et termina par \k
oette guerre d*Asie (*)• »
ODSUUBS CONTEB LES PAHTHES ST
US BACTAIBNS (211-304. ) —Pendant
qu*ADtiocbiiacombattaiteB Asie^Mineur^
pour rteUir les anctennes limitesde son
n^auine, Arsace s^emparait de la M6-
die. Les pitarages dece pays avaientun
siogulier attrait pour les cavaliers par*
tbes. Apres la luort d* Acbaeus, le roi de
Syrie disputa aux barbares cette riche con-
qwSlie. Les Partlies, fiddles a leur tactique,
Mseren t les troupes d' Antiocbus s'avan-
car librement dans le pays; ils comp-
HicBt que le desert, leur aiM naturel,
devorerait Taroiee envahissante. Gepen-
dant la eon tree , jusqu'a Ecbatane, est
fertile, bien arrosee, et peut aisement
C-}IU>Uio, t. YII, P* Sisetsuiv,
fournir aux besoins d^ine arm^e. An-
tiocbus entra dans la capitale de la M^-
die ; cette ville avait eu autrefois des
richesses immenses. Les Mac^doniens.
au temps d'Alexaiidre , d' Antigone et
de Seleucus, n'avaient pu emporter tous
les trdsorsd* Ecbatane. Le temple d*Anai-
tis, lors de Texp^dition d*Antiochus,
^tait demeure presque Intact. On y voyait
encore une partie du toit convert en
argent ; des lames ^paisses d'or et d*au-
tres metaux precieux reeouvraient les
murailles et les colonnes. Antiocbus
depouilla le temple , et convertit ses ri-
cbesses en monnaie pour la valeur de
auatre mille talents. Ensuite il se jeta
ans les deserts situes au dela d'Ecba-
tane. Les Parthes sehdtiiient deboucher
les puits et les conduits souterrains qui
amenaieot Teaudes montagnes. Mais
la prudence du roi et ie courage de
son avant-garde permirent aux troupes
de p^n^trer dans le p^ys nieme des Par-
thes (210). Les habitants se retirerent
en Hyrcanie. lis voulurent defendre fen-
tree de cette province; mais les passa-
ges furent forces etla capitale du pays ,
Seringis. fut assi^ee et prise d'assaut.
Arsace coangea a!ors ses plans. II forma
une arm^ reguliere de cent mille fan-
tassins. Les forces toient 6gales des
deuxcdtes; Antiocbus craignit de contl*
nuer une luttedangereuse;ll traita avec
les Partbesetreconnut leurindependance
(208). U ue r^ussit pasdavantagea reduire
la Bactriane. Dans un combat centre Pu-
surpateur EuUiydeme , il cut son cheval
tu^ sous lui. et fut lui-m^me frapp6
au visage. Alors il offrit la paix. Le
filsd'Euthydeme vintdans ie camp d' An-
tiocbus ; il obtint pour son pere le titre
de roi > et pour lui la promesse de rece-
voircomme epouse une princesse syrien-
ne (206). Eutbyd^me envoya au roi dc
Syrie une troupe d'elephants , pour faci-
liter son passage dans I'Inde; avec cent
cinquante de ces animaux, Antiocbus
traversa PArachosie et la Drangiane;
il passa Tbiver en Garamanie> et revint
au printemps de Tann^ suivante a An*
tioche { 205). Malgr* Tinulilit* de ses ef-
forts contre les Parthes et les Bactriens,
Antiocbus merita , par son expedition
dans la haute Asie, Ie titre de Grand,
qu^l prit depuis cette ^oque. II avait
surmonte les difficultes que lui presen-
4$
L'UNIVERS.
tail partout reimemi, et eombatto, sans
revers, des populations belliqueuses (*).
ALL1A.NCB D*ANTIOCRUS AYBG PHI*
L1PPE DE macbdoinb; OCBBBB Gon-
TBB l'bgypte. — La mort de Ptol^in6e
Phiiopator inspira au roi Antiochus de
nouv^ut desseins. 11 ooncut le projet de
partager, avec Philippe, Tfigypte qui ve-
nait de tomber entre les mains d*un en-
fant , Ptol^mee Epiphane. Ce traits fut
une des causes gui amen^ent Tinterven-
tion des Ron?ains dans les affaires d*0-
rient. Antiochus, assure du concours
actif de la Macedoine, fit en toute hAte
la conqu^te de la Goel^yrie et de la Pa-
lestine. Puis, laissant Philippe se d^
battre entre Rome et la Grece , it ras«
sembla, Tannee suivante (201), une nom-
breuse arm^ de terre, ooinniandte
par Mithridate et Ardys , et les ehar-
gea d*assi^er ia ville de Sardes. Lui*
m^me s'embaraua sur une flotte de
cent Taisseaux de guerre, sans compter
les bdtiments de transoort (**). II alia
avec oette arm^ navale attaquer les
villes de Gilicie et de Carie soumises
aux £gyptiens. Mais tandis quMI s'effor-
cait d'etendre sa domination dans TAsie
Mineure , les tuteurs de Ptol^m^, pro-
fitant de son absence, cberchaient k
reprendre possession de la Conl^yrie et
de la Palestine. Ces provinces furent
de nouveau pill^ et ravage. Antio-
chus revint dans ses £tats pour atta-
quer les £gyptiens et les cnasser du
pays {***), xTn traite de paix et un ma-
riage projet^ entre GI6op§tre, fille d' An-
tiochus, et le roi Ptolem^ £piphane, mi-
rent un terme a cetteguerre desastreuse.
CAUSES DB LA GUBBBB D*ANT10CHU8
coif TEE LBS BOMAIirS ; ANRIBAL EN
OBiBNT. — L'ambassadeur d'Antiochus,
Eucles de Rhodes^ charge de discuter h
Alexandrieles conditions de la paix. avait
tromp^ les £eyptiens par d'artificieuses
promesses. 11 leur repr^sentait qu* An-
tiochus, en attaquant les villes grec-
rpJaiUn.XLf, s. •
(**) in prmeipw vm», pfwiNum terra cum
extreiiupiit duobtu, Ardpe ae MUhridaie,
Jnsu§fue SardibtiM «e opperiri, ip$€ cum claue
eenium lectarum navnun, ad hoc
leviaribui
ncvigiit eereurU ac temhit ducentU, pro/leisei'
tttt. Tlle-Uve, XXXIII. 19.
p. 4S9, b. ^ ChampolUoa-Flgpac , ibid, £|^pte
•Dcienne,p.4S7,R, 5.
ques de TAsie Mineure, se dMonuut*
geait de la perte des provinces doonte
en dot ^ sa fille. Les villes menace, ne
pouvant plus compter sur les secours
de TEgypte, reclamerent la protection de
Rome. Antiochus 6tait alors en Thrace;
il cherchait k fonder en Europe, sousia
d^|)endance de Tempire syrien, un
royaume particulier, dont la capitale se-
rait Lysimachia, et le premier roi S^
leucus, fils d* Antiochus. « Ce fuijusie-
ment dans le temps qu'il formait tous
ces projets, qu*amv^nt en Thrace les
ambassadeurs remains. Us le reneon-
tr^rent k Selymbria , ville du pays. lis
^taient accompagn6s de quelques d^a-
t^s des villes grecques d'Asie. Dans les
(premiers entretiens qu*eat le roi avee
es ambassadeurs, tout se passa en civi-
lity qui paraissaient sinc^res: mais
{|uand on commen^a k traiter d*affoires,
es choses changdrent bien de face. L.
Cornelius ScipLon, qui portait la parole,
demanda qu' Antiochus rendltli VUMmbt
toutes les villes de I'Asie qu*il avait usur-
ps sur lui; qu*il 6vacuat toutes celles
qui avaient appartenu k Philippe, n*e-
tant pas juste qu'il recueilitt les Ihiits
de la guerre ^ue les Romains avaient
eue avec ce prince; qu*il iaissAt en paix
les villes grecques de TAsie qui jouis-
saient de Teur liberty. 11 ajoutaque les
Romains ^taient fort surpris qu'An-
tiochus eM pass^ en Europe avec deia
armto si nombreuses, de terre et de
mer. et qu'il r^tabltt la ville de Lysi-
machia, entreprises qui ne pouvaieni
avoir d^autre but que de les attaquer.
Antiochus rtoondit a tout cela que
Ptolto^ aurait satisfaction quaod son
mariage, qui eUit deji arr^t^, s'accom-
pllrait; que pour les villes srecquei qui
demandaient a conserver Teur libertt,
c'etait de lui qu'eiles la devaient tenir , el
non des Romains. A I'^ard de Lysi-
machia, il dit qu'il la reratissait pour
servir de r^idenee k son flis Sdeucos;
que la Thrace, et la Gherson^e qui en
laisait partie, ^ient k lui; qu'^etles
avaient 6t^ conquises sur Lyninaqae
par S^leucus Nicator, un de ses anodties,
et qu'il y venail comme dans son lieri»
tage ; que , pour I'Asie et les villes qu'fl
avait prises sur Philippe , it ne savait pas
sur quel titre les Romains pr^teodaient
lui en disputer la possession; qu'il les
SYRIE ANCIENNE.
49
iriait de Ae se pas plus m^ler des affaires,
de TAsie, qu'ii ne se no^lait de cedes de
lltaJie. Les Romains ayant demand^
aa'oa Ht eotrer les ambassadears de
amyrne et de Lampsaque, on le leur
permiL Ges ambassadeurs tinrent des
diseoursdoDt la liberty of feosatellement
Afitioebtts, qu'il s'emporta violemment ,
et 8*toia que les Romains n'6taient
poiot jiH^de ses affaires. L^assemblee
86 lepara eo desordre : aacun des partis
n'eut satis&etion, et tout prit le train
d^une ruptare ouverte. Pendant ces u^-
goeiaUons,, it se r^pandit un bruit que
Ptolemee Epipbane ^tait mort. Antio«
chus se erut aussitdt mattre de !*£-
gvpte, et se mit sur sa flotte pour en
atler prendre possession. 11 laissa son
Ills S^cus^ Lyaimaehia avec Tarm^,
poor acbsver ce qu'il s'^tait propos6 de
ce fdte-la. U alia aborder a Ephese ,
ou il joigmt a sa flotte tous les vaisseaux
3u*il avail dans ce port « daus le dessein
e s'araoeer, en toute diligence , vers
rig^pu. En arrivant a Patare, en
Lycie, il eut des nouvelles certaines que
le bmit de la mort de Ptolemee (gtait
fiux. II alia done vers File de Cypre,
dans ledestetn de s*en saisir. Un orage
qui survint lui ooula k fond plusieurs
vaisseaux, lui fit perir bien du monde,
et rompit ses mesures. II se trouva fort
heureox de pouvoir entrer avee les debris
desa flotte dans Sdeucie, ou il la tit ra-
doober, et s'en alia passer Fhiver a
Antioehe, sans rien entreprendre de
noQVfaacette anoxia (196) (*). »
Telles etaient les dispositions d*An-
tioebus a regard des Remains, quand
Aonibal arriva h Antioche. Le roi venait
de partir pour £pbese; Texil^ deCar*
tbage le suivit dans cette vilie , et recut
de son h6te royal un aceueil honorable.
Antiocbus s^assoda k sa haine centre
les Remains; roais, avant de commencer
la guerre, il voulut se meoager Tappui
des rois de TOrient par des alliances de
famille. II conduisit GItopdtre a Raphia,
poor la remettre eiitre les mains de Pto-
lemy, et abandonna h son gendre la
Palestine et la Goel^yrie , en se reservant
hoioitie des revenus, Ensuite il conclut
le manage de sa fiUe Antiochisavec Aria-
mfae, roi deCappadoce. Seul,Eumene,
f')Toy. RoIUd, qui suit encore id avecexactt-
hifcles aatears andens, t. VU1, p. 7, 8, 9.
4* Uvraison. (sybie ai^gibn r b. )
roi de Pergame , malgr^ lesconseils d' A t*
tale et de PhileUre, ses frdresr, refusa la
main d*une prinoesse syrienne. 11 crai«
gnait la vengeance des Romains.
Quand toutes ces negociations furent
termini, le roi de Syrie mit k la voile,
et arriva en Chersonese. II subjugua une
partie de la Thrace, etrendit la liberty aux
villes de cette contree. En m^me temps,
il sot, par des presents et par Teclat
de sa cour , attirer les Galates dans son
parti. II envoya son fils centre les Pisi-
diens ,et iui-m^me revint a £phese. La,
il choisit les ambassadeurs charge de
trailer avec lesenat remain :c'etaient Ly-
sius, £g^ianacte et Menippe. Ces trois
envoys arriv^renta Rome, et se pre-
senterent devant le s^nat. Menippe prit
la parole. II reprocha'aux Romains leurs
pretentionsexager^es,et.seplaignitqu'on
traitdt Antiocbus, non comme uu prince
qui recherchait volontairement leur ami-
ti6, mais comme un vaincu qui deman-
dait grice. Le senat n'ecouta point ces re-
presentations; il decida settlement qu'on
enverrait en AsieSulpicius, Villius et
iElius , pour trait^^r avec le roi en per-
sonne. Les difficult^, loin de s'aplanir,
8*aggravaient chaque jour. Rome avait
d^couvert les projets nostiles d'Antio-
chus centre Tltalie, et ellesavait qu*An-
nibal avait envoy^ un de ses agents k
Carthage pour former une ligue offen-
sive. En outre, on apprit que r£to-
lien Dic^arque s'^tait present^ au nom
de ses concitoyens a la cour d' Antiocbus.
Les envoys ae Rome, en passant par
le royaume de Pergame, trouverent dans
Eumene un allie tout pr^t a declarer
la guerre au roi de Syrie. Sulpicius, ma-
lade , resta a Pergame. Villius continua
son voyage ^t arriva a £phese. Le roi
^tait en guerre centre les Pisidiens; pen-
dant son absence , les ambassadeurs ro-
mains visiterent souvent Annibal, et par
des apparences d'intimit^ ils le rendirent
bien tot suspect.
Des que Villius crut avoir sufGsam-
jnent compromis Annibal dans Tesprit
deson bote, il alia rejoindre Aptiocnus
k Apamee^ et reprit les n^ociations.
La mort du jeune Antiocbus rompit les
conferences. Ce prince ^Uit aim^ de la
nation; on le crut empoisonne par des
eunuques. Antiocbus temoigna beau-
coup de regret de la perte de son ills.
4
»
L'UNIVERS.
Maig, profltani do r^pit que les Ro-
mains accordaient a sa douleur, it ^uta
les coDseils de Minias, son confident.
Minias croyait son mattre invincible.
II fut char^^ de repondre a Villius
et k Sulpicius. Son discours fut vio*
lent et nautain. « Vous parlez , disait-
il , de readre la liberty aux villes gree-
ques ; mais vos actions contredisent vos
paroles. Poui^uoi traiteriez-vous mieux
les cit^ d*A8ie que oelles d'ltalie et de
Siciie, qui sont aussi d^origine grecque ,
et ou chaque ann^ vous envoyes le
pr^teur, avec la hache et les faisceaux ? »
Sulpicius repartit pour Rome avec sea col-
legues. La guerre etait imminente. Antio-
chus, aveugl^ par les flatteries d* A lexan*
dre d'Acarnanieetde toussescourtisans,
m^itait une attaque oontre la Gr^.
Annibal,par les artiflcieuses menees des
ambassacleurs , avait perdu la confiance
du roi ; il futcependant admisauconseil ,
et reconquit toute son influence, en
conseillant la guerre. Les^toliens mon-
traient la mime ardeur. lis envoyerent
des ambassadeurs en Asie, et s'eftbrcd*
rent de rallier tous les peoples de la
Grece sous le commandement d*An-*
tiochus.
GUEBBB D'aITTIOGHUS CONTBB
bomb; combat des thebmopyles;
BATAILLB DB MAGNESIB. — RomO
declara solennellement la guerre h An-
tiochus et aux £toliens en 191. Le roi
de Svrie venait de prendre possession de
FEub^e; il alia aD^m^triade avec toute
sacour, et tint conseil dans cette ville.
Annibal voulait qu*on attaqudt les Ro-
mains dans leur propre pays , et qu'on
forcdt la MacMoine a se declarer ouverte-
ment dans la querelle. On^adopta d'a-
bord cet avis; mats les g^neraux grecs
ou syriens, lesuns par timidity, les au-
tres par jalousie et amour-propre, s'ef-
fray^rent d'un dessein aussi audacieox.
Aussi Tarm^e asiatique , au lieu de se
niontrer sur les fronti^res de Tltalie,
fut amende par Polyxenidas dans la
Gr^ce centrale. Les troupes du roi
s'amus^rent au si^ge de Larissa ; elles
furent repoussees par Bebius; enfia
le vieil Antiochus ^pousa la tille de
Cl^optol^me, a Chalets; les fites de
flon manage Toccup^rent pendant tout
Thiver (*). Cepeadant, le danger de*
(*) Tanquam in media pace nupHas celehrat.
venait imminent. Le consol Adlinv
s'approchait a grandes journto : An-
tiocnus alia camper aux Tbermopyies
pour Tarrlter. Sea allies, lea £toliens,
occnpaient, en petit nombre, lea tan*
teurs de Callidh)me, de Rhodante et de
Tichiante (*); le roi de Syria, avee
environ dix mllle hommes, setenait ea
arri^re. Gaton, Tun des lieutenants d' Aei-
lius, enleva le CallidronM , et rejeta les
^totiensdans la vallte, sarrarm&d' An-
tiochus; bleas6 ^latlte, aa oominenoe-
ment de la m(^lee, le roi s'eloigsa da
champ d)e bataille, et aa retraite rat le at*
gnai d'une deroute g^n^rale. Dix mille
hommes p6rirentdans lea prtoipicesou
sous les coups des Roraaina. Antlodius
vaineu se retire k ^ph^e ; vainemeniil
voulut tenter les chances d'un combatsar
mer. Polyx6nidas, que les vents contrai-
res avaient emp^he d*aborder en Greoe
avant le combat des ThermopyleSt recut
Tordre d'attaquer la flotte romaiiie.
II la rencontre prte de Coryeus^ ea
lonie; mais il futbattu parC. Liviiiiy
et perdi t vi n^t-trois vaisseaux. Cet ochee
reveille Tactiviti^du roi : ilenvoya Anni*
bal en Syrie et en Ph^nicie pour 6quiper
une flotte. Mais tous ses efforts rureat
inutiles. L. Cornelius Scipion , le noa*
veau consul , prit terre dans le port de
Pergame. Les Rhodiens, surpria par
Polyxenidas, avaient perdu vingt^neuf
vaisseaux. Pour v^parercet ^ohec, ils
bloquerent Annibal k M^giste, en Pam-
phylie. Dans le m^me temps, i£milias
atta(|ua Polyxenidas sur les cdtes de
I'lonie, pr^s de Myonn^se; il prit ou
coula h fond quarante-deux vaisseaax.
A cette nouvelle , Antiochus donna Tor*
dre aux garnisons de Lysimachia et des
villes voisines de se retirer vers le midi :
c*etait ouvrir TOrient aux envahisaeurs.
Les Romains trouv^rent sur leur pas-
sage des villes abondamment pourvues
d'armes et de vivres. Ils traverserent sans
obstacle la Phrygie. Voyant Tennemi aa
centre de ses^tats, Antiochus ne comp-
tait plus^uesur les succds d'une n^goeia-
tion; mais Scipion exigeatt que le roi se
remit sans condition au pouvoir dea Ro-
mains. 11 fallat courir les chances dHia
Tit. Ll7., XXXV, If; el pins Md (I«) i ^»-
hil se ex Grtecia, prater anucna Chakide At*
herna tnfamesnuptia8,peti$9e,^
(•) Tit Llv., tWS., Id.
SYRIEANCIENNE.
51
combat. L^artn^ syrienne, eampee a Ma-
gn^'e^^tait foFtedequatre-viDgt-deux
mille bommes. Scipion n'avait que deux
legioos, qui formaieDt, avec les Grecs et
les allies , un corps de treute mille sol-
dats. Mais Tarm^e romaine etait rassem-
blee sur un espace assez etroit ; le general
poQvait , d'un coup d*oeil , embrasser
les moavements de toutes ses divi-
aons. Un brouillard epais couvrait la
plaine. L'humidite de Fair detendit les
oordes des arcs ; comme les archers for-
maientunegrande partie des troupesasia-
tiques, cette circonstaoce contribua en-
core a la defaite d'Antiocbus. On aurait
rem6di^^ ce desavantage en faisant com*
battrelessoldats arm^ de piques etde lan-
ces. Au coQtraire, ils seformerenten pha-
laoge epaisse. Les hommes des premiers
rangs porent seuls prendre part a Taction.
Antiochos perdit plus de cinquante
miUe hommes a Magnesie (190), II pritia
fiiite, el ne s*arr^ta qu*en Syrie (*). 11 en-
Toyak Scipion sod neveu Aatipater et
Zeuxis comme anabassadeurs. La paix
fut eondue aux conditions suivantes : le
roi de Syrie abandonnera toutes ses pos-
sessions d^Europe et d'Asie au dela du
Taurus; il payera tons les frais de la
guerre, c'est-a-dire quinze mille talents
eubolques ; il en donnera cinq cents comp-
tant, deux mille cinq cents apres la
ratification du traits par le senat et le
geuple romain, et le reste en douze ans.
En outre, il acquittera les ancienoes
dettes contract^ envers Eumene , ou
eoTers son p^; il donnera vingt ota-
ges dioisis par les Romains ; il livrera
Aanibal, TlK>as r£tolien, rAcarnanien
Moas/mague et les Cbalcidiens Philon et
Eubalide f*). Annibal avait d^J^ pris la
fuite. Les ambassadeurs d'Antiocbus
partirent pour Tltalie (189).
Antiocbus le Grand ne survdcut pas
loogtemps h ees re?ers. Suivant Au-
i^lius Victor, il avait battu, dans I'i*
Tresse, queiques-uns de ses officiers, qui
le torrent par vengeance. Une autre ver-
sion^ plus accr^t^, raconte differem^
(*} jfd quinguagifUa mUtia pediium casa
» He dieutUttr, eqmittun hia millia; mille
^fodringenti eajaif etjptnuUcim cum reetori-
^elepkanti. TitUv., XXXVIl, 44,
(•^j U roi d« Cappadoce, qui avait donni des
wtBon II Anttochas, fat coodamn^ k payer
uoeatotateots aax Aomaiw.
ment sa mort (*). Press^ par le besoin
d'argent, il alia dans Tl^ymafde, et pilla
le temple d'une divinity de ce pays. Le
peuple, pouss^parle ressentiment de
cette injure, se jeta sur le prince et le
massacra.
CHAPITRE V.
DECAOSNCE BS L^EMPIBE DEB S^LEU*
CIDES. — CONQU^TB DE LA STHIB
PAH LES BOMAINS.
BiCNE DE SELEUCUS IV PHILO*
PATOB.— Le voisinage des Romains, la
surveillance qu*ils exer^ient sur les rols
de rAsie,ne permirentpas k S^leucus
de tenter de grandesentreprises. II ?oa-
lut soutenir Pharnace, attaqu6 par
Eumene; RomeVempressa de rappeler au
roi de Syrie aue, pourlul, la neutrality
6tait un devoir.
Seleucus ^pousa sa soeur Laodice, qui
6tBit veuve oe son propre fr^re, Antio-
cbus, flls atn6 d* Anttocbus le Grand. Elle
eut deux enfants de son manage avec
Seleucus; un fils, D^m^trius, et une
fille, dppel6e Laodice , comme sa mere.
Lorsque le jeune prince eut atteint
r^ge de douze ans, son pere Tenvoya k
Rome . Demetrius allait remplacer, en
quality d'otage, son oncle Antiocbus ,
que le roi de Syrie d^sirait revoir. Le
fr^re de Seleucus vivait en Italic depuis
la paix. II se dirigea vers FOrient ; maiSy
lorsquMl fut k Atnenes, il apprit que S^
leucus venait d*ltre assassin^ par son
ministre Heliodore. La mort du roi de
Syrie arriva h la fin de I'ann^e 174 (**}.
BEGNE d'ANTIOCHUS IV BPIPHA-
ne; EXPEDITIONS AU DELA DE L'EU-
PHBATB. — Attale et Eumene cbass^rent
du tr6ne Tusurpateur Heliodore, et
donnereiit la couronne de Syrie k Antio-
cbus. Gelui-ci r^nait depuis pen de
temps, lorsgue son neveu Ptol^m6e
Philometor fut d^lare roi d'£gypte«
II envoya k la cour d'Alexandrie Apol-
lonius, Tun de ses conseillers, et le
chargea d'observer la disposition des
E^yptiens a Tegard de la Syrie. ApoUo-
nius d^uvrit les projets bostiles de Pto-
(•) Jostio, XXXII, 2. •- DIod., In SxeerpL^
p. 296.
i*^') Fay. pour oette dale Saint-Marttn, Bio§r.
univ.yhtL &'7eueti«.IV.— Manek, UnivenpitL^
Palestine, p. 491 et49a,
4.
5f
L'UnIVERS.
lemee, et en rendit compte a son maitre.
La guerre eclata aussitot entre i'figypte
et la S;rrie (*).
Antiochus prodiguait ses tr^sors en
f6tes el en debauches. Le boisde Daphn6
acquit sous son regne cette scandaleuse
reputation qu il conserva jusqu'aux der-
niers temps du paganisine. On peut voir
dans Oiodore (**) et dans Polybe (***) le
tableau des turpitudes dont ce lieu ^tait
le thedtre. Pour fournir aux frais de
ses plaisirs, le roi d^pouillait ses sujets.
II alia en personne dans la province
de Perse pour r^lamer le tribut. Enfin,
us6 par des exces de tons genres, il
mourut sur les frontieres de la Baby-
lonie (****).
Sous le regne d* Antiochus IV, Tibe*
rius Gracchus futenvoye en Syrie. Le
roi requt cet ambassadeur avec respect,
et mil a sa disposition sonpalaisaAn-
tioche.
ANTIOCHUS V BUPATOR. — Lorsque
Antiochus V monta sur le trdne (164), il
n'avait que heuf ans. Deux honinies, pen-
dant sa minority, se disputerent le pou-
voir. £piphane avait conGe k Phiiippe,
son ami, la tutelle du jeune prince; roais
Lysias, qui avait appris en Syrie la mort
du roi , proclama Antiochus V succes*
seur de son pere , et se constitua regent
du royaume. Philippe dut chercher un
refuge en £gypte ; il passa ensuite en
Perse, puis viuta Antioche, tandis que
Lysias etait occupe en Palestine , et prit
encore la fuite lorsque son compel iteur
menaca de Tassieger dans cette viilc. Eu-
pator tut reconnu par les Romains , mal-
gre lesefforts de Demetrius. Rome, pour
donner plusde poids ^sa decision, euvoya
trois ambassadeurs en Orient : Cn. Octa-
vius, Sp. Lucretius et L. Aur^iius. Leur
Eremier soin fut d'ordonner un d^nom-
rement exact dela flotteetdes Elephants
de la Syrie. Le traite de 190 avait deter-
mine le nombre de vaisseaux qu*Antio-
chus le Grand et ses successeurs pour-
raient poss^der. Des Elephants ^taient
n La guerre d*AnUoehas oontre l*£gyp(e a
66iii Hi racontto dans celte coliecUun, par
M Cbampollion {BaypU, p. idA et sutv.). Les
malheurs qae la Juuee souffrit pendant son
regne oot ele e^leinent decrits par M. Mank
(Palestine, p. 492et8uiv.).
(••) Diod., in Excerp. Vales, p. 321.
^•**) Polybe, ap. Jthen.^ V, 195.
C*^) Munk, Palest., p. 409, a.
venus recemment de Tlnde, des trire-
mes avaient ^te construites : les en-
voy^s tirent tuer les uns et brdler les
autres. Le patriotisme des Syriens pa-
rut s'irriter de cet affront. Octavius fut
assassine. Le senat refusa d'ecouter les
excuses des ambassadeurs d'Rupator.
Demetrius crut le moment favorable
pour rappeler aux Romains ses drpits a.
la couronne de Syrie. Mais cette fois
encore on refusa de les reconnaitre. De-
courag^ , le pretendant prit secrete*
ment la fuite, et s'embarqua a Ostie.
Des que son depart fut decouvert, on
envoya sur ses traces Tib. Gracchus, Luc.
Lentulus et Servilius Glaucia, avee mis-
sion d'observer les sentiments des Orien-
teaux a IV^ard des princes. La S^e
tout entiere passa du c6te de Demetrius.
Eupator %t Lysias , livr^ par leurs trou-
pes , furent mis h mort.
DEMETRIUS soTEB.— Lcuomde Soter
fut donne a Demetrius par les habitants
dela Babylonie. Timarque etait, depuisle
regne d Antiochus Epiphape, gouver-
neur de cette province; Heraclide reee-
vait les impots. Tons deux, ils sereunis-
saient pour opprimer ie peuple. Timar-
3ue se proposait mime de s*affranchir
e Tobeissance; D^m^trius le Ot roou-
rir, et bannit Heraclide , qui 6tait moina
coupable. Ce prince, pour obtenir Tas-
sentiment des Romains , fit degrandes
promesses aux ambassadeurs que Rome
entretenait en Cappadoce^ enfin il fut
reconnu roi. Demetrius, pour t^raoigner
sa reconnaissance, envoya k Rome une
couronne pesant dix mille pieces d*or
pour le senat , livra aux amis d^Octavius
son meurtrier Leptine, et Isocrate, ora-
teur qui avait lou^ pubtiquemeDt Tas-
sassinat.
11 se forma des conspirations contre
D^m6trius; elles ^taient eocouragees
par Ptolem^e Philom6tor, Attale et
Ariarathe. Deux hommes y preoatent
surtout une part active : Holopberne,
autrefois roi de Cappadoce, et Heraclide,
Fancien tr6sorier oe la Babylonie. Celui-
ci , r6fugi6 k Rhodes, y trouva un jeune
liomme uui lui sembla convenir en tout
point a rex^cution de ses desseins; c*e-
tait Balas. Heraclide le fit passer pour le
fits d'Antiochus £piphane, et le oon-
duisit k Rome. Les Romains d^uvri-
rent la fraude, mais ils se pr^ttont aux
SYRIE ANCIENNE.
I^%
MiKeavresd'Heraclide.Balas, de r^our
eo Orient, sejeta dans Ptolemais, et
sefit declarer roi , sous le litre d* Alexan-
dre, 61s d*Antiochus. Les rois d'^^pte,
de Pergame etde Cappadoce lui pr^terenl
aide et appui. II eut bientot rassembl^
autotir de lui des forces assez conside-
rables pour lutter avec succ^s contre
celui qu'il voulait d^trdner. Enfin il livra
une grande bataille qui 6t perdre a De-
metrius la couronne et la rie(149).
ALEXA?(DRE BALAS. — Pour affcrmir
sur le trone de Syrie Paventurier quMt
avail deja si puissamment aide , Ptole-
meePhilometor, roi d*£gvpte, lui donna
€D manage sa fille Cl^pdtre. Alexandre
Balas ne devait pas se maintenir long-
temps dans le haut rang o\i le hasafd
plus que son merite Tavait plac^. II se
livra avec Aromonius, son ministreet
son romplice, h de detes tables exc^.
Cruel dans ses crafntes, il voulut anean-
tir la race desSeleucides ; mais il restait
on Gls de Soter, qui portait, comme son
pere, k nom de Demetrius. Ce fut lui
aui entreprit de venger sa famille. Tan-
ais que Balas est menac^ dans son propre
palais par une conspiration, D^m^tnus
p^etre en Svric avec des troupes. Bien-
tot m^e if revolt des secours du roi
d*£gypte.Alexandre,abandonn^detous,
se sauva dans le pavs des Arabes. Ge fut
Iaqu1lfattu^(l46).
BCGRBS BE DEMETRIUS 11 I71CAT0B,
D*AirTI0CHUS THEOS, DB TRYPHON,
BE CLEOPATBB ET d'ANTIOCHUS SI-
BETtLs. •- Demetrius, prince faible et
corrompo, montra dans Texercice do
poQvoir autant de faiblesse que son pr^-
a^oesseor. II abandonna le gouveme-
meot a Lastli^es. Get Stranger avait
rendu au roi d^importants services, et
la reeonnaissance de D^m^trius ^tait
le fondement de son pouvoir. Mais Las-
thenes avail on e^nie au-dessous de sa
position; il affaiblit la Syrie en vou«
laot la r^ormer. Inspire par des crain-
tes imaginaires il licencia I'arm^e sy-
rienne, etfit des anciens soldats, natu-
rellementd^voues , des ennemis d^]ar68
du roi. Sur an simple soupcon , il or-
dnma le massacre des auxiliaires ^p-
liens, et ne conserva pour la defense da
pavs que des troupes grecques. Des
oiesares aussi impnidentes excit^rent
dans Antioche une sourde opposition.
Jje roi et son ministre crurentempdcher
une revolte en desarmant tons les habi-
tants ; mais ce nouveau coup d'une ty-
rannie ombrageuse fit 6clater le mouve-
ment. Gent vingt mille hommes se sou-
leverent. Leroi, refugi^dans son palais,
attendait du secours de Jonathan. Trois
mille Juifs accounirent a son appel : lis
tuerentcent mille Syrlens, etne (]uitte-
rent Antioche qu*aprea Tavoir pillec et
brai6e (*).
La capitate de la Syrie pr^sentait les
apparences du calme, mais la colere des
habitants, comprim^ un moment, n'e-
tait pas apaisee; les sanglantes execu-
tions qui se renouvelaient chaque jour
entretenaient encore la haine des An-
tiochiens contre Demetrius; ils alten-
daient Toccasion de se venger. Ces dis-
positions du peuple encouragerent Pam-
oition de Trypnon Diodotus, ancient
gouverneur d'Antioche sous Alexandre
Balas. Tryphon courut en Arabic, ou
Zabdiel el'evnit 1p fils d*Alexandre, et se
fit remettre lejeune prince. Les troupes
syriennes, dont Demi^trius avait me-
prise les services , ouvrirent Tentree du
pays k Diodotus, et le condiiisirent h An*
tioche. Le peuple reronnut le descen-
dant de son ancien roi, et Antiochus
surnomm^ Theos prit la couronne. De-
metrius fut defait dans un combat et
force de s^enfecmer dans Seleucie (144);
il ne conserva que les villes du littoral.
Tryphon songeait dejh a profiter pour
son propre comptede la revolution quML
avait «rig6e au profit d* Antiochus. 1a
fid^lite de Jonathan 6tait le seul obstacle a
Fex^utionde ses desseins. Ilfallait done
attaquer les Juifs et s^emparer de leur
chef. Tryphon ne recula pas devant des
moyens peu honorables pourse d^barras-
ser de Jonathan, qui, fait prisonnier par
trahison, fut ensuite massacre (**). Peu
de temps apres, Antiochus fut assassin^.
Sa mort livra au meurtrier toute la par-
tie de la Syrie qui avait abandonne De-
metrius. La fortune d^barrassa Tryphon
de ce dernier adversaire. ,
D^m^trius marcha au secours des co«
(•) Et oeciderunt in ilia die etntum miUia
hominuM et tuccenderunt civitatem, et ccpc'
runt spolia *multa in die ilia et liberaverunt
eum. Machab., I, XI. 48. — V. Mask . p. 506.
C*) MuDk, p. 607 et 606. — Machab,, XII,
IX,39,54,Xlfl,I,30.
54
LTNIVERS.
lonies greoques de la rive gauche de
TEuplirate, et s'engagea dans une guerre
contre tes Parthes (142). D'abord victo-
rieux , il esj^^rait reprendre Antioche et
la Syrie orientate; inais les chances de
la guerre, tournerent contre lui; il fut
fait prisonnier et v6cut longtemps dans
une captivity honorable. Ainsi s*^tabiit
la puissance des Parthes. !Nous verrons
bientdt cette nation guerriere traverser
TEuphrate et desoler, par ses incur-
sions , le pays que les premiers S61euei-
des avaient ^Iev6 a un si haut degr^ de
puissance et de civilisation.
La Syrie continua a reconnaltredeux
inaftres. CI6op^tre, femmede Demetrius,
r^gnait dans S^leucie; elle ouvrit les
portes de cette ville k tous les refugi6s
qui fuyaient la tyrannic de Tryphon :
pour anermir sa puissance, elle ^ousa le
frere de Demetrius, Antiochus, appel^
Sidetis. Ce prince attaqua Tryphon, le
vainquit et le tua (139).
eUEfiBE CONTRE LES PABTHES; LA.
aUDEE INDEPENDANTE BE LA SYBIE ;
BBTOUB J>E DEMETBIUS. — AntiochuS,
seul mattre de la Syrie, combattit les
Juifsn etfit la guerre aux Parthes. Le
Toisinage de ce peuple troublait la s^cu-
rite des Syriens; ii s*agissait de le re-
pousser des bords de TEuphrate. Une ar-
in^de 80,000 hommes se miten marche
pour une premiere campagne. Elle trat-
nait k sa suite des fillesde joie, des
artisans qui s*exer(aient k eurichir les
v^tements et ra^me les chaussures des
soldats des m^.taux les plus precieux ;
enfln une foule de cuisiniers qui prepa-
raient dans des vases d'or et d'argent
^e& mets exquisetrechercb6s. Antiochus
fut victorieux; soutenu par Hyrcan et par
les Juifs , par les populations de la Medio
et de la Babylonie, que les souvenirs
encore r6cents de la domination des S6-
leucides rattachaient a la cause des
Syriens, Antiochus repoussa les Parthes
jusque dans les montagnes ou ils avaient
T^cu longtemps inconnus. Mais la mau-
vaise organisation de farm^e causa bien-
tdt des malheurs faciles h pr6voir. Pour
entretenir un luxe insatiable, les sol-
dats opprimaient les peuples auxquels
i)s devaient leur9 victoires. La reaction
fut terrible. Au jour convenu, les ha-
C) Voyez poar ies alfaires de la PalesUne,
Muok, p. 609,610.
bitants des provinces nouvellement r&^
nies a la monarchie syrienne entou-
rent les corps s6pares de Tarm^e d' An-
tiochus et les enveloppent dans un mas-
sacre g^n^ral. Le roi accourt avec quel-
ques troupes au secours des quartiers les
plus rapproch^s; mais il arrive trop tard.
Les ennemis se jettent sur son escorte
etle tuent; ses restes furent renvoyes en
Syrie. Sa (ille, tombee au pouvoir des
Parthes , 6pousa Phraate H (130). I^
Parthes avaient rendu la liberty a De-
metrius; ils serepentirentbicntot deleur
gi^n^rosit^. Pbraate voulut reprendre son
prisonnier, mais les cavaliers parthes en-
voy es a la poursuite du roi ne pureot
Tatteindre. uhs lors les Syriens avaient
un chef pour arr^ter les progres de Ten-
nemi.
Des ^vdnements nouveaux remuaient
rOrient. Les Juifis avaient proclame leur
ind^pendance. Deja leur cnef Hyrcan se
rendait mattre des villes fronti^res de la
Syrie. Les Parthes etaient engages dans
une guerre contre les Scythes; en mtoe
temps des luttes intestines ensanglan-
taient TJ^g^pte. Dans ce pays un parti
appeiait Demetrius au trone! Le roi de
Syrie alia mettre le siege devant Peluse
(128). Son depart fut le signal de la re-
volte dout Antioche et Apamee etaient
le foyer. Elle rappela Demetrius de son
exp^ition d'£gypte.
MOBT DE DEMETBIUS NIGjIlTOB;
ALEXANDBE ZEBlNiJS; GLEOPATBE ET
SES FiLS.— La Judee augmentait encore
les embarras du roi de Syrie ; elle avait
envoys une ambassade a Rome. Sur
sa demande le scnat defendit a Deme-
trius de traverser la Palestine avec son
arm^e. Demetrius dut se soumettre aux
volont6s de Rome. Sa position dtait pr6-
caire; le roi d*£gypte, Ptolemee Physoon,
envoya aux vilies revoltees le His d'un
petit marchand d'Alexandrie nomme
Alexandre Zebinas (**). Ceuit un
homme de talent et dont le caractto ne
manquait pasdegrandeur. II battit son ri-
val pr^ de Damus. Demetrius Nicator,
force de prendre la fuite, espera trouver
un asile dans Ptolemals; sa femme y
commandait. Mais celle-ci n'avait pas
pardonne a son epoux Foutrage qu'il lui
C*) Monk, p. 511. — JosUn, XXX VIU, 9, 10;
XXXIX I.
■ (**; Zebinas^ c*esl-a-djrc achete a Vencan,
SYRIE AKCIEimE.
u
ifutfait en ^pousant, pendant son U-
jour diez les Parthes, la princesse
Rhodogune. Elle saisit celte occasion
de sa venger, et ferma lea poites de la yille
a Demetrius. Le rot fugitif se dirigea
vers Tvr, ou il fut \u6 (195).
G^plitre et Aieiandre Zebinaaae par*
tagerent la Syrie par une convention
tacite. La veuve de D6m^trius fit re-
eonnaftre eomme roi son file a!ne«
Seieucus. Mais bioitdt elle eraignit que
lejeuneroi ne vouldt tirer vengeance
de la mort de son fhre ; elle se debar*
lasaa de cette inquietude par un meur-
tre (134). Cependant, sa puissance avait
beacHD d'unappui. LesSyriens ne suppo
taient qu'avec repugnance la domma-
tioQ d'une femnfie. Cl^pAtre tira d'A«
thtees son second fils, pour le faire
monter sor un tr^ie, souill^ du sangde
aes plus proches parents. AntiochuSt que
aes fUttotrs nomroer^t £piphane, et
que le pcaple appela Grypus (*), avait
environ nngt ans, lorsque sa mere
lui donoa ie titre de roi. Elle esp^rait
eooserrer la suprtoe puissance ; elle
eomptait m^me se d^aire du fr^ de S6-
leueos par un nou veau crime, des que Ze-
binas ne serait plus h craindre. Mais r£r
gyptien se maintc^nait en Syrie. Quelque
tempa apres la mort de D^m^trlus, Lao-
dicee avait reconno Seieucus; Alexan-
dre vint aasi^ger cette ville , la prit et
pardoiina aux habitants. Mais enfin
la fortune tourna contre lui. Ptolemte
Physcon it alliance avec CI6opdtre , sa
iM^ee^et lui envoya de nombreux se-
eours contre un homme que la protec-
tion de rtgypte avait ^lev^ au rang su-
Srtoe en ^ne. Poorresserrerks liens
e funion de G^opitre et de Ptol6-
m^, le jeune roi Antiocfaus 6pousa Try-
pbtee« princesse d*£gypte. Zebinas se
nrt6parall a soutenir la lutte. II rassem-
blait Targent n^eessaire pour TentretieD
des troupes et pour les premiers be-
soins de la guerre. Mais les contribu*
tioos des villes ne purent remplir le
tresor. Zebinas ne eraignit pas de d^-
pouiller ies dteux ; il s'empara des ri*
chesses renferm^es dans le temple de Ju-
piter. Les habitants d*Antioche, indi-
goes de ce sacril^, forc^rent le roi ill
n Grtf/nt** c'ctt-A-dire qui a trn nez tiquilinm
Uhhtorien Josepbe loi donoe le Dom de Philo-
■i*tor(Uv. Xin, cH),
guttter la ville. Le soulevement enleva
a Zebinas tous ses partisans ; abandonn6
des Svriens, ce prince tomba bientdt
entre les mains des ennemis\ qui le tu^
rent. Par la mort da son adversaire,
Antiochus resta seul maitre de la Syrie;
il entrait dans un Age oik la soumission
aux volenti absolues d*une mere deve-
nait plus difficile. Gl<k)pdtre i!*h^ita
pas devant un crime : elle r^solut de
mettre sur le trdne k la place d*An-
tiochus , son troisieme fils qu'elle avait
eu d' Antiochus Sidet^. Mais le roi se
d^fiait des secrets desseins de sa mere.
Un jour que Cl^pAtre, au retour de la
ohasse, lui pinisentait un breuvage em-
pdsonn^, i|/>a pria de porter d*abord
la coupe a sis l^vres. CI6opdtre h^ita,
et d^ja les courtisans , muets t^moins
de cette sc^ne, p^n^traient le terrible se*
cret cach^ sous les refus de la reine.
Elle prit enfin la coupe, et mourut,
120 (*).
ANTIOCHUS OBYPnS ET ANTIOCHUS
DB CYZIQUE; mort be CLiOPATRE
ET DE TBYPRtNE; RAPPORTS DE LA
SYRIE AYBG LA iUDBB ET AYEG L'i-
GYPTE. — II ^talt dans les destinies de
la Syrie , au second siecle avant Jesus-
Christ, de se voir continuellement
disput^e par des ambitieux. Quelques
ann^s aprds la mort de GleopAtre,
une nouvelle guerre civile d^chira le
royaume des Seteucides. Cleopdtre avait
eo'un fils de son mariage avec Sidetes.
Lorsque D^m^trius sortit de captivite,
craig:nant pour Ips jours de cet enfhnt, elle
Tavait confix a Teunuque Crat^re, qui le
conduisit a Cyzique. Le jeune Antio-
chus prit de la ville oh il avait trouv^ un
refuge, le surnom de Gyzic^nien. Apr^
la mort de sa m^re, il continua a vivre
dans la retraite et dans Tobscurite , jus*
qu'au moment oi^ les dangers que son
nom attirait sur lui le d^termin^rent a
sortir de sop exil. Grypus avait, en ef-
fet, tent^ de faire empoisonner son frdre
<*) Le8 aateonaneieiM oe s'aooordent pas tar
les circoDstancet qui pr^c^dirent ou accom pa-
snirentia morl de CleopAtre. JustiD ( XXXVI,
XXXVin, XXXIX ), I'auleur du Ihre des Ma-
chabiet { 1. 1, c. II, IS, li, 16), Josiphe ( JnL
Xni ) et Appieu itib. Syr. in fin, ) rapporlent
d'une manfere dilrerente les (^'venements qui se
Dass^reot en Syrie sous Demetrius , Tryphoa,
Sidet^ , Grypus et CleopAtre. Nous avons pris
de ces historleos oe qui qous aembie ie plus
vraisemblabte.
69
LUNIVERS.
Ut^rin; d6s circonstances impr^vues
permirent au Gyzic^nien de se venger.
Ptolemee Lathvrc,roi d'j£gypte, venait
de repudier Cleopdtre, sa femme, soeur
de Tryph^ne, qui partageait avecGrypus
le trdne de Syrie. Gleopdtre offrit sa
main a Antiochus. Le mariage fut c^-
l^bre; et la guerre, cons^uence imm^
diate de cette union, ecfata en Syrie
(113). Ijes deux fr^res se livrerent ba-
taitie. Antiochus de Cyzique fut vaincu,
et contraint de quitter le pays oik
ii avait esp^r6 fonder sa puissance; il
n*eminena pas sa femme avec lui ; mais
li la laissa aux Antiochiens , oomme un
gaffe de son prochain retour en Syrie.
FoTle et imprudente confiance! Assie-
gee dans Antioche, mal d^fendue par
une population qu*aucun lien d^amour
n'attachait a elle , Cleopdtre esp^ra que
les dieux la firotegeraient mieux que les
hommes. Elle se retira dans un tern*
pie , lorsque les ennemis forc^rent les
portes de la ville. Grypus ^tait bien
d^cid^ a ne pas violer le lieu saint ou
Cleopdtre s'^tait choisi une retraite. Sa
compassion fut fatale a la reine. Try-
phene soupi^onna une liaison secrete
entre Cleopdtre et son mari ; emportee
par une aveugle jalousie, elle resolut
la perte de sa proprc soeur. Grypus ne
put arr6ter les projets de sa femme.
Des soldats furent envoy^s dans le tem-
ple, oijI ils trouverent Ci^opStre aux
pieds de la divinite, dont elle tenait les
genoux ^troitement embrass^ : pour la
detacher de Timage sacree, on fut forc^
de lui couper les poignets ; elle fut im-
pitoyablement massacree.
La derniere parole de la victime avait
6t€ un cri de vengeance ; sa voix fut en-
tendue. Antiochus de Cyzique revint
avec une armee; vainqueur dans cette
seconde lutte , il fit Trypbene prison-
nidre; et la soeur de Cleopdtre expia
son crime dans les supplices ( 112 ). Le
Cyzic^nien gouverna la Syrie pendant
le temps n^cessair« a Grypus pour ras-
sembler de nouvelles forces. Au bout
d*un an, ce dernier quitta Aspendus,
ville de Pamphylie, et rentra en Syrie.
Le pays fut divis^ entre les deux freres.
Grypus laissa a son rival la Coelesyrieet
la Pb^nicie ; Damas devint la capitale
du nouveau royaume (111).
L'ann6e suivante ( 1 10 ) , le roi de Da-
mas intervint dans les afifetresdes Jmfs.
Son expedition sor Samarie ne fut pas
beurense (*).
Durant cette p^ode , d'odieuses in*
trigueset une suite continuelie de crimes
remplissaient le palais d*Alexandrie. La
couronne d*£gypte passait de mains en
mains. Ptolemee Lathyre, chasse ^
sa propre mere de son royaume, Tint
demander au Cyzic6nten des secoun
pour rentrer k Alexandrie. Ce& relatipos
mspiraient des craintes justement fon-
dees ail nouveau roi d'Egypteeta Gleop^*
tre, m^ de Lathyre. Pour Eloigner la
guerre civile de r£gypte, ils s'efToree-
rent de susciter en Syrie une nouvdie
lutte entre les deux freres. Pour arriver
a ce but, Cl^opKtre envoya Selene,
femme de Ptolemee Lathyre, an roi
d*Antiocbe. Grypus ^usa la prinoesse
^jsyptienne, qui apportait a son nou-
veau mari des tr^sors et une armee. Selene
etait ambitieuse; elle fit d^larer la
guerre au roi de Damas (lOt). Mais,
apr^s quelques ann^es d*hostilites, An-
tiochus Grypus mourut assassine par
un courtisan, nomm^ H^racl6on. Le
Cyzic^nien profita du trouble ou cette
mortplongeait Antioche pour s'emparer
de cette ville (97); ilvoulutconqucrirton-
te la Syrie, et s'appr^ta h ecraser d'an
seul coup tous les fils de Grypus (**)•
Une bataille d^isive fut livree; Antio-
chus de Cyzique fut pris et tue par ie
jeune S^leucus.
LES FILS DE GBYPUS ; TIGBAWB BOI
DE SYBIB ; LB PAYS HBDCIT EN PBO-
viNCE BOMAiNE. — De nouveauxcom-
petiteurs se disputerent la couronne de
Syrie, apr^ la mort d'Antiochus. Les
enfants des deux princes rivaux com-
mencerent une guerre dont le resultat
fut Taffaiblissement complet du royaa-
me. Antiochus Eusibe fut dans les conh
mencements plus heareux (pie ne la-
vait 6ti son p^re, le Cyzicteicn. II forp
S^leucus, son ennemi (93), a passer en
Cilicie. Li , le fils de Grypus pousM ,
par ses intolerables vexations, les halH-
tants au desespoir. II s'^tait ^taWi ^
{*) NooBPenvoyons Pour ted^jlls de ««•
guerre aa savant oavrage de M. «an»^ ^ i*»
628, b. )
chaSf
sias.
*♦) Grypus avait cinq fils : S6l«ica», AdUj-
18, Phfifppe, D&n^lrlus , et AnUochus Diooy
SYRIE ANCIENNE.
ST.
llopsoeste, et y levait des contributions
extraonfioaires; il esperait , a Taide des
bieos des particaliers, se mettre ea ^tat
de DouToir recommeacer la campagne.
Uais sa rapacite excita an soulevement.
Le peuplede Mopsueste prit les armes,
Tiot eotourer la deineure du roi et y
mil le feu. Seleucus mouru tdans les flam-
mes. II trouva des ven^eurs dans ses
freres. Antiochus et Philippe rassembl^-
reotqoelques troupes. Les revolutions,
qai aflligeaient depuis longtemps la
Syrie, avaient rempli le pays d'hommes
pr^ i sumt tous ceux qui voulaient
les roeoer an pillage. Antiochus et Phi-
lippe firent un appel a ces bandits, et les
j^ereot sur Mopsueste. La ville fut d^-
traite a les habitants massacres. Au
retoar de cette exp^ition , la petite ar-
meerencoDtra Eusebe, pres de 1 Oronte ;
elte ae pat tenir centre des soldats biea
disd^Unes. Antiochus perdit la vie dans
le fleuve, mais Philippe se retira en bon
ordre, avee laplus grande partie de ses
houiiDes (9?;. Eusebe n'ayant pu Tattein-
dre, Fouiot au moins ruiner ies droits
d*uo oompetileur qui pouvait devenir
meoa^t ; et il crut arriver h ce calcul,
en epousant la veuve de Grypus. Ce ma*
riage ne pt que lui creer des eoibarras
inatteodos. Selene , sa nouvelle epouse ,
avait, a la mort de Grypus , retenu sous
MODouroir des villes importantes, d6*
fenraes par des soldats qui lui ^talent
d^vooes. L'alliance de cette princesse et
d'Eosebe excita la jalousie des pr^ten-
daois. Le premier epoux de S^l^ne, qui vi-
nit encore, Ptolem6e Lath}rre, comp-
tait, en renooant des liens brisks depuis
ioogtemps, rattacher la Sy rie au royaume
dxgTpte. Tromp^ dans sesesp^rances, il
prit, eomme instrument de sa colere,
Mniltm Euchere, quatrieme fils de
Giypus, et le fit roi de Damas. Eusebe ,
attaqa^ par les £gyptiens et par leur
protege, lutta p^niblement contrePhi*
uppe dont les forces croissaient chague
^r. Vainca, il alia mendier Thospita-
nte et les secours des Parthes; ces W-
ktres saisirent Toccasion d*attaqoer les
Synens. Euchere tomba entre leurs
naiiu. Mais un nouveau prince, le plus
JOiDedes fils de Grypus, Antiochus Dio-
njsos, s'assit sur le trone de son frere
p)^ Ainsi, h mesure que la guerre
cnlcTait a la Syrie un de ses tyrans,
d'autres se montralent aussitdt poor
recueillir Th^ritage du mort. Les cir*
Constances qui semblaient devoir rame-
ner le calmeet la paix multipliaient done
les fureurs de la guerre civile. Le com-
merce etaitabandonn^,rancienne pros-
p^rite de la Syrie n'^tait plus qu'un sou-
venir; rien, enfin, ne faisait pr^ager un
changement dans les affaires. Les peu-
ples se lasserent de tant de maux ; ils
r^solurent de chasser les Seleucides , et
d'acheter la tranquillity au prix de
leur ind^pendance. La Syrie ne se sen*
tait pas la force de se gouverner par
elte-m^me et sans roi. Elle se donna k
Tigrane,roid'Armenie. Megadate com*
manda dans Antioche et dans Damas aa
nom du monarque Stranger (83). Philip-
pe disparut alors. Eusebe trouva une re-
traite en.Cilicie. S61eoe, plus adroite
3ue son 6poux , sut conserver le midi
e la Syrie et de la Ph^nicie. Elle ^leva
en paix , dans son petit royaume, deux
jeunes princes : Antiochus I Asiatique (*)
et Seleucus Cybiosactes. Les autres pro-
vinces syriennes , reunies h I'Armenie,
eureut de longues annees de repos. Les
guerres de Mithridate avec Rome rom-
pirentunepaixquiduraitdepuisquatorze
ans. On connatt les relations de Mithri-
date avec Tisrane ; le general armenien ,
Megadate, futchargdde porter secours
au roi du Pont (69). Le fils d'Eusebe,
Antiochus TAsiatique, profita des evene-
ments dont TAsie Mineure ^tait alors le
tb^dtre; il apparut en Syrie an moment
ou les Arm^niens la quittaient pour al-
ler d^fendre leur pays. Son nom excita
un vif enthousiasme parmi le peuple, qui'
se pr^cipitait toujours avec ardeur dans
les nouveaut^; il ressaisit le pouvoir
que ses anc^tres avaient poss6d6 au-
trefois. II sut se maintenir pendant
quatre ans dans la Gommagene. Mais
lorsque, en 65, Pomp^, victorieux, se
pr^enta sur les hauteurs du mont Ama-
nus, Antiochus ne put arr^ter sa mar-
che. « Pompee descendit dans la Syrie ;
« et, comme elle n'avait pas de rois 16-
« gitimes, dit Plutarque (**), il en fit
(*) Aotiochoa VAnatique est aossi appel^ sar
les medailles Epiphanet, Philopator^ CaUit^i-
cuttXCommageniu. f^off. YBlllant;Sf/«ficirfa-
rum imperium $ive hUloria regum Syrim\
p. 407; Paris, 1681.
(••) n«de Pompee, Al,
L'UWIVERS.
« uneproTioceromaine. » Pomp6e passa
ensuiteen Judee;il visita une seconda
fois la Syria, au printemps suivant, et
donna 'a oe pays uoe administration
toute romaineC).
1^ BI8T01BB Dtt LA 8YBIB DBPUIS LI
COMQUETB DB CB BOYAUMB PAB POM-
PBE iusqu'au moment ODLBS PBO-
VINGES FUBBNT PABTAOBBS BNTBB
AUGUSTB ET LB strfAT. — Apres le re-
tour de Pomp^e en Italie, la Syrie fiit
administr6e successivement par Scau-
rust Marcius Philippus, Lentulus Mar-
celiinus et Gabinius. Ges gouverdeurs
n'eurent k redouter aucune tentative
des princes S^leueides. Antiochus finit
ses jours dans I'obscurit^ de la vie pri-
vee; son fr^re, S^leucus Gybiosactes,
apres avoir ^ous^ Berenice, reine d*£r
/ ) , mourut assassin^ par sa femme.
> cupidity et I'avarice avaient ^t^ lea
seules passions de ee prince. Lorsque
Gabinius sortit de charge, la Syria rut
6lev6eaiirangdeprovinceconsulaire(55).
Grassus en obtint pour cinq annees le
commandement.
Depuis guelquesann^s les Arabes fai-
saient en Syrie des irruptions fr^quen«
tes (**); Grassus tenta ae les repousser
dans leurs deserts. Sa demiere expedi-
tion fiit dirig^contre les Parthes. Nous
raentionnerons les faits qui se rappor-
tent h la Syrie , et qui se passerent en
de^ de PEuphrate (64 et 63).
« Grassus, dit Plutar que (***), se con-
« duisit plutdt en commer^ant qu'en
«ff^n^ral d*arm^, ce qui lui attiraun
« blAme universe!. Au lieu de faire la
c revue de ses troupes^ de les tenir en ha*
« leine par des exercices et des jeux mi-
« litaires, il s'amusa pendant plusieurs
« jours a compter les revenus des viiles ,
« k peser lui-oMme k la balance tousles
« tresors que renfermait le temple de la
c d^se d*lii^apolis. II envoyait de-
(') jib Jntiochemihua peeunias accipient
Pompeius civUatem/eeit fli{rr6vo|iov honart
mu kabito quod ab Mkeniemi^ut oriaittem
iuam deducenmi; aiiquantum agrorum Daph'
ftensibut dedit quo lucu$ quern consecravit
ibi spatioaiarjleret, delectatus amtBnitate loci
et a^uarum abundantia. Seleuciam quoque
Pienamt vicinam Antiochi^^ Ubertate dona-
wit , eo quod regem Tigranem non recepUaet.
Yaillaut ; Selcucidarum impei ium, etc., p* 4o4.
. (**) P'oy. NoCI des Yereen , dans la coUecUoa
de VUnivers: Arable, p. 06, a, b.
{*"*) rie de Crastu$,2'2.
mander aax peuples et aux viltes des
contributions en hommes pour recm-
ter son arm6e; et ensm'te il les exemp-
tait pour de Tarcent. Gette conduite
le rendit m^prisabie k ceux m^me qui
obtenaient des exemptions. Le pre-
mier presage de ses malbeurs lui vint
de cette d6esse d*Uierapolis,qui, selon
les uns, est V6nus, suivant d*autres, Ju-
Don , et que quelques- uns assurent ^re
la nature meme , qui a tire de la subs-
tance bumide les principes et les se-
mences de tons les ^tres, et a fait con-
nattre aux hommes les sources de tous
les biens. Gomme il sortait du tenv
pie, le jeune Grassus fit une chute
sur le seuil de la porte, et son pere
tomba sur lui. Pendant qu'il rassern-
blait ses troupes de leurs quartiers
d*hiver, il recutdesambassadeursd'Ar-
sace, roi des Parthes. » lis portaient
des propositions de paix; Grassus les re-
poussa , et se mit en marche. II dirigea
son arm^esur Zeugma; 1^, en passant
r£uphrate , des pr^sa^es terribles acca*
blerent encore une fois I'esprit des sol-
dats, sanspouvoir changer les desseins
du triumvir, qui s'enfon^a r^oldment
dans le pays ennemi. Peu de temps apres,
on appnt en Syrie la fin tragique de Gras-
sus et la destrucfion presque complete de
ses legions (53). Le questeur Gassius et
cinq cents cavaliers avaient abandonn6
Grassus ; ils donn^rent les premiers de-
tails du d^sastre. LesSyriensse prepare
rent a repousser une invasion qui parals-
sait imminente. Les Parthes arriY^rent
en effet (52); mais, assez nombreux pour
un coup de main, trop faibles pour soote-
nir une guerre ouverte, ils ne firent que
parattre et se retirerent presque aussitdt
au dela de TEuphrate. Gette expedition
sans r^sultatne d^ouragea point les bar-
bares. II paratt qu*ils entretinrent des
relations avec I'lnt^rieur du pays jus-
qu'au moment oil des forces plus impo-
santes leiir permirent de tenter s^ieuse-
ment la conqu^te. En 51, Osac^s et Pa-
corus J fils du roi Orod^ , traverserent
la Svne et se pr^sent^rent devant A n-
tiocne. Gassius, enfecme dans cette
vifie, les attendait sans crainte. La si-
tuation d'Antioche, ses fortifications
imprenables rendirent inutiles lesassauts
des barbares. Pacorus leva le siege et
YOulut eontinuer sa marche; mais Gas-
SYRIE ANCIEKJSE.
59
aa ^lait tous ses mouvements; H
smile moment favorable pour sejeter
surles Perthes, et les attaqua a Timpro-
Tiste. Osac^ fat tu^ dans an engage-
ment meurtrier. Pacorus retourna en
Uesopotamie avec une armee consid^
rablemeot reduite.
Bibalus eut radministration de la Sy-
ria apres Cassius (50). II ne montra pas
eoDtre les Parthes la fermet^ et le cou-
nge doot son predecesseur avail fait
preave. Loin dlnquieter les barbares, il
Ui lai»a pen^trer dans sa province, et se
tint renferme derriere les murailles
d'Aotioche (*), ou pneut-^tre mSme les
Parthn vinreut Tassie^er (**}. Le gou-
veraear teodit des pieges aux Parthes
dans leur propre pays, et sut j^ exciter
la guerre eiviie; par ce moyen, il debar-
Rsa la Syrie des ennemis qui la rava-
g^aient.
De ooaveaiu malheurs allaient fondre
sur la Sjrie. Lorsqu*elle fut rdunie a la
r^bliqueramaioe, cette province res-
teoUt toutes les commotions qui pr^pa-
r^tla puissance des Cesars ; et cepen-
daot, elle oe fijt le th^tre d'aucune des
grai'des luttes de cette ^poque (49). Au
aomeot ou Pooip^e et Jules C^ar
iooaient la fortune du moude, Metellus
SeipioD prit possession du gouvernement
de Syrie. Nous trouvons dans C^-ar (***)
no tableau vivemeat trac^ des vexations
dotti ce pompeien accabla I'Asie Mi-
Beure. On peut soup^nner, non sans
^Klqiie fondemeot, que la Syrie fut
andopn^daos le m&ne systeme d'exac-
to etdetjranDia. • II imposa de gran-
« dasoaunes aux villes et aux tyrans;
* i' cxigea des publicains le payement
« de dm sondes qui etaient echues , et
« Faranee de Fannee suivante par forme
* d^empmot ; puis il retira de ia Sy-
« rie aa eavakearie et ses legions. Les
« aoniroes impon^es k toute la province
* Meat exigees avec la plus grande ri-
•gnenr : la eupidite s*exer<^ait sous
« mille formes diverses. On mit une taxe
■ nr les esdafes comme sur les hom-
•jMAtrtNoenrm. Cic^roo, Epist, adJlU VI, 8.
( :HoiUbu$ Part hi§.., qui poulo ante M.Cras-
g* iwpgrBlorem imier/eceroHt^ et M, Bibulum
^i?"f *«*«*»•««'• Casar, BeU. civ.t 111, «l.
C")5ett.ciir.,UI, 31,32,
« mes libres , sur les colonnes et sur les
« portes des maisons : on de manda des
« fournitures de grains, des soldats, des
« rameurs, des armes, des machines,
« des chariots. Tout ce qui peut avoir
■^ « un nom fut convert! -en impdt. On
c ^tablit des chefs non-seulement dans
ft les villes, mais dans ies villages et les
« chateaux : le plus dur et le plus cruel
« passait pour I'homme le plus ferme
« et le meilleur citoyen. La province
« ^tait remplle de hcteurs, cragents,
« d'exacteurs de toute esp^ce, qui ex<-
« torquaient des sommes pour leur pro-
c pre compte , outre celles qui Etaient
« impos^es. lis disaient que, chass^
« de leurs maisons et de leur patrie,
« ils Etaient denues de tout, couvrant
c d*un pretexte honn^te leur infAme con-
« duite. A ces impositions excessives se
« joignait encore renormit^ des usures,
« trop ordinaire en temps de guerre,
c Le delai d*un jour paraissait une &-
■ veur (*). » Ainsi commenc^rent
a s*etabllr les contributions ruineuses,
qui, restreintes par quelques empereurs,
augment^es par le plus^rand nombre,
reduisirent la Syrie, dans les sidles
Suivants, k d'aflreuses extr^mites.
Cependant, les dispositions de Metel-
lus SCipion inquietaient C^ar. II envova
en Orient le Juif Aristobule, prisonnier
diRome (**). L'agent de Cfear fut tue, et
Metellus , avec une flotte eompos^e en
partie de vaisseaux syriens, alia rejoin-
dre, en Grece, les legions de Pompee^
et combattit ^ Pbarsale (48).
C^sar, vainqueur, vint en Syrie : il
donna aux habitants des preuves de cette
bienveillancequ'il t^moignaitaux provin-
ciaux, et (^ui est un de ses principaux ti*
tres de gloire (47). II confia la defense du
pays a une legion, promettant peut-^tre
aux Syriens de revenir bientdt, ^ la t^te
d'une puissante arm^e, et de refouler les
Parthes dans les deserts de ia haute Asie.
Mais ses int^r^ts les plus pressants I'ap-
pelaient k Rome et en Afrique. O^sar
traversa la Cilicie, et s*empressad'aller
rejoindre ses ennemis. II confla le gou-
vernement de la Syrie h Sextus Cesar,
son parent, homme faible et m^pris^ des
aoldats. II y avait aiorsen Orient, parmi
(*) On., loc. clL, Uad. Artaad , Mlt Pan-
coucke, t. Ill, p. 4), et suiv.
C«*} Munk, p. &38.
<<H)
UUNiVERS.
les restes du parti •de Pomp^e, un che-
valier romain nomme Cecilius Bassus.
Depuis la bataille de Pharsale , Tyr lai
servait de retraite. De la^ il tournait
avidement son attention sur les troubles
de la Republique; mais Tetat de TOrient
i'occupait surtout. H ne voyait a la t^te *
de ces contrees qu'un homme jeur\e,
sans experience, sans popularite. Na-
guere encore Sextos avait depouill^ de
sps richesses le temple de THercuIe phe-
nicien, Tune des principales divinity
de rOrient. Cecilius crut qu'il serait
facile d'enlever la Syrie a ce jeune im-
prudent; vaincu dans une premiere ren-
contre, il gagna les soldats de son en*
uemi, qui tu^rent leur general.
Jules Cesar vivait encore. Cecilius,
qui craignait sa colere, se fortlQa dans
Apam^e, et se ligua avec les Parthes,
fiaeles allies de tous les ennemis de
Rome. Soutenu par les barbares et par
deux legions, ilrepoussaAntistiusVetus,
envoye par ledictateur, et pen de temps
apres, Statius Murcus, nomm^ procon-
sul de Syrie, et les trois legions qui le
suivaient.Q. Marcius Crispusvint aiors
de Bithynie, avec trois autres legions,
pour renforc^ Tarm^e du proconsul.
Ces deux g^neraux tinrent Cecilius en-
ferrae dans Apamee sans pouvoir s'em-
parer de cette place. Tel ^tait T^tat des
affaires en Syrie, lorsque Jules C^sar
fut assassin^ {*).
Le parti de Cesar et celui de Brutus
se disputaient les provinces. Le s^nat
avalt donne la Svrie a Cassius , le peu-
ple au consul Dolabella, ami d*Antoine.
Cassius arriva le premier en Orient. Son
nom, dont le souvenir n'etait pas eteint
dans ces contrees, raliia autour de lui
toutes les forces militaires ; et , quoiqu'il
fdt descendu en Asie avec une poign6e
d'hommes et presque sans argent, il vit
bientdt huit legions rangees sous ses
^tendards. Dhs quMl parut, Crispus et
Statius Murcus resignerent leur pouvoir
entre ses mains. Mais il eut plus de
peine a se faire reconnattre par Cecilius ,
qui, en prenant les armes centre Cesar ,
au nom de Pomp^e, n*avait entendu
r*) you. ac, Bpitt ad AU,, XIY, 9; ^dfa-
mtV.^Xll.is, H,- Kppien, Bell, civ,, IV.- Dion,
XLVn. Ce deroier auteur dilqae Callus fut
aiissi souteou par qd cbef arabe, qu'il oomine
Alcoodius.
servir que sa propre ambition. Cepeo-
dant, apresde longs pourparlers; CeciHos
Bassus ouvrit les portes d* Apamee. Do-
labella etait alors en Asie Mineure , d*oa
il se pr^parait a entrer en Syrie. Albi-
nus> lieutenant du consul, occupait la
Palestine. La nouveile de la soumission
d'Apamee n'^tait pas encore amvee en
Judee, lorsque Cassius Longinus, par
une inarche rapide, se pr6sente a Tim-
{)roviste devant Albinus et ses quatre
egions, les force a serendre, e\ les con-
duit centre Dolabella. Outre ses douze le-
gions, Cassius comptait encore dans soa
armee des auxiliaires parthes; en outre,
toutelaSyrie lui etait soumise, a rexoe|>-
tion de Laodic^e de Cberonnese, qui avait
appel^ Dolabella dans ses murs. L. Fi-
gulus, lieutenant de Dolabella (*). sta-
tionnait non loin de Laodicee, avec one
flottenombreuse, composeedevaisseaox
rhodiens, lyciens, ciliciens et pam-
phyliens. Pour pouvoir combattir les
lorces navales de son ennemi , Cassius
demanda des secours aux habitants de
Tyr et d' Aradus. lis lui envoyerent ieurs
na vires. S^rapion, qui gouvernait Tile
de Cypre, au nom de CleopAtre, favo-
risa aussi , mais en secret, rennenni de
la reine d'figypte. Cassius voulait 6tet
a Dolabella tout moyen de retraite, et il
le fit attaquer d^abord sur mer. Statins
Murcus, qui commandait les alli^,
bat tit Figulus ; et cette victoire eoleva
aux habitants de Laodicee tout espoir
de repousser Tennemi. Cependant, its
soutenaient courageusement les assauts
des assiegeants. Cassius avait tent^ de
s*emparer de la ville par trabison ; in»s
Marsus, qui veillait de nuit k la garde
des rem parts, avait r^ist^ a toutes les
propositions. Le jour, Marsus se repo-
salt, et la defense de la ville etait alors
confiee h d'autres ofiiciers. Ceuz-ci se
laisserentseduire; ils ouvrirentles por-
tes aux assiegeants. Des que Dolabella
apprit Tentree des soldats de Cassias, il
pria Tun de ses gardes de le tuer, et Iw
conseilla de porter sa t^te au vainqueur,
afin de sauver sa propre vie. Mais le
soldatfrappa son maltre, et ne voulut
pas lui survlvre. Le fidele Marsus se
per^ aussi de son ^p6e. Ils ^vitereot
ainsi une mort ignominieuse, et le spee-
ch) Applen donne de gnnds details sur oes
^venemenU.
SYRIE ANCIENNE.
CI
fadedes maiheursqui accabl^rent Laodi-
ett. Tons les quartiers de la viile, et jus-
(|u'aox temples des dieux , furent pilles,
la prioeipaux citoyens livres aux hour-
rauxetles plus heareux abnDdonn^ aux
Texationsdes questeursetdes publicains.
L*arin6e assi^ee reeonnut Cassius,et
solvit son nouveau chef en Egypte, con-
treQtopdtre. Plus tard, apr^s la mort
de Brutus et de Cassins, M. Antoine se
soQTtQt da devouemeot de Laodio^ ^
la cause de G^sar ; il la declara libre, et
Paffranchit de tout iinp6t (41) (*}.
La guerre civile paraissait eteinte;
mats les partisans de Pomp^e n'avaient
pas renonce a la vengeance. L'un d'eux,
Labienus, refugie ehez les Parthes, en-
flammait les passions belliqueuses de
ce people. Antoine, qui soupconnait
lo mancBuvres secretes et les projets de
ses ennemis, eot un moment la pen-
tibt de les pr^venir en se montrant au
ddadefEuphrate-^ mats Cl^pitre le
retint aopres d'elie. II parcourut rapi-
demeot la Sjrie, puis confia la d^ense
de to provinoe a Decidius Saxas, g^n^ral
d^oiw. et aux anciens soidats de Cas-
sias. lA% 6veiiements montrerent a An*
toine fombien it ^it imprudent de lais-
ser eo Orient une arm^ d*une foi dou-
teose (**). Labienus entretenait avec les
troopes des relations caehees. Lorsque
les barbares eorent traverse TEuphrate,
rarmee romaine, abandonnant son chef,
pa$sa dans leurs rangs. Les villes m^me
aceoeillirent renn^^mi. D^idius Saxas
d«Qciira seal in^branlable dans son de-
voir; il se donna la mort. Apres la con-
qo^de la Syrie, les Parthes se divisd-
lent. Anti^ouus, soivi d*une f artie de
farm^, alia en Judee; Labienus, avec
le reste, entra en Cilicie, et s'avan^a
nisqu^a Stratonicde, en Asie Mineure.
L'approche de Ventidiusi envoye par
Antoine , for^ les barbares k se retirer
vers le Tauras; une bataille s'en^agea.
Ventidjifs. avec des forces infeneures
en nombre, avait pris une position
avantageuse. Les Parthes, pour Tatta-
mr, devaieot gravir des hauteurs. Us
nrent vaincus dans une secunde ren-
contre. Bazapharne, un des principaux
Seofoox parthes, fut tue, et la Syrie, k
n Appien, BelU civ,, Y.
(••) Van. Plul., yie d* Antoine, —Justin,
ZU1,4. - Dion, XLIX. — Muak, p. &42, a, b.
Texception de Tile d'Aradus, rentrasous
la domination romaine.
La pliipart des habitants de la Svrie
preferaient la domination des Parthes.
Les Svriens d'Aradus avaient nagu^re
fait perir dans lestourments Gurtius Sa-
lassus, envoy^d* Antoine. Apr^s le depart
des barbares, ils refuserent d*ouvrir leurs
portes a Ventidius, et ne c^d^rent qu'a-
prte un long siege. Ils avaient compte
sur une nouvelle invasion des Parthes.
En effet, en 38 , les ennemis reparurent
sur les fronti^res. Ventidius avait alors
disperse son arm^e. Une partie des
troupes, envoyto a la defense d*autres
provinces, avait quitt^ la Syrie. Le g^-
n^ral remain craignit d*etre atta(|u6
avant d'avoir eu le temps de rtorganiser
ses legions. II eutrecoursala ruse pour
retarder Tagression des Parthes. II leur
fit indirectement parvenir Tavis que les
bords de TEiiphrate, du c6te de Zeugma,
^taient occupes par des corps nombreux,
tandis que, au-dessous, le passage etait
libre. Pacoros dirigea son armee vers
rendroit qu'on lui avait indique , et per-
dit ainsi quarante jours. Les Parthes
entr^rent dans la Cyrfhestique, et ren-
contrerent Ventidius, qui les atteu-
dait. lis Fattaquerent avec imp^uosit^
dans son camp , oOi la crainte a*enga^er
une action paraissait le retenir. Ventidius
fut une troisi^me fois vainqoeur des
barbares. Les fuyards trouverent un
asile dans la Commag^ne. Antiochus,
qui regnait dans cette province, se d^
clara ouvertement leur protecteur. Les
Remains, irrit^s, marrberent sur Samo-
sate. Antiochus, assi^g^ dans sa capi-
tale, offrit mille talents pour obtenir la
paix. Ventidius allait accepter, lorsque
Antoine, qui accourait en Orient, envoya
Fordre de rompre toute n^goclation. An-
toine prit lui-mdme entre ses mains U
conduite du si^e; mais , moins heureux
que son lieutenant, il dut se burner ^
recevoir trois cents talents pour s^eloi-
Ser de Samosate. II quitta la Syrie ,
ssant Tadministratlon a Sosius , et ne
revint que deox ans plus tard (36); ce
fut apres son exp^ition t^m^raire et
malheureuse centre les Parthes. II tra-
versa toute la province, en grande hftte,
pour gagner la mer, et arriva en Ph^.ni-
cie, oil il devait retrouver la reined'E-
gypte. 11 paraissait craindre de d^rober
n
L'UNIVERS.
UQ seul de ses momentfi aux plaisirs et
aux orgies qui rattendaient; cependant
la journ^ (TActiam ^tait proche.
La defaite d'Antoine mit I'empire
aux mains de Theureux Octave. En i*an-
nee 30 avant J. C, le nouveau maltre
du monde visita la Syrie, et y offrit un
astle au prince parthe Tiridate. Le ren-
Tersementde la republique n'avait point
change T^tat de cette province et de ses
habitants.
CHAPITRE VL
LA 8YRIB SOUS LA. DOKINATION BO-
HAIIf E, DEPUIS AUGUSTS JUSQU*AUX
BMPBRBURS SYBIENS.
LA. SYRIE SOUS LE8 PREMIERS CE-
8A.R8 ; GUBRRE GONTRB LBS PARTHES.
— Le 13 Janvier de Tan 27 avant J^sus-
Christ, Auguste et le s^nat se partag^
rent les provinces de la r^publigue.
L'empereur se fit donner, en raison
mdme de leur importance, et a cause du
voisinage des Parthes, la Syrie et la
Phenicie. On salt qu' Auguste se r6-
serva toutes lespnyvinces ou ^taient r^u«
nies de grandes forces roiiitaires.
Quatre legions, o'est-^-dire la sep-
tierae partie des troupes de {'Empire, sta*
tionnaient en Syrie (*). II importait sin-
gulidrement aux Romains de conserver
dans son entier cette belle province;
c'est par elle qu'ils retenaient dans To-
b^issance les piopniations inauietes et fa-
natiques de la Judee et ae Tltgypte;
qu'ils arrdtaient les bandes d'Arabes ha-
bitues a vivre du pillage; quMIssurveil-
laient certains rois d'Asie , ceux d'Ar*
m^nie, par exemple, et m^e les popu-
lations qui habitaient entre le Pont-Euxio
etla mer Gaspienne. D'aillenrs, c'etait
la Syrie qui devait defendre Teinpire
contre les rapides et terribles incursions
des Parthes.
Cette p^riodede notre histoire s^ouvre
par un traits de pais qui fut conclu
entre les Parthes et les Romains , sur
les frontieresde la Syrie. £n Tan 1*" de
(*) CdBten A/rice per duaa legiones,parique
numero .^gyptus, dehinc initio ab Syria ««-
que ad flumen EuphraUn , qvamtum ingenH
hrrarum Minus ambitur, qtuituor Ugionibut
99ercUa, — Tac, Jrw-^ IV, 6.
notre dre , Cai'us Cesar avait ki envoyf
dans cette province. Le jeuoe prince m
dirigea vers TEuphrate, qui servaitde
limite a T Empire , pour n^ocier avee
Phraate. Au milieu du fleuve ^tait uoe
lie; ce fut \k le lieu choisi pour renlre-
vue. Phraate y vint> laissant son armN
sur la rive gauche; Caius, de son edt^
qui marchait avec tout Tappareii de ii
guerre, rangea ses troupes sur le bord
oppose, L*historien Yelleius Patereu-
lus, qui servait alors en qualite de triiMia
militaire, assists a ees negociatioM,
3ui setermin^rent, comroe nousveaoos
e le dire, par un traits de paix 0- Plu
tard sous Tib^re (16), une rcvolutioa
3ui ^clata chez les Parthes compronut
e nouveau la tranquillity de rorieat.
Cette nation, toujours si mobile, avait
enlev^ le pouvoir royal a VononJ'f
mi des Romains. Chass^ de soo pays,
Vonon ^tait venu demander aux Ar*
m^niens une noovelle royaut^. Ceut
^te pour les Parthes uo ennemi n^
midable, dans le cas ou sa tentative ao-
rait eu pldn succ^. Aussi Artaban,
qui Tavait remplao^ , r^solut de le pou"
suivre. Les Romains voulaient la paiii
et cependant leur politique les forcat
h prendre parti dans la querelle. iM»
rass^ du r61e que leur donnaient o(f
nouveaux ^v^nements, ils trancheral
enfin la difGcult^ par une trabison. u
gouvemeur de Syrie, Cr^ticus Silanitfi
attira Vonon dans sa province, et Ty ^
tint prisonnier.
L'ann^suivante, Cr^ticus fut RBH
plac^ par Pison. Tibdre, dans Ic meflW
temps, envoyait Germanicus en Orieol*
Sa popularity, sa grande r^putatK*
comme g^n^ral, en faisaient rhorotte »
plus capable d'^touffer la guerrre Ftt
a ^ater sur toutes les f rontie res dc «
Syrie, et les d^ordres qui menacaien*
Trnt^rieur mdme de la province.
La Syrie et la Jud^e souffiraient iifr
gatiemment le joug accablant que K
sc faisait peser sur dies. En Cilw'J*
en Commagene , des factions, rdveilW*
par la mort des rois Philopator et AJ^
tioehus, appelaient ow repeussaient w
Romains. Arch^laus de Cappadoce,qw
s'^tait laiss^ entr^er a Rome psrw
(*) Quod speciaculum.... iribunit «(/»'«*
mihi vUere coniigiU^ V«U. PaterculwH, lOl.
SYRIE ANClteNNE.
fiiBKff paroles <rainiti6» avail €U de*
poatll^ de son royaume, dont Tempe-
nor et le stoit firent une province , et
des lors il etait n^cessaire de soutenir
par la foree des armes Toeuvre de la
rase.
lyaatre part, le patronage de Rome
8*61811 durement appesanti sur la Comma*
g^e. Deax fr^res , Antioehus , deuxi^me
do oom, et M ithridate, se disputaient
la royaat^de ce petit pays, tandis qu*Au*
goste et Antoine combattaient pour Tem-
mre da monde O- Mithridate , apres la
Mtaille d^ Aetium , avait essaye de faire
Tsloir ses droits 4 la couronne auprte
d'Aaguste. Antioobus fit assassiner le
messager qui portait a Teinpereur les
redainations de son fr^. Augusts vit
dans cet attentat nn outrage k sa
puissance. II ordonna h Antioehus de se
rendre k Borne, od il fut jug6 par le s6-
nat ct eondamn^ a mort. Son fils , An-
tioehus If 1 , etait eelui qui mouirut au
temps de TfMre^ et que nous venons de
nommer, Antiodius IV fut le Jouet des
eapHoes de Caligula, quilefitroi (87 ap.
J. C.) . pais lui eoleva sa couronne. II
^reut sans titre et sans pouvoir jus*
mCau moment oill Clauoe, toujours
equitable envers les provinces et les al-
lies, lui readit sa royaut^. Nous ver-
rons bipntdt comment la C<ommagene
ftit definitivement rattaoh^ a la pro-
vince deSyrie.
Tel 4tait raspeet que pr^sentait TOrient
wa moment o(k vint Germanicus (**).
VarriT^de Pison ( 18 de J. C.) avait
aroeoe de grands rbaiigements en Syrie.
Sou3 son gouvemement, trop relAch^ et
eorrompu, la licence regna dans les viiles
et les campagnes, quidevinrent la prole
des soidals. Plancine, femme dePison,
habftaee a Tintrigue, et qui ne reculait
pas devant un crime, contribna singulis
rement h accrohre le d^rdre. Elle s'im-
misf ait dans toutes les affaires, mtoe
dans oelles qtu eoncernaient exclusive-
ment Tannee. Cependant Germanieus,
apr^ aroir visits la Cllide, et donn^ k
la Commagene Quintos Servaeus pour pre-
mier propr^eur, se rendit en Syrie. II
veoait demander compte a Pison de son
administration et de ses actes. Pison et
l\ Dion, U1, 43
. (••) Tacit, ^nn., II, 56, 60, »7, fis,
Germanieus se'reneontr&reBt k Cyrrhus ,
villealors babit^par la dixidme legion.
Uentrevue ne fit que raviver leur hai-
ne. Germanieus, muni de pouvoirs plus
^endus que ceux de son ennemi , chan-
ffea completement Tordre de cboses ^ta-
bli par Pison. Une ambassade des Par*
thesfournitau prince un nouveau moyea
de satisfaire son ressentiment. Les en-
voy^ d'Artaban demandAient reloigne*
ment de Vonon. Ce roi detrdn^ inspi-
rait des craintes s^rieuses aux Perthes.
II avait su , dit-on , capter la favour de
Pison et de Plancine, qui avaient pro-
mis de raider dans ses projets. Germa-
nieus, si Ton en croit Tacite, saisit avide-
ment Toccasion d*humilier le gouverneur
de Syrie. II se declara centre Vonon , et,
dans ce but, il acquies9a aux exigences
des Parthes. Satisfait decette vengeance,
il quitta la Syrie, visiu r£gypte, puis re-
vint a Antioche. Pendant son absence,
tout s'^taitfait centre ses Intentions. La
condoite de Pison I'exaspera; il Taccabla
de reproches,et, vivementeniu par le
m^pris qu'on ttooignait pour son BVh
torite , il tomba malade. Bient^t on crut
k son ri^tablissement. Le people et Tarm^
se pr^paraient k en remercier les dieux,
lorsque Pison d^fendit les sacrifices et
fit arr^ter les fiStes. Cependant la ma-
ladie reprit Germanieus, et cette fois
il accusa hautement son ennemi dePavoir
empoisonn^. Pison, craignant la colore
des partisans de Germanieus, se retira k
Seieucie. Cette ville est peu^loign^d*An*
tioche; la hainede ses aecusateurs Ty
poursuivit. II se d^da alors k quitter la
Syrie. Arrive a Cos, il y apprit la mort de
Germanieus. Cet 6v^nement changea ses
resolutions. II se d^termina , par les oon-
seiJs de ses amis, k reparaltre dans son
gouvemement. C^tait une entreprise
pleined*obstacles et de dangers. Germa-
nieus, a van tdemourir, persistant a regar-
der Pison comme son meurtrier, avait
suppli^ avec les plus vives instances A-
grippine, sa femme, et ses amisde prendre
soin de sa vengeance. lis le lui promirent
par serment. Aprds les iiin^rallles, les
officiers song^rent k s'acquitter de la
mission quMIs avaient accept^. Ilstrou-
vkentunappui dans les dispositions de
la multitude. Rn effet, les Syriens , peu-
ple d'une exaltation facile , pleuraient
amerement la mort de Germanieus. On
M
L'UNIVERS.
8*oecupa d*abord des moyeos de fermer
k Pison Tentr^e de la provinee , et pour
donner a la resistance plus d'autorite,
ranneevoulut se choisir elle-mdme un
chef et imposer a la Syrie un nouveaa
gouverneur. Le choix flotta entre deux '
concurrents : Vibius Marsus et Co. Sea-
tius ; ce fut ce dernier qui i'emporta.
Cependant , Pison par sa douceur
calculee, par sesefforts a ne meicoitteDter
personne, s^^tait acquis, durant son
administratien , des partisans devoaes;
lis etaient en assez grand nombre sur-
tout parmi les soldats. Lorsqu'ils eu-
rentconnaissancedeces pr^paratifs bos-
tiles contre le veritable del^gu^ de I'eni-
pereur, ils abandonn^rent leurs corps
et lis s'organiserent. D'autre part. Do-
mitius Celer, Pami et le conseiller de Pi-
son, arriva de Cos a Laodic^e, au milieu
de la sixieme legion. U Qt aupr^ d'elle de
vains efforts pour la ranger it son parti.
Sa tentative eeliouadevantuae influence
plus puissanteque la sienae, celle de
Pacuvius, lieutenant de Cn. Sentius. Pi-
son, informe par Sentius m^me' de cet
^ec, ne se rebuta pas et il fit voile vers
la Syrie. II rencontra en merles vaisseaux
qui Gonduisaient a Rome les cendres et
la veuve de Germanicus, et quelques-uns
de ceux qui Etaient accuse d^avoir pris
part a rempoisonnement. Pison laissa
passer les vaisseaux et aborda en Cilicie.
Trop faible cependant pour entrer en
Syrie, il s'epferma dans un chliteau
nomme Gelenderis, ou Sentius vint Tat-
taquer. Pison n*avait d'espoir c^ue dans
la position m^me du fort qui lui servait
d'asile. Cependant il eQt 6t6 oblige de
se rendre, si ses ennemis n'eussent con-
senti a entrer en arrangement avec lui.
lis lui imposerent, pour condition , de
partir imm^iatement pour Fltalie. Pison
ceda aux circonstances, et les soldats de
Syrie croyant alors avoir ven^^ Germa-
nicus, soog^rent a immortaliser sa m6-
moire. lis lui deverent un arc de triom-
phe sur le mont Amanus; et sur la
place d*Antiocbe ou son corps avait ^te
port^ au bdcher on oontruisit un ceno-
taphe.
La Syrie eut, apr^ces 6v6nements,
des annto de calme et de repos. L'his-
toire marque, en Tan 88, la mort d*un
de ses gouverneurs, Pomponius Flaccus.
Le propreteur de Syrie, en fan 35, etait
le pere de Tempereur Yitellius. H ^vaU
tait le consulat , lorsqu'il vint eo Orient.
Son admioistratioa fut sage et me-
sur^
Les pretentions orgueilleuses d'Arta-
ban se reveillerent a cette ^poque. Le
roi rtelainait la possession cles tresors
que Vonon avait apportes ea Syrie.
Tibere, au lieu de satisfaire a sa de-
mande,essaya, par une politique adroite,
d'arr^ter rex^utionde ses projets mena-
fants , en lui suscitant un enoemi dao-
gereux choisi parmi les Parthes. Ce fut
Pbraate, princearsacide, qui avait ^cfaap-
pe au massacre de sa fanulle et qui avait
trouv6 un refuge chez les Romains,
Phraate traversa la Syrie, se disposant k
exciter une revolution au dela de TEo-
phrate , lorsqu'il tomba malade et mo«*
rut. Tiridate succeda ^Phraate dans les
▼ues de Tibere , et Viteliius eut ordre de
soutenir efficacement ce nouveau pre-
tendant. Cependant, les bostilit^s avaieot
commence en Armeoie, et les Partbes
V avaient dprouve deux defaites. Arts-
ban, quoique vaincu, se pr^parait a
souienir de nouveaux combats, lors-
que Viteliius se porta avec ses l^ioas
sur r£uphrate. Cemouvemeatmeoa^
la Mesopotamie. Artaban eut peur, et 8*e-
loi^a vers le pays des Scythes. Cette re-
traite subite ae Tennemi encouragea ks
Remains k passer TEuphrate. Avant de
franchirla limitenaturelle des deux empi-
res, on fit des sacrifices aux dieux suivant
les rites religieuxde I'Asieetde F Europe.
On offrit auxdivinites de Romeun pore,
un belier , un taureau; un cbeval fut.la vio-
time immolee a TEuphrate. L'armee tra-
versa bientdt le fleuve sur un pont de
bateaux. Elletrouva sur la riveorientale
de nombreux allies. L'expedition ne fiit
qu'une pacifique promenade jusqu*aa
Tigre. Viteliius, iugeant alors que cette
course lui avait ete assez glorieuse, re-
vint en Syrie avec ses legions (87).
Dix ans apres ces evenements, un nou-
veau roi gouvernait les Partbes. Bardaoe,
aussi entreprenant que ses predeoes-
seurs, songeait a conduiro encore one
fois ses cavaliers en Armenie, lorsque
Vibijs Marsus, propreteur de Syrie, 1 a^
reta parses menaces (47).
En Tannee 51 , TArmenie donna ds
nouveaux embarras aux gouverneurs
syrieos. Une revolution avait edatedans
SYKIE ANCIENNE.
t&
ce pays; le roi Mithridate venait de p6-
rir assassia^ par Rhadamiste, soa ne-
Fea, qui ^tait fils du roi des Ib^res. La
justice eommaDdait alors aiu Roroains
de slmmiseer dans les affaires de I'Ar-
m^iie; le goavemeur de Syrie, Ummi-
diusQuadratus, le voulait, mais se^ offi-
ciers, par one opposition calculee, le
eootraignireat h nnaction; cependant
leproeurateurde Cilicie, Peii^nus, avait
reoda bommage k Rhadamiste. Gette
Mcbet^ indigiia Qaadratus; il voulut
protester d*une mani^re ^ergique con-
tre ane telle action, et it envoya Helvi-
dins Piiscus, a la t^te d*une legion, en
AraieQie. Mais la crainte de coatrarier
les desseins des Parthes amena bieotdt
la retraite des soldats remains (*).
Duraot ees6v^nements les troupes de
Syrie fireot deux petites expeailions
eontre les barbares du Taurus. Les eli-
tes desGcndaieot dans la Cappadoce et
infestaient oe pays. En 86 , Vitellius en-
▼oya k leor poursuite quatre mille 1^-
gioooaires et relite des alii^. Les mon-
ta^qiards ne purent soutenir le choc des
forces romaines. lis v6curentsoumis jus-
qu'en Pan 51. lis prirent alors confiance
ea leurs forces et battirent le pr^fet Cur-
tios ScTerus avec la cavalerie detaeh^e
des l^iofis de Syrie.
Les Romains craignaient toujours de
▼oir rinfluence des Parthes pr^dominer
dans r Arm^Aie. Ce fut pour contre-ba-
lancer oette influence qu'ils envoyerent
en Orient Pun des hommes les plus oe-
lebrcs de T^poque, Corbulon. Gelui-ci,
eomme Germaoicus, trouva dans le gou«
remeur de Syrie un rival inquiet et en-
▼ieox. UmmidiusQuadratus,qui,^lat(lte
de deux legiooset aesallt^,devait pr6ter
asnstance a Corbulon dans les opera-
tions de la guerre, aceourut en Cilicie h la
rencontre du nooveau general pour le d6-
toumer du projet de se montrer en Syrie.
Qnadratus, plein de vanity , souffnt de
▼oir les Syriens environner Corbulon de
leurs iiomniages. II laissapercer son m^-
contentement, et la discorde se mit en-
tre les deux chefs. Le gouverneur de
Syrie ^toait Corbulon dans ses plans;
nais nen ne Tentravait plus que 1 indis-
dptinedes legions. Le tableau que fait Ta-
nesestdigne deremarque. « On tint pour
« constant, dit-il,qu^ily avait dans cette
« arm^e des veterans qui n'avaient ja-
« mais ni veille , ni monte la garde ; la
« Tue d*un foss^ et d un retrancheinent
« les ^tonnait comme un spectacle nou-
« veau.Sans casques, sans cuirasses, oc-
« cupesdese parer oudes'enrichir, c'^-
« tait dans les villes qu'ils avaient ac-
« compli le temps de leur service (*). »
Lasev^rit^ nepouvaitplus agirsurde
pareilles troupes ; Corbulon les licencia,
et, au lieu de ces soldats eorrorapus, il
demaiidaa la Germanie, k la Cappadoce »
k la Galatie, Felite de leur jeunesse. Les
legionnaires nouvellement recrut^ por-
terent au loin les succes des armes ro-
maines. Corbulon apprit au milieu drses
conqu6tes la mort de Quadratus (^*). II
s*empara aussitot de ladministration de
la Syrie (60). Le gouvemement de cette
province, en Tann^eSfi, avait ^te donn6,
par le credit d*Agrippiue, a un ancien
lieutenant de Germanicus, P. Anteius.
N^ron ne lui laissa prendre que le titre
de gouverneur de Syrie , et il ne voulut
pas lui permettre de quitter I'ltaiief oii
P. Anteius devait mourir (62). Corbulon
et la Syrie jouirent pendant pres de deux
ans d*une paix proionde ; mais enfin les
Parthes, toujours dans la pens^ de pla-
cer TArm^nie sous leur dependanoe, fi-
rent de nouvelles invasions.
Les attac^ues des ennemis donnerent
de graves mqui^tudes a Corbulon ; le
poios de la guerre pesait en entier sur
lui : il avait k d^fendre une vaste ^ten-
due de frontieres , et il ne pouvait se
decider k laisser exposee aux chances
d'une subite invasion , la riche province
de Syrie , qui absorbait tous ses soins.
II demanda a Tempereur de conHer la
defense de I'Arm^nie a un autre ^^neral.
Pendant quMl attendait la reponse de
Neron, les Parthes assi^^rentXigrano-
certe. Cette place demandait du se-
cours; mais Corbulon, sachant oue les
cavaliers ennemis ^taient peu habiles
dans Tart des si^es, r^olut, avanttout,
de pr^munir la Syrie centre one brusque
diversion. II fortifla les bords de TEu-
{ihrate, et profita m^me, pour arr^ter
'ennenii, aeTaridit^ du pays. Des re-
cite de la mollesse des garnisons syrien- doutes, improvis^ dans le voisinage
S* Uvraison. (Syhib ancibnhb.)
^ Ta«k, ^nn., XIII, 35, trad. Burnoaf.
;*")Tac., -#»!»., XIV, as.
L'UNIVERS-
des principales sources, en d^fendirent
les approches; les cours d'eau moins
importants farent combles. Corbulon,
apres avoir organist la defense sur tous
les points, sonuna Vologesede s'^loigner
de Xigranoeerte. Les Parthes ob^irent
momentanemeiit k cette inionction , et
eess^rent les hostility. Ge futalors que
Cesennlus P^tus, envoys par Tempereur,
vint en Asie, et re^.ut fe eommandement
d'une partie de Faring ; Corbulon garda
la 8* , la 6« et la 10« l^ion , et les eche-
lonna le long de TEuphrate, oh les Par-
thes reparurent bientdt en armes. Les
troupes romaines voyaient de leurs
camps les cavaliers ennemis tourbillon-
nant sur la rive oppos^e, et elies ne pou-
▼aient sans honte les laisser parti r sans
combat. Des bateaux converts de ^ens
de trait leur permirent de franchir le
fleuve. Cette vigoureuse demonstration
enleva aux Parthes tout espoir de suc-
e^. lis prirent la fuite, et , se dirigeant
an nord , ils marcberent a la rencontre
de P^tus. Du cdt6 de TArm^nie les Ro-
mains faiblirent. Corbulon se disposait
a les soutenir, lorsqu'une tr6ve flit con-
due. II fut d^cid^ que les legions se re-
tireraient en de^ ^ de I'Euphrate (62) {*).
L'ann^ suivante (63), on se pr^para de
nouveau k la guerre. Corbulon , voulant
se donner tout entier aux soins de lacam-
paffne, demanda a Neron d'etre dechar;;^
de Tadministration de la Syrie. Le gou-
ifernement de cette province fut alors con-
fix k Cincius. On changea aussi les garni*
sons. La 4« et la 19* legion , qui avaient
^prouv^ toutes les fatigues des campagnes
precMentes, revinrent dans Tint^neur de
la Syrie, d'oili I'on tira la 8« et la 6* 16-
^ion. Corbulon passa TEuphrate k M6-
Jitene. Les Parthes campaient pres de
Q^tte viile. Lorsque les deux armies
furent en presence, au lieu de combattre
on ouvrit des n^gociations , ct une nou-
velle paix fut conclue.
mucibn; bbyolution dans l'em-
PIBB COMMBNGBE EN SYRIE. — L'eld-
vation des Flaviens qui , apr^s Galba^
Otbon et Viteilius, devaient bucceder a la
famille d'Auguste, fut pr6paree en Syrie.
Licinius Mucianus, ^ouverneur de
cette province, conduisit ou amena les
^v^nements qui plac^reut Vespasien
^•) Taclle, Ann., XV, I, a, 3, 4, 5, «.et wlT,
sur le tr6ne imperial. A rav^nement de
Galba , la Syrie etait encore tranquiUe;
ses quatre legions avaient pr^t6 ser-
ment au successeur de N^ron. Titus, Q)8
de Vespasien et lieutenant de son pert*
etait parti pour Rome, ou il allait porter
au nouvel empereur les homnaai^es oe
rOrient. II apprit a Corinthe la mort 4e
Galba, victime d*une revolution qui cocJH
men^ait, et dont les suites ^taient in-
connues. Des lors , le voyage de Titus
n'avait nlus de but et il reviut en Judfie
aupres ae son p^re. L^ , tous deux se '■
concerterent pour mettr^ a profit les 6v6-
nements. lis comprireni que, pour eux,
le succes dj^pendajt du concours de Is :
Syrie. Mais Vespasien ^tait Tenneaii de
Mucien; Titus se chargea de les reconct-
tier. Des 6missaireshabiles furent d'abofd
envoy6s pour aplanir les premieres dlf-
ficult6s ; Titus les suivit, et sa visile eut
tout le succes desir6. Les gouverneuis
dc Jud^ et de Syrie se commuaiqu&rept
leurs proiets. II fut decide qu*avaut tout
on attendrait Tissue de la lutte eoga^
entre Othon et Viteilius. La Syrie (c'est ,
une remarque de Tacite), depuis le jour ou
ellefutconquiseparlesRomainsjusqu*4a ;
moment oh nous sommes parvenus, i
avait subi, sans parattre les sentir, 1^ i
r^suitats des revolutions de Rome. Elle
avait salue avec apathie toutes les npa-
velles puissances. Cette fois, aucontrairet
les legions et ie peuple repondirent spoo-
tanement au cri d' insurrection parti d*A-
lexandrie. Ce r^veil des populations sf'
riennes eut lieu dans le tliedtre d'Ao-
tioche. Mucien V parutau milieu des habi-
tants rassembles.il mithabilement i pro-
fit la bonne intelligence qui r^aait entre
le peuple et les soldats, et sut ef&aya
les uns et les autres , en pr^tant a rem-
pereur le dessein d'envoyerbientot les W-
gions en Germanic. Le sombre tableaa
que les soldats se formaient des pays
qui avoisinaient le Rhin, et surtout fi-
dee d'une separation qui allait briser
bien des alliances de famille , fit de la re-
voke , aux yeux de tous , une iinp^rieuse
necessity. Les paroles de Mucien se r^
pandirent bient6t dans toute la pro-
vince. Les Syriens renoncerent a leurs
habitudes de mollesse ; des villes entires
fabriqu^rent des armes*, Antioche frappa
mouii.iie, el Vespasien, plus capable
f ue Mucien des soms minutieux de i'ad-
SYRIE ANCIENNE.
er
mmistration, Tint lui-m^e surveiller les
traraux et les preparatifs des insurses.
L*arinee, aui crpyait travailler pour elie-
mimt en 4^rvaat fauibition de ses chefs,
n'exigearien audeladela paveordinairen*
Uo descendant des Seleucides, Antiochus,
roi de CommaseDe, prit aussi parti pour
Yespasien. Eonn, pqur ne pas lalsser la
Syrie eipos^e aux ravages de I'ennemi ,
QO envoya des ambassadeurs nour traiter
avec les Parthes. Le inois de juiilet (69)
sulBt a tan td^occupationsdi verses. Les
tenements qui s'accoinplirent ensuite et
qui firent reussir cette revolution, appar-
tiennent plutdt a rbistoire de TEmpire
qu a ceile de la Syrie.
BAPPORTS DB LA SYBIE AVEC LA.
iUDBS PBPUIS AUGUSTS JUSQU'a LA
SLi?iE ]>B JBAUSALBM. — Les rela-
tions nombreuses et tres-di verses qui.
des tes plus anciens temps, existaieui
entre les habitants de ces deux pay$
voisins, rootiimerent sous les premiers
Cesars. I.«s gouverneurs romains qui
residaieota Antioche jouerent presque
toujours un role actif dans les querelles
iotestioes de9 Juifs. A ja mort d'He-
rode, Archelaus crut necessaire de se
mena^er la protection de Varus, gouver-
neur Se Syrie, avant dialler a Rome bri*
guer la rbyaute. il obtint la couronne:
niais Aususle lui 6ta, pour les reunir a
la province adjninistree par Varus , les
villes de Gaza, de Cadara et de Joppe.
Peu de temps apr^s , a la mort d* Arche*
lau& (6 aores J. C.) , le pouvoir du gou-
Terneur aAntioche 8*eteodit iudlrecte-
ment sur toute la Palestine. La Jud^e
fut des lors adminisiree par un cheva-
lier roiuain , soumis lul-mtoe au gou-
verneur de Syrie. Vers Tan 33 ou 34,
ia Judee fut encore diminuee au profit
de Ia province lomaine. Le tetrarque
Pbitlppe veoait de mourir; sa tetrarchie,
cVsta-dire la Gaulanite , la Tradionite ,
la Batao«e et la Paneade , entra dans les
limites de la Syrie. Plus tard (37), le
pere de reinpereur Vitellius protegea le
ietraraue de Galilee contre Aretas C*).
Ainsi lea propr^eurs de Syrie tantdt
deCiejidaieDt ia Judee contre les incur-
sioQs des Barbare^ et tantdt servaient
la eolere des empereurs contre cette
n Tacit., fii»i*, II, 73 el goiv.
(•*) f'oy. Moei dot Versen, £Mv. pUL, Arft*
We, p. ••.
malheureuse contree, comme il arriva
au temps de Caligula. It n*aimait pas les
Juifs. Un auteur contemporain (*) dit
que , pour les accabler , Caligula choisit
P. Petronius,et luidonna, apres Vitellius,
le gouvernement de Syrie (S9 ou40). Ce
nouvel agent de Tempereur fit quitter les
bordscjelXuphrate a deuxl6gions,et les
rapprocha de la Judee, pour y assurer, par
la force, fexecution des ordresdeCaliguIa.
Cependant , tandis qu*on tyrannisait les
Juif$, la religion de Moise paraissait sur
le point de fairedes couqu^tes en Syrie :
Epiphane, fils d'Antiochus, dont il a
i\0 parle plus haut k propos de la Com-
roagene, avait proniis d'embrasser le ju-
dalsme pour epouser une fille d*A-
grippa. Drusille, qui o'avait que six ans,
lui tut fiancee. Mais lorsqu^elje fut en
dge de se marier, les ceremonies de la
circoncision repugnerent a Epiphane, et
Prusille ^pousa un autre prince de Syrie,
Aziz, roi d*£mese. Drusille q'attendit
{)as la mort (55) de ce nouvel epoux poufr
e quitter. Elle Tabandonna |}our aller
vivre avec Claudianus Felix , mtendant
de la Judee (**).
Agrippafutcelebre parses aventureset
par rainitie des d.eux empereurs Caius
et Claude. Caligula lui donna le royauine
de Lysanias ; Claude se moqtra plus
bienveiilant encore (41]; il mit la Judee
sous sa dependance et accord a la Chal-
cidique a son frere Herode. Dans Tan-
n^e 43 , P. Petronius fut rappele et rem-
plac6 en Syrie par Vibiu§ Marsus. C'e-
tdit peut-^tre le m^me que les soldats
voulureut donner pour successeur a Ger-
oianicus. Vibius iVlarsus etait, dit-on, un
homme instruit et lettre ; et sa con-
duite avec Agripua temoi^ne qu'il
avait une volonte ferme. Agrippa avait
jconvoque a Tiberiade les rois de TO-
rient. Cetie reunion parut aux yeux du
gouverneur de Syrie une conspiration
contre la domination romaine. II se
rendit lui-m^me a Tiberi^dp pour dis-
soudre Tassemblee. 11 y trouva reunisB^-
rode, frere d*Agrippa, AiUiochus, roi de
Commagene,Sempsigeran,rpid'Eraese,
Polemon, roi du Pont, et Cotys, roi d'Ar-
menie. Ces princes eurent ordre de se
separer sur-ie-champ. Agrippa protesta
contre cet outrage a son independanoei
f
:»*)Jo8.,-<itt,XVUI, ll;XX,6.
68
L*DNIVERS.
et il &srtnt k Claude pour se plaindre.
On ne sait comment Tempereur accaeil-
lit le message du roi juif; mais, en Pan
44, laSvrie re^ut un nouveau gouver-
neur ; ci^tait le c^lebre jurisconsulte G.
Cassius Longinus (*). Agrippa ne v^-
eut pas jusqu*^ I'arrivte de Longinus.
II laissait en mourant un fils appel^
comme lu! Agrippa, oui n^a^ait alors
que dix-sept ans. L*empereur le trou?a
trop jeune pour succeder a son pere et
le laissa plusieurs ann^ encore sans
pouvoir et sans couronne. La mort
de son oncle U^rode fut pour le jeune
Agrippa un evenement neureux (48).
II obtint de Claude le gouvernementite
la Cbalcidique, auquel avAtdes droits in-
contestables Aristobule, fils d*H6rodeet
de B^r^nice,. sosur d'Agrippa. Le jeune
Agrippa fut le dernier prince de la race
d'H^rode. ToutefOis ii n*eut jamais la
Judee qu'avait possedee son pere.
La Palestine, en Tann^ 49, fut d6fini-
tivement r^nieavec le pays des Arabes
Itur^ns k la province de Syrie. Peu de
temps aprte (53), la Cbalcidique fut aussi
r6unie a la m6ine province. Agrippa re-
^t , en ^ange de ce petit royaume, la
t6trarchie de Philippe et TAioil^ae de
Lysanias. Agrippa surv6cut k la na*
tionaiit6 juive; il mourut en 90, a I'Age
de soixante-dix ans {**).
GOLONIBS SYBIBNNBS. — TaudlS
que la Syrie subissait ains! des change-
inents pfutdt dans T^tendue de son ter-
ritoire que dans son administration,
quelques populations syriennes,^tablies
dans les villes de I'ext^rieur , oh elles
&isaient un commerce actif et ^tendu ,
avaient, par leur contact journalieravec
des populations grecques, juives ou ara-
bes, une destine plus int^ressante.
Bans la Babylonie, la ville de S6leucie,
6ur le Tigre, ^tait, a T^poque oii nous
sommes parvenus, unentrepdtrenomm^
du commerce de llnde. Le n6goce 6tait
Ik, comme en bien d*autres villes, entre
les mains des Grecs et des Syriens. Ces
deux nations vivaient dans la m^me ville,
autant qu'elles le pouvaient,isoleesrune
de TauUe. La population grecque, plus
(*) Selon TMite, dlt TiUemont, il semble qaa
Tibius Mamu goovemait encore la Jadte ran
47.
(•*) Tadt, Aimn., XII, SS. — Josipbe, Bell,
•Jurf.II, 7l\JHi., XX, ft.
nombreuse, r6glait la police de S^leoeid ,
et les Syriens se soumettaient oialgr^
eux ace pouvoir Stranger. Ceux-ci s*UDi-
rent aux Jui£s, aui occupaient an quar-
tier particulier oe la ville. Les Svriens,
devenus les plus forts par cette alliance,
se saisirent du gouvernement et conser^
v^rent pendant six ans Tad ministration
de Seleucie. Mais on peut croire que les
Juifs, toujoursdomines par leurs ideespo-
litiques et religieuses, iddes exclusi ves qm
leur faisaient m^priser tout ce qui n'^tail
pas eux , abreuverent de degodts leurs
allies. Les Syriens se rappelerent alors le
caractere sociable des Grecs ; les moeurs,
la langue , tout les rapprochait de leurs
anciens ennemis. lis se donnerent done
a eux, et les Grecs r6unis aux Syriens at-
taquerent les Juifs. Its en tuerent, seloo
Josephe, plus decinquante mille. Cette
revolution se fit sentir danstoute la Ba-
bylonie et la Mesopotamie. Dans ces
vastes pays, il ne rests d*autres refuges
aux Juifs que Nisibe et Neerda. Ges eve-
nements se passerent vers I'an 39 oo
40C*).
Les empereurs , les gouverneurs re-
mains en Syrie , avaient toujours favo-
ris^ r^tablissement de colonies ^trang^
res au milieu des Juifs. O^r^, qui ^tait
apr^ Jerusalem la place la plus impor-
tantede la Jud6e, eut lon^temps une po-
pulation syrienne. Les divinitesdu paga*
nisme avaient leurs temples dans oette
ville. Mais lorsqu'elle fut devenue un lieu
important, des Juifs, a qui leurs riehes-
ses donnaient un grand credit, Tinrent s'y
etablir et ils cherch^rent a gagner la ft-
veur des intendantsromains. lis eureot
bientdt I'idee de remplir seuls le senat
de la ville Ils ^talent riches , il est vrai;
mais les Syriens, qui composaient en par-
tie la garnison oe C^sarde, opposatent
une forte resistance k leurs desseins am«
bitieux. II v eut d^slors des rixes fr^ueo-
tes eutre les deux populations. Ges que-
relies, peu importantes en elles-mtoes,
entretenaient dans les esprits une grande
exaltation et la colere. Un jour, enfin,
un corps nombreux de Juifs attaqua ies
Syriens , en tua plusieurs, et for^ les an-
tres k prendre la fuite. Claudius Felix,
intendant de Judde, se montra pour ra-
mener Fordre ; mais les vainqueurs ro6-
C)}0l.,^iit,XTin,19.
SYRIE ANCIENPIE.
priamaat son antorite, et continukeut k
poursuivre les fuyards. Les troupes eu-
rent ordre alora d*attaquer les Juifs, et
Felix abandoDoa les maisoos des plus
riches d^entre eux au pillage'et aux
flammes. I^es soldats, excites par leurs
ciiefis, commireDt de grands exc^. £o-
fio les Jurfs, effray^, fei^nirent de se
soomettre et de se repentir. Felix ar-
r#ta aussitdt ses soldats. Malgr^ leurs
serments, les Juifs reoommencerent bien-
t6t a exciter de nouveaux troubles dans
Cesaree. Claudius Felix eut alors recours
a Tempereur; il en?oya les notables des
deux partis plaider leur cause devant
n^ron. Les S3rriens achet^rent, dit-on, la
pcotectionde Berylle^et, par cemoyen,
lis obtinreot ce (|u'ils dcmandaient con-
tre leurs ennemis. Les Juifs furent pri-
Tfo du droit de cit^ dans C^ar^ (59).
€e iogement de Fempereur eut des con*
a^queoees qu'aiors on ne pou vait pr^voir.
n Goneoarut, avec d'autres causes, k faire
saftre la grande r6volte qui se termina
par fa destruction de Jerusalem.
A partir de Pan 50, Fagitation s'ac-
cnit dans les autres villes de Jud6e^ et
soQvent les ordres de M^ron ne purent
ramener la paix. Les Juifs agissaient
soordement dans C^ar^e dans ie seul
but d^entrelenir les troubles; c'^tait
pent-^tre par haine religieuse centre le
ctilte dominant des paiens. En Tann^
66, la multitude sejeta sur un Syrien
qui sacrifiait k ses idoles pres de la
Synagogue. Les partisans du poly-
tMtsnie ^armerent centre les Juifs, qui
fbrent ebasses de la ville. lis y rentr^
rent forsque Tordre parut r^taoli. Mais
ee caJme ne dura qu'un moment, et
aboutit a une horrible catastrophe : deux
mille Juifs furent massacres a Cesar^.
Lorsque la nouvelle de ce carnage se fut
repandae dans les autres villes de la
Palestine, on s*y livra a de sanglantes
represailles. Les habitants de Syrie imt-
tmBt k leur tour les cruaut^ de leurs
eompatriotes de C^ar6e. Toutes les vil-
ksToisines de la Palestine, ou habitaient
un grand nombre de Juifs, eurent leurs
ickies d'extermination ; k Damas, a
Joppe , a Gadara, et dans d'autres loea-
Hies, des cadavres d*hommes, de fem-
meset d'eaf ants jonchaient les rues et les
pteespubiiques. Quelquesgrandes villes,
Apamee et Antiocbe, par exemple , s'obs-
tinrent pendant qaelque temps de ces
abominables cruaut^ (*).
MASSA.GRS BBS JUITS ▲ ANTIOGHI;
TITUS EN SYBIE;LA.COiniAGBNB BBU*
If IB DBFINITIVBMBNT A LA SY BIX.— Lctf
haines ne furent pas assouvies par tant
de massacres. La peur devait encore les
entretenir et les raviver : de toute part
on craigiiait une reaction. Le soup^onc
planait aussi sur les Chretiens et sur les
Syriens, peu fervents dans les pratiques
du paganisme. On se souvenaitque qud.*
ones ann^ auparavant les cnr^tiens
d'Antioche, dans une famine qui d^lait
la Judee,a vaient envoys d^abondantes au-
mdnes pour soulager la mis^re des Juifs.
Get acte de charity n'^tait pour les Syriens
que la preuve d'une secrete complicity
avec ceux qui voulaient la mine du pa*
ganisme. En 67 , Antioche trouva enfia
une occasion de pers6ctiter les Juifs. Elle
lui fut ofFerte par un ren^t. Antiochus,
dontle pere ^it regard^ comme le chef
de la population juive k Antioche, vou-
lut marquer sa conversion au culte des
paiens par une action ^latante. II ao-
eusa son p^re et plusieurs de ses an->
ciens coreiigionnaires d'avoir r^olu de
mettre le feu k la ville. Sa d^laratioa
atteignit aussi quelques Strangers; An-
tiocbus pr^tendit aue leur voyage n'a-
vaitd'autrebutqoenncendied'Antioche.
Le peuple en fureur se saisit de ces
Strangers , et ils furent immediatement
conduits au bdcber. Nous ne savons pas
quel fut le sort du pere d'Antiochus. On
employa centre les Juifs, d'apris les
conseilsd*Antiochus m£me, le genre de
procedure dont on se servait dans Tem-
pi re centre les chr^tiens. On leur ordon-
nait de sacrifier aux dieux, et, sur leur
refus, on les livrait aa supplice. On sou-
mettait aux mimes ^preuves les Grecs
et les Syriens soupconn^ de suivre la
loi de MoTse. Cependant , comme il ar-
rive toujours, le zele des pers^uteurs se
ralentit; ie bourreaune put atteindre
tons les coupables et on eessa de tuer.
Mais Antiochus, aid6 des satellites que
lui avait donnds le gouverneur de Syrie,
re^ut Tordre de d^fendre aux Juira la
pratique de leur culte. II promena ses
soldats dans les villesvoisinesd^Antioche,
C) Jo«.. AnL, XX , 6 ct^; Bell, Jud., H, 99^
70
LTOilVERS.
«t partOQt ilseliTra ^degrandes cruaut^.
Bien cependant ne pouvait assoupir
lahaine des pers^uteurs; iis signaferent
les Juifsa lacoiered«Titus, lorsqu^ii vint
€n Syrity apres la chute de Ji^rusalem.
Le Cesar, press^ de negocier avec les Par-
thes, k Zeugma, passapar Antioche, sans
8*7 arrSter. II n'eeauta pas cette fois les
eonseitsde ceux qui demandaient Pexpul*
sion des Juifs. Mais lorsqu'il reviat , 11
trouva les espritsdans unegrande exalta*
tion. Coll^a, qui gouvernait la Syrie ett
qoalite de lieuteaant, avait pr^serv^ avec
I>eine les Juifs d'une enti^re extermina-
tion. On les accUsait d'avoir mis te feu
liunquartierd*Antioche. Le principal au*
teur de leurs maux, Aotiochus, avait, en
cette occasion, reveille contre eux la cul^
re da peuple. dependant une enqu^te s6*
rieusf prou?a qti'ils ^taient innocents ; les
T^ritables iacendiaires et^ent quelques
mis^rables qui, ^ras^ dedettes, avaient
eherch^ dans Tembrasement d*Antioche
UQ moy'en d'^happer a leurs engage-
ments. Le peuple, quoique convaincu
del'inju&iee de Taccusation, ne diminua
rieii de sa violence. II deraanda de nou-
Teau a Titus Texpulsiondes Juifs. Le€6-
sar refusa : « Leur pays est ruine, dit*il au
peuple, nulle eontree neveut les aecueil-
tir ; ou pourrais-je les transporter ? » Leg
babitants d*Antioche firent aussi dMnuti-
les efforts pour que Titus enlevAt k ces
malheureux le droit de cit^ et d6truistt
les tables de cnivre qui eontenaient , par
^rit, les garanties de leur sdret^ person-
nelle(71) (*). Titus quitta Antioche pour
aller k Rome jouir deshonneurs du triom-
5 he. Vers le m6me temps, lesucoesseur de
lucien, C^sennius P6tus, prit en main le
gouvernement de la Syrie, qni avait ^t^
momentan^ment cond[6 k Goll^a. Petus
ngnala son administration en Orient en
veunissant la Commag6ne k la Syrie (7d).
11 voulait ^tendreau nord la province syt
rienne jusqu'a TEuphrate; pour justiiier
ses desseinsambitieux> il se fondasur les
rapports d*Antioehus avisc les Partbes.
Cependant Antiochas, deptiis Tan 37,
avait montr^ durant plus de trente mi*
H^es une fiddit6 constante aox Remains.
Ifaguere encore , il avait envoys contre
les Juifs des troupes d*elite sous la con-
duite de son fils £piphane. Yespasien,
e
oubliant les services dn roi de Goukm^*
g^ne, donna plein pouvoir a Petus {>ottr
pr^venir les dangers d*une coalition. Le
gouvern^ur demanda secretetnent des
secour!*'au roi Aristobule, a Soemc .
prince (Tt^me^e {*) , et tomba a rimpro-
viste sur la Gommag^ne. Le roi surpris
n'opposa point de resistance. SpiphanA
et Callinicus, f^^re d'Antioehus, ten-
terent seuls d*arr^ter la marche des Ro-
mains; Antiochus se ri^fugia en Gtli-
eie, mais il ne put trouver un asite. 11 fut
charge de chafnes a Tarse , et conduit
k Spafte ; rendu k la liberty par Vespa-
Sien , ii se retira k Rome, et y v^cat aa
sein de sa fiimilte, dans le repos de la tib
priv^.
Aucun ^vi^nement remarquable ne si-
gnala le regne des trois empereora Fla-
viens en Syrie. lis donn^rent leur nan
k plusieurs viltes; Chalcis, Philadelphia
et Samosate, capitate de la Gommageoe',
appei^e, depuis sa reunion k la Syrie, pro-
vince j4ugust€uphrastenne i prirent te
surnoiki de Flavienne (**). Antiocbe fiit
tranquille ; on remarque sealement dans
Tanu^e 79 (***) une sedition amen^par
rimpmdence du gouverneur , qui avut i
excite des dissensions entre les habi-
tants. Un tremblement de terre rappela
tes insurg^ au devoir, s'il feut en eroiie
lliistorlen d' Apollonius de Tyanes (***1. i
Ge messie du paganisme tenta vainemeiit
de remuer Antioche par ses nouveaut^
religieuses, mais les habitants I'aeeueil-
Hrent avec indiff(6rence.
LA SYRIE sous LBS ANTONINS (^***).—
Le commencement du second siede flit
maraud par le r^veil de la vieille baine dd
PartbescontrelesRofnains(105). Lema-
ment 6tait mal choisi pour les eonemis de
Rome. Trajan, alors en paix avec les Da-
ces, pouvait se porter avec les principales
forces de TEmpire sur la fVonti^re atta-
qu6e. L'empereur traversa la Gr^,
passa , au roois de d^mbre , par Stieo-
eie, et arriva k Antioche. 11 entra dans
(*) Novfl Be oonnaisaons plas de roi k taht
depuis Aziz , qui mourul sous Neron, el qui
laissa sa dDuroone k uo fr^e dont les hisb-
riens ne nous dot pas oonserv6 le nom.
(*') Spanh.,Vir; p. 709-711.
(***) Pbllost, ApoH, vi<., YI, 16.
(•♦•*) Philost., Jpoll. vit.. Ill, 12, IS.
(*****) Foy,, pour la oonqu^te de VArabie W*
tree par Cornelius Palma, gouverneur de Svrie,
VHisU des Arabes de M. Noel des Yergen cCnit,
pitU\ p. 97.
X
\:
X
\
V
\
^
STRIE ANCIEHmE.
Tl
oette TiUe la t6te eeinte de branches d V
livier , le 7 Janvier, par la porte de Da-
en^. Gest a Antiocne ^ue se r^unirent
diflerents corps deTarniee, les l^ions
et les allies , veDUS de la Phenicie et des
extremites de la Syrie. Le prince de TOs^
roene et Tabgar <r£desse envoy^reol des
prints ^ l^mpereur. Avant de partir
rir rexp^ition, Trajao voulut s'assttrer
secoars des dieux. II pers6cuta les
cfaretiens d*Antioche, etoftrit a Jupiter
sur le montCassius les d<^pouilies des
Daces Taincus. EnOa il se mit en marche
(107) n- ^ , ^ ,
Les Parthes ne furent pas domptes.
lis recoDiraencerent plusieurs fois enco*
re, sous le regne de Trajan , leurs incui^
sioos sur rCuphrate. Enll5,Tr^an
revint en Syrie pour arr^ter les progr^
desBarbares. 11 paralt qu*il consults IV
lacle d'Heliopolis , avantde oommeneer
la cainpagne (**).
II fit prendre aux troupes Inarsquartierl
d^Ter et reotra a Antiocfae* Sa pr^senc«
avait atdr^ dans la capitate de la Syrie
one grande foule d'^trangers. Antiocha
^it rempiied'oilieiers romains « de com*
mer^aiits, decurieuxi ded^put6s des villeSk
Tout le nionde se livrait saos inquietude
aox affaires on aux plaisirs. Cependant
de violeats orages s des pluies , des coups
de Yent, annen^aient rapproehe d*ua
terrible d^sastrer**).
Eafin^ le 2adeeenibre, nn trembiement
deterre ren versa la Tille; enquelqueshevh
lesles habitants furent tous ecras^soos
les A^eonbres. Les roes, les places pu*
bliqnes €taient couverte s de mines et de
eadavres. L'empereuravalt ^ sauv6, d»>
saj t-on, fwr une intervention c6leste. Saisi
par un faatdtne « il ^tait deseendu du baut
desoa palais, etavaitMiapp^par lafoile.
Qoand le sol fiit raffermif il fit eommeo-
ea* des fouiUes sur tens les points.
. On trouva panni ks morts le oonsoi
PMob; quelqucs personoes vivaienteii-
oare : sous lea mines d*une inaison , una
femose ^Cait eoseveiie avec son filstelle
le neamssalt de son kit. Ailleurs , nn
jeime enfant ^uit couch^ sur le cadavre
desa H>^re, etso^tenoore la mameile^
CO Malala, p. %. *
{**) Onuph.^ p. 310b — J'aift oMistttorvt, G.
I (•*•) Etu^be, Chron.t IV, p. 208 ; ScaHg. - Kva-
Be,Il, iti, D.ao6. — Aaceliitt Victor..— Dioo,
Le mont Gassius fut 6branl^ de eette
terrible secousse ; le sommet de la mon-
tagne se d^tacha en partie et se pencha
8urAntiodie;raspect dupays fut eom-
pi^tenient change : des col lines et des
sources nouvelles sortirent de terre,
k ou s'^teodaient quelques jours aupa-
ravant des plaines arides et unies.
Adrien etait gouverneurde Syrie, lors-
qu*il re^ut le 9aodt(l17) la nouvelle de
son adoption par Trajan; deux jours
apreS) il apprit la mort deson p^re adop-
tif.
Cest a S^Iinonte, vitle de Cilicie, que
furent o^l^br^s les fun^railles de Pempe-
rcur (*). Adrien envoya ses cendres k
Rome. II revint k Antioche, et remit le
rvemement de la province aux mains
Casilius Servilius. Avant de partir
pour ritalie , il fit combler la fontaine
Castalie. II craignait que Poracle, qui lai
avaitannono6(k Iui-m6me sa grandeur fu-
ture, n'6veillftt par d'obscures predic-
tions rambitionde quelques hommes im-
prudents (**).
Les Syriens vlrent sans regret le de-
part d* Adrien. La gravity dont rempereur
faisait parade d^laisait ^ un peuple l^ger.
Lorsqu*il reparut en Syrie, vers Tan 135,
il trouva la m^me antipathic. Cette fbis,
le ciel semhla s'associer & Taversion des
Syriens (***). Le lever dusoleil pr6sentait
sur le mont Gassius un spectacle magni-
fique que Tempereur fiit curieux de con-
templer. Le temps ^tait convert et ora-
geux ; rempereur entra dans le temple de
Jupiter; mais pendant qu'on accomplis-
sait les o^r^onies du culte , la foudre
frappa, sous les yeux d' Adrien, la victime
ctle sacrificateur (138). LVmpereur eut
un moment la pens^e de d^membrer la
Ph6niciedu gouvernement de Syrie ; mais
il ne paratt pas (jull ait donn6 suite k
ee projet; du moins il est certain qu*dpr^
la mort d' Adrien, les gouverneurs de Sy-
rie conservaient leur autorit^ sur la Ph^
nicie (****). Nous mentionnerons la r6-
volte de Barcochab qui se fit sentir jus-
qu'au cceur de la Syrie r*****).
Jusqu'au regne de Marc-Aurele les
histoneos ne parlent plus de cette pro-
(•) Spartien, Fie d* Adrien , p. 3.
(♦*) Amm., liv. XXII, p. 226.
{•**) Spart., F'ie d* Adrien , p. 7.
(***•) he d* Adrien, p. il.
(**tf**) Sulp. Sev., liv. IL
7J
L'UNIVERS.
viiree; maison suppose, d*dpr^ d*an-
cieanes inscriptions, qu*Antonin dota
Antioche des droits de eolonie romaine :
ce fut probabiement pour encouraser
les habitants k reblitir cette ville, qu un
incendie avait en partied^tniiten.
Le resiie de Marc-Aurele fut une
6poque de tranquillite et de paix pour
certaines provinces de l*Empire; mais
il fut marqu^ en Syrie par les ravages
des ennemis et par des troubles int^
rieurs. Les Parthe^, vainqueurs en Ar-
m^nie (162), passerent TEuphrate, et
forcerent a la retraite Attidius Corn^-
iianus, gouverneur de Syrie. Le pays
qu*il abandonnait fut aussitdt devast^
par les baiides de Vologese. Les habi-
tants, incapables de roister a Tinvasion,
allaient faire cause commune avec les
Parthes, lorsqu'on apprit Tarriv^e de
Lucius Yerus. II amenait avec lui des g^
neraux capables : Statins Priscus , Mar-
tins Verus, illu8tr6 par Thistorien Dion ,
et AvidiusCassius, oelebrepar sar6Yolte
et sa mort (**).
Les Grecs ont raeont^ sur le ton du
roman ou du pan^yrtque les exploits de
ces g^ner.iux. Lucien, bless^ des inexac-
titudes de leur r^cit, composa principa-
lement centre eux son trait6 c6lebre : De
la manUre d'ecrire rhisioire.
Ce iJTre nous apprend que les Parthes,
forces de repasser i'Euphrate a la nage,
furent vaincus dans une grande bataille,
pres d^Europus. Les troupes romaines
remporterent d 'autres avantages dans des
combats livres vers Sura, ville de Syrie,
situ^c sur TEuphrate, aumidi d'Europus.
La guerre se termina, en Tan 165 ; elle
avait dur^quatre ann^es; pendant lesquel-
les Lucius Verus, tranquille a Antioche,
jouait le rdle obscur d'intendant d*ar-
ni^; il se bornait h surveiller lesenvoisde
vivres, sans s*inqui^ter des railleries des
Syriens. Un seul fait marqua son sejour
en Orient : ce fut son mariage avec Lu-
cille, fille de Marc-Aurele. II alia recevoir
sa fiancee a Ephese. L*empereur n*osa
accompagner sa fille en Asie : il crai-
gnait la jalousie de Verus, qui Taccuserait
sans doute de vouloir s*arroger les bon-
neurs du triompbe. Mais il envoys son
parent Ann. Libo en quality de lieute-
nant. Ce jeune homme mourut a son ar-
(*)Spanh., VIII, p. 76B.
r) Dion, Uv. LXil, p. 802.
ri vee en Syrie. LadusYerus revint en Eu-
rope, en 176, accompagn^ d*UQ cort^
d'histrions. Avidius Cassius demeura
dans la province. Lucius Yerus avait
essays d'eveiller les soup^ons sur la fid6-
lit^dece gouverneur. Mais Marc-Aureic
r^pondit aux accusations de son geodre
par ces nobles paroles : « Si Cassios a
« mieux que mes enfants I'art de se con*
« cilier Tamour des provinces, p^risse
« ma famille et que Cassius re^ne! * Aa
reste, le gouverneur de Syrie avait rendu
d'anciens services a Tarmee; il avait
r^labli la discipline dans les l^ions da
Danube, et continuait ses r^formes en
Orient. Cette province ^tait la patrie
d* Avidius ; il ^tait ne a Cyrrhus , ou H^
liodore, son pere , enseignait la rhetori-
que avant d'etre nomm6 prefet d'tfyp^'
Le fils d*U^llodore avait, au temol-
gnage de Dion, des quality remarqua-
les (*) ; il fut pooss^ a la r^volte par la
femme de Marc-Aurdle. LMmperatrice
Faustina prevoyait la mort procbaioe
de Tempereur, et connaissant le carae-
tere de son fils, elle ne voyait dans Ta-
venir que des chances contraires a son
ambition. Elle crut trouver un moycsi de
se maintenir au pouvoir en s'attachant
k la fortune d'un general ferme et habile.
Elle choisit Cassius comme le plus digne,
et lui 6crivit de se faire declarer cmpe-
reur aussitdt qu'il apprendrait la mort
de Marc-Aurftle. Pen ae temps a|)resle
bruit ser^pandit en Orient que lempe-
reur avait cess^ de vivre. La nouvelle
^tait fausse ; mais Cassius profits de fer-
reur generate pour exciter des troables
dans rarm^e et dans les proviuoes. Lei
sMitieux furent bientdt detromp^ ; mais
il ^tait trop tard pour arr^ter le inou^e-
ment. Tout TOrient jusqu'au Taurus,
d'une part, Calvisius et I'Egypte, de
Tautre, avaient pris ouvertemeot parti
pour Cassius. L'msurrection eUit sou-
tenue des troupes de Bithynie. Les w-
gions de Pannonie araient proclam«
Avidius. Des rois Strangers sarmaieat
pour la cause de ce gto6ral ; Meticni
son fils, 6tabli k Alexandria, fm
chared d'entretenir la r^volte en Rgypte.
Cassius annon^it ouvertemeot son fl«s-
sein de d^poss^er Marc-Aurele. II ac-
cusait rincapacit6 de rempereur quit
(*) Dion , llv. LXXI, p. 802 et snlv.
SYRIE ANCIENNE.
79
toot oeeape de vaines subtilit6s philo-
sophiqaes, abandonnait les provinces
tax rapines des pr^fets ; mais tout en
se plaignant d'une administration trop
faiUe , il m^nageait la personne de son
enneini, et n*allajt pas au deJa de la criti-*
quede soq gouvemement etdeses talents
politiqaes. L'empereur, camp6 alors
sorle Danube, apprit de Martius Verus,
qui gouvernait eu Cappadooe, la premie-
re nouvelte du soulevement. Son pre-
mier soift futd'en donner avis au senat.
Rome fijt constern^e. On y redoutait
Tarrivee d*Avidius , qui pouvait parattre
d*uo instant a Tautre a 1 emboucnure du
Tibre. Marc-Aurele, pour prevenlr son
rival, deployaunegrande^nergie. Forc6
de resisteren personne aux barbares d' Eu-
iope» il envoya centre Cassius des g^ne-
rauxbabllesetfideles. Cette expedition,
dont toas les details int^ressaient si
vivement les Syriens, nous est peu con-
nue. On sait qa'un centurion nomm6
Antoine et un soldat d*un rang infe-
jieur (iixofx^) assassinerent Cassius.
Quaod Tarm^ se vit sans chef, elle
cfaerdia, par le meurtre de M^tien et du
prefet du pr6toire , k m^riter sa grdce.
L'empereur panit satisfait de sa soumis-
sion. Pour eviter m^roe de connattre les
coopables, ilbrdia sans les lire les papiers
d*Av]dius. Hare-Aureie , en pardonnant
«u rebelles, sut recompenser ses parti*
sans. Albious, qui avait maintenu dans
le devoir les l^ions de Bithynie, fut ^ev6
an ooDSulat ; Martius Verus recut le poste
honorable de gouverneur de Syrie; Per-
tinax, qui devait itre empereur, rappel6
d'Orient, ou U etait all6 combattre tas-
iRis, fat charge de defendre le Danube.
L'empereur voulut acbever par sa pre-
sence la pacification de I'Orient. llarriva
en Sjrrie probablement dans Tannee m^-
toe on mourut Cassius. II se montra plus
dnr envers les corporations quit ne Ta-
vait M pour les personnes compromises.
II enieva aux habitants d'Antioche leurs
droits de municipe , leur defendant tout
atlroapement et surtout les assemblies
de Vagora. Les regrets que cette ville
avail tpmoignes h la mort de Cassius
pTovoquerent cet edit rigbureux; Tem-
pcrear se seotit outrage du deuil et de
ladonleurd^un peuple leger et inconstant.
Gependant il s'adoucit, et retablit les
Aatioebieos dans leurs droits de cite.
Les habitants de Cyrrhus le trouverent
plus inexorable. II ne voulut jamais se
rendre aux {>rieres qu'ils lui firent de
visiter leur ville, patrie de Cassius. La
revoite de Syrie donna lieu a une cons*
titution imperiale tres-remarquable. II
fiit etabli que, pour mettre a une raoins
dangereuse epreuve la fideiite des pro-
vinces, on ne confierait une prefecture
qu*^ des hommes etrangers aux pays.
Maijzre cette sage precaution, quelques
ann6es plus tard , devait sortir de c^ tte
meme Syrie, une familled'empereurs qui
porterait ses coutumes et ses croyances
relisieuses de TOrient dans Rome meme,
et (ians le palais des Cesars.
Pertinax fut, apres Martius Verus y
gouverneur de Syrie jusqu*en Tannee
183. L*exercice de cette haute fonction
corrompit son Integrite, et Texposa aux
moqueries du peuple. Commode avait
succede h Marc-Aurele ; sous son nom
regnaient les afirancbis. L'un d'eux,
Tathlete Narcisse, procura a Niger la
prefecture de Syrie ( 183). Niger gou-
verna pendant dix ans cette province,
sans trouver aucune occasion de s*il-
lustrer. Un citoyen d'£mese, nomme
Julius Alexandre, donnait des inquie-
tudes h Tempereur. Commode envoya
un centurion pour le tuer. Mais Julius
Alexandre fut mforme de Tarrivee de cet
ofBcier a fimdse ; il le prevint, et Tassas-
sina pendant la nuit. Au point du jour, il
sortit de la ville avec un de ses amis, lis
furent bientot poursuivis ; Julius Alexan-
dre, montesurunboDcheval,gagnait du
terrain , et laissait en arriere son com-
pagoon de fuite. Mais , ne voulant pas
abandonner son ami , il Tattendit quel-
que temps. II fut victimede son courage.
Les cavaliers qui les poursuivaient pro-
fiterent de ce retard pour lui couper la
retraite. Alexandre voyant que la fuite
etait impossible, tuasonami et se donna
ensuiteiamort^*).
8BPTIMB SBVBEB ET LBS BM-
PBRBURS STBIBNS. — Pertinax succeda
a Commode , et Didius Julianus h Per-
tinax. Niger gouvernait encore en
Orient. II s'etait acquis Test! me de tous
les habitants par sa douceur et son
babilete. La multitude Taimait , parce
quHl savait flatter ses goilts. On n'a*
(*) Dion,]lv. LXXIIiP. SM. - Umprlde, Ffi
de Commode*
f4
LTJNIVERS.
Tait jamais tu h Antiocbe des jeux
aussi fr^uents et aussi inagnifiaues.
La poputarite de ce general setait
^tendue jusqu*a Rome; fa, comme en
Syrie, les voeux publics Tappelaient au
soaverain pouvoir. Niger se crut destio^
a relever TEinpire. II designa un jour
aux legions pour se rasseinblerdans une
graode piaine. Le people d' Antiocbe,
qui penetrait le motif de cette reunion
militairet vint, au moment convenu, se
m^ler aux soldats. Un tertre de gazon
s^elevait au milieu de la plaine; Niger
montasur cette Eminence, et, de la, il
harangua la foule, serev^tit de la pour-
pre, et marcha vers le temple, precede
de la torcbe de pin qu'on avait coutume
de porter devant les empereurs. Apres
avoir implore ie secours des dieux , il
rentra au palais. Quelques jours apres,
le Douvel empereur recevait les envoyes
des provinces d'Europe, et des princes
Grangers qui r^gnaient au dela du Ti-
gre et de TEuphrate. 11 trouva un com-
r^titeur dansTAfricain Severe, proclam^
Rome. Une lutte ^tait imminente ea-
tre rOrient et TOceident. Barsemes,
roi d'Atra,sar I'Eupbrate, et les Adiab^-
niens , envoyerent a Niger des corps
d'archers aux ili aires; les Partfaes , qui
n'avaient pas d'artn^ permanentes, le-
verent ^alementdescavaliers. Les babi-
tants d* Antiocbe se ran^kent en masse
sous ses aigles. L'Armenie seule ne r6-
pondit pas a Fappel de Niger ; eile de-
roeura neutre dans la guerre. Toute
TEurope, Byzance exoeptee, se d^Iara
pour Severe. Tels ^taient ies forces et
les alli^ d»$ deux empereurs au com-
mencement de Tann^ 194. i£milianus,
proconsul d*Asie , commandait Tarm^
de Niger ; il fut battu pres de Gizyque.
Peu de tem»s apres. Severe remporta
une nouveiie victoire k Nicee. Les
OrientauX) prompts k se d^courager,
crurent que le destin favorisait leurs ea-
nemis. La rivalite des villes entre el-
les affeiblissait encore la puissance de
Niger. Tyr et Laodicee avaient proclam^
Severe, par baine contre Antiocbe et
Beryte. Lorsque Niger apprit la defec-
tion de Tyr et de Laodicee, il envoya aus-
flitdt contre oes deux villes tous les Mau-
res de son arm^, avee quelques corps
d*archers. Laodicee, surprise, fut re-
duite en cendres. Tyr subit ie m^me
cb^timent. Gependant Tarmde de S6-
v^re , arrlt^ en Cappadoce , se consu-
mait en vains efforts, pour franchir la
defiles du Taurus. Un secours iiiespen
mit fin a ses fatigues. Les pluies de riii>
ver et la fonte des neiges, dont les eaoi
descendaient des montagnes , empor-
terent les travaux de defense , et tn-
cerent un passage a travers le Taurus.
Severe francbit le pas , et ne s^arrte i
qu'a la plaine d'Issus {*). CTest dans d
vaste cbamp de bataille que Tarmee di
Severe rencontra les corps avriensi
formes des jeunes volontaires d Antio*
cbe. Ces enfants, accourus depuis quet*
q^ues jours seulement du foyer domes*
tique , sVJancerent avec ardeur , mail
sans tactique, sur les legions illyrieft*
nes de Severe ; celles-ci reculaient dal,
lorsqu'un cbangement soudaia de ill-
mospbere retablit la fortune du Clsai
africain {**). Le ciel se couvrit toutl
coup , et Torage le plus terrible ^ata.
Au milieu de la pluie , des flairs , des
coups de tonnerre, les Syriens ne dq-
rent acbever leur victoire. Les habi-
tants du pays assistaient a ce coodkat
comme a un spectacle, et couvraienl
toutes les coliines qui etaient k Tentoiir
comme les degres d'un amphith^tie
Mais, lorsque les Sev6riens rallies poos-
serent vigoureusement Tarm^ de Niger,
toiite cette foule de curieux fut envelei-
p^ dans la confusion g^^rale, et imp-
toyablement massacr^e.
Niger courut k Antiocbe; mais il vit
aue les forces et ie courag^e de cette vilie
etaient 6puis^. II repnt precipitam*
ment la fuite vers TEupbrate ; maisatlemt
par les cavaliers de Severe, il fut Ui^ lei
armes a la main. Un grand nombrede
Syriens, plus beureux que rempereor, \
trouverent un asile cbez les Parthes. Hi
refils^ent Tamnistie de Severe. Le vain* j
queur irrite souilla sa gloire par dl-
nutiles cruaut^. II Gt executer toutes
les personnes compromises, llforqa lei
<»*eaneiers de Niger de pa]^er le quadru-
ple des sommes au*ils avaient avancees.
Antiocbe, privee de ses droits, fut pla-
c^ sous la d^pendance de Laodio^
Cette derniere ville, par reconnaissance,
(•) H^rodicn, III, 4. — *D«wtep vM 5PW»*»C
'^) Dion (liv. LXXfv, p. 848) OouBdooot m
ail, qol ne ae troave pas daia Hecodieo.
SYRIE AWCIEHNE.
7S
nrft le nom de son bienfeiteur (Septimia
fev^riana). Cependant, la puissance de
S^ere n*etait pas encore solidement
tobKe. Un autre empereurf Albinus,
88 forma !t un parti dans TOccident et
d6elarait ourertement ses projets. S6-
t^re quitta la Syrie(195), et marcha
eoDire son nouveaa competiteur.
Avant de combattre Albinus il s^etn*
para de Bfzance , ou les dernrers par-
tisans de Pesoennius Niger se defendi-
rent loaf^mps et avec ecu rage. Puis
ii marcha sur la Gaule. II triomplia
d*Albinas , qu*il fit tuer, danS les plai-
ses de Lyon. Apr^ cette heureuse ex*
p^ditiofl," 11 rerint en Orient (197). II
noroma Venidius Rufus propreteur de
Syne et de Ph^nicie pour gouverner
eea proTincea , et s'avanca en personne
aa del^ de TEuphrate. Dans les annees
19S et 199, Venidius Rufus r^para les
anaeiennes voies romaines d'Orient , re-
leva les eoiondes milliaires et per^ de
noureUas routes en Sjrie; Severe
^rasa ies iuife syriens , insurg^ danS
^ cantons voisins de la Palestine,
f'approcba avec son arm^^ de rArme-
nie, poor exiger du roi Vologese Tassu-
ranee forroelle qu'il n*avBit pr^t^ aucun
aecours a Peseennius Niger , et attaqua
ensoite Bars^mes, roi d'Atra , qui avait
aontenn oovertement te malheureux gou-
verneor d'Orient. La Tille d' Atra repoussa
deox fois les attaaues des Romains. An
ieeood si^ge, les I^ions illyriennes, re*
bot^es oar dinsurmontables obstacles,
m reHreremetabandonnerent les legions
syriennesde Severe. Celles-ci, discoura-
ges k leor brar, fnrent vaincues par les
troupes de Bars^mes. Les succes sur les
bonis da Tigre et la prisie de Ct^pbon
^ao&rent la honte ^prouY^e devant
Atra. L'empereur rentra k Antioche
dans la premiM^ann^e da troisieme sie-
de. Cest aiors que son fils Garacaila
prit le titre de Pius; il obtint, par ses
priferes, probablement dans cette oe-
casion, que la eapitale de la Syrie serajt
Rtablie dans tous les droits dont Se*
^tbre ra?ait d^pouiUee. Antioche s*eni*
bellit de nooveaux bains publics, qui
porterent le nom de Tempereur. Mais S^
vere tt'^tendit point le pardon k tous les
partisans de son ancien ennemi. II conti*
vsale eonrs de ses vengeances. Suivant
FexpressioQ deTertullien,*c*etoi^ ^(^
piUer apris la vendange. L'empereur
rests eneore environ deux ans en Syrie.
Cest la qu'en 201 , il rev^tit Caracalla
de la robe virile, qu*il inaugura Tannee
202, et quMl prit le consulat avec son
fils. Puis il quitta TOri^t, pour ne
plus y revenir.
CHAPITRE Vn.
LA STAIB sous L4 DOMINATION BO*
Mains, dbpuis lbs bmpebeubs 8Y«
BIBNS IUSQU'A la MOBT DB JULIBN.
S^vdre avait ^pous^ deux femmes ; la
seeonde ^tait Syrieiine. Elle etait nee k
£fnese et s*appelait Julia Domna; un
astrologue lui avait annonc6 que eelui
dont elle ferait choix pour ^poux serait
^leve a Tempire. S^v^re , venu en Syrie ,
vers Tan 180, comme chef d*une legion,
apprit cette prediction, et demanda la
main de Julia Domna. Deux enfants, Ca*
racalla et G^ta, naquirent de ce manage.
L'atn^, Caracalla* portait Tempreinte
do caract^re oriental. II avait, suivant la
remarque des contemporains , Tesprit
astueieux et la fourberie des Syriens.
LMmp^ratrice avait tent6 d'^tbuft'er les
funestes dispositions de son fils; elle
ne r^ussit pas ; mais elle conserva tou-
jobrs un grand ascendant sur cet esprit
faux et ^troit. Dans ses r6ves ambi-
tieux, elle voulait ramener les temps de
S^miramis, et relever Tempire d'Orient.
Elle aceompagna son fils dans Texp^
dition d'Asfe (216); et pendant que Ca-
racaHa se jouait de la bonne foi du roi
d' Armenie et qu'il harcelait les Parthes,
Julia demeura k Antioche. Cest dans
cette ville quelle apprit la mort de Tern*
pereur, assassin^ |rar Macrin, en M6so*
potamie. Cette mort ^tait doublement
cruelle pour Julia : elle perdait k la fois
son fils et son souvoir; elle voulut se
tuer, mais oh messager de Macrih cban*
e^a seS r^t)lutions. Julia ignorait pent*
etre encore qUel i6tait le meurtrier de
son fils, lorsque Tofficier envoys par
Macrin virtt lui apporter, de la part de
son chef, des paroles pleines de respect.
Enhardieparcette appar^tesouroissioa^
elle tenta de reteoir le pouvoir en ses
mains; mais elle re^ut Tordrede quitter
Antioche. Elle aima mieux ae laisser
mourir de faim.
76
LITNIVERS.
Le nouvel empereur qaitta Parm6e de
M^sopotamie, et arriva a Antioche apres
la mort de Jnlia Domna (217). Le fils de
Maori n,Diadam^ne, fut declare G^ar, et
battit monnaie en son nom. II alia por-
ter a Rome Ie9eendres de Caracalla, etfit
sanctionner par les^nat T^lection de son
pere. Macrin, pendant son s^jour h An-
tioche, nesut point gagner raffection des
habitants. II retourna a Parm^e, et apr^
plusieurs ^hecs signa la paix avec lea
Parthes. II attaqua les Arm^niens et les
Arabes. Ses r6f6rme8 dans la discipline
indisposerent les 16gions. Les soldats
tournerent alors les yeux sur la famille
de Julia Domna (318). Julia Mssa, belle-
soeur de Tempereur Severe, Soaemias et
Mammae, ses filles,et les deux petits^fils
de Julia Maesa, venaient d*dtre exiles It
Emese, ancienne pa trie des Bassiens.
L'aieule emportait avec elle de grandes
richesses; elle recueillait probablement
sur son passage les bruits sourdsdu me-
contentement jG^en^ral. Bassianus, fils de
Soaemias, ^tait, malgr^ son extreme
jeunesse, pr^tre du soleil ; il avait pris
le nom de son dieu , et s'appelait Ela*
§abal. Les soldats du camp voisin
*£mese venaient admirer dans la ville
le jeune pontife; ils lui trouvaient une
grande ressemblance avec Caracalla.
M»sa mit h proQteette circonstance ; elle
r^pandit le bruit que Bassianus etalt fils
naturel de Tempereur assassin^. Une
nuit , elie envcioppa son fils du v^te-
ment imperial de Caracalla que les le-
gions avaient toucli^ tant de fois avec
respect , et sortit avec lui d'£m^e. La
vieille femme et I'enfant ^taient accompa-
§n^s de leur famille et d'un petit cortege
e serviteurs parmi lesquels on comp-
tait un affranchi, appele Eutychius , et
Teunuque Gannys, homme de talent et
de resolution. Ils entrerent tons dans le
camp, et le 16 mai au matin , ils entraf-
nerent les soldats. ^lagabal fut salue Au-
guste et Antonin. Macrin re^ut cette
nouvelle le m^me jour; il envo^a pour
r^tablir Tordre le pr^fet du pretoire, Ul-
pius Julianus , avec quelques troupes ti*
r6e8 des l^ions et quelques escadronsde
Maures allies. Malgr6 les pr6paratifs que
lesl^onsd*£lagabal avaient raits pour la
defense, les troupes envoy6es par Macrin
enlevirent en quelques heures plusieurs
postes importants; mais Julianus crut
inutile ^e eontinuer I'attaqiie. II fit
sonner la retraite, bien persuade que
le lendemain les assieg^ viendraient de
leur propre mouvement lui livrer'lElft-
gabal f*). II se trompait. Les soldats
travaillerent toute la nuit a r6parer les
breches. Le lendemain, les assi^eaols
trouverent devant eux des fosses esear*
pes ^ la place des portes qu'ils avaient
rompues. En approchant de Tenceinle, ils
virent paraitre sur les remparts le jeune
empereur. Tous ceux qui environnaienft
£lagabal tenaient en main des sacs
remplis d*or. «C*est ainsi,criaient lesas^
si^^s, que le fils de Caracalla imite son
p^reet recompense les services. » Lesas^
si^geantsjet^rent leurs armes. Jnllamis
comprit que tout etait fini;il voulutfuir,
mais ses propres soldats coururent a at
poursuite. lis avaient a coeur de m^riter
aussi la bienveillance du nouvean Cesv.
lis atteignirent Julianus qui cberdiait k
se cacher, et le tuerent. L^un des assas-
sins enveloppa sa t^te dans un moreeao
d'^toffe, scelleavec le sceaumtoe dela
victime. II porta lui-m^nre a Macrin est
horrible trophic, et le lui remit comme si
c'^tait la t^te d'Elagabal.
Macrin 6tait parti d*Apam^ ; il se
rendait au camp dans Tespoir d*arr£ter
le soul^vement de ses soldats. II cher-
cha h les ramener par des lib^ralites. fl
leur d^clara son intention de conferer a
son fils^ le G^^r Diadumene, le litre
d*Auguste ; et a cette occasion, il promit
5,000 drachmes k chaque soldat ; mille
devaient toe imm^iatement distri-
butes. II paria aussi, mais incidemmeDty
de la revolte d*£mese, promettant Pam-
nistie a tous ceux qui abandonneraioit
le parti d*£lagabal. Enfin, il d^ara tons
les membres de la famille des Bassiem
ennemis publics.
Macrin fit part au s^nat de Rome de
toutes ces dispositions. L*Italie ^tait &-
vorable k Pempereur; elle craigpait P^
l^vation d'un Syrien au pouvoir. Lea
Orientaux 6taient mal vns a Rome; leu
fourberie naturelle excitait la defiance,
et leurs rooenrs contrastaient , d^nnc
mani^rechoquante, aveccellesde l'Oed«i
dent. Tout aevait done inspirer du et
rage a Macrin ; il ne montra, au oontraire^
n H^rodien nedit rieii de oette (bote de J«^
llaoiu.
STRIE ANCI£NNE.
7T
fsede la faiblesse. En d^ouvrant la Hie
saof^lante de Julianas, saisi de vertige, ii
aiait pris la fiiite vers Antioche, abandon-
Dant la l^on albaoienne , qui courut k
la rencontre d'l&lagabal, lorsqii'elle Yit
la d^Mrtioo de Macrin. Les oenturious
proelanfvb^nt tes premiers le nom d*£ia-
USabal; ils etaient les piub exposes, car le
Mmneprinee promettait, par un edit, a tout
Mgioonaire qui lui apporteraitia t^ted*un
des eenlurions de Macrin, la propri^t^
des biens de sa yictime et son rang dans
rarmee.
£lagabal, dont les forces grossissaient
tous les jours, marcba sur la capitate
de la S3rrie. Macrin sortit d'Antioche a
aa rencootre , et le trouva pr^ du bourg
dlnuna. La batallle s'en^agea dans ce
lieu , le 7 juin SI 8. Macrin avait pour
lui les pr6toriens; ils se montrerent in-
vineibles. Leurs Evolutions promptes,
hardies, bien ordonnees, jeterent la
frajeur parmi les ennemis. Macrin
crorait trair Ja Yictoire ; mais Mamm^
et Sosanias , par des allocutions au mi-
lieu des rangs; Feunuque Gannys, en
dirigeant avec la tactique d'un g^n^ral
les DiottTements des legions; £lagabal,
|»r son exemple , en poussant son cbe-
val dans les groupes les plus serr^ des
oofubattants, r^tablirent les chances du
eooibat. La fortune passa dans les ran^s
des rebdles rallies , et teur donna plein
sneoes. Lorsque Macrin quitta le cbamp
de bataille, sesl^ons, innabiles au com-
bat et a la fuite, commencerent la re*
trute; les pr^toriens, demeur^ seuls,
ne ae laissaieot pas entamer. Eiagabal
antra en o^oeiation avec eux. 11 s*en-
gagea , jiar serment , h leur conserver
tous leurs droits et privil^es. Cette
brave troupe accepta les conditions du
vaioaneur. EUe se ioignit a Tarm^
qo'elle venaitdecbmbattre, et sediri-
£a vers Antioche. Ainsi fut termini,
ns nne seule bataille , cette revolution
qui mit TEmpire aux mains d*un pr^tre
syrien , k peine sorti de Tenfance.
Macrin avait vainement sacriGE son
hooneor pour sauver sa vie. Apr^ avoir
lAehemeot abandonne ses d^fenseurs , il
teit entrE k Antioche , comme en triom-
phe. Cependant, nialgrE sa feinte assu-
lanee, il fit partir son fils en toute hdte;
Im-wUme , se d^isant sous le costume
jtua messager imperial, traversa la Sy«
rie et FAsle Mineure. II fut arrltE a
Ghalc^oine et d^capitE quelques'jours
apres. Avec lui pErit Fabius Agrippinus,
gouverneur de Syrie.
L'Orient Etait pacific ; cependant,
Tempereur n'alla k Rome que Tannic
suivante (219). II porta dans la capitale
de FEmpire des coutumes inconnues
a TEurope. LMdole dont il Etait le pr^-
tre Faccompaena a Rome. £lagabal lui
eievaun temple. Ilsacrifia h son dieu,
suivant certaines traditions, des enfants
arrach^ a des families nobles. On ne
voit , d'ailleurs,dans songouvernement,
' son culte> ses mceurs et sps cruaut6s,
qu*un tissu d'incroyables folies. A sa
mort, il y eut une sortede reaction; les
idees et les pratiques syrieunes dispa-
rurent pour un moment de Rome. Le
parent d'£iagabal et son successeur,
Alexandre Severe, essaya de desavouer
son origine orientale. Cependant sa
m^re, Julia Mammee, avait epousE un
Syrien d*Apamde , GEn^ius Marcianus,
dont Tempereur Etait le flis (*}. Alexan-
dre montra un singulier soin a cacher sa
naissance. II voulut se faire passer pour
un descendant de la famille romaine
des M^tellus. II alia plus loin encore;'
il repnt la pourpre et quitta le dia-
d^me de perles et la robe de sole, in-
signes du pouvoir portes par £lagabal;
il rel^ua les dieux syriens dans leur
pat rie, renvoya en Orient le simulacre
du dieu d*j£mese, et rendit les temples
de Rome k leur ancienne destination.
On ne voit pas , toutefois , que ces actes
de m^pris pour TOrient aient soulevE
contre Alexandre la population de Sy-
rie, c[uand il vint quelques ann^es plus
tard a Antioche.
Les Perses, en 325 et 226,avaient
inutilement attaquE rArm6nie. En 231,
ils tournerent leurs armes contre la
Mesopotamie. Alexandre, k la nouvelle
de ces invasions , quitta Rome. II vint
passer Thiver a Antioche, 8*occupant du
soinde rassembler les legions, d'^qui-
Ser etd*exercer les nouvelles recrues et
'^tablir la discipline. Le soldat s*amol-
lissait en pen de iours sous le climat de
rOrient. Alexandre sut cependant com-
battre avec Anergic la corruption de Tar-
O Varius Marcellas, marl de Soaemias, et
pcat-61ra p^ d'£lagal>a1, etoit aussi de la ville
n
LUNIVER&
mee. Le courage qu'il deploys contre la
licence fait peut-^U« la gloire de son r^-
{^ne. Lorsque Teoipereur arriva en Syrie,
es troupes ^taient d^moralisees : alles
avaient fait du bois de Daphne le prin-
cipal theatre de leurs monstrueusas de-
bauches. Alexandre leur ioterdit Tentree
de ee lieu infAme. II defendit aux legion-
naires d'alier aux bains avecdesfemmes,
et donna ordred*arrlter tousceux qu'on
trouverait en contravention. L'ex^ution
decetordre irrita les soldats. Alexandre,
sans s'inqui^ter du m^ontenteraent gene-
ral, se pr^para a juger les coupables; il
monta sur son tribunal , environn^ de
soldats faetieux qui caohaicnt nial leur
colore. Les coupables n'en furent pas
moins condamiieB a mort.Cette sentence
fut accueillie par des murmures. L'em-
pereur essayade faire cesser le tumuKe ,
en parlantaux soldats. < Gardez voseris,
leur d it'll , contre Tennemi; c*cst luiseul,
et non votre chef, qu'ils doi vent effrayer . •
Les troupes r^pondirent k ces mots en
tirant leurs armes. « Pourquoi me tuer?
ajouta Alexandre; apresmoi, la republi-
que vous enverra un autre chef. » Enfin,
il eut recours k un dernier moyen ; il
pritle ton dePautorite : « Citoyens , dit-il
d'une voix forte, posezles armes, etreti-
rez-vous. » Cos paroles pleines de fer-
meti effray^rent les faetieux , et reta-
blirent Tordre trop longteinps trouble.
La legion idsurgee ne fut r^organis^
S|ue qudque temps apres. Malgre les ef-
orts continucis de Tempereur pour
rend re a son armee le courage et le
sentiment de Tobeissance, les succes
que les historiens anciens attribuent
aux Remains ont M mis en doute par
les critiques modernes. Les invasions
de Sapoif en Syrie vont bient6t donner la
preuve, sinon des dtfaites, au moins
du peu d^importauce des victoires d'A-
lexandre.
INFLUBNGB BT DUBBB DBS IDBSS
OBIBNTALB8 APPOETEBS BT PBOPA-
QBES A HOME P AB LE8 PBINGB8 SYBIBN S.
— 11 ne faut pas croire que la ruction
qui se manifesta dans TOccident, apres
la mort d'ltlac^abal, centre les id^ et les
mceurs orientales, ait aneanti, soit dans
la religion , soit dans le ^ouvernemeut ,
toutes les importations, si nous pouvons
nous servir de ce mot des princes syriens-
Enrepudiant son pasb^, m^mesa famille,
Alexandre ob^tt Bar n^ceflgiti aux at-
tipathies des Oecidentaux. Toutefois^ le
mouvement qu'£lagabal , jusque daw
ses foiies , avait imprime aux idte ne
pouvait ^tre maltrise. Voici commeot
If. Aroedee Thierry, danasa belle intro-
duction a VHisktire de la Gauie som
radministratiou romaine, a parle dt
rinfluenee que TOrient a exero^ suf
Rome et T Empire, au temps des prineei
Syrians : « Apres le regne de Severe et
de GaEacallai la suprematie continoa
d*ltre exerc^e par TAfrique et par les
provinces d'Orient , sous eeux du Haure
Opelius Macrinos, des Svriens Antonio
Eiagabal et Alexandre Severe, des deux
premiers Gordiens, qui durent la pour-
pre a una insurrection africaine de TA-
rabe Philippe; puis sous les cesars Pal*
myreniens Odenat et Zenobie , jusqu^
la reaction occidentale oper6e par Aure-
lien. Ce fut Fepoque d'une veritable
invasion des id6os orientales dans la re«
ligion et dans la politique. On vii alors
le gouvernement se rapproeher de plot
en {)lusde6 formes de la monarchie per-
sane, les empereurs se falre adorer, le
Sais se remplir d'eunuquea, et las
fimes exercer une influence directs et
souverainesur lesaffaiiresde T^tat. Julia
M»sa et Julia Mammaea furent, comme
on sait, toutes-puissantes ; la mere d'fita-
gabal siegea au s6nat, comme e^ fait,
dans les conseils de Ctesiphon , la mere
d'Artaxerxds oude Sapor ; enfin Zenofate
fut proclamee Auguste. L'ltalie latta
d'une maniere souvent violeote oontre
cetle tendance a d^aturer fesprit de
{'Empire; et Rome setrouva comme bat-
tue par deux couraotsd'ideescontraires.
La rivalit^ entre les provinces d^Orieat
et celles d'Occident s'aigrit encore par
suite des perils qui vinrent menaeer
le territoire remain , k la fois sur le Rbia
et sur TEuphratc. On s' accuse mutuel-
lementd'egoisme, on se disputa le ehoiz
des princes , dans un but de protectioa
et de sdrete. Diocletien, pour satistere
a tous les int^rdts, essaya d^une s^a-
ration administrative, qui deWnt sees
Constantin une separation d'eoipires. »
M. AmM^ Thierry dit ailieurs : « PM-
tre d'une religion orientale, et priixfi
fanatique, Varius Avitus BassianuSt
connu dans Thistoire sous le nom d*AA-
touin Eiagabal, se fit le patron paasioaai
SYRIE ANaENNE.
7«
defCttltesorientaux. Qaand les l^ions
4$ Syrie ei«verent au trdue imperial ce
petit-oeveu de Severe, auquel s est atta-
ebee iioe si hooteuse cei^brite, il des-
lenrait ed quality de pootife, dans la
ville d'£mese, aa pied du Libao, uo dea
temples ies plus r^v^res de 1' Asie , ou
lefeu, eoosiaere ODOime principe g^o^-
ratear,etait adore sous rembl6ine d'une
pierre noire et sous ia denonaiDatioa
d'£lagabal, Oieu de la montaane. Pour
k» Romains et les Grecs, £lagabal ou
H^iogabale ^tait taotot le dieu Soleil,
taotot Jupiter.
« La vie da e^ar syrien fut un tissu
d'infamieft, decrinaesad'extravagances,
qo'explique trop bien i'effet du pouvoir
absolusur uue ame d^prav^ et cruelle;,
qndques-unes de sea foiies pourtant
oat UQ earaelere particulier qui n'est
pas indigae d' attention. Le fauatisme
d'Avilu&sVxalta sous la pourpre : il prit
leaom d'il^abal ; il se fit declarer par
tto ttoatos^nsulte pr^tre de ce dieu,
et ioserifit sur ses medailles un titre si
oottreau a edte du yieux titre de grand
pontife de Jupiter Capitolin , porte par
KB C^rs. Le dieu du Liban eut a Rome
on temple maguifiqueoii Fempereur of'
ficiasoleanelletneut, assiste des consuls
et du seaat. Oo trouve» dans tous sea
aeies relatifs a la religion , autre cbose
eneore que i'atta hemeiitdu pr^tre pour
son dieu, pour le dieu'de sa famille el
de son pays; on ne peut y meconnaUre
fintemieo forteipent inaDifestee d'ele-
ver,aUfoceder Empire, un culte orien-
tal an niveau du culte italique, du cuite
politique de Rome.
« Leshistoriens racontent que dans un
deses aee^ d*exaltation bizarre, vou*
iant fflarier ce dieu quMI avait amen^
d'Oricnt, il lui cboisit deux epouses :
I^lias et V^nus Astart^. Dans les tradi-
tions de ritalie centrale, on regardait
PaUas eonaine la protectrice secrete de
Roine; et une idee de fatalite, pour cette
ville et pour TEmpire , etait atucbee a
It eooservation de sa statue , sauvee ,
toit-oB, des flammes de Troie par
fia6e, et tramplantee par lui, au milieu
de perils sans nombre, jusqu*aux bords
dBTibre. Quant a Venus Astart^ , ou
Veaos GelesU, c'etait la grande d^esse
deTAfrique etla patronne de Carthage.
Antonin fit apporter et d^poser en
grande pompe les deux simulacres dans
le temole d'Elagabal, sur des lits, pr^s
4u lit du dieu syrien, unissantrainsi, par
un lien mystique, les trois symboles re-
ligieux de Rome, de Carthage et de TO-
rient. Les fian^ailles divines furent ce-
lebrdes dans tout Tempire par des f^tes
et des presents. Le temple d'Elagabal
devint eomme un pantheon ou furent
r^unis les attributs de^ principales di-
vinites du polytbeisme; Avitus voulut
m^me y faire placer, si Ton en croit
Lampnde, les signes figuratifs des cuN
tes samaritaia et juit, ainsi que ceux
de la deooHoH chrilienne. C est dans
ces termes qu'il s'expriipe, « afin,
« ajoute-t-il> que les mysteres de toutes
c les religions fussent soumis a un seul
« sacerdoce , dont il serait le pontife. »
Sous des formes assurement bJen etrau-
ges, etavec les predilections d'un Syrian
fanatique, £lagabal travaijlait pourtant
k Tunit^ religieuse ; il faisait du syncre-
tisme a sa maniere; il sen^blajt aire au
inonde romain, dans ce langage des
symboles, qui ^tait le sien : « La paix
• est conciue au eiel coiqme sur la terre.
« Le fils de Severe avait rapprqciie les
9 hommes en les faisant tous conci-
« toyens : voila que moi j'ai rapproch6
« les dieux (*) I »
LA SYRIE ]>BPmS LBS BMVBBBIJBS
SYBIEIfS JOSQU*A DIOGLETIBN. — Lea
successeurs d' Alexandre ne s'occuperent
pas de la Syrie. EnGn , Tempereur Phi-
lippe, vers 344, vint a Antioche : il pla^a
son frere Priscus a la trades ii^ions sy-
riennes. Sous D^ius, successeur de Phi-
lippe, une r^volte eclaUeu Orieut ; mais,
dansce temps d'inburrection geuerale, co
soul^vement, dans un coin ol^cur de TA-
sie, passa ina})ei-cu. Le chef s'appelait
Jotapien, descendant peut-toe , suivant
Topinion de Tillemont, de Jotapes , fiUe
des anciens rois d'&niesa et de Comma-
gene ^*). On metia niort de Jotapien en
rann^e 250. Ues evenements bien au-
trement graves troublerent le repos de
ia Syria sous les regnes malheureux de
Vaierien et de son lis. L'Empire, me-
Dace sur toutes ses frontieres , etait in-
(*) M. AmW^ Thierry, Hutoire de la Cjttfc
tous Vadministraiian romaine, 1. 1, p. I»5 fet
196, 323 et suiv. Voyez au&si, t.il. p- I04 et
(•*) Zoelme ,1, p. «42. — loa., A%L^ XYllI , ^.
"SO
L*tJNIVERS.
capable de repousser les barbares. Sa-
por parut 8ur les bords de fOronte
(358) dans un moment ou personne ne
croyait avoir k redouter son approche. II
surprit a Timproviste les habitants d* A n-
tioche reunis au th^&tre. Un des acteurs
8*arr6ta subitement et s^^ria avec effroi :
« JerivBy ouje vols les Perses, » Tout
le peuple se retourna aussitdt et d^cou-
vrit, sur le penchant d*une colline, une
troupe nombreuse de cavaliers barbares
qui avaientd^jadiri^^leursarcs vers eux.
Les Antiochiens prirent ia fuite ; mais,
avant qu'ils se fussent disperses , les fle-
ches pleuvaient dans Teneeinte du th6d-
tre. La trabison avait conduit les Perses
en droite ligne de TEupbrate k la capitale
de la Syrie. Mar^ade, citoyend'Antioche,
leur avait servi de guide. Les Perses ,
loin de r^ompenser ce traftre, lebr<ll^-
rent vif au milieu des mines de la ville
qu'il avait livr^. lis mirent le feu ^
tous les monuments, apres en avoir eh-
]ev6 les richesses; ils ^tendirent leurs
pillages aux environs d'Antioche, et ne
respect^rent que le temple de Daphn^.
lis tu^rent ceux de leurs prisonniers
quails ne voulurent pas emmener en es*
clavage. Enfin , ils se retir^rent au del^
de TEuphrate (*)» laissant k Val^rien
un dangereux ennemi : c^^tait un Ro-
main, appel6 Gyriade, qui avait quelque
temps vecu parmi les barbares. N6 dans
une condition ^lev^e, apr^s une faute
de jeunesse, dont il craignait les suites,
Cyriade s'^tait retire en Perse : par ses
conseils, il avaitd^cid^rexpedition contra
la Syrie. II rei^ut de ses botes le titre de
C^sar; puis, apr^s la prise d'Antioche,
celui d* Auguste. Get empereur, qui tenait
son titre et une assez vaste ^tendue de
pays desennemis de TEmpire, sut, par
uneheureuse audace, imposer ii POrlent
sa domination; mais ses partisans, ef-
frayes de Tapproche de Vai^rien, aban-
donn^rent sa cause, et le tu^rent. Des que
Val^rien fut entr^ en Syrie, il porta ses
Premiers soins sur la capitale : il alia bar
iter Antioche, et surveilla, aid^ de son
prefet du pr^toire, les travaux de recons-
truction ( 259). II quitta la Syrie pour re-
pousser les Scythes, qui parcouraient en
tout sens TAsie Mineure. II les rejeta
(*) Zoslme pretend qae toate TABie serait
lomMe eo leur poavoiri s^ls avaieot qodUdu^
leur marche.
dans leurs steppes; mais, moinsheureox
dans la guerre centre les Perses, tl ftt
vaincuet r^uit en esclavage. Sapor tn-
versa la Mesopotamie, passa rEuphrite
(260), et entra une seconde fois daus An*
tioche(*). Les Perses s^avanc^rent jm-
qu'en Cilicie. Ce pays montagneuxn'ebil
pas aussi mal d^fendu que la Svrie; Bi'
liste, prefet du pretoire sous Valeria, «t
Odenatb, avaient, dans cette provioei,
F^uni leurs forces contre les Perses. U
prince de Palmyre compUit parmi sesifli*-
dats beaucoup d habitants nomadesdfll
deserts de Syrie, dont quelques-uus, Mf
la conduite d'un Syrien, nomme Arti*,
bassus, avaient, deux ans auparavaiit,.
faarcel6 les Perses dans leur retrain. Ei^
260, Baliste rejeta Sapor sur la SfA
euphrat^sienne, oi^ Tattendait Odenan.
Les Perses n*opposerent qu*une molk
resistance. lis prirent la fuite vers Gdo*
se, ville occup^e par les Romatos. Sap«t
au prix de Tor enlev6 k la Syrie, obtiirtk
passage pour son armee. Ainsi se tern-
na I'invasion des Perses. Comme cclte*
Tannic 258, elle fut saivie par anen-
volte en Orient. Apres Cyriade, n*
Ma6rien. Macrien passa d'fegypte en S^
rie. Il confia le couvernement dc cdto
province k son plus jeune fils Qu'*^
et donna a Baliste le titre de general di
la cavalerie. Toutes c<^ dtspositioj
achev6es. il passa en Occident; ib"
abandonne,enIllyrie, de toutes sttw-
gions , il se Gt tuer par un de ses sflfr
teurs. Lesvilles de rorient, assur^*
la mort de Tempercur Macrien, ^^
rent la vengeance de son ennemi. Wj"
tus trouva un asile dans fim^. Ode-
nath vint presque aussitdt Vy assieg*;
les succ^ et les talents militains ft
prince arabe porterent le dccourap*
ment dans les murs de la ville. Bali^
[ui avait suivi Quietus k Eraese, w
u nombre des laches qui m^itaieol m
moyens de se sauver par une trahi«»»
il assassins Quietus , jeta sa t^tc aui »•
si^geants, etouvrit les portes de la w«
Odenatb y entra ; bien qu*il n^edt a0i
en cette occasion, que par les ordrcs *
Tempereur Gallien, il ne d^cida nft
(•) Suivant one interpr^toUoa pirtlcolWj
el sabtile des documeoU aacieiM, ^VS'JSi
rait eDtr6 troia fois daos AnUocbe, dm^
tons Gordiao, pais en 268, enfin deux ans api»
(260). *^
I
SYRIE ANCIENNE.
81
aenjet des rebelies. Baliste, incertaiii
do sort que I'enipereur r^rvait aux an-
eiens partisans de Macrien, redoutait
egaienieot Odenath , Gallien et Aureole.
IldKrcha son salut dans uue audacieuse
entreprise, et se d^clara empereur. II
prit la poarpre a £mese , et renferma sa
domination dans les murs de cette petite
ville. EuGn, au bout de trois ans, il fut
assassiae par un ofiQcier d*Odenath (264).
ZeDobie, veuve d'Odenath, prit le
gouveroemeDt de la Syrie. Les habitants
reconnurent avec joie Tautorite d'une
raae de leur nation. Lorsque Aur^lien
d^r^ ua en Orient , une foulede Syriens
se relirerent a Palmyre ; mais , toujours
feibies et inconstants , lis netarderent
fas a accepter Tamnistie de Tempereur,
et rentrerent dans leur pays. L'arm^e
de Palroyrene attendait Aurelien dans
lebourgdlmma, sur TOronte; trora-
peepar la fiiite simulee des Romains,
elle abaadoona ses positions, et se lanca
alapoorsaited'un ennemi insaisissable.
Arrive soqs les murs d*Aiitioche , Zab-
das, geoeral de Zenobie, pour obtenir le
passage dans la ville , annonca aux ha-
bitants qu'il amenait Aurelien prison-
aier(272). 11 fut recu avec des acclama-
tions de joie; mais la ruse devait n6ces-
sairement se d^couvrir. Zabdas resolut
de De pas attendre jusqu'au lendemain.
DjuittaAnliocbe, pendant la nuit, avec
2enobie, laissant seulement dans le bois
de Dapbnc un corps de troupes charge
d artfiter ia marche de I'empereur. Au-
raien nc trouva que cet obstacle sur
a route jus(jtt'a fimese, ou il joignit
Tannfe de Zenobie. Les Palmyr^niens
a?aient Tavantage du nombre,mais ils
wreot vaincus. On dlt que, pendant le
^mbat, Eiagabal apparut, sous une
lorme diFinc, encourageant ses anciens
sujets centre ceux qui defendaient Tin-
<lcpendance de sa patrie. Aurelien,
^pres la bataille, alia se prosterner de-
cant rautel dtlagabal ^ fimese. II
raicievadepuis un nouveau temple (*).
AprK la prise de Palmyre , Longin fut
fflw a mort dans les murs d'fimese (273).
^ de temps apres (275), Aurelien
"■^nit; Tacite fut son successeur. Le
^^ fle Rome annonija par une lettre,
riiifj^^^] poor l8 suite delaguerrede Z^nobie,
^ Livraison. (sybie anciennb.)
aux decurions de Treves, de Carthage et
d'Aotioche,r61ection du nouvel empe-
reur. Tacite donna le gouvernement de
Syrie a Maximin, son parent. Maxi-
min n'avait pas les vertus de Tacite. II
pressura les municipes syriens et excita
un soulevement general. II fut assassine
par les revokes. Les meurtricrs, crai-
gnant la vengeance de Tempereur , alle-
rent attendre Tacite en Asie Mineure, et
le tuerent, le 12 avril 276. Le frere de
Tacite , Florianus , general des legions
d 'Orient , exerc^a quelques mois le pou*
voir imperial en Asie; il fut tue par ses
propres soldats. Probus , demeur^ seul
empereur, vint (279) en S}Tie, pour com-
battre les Blemmyes , peuple du desert
voisin de I'^ypte. L empereur revint
bientot en Europe , et conGa a Saturnin
la defense de TOrient. Saturnin agran-
dit probablement la capitale de la Syrie :
s'il faut en croire Eus^be , il bStit une
nouvelle Antioche. En 280, ce gouver-
neur fut ^lev6 a Tempire par le peuple
d'AIexandrie. On ne salt pas quel parti
les Syriens embrasserent dans cette re-
volte. On manque de details exaots sur
toute cette par tie de Fhistoire. II serai t
mdme difficile de determiner les li mites
qui separaient les Perses de la Syrie, lors-
que Diocletien parvint arempire(*).
DIOCLBTIEN; MAXIllIN; LICINIUS ;
CONST ANTiN. — Daus Ic partagc de
rempire , en 292, Tempereur Diocletien
se reserva toutes les provinces d'Asie.
Vers le m^me temps (294), Narses mon-
tait sur le tr6ne de Perse. Ce prince
continua la guerre contre les Romains :
il fit la congu^te del'Arm^nie; mais, en
297, Gal^rius, apres un premier echec,
hattit les Perses, a son tour, et forca leur
roi de conclure la paix avec Diocletien.
On voit, par les dates de certaines
lois, que Diocletien sejournait assez sou-
vent a Antioche; il y etait au mois de
juillet 301 et de 302. Un ^v^nement im-
prevu le forqa de passer encore Thiver de
cette derniere annee en Syrie. Son pa-
lais de Nicom6die, qu'il habitalt ordi-
nairement , fut detruit par un incendie.
Diocletien quitta la Syrie, avant le
soulevement d' Eugene et de ses soldats
(303) (**). Cinq cents hommes, tires d'une
legion , creusaient le port de Seleucie
*) Foy. TiUemoot, t. IV, p. It
'") LibaniUi, Or. XIV, p. 3W.
6
S3
L'lmiVERS.
(sur rOronte};un of (icier, nomm^Eu-
fene, dirigeait les travaux. Les sol-
ats succombaient h la fatigue; apr^
une journ^e d'un ouvrage penible , ils
devaient passer une partie de la nuit
pour preparer leur oourriture. Enfin,
pousses a bout, ils se saisirent d'Euge-
ne, et lui impos^rent le titre d*empe-
reur. Antioche ^tait, en ce moment,
ouverte et sans defense. Eugene prit,
dans un temple , le manteau de pour-
pre dontle dieu 6tait convert, et marcha
a la t^te de ses cinq cents soldats con-
tre la capitale de la Syrie. II entra dans
la Tille ; mais le peuple, revenu de sa
surprise, et excite par ses magistrats,
massacra cette faible troupe. Ge fut sur
Antioche que retomba la colere de Tem-
pereur. Diocletien livra au boiirreau les
decurions d' Antioche et de Seleucie;
I'aieul de Libanius fut du nombre des
victimes. Les Syrjens furent delivres
d'un prince qui les traitait avec cette
odieuse s6v^rit6. Diocl6tien c^da TO-
rient a Maximin (305). Apr^s la mort
de Gal^rius, sa veuve Valerie vint cher-
cher un asile en Orient (311). Maximin
con^ut de I'amour pour Valerie , et lui
demanda sa main. II avait dej^ une
{>remi^re femme. Irrit6 du refus de Va-
erie , il la chassa dans les disserts de
Syrie qui s'^tendent vers TEuphrate. La
femme legitime de Maximin s'etait ren-
due odieuse par sa cruaut^ : on lui attri-
bua le meurtre de plusieurs dames d'An-
tioche, jet^es vivantes dans TOronte. Les
Syriens eurent en outre a souffrir tou-
tes les inquietudes d'une guerre malheu-
reuse contre les Perses en Arm^nie. II pa-
raft m^me que les ennemis firent quel-
ques irruptions en Syrie. La famine et
une maladie contagieuse mi rent le com-
ble aux raaux de cette contr^e. Maximin,
au milieu de ces tristes circonstances, fai-
salt la guerre a Constantin et a Licinius,
en Bithynie ; il fut vaincu et forc^de fuir
vers la Syrie ; mais , avant d'avoir pu
atteindre cette province, il mourut a
Tarse , dans d'atroces souffrances. La
Svrie changea de tyran ; Licinius rem-
pia^a Maximin (313 ). II fit p^rir dans les
tourments les enfants et plusieurs pa-
rents de Maximin, et precipita sa veuve
dans rOronte. II poursuivit , dans leur
solitude , Valerie et sa mere, Tune fille ,
Tautre veuve de Diocletien. Ges femmes
illustres, dans Tespoir d^^chapper as
tyran, quittdrent la Syrie ; mais les ea-
voy^s de Licinius d6couvrirent bientjt
leur retraite : elles furent d6cdpitees i
Thessalonique. D*autres condamnatioos
marqu^rent encore le gouvcrneraent de
Licinius ; une loi de ce prince sufBia
pour faire apprecier toute sa cruauU,
11 interdit I'entree des prisons aux amis,
aux parents des condamnes , et defendit,
sous peine de reclusion , de leur envofer
des secours. Les debauches de Licinraf
acheverent de le rendre odieux. Les plof
bonorables families d* Antioche fureat
souillees parses violences (*). Nous nV
vons pas a raconter sa fin : elle fiitboA*
tense pour Constantin comme pour Ur I
cinius(S23). En 824, Constantin voulol |
visiter la Syrie; mais des troubles intep |
rieurs le rappelerent en Europe. Aprts
la mortd*Heiene (327), Constantin fit
eiever en Thouneur de sa mere une sta-
tue dans lebourg sacre de Daphne, qn
prit le surnom d'Jugustalis. L'elnp^
reur affermit le christianisme en Syrie.
C'est probablement a cette occasion qae
le philosophe d'Apamee , Sopater, disci-
ple de Jamblique , vint h Constantino-
ple interceder en faveur des dieux de
Platon. Sopater trouva h la cour de
Constantin un autre Syrien, Strate-
ge , originaire d'Antioche , qui enseh
gnait k Tempereur les systemes phiio*
sophiques des gnostiques et des mam*
cheens. La Syrie eut, sous Conslantiii
comme sous le regne precedent , use
peste et une famine (333 ). On papt
le modion de bie quatre cents pieces
d'argent. L'empereureut pitie des raaiB
des Syriens; il essaya de les adoum
par des envois nombreux de bie a An-
tioche.
GONST^nCE EN SYBIB. — 'DbUS K
partage de Fempire entre les trois fils «
Constantin , Constance obtint les n-
ches provinces de I'Orient. Ce prince
eut bient6t a defendre ses possessions
de FEuphrate contre les attaquessans
cesse renaissantes des Perses. II apo"'
que Sapor assi^gcait I^isibe, en
potamie. Arrive a Antioche (338) t >|
trouva les legions de Syrie enti^renaeot
desorganis^es ; il fallait les former de
nouveau h la discipline, les preparer aux
(•)Eus6be, Fie de CotuUj, ^ - Id.,ffW.X;
SYRIE ANCIENNE.
8S
de la guerre par des exerciees
[ties, leur apprendre les manoeuvres
rQdispen8ablesau*elles avaient oubli^es.
Constance se plaisait a ces occupations
militaires; ^oand tous les pr^paratifs
foreot teraiioes , il traversa , au mois
d*octobre, les yilles d*£iiiese et d'Helio-
polis. La campagne fut , sinon brillante ,
au moios heureuse pour les Remains.
Eiie eut pour resultat de rendre ia tran-
quiiiite a la^S}Tie. Vers cette epoque , la
caoitaledecette province vit un fait sin-
Kiilier, rapporte par saint Augustin.
Ub habitant d'Antioehe ^tait debiteur
du fisc; il fut emprisonne, et me-
nace de la peine ca|)itale, par le pr^-
fet Acyndinus. Le prisonnier n'avait an-
eon moyen de sortir du peril ; mais il
^lait mari6, et sa femme ^tait belle.
ATeclecousentenieot de son mari , elle
K livra a un bomme riche pour la
sominer^clamee par le fisc. Mais, pour
comble de faoote , cette malheureuse
feoune recut de Tusurier un sac rempli
de sable. Reduite au d6sespoir , elle se
reodit aopres d*Acyndinus, et lui avoua
tout ee qui s'^tait pass^. Le prefet du
Sretoirepayalui-rafime la dette, etcon-
amna rhomme adult^re k donner au
mari uue terre dont le revenu 6galait la
dette du prisonnier. Les incursions
cootinuellesdesPerses, entre le Tigre et
l^uphratejobligerent Constances de-
JMurer et Syrie. Anlioche fut , jusqu'i
1 auQ^e 350 ,'la veritable capitale de Tem-
piw d'Orient Elle s'embellit de nou-
vdles fontainea et de portiques magni-
nqoeg; poor t^moigner a Tempereur sa
f^onaissaoee, elle orna de deux belles
rtatues de Persee et d'Androm^de les
joufeaux thermes de Ck)nstantinople (*).
ws tfa?aux d'amelioratiou que Cons-
taiice eutreprit h Seleucie , furent en-
core pour Antioche de nouveaux bien-
»it$. La capitalede la Syrie s'enrichit de
tottt le sufcrott d'aclivile de cette vi lie
^oisine. Assise sur I'Oronte, Seleucie
<^it le veritable port d' Antioche et Ten-
Iwpdtde toute la Syrie. Les navires,
?*» tra?erseiit la M^diterranee , remon*
j^^efleuvejusqu'a ses murs. Au dela,
'Oroiiteest herisse de bancs de roches,
9P»arrftentIa navigation. Ainsi, les na-
'^s'arr^taient k Seleucie, et en si
n Jol., Or. I. - liban., Or, XIU. - Cedr.,
grand nombre, qu'ils encomforaient le pe-
tit golfe form^ devant la vifle par un de-
tour de rOronte. Constance , pour faci-
liter le commerce , fit creuser un port
large et spacieux , presque tout entier
taill^ dans le roc vif Les revolutions du
sol menac6rent, pendant toute Tan-
n^e 341 , de renouveler les desastres qui
avaient afflige la Syrie a T^poque de Tra-
jan. Mais on ne marque aucun nialheur
caus6 a Antioche , ou dans la province,
par un tremblement de terre qui se
prolongea plus longtemps que ceux dont
rhistoire a fait mention.
GALLUS EN 8YBIE. -^ La mort de
Fempereur d'Occident, la revolte de
Magnentius tir^rent Constance de I'A-
sie. II rei^ut , avant de quitter Antioche,
deux 6v6ques de la Gaule, envoy6s
par Tusurpateur pour lui faire des pro -
positions de paix et d'alliance. Il re-
poussa leurs d-marches. En 351 , il c^a
le gouvernement de la Syrie et des pays
voisins au jeune Gallus, fir^re de Ju-
lieu TApostat. Gallus , tir6 d'une espece
de prison en Cappadoce , pour occuper
ce poste brillant , montra I'enivrement
d'un parvenu et Tesprit s6ditieux d'un
enfant fatigu6 du joug. Son premier acte
fut une concession a la population chrd-
tienne d' Antioche ; il sanctifia le bois si
honteusement c^lebre de Daphnd, en
faisant d6poser , sous ses ombrages , le
corps venerd du martyr Baby las. Les
paiens furent dedommag^s de Tinsulte
faite a leur culte. Les volupt6s sangui-
naires de ramphilh^fitre , favorisdes par
Gallus, firent oublier les mysterieux
plaisirs d' Adonis. Gallus avaitun carac-
tere assez6leve. Mais sa femme, Cons-
tantina , fille du grand Constantin ,
corrompit ses heureuses dispositions.
Tout leur portait oinbrage; il semblait
m^me que Galigs et Constantina pris-
sent plaisir a vivre dans des terreurs
imagjinairps. Magnentius , qui , apres sa
defaite , cherchait encore , par Tanean-
tissement de la famille imp^riale , a reu-
nir les deux empires sous son pouvolr ,
avail envoye un sicaire en Syrie. Celui
qui sVtait charjje d'assassiner Gallus ,
avdit fail eiitrerdans lecoinplot phisieurs
le^onnaires d'Antioche. Les meurtriers
se rassembiaieut la nuit, dans la chau-
miere d'une pauvre femme, situee dans
les faubourgs de la ville. Un soir, 6chauf-
6.
84
L'URlVERS.
fes probablement psf \e vin , ils parle-
rent a voix haute et sans d^uisement de
leur projet. Leur h6t€sse ne perdit pas
una de leurs paroles ; et, lorsqu*elle fut
bien inform^ du motif qui les reuois-
sait , elle s*esquiva, sans £tre aper^ue ,
et courut, en toate bSte, decouvrir a Cal-
lus le secret de la conspiration. Les
coupables fiirent arrStes ; et la femme,
qui les avait livres , re^ut une recom-
pense ^clatante. Elle fut conduite dans
les places d*Antioche, trainee sur un
char , avec tout Tappareil r^erve autre-
fois aux triomphateurs. Depuisce temps,
aucun danger n'avait menaced les jours
du prince, en qui on ne voyait qu'un de-
legu^ de Constance. Cependant , Gallus
se plaisait a nourrir ses soupj^ns. Un
espionnage , habilement organist . p^ne-
trait jusque dans le secret des demeu-
res particulieres. L'exemple du prince
animait leshonteux instruments de cette
inquisition; Gallus, I'oreille tendue au
moindre bruit, parcourait le soir les
rues de la ville, entrait dans les lieux pu-
blics , et tenait note de toutes les pa-
roles. EnGn, il fut d^couvert au milieu de
ces viles occupations. Antioche, comme
nos villesmodernes, ^tait ^clair^e la nuit;
Ic peuple reconnut le gouverneur, et se
joua de ses ruses inutiles.
Constince, craignant rinexp^rienoe de
Gallus, avait place pres de lui, dans des
emplojs Aleves, des hommes charge
de rend re un compte exact de la con-
duite du jeune prince. Parmi ces agents
de Constance, on remarquait Thalassius,
pr^fet du pr^toire d*Orient. Thalassius
montrait impudemment k Gallus les
rapports qu*il envoyait a Constance.
Le prince se consolait de la perte d*un
pouvoir r6el, par les 61oges quMl exi-
geait des rh^teurs , et en particulier de
Libanius. 11 cut Thabilet^ de se conser-
ver sans partage le droit de rendre jus-
tice, ou plotdt de se faire payer les ju-
gements. Daus une famine d^ Antioche ,
en 354, il avait, peut-^tredans une bonne
intention , abaiss^ le tarif des denr^es.
La mesure paruttyrannique, et les d^-
i*urions de la ville demanderent la revi-
sion de redit. Cette petition irrita Gal-
lus ; il ne put souffrir que des magis-
trats niunicipaux apnortassent aussi des
bornes a son autorite. II lesjugea comme
des / criminels et prononca contre eux
la peine capitale. Le comte d*Orient,
Honoratus. emp^eha seul que la sentence
fQt ex^cutee. Gallus, c6dant;malgr6 lui,
k Tascendant du comte, prit le parti de
quitter Antioche pour quelque temps.
Le peuple se pressa sur son passage,
pour le prier de differer son depart, et
de ne pas abandonner la multitude aux
tortures de la faim. Gallus repondit aux
suppliants qu'il leur laissait dans Tb6o> ,
phile , gouverneur de Syrie , un homme
capable de proven ir tons les besoins des
haoitants. Ces assurances caiinereot
rinquietude de la foule; elle permit a
Gallus de se diriger vers Hidrapolis. Ce
pendant, Th^ophile etait devenu res-
ponsable de toutes les mis^res des habi-
tants. II ne put suffire a sa dangereose
tdche. Un jour, des malheureux, a
qui la faim dtait toute raison , coura-
rent au cirque; animds par la vue des
jeux et du plaisir , par ce contraste qui
msultait a leurs maux, ils se jeterent sor
le gouverneur, et le massacrereot
lis trouverent une autre victime, Ro-
bulus , homme puissant, h qui son rang
et ses rlchesses donnaient dans la ville
une grande autorite. Eubulus et son
fils echapperent avec peine a la pour-
suite des meurtriers, qui, ne pouvaot
les atteindre, livr^rent tous leurs biens
au pillage et a Tincendie.
GALLUS BSSAIS DB SB BENDBB 15-
DBPBNDANT BN SYBiB. — Cependant
Gallus ^tait rentre a Antioche; il se
croyait d^ormais ind^pendant; le peu-
ple Tavait d^barrass^ de Th6ophile, et
Thalassius ^tait mort. Quoique Tempe-
reur lui edt envoy6 a plusieurs reprises
I'ordre de venir en Europe , Gallus de-
meurait tranquillement a Antioche,
heureux d'exercer sur la Syrie un pou-
voir sans partage. Enfin, un nouveao
pr^fet du pr^toire arriva. Gallus le vit
passer devant son palais, suivi d'une
troupe d*agents subaltemes. GetofBcier,
appel^ Domitianus, avait contracte,
dans les emplois de finances , des habi-
tudes de rudesse ; il prit possession du
pr^toire, contre toutes les regies du
c^r^monial usit6, sans avoir pr^veuu
Gallus. II s*occupa aussit6t de recueil-
lir les plaintes qui 8*^levaient contre ie
jeune C^sar, et les r^unit dans un tra^
vail ^tendu qu*il envoya a Constance.
Enfin , foro6 de venir au palais , il in-
SYRIE ANCIEi^NE.
85
tHDa a GaUos, en termes brefs, et sans
preambule, Tordre de quitter immediate-
meat la Syrie , avec menace de saisir les
Tims destine li see ofBciers. Constance,
par an feint int^rlt pour son bean-fr^re,
iQi a?ait conseill^ d'doigner les legions
d'Antioche; Gallus n*avait conserve
aupr^ de lui qae sa garde , trop faibie
pour rien tenter Gontre Tempereur,
maisassez forte, comme elle le montra,
pour punir Finsolence de Domitianus.
Ce fut aox ofBciers de sa garde que le
priooe eonfia sa vengeance. II leur or-
donna de se saisir dn pr^fet , et nomroa
oomme juge dans le proc^ , le (jaesteur
Hontias, tr^sorier de la province. Ce
questeur courut aux soldats charge
d'arr^ter Domitianus, leur repr^senta
(|u'ils ailaient commettre un crime de
lese-majesty et persuada aux officiers de
dedesowira Gallus. Ensuite, Montiusse
rendit aupres du prince, et lui rap-
pela les Immes ^troites de son pouvoir.
Ces remontrances 6pouvant^rent Gallus;
iJ4»mprit Jes perils de sa situation, et ne
rit de moyens de salut que dans un
ooup de desespoir. II con^ura les sol-
dats de sauver leur general. Les le-
eioniiaires s'emurent ; un curateur de
la Title {curator wrbis\ nomm6 Lu-
Kos, se mit a leur t^te, et arr^ta Mon-
titts. Les furieux se jeterent sur ce vieil-
lard sans defense^ et le tratndrent,
pieds et mains li^, au pr^toire de Do-
mitianus; le pr(§teur fut attache aux
chalnes de Montius , et tratne avec lui
dans \aboue, a travers la ville. Les deux
cadavres, meurtris et dechires, eurent
pour torabean les eaux de TOronte. Mon-
tius, dans sa terrible agonie, avait,
a plusieurs reprises, murmur^ les noms
d'£pigoaius et d'Eus^bius. La foule
avait reeaeiili ses derniers mots , sans
eonnattre les personnes qu'ils desi-
gnaient. On sut depuis que Montius, en
Erononcant ces noms, pensait a deux
ommes obscurs, tribuns de Tarsenal *),
qui lui avaient promis au besoin (de '
mettre des armes a sa disj)osition. Les
soup^onsde Gallus se porterent sur deux
boounes, plus connus dans Antiocbe,
Tun, tpigonius, pbilosopbede Lycie;
Tiutre, Eusebius, orateur alors en vo-
Soe. On les mit en prison , et on s'ap-
(*) Mi iribunos fabricarum ituitnulasiet,..
in. Marc, XIY , %
Sr^ta a faire avec 6clat leur nroces. Pour
onner h la vengeance les lormes de la
l^aiiti6 , le Cesar manda k Antioche
Ursicin,bravesoldat, qui d^fendait alors
I^isibe, en M6sopotamie. Ursicin, a qui
les combats avaient acquis de la cele-
brite, avait toujours montr6 de Teloigne-
ment pour les d^bats judiciaires. II au-
rait refuse de paraltre dans ce proces, si
les menaces aes delateurs , qui pr^sen-
taientd^ja h Gallus son refus comme une
trahison, ne I'eussent forc^ a c6der. Ce-
pendant Ursicin crut devoir informer
secretement Tempereur de tout ce qui se
passait en Syrie. Le jour solennel arriva.
Ursicin 6tait environn^ de juees com-
nlaisants , vendus au jeune Cesar. Une
fbule de notarii assistaient au pr^toire,
et rapportaient a Gallus , chacun a son
tour, le r6cit d^taille des moindres inci-
dents. Constantina elle-m^mevint secr^
tement ^uter les paroles des accuse.
£pigonius fut introduit le premier; sa
contenance ^tait suppliante ; livr^ k la
torture, il s'avoua coupable. Le tour
d'Eus^bius vint ensuite. Habitu^ aux
formes de la procedure, il repoussa avec
courage Taction intent^ centre lui, et
s*attad]a a en d^montrer Tillegalit^.
Gallus, irrit^, envoya Tordre de le met-
tre a la torture ; Eusebius continua sa
defense au milieu des tourments. II ne
lui restait plus qu'un soufHe de vie,
lorsque les bourreaux s'arr^t^rent. Les
juges prononcerent alors la sentence;
Epigonius et Eusebius ^talent condam-
nes a roort. lis firent place k d^autres
accuse, parnii lesquels on voyait le
jeune Apollinaire gendre de Domitia-
nus : on lui faisait un crime de cette pa-
rent6. Apollinaire, le pere, gouver-
neur dePn^nicie, le diacre Maras et des
ouvriers du Tyr, accuse, pour un autre
motif, du crime de lese-majest^, furent,
s^nce tenante , mis en jugement. Les
deux Apollinaire furent condamn^s a
I'exil. On leur commanda de partir sur-
le-champ pour leur maison de eampa-
gne, appel^e les CratireSy a quelques
lieues d* Antioche; ils trouverent la mort
en arrivant dans leur retraite; des en-
voy^s de Gallus leur bris^reut les metn-
bres et les ex^ut^rent ensuite. Ces
cruautes pjuridiques signal^rent I'an-
nee 353. Constance, indifferent aux
crimes, mais inquietdesactes d'autorit^
86
L'UNIVERS.
de Gallus, craignait que le G^r ne se
rendu ind^pendant en Syrie.Des eunu-
ques, des inlruants se reunissaient
secretement , toutes Ics nuits, autour de
Constance, et entretenaient ses fraveurs.
On discutait, dans ces conseils, las
moyens de ae defaire de Gallus. Cons-
tance r^olut de Tattirer a la cour ; illui
6crivitunelettre flatteiise pour Tinvitera
▼enir en toute bdte. « Les einbarras de
« rOccident r^lamaient lesconseilset le
« courage de Gallus. » On ne douta pas du
succesdecette lettre; mais les consei Hers
de rempereurlui donnerentde nouvelles
Inquietudes. Parmi eux ^taient Arb^-
tion, general de la cavalerie en Occi-
dent, envieux de toute sup^riorite mili-
taire, et Teunuque £usebe, chainbellan
de Constance. Ces deux hommes mon-
traieiit a Tempereur qu*il serait impru*
dent de laisser en Orient, apr^s le depart
de Gallus, un g^n^xal aussi dangereux
qu'lTrsicin. Ursicin, disaient-il8« nour-
rissatt Fid^ de detacher de rempire les
provinces d'Asie. II s'etait servi de ia
popularity qui entourait ses fits a Tar-
mee , pour squire les legions prates k
le declarer empereur. Ces accusations
^talent denudes de toute vraisemblance ,
mais elles troaverent credit aupr^s de
Constance.
Le g^n^al fut mand^ h la cour, pour
arlr^ter les plans d'uue nouvelle guerre
contre les Perses. Ursicin ob^it aussitdt;
Gallus , au contraire , n'osait se decider
h quitter la Syrie. Constantina , sa fein-
me, partit la premiere. £lle esperait tout
de son pouvoir sur son frere Constance ;
mais elle mourut en Bithynie, avant
d'arriver au terme de son voyage. Gallus
ne pouvait sortir de ses irresolutions ;
il ne comptait pas assez sur le devoue-
ment de ses troupes pour desob<^ir k
Constance. Sur ces entrefaites, arriva
a Antiorhe un offlcier adroit et intri-
gant qui mit fin aux incertitudes de
Gallus (*). Le C^ar d'Orient partit
pour Constantinople. II oublia dans les
plaisirs toutes ses craiutes. II continua
son voyage avec une insouciante s^cu-
rit^. Mais, arrive en Norique, il vit tout
h coup changer sa fortune. Mpouill^
{*)... Egressusqu€ Aniiochia^ nvmine lavo
ductante^prorstuire tendebat defumn, ui prth
verbium loquitur vetus^ ad flatnmam... Am«
Marc, XI Y, II. — roy. aassi Socrale, U, 84 ;
SozomfcDc, IV, «; PWlost, HI, 4.
des insignes de son rang par un offidor
de Tempereur, il fut livre k une con*
mission militaire , condamne a la peine
capitate, et execute dans le plus bref
delai. II avait a peine viniit-neuf ans.
L*£11PBBBUR CONSTANCB JLPPBBNO,
BN OBIENT, Lk BEVOLTB DE iULIEIf ;
8A MOBT. — Antioche, victiine du
gouvernement faible et cruel de Gallus,
eut k soiiffrir, apres sa mort, de la se-
v^rite de I'empereur. Constance avait
envoye en Syne le prefet du pretoire,
Musonianus. Ce magistrat ouvrit uoe
enqu^te -sur le meurtre de Domitianus.
Les vrais coupables, craignant pour leur
vie, couru rent deposerleurs ricbessei
aux piedsdu prefet; Musonianus lesreo-
voya absous. Mais II faUait a Tempereur
des condamiiations et des supplices ; oa
abandonna au bourreau des citoyem
obscurs et sans fortune (*).
Constance vint mourir dans le^ pro-
vinces d'Orient ou, vingt ans auparavant,
il avait debute dans 1 exercice du pou-
voir. II etait parti, en 360 , pour rAtte.
La guerre de Germanic, confiee a sa
habile general , ne reclamait pas la pre-
sence de I'empereur. Julien, frere de
Gallus, vainquenr des barbares, se
faisait declarer Auguste a Lutece , Fan-
n^ meme oii Constance 6tait alle, ea
M^opotamie, encourager les soldats
qui combattaient les Perses. L^empe-
reur, qui avait accompagn6 ses legions,
pendant la canipagne de 860, vint passer
rhiver en Syrie. II traversa Hierapolis, le
17 decembre, et arriva, quelques jours
apres , a Antioche {**). Tous les magis-
trats de la ville , les personnages illus-
tres de la province aocoururent au-
devant de Tempereur. Parmi eux , ^tait
Amphilochius, Tauteurde toutes les di-
visions de la famille de Constantin. La
vue de cet homme excita la eolere feinte
ou reelle des courtisans. lis le repous-
s^rent avec m^pris , et demanderent sa
mort. L'empereur r^pondit avec dou-
ceur : « Cessez d*accabler oet homme;
« je le crois coupable; mais je n'en suis
« pas pleinement oonvaincu. Sacbei
« que , s'il est criminel , sa conscienee
« le denoncera a mes ^^eux. » Le joor
suivant, Con|tanoe assistait aux jeux
du cirque : Amphilochius avait pris
ra
Amm. Marc, Xl^ |3. •
) Amm. Marc, XaI , 6.
SYRIE AWCIENNE.
87
pbee devaot lui. Soudain la foule des
spectateurs pousse un cri ; la lotte 6tait
cngag^ eotre deux cocbers c^lebres.
Amphilocbius, avec le rang des curieux
qui renviroanent , se pencbe vers l*a-
rene. Mats tout k coop la balustrade
cede. La foole tombe; quelques person-
Des soot blessees ; Amphilochius seul
pent ecrase. La credulity publique et la
uatterie de la cour virent dans cet acci-
dent un arr^ du destin qui avait con-
damn^ Ampbilochius. Les ^crivains an-
cieos oe di'sent pas ce que Constance fit
depois pour ia Syrie. Ce prince sans
energie passa dans le repos tout T^te.
La place de prefet d'Orient ^tait vacante
par la mort d^tiermogene. L'einpereur
nt OD choix heureux , il nomina prefet
le Paphiagonien Helpidius; (fetait un
homme simple et grossier, sans ins-
trudioa, mats d^une justice ^clair^e.
CoBslance retoarna (361), apres Thi-
ver, ea M^potamie. II y re^ut des
nouvelles iaaai^tantes au sujet de Ju-
' Ijfp; force de quitter TOrieut, il re-
passa I'Euphrate. A Hi^rapolis , il ha-
raoffua ses legions H* Apres un d6but
modeste, Constance paria de Gallus et
de Julien , des exces de Tun , de Tingra-
titude de Fautre ; il ajouta des lieux com-
IDUDS siir les secours du del et sur Tef-
froi doot seraieiit iofailliblement saisies
les legions rebelles a la vue de Tarm^
d'Orieot. Ce discours enflamma Ten-
thoiisiasme des soldats.Us brandirent
leurs piques , et demanderent h mar-
cher suMe-champ contre Julien. Ces
vives demonstrations dcnnaient un peu
d'assuraocea Tempereur; mais, pendant
ia ouir, son sommeil ^tait trouble par
^ts visions eifirayautes {**), Son pere lui
apparaissait tenant par la main un bei
eotaot, qui jetait loin de Constance une
Sre, tigurant rerapire. D'autres fois,
it son genie famuier aue le malheu-
reux prince voyait prendre conge de
hii. C'est sous ces tristes impressions
que Tempereur entra k Antioche (***)•
n SoUiatut semper, ne quid re levi vel verbo
fonmitlam inculpata parum congruens ho-
*<*ta(i , vtque cauius navigandi magisler, cla*
«» Jfronuctum jnoUbm erigcns vel inctinans,
ff^llor nunc apud vot, amantisaimi viri ,
^VUeri meos errores , quin potius {si diet
^i verum) humanitatem. Amm. Marc.,
HMa.
(•*•) /d., ibid., 15*
II y resta pea de temps : la saison etait
avanc^e; rautomne touchait asaHn,
lorsqu'onse miten marche. Les legions,
en sortant d' Antioche , arriverent, au
point du jour, a la troisi^me pierre
milliaire, dans un endroit appele Hip-
pocephalus. On y trouva un homme
assassine; la position du cadavre pr^
sageait de grands malheurs. L*empe-
reur quitta la S)[rie avec d^couragement;
il succomba a ses inquietudes dans
une bourgade obscure, au pied du
Taurus.
l^empsreub julien; il tisitb
l'obient; son sbjoub a antioche;
IL SSSAYE en YAIN DE BANIMEB
l'ancienne beligion; sa moet. —
Julien , rest^ seul maitre de feinpire ,
destitua Helpidius , qui 6tait Chretien ,
et donna ia prefecture d'Orient a Sai-
luste ; c'est apres ce cbangement dans
radrainistration , en 862, que Julien
Vint en Orient. L'empereur d^sirait vi-
siter la capitale de la Syrie. II prit les
routes les plus courtes de Tarse a An-
tioche; arrive k quelque distance de
cette ville , il rencontra une grande par«
tie des habitants. Cetait la population
paienne aui venait saluer, comme une
divinite , le restaurateur de Tancten cuU
te (*). Au milieu des acclamations de
cette fouJe , Julien s'entendit avec ioie
appeler T^toile de TOrient. Cependant
une circonstance fortuite assombrissait
la joie commune. Le cortege de Tern-
pereur devenait plus serieux et plus
^ave k mesure qu'on approchait d*An-
tioche. En entrant dans ses murs , Ju-
lien fbt firappe par des sons lugubres;
les gemissements avaient succede aux
chants de f^te. On ceiebralt la mort
d'Adonis. Julien trouva sur la liste des
personnages qui sollicitaient Thonneur
d'etre admis en sa presence un certain
Thalassius, ennemi de Gallus, frere de
Tempereur ; il lui interdit la porte du
palais. Les ennemis de Thalassius ap-
prirent aussitot Taffront quil venait de
souffrir. Le lendemain , comme ils plai-
daient contre lui, ils s'adresserent k
Tempereur en disant : « Votre ennemi
Thalassius nous a enleve ce qui nous ap-
partient. » Julien comprit que ces hom-
(*) Mirahu voces mullitudinis maona, so-
luiare sidus itUuxisse Bois partibue aadairidn-
^. Amm. Marc, XXII, 9.
88
L'UNIVERS.'
nies voulaient profiter de la disgrace de
Thalassius. II leur repondit : « Qui , cet
hoinme m'a ofTens^; ii est convenable
que vous remettiez vos accusations
au jour ou faurai re^u satisfaction de
nion ennemi. » Et en m^me temps il d^-
fendit au pr6fet de continuer le proces,
avant que Thalassius edt obtenu un re-
tour de faveur.
Uempereur passa Thiver k Antioche.
Applique tout entier aux causes judi-
cial res, les plaisirs et les voluptes de
la Syrie ne le detournerent pas un ins-
tant de ses occupations s^rieuses. Sim-
ple dans son palais , entour6 de philo-
sopbes qui prenaient a t^che de se dis-
tinguer par i'austerite de leurs moeurs
et de leur costume , Julien ne s'envi-
ronnait des pompes asiatiques que pour
aller aux temples honorer les meux
qu'il avait retablis sur leurs autels.
Aussi saint Jean Chrysostome, qui n'a-
vait pu penetrer dans la vie privee de
Tempereur, et qui n'a vu que le c6t6
exterieur de ce grand homme, I'a-t-il
d^peint sous un jour peu favorable. « Les
« magiciens, dit Chrysostome, les en-
« chanteurs, les devins, les augures,
M les fanatiques de Cybele, et tous les
« charlatans de Timpiet^ s'etaient ren-
te dus aupres de lui de toutes les con-
« tr6es de la terre : son palais ^tait
« renipli de fugitifs fl^tris par des ju-
« gements. Des mis^Tables,qui avaient
« ete condamn^s pour empoisonnements
« et pour malefices , qui avaiejit vieilli
« dans les prisons, qui travaillaient
« aux mines, qui pouvaient h peine
« soutenir leur mis^re par le commerce
« le plus infSme, rev^tus tout a coup
«( de sacerdoces et de sacrificatures , te-
t naient aupres de lui le rang le plus
« honorable. Environn^dejeuneshom-
*c mes perdus de debauches, de vieillards
« encore plus dissolus, et de femmes
« prostitutes, qui faisaient tout reten-
« tir de leurs ris immoderes et de leurs
-« paroles impudentes , il traversal t les
«*rues et les places de la ville; soncbeval
« et ses gardes ne le suivaient que de
« loin C). »
On a vu , dans cette histoire, combien
les peuples de FOrient t^moignaient d*6-
loigneraent pour les empereurs dont la
(*) Chrysos., de Sanct. Babyl. contra Jul,
cl GcnL
conduile etait grave et severe. Dans
cette disposition du caractere national
se trouve rexplicalion de la conduitc da
Julien. C^tait pour lui une necessite , il
le savait, de d6poser parfois le manteau
du philosophe, pour ne pas blesser ia
multitude. Ainsi peut-on accorder, coin-
me Tont d^ja fait de grands ^ivains mo-
dernes, le t^moignage de saint Jean
Chrysostome a vec leselogesque nous oat
laiss^s de la conduite de Julien tous les
^crivains i)aTens. Cet empereur tenaita
la popularity , moins par politique que
par amour-propre. Avec d*emiaentcs
qualites, il avait un g^nie mimique. H
ne reussit point a exciter radmiration
des Syriens. Le peuple railla Tempbase
sophistique qui Temportait toujoun,
chez rempereur,surlamajeste du pr^tit
paTen. Julien se livrait k la risee de la
loule , en paraissant avec un exterieur
malpropre , une barbe heriss^ , au mi-
lieu des prjgtresses et des courtisa-
nes. 11 n'en continua pas moins a dA^
brer de la m^nie maniere les rites #i
paganisme. II voulut visiter le temple de
Jupiter, sur le mont Cassius. Apres avoir
sacrifie au dieu , il vit prosterne a ses
pieds un suppliant qui implorait son
pardon. L'empereur lui demanda son
nom. Le suppliant lui repondit « qu'il
^tait Th6odote , presidial de Hi^rapolis,
qui av^it excite contre Julien la ooiere
de Constance. » Lorsque Th6odote eut
finl de parler, Julien lui dit : « Je savais
d^ja ce que vous venez de me dire. Re-
tournez chez vous , et ne craignez phis
un prince aui a pour regie de diminuer
le nombre ae ses enneniis et d'augmenter
celui de ses partisans (*). » Julien alia da '
mont Cassius au temple de Daphn^. Ce- I
tait alors le jour oil, depuis des siecles, I
les paiens d'Antioche venaient en foule
adorer Apollon. L'empereur entra dans I
le sanctuaire , ou il oomptait trouver de
nombreuses Tictimes. Le temple ^it
vide. Julien pensa que par respect pour
sa quality de grand pr^tre, on n'avait pas
voulu introduire les offrandes avant son
arrive. II sortit, et chercha vainement
autour du lieu sacr^ les troupeaux qui
devaient ^treimmol^. Frapp6d'etonne-
ment, il rencontra le pr^tre d*Apollon,
qui apportait une oie pour le sacriilee.
Cette vue dut le convaincre de Tinati*
nAmiD. Marc, XXn, 14.
SYRIE ANCIENNE.
89.
lite de ses efforts pour rendre la vie a
Tajicienne religion.
Julien avail port6 jusqu'a deux cents le
oomlrredess^Dateursd^Antioche; iravait
iaisse au peuple l^election de ces nou-
Teaux magistrals inunicipaux ; mais il
dm retirer aussildl la faveur qu*il ? enail
d^aocorder. « Souvenez-Tous, dil-il dans
« le Misopogon^ de ce senaleur que vous
• instalidtes, de voire autorile privee,
« avant que son nom fdl sur la lisle ,
• lorsque le proces , donl sa nomination
« fut suivie , etail encore pendant; el de
« oe mis^able que vous prttes dans la
1 rue pour le Iralner au s^nal. C'elail
• un booune sans bien, de la lie du peu-
• pie , en an mol , de celte espece de
« gens qu'on ne regarde dans aucune
« ville , et que vous , au conlraire , par
« an effet de voire rare discernemenl,
« vous estimez comme des hommes pre-
c cieux y qu'U faut acheler au poids de
« Tor. Lapluparldevos elections elaienl
< aussi peu judicieuses , el ie ne pus me
« jir¥teratoutesvosirr^gulariles(*). »
L'indifference que les Antiochiens
montraient pour leurs d roils munici-
paux, affecla Julien. D*aulres 6vene-
ments, fincendie du lemple d*ApolIon
el la diselte qui aiiligea TOrienl, achev^
rem de lui rendre insupporlable le sejour
de la Syrie. La famine n'eul d^aulre
cause que Tavarice des sp^culaleurs el
le zele ininlelligent de Julien. Uempe-
reur avail voulu signaler sa presence ^
Anttochepardes bienfaits. II avail toul
d'abord call remise aux babilants de
Tarriere, et redoil d'un cinquieme les im-
^is annuls. Le peuple , encourage par
ses concessions, s'^lail ^leve contre la
chert^des vivres : « Toul abonde, criail la
multitude, el nous manquons de toul! »
Ges plainles furent 6cout^s favorable-
menl par I'empereur ; il adressa des re-
roontrances aux citoyens riches ; les mar-
chands promirenl de se contenler d*un
iDoindre proGl ; mais le prlx des denrees
resta le m€me. Quelques mois se passe-
reol sans que rempereur pardt faire
atteDtioD aux besoins du peuple. De nou-
velles plainles r^veillerenl enOn sa soKi-
citode. II eul recours a une mesure s6-
^ere, qui, deslinee a pesersur les riches,
ecrasa les necessiteux. Un tarif ful 6ta-
(% CEttvrfts d^Jiili<rn, traduUps p»r Tourlel*
t>n,p. 116.
bli pour les denrees. Chacune ^lail laxce
a un prix tres-minime, qu'on ne pou*
vail depasser. En m€me lemps, Julien
envoyail chercher, k ses frais, aux exlre-
mit^ de la Syrie, qualre cent mille bois-
seaux de ble. Un peu apres, vingl-deux
mille boisseaux arriv^renl d*£gypie. Ces
provisions Elaienl achetees aussildl
qu'elles paraissaienl sur le march6. Des
accapareurs enlevaienl au prlx couranl,
^tabli par Tautorit^ imperiale , les mar*
chandises deslinees^ soulager la mis^re
du pauvre. Les marchands de lout genre
emigraienl plut6l que de vendre les ob-
jets de leur commerce h un laux arbi-
Iraire el ruineux. Le peuple , donl les
soufTrances augmentaienl chaque jour ,
accusail I'empereur des maux donl il
n'^taitque la cause involontaire. Julien,
de son c6t6, aigri conlre la population,
demeurait avec peine dans les regies de
moderaiion el ae douceur ^u'il s'elait
Iracees. Pouss6 par les ofOciers de son
palais, il se determina a des violences. II
ordonna Tarrestation dessenaleurs d'An-
lioche. J^e sophiste Libanius, son ami,
le supplia de revoquer eel ordre lyran-
nique. Les conseillers de Julien, Idmoins
des prieres de Libanius, oserenl, en
{)resence de Tempereur, le menacer de
a morl. Le sophisle demeura ferme et
oblinl la grdce de ses concitoyens. Le
malaise du peuple dura aussi longtemps
Sue Thiver. Julien demanda le secours
es dieux par des sacrifices; tous les
plans qu*il formail pour assurer le
bien public Elaienl lravers6s. II avail
donnedes lerresau peuple ; les riches s*en
emparerent. Julien chassa non sans
peine les spolialeurs. Pousse h boul,
rempereur epancha sa colere dans une
salire contre les Antiochiens. II ecrivit
le Misopogon ( Tennemi de la barbe ) ,
appele aussi le Livre Antiochien. Julien
rappelle , dans eel ^cril, la froideur avec
laquelle les Syriens le saluerenl, quand
il pril le lilre d'Augusle. « Les Alexan-
dnns, dil-il, envoyerenl a Tempereur
une ambassade el des felicitations en Eu-
rope bien avanl les Antiochiens. Ceux-ci
furcnl mSme les demiers k lui rendre
hommage. » Julien r^capilule ensuite les
desordres donl il a el^ l^moin , les in-
jures donl il a et^ viclime en Syrie. La
ploparl des inveclives donl on Ta acca-
ble, il ne les a merilees que pour avour
90
L'UNIVERS.
maoqu^ aux usages. « Aussi , dit-il , le
« tribut qu*exige-de moi la tyrannie de
« Fusage , je le pa)^e avec la contenance
« d'un fermier qui n*apporte k un maftre
« dur qu'une faible partie de ce qu'il lui
« doit (*). » Le Misopogon fut I'adieu de
Julien k Aotioche. II annonca sa ferme
intention de quitter .cette vme. Peu de
temps apr^s avoir livr^ au public son
ouvrage , il partit pour Hierapolis. Le
Seuple i*accompag[oa assez loin , faisant
es voeux pour lui , et le priant d'apai-
ser sa colore et de revenir encore dons
la capitale de la Syrie. Julien fut inflexi-
ble, ll preposa au gouvernement de la
province Alexandre, homme dur et tur-
bulent. En faisant choix d'Alexandre,
Julien disait : « II n*a pas m^rite cette
« place; mais les Antiocniens, raceavare
« et frondeuse, ont m^rit^ un homme de
« cette espece. » Les jours de Julien cou-
rurent quelque danger, la veille de son
depart. Un complot ^tait form^ contre
lui ; des soldats avaient conqu le projet
d'assassiner Tempereur : les coupables,
sVtant enivr6s, decouvrirent eux-m^mes
leursdesseins. Julien leur accordn le par-
don, montrant plus de douceur a regard
dfs assassins qu'envers la ville d'Antio-
che. Les s6nateurs, pour lui donnerun
teraoignage de respect, Faccompagne-
rent durant le premier jour de marche
( 5 mars 363 ). L'eropereur, arrive dans
la soiree h Litarbes , bourgade peu eloi-
gn^e de Chalcis, renvoya les s6nateurs k
Antioche , leur r^petant que sa d6cisioh
etaitimmuable, etque leurs concitoyens
ne le reverraient plus. Le 6 mars, il arriva
h. Beroe; il gagna ensuite Batna et Hie-
rapolis, lieu de reunion design^ aux dif-
f^rentes l^ions. L'entreede Julien dans
Hierapolis fut marquee par un malheur.
Cinquante soldats, places sous un por-
tique, furent ecras^s sous la chute de cet
edifice. Julien passa la revue de son ar-
mee, traversa TEuphrate, et courut en si-
lence surprendre 1 ennemi,quine sedou-
tait pas du mouvement des Romains (**).
Gibbon a raconte, a sa maniere,
quelques^uns des incidents du voyage de
Julien en Syrie. Nous les reproduisons
ici : « Julien, dit-il, doming par son
(*) CBuvret d€ Julien , trad, par Toarlet,
t. II, p. 372. , F~
(**) Amm. Marc, XXni , 2; Jul. , Bp. 27. —
Foyex auMl Evagr., Yl , il. — Thtod., Ill , 17.
ardeur guerriere , se mit en cami
d^ la fin de Thiver. Apres une mai ^
laborieuse de deux jours, il renvoya, aiei
des reproches et des marques de meprif|
les senateurs d* Antioche, qui racco»
pagn^rent au dela des homes de leur tflf>'
ritoire. II sejourna, letroisieme , a Ben!
ou Alep , ou il eut le deplaisir de tn^
ver un s^nat com|)ose presque en eolkl
de Chretiens , qui ne repondirent 9»
par un froid respect k T^loquent disconi
de Tapdtre du paganisme. Le fill dr
Tun des plus illustres citoyens de eeMj
yilie embrassa , ^ar interSt ou par pcfr
suasion, la religion de remperear,et|
fut desh6rite. Julien invita le p^ eCk'
fils a la table imperiale; et, se pla(i4
au milieu d*eux. il reoommanda, sai
succes, cette toUrance qu'il pratiquil
lui-m^me; il souffrit, avec un dot
simuie , le zele indiscret du vieox ^
tien , qui paraissait oublier les seot^
ments de la nature et les devoirs d'oi
sujet; et, se tournant ^ la fin Tend
jeune homme afllige, « Puisque voal
« avez perdu un pere par attachenMot
a pour moK lui dit-il , c*est amoidt
« vous en tenir lieu. » II fut recu d'M<
maniere plus conforme k ses (fesirs,a
Batna , petite ville agr^ablement situ^
dansun bocage de cypr^,^environTio||[
milles d'Hierapolis. Les habitants , qs
semblaient attaches au culte d'ApolJoB
et de Jupiter, leurs divinites tutfiaireit
avaient prepare toute la pompe d'lit
sacrifice ; mais le bruit de leurs applaiH
dissements blessa sa piete modeste; i
crut voir que I'encens qu'on brdlaiiw
les autels etait Tencens de la flalt««
plut6t que celui de la devotion. L*and«i
et magnifique temple qui avait rendu II
ville d Hierapolis celebre si longlemg^
ne subsistait plus ; et les riches (jropnt*
tes qui nourrissaient plus de trois cents
pr^tres, avaient peut-^tre h^te sa chiitt.
Au reste, Julien eut la satisfacllj
d'emhrasser un philosophe et un an.
qui avait eu la fermete de r&isler aoi.
soUicitations multiplices deConstanJ
et de Gallus, toutes les fois qu'«^'^
rent chez lui , dans leur passage a IW-
rapolis. II paraft qu'au milieu des p*
Saratifs militalres et des epanchementt
'un commerce familier, Julien monlrt
toujours le mfimc zele pour sa rehgioD.
11 avait entrepris une guerre important
STRIE ANQENNE.
91
Bl diffidie ; inquiet sur son issue , il ^tait
lbs attentif a observer et a noter les
Doiodres pr^ges d'ou I'on pouvait ti-
«r ^que coanaissaace de Taveoir,
I'apres tes r^les de la divination. II
Dstruisit Libaoius des details de son
oyage jusqu'a Ui^rapolis par une lettre
|iu aoDOiice la facilite et ia griice de son
Aprit, et sa teodre amiti^ pour ie so-
»biste (fAotiocbe. Les troupes romai-
les SB reuflireot a Hierapolis, situee
vesque sur les bords de Thuphrate , et
ttssereDtaiissft6t ce fleuve sur un pont
Ie bateaax qui les attendait. Si Julien
mit ea tes inclinations de son pr^d^-
iesseur, ii aurait perdu la belle saison
la&s Ie cirque de Samosate , ou dans les
IgHsesd'^esse. Ayant choisi, non pas
ilODstance, mais Alexandre pour son
nodele , il se reodit sans dclai a Carrhes,
riUe tres-aacienne de la Mesopotaniie,
I <)uatfe-viDgu milles d'Hi^rapoiis. » On
salt quelle fut Tissue de oette campagne.
Apres s*6tr8 eogag^ dans Ie pays en-
nemi , JuJieD reQut une blessure mor-
telle, eo eombatunt avec bravoure h
Is t^ de ses soldats.
CHAPITRE VIII.
U STAR DEPUIS LA MOBT BB JULIEN
3USQU'AL*mVAS10N DBS ABA.BES.
SEJOiri DBS BMPBBEUBS JOVIEIf
*I TALEJfS BN 6TBIB. — LcS Antio-
Aiens lrou?aient toujours des occasions
« i«ux et de fttes. La population chr^
tienne lit ^ater des transports de joie
» la nouvelle de la mort de Tempereur.
Uo seal homme peut-^tre, Libanius,
pleura siooerement la fin malheureuse
oe Juiien. Ls sophiste perdait un ami
Plut6t qu*un protecteur. Lorsque Li-
«aias arait a prononcer un discours
ft» public, Pcmpereur passait des nuits
tttieres dans Pmsomnie, tant il s'int^-
**»it aux succes de I'orateur k qui
IJj^ois il dounait Ie nom de fr^re. Li-
mm n*oublia pas, apres sa raort,
^oi qui, duraot sa vie, lui avait donn^
>*>Bt de preuves d'affection ; il honora
•OQJoars courageusement, au temps
^ des reactions , la m^moire de
i^^Djpereur. Le peuple d'Antioche , qui
^ prodigu6 la raillerie contre Ju-
IJ^rifepargna pas dayantage son suc-
*^~^. Jovien fit son entr^ dans la
capitaie de la Syrie, a la fin de sep-
tembre ou au commencement d*octobre
(363). La populace turbulente re(^t ac-
cueilli par une r^volte, si le prefet Sal-
luste n'avait employ^ toute son autorit^
pour maintenir Tordre dans la ville.
« Les affaires publiques de Fempire,
dit Gibbon, se trouvecent , a la mort
de Julien , dans une situation prec^ire et
dangereuse. Jovien sauva Tarmee ro-
maiue au moyen d*un traits honteux ,
mais peut-^tre n^cessaire, et il consa*
era les premiers instants de la paix k
rendre la tranquillity a r£tat et a re-
alise. La conduite de son pred^esseur,
loin d'adoucir Tanimosit^ des factions,
avait enflamme la violence des querelles
religieuses par des alternatives de crainte
et d'espoir. L'une se fondait sur une
longue possession , et Tautre sur la fa-
veur du souverain. Les Chretiens ou-
bliaient tout a fait le veritable esprit
de r^vangile, et I'esprit de Tl^glise 6tait
pass^ chez les paiens. La fureur aveu-
gle du zele et de la vengeance avait
aneanti chez les particuliers tons les
sentiments de la nature. On corrompait,
on violait les lois; le sang coulait dans
les provinces d'Orient, et Tempire n'a-
vait pas de plus redoutables ennemis
aue ses propres citOyens. Jovien , elev^
dans les prmcipes et dans Texercice de
la foi cbretienne, fitd^ployer T^tendard
de la croix, a la t^te des i^ions, dans
sa marche de Nisibe k Antiocbe ; et le
labarum de Constantin annonca aux
peuples les sentiments religieux du nou-
vel empereur. Des qu'il eut pris pos-
session du trdne , Jovien fit passer aux
gouverneurs de toutes les provinces
une lettre circulaire, dans laquelle il
confessait les v^rit^s de Tfivangile , et
qui assurait Tetablissement le^al de la
religion chr^tienne. Les edits msidieux
de Julien furent abolis; les immunity
eccl^iastiques furent r^tablies et ^ten*
dues , et Jovien d^plora le malheur des
circonstances , qui obligeaient a retran-
cher une partie des aumdoes publiques.
Les cbr6tiens chantaient unanimement
les louanges du pieux successeur de
Julien ; mais ils ignoraient encore quel
symbole ou quel concile le souverain
ehoisirait pour r^le fondamentale de
la foi orthodoxe; et les querelles re-
ligieuses, suspendues par la pers^cu*
n
L'UNIVERS.
tion , se rallumerent avec une nouYelle
fureur. Les 6v^ues des partis opposes
se hAt^rent d*arriver a la cour d'£aesse
ou d'Antioche , convaincus par Inexpe-
rience qu'on soldat ignorant se d^ter-
minait par les premieres impressions ,
et que'leur sort d^pendait de leur acti-
vite. Les cbemins des provinces orien-
tates etaient couvertsde pr^lats liomoou-
siens, ariens, semi-ariens et eunomiens,
qui t^chaient r^ciproquement de se de>
vancer. lis remplissaient les apparte-
mejits du palais de leurs clameurs , et
fatiguaient Tenipereur ^tonn^ d*un me-
lange d'arguments m^taphysiqueset d'in-
vectives personnelies. Jovien leur re-
commandait I'union et la cbarite. Sa
moderation passait chez les fougueux
pr61ats pour une preuve de son indiffe-
rence; mais ils d^couvrirent bient6tson
attachement h la foi de Nic^e, par le
profond respect qu'il montra pour les
vertus du grand Atbanase , Ag^de soixan-
te-dix ans. Get intr6pide oefenseur de
la foi etait sort! de sa retraite d^ qu'il
avait appris la mort de son persecuteur.
II etait remonte sur son si^ge archil-
pisco^al aux acclamations du peu[>le,
et avait accept^ ou prevenu I'tnvitation
de Jovien. La figure venerable d'Atha-
nase, son courage tranquille et son 61o-
Suence persuasive , soutinrent la r^puta-
on qu'il avait successivement acquise h
lacourdequatresouverains. Apres s'^tre
assure de la oonfiance et de la foi de Tern-
pereur cbretien , il retourna glorieuse-
ment dans son diocese d'Alexandrie, qu*il
gouverna, pendant dix ans, avec sa sa-
gesse et sa termete ordinaires. Avant de
quitter Antioche , il assura Jovien qu*un
r^gne long et tranquille serait la recom-
pense de son orthodoxie. Le preiat etait
persuade, sans doute , que, dans le cas
ou des evenements contraires lui 6te-
raient le merite de la prediction , il lui
resterait toujours celui d'un voeu dicte
par la reconnaissance. Jovien eut le boa-
heur ou la prudence d*embrasser les
opinions religieuses le plus accreditees
par le nombre et le zele d*une faction
puissante. Lechristianismeobtint, sous
son r^gne, une victoire longue et dura-
ble, et le paganisme disparut, des qu'il
ne fut plus encourage par la faveur de
Julien. On ferma ou on deserta les tem*
pies de la plupart des villes; et les phi-
losophes, qui avaient abuse d'unefaTnr
passagere , crurent ou'il 6tait prudol
de raser leur longue narbe et de de^
ser leur profession. Les diretiens semi*
rent a m^me de pardonner oa de vei
les insultes qu'ils avaient souffertesi
le regne precedent. Mais Jovien disripi
les terreurs des paiens par un ^it a^tf
qui, en proscrivant I'art sacrilege deli
magie, accorda a tous ses sujets I'eici^
cice libre du culte et des cereiDonies i
I'ancienne religion. L'orateor, enniji
par le senat de Rome pour rendreboi^
mageau nouvel em pereur, a oooservil
souvenir de cette loi de tolerance. 11 1^
presente la ciemence comme on d«
plus beaux attributs de la naturedlTitt,
et I'erreur comme inseparable de Fht*
manite. II reclame rindependaooe di
sentiments , la liberte de la conscieoKt
et plaide eioquemment en faveur (Tdi
tolerance philosophiaue, doot la snpcft
tition elle-meme ne dedaigne point din-
voquer le secours dans des moipali
d'impuissance. II observe, aveciaisoo,
que, dans leur changement de fbrtaae,
les deux religions ont ete ^atawot
deshonorees par d'indignes prosd]fteSi
par de vils aoulateurs du souveraiop
passaient avec indifference et sansr»
gir du temple de Jupiter a la ooinfll*
nion des Chretiens. Dans le cours •
sept mois. les troupes romainesjj
arrivaient a Antioche avaient ^proov^
durant une route de quinze cents oiil»i
toutes les infortunes de la ^erre, tjH*
tes les rigueurs de la famine el (T* j
climat brdlant. Malgre leurs ssn«»^
leurs fatigues, et Tapprocbe de ITjJ^
Timpatient Jovien n^accorda aux »*
mes et aux chevaux que six seDMjJ;
pour se reposer. L'empereur sooffl*
avec peine les railleries mordantcs*
indiscreies des habitants d'Antioci*. »
etait tres-pressed'arriver a Conslaoow'
pie , de prendre possession du pa»»j
et d'eviter que quei^ue connpetiteur"
s'empardt du trone imperial. » .
D'ailleurs les affaires generales •
I'empire reclamaient sa presence enup
cident; il partit au mois de decemore,
mais il n^arriva pas au termc de sw
voyage. II mourut en Galatie , l« ^* ^
vrier364. , i j-a
Valentinien, successeur de iovw
chercha a soulager les provinces, i^
SYRIE ANOENNE.
oopagDessecban^eaieotend^serts; des
pnt^lescessaient de produire faute
ieoraspoar les cultiver. Les presidents
des provinces , loin de prevenir ces nial-'
fmrs, les aggravaieat en faisant peser
sur les rares habitants des campagnes
lepoidsdestravaux publics ou parlicu-
fien,eoDfies autrefois aux armees(368).
ValeDtioien porta uneloi contrece genre
d'exactioDS.!! fut defendu, sous les peines
les plus fortes, aux officiers imperiaux
de prendre ia joumee du iaboureur;
ees m^mes peines furent etendues aux
travailleursqai offriraient leurs bras (*).
De pareils reslements ne pouvaient re-
tabiir raboDdance. LaSyrie offrit, i*an-
i6e saivaate, un triste exemple de de-
solation n (369). Les habitants de Ma-
latocupros, bour£ voisin d'Apamee
(itoratocupreAi], (Siercherent , dans un
^iidadeuxl)rigaDdage, des moyens de
nbsUter. Leur nombre , chaque jour
crotssanVeties ruses qu*ils employaient,
les reodireot bientdt formidables. De-
guises eomardiaods, en officiers d'un
^g^eve, ils pillaient les maisons
«artees, p^n^raient dans les maisons
decampa^ et dans les cit^. lis mar-
dwienl separ^meot au but de leurs en-
trepristt, et se trouvaient reunis au
moment et au lieu indiqu^s. Une bande
de ces brigands entre un soir .dans
Apainee; elle etait preced6e d'un he-
2«t; a la tfte de la troupe marchaient
deiHhomnje8;ran portait le costume
<ioffi(aer impiSrial, Tautre jouait • ic
5>« de receveur du Iresor. Ils vont
aroita la maison d'un riche habitant de
la vilie. I^ prescntent un ordre de Tem-
P^reur quicondamne a mort ce citoyen,
« Teieeutent aussit^t. Plusieurs de ses
wrvtteure, jlac&d'effroi, sont perc^s de
^ps aepee aupres du cadavre de leur
J^re. Apres avoir pill6 la maison, la
MMe se retire, au point du jour, em-
g)rtant avec e)le son bulin. Les habi-
tants de Maratocupros renouvelaient
2^ cesse leurs attaques sur les diffe-
«nls points de la Syrie. L'autorite
Jjnseaenfin adetruire ces malfaiteurs.
^esde toutes parts, Us p^rirent tons
JJB exception, avecleursenfantsen bas
"Sjisous les mines de leurs maisons. 1
^'epuis longtemps Antioche n'avait
!-% ^^ff*'- "•"'«•»»» el «•"•
' . Amm. Marc., XXVIll, -l
pas vu Tempereur dans ses murs , lors-
que Valens, fr^re de Valentinien, et as-
socie au souverain pouvoir, passa, en
871, dans la capitate de la Syrie pour
aller combattre les Perses. Le vieux Li-
banius avait prepare uu panegyrique;
on ne permit pas a cet ancien ami de
Julien de le lire jusqu'au bout (*).
Valens passa une partie des hi vers sui-
vants a Hierapolis ; il y fiSta , en 373, la
dixieme annee de son regne , et recut,
h cette occasion , les presents des pro-
vinces. Un complot forme contre sa vie
troubla son esprit d6}h tres-faible : dep'uis
ce moment, I empereur livra aux bour-
reaux tous les innocents que poursui-
vait le zele inquiet des delateurs (**). Le
hasard avaitfaitdecouvrir la conjuration.
Fortunatien, comte du tresor, attaquait
en justice Anatolius et Spudasius, tous
deux attaches au palais ; il les accusait
d'avoir detourne des valeurs. Un intri-
f;ant, Procope,soutintau pr^toire (]ue
es deux inculp6s cherchaient a ^viter
rembarras d'une justification en faisant
assassiner leur accusateur; il d^signait
comme charges de ce meurtre, un cer-
tain Palladius et le magicien Helio-
dore. On appliqua ces deux hommes a
la torture. Dans les tourments , Pal-
ladius s'ecria quMI avait les secrets les
plus graves a r^v^ler, et il decouvrit
aux ju^es les investigations auxquel-
les trois personnages respectables, le
presidial Fidustius, Irenee et Perga-
mius s'etaient livr^s pour connaltre le
nom du successeur de Valens. Ils s'6-
taient adjoint Hilaire et Patricius,
hommes habiles dans Tart de la divina-
tion, et tous cinq de concert avaient fini
par se persuader que le futur empereur,
designe par le Destin , ^tait Theodore,
d'une famille ancienne des Gaules, et se-
cretaire pavticulier de Valens. Ils fireiit
part de leur decouverte a celui qu'elle
devait int^resser le plus vivement ; Fi-
dustius chargea un nomme de science
et de reputation , qui, peu de temps au-
paravant , avait , en Tabsence du prefet,
gouvern^ TAsie , Eucaerius, de porter la
nouvelle a Theodore. Telles 6taient les
P
/) Ltbanii Fila. — Themist., Or. 12.
(•*) Amm., XXIX, I. - Uban.. Or. 28.-Grvg.
Naz., Ep. I37» 138. — Chrysost., y4d. vtL Juu,
et O'Oi., Z contra Anomao*. — Cedr., 1 11, p.
313. — Phllosl., IX, 15 — Zo8., Vf, 35. — Soc,
IV, 1».
u
LUNIVERS.
d^larations dePaIladias,confirin^s en-
core par les 6claircissements et les nou-
▼eaux details que la torture avait arrach^
h Fidustius alors h Antioche. Theodore
n^etait pas en Syrle ; on alia le chercher
a Constantinople, ou des affaires parti-
eulieres I'avaient appel^ ; il fut ramen6
en Syrie. Mais, au lieu de le d^tenir k An-
tioche , oh ses partisans auraient pu fa-
ciliter son Evasion , on Fenferma dans
un chateau voisin de cette ville. Cepen-
dant les prisons se remplissaient d'ac-
cus^s ; on y jetait tons ceux qui poss^-
daient des richesses. Une insatiable
avarice excitait Valens et la foule des
courtisans qui se trouvaient dans son
palais; les biens des condamnes, d6-
tourn^s du tresor public, devenaient le
partage des d^lateurs. Qi ne se donnait
nfi^me pas la peine de prater des crimes
ima^inaires h ceux dont la fortune ir-
ritait, Tenvie. Les malheureux propri^-
taires appliques h la question, taisaient
eux-m^ines, dans les tournients, des
aveux qui legalisaient leurs condamna-
tions. Un des accuses, Palladius, pour
^chapper aux horreurs du ch^valet et de
la roue , nomma un grand norabre de
complices qui habitaient les provinces
de I'empire les plus ^loignees de la Sy-
rie. Un autre accus6, Salia, qui avait
rempli la charge de comte du tresor
en Thrace, futfrapp^ de mort subite,
lorsqu'on le fit sortir de son cachot
pour paraltredevant les iu^es; Teffroi
des supplices Tavait tue. Nous ne ra-
conterons pas, comme Pa fait Ani-
mien-Marcellin dans un recit emphati-
que, ce proces monstrueux. Nous nous
Dornerons 5 dire quetous les condam-
nes furent Strangles. Un seul, le philo-
sophe Simonides, dont la fiert^ avait
irrite les juges, fut brfll6 vif. Sur le btl-
cher, comrae au pretoire, il montra la
mfime serenity. Les Antiochiens ne fu-
rent pas insensibles h tant d'horreurs;
lis s'altendrirent sur le sort des victi-
mes, comme si les malheurs qu'ils
pleuraient les avaient atteints eux^m^-
mes (*).
BEVOLTB d' ANTIOCHE SOUS THEO-
BOSE. — £n 382, Philagrius, comte
d'Orient, eut recours a dMnexcysables
cruaut^s pour emp6cher une revolte.
[") roy. Amm. Marc., XXIX, I.
Antioebe souffrait de la famine; kpah
pie regardait les magistrats comme m-
ponsables de ses maux; des meoaees Ai
mort retentissaient deji contre les s^
teurs et contre le comte d*Oricnt. Pls>
lagrius , pour arr^ter une s^ition dan-
cereuse, r^solut de sacrifier qneJaoei
imprudents. II fitarr6ter tons les boahi-
gers d' Antioche. Ges artisans, cooddili
sur une des places de la ville, foral
appliqu^ h la question, en presence dl
pen pie. On leur demanda les noins dei
magistrats aui s'entendaieot pour tear
h un taux elev6 le prix du pain. Ll
foule se pressait autour des 6rhafaod^
attentive h saisir toutes les paroles dH
patients, et prfite k massacrer ceusqi
essayeraient de lui ravir ses victimcs. 01
homrae cependant, si nous en croyMl
son propre recit , eut ce courage. I*
banius harangua la multitude et i^
dressa a la fois a PhilagriusetaQpei'
pie, dont i I sut adoucir la colere.Il
comte d'Orient , que la peur avait reodi
injustement severe, relScha les/siW'
cents 6ts (jue la populace cessa d'exigtt
leur supplice. Si une circonstince pert
excuser ces concessions de I'autoiw
aux sanguinaires caprices de lanw™'
tude, c'est la prosperite d'AnliooJ
qui ^tait considerable au miliw «
d^p^rissement general. La capitate*
la Syrie a vait , au temps de Th6odose^
population fixe de deux cent wa
ames. On ne comptait pas, dans*
nombre, les flots perp^tuels d'etrangefl
qui venaient sans cesse apporter uneafr
tation continuelle daris la viile. DcJ|
melange de nations el dMd^es tonsw»
s'^tait form^e une population indine-
rente aux grands interdts, raaisirrilaWi
irr^fl^chie, pr^te a bouleverser femp
pour un change meot dans les imptf^
En 887,Theodoseavaitdissip^d«D»
sors lor)guement amasses pour celebtw
des f6tes anniversaires en son honoeur.
II r^solutde remplir le deficit de la cai^
imp^riale en augmentant les contriWJ
lions. Antioche connut cette decision*
Tern peren r a va nt d'en recevoir la coraiw*
nication officielle (26 fevrier887). W";
que les ordres imp^riaux arrivirent,oM
sourderumeuragitaitd^j^lavilledepw
plusieurs jours. Le comte ^'^" ."l
sembla, immediateraent aprcs larnw
de renvoyedeTh6odose,les
SYRIE ANCIENNE.
95
khouL pour veiller de concert h la per-
eeptiondanouyeiiinpdt Les s^nateurs,
ioos rioflaence du m^contentement pu-
i)iic,eclaterent en murmures contre les ?o-
lontesdeTempereur. Maisbient6t, eton-
nesdelear propre audace, incapables
d'une resistance raisonnee, ils quittent
en desordre le lieu de leur reunion et par-
eourent la Yille, ameutant la populace
par lenr silence mSineet par refiroi peint
8ur kurs visages. Le peuple se divise en
troupes mena^ntes ; la plus nombreuse
se rend a la demeure de Tev^ue; elle ne
fj trouve pas ; elle se dirige alors sur
la basilique que les s^nateurs venaient
de quitter; le comle d'Orient n'en etait
Ss encore sorti. Mais les portes de cet
ifice resistent au choc des assaillants,
ooi appellent en vain le representant
de Tempereur. Grossie d*un grand nom-
bre d'esilaveset d*6trangers, la foule se
jelte avec rage sur les images de Fempe-
reur. La statue equestre de Theodose, cel-
les d'Arcadius et d'Honorius sont ren-
Ters^esetbris6Bs; enfin, les plus sedi-
tieux s'atlroupent autour de la malson
o uosenateurqui n'avait pasvoulu autori-
jer lesdesordres par sa presence, et Ten-
farraent dansun vaste incendie. En vain
les dtoyens riches el consid^r^s invo-
quent lesecours du pr^fet; le comle d'O-
rient restc impassible, et refuse desortir
de la basilique. Enfin , le peuple , effray^
* son audace, tomba dansTabattement.
Lorsqu'il vit dans la boue les statues de
renipereur,ilcompritque lacolere du
Bjailre offensi serait terrible. Dans son
effroi,iletaitpr^t a frapper les conti-
nuateorsdes d^ordres, ceux-1^ m€me
90 'i avait, quelques heures aupara-
^ti soulenus et excite. Grdce a ce
cnangement soudain des esprits, le
joujerneur d'Antioche traversa tran-
pillementla ville, suivi du comte d'O-
nent : il se rendit , avec les soldats , h la
jMisondusenateur, dont les revolt^s ne
letaieot pas encore 6loign6s. A Tap-
p9cne des troupes , les plus acharn^
*^nt la fuite; un |;rand nombre de
<iniavaient k6 pns sans resistance,
It jetes dans les prisons. II etait
™*J» midi; la r^volte, commenc^e le
™«a paissait 6touffee. Les rues,
™}*Jneure pleines de bruit et de tu-
y'*fi etaient devenues silencieusef.
*0M r^agnaient leurs demeures, et
essajaient en vain de comprendre les
^v6nements de la matin6e. On avait
besoin de trouver un coupable, un insti-
gateur; quelques personnes, rushes on
credules, inventerent un fantdme ima-
ginaire qu'elles rendirent responsable
e r^garement public. Les paiens
avaieut vu Fantique Nemesis planer sur
Antioche la nuit qui prec^da la re volte ,
et agiter sur la viile son fouet mena-
cant. Les Chretiens avaient reconnu
Satan Iui-m6me, qui, sons la forme d*un
vieillard, s'^tait jete sur la place publi-
que pour ameuter les citoyens. Le de-
mon avait ensuite emi3runte les traits
d'un jeune homme ; enfin la sedition s'6-
tait calmee, lorsqu'il s'etait ^vanoui sous
la forme d*un enfant. Pendant que ces
pensees ocrupaient fes habitants , retires
au fond de leurs demeures, on faisait de
continuelies arrestations. Le soirvint,
avant que tons ceux qui Etaient soup^on-
n6s ou compromis fussent tombes entre
les mains du magistral imperial. La nuit
se p^assa dans le trouble, et les riches se
h^terenl d'enfouir leur or et leur ar-
gent. Les habitants considerables se
pr6paraient a quitter la ville au point
du jour. Des families entieres remplis-
saient les rues le lendemain matin. 11
dependait du comte d'Orient d'emp^-
cher leur depart. II n*osa arr^ter que les
membres du s^nat; les portes de la ville
furent ouvertes aux aulres fugitifs. Mais
les troupes de brigands qui infestaient
le voisinage d' Antioche, se chargerent
de venger la majeste imp^riale outra-
gde; ils saisissaient les malheureux exi-
les, les depouillaient, et les jetaient
dans FOronte. Le fleuve rapporta dans
Antioche les cadavres mutites. Dans la
ville, les magistrats, qui s'etaient caches
pendant la revolte, esperaient faire ou-
olier leur l&chete, en se distinguant par la
plus cruelle rigueur. Des le lendemain
lis siegerent au pr^toire.
Les abords de cet edifice offraient ce
jour-l^ un spectacle tout a la fois Strange
- et terrible. Les ran^s ^pais des soldats
i)lac6s autour du preloire en defendaient
'entree 5 la foule. Tons les citoyens de-
meures libres dans la ville se pressaient-
les uns contre les autres ; chacun crai-
gnait de s*entendre accuser par un
complice , et prtoit Foreille dans une
douloureuse incertitude. Les femmes ,
96
UUNIVERS.
paretites des aecuses, arrivaient en
troupes nombreiues; quelaues-unes, agi-
tees d'un d^spoir insense , marchaient
seules, cachees sous leurs voiles; elles
se frayaient un passage a travers la mul-
titude, et se jetaient aux pieds des cen-
turions ; des portes du pr6toire , elles
entendaient le bruit des instruments
de torture et le sifflement des lanieres ,
garnies de plomb , qui d^hiraient le
corps de leurs maris ou de leurs Gls.
Les oris des patients retentissaient dans
la foule, qui leur repondait par des
gemissements lugubres. Cbacun croyait
reconnattre dans ces cris d*angoisses
les accents d*un pere ou d'un ami.
Lorsque la nuit fut venue , on ex^cuta
a la lueur des torches les condamnes
que la torture avait laisses mourants.
Les femmes qui ne s'etaient pas eloi-
enees du pr^toire , se tratn^rent au lieu
du supplice ; brisees par d*aussi fortes
Amotions , la plupart ae ces infortun^es
perdirent connaissance. On voulut les
transporter dans leurs demeures ; mais
on trouva le sceau de Tlttat sur les por-
tes ; la condamuation capitate entralnait
la confiscation des biens. En vain im-
ploraient-elles Fhospitalit^ des person-
nes les plus consider^es; on n*osait re-
cevoir les veuves ou les filles des con-
damnes. Pendant six jours des scenes
semblables, recommences au pr^toire,
s'aclievaient sur Techafaud , sur le bll-
cher ou dans Tamphithe^tre. On de-
ploya centre les enfants les mimes
rigueurs. Le z^le barbare des magis-
trats eut enfin un terme : lis cesserent
leurs enqultes le sixi^me jour. Mais ia
population craignait que 1 empereur ne
s'en tint pas aux ex^utions faites en
son nom. On attendit pendant un mois
la sentence de Theodose.
Toute la ville, durant cet intervalle,
demeura plong6e dans le deuil. La voix
grave et harmonieuse de saint Jean
Chrysostome rompait seulele silence g6-
n^ral. Chaque jour le saint orateur don-
nait de nouvelles consolations aux An-
tiochiens ; n*osant les flatter du pardon
de Thoodose, il leur parlait de la miseri-
corde de Dieu. On apprit enfin que Tem-
per eur envoy ait en Syrie les ministresde
sa vengeance. II avait r^olu d'extermi-
uer les habitants et de d^truire ia ville.
Cependant, il s'adoucit et donna des
ordres moins rigoureux. II en? oya €6-
saire , mattre des offices , et Helld>ique»
homme de guerre; ces deux officiers ar-
riverent a-Antioche, le 29 mars au soir.
La population les recut avec de grandi
honneurs ; mais des' sanglots se ml*
laient aux acclamations de la foufe.
Hellebique et Cesaire apprirent qu uim.
justice expMitive et impitoyable avait
fait disparaftre tous les coupables. I
£&llait cependant entrouver; les ordi«if!|
de Theodose 6taient clairs et prec%
L'empereur , dont la plupart des bkk\
toriens se sont plu a louer la cl^meiwe^-
n'avait pas pr^vu le cas ou les magil*
trats d'Orient auraient pr^venu m
volont^s.
Le 30 mars , Hellebique et Cesaire tf^
gnifierent au peuple Teait imperial, qri
enlevait a la ville d*Antioche tous sal
droits et privileges ; ensuite ils instnmH
rent un proces nouveau, dirige cootit
tous les senateurs et les premiers d-
toyens de la ville. L'issue de la pro-
cedure fut reniEse au lendemain ; oo ft
passer la nuit aux accuses dans oa at-
clos; ils etaient parques comme des
animaux, sans aucun abri contre b
pluie et le froid. Cependant , les miph
trats impitoyables qui ne r^^laieotpv
devant de pareilles mesures, avaient, te
m6me jour , donn6 des larmes au vm
heur des accuses. Le lendemain on d^
vait prononcer les sentences et exeea-
ter les condamnes. Hellebique et G6*
saire sortirent de leur palais avant k
jour, accompagnes d'un nombreox eoi^
tege et d'une foule d'esclaves qd
portaient des flambeaux; ils trave^
s^rent la ville pour se rendre au pr^
toire. LorsquMIs furent parvenus a II
place publique, une femme se jetaa^
devant de leurs cbevaux; elle^tait vieille^l
h travers ses sanglots, on lui entenda*
demander grdce pour son fits , homfllb
universetlement respect^ dans Antiocw
Les deux commissaires imp^riaus al*
laient continuer leur marche ; mais oii|
foule serree leur ferma le passage,
reconnut bientot les moines , habit
des montagnes, q«ri demandaient a^
d*instantes pri^res un sursis pour
accuses ; ils allaient se rendre k G
tantinople pour arracher a Theodose
grdce des ciloyens. Hellebique et C&aii
leur r^pondirent que la vengeance
SYRIE A1^C1EN1«£.
97
fmfemat ne jjouvait soufi&ir de re-
t«d;etilseontinu^reQt leur route. lU
tnfnt fait ^elqaes pas, lorsqu'un
Jk»HD6 eo hailions, se crampoQDant
aree force, iiial^6 son dge , a run des
CDomissaires, lui ordonna de descendre
iechefal.Lescommissaires, outres de
eette bratate iosulte , allaient se porter
i quelque acte de violence , si on ne les
e4t afertis que oet homme audacieux
M le e^lttre Mac6doniu8 le Critho-
|lage. La Tie pieuse que eel homme me-
Hrtdanaledaert lui avait attir^ la v^
itaitiondetODtle people d'Antiodie; sa
ifpitatioQ de saintete s'^tait m£me ^teo-
iMdansrempire.
Le solitaire n'avait rien dans son
aterieor qui commandSt le respect :
BBS petite taille et one figure commune
t'anooo^eat pas en lui Penthousiasme
nUgieia. n oe eonnaissait pas Tart de
persuader ; mais ses paroles , sorties du
eoMirf ilaieiit altieres et imp^euses :
« AUcs, mestoes, et r^p^tez a Th^
« dose ced : Yoos n'^tes pas seulement
• empereor, tods ^tes nomme et vous
i ooaHoaodez a des bommes comme
• vm. LlxMOme est Pimage de Dieu ,
« n'est-ee pas oo attentat eontre Dieu
« wim que de d^truire son image ?
« Od ne peut outrager ToeuTre sans
< initer roavrier. Consid^rez a quelle
• eolere tous emporte Fiosulte faite k
< uoe figure de bronze. £t une figure
« TiTaate , aaim^e , raisonnable, ne
«mt-eilepas davantage? Nous ren-
> diong i rempereur vinigt statues pour
« one ttole; mais, apr^ nous a?oir 6i6
• » '»» qa^ii nous rende , s'il le peut ,
• Dflseulche?eudenotret«te?»
Ces parolei panirent dbranler Hellebi-
yte et Gesaire; Os r^pondirent par des
promesses^fasiycs etarriv^rent au pr^-
H^ Haig uoe trooped*^vdques, adoss^
[a porte, leur en d^fendit Fentr^e ; les
{Jjnw? de Dieu, anim6s d'un zdle
"*?efique, rtelamerent la vie des pri-
^Biuers. Les ministres de Th^ose
|*««^l d'abord avec colore; mais
gr franchir le seuil du pr6toire il au-
wnila ecraser les 6v^es ; d*ailleurs,
2*»pat 6tait alors une magistrature
gj, "empire ; un caract^re d'inviola-
JJM« I attacbait h la personne des pr«-
^ Hell^biauc crut pouvoir ceder
■ « TDtt de rhumanit^, Ce fut alors un
cri de joie universel. On 6earle les gar-
des, la foule sepr^pite dans Fenoeinte
du pr^toire. La mdre, qui avait demand^
la gr&cede son fils, court k lui , et Ten-
toure de ses bras; mille scenes touchan-
tea se r^p^tent autour des prisonniers,
Lesmagistrats, un moment tent^ de
reveniraux voiesd*une rigueur aveugle,
n'osent raster au voeu g^n^al. Les moi-
nesveulent,r^unis en corps, aller eux-m^-
mes a Constantinople, etarracher a Tb^o-
dose la gHlce des accost: mais C^saire
moderela g^n^reuse ardenr de ces vieil-
lards ; il leur demande seulement designer
une petition que lui-mtoe se charge de
remettre k I'empereur. Claire, muni de
cette pjhce qui excusait les commissaires
imp^riaux, se rendit en six jours a Cons-
tantinople. II se pr^nte sur-le-champ
au palais. II raoonte k I'empereur les
malbeurs d'Antiocbe, et lui expose tou-
tes les mesures qu'il avait prises de
concert avec Helleoique. Th^ose ver-
salt des larmes; mais il ne cedait pas.
Enfin , r^v^ue d'Antioche, Flavien ,
qui avait quitt^ ses fideles aussit6t apres
la revolte, pour aller remplir k la cour
le r61e d'intercesseur, parut k son tour
devantl'empereur. Tb6odoseinte(rompit
le discours du saint ^v^ue par ces pa-
roles : Cest danc ainst que fai mi-
HU tant d'msultes! II paraissait surtout
surprisdesoutragesdont il avait et^ I'ob-
jet, dans le moment m£me oil il allait
porter, disait-il, aux habitantsd'Antiocbe
des Umoignages de sa tendresse. En
effet, Tb^ose avait form^ le projet de
visiter ses provinces d'Orient. La r^-
lution de rlavien ne faillit pas devant
les mauvaises dispositions de Fempe-
reur; ilsut exciter dans lecoeurdeTheo-
dose une crainte religieuse.
L'empereur r^pondit directement aux
remontrances bardies de Flavien > Pour-
« rions-nous refuser le pardon a des bom-
« mes semblables k nous, apres que le
« mattre du monde, s'^tant r^uit pour
« nous k la condition d'esclave, a bien vou-
« ludemandergrdce k son P^re pour les
« auteurs de son supplice qu*il avait com-
« bles de ses bienfaits. > Ces paroles ren-
fermaient la griice des malneureux Sy-
rians. Desmessagerspartirent a Finstant
m^me pour mettre un terme aux^ an-
goisses insupportables des prisonniers.
Pendant que Flavien ^tait a Constan-
7* Uvraison, (syhib aiygibnhs.)
98
L'UNIVERS.
tinople,ceux-€idtaient eti prole k la plus
ternbleanxi^t^. Gependant, ils 6taient
traits aveeasse^ de douceur; oh l^s arait
tir^ de leur prison deeouverte, pour les
transporter dans une vaste demeure ; its
^talent libres de trainer leurs chdtnes snr
ies dalles des portiques. Les mdmes al-
ternatives d'espblr fet de ci'aiiite tour*
mentaieiit les habitants.
I^s lettres de grdee arfivdriint enfiii i
Hell^bique les lut au peuple assemble;
elles produisirent une joie fr6n^tique
dans toute la population : les parents
des prisonniers, qui, la veille encore,
en les quittant , avaient cru leur dire un
dernier adieu , allerent les d6livrer. Les
bains publics, ferm^ depuis la sedition,
furent ouverts de nouveau. Les Antio-
cbiens^ au milieu des danses et des fes-
tins , e^l^r^rent la cl6mence de Th6d-
dose et les vertus de leur ^v^que. Lors-
que Flavien revint si Antiocne, il rC'*
trouva sa sceur, qu'il avait laiss^e taou-
rante. Le noble vieillard se cfut assez
r^Gompense de ses fhtigues, et remercia
le ciel de lui avoir accord^ la consola-
tion d'embrasser une derniere fois celle
qu'il av^it tant aim6e. Parmi tant de
ro^iateurs qui interpos^rent leur in-
fluence entre Tempereur et la ville cou-
pable, il faut surtout remarquer les d<§-
put6s de Seleucie. Cette ville toujour*
en lutte avec Antioche, alors h demi
ruinee et humili6e, prit une noble reso-
lution d la voe du danger qui mena-
(ait sa rivale. Elle envoya une depu-
tation a Constantinople pour obtenir de
Tb^odose le pardon des revolt^s (*).
L'tmpb&atbigs Eudoxib a AntIo-
ghb; la ville buince; trbMUle-
HB1VTS DE TlSBEE ; S^DlTIOlfirs * tNGUlt-
sioNS DES Sabbasins. — Uhe tongue
tfanquillite succ^da h ees fortes agita-
tions. En 411 , des tribus de Sarfaslns
inquiet^rent les cxtremites de la Syrle.
Nous n*avons aucun detail sur letirs in-
cursions (**).
Antioche fut, en 4S9, le theatre d'ane
scene nouvelle. Une Imperatrice, l^.u-
doxie, femmede Theodose, allait h Je-
rusalem visiter le tombeau du Christ ;
elle s*arreta dans la capitate de la Syrte.
Fille d'un rheteur, Timperatrice voulut
se reporter aux occupations de te jea*
nesse; elle pronOnqa uh discoQrs am
sur un trdne d'or, seme de pierterlSL
Elle avait choisi pour stijet refoge d*Aft*' ,
tfoche. Sondiscotirs seterminaitpdr #
allusion h la commune orlgidegreequef
la femme de Theodose et de la vflleU^
d6e par le genefdl d^Alexandr^; Idi
Eudoxie cita ,en flnissaiit, Mte Vm
d*un vers de l*Iliade :
[VMLI
1^ foule rep^ndoe flatou^ d*Hlea|
dit avee enthousiasmei n fUt i
qu'on erigerait une statue de brontfi
rimperatnce, dims le museed*AMi^
et qiftme atitre statue d'or seraitj
dans le seuat. Eudoxie, a son tout,
lut meriter ces glorieases mattpB
reconndisssDce pai* d«!ft bienfkits f'^
elle combia de lafgesses ies habil
d'AntioChc. Une partic des sommesdi'
tributes , dent cents IIV)^ d'Or, fiM
destitiees h I'embellissemeAtdestheM
de Valens; le reste deVait s«f^»^JjS
chat de provisions de bie (**). Aattw
avait souventbesoin desddtisgtaiiiiw
empereurs. BStiesUi^un sol vokaBhf^
a mesure qu'elle s'efiricWssalt dc tf*
veaux edifices, les revolutions so«i*
raines renversdlent fes aneiens moM
ments.Un tremblenlMit detefre, Qtdf
surtout sentir toute ^A violence iMj
tantinople, 8*etendit dans la dirtrfl
d'Afitioche et renversaune parti«de«l
ville (Janvier 44r ). Le terrible phw
mene se repeta entirdti dix ids P
tard ; cette fois IftThrice et lesCycwl
en eprouverent quel(|ues cbminoi'
Antioche fut plaque niihee; h
neuve, oii les Hch^S atslieilt etabli
demeures, oh les drtSavaietitreaiii
merveilles , fut reriVWsee. le 14 w
bfe468, idixheuresdUsoif.LesSi
peuple fanatique, disput(jur et debai
attribuererlt au dereglemcntdcsnn
publlques ce hialheu!', qui leur
signe de \i colere ceieSte.
L'empereuf Leon, qui tegnait
secourut geifereusement la seconde
de remtrii^ poUr encoufager les
(•) LUMn., Or., 14, 16, 22, S3. — CI
Mom,, 2,3,5,6, 17, 8, 13, <8, H, W.
(•*) Hier.,i&p. 82, p.318.
(*) Levers d*Homfefeest : TocOtticToltsvs^*
(*•) sew., VlC 27. - Evagr.» I ». -.™*»
18. 7- Tbeoph.j p. 74.
SYRIE ANCIENKE.
99
tMts k relever les ruines de leurs mai-
80D8; il d^chargea de tout impot les pro-
prietaires qui reb&turaient leurs de-
meures; il soulagea la commuaaat^ ed
m^ temps que les lodiTidus. La vUIe
obtiatune remise de itiiiie taleuts d'or.
lioD lyouta a oette grAoe Vfinvoi de
gnodessommesd'oretd'argent. En 476,
c'eBt one autre Tille de Syrie, Gabala ,
r' ^prouveles eifets des perturbations
8oi. Le tyran Basiliscus, imitant la
g^D^osit^deses pr^^eesseursi aeeorda
cioquante li?re8 d'or pour reparer le
doounage. Un nouveau tremblement de
twieviatf ala fin da cinquieme sitele,
noD plus f rapper line senle Tille, mais
a la fols Hi^rapoUs , Antioehe et Laodi-
cee (494). La revoke se joint , ddns la
eapitale, auifl^ux naturels. Le eomte
d'Orieot, GaUiopus, dut fair devant la
colore d'une £aetion du eirque qui en
Toulait a sa tie. II fallut, oette fois, avant
de reparer les desastres, songer a rto-
blirt'ordre. AnastaseenvoyaConstantius
deTarse a Antioehe, oomme rhorome
ieplus capable, par son eourage calme^
d'etouffer la sedition.
Pendant le cinquieme si^e , la Syrie
joQit d'une tranquillity rarement inter-
rompue sur ses frodtieres. £n 450, les
Arm^iens, trouble par les Perses dans
Vexereiee de leur culte , inyoquerent le
seeonn des Remains, attaches eomroe
eoi a to foi chr^edne. Florentius, oomte
d'Orient, et Syrien de naissanoe, fit
^chouer lenrs demandes ("). Dans le
alme temps, les Sarrasins, qui s'^aient
jei^ sur la Syrie, furent oompl^tement
d^ts par Artabore, pr^ de Damas.
Des ambassadeurs de la nation vaineoe
ooAclurentdans oette rille (45S) la paix
avecrempire. Longtemps aprds ce traits,
^ques tribus de Sarrasins sc^nites Je-^
t^t r^pouyante dans la proTinee Eu-
pbrat^ienne (498). Ilsfureut punisde
wars brigandages par Eugene, propose
alacardede la province.
HieRB DS Zbnoh ; ihsubkbgtion
<> Stsib. — Le regno de Z^non
cit rempli d'^^nements remarquables
^ ee qui eonoerne la Sjrrie. Le ma-
>^ede risaurien Z^non avec la fiUe
^ Uoa lui permit d'aspirer h Fem-
,.(*) Lebeaa, I. VI, p. 286. Note deSatrU^Mor-
f?« (Paprte rhtotonea anntoioi Lazare de
Phaibtt.
{lire. Apr^ avoir contract^ oette al-
ianoe, Z<6non vint raider (469) a
Antioehe ; il avait requ de son beau-
pere le pouvoir des comtes d'Orient*
Quelques ann^s pins tard , Leon mon-
rut; Z^noh lui succ^a, mais il ne sut
pas s'^tever au-dessus des mis^rables
intrigues du paiais. N'ayant pu r6ussir
k faire assassiner lilus^ il lui donna
le eommandement de FOrient et la
permission d*emmener aveo lui toutes
les personnes de Constantinople dont
il voudrait s'entourer. Illus mit a profit
Timprudence de Tempereur, et se fadta
d'arriver a Antioehe, accompagn^de son
frere Trocondus, de Pamprepias, philo-
sophe palen, savant dans Tart des pre-
sages, deMarsus et de L^once, homme
instruit et bon soldat. L^once etait n^ en
Syrie, k Ghalcis; Z^non compta le faire
servir k ses desseins aupr^ de ses com-
Satriotes. Mais le principal instrument
'une r^volte dont Illus avait , sans au-
cundoute, con9U le plan a Constantinople
m^me . fut la veuve de L^n , Fimp^ra-
trice verrine, que son beau-fils zi^non
retenait prisonni^re dans un chdteau de
Cilicie. Verrine fiit conduite avec hon-
neur k Tarae; la on lui fit signer une
proclamation od, du plein gr6 de la
vieille imperatrice, L^once 6tait d^clar^
empereur, et Z^non d^chu dtt pouvoir.
Cet acte produislt une grande sensa-
tion dans les villes syriennes. Presque
toutes d^sert^rent la cause de Zenon.
L^once choisit naturellement Antioehe
pour capitale ; il y fit son entree solen-
nelle en juin 484, et organisa aussitdt
les di^i^rentes parties du ^ouvernement.
Lilianus fut homme prdfet du pretoire,
les l6gions se rassembl^rent ; elles for-
maient un effectif de soixante-di)c mille
hommes. L^once et Illus, qui Faccom-
pagnait toujours , marcherent avec ces
forces sur Chalcis; la ville fut prise;
mais rempereur syrien , apprendnt que
Longin , rr^re de Zenon , se dirigeait
sur Antioehe, revint sur ses pas pour
defend re sa capitale. Une bataille fut 11-
vr^e pres de cette ville ; les troupes de
Longin furent mises en d^route, et lui-
mlme tomba eotre les mains de L^once.
Illus et Leonce quitterent la Syrie pour
traverser TAsie Mineure. lis poursuivi-
rent leur marche jusqu'en Isaurie. Une
nouvelle arm6e, envoy^ de Constanti-
7.
loa
L*UMVERS.
nople, lesbattit pre8deS^leucieni<laiis
uo combat d^isif^ et les for<^a de s'eofer-
mer precipitamment dans un chAteau de
Cilicie. lis y soutiorent un si^e de trois
ann^s. Eofin des trattrea livrerentia
Sfiace et sea defeoseurs (**). L^DCe et
llus furent dtoipit^s. Les Syriens
oubli^Qt leur empereur k partir du
moment ou L6oDce les quitta, et reste-
rent indifC^rents a ses succte comme k
ses revers. n n'y avait eu , en Syrie^ ni
complot ni r6voite centre Z^on; ies
villes avaient subi aveugl^ment la ne-
cessite. II est vraisemblable que Tern*
pereur ne s'irrita point de la conduite
des Syriens. En enet, ]es historiens ne
marquent aucune de ces sanglantesex6-
cations si communes dans les revolu-
tions pr^edentes. A peine cet orage
s*est-ii dissip^, que nous retrouvons les
Antiochiens tout occup^ des q^uerelles
du cirque, v^ritables ^uerres eiviies, au-
toris^ par le pouvoir , qui mettaient
en danger toutes les classes de la so-
ciety. Ce sont les Juifs qu'atteint, en 486,
la colere de la faction verte. Us furent
tous impitoyablement ^org^. Zenon ,
loin de veneer ces malheureux, ^couta
froidement Te r^it du massacre ; lors-
qu*il apprlt que les cadavres avaient ^te
livr^ aux flammes du bdcher, il s'^cria :
Que ne les oi-on brides vifs !
Sbdition ▲ Antiochb; desohd&b
BANS LB ciRQUB. — Dcs malheurs
qu*aucune puissance nepouvaitni preve-
nir ni combattre marquent , en Orient ,
le commencement du sixi^mesi^le. line
invasion de sauterelles, fl^au particulier
k r Afrique , ^tend ses ravages depuis
TEupbratejus^u'^la M^diterranee. Ces
insectes detruisent toutes les moissons
sur leur passage. Leurs ravages pro-
duisirent une disette g6n6rale. Les Sy-
riens eurent vainement recours k Fem-
pereur; ils n*obtinrent que des secours
insufdsiants. La famine lavorisa les d^-
sordres. Les brigands se recruterent
de malheureux sans ressource; mais ce
n*etait pas assez : une incursion de bar-
bares vmt se joindre h tant de maux. Les
Sarrasins ^tendirent leurs pillages sur la
rivedroitede I'Euphrate. Anastase traita
(*) Ed Uaurie.
{**) Foy, Ev»gr.jn,17. — Candld.,«P Phot,,
p. 78. — Asaem. itlbh Or.^ 1 1, p. 2«4. — Le-
bera^M. StMaitio, L VII, p. IS6 el suiv.
Uchement avec des eaneiDb doat la
audacieuses tentativesanraient ^ tei
r^primto et punies par les armes
(502) n.
Bientot apris une s^ition Mata daai
Antioche (507). Un cocher, Galliopu,
toujours vainqueur dans les counes dt
chars, s*etait assure la faveurde lamoltK
tude. L'admiration g^ndrale eoorguil'
lit CaUiopus. II fit Tessai de wn ia-
fluenoe pendant qu*on ofl^brait ki
jeux olympiques aDapbn^; ebarg^Al
lauriers, entour^ d'une foule eDddin^l
ordonna le massacre des Juifs. Aiiailt
la foule court a la synagogue, et v piariT
une crotx, apres s'^tre livr^ a aodiaK
excte. Anastase, plus juste que Zenoif
punit le comte d'Orient, Basue dt^
qui n'avait pas su pr^venir ces d68onlt%
et il lui donna Prooope pour siicoesaMr*;
M^as, lieutenant du nooveaa oonlfi
poursuivit lea criminels. Un cottil
£leuth^rius, le seal des coupaUa^
tomba entre les mains des madsM^
fnt arrach^ a Tautel de reglise deSial*
Jean ; il fut d^ca^t^ et jet^ dansP^
route. Gette execution excitalaooleffw
complices d*£ieuth^us ; ils «ortini^
leur retraite , et port^rent sod cadM
avec pompeeten prof^^rantdes meftiM
Us livr^nt un combat furieux i MM
dans Tenoeinte d'Antioche. lb leM
prisonnier et le pendirent iuM stalttr
au milieu de la ville. UsenlevereBli*
cadavre pour lui faire subirdepocwg^
outrages. Procope, pendant le trtw
avait pris la fuite. Ir6n^, par l'«™Jf
rempereur, vint le rcmplacer. W*
punit les ooupables , et ne troan ii^
cune r^istance (**).Cetait toojoflU*
cirque que partaient les d^rdrtfjl*
faction bleue d'Antiocbe ^^^^^^
oette ville les mtoes troubles qu*a Gov
tantinople. De 518 ^630, la violeoceV
pouss^e aux derniers exces. J^P' f!
de JusUnien, voulutenfin i^tabiiriH"
prix la tranquillity publiqaeetgaraoV*
sQret^ des -particulicrs. fiphrem, Wr
a Antioche , interdit las spectacioff
dant plusieurs mois; les jeux of
ques, c^l^r^s depuis Commode
phn6 , furent detendus; on abolMJ
mtoe temps la charge des Al»im^
n AssemiiDi, BihU Or,, 1 1, Pr^
(**)llalala, p.iiletsoir.
* \
SYRIE ANaEI^NE.
lot
(ii»ttpx»0 ; c'^taient les deax magis-
tntsqui pr^idaient a ces jeux (*). Ges
BKsyres neeessaires retabiirent la paix
dans Aatiodie; mais elles ne preser-
vereot pas (Pun a^etix mali^eur la capi-
tate de la Syrie.
AllTlOCHB BUINBE PAB UN TBBM-
BUMIIIT BB TEBBB; hk SyBIB EN-
Yian PAB LBS Sabbasins. — En
526| Temperear Justin venait d'envoyer
va Antioehiens 2,000 litres d*or, pour
i^lHdrer les dtestres d*un incendie.
Un grand nombre d'ouvriers travail-
iaient a relever les mines. La ville re-
penatt d^ja une face nouvelte, lorsque,
R29iDai, QQ tremblement de terre ren-
vena sobitemeDt plusieurs quartiers.
Lepb^ffl^ne, ao lieu de eoromencer
par des aeeoasses mod^r^es , ne laissa,
aa boot d'une minate , que de vastes
roines. C6tait Theure ou les habitants
faisaientleor repas; partout la flamme
brillaitdansle foyer; les tisons roulant
sor les meublesren verses, sur les poo-
tres brisees , mirent le feu aux mati^res
opmbiistJbles.L*incendie 8*6tendit bien-
tot , et gtfoa les bdtiments que le trem-
bfenieBl de terre n'avait |»as renvers^.
LeveottquisoufQait arec violence, porta
descharboos ardents dans presque tou-
tes leg parties d'Antioche. Les flam-
^^ pendant deux jours, entour^rent
r^Kseprioeipale; mais elles ne purent
frowyw prise snr oette masse de marbre
« d'or elev^ par la magnificence de
^^OMtantin. Eofin , min& en dessous
par Hnceodie , la basilijpie s'^croula.
ws ricbesaes des particuliers qui tehap-
pcreirl aux flammes attirerent sur leurs
P^^**ss«wsd'inevitables dangers.
La iKiordle du tremblement de terre
tvadesfoontagnesdes troupes de co-
lons romaios et de barbares, habitues
« wre de pillages; ils formcrent un
jordon autour dTAntioche , et se par-
agereot tout ce que la flamme avait
Wgn^. Dans la ville m^me, des ha-
motodetootesles classes, assures de
rMapunite, assassinaient ceux de leurs
tt^toyens qui cherchaient k mettre
w« mens en lieu de sdreX^. Un offi-
««fdupalais, Thomas, avait forro^,
f* 8€s affrandiis et ses esclaves, une
woupe de brigands , qui lui rapportaient
^^Stinl-MarUn, NoU$ 9wr Lebeau, t. Vlll,
leur butin dans une maisoA h trofs mil-
les d*Antioche; mais ii fut frappe d*apo-
Elexie ; ii y avait auatre jours que sa
ande parcourait la ville. Le peuple
d'Antioches'emparades ricbesses quelle
avait amass^es , et piila la demeure de
Jhomas.
Les malheureux quirestaientenferm^s
sous les ruinesde leurs maisons trouve-
rent seuls un abri contre la cupidity des
assassins. On retira , presque un mois
apr^ ceseyenements, des personnes (jui
sNetaient nourries de provisions placees
par hasard aupres d*elles ; des enfants
nouveau-n^s , encore vivants , dont les
meres avaient succomb6; mais pres de
deux cent cinquante mille personnes,
s'il faut encroire les contemporains,
avaient p^ri. Le m£me tremblement de
terre detruisit S^leucie et Daphne; il
agita le sol, aux environs d'Anlioche,
pendant dix-huit mois. Justin d^plora
sincerement les malheurs de la S^rie. II
aimait Antioche comme une patrie. I^e
vieil empereur se rappelait que , simple
soldat, il avait, dans cette ville, commence
sa carriere. Carinus, envoye par lui, alia
porter les premiers secours a Antioche et
a la Syrie (*).
Le tremblement de terre de 526 fut
le cinquieme deceux qui desolerent An-
tioche ; un sixiemefltde nouvelles ruines
deux ann^es plustard. La catastrophe de
528 detruisit les edifices que celle de 526
avait 6pargnes. Gomme en 526, un in-
cendie pr^ceda le tremblement de terre.
II eclata le 15 novembre. Le 29 novem-
bre, les secousseis du sol tuerent quatre
mille huit cent soixante-dix personnes;
Seleucie et Laodic^e compterent sept
miliecinq cents victimes. Pour conjurer,
a Tavenir, le retour de ces revolutions
souterraines , on donna, d'apres le con-
seil d*un solitaire de Syrie, le nom de
TMopoUs (ville du Seigneur) a Antioche.
Justinien regnait alors. Ce prince
suivit les fdees de ses pr6d6cesseurs. II
crut , comme eux , que la $<lret6 de Tem-
pire dependait des fortifications etablies
autour des villes. Chalcis, Cyrrhus,
Sura, Europus, Hi^rapolis, Zeugma,
T7toc^r6e, rcQurent de nouveaux ou-
r) Evag., IV, 5, 6. — Procop^ Pen,, Ul, 14.
— Thdoph., p. 147, 148. — Cedren., 1. 1, p. 365,
306. — Malala, part i, p. 140 - 146— Lebeau,
M. Saint'Marttn, t Till, p. 75 et suiv.
102
LUHIVEBS.
▼rages de dtfeose (*) : oes traTaux,
cependant, n'arrfitaient pas le9 cour-
ses des Arabes. Les tribus errantes,
poussees plutdt par Famour da pil-
lage que par le d^r des conqu^tes,
tombaient a Tiraproviste sur les lieux
ou verts et sur les bourgades saus de-
fense. ^Q 581 , le chef arabe Al-Mon-
dar ravagea les faubourgs de Chalcis,
menaca Antioche , et se retira au dela
de r£uphrate , emportant avec lui uq
butin considerable, et tratnant a sa
suite de nombreux prisouniers. Al-Moa-
dar , de r^tour en Arabie , fit trancher
la t^te h plusieurs de ses captifs, et
menaQa tous les autres du m^me sort,
si, dans un d^lai de soixante jours, on
ne venait paver leur rancon. Les pri-
sonniers s aaresserent a leurs compa-
triotes de Syrie. On lut leurs lettres
dans la grande 6glise d'Antioqbe : elles
attendrirent les citoyens de cette viile.
Les doos volontaires s'eleverent a Tins-
tant m^me a la somme exigee; on Ten-
voya en toute h^e au chef Al-Mon-
dar, qui rendit la liberty a ses prison-
niersr"^). La mSmeann^e, Al-Mondar ou
Mondhir, suivi des Perses, fit une inva-
sion plus s^rieuse en Syrie. Belisaire (***)
lui livra bataille a Callinicus. Apres un
combat sanglant et glorieux pour les
deux armies , les ennemis se retirerent
au dela de TEuphrate. Al-Mondar me-
naca encore la Syrie en 537. L'empire
acheta la paix par de riches pr^ents.
Chosboes; il soumet et bayage
LA Sybiv. — Chosroes essaya, en 540,
avec des forces imposantes ^ la conqu^te
de la Syrie. La premiere viUe dont les
Perses s'emparerent fut Sura , sur I'Eu-
phrate; quelques auteurs disent qu'iis
s'en rendirent maitres par la ruse ; d'au-
trcs pretendent quMIs Venleverent d'as-
saut (****). Chosroes abandonna Sura
au pillage. Une femme, entralnee par
les soldats, attira ses regards. II fut
Irapp6 de sa beauts pleine de noblesse,
et Tepousa aussitot. Chosroes, a Toc-
casion de son manage, crut faire un
acte de generosite , en offrant a Candi-
(*) Malala, part, 2, p. 159. — Procop., de
Aidif., Hv. II, passim^ et liv. HI, c. 8.
/<r*tMflln1a n. If n TOtt
r*) Malala, p. II, p. 198.
(♦**) /'oif, pour left detal
11. No«l des Vergers, Arabic, p. 83 et 84 {Vni-
*) f'oif^ pour left details de celte bataille ,
Vfr» pilU/resqm).
(»♦>*) PTPOop., de j^dif., II, 9.
dos, 6v6giie de Sergiopolis (a
Resapha ou Risapba ) , da lui remettn
douze mille prisonniers syrienseaMuD-
ge de deux cents livres d'or. Caodidtt
ne put trouver cette somme ; mais il ^
mit de compl6ter, dans rann^e, ce fri
manquait, Le roi so cootenta de la pa*
role de I'^v^que; il renvoya les prisoB-
niers ; mais ceux dont on venait de bri-
ser les chatnes etaient presenile tous k>
duits a la plus af&euse misere; la pig*
part , converts de blessures , expirerot
avant de rentrer dans leur pays.
Cependant, le roi de Perse s'svan^
vers Hi^rapolis. Pr^ de cette vilie, i
rencontra r^vdque Megas, eharg^,pff
les villes syriennes . de lui proposer b
paix. Le roi regarda cette ne^^tioD
comme une insulte. 11 ordooDa a Mesu
de le suivre. Les Perses arrivcreot (!••
vant Hi^rapolis. L'aspect de la filld
que protegeaient des fortificatioos tn-
cees avec art, fit hesiter Cbosro^ fl
ofirit aux habitants de contiauer »
marohe sans lea attaquer, s'ils Tooiaiot
acheter la paix au prix dedeux nuile fi-
Yres pesant d'argent. Le mard»^ w
conclu. M6gas profita des dispo6iti<n>
duroi pour I'engagerll trailer af«l«ij
autres villes de la Syrie. Cette im,Om; {
roes eoouta ses conseils; il oonaeotiti
se retirerde la province,! oondltioi
qu'on lui donnerait milie livres dV.
M^as quitta imm^diatenient leoif
de Tennemi pour faire part aux Aot»-
chiens des conditions du roi de Pent
L'evdgue marchait a pied. L'arin^ pff«
le suivait a petites journees. Elie pj-
rut devant les rours de Chalcis aTaniK
retour de Megas. Comme la conventwii
n'etait pas encore ratifiee, le roi d«-
manda aux habitants un tribut assa
lourd. La ville etait trop faibie pour «
d^fendre, et trop pauvre pour payer J
somme demandee; elle offirit deux»"*
livres d argent; Chosroi^ les tmi
R^uits au d^sespoir, les habitants »•
tendirent la nuit. Lorsqu'clle f^^^^
lis se refugierent sans bruit dans la oj
tadelle, emportanl leurs richesses «w
eux. Le lendemain matin , rann^ P^
rangee en bataille, s'approchade la n[»i
les portes Etaient fermto; inaisattc^
soldat ne paraissait sur la morailJ^- 1^
ennemis reconnurent bicnt^t q^^^Jr!:
6tait dfeerte; ils la livrerent aux fljor-
STRIE ANCIENNE.
103
n&Soreesaitrefeites, M^asrevint II
o'apportait pas Targeot quM ^tait all^
dM)er,etilTitavec douleur les rui-
oes de Cbalcis. H se rend it a la cita-
ddk; il y trouva les r^fugies reduits h
ftm desoif : la aource, qui aufG^it
nxbesolDsdelagarnisoD, s'etait dea-
s^ehee. Megas eourut a Cbosro^, et
obtiot par ses prieres , pour le« ha-
bitaoli de Ghalcis , la liberty de se reti-
itr. Les soldats romains, mal paye$
deremperenr, vinrent daos le caipp des
Penes et s'atUcUrent k leur service.
Qiosroes, avee ce reofprt, marcha §ur
iotioche.
L'ioeertitiide et la peur r^aient daos
CBtte viUe. Germain , neveu de Justin ,
9> premier bruit de riovasion, ^tait ar*
nveaintioche, avec trpis cents hommes.
fl vouiaitatteodre, dans cette ville,
Parm^ qua Tempereur devait eqvoyer
mtreks Parses. Le jeune prince mit
u place ea etat de defense. Antioche
etaitottneiQeQseaiept situ^e pour sou*
tcnir uo sioe. L'Oronte, d^un c6t^»
darocfaeis a pic de Tautre, rendaient
Ml alMrds de la Tille iqaccessibles. 11
DyavaitgD^uQ seol poipt ftible : un ro-
BMT, appel^ Orocasias , ^tait placid k
jjoelques pieds seuleipent de Feneeinte.
Uf Perses, ea s'emparant de cette po-
ntioQ^pottvaient doininer un cdte de la
nile et ecraser eeux qui voudraient d^-
Mretamiiraille. Germain imagina de
»n lerrir ee roc ^ la ^ifewe d Antio-
f^ Qve^aes outrages aocessoires au-
'uentsom poarattacher I'Orocasias au
Vtteme g^al des fortiflcations. Les
was o*aar»entpa8 manqu^ a oe travail ;
>ui8 Jes iidies calculs des ingenieurs
ureat rejeter les plans de Germain. Les
mdea sootinrent que le temps man-
ittit pour acfaever les ouvtages avant
vriveedes Perses. Germain, gagne
tf la erainte, qaitta Antioche, et se
*>ra en Cilicie.
M^, r^vdqve de Bero^, arriva
v^, le depart de Germain. Les An-
iens, abandonn^, 6tajent tomb^
IDS rabattement. lis applaudirent aux
>yai8 propose par Megas pour rache-
r War vie et leurs richesses. D^ja ils
Waipaient de payer la contribution k
i^nrMs, lorsque deux ambassadeurs
- JosUnien drang^rent la face des cho-
f- /ean, fils de Rufin, et Julien , secr6.
taire du conseil, travers^rent Antioche
pour se rendre au camp des Perses. lis
apprirent les dispositions des habitants.
Aussitdt ils protesterent centre tout ac-
commodement avec Tennemi, Sauver
moyennant ran^on la seconde vilie de
Fempire , c'etait a leurs yeux une Idche
trabison. Les Antiochiens cederent a la
volonte des ambassadeurs, et Megas re-
vint, sans les sommes |)romises, au
camp de Cbosroes. Les habitants ne son-
g^rent plus alors qu*a quitter leurs de-
meures. Deja un certain nombre d'entre
eux avaient oris ce parti quand Tarriv^e
d'un corps ue six milic hommes , com-
mand^ par les chefs preposes a la garde
du Liban, rendit aux Antiochiens tout
leur courage. Cbosroes envoya un inter-
prete pour traiter aux conditions deja
propose. Cette d-marche paciGaue fut
repoussi^. Les habitants accanlerent
d'outrages le messager emiemi; comme
il 6*obstinait a entamer des negocia-
tions, ils lui lancerent une gr^Ie de
pierres , et le forcerent a se retirer. Cbos-
roes se d^cida k commencer le si^e. II
comprit bientot le parti qu'on pouvait
tirer de TOrocasias; par ses ordres un
corps de Perses s'empara de ce rocher.
De leur c6te, les assieges, aOn de placer
un plus grand nombre de combattants
en face de rOrocasias,^tablirent sur
la muraille un piancher suspendu au-
dessus du precipice, et se presserent en
masse sur ce pomt. Les eonemis demeu-
rerent immobiles dans leur position.
Cependant le nombre des assieg^
grossissait k chaque instant sur la fragile
sail lie du mur. Cet echafaudage, elev^ a
la hSte, rompit sous le poids ; tons ceux
qu'il soutenait, pr^cipites d'une grande
hauteur, perirent dans la chute; les plus
beureux oeserterent leur poste et r^pan-
dirent dans la ville ipie terreur jpanique,
en criant qu*une breche ^tait faite a la
muraille. Les Antiochiens crurent deja
voir les Perses dans leurs murs. lis pri-
r^pt la tuite vers la porte de Daphne ,
la seule qui ne fdt pasbloqu^e par les as-
si^geants . Pendant ce tumulte, les Per-
ses escaladaient sans obstacle les rem-
parts. Arrive au sommet , ils s'arr^te-
rent, contemplant avec surprise ce
qui se passait dans les rues. Les fuyards,
dans leur precipitation, s'^rasaient;
les morts jonchaient le terrain comme
104
L'UNIVERS.
sur an champ de bataille. Cbosro^ crai-
gnait de se faisser attirer par une ruse
de guerre dans des rues ^troites et si-
nueuses C). II re^arda tranquillement
la retraite des Antiochiens. Enfin il s'a-
vanca au centre de la viile, et reocontra
quefque resistance. Lk s*^taient r^unis,
sur une ligne serr^, les jeunes gens oui
avaient entretenu et conserve dans les
querelles du cirque queloue courage. lis
engagerent avec les Baroares une lutte
glorieuse mats inutile. Cette brave jeu-
nesse p^rit accablde sous le nombre. Le
roi de Perse, t^moin de leur valeur, eut
un moment la pens^e de les sauver ; mais
il enfut detourn^ par un de ses officiers.
Lorsqu'il n'y eut plus de vaincus h mettre
en fuite ou h massacrer, les vainqueurs
songerent au pillage; apres avoir reuni
un immense butin, its mirent le feu k la
vitle. La p^rincipale ^lise, depouilide
par Chosroesde tons ses ornements et de
ses marbres prdcieux, et le quartier d*Aii-
ttoche appel6 le Ceratseum C^}, tohapp^-
rent, soitd^apres Tordre du roi, soit par
basard, a Tincendie. A Faspect des cen-
dres encore fumantes, les ambassadeurs
Jean et Julien, qui avaient si raal inspire
les habitants de la ville d^truite , obtin-
rent audience du roi. lis conclurent un
traits de paix avec les Perses. On con-
vint quel'empereur payerait, non h titre
de tnbut, mais sous le nom de pension,
une somme annuelle au roi de Perse.
Quoique la paix f^lt sign^e, Chosroes
promena son arm^e dans toute la Svrie.
Il visita S^leucie et offrit, sur le bord
de la mer, des sacrifices au Soleil. I( tra-
versa ensuite Daphne; un de ses cava-
liers fut tu6 dans ce bourg par un bou-
cher qu'il poursuivait. Ghosrods fit met*
tre le feu a I'^lise; puis il continua son
voyage par Apam^. Les habitants trem-
bl^rent lorsqu'ils virent approcher lesen-
nemis. D^jh, avant d'entrerdans la ville,
le roi avait demand^ une somrae de
mille livres d'argent. Ilpromettait, d ce
prix , de prendre la route la plus courte
pour retourner en M^sopotamie. Le
people se soumit h cette contribution;
mais Chosroes, entr6 dans Apam^, d^*
pouilJa r^glise de toutes ses richesses.
(*) Un htotorleo dit mtoieque les Perses fai-
saient sigoe k leuraennemis de sVloigner.
(*') To >.ey6|j.£vov KspaxaTov.
II voulutprofiterdesons^iourdanseette
ville pour voir les jeux du cirque. La^
deux factions , la verte et la bleoe,
pr^arerent aussitdt k lutter en
du roi. Ghosro^ connaissait 1
renoe accordee par Justlnien a la
bleue ; un cocher de cette li vr^ etait
le point de gagner le prix. Cfaosrote
cria de s'arreter , et lui dtfendit de ^
set dans sa course les chars conduitS[
les verts. Un citoyen d'Apam^ Tint
plaindre d'un soldat perse qui avait i
trag6 sa fille; le ooupable futimme^
mentcondamn^ h mort. On le com
aulieu de rex6cution, odl une foule
breuse demanda sa grdee ; le eoi '
fut ramen6 au palais , et pendo
secretement.La volont^ arbitrairedi
maintenait ainsi la discipline dans
m^; on en eut la preuve ioi
Perses repass^rent TEuphrate.
avait fait Jeter un pont sur !c
Obban^ (') ; il fit proclamer que les:
dats pourraient traverser le pool p#
dant trois jours ; au bout de ee tenne^l
lefitcouper: beaucoup de corps nV
dataires regagnerent Tarm^e, coittei^
purent, pard^autresroutes, pluslov "^
et plus p^nibles, non pastoutefoii
pilier les cantons syriens.
Gependant le roi en quittant Apai
voulut encore une fois ran^nner'
cis ; il demanda aux habitants de
la gamison sHls ne voulaient voir
ville saccag6e. Ces menaces n'intii
rent pas les Svriens : lis cacb^reot bi
nison dans des caveaux, et assurt^
par serment qu'il n*y avait pas no
soldat dans feurs murs. Chosrt)^
pouvant avoir des esclaves, voulut
rargent ; il parvint h obtenir, dod i
peine, deux cents livres d'or. Enfll
auitta la Syrie,jivec un grand non
ae prisonniers; il en peupla one
nouvelle , oui porta le nom d'. ' "^
de Chosroes,
On voit avec peine rindiflfercnce
. les ambassadeurs de Justinien vnr
rent pour ces malheureux , ai
leur pays. Mais Fempereur n'avait
tresocsque pour la construction de d_
veaux Edifices. II vint cependant en «•
(*)Appele fiate* par les Aral)e».r<>y. ««>«■#
de Saint-Martin , dans YHitU du Bat-Bmh^
Lebeao , t. IX, p. S6.
SYRIE ANCIENNE.
105
anxS^ens, etoontribua g^nereusement
a relever Antioche. Au moyen des dons
fiiitspar Justinien, Antioche eutde nou-
veaux palais , des thermes magnifiques,
deux ^lises nouvelles, monuments
somptQeux d6di6s k la Vierge et a saint
Michel. Les travaux f arent ex^cut^s avec
iotelligence; on donna une nouvelle di-
raetion au cours du fleuve; i'Oronte
roala ses eaux dans un lit plus large ,
et mieux dispose pour la d^ense de la
TiUe. Les rues furent bien pav6ea ; on
apiaoit oelles dont une pente trop
rode rendait Faeces difficile; les eaux
D^oessaires aux besoins des habitants
fiirent, par des ouvrages d*art , babile-
meDtdistribute dans les diff^rents quar-
tien. La viUe haute , blitie sor des ro-
chers, eutdes paits en nombre suifisant.
Eofin les ing^nieurs previnrent les d^bor-
deipentsqui inondaient, pendant I'hiver,
la partie d' Antioche voisine de I'Oro-
eaaas. Les eaux qui desoendaient par
torrents des hauteurs s'arr^taient, dans
h siison des pluies, entre ce rocher
et ime autre montagne appel^ Stauris.
Hetenues en oet endroit , elles s'amas-
saient jusqu'au sommet des remparts
else piedpitaient ensuite sur la ville, ou
elles eausaient somrentde grands d^^ts.
Itae d^iie du cdt^ des marailles, de Tau-
tre edte des trou^s faites dans le roc,
Miiterent r^nlement des eaux. Mais
de torn eestrafaux celui qui fait le plus
dlionneur h JustinieD, e*est asBurement
la oonstmction de trois hdpitaux ; il y
ea a?ait un pour les hommes , un ^ur
leifemnies; le troisidme ^tait sp^iale-
ment destine aux voyagears malades. II
pantt toutefois qu*on ne se pressa
poiot d'achever ces ^ifices. Les malades
n'eotrerent en possession des trois hopi-
taoxqa'enl»69.
Cbosrote 86 pr^rait, en 542, ^ faire
me nouvelle expedition. B^lisaire vint
e& Orient pour combattre les Perses.
^rmi les autres g6n6raux envoy^s en
Sfne on comptait un neveu de Justi-
ttBQ, et Buz&, qui eommandait les
forces de la province lorsque, deux an*
^auparavant, Ghosro^^tait venu la
^t^er. Buzhs , pen(|ant toute la du-
\^ de cette invasion , se cacha avec Fe-
iile de ses troupes. II voulait cette fois
^(MitraindreB^lisaire ^ attendre Fennemi
dmi^re les muraillesdes villes. B^lisaire
repoussa ces lllches conseiis, et ii
montra, malgr6 le decouragement des
troupes, une contenance si fl^re , que le
roi aemanda k trailer. Une suite conti-
nuelle de troves et d'hostilit^ dont la
M6sopotamie fiit le th^tre laissa , pen*
dantvingtann^, la Syrie dans une com-
plete tranquilJite. Rien ne presageait
que cet ^tat de paix dtit cesser bientdt.
Les Remains assi^geaient 79isibe; et
d^ja ils esperaient se rendre mattres
de cette ville importante; mais Chos-
roes leva une armee pour la d^ager , et
11 envoya une partie de ses troupes vers
la Syne pour op^rer une diversion.
Adaarmanes, avec six mille hommes, pas-
saFEuphrate, et parol brusquement de-
vant Antioche r); sur son passase il
n*avait trouve que des tribus arabes,
toujours prdtes au pillage. Le comte Ma-
gnus prit la fuile avec ses soldats;dan8
sa precipitation, il faillit tomber aux
mains de Fennemi. Ainsi Antioche,
sans defenseurs , d^ert^e par une partie
de ses habitants, allait devenir encore
une fois la proie des barbares ; Finexp6-
rience d'Adaarraaneslasauva. Les Perses
craignirent de trouver une resistance de-
sesp6r^e; ils s'eloignerent d' Antioche,
et se rejet^nt sur H^racl^e, bourgade
qui touchait a Daphn6 , et la brdl^rent.
Adaarman^s n^avan^a pas plus loin;
Apani^e, menacee au relour de Far-
m^ perse, voulut se racheler du pil-
lage. Adaarmanes accepta Fargent que
les Apameens lui pr^ent^rent, et cal-
ma leurs inqui^udes; lorsqu^il les vit,
comptant sur la foi de ses promesses ,
plough dans la plus complete s^curit^,
il entra dans la ville, rait le feu aux
maisons, et emmena les habitants, char-
ges de chatnes , au dela de Ffiuphrate
(573). La Syrie ne devait pas avoir de
tr^ve a ses maux : soixante mi He per-
sonnes p^rirent par le tremblement de
terre de Fannie 589 (**).
r^OUVBAUTBEMBLEMBNTDB TEBBB ;
LBS BHPBBBUBS PHOGAS BT HeBA-
CLIUS; COIVQUiTBDB LA SYBIE PAB
LES Ababes. — Le dernier jour du mois
Hyperb^retaeus (seplembre), trois heures
apres le coucher du soleii , on sentit les
f) TMophane dcril Ardtananes et Artahan^ ;
— Kkc^b. CaUist, OuardaarmattM; — Tbto-
vibjISAmoctiit&.Adormaanis.
'^^*)Eva«re,VI,7.-Klc*ph..XVni, 13.
106
L'UHIVERS.
premiereasecoiisses; qoelques instants
apr^s , les plus beaux edifices de la viile
n 6taient plus que des monceaux de rui-
nes. La grande ^glise fut presque entie-
remeat detruite ; ie dome seul deroeura
intact ; cette lourde masse de charpente
et de metal, d^tacb^ede sa base, tomba
8ur des murs solidement construits et
restadaiu uq parfait^auilibre, comme
si la mail) des'nommes redt suspeodue.
On ne vit point se renouveler |es de-
sordres qui avaient suivi Ie tremble*
meat de terre en 526 ; neanmoins e'en
6tait fait de la Syrie : cbaque jour lea
Perses s'approcbaieot de TEuphrate,
en vahissaient V A.sie MIneure, §t isolaien)
la province d'Antioche.
Au milieu de tQus ees dangers', Tu-
surpateur Pbocas s'efforcait d'obtenir
la protection du ciel ; il menacait les Juifs
des plus rigoureux tourments s'ils n*a-
bandonnaientlaloideMoise. Ceqx d*An-
tioche, exasp^res, tralnerent Tevfique
Anastase sur u^ bOcher, et Ie brdlerent
Tif. XjC massapre des Juifs d'Antiocbe
Eunit cette barbare execution. Au lieu de
ourreaux, Pbocas envoya toute une
arm^ecommandee par Bonoseet Cotljont
mattres de la miiice (610).
Pbocas la m^me annee fut renvers^ du
tr6ne par H^raclius. I^a Syrie gagna h c^
changement de maitre. Heraclius se fit rd*
douter des Perses*, il vint, en 632, a Da-
mas pour defendre la province centre
une armee de Cbosroes. Mais Ie danger
n'^tait pas du cdt^ de la Perse; les enne-
mis vraiment redoutables venaientd^ja
de VArabie. E^unis en corps de nation
depuis quelques ann^es , les tribus d^
desert, par 1 ordre de Mahomet, avaient
essay^ leurs forces contre les Romaips.
Une petite troupe d'Arabes s'^tait avan-
cee jusque sous les murs de Moutah ,
bourg situe sur la frontiere de la Pales-:
tine, de la Syrie et du desert arabique.
Arr6t<^s par les Rpmains, bien supe-
rieurs en nombre, les Arabes, probable-
ment vaincus q^ais nop d^cqurages, ^e
retirerent.
Cette tentative avait tourn^. leufs re-
cards du c6t6 de la Syrie ^apres la mort
du prophete ils commencerent leur? in-
cursions. £n 633, tandis que Tempereur
Heraclius observait toujours les Perses
h Damas , Abou-Bekr , successeur de
Mahomet, donna la conduite de Farm^e
des croyantsa trois chefs : I6zid,filsd'iL*
bou-Sophian, Abou-Obaida, fits de Djar*
r&h , et SchoUrah, fils de Hassaa&h. lb
marcberent en droite ligne si^r Laim
Leurs exploits et la conqu^te di| payi,
rapidement soumis au croissant, o'aBr
partiemient plus ^ Pbistoire ^qciepmili:
la Syrie.
CHAPITREIX.
I
HftSTOlBB DU COMltfBBGB CSBC If
SYBTBIfS, DBPUIS LES TEHPS lU.
PLUS BB€UL)^S JUSQU*A LA P!K If
LA DOMINATION BOMAIHB.
Nous avons essays jusqa'tei d8 Ml
conaattve les nombveuses r^IoM
jpii , depuk les temps les plus imM
jusqu^ii rinvasion des Arabes, ODt il>
oa moins modifi^ l*^t social et pM
que des populations de l^ncieoacSjiift
Nous TouloBs, dans les pages qui vfli
suivre, rassembler un certain nmbnk
fttits qui se rattachent directaiBiiiC i
Dotre r^cit , et qui peuvent v^aadnM
ses diverses parties une vive loini^r)'
Le commerce, cneoreplus Mhg^
culture, a foit, dans Tantiqum, |a rt*
obesse, la splendeor et la prospMtftdi
la Srrie. Qnelles eUient la natureetrf
tendfue de oe commerce? Cest likpwl
historique , tr^-grave 1 netre seos^ #
Kous nous proposoos d'examiDei.
II y a lieu de s'^nner peat<to#
nos rechercbes portent ici occIostmm^.
sur le commerce. Poarqnoi ne fieo<M
de rfndustrie? Ce sont la deosdNil
^ue rhistorien des temps mod^rses n
jamais s^panto. On ne peat gaere «*
jourd^hui se rendre comple des aflWw
commerciales d'un grand £tat, sanseoie
nattre les r^^ultats de son action in^
trielle. £n voici la raison :eeioDtleiv
briques, ou phitdt c^est le tranil libnti
rhomme sans cesse snrexoit^ P?"* '^ ^
currenoequi, de notre temps, alimatej
commerce. II y a bien , comme sQtnm
des echangesd^objets non manafaetiinl^
d*un pays k Tautre. Tel peuple modffij
comme les Ph^niciens dans rantiquiw»
parcourt les terras ou les mers pour *;
(*) Nous regreUoDfl de tfavolr I»vJLS?
do plan et des dimeosions de cette hWoWf*
donner id plua d*e(endoe k ce chapitrt^pow
l«qael nous aviiHU fait de nombrema rtoa*
cl^ea.
SYRIE AWCIEIf NE.
107
I piMoier Jm pfodaedons naturelies d'une
contr^ plus ou moins lointaine; mais
\ e'est encore rindustrie qui vivifie ce
I commeroe, et qui, si nous pouvons nous
I servir de cette expression, centuple sss
forces. Les vaisseaux qui oouvrent no9
ports, les lonrdes voitures qui roulent
kfitement sur nos routes, necontiennent
soQvent que des denr6fts exclusivement
i^rf^ a DOS fabriques. JN'eu (^tait-il
done point ainsi dans Fantiquit^ , et ne
pourrait-oQ comparer le commerce de
TAngleterre ou de la France h celui de Tyr
ou de Cartbage ? Non assur^ment. II y a
e&treiecommerce moderne et le commer?
ttancien cette grave difference que le der^
Dier n'a jamais eu pour base Tindustrie.
Eng^n^ral, les objets d'une consom*
naatioQ generale et de premiere n^es^
aU,\%& eioffes, par exemple, de laineou
decotOQ, sortent aujourdWi de nos ma-
Bufiictures pour passer dans les maga*
m du marchand. G'est la que le ricbe
etle pauvrevont cbercber la toile et le
drap qui servent k les couvrir et a les
iubiUer. RIen de semblable dans Tantir
quit6 : il y avait alors deux classes bien
digtioctes , eelle des bommes liores ^ et
edle des esclaves. C^^tait Tesclave qui
travaillait les toiles, les draps, les infr-
truroeats aratoires, les armes, eto.; enuB
mot, tout ce qui 6tait de premiere n^ces-
sitepoiij'Ja/aini//e sortait des mains des
esciares. Voili ee qui explique le discr^
ditoj^ tomba Tindustrie dans Tantiquit^.
U J eut, en effet, dans eertaines villes po-
puleuses, des artisans libres par leur
naissance, qui travaillaient pour eeuxqui
o'avaient point d'esdaves et qui ^taient
paavres corame eux. Cette petite Indus-
trie, nous le croyons, preserva plus d'une
fois des crises sociales, c'est-a^iire des
plus violentes perturbations, les republi-
<|oe8 de Tantiquite. £lle occupait etnour-
fittait toute cette foule qui, a Rome par
exemple , ne pouvait trouver tnujours ,
dangle ^stemede la clientele, dans les
dttordres poiitiques , les moyens de sub-
venir h ses premiers besoins. Les ^ri-
^liiig de la Grece et de Rome ne nous
<N>t malheureusement transmis que des
^l8 rares et tres-incomplets sur cette
lodostrie des grandes villes. Rien, dans
one society ou regnait resclavage, ne
poB^ait leur donner une id^e de In qigni^
^ des avantages du travail libre. Us
m^prisaient celui qui , de son plein gr6,
devenait artisan. Travaiiler pour autnii,
c'^tait, dans leur opinion, se rapprocher
deT^tre qu'iis consid^raient, non comma
un bomme, mais comme une ohose: c'e-
tait s'assimiler a Teselave.
Or, dans une 6oei^t6 ainsi organist,
eu , g^n^ralement, \zfamiile, au moyen
du travail servile , pourvoyait k ses pro-
pres besoins , quelle devait dtre la nature
du commerce? II est facile maintenant
de repondre a cette question : le com-
merce des anciens , a de rares et insi-
gnifiantes exceptions pres, s'appli^na
exclusivement ^ la transmission et a la
vente des objets de luxe.
C'etait en Asie, on le oon^it, que
devaient se rencontrer les marchands
par excellence, et surtout dans cette par-
tie de I'Asie qui , avoisinant la M^diter-
ran^e, etait admirablement plac^e pour
mettre en contact TOrient et FOecldent.
L'Europe foumissait , 11 est vrai , ram-
fare de la Baltique et retain des ties Cas-
siterides; eertaines contr^ derint^rieur
de TAfrique, la poudred'or, de Tivoire,
et des esclaves noirs ; mais peut-on com-
parer ces objets pour leur quantity et
leur valour a oes cachemires , ^ ces v^-
tements de soie , k cette profusion d'^pi-
ees et de parfums qu'envoyait cheque
jour le myst^rieux Orient?
Cetait I^Asie qui, dans nn temps ou
Ton ne transpoTtait,pour les vendre, que
les objets deluxe , devait avoir le mono-
pole du commerce dn monde.
Les Pb^niciens, se trouvant h rextr6-
mit^ du continent asiatique, dans une
position telle, qu'ils pouvaient commu-
niquer sans interm^diaire avec TAfri-
que et TEurope, absorberent lOngtemps
tons les profits de ce commerce. Leurs
riches et populeuses cit^s ^talent, comme
ledevint plustard Alexandrie, I'entrepdt
de ces miile dearies qu'on tirait de Hnde,
de la Chine, de la Sib^'ie, des pays qui
avoisinent la mer Caspienne, de I'Asie
oentrale, de TArabie et de eelles que de
hardis navigateursrecevaient par 6chan-
ge dans les contr^s septentnonales de
rAfrique et sur les cdtes de I'Espagne,
de la Gaule , de fltalie et de la Gr^ce.
Les Ph^nidens tiraient d'immenses
ricbesses du commerce par mer. La na-
vigation , a IVpoque de la splendeur de
Tyr et de Sidon, n'etait, il est vrai , ni
lOS
LTOnVERS.
aiissi sdre ni aussi rapide mi*aa temps
des Alexandrins, ou, grdce a la science,
die prit un grand essor. Mais ce qui fit
la puissance des Ph^niciens , c*est que
sur ce vaste bassin de la Mcditerran^
ils ne rencontraient point de rivaux , et
que TAsie, 1' Europe et TAfrigue ne pou-
vaient communiquer qu*^ I'aide de leurs
vaisseaux.
II ne faudrait pas croire que ractivit^
des Ph^niciens e6t ^t^ absorbs tout en-
tiere par la navigation. Le commerce
qui se faisait par mer ne pouvait subsis-
ter qu'a la condition d'etre aliment^ par
un autre commerce, celui qui se faisait
Sar terre , en Asie, et qui fournissait les
enr^es que les vaisseaux, partis des ports
de la Ph^nicie, allaient 6cbanger contra
les produits de fOccident.
Quelles ^taient la nature et T^tendue
de ce dernier commerce? Quels en etaient
Jes principaux agents? Ce sont la des
questions qui concernent sp^cialement ,
il est vrai,l histoire de la Phenicie, mais
qui n^anmoins ^ en Tabsenoe de docu-
ments relatifs a la Syrie, peuvent seules
nous eclairer , nous le croyons , sur le
role que joua cette derni^re contr^edans
les affaires commercialesde la haute an-
tiquity. D'aiileurs, plus tard, la Syrie
devait h^riter au moms en partie du cona-
merce de la Phenicie, et se mettreen rap-
port, pour son propre compte, avec TA-
rabie, la Babylonie et les autres pa^rs de
I'Asie. On peut done, par une legitime
induction, appliquer quelquefois aux Sy-
riens ce que les auteurs anciens, h^reux
ou autres, nous ont dit des voyages entre-
pris ou des commissions donnas aux ca-
ravanes, par les marchands de Tyr et de
Sidon.
Quand les Pheniciens ou les peuplades
qui les avoisinaient voulaient penetrer
en Arabic pour y acheter les aromates
ou les denrees de rextr^me Orient qu'on
apportait dans cette contr^e par le eolfe
Persique ou la mer Rouge, ils s'aares-
saient aux Arabesdu ddsert qui iouaient
aux marchands et aux voyageurs des
chameaux, des guides et des escortes
armies. « Tons les 6mirs de C^dar, dit
£z^chiel en s'adressant a Tyr, traiiqud-
rent avec toi et famen^rent leurs dro-
madaires (*), » Les principales tribusara-
n l^tehid , XXTII , 21 et S7.
bes qui farsaient le commerce par can*
vanes, et se trouvaient dans des rapporti
assidus avec les Pb^niciens, etaient edkt
des Madianites et des Idumeens. Gt
demiers eurent en leur possession l|
ports d^Elath et d'Aziongaber et Pelii;
ville fortifi^ dans Tiuterieur des tofl
qui servait d'entrepdt aux deorte i
r Arable. « Toutescestribus,ditM.B«
ren , toient les m^mes que les Greesi
d^tgn^es sous le nom d*Arabes Ad
theens , nom que Ton a longtemps apt
que a tons les peuples derArabieM
tentrionale et que Ton a restrdDt I
puis aux habitants de THedjaz. Diodoi
qui d^peint si fiddement leur maoi^
vivre, se garde bien d'oublierlear(
merce de caravanes vers TY^eo. .^
assez grande partie (f entre eux, ^
s'occtq)erU a transporter jusq^d li
diterranie I'encens, la m^he, H
tree prMeux aromates , qt^w i
am^ne de l' Arabic Heweuse, D i
blerait par la que ces Arabes n'M$
Easeux-m^mes dans rY^men; q8%i
ornaient a foumir une traite '
diaire jusqu^a la rencontre des
nes venant de ce pavs , et en re
les charges qu'il lallait transfwrter]
loin. Mais cette secondesuppositioD'
dut pas Tautre ; car le trafiqnantdh
de oonducteurs en route suivant "
sion ou le motif : a auoi nous aj<
qu^il y eut mime plus d'une ibis
ravanes formes dans I'Arabie H^
pour se rendre en Phenicie, pui
proph^te dit expressdment que iei
ciants de Javan et de Vadan p'
des marchandises de FY^men a
Ilyavaitaussi, autempsdela
de la Phenicie, des caravanes qui
rigeaient vers le golfe Persiqoe. C(
les caravanes de D6dan, dont pf'*'
prophetes. Sur cette route, la
Gerra servait d>ntrej[»6t aux
discs de Textrlme Asie, qu*on
tait de la c6te orientale de la .
arabique aux bords de la M^ii
En resumant ses considerations
commerce des Pheniciens avecl Ai
Heeren s'exprime ainsi : « r H
dent que TArabie fut ie si^ej)]
du commerce continental des
(♦) Heeren, Politique et eammff^JSl
olet de t*antiqmU, t, II de la H*""
* '", p. IIS.
plee de i
firan^aiae,
SYRIE AlfCIENNE.
100
et k eeotre de Irars eommonicatioiis
amrfohiopie etFInde. Les yastes d^
aats de sable qui pr^serverent de tout
toDperArabie de I avidity des <x)iiqu^-
nuts, n*arr^reDt pas celle des mar*
ehaads ^tnogers. Des caravaoes 4:oin-
poski de divenes peuplades la trayer*
sereat dans tousles sens, et y trafiyue-
nntdiieetemeDtou indirectement ywn
fecoinpte des Pbtoieiens, doot les yilles
flurftimes deviorent enfin les entrepots
dese8deorees,qu'ils repandirent ensuite
aiee d'immenses b^n^fices dans touies
la eoDtrees de TOccident. T Gecom-
iMrce dot hre pour eux d'autant plus
lKratif,qa*it o'etait foode que sur des
Mnnges, coiume on pent le yoir dans
Ezechiel. U n'est jamais question que d*e-
cbanges dans toutes leurs transactions ,
ftlesm^axpreeieux n*yentraientaussi
^ comme marchandises. Combien le
mareband ph^icien ne devait-il pas ga-
gnersorleslingotsd^argent de rlb^rie,
qv'UedBDgeait eontre de Tor dans TYe-
men, o& ee dernier metal ^tait si abon-
daot! Combien gagnatt-il ^encore sur
fnatm decrees que 1' Arabe ^tait forc^
depreodredesa main, puisqu'il n^avait
st&irequ'ii lol senl ! Mais tandis que les
i'b^nicieng D*a?aient a soutenir aucune
coaeorreoee, ils en ^blissaient one
P^rlesArabes, en faisant venir h la
UNs de divers pays les mtoes produe-
tiOQS qoe fArabie leor fournissait. Ils
cttp^efiaieDtpar la qu'on ne leur fit des
fix arbitraires. lis pouyaient se passer,
la ngueur, des marchands de Saba oa
a Adok, puiiqu'Os receyaient de Gerra
les dearies de ees deux pays ; et si les
^J'l'^cfaandsde Gerra avaient voulu ren-
mtrcesdeor^, ils auraient ^t^sup-
pontes par eeox de TY^men. 3« Les rap-
ports des Pbteiciens ayec les Arabes fu-
f: teot extr^mement facilit^s par la grande
[ I^^Uanee de langage de ces deux peu-
Jl^L'Dn etPautre parlaient un dialeete
{wnf^ do ni6nie idiome , et les differen-
|Ma n'etaieot pas assez grandes pour les
^ •™^'*'"''' "'entendre. Quel ayanta^e
le marchand ph^nt-
servir de sa propre
contr6es lointaines,
*« dtre oblige de se mettre k la roerci
tfWerpretes pcrtides ! Get avantagc seul
wwisuffi pour assurer aux Pheniciens
Jeeommerce exciusif de toute FArabie,
lors mtoie que la position de ce pays
n'en edt pas rendu I'entree difficile k
des concurrents (*). »
Nous le r^p^tons, le passage que nous
yenons de citer peut s*appliquer aux Sy-
riens, qui setrouyerent, eux aussi, en re-
lations directes avec TAcabie dds Tios-
tant oin d^lina la Phenicie.
Les Pheniciens faisaient aussi un
grand commerce ayec I'figypte. lis y
transportaient prineipalement les den-
rto venues de rOccident, et aussi les
produits naturels des proyinces qui tou-
chaient au mont Liban. Cest ainsi qu'iis
emportaientd'abord par la yoiede terre,
et plus tard , au temps d' Amasis , par
mer, le yin de la Syrie. Celui de la Gna-
lybonitide, suiyant Strabon, ^it tres-
recherche. C*^tait le meilleor de TAsie :
on le servait sur la table du grand roi.
Plus tard, apr^ la cbute de la Phenicie,
les Syriens, comme nous le dirons,
exporterent eux-m^mes les produits de
leur sol, fertile en bl^ et en vms, sans re-
courir comme autrefois k des agents
Interm^iaires.
Hdtons-nous d'ajouter que d^ les
temps les plus anciei^ les Pheniciens
acAietaient en Syrie de belles laines, sur-
tout dans les proyinces qui avoisinaient
le d6sert. G'etaient ces laines qui ^taient
mises en -eeuvre et teintes en pourpre
dans les ateliers deXyret de Sidon, et
qui formaient, quand elles ^talent «on-
yerties en ^toffes d'un grand prix, une
des principales branches du commerce
de la Phenicie.
aeeren a dit, en parlant de la grande
race qui occupait TAsie occidentale : « En
Arable , elle mena la yie nomade ; en
Svrie, elle connut Tagriculture et des
demeures fixes ;«n Babylonie, elle fonda
la vilie la plus magnifique de rantiquit^ ;
sur Jes cotes de la Phenicie , elle coos-
tniisit les premiers ports et ^quipa des
flottes qui lui assurerent le commerce
universel. « II est evident que si ce ta-
bleau est exact, les habitants de la Sy-
rie , vou^s par n^essit^ a Tagriculture ,
durent tirer du sol qu'ils exploitaient
leur prtncipale richesse. Mais il faut re*
marquer que parmi les provinces de la
Syrie il y en avait qui ^taient i>eu ferti-
(*) HeereD , De la politioue et du commerce
des pevpUs de rantiquile ,\ 11 , p. 128 et saiVi
no
L^IflVERS.
leSf et que les habitants de ces prorinoos
durent cbercher aiileurs que dans la cul-
ture des terres un aliment a leur aetivite.
Ceox-I^ principalement se liTrdrent au
commerce , et , dans les aneiens temps ,
lis devinrent, il n'en faut pas douter,
sur les deux grandes routes oommercia-
les qui aboutissaient a leur pays, les
aeheteurs de ses diverses denr6es , quHls
revendaient aux Ph^niciens.
Les marchands des bords de la M^i-
terran^ firent, d^s la plus haute anti-
quit^, avec la Babj^lonie, un commerce
tres-actif. lis en tiraient des tissus de
Hn, des v^tements qui n'etaient pas
moins renommes et recherches que les
robes m6dlques, des tapis d^uoe grande
beauts, et millepetits obiets de luxe, par
exemple des pierres taili^es. II y avait,
comme on salt, des tisserandenes dans
toutes les villes et bourgs qui aroisi-
naient Babylone.
D'autre^part, les Babyloniens ten-
daient aussi les denrto de Textr^me
Orient lis faisaient ainsi une active con-
currence k ces Arabes dont nous aTons
parl^ plus baut , qui ^taient les posses-
sears de rentrep6t de Gerra. On voyait
arriver h Babylone , par la voie de terre
ou par le golfe Persique, la cilnneile, les
perles et les ^tofTes de I'lnde et du Ca-
chemir teintes de couleurs ^elatantes.
C^taient des caravanes qui transpor-
taient en Syrie, d'abord les denr^s
achet^es a Bafc^lone , ou bien encore on
ehargeait des Bateaux qui remontaient
TEuphrate jusqu'a Thapsaque (*). 11 y
arait affluence de marenands dans eette
demidre vilie. lis s*y rendaient de tous
les points de la l^rie, de la Ph^nicie et
de la Palestine. Pour ceux qui organi-
saient leurs carayanes k Damas , U61io-
polls (Baalbeck) et Palmyre ^taient les
deux principales stations (**). On a re-
(*) La roate de Babylone en Syrie a ^t4 in-
diqu^ avec asset de pr^slon par Strabon
(p. 1084).
(•♦) Nous renvoyons id a Thistoire de la Pal-
myrene, qoi doit avoir une place sp^ale dans
la collection de VUnwers. Rous noas borne-
ronn a signaler t, oeux de nos lecteun qui
voadraient avoir, avant la publicaUon doot
nous parlons, des notions sanisantes sur rim-
Sortance commerciale de Palmyre, Ponvrage
eHeereo, que -nous avons Aii\k cit^ {jippeti'
dice y du volume cinquieme dela traduction fran-
Sise , p. 308 el auiv. ). On y trouvera un extrait
It par Tailor d'on mdmoire etendu sur le
eommerot de Palmyre et de quelques autref
marque que toutes les caraYsna qui si
dirigent aujourd'hui de Damas vters FEa-
phrate s'arrdtent encore aux niiaes di
Palmyre. G'est \k g^^ralement qu'ellM
se s6parent. Entre Heliopoiis etl^lmjn
il y avait une station ^^m^.I^onuooat
encore deux Yllles syriennes, situdeiDlui
au nord, qui durent au oorameroeloir
prosperite, Gyrrhus et surtout Hierap
lis, la cit^ la plus florissante de la Kgya
qui touchait a TEuphrate, grand eeotn
religieux, dont le temple celebre ofiyi
sans doute aux marchands, comme cent
d*H^liopolis et de Palmyre, un asileas*
sur6.
£nfin, nous savonsj[ue lesPh^ideu
entretenaient des relations commeraaitt
avec les contr^ voisines de lamo
Caspienne et avec TArm^nie. Us vk^
taient sur ce point, entre autres ehoso^
des esclavesetducuiyrebrutoutravailiL
G'6tait par la Syrie que passaient as
marchandises. 11 nous < permis de
croire que dans les aneiens tem|M,poar
une partie des denr^es qui veoaieot i6
Test et pour toutes celles qui arriraieol
de la mer Caspienne et de r Armaiie, ks
Syriens ^taient au nord ce que 1« Ma-
dianites, lesldumeens etd'autresthbos
^ent au midi pour les produiUdelU-
rabie, les agents intermMiaires duo(»
merce des Ph^iciens.
II est vraisemblable qu'k T^poQ*^
mime oii la Phdnieie embratfait *
monde entier dans ses relations, IdSf*
riens ne se bomerent das a transiwiUf
deTEuphrateala MMiterranee, mop
nant salaire, les denr^ qui arrivaiail
de raiile points divers a leurs frootiott*
lis achetaient directemeot pour refct*
dre aux Ph^niciens et k d autres dm-
Eles. De 1^ un commerce lucratif doal
;8 profits ne firentque s'aoerottre,!^
qu'a la suite de la conqulte aceomiw
par les rois de la haute Asie, TyretSi-
don perdirent leur ind^pendance ^i^
prosp6rit6. Les Syriens sc ii^'^'r
des tors, par eux-memes etpoure«x-«^
mes, a un n^goce etendu , qui acanBuH
dans leurs villes de grandes ricbws*.
Les Perses n'arrSt^rent point ce me*'
vement, qui augmentait rimportaaee
d'une de leurs plus belles provinces.
villes , qui a m ins^ri^ dans le lome VH drt Me-
moires de I'Acad^mle des 8cleoo« de W"*
tingae.
. SYRIE ANaENNE.
Ill
h$tm kB lottai qoi sahrif etit la mon
iTiJanDdie, matNl l6 pays eessa de
tepartiede fempire macedonien poor
j« de riDd^pebdanee doUs le goUver-
MDeot des S^eucides, ie eommeirce
jirit on nouTel essor. Lea inarchands
iffluaient daoa tootes lea parties de la
flfrie. Onimportait, on exportait saha
cnie, aoit da c^^ de l*£uphrate par
Thapuque, soit du o6t^ dd la mer par
Laodio6e. Cdtat un immense mouve-
WDt depuis les deserts de la Palmyr^ne
fmi'i fa Pi^rie et a la Gassiotide, et
tBINiiala Qodia^e jusqU'a la C^^j-
rie; riea o'^alait la splendeur et la ri-
abew dea Tillea Syriennes , parml les-
faeiles Antiocb^, d'origine nouTelle,
aaeupa bieotdt le premier raog. MaiS
tttODs-iioQa d'arriTfer a une autre 6po-
iM, g«r laquelk des documents nom^
ORtti, au iDoiiis pour notre sojet , nous
foaraiBaeBtde preeieux renteignements.
La S3fm, ea detenant province ro-
maioe, ne podit nen , dans les premiers
temps, de aa nrosp^rit^ mateneile. Le
^niflieree, qui faisait sa richesse, loin
da deerohre alors , reQut une impulsion
iaatteDdue, et troava dans ie luxe des
cmqu^reDta un aliment considerable.
Quand les vainqueurs eurent godt^ des
tteeaderAsie* etquMIs se furent <sr66
dea bescHDB iDcomius a lean p^res, an
Mx>och6 Boofeau a'oaYrit aux n^o-
^ota sfrieos. L'ltalie demanda h V'O-
iMit lea parfdflQS, la pourpre^ la sole, les
pReries, et les paja avec lea d^pooilles
da mottde. La Syne deTint an immense
<*>^t. De tootes parts afflu^rentdans
MS ▼ulealestrtera de I'Asie. Antioche,
Bamas, ImeUide Jupiter, ia htrnHre
f^timi r Orient, la ptOssofUe et saifUe
»^n0#, eomme diaait Tempereur Ja-
waO, Heliopoiis , Laodicee sur la mer,
gfoc, Cyrriius, Hlerapolis, etc., etc.,
»^t ieurs marcb^ et leors relations
gnmereiales prendre an nouveau d^-
Woppemcnt.
iluea expoliaient dans tout Tempire
■• denrees indla^oes de la Syric et les
Cults de llncfe. « Les marcbands de
le venaieot diercher sur les rivages
JWqoes des aromatcs, des 6toffes,
^P*'*^! <*e8 esclates. lis les transpor-
*«wen Europe, ou ils employaieot I'ar-
gent qu'ils en retiraient a acheter les
meilleares productions de ritalie et des
(iotitr6es roisines ou tributaites. Horace
exprime nne partie de ce mouvement du
commerce quand il dit :
Dives et aureis
Mercator exsiccet culullis
Viaa Syra repai-ala merce (*).
Sifra merce f arr^tons-nous un instant
aur ces mots* lis ont donne lieu a une
discussion. Les parfums connus en Ita-
lie sous le nom. de $yriens etaient-ils
reellement de Syrie ou n*acqu6raient-ils
cette d^neminatioa que parce qu*on les
apportaitdana les eatrepotade cette pro-
vmce, la ou les n^gociants romains tc-
naient let prendre? II eat certain que la
plupart des denr^s^ que les aromates
en particulier, quirecoiventehez lesau-
teurs romains la qualification deproduits
syriens, venaient de diff^rentes contr^es
de TAsie. Ifous lisons frequerament par
exemplecinTiamttm syrium, et pourtant
la Syrie n'a vait pas Tarbrisseau qui donne
le cmname; mais elleavait certainement
du galbanum, du nard, et mtoe, quoi
qu'on en ait dit, du malobatfare. Piine
atteateque le raalobathre natt en Syrie ;
il le decrit , il leeompare auxautres aro-
mates de la m^me espece , il donne la pr6-
f^rence h quelques-una d'entre aux ; il
place atant tout celui de llnde. Gela
prouve qu'il les distinguait , qu*il n'a
pu les coofondre. Cela est encore plus
elair pour le baurae, quidtait un produit
indigene de la Syrie comme de la Ju-
dee {**). »
Les entrepdts de la Syrie recevaient
encore le sairan do mont Olympe en Ly-
cie, et du mont Coryce chez les Ciliciens,
le pardalium de tarse , etc. Les en viroos
de Damaa fournissaient Tonyx qui ser-
vait k renfomer les aromates. II etait
de la premiere qualite, suivant Isidore ;
Pline ne lemetqu'au troisl^merang pour
la blancheur et pour la beaute (***). La
murrbine ^tait apport^e de toutes les
parties de I'Orient (****). Toutes ces pro-
(•) Horace. Odes, I. M.
(**) M^moire de M. ae Pastoret sur VHtstotre
du commerce chez les Romains insqii*au
temps de riUUius, dans le RecQCif de TA-
cademie det inscripUoDS. ««, .
("•*) PUn., XXXVI, 8. ~ Isid., Xyi, 5.
{****) f'oy, le M^molre de M. de Paaloiet (111 ,
III.)
il3
LU£iIV£BS«
dactions formaient la branohe ia plus
lucrative peut-^tre du n^oce des Syneos
avec ntalie; car les Aomains, comme le
prouTC le t^moij^DQge des poetes , em-
ployaieot une mcroyable quaotite de
parfums venas de la Syrie {*).
Parmi les plus bri Hants objets de ee
commerce de luxe, il faut encore nom-
mer la pourpre de Tyr. L'usage de la
poorpre ^ait tr^s-r^andu chez les Ro-
inains. Sous le consulat de Giceroo , un
^ilecurule, Publius Lentulus Spinther,
avait M blime pour en avoir le premier
bord^ sa robe. Mais son exemple n*en
fut pas moins imit^. Dhs les premiers
temps de TEmpire la pourpre servait a
couvrir les tables et les lits , et parfois,
comme le dit Horace, elle cacnait les
draps mal lav^s de Tindi^ent orgueiU
leux C*). Dans le septieme sieclede Rome,
elle se vendait milie deniers au moins
la livre (***). Son prix ^tait trop elev^
rur qu'oD ne s'effor^t point de Pimiter
moins de frais. Vitruve indique les
moyens employ^ pour la falsifier (****).
Le cedredeSvne foumissaitaussi aux de-
meures des Roroains et aux temples des
Dieux de magnifiques ornements. II don-
nait a la fois une r^tne exoellente et un
bois incorruptible. On en tirait une sub-
stance qui garantissait les livres pr^eux
de.la moisissure et des vers (*****) . Avec le
bois, on fabriquait des statues, des meu*
bles , et parfois des gal^es , comme Tat-
teste Su6tone(*****^.Le bitume de Si-
don, comme le bitume et le terebintbe de
(*) Coblle
Serlts ac Syrio flagrant oUvo.
(Catall. 6. 8.)
CoronalQS nttentes
MalobaUiro Syrlo capUlos.
(Hor.Od. 11,7,7.)
Stlllabat Syrio myrtea rore coma.
(Tibull. Ill, 4, 28.)
Jam dudmi , Syrlo madefactus tempera nardo.
{Zb, 6, 62.)
.... Orontea crines perfundere myrrha.
(Propert. I, 2, 3.)
Quum dabltur Syrio monere plenum onyx.
{Ibid. U, 10, 30.)
(♦•) Hor.,&i/., 11,2,84.
[***) Plln. , IX . 39.
(•*♦') Vilruv., vn, 14.
{*****) Carmlna
Lincnda cedro, et levi lervanda cupreaae
{Rot. Art Poet, ZZ%,)
Cedro dlgoa locfltt.
(Pcre. Sat. r,42.)
' t**"**)Su«one,ri>rfeCottpttte,87.
Jud^, ^tait souvent employ^iKir la «•
tisans dltalie. Les senurier8.eD uttiol
pour vernir les t^tes de dous et mi
enduire les barres de fer. II rempla^
aussi la cbaux pour cimenter les on
Parmi les productions indig^
sol fertile de la Syrie, les fromeoto,!
exemple, entraieot comme deoreeiei
merciales, dans les mtrepdts desil
de la o6te. Tyr, Beryte, Tripoli, n'oq
diaient pas seules du bl6 et des m
chercb^; Laodio^ sur ia mcr ei<
voyait par grosses car^aisons a Akfl
drie. Les dattes de Syne ^talent eom
dans la m6decine; uaiieD, dans obi
ses traits, parlede leurs propriet<i|
les compare k celles d*£gypten.£i
les prunes de Damas paraissaieatwrl
tabIe8lesplu8 8omptueuse8C*).£oijl
tant a ces fruits une espeoe de pM
dont la Gultuie fut introduite en ltd
et que Virgile mentionne daosleseoi
livre des Giorgiques (***), nous M
donn^ une liste exacte des prodi '
indig^es foamies par la Syrie au
gociants de I'empire.
II nous reste a parler de la
la plus considerable da comoKntM
Svrie, c*est-a-dire, de ia veote dfli ^
claves.
Les Gaulois et les Germaias m
ni&saient pas seuls, aux RomaiBS,
nombrables families entassto '
rours de la ville ^temdle, ou
pour la mine de I'ltaiie, dans les
les iatiJufuUa. La guerre et la
ne recrutaient pas aeules les mar
claves. Les Syrlens, raceneepovn
vUude (****), se chargeaicnt tfap
sionuertous les trafiquantsdeclwi
roaine, sans parler des mereflM
qu'ils envoyaient en Grece, des le
(♦) Galea. H, De alHn. fac. 26. - « Pi-^a
lie dtvfdit Galeoiu, at JEgyptUt «(»^!
triogeoteSfSyriacas vel iadticu cujvBM
nucales, molies, tumidas et duloes a»J
maret. E quibas apud Orieotes qaadr*
Buuin imprimis dbos erat, 4eft8 Ptioio, J
( Ex scholia &einesi , ad Petfoo. ixt"
pAA- 60.)
("♦) t Faenintettomacalasapracraticalii
▼eDtia posita, infra orattcalam, StTfaeafi*
cam granis puoioi mali. » {Foy- Peifooe./
(♦•*) Hec aorcniBi Wwi
Crustaodla Sfriisque pirtt, gravttosque tp-
(Vir0L,C«)f9'»
(**•*) Jadsi et Syri, oaUooes naU»«
(Cio6roo, De prov, 10.)
SYBIE ANCIENNE.
113
de X^phon. lis faisaient avec la veiite
des esclaves an commerce tres-produc-
ti£ « Les venaliUarii avaient plus d*ar-
not que tous les Scipions et les Le-
nos Oi * ^ Icurs fortunes efTa^aient par-
fois ropulence de ces proconsuls qui
avaient mis au pillage les plus belles pro-
▼ioees de la r^pablique. Nous ne decri-
roDs pas ici le marche ovi les esclaves, ex-
poses dans une cage de hois (**), ou pla-
ds sur le lapis mancipiorum, le cou
charge d'un ^riteau qui indiquait leur
quality, les pieds marques de craie ( ffSp^
tati pedes ) (***)* etaient offerts au
choix des acheteurs; mats, prenant les
Syiiens a leur entree dans la famille ro-
maine, nous ^udierons leur physiono-
mie distinctive, au milieu des autres
barbares qui, achet^ en diverses parties
deTEmpire, vivaient ^ c6t6d'eux.
Dans les comedies de Plaute et de T6-
noce, le valet intrigant et f ripon est tou-
joars on Syrien (****). Syrus etait deja un
nom d*esclave (*****). Plautedonne quel-
Ques details sur leservice d*une Syrienne
dansla maison d'un honn^te bourgeois. II
nous montre une robuste menagere, rude
an travail , et fort^trangere aux manges
galants des soubrettes (******). Terence
aocoDtraire, place savieille 5yra aupres
d'une courttsane d*Athenes , et lui prete
un langage d*une singuli^re amertume :
« 0 ma mattresse, dit-elle, je t'en prie,
n'aiepitiede personne;d^pouiHe, mine,
d^ire tout ce qui tombe entre tes
mains. Ahl que n'ai-je ta jeunesse et ta
beaut^.'Commeresciave alors se ven-
(*) « DiTitilB omnes AMcanos ac LftUos malii
fenalitUrti mercatoratqiie aapertrunt. » (Cice-
Rn, OraL 70. >
(**} .... Qaem acpe eoegft
Barbara gipsatot ferre eatasta pedes.
Cnballe, BL II, 6, 41.)
(***) Ifnper to hanenrbeai pedlbns 4|al Tenerat albii.
(Javteai, Sath ni-)
(**•*) RuiMiian ren ; fades. Abll netds tneaeare
[ boinines ,
^ UD de oes etclaves dftDs la Adelpbes , t. asi.
{**••*} Hae. Qafcl est tibl nomen?
Pa. Scrras est bole lenonl Synu ;
Boa esse mt dicam. Syrus sum. Hae. Syrns?
Pa. Id eat nonaen mlhl.
{PMudolus , VfO,)
«**•*• DsMiPBO.... Recte ego emero matrl tuc
j^BsflB TiraglnciD allquam Don ins lam, rorma mala,
i^WitraDaddecet famiUas, vaXS^rom. aul lE^j-
[ptiara ;
■■■•let, eonflclet penaam, penaetor flasro: neque
'*»pCeream qutcquam eve Diet nostrls (ortbosnagllu.
(MercaL 434—438.;
8* Livraison, (syrir ancibnne.)
gerait de tant de souffrances (*)! »
La Syria pourvoyait aux piaisirs des
jeunes debauch^ de Rome, et leur en-
voyait ses courtisanes et des eunuques.
Properce jparle de ces femmes venues des
boras de POronte et de I'Euphrate (*^) ;
Lucien, dans ses dialogues, fait interve-
nir aussi des Syriennes, sorcieres et en-
tremetteuses. Partout cette race d'escla-
vesse fait reconnattre aux m^mes traits ;
partout elle paratt vile et depravee, mais
singuli^ment entreprenante et habile.
Quelques-uns, il est vrai, les plus robus-
tes sans doute, s'employaient aux tra-
vaux grossiers qui n'exigent que de la
force. Toute dame romaine a des Syriens
pour porter sa chaise (***); ^^^^ ^
general le valet syrien se |}latt dans les
emplois les plus vils; il p^netre , comme
le dit Juvenal , dans les entrailles des
grandes maisons. Nul, mieux que lui, ne
oonnatt Tart d*une adroite seduction.
II use dans Tintrigue les ressources
de son esprit, cultive et corrompu par
une instruction cnii pare ses vices et les
entretient (***^. Il se ^lisse dans la faveur
du maltre, il s'enrichit; et , devenu libre
par Taffranchissement, il s'^tablit a
Rome, se place dans les rangs du peuple,
^tale auxyeux de ses riches patrons un
luxe qui excite Tenvie (*****) ; ii brigue
les charges et les di^ites, et obtient
avec le tribunal le droit de jeter du haut
de la roche Tarp^ienne et de livrer au
bourreau descitoyens (******)! Bient6t les
(*) ....Ergo propterea te sedolo
£t moneo. et bortor. ne cnjusquam mlsereat;
Snin spoUes , rantUrs , laceres, qaemque nacta sis.
en I me miseram ! Car non aut Istcc mlhl
JEtas, et /orma eat, aot tibl bac senlentla?
{Heeyr, 63—74.)
{**) Et qnas Bopbratca, et qoas mibi mlsit Orontea
Me capiant
(***) .... LoDgonim Tehllnr e«moe Syroram.
(Jav., YI. 360.)
Octo Syria anfhilta dator lecUca paelUe.
(MarUal, IX, 3.)
(«**«) Le pire de Clo^roo disait, en oomparant
les RomalDs de sod temps aux esclaves syrieos :
Vtquisque optime grwcesciret, ila esse nequis'
iirnunu ( Cioeron , de OraL II , 66. ;
(•*•**) Neqae me divltis movent, neqae ves-
tls aot cslalum anrum et argentom quo nostros
▼eteres Marcellos Maximosqae maitl eunucbi
e Syria iEgyploque vicerunt , neque vero or-
namenta ista villanim qailms L. Paulum et
L. Mummiam qui rebus bis Urbem Italiamque
orooem rererseruot, ab aliquo video uerfacile
Deliaco aut ^ro potuisse superari. { Cicoron ,
Orat. 70. )
*»*•«. tq Qe 5yH Demie out Djronlsl Alius aodes
8
114
L'UNIVERS.
tribuns m^mes cedent le pas a ces parve-
nus (*) , dont la race odieuse envahit
Rome enti^re. « L'Oroute m^le ses eaux
a celles du Tibre. > 11 apporte avec lui la
langue et les moeurs de i'Asie , ses de-
bauches (**) et ses danses (***).
Des le temps d*Auguste , Ovide parle,
dans ses Pastes, de la veneration des
Syriens pour les poissons , donnant a ce
my the travesti par son imagination poe-
tique une forme eldgante et gracieuse;
il le rattache aux traditions du regne de
Jupiter (****). Quelques siecles apres,
le soieil, le dieu oriental, avaita Rome
ses autels et son grand pr^tre, Helagabal
etaitempereur. JNous a vons examine ail-
leurs cette epoque singuliere ou Rome
fut envahie par fOrient. Nous ne revien-
drons pas ici sur les d^veloppements
que nous avons emprunt^ h M. Amed^e
Thierry; mais, en nous renfermant dans
la question qui nous occupe ici, celle du
commerce , nous emettrons une hypo-
tliese qui nous semble fondle sur la verite
historique. G'est que cette perpetuelle
immigration des Syriens dans rltalie,
cette fusion des esclaves devenus libres
dans le peuule ab^tardi deRome , amena
lentement rintroduction des moeurs et
des croyances orientales dans la capi-
tate de rCmpire. Le commerce des den-
rees de la Syrie, et surtout la traite des
esclaves, etablirent entre deux races de
tout point opposees des rapports ^troits
et suivis, et prepar^rent cette etrange
revolution qui changea Rome pour un
temps en une cit^ orientale.
Le commerce de la Syrie ne se bor-
uait pas a Texportation de ses produc-
Dejicere e saxo elves ct tradere Cadmo.
(Horace, 5at. I, «,88.)
(*)Llbertlnaapliore8t : « Prior , tnqaU, eso adsuiD.
Cur Uineam,dubltexnTe locum defeDdere? quamvls
Natiuad Euphratero, mollesquod In aurefeoestrs
Arguerint, Acet ipse negem? Sed...
«,..... ... ego possldeo plus
Pallantc , et LIcf nls. » Bxpectent ergo tribunl :
Vincant dlvltlc : aacro nee cedat honor!,
Noper in bane arbem pedlbtn qal renerat albls.
CJuvenal,!, loa— ill.)
r*\Jtin dodam Syras In Ttberlm defluxit Orontei.
Et Itnguam , et mores, et cam Ublclne ebordas
Obliquas, necnon genOUa tympana secum
\exit, et ad Clrcam Jiissaa prostare puellas.
(Juv.,ni,6»-66.)
(***) « Ipse, erectlB supra frontem manibas ,
Syrum hlBtrlonem exlilb«Mit,ooDciiieDte tota fa-
mllia. » \ PetroD. fragm. Tragor. Lipsis, 1676,
p. 34.)
♦♦" Ovid., FoiUy 11 , 461—474.
tions indigenes et des esciaves. Les il-
lations entretenues de tout temps { ' '
les traCquants de la S)Tie avec les «(
tr^es les plus recul^s de rOrie&l, j
furent pas interrompues apres le i
des Seieucides , qui leur avaient d
tant d'ex tension. Les cara vanes qui 1
versaient Tinterieur de TAsie , les f '
qui suivaient la route de )a mer Roi
contiuuerent leurs periodiques
tions.
La soie resta toujours la bn
plus importante de ce commerce. Gei
taitqueparde longs et peoibles vojai
a travers les regions centrales et^
plus difGciles de rAsie (*), qoe FoDji
vait se procurer une marchandise (
les pro^res du luxe et de la richesseK
daient mdispensable chez les natioH|
TAsie et de TEurope Stabiles sur le
de la Mediterranee (**). Les Assyi
les Medes avaient ^t^ longtempsj
possesseurs exclusifs de ce con
c'est la ce qui, dans la haute aotiifl
avait fait donner le nom de robes o
ques aux v^tements fabriques avec bfl
Les Perses leur avaient succedeiui4
D^goce ; ils y attachaient une 1
portance, et ne n^gligeaient rien pottl
conserver le inonopole. Cest d'eulf
les marchands grecs et syriens de fii
recevaient la soie, qu*ils transports
ensuite dans TOccident. EUey etaitj
et chere. Ce ne fut ju'au rc^ deJ[
tinien que les Romains songer^tii
franchir de la d^pendance ou wj
trouvaient des Perses pour cette In
che de commerce. lis caercfaerent (
h faire baisser le prtx de la soie p
concurrence, so it en rachetanlio#|
tres que les Perses , soit en la tM«
rectement du pays qui la produit. •'*
Chinois ont conserve, dans les anDil^
Tempire, le souvenir de plusieursti
tives faites par les Romains oour el
avec eux des relations. Ces faits dcS
pas racont6s par les historiens \
que le temps a respect^ ; les mooua
de Textr^me Orient , micax conr"
supplant ici au silence de Tanti
(*) Foy,y dans le premier Uvre de laG
de l>toleni^ la route que les niardi
yaient pour pMtrer Juaqu'i I'ezti^tl c
talederAsle. ^ ,^.
(•*) Foy., sur rusue de la sole chei »■
mains, Gibbon , t. YlTp- 269-S7I.
SYRIE ANCIENNE.
115
les Obfflois rapportent que les ^isi et
hs antres peuples scythes, 6tablis h
ftneDtde la mer Gaspienne, entre la
flene et leor pays, et depuis longtemm
lipo^ession exclusive du commerce ae
i sole, 8*opposaient de toutes leurs
krees aux communications que les peu-
edu FaThsin , c'est-a-dire les Ro-
ns, Toulaient 6tablir avec la Chine ,
iont ils eachaient la veritable route.
iCesdiffieoltes, eontinuent les annales
tehinoises, oontraignirent les Romains
;fc tenter une autre vote ; ils essayerent
ile se mettre en relation avec la Chine
lisriesmers du Midi, ou ils se rendaient
to traversant la mer Rouge et I'ocean
ifidien. lis parrinrent ainsi dans les
ilt>Tinces mdridionales sous le regne
con empereur romain que les Chinois
tppellent An-Ton , et qui est le mfime que
Marc Aur^e Antonin le phiiosophe (*).
Ces details , consisn^s dans les annales
ofiieieQes de la Chine par des auteurs
contemporains , datent du temps m^me
OQ Ptol^^ d^rivait, h Alexandrie, les
^lies et les ports du pays des Sinx,
sansdonted'apres les r^cits des naviga-
teurs syrieas que le commerce avait
conduits jiisqu'aux extr^mit^sdumonde
a|ors conna. Les historiens chinois
ibot mention de plusieurs ambassades
^ de dtverses tentatives faites post^-
rieuremeot pour mettre les Romains en
relation ayec Tempire de la Chine. Ces
efforts, rest^ inconnus a nos historiens,
tvodent raison des guerres et des n^go-
ciations entreprises, sous le regne de
Justinini, pour faire directement le
commerce de la soie (**).
Le rigne de Justinien nous offre un
fflflgul/cr exemple de ces tentatives.
•Pendant qu'flellest6e regnait en Ethio-
Pie et Esimipb^e sur les Homerites,
empereur leur deputa Julien , un de
>e8 secretaires , et T^Iomose , pour repr^-
«enter k ces deux princes, qu'^tant d^ja
unisavec loi par la profession du chris-
J!j/oy., sur ee voyage, qui est de Tan les de
■Jw' ere, le JVrfm. histor. et gSographique
Jjrr^nn^fnie, par M. Saint-Martin, II, 80 et 43.
"n peat coDlaiter sar le m^me sujet un m6-
■jwde M. Abel Remusal, inUtule : Memar-
g* nr VeilensUm de Vempire chinois du
y fkroceident (t. VHI dMnouveaux M4-
T5*<le rAcadteiie des iascriptions, p. eo-iso).
-P Wwtt , Silt du BaS'Smpire , IX , M2-
tianisme , ils devaient le secourir contre
les Perses. Les depute 6taient charge
d'inviter en particulier le roi d'Ethiopfe
h se rendre mattre du commerce de la
soie, qui jusqu*alors se faisait par la Perse,
et k tirer irom^diatement des Indiens
cette marchandise pour la transporter
par le Nil a Alexandrie; ce qui procure-
rait h ses £tats un profit immense et
aux Romains Tunique avantage de ne
pas faire passer leur argeut entre les
mains de leurs ennemis... Les envoy^s
allerent d'abord en Etbiopie, ou ils furent
bien re^us. Malala d^crit ainsi cette au-
dience : « Le roietait mont^ sur un char h.
quatre roues convert de lames d'or et
atteledequatre Elephants. 11 ^tait nujus-
qu*^ la ceinture, ne portant sur ses ^pan-
ics qu'une tunique ouverte par devant
et semee de perles. II avait des bracelets
d'or. Sa tSte etait couverte d'un turban
de toile de lin broch^e d'or, d*ou pen-
daient de chaque cdte quatre chatnettes
d*or. II portait un collier de mSme m^tal,
et tenait d'une main une rondache dor^e
et de Tautre deux demi-piques ; autour de
lui 6taient ranges les courtisans sous les
armes, entrem^l^ de musiciens qui
iouaient de la fl(!lte. Les ambassadeurs
le saluerent les genoux en terre; leroi,
les ayaiit fait relever et approcher de lui,
Eritde ses mains la lettre de Tempereur,
aisa Tempreinte du cachet, recut les
pr^ents qui lui ^taient offerts, et a^res
avoir fait lire la lettre h un interprete,
il expedia sur-le-champ des ordres pour
faire marcher les troupes, etenvoya par
^crit au roi de Perse une declaration
de guerre... Mais ce grand empresse-
ment ne fut suivi d*aucun effet. Les
£thiopiens ne pouvaient enlever aux
Perses le commerce de la soie , ceux-ci ,
par le voisinage de Tlnde , attirant cette
marchandise dans leurs ports. lis ne
pouvaient non plus p^netrer dans la
Perse qu'apres un long et p^nible voyage
au travers des sables et des vastes de-
serts de r Arabic (*). »
Cette difficult^ sauva la Syrie de sa
mine. Si la soie avait suivi la route du
Nil, les villes commer^antes des bords
de TEuphrate auraient perdu la princi-
pale source de leurs ricbesses. Mais les
Perses devaient conserver longtemps
[*) Hist, du BaS'Bmpire, t. VIII , p. IB6-15S.
8.
116
L'UNIVERS.
encore le privilege lexclusif de oe com-
merce, doot les Syriens ^taient les fac-
teurs.
Vers la -fin du sixieme siecle, les So^-
diens, devenus sujets des Turcs, envoye-
rent a la cour de Perse, avee la permis-
sion du grand khakan , des d^put^ <]ui
demanderent a Chosro^s Tautorisation
de faire sans obstacle le commerce de la
soie dans son empire. Chosro^ amasa
lon^emps ces ambassadeurs par des
d^lais calculi. Ceux-ci , las des retards
apport^s k leur negociation, presserent
eiiOn le roi de s'expliquer et de faire as-
sembler son conseil pour lui soumettre
cette affaire. « II existait alors k la cour
de Chosro^ un Nepbtalite, nomme Ca-
toulf , qui jouissait d*un grand credit.
Catoulf conseiila au roi de ne pas laisser
sortir la soie qui avait ^te apport^e par
les envoy^s sogdiens ; mais de la mettre
a prix et de Tacheter, puis de faire venir
les ambassadeurs etde brdler cette mar-
chandise en leur presence , non pour
leur faire injure, mais pour montrer
qu'on n'avait aucun besoin de la soie
des Turcs. Les ambassadeurs ne purent
parvenir a fajre expliquer Chosro^ ; il ne
te fit qu'en acbetant toute la soie dont
lis avaient apport^ une grande quantite,
et en la faisant brdler en leur presence.
Les d^put^s se retirdrent ensuite dans
leur patrie , ou ils rendirent oompte au
grand khakan du peu de succ^s de leur
mission... Le grand khakan resolut de
se venger : pour 5tre plus en etatd'yr6us-
sir, il crut devoir traiter avec les Ro-
mains, ennemis naturels des Perses. Ma-
niach,qui etait alors le chef des Sogdiens,
iui avait le premier remontr^ que les
Turcs devaient pr^erer Tamiti^ des Ro-
mains k celle des Perses; quil valait
mieux leur transporter les avantages du
commerce de la soie, parce que cette na-
tion en faisait un plus jjrand usage que
le reste du monde. Maniach avait oftert
dese joindre k Fambassade qu'on pour-*
rait envoyer pour cet objet, et il pro-
mettait d employer tons ses efforts pour
^tablir une soJide alliance entre les Ro-
mains et les Turc«. Le grand khakan fut
convaincu par les raisons de Maniach,
et il Tadjoignit aux ambassadeurs quMl
envoyait onrir k Justin le secours de ses
armes contretous ceux qui attaqueraient
Tempire, et lui proposer le commerce
de la soie. Les ambassadeurs eoretttfam
des difficult^ a surmonter avantdi
parvenir dans la ville imp^riale. Le
min qu'il fallait parcourir pour alter
campement des Turcs a Constantii
6tait long et dangereux. Ils eureot
franchir des montagnes couvertes
neiges et de brouillards, des plaines
sertes, des for^ts etdes mar^ges,at
de traverser le Caucase , d'oii ils se
dirent aupres de Tempereur (*). » Ci
par eux que fut signe le premier
eotre les Romains et les Turcs.
cette alliance resta sans resuitat.
Turcs, quoique plac^ aux confins de
Chine, ne purent enlever aux Perses
monopole de commerce de la soie; eai
fet ce n^ooe se bornait presqaei
ports du midi, ou les navires veoiii
s'approvisionner sans obstacle par
golfe Persique etl'Oc^an (**).
Les invasions de Ghosroes ne
rent pas a porter le dernier coap if {
commerce de la Syrie. Quand les Am
arriverent, ils ne trouverentplusrioii
pilleret ^d^truire. Les Romains cepn*
dant avaient conserve dans le golfe Ara*
bique un comptoir important, qu'ilsde-
fendirent avec couraee : c'etail lite de
Jotab^, dont les habitants faisaieotll
commerce de la mer Rouge. lis segn^j
vernaient en republique et ne pay ''*
k Teinpereur qu'une taxe sur les
chandises qu*ils recevaient deslndes(^
selon un tarif qui avait 6t^ dresse. Nesi
devons citer encore la foire d'Abyh,
2ui se tenalt k environ trente roiliesi'
>amas, et r^unissait chaque aDnwIJ
produits naturels ou fabriques 9
toute la Syrie. Les Juifs, les Grecsette
Arm^niens, les Sjjriens et les habita*
de rfigypte s'y reunissaient de tootoi
parts : cette foire , qui , cr^ce aui «»•
tions religieuses que les evfiques syrirti
entretenaient avec les contrees sitaw
au dela de TEuphrate , devenait de p»
. (*) Hist, du B/u-Empire, t X, p. *^^
(♦*) Nous ne devons point ooLiier de »]
llonner id, en termfnant, les 1»^ JJ
Heeren a ecriles sur le commerce ae»^
dans rantlquit6. — Voy. De lupoliUmie, «»f
(. I, p. 115 el sulv. de la Irad. francalsf
oOtovoiko^ olxeTv t9|v vijffov, Kai tA *jj^
otXeT 96pov elcoYeiv. ( Tbeoph.» l>. !*'• )
«YRIE AISaENNE.
117
aipitt active et fr^quentee dura jusqu'a
idesArabesC).
[*) foy- Lequien, Orienackristianus, c. 683et
■T^ sar In rapports de la Syrie chr^tipooe
mc la M^potamie, la Perse, rArm^ie,
Rnte , et peai-«tK les provmces occidentaiea
lihCliiDe.
Tout, en effet, devait disparattre de-
vant ces farouches envahisseiirs : ce fu-
rent eux qui frapperent et an^ntirent
d'un m^me coup, en Syrie, ce qui avail
fait lagloire et la prosperite decette belle
contree, le conimerce, la doininatioo ro-
maine, et le chri2)tiaDisiue.
SYRIE CHRtTIENNE.
CHAPITRE !•'.
miGffl BU CHBISTIIWISMB EN SY-
BIB.— COHSTITIJTION DB L'EGUSB
SYBIBRNB. — HBBBSIBS.
PEBMIEBBS PBiDICATIOWS ; BAE-
JUiSk, PAUL BT PIEBBE ; OPIWION
]>B CEWNTHB EELATIVBMENT A LA
CIBCOHCISIOK ; BOUSES d'ANTIO-
CHS ET DB DAMAS ; LA PBBDICATION
iTBNDUB AUX GBHTILS. — On Sait
ipie des les temps les plus recul^s il
If ait exists entre Arame eX. Israel
de continuds rapports. Les Jiiifs, atti-
res parte commerce, se transportajent
en grand nombrc dans les villes syrien-
nes. Les guerres et les conqu^tes des
kssmeos, des Chaldtens, des Perses et
des Grecs n'avaient pas interrompu ces
rdations. Les S6leucides, par int^rdt
sans doute,essay^rent, en la favorisant,
de rendre durable Falliance des deux
pays.
Les Juife, sous les rois grecs de la Syne,
sefixerent en grand nombre ^ Antioche.
La i\s ^taient en possession de tous les
privileges de la population heiI6nique. Us
dorent bientdt au credit dont ils jouis-
saient et a leurs grandes richesses , et
peut-SlTeanssi \ rindiffereuce du peuple
au milieu duquel ils"vi vaient, de pratiquer
librementla religion de leurs aleux. Sui-
Tant ie temoignage de Jos^pbe, its^leve-
rent dans la capitale de la Syrie une
magnifique synagogue (* ).
Cc fat au sein de cette population
jajve que le christianisme fit a Antio-
cbe ses premieres conquSt^. Apr^s la
mort de saint £tienne, comme nous Tap-
fireiment les Actes des Ap6tres , plu-
neurs de ceux qrui croyaient en larais-
lion dirine du Cnrist aoandonn^rent Je-
rusalem , et se rendirent dans les pays
voisins. Quelques-uns s'arr^terent en
MienicicBt dans Tile de Cvpre ; d'autres
se fixerent a Antioche. Ceux-ci ne s'a-
droserent d'abord qu'aux Juifs ; mais
(*) Joi^he, de Bello judaico, VII, 21 .
bientdt ils annonc^rent le Quirt aux
Grecs eux-mtoes, et ils enseign^nt a
tous indistincteraent la nouyelle doc-
trine- Ils oper^rent ainsi de nombreuses
conversions. La nouvelle en Yint k
Jerusalem. Aussitdt TEglisc de cette
ville se bflita d'envoyer en Svrie Tun
de ses membres les plus zel6s. C'6-
tait un ancien Invite, qui avait cbang^
son nom de Josephe en celui de Bar-
nabe (fils du propkite). II se rendit
a Antioche, et la, en voyant ce qui avait
ae fait, il fut rerapli de joie, et il cxhorta
vivement ses nouveaux fr^res a per-
sev^rer dans la foi du Christ. Bamab^ ,
seul d'abord, puis avec Taide de Paul, or-
ganisa I'figlise d' Antioche, dont les mem-
bres furent les premiers qui s'appelerent
Chretiens (*).
Une autre tradition veut que samt
Pierre ait fond6 1'feglisede Syrie , et qu'il
ait^tele premier 6v6que d' Antioche, en
Tan de J. C. 44. II fit dans cette ville,
selon saint Chrysostome, un s^Jour de
sept ann^es. Basile de Seleucie, d'un au-
tre c6t6, qui ecrivait vers 450. parle des
miracles faits par saint Pierre a Antioche
comrae de choses g^neralement recon-
nues et qu'il est inutile de r6p6ter. Tou-
tefois saint Luc ne dit nuUe part oue
saint Pierre ait ^t6 ^v^que d'Antioche.
II estbonderemarguerd'ailleurs qu*au-
cundesap6tres,sil on n'enexcepte saint
Jacques , eveque de Jerusalem , n'a ^te
d'abord particulierenient attach^ a une
Eglise. lis se partageaient les diverses
provinces deTempire romain,etparcou-
raient guccessivement les villes princi-
pales , oil iis s'arr^Uient un temps plus
oumoins long, suivantlescirconstances
et les besoins des fideles. Antioche, par
son importance et par la proximity de Je-
(•) Jet. Jpott. XL, 19. — M. DoeUinger se-
rait porl^ k croire, par la termlnaiaon lattne du
mot Chretien (christiamu), que ce nom ful em-
ploy* la premiere fols par des Romains. Ortgt-
nesdu Christianisme (ir&6, franc), 1. 1, P-M-
— Leqaien {Orievs ckristianus, t. II, c 673 ) diu
PrimamJntiochicB ecclesiam in PalaaseU urbe
veteri posit/im faisse Thcodoretus Chrysost^
musque tradunt.
120
L'UNIVERS.
rusalem , devait ndcessairement attirer
line des premieres Tattention des apd-
tres. Aussi voyons-nous saint Paul et
saint fiamabe parti r de cette cite comine
d*un centre d^ja form^ de population
chr^tienne pour aller 6vang^liser les vil-
les et les provinces voisines. Apres leurs
premieres excursions, les ap6tres retour-
nerent a Antiocbe , ou lis assembl^rent
rEglise, et racont^rent aux fideles les
grandes choses que Dieu avait faites avec
eux , et c(/mment lis avaient ouvert aux
gent i Is les portes de la foi (*). lis y reste-
rent un temps considerable, etsamt Paul
ne quitta la ville que pour aller pr^cher
TEvangile a ceux qui n avaient point en-
core entendu parler de J. C, et jusqu'en
Uiyrie. ,
Tout nous porte done a croire que si
saint Pierre passe pour le premier ^v^ue
d' Antiocbe , c*est uniquement parce qu*il
}r fit un sejour continu , ou plus long que
es autres apotres. II est constant qu^il ne
s'v trouvait pas lorsque s'^leva dans Vtr
gfise de cette ville une espece de schisme
qui donna lieu au troisieme concile de
Jerusalem.
Cerinthe, faux frere et faux apdtre, s'e-
taitnHs(**)^la t^ted'un parti qui voulait
obliger les fideles a la circoncision et a tou-
tes les observances de la loi de Moise (***).
Saint Paul et saint Barnab^s'opposerent
fortement ^ cette doctrine, qui faisait
rentrer les peuples dans une servitude
dontleChristetait venu les deli vrer (****).
On resolut d'aller a Jerusalem consulter
les apdtres et les pr^res sur cette ques-
tion. Saint Paul partit done avecTituset
liarnabe , et retourna a Jerusalem qua-
torzeans apr^s sa conversion. II y trouva
saint Pierre, saint Jacques et saint Jean.
L'assembl^ des fideles se rangea a Tavis
de saint Paul , de saint Pierre et de saint
Barnab^ , qui condamnaient les C^rin-
tlilens, et une lettre fut adress^e par le
concile aux fideles d'Antiocbe, de Syrie
etde Cilicie; elle se terminait par ces
mots : « II a sembl6 bon au Saint-Esprit
« et a nous de ne vous imposer d'autre
« cbarge que celle-ci, qui est n^cessaire ,
(•) Fleury, liv. I, ch. 30.
(*♦; Fleury, 1. 1, c. 32.
(*'*) Quidam descendentes de Judsa docehant
fratret , nisi cf rcumciderentur secuDdum legem
Movsls, salvari noD posse. AcU Ap. XV, i,
r**) S.Paul. Bp, ad Gal., ch. if, v. «.
« de vous abstenir des viandes
« lees aux idoles, du san^ des Mm
« 6touff^s et de la fornication. »
On voit qu'en deli vra nt les fideles deltj
plupart des observances judaiqnes, lei
cileenlaissaitsubsisteruneSaiDt ,
tin a voulu ex pliquer cette d^isioa.
G'est que, dit-ii, la d6fensede mangeri
sang venal t de plus baut que la loi de "
se, puisqu'elle avait ^t6 d6claree a N<
sortir de Tarche : ainsi ellesemblait
der toutes les nations. II est done a
que les ap6tres voularent laisser d'al
cette seule observance l^ale assex
cile, pour reunir les gentils aree
Israelites et les faire souvenir de Pi
de No6, figure de l'£^lise, qui n
toutes les nations. Ajoutonsacela,
pres Origdnef**), que Topiniong^
6tait alors quelesraux dieux, c'est-
les demons, se repaissaient du saog
victimes.
Une seconde remarque oous est
ger6e par le texte de la lettre du
« II a sembl^ bon au Saint-£spnt
nous, » disent les Peres; preuww
nifeste que des tors il y avait un poofV
fortement constitue dans r^lis^n
voir qui, en toutes matieres, dradi|
sans contr6le et en dernier ressortjl
qui le prouve encore davantase, e'em
prompte soumission des fidaeselM
respect pour les paroles du concile, M
la bauteuret Tautorite nedonnerentfi
lieu a des reclamations.
L*£glise de Damas est aussi aueieMl
guecelle d* Antiocbe. Nous savoDS,eB»
ret, qu'on y voyait d^ja des fideles co i *
n6e 36 de notre^re. C'estrepoaue*!
conversion de saint Paul, qui aliait*
trer dans la ville pour y rechercbff j*
Chretiens, lorsqu*u fut miraculeus^
convert!. Ananias, ce disciple qui i^
la vue a Paul , est considere «>™JJJ*
premier 6v^ue de la ville. Paul,dei||Bi
Chretien, apres un court sejour dinsjl
rabie voisme, revint a Damas «!
enseigna longtemps (•**). U y reparut»
core souvent dans le cours dews tow
Aussi Ton peut dire que si Barnabcl
Pierre furent les apdtres d*AnUod»i
Paul fut Tapdtre de Damas.
*) S. Aug. ConL Fami., cap. 13.
" Orl£., Cont, CeU., livTvilI.
***) Gal, 1, 17.
SYRIE ATIGIENNE.
itn
Pendant son s^jour a Antioehe, saint
Fierre nola une decision de r£glise
Lloi-mlme avail sanctionn^. II ne
it d'abord aucune difficult^ de
. coQTerser avee les gentiU et de manger
tree eux. Mais quelques circoncis ^tant
[foiDide la part de saint Jacgues, saint
^Fierre eraignit de leur d^plaire et eom-
■HQ^ a 86 s^parer des gentils. Tons les
[Jnifs eonvertis d*Antioche imit^rent la
iinioiubtion de saint Pierre, et saint
Janiabe lui-m^me s]y laissa entrafner.
£*cit alors que saint Paul , voyant qu'ils
[IB o»rchaient pas droit snivant la v£-
[M de rfivangile [quod rum recte am--
mtreiUadveritatem EvangeHi(*)], re-
Mit saint Pierre devant tout le monde ,
P loi rMsta en face. Saint Pierre re-
iinnut sa faate, et des lors les decrets
p condie fiirent ponctuellement ex6-
Gefut aossi k Antioehe, comme nous
ra¥OQft (tit, qoe les fideles commence
wot a Be faire appeler Chretiens et a for-
njer T^taUement une secte a part, se
dtftioguant des juifs, qui y vivaient en
tres^gnnd oombre. Dans Torigine, on les
avait nipeks ceux de la voie, ou simple-
mmt disciples ou croyants. On les d6si- ,
mit aossi sous le nom de nazar^ens.
p nit ^ilement a Antioehe que se fit
la premiere qu^e ou collecte pour sub-
vepir aox necessites des fideles, a la
wrted'oDefiuninequidesola touteTAsie
Hmeure eo Tan 44. Saint Barnab^ et
Rtat Paul furent charges de porter a J^
nrailein, poor seeourir les Chretiens de
Judee, les aum^nes de ceux d' Antioehe.
Us revinreot peu apres, ramenant aveor
eux Jean Marc, cousin de Barnab^, quMl
Miaut pas oonfondre avec saint Marc
l^nraitti^te, et qui, oomme eux , s'oc-
"g « r^pandre la foi en Syrie par la
pwdication. Saint Paul eut encore de
PBBsaotsaiixiliaires,dans Judas notam-
■ttt, qtfil ramena aussi de Jerusalem a
"« Klour da ooncile en 51 (**).
ITODS BT IGNAGE ; L*EGL1SE d'AN-
nOCHE, DANS l'o&igihb, BMBRASSAIT
•WTi LA SYBiB- — Saint £vode passe
pu le second 6y^ue d' Antioehe. Cest
r^ J. PmI , Jd Gal, cap. 2, v. U.
rfLir'^**"''^!^' *<■' 1» oommeDoemeots du
2jMaiMie h Aotiodieet en Syric, J . C. L. Gle-
^r;Ukrbuck der iCfrckengeKhichte, I. I,
du moins Topinion d'Eusebe , qui a et^
suivie par saint Jerdme. Le chroniqueur
dit qu'£vode fut etabli par saint Pierre
sur le siege d* Antioehe, en 43, au mo-
ment oh ce dernier allait parti r pour se
rendre k Rome. D'un autre cote , saint
Chrysostome assure, avec la chronique
d'Alexandrie, que saint Ignace fut lait
6v6que d'Antioche par les apotres : il af -
firme m^me que saint Ignace fut fait ev^
Jiuepour remplir la place quesaina Pierre
aissait vacante. Saint Manius , saint
Athanase , Jean d' Antioehe et plusieurs
autres confirment ropinionde saint Jean
Chrysostome.
Pour accorder des assertions si diffe-
rentes, lesavantauteur des Annales eccl^
siastiques , Baronius , ne trouve d*autres
moyens que de faire de saint £vode et de
saint Ignace deux ^v^ques contemporains,
ordonn^ en m^me temps par saint Pierre
et par saint Paul, Tun pour les juifs, I'au-
tre pour les gentils, k cause de la division
qui s'etait dev^e entre eux et dont nous
avons parle a propos de C^rinthe. Lors-
que cette division eut etc heureusement
apais^e, saint Ignace ceda,selon lui, 1*6-
piscopat entier a saint £vode, et lui succ6->
da apr^s sa mort, en 68. D'autres auteurs,
le pdre Halloin, j^uite, dans la Vie de
saint Ignace , et le protestant Hamont,
dans son ouvrage pour la defense de Te-
piscopat, pretendent qu*j£vode et Ignace
ont exere^ Tepiscopat en m^me temps ; et
que la difference de moeurs des juifs et des
gentils necpssita Telection des deux ^v^<-
^ues pendant les premiers temps du chris-
tianisme. Enfin, une autre opinion, qui
est totalement d^nu^ de probabiiite, mais
que nous mentionnons parce que nous la
trouvons consignee dans les Memoiresec-
clesiastiques de Tillemont, c'est que saint
Evode mourut tr^s-peu de temps apres
son ordination, et que saint Pierre, avant
de partir pour Rome, passa par Antioehe
et y sacra saint I^ace pour remplacer
£vode,qu*il avait deja saer^ lui-mlme peu
de temps auparavant. Mais comment ac-
corder ce recit avecoelui d'Eusebe et des
autres auteurs , qui font mourir £vode
en 68.
I^ous Savons tres-peu de chose de saint
£vode. II en est fait un grand eloge dans
une epitre attribute a saint Ignace, mais
qu'on a de fortes raisons de croire sup-
posee. Saint Chrysostome le met au nom
122
LIJNIVERS.
bre des plus grands evdques, Fappelant
kparfum de r^glise e( le successeur
des apdtres. L*historien grec Nic^phore,
qui 6crivait vers le milieu du douzieme
siecle, lui attribue divers ^rits et entre
autres une lettre intitul^e : Lumiire.
Ges ouvra^es paraissent entierement sup-
poses. Selon la Chronique d'Eusebe,
saint ^.vode finit par le martyre ; s*il en
est ainsi, il dut mourir sur la fin de la
persecution de N^ron.
Cest a partir de saint Ignace que
r£glise d'Antiocbe, d^j^ fondle par les
travaux des ap6tres et par le sang de
plusieurs martyrs , commence a devenir
un cbeMieu important et r^v^r^ , ou re-
side le chef du souvernement spirituel
aussi bien que ceiuidu gouvernement ci-
vil de toute la Syrie. I^int Ignace s*ap-
pelle lui-m^me i'evdque d^ Svrie dans son
^pttre aux Romains ; ce qui fait pr6sumer
Sue toute cette province reconnaissait
es lors I'^vfique d'Antioche pour m6-
tropolitain, comme elle Fa reconnu de-
puis sous le titre d'arcbev^que et de pa-
triarche.
Nous devons ajouter ici que les Feres
du concile de Nicee donnerent k Antio-
cbe le troisi^me rang parnii les £glises
chr6tiennes. lis la pla^aientapres Alexan-
drie et Rome.
Quelques auteurs modernes ont pre-
tendu que sous Ignace r£glise d'Antio-
che contenalt deux cent mnle Chretiens,
lis s'appuient sur un texte de saint Chry-
sostome, qui donne a cet ^v^ue
cette louange, d'avoir pu gouverner une
ville de deux cent mille habitants (*).
Mais pour admettre ce chift're il fau-
drait supposer que des le premier sie-
cle toute la population avait embrasse
la foi. II est certain que les progres de
TEglise furent tr^srapides. Au milieu
du quatrieme siecle, Fempereur Julien
reproche a la ville d'Antioche son atta-
chementau christianisme : « Vousaban-
donnez, dit-il, les temples de Jupiter et
d'Apollon pour les autels de Christ;
tout votre peuple me fait un crime de
rester fiddle aux dieux de nos p^res C*). »
(*) AfjjJLOv 6lc etxoffi fett€iv6|uvov jjiupi(i8a«,
Horn, in Ignatium.
(**) 'O i*lv ydtp dfjvuoc dx^etai (jlo( t^ ttXe(-
«T(|> \iigtit iaSXXov d'dicocc, diftedrnta 7rpoeX6|ievoc,
&n xqXq «aTp(oic 6pql Tf}; AYtarsCac Oe<r(AoT<; npoa-
xeifievov. Utisopogon.
Dans la Goel^-Syrie. la religion nouvdie
s'etablit plus dimeilement. Au temps de
Sozomene, les pr^tres et les rooiw
6taient encore ooursuivis par la haitt
des paiens (*). Sous Tempereur Ji
il y eut des ^lises profanto, des
gues massacrS, dans les villas d'HeG,,
ns, d'Ar^thuse, d*Apam6e, d'£me^;
derriiers temples des dieux ne
renverses que sous Th^dose.
SAINT IGNAGB ; IL EST JU6E A ifr
TIOCHB PAH TBAJAN ; IL BST |%
YOYE A ROME ; SON VOYAGE ;
MARTYBE ; IMPORTANCE DB SES
TEES POUR l'HISTOIRE DES n^^
MIERS TEMPS DU GHBISTIANISMI.
Saint Ignace est connu pri
ment par ses ^pttres et par le gli
supplice qui termina sa longue
Ces 6pttres, Rentes pour la plupart
dant son voyage a Rome, ou il allait
martyris6, sont pr^cieuses par lesrei
gnements qu'elles nous fournissent (V
les moeurs des premiers chr^i^DiiJ
sur les nombreuses berries aui r#
vaient alors de toutes parts, et float ^
tioche et r^glise de Syrie tout so^
eurent beaucoup a souffrir. £D(iiu|t|
montrent aussi que la suprematit
tuelle de Tev^que d'Antioclie n'etyit
restreinte dans les limites g^
ques de la Syrie , mais qu'elles'e
dans toute TAsie Mineure. Aussi d^i
vra-t-on pas s'etonoer, quoique i'
que nous avons entreprise soi( ^
cialement celle de r£glise de SyiUb:
rencontrer ici beaucoup de details "
tifs aux £glises voisines.
La persecution sous laquelle ^0f
Fut martyrise est celle^de Trajan. '*'^
fut ^rite , comme on le sait, Ja "
lettre de Pline le Jeune a rempenor.
fut Trajan lui-m£me qui fitsubirai
Ignace son premier interro^atoire. '
me, h la suite d'une exp^itioo, il"
en Orient, Fann^ 106 de J. C. et
son r^gne , il s'arr^ta q[oelqu«
a Antioche , d*ou il allait partir
t6i pour combattre les Parthes.
Ignace fut amen^ devant lui , et
dit avec un ^rand courage aux
tions multiplies de Fempereur
interrogatoire nous a ^te col
dans les actes qui portent son nom* m
(*) Sozomene, Hist, eecl., VI, 34.
SYRIE ANCIENNE.
138
Ifliliniik il est impossible de ne pas son-
fr am paroles que GorDeille itiel dans
bouche de Poiyeucte, lorsqu'il vient
de renverser la statue de Jupiter, et
BOOS croirions Tolontiers aue notre
grand tragique s'est inspire des r^pon-
ses de r^v^que d'Antioebe. « Tu crois
done, dit Trajan, aue nous n^avons pas
dans le coBur les dieux qui combattent
aree nous contre nos ennemis. » —
• Vous ?ous trompez de nommer dieux
ksdemoDS des gentils. 11 n*y aqu'un Dieii
qui a £ait le eielet la terre, et la mer, et
tout 06 aa*ils contienoent, et il n'y a
qu*Qii seu J6sus-Christ, le fils unique de
Diea, aa royaume duquel /aspire. » —
« Tu paries, reprit Trajan, de celui qui a
eteerueifie sous Ponoe Pilate. » — « Cest
hu^repoodit le saint, qui a cruciGe le p^-
die avec le demon auteur do pech^, et
ooi met toute la malice du d^mon sous
les pieds de ceux qui le portent dans leur
ooeur.* AloTS Trajan : « Tu portes done
entoileCnidfi^? » — « Oui; car il est
eerit : « J'habiterai et je raarcherai en
All. * IVajan pronon^a cette sentence :
NoQs ordonnons qu'Ignace, lequel
pretend oQ'ii porte en iui le Crucifix,
aoit eaenatne et conduit dans la
gnode Rome, par les soldats, pour
m d^n§ par les b^tes dans les plai-
iin do peuple. > C^tait un usage
d^aiiyofer a Rome les grands criminels
detoutealesproYinces.
Saint Ignace, en entendant prononcer
lOB arrit,reiidit grdce au ciel de Iui avoir
accoTdece^'il d^irait depuis si long-
temps. 11 pntia ehatne, disent les Actes,
el s*en ehargea avec joie comme de pier*
nnes spif itoelles avec lesciuelles il sou-
naitaitdemsusciter. Aussitdtapresilfut
mkfi par les soldats pour £tre emmen6
iRoiiie. Tootefois, il n*y alia ni vite ni
nreetement II semble qu*on ait pris k
liefae, poor lasser sa patience, de faire
Mner son voyage en longueur, et par
Mitedeprolongerautant que possible les
■Bovais traitements dont Taccablaient
SUM cesse les dix soldats ou plut6t ,
ttmme ille dit lui-mtoe dans ses lettres,
*BS dix leopards qui Taccompagnaient.
we eooduite ne eontribua qu*a faire
"(^ davantage sa s^rtoite dans la
gffiapce, sa diarit6 envers les nom-
2[cn chr^ens qui venaient baiser ses
'**'"^- et son impatiente ardeur de Onir
par le martyre. 11 ne se choisit pas de
successeur comme avait fait saint Pierre ;
il laissa k I'figlise de Syrie , comme il le
dit dans une epftre aux Romains, Jesus-
Cbrist m^me pour^vdque au lieu delui,
avec la protection dela cbarit6 etdes
pri^res quMI demandait pour elle a ton-
tes les autres l^glises.
D'Antioebe saint Ignace alia d'abord
Ik S^leucie> oil il devait s'embarquer.
Philon, diacre de Cilicie, et Asatbopus
ou Agathopode de Syrie, ses disci pies,
Taccompagnerent. Quelques-uns leur joi-
gnent encore Reus, qui passe, aux yeux
de quelques savants, pour ^tre la mtoe
personne qu*Agathopus. Les deux pre-
miers sout inscrits au catalogue des
saints. lis passent pour les auteurs des
Actes de saint I^ace. Saint Clement
d'Alexandrie (*) cite une lettrede There-
siarque Valentin a un Agathopode qu'on
croit 6tre celui dont nous parlons.
Apres de grandes fatigues, le saint
aborda a Smyrne, ou Polycarpe, disciple
de saint Jean comme Ignace, gouvernait
alors rfiglise. L'ev^que d*Antiocbe se
{(lorifiaaupres delui de ses chatnes, et
e supplia , ainsi que tous les fldeles de
Smyrne, de hdter par leurs pri^res Tac-
complissement de son sacriGce. Jusqu'a-
lors, sur sa route, Ignace avait 6te vi-
site par les cbretiens qui accouraient
en foule, et Iui prodiguaient leurs soins
pendant que lui-mSme les exhortait et
les instruisait dans la foi. A Smyrne,
il fut visite par Onesime, 6v^que d'Eph^-
se, parBurrhus. diacre, par les Gdeles
Crocus et Fronton, et, au nom de
rfglise de Magnesie, parDamas,son
6v^que, et quelques autres membres du
clerge. L'£glise de Tralles Iui deputa
aussi Tev^que Polybe, Cest de Smyrne
que saint Ignace 6crivit k ces trois Egli-
ses des lettres qui sont parvenues jus-
qu'a nous.
Ces lettres, que nous ne devons pas
examiner sous le rapport de la doctrine
et des sentiments cbretiens qui y ^da-
tent, ne sont pas k negliger au point
de vue de Tbistoire. Bien qu*elles ne con-
tiennent aucun detail precis sur les b^-
r^tiques du temps , que le saint se fait
un devoir de ne jamais nommer, elles
nous montrent,par la nature des recom-
(*)Clein. d'Al. flom. III.
124
L'UNIVERS.
mandations et des doges qu*Ignace donne
aux £glises , combien il y avait alors
defaux interpretes del'^vangiiede J.G.
et combien de schismes tendaient sans
oessea se produire. « Vous devez , ecrit-
a il aux £ph6siens, concourir k la vo-
« 1ont<^ de l^^v^que comme vous faites.
« Car vos pr^tres sont d'accord avec
« r^v^ue, comme les cordes d'une lyre,
tt et votre union fait un concert mer-
« veilleux pour chanter la gloire de
« J. G.... Que personne ne se trompe :
« quiconque est s^pare de Tautel est
« priv6 du pain de Dieu ; car si la priere
« d*une ou deux personnes a une telle
« force , combien plus celle de T^v^ue
« et de toute l*£glise! — II y a des
« trompeurs qui, se parant du nom de
« Dieu, font des choses indignes de lui.
« Vous devez les ^viter comme des b^tes
« farouches. Ge sont des chiens enrages
cL qui mordent en cachette... J*ai su
« aue vous aviez re^u parmi vous
« des gens qui tiennent une mauvaise
« doctrine : mais vous avez bouch^ vos
cc oreilles pour ne la pas recevoir. » £t
dans Tepttre aux Magnesiens : « Ne vous
« egarez pas dans les opinions etrang^-
« res ni dans les auciennes fables qui sont
« inutiles. Si nous vivons encore selon
« la loi , c'est avouer que nous n*avons
« pas re^u la grdce. » Cette phrase est
dirigee ^vjdemment contre les c^rin-
thiens, dont les partisans s'etaieut perp^
tu^sdepuis saint Pierre, et qui m^laient
obstinement les pratiques judaiques au
culte nouveau (*). Le saint ajoute, pour
rejeter de sa communion tons les Chre-
tiens qui portaient les noms des diverses
sectes : « Apprenons a vivre selon le
« christianisme ; car celui qui porte un
« autre nom n'est point de Dieu. »
(*)C^rinthe 8*6talt renda h £ph«8P, ou il essayalt
de propaser aes opinions et oii il devint, du vl-
vaot de rapdtreJean. le foodateuret le chef
d'ane secte aaaez nombreose. Les historieos ec-
servaUon ooostante de la loi mosalque est fort
controversy. Saint Ir^n^ garde le silence k
ce so^et, mais fiplphanes pr^eod qull attrilMia
ane autorit6 obllgatoire a une parUe de cette
m^me loi (peut-^tre h la jparlie morale, tout en
refetant les c^r^mooiesV Que saint Jean ait 6crit
son ^vangile oontre les Nioolalles et prindpale-
meot ooDtre C^rinthe, c*est oegu'attesteDt uoaoi-
mement saint Irtete , saint fplpbanes et iaiot
J^me. »
Dans Tepltre aux Tralliens, saintlgna*
ce, apres leur avoir recommand^Fom
sance a F^v^que, aux prStres, aux diacRii
les pr^munit contre les erreurs des ioi» \
nandriens, dont ilne prononoe mlme|ill. \
le nom, selon son habitude:GesbeF^qae^ j
qui 6taient tres-nombreux a Aatiodn^^
avaient pour chef M^nandre , disciple^
Simon le Magicien.Sadoctrine^ittaii^
me que celle de son mattre, sauf qudqni:
changements, qu'il avait introduitspos.
fonder une secte particuli^re; ilsoutoaNi^
entre autres choses, que quiconque wif
ferait point baptiser en son noroneixMN
rait 6tre sauve,et que ceux qui reoevrM
son baptdme ne mourraient poiiit;f
niait que JesusGhrist eAt ete veritiUi'i
ment horn me , et il re^ardait sod ooiph
mortel comme une simple appanafll]
On fait g^neralenient remonter, eosMl
on salt, toutes les sectes gnostiques iflp
monet^ M^nandre.
0 Soyez sourds , dit saint Ignaottf
Tralliens, quand on vousparlerauuJf
sus-Ghrist , qui est de la race de Danl(
qui est n€ de Marie v^ritablementjjift
buet mang6; qui a et6crucifievdl»
ment, et qui est mort a la vuedetoiAtt
qui est au ciel, en la terre et souslitt^
re Ous'il n'a souffert qu'cnappa*
oe,commedisentquelguesimpie8ijefMI-
dire les incredules, qui ne sont euxHiiM.
qu'en apparence , pourquoi suifrJB*
chatne ? Pourquoi desire-je eombitti
les b^tesPJe meurs done en vain? Noii,*
sur^meiit, je ne meurs pas contre kBt
gneur. »
De Smyrne, oii il resta encore q^H^
temps, le saint ^crivit aux Romaini^
huiti^me ^pftre, qui fut portee P** .
£phesieus qui allaient le devancerM
lagrande ville. II y exhorteses frefff #
Rome, avecTinsistancela piustouchi^
et dans les termes les plus forts,
ne faire aucune d-marche poor le i
traire ausupplice. «Jevous6crisvi^
amoureux ae la mort, leur dit-il.
amour est cruciGe. Je n'ai poiot
feu materiel, mais uneeau vive qui j
en moi et me dit int^rieurement : Al
au P^re, »
- De Smyrne , saint Ignaoe fut . — -^
enTroade, oikW fut visiteparr^vA|ue«
Philadeiphie , en Asie. U adrejsa «»
une 6pttre aux frircsde cette W*^
ceuxaeSmymeet a saint PoJycarpe. Sob
SYRIE AWaENNE.
125
bitre aax Philadelphiens est encore
jKooe d'allusions aux schismes qui d^so-
kient alors toute I'Asie Mineure, quoi-
QQ'ellefiltenquelquesorte undes centres
de lafoi. C^Uit surtout i* ^lise de Syrie,
tl(%ile d'Antioche en particulier, qui
avait a en souffrir; mais c'etait aussi
de cette demiere que sortaient les plus
nlides enseignements. Les lettres de
eet ^6que qui allait mourir pour ses
eroyances sent un recueil des exhorta-
tioos les plus puissantes, les plus ten-
dres, et quelauefois les plus 61oquentes,
anmaintien de ce qull regardait comme
Fortbodoxie; elles sont un modele d'humi-
lite,d*abD^tion, de m^pris de soi-m£me
pour tout ce qui ne regarde que Thom-
me, que !e simple frere des autres dis-
ciples; inaislorsque Ignace parle comme
ev^e, comme gardien de la foi, comme
depositaire des traditions apostoliques,
sa parole ae respire plus qu une dignite
ferme, la sey^jite, et m6me la hauteur.
Angsi, 8« lettres furent-elles , des To-
rigine,consid6r6es comme un des monu-
meots les plus importants de la doctrine
cathofiqoe. Pendant plusieurs siecles, on
fesiutpobliqaement dans toutes les All-
ies d'Orieot comme les 6pttres de saint
Paul et des aatres ap6tres.
Itans r^pitre aux Smyrniens, saint
Ignace combat , mais cette fois en les
nommant, les h^r^tiques connus sous le
Dom de fantastiques ou dor.ites, qui at-
taquaient le myst^re de Tlncarnation,
eommeles m^DandrienSfdont ils n'^taient
Bins doute qu'un demembrement ; ils
joutenaienlque J6sus-Christ n'avait souf-
lertetn'itaitressuscit^ qu'en apparence.
« llsnesonteax-ra^mes qu'en apparence,
wt saint Ignace ;il leur arrivera suivant
Kors opinions , puisqu'ils sont fantasti-
loes et d^moniaques ; pour moi , je sais
111*11 a ea sa chair, mdme apres sa r^ur-
•ction, et je crois qu'il Pa encore.... Je
[JUS donne ces avis, mes chers fr^res...,
HO oue vous puissiez vous garder de
» betes a figure humaine, que vous de-
Kz noo-seuleroentne pas recevoir, mais,
^se peut, ne pas rencootrer , et vous con-
nter seolement de prier pour eux, afin
►^•Isse convertissent... » Et ailleurs :
»Si Jteis-Christ n'a fait tout cela c|u*en
^Ktrenee, je ne suis done aussi lie que
priaiagination.'» 11 trace ensuite un
wau dela vie des h^r^tiques qui n'ont
point de charity, n*ont soin ni de la
veuve ni de forphelin, ni de rafflige, ni
de celui qui est en prison, ni de celui
qui a faim et soif.
Saint Ignace se proposait d'^rire en-
core aux autres £glises d'Asie,lorsqu'on
le fit subitement embarquer pour la Ma-
c^doine. II n'eut que le temps d'adresser
a Polycarpe, ^v^que de Smyrne,8a septie-
me et demiere epttre : elle est pleine de
ses recommandations ordi naires. Mais en
outre it y remercie Dieu de la paix nou-
vellement rendue ^ r£glise d'Antioche,
et conseille a Polycarpe d'envoyer un
Chretien en Syrie pour fellciter ses Wres
dans la foi. « II faut, bienheureux Po-
« lycarpe, assembler un concile et choi-
« sirquelqu'unqui voussoitcher,que Ton
« puisse nommer le courrier de Dieu,
A afin quMl ait Thonneur d*aller en Syrie
« et de faire parattre la ferveur de votre
« charity. » II recommande encore k
saint Polycarpe d^ecrire, comme instruit
de la vofont^ de Dieu, aux figlises qui
sont au dela, pour qu'elles f assent aussi
la m^me chose : « Ceux qui pourront y
« enverront par terre; les autres ^criront
« et ehargeront de leurs lettres ceux que
« vous enverrez , afin que vous receviez
« de cette oeuvre immortelle la gloire
« que vous m^ritez. *
On volt, par Timportance extreme que
saint Ignace attache a la fraternelle d--
marche quMl conseille, combien -tait
grande Tunion des premiers chr-tiens.
lis regardaient comme un devoir de
se visiter, de s*encourager les uns les
autres, a quelque distance et dans
quelques circonstances quMls se trou-
vassent, surtout dans les temps de perse-
cution. II faut remarquer encore quelle
-tait rinfluence de saint Ignace dans
ses lettres, qui renferment non-seulement
des conseils mais des ordres adress-s
a tous les'6v€que$ de I'Asie, soit que le
si-ge d'Antioche edt deja toute Timpor-
tancequ'il poss-da plus tard sous le titre
de patriarcat, soit que saint Ignace fQt
moins consider- comme un simple -vg-
que que comme un apdtre instruit par
ceux m^mes qui avaient vu J. C, et
ajoutant ^ Tautorit- qu*il tenait de saint
Pierre, son predecesseur, celle du mar-
tyre qu'il allait comme lui subir pour
la foi.
Du lieu oti il venait de d^barquer,
126
LOJNIVERS.
saint Ignace vint ^ Philippes, traversa
toute la Mac6dome jusqu'a £pidamne ,
od il s'embarqua enfin pour ritalie.
Apres avoir d&ir6 vainement de des-
cendre a Put^oII, suivant la trace de
saint Paul , il arriva k rembouchure
du Tibre , et de \h h Rome. Les freres
vinrent au-devant de lui; Ignace leur
fit la priere, qu*il leur avait dej^ adres-
see dans la lettre, de ne tenter aucune
demarche pour le sauver. II fut exauc^
et m^me au deia de ses voeux ; car il
n'eut pas le temps de s'entretenir des
choses de Dieuavec les Chretiens, comme
il avait fait jusqu*alors dans toutes les
villes ou il passait. Au moment m6me
ou il entrait dans Rome, les jeux ou il
devalt dtre livre aux b^tes allaient finir :
aussi fut-il presl^ue aussitdt conduit a
Tamphith^atre, ou il consomma son
martyre, le treizieme jour des calendes
de Janvier, c*est-a-dire, le 20 d^cembre.
Tan 107 de J. C, de Rome 860,du regne
de Trajan le dixieme.
Les reliques de saint Ignace furent
rapport^es a Antioche par ceux qui Ta-
vaient accompagne jusqu'a Rome. Elles
furent d^posees dans le cimetiere de sa
ville 6piscopale. Trois cent trente-un
ansjplus tard, en 438, Th^odose le Jeune
les nt transporter dans un vieux temple
de la Fortune dont il venait de faire une
^glise, sous rinvocationde saint Ignace.
Lors de Tinvasion des Sarrasins, ces re-
liques furent transport^es h Rome , si
Ton en croit Raronius. Enfin saint Ber-
nard, dans un de ses sermons, fait enten-
dre que Tabbaye de Clairvaux en poss6-
dait au moins une partie au douzieme
slecle.
C'est k saint Ignace que Ton attribue
rintroduction dans TEglise du chant
alter oatif des psaumes. Un jour que le
saint ^tait en prieres , il eut une vision:
les anges lui apparurent , ranges autour
du trone de Dieu et cbantant ses louan-
ges, partag6s en deux choBurs qui se r^-
pondaient. Cest cette vision qui donna
a saint Ignace Tidee d'adopter pour son
Egiise cette sorte de chant. Elle devint
bientdt gen^rale. Th6odorat, tout en
laissant a PEglise d'Antioche I'honneur
de cette innovation, I'attribue a deiix
pr^tres de cette ville, Flavien et Theo-
dore, qui vivaient vers Tan 350.
l'evIqub ehos successeub de
SAINT IGNACE. — Le sucoesseuf de
saint Ignace fut £ros, sur la vie et k
pontificat du^uel on n'a que des notioni
tr^-incompletes. Dans des lettres (p
Ton attribue h saint Ignace, mais doi;
Fauthenticit^ est fort contests, il ii
trouve une adresseea £ros. Le saint
saluedunomdediacreetlui recommi
r£^lise d'Antioche ; et, nedoutant
au'ii doive lui succMer, il loi t
diverses instructions (*). Baronius .
d'une priere a saint Ignace, composee;
te nouvel ^vdque d'Antioche. U h
r6e, dit-il, d'un manuscrit du Vatii
mais , dans notre opinion , elle est
d'etre authentique. Umard et h
entre autres, le mettent dans leur
logue de martyrs et marquentsa
au 17 octobre. lis se contentent de ^
qu'ayant imite saint Ignace, son prit*
cesseur, Tamour qu'il avait pour J.C
lui fit donner sa vie pour le troufW
qui lui avait ^t^ confix, en 128, m
les persecutions d'Adrien. 11 araitdti
occup^ le si^ge Episcopal pendant itt$
ans environ.
HERESIES. — Avant de ptfsar i
rhistoire des successeurs d'£ros,il«J
bon de faire connattre les diverses ter
sies qui s'dtaient ^lev^es dans le prefliC:
siecle et dont la Syrie et Antuiche m
particulier etaient le foyer. Nousaijli
dej^ parl6 a propos des lettres de #
Ignace , des m^nandriens et des dod»
Les autres sectes se produisireotf
tres-grand nombre; nous verroasjr
pendant que sous des noms et desdift
differents les doctrines ont prcnj
toutes entre elles quelques pomls ■
ressemblance. ^,
LES nicolaTtes. — SansparlerJ^h
men^e, de Philet et d'Aiexandre,
nomme saint Paul dans les deux '
a Timoth^e et qu'il d^voue k Satan
Simon le Magicien, dont les opinions
p^t6es par M6nandre se pr^sentr
encore a nous sous de nouvelles
raes(**), nous trouvoosdans le
(*)Bar. no, §8-9.
(**) Dans ses Origines du Chi
DoelilDg«>r dit que le samarltaio Simon, v
par les anctens auteurs eccl^iastiqao e
le-pere de toos les h^r^Uqaes, peot £
a bon droit , le jn-icyneur du gnos
lUoule : c SeloD les AcUs des Jpdtm,
nommaitlui-m^e la grande force de I
pr^Dtalt oomme ane vertu da Wea vffh^\
etsa femme H^l^ne ^tait, disait-UJ^^*<
SYRIE ANCIENNE.
127
temps rh^r^sie des nicolaltes, qui prit
naissance k Aotioche.
Elle regut sod nom de Nicolas, un des
sept diacres dont il est parl6 dans les
Actes des Ap6tres (*) : c'etait un horarae
(Tune grande piet^ et d'une ^minente
vertu. Aussi quelques P^res, et entre au-
tres saint Clement, d'Alexandrie le regar-
dent-ilscommeenti^rement innocent des
desordres de la secte qui porta son nom.
Selon iui, les her6tiques se fondaient sur
une parole indiscr^e de ce diacre , dont
lis croyalent que la saintet6 reconnue
autoriserait leur doctrine. 11 avait dit
qu*i(fallait abuser de sa chair, « par ou ce
•gen^reux diacre, dit saintCl^ment, nous
« apprenait que nous devons reprimer
" les mouvements de la volupt^ et de la
" concupiscence et, parcet exercice, mor-
« tifier les passions et les imp^tuosiles de
■ la chair, au lieu que ces disciples de la
« volupte ( les nicolaites ) expliquaient
« ces paroles selon leur sepsualite, et non
■ selon la pensee de cet homme aposto-
• lique. » TSous devons ajouter que Ni-
eolas avait amm6 un jour sa femrae
dansrassembl^ deschr^tiens,ses fr^res,
et Tavait offerte a qui voudrait F^pouser
a sa place.
Quoi qu'il en soitde Tinnocence du
diacre, les nicolaites , comme on le foit
dija par ce passage de saint Cl6ment,
avaient entierement renonce a la sevd-
rit6 et k la purete des moeurs 6vangeli-
jues. lis admettaient la communautedes
lemmes, les pratiques des paiens (**); ils
ne mettaient aucune difference entre
les viandes ordinaires etcellesqui avaient
■onde pareiUenient Hn&n^ de Dieu, mals ret«-
piK captive dans la oiati^re. II avait mission de
Is d^ivrer en m^me temps que de i^tablir par-
tool Tordre et Kharmonie. On ne peat plus de-
terminer k quel decrt les doctrines des sfmo-
Diens viennent rteliement de Simon. £n loos
cai, ces sectaires ne peuvent 6lre regardefi coia-
■e repr^ntant une h^r^fe chr^lienne, car, k
proprement parler, on trouve k peine cheE eux
00 sent dogme du chrlsUaoisme, bien que, dans
wr syncr6tisme, lis reconnussent une r6»
Jjlatlon de DJeu dans le Christ. Le mCme
wm unique, dlMent-ils, 8*est r^v^I^ comme
Pere chez lee SamariUins, oomme flis de Dieo
2 J. C cbez les Juifs, et oomme Saint-Esprit
2« les paiens. Une secle issue d*eux, les Eu-
«lnMei , THetait la loi morale oomme un ti"
iwmeot arbitraire impost par les esprito H'
gjlateurede cemonde, et ouvrait ainsi on Ubre
2^P ^ la volupte et 1^ rimmorallt^ la plus
H StinX iugostto, De httr,, 6.
6t6 immol^es aux idoles. C'est aux
moeurs des nicolaites que saint Pierre
fait allusion dans sa seconde ^ttre , et
Dieu lui-mlme, dans rApocalypse de
saint Jean, fi6Iicite T^v^que d'£puese de
ce quMl d^teste ieurs erreurs O.
Les nicolaites^ dont il est fait mention
pour la premiere fois vers Tan 64, ne
subsisterent pas longtemps sous ce nom.
lis se fondirent peu apres dans la secte
des cainites.
LES CAINITES. — Les camltes recon-
naissaient une vertu sup^rieure a celle du
Cr^teur. lis donnaient a la premiere
le nom de sagesse, et h Tautre celui de
vertu posUrieure, a^irjc* 6<rrepav. Selon
eux. Cam, Cor6, Datban et Judas ap-
partenaient Ilia Sagesse, et tons les au-
tres au Cr6ateur*, pour cette raison Cain
a surmont^ Abel , et Judas a et^ un Juste.
Les cainistes niaient la resurrection et
vivaient dans le d^sordre. A cote des ni-
colaites et des cainites, il faut placer
des sectaires plus celebres, nous voulons
parler des ^bioniles.
Ici , sans rappeler ce que nous avons
dit de Cerinthe et de ses disciples, nous
nous trouvons amen^ naturellement a
parler de certaines ecoles ou sectes judal-
santes.
SECTES JUDAiSANTES; LES EBIO-
NITES, LES MAZABBENS, LBS BLXAl-
TEs , etc. — II existait parmi les Juifs,
avant T^poque ou parurent Jesus-Christ
et les apotres , diverges Ecoles aui , par
Ieurs croyances et Ieurs moeurs, aevaient
subir aisement Tiniluence du christia-
nisme. Celle des ess^niens ^tait la plus
remarquable. Ce fut du sein de cette
ecole que devaient sortir ies ^bionites et
les nazareens.
Dansleprincipefles^bionilesresterent
fideles aux croyaoces et aux pratiques
juives : seulement llsreconnaissaientque
Jesus etait le Messie. Pius tard, dans la
contree qui avoisine le Jourdain, il y eut
un melange qui s'opera entre ces semi-
Chretiens et aifferentes sectes d'origine
essenienne. Cest 1^ , si oous pouvons
nous servir de oe mot, quese eonstitua la
doctrine des ^biooites.
D'apres cette doctrine, Jesus ^tait n^
homme de Joseph et jde Marie. II o'etait
devenu Dieu que longteoops apres s«
(*) Jp, 11. 6. 15.
138
LUNIVERS.
naissance, par sa vertu. G*^tait au mo-
ment de son baptlm^ dans le Jourdain
J[ue le Messie , sous la forme d'une co-
omb6f 6tait entr6 en lui et Favait divi-
nise. Contrele Christ, qui gouvernait le
monde celeste, setenait Satan, qui avait
6tabli sa domination sur le monde inf6-
rieur et visible. On le voit : les ^bionites
admettaient Jusqu'^ un certain point la
coexistence necessaire du bienet du mal.
Si dans le culte iis rejetaieot et con-
damnaient tes sacrifices, ils etaient res-
tes juifs en d'autres points. Ils obser-
vaient la circoncision, le sabbat et pres-
que toutes les prescriptions de Pancienne
loi. Saint Paul, dileursyeux, ^taitunapos-
tat. Pourquoi, disaient-ils, abolir la cir-
concision, puisque le Christ lui-m^me a
et^ circoncis. lis avaient aussi leur 6van-
ffile particulier, VEvangileselon les Hi-
oreux.
Les ebionites se r^pandfrent dans la
Sjnrie.
Les nazareens, autre secte judaTsante,
diffi^rait de la precedente en ce qu^eile
reconnaissait Paul comme Tapdtre des
gentils. Elle n'imposait point aux nou-
veaux convertis les pratiques ordonn^es
par la loi mosaique.Les pnarisiens , dont
elle attaquait Thypocrisie avec violence,
Etaient ses ennemis irreconciliables.
« La secte des elxaite^, dit un des his-
toriens modernesde rfgtise, paratt avoir
peu diff^re de celle des ebionites. Elle
etait issue d*un ancien parti judaique qui
tirait son nom d'Elxal. Elle subsistait ae-
puis le commencement du deuxieme sie-
cle; mais eenefutqu'au troisi^me qu'elle
oommenca k trouver acc^s dans guelques
^lises cnr^tiennes. Alors elle tut com-
battue par Origeneet par Alcibiade d'A-
pam^. Au rapport de Th^doret, les
elxaites admettaient deux Christ, Tun
sup^rieur, Tautre inf^rieur, c'est-a-dire
Fhomme J^us et TEsprit divin, qui de-
meura d'abord dans Adam et les patriar-
ches, puis s'unit 6galement a Jesus. lis
possraaient un pr^tendu livre tomb^ du
del auqoel ou aux doctrines duquel ils
attachaientune vertueffa^ant les p^ch^s.
lis detestaient aussi Tapdtre saint Paul ;
mais ce qui frappait surtout en eux , c*e-
tait leur assertion que Ton pouvaitrenier
le Christ pendant les pers^tions, et sa-
erifier aux idoles, pourvu que Ton garddi
seulement la fol au fond de son coeur.
Cela joint aux arts magiqnes, k Vartro*
logie et aux invocations des esprits es
usage chez eux, fait soup<^nner qa*Hi
s'etaient plus ^loign^ du judaisme,ll ;
qu*ils avaient plus emprunt^ aax idte
paiennes que toutes les autres secteijfr
daisantes. »
Les elxaites, comme les nazar6eai»
avaient de nombreux partisans dans id
principales villes de la Syrie.
LES SECTES GNOSTIQUES ; SATUElil
ST BASILIBE; lb GNOSTICISMB BV ST'
BIB ; LES MILLBN AIBBS, CtC. — Lecfafil*
tianisme, dans Torisine, euta oombattii
un ennemi redoutable : ce fut le goorii*
cisme. Pour caract^riser, en un mot,ll:
doctrine des gnostiques, nous diroos qM
c'^tait un melange des idees paiennestf
des idees chretiennes. II y a millenuanoi
dans le gnosticisme que les autearsm^'
dernes out essay^ de saisir et d^appr^eia.
A nos yeux, cette doctrine varia smn$j
les €ontr^s ou elle s^introduisit : e'dl
ainsi , par exemple , qu*en certains »
droits elle porta plus particulimaal
Tempreinte de la pnilosophie greoq(ie,6t
qu'aiUeurs elle se compl^ta suilnit i
Taide des systemes religieux delXtoieot
Nous ne parlerons pas des preimen
gnostiques, que d'ailleurs onconoattpeiL
II nous sufiStd^avoir nomme Simon, G^
rinthe, M6nandre, et mentionn^lesnifli*
laites. Nous allons nous transportir
maintenant a une ^poque od nous m^
vons, sur les hommes et les doctrines, It
assez grand nombre de renseignenierii
Parrai les disciples de M^aodi^t
sur lequel nous ne reviendrons pas, ai
trouva Satumin d*Antioche, qui, i»
vant certains auteurs, ne fit que icp^
ter son maftre, et que nous Dooseoa*
tenterions de nommer dans oe coiiiif6- j
sum^, s*il n*avait puissamment
bu^ k propager deux erreurs
un r6le important dans les
sidles suivants.
II pretend it que les homnoes
bonsou m^hants en naissant. Cari
lui , les anges avaient , dans Toi
forme deux hommes , I'un bon ,
m6chant, dont tous les autres
ensuite descend us , divis^s en oes
categories. Le dualisme dont nous ^
Ions n'6tait pas vague comnae oeluf
Ebionites ; c^^tait un systeme precis H]
arr^te.
SYRIE ANCIENNE.
1^
f Saturnin fut le premier^ selon Theo-
doret, qui enseigna qoe le manage et
la g^n^ratJon des eofants viennent de
satan. On voit qu'il deyao^a ]a secte
des orig^nistes.
BasiOde d'Alexandrie , cootemporaio
et, suiTant guelqnes^uDB, disciple de Sa-
turnin , avait invent^ un s^steme dans
iequel il faisait entrer et le Dieu des Juifs
et tes anges de TAncien Testament , et
les abstractions des phtlosophes n^opla-
toniciens. Le dieu supreme, le Pere,
^tait ^ternel ; de lui 6tait sort! If oO( ,
c^est-shdire rintelligence, qui avait pro*
doit le Verba; A070C, leauel ^tait le trere
de <»peviimc, c'est*ii-dire la prudence, d'od
descendaient ^ leur tour 2o(pia et Auva*
}ui, la sagesse et la puissance , etc. Le
Dieu des Juifs n'^tait que le chef des an-
ges du troisi^me ordre, qui avait voulu
soumettre toutesles nations, etoontre ie-
quel le P^re avait envoye if oOc, son pie-
fflier ni6. Ce Ncuc etait IeCbrist,qui n*avait
soufTert et n'^tait mort, selon Basilide,
Qu>n apparence; opinion d^j^ soutenue
des les premiers temus de TEglise, et r^
fut6e, comma nous 1 avons vu, par saint
Jean dans ses ^pttres. II niait, en ou-
tre, la resurrection de la chair. Sa mo-
rale, s'il faut en croire certains ^rivains,
^lait tr^-reldch^. II est avM que
parmi les basilidiens plusieurs se livr^-
rent aux excds qui fiirent reproch^s plus
tard a toute la secte. Le d^r^lement
ebez eux d^rivait de Torgueil. lis se re-
gardaientcomme des ^his^etsecroyaient
sdrsd'arriver^ la felicity ^ternelle. G'est
poorquoi ils se livraient sans crainte
sax plus grands d^rdres.
Cest h peu pr^ an m^roe temps que
ft rapporte Forigine d'une erreur qui
devint tr^-commune dans les premiers
siecles de Vt^gUse^ et qui se repandit en
Syrie, mais qui ne eonstitua jamais
UDe her^sie; nous voulons parler de
I'opinion des millenaires. L^ mille-
naires prenaient h la lettre plusieurs
passages de T Apocalypse, ou il est
rstion de la nonvelle Jerusalem, ou
justes seront rassembles apr^s la
i^rrection. lis croyaient que la ca-
pitale de la Jud^ serait rebdtie dans
toute son ancienne splendour, et que les
saints y regneraient un jour pendant
nille ans. De 1^ lenomqu'on leur donna.
Ces mille premiss ann^ de la r^sur-
9* Uvraison, (sybib A5CiEN?fE.)
rection devaient se passer dans des fes-
tins continuels et toutes sortes de de-
lices cbarnelles. Chose singuliere , ce fut
un saint qui introduisit le premier cette
erreur, etelle fut promptement adoptee
et soutenue par beaucoup d'autres. II est
difficile de croire toutetois ^u*elle n'ait
pas ^i6 a^ravee par lesh^retiaues, qui
i'embrasserent en foule. Vers la Gn du
cinauieme si^cle on vit disparaltre les
millenaires.
T^ous ne dirons rien des adamites, qui
avaient la pretention d'imiter Finuo-
cence primitive en priant nus dans leurs
^lises. Les ophites supposaieut que le
serpent qui poussa les premiers hommes
a violer les commandements du Crea-
teur etait une Emanation de Dieu. D*au-
tres supposaient que le Christ lui-mlme
avait pris, dans le paradis, la forme du
serpent. Cest pourquoi, disaient-ils,
Mo'ise 6]eva dans le d^ert un serpent
d'airain. Tons ces sactaires rendaient
une sorte de cuite au serpent, d'ou leur
viut la denomination d'ophites. lis
avaient avec les s^thiens et les cainites
des traits nombreux de ressemblance.
Quant aux carpocratiens, qui tiraient leur
nom de Carpocrates d'Alexandrie, lis
n'avaient conserve qu*un petit nombre
d'^l^ments Chretiens dans leur syncre-
tisme. Suivant eux, tout 6tait sorti du
Pere supreme et universel, etdevait ren-
trer un jour dans son sein. Le monde
que nous habitons et que nous vovous
avait ^teform6 par des esprits orgueiileux
et mechants. Ce sont eux qui le gouver-
nent : mais leurs lois ^tant contraires a
celies du P^ie, on doit les m^connattre
et les violer pour arriver a la v^rite. D'oii
il suit que les carpocratiens, n'hesitant
point a se soustraire aux lois qui r^gis-
sent ce monde , durent tomber dans lea
bonteux desordres dont les contempo-
rains ont parte. X^ousnous abstiendrons
de citer ici d*autres gnostiques , qui
avaient des doctrines morales analo-
gues a cetle des carpocratiens.
VALENTIN BT LBS YALENTINTBNS.
— Valentin, que Ton croit originaire
d'hgvpte, et probablement disciple de
r^cole d'Alexandrie, ^tait tr^vers^ dans
la philosophic ancienne, et particuliere-
ment danscelle dePlaton. Cequi le jeta
dans rh^r^ie, ce fut le depit de ne pou-
voir arriver h T^piscopat malgr^ tout
9
1^0
L'UNIVERS.
son g^nie et ion Eloquence. 11 imagina
un syst^me de religion dont les quatre
61ements principaux ^fent la Tn6orie
des Id6es de Platon , les Nombres de
Pylhagore , la Th^ogonie d'H^iode et
TEvangilede saint Jean, le leul qu'il vou-
Idt reconnaitre. On TOtt que son h6r^ie
reposait sur les m^mes bases que celle de
Basilide et des gnostiques. Cest en d^-
nitive T^cole d^lexandrie qui s'efforee
de lutter par son mysticisme avec les
mysteres de la religion chr^ienne.
"Valentin reconnaissaitleProow(«prfov),
le pr^existant, qu'ii d6signait aussi sous
les noms de npotraTYip et oe Bu6oc, profon-
deur, pour le pere de tous les ^tres :
£vvoia, la pens^e; Zi-p, le silence, habi-
taient avec lui. Le Sig^ Bythos avait en-
gendr^ Nous ( ivouc), qui 6tait egal a
lui. Cest ce fils qui avait cre6toutes
choses. Les personnes divines que nous
venons de nommer talent d^sie;n6es
sous le uom e^n^ral d'Eons ou d'^tres.
De Nous et d'AXtieiia, la Verite, sa soeur,
^aient sortis deux autres tons : A070C,
le Verbe et Zo'in, la Vie, qui ^taient p^res
d'Avepwico;, et d'iwtXiioiflt, rhomme et
r£^lise.
11 est inutile de suivre plus loin la
e^nealogie. 11 sufQt de savoir que le nom-
bre total des £ons ^tait de trente, dont
la reunion formait le nxiipuua ou pleni-
tude spirituelle. Tous les £ons s^6taient
r6unis pour donner naissance k J^sus,
qui 6tait comme la fleur de tout le PIS-
rome, et portait a lafois le nom de tous
les Eons, et particuli^rement celui de
Christ, Tun d'entre eux, et celui de Verbe,
parce qu'il proc^dait d'eux tous. Cest
ainsi que Valentin et sea disciples expit-
quaient cette parole de saint Paul, que
toutestrassembl^en J^us-Christ (*).
Infiniment au-dessus des fons et du
PWrome 6tait le Demiurgue (Atjuioup-
70;, cr^ateur), dont il est inutile de sui-
vre la descendance. II avait cr^ le d^
mon et tous les esprits m<ichants , ainsi
que I'homme. Ce n^^tait pas le veritable
Christ qui avait souffert ; raais un autre
Christ, quele veritable avait cr^lison
image. Les cons^encesde la morale des
yalentiniensetaitunfatali8mepur,direc-
tement oppose aux cnseignementsderjS-
glise. lis divisaient les hommes en trois
(•) GokM. 1. 9.
eat^ories; les charoels, qdnewNmiiiit
jamais to« sauv^, qooi qu'ils finert^i
a qai las p^nitenees toieni inutiki; b
psychiques, tela qu'^ient, ielon«B,
les cathoiiques, qui ne ponvaicnt jaml
arriver k la gnose ra sdeiwe paraili,
et it quila fol et les oaavres ^ieotneo*
aaires pour 6tre saovte; «t les spiiitadii
parmi lesqoels ils ae eomptaientOM^
ei , & la difference dea |>87cluqQeiclli
ehamels, ne ponvaientjaniaistovte!
n^s, quelles que fussentleurs
Aussi, leur vieetaitrelle remplie deM
dales et ne dif£6rail-elle en rieo deflill
des paTens.
Cette b^resie, favorisee par le mjiil
dont ses doeteurs renTeloppaieat,iei^
pandit rapideroent dans la S^fltil
beaucoup de partisans : elle rat oool#
tue notamroent par saint Iren^, all
Justin, et par Tertullien.
Le systeme dont nous venoBsdepii
ler etait eomplique et obscur en bin ii
points ; mais, on ne saorait le nM
nattre, il etait plein d'art et 0^ *
po^tie.
Valentin enseignait k AkxaadwMtt
Tan 133. D*£gypte il vint k RemtiMl
fat exclu oendant Dluaieun sDoen II
fat exclu pendant plusieurs
la communion des fideles.
Tertullien parle d*un disciple <le it
Icntin, nomoM Axionique, qui detf
temps enseignait encore a Antiodili
doctrine de son mattre sans Taroir m
r6e. L'hcresledes yalentinieo8 8epr#
gea principalement k partir de Kan 1#
HAaCION ET LBS MABGIOmTB**^
Queiques annto plus tard, ten m
se produisirent lea mardooites, i^
aecte dont les doctrines se compoMP
d'opinions philosophtqueset chr^ticii^
Marcion, ne pouvant expliquer ronp
du mal , se rangea k Topinion, bI
en Asie. dedeux dieux enoemist
auteur au bien , Tautre auteur du 1
Les ^crivains qui Font eombttui
leaquels il faut compter saint
saint Denys, saint ^pipbane, saini
de Jerusalem, Tertullien, lui attri
une foole d'autres erreurs. Cequi
constant, c'est qu'il admettait lea
de Valentin; mais sa morale ^it
diff6rente : il eoodamnait le marr"
baptisant que ceux qui i^iisaleot
aion de continence, ordonoait im j<
rigoureux , et enseignait it ses d[ ~
SYRIE ANCIENNE.
Ul
)fliareberd*eux-iD^ines a la mort et h
tmt audevant du martyre. Cette h^-
1^0, qui avait las dehors aus^es de
laeroyance vraimeDtchr^Ueone, ou plu*
t(kqui le^exag^rait, eutun grand nom*
bre de sectateam et de martyrs , et dura
plusieurs siecles.
Le p^rede Marcion ^ait^v^que de Si-
nope. (T^tait ]ui*m6ine qui avait exclu
son fils de U communipn des tideles.
Mardon viot^Rome, ou il 8*associa k
DDgoostique syrien , et cefut alors qu'il
isTenta son systeme. Suivant certaines
traditions, il rentra, a la fin, dans le sein
de rtgtise.
U STBIBII BAJIDBSANBS; MOIVTAN
IT sig BISCIPI.B8. — Avant d'arriver
iMontan, et sans parler d*une foule
d1)6resie8 sembtables h celles que nous
venoDsde signaler, oui se produisirent
et subsist^rent en meme temps dans la
Sjrie, nous devous dire un mot du Sy-
nen Bartlesanes. CTetait un gnostique
Srofondemeot verse dans les questions
e philosof^e et qui ^crivait avec abon-
dance. II u declarait ortbodoxe , et ce-
pendant , a £desse, dans des reunions
ieoretes, il faisait des proselytes au ^nos-
ticisme. 11 propageait surtout ses id^es
i Paide d^hymoes religieux qu'il repan-
dait parmi les populations syrieunes.
tphralm le comoattit avec ses propres
armes, en recourant h son tour a la po^-
aepour le rtfuter. Euscbe, dans sa Pri-
paration hangiiioue, nous a conserve
on fragment oonsia^rable d*un livre pr6-
iente par Bardesanes k Tempereur An-
toninus V^rus.
Montan eul cela de commun avec Mar-
cion, qu'il poQssa I'austerite au point le
§iexageri.C6taituneunuquede Phry-
nouvellement convert! , qui , plein
ibilion et irrit6 de ne pas arriver aux
ites ecel^iastiques, se mit a prophe-
Qier. Deaxfemmes,qui,ellesaussi, se di-
Inent prophetesses, sejoignirenl bientdt
■mi. Ifsedonnait commeleParac
B Para clet pro-
spar Jesus-Christ II prescrivit de nou-
l^ux jednes, ^tablittrois car^mes au lieu
liin, et ioterdit comme une d^bauche les
Munds mariases. Comme Marcion, il
Ifdonnait de cnercher le martyre. Mon-
roe recevait presque point de pecheurg
ahp^nitence. II paratt cependant que les
pophetesetaientmoins austeres (ju*iisne
fcparaissaieDt; un auteur.eccl^siastique
du temps, Apollonius, leur reproobe de
se couper la oarbe et les cheveux^ de se
peindreles sourclls,de preterausure,de
jouer aux d^s et de recevoir des pr^ents.
On croit que Montan et ses deux prophe-
tesses, jpo$sed6s,disent certaines tradi-.
tions, ou malin esprit, se pendirent. Ce
qui n'emp^ha pas leur doctrine de se
repandre, particuli^rement en Syrie ; et
nous verrons, au siede suivant, saint S^-
rapion, ev^que d'Antioche, terire contre
les montanistes qui troublalent son
£glise.
Teis 6taient les dangers sans nombre
et incessants dont la croyance chre-
tienne ^tait entouree dans le pays niS-
me ou les ap6tres Tavaient te plus soli-
dement ^tablie; telles furent aussi les
causes des nombreux coociles qui se
linrent en Asie des que la fin des per-
secutions edt permis aux Chretiens de
se r^unir publiquement. Mais, si les
h^r^tiques se roultipliaient , lesdocteurs
4e r^lise paraissaient en aussi grand
nombre. Les Iguace, les Justin, les
Clement d' Alexandria, les Ir^n^e, 6gaux
en science aux principaux des her^siar-
3ues, et instruits comme eux aux ^coles
e Fancienne phtlosophie , ne cesserent
de lutter pour faire triom^er la doc-
trine des apdtres. lis r^ussirent ; et, il
importe de le rcmarquer, jamais en Sy-
rie les sectes m^me les plus influentes
ne parent balancer la pr^popderance de
r^Iise m^re.
CHAPITRE n.
L*EGLISE DB SYBIE PENDAV? tBS
FEBSECUIpION^-
SUITE DES ivAfiUES P'AWTIOCHB ;
COBNEIUiB, ifiOS II, THEOPHILE,
MAXIMIN, SEBAPION, ASCLEPIADE ,
PHILETUS ET ZEBENNE. — ErOS ^talt
iport martyr, comme nous Favonsvu,
sous la persecution d'Adrien,en 128;
son successeur fut Corneille, qui gou-
verna treize ans et dont la vie nous est
rest^e inconnue. 11 roourut en 142. Un
aecond £ros fut ^v^que apr^s lui ; tout
ce qu'on salt de son ^piscopat, c'est qu'il
gouveroa vingt-sept ans el moorut
fa huiti^me ann6c du r^ne de Marc-
Aurele (de J. C. 168), Son successeur
saint Th6ophile, s'etait distingu^, en-
9.
Id)
L'UNIVERS.
corebien jeune, dans les ^oles paien-
nes , ou if avail puise un grand mepris
pour le christianisme. Mais , ayant etu-
die les livres saints et surtout les pro-
ph^tes, dans Tintention d'y trouver
des armes pour combattre les Chretiens,
11 fut convert! par cette lecture, et devint
d^ lors Tun des plus z^les et des plus
^loqueuts d^fenseurs de la religion.
L*£glised'Antioche lerecut avec joie.
II se ndta d*attaquer les *nombreuses
h^r6sies quicommen^aient k y r6gner, et
ecrivit principalement contre Marcion
et Hermog^ne. Apres avoir refute
ces deux her^siarques, 11 travailla a trois
livres que lui demandait un pa'fen. Le
premier traitait de la nature de Dieu et
de la resurrection ; le second avait pour
but de signaler les erreurs et les absur-
ditesdu polytheisme; le troisieme, en-
fin , prouvait Tantiquite des flcritu-
res (*). C'est le seul de tons les ouvrages
de saint Tb6ophile qui nous soit rest6.
II sufiQt pour nous donner une haute
opinion de son esprit et de sa science, et
merite, dans Topinionde certains ecri-
fait
sunouvrage
tout divih.
Saint Th^ophile, suivant certains au-
teurs, est le premier qui se servit du mot
Trinity pour designer les trois personnes
divines.
SI Ton en croit Nic^phore, il mourut en
181, la seconde ann^ du regne de Com-
mode (***). Maximin lui succeda, et gou-
vernatreize ans. Apr^ celui-ci, saint S^-
rtpion fiit nomm^ ev^ue d'Antioche ; sa
vie^tait austere, son esprit vigoureux et
ind^pendant. II 6crivit , contre Th^r^ie
des montanistes, des lettres fort estim6es
de saint J^r6me. Mais son principal
ouvrage est la refutation de 1 evangile
attribue k saint Pierre, et compost par
des h^retiques qui avaient voulu r^-
pandre leurs doctrines au moyen de cet
Evangile.
A Serapion, qui gouvernal'figlise d' An-
tiochede 199 k 211 environ^ succeda
saint Ascl^piade. On ne sait nen de son
(*) Voy., 8ur Thfophilc , Aag. Neander, All-
g*meine Getchichie der christtichcn Reliaion
nnd Kirch; t. TI,p. Ilfl3. Hamhourg, 1843.
(") Bar. 13 od. F. divinas illntlucubraUones,
{***) II Mt plus vraiseml>lable qu*U vteutjus-
qa*en 186,
vains ecclrsiastiques , T^loge qu'en fait
Baronius(**)quand 11 Tappelleun ouvrage
episcopal, si ce n'est quUl dut ^tre renaf'
quable. Saint Alexandre de Jerusaleoo,
3ui etait en prison lors de Telectioo
'Asclepiade, ait que la nouvelle de cette
election |ui avait rendu ses cfaatnes le-
geres. ficrivant k r£glise d'Antioche a
ee sujet , il lui donna le noai de 6i^
heureuse. On croit que cet ev6qae mou-
rut en 219.
II eut pour successeur Philetus (Sid-
280 ) . Apres lui Zebenne ou Z^bin, aooh
me aussi Rabune, fut ev^que d*AntiodK
Tespace d^environ neuf ans. Saint J^
r6me place sous son episcopal le prttrt
d'Antioche Geminus ou Geminianus,
auteur de quelques ecrits celebres, quioe
nous sont pas restes.
SAINT BABYLAS; SON EPISCOPAi;
SON MARTYBB ; LEGBKDES. — SaiOt
Babylas, successeur de Zebenne, (237-
251) gouverpatreize ans, durant lesqueb
il acquit, diSent les anciensauteurs,ott
gloire peu commune, et demt le
saint le plus populalre de toute Ii
Syrie. Apres avoir ete temoio de b
prise d'Antioche par les Perses, en
241 ou 242 , il vit sur le trone ksein-
pereurs Gordien, Philippe et Dece.Le
premier de ces princes, neureux du d^
part des Perses, n'inquieta pas TEglisi \
d'Antioche; le second donna liea^U
scene eclatante ou brilla Babylas, et ^
devait le designer plus tard k la ookit |
de Dece. Le samedi saint de Taimee
244, Philippe et, suivant quelques at* ;
teurs, rimperatrice s'avancaient poir ^
entrer dans TEglise : saint Babylas, pi^
venu de leurs desordres et des scandakf
qu'ils donnaient aux fideles, leur bam
le chemin, et dedara a Fempereur qsIS
devait se mettre au rang des jpenittols ;
publics ; que dans le royaume de Dieufl |
n'y avait pas de distinctions , mais aoe |
egalite parfaite, et qu'il estimait ploi |
la moindre de ses brebis repentaatel '
qu'un empereur qui vivait dans le vies
sans remords et sans intention de s'a- ;
mender. Cette conduite fut admiree ^
tons les ev^ques d'Orient ; et sauA
Jean Chrysostome, dans le discoois
qu'il pronon^a plus tard k Antioche, re-
leva iusqu'aux cieux. « Ce grand ev^qae,
dit-il , montra que les pretres de la reli-
gion du Christ ne sent esclaves de per-
Sonne sur la terre, et qu'ils doivent etre
si jaloux de cette sainte elevation et de ce
SYRIE ANCIENNE.
133
vni earaeteredeleurdi^nite qu'ils soient
eitdt disposes a prodi^er sainteanent
r viequ'^ perdre ce privilege. »
Philippe ne se vengea pas de saint Ba«
b)ias, inais Dece le comprit parmi les
vieiimesdesa premiere persecution. L'6-
T^ne d*Antioche fut emprisonn^ avec
troisjeanesenfaDts dont il faisaitTedu-
cation et qui devaient partager son mar*
tvre. 11 fut mis a mort en 251 , et enterr^,
comme ii IVait touIu, avec ses chalnes :
il se glorifiait de les avoir portees pour
J^us-Cbrist. Les trois enfants furent
pbees avec lui dans un m£me tombeau.
Qo'il QOQS soit permis de rappeler ici
quelqoes traditions relatives aux mtra«
eles operas par les reliques de saint
Babylas.
Aoboot d*aD sitele, ses oendres furent
transport^ par le C^ar Gallus au tem-
pte de Dapbue , afin de rem^dier aux d6-
lordregiDseparables des fStes impies et
obscenes qui avaient lieu pres de ce tem-
ple. Nooioin de la ^tait la fameuse fon-
taioedeCastalie, ouApollon avaitrendu
l^td'oraelesdans Tantiquit^. Le temple
deDapho^lui-m^meavaitjoui jadis d*une
gnnde c^lebrit^. Le plus grand triom-
pUe de Babylas , disent les l^geodaircs
cbretieos, fut celai qu'il remporta sur
led^oqui yavait abus^ les hommes
durant taot de siecles : k peine les cen-
dres du martyr furent-eiles a Daphn^,
queled^oD se tut et devint muetjus-
qu'ao r^^pe de Julien. L'an 362 , ce prmoe
ordonna a roracle de parler; et celui-ci
•yant dit quMI ne le pourrait qu'apres la
ti^slatioDdesmorts qui 6taientaans le
teiople, Julien appela quelques citoyeus
d'Afltioche, afin qu'ils ramenassent dans
u T///e les cendres de Babylas. Cette
traoslation eut lieu au milieu d'un im-
n^nse concours de peuple. Hommes,
ummes, vieillards, enfants, formaieot
w» long cortege qui accompagnait les re-
iiqu^ venerees. Aux cris de joie de la
Bultitode repondaient des choeurs qui
Bisaient retentir Pair des hymnes et des
critiques et rep^taient , de temps en
tops, ces paroles du psaume 96 : « Que
tous eeux qui adorent les idoles soient
^ondus ; que eeux qui se confient en
de (ausses divinites soient couverts de
boDte. » Julien entendit ces paroles
mk fois r^p^tees au milieu de cette
K<e, qui ressemblait a un veritable triom-
phe. II entra dans une grande colere, et,
s*il faut encroireRuGn, il fitsaisir le len-
demain tons les Chretiens que Ton ren-
contrait dans les rues d'Antioche et ii
ordonna de les jeter en prison. Le pref<pt
&illuste, quoique paien, essaya de re*
sister a Tempereur. Toutefois, a la fin,
il ex^cuta ses ordres. II arr^ta un jeune
homnie nomm^ Theodore, et le fit tortu-
rer, depuis le matin jusqu'au soir, avec
tant de cruaute, qu*on fut oblige de chan-
§er plusieurs fois de bourreaux. Th^o-
ore supporta les plus atroces douleurs
avec un courage invincible. Ii ne changea
§oint de visage; il souriait, et ne cessait
e redire le psaume qui, la veille, avait
excite la colere de Julien. Salluste, qui
ne voulait point sa mort, le fit reconduire
en prison, etquelque temps aprds on lui
rendit la liberty. « Depuis lors, dit This-
torien que nous avons nomm^, nous
avons vu plus d*une fois k Antioche le
vaillant Theodore. Et lorsqu'on lui de*
mandait si durant la longue et doulou-
reuse torture il souff rait beaucoup, il re-
pondait que le supplice lui avait paru
supportable. II ajoutait, k la v^rite, qu'un
jeune homme se tenait toujours pr^s
de lui essuyant la sueur qui coulalt de
son visage et versant de Teau fratche
sur ses biessures . Ce qui lui causa une
esp^ce de plaisiret lui fit regretter leche-
valet lorsqu'on Ten fit descendre. «
Les reliques de saint Babylas reste-
rent dans la ville jusqu'au jour ou fut
terminee Feglise que construisait en son
bonneur saint M^lece, « yportant les
pierres de ses propres mains et prenant
port k la fatigue des ouvriers.» Cette
6glise6taitsituee par dela TOronte, ou on
la voyait encore k la fin du sixieme siecle.
Unnouveau miracle, op^r^par saint
Babylas, disent les anciennes tradi-
tions, vint mettre le sceau a sa gloire.
Le lendemain dela translation de ses cen-
dres, le tonnerre tomba sur le temple de
Daphn^ et en d^truisit la couverture. I^
statue d*Apollon fut renversde. En vain
Julien voulut faireavouerau grand prd-
tre qu'il etait Tauteurde rincendie : tout
le raonde s'accordait a dire que c'^tait le
feuducielqui^tait tomb^ sur le temple.
L'empereur,irrit^, invenla alors une fa-
ble fortingenieuse, assurant que la statue
d*Apollon lui avait dit la veille que ce
temple ne lui plaisait plus et qu elle le
tu
LUNIVERS*
quiltait. li prenait le mieii h ttooin de
la verity de aes paroles.
Left habitants d'ADtioehe, ajmitent les
l^gendliires, ^merveilles de ees ^v^ne-
menis, gard^ent avee plus de y^nera-
tioii <|ue jamais les reliqueB du saint.
Oa croit les possMer encore ii Crimone,
ou eiles furent apportees, dit-on, par les
erois^s.
■PISCOPAT Dl fiJilUS BT DE Di*
MBTRIAirOS ; LBS IIOVATIBlfS BN ST*
RIB. -^ Fabiiis, nomm^ assei souvent
Flavius ou Flayien, suco^a a saint Ba-
bbles dans la eonduite de r^glised'An-
ttoebe. II adopts les opinions des noTa-
ticBS, arec piusieurs autrespersonnes de
oettenilen. Lepape Corneille lui ^ri*
vit qaelques lettres k ce sujet ^ lui ap*-
prenaot la decision de tons les ^viques
d'Occident contre les novatiens. Eusebe
rapporte aussi que Fabins re^t d*afi-
tres lettres, de saint Dents d' Alexandrie,
sur Tutilit^ et Tefficacit^ de la p^i-
tenoe. Ces lettres flrent pen d*effet ; on
r^olutderassemblerii Antioche ungrand
ooncile ; et saint Denis y fut invite par
B€\tne de Tarse , par saint Sirmilien de
Cappadooe,et Hieoctiste de Ci^sar^ en
Palestine, ^^ques qni eraignanent que
rheresie ne passdtdans leurs dioceses.
Fabius mourut sur ces entrefaites, et ftil
renoplac^ par Mm^triamis (262). Le
concile eut lien n^anmoins, si nous en
croyons Baronius, et Novation v fut oon-
damn^ comme feuteor de b^ch^s. Le
grand concile d*Antioche, en ranniSe S>6t
ou 270, rend k Dem^trianus un illustre
tetnoignage, et le qaalifiedu titre de blen*
heureiix en ^tablissant Dommis poor
^vdque de la m^me ville.
PAUL DB SAKOSATE l^VBIQfUB D'Alf*
tiochb; sbs mobubs; sa doctbine;
BBS BAPPORTS AVBC SAINT DENIS D'a-
LBXANDRIB ; GOICCTLES QUI OlfT POUR
(■) Ifovallen ^taitmembre de l^figllse de Rome.
11 essaya en Yatn de devenir ^v^que-, m se fai-
aanl aider p«r un parti ou flffuraitle pr«lr«
c/irlhaginoi8 Novat NovaUeii , admirateur de
la philoiophle des stolciens, affecUlt, en toule
chose, de m niontre»d*tine«xtr6me rlgidlW. ll
sontenaK que rfiglise nc deralt ni ne poovall
aocorder Ic pardon ^ ceai qui avalent reni^
leur fol pendant les pers^uUons. 11 n'y avail
jcHir ceiit qui avalenl ftiilH nul moven cT eipia-
tion. On troave en^ la dodiine des novallens
« celle des raontanisles une graode aDaloftte.
routes deux comptdrent en Asie de nombreux
putisam.
HUT LA GOlCDAMIf ATTOH DB VAUl;
tL BST OBPOSB, BT D0MNU8 LUI 50C-
CEDE.--'Lepr6d^B8eiir deDomnuset
lesucoesseurde D^m^trien fut Paul, ori-
ginairede la riUe de Saniosale, BurrCo-
phrate. Ses parents netui avaient laiirf
aucune fortune, et eependant il fiiteitii'
mement riobe, durant son ^iscopat, ti« ^
rantderargentdetouslesedt^ pnrsese^
torsions , les sacril^es et les dons qa*l !
exigeait des fideles. Nans connaissM
les scandales quMl donna k son Egliie,
par les reprocnes qne lui adresse un c^ I
lebre concile. Jamais on u'arait phi
affich^ I'oubli de la religion. II remplif- |
salt diferses fonctions qui talent \xk
de conyenir k sa dignite , Toffioe de di*
collier, par exemple, que lui avail dend
la reine de Palmyre, Z^nobie, et doiit 3
se glorifiait plus qne deson titre d*M
que ', il 6tait suivi d*une foule de fennM
qui chantaient ses lonanges ; et s'il pif
ehait, on^tait forr6 de Tapplaadir coam*
on faisait au thedtre pour les acteon
eh^ris de la foule.
11 payait m^ie des bommes poertfon-
ner ie signal des applaadissements.
Quand il passait dans les rues d'An^
ehe,des lieteurs 6cartaient la fonle; H
avait un pr6toire ainsi <ine les juges i^
cullers, et un trdne ainsi que les rois. Stf
moeurs ^aiefnt encore plus scandaletisn:
II avait piusieurs femmes , et forcait ta
prdtres d'Antioclie k imiter son 'exes*
pie , pour qu'its ne lui fissent honte.
Bientdt il prit place parmi les hen^
ques. Sabellius avait soutenu, ters r«
255, que le Pere, le Fils et le Saint-Es-
prit n*^taient qu'une seule personne:
que le Verbe et le Sakit-fisfHrft ^taiert
dans le P^re, mais sans avoir d^iis-
tence r^elle et personnelle , et secdemeot
comme la raison est dans rbomme: M
sorte qu'il nV avait veritablement oi
P^re, ni FIls,' ni Saint- Esprit, noaisin
seul Dieu. Paul de Samosate ado^ la
ra^me erreur : il ne s'en Eloigns qu'en vb
point, lorsqu'H pn^tendit que le P^
prodmsaft son Verbe , mais seulemenl
pour operer bors de lui : qiielques au*
teurs dtsent que c'est seulewent ce Verbe
produit et operant qu'rl appeialt Fils de
Dieu. D'autres assurent mi*il ne recon-
naissait point d'autre Fils qnte J^us-
Oiristhomme,quiex^ulalttesordresd«
Dteu, ni d'autre Saint-Espritque la grace
STRIE AffOEirNE.
186
nr ta ap^hres, et qa'ainai il
■'admettait que le F^.
Eas^fee nom rapporte qu'il nes*^*
rait pas moins, au point de r£glise, sur
nncamatian ; elc'^tait le resiiltat nataroi
lie sa preni^e dodrine. Lui qui Toulait
qu*OD rappelM nn ange desoendu du ciel,
ne pensait pas que ie Christ edtt une ort-
l^ne divine. H aoatenait que par sa na^
tttre J^8U8*Ghrift n'avait rien de sop^*
neor aa reste des hommeSj et touterois
ti a vouaitqu'il etait ne du Saint-Espritet
de la Ytei^ Marie. 11 eofifessait ainsi
qu'ii aTaiten lai le Yerbe, la sagesse et la
Ittini^Te ^melle, roais seulement par
operation et par babitatioo, et non par
aae imioii pmooneile; eo sorte que le
Verbe favait qaitt^ et etait remonte vers
leeiei , a sa mort. £n un mot , il mettait
CO JdsQB-Christ deux persomies, dont
Tune 6tait File de Dieu par sa nature et
coitemeUe ao P^e (e'est-a-dire le Pere
im-in^iae), et f autre fils de Marie et
deseendjot de la race de David. Cette
derm^re, seloo Paul, n'6tait eternelle
que dans Tordre de ia predestination ; en
aorteqneJtos-Chrisl^tait juate, non par
aa Batui«,oequi eat essantiel a Dieu , mais
seufement paree qu'il («er^it la ver^
ct la juatiofe ; non par son union , mais
par aa eommunieation avec le Verbe
divin.
L'li^^Bie condnisait Paul direetement
aa judannne. Tb^odoret pretend qu'tl
avait eeobrasse oette doctrine pour plaire
k ta reine Zenobie, qui etait juive ; et c'est
p<HiT([|uoi\eseontemp|orains rrurentqu*il
«riseiffnait la eirconcisioii. Mais le con-
dJe fTAotioehe oe lai reprocbe pas eette
folie.
Quoi qo'tl en soit, les ^v^quesd'Orient,
^i avaient eraint d'abord de s'attaquer
il lui, aedeciderent a refuterses opinions.
Saifit Denis d* Alexandria ayaiit connu,
par one lettre de Paul, tout ce qu'il pen-
aait, lai r6pondit en termes tres-aifec-
tueux. Mais on voit sa colore parattre
▼ers le milieu de la lettre ; alors, s'en-
flammant d*aa saint zele, il appellePauI
tm serpentaui rampe sur le ventre et qui
oe se nourrtt quedeterre. II I'accusede
fouler aux pieds la relision et de d^sbo-
aorer T^glise d'Antioche.
Paul lui proposa dix questions centre
ia doetrine de TEglise; saint Denis les
dwcata r«oe apr^ I'autre dans un long
ouvri^ : eette r^fotation aeauffisait pas.
Les ^T^ques d*Orient, mtoe les plus eloi>
gn^, arriverent en foule a Antioche pour
guerir les plaies de oatte iilustre £glise.
A laur t^te ^taient par leur saintet^ et
leur^loquenoesaint rirmilien.de G^ar^
e» Cappadoce, saint Gr^goire Thauma-
turge et saint Ath^odore, son frere.
EuMba nomme ensuite Hd^nns de Tarse,
If icomaque d'lcooium , Hym^ee de Je-
rusalem , et Maxime de Bostra. Entre
les diacres on remarque saint £us^
d'Alexandrie, qui, au retour du concile,
fiit fait ev^que de Laodic^. Saint Denis
d' Alexandria ne put s'y trouver, k cause
de son grand dge; il mourut durant le
concile (en septembre 264). Bollandus
dit que c'^taient les pr^tres d'Antiocbe
avec les ^v^ques voisins qui avaient de-
mande ce concile centre Paul de Samo«
sate.
D'aprAs Eusebe et Rufin, Ton est
porte a croire qu'il y eut plusieurs con-
eiles k Antioche au sujet de cet her^tique ;
toujours eat-il certain qu'il yen eut au
mo'ins trois : le premier a la fin de Tan
164, le second un peu plus tard, et le
dernier k la fin de 269. Les deux pre*
ffiieres fois, les ^v^ques firenttoua leurs
efforts pour detacher Paul deson b^r^ie;
et il cacha ses sentiments avec une sf
grande habilete, oue,charm^desacon*
version , ils s'en alierent tous en rendant
des actions de grdces a Dieu. Bientot,
cependant , Firmiiien condamna formel-
lement la doctrine de Paul , et n'at-
tenditplusqu'un nouveau scandale pour
le d^poser. La conduite de Tev^que d'An-
tiocbe lui en atirait bian vite fourni Toc-
casion , s'il n'^tait mort k Tarse, en se
rendant au troisieme concile, qui fut
preside , en son absence, par U^lenus de
Tarse. Jusque-la Pauln'avait pasoomple-
tement profess^ ses erreurs. Mais en fin
il fut pousse a bout par un bomme fort
eloquent qui avait jadis enseign^ la rhe-
tongue k Antioche, et avait ete fait pr£-
tre a cause de Tardeur de sa foi. II an-
tra en conference avec Paul, et lui fit
avouer qu'il regardait J^us-Cbrist
eomme un homme qui avait recu de Dieu
plus de graces que les autres! Paul fut
depose unanimement. Donmus , fils de
Demetrien , fut mis en sa place. Paul ,
apres avoir ^^ ainsi excommuni^ par le
concile, ie fut encore par tous les ^v^-
136
LIJIflVERS.
ques du monde et principalement par le
pape F61ix , successeur de saiDt Denis.
11 resta dans sa maison dpiscopaled'An-
tioche, tant que Z^nobie, sa protectrice,
regna a Palmyre. Aurelien, vainqueur
de Z^Dobie, le chassa de cette maison.
Saint Augustin [)arle d'une secte de
pauliens, ou paulianistes, a laquelle Paol
de Samosate aurait donn^ naissance. II
njoute qu'ils ne reconnaissaient proba-
blement pas le bapt^me, puisque le con*
cile de Nic^e ordonne, dans son dix-neu-
vieme canon, quMlsseront rebaptisdsdans
r&glisecatholique. Le pape Innocent I*'
dit clairement, dans son Epitre 22",
qu*ils ne baptisaient point au nom du
Pere, du Fils et du Saint*Esprit.
LES EVEQUES TIMEE BT CYBILLE;
LES PERSECUTIONS EN SYBIE. — Tlm^
succeda a Domnus en 274, et gouverna
sopt ou huit ans, selon la Cnronique
d'Eusebe; ou dix, selon Nicephore. Saint
Cyrillc^ dixhuitieme^vSque d*Antioche,
gouverna vingt ans. Un an apres sa
niort(303) commen^ala nouvelle perse-
cution de Diodetien.
n Parlerons-iious , dit Eus^be , de ce
qui se passa alors a Antioche, et ne de-
vons-nous point craindre de reraplir Tes-
prit deslecteurs de trop d*images funes-
tes , et de les fatiguer par le n^it de tant
de cruautes? On etendait les uds sur des
grils de fer, on les y laissait expirer
peu h peu , et on retardait leur mort le
plus qu'on pouvait, pour faire durer
plus longtemps leur supplice. On en vit
d'autres inettre ieurs mains dans les bra-
siers ardents pour ne les pas souiller par
Tattouchement sacrilege des victimes of-
fertes aux idoles. U y en eut enfin qui,
voyant approcher des soldats envoyes
Eour se saisir d'eux , se pr^cipiterent du
aut de Ieurs maisons, aimant mieux
se Jeter entre les bras de la mort que de
toniber entre les mains de ces ministres
deFiinpi^te. v
M4KTYBE DE SAINT LUGIEN. — DC
Tavis des principaux auteurs eccl6sias«
tiques, saint Lucien, pr^tre d'Antiocbe,
est un des plus illustres martyrs de cette
epoque. N6 de parentschr^tiens, dans la
ville de Samosate, il recutune education
a la fois cbr<^tienne etpaienne, c'est-a-
dire qu'on lui apprit a comprendre les
Ecrilures et qu'on Tcxerga a ecrire la
langue des anciens auteurs de la Grece
et de Rome. Ayant perdu ses parents a
rdge de douze ans , il alia achever sei
Etudes a £phese, puis embrassa la vie
roonastique. II se donna ensuite a It*
glise d'Antioche, ou il devint pr^tre.
Saint Alexandre d'Alexandne assure
que saint Lucien fut s^par^ de la com-
munion de r£glise , sous les trois sue-
cesseurs de Paul de Samosate, doot i:
avait d^fendu les opinions avee trop (Tns
deur. II effaca cette faute en se retrafr
tant et en soufTrant le martyre. li ^iU
I^icom^ie, avec Eus^ (303), au eon-
mencement de la pers6cution, lorsqut
saint Anthyme v souffritle martyre; car «
la Chronique d^Alexandrie rappbrte eei i
f>aroles d*une lettre qull ^crivik aux fide*
es d'Antioche : « Toute la troupe saer^
des saints martyrs vous salue. II fau|
que j*ajoute encore qu'Anthyroea adtevi
sa course par le martyre. »
Les actes de saint Lucien portentqw,
8*^tant cach^ pour ^viter la persecu-
tion , il fut d^couvert par un pretre (TAo-
tioche, nomm^ Pancrace. II futeooduil
d*Antioche a Nicomedie, ou ^taitron-
pereur Maximin (311). II prouon^uoe
admirable apolosie de sa ibi , devanlle
magistrat charge de Tinterroger. Aprei
Tavoir inutilement expose a plusieoit
tourments, on T^prouva par lafium.
« Son pers6cuteur, dit saint Jen
Chrysostome dont nous reproduisoos le
recit , s*^tudia k inventer une tortoreoi
la longueur et la cruaut6 se trouvasseot
reunies, afin que Tdme du martyr, (Aa»
16e par la violence du supplice, acherit
d'etre abattiie par sa dur^, et perdit
tout le merite desa Constance. Yoici dooc
comme il s*y prit. li exposa le saint prf-
tre a toute la rigueur et toutes lessuit^ |
horribles de la ^im. Est-ce la, me dirf^ ;
vous , ce supplice si affreux.' Oemandez-
le a ceux qui Tout eprouve, ils vous di- |
ront que de toutes les morts c'est la plus I
horrible. On laissa done longtemps )c \
saint sans lui apporter a manger; et lors^ i
qu'on vit au'en une si grandcextremite ;
i 1 ne se relachai t point, on mit devant lui >
des viandes qui avaient et6 offertes 9xa
idoles. On ne doutait nulleinent (|ue rex- ;
tr^me n^cessit^ ou il se trouvait, et»
facilite qu'il avait d'y remedier, ne I'ejn-
portassent enfin sur toutes ses ri^olu-
tions. II est certain que la presence rm^
des objets a tout une autre farce sur nos
SYRIE AINCIENNE.
197
esprits que la simple Image que nous
nous en formons. Le saint martyr sortit
eependant victor ieux d'un danger aussi
pressant , et ce que le diable croyait ^tre
propre a le terrasser fut ceia ni^me qui
lui releva le courage et lui facilita la vic-
toire. Car, bien loin aue la vue de ces
viandes le touchdt, elle ne faisait, au
contraire, quehii donner pourellesune
plus forte aversion. II en haissait encore
EIqs et les idoles et Tidoldtrie. Ainsi que
I vue co]itinuelled*un ennemi entretient
et fortifle en nous la haine que nous lui
portons, de m^me plus Lucien jetait
ies yeux sur ces offrandes impures et sa-
crileges, plus il sentait augmenter en
lui le degodt et Tborreur au'il avait pour
elles. La faim avait beau le solllciter, le
presser de porter la main sur ces mets
defendus, il fermait Toreille a cette voix
importune, il la faisait taire; et, n*ecou-
tant que la voix de Dieu qui lui d^fen*
dait d y toucher, il oubliait sa faiblesse, et
ne sentait plus la faim. Cette table souil-
lee et ce pain ex^rable qu'il y apercevait
ne servaient qu'i^ renflanimer davantage
du d6sir d'etre assis a la table de J^us-
Christ, de pouvoir manger de ce pain
celeste dont le Saint-Esprit nourrit les
fideles; et cette pens^ le soutenait de
telle soTle, quil protestait qu'il ^tait pr<St
a endurer tons les tourments imagina«
bJes , piut6t que de prendre un seul mor-
oeau sur la table des demons. II se re-
mettait aussi dans la m^moire la con-
duite des trois jeunes H^breux qui , dans
un ilge faible , se trouvant captifs dans
one terre 6tran^^re, sans appui et au
milieu d'nne nation barbare, montr^rent
une sagesse si grande et si sublime, que
leur fiMlitda i'observation de leur loi les
read encore aujourd*hui Tadmiration de
toote la terre. Ces diverses reflexions que
faisait notre saint pr^trel'affermissaient
de plus en plus dans le dessein de demeu-
rer fidele i Dieu. II se rrait de la malice
impuissante du demon , il meprisait ses
ruses, et il d^concertait tous ses artifi-
ces par une patience infatigable. Cet en-
nemi declare des hommes, voyant done
qa'tl n'avan^it rien avec tous ces efforts,
et qu*il ne pouvaitabattre le saint, le ra-
mena une seconde fois au tribunal des
juges ; il t^cha de le fatiguer par les di-
vers interrogatoires qu'il lui fit subir, et
de le faire succomber sous la rigueur des
tourments qui suivaient toujours chaque
interrogatoire. Mais le martyr, a toiites
les demandes qui lui etaient faites , ne
repondait autre chose, sinon : Je suis
Chretien. De quel pays kes-vous? lui de-
mandalt-on. Je suis Chretien, repondait-
il. De quelle profession.' Je suis Chretien.
Votre lamille , vos parents ? Je suis Chre-
tien. C^taient la les seules armes dont
il se servait pour se defendre du d^mon,
pour I'attaquer a son tour, et pour le
valncre. Quoiqu*il joigiitt les sciences
^trangeres a Teloquence de son pays, il
ne crut pas devoir s'en servir en cette
rencontre; et il savait fort bien que dans
un pareil combat ce n'est pas Teloquence
qui remporte la victoire, mais la foi ; et
que le moyen le plus sOr pour vainere
n'est pas de savoir bien parler, mais de
savoir bien aimer... Ennn cette parole
fut la derni^re qu*ii prononga , et ce fut
en disant , Je suis Chretien , qu*il finit sa
vie. II fut ^gorg^secrdtement dans la pri-
son par Tordre de Maximin, qui n'osa ,
a cause du peuple, le faire mourir pu-
bliquement. »
« Ainsi, ajoute Eusebe, ce saint et
savant homme, apr^s avoir annonce le
royaume deJ^sus- Christ par ses paroles,
et Favoir defendu par une ^loquenteapo-
logic , en confirma encore la verity par sa
mort. L*on compte ensuite parmi les
martyrs de Ph^nicie , Tvrannion , ^v^que
de Tyr, Zenobius , pretre de Sidon , et
Sylvain, ^vSque d*£mese : ce dernier fut
expose aux betes dans 6a ville ^piscopale,
et les deux premiers rendirent un illus-
tre t^moignage h la foi chrdtienne dans
Antioclie : Tvrannion fut \et€ dans la
mer ; et ZenoBius , leauel h fa science de
la religion joignait cefle de la m^decine,
expiraau milieu des tourments. »
SAINTE PBLAGIE; HISTOIRB DE
SAINTS DOMNINE ET DE SES DEUX FIL-
LES BEBEI41GE ET PBOSDOGE. — An-
tioche avait une telle importance, au
temps de Diocl^tien, que cet empereur
y fit conduire beaucoup de condamn^s
Chretiens pour donner plus d'^clat a sa
vengeance. Les fideles qui habitaient
cette ville, au bruit de la pers^ution qui
les menacait, se tu^rent en grand nombre
pour se soustraire aux tortures. Parmi
les plus c^Iebres exemples de ces morts
volontaires, il faut citer celle de sainte
Pelagic. Cette jeune vierge, flg^e alors de
138
L'UNIVKRS.
qnince ans tmdiiiieiit, avail M hntmite
par saint Loci^n. A peine sut-elJe que la
persecution allaH eommenoer, qu*elle
s*eiifernia ehez elle , esp^rant sauver en
m^me temps et sa foi eisa vie. Bient6t une
troupe brutale de sotdats vint la surpren-
dre seuie, sani ancun soutien ; le moin-
dre mat qa'elie poavait attetidre de ces
soldats ^taii d'^re trainee au tribunal oo
Ton jugeai ties chr^iens. Mais la crainte
de perdre sa virginity , et aussi le d^s-
potr, lui flrent prendre la resolution de
se donner elle-rotoe ia mort. Paraissant
au seuil dela porte, elle demenda d'un air
enjou6 aux soldats de la laisser changer
de vetements , afin qu'elle pardt devant
ses juges sous un costume plus convena-
ble. Les soldats la laisserent entrer dans
sa chambre. Li, apr^s avoir longtemps
prie Dieu , elle monta sur le toit de la
maison et se pr^cipita aux pieds de ses
pcrs^cuteurs.
Trompesdans tear attente, les soldats
paietis chercherent satnte Domnine et
ses filles Berenice et Prosdoce, que saint
Ambroise suppose avoir ete la m^re et
les sceurs de sainte P61agie. Domnine ,
craignant que la beaute de ses filles ne
les designdt aux persecuted rs , 8*etait
retiree a £desse, en Mesopotamie.
« Au milieu des malbeurs de Tfiglise,
ces trois illustres femmes donnereirt,
dit saint Chrysostome, un exemple inou!
d*une grandeur d'dme plus qu'heroTque;
si toutefois on dQit dooner le nom de
femmes k ces admirables creatures qui,
dans un corps et sous la figure de fem-
mes, non-seulement renfermaient un
courage viril, mais qui, s*eievant au-des-
sus des forces ordinaires de la nature ,
firent parattre une vertu dont les intelli-
gences celestes sont seules capables. Ri-
les abandonnerent leur patrie, leur fa-
mille, leur propre maison, pour aller
chercher dans un pays eioigne^la liberie,
qu'on leur refiisait dans leleur, d*adorer
et de servir Jesus-Christ. Ce fut par un
motif si noble et si releve que la fidele et
genereuse Domnine avec ses deux filles,
Berenice et Prosdoce, quitta le lieu de sa
naissance. Arretons-nous d'abord etcon-
siderons des femmes de qualite,eievees
delicatementet parmi toutesles commo-
dites de la vie , qui vont s'exposer k ton-
tes les suites facheuses d'uu long et pe-
nlble voyage. Si des bommes robustes
aoeoatames k voyager, ne lanMrtp
d*eprouver dans le coun de lean tmh
ges d'asaez grandes fatifpei, qumfn
aient des voitures , qo'ils sient a la
suite pluaieurs esolaves, que la tamu
bonne, stbre, aisee a teoir, que la inl
ne soit pas longue , qu'iis aieat ■(
toute liberte de retounier ebei m
quelle doit etre la foi deDomniaMii
solution , son amour poor J^»^
loraque nous la voyons marebcr a ji
sans suite, enbarrasseedelajeooetf
de la beauie de ses fillei, abandooa^
ses amis, trahie par ses prochei,<i
ronnee d'ennerois , se sauver par daa
tiers detonmes , k travers millediql
oraiffnant pour ses filles, peur fKe^pi
leur nomieur, pour sa vie; dasideeai
auelies alarmes, dans rappnbai
d'^re suivie, deoouverte, reeooroti
prise? Elle sort de son pays aatal^
ville, de sa maison , et elle bmik IM
elle deux fillesd'un^ merveilleuiebea^
comment etod les caclier?Q»Mn^
gardien de la virginitede scallbsM
•era le eiell Ge sera jesw^hartflj
mlmel Trois tirebis eDtrepraio^^
traverser des pays eouverts ile^*
deserts habttes pardes IJoDa,iaBK«i|
les lions ni les Imips osentieuienaAN
diepuler le fmssage. Tout iesboiMW^
pourelles lesyeux cliB8tes,^plflwDI
snspend en leur faveur, duraot toot
chemtn qu'elles ont a fairer !<* m
naturels de la beaute. Ge cbesua ni
mino enOn k fcdesse. Oette ville eM
verite, bien moins erviliseeqwi^li*"
autres; mais on pent dire astti,!*
avantage, que la piete y est biaw
plus estimee qtt'ailleurs. Aoisi, vmm
tres voyageuses y treuverwt-eHs'
asile contre les poursuites de Tin^
et un port oh ^es orurent po«^
tendre en sfirete le rcloar d'ua I*
plus calme. Oette ville teate saiolil
cut done ia mere et les fiWes, non tm
aes etrangdres, mais comme wj
toyennes du ciel , et elle se charfea in
les comme d'un depdt sacrf que »
lui confiait. Que plersonne, as rel
n'accuse ces saintes femmes de p*
couitge, pour avoir pris ainsi a»
devant leurs persectttcure;ellc8«*w
en cette rencontre qu'obeir au pr«^
du Seigneur, qui veut que, loJ*?'*'!!
persecute dans !ine fille, Too m»
SYRIE ANCIRNNE.
189
one autre. Bien loin que cette fuite tear
At honteuse , elle leor procora , au eon*
traire, une couronne. £t quelle couronne ?
Gelle qui est promise a ceux qui m^-
prisent tous les avantages du si^cle...
Kn un instant toutes les viiles se rempli-
rent de traftres , de meurtriers , de par-
ricides. Les peres offraient leors mains
aox ju^es pour 6^orger leurs enfants ;
les enfants tratnaient leurs p^res aux
piedsdes tribunaux, les Mres vendaient
ie sang de leurs fr^res , tout ^tait plein
detumulte et de confusion. £desse ne
fiit pas exempte de cet orage , pendant
lequei nos saintes femmes jouissaient
d'une profonde tranquillity. Eties ne se
r^ardaient pas comme fugitives et exi-
les de leur pays ; elles ne s'apercevaient
pas qu*elles ^taient dans la disette de la
ptupart des choses qui rendent la vie
agr^able; I'esperanee des biens futurs
leur fournissait abondamment tout ce
qui leur 6tait n^essaire ; la foi etait leur
patrie, et la charite leur servait de forte-
resse pour les mettre h couvert des insul-
tes de Tennemi common des hommes.
Affermies dans ces trois vertus, elles vi-
rent sans Amotion arriver a fidesse, Tune
son mari , les autres leur pere , accom-
pagn^ de soldats pour les enlever de leur
retraite; si du moinsnous devons don-
oer des noms si doux et si honorables
i un liomme qui s'^tait charg6 d'une si
cruelle et si honteuse mission, l&par-
wons-le toutefois en faveur dune
ipoijse et de deux filles martjres, et
n'augmentons point p^r nos reproches
la peine qu'il ressent peut-^tre de se voir
obliee, malgr^lui, de livrer cequ*i'l a
deplus cher au monde. Consid^rons plu-
tdt la sage condoite de Domnine. Lors-
qtfil a nllu 6viter la persecution , elle
s'est prudemment retiree; maintenant
JQ'il taut combattre, elle ne songe plus
a fuir. La voila prCte a suivre ceux qui
Pemmenent ; elle les suit sanscontrainte,
quoiqu*elle sache bien qu'ils la condui-
senta la mort. Apprenons de lii, nous
autres , ce que nous devons faire dans
l^differentes conjoncturesoii nous nous
Irouvons; car comme nous ne devons
point t^m^rairement aller au-devant du
peril , aussi ne devons-nous pas reculer
lAchement lorsqu'il se presente. Mais
JJjivons nog saintes martyres. On leur
w prendre h chemin de Hierapolis. Ce
fiit enfin d*uQ endroit pioehe de cette
ville qu^elles partireiit pour arriver a
la ville qui doit seuie porter Ie nom de
sacr^e, c'est'i-dire h Ie e^leste Jeru-
salem , et qo'ielles teimiii^reQt glorieu-
sement toutes ienri courses de la ma«
niere que je vais raeonter en pen de mots.
Une riviere odtoie Ie grand eliemin d'£«
desse a Hi^apolis. Les soldats qui les
conduisaient s'afrMrent pour monger
sous quetques arbres qui se trouvaient
\h par hnsard. Pendant qa'ils prennent
leur repas, et qu*ilsDe songent <fu*k
boire, nos saintes femmes pensent a se
mettre en liberty. On dit que Ie mari de
Domnine y donna les mains, et qu'il les
aida a tromper leurs gardes ; je suis assez
de oe sentiment, et if y a bien de Tappa-
rence quil en usa ainsi, afln de pouvoir
se mettre en quelque sorte h eouvert de
la colere da sonverttn JMge, et d'avoir
quelque ctiose a all^guer au jour du ^ge-
menl , qui pdt Ie d^iiai^r en partie da
erime de trelmoii qu'il avait commis ea
Kvrant sa femme et ses filles aux tyrans.
II est certain qu'il amusatt les soldats
pendant que les saintes, s'^loignant in-
sensiblement d'eux, entrdrent dans Ie
4euve ponr s-y noyer. Que les meres
pr^teiit Torellie, que les filles soient
attentives, que les unes et les autres
apprennent ici leurs devoirs. Que celles-
el cotYiprennent jusqu'oi!i doit aller leur
6^6issanee , et que celles-la considerent
quelle fbree ont leurs exemples. Dom-
nine entre done dans Ie fieuTe , tenant
ses deux filles par la main ; elles se lais-
sent toutes trols aller au courant de
I'eau qui tesemporte, les sirffoqae, et
les baptise d*un bapt^me nouveau et peu
usit6 , de ce baptlme dont parlait Jesus-
Christ avx deux fils de UbM6e^ lors-
qu'il disait : Vous boirez Ie mime calice
que je boirai , ef vous seree ba^ises du
m^me bapt^me dont je serai bapti«$.
Ainsi cette admirablefemme fut trois fois
martyre ; une fois par elle*ni4me, et deux
fois dans ses filles. »
LE MABTYBB DE SAtNT BOMAIN. —
Mous emprunterons encore k Eus^be un
r^t du m^me genre :
« L'£glise d^Antioche ^tait expose
h une viotente persF^cution , lorsque
Romain, qui voyageaiten Asic, y arriva.
II fut sensiblement touch^ de I etat ou
n la fit. n trouva que plusieurs ohre-
140
L*UN1VERS.
tiens avaient deja donne de tristes mar*
ques de la faiblesse humaine , et il ne
put souffrir que led^mon triomphdt plus
longtemps des serviteurs de J^us*
Christ. 11 aborda hardiment le juge, qui
s'applaudissatt de la victoire qu'il ve-
nait de remporter. Ascl^piade, lui dit-*
il (c*^tait le nom de ce magistrat), vo-
tre victoire D*e8t pas complete, Dieu
a encore de braves soldats qu*il ne vous
sera pas si facile de vaiocre. Ascl^piade,
qui se voyait ravir par un nouveau venu
. sa gloire, qu*il crojrait avoir inise en
sOret^, fut un peu emu de ce premier
d6but de Remain; toutefois, jugeant,
par le peu de resistance qu'il venait d*e-
prouver dans quelques-uns , ^ue celui-ci
n*aurait pas plus de fermete, il le fit
approcher; et il n'^tait pas juste que
Jesus-Christ se retirAt devant son
ennemi sans avantage ; il fallait qu'il se
trouvAt quelqu'un qui combattit pour
lui , et qui triomphit en son nom. Le
juge m^ditait d6ja en lui-m^me de faire
souffrir k cet Stranger tous les suppli-
ces au'il avait destine aux autres,
pour le punir d'etre venu troubler son
Iriompbe. £n effet, il le fit tourmenter
cruellement; d'abord il se contentait
d*animer ses bourreaux du geste et de
la voix ; mais, comme ils ne le servaient
Eas a son gr^, et que leurs bras sem-
laientsereldcher, il descendit de son
tribunal , et sans avoir ^ard a la honte
qui en rejaillissait sur sa dignity, il se
m^la narmi eux, et tdcha par son
exemple de ranimer leur vigueur. Mais
enfin il fallut que lui et ses bourreaux
se retirassent confus et ^puis^ de for-
ces , mais pleins de rage , et qu*ils c^-
dassent la victoire k Remain : le fer
m^me fut bien contraint de la lui ceder.
Apres ^uelaues nouveaux efforts que
fit Asdepiade, mais toujours inutiles,
pour vaincre la Constance du saint, le
soldat de J^sus-Christ lui cria : Cessez
enfin de vouloir tenir contre celui qui
est tout-puissant; quoi ! pr^tendez-vous
resister a J^sus-Christ , qui est le veri-
table et le seul roi de tout Tunivers?
Le juge Tenteudant parler de la sortc,
et croyant qu'on faisait injure h Tem-
pereur d*appeler un autre que lui roi et
maltre du monde, condamna surle-
champ le saint k £tre brdl^, ajoutant
ainsi une troisieme couronne aux deux
premieres dont sa cruaute venait de
couronner. Romain, pleiAdejoie,e|
vert de son sang qui brillait de toi
parts sur ses habits, et portant sur i
epaules, sur ses c6t^ et sur sod fm
Je signe royal de la croix, est mk
hors de la ville. li y trouva le bild|
prepare pour servir aautel. On appoj
quantity de sarments et de roseaui si
qu'on ro^la avec le bois, a6nque ie
se communiqudt plus aisfoieotetf
vite, et sur cet amas de matieres a
bustibles on pla^ la victimequidi
y ^tre consumee. Comme ce lieoB^
pas eloign^ de la ville, plusieara'
etaient accourus comme a un sjh
qui ne leur etait pas moins agri
qu*aux patens. Ou est maintenant
J^us-Cnrist , disaient-ils; que ne ^
ii, ce Dieu des Chretiens, delimr<
ci du feu ? Pour le n6tre, on saiti
sauva les trois enfants de notre Dife
de Ja fournaise de Babylone; m
Dieu des Chretiens les laisse Ml
Comme ils disaient cela, ce ^oMif
dont ils ne veulent pas recoafiiibv
pouvoir, commanda auxnuaga*
joindre; leciel s'obscurcit,Iesnuto><
vrent, et une pluie m^l^ dejrflet
avec tant de force et d'aboodanee
bdcher, qu'elle arr^te tout d'un
che, que le ciel se dMare pourRoM
qu'il a marqu^ sa colere par cet onfi
soudain. L'empereurenvoya direa tf
piade d'abandonner cette affaire; ijo*
voulait rien avoir a demSler aree «»
du ciel qui lui defendait de se coam
da vantage avec lui, et qu'il n'ctait
sdr de faire p6rir un homme dont le
prenait si hautement le parti. *
LBS ^vAqDES TYKANNUS, VlTi
BT PHILOGONE. — La tradjUOD «■
siastique place tous ces fails so*
piscopat de Tyrannus,quiavajtsiio
k saint Cyrille, en 303. Vitalis ftjt^
cesseur ie Tyrannus , et prit po^
du si^e d'Antioche en 314. D ib«
en 319 ou 320 , apres avoir assisw
conciles d'Ancyre et de KA)cesar«
les avoir peut-^tre presides, w ]
aussi qu'il retablit a Antiocww
ancienne de toutes les ¥^m
6tait tomb^e en mine, et que i»«l
SYRIE ANCIBNNE.
141
tienscberissaient particutierement, parce
^e les Apotres ravaient fondee. Gette
eglise fut acbev^ par son successeur,
le patriarche Philogone.
CHAPITRE III.
l'arianisme.
ABIUS; COMMENCEMENTS BE l'a-
RiANiSME. — G'est durant son patriar-
ral que les premiers germes de Faria-
nisme se developperent en Orient, et
Antioche, que les person tions de Laci-
nius n'avaient gu^re ^pargnee, ne fut pas
^ Pabri des troubles suscit6s par Arius.
L'Orient devait €tre le foyer des here-
sies ; les subtilit^s de Fesprit grec avaient
corrooipu Antiocbe, Alexandrie et tou-
tesces grandes cit^s asiatiques, d'ail-
leurs enerv^ par une mollesse que les
Romains leur avaient si souvent repro-
ch^. La philosophie d'Alexandrie etait
ia plus ^nergique protestation du paga-
Disme ancien contra le christianisme
naissant (*). Ce fut a Alexandrie, dans
I'etude de cette philosophie, qu' Arius
coD<^t sa doctrine , si f^conde en luttes
€t en combats.
Arius ^tait tr^babile dans la dialec-
tiq«c; cet energique novateur , douze
cents ans avant que Luther edt paru, met
en oeurre le principe de la liberty d'exa-
meo. Esprit fier et audacieux , il rejette
toutce qu'il ne comprend pas. Le clerg6
d' Alexandrie se divise : la fureur de dis-
poter sans regie et sans frein s'empare
des esprits : c'est en vain que le concile
<f Alexandrie , assemble par T^v^que
Alexandre ( 319 ou 320 ), fulmine i'ana-
Iheme centre cet h^r^iarque qui attaque
ladiviniteduVerbe.
Arius avait cette taille devee, cet air
iDelancolique, cette demarche grave qui
parleni auxyeux des peuples : la douceur
de sa parole lui gagnait les plus rebelles.
Poete et musicien , il mit sa doctrine en
Mques : bientdton la chants partout;
wyeut des ariens, des demi-ariens, des
*^iens. Des ^v^ues mtoe prirent
prti pour le reformateur. Cependant
Anw, ehass6 sans doute d' Alexandrie
par Fevfique Alexandre, se dirigea vers
'8 Palestine, et parcourut les provinces
n Voir lur cfUe qnestioQ le rapport d<
■• Barth^icroy Saiot-Hilaire.
voisines ; mais il avait ^t^ pr^ced^ en Sy-
rie par une lettre d* Alexandre a Tev^que
d' Antioche. Arius avait connu dans cette
ville Eus^be de Nicomedie, autrefois son
condisciple dans V^ole de saint Lucien
et bientot son plus ardent proselyte. La
lettre venue d' Alexandrie ne produisit
pas tout Feffet qu'on en attendait; car
on voit Alexandre se plaindre bientot
apres de la faveur avec laquelle plusieurs
ev6ques de Palestine et de Syrie avaient
reju Arius dans la communion de FK-
glise. En vain, Philogone, qui gouvernait
Ffiglise d* Antioche dans ces temps diffi-
ciles, cherchait a r^parer les maiheurs de
la persecution : Fher^sie menacait son
clerg6 des plus grands maux. O'eorges ,
pr^tre d' Alexandrie, d^pos^ pjrr Alexan-
dre , porte , a son tour, le trouble dans
celte feglise , d'oii il est chasse par Eus-
tathe, le digne successeur de Philogone,
mais ou le rappelleront plus tard les
ariens, devenus Jes plus forts, en 331 ,
par Fexpulsion d'Enstathe.
CONCILE DE NICEE; BOLE DES EYK-
ques de sybie a ce concile; eust\-
the; ses ouyrages de polemique;
LUTTB des ABIENS ET DES CHRETIENS
A ANTiOGHB. — Coustantin, vainqueur
de Licinius, intervint dans les affaires
de Fi^lglise par la convocation du concile
de Nic^e. Tillemont cite des autorit^s
d'apr^s lesquelles Eustathe aurait pre-
side k ces trois cents ^v^ques rasseni-
bl^s de tous les dioceses d'Orient et
d'Occident. Ainsi Antioche ^tait publi-
quement reconnue comme une des pre-
mieres £glises du monde chr^tien : on
salt d*ailleurs qu'elle faisait remonter sa
fondation jusqu*5 saint Pierre, et tous
les historiens eccl^siastiques s'accordent
a la placer imm^iatement aprc^s Alexan-
drie. Presque tous les 6v^ques de Syrie
figur^renta Nicee dans les rangsdeceux
qui s*appelaient les orthodoxes, Eusta*
tne composa m^me plusieurs Merits con*
tre les ariens. Geux-ci ne Foublierent
pas : la participation qu'il avait prise au
symbole de Nic^e, la fermete avec la-
quelle il avait maintenu la foi et le siege
d' Antioche centre les entreprises d'E-
tienne, de L^nceet d'Eudoxe, qui fu-
rent successivement ^v^ques par le cre-
dit des ariens, le d6signaient a leur
haine : on resolut de le perdre.
« Eustathe ^tait aussi distingu^ par
142
L'UNIVERS.
son profond jugement oue par Telegance
de son style. II avait publie plusieurs ou-
vrages contre les anens. Mais 11 s^etait
montr^ surtout m^oonteot d^EuBcbe de
Gesaree. 11 ^vitait avec soin les eviques
ariens , et ne dissimulait pas sa baine
contre eux. Ceax-cis*a8semblerent a An-
tioche en 330, et le deposereot. lis Taccu-
saient, du moins a ce que Ton suppose,
de sabeilianisme, ainsi que d'une liaison
criininelle avec une femme de mauvaise
vie , qui , gagn^ par les heretiques , de-
claraque T^v^qued'Antiocbe Tavait ren-
due m^re. Selon Athanase , ils iui repro-
chaient aussi une conduite peu respec-
tueuse envers la mere de I'empereur (*}•
Plusieurs pr^tresetdiacres furent excom-
munies etbannis en nomine temps qu'£us-
tatbe, tandis que Ton accueiUait tous
ceux que Tev^que avait priv^s de la com-
munion de ri!;glise (**). Les catboliques
d*Antiocbe en eprouverent un grand
mecontentement, et il y eut dans la ville
une telle fermentation, qu*au dired'Eu-
sebe lui-m^roe elle failnt entratner la
destruction de la capitale de la Syrie.
Ce malbeur ne put ^tre Mi6 que par
les plus grands efforts de la part des
magistrals et m^me de Fempereur, qui
^cnvit lettre sur lettre; il fallut faire
Intervenir la force arm^.Eusebe de Ge-
saree refusa Tev^h^ d'Antioche, qui Iui
fut offert... Eup^ration de Balaneh, Ky-
mace de Paltus, Asclepas de Gaza, Cyrus
de Bero6 et plusieurs autres ^veques par-
tagerent le sort d'Eustathe. La |)lupart
furent accuses de sabeilianisme; a quel-
ques-uns on reprocba d'autres crimes,
lis furent deposes et bannis par les conci-
les, ou m^me sur une simple injonction
de Tempereur (***). Car les ariens etaient
alors tout-puissants k la cour. Les ev^-
(*) Eus^be, de Fita ConsL 111, M, passe en-
tf^rpnipnt sous silence la cause de sa deposi-
tion, parce quMl ne veut |MS renoaveler l«
souvenir dn roecbants. Socrate, 1. I, c. x&iv,
rcmnrijue qu*EusUithe avait ete accuse de sa-
beilianisme, mais selon d'autres, de fails peu
honorables ( oux dtyaf^ alria; ) , mais il re-
grelte que les ev6ques se coatentassent de d6-
poser sans dooner les raisons de leurs resolu-
tions. Saint J6r6iDc ( Contra inf, I. HI, c. xt)
et Tbtodoret ( 1. 1 , c xxi ) disent posiUvement
qu'une femme de mauvaise vie avail ete pay^e
S^ur rendre un faux t^moignage. {Note de
ofhler, )
{"*) Ath. HiMt jir, admonack, c. IV.
(***) AUiao. 1. 1, 0. t; Socnit 1 , 94; Tb^odo-
cetl, 30.
ques d^pos^s ftirent remplac^ pari
partisans d'Arius ou du moins ptf|
nommes qui ne Iui dtaieot point c
res (*). »
L'EYI^QUE PL ACILLE ; D^POSI^
d^athanasb; lbgbndr; deplobJ
BTAT DE l'eGLISE D^ORIEVT. — |
cille, qui avait ete eleve sur le !
d'Antioche, a Finstigation des arj
presida le concile de Tyr, en 936. [
recuse par saint Athanase. Celui-d]
alors depose au milieu d'incroyabia
lences. 11 paratt que, dans ces asseuL
tumultueuses , la dignity d'^v^uej
tait pas une sauvegarde contre les r
des partis; et peu s'en fallut qu*ea|
concile les ariens furieux ne se jeU
sur Athanase.
Les pressentiments de saint Anti
disent certaines 16gendes , ne rav|
pas tromp^. Un joUr, ^tant asf'
entra en extase , et , faisaut un
soupir, il dit k ceux qui rentooraif
(*) Athanait le Grand et Figtiae t
temps en lutte avec t*arianitmtj pirl
Adam Mnhler ; Uaduit de raUemairiptfl
Gobeo, ia4o;t n«p. 179.
On lit dans M. de Potter : f Sozootee i
porte pas d'autre motif de oe qalt ap]
pera^ctttion dlric^ oontra Eustathe, r
opinions professees par celui^ el w
aux opinions d'Euscbe de C^sarde, dc 1
de Tyr, de Patrophile de Scytbopolis rt 6
las ^vdqnes orientaux . ^galemeDt foMi--
oonsubstantialisme. Cela ferait wppoiffl
guatre k cinq ans seulement apres W aW
Wic^ les decisions de celte assemble mJ
vaient d^j^ presque plus que des eootnucir
« D'autres historiena ailment del fiiU «
coup plus graves, et qui, d aprte le memeS
mtoe que nous venons de citer, ne farrBil
le pr^texte dont les ariens se servlreot poorP
dre Euslalbe. Us aocusent reTtqueaMwl
d'avoir d^shonor^ son caract^re par ukJ
duite scandaleuse , de s*6tre rendu coof'
viol , et d'avoir vecu en uo commerce i
par r£glise avec une Jeune flUe. 11 avail >i
dj
. raanqu^ de respect k la m^re de I W
ans des propos qu*il avait tenus sur son <^
En outre , une femme se plaignit pubJiqii
devant les evdques assembles, d« Tiaipc
lite ou, di.sail-elle, elle se trouvalt dew
un enfant qu'elle avait eu d*Eustathe,n1
lequei cet tfv^ue avail cease As Iui w^
neoe>S'>ire. , .^
« rheodoret, en rapportant celle mwa
ajoiite que cetle femme, «ant au lit de laO'JJ
confessa qu'elle avait calomni« Tev^que^w
tioclie; que c'ctalent Eusebe de Cesaree aJ
^v^ques, ses complices, qui i'avaientsuwnj
pour commettre ce faux t^molgnajse^ tw »v
eu un enfant k la verity d*un EusUlM* JJ
marechal de son metier, et noii pas cb***.?'
tuel de rftglise. » ( De Potter, Hist, du t»n
iitiH. , t. If, p. 204. )
SYRIE AJHQENNE.
148
« 0 mei mfantf , il vaut mieax que je
mnire avant que ce que j'ai vu s*aecoo»-
pliMe ; » et, oomme on le pressait eneore,
il dit ea pleuraDt : « La colore de Dieu
va totnber sur i*£gli8e ; eile va Itre li-
Tree a dM faromiaaa aemblables aux Mtei
brutes; car j'ai vu la sainte table envi-
ronn^e de mulets qui renversaient k
eoups de pied ee qui etait desaus, comoie
quand ces animaux sautent et ruent en
coufusion ; ft j'eDtendais une Toix qui di*
sail : Mon autel sera profane. »
Cependant, r£glise avait encore ses
joors de f^te : la grande basilique que
Gonstautin avait conimencee h Antioche
veoait de s'achever : on en fit la dedicace
en 341, en pr^noe d'un grand nombre
d'ev^iies.
ATHANA8S PODRSUIYl PAB LBS
iDSBfiisfis; CONGILB d'antioghb;
mfOBTANCB BB BBS CANONS AU POINT
ax YDB DtJ DOG MB BT DB LA DISCI-
HiNB. — « £n 341 , lea eus^biens,
apres avoir fait a Rome de vaines d6-
narches contre Athanase, s'effore^rent
<ie faire reussir leurs projets dans un
eoneile convoque a Antioche. Le pre*
texte de oette assemble fut la dedicaee
de Teglise dont Gonstantin avait fait
eommenoer la construction dix ans au-
paravant. On c6l^rait en m^me temps
le Gtuauieme anniversaire de i'av^ne-
uient dias fils de Gonstantin le Grand.
Athanase, que Tempereur avait rappel6
de Texil et r^tabli dans son diocese , fut
d^s6 par les ^v6ques, pour avoir repris
possession de son si^e sans permission
pr6alable d'un concile. On lui nomma
BB Riiccesseur. Le ehoix tomba d*abord
ivrEus^bed'fimese, hommetres-savant,
originaire d'F^desse , et forme a Tecole
d'EQsebe de G^sar^. Mais li ^tait troo
nge et trop Suitable pour eonsentir a
prendre la placed' Athanase. II ^tait sur-
Kmt retenu par la pens^ de I'attache*
■sent des haoitants d'Alexandrie pour
lew illiistre ev^ue (*). il fut fait ev^que
iHEmese. En revanche , un certain Gr^-
Seire devint ^v^que d' Alexandria , et fut
were a Antioche.
• Gependant, les^v^esassembl^sen
ooaeile publldrent quatre syniboies. Dans
(*) Aia t6 (jqpoSpdc (mh tou tfiv 'AXe|oevdpea>v
«oy «ficoujao6ai xir* 'AOovoaiov. Socrale, 1, II,
cIX.
le premier, qui fut joint aux lettres sy-
nodiales, ils disaient : « Nous ne sommes
point les disciples d* Arius ; car, comment
nous qui sommes ^vSques pourrlons-uous
suivre un simple prctre? Nous n'avons
pas Don plus adopte d'autre ioi que celle
qui nous a ^t^ transmiat depuis le com-
mencement. Nous a vons ^te, au eontraire,
les ju|;es de la foi que nous avons ap-
prouvee. Mais c'est nous qui avons
adopts Ariuslui-m6me,et nous nera vons
pas suivi. Vous reconnaltrez cela vous*
m^mes, par ce qui suit. Nous avons des
le commencement appris k croire en un
seul Dieu et un fils unique de Dieu qui
est avant tous les temps, qui est avec son
Pere qui Ta engendr^, par qui tout a etc
fait. » Une autre for mule, jomte a une au-
tre lettre, s'exprimeavecun fort grand de-
tail , en serapprochant beaucoup du sym-
bole de Nic^. La void : « Nous crovons
en un Dieu , en un Seigneur Jesus-Glirist
son fils, unique Dieu, par qui tout est,
engendre par le Pere avant tous les temps,
Dieu de Dieu , Tout du Tout , Unique de
rUnique, Parfait du Parfait, Roi du
Roi , Seigneur du Seigneur , le Ve rbe
vivant , la Sagesse vivante , la vraie Lu-
miere, la Yoie, la Verite, la R^urrection,
le Pasteur , la Porte « rimniuable et Vh
nalt^rable, Timage qui ne differe en rien
de la divinity, de la substance, de la vo-
lenti, de la puissance, de la^loire du Pere;
le Premier-n6 de toute creation , qui a
6t^au commencement avec Dieu, le Dieu
Logos, dequi il est ecrit : « Et Dieu^tait
le Verbe » , par qui tout a ^te fait et en
aui tout existe ; et au Saint- Esprit, qui a
m donn6 pour la consolation, la sane*
tification et la consecration des fideles. »
Le reste s*etend sur rinoarnation de J4*
sus-Gbrist et sur la personnalit^ du Pere,
du Fits et du Saint-Esprit. A la fin, il est
prononc^ un anathema sur ceux ^ui sou-
tiennent qu'il fut un temps « ou le fils
n'^tait pas «... etc. Du c4te des catholi-
ques, on n'^tait nas absolument me-
content de cette formule. A la verity,
on n'y trouve pas Vhomousios; mais on
ne tenait pas particulikement au mot,
pourvu que son sens fdt exprim6 pleine-
ment On combattit cependant une des
formuies ^ui faisaient partie des anatbe-
roes et qui disait : « Si quelqu*un pretend
que le Fils est une creature comme une
a'entre les creatures, etc. . . » parce qu'eJle
144
I;UNIVERS.
doDDait toujours a entendre que le Fils
est une creature, quoique difrerente des
autres (*). En outre, leP^re, le Fils et le
Saint-Esprit sont d6sign6s corame ^tant
trois par Vhvpostas^, mais un par leur
accord ( Tf fk ouu^cdYta fO- Or dans le
sens des ariens Vhypostase signiGe sub*
stance (**). »
Apres ces regies de foi, le concile com-
posa vingt-cinq canons de discipline. Le
plus remarquable est le cinquieme : « Si
un pr^tre, ou un diacre, au m^pris de son
^v^nue, seseparede Tfiglise, tient uneas-
seniblee h part et^rige un autel , qu'il soit
depos^. SMI continue de troubler rfiglise,
qu il soit r^prim^ par la puissance ext^-
rieure comine seditieux. » Remarquons
cetappel a i'intervention de la puissance
temporelle , ce recours au bras s^culier,
apres que le diacre ou le pr^tre a ete mis
au ban deTfeglise (***).
Citons, en passant, quelques autres ca-
nons touchant la residence des 6v6ques ,
les jugements eccl^siastiques , le tern-
porel des £glises , et Tordre de la hie-
rarchie. Ainsi ri^glise s'organise et eta-
blit sa discipline.
Les droits du m^tropolitain sont hau-
tement d^fendus ; 11 prend soin de toute
la province, et precede les autres ev€-
c^ues en honneur : mais, si rien de con-
siderable ne se pent faire sans lui , lui-
m6me ne peut rien sans le concours des
autres ^veques. Rien n'^gale rhabilet6
avec laquelie sont r^gl^es les affaires de
radministration temporelle. Les ev^-
ques ne sont que des economes qui doi-
vent rendre leurs comptes et se rappe-
ler cette parole du divin ap6tre : « Pour-
vu que nous ayons de quoi nous nour-
rir et nous v^tir, nous devons ^tre con-
tents. » Les biens de I'^glise sont tou-
jours appeles, dans les canons d' An tio-
che, les biens des pauvres, dela veuve
et de Torphelin; le clerg6 n*est qu'un
d^positaire int^gre et vigilant. Aussi
(*) Socrat. F ; 11; Sozora. Ill, B, Alhau. De sy-
nod, , fol. 735etsqg. HHar. De synod, fol. , 21.
(-*) Mffihier, t 11, p. 25b-258.
(**') Un autre codoii defend k l'6veque d^posd
de s'adresser h I'empereur sous peine de
perdre loule esp^^ce de droit a son r^tabiisse-
menl : finalise veut iitre Independante du pou-
voir civil, lout en profitant des services qull
peut lui rendre. On reconnaft la les preimers
trails de la politique qu'ellosuivra peudant tout
le inoyen Age.
fortement constituee a I'int^ieor, d^
i'^glise tend a s'accroftre; elle sorl^
murs et s*arr6te dans la campagne. FtH
de la cite, dit M. Michelet, eiie compit
Sue tout n*6tait pas dans la cite ; elle o^
es ^v^ues des champs et des boiii|i»;
des , des chor6v^ues, toO xt^^wt £«ioiu««.
Le concile d'Antioche r^gta leurs attri*
butions, qui avaient d^ja ete d^finies |Mr
celui d'Ancyre, et qui ne doivent m
d^passer le pouvoir d^ordonner des te»
teurs etdes sous-diacres, jamais depfCJ
tres ni de diacres sans F^v^ue dont Hj
dependent. Le r^seau de radministrati«
ecclesiastique s'^tend , nous TaTcms S^
8ur la ville et la campagne ; mais la eaa{
pagne depend de la ville, ou r£gliseafli
plus fortes racines.
La conformite des provinces eedesali
tiques avec celles de rEmpire futreaoa^
nue en principe au concile d*Aiitioehir'
Le IX"* canon declare que r^^qoeAJ
la metropole civile est juse sup^rieunkl \
affaires eccl^siastiques de la pniviiiei, i
toutes les affaires en general aboutissal j
h ce chef- lieu, et qu'en consequaoeeaihl
cun ^v^ue provincial ne doit riMieatre'
prendre d'important sans le coiMxmrsdi.
son metropolitain.
« Mais dans le m^me canon il vnk
^t^d^cid^, conform^ment a I'esprit de l*fr
glise et a la marehe suivie des rortgioe^
que ie metropolitain ne prononeeraitsff
rien d'important sans en aroir ddibdi
avec ses ^vSques suffragants. Aiusi,cooi>
nue M. Doeflinger (*), a qui nousenipn»
tons cette remarque, rorgaaisatioo dn
m^tropoles coincide exactement avee
celle des svnodes : comme<^qae^t^
a son college de pr^tres ou chapitr^
de m^me ehaque metropolitain a soo ^
node provincial ou s^nat eceJesiastiafll
dans lequel toutes les affaires gdimNl
sont debattues. Le synode ressortesa
tiellement du g^nie de I'^glise uni
selle; par la est maintenue Tunite
^glises et des evSques dans la foi , daaj
la discipline et Tamour. Souvent ies i^
nodes nrent cesser des divisions d^pM
rabies, sauverentde Tanarchie des dioeM
ses entiers, etparde solennelsjugementv
terrasserent ou paralyserent rberesicj
Chaque ev6que ^tait au synode le repre*
sentant naturel, Torgane'des pensees de
(♦) Doellinper, 1. 1, p. 37(».
SYRIE ANCIENNE
SY]U£ ANCIENNE.
145
IM Egitie; cat eUe dtalt en hii oomiiie
in en eik. Penonne ne sonseait k en-
fDj«r aa eoncile an autre dq>ut^; oela
cdtioppos^ an disaccord entre lepas-
teor et 100 troapeaa, ane scission des-
trndire de la eonfianoe mntuelle et de
hwni^ oae plaie int^ieure que les au-
I Irs ^t Cqnes aoraient arant tout cherch^
i gn^rnr. Gomme suceesseur des apdtres
M des homines apostoUques qui avaient
feod^ SOD ri^e et y avaient mis le d^pdt
ide la foi, chaqne ev^ue 6tait en outre
k principal depositaire, le t^moin au-
flbfotiquedelarraiedoctrine. Lesynode
^^itaiasi ia representation d'une partle
|io8 on moins grande de I'figlise. Quant
a one repr^otation complete, univer-
idle,QD D*y poovait encore songer dans
tttempide persecutions. Le synode pro-
vineialexprimaitdoncreellement la pen-
ite 4e tmites les ^glises de la province
oad'oaesrele plus etendu, ettous ceux
9a eo fiusttent partie devaient s'y sou-
mettie.'
USMORASTiKSS 8*SLiTBlCT EN ST-
>U; SAIHT HILABION ; BTIBNNB , ivt-
({ffBB^AHTIOCHS, CONDAMHB LB PAPB.
^ Vers la m^me 6poqae, la renoromee
poblimentouslieux les miracles oue
jaittit lepieux solitaire Hilarion en Pa-
winej les peoples de Syrie acconraient
areDTipour le voir; et plus d'un des
fiMin visiteurs resuit aupres de lui. C'est
"Miqoes'elcvircntles premiers monas-
^tt Syrie; Hilarion en fut lefonda-
w. II fit ee que sunt Antoine avait
tentt ea Egypte.
GepeadantAthanase prononce d'^ner-
09<W8 pttoles : justifie une premiere
lois par le eoocile de Rome , il le tut en-
ttre daas ud autre eoncile tenu en 347.
w socccsseor de Flacille, fitienne , d^j^
Aa^aux troubles d'Antioche, et devenu
J^eque de cctte ville, y fut d^pos^ corarfie
l^des ehe& de la faction arienne.
i*™nnc protesta avec soixante-treize
et preside le conciliabute de
§^
[nihppopolis, oil T^vdque de Rome fut
\^m€ avec Athanase.
JCe fait est grave : il nous montre V6-
]|Jj«. d*Antioche, chef des Orientaux ,
JJ da moins de soixante-treize ^v^ues
•ynept, s'elevant contre le chef de Vfe-
P*s*Occldent , repondant par une sen-
inxQ d'excommunication a celle qui
*^«et^ lano^ contre lui : le schisme
10* UvrcUson, (Sybib ahciennb
et l*hMsie ae r^nissent contre rfglise.
TBOUBLBS DANS L*BOL16B D'ARTIO-
CHB; INTBIGUBS n'BTIBNRB; FLAVIBN
ET diodobb; i.'bv£qub lborcb, —
Aussi voyoos-DOus Tempereur Cons-
tant, le defenseur d'Atfaanase, ecrire a
son frere Constance, qui ^tait alors a
Antioche, de s'informer des crimes
d'fitienne, ^v^ue d'Antioche, et de
faire executer la sentence portee contre
lui : les envoys de Constant ^tant arri-
ve a Antioche , fitienue entreprit de les
perdre de reputation pour leur 6ter tout
credit.
« La deputation se composait de deux
vieillards, Euphrate, ^v^ue de Cologne,
etVicence,deCapoue,qui avait autrefois
assist^ auconcilede Nic6e. Constant leur
avait donn6 des lettres de recommanda-
tion, et avait m^me menace son frere de
lui fiiire la guerre s*il ne retablissait pas
les evdques destitute. £n attendant, une
ruse ooieuse ^tait pr^par^e pour faire
manquer le but de leur voyage. Un homme
d^r^ie toit alie chez une femme de
mauvaise vie. et lui avait dit de se ren-
dre chez les evdques , comme si ceux-ci
I'avaient fait demander. Cette femme
etait entr^ la nuit dans la chambre d*£u-
phrate ; il s'^veilla, et, la prenant pour un
fant6me, il appela k son secours Jteus-
Christ, en le priant de le ddivrer du
d6mon. Iji prostitute reconnut alors
que ce lieu n^tait pas fait pourelle, et
se mit k pousser de grands cris, disant
qu'on avait voulu lui fairedu mal. Aus-
sit6t, le jeune homme qui etait h Taffdt
antra precipitamment dans la chambre
avec plusieurs autres personoes pour
dtre terooins du crime de Tev^uue. On
esp^rait, par ce moyen, accabler de honte
la deputation et la faire renvoyer. Mais
le grand bruit qui se faisait dans la niai-
son y attira d'autres spectateurs, et
toutes les personnes qui avaient eu part
k cette affaire furent conduites devant
le commandant de la ville. L'^v^que
£tienne d'Antioche, qui avait ete k Phi-
lippopolis avec les ariens, insista vaine-
ment pour qu'on lui rendtt sespr^tres;
car on reconnut alors que c'6Uient eux
qui avaient dress^ cette embQche a la
deputation. La prostituee raconta par
qui elle avait cte appciee; ceux-ci avou^
rent qu*f:tienne avait dirige tout le
complot, dont ils n'avaientete que les
146
LVMTlSftS.
instramems. £tieiiiiefiitdefltini^(^. »
Mais les artens eur«Bt eneove le cr^it
defaire ^tire ^dque (FAncioche Tewv-
que I>oBee, on des appuia de teor parti ;
et le si^ d'Antioebe , aui avait M bo-
nor6 par lesTerlna de Phtlogone H d*Ka^
tathe, fut occup6 par an ^eqoequd s'toit
Vehement molile pour ^ehapper au y<e-
proche d« eoneabinage. L*£giise d« Sy-
rie d^^to^rait rapidemeDt entre les maias
de ces ^v^oes h^rdsiar^aes et oorrom-
{ms. Ldonee n'ordonnait auouD eatho-
ique; il craignait la multitude; et, en
effet, le clcrge de Syrie etai t beaucoup plas
entacb^ d'bdr^sie que le people.
« Du roBte, Ltouee fut assez prudent
et asses sage pour ne point eommettre
des injustices trop criantes , et pour ae
pas pnicher drrectement ooiitre les
croyances catbeft^fues i il se oontenta
de suivre la route detournee'^ui devait
les miner iefttement. 11 ne eboisit pour
entrer dans le elerg^ auenne pmrsomte
qu'il soupoonnftt de catholicisnie, et ne
doma les ovdres qa*a des ariens. U ^tait
Evident que Tortbodoxie f priv^ de pt^-
dieateurs, devait bientdt d*elle-mdme
eesser d'exister. On con^it que le but
de ees efforts n'eebappait podnt aux ea-
tholiques. Mais les cboses en dtaieat
d^ja venues an point qu'ils n'avaient
plus pour appuis qu^un petit ndmbre
de laiques , comme , par exemple , Dio-
dore, qui se rendit plus tard si c^lebve
eomme ^v^ue de Tarse, et Flarien,
qui devint par la suite lui-mtoie M-
[ue d*Antioche. L'un et Tautre^ dignes
-u plus grand respeet parr leaf pi^ et
jouissant d'une grande infhieoce par
ieurs vastes connaissances , r^unirent
les catholiques qui ne faisaient ^int
partie de la communion des eustatbiens,
tantdt dans Ieurs propresmaisons, tan-
t^t pr^s des tombeaux des martyrs, et
entretinrent ainai la flamme de la vraie
foi. Les catholiques auraient ou se rea-
dre aussi dans les assemblees des ariens,
s'ils Tavaient voulu; maisilscbantaient:
« Gloire au Pere, au Fils et an Saint*fis-
prit ; » tandis que Ieurs adversaires di-
saient : « Gloire au Pere par leFils dans
le Saint-Esprit. > Ce fut ains? ^e les
fideles voulurent poser une distinction
bien nette entre eux et les ariens. Car
(*)Hshler,tn,p. 287.
I
«• deraleffs abosBlMit de UmlM^
gie p(Mr appoyer tovr synHne. OnMrii
que eTeat Flatiiis ffui iMrMJNrisit fr
bord h Affiioiebe la tfoxologie ml Mi
par la saite eelle de louteTfi^
Quand L4oiieetoai«l^l«Tei# AM
au dlaoMiat, ee iitfeot FItvieii il
dor» ifm s^y opMseremt. Pla^*
Dio^re, qui mamteBiieHt st
ment les droiu et tes firaueM
primitive £glise, avaientloa<
bvass^ la v^ aso^tque. Diodcve
pauvre, qu^il nopossMait nen
terre. ni maiaon, ili table, ai
amis le Dourrissaieat ; at il di
son temps k la pri^e et h Tn
La pAleur de son visage et toot
rienr l^moignaient de la %^kM
moears. U avait ^tudl^ k Atb^att
losophie el la rh^riqtte, et
(•) Btobler, t HI, p. 7S-7«. ^^
Od Ut dans M. de Potter : < LAonee avail
grad4 de Ui prMrise paroequ'li l^'^^i!!!.
geoe il 8'^lait chAU^ de ses maioi, oeqra
deot les eaooot •pcstoUqueB, souspdoeM
tfltioti ; car, diseDt-Us, ci*e»t we moMnrlflli
de floi-iiieme et enoeflii de PcDutre dt U^
BoiD9 let nenei caacMu decttmt r
qui oe le soat pas par lear iaute,
Mrvlr le nAinist^re des auteb, ler
an corps sans d4fwU, aiaia ade
lemmci
« IVaJileors le Inilde UooM &m «<,
ble rouUiation avaU ^te bteo differttt ^
du savant p6re de i*£glitt. Ongenefl
Toula que w aouttraife aux taiMBkn^
M qui Mirait pale dtBtrake deaei mm^
{>huosoptuques et religieuaes. Uoooe* i
ralre, pr^tendtt se mettre. parsoQiiDplL
reocHitiae , au-deasoa de todte crRlqae aa
Ber, an prix <te oe vloteot MO^fi^*. "^
frequenter d^sormais en pleiiie liMmiUi^
quilaimaitet dontonavait vooloqaiiseii
Won saint Athanaae, eel «n«»f»rj*7
eooMBe il ae i&aiK|ae Jtfnais d^^PPSfJ
par d^risiOD, quoique iVupercur eftUf
par un ^it de Tappeler ^vOque, recta
d^ ce moment k coedwr »vee «• i
(c'eUit le aom de «ltoMDpa0De)t<|a'U ««a
Dommer vierge, quoiqo*il o*te^<>^fi£rJ
avait depuis longtemps cesse oe I cw r
fait »'"*»- _, ^j
€ a B'y a ik ^'line bUarruie. q« j
jamais qu'un bien petit ooiPDre dW
Les autres crimes de Ltonce , oaeiuiP
saint AUianase , et que I'^vAqoe Tbeoj
rappof40 qoacomBW iQi etant iopaw f
que d'Alexandrie, aoBltimplciBenl flafl
litolodques, de Tariaiiisme en unffloj
alnt Athanase aeouse l'*v«que d AiiMJ
saint ». ,- ,
Yolr «t« no ptftisan ^''"^^^g^^
qu'Uraait
nisTM
ru raaitpiiu aeeretemenu » n***-"
EsnM par de Potter, t. U , Pjftl.
(•*)^«iu8, instruft klwledes
IMKiM son m^Uer de dlspUler : tt
rianiime jusqu'a MS der'»i*'*li25fi
comme de tniter le pdcfaA de nkMl^
dueorpa.
SYRIE ANCIETKNE.
i4f
fyafit de Sjrivain de Tarse. L'un et
Fautre ifappliqaafent jpxxr et nuit, du
temps de LeoDce, k exciter dans les fid^
let le z^le de la religion. ITs les assem-
biaieot, commeledit Mshler, aux tom-
beaax des martrrs, et v passaient les
avits arec eax ^ toner Bfeu. Leonce n'd-
tatt les empfeher h eaose de la multf-
fode qui les saiTait d*rme grande affee-
fioQ; noais, aree une doiioemr apparent6>
11 les pria de faire ee lervicc dans Vt-
lise. Qaoiqu'ilsconnussent bien sa ma-
t^ iis ne laisserent pas de loi ob6ir.
Athaflase , apr^ avoir quitt^ Rome ,
tt avant de rentrer dans son diocese d* A-
lexandrie, visita Pempcreur Constance ,
qui r6sidait encore k Antioche. L'evlque
tt rempereur se r6conciti^rent ; mais de
aoufeiles perflations attendaient en-
core Athanase. Pendant Ye sejonr qu'il
fitk Antiocbe, if ne comnmniqtta point
•wlioMe, et r^vita comene un ficr^tl-
qoe;toatefo[8, il entrettnt des rapports
a^ Ie8 eostathiens , qui latent fa phis
pureprnfeda peuple catfaoliqtie, et as-
s^ a lears assembles qui se tenaient
daw des maisons ^articnli^res. L'em-
pcRsr Id demandatt an jour de laisser
one despises d'Alexandrie h oeux qui
B*et»ent pas de sa eommonion. Atha-
oaser^ndit qa*il le ferait; mais il pria
rempereor d'aecorder la m^me favcur
m castathiens : et les ariens, qui cral-
fBaient lev grand nombre, consei ll^rent
• rempeeur de n'en rien faire. Leonce
hiHn&ne tf^it pas tranquille : »l enten-
dait les eatholiques chanter, k la fln des
p^auroes,Gloire au Pere, au Fils et au
Sa'olEsprit; et 11 disait quelquefois , en
touchaai ses cheveux blaucs : « Quand
wtteneigc sera fondue, il y aura bien
jw 'a boue dans les rues d iintioche. »
U niarquait aiosi la division du peuple
V^ devait Plater apr^ sa mort.
GAuus k ai«tiocrb; il pbend
fan POUB LB8 ABISNS; MOBT DB
UORCB; lUDOXB 1J8UBPB LB SIBGB
^KSCOPAI ©'ANTIOCHB; il K8T
J«A8&£ DB LA TILLS. — Cette pr4-
jljttion devait s'acoomplir. Dechiree par
2f^esie, la Syrie devait n^liger la
^se de Teropire, que les Perses at-
*|naientenOrient. Sapor s'etaitmontr^
"^Bsles mursdeWi&ibe : et Constance,
V^e la re volte de Magnence, apres la
Biort ^ son firdre Conaflant, app^ait swr
d*auires points, eut h peine le Mmps de
pourvoir h la sOret^ deS piffces de la Sy-
rie. Ce ne fat on'en 861 , au moment
d'engager une affaiire d^sive avee Ma-
gnence, qu'il envoya h Antioche son pa-
tient Gailus « et le dtehira Gter. Gallus ,
h son arrivee , sans doute pour se ren-
dre agr^able aux cbr^iens, fit transpor-
ter dans le fttubourg d6 Daphn^ les re-
liqnes de ^aint Bab^as, ponr purger ce
lieu des impuretfe qufs'y cMnmettaient,
et farmer la bouche h ApoUonf qui y ren^
dait encore sesoraeles. Ifals bientdt Gal-
lus , dit M. de Gbflteaubriand , pass^ de
la solitude h la puissance, devint un ty-
ran bas eteruel. Arrive ^Antiocbe, avec
Tbahissius , qui dtait pv6fet du diocte
d*Orient, il se laissa emporter I la vio-
lence, a la eruaut^, a la suite de quelques
sucres obtemis sur les Perses et sur les
Jutfe r^voltes : en m^me temps il s*atta-
ehait aux ariens Adtius el Thtophile. II
s'en aHait d^guis^ da&s les Heux pubises ;
soil travestissement ne KempAjhait pas
d'^re reconnu : car Antioche ^it Mb^
T^ h nuft d^mie si grande quantity de
luml^res , qu'on y voyait <>omme en pleih
Jour (*). Ce d^ail, que nous empruv-
tons a Ammnen Marcellin , est confirm^
par le t^moignage de saint J^r^roe , qui
parle des feux quron aliumait sur la place
publique, h la luenr desqueis on se
rassemblait, pour disputer sur les int^-
rlts du moment. II est curieux de voir
ce people disputeur ainsi r^ni sur les
places de cette grande et belle ville, qui
avait d^ja une police comme nos villes
modernes.
Le s^jour de Gallus k Antioche ne
fut pas de longue dur^. Mand^ k ik
COOT de Milan , apres le massacre des
deux ministres que lui avait envoys
Tempereur, il fut depouillede la pourpre
des C^ars et ex^cut^ en 855. Quant k
I^once, Tev^ue arien d' Antioche, il
mourut en 857. Ce fut alors qu'Eudoxe,
6v^qtie de Germanicie, un des chefs du
m^me parti , qui avait assist^ aux con-
ciles de Sirmium , en 851, et de Milan,
en 855, ayant appris sa mort, demanda
son conge a Pempereur ; et , au lieu de
retourner ^ Geimanlcie, serendit ^ An*
tioche. II 8*y fit reconnaitre comme par
(*) Vbt pemoKtantitm luminum clarUudo
mftt imitari fulgorem,
10,
146
LTJNIVERS.
ordre d« reroperear, et Burtout j^r le
erMit des euDugoes de la cour qui pro-
fessaient les metnes opinions que lui.
A^ius, doDt oousavonsd^j^ parl^, s*eiii-
pressa de revenir k Antioche, dont la
vie molia et voluptueuse 6tait en g^n^al,
disent les catholigues, tr^-godtee des
ariens. Antioche etait par excellence le
pays des parasites et des filles de joie.
Les entreprises d'Eudoxe devaieat tdt
ou tard trouver de la r^istanee : il ue
s'^it pas fait reconnattre par les prin-
cipaux eviques de Svrie, George de Lao-
dicee, et Mare d'Aiethuse. George ^rivil
k Maoedonius de Constantinople, k
Baslle d'Apcyre et k Cecropius de Ni-
comMie : « Pranes soin de la grande
Tille d* Antioche, qui est menacde dunau-
frage par Eudoxe et A^tius, de peur
que la chute de cette grande ville n*en-
tratne celle de tout le monde. » Basile
assembla ausait^t guelques ^v^ues , et
tint le GODcile dTAncyre, qui 6tait
compose de demi-ariens. Puis il partit
pour informer rempereur du malheu-
reux tot de Tfiglise d* Antioche. Cons-
tance, qui venait de donner des lettres
an £iveur d*£udoxe, en^rivitd*autresoik
il le d^savouait, et traitait A^tius de
charlatan : il est vrai que ces deux
hommes ^taient le fl^u ae rEgtise de
Svrie : I'^v^ue de Rome lui-meme fut
oblige de se justiflerdes calomnies qu*il8
avaient r^pandues sur son compte. £nfin
accuses de crime d'£tat etd'avoir tremp<^
dans la conluration de Galtus , Eudoxe
fut cliass^ d Antioche, et Aetius exil^ en
Phrygie.
NOUYBADX TBODBLBS A ANTIOCHE ;
PABTIB QUI DrVISBNT LA TILLB ; NOM I-
IVATION DB MBLBCB. — Msis CettCdOU-
hle oondamnation ne rendit pas la paix k
r£glise d'Antioche. En vain deux con-
ciles furent assemble, Tun en Occident
et Tautre en Orient. La nomination
d'Anien par le concile de S^leucie fut il-
lusoire : les partisans d*Acace, un des
chefs ariens, se saisirent de lui et leire-
mirent aux d^put^ de Tempereur, qui le
•lirent garder par des soldats et le con-
damnereut eusuite a Texil , malgr^ les
protestations des ^v^ues qui Tavaient
^lu. Athanase neignait r£glise desol^
sous les traits cle cette femme d'un U'
vitequi, ^tant morte des outrages qu*elle
avait re^us , fut coup^ en douze mor*
ceaux que Ton envoya aox dome tiibii
dlsrael. La Syrie etait diYis6e eaariw,
semi-ariens, eusd>ieiis, acacieos, «
anom^ns et eustathiens; Antioche r»
fermait dans ses raurs six oa sept fi^
ttons , qui souvent avaient failli ennrir
aux mains; tout foisait eraiodnji
r£glise de Syrie ne suecombAt aumifa
de ces dissensions intestines, fm
rh^r^ie allait devenir perstotrice:!
nomination de M^ece au concile fil*
tioche devait exciter de nouveaux tni»
bles. Constance vint y passer l*biTer pit
r^ler les affaires de Syrie. AussitdttM^
les partis se mirent a Toeuvre : i*
trouva qu*ils avaient travaill^ cootie oi^
et qu*au lieu d'une cr^ture lis nam
trhteni dans M^lto un bomine jsilei
craignant Dieu(*}. Son premier wnMI
dont ConsUnce avait dono^ le tedi,
confondit les her^tiques, aux applarft"
sements de la multitude » roaisaugnai
m6contentement des ariens, oonrMtf
le croit sans peine. Des lors iisaW
rent plus qu*un but, ce fut (foliMJr
sa deposition. Constance, avenjKiir
les v^ritables int^i^ts de FEglise, wImi
un nouveau schisme en faisaot in^Mr
les mains a Euzoius. Ce fut le flSri
d*une grande defection ; tous oesip
depuis trente ans avaient soufifert I»
soience des ariens se s^par^reotdMr
vement de leur communion, et tioni
desormais leurs assemblies dans P^
PalSa. Mais les eustathiens. qui etM
les cathollques |Hirs, refusdreat > •
r^nir aux mel^iens,comme^taolM
r ) « M^ltee, seloD Socrate. avait M flo iirjB
ariens d'Antiocbe ; U avait sisn^ la formaaCI^
eaoe. PhilostorKe pretend qoMI antft , au flM
de Rimini, donne aoo aiseDttmeat an ao^
de t'eoU^re disaiinUitode des deux penonia
divioes, et qu*ll neoesaa Jamais defeiDdnkpP
grand i^le oour les opinions anomeeniKii IMF
meme qa'llse fat mis k
coosubsUnUalit^ da Fils et da P^. ^^^]t
Coe et r^v^ue Th^odoret soot en coBWjf;
manifeste avfc oes ttaioignaftei : le ^^ :
m«me appelle Pivtoue d'Aotfocbe l»9f^,^K'\
ceUbre, Udivin M61tee. Nous oppoMWOiMJ.
historlen les ^rlto de saint J^rdme, QOiorM^
de fair la oommunion de rdvtoue d'Anlioaf^ i
on aaralt fait du ohefdes arfeMiJ*
chroniqae d'Alexandrie, qai, pariaot <k Mm
h son retour de Tezirsous rempereor JiflWi
dit que ce pasteur avait m depose pomm
tmpl^ et set aatres crimes, et que. t^^JSL
son si^, sa ooodulte ne fat oi pnis '^J''"
nl molns violente — (S. HIerooydi. fp»^ J*
•d Damas. pap. t IV, part, s, p^ lo; ^pw- »
ad€mm4. p. as.)* I>e PotUr, 1 11, p. «it>*^
SYRIE ANOENNE.
149
otocbte d'arianisme : et les fiddles eux-
atees 86 trouveraot divises en deux
BliTATION DB JULIBN A L*BM-
n». — Pendant que le fils de Cons-
tiatia raffioait sur les gubtilites th^
logiques, ioveotees par les membres de
•00 parti, le g^oie de renipireapparaiseait
iJQlieD:quelques roois plus tard il etait
prodame empereur.
HAT DB L'BGLISB DB SYBIB ; JU-
UIR ▲ antiochb; sbs baillbbibs
conTiB LBS habitants; 8 a colebb;
IBACTioif PAiBNRB . — Ainsi longtenips
kittaes par les flots de Th^resie, Antio*
cbe et son Eglise Tont 6tre victimes de
Qttte reaetioo paienoe dont Julien futle
chef et lephUosopbe. Quel etait l*^ut de
r£^ise de Sjrie a rav^oement de Ju*
fiea? Nous Tenons de le voir. L'b^r^ie
f Arioi arait tout divis^ etd^suni;oe
tf^entqa'aoathemes lances et re^us.
U% eatbolimies mteies ne s'enten-
daieat pios : |es 6v6ques se disputaient
^ sj^es; et le scnisme ajoutait ses
^im a eeuz de Tb^rteie : ces
9wrelle> daos toutes les villes « dans
lout les Tillages , dans tous les bameaux,
•BafTaibliasaDt les provinces d'Orient,
iffidUinaieat Tempire au dehors, pa-
nljriaieot le pouvoir au dedans et ren-
saMotradmiQistraUoii impossible. Vtr
S^ittirAntioclie s*6tait distingu^ entre
Iwtea par la violence de ses querelles ,
etladn^ des heresies qui Tagiuient :
mi Jalien d^testait par-dessus tout les
nfailaBU d* Antioche. Ge fut contre eux
qo il compMa le Misopoaon ; il les pour-
auiTit'toojoiirs de sa haine et de ses
raJUeriei : 11 est vrai que ceux-oi ne les
lot ^pai^paient gu^re. A peine arriv^ k
Antioetie (363), on le voit aller sacrifier k
^ter, sur le mont Cassius, donner des
>ws paFeones pour attirer les Chretiens
Mp^isnie. Mais bient6t il s'aper^it
freest i peine si Fancienne rehoion a
w6 quelques traces : le jour ou Ton
mit emner la Uie d* ApoUon a Da-
I W^i il aceoarty oomnie 11 le dit lui-
MM, rimagiiiation rempliede victi-
2"*^ libations, de danses, de par*
Widejomesgenshabilles de blancet
"■pabement pam, en un mot, de toute
"ittgolficenee qu'Antioclie, la briliante
^1 poavait diployer. Mais quelle fut
> <vipnse de ne troaver dans le temple
que le saerifieateor ; pas on gftteau, pas
un grain d'enoens, une oie pour toute
victime? Encore le sacrificateur I'avait-il
apportee de chez lui. Aussitdt, Julien en-
tre au senat ; et ses historiens lui pr^tent
une belle harangue, digne assurtoient
de I'apdtre dn pagaaisme. L'empereur
voulut se vender ou m^pris que les ha-
bitants d'Antioche avaient t^moign^
pour Tancien culte k roocasion du sa-
crifice a Apollon : des lors il n'offrit
plus que des htoitombes , et Ton crai-
gnait que Fespece des bceuft ne vfnt a
manquer, s'il revenait vamqueur de la
guerre de Perse. Saint Jean Cnrysostome
nous le montre promenant par la ville
des troupeaux de prostitu^s aux fiStes de
y^nus n. M«s cesfltes mimes ne poa-
vaient lui gainer ce peuple vain et 1^
ger : on savait que sil bonorait la d6-
auche en paien, il 6*en absteoait en
philosophe. Antioche aimait le platsir
pour lui-mlme, et voyaitde mauvaisoeil
raust^rit^de ce reformateur. La gros-
sieret^ qu*affichait Julien ^ayait rhu*
meur caustique de ses habitants : sa
barbe, les insectes qu'il y laissait errer,
ses ongles d'une longueur d^mesiir^,
ses doigts noircis par la plume^ tout son
ext^rienr ^tait un sujet de continuelles
railleries : « Vous autres, leur r^pond
Julien, vous autres de vie eff^min^ et de
monirs pu6riles, vous voulez jusque dans
la vieillesse ressembler k vos enfants :
ce n'est pas comma chez moi aux joues,
mais h votre front ridi que Thomme se
fait reconnaltre. » Mais ces railleries fin*
quietaient peu ; ce qui Tindignait, c*etait
de voir les chr^tieos escorter en foule
et avec des chants pieox les reltques de
saint Babylas, c(u'il avait faitenlever de
8ontombeau;c'etaitd*entendrela veuve,
k la tite de toute sa oommunaut^, enton-
ner le psaume : « Que Dieu se live, et que
ses ennemis soient dissip^s », toutes les
fois que Julien passait. Son indignation
Temportait alors sur son habilete ordi-
naire. Cest ainsi qu'ilordonna defermer
la grandedglise d' Antioche et d'en porter
lesrichessesautresorimp^rial.Cest ainsi
que, tout en les dtovouant, il ne s*op-
(*) Ammien MuoelUn lal-mfnie ooDflrme ie
Itaioigoafle de utnt Jetn Chrydottoa
tatioDis graUA , Tcbens llMnter
taera,
(xxu
saoerdoUboi
ms graUA , Tcbens Uixiiter pro saoeruouDoi
I, sUpatoMpw mattercolu Istabatvr. »
160
LUNIVE&S.
posa poitat rax «ote cominis par mo
gncte Juiien, comte d'Orient^ qui dMoya
dans radmimstfatkiB des affaires a* Aa*
tioohe aiitant de violeiioe et de oruaiiU
que Salluite, son oolite, mitde douceur
et de mod^ratioQ* On vit la comte Jtt'-
Iten changer le oaradi^ paoifiqae de
la r^etion, ro^ii^ par son n»eu, en
ikes sanglantes et en odieuses pers^-
tions. Onle vit salir Tautel, faire trancber
la t^ an pr^tre Th^odoivt, et bientdt
apr^s nourjr sous le poids de I'anailitoe
lAip^rial.
SOULIYBM SNI D'AIITIOCHB. — XU"
tioohe, qui jusqu'alors s'toit oontentde
de faire assaut de raiiiertes avec iulien,
indi(|;ndede ees exo^ et presses par una
fsminedoAtrampsrettravait, pardefeos^
ses mesures, m |a cause involontaire,
ser^volta. Juiien ordoaaa rincare^ation
du s^nat en masse : mais k c.6t6 des
flatteurs , Juiien avait aupr^ de hii le
rh^teur Libanius, disne repr^sentantdes
lettires antiques, qui sut le fl^ehir par
ses prieres, et obtenir par son doquenos
la grAee de ses concitoyens. Juliea
oomprit qu*il se vengerait mieui par la
plume que par. T^p^; et il torivit le
MUopogon. Libanius i qui re&sait de
servir les venseanoes du tyran, applau-
dit a celies de Thomme d*espnt. On
Dense qu^il Paida dans la compositibn
de eette satire et de ses pan^yriques
de la religion paienne, demiers monu-
ments du paganisms o^ se retrouvent
ks objections de Gelse^d'Hierodesetde
Porpli3rre, dans ua style picin de grftoe
el d enjouement, et quelquefois d*^er*
gie. Ainsi, Tempereur attaquait I'Sglise
sur tous les points : ses pamphlets res*
taient sans r^^ponse, et sa plume sem-
Uait Tietorieuse. Atbanase, le rempart
des £glises d'Orient, leb^ros de la foi
chr^tteane, parcourait sans doute alors
Suelque solitude ignore sous le poids
'un nouvel exil. Ghrysosteme se fonnait
h la rude 6eole des dtterts ; mais sa boo-
ehe d'or ne s*etait point encore ouverte
pour eonfondre les ennemis du Christ.
Basils et Gr^goire,anciens condisciples
de iulien aux denies d'Ath^es , n'^taient
pas a Fabri de ses arrets. Juiien leur
avait defieodu d'enseignar les lettres
profanes, dans la crainte d*utie rivalit^
qui blessait son orgueil.
GBAYE SITUATION Dfi L*EaUSB ML
SVmn; CABlCriRB OBS ItABRiHM
]>*aiitiochb; ut PAeAmsm a sui'
YBGU DANS LBS MCBUBS. — ktMH
atait-elle du moins dans la paret^di a
im , dans raust^riti de ses mceurs, m
garantie centre Tenfahisgenient do fii
gantsme? Antiocbe, au oeDtnire,M^
nous rayons vu , le centre de touusli
h^r^ies qu'eile d^fendait avec toutik
subtitit^ de Tespritgrec. L'extr^i
eence de ses oianirs orientates en M
une nouvelle Babyione. Le triornphtil
paganisme paraissait assure. U eit fl»
rieux , a ce eujet, de lire les pr^t •
tails qui nous ont ^t^ transmis pir ii
eontemporains : nous y verroos Xmt
.ment paten qui fermentait encore 4
fond mime de la society chretiemii
qui infectait ses mceurs; mais bou81#
rons aussi comment cette lutteeiehi
un secret travail de r^organMatJMP
devait assurer la victoire dtf fiili«»
r^glise de Syrie et la d6iiiite deJiM
eomment la rdaction paienne it«
J|u'arrtor les propes de ThMiit •
on^nt r£glise, jusqoe-la diiiiM'
ses d^ireinents iM^eors, ai^
pour ainsi dire , ses forces su aMni
comment, enfin , de cette lutte fMI
sortirent tous ces beaux gdaiei otW
flise d*Orient et entre autres I'cM
'Antiocbe , VJth^net de f^sky lig
tre Chrysostome, qui r^nit a op ■•
degr^ les richesses de rantiaaite fi*
queaux tr^rsder^oqueneechriUNi^
Mais, avant d'atteindre eesr^l>l^
que nous si^nalons de loin, il fagW|
Terser la ense qoi ^ranlesi fortom
les racines de la foi cbr^tienoe ea OiM
Nous ne parlerons plus des btfwii
Antiocbe ne dispute pas sur le do^
sous Tempire de Juiien ; ThdresieflMi*
pait ddlicieusemeatsesloissrssouiw
pereur arien Constance; mais Jw*
tranche toutes les questions ea >»P
sant comma le restaurateur da ^
nisme. II n'en reste phis 4|a*uae fA^
raande une solution a^nitive : « Ag^
che redeviendra4-eUe pai^nnef » £o WK
nous Tavons dit : si eHedtaitchi^WSP
par les pompes du ealH exterieor,iP
tioche etait demeurte naiame ^J^
moeurs. Placde sur les bords dssesii
Oronte, dans use plaina eadisBttfiiJ
oette ville paisibie, oi^ rdgaait us v*
lalige dc moUesse et d'lmaKioatioB, avas
8TBIE AlKSDDniE.
M
Ikida^iUtMtmiseBeta aiaitpla-
eto i cM da M thMtjre*. Le christian
woie avait tout obteDU d'elle, axcept^
kacrifiae du eirque etde aea ^eanoo^
tonws; U lea clveticpa eux-okdinea m
pouTaient a'emp^dier d'etre paleoa fiar
aaiour d'Homerep Le aaoetuaupe ret«tt*
tinait dea i^plaodiaaementa qu'em*
Uieat lea diaeoufs de libaoiua. Oa aui*
lak ie rbetaur dana lea oao^gaea, am
portei de la villa : da vaataa toaka
euuDt tenduaa daoa ks airs pour de-
feodrede Taideur du soleil uo nombreax
Mditoirpeiuvr^ dii afaarQie de sea paro-
ki. Sur iiea Aprea aommata q^l couroii*
aeot la plaine d'Antiocbe, ^ieot ^j^ra
fKlqocs selltaires; maia de cea solitai-
■s comma Gregoire de Nazianze , qui
aimaieat i seiner daoa leur eorrespon*
laace d^a^reaUea peintures at de po^-
fKt aUiiflOBs , el qui ae mootraient seo-
MblaauKcbariaea de U vie cooteoipla-
tne, pi^tsd'aiUeiirs h epdurer toutes lea
utteril^ ntoB Ie caprice de leur ima-
gnatioa.Qy'eUit-e£ dooc dea habitaata
iD^danipoleQle et voluptueuae An«
Iwclie? On e'v vayait que palaia de o^
dnet de peiy&yre;^ que feromea riches,
RmpiimBt lea ruea de leur cort^e
raoaqueg et d'aselavea; que philoso-
fbtt orguailleux, se promeuant avee
m iBaoteaa,leor loagoe barbe et leur
Mumioiudevaatea galeriea. La ebaire
cvetieiuie D*etaU paa eooere parvenue
monaer rescla vage dofuestique ; il n*e^
^it pasextraordiaaire de compter dana
uie opidentfi maiaon deux ou trois milie
cieiMes^dettiB^ k aervir toutes lea fan-
^«^ da laze Ie ^ua capricieux. Uoe
n<^ natiaae, imt^ eontre quelquea
f^ Sika esdavea, lea faiaait atUcfaer
aulitiereatbattre de veigea, aoua aea
7«u. La plopart avaient uae er^ulit^
^te paieane pour lea augurea et tea
P^es; a la aMiadiieiiialadie« ils cou-
^^k la synagogue, eoaaultaieotdea
Miaoteora on aortaient dea amulettea,
pnailesqaeis figuraient dea m^ailles
v^AJexandre, dont la gloire elait reatee
I J^mioe im merveiileui talisaian diez
^ ^ Grecs d*Aaie. 11 ^tait m^me peraua
«rare aervir Ie chnatiaoianM k la au-
Mition : on portait ansai pour anuilea*
^des feuilleu de r£vangile : on en sua-
Mait w eeu dea patiu enfanU; m
''^>i(alamagia«Lp coneiM de Laiedi*
afe ddisniit aut waMaiaatiqqai d^todier
Faatrologie el defirifedeaenehantenients
et dea poiltrea. Dea cnmea bizarrea se
■itiaieDt aox folaea auperatitieoaea. Dana
rid)6eque lea Ames de ceux qui mouraient
de mort violente eehappaient au d^on ,
auelqua£oi8 oai ^orgeait de jeunes en-
£mt8.
L'^ueation 6tait paienne; et, dans
lea ^lea d^iloqueooe , lea mattres con-
aervaient la plupart une pr^ereooe ca*
eh^ pi»ur Tancten culte, qu'ils confon-
daieat avee I'ancieane litterature. En
vain Ie chriaUanisme avait arraeb^ qoel-
ques viergea aux ddicea d'Antioefae.
ftiea n'^galait Ie luxe et la moUesae dea
femmea d'Orient ; ellea etaient ^lev^s
au milieu dea parfiima et dea roses,
omte de toutes lesparurea de Tlude et
dea tiaaua pr^ieux de Bybios et de Lao-
dic^. Laceremoniedu mariageae faiaait
souvent prcaque avec la licence dea fi^es
nuptiaieadu pa^aniame. De jeaues chr^
tiens Ie diaputaient avec lea femmes de
molleaaa et de vanity. On les voyait
trainer, dana lea lieux publics, leura
cfaauasures brodtod*or et de soie. Aiusi
les restes vivacea du paganisme a'etaient
r^fugi^a dans les moeurs. Juiieu ne s'e*
tait pas tromp^, quand il ^tait venu se
fixer a Aotioohe, corame pour v com-
mencer la r^etion paTenne qu*il medi-
tait; et cependaut 11 echoua. Bientdt
Libanioa va prononeer son oraiaon fu-
nebre sur lea ruiaea du paganisme qu'ii
avait tent^ de relever^ cA Flavian s'as*
seoir aur ee si^ge patriarcalgue la puia-
sanoe impi^riaAe avait en vain tent^ de
d^truire.
TIGTOUE BE L'EQLiaB DB aTBIB;
COHTBB*BBAGCION CHBBnBNIIB; AP-
PBBCUTION DE hA TEHTATITB DB JU-
UBN ; POBTBAIT DB CBT BMPBBBDB. —
Quand on recherche lea causes de oette
defaite, on voit d^abord, comffle nous Ta-
vons d^ £ait remarquar, qua Julien ,
dont Dooa ne aauriona d'ailleura contaa-
ter rhabilet^, eompromit Ie auoote de
aa rtforme , ea a^ienacit Ie peuple d' An-
tioehe par ud melange de rigueur el
dindulgenee; par uae affectation d'au-
stddt^et de pManterie; par une osten-
tatien de pratiquea uperatitieuses, qui
l8 rendireat ridicule ou os^prisable aux
yeux de ce peuple vaia eC Idger ; on voit
siAltoul que aa rtfonne ne pouvait paa
11^9
ri}Nrv£B:s»
r^ussir, paroe fue la philoaophie, en
s'attaeKsDt au paganisme et en voulant
ressusciter un eadavre, devait necessai-
rement suecomber eomme lui. Sana
doute lea Grecs d'Asie etaient encore
^nerv^s, et preaque paiena; mais toua
les jours Faction de la religion nouvelle
se faisait plus vivement sentir. Sans
doute les nKeurs Etaient corrompues,
les moines parcsseuz et le clerg^
amolli; mais des rangs de ce clerge,
du milieu de ces moines, sortirent des
hommesouifurentles appuis del'^glise ,
et ses r^tormateurs. Lea lettres Etaient
palennes; mais Cbrysoatome saura les
rend re chr^tiennes. Ainsi , cette crise
solennelle , que vient de traverser r£glise
de S}[rie , est pour elle una dre de r^e-
n^ration. Ghrysostome lui est donn^ en
quelque sorte comme un gage aaaur^ de
sa victoire sur lepaganisme.
Ainsi se sont evanouies les esp^ran-
ces de Julien. Le Galil^n a triomph^ ,
et le yaincu reste vou^ a Tex^ration de
r£glise, qui le condamneet lecalomnie :
« Julien, dit un habile et impartial ^ri*
vain , a le double malfaeur, en ce qui
conceme sa m^moire , d'avoir ^te ca-
lomni^ par ses ennemis ou flatt^ outre
mesure par ses pan^gyristes. Saint Gr^
goire de Nazianze et Zezime sont egale-
ment suspects : Tun pour ses datama-
tions violentes , Tautre pour son aveu-
fle admiration. Libanius est plus mo-
6r6. Le rb^teur connaft et avoue les
fautes de son h6ros; mais enfin c'est
un pan6gyriste. Ammien-Marcellin est
le seul hifitorien dont le t^oignage m4-
rite confiance. Homme de guerre et d*ad-
ministration , il ne voit en Juliep que
Fhomme politique, et le juge avec beau-
coup de sens et de mesure. Grand ad-
mirateur de ses exploits militaires et de
son genie politiaue, il n'aimeen lui rien
de ce qui sent le pr^tre et le aophiste.
II lui reproche sa superstition et sa lo-
quacity, un go^t excessif pour la louange
et la popularity, un oubli trop fr^uent
de la dignity imp^riale. 11 toue g^erale-
ment la tolerance et la justice de son
ffouvernement , sans approuver la d^
tense faite aux Chretiens d'enseigner les
lettres anciennes. Ammien-Marcellin a
bien iug^ I'empereur. Julien fut un
crand prince , en d^pit de son temps et
de son ^ucation. Il eut le g6nle da
gOQveraement : il n'en eat pas la no-
blesse et la digjnit^ ext^eures...
... Ce serait mal eomprendre «i
prince que de ne voir dans son efltn><
prise que le calcol d'un'homme d'fcot
11 est tr^-vrai que de puissantes conlft
derations ont dd frapper son esprit pol^;
tique. II avaitvu legouvernemeDtinpi*
rial aux prises avec lea chefs de Ttglift
nouvelle , impuissant a roister a leon
pretentions , aussi bien an*a calmer hi
querelles tbtologiques (font ils titn-
biaient Tempire et le palais. Le poV
th^isme, au contraire, n'avait janali
porte ombrage ni impost de Joog i li
puissance des empereurs. Le priott^
6tait a la fois le chef de remptre et ^
culte ; il r^nissait en sa persooae m
les pouvoirs de la terre etdu eiei.EI:
revenant aux dieux de Tempire, Jofiei
6mancipait le ^uvernement irop^i
la tutelle hautainedes^v^eschr^tieH,
et le fortifiait par Tadjonction d'oDli*
tre et d'un pouvoir spiritoei. D'aolit
part, la restauration du polytbte
etait un retonr aux traditions qui aiaiait
fait la force et la gloire de Tempir^ i>
roomentod les barbaresd^Orientetdtle-
cident mena^aient toutealesfrootieres,
n'^it-il pas opportan de leur moDtnr
ces vieux msignea de la victoire, ces iH»
ges des dieux qui lea avaieot tant defiw
frapp^ d'^pouvante? Pour rdever P» '
pire, n'etait-il pas n^cessaire de rdcjer
ses vieux autels? Enfin les querdlesotf
orthodoxes et des ariens Etaient, i
faut le dire, un ^and scandaie^
Tempire. Elles avaient divis^ la socwt
chr^tienne en deux camps et wAu'JJ*
feu des persecutions. Qu'^tait-ce m
Su'une society qui se dechirait «^«f.*^
efureur de sespropres mains ?Qbw*
ce qu'une doctrine qui ne Bavait pi«
rallier et relenir toutes les opinw«
dans son symbole ? Lc diristianisme pro-
mettait au monde la paix, i'anoo^
rharmonie universelle au sein dc ruw*
religieuse, et le volli qui a P«j?*PJJ'
veno a Tempireseme parioutladiirifl*
la haine et la guerre! Avait-il ^fj!* 5.
droit de d^clamer eontre I'anarrfue « ,
la violence du polyth^israe, apres »»,
tristes scenes du rftgnc de Constance? w
les amis de Temptre nouvaienwls w«
augurer de la nouvelle religion jp^
rordre et I'unite de la soci«e fiiturt?
SYRI£ ANCIBMNE.
U3
Toutes ees raisong pouvaient faire im-
pression sur le g^Die politique du jeune
C6sar; mais ce n'est point la qu'il faut
chercber Texplication de son apostasie :
e'est dans sa nature enthousiaste , dans
les pers^utions auxquelles son enfance
et sa premiere jeunesse furent en butte,
dans son ^daeation toote classique. £l6v6
daiis la pratique de la religion nouvelle,
lecteur de ITglise de Nicom^die, 11 n'a
pas ptut6t touch^ I'antiquite qu'il a re-
coonu sa mere. La foi aox mvtbes da
polytb^isme p^n^tre dans son ame avee
legodt des mu»es... Autant la sincerity
de la conversion de Constantin paratt
^oivoque , autant VapostaHe de Julien
ftt faeue k expliquer. Julien etait una
^meardente , spontanea, h^Tque, exa-
geraot la foi jusqu*^ la superstition,
reotbousiasme jusqu'au fanatisme, le
courage iusqu'^ la t6m^rit^. On a trop
▼0 en Julien le politique, et pas assez le
pricre et Tapdtre. 11 est tr&-vrai qu'il
mootra dans son r6le toutes les ressour-
ees, toutes les ruses d'une politique oon-
tommde; mais il ne fit qu'employer
tootes les ressources de son iB^^ie poll-
tiqaea preparer et k aoeomplir une res-
tawation qu'il a?ait r^v^ avec la fer-
veor d'un initio. S'il fut habile dans le
ehoix des moyens, 11 fut enthousiaste
^passionn^ dans la coneeption du des-
sein. Chretien , il edt 6te martyr; empe-
Rur, il fut un h^ros. Une lois sur le
trtfne, il fut k la hauteur de sa destine,
etgourema eomme les plus grands em-
rrars de Rome. Dans la oourte durte
son T^ne, il rtforma I'arm^, la
joitice, les finances, le |)alai8, toutes
W parties de Tadministration imp^riale.
Son activity rappelle Cesar; sa douceur,
Mare-Aor^e; et pourtant, malgr^ oes
^mnentes quality, on pent douter s'il
fatrMlement n^ pour I'empire. On volt
^ le pouvoir n'est pas son but , et que
la politique n'est qu'un Episode de sa des-
lin6e. La mission de pretre et d'ap6tre
M tient a coeur beaucoup plus que sa
^M d'empereur ; il porte mal le v^te-
Kent imperial ; le manteaude philosophe
hii lied bien autrement Sous ce vete-
nent, II roarcfae, il agit, il fMirle, il
Mt librefDent. 11 n*a nul soud de son
nng; U remplit dans les temples les
fonetions les plus hombles du diTin mi-
oiit^ Ud joor^ il descend brusquemsnt
du tribunal oCk il rendait la justiee , pour
oourir au-devant de Maxiine. Ses enne-
mis se moquent, ses amis rougissent
d'un tel oubli de la majesty iroperiale.
Pour Julien , il est indifferent aux sar-
casmes des nns , aux conseils des autres ;
11 renvoie ironiquement k Constantin le
godt et le m^rite de la representation.
Cest tr^sincdrement qu^il se plaint
de sa destin6e, qu'il parle des ennuis et
des d^godts de la vie imp^riale, qu'il
regrette sa vie d^^udes et de m6aita-
tions. Julien eAt v^cu volontiers dans
une^cole, commeun sage, ou dans un
temple , oomme un d^vot; cette destinee
edt sufQ k son genie, bien sup^rieur a
son ambition. II ne d^ira le pouvoir
que comme un moyen de retablir et de
restaurer des croyances qui lui ^talent
chores avant tout. Les nistoriens qui
n'ont vu dans Julien que le genie poli-
tique s'^tonnent au'un homme aussi
sup^rieur se suit devout avec tant de
zele et de censtance k une tAche ingrate
et impossible; lis regrettent qu'il n'ait
pas 6\ev^ la politique imp^iale au-des-
8U8 des partis, et appliqu^ a I'adminis-
tration aes affaires publiques ce sys-
tole de haute neutrality et de tolerance
universelle, dont nous avons vu I'^lo-
quente expression dans une lettre de
Themistius. Rien n'^tait moins dans le
caractere de Julien qu'uu tel r6le. II
avait horrcur de la violence et de la per-
secution ; il pouvait £tre et il fut tol^
rant par bienveillanoe et par humanit^,
maisjaraais par la neutrality d'un ju^e
indifnrent. C'est un pr6tre alexandnn
sur le tr5ne ; seulement il se trouve que
ce pretre a le genie d'un grand empereur
et le courage d'un h^os. On s'etonne
de le voir sans cesse occupe de sacrifices
et de tb^urgie; mais il nefait que sui«
vre sa vocation. II accepte et il remplit
oomme un devoir ses lonctions publl-
ques ; mais si les affaires de I'empire lui
laissent un moment de liberte, avec
quelle joie il retoume a ses Etudes et
k ses pratiques de pr^ilection! Quand
on le voit prteider publiquement aux sa-
crifices et aux e^remonies du culte, on
peat croire qu'il est \k pour I'exemple.
Mais, lorsqu on le surprend la nuit, dans
les endroits les plusseca^ts de son palais,
invoquant lesdieux^^voquant lesdemons,
passsntdetonguesbenresdanslacontem*
IM
L'Um?ER&
plalioaci 4aitt TeilMe , «i a le apcetaol*
d'un mysticisme tineere et d'wae vraie
d^votioo...
«... Geth^roisine at oet emhouakiMie
religieiix font de luNen uo pareonaagje
a pari , an miltau de caa fig^aa Impaaai-
bies da la jpolitiqua imp^iale ; c*aat ca
qui jaUa un int^rit a dramatifae sur ia
oastiA^de cat homaM eitraei^tnaire ,
iDd^pendanmieiit das graadea choaea
qu'il a feitea. S*il n*^tait qu'uo grand
poiidque , aoaime DiacKtian ou Gaoafeaft-
tin, on na hii pardonnerait |>a8 d'avoir
d^lay^ tant da rarea quality an aerYioa
d'lHia mauvataa cauae. Maia oo pluot
tant de gdnia at de verta am prisea avae
)%hwL et rimpoasiMe; od plaint eel
antbouaiaame aolitaire qui raoeoatre ai
peu d'^choa, aa d^fovcfneDtinfati^abia
qui trouve ai peu de seoaura dana ana
aoei^e indif ^entia , ou iivr^e I un esprit
oaniraire. Quelle ardeur, queUa aetivit^,
SuellaaanataBcedana raecompliiaaniant
e sea deaaainsl A vac quelle aoUieitude ,
avec quelles angoiasea il suit lea vieisal-
tudea diveraea , lee baanea oo lea mau-
vaisaa foitunea da l^entrepriael Quelle
joie il ressent du triamphe , quelle dou*
ieur de llmpuissaMel il se rait iliusioa
tout d'abora : parca qe'il voit I'armae^
radmiaistralion, la cour, revenir k aa
voix au culte dee tioux aotels , il aa croit
attr de la victuire. Maia cette r^aetioa
se renferme dana la aod^t^ offtdalle;
elle D*a point gagn4 la grande aociM
de rampire. lA, te polytbeitma eat ton-
joura mort, et la ehrietianiama de plus
en plus ¥ivant. L'uu teste insenoble k
rentbousjaame de Julian et de ses pr^*
tres: Tautre se ritde \mn efforta. Ju-
lian trouve dea obstacles de tous odtes;
11 n'avait compt^ que sur la r^istanoa
de ses ennamia ; il d^oouvra , a meaura
qu*il poursuit sa restauration, lea fai-
blesseset lesmislresdeson proprepartt.
II est fore^ de recammander k aas pr^S^
tres la vie pore, la efaarfl^, lea vertoa
des Chretiens. « Si rbett^nHsme na fait
pas autant de progrte que noua Teap^-*
rions, c*e8t la &ute de oeux qui le pro-
itessent aojoindliui. Ne loufiierona*fi<iQa
gMDt noB regaids sur lea aausea qui ont
▼oris^ raecrofanamant de ta relifiott
impie de noa adversaina ^ je faux aire,
aor Ieur philattttiropla envera lea dtNn*
gera , sor Ieur aotlMtada i aaaafaltr ot
honorar las oMrta, sur la s^Ml6<p»
qua feinte etafiGBct^)dal«oniBQBHi
Voil^ eoefllSptautaiitdev«rtuiqa*flifl
appartient, ae semble, ds flMUnrl
lenient en praiiqua. il nete wffii f»\
tandne a aebut aaMiBke; miii il m
ton devoir d> ramener pear Um
tooa les prdtraa r^psadias daas la Gdn
suit per la perauasiaa , sait parksi
nacea , aoit mtoe en ks iestituidki
Ieur miniate aaer^, s'ils ae^
paa, eux, leurs fenunes , l««ifs ail
et laura serriteuia, rexeoipl«<li
peet eoTers lea diaux ; s'ili n'mfk
point lea sarTiteurs^ les aafiiBtid
tisauBes des Gatil^anB diasoilff
diaux, en substibiant Ieur
( ^MTara) aa culte qui Ieur 01IM.1
maaqua pas, aa outre, da dflfndi
tout prdtre de firequeaier lei a^
de boire dana lea taveities, et ^em
un au^ier vil ou ignoble. Bmn0
qui t'oMront, liannis ttmpfamm
te rMater; ^toUis dans ebaqoaaw
hoapieea, poor «ia les geas vmm
00 aans oiojFena da virre, jr jp<>i"!jj
nos bieniuts , quelle que soil #<'
la religion qo'ila professenl. B
Ssr trop hooteux que nos sujett i
6peor?us de toot seeoarB ^
part , taodis qu'on ne toH «««■ >
diaat, ni ehes iea Jutfis, oi nimp
la aeete impie dea Galil^oi , ^ ^
Bon-aeulement sea pauvres, am
vent iea n6tres. »
« L'indiffi^reBcede son parti on
rage point cet infttigable athleUt
liement lea obstadea cwamni»A^
Titer. Toajoura tolerant pow^^
mea qui a'adresaent a sa perioM^ fj
r^ond aux inaulles desbsbitaBUia
tioche qoa par uae satire, akia 1"^
core qu^amera, ou perca la aiat*
de sadifaite, bienplutdtqaeiacnii
▼anit6 bteasee. Maia y ne f^f^l
les outrages k aca diaux : li iWM^^
reaaeat lea chrdttena ooavaioeui oui
lenieat aoupqonnte d'arair detiw
templea. II ne para^cute paiatlespi
aaaa de la religioB aaavelle; a »*
iaterdit ni I'axeraioe de Ieur calta, ■
pr^icatioa de laar doattiaa; lattS*
aejffta dea foaotioaa pubii<pitt- ^
partiality, bltoaWe dans mtmi
tat, ^lait ijien aatuidle a« ^
L'apltoe da ia faatauralian du m
STRIE AHcnsvins.
16S
thtisme poomil-il maiiM faSre dans Tin-
t^t de u cause? II ioterdit aax chr^«
tieas rensMgDemenl d«s iattres greo-
. ques; inais, n*Mt-ee pas autant la {>iM
pour sea dieox qua la politique giii lui
lOfipira cette mesure? H faut bien f«-
eomialtre, du reate, que Julien oubHa
plus d*une foia £a tolerance et son ha-
maiiite daaa rentrafnement ^e la lutte.
U ferine lea yen su r lee aandantes repr^-
nilles du people d'Aleiandrie; il pour-
ntc , sous jpreteste da vepos public , la
hina de TEgliae, lef^rand Atlianaae; il
d^pooille les Chretiens d'Alexaadrie de
leurs biena , et ijoute la raillerte h 4a
eonfiseatton. On voit que les suce^s des
Chretiens Finritent encore plus que leurs
violeaees ; lea pasiions du prdtre rempor-
teat sur la sagessede TeinpereHr. Julien,
iadifii6rent li to«t ce qui s'attache a sa
personne, perd toute mesure guand il 8*a-
ijt de venser lea offenses faites k ses
dieui. Enbn son g^nie ae ressent des
tristes n^cesait^ de son rdle. Toute cause
desesp^ea force plus ou moins lecarao-
ttre de ses h^roa. L'^toquence de Dtoos-
th^oe est iin peu d^amatoire ; la verta
politique de Brutus et de Gatoa a quel-
L chose de roide etde faroudie. Uar-
rde Julien maoci^ue de mesure; et
comme la violence lui r^pugne, il des*
oend gvelquefois a la mse, pour vaincre
•w fanemis.
« Malgr^ tout cela, iuKen n'en eatpaa
moins ub prince plein de douceur et
fhomanite, dans un temps 06 ces vertus
toient fort rares sur le tr6ne. La poli-
lique de Constantin fut quelquefois
cruel le; la violence ^ait habituelle k
C(mstance; Vaientinien aimait k verser
le sang , on salt eomblen la eolfre du
pand Th^odose tut terrible. VAxm des
Aotooin se retrouve dans iulien ; H ne
lui manqua aue d'avoir vecu dans les
^ux lours de rempire. II tient sans doute
dtt pretre et du sophiste; il a toute la
ftrveurde Tun et toute la subtilit^ da
I'autre ; mais sous ie pretre et le sophiste
tt revele toujours le ndros. Sa vie est un
combat perpetual; emperaur^ il iutte
cootre les ennemisde Tempire; paien, il
jutte contra le chriatianisme ; homnie, il
wtte contra les passions da son caraa-
jcre mobile et ardent; il Iutte sans i«-
lacbe, avecune activity infatigabie et
UBS indomptabie ^nargia, jusqu*ii la
mort. Sa fin fitt dfgne de aa vie. Au
moment du p6nl, toutpr^occup^ du sa-
lut de Tarm^e , il n^giige la aom de sa
dtfenae peraonnelle; et quand il est
bless^, il ouWie aa foleasure pour volar
au plus fort de la m^Me. (^ueis nobles et
touchantsadieax itsesoompagnoDS d'ar-
mes! Quelle r^ignation, quelle douce
B^renite dans ses derniers moments!
Julien fat le dernier grand emperenr de
Rome : il eut toutes lea vertus du sage
ettoutea les qualites du ii^s. Profon*
d6ment Stranger, par son esprit ec son
earactere , k la society nouveilie, il ne
put ni la comprendre ni Palmer; son
ame ^ait toute paienne, en ce sens qu*elle
fut le type vivent dea vertus et des aua*
lit^s de la vieiile societ6 qui allait ftiire
place au christianisme; il <ut le dernier
nls de oette noble antiquity, qu'H d^en-
dit avec tant de devouement ("), »
« JuJien suoeoml^a, k Tdga de trente-
deux 9in$ , dans uile bataille centre fes
Parses, apnds un regne de vrngt mois. Sa
mort prMervu Tl^glise des malheurs qui
la menacaient. En effet, daps les der-
niers temps de aa vie, ranimostte de Tern-
pereur contre leschn^tiens if ^tait telle*
nent accrue, qua.^ selon toute apparence,
k son retour, II aurait employ^ les plus
violentee meaures, et la r^sistarce qu'il
aurait rencontr^e etlt sans doute amen^
una pers^ution sanglante. Mais d^ lors
s'ecroula d'elle-m^me roenvre p^nibla*
nnant commane^a de la restauration do
paganisme. Cette foule d'apostata qui
avaient vendu leur religion a la foveur
imp^iaie , et qui , suivant {'expression
de Th^mistius « adoratent non pas la
divinity, mais la pourpre » ae virent ame>
rement deeus; car Jovten, auceesseiir de
kur mattre*, ^ait chr^tien. A peine montd
sur le tr6ne^ il manifesta ses seiHiments
d'una manik« ^Utanta, an ordonnant
aux gouverneura des provineea de pro*
t^er les ebr^ens dans le Nbre exercice
de leur culte, et de randre aux ccci^sias-
tiquea, aux vierges et aux veuves consa*
areas k Dieu tous les privileges qui leuv
avaient M accordds par Constantin et
H6 fila, mais que Julien leur avait reti-
res. En, mime tamps, il aasurait atix
paiena la libertedaconsoiance, leur per-
in M. Vacb«rot, tiisioire de Vecole d^AUxan-^
IM
UUN1¥ER&
luettait les saerifioes et nlnterdisait que
la magie. Auasi, le paien Themistius, dans
son diseoura pronooce devant Jovien,
loue-t-il la sagease de cet empereur, <|iii
semble seul comprendre que la religion
nedoit toe soumise k aucune violence;
puis il peiat en terroes 6nergiques la 1^-
geret^ avec laguelle la plupart, k cette
epoque, passaient des tables sacr^es des
Chretiens aux autels des dieux et fetour-
naient de oes autels aux tables quails
avaient abandonn^es. 11 blSme aussi
tres-clairement la conduite de Julien :
« Cette loi de tol^rance<» dit-ii, n*est pas
moins important^, ni moins prdcieuse que
le traits coiiclu avec lesPerses; car jus-
qu*a present nous avons 6t6 plus hosti*
les les uns contre les autres que les Per-,
see ne I'ont ^t^ contre nous, et nous avons
moins souffert des incursions des bar-
bares que de nos dissensions reli-
gieuses. » Libanius, au contraire, oonti-
nua d*exalter sans restriction Julien, son
b^ros, son demi-dieu, etde trouver tout
en lui excellent et divin. II avait concu
avec ceux qui parta^eaient ses idees le
bril'ant espoir de voir, apr^ la victoire
de Julien sur lesPerses, les tombeaux (il
veut dire lestglises chr6tiennes) ceder
si compl^tement la place aux temples
des dieux que tons ailaient de nouveau
se pr^cipiteraux autels et offrir des sa-
crifices. Or, cet espoir ^ait tout a fait
an6anti. Une nuit profonde, ce sont ses
paroles, couvrait rempire oomme avant
Julien. « Les temples, s^^rie-t-il, les tem-
ples que Ton avait commence de bAtir
sous le grand empereur, restent inache-
ves ou Dien sont detruits de fond en
eombleau milieu des risdes des Chretiens.
Les pr^tres et les philosophes sontt)bll-
g^ de rendrecompte, oeux-la de Targent
employ^ par eux aux sacritioes, ceux-d
des sommes gu'ils ont revues de la muni-
ficence du prince. » Sans doute on n*^-
couta pas partoutle sage conseii donn^
aussitdtapres la mort de Julien par Gr^
goire de Nazianze, de ne pas abuser de
M preponderance que les fideles venaient
de reconqu^rir, et de ne point se livrer
k des represailles : mais, dans tous les cas,
lar^etion^dut ^tre assez faible, puisque
les charges importantes 6taient encore
entre les mains des paiens (*). »
n DolUafer, Orig. du chrUL, t n, p. 96 .
Moai: d'ath^nasb; bvstbsdV
lilSME EN SYRIB; b6lB PACIVICill
DU PATBIABCaE d'aNTIOCHB ]
AYENBMBIIT DB THBODOSB. — ]
gnede Jovien fut court, et Valeosit
vela bientdt les persecutions
catholiques. Athanase, intr^pided
ttur de la foi de Nic^, le rempa
j^lises d*Orient, revenu a Aleiai
out le rappellait une demiere .
termina une vie pleine de combatifll
perils (378) sans avoir pa
rh^r^ie quM avait tantoombatUK.1
lui, c*en etait fait de r£glise i
envahie de tous cdt^ par lea i
Tarianisme. Cependant, en 381 1
veau concile s'assemble k
pie. Mdece occupait le siege < ^
d'Antioche depuis vingt aas;]
pr^id6 , en 87:1 , le concile ip
reconnut le pape Damase. £o :
presida celui de G>nstantinople,
que par le nouvel empereur T
Th6odose, n*etant encore que (,
Gratien, avait cm voir en songen
lard venerable le rev^tir du ma
perial. Quand les Peres du (
Constantinople vinrent le saluer,
d*abord frapp^ de Fair maje
vdque d*Antioche; puis, en 1
ses regards, il reconnut ou fei^ii.
connaltre le vieillard mysteneiij
avait vu jadis dans ses r^ves ; il Ti
aussitdt, baisant avec ferveur <
qui lui avait presents la <
riale : il lui raconta publiquemeoth
prophetique qui avait promis Ta
la race de Theodose , et il pria H
chercher, avec les autres evequcs,i
cifier r£glise. Ce fiit , eo effet, a •
cile que ce vertueux patriarcbe, Mj
Gr^goire de Nazianze, termina I
schisme d'Antioche (*)• Pour la {
(*) (c Th^odoret a minUesU u parttaBMl
Melece , et enoora plus poor FlaTleii , s
fldelw eo Tabsence de Meitee, peodaatlu
B^oaUon de rarlen Vaieos. Aiud TModoMK|
dil-il que Meltee aeol se mooln nM
dan» le difT^rend entre lei» deux ffUictJ
doxes. II avaU propose h Paniln m ftf*
radmtnistraUon spiriUielle dei fiddes, Qt
lement serait dentearte tout eDtttre aai
Yant dfs deux pailean; maia Paiilio i<4j. -
ooodiUons, et provoqua de cette oiaiiKni
icbiame. ^_J,
« Socrate et SoatMitee, Mhi an eoouii^
SYRIE AlfaENIfE.
1«7
ibis depaU Goitttantiii, rempereur et
les^v^ues trayaillaieDi de coocert k la
padfleation de rfglise. M^ldce mourut
aa oiiJieu du concue, apr^ avoir long-
temps honors le si^e ^pisoopal par sea
Tertoa.
GHAPITRE IV.
arSTOIBB DE l'bOLISE DB SYBIB
DBPOrS LA MOBT BB KBLBGB (881)
iU8QU*4 lMnTASION DBS ABABBS.
TBIOKPHB DBS BNNBMIS DB PAU-
UN ; FUTIBN SUGCkOB A MBLEGB NOR-
OBSTANT L*0PP0S1TI0N DB GBBGOIBB
BB NAZiANZB. — Cette mort devait re-
eondlier lea deux partis rivaux , et met-
tre finaa loDg schisme de l'^.glise d'Ao-
tioche. Paulin aemblait done assure de
jooir en paix de sa dignity , lorsqu'il ap-
prit tout k coup que de si justes pr6ten-
tioDsvenaient a^bouer contre la haine
ioTet^e des Orientaux , et que le concile
de Constantinople avait design^ Flavian
poorsucceder aM^lece. Voici comment
tt ebose s'^tait pass^e : a la mort de ce
patriarche , v^^r^ dans tout TOrient,
tondent tar unaeoord, seloo eax rfellemeot
eoMlQ «Dtra M6Mce ei PaaUn , imnMlatemeot
•prii let troQbles aaxqoels avait donn^ lieu le
frtoar de eelul-d k Antioche, las^paraUon des
nd/Meiu, qui pretend! rent que Ton ne pouvalt
>a tooMleace dI oommuniqiier ni traiter en
■aoQoe naaitee aveo M^Uoe , quoique oonrab-
itaoUiligte, pour cela seul qa*l] avait m 61a et
mdooo^ par lea ariena, qui dtaient Ice lapses de
Jependaat leocravelarraDsement avait ^t^
eoofinn^ par rfigliae enUtee d^ADtiocfae , tant
■i^MtieQiie que paoliaieDDe , et on avait des deux
luii solennellemeot luri d^attendre la mort
«i dcttx ^v^queaeonsabaUDtlalistes avaat d'en
nan uo qui les remplaoerait Tan et Tautre.
Mab oe serment , persoonellement prftt^ par
RtTleD et par tlinq autres pr6tres anUochiens
BI*on eroyalt les plus dignes de moDler aprds
lee et Paulin sur le aleae d*Ant]ocbe, fat
one Irop foible digne oontre Tambltion saoerdo-
Me. A to mort de M^ltee, dont saint Gf^olre
de Baiianxe fait d^river le nom de dou9,miel»
te, Flavlen, 61a dvtaoe, aocepta sausdlflicull^
el UBS scrupule, maigre les plalntes et les r6-
daoiatlons de Damase. «v«qae de Rome : oelui-
d etait tenement attache k Paolio , aveoletfuel
seal U avait ooottna^ k oomnnaoiqaer, qu'il
ovt devoir se s^parer de rSgllse de Nectalre,
^taie de Constantinople, etde eelle de Diodore
deTkne, qui s'aaient dtelarte pour rfiglise
•oliodilennedesM616Ueas,quoique reoipereur
~ ' ' I eOt dter^ti que c*^taitae Tunlon avec
FK que tous les ev6ques oh^lrent h ses ordres,
mis Men que saint 6f^ire de Nasianxe , l*an-
aoas le nom da dMn M4lice, les jeunes
^v^uea de son parti crurent ^u*ii se-
rait d^honorant de c^r si facilement
la vietoire k Paulin , at ils r^soiurent de
mettre en deliberation pubHoue le choL
d'un autre succeaseur, ^us digne de re-
pr^senter rfcliae d'Asie. En vain , les
plus sages 6v£|ae8 et le plus v^n^able
detous, CMgoire de Nazianze(*),s'oppo-
s^rent k oette d^tennination, au'ils ju-
ffeaient fatale aox int^r^ta g^neraux de
FEglise. En vain^ le saint pr^at fit en-
tendre en favour de Paulin cette vmx
tant aim^ des jpeuples et si habile k la
persuasion : « Pourquoi done, diaait-il,
Srendre plalsir k perp^tuer les divisions
es Chretiens ? Vous ne oonsid^rez qu'une
seule ville, au lieu de regarder Tflglise
universelle. Quand ee seraient deux an-
^es qui contesteraient , il ne serait pas
mate que le mondeentier fdt trouble par
leur querelle. Laissons Paulin dans le
si^e qu'il oeeupe ; il est vieux, et sa mort
termlnera bientdt cette affaire : il est bon
quelquefois de se laisser vaincre. * Mais
eet avis si sa^e et si inodM ne put rien
contre robstination des jeunes ev^ues
deo parUsan de M^tee , se signala par sod op-
position opini&tre k ce qui paraissalt etre si bien
d*aooord avec ses sentiments inlimes.
« Saint- Giiioira se plaignait amtoement k
cette occasion da schisme que les troubles de
rBgllse d*AntiocheavaieDt(ait nattre et avaient
fSoment6 entre lea Orientaax et les Ocddentaux,
sehtsrae dont iui, Gr^aolre, ftatpenonnellement
la victtme.
« A oe m^me propos , saint Baslle , scandalise
des querelles oontinuelles et des haine» qui se
renouvelaient sans cesse entre les deux iSallses,
t^oiana aussi tout son chagrin d*avolr ^ dtoi
dans respolr qa*il avait ooo^u de remettre la
paix dans l^Clglise, au moyen du secoars quMl
attendait k cet effet des cathollques oeddentaox,
et nommdment des Bomaios. II fut bient6t ,
nous avoue-t-il, d^sllluslonnd de ses preventions
ffsvorables k rjEgllse de Rome, qui n*etait ani-
mte que par Teapritme bautaur, de m^pris et de
durete avec lequel elle traitalt toutes les autres
Sgllses et sortoot oelles d*Orient. Cependant,
dtt-ll, les Ocddentaux ne oonnaissent' rien de
DOS anaires ; ils ne savent ni ne veulent pas
savoir la v^rite, oomme ils Font si bien proute
dans raffaire du sabelUen Marcellus, que rfialise
de Rome a soutenu oontre ceux qui voalalent
s*oppoeer k son beresie; elle a, de oette maniere,
oonUnue-t-II, fond^ dle-meme une doctrine
h6retlque. Saint Baslle se plaint fortement de
la superbe des evdques de Rome, de cette su-
perbe qui rend les hommes ennemis de DIeu ;
lis prennent, i^oute-t-U , ce vice pour de la dl>
liW, et rappcllent verlu. — Saint Basil. epiU.
19 (alias 10) ad Euseb. n. 2, t. Ill, p. 369. •
(/>*/»olter,t.lI, p. "I.)
t
ll
ii8
qui feiiaieni de eetle
fit^ UDe outation die pr^taiteaM entre
leg deux Sgliato , oalie d'On«i» at caMe
d'Ooekleat. Leur inaillcure raisoB poar
doDoer im suoaeaseiir k IMtee et on ri-
val k Paulm , tok « qua rOnent devait
remparter, puiaqua J^tua-Chriat avait
Toultt paraltre en Orient. » A de tela ar
gumeata oo n*avait rieu k r^udre, et
F£glise d*Aotioehe ajant M conaolt^,
ie dtoix preaque unaMoie dea evdques
d^igoaFlafien , diacjple et ami de M^
keee. Gette Section, qui mena^t d'un
nouveauaobisma la capitale de TOrient,
m^oootenta vivement ie saint TieiHard
Gr^offe^ et le eenfirma phia que ja-
mais dans la r^lution de quitter le
ai^edeConstanttiiople: aussi refiiaa-t-il
dMmpoaer les mains it Fdv^ae elu; et
Flavien fiit eblig^ d'alkr se faire or-
doHuer a Antioche, par les ^v^ues
qui ^taieat de son parti: aprte quoi , it
Urit possession de son siege. Les catlio-
iques de la eommunion de Metdee le
r^urent avee grande ioie dans cette
nouvelid digttite ; ear ila le eonnaiaaaieot
depuis longtemps pour un pr^tre fid^e
et devout; et au temps de la persecution
de Valens il avait gouTern^ le petit trou-
penu de M61^ce exil^, avec une sagesse
et une moderation qui kil avaient gagn^
tous les coeurs.
CABA.GTEBS DB FLATlBZf; aBS
MOBUBS; SA CONDDITB A L'BPOQOB
DB LA SEDITION D^ANTIOGHS; JBAW
CHBYSOSTOMB GOUYBBSIB L'BGLISB
D*ANTIOGHB FBNDANT L'ABSBNGB DB
FLAVIEN. — Cependant Flavien ne fut
'pas longtemps h s'apercevoir du vice de
son ordination. Le schisme continuait
dans son £glise ; et le parti de Paolin Fac-
cusait ouvertement d^avoir vide la foi
juree, et c'^tait ToccasioB d*un |>raBd
scandale dans toute la vitle; mais si Fla-
vian commit une faute en acceptant une
digniU k laquelle il n'avait pas droit,
II eut du moms la gloire de Texpier ; sa
pidte et la douceur exemplaire de ses
moeurs commen^aient deja a lui recon«
eilier les esprits les plus rebelles. La
sedition d'Antioche donna bient5t a son
d^vouement une illustre occasion de se
produire au grand jour. Vers Tann^e 887,
un Mit de Th^dose, qui ordonnait de
nouvelles impositions fut public dans les
principales villas d'Orieot; maia lea
VUMWEBS^
peuples 4Calenl hm^ 4$mmiM
auj&ion ^\ llvratt leurs fofrtooesll
kes oaprioes de remperrar; ec \itii
ieeteiirs ayam voulu demflerlaii
tanoe par des suppliees, Aadodm
mut. Les statues de rempereor, c
sa premiere femme PlaoiHi, de
Arcadius et Honorius tomberest
aeolamations du peupie, at furerti
boiior^ea aur ka places pobli^
dans tous lei oarrefours , saas qil
magistrals osassent se roontrar at
lieu de la sMition. lie premiers
6tant apais*, toute la viHe tomhi^
la consternation , et retfrol fct ^
parmi cette fonle qui allatt ttre
tans defense k la col^e da iM
Les bruits les plus sinistres,
par les ofSciers de Temperetir, M
Cerent a circulcr. Sa vengeance
Itre terrible. La vitle , disait-oB,
Itre ras6e , et la chamie derait |
sur ses murs. D^j^ les habitantt^
taient en fDule cette cit6 i janais
due. Dans ce d^sespoir eomnntt
prdtres chr^tiens flrent 6claterk*
et Flavien sauva Antiochc. LefiW
Que, tremblant pour son' txwp^
aevoua au salut de tous ; et, malpl
grand Age, il n'h^ltapaSfeoniffli
ravons dit plus baut daaslerta
6v^ements poUtiques, i se oetti
route poor Constantino]^; Mtt^
di^e d'one grande dme,^lj
chir la colere de rempereur,oua
frir eomme In premfere victhw
chdtiments. II fltune telle diligeo^
ce voyage, qu'il diepassa les e
charge de porter jkliyodose It
de la sedition.
Cependant, Antiocbe ^it dair
extreme affliction, et ron aorartr
voir ce silence de mort et cetabattt
de la ville entiere, qu'uo grand
devastart ses murs. Les roes eC a
oes publiques 6taient abandoone^
foule se refugiait au pied des luwi
mandant k Dieu I'espoir d'ua sorti
leur. Dans ces tristes circonstano4|
fideles ^M>utaient aveoavidit^lespi
de consolation que leur donnsitlel
Jean, auquei Flavien avait rerais IJ
vernement de son troupeaa. U
digne de ce ministere par la vatlf
sa vie, longtemps ^prouvce dans
litude , et par ta douceur ds S0a *
SYRIft AMCRlrNE.
lit
qoence, mi! M m^r ita plut tai^ le sur**
Dom de Ghrytofltome ou bovche cPw,
Diserple de Libanms, fl avait quftt^ son
koie poor s'instroire aux saintes iettres
nas le ditin M6ldee. Depaitf, H ati^
vto goatre ana sotia fe discfptme d^un
Tfeillard syrfen , au fbM d'ane solflnde
^gnor^e du reste dea hommes. Mais aa
sant^,att6rto parcef^me aosldre, Pa«
?aK forcii de rerenir a Antioche : il avait
alors tfngt-six ans. II aervit pendant
cinqannees dms le aous-diaconat , fiat
ordonn^ dtacre k trente et on ans^ et
pr^tre peu de temps aprds. Flavien le
eonsacra an mintstere de la parole, et
depais ee temps Jean fiit charge d'tns*
truire le peuple et de le former a la eon-
oaissance des Ventures. A T^poque de
la sedition d* Antioche, il ayait environ
ouarante ans. Le peuple tronvait un
oarme particnlter a Tentendre; ear
e'etait la seule consolation qui loi fKH
permise dans cette grande calamity.
Le car^me venait de coromeneer ; Jean
en prit occasion pour exhorter les fiddles
aux larmes et a la penitence; il letnr moii^
trait que le malheur public d'Antiocb^
^tait une iuste punition du ciel, qui se
rengeait aJnsi des blasph^mateurs. II les
detournait des spectacles et des plaisirs
profanes, et les elcitaft k se convertir :
« La pietf , disait-il , pent seule vons san-
« ver et suspendre le chfttiment qui
« menace la ville coupablc; prie« et
< faites de bonnes (£uvi'es;^ratiquez les
« Tertus chr^tienneS , et Dieu , qui est
« plus puissant que les rols de la terre,
« touchera neut-^re le coeur de Th6o-
« dose , 6t fui persuadera de conserver
« Antioche. »
Maigr^ ces pieoses exhortations , la
terreur redoublait tous les jours dans la
y lie ; car on venait (f apprendre que Theo-
dose, instniit de la sMition par fe ru-
Dieur publique, avait envoye des com-
missaires pour informer exactement c^
chdtier les plus coupables.
Qu'il nous soit permisde fappelei* iel,
^ Quelques mots, ce qui a 6t^ dit dans les
P^ges qui precedent cette histoire de ?£•
glise de Syrie (*). CT^taient Hell^biqne,
loattrede la millce, et Claire, mattre des
offices : Tempereur avadt i^sohi, disait-
00, d*6ter a Antioche toUs ses privil6ges
(OYoy. plus haot p. 90 et miv.
dt 4^ cransf6ff«r lla tillo do LacMMe la
dlgn^dem^iropotede laSyrie etdetovt
F wieHl. Le saint 4vdq«eFkivieB nneoo«
tra sor sa feittte ms deos offlciers, char-
ges de la venffeanee de reoapeMor ; eS,
Dfr6voyant rdBtetion de mm troapeao «
n r6dkHd)la, diseat les andeos raeits,
ses pri^res k Diea. Onad Heildbiqae el
Gdsaire arrif^rent dans ki liMe, its y
forent refiis dans un motoe rilanee, et
Antioebe perdtl tent espoir de sakit;
ear les oomrnissmras m dMar^rent
ddchoe de tons ses privileges, iren|
fermer le th^re, rbippodrome , les
bains pnbKes . el CDimtBoneerent a infer*
mer contra les eoopables , et d*abord
eontre les magistrals. Autoar de ee tri*
bunal oh eomparaissaient les premiers
eitoyens de la viHe , on voyait errer leurs
femmes'et leurs enfants. Tous gdmis*
saient en entendant les ens des bouiw
reaux et leson des lonets, speetaele
lamentable mime peer les jnges et poor
les soldats.
(Test aiorS qu'on vtl desoendre des
montagnes qui avoinnent Aniiodie les
solitaires et les motnes, tout eouverts
de oendre et de poussiere. Hs deraan*-
d^rent grAce pour la ville eondamn^;
its neeraignafeotrien ponr enx-iia^mes,
ear leurs corps ^taient depuis lengtemps
habitu^ aux supplices : aussi Ks par^
laient llbrement aux magistrals , assis
sur leur tribonal.
Les efforts de ces moines pr^pav^ent
le salut d' Antioche. Quaod flavien Ail
arriv^ h Constantinople, H se rendit aus-
sitdt au palais de rempeteur; et II
il se tint loin du trdne, la t^te couverce
et dans la posture d*im supplimit. Theo-
dose Papergul, el, s'dlant asproehd de
hii, il ne montra pas de colore, mats
une |rande donleur de lingratitude
d*Anttoehe : « Quelles platntes peuveiil-
ils faire eonire moi , dit-il , et pourquoi
s'en prendre a«x morts? If ai-Je pas too-
jours pr6fdr6 cette vltle k toutes Its
autres? » Alers r6v4que rdpondil en
g^missam ; « Seigneur, nous recon-
naissons raffection que vous avee
toujours t^moignte k notre patrie, et
e*est ce qui nons alQige le plus, en
rendanl notre crime plus grand. Qu'y
a-t-ll de plu^amer que d*Mre reconnus
k la face de tonte la terre pour coupa-
bles de In dernidve mgraikode? » Puis
tM
L*UH1V£RS«
le saint ^tque obatioue, ea r«i«taiit
le erime sur tos d^oiOBs, « qui out
toat mis en Otti?re« dit-il, pour pri-
vet de votre bienveillance oelte villeqat
vous ^tait si chdre. Si vgus nous par*
donnez, vous kur ferez souffrir le
suppliee le plus rigoureux. » Ensuite,
il rexborte a m^dter par la cl^eoce
oetie cQwronne de la vertu , plus glo-
rieuse que celie qu'on doit aux autres
hommes. « On a reavers^ vos statues;
mais vous pouves en dcesser de plus
pr^euses dans le cceur de eeux que
vous gouvernez , et avoir autant de sta-
tues qu'il y aura jamais d'hommes sur la
terre. Pais il all^ue a Th^odose ses
propres k>is pour o^livrer a Pdoues les
prisooniers, et cette belle parole qu'il
avait ajout^ : « Pldi a Dieu que je pusse
aussi ressusciterlesroorts. » — « Vousle
pouvez maiutenant, dit-il, et vous res*
susciterez toute la ville d'Antioehe; car
elle est maintenant dans un ^tat pire
que la captivity. » Enfin il int^resse la
pi^t^ de Tb^odose au salut d'Antioche :
« II ne s'agit pas seulement de cette vilie,
mais aussi « et surtout de la gloire du
christianisroe. Les Jui& et les patens
regardent attentivemeiit quel parti vous
allez prendre : montrez-leur qu*un em-
pereur chr^tien sait pardonner les in-
jures et les oublier , a Vexemple de notre
divin mattre, qui est J&us-Cbrist.
Honorez done notre religion par votre
cl^menee, et permettez que je retourne
avec confiance dans notre ville; car si
vous la condamnez je n'y rentrerai
plus, et je la renierai pour ma pa-
trie. »
( A la pridre du saint dv^ue , Theodose
out peine k retenir ses larmes, etrevoqua
la terrible sentence qu*il avait portee
eontre Antioebe. Cest ainsi que le
ebristianisme, pare de si grands exem-
pies, se reoommandait h Tamour et
a la reconnaissance des peuples. Fla-
vien revint h Antioebe pour y celebrer
la Pdque avec ses fideles; et ron aurait
pu croire, k voir la joie commune de
oe grand peuple et la reception triom-
phale qu*il avait pr^parde k son dvdque,
quMI n'y avait plus dans toute la ville
ni paiens ni bdrdtiques, mais seule-
ment des cbrdtiens. Flavien ordonna
dans toutes les ^lises des pridres publi-
ques pour la prospdritdde Tempereur;
irefiM
et la vietolre que ThMlese
peu de temps aprte sur W
Ifaxime parut aux peuples uae
signal^ du ciel , qui le rdcofli[
sa eldmence par le succes de les
USS MOmSS DB JsA SYBIB; U
TBBTBNTIOR DANS LBS AFTAIXV
BLIQUBS; ILS SONT BBPBWiS
L'BMPBBBOB BT lbs BViQCBS.
paratt que Tintervention r^eente
moines et des solitaires dans
res d* Antioebe avait d^lu k Vemi
Cdtait, en effet, un desordn
^rave et dont la freguente r^i
importunait les mazistrats,
dans une ville on allait coi
coupable, oes moines
leurs moutagnes , et venaient
sagrdce. Si les mazistrats la
le peuple s^ameutait eontre eux. i
oours naturel de la justice rests
pendu. En 390 , Theodose fit im
qu'il adressa au pretet du pretoin
rient , par lequel il enjoignait
nes de ne pas sortir de leurs
JDu reste, cette loi n*eut pas le
d'etre executde, card^ Tann^e
Theodose la revoqua.
Parmi ces moines vagabonds qni
blaient le repos de la Syrie, il
compter les messaliens ou rosi
secte de fanatiques qui faisaieot
sion de renoncer au monde. L*
de cette hdr6sie 6tait un nommi
gui , par une piete mal eotendiie,
a la lettre quelques passaoes de
§ile ou il est recommande de se d
e tout, et de ne travailler point pi
nourriture qui pdrit, mais poor
qui demeure dans la vie dternelle. 1
se (it eunuque, vendit ses biens, ^
fit une loi de demeurer dans la plail
goureuse oisivetd. II fit consister R
senoe de la religion dans la priere. U
Sue par la priere rbommes*etaitd^
u ddmon, qui Tobs^ait, seloii Sal
depuis rbeure desa naissance, il nafli
tenait plus de cause de p6che, flt
Saint- Esprit descendait alors dans rl
purifi^ A force de prier fliOiM
egalait Jesus-Christ lui-m^me.
Ces eotbousiastes s'etant dtabos
£de$se menacaient toute la Syrie;
Flavien 6tait" decide k rdpriraer
leurs dfeordres. II se fit arpener
principaux cbe£5 par une troupe deiaor
SYRIE ANCIENNB,
161
nes, et te repentir peu sincere que quel-
oues-uns teinoigDerent ne les sauva pas
oe la condamnation. Plusieurs 6v6ques,
parmi iesquels se trouvait celui de S^-
ieucie, s'assfmbl^nt en concile avec
Flavien et trente pr^tres ou diacres
d'Antioche. L'anatMme eccl^siastique
discr^ita dans tout FOrient cette secte
inotiie et dangerease.
MOBT DB PA.UL1N ; LBS DISSrDBNTS
LUI DOIfNBNT EVAGHB POUR SUCGES-
SEUR ; IBS EViQUES d'OCCIDENT AG-
CCSBNT FLAVIEN, QUI EST DEFENDU
PAB THi^oDOSB. — La pi6t^ , la yigilance
dont Flavien avait doniie tant de gages k
TEglise d*Antioche n*avaient pu encore
faire oublrer le yice de son Election. Pau-
)in,quelqne temps avant sa mort, arrive
en 388 , avait ordonn^ pour son succes-
seur £vagre, fils de Pomp^ien; et les
Ocddentaux, comme T^v^ue de Rome,
Tavaient re^u sans difficult^ dans leur
communion. Fort de cette protection,
(vagre eut la hardiesse de citer Flavien
au concile de Capoue, en 891, pour
dtfendre son droit au si^e d'Antioche.
Leconcile renvoya J'affaire h la d^sion
des ^vdques d'£gypte ; mais Flavien ne
▼ottlut pas les reconnaftre pour ju^es.
Le pape s'etant plaint de cette OMtma-
tioOfWodose maoda Flavien a Gons-
taiitinople, et le pressa d*aller k Rome
pour se disculper aupres des Occiden-
taux. Flavien refusa , et offrit de ci6der
la place, mais de bon gre , et sans juge-
ment. Theodose , touchy de cette g^n6-
rosite, le renvoyadanssaville, promet-
tant de le defendre contre les ^vdques
d'Orcident. L*occasion ne lui manqua
|M : itvagre niourut peu de temps apres,
tt Flavien , favorise par les ofBciers im-
p^riaux, emp^cha que les dissidents ne
lui donnasspnt un successeur. £o 894 ,
les Occidentaux se plai^nirent encore ;
mais Theodose les reduisit au silence,
en leur couselllant d'entretenir la paix
de l^iise, au lieu de la troubler, et
Flavien resta seul et tranquille possesseur
da siege d*Antiocbe.
LA 8UPBBMATIE DE L*EV£qUE DB
CONSTANTINOPLE 8UR LBS AUTBBS
BV^UES DE l'OBIENT GOMMBNGE A
s*BTABLiR. — Vers 394 il se tint ii Cons-
tantinople un concile auquel Flavien as-
>ista , avec presque tous les m^tropoli-
tains des provinces de TOrient : Fleury
11* Livraisan, (Syrib angibnne.
remarque avec etonnement que Nectaire
de Constantinople pr^ida h ce concile
avant les patnarcnes d'Alexandrie et
d'Antioche. La ville imp^riale eommen-
cait a s*attribuer sur tout I'Orient une su-
{')r6matie spirituelle qu'elle devait garder
ongtemps. On discuta dans ce concile
un point d^licat du droit canon, h sa-
Yoir si trois ^v^ques suffisent pour
deposer un pr^lat. II fut d^cidd qu'une
deposition ne pouvaft se faire qu'en
presence d'un concile proYincial : Fla-
vien approuva cet avis.
MOBT DB THEODOSE. — Tb^doSC
mourut^ Milan, en donnantses derniers
soins h r^tat des £glises. Ses deux fils se
partag^rent Tempire : Arcadius eut TO-
rientetHonoriusrOccident. Flavien, qui
devait tant a Theodose, le recommanda
aux pri^res publiques de son £glise, et
rhonora par )es larmes; car cet illustre
empereur avait 6te pour lui plus qu*uii
protecteur : c^etait un ami d^voue, qu'il
regretta toujours. La ville enti^re pleura
Theodose; car elle lui devait son salut,
et le souvenir de sa cl^mence ^tait encore
present h resi)rit de tous ceux qui avaient
failli p^rir victimes d'une iroprudente
rebellion.
SAINT JEAN GHRYSOSTOME PREND
POSSESSION DU SIEGE BP18G0PAL DE
CONSTANTINOPLE; MOBT DE FLAVIEN.
— Peu de temps apr^s, T^lise d'An-
tioche eut un autre sujetd'afuiction. En
898 Nectaire ^tant mort , Tempereur Ar-
cadius pensa h le remplacer par le pr^tre
Jean d'Antioche, que nous d^ignerons
maintenant sous le nom (jui le rend it il-
lustre, Chrvsostome. Mais il 6tait si cher
h la ville enti^re, qu'il fallut I'enlever
secr^tement d'Antioche. Sans cette pr^
caution, une^meute edt^lat^; car Jean
Chrysostome ^tait I'ami de tous les pau-
vres et le consolateur de tous les aflliges.
Le premier soin de Chnrsostome,
dans sa nouvelle dignity, fut encore
pour sa cliere £glise d'Antioche : par
son entremise, rev^ue de Rome et
les Occidentaux consentirent enfin a
recevoir Flavien dans leur communion ,
et la paix fut ainsi r^tablie entre les
deux capitales du monde Chretien; ce
qui etait le voeu de tous les fideles, et
le souhait de Th<k>dose inourant.
Les derniersjours de Flavien ne furent
pas heureux. Les malheurs de Chryso8«
) It
162
LUWIVERS.
3
tome, que nous n*avons pas h racouter
ici , curent un lon^ ct douloureux re-
tentissement h Antioche : sa m^moire
y ^tait encore vivante ; et Flavien , mal-
gr^ toutes les instances que les Orien-
taux Grent aupres de lui, ne consentit
jamais h la condamndtion d*un ev^que
que pentlant douze ans it avait trait6
en frere et en ami. Ce triste 6venenient
aiHigea sa vieillesse, et Ton peut croire
uMI h<1ta sa mort (404) apr^s (Jix-sept ans
'un piiniblp mais plorieux episcopat.
Si nousavons particulierenienl insist^
sur cette periodede Tlustoire de Ttglise
de S^'rie, c*est qu'il nous semble que
Flavien doit y tenir le premier rang :
ses rapports avec Theodose , mais sur-
tout la saintet^ de sa vie toute devouee
k son flglise, le recommandai'^nt k
notre attention. Nous devions honorer
Ic sauveur d'Anlioclie, et representer
en lui ce type de I'^vfique chrelien des
premiers siecles de rfglise, qui, pen-
dant que les paiens s'eiifuient ae la
viile condamn^e, se devoue seut au saliit
de son troupeau, et s'oftVe a la colere
de Fempereur, viclime volontaire d'un
crime quMl n^a pas com mis.
POBPHYRE S*EHPAI&E BU 8IEGS
EPISCOPAL d'AISTIOCUE PAB LA Rl'SE;
SA HAINECONTRR SA1^T JEAW CHBY-
SOSTOaJB; SES mgeubs depbavees. —
Constance, prdlre d'Antioche, amide
Flavien et de Clirysoslonie, 6lait de-
si$;ne par le vqcu de tous les Gdeles et
par Teclat de sa vertu au rhoix du peu-
ple el du clerge; mais le pr^ire Por-
phyre euncmi personnel deClirysostome
r, etdeorie depuis loniitcmps par I'infamie
•' de ses mccurs, iutriiina aupres des of-
ficiers imperiaux et obtint centre Cons-
tance un edit de bannissement. I)e-
livre de ce puissant rival, il avisa aux
moyeiis de tromper le peuple : il choisit
le jour d'lme fete soleniielle ou toute la
ville d'Antioche 6tait hors des mnrs, et
sYtait portee au bourg de Daphne, ou se
celebraient des jeux chers a la foule. II
eiitra secrelemrnt dans Teglise, et se fit
ordonner par trois evfiques; mais avec
tant de precipitation, qu*ils ne purent
pas finir les prieres d'usage. Le peuple,
a la nouvelle de cette furtive Election,
qui donnait pour suecesseur au pieux
Flavieu un homme perdu de debauehe,
. assiegea sa muison , et voulut le brOler
\il\ maU Porphjrre appt la a soi
le comte Valentin avec ses laaium,
attaquerent le peuple, etpiUvett
sieurs villes aux environs 4'AAtii
Les armes de ces bligafids ne Mi
rien oontre rindignation des Sdcfai
s'assemblerent secretement dm
nrincipales maisons d'Antioche, €lij
donnerent T^glise : oe fut eo ^m
le prefet du pretoire de ConstantiMi
publia un edit centre les dissidnls,
parti des lideles d'Antioche fut er»-"
par le pape Innocent I , qui oe
jamais communiquer a>ecrevteie
trus. La inaiheureosef^lise dAl
che semblait 6lerneileDieut
au schisme (*).
Elle eujt bientdt un noaveaa |
d'nflliction dans la mort d'ua # ^
plus chers enfants , J«aa ChryiocM
qui mourut en 407, malbeureus <lf^
secute iusqu*a son dernier jour, ftf <
a ses funerailles une foule iouMM
viergeset de moines, auietaieoiaM
de tous ies points de fa Syrie.
Porpliyre n'avait pas ^pargn^
sostome, et Ton peut croire q/MMi
fut pour lui un eveneineut hci~
car if le detestait et k oraignaitd
r)«M«roe1lmi, «v«(|iie d*ATwm<eaJi
eotre auVr(«, te nit eu mtrdie, a UW'
troupe dt* giadutpurs armesi, pour doT
temple d*AuIon [a). Les pfiTens, «>'«*•
desacim, I'aauitUrtfnt avecdn forcfs »ir
aux kit*Dfit«, et le valnquirmt oumii
d<'<ns uii coml)at ou re\^uf paja ik n «
\1olenoe qu'il avail voulu comiuellWi*
divalent condamner tous ies coAn '
aunbi bleu que la vraie oiorale. Ut<---_^
Marcellus iivaleiU form* le projel <J«*<«JJ
mort, lorM(u'un ronrll« R'oppo»a«wip
lui'Heit read foils de haines el de mass^cjj
meiia^aieol d^armertuus lei dtoy<^o^ JJi!
ctM.ire les autres elde uoj'er reuijdrtjrw
dans le sang (|ue fal.s;ill VerstT UiitOt mw
rautns faualisine. Le coiicile declara , pro*
meal pour calnrier lea eftpritt, car on »*rF™
croire qu'il fut ooiuaincu de ce quU «
que la mort de Peveque Marreilus w«
belle pour gaon se permit de la *'*''*'5
moinJre ven^teanoe; el il onkMina wj"
graces a DIeu d'axoir app»-l6 a lui son ""JJ
ans une occasion si glorleuae, Wj^niJ^
temoigner le plu» peUl regret fic « p«»'"^
Potter, L 11, p. 640.
••(«) Anion 00 Aii!ocr*n«, temple bW
fontalne ou Apoltoo dUiNita te prU de H
Marsyas. nun lotn d'Apjioec. .«»ni/ic.
Marceflu* avail dt"]* rciiverrt le brao SS S
dVau binlle, le dlabip qui. di!«i4-oivIe t«am
p.aaa.
SYBIE AllGIENNE.
168
mf&. H surr^ciH quelqucs aoata a oe
laiut evique, H mourut, comme W avait
li^ dans le m^pris 4« tous l«8 fidelea.
Dais elles ne fureut pas, oomme eellft
deJean CbrTsostonM, oro^parleiieuU
et leg larmes publioiiea , qui sont la plus
beil€ decoratioD cruu tombeau (413).
L'BT^QUI ALBXAROBB; SBS BOSIBrBS
iNTsmrrons ; sa piAtb; il bxcoso
UK L'EGLlJiS D OEIBNT AVKG GBLLS
D^OCCIDENT; S£S aappobts avbg
L*BGUSB DB lOKB. — On kit douna
pour niceesseur Ahsxandro, hamme
pieix , nourri dans la vie nroaastique ,
et dont ia charite promettait k toute la
Syrie le meilleur den patriar^es. Son
^fMoopat fut signale par deux eT^uementa *
^i attirerent sur r^slise de Syrie lea
iegards de tous ks fldeles r nous vou*
Was parler du r^tablissement de la
eommumon d^Occident avec Antiocbe,
etdaeoQciiede Diospolia ou fut jug^
Pdage.
ii ^it Thery6 b Tardente oharhd
d*Aieundre d^^teindFe ee long scbisme
qui dirisait Antioclie depuis Texil &^
saint EusiBlhe, c*est-a-dire , depuijT
<|uat^^Titt$n<inq aas: ses exhortations,
pieioes de piete et de douceur, touchd'
rent les c(£urs des rebetles ; et Antioc))6
^ Ufl spectacle dont eHe se souvi n t long-
l^nps. Alexandre, s'^tant mis a la t^te
<fe 100 clerj?^, iraversa la ville, et se
rendit k ia maisoo oOt les eustathiens
s'eiaienl fjssembles.
l^Tsqne le saint ev^e entra , II les
Irouva qui chantaient les louanges da
S^'gneur; il s'unit a leurs chants avec
tous ses pr6tres , et s* remettant en
niarche, if les ennnena processionnelle*
jWfflt a I'eglise nrincipafe au milieu de
la loule dcsjuirs et de> heretiques qui
gemissaient de cette heureuse rennion.
Mais un tel succ^ ne sufOsait pas
« ia piete d'Alexandre : c*6tait un grand
Kandale, dans toute la chretient^, de
»oir divisecs de communion les deux
g/andes metropoles de Tftglise, celle de
I Orient, et cclle de I'Occident, Rome
wAntioche. Alexandre saisit cette heu-
IJuse occasion de la reunion des eusta-
Jjtns pour demander la communion
fl^lonocenl. Cetait le plus vif desir de
jc saint ponlife ; aussi la reponse ne se
ut-elle pas attendre. inuoceiit r^oudit
i la lettre d' Alexandre par une epttre
fynodaie, souserifee par vingt ev^quea,
4tti approuvait lout oe qu'avait fatt
Aknandre , et r^CabliaKtt l*£glise d'Aa-
tioehe dana la eonsmunkm d'Oocideat.
Iniiocent toivit k Alevandre uoe lettre
partieulidre ou il le f<61icitait de cet heih
reux suGoes et lui t^moigoait la plus Tive
amiti^ : « Je te saiue, maH-iK ^ oaon
« frere ea Jesus-Christ, toi, et toute
« cette figliae qui t*esi; si unie : j*es«
t p^qwe DieuHous donnera de repa-
« rer la parte du pass^. et d^entreten r
« notre amiti^ par no doisx oomnaeree
c de lettres (*). * P^u de temps apres.
Innocent ecrivit enoore k Alexandre une
lettre decretals pour fixer quelques
points de discipline : par oette lettre il
remet les 6v^ues de Chypre sous la d^
pendanee immediate du patriarehe d'Aa*
tioche. U defend nue Tfiglise suive tous
iss cbangeinents du gouvernement tern*
porel , et qu'une proviace divis^ em
deux ait pour cela deux mdtropoles. En-
fin , il defend d*admettredans lerainistere
eccl^jastiqueles elercs des ariens ou dea
autres heretiques qBi revieaneot k VA-
glise : car, encore que leur bapteine soit
▼alabie, if ne leur eonfere paa la
grflce (**).
Une des conditions impos^es par In-
nocent k Alexandre pour rentrer dans
la commnnion des Oceidentaux ^tait de
r^tablir le nom de Chrysostome dans les
diptyqueseccl^siastiques. €*^ait un doux
devoir pour Alexandre , qui ven^rait
d^une piete filiale la m^moire do saint
^v^que persecute II rendit sans examen a
Eipide de Laodic^e et k Papon's leurs
^lises , dont ifs avaient 4t6 u^pouill^
par Porphyre, et ne re^ut k sat commu-
nion AcaciusdeBero^^enrteml de Chry-
sostome, que quand il fut eonvaincu
dela sincerity de son repentir. Lezele
d'Alexandre^tait si vif, que, dans un
voyage qu'il fit k Constantinople, il ne
craignit pas de parler hardimeiK devant
le pen pie, et de rappeler les vertus de
Clirysostome , injuslemcnt condamn^
dans cette £glise qu'il avait vouiu re-
former.
(*) Epist. XVI Innocfnt. Papa I , ad Alexan-
drim Antiochenum, de pace.
(•♦> Nqh vi$mn est ad nutbiiUaUm ntcettHa-
turn mundaiiarum iMi BicleMtam rpmmttian,
etc., etc ( EpUL XVUl InnocentU Papaj. )'
11.
1<U
LTJNIVERS,
LB Pil.A6IANI8KB; CONGTLB DB
BIOSPOLIS: GOIfDUlTB DB PBLAOB; IL
EST ABSous. — La reconciliation d^fl-
nitive des deux m^tropoles chretiennes
comUa tons les voeux des fideles : cVtait
iear plus cher espoir, et ils se f^liciterent
que I'^^ltse r^uott toutes ses forces par
cette paix inesp^r^ ; car elle avail assez
a fahre contre ses ennemis du dehors , les
h^r^ques , qui mena^ient tous les jours
la puret^dela foi catholique.
La doctrine de Pelage commen^it
k se r^pandre dans TOrieat. Le p^ril etait
imminent; ear Pelage dtouisait les
crojranoesuniversellement aocept^s par
r£glise. L*homme> selon lui, nattbon,
et par Teffort de sa propre vertu il peut
se rendre impeocable; mats alors que
devient le dogme du p6che originel et de
la n^essit^ de la grdce? Par le p^h^
originel , I'homme, dechu de ses hautes
destinees, est condemn^ a la mort et au
pech^; mais la ^rdce, qui est un don
de Oieu, le reieve de cet abaissemeiit
et lui rend Tespoir en lui rendant la
purete perdue par la faute de son premier
pere. La grdce a 6t^ introduite dans le
monde par les mantes infinis du saogde
Jesus-Cnrist , immol^ pour le salut des
hommes : tel est Tenseignement de r£-
glise. Mais si Thomme par son propre
effort peut s*exempter de tout p^^,
la grkee devient un don inutile, et le
sacrifice divin perd tout son prix. Cette
doctrine attaquait Tl^liseetia minait
par sa base, en rejetant le dogme le plus
sacre quelle enseigne, le dogme de la
R^emption. Aussi , r£glise s'emut a
Tapparition du p^lagianisme, qui faisait
de rapides progr^ en Occident et en
Orient, et tous les plus i I lustres per-
sonna^es qu*elle comptait alors parmi
ses defenseurs s^empresserent d*ecrire
contre le novateur et de le designer k
Tanath^me des ^v^es. Saint Au^ustin
s'illustra dans cette grande querehe; et
saint J6r6me lui-roeme ne voulut pas
mourir sans condamner cette redouta-
ble h^r^ie. Oil tint un concile k Jerusa-
lem, auquel assists Orose. II ne s'y fit
rien de bien remarquable, et les Orien-
taux soupconnerent Tev^que Jean, qui
pnteidait rassembl^e , de n avoir pas lui-
m^nie une foi tres-pure.
En 415 on convoqua un autpe concile
h DiospoliSy ville de Palestine comprise
dans le patriarcat d' Antioche : qnatom
^v^ues y assistaient, parmi lesquds on
remarouait Euloge de G6saree, Jeande
Jerusalem, Ammonien, Porphyre de
Gaza , Jovin d*Ascalon et tieutnert de
Jericho. L*objetde ce concile ^i( i'exa-
men des doctrines de Pelage, aue denoo-
caient dans un libetle deux ^yeqoesgu*
lois chass^ de leurs sieges, Erosd'Arlei
et Lazare d*Aix. Pelage fvX cit^; mais il
sut si bien prendre son temps, qa'il k
pr^enta dans Tassembl^ pendant r«li>
seneede ses denx accusateurs, dontrn
▼enait de toniber grieveroent malade.Le
jugeroent commenca aussitdt; mais Pe-
lage avait tout Tavantage : TabsefKedi
ses accusateurs et sa facility a parlerli
languegrecQue lefavorisaientbeaucoop:
car le Tihelle ^tait ecrit en latin, eti
fallait en traduire cheque article nn
^v^ques. Vcici les principaux pomtsdeli
doctrine de Pelage qui y^taient exposes:
P Qu'Adam avait ^t^ cr6e mortri, et
qu*il serait mort m^me sMl n'eOt pas
p^ch^;
2» Que son p^^n'^tait ntaM(f»
sur lui-mlme, et non sur le genie to*
main ;
3"" Que les enfants, k leur naissiiia.
sont dans Tetat de purete primitiTeoQ
Adam etait avant son p^e;
4* Que par la nriort ou la prewricatifln
d*Adam tout le genre bumain ne nieiBt
pas ; et que de m^me par la resurreetiw
de Jesus-Christ tout le genre bamaiaac
ressuscite pas ;
b'* Que les enfants m^me sansbaptMie
peuvent avoir la vie ^ternelle ;
6« Que les riches qui oot ete baptiKS
s*ils ne renoncent pas a tous leurs bieasi
ne peuvent avoir le royaume de Dieu;
7» Que la grflce de Dieu nous estdoa-
n^ selon nos m^rites;
8* Que le libre arbitre n'exlstc ptf
s'il a besoin du secours de Dieu;
9« Que notre victoire depend, non*
secours de la grftce , mais du libre aw
Tout cela ayant^^ lu successivemem,
Pelage se disculpa sur tous ies artiHes,
soit en 6ludant les difGcuItes, soit «
condamnaiit les doctrines qu'on lui i^
putait. 11 protesta de la puret^ de sa
toi ; il fit sa confession, en reprenaolfW*
O CoHciL gen.t t. U P- MS.
SYRIE ANCIEVflSE.
f6S
am des artides )'un apres Taatre; et
oette confession fut si coDforme aux
do^mes , que le concile le renvoya ab-
loos , et le r^tablit dans la comniuDioa
ecclesiastique et catholique. Mais Pelage
aTait trompe tous lea ^v^ues, et sa
eoofessioii n'^tait pas sincere : aussi ce
concile o'a-t-il aucune autorite dans r£-
fiise. On condamna la doctrine attri-
bueea Peiage, maisrheresiarque^happa
a ranathenie : saint Jerdine ( £ptt. 79 )
appelle ce concile misiraUe ( misercbi'
km iynodum ), a cause de la ruse de Pe-
lage; et le pape Innocent ne voolut ja<
mais en confirmer les actes. Toutefois,
il s*y refusa sans accuser les ^v^ues
prints a dl concile, et 11 mit a cette
aflaire delicate une louable moderation :
« Nous ne pouvons , dit-il , ni accuser ni
« condamner le jugement de cet evdque :
• il parattrait que Pelage s'est soustrait
« par fraude a ranatheine plut6t que de
« se justiGer en toute verite (*). »
LES BTiQUBS ALSXANDBX ET TBJBO-
BOTE. — L'^glise de Syrie, delivree du
perfl de Fberesie, jouit d*une paix f)ro-
ibode sous le sage gouvernement du pa-
triarche Alexandre, et sous celui de 1*^-
▼6que qui le rempla<^ en 422 , le pieux
Tbeodote , que recommandaieut aux fi-
deles la puret^ de sa vie et sa profonde
eoonaissance des dogmes de la foi. 11 si-
gnala son episcopal par la reunion a
fEgiise de ce qui restait des anciens
apollinariste8,sectetombee depuis long-
temps dans un discredit universel.
A la mort de Theodote, qui arriva
en 42S, rhistoire de r£glise de Syrie
denent eonfuse et difGcile a suivre :
d'ailleurs, elle perd peu a pen de son in-
t^r^t : Antioche est reduite au troi-
ociBe rang des patriarcats orientaux :
son si^e est occupe tour a tour par
plusieurs ev^ues her^tiques, et toute
factivite de ses pr^lats orthodoxes se
reportesur de miserabies subtilites theo-
logiquesqui marquent dans tout TOrient
les dermers siecles de la domination
imperiale. Le temps n*est pas loin ou
FAsie va subir Tinvasion musulmaue;
K , a mesure que la foi s'altere dans
(*) Non pouumuM illomm epUoopomm nee
aiptnye nee probare Judicium , cum netciamuM
•irum vera Mint gftta, out ri vera nonsint;
eemMUt -magis Muhterfuaiste guam ae iota ve«
«Uale^«ry«riMe.B«ioiuiu,^«fi. 416*
rOrient, elle se porifie dans TOccident.
C'est de TOrient que s*est lev^e la lu-
niiere du cbristianisme, mais c*est dans
rOccident qu'elle brillera de tout son
eclat. La fiireur des berries se propage
dans cette malbeureuse £glised*Asie, et
la divise , comme pour la livrer plus fa-
citement aux coups des musolmans.
Mous serons bref sur cette triste p6-
riode de I'^glise de Syrie.
JEAN, BviQUB D'ANTIOGHB, PBBND
PABTI POUE NBSTOBIUS ; SA CONDAM-
hation. — Le pr^tre Jean succeda a
Th^ote sur le siege d'Antioche, en 438.
Ce fut de son temps que se propag^nt
les doctrines de Mestorius , ^vdque de
Constantinople, dont il avait ete le
condisciple et Tami, et qui, niant IV
nion bypostatique du Verbe avec la na*
ture bumaine, siipposait deux person-
nes, en Jesos-Cbrist. Selon Mestorius,
la nature divine s'est unie k la nature
bumaine comme un bommequi veut en
relever un autre s*unit a lui : mais elle est
restee ce qu*elle etait avant cette union :
c^est done une absurdite d'attribuer au
Verbe ce qui convienta la nature bumai-
ne; mais I £gliseenseigne, au contraire,
Sue le Verbe est uni a I'bumanite dans
esus-Cbrist, de mauiere que rHomme
et le Verbe ne font qu'une seule per-
sonne. Cette grande querelle de Funion
bypostatique enflamma tout I'Orient.
Samt Cyrille et les plus illustres ^v^ues
6crivirent contre r«estorius : car les
consequences de sa doctrine attaquaient
Tessence m^me du cbristianisme. S'il est
vrai qu'il n*y ait, comme le pr^tendait
Mestorius, qu'une union morale, et non
substantielleentre la nature divine et la
nature bumaine, toute feconomie de la
religion cbretienne est detruite : il est
clair que J^us-Cbrist, mediateur re-
dempteur, n'est^ en d^nitive, qu*uo
bomme, ce qui renverse le fondement
de la foi catbolique,en attaquant le dog-
me de la divinite du Verbe. Nous n^en-
trerons pas dans«rbistoire des srandei
luttesquesouleva cette fameuseb^r^ie.
Nous atrons seulement que Jean d* An-
tioche sembia besiter quelque temps en-
tre la doctrine de son ami Nestorius et
celle de T^glise catbolique. Le premier
concile d'Ephese contre Nestonus s*^-
tant assemble (431), Jean ne s'y trouva
qu'apres la publication des dwrets oon-
LUNITEBS.
tre Th^rMarque, et foirma, aree ses
ev^ues, un nouveau concile ou il aceusa
GyriiJe et proD(w^ sa deposition. Le
ooucile legitime le fit oiter k son tour;
et oooiine il ne se pr^senta pas pour
se justilier, les ^vlqaes le deelar^rent
avec tous ses adherents s^par^ de la
communion de fj^lise. Mais peu de
temps apres, soit qu*il reconnQt la v6-
rite, soit quil obeit aux instances de
ses amis , it fit enfin h paix avee saint
Cyrillje, <t condamua IXestorius. ii
mourait en 441 , apres onze ans d'^pis*
copat.
LBS SYiQUBS DOMIfUS, MAXIMS
BAsiLB, AGACIU8. — Domnus II , neveu
de Jean, gouverna Antioclie pendant buit
ans et fut ensuite relegii^ en Palestine
par le faux eoDoiie (plus oonnu sous le
noiil ^ebriffmndageaEpMse)^ qui sou-
tenait Th^ff^sie d^Eutycti^s. Sous Maxi-
me , qui lui succeda eontre toutes les
r^les,aaos rassentimentdu peupleni du
cterg^ d'Aotioche, rabaissementdeeette
£gliseoommen^ a se manifester. Apres
quelqoe nfeistance, ce patriarche inlidelo
a son devoir el a ses droits eut la fai-
blesse de permettre que son si^ge ne
ttnt plus que le troisi^me rang entre
les ^lises de TOrient. Basile et Aca-
ckis lui succMerent sans laisser aucune
trace de leur administration dans r£-
clise de Syr!€. Sous le dernier, en 469,
la ville if Antiocbe fut renvers^e par
un horrible tremblement de terre.
MABTYBfUS; PIBBBB FOULON; Vir
OLtSB DB 8YBIE EST DIYISBB. — L'l6*
glisedeS^rie avait perdu tout son credit
ans rOrient : elie ^tait tout eiitiere di-
vis^e entre Marty rius, ^v^que legitime,
et Pierre Foulon, her^tique, qui, par ses
intrigues , for^ son rival k quitter son
si^e : Martyr ms se retire avec de nobles
parole^ : « Je renonce, dit-il , k un cierg^
« d^sob^issant , h un peuple obstin6 , k
« une j^^^lise souill^, me r6servatit la
A seule dignity du saoerdoee. » Ges sim-
ples mots peignent, mieux que ne le
feraient de longs discours, mat cor*
rompu et miserable de Tl^glise de Syrie
k eette 4poque. Nous n*entrerons pas
dans le r^eit fastidieux des intrigues de
Pierre Foolon , trois fois chasse d' An-
tiocbe , et trois fois installe par la force
deaaranetsur oe siege episcopal qu'a-
▼aientlionori lesyertus deFlavien. De
470 k 48S ee ne farent que des 4fo-
sensions et des guerres dans toute h
Syrie ; a Pierre Foulon succ6da , en 490,
on autre b^rettque, Paliadius, ardent
monopbysite : Flavien II, Severe, aug-
ment^rent encore le mal que Pierre
Foulon avait fait h Vt,^}ise de Syrie.
£n 626 un nbuveau treinblemt^nt de
terre renversa Antiocbe : Euphrasiin,
aiors patriarche, fut ecras6 sous les rui-
nes de la viite.
PAIX A ANT10CHB SOUS L*iF1SC0-
PAT d'BPHBBMB, DOMNUS til, ETC.
— ^plir^me, comte d'Orient, qui avait
soulasi;^ de tout son pouvoir le p^-
pie d' Antiocbe dans cette gramie in-
fortune, fut cboisi par lui pour IVpis*
copat : sous ce patriarche , la Syrie fut
plus tranquille ouVlle ne Tavait rt^,
sous lesautres ^veques , deputs Flavien.
£pbreme,s*6taDt joint avec lepalriarrhe
de Jerusalem, assembla un synode poor
depose r Paul d'^AIexandrie et condaiuner
les tents d'Origene : il moorut eu 54a.
Uiie p^riode beureuse, mais trop couiie,
s'ouvre pour rftj;lise d^Antioche. Dom-
nus HI, Anastase 1^, Gregoire, qdi se
justifia des calomnieS d'un'infdme, fa-
rent tous ortbodoxes ; et les fideles esp^
r^rent quelque r^pit. Mais te massacre
d* Anastase II par les Juifs et la fai-
blesse du gouvernement de Phocas leur
firent pre.ssentir de nouveau x malbeurs.
Le siege d'Antioche vaqua longtemps,
a cause des incursions des Perses , ^ui,
sous leur roi Oiosroes , ravagerent im-
pun6nient la Syrie.
invASiort DES ababbs; pin dI
l'histoibb db l'bglisb de STfilt
— Ce n'eiait la que Tan nonce d*une plus
grande infortune : Mahomet ^tiit mort
au milieu des pr^paratifs d*une expedi-
tion centre la Syrie (632); Abou-Bekre,
apr^ lui, pr^cha la guerre sainte : * A
qui combattra pour l)ieu, Dieu comp-
tera pour chacun de ses pas sept cents bon-
nes actions, ii luf pardonnera sept cents
pech^s et luiaccoroera sept c^ntsdegrcs
d*hoiineur. » Aux chretieus , il disalt :
« Nous vous apportons le paradis oa
Tenfer; choisissez entre Pislamisme , le
tribut, ou la mort par le glaive. » Us
Arabes, rendus invincibles par rentiioo-
siasme religieux , ne devaient pas Itre
arr^tes longtemps par les troupes ener-
vees de Tempire gree. « Les ByxantiDS
STRIE ANCIENWE.
167
oerfeistafent gu^re qo*a Taidede soldats
topgers ; comme on coupe, disaient-ils,
ie diamanl avec le diamatit, ainsi ils op-
posaient aux Arabes musulmans des
Arabes Chretiens. Mais,grey^sdfmpdts
Uminees par Tesprit iJe secte, ia Syne et
n£g>'ple ^taieiit devenues pour le mains
indifi'i^reiitess nn chaiigeinf nt de domi-
aation. Piil6es par ieurs propres garni-
BODs. des f illes et des provinces accej)!^*
rent m^e avec joie lejoug arabe, espe-
raotlrouver plus desecuntesous iegou-
vememeDt des kalifes n. »
Damasfut prise, en 634, le jour m^me
iela mortd'Abou-Bekre. Bient6t, aban-
doROfc par Heraeiias , la Syrie emiere
flit tinre sans defense aux mains des
eoMiierants (638), et Damas devint la ca-
pitate du ooilvel empire.
• Les ren>eigi)ements exacts man-
que t sur la situation des cbr^tfens son-
mis a la puissance musulinane; les liis-
C) Otm. U ehtisi. par Id D' DaUInger,
tIl,II.«8L
toriens arabas n'en disent rien, par suite
de leur m6pris pour tons les infideles, et
les sources chretiennes de Tbistoire d*0-
rient, pour le septieme 9iecle, sont tout
^ fait insiiffisantes. D'apres Alinak3^n,
Mahomet aivait accorde des g:aran!ies
aux chr^tiensd' Arable; mais en inourant
il recommanda a ses disciples dene plus
tolerer deux religions. La disp.intioii du
christianisme du sdn de T Arable, quoi-
qu*on n'en puisse precist r Tepoque, fut
complete. Dans les paysconquis, lesdes-
tinees des Chretiens furenl tres*di verses;
Bur divers points, on les depoinlla m^me
de Ieurs eglises C); on n'en bissa subsis-
ter que septa Damas, et la defense d'en
Mtir de nouvelles ainsi que de nouxedux
monasteresfaisaitespererauxvaiiiqtieurs
qu'avee le temps IVxlinction de TKvan-
gile suivrait la chule de ses temples (**). »
(♦) En 666, lea Arabe» brAlerent Veviqne d*i-
inese.
(••) Ihid,^ p. 291 . — fmV Ockley, Cnnqitesi of
Pyria, Pertia and Egypt by the Saracens, Lund.,
1707.
APPENDICE.
OmSIOlfS SCCLiSIABTIQUES D« LA SYBIE; JURIDIGTION d'ARTIGGHB;
LISTES D*BV£qUB8.
Rousavons dit que dans la hi^rarchie
^ fglises chretiennes Antioche au con-
Ql«deSic6e(32l) occupait le troisi^me
rang;eUele conserva )usqu*en 38 f. Au
tecooA condle oecumeniuue, Flavien,
nicoesseurde Mel^iius, ceaa le pas au pa-
triarfiKde Constantinople. Malgr^ Top-
C)sltioD des ^v^ques de Rome et d'A-
laadrie, cet abamlon des droits de
r^lise d' Antioche fut confirme air con-
ale deChalc^doine (48 1).
La jurid.ctioD ecct^iastique de laca-
Ijtale de la Syrie n>n res^ pas moins
wt cousiderable : elle s*etendait , des
je temj^ des apdtres, sur la Phenlcie et
b Cilide. Bientdt elle embrassa tout
'Orient, et iinit par comprendre treize
iwvinces :
r* La Syrie premiere,
T La Syrie seconde,
%" La Tbtodoriade.
4* La Cilicie prem?^,
&• La Cilicie seconde,
6« L'lsaurie,
7« ]>a Commngene,
8* L'Osrhoeiie,
9* La Mesopotamie,
10® La Ph< nicie premise,
It* La Plienicie du Liban,
12« L'Arabie Petree,
13* L'ile de Chypre.
LaSyrie^taitseulesoumSsearadmims-
tration direite du patriarche; les autres
provinces avaient chacune un metropo-
litaiu presque indepen>lant, qui, sous la
simple suprematie d'Antioche, consa-
crait lul-indme ses suffrapnts.
Au sixiemesiecleretenaue dupatriar-
cat fut dimiuuee. Laodic^, detach^e
de la Syrie, fut elevee a la diguite
de m^tropole de la Th^odoriade, et
TArabie , avec le consentement du pape
168
LTJNIVERS.
Virile, fut reunia par remoereur Jus-
tinien a Feglise de JerusaleQi. Deja
rile de Cbypre s*etait rendue inde-
pendante, auroxt^aXoc, au concila d'£-
phese (481).
L'Isaurie , a son tour, fut r^unie par
ViUc«.
Abida.
Abila.
Adana.
Alala.
Alexandretle.
Anasaiihe.
AlTAZARBa.
Antaradus.
ANTIOCHE.
Apamek.
Aradus.
Arethuse.
Augustopolis.
Balaoaea.
Barbaliasus.
Beroe.
Beryle.
Botrys.
Byblos.
Gastabala.
Chalcis.
Citidiopolis.
C3iomoara.
Corada.
Coryciis.
Cyrrhus.
Da MAS.
Danaba.
Dulichium.
l^Diese.
l^piphaiiie.
^piphanie
( Uemaih }.
Evaria.
Eiiropus.
FlavioiH>lis.
Gabala.
l*rovlncM.
M«tropoles.
Phenicie a«.
Damas.
id.
id.
Ciliciti i".
Tarse.
Ciliiie a*.
Anazarbe.
Phenicie a".
Damas.
Cilicie a«.
Anazarbe.
Syrie i'*.
Antioche.
Cilicie ik\
l^leveeatirang
de metropole
par Tempe-
reur Jiulin.
Phenicie i'*.
Tyr.
Syrie i".
m
Syne a*.
Phenicie i'*.
i>
Tyr.
Syrie a*.
Apamee.
Cilicie i«.
Tarse.
Syrie a«,ct
Apamee, Lao-
dicee.
plus tard ,
Hierapolis.
Syrie i".
Phenicie i".
Antioche.
Tyr.
id.
id.
id.
id.
aiicie a«.
Anazarbe.
Syrie i'^.
Cilicie a«.
Antioche.
Anazarbe.
Phenicie a*.
Damas.
id.
id.
Cilicie x".
Tarse.
Commagene.
Hierapolis.
Phenicie a«.
w •
id.
Damas.
Commagene.
Hierapolis.
Phenicie a".
Damas.
Cilicie a*.
Anazarbe.
Syrie a«.
Phenicie a*.
Apamee.
Damas.
Commagene.
Hierapolis.
Cilicie a .
Anazarbe.
Syrie i".
Antioche. Ga-
bala fut reunt
par Juslinien
a la Th^do-
riade.
Tempereur L6on risaurieo au patriar-
cat de Jerusalem.
Nous donuerons, d'apres Lequien, la
liste, par ordre alphabetlque , de toates
ies ^iises qui coutiouerent a relevcr
d* Antioche :
VlUes.
Gabba.
Geruianicia.
Gindanis.
Helio|)oli8.
Hierapolis.
Jambruda.
Irenopolis.
LAODicix.
Laodiceedu
Li ban.
Larissa.
MalUis.
Mariamne.
Mopsueste.
Keocesaree.
Palmyre.
Paltiis.
Paneas.
Perrha.
Pompeiopolis.
Porpbyreon.
Piolemais.
Rachlena.
Raphanee.
Rhosus.
Saniosate.
Sebaste.
Seleucie.
Seleucobelus.
Sergtopolis.
Sidon. ^
Sura.
Tarsk.
Tripolis.
Ttr.
Zephyrium.
Zeugma.
ProTlaeei.
MMropolM.
Syrie I"*
Antioche.
Commagene.
Hierapolis.
Syrie i^'.
Antioche.
Damas.
»
Phenicie a*.
Damas.
Cilicie a*.
Anazarbe.
Syrie i".
Antioche. La*-
diceefuta»..
▼^ au Tu(^
de metropoH
parJusliniM.
Pheniciea*.
Damas.
Syrie a«.
Apamee.
Cihcie I**.
Tarse.
Syiie a*.
Apames.
Cilicie a*.
AuaiaHx.
Commagene.
HterapdiL
Phenicie a*.
Damas.
Syrie i**.
AnlioGfacPil-
tosfutraoit
iiallwadb^
riade.
Phenicie i*".
Tyr.
Commagene.
Hierapolii.
Cilicie I".
Tarse.
Phenicie i".
Tyr. '
id.
id.
id.
id.
Syrie a*.
Apamee.
Cilicie a*.
Anazarbe^
Commagene.
Hierapoik
Cilicie i".
Tarse.
Syrie i**.
Antioche.
Syrie a«.
Apamee.
Hierapolis. <
Phenicie i".
Tyr.
Commagene.
Hierapolia.
Cilicie I ".
»
Phenicie a*.
Tyr.
id.
»
Cilicie i".
Tarse.
Commagene.
Hierapolis.
SYRI£ Al^CIENNE.
169
SYBIE I'*.
PATRIARCHES D'ANTIOCHE.
Saint PiVrre, ap6lre, vers 44.
tvode, premier suocesseur de taint Pierre.
Ignace, martyr, mouriit le 90 deceoihre 107;
rn TaDiiee xx6, suivant qiiel(|ues auteurs.
Eros, apres Ignaoe , occupa le siege d*Antio-
che pendaut viugt ans; mort en laS.
C^rneibe ful le qualrieme suocesseur de Fa-
pdtre saint Pierre; mort en 14a.
Mw gouverna viugi-huit aus Teglise d'An-
lioch«';oiorlen z68.
Tkeoj^hlle \ ivail aous Tempereur Marc-Aurele.
itaximifi, de 177, oiiplutotde x86 a 199.
Seraoion, 199-3x1.
dscUpiade, 9x1-9x9.
Pkiietitt, 919-930.
Zehenne succede a Philettu. Eiuebe ne doone
poiDi la dale exacie de sa mort.
Bohrlast 987 -9&x.
Fabha, 95 1.
DeautrianuSf 959-969.
Patti tie Samosate , 960-969 , eiivirou.
DoHuius /, 969-974.
'Tame, 974-983.
Crrilte, 983-3od.
Tyrannus, 3o3-3x4.
^''a/(«i 3x4-3x9.
Philogone, 319-394.
Euitathtj evdque de Beroe , puis d'Autioche,
vers 395 , assista an concile de Nicee. Les
trieni parvioretit a le faire depoier et exi-
JBT en 33 X , suivaot Tiiiemout et Lequien ;
il nourut vers 389.
Ealaiien hit eleve au siege d*Aotioche par les
«rieos, 33 1.
£tui6e fut elti, mais refusa de quitter C^ree.
Eupkron'ms fut nommc a sa place.
PbcUie, appele Klacillus par Sozomene,
Placentius par Th^idoret, suoceda a £u-
plux>nius vers 333. II assista au syoode de
Tyr, avec les arieus, en 33$; ii presida
celui d*Antioche en 34i.
iiknne fut cbas«e d'Antioche en 348. Theo-
dore!, Hist, II, 9, xo.
Leonce, 348-357.
Stdaxe, 357-359.
^mtn e^i compie parmi les iv^ues d'A»*
(ioche par Nicepbore et Theophane.
ViUee eutra a Antioche en 36 x. 11 en sor-
tit presque aussitdt, et fut remptace par
Eusoius. Apres la mort de Fempereur Cuns-
Unce il renira dans son siege , vers le niois
de decembre 369. line partie des catho-
liques refus^nt de le reconuaitre , et pri-
reot pour ev^ue PauUo. II mourut au pre-
ttier concile cecum^nique de Constantino-
plC} 38x . Son corps fut rapporte k Antioche.
Flavien succ^da a M^lece, 38 x. Patilin
mourut en 388. Ses partisans loi douiie-
rent pour successeur Evagre. Ainsi, la dis-
sension continuait dans Teglise d'Autiorhe.
Evagre mourut en 394. Quafre ans apres ,
398 , Flavien fut reconcili^ par saint Jean
Chrysostome avec les ev^ues d'Occident.
II mourut en 4o4«
Porohyre, 404-4 13, fut un des ev^ues qui
signerent la condamnation de saint Jean
Chrysostome.
jilexandre , 4i3-4>i ou 499.
Theodote, 499-498.
Jean I, 498-44X.
Domaus //, 44 x -449.
MaxtmCf 449*456.
Basile, 456-458.
j4cacius^ 459.
Marty rius, 459-473.
Pierre Fouion ( Peirus Fullo ) hii dispute le
siege d'Auiioche. Trois fois cbasse , il est
. trois fois retabli.
Juliatius , successeur l^lime de Martyrius,
nieurt vers 476, apres le premier relour do
Pierre Fouion.
Aiienne Ii, evdque ortbodoxe, meurt en
480.
iiieiuu III, martyr, 481.
Jean II, ev6que beretique^ abjure ses opi-
nions, suivant Tbeopbane.
Caiaudion, patriarcbe legitime, nomme Jean
II au siege de Tyr. 11 est exile en 485.
Pierre Fouion revient a Antiocbe, et meurt
en 490.
Paiiaduu ^ hrdeai monopbysile, 490-498.
Flavien II, 498-6x9.
Sevire, 5x9-5x7. Apres sa mort , le siege
^ d* Antioche resta quelques mois vacant
Paul II, 5x8-59X.
Eupluxuiiu , 591-596.
iplurkme, 597-545.
Domnus III, S/^S-SSg,
Anastase I, 559-669.
Gregoire , 569-584.
AnastMe I, apres la mort de Gregoiro, est
retabli sur le ai^ge d'Antiocbe. II meurt
en 598.
Anastase II, 598-610. Apres sa mort le siege
d* Antioche resta vacant , pendaut trente et
un aus suivant les uns, et vingt-huit ans sui-
vant les aulres. La Syrie etait alors abau-
donuee aux incursions des Perses.
Atlianase , 699. Lequieu besite a le compter
parmi les patriarcbes.
En 640 ou trouve sur le t|:6ne arcbie-
pisoopal uncertain Macedouius, que Lequien
qualifie d'beretique. Antioche , comme on
le sait, etait deja au pouvoir des musul-
mans. JusquVn 749 ses evdques rusidereot
k Constantinople.
170
LIJNIVEM.
t^rtC^CES BE BtRO^.
Eustathe, ev^ue de Beroe, fut eleve «u
siege d'Antiocbe eo i^S,
CjTut , successeur d*E«sU(he, fut parseciile
par I'efnpeieur Coii&Uoce.
Meitce I qiiitta le »iege de Sebaste pour oeliii
de Rente ^Socrate, II, 44), puU pour
oeliii d'AotiQchay 36i.
Anatplim lui succeda a Beroe. (SocraC^, III, a5.)
TlieoHote vivait sous Teropereur Valetis.
Acacius fut sacre ^^ue par Eiisebe de Samo*
sate vers 379 ou 38o. 11 assista au premier
concileoBciimeoiquedeConstanliaoplev'^Si.
II fut un des eunemis de saint Jean Cbr^-
sostome. En 43 c il defendit Nestorius
oontre Gyriile d'Aleundrie. Sofi ige l*ein-
pdcha d'&ssbter au concile d'^phese. Ea
• 43a tes ev^ues d 'Orient tinreiit uoe as-
.semblee a Beroe. Acacius mourut en 437.
Theoctistut buceede k Aeacius en 438. II as-
siste an concile de Chalcedoine, 4^c.
AntoititMu ftit exile per I'efnpcreur Justin eo
5(8.
Megas en 54o fut envoye par les habitants
a Antiocfae vers Chosroea, qui s*avau(ait
en Syrie. Ses prieres ne furent point mu-
tees. ( Procope, De bftL Pers.^ U, 6 el 7.)
II assista en 586 ftu synode de Constanti-
nople.
ift^lfeQUES OE CHALCIS.
Trtmt/miltti eft le firemier ^Aqve ooobo de
Ghalcis.
Thdlapltius panit avoir suivi le parti des
ariens.
Mognia assisti au synode d'Antiocbe, 864.
(Socrafe, III, i5.)
Kusehe fut sacre ev^ue par Ensebe de Saoio-
sate, sous Tempereur Vatens.(Theodoret,
y, 4.) II parut au premier concile cecum^-
nique de Constantinop}e, 38 c.
Apringius se rendit avec Jean d* Antiocfae an
concile d'£phese, 43x , et d^fendit les opi*
nions de Nesloriiis.
Antoine , successeur d'Aprfngius, resta fidele
k I'^lise.
JamMiiftte assfistt iu synode d'Antiocbe tenu
par Domnus II , en 435.
Romulus Vint an concile de Chalcedoine, 45 1.
Domnus en 456 prolesta eontre fe meurtre
de saint Proterius.
Romanus fut chasse de son siege sons Tenipe-
reiir Zenon Tlsaurien , en 485.
Isidore fut depose en 5 18.
Domiiius assisia au cinquieme concile Qtenm6-
nique, 553.
Proffus fut enToye par rempereur Maurice
▼ers Chosro^, roi des Parses. (Theophv-
bicte.V, i5.) ^ ^ r J
iftV^QCES DB SlitiCITCn.
DosUhSe vivait au Iroisiene liecle. U ioftg
▼it eontre les beretiques, qui de son U
etaient nombreuz en Syrie. On ne «m
pas les noms de ceux qui TaVaieDt pita
sur le siege episcopal de Seleucie.
Zenobius ou Zenonius nut au cuQcSe lie I
cee, 3a 5.
Eusebe fut Tun des membres du synode a
voque eu Isaurie par Teiupereur "
en 359.
Blzus porie le titre d*ev6que de Seleutiei
la lisle de ceux qui assistereut sousTi '
se, en 38 c et 38a, au concile de
tanlinople. On le voit parailre, plisi
dans un synode convoque a Aniiochc!
vint k Constantinople eu 394. B'wuM
etait uue forme du noin BesiU.
Maxime , qui avail etudie a Aniiocbe
saint Jean Clirysostome, fut peut-elief
cesseurde Bizns.
Dosiihee ne put , k cjiuse de sesdii
avec les habitants de Selen^ resteri
session du siege episcopal. 1) fut,
temuignage de Socrate (TH, 36).ui
re a 1 arse en Ciiicie par le pilriarnei
tioche. 1^
G^rontius fut un des membres du tptkiy\
phese en 448.
Ifonnus occupait ven 5o5 le siegie cp
de Seleucie.
Constantin, suivant Th^phaoe, diK|
Sue vers la dix-haitieme annee da li
'Auastase.
Denis assista au concile de 553.
Antoine fut peut-^tre le succesfeorde
nis,
ThSodore est post^ieur a oeia qM 1
venons de nommer.
Agapius vivait au temps de rempeitnrli
Porphvrog^nele. Suivaotles uns,ilquilf
siege episcopal dn S^leude (wur fid*
Jerusalem ; suivani les autres, il deiiilff
Iriarche d*Antiodie.
iftVftQDES DE GINDAHUS.
II y avail un siege episcopal a Gii^
Pierre est designe oomme ev^ue deeel*'
dans la lisle de ceox qui aasistti«iit a> i^
d'Antiocbe en 34 x.
^Y&QUES DE LAODia^
Lucius fut le premier ev^ue de Laodic^
Thelymidres est nommi par Eusebe, BiA.
46. n siurvkut k U persecutiiiii r
CilM.
Heitodore sucoMa k TbelymWrei. ( B
Socrau succ^ k Raiodore<Eusebe, TH, '
SYRI& AUCIENNR.
in
life fhot looi rcmperaur Anr^ieii.
mSm, ncceneur d*£asebe, occupait le
^rfeLaodicee, ^crsaSo.
Btf / renia la foi , pendaot la fiersccu-
pa de Dioeletien. (Eiis«be, VII , 3« . )
iieit, sdcresMur d'^Ciehhe^ wsMia au
ndk de Niece, 3ttS.
Ipef, partisan d*Ariiis, BMNinit en 363.
ft aidtia an conciie <Bcumeni(|iie de
iitiwiino|tle, 5^t. II fiA clMis»e de «bn
K soQf lempefvur Valens.
feMfre panit avoir succede k Pelafpe.
fin {CMvemait Vt^Vtse de Laodicee m>iu
Bpnenr Areadiui;
M», eieve au nrge de Laodieee ea 4«9 *
jrpara de Cynlle d*Alex»iidne , et nuvH
prii de Jran d'Aniiodie. It aniMa au
aodc d'Antiocbe en 43a , et au codctte
fClutcfdiitne ea 45i.
me proiesia coMre ie menrtre de saint
Menus en 456.
il, evcqoe bereftiqoe, mait sons I'empe-
•r Aoailase.
mttiu , qui arait ete maitre de la milice,
t eleve au »i^ de Laodicee en 5io. li
It depott en Si8, par I 'eiD|)ereiir JuUin 1^'.
wte II assttia au deiaxicme concile oacu-
cw^ de GoQBtanunople, en 553.
SY&[E II*.
Mques d*apam£e.
^Btf, discijkle de saint Faid, occupa
p^niicrle siege d'Apamee.
mroi est compt^ parmi lea premiers ev^
iwdccellefcjiisc.
f^ile paraii tui aroir snccJde.
WW as«ista au concile de Nicee, Sa5, el
I synode d' Antiuche, 3 4 1 .
•»»/ wail sous Tempen^ur Jovien.
r I aisista au premier concile cecuiuenique
^ CoDiiantinople , en 38 1.
»^, success«>ur de Jean, de^ruisil Fes tein-
s de$ £iiix difux el fiit lue par les |)aTens.
i^p/, (rereetauccesseur deMarrellns. com-
'tit rbereue des arieus. (Theodorel , Hist.
y di. 3.)
ndre se s^para dn concile d*lSphese« el
' aroiainunie» eo 43c . La paix fui rela-
e dan^ Dfeglise en 434-
IK aasiaa an concile de Chalccdoine^
< ; ^ 456 il signa la proteaUtion des
Ifdfs de U Sjrrie oontre le meurire de
*» Prolerius.
P M UR des chefs de la faction Isaiirieniie
l^feoipereur Zeuon. (l^vagre. III, 35.)
//. evfqiie hrretique , fui chasse d'Apa-
^fftr 1«» babiuuu en 47?. U a'eaapara
Mge d'Aniiodie.
Mfu-lniu viTait tons fenp^rcur Anastase.
Pierre^ auocessenr de Mariuus, parvini, par la
comiption et la rimonie, au aiege d*Anlio-
cbe. II fut depose parTeinpereur Justin.
Isaac ancc^da k Piem;.
Paul occnpa le siege d*Apan^ apr^ Isaac.
Thomas a.^isia au cinqnieme concile oecnme-
uique, 553. II se rend it anpres deCYiosroes,
(pii meiia^iit Apam^. Qtiand rctte ville
ftif prise, ilful enimt-n^ prisonnier en Perse.
(Procope, DebeiL Pers.,11, 1 1; lEvagre, IT,
ad.)
Thomarichus niourtiten 648.
^l^^QtJES D^ARMniUAC.
Eitstathe assista au concile ^e Nicee, 3a5.
IHarc I Fut lue par les pakns, sous Teuipe-
reur Julieu TAfioslat.
ISarc II parut au concile de Chalccdoine ,
45i.
Eusibe protesta avecfe ev^qncs de la seconde
Syrie contre le meurire de saint Proteiius,
456.
Sevenanus occupail Ic siege ^'Arelliuse au
commencemeut clu sixieme sierle.
Abraham vivait avant le j^iieme coacile
oecumenique de 6$ x .
^fiQUES DK MAAIA.MNe.
Pau/asaisU au concile de Ctialcedoine , 45 1.
Uagnus sigoa Ja lettns adreaaee 4 Tempereur
Leon , en 456.
Cyrus fui uo de tea auccesaeurap
OEtherius assiista an syoode de Coostanti-
noplci lenu en 536.
CILICIE IP.
iftVtQtJES D'l^PIPHAlVIE.
lHaurice assistn au concile de Nio^t 3a5, et
au ay node d'Antioche, 34 1.
Kustatlu suivil les opinions d'Ariiu. II mou-
ml sous le regne de rempcreurJuli«1i,
apres avoir vu ion 4^ite profiem^ par )es
paieus.
Eusibe assista an premier concile Ks^anak-
nique de Constantinople, en 38 1.
iiieime aaaiata au 8)node d'Aniiodie , en
435.
Eutychlen parut au concile de Chalbedoine,
45x.
tplphane signa la protettatian adress^ far
les ev^uea k rem}iereur l^n, en 456.
Cosmos » d'aocopd av«c ScT^ien , ev^ie
d*Areihuse, refusa de reeonnaifre Sev^e
d'AntiQcbe , et fut souieiMi par les tkaH-
tants d'^piphanie conlre le ressentlMemde
rempereur Aaastaae.
Skrgius vivait sous renaperear Jaatiaien.
i7t
L'UNIVERS.
COMMAGfeNE.
^VfeQUES D'HI^RAPOLIS.
Phiiotime est cite parmi les ev^ucf qui assis-
tereiit au ooDcue de Nio6e. D*aiitres, comme
on pent le voir dans le recueil de Labbe ,
Tappelient Philoxine.
TfteoJoie fut ordonne secreiemenl ^v^ue
d'UierapoUs par Eusebe, ev^ue de Saono-
sate, au iemp de Yalens. ( Theodoret, V,
z4. ) II visita Marcien, solitaire de Chalci-
dis. II assista au premier concile oecuuieui-
3uedeCon&tantiQopie»38i. Dans la liste
es eveques il est oomiue TlUodore.
Alexandre , i'un des plus ardents defenseiirs
du neslorianisme , fut chassi de son siege.
Panolbe lui succ^a.
Jean fut invite par les ev^ues du synode
d'Anlioche preside par Domnus IX k
deposer Atiianase de J^errha, 435.
jktUnne I fut sacre ev^ue par Domiius, pa-
triarche d*Antioche. I! nomma Sabinien
a la place d'Athauase en 446. Deux aiis
apres il assisia a un nouveau synode d'An-
tioche, dans Taffaire d'Ibas, d*^e.sse. II
prit part au ooncile de Chalredoioe en 45 c.
II protesta centre le meurtre de saint Pro-
tenus d*Alexaudrie, en 456.
Cyrus ^ vers la dixieme annee du regne de
Zenon , fut chasse de son si^e , ainsi que
Nestor de Tarse et plusieurs autret ev^uet
ortbodoxes.
Philoxine s^appdait d*abord Xenaias ; c*e-
tait un eMilave , Perse d*origine, qui s'ctait
sauve des environs d'Anlioche. Qtioiqu'il
flit attach^ k Terreur des manicbeens, et
qu'il n'eikt pas re^u le bapt toe , il fut eleve
au siege d'UierapoUs par Pierre d*Antiocbe,
et prit le nom de Pbiloxene (vers la
seizieme ann^ de Z^non ). Pbiloxene fut
appele k Constantinople par Tempereur
Auastase , 5o7 . Il presida Tasseroblee de
Sidon, 509. L*empereur Justin Texila en
5 18. ( Assemani,/?!*^/. orient,, II, p. zo et
suiv. )
i ThSadore panit au cinquieme coucile oecume-
I nique de 553.
AUenue U est nomme par ^vagre, VI, ao.
/ ]^v£ques de CYEHHUS.
Jfp'icius assista au concile de Nicee, 3a5 , et
( au synode d*Antiocbc, 34 z.
> jiugarus^ au synode de Seleucie, suivit le
> parti de Tarien Georges d' Alexandrie el d'A-
i ' cacius de Cesaree.
Mterius etait arieu. U fut nomme par i'em-
pereur Yalens.
Isidore est cite par Tfaeodoret, Hist, eecL T ,
4 ; ii assista au premier ooodie de Cons*
BtliideBl
tautioople , 38z. On ne lut ^ la
son introaisation, ni oelle de
Theodoret parait avoir succUe
presume qu*il fut sacre ev^ue
en 4i3. Il fut en quereUeafeeiUttl
au sujet de Nestorius , dont il n'app
pas les opinions , mais qa'il def«i»i
tre la vbleoce des orthodoics. Hisi
cilia avec lui. Mais le zele sfse le
combattit les eutydieens lui itlin
grioe de la eour de GoostaotiMpIc;
damue, en 44^, par le
brigandage dEphese^ il fut depouiflei
siege. It implora la proiedioo di
Leon, et renira dans son eglise, mb
den ( vers 45o ); ne a Antiocbe <b
il niourut vers 458.
Jean convoqua un synode a Cyribk
Sergius I fut cbasse de son siege rt oe
nie , comme partisan de Neslorifii.
Sergius II fut envoye en exil, par lei
de Cbalcedoine, 5 18. II tuivaiiian
monopbysites.
tvtQVES DE SAMOSATL
Peperius assista au concile de Nick, I
au synode d'Antioche,34i.
Eusibe I gouvemait Teglise de Sami
36z. Ii signa en 37a la lettreaiM
Melece d* Antiocbe aux ev^'
dent. Exile en Tbrace par ^
lens, il eut pour successeur uo
nomios, que les babitaats n
reconnaitre, puis un arieo "w**^^
En 378 , apres la mort de yaleiis,l|
dans son eglise. II assists au sjm^
tiocbe, tenu en 379 par Meleoe,
tue pen de temps apres, par bmI
arienne. (Tbeodoret, IT, U; W
jintioclius assisia au concile oecoaar^
Constantinople , en 38 x .
Andre suivit le parti de Jeatfd'i
en 43 z. II assista au syoode di
en 43a.
Rufin assista au brigandage Hp^^
mais il abjura ses crreun au ooa
Cbalcedoine, 45 1.
Eus^ II fut depose par rcopefetf
l^ytQUES DE ZEUGMA.
Bassus est cite parmi les eviqiiei *»
Aphihonius, moine illuatre pirtt P*^
deve au siege de Zeugma, oA il port*"
SYRIE ANCIEJSNE.
173
tf rit^ de scs mcrars ; il ne quitta pas le cilice.
Beiiade i atlarba a Theresic de Nestorius. II
ne persista pas dans ses enreurs.
I iweitts, Doram^ a tort ^volcius, assista au
ceocile de Chalcedoine , 45 1.
Julien prit part an cinquieme conrile opcu-
n^iqiieeD 553 , sous Tempereur Jiistinien.
ItvftQUES D*EUROPUS.
La Tille d*Europiis etit aussi ses ev^es.
DttPid d*Eoropiis eft cite, aTec Heliade de
Zeagma, parmi lea partisans de Nestoriiis.
PHENIGIE IP.
^y^QUES DE'DAMAS.
.^MiTMu est considere comme le premier h^
qoe de Dainas. C est Itii qui baptisa I'apd-
trp saint Paul. II fut inartyri3e.
Mognus assista au coneile de Niece, 3»5 , eC
lu s)T)ode d'Antioche eo 34o.
Phiiipffe siegea au premier coneUe oacumini-
qiie de Constantmople , en 38 1.
/«M /, avec Jean d'Anlioche et les aiitres
ev^nes d'Orient, se s^para du coneile d'£-
phese, 43i , et defendil Nestorius.
TkMon sncceda a Jean. II assista au synode
d'Antioche , 435, et au coneile de Chalc^-
doine,45i.
/ma // re^ut en 456 la letlre adressee par
Fefflpereur Leon a tons les ev^ues d*Orient,
In sQJet dn meiirtre de saint Proterius.
Werre / vifait vers la fin du cinquieme siecle.
Craignant la pers^tion d'Anastase I , le
Sileotiaire, il abandonna son siege et se re«
tin en Palestine.
f^omas, successenr de Pierre, adopta les er-
Kun des monophysites. II fut chasse de
Tkmt» |iar reinpereur Justin en 5i8. (Fb/r
Anemani, Dissert, de monophjrs. ex Dionr'
diPatriarcha ehronico; Biol, orient, torn. II,
^lutrie parait avoir vecu avant le cinquieme
eoQcile oecumeiiique.
Mastathe assista au cinquieme coneile oecn-
■euique, 553.
^^nanus vi^ait sous Tempereur Maurice.
^m fi fui conleniporain de saint Jean Da-
nsMene. II fut martyrise vers 743 , par le
UUfeWalid.
l£vfcQUES D'Hl^LIOPOLIS.
^Wo/r, evdque dlf6liopo1is, baptisa satnte
Ettdocie, qui fut martyris^ au tem|M de
Tempereur Trajan. Lequien, nous devons
le dire, semble ne pasrroire a Tautbenti-
cite du document oil se trouve consigne le
nom de Tbeodote.
Eusebe nous apprend qn'on etablit un
^v^ue k Heliopolis au temps de Constan-
tin : il ne le nomme pas.
Joseph etiit ev^que vers 45o.
Pierre oocupait le siege episcopal d'Helio-
polls au temps de I'empereur Ijcon.
AvftQUES D'ABILA.
Jordanes elait cv^ne vers le milieu du cin-
quieme siecle. ,
Jean signe, comme evfcque d*AhiIa, unc let-
tre adressee k rempireiir Leon par les ev^-
ques de Syrie en 456.
Alexandre en 5 18 fut depose par ordre de
Temperenr Jnstin.
iSV^QUES DE LAODICl^E.
Placon assista au roncile d'^phese, 43 r. Dans
certains manuscrits on Tappelle Placciis ou
Flaocus.
ralerius tsX nomme parmi les eveqnes qui
assisterent au coneile de Chalcedoinr, 45 r.
Jean fut contemporain de Jean Damascene.
6vfeQUES D*^feSE.
Silvoin , martyr, peril dans la persecution de
Diocl^tien.
jinatoie est cite parmi les ^v^ues du coneile
deNicee, 3a5.Il assista an synode d*Anlio-
cbe, en 34x.
Eusibe, arien zel4, vivait sons Vempereiir
Constance.
Paul I, suocesseur d*Eusebe, suivit le parti
des evdques ariens.
Nemesius fut un ami de saint Basile et de saint
Gregoire de Nazianze.
Cjriacus defendit saint Jean Chrysoslome,
el fui exile a Palmyre par Arcadin^.
PaulII'9vm\ vers 43a.
Pompeianits assista au synode d'Antioche ron-
voqu^ par le patriarche Domnus en 435.
Uranius fut represente par Taivhidiacre Por-
phyre au coneile de Chalcedoine, 45i. II
retrouva, suivant certaines traditions, la
tite de saint Jean-Baptiste , en 45a.
En 665 un evdqne d'^mese , dont Tbeo-
pbane ne donne pas le nom , tut brdle par
les mahometans.
FIH DE LA STEIE ANCIENIVE.
■»■»<»<>—»>•■><■■#■■■#—#■•■■■■■•■>— ■•■•■•■•—•<•■•••■•■•■•—••■•■•"•— »•*<
TABLE DES MATIERES.
Abila, yille de la Coel^yrie, p. b, a; ses ^v«-
ques, p. 17% b.
Jbischai, frtrede Joab, yalDqueor des Syriens,
p. II, b.
Abyda (la folre d*)« remarqualile par Taboo-
danoe et la vari^ des marcliaodises de toute
laSyrie, p. lie, b, et I17, a.
Acaciun, dvdqoe d'Antloche, p. 166, a.
jichab, rot d^srael ; ses guecrea avec las Syrtens ;
sa mort, p. 13, b, 16, a.
Aehaz, lils de lotham, tmplora ralHance des
Assyriens; ^l^ve des aatels auxdieux Stran-
gers, p. 20, a et b.
Achazia, roi de Juda, en gaerre contre Ha-
zael, p. 19, a. *
Acyndintu (le prSfet); Jage Equitable dans
une affaire sfnguliere, p. 83, a.
Adaarmanh brOle HSraclSe; 8*empare par
trahSson d*Apam^, p. 105, b.
Adamites (Ln) ; croyanoedes Adamites, p. 129, b.
Adrien, gouyerMurde Syrte, neoitianoufelle
deson adoption par Trajan, p. 71, b.
Aitiut pousse rarianismejasqu'k ses dernl^res
cons^ueoues, p. 146, b, et notesr.
Albimu, elev6 au coosulat par Marc-Aor^le,
p. 73, a.
Alexfmdre, roi de MacMoine, s'emparjB de la
Syrie,p. 24, a, etboiv.
Alexandre, goaverneur de la Syrie, p. OO, a.
Alexandre , Sv^ue d*Aleiandrie, excominunie
Ariu»,p. 141, a.
Alexandre^ Sv6que d*Antioehe, Sleint le schisme
qui divisait Antioche, p. 103, a; obtient d'lo^
nocent la reconciliation de r£glise d'Orienl
avec celle d'Oocidenl, p. 163, b; defend la mS-
niolre de Chrysoslome, ibid.
Alexandre Balas parvieot par Craude aa tjrdne
de Syrip, p. 6i, b; sa mort, p. 63, a.
Alexandre Severe , suocessear d*Elagabal , p. 77,
b; rSlabllt par sa fermetS la discipline parini
les troupes dSmoralisSfs , p. 78, a.
Alexandre Zebinas defait DSroStrias Nicator;
parvlenl k la royautS de Syrie; sa mort,
p. %4,a,et suiv.
Al'Mondar, clierarabe, ravage la Syrie, p. 103, a.
Alylarquea ( Les ) son! supprimes, p. 100, b, et
. 101 , t.
Aman, aoidat lyitaoi, lii« Adiab, nidi
p. 16, a.
AmpMJachius, aatear de UmtesksdiviMl
famille de Constaotlo,teras^ p. 16. b,'
Ananiae, premier 6v«qae de Damti,p>1
Anastaae ( L*emperear ) achMe la>pali
rasins ; punit le oomte d*Orieot. p. W,
^n<utoM /«^,ev^oe d* Antioche, p.
AnasUue II, masaacri par lea Juih, f-i
Andromaque, goaveroeur de la
mort, p. 26, a et b.
AtUen, 6v«qued'AnUoob«,eiieKlU^^i
Anthyme ( Saint ) nearl raariyt, p. IS
Antigone s>mpare de -la Syria, pu tt44
Antioche; maasaene des Juifo, p. 6B, ii '
entree trlomphanle de Trafan daas
p. 71 ; elTe ebt renversfe par on In
de terre, ibid, ; dotSe par AoloirtaAf I
de colonle romaine, p. 72, a ; prliif *«w
par Severe, p 74, b ; r«abUc di« tei*
p. 76, a; Ilvr6e au pillage partati
p. 80, a; eprouve la colore de Diodiliai
a;capitale de rOrient ; embellie et ~ '^
par les soins de I'enipereur CodsUsci,
a et b; gouffre de la famine, p. 94,b;s
cootre rempereur Tbeodose; wnvcnn
sa statue eqoestre, p. 96, a, iw,b<il
doute la veiigcanoe de Tbeodose, p-
tures el eiecutiona, p. 96, a ; «w«*^
des minislres de la veB^eaao^ * Tli
proclamation de TfdH imperial ;ioib^
procfes, p. 96, b; lettres degrtee. iet»«*
des Antiochlens; llsoeiebrent la
Tbeodose, p. 98 ;<y>mbieed«l«i
pSralrlce Eudoxie; eprouve de
blements de terre, p. 98, b, el 99, t
pale eglise 8*ecroule, p. lul, a
celte ville, p. 100, a et b; inceodie
blerarnl de terre; pillage de cettr ^
les barbares, p. iOl, a; incendif «lt«
menl de terre, p. lOI, b; assiegee pif »
aes et bhiiee, p. 103 el 104 , a ; rrlet^rt
doDs de Jaslhiien, p. 106, a ; eprou« ■■1
blemeot de terre qui wloe ses pl«J|
ediUcet, p. 106, a ; converUe au cbritli*"
p. 119, aet b; litr^canxbourreatti^l
nouvplle persecution de Dlodetlm, K
a et b; expi)8ee k une vlolenle pfff^*
p. 139, b, el buiv. ; uieuacee de desUueii*!
TABLE D£S MATIERES.
175
ks dUfleoeloM des catholkivei e( 4«s ariieos,
p. J42,a,MMi£gUKeeiiagll^parlMiMsaoDfli
dai b^kpies, p. J48et saiv. ;Maoaldveooii«
tre remperear Jalfen, p. IBO, a ; moMin de aet
liaUUola»p. l(0,b,«laiiiv.trtd«lleMitroi-
ridne nog des patriarcaU orientaax ^ p. M6,
a. reoTenfo par uu tremblemeol de terre»
en 459, p. 1C6, a ; reof ante par on noaveaa
tremblemeot de terre, eo tss, pb IM, b ;
K» paUiaichm, p. IM, a et b*
i^K/ibcAtf c(<; ChotroiB, bAtie par le Koi de Pane,
^ 104, b.
JnUochia , ville de la Casslottde, p. 4, b.
Jniiochia ad Taurum, TUie de la Coamagtoe,
p. 3, a.
Jntioelnu, SU de SOeiiciis, Spouse sa belle-
ffl^, p. 33; ea guerre avec PbUadelptae, Zl-
poUte. Nicomide et Anttgoiie^ P- SKw •; vaki-
qoeur des Gaulola, p. 3», b; sa mort, p. 36, a.
Antioehua II TMm ld?e le aft^ de Byiance ;
M taoote eo Europe ; tea revers ea Cfleleay ria ;
n mort, p. 36 el 37.
jhttiochiu Hiimx, en guerre avee aon Mf^
S«ieucui, p. 38 et sulf .
JniiochuM III U Grand, roi de gyrie, p. 40, b ,
et suiv. ; live le li^ de Gerra, pi 4^ a; d4^
fall MoloQ. p. 43, b ; s'einpare de Seleuoie, p. 46,
a; eo guerre oonlre l*figypte^ p. 46 el 48^
niocn k aaphU, p. 46; (alt p^r Acbsus;
dlt la guerre aui Parthes et auK Bactriena,
p. 47: expose des cauaea de la guerre d^Antio-
cbu centre lea RomalDs, p. 48 et 49 ; sa d^alte
et sa Dort, p. 60 et 61.
dntiochut IF ^pipkans meurt par aoite da
MS exote, p. 61, b, et 62, a.
jUfiochuM V gupator est sals 6 noft, ph 62.
Antiochu* ThioM est aia«u»ln4^ p. 63, b.
A^tiochtts SidHes defall lee Partbei, p« 64, a ;
aa mort, p. 64, b.
AnUochHS de CyziquB, en guerreavea aon fr&re,
inUorbus £pipbaoe> est tu6 par S^Jeucus,
p. 66, b, et 66.
AHtioehits ipiphane ( Gtyput), eo guerre avec
«on frere Antlocbus de Cyzlque, est aasMSin^
par H^racleon, p, K6, b, et 66.
Antioeku* , fils de Grypua, peed la vie dans I'O-
rante, p. 66, b, et 67, a.
Anliocfiua Eua^be, Ills d*AnUochus de Cyxjk|ae,
rejetle en Cillrie Seleucus, flis de Grypua;
bat pr^ de rOroote Antiocbua et Philippe,
freres de Seleucus -, Spouse Seltoe, veuve de
Grypus; vaincu par les £gyp|iena et par
Pfailippe, U ae retire ohea 1^ Parlbes, p. 6g
et 67.
AntiochuM Dionyriui, roi des Syrieos, p. 67, a.
AhHocHus, roi deCommageue, preud parti pour
Vespasien, p. 67, a.
JuHochut , f uif ren^t, accuse les Juifs de vou*
loir incendier Antiocbe; sopplice des Juifi,
p. 69, b, et 70, a.
jinioine fait la guerre aax Partbsai p^ eo et 61.
AnUnne { Saint) ; sespressenttDieDtssur les trou-
blesqul mena^aieot nSglise, p. 143, b, et 143, a.
Apami; vUle de I'Apaantoi p- i« a; ach^e
la paix aux Perses, p. 104, a ; ses ^v6ques, p. 171.
ApanUne; yiiles de TApanstoe, p. i, a et b.
Aphaca, Yillede la Ccel^yrie, p^ 6, a.
Aphek ; bataille sous ses murs eotre Ben-Hadad II
et Achab, p. 14, a et b.
ApoUinari3te$ (Les) se ctepiseent h F^glise,
p. 166, a.
ApoU<miut adresse des reprocbea aux monta-
nistes, p. 131, b,
Arabe$ (Les ) menacent laSyrie, p. 106; mattres
de la Syrle, persteuteot les cbf^ens, p. 166,
b, et 167.
Arcane , sl^ge principal du oommeroe des Ph6-
niciens, p. 106, b, et sulv.
Aramiens, nom gdo^rlque des Syrieos danf
rOcriture, p. 10, a.
Atf^kuu, ville dc la Chalyboottide, p. 4, a ; «ef
^vdques, p. 171, b.
AmntMme; oomaKooeoBenls et progrte de oette
b^r^sie, p. 141 el suiv.
ArUns (Les); ^poqnede leur apparitfon, p. I4i,
a ; deviennent tout-puissants a la oou»; d^-
sent plusleurs dv6ques, p 142.
Arms 6inet sa doctrine; portrait de oe r^lorma^
teur, pu 141.
Arra , ville de la Cbalddice^ p. 3, b.
Artahun d^fait les Sarrasins, pres de Dvunas,
p. 99. a.
4rUsaiM llbres dans l'anU(ittli6, p. 107 ; arti-
sans esclaves , ibid,
AscUpiade (Le Juge) persecute les cbrelieiis,
p. 140.
AMcUpiade , ^v^ue d*Aotioche, p. 132.
Asi (Les) s'efroroent de cooserver ieinoDopole
du commerce de la sole* p. II6, a.
Atsa, roi de Juda, alli^ de Ben-Uadad I*'; ckH-
tie le prophite Hanaoi, p. 18, b, et 13, a.
Athanase ( Saint ), 4v^ue d*Alexandrie, est dd-
pos6, p. 142, b, et 143, a; est justifie par deux
oonciles ; ooodamd6 par le eoncitiabule de Phi-
llppopolis, p. 146, a; se rteoncilie avec iVm-
pereur Constance, p. 147, a; peint la desolation
de rfiglise, p. 148; meurt, p. 166. b.
Attidius ComiliantUy gnuvemeur de la Syrie,
est vaincu par les Parthes, p. 72, a.
AuriliBn, vainqueurde Zenobie, p. 61, a.
AvidiuB Caaama, gouverneur de la Syrte, as-
pired rempire, et cberche 6 d^possMer Morc-
Aur6le, p. 72, b; meurt, p. 73, a.
Axiottique , diselple de YaleBlio, p. 130, b.
<76
TABLE JDTES MATIfiRES.
Babijlas (Saint), 4r^e d'AnUoche , emptehe
Pempereur Philippe d'mtrpr dans Pegllse de
cctte vUle, p. i«, b ; meurt martyr, p. 133,
a; miracles op^rte par ses reliques, p. 133 et
134, a.
Baliste, pr^fet da pr^ofre, repoosse Sapor,
p. 80, b; se dfolare eropereur; assassin^,
p. 81, a.
Barbalissus, villa de la ChalybonlHde. p. 3, b.
Bardeaanei ( Le Syricn ) propage le gnosUdsme,
p. 131, a.
Bamabe (Saint), anden Invite; Tan des fon-
datears de PP^lise d'Antioche, p. 119, b, et
lao, a.
Barsemes^ rot d*Atra. repousse les attaques de
Septime S^v^re, p. 75, a.
Basile d'Ancyre tient le ooncile d'Ancyre,
p. 148, a.
Basile d*£desse, oomte d*Orient, destitu^ par
Anastase, p. lOO, b.
Basilide d'Alexaodrie invebte an syst^e rell-
gieax, p. 129, a.
Bnsiliscus (Le tyran ) seooart Gabala, vtetime
d'un tremblement de terre, p. 99, a.
Etitncg, Yille de la Cyrrhestiqae, p. 8, a.
Belisaire combat Al-Mondar, p. io2, a ; fait an
tralli avec les Perses, p. 106, b.
Ben^Hadad /«•, fils deTobrimone; alll^d'Assa,
roi de Jada; attaqae Baascba; obtient des
prfvil^es poor les commer^nta syriens, p. I j,
a, et 13, b.
Bttn-Hadad II assise Samarlel; vainca par
Achab, rol d'lsraei, p. 13 et 14 ; obtient lapalx,
p. 14, b;*vainq«eur de Josaphat, roi de Juda,
p. 16, a ; attaqae Samarie, p. 17, b ; leve le
sl^gc, p. 18, a ; sa mort, p ib, b.
Berenicit femmc d'Antlochas 11 ; sa ven^^eanoe
p. 37.
Birinice fille de sainte Domnlne meurt mar-
tyre, p. 138 et sulv.
Biroi ( Liste des ^v^ues de), p. no, a.
Berya, vilje de TApamtoe, p. 4, b.
Bibulus, gouTerneur de la Syrle, excite la
guerre civile chei les Parthes, p. 59, a.
Cainitet (Les);dogme8 des calnltea, p. 127, b
Calliopus, comte d'Orlent, ^happe par la fuite
k la colore d»uoe faction da. cirque, p. 99 a.
Callwpiu, babilccocher, faitmassacrer les Juifi'
p. 100, b. '
Candidus, ev«qae de Serglopolis, rach^te des^
prisonniers a Cbosroes, p. 102, b.
Caracalfa, assassin^ par Macrin, p. 7S,a.
Carinm porte des secoars h Antioche, p. loi. k
Carpocratiefu(Ln ) ; doctrine des carpocndaL
p. 129, b.
CaMliM Senriiius, nomn« par Adrin
' near de Syrie, p. 71.
Caatiotide; Tllles de la Cassiotide, p. 4, h,
Casaitts ( IjB mont ) «i>ranl« par an grand
blement de terre, p. 71, h,
Caaaiua, gouyemeor de la Syrie, deWlL-—
et Padoros, His d*Ofod«s, roi des tM
p. 58, b, et 59, a; en gaore aTec
p. 60, aetb.
Caatiua Longinua (C), c«ibie Joi
gouTerneur de Syrie, p. es, a.
Ciaaire, maftre des offices, ettrftsik A
par reroperear Thfodosepoar timrav-.
des babitantsde oette ?ille, sfot«resK«d
cas^ et va & Constantinople imploRf kl
mence de I'empereur, p. M, b, et r.
Ciaarie, colonic syrienne ; massacre da
p. 68, b, et 69, a.
Ceaenniua Peius,, goayemear de Syrie, M
la Comroag^ne k cette province, p. m
Ckaleidiee; vUles de la Chalddlce, p. \h.
Chaleique (U ) est rftinie Tan 53 i la
de Syrie, p. 68.
CA«/cM,ville de la Chalddioe, p.t,k;f*e
par Uonce, emperear syrien, p. H^ b;bHflte
par les Perses, p. 102, b ; liste de aes Mi^
p. 170. a.
Chalyhon, ville de la Chalyboni!idc,p.J,li'
Chalybonilidei vlllesde la ChalybOBftldcVl,^
Ckoaroia, roi de Perse, abandonoe Sara N|^
lage, p, 102, a ; vend la palx k menpdkih
vre aux flamnies Chalds, p. ioi,b;Hdf
Antioche, p. 108; y fait meltre le fw, ^li^
a; braie r^gllse de Daphnd, ibid.; verfM
palx k Apamde, i6Mf.; ran^ne CM*;
fonde une ville nomm^ Antioche H* Q^ ,
roH, p. 104, b; refuse aox Sogdiens rautoili* .
tion de faire le commerce de la sole dsaiM
empire, p. IT6.
CbrlsUani8me(Le) s'^tablit k Antioche, p. lA
Chrysostome ( Saint Jean ) console les Aili^
chiens, p. 96, a; fait Tdoge de saiot Blb^
las, p. 132, b, el 134, a; raoonte le sappffn*
saint Lucien, p. 136, b, e( 137; exdle l«Ai-
tiochiens k se convertir, p. 168, b, et I59,t;
nomm^ ev^e de Constantinople, p. lid
b; pers^cutd, p. 162 ; meurt, p. Ma, h.
Cineiua, gouverneur de la Syrie, p. 66.
Cirque ( Le ) cause des troubles it Antiodie : tie*
tion Verte, faction Bleue, p. 100; riralWah
tre ces deux fiidions, p. I(i4, h.
Claudiua Filixy intendantide la Jodfe, p. «, h,
et 69, a.
TABLE DES MATltRES.
Oiafdire, femoM d'Antiochos de Cyziqae
Mfte ptr rofdre de Tryphtee, sa ftoeur,
CUopdin, femme de IMm^Arios, r^ae dans S^
kuck, !». 64, a; aes crima; sa mort, p. 56.
CmUtfrk ; Tfllet de la Codesyrie, p. &, a.
tMtgOy goavemear de la Syrie, pr^rve lea
luUi 4*0110 eDti^ extermlnaUoD, p. 70.
Cmmasau; ▼Ulet de la Commag^ne, p. 3, a.
Ummmt (Do) cbez les Syrieos , p. 106, b, et
MiT. ; via, laioei, p. 109, b ; Uasns de lln, ta-
pis, pienvi taUlcea, p. IIO, a; cannelle, perles,
ttoOade Ifnde et da Cachemir, ibid. ; esda-
va,eulTre. p. IIO, b; parfams, ponrpre, aoie,
.yiemriet, aromates, p. Hi, a; dDoame,
' ffdbuumi, nard, malobatbre, baume, safran,
«yx, morrbioe, p. Ill, b; pourpre de Tyr,
rtuaeetbolsde cMre, bitame, p. 112, a; fro-
■CBt, dalles, prooea, polrea, p. II2, b; veote
dacMUTes, ibid. ; doiiiestlqaefl» valeU, cour-
ItaBcs, CQUKiaes, eovoy^ a Rome, p. 113;
pMlnii da valet syrleo parvena, ibid.;
BoeancicroyaiieeftorlentaleB, inlrodoitesdaDS
Rome, p. m, b, etsaiv.
CM^i/f d*Alexaodrle, p. UI, a; ooDdle de Dios-
poiiswnUetdeP^tage^p. IM et 165, b; con-
die dtphtee aa sqjet de Nestorias, p. 166, b;
eoodle de If ks6e, p. I4I, b; concile de Tyr,
pi M2, b; Qondle d'Aotiocbe, p. 184, a; 135,
b; I43etsuiv.; ooDcUe deCoDstaolloople,
p.i6fl^ b,l6l;ooncae de Jerusalem, p. 120,
114,1.
Gmnthn^iOiiu sor let Id^ poUUques et rell-
gkoKsappoit^ de rOrieot i Rome, p. 78 el 79.
GBMtoiiee. prttic d' Antiocbe, oondamae aa baa -
otaeaieDt, p. 162, a.
Csmtaace (L*empereor) r^lablit la disdpline
BittUinfanii let Ugioiis de la Syrie ; assare
M traBqiilUlie de oette proviooe; fait d'An-
ttodiesa capitate, p. 83, b, et 83, a ; oMe k Cal-
ioi le goavcTDemeDt de la Syrie, p. 83, b;
cberebe a le (aire p^rir, p. 86, a; refuse de
poolr Aapbiliochias, p. 86, b ; baraogae sea
l^Sioiis, ior le point de oombaltre Jalien,
P 87 ; fa rtooociUe avee Athanaae, 6veqoe
f Alexaodrie, p. U7, a; ^crit poar et contra
Endoxe, p. im, a; fait impoaer lea mains k
tuolaa, p. 148, b.
<^MteiU (L'emperair) defend Mhanase,
P.145,b.
C<«><mlMi affermit le chrlatlaniame en Syrie,
P-8J,b.
^^■"^teA^iaa, iemme de Gallos, oorrompt les
^nufows dispositions de son mari, p. 83, b,
«t»a.iT'.', meorl, p. 86, a.
CtmatatitiuM, de Tarse , enTojti§ k Antiocbe pour
•touffer uoe sMiHoo, p. 99, a.
13" lAoraUon, (syrie anciemne.)
Ml
Corbulon organise one arm^ ; s^empare de l*ad-
ministralion de la Syrie*, ^loigne lea Pactbes
de la Syrie, p. 65 et 66.
CarneiUe, Areqae d*Antioche, p. 131, b.
Conteille ( Le pape ) tefit a Fabias, «v6qae d'An-
tioche, p. 194, a.
Crasnu, goaYerneur de la Syrie, dtfait par les
Parthea, p. 58.
Criticut Silanus, goaverneor de la Syrfe, p. 62.
Cyriade ( L'empereur ) est tad, p. 80, a.
CyriUe (Saint), 6v6que d'Antiocbe, p. 136, a;
terit oontre Nestorias, p. 165, b; fait ddposer
Jean , ^^ue d'Aotloche, p. 166, a.
Cyrrheslique ; villes de la Cyrrhestique, p. 3, a.
Cjfrrhus, ville de la Cyrrhestlqae, p. 3, b; sea
dreqaea , p. 172.
Cynu It jeurut traverse la Syrie, p. S3.
Dama», ville de la Ccelteyrie^ p. 5, a; prise par
Tiglath-Pilesser, p. 20; par Parm^nion, p. 25;
par Ptoldmde Pbiladelpbe, p. 35; massacra
des Julfs dans oette ville, p. 69, a; prise par
les Arabes; devieot la capltale du noavel em-
pire des Musaimans, p. 167, a; sea eveques,
p. 173, a.
DaphfU ( Le bourg de ), dans le voisinage d*An-
tiocbe, p. 4, b ; ddtroit par an tremblement de
terra, p. loi, b; son ^lise est brttl^ par les
Perses, p- 104, a ; silence de I'oracle dd temple
de Dapbod, p. 133, a ; destrnction de la couver-
tara de ce temple par le tonnerra, p. 133, b.
David remporte plasleurs victoires sur les
Syriens, p. 10—12.
mce CL'empereor) fait p6rir saint Baby las,
p. 133, a.
DemitriantiSy dv6qae d'Anlloche, p. 134, a.
Dimitrius, roi des Syriens, combat con Ire Sd-
ieucas ; sa mort, p. 29 et suiv.
Dimetrius Soter, vainca et tue par Alexandra
Balas. p. 53, a. ^
Dimitrius lINieaior, en guerre avec ses sa-
Jets, p. 53, b ; captif cbez les Partbes, p. 54, a ;
son retour, p. 54, b; sa mort, p. 5b, a.
Denis (Saint) ecrit k Fabius, dveque d*Antio-
cbe, p. 134, a; bl&me laoonduite de Paul de
Samosate, et combat sa doctrine, p. I35.
DiadunUfu, tils de Macrin, est dtelard C^ar,
p. 76.
DiocUlien (L'empereur), irrite de la rdvolte
d*Eug^ne', fait retomber sa colere sur Antio-
cbe, p. 81, b, et 82, a ; persecute les Chretiens
de cette ville, p. 136.
Diodore embcasse la vie asc^tique et maintlent
les drolls et les franchises de la primitive
£glise, p. 146 et suiv.
178
TABLf: pES MATI$RES.
DolabtUa, gottveroeur de la Syiie , en guerre
avec Cassiiif, p. 60; i|e (lonne la mort, ibid.
Domitianus (Le pr6teur) iQ£ulle Gallas; est
tQ^, p.84, b, et 8&, a. *
Domnine ( Sainte) voyage avec ses lilies poar
tebapper a la pers^ution, p. 138 et suiv.;
echapp« aux fiirepn des boarreaux en se
Doyaht avec elleg, p. 138, b. '
Vomnua , 4v^ue d*A.ntiocbe, p. 136, bi
Domniu It, ^vdque d*Antioch^, p. 166, a.
IhmnutlJl, ^v«qae d'AnUocbe, p. 166,' b.
ibioniUs ( Les } ; doctrine des ^blonites , p. 127,
b,et 128, a. *
Alagahalj emperear, p. 76, a; vainqueur de
Macrin, p. 77,' a; meurt, 77, b.
£leulherhiSt dteapite ot Jete dans i'Oronte,
p. 100, b.
Jtlianha ( Le propji^^e ) gu^it Naemane de la I^
pre, p. 15 , b, el 16 ; ses miracles, p. 17 et 18,
a; ses pr^ictions, p. 18, b, et 19, b.
Elxaitea ( Les ) ; doctrine des elxaltes, p. 128.
JSmeset ville de TApameoe, p. 4, b;ouvre8es
portes k Odenath, p. 80, b; ses 6vdques,
p. 173, b.
iphrem, prtfet d'Antioebe, interdit les tpeo-
tacles, p. 100, b.
itphrime . ^v^ae d*Antioche, assemble un sy-
Dode pour d^poseir Paul d*Alexandrie; oon-
damne les terits d'Origtoe, p. 166, b.
£pigoHiui, pbilosopbe de Lyde, mis k la torture
et d^pil^, p. 86.
ipiphanie yy\\\e de I'Apamtoe, p. 4, b; ses <$v4-
ques, p. 171, b.
irot , ^v^ue d*Antiocbe, p. ISI, b.
itienne, 6v^ae d'Antioche, r^pond par one
sentence d*exoommnoication k celle que le
pape avait lanoee oontre lul, p. 146, a ; ^irige
one odieuse machination qui tourne contre lui,
p. 146, b ; est destitu^, p. 146, a.
Eudoxe , ^vdque de G«*rmanicie , se fait recon-
nallre ^v^ue d* Anlloche, p. 147,' b, et 148, a ;
cfaass^ de celte ville , ibid.
BudoxiCf femmede Tempereur Tb^odose, pro-
nonce an discours k Antioche ; re^it de gran(!ts
honneurs ; ses bienfalts, p. 08.
Sugine, offlder de Diocl^tieo, sedtelare empe-
reur, est tu^, p. 8i, b, et 82, a.
Eugene, pr6po6« k la garde de la province Ea-
phrat^lenne, panitde leucs brigandages quel-
ques tribus de Sarrasins sc^nltes , p. M , a.
Euphrasius, «v^e d'Antioche; ^as^ sous les
ruine:4 dela ville, p. 166, b.
Euphrate, 4v^que de Cologne, tebappe k une
odieuse macbioation, p. I45, b.
Eurontu, ville f\e la Cyrrttestiqae, p. S, a, M
^v^ues, p. 173, a.
Euiiti de C6ut6e refuse t*^v«ehe d'AottodK,
p. 142, a.
Eiuibieht (Les); ^poqoe de leor appaiWos,
p. 141, a; ils oonvoquent OD&AdfekAoOb-
Che, p 143 et suiv.
Eu$ebiu$, orateur dlstlDga^ , mis a la tortveff
dteapit^, p. 86. ' '' ' ' " "
^ustathe, 6vftque d*Antioche,oombitlaitia^
p. 141, b ; eA d^pos^, p. 141, a.*'^ *
ivode ( Saint ) ,' ^v^a^ d*An(locfte, p. Ill
/'oAitM, ^vdqued'A.nUoehe, adoplela«|iliio»
des novations, p.' 134,' a.
FeUiz ( Le pape^ excbmmbnie Paol de
p. 136, a.
FirmilUn' condamne la condoite dePnlMr
mosate, p. I3b, b. ' ' '
Flacille, 6v^ue d* Antioche, prfeide k fioril
deTjT, p.I42,b. • ' "•' '""
Flavien, «v«qiiB d*Antloche, obtleotdeM'
pereor Tbfodose la irrftce dn Anlloettii
p. 97^ b , 168 e( sUlv. ; fnqalM^ ao'i^
sl^ge d*Antiocb«, (riobpbe de ses ^Bkt^^
Tassistance de cet emperear," 'p. f6l,i;Ji^
Aa concile de CoDStantlnopte , P^'l^tiV
itieart, p. 162, a.
Flavien 11, ^v«qae d*Alltloch^ p ll*,^
FUtrianui, frfcre de l*etnpei«ar^ridle,Cft W^
ses soldats, p. 6i, b.
Foulon fPierre), h^i««qtte IntrigiDt, enH**
Marty ilus le sf^e d'Andbche, j^. I«,i.
Gcditm, lille comprise ^fons la piofittt*^
rie, pi 6^, a ; massacre des loift, p. ^^ ^
Galtns, ft^rc de Jdlieh TAposUt, gooTirt**
la Syrie, p. 88, b; iHStiMt d'u» tM^^
sassfnat sur sa ptersdon^ p. 84; sn o*^
Juridiqaes, p. 85, b ; maoiM k laooordeUJ
p. 86 ; preod parti poiir lea ariensel p«^
lesdiiMeOs, p. 147, b; esttxtaiti,P-I^K
it 1*7, b,
Ganntfi (L'eonuque), p. 7«, a; coDlut «
Macrin pour £lagabal, p. 77, t-
Qazd, ville oompffie daM la provinoe 4eS^
p. 67, a.
GinUnut, pr*twd»Antloche,AjriTilnd«W*
p. 132, b.
George, de Laodlo6e, 6crlt contre Eudoxf,*^
d*Antlocbe, p. 148, a. ' '
Georges, pr«tred*Alexandrie,estd*pos*,p.i*jj^
Germtun, nevea de Justin, propose d« pW
TABLE DES MATURES.
tH
iris-DtJies h la defense d'AoUoche, p. io3, a.
Semanicia, ville de la Gommagene, p. 3, a.
Gfrmnicks, nYaj€ par Tibere en Orient, p. «,
b; iodigo^ de la oonduite de Pisoo , qa*il ic-
COM de Patolr ebpokoniKS, tteort; iiioaii-
mnils devte k sa m^moffe, p. 6S et 64.
Cma, entn^e del mareimndfagfc dt rMLh,
Cinddnii, Ttlle de la MUodde, p. 8, b ; tea ^«-
(nm. p. no, b.
€no$ticime'{U); dbctritie deft gtiottkyaes,
p.iM,bi
l^fmn de Ha^anM padfM I'Kgllie; p. M,
b; parieeo ftvear de PanllD, p. IS7, b ; reHttse
dImDOwrlctmaiMJihttvieflfP. I68,b.
122; subit un lDt<?rrogaloJre; condamin! h 6(re
devot^ a Rome |)ap les b^tes, p. i^s, a; sod
voyage, p. m, b; iSctil plusieurs leltres fort
iot^ressaDtes , ibid, ei salv. ; Invente le chaiil
alleroaUf des ^tim«6, j). laj; a; p^ril mar-
•tyr, ibid.
lilm excite en iyrie dfae Mrdtte eobtre reni-
^ perear Zenpn, p. 99, b; dtoipft^, p. loo, a.
/mma ; balal lie litrte |irte de oe booig, enlre
Macrin ei £la^abal, p. 77, a.
innocent ( Le pape ) cbi-Ptopond avec Alexandre,
^v^que d'Antioche, p. 163, b; refuse de con-
flrmer les actes da doncile de DIospolis ,
p. 166, a.
Irinie, oomte d'Orient, p. 100, b.
W«rf, DOB oomman des rols d'Arame, p, 10, b.
uMaer, fljs d^ Richob, fott^e I'tlnit6 en Sy-
Ife, organise ooii ifgde cbnlT« IM &6breax;
t«loaiparbaTid,p. It), b, rt, a.
|»*«wr^TO3r. Hadadeze^.
MMAl (U proph^ ) r«j>rlminde AMU, rdl He
J«i«.p./3,a,
Bnom, lai «t ^oec^tieor dd m IfabtoeN,
*M/telBi Berrlteoh fle Bavkli tkftea, p. ii,
^«/, looeptiter de Ben-Hadrid 11, attaqiM
&^ etitida; Mtoeilift l«niiataB; m mote,
M8,b,ecrt.a:
»^*, vnie de la GoBMsyrle, p. 6, a; Ms
**ini«,p.i87.
Mihifue, mofi k Antloalie par I'eiiipefeiir
JwfaMpeutUrtt teDgeaow del habitants
«. ortteTUie, aociHrde aH tusls aux aecoste,
P*«,b»Hf7,a.
*ft««^.wlf«thtoplei cl«iD6 audienoe aox
©pattinmaini, p. ii5.
■jO^w.aomoAprtfol (telaSyiiepar Coat-
ww/w mooide k Pboeas; se fait mkmter
£/«»«, p. 106, a.
^i*^* BrioMffe d'AnUocbtia III, p. 40, b, et
•*^;ttinort,p.44.
^, Neceishttde R«ft>iMv p. 19, li.
■^'i* , tllic de la Cyrrhestlque, p. 3, a;
*<^la pail ^Gboarotevp. loa, !>; seaev^
T|^ (Silnl), foodateor das nooast^m en
^*.P- t4«,a.
^m (Les) foBt le oommeroe par caraTa-
■». p. WW.
"^^tSainl), «v«qae d'Antloche, p. 12I et
Jefn, lllsde RjatiD, oonclaion traits avec les
Perses, p. 104, a.
Jean, ^vAqae d*ADliocbe, sospeet de nestotia-
nisme, est s^par^de la commifDioD de l'£gllse,
, p, ,166, b, et 166, a ; se r^tracb , ibid, ^
Jehu, Toi d^Israel, en guerre centre Hazael,
.p. 19, a.
Jiroboamll, fits de Joas; vainqueur des Sy-
, riens, p, l^, b. .. ,
«(^nita(em,;saccagte]i)ar jes Syriens, p. I9, a.
Jeuzolympiquee (Lesj sent d^endos k Daphbd,
P- '«>» b, . .
Joab, yainqueur des Syriens, p. Ii , b.
Joa^haz, iils^deJ^hu, en guerre avecles Sy-
riens, p. 19, a.
Joag, rold^Urael, yainqneur de 6en-Hadad III,
..P. !?»»>.
Joasch , roi de juda, solUdte ralllance de Ha-
zael, p. 19, a.
Joppe, ville comprise dans fa province de la
Syrie, p. 67, a ; massacre des Juifb, p. 69, a.
Jorame , fils de Tobi, roi de Hamalb, porte des
presents k t>avid, p, li, a.
Jovien (L*emperear; entre dans Antloche; raf-
fermlt.le cbristianisme, p. 91, b, 92, a ; 155,
b, et 156, a; accorde tiuji palens le Ubre exer-
cioe de leur culte ; meurt, bs, b.
Ju^9 C Leg) , ^gorges par la faction vcrte, p. loo,
a ; paf la faction bleue, p. loO, b ; brCklent vif
Teveque Anastase; sont massacres, p. I06, n.
Jfdee Ciear donne des marques de sa bienveil-
lanpe aux Syriens, p. 59, b.
JulMi Domna, femme de Temperear Severe, se
, laisse joaoarir de fabn« p. 75, a.
Juli^ UtBsat belle-soeur de Tempereur Severe,
^liveBassianas ( £lagabal ) a ('empire, p. 76, a.
Julien (L'empereur) poursuit de sa haine et
de ses railleries les habitants d* Antloche; fntt
toos ses efforts pour ranlmer le culte dea
12.
iso
TABLE DES ALLTT£RES.
palensy p. 87 et raiv., U9; se veoge des An-
tiocbiens par le Misopogoo, p. ibo, a; appr^
dattoD de la condaite, du caract^re, du g^oie
et des moears de oet empereur, p. 88 et suiv.,
I5f, b, etsuiv.; meurten h^ros, p. 91, a, et
156, b.
Julius Mesander, vicUme de soo ooange,
p. 73, b.
JutHn tAche de r^tabUr la paix dans Antioche,
p. 100, b; lai eDvoiedes seooun, p. loi.
Jusiinien oootribae gto^feasement k relever
Antioche , p. I05, a.
LabiSnus^ an des partisans de Pomp^, engage
ies Partbes k faira la conqu^ de la Syrle,
p. 61, a.
Laodice, femme d'Antiochus H ; see cruautte,
p. 37.
Laodicfie, ville de la Laodic^ne, p. 4, a; ses
^vdques, p. 173, b.
Laodicie, ville de la Cassiotide, p. 4, b; livrte
aa pillage par Cassias, p. 80, b; affraochie
plas tard , par Marc-Antoine , de tout impOt ,
p. 61, a; ridaite en oendres par Niger, p. 74,
a; sarnomm^ Septimia Severlana, p. 74, b,
' et 75. a ; tf proave un tremblement de terre,
p. 99, a; ses ^?^es, p. 170, b, et 171, a.
Laodicene; villes de la Laodioine, p. 4, a.
LaomSdon goaverne la Syrie, p. 39, b.
L^on ( L*empereiir) seoourt la vJUe d*Antioche,
presqae totalement rtiinte par on grand trem-
blement de terre, p. 98, b, et 99, a.
Leonce, proclam^ emperear , dlspote Tempire
k Z^non, p. 99, b; d^pit^, p. lOO, a.
lAonee, ev6que d*AnUoche, favorise Ies ariens
et cherche k antontir Ies croyances catholl-
ques, p 146 et suiv., 146, b, etnote I.
Zi6ani«5 (Lerh^teur) obtient dePeropereur Ju-
lien la grAce des Antiochlens, p. 89, b, 150, a;
honore sa m^molre, p. 91, a; est vivement
applaud! k cause de sou eloquence, p. i&i, a.
Xtcmt«»,empereur d*Orient, d^bauch^et cruel,
p. 82.
Licinius Mudanua, gouvemeur de la Syrie,
conduit Ies ^venements qui placent Yespasien
sur le trOne Imperial, p. 66.
Longin , fr^re de Tempereur Z^non, vaincu et
pris par Ltence, empereur syrien, p. 99, b.
Lucien ( Saint ), pr^lre d' Antioche, est exoommu-
nie; se r^tracte; fait Tapologie de sa foi,
p. 136; triomphe du tourment de la faim,
p. 136, b, et 187 ; meurt martyr, ibid.
Lucius Ferns, gouverneur de la Syrie, Spouse
Uicille, fiUe de Marc-Aarele, p. 73.
Maacha , tille de Talmal , epoose de DsvU,
p. 10, b.
MacidoHtus, le Critbophage, demande la grte
des Antlochiens, p. 97, a.
Macrien{ L*emperear } se donne 1amorl,p.8Q,k
Macrin assassine Caracalla, p. 75, b; oomM
£lagabal, p. 76; vainon, p. 77 , a; decsfitti
p. 77, b.
Madianiiu (Les) foot le oommeroe par
vanes, p. 108.
Magnentius envoie on tleaire en Svrie
tuer Gallua, p. 83, b.
MaTak>cupfot\ brigandage et cbAtimeot ds4
habitants, p. 98, a.
MaroAutile, en guerre oontre le rebdle i\
ditts Casslos; cbAtte Antioebe et CyrriiBi
p. 73 et 73.
MdMon, fils de T^v^que de Sinope, W
an syst^me de religion, p. 130, b, el ilk^
MarciorUtes{lM)\ doctrine des miiuuJ%
p. 130, b,et 131, a.
Mariamne, riUe de U CoBl^yrle, p. 5, «;•
^T^ues, p. 171, h.
MarHm Ferns, wmaA par Marc-Anrihf*
vemeor de la Syrie, p. 73, a.
Martyrius, ^6qae d* Antioche, est
d^poesMA deaon stdge, p. 168, a.
Maxime, «v6qae d*Aotioche, lalase abttevk
si^ge de son £igliie, p. 166, a.
Mazimin, goavemear de la Syrie,
p. 81, b.
Maxiimn ( Uempereor) , Tilnoa piir Goarfw
tin et lidnloi; meurt, p. 81, a.
Maxinwn , 6v«qae d'Antiodie, p. I3J, •-
Migabize, beaa-frftred'Artaxerxte, goaw«*
de la Syrie, p. 93, b ; bat lea troapes Wf^
p. 33, a.
ii^gas, ^v^qoe de IMro^, propowla pais* O*'
rote de la part des villes syrienofls, h 1*
et lOS.
MeUce, ^v«que d* Antioche, coofond le»H"r
tiques; p. 148, b; padfie rfigUae, p. !<*>¥
meurt, 157.
Melech, nom des cheb detritiasdans laSj^
p. 10, a.
Memnon^ gODveroeurde la Syrie, p. S6, ^
MinahhM sVmpare de Tiphs^, p. 19, 1'i **
roort, p. 30, a«
Min4Ut lieutenant da oomte d^rient, nl«tt
dans une r^volte k Antioche; pividu, p. i«»^
Messaliens (Les); doctrine des Mesi^kMe
p. 160, b.
mtellvs Sdfripn, gooveraeur de la Syift^
exeroe de grandet vexations, p. i8*
TABLE DES MATlfeRES.
mi
JKBeiMt»«i (Lm); doctrine des milleoaires,
Mmet ( Lei) habitants des moDtagnes deman-
tet grtee pour Aotioche, p. 96, b, et 97 ;
tf0, b; soipendeot le ooan natarel de la Jos-
tiOB, p. iflO, b, aoot aoathtoiatis^i p. 16 1, a.
IMm le i«Tolle contre A.Dtiocbiu HI, p. 40,
. ^ etnUv. ;Uest vaiDCU et meurt, p. 43.
H»teJi ledtelare propli^te, p. 131.
lba/im(Leqaeiteur), cootraire aa dessein
de Gallns. est aasassin^, p. 85, a.
fcpweOr, d^tralte par Antiochos el Pbilippe,
friffi de S^leoeoa, |>. 57, a.
^imwanw(Le pr^et) se laisse oorrompre
; |ir let neurtrien de DomiUanus, p. 86, b.
^yriM4ihr«, Tiilede la PiMe, p. 3, b.
I 11
%l^iumT i*empare de la Syrie, p. 3i, b.
RMaoM, Taioqaear d*Acbab, gaM de la 1^
^' fRpu £liscba. p. 16, 1 7, a.
lUoKk, roi d^Amm^De; la mort, p. II, a.
Amnmi ( Lei ) ; doctrine des nazar^ens ,
p. «».».
/VfcAffo^ nf dtgypte, attAqae les Syriens, p. 2I,b.
Netiarva; appr^atlon de sa doctrine, p. 165, b.
IKeotMiia ( Les) ; origine de rh^rtele des nloo-
Ula,p. 127, a.
IHevlai, Ynh dca sept premiers diacres, donne
SOD son & rh^rtsie des' nioolaltes, p. 127, a.
IHfer, eDoremeiir de la Syrie, se dtelare em-
yenor, et dispate Femplre k Mrtee ; est ta6,
pi73Ct74«
ffSnA* crt aisl^gte par les Romalns, p. 105, b.
MttaHen ; n doctrine, p. 134, note I.
Oeeonm, mt de la Ccelteyrle, p. 5, a.
^Mraa/Adbpcnetes Perse8;entredanifim«se»
^»,b.
OMtfe>(Les);doctriDedes opbites, p. 129, b.
QrMir, tatrape de M ysie, trahit les provinces
dirAsieMineare,p.S3, b.
Otaeu, lllsd*Orodes, roldesPartbes, esttainca
ctloeparGMsios, p. 58, b, et 69, a.
P
ftfmut, fils d^rodte, roi des Perthes, l^e le
ri<8e iTAntloGiie; est d^Cait par Cassias, p. 58,
•>ct&9, b.
^, rille de la PIMe, p. 3, b.
f^intme (La) est rtenie k la province de Sy-
*,p.68.
NOsifau^ «veqtte d'Anttodie, p. 166, b.
Palmyre, Tllle de la Palmyr^ne, p. 4, a.
Parmenion s'emparede Damas, p. 25, b.
Patrocle, g^o^al d'Antiochos, est derail par Zi-
poit^ p. 35, a.
Paul (Saint), Tun des foodatears de I'l^g^i^tc
d'Antiocbe, p. 119, b, et 120, a.
Paul, de Samosate, 6v^ue d'Antioche, mene
one vie scandalease; se fait partisan de I'here-
sie de Sabellins, p. 134, b ; sonerreur sar V'uy
carnation ; embrasse le Judalsme, p. 135, a ;
est d^posd, p. 135, b, et 136, a.
Paulianutes, voy. Puuliens.
Pauliens (Secte des ), p. 136, a.
Paulirif en contestation avec Flavien pour I'e-
plsoopat d^Aotioche, p. 157, b, et 158, a; sa
mort, p. 161, a.
Pekahia, filsde Menabtoie, est assassin^, p. 20, a.
Pelage, cit£ an condle de Diospolis, se soustrait
par fraude k ranatbtese, p. 164 ; est absoos,
p. 165, a.
PilagianUme (Le ) ; apprMation de oette b^r^
sie, p. 164; oondamnation, p. 165, a.
Pelagie (Ste> meurt martyre, p. 137, b, et 138, a.
Pitronius ( P. ), goavernear de la Syrie, p, 67, b.
Pheniciens ( Les ), principauz commer^ants et
nayigateurs dans Tantiquit^, p. I07, b, etsuiT.
PhilagriuSfCOtaXe d*Ori«nt, cherche a calmer one
r^yolte k Antiocbe, par dMnexcasablei craau-
tte, p. 94 ; s*occape de la perception d^un nou>
▼el imp6t qui fait r^volter lesbabitants,p. 95.
PhiletuM, ^v6qae d'Antiocbe, p. 132, b.
Philippe ( L*emperear ), excommani^ par saint
Babylas, p. 132, b.
Philwfone, 6v6qae d^Antiocbe, p. HI, a.
Phoca» fait massacrer les Joiii^ p. 106» a; est
ddtr6n«, ibid.
Phul, roi des Assyriens, envabit la Syrie ; revolt
la soumission de M^nahtaie, p. 20, a.
Pierie; vHles de la Pi6rie, p. 8, b.
Pierre ( Saint ), 6v«qae d'AnUoche, p. 119, b,
et 120, a.
PiMon, gonverneorde la Syrie, p. 62, b^ennemi
de Germanicus ; est accuse de Tavoir empoi-
sonn^, p. 63 et 64.
P^mpee rMait la Syrie en province romaine,
p. 57, b, et 58, a.
Porphyre s*empare da «t^e ^iscopal d'Antiocbe
par rase, p. 162, a ; excite ane sMition, p. 162, b ;
meurt, p. 163, a,
Paul, voy. Phul,
Pretariens (Les) d^fendent Josqa'au boat la
caase de Macrin coutre Slagabal, p. 77, a.
Procope, oomte d'Orient, p. 100, b.
Pro9doc4, flUe de saiote Domnine, meart mar-
tyre, p. 138 et suiv.
PMemee ^verg^te se rend maltre de U Syri^
p. 38, a.
183
TABLE bfes MATlfeRES.
Quietus, gouverneur de la Syrie, assassine,
p. 80, b.
Eechob,roi de Damas, pfere 6e Itadadezer, p. lo, b.
Hisin, roi d^Arame, leve le si^e de Jerusalem ;
sa mort, p. 20.
Rizoue, filg d*£lia(ia, 8*£tabiit k tiamescbek,
,p.I2,b.
ilhosus, Title dela t^ierie, p. 3,1).
Ittfite^t/A (Saiot) Tole an martyre ek t^ibmphe
de toos lea supplicea, p. 139, b, ei stiir.
S
Sdbai fonde onto sedtfe de molbes, f). 160, b.
Sabellius ; soil h^r^le , jl. 134 , b.
SalAminias, villedfe la CNalyboDlUde, {i. i, ji.
ialluste, t)r«ret d^6rieD(, p. 87, b; nialotieftt Tor-
dre k Antioche, p. oi, b.
Salmamtssat s'empare de ^amarie, ad 11 4Uib]Xt
desSyrlens, p. 21, a.
Sdmarie, assl^^ P^ ^ S^rieiui; p. 18 , b , et
17, b.
Sdmosdte, Tilled^ M CooiDdageDe, ^. S,a; sea
6v^ae8, p. 172, b.
Sapor enVaTiK H Sfhti; iefe saeote ; Ml ^eri,
p. 80.
5flrdM, piisfe par Amibfettii III, <). 4<1, b.
Sarrasm{lM) font Qojj fAcanlob ^ri 9f ti^,
p. 100, a.
Saturnin, fcbarK* fjat rertpfrear PtObaS ^
la d^rebae de POfient; ^Ifev^ i r«iK(«lte |>af le
peuple d*AI«xandnp, j). ^I, b.
Ai/ufnjn;aoiiopfnioi} sd^ fe marfa^e, |i. \^\i,
Schobah, chef derarm^ d'Hadadezer, est vailica
par David; p«rit d^m la niftlM, p. li, d.
Siflkne, reibe de la Syrie ^t de li Pbenfdfe, p. 66
et 67.
5^/<»tfc/(fe ; tllles delA Sefe^cide, p. 8,b.
Seleucie, ville dela Seleucide, p. 3, U; gouver-
n6e par les Grecs, paf lei aiyrleni* ; milssacfe
des Jaift, p. 88; d^trdlte t>ar dn trettfbletifent
de lerre, p. lOI, b ; ses ev^ucs, p. 170, B.
Sileucua Itr se rend mai Ire de la ^yrle, p. 36';
seji d|^m6t^ avec D6ia6(rla8, ff. 3i et 81; soh
d^voueitient pateniel, p. 33, a ; setf vtctolres
en Asie; M mort, p. 83, b, el 34, a.
Mleucus, fila irtb^ de S^lencua !•*, eb ifaf^te
avecsodfrere, Antiochas Hl^rax, i^. 38 el atriv.
MeucHs, flla d*Ah<lochaa (Jrypaa, p6rlt dana
lea flammea, p. 66, b, et 67, a.
Seleucus Phitopator, asaasalnii p. 61, t
Serapion, ev^que d*Antioche, tott codlrt la i
her^llqiies, p. 132, a.
Seriane, ville de la Chalyboolll^e, p. 4, a.
Severe, ^vftque d'AnliocHe, p, ilA, h.
irfbere (SepUroe) tlispute l^rorirtl^li l«g^^^
▼alliqaeur, p. H ; sWpare de Byzaoea; Ir
phe d'AIbihiia, qbi liii dispqiidl Teifipe
fait les Jaffa; I^ve le ai^^e ifitra; sl4
de h^lpbon; fiStablli Arillo^e daosis
depa droita, p, 7&, a; j^nnd \h oa&^ '
iou Hi^ Caracaiia, p. 71^, b.
Sexiui Cesar, godv^meilr Sa la $yrie,St
par sea aoldata, p. 62^ b, <^ 00, a.
p. 137, b.
SimatUdes (Le pbiloaopbe) bnye la mod
bdcber, p. 84, a.
SopaUr va k Coaatantinople ioterc^er m\
^ veur dea dieiix de Platoo, ^. 8^ L
Siratonice, fiUe de D^m^trius, ^poaael
P> 3^^ a ; ^poaae Antiochas, flla de \
p. 33, ^
iura, ville de la t:halyl>oaitide, p.9i^*,
par lea Peraea et Uvr6e aa pflUce^ p. vk
$yrU ; dc^ripUoD g^raj>bique« j^. \ii
dlvisiooa poliUqaea, p. 2, b; reliKi<M|, f S
aaiv.
TathM abtndaniw I6i Syrieot, p. 9l,a.
Tadte (L'emperear), aaaaasind ea Asle
..p. 81, b.
Talmai, fila d!A]nibood, rol de
beaa-p^re de David, p. ID, b.
ThalassiuSf pr6fet da prMoire , aarveOM
Galloa, p. 84, a; diagraci^ par Pempefeor ]
lien, p. 87, b.
rhapkunu, ville de la Cbalyboaitide, ^lil
Theodore, llvr6 oomme chr^Uen h la
Irlomplie dea ploa atrooes doalean^ p. Vk^
TMMUne ( L*eBipereoff ) aagmente lea ooibi*;
Uona k Antioche, p. 94, b; r^voMe
tanta; aa atatufe ^estra eat rentenft
brla^, p. 95, a; il eovoie en Syrie les ol
trea de aa vengeance, p. 96; aeeordein-
Tien, 6v«que d'Antioehe « la grtoe dea Aofio*
chiena, p. 97, b, et 160, a;padfie It^
p. 166, b; ae plaint de nngraUiate dai Aa-
tiochlena, p. 169, b ; prot^ Flavlen, p. Wli ^
meort, p. I6i, b.
Thiodote, prfeidial de HMnpoUt, oMieat m
pardon de rempereor loli6ii*p- 88, b.
TModoUy 6v6qae d'Antiocbe. fait renlttf !«
apolMaHMteadoBa te aeiii defEgtbe. p- i^ ^
TABLE DES MATI£RES.
183
fUfkOe (SaiDt), ^«qae (TAotloche, combat
'■] la bMrici de too lnn|w, p. I3I, b, ct 193, a.
iMMt, oOder da palais d*ADtk)cbe, pille
^00 iDoeodie let babitanla de oette YlUe;
Mart, p. 101.
mk'Pileaaery roi d*AMho«r, iPenipare df
Syrie, p. 20.
mi, rot d*Armtete, devient roi de Syrie ,
PS7, Ik.
^(q« d'Anttoche, p. 1 30, a.
iOs de Yespasien » reooncille son p^ et
p. M, b; reAiM de i^Tir cobire les
rimoM^ Ills d'BMope, vtqnttlea ^jrriepi eq
i9ideDatioQ,p. la, b.
i rat de Hamath, ie Jette daos le parti dls-
p. 10, b; CDToie de riches presents k
l,p.ii,b.
catRksRomains et les Tores, concer-
MkcoQunerce dela soie, p. I|6.
iWn (L*€mperear) fait soblrun intenoga-
^^^ttintl^aee, p. 193, a; serendentriom-
ffeedm Ja lUte d*ADtloclie; oomlnat 1<« far
^; Maori; aes fon^rallles, p. 7i.
te*«v, nine de la Syrie, fait p^rir QtopA-
V^ Didioim s'^live k la royaiit^ de la
^rie, p. u; est ta«, p. 54, a.
y» i^mte en oendfes par Niger, p. 74.
«f€gq# <i|e Tjr, meur^ ipartyr«
^117, Ik
\ hh^M d'Antioche, p. 140, b.
U
\k* i^ihmuy Tainca par £lagabal ; ta^ par
jMipropga loUats, p. 76.
^•j*** ^MdraXaia, gOQvemeac de la Syr|«,
^■tn'wIesdaKinsdeCorbalon; meart, p. 66.
wmf
X'tUenm ;ef^QfiUion et appreciation de son ays-
teme de religion, p. 129, b, et 130.
Falentinien ( L'emperear ) cbercbe k soulager
les provinces en proie k la plus grande d^
trease, p. 08, b, et 93, a.
FaUrie, veave de GalMos , refiise la main de
Maximin, p. 82, a; d^aipit^, p. 89, b.
FtUerim ( Ueippereqr) d^fait les Scythes;
yaiocu par les Perses et r«duit en esclayage ,
p. 80.
^*»^. gouferneqr 4e U Syrie, p. 67, a.
Fenidius J^vJ^us, goQverneqr de la Syrie, p. 76, a.
Feniidtus, gign^ral romain , d^fait les Parthea
en pliisiears i^encontres, p. 61.
Ferrtne { Limpdratrlce ) devlent rinstrument
prtncJi^ d'o^ revolte fpntre Tempereur U-
non, p. «, bi
Fespuien ; orlgine des ^vtoements qoi r^l^vent
k l*emptre, p. 66. '
FibiMM Martu9, flouveroeqr de la Syrie, p. 67.
FitaliSy 0v^ge d'Antioche, p. l4o, b, et 141, a.
FitflUus, propr^teur de la Syrie, p. 64.
Xaniippe, goavernenr de la Syrie, p 38, a.
Xen4tai, g^^ral d*Antiochus HI, est batlu par
Molon, p. 4 let 49.
i { LVmpereor ) ; complot form^ contre sa
p: diiUiiMiit dea oondamn^s, p. 93, b, et 94,
Vf fcntoite les catboliqaes, p. 166, b.
Z
Zabdiu, gto^ral do Zteobie; vainca par Aur^
lien, p. 81 , a.
Zacharie, assassin^ par Joasch, p. 19, a.
Zebenne, ev^que d'Antioche, p. 132, b.
ZenobiOy ville de la Cbalybonltide, p. 4, a.
ZenoUe^ veave dXMenatb, gouverne la Syrie;
vaincoe par AureUen, p. 81, a.
Zenobius, pr^tre de Sidon, meurt martyr,
p. 137, b.
Zhum, sacoesseor de Temperear Lton, en guerre
avec Ltonce, p. 90, b; il est vainqueur, p. loo, a.
Zeugma, ville de la Cyrrhestlque, p. 3, a;ses
^Aques, p. 179, b, et 173, a.
TABLE GENERALE-
HISTOIRE DE LA SYRIE ANCfENNE.
m
Chapitre I. — Description g^ographique de la Syne andenae
--> II. ^ Religion des Syriens '.
— III. — Histoire de la Syne depuis lea temps les plus recul^ jusqu^i la eoo*
quMe macMonieDBe
— IV. — Royaume de Syrie; grandeur de Fempire des S^leockles i
— V. — D^dence de T empire des Sdleucides* — Conqudte de la Syrie pv
led Romains 1
— VI. ^ La Syrie sous la domination romaine , depnis Augoste jusqu^aoi «■•
pereurs syriens
— VII. — La S>Tie sous la domination romaine, depnis les empereors sjiios
jusqu^li la mort de Julien • • ^
VIII. — La Syrie depuis la mort de Julien jusqu*^ rinrasion des Arabes. . . %
— IX. — Histoire du commerce chez les Syriens, depuis les temps les phtf iv- ,
cul^ jusqu'lL la fin de la domination romaine ^^
i
SYRIE CHRftTIENNE,
Chipitre I. — Origine du christianisme en Syrie. Constitution des ^glisessyrienBei.
H^r^es
-> II. — L'£glise de Syrie pendant les persecutions
— III. — L'arianisme **
— IV. — Histoire deTEgUsede Syrie depuis la mort der^vAqueM^^jwqn^
Tinvasion des Arabes '^
APPENDiCE. — Divisions eccl^astiques de la Syrie. Juridiction d'Antiocbe. Lisle d*^
Ydques ^*
riM nE Li TABLE.
I
i
\
L'UNIVERS,
HISTOIRE ET DESCRIPTION
DE TOUS LES PEOPLES,
DE LEURS RELIGIONS, MOEURS, COUTUMES, btc
' SYRIE MODERNE,
(X>NTENANT L'HISTOIRE DES CROISADES,
PAR JULES A. DAVID.
i INTRODUCTION.
^enwd est bon pour laSyrie, nous
■aitUD joar un archev^ue maronite,
BOCHis fantant les magnificences du
Aao, les richesses de la vallee de
Iftaha, la fecondit^ des plaines d'Alep
tde Damas; mais en g^missant sur
IB depredations des pachas, sur la U"
■cite des Druzes, sur le fanatisme
Undde taut de sectes idolStres qui four-
toillent dans )a montagne. La parole de
Wtarcber^^ estvraie depuis Fan pre-
verde Jli^ire jusqu'a nos jours; elle
H^cterise tout aussi bien le pass^ que
voque actuelle. £n tons temps, en
wti les biens de la Sj^Tie iui vinrent
^Dieu, ses manx Iui Yinrentdes horn-
tt. Cette contr^e, qui , d^ Torigine des
^^, fat le champ de bataille de
ttde eonqu^rants, la terre promise de
popart des Emigres, est devenue au-
Nbui un asile de proscrits, et de-
^toujoursune proie facile pour les
MKtleux. Chaque peuple de passage y
W»e des trainards, chaque arm^e des
wandeurs , chaque ancien possesseur
w descendants ; on y rencontre a la
W des Juifs et des Perses, des Grecs
V* Uvraison, (svuie modebne.)
et des Latins, des Francs et des Arabes ;
puis des r^fugi^s des persecutions chr6-
tiennes et musulmanes, les Maronites
et les Metualis; des victimes des desti-
nees les plus ^transes , les Samaritains
et les Kedam6c^s ; des fous des esp^ces
les plus honteuses, lesKelbidhs, qui
adorent le chien , et les J^zidis, qui ado-
rent lediable; des independants venus
du nord commedu nridi, les Turkomans
et les B^ouins ; enfin des despotes , les
Ottomans ; des fanatiques, les Druzes;
des brigands, les Kurdes.
De tant d'elements hdt^rogenes,
comment former un tout? a ces indige-
nes de races si opposes , comment de-
mander de la concordance dans les
vues et dans les int^r^ts ? II n'y a done
pas, a proprement parler, de nation sy-
rienne. On uetrouve dans cett^ belle con-
tr^e que des habitants differents d*origi-
ncy de caractere et de moeurs ; point d*u-
nite, point de nationality. Si les Grecs
ont laisse en heritage a la Syrie Tesprit
du commerce , les Juifs y ont apport<^
la passion de Fusure ; si les Arabes y
ont montre Tamourde Tindependance,
les Kurdes y ont introduit Tardeur du
piilnge; si les Chretiens ont dote leurs
I
L'UKIVJERS.
montagaes du sentiment de Ifi charity,
les Druzes ont infecte les leurs des exces
der^go'isme : contrastes affligeants, ou le
bien est etouffe par le mal , ou les plus
gCDereuses inspirations ont a combattre
les plus cruels instinets!
Puis, en regard de ces mis^res humai-
nes, une nature opulente et superbe :
des terres toujours fertiles, maigre Ta-
bandoD ou elfes demeurent si sou vent;
des champs qui donnent a i'homme,
presque sans sueurs, dufroment pour sa
nourriture, du coton pourses v^tements,
de Torge pour ses bestiaux ; des col lines
verdoyaates ou le m(!lrier en abondance
entretient des milliers de vers a soie; des
montagnes ou les bois poss^dent toutes
les qualites sup^rieures, depuis le cedre
jusqu'au cb^ne , depuis le platane jus-
qu'au sapin; des sycomores prodigieux,
qui couvrent de leur ombre une carava-
neentiere; des vallees grasses et luxu-
riantes; des vergers ou Tolivier, le ci-
tronnier et le pommier rivalisentd 'ex-
cellence et de fecondite : voiia pour le
n^cessaireet Tutiie, voila pour les besoins
du corps; pour I'agreable niaintenant,
pour la satisfaction de Tdme, : des jar-
dins ou le jasmin et la fleur d'oranger
le disputent en parfums, ou la rose et la
tulipe le disputent en beaute; des cam-
pagnes oil le pin parasol s'entrem^le au
palmier, ou des naies de nopal courent
le long des chemins, ou des ouissons de
lauricrs- roses suivent lecoursdes eaux,
oil des gazons a fleurs rouges diversi-
Aent le tapis des prairies ; des rivages
ou les lames ^cumeuses de la M6diterra-
D^ se brisent sur des roches^.tinoeiantes;
un horizon ou des neiges eternelles sur-
montent la sombre muraille du Liban ;
et au'dessus de toutes ces somptuosit^,
un air pur, un ciel bleu. Telle est , dans
sa plus grande partie, la Syrie, odeur
de paradis, comme disent les poetes
turcs , jardin trace par Dieu pour' le
premier homme, ainsi que Tont pens^
les poetes h<6breux, contree b^nie, ou ,
selon les poetes arabes, chaque monta-
gne porte Thiver sur sa t^te, le prin-
temps sur ses epaules, Tautomne dans
son sein , tandis que V^t^ dort noncha-
lamment a ses pieds.
I* La Syrie , il est vrai, n'est point par-
tout aussi britlante, aussi feconde, aussi
belle : elle preseute bien des contrastes:
«ne mer lioi4eu$e iur ses plages dm
donn^es, de Said^ h Ytfa ; le d^sertf
sa frontiereorientale, etr^preJoi"
Tune de ses extr^mites. Pourtai
qu'elle contient de territoires arid
qu'elle renforme de cantons ni^
ses tristesses et ges deaolitioDltj
bien plut6t Touvrage de rhommej
Toeuvre du Createur. Ses cotes i'
autrefois les premiers bavres des J
miers marchands : I'industrie y
des ports, la barbane les a combi
la prevoyanee greeque v ^eva des n
rinc'urie ottomane les laissa rouler|
les Hots. La campa^ne de Damas i
m^tairie des khalifes ; elle ne sert|
depuis le seiziemesiecle, quedef
il oes tribus nomades. Apres Tyti
don, ces metropoles d'un coinn
connu, ces societes qui ont a peioel
quelques traditions apres dies , a
perdus de la chalne des civilise
la ncbe Antioche, la voluptueusel
la puissante Ramlah, sont devi
des villages raiserables et sordidei,J
cabanes de boue et de paille , aoj"
boteux , ou vegetent quelques |
p^cheurs et quelques pdtres en (
nilles. Eh bien, ces mines qui les I
tes F La guerre, fl^u de rOnent,!
terrible et plus ordinaire encore C
peste. Sous les satrapies coromes
proconsulats, avec Alexandre o
avec Pompee, sous la doniioaUoi
Seleucides comme sous la verged
des empereurs d'Oocident, par Iei4
bes comme par les Francs, la f ^
toujours exploit^ ainsi qu'une in
puisable. Decim6e par les Orecs, i
par les Romains, ptilee par les Ai
ravag^e par les Francs , quelle I
dite, quelles richesses natureiles,
puissance nVt-il pas fallu a oetlai
exposee depuis tant de sieclesa tt
de tons , pour renaftre sans eesse i
cendres, v^ritab4e phenix entreksl
trees !
II n'existe peut-^tre pas de |
▼ue otk Dieu paraisse plus gn'
rhomme plus petit que decettetr'
(*) En 1760, dans salutteoQotif la F „ .
dmze Fakr^Kddin , pour le meltre ••■l^j
vaiweauz de CoosUnUnople, ^ "wSI
bateaux charge de plerres a Venlrtt «■ f"
de Sour ( Tyr ) et (jto Saldili ( Sidoa ). ri
Volney,
SYAIE MODERJVC:
M»Bar lecid, si con voitde par les peo*
if. Iiulle put fes rois ne se son! moo-
nplus avides, les soldats plus cruels^
■ cooqu^tes plus dnsastreuses. Depuis
Doze ceots ans surtout, la face de ce
qrs a change cent fois; les gouverne*
Hots iy sQDt succede tous plus despo-
tpies les UQS que les autres ; les irrup-
oos lui soot venues de tous cdtes ; ila
I tour a tour prendre place a son soleil
s habitants des deux hemispheres mau-
to^du Nord et du Midi, duaesertde nel-
(et du desert de sable, les aventuriers
^rHedjaz dess^che et ceux des steppes
i«Vs de la Tartaric ; et tous res bar-
Kwront traverse comme des torrents,
is'y soot r^pandus comme des marais
fKts. En Tain , apres les ravages des
Hides de Khaled , la civilisation des
biifes avait-elle acruraul^, en deux
ides^autantdemerveilles quelesGrecs
Idix, les Romains en douze, uoe ar-
aittduie ddicieuse , un luxe ^blouis*
ttot, unelangue pittoresque, une gran^
■aire, chef-d'oeuvre de logique, une po^
lie, chef-d'oeuvre d'eloquence; en vain
^nas trempait-elle ses aciers les plus
i^; en vain Alep filait-elle ses soies les
ns^iatantes; en vain le Hauran
Vy^il-il ses col lines reprendre leur pa-
K< ses arbres leurs fruits d'or , sa po-
HoD son industrieuse activity; les
Jvdes caucasiennes , plus ignorantes,
ivs farouches, plus avides que tous les
■cicos oooqu^rants, incendierent sans
ftnords les monuments de Tart et de
pscienoe, detruisirent les manufactu-
1*81 (nassacrerent les ouvriers, et pulv^
"SCrentcequ'elles ne pouvaientdevorer.
Jetofls on rapide coup d'ceil sur les r6-
Jwotions nombreuses et radicales qu'a
jrooveeslaSyrie depuis I'an !•' de rh6-
pejusqu'a oos jours. Les m^mes luttes
fclrfbuatribu, qui caracterisent I'etat
iB Arabes, dans lUedjaz et dans TY^*
•en, avani Mahomet, se reproduisent
EiD Galilee, au cinquieme siecle de notre
< entre les Ghassanides , ces anciens
irpateurs nomades, et les cavaliers
NaudeuEs des princes de Hira, eta-
psd^is les plaines de rCuphrate. Les
|tt comme les autres ont le goQt des
J^tares, la soif du pillage, la rage
m combats ; et^ sous le pretexte de
H^ir une grande puissance , celle des
Aomaios ou celle des Perses, ils entre-
tieooent sans C6SS(B la guerre sur les
frontieres des deux empires. Ce sont des
bandes sans diseipline, qui vonl et vicn*
nent constamment de province en pro-
vince, volant, brQlant, ^orgeant, par
Sassion comme par represailles , avec
es chances diverses de victoires et do
deroutes , et pr^parant peu a peu , par
leurs rapines et leurs saccagements , la
depopulation des plus fecondes con-
trees, la ruine des cites les plus riches :
v^ritables enfants du desert, qui ne sa-
vent faireque la solitude atitour d'cux,
sorte d'auxiliaires des sables envaliis-
seurs, qu'ils augmentent et de la pous-
si^re des generations et de la ceudre
des villes.
L'invasion de Tislam ne fut pas
moins funeste a la Syrie que les incur-
sions des compagnons d'Amrouben-
An)er, apres la rupture de la digue de
Mareb. Conquerants vagabonds, les mu-
sulmans s'eparpillerent dans le pays;
or, c'etait precisement ce genre de guerre
qui devait entratner les plus irrepara-
bles maux : courses spoliatrices et con-
tinues, rasto^ successives, perpetuelles
attaaues on mille endroits diifereots,
ou lennemi d^truisait pour detruire,
ou Tarbre fruitier etait inhumaiiif uient
arrachedu sol quMl avait'si iongtemps
enrichi , ou les moissons etaient rasees
en herbe. La montagne seule alors , le
majestueux Liban, grdce a ses pics ina-
bordables , a ses ^troits sentiers sur de
profonds ablmes , a sesetages de roches
si faciles k defendre, demeura a Tabri
du fleau. Partout ailleurs, voyez quelle
misere! Et comme ces pauvres Syriens
tremblent devant les Arabes, troupeau
de gazelles pourcbass^s par d*ardentes
et agiles panlheres! Les uns deniandent
grdce agenoux , et servent de guides k
leurs tyrans; les autres se laissent ^gor-
ger, comme si le ciel leur avait com-
mande ce sacrifice , Chretiens sans en-
thousiasme, martyrs sans couronne.
Les villes se rachetent pour un ao a
force d'oret de robes de soie. Tout fuit ,
tout s'epouvantc. et le faible empereur
de Constantinople s'enferme dans sa
capitate , abamlonnant la Svrie comme
on abandonnait na^u^re les bouches
inutilesdans les sieges barbares. Puis,
si Tindolent Heraclius se reveille enfin ,
s'il couvoque ses meilleursg6neraux, s'il
I.
L*UmVERS.
assemble ses plus nombreux batalUons ,
s'il inspire quelqueinquietudeauxsoldats
d'Omar, qui se replient, c'est pour voir
sa formidable arm^e , demi-victorieuse
deux jours durant, tomber letroisi^me ,
tout entiere, sous le fer musulman , !e
long des bords de I'Yarmouk.
Quelques historiens ont trop b6n<5vo-
lement fait gloire aux Arabes de Pern-
pire universel ou tendait le mahom6tis-
me ; c*est comme si Ton imputait au
premier peuple qui fut chr6tien la do-
mination qu a obtenuc le christianisme.
II n'existe en reality aucun rapport en-
trelcs conqu^tes deRome, par exemple,
et celies de la Mekke. Dans I'^tabiisse-
ment du mahom^tisme, il y a deux cbo-
ses distinctes : le sabre et le Koran ,
Taction et la parole. Les deux puissances
fiirent d'abord dans une seule main ,
elles tendirentau m^me but, ellesregn^-
rent ensemble ; mais bientdt les exi-
fences du sabre susciterent les disputes
e U parole : des lors il y eut schisme
religicux et desunion politigue. L*unit6
colossale rSv^e par les khalifes , et dont
Haroun-al-Rachid demeure pour nous
la personnification la plus *^clatante,
n'est cju^une fiction historique. L*Arabe,
pas plus que le Goth , n'a pu mainte-
nir son pouvoir dans les nombreuses
contr^es qu*il a successivement enva-
hies au galop de son cheval et dans la
fievre de son sang : il a pu conqu^rir ,
mais il n*a pu conserver. II a fallu , k
son tour , qu*il fQt vaincu par le re-
pos , par le bien-£tre , par le climat ; il
a fallu qu'il vtnt se perdre , lui aussi ,
dans cette masse compacte des popula-
tions asiatiques, molles, parce qu^elles
sontfacilemeutsatisfaites, inoffensives,
parqe qu*elles sont heureuses , contem-
platives et paresseuses , parce que leur
ciel est pur etque leur terre est leconde.
11 ne convient done pas de n'attribuer
qu'au ^6n\e des successeurs d'Omar
1 extension si rapide du mahom^tisme :
le mahometisme a trouve en Asie des
hommes faciles a toute croyance , voila
le secret de son pouvoir.
La relieion, a vrai dire, n'est que le
mode unitorme par lequel ont pass6 ,
en Orient, des peuples essentiellement
homogenes , frires par les besoins , par
les gouts, par les mocurs avant de Tetre
par une croyance unique. Le mahome-
tisme, en taat que ciilte d*OQ seul Diei,,
fut comme un creuset sublime ou ml
sVpurer Tdme r^veuse des races asi»
tiques. Les pr6iug^ de quelques-ini
les toirterent de la nouvelle sodefe^
tels furent les Guebres, entetes di|r
leur formule etroite , fanatiquesdcletj
my the incomplet; les iut^r^ts
moins grand nombre encore les
lutter sans espoir comme sans graodi
tels furent les chefs d^possedds, lesiiM
ces et leurs courtisans : mais la tm
calme , insouciante, instinctivemeol
vee dans ses idees, se sentant, d*ailli
toute sorte de sympathies pour Texj
sion nouvelle de la reconnaissdaoe<
I'homme en vers son cr^teur, alia
suite vers les propagateurs de la foiai
plifiee, etse courba, sans regret oon
sans honte, sous le joug rousulmaa.
Quant k TArabe proprement dit,ft
ses deux nobles passions , les armes i
la po^sie, il ne conserva, en Sniii
des le regne des Abbassides, que nil'
conde: mais c'est celle-la qaiestlaci*
vilisatrice par excellence; c'est iviO
celle-laque I'onfondele bonheuriotei
c'est iprace a cette sublime passion fM
la Syne put recouvrer alors cette tr»^
quillite matdrielle et cette qui^tudftj|
r^me qui disposent Fcsfjrit a s'^tes^
et le genie a crcer. Aussi, la Syrie
elle, a cette ^poque, une ere de prosp^
01^ la science lui dut des lumieres, fr
dustrie des progres. Tart des mooi-
ments , la langue des poetes.
Malheureusement Tempire deskbiip
fes, en voulant se prolongerd^unefajfli
gigantesque le long deTAfriquep
qu'en Europe > a travers les desertip;
qu'aux Indes, perdit en puissanee#,
qu'ii gagna en 6tendue. 0mar,cem9
lion qui, du temple de la Kaaba , soe^i
tre , avait pu dinger ses arra^ aiB^
bien contre le Grec et le Perse quei^
. tpromu]_
lols. Ses successeurs, mvestis — ^
luidu pouvoir spirituel et temporeli»
fois, ou plutdtde la direction religM^
et du despotisme militaire, nc port*
bientdt plus faire entendre leur voi^t
faire parvenir leurs ordrcs aux iiaB**
si recul^s, aux bornes fantastiqws*
leur empire. Le despotisme flechil «
STKIE MODERNE.
imier; et il ne resta plus aux Abbas*
iktes , sortes de papes mahometans, que
li direction reiisieuse. Desormais sur
otte pente il fallut rouler : a tout ins-
tant des ambitieux, nomm^, par la
eonfiaDce iosens^ des kbalifes, gouver-
oeurs de ieurs plus belles provinces, se
dfelaraieiit independants. La Syrie eut ,
eomme la Perse et r£gypte , son tyran ,
Tbouloun, roid'un iour, dont le despo-
tiime fat d*autant plus pesantquil arait
pttts b^te de jouir desa criminelle usur-
pation. Puis, dans cette decadence,
dEwon voulut venir a la curee. Apres
ThoQloun, Seidjouk; apres ie purga-
iDire, Teofer, pour les malbeureuses po-
paiatioDS syrieones.
A dater de eette epoque , les ev^ne*
vents se pressent, les perip^ties s*ao*
umulent, la guerre devient permanente.
Us Seldjookides sa disputent la Syrie
nrome one proie afec les Fathimites,
tout ensemble kbalifes et sultans, mas-
sacraot et damnant h la fois. Enfin ,
eooiioe si I'Asie ne suf6sait pas pour
nettreenlaflobeaux cet infortun^ pays,
voiei venir des fins fonds de TEurope
des bommes bard^ de fer, k Tesptit
Quite, auooeurbarbare, qui foulent les
pplessoos Ieurs piedscommeune pons-
•i^e impure, qui tuent par vengeance,
jw haine religieuse, par fanatisme chr6-
^:Cestlagrande ruction du moyen
«ge, ee sont les croisades.
Qoel r^soltat definitif doit surgir de
^ deox sieeles de croisades? Si elles
i^portcnt avec elles quelques 6l6ments
'ny'i^neQx de progr^ politiques et so-
^aox ; si de la fusion de tant de nations
diverses, si du frottement de ces deux
e^wndes^rorientet TOccident, il doit
'lir quelques Eclairs de civilisation,
consequence la plus immediate pour
■ Syrie fut celle-d : en place d*un
y«ome, IcsFrancsnelaiss^rent, sur les
wiesde la Mediterranee, qu'une tribu,
P'sqae toujours errante, d^eim^par
K fer et par le feu , 6puisee par un cli-
B^tqui n est pas le sien, narguee, trom-
F^t exploit^ tour a tour, aoandonn^e
l^ce qu*elle fut toujours sans ressour-
^1 fatigante parce qu*elle se plaint
*>Bscesse, mendiantdessecourspartout
tt^ tous, etqui a invente pour son usage
Puiiculier la langue franque, le plus
pitoyable peut-^re d^ patois counus.
Au depart des derniers eroises, tors-
3ue les sultans d'£gyptede la dynastle
es Babritesdevinrent libres possesseurs
de la Syrie, le calme de cette province
fut pluti^t dd a raffaissement de Tagonie
qu*au retour de la prosp^rit^. II edt
tallu pr^ d'un si^le de paix pour ren-
dre la sant^ a cette belle convaJescente ;
mais la guerre civile entre les pr^ten-
dants k la domination de Damas , entre
les Babrites et les MamloulLS, vint bien-
t6t rouvrir les plaies encore saignantes
de la malbeureuseSvrie. Les Manilouks,
▼ainqueurs, furent des mattres m^ants,
rigides et insatiables : dans tout cbre«
tien lis croyaient voir un crois6, dans
tout montagnard ind^pendant un en-
nemi, dans tout juif un th^sauriseur ;
lis molestaient run, its attaquaient
Tautre et volaient le dernier; Aussi, lors-
que tomba , des plateaux de la mer Cas-
pienne, ce rumb infernal qui d^vasta
en Asie toutes les terres , ^branla tous
les trdnes, eerasa tant de populations,
renversa tant de villes, lorsque Timour
le boiteux et ses Tartares au front botnbd
se repandirent depuis les campagnes
d'H^rat jusqu'aux murs de Constanti-
nople, lesSvriens partag^rent h peine
la terreur g^n^rale, tant d leur 6tait in-
different sous quelle domination ils de-
vaient v^geter dans la mis^re et dana
les alarmes. 1a teuiplte septentrionale
alia eclater sulr TAsie Mineure, et^puisa
sa rage en la diss^mioant. Alors revint
pour la Syrie la tyrannic ^yptienne ;
alors recommencerent pour les Chretiens
les persecutions musulmanes. C*est alors
aussi que le Liban devint le refuge de
tousles opprimes, et que la moiitagne
eut tout d'un coup un accroissement
considerable d*habitants, formes de tous
les orphelins de Jerusalem , de tous les
proscrits de GaliI6e, des victimes de
toutes les calamites.
Cependant, parmi les races qui
avaient envabi 1 Orient , parmi les am-
bitieux qui s'en etaient dispute les
provinces , il s'etait ^lev^ un jour une
race plus forte que les autres ; il s'^tait
d^lar6 tout a coup des ambitieux plus
6nergique8que Ieurs comp^titeurs : cette
race ^tait la race turque, ces ambitieux
Etaient les Osmanlis. Habiles dans Ieurs
attaques, prevoyants dans Ieurs vie-
toires, ils avaient d*abord assiege Cons*
I/UNIVERS.
<aiitiaople;ils s'dtaient rendus mflttres
^ la Tnraee et de la Bithjnie , de la
Maoedoine et de THeliespont , bien sdrs
ou'ila etaiant qu*une fois posaesseurs de
lAsie Mineare et des provinces de la
haute Gr^e, apres avoir trace u.i cercle
de trois cents lieues de coiiqu^tes autour
de leur mognifique capitate, iis n'au*
raient qu'a passer par la Syria pour la
soumettre, qu'h marcher sur T^grpte
pour la vaimsre. Le projet qu'ils avaient
eon^ des 14df se reahsa en I5t7.
Malheureusement pour la Syrie, si S6»
lint l*** ^lit dou^ des qualites d*on con-
euerant, il ne poss^ait point cedes
d'un legislatenr. L'orgamisation qu'il
miposB a M Sjrrie, et qui a dur^ jusqu'i
nw jours , a tous les vices du despo*
tismesanseiravoir la stability. Les pa-
chas deSyrie, trop puissants pour ^tre
si ^ ^lotgiies du ceutre de Tempire, trop
faiblesvis-i- vis des populations s*ils ri
▼ent Tind^pendance, furent peu a peu
min^ dans leur pouvoir, trains par leurs
conseillers, et se trouv^rent bientfit en
hittes perp^tuelles dans leur gouverne*
■lent.
L'anarchie qui r^sulta de oe deplo-
rable etal de choses fiit le plus irrepa*
Mble fleau qui edt jamais ravage la
Syrie : les races se di vis^rent ; les sectes
fompirent avec ^lat; les families prin-
eipales m^mes se s6parerent, les unes se
laitacliant au gouvemementdefait, les
autres excitant la r^istance, fomentant
des troubles, appuyant tout hommeau-
dacieux qui osmx dune main ferme le-
ver I'etendard de la r^volle. Ainsi, vers
1740. on vit un Bedouin energique, le
eheik Dhaher, comba;tpe les pachas,
les vaincre , entamer leurs provinces , et
se declarer, dans la place de Saint- Jean
d'Acre, sultan de la Syrie m^ridionate.
II ne fallutrien moins pour venir ^ bout
de ce t^m^raire qu'un homme, moitirf
penard et moitie tigre, fourbe et ftroce
a la fois , Ic fiosniak Ahmed acha, sur-
nomme paries populations dont il avait
*gorge froidement un si grand nombre
d'individus , Djezzar ( le Boucher ).
I Pour aue la Syrie edt vu dans ses cam-
pagnes les luttes des plus grands con-
qii^rants, il fallait, apr^ Alexandre et
Pomp^, que NapoWon y pardt k son
tour ; et si, selon rexpression d'un poete
eoDtemporain ,
Tyr bra v« deux ceofs Jonri le e«iirtottx d'Aleuirfr^
il appartenait a Saint- Jean d'Acre d*»
voir rhonneur d'arr^ter Bonaparte.
Comment , dans les temps modeniei^
le Liban fut-il livrea des troubles, Ji4tt
reactions et a des malheurs si granW
comment cet ancien asile des cbr^iql
fut-il devaste. par la guerre civW
comment i'immdmoriale protfcUonde]|
France devint-eile un jour entiereiMi'
inefGcace? VoiJa ce que nous auroMi
racoiit«r dans la derniere partie de
ouvrage : lamentable fin cTune
pleine , il est vrai , de faits comj
d*intrigues puissantea, de caraetMi;
^nergiques, de combats m^morabkl|
mais aussn toute mouiUee des lanod}
tout easanglantee dea raassacreiAl
malheureux indigenes.
En r^ume, trois grandes races, defril
douze siecles, possed^reut alterDatin*
ment la Syrie sans la peupler pourtaUt
les Arabes, les Francs, k^ lures. Ul
Turcs. actuellement, ne format »
core qu'un dixi^me de la populatiofl^
rienne, 300.000 limes sur environ Ml
millions. Mais si aucune race n'f aB»
m^riquement predomine, chaeunefl
laissd des descendants, r&gyptieBOON^:
leCircassien, lessoldatsd'OmarcefM
ceux deSeldjouk, les Crois^ coowielll
Ottomans. Et main tenant, si ronajoeW
h ces families sMentaires* dVigiatsi
di verses, des tribus nomades, teiiesfft
les Bedouins et les Riirdea, et phif II
quinze sectes^ tant chretiennes quea^
sulmaneset idoldtres, on ne sera|M
^tonne des divisions , des tiraiiieineolir
des haines .et des luttes qui font deb
nature la plus riche une valli^ dedfH^
lation, des montagnes les plusbdkl
une contr^e toute pleine d'embdek%
dela campagne la plus fertUe unebaop
de carnage : Dieu $§ul a iii hwftHf
la Syrie,
DBSGBlPTIOtlf DB LA STBlB.
Comme Fa Syrie , depuis douze ce*
ans, a 6ie le thdStre de bouleverseineatt
radicaux, de revolutions multiplieeif
de quelques fondations de villas, maj
de la destruction d'un bieo plus ^m
nombre; comme, d'ailleurs, I'objetdJ
cet ouvrage est ITiistdr© moderne de
SYRIE MODERNE.
fttte contr^, nous nous bornerons a
(Kerire le pays tel qu'H est aujour-
(Thui, nous reservant de donner quel-
qaes details historiques de pfus sur les
dtPs ruin^a , a mesufrfl qu^elles se pr6*
senteront dans noire rccit. Notre tra-
rail ^tant divis6 en trois parties princi*
pales, ajant trait aux actes divers des
trois grandes races qui ont domine en
Sfrie : la race arabe, la race franque,
h race turque, nous r^umeroiis cha^
eone de ces parties en mentionnant h
oepropos les transformations physiques
aussi oien que les variations politique^
ct morales.
Pcrsonne ne conteste T^tendue ac-
toellede la Syrie, app^lee par les Arabes
Barr-at-Cham , le pays de la gauche, par
opposition a l*Y6men, lepays de la drojte,
« prenant |K)ur centre de 1 Asie la myste-
rietiseetsainte Raaha, eten se tournant
eomme tout bon musulman ne manque
pas de le faire vers le soleil levant.
Cette raste province de Tempire otto-
man renferrae lesneuf contr^es ancien-
Des connnes sous les noms de Syrie pre-
miere, Syrie deuxieme et Syrie Euphra-
tesienne, de Palmyr^ne, de Ph^nicie
maritime ct Libanique et de Pales-
tine, divis^, ainsi que la S]^rie des
Crecs, en trois parties. Situee entre
les 31« et 37" de latitude nord et entre
les 32" et zr de longitude orientale au
meridien de Paris, la Syrie moderne a
pourliraites,au nord PAsie Mlneure, la
Caramanie , I'ancienne Cilicie deuxieme ;
&rouesl,la raer Mediterran^e, depuis
les derniersmamelons du Taurusjusqu'i
''tgypte, jusqu'aux premieres dunes de
Bab.t^ mouvants d'EI-Arich, cent cin-
quanie lieues de c6tes environ; au
nord-est, puis h Pest, par TEuphrate
jusqu'au confluent du Khabour, pres
Kerkisich ; la la Syrie s'enfle , et s'^tend
jusqu'l une largeur de cent lieues du
cap Ouedj jusqu'a Manieh sur la ligne
de Tadraor (Palrayre) ; enfin au sud-est
et an sud , elle se resserre entre des
murailles ou des plaines de sables,
Dornee au'elle se trouve par des monts
y des champs incultes, par le desert,
wral-al-Cham.
Geologiquement la Syrie est one vaste
cbatne de montagnes, dont fun des
Tenants regarde I ouest, et descend de
couches en couches jusqu'au niveau de
la M 6diterran^ , tandis que Tautre ver-
sant , qui appartient ^ un sol plus 61eve ,
aboutit h un plateau borni6 par TEu-
phrate au nord-est et par les sables du
BarraT-al-Cham au sud-est. Cette chatne
de monta<imes, qui s*6tend de PAsie
Mlneure a PArabie, du sauva^e Tau-
rus au morne d^ert de TEgarement,
presente une immense variety dans son
cours. Tan tot elle borde les c6tes du
golfedeSkanderoun (Alexandrette) jus-
qu'a Antakieh (Antioche) ; tant6t, fuyant
versle sud-est d'Antiochea Balbek , elle
s'eloigne du rivage en y poussant sett-
lement plusieurs suites de collines , qui
vont toujours s'amoindrissant; puia
elle revieiit brusquement vers la mer,
enchevdtrant ses monts, entassant ses
sommets, etse divisantendeux larges
branches : le Liban et FAnti-Liban;
plus loin, tout en se dirigeant sans
cesse vers le sud, elle etend un bras co-
lossal qui finit perpendiculairement au-
dessus des lames qui s'y brisent : c'est
le Carmel; plus loin encore, elle lance
vers leciel unvasle cone isol^ : c'est le
Thabor; enGn ses Elevations diminuent
peu a pen, ses pentes s'adoucissent , ses
versants s'annudent et n'offreiit plus que
des anfractuo>iti^s au lieu d'6ta^es, des
rochers au lieu de mamelons; la terre
disparatt pour faire place au sable :
c'est la nature infertile, c'est le de-
sert.
Ces montagnes subissent done des
transformations infinies. Des deux
grandes chalnes princi pales, comme de
deux larges fleuves, s'echapperit mille
chatnons divers, dont les uns vontrouler
dans les flots, dont les autres sYga-
rent dans les plaines, dont quelques
autres, tournant sur eux-m^mes , for-
ment des cercles resserres, emprison-
dent des vallons et ouvrent des abtmes.
Cette disposition g^ologique offre d'ail-
leurs tons les climats et tontes les
variet^s de sol : ici des rivages depouil-
16s et presque torrides , la des plateaux
fertiles et temp^res, plus bout des som-
mets hoists et ne!.i;eux; puis d^ lon-
gues et creuses vallees; puis encore
des esrarpements surmonles de ver-
doyants mamelons; puis des pics qui
d^passent les nuages; et, enfin, a Pest,
des campagnes fertiles ou le soleil
dardeses plus f^condants rayons.
L'UMVERS.
Cette muraitle protectriee de monta-
gnes , si utile contre le decbainement
des vents ou contre les ardeurs de la
lumiere solaire, rend le sol propice h
presque toutes les cultures, et voit
nattrc sur ses larges gradins des pro-
ductions des especes les plus differen-
tes, des arbres de toutes les tempe-
ratures. Ainsi, au pied du Liban,
se rencontrent en abondance le coton ,
le s^ame, le tabac et m^ine la canne
k Sucre ; puis, le palmier et Talons, I'oli-
Tier et 1 oranger y forment des bois
touffus. Sur le premier flanc, aucon-
traire, audessus des collines les moins
elev^s, le Gguier apparaft, et la vigne
s'attachc aux rameaux des chines et
des mOriers, des platanes et des pins-
parasols. Plus haut encore, aux appro-
ches de la region des templtes, les
arbres du Nord , le sapin et le cypres,
poussent a c6te du colossal sycomore
et du cedre, ce roi des v^getaux : c*est
la, du reste, qu*on voit des troncs
de quatre-vingts pieds de largeur lancer
des oranches dont quelques-unes attei-
gnent une longueur phenom^nale. Enfin
descendez dans les terrains les plus has ,
et vous trouverez le riz dans les mare-
cages qu'il aime ; remontez sur les
plus larges plateaux, et vous trouverez
des champs tout oouverts de froment
et de mats.
L*as|}pct et la forme de ces montagnes
ne different pas moins que leur cours
et leur vegetation. Formdes en general de
terrains calcaires, el les sont ici blanchll-
tres et pelees, la verdoyantesetfecondes,
parfois couvertes de pelouses menues,
parfois toutes noires de forlts ombreu-
ses; au centrede la Syrie, enfin, aux lieux
ou s^ei^vent les cimes les plus hautes ,
chacun de leurs Stages domie un spec-
tacle contrastant, d*abord une ver-
dure douce et tendre , puis des cou-
leursplus prononc6eSi puis la region
nebuleuse, puis au sommet les frimas
eternels. Nous ne donnerons point ici
la seche et inutile nomenclature des dif-
ferentes appellations que prennent ces
montagnes si nombreuses ; contentons-
nousdenommer les principales, qui sont,
a partir d Antioche, les mpnts Douman-
dour, Aldar, Schaik, qui forment Tune
des branches principales ; puis de Tripo-
li a Acre, leLibon, TAnti-Liban, le
Kestravan, le Cannel, le Thaboret ia
monte si connus de la Palestine. Lahn*
teur moyenne des sommets varie de
huit cents aquatorze cents toises; quart
au Sanntn , le plus &e^€ des pics Ef>
riens, ii n*a jamais 6t6 mesure; fomi
k Teloignement d'ou Ton commenosij
Tapercevoir, surtout k la neige qttiM
eouvre constamment, on peut presonNI
que sa hauteur doit Itre de quinze I
seize cents toises : hauteur secoiidaii%
du reste , aupres de celle oil atteignol
certains pics des Pyrenees, des Alpafl
surtout des Cordilleres.
La structure de la Syrie, c'esta*di«|
ses mon tajjnes une fois decrites, passoii
pour ainsi parler, aux art^s del
grand corps , c'est-a-dire a ses fleimi^
La S^^rie n'a que deux Oeuves, six lid
priocipaux, quelques petites rivieres, 4
un grand nombre de torrents qui, pfltf
la plupart, se dessechent en ete. i 1
peine ces eaux, saumdtres en bien d8
lieux, et par cons^uent nonpotabbt
sont-elles sufilsantes pour la eoimi^
mation humaine; aussi les p\m in
ciel sont-elles conserv^es avecsoindan
des citernes mur^es. II est k pr^iMT
que rindustrie des premiers peufileh
syriens, en canalisant les rivieres, «
creusant leurs lits, en dirigeaot Nft
cours , a su tirer un plus grand parlii
de cet element si n6cessaire et si proi*
table; toujours est-il, a Theure q|u'ile8li7
que rincurie mahometane*a laiss^ taii
cascades tomber dans des gouffres,!!';
lieu de s'^pandre dans des bassios; If
torrents se creuser des voies souterriK
nes, miner les terresau lieu de les an»
ser; les fleuves s*encombrer de roseaff
et d*herbes parasites qui resserrentletf '
courant et altdrent la qualite de M\
eaux. Le Jourdain , par exemple, si ;
n'est pas large est tres-profond, s'll b"^ '
en moyenne que soixante pieds eniiroi
d'un bord a Tautre, a par endroitt viSA
vingt pieds de profondeur k six po^
ces de ses berges; TOronte fuit aiee
une telle rapidity a travers des plaioel
dont les pentes n^anmoins o*ont ned
d*extraordiuaire, que les Arabes, q«
donnent si souvent des noros signifies
tifs a tout homme comme k toute cbose,
appellent ce fleuve Al-Asi, le rcbcnt
Oui rebelle , mais pour rignorancc rt
la paresse : le Hhdne chez nous est re-
SYRIE MODERNE.
belle aussi, et pourtant dous avons su le
dompter, dous TaTons rendu naviga-
ble.
Le terrain le plus ^leve se trouvant
au milieu de la Syrie, vers Damas,
dans La region du Liban, ce sent de ses
inoatagQ<>s que rouleut le plus de tor-
rents, que descendentleplusde rivieres,
aue prennent naissance les deux seuls
eaves du pays. UOronte, echapp^ des
sommets de rAnti-Liban en deux bran-
ches, dont I'une part de Touest, et Pautre
du sud, offre un coursd*une centaine de
lieues, du midi au nord, sans trop de
ineandres et d'ecarts. Tout d*abord il
^tend ses eaux sur un assez grand
espaee, forme un lae long et etroit
oon loin de son embouchure; puis , re-
prenant une marcbe plus r^uliere, aro-
se Hemscrancienne Emese des Crois^),
longe Hamah ( m^tropole eteinte d'un
empire mahom^tan), se m^le, a Famieh,
a un petit lac de deux lieues environ ,
et reprend bient6t sa course pour rece-
Tolr au dela de Chough une petite ri-
viere sans importance. Arrive k Ser-
kin, ouon le passe sur un vieux pont
romain, il s'elargit; puis il se divise au-
dessus d*Antioche, abn d'aller d'un cot^
alimenter le lac des Kurdes, tandis que
de Taatre cot^ il forme un coude, s'a-
vance tout pr^ d^Aotioche , et revient
sur iui-m^me, c'est-a-dire du nord au
8<id , pour courir se perdre enfin dans
legolfedeSouaidi^h. Dans ce long cours,
qui n'est vraiment rapide que sur cer-
taines pentes de TAnti-Liban, les eaux
de rOronte varient de teintes et de
qualit^s : claires et l^eres en sortant
des montagnes, el les deviennentquelque
' peu Acres en bordant les monts Akkar ,
et prennent des lors une couleur blan-
chatre pour ne la plus quitter , m^me
en traversant les terres rouges fonc^es
du lerriloire d'Alep.
Quant au Jourdain, le fleuve bi-
wiique et ^vangelique, il n'a reellement
qu'ttne valeur de convention , la religion
ct Thistoire Tout seules fait iilustre. Sa
source est constest^; les uns le ferment
de trois ruissraux qui tombent d'un
groupe de montagnes pr^ d'Hasbeya;
^ autres le font secretement sortird'une
^Ite pr^s de Banias. Ces premiers pas
^^}> du reste, aussi momes que mys-
^"leux ; des joncs gigantesques dissi-
mulent sa presence, et ses rives buisson«^
neuses sont le repaire des serpents et
des sangliers. II vient ensuite aegorger
ses eaux dans le lac f^tide d*££Hou-
l^h, puis au bout de deux lieues et de-
mie, il en sort pour p^netrer dans Fan-
cienne Galilee, tk, quoiqu'il n'ait en-
core que trente-cinq pieds de largeur
sous le pont celehre des fits de Jacob ,
ils*epure, il s'assainit, il se debarrasse
de ses herbes epaisses , de ses noirs ro-
seaux, et va , apr^ quelques detours a
travers de fecondes vall^es^ tomber dans
le lac de Tiberiade ( Tancienne mer de
Galilee). Ce lac de six lieues de long sur
une lieue et demie de large est vlrita-
blement encbanteur. Des montagnes
aux formes pittoresques, aux teintes di-
verses, les unes noires, les autres grises,
et avec les nuances les plus variees,
forment autour de ses flots d'a2ur un
amphitheatre grandiose, drgne cadre
du plus charmant tableau. Peuplez main-
tenant les bords fertiles de ce beau lacdes
quatre villes et des cent villages bibli-
ques; multipliez les accidents dupaysa-
gepar la diversitedes cultures et par les
ombrages d'arbresde toute espece grou-
p^s avec art, et vos yeux ravis ne recon-
nattront-ils pas la Tun des plus merveii*
leux cantons de la terre promise f Le
Jourdain, apres s'^tre puriG^ dans les
eaux limpides dece lac, s*en 6cbappe au
sud-ouest. Ici, nous c^erons le pinceau
h un grand poete, M. de Lamartine, aussi
habile coloriste que profond penseur. ,
« Le Jourdain sort en serpentant du
« lac, se glisse dans la plaine basse et
« mar^cifgeuse d'Esdraelon, a environ
« cinquante pasdu lac; il passe, en bouil-
« lonnant un peu , et en faisaot enten-
« dre son premier murmure , sous les
« arches rum^es d'un pont d'arcbiteo*
« ture romaine. C'est la que nous nous
« dirigeons par une pente rapide et
« pierreuse^ et que nous voulons saluer
« ses eaux consacrees dans les souve-
« nirs de deux religions! En peu de
c minutes nous sommes a ses bords ;
« nous descendons de cheval, nous nous
« baignons la t^te, les pieds et les mains
« dans ses eaux, douces, tiedes et bleues
« corome les eaux du Rh6ne , quand il
« s'6chappe du lac de Geneve. Le Jour-
« dain, dans cet endroit, qui doit ^tre a
« ped pres le milieu de sa course, ne
10
L'TJWrVERS.
<t serail pas digne du nom de flfuve
« dans uit paj^s h plus larges dimen-
« siofis; mats il snrpasse eependant de
a beatieoup FEurotas et 1« G^phise , ^t
« tous ces fleuves dont les noms fabu-
« leux oa historiques retentisseut de
« bonne beure dans notre m^nrioire, et
« nous presentent uiie image de force,
A de rapiditeet d*abondance, que Taspect
' de la realite detruit.
« Le Joiirdain id mtoe est plus
« qu'un torrent , quoiqu*a h fin d'ua
« automne sans pluie, il roule douce^
« ment dans un lit d*environ cent pieds
« de large une nappe d*eau de deux
« ou trois pieds de profondeur, elaire,
« Itmpide , transparente, laissant comp-
« ter les cailloiix de son lit, et d*une de
M oes belies couleurs d'eau qui rend
« toute la profbnde couleur d*un Gr-
« nmment a'Asie , plus bleu m^me que
« le ciel , comme une Image plus belle
• que Tobjet , comme une glace qui co-
« lore ce qu'elle refl^chit. A vingt ou
« trente pas de ses eaux , la plage, qu'it
A laisse h pr^ent a sec , est semee de
« pierres roulantes , de joncs et de
«t quelques touffes de l<iurier>-ro8es en-
« core en fleiir. Cette plage a cinq k
ff six pieds de profondeur au-dessous du
« niveau de la piaine, et ti^moigne de la
« dimension du fleuve dans la saison
« ordinaire des pteines eaux. Cette di-
« mension, selon mol, doit ^tre de huit
« k dix pieds de profondeur sur cent h
« cent vingt pieds de largeur. II est plus
« ^troit, plus haut et plus bas dans la
< piaine; mais ators il est plus eocaiss^
« et plus profond , et rendroit oi^ nous
« le contemplions est un des quatre
« gues que le fleuve a dans tout son
« cours. »
Apres avoir ainsi serpent6 afln de pas-
ser dans chacun des vallons des monta-
§nes cahotees de la Palestine, le Jour-
ain finit par arriver au sol pierreux,
aux collines arides, pleines de rochers
BUS et de cavernes profondcs , qui con-
dulsent au lac Aspualtite.
On a tout drt sur ce lac d^sol^, s'^-
talant sur ses rivages, plut^Jt quil ne
tes baigne : monstrueuse tached huile,
qui gagne de jour en jour plus de ter-
rain, dont Tahmentation est un des se-
crets de la nature, et la quality du liquide
un ph6nomene ; mer bitumineuse , aux
Hots pesants et vide8,qmn'a,
senti ni polssons ni coquillages
saillir dans son sein, qui tue toute
g^tation sur ses bords; lae infernal
ne vomit que du aoufre,
ventdu desert vient par basard
ses eaux, habituelfement
comme la mort.
Nous voici arriv^ afix borofS
Syrie, et nous ne sui%rofis pas
sables les cours d*enu sans nom qnij
chappent de Pextr^miti merii '
lac Asphattite.
Quelques geographes, outre Vi
et le Jourdain , deeorent du wm\
fleuve le Kasmi^h , qui prend sa
dans les montagnes, au nord de~
fuit au centre de la riche vatlee ^
kaha, serpente a trnvers des
ombreux, roule parmi des
d'orge et de froment, ettrav(
bois de mdriers, pour aller
dans la mer, entre des laurien i
des orangers , k quelqaes cinq eMH
au-dessus de Tyr, apr es un couis *
trentaine de tieues. Quant a noos
bitu^ en Europe k ne pas prodi^
nom de fleuve au moindre nl
nous appeilerons a i^eine rivieres
3ue les anciens avaient peupl^dei
e naiades charmantes, et qo'ils "^
nommees le L6ont^s.
En suivant les rivages de la
nord au sud , on trouve jusqa^i
une vitigt!)ine de rivieres dans le
du Kasmidh, dont quelques-uofs'i'
f)as m^me de nom et dont les prir''
es sont : ftl-Rebir(la grande), .
jettc dans la mer k six Keues df
poli ; £l-Kelb ( ia riviere du chien),;
ach^vp son cours entre DjebaTI rt "
b^h; £)-Salib, dont IVmbouehure
un mille de Bayrouth ; le Dhamour,
baigne le bourg des Druzes, Utr
Kamar (maison de la lune); TAb
^ui se perd dans les flots mediterrai
a une lieue avant SaTdeh (Sidi
Nahr-Haifa (la riviere d*HaTft), qoi.
gne rapidement le golfe de Saint-/
cPAcre; le Kanah, qui tombedans la^
k une lieue nord de Ydfa; enPn le" '
qui serpente non loin de Gnza
pourtant traverser cette vllle. F
toutes ces petites rivieres ont
sources dans le versant occidental dei
chalne du Liban; queiques-unes
S^Rm MODERNE.
a
sentent deux branches en quittant les
montagnes, ou plutdt de deux ruisseaux
torrentiels, il se forme plus tard un seut
eoars qui , en general , n'a qu'une ern*
boiichure unique.
Le Tersant oriental des montagnes,
oui fournit les eaux des deux fleuves^
lOronte et le Jourdain, a beaucoup
moins de ces petltes rivieres gue le cdte
qui regard e la Medi terra nee. On en
compte la a peine sept ou huit, en com-
prenant h part les princinaux bras de
la riviere de Damas, qui rorme h deux
lieues est de cette ville un lac assez
important et d'une etendue a peu pr^g
esaie a cetui de Tibe rlade. Mentionnons
encore la riviere d'Alep, qui descend en
deux branches des dernieres chafnes du
Taurus, et fiuit par un petit lac dans
on vallon entoure de coiiines. Pour d0
rien oublier, 11 fiut parter aussi des sa-
lines de Djeboul , et des trois lits de
torrents » pleins en hiver h la fonte des,
neiges , vides en ele , dks que les rayons
du soleil reurennent leur ardeur, et quf
vont se perare dans les terres grasses et
feriilfs des plaines du Hauran.
£n somme, uiie mer interieure, fa mer
Morte; six lacs principaux , les lacs d'Aa-
lioche, d'Alep,de Fam'ieh, de Damas,
de Ilouleh etde Tib(^riade; deux fleuves,
I'OroQte et le Jourdain, une vingtaine de
rivieres, de torrents etde ruisseaux, tel
est le total general des eaux de la Syrie.
Si Ton compare maintenant ces etroltes
rivieres, ces fleuves sans etendue, ces
bes de mediocre grandeur, ces torrents
saus eaux la molt iede famine, aux grands
flfu\es, aux larges rivieres et aux mil-
Ic ruisseaux qui silionnent certaines
provinces europeennes, il est permis
^hie quelque peu etonn^. de la fecondit6
*i vaoiee des contreessyriennes. Cepen-
daut ce phenomene est explicable , d'a-
lH)ni par la rapidity avec laquelle tout
germe et tout mQrit dans cette terre de
prpdJIection j grdce aux rosees abondan-
jesqui couvrent lesol toutentierdurant
>^ Quits d'et6 , et ensuite par trois mois
de pluies presque consecutives peudant
I hiver de ces cli mats.
,Avantd>8quisser les regnes mineral,
vegetal et animal de la Syrie, afin de
^pieter nos details purement geolo-
Siques, ilnous reste a direquelques mots
du dessin et des accidents de^ rivages de
la Mediterranee. Au premier ai)€r^u , la
mer semble creuser la Syrie au nord , et
ia laisser envahir ses doniaines h partir
de Tripoli jusqu*5 i'figypte. En ne con-
sultant qiie la carte, la'iM^iiterran^ pa-
raft aussi ne point s'etendre bten pro-
fondement dans les terres , sauf au golfe
d'Alexandrette, quiappartient, du reste,
poor moitieau moins, a TAsie Mineure.
Cependant, en y regardant de plus pr^s,
et ^ri!ice h la faiblesse des or^anes hu-
mains, pour qui les moindres echancru-
res sont des baies, et les poinCes d'une
lieue deviennent des caps, on reconnatt
ais^ment que les rives syriennes sont
fort accidentees. Ainsi on y pent compter
quatre baies principales qui sont, en
commencant par le nord , les baies de
Souaidien,de Tripoli, deBayrouth, etde
Saint- Jean d'Acre, et six caps, les cap$
Kansir,Ziaret, Hesn, OuedjJecapBfanC
et le cap Carmel, sans faire mention des
pointes de Bayrouth,de Sarfend et dc
Tyr, lesquelles n'ont,d\iilleurs, aucune
importance serieuse pour la navigation.
Malgre ses quelques petits golfes, Iac6tc
deSyrie presque tout entiere , est d*un
abord dimcile et d*un sejour dangereux;
les vents d'ouesty acquieren tune grande
violence, etie fond, generalementform^
de rocbes aigues, y use prpmptement
les cables pour d^vorerensuite les vais-
seuux. Aussi, quelle que soit la grdce de
certains rivagCN bordes d'herbes brillan-
tes ou de sable dore , ils sont inbospita-
liers pour la marine qui n*y atterrit
qu'en tremblant, et n'y demeure qu'avefi
mefiaoce.
On pense bien que notre intention en
donnant quelques renseignements sur
les regnes mineral , vegetal et animal de
la Syrie, nVst pas de parler comme la
science avec une metbode severe et un
systeme arr^te : nous n'analysons point
ici des ^l^ments, nous ne classons pas
desindivldus; nous devons nous borner
a mentionner les choses seion qu'elles
ODt affecte les bommes, a parler des
produits du sol selou les rapports quMIs
out eus avec les babitants du pays. Com*
ment laProvidenceadistribu^ ses bien-
faits a la Syrie; quelles ressources la na-
ture a ofTertes a Thumanite dans cette
partie du monde ; aueis spectacles elle a
presentesaux yeuxde POriental ; de quels
notes divers elie a peupl^ ses montagnes ^
12
L'UNIVERS.
ses plainest ses bois et ses eaux : votll^
notre tdche : essayons de la remplir avec
conscience, sinoii avec eclat.
Le regne mineral n*est pas aussi riche
en Syrie que le rtgne v6g^tal ; il ne prc-
sente ni unegrande vari^t^, niune utility
f6iierale. La pierre calcaire, le gres, le
asalte , le scniste, le sel gemme entrent
dans la charpente des montasnes que
nous avons d^crites. Si done le Synen
trouve en abondance des corps solides
pour bdtir sa demeure, s*il fabrique facile-
inent de la chaux pour unir les roches
qu'il emploie, le luxe lui est interdit , k
Dioins qu'il n'ait recours ^ ses voisins ,
puisqueson sol nelui fournitni marbre,
ni porphyre. L'or et Fargent, non plus,
ne naissent point autour de lui ; en re-
vanche, le Kesrouan produit du fer, et
Ton rencontre dans les environs d*Alep,
in Antab^, une mine importante de
cuivre. Ceax qui veulent absolument
demander h la nature la r^Ie de la con-
duite humaine sont done en droit d*ao-
cuser d'incons^quence et de pusillani-
mite les peuplesde la Syrie; car, d'une
part, amoureux du luxe, ils ont recher-
che par le commerce le briihntsupernu
que leur contr^ leur refusait, et, d autre
part , ils n'ont jamais su defendre leur
fatrie avec le fer qu'elle leur prodiguait.
Is devaient ^tre pasteurs , ils se sont
montr^ commercants; au lieu de de-
meurer dans leufs belles montagnes,
ils ont pref6re descendre sur leurs ora-
geux rivages : la persecution seule leur
a fait repeupler leurs monts abandonn^s.
Et pourtant ces montagnes , si lon^-
temps deiaissees, offrent les perspecti-
ves les plus enchanteresses , produisent
la vegetation la plus riche. Le flguier
et Tolivier y presentent a Tenvi leurs
fruits delicats, le chine etle cedre leurs
bois solides, le sapin sa resine, Taloes
son baume, lemdrier sesfeuilles nutri-
tives , la vigne ses grappes savoureu-
ses; tandis que les c6tes maritimes
s'enorgueiilissent avec raison de To-
ranger et de ses pommes d*or, du
palmier et de ses rameaux flexibles ,
du dattier et de ses fruits sucres , du
grenadier, du bananier, sans compter
la canne 5 Sucre et le tabac, ces deux
modernes sources de richesses. Les
plaines d*Alpp et de Damas ne sont
pas moins bien dot^es : Alep a ses
pistacfaes renommees dans le moodi
entier; Damas possede les mdnav
fruits de nos climats, la pomme, ^
poire, la prune, la cerise, la "
et vingt especes d*abricots, aiasfqie
constate Volney; puis Gaza ledispsH
Ydfa pour la quality de ses melooi
de ses pasteques. Comroe prodnils,
faut ajouter au froment , au cotoBi
a I'orge qui poussent partout, le (f
sortede millet, le mais, Ieriz,lali
la f^ve, la laitue, Toignon, le cooooiii
si estime pour sa fraicheur et sonar
puis le sesame oleagineux, la piai
cochenille vers la Mediterranee etl
digo vers le Jourdain. En un root,i
d*utile ne manque h ses montagnol
nies, rien de savoureux k sesvergoi
vorises , rien de succulent a ses
gnes almees du soleil.
Si tout ce qui flatte le goOt,
que les aliments les plus sains,
abondamment fournis au Tolopl
Syrien , tout ce qui r6cree la nieet
resse Todorat ne lui est pas poliv^
digue. Les valiees du Liban MOteBHi
lees de (leurs naturelles , dontteiMi
leurs vives etles parfums exqoisdiif
siflent le paysage et embaumeot raUi
phere. Les myrtes et les lauriers-rort
remplacent nos tristes buissonsdeh
et nos ignobles chardons. £nfin,to
tant vantes dans les saintes £aitt
pour leur purete, lesnarcissespoorl
elegance, les anemones pour Ifur
les roses que Saadi affectionnait
les jacinthes, les jonquilles et les tfll|^
qui out si souvent servi aux congjj
sons de la poesie orientate , embeW
les jardins et peuplent les parW
Pays d*abondance et dMvresse, cofl
on le voit, ou il sufBt d'ouvrir )tif
pour apercevoirdes merveilles,*!
are la main |>our cueillir un iruHj
quis, de se laisser vivre pour eirel
reux. Mais aussi ces productioai''
riees et delicateSy ces aromes cnivni
ce climat salubre et temper^, sootf
cisement les causes de la conwitaf
peuples et des malheurs des Sjn
La rertilite attire les parasites; w
chesses attirent les voleurs.
Les animaux neoessatres a f
abondent en Syrie; les animaux
siers y sont rares. Debarrassons-
tout d'abord des demiers. On
SYRlfi MODEtlNE.
U
a peine dang cette eontrde le loup, si
commun dans les foists europeennes ,
et Tours, cet habitant ordinaire des val-
loos alpins. Quelques lions , egares h la
poursuite des gazelles, viennent parfois
errer sur la lisiere du desert ; pourtant
ils ne depassent jamais les sables de la
Palestine orientale. La Bible parled'hye-
068 et de pantheres ; mais les caravanes
modernes repoussent faciletnent les at-
taques de ces h^ies aussi farouches que
cruelles. Une seule espece hideuse , fe-
roce , espece bdtarde, qui taent du loup
et du chat sauvage , s'y rencontre en
assez grand nomore. Le chakal , c[ui ,
du reste, prefere les cadavres a la
viaode fratche , va par troupes de cin-
quante , de cent et mdme de deux cents ,
roder la nuit autour des bourgades,
poussant de lamentables eris aigus et
prolonges ; mais ils deterrent les morts
pour les devorer avec une gloutoone avi«
dit^ , plut6t quMIs n*attaquent les vi-
vants par godt du sang et par amour
du carnage. Ces animaux immondes,
h6tes des cimetieres et des champs de
bataille, sont done plus d^oQtants
que redoutables ; et Ton s'en oebarras-
serait facilement si lesOrientaux avaient
moins d'insouciance , si les guerres ei-
viles et les meurtres particuliers n'of-
fraient pas a ces b6tes sauvages des
appdts nombreux et presque quotidiens.
Parmi les animaux utiles il en existe
peu d'exclusi vement origtnaires de Syrie;
seuiement, certaines especes, connues
dans d'autres pays , ont dans cette coa-
lite des vertus particulieres, et y^ pren-
nent un developpement prodl^'eux.
Ainsi , les cb^vres y ont une qualite de
lait aussi salutaire qu'excellent ; et les
moutons elevds dans les pacages du
Hauran , ou dans les vall6es du Lifoan ,
yatteignentunegrosseurdnorme; leur
queue, tr^s-epaisse et termini par une
oottle de graisse, devient si lourde qu'a
peine ils peuvent la trainer. La chair
<le ces moutons est exquise, et avec
^r laine on confectionne des etoffes
aossi fines que solides. Le pore, anrmal
impur pour les mahomdtans aussi bien
que pour les juifs, y devient babituel-.
lement sauvage, et va rejoindre les san-
fliers qui se vautrent k leur aisedans les
unges du lac Houl^h.
Le bocuf n*est pas d'une qualite aussi
superieurc que le mouton ; il ne se ren-
contre d*ailleurs que sur le versant
oriental du Liban, dtant par sa nature
fort difGcile h dinger et a nourrir sur
des sommets presque aigus. L*dne, au
contraire , et le mulct , au pied tou-
jours silr, et a la prudence reconnue,
se plaisent dans ces montapes, ety
deviennent d'autant plus estimds auMis
sont plus ndcessaires com me o^tes
de somme et de monture. D'une race
Klus grande que la race europeeniie,
!s does ont la robe plus brillante, le
port plus hardi, la t^te plus intelli-
gente. Guides des caravanes , on s'en
remet h leur experience pour trouver
une route a travers les fondri^rt^s et les
precipices. Leur instinct est tel qu'on
ne les sent pas broncher une seule fois
dans les chemins les plus escarpes et les
pIus6troits; ils posent invariablementle
pied dans la trace form^ par le sabot
deleurs preddcesseurs; et laou Thomme,
saisi de vertige, trd)ucherait et roule-
rait dans le gouffre, ils passeht avec le
calme de la security. Rien de plus
curieux que de les voir tdter le terrain ,
s'avancer avec une precision mathe-
matigue^ etconserver, en marchant,
r^quilibreleplus parfait dans toutes les
parties de leur corps. Le cheval , plus
mquiet, tend lecou, roiditlejarret, s'ar>
riXe ou quelquefois recule , de la fa^on
la plusdangereuse;rdue, au contraire,
ne s'etonne de rien, et quand le pied
qu'il a lancd en avant ne se trouve pas
satisfait du terrain qu'iltouche, Tani-
mal prudent relive ce pied , et se met
d'aplomb sur ses trois autrcs, avant de
cheroher de nouveau la trace qu*il avait
{>erdue. Et, pour le dire en passant,
es calomnies centre Yhie , dont se plai-
gnait Buffon, sont plutdtdues dans nos
pays a Fignorance qu'a la malice hu-
rtiaine. On ne connaft point cette belle
race des Sues d'Orient; on n'a pas recon-
nu son utilit6, dprouve son intelligence,
et Tesp^oe degendrde qu'on voit chez
nous n*est certes point de nature h d6-
truire le prdjugequilacondamne.Seule-
mentnousne pardonnons point h ouel-
aues-unsde nos artistes les plus cdlenres
'avoir reprdsentd Jesus-Christ les jam-
bes ballantes sur on petit dne, le jour de
de son entree triomphale a Jerusalem :
c'est faire a pl^isir de la divinity une
14
rUWVEBS.
Image ridieule, c'estravaler Tart en le
montrant ignorant.
L'dne et le rnuiet sont ausai indispen-
gables a I'homme dans la montagne que
le cheval et le chameau dans le desert.
Lecheval d'Orientaete luille fois de-
crit; le poeteanibeTachanteJes prophd-
tes hebreux Pont propose comme un
modele d'activit^, de vaillance et de
sobriete; incapable que nous sommes de
lutteravec de pareils peintres, nous em-
prunterons la description qu'en afaite un
de nospius grands ecrivains, M. deCbd-
teaubriaud.
« Les jutnents, selon la noblesse de
« leur race, sont traitees avec plus ou
« moins d'bonueurs, mais toujours avec
« une rigueur extreme. On ne met point
« lescbevaux a Tombre, ou ies laisse
a exposes aPardeurdu soleil, attacb^
« en terre a des piquets par Ies (|uatre
« nieds , de nianiere a Ies rendre iinmo-
« biles; on neleur dte jamais la selle;
« souvent ils ne boi vent qu*uneseule fois,
« et ne mangenc qu' unpen d'orge en
« vingt-quatre beures. Vn traitement
« si rude, loin de Ies faire deperir, leur
« donue la sobriete, la patience et la
« Vitesse. J*ai souvent admire un che-
m val arabe aiusi enchaine dans le sable
• brdlant , ies crins descendant epars ,
« la t^te baissee entre ses jambes pour
ft trouver un pen d*ombre , et laissant
« tomber de son ceil sauvage un regard
ft oblique sur son mattie. Avez-vous
« degage ses pieds des entraves , vous
« £tes-vous elanc^ sur son dos, //
9. ecume, ilf remit* il deoore ia terre ;
ft la ti ompeUe sonne , il dit : Mom I
« etvousreconnaissezlecbevalde Job. »
Sans avoir Telegauce des formes et
la vivacite des mouvements qui font du
cbeval Tun des plus beaux animaux ter-
restres , ie cbameau ne mauque pour-
tant ni de tournure, ni de rapidite. Son
cou flexible, qui se pr^te avec facilite k
des oudulations diverses , sa t^te Intel-
ligente , son oeil doux et r^signe , corri-
gent Ies defauts de sou corps pansu , de
son dos moutueux et de ses larges ex-
tremites. Puis la longueur de ses pas
et sa marcbe perpetuelle lui permettent
d'atteindre tdt ou tard le cbeval qui d'a-
bord Ta devance : or, il vaut mieux aller
toujours que courir quelquefois et s'ar-
r^ter ensuite, surtout pour des peupl^
qui prennetU k iUvr^ tn, amba i
ainsi qu*iU diseot proverlNaleouat)
obameau seul , du reste , peut s'
et regulierement craTerser les<k
yobriete, qui supportejusqu'aqu
€inqjour8aabstmeuoe;8oucour9L .
domptela fatigue des plus tongues t
tes ; son pied , en fa^on d'^n|lfl
s'elargit ou se resserre a voloote.r
Ies terrains ou il s'appuie; U soi^
de ses enorm^s jambes, sa robeayi
g^neralement dur et ras, tout esf
qualites physiques comme iostinct, j
bie fa^oune expres pour son roie icr
de compagnou et d'aide de rboml
travers Ies sables arides et biHU
sait, en outre, se mettre a Tabrl d
ardents ravons du soleil en plo
naseaux cfans le sol, etson&)rp6l
jette alors de Tombre sur sou emf
teur; il saitaussi, quaud vieDtlijf
p^te, eviter ses chocs Ies plus f
A peine le kamainn a-t-il cof
^ souffler, a peine des teinlei j
glantes se sont-elles monUfo^l!
rizon , que la caravane s^arr^le (t (
lescbameaux se reunissent cfloot
Ies jarrets enfonce8dansrareDe,bll
basse, la croupe au vent , series cti
puyes Ies uns contre Ies autres. Dei|
Ies rumbs Ies plus violents viei
briser dans leur impuissauee
cette tour anini^; lestrombesv
et se divisent sur ce dome ooloi
vivant, et bient6t la temp^teesti
cue. Le chameau estg^jieralemeitl
patient, attache; pourtant U ael
porta ppint Ies injures ni ies auM
traitements : si vous Ites injuitti
vers lui, ii se venge, quandToee
le lui permet, en vous |etaQt au i
du sable ou de Teau ; si vous avtfj
cruel , il vous lance uo coup der
d'autant plus terrible queoepied^
en frappant, pour ainsi dire. Eur
le chameau est sobre, brave, g>i
aiusi que r Arabe, son maitre;!
est vindicatif comme lui.
Pour completer nos renseig
sur le regne animal de la Syrie, H i
reste a mentionner Ies habitaotf^
plaines de Pair et ceuz des pt>i'*2
quldes. Dans Ies lacs d'Alep ^^^
mas se rencontrent un grand i
(*) Sorte de chariot , XxtM le plu fl
meat pv d« Ixaiiii.
SYia£ MODEHN£.
la
^pousoD8it*e^ptos varies; dans le
pifAotJoche u tn existe de rouges
noe quality contestable. Quant au
V fee de Tiberiade, c*est celui de la p^be
yiiraculeuse de rfivaogile. Sous les om-
joges des jeuses et des sycomores vol-
^enl des oiseaux au chant le plus doux,
R plumage le mieux peint; sur les pics
eigeux du Libau, Faigie place son aire
accessible, et Ton voit parfois le vau-
ur cruel poursuivrt* a tire-d'aile des
rfombes aussi blanches aue ceile qui
oou^a a Noe le retour ae la s^renit^
>te.
I^VaiSfdirez-vous, dans cet ensemble
moDieux n*existe-t-ii pas quelques
ODaoces?ce tableau admirable n'a-
I pas quelaues de£auts ? Nous som-
^ oblige davouer que deux fleaux.
lliereineotind6pendaiits de la volonte
jrbomnie, impossibles a pr^voir et
fiique a eviter, menacent sans cesse
^yrie. Ges deux fleaux sout les Irem-
Meinffiis de terre et les nuees de saute-
lellfs. fl nVst pas de siecle dont This-
Mre ae rapporte plusieurs tremble*
Ideots de terre generaux ou partiels;
[Aelques-uns ont fait d*epouvantables
pw^iges^bouleversant les viiles, englou-
nuant les moissons, entre-choquant
Kcollines pour les pulveriser Tune par
litre, emportant les ceps de vigne
line uoe poussiere, arrachant les ar-
i comme de menues herbes. De pa-
K Res catastrophes sont rares, et les
mhlempnts de terre habituels sont
ttot de fortes secousses que des ca-
lysmes destrucleurs,
Quaot aux nuees de sauterelles, 11 faut
«i avoir ru pour se Ggurerleurs ravages.
|Dia£ioez-vous une tache soudaine sur
h ciel le plus pur : cette tache vous
|^nne,aucun nuage sans templte n'ap-
E'aissaat jamais en Syrie durant les
is mois d'ete. Cette tache grandit; un
^ litetrange, froissement aigu, diquetis
(riard, Taccompagne : ce nVst eucore
fM singulier et inquietant. 5Jais bien-
|otl*borizon tout cntiers'obscurcit, un
^e plus compacte, plus sombre que
toutesles va))eursconclens^es, vous jette
Ims les t^ebres, dont un fracas perp^-
Mi plus terrible que les eclats du ton*
■Krre, parce qu'il est plus continu , aug-
i&eote encore Phorreur. Le nuage s'a-
^sse progressiveoient, et Unit par cou*
vrir les j^iaines et lea coliines d'une
couche gnsAtre quigrouilleet bruit tout
a la foU. Les animaui fuient ^pouvaa«
t^ , les ari>re8 craquent « la terre g^mit.
L'on entend un bourdonnement si ge-
nial que le sol tout entier sembW avoir
une voix ou plutot des milliards de voii,
assez semblables aux sobs precipit^s
d'uue immense ebullition.
Heureusement le bleu du oiel a re*
paru, et Ton voit arriver de toutes
parts, avecla plusmerveiUeasec^ierite,
des troupes de cigognes et d^innom-
brables baudes de samarmars, oiseaux
plus petits que la cigogne, et qui se
rapproohent assez de notre loriot. Le
sent remede contre le mal qui vous est
tombe du ciel, vous est aussi envoys
par lui. Le combat commenee ou plus
tdt le carnage : la cigogne au long bee
to'asea la.foi8et broie une douzaine
de sauterelles; le sainarmart plus pres-
to, arrive presque dans le mi^me temps
k la m^me destruction. Ces animaux ,
une fois repus, n'en continuent pas
moins leur oeuvre; mais i Is ont beau
faire, la couche des sauterelles est telle-
ment epaisse qu'ils peuvent a peine
Tentamer et Teclaircir. Cependant le
nuage, qui s'etait abaisa^, se releve,
Tobscurite recommence ainsi que le
bruit strident et continu ; puis, quaod
Fhorizon est a la fin debarrasse deces
nuees vivantes, c^uand le jour a reparu,
rien n'est plus desolant que Taspect du
canton ravage : la terre, eotierement
anudee , ne pr^sente plus a Toeil le plus
clairvoyant le moinare brin d'herbe;
les arbres se montreiit eompletement
d^pouilles de feuilles et mSme dVcorce;
le grain des epis a ete devord aiissi bieii
que la paille , le fruit aussi bieo f^e la
fleur : c*est le spectacle de Thiver, qui
succ^e lamentablemeQt au printemps,
c*est une metamorphose aussi rapide
que desastreuse.
Les Syriens ont en vain cherche dif*
ferents nmyens de detourner le cours de
ce fleau : quand une nuee de sauterelles
apparatt dans le ciel , ils allumeot de
grands feux de paille mouill^e , ils cher-
chent h creuser de norabreux fosses ;
mais les torrents de fum^ ne prevalent
que rarement contre ces pluies d'insec-
tes , et les milliers d'cntre ces saute-
relles qui s^engioutissent dans les foss^
I«
L»UNIVERS.
ne sont rien , tant les masses se succe-
dent. Quant a Teau bouillante, em-
ploy^ dans les villafies, elle ne sert tout
au plus qu'a garantir le seuQ des mai-
sons. Si ce fl&u ^tait plus r^p6t^, rien
n*y pourrait tenir , et la famine suivrait
les plus belles proniesses de recolle.
Voiney constate une double remarque
dii pays ; c'est que les pluies de saute-
relles n'ont lieu qu*a la suite des hive rs
trop doux , et que leurs nuees vienneiit
toujours d*Arabie. « A Taide de cette
« double remarque, ajoute-t-il, i'on
« explique tres-bien comment le firoid
« ayant m^nag6 les oeufs de ces insec-
• tes , ils se multiplient si subitement,
« et comment les herbes venant k s'6-
« puiser dans les immenses plaines du
« desert, il en sort tout a coup des 1^-
« gions nombreuses. > 11 n'est presque
aucune partie de la Syrie qui ne soit
expos6e a cette calamite; beureux est le
{»ays , lorsque le vent du sud-est pousse
es nuages de sauterelles jusque dans la
Mediterran6e , ou elles se noient. Mais
la encore leur apparition est funeste ;
car leurs inDombrables cadavres , rap-
port^s par la lame, empestent au lorn
les rivages.
Tels sont les deux fl^aux qui viennent
de temps a autre prouver douloureuse-
ment aux Syriens que leur contr^ n*est
plus le paradis terrestre. Qu^nt a la
peste, nous croyons qu'on Ta pourrait
eviter par une bonne administration ,
par une grande prudence , par une pro-
prete quotidienne et obligatoire. Qu'on
ne laissc plus , au milieu des rues dans
les villes , et sur les routes dans les cam*
pagnes , les cadavres d'animaux se pu-
trefier, les ordures de toutes especes
8*amoneeler, lesd^tritus de plantes pour-
rir au soleil; qu*on impose certaine
quarantaine aux voyageurs que les cara-
vanes abandonnent sur leur chemin;
et la peste disparattra a son tour, comma
a d^ja disparu la lepre, cette atroce ma-
ladie du moyen dge.
En r^um^, la Syrie, longue langue
de terre entre la mer et le d^ert , toute
bossu^e de montagnes du nord au midi,
comprend trois r^ions diverses de sol
et de temp6rature , et ou sont r^unis ,
en moins de six mille lieues carrees, les
produits des zones les plus ^loign^s les
unes des autres. La c6te forme une con-
tra ^tendue , baste , ctroite , dont lA-
mospbere est toujours chaade tiooo
toujours saine, dont les terrains huim-
des sont propices a toute esp^e de coi-
tnre, ou la vegetation attaint en certain
endroits une vigueur tropicale. La moih
tagne rassemble dans son sein tous leg
avantages des pays temp6res : lalabriti
de Tair, abondance de fruits, arhrti
nombreux sur ses mamelons, herta^
^paisses dans ses vallto. La plaine,siir
le revers oriental de F Anti-Doan , ausd
bien aue d*Alep a Damas, jouit d'uae:
f^condite qui lui permet de mdm^
sans repos, sans jamais tomberdui'
cet engourdissement plus ou moins pn*'
long^ des r^ions mitovennes; lesi^^
coltes peuvent s'y suoc^er presque sans
intervalles; apr& le grain Tieaneotia
legumes, apres les legumes de QOUTesox
grains , et tous ces produits sontd'oai
qualitequ'il ne d^pendrait que du in-
Tail de rendre sup^rieure. LaSyrie,eoiii
mot, c*esta la fois la Provence, Ttcom
et la Sicile, a dix lieues de distaner.£t
maintenant que de pareils cbamfvns-
tent en f riche , que des terrcs si foon-
des ne rapportentqued^inutilesroseam,
que des plantations de bois bien dbtri-
buees ne viennent pas assaioir I'air et
former des pluies bienfaisantes, que les
eaux dirig^s avec pr^voyanee oe doo^
blent point encore une fertility d^at
grande, estce la faute de Dieu ooli
laute de Thomme? Aussi, k cbaquep0
qu'on y fait , la Syrie pr^entet-elleei
regard la magnincence de la nature ^
la mis^re humaine. j
DIVISIONS ACTUBIXES DB LA STIIL
PachaUk d'JUp,
Depuis la conqu^te des Ottonaof
( 1507), la Syrie a conserve lesdiviaoBi
que lui avait impos^es son dernier ?aiih
queur, Sdlim V\ Separ6e en quatre pi-
cbaliks , tout son territoire sc trourt
compris dans ces limites politiques, ie
(>ays de Jerusalem excepte. Ces pacha-
iks sont divers d'^tenoue et d^impor:
tance : ceux de Tripoli et d'Acre , q«
bordent la mer, nW gucre cbacus
qu*une quarantaine de lieues delongjff
une douzainede large, tandis que cdoi
d*Alep compte au moins cent qual^^
vingts lieues de tour, el cclui de Ds^wi
-■^-.3^
.-i >J^"
SYRIE MODEI^NE.
17
oAt lieties de long et, en quelques en-
droits, ceot lieues de large ; il est vrai
roe dernier contient, k parti r du sud
fancienne Palmyre, le Barrai-AI-
Cbam, le d^rt de la Gaacbe. Commen*
fODs notre excinrsion au nord , et en-
troDsen Sjriepar la route de Constan-
tinople , par les goi^es du Taurus.
JjC pacnalik d*Alepa pour bornes, a
jfouest, le ^olfed*Alexandrette, puis la
I'V^iterranee jusqu*a six lieues au-des*
iioas de Souaidien (S^leucie); a Test,
^fEophrate depuis Bir jusqu'a Kelat-*
^])jabar; au nord, if fait UDe pointe vers
He Taurus, coroprend Aintab, pousse jus*
•fB'aux environs de Bazardjik , et redes-
.aoid jusqu'a Merkes ; au sud , il entre
ijtes le desert jusqu*aux monts Usche-
^too, remonte jusqu*a Marrah, passe
'fOronte a Djesr-Chughr, et de la va en
iroite ligne a la wer.
Cette vaste province, dont les d^-
manatioos vers lemidi surtout sont pu-
rameDt de convention, et ont vari^ plu*
mirsfojs, fut jadis toute remplie de ci-
tdvetdetiilages, fut neuplee de plusieurs
niilioos d'habitants. La seule viIied*An-
tioche, Tanelenne capitale de toute la
%f ie du temps des Grecs, contenait en-
lore, un siecle avant la domination des
Tares, pres de trois cent mille habi-
lasts; etSeleucie, Tun des havres les
|dus considerables de S^leucus-Nicanor,
irojrait autrefois mille vaisseaux dans
iOQ port et cent mille marins et com-
merqants dans son enceinte. Antioche
(Antakich) estaujourd'huiunbourgqui
n'a pas qtfinze cents habitants ; Seleu*
cie (Sooeidieh).n'est qu'une plage ou
iioe dizaine de bateaux p^cheurs tout
iD plus fiennent s'abriter. La vall6e de
fOronte, qui, h T^poque des S^leucides,
Mrrissait cinq cents Elephants , dix
Wile cbevaux et des troupeaux innom-
liables, dont les villages seregardaient,
inn mille de distance, sur une 6tendue
is vitigt lieues, nVst plus, a Theure
W£\\ est, que tacbet^e a de lointaiiis
fttervalles par les tentes noires des Be-
uios et les tentes blanches des Tur-
. Encore ces reunions d'hommes
u-elles essentieltement provisoires,
[ftr dans les camps de ces tribus noma-
|ia, lesquels forment invariablement le
slDod, les moutons restent parques, les
Ichevaux selles , les chameaux charges,
2* IdvraUon. (Syrie hodebnb.)
et les chiens, seules sentinelles,semblent
toujours pr<§t8 h donner Talarme par
leurs glapissements, ou par leurs aboie-
ments le signal du depart.
Quelle desolation s^tend ou r^gnait la
prosperite ! Et pourtant le sol presque
entier de ceitte province est d'une fecon-
dit6 proverbiale : gras et argileux , 1^
ou la main de rhomme ne Va pas seme,
il produit une herbe ^paisse et vivace,
qui snrgit de toutes parts aux premie-
res pluies de Tautomne; la ou la charrue
a trace les moindres sillons, les bles
sont aussi drus que dans notre Beauce,
et les cotonniers presque partout mon-
trent une fertility extraordinaire. Mai*
gre cette abondance de fruits dune
terre a peine travaill^e , les deux gran-
des plaines d'Alep etd' Antioche restent
aux trois quarts en fricbe. Lesnombreux
canaux d'irrigation etde transport sont
combles ou dess^ch^; les voies qui tra-
versaient la campaene en tons sens ne
laissent plus c^ et 1^ que des vestiges;
les ponts ne mon trent plus que quelques
arches croulantes ; ce ne sont partout
que ruines de chateaux gothiques , de
cirques romains,de basil iquesgreeq ties,
de colonnes de temples et de clochers
d'6gllses.
Une seule ville est rest^e debout de
toutes ces magnificences, la B^rhoe des.
Grecs, I'Halab des Arabes, Tenlrepot
de TEurope etdes Indes, i'une des Stapes
desgrandescaravanes.Merveilleusement
placee entre Erzeroum et Bagdad , en-
tre Alexandrie et Tr^bisonde, Alep voit
8*arr^ter dans ses murs les ricnesses
de toute FAsie, depuis les noix de galle du
Kurdistan jusqu'aux cachemires des In-
des, depuis les polls de chevre de TA-
natolie jusau'aux aciers de Damas , de-
puis les cates de Moka jusqu'aux tapis
de Brousse. Situ^e dans une plaine on-
duleuse, aux coteaux fertiles et aux ver-
gers converts de pistachiers, Alep pos-
sede dans son sein une petite riviere d>au
douce qui ne tarit jamais, avantage inap-
preciable en Orient. Ses domes elegants,
ses minarets eleves, les hauts c^'pr^s
de ses cimetieres tranchent de lorn de
la fa^on la plus pittoresque sur la terre
rougedtre de la plaine, et sur la verdure
aux mille teintesdesooUines. Gontraire-
ment 5 ce qui arrive d*ordinaire en Tur-
quie, on n'eprouve aucun d^sencban-
2
18
fUNIVERS.
tement en p^^trant dans Alep : la ville
est bien batie, ses rues soot propres et
assez laraes, ses places sont vastes et
plant^es d'orbres ; deux cents fontaines
y r^pandent des eaux eiaires et mormu-
rantes ; et le chateau en mine, qui, du
baut d'une montagne, au centre d'un
faubourg , domine les pignons des mat-
sons et les fleches de cent mosquees,
produit Teffet le plus original et le plus
earact^ristique : veritable clt6 orientale,
toute pleine d*arbres verts et de blancs
minarets, encombr^ de ddmes et de
kiosques, arec des cigognas sur ses terras-
ses, des pigeons dans ses carrefours, des
hirondelles partout, avec de tongues
caravanes de diameaux sur ses routes,
de nombreuses cavalcades sur ses pro-
menades, et ses 100,000 habitants au
costume bariol^ , ies uns brod^s d*or ,
les autres ^clatants de couleurs.
D*Alep a la mer on rencontre d*a bond
des champs incultes jusqu*^ Andjara ,
petit village sans importance et sans
caract^re. Puisapr^ cesquelques huttes
informes de pauvres laboureurs maho-
m^tans, le paysdevient montueux, les
oollines se rapprochent et s^unissent;
plus loin elles s^eartent et courent au
sud-est pour laisser passage a de vertes
prairies que parcourent dans tous les
sens les Turkomans avec leurs troupeaux
de muutons , de ch^vres et de chamelles.
Au dela de oes prairies dans lesquelles
rOroiite , formant deux bras , entretient
une frafcheur perpetuelle, commence
une plaine, maintenant en friche, qui
aboutitau midi ^des montagnes, oilkles
mOriers en quinconces, les figuiers en
Stages , les vignes en espaliers, ^ayent
le paysage en offrant de toutes parts
le doux spectacle de la prosperite. La
route sur laquelle nous marchons est une
voie romaine que le temps et les inusul-
maiis, bien plus destructeurs encore, ont
^pargnee. Cette route se termine par une
accumulation de chaumes miserables,
avec des fumiers devai itchaque porte, des
trou^s caverneuses au lieu de rues , des
mares infectes au lieu de places ^ un pont
ruin^ a Tune des extr^mites , une forte*
resse aux pierres mena9antes a Tautre :
c*est Antaki^h.
Maintenant regardez au-dessus de vo-
tre tdte ces hautes murailles qui mon-
tent avec tant de hardiesse sur lacolline;
B quittonsee spectacle amipl
lence , c est pour en retnnC
I plus aflligeant encore a qn^i
es de la , sur iesbordsdetaflffi
suivez-lessur ee plateau jusqu^aeesdov
tours colossales que ne hantent deM^i
mais que le fsuve vautour et le aoiri^
bou ; redesoendezdans un valioo
monter deux fois encore deux
elev^s ; remarcfues ees quatre gran
ouvertures, qui fureotdes portesoM
men tales, ees innombrablet essiies
form^reot trois cent sotxante tourd
decombat; admirez cesnombre uxfdM
eolonnes qui entouraietit jadis unpd
imperial , oes marbresdissdmioesqaii
naient une ^glise patriarcale ; etffl
Tous aures fait trois lieues en suiraH
earr^ long des murailles, vous ,
vous imaginer ce que c'^tait que n
eienne Antioche et oe ju'elle estderoi
Notre recit dira par quelle suite (ie
mit6s, desi6ges, de sacs et d'ineni
Torgueilleuse capitate de SeleucmJ
canor s'est transform^ en une
bourgade turque.
Si nous quittonsee spectacle
de decadence
un autre
ques lieues ,
Cette douzaine de caf As (bateau )i"
cfaes sur le sable aupreb de ees m
^croul^ et en dec^ ae ces deux jete^
dont il reste k peine quelques traoai
remplacent lesmillegaleresqultenaieri
raise, dans un port creus^ a Mi
d*hommes, et artistejnent protege «tf
tre la fureurdes flots par une doubted
ceinte de pierres. Gee quelques masmi
accoud^es a de larges pansde murs4)f|
des debris de pilastres, c'est la eetteit'
leucie naguere si opulente , si miMA'
ble aujourd'hui. . j
En remontant vers le nord l« rifli
tortueux qui forme le Raz-el-KanBr(l
cap du SangMer ), on trouve le baaMil
de Rhosos, ainsi appel^ sansdoute|«i
3u*il fut bdti au pied des moDUgil
u Rhosus, qui longentlegolfedeSkM
derounjusqu aux environs dePayo8(iil
eienne Issus). Puis s'apereoit a ga
le village deBailan, qui, lui, aempi
son nom aux autres montagnes qui «■
retrouver leTaurus. Entre ces deux «■
nes de monts escarp^ s'ttend one ilj
l^e fort accident^ que les Kurdes WJ
tent seuls , et dont its parteot P^^"*]
attaquer les daravanes qui se d\rm\
d*Alep a Marash. Plus on p6nclre o»*
SYRIE MODERNE.
1!)
one natiirerude , aux inontagoes pelees ,
aux campagoes incultes , aux cotes oO
rougit la temple. EnOo, on parvient k
la rade de Skanderoun ( Alexandrette ),
assez bien garantie contre la vague du
large, dontl« fond de sable est appr6ci6
par l6s marins, mais qui est dangereuse
en hiver a cause des trombes qui tom-
bentdu pic neigeux des noonlagnes, et
en et^ a cause des miasmes fievreux qui
s'echappent des marais du voisinage.
Malgre son asse^ bonne situation, la
petite ville d'Alexandrette n*a done ja-
mais pu fleurir, et quoiqu'elle semble le
port le plus conimo'le pour Alep, le
cominerce pr^fere habituellement entre-
prendre un plus co<lteux voyage, fairs
mn long detour , et porter ses marchan-
dises, destinies a la vole maritime, a
Latakieh, ou a Tripoli. Aussi Skande-
roun, blitie sur une plaine d'aliuvions,
eotour^e d*eaux croupissantes, v^ete-
t-eiie de plus en plus, et voit-elle tons les
jours diminuer sa population au visage
bdve, a«i teint jaune, aux veux ternes,
et a Talidomen gonll^. Si les habitants
d*Alexandretteressemblent a des ombres
languissantes ^ ceux de BaTlan , au con-
traire, ont Tasfyect de la sante ia plus
brillaote. Leur village, du reste, est plac^
coinme par enchantement h mi-c6ic
d'un manielon pittoresque, tout en-
toure de precipices ombreux et de ro-
chers couverts de fougeres, d*ou tom-
bent plusieurs cascades, dont le bruit
plait tant aux Onentaux. La salubrity
et la fralcheur de Tair foot de cejoli
endroit une retraite charmante a par-
tir de mars. Malheureusement il devient
iaquietant d*y sejourner en Janvier Pt
fevrier, tant les eaux se pr^cipitent avec
fiireur de tons les sommets, k travers
toutes les pentes, emportant quelquefois
lesmaisons a vec leu rs vergers, et les rou-
Unt p^le-m^le dans d'insondables abf-
QU'S. Les habitants de ce village , vivant
du produit que leur donnent le lait de
leors chevres et les legumes de leurspota-
gers, sont en general , et coinme presque
tous les agrirulteurs turcs, simples et
bons, et font un contrasle frappanl avec
lecaractcre farouche et les moeurs depre-
datrices des Kurdes , qui les entourent.
Au nord-est de Skanderoun le pays,
de plus en plus sauvage , n'est travers^
qu'a ia hdte, et sous bonne garde, par
les caravanes qui n*y sejoument jamais.
Les pdturages qu'on y trouvc sont
entierement abandonn^s aux Turko-
mans; et lesrochers servent de repai-
res aux Kurdes, ces incorrigibles voleurs
de grands chemins. II faut remonter
jusqu'a ATntab pour retrouver quelques
Turcs, quelques chr^tiens armeniens,
un aga, un bazar, et des karavan-s^rals,
c*est-a-dire un protecteur tel quel, un
march^ et des auberges.
Pour touriier autour du padialik que*
nous d^crivons, il est n^cessaire main-
tenantdegagnerPEuphrate, et dedes-
cendre jusqu*a K^lat-Djabar, a Test
d'Alep. Ce vaste pays, coui>6 encore par
une ligne de montagnes, presente k peu
pres le m^me aspect que la j^laine d'An-
tioche, quant a rabandon ou on le la'sse
sur presque tous les points. Cependant
les tribus nomades qui y amenent leurs
troupeaux, quoinue venant pour la plu-
part de Van et d'Ormiah, c*eht-a-dire
appartenant a la race des Kurdes, sont
moins voleurs et moins intraitabies que
leurs fr^resdes montagnes de BaTlan.
Di vises en families puissantes. tellos que
eel les des Moucabeylis, des Kiziks et
des Bezikis, ces Kurdes maintiennent
entre eux une certjine police, et payent
assez r^gulierement a la Sublime Porte
des droits de douane et de pacage, en te-
nant vendre leurs brebis ou leurs cha-
meaux Jusque dans Tinterieur des vi:les
de Syne. A deux journ<^es au sud-est
d*Aint<ib, sur la rive occidenialede TEu-
phrate, se rencontre un village, appel^
Yaraboulos, fameux, dit-on, parce qu'il
est bdti sur Templacement de Tantique
Hierapolis. Pourtant, malgr^ cette re-
nommee, que semble justifier d*ailleurs
la resseniblancedu nom moderne avec le
nom ancien, aucun vestige certain,
aucun reste remarquable n*ont 6te cons-
tates par les voyageurs. Volney m6me
pretend que c'est a iVIambedj, a six lieues
au sud de Yaraboulos, qu'il faut cher-
cher les ruines de Hierapolis. II ne se
voit cependant dans cettederni^re bpur-
gade rien autre chose qu'un de ces ca-
naux souterrains tels qu'il en abonde,
du reste, dans toute Tetendue du pacha-
lik d*Alep , et qui prouveut que les M^-
des et les Perses, avant les Grecs et les
Romains, avaient reconnu la n^cessit^
de faire courir les eaux tout k travers
2.
20
LTNIVER^;.
un sol natureliement fertile et doDt on
multipliait ainsi la valeur.
It ne serait pas juste, par Pexemple de
cet abandon partiel d'un ouvrage si utile,
d'accuser legouvernement de la Sublime
Forte d'une insouciance et d*une impr6-
voyance coupables relati vement a Tentre-
tien descanaux : on connatt, d^une part,
les prescriptions du Koran qui ont trait
h Temploi frequent de Teau pour les ab-
lutions religieuses, et qui par consequent
•excitent a en 6tendre et a en coirterver
le bienfait ; et, d'autre part, Tetude des
moeurs ottomanes nous a appris quels
soins on prenait a Constantinople, a An-
drinopleet iiBrousse, en Thrace comme
en Bithynie, des cours d'eau de toutes
sortes, sources, citernes, chutes, ^tangs
et rivieres, et comment certaines corpo-
rations sont devenues tres-habiies dans
Fart de la canalisation. Mais la Syrie
est trop loin du centre gouvememental,
]e systeme de fermage des pachas ne
pent y £tre assez effieacement inspects ;
eile est pauvre, d'ailleurs, et ne pourrait
point subvenir elle-m^me aux depenses
considerables que n^cessite la repara-
tion de ses canaux. Le pachalik d Alep
en particulier est en pleme dtodence :
les tribus nomades le peuplent k peine;
quelques Turcs et quelques Chretiens
en sont les seuls cultivateurs, et de jour
en jour les populations agricoles tendent
a abandonner un pays ou la propriety
manque de s^aranties et la recolte de
silrete. Voila la raison de la deplorable ab-
senced'eau, durant les chaleursde juillet
etd'aodt, dansune contr^e toute sillon-
n^e pourtant de mines de citernes et de
conduits souterrains , dans une contr^e
oil naguere TOronte etait joint k TEu-
phrate, ou plusieurs petites rivieres, in-
g^nieusement dingoes, fournissaient des
tributs a un grand nombre de canaux de
communication e t h des milliers de re-
servoirs d'irrigalion.
Plus que toute autre partie de la Sy-
rie peutetre , le pachalik dWlep pre-
sente done le spectacle continue! de la
magnificence de la nature et de la mi-
sere humaine; et si nous voulons le
parcourir jusqu'au bout, nous ne trou-
yerons k chaque pas que des preuves
nouvelles et repetees de ce que nous
avons etabli comme conclusion de notre
description geologique. De Mambedj
aux limites'meridionates do paysd'Alep,
ce ne sont dejii plus que des |MiS
immenses, fai^ns de steppes, T(
tes il est vrai , mais deja assez
bles au desert , et qui ne sont i
tees que par une suite de room
portant k ieur sommet des di
ecrouiees. Les villages y sontde
plus eioignes; les camps des tri
8*y pressent qu*aux approcbesdeli
pitale de la province. La , les nprk
tants de tons les peuples nomidetj
FAsie semblent s'etre donne nr
Yous : outre des Turkomans etdes
des , se rencontrent des Bedooioi;]
parmi ces peuplades que de nua
narmi ces tribus que de families!
les Richanlis du Diarbekir, doat
grand nombre se disperse depois ^
rdh sur le Tigre, jusqu'a As
sur rOronte , cent vingt lleues de
cours; voici les Barakhs, orlgir
du Kurdistan , qui s'en voot n
dant sans cesse , sur plus de dix
lieues carrees ; voici des Arabes 1
teOk, qui remontent le lonffdefS*
phrate depuis Bassora iusou i tm
trente journees de soleii , de pou^
et de solitude ; voici les Arabes Br*^
qui amenent des frontieres de TAi
leurs chevaux si precieux de la 01
Kchel.
La plupart de ces emigrants n^
d'autres occupations que de paitre k
troupeaux , et de les presenter am Ij
zars d*Alep. Mais, s'ils enrichissoitl
marche de cette ville, s'ils yoflM
bas prix de superbes moutons, i
chameaux de mille esp^ces, def*i
grand chameau noir de TAsie Minjj
jusqu^au maigre dromadaire blancdel
Nubie , et surtout des chevaux adaj
bles, supportant les fatigues et les 0
tions de toutes sortes, ardents etM
les, rapides et patients k la fois;(ai
vanche ils devastent les contrees p«J'
ils passent , s'approprient les nwis«
quand ils en trouvent, ioquietait
populations sedentaires , et repr«*
parfois aux cara vanes , dans les gojf
des montagnes , ce qu'ils Ieur oot
du sur les places de la ville. ^ ^^
Pour en finir avec le pays d'AlepjJ
n*avons plus qu'amentionnerlcssjni
de DjebonI, enfermees dans un ceroe^
collines elevees, et dont ie rapport vj
SYRIE MODERNE.
21
pour la Porte, dans cette province, le
jjroduit tout entier du Karatch (capita-
tioD). En somme, que contient ce pa-
dKilik^ le second pourl^tenduede toute
b Sjrrie, le dernier pour le nombre des
habitants? Des terras excellentes, mais
Si restent en friche faute de bras pour
cultiver; de luxuriantes prairies,
jinais que les campements desordonn^
iKles tribus nomades ravagent a tout ins-
tant; d^ champs au sol gras et fecond ,
pais qui ne produisent, dans leur aban-
P9U, que de hautes herbes inutiles;
Itaelques montagnes productives au sud
VAotioche, et quelques beaux vergers
Mtonr d'Alep. Si ce pachalik possede
ibie richecapitale, il ne renferme dans
flout son territoire aucane ville iuterme-
ftnn, aucun port frequent^; ce ne
^^OQtpartoutqueruines d antiques cites,
^ vestiges d'une civilisation eteinte ;
€est,eDuo mot,rimage la plus frappante
et la plus triste de la barbaric. Quant
an oofflbre des habitants indigenes , il
est prfsque impossible a determmer : par
cxfinpie, Alep compte parmi ses cent
milie^mes, plusde la moiti^ d*etran-
gers allant et venant sans cesse pour les
xffaires de teur negoce ; les campagnes
Be voient que des tribus de passage ,
et Yon peut a peine admettre que les
JxMirgs et bameaux du territoire entier
toientpeuples de plus decent cinquante
nillpmalheureux iaboureurs ou pauvres
pfrheurs : partant , fort peu d*agricul-
toe, point d'industrie, el pour la seute
Alcp un commerce de transit et les avan-
^^es d an entrep6t considerable.
Pachalik de tbipoli.
Le pachalik de Tripoli ( Taraboulousi-
^ni) nous doit interesser a plus
J^n titre : c'est h Tune de ses extremi-
^leo effet, qu^habitent les Maronites,
•ont la France a ^t6 si longtemps la
protectrice chateureuse et desinteres-
jfc; Cette colonic catholiquerappelle,
■ailleurs, par sa charite , par la simpli*
^ de ses moeurs, par sa naive indus-
^e et ses travaux en commun, la
pwni^ society chretienne , society de
freres anis et laborieux , ou Ton parta-
g^it les peines de la vie pour en sentir
noins le poids, ou Ton partagealt les
bicufaits do ctei pour en rendre de plus
generates actions de grdces au Sei*
gneur r sincere egalite devant Dieu,
veritable communion dont T^glise etait
le centre sublime. Ce qui ne manque
pas non plus d'un autre genre d'inte-
r^t, c'est cette nature admirable, qui
resume, dans un cadre assez etroit
pour ^tre perceptible aux facultes hu-
maines , toutes les majestes terrestres :
ces montagnes lumineuses et diverse-
meot colorees qui , d'etage en ^tage, d*e-
chetons en echelons , vous rapprochent
da^antage de rablmeeth^re,-font cir-
culer dans vos poumons un air de plus
en plus vif et salutaire , ^levent votre
dme, et servent a vous mieux pen^trer
de la bonte et de la grandeur de la
Providence. C'^tait un noble instinct
des populations antiques que d'aller s*a-
genouiller sur les hauts lieux ; c'est un
sentiment pareil qui a pouss^ ces reli-
gieux, simples et honnStes, a bdtir
teurs convents sur des sommets acces-
sibles quoique escarpes. De la, en effet,
ils dominent un monde quMls ont vo-
lontairement quitte, de la ils veillent
sur un plus ^rand nombre de leurs
freres; et la voix sonore de leurs saintes
maisons, r^petee par les echos des
monts, appelle autour d*eux les fldeles
h la priere.
Ce n'estpasque le pachalik de Tripoli
ne soit habite que par des Chretiens;
mais, avantde revenir a nos chers core-
ligionnaires, qui ne peuplent que la
partie meridionale du pavs, il nous
taut retourner vers le nord, a la fron-
tiere du pachalik d*Alep. Renferme
entre les montagnes et la mer, borne
au nord par une petite chalne transver-
sale des monts Doumandour qui va
se perdre dans la mer, le pachalik de
Tripoli se termine a la petite rividre
d'fel-Kelb (Fancien Sydnus). ^.troit
d'abord, et n'ayant parendroit qu'une
dizaine de lieues de large , il s'etend au
centre de son territoire jusqu'a avoir
plus de vingt lieues du port de Bcitrouu
au versant occidental des monts Akkar.
Ce pays, presque partout montueux,
ne presente que sur le rivage, de La-
takieh a Tripoli, une longue plaine
fertile, ou coulent plusieurs rivieres et
un grand nombre de ruisseaux et de
torrents.
Ce qui prouve ici T incontestable
It
L'UIWYERS-
sup^riorite de Pesprit Chretien mir
Tesprit musulman , cVst que les mon-
tagnes du Liban, malgre les difflcul-
tes du sol el malgre leurs arides ro-
chers , soot bien mteux cultiv6es que la
e6te plane et feconde qui s'allonge au
nord de Tripoli; mais aussi, dans le
Liban, Tiiidustrie est venue en aide a
la nature, et les terres que Ton a sou*
tenues par des murs et des terrasses,
sont toujours travaillees avec activite et
intelligence. Quoi qu'ii en soit de Tindo-
lence mahometane, le canton de Lata-
kieh n'en est pas nK)ins tres-productif
en orge , en froment, en colon , et sur-
tout en labac, dont la quaiite est d*un6
superiorite telle, qu*on le r^rve, ea
partie, pour rapprovisionnemenl du st-
rait de Constantinople. Du temps des
Grecs, on vantait en lous Heux les vins
de Laodicee ( Latakieh ) ; et auiourd'hui
encore, quand la recolte de Chypre n'a
pas ete assez considerable pour satis-
faire a toutes les deniandes, on s'adresse
aux coleaux vinicoles de Latakieh.
Laodicee ful, du reste, la troisieme
viliefohdee par SeleucusNicanor; il lui
donna le nom de sa mere, el la pla<^ h
la base d'une pointe qui s'avance assez
avantdans la iner, sortedejetee natu*
felle qui garanlissait le port des lem-
p^tes occidentales. Aussi, gr^ce a un
in6le solidement biti, une centaine
de galeres s'abritdient-eiles a Taise le
long des quais de la ville. Laodicee a
eu des maitres de toute espece , depuis
Tepoque ou les Grecs en avaient fail
line de leurs plus gfacieuses cites;
mais ces maitres divers, loin de I'em-
beilir et de raugmenter, ont laisse
toinber une a une ses elegantes colon-
nes eorinthiennes , eclatants fleurons
de sa couronne murale. Aujourd'hui
c'est bien pis encore; les sables de la
Mediterran^ enoombrentde plus en plus
ce port si artisteineut ereuse ; le nidle
en mine est devenu un ecueil, et k
peine quatre de nos iroU-mdts osent-
lis 8*aVentarer a la fois dans ce bassin
r^tr^ci.
A Test de Latakieh , sur le versant
de plusieurs hautes montagnes, habitent
les Ansariehs, peuplade d'idolAtres,
dont nous parlerons en detail a leur
premiere apparition dans Thistoire.
Conteatons-nous de dire ici qu'assez
d(
bons agriculteurs, ils eultiveot pasu-
blement leurs montagnes; g^nereux et
hospitallers chez eux comme tous leg
Orientaux , ils se montrent au debon
vindicatifs et pillards. Plus loin, ploi
enfoncds dans les gorges interieurei,
rodent les Ismaelites, farouche el crueiJt
engeance. I>e voisinage inquietant dfcti
fribus force le mousselim de Latakieh
a tenir constammenl sur pied une pe*
lite troupe de Barbaresques , presqae
aussi red ou tables pour les populations
tranquilles que les Ansariehs et la
Ismaelites eux-m^mes; c*e^t ainsi qua
Turquie le remede est quelquefois piit
que le mal. Une chose elrange a r*
marquer, du reste , c'est que les gm
de la basse police en Syrie ap|)artj(s<
n^nt presque tous a la race africaiae,
tandis qu'a Tunis, qu'au lUaroc, et
|u*autrefoisen Alger on venait recroUr
les soldats parmi les montagnards Itf
plus feroces du Liban ; tant 11 est vral
que , si nul n'est propliete en son pa}i,
Gonuiie le dil saint Maithieu Tevaoge-
lisle , nul non plus n'y peut ^tre impo-
nemenl lyran.
En sui\anl la cole, ou une houle pro*
nue continuelle vient jeter son ecune
eclatante et son bruit harmouie(u,(A
arrive au petit havre de Djebileli. Qud*
ques minarets blancs, au sommetdet-
quels tranche la cigogne plus bbocbe
enrore, annoncent de loin une cite;
quelques m^ts eleves de voliks, petits
bdtiments a antennes, et a poupe liault
et f>late , indiquent une plage bospita-
li^re. Puis en rade, couch6es sur li
lame , apparaissent les deux voiles lafi-
nes ou piutot les deux ailes dr* ces ba-
teaux pecheurs si pittoresques , et q«
les Orientaux , toujours peiatres dans
leur langue ricbe et sonore, appelleol
kulanguiichs (hirondelles). Penetra
mainteuant dans la ville, au deia dc
eette fontaine Elegante, et qui porte
en lettres d'or sur sa facade gradeo-
semen t sculpt^e la phrase facramei-
telle qui commence le Koran : Bum
iUahU-rahman (U-rahim, au now d«
Dieu, le clement, le misericordieux
( par excellence) ; suivez cette rue loo-
gue et elroite qui mcne au port; reganw
ces hommes gravement aiwircs* Q*** ?
saluent en posanc leur main droite aK
ternativement sur leur froutet sur toff
SfRLE AN CIEKNE
^rrui^v JtDvt
y^7yt:*fn/'rf/ft*i'- tt ' ^J^.t/'>/f-ff'^ i^ToTWSf.)
SYRIE MODERNE.
13
emst ; MS hamaU ( portefaii ) , charges
d*uoe loarde balle de eoton , qui a van-
cent d'un pas compte et majestueux ;
oes jardiniers, les jantbes croisees et le
HUfWck (pipe) aux kevres, a eote de
kur pile de concombres et de pasteque s;
068 (actioonaires , aux jambes nues , au
jwptaloD blane, a ia veste rouge, a la
eeinture garnie de pistolets et de kand'
jart ( poignards ) , qui montent la
prde accroupis, la pipe d'une niain^
leur loDgue carabine aans Tautre; r^
marauez surtout ce sobre echange de
E rotes, ees rapports en signes iorsque
i mots sont inutiles ; et a eette trao*
<piilliteiualterable , a ce silence presque
reiiuieux , a cette absence de femroes et
d'enfants, c'est-a-dire d'oeil curieux el
de ym criarde , vous reconnaltrez une
viile cntierement turque.
Au dela dfs deux grosses bourgadeS
de Beinias et de Markab, apres avoir
tramse pliisieurs rivieres torreotueu-
ses, ft apres avoir lon^^ du nord au
sod uo littoral dejh pleind'eacarpe ments
et de roches colossales, on i>arvient
eolin a Tortose ( Tancieone Orehosias).
Cette petite vilk offre tout d'abord le
eonstraste le plus saillant avec la mo-
derne Djebileh. Si la premiere est une
dte.toute turque, la seconde est une
cite toute grecque. A voir ces mouve-
ments si vifs et si rep^t^ , a entendre ce
bourdonnement eontinu , k suivre le
pas press^ de ces hommes a Tample
fottstaoelle, au justaucorps serr^ ijui
coiitieat plus kidbitueliement a la cein-
ture un encrier en corne qu'une arme
CO aeier, a ^uter ces explications in-
fioies, ces exclamations perpetuetlea,
ces disputes souvent, a suivre de Toeil
dans les nombreux cordages de leurs
narirfg ou sur leurs calks ^troits ces
mariiis audacieux et rapides, qui ne
reconnahrait les Hellenes , ces Proven-
cauxderOrient? Lesmille habitants, qui
sejoumeiit sur les quais eirculaires et
dans les rues montueuses de Tortose,
sont presque tous Grecs, scbisniatiques
ou latins; quelques Arro^niens y servent
de sara/Sf banquiers et gardes- notes k
la fois, et le gouveroement de la Porte
y est represeote par un simple naib ,
magistrat du einquiemeordre.
Ke quittoos |)as le rivage de Tortose
sans regarder ea raer ce vaste roc qui
fut la republique phenicienne d*Aradus,
et qui 71 est plus qu'un immense ^cueil.
Jamais disparution de cite n'a 6t6 plus
generate , jamais effacement humain n*a
^te plus coinplet : aucun vestige d*ha-
brtation, aucune pierre taillee, aucune
assise enfouie ne sont rest^ sur cette
tie rase, nue et deserte. Et pourtant
ce rocher d'une lieue de tour etait na-
guere tout couvert de maisons plus
hautes, selon Strabon, que les plus
hautes de Rome mtoe; les echancrurei
de la roche formaient des havres oili
venaient s*f ntasser les ^aleres de T}t
et de Sidon , et Tindustne des Aradiens
avait deeouvert entre Tfle et le conti-
nent, au fond des flots amers, une source
d'eau douce, doiit on s'abreuvait en
temps de guerre ao moyen de tuyattt
en bronze et d*une cloclie en plomb.
Les Aradiens, habiles constructeurv
maritimes, fournissaient des vaisseaux
aux riches marchands de la c6te pheni-
cienne, et ils prospererent cinq ou six
siecles a oet endroit ou les goeiands el
les mouettes viennent seuls auiourd'hui
cbercher un abri daus la tempete.
De llle de Rouad on apercoit dej^ les
largespans, les piedestaux gigantesques,
les ddmes et les fleches de cette colos-
sale architecture terrestre qu*on appelle
le Liban. Cependant en redrsrendant
sur le rivage il faut encore faire plus
de quinze lieues pour y atteindre. La
cdte s'arrondit jusqu'au cap Hesn ; des
^colliiiesde toutes con leurs la bordent,
les unes de gres blanc, les autres de
sable rouge , celies-ci couvertes d'oli-
viers au feuillage grisltre, eelles*l^ de
noirs sapins. Des rividres de plus en pins
nombreuses roulent entre deux murail-
les de rochers , ou s*etpndent sur iks
champs caillouteux; quelques villages sur
des mamelons , quelques huttet au pied
des vagues, apparaissent de place en
place jusqu'a ee qu'apres avoir touriie
une langue de terre, qui saille assez pro-
foodement dans la mer, vous apercevies
tout a coup une plaine gui verdoie , et
derriere une muraille qui flamboie, une
grandecit^qui poudroie. Ces expressions
nai ves d'un de nos contes les plus naifs
expriment parfaitement Teffet prismati*
que que produitTripoli, assise au pied de
sa roontagiie,aunedemi-lieuedela Me-
diterraD(6e,avec sa prairie ^tincelante et
24
L'UNIVERS.
toute moiree de courants d'eau devant
eile , sa couronne de pin^-parasols , et
ses murs blanchis a la chaux ou les
rayons du soleil viennent sans cesse se
briser en petillant.
Taraboulousi-Cbam , autrefois Tri-
poli, c'est-a-dire les trots viUes formees
par les colonies de Sidon, de Tyr et
a*Aradus , est une veritable ^chelle du
Levant. Cettecit^, eneffet, contient ua
echantillon de tous les peuples , des in-
dividus de toutes les races , des secta-
teurs de toutes les croyaoces, des sujets
de tous les gouvemenients. Cbaque
nation y a, pour ainsi dire, son quar-
tier ou au moins sa rue; et cette partie
de la ville qui s'est port^ jusqu'a la
naissance de la vague , a Textr^me em-
bouchure de la riviere Kadicha^ dont
les maisons, bdties sur pilotis, ont des
degr6s qui desoendent jusque dans la
mer, dont le rez-de-cbaussee est a un
pied de I'eau , et dont la cave est une
chaloupe ; voila ce qu'on nomme avec
une certaine raison une ^helle du Le-
vant. Les ProvenQaux appellentcequar-
tierla Marine^ sans doute pour le dis-
tinguer d'un port ; car il n*y a sur cette
cote qu*une rade a fond de rocbes, et
expos6e aux violences du vent de nord-
ouest qui s'6chappe avec furie des gol-
fes de Tarsous et d*Alexandrette. A Pe-
poque des Crois^s, cette rade, toute
dangereuse qu*elle soit, ^tait fortement
d^fendue : sept tours encore debout,
et un grand nombre d'autres 6croui^es
maintenant ou disparues, formaient un
redoutable ouvrage avanc^, et indi-
3uaieat une cit6 importante et riche
ont on avait fait d^ailleurs la capitale
d un comt^ franc.
Rien de plus oriijinal que Taspect
d'une de ces villes mixtes , moiti^ asia-
tiques , moiti^ europ^ennes, avec toutes
les nuances qui ditfi^rencient les peu-
ples divers de ces deux parties du monde.
Au sommet de la ville, sur des plateaux
couverts de vergers, campent les Ara-
bes, qui ont des tentes piutdt que des
maisons : a quelques-unes de ces families
indigenes il suffit mdme d*une peau de
cbameau pour se garantir k la fois
contre les rayons du jour et les ros^es
de la nuit. Plus bas est le quartier
turc, avec ses maisons aux ren6tres
grillag^es , sesfontaines toutes remplies
de versetsdu Koran, sculpture religieuse
qui rappelie a chaque pieux masulmao
j4llah teala (Dieu tres-baut) a Tinstant
ou il s'appr^te a jouird'un de ses bien-
faits, avec saceinture de noirs cypres,
tacbet^ de place en place d'une pierre
blanche surmontee d'un turban, o^Q^
ment ordinaire des tombeaux. Os (to
quartiers, le quartier arabe et le quartier
turc, ont le m^me caractere de tran-
quillitesilencieuse, que vient seulenieDt
interrompre cinq fois par iour la voixda
muessin appelant les Gdeles a hi priera
du haut de la galerie des minarets. Pitii
bas est le quartier des Francs avec sa
vastes enclos remplis d*orangers,<le
grenadiers et de limonjers , et divises
par des haies de nopals, avec ses te^
rasses ou Ton dtne toujours , od Ton
couche sou vent, avec ses magasiosoo
s*entassent les balles de cotou, avecses
bazars bruyants, et ses grands mits
ou flotteiit les pavilions cDnsulaires.
Ici une activity mcessante a remi^aoi
la gravity ottomane et rindolenceasiati-
que: chacun y semble press6d*agir,de
vend re ou di*acheter; rArm^nien i
Tample robe brune y coudoie rooTrier
grec aux bras et aux jambes iHis;le
matelot hollandais a la peau blanche et
mate s'y croiseavec r£thiopien d la peaa
noire et luisante; toutes les races y toot
melees, tous les idiomes y sont paries.
A la Marine, les mouvements scat eo-
oore plus prompts, le bruit y devienttth
multe, le frdlement y devient rise; oi
s*y dispute tout colts, on s'y arradK
toute marchandise.
II faut , du reste , observer que cette
activity ne dure guere que trois mois,
durant la saison ou la cbalear n*est pas
^touffante , ou un vent de nord rfsu*
lier permet Tarrivage et Tappareille-
ment des navires. Le reste du temps^
les £urop6ens ^tablis a Tripoli s'eo-
fuient dans la montagne pour y troo-
ver un climat temnere et un air salo-
bre. Ainsi , malgre ses parterres em-
baumes , ses vergers oili les fruits les
plus delicieux surabondent, son beau
paysageet son ciel inalterable, Tripoli
se voit abandonne buit mois sur douxe :
c'est que le grand nombre des eaos
que rbiver a accumul^ dans la plaine,
charge Fair de miasmes pesants et pu-
trides , des que les rayons du soleit ont
%'
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C/5
SYRIR MODERNE.
25
aeguis toute leur puissance; de la des
fimes epid^miques, qai, apres vous
aroir firappe une ^ois, vous laissent daos
Bn etat datome contmuelie, et font, se-
lon Fexpression de ^'oiney, que la santi
%'esi qm'ane convalescence,
Ladestinde de Tripoli est loin d'avoir
tODJours €vk heureuse : peu inquietee
d*abord par les Arabes et les Seldjouki-
des, qui se disputaient avant tout fes
dbux riefaes cites de Damas et d'Alep,
die no tax expose a une guerre desas-
treusaifQ'il la fin du onzieme si^te de
jMtrem, lors de la premiere croisade.
DeveiHie eiisuite petite capitaled'un pe-
ilit £tat independant, elle prit de Fim*
ance> grace a la frequentation des
1 genoises et v^nitiennes, qui
latent a sa plage pour approvision-
jMr les Emigrations bellig^antes des
CnMs. PIvs tard , conquise par Se-
im f^ eUe vit an pacha, tout-puis-
aaot don, loi imposer un regime de
tBrmr foi la mata pour lon^temps.
Ca das^ifime violent fut , d'ailleurs ,
da hii ptaire, et, chaque fois
Telle eo trouva Foccasion, elle secoua
ijoiig de aes mattrespassagers, arbora
^ Iffdiaieot le drapeau de la revolte , et
ieae rendit jamais qu*a composition.
la bardiesse despeuples efrarouche
itdu commerce, amoureux de la
Anssi Tripoli trouva-t-elle, durant
treafoles temporaires , deux rivales
altnealeTerent unepartie majeure de
ica aJE&ires. Ces deux rivales furent,
dans le aiMe pass^, Latakieh, dont
sous avoHideja parie, et» au commen-
^eroent do siecle ou nous sommes,
Senoirth , la premidre grande ville au
mA 9 an deU du Kesrouan.
'^IVipoli perd done tous les jours de son
i|K»rtaDoe. a cause du caractere mutin
— habitants, \ cause de Torgueil de
^ les-uns des indigenes musulmans
port^rent longterops le turban vert
eousins de Mahomet , et se qualifie-
\ du titre de cherifs , a cause surtout
la d^En^rescence de sa principale ex-
-^ntioD, les soies, qu*on attribueau d^-
sement pro^ressif des mdriers qui
iaovrent ses environs. Yolney explique
«e deperissement de la fa^on suivante :
m Si les mdriers ne pr^ntent plus que
• d€>s souches creuses , un Stranger s*e-
« die sur-le-champ : Que n'en plante-
« t-on de nouveaux ? Mais on lui repond :
« Cest la un propos d'Europe. Ici on
« ue plante jamais , parceque si quel-
i quVjn bdtit ou plante , le pacha dit :
« Cet homme a de I'argent. U le fait ve-
« nir, il lui en demande; s'if nie , il a
« la bostonnade ; et s*il accorde , on la lui
« donne encore pour en obtenir da-
c vantage. » Ces traitements odieux se
nomment en Turquic des avanies ; les
rayas y sont en eftet souvent exposes,
surtout dans les pays eloigncs de la ca-
pitale , et ou la puissance des seigneurs
ottomans demeure presque sans con*
tr61e. Aussi verrons-nous dans notre
histoire que le gouvernement des pa-
chas fut peut-^tre pour la Syrie la pire
de toutes les tyrannies.
A peine est-on sorti de Tripoli qu'on
entre en plein Kesrouan, cet antique
refuge des Maronites. Tout change a la
fois : la nature et Thomme. Les monta-
gnes s*entremllent, les cimess*amoncel-
lent, de larges pans de gres fonc^ s*^l^
vent perpendiculairement , des vallons
etroits et profonds descendent dans des
abtmes,des rochers les surplombent,
dont les uns sont aigus comme des la-
mes de pierre, dont les autres sont
massifs et ronds comme de gigantes-
ques boulets; des pics percent les airs h
une hauteur prodigieuse , des c^nes plus
hardis encore montent au dela de rat-
mosphere terrestre, etdemeurent cou-
verts de neige, malgre un ciel d'azur et
un soleil d'or.Dans ce majestueux a mas
de montagneSfCertaines vallees, empri«
sonnees entre de colossales murailles ,
ne reqoivent que quelques rayons obli-
ques qui DC les eclaircnt qu*^ certaines
heures du jour ; les eaux , prdcipitees de
toutes parts , tombent de pentes en pen-
tes en nappes epaisses et oruyantes , je-
tant autourd'elles une poussiereliquide,
qui, se renouvelant sans cesse, produit
sajis cesse un nuage prismatique et une
pluie de la finesse la plus exigue.
Les details ne sont pas moinsausteres
que Fensemble : ici ce sont de larges cre-
vasses quiont fendu la montagne a trois
et quatre cents pieds de profondeur,
effrayante entaille du glaive de Dieu ,
suite terrible destremblementsdeterre;
la ee sont des rochers ironies des
somniets les plus ^lev^s , et qui out
laisse une trace devastatrice sur un ver*
2G
L'UNIVERS.
saut tout entier; plus loia c'est une
noire for^t desapinsqui jette sa sombre
melancoliesur le paysage. £b bieo, mat-
gre ]es rigueurs de cette nature , malgr^
ces horreurs sublimes qui ue plaisent
qu'au poete qui passe^ etnon au prole-
taire qui demeure ', qui ne semble bonne
tout au plus qu^aux abstraites medita-
tions du solitaire, cette ri^ide Theb.iide
est devenue le eeutre d'uiie population
qui va toujours croissant Escaladez ea
effet cette premiere enceinte de monta-
gnes, suivez sans vertige ces sentiers a
pic ou le pied pent ^lisser a tous les pas
sur (les cailloux polis ou sur des rocnes
luisantes , roontez une a une ces mar-
ches que la main des proscrits a tailiees;
et, parvenus au premier sommet, au
de\h de quelques larges plateaux, vous
apercevrez uii spectacle aussi grandiose
que consolaut.
D'aulres montagnes se presentent li
vos regards, dont chaquc ^tage est
peuple : cette tacbe blanche sur ua
niamelon boise , c*est un village; cette
tache brune sur une roche olanciie^
c'est un couvent; cette murailie au-
dessus de laquelle s'eleve une vegeta*
tion nuanc^e , c'est un verger: ce grou-
pe d'arbres dispose a?ec art , ce soni
des mdriers; ces branches grimpan-
tes 6taldes avec soin sur un talus, c^
sont des vignes ; cette ligne grisdtre qui
descend dans un valloo , ce sont des oil-
viers ; ce morceau de terres maintenu
Sar une solide b^tisse, c'est un champ
e ble; ces silions profond^meul
creuses, et oii route une blanche ecume,
ce sont des canaux ; ces palissades au-
tour d'un carre vert , c*est une prairie;
toutes ces merveilles , c'est rceuvre d'uo
peuple patient, laborieux, uni, en uo
mot , Chretien.
A coup sdr une sori^t^ toute chr^
tienne pouvait seule vaincre tant de
difDcultes premieres, surmonter tant
d*obstacles renaissants. Ces terrains
cultivables ont et6 conquis un par un ,
ces terres fl6condes ont ^.t^ apporteea
poignee par poign^, chacun de ces
arbresa coilteplusdesueurs a planter
quVn Europe une fordt ne codte k en-
tretenir. El une fois eea immenses la-
beurs terminus, pour recueillir le fruit
des arbres et le ^rain des moissons ,
quede veilles contmuelles, quede soins
attentifo! les neiges de Thiver, les<l»>
ffels du prin temps, les rochergquin»
tent, les torrents aui tombeDt,iiMnaail
successtvement. ll a done £illa, a fow
de travail et d'industrie, oreusrm
chemin a riinpetuositedeseauXtOUtti
ser des digues a la chute des rdcwi,
ici soutenir le sol, 1^ le deblayer, u g^
rantir contre les temp^tes, et pretfli
mime les cataclysmes.
Malheureusement les Marooites,!!
travail lent aue de corps. Sans doute U
pratiauent fa primitive fraternite.iDai
une rraternite toute materielle, pttf
ainsi dire, ou le cceur se montreM
et gen^reux, mais ou Tespritsans
lation demeure froid et iraprodi
Aussi, que trouvet-on dans le li
un peuple dont les mains sonloocoj
mais dont le genie est iuerte*, un jM .
bon, mais indolent; un peuplequi,B#
gr6 ses vertus patriarcales, m tt
aucun proselyte , qui vit s^par^ des ^
plades orientales, sans go()t pourM
relations Internationales, sans (MkM
pour le commerce , et qui reste eoiM
dans ses montagnes, seoourable eoiMI
ses compatriotCJi , inutile a ses
Ce peuple excelleiit s'endort do« M
r ignorance; son bas clerg^ ^^^P'!-*
peine les prieres de r£glide; ses^v^M
sont sans action , son patriarebe sr
force; et de son sein sto'ik jaoMis 11
s*el^ve une de ces individuality actii«|f,
audacieuses , puissantes , dont U d^
n^ est de faire faire lui pregvcs < «
civilisation, un pas a rhQinauite Ul
Maronites se croient arrives, et&esi*
vent point les nationseuropeenu<«/iM
leur marche. La religion fatholNlMi
chez eux, est bien la religion du J
lut c^este, mais elle n'est pas oeiNtt
salut terrestre.
rtous pensons done que M. de Lao'^
tine se fait illusion en attendant (|V<W
diose de ce grand oouvent iibauicn, wi
tueuz assurement, mais 4|uis'csteo^'
damnelui-mlme ane pas avoir d*aT«tikj
comme ses moines se sont coodaoiodt.
ne pas avoir de post^rite. Nous '***|J^
roBs dans le oourant de w)tre bj^
Torigine et les louables coromencrts^
de ce <uple solitaire, nous n'*"r**Jr
des ^loges pour ses efforts nsateriels oor
tre une nature ingrate; maisen P****|T
ses malheurs modernes, nous fflost'^
SYIUK MODERNE.
27
roDS comment its ne sont oes que de son
manque d*aetion sur ceux qui Teniou*
rent , que de son honn^te mais regret-
table passtvite. Qtielle difference entre
cette colonic d'emi^res froids et impuis-
Bants, qui s*est enfouie, il y a douze
cents anSfdans tes montagnes de la
l^yrie, et cette autre colonic d'esprits
ardents et fiers qui s'est elano^ i ii y a
moins d*uu siecle, a travers les immen^
ses plaines de la Pensylvanie : les pre-
miers sont encore des presents » les se-
conds soDt deja une grande nation !
La partte du Liban nommee le Kes-
rouan est presque exolusiTement habitee
par les Maronites ; lis y sont done plus
tranqu tiles et plus beufeux aue dans le
pachalick d'Acre. Assez nombreux pour
8*oppo8pr ciox attaques des Druzes , ils
se trouvent en outre, derriere ieurs
montagnes escarp^es, a Tabri des incur-
sions des peupiades nomades; aussi
tous Ieurs villages presenteot-iis Timage
du cahiie et de la prosperite. La vallie
des Saints en est remplle ; et le patriar-
che, qui s^journe dans le vaste convent
de Kanoubin , peut , de la hauteur d'oil
il domiiie, suivre les travaux journaliera
de ses ouailles , comme it peut entendre,
le soir, le murinure de Ieurs actions de
grdces. Kanoubin est un lieu vener^;
on en attribue la fondation ii Th^odose
le Grand. R»en encore de plus anim^ et
de plus riche aue les vallons ou roule
r^cumante Kaoicha. Ces vallons com-
meiicent par des bois toufTus d'oran-
sers et de caroubiers , et flntssent par
oes for^ts ombreuses de peupliers et de
cypres. Pius loin, au nord, void le
bouru dT.df n , qui ne justifie son nom
gue dans les chaleur» qui durent de juin
a septembre; ear des que rautonioe
ereve ses prei»ieres nii^, un manteaa
de neige couvre tout entler ee plateau
elev^, les arbres qui y soni plants e(
les toits qui y sont bdtis.
En avam^ant toujours de I'ouest I
l^est , remarquez ces sortea de oeliules
r taill^ea dans lee flancs du rocher, ces
nnaisons suspendues les ones sor les
ftotres au-dessus des precipices, ces ca-
banes creus^s dans les vastes racincs
de quelqoes tronrs s^ulaires , c'est Bes-
^bierai , dont les habitants sont ausii
rt)dss^ tous les hivers pir d'indompta-
Dies frimas. Enfin, redoublez vos ef-
forts , ayez le courage d'empjoyer sept
beures pour faire trois lieues, tant les
cbemins sont escarpes, tant ils descea-
dent dans des gorges profondes pour re-
monter sur les crates les plus ^levdes ,
et tout a coup vous aliez apercevoir
les bras gigantesques ^ le feuillage som<
bre, le tronc rugueux, la tournure ma-
jestueuse de ces rois du rh^Ln^ vegetal
qu'on appelle les cedres. \olney, par
un esprit de contradicuioo peu sense,
a trouve sans doute qu'il serait original
de deni^rer ces botes venerubles du Li-
ban ; voici dans quels terines de dedain
il en parle : « Ces c^res si reputes res-
« semblent a bien d'autres merveilles ;
« ils soutienneiit mal de pres leur repu-
« tat ion : quatre ou cinq gros arbres ,
«t les seuls qui restent, ft qui n'ont rien
« de partieulier, ne valent pas ia peine
« que Ton prencT a frnnehir les precipices
« qui y menent. » Telles sont les paroles
ironiques d'un froid philosophe; rap-
procbons-les des pages inspirees d*un
. poete plein de chaleur, rantidote aupres
du poison :
« Ces arbres sont les monuments
« naturels les plus ceiebres de Tuni-
« vers. La religion , la po^ie et Phis-
« toire les out egaleinent consacres.
« L'Ecrituresninte les cflebre en j}lu-
• sieurs endroits. lis sont une des ima-
« ges que les prophetes emploient de
« predilection. Salomon voulut les con-
« sacrer a rornemeut du temple qu'il
« ^leva le premier au Dieu unique , sans
• doute a cause de la renommee de
• magniGcence et de saintete que ces
« prodiges de la vegetation avaient des
a cette ^poque. Ce sont bien ceux-la :
c ear Ezechiel parle des cedres d'^den
• oomme des plus beaux du Liban. Les
< Arabes de toutes les sectes ont une
« v^n^ration traditionnelle pour ces ar-
« bres. lis leur attribueut, non-.seule-
« ment une force vegetative qui les
« fait vivre eterneUement, mais encore
« une ime qui leur fait donner des si-
« gnes de sagesse * de prevision , sem-
« blables h ceux de Tinstinct chez les
« animattx, de Tintelligence chez les
• hommes. lis connaissent d'avance les
« saisons, ils remueut Ieurs vastes fa-
« meaux comme des membres , ils ^ten-
« dent ou resserrent Ieurs coudes , ils
« tievent vers le ciel ou inelineot vers
38
L'UNIVERS.
« )a terre leurs branches , selon que la
« neige se prepare a tomber ou a fondre.
« Ge sont des dtres divins sous la forme
« d'arbres. lis croissent dans ce seul
u site des p*oupes du Liban; ils pren-
« nent racine bien au-des^us de la r^-
<c gioQ oil toute grande v^g^tation ex-
ci pi re. Tout cela frappe d'etonnement
« rimagination des peuples d'Orient ,
* et je ne sais si la science ne serait pas
« etonneeelle-m^me. Helas Icependant,
« Basan languit , le Carmel et la fleur
« du Liban se fanent. Ces arbres di-
V minuent chaque si^le. Les voyageurs
« en compterent jadis trente ou qua*
« rante , plus tard dix-sept , plus tard
« encore uue douzaine. II n*y en a plus
« que sept , que leur masse peut taire
« pr^sumer coutemporains des temps
« oibliques. Autour de ces vieux te-
« moins des dges ecoul^, qui savent
« Phistoire de la terre mieux que This-
« toire elle-m^me, qui nous raconte-
« raient, s'ils pouvaient parler, tant
« d'empires , de religions , de races hu-
ff maines evanouies, il reste encore une
« petite for6t de cedres pliis jeunes qui
« me parurent former un groupe de
« quatre ou cinq cents arbres ou arbus-
« tes. Cbaque annee, au mois de juin,
« les populations de Beschi^rai,d'Eden,
« de Ranoubin et de tous les villages
« des vallees, voisines montent aux ce-
« dres et font c^l6brer une messe a
« leurs pieds. Que de prieres n'ont pas
« resonn^ sous ces rameaux ! et quel
« plus beau temple, quel autel plus
« voisin du ciel! Quel dais plus majes-
« tueux et ^lus saint que le dernier pla-
« teau du Liban , le tronc des cedres et
« le ddnie de ces rameaux sacres qui
« ont ombrage et ombragent encore
« tant de generations humaines, pro-
« non^ant le nom deDieudiffi^remment,
« mais le reconnaissant partout dans
« ses oeuvres, et Tadorant dans des
« manifestations naturelles! »
II faudrait plusieurs mois pour par-
courir tout le Kesrouan^ sarr^ter a
tous les beaux sites, visiter tous les
villages. Ce sont toujours des monta-
§1^8, il est vrai , mats avectoutes sortes
e vari6tes de couleurs et d'aspects :
les unes grises, pelves et aigues; les
autres larges et rondes , d*un ysrt fonce
jusqu*^ la moiti^ de leur hauteur, et a
leur cime d*un ton violet clair qui se
fond merveilleusement avec le bleu do
ciel. Les villages ne sont pas moins di*
vers d'attitude que les monts; eeuxHi
sont jetes au fond d'une gorge ver-^
doyante , ceux-la s'avanoent , pour aioa
dire, au milieu del'^ther, places qo*^^
se trouvent sur une facon de proiiHHH
toire en rocailles. La voix humainepar-
vient d'un de ces villages a I'autre, et o^
pendant on ne peut y alter au*eii dns
ou trois beures : la route de V air n*aa-
rait pas une demi-lieue, celle de h
terre en a parfois jusqu'ii quatre. Lm
sentiers sont des laoyrinthes qui t4MV-
nent sans cesse autour des larges flaooi .
de la montagne. Sans nous et^agirl
dans ces sinuosites infinies, bomoai^i
nous a reprendre notre direction 4i,
nord au sud , en regagnant le littoraL
Apres 6tre descend u assez longiempsli
long des rives encaissees de la tufta*
lente Kadicha, le cbemin s'ouvre lo«t
a coup sur une ^tendue bleue, mim»
tante et sonore : c'est la MMitei
Parvenu surle rivage, on est
de rimposante magnificence de c
grandes choses face a facet la mer eiki,
montagnes. La chatue du Kastravas'
borde la plage durant plus de quiim.'
lieues, et lette son ombre immense
lesfluts, lorsque le soleil se li^e
riere elle. Ainsi , pendant toute la
tinee, tes vagues du large paraissaft
d*un bleu sonwre , i6gerement jn^ d»
blanc , lorsqu*elles moutonnent ; a midi,
ce sont des lames d'or dans le lointaia,
des lames d'argent sur le premier plan;
dans la toiree enfin , quand la bnse m
calme , quand le soleil decline vers Too-
cident , c*est une nappe claire et imre,
un sublime miroir ou se dessineot les
aretes des monts avec une douceur ift
une nettet^ sans ^gales. Puis I'astre H.
jour s'abaisse de plus en plus , la amst
passe alors du bleu au violet, du violil
au pourpre, par toute la gamme dm-
couleurs, par toute Tharmooie det
nuances, jusqu*a ce qu'enOn, grSeea
ce pbenomene des pays orientaux, b
nuit succede brus^uement au jour, las
t^nebres a la lumiere.
Ce beau rivage de Tripoli a BayrooHi^
sans Itre compl^teoientaccideQte, pr^
sente pourtant plu&ieurs potutes et plti»
sieurs golfes. Voici d*abord le capOoedg
SYRIE MODERNE.
39
fm s*avanoe du sud au nord ; puis Ja
jlointedeBarroun, assez^levee pour vous
offirirun eoup d'oeil presque ^^n^ral de la
Syrie, depuis le promontoire de Lata-
kieh jusju'au golte d* Acre , pres de cio-
ouante lieues d^^tendue de chaque cote :
•eraot vous Fhorizon plan et sans
borne, derri^re tous la ligne onduleuse
des montagiies, qui de loin ressemble
aux vagues immenses d'un ocean petri-
fie. tlD grand nombre de ruisseaux rou-
kot sur des sables fins jusqu'a la mer ;
nais le seul cours d'eau important est
la riviere d'Ybrabim, naguere d'A-
donis. Cest dans une valiee des envi-
.nms, en efTet, que ce type de la beauts
paienoe repandit son sang limpide et
Cr, et depuis ee temps des anemones
lUaotes naissent sans cesse sur les
fralehes berges de la riviere. A Pembou-
(ikUT6 de ITbrahim est situ^ Djebaii ,
rftDfieQDe B]^blos. D'abord residence
d'uD p«tit roi de la Ph^nicie , dont le
jnlais n'a laiss^ aucun vestige, les Ro-
loajus plus tard la choyerent aussi h
Cfiose de sa ravissante position , et y
^vereotun th^dtre dont les ruines s'a-
per^ivent encore. Puis vinrent les croi-
s^) qui y bdtirent sur un rocher un
cblt^aa gotbique d*une telle hauteur
que lesTurcs pr^tendent qu'un cavalier
pent, au soleil levant, mnrclier une
knre a son ombre. Eiifin , lors de la do-
nination musuimane, un sultan du
noin dTbrahim dota Djebail d*uo bd-
pital, d'ane vaste mosquee et d'un pont
dune remarquable l^geret^, 61eve k
plus de trente pieds au-dessus du fleu-
ve, et form^ d une seule arche de cin-
yunte pas de large. Malgr^ ses gran*
oeurs ^teintes, Djebail n'a guere que
lu miile habitants ; mais sa baie gra-
Ofuse, son pont Elegant sur sa jolie
rivi&re, les colonnes de marbre dor6
qui restent de son ancien thedtre, et
lurtout les mors creneles de son chd-
{^Qi d'ou ne sortent aujourd*hui que des
Bouquets de feuilles et de fleurs , les
glei de cette forteresse aux toits ebou-
ws d'ou se sont ^lanc^ des pins et des
^comores , les lierres qui tapissent les
mjoDs, les lianes qui tombeut des
^rs, toutes ces ruines pittoresques , au
Btilieu de cette admirable nature , font
•e Djebail le plus agreable des sejours.
t De la riviere d'Ybrahim a la riviere
du Chien (Nahr-el-Kelb) on ne trouve
qu*un petit havre appele DjaferDjouni,
oik se balanoent quelques polacres grec*
ques , ou sont tir^ sur le sable quelques
caiks de p^heurs. Puis dans la monta-
gne, au milieu d*un site tout verdoyaut ,
plein des vignes et des mdriers habi-
tuels, avec sa couronne accoutum^ de
pins-parasols et de svcomores , un assez
gros bourg , nomme Antoura. C'est la
qu'il y a environ deux slides les jesuites
avaient voulu former un ^tablissement.
Un convent fut bdti par eux avec de
nombreuses annexes , destinees a uu s6-
minaire de Jeuiies gens maronites et
grecs-cathoiiques. Mais , une fois le col-
lege termini, les etudiants ne vinrent
pas, soit meGance contre la trop cel^-
Dre compagnie, soit plutdt insouciance
pour Finstruction qu*OQ voulait leur
donner. Puis , ce aui prouve combien les
Innovations sont aifficiles chez ce peuple
2ui s'est retir^ du monde, pour ainsi
ire, et qui repousse toute science nou-
velle, sacr^ coinme profane, c'est que
les nouveaux venus, loin de trouver
Tappui quails ^taient en droit d'attendre,
rencontrerent une sorte de pers^ution.
On leur fit d'abord une guerre sourde ,
ensuite on entrcprit contre eux une con-
currence desastreuse : lesjesuites avaient
voulu fonder un convent de filles, les
Grecs les d^poss^erent , et bdtirent en
facedu leur un couventqu'ils nommerent
la P'isUation. Enfin les jesuites, entra-
ves dans leurs actes, emp^ch^s dans leur
oeuvre, abandonnes de tons, furent
obliges de se retirer. Les lazaristes les
remplacirent; mais , malgr6 leur bonni!-
tet^ partout proclam^e, malsre leur
sincere esprit de charite, malgr^ les
succ^s auxquels ils etaient habitues
dans les autres contr^es du Levant , ils
ne r6ussirent point non plus a Antoura.
Du temps de Volney, en 1785, ils
^Uient dej^ en dtodence ; et , en 1832 ,
M. de Lamartine n'a plus trouve que
deux jeunes freres dans le vaste endos
desert. La position pourtant 6tait tres-
bonne pour avoir une action facile sur
tons les Chretiens du Liban ; mais les
Chretiens du Liban, comme presque
tons les rayasorientaux , sont m6fiants,
et il parait mime qu'ils se defient de
leurs propres coreligionnaires, ainsi que
de tous eeux qui viennent s'etablir chez
ao
L'UNlVEBJi.
mx pour leor donner des comeils on
leur offn'r des secours.
L(^ Marofiites ne eonservent done de
relatione r^uli^res avec TEurope que
grdce h un legat du pape qui habite une
charmante vilfa itaiienne, bfttie sur ud
mainelon en face d^Antoura. Ge pretat ,
du resre, isol^ comme il est, ne peat
avoir tout au plus qu'une certaine auto-
rite religifiise, et son iiifluenr e comme
repr6sentant politique ne doit sans
doute pas plus sVxercer sur les Maro-
nites que sur les Turcs. L'orgnnisalion
de ces Chretiens orieiitaux est d'ailleurs
demeuree toute feodale. Des cheiks
her^itaires sont leurs chefs temporels.
Des cv^ques , presides par un patriar-
che , et assistes par des rur6s, sont leurs
chefs spirituels. Mats comine il j a eu
souvent conflit entre les deux auto-
rites , comme en outre les cheicks ne
sont pas assez puissants pour^trejuges
reconnus pendant la paix et g^neraux
obeis petidant la guerre , il ea est t6-
sutt^ qu'on a eu souvent recours h un
tiers pour d^ider certains cas difHciles
ou pour r^unir nne arm^e. De la toutes
les calamites qui ont pes^ sur les pauvres
Maronites. Une fois T^tranger adtnis
dans leurs montagnes, h quelque titre
3ue ce fdt , ils out eu h subir des maux
^ e toutes sortes. Ce n'est pas encore
ici le lieu de donner tout son develop*
pement i noire peusee; contentons-
nous de dire que les Maronites sont
mat gouvernes ou plutdt ne sont pas
gouvernes du tout, et qu'il sufllt d'un
seul mauvais esprit pour troubler leur
quietude, d'un fait passible de la plus
l^gere r(^pression pour autoriser une
intervejition mahometane qui , loin de
rameiier lordre parmi eux, n'a jamais
su qu'y exciter Tanarchie.
Aquelques)ieuesau-dessousd*Antoura
coule si.encieusement dans une fforge
profonde la riviere du Chien (Nahr-el-
Kelb}. C*est la la limile toute conven-
tionnelie du pachalik de Tripoli; car en
realite la montagne continue toujours,
!e pavsnge ne change pas , les cultures
sont les ni6mes , les valines sont aussi
ft'condes et aussi belles, les sommets
aussi hauts , tes versants aussi rapides ,
les eaux aussi torreotueuses , et le San-
nin , le pic le plus ^leve du Liban , mon-
tre sa tete neigcuse au del^ de la riviere
qoi sert de frontiereeu goaveraement
lies habitants aussi ont les m^ones morars
et le in^me caract^ que oeux du Kes-
rouan ; seulemeot an dela de Baynutii
les DruzesapparaissenMears villain N
n^^lent aux villages maronites : dcf Ion
les Maronites n'^ant plus se«la se trad-
vent inqui^tes dans leurs propri^^, g^i
dans leurs travaux , molest^ de toutai
les fa<^ns; c*est la que commence lepaii
des troubles et des guerres continaelles.
En resume, une capitale qui perJ
tons les lours deson importance, Tripoli;
deux viUes,qui n^onta peinechacune qoe
six mille habitants, Lataktehet DjebajT,
deux petits ports ou abordent des m-
seaux de cent a deux cents tonrwwB
tout au plus, Djebil^h etTortose; mail
des villages en grand nombre et presqM
les uns sur les autres dans le Kfsrouao,
des eou vents surtous les plateaux, fhs
ermitMges sur tous les mameloAs,Toili
ce qu^offre, dans sa mMloere ftendiif,
le pachalik de Tripoli. Une nature fer-
tile au nord, mais abandonn^ dsm b
plaine par Tindolence des Ansaridi;
une nature ingrate au sod , mais adni-
rablement cuftiv^ par raetivit^ da
M aroni tes \ des gorges escarpees, au noftl-
est , qui servent de retraites aux mn-
terieux Isma^tis; des cimes ele?^, aa
sud-est , otli s'entassent les laboriattM
populations chretiennes ; enfin, on litto-
ral tout plein d'anses et de baies oa-
turelles ^ Touest, que nefaantpatqai
quelqies soldats turcs, quelqoes fM-
chands arabes, quelques n*go«ants tf|
meniens et quelques marins grooa; w
est Faspect de cette partie de ii Sjftie.
Deces elements divergentspeut-ilsa^
une unit6 future? Parmi ces weal w"
Ides peut-il s'6lever tout a coup uoaraei
pr6ponderarite qui doive engtolier to
autres , leur imprimer une impabioa;
creer un ordre nouveau , fonder flw*
vilisation ? nous en doutons. Les Ar^
bes y sont trop deg^nerds , les T»rfS
trop impuissants, et les Maronites*
soot malheureusement habjtues , d^fw*
un trop long temps, a ne vivrc qu*ffltrc
eux , corame de meBants prosorits oo
Cpmme de timides rayas.
PACHALIK JD'ACBK.
Le pachalik d'Acre a eprouv*d'a»«
fortes vicissitudes et d^assex granw
SYKLE IV10DER^^E
€^^/^/>■^^^^. Arr.i /A' frifu'Ii
SYRIE MODERNE.
at
dimi^iitt ddfrnif S^lim P'. II eut d*a-
bard Said^ poor ville firincipale , et fut
ap^M de 06 nom; mais depais ^ le
hardi aveoturier Dhaher, au milieu du
dix-buid^e si^le , souleva les Druzes ,
r^krt pea i peu le repr^aentant da la
SttbNme Porte h n'aToir pins d*autorltd
(}oe sur ia garnison de Said^h ; depuia
MTtout quMI fortifia raneienne Ptol^
nan, et en fit une place asaez redouta«
Me pour des arm^ turquf s , apres le
f^e ^pMmere de ee vaillant monta*
faard , Diezzar, qui Tavait vaineu , alia
retablir oans sa eapitale , dont il fit le
leuTeau chef-lieu de son pachalik. A
Pheure qa'jl est le pachalik d'Acre a
loe asses f^rande ^tendue, borne qu'it
cstau nord par la riviere d'El-Kelb;
pais s'^tendant a Test le long de I'Anti-
Ltban, sans y eomprendre Balbek
Bbnmoira, suivant la vallee de fiekaha
iwqu'aux sources du Jourdain, etbor-
dant ta rive droite de ce lleuve en y
oiglotMiflt le lae de Tiberiade, Tan-
dfone mer de Galilee; & Touest la M^«
diterran^ en bai^ne les rivages de
hmth h Kaisarieh, qui le linute aa
nd.
Ce pachalik, eoniroe celui de Tripoli ,
a dem natures , Tune dpre et s^^re ,
Tautre Kracteuse et riante; il a aiissi
deux climats, Tun presque torride,
Tautre temper*; d'une part des vall^s
am oroductions tropicales, d*autre
part des montagnes aux escarpements
aridfs , aux flancs peniblement cultiv^s.
Tout feU , du rests , ne formerait qu'un
eontraslcmt^ressant et agreable, et en
varfant les produits du sol assurerait la
|nt>sp^te eenerale, si ce pachalik
o'avait aussi deux populations, Tune
tarbulente et Tautre tranquille, Tune
ferooche et I'autre douce, Tuueidold-
^ et Tautre chretienne, les Druzes et
^ Maronites. Ce qui fait le mailieur
«s Maronitps dans ce canton, c'est
^*ils soot m^l^ aux Druzes , ennemis
ttns foi et sans pitie; oe qui fait Tin-
fcmie des Druzes , c*est qu'ils ont at-
M les Maronites par des promesses
nensong^res , c*est quMIs ont concM^
fe terres de leur plein gr^ aux ehr6«
l^s, et qu*ils les leur arrachent en-
ftite avec violence, c'est quMls d^pouil-
KDtdela moisson ceux qui ont r^pandu
^ semence. Peuplade perGde et aange-
reose que ces Druzes, dont rhistoiro
nous apprendra les trahisons et les cri-
mes sttooessifa; dure aux petits, indo-
lente et volease, eraelle et IMie tout
ensemble! Piutdc valets de bounreaux
que bounreaux eux*ni6nias , les Druzes
poussent k bout les Maroaites a force
d*avani€s; et, lorsqoe «0uz-ot le aoul^-
vant enfln , s'uniasent poiir ae defendre,
les DniEes les vont denonoer a la vin-
diete turqua, et se font lea ex^cuteurs
des hautes oeuvres du ' pacha. Tant
qu'une politique bumaine et ^nergique
k la fois n'aura pas separ^ a toujours
les Druses des Maronites, Tivraie du
bon grain , les troubles , ies depreda-
tions, lea meurtres ne oesseront pas
dans cette malheureuse eontree.
II y a enoore d*autres peupiades que
les Maronites at les Druzes dans le
nachalik d*Acre. Au fond du desert de
Balbek, dans les gorges de rAnti-Lifoan ,
se trouveiit en assez f^rand noinbre lea
M^tualis, race inoffensive quoique
brave, calme et eraintive depots que la
tyrannie de Djezsar-pacba s*est appe-
santie sur elle. Proscrits, du reste,
eoinnie sectateurs d'Ali , Tanti-khaiife ,
les M6tualls se cachent dans leurs mon-
tagnes ou ne demeurent que dans lea
plaines les plus ^loignees de toute
grande ville. Avee eux s'^rtent aussi
des grands centres de populations quel-
ques sectes idoliltres, dont nous detail*
lerons les mceurs dans un chapitre par-
ticulier, mais dont influence n'est pas
assez importante pour Itre mentionnee
ici. EnGn, aux environs de Kaisarieh
se rencontre une nombreuse tribu arabe,
dite de Sakr, Keprenons maintenant
notre description politique , sans nous
inqui^ter davantage de quelques indivi-
dus isoles qui se refugieot dans les ca-
vemes de TAnti-Liban, oomme des b^-
tes fauves dans leurs tanierea*
On entre dans le pachalik d*Acre en
traversant une gorge celebre par son
^tendue, par sa profondeur, et par la
dtfUculie de ses cnemins. Des rocbers k
pic la bordent de toutes parts , et ces
roehers sont devenua historiques par lea
inscriptions dont ila sont eou verts. Des
eonqu^rants divers y ont laias^ leur
empreinte : S^sostris y a fait sculptor
quelques-uns de aes soldats immolant
aux aieox des eaptift; Trajan y a laisse
33
L'UNIVERSi
siir le roc la preuve de ses travaux de
deblayement : rupibus imminentiims
iter liberavU ; enfin Djaffar El-Mansour
y fit graver sur la pierre la date de son
glorieox passage. Outre les vestiges de
oes iilustres tueurs d'hommes, se trou-
vent aussi les traees toutes charitables ,
au contraire , des premiers anachor^tes
Chretiens : ce sont des cellules , creusto
dans la montagne, ou Ton voit encore
Je banc de pierre des meditations reli-
gieuses, et quelquefois Timage naive-
ment sculpt^e du Sauveur. Une fois le
defile traversd, on arrive de pentes en
pentes k une merveilleuse vail^ , celle
de Bayiouth. Nous vous avons deja
bien souvent parte d'orangers aux
branches elegantes et parfumees , aux
fleurs d'argent auxquelles succ^ent
des fruits d*or; de nopals aux feuilles
lai^cs, velout6es et luisantes; de ca-
Toubiers a la verdure forte et aceen-
tuee; de platanes k T^corce aussi
brillante que le feuillage; de pins k la
t^te haute et ombragee; d*oliviers a
la couleur grise et tendre; de palmiers
aux rameaux souples et gracieux ; nous
vous avons vant^ aussi ces gazons tout
^mailles de jacinthes, d'an^mones et
de girofl^es; nous vous avons dit en-
core le dessin vari^ des coteaux, les
oouleurs changeantes de la mer, et les
majestueuses cimes qui s'dchelonnent k
rhorizon ; nous vous avons parle de tou-
tes ces magnificences en detail, k mesure
qu'elles se pr6sentaient a nos yeux; eh
bien , imaginez-les r^unies dans un seul
tableau , et vous pourrez vous figurer
Taspect de la piaine enchants de
Bayrouth.
Bayrouth (Tancienne B^ryte) est
digne d'etre la ville d'une aussi belle
eampagne. £l6gamment ^tendue vers
la mer, descendant d'une coliine douce
et gracieuse , la t^te dans les nues, les
pieds dans Teau , elle ressemble , selon
rexpression orientale , a une charmante
sultane accoudee sur un coussin vert ,
et regardant les flots dans sa r^veuse
indolence. Ses terrasses toutes charges
de fleurs, ses maisons aux sveltes
ogives, ses toits plats surmontes de
creneaux en pierre ou de balustrades
en hois, ses murailles moresques aux
mines fleuries et feuillues, la couleur
^latantede ses fortifications modernes,
ses rodiers par ffroupes qui pointat
sur la mer, sa raoe ferm^e par aa pro-
montoire aigu , les mQriers biases qoi
s'^tendent sur ses flancs, les t^tes co-
quettes de palmiers qui s'^^vent de sei
places , les tofis harmonieux de ses man
peints en bleu ou en rouge. les mioarets
de ses mosquto, les domes de sci
paFais , et avant tout son ciel toojoon
pur, son air Hmpide qui permet i k
vue de tout saisir «t de tout d^UiUer a
la fois , cet ensemble forme un specta*
cle ra vissant. Cette cite, queles Rocnaitf
avaient appel^e Felix (THeureuse),
dont le sol est imm^morialementfertllc,
dont Tori^ine se perd dans la fable, (knt
la fondation est attribuoe a SatonKi
cette cite detruite par Typhon, fiit
rebdtie par Auguste, qui ne trounpK
de meilleur emplacement pour sa coio*
nie romaine, et qui lui doona le doo
si cher de sa fille Julia. Favorisee par
toutes les civilisations, embellie par
tons les maltres de la terre,sar»k
bien abritee serable appeler leoomome
et tendre les bras au monde; mais
roalgr^ ses aceroissements quotidieos,
malgre Taugmentation progressive de
ses habitants , cette cite n'en est jas ■
moins aujourd'hui un sejour d'afflie-
tion. Point central du Libaa, Bay-
routh est devenu le quartier general w
troupes envoyees de ConstantiDO|)le
pour imposer la paix a la montagoe.
Cest de la qu'en oes Verniers \m^»
sont eianc^s ces bandes d*Aroauts
indiscipline, qui, acoomf»gnes da
Druzes, leurs feroces auxiliaires, oat
porte le fer et le feu dans les villi^
maronites. Ainsi, une contree «
lliomme seniblait pr^estin6 au boa-
heur s'est changee en une de ces vailees
de larmes dont parlent les propbetes,c8
rigides augures.
Au sud-est de Bayrouth on reoceeW i
Delr-el-Kamar, Taire redoutable de c« j
avides vautours qui dcvorent le p^vs* j
la capitale des Druzes. On arri« a
I'ancienne residence de Tcmir Bescmr,
qui seul a jamais pu maintenir les po-
pulations idolAtres de ces montagiKSi
par une route vraiment infemale,d«i«
avenue de cette cit^ de demons. IQ
nous ne pouvons roister encore «
plaisir de citer un tableau de plits as
notre grand peintre, de Lamariii»«.
• V*
• • •• ••• •
• *, • • • •
I • •• ,•
I • i •••
•••• •••
SYRIE ANCIENNE.
fHt ji%eitnnt
C
-j^ j^^ T'ry-^y ■—
y*'f^/y/A^i< fi 3aSrout .
SYRIE MODERNE.
13
un bieo lutter avec fui seratt uae trop
fiiHeteroerite : « Nous arrivAmes , apra
i deox heores de marefae, k une valine
• plus profonde, plas ^trotte et plus
« jpittoresque qo'aueune de celles que
« nous avions deja parcourues. A droite
« et a gauche s'elevaient, comme deux
«i«flipart8 perpeodiculaires hauls de
« trois h quatre cents pieds , deux chat-
foes de moDtagpes (|ui semblaient
;« afoir ^te separees recemroent Tune
:« de Tautre par un coup de marteau
^ds fiibricateur des niondes, ou peut-
•Are par le tremblement de terre qui
« tecoaa le Liban jusque dans ses fon-
• demeats quand le Filsde rhomme, ren-
• dant son tme a Dieu , non loin de ces
• m^mes monta^nes , poussa ce dernier
tsoupirqui retoula resprit d'erreur,
«i d'oppression el de mensonge, et
• souffla la Yerit^, la liberie et la vie
« dans an inonde renouvel^. Les blocs
« cigaQtesques , detaches des deux
« flancsdes montagnes, semes , coinme
« deseai'iioQx par la main desenfanls,
«dai)sielil d'un ruisseau, formaient
«fe fit horrible, profond, immense,
• herifise, de ce torrent a sec : quel-
< ques-ones de ces pierres ^laienl des
t masses plus elevto el plus longues
<4ue de haules maisoos. Les unes
• etaieot pos^s d'aplomb comme des
• eobes solides et 6temels; les autres,
( sttspendnes sur leurs angles et sou-
itenues par la pression d*autres ro-
tehes invisibles, semblaient tomber
(encoTe, rouler toujours, et presen-
I taient rimage d'une mine en action ,
I d'une ebute incessante , d*un chaos
< de pierres, d*une avalanche intaris-
i sable de rochers : rochers de couleur
> fuoebre, gris, noirs, roarbr^s de feu
et de blanc, opaques; vagues pelri-
iees d*ua fleuve de granit; pas une
tgoutte d'eau dans les profonos inter-
tiUces de ce lit calcine par un soleil
kknUaot; pas une herbe, une lige, une
» Ijaate grimpante , ni dans ce torrent ,
^aisur les peotes crenelles el ardues
lies deux coles de Tablme; c*etait un
^9thn de pierres, une cataracle de
fnebers h laquelle la diversite de leurs
•fcrmes , la variety de leurs poses , la
*tizarrerie de leurs chutes, le jeu
f^ ombres ou de la lumiere sur
• inn flancs ou sur leur surface » sem-
3"^ Uvrcuson, (syrib modsbrb.
« blaient prates le mouvement et la
« fluidity. Si le Dante edt voulu pein-
« dre dans un des cerctes de son enfer,
« Fenfer des pierres , Tenfer de Taridit^,
« de la ruine, de la chute des choses,
« de la degradation des mondes , de la
ft caducite des dges, voila la scene quMl
« aurait dQ simpleroent copier. C'est
« un fleuve des dernieres neures du
« monde quand le feu aura lout con-
« sum^, el que la terre, d^voilant ses
« entrriilles , ne sera plus qu'un bloc
« inutile de pierres calcin^cs sous les
c pas du terrible juge qui viendra la
« visiter! »
Deir-el-Kamar, situ^e dans une val-
1^ assez bien cultiv^e, n*a rien par
elle-m^me qui m^rite d*Stre mentionne.
Ses maisons basses et grillees , ses rues
non pavees elmal entretenues, les restes
insigniGants d*un chlileau qui ne pos-
sede point T^legance ordinaire de rar-
chitecluremauresque, lui donnent beau-
coup plulot Taspect d'une grosse bour-
gade que d'une capilale. (Test bien U
le centre d'une peuplade sauvage, qu*on
ne peut gouverner que par la terreur,
qu*on ne peut conlenir qu'avec le sabre,
qui ne sail lirer aucun parti des riches-
ses qu*elle derobe, qui n'a d'aulre luxe
que celui des armes , et quelquefbis ce-
lui des vStemenls toujours ^clatants
d*or, toujours brillants de couleors. Ce
qui, au conlraire, captive Tattenlion,
en prouvant toute Finstabilit^ des for-
tunes orientales, c'est le palais vide
de Tancien dominaleur du Liban , I'e-
mir Beschir.
Yoyez surcc mameloncette enceinte
immense, toute pleine de lours carries,
de galeries qui s'ela^ent, d*arcades qui
oourent de lous cotes, de vastes dcu-
ries , de larges eours ; remerquez cette
chapelle catnolique face k face d'une
mosqu^e musulmane, ce bdtiment par-
ticulier qu'au petit noinbre de ses fenf-
ires grillagees , qu*a ses porles basses et
lourdes, qua ses jardins inlerteurs tra-
ces avec soin, on reconnatt facilement
pour un harem ; jetez les yeux sur ces
fonlaines d'ou Teau ne coule deia plus ,
sur ces parterres de fleurs que des her-
bes parasites reroplissent seules desor-
mais; considerez cette morne solitude,
ecoutez ce silence lugubre, et vous
comprendrez avec quelle rapidity les
) «
u
L'UNIVERS.
niioGS 86 font en Syrie , au milieu d*ua
peuple barbare, lea Drazes, et avec
dea mattrea indiff^renta, lea Turea. Ce
deaert da inonumeiita encore debout,
mais qui deia chancellent de toua c6t^,
c'est Dpteain, l*ancienne residence de
la famille Shaab deportee, en 1840, a
Malte, par PAngleterre.
R^escendons maintenant sur le ri*
vage sablonneux de la Mediterran^, et,
a sept ou huit lieues au sud de Bayruth ,
apr^s avoir traverse aur un greasier pont
en boia Timpetueux Dhamour ( Tanciea
Thamyris de la my thoiogie greoque) et le
ruisseau d*El-Aoulasurun troncd'arbre,
nous allona trouver Saideb, abaodonn^
pour la derniere fois sans doute, d^cou-
ronnee k jamais. G*est ici qu'il nous
faudrait ^voqiier le genie de Thistoire
pour nous raconter des grandeurs dont
il ne reste que le vide emplacement , dea
magnificences disparues si complete-
ment qu*on en chercbe en vain quelquea
vestiges. La ville actuelle s'amoindrit
tous les jours, laisse toraber des maisons,
perd des babitants et voit s'effacer jus-
qu'a ses ruines. (^t amphitheatre , jadia
toot convert d*6difices , et qui embras*
aait deux ports plains de vaisseaux , ne
Sorte plus que la luxuriante vegetation
e la nature syrienne; les demons de
Fancien palais gotbique, k Tarchitecture
fine et riche , ont et^ disperse il y a
moins d'un siMe par les boulets turcs ;
le chateau mauresque, qui commandait la
rsse , et dont lea tours se rattachaient
la ville par un pont aussi hardi que
pittoresque, a croule bier sous les bom-
oes an|[;laise8. Quelques rues sales, quel-
ques plaees encombrees de pierres^rou*
lees , une rade nue , une darse combl^
de sables , voil^ ce qui reste de toutes les
richesses accumul^es tour a tour en eea
lieux par les Pheniciens , les Grecs et
les Romains. Sous le gouvernement dea
premiers pachas, Saideh contenait en-
core vingt mille dmes; depuis cinquante
ans elle a perdu deja les trois quarts de
cette population. Le commerce s*en est
all^ aborderailleurs; les Europ^ensont
quitt^ peu a peu cette plaee depossed^,
et avec eux sent partis leurs consuls,
leurs correspondants, la vie active.
Avant de visiter Tyr (Sour), Tantique
livale en prosp^rit^ de Sidon (Saideh),
aujourd'hui sa soeur en decadence , je-
tons eacoie uneoop d'oeii lur lerinfi
Les souvenirs .hiatoriquea on relirai
a'y presaent ii tous les pas : void h.
montagne ronde qui servait de sepiik
lure aun anciena Sidoniens. EUe aval
^t^ereus^de toutes parts poor y le^M
la morne nation dea trepass^; chafi
corps homain avait sou alv^e
cette ruche de la mort. Certains e
orgueilleux ont voulu oouserver im
distinctions aoeiales iusque daos eitt
cit6 de Tegalit^ ^melle; des caraetMl
traces en couleurs vivea , disaieat
doute leur nom et leur ee\€btiti;
la langue que ees caract^res re[
taient adisparu comma eux, et leur
h rimmortalit^ n*est plus qu'oa fig
dessin sans signification. IraulM «
Sr^tendu etaler leura richesses jasqiA
ela de leur tombe : le marbre blaae^
leur sarcophage est encore la;
leurs OS, ou sont-ils? Sortons de
montagne funebre, et regardons,
portea de Saideh , cette petite fka
isolee au milieu des jardina : de i
maronites Tont ^levee en memoire^
Marie, fille de Lazare, qui eat la »
son , oQ elle est morte. Plus loin A
musulroans ont b^ti une moaqn^ a
ddmea sur le point de la cdte o^i
baleine biblique deposa Jonas, seloal
tradition juive et cbr6tienne aossi Ul
que mahom^tane.
C'est dans les environs de eette Ml
quee que commence la r^on dct i
Dies qui m^ne jusqu'a Sour (Tyr). 01
ne sait comment 8*expliquer ce pM
mene singulier, oe moroeau da H
hara , jete. k travera une nature a ndl
el si verdoyante. Les Arabes, te
leur simplicite , pr^tendent qu!^\
des sources de sable comme il y A
d*eau; ils croient aussi que del c<
rants souterrains transportent a r^
grande distance, d'El-Arich parol
pie au centre de la Syrie, des floti
sable auxquels les trembiementt <
terre donnent ensuite dea issues tf f
se r^pandent sur le sol comme ii
mar^e moutante. Toujours est-ilf
oes sables , qui presque tous soat A
rouge fone^^ s'amoncelteiit en eolliii|
ferment des dunes monvantes,ibili
ficiles a traverser, et qui vous engM
raient si un veut imp^toeux s*defi
tout a coup, si un simmtn venait f^
i
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SYRK MOD£RKE.
35
«. Bkn Be pfloratt dono pto
I, aa jnUieu de ee petit desert,
Roasisd'Al-Kantara : ee o'est poor-
l^i'ane foataine d'eau limpide,
maffiOBS et quelqoes jardins
i plage, et un karavanserai aux
\ coun, aux ^curiee spacieoses ,
nx murailles enti^rement nuea.
Moid, du reste, arrives sur la
Mies eara?aiieB; les montagnes soot
I escarp^, les lits des torrents
liaticaoMs; le diameau reparalt;
Wtfaaodises afQuent et se iaissent
r par eette pompe soeiale ^u'on
I Doe eapitale. Damas est la der-
;£i!itj-Lioaii , Damasqui, a elle
^vida ptusieiirs porta, Tripoli,
til, eemme Saint- Jean d'Acre.
syi'on a ^vi plusieurs cdtes ro-
ta et andes, qui s'^tendent au
PAl-Kaotara , on deboucbe enfin
lipliifiemie^ brdl^, plane, aux
gamnet^pineux, qui s'en va,
^MetdiRBt , jusqu^ll la mer, ou
~~ee a promontoire aigu. Puis,
dees promootoire , par mi les
iifairirage, 00 voit un point bril-
^ reneaude a un vaisseau engrav^
vase, e'estTyr, la eit^ nau-
en effet. Une jet^e en mine,
' eabanes de boue adoss^es a des
croabntes, quelques trou-
de chevres noires pour toute ri-
U quelques Arabes d^guenill^
iMte population, la Toila telle fue
KdieUoBil^Ez^hiei Va faite, cette
its mm. Pas une 6cole dans Ten-
Idela rillD qui inveuta Tecrilure ;
B lamJbeaB de soie sur le dos des
idaots de eeux dont la pourpre ha-
NbiKMsC); pasuii soldat sur la
te a fot de graTes dbaertations sar le«
i 4ii*einployaieol tis Tyrkns pour
»la coalear du coqnillage. Quoi quMl
L BQ usage qui exMe d** temps imm^-
Idans ics «fov irons de Tvr amdnerait
tK la flofulioii de csette difliculte. Vera
id« iuin el Jusqu*au milieu de Juillct
JrejelU un«? assez grande quaiilite de
■fBi, peut-etre le murex purpureus;
tfwive dans les sables de la plaj^e , k
i no pled de. profondeur sous IVau A
poqoe, oa c^elmia f«te du Cheik*Ma-
anfioo CB ruine ifeiev^ sor uoe buUe
Hie M miiieu de la pUiine, el k cMA
Ifei de raqiKduc qui conduisail an-
it les eaaK h la vllle. L«s enfants
to p^ciie de oe ooooi liaise , (pii , retirt
n, reJeUe une matiere baveuse de cou-
Mea-p&Ie oa Tlolelte. qa*il5 essuient
plage de la derail posaessdon des
Crois^s en Syria ; pas un faisseau dans
le port de la grandb cit^ aavigatrice des
premiers tees, de la Venise antique!
Mais^ que di»je? Yeoise, qu'est-elle de-
venoe elle-mlme ?
Parmi lea deoombres, infonnes , qui
entourent la plaine oh fut Tyr, on re«
connalt encore, qiioique a?ee peine, des
arcades , sous les quelles se distinguent
de place en place les cavit6s a moiti^
con^bldes d'un oanafr : c'etait Paqueduc
<]ui porta it des eaux fratches et puree
jusque dans Tisthme pb^nicien. En
suivant les traces de ce canal on arrive
h des reservoirs dits PuUs de Salomon
par les Chretiens , et Ras^l-JiUf tSte
de la source, par les Musulmans. U
existe trois puits principaux et plu-
sieurs petits.Leur ensemble, forme d'un
ciment plus dur que la pienre , s'eleve k
plus de quinze piedsdu sol. On parvient
a la margelle de ees puits par une pent^
douce que peuvent mooter les animaux,
tout aussi bien que. les hommes ; et \i
ce qui frappe 1 esprit d'etonnementy
, c'estqu*au lieu d^apercevoirTeau profon*
dement enfoiiie, vous la voyez , au eon-
traire, au ras de la plus haute maconne-
rie , bouillonnante et 6cumante ebmme
un iorrent , et s*^pandant a travers plu-
sieurs canaux. Comment cette eau si
abondante et si limpide sorgit-elle ainsi
au milieu d*une plame dessech^e? c*est
oequ'aurait dD nousapprendre Salomon,
qui fit, dit-on, construire ces puits pour
reconnattre les services que lui avait
rendus le roi Hiram de Tyr, et sa ma«
rine , et ses architectes , lors de la cons-
truction du temple de Jerusalem.
An dela des puits de Salomon les
montagnes reco^nmencent h s'elever,
sans se peupter pourtant, et sans offrir
souvent Vaspect de la culture. Quelques-
unes s*avancent dans la mer, entre
autres le Ra%-M-Abiadj laT^te blan-
c sur dM linges blanes, en fnrmant des bandes
« regulleres; lis y ajoutent un peu de soude,
K et expriment le Jus d'un petit llmoii ; leun
« llnges soni aussildl feints des plus vives cou-
• leurs- Chaque enfant, a la fde tlu Cheik-Ma-
• chou, porte au bout d'un bAtoo son peUt
« drapeau a couieun vives et vari^.
« Cette remarque a el^ envoyee k une soci^td
« scientttique de Naples, par M. Jionis, direc-
« teur de la quarantaioe a Sour. »
\ExiTfiU du livre de M, Ferdinand Pettier,
ancten aide de camp de Soliman-Pacha, ) ^
8.
36
fUNIVERS.
che, qui forme Uii cap tres-^lev^ et
tres'etendu. On est longtemps a le fran-
chir, et longtemps on est poursuivi sur
le rivage par le retentissement continu
des lames qui se brisent sans cesse sur ses
larges flaocs. Dans ces parages, d'aiU
leurs , la mer est presque toujours hou-
leuse. Ne pouvant entamer le roc solide
du Raz-al-Abiad, elle s*en venge sur le
littoral sablonneux, et creuse dans des
collines en terre noirdtre des trous pro«
fotids, de longues caveroes , ou elle s'e-
lance en musissant.
Au bout d*une dizaine de lieues sur
cette cote sauvage , le rivage toume tout
a coup vers Test , s'arrondit , s'dtend
dans les terres, et forme un large demi-
cercle, qui aboutit au cap Carmel. A
rextremit6 sud de la baie est situ^ le
petit village de Kaiffa , qui, malgr^ Ta-
vantage d'etre accot6 au mont Carmel ,
et de po6s6der le meilleur ancrage des
environs, n'a pourtant jamais joui d*une
pro8p^rit6 reelle. A Textr^mite nord, au
contraire, s'^tend la viile d'Acre, qui,
apr^ des destinies bien diverses, a re-
pris depuis soixante ans environ une
assez j^rande importance. Les juifs la
connaissaient sous le nom d'Haco , les
Grecs sous celui d'Accon; Ptolem^
Taf fectionna , et Tappela Ptolemais.
Apres avoir 6t6 ^recque et ^gyptienne,
elle devint colonic romaine sous Fern-
pereur Claude; puis les Arabes la con-
quirenten 638; les Croises la reprirent au
commencement du douzieme si^de, et,
a cette ^poque, nous la ver rons dans toute
sa force etdans toute sa c€l€britL Deux
sidles piQS tard , elle fut saccag^e , brd-
16e, ruin^ par ces m^mes l^yptiens qui
nagudre Tavaient embellie. Enfln elle
v^^ta dans la misere et dans Toubli jus-
gu'ace que, vers 1760, Ahmed-Pacha en
t sa residence. Acre eut le don d'appri-
voiser cette b^te f(6roce; Djezzar (le
Boucher) , tout en etalant quelques t^tes
couples sur ses fortiGcations k la ma-
ni^re des tyrans orientaux, la dota
pourtant d'une mosquee digne de Cons-
tantinople, d*une fontaine digne d'A-
lep , d'un bazar digne de Damas. Quoi
qu'il en soit, Acre ne peut jamais deve-
ner une capitale , car sa rade est dange-
reuse , son port est comble , et ses rou-
tes de terre sont presque impraticables.
La campagne qu'elle commande est
fertile, il est vrai, mais elle futt
mai cultiv^ ou exploit^ avee :
ffencd. C*est qu'aussi Djezzar
donn^ le plus mauvals des exe
il avait aoeapare tout le ble de b j
et monopolist tout le coton qa'ef
duisait. On ne pouvait vendreqif|
on ne pouvait achetef qu*a lui : *
pulations agricoles et comme
etaieut a la fois pressurees. Em
Europeens r^lamerent-iis aupresj
Porte par Fentremise de leiirs s
deurs; la Porte etait deja
pour^influer sur la volonte du
d'Acfe. Aussi , on avait beau sH
sur des traites avec le divan , sel
sur des capitulations librementc
ties, le pitoyable gouvememe
pachas emp^hait la justice d*aii
oours, les lois internationalesd'^
qu6es. Ces satrapes, trop puii
laient les provinces pour s*e
une fois possesseurs des trteitij
massacre de leurs proprietaJres 1
rantissait, ils mena^aient la Vot
declarer ind^pendants, si elie oel
sait pas contmuer leur system^
predations, d'avanies, de meurti
vols. Le r^sultat deplorable d'o
systeme survivait mime au ty
pays devast^ n*of!rait plus aa ;
seur d*un pacha despotique les i
ces necessaires pour payer It i
de sa ferme. Qu*on ne s*e
plus a pr^ent de la misere ^
pauvre Syrie , de la decadence I
villes et des larmes de ses f
Reposons-nous sur le
tristes Amotions que le soun
Djezzar-Pacha nous a fait ^pr
son sommet est une chapelie (
prophete l&lie. La se developf
regards la grandeur des monl
tendue des eaux, Fimmensile i
Le spectacle de Foeuvre
Createur peut seul consoler des i
humaines qui grouillent ^ vos j '
monastere de chari tables carme
y donnera une hospitalite
tienne. Les religieux qui Font I
eu k lutter jusqu'a nos jours <
vidit6 des pachas : on leur <
'que pierre qu'ils apportaient, i
tarifait chaque pan de mur
vaient : pour ouvrir telle croisici
payer telle somme; pour
SYRIE MODERINE.
17
porte il fallait solder le double; chaqae
coup de marteau ruinait la congrega-
tion ; et quand Targent manquait , Yes
bons freres carm6lites sospendaient
leurs travaux , s'en ailaient qu^tant par
)a montagne, demandaieot des secours
k Rome et a la France, au centre da
catbolicisme et au centre de la gen6ro-
site. Enfin un jour le toit fut plac^,
Douvelles exigences de la part des
Turcs, nouveaux sacriOces de la part
des chr6tiens. Mais alors notre pavil-
ion national vint couvrir de ses plis
Srotecteurs I'ouvrage desreligieux, et
esormais tout put ^tre termini , et un
nouveau refuge s'ouvrit h la chretient^
tout entiere.
Le cap Carmel est la limite de la
Syrie fertile, cultivee, hospitaliere.
Une fois la montasne saiixte descendue,
pour atteindre lelong des rivages aux
bornes du pacbalik d'Acre, il faut s'en-
gager dans des defile de collines nues,
sedies, arides , noires de rochers, ou
blanches de poussiere. Cest deja comme
un avant-gout du desert, c*estdeja la
nature usee , d^pouiliee , ^teinte de la
Jud^e. Seulement aux decombres de
toutes especes que Ton rencontre , on
est oblige de reconnattre qu*autant cette
terre est abandonn^e aujourd'hui, au-
tant elle fut peupl6e autrefois ; autant
elle est triste , autant elle fut riante. Ici
ce sont des colonnes de marbre de
Paros dont vous poussez du pied une
brillanteparcelle, mines grecques; 1^
ce sont les gradins circulaires a'un cir-
J|ue immense, ruines romaines; plus
oin ce sont des murailles d^coupees a
jour h la mode mauresque, ruines maho-
metanes; plus loin encore un faisceau
(lispers6 ae colonnettes , ruines chrd-
tiennes. Toutes les grandes races ont
laisse des vestiges sur cette terre. Mais
h qui demander le nom de ces villes
disparues ? Derriere ces pans de murs
on ne trouve que le chakal accroupi ;
sur le sommet de ces colonnes on ne
voit que Tai^le r^veur. Le premier
endroit habite par ^uelques Arabfs, a
moitie nomades, etsimplement converts
de leurs longs manteaux de laine blan-
dhe, est le bourg que les Grois^s avaient
nomm^ Castel Peregrino (le Cbdteau
des p^lerins). Le chateau est detruit,
le lK)urg s*eD va pierre a pierre.
Enfin, apres avoir travers6 un eours
d'eau sans importance, que Pline avail
appel^ ie Fleuve des Crocodiles, et que
les Syriens nomment Zirka , on arrive
en vue d'une ceinture de murailles hau-
tes et cr^nelees , qui pourraient defen-
dre une cit6 de 20,000 &mes. On ap-
procbe, quelques tours apparaissent ;
queiques colonnes de porphyre se d6ta-
chent sur le ciel bleu. On avance en-
core , on penetre dans Tenceinte for-
tifi^e : pas un Itre vivant, des rues d6-
sertes et pletnes de d^ombres. Et
pourtant ces murailles sont celles que
saint Louis fit reiever, ces colonnes
sont les debris du temple d'Herode, ce
fouillis de ruines, c*estce qui restede la
splendide C^sar^e . la ville ou prichatt
saint Paul , la ville d'ou partirent les
ap6lres pour renouvder la face de la
terre. Arrachons-nous aux souvenirs re-
ligieux et bistoriques (|ui nous assail-
lent dans ces. lieux ou le silence des
temps accomplis a remplace le bruit des
generations vivantes ; et nous parvien-
rons bientdt , en suivant toujours les
rives de la M^diterran^ , a une vaste
fordt de chines , la plus belle de toute
la Syrie : c'est 1^ la limite m6ridionale
du pacbalik d'Acre.
En remontant a Test, a travers des
roches calcaires, et des montagnes qui ,
au lieu des grands arbres du Liban,
n'ont plus que des buissons racbitiques,
onsetrouveenpleineGalilee. Quelle pro-
digieuse transformation! En place oe la
nature riche des saintes £critures, une
nature pauvre; en place de forlts, des
sables; en place de la culture g^nerale,
Tabandon le plus complet ; en place de
villes florissantes, de mis^rables villa-
ges. Ces bourgades, que n'babitent
plus, du reste, que quelques Chretiens ,
quelques juifs, et aes bandes d'Ara-
bes pillards, ont presque toutes une his-
toire celebre et un nom illustre. Ainsi
Nazareth, sanctifiee par la residence de
Jesus-Christ; Kana, le lieu du premier
miracle du fils de Dieu ; Tiberiade, puis-
sante d^ le r^ne de Tibere, importan-
te encore a Tepoque des Croisades , et
dont la destruction vient d'6tre presque
achev6e par le tremblement de terre de
1B37 ; enfin , au nord, non loin de la val-
lee de Bekaha, qui borde le pacbalik
d^Acre a Test, Sapbet, une des quatre
ts
L'UniVERS.
vitles saintes des H6breax , village arabe
aujourd*hui k moiti^ abandonnn^. Nous
ne nous ^tendrons pas davantage sur
Tancienne Galilee, parce que le savant
M. Munck nous avail pr^venu , dans sa
Palestine, et a fait, d'aitleursja descrtp-
tioQ la plus exacte et la plus conscien-
cieuse qu*il soit possible.
En resume, lepachaiikd'Acre.avecses
deux villes princi pales de 15,000 dmes
cbncune, Acreet Bayruth, et sps mines
memorables de cites a peine frequenteesa
I'heure qu'il est, Sidon et Tyr, ne compte
guere plus de 400,000 habitants. Lesol
de ce pachalifc est fertile dans le canton
de Bayruthet d'Acre, aride dans lescolli-
nes rocbeuses du sud, mais quelques-
uncs de ses vailees seraient admirables
si la tranquillity du pays nVtaita tout ins-
tant compromise par des Metuaiis affa-
mes, des Bedouins pillards etdes Druzes
aussi avides que f^roces.
PACHALIK DE DAMAS.
Nous voici arrives a une nature plus
^gale, a un climat plus r^gulier, a une
contree plus homogene. Les grandes
montagnes sont a Fouest, le desert est
au sud, TEuphrate est a Test; quant aux
bornes septentrionales du pachaiik de
Damas, c'est une ligne tout adminis-
trative, qui n'a aucune barri^re natu-
relle et distincte. Les gouvemements
de Damas et d'Alep n'ont d'ailleurs,
sur cette ligne, aucune ville importante
h se disputer; car il ne se trouve sur
leur froiitiere que des terrains va$rues,
que de vastes solitudes. Une longue Ian-
gue de terre, qui s'etend de Djesr Chou-
ghr a Bostra , est seule cultiv^e dans ce
fmchalik, qui pnsse pour le premier de
'empire, et donneenabondance un fro-
ment exquis , un coton recherche , el
toutes sortes de plantes oleagineuses.
Plusieurs villes, heureusement situees et
travers^es presque toutes par TOronte ,
peuptent cette contr6e favoris^e. Ainsi^
au nord de ce pachaiik, h partir du ver-
sant des montagnes jusqu*a quinze k
vingtiieues a Test, s*allongentde grasses
et abondantes prairies : c'est la vallee de
rOronte. En arrivant k Damas, le sol
devient plus sec, plus maigre, et ne pro-
duit avec avantage que des fruits de tous
genres et du tabac renomm6. Au sud de
la capitate, enfin, commeDeent let
gues plaines du Hauran, d'oDeftt
proverbiale. Si ce pays,dontDOi
nons de detacher la meitleure partic
r^gulierement travaille, il nourrii
cilement six millions d dmes si
quatre-vingts lieues d'etendue; i
compte aujourd'hui k peine qd (
en y comprenant les penplades on
des' Bedouins au sud et des Turiw
au nord.
I a premiere ville. qu'on
sortant du pachaiik d Alep est
Fancieniie Apamee. Straboni
prend que les Seleucides avaieot
dans cet endroit une eeole im
de cavalerie, tant le local etait
pos^ pour cet objet, tant les pill
etaient nombreux, tant leseaoi
des. Quel deplorable changemeil
lieu de clairs rutsseaux,de ni*
recdges; au lieu defougueuses
de lourds buflfles; au lieu d^herliei
rantfs, de fetides roseaux. U
fondateur Seleurus Nicanor in
Apnm^e en Thonneur de sa
Arabes ruinerent cette ville idi
I'honneur de leur prophele. (ji
pauvres paysans, de races diven
darobent avec peine a ravidit^des'
etaux ravages des Arabes quelqM
{;res moissons d'orge et de oiais. \
es habitants de Famiah sont-ils i
droit que tout autre de rep^trrfl
verbe des rayas de la Sublime Pl
Partout oil un Osmanii met ^
rherbe cesse de croUre.
Quittons ces licux desol6s,rti
la route des cara vanes , qui d'«*
uu'unechauss^romaine. EHeMl
duit d*abord par un pavs presqae
bite, tant il est expose auxij"^
des B^ouins Maoudtis, jusqu'a
historiquement celebre, mais
d'hui petit village sans imporM
frequente seulement par des plW"
bes. A quclques lieues au dela de
meau de pares et d'etables, appart
campagne plus cultivee. A mesuii^
avaiice, le paysage devientde
plus pittoresque; lescoteaux sec
de la verdure la plus vari^ : w
c6t^ du palmier, le lau^ic^rose i w
cypres. Rienn'offre un aspect ?'•»*
ge et plus agri^^ble a la fois J*
diversity de dessins, cette confua*'
STRIE MODERNE.
t9
eoiilear0, ce melange de parfums qui ca-
ract^risent certaines oontrees orienta-
les. Ce caractere est sensible surtoutdans
I'endroit ou nous somines parvenas :
voici dans le m^me verger Toranger at
ledattier a rexposition du midi, le pom-
mier et le jpoirier h Texposition da
Dord; voici dans ce jardin des piantes
grasses et frileuses non loin de la vio-
lette et de la primevere de nos climats;
voici le saule pleureur sur les bords de
rOronte; voici des bananiers sur ce co-
teeu ^leve. Cette riche v^g^tation , cette
culture soign6ey ces vergers, cesjardins
annoncent un grand centre de popula-
tion. Ce n'est pourtant pas une puissan-
te cit^ que nous aliens rencontrer, c'est
aeulement une petite ville riche et heu-
reuse, exception presque unique en Sy rie.
£n avanqant encore a travers une val-
ine ^troite et accidentee , au fond de la*
quelle roule TOronte sur un lit de blancs
caiiloux, a un detour du chemin, sur une
petite hauteur domi nan te, nous allons
apercevoirle plus jolt, sinonle plus majes-
tueux des paysages. On dirait une vuede
ia basse Seine : e*est la m^me verdure
^latante,cesont les m^mes coteaux, a la
forme gracieuse, aux sommets boisea,
aux Danes emailles de fleurs, ou brou-
tent de blanches ch^vres etde gras mou-
tons. Mais, a Tavantage de la Syrie, le
fond de ce vallon rharmant contieiit une
ville bien plus pittoresque que la rouge
Caudebec ou la grise Quilleboeuf. Les
domes de plomb de ces mosqu^es, les
fleches de pierres de ces minarets, ces
kiosks aux bandes bleues et blanches,
aux toits pointus et surmont^s d'une
boule doree, ces maisons aux jalousies
vertes et aux stores roses, ces rotoudes
aux cent colonnettes qui s*avancent sur
i'Oronte, ces places de terre battue, en-
tour^es de deux lignes de paimiers, ces
lilas qui courent sur les murs, ces jas-
mins qui entourent les portes, ces toiles
peintes qui ombragent les rues, et sur-
tout ces roues hydrauliques les plus
grandes que Ton connaisse, et qui , en
elevant sans cesse Teao du fleuve, la font
rejaillir en mille cascades 6cumantes et
en mille jets graeieux , toutes ces H^
gances, tous ces charmes, toutes ces har-
monies reunies font de Hamah une vM-
table ville des Miile et une ntdts. C'est
qn'auni Uamah est la residence habi-
tuelle des n^ociants tores qui se sont
enrichis h Damas : c*est la quils ont
reuni tout ee qui plait ^ leur godt, tout ce.
qui nourrit leurs longues reveries, toot
ce qui flatte leurs sens delicats : des eauif
murmurantes, des jardins embaum^,
et le luxe interieur le plus 6blouissant.
Entrons maintenant dans une de oes
demeures de la f^licite orientale. Cbaque
salle a son bassin et son jet d*eau , son
sopha circulaire et son estrade de fleura.
Quelques-unes de ces sal les sont pavees
en raarbre blanc, quelques autres en
mosaiques, et le plus grand nombre sont
cou vertes d'un cle ces riches tapis dont
les couleurs sont si vives, la laine si
^paisse que Toeil croit voir et le pied
croit seiitir une pelouse a Pherbe haute
et aux fleurs harmonipusement distri-
buees. Mais ce n'est rien encore : pen^
trons un instant dans le kiosk ou le
mattre de ceans fait son kiefy c'est-^-
dire s'abandonne a cette reverie vague,
a ce repos ^tudie , a cette demi-somno-
lence qui permet a Tdnie d*errer it son
aise a travers Toeuvre du Creaieur, par-
mi le monde des idees et Tunivers dea
songes. Avec quels soins tout a ^te pr^-
f)arS pour satisfaire les sens et bercer
'imagination! Dans une salle ronde,
a^r^ par cinq fen^tres en ogive , aux
grillages dor^s, et qui montent et bais-
sent a volenti, des socles en albdtre
portent des vases de fleurs ou des casso-
lettes de parfums; piusieurs colonnettes,
peintes alternativement en bleu et en
rouge, soutiennent un nlafond ovale oil
sont repr^sentes des arores d*or sur un
fond d'azur. Entre chacune des colonnet-
tes sont ecrits, dans ces beaux caracteres
qui sont un des luxes de TOrient, des sen-
tences arabes, des poesies persanes etdes
versets du Koran. Puis, d'un cdte, brille
un faisceau d*armes ou les fines lames
de Damas et dlspahan s*echelonnent sur
les pistoiets daniasquines deStamboul,
sur les larges espingoles barbaresaues et
les longues carabines albanaises ; ae Tau-
tre c6t6, en pendant, s'^tale un rdtelier
de pipes, dont Tambre jaune, la sole
pourpre, les chemin^es dories, les tiiyaux
de merisier poll font la richesse. Enfln ,
un tapis de Brousse, un sopha de ve-
lours et un bassin d^eau limpide com-
pletent Tameublement deoe delicieux re-
tiro.
40
L'UNIVHRS.
3:
I ]^tonnez-vous maintenant que le ri-
cbe en Orient s*abandonne si facilement
a la moliesse; quMl ne songe ni h aug-
menter sa fortune, lorsqu*eIle lui offre
le bien-^tre que je vous ai esquiss^, ni a
rechercber ies {E;randeurs dangereuses
du vizirat, ni a s'i n quieter d'aut res soins
ue de jouir en paix de son doux climat,
e sa belle nature, de sa parfaite quie-
tude. £n Orient, Ies marques honorifi-
ques ne servent qu'a hierarchiser le pou-
voir, et non a flatter I'amour-propre de
cehii qui en est rev^tu : aussi , ceux qui
ont acquis de quoi vivre a leur gre n*ont
plus aucun souci de ce qui pr^occupe
notre existence en Occident, le rang so-
cial, la position dans J e nionde. L*egalit6
est r^eile en Torquie ; on rencontre pres-
que autant d'orgueil et de dignity per-
sonnelle dans le simple soldat ottoman
que dans le plus puissant pacha : la race
entiere des Osmanlis se croit noble.
£n quittant la ville heureuse et char-
mante de Hamah , qui , malgre son ^ten-
due materielle , ne compte pas plus de
cinq mil le habitants, tant Ies jardins y
sont entrem^les avec Ies maisons, on
trouve encore, durant quelques lieues,
une campagne cultivee avec soin, une
v^etation brillante et variee; ce sont
comme Ies faubourgs dela cit6 du bon-
heur. Mais bientot reparaissent Ies
champs enfriche, lescailloux, Ies sables,
et aussi los Kurdes rddeurs, sortesde b^-
tesfaroiiches sans cesse en qu^te de leur
Eroie. Quelques hameaux miserables s'a-
ritent dern^re desbuttes, ou secachent
dans Ies roseaux du fleu ve ; quelques rui-.
nesde temples grecs apparaissenti^aet I^,
lan<^nt vers le del leurs colonnes sans
chapiteau,ou faisant etinceler au soleil
leurs flits brises ou leurs fragments de
marbre. Passez vite sur cet elegant pont
en pierre,quidatede Tepoque memorable
des Abbassides, et ne vous arr^tez pas au
petit bourg deRussain, de peur d^Stre en-
glouti par une Eruption soudaine de boue
noire etinfecte,dont Todeur sulfurique
seule est mor telle. Encore une demi-jour-
n^ de marche , et vous allez atteindre
Hems , Fantique Emese.
Les Grecs anciens avaient fait de
cette ville un comptoir considerable :
une population nombreuse s'y pres-
sait, une population non moins nom-
breuse la traversait sans cesse. Les
Arabes, au contraire, rabaodoimeff
apres Tavoir devastee. Mais ajant,]
sa position sur les rives fecbodei
rOronte , excite la convoitisc des Q
s^s , elle fat conquise par qudqw
d*entre eux, repeuplee etchoisif ^
capitale d'un comte franc. Maigre
honneur, elle ne put jamais relir
son ancienne prosperity. Tout an
traire, elle suivit la fortune essot
ment variable des Crois^s; tantot
la s^curite, tantdt dans les alannes;!
t6t dans la joie , tantdt dans la d« "^
prise et reprise , et en definitiye t
an pouvoir des Mamloucks ala
tretzieme siecle. Amoindrie deskm,
pouillee et r^duite pen a peu aritt
elle se trouve aujourd'hui, de ville
est devenue gros bourg, aveeqod
Grecs pour artisans , quelques if
pour proprietaires, quelques Tores |
maitres, et un aga assez puissaot a
le pacha d^Alep sous-loue la cootree
s*etend de TOronte aux ruines de
myre. Mais visitons d'abord la Til
▼ante, la ville mahom^taneparescdn
la ville sainte , la porte de la Md
Damas, qui le dispute au Kaiie
^tendue, a Alep en richesse, a Good
nople en importance comme cr*"^
commerce de la basse Asie,
entrepot des Indes , comme anDew <
qui lie TEurope k PAsie ; plus tan! 1
reviendrons sur nos pas, et now"
contemplerces deux admiraWescai
d$ cites qu'on nomme maintauflM
mor et Balbek , et qui furent P*
et Helios-polls.
A partir de Hems les villages*
c^ent assez nombreux et assez f^
sur le versant de TAnti-Liban,*
rives de TOronte , et mime siir
autre ligne, a Test, quisertdei
ordinaire aux caravanes. Pourtaal
diff6rents villages n'ont rien qui
une mention particuliere,siDOD(ii)
ruines grecques ou franqoes,
nes ou tourelles. Quelques sites
^rdce k la frafcheur de leur vegetal
a leurs coteaux ombreux et a *^"
rizon de montagnes, sont eft
aux yeux, et semblent offrir une r*
aussi delicieuseqo ignore : vaaXm
sement Iib voisinage des peuflai
mades enl^ve toute sMunt^
beaux lieux. Cependant les
Z
oi
c
'f
1
L*UN1VERS.
meroe de Damas. Imaginez, dans le
style arabe ie plus pur une voDte im-
mense, comparable par sa hardiesae
et sa hauteur a celle de Saint-Pierre de
Rome , selon Topinion de M. de Lamar-
tioe; une coupole de la plus parfaite
^l^ganre entoure le ddme principal,
et le tout porte sur des piliers de granit.
L'interienr de ce monument grandiose
est compost d'une rotonde immense;
puis derrt^re cba<|ue pilier , sont dis-
tribu^ des roagasins ou s'^chelonnent
des marchandises de toutes espies , et
des escaliers qui mdnent a plusieurs
Stages de cliambres et de corridors.
Voila pour Tensemble du monument;
quant aux details , outre des arabesques
d'un caprice inflni, outre un systeme
d*ornementation aussi original que gra-
cieux, ui ne peut trop admirer une
porte dont les oattants colossaux sont
all^g^s par des dentelures et des dessins
qui feraient bonneur h nos plus grands
artistes. Et qu'on vienne aire, aprhs
avoir appiaudi a cette meryeille , que
le peuple qui Pa ex6cut^e est ennemi des
arts : propo^ de civilisation la louse
qu'il est indigne de TEurope de repi^tt^r !
Cette o&uvre, d*une incontestable
beauts , ne sufGt pas k la gloire inonu-
mentale de Damas. Ce qui fait au con-
traire la honte morale de cette cite, c*est
le fanatismede ses habitants. 11 n*y a pas
vingt aiis encore , tout Chretien ne pou-
vait entrer dans cette ville sainte que la
t^te nue et le dos courb6; aussi n*y
trouvait-on que des Arm^niens parqua
dans un quartier, ferme comme une
citadelle, et qui dissimulaient leurs
richesses sous Tapparence de la mi-
s^re. Leurs v^tements ^taient sombres
et negliges, lorsqu*ils allaient par la
ville; quant h leurs maisons, quoique
luxueuses a Tinterieur, elles n'avaient
sur la me qu*une facade en boue,
{)erc6e de quelques rares fen^tres gril-
les du haut en has, avec des folets
peints en rouge fonce, et des portes
tenement ^troites et basses qu'on ne les
pouvait prendre r6ellement que pour des
ouvf rtures de cabanons. II y avait aussi
h Damas quelques rayas grecs de la pire
esp^, fourbeset Irenes comme des es-
claves, m6pris^ comme des filous, expo-
ses quotidiennement aux injures des fem-
mes musulmanes , aux coups de pierrea
ide
des enfantf, aux coups
hommes. Avec un pareil
comment nepas tomber dan
sement le plus abject? La
plus fibres n*y r^isteraieii
Ton ne con^it pas comment
qui se laissent domincr dans
tale par une poign^ de Tun
jamais de retour sur eux-"
s'indignent ainsi centre )a
quelques Cht^tiens. Ces
Musu.mans sont pourtant
soumis aux Osmanlis que
craintifs rayas.
Nous verrons dans le coui
bistoire Damas puissante, gi
conqu^rante sous les Ommii
la verrons riche et florissan
facturiere du premier ordre
en acier, sous les Abbasside
verrons ruinde et dteimfe pi
Lenk (Tamerlan), qui enamen
leurs ouvriers et massacra le
pilla ses palais et dispersa
tion ; nous la verrons reoall
cendres sous lea Osmanlis, tii
tion est importante comme gral
entre T Europe et les Inde8;airt
elle n'est pins que mercanliieJ
tieuse et perfide. Elle a beaoj
les richesses dans ses basars
font que passer : Ispahan
qu'elle aujourd'hui tremper
Brousse teindre les laines,
no pie faconner les ^toffes :
reputations se sont ^teinta
Elle a beau, h chaque noaveall
rhamadan, voir son eni
d'un peuple de p^lertns; ei
grossiers pour la plu{»rt
dans leur intolerance, loin
par leur frottement Tesprit
tion et de progres. Elle a ' '
foire perpetuelie ou se
les nations asiatiques, la
imm^moriale de aes indig^eii
pas moins de force a ce jeu de
miurieux pour les Damasquias:
Choumi, c'est-^-dire, les haw »
Cham (nom arabe de Daniai
des perfides. ,
On n'a jamais pu connate «
exact des habitants de cettt
ville; mais vn le nombredesai
on peut lui attribucr hawijj
millc proprietaires; vu Ic nofflbr
SYR1E MODERNE.
iserails, cent mille Strangers.
\ total des s^dentaires les deux
N)t Arabes, yinp. mine Arme-
Hincs schlsmatiques et jaifi,
DiHe sealement Ottomans.
It de continuer notre marche
^d dn pacbalik que nous par-
K, il nous faut faire une pieuse
do aux deux antiques ri vales
las : I'une, perdue dans ies sables ,
«, Tautre, cach^e dans les ro-
lialbek. Nous n*entreprendrons
Hirtant de vous expliquer toutes
veilles quf gisent en lambeaux
d^ert da jpoudre ou parmi de
rocailles. (Test k Thistoire an-
I vous apnrendre les noms de
i ont eleve ces temples si nom-
8t si riches; c'est k rarcheo-
lous faire connattre le sens de
Siptions et de ces eniblemes si
:« c'est a i'arcliitectonique k re-
jiUo de ces superbes edifices ,
u km ensemble , a leur rendre
9ute. Si nous ne consultions,
|s, que les mis^rables habitants
. de ces ruines magnifiques , ils
feiaient la fondation de Tune et
de ces deux grandes villes au
')moo , le plus grand des mo-
selon les historiens arabes, le
g^ies (Djins) selon les Musul-
ipoetiquesjusque dans leur igno-
bpeut^dureste, visiter Palmyre
I graode suite et de copieuses
pons; le voyage est penible a tra-
"^ desert de plus en plus aride; il
IX si Ton rencontre une de
errantes de Bedouins dont
ituel est la guerre, qui ne vi-
ri (ie rapines et de brigandages,
vue des ruines vaut toutes les
on se donne pour les attein-
%z-vous une vaste plaine toute
de debris merveilleux, de mar-
jnifiquement travailles , entas-
iBos sur les autres. Figurez-vous
~nes rues de colonnes, toutes
ffloins attaquees par le temps,
rvant encore cette belle cou-
qui charme sans dblouir,
ineore toute la grdce de leur pose,
fbarmonie de leurs proportions.
Kn y a-t-il de teaiples , de porti-
de galeries , d'arcs de triomphe
d^truits dans eet amas sublime? A
quel degr6 de civilisation fallait-il que
le peuple de Zenobie fdt arriv^ pour
entasser ainsi les somptuosites PLesRo-
mains nous ledisent a peine , et la reine
qui possedait un si grand nombre de
palais n^eut pas un seul historian.
En debouchant par les collines de sa-
ble , d*ou Taspect de cette cite morte em-
prunte ^ sa chute m6me une majesty
qu'elle ne poss^da peut-^tre pas dans sa
prosp^rit^, on est frapp^ tout d'abord
de la confusion de decombres precinix,
de I'etendue decertains monuments dont
les colonnes debout vous doonent encore
ridee la plus grandiose, de certains p^
ristyles qui out encore toute la beauts
gue des architectes de genie leur ont
imprim^ pour une longue suite de sf6-
cles. Puis , si Ton veut se rendre compte
par le detail de son impression si saisis-
sante, si Ton veut raisonner son enthou-
siasme et classer ses sujets d*admiration,
▼oici ce que Ton trouve en avan^ant pas
k pas dans cette capttale d*un art dispa-
ru. On laisse de c6t6 tout d*abord les
restes d'un chdteau arabe, qui seraient
pittoresques e t curieux en tout autre en-
droit , mais qui , dans ce rendez-vous de
merveilles , attire k peine les regards.
Quelques s^puicres carres, aux pilas-
tres elegants ,'*m^ritent deja vos eloges.
Passez vite pourtant, afin d'arriver plus
t6t a cette avenue admirable de colon-
nes, les unes a moitieenfouies, les au-
tres mutil^es par le haut, d*autres en-
core presque mtactes, celles-ci isolees,
celles-la rattachees encore par la plus
Elegante architrave. Est-cc la une suite
de monuments, ouun seul ^ifice.' L'^-
rudition artistique pourra trouver un
jour le mot sublime de cette ^nigme de
marbre.
Avan^ons encore, et nous alions
rencontrer le dief-d'oeuvre sans doute
entre ses chefs-d'oeuvre , le temple du
soleil qu*on adorait a Palmyre aussi
bien quia Balbek. On y avait prodigu^
toutes les richesses de la sculpture: tou-
tes les pierres en sont fouillees avec un
soin et un godt parfait, et Tensemble
prdsente n^anmoins le spectacle de Tu-
nite dans la variety, de Tordre dans la
magnificence. La facade du portique est
form6e de douze colonnes colossales, et
mene k une cour carree de soixante-dix-
^
L'UNIVERS.
neuf pieds sur cbacuoe de ses faces,
orn^e d'un double rang de nouvelles co-
lonnes; puis se voit un peristyle avec
<juarante et UDe colonnes encore, perc^
d'une large porte, dont le soffite, qui
git dans ia poussiere, nous montre un
zodiaque semblable au notre, et un oi-
seau mysterieux , aigle ou pb^nix , sur
un fond parsem^ d'etoiies. Cette porte ,
sans doute, ouvrait sur le sanctuaire,
dans lequel on ne rencontre plus aujour-
d'hui que decombres amonceles ; et pour-
tant le dieu qu*on adorait dans cette
enceinte y darde toujours a profusion
ses rayons .^clatants : ses pr^tres ont
disparu pour jamais, etseul desormais il
remplit la solitude de son temple. II nous
paratt inutile de continuer la descrip-
tion de cespompes eteintes, nous craiu-
drions, d'ailleurs, de tomber dans une
aecbe et froide nomenclature; cx)nten-
tons-nousde mentionner encore les qua-
tre siiperbes colonnes de granit que les
trembiements de terre ont ^pargn^,
et Tare de triompbe qui termine Ta ve-
nue de colonnes dont nous avons parl6
en commeii^ant. Parmi ces marbres
somptueux, dont le travail prouve si
bien la puissance de Tesprit bumain^
s*aper^oivent quelques huttes informes
de terre et de paille : c'est la demeure ac-
tuellede quelques pauvret Arabes. Com-
parez maintenant la Syrie ancienne k
la Syrie moderne ; nuUe part decadence
ne fut plus manifeste!
Les mines de Balbek sont nioins nom-
breuses, sinon moius magnifiqups que
celles de Palmyre. Au lieu de former
on cercle vaste et allonge comme celles
dont nous venons de nous occuper, elles
sont plus ramass^es, pour ainsi dire, et
se trouvent enceintes d'un mur de sept
h huit pieds de bauteur qui figure un
carre long. En escaladant cette muraille
aux i)ierresenormes, dont quelques-unes
ont jusqu'a trente nieds de largeur, on
parvientau milieu d'une a^loin^ration
prestigieuse de marbres bnses, de cha-
piteaux renverses, de corniches et d*en-
tablenicnts ^pars sUr le sol, de voOtes
dont il ne reste qu*un nan, de colonnes
dont il ne reste que le nit. Cest qu*aussi
a Balbek Taction de Fair n*a pas seule
a^i centre les monuments bumains, la
vegetation a fait aussi son oeuvre de
destruction: elle a ^teudu ses lierres vi-
vaces qui ont disjoint les nninlef
solides, elle a disstoioe ses pari
sur les ornements ardutecua
plus elev^s, elle a ^rase lesjj
avec ses buissons de nopal, dk!
les plafonds avec la t^te de sesi
res. Ce melange de uiarbreedi
de verdure brillante est iim
coup d*OBil, il est vrai; inaisQ
de beaut^ cette nature luxoiii
t-elle pasdeja divorces!
II existe pourtant quelqoesifl
core debout, et un temple
intact. Ces restes sont sii
Sigantesques d'une pierre ii
ore., moins blatant que le
moins mat (}ue le travertin :
lonnes ont ete fouillees arec
infinr; leurs architraves et
niches sont digues de Corintbe.
que ces colonnes colossalesfaia
tie d'un temple, aux enonnei
tionSy qui aurait 6te abattupif
blemeut de terre, et qu'apres ti
cet immense monument, oo^
ilev^ un autre a cote, sur lei
sin, mais considerablement
Cetteconjecture, tout ing6nic8i
soit, ne nous paraft pas proh
Sourquoi des architectes,toujM
e leurs predecesseurs, sipip'
leur merite, auraient-ilslaisse''
face de leur oeuvre teriuio^
ments d'un art plus audadcfl
leur, des preuves d*un plaobeM
grandiose? N^est-il pas pluss
penser ^ue la , comme a PaloR
nie si fecond des anciens avv
temples grands et petils dans
de leur ville sacrte , et en Hij
la foule de leurs dieux ? QuoiqB
une inspection raisonneedtf
Balbek a fait ju^er au'il ti
Tenceinte de la ville des delfi
sieurs dges : ainsi quelques bl
mes, aux sculptures roysterici
pr^sumer une architecture t
presqueantediluvienne ; qudf
nes massives aux chapiteaux
mes annoncent un art pbefli<
de celui d'Egypte ; enfin cert
ques sont grecs, certaines t
maines.
Le temple le mieux cm
6videmment de I'^poqueanti
feuilles d*acantbe de ses cor
• •• •
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S^rRIE AKCIENNE.
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/!:.'y.' ./.:<ra'^..,./^ K ,r /-/^ .,..',./ . , . . .'r , A, .A , /
SYRlE MOOERNE.
4i
■I de sa frise, les oraements de ses
■Ires, toot ie prouve surabondam-
H. Void, OD outre, des caissons scalp-
[qui indiqaent que ce monumeat
Medieaux dieux paiens : ici c'est
[igure de d^esse, la de dieu ou de
p; plus loin c'est Ganym^e enlev^
^faigle de Jupiter; partout ies syin-
fctiYants de la roythologie. En som-
p'enaembie de ces mines doit ravir
^imagination : pour Tartiste ce sont
lirablesmodeles, pour le poete un
Hses inspirations, pour le philo-
i an sujet de profondes reveries :
*ks barbares seuls, qui en habi-
In environs , elles sont froides et
maintenant jusqu*au boot
myage du nord au sud de la Syrie.
ton de Damas est une oasis de
lieues de tour dans un desert im-
qai va rejoindre a Test les solitu-
Hrak-Arabi, et au midi les sables
laz. U y a bien encore quelques
otil^ quelques terres noires et
fa plaine du Hauran, par exem-
r que oous avons deia plusieurs fois
lee; mais on est bien loin de lirer
un parti avantaceux de ce sol
It : les Bedoui ( ies nommesdu de-
Bont trop mena<^ants, et les cul-
~r% sont en trop petit nombre;
mil faudrait presque tenir gar-
dans cbaque champ depuis le temps
Isemailles jusqu*au temps des mois-
iftt. Pourtant autour des villages de
f^, d'Adrdath et de Djerash le pays
i^CDitiTe et productif. Au dela com-
Vttot les paturages du Jourdain h
^1 et ies sables du Barrai-Al-Cbam
isst. 11 faut aller jusqu'^ Naplous
rtroQver un pays ricbe et une ville
Ue. Naplous est bdtie non loin de
Knne Siehem, et sur les debris de la
^lis des Grecs : c*est la retraite de
toes Musulmans puissants, amou-
de riodependance , mais assez bons
BDlteurs; aussi font-ils rendre a leur
^SBueoop de bl^, de coton et d*oli-
Onn'aurait qu*a louer leur maniere
^ne patriarcale et leur caract^re
fiert6, s'ils n'avaient mallieu-
it an d^faut qui gdte bien de
quality, rintolerance religieuse.
i^OQt jamais voulu souffrir de Chr^-
^~ parmt eux, et les pelerins doivent
^viter de passer par leur ville, dans la
crainte d'etre injuri^^ et molestes.
Sauf la vall^ du Jourdain , la contree
est presgue partout montueuse et aride.
Les collines de la Jud^ sont grises, in-
cultes , tristes , aux flancs a pic , aux
noires cavernes, aux ravins sombres et'
creux ;quelques figuiers rachitiaues pous*
sent a travers d'enormes charoons et de
norabreux arbrisseaux epineux. Plus on
avanee, plus la vegetation di mi nue, plus
les cailtoux comblent les champs, plus
une poussiere voicaniaue s'eleve de tou-
tes parts, et attriste rhorizon. Encore
un pas, et nous aliens arriver h la cite
sainte , pour la possession de laqueile les
Francs ont si longtemps et si inutile-
ment combattu. Jerusalem est entouree
d'un desert de pierres gris de cendre;
des rochers noir§tres torment conmie
des avenues funebres a la ville des lar*
mes et des desolations. Les yieux oli-
viers contemporains des douleurs de Je-
sus-Christ ne sont plus que de colos-
sales racines p6tri(iees. Les jardins des
orgueilleux pnarisiens ne sont plus que
des terrains vides et nus. Poussiere som-
bre , pierres lugubres , p&les oliviers, ro-
chers noirs , tacbet^s de bianc com me
un drap mortoaire sem^ de larmes, lit
desseche du torrent Cedron, collines
^boulees du Calvaire et de Sion sembla-
bles h Tamoncellement horrible des os-
sements de cent generations, source
intermittente de Siloe, valine profonde
et rigide de Josaphat, oil le ciel lui-meme
semble prendre une teinte funebre , tel
est le paysage actuel de Jerusalem.
Nous ne vous fcrons pas ici la descrip-
tion d'u ne vil leque presque tout le raonde
connatt , que tant de voyageurs ont de-
crite, que tant de poetes ont chant^e,
et que dailleurs nous verrons dans notre
histoire a bien des &^es divers , k plu-
sieurs epoques caracteristiqnes , qui exi-
gent chacune son tableau . Laissons done
derricre nous les remparts creneles,les
portes monumentales, le ddme du Saint-
Sepulcre et les arcades d'EI-Sakkara (la
raosqu^e bdtie par Omar), les clochers
et les minarets m^les de la cit^ qtic
les Arabes eux-m^mes appellent ^l-
Kods, la Sainte. Au sud oe Jerusalem
c*est la m^me tristesse et la m^me ari-
dite : vallees brdl^es par les rayons du
soleil , montagnes calcindes par le feu
ttrmvERfl.
des volcaoB, mer Mcnrte k ilionzon, voi-
Ik ce qu'on rencontre deJ6richo k Saint-
Saba. Pour retrouver la verdure des ar-
bres et Tor des moUeons, il faut redeg*
cendre vera la mer, et nous diriger vers
Touest. Nous pouvons tout d'abord re-
poser nos yeux sur la vall^ de K&riat*
£I-Anep , autrefois de J^remie. Ici les
mOriers reparaissent, et des jardins, en-
tour^ de haies de cbevrefeuilles odo-
rants, sout divis^ en vergers et en par*
terres , et arros^ par d^abondants ruis-
seaux.
Avant d'arriver a Raml&h , il faut en-
core traverser des defiles esoarpes, ta-
nieres de bStes feroces, repaires de bri-
Sands. EnOn on parvient a la plaine de
Latnlah, qui a deux aspects bien dif-
ferents, eelui du printemps et eelui de
Tele. Au printemps , c'est la verdure U
plus variee, des tulipes, des anemones^
des prime veres ; puis de jaunes et belles
moissons, ou les episont plus de six pieds
de tige. En ^te, au contraire, le soleil de-
vore jusqu*aux moindres plantes, pompe
Teau des ruisseaux , ecorcbe la terre et
la laisse feodue de toutes parts , et avec
ce ton rougeStre, particulier au sol de
la Palestine. Raralan est Taneienne Ari-
mathie, la patrie de Samuel; elle n*a
aojourd'hui qu'un millier d'draes, elle
est sans caractere propre et original.
Aquelqueslieuesde i^^surlesbordsde
ki Med iter ran^ se repose mollement la
voluptueuse Ydfa. G'est la une veritable
merveille orientale, mer bleue, ciel bleu,
fordt de palmiers, de grenadiers, de ei*
tronniers et de cedres maritimes, jar-
dins deticieux, cbemins jonch^s de fleurs
d*orani^er, murs couverts de jasmins ,
fontaines jaillissantes, terrasses crene-
ls , blancs minarets « 6clatantes cou po-
les, balcons mauresques, le tout sed^-
tachant sur le fond blanc du desert et
sur les sables onduleux de la c6te.
Au sud de Ydfa xisent les ruines
d'Ascalon, que nous verrons prise et re-
prise tant de fois durant Tepoque des
Croisades. Puis Gaza, ville d^ja egyp-
tjenne, admirablementsituee entre TA-
frique et TAsie, avec les restes de son
opulence d'autrefois qui s'apercoivent
encore dans le marbre blanc qui sert de
lit a ses ruisseaux , avec son sol noirft-
tre si fertile en grenades, en oranges,
en dattes , avec ses jardins qui produi-
80ot dee oignoiis de nnoaealeifti
Dttte qu'on en exp^die dnqneaoofoi
lee parterres dQ8^aildeC(msisi '
Apr^ Gaza, le grand desert
commence , et la Syrie fioit au
teaufort de Rbao- xoaaes.
^ En r^um6, eomme let
liks de Syrie , le paduilik
fre plus de vilies detnutea
florissantes, plus de terres <
de champs cultiv^, plus de
de r ichesses. Damas est enceieJ
sante, Hamah bienagr^aUe;
decadence dans Hems , el
ces cites qui naguere \
bords de TOronte, et qui a ,
passer aujourd'hui pourde'sii
gades ! A ussi malgr^ son iKit
chalik compte tout au plos
mille lmes.Deux fl^ux,da
neat sans cease, et Tenval
enpius,ledteortetlesBr '
viendra, si elle n'y s<
Damas elle-m^roe sera
ou par les autres. Quanta la
une partie de son littoral avee
charmanteYAfa, sauf deuxoV
tes vallees, sauf one plaine
de Ramlah, tout le reste est
appauvri , us^ , 4teint , qu*oo a fl
s ima^iner qu*en ces iieux d^oM
cut, il y a <]Qelque viogt sier*'^
grande et puissante nation, les
CONQUlfeTES DE UISL*
Atat de la syrib eh IA
Que noua repr^sente la Sf«^
mier de Th^ire, date obscure 1^
contemporains , lumineuse po^
toi re ? Une grande prosp^rit^ <!">$"
des campagnes, toujours feim*
qu*abandonnent peu a pea 1^
tants; d*anciennes capitalA« n>J
ches. mais qui commenceiit a « W
de toutes parts, signe de £H^'
les frontteres de TEmptre, dw
source des natiens en dw«**
littoral encore rempli dehafrts,!
dont le commerce diminua par taj
croissante de ateuritc; deswnipw
perp^tuelles, des extr^mites auwi
dea agglomerations d*hoiiiin« sari
-W
^mm
SYRIB MODERl^E.
47
lou ik ae gtoeiit; det terres en
If aon faute de bras, mais faute
MM TolonU pour les cultiver (*).
|M lecolosse lomain se d^traque
vcdt^^e'estqueles colonnes les
Boi^eefl de rempire s'ebranlent
im BRorts reputes , c'est que le
e le midi sont ravag^ a la
reux spectacle! Moment fa-
tes plus grands courages se las-
* ce (}oi &isait la force dans les
devouement et d'uDloo, le
des provinces , fait la faiblesse
temps d'egoisrae et d'anarcbie I
Teosemble d'affaissement et
ince qn'offre cette partie ddja
de Tempire byzantin ; le detail
' t plus affligeant encore,
dans toute sa nudit^ : une
a Tagonie^ Antioche, ex-
d'on royaume d^truit , ville
|uedu feste, mats grecgue
Ibnpire, c'est-a-dire pusillanime
tf nrekelliqueuse , defenduepar
'ttredenourailles beaucoup plus
iepatriotisme de ses citoyens,
i^puur le luxe, pr^ferant les
du Mgooe a la ^loire des arts,
ttte a la domination souveraine,
<]oe MS triors soient bien gar*
IBS iooissances toujours nouvel-
'^ oe ses habitants que Tamour
etiesoin deleurs plaisirs n'ab-
Ipas Umt entiers ont un vice de
>pws (|ui Taut tous les vices du
t» maiiK de la eontroverse reli-
l^teiiien*, les nestoriens, les
KMtt dlotich^, les monotli^lites
Ijtt coiutamment de la dispute au
tt. lis se pers^eutent r^ciproque-
i*loa qae la force et la majority
wrent |H>urun parti om pour I'au-
idiristiaDisme est devenu, dans
8il€, une doctrine plutot qu'une
*j un scandale plutdt qu'une
Mais ee n'est la que la preoccu-
fcdu petit nombre ; celle du grand
* wt Favidit^ pour Targent , la
JWf les plaisirs. Les campagncs
wurent Aotioche , ayant les m^-
[wts, lui ressemblent par les
^ttlesactes. Le port de Seleucie
leneore one grande activity, mais
pour les operations commerciales
Fles jeux de la fortune. Ainsi,
zTWophaneelC^fiuus.
aa nord de la Syrie, des Grees abHtar-
dis, m^ang^ de races diverses, ro-
maine, byzantine, juive, mais unis
par des int^r^ts dgaux, par des vices de
m^me nature , se proposant un but com-
imin et unique, le gain.
f Pour se reposer de ee ^bteaa hon-
teux , il faut mooter jusques au sommet
du Liban. Icise rencontrent d'excelleuts
montagnards, au coeur noble, a Thos-
pitalite immenioriale, hommes simples,
caodides , insoucieux serviteurs des
Suissances terrestres , sectateurs zeles
e la divine omnipotence, ces Chretiens
sinceres, ces sages anachor^tes, ces
moines d^voo^s sous les disciples dc For-
thodoxe Marroun , qui protesta si ferme-
ment du fond de sa solitude contre les
heresies du cinquieme si^cle , et parti-
culierement contre celle d*£utiches. Les
couvents de ces braves religieux, diss6-
mines dans la montagne, furent de tout
temps les Stapes despderins, leurs ^gli-
ses des champs d'asile, leurs presbytd-
res des hopitaux (*). Cette contree, se-
reinecomme leciel qui la couvre,comme
Tairqui Tentoure, n'estd'ailleursqu'une
exception.
Au versant occidental de la chalne
Libanique, sur les cdtes orageuses de
la MMiterran^e, voici des villes jadis
florissantes, Tortose, Tripoli, B^-
ryte, Sidon, inquietes aujourd'hui,
laissant a Tabrt ae leurs mdles leurs
galeresvides , sans agrds et sans rames;
puis Tyr , encore tout 6mue de sa r6-
volte oes Juifs , qui, au nombre de qua-
rantemille, avaient projete le massacre
des vingt milte Chretiens de la ville;
enfin, tout le long du littoral ,de Seleu-
cie k C^ar^e, une suite de petits ports
abandonn^s, de rades qui se ferment
sous le sable qu'apportent journellement
les lames de la haute mer, de rivages
d^pouilles et brdlants, que n'babitent
plus que quelques pauvres p^heurs,
sans cariictere propre, sans race dis-
tincte, sans nationality, comme tous les
proletaires de ce monde.
Contraste manifestel Au versant
oriental des montagnes , les plus doux
des climats , la plus suave des atmos-
pheres, la plus fifeconde des natures ^
(♦) Vovez AboalfSiPadJ, damsa Chroniqus »•
riaquej *et ka ecriU de Faosle fiairoo, da
P. Lequien et d'Ass^aoi.
48
L^UKIVERS.
une grande ville tout asiatique , entre-
pdt des richesses les plus prodigieuses ,
rendez-vous de toutes les fortunes hu-
inaines, reunion de toutes les families
favorisees, inolle et heureuse, trauquille
et satisfaite, Damas, que les Peraes
out ^pargn^, que les Ommiades agran-
diront encore. La campagne qui l*en-
vironne est comme aujourd*hui un jar*
din de fruits et de fleurs. Mais, si cetle
ville, avec son vaste jardin, est encore
toute Grecque, les plaines fertiles qui
s'etendent audela ne sont deja peu-
plees que d*Arabes. Et plus on avance
vers le sud , plus les descendants dls-
niael sont nombreux, Chretiens aujour-
dUiui pour devenir Musulmans deinain,
intrus successifs qui viennent vers les fo-
r^ts d'orangerset lescbampsdefroment
de cette terre de predilection , de m^me
que Taiinant se tourne vers le nord.
Puis commence T^pre Palestine,
cent fois ravagde , avec ses tristes ha-
bitants, et sa sainte capitale, qu'hier
encore Gbosroes potluait et d^pouillait.
Au deia sont les domaines des Ghassa-
uides, cavalerie l^^ere des empereurs'
de Byzance , la ou ii faudrait des garni-
sons sedentaires, peuplade nomade et
guerriere d'ailleurs, tropavidede pillage
et d'aventures pour rien respecter et
rien ^difier. Au sud de Damas , se ren-
contreut encore quelques grandes villes,
mais dont Topufence n'existe plus que
dans leur architecture, Paimyre et Bal-
bek. Les autres cites plus modernes,
exposees qu'elles sont sans cesse aux
incursions des ennemis de Constanti-
nople , tremblent et g^missent comme
Apamee tant de fois envabie, ou s'etour-
dissentdans desfStes d'un jour, comme
£mese, lors du passage de rempereur.
Ainsi une population abattue, un lit-
toral aue fuit le commerce , dos villes
centrales sans defense, une capitale
eorrompue, une populace esclave de
quiconque la nourrit, une aristocratic
Idche et dissipatrice, des cites qu'on
verrouille le soir comme la porte d'un
coffre-fort , des campagnes de plus en
plus abandonn^s, tel est le tableau de-
plorable que pr^sente la Svrie, la six
cent vingt-deuxieme anneede notre ere.
L'homogeneite manquait a ces debris
de royaumes , a ces restes de cites , a
ces peupies d^6n6r^ ; pour les reiier
et les relever , il eAt fallu um
puissance etun grand homme.
tait-ee alors que Tempire
qu'ctait-ce que son chef? ^
i^pondre a ces deux qoestiooL
L'eoipire bvzantin a eo
neste que sa fbndation ellc
6tre considerde comme uoe
tantinople est un centre
c'est vrai; mais e'est un
que, et non europ^n. Or, les
n'avaient jamais valu que
europeenne ; en transplantaotl
coup cette nation , qui fut si ^
forte sur son terrain et dans:
on lui fit perdre , au bout di
ration, toute sa seve et toute a
Les legions romaines de
epuiserent leur energie avee
dite desastreuse. La mollesi
dolence asiatiques chaogerat
d'un siecle le caractere ai
tif des dominateurs do
gion Chretien tie elle-m^me
sante pour les reg^ncrer ; H
ment progressif de deoxra
pathiques, d'instinct et <f<
essentiellement divers, foron
tion hybride , pour ainsi dire,
jamais une veritable puissance,
romain , d*ailleurs, ^taitdejatnf
pourrajeunir la iympbe asiatiooft
est-il impossible de trouver <M
toire du monde entier une pl«
et plus p^nible d^adence qat
premier peuple de ruoivers. 0
cadence dura plus de douzer'
son premier jour est certiii
jour de la translation da poQVM
tral de Rome a ConstantiDO|ij^
poque qui nous occupe, celiim
avait done pres de quatre m^
dur^e, et elle en etait amT^>
ses crises les plus graces.
L'ignoble tyran Pbocas, q»
usurp6 le sceptre par ua
et qui n'avait rachete ses --^-
aucune vertu, avait cotn^
tons les points le salut de r£
Les finances i^taient ^uisees;
6tait sans discipline, le peuplea
ranee. LesPersesen AsleetlWiUii
Europe pillaient toutes les ?ilH'
saient Tinsolence jusqu'a venir i
les Byzantins sous les murs (K
pitale. La corruption la plus''*
SYBlt. MODEftNE.
49
la plus g^Derales'^tablit impudemment
dans tous les centres de population.
L'bonneur^taitmoins qu'un mot, c'^tait
un ridicule. Le courage ^tait une vertu
releguee dans les temps fabuleux. La
patrie ^tait une charge pesante dont on
fuyait les devoirs. Les troupes ne se
rainissaient que pour exiger de iVmpe-
reurqu'elles avaient fait, de nouvelles
largesses; en faee de rennerai, elles ne
savaieut que se debander. La Thrace
^tail un incendie permanent, la Syria
un sac continuel. Jerusalem aval t'ete
r^uiteen poudre, £dessedevastee, Apa-
mee presque detruite Partout enlin r^-
gnait la terreur; Tesclavage oula mort
sembiaient luenaeer toutes les popula-
tions (*). Tel etait le lamentable (tat de
Tempire byzantin, aucommencementdu
septi^me siecle. Mais Phocas fut enfin
pnni par le glaive d^Ueraclius : il s^etalt
encore trouve dans le peuple, mais la
seuiement, un reste d'^nergie; et, malgre
les riches et les coUrtisans, le peuple s*e-
tait d^l ivr6 par Tinsurrection de la plus
honteuse tyrannic. Malheureusement il
n'etaitpasdonn^aU^raclius de reparer
tous les maux qui accablaient TEmpire.
I HZBACLinS ET MAHOMET.
H^raelius, c'est la contradiction cou-
ronn^« Du temps du premier empire
remain , du grand , on avait vu sur le
trdne la toute-puissance avec Trajan, la
bonte avec Titus , la philosophic avec
Marc- Aurele; ii ^tait r^erv^ au Bas*Em-
pire d*y voir le paradoxe avec Julian,
rimpuissance avec Maurice, le crime
avec Phocas. Successeur imm^diat de
ces deux derniers, il edt fallu ^H^raclius
le genie des premiers Remains uni a IV
dresse des premiers Grecs. Loin d'etre
sublime par rintelligence , il ne se mon-
tra seuiement pas remarquable (>ar Tha-
bilete. Doux et humain , il condamna k
mort une pauvre servante qui par m6-
garde avait crach^, du toit d'une maison,
sur leconvoi funebrede Timperatrice;
eourageux, t^meraire m^me dans ses
combats centre les Perses, on le vit plus
tard fuir de ville en ville devant une
poignee d*Arabes ; sincerement attach^
an christianisme, il se laissa engager
n VoyczPanl DIacre, Zooare etNlc^phore.
4^ LivraUon. (Syrie modeenb.)
dans la doctrine des raonothelites, sorte
d*6clectisme religieux aui tenait k la fois
des trois grandes heresies dominantes
d*Arius, deNestoriusetd*Eutych^ ; mou
par nature, il fut energique par circons-
tance ; voluptueux pargoOt, il futsobre
par n^eessit^.
La m^me contradiction qui forme
son caractere eclate dans ses actes.
Trouble par P^tat pitoyable ou il
trouve Tempire, son dmes*abat, et, faute
de r^olution, il sVndort dans lamol-
lesse ; accabl^ par la fureur de ses enne-
mis , son eoeur faibtit, et il regarde d'un
oeil hel)f te ChalrMoine, qui bridle en face
de sonpalais; la famine sur prend Cons-
tantinople, sa iSte s'egare, et il veut s'^-
chapperen Afrique. Orgueilleux avec les
Perses , il est humble avec les A bares.
De la m^me main qui vient d*ecraser ses
adversaires les plus redoutables , il signe
de honteux traii^s en faveur d'ennemis
sans puissance. Strange destined bon
^Idat, mais pitoyable politique , il perd
avec la plume tout ce qu*il gagne avec
r^pee. Knfin, grdee k Tamour de son
peuple, il se rassure, il reprend toute
son audace; comme le san^^lier accul6
qui se retourne contre la meute qui Ta
longtemps poursuivi , il ^ventre les pre-
mieres lignes des Perses , attaque Cnos-
roes dans le coeur de son reyaume^ s'em-
pare de sa capitate; mais, tout ^tonn^ de
de sa victoire, il n'ose ^touffer le tyran
qu*il foule a ses pieds. En somme, son
regne de trente ans se divise en trois
pdriodes : dans la premiere, il ne se mon-
tre que d^ourage et impuissant ; dans
la seconde, il se relive et grandit tout k
coup; dans la troisieme, il retombe plus
bas que jamais. Cest a la Gn de la se-
conde que commence notre histolre.
Cependant, au fond d'un desert que
les Remains, dans leur toute-puissance,
avaient dedaign^deconqu^rir, il pointait
une lumiere morale , Tlslam , il naissait
un prephete, Mahomet (Mohammed).
Rien de plus obscur et de plus difGcile
que les commencements de Mahomet.
Orphelin , sans fortune, sans preponde-
rance, il est oblige d'entrer au service
d'une riche veuve. Son emploi est d'a-
bord dela plus commune nature : il con-
duit les chameaux de sa mattresse de la
Mekkeaux frontieres de Syrie. Puis, au
contact des hommes , son intelligence
4
k6
vmwa^
ae d^ velopfM ; 11 1'applique au oommeroe,
et ses services preoaent de jour en jour
plus d'imfK>rUiaee, Bientdt de cbame-
lier il devient intendaat de Fopwlente
Khadidja. Eofio, il Spouse oette Kba-
didja; mais son existence ne change pas
encore : il ne semble avoir jusqu'a aua-
rante ans ni Tidte qui oocupera les der-
nieres annees de sa vie, ni le but vers le-
guel il teudra plus tard avec uoe si in-
tatigable perseverance. Ses voyages la*
vaieiu-ils instruit? Les meditations,
auxquelies on le voyaitse livrerhabituei-
lement avaient-elles mQri son esprit ou
tourn^ 88 t£te? Un jour il arrive auprcs
de sa femme, les yeux ^latants, la d^
marcbe furibonde, Pair inspire, et pre-
tend avoir re^u la visite de Tange Ga«
briel. Oe ce iour il se dit prophete.
Trois ansaurant, ses predications ne
8*etendent pas au del^ de sa famille ; il
y trouve m^me plus d'incr^ules que
de disciples. II n'en continue pas moina
son ccuvre, gagne des partisans hooinie
par bonime , et en vient a exposer publi-
quenient sa doctrine. Des lors il nlesse
les prejug^ et surtout les inter^ts de sa
tribu : ses prejug^ , en attaquaut Ti-
dolStrie; sesiuterdts, en enlevant son
prestige au temple de la Kaaba, qui atti*
rait des visiteurs de toutes les parties de
FArabie. Cette tribu r^agit coutre Ma-
liom(*t , le chasse et le persecute. La fuite
k Medine du prophete proscrit est celle
d'un homme qui ne paraissait avoir ni
puissance ni avenir. Sa victoire de
Bedr n'a aucune importance reelle :
d'ailleurs, en clierchaiit h arr^ter une
riche caravane , il commettait plutot le
crime d'un brigand qu*il n'accomplis-
sait Tacte d'un eiivoye de Dieu. Sa d^
faite d'Uhud, si elle ne Tabat pas, lui
dte au rooins du credit, et forme un
nouvei obstacle a sa marclie en avant.
Quant a la vengeance qu'i I tirede la tri-
bu des Benou-Koraizha , elie est atroce :
les sept centt t^tes qui! fait tomber froi-
dement gdtent bien des pages de sa mo«
rale elastique (*).
£nignie singuliere que le caractere
de cet homme 1 11 crott avec sa fortune ,
mais en sens inverse des aveiituriers or>
dinaires : plus il moute, moins il s*aban«
') Voyex rexoeIlent« tradoctioD d*Aboal-
ru de Mohammed, par M. Noel de« Ver-
f^
donne k aeapaaaioas ; plot ilflonqsol, <
moins il paralt ambitiwx; iitail|
a'eldve , mouu il se «iontn np«M.|||f
premieres giienres ne sont pas i
chose que des luttaf de tiibusa t
rien n*est change a eette opaque diK|
habitudes de la nation anhe, ou p'
il n*y a pas encore d« nadofi i
Mais Texp^dition du prophetic
Mekke avec roille homines toutd
et surtout son traits de paii i
Kor^ischiteSy ses plus aneiMis eta
Impiacables eimcous, soot det i
politique habile, et aussi d'd
resolution; car il agit malgrekii
et les cons^'ils de ses compasiwDt.
La prise de la riche viUe joi
Khaibar decida du sort de V
dater de ce jour, il ne eessa de |
tel que nous Tavons esqaisse i
rheure -. sa clemenoe ioepuisil
aussi adroile que gte^reuse; ii
quesa puissance seoonsolide,i«
a Dieu le plus constant boii)
mesure que ses enuemis les plus i
n^ lui sont ameo^ prisonoten,)
de se montrer d*autant plus Mi
plus cruel qu'il a ete naguerepkKll
milie et plus persecute, il agit,aa'~
traire , avec eux comme avec da I
^ar^, mais toujours chprs. A {
sentiment , a quelque cause que \
attribulez cette conduite , die est l
louable que rare. Mahomet, d'aiV
Gommandait k des biies fproca.d
lui failaitavant tout les apprivo
est un lion ; Raled est un tigre; i
Tun des meilleurs , tue , de sa (i
torit^ , un Arabe qui jadis a fn
de ses parents. Tels sont les d»
gez des soldats. II n'y a pas ju
enfants qui ne soient d*uue cruai
f^me : le jeune Rabia, par eiei
^orge , uendaut la guerre cifile«l
vieillard de cent ans , enferm^daofi
litiere, en empruntant m^meleir
de ce venerable patriarchs. PeupiflV
ment barbare que ces Arabes, ~
quelques quality nobles, une (
grandeur tarouohe , une geo^rositek
pitaliere, mais avec les passiossj
plus violentes et les plusenrdn^:
niour de la vengeance, Tardeur la |
excessive au pillage, le m^ia ^ I
profond pour la viede leurs sefDbia^
rorgueil de Taigle , Tavidite do \
StKlE MODERNfi.
Mafaomet avait done beaaooopafaire
pour plier au sentiment de Tordre eea
ners ind^pendants, au sentiment de la
nationalitil ces fils raneunien de tribus
rivales , au sentiment religieux ces ido-
]Atres entlt^s. Est-ce dans la prevision
de ces difficult^ qu*il attendit rexp6-
rience de Vhfi^e mOr pour exeeuter son
orojet de riforme? Cette r^forme fut,
fl est vrai , ineompi^e et inefficace sous
bien des cdt^ ; mais elle paratt ph^no-
menaie , si Ton cousidere les obstacles
qu'elle a rencontr^ et les progres qu'elie
a accomplis. Avait-il , du reste, la con-
fiance de son sucoes colossal , ce Maho-
met r^veur, grave, taciturne, sobre,
couraj2;eux, mais passionn6 pour les
femmes jusqu*au mlire, et passionn^
materiel lement et brutalement, car
eelui qui les aimait tant les a asservies ?
Est-ce le promoteur d'une idee, ou
n*est-C6 qu un bras qui frappe que cet
homme, moitie prophete, moiti^ soldat?
Le Koran a rallie les Arabes, mais ne
les a pas modlGes. Les tribus de Ghas<
Ban et de Hira , 6tablies sur les conOns
meridionaux de la Svrie, avaient les
m^mes iustincts , le mime caractere , les
m^mes moeurs que les tribus de THedjaz
et de l*Temen. Aussi, apres quelques
combats insigniflants, prirent-elles fait
et cause pour leurs freres des Arables
Pifttree et Heureuse. Par la Tunion si
difficile des tribus independantes com-
men^a a s'operer; par la les peuplades
de m^vne origine o ue les Romai ns a vaient
soumises, se detaeherent de Tempire
byzantin. Les ardeurs de la guerre , les
benefices de la conqu^te devaient ache*
ver ce que la foi avait ^bauche , tant ii
est vrai que le Koran ne fut que le dra-
peau autour duquel vinrent se grouper
des populations ambitieuses, aventu-
ri^res , pour qui la guerre offrait tous
les a vantages possibles : IVspoir du
butin , et la conqulte de contrees pro-
ductives.
Tout semblait preparer, en outre,
la domination des Arabes. Le des-
potisme insupportable des rois de la
Perse avait fini par sonlever les popula-
tions les plu< soumises. I^ corruption
de la cour byzautine avait gagne toute
les provinces i et les deux puissances
d*Asie venairnt d^^puiser leurs financfes
et leurs soldats par sept cauipagoes
51
cons^ntives. Mahomet , ayant aperf u
et compris cet 6tat de d^dence, voulut
traiter de puissance h puissance avec
He radius comma avec Chosroes. Le
premier re^ut, dit-on, avec honneur,
rambassadeur arabe; le second ne voulut
pas m^me Fadmettre en sa presence (*).
U^raclius avait-il un va^^ue pressenti-
ment de i'avenir? Chosroes ^tait-il d^k
frappe de cet aveuglement qui precede
la cnute des rois ? Ces ambassades , en-
voyees vers les differents souverains,
sont les premiers actes de Mahbmet a
Texterieur. Elles affectent , il est vrai ,
la forme de la predication ; elles annon-
cent une foi nouvelie; elles essayeut de
eonvertir les rois et les peuples; mais
ce n'est la, en realite, qu'uue apparence :
au fond , elles ont un but tout politique ,
celui d'^tudier le terrain, de sojider
rdmede chacun, etde disjoindre, autant
que possible, les parties heterogenes oui
concouraient a for n)er les deux grandes
unites chanrelantes de cette epoque,
Tempire byzantin et le royaume des Per-
ses. Mahomet, en agissant ainsi, se mon-
trait habile et pr^voyant. Le peu de con-
cordance qui existait dans le caractere des
Arabes Chretiens et des Grecs de Syrie
ne lui avait point ^chappe; la soumis-
sioo vague et capricieuse des Ghassani-
des aux ordres ae Tempereur de Cons-
tantinople, et surtout Tesprit dMnde-
pendance et de domination a la fois de
ces peuplades meridioaales, lui firent
compter sur des allies aussi douteux,
sur des tributaires aussi turbulents
dlieraclius.
II ne s^agissoit done que de trouver un
pretexte pour se mettre en rapport avec
eux : la proi agande religieu^e etait le
meilteur de tous. Aussi , c'est aupres des
tribus syriennt-s qu'il exjiedie ses plus
adroits partisans. Uu cliei des GUassani-
des, secroyaiit menace dans son autorit^
par cette puissance incoonue qui surgit
du desert , rassembie des troupes pour
se defendre. Mahomet s>n inquiete k
peine, et continue ses tentatives sur
aautres points. EnGu, la nieGame cen-
tre le nouveau prophete gagne de proche
en proche ; mais en in^me temps, comnie
on le verra plus tard , son influence s'ac-
crutt sur certains groupes d'hommes ,
(*) Voyez Ockley, HUtoire de$ Sarratint,
4.
5S
L*U]VIVERS.
sur les plus impatienls du joug romain,
sur les plus auaacieux, sur les plus actifs.
Vi\ descendant de la race des rois de la
froatiere de Syrie, alii6 a la famille des
emirs de Ghassan, commet un crime:
it assassine Fenvoy^ du niaitre de THed-
jaz aupres du gouverneur de Bostra;
c*en est assez pour allumer la guerre,
que Mahomet appelait sans doute de
tous ses vceux.
Mahomet a tout prepare , en vue de ce
conflit, avec une patience et une suite
dans sa conduite qui 6tonnent; il a ex-
cite seer^tement les populations par la
bouche de ses ^missaires ; ii a essay^
sur les chefs TefTet de ses paroles ^lo-
quentes, sur hs cr6dules la puissance
de sa mission divine , sur les ambitieux
la promesse des con^u^tes. Heraclius,
au contraire , grdce a son esprit habi-
tuelde contradiction, ne s*est bientot
plus occupy de ceux qui en moins de
sept annees devaient le depouiller de la
Syrie tout entiere. Durant sa prome-
nade triomphale a travers son empire,
apres ses victoires sur Chosroes , il n*a
fait attention, dans les pays qu*il par-
courait, qu'a Tenthousiasme de com-
mando dent il ^tait Tobjet. Que lui im-
portent ces Sarrasins qui errent sur les
confins asiatiques de ses immenses pos-
sessions! It laisse ses intendants leur re-
fuser la solde qu'ils ont gagn^ dans
leurs derniers combats; il permet qu'on
les insulte, lorsquMIs r6clament a piu-
sieurs reurisesce qui leur est dO comma
prix de leur sang. II institue une f^te
religieuse a Jerusalem, en y rapportant
le bois de la sainte croix ; il s*abandonne
aux festins et aux jeux dans la molle et
charmante £mese; mais quant a Bostra,
la yiile de guerre, il n'a que faire de la
visiter; quant aux autres places de la
Palestine, il n*ira pas s'en^ager dans des
sables brdlants pour les mspecter Tune
apr^s fautre (*). Cest qu'aussi mainte-
nantil ne s'ima^ine ptusqu'on puisse ja-
mais rien avoir a craindre de cette coali-
tion de tribus qui s'agitent dans le desert.
Aussi, s'informe-t-ila peine, une fois
retourn^ dans sa capitale, de ce qui se
passe au fond de la Syrie. II faudra des
coups de foudre pour le reveiller; mais
oes coups de foudre f^pouvanteront tel-
(*) Voyez Nicephore.
lement, qo'il se sentira incapable f«
^▼iter les atteintes.
PBEVIBRBS HOSTILITES KHTIE LE
ARA.BES ET LES BOVilKS.
Cependant, Mahomet avait rasseni
trois tnille de ses compagnoDs ks im
6prouv^; et leur ayantdonn^pourdlj
son cher affirancbi Zaid, le premier fj
crut a la parole inspiree du propheM
les lanca vers la Syrie, bien sOrfil
^tait que Tindolent Beradius oe
rait leur opposer que des scldats '
a vaimre. Cette petite troupe
nee entra avec resolution eo S]
aux environs de Moutah, elle joij
arm^ romaine , considerable, si U
croit les historiens niusulnuBS,
superieure en nombre aux sddsM
propbete, au dire m^me deseeml^
grecs. Ce premier combat de Mwi
assez brillant pour qu*oo iMm\
qu*au fanatisme rimpetuosit^haip
des Mahometans. Zaid, a la t^te^M
les siens, se precipita au miliflidei
ennemis avec une ^nersie et one aii
adroirables. II fut Uie. Djaafar, d
sin de Mahomet, saisit alorsretcfldi
de rislam que Zaid avait laiss^Mflf
de ses mains mourantes. Djaafarr
cinquante blessures sans tooiber;3[
dit tour a tour la main droite et lai
gauche, sans quitter son drapeio
appuyaitcontre sa poitrioeavecsesl
gnons sanglants; un dernier eoif
sabre, qui lui fenditle cHloe, lui ill
abandonner le eommandement aitf
vie. Abd-Allah^ ills deRawahah,!^
ce eommandement et mourut a soaM
apres avoir donn^ un nouvel eiem
cou rage etde perseverance EnfivH
led, le plus jeune , sinon le moia}*
lant des chefs arabes, voyantqof'
compagnons decim^s allaientserti
drea la retraiie, le&rallie, IcseilM
les enflamme; et. entreprenaat uai
taque ddsesper^e, il rejoiot lei Boaii
avec plus de fureur qae jamais, les <*
ne , les fatigue, les debande et les i
en d^route.
Apres avoir poursuivl les fujarw,
que dans les teuebres, Kbaied oesV*
3ue quand lis s'arrlterent ; et, apres
dnne le jour de h batailie tant de '
ves dUntr^pidite, il en doonak
SYRIE MODERNE.
&3
in<iin de ruse et d*habilet^ militaires.
Tout vaincus qu*ils fussent, les Romains
etaient encore supprieurs en nombre a
leurs vainqueurs. Khaled sentit ce grave
inconvenient, et voici comment il y
para : des Taurore, 11 reconnut le ter-
rain; et. comme ce terrain ne manquait
ni de mouvements ni de vegetations , et
se pr^tait merveilleusemeut au strata-
geroe qu*il avait imagine, il fit faire h sa
troupe mille evolutions , afin de donner
]e ciiange aux Romains. Ceux-ci cru-
rent , en effet^ que de nombreux ren-
forts Etaient arrives aux Musulmans
pendant la nuit, et comme ils etaient
deja accabl^ sous la lassitude et le d&
sespoir, its s*epouvanterent facilement,
et s echapperent p^le m^le vers les mon*
tagnes voisines. Khaled tomba sur eux,
en atteignit un ^rand nombre, et les
massacra sans pitie, si bien que la
plaine en demeura toute baignee de sang
et toute couverte de cadavres. Les ba-
gages des Romains resterent entre les
mains des Musulmans : ils les pillerent;
ma is, sans pousser plus avant, ils s'en
retournerent en Ara(bie avec leur riche
butin.
' Cette agression, aussi prompte que
bardie, n'eut point sans doute un resul*
tat imm^diat; maisellefit connaltreaux
soldats de Mahomet leur superiorite sur
ceux d'Beraclius; elle augmenta le lus-
tre d*un chef d6ja renOmme et (]ui avait
precedemment m^rit^ le beau titre par-
mf les siens de Saif-AUah, Tepee de
Dieu; elle apprit la guerre contre les
masses a des hommes qui jusque-la
n*av.aieut eu k deployer leur courage que
contre quelques gros d'ennemis , et uui
n'avaient encore lutte qu'individuelie-
ment. LesGrecs, comme toujours, ont
cherche a diminuer Timportance de ce
premier exploit des Arabes; a les eu
croire, uncertain Theodore, lieutenant
du gouverueur de Palestine, aurait tailie
en pieces les troupes de Mahomet, et
Khaled aurait seul echappe au carnage.
Mais ce qui pent faire douter de la v^ra-
cite des annalistes ofHcielsde T Empire,
cVst que des Tannee suivante, 630, les
Grecs rassemblerent une armee pour
fondre sur T Arabic. Si le combat de
Moutah edt ^te favorable aux Grecs, ils
n'eussent pas a coup sdr songe a se met-
tre eu depenses d'nommes et d'argent
I
pour tirer vengeance d'une invasion sans
succes.Ils Etaient accoutumes,d'ailleurK,
a ces courses de barbares j usque sous les
mur^ de leurs viiles fronti^res, et tant
u*ils etaient sdrsde les r^primer, ils ne
pvaient point sans dmite s'en prcoccu-
;>er vivement. Aussi , croyons-nous que
'expedition des Grecs centre 1* Arabic,
lon^ement et serieusement projetee,
etait une revanche militaire, et non une
simple repression de police Internatio-
nale.
Les pr^paratifs des Romains, du
reste, leur porterent maiheur, et furent
une grave faute aui ne petit rencontrer
son excuse que dans Torgueil national
blesse par la defaite de Moutah. Maho-
met^ en effet, trouva dans Tintention
des Syriens le motif d'une le\ ^e d'hom-
mes considerable. II s'a^issait cette fois
de repousser Tinvasion etrangere, etde
punir de leur audace d'insolents enne-
mis. Trente mille Musulmans, enflam-
roes par les discours du prophete et par
ses promesses tout a la fois terrestres
et religieuses, le pillage pour les vivants
et le paradis pour les morts, se r^unirent
autour de lui, et affront^rent, avec une
Constance inebraolable , les difficultes
d'une longue et penible route. Cette.
marche rapide intimida les Romains.
lis laisserent Mahomet s'avancer jus-
qu'a Tabouk, lieu situ^ a. la mSme dis-
tance de M^dine que de Damas. C'^tait
presenter hardiment la bataille que de
camper ainsi entre les deux pays, a
nioitie chemin des deux capitales. Pour-
quoi done les Grecs, slls n*avaient pas
encore ^prouve la force des armes ara-
bes, auraient-ils ainsi refuse d'en venir
aux mains? Preuve nouvelle qu'ils
avaient €i€ battus a Moutah.
Cependant, sans combat, sans vic-
toire, Mahomet en arriva a ses fins : il
avait r^uni la plus puissante arm^e qui!
poss6da jamais, dix mille cavaliers et
viugt miiie fantassins; il les avait
eprouves de toutes famous. Dix jours de
marche cons^cutifs dans le desert n'a-
vaient point epuis^ leurs forces; les
traits brdlants du soleil n'avaient point
abattu leur courage; la soif et la faim
n*avaient point lasse leur patience. So-
briete, Anergic, perseverance, voilli les
conqu^tes que Mahomet avait fait faire
a son peuple dans cette expedition sans
S4
L'UIWVERS.
b^n^fice pour des yeux vulgaires. A
Tabouk, ce n'^taient plus des tribusr6u-
Dies ^ui campaient , c etait une nation.
Aussi y la seule presence decettearm<^6,
toute devouee h son chef, toiite con-
flante en son avenir, tout assuree de sa
force, produisit des miracles pour la
cause musulinane. Plusieurs princes
envoyerent des deputes au camp de
Mahomet; plusieurs vilies de Syrie vin-
rent solliri er sa protection. Youhanna,
fits de Raubah, maitre^ie la vtlle d^AI-
lalh, s'en vint, de IVxtr^mite du golfe
Arabique, lui offir son hommage, et
sVnga^ea a lui payer un tribut annuel
de trcfis mille dinars (pieces d*or. ) LfS
cit^s syriennes de Djara et d'Adraa lui
propos'ferent aus>l un tribut de deux
^ cents dinars. D^jii Tun des pr^c^ptes da
Koran etait applique : ceux qui ne se
faisaiont pas Musulmans s*eu$?a<ceaient
a payer leur independance reiigieuse,
toTit en reconnaissant la suzerainet6
politique de Tempire des Ar bes.
II faut remarquer ici la prudence de
Mahomet, et recoimaltre que sa tongue
station hostile sur les terres de Tempire
byznntin est p< ut-^ire facte le plus ha-
bile et le plus sage de toute sa vie. Un
conquerant ordinaire eilt pouss6 en
avant; mais alors la destinee de TArabie
^tait remise a la chance des armes : une
bataille perdue detruisait tout le pres->
tige de la nouvelle nation ; des homnies,
tout redout. bles qu'ils fnssent un a un,
n'inspiraient plusdecraintes s^rieuses,
si on les pouvail vaincrereunis. JusquV
lors les Arabes n'avaient piisse que pour
de hardis aventuriers; leurs excursions
^taient aussi rapides que d^sastreuses ;
ils pillaient, mais n'envahissairnt pas:
semblables aux torrents de leurs monta-
gnes, on les voyait fondre en hiver du
sud au nord , detruire lout sur leur pas-
sage ; mais , au bout de quelques mois de
devastation, -ilsallaients'engouffrer dans
le desert comme les torrents dans les ab!-
mes. Mahomet voulut faire une arm^e
r^guliere de ces bandes indisciplinees,
comme 11 avait d^ja fait une societe uni-
que de taut detribus ennemies : il r6us-
sit au dela de ses souhaits. Aussi, ne
voulut-il pas exposer cette premiere
armee aux hasards d'utie invasion hdti ve.
Les Arabes, dans leurs exp^itions, ne
devaient pas proc^er comme les bar-
bares des plaines sept^trionales : Is
n*avaient pas , comme eesderafers.il
masses renaissantes dernere eex; ibii
pouvaient pas amonceler iini
devant leurs p3S les cadavresde leurs (i^^
res; ils ne devaient pas abaodoiuiiri.
toujours le pays dont ils 80rtaieBl,ll
con tree benie qui contenait , selffli U |S»
role du prophetc , les deux villes
par excellence, la Mekke etMedine
Arabes etaient peu nombreui, ilM
lait conqu^rir et non emigrer; ilM
lait se crier avant tout des pi
et, comme iis portaient avfceai
livre saint et leur code, il kur'
coiistituer plutot que vatnere,
plutot que tuer. Mahomet tra^i
Tabouk la conduite que devait
sa nation dans Tavenir : il inspin
Son attitude menai^nte une lermti _
lui fut tout avantageu^e, etpitftilK'
gner des adherents que de s'wni*tw"
quelques villages, txcnllente t«**^
qui lui permit deretournerdaDsl'l
plus fort et mieux consolidiqw ji ^^
Ce grand fait accompli, Mahomet^
Yait mourir , son ceuvre etait ach^
Depuis longtemps deja W ne vivail
que par la t^te. Un empoisonnMM
combattu assez a temps pour n'litt
innnediatement mortel , avait rmni
sante et augmente encore sa roalKfiel
bituelle, Tepilepsie (*). La lumiwe^f
corps alia d^s lors toujours en '•'_
jusqu'a ce quVlle s'<^t*»ignit compllj
mentle 8juin 632. Hiraclius, wi^
tant , put se croire d61ivr6 d'un mil*'
quietant, du seul chef capable dertw-
les Arabes ^ la victoire; il dut uajj
tant s*enorgueillir ; il dut se felicitf}
ne s^itre pas compromis en jicnlij
contre des ad^ersaires indignes^
majesty, contre de misirablesca! "'
h peine converts d'un maufais ^--^
de poll de chamelle , arm6s de laMi
pour la plupart , faute d*ep^; il **w
rendormir plus que jamais dans soi^
dolente 8ecurit6. Irapp^voyantemperti
qui avait laisse se fonder, dans<{uel(|^
une^ de ses provinces, une autorilcog
See a la sienne, qui avait traW unejfr
gion nouvelle comme une obscure hflf
sie, qui ne voyait qu'un hoinnw <wHiff
Ih ou naissait une nation f ; .
Dans la suite des iges, daos I'hisl**'*
C) Voyei Alwu'ttMla , Fie de liohmmii
SYRIE MODERNS.
55
Abs penptos, la 9tipertont6 humaine se
tanifestesous des formes diverses; niais
Es n*a jamais qu'nn but unique, la do-
nation. Mahomet s'adresse a una na-
il, qu'il fornne lui-mdme, qui a toutes
les aualites primitives, Tenthousiasme
;iMi plut6t Tardeur en toutes choses, i*ar-
jleur guerriere , Tardf ur de propagande,
lardeur des jouissances materiel les.
ibhomet cherche done la guerre; il in-
iteune religion ; il promet a ses dis-
les des voluptes de toute sorte dans
fiei coinme sur la terre. Mais est-ce
la seule cause de son prodigieux suc-
' Non , ce surces tient aussi a la fai-
de Tadversaire du prophete. H6-
lius lie sa?ait pas gouvemer. Gou-
ler, e'est prevoir; et H6raclius n'a
h la puissance des Arabes que lors-
ils euren^ termini la conqu^te de la
ic tout entiere. Gouverner, c'est
roir se servir dps Elements qu'on pos-
||Ue;Heruclius, s'il ne trouvait parmi
^wpopulationsabdtardiesni vertu puis-
lie, ni g^n^reux elans , ni noble en-
Jbousiasme, pouvait y rencontrer du
IfioiQs le sentiment de la conservation
inelie qu'il fallait exalter, relever,
Ibnoblirpar la necessity de Tunioncom-
^ ne pour la defense du sol , de la
Htle, de la patrie. Ainsi, faute de
lie dans son chef, voila une grande
ition asservie par une peuplade, voil^
nombre, la discipline, la puissance
're vaincus par une poign^e
les, sans art militaire, sans res-
I source d*aucune esp^ce , et qui , pour
I ^osi parler, ne trouve des amies et des
llvres que chez ses ennemis. Et qu*oo
Ite dise pas qu'il n'y avait rien h faire
V^ les Grecs du Bas- Empire, et
^Q*Heraclius est assez grand pour avoir
[gincu les Perses, Qu'importent les dif-
'ieultesqu*on rencontre sur son chemin.'
*» empereur n'a de g6nie qu'autant
[jQ^il atteint son but. Heraclius , loin de
Titteindre, n'en a pas mfimc approch^ :
; ril a sauv6 quelques parties eloigu^s et
'ttns importance de rAsie Mineure, il a
■perdu sans espoir sa plus riche province
orientale, laSyrie. Voyons mainteoant
■ avec quelle rapidite.
SVCCfcS BAPIDSS BBS ABABBS*
Abou-Bekr, premier successeur de
un de ces patriarehes des temps primitits
qui inspirent k tons I'obeissance par le
respect. Quoiqu'il edi rencontre bien
des obstacles k son dl^vation au khalifat,
malgr^ son grand dge et son dos courb6 ,
il trouva encore en lui assez de fermet^
pour Temporter sur son redoutable
comp^titeur, Ali, gendre de Mahomet.
Omar, d'ailleurs, cet autre veteran des
^erres salutes, appuya le choix d'Abou-
Bekr, et devint bienlot son plus silr et
son plus habitiiel coiiseiller. Os deux
homines, aussi priidents qu'^nergiques,
cominencereiit parsoumettre riiiterieur.
Du vivant in^me de Mahomet , une par-
tie de TYemen avait cru a ia parole |)r6-
tendueprofihfligued'Asouad,uno partie
de ITemania a celle de MozaTlama;
Texemple de Mahomet avnit tente res
deux imposteurs. Abou-Bekr sut les
vaincre, quoiqulls fussent deja assez
puissaiits, de meine qu*il etoufia les re-
voltes conlre la dime.
L' Arable une fois paciO^e, Punite une
fois im|)osee a toutes les croyances et i
tous les interets, Abou-Bekr, se trouvant
h la t^tede cent vingtquatre mille Mu-
sulmans , se crut mattre de forces assez
considerables pour entr^^rendre des
conqu^tes. Le vieux scheik du desert
avait raison : ces cent vingt-quatre mille
Musulmans valaient les quinze millioDS
de Syriens. Jusque-la Tlsiam avait eu
des armies d^observation , pour ainsi
dire, sur les frontieres de la Syrie et de
la Me^opotamie;des le commencement
de Taniiee 633 oes armees combiuerent
leurs mouvementset commencercot des
hostilites regulieres et suivies.
Tandis que Khaled penetrait dans TI-
rak arabique(*),avecson impetuosite or-
dinaire, 09ama entrait en Syrie. Ce qu*a-
vait prevu le prophele , arriva : a mesure
qu'Ocama avnncait dans le pays, les Ara*
bes desertaient la cause des Grecs et ve-
naient en foule grossir Tarmee des Mu-
sulmans. Oi^ama penetra jusqu'a la ville
d^Obna sans coup ferir ; il la pilla, et s*ea
revint eu Arable avec des ricbesses nom-
breuses et des hommes de plus. Les deux
tentatives d'Abou Bekr a^ant r^ussi sur
rirak comme sur la Sj^rie, il se decida
h une expedition g^nerale, rassembia
une arm^e noaibreuse autour de Mediae,
BUiioroet, ctait un de ces chefs pasteurs , . o yoycz Thtopbaoe.
$6
L'UNIVERS.
et Texhorta lonffuement comme faisait
MahoiTiet. Sa figure austere et noble
dans sa maigreur, son front ^lev^ , son
oeii vif et prbfond donnaient a la parole
de ce vieiliard quelque chose de la puis-
sance prophetique. Ses conseils etaient,
d'ailleurs , m6les de geiierosite et de bar-
barie ; s*il recommandait aux chefs de trai-
ler leiirs soldats comme des freres , aux
soldiits de combaltre avec vaillance, de
jnourir plutot que de fuir, niais de ne
tuer ni les vieiltards, ni les enfants, ni
les femmes, de ne detruire ni les pal-
iniers, hi les bles , ni le betail , i\ n'en
designait pas moins une race a la haine
mortelle oes Musulmans ; s*il coiisentait
h ^nargner les moines Chretiens, 11 n'en
parlait pas nioins aussi d'extermination.
Voici la (in du discours qu'on lui pr^te,
et quM a u rait adresse a Yezid , frere de
Moawiah, qui fonda la dynastie des Cm-
miades : « Vous trouverez sur votre
« route des hoinmes qui vivent en re-
« traite, et qui se sont consacres a Dicu ;
« ^pargnez-les, eux et leurs inonastere^ :
« mais pour ces membres de la synago-
« sue de satan , que vous reconnaltrez h
« feur tonsure , fendez-leur la t6te , et ne
« leur failes point de quartier, It moins
1 quits ne se fassent Musulmans, ou
« qu'ils ne consentent a payer tribut. » *
Siuels sont les membres de la synagogue
c satan ? Sont-ce les Juifs ou les sim-
ples prStres grecsPToiijours est-il que
les Musulmans montrerent tout d^abord
{>lus d*aversion pour les Juifs que pour
es Chretiens, et quMI en est encore ainsi
aujourd'hui danstoute Tctendue deTem-
pire ottoman.
II partit d'abord d' Arabic vingt mille
homines seulement (*). Abou-Bekr, mal-
greles avantages qu'avaient deja rempor-
tes les Musulmans, ne se hdtait pas de
frapper le coup decisif, et il voulait
qu^une suite deconibats brillants, de pe-
tites victoires produclives, entrafnfit peu
a peu tons \es croyants et augmentdt de
jour en jour les nouveaux convertis.
AbouBehr avail biencalcule; patient et
prudent comme tons les vieillards orien-
taux , il voulait que ses compatriotes sol-
jicitasseiiteuxm^mes Thonneur etravan-
tage d'aller guerroyer en Syrie. II confia
le commandement de son avant-garde a
AbouObaida, homme grave, r^flechi,
(*) Voycz Elmacin , Hist, sarac.
doux et genereux , plus capable encoi^
de conqu^rir des pros^lytesliruiarnqoe
des provinces a Tempire arabe. Ge der-
nier pourtnnt etait aussi unsoldatva-
leureux, un chef habile ; et il trouva bieo-
tot Toccasion de le prouver.
Cependant Heraclius avait fiai pars*e-
mouvoir quelque peu de Taudace erois-
sante des Arabes ; et, comme si sa pre-
sence en Syrie devait seule suffire poor
retablirTordresi fortementcomproiBSi
et faire reculer de tem6raires aventi-
riers, il alia s*6tablir a Damas. Mais Ik,
au lieu de r6unir des troupes aguerria,
au lieu de relever les esprits et de donas
Texempie de la prevoyance sinonduooi-
-rage, il s*abandonna, des sonarrivee,
aux plaisirs et a la dissipation , traita de
mensonges ou d^exagerations les r^
qu'on lui faisait de la bravoure et da
progres de5 Musulmans ; et, loin de fear
opposer une digue puissante, il a'vm
contre eux qu'un vieillam , Sergiis, A
un simple detachement. Sergius Wl
un de ces anciens soldats ush par la
interminables guerres contre les Persa,
et a qui on avait donn6 pour retraite k
gouvernement de la ville de C«a-
ree en Palestine. II ne put done fonaa
son corps d*observatlon que de Sanuih
tains sans habitude des combats; (i;
c'est a peine s'il put trouver trois cpsH
Ro mains pour servir a la fois d1nstni6
teurs et de chefs de file a ces quelqaa
milliers de soldats inexj)^rimentcs. AWJ
qu'arriva-t-il? Ayant reconnu le nornW
superleur de ses ennemis, il luifutio-
possible de se replier sur une fortcKSJft
tant ses troupes se montrerent inop*'
bles de marcues rapides et contiai* ,
Pour n'^tre point d&honor^ par*^
debandade honteuse, il resolut doQC"
combattre , malgre des chances fort pa
favorables. Ce t«it dans les environs*
Thadoun, non loin de Gaza, queSergi«
se trouva entoure par les Arabes, etqun
les attaqua en desespoir de caux-^^
malgre le courage personnel qu'iljj*'
?iloya , sa troUpe ceda de touies p3n«»
ut taillee en pieces ; et blesse grievem«[^
demonte a deux fois, le malheurnix bej
Jius se laissa prendre, quoiqu'il con«jJ|
a haine implacable que lui portaieni'^
Arabes. C'etait lui , en elfct, qui, coh'"*
I'un des gouverneurs de la ^'^."^'f?;'
avait 6t6 charge de mettre a execution
f.
\
SYRIE MODERNE.
57
wdre imperial qui defendait aux tribus
amises a Teinpire byzantin de com-
Breer avec leurs &eres de THedjaz et
i TYemen. Get insolent et tyrannique
iffdil avail violemment irrite les Ara-
|;etmalgre ies ordres de clemencede
IT cbef Abou-Obaida, malgre ies re-
lunandatioDS gen^reuses de leur kha-
Lles Musulmaus se veogerent de Ser-
idela fa^n la plus cruelle en le cou-
(dans uoe peau de chameau nouvel-
0itta^qu*ils exposerent au soleil , et
^sedessechant peu a peu , Gt subir
Kice aussi horrible que prolong^
iureux gouverneur de Cesar6e.
peioe eut-on appris h Medine les
piers succes de Favant-sarde maho-
ne, que cbacun voulut prendre
; h one expedition qui promettait
fois une gloire assuree et un ri-
jbttUn. On Tint de toutes parts r^-
Mra Abou-Bekr la faveur aaller re-
Nte corps d^arm^e d*Abou-ObaIda.
Ml la la manifestation g6nerale que
hiffli»attendait, et qui lui garantis-
Tteatboiisiasme et le devouement de
IWHipes. Une nouvelle masse d'Ara-
Bitra done en Syrie, en m^me temps
ks soldats de K haled recevaient
te, apres leurs courses victorieuses
iers le royaume de Hira , de se reu-
to forces d^ja si nombreuses des
idtMiis. H^raclius fut-il enfin eclair^
H iDoaTements divers de ses enne-
|FU^I convaincu cettefois qu'il ne
Mt|kis d^une incursion momen-
*tM||bien d'une invasion en r^-
MMMhent rodrie et prudemment
PjWj? Pas encore; car, loin d'op-
ff des masses contre des masses,
,ffOt^ a une annee, il laissa les
(ttoeurs de ses places fortes se ti-
|MDaie lis pourraient de ce danger,
;i*iDe leur envoya-t-il quelques se-
S insigiiiflants.
^»«Mlaut,Abou-Obaiiane montrait
jeulem<*ni du courage, mais de
»lcii niilitaire« Pour assurer un
w a MS operations futures, il reso-
ws'cmparer d'une villa tortiflce,
psante, qui lui ofTrtt en m€me
W5 un point d'appui et un lieu de
wtaillpmeut. Dans cette intention il
« mettre le siege devant Bostra , si-
w sur la route de Damas , a (rente
*<s sud de cette capiiale , et qui com-
mandait les plaines fertiles du Hauran.
II paratt qu^U^raclius n'avait pas seu-
lement abandonn^ ses villes frontieres ,
mais qu'il en avait encore tres-mal choisi
les gouverneurs. Celui de Bostra , par
exemple, qui s*appelait Romaio , a I'ap-
proche de Tarmee qui le mena(^ail,
commenca a s*inquieter vivement, et
s'en alia* vers les premiers postes des
ennemis trailer de la livraison de la
ville , sous le pretexte de savoir ce que
les Arabes venaient faire sur les posses-
sions byzantines.
On recut tout d'abord Romain avec
hauteur et mepris dans le camp des Mu-
sulmans; et il luifut r^pondu qu'on ve-
nait apporter aux habitants de Bostra
ou le paradis ou tenfer. Determine z-
vousj ajoutait - on, d vous faire maho-
metans, ou a payer le fribut, ou a mou-
rir, Romain, dont ce langage hardi avait
augmente la frayeur, fit aupres de ses
concitoyens les efforts les plus grands
pour les engager a payer le tribut. On
repoussa ce conseil pusillanimc; on
s'exhorta h la defense , on s'arma ; et le
ISche gouverneur fut oblige de sortir de
la ville avec ses douze mifle cavaliers de
garnison et une troupe assez forte d'in-
fanterie , compos^e du plus grand nom-
bre des habitants de Bostra. Alors se
passa une com^die aussi Strange que
nonteuse.
Romain , profitant de la coutume en-
core en vigueur des combats singuliers
entre les chefs d'armee , precipita son
cheval au galop, s'avanca seul vers les li-
gnes ennemies , et appela Khaled , qu'il
savait commander I avant-garde arabe.
Ce dernier piqua des deux de son cote,
approcha de son adversaire; mais, au
lieu d'une provocation, il en entendit la
proposition suivante : « Je desire depuis
« longtemps , lui dit le fourbe Byzantin,
« embrasser votre religion, etfai donn6
« le m^me conseil aux habitants de
« Bostra ; mais,au lieu de les persuader,
«( je n'ai fait que m*attirer leur haine :
« accordez-nous encore quelques jours ,
« je vais retourner dans la ville, et re-
ft nouveler mes efforts pour les engager
a ^ se rendre. * Khaled promit a ce
tra!tre,s'il se ddclarait musulman, de
lui conserver tous ses biens personnels
selon les prescriptions de la loi maho-
metane. Alors Romain, qui, tout eo
58
L'tfWIVERS.
faisant bon n)ardi6 de son bonneur,
Touiait aoqu^rir une reputation de vaii-
lanoe, demanda a Khaled de simuler en-
tre cux un eombat , afin d'en imposer
plus facilement aux habitants de Bostra.
Khaled accepta oetteoffre; mais, sort
qu'il voulut prouver sou mepris a Thy-
pocrite gouverneur, soit qu*il ne pdt
calmer son impetuosite naturelle^ il
porta a Romain de si rudes coups, tout
en ^pargnant sa vie, ainsi qu*il etait
coDvenu, que celui-ci , tout meurtri,
fut oblige de s*enfuir, et perdft ainsi te
benefice de son ignoble tromperie.
Malgr^ ses nouveaux efTorts, Romain
ne parvint pas h faire abandonner les
arines a ses concitoyens; bien , au eon-
traire,^ ses disc<)urs deshonorants on
ne repondit quepardes injures, par un
soulevement , et par le chuix d*un au-
tre chef. Malheureusement ce nouveau
commandant voulut trop t6t se rendre
digne des suffrages de la multitude. II
alia imprudeminent d^fier un des chefs
de Tarmeearabe. Abd-Er-Rahman, Ols
d*Abou*Rekr, repondit a son appel , et le
chargea avec tant de vigucur qu*il le mit
en fuite « comme Khaled avait fait de
Koniaiu. Ce premier echec futsuivi d'un
autre beaucoup plus grave. Les deux ar-
mees en etant venues aux mai ns, les Grecs,
malgr6 leurs charges reil^rees, furenfc
battus et repousses dans la ville , dont
les hautes muraillerdevinrent d^sormais
leur seule chance de salut.
Le si^e de Bostra , du reste , aurait
pu durer longtemps , tant les fortifica-
tions etaient solides, tant la terrenr
qu'mspiraient les Mahometans avait
excite le courage de chacun ; mais Ro-
mains, bat'ou6, honni, emprisonn^ dans
sa maison, songeait non-seulement h
sauver sa t^to et sa fortune, mais encore
h se venger. Pour arriver plus vite k
ses fins criminelles, il eut Tinfamie
de passer plusieurs jours a percer la
partie des murs de la ville qui donnait
sur son jardin, et, cela fait, d'envoyer
un emissaire chercherles Arabes. Ceux-
ci s'etant introduits chez Tancien gou-
verneur, y trouverent des costumes
semblables aux costumes des Grecs> et,
d'apr^s les indications de Romain, les
uns se repandirent dans certains quar*
tiers de la ville, tandis que les autres
s'en all^rent surprendre le chdteau prin-
cipal. Pais, h nn signal d«n&^,l«0
comment sur plusieurs pmnts Ihl
les Dortes furent oovertes, et f '
entiere des Arabes se precipitin
ville. Bientdt les MusufmaosTsiai
mi rent h mort tous ceux qui ne^
derent pas raman(le pardon)
ne s'engag^rent pas h payer iel
(le rachat de leur tdte).
Une partie seutement de !
mahpmetane avait et^
siege de Bostra ; un autre (
le commandementd'Amrou-l
Mait reste en arricre, avec I'oi
si^er Gaza. lei se passa ondeo
qui prou\ent la hardiesse et bl
fiance en soi qui faisaient h p
des Arabes. A rapparition des I
mans devant la place, le
grec voulut obteuir une
avec Tun des chefs de Farmtta
Aussitdt Amrou lui-m^roe (
la ville, et se presenta ao g«
Celui-ci lui ayant demande ct\
nait les Mahometans devant Ini
Gaza, lechef arahe lui repoodit:t|
« dre de Dieu et de notre rnlll
« vous embrassez notre rdigi«ij
« deviendrez nos freres. Si TOttSl(
« conserver la vdtre, engaga-*
« nous payer ^ perp^uite Ml
« annuel , et nous vous defend
« tre vos ennemis. Autremolt
« aura que Tep^e entre vousrti
A ces paroles si fieres, le gf
se duuta qu'il avait affaire aue
des troupes agressives , et
imm^iatement qu'on le mlt afl
sortie de la ville. Cette inlT
odieusement contraire auxl
guerre, ne fut pas suivied'0
grdce a la presence d'esprit do i
gnon d*Amrouqui s'appelaitWil<
Get ancien esclave, d'originej
nienne, comprenait la languef
et aussitdt il traduisit en >r3v
chef Fordre infime que veoalt dlj
der le gouverneur de Gaza. AlofM
rou, tout en conservant son isr
lit^ premiere pronon^ , en se r
les paroles suivantes : « Seigneur,]
« suis que le dernier desdix ca|Hti
« qui commandent Farmee. Ctttj
« leur ordre que je vous parle. ' "
(*) Voyez Hainaher.
SYRIE MODERNE.
39
venirtous ensemble pour trai-
BravecToiis, si je leur porte un
Hf-conduit de Yotre part. » A ces
li, le soufenieur, toujours per6de«
h vouTant se d^barrasser a la fots
I dix capitain^s dont on lui parlait,
onfa a Tassassinat d'Amrou, et le
in tranquilie<»«ot rejoindre son ar-
I. Apres quplques iours d'atteote ,
mix dVoir ^te joue par un barbare,
Mjverneur de Gaxa sortit avec toute
irnison pour alter fondre sur les
M. Ceux-Gi le laisserent epuiser
nmiere ftirie, lui eouperent la re-
le, et, Tattaqaaut ensuite de toUS
I, reraserent ses ineilleures troupes^
mien deroute le reste, et poursui*
Bl les fuyards jusqu'aux murs de J^-
tBm,ou lis trou verent heureusement
|tfiu(^ L«s Arabes, apres cette vio*
I, retournereiit sur leurs pas, et
^KO^ni raeilenient d'uiie vilie qui
l»tpt« ni garnison ni gouverneur.
k» foil possesseurs (ie Gaza et de
|fen, les elefs de Toccident et de
l6nt de la Syrie meridionale, les
Inimans tournerent Damas coinme
Inaient ioum^ Jerusalem , et se diri-
Bt vers le nord-est, se rendirent mat-
IMoeessirement de Tadmor (Tan-
M Palmyie), de Soknab, au nord
tadiDor, et deRakkah, plaee forte
fEuphrate. Ainsi, dans leur pre-
n eampegne, les Arabes avaieat
i ealefi6aux Romahis cinq villes im-
^tft-, les communications leur
Ittt (Hifertes avec leur pap par
Btctftes differents, par Gaza et par
in;rt, grSce ^ leurs possessions
I te nord , ils pouvaient dorenoTant
Br Damas, emp^cAitr le facile ravf-
innent de cette capilaie, et Tassi^
•ffc totttes les cbaooes de siicces (*).
(Melius ouvrit enfin les yeux ; mais
kit trop tard. Les Syriens, effray^
b rapidiu§ des conqu^tes de risiam,
ifoyaient de toules parts , abandon-
nt leurs champs d^astes, quittatent
f% Tillages et s*aliaient renfermer
H les places fortes du sud ft du lit-
II. Les Arabes, jadis trihutaires des
liains , ^etaicDt presque tous fa its
lalmans. Plus de cavalerie lj6g^re a
|N)seraQx Irruptiom qui allaientdo-
feaTant se succeder sans intervalle;
C) Toyei Wak^y, Conquile de la Syria.
plus de secours a esperer de la Syrie
m^ridionale, dont la majeure partie
d*alli^e etait devenue hostile \ des gar-
nisons en prison dans les villes qu'elles <
devaient defendre, telles que les garni-
sons de Cesar^e, de Jerusalem, de
Keapotis, de Joppe et de Jericho; des
communications inquiet^s entre les
deux capita les syriennes^ Antioche et
Damas; les villes situees sur TOronte
menacees par les attaques qui devaient
leur venirde Tadmor, deSoknah etde
Rakkah ; enfin, le decoijragement parnai
les troupes , la terreur panni les popu-
lations. Que fit Heraelius dans une p«-
reille extremity? llmiitUi Damas, ou il
craignait pour sa sQrete, et suivit la
foule des fuyards a Antioche.
SIEOS BK D4MAS.
Aprfts taot d'cclairs , il fallait un coup
de foudre. Pour que IMslam imposAt
son aulorit^ au reste des dissidents,
^pouvantdt les monarques et courbftt
les peuples sous son joug,il ne s'agissait
point de se borner a vaincre les petits
rois de Hira et deGhassan, a jeler la
terreur parnii les populations liinitro-
phes; rheure de la conquete de rAsle
6tait Teiiue, il fallait suivre IVntrat-
nanie destinee. Abou-Bekr, tout phthi-
sique qo'il 6tait, conservait dans leg
souflfrances de son corps T^nergie de
son Ame; et cefiit encore lui qui poussa
sa nation en avant, et qui ordonna le
siege de Damas. Des le mols de f^vrier
cheque corps d'amidese mit en niarche;
les sept mille hommes d'Amrou s*u-
nirent aux trente-sept mille d'Abou-
Obaida; et Khaled s'elan^a en avant
avec quinze cents cavaliers aguerris,
qui venaient de ravager la basse M^so-
polamie. Contre cette formidable ar-
mee , Heraelius, toujours imprevoyant,
n'envoya que cinq mille hommes, sous
le commandement dn plus bravache et
du plus incapable des g^n^raux. Les
annalistes grecs n'ont pas m6me
mentionn^ ce miserable chef, et Hiiv
toire ne le connatt que sous le nom de
Khalous, ainsi que les Arabes Tappe-
laient. Ce piloyable courtisan, rencon-
trant i Balbek et h Emese des popu-
lations terrifiees, les rassuralt en leur
annoni^nt qu'il s'en allait pourfendre
eo
ce Khaled redoute, et qu'avant peu il
rentrerait dans leurs murs avec la t^te
du barbare au bout de sa lance. Cotnme
les Musutmans n'^taient pas encore ar-
rives devant Damas, il put y entrer.
Lk^ nouveliefanfaronnade, nouvetle van-
terie de sa part. Sa vanite Tamena
m^me a disputer ie commandement g6-
n^ral de la ville cii Ismail, ie gouver-
neur. II perdit done un temps pr^cieux
dans de ridicules disputes, au lieu de se
concerter avec cet Ismail, et preparer
avec lui les moyens de defense f).
Bientdt parurent les Arabes ; les trou-
pes romaines sortirent immediatement
de Damas, se rangerent en bataille de-
vant leurs ennemis, et les masses se me-
surerent de Toeil , tandis que les chefs
se provoquaient en luttes particulieres.
L'un des plus intr^pides Musulmnns,
Dherar, nls d'Azwar, se Janca tout
seul contre les bataillons damasquins,
frappa de mort six fantassins et qua-
tre cavaliers, et s'en retourna sans
blessure dans ies rangs de ses frdres.
Abd-Er-Rhaman , ce tils valeureux da
kbalife Abou-Bekr, que nous avons dej^
vu se distinguer a Bostra, alia, de son
c6te, proposer Ie deli a quiconqueaurait
Taudace de I'accepter. Les Grecs alors
jeterent les yeux sur leur vantard com-
mandant ; et oelui-ci se vit forc6 de r^-
pondre au voeu imperatif de son armee.
Mais Khalous, toujours vain, ma]gr6
son effroi qu'il dissimule , semble de-
daignerlajeunessed'Abd-£r-Rliaman,et
appelle Khaled h grands cris. Celui-ci
s*avance ; Khalous i'injurie , Ie menace,
excite son chevai, et se precipite au
galop comme pour terrassersonennemi.
Khaled D*eut qu'a lever sa lance , a en
frapper une seuie fois Khalous pour ie
demonter, et Ie saisir dans la pons-
siere ou il rouiait. Le gouverneur Is-
mail voulut ven^^er Khalous; mais il
eut bientdt ^prouve le meme sort. L'ar-
m^e romaine se sentlt d6courag^ par
la perte de ses deux chefs ; et elle renira
sans combattre dans les murs de Da-
mas, ou les Arabes lui jeterent les t^tes
d'IsmaTi etde Khalous. JN*6tait-ce pns la
un veritable combat de Tlliade? seule-
ment si, d'un cdte, se trouvaient un
Achille et un Ajax, de Pautre il ne s*^-
taitpresentequ^uuThersiteetun Oolon.
. nvoyczl
L'UNIVERS. I
Les Damasquins avaient reiumeemj
sorties ; mais les Arabes, qui anient -^
pris des anciens aaxiliaires d'Herae
a se servir des machines de gun^
commeucerent, d^ le lendemaio^a '
tre la ville sur plusieurs points.
Grecs, de plus en plus ofraycs,
voyaient courrier sur eourrier i
empcreur pour lui demanderdesseesal
Ces secours se firent attendre
maines. Alors les habitants de
croyant non sans raison qu'oo lei a
donnait ainsi qu*on avail foitde li
et de Palmyre, eurentlafaiblesse
frir a Khaled mille onces d*or et
cents habits de soie , s*il oooseoHi
lever le si^e, m£me temporairea
Pusillanimite inutile! Damas etait
trop belle proie pour que les
en suspendissent la prise. Absa
reponau aux pressantes pnoa
Grecs que rarinee arabe, si A
douee d'un invincible couni|^'
mannuait pas non plus de p '
qu'elie saurait bleu abattre les
les les plus fortes, et que, d'i
elle ne se retirerait qu^aataotqoe
Damasquinsserendraientmusulmaail
tributaires.
Cette premiere phase da si^ de 1
mas fit ifaire a Heraclius de lardiiii
forts. II leva des troupes , et en
le commandement a son frere TbeodH
qui donna dans cette occasioa tesfri
ves d*une complete incapadte. lJ»
toriens arabes 6levent jusqu*aeeiitr
bommes le chiffre de rarmee
mais on a eu raison de le dimti
moitte, en consid^rant le tempts
vait perdu Heraclius au comi
de la campagne, ies difficuliei
avait dd rencontrer dans la
l^ions nombreuses a une des
tes de son empire , et prive des
ces que lui auraient ocfertes ~
nople et sa riche province. T< .
est-il qu*en se dirfgeant a mardifi
c6e8 sur Damas, Tli6odore, avec
cinquante mille soldats, aurait
Jeter dans la ville, et choisir son
et son terrain pour combattre.
loin de la, avec la presomption
naire aux Byzantiiis , il crut qu'il »<
rait qu'a paraltre pour vaincre, w^
hdta aucuneiDent, et s*arrdta en sol
chen)in dans toutes les villes ou il i*
SYRIE MODERNE.
61
ipnoait pour un prochain ]iberateur.
Ce fureot les Arabes qui vinreot au-
>ant delui. Quelques cavaliers, sous
loadaite de DMrar, pousserent jus-
raux premieres lignes de Thtodore;
eomme ils etaient en fort petit nom*
fe, les Grecs, avec leurs masses, par-
irent a les eutourer et a faire Dh6rar
konnier. Les Musolmans, emus de
Erte de leur chef, allaient se debander
ir, lorsque Rafy , fils d*OmeTrah ,
D dps beros de la famfuse tribu de
qr« remonta leur courage par ces
Dies : > Quoi done, avez-vous oubli6
pe guicorHjue tourne le dos a Ten-
ami ofren.se Dieu et son prophete ? «
fertournez a la charge ; je marcberai de-
Hit Tous. Quimporte que votre chef
Rtmortou prisonnier? Votre Dieu
A vivaiit , et il volt ?otre Idchet^. »
aes mots, la petite troupe arabe
iit de nouveau sur les Grecs , et
liintiotrepidement le combat jusqu'a
tmea de Kbaled et de son corps
imecr).
ClBMeces d'avant-garde, qui cut para
H importance k un g^,nera1 experi-
Ui, aagmenta a tel point la con-
IMe de Theodore , que , sans faire re-
ler ses troupes, sans choisir son
vaia , il marcha a la rencontre des
Kbes. Son impetuosity n'^tait que
lice, et elle s'amortit bientdt contre
\ rangs serres des Musulmans. Puis ,
lx-€i,8*dan^nt a leur tour contre
(Grecs, les ^craserent, les s^pare-
M,€ilc8mirent en d^route complete.
Iinoteette bataille, qui s'^tait donn^e
Ml un lieu appele Gabatha, un deta-
mneot d' Arabes s'^tait elanc^ a la
iBrsuite de Tescorte romaine qui
Uneoait DhSrar a Antioche. Cette
RMrtefut atteinte, taillee en pieces,
DMrar, avec son liberateur Rafy,
■atgnit Rhaled , qui avait eu la pru-
"^ et Tbabilete de retourner au si^ge
Damas, plutot que de poursuivre
»ilement les debris de Tarm^e enne-
Apres sa honteuse d^route , Thro-
ne reparatt plus sur la sc^ne. Quel-
historiens pretendent qu'il fut tue
abatha ; d'autres disent qu'^tant re-
lu a Antioche aupres d*Heraclius , il
fut naturellenient fort raal requ , et
' d^pouill^ de ses grades , il fut reu-
DVoyezTheopbane, Cedreoas et ockle}.
voy^ sans emploi a Constantinople.
Priv6 sucoessivement de ses g^ne-
raux , desillusionne sur son fr^re , Hera-
clius, qui baissait de jour en jour, et qui,
au milieu de tant de desastres si inqui^-
tants pour son empire , ne se tourmen-
tait que de la jalousie que lui iiispirait
sa femme , n'eut pas le courage de se
mettre lui-m^me a la t^te d'une nouvelle
armee. Avec les restes des bataillons
vaincus de Theodore, avec quelque«
nouvelles levies hdtivement et misera-'
blement faites, il crut encore quil
pourrait sauver Damas. Seulement au-
cun e^neral habile ne se presentait k
son cnoix, et il se trouva dans la triste
necessitede confier Thonneur des aisles
romaines a un ^tran^er, a un certain •
Yahan, Perse d'origme. Le comman-
dement en second fut donne a son sa-
cellaire, Thtodore Trithuhus. Ces deux
generaux serendirent d'abord h ltme.se,
ou ils trouverent tout ce (]u'on avait
pu ramasser d*Arabes Chretiens sur les
rivages de la Syrie; masse confuse,
sans discipline et sans art militaire , et
dont on pouvait craindre, d^allleurs , la
defection une fois en presence des Mu-
sulmans.
Cependant telle etait la p^nurie des .
Grecs, que ces bandes de soldats de
toutes sortes de tribus formdrent un
renfort de dix mille hommes, qu'on
1>laca en avant de Tarm^ (*). Soit que
es deux generaux ne pussent s'entendre,
soit qu*il f<lt dans la destinee des Grecs
de commettre faute sur faute, loin de
marcher ensemble sur Damas, Vahanet
Trithurius se s^parerent en deux corps ,
etemployerent un tempspr^cieuxacom-
battre et a chasser devant eux tous les
maraudeurs quMIs rencontrerent. Etant
enfln arrives devant Damas, un accident
ridicule leur Gt encore perdre des hom-
mes. Le nouveau gouverneur de la ville,
qui devait paver leur soldo aux troupes
imp^riales , chose fort n^essaire sur-
tout pour les nombreux auxiliaires
qu*on avait enrdl^ , voulut manifester
son mecontentement de Tabandon ou
Ton avait si longtemps laiss^ Damas ,
en differant de quelque temps le paye-
ment dont on Tavait charge. Au bout
d'une quinzaine seulement il s'executa ;
mais au lieu d'aller pendant le jour au
n Voypz EulychluBetElmacln.
«)
L'umv£R&
camp d«8 Romains , i\ choisit une nuit
noire , et se fit accompagaer par une
troupe nonibreuse, avec force trompet-
tes et instruments retentissants. A ce
bruit inaceoutum^ les Grecs, reveilles
eo sursaut , s'effray^rent , et crurent a
une surprise des Arabes. U s^ensuivit
done un tumuite et une confusion tels
qu'un grand nonibre de Grecs ef£ares
se jetdreot et se noyerent dans les eaui
de la riviere El-Baradi, aupres de la-
queileetiit place leur camp.
La leiiteur de la marche des deux
corps de troupes romaines, la perte
considerable de temps jusqu'aux portes
mimes de Damas, permirent a Khaied
de reunir toutes ses bandes dispersees,
dedemander a Abou-Bekretd'en reee-
voir des renforts, de tout preparer pour
une iutte deruiere et definitive. Le ren-
dez-vous general des Musulmans fut
fix^ a Adjaadin, lieu situe a quelques
roilies au sud de Damas. Pour se rendre
h eet endroit Khaied et AbouObaida
furent forc^ de se retirer de devant les
murs de Damas. Cette sorte de retraite
donna lieu a quelques combats qui m^
ritent ici une courte mention. Deux
Damasquins, jeunes gens pleins d*ar-
deur et de courage, tomberent sur
rarriere*g&rde aral^, la (ireui reculer,
et lui enleverent ses bagages. Malheu-
reusement Khaied fut ayerti assex a
temps pour rejoindre av^'c sa cavalerie
les Greet a^resseurs. Or, Tun des deux
intrepides jeunes gens, nomral Paul,
iiit pris, tandis que son frere Pierre
emmenait a Damas une asaez grande
guantit^ de femmes prisonniercs. Ces
femmes, du reste, se moutrerent les
dignes oompagnes des h^ros de Tlslam.
A la premiere halte que firent les trou-
pes de Pierre, comme elles etaient en-
rorm^ seules dans des tentes , ell^
se saisirent des piquets de ces tentes ,
se serrirent les unes contre les autres
et tpnterent ainsi de reioiodre Tarmee
musulmane. L'etonnement des Grecs
fht bientdt remplace dans leur coeur
par lacolere; on se battit vigoureuse-
ment, et les heroines arabes se defen-
dirent avec tant de bravoure que Khaied
eut le temps d*arriver, de delivrer ces
audacieuses femmes, et de massacrer
leurs ravisseurs. Pierre et Paul eurent
la tite trauch^e, et sur six mille cava- ,
Hers il n*en reatra pag c«ta&iaiL
(Test par de pareUles (
c'est par des tentatives aossi impn
tes que malheureuses que lea Di
quins perdaient de plus enplu
hommes , et que cette suite de i
leur 6taient toute confiaoce en i
tout espoir dans Tavenir.
Une fois toutes les troupes arabeiil
nies, Abou-Obaida et Klialedi*avi
rent vers les Romains, qui, de l«ur<|
dtaient venus au*devant de leun i
mis. Les deux armees se renoonti
vers les derniers jours de juillet 633ti
une plaine sablonneuse au sudde T
Les Musulmans Etaient pleins d>
siasme; les femmes elfes-m^iDtt^
lurent s'ar mer et prendre jpartau c
Leur o£fre fut aoceptee;
on les placa sur la derni^re ligae di|
m^ avec 1 injonction de frapper de r
tons les fuyards. Vahan vouiut f '
propositions de naix a Khaied etii,
Obaida , mais, dans la dispositioili
trouvaientleurs troupes, lescbe&fl
mans repous&erenttoutacconimodi
On s'appr^ta done k en venir auxa
et comme un vent assez violent i
eieve qui poussait des tourbill
poussiere dans les yeux des J
Kbaled fit faire plusieurs mouven
ses troupes pour tAcher de i
vent a dos, et pour que les 7 '
trouvassent pas d'obstacles maU
moment du choc general. Mais |
que ces evolutions se fai6aient,uoh
Ion d*habiles archers armeaiens d '
les Arabes; ce que voyaot, Kh
d^ida a marcher en avant Lee
deux armees fut terrible , et oe f
tot une suite de combats corps hi
ou les Musulmans , prodigues i'
vie et allies de leurs membres, <
gaient a avoir Tavantage, Ion
sacellaire imperial Trithurius <
suspension o*armes Jusqu au I
qui fut aoceptee. Inutile r^p t! Mai
repos de la nuit, les Chretiens, i i
deoourages , se defendirent a peioe j
ques heures apres le lever du soli *'
les vit bientdt ceder de toutes
particuiierement a Taile coron
Trithurius ; enfin , avant midi , toui I
bataillons romains etaient d^ttdc«« t
le massacre commen^it de tous edtesO i
n Voyei Thtephuieet AImmT lindj-
SYRIE MOD£&N£.
M
Quoiqiie l«s histarieas byzantins e\
araSes ne soient d'accord zu sur la date
de cette bataille , ni $ur le nom des chefs
qui commandaieat les Roraains , ni sur
les hostility qui suivirent, nous n'en
pr^sumons pas moius que les g^n^raui
qui furent vaiocus aupr^s d'Adjnadin
sont kes m^mes que nous avons vus
partir en dernier iieii d*Antioche, arri-
ver apres une suite d^escarmoudies
iusqu'aupr^s de Damas, et demeurer
la pres d'un moisen attendant la solde de
leurs troupes. 11 n'est pas probable, en
efifet, que les deux chefs que nous avons
Bomm^ aient ^te revoques avant d'a*
voir livre une grande bataille , ou qu'ils
fussent reutr^ dans Tinterieur de Tem-
pire sans avoir jou^ la partie, sans
avoir t^nte de sauver une oapitale.
Toujours est-il que deux fortes armees
^rent detruites par les Arabes, de f6-
vrier a juillet 633 , et qu'iks se retrou-
verent au coininencement d'aodt de la
oi^e anuee devant les murs de Damas,
cette malheu reuse cite plus faible et plus
d^courag4^ que jamais. Deja, les plus
abattus parlaient de se rendre, lorsque
les derniers efforts d'un bomine de
« cceur prolong^rent encore quelque peu
Tagonie de la place. Get homme, nomm^
Thomas, et qui etait gendre de Tempe*
reur, quoique sans titre militaire et
«ans emploi positif , iuvoqua avec tant
d'6loqueoce la religion et Thonneur,
qu'il put, pour un instant, r^veiiler les
Damasquins de leur engourdissement
desespere. Puis , joignant Texemple aux
Sreoeptes , il se mit k la tdte des plus
raves ; il entreprit une vigoureuse
sortie, et revintavec un oeil crev^d'un
«oup de flecbe , mais ayant rendu quel-
que espoir aux assieges. Le courage est
communicatif ;d'autres partisans hardis
se rencontrerent qui fireat encore deux
sorties sanglantes.
Malheureusement la moiti^ de la
garnison et des habitants perdit la
vie dans ces luttes partielles et sans
fruits; et comme aucun secours ne
venait plus, on fut contraint de de-
inander une suspension d'armes pour
traiterde la reddition de la place. Kha-
led la refuse , Abou-Obaida Taccorda,
Alors se passa un fait aussi 6trange
que deplorable. On rend it la ville h
Abou-Obaida, moyennant la vie aauve
des habitants, la conservation de sept
^lises , et la tolerance du culte Chre-
tien; tandis que Khaled, sur un au-
tre point, combattait toujours et avec
une vigueur croissante. Puis il se trouva
qu*au m^nie moment oik Aboa-Obaida
entrait paciOquement dans Damas, dont
on lui avait ouvert une des portes,
Khaled y penetrait par une breche, et
la parcourait le sabre a la main , mas-
sacrant tons les malheureux qui se pr^-
sentaient devant lui. Les deux troupes
se rejoignirent au milieu de ia villa.
Khaled , exall6 par le sang qu*il avait
deja r^pandu k Hots , voulut ^oontinuer
le carnage ; 11 s'emporta , il rugit comme
un tigre a qui on veut arracher sa proie ,
et ce ne fut qu*a force de prieres et d'6«
nergie tout ensemble . qu^Abou-Obatda
put desarmer sa rage. Qu*importe Tin*
tr^pidite de ce Khaled tant vante , son
atroce feroeite le deshonore a jamais !
PBOOBte DB PLCS BN PLUS BAPIDBS
DBS ABABB8.
L'IsIam, comme une maree mon-
tante, avait deja envahi la moitie de
la ISyrie ; ses Hots se pressaient de plus
en plus, et s^ils semotaient se retirer
par instants, c'6tait pour revenir ensuite
plus puissants et s Vtendre plus loin.
Heraclius ne songeait d^ja plus h op-
poser une digue k ces formidables va-
gues humaines , et cet empereur d^chu,
eet indolent et pauvre monarque , lors-
qu*on lui apprit la reddition de Damas, ne
trouva rien autre chose a dire que cette
parole desesp^ree : ^rfieu la Syrie (* ),
rien autre chose a faire que cette action
pusillanime, s'enfuir a Constantinople.
Cen etait fait, TEmpire remain, dans
une de ses crises capitales , avait a souf-
frir le plus funeste des interregnes, celui
de la Idchete.
Une des plus douloureuses remar-
ques que Thistoire ait a faire, c*est que
les nations douces et inoffensives sont
presque coostamment vaincues, et
que les nations cruelles et avides Tem-
portent toujours , par la vigueur mtoe
de leurs mauvaises passions. AinsI
n Teas let historiens orieotaux s^accordent
pour rapporter cc propos d*Heraclius. Voyez
Saint-MarUn, notes tor rbtatoira de LelMao
64
L'UNIVERS.
fut-il des Syriens, ainsi des Arabes.
Loin de racbeter par ieur magnani-
roit^ Tinjustice de Ieur agression, les
Arabes se montrerent aussi perfides
que feroces. Dans la cepituiation qui
Ieur avait livr^ Damas, les chefs mu-
sulmans avaient donn^ trois jours aux
families (*far^tiennes pour se retirer. Ce
ne fut d'abord que larnies et d^sola^
tion ; des femines epiorees s'en allaient
ii pied par les campagnes avec leurs en-
fants aansies bras, des vieillards avec
Ieur or. Mais^ peine les Emigres de Da-
mas furent-ils parvenus aux premieres
eollinesde PA nti-Liban que K haled r^so-
lut de les poursuivre. Pour ajouter en-
core la dissimulation a la mauvaise foi,
pour que son m^chnnt coup ne fdt pas
entravc par la rencontre de troupes
grecques , 11 Ot v^tir a ses quatre mille
compagnons le costume des Arabes
Chretiens, qui etaient encore rest^
fideles a Tempire byzantin. A la faveur
de ce deguisement, les Musulmans pu-
rent passer librement a travers les pos-
sessions romaines; et» comme ils n*ins-
piraient de loin aucune deGance, les
malheureux fugitifs, qu'ils atteignirent
pres de Laodic6e, les laisserent ap-
procher sans se mettre en defense, et
furent des lors facilement vaincus.
Thomas, le dernier h^ros de Damas,
qui se trouvait parmi les Emigres , eut
beau faire des prodiges de valeur , les
horames quMl commandait, embarrasses
par la masse des bagages et par le grand
uombre de femmes et d*enfants qui les
entouraient, ne purent longtemps lut-
ter centre les (}uatre milie sdldats de
Khaled, montes sur d'excellents che-
vaux, et furent tues un par un jusqu'au
dernier. Alors les Arabes, au lieu de
se borner h piller les richesses qu'ils
avaient vues avec tant de ref^rel parlir de
Damas, massacrerent impitoyablement
tousles Chretiens, sans ^pargner ni le
sexe ni Tdge. Cette soif du sang humain
est aussi atroce que le mepris des traites
est infdme; et ce qui prouve a quel point
de cruel abrutissement les peuplades
arabes en Etaient encore, cest que,
malgr^ les prescriptions de Ieur pro-
phete, les recommandations de Ieur
khaiife, les prieres d'un de leurs gene-
raux, Abou-Obai'da, il Ieur suffisait
d'une mauvaise excitation pour revenir
a lear nature sauvage , pour s^abandot* |
ner a Ieur instinct sanguinaire. i
Pour reprimer la ferocite native ie
Arabes il exit falla plusieurs dwfs ani
^nergiques qu'humains : Mahomet ifil
vait fait qu'ehaucher Ieur apprinM
ment; Abou-Bekr ne vecot {as aMi
longtemps pour achever Tceavre do pi
phete. Ce khnlife mourut, en e!le!,l
jour m^me de la prise de Damas, ^
un re^ne de deux aiis , deux mois Hii
jours. On loue avec raison la uoliliii
ducaractere, Tau sterile des nwDtirs,!
surtout riiialterable integrite (I'M
Bekr. II possedait les deux grandes fd
lites qui donneiit toujours aux bomil
une incontestable superiorite sur lea
sen)blables, lem^^ ris de la mort ftlefl
pris de I'argent. Aussi prodi$;updesa^
dans les premieres luttes de Hslafflfl
desinteress^, dans ses premieres fi«H
res, ils'^tiiit montre brave dag a jg^]
nesse , dans sa vieillesse il fut OBrnflMj
de simplicity patriarcale. Des iiiMiJ*
brables butins qu'on lui envoyaitdeial
cotes, il fit des distributions ^lfs«
gens de guerre et aux gens de plume;!
malgr^ I'accroissement progressif i
tr6sor musulnicin, il ne s'altribuajl
mais que trois dirhems par jour, eoffl^
cinquante sous de notre monnaie.Oi
modique somme d^passait encorej
modestes besoins ; et tout ce qu'ilM
fnait, il le distribuait en aumdnev
ien qu'il ne laissa h son fils Abd-&Bf
man , deja illustre, qu'un mantcau,*
chameau etun esclave (*).
Abou-Bekr a vait d^si§[ne Omarjijj
son suc^esseur. Celui-ci avait (Tww
refuse ia dignity qu*on lui offiAj^
clarant dans son noble desinter«»i|*
qu'il n'en avait pas besoin : /e k"
bien, lui r^pondit le khalife mourw
tna'fs cette dignite a besoin de /oi.0*
justifia en partie, mais exclusivefflfflW
point de vue arabe, la haute opiwj
qu'en avait concue Abou-Bekr. V^vi^
gide que ce dernier, violent par aft*
inexorable dans sa justice comme W
sa vengeance, ilmontraladroituretptj^
nergie de la puissance: s'il pwsei"
rinnexibilit^ du despotisme , il eoli»J
tes les qualit^s nobles du lion, com*
(*) Vovez Eatvchloa , AlKwiTfeda, AlJ«rt*
rftdj et filmaoiD.
SYRIE MODERNE.
65
il en eut parfois les fureurs : grand ,
fort et souple au physique, g^i^reux
en vers ses ennemis mStnes, iuste, quand il
o'avait pas soif de conquete , humain ,
?|uand il n'avait pas faim de c^rnage; tel
ut Omar, veritable chef de barbares, plus
crand que bon , plus beau de loin que
de pres.
Le premier acte d*Omar fut, du reste,
un acte de justice. Indigue de la froide
cruaute de Khaled , il lui enleva le com-
mandement sup^rieur, qu'il partageait
en Syrie avec Abou-Obaida, et, sans le
rappeler en Arabic , il ordonna qu1l ne
fdt traits que comme un chef secoo-
da ire. Ce farouche soldat montra alors
aues'il n*^tait pasdou^ du sentiment
e rhumanit6, il avait au moins ce-
lui de la discipline hierarchique. Quand
AbouOhaida lui apprit sa disgrace,
celui-ci s^attendait a des emporte-
ments furieux ; mais Khaled , au con-
traire, conservant toute sou impassibi-
lite, se contenta^ de lui r^pondre :
« Gommande ; j*obeirais h un enfant si
« le khalife lui avait confix la direction
• de Tarmee. Tu me trouveras toujours
« pr^t h suivre tes ordres. Je te respecte
« encore a un autre titre : tu as profess^
m avant moi la veritable religion. » Cest
• avec une pareille resignation , c*est
avec un pareil caractere , q^u^aucun ca-
Krice de la fortune ne pouvait abattre ou
umilier, que les Musulmans se sont
trouv^s si souvent sup^rieurs a la mau-
vaise fortune.
Si les Arabes se montraient de plus en
plus audacieux et hardis , les Syriens
semblaient s*abattre et s*affaisser de
Jour en jour. Loin de s'unir centre Ten-
nemi commun , lis s'abandonnaient r^
ciprbquement , s'accusaient les uns les
autres, et plaignaient ^ peine les vie-
times. Un vieillard, consulte par Fempe-
reursur Fetat de la Syrie, lui ditavec
une deplorable franchise : « Qu'on ne
« pouvait attribuer les victoires des Ara-
« DCS qu*a la colere de Dieu irrit6 con-
« tre les Syriens, qui, foulant aux pieds
« les lois de r£vangile, s'abandonnaient
« aux plus honteux d^sordres, et se
« faisaient une guerre intestine, plus
« opiaidtre que oelle des Arabes, par
m leurs concussions, leurs violences,
« leurs injustices et leurs usures. » Ce
vieillard avait raison : desormais , chez
&" Livraison, ( Syrie modebne. \
les Grecs, T^goisme individuei avait
remplac^ le patriotisme. La corruption
des moeurs et Tardente passion de Tor
achev^rent la perte de cette miserable
population. Les viltes aux murailles les
plus ^lev^es et les plus fortes, aux garjni-
sons les plus nomoreuses, n^eurent pas
honte d acheter des troves au lieu de
combattre.
Les Arabes, n^eCaot nullement in-
Sui^tesdans leur possession d*une moiti^
e la Syrie, ne songeaient qu'a s'emparer
de cette contr^ tout entiere; et, en
attendant, c*etaient, de leur part, d^^
attentats de toutes sortes contre les
propri6t^ , des attaques quotidiennes,
des courses d^vastatrices a trente lieues
autour de Damas. Dans ces expeditions
les Musulmans faisaient un grand n om-
bre de prisonniers, et Ja politique
adroite d*Abou-Obaida, loin de les trai-
ler brutalement comme aurait fait Kha-
led, et de les massacrer lorsqu*ils resis-
taient, s'effor^it, au contraire, de ga-
ffner leur esprit en leur rendant leurs
femmes , leurs enfants et leurs biens,
a la condition qu'ils payassent le tribut.
Cette conduite conciliatrice fut fort
avantageuse aux Musulmans. Les Chre-
tiens pauvres , (iu*ils avaient ^pargnes ,
leur servirent d interpr^tes, oe guides
et d'espions. Aussi plus le temps se pas-
sait, plus Heraclius tardait ill tenter un
dernier effort pour sauver au moins
Antioche , Alep, et leurs riches campa-
gnes; plus la puissance des Arabes crois-
sait, plus les orages s*amonoelaient au-
tour de la malheureuse Syrie (*).
Parmi les villes qui avaient obtenu
un repit dans Tinvasion generale a force
de pieces d*or et de robes de soie, outre
^^mese, Hamah, Aestan, Chizar, il
y avait aussi Kinesrin et Al-Hadhir,
les premieres villes situ^es sur TOronte,
les secondes placees au uord-est de Da- *
mas, sur la lisiere du desert, chemin
d* Antioche ou d*Alep, comme on volt.
Toutes ces cit^s furent tranquilles pen-
dant la duree de la trSve accordce ;
mais Tardeur des Arabes s'^tant a peine
satisfaite par des excursions sans im-
portance , rien ne put les arr^ter , une
fois le terme des conventions arrive.
£mese fut la premiere attaqu^ : elle
n Voyez AbouMTaradj,
66
L'UNIVERS.
se d6fendit avec tant de vigueur, elle
^tait 81 bien pourvue de munitions , sa
garnison ^tait si nombreuse , qu'Abou-
Obaida, d^^espt^rant de la preridre de
▼ive force, [^roposa au gouverneur de
se retirer , moyennant qu'on iui fbur-
nirait pour ses troupes cinq Jours de
yivres et pour ses chevaux cinq jours de
fourrage. Cette condition fut consentife;
et les habitants eurent encore la niaise-
rie, voyant qu'oti lespayait en bel et
honor, de vebdre une partie de leur
subsistance : faute grave , impr^voyant
inarch6 qui devaient les livrer plus tard
h un ennenii qui ne cessait pas de les
couverderceil.
Cependant Abou-Obaida , en desceti-
danttoujours le cours de TOronte, ren-
contra bieutdt la place de Restan , qui ,
bien fortiO^e et bien gard6e, refusa de
se rendre. Malheureuseitient Tiricapacite
de son gouverneur la perdit, el voici
comme : Abou-Obaida promit h cet im-
b^ile de ne point attaqtier sa ville a la
condition qu'il Iui permit d'y laisser
quelques gros bagages embarrassatits
pour son arm^e en marche. I^e gouver-
neur grec, ne se mefiant aucunemetit de
cette demande extraordinaire, y con-
sentit. AlorsAbou -Obaida choisitvingt
de ses plus braves guerriers, parmi les-
quels se trouvaient Fintrepide Dherar,
Abd*Er-Rhaman, et Abd'AHah,run ills
et I'autre beau*fils d'Abou-Bekr, les en-
ferma dans vingt caisses qui s'ouvraient
en dedans, et les fit transporter ainsi
dans lacitadelle. Puis,ayant laiss^Kba-
led dans un bois pres de la ville avec
quelques troupe^ aguerries, il continua
sa marche vers le nord. A peine eut-il
disparu a rhorizon avec le gros de son
arm^e que les habitants de Restan s'en
all^rent dans leur ^glise remercier Dieu
de leur d^livrance. Les Arabes profite-
rent de cette occasion pour se saisir de
la femme du gouverneur, la forcer de
leur livrer les clefs de la ville , ouvrir les
portes a Khaled , et venir en masse tom-
ber sur les Restaniens , qui chantaient
totijours leurs actions de grdces, et qui
furent egorges sur leur autel mtoe.
L'histoire ne rapporte pas comment
Hamah se rendit. Chizar ne voulutpas
se d^fendre, tua son gouverneur^ qui
sommait les habitants de prendre les
armes, et se livra sans combat aux Ara-
bes. Quant h Kinesrin, sa pdmA
d'Alep, trois lieues tout au phn , hii A
permis de recevoir des secours dE!"^
grande ville; mais ud difiKreDdorf
deux gouvernetirs le^ emp^ha dei
pour la defense commune; et afntsi
sortie malheureuse, Kioesrio ctf""
Abou-Obaida retouma , aassit^t ^
cette redditiofl, Ters Emese, fBMi
quelques mois rendu mattre delaf
grande partie du cours derOroati!
A rapparition nouvetle dei ^
mans, les£m6siens comprireot
fbute qu'ils avaient commise, en HI
garnissant de leurs provisions poorr
quespi^ces d*or qui ailaient leur <*
si difflciles a conserVer . Gepeodani
par la sorte de trahison dent ils
vibtimes , encouriig^s par leur ^
gouverneur, leur attitude futaoril
qu'honorable. Chose Grange ! cY
ville du luxe, des plaisirs, qui«
donner Texemple du courage Ai
votlemeut aux cit^ du eaiculet
faires. 11 reste parfois plus de
d(gbauch6s qu'aux atares. La
m^me des Em^iens alia d'abori
qu'a la t6m^riti6. Au lieu de h
Arabes fatiguer leur premiere
eontre des murailles , ils t'dai
tout de suite sur rarm^ afisiei
ia surprirent par leur brusque ai
Iui tuerent un grand nombre d**"
et Tauraient culbut^e sans les
ce puissant Khaled , aussi subluoei
la oataille qu'il dt^it hicleux daaslg
toire. Ce heros de I'Age de fer raif
braves, arr^ta lea fuyards, etfitij
de sa iiersonne quil ^vita uae ''
d^faite a Tlslam. Sa vie daosce
cdurut toutes les sortes de rii
?|ue le danger le plus imminent .
rayer ou mdme le refroidir; ii
plusiears chevaux , il rompit pli
epi^es, et, d^arm6 un moment es
d*un hardi adversaire, il auraitcert
ment p^ri , si comme le tigre il r
bondi sur son ennemi , et ne Teflt '"
dans son etreinte.
Quelques prodigefe deeourageque
led accumuldt, les Musuimans, en<
rencontre, n'en eurent pas moinste*
sous , et les Grecs rentrercnt ^ r"*"
en triomphateurs. Pitts tard, leur
(*) Voyez AbonTrWa,
L
SYRIE MODERNE.
67
ranee les perdit, tandisque la pirudence
des Arabes les sauva. Ces derniers se
consulterent apres le combat qui leur
avait ^t^ si fuoeste, et poss^dant d6jli
rexp^rience de leurs adversaires , con-
naissant leur yaDiteuse pr6somption
aue le moiDdre succes enuait encore ,
s ne douterent pas que la garnison
de la viiie ne fit prochainement une
nouvelle sortie, et voici quel plan ils
imagin^rent pour venir a bout de leurs
ennemis : ils rdsolurent de se laisser
d'abord comme surprendre de nouveau,
de se d^fendremollement; puis bientdt
de reculer jusqu*a un mouvement de ter-
rain , oil se serait place en embuscade
K.haled avec ses plus braves soidats;
alors les Grecs, entour^^ de toutes parts,
fort ^lolgnes de la ville, leur refuge,
coupes dans leur retraite. devaient ni-
cessairement €tre extermined.
Une fois ce plan adopts , les Arabes
n^euredt pas un long temps ^ attend re.
Par une belle matinee , lis virent sortir
d*£m^se une troupe tout 6clatante de
soie et d'or, gu'un soleil radieux faisait
reluire au lorn, toute brillante d'eten-
dards,deflammesetdepanacbes,qu*une
brise leg^re soulevait gracieusement;
c^etaientles voluptueux Emesiens, par^s
de leurs plus riches atours, d^ployant
toutes les coquetterles militaires , s'a-
van^ant au combat comme on marche h
une f(8te. Helas 1 cette fiSte devait 6tre
Eour eux celle des fun6railles. Les Ara-
es cxecuterent la manoeuvre dont ils
^talent convenus; ils felgnirent d*abord
la frayeur, et battirent en retraite jus-
qu'aux lieux oik se tenaient caches Kha*
led et les siens. Des lors le combat chan-
gea de face; attaques a la fois en t^tc et
en queue, harceles de tous les cdtes , les
Grecs virent bientot leurs beaux habits
siouill^s de poussiere etde sang, et leur
gouverneur ainsi que leurs principaux
ofQciers ayant et^ tu^, ils finlrent par se
laisser 6£orger presque sans r^istance.
Les habitants de la vlUe , h la nou-
velle de cette defaite, furent aussl
prompts h sedecourager gu'ils Tavaient
^te a compter sur la victoire. Des le
lendeniain ils s'occuperent de trailer
avec les Musulmaus. Grftcd & la valeur
qu'ils avaient depioyee dans leurs diff6-
reuts combats , ils purent obtenir deS
conditions honorables. Abou-Obaidn se
contenta de leur r^damer le tribut
accoutum^, leur laissa toute libert^ indl-
viduelle , et ne voulut ni entrer dans
leurs murs, ni leur imposer degamison.
Quelque temps aunaravant , dans cette
m^me annee 634 , la 15 ««« de Ph^ire ,
Balbek avait aussi traits h des condi-
tions avantageuses. Son gouverneur
Herbis , tout en commettant la faute
ordinaire des Grecs de s*61ancer au-
devant des Arabes , avait pourtant fait
plier une partie de leurs troupes , et
avec plus de prudence il serait peut'^tr«
parvenu a leur faire lever le siege. Mais
s'il poss^ait les qualitds d*un bon com-
mandant d*avant-garde , il n*avait au-
cune de celles d*un g^n^ral. II fut t^m6-
raire a tel point dans une de ses sorties
qu'on luicoupa la retraite, et que, pri-
sonnier dans les mines d*un monastere,
oh il s'^tait refugi^ avec la plus grande
partie de la garnison de Balbek , il se
trouva forc^detraiter de la reddilion de
la ville pour avoir le droit d'y rentrer.
Cette capitulation fut aussi douce que
possible : aucun Musulman ne pouvait
iranchir les portes de Balbek^ et le
percepteur meme du tribut ne devait
s'^tablir qu*en dehors de la place, et
attendre que les habitants lui appor-
tassent la somme qu*ils ^taient conve-
nus de payer. Il se passa a ce propos
une suite de faits singuliers, et qui du-
rent prouveraue Ton commen^it par-
faitement h s*nabltuer au changement
de domination, et que le ioug musul-
man n'6tait pas plus lourdf a certaines
villes de Syrie que le joug byzantin.
Abou-Obaida avait laiss^ ^^|y « ^^^^'
gique et prudent capitaine k la fbis , de-
vant les murs de Balbek , avec Tinjonc-
tion de se montrer tolerant pour les
Chretiens, facile dans ses rapports avec
eux, fidele a ses engagements. Rafy
avait ordre avant tout d'enipecher ses
troupes d'entrer dans la ville et de
ravager son territoire. Les Musulmans
devaient done s*abstenir de toute course
sur les proprietes de^ habitants de Bal-
bek , et ce n'etait que contre les villes
qui n*avaient pas encore traits avec Ils-
1am qu*ils devaient dlriger leurs razias.
Ses prescriptions furent ex^cut6es avec
ponctualit6, et il s*ensuivit, entre les
Arabes et les Grecs, une bonne intelli«
gence qui alia toujours en s'ameliorant.
i;8
L'UWIVERS.
Les Chretiens vinreat bientot au carop
des Arabes, firent avec eux qudques
echauges , et finirent peu a peu par trai-
ter de v^ritables affaires. Les Arabes ,
charge de butin de toutes sortes , ven-
dircnt aux Grecs les objets qui les em-
barrassaient ou dont ils n'avaient que
faire; les marches devenant de plus en
plus profi tables aux habitants de Balbek,
lis excitaient les Musulraans a entre-
prendre des expeditions, et leur indi-
quaient les bonnes prises a effectuer.
Alliance monstrueuse, du reste, n6goce
infdme, ou des freres aidaient a la mine
de leurs freres, et speculaient sur leurs
d^pouilles! Puis, non contents de eette
cooperation secrete au pillage des Musul-
mans , ils voulurent s'associer coinpl^-
tement avec eux. Pour ^tre plus libres
dans leurs coupables actions, ils assas-
sin^rent leur brave gouveriieur Herbis,
et ouvrirent leurs portes a Rafy. Les
Arabes profiterent de cet egoTsme dis-
solvant, ils sMnstallereut dans la ville ,
et de 1^ , par des coups de main habi-
lement diriges , ils s*emparerent tour a
tour de Tortose, de Djebil^h et de
Laodic6e (*).
Ainsi, en moins de trois ans. les
Musuimans s'6taient deja rendus maftres
des deux tiers de la Syrie. lis en poss6-
daient une des capitales , Damas. Plu-
sieurs villes importantes leur payaient
tribut. IJn grand nombre de peuplades
sVtaient jointes a eux, en adoptant la
religion de Mahomet. Des butins consi-
derables avaient au^ment^ leur fortune
d'nne facon prodigieuse. S*ils avaient
laiss^ defri^re eux quelqucs grandes ci-
tes, telles que Jerusalem, Cesaree, Tyr ,
et Tripoli , c'est qu*ils ^taient^drs que
CCS villes seraient forcoes de capituier
lorsquc les conqu^tes musulmanes s*^-
tendraient encore. Leur envahissement
avait et^ aussi prompt que bien entendu.
Tout semblait prochainement pr^t k
tomber sous leur pouvoir; Alep et An-
tioche treniblaient deja , lorsque Tem-
pire byzantin sentit enfln son orgueil
se r^volter , et se d^cida h une nou-
velle lutte, sufGsante peut-6tre pour
satisfaire la vanity romaine , mais trop
tardive pour sauver sa plus belle pro-
vince.
(*• Voyej5 Aboiri'fMa.
BATULLB D'YiAIUMIi.
A son depart de la Syrie, Henefiv
avait h tel point le sentiment de sob l»
puissance et de sa honte, qu'il etaitaK
se cacherdans un desespalais,8Qriaote
d'Asie, et quMl n'avait pas 016 re '
dans sa capi tale, ou, quefque tempsainrH
ravant, on avait montre tant (Tattteb
ment, on avait ^lev^ tantd'arcsdeUiM^
Che, on avait ^g^ tant de statues 4
rillant vainqueur des Perses. (Test ' '
eette retraite, appel^ H6r6e, quH
appris les progrcssuccessifsderi
sion arabe, progr^ qui justiGiicrti
bien son deplorable mot : Jdieu /a/*^
Plonpe dans une sombre m^iai
il laissait son empire s'ecrouler
ses yeux, ses provinces lui t'
ville par ville , incapable d'une
tion vigoureuse, mort pour le
vernement comme il Tetait .
gloire. L'aspect d*une si hootM.
olesse, le m^pris qu*on portaitif
ombre d*empereur, soulev^rento
lui le peu de coeurs haut places gn
taient h Constantinople. On cor
son tils naturel Athalaric et son
Theodore, Ills du general incapaUej
avait d^pouille de ses titres , se r"'
a la t^te des m^contents. Ou avait
rhonneur , la erainte r^ussit : B(
se r^veilla de son miserable
sement , comprima la eonjuratiosi
se decida h rentrer dans sa ville ir
riale. Mais pour passer d*Asiea
rope, il fallait traverser la nier, dl
raclius la redoutalt autant que leii
bes. On fut done oblige &itM
pont de bateaux , dont les haatt
pets, couverts de feuiliages, ifii.
terent au miserable empereur k
des flots qui Tauraient fait e^
£tait-il possible qu*un pareil
pQt lever une arm6e v6ritableme9t;
sante, et, sinon la commander hi
me, du moins lui cboisir un chef
et capable ? Aussi oelui sur lequel t
son choix n*avait-il aucune qualitt
eAt pu lui m6riter cet honneur. Cf
un certain Vahan, Arm^nien d'onf
au*il ne £aut pas confondre avec
Perse Vabao, qui s'etait fait moine "^
sa d^faite par Khaled. Ce g^oen
hasard, bien plut6t courtisan que
litaire, n*obtint d^ailleurs qu'ao '^'
SYRIE MODERNE.
6D
f Asiatiqoesetd'Europeens plus embar-
tassants par leur turbulence qu'utiles
Eleur nombre. Cette armee, aussi
isciplinee que colossale^ qui eomp-
lait pres de deux cent mille nommes «
Wis qui D*avait de redoutable dans ses
inigs confus que quelques coinpagnics
#habiles archers, tralnait a sa suite des
tegages considerables et une foule de
vagabonds, aussi Idches que dangereux.
^tte masse, en tombant sur la Syrie,
pcrasa de son poids. Elle se r^pandit
jlirtootes les cam|)agnes , ravageant les
prres comme auraient fait des ennemis,
iadonnant k tous les vices , s^abandon-
wuX atoas tes exc^. Son slupide §6ne-
'^ ne sut ni la ri^prinoer ni la mainte-
ir; et elle devint tout d'abord un fl6au
r le pays qu'eile venait d^livrer. Ce
nltat tat d'autant plus deplorable
^ les populations syriennes en vinrent
qu'^ faire des ycbux pour la disper-
adeces soldats ivrognes, craputeux
tlNSards, et pour le triompne des
I, qui, une fois le tribut pay^,
Qt en paix leurs tributaires.
[J^peodant, au bruit que faisait en
ant cette foule immense, fleuve
6, dont le courant augmentait de
sen plus d'ampleur et d*impetuosite,
K Araoes s^murent. Etablie a fm^se,
nn^ (Dusulmane se crut trop eioi-
jNe de soli centre national ; les chefs
prassemblerent , tinrent conseil, etle
piiQIaiit Rhaled lui-m^me opina pour
*telraite. Cette retraite, du reste , ne
flwaititre que momentanee. Par pru-
vRice eomme par science militaire , il
^aftmieux se replier sur la Palestine,
P^Pprocher des renforts quY)n avait
^apdes, choisir son heure et sa place
w jouer le va-le-tout de Tlslam , que
fcrester a Tune des extremites des der-
s conqultes , avec de grandes villes
wiles derri^re soi, et Te desert de
'^potamie pour tout refuge. Ce qui
uietait en outre les Musutmans, c'est
, d*unc part, le reste des Arabes
Jtiens, entratnes par les promesses
Jl empereur, s'^taient joints h rarm^e
^Vahan en lui amenant la cavalerie
;ere dont il manquait, et que, d'autre
%Con8tantin, nis d'Heraclius, avait
, Di jBsqu'i quarante mille hommes
nns la place de cesar^e. Menaces an
*>a commt au nord , les M usulmans se
repli^rent done au dela de Damas jus-
qu'a une petite riviere, appelee Yar-
mouk, qui tombe dans le Jourdaia au-
dessous du lac de Tiberiade (* ) .
La partie etait belle pour les Grecs ,
s'ils avaient suimmediatement la jouer.
II edt fallu atteindre a marches forcees
Tarmee hesitante et inquietedes Musut-
mans, et tomber sur elle avant qu'clle
eilt repris ses esprits et re^.u ses ren-
forts. Vahan, dont les instructions por-
taient de rechercher la paix avant tout,
instructions bien dignes de la pusilln*
nimite de celui qui les avait donnees et
d€ rincapaciie de celui qui les avait re-
vues , alia etablir son camp en face de
celui des Arabes, et entama aussitot
les conferences. Ses premieres proposi-
tions de paix furent rejetees ; mais, loin,
decommencerleshosttlites. il reclamade
nouveaux pour parlers. Les Musulmans
accept^rent oes deiais : lis avaient a
attend re les troupes que leur khalife
Omar leur annoni^ait, et ils vouiaient
tenter le detachement des Arabes Chre-
tiens de l^armee byzantine. lis s'adres-
serent dans cette vue a Djabalah, der-
nier roi des tribus de Ghassan. Celui-ci
repoussa leurs offres , et K haled , indi-
gne, se porta la nuit m^me contre son
quartier, I'attaqua avec fureur, y tua un
grand nombre d*hoiiimes , mais malheu-
reusement y laissa prisonniers, apr^s sa
retraite, trois d*entre les plus braves des
Mahometans, Dherar,RafyetYezid. Pour
deiivrerces heros, on crut encore devoir
negocier ; nouveau retard favorable au\
Musulmans. Khaled lui-meme voulut
aller au camp des Chretiens. Vahan, dans
cette occasion, au lieu de montrer sa puis-
sance, ne sut qu^etiler son luxe. Pour re-
cevoir le chef arabe , il se couvrit de ses
robes les plus precieuses, se fit elever un
tr6ne de poiirpre et d'or, et fit preparer
un si6ge eclatant pour son visiteur . Mais
Khaled re|)oussa le siege, et s*asseyant
par terre amsi que sa suite , repondit u
rorgueilleux Armenien qui lui demaii-
dait la raison de cette singularity :
« La terre est le siege que Dieu a destine
a h Mahomet son envoye , et le Prophete
« Ta leguee aux Musulmans ses disci-
« pies. »
Cette conference f ut longue et pleine
(*) Voyez Th^phane.
TO
LinnvERS.
de p^rip^ties. On se mena^a* on ge ca-
ressa tour k tour. Un moment Kbaied,
irrit6 par la discussion, dit avec colere
h Vahan qu'il esp^rait bien un jour le
voir, la corde au oou, conduit a Omar
pour ^tredecapit^ensa pr^eoce. Vahan
s^emporta, et deciara que, pour punir
I'msoleuce de Khaled, il allait, lui,8ur
rheure, faire trancher, la tdte aux trois
Arabts prisonniers. A cesmots, Kbaied,
qui ne conservait pas dans sa fureur,
comme le general grec, le sentiment du
droit des gens, brandit son sabre, et
s'^cria : « Prends bien garde a ce que tu
« vas fairQ ; je jure par le nom de Dieu,
« par Mahomet, et par la sainte Kaaba,
« que si tu les fais mourir, je te tuerai
« tout a 1 heure de ma propre main, et
• que les Musulmans qui sont ici tue-
« ront chacun leur homme , auoi <^u'il
« puisse enarriver. » Getteauaace reus-
sit a Kbaied : Vahan eut peur, et loin
d'egorger les prisonniers, il les remit
au chef arabe. Khaled en retour lui
fit present d'une tente d*ecarlate, et les
deux rivaux ses^parerent en se comblant
de marques de consideration, raaissans
rien conclnre. Les Musulmans avaient
gagn6 du temps , ce qu'ils avaient cher-
che : buit mille hommes , sous les or-
dres de Said-Ebn-Amir, leur ^talent
venus , charges de troph^s , c^est^a-dire
avec des t^tes cbr^tiennes au bout de
leurs lances. L'espoir revint done au
camp des Arabes, et d^sormais on n'y
songea plus qu*a combattre {*).
Le lendemain , des que les premieres
teintes de Faurore apparurent a Tho-
rizon, des qu'on put reconnaftre, selon
les prescriptions du Prophete, un fil
blanc d'un fil noir, Tarm^e musulmane
se prosterna la t£te contre terre, en se
tournant vers TOrient, et r^cita d'une
voix grave et accentuee le tekbir, cette
affirmation r^p^teede ia grandeur et de
Tunite de Dieu : « Dieu est grand, Dieu
« est grand! 11 n'y a pas d'autre Dieu
« que Dieu,et Mahomet est son propbete;
« Dieu est grand, louanges a Dieu! «
Puis Its cbefe passerent de rang en
rang, di^nt cette parole significative
du Koran : « Musulmans , entrez dans
« la terre sainte (^ue Dieu vous a des-
« tin^ 1 » Ce n'etait plus ici une incur-
n Voyez Eimadn.
sion de brigands , ee n*tei(Dt plu hi
escarmouches individuelles deqiH!k|iN(
tribus en maraude , c*dtait la baUli
decisive d^une nation jeuue contieoil'
nation vieillie, c'etait ud duel eDti|'
deux religions, entredeuxespnte,eDb|;
deux mondes. Le combat fut dipil£
cette grande cause, il dura trois jor*
et fut aussi sanglant aue prolonge.
Les Grecs aussi s adressereotA
Seigneur? L'histoire ne le rapport£[
d'ailieurs etait-eile vraimentchreUi
pouvait-elie se niontrer sinceri
religieuse, cette tourbe d'bommes
nus de tous les coins de TEmpire, '
tis par les vices, di vises paries'
obeissant a peine aux ordres
de leurs officiers ? Gependaot on ne
Quelle excitation mysterieusectfa
nt, en cette occurrence, lutter les
mains avec autant de perseveraneei
de courage.
Dans ce choc de deux peoples,
^tait grave du cdte des Arabes, '
fut soiennel. Abou-Obaida, a;
conscience de son inferiorit^sur
o^a k ce dernier la conduite de lai
taiile : abnegation admirable, doot
plus grands caract^res sont seuls <s^
olesl Puis, cboisissant lui-meme
poste dans le combat, il alia se
sur la derniere ligne de Fannie,
k la main le drapeaujaunequeMal
faisait porter dans ses exp6dl
G r^ce k cet etendard v^ner^, grke
k sa cootenance aussi pleine de (T
que de confiance, AbouObauia
rait avec raison emp^ber les A:
reculer, quels que fussent les cai
la fortune. Derriere le general
se placerent aussi les femmes,
comme nous les avons deja vu
fois,d'arr6ter les fuyards par les
et les exhortations, ou par les
et par la force.
Les Musulmans «err^ent leurs
afin d*opposer le plus de ri^i
possible a la foule compacte des
mains. Mais qu'6taient-ce que qm
mille hommes aunres de deux
mille et plus peut-etre? Aussi
les deux arm&s s'ebranldront, la
cession des masses grecques , ai
tees en puissance par rentrafi
de la course, d^fon^a let lignes sr^
s^para leur cavalerie de leur in&Bten^
SYBIK HOBEIUNE.
U
et fotqsk les plus bgraveg h se repller 4<h
vant les coups repet^s de cette iiiimen^
catapulte qui lan^it des hommes au lieu
4e traits. C'est alors que lesfemmes
musulmanes eurent un rdle important
a jouer. Elles commencereut par insul-
ter de touteg les facoos les Idches qpi
chercliaient a prenare la fuit^; puia
ieurs flots se pressant de plus en plus,
elles les frappereot, les unes avec de^
{)ieux , les autres ayec des batons. Dans
eur indignation elles ne distinguerent
mSme pas entre ceux qui battaient mo-
mentanement en retraite pour se rallier
ensuite, et ceux qui ne voulaient qu'a-
bandonner le combat. 11 leur arriva
ui^me dMnjurier, puis de blesser Abou-
Sotian, Tun des plus intr^pides capi-
taiues musulmans, celui auquel, avant
i'engagement, avait ^t^ confix le soin
d'eiiflammer les soldats, et qui s>n aU
lait de groupe en groupe s'^criapt :
*« Musulmans, soneez que le paradis est
a devant vous, etle feu de 1 enfer der-
« ri^re! » Quelque deplorable qu*ait
^te leur erreur partielle, ces heroines,
si resolues et si ardentes, reudirent du
CQBur aux plus abattus. Chaciin prefera
se Jeter de nouveau dans la m^lee que
d'eudurer plus longtemps les affronts
deshonorants dontn6tait accable {*)•
Trois fois les Musulmans fmrent re-
pousses , trois fois ils retoumerent a la
charge. Les Arabes avaientla reputation
d'apprehender les premiers chocs, et de
ne s echauffer que pen k peu : ils la con-
firroerent dans cette terrible journ^.
A force de se succ^der, pourtaiit, les
masses romaines s'epuiserent, a force
de f rapper, les ^p^ss^br^herent. Cest
alors que les Musulmans, decides a ga-
gner la Syrie ou le ciel, a vaincre ou k
niourir, deploy^rent une ardeur si crois-
8ante,que la bataille dix fois suspendue,
recommence dix fois , se trouva ind^
cise lorsque les t^nebres s^parerent les
combattants.
Cette nuit pleine d'angoisses oij per-
Sonne n'^tait sdr de vivre jusqu'au se-
cond soleil, Abou-Obaida la passa dans
la priere et dans Pinspection de son
camp. Apres s'^tre humblement pros-
terne devant le souverain distributeur
des victoires, il alia consolant l^s bless^,
n Voy« WakMy.
«6oQnfqr(9nt li^s faibles, encourageant
les forts , et disant aux moribonds que
leitrs dottleurs pr^ntes ^taient pour
%iki autant d'esperances de fdieit^s fu-
tures, et qu'At-Borak, la jument ce-
leste du Proph^te, redescendrait sur
terre pouremporter plusvite Ieurs dmes
au sein de Dieu. Ces diseours, ou, pour la
premiere fois peutr^tre, Tenthousiasme
religieux remplace les promesses de pil-
lage, les assurances de butin, exaltd-
rent a tel point les esprits que, des que
la pdle lumiere de Taube vmt efQeurer
la plaine de TYarmouk, on put voir les
deux arm^s , rang^es en face Tune de
Fautre, et attendant Tapparition du jour
pour se d^vorer.
Aucun annaliste ne nous a racont^ les
Evolutions di verses de cette bataille
epique, plus acbarn^ sinon plus grande
qu'Arbelles et Pbarsale. Quand deux
peuples se disputent une terre, quand
deux religions se disputent un monde, on
lutte toutautrement encore que lorsque
deux monarques veulent s'arracher un
trone, ou lorsque deux ambitieux com-
battent pour une domination Ephemere,
que ces monarques mtoe sappellent
Alexandre et Darius, que ces ambitieux
se nomment GEsar et Pomp^ ! Figurez-
vous quelque chose comme Marius avec
les Gimbres, comme Charles-Martel
avec les Sarrasins, comme Charlemagne
avec les Saxons , un choc immense , une
m^l6e furieuse , une lutte corps a corps,
membre k membre, pour ainsi dire;
des Epees qui s*EbrMhent eontre des
crdnes ; des lances aui se brisent dans
des poitrines ; des soldats desarm^ qui,
faute de fer, se servent de Ieurs bras;
des bless^ qui se relevent pour forger
Ieurs vainqueurs; des mourants qui s*at-
tachent a Ieurs ennemis, comme des
dogues au taureau; des groupes de com-
battants qui essayent une lutte supreme
derri^re des barncadesdecadavres; des
d^espEr^ qui se pr^cipitent t^te baiss^e
eontre les bataillons; des audacieux qui
r^pondent seuls a dix adversaires; aes
ohevaux en fiirie , privEs de Ieurs cava-
liers , qui courent au hasard , ^rasant
des t^tes a chacun de Ieurs pas ; des inn*
prEcations, des prieres, des oris de
douceur, des exclamations de joie, des
vAles et des rugissements : Urates les
borreurs et toutes les sublimit^s p^Ie-
ti
LlJiaVERS.
m^le , tou8 les courages avec toutes les
Idchetes !
Un seul fait nous a €x€ conserve qui
caract^riseadmirablementcette seconde
journ^e. A un moment donn^, une com-
pagnie d'archers arm^niens se d^ploya
sur une hauteur, et ils lancerent leurs
fleehes avec tant de pr^ision et d*a*
dresse qu*en peu d'instants ils eurent
eborgne ou aveu£l6 sept cents des
plus braves Musulmans. II fallut des
efforts inouis pour debusquer ces re-
doutables ennemis , et les Arabes ont
conserve le souvenirde cette lutteachar-
n6e , en Tappekant : La jourrUe de I'A--
veuglement Plus tard, lorsque les mu-
tiles de Yarmouk rentrerent dans leur
pays, ce fut pour eux un titre de gloire
d^avoir perdu un ceil ou les deux yeux
a ce second acte de la sanslante trage-
die syrienne. La nuit seule suspendit
la rage des combattants, sans T^puiser
ndannioins {*).
Durant cette lugubre nuit, ce furent
parmi les Arabes de nouvelles prieres
et de nouveaux encouragements : eux
seuls semblaient avoir la conscience du
grand 6v6nement qui s'accomplissait.
Les Grecs, au contraire, s'abandon-
naient , chefs et soldats , a toutes leurs
depravations. Semblables h des debau-
ches qui vident leur dernier verre, leur
camp devint comme la salle immense
d'une gigantesque orgie. Queloues ofli-
ciers memes rencherirent sur la bruta-
lite soldatesque, et leur infamie fut le len-
demain une des causes de la pertede Far-
m6e. Ivres de sang et de vin, ils ctaient
all^s faire une excursion jusqu*^ la pe-
tite-ville d'Yarmouk, plac^e derriere
I'arm^e romaine. Un riche habitant
de cette cit^ leur offrit rhospitalit^,
et ils en abusdrent jusau'a violer la
femme de leur bote et a ^or^er son
enfant, qui, par ses cris, cherchait a em-
p^cher 1 attentat centre sa mere. Cette
execrable atrocite ne trouva pas m^me
dans le genial en chef un vengeur. La
mere d^sp^r^ eut beau avoir le
courage de aemander ven{;eance» la t^te
de son fils a la main ; lorn de lui faire
justice, Vahan la fit brusquement jeter
a la porte de sa tente. Alors le man ou-
trage, ne connaissant (>lus de bornes a
sa douleur, prit en haine Farm^ tout
n Voyez Rlmadn.
entiere et jura sa perte. Poor |
sdrement a son but, il sutrefoulerw j
larmes d'indignation,et, feignantr'
gnorer le crime dont sa fomille T
victime , il s*en alia proposer a Yd
de lui procurer le moyeo de ui
Farm^e arabe. 11 s'agissait de i
Felite des troupes romaines a ooj
jusqu'alors ignore de la riviere d"^
mouk. Vahan approuva ce jpjfM
promit a celui qui lui en faisait pr^
nombre d^hommes qu*il desirait.
fois tout prepare , celui -ci alia s>
dre avec les Musulmans pour "
dans sa vengeance.
Le jour venu , les coloones [
et arabes s'^branl^rent ensenTtte|-i
reeommenc^rent un combat aussi a
que la veille. Mais bientot il sal
tacha de Famiee romaioe une i ^
tout entiere qui remonta le knfl
bords du fleuve. Cette legion
un gros de cinq cents cavaKeis I
qui s'enfuirent a toute bride coi
etait convenu , et se precipiteredtj
la riviere en traversant le gue. 1
voulurent les poursuivre, etct
lui qui les avait men^ jusque-ta,
montrait un endroit aussi gueablelj
dire que le lieu ou avaient travi '
Arabes, sans deliberer davantage,]
s'elancerent dans le fleuve. Or, fli i
endroit , les eaux , loin d^£tre I
Ctaient tres-profondes et tr
et Jes Grecs se noyerent pres^l
Ce qui devait decider la victmref
veur des Remains , entraf na , i
traire, leur d^faite. Priv6 de Fdito
troupes , Vahan ne |)ut roister I
vel elan des Musulmans ; ses lif
rent bientdt defoncees , ses legia
fj^es, ses innombrables soldats o
es uns sur les autres par des dl
consecutives; puis, la d^fectioiS
Djabalahetdeses Arabes chrdteosf
survenue au milieu de ce desaMik
d^route des Romains fut compUttiJ
ils laisserent sur le champ de \ '
{>lus de cinquante mille roorts , et c
es mains des Musulmans un ^
6gal de prisonniers. Vahan, atteint d
sa fuite, fut conduit k Damas, out
inconnu Fassassina. £tait-ce oieore^
mari outrage qui se vengeait O^
(♦) ToyezEImado.
STRIE M0D£EII9E.
73
Cen etait fait! la san^laote fortune
des combats avait favonse les Musul-
mans; et dMormais la Syrie leur ^tait
destin6e, oomiue le leur avait predit
Mahomet. On n'est pas d'accord sur la
date dela baCailled'Yarmouk ; les ^v^ne-
ments qui la suivireut prouvent, du
reste, qu'elle se donna vers la fin de i'an-
n^e 636 de notreere, la 16^ de Fh^gire.
On differe aussi sur le nombre de jours
?ue cettebatailledura. Nousavons choisi
hypotb^se la plus probable. Que cette
lutte prodigieuse se soit prolong^e plu-
sieurs semaiues au lieu de trois jours,
toujours est-il que son retentissement
fut immense et son resultat d^linitif. Si
Mahomet forma une nation, la batailie
d'Yarmouk lui donna une contr^. De ce
jour les Romains ne furent plus de force
a disputer Tempire k ces bommes aussi
sobres que braves , aussi actifs que pru-
dents , et unis entre eux par la chalncr
de fer d*une religion martiale. De ce
jour, le monde eut de nouveaux mattres;
et I*antagonisme de TOrient et de FOcci-
dent, de FAsie et de FEurope, rena-
quit avec toutes ses alternatives , avec
toutes sea p^rip^ties. Le vautour avait
bri^^ son oeuf , et en moins d*un deml-
si^le il allait prendre son vol de M^
dine a Grenade, de FOronte ^ FOxus.
OMAB A JEBUSALBH.
Apr^ quelques joors de repos, Abou-
Obaida , qui avait repri's le commande-
ment de son arm^e, la mena h Damas ,
ou elle rentra en triomphe. Mais, de peur
de laisser se refroidir sa ferveur conqu^
rante, Omar, du fond de FArabie, lui or-
donna d'aller prendre Jerusalem. Elle se
remit done en marche avec son elan
accoutum^, et on la vil bientdt apres
entamer le si^e de la cite sainte. Toute
sommation de se rendre ayant ^t^ re-
pouss^e par les Chretiens, on se pr^para
de part et d'autre a la lutte. DIx jours de
suite, on combattit des deux c6t^ avec
ttii ^al courage , sans perdre ni gainer
un pouce de terrain. On en ^tait arnv6 k
Fhiver de Fannie 637; le froid fut tres-
^pre sur le plateau glac^ de Jerusalem;
les assi^geauts , comme les assieg^, en
souffrirent sans se lasser, sans se decou-
''?g«r. Enfin , apres quatre mois de re-
sistance continue , les Chretiens, snns
«spoirde rnvilaiUpmcnt, abandonri^s a
cux-m^mes au milieu d*un pays deja
conquis, furent oontraints, malgre leur
amere douleur, de songer k capituler.
Ud jour done, au soleil levant, au lieu
deguerriers en costume de combat, on
vit apparattre sur les murallles des pvS-
tres en habits sacerdotaux : le patriarche
Sophronlus pr^o^ait son clerg^ , et de-
mandait k parlerau chef des Arabes.
Abou-Obaida se rendit a cette invitation,
et se presenta imm^diatement devant
Sophronlus.
Ce dernier crut devoir eommencer par
des sortes de menaces, en faisantdire au
g^n^ral musulman : « Que Jerusalem
« 6tait la cite sainte , et que quicongue
« entrerait en ennemi sur son territoire,
« consacr^ par les pas du Fils de Dieu,
a s'attirerait la coiere du ciel ! » Mais
Abou-ObaTda, loin de s*intimider de
ces paroles, assez maladroites dans
une drconstance si critique pour les
Chretiens, r^ponditavec fierte : « Mous
« Savons que Jerusalem est une ville
« sainte ; que Mohammed y fut trans-
« port^dans cette nuit miraculeuse pen-
« dant laquelle il monta au ctel et s*ap-
« procha de Dieu m^me a la port^ de
« deux traits d'arbalete. Mous savons que
« c'est le berceau et le tombeau des pro-
« phetes : et c'est k tous ces tltres que
« cette ville nous est sacree. Nous som-
« mes plus dignes que vous de la posse-
« der. Aussi ne cesserons-nous de Fas-
ti sieger, jusqu*5 ce que Dieu Fait mise
« entre nos mains, comme il nous a
« livr^ tant d'autres places. » Quoi qu1l
ait essays, le patriarche B*en fut pas
moins forc^ de parler de capitulation, il
en obtint une assez fiavorable; mais.
pour gagner du temps, sans doute, it
demamla que la cit^ sainte ne flh rendue
qu'au khalife en personne (*).
Abou-Obaida nt pn6venir le khalife de
la resolution des habitants de J^rusa*
lem. Omar rassembia son conseil, c*est-
a-dire ses plus anciens oompagnons,
ceux qui avaient eu Fhonneur de coni-
battre avec le Prophete. Othman , Fun
d*eux, qui devait ^tre un jour le succes-
seur d'Omar, ne pensait pas qu*on dOt
foire aux Syriens cet honneur de leur
d6puter un khalife pour entrer dans
(*) Voyez Eatychius et Tb^ophane, AbooT-
foralclM'tCodrenas.
74 LTJNlYEftS.
leur ville sainte. Ali, a\i contraire, pen-
cha pour uae sorte de poliQque oonci-
liatrioe, qui pAt prouvar aax Chretiens
qu*on ne vonlait pas rompre avec eux
pour tou}oan, et <nie e'fttait une alliance
mile et non une domination rigoureuse
qu'on renait leur imposer. D'aprcs cette
opinion , que inanif(^sta si nettement fe
gendre da prophete dans cette circons-
tance im|>ortante, auelle edt done 6U
sa conduite , s'il I'eat emport6 sur ses
rivaux , et qu'il fttt devenu le premier
khalife de I'lsiam ? Ou bien Tesprit de
eonau^tea edt ^t^ ^teint par lui , et la
reTolutioQ sociale de Mahomet se fdt
boru^ ^ renouveler la face de i'Arabie;
ou bien , si Ali avait laiss^ se develop-
per Fardeur guerriere de ses peuples,
le fahatisme religieux , qui leur fut un
mobile si puissant, n'^tant pas ne ou
ayant ^t^ etouff(^ tout d^abord , que se-
raitdevenu lemondesans Tantagonisme
des deux grandes races du nord et du
midi? A quoi tient le sort, non pas des
empires, o'est trop peu de chose, mais
des religions!
Revenoos a Omar, et jogeons les €y&-
nements tels qu'ils se sont passes, sans
demander compte k Dieu de leur fata-
lity. Le khalife , qui voulait sans doute
inspeoter son arm^e, Ju^er son people,
tout aussi bien que renidre hommage a
Jerusalem , se rangea de Tavis d'Ali , et
pr^para son depart pour la Syrie, apr^s
avoir laissele ^ouvernement de Tinte-
rieur, les uns disent k Othman , les au-
tres disent k Ali. Omar donna alors le
spectacle de la plus noble et de la plus
grandiose simplicity. Tandis que les des-
potes de Constantinople ou de Perse ne
se mettaient en voyage qu'avec des gar-
des nombreuses, tandis que le luxe et la
niollesse les suivaient jusqu'4 la guerre,
qu'ils nequittaient jamais ni leurs v^te-
inents de pourpre et d'or, ni les d^lica-
tesses de leurs habitudes, ni la profusion
de leurs tables ; Omar, tout au contraire,
partit presque seul, mont^sur un chameau
roux, avec deux sacs devant lui. Tun
contenant de Torge, du riz et du fro-
ment monde, Tautre, quelques fruits sees,
et derri^re lui une outre pleined'eauet un
frand plat de bois. A chaque halte . le
halife descendait de son chameau, rai-
sait preparer Forge et le riz, ^talait quel-
quea fniita #ur soo plat , et, s^accrou-
I
Et pourlant ce patriardiedwL
prlmitifs ne commandait plus |1
seule ikmille, mais k unenatkBy
troupes avaient deja vaincv b]
dats d*up empire de douze i
et on le recounaissait commeli
qu^rant de la Syrie et de la I
tamie. Omar prouva, du rest^ U
puissance dans ce memorabf
Sa simplicity, sa sobriety, |
plus d*effet sur les populatioi
traversa le pays que n*edtfeill
du luxe le plus ^bloiiiss^pt. Par
accourait a sa rencontre, jeaoffl
marques de respect et dlionnea^
ce n*etait pas au milieu de deoij'
de soldats , c*^tait a travers r«^
haie de peuple qu*il jpassait
les. On venal t a la fois le (
lui ^cmander justice. CitoD§ |
traits qui caraet^risent sod
vernement.
Ce ne fut pas seulement d^ ji ,
[u'Omar eut a rendre , mais il cS^
les idees de moralili et dIjQiB''
faire pr6dominer. Le premier (le*!
divers fut un rappel vigoureiix '
du Koran : lepropMte ayant ah
interdit k un seul homme d*^
m^me temps les de4ix so^ri,
on vint dire dans un village a (
quelqu'un ctait dans ce cas, il 1
rheure comparattre a son triboa
qui avait si ouvertement tranr
Ordres de Dieu, et luicominai
ter imm^iatement une descsf
L'apcuse se plaignlt de cette i
reclama, murmura, et finit pa
quMl ^taitaudesespoird'avoirl
la religion mahometane. Alors I
se leve avec indignation, saisitsQB]|
blanc de voyage, en dfchargew
sur la tiSte du blasph^mateur, etf
« Quoi ! tuoses mepriser Hslamtfl
« la religion de Dieu, de ses angfl
« ses ap6tres? Apprendsqull yaf
« t^te pour ceux qui y renoncefltp,
ces mots, I'accus^ demeura terrlne^
comme d'ailleurs il edt ete lapidc !
fdt r^volt^ contre les ordresde m
il fut contraint d'obeir (*}.
O y oya AboaTftdA et ElaMiiii
SYHIE MODERNE.
ton , aY«e non moins d*^ner-
Ml r^prima un d^sordre honteux,
M Bouillant I'd me de 80Q peuple,
^ pu TaMtardir s'il filt passe en
Un vieillard, aussi idche que
, avail 6pou8^ une jeune femme
dition de lui laisser son amant.
%t f 'autre poss^aient alternative-
eette femme, qui n*avait ete ven-
"^3 par Pavanee de ses parents.
it la deux cfaoses graves k r^
\ on scandale ignoble et un mar*
me. Le khalife, aussi ri-
etait noble de caract^re, or-
aa jeune homme de cesser tout
^e avec la femme du vieitlard,
Inenaca de la niort s'il prolon-
adult^re. C'etait attaquer par
lyens violents an vice qui entrat-
"^ his Tignominie et la corrup-
inHSurs.
Hoin encore, au milieu d*un d^-
le khalife rencontra plusieurs
Itoecix attaches a des palmiers, et
k aux rayons brdlants du soleil
'^eeouMlsen mourussent. Le coeur
I do kfaatife fut emu par ce
ded'unecniaute barbare, et s'^-
hforme de la cause d'un aussi
ble ebifttiment, on lui r^pondit
^ient de pauvres d^biteurs qui
BDtpas pusatisfaire aleurs dettes
(que fix^. Aussitot le khalife flt
ees malheureux, et ayant mand6
tr^aneiers, il leur reprocba avec
' Im conduite inhumaine, leur
i>i OQoique ees gens fussent
!8, de les laisser d^ormais en
I et de ne les plus punir ainsi :
itjouta-t-il, j*ai souvent entendu
^ au prophete : N'affligez pas les
iiDes;oeux qui les afOigent en ce
Kle aoront dans I'autre le fen
demeure. »
i, ^ chacune de ses Stapes,
AHfe rendait justice, r^rimait
•ordres, ou promulguait des lois.
n^i'ii fut enfin arrive en face du
des Arabes devant les murs de
iiem, quelques soldats, qui ne
'~ot \as se douter que leur kha-
venir en un si simple equipage,
'"^.rent passer avec un sourirod^
sur let levies, une bouteille de
a la main, et des habits de soie sur
Avps. A eette me, I'aust^re kha-
life frott^a le sourcil, et quelques heu-
resapr^, afinque leluxeet lad^bauche
ne s*etendissent pas davantage parmi
les Musulmans, il ordonnaque tons les
habits de soie fussent d6chir6s en lam^
beaux, que tousceux auis'eo 6taient
v^tus fussent tratn^ dans la boue le
visage contre terre,. et que tous ceux
qui avaient bu du vin re^ussent quatre*
vingts coups de bUton sous la plante
des pieds. C*est par ees rigueurs que
le khalife s'appr^tait a trailer avec Je-
rusalem, et pouFtaot 11 se montra avee
les habitants de la dt^ sainte aussi
juste que g^n^reux {*).
II existe un texte du traits entre
Omar et les habitants de Jerusalem,
que certains orientalistes croyent sup-
pose, mais pourtant que plusieurs his-
toriens ont conserve et aonnent pour
authentique. Ge texte aurait servi de
modele a toutes les capitulations sui-
vantes , toujours selon ees historiens.
Le fait est quMl contient la plupart des
defenses et la plupart des concessions
que les rayas se sont vu imposer ou
ont obtenues des Musulmans, leurs
vaiiiqueurs. Aussi, malgr^ sa v^raciti
contestee, nous n'en donnons pas moins
ici cette piece , vraie dans le fond sinon
dans la forme, caracterislique sinon
historique. La voici telle que la rap-
porle Lebeau, dans son Uistoire du
Bas-Empire :
« Au nom de Dieu, clement, mis^ri-*
« cordieux , de la part d'Omar aux ha-
« bitants de Jerusalem : lis seront pro*
« t^6s ; ll» conserveront la vie et leurs
« biens. Leurs eglises ne seront pas
« demolies; eux seuls en auront Tu-
ft sage, mais ils n'empdcberont pas les
« Musulmans d'yentrer nijourni auit;
« ils en ouvriront les portes aux pas-
« sants et aux voyageurs ; ils n'^rige-
« ront point de croi;t au-dessus ; ils ne
ft soimeront point les cloches, et se
ft eontenteront de tinter; Us ne b&ti-
R ront de nouvelles ^^lises, ni dans la
ft ville, ni sur son terriloire. Si quelque
ft voyageur musulman passe par leur
ft cite , ils seront oblige de le loger
ft et de le nourrtr gratuiteinent pen-
« dant trois jours. On ne les obligera
(*) Voyei vauidtn^ dt JirmMim, M0 par
OcUey.
n
L'UNIVERS.
point (Tenseigner le Koran a ieurs
enfanU ; mais ils ne parleront point
ouvertement de leur religion aux
Musulmans, ne solticiteront personne
k l*embrasser, et n'emp^cheront point
Ieurs parents de la quitter pour faire
profession du musulmanisme. lis ne
montreront pas publiquement dans
les rues Ieurs croix et Ieurs livres.
lis t^moigneront du respect aux Mu-
sulmans, et cederont Ieurs places,
lorsque ceux-ci voudront s'asseoir. lis
ne seront pas v^tus comnre eux ; ils oe
porteront ni Ieurs bonnets, ni Ieurs
turbans, ni leur chaussure; ils gar-
deroiit partout un habillement dis-
tinctif, et ne quitteront jamais la
ceinture. lis ne partageront pas Ieurs
cheveux comme les vrais fiaeles. lis
ne parleront pas la m^me langue,
ne prendronC pas les indmes noms, et
ne se serviront pas de la langue arabe
dans les devises de ieurs cachets. Us
n'ironl pointacheval avec des selles.
lis ne porteront aucune sorte d'ar-
mes. lis ne vendront point de vin.
lis ne prendront chez eux aucun do-
mestiquequi ait servi un Musulman.
llspayerontponctuellement letribut.
lis reconnaftroiit le khalife pour
leur souverain, et ne feront jamais
ni directement ni indirectement rien
de contraire k son service. »
Gertes , quelques-unes de ces condi-
tions sont dures ; mais la permission
de conserver ouvertes les ^iises cbr^-
tlennes , le droit d'^lever les en&nts
dans la religion de Ieurs pares, sont
^es concessions bien fortes de la part
d*un peuple qui tendait autant que
possible a imposer k la fois son culte
et sa domination. Quelques articles de
la capitulation que nous venons de
citer nous semblent avoir 6t^ d^tour-
n^ de leur sens primitif, entre au-
tres, Us ne parleront pas la mime
langue; les Maronites se sont tou jours
servis de la langue arabe, ils Temploient
mdme dans Ieurs prieres, et jamais on
ne leur en a fait un crime. Quant k
oette injonction singuli^re : Us riirorU
point a cheval avec des selles^ il faut
entendre sans doute des sellesde guerre,
des caparacons.
Quoi qu^l en soit, malgre des alte-
rations evidentes dans certaines par-
ties , ce texte n'en eontieat i
le r^sum6 de Tetat des nju iof
premieres conqu^tes de ildam y
nos jours. Les lois somp^
exemple , ont toujours w eni
les rayas ont constamment {
Ieurs v^tements des couleurs I
le rou^e et le vert leor soot I
interdits. Aussi eette diitini
t^rieure , jointe au respect m'i
imposait pour le moindre Hid
quels que soient d*aiUeon '
tune et leur rang entreeax,lesfl
vite habitu^ h cette allure de I
vage, timide et souple, I
contourn6e, t^te basse, doij
regards fuyants, qui lescan
core aujourd'hui. Faut-ii
maintenant <pie Fbumilite desC
orientaux soit devenue de pliail
profonde, Torgueil des mil '
plus en plus insolent : f 'a t
dans Ieurs oontr^es le i '
Ruerre ; ce sont toujours <
de valnqueurs k vaincus (*).
Omar se conduisit persoei
k Jerusalem avec autaot del
Sue de g^n^rosite. 11 ne s(M^
ans la cite sainte qa'a?ee r
nombre de ses compagnons. P
trouver le patriarcne Sopbn
traita dignement, et lui pn
alter avec lui les divers monai
la ville et les endroits ooosacrei|
tradition religieuse. II entn t
bord dans Teglise de la Rei '
et s*assit un instant au miliead
A cet aspect , Sopbronius w f
primer sa douleur ni arrto I
mes , en se souvenant de li f*
de Daniel, qui avait annooeef
minatUin de la desolation dff
blir Un jour dans le lieu saint!
pieux patriarche ce jour f
arrive ; et la presence de oe ^
tout-puissant quoiqu'en bailloMrj
sa robe de poil de chameau salef
chir^, sa barbe inculte et soa f
d*oiseau de prole, repr^scntaita
du patriarcne le d^rdre supr^
le royaume de Dieu , le renrei
de la domination ehretieoae.
dant rbeure du second i
venue, Omar daigna deoiai
C) Yoyn Thtopbine.
SYRI£ MODEKNE.
U
line place ou il pdt prier.
CI lui iDdiguarendroit m^me ou il
orart ; mats Omar n*accepta point
Ifffn, SophroQius alors le mena
ide CoDStantin, et fit disposer
nterieur une natte pour le kha-
m ca dernier refusa encore de
I priere dans cet endroit, et il se
^<eul sur les degr^s du portique
il, ou il se prosterna en se tour-
sla Mekke. Son namaz achev^,
orna aupres du patriarcbe, et
Que ma conduite ne vous
1 pas un caprice, je n*ai agi
i que par egard pour votre culte :
\ afin de vous laisser, exclusive-
\ h tout autre, la possession de
giises; car si je m'6tais prostern^
I rioterieur de Tune d elles , je
( plus ^U le mattre de vous la
ter : les Musulmans vous Fau-
t disputde , et s'en seraient em-
rle droit quMls ontde faire
^e dans les endroits oh le
: a fait la sienne. » On rap-
que, pour donner plus ae
lies paroles, iJ ajouta a la capltu-
\ UD article par lequel il etait d^-
1 a tout Musulman de dire son
i suT le parvis d'une ^lise chre-
» et d tout muezzin d'appeler a la
I sur les marches ou dans les ga-
|de ces mtoes ^giises.
' I avoir visits en detail les diff(6-
^monuments de Jerusalem , Omar
' I a Sophronius de lui montrer
I qui avait servi d*oreiller a Ja*
|B*il eut sa vision de P^chelle
Le khalife fut indign^ de
i eet endroit une accumulation
indices, et, pour qu*^ Tavenir on
Uee lieu le respect qu'il m^ritalt,
t dans le pan de sa robe autant de
mondices qu'elle en pot tenir, et
[ Jeter au loin. Son exemple fut
latement suivi par tous les Musul-
[presents a cette scene; et en peu
s le terrain fut deblay^, nettoy^,
Iput y poser les fondements d'une
B belles mosqu6es qu'ait jamais
;rislamn.
»ique les habitants de M6dine
f cralut un moment que le\ir kha-
"i fit de Jerusalem le siege de son
hVoye/Theophane.
empire » Omar n'en quitta pas moins
cette ville et la Syrie, apr^s avoir di-
vise sa nouvelle conqu^te en deux ^ou*
vernements, celui du nord et celui du
sud ; le premier s*6tendant des plaines
du Hauran (rAuranitis des anclens)
jusqu^a Alep , tout le cours de TOronte ;
le second comprenant la Palestine et
les rivages de la mer. Abou-Obai'da
obtint lun de ces gouvernements,
Yezid , fils d*Abou-Sofian , obtint Tau-
tre. Abou-Obaida devait immediatement
se Dorter sur Alep, Y<^zid sur C^sar^.
Quant a Omar, en retournant en Ara-
ble avecquelques troupes, il se pr^senta
devant la petite ville de Ramlah , dont
le gouverneur, Artenon , lui ouvrit les
portes, sans essayer la moindre resis-
tance. Ydzid ne fut pas si heureux de-
vant C^ar^. Ce port venait d*^tre ra-
vitaill6, et on venait d*y debarquer
deux mille hommes de renfort. Or,
comme cette place 6tait la derni^re qui
se maintenait derriere les possessions
arabes, que d^ailleurs I^aplouse, Lydda,
Yflfa venaient de suivre Texemple de
Ramlah et de traiter avec les Musul-
mans, Yezid ne voulut point entre-
prendre un siege long et difficile, et
alia rejolndre avec ses meilleures trou-
pes rarm^ed'Abou-ObaTda (*).
LB CHATEAU D*ALEP.
Les forces des Arabes , encore une
fois r^unies, marcherent sur Alep, et
s*etendirent bientdt dans la plaine mon-
tueuse qui entoure cette ville. Alep
etait d^ja ricbe et commercante; elle
e^t bien desire moyennant finance s*e-
pargner les pertes, les reactions, les
pillages qui suivent d'ordinaire un siege
vivementsoutenu. Mais, outre ses nom-
breux maj^asins de marchandises , elle
avait aussi h ses portes un chdteau fort,
situe sur une hauteur, et aussi redou-
table gue bien piac6; mais, outre ses
negociants pacifiques , elle avait douze
mille hommes de troupes compos^es
d'Arabes Chretiens resolus et oatail-
leurs; enfin, elle avait ete longtemps
gouvernee par un des plus orgueilleux
et un des plus puissants courtisans
d'Ueraclius , qui avait lalss^ a sa mort
son gouvernement a ses deux ills. Ces
(*) Voycz AbouTfecla.
a
UUNITERS.
deux Jeanes gens prtontaient du r^te
ie plus frappant des contrastes : Tun ,
appel^ Toukiilna, ^tait d'un esprit
martial , f^roce et superb^ ; I'autre , ap-
pele Jean, simpte^doux et modeste, ne
s'adonnait qu'a la priere et a la lecture.
Le danger commun divisa les deux
freres, loin de les unir. Celuici voulait
la paix, celuNrli la guerre. Jean pro-
posa de traiter avec les Arabes; xou-
kinna , indigne , d^lara qu'il n'y avait
qu'un nioine qui pdt p^nser ainsi , et
que, pour lui , bien loin de sonser a se
rendre, il voulait. au cohtraire, se
d^fendre avec la piu^ grande vigueur.
Comme toujours , en pareilles circons-
tances , Tenergie Temporta sur Id pru-
dence : Jean ne fut pas ^cout^ , tandis
qu*on s*asseinbla en masse autour de
Youkinna (*).
Des que celui-cl se vitseul chef d*une
troupe nombreuse, il rdsolut, avec I'im-
pr^voyance de la jeunesse , doublee en-
core par la pr^somption romaine, de
faire une sortie et aaller attaquer les
Musulmans. Son audace eut pourtant
plus de succes qu'on n'aurait pu s*y
attendre. Avant appris qu'un detache-
ment de mille bommes, sous les ordres
de Kaab , fils de Damarah , avait ^t^
envoye en avant par Abou-Obaida, il
tomba avec pres de dix mille hommes
sur cette petite troupe, et malgr^ le
courage ordinaire des Arabes, quoi-
quMls se defendissent avec acharne-
ment , il en tua plus de deux cents ,
biessa la plupart des autres et ne s'ar-
r^ta qu'a la noit. Alors Youkinna,
esp^rant le lendemain avoir aussi boo
marche d*une autre troupe de Mosul-
mans , au lieu de rentrer dans Alep ,
campa a Tendroit mtoe ou il se trou vait,
aCn d'etre plus k m^me de poursuivre
Favantage d^cisif qu'il croyait avoir
rem porta.
Mais tandis gue Fimp^tueux jeune
homme se flattait de la victoire , les ha*
bitants d'Alep, qui tenaient beaucoup
plus a ieur tranquillity qu'^ leur foi
politique, a leurs richesses qu'^ ieur
nonneur, detach^rent cette nuit-Ut
m^me trente d'entre eux qui furent
charges d'aller traiter avee Abou-
Obaida. Ce dernier ^tait alors a Kines-
(*) Yoyez Ockiey, hist, des Sarr.
rin , et les d^at^ d'Alep fonut I
^onn^s , en pi6n6traDt daos a''
d'y voir r^er le ealme le [
fait : les Musulmans £U!i!8t,dil
en priere ou en causeries eatie^T
les indigenes a'abandoooa* '
crainte aieurs occupations I
A cette vue, les deputes d'Alep i
n^rent»d^unepart,quelepi '
de Youkinna ^tait, au(
d^faite, et, d*autre pait.
musulman n*avait rien en 1
{)dt les efi&ayer et les
eur projet. Aussi se i
Slus soumis encore qu*ils n*ettj
'abord Tintention. lis
taux du tribut qu'on voolutli
ser ; lis s'engagerent, en outie,
des vivres aux Musulmans, a I
nir de tout ce qui pourralt)
utile de savoir, tant que d«
guerre; mais ils d^larereDt|
pourraient remplir la den
tion qu'on exigeait d'eux, c
cher Youkinna de rentrer (
teresse. II leur paraissait
de lutter contre un homffle ^
acquis laconfiance detoussesf
par sa bravoure et ses largesses, i
A peine furent-ils de retottfil
que le bruit de la capitnlatioj|
et^ r^pandu, ils virent rcrenirr
na furieux, les appelant ft
traltres, et ordonnant qu'on liij
tons ceux qui avaient traits i
nemi. Au refus qu'on fitdesf'
ses inionctions , u deciara la |
cit^ elle-m^me. En cons^uen
cendit de sa citadelle avec sdj
les rangea sur la place pri
la ville , et raena^a de tout r
ct k sang si Ton n'en pas;
champ par ses volont6s. Son !
rut alors, et s'efforca de le a
de lui expliquer la r6olution del
Mais le tyran ne voulot rien *|
et ordouna que les habitants ie J
sent sur Theure contre les Mb
Son frere lui fit observer qoet
•ainsi un trait6 qu'on avait soltt
tait se rendre eoupable de paq
attirer sur la cite les plus teiru
pr^sailles. Youkinna , pousse i
imposa silence k Jean. Jeay com
le soMat , dans le d^lire du despom
tira son sabre du fourreau eo r
SYRlfe MODERNE.
W
, Le moid6 ibsista toujours ; et
Da, aussi f^rooe tyran qii*il ^tait
id^oatur^ , abattit la t^te de Jeaa
1^ faire taire. Le plus Idche de ces
nmesen cette circonstance n*6-
alneineDt pas le moine.
suite de cet acte odieux, uli
f trouble eut lieu dans la ville. La
m se pr6cipita sur les citoyeos;
Ik-ci, poor se d6fendre, ne trou-
\ pas d'autre moyen que de sV
'raux Arabes. Klialed, pr^venu,
I d'accourir; mais, apr^s avoir
quelques dtres inoffensifs,
Da etajt rentr^ dans sa forte-
[Kbaled, avec sod impetuosity or*.
e, r^lut de Ty assieger sans re-
""^ lore comment une lutte
gue que cruelle. Les deux hom*
7 pr^idaient ^taient dignes
ter a la fois de courage et de
i: lutte inutile, du reste. de la
^Toukinna, puisque la ville ^tait
': des Araoes; lutte inflame ,
I CD considerant la ilh , elle ne
f avoir d^autre but que de t-ep^U^
\, Toujours est-ii que le fra-
Igouvemear combattit cinq mois
ne bravoure qui ne se lassa Ja-
[Bans sotk aire inaccessible, ce
bumain sembiait se moquer
[»mde tout entiere; et, la nuit
\ildescendait de son rocber pour
bnlever les corps dont il nourris-
nrage.
on le vit choisir les t^nebre^
^aisses pour fondre sur un
du camp musulnian dont la
l^ait et6 negligee. La, 11 mass2i-
Isoixantaine d Arabes endormis ,
i emmeoa un pareil nombre avec
flendemain, par un rafGnenient
rote execrable, i I attendit que Ife
liiDt lev^, que les Musulmans,
[termine leur priere, se fussent
\ en bataille , pour faire cohduire
impart les prisonniers qu'il aVait
f Teille et les decapiter un par un
lie de leurs freres. Cette atroce
atioD ameha son fruit sanglant.
que temos de la, Youkinna etant
IjContre des Arabes qui fourra-
il eut d'abord Tavantage , en
nt trente , et fit couper les jarrets
"^ leurs cbevaux ; mais avant ete
i dans sa retraite par Knaled , il
perdit un grand nombre de ses soldats,
et on lui fit trois cents prisonniers.
Ces malheureux pay^rent pour leur
chef. Khaled, qui ne le c^dait h qui-
conque en cruaut^ , leur fit a tous tran-
cher la tite aux yeux du gouverneur,
qui , sans doute , n^eii fut que m^dio-
crement emu (*).
Quo! qu1l en soit, ce si^e d'une for-
teresse inutile employait tine partie de
rarm6e musulmane, et Tarr^tait dans
ses conqu^tes. Abpu-Obaida songea*
done k laisser de cot^ cei obstacle in-
signifiant. II en ^rivit au khalife; mais
celui-ci insista pour qu'on s'empardt de
cette citadelle; et comme il lui venait
de tous les cdt^s de nouvelles tribus
mahometanes demandant a combattre
oontre les Chretiens , il envoya ces ren-
forts a Abou-Obaida, avec 1 injonction
d'enlever codte que codte le chateau
d^Alep. On recommenga done le siege .
mais la force comme Tadresse ^taieni
touiours impuissantes contre des niu«
rallies h pic qu'on ne pouvait franchir,
eontredes ennemis mi^fiants,qui ne sor-
taient plus de leur place inexpugnable.
La forteresse ne pouvait done c^der
qu'li la famine, et Abou-Obaida com-
mencait a desesp^rer, Khaled h se las-
ser, lorsqu'un des derniers venus d'A-
rabie se vanta de prendre le chateau si
on vouiait bien lui confier trente com-
pagnons. Cet audacieux se nommait Da-
mes ; il ^tait aussi remarquable par sa
force physique , par sa taille gigantes-
que que par sa resolution et son cou-
rage. L'olf re de Dames fut acceptee par
Ab^u-Obaida , et on le laissa libre aa-
gir comme il Tentendrait (*).
Dam^ commen^a par recommander
h son g^n^ral de lever momentanement
le siege , de s'ecarter au moins de quel-
ques milles, et de ne laisser derriere lui
qu*une troupe determine qui se cache-
rait aux yeux des assi^^. Puis , grdce
aux renseignements que lui avait don-
nas un Grec prisonnier. Dames sut sur
quel point on pouvait tenter une esca-
lade, et il resoiut, le soir m^me, de met-
tre son projet a execution. Voici comme
il s'y prit : il se rev^tit d'un habit fait en
peau de chevre, et , h Taide de ses mains
et de ses pieds, il grimpa de roche en ro-
C*) Voye/ Ocklev.
(•*) \oycz KemalEddio, Histoirt cTJUp,
L'UNIVERS.
che jusqu'a ua endroit ou la muraille de
faforteresse, appuyee iiunepenterapide,
n*avait qu'une dizaine de pieds de nau-
teur. n avail donne ordre a ses compa-
gDons de venir le rejoindre h la nuit
tombante, par un detour qa*il leur avait
indique. Une fois r6uni k tous leg
siens, s'^tant assure que la partie des
fortiGcations aupres de laquelie il ^tait,
ne pr^sentant aucun danger probable ,
n'^ait pas bien gard^, il 6t accroupir
ses soldats les uns sur les autres et a^-
^paule en 6paiile ilatteignit les creneaux.
lA , apres avoir ^gorge Tunique senti-
nelle au bastion , iljefp une corde a ses
soldats, qui monterent Tun apres Tau-
tre.
Ce nVtait encore rien : il fallait main-
tenant, a force de ruse et d*adresse,
s'emparerd'uneporte, fouvrir, etfaire
un signal convenu a Khaled et .a sa
troupe. Ces difGcult^s presque in$ur-
roontables n'arr^terent pas Daroes. 11
alia seul h ladecouverte, rampant plu-
tdt qu'il ne niarchait, et s'assura par
lui-mdme que.conime on lelui avait dit,
les Grecs, se croyant d^livres de leurs
ennemis, 8*^taient abandonn6s a la de-
bauche , et etaient presque tous ivres
ou endormis. Malheureusement Toa-
kinna , avec la plupart de ses officiers ,
fesioyait encore, et Damte fut con-
traint d'attendre. Enfin , au petit jour,
il fallut se resoudre a brusquer Tentre-
prise. Pam^s, quoiquUl e&t ^t6 enfin
aper(.u, s'empara o^une porte, fit k
Khaled le signal attendu , et se retouma
avec ses compagnons vers les Grecs,
qui se pr^.cipitaient en masse contre la
poign^ de Musulmans. Ces dernters
combattirent ainsi avec tant de bra-
voure et de perseverance qu'enfin Kha-
led arriva , affiua avec tout son monde
par la porte toujours ouverte, et, nial-
gre les efforts de Youkinna , put vain-
cre facilement les Grecs, terrifies par
Faudace des Arabes et affaiblis par une
nuit d'orgie. Youkinna, se voyant vain-
cu , demanda lui-m^me a se faire ma-
hom^tan , apostasiant sans scrupule
comme il avait assassin^ sans remords(*).
I*) \oyn EIroadn , qal rapporle lea mdims
d^ails.
PJklSB o'lHTlOCHS.
Les Musulmans o'eorent oas fa
de demander k Youkinna des pi
d*attachement a sa noovdle i
bien sdr que ses crimes ravaieDtfi
tester de ses compatriotes, 11 laiii|
lui-meme une bame lmpiacaUe,r
tudia a les tromper comme Ij
efforc6 de les dominer. Ce fair
exemple, qui conseilia toatf
Abou-Obaida, avant de mar
Antioche, ainsi qu'il en avait II
tion , de s*emparer d'une fottof
pelee Azaz, dont les troupes a
1»u sans cesse hareeler rarmeea
am. AboU'Obalda se rangei il
du ren^gat, aui, d*aiIIeur8,eMi
parfaitement le pays, quMl af»t|
a€. Azaz ^tant une place 9
que bien munie, Youkinna p
s*en emparer par ruse. H dei
bommes, qui, d^guises en G
vraient dans son expedition, e
avec lui dans le chdteau, et,a
gn^s k distance de mille cifi
chargeraient de leur manager a
Mal^e ropposition de "'
voyait a la fois dans rancieog
d*Alcp un rival inquietanteta
man douteux, AbouObalda a
Youkinna ce qu'il demandalL I
apostat obscur trahit le plan def
celebre. Theodore , gouvemeurl
une fois prevenu des inteotioast
kinna, alia au-devant de et^
comme pour le recevoir awe I
mais en realite pour envelofi
des troupes nombreuses lui cti
Tentratner dans la place etlef
sonnier (*). .
Malheureusement les GretfJ
pas k se feliciter longtemp
joue le complot qui les m^
dore avait demaiide des see
cas , gouverneur de Ravendoi^
ville situee k huit ou dix lieo^ j
Ge1ui-ci lui envoya cinq cents*
qui eurent la deplorable chaj«J
ber precisement sur les milled
araMs qui s*appretaient a en^^
Ayant tue presque tous s^ w*^
ou les ayant fdits prisonnfmi
de la troupe musulmaiie, qui '
(*) Voyex WaWdy, Conqu^te dt l» ^
SYRIR MODEftNE.
«t
pb Tinsucces de Toukinna, fit rev^tir
Neg soldats les d^poailles de ceax
ib venaient de vaincre, et chargea
pion qui 6tait all6 ehereher des se-
ns a navendon de faire entrer cinq
Its Arabes dans la place d* Azaz, en les
iamt passer pour les renforts qu'on
tedait. Outre la rase, le crime vint
Mre en aide aax Musulmans.
k^odore avait deux fils, Luc et
n, digues tous deux d'appartenir a
Hniile deToukinna. Ces deux ieunes
\ atmaientdepuifflongtemps la fille
^acieo gouverneur d'Alep; mais
{•d la leur avait toujours refuse.
Ibis prisonnier, il fit pr^venir Leou,
I promit sa fille 8*il le d^livrait, s'il
"^isait Musulman , et s'il livrait la
> Ce L6on, aussi infime que per-
aocepta eette offre , et, afin d'en
irTex^eution, il eut I'atrocit^ de
IT ao poigoard. Futur parricide,
Idiemiiia la nuit vers la couche
lb pen ; mais il le trouva mort et
at de sang : son frere Luc Favait
tfe, avait assassine Theodore et
i Tookinna. Quand les cinq cents
tt d^ffuis^ se^ pr^senterent aux
s de la place, Mis n*eurentdone
esoia de stratageme pour y entrer,
inrriverent que pour hdter le nias-
^ de la gamison. Quelques histo-
pr^teodent que Luc et L^n se
Ifaiiom^ns, et obtinrent des
■mdemeiits dans Tarm^ arabe :
ASttrtion manque de vraisemblance
Wm par de telles recrues qu'on
lM>reetqu*on compromet ^jamais
ittose; et il nous paratt extraor-
reqoe le loyal et doux Abou-Obaida
I commettre une faute aussi grave ,
He aussi bonteux.
Arabes n^avaient plus qu'une
B^e a feire |>our posseder toute la
eelle d'Antiocbe, Fopulente capi-
' Antiodie qui rfeumait toute Tac-
tOQtes les richesses , mais aussi
la pasillanimlte, tous les vices de
'.. Aoiiocbe une fois prise^ le
perdait son centre; etles villes
[tticore soumises, coupto, tour-
etreiotes, n'avaient plus qu'a pas-
le joug de leur nouvean mat-
^Aussi , lorsqae Antioche fut serieu-
leot nsenae^, il yeut de la part des
tts, de ceux qui perdaient le plus au
6^* UvraUon. (sybis modbbnk.
changement de domination , de la part
des hommes d*argent et de n^oce , un
dernier mouvement belliqueux , comme
une r6volte d*avares qui voudraient sau-
ver leurs tresors. De toutes parts, de-
puisC6sareejusqu'a Laodic^, desgrou-
pes se form^rent, ne demandant- qu'un
chef pour marcher en avant. Les riches
fournissaient leur or; les pauvres four-
nissaient leurs bras. Chacun sentait
non-seulement sa vie compromise, mais
encore ses moeurs, ses habitudes, et
pour quelques-uns leur fortune, chose
plus precieuse que la vie chez certains
peuples en decadence. Ge n'^tait pas le
soulevemeat glorieux d'une nationalite
qui revendique ses droits, c'^tait la coa-
lition, non moins redoutable parfois,
d'une banque qui defend sa caisse. A
cette manifestation evidente , h cet ef-
fort supreme, H^raclius fut forc^ d'ac-
corder une attention s^rieuse. II cher-
cha longtemps un chef dont le talent
pdt apporter quelques chances de vic-
toire aux populations syriennes. Faute
d'homme capable, de ^en^ral habile,
pour prouver a tous qu*il reconnaissait
Vimportance du mouvement qui s'o-
p^rait, il envoya son fils Constantin se
mettre h la t^te de cette reaction du d^
sespoir.
Avant de partir, le jeune prince equipa
uneflotte puissante, donna rendez-vous,
h S^leucie, aux soldats qu'il avait appe-
16s d*£^ypte, etse pr^para de toutes
les manieres h produire un grand ef-
fet en arrivant a Antioche. Ce qu*il avait
pr^vu se realisa. A son d^barquement
a Seleucie , k Tarriv^e de ses nombreux
vaisseaux, a sa marche vers Antioche
avec une garde toute brillante d'or, avec
des bataillons converts de fer, avec ses
innombrables instruments militaires,
ses trompettes et ses 6tendards, avec les
legions romaines, qui avaient encore
Taspect, sinon la vafeur, des legions de
Pomp^e, la Sjrrie se crut sauv^e. La pr6-
somption revint aux Grecs , et avec elle
la folie. Des troupes levies au hasard,
sans discipline et sans commandement,
qui formaient des masses plutdt que des
arm^, se ruerent contre les Musul-
mans. Quelques petites villes, entre au-
tres Kinesrin et Gna!k,massacr^rent leur
Samison mahom6tane; et les Arabes
e la trlbu de T^noukh, toujours pr^ts
) . ^
82
L^DNIVERS*
a se tourner vers le parti du plas fort,
se d^clar^rent pour les Grecs. Ces par-
tisans de toute espece remonterent le
cours de TOronte, et vinreot provo-
auer Abou-Obaidajusqtt*2^ £in^, doDt
avaitfaitle centre desesop^ations(*).
D*un autre cdt^, Khaled,qui s^^tait em-
pare de la petite ville de Bir, situ^
sur rCuphrate , se vit tout a coup ea-
toure par treiite mille hommes accou-
rus de la Mesopotamie. Cechef si bardi
n'eut, en cette circonstaoce, que ie
temps de se replier au plus vite et d'aller
rejoindre Abou-Obaida a fUn^e. Une
fois reuni a son cbef , Kbaled retrouva
toute SOD audaoe, et fiit d*avis de mar-
cher a la rencontre des Grecs et de
leur livrerbataiiJe. Mais Abou-Obaida,
plus prudent, ne songea avec raison
qu'a se retrancber fortement jusqu'li
rarrivee des secours qu*il avait deman-
ds en Arabic. Pour la seconde fois,
les Musulmans, comme avant les jour-
nees d'Yarmouk, se trouv^rent dans
une position critique , et dont un en-
nemi sense aurait su profiter. Mais les
Grecs, au lieu d*essayer un grand
coup , ne Grent que de vaines demons-
trations. Aucune de leurs escarmou-
clies ne put devenir importante; ils
{)erdirent un temps precieux , et ils
aisserent arriver de Medine les ordres
du khalife aul devaient tirer d*embar-
ras ses coretigionnaires.
Omar avait alors deux armies d'opd-
ration, celle d'Abou-Obaida, en Syrie,
centre les Romains , et celle de Saad ,
filsd'Abou- Wakkas, dans Tlrak, contre
les Perses. £n apprenant le danger de
son armee de Syne, le khalife ordonna
a Saad de revenir brusquement sur ses
pas , d'essayer une diversion contre la
Mesopotamie , et de detacher quarante
milie hommes pour les envoyer a Abou-
Obaida. La lenteur des Grecs k atta-
?uer les Musulmans en bataille rang6e,
indecision de Constantin, qui etait
reste a Antiocbe , loin de se diriger sur
Emese, servirent au succes du plan du
khalife. Quarante mille hommes sous
les ordres de Kaakaa, Ills d'Amrou, ar-
riverent au lieu ou Abou-Obaida avait
amasse ses troupes. Des lors tout chan-
gea de face. Les Grecs, eflfray6s, recu-
lerent de toutes parts; Cliaik et Kines-
es) Voyex Ockley et
ria rouvrirent leurs pcfftes am Ma
mans, et toute la Syrie sei^tiir
retomba en leur pouvoir. Ceiii-ci,e
rag6s par la desertion romaiue, ^«
oerent alors rers Antiocbe avee c "
solution qui leur avait toajonrs i
et qui allait decider encore iu»i
pour la dernieret du sort de laSjfi
Tandis que Tarmee mosalmai!
eo marche , Youkinna , doat Tl
oebreuse ne savait forger que [
sur perfidie , songea a s^emAMtri
tiocne , au moyen de la pios ill
des ruses. II demaoda deux obbH '
gats pour tenter son intoate \
ture. Comme toujours, les / '
serupuleuz, lui aeoorderenttt^
II partit done aveo la lie des i
mais, en mdme temps, aveo des h
adroits et audaeieux , eooune i
que tous les fripons. A Ts . .
ville « il distribua ainsi lesi
ses complices : quatre des [
devaient raooompagner ; et le 4
la bande avait ordre de leT '
Antiocbe, par la ^rande roote,^
sant semblant d^tre pow'^
lance dans les reins, par les i
gui avait ^te decide , (iit fat 1
tuyards furent admis dans la \
d'autant plus de facilite, q
aGcoutumetChezlesGrec8,aS .
deroutes. Quant k Youkiaaitl
donna aux avant-postes i
I'aucien gouvcaroeur d'Alep.
tout le monde ne <xwiaa»sait|
trahison, on le recut av«e<
ment, et on le meoa', ainsiqs^
mandait, aupresdeCons
A son aspect, le prince,
n'ignorait point la oooiiduited'I
au lieu de lui faire de san '
ehes, s*attendrit et laissa i
mes. Loin de faire bonte «• i
ne pensait qu'a pleurer ie
Alors , Youkinna, prenant soi I
plus llatteur etsa voix la plus« '
s'excusa de toutes les famous, et 4
mula les protestations de devr
11 pr^tendit que c'^ait pour m
per les Aralies qu'il avait klvti ^|
dre leur religioD; ju'il s's^'
leurs de sauver sa vie, qui pouvailfl
6tre utile It rEmpire. II ^jouar
{*) Tejres KMMa*Eddla.
STaiE MODERNE.
8$
« Qa*ayanttrouv^ Poccasion d*Miapper
« d'Azaz , il Tavait saisie avec joie , pour
« rentrer dans le seiD de la vraie rdigion;
« enOn , que la vigoureuse defense d'A-
« lep prouvait assez sa fidelite. » II fit
tant, qu'il parvint a tromper compl^te-
oient le candide jeune homme. Ge der-
nier, en effet, lui rendit toutes ses bon-
nes grdces, et alia mdme jusqu'^ lui
donner le commandement des deux oents
ren^gats qu'on avait incorpor^ k la
garnison.
Une fois dans la place, tout servit d
Toukinna. Un jour, des Arabes Chre-
tiens , qui couraient la campagne , tom-
b^rent en grand nombre sur un gros
de Musulmans, en tuerent quelques-uns
et firent les autres prisonniers. G'^taient
des recrues pour Toukinna, au moment
oh 11 faudrait agir centre les Grecs.
Ainsi, tout tournait a la fois centre les
Syriens. Llmp^ritiedes populations, qui
avaient su se soulever, mais qui ne sa-
vaient pas eombattre, Fincapacit^ des
diefs fideles k I'Empire, la trabison des
chefs habiles, et surtout, rinexp^rience
de Gonstantin et la Idcbe insouciance
d'Heraclius faisaient pr^sager d'avance
la perte prochaine d'uue des plus belles
provinces que les Romains eussent ja-
mais eonquises. On pouvait bien reculer
)a catastrophe; roais il ^tait d^ja impos-
sible de Templcher.
Adater du commencement de Tannfe
638, les derni^res d^faites des Roroains
en Syrie se succWferent avec une ef-
frayante rapidity. Y^zid , qui , comme
nous I'avons dit ,commandait h la Syrie
m^ridionale , et qui avait renonc^ k
prendre Gfear^e de vive force , venait
de faire sa jonction avec AI)ou-Obaida.
Les deux armto r^unies s'einpar^rent
facitement d'un pont sur TOronte, dtS-
fendu par deux tours qui renfermaient
trois cents hommes. Quelqueshtstoriens
{>retendent que ces tours furent m^me
ivrees sans combat. La garnison aurait
et^ s^verement r^primand^ quelques
Jours auparavant pour la n^gli^ence de
sa garde, et, indign^ centre les prece-
de de Gonstantin, elle se serait rendue
aux Musulmans a leur apparition. Qu'elle
fihle fait de la trahison ou de la Idchet^ ,
cette reddition irrita tellement le jeune
prince qu*il voulut se venger sur ses pri-
sonniers , et ordonna qu*on les mft k
mort. Mais Toukinna fit de si vives
instances aupres de Gonstantin qu'il
parvint k lui faire r^voquer son ordre
oarbare, et garder les Arabes pour
op^rer des Ganges. Ge n'etait pas, du
reste, Thumanit^ , c'^tait le ealcul seul
aui faisaitagirainsi Tancien gooverneur
'AJep : nous avons vu plus haut quel
cas il faisait dela vie des homines Chre-
tiens ou musoimans.
La derni^re barri^re qui s^parait les
Arabes d'Antiocbe, I'Oronte etait fran-
chi. Gonstantin perdit la t^te. Au lieu
de lutter avec noblesse et courage, il
ne recula pas devant le crime pour conv
battre ses adversaires. Tandis que son
arm^e, cample devant Antioche, avait
ordre de gainer du temps en ne livrant
3ue de petites escarmouches , il sou-
oya un Arabe ren^gat qui devait aller
il Medine assassiner Omar. Gecriminel
appartenait k I'ancienne tribu de Ghas-
san , et se nomraait Watek^, fils de Mai-
safer. S'il edt r^ussi, Gonstantin esp^-
rait que r^motion des Musulmans,
que la perte de leur khalife, uue leur
inquietude sur le sort de rAraoie, leur
feraient lever le si^e. II s'agissait done
pour lui d'eviter une affaire decisive,
et, faute de Pep^e, de se sauver par le
poignard. Ge honteux projet ne reussit
point. A Taspect du kaliie, 1* Arabe se
prosterna au lieu de frapper (*).
Quelques auteurs arabes , qui accep-
tent votontiers le fabuleux, quand il est
poetiuue, racontent ainsi cette scene :
WateK aurait appris k Medine que cha-
que jour, apr^ssa priere du matin, Omar
allait se promener seul dans la campa-
gne , en un lieu ecart6. Watek serait
aiors alie I'attendre , et, pour dissimuler
sa presence , se serait cache entre les
branches d'un arbre touffu. D'apres la
chronique arabe, apr^s quelques tours
de promenade, le khalife vint s*eten-
dre precisement sous Tarbre d'oii le
guettait son assassin , et s*y endormit.
Watek avait Toccasion belle, et il s*ap-
pretait dejl k descendre, lorsque debou-
cha tout a coup d*un sentier voisin un
lion colossal. Watek, effraye, grimpe
plus haut quejamais. Le lion s*approche
du khalife, le daire,lui l^che lespieds, et
tourne gravement autour de lui comme
(*) Voya TMophane et Gedmoi.
S4
L'UNIVERS.
goar le d^fendre de ioute attaque. En-
n , le khalife se reveille, le lion dispa-
ralt , ft Watek , persuade ()ue Mahomet
lui-m^me prot^eait les jours de son
saccesseur, va se ieter aux pieds d'O-
roar, lai d6nonce Todieux forfait qu*on
I'avait oharg^ d*ex^cuter , iui demande
grdce, et I'obtient. Quels que soient du
reste les details de la scene qui se passa
entre Omar et Watek, toujours est-il
que le khalife se montra aussi g6ne-
reux que le fils de Tempereur grec 8'6-
tait montr^ perflde.
Est-ce la bonte de son crime ou Fef-
froi de la guerre qui poussa Constantin
k prendre led^honorant parti d'abandon-
ner Anttoche? Craignait-il que les pri-
sonniers arabes ne lul reprochassent sa
Idche et ignoble politique? Redoutait-
il autant le bUme taeite de ses soldats
que le m6pris de ses ennemis ? Quoi qu'il
en soit, sans pr^venir les autorites de
la ville et de Tarm^e , il s'enfuit , une
nuit, presque seul, suivi a peine de qu^
ques esclaves, et alia s'embarquer sur un
vaisseau, dans Fintention sans doute de
8'6chapperjusqu'a Constantinople. Mais,
une fois en mer, le remords, ou plutdt la
crainte d'etre traits dans la capitate
de l*Empire comme il Tavait ete dans
la capitale de la Syrie , 6t que tout a
coup il rebroussa chemin , rentra dans
le port de S^leucie, et ordonna ^ sa flotte
de le suivrc ^ Cesar6e.
Ge depart de toutes les gaTeres romai-
nes, cette fuite clandestine du prince qui
devait les proteger, acheverent de jeter
le decouragement dans Tesprit des ha-
bitants d^Antioche. Pourtant il se trou-
Ta parmi eux quelques hommes energi-
ques qui arr^t^rent la migration des
timor<^s , et conseill^rent a leurs con-
citoyens d'employer Tarm^e qui cam-
pait devant les portes, de s'y joindre en
grand nombre et de tenter les chances
d'une grande bataille. Malheureusement
des trattres se mSlerent encore une fois
aux hommes de coeur en cette circons-
tance solennelle. Parmi ceux qui pous-
saient le plus \k la defense on remar-
quait Youkinna, ^ui » grdce ^ la faveur
que Constantin lui avait rendue , passait
alors parmi les Grecs pour sinc^rement
converti a la religion chretienne et ^ la
politique imp^riale. Youkinna, qui avait
son projet, que nous le verrons incessam-
ment 6x6cater, fit done peneherlak^
lance pour la bataille, poussa tooski
hommes valides^sedirigerTerftleaif
des Grecs; et, afin de mieax detouic
les soupfons, 8*enga^ea a rester daai'
ville et k la difendrejusgu'irert-^-^
si la fortune^tait contraireaaxR(
Gependant , Farmde chretienne
demeur^ plusieurs semaines en fiv
Tarm^e musnlmane, 6vitanttoute
contre d<^cisive et employant le
en provocations et en tuttes
res. Entre ceux qui se distil
filus dans ces combats singali'eis, .
ait an premier rang le gdnMi
troupes grecques , que les hist
arabes appellent Nestorius. V\
et r^nergie de oe clief lui teoaieotl
de talent militaire , et il ^tait vei
ment excellent pour executer
qu'on avait arr£t^. Connaissafitl&l
voure person nelle des Arabes, eoi
avec raison sur leur orgueil , disi.
bataillons musulmans se mettaiMl]
mouvement, au lever du soletl, i^
tait des lignes de son arm^, '
sant sa lance , Jan^ant son c
galop et appelant au combat les
braves d'entre ses ennemis. C^it
parmi les Arabes h qui jouterait
cet audacienx adversaire, et N<
profitan^ de cette ardeur, pre
la lutte avec habilet^ occupait
armees comme k un spectacle , .
du ^emps et savait toujours se
vainqueur.
Nestorius avait, du reste,
ment calculi ses chances :
qu*Abou-Obaida etait plutot on
nistrateur qu'un guerrier; il
aus«i queKnaled, fatigu^ d^
ann^es de campagnes oons^il*
voulait plus risquer dans un
sans Importance une vie si utile
compatriotes dans les batailles r
ou dans les si^^es difficiles; il sa^
outre qu'on laissait g^neralemeat
ieunes gens ces occasions de d^j '
leur vaillance et d'acquerir une
tration si recherchee parmi les '
(*) Nous appeloDS Indtetlnctemeot la
du Bas-Binpire, les Gm», let HomM^ ^_
^taieot ea enet Gncs par le fait de rorM
RomaiDS par le fait de la eonqaMf. l» '
hes les nommaieot et les Domment esc^
Boumi (RomaiDS); de la fiottnit/i , fAat
neure ( le pays des Romalos).
SYRIE MODERNE.
85
n n'y avait done pas dejour que Nes-
torius ne trouvdt de nouveaux adver-
saires, et jusqu'alors il les avait tous fails
prisonniers , apr^ une iutte plus ou
moins longue. Enfin, Dam^, cet escla-
ve qui , grdee au courage qu'il avait
d^plove a la prise du chateau d'Alep,
^taitdevenu capitaine^ Dames, cegeant
aussi brave que vigoureux , reclama de
son general lliooneur d'aller eombattre
riestorius. L'assaut fut terrible; les
coups que se portaient ces deux adver-
saires, si dignes Tun de I'autre, lais-
sajent entre eux deux la victoire ind^cise;
etdejailss'^taieut reprisa plusieursfois
sans pouvoir se vaincre, lorsaue le che-
Yal de Oam^s s^^tant abattu, le g^n^ral
grec profita de cet accident avec tant
de prestesse qu'il desarma le g6ant mu-
sulman, et eut la gloire de remmener
prisonnier dans son camp.
Le lendemaiu , les Araoes, humili^s ,
envo^erent contre Nestorius un de leurs
plus intr^pides et de leurs plus babiies
cavaliers. Nouvelle Iutte pleine de pe-
ripeties. Mais, cette fois, les diff<6rents
chocs des deux adversaires furent a la
fois si admits et si ^ner^ques, leurs
coups port^ avec une si egale sup^
riorite , que la victoire ne se d^clara ni
pour Tun ni pour Tautre, et que les
deux cbampions, tout converts de pous-
sidre, de sueur et de sang, bors d*ha-
leine tous les deux, tous les deux ^pui-
ste, convinrent reciproquement, apres
plusieurs beures de combat, de se retirer
chacun de son c6t^. Or, cette ioute si
prolong^e avait tellement excite fa curio-
site de Tarm^e grecque, que tous les
soldats tour k tour voulurent en suivre
les chances diverses. 11 y eut done, parmi
les Remains, une sorte de tumulte du-
rant lequel on renversa la tente de
r^estorius, oit Dames, les mains liees,
etait gard6 a vue par trois esdaves du
general. Ces trois hommes, incapables
e relever h eux seuls la tente de leur
mattre, propos^rent k Damds, dont ils
connaissaient la force musculaire, de les
aider dans leur travail. Cette impru-
dence leur codta cher : k peine Dames
eui-il les mains d^li^ qu'au lieu d*em-
ployer sa force prodigieuse a venir
en aide aux trois esclaves, il la tourna
eontre eux, lesterrassaTunapresrautre,
6*empara d'un des habits de Nestorius,
monta Fun des dbevaux du g^eral des
Romains, et, grftce a son d^uisement,
parvint k s^entuir, a travers les Grecs,
jusqu'au camp des Arabes, ou son retour
inattendu futsaluede mille acclamations
de joie (*).
Telles ^taient les vaines et inutiles
luttes dont les Grecs se montraient
seulement capables : luttes funestes, oar
elles habitnaient la plus grande partie
de Tarmee romaine a ne rien fairs
qu'assister, les bras crois^ , k des sortes
oe tournois; tandis que les Arabes,
Elus actifs, et accoutumes k ces com-
ats d'homme a homme , accroissaient
de jour en jour leur buUn par des
courses arm^s autour d'Antiocbe,
entretenaient ainsl leur ardeur, et se
cr^aient des partisans par la force des
armes, ou par Tapp&t des promesses.-
Aussi, quand le moment de eombattre
en masse fut arrive , quand tout retard
devint d^rmais impossible, et qu'il
fallut jouer la destinee de tous dans un
seul jour et en uneseule bataille, Farmee
romaine se trouva diminuee et ap-
pauvrie de toutes les facons. La deser-
tion s*^tait mise parmi les soldats ; la
trahisongagnait les officiers. Youkinna,
pour qui tous les moyens etaient bons ,
avait,a force d*insistance,d'adresse, d*or
pour quelques-uns, entrain^ un grand
nombre desprits douteux, de cceurs
chancelants, de consciences larges, et
avait m^me laiss^ a tous ces renegats
futurs la double chance de demeurer
au service de Fempereur, si la fortune
^tait favorable k ses armes, ou de se
fairemahometans, siceux-ciobtenaient
Favantage.
Ce fut done un spectacle r^ellement
deplorable que celui de Farmee ro-
maine se rangeant en bataille pour la
derniere fois sur le sol de la Syrie. Des
l^ions a Feffectif consid^rablement
diminu^, des chefs a I'esprit inquiet,
les plus braves soldats k Fair d^courac^,
durent produire un bien triste eftet
sur leur general qui les passait en re-
vue. Pourtant le premier choc fut rem-
pli de vigueur et de puissance, et les
Arabes, comme k Fordinaire, se re-
plierent d*abord devant ces tron^ons,
redoutables encore, de Farmde romaine.
(*) Voyez Ocley.
S6
LTJNIVERS.
Mais bient^t eesderniers reprirent cou-
rage, tandk qu'au contraire les Grecs
commen^aieat k se fatigoer. Nestoriot
eut beau d^ployer toute sa vaiilaooe
penBonnelte, il eut beau encourager les
UDS par son exeraple, les autres parses
paroles, ses troupes fl^hirent peu a peu,
et se d^andereot sur les deux ailes.
Au moment critique de la batatlle ,
Youkiiina , qui avait M instruit de la
position des Grees, m(t en oeuvre toute
son astuce et toute saperfidie : sous pr6-
texte d'aller porter seeours h rarm^
compromise, il sortit de lavilSeavee
ses renegats et les prisooniers arabes
qu*ii avait secr^tement delivr^. Ces
guelques centaiiies de cheyaux vinrent
rondre par derri^re sar Tarm^ d^
faillante, et ki placerent entre deux
attaques. Nestorius se sentit alors com*
f>l^tement perdu, et eut encore la dou-
eur de voir une grandepartlede ses o^
liciers passer du c6U de I'ennemi , et se
j/r^ipiter avec furie sur lui et ses sol-
dats. hes Chretiens fiddles furent, mal-
^rjre leur d^ense vigoureuse, enfonces de
loutes parts , et bient6t la boucherie la
pfus sanglante succ^a au combat. Les
aniialistes du temps ne disent point quel
fut; Jeeort de Nestorius; ils nous appren*
nent seulement que la plaine o^ se
donna cette foneste bataiile resta long-
temps toute couverte de cadavres, et
plus tard toute blanche d^ossements {*).
A la nouvelle de cette terrible defaite,
Antioche se d^sola, g6mit , aecusa Tern*
pereur, maudit son nis, mais ne songea
pas d se defend re. £lle se racheta da
pillage, moyennant trois cent mille
pieces d'or, formant plus de quatre
millions de notre monnaie; et tandis
qu'Abou-Obaida entrait par une des
portes monumentales de la malheureuse
ctt6 , une foule de ses habitants sortait
par les autres, emportant, ceux-ei les
reliques de leurssamts, ceux-la leurs tr^«
sorsaccumul^. Ces Emigrants de toutes
sortes 8*en allaient vers la mer pour
passer en Occident ; mais la plupart de
ces malheureux retomb^rent, a quelque
temps de 1^ , entre les mains de leurs
ennemis, qui les traiterent avec d'au-
tant plus de rigueur qu'ils se croyaient
(*} Voyez H^Uioam , b*storien arm^olen do
quatorzteme sitele.
fniscrte detMtes lesrichsMeiqaervt
a?ait emportte d^Antioche.
COMBATS DARS U LIBAN.
Le sort des fiigitifi qoi le ding^
rent vers les montagnes, fut momil
plaindre que le sort de ceux^ifoint
vers la mer. Les premiers etaieotd'a^
leurs de panvres geos qui s^toblM
dans le Liban, et vinrent nmoM]
le nombre des solitaires et des CM
tiens primitifs , premier no3rau des 1
ronites actuels. D*autres etaient desi
dats qui se reunirent au nombre
trente mille bommes, parffiiteineat
pablesde se d^endredansdes roebers d
carpus et sur des cimes abrupteL ^
soldats se seraient sans doiite loo8tM|i
maintenus dans oe pays accideole,
eussent form^ oomme une eok
litaire , si Abou-Obaida , pour
de Toccu nation k ses troupes, [
les point laissers'amoUir dens lesdM
d'Antioche, n'avait resolu d'ei
une exp^ition dans le Liban. La
d^ja avanc^ empteha que ie ^oed
arabedisposdt d'ungraodaombred'hQfli
mes. Ce ne furent que les plnsiotn^
des qui se pr^enterent poor '— -*■
un corps d^^claireors.
Maissarab-Ebn-Et*As, jenne
aussi brave que d^rmin^, se mit i
t^te des trois cents Arabes les plusiv
(focieux, et fut suivi par Danes, ^
commandait miUe eselaves noirs. Gd^
petite troupe, pleine d'ardenr eidW
tbousiasme , s'^fanca aussitdt k b fotf!
suite des d^ris de rarm^ roodi^
Mais k peine furent-ils engages^
la montagne, qu'un froid troef"^
atteignit. La nelge survint ^^^
ils se eouvrirent de tout ee qu*il8 tvM(
apport^ de vdtements; mais ecsito
ments furent bientdt insnffisaati;^
ils eurent d*autant plus ^ spuffiiryjt
Etaient aocoutuma k on dinainv
lant , k un soleil torride.
Ponrtant , ils parvinrent enfto kmi
vall^ asses bien aorit^; mais quel ne Ml
pas leuretonnement, lorsqu'unjoflrihii
virent entour^ d'une arm^ toul ej
tiere I Pleins de resolution^ ils sefbrtiif 1
rent dans leur camp, d^ides a teoif,
ferme jusqa'^ Tarrivie des seconrsoow
firent deroander en toute bite k Abot*
STRIB IfODBRNE.
87
Obafda. Lean premiere combats furent,
du teste, malheareux,qiioi({ue yiveineiit
dispute : OQ leur fit plusieure prison-
niers, parini lesqoels Abd- Allah-Ebfi-Hd*
dafahf un des vieux compa^ons de Ma-
homet, son cousin geroiain^ cetui qu'il
avait autrefois d^puw aaprte du roi de
Perse pour rinformer de sa mission
divine.
II fallut une suite de d^vouemants et^
d'actps courageax de tous les genres h
Maissarah et a ses compagnons pour
d^iidre leur camp contre Jes assaats
r^p^t^ de trente mj|l» Grecs. £nfin ,
Rhaled arriva a leur secours avec Afadli-
Ebn-Ghanem, l\in des parents d*A*
bou-Obaida. K haled avait trois mille
cavaliers, Aiadh deux mille pistons;
c*^tait assez pour vaiocre les restes de
Tarm^ romaine, quelque ooosidera*
hies qu'ils fussent. Les Greos, d'ailleurs,
ne donn^rent pas aux Arabes le temps
de di&ployer leur valeur ; k la senle oou*
velle que Kbaled marchait contre eux y
ils s'enfuirent, durant la nuit, avec une
telle rapidity, qu'ils laissMvntsurle ter»- \
rain leurs tentes, leursbaga^^, etnne
partie de leurs armes. Les Musuimans
n'eurentalorsqu*^ parattrepours*<mpft«
rer de plusieurs places situte dans les
montagnesseptentrionalesdelaSyrie (*),
teiles que Tizin^ Dolouk, Coihous,
Rdban , Marascfa, Hadath; mais toutes
ces conqu^tes de peu d'importanoe n*^*
quivaleient pas pour Kbaled k la settle
perte d'Abd-AHab, anden favori de
Mahomet. Kbaled fit des efforts* inouls
pourrattraper ceux qui avaient enlev^
un des doyens de Tarm^ musnlmane ; U
courut nuit et jour, franehit les pr^i-
pices , escalada les cimes les plus eto-
vees, tout eela en vain. Quand il ellta^
teint les Grecs sur les bords de b mer,
Happrit qu*Abd- Allah elait deja dirie^,
sur un vaisseau , vers Gonstantmople.
Alors il ^rivit h Omar pour lui faire
connattrecette perte si grave, son cha-
grin personnel , et ses enorts inutiles.
La douleur d*Omar ne fiit pas moios
grande que celle de Kbaled, lorsqu'il
apprit qu'Abd-AUab toit prisonnier
des Aomains. Abd- Allah ^tait son vieux
compagnon ; Abd-Allah avait, oomme
lui , assist^ aux premiers combats de
(*) Voye2 AboaTf&Ia, Ann, mtw.
rislam ; Abd-AUah avait, oomme lui ,
M appr^ci^ par MabomeL Omar, deja
sdr de sa puissance, bien sdr aussi de
la faiblesse d'H6raclius, luleerivit, pour
lui redemander Abd- Allah, la lettresui-
vaiite , curieuse , parce qu'elle prouve k
quel point ^aient arriveis Torgueil des
Musuimans et le m^pris qu'ils portaient
aux Grecs :
«i Au nom de Dieu, element,, mis^ri-
eordieux. LouangeiiDieo, raattre des
mondes(*). Quels benediction deDleu
soit sur son proph^te ! Le servkeur de
Dieu, Omar, k H^raclius, empereur
des Grecs. Dte que vous aurez re^u
oette lettre , ne manquez pas de me
renvoyer le prisonnier musulman qui
est aupres de vous et qui se nomme
Abd*Allah-Ebn-Hodafah. Sivousfai-
tes cela , j'aurai I'esp^ance que Dieu
vous oonduira dans le droit chemin ;
si vous le refusez , Taurai soin d*eo*
voyer contre vous des gens que le n6-
goce et la marcbandise ne d^tournent
pas du souvenir de Dieu. Que la sant6
et le bonbeur soient sur eelui qui
marcbe dans le droit ehemin 1 •
A la r^eeption de cetteiettue, le Idche
empereur de Constantinople ne se hdta
paa seulement de renvoyer Abd-Allah ,
mais il fit encore de nombreux et con-
siderables prints au khalife , qui les
re^ut avec d^dain. La noblesse et la
^ndeor d'Ame etaient passees d^fini-
tivement des Aomains aux Arabes.
LB9 BOMAINS GHASSlia DB 8YBIB.
En m^me temps qnll avait envoys
son imperative missive k Heraclius,
Omar avait ordonne k Abou-Obajfda d'en
finir avec la Syria, et d'en ehasser le reste
des Grecs. L'arniee d'Abou-Obaida se
porta done vers le sud , tandis qu'Am*
ron-Ebn-EI- As, post^ sur les frontieres
de la Palestine , pour marcher centre
r£a;ypte apres la eonqu^tedeloSyrie,
s'avan^a vera Cesar^e. Bientdt toutes les
forces musulmanesse trouverent r^onies
dans les environs de la derniere ville
importante qui tfnt encore pour les Re-
mains. Selon la coutume ordinaire , les
deux armies carap^rent en face Tune de
(*) Ces paroles sent les deux premiers vwsets
4e la premiere Suraie da Horan.
88
L'UJOVERS,
Tautre. Constaotni, qti coitiraandait
les Chretiens, soUicita une entrevue
nveo i*un des chefe arabes. Amrou ne
fit aucune difficult^ poor se rendre lai*
rn^me au camp ennemi. Gette conferenoe
* ^t , comme touUs leg autres, sans r6-
sultat. On rapporte seulement que le
jeune prince grec ayant ridiculement
deinande h Amrou quel droit les Arabes
se cro^raient k la possession de la Syrie,
celui-ci lui r^ponait : « Le droit que con-
afn-e le mattre des mondes; la terre
<t appartient h Dieu , il la donne en h^
« ritage a qui il veut , et c'est le succes
« des armes qui manifeste sa volonte. »
Cette derni^re id6e est encore demeurde
tenement forte dans Tespritdes Arabes
que la victoire leur semble toujours
comme une benediction celeste. Its ont
encore du respect pour le victorieux ,
quel quMl soit, et parfois m^me du d^
youement.
A la suite de Tentrevue d' Amrou et de
Constantin, il fallut bien, malgr^Ten*
vie contraire de ce dernier , que Ton
se prepardt h en venir aux mams. Le
lenaemain done, les deux armies ^taient
dej^ en pr6sence, et attendaient Tordre
de la lutte , lorsqu*il sortit tout a coup
des ran^s des Chretiens un chef rev^tu
d'une riche armure, qui provoqua en
combat singulier les Musulmaas les
plus braves. Trois accepterent le defi; en
quelques instanU ils furent tu^ tous
les trois. £tait-oe r^estorius echapp^ aa
, carnage de ses troupes? £tait-ce un
nouveau heros? Aucun historieo ne le
dit. Enfin Schourahbil, chef c61ebre,
3ui commandait aux deux rives du Jour-
ain , irrite du succes de ee Grec, s'a-
van^ pour le combattre. iMalgr^ son
adresse et sa valeur , il trouva un mat-
tre dans cet inconnu. II allait mSme
p^rir sous un dernier coup que lui avait
porte son invincible adversaire, lors-
qu'un cavalier sortit des lignes de Tar-
m^e chr^tienne, et sauvala vie k Schou-
rahbil, en abattant par derri^ la t^ de
son vainqueur. Get actede trahison avait
ete commis par un Arabe transfuge,
du nom de Tolaiah , qui , apres s'^tre
fait passer pour prophete, s'^tre fait
battre par Khaled , 8*etre r^^gi^ chez
les Grecs , voulait rentrer dans la reli-
gion de Mahomet en obtenant sa grdce
Var une action d'eclat. Apres ce coup
hardi , sinon loyal, les deaxamieeseB
vinrent aux mains. Le cboc des Grecs
ne fut pas si puissant qu'a roidinaire;
et, apres une m61^ confuse, lestroupn
byzantines, formees en partiede noovet-
les milices, lachereat piedde U>asc6ta.
La nuit prot^ea les fu}ranis, etCoos-
tantin put se retirer a Gesaree, a
abandonnant aux Arabes son camp«l
ses bagages (*).
Les Arabes ne oommirent poiot b
faute de s'acharner contre les sofids
rempartsde G^sar^. Bien oertaiosqa
cette ville tomberait tdt on tard sm
leur domination , ils la tinrent bioqw
par terre avee une partie de ieurs trot;
pes , et avec Tautre ils remontereDt II
littoral, pour s*emparer tour a tourdt
Tripoli et de Tyr, qui dtaieat, a cdH,
^po^ue , avec Gesaree, les plus forler
places maritimes de la Syrie. Mais, t»
dis qu'Abou^Obaida se |Mr6parait afii»
marcher des troupes sur Tripoi, i
apprit gu'une nouvelle rusedeToi^^
na avait ouvert les portes de cette die
aux Musulmans. £n constataat k
rdussite de la plupart des perfidies dii
Tancien gouverneur d^Aieu, rblstoai
n'en donne pas toujours les oxtails. Aas-
si , i^norons-nous par quelle voie soi*
terrame Youkinna s'^t glisse dan
IVipoli. Khaled vint au secoursde Yoo-
kiona, et vint a propos. On coimaes*
eait, dans la ville, a murmurer cootrt
fapostat, aussi despote apres la n^
toire qu'il toit fouroe dans la lutte.
Malgr^ son succes . cet bomi»e,too*
jours acttf et prompt dans ses pedtdioi
songeait dijk a prendre Tyr cqihk
il avait pris Tripoli. Le hasardlei^
vit a point, tandis que la fatalitebfiA0
d^astreuse s'appesantissait sur Is K^
mains. Un jour, on vit entrer, a foRttt
rames, dans la baiedeTripoli,eiDq«9tt
galeres , ^uip^s dans les ties d« Crelt
et de Ghvpre, et cbarg^ de provisoBS
de boucne et de munitions de gmrf^
L'amiral grec, qui ignorait la sarpi^
de Tripoli , vint k terre sans dH^ncttA
recu avec empressement par Toukiwai
qui ^tait parvenu a letromper, poift ^
moment opportun, cet omcier eredw
fut emprisonn6 avec une partie de^
marins. Gette chance d'un inccmoefabii
(*) Toyez TbfophaM et Ocktey.
SYRIE MODERNE.
83
Nibeur n'endormit pas YoukiDua. A
idque temps de la il moota avec oeuf
otshommes h lui sur ces m^mes galcres
M dirisea vers Tyr. Costhab, le gou-
riieur de cette place, fut, comme tous
taatres, lroin|>e d*abord par Youkin-
lybissalesgalerea entrerdans leport,
I troupes debarquer; mais bientdt,
^ qii*i] se mell&t de YoukiaDa , soit
n edx 6t§ avert! , il fit mettre aux
liran^at etsesueuf cents bommes.
' 'una, cette fois, se croyait ▼ain-
\ le destin , qui voulait la perte
^, le sauva de leur vengeance.
IS empires en decadence, la trahi*
\ eoQtagieuse. Youkinna , dans
parent du gouverneur de
..a UQ complice qui macbina
i one conjuration , au lieu de le
[ avec soin , comme il en ^tait
I Cet bomme infdme , du nom de
, iTune part emp^ba Costbab
XBourir imm^iatement You-
it, d'autre part, pr^venir
pprocher des murailles de
,^^al musuiman fit , en effet,
» et apparut bientdt dans la
ecdeux millebommes. Aussi-
IgOQvemeur, accompagn^ de sa
' in, sortit de la ville pour aller
' les Arabes , et laissa le com-
.Jieot int^rieur au traitre Bazile.
I premiire action de celui-ci fut de
' Yottkinna et ses neuf cents
s de pr^venir les marins musul*
i\a faire descendre a terre, et
f flrdonner d'aller ^rossir les
"""lind. Ce complot reussitd'au-
-I que les Tyriens , pen scru-
^B leur naturel , se firent pres-
I mahom6tans. A cette nouvei le ,
in deaesp^ra comme aWlit fait
, iors de la ^se de Damas. II
cette fois pour Constan-
.Jie; et C^aree, abandon-
.^j environ trois millions aux
, e*estr^-dire deux cent miile pie-
, pour se sau ver du [tillage (*).
'e une fois au pouvoir des Mu-
., toutes lea autres villes de la
i maritime et de la Palestine ou-
lenrs portes sans combat, Acre,
^, Dj^baTI, aussi bien quelibe-
iK^polis, AscalonetRamlab. Les
autres places du nord, qui se r^voltaient
naguere contre les Araites a Tannonce
des moindres succesdes troupes romai-
nes, renono^ei\td6sormaisa toute ten-
tative de soulevement. Les gens des cites,
par calcul, les gens des campagnes , par
n^ssit^ , se soumirent sans murmure
aux tributs d^finitifs qu*on leur impo-
sa. Les ambitieux , les iiiteresses , les
mauvaises natures de toutes especes, et
il y en avait beaucoup dans une nation
aussi m^lang^ et aussi corrompue que
la nation syrienne du septieme si^ie ,
se firent mabom^tans, et se mootre-
rent plus rigoureux et plus durs envers
leurs anciens coreligionnaires que les
Musulmans eux-m^mes. Tout etait con-
somme : une nouvelle domination s*e-
tendait sur cette malbeureuse contr^ ;
une nouvelle ere d'infortune commeu-
^ait pour elie.
Les propres vainqueurs de la Syria
ne jouirent pas longtemps, du reste, de
leur oonqudte. A peine le pays entier
etait-il pass^ sous le joug de Tlslam,
qu*une peste terrible, g^n^rale, de la
plus violente intensite, se declara tout
a coup, fit les progres les plus rapides
et les plus effrayants , atteignit Tarmee
etsesauxiliaires, les Arabes de toutes les
tribus a la fois. Ce fleau , qui avait sans
doute pris naissance dans ces champs de
carnage oii la guerre avait arooncel6
tant de cadavres , frappa les generaux
comme les soldats. Les plus grands capi-
taines, qu'avaient ^pargn^s tant de com-
bats, tomberent tour a tour sous les
coups de la faux invisible : Abou-Obaidat
Y^zid, Scbourabbil et tant d*autres.
La Providence semble par fois bien s^
vere dans ses justices : elle avait puni
par les Arabes les Syrieos de leur cor-
ruption, elle punit presque aussitot par
la peste les Arabes de leur cruaute.
)TflrcaWakedy.
90
L*UWIVERS.
LA SYRIE SOUS LES OMMIADES.
CilBACTiBB DBS PBBIII^BBB CO^TQUA-
TBB ABiUIBS.
S'il nous falkit r^mer la premi^
phase des conquftes de Tlslam , boos y
trouverions un rn^ange de grandeur
et de barbarie , de perseverance ^ d'ins-
lability, de demeneeet derigueur, dV
vidite et de desint^ressement, qui pr6-
sente une suite de contfastes plutdt
qu'un earact^e g^n^ral. Aussi |M>ur
rexpliquer la prodigieuse ouantite de
victoires qui 6teiidit si vite la domina-
tion mttsuhnane, pour se rendre un
compte ch»fr et exact des causes succes-
sives qui firent triompher les Arabes ,
it est indispensable, d'une part, de bieD
constater la faiblesse de rempire bjrzan-
tin , c'est ce que nous avons fait en
conimen^ant eette histoire, et,d'autre
part, d'analyser les^^ments vitaux qui
vinrent tour a tour se d^velopper daus
]e sein des tn'bus mahom^tanes.
L'empire de Tlslam sur FOrient est un
fait bien autrement puissant et merveil-
leux que Fenvahissement de POccident
par les races septentrionales.Les Barba-
res du Nord vinrent par irruptions irr6-
guli^res, par masses compactes; c'est
leur continuity oui fit leur force , c'est
leur nombre qui nt leur succ^. Les Ara-
bes, au oontraire, sont d'abord une poi«
gn^e d*hommes centre dea arm^s, quel-
ques cavaliers contra des peuples. Mais
lesBarbares, sansid^ pr^pond^rante ,
sans constitution qudconque, avec dea
moeurs diverses et souvent oontradio-
toires, acceptentia religion qu'ilstrou-
vent Stabile, remplacent leurs lois gros-
sieres par les lois romaines, faconnent
leurs habitudes aux ooutumes quails ren-
contrent ; tandis que les Arabes appor-
tent avec eux un culte absolu, un code
rigoureux , des usages imperatifs. Les
Barbares ont peut>gtre modifi^ la face
de TEurope ; a coup sdr, les Arabes ont
change radicalement la face de TAsie.
De la domination des Arabes , d'ail-
leurs , est n^e , au bout d'un si^cie , une
civilisation , celle des Abbassides ; de
Tirruption des Barbares, iln'est r^sulte,
au boutde cinq cents ans , qu'une anar-
chie, celle du moyen Age.
Attila , Hermanrie , Odoacre soBli
fl6aux; Mahonaet est un fondateur.r
rois barbares, eiev^s sur leorl
pavois , n*ont jamais vaiueu que |
roroe brutale ; les khalifes, du t
leurs chaires sacr^es, ont eonquis |
conviction autant que par les i
voill le secret de leur superiority. \
serait done paa sense de eonfoi '
vantage la turbulenoe iBlnte"'.
races septentrionales et Tardeiir i
chie des tribus de THeiiyaz et <' '
men. Voy ez comme tout se C '
rapidement chez les Arabes :
filme militaire par la r^^ '
liabilete guerriere par
combats , la sobriete par let |
renei^ie par les fatigues. Certq
les qualites ordinaires des nati«
nes,rimpetuositeet la Tigueor,k
bes ont encore grAce h Punite i
maintient et les dirige, la [
et lecalcul. Le fanatismeaheza
pas, comme on I'a oru longtesi^
consequence foreee de leur oolts^l'^
un resultat fatal de leurs gueiT«}_
exaltation les a soutenus daaski^
bats , leur rigorisme leur a ftit i
toute resistance.
Tout d'abord Mahomet ae
qu'ii grouper des tribus divis60v|
religion qu'il leur impose ^^\
dment de leur union. Plus tarti
fortifier la nation qo*ii a
il cherche & raugmenter fli i
pintdt qu'en provinces. Sest
sont tout aussi babiJes que loi. J
Bekr ne se hAte pas de poosscrs'
pagnons \ la conquete, il sepa
beaucoup plus de la propafj^mdij
la guerre ; il laisse volontieisi
veaux proselytes soiliciter
Phonneur de combattre les !
il pense moins a tracer des pisaii
taille qu*a reunir les ehapltrei ^
ses du Koran, A etablir Punft6 1
mane , ^ fonder un gouv
Omar , sans Atre moins ,
plus belliqueux : il excite sans (
Arabes A marcher en avant, i
mande leur indolence
reprime leur mollesse naissante,
leurs vices , ordonne aux tr
mouvements, organise les
vaincre, mdne les generaux'
les soldats, imprime k
stuie mdderihe.
91
TOit rensemble des operations
iires da fond de TArabie , et y pre*
I en souverain. Si an idche assassi-
si la venganoe d'un barbare in*
^B*aTait pas brusquement mis fin k
ojets , Oinar , par son ^nergie , sa
m^M et son ambition nationale.
pMnpi^ Mabomet. CT^tait bien la
' mais puissant eh^f qa'il fallait k
atiofi a i^ineform^, fascin^ed^ja
I rapidite de ses oonqu^tes, ^blouie
'elatdesridiesses qa*elle avait ar-
; aux vaincos. Qilme , infati^a*
Btftt^resse, Omar ne s'^tonne ja-
^lle Paccrofssement prodigieux de
_are, il ne songequ'd accumuler
oonpbes d« Tlslam : apres la Syne
\ ITgypte ; aprds la Mesopotamie,
f jusqa'li rOxus ; et de oes butins
ienz qo'on lai expediede tons c6-
|doAoe avec integrity nne part k
selon leg services , selon rAge^
[ faneiennete dans \t devouement
Aigion nouvelle. Quaiit ^ lui , it
eneore de simplicity , de so-
1$ poor insptrer le m^ris^ des
parnres, il porta avec orgaeil
obe donze fois rapi^cee; pour
Texemple du respect aux presh
ons du Koran , il ne boit que de
^et sa table est un module de fro-
Et eependant il a accepte le
[tigoificatif de commandeur de&
nts, titre qui n*im|)ose aucune
I a sa puissanoe et qui tui accorde
^ \ tons ies pouvotrs, civils, miii-
jet religieax (*)•
^a Abou-Bekr, I'esprit de pro*
guerriere s'^ait r^pandu de
tribu; grAoe k Omar, Farm^
titaa,s'aguerrit, se disci plina.Les
bandes,qai suivirent Ozama
rie, ne faisarent la piupart do
|qu*une guerre d'aveiitures,d«raa-
|de sac* et de pillages; Ies tronpea^
i-Obaida agirent avec plus de con-
^sansrien perdre pourtant deleur
''"' Man. Les g^neranx se forme-
im rndme temps qne Ies soldats:
] se joignit bientdt au courage.
avelles recrues, celles surtoutqui
appris des Romains on des Per^
^art des combats, apport^rent aux
ignorants leurs observations et
) Toy«E AboaT fMa.
lear science : dds lesi^e de Daroas Ies
Syriens virent aveceffroi lesMusulmans
attaquer ieurs rourailles avec des ma-
chines, dont lis se servaient d^s^avec au-
tant d'adresseque Ies Grecsenx-mdmes.
A la bataille d'Yarmook,c*Mt bien en-
core une luttef^roce, sauvage, d'homme
h homme , une m£l^ gigantesque , ou
Tone des deux arm^ devait p^rir tout
enti^re;maisau sieged* A ntfoebe, dans
I'exp^dition des montagnes , a Cesar^e,
c*est d^ja de la tactique , ce sont des
stratag^mes anssi inteltigemment con-
gas qu*habiiement ex<^cut^s.
Tous Ies moyens , du reste , ^taient
bons aux Arabes; tons Ies anxiliaires
^taient bien re^s par eux : its n'a-
vaient pas encore le sens moral , qui
n'est le propre qne des nations h leur
apogee. Les Arabes, au septi^e si^-
oie , ne se faisaient faute ni de ruses
ni de fourberies, ni de dissimulations
de toutes especes; ils acoeplaient ^gale*
ment les services destrattres etdes apos-
tats , des gens perdus de dettes et de
crimes, des Idches comme des ambitieux .
Aussi, si en moins de sept anneesilsrem-
placdrent Ieurs premidres troupes d*a-
venturiers, mont^ sur de maigres cava-
les, k neine armes de lances au fer mal
aiguise, par des masses r^u litres, dis-
ciplin^es, compos^es tout ^ la fois d*a-
droits archers, de fantassins anx piques
et aux epeesredoutables^de cavaliers aux
GOttes de mailles et au sabre recourb^ ;
si en moins de sept annees ils se rencK-
rent aussi propres k \a guerre que Ieurs
plus savants ennemis,irieurfaltut beau*
coup pins detemns pour oraantser leors
conqu^tes, itablir en Syrie un ordre
nouveau, tirer parti de Timmense terri-
toireet des richessesinnombrables dont
ite s'^taient si rapidement rendus mat-
tres.'
Dans les premiers jours de leur em-
pire legonvernement nit facile aux Ara-
nes : ils laissaient k chaque villeses k)is
partfculi^es,sa police, ses coutumes, ses
cfiefs civils et ses magistrats. Leurpos-
session consistait tout simplement k
^bNr une Jamison dans la citadelle,
et k percevoir , k des 6poques dites , le
tribut qu'iis avaient impos6. Mais plus
tard , auaod ii fallut rappeier les habi-
tants des cartipagnes pour cultiver les
terres en frlche, qaand ii falint afifer-
91
L'UNIVERS.
mer de grands terrains , exploiter les
monopoles dont les empereursde Gods-
tantinople s'etaient reserve la jouis-
sance, tels que les salines, les mines
de fer, les for^ts ^bois de construction,
alors les difficult^ surgirent de tons co-
tes. Puis le nomhre des adherents k TIs-
lain augmentait tous les jours, et k
ces nouveaux Musulmans il fallait des
I)rivileges ou des emplois, une solde dans
'armee, ou des franchises dans le com-
merce, des terres enfin lorsqu'ils n'e-
taientrienetn*avaient rien. Pour cons-
tituer le pays , un bomme aussi bon ad-
ministrateur qu'babile politique etait
necessaire : cet bomme se rencontra.
COMMENCEMENTS DE MOAWIAH.
Parroi les guerriers celebres qui se
distin^u^rent enSyrie, parmi ceux qu*^-
. pargnerent les combats , et surtout la
peste cruellequi ravagea toutes les {pro-
vinces conquises Tan 18 de Th^ire,
ce qui flt appeler par les Orientaux cette
6poquefuneste : lanndedela mortality;
parmi ces braves etces heureux, dison»-
uous, on avait remarque Moawiah, frere
de ce Y^zid que nous avons vu comman-
der avec tant de valeur Tun des grands
corps de Texp^dition arabe. Moawiah
avait donne des preuves de courage an
siege de Cesar6e ; plus tard, son habilet4^
dans les negociations fut fort utile a la
prise de possession g^nerale de la Syrie.
Cetait un jeune bomme erave,reserv6,
d*une apparence froideet o'un esprit r^
flechi, meditantau fond de sa tente, lors-
qu'ii ne combattait pas, aj^ant avant V&ge
cette dignity, cecalme, qui inspirent ton-
jours du respect auxArabes. Soncarac-
tere ^tait de ceux qui r^ussissent en
Orient : mattre deses passions, il 6tait
certain de dominer un jour celles des
autres ; sdr de ses sentiments commede
ses moindres sensations , il paraissait
toujours n^^tre mu ^ue par la justice,
et n'agir que par laraison. Son ambition
fut un feu qui couva vingt ans pour^a-
ter tout h coup comme un incendie in-
domptable. Cet bomme, dureste, comme
les bommes les plus puissants, grandit
Seuapeu, se forma lui-m£me, atten-
it les occasions avec intelligence, s*en
servit avecmesure, et ne fut jamais im-
patient nide la fortune ni dela gloire:
sa vie etait si logique qu'elles devaient
t6t ou tard lui arrim toates (
Descendant des ancieos princes
Mekke, filsd'Abou-Sofiaa^qaianit
chef du temple de la Raaba, lonqK
pere,qoi fat d^abord un eanoniidi
de Mahomet , ne put plus i^sisttri
tratnement g6n6ral et se dedara la
man, le jeune Moawiah eat Tesprit^
faire attacher h la persoDoedeMi
comme simple secr^ire. II coa ^
les allures de I'envoye de Diea
peut-^tre quelques secreU in
se fit estimer par les premien
a rislam, et se montra si mod
serv6, sidiscret, qu'onne vitqne!
titude sans voir son ambition, i;
loua que son z^le sans tedouter
tes capacity. Lorsquesonfrere
tit pour la Palestine , il ne sei*
tout de suite h le suivre. Moai
hAtait jamais : il avait eocorai
le caractere des suocesseursdofH
il voulait peut-^tre que nsUift*
solidAt avant de lui sacrifier a"
les pretentions de sa femillesar
vemementde la Mekke Eofin'"
puissancedu mahoro^tismefuti
pour tous, lorsque les pr^^ ..
propb^tie, Mosallama et Asm\
rent ^t^vaincus par Aboa-Bekr,
FArabie enlidre fut pacifist |
prit son parti. Pour rtoersurte
arabe , il comprtt qu il lui oB
vertus guerri^res , et il r&oWJ
avoir. Pour r^ver, un jour, on
personnel, il reconnut que ei
§as en Arabic m^mequMl pou» "
er, et il partit pour la Syrie,
lament afin de se rendre par
di^ne de ses aieux , mais ew
suivre de plus pres les progrS'
lam. Homme adroit , tete p«r
se modelait d'abord sur ceux
lait dominer plus tard : il se
ri^idedans ses mceurs, religi«a
tailleur, selon Pusage oomnme
selon lego At du temps. Toutecf'
tique, tous ces calculs fureoi
r^ultats des reflexions soliuii
jeune bomme ? Les consells de
avaient-ils inspire k Moawiah ia<
qu'il tenait? Les annalistes oe k
pas ; mais tout fait presumerqa u'
complicite patemeile dans oes "*
vreshabiles, dans ce plan '^'
m6dite.
SYRIE MODJERNE.
$3
les
i etrooostanees, du reste^servirent
sblement Moawtah : le sort loi
I favorable , ee qui, ehez ies Arabes,
Ine les suffrages des plas r^calci-
, et double la puissance du pr6-
'. Moawiah n'avait^prouv^aucune
I de cette peste terrible, qui avait
! rarm^e musulmane en ran 637,
surtout attaqnee aux guer-
plus iilusires. De tous ces
Bux<, aussi actifs qu*babiles . a ^ui
vait iaeonqu^te de la Syrie, a peine
tstait-il deux , Amrou-Ben-EI-
Khaled. Encore ce dernier avait-
si ioDgtemps malade, qu'il fut
! de se retirer a £m^se. La, par
de son attaque de peste , par
^aussi des fatigues que dix ans de
its p^p^tuels avaient aecumul^es
t^te, on vit le brillant cavalier
('affaiaser tout ^ coup, ses forces
' oaoer peu k peu et son dme ^ner-
1 survivre que trois ans a la des-
. de son corps.
a fbt nomm^ par Omar ^ouver-
i la Syrie tout entiere; mais pour
ir dans la d6pendance musul-
j aussi vaste pajs,ii fallaita Am-
j second dans Vhabilet^ duquel il
air loute confiance. Moawian agit
, il montra k son sup^ieur tant
j>icacit6 et tant de devouement h
, il d^loyatant d*activit^'et de
^toot en se conformant aux indica-
a'on lui donnait, qu'Amrou, d^
leors par les antecedents de
I , le choisit pour le rempiacer
) occurrences, et le chargea
«nent de lever et de former
Dpes nouvelles. Moawiah fit mer-
il 6tait d*un caractere doux et
i ensemble , il avait une con«
pr^matur^ des hommes , il
Hix que tout autre s^adresser
r passion bonne ou mauvaise, et
liter a son profit. Grftce h son ^lo-
» aupr^ des indigenes les plus iu-
, grftce aux promesses dont il
ligue envers les masses , grdce
; a nne condescendance bien en-
les trtbtts des Arabes nou*
at rang^es sous leslois de TIs-
; parvint en un assez court espace
dps a rcuoir une arm^ presque
\ tout 4
[ mieux
I ToycK Etmaein.
aussi nombrense quecelle que les guer-
res de la conqu^te et les ravages de la
peste avaient d^truite.
Ce premier succ^ du jeune lieutenant
d'Amrou prouva k tel point son in-
fluence sur les populations que , quand
rarm^^,qu*il avait r^onie, eut ordre
de marcher sur Tfigypte, le kbalife vou-
lut reconnattre les efforts heureux de
Moawiah en lenommant gouverneur de
la Syrie, en place d'Amrou partant pour
une expedition qui devait ^e aussi lon-
gue qu importante. A peine en posses-
sion de son gouvernement, Moawiah ,
loin d*essayer son pouvoir sur les Chre-
tiens en les accablant d'impdts , loin de
fatiguer les troupes qui lui restaient dans
de vaines expMitions, se montra, au con-
traire, genereux et facile envers les tri-
butaires , et s'appliqua tout d'abord k
discipliner ses soldats, a chercher pour
eux des instructeurs parmi les renegats
et parmi les Arabes qui avaient servi
Tempire byzantin. Patient et persev6-
rant , il eu^ bientdt des legions organi-
s6eslila romaine, des compagnies d'ai^
chers, des machines pour les sieges, et
des hommes capablesde manoeuvrer ces
machines. Tolerant et juste , il obtint
Taffection des Musulmans de Syrie, tan-
dis que sa police rigoureuse rendait la
s^urit6 aux villes, et que son adminis-
tration ni exigeante ni tracassi^re rap-
pelait le commerce que la guerre avait
^arte.
Quoiqu'il ait eu d^s lors une predilec-
tion marquee pour Damas , et qu'il edt
fait de cette capitale sa residence habi-
tuelle, il n'en inspectait pas moins lui^
m^me les autres districts de son gouver-
nement, y maintenait un ordre s^v^re, et
chercbait k leur rendre leur ancienne
tranquillite. Grdce a sa main ferme et
a son oeil vigilant, la Syrie put assez
vite effocer les ravages de la guerre.
Soumise presque tout entiere, elfe n*a-
vait plus a craindre oes courses d^sor-
donnees que les Arabes maraudeurs
entreprenaient sur tous les points, du-
rant fa lutte entre les Musnlmans et les
Remains. Cette infortunee province
put done reprendre haleine; les agri-
jpulteurs revinrent dans les campagnes ,
les industriels dans les cit^s, les n^go^
ciants sur le littoral. Ce calme momen-
tan6 fut aussi salutaire k la Syrie qu*il
94
L^UhivMS.
fiit utile a son gouvenieur. La Syrie,
naturellement letionde et riche, guerit
peu a peu ses blessures, repara ses
pertes, et se reprit a vivreaans soq
BieD-^tre prdc^ent; Moawiah se Ot des
partisans , dout le nombre augmenta de
jour en jour et qui lui servirent au mo-
flient decisif de sa vie beaucoup plus
que n'auraient fait des troupes nombreu-
ses. 11 vaut toujours mieux s^appuyer
sur un peuple que sur une arm^. Moa-
wiah, peoetr^ de la y6tii6 de ce pr6-
cepte, oe cessa jamais de le mettre en
Sratique, et liu dut en partie sa graa-
eur dans Tavenir.
HOBT D'HBJaAGUUS (*).
Tandis que Moawiah adminlstrait la
Syrie avec une sagesse aussi noble que
rare, Amrou-Ben-EI-As s'emparait de
r.Egypte avec une rapidite merveilleuse.
Tout devait c^er desorinais a cette
nation arabe, dans le sein de laquelle
se rencoutraient a la fois de grands ge*
ne.raux et d'habiles adininistrateurs.
L*enipire byzantin,auoontraire, voyait
annee par annee ses plus belles provin*
ces oonquises, ses ridiesses dispers^,
ses troupes battues, et ses plus belles
^glises changees en mosquees* Hera-
clius, accable dechagriua et d mflnnit^,
se mourait au milieu de ses eunuques,
et n'osait plus interroger ses ministres,
de peur d'apprendre oe nouvelles d^fai-
tes , de nouveaux malheurs. II vegeta
•insi dans risolementetdansrignorance
jusqu'en Tannee 641 ^ et s'eteignit, inu*
tile a son peuple, funeste a son empire^
a cliaree a lui-m^me. Tout semblait, da
restej'^.raseret le desesp^rer : son Gls
alne Constantin, u^ desa premiere femme
Eudoeie, n'avait montr^aucunegrande
qualii^, auoune vertu de prince, et nc
meritait point le titre d'erapereur, quMl
avait re^u presque des sa naissance. Sa
sante, d'ailleurs, etaitd^ja chancelante,
et faisait craindre qu'il ne surv^()t que
peu de iours a son pere. Le second fils
d'Ueraclius, Beracl^onas, etait un jeune
horame de dix-neuf ans, aussi faibie de
corps aue d'esprit. Sa mere, Timpera*
trice Martine, ^tait une femme aussi le-
gere qu*ambitieuse: o'^tait elle qui avail
.(*) Voyez Tbtopbaoe, Gedrenas et Nic^-
phonu
MLoit^ jadis la jalousie 4oii«l«
reur; et depois elle rat veil
haine profonde au fils (fKadocie,!
lequel elie ne voolait pasfiT'
nas partigeAt Tempire seloalesi
d*Heraclius. Ainsi les t
rieurs venaient ajouter leon i ^
aux souffranoes imp^ates qn^
biaient H6raciiu8.TnstepriDee^l
in du regne teraissait la gioinf
eampagnes oontre les Purses li '
aoquise I Actif et brave par t
avait reneootr6en hii asseidepi
pour Tainere un despote d^toli J
roes, un peuple en diesdeBCfl,)!
aes; mais il n'avait pu latter, 1
•es premiers et ridicules dedaroiij
un nomme de gdnie, sorti (foaf
Effrayante p^6tie desjnM
fortune! le vainqueurd'hier^'^
vaincu d'aujourd'hui , let
des armtedii grand rois'ei
sement devant ies premi^k
discipline des Arabes. Maisa
radius ^tait trop au-desseusde^
il lui edt fallu autant d'ardeorqi
denoe, aotant de persev^raoeal
aoudainet^, etii nWtauGaeel
grandee vertus prinei^res. "'
nous Tavons d^a dit,c'estiae
tionoouronn^: o'estdomsfirr
dans les conseila, le doateq
d^ider, etc|uiplsestgua«l(»l
d^ , la mollesse ouand u faet a
eonstanoe quand il faut |
mobile que la boussole, iii .
moindre impuision; il eedeiti
mouvements qui Tattireat saT
nattrela cause. II luisuffitdef
sanoe occulte pour se ercMfM
fatalement par un pouvoirtpn
etqu*il appelle ledestia ou iaP
afin de lui laisser la respoD
torts.
Mahomet, au eontraire, lep
versaire s^eux dH^racU^Jl ■
est rikomme ardent, mais ww}n
me qui salt attendre, etoe sed
jamais; Thomme qui a etudie 1
mouvements du eoeur et de Pes
sait a quelle 6poque nalt la i
id6es , d nuel eigne on la r(
eorobien il est important ^^^*
qui devine quand ii foot parier <
taire , ^uand il faut s*arrlter ooi
qui voit une beUe oocasion et #•
STRI£ MODfi&NE.
9a
UtoorDe^parce qu*il y manque encore
pe condition de ^ucces ; dont la pro-
Mde prevoyaace peoetre TaveDir : pro-
pete, parce qaHl lit au food du coeur
^D at qii^ii en mesure les batte-
mtB ; tour a tour le olus doux, le plus
pd. le plus clement, le plus implaoabie
% chefs de peuule ; le plus brave des
lainaDdants d arm^e, mais le moins
IBse de vainere. Or Mahomet creait
K nation, et il la fit ^ son image; H^-
Kuspr^idait a une decadence, et
e parTiQt qu'a en precipiter la chute.
Wideux hommes avaient bouievers^
paoode au commencement du sep-
RKsiecle, Tun par son genie, Tautre
^ SOD incapacity. Sans Mahomet , il
^T>it pas de -nation arabe; avec un
R ^u'Heradius peut-^tre , Tempire
itiQ ne perdait pas la Syrie et Vt,-
sa grande manufacture et son ine-
\e grenier. Les Romains, qui a*^
encore trouv^s assez d^^nergie
ft de puissance militaire pour
les armees nombreuses et regu-
des Perses, auraient certes bien pu
)ser victorteusement a Tinvasion
iusiilmans. Mais leur prince sans
ijaoce, capricieux et leger, incons-
et vain, crut avoir m^rite sa gloire
umiliantson rival Cbosroes, et des
il s'eodormit sur ses faeiles lauriers.
recounaitre le danger , il lui fallait
cagement d'une province tout en-
Dans lamieux combing des coa-
ilne vit longtempsqu'unelutte
:il n*opposa que des digues
iQtes centre les premiers flois
n ; et quand vinrent eniin les
romaines, il ^tait trop tard, et
OS se garda bien de les comman-
oipersonneJl dedaiguait les Arabes
^inmeneementdela guerre,il les crai-
italafio;d'abord ce tut de sa partsuf-
■ B, ensuiie ce fut Idchete. La Provi-
semble,li certaines ^poques, coo-
ler des peuples a Tmaction en
jjant leurs chefs , et renouveler la
\ de la terre en faisaut surgir du
leu des sables briUaots des esprits
-neuraqui rallient leurs semblables,
unpriroent le mouvemenl, leur ins-
nt desidees, leur proposent un but.
oeslin^d'Hdracliusetait-elied'abais-
lon empire, de m^me que celle de
mtd'endleveron?
' Rien n*68t plus prompt gae la crois^
sance d*une nation predestinde k la gran-
deur. A peine Mahomet a-t-il r^uni des
tribus ^rpill^s etbostiles en un corps
compacte et uni, que les hommes utiles
se pr^entent en foule, et selon les be-
soins t^uccessifs. Apr^ les generaux ,
les organisateurs ; apresKhaled, Moa-
wiah. Quand un peuple en est arrive k
cet 6tat d'extr^e eoullitton d^oii nais-
sent les revolutions ou les transforma-
tions sociales , les gloires et les profits
nationaux , 11 nalt ooup sur coup dans
son sein les aptitndee et les talents les
plus divers, les plus nobles devouements,
les plus grands courages. Tout mOritvite
sous Toeil d'un homme de g^nie , ce
soleti humaln ; chacun suit avec enthou-
siasme sa lumineuse direction. Sa pen-
s^e enfante des merveilles, sa volofit^
cree des vertus, et les masses recon-
naissantes , dans leur stupefaction admi-
rative^ nomnient ces hommes de genie
despropheteset leurs aetes des miracles;
tanais que leurs adversaires, les envieux,
les vaincus, les appellent des imposteurs ,
ettraitent de fanatisme Texaltation qu'ils
allument dans le coeur de leurs parti-
sans. Quoi qu'on dise ou qu*on fasse au-
tour d'eux , ces hommes de g^nie vien-
nent toujours a point pour r^ussir : les
chemins seniblent leur avoir ete prepa-
res; lescapaciiesdetoutessortesleur font
cortege. Voyes Mahomet : dans ses pre-
miers adherents il y avait Tetoffe dedeux
khali fes capables d'achever son oeuvre,
Abou-fiekr, Tunitaire, Omar, le conqu6-
rant ; dans ses premiers compagnons il
y avait des beros qui s'illustrerent tour
a tour, Ali, Zajd,Ozama, Dherar, Schou-
rahbil, Abou-Obaida, Kiialed, Amrou-
Ben-Ll-As , et tant d'autres ; dans un de
ses secretaires enfiii, Moawiah, un futur
fondateurdedynastie : c'est dece dernier
que nous avons maintenant a nous oc-
euper.
PBfiMlkRBS BXPBDITI0N8 MABITIMBS
DBS ARABES.
Une £ois qu'il se fut cr^^ un grand
nombre de partisans par ses avances ju*
dicieusement faites, une fois qu*il se
fot forme on tr^sor par ses economies,
une armee parson babilete, Moawiah
parvint k pacifier preaqiie entidrement
06
L*ITNlVERS.
la Syrie, et forca le reste des 8o1dats de
Tempire byzantin k sejeter danslesmon-
tagoes du Liban. II ne commit |)as la faute
de les poorsuivre dans ce dernier refage,
etillaissase former, derri^re ees roches
inaccessibles, un noyau de dissidents
({u'il paraissait avoir envie de ne point
inquieter, soit quil songedt h les faire
revenir h lui k force de longanimity^ soit
qu'i 1 voul dt conserver un foyer de guerre,
propre a entretenir le courage et Tacti-
vit6 de ses troupes. Pour occuper les
plusardents, il piensa alors k pousserdes
reconnaissances en AsieMineure, et il
chargea Habib, Tun de ses lieutenants,
commandant de la place de Kinesrin ,
de s'avancer jusqu'en Armenie. II savait
que cette province 6tait en perpetuelie
agitation, qu*une foule de petits princes
s'y^taient declares ind^penoants aeCons-
tantinople , et s'y disputaient la domi-
nation.
Habib obtint les succes que Moawiah
avait prdvus; ce chef, aussi bardi que
rapide , p^n^tra sans difficult^ dans ce
pays divis^, entra dans plusieurs vil-
, les, enleva de nombreux butins, et vint
enfin mettre le si^ge devant Dovin , la
capitale , cit^ riche et r^idence du pa-
triarche grec. Apres quelques combats,
oil, faute d*unit^ dans le pouvoir, les Ar-
m^niens furent facilement vaincus, Ha-
bib forca Dovin, la saccagea, et diri^ea
sur la Syrie trente-cinq mille captifs.
Puis, non content de cette premiere vic-
toire, le bouillant g^n^ral arabe entre-
prit la conguSte de rlb^rie, s*empara de
Tiilis, cher-lieu actuel de la Georgie,
montadaiis le Caucase, et y vainquitplu*
sieurs peuplades barbares (*). .
A mesure qu^Habib avancait vers le
nord , il soumettait au tribut les popu*
lations qu*il avaitdomptees, et envoyait
de temps a autre des prisonniers et des
d^pouilles k Tbeureux gouverneur de la
Syrie. Moawiah futfort satisfait de son
lieutenant; mais, plus prudent que n'^
tait Habib, il lui donna I'ordre de s*ar-
r^ter enfin. Get ordre arriva trop tard:
Habib avait franchi Bab-alAbouad^
la Portedes Partes, led^file de Derbend;
et avec une arm^ 6puis^e par ses propres
succes il eut encore la t^m^rit6 de s^en-
gager dans les steppes immenses qui
(*) Voyez Asolik, histuHen arm^nien, et
Deoys de Talmahar, bistorieii syrieb.
longent la mer Caspieime. U, dit<
il fut bient6t entour^ par lo fuo
Khazars , et lot vaincu et mis ii
par leur khakan. Malgr^ son ism
cheuse, cette expMitioD n'en aa^
pas moins la terreur qaUnspinierti
armes musulmanes, etservit am '
que Moawiah avait form^ 0*
Tranquille^ en effet, du o6te (h<
nent, certain de son ascendant
Syrie, Moawiah, le premier d'l
Arabes, pensa a la roer, et
^tendre sa domination. II demaula
Il Abd-Allah-Ben-Saad,posiesseiiri
lexandrie,de lui envoyer tons la'
seaux qu'il avait trouv^ dans k
de cette grande eit^. Celui-d iuia^
diadix-sept cents, nombrecoi '"
mais qui s explique, en faisant
ligne decompte les bateaux de
f grandeurs , les galores de ^erre(
es simples barques. Moawiab ''
formidable flotte, trouva des
la diriger, sV embarqua lui-
porta a abord sur File de Gbyprt.
v^ de cette colossale expedition,
Byzantins s'dtaient bien gard^
voir , jeta T^pou vante dans IDe
A peine les Ghypriotes se d^e
lis : on saccagea leurs propria
vagea leurs champs, on pilla lenri'
et dans Gonstantia, la ea{nta)e,Qi
tit la grande ^ise fond6e pv]
Epiphane. Mais la bataille une'^
min^e, quand les habitants nefii
aucune resistance, Moawiah se
aussi r^erv^, aussi cl^meot,
n^reux qu*il avait €l6 fougueux
tion. II arr^ta le pillage, ii
massacre , il traita ses noaveaisi
avec douceur et justice, et se
d*imposer aux Ghypriotes un ^
nuel , qui n'^uivalait qu*k la
imp6ts que Hie payait il r(
Constantinople (**).
DeChypre, Moawiah, avantdeil
neren Syrie, dirigea sa flotte ncK^
vers la petite tie d'Aradus, dopk
nait k s^emparer. Nous avons ditl
notre description du pachalick f
poli , que ce vaste rocner , qui n^
aujourd'hui qu^un ^cueil, avait/'
un petit £tat florissant. L*ui
(*) Voyez roavra«edeMoaridJtd]Ob«
tnUtuI^ : Des Peuplea du CMtcM;,J^-,
r) Voyei Enlychlus et IHcM d'AaW"
SYRIE MODERNE.
97
avail enriehi les Aradiens;et, lors des
grandes conqu^tes des Perses, des Ma-
cedoniens, aes Romains, pour conser-
Ter leur fortune, ils sacrifierent leurin-
dependance, et se soumirent tour a
touraux differents vaiaqueurs du conti-
nent. Pourtant ils ne voulurent pas agir
avec les Arabes comme avec les pr6e^
dents dominateurs de TAsie. Assures de
la force des murailles de leur cit^ , ils
ne repondirent aux sommations de la
flotte musulmane que par Ic refus posi-
JLii de se rendre. Alors Moawiah com-
inen^a Tattaque , et fit battre la ville
aux endi*oits qu'il crut les plus faibles.
Les murailles r^sisterent aux efforts des
machines; et comme il n^^tait pas pru-
dent de demeurer trop longtemps en
mer, expos^ a une temp^te qui aurait
pu d^tniire tons les navires musulmans,
Moawiah d^puta vers les Aradiens un
certain Thomaricle , ancien ^v6que d*A-
pam^ , avec la mission d'engager ses
coreligionnaires a se rendre , s'lls vou-
laient ^viter la mort , comme punition
de leur resistance obstinee.
Les Aradiens, loindese soumettre,re-
pouss^rent toute proposition, et conser-
verent parmi eux 1 ev^que qu*on leur
avait envove. Quoi gu'il en fdt, Moawiah
'ne s^abandonna point k un ent^tement
?ui aurait pu lui ^tre funeste , et comme
biver approchait, ilfit rentrer ses vais-
seaux dans les ports de son littoral ,
retourna de sa personne k Damas , et
remit k Tann^ suivante la prise d'Ara-
dus. L'ann^ suivante, en effet, il in-
vestit de nouveaa la petite place mari-
time. Cette fois les Aradiens, effrayes de
la persistance des Musulmans, se soumi-
rent, a condition qu'on les laisserait se
retirer ou bon leur semblerait. Moawiah,
qui ne se souciait pas d'avoir sur ses c6-
tes une place ennemie , un refu|y(e pour
les Clottes romaioes qui pourraient un
jour debarquer sur ses rivages, n^^tant
pas d'aiileurs assez sdr de pouvoir ti-
rer parti lui-m^me de ce poste maritime,
fit detruire par le feu la ville d*Aradus,
^sa ses murailles , et d'un port fit Te-
Weil actuel (*).
Duraut ces hostilites r^p^t^, durant
^f courses d^vastatrices dans TAsie
Mineure, ce pillage de FA rmenie , cette
C*) Voyez Thoopbane.
7"»« Livraison. (Syrib Modebne
prise d'une tie importante, Chypre,
cette destruction a*une place forte,
Aradus, que feisait done Fempereur
romaln? L*empereur romain ^tait un
enfant. Constant II, couronne a onze
ans, orphelin et abandonn^. Constan-
tin, fils ain^ d'H^raclius, ^tait mort a
rUge de vinj^-huit ans, min6 par Fair
de Gonstantmople, qui ^tait funeste a sa
ch^tive sant^ , et en tremblant pour les
jours de deux enfants en bas dge que lui
avait donnas sa femme Gregoria. Ce
prince debile n'avait pas r^gn^ quatre
moi8,et Fon accusa encore sa belle-mere,
Marti ne , d'avoir avanc^ sa fin par le poi-
son (*).
Dans Fespace si court durant lequel
il avait ete empereur, Constantin n eut
que le temps de commettre une action
odieuse, qui sans doute lui porta mal-
heur. Le tr6sor de Fempire ^tait vide,
et le tresorier Philagrius conseilla a son
mattre de violer le tombeau d^Heraclius
pour en enlever une couronne d*or de
soixante-dix livres pesant, dont le triste
adversaire de Mahomet s'etait orn^ dans
son sepulcre. On brisa done le cercuciJ
de Fempereur d^ced^, et la couronne
d'or tenait tellement k la tSte du cada-
vre, qu'il fallut Farrachcr avec effort,
et qu'il y resta fix^ quelques cheveux
blancs du malheureux prince. Deplora-
ble et honteux moyen de se procurer un
peu d'or que le fils'impie n'eut pas mdme
le loisir d*employer ! Ueracl^onas , qui ,
dans le principe, devait partager Fem-
pire avec son frere atne« fut incapable
de gouverner seul. On se souleva cen-
tre lui , on le d^posa , et le jeune Cons-
tant fut elev6 a sa place. Puis, ajoutant
Foutrage k la d^possession , la cruaute
a la rigueur pohtique , on fit le proces
du fils et de la m^re, de Fimbecile Ue-
racleonas et de Finfdme Martine; on
coupa la langue a Fune, le nez a Fautre,
et on les exila ainsi mutil^. Les hom-
mes obscurs , qui conseillerent le jeune
empereur Constant II , loin de songer a
se defendre contre les Arabes , ne pen-
serent qu*aux disputes theologiques qui
divisaient alors le miserable empire by-
zantin : les pr^tres seuls regnaient la 6u
il aurait fallu des guerriers.
Moawiah n*avait plus que queiques
(*, Voyez Nic^pliorc et Ceclrfnite
^
L'UNIVEM.
coups a frapper pour abattre le colosse
romain , qui d^ja chancelait de toutes
parts. A dater des Ommiades (Om-
mayyades, devrait-ondire), la puissance
romaine n'exista plus ni en Asie ni en
Afrique. Defk elle avail ete remplac^e en
Syrie, en Mesopotamieeten £gypte, par
la puissance arabe. B^k une arm^e mu-
sulmane avail pouss^ )u^u*a Tripoli de
fiarbarie; plus lard, la m^me arm^ de-
vait marcher de victoireen victoirejus-
qu'au detroit de Gibraltar, el en lever
un des plus riches fleurons de la cou-
ronne imperiale , la Sicile. Les ev^ne-
ments avaienl toute la ri^ueur et toute
la promptitude de la fatality : Fempire
byzaiitin etait condamiie, el on ne le
faisailpoiDl languirdans son execution.
Moawiah etant Thomme auquel ^tait
destine ce pouvoir gigantesque , il 8*ap-
pr^tait a s'en rendredigne.
Moawiah ne voulut pas laisser respirer
TAsie Mineiire, etdes le commencement
de Tannee 651 , il r^unit de nouveau ses
bataillons, les partagea en deux corps,
ordonna a Tun de ces corps de se porter
au nord-est , vers les provinces transti-
gritanes, tandis mfil se mettait lui-
m^me a la tete de ('autre, traversail le
Taurus , et entrait dans la Cappadoce
pour mettre le si^ge devant G^saree.
Cette vilje resisla a son premier choc;
et, selon son habitude, au lieude per«
dre son temps devant une place , Moa-
viah repaudit ses troupes dans le
pays , porta le ravage dans toutes les
campagnes, et revint bient6t snr C^a-
ree. Cette cite, alors, investie par une
armee victorieuse, sans communication
avec le pays, sans espoir de secours,
se vit contralnte de trailer.
Moaviah , touiours politique, se borna
5 imposerle triou ordinaire a Cesaree,
et consentit h ne point y laisser garni-
son. £n visitant la viile, en la voyant
toute remplie de superbes monuments
et de nombreux Cilices , quetques chefs
arabes exprimerent le regret de ne point
s'^tre em pa res par la force de tant de
richesses. Mais Moavriah , qui avail d^ja
les vertus d'un grand prince, malgrd
les observations qu*on lui fit, n'en fut
"las moins fidele a la capitulation. Son
lut etait moins d'augnienter son tr6-
sor que de jeter Tepouvante au cceur
du gouvernement do Constantinople.
I
Laissanl done C^sar^ dee0ti,iltt4
rSgea snr TArmdnie, dans laqodeC
tanl II avail conserve uoe oeitamef
sance, malsr^ les pr^cMentes i ,
lions musuTmanes. Son apparitioil
rifia les populations, et les it i
presque aussit6l sous son jooi
succes fdl re^me si grand que I
renr, de plus en plus emray^ loide
une tr^ve de deux ans. MoawialJ
cepta , car elle lui donnait le loisi
peeler la Syne, de faire
armees , el de poursuivre le b
plan qu'il avail conibii)6 (*).
Moawiah, qui, commenoosF
d^j^ vu, ne se eontentait pas del
ner sur le continent, se
cr6er une marine capable de |
guerre au centre rawnedereo
de jeter une arm^ autoar deC
linople. entail vouloir eo yr j
coup avec les Romains ; mais t
jel etait Irop audacieux et trop?
pour reussir encore. Oe tffUi
Moawiah qu*il appartenait de « |
maftre de cette capitale des r
pourtant Fessai qu'il en fit pro
grand effet , el lui fit un grand h
Tout immense qu'etait son am
elle n'en ^tait pas moins pr
r^ee : il ne se hasarda doitfj
brusquemenl k mettre en
qu*il avail con^u , et il foultrtq^
ses marins avant de leur imp**
si rude tdche. En deux ans I
avail ^uip^ une nouvelle flotteiJ
cents bdtiments ; et la tr^ve ar
pereur termini , il donna le e
dement de celle flolle a AboaT
lui prescrivantd*attaquerrar(
AbouTawar se porta d^aT
de Cos, et h peine ses vatssearafl
ils arrives que la trahison d'|H
livra lile au g^n^ral rousuhiiafl.*
y trouva de nombreuses riches
ravitaillements de toutes ^^f^^
truisit, avant de se relirer, a «^
qui commandait la ville. DelaHfl
vers ia grande tie de Crete; rnatfjj
dil pas s'il la conquit, eton I?
queique temps de la , revenir a ri
rile de Rhodes, dont ils'crop8«|
trop de difficult^s. Panni ie jjoMJ
trouva dans Cette derniere ne,
(*) Voycx Elmacin el Aboa' I' Wi
SYRIE MODKRNE.
09
nalepSusles Arabes,cefut keele-
Mosse en bronze qu'on attribue k
fii de Linde, ^eve de Lysippe.
IB statue, qui n'avait de valeur que
\n grosseur prodigieuse, demanda
|n aos de travail, et codla trois
li talents, environ treize cent cin-
iBte mille livres actuelles. Un de scs
jj^ surpassait en ampleur le corps
""io , et sous ses deux jambes pas-
sans peine les plus fortes galores,
a Fentr^ du port de Rhodes ,
demeura intacte que cinquante'
; an bout de ce demi-siecle un
mentde terre abattit cette mons-
merveille. Les Musulmans ad mi-
les debris ^normes du colosse,
!nt d'en extraire le bronze, de
ter ea Syrie, et on pretend
joif d'fimese en acheta les mor-*
i Moawiah , et en chargea jusqu'a
qoatre-viQgts chameaux.
sa flotte fut rentree a TripoK
Moawiah r^para les pertes
vrMt eprouv^s , Taugmenta en-
:9e piques vaisseaux, en laissa
^mandement a AbouT awar, et lui
<les instructioiis pour aller atta-
CoDstantinople , tandis que, lui
liih, feralt one diversion en Asie
. ToQS les preparatifs ayantite
ftement termines, la flotte n'at-
Rt plas qu*un bon vent, lorsque
Tripolitains, qui ^aient rest^
an ehristianisme et a Tempereur,
It on projet aussi noble qu*au-
llfallait que lecoeur de ces deux
i,qui*taient frires, f At bieo baut
^pourqoe, dans un siecie ou leurs
itnotes ^taient tomb^ si bas , se
^^X toujours si faibles et quel-
ii a llcbes, ils tentassent de sau-
\ eox deux Tempire meoac^, et
pirer aiosi a tous les Grecs le cou-
de repousser Tenvahissement de
Bl. Affrontant les dangers les plus
iif d^id^ k tout braver pour leur
to cause, lis choisirent une nuit
ifdorant.laquelle les Musulmans,
ides^urit^ au eentre de leurs con-
kfS'etaientreldches de leursurveil-
t>pour forger les gardien&d'unedes
^s de la ville , pour d^livrer les
ins captifs , pour les armer comme
,^ rent, et les entratuer a leqr suite,
^audace m^me de ce coup de inaiu ,
la promptitude avec laquelle il fut ex^
cut^, la surprise des Arabes, Tepou-
vante des autres habitants dela cit^,
toutes ees causes r^unies servirent au
succ^ de rheroique entreprise des deux
freres. Loin d'ailleurs d'occuper ceux
au*ils avaient delivr^s a tirer vengeance
de leurs enneniis, a piller la ville, k
massacrer la garnison , ils se hSterent ,
au contraire, de diviser leur troupe
en deux bandes , afln que Tune se por-
\At sur la deiTieure du gouverneur ma-
hom^tan, et le mtt a mort, co()te que
ooilte^ pour emp^cber qu*aucun ordre
superieur ne rallidt les Arabes, et aOn
que Tautre division pOt se frayer le plus
rapidenient possible une roqte jusqu*au
Rort. La premiere bande parvint a tuer
) gouverneur, et jeta la confusion dans
son palais; la seconde bande arriva au
port malgre mille obstacles, v alluma
un grand feu , et incendia la flotte mu •
sulmane. EnGn, tous ces mouvements
fiirent si vivement et si habilement
ex^cut^s, que les deux freres eurent
encore le temps de d^gager un des
meilleurs navires, de s'y embarquer
avec les Romains , et de s'enfuir a Con-
stantinople. Les ingrats oontemporains
de ces deux heros ne nous en ont point
conserve le nom (*).
Moawiah avaitdeja assezde puissance
pour reparer promptement les domma-
fes que rincendie avait faitsa sa marine,
ourtant, quelle que ftit Tactivite qu'il
d^ploya, les deux Tripolitains eurent le
temps d'aborder a Constantinople , d'y
Jeter ralarmeetd'exciler teilenient Thon-
neur de leurs compatriotes, qiiMIs se de-
ciderent, de leur c6t6, h equiper une
flotte, et a s'opposer a Tattaque dos Mu-
suimans sur terre comn^e sur mer.
L*empereur Constant it, qui avait alors
vingt-eihq ans, se vit force par Topinion
publique de se mettre lui-meme a la t^te
de son armee navale. Les deux flottes
flrent chacune la moitie du chemin , et
se rencoittrerent sur les rivages de la
Cilicie , entre Rhodes et legolfe dePam-
phylie. Les Romains, les premiers,
s'^lanc^rent contreles vaisseaux arabes :
le choc fut des plus violents , les epe-
rons de presque toutes les galores grec-
ques penetrerent dans le flauc des ga-
(*) Voyex Tli^pbane.
100
LUNIVERS.
I^resmusulmanes, et dolors commen<^
un immense combat d'abordage. Les
Arabes avaient soutenu avec im grand
sang-froid et une grande Intr6piafit^ la
premiere attaque des Romains , et bien-
t^t les baches et les sabres Orent mu-
tuellement leur devoir. La met, au
bout de queloues heures, etait toute cou-
verte de deoris de navires et toute
rouge de sang humain. La m616e se
montrait surtout furieuse autour du
vaisseau que montait I'empereur byzan-
tin. Quels que fussent les efforts qu'il
lit sur lui-m6me, le jeane prince, peu
habitue a de semblables batailles , fut
saisi d'effroi , et aOn de sauver sa vie <,
qu*il se repentait maintenant d'avoir
compromise dans une pareille bouche-
rie, il eut la Idchetede changer d^babit
avec un soldat. Malgr^ ce honteux de-
guisement, il n*aurait pas encore ete
sdr de s^^chapper, si Tun des deux fre*
res tripolitains ne s*etait pas trouve
aupres de lui , et ne Teilt pas transport^
sur ses 6paule8 dans un autre navire.
Le h6ros qui venait de retirer du car-
nage un prince pusillanime eut-il honte
de la decadence des siens , de Tignomi-
nie du rejeton imperial; oubiendeses-
perait-il de la victoire , et ne voulait-il
pas survivre a une d^faite qui devait
rendre inutile son magnanime devoue-
ment? Dieu le salt. Toujours est-il que
ce brave entre les braves , soit desespoir,
soit intention ignor^, retourna sur le
vaisseau le plus expos(6 de la flotte grec-
gue , et s'y fit tuer en combattant une
loule d'ennemis, et au moment m^ine
ou les debris de la flotte romaine s'en-
fuyaient a toutes voiles et a toutes ra-
mes (*).
GUEBRES GlYILSS ENTRE LES ARABES.
LMmp^ritie allait perdre Tempire by-
zantin , le basard le sauva. Au lieu de
profiler du desastre de ses ennemis , on
vit tout a coup Moawiah rappeler sa
flotte h Tripoli, revenir lui-mSme de
TAsie Mineure, et rassembler toutes ses
forces dans Tattente d'un grand ev^ne-
ment. Cest que la pens^e de toute sa
vie allait se r^aliser pour Tambitieux
gouverneur de la Syrie, c*est qu*il allait
avoir a jouer sa grande partie.
Othman avail suee^de k Omar i
le khalifat; mais ce vieillard, qoii
yait obtenu qu'une faiUe iUm
parmi les siens, qui ne s^etait
tout an plus qu homme de boo i
dans les oonseils de son pr^dceesa
ne trouva pas assez d*energie povi
monter les difficult^ de sahaiitel
tion , k laquelle d'aiileurs il parrimi
tard. Quoique son r^e, (Ta *
douze ans , edt €t& marque par i
velles conqu^tes, ces conqiietes ]
tinrent plutdt k la valeur des ch'
bes qu*a sa propre impolsioa.
comme kbalife a Vige de pres (
tre-vingts ans, entour^. tout^Tal
des gens avides, assailli par kse
d*une famille nombreuse, wq{
nement alia balssant d'ann^ cna
II en arriva m£me h destituer dsf
fonctions des hommes dignesct^
bles, pour les rempiacerparqi '
uns de ses parents, a separ^i
creatures les butins que lui i
ses g^^raux vainqueurs , i <
toutes les fa^ns le tresor pubfie^
Gontre ces fautes et ces depr^
Moawiah se garda bien de se i
il ^tait trop politique pourcela;iJ
lai t iusqu'au dernier moment seal
fidele a son souverain. Mais les ]
nois ne pens^nt point cominel
circonspect d*Abou-Sofian. A|iia^
longtemps murmur^ contreleff^
kbalife, outr^ de ses damiersi
d'arbitraire etde dissipation, ni
nombre d'entre eux quitt^rent b]
avec colere et m6pris, ets'mi
camper dans la campagne a i
distance. De jour en jour kf
mecontents s^augmentait ;
d'£gvpte une deputation re
tre le despotisme d'Abd-Al^ i
d'Othman , et exiger son n
par Mohammed , fite d*Ab
khalife, inquiet^ oar la r^voltei
sante, conceda, ann de les apaisi
que lui denuindaient les Arabes f
gypte. Les deputes s'en
done satisfaits, lorsqu'ils fureotr
pres d*ATlath par un oourrifr {
d'une lettre pour Abd-Allab.
lettre les intrigua ; ils en
^^, ^ . (0 Voyci Rlmado,Ockley rt tTHii
(*) Voyez Thtophane et Abou'l-faradJ. Bibiiotheque ontntak.
SYRIE MODEIUSE.
(Of
Mbet, et lis V lurent I'ordre de inuti-
ir Mohammed et ses partisans , et de
M peodre eDsuite h des pakniers. Get
nrebarbare ne venait pourtant pas du
isox khalife; par une negligence im-
irdoonableil ravait sign^sans en pren-
eonnaissance, et avait et^ tromp^
80Q secretaire Marwan.
A cette epoque de grandeur exterieure
lie debifite intime de I'lslam, une
iled'ambitieux recherchaient iekbali-
t,et Y tendaient par tous les moyens.
lue toutes les villes importantes
Dt leurs candidats , dont elles ap-
}9ientles intrigues : Alexandrie avait
m All, ie gendre du prophete,
Vrah tenait pour Thasbah, Koufah
^yait Zobair, enfin Damas faisait
Tceux pour Moawiah. Mais outre
competiteurs presque avou6s, il y
ivait d'autres qui s'agitaient dans les
tores, et parmi ceux-lli, Marwan.
ftieede flatterie, il s'etait fait nom-
MtieeKtaire d'Othman; a force d*a-
Une, il avait surpris sa confiance ; a
IRde ruse, iietait parvenu a le trom-
tSi,du reste, il avait envoye Pordre
lei doQt nous avons parie plus haut,
H ie but de perdre son maitre, il ne
mrait mieux faire. Les ^^ptiens,
,ef!et,pleins de haine et de rage,
norent avec Mohammed sur M^dine,
joi^rent aux revolt^sde la plaine,
ttsi^erent le khalife dans son pa-
^Ce siege dura un mois; enffn,
KNunmed, suivi de deux autres Mu-
■Uflis, put un jour s*ouvrir une issue
Ip'aiipres d'Othman, et quoique ce
pN venerable par son dge, par ses
Mlents militaires, et par son ca-
Iteresacre, sinou par son g^nie, fdt
*ope a lire le Koran , qu'il tenait sur
P.gcooux, Mohammed n'en eut pas
JOtele triste courage de Tegorger (*).
Gefut un grand malheur pOur Ali,
■ avait eertaioement des droits s^-
Jxau khalifat, d*y parvenir sur un
wvre. Sa nomination, d'ailleurs tu-
wtueuse et partiellef, souleva bien des
fpositions. La plus dangereuse de
»les ces oppositions fut celle d'ATes-
J»wi la veuve v^neree du prophete.
fie en voulait toujours a Ali , qui avait
'™ojgne dans sa jeunesse contre sa
n Voyei Abott'Pfdda,
fideiite h Mahomet; elle ne voulait pas
avant tout ^e son calomniateur r^gndt,
et elle excita Zobair a s*armer contre
celui qu*elle appelait Tusurpateur du
khalifat. Bientdt Thashah, cet autre
ambitieux, vint se joindre k Zobair,
quitte k se disputer plus tard ensemble
la proie pour laquelle ils allaient com-
battre. Aieschah etait le lien entre eux
deux; elle les excitait et les enflammait
par ses declamations; elle accusait Ali
aavoir ete Tun des assassins d'Oth-
man : ce qui n'etait pas plus vrai que
son adult^re a elle> calomnie pour ca-
lomnie, la loi du talion appliqu^.e a la
vengeance. Cette femme arrogante et
exaltee Ot tant que la guerre civile s'al-
luma. Ali fut force de marcher avec une
nombreuse armoe contre les re voltes,
et les ayant rencontres non loin de
Basrah , il eut le bon esprit de faire
des propositions de paix avant d'en ve-
nir aux mains. Mais il comptait sans
Afeschah : une femme blessee dans son
honneurne pardonne jamais. Aieschah
meprisa les avancesdrAli, les fit reje-
ter par ses complices, et la bataille eut
lieu. Elle fut sanglante : dix-sept mille
Arabes resterent sur le terrain , et un
si grand nombre d*entre eux fut tue
autour du chameau qui portait la veuve
du prophete , que cette journee en garda
le nom de : Journee du Chameau. En fin,
ce chameau si vaiilamment defendu fut
pris par les soldats d*AIi : celui ci etait
vainqueur, et il eut la generosite de
traiter avec respect A leschah , son im-
placable ennemie, et de la laisser ache-
ver ses jours a Medine (*).
Le moment d'a^ir etait venu pour
Moawiah; il le saisit avec promptitude
et resolution. II se hdta d'accorder une
nouvelletrevede trois ans k Tempereur
de Constantinople , qui craignait deja
de voir sa capitale assail lie. D'apres la
Chronique syriaque d*Aboul-Faradj ,
ce fut un certain Ptoiemee qui vint
conclure cette paix menteuseet momen-
tanee, et qui laissa entre les mains des
Musulmans son fils Gregoire pour otage.
Selon les annalistes grecs, au contraire,
c'aurait ete Moawiah qui aurait solli-
cite la suspension d'armes, dont il se
trouvait avoir le plus absolu besoin , et
(*) Voyez AboaTfMa , et Goiutaotin Por-
pbyrof^D^, de Adw^ imp.
102
L'UKIVERS.
qui, pourrobtenir,auraitof!ffert de four-
nir a rempire, chacun des jouM que
durerait la tr^ve, un esdave, un cheval
^t mille pieces d'argent. II n'est guere
possible qu'un vainqueur ait pu t>ro-
poser de pareitles conditions, quels
qu'aieilt^t^ses nouveaiix proj<sts,qaelle8
qu'aietit (5t^. les pertes qu'un terrible
tremblement de terre, qui ravagea eti
659 la Syrie H la Palestine, et y detruisit
plusleurs tiiles , lui ait fait iftprouver.
Cette fable est une nottvelle raison de
deGanc^ eontre les ^brivaina du Bas-
Emplre^ qui, faute de traits heroTques ,
d'actions liohorables, de victoires et de
conqu^tes k citer en Thonneur de leurs
deplorables princes, accumulent par-
fois les niensonges pour avoir la rare oc-
casion de les louer.
Quoi qUMl eii soit, il y eut tr^TC
entre les Arabes et les Romains, et Moa-
wiah l^ertiploya k grouper ses partisans
les plus chauds, a r^utur ses troupes les
plus aguerries, k les harangueir et a
leur faire comprendre que le khaiifait
etait mal pl^ce entre les mains d*Ali.
II representait le gendre de Mahomet,
commen'ayantquelabravoure commune
d'un soldat et non le g^nie puissant
d'un chef de nation, comme ne pouvant
que compromettre la grande cause de
r islam , raute de vnes ndutes et targes .
faute d'une ^nergique perseverance. II
rappelait que trois fois deja Ali avait
eu la presomption de se mettre sur les
rangs pour etre procldm6 khalife, et
que trois fois lasagessedes vieillards 6lec-
teurs I'avait repousse, en portant touir
a tour leurs suffrages sur Abou-Bekr,
sur Omar et sur Othman. U s'enor-
gueillissait avec adresse de sa parent)^
avec ce dernier, aecusait les partisans
d'Ali d'etre, tons, les assassins de Tan-
cien khdiife, disant que si Mohammed
avalt porl6 le coup niof'tel , les autrcs
avaienl approuve son crime, excite
sa ra^e. Pour parvenir plus sdrement
a inculquer cps idees au peuple tout
entier, il se procura la robe ensan*
glantee d'Othman, et la fit suspendre
dans la principale mosquee de Damas.
Puis, quand il disait lui-m^me la priere,
il faisait suivre ses invocations a Dieu
par des impr^ations eontre Ali. Mais
il nc se bornait pas a endoctriner les
masses, il chereliait aussi des appuis
parmi lbs hommes les plus
bles, parmi les guerriers les plus
bres. Cesi ainsi quMl attira dam
parti rillUstre Amroa-Befl-EI-As^
conquerant de r£g\'pte. Cdut-d
a se plaindre des habitants de M(
qui le laisssientsans emploi.Moa^
consola, le flatta, et, ce qui vabit
tnieux , lui garantit pour toate si
en cas de succes centre Ali , le {
vernement de TEgypte (*).
Toutes ses m^sures prises. Mi
aocompagn6 d'Amrou-Bea-EI-As,
de Damas avec une armee de
tnille hommes et s'en vint ven
pour traverser I'Euphrate, et
attaquer Ali dslns Tlrak, P;
M^so|}Otamie. Desoncdt^, Ali,
plus serieusement cette fois qoe
une fetnme colore et deux
subalterne^ , rassembia quaU
mille combattants, et maroiaibi
eontre de son rival. Les deuxl
etaient bien diffi^rentes : oelle del
wiah ^tak reguli^re et dtsci^
ob^issant avec ponctualite k son
apnt dee ren^gats habiles poor
ciers, des Arabes distingue pour r
raux , des compagnles exereees i
de Tare et a toutes les manceuneil
temps; celle d'Ali possedait encored
son sein quelques-uues de ces tribosi
mades bonnes tout aU plus pour lese "
mouchesi on gfand nombre deeavi
vaillants mais t^m^raires, des
braves ihais cohfuses, et vingl-sif^
ces veterans de Tlslam ^ bommes ""
giques, il est vrai , rtiais qui n'l
pour tout iti6rite que d'avoir asuii
combat de Bedr^ oe premier exptal''
prophete, que nous avons dit
bier plut6t a une attaque de L_^
qu'a une veritable batailie. Aiosi^M^
cdt^, le talent et Thabilet^ mil
de Tautre le courage personnel,
rinexp^rience de la gaerre {**>.
Moawiah eut beau falre, il ne
vint pas k combattre en batailie nugt
les troupes de son adversaire. Lon4|
les premieres lignes des Syriens sei
veloppaient dans la vaste plaine i
Siffin, situee entre Palmyre et Ftt
phrate, les Alidesse retiraientdaoski'i
(*) Voyez AbouTfMa, Am*, i
(**) Voyez Th6ophaoe.
SYRIE MODERNE.
108
imp; Idrsqu'au contraire Moawiah
Ivtait dans le sieo, ses ennemis
iaaient Ty attaquer. Ce n'^tait done
rune suite de petits ccmibata, doot
lean ae pouvait ^tre d^fioitif , qui se
tesaient presque enti^rement en luttes
ji?iduelies, et qui n'aboutissaient qu*a
tre perir ded homraes sans utilite.
iraot trois mois et demi , on resta
toi eo presence, sans faire un pas
ayant, sans amener le moindre
bJtat pour les deux causes qui se
^Qtaient la sou?erainet^. Dej& quatre*
^-dk combats B'6taient donn^,
il semblait que, pour remporter
^oire, il fallait tuer jus(]u'au der*
w eDDemi, lorsqu*une nuit, tandis
les Syriens ne s'attendaient a re-
ke les hostilit^s que le lendemain
iuatin, All Tint fondresur leur camp,
Sttivi de presque tous les siens,
bmen^a une des luttes les plus
^Dtes qui se soient iaroais livrees.
ito armies, animees de la mdme
Sear, combattaient dans le silence et
f t^res; cbacun, en rencontrant
adversaire, le harcelait jusqu'a la
rt sans passer ^ un autre ; on frap-
t,on tombait, on etait victorieux,
mourait, sans se lamenter ou se glori-
r, saos foir son ennemi : combat de
iKts, od Ton n*entendait que le bruit
BKiaives qui s'entre-choquaient, oik I'e-
enirieuse^teignait le rSle dans la gorge
I mourant; duel de cinquante miUe
QMS centre cinquante mille autres,
t'ils'^tait prolonge, aurait amen^
iaation des deux armees a la fois !
it ee lugubre carnage , All, qui
it int^rieurement de toute cette
(ion de sang, voulait arr^ter ces
^rtres individuels et inutiies , et fit
^ler Moawiah en combat singulier,
n de vider h eux seuls la querelle
Ki separait les Musulmans. Mais Moa-
iahne commit pas iafaute d'accepter
^ deli, et comma Amrou s'en 6ton-
tft, il lui r^pondit : « Us bras d'Ali
est plus fort que le mien; jamais il ne
8*est abattu sur un ennemi sans I'e-
eraser; mais c'est la tdte et non le
bras qui fait le capitaine , et je lui
. prouterai que e'est moi qui le suis. »
Cependant corps k corps Tavantage sem-
biait se declarer pour les Alides , lors-
4ue,iesoleils'i^tantleve, Moawiah fit
attadier quatre korans au bout de
cjuatre piques , et les fit placer au milieu
de la bataille, en s*^riant : « Que oe
« livre des livres juge entre nous! » A
cette vue, chacun s*arr^ta, frapp^ de
respect et d'irresolution a la fois , et
Moawiah profita dece repit pour deman-
der que deux arbitres pronon^ssent
entre les deux pretendants au khalifat.
Get arbitrage solennel fut accept^ : Am-
rou-Ben-El-As fut choisi par Moawiah,
Abou-Mou^ fut nomm^ par Ali. Puis
les armees se repli^rent chacune sur le
pays d'ou elles etaieiit sorties.
Amrou , par ruse autant que par habi-
lete, fitobtenir Ta vantage a Moawiah;
mais, a la suite de ce jugement peli
loyal, les choses n*en resterent pas
moins oh elles en etaient auparayant,
et la guerre allait recommencer, lors-
que trois hommes se conjurerent pour
mettre fin aux deplorables dissensions
de leur patrie. Ces trois homines ne
trouverent pas d*autre moyeo d'en finir
que de mettre a niort les trois chefs qui
divlsaient Tlslam, Ali, Moawiah et
Amrou. Amrou dut la vie a une me-
prise : on tua pour lui un de ses officiers
qui lui ressembiait. Moawiah re^ut une
blessure qui ne fut pas morteile^ mais
qui le rendit impuissant. Quant a Ali ,
il fut assasaine et succomba dans la
mosquee de Koufab (*)•
Quelques Alides ent^t^ ^roclame-
rent khaiife a sa place son fils ain^
Hasan. Mais ce ieune homme^ d'un
caracterefaibleetdoux ,d'un esprit sans
portee, se laissa bientdt circonvenir par
Moawiah. Ge dernier proposa a Hasan
de lui c^er le revenu de la province
persane de Darabdjerd et le tresor de
Koufah s'il consontait k renoncer a ses
pretentions au khalifat. Hasan, dont Tes-
prit etait, k ce qu^il paratt, plus inte-
ress6 que belliqueux, accepta cette
abdication payee. Mais, soit aue cet
amour de raraent eilt indigne Moa-
wiah, soit piutot qu*il edt voulu
6ter toute chance d'avenir a son rival ,
voici comment il oonserva une pro-
vince et d6pouilla Hasan : ^tant en-
tres tous deux a Kou£ah, Hasan declara
5 ses partisans r^unis qu'il renongait a
toujours au khalifat, et qu*il c^dait k
(♦) VoyeE Abou'rWda.
104
L1JN1VERS.
Moawiah , plus capable de reniplir les
devoirs difficiles ae cette dignite, le
pouvoir religieux, civil et militaire.
IMoawiah prit la parole i son tour, et,
apres avoir accept^, la souveraine puis-
sance, il termiDa ainsi sod discours :
« Je suis convenu avec Hasau, de
« certaines conditions pour r6tablir ia
« paix ; maintenant qu'il n*est plus be-
« soin de ces conditions, je les r^voque
« en vertu du pouvoir dont je suis re-
« v^tu. On abat T^cbafaudage quand
ft r^difice est bdti. » Goinme on le voit,
Moawiah etait un homme de genie bar-
bare : s'il calculait bien , s'il agissait
avec prudence , s"\\ savait tour a tour
montrer de Tenergie et de Tbabilet^ , 11
ne comprenait ni la foi des traites ni
la saintete de la parole. La grandeur
caracterisait sou vent sesactes,la mora-
lite presque jamais. Ses d^tracteurs Fac-
cusent encore d'etre alie plus loin que le
mepris des conventions : Hasan s*6tait
retire a M^dine , confus et ruine ; huit
ans apr^s la scene que nous venons
de rapporter, il y mourut par le poison,
et Ton reprocha a Moawiah la fin violente
du fils dUli. Rien ne prouve pourtant
que le khalife, alors tout-puissant , ait
eu besoin de ce nouveau crime pour
consoiider una souverainet^ que per-
sonne ne lui contestait : Hasan etait
annuls, et son fr^re Housain restait
dans la retraite et Tobscurit^.
A peine parvenu au rang supreme,
Moawiah, toujours preoccupy oagou«
vernement int^rieur de son empire,
voulut frapper au coeur Tanarchie, et
empdchcr tout schisroe et toute dissi-
dence entre les Musulmans. Nous avons
vu qu'Abou-Bekr avait vaincu, avec
fruit pour Tlslani, les pretentions de
deux faux proplietes. Mais si, du temps
de Moawiah, le fond de la religion
mahometane n'^tait plus contests, en
revanche il s'^tait fait de si nombreux
commentaires du Koran , des interpre-
tations si di verses k la loi primitive, que
rislam courait risque de n*^tre plus
bientdt qu'un tas de contradictions de
tous genres , et le livre sacr^ un texte
vague, propre k tous les gouvernements,
k toutes les habitudes , a toutes les di-
vergences nationales. Cette tendance,
funcste k coup sdr k Tautorit^ des
khalifes , etait d^ailleurs un obstacle r6el
setdeill
k VunM que r^rait Moawiah. Uimak
des traditions au'avaientlaisi^les
pagnons de Manomet, lesi;
explications des passa^am]
3ues du Koran, s'appelaieotm
ition). Cette soitnna preaait
jour un developpement deptoseij
monstrueux, on en avait oeja '^
assez de parchemins pour
la charge oe deux cents chan
que Moawiah voulut mettre ud
cette fureur de gloser et d'ioti
il dppela done a Damas les deux
alfakis , ou docteurs de la loi,
dus sur tout le territoire desoa
en choisit six des plus sa^
intelligents, et leur enjoignit
duire aux homes les plus etn
colossal amae des reveries dedcoxj
rations. Les six docteun de
travaill^rent eo consdenoe : ill
rent en six livres Tenorme bil
qu'ils avaient compuls6e. Tout
qui restait futjeie, paries or
Moawiah, dans la riviere de Dai
acte de bon sens et d'adroite {
apporta au nouveau khalife da
de rhonneor k la fois : son f
ment devint plus facile, sod
tration plus rtoiliere, et, grftt
tranquillity interieure, il pot H
songer a de nouvelles cooquto
C^tait I'an 41 de Th^ire '^
Moawiah s'^tait vu libre pos
khalifat. Constant II r^nait
k Constantinople : Tenfant io
avait fait place k un homme de
deux ans, violent dans ses paf~
la plus cruelle Irascihilite, ei(
ses idees, qui avait embrasselii
thelisme avec un ent^lement '^
poursuivait les orthodoxes
L*an 660, oe prince , aussi m^
capable, pour se debarrassor de
sition religieuse que lui fai^
ftkre Th^dose, ravait &it
ner. Ce crime iofftme souleri
Constant n la liaine de .
les habitants de Byzance. L\
exa8p6r6 de voir ses sujets,
capitale, Nviter avec borreoT]
her ia t^te sous sa tvraonie
murmurer dei paroles oe
tout en se prosternant devaot sod
voir, prit en execration cette viw
tement rebelle, et r^lutdela'"
Mmi
I presq*'
SYRIE MODERNE.
iOS
et d'aiier s'etablir ea Italie. Ge d^pla-
cemeot, sans cause politique, de la r^si*
dence imp^riale, ne pouvaitdtre favora-
ble qu*aux ennemis des Byzantins :
qu'importait k leur prince, qui leshais-
sait autant qu*il ^tait m^pns^ par eux !
Gonstaot II, d*ailleurs, voulait fuird'^-
pouvantables r^ves qui venaient chaaue
nuit assaillir son sommeil. Uomore
san@[lante de son fr^e lui apparaissait,
disait-on, tenant h la main la coup>e
que, de son vivant, sa charge lui faisait^
pr^enter li Fempereur, et lui criait d*une
voix lamentable : « Buvez done , mon
« frere , c*est mon sang ! » Constant II
esperait-il que le spectre lugubre ne
le suivrait pas dans ses voyages? Tou-
jours est-if qu'il abandonna TOrient
avec une flotte considerable; et le peu-
ple de Constantinople s'^tant soulev^
pour emp^her Timp^ratrice et ses fils
d'aller rejoindre Tempereur sur ses
vaisseaux, Constant II n'en ordoana
pas moins de mettre h la voile, en
cracbant sur sa capitale et en Tacca-
blant des plus grossieres invectives.
Rien ne pouvait Itre plus utile aux
desseins de Moawiah; le nouveau khalife
fit done ses preparatifs pour atta^uer k
lafois Tempire byzantin en Asie-Mmeure
et en Afrique. Constant II ne s'inqui^ta
point de cette nouvelle reprise d'hostili-
t^ de la part des Musulmans : dans sa
ridicule pr^omption, il s'^tait imaging
quMl lui serait tacile d'arracher Tltalie
aux Lombards, et il voulait r^tablir la
capitale de Fempire h Rome. Aucun
de ses projets insens^s ne r6ussit : il
fut battu par les Lombards, et ne pas-
sa par Rome que pour la piiler,
et enlever a ses^lisesieursornements
les pluspr^ieux. Avec cesd^pouilles,
Fempereur sacril^e alia se fixer en Si-
cile. Les habitants de cette tie opulente
furent d*abord heureux de la presence
de leur souverain ; mais bient6t Cons-
tant les accabia de tels impdts , fit pe-
ser sur eux un joug si lourd, em-
pioya des moyens si cruels pour leur
extorquer leur argent, comme par
exemple d'arracher aux p^res leurs en-
fants , aux maris leurs femmes, que les
Siciliens, aussi indign^ que d^espe-
res, s*enfuirent en grand nombre , et
s'en all^rent demander au maltre de la
Syrie un refuge, un appui, une patrie.
En m^me temps cinq mille Eselavons
s'en vinrent grossir Tarmee musulmane
qui op^rait sur TAsie-Mineure. Ainsi ,
servi par Todieuse tyrannic de Cons-
tant II , Moawiah voyait tons les jours
ses partisans augmenter ; et les popula-
tions nouvellementconquises lui obeirent
d'autantplus volontiers, qu'elles crai-
enaient davantage de retomber entre
les mains avides de leur ancien souve-
rain.
A cette ^poque , sauf la satisfaction
de r^me, dont ses generations abdtardies
ne ressentaient que faiblement la perte,
la Syrie fut heureuse : a Tabri de toute
insulte etrang^re , grdce h la puissance .
de ses conqu^rants ; a Tabri des depre-
dations quotidiennes , grdce h Tordre
qu'avait etabli le khalife dans son gou-
vernement. C*etait la, pour les Svriens,*
un repos d'autant plus doux quele trou-
ble precedent avait ete plus terrible.
Les nabitants des villes, en retrouvant
leur securite , avaient repris leur acti-
vite industrieuse; lis se montraient de
nouveau les plus habiles manufacturiers
de rOrient, seulement ils avaient chanse
de marches et d'acheteurs : au lieu de
diriger les produits de leurs fabriques
au nord,vers Constantinople , ils les di-
rigeaient vers le sud, vers la Mekke,
vers Medina, vers Bassora; au lieu de
vendre aux Grecs, ils vendaient aux
Arabes.
Autour de Moaviah s*etaient rassem-
bies tons les hommes energiques, qui ,
joints aux jeunes et impetueux Arabes ,
formaient une armee toute pr^te h en-
vahir de nouvelles contrees, ou ^ se
porter comme renforts aupres des corps
neliigerants, en Asie-Mineure avec Abd-
Er-rahman , le fils intrepide de Fintrc-
pide Khaled , avec Bousour et FadhI , en
Armenie. Le destin se montrait de plus
en plus favorable a Moawiah : outre des
troupes nombreuses , qu'il avait parfai-
tement su discipliner et exercer, de bons
generaux s'etaient aussi preseutes a lui ,
et il s'etait hiite de leur offrir des occa-
sions de se distinguer. Cependant le
khalife etait aussi prudent quMI etait
ambitieux, etilneyoulaitpas entrepren-
dre h la leg^re de difficiles et lonaues
expeditions. Mais Constant II semBlait
are ne tout expr^s pour lui preparer
les Toies. Get ignoble empereur, apres
106
L'DNIVERS.
avoir ruiii6 la Sicile, tourna aes Tuea
depr^datriees vers i*Afrique. Sous le
pretexte de punir ses sujets africains
d'avolr trdite avec les Arabes, il leur
intima Tordre de lui envoyer uoe
somme ^^^e k celie au*ils payaieot eba*
que annee aux Musulmans.
Cette exigence de I'enipereur indigna
Carthage ; et pour ^chapper aux mena-
ces de son tyran , elle resolut de se jeter
dans les bras du khalife. Elle envoya
done une deputation k Damas pour
offrir la domination d^une partie d<|
TAfrique a Theureux Moawiah. Ceiui-ci
accepta la proposition des modernes
Garthaginoi^, etdirigea sur leur terri-
toire Telite de ses troupes et un g^oe-
ral habile, du mdme nom que lui, Moa-
wiab-Ben-Amir. Ce Moawiah se porta
avec rapidite sur I'Afrique, et ne ren-
contra des ennenus qu'aux environs de
Tripoli de Barbaric. Constant II, aussi
exaspere qu'effray^ de la revolte de TA-
frique, avait iramediatement exptkii^
trente mille hommes pour chdtier ses
sujets rebelles. Mais cette arm^, au
lieu d'avoir affaire a une tourbe confuse
de r^volt^s, fut obligee tout d'abord de
se defendre centre tes Musulmans. Elle
fut battue, decimee, dispersee. A la
suite de cette victoire, Moawiah-Ben<
Amir entra dans I'ancienne Byzaceue*
et assiegea Djeloula, ville forte sur |e
bord de la mer, et situee en face de rile
de Circene. Ce siege fut long; mais un
jour un pan de mur ayant ced6 sous les
efforts des assiegeants, il y eut un com-
bat terrible sur la breche , et les Musul-
mans se succederent avec tant d'opini^-
trete, que les habitants furent obliges de
reculer contre les masses renaissantes
de leurs ennemis. La cite prise, elle fut
pillee par les Musulmans, et le butin fut
assez considerable pour enrrchir les
vainqueurs. Moawiah-Ben-Amir aurait
desire pousser plus loin ses conqudtes ;
mais le prudent khalife , satisfait que le
but de Texp^dition edt et^ promptement
atteint, ne jugea pas a propos d avancer
da vantage en Arrigue, et rappela en gi
Syrie Tarmee victorieuse et son general, la
L'ann^ qui suivit eette expedition
(666), un nouveau fait vint grouver de
quelle reputation de force jouissait d^ja
1 empire naissant des Aralies. A la suite
de la destruction da royaume de Perse,
plusieurft g^^raux persans avaicit of*
lert leurs services aux Remains. MaSif
faiblesse des souverainsdeByzanee*!
conduite aussi folie que coupble
Constant 11 pousa^rent bieototali!
volte les Douveaux auyets de TEoif '
L'un des plus iiardis et des plus hm
qui gouvernait la troisieme Gappadi
alia juscpi'a nourrir le prpjet de ie<
clarer mdependant dans sa proni
Pour arriver a ce but, il ne cnlj
mieux faire que de solliciter T
khalife. Cetahsbitieux, nomme
pour, envoya a Damas uti de ses
dents, appeM Sergius. En Fabj
Constant II, un nomine qui ^
plus de souoi de TeiBpire que Fi
empereur, Teunuque Andr^, le
qui avait garde a Constantinople hil
et la femmede Constant, ayant a{
projet de Schahpour, voulut« |
traverser, serendreaussi danslai
de la Syrie. II venait demander M
au khalife contre les rebelles de Fa
byzantin. Demande Strange,
prouve que des dbux parts on n
salt Tomnipotence musulmaDe i (*}
Moawiah declara qu'il se deti
rait en faveur de celui qui lui (
le plus. Quelle que fdt done la j
blesse de lan^age d' Andre, le f
donna raison a Schahpour, qui, a
independant , lui promettait de iuif
tribut. On envoya une armee alliea
rebelles, et quoiqu'un accident eiti
ch^ brusquement la vie a Sehahpoarj
Musulmans, dej^ arrives en / '
neure, n'en continuerent pas m
expedition. lis saccaeerent le ,
s'empardrent de la ville d'Amori
tu^e sur le fleuve Sangarius, en (
et y laisserent une fl^rnisoB #1
mille hommes, a leur depart poarlif|
rie. Cette gamison se troava ifl
sante ; car Thiver suivant, Andi^ J
trant autant de courage oomoie i
ral qu'il avait fait preuve de i '
comma ministre, se pofta contre i
rium avec un grand corps de trouptti
zeres, enescalada les mursduraotlai^
ia prit, et egorgea les cinq mtile An '
Un empereur iaisait la honte de Byz
un eunuque en fit la gloire;gloin i
mere, malheureosementJ
(*) Voyez Th^phane.
SYRIE MODERJNE.
107
Van 668 fut une aonee heureuse pour
I Grecs : elle commen^ par une victoi-
^ellefinitparuned^livrance. A force
platitudes et de crimes , Constant II
lit attire la haine de tous ses sujets ;
ji, coQspira-t-on de toutes parts con-
lui,etiut-il assassin^ dans son bain
rIeOlsdu patriceTroIIus. Ce meurtrede
iDpereur fut un vrai soulagemeiit
|r ses peoples. Constant s'etait servi
|a religion comrae d'ua moyen de per-
iition, Constant ^tait Idche, Constant
[tavide, il depouillaitchacun, et tuait
eonque luifaisait resistance; la mort
Donstant fut une fete [)opulaire. Mais
Imauvais prince avait regne assez
remps pour faire a sa pa trie un
irreparable; et durant les vingt-
taas qu'il demeura sur le trone, en
mant de plus en plus le coeur de
leuples, il nnit par leur faire pr6ferer
uemusulman a sa propre tyrannie.
uf les persecutes consentent a sa-
ttleur national ite a leur vengeance,
pays est bient6t perdii. Aussi Tem-
tbfuniiii u'est-il dejti plus qu'une
nreeo 668; et si Constantinople ne
Ai, comme ville, que beaucoup plus
I) oapeut dire que des cette epoque
tetait tombee comme capitate : cles
elleavait perdu I'empiredu monde(*).
ia revolution qui avait delivre les
bins d'un tyraa n'aboutit malbeu-
teinent qu*a une folic : faute de can-
ats serieux a la puissance imperiale,
eouroona une sorte d' Adonis, admi-
lie au physique, stupide au moral,
ll^riD^iiieo Mizize. Le ills de Cons-
lit J/,Constantin IV, surnonime Po-
ttt, le Bartfu , eut bon marcu^ de cet
Sttige usurpateur. II rassembia de
|i cotes les troupes byzantines, dis-
^ en Campanie, en Sardaigne et
4frique I et il lui sufiit de marcher
Itre son bell^tre competiteur pour le
iwre.se le faire livrer et s'en debar-
icrpar la decapitation (**).
)urant ees discordes int^rieures,
iBwiah, prompt a saisir toutes les oc-
ions favorables, envoya d'Alexan-
eune flotte coutre la Sicile, que Cons-
itin IV avait laiss^e degarnie de de-
fieurs. Les Musulmans s'emparerent
%'
\ Voyez Cedr^DOs.
') Yoyei le patriarche Michel , hwtorien
flKD.
presque sans coup f6rir du port de
S^Tacuse. La ville etait opulente ; ils la
pillerent; et, outre ses ricbesses par-
iiculieres, ilsy trouverent les ornements
luxueux , les statues et les vases d'or
et d'argent que Constant II avait enle-
ves aux 6glises de Rome (*). C'est
avec de pareils butins, si facilement
conquis, c'est avec Un tr^sor sans cesse
augment^ par le produit d'attaques
heureuses et continuelles, que Thabile
khalifede Damas se preparaitles moyens
de mettre a execution le plus hardi
de ses projets : le si^ge de Constantino-
ple. Avant de marcher centre la capi-
tale de ses ennemis, il avait merveilleu-
sementpris toutes ses mesures : 11 s'etait
parfaitement assure de toutes ses forces ;
sa puissance etait a jamais consolidee
parmi les siens ; son empire s'etendait
deja sur les plus importantes provinces
des Byzantms ; il avait la Svrie et ViL-
gypte; TAsie-Mineure tremnlait a Tap-
proche de ses soldats; et une recente
expedition ou son lieutenant Okbah
avait pousse de Carthage jusqu'a Tanger,
3vait achev6 de detruire les restes de la
omination romaine sur les cotes d'A-
frique. Moawiah ne trouvait done plus
aucun scrupule dans son esprit ra6aita-
tif et prudent : toute difliiculte etait sur-
mont^e, toute chance contraire etait
paralyser , il n*y avait desormais que
respoir de la yictoire a nourrir : Theure
du destin etait sounee. Sans plus de re-
tard^ Moawiah sedecida, Tan 53 deThe-
gire, 672 de I'ere chretienne.
EXPEDITION CONTRB CONSTANTINOPLE.
L'exp^dition des Musul mans fut prece-
dee par des prodiges : la nature seniblait
d'accord avec les hommes dans cette
crise capitale. £n cette annee memora-
ble, 672, Tordre des saisons parutbou-
levers6 en Orient : des temp^tes et des
{>luies continuelles desolerent les popu-
ations ; des tremblements de terre les
6pouvanterent. Tout phenomene devint
un pronostic de malbeur : un arc-en-ciel
qui, chose extraordinaire en Orient,
survint au mois de mars et dura plu-
sieurs jours, fut regarde comme un
avertissement de la colere celeste. Les
(♦) Yoyez Paul Diacre.
108
L'UNIVERS.
Arabes, comroe les Byzantins, ^prouvd-
rent les effets de ces derangements at-
mospheriques. Les Arabes eurent k
souurir en £gypte une 6pid6mie caus^
par les brusi^^ues changements de tem-
perature. Mais si Jes Byzantins, Crap-
py d'une terreur panique , s'abaodon-
naient au d^couragement le plus deplo-
rable» et s'imaginaient, dans leur fai-
blesse, que le chaos allait remplacer
les mondes , que le regne de la mort
et du n6ant allait commeneer, les Ara-
bes, au contraire, soutenus par leur
esprit' d*avenir, encouraeds par leurs
cheiks , endoctriD^ par leurs imans ,
se releverent bientdt du premier affais-
sement ou les avaient jetds les ca-
taclvsmes terrestres, et repondirent en
foufe a t*appel de icur khahfe Moawiah.
La flotte la plus considerable qu*on ait
vue sur les c6tes de la Syrie depuis les
premiers jours de Tlslam fut r^unie
dans les ports de Tripoli , de Tyr, de Si-
don et d'Aere (*). La Syrie avait foumi k
cette flotte une partie de ses habiles ma-
rins ; car d^j^ les Syriens, n'ayant plus
aucune conGance dans les destines de
Tempire de Byzance, s*etaient tournes en
grand nombre vers Thomme nouveau
qui leur promettait la gloire et la fortune,
smon la liberie. II y a une attraction
fatale qui entratne les peuples vers le g6-
nie , quels que soient leurs scrupules ,
leurs voeux tacites, leurs regrets et
leurs esperanees.
Au temps ou se passentles^venements
que nous racontons, les nationalit^s
n'etaient pas aussi tranch^es que de nos
jours. L'unite etablie paries conquerant5
anciens, la continuite d'un despotisme
variable dans ses affents, immuable dans
ses principes, la fusion que Fad minis-
tration romaine avait imposee aux ra-
ces asiatiques, fusion qui avait r^ist^
si loDgtemps h Tincapacit^ adminis-
trative des Byzantins, toutes ces causes
reunies avaient 6teint les sentiments di-
vers qui caract^risent et s^parent les
nations. On s*etait tellement habitud
a ne consid^rer les repr^sentants de
r Empire et leurs soldats quecomme des
Strangers, que ce lien intime entre les
gouvernants et les gouvemes qui existe,
malgre quelques abus temporaires, mal-
gr^ m^me une tjrrannie ded^by
mi les peuples regis par eox-m^mes;!
ce lien sacre qui produit ruDatiiniilc]
efforts dans les grandes occasions, I
nanimite contre reavahissemeatdBl
ritoire , Funanimite pour la d
institutions; que ce lien, aussi fi
le lien religieux, n'eiistait pta^
comme un souvenir dans le efl*i
Plus nobles, quecomme an regret j
esprit des plus intelligents. m
lution que les Musulmans avaieot^
en Syne n'avait done pas, k profKV
parler,bless6bien protond^meoti
pie qui nesupportaitqn'avecd'
r^ne sans gloire, le gouveraeni
s&urit6 des Byzantins; et one I
plaies de la conqu^te cicatris^ll
Hens, qui avaient trouv^daDsHm
un maitre assez facile et sortonti
ganisateur puissant, avaient i
pour la plupart lejougnouvi
leur imposaitet avaient fini|»r|l
et par servir la domioatioii
mane.
Moawiah, qui sans doote anitj
oeretour du peuple cooquisTer
conqu6rant , exploita avec noe g
habilet6 ses sentiments qui luieH'
vorables. 11 admit parmi les (
dants de navires un grand no
Syriens qui avaient plus qae lei i
rexp6riencedela mer, etdoooaj
la direction g^n^rale de Texp^
deux ren^ts, nomm^
et Khais. Ces deux chefs, i,
ambition, se partagereot IcSii
bles vaisseaux de la flotte tnaiii
et se dirig^rent vers I'Archipd*]
toyantFAsie-Mineare. Maisiw'
6te leur diligence, la n^cessil^i
rent, a cause du nombre de M*
de toutes dimensions, deratflf
tamment lescdtes, pour que iesir
dispersassent pas leurs foroeSt ^
cha d*arriver en temps utiledeva
tantinople. Aprds avoir jet^ 1> ^
tout le long des rivages bf»Bir
saison trop avanc6e les oblisei ^
ner en partie dans le golfe de Sn
en partie aux abords dfe la Lvctefl
la Cilicie.
L'empereur de Constantinopl**
vait plus avoir dedoute sur les inl«"
n Voye* Tbdopbane.
(*) Voyei GoDslaDtio Porpbyro***-
SYRIE MODERNE.
100
des Musulmans : ces deux flottes qui ,
a force de raoies et de voiles, bordaient
ies rivaj;es de ses possessions, et qui
m^prisaient de faciies victoires sur des
edtes abandonnto pour se proposer de
frapper h la t^te son empire chancelaDt,
lui apportaient dans ses flancs Ies enne-
mis Ies plus redoutahles qui jusqu*alors
eussent menao^ ies successeurs abdtar-
dis de Ck)nstantin. Cependant , ce r6pit
d'un hiver , accord^ rorc^ment par ses
adversaires, permit a Tempereur de
faire de nouveaux pr^paratifsde defense,
de oonvoquer le reste de ses soldats , de
faire appel au d^vouement de ses sujets.
Les solaats vinrent en assez grand nom-
bre ; mais leurs efforts eussent €xi inu-
tiles sans le devouement personnel d*un
inventeur de genie. Chose Strange, mais
bien caract^ristique! Tandis que les
Byzantins se livraient k de vaines dispu-
tes th^ologiques , dissertaient sans fin
et sans profit sur les attributs de Dieu,
perdaient leur temps dans de vaines lut-
tes de paroles, il y avait, au fond de la
$yrie, k H^liopolis, un homme isol^,
qui, demeur^ fidele au gouvernement ro-
main , soutenu dans ses travaux par les
plus nobles sentiments de patriotisme ,
employait toute la science ae son temps
h. chercher une invention capable de ren-
dre aux Byzantins leur courage , en leur
mettant a la main une arme sup^rieure
et terrible, qui ptlt jeter la terreur et
porter la mortparmi leurs ennemis. Get
Domme s*appelait Callinicus ; son inven-
tion s'est nomm^ feu gr^eois (*).
Mais qu*etait-ce que ce feu gr6geois ?
Sa composition est un mystere. Les his-
toriens du temps expriment sur son
compte des opinions diverses , donnent
des explications contradictoires. Les sa-
vants de toutes les^(>oqCies en ont pr6-
8ent6 des recettes qui n'ont aucun rap-
port les unes avec les autres , mais dans
l^uelles il entre toujours, selon tous,
du soufre, du bitume, du naphte, de
la poix et de la gomme. Quelques ehimis-
tes ont detaiile longuement les ingre-
dients qui devaient entrer dans la com-
position dece feu si redoutable, mais
n'ont jamais pu le recomposer. On n'est
m^ine pas d'accord sur son origine , ni
sur Tauteur de son invention : les uns
(*) Voyez AbouU'faraiU.
Tattribuent k Gallinieus , les autres a
un certain Babinicus, ^ui ^tait anssi un
Syrien. Nous avons cboisi le nom propre
le plus r^p^te ; et nous avons constat^
que le plus grand nombre de versions
s'accoroaient k fixer la date de cette in-
vention, de Tan 670 k Tan 680, pr6cis6-
ment a Tepoque du premier si^e de Cons-
tantinople par les Musulmans.
On a confondu longtemps le feu ^e-
geois avec d'autres moyens incendiaires
employes de toute antiquite dans les
Indes et en Chine. Les partisans de
cette id^e pr^tendent que Ies Grecs ont
eu communication de ces mati^res de-
vastatrices par Tentremise des carava-
nes, qui necess^rent jamais leurs voya-
ges entre le golfe d*Oman et rAsie-Mi-
nenre. D*autres , plus amoureux encore
des traditions lomtaines, veulent ab-
solument que le feu gr^eois ou un
agent analogue ait €t€ connu des As-
syriens , des Medes , des H^breux , aussi
bien que des Indiens et des Chinois.
Mac-Culloch, illusUe savant anglais,
s'efforce de nous convaincre que Te feu
gr^eois n*est pas grec, et, pour prou-
ver son assertion, il avance que ce n'est
que sur le plateau de la Perse, dans les
environs de la mer Caspienne, qu'on
trouve en abondance du naphte, un
des principaux ingredients du feu gre«
geois. On ne peut que douter d'une as-
sertion aussi absolue. II est indubitable
que des compositions diverses ont €te
invent^es bien avant la d^couverte du
feu gr^geois pour incendier les camps
ennemis, les machines de guerre des
assi^geants, ou les flottes par le moyen
de brdlots. -On salt que Genseric de-
truisit, par un feu artinciel quelconque,
la flotte romaine qui lui ^tait oppos^e.
L'historien Jules Africain , contempo-
rain de Tempereur Alexandre S^v^re,
mentionne un feu artificiel, compost
de soufre vif , de nitre , et de la pierre
de tonnerre. 11 est aussi question d^espe-
ces de feux d'artifice, employes dans
les jeux do cirque k propos du consulat
de Th^odose (").
De tout temps, les hommes ont dQ se
servir du feu comme moyen de defense
(*) VoyoE Th^ophane , G^dr^nus , Constaolin
Porphyrog^a^e, Auoa Comnene , la chronl-
qae d^kUyerl le Grand . Scallger et Joinvilie,
Hisioire de saint Louis.
tio
LTTNIVERS.
ou d'attaoue ; mais , si on ne eonsidere
que lea enets de cea inventiona deatruo-
tivea, il faut reconnattre au'aucun de
cea feux artificiela n*approcnait des ra-
vages occasionn^ par le feu gregeois
proprementdit. La principale et la plus
temble quality de ce feu, que nous con-
tinuerons d'attribuer a Caflinicus, etait
de s'avi ver dans Peau au lieu de se consu-
mer, desuivre toutes les directions qu'on
lui imprimait, de plonger ou de s'dever,
d'alier en ligne directe ou de former des
m^andres. Sa force ^tait si puissante,
qu'il tordait le fer , pulv^risait les pier-
res, qu'il s'attachait I une matiere quei-
conque ju$qu*a ce qu^elle fdt dissoute.
Rien ne pouvait T^teindre que le vinai-
gre ou le sable. Pour le projeter hori-
zontalement ou parabotiquement, il suf*
fisai t d'employer des instruments divers.
II y en avait de grands et de petits, des
sortes de sarbacanes et des siphons a
main. On le lan^ait aussi avec dea mor-
tiers de differentea dimensions; on Je
projetait par blocs, par pelotes de toutes
grosseurs, depuis la grosseur d*une
olive jusqu'a celle d'un tonneau. Son
explosion au depart ^tait bruyante , et
en sillonnant Fair il laiasait une trace
lumineuse aasez semblable it la queue
d'unecomete. £n en perfectionoant I'em-
ploi , on put Tenvoyer d'une fa9on con-
tinue par le moyen de pompca foulaates,
et on ralimentait par des matieres bui-
leuses. Apres ne s'en ^tre servi que con-
tra les machines de guerre ou les vaia-
seaux, on Tenvoya contre les bommes
en troupe, on le pr^x^ipita sur les batail-
lons par le moyen d'arbaletes et d'une
arme particuliere appelee par les Latins
phialie, Mais soit qu'on le souffldt par
des tuyaux de cuivre , soit qu on le lan-
^it dans des vases de terre vernisses ,
soit qu'on en garnlt des ^pieux de fer
environn^s d'etoupes imbibeesde sa li-
queur, soit qu'on le lanedt par le moyen
de la baliste et de Tarbalete, toujours
est-il que son bruit ressemblait a ceiui
du tonnerre> et que ses effets se rappro-
chaient de ceux de la foudre.
Cettedecouverte, aussi extraordinaire
que redoutable , devint un secret d'£tat
entre les empereurs byzantins et Tin-
▼enteur. On dit gue Constant! n IV, h
qui Galiinicus conna le premier son pro-
&d6, lui fit jurer de ne le communiquer
k personne au monde. Let
de Constantin IV garderent pT^ek9»|
ment le secret, et ne rap^ire&t ji
qu'a un seui ing^ieur, qmetaitr
pour la vie et devatt sans eesse
a Constantinople. Si un monar~
ger, al li^ et ami des Byzantins,
avec instances le secret da fen
on lui envoyait de la matiere t
par^., sans rinstruirede sacomj
A en croire Fbistorien Cedi
preparateur du feu gregeois
son temps, un desoemiant del
lui-m£me ; et il edt repousse les
les plus avanta^euses pour ne pss
m^me one partie de son secret. Ui
dition repandue dans le bas
Constantinople disait qu'un aogc
apport^ I'invention da feu gregi
grand Constantin , quece prinee
Tex^ration celui qui en ferait "*
Strangers , qu'il le d^lara inj
commanda de lui donner la n
il empereur ou patriarche.
SI nous avons rapport^ la
populaire en m^e temps que IV
des divers historiens , si nous -^
aist^ sur cette invention ph^i
c'est parce qu'elieBiit une infloeiwej
nifeste et continue sur le sort if
Empire. Sans le feu gr^eois, qui
sit tantde vaisseanx musulmans,
tantinople n'aurait pas manque
prise par les Arahes. Une fois ia
el TEgypte conquises , une fois Fi
6tabli parmices fractions diverge '
peuples gui se rangerent si vite
domination deTIslam, une fois T
de Torganisation , Moavriah, r
oM^ aux homines de la conqu^
Khaled, Amrpu, les Arabeso^
qu*li vouloir pour s*emparer delai
sion enti^re des Romains. Lffi
avaient toute T^nefgie d'ane
jeune et habitu^ d^ji au triompb^;
Byzantins avaient toutes les faibje
d une nation vieiIHe et deeourasK
des revers successifs. Les Arabes
daient un ^l^ment toot-palssaot
tence , une religion unitaire et
nelle; les Byzantins nounrissaimt
plus terribles 6l^ments de dissoluf
resprit de secteet d'^golsme. An
les Byzantins ^taient perdus ; et i
pour les sauver une puissance toute]
mat6rielle , le feu gregeois.
SYRIE MODERNE.
lit
Salei DB GONSTANTINOPLB.
Ge hi raon^ 678 , la cinquante-qua-
derhegyre, que les Musulmansar-
it devant Constantinople. En ee
la Constantinople, moms ^tendue
'aujourd*hui, n'en etait pas moinsune
^ leeoloasale. Elle couvrait tout le pro-
Creeurop^en qui s'avance profon-
;daosleseaux, lesresserre, les se-
•,et forme ces deux eanaux admira-
I : le Bosphore, qui fuit a Test, et la
fee d'Or, qui se perd au nord-ouest
•ksterres grasses de la Thrace. Ce
■ontoire, qui n'avait pas moins de
I nille metres de long, presentait un
B^le dent la base, bien lortiGee, s*ap-
PHt smr des plaines accidentees , qui
fl k Vest le long de la Come d'Or, Tan-
I gplfe de Ceras, tandis qu'il bordait
weit la mer actuelle de Marmara ,
IMQoe Propontide. Les deux cot^s
r tt mte triangle , baign^ par les
ri, itiient defendus par des centai-
de toars reliees entre elles par de
Mnet fortes murailles (*).
flottes r^uaies des Arabes , aug-
encora par un renfort nouveau,
Dd^ par rinvinclble Kaleh,
Moawiah avait donn^ la direc-
gentle du si^e, se trouvaient
Qombreuses pour enserrer la ville
e qn'elles venaient attaquer^
lire pour eouvrir de vaisseaux
dedouzemille metres, a partir du
ittttdes Sept-Tours, sur la Propon-
jh, jusqu'i rautre extremity de la
Me Mfod da golfe de Ceras. Ce gi-
piaiqiw d^plotement de forces, ce
pmele mena<^ant, qni semblait
iHsIr ^raindre dans ses milliers de
tH la eapitale d'un empire en deca-
Ifese, tous ces ennemis si dpres au
Mat, si avides des depouillej ro-
pies, ne porterent pourtant point
la eapitale des Byzantins Tepou-
t et le d^coaragement qu'ils s'at-
lient a produire. Les Byzantins
I toute conOanee dans leurs dou-
remparts , leurs remparts de pier-
d'abord, et leurs remparts de soldats
Mite. La ville ^tait pleine de trou*
ii; il y en avait assez , rapporte-t-on ,
O Voyei AboaYfeJa et Nic^phore.
pour former trols rangs serr^ de lan-
ces tout le long du circuit onduleux des
murailles. Quanta I'empereur, il comp-
tait sur un auxiliaire tout-puissant :
le feu gr^^eois.
A I'aspect de ces murs ^normes, de
cette for^t de maisons qui montaient
et descendaient sept coliines, de ces
monuments diss^mm^s, de ces temples
de marbre , de ces ^tises aux ddmes
Aleves , de ce majestueux spectacle en
un mot que pr6sente une eapitale im-
mense, et peut-^tre la mieux situ^e des
capitales, les Arabes aval ent bien com-
pris qu'une pareille ville ne tomberait
pas en un jour, qu'il surgirait de cette
lourmiliere humame des milliers de ba-
taillons, oue des obstacles inconnus,
que des dinlcultes de toute espece s'of-
mraient aux assi^geants, qu*il faudrait
des efforts inouis et successifs pour
trouer tous ces blocs de pierres , pour
6craser toutes ces masses d'hommes.
On s'observa done de part et d'autre as-
sez longtemps ; on se rangea ayec sym^
trie; on divisa ses forces ; on se s^para la
t^che : les chefs haranguerent leurs sol-
dats, les pr^lres enflammkent les esprits;
chacun s'encouragea, s'exalta,sepromit
la victoire avantde combat tre. Spectacle
presque unique dans les siecles! Deux
races allaient s'^treindre corps h corps;
deux religions allaient se disputer le
monde; deux esprits, I'esprit domina-
teur et orgueilleux de FOccident , Tes-
prit eiiti eprenant et tout aussi superbe
de rOrient, se retrouvaient en presence,
et recommen^aient une lutte qui de-
vait encore durer huit siecles. Quoique
les Byzantins fussent bien d^eu6r6s,
il coulait encore du sang romain dans
leurs veines, du sang desmattres du
monde. A Icur t^te ils avaient un em-
pereur, descendant de ta^it d'illustres
conqu^rants; dans I9 sefn de leuc ville
ils avaient plus de ricbesses accumulees
qu'il ne s'en trouvai^ peut-^tre dans
FEurope tout entiere. On pouvait s'at-
tendre que dans cette crise gigantesque
de grands courages se d^velopperaient
tout a coup , que dans cette bataille
definitive le d^espoir d'un peuple cqiii-
vaudrait aux vertus militaires qu*il
semblait avoir perdus. Tous les grands
mysteres de puissance qui dormant au
fond d'un peuple, pouvaient spontan^-
412
L'UJNIVERS.
meat se nianifester dans ce combat ter-
rible , et 6toDner de nouveau Tanivers.
Les Arabes, de leur cot^, avaient
a soutenir la reputation d'audace et de
pers6v6rance qu ils avaient si prompte-
meat acquise. Si leurs antecedents guer-
riers les soutenaient, leurs traditions
religieuses augmentaient encore leur
ardeur. Leur propbete ventre , Mabo-
met, avait declare , croyaient-ils , que
Tarmee musulmane qui s'emparerait de
la capitale des cesars, ainsi qu'ils appe-
laient Constantinople, verrait tous ses
p^cbes remis parson succes,et que tous
ceux qui succomberaienfc dans la lutte
jouiraient imm6diatement des delices
du plus Toluptueux des paradis (*). Leur
khalife , Tbabile Moawiab , leur avait
donne ses meilleurs generaux, leur avait
coufie son fils cberi Yezid , et leur avait
fourni en armes , en macbines de guer-
re , en vaisseaux , tout ce que son genie
administratif avait pu r^unir de plus
redoutable etdeplus excellent. Enfin ,
ce qui prouvait que cette expedition
etait pour Tlslamd'une importance aussi
baute que sacree, c*est que, parmi les
Musulmans, trois vieillards respectes
par la nation tout enti^re avaient voulu,
malgre leur grand §ge, s'embarqucr
avec Tarmee , et courir tous les basards
qu^elle courrait. Ces trois patriarcbes
etaient d'anciens compagnons de Maho-
met, les premiers d'entre les Arabes
qui avaient cru a la mission divine du
propbete , les premiers qui avaient suivi
les prescriptions du Koran, bommes
eminents qui, depuis, avaient interprete
les passages obscurs du livre sacre,
avaient fait la nomination des premiers
kbalifes, avaient ete consul tes dans tou-
tes les grandes occasions oij il s'agissait
de la destinee de Tlslam. L'un d'eux
meme avait acquis une illustration et
une preponderance presque egale a celle
du khalife, pour avoir offert un asile k
Mahomet lorsqu*il s'etait enfui de la
Mekke, pour avoir devine dans Tbomme
le prophete, dans le proscrit le con-
querant. Ce dernier s*appelait Abou-
Ayoub , et sa memoire est restSe dans
une telle veneration que , depuis I'ori-
gine de Tempire Ottoman, les sultans
de Stamboul viennent sur son toinneau
(♦) VoyeE AIwuTl^a.
ceindre Tepee imperialea leur mt^,
ment au trdne. Qu*on juge maintoi
de Tautorite que devait avoir de i
vi vantun homme aussi saint, et coaT
sa presence au si^e de Coastaotift
devait enflammer les courages ei i
.ter les imaginations (*)•
Soit negligence de la oartdes I
riens byzantms, soit ouUi dehj
des bistoriens arabes, les detadsf
siege, si memorable et si lot
prepare, ne nous ont point etec..
Tout ce que nous en savons, €n
pres un essai d'assaut dirige c
fortifications maritimesde Con
f»le, les Arabes, n'esperantpliBC
a ville par mer, jeterent des t
de debarquement sur lac6teeiii
ne de la Propontide , et vinrent i
leurs macbines et porter leurs a9
a I'ouest, centre les muraiila i
rantissaient la ville ducdtedel
Les combats se suooederenti
sans intervalle, de plus en plus a
Rien ne pouvait decouragerleil
ni les masses progressives de ki ,
nemis,ni les projectiles nombnui
leur lan^it du haul des iii8n.i
lorsqu'un jour on employa le ki
geois, lorsque Tenceinte eotieiei
ville slllumina tout a coop, et.^
une pluieenflammee sur lesbataif
sur les vaisseaux, lea effi^atn
naires et terribles de ce mojeD i
de destruction emurent les i
mais ne les fireot pas reculer.
perfectionna-t-on rempioi da i
geois ; en vain le lan^a-t-on ea
milieu de Farmee musulmaDe; i
les bommes tombaient-ils less
autres, devores par oe comb
fernal.qui neldcnaitsa TictinL,
Tavoir entidrement consumee;^
Tincendie se communiquait-il M
en navire, portant le ravage SBflT
ligne mabometane; en vainle n
Alou-Ayoub fut-il frappe de
son tour, les Arabes neselassereDly
tant ils avaient foi dans rimmoil
bienbeureuse qu*ila meritaient eay
suivant leur oeuvre !
Au bout de cinq mois , rhi^ef i
put suspendre cette batallle genenlr
quotidienne; mais encore, pouro'i^
{*\ Voyez Theophane et TiiciphON.
SYRIE MODERNE.
IIS
{las Fair d^abandonner le si^ge, oour ne
pas moRtrer m&ne Tapparence de la re-
traite, les Arabes ne voulurent point
retoarner dans leur patrie, et ils se con-
tenterent de desr«ndre quelque peu la
Propontide , et de s'emparer sur la c6te
asiatiquede la petite ville de Cyziaue,
aGn d^ attendre k Taise le retour de la
saison des combats. Sept ans durant, les
Arabes persisterent dans leurs attaqufs
contre Constantinople. Chaque annee,
an commencement d'avril, ils revenaient,
plus ardents que jamais, devant l.i capi-
tale byzantine, se battaient pendant six
mois avec une rage infatigable, et re-
toumaient k Cyzique, au mois de sep-
tembre, pour revenir encore Tann^e
suivante. Gombien de traits de valeur
duieot sesucc^der dans un si long es-
pace de temps! Que d'actions d'eclat
illustr^rent sans dbute les deux partis ,
ou plutot les deux peuples! Quelle ^ner-
gie de la part des Arabes dans leurs at-
taques cons^cutives! Quelle patience de
)a part des Byzantinsdans leurs defen-
ses perp^tuelles ! Quelle perseverance
des deux cdtesi Mais, encore unefois,
les p^ripeties de ce grand drame nous
sont inconnues : cette epopee en action
n*a pas eu de poete pour la chanter.
Avant de raconter comment se ter-
miaa cctte partie grandiose engagee en-
tre deux nations, il nous faut expliquer
quelle diversion inattendue vint au se-
cours de Tempire, si gravement meuac^,
et quelle faute fit perdre aux Arabes
Tavantage d'un renfort considerable.
Voici la faute : Moawiah, dans sa sage
prevoyance, avait leve un erand nombre
de troupes en excitant l^nthousiasme
religieux de ses sujets au profit tie Tex-
pedition sainte de Constantinople. Le
khalife avait en outre rassembie une
flotte assez forte pour contenir dans ses
vaisseaux tous ceux qu'il destinait a
augmenter son armee de siese. 11 avait
donne le commandement de ce corps
et dc cette flotte au fils dej^ ceiebre de
Kais , appeie Abd*Allah-Kais. Ce jeune
bomme, tout brave quMl etait, manquait
d'experiencemilitaire; et, au lieu de se
porter sans retard vers Cyzique, il per-
dit du temps et des hommes a attaquer
|a grande lie de Crete, et a penotrer
jus ]ue dans Tinterieur, rempli de mon-
tagues et de difficultes de terraiu. Une
8^ Livraison. (syrie hodebne.)
fois m^me qu'il fut engage dans le mont
Ida, il y trouva une resistance a la-
quelle il ne s'attendait pas de la part
de la race energique qui de tout temps
a babitecessommets neigeux. Abd'Allab
craignit pour sa conqu^te; et, afin de
la consolider, il voulut detruire tous les
obstacles qu*oii lui presentait. C'etait
encore employer un temps precieux,
gu'il edtete plus politique deconsacrer
a remplir sa mission. Eofin, de retards
en retards, Thiver le surprit : il ne put
se rembarquer, etTarmeede Constanti-
nople perditravantaged*un reufort qui
lui edt peut-eire fait porter aux Grecs le
coup mortel.
OBIGINE ET PBOGB&S DBS MABONITES.
La diversion qui fut si utile aux By
zantins venait de la part d'une nation
nouvelle, ou plutdt a*une reunion de
clans qu'on nommait dej^ lesMaronites.
Leurs attaques, aussi audacieuses que
repetees, leurs mouvements, aussi vifs
que bien diriges, leurs forces, reparties
avec intelligence , eurent Thonneur d'oc-
cuper d'abord Moawiah. puis de linquie-
ter, et enfin de remp^cner de donner
tous ses soins au si^ge de Constantino-
ple, d'y envoyer toussrn soldats, d*y ex-
pedier tous ses vaisseaux. Comment ce
petit peu pie s'^tait-il organist ? comment ,
dans le decouragement de pres(]ue tous
les Chretiens de Syrie, s'6tait-il trouv^
renereie de resister ^ un conquerant in-
Tincible? comment, dans la detresse ge-
nerate, s*etait-i I forme une sortede pros-
perite?Cesont lades faits aussi curieux
qu'importants, qui demandentdesdeve-
loppements particuliers, et exigent que
nous redescendions quelque peu dans le
passe. Aussi bien , il faut que ce petit
peu pie ait eu en lui un grand fonds de
vitalite, pour resister de siecle en siecle
aux efforts continus des Musulmans,
pour traverser tant de destinees diffe>
rentes, pour avoir conserve jusqu^a nos
jours sa nationalite, sa religion et ses
coutumes (*)•
L'origine deregroupede heros,qui
devint un peuple, est diversement rap-
porteepar rhistoire. Quelquesaunalistes
n Voyw C^renas, ConsUnUn Porphyro-
geoete, GuiUaame de Tyr.
8
114
L*DNIVERS.
les eonibndent av6e \es MardaTtes, po-
Sulation ancienne, mais non originaire
e Syrie, qui avail toutes ies vertus dea
moDtagnards, la sobriety, le courage,
I'amour de Tind^pendance, augmentees
encore (I'un certain esprit d'aventurequi
la porta en diff6rentes occasions a en-
treprendre des expeditions lointaines.
Ces Mardaites occupaient en partie un
district de la C^l^syrie, ou Syrie-Creuse,
nomm^e Maronia,d'otk leiir serait venu le
nom de Maronites. Ge qui fait, du reste,
douter de cette assertion historique,
c*est qu'aucuiig^ogrnpheancien ne men-
tionne ce district particuli%r de la C^I^-
syrie, et quMl pnrait impossible qu'une
de ces profondes valines qui s'etendent
entre le Liban et TAnti-Liban, ait ^te
inconnue des diverses nations qui con-
Siirent tour a toar la Syrie, depuis les
recs d*Alexandre jusqu*aux Romains
de Titus. Quoi quMI en soit^ que le petit
peuple dont nous nous occupons se
soit form6 d'un noyau de MardaTtes,
qu'il fdt originaire de toute antiquity
des montagnes du Liban, ou qu'il ne
fdt que le resuitat d*une Emigration de
proscrits Chretiens, a Tepoque de la
conqu^te persane d*abord et musulmane
ensuite, toujours est-il que vers la fin
du septieme siecte il avait une assez
grande valeur en Syrie; que Moawiah
tut oblige de compter avec lui ; et que
rhistorien TheophaneafGrmequMI eten-
dait ses possessions depuis le Mont-
Maurus, a rextr^mit^ nord de la Syrie,
jusqu*en Galilee, aux environs de la viile
salute, Jerusalem. Voici maintenant
ce que les chroniqueurs Maronites eux-
m^mes rapporteot des commencements
de leur nation, r^cit qui nous paralt
le plus lo^ique et le plus acceptable.
Sous Tepiscopat de Jean , vicaire da
pape en Orient, quelques peuplades
chretiennes vinrent se joindre aux ha-
bitants de Byblos, actuellement Djeball,
petit port de mer situe entre Tripoli
et Bayruth.Ces Chretiens s'adress^rent
It Jean pour avoir un 6v5que; et celui-
ci leur envoya un certain moine, du
nom de Maroun, qui sortait d'un mo-
nastere Etabli sur les boi ds de TOronte,
La principaute de Byblos comprenait
une grande partie du Liban, et posse-
dait deux villes deja importantes, By-
blos et Botrys. Maroun fut nomm6
^v^e de Botrys. Anssi savant qoe
modeste , profond^ment prfocciipi to
inter^ts moraux de ses ouailles, il s'cf-
fOr^a de ne pas laisser peoetrer pann
les montagnards dont il etait le |m»*
teur les sectes nombreuses et conta-
d ictoires qu i se d ispu I a lent alors U SQitf^
matie religieuse dans les capitals II
Tempire byzantin, a Constaotinop!e*i
Alexandrie,^ Antioche. S^etantd^il^
tingu6par des ecritscontreles
de Nestorius et d'Eutvches , il In
facile derefuter toutes ies oouveOea
tes qui tendaient de jour en jour i
viser la chretiente; et ses services
vinrent si utiles a r£glise, que
on lui accorda le tit re de patriardne
Liban , et le droit de sacrer les ' '
xlans toute T^tendue de la Hante-I
Sa dignity et son pouvoir tui ava«
acquis pour avoir ramen^ a TudIiIi
tbolique un assez grand nombit '
r^siarques; maissa puissance
ne fit qu'accrottre son zele , et
il envoya des missionnaires, d'n
jusqu'a Jerusalem, de Tautre ji
Taurus.
Cet homme, excellent du reste,
bornait point a porter des secours
raux aux dmes roenac^es par la
gion her^tique, mais encore fl
blait de soins temporels les malh<
qu'il rencontrait et qull attirait
ses montagnes hospi ta I ieres; Q
tiquait, en un mot, la veritable c'
de r£van^ile. Ses vertus et ses bi(
augroenterent en pen de temps \n
ces de la principnute dont il etait kj
triarche. Les proscrits de tous les '
voisins, les orthodoxes opprimes,"
claves des peuples idoldtres,
en foule derriere les pics ina«
du Liban , au sein de ta peupladri'
organisee et sibien administreefa
roun. Cedigne pasteur leur devinV
si cher, qu'ils prirent le nom de '
nites pour exprimer, avec leur
naissance pour leur chef reli^ieui
prit d'independance et de cliarite
devait distinguer a toujours leurso
Jean Maroun avait choisi [>ourresi<
le monastere de Kanoubm, situr
la belle vall^ de Tripoli , arrose pr;
Wahr-Kadis, ie Jletwe saint, et for'
par Theodose le Grand. Cest de la,
ce centre reel de la contree lif
SYRIE MODERNE/
115
pelean Maroon vefllait sur son peu-
^ etse prtoccupait de son avenir (*).
Ge out fait de cet evSque un vrai pas-
Bur (Tbommes, c'est qu'il leur faisait
to bieo de toutes les manieres. Outre
IK exhortations religieuses, outre les
Bemples de fraternite, il les excitait en-
iore au travail manuei et a la disci-
loe miiitaire. Grdce ^ lui , ce petit
inple fit en peu de temps des prodi-
■I. Amoureuxde leur ind^pendance,
Khes sinoereinent h leur religion,
Maronites repousserent avec vi-
tor les premieres bandes d'Arabes qui
dispersaient dans leur pays. En fai-
Itla guerre, ils apprirent Tart des
nbats. Bientdt ils devinrent soldats
iles, adroits archers, excellents ca-
iers. Non contents de reoousser Tin-
00 etrangere, ils songerent m^me
^ndir ieurs possessions. Ce fut ainsi
tl s'etablirent deflnitivement depuis
)lttTtts,au nord,jusqu'au Carmel, au
{Dfldils troQvaient chez les Ara-
tropde resistance, ils se refugiaient
Blcsprofondes cavernes de rAnti-Li-
b,ouderriere ies forteresses naturelies
^nn montagnes. Aussi , peu a peu^
elans disperses forni^rent une na-
Sous rinspi ration de leur 6v6que
^uie, ils ne se contenterent pas de
»usser Tennemi, ils b§tirent les vil-
RttvaDtes : Baskhontah, sur le versant
bUldu Liban, h ini-cote de la cliatne
domine la vallee luxuriante de
>*a; puis Haddelh fut elevee par
dans un des vallons ombreux du
r-Kadir; enfin, BescierraT, au pied
ie du Liban. Cette derniere ville,
^enx situee peul-^tre des trois que
1 avons nientionn^es, placee en
Itt d'une plaine fertile, dans un bas-
eotour^Je nionta(<iies qui la ^aran-
fcni k la fois des ravages de la leni-
t et des incursions des barbares , fut
outre defendue par une forte citadelle,
^vint la capitale des Maronites.
i^rsque les Arabes eurent conquis la
fie, leur rapide victoire jeta d'abord
ipuvante dans la Montague : les Ma-
litesse fortiGerent et laiss^rent passer
pagnn. Mais plus tard , quand les
pes musulmanes se disperserent sur
il Voyex Fauste !«airoQ et Thfophane.
le monde , quand les ennemis des Chre^
tiens diminuerent en nombre et en bar-
diesse , les Maronites se montrerent de
Douveau au dela de Ieurs frontieres , et
commencerent avec les Mahometans
une guerre qui ne cessa plus. Les Ma-
ronites neconnaissaient ni paix ni tr^ve;
et lorsque les grandes cites de la Syrie
suspendaient les hostilites avec les Ara-
bes, ies Maronites n>n combattaient
pas moins. lis all^rent meme jusqu'k
mepriser Tautorit^ de Pempereur de
Constantinople; et, malgre ses ordres,
ils ne deposerent jamais les armes. Ce
fut, d apres les traditions du pays, cette
persistance a agir iiidependamment des
princes byzantins qui les fit appeler
par les Arabes les rebislies. La cour de
Constantinople les traitait comme des
sujets r^voltes, et le gouvernement
des khalifes comme des ennemis mor-
tals C).
Vers Pan 660, Jean Maroun mourut :
son peu pie le regretta vivement ; mais
Maroun avait assez vecu pour achever
son oeuvre , pour constituer une society
d'autant plus durable, qu'elleetait fon-
dee sur la fraternity .et sur findepen-
dance. II laissa une m^moire r<^ver^e,
et qui balance en Syrie la memoire de
saint Maroun, patron de Jean Maroun,
et Tun de ces premiers solitaires Chre-
tiens qui choisirent un asile dans les
montagnes d'Of lent. Prive des conseils
et de la direction unique de leur ^veque
modele, les Maronites elurent pour
chefs deux hommes d'audace et de reso-
lution , nommes Paul et Fortunat. A
peine ces deux hommes furent-ils a la
t^te de cette bouillante nation, qu'ils
songerent a faire une expedition centre
les Arabes, laqueilt*, leuracquerant de
la i^ioire, leur donnerait de Tautorite.
lis reunirent quelfues troupes, parti-
rent de leur ville de Haddeth, et taille-
rent en pieces le premier detacheinent de
Musulmans gu'ils rencontrerent. Moa-
wiah, indigae, voulut imm^diatement ti-
rer vengeance de ces deux temeraires, et
ordonna qu'oii assie^edt Haddeth avec
une forte armee. Ce siege fut toute une
epopee; il dura sept ans conmie le si^ge
de Constantinople : les Arabes rabaor
(^ VoypR GooftaDtin Forphyrogtotte ft
AbouTfdfadj,
8.
.116
LIIJVIVERS-
donnerent pliisieurs fois, et y revinrent
plusieurs fois avec un nouvel acharne-
oient ; les traits de bravoure se multi-
pliereut dans les deux camps ; en6n ,
apres la mort h^roique de Paul et de
Fortunat, la ville ne fut livr^e aux
Arabes que par trahison. Elle fut pill6e,
incendiee, rasee. £lie avait deja dix-
sept cents maisons , doot il ne resta pas
pierre sur pierre.
A pres ia chute d'uae de leurs villas prin-
cipales, les Maronites, qui craignaieut
que les Musulutans ne se preparassent h
leur enlever toute la Ph^mcie , k leur d6-
truire leur port d^ja prospere de Byblos,
Il leur couperainsi toute coinmuuication
avec la roer, et h les r^duire k vivre
au sominet de leurs montagnes, sV
dresserent h Tempereur de Constantino-
ple, comme a leur protecteur naturel.
Mais Constantin IV, dit Pogonat, nV
vait pas assez de sentiment de Tavenir
ni de genie militaire pour cornprendre
ni quelle utilite pouvait lui ^tre contre
ks Arabes uiie aiversion puissante en
Syrie , et combieu il devait lui ^tre plus
avantageux de porter la guerre au coeur
in^me de ses ennemis que de Tattirer
jusque sous les murs de sa capitale. La
flotte musulmane s'appr^tait a niettre h
la voile pour TArchipel ; une tempSte
terrible s'ainoncelait conlre Tempire
byzantin : cette temp^te effraya Cons-
tantin, et il laissa sans reponse la de-
mande des Maronites. Ces deriiiers fu-
rent done dans la necessity de se suflire
a eux-mSines. Tout d*abord ils elurent
un nouveau chef, doiit le nom ne nous
a pas 6te conserve. Tel etait Tattache-
ment des Maronites pour leur religion,
qu'avant de remettre le pouvoir a leur
nouveau prince, ils lui firentjurerqu*il
ne laisserait nul Musulman , uul her6-
tique s'^lablir dans le Liban , et qu'il
n'en prendrait aucun a son service,
m^ine a titre d'esclave. On lui signifia
en outre qu'en cas de inanquement a sa
parole, il encourrait rexcointnunication
du patriarche. Le premier acte politique
du nouveau p'-ince fut de d(4)uter vtrs
Constantinople des envoyes, avec la
mission de jurer obcibsaiice a Tempe-
reur, de lui lieman \er la connrmation
de son election pour lui, et pour son
peuple, sinon des secours en homines,
au moins quelques secours ea argent, qui
permissent aax Maronites de se procu-
rer des machines et quelques vaisseaox,
et de oontinuer la guerre contre Fidoli-
trie musulmane. ainsi qu*ils appebieit
risljm. On ne sait comment remperai
recut les envoys maronites : le «|i
de'Constantinople , qui avait comnm'
c^, Fabsorbait sans doute tout e&lier,
et emp^eha de longtemps les tam^
des Chretiens de Syrie deretouroeriia
leur patrie (*).
A la mort du dernier prince eta
Byblos, qui ne r^gna que quelques
on choisit son filsSaiem pour soi
cesseur. Cejeune homme etait arobiti
et entreprenant , et esp^rant augasei
tout d*uD coup la population de sa
tite principaute, il ne tint aucun en
du serment solenoel qu*on atirt
proQoncer a son pere, et ouvrit
fuge dans ses inontagnes aux
heretiques ^tablis sur le versaal
dional du Liban , et qui ne suppoM
qu'avec Qpine lejou^derhlam. CA^
si contraire a ropuiton generate, \
duisit un grand scandale punni les II
nites; leur patriarche excoinmuoii
lem, et des lorsles Maronites refusal
d'obeir a leur prince, chasse du giroa^
rEgii&e. Ces dissensions rendireot I
Arabes Tespoir de s'emparer du IM
Tout pr6occup^ du si^e de Const
nople que fdt Moawiah, il n>o ri
pas moinsune armee po.r saisir fi
tion favorable de retablir sa doniioil
et de fonder Tunite musulmane
Syrie tout entiere. II divisa ses
en trois corps, et leur ordonna d'al
en m^me temps B)bios, BaskM
et Bescierrai. Ces viiles se oefe^
avec une vaillance admirafakt^
force d'energie et de pers^verM
obligerent les Arabes a lever )ii^-
Une fois cet a vantage obteou , Vsl
ro nites se rassembierentde toutfs^
formerent une masse de plus de tra
mille hommes, et s'etabiirent,sefl
commaodement dedifferentschpfeiW
des postes bien fortiGes, bien 8:tutti
d'ou iU pouvaient faire drt desrti'
coutinuelles dans les valleesde r<W
et daus les plainer ue Uamas. Ces tra
mille homines determines occu^<eQt
moins soixante mille Arabes, qui, tf
n Yoyez Fauste Ifairooet Asstoaoi.
StRIE MODERNE.
117
ces attaques perpetaelles, sans cette
coerre de partisans faite avec autant
fl'babilete que de courage , se seraient
saos doute portes sur Constantinople, et
I <araiea^pfut-^tre determine la prise de
\h capitate byzantine : telle est la diver-
j.lioQ importante dont nous parlions
'^fius haut, et qui n'a pas peu servi k
MY?x la derai^re capitale de TEmpire
pomain.
Cependant les Maronites ne se borne-
it pas a porter le ravage sur les pos-
lons musulmanes, a escarmouoher
les frontieres ; ayant appris qu'un
sassez considerable d'Arabes etait
ipt* sur les bonis de la mer, non loin
Tripoli, dans Tin ten tion sans doute de
ibarquer pour la Propontide, lis r6-
rent de I'attaquer. En consequence,
n prompts a executer leurs resolu-
losqu'ales former, ils se diviserent en
isieurs bandes, fondirent tout k coup
lie camp musulman, et s'^lancerent
ir kurs enneinis avec tant defurie,
niBttirent avec une si aiflente intr^-
Wte, qu'ils mirent en fuite les Arabes,
bpoursuivirent, T^peedansles reins,
iquaux eaux d*un fleuve torrentiel,
i^d'AlGdar. Leur butin fut immense;
lis firent plus de quatre mille prison-
iers. Aquelque temps de la, Salem, qui,
epuis SOD excommunication , n*avait
Msatitourdp lui (]uequetquesserviteurs,
i qui se desesperait de ne pas prendre
irtauxexploitsdesescompatriotes, se
pKipita avec plusieurs nommes de
Phnevoloute centre un gros d'Arabes,
^pendant la grande bataille des iVIaro-
1» avail penetre dans le Liban , et les
■aajusqu'aux aientours d*£mese. Cet
tededevouemeiitetdevigueurluifitre-
fnerrestime des Maronites: et bientot
I chassant a leur tour les h^retiques,
pis'etaient disperses dans la Montague,
p en les obligeant a deveuir catlioli-
pes, Salem reconquit son autorite, etfut
*iev6 de son excommunication. Salem,
wniegre dans sa puissance, ne s'aban-
irouna point a un coupable repos; il
fconira, au contraire, plus d'activit6
pe jamais dans seshostilites coiitre les
Jrabe8,les inquiela toujours de plus en
>«us, el fut tres-certainement pour beau-
|«oup dans la d^livrance de Constanti-
nople, et dans la dur^ de Tempire by-
^^>n, qui, corame nous I'avons dit, ne
pouvait plus compter que sur un auxi-
liaire materiel, le reu gregeois, et sur la
diversion d'uu peupU ind^pendant, les
Maronites (*),
LEYEB DU SIE&E DE CONSTANTINOPLE.
Un des malheurs de Moawiah fut
d'avoir un fils indigne de lui. Depuis
quil etait libre possesseurde riieritage
si agrandi de Mahomet; depuis quUi
n'avait plus de rival capable de lui dis-
puterle khalifat; depuis que la puissance
colossale qu'il avail ac(iuise a force de
patience et dMiabifete, avail donne a son
genie assez d'espace pour deployer ses
ailes, devenant de jour en jour plus am-
bitieux , au faite de la puissance person-
nelle qu'il pouvait acquerir, ii songeait
a laisser dans sa famille cet em pi re gigaa-
tesque qu'il avail conquis pied k pied. II
lui eOl fallu un heritier, sinon aussi su-
perieur qu*il 8*6lait montre lui-m^me,
au moins d'un sens eleve et prompt; et,
par une fatality singuliere, son GIs ch^i,
Yezid, n*^lait qu'un homme furt ordi*
Daire, d'un esprit court et apathique,
d'un courage vulgaireetsans^lan. Moa-
wiah dut soufTrir bien souvent en cons-
tatant rincapacit^de son fils : pourtant il
esperait toujours, etildisait, dans le Ian-
gage figure de TOrient, que si le fruit
de cette jeune 5me etait long a mdrir, ii
n'en serait que plus savoureux. Mais,
malgre une culture intelligente et des
soins quotidiens, cette dme sans activity,
cet esprit sans seve, ne profita jamais de
tout ce que fit pour lui un pere de genie,
precepteuraussi uarfait qu'il etait tendre
parent. Les preceptes, quoique toujours
rapproches aesexemples, ne prod nisi rent
sur lui ancune impnssioii durable. Les
plus belles occasions lui fureiit inutile-
ment proiliguees. On le fit vovagerdans
I'empirearabe; el Teducation des voyages
ne lui fut pas plus profitable que Ten-
tretien des bouimes d'experience et de
savoir.
Enfin, son pere crut im Jour avoir
trouve le secret de le r^veiller dfe son indo-
lence, et d'exciter son amonr-propre« en
lemettanta m^me d'assistera un grand
6venenient, et d'y prendre la part qui ap-»
(*) Voypz Focste ^■nl^on et AsF^irnnl,
118
L'TJNIVERS.
})artenait k son rang. II Fadjoignit k
"expedition centre ConstantJDople, dans
I'espoir quMl se d^clarerait bieiitot capa-
ble de la dirigor. Cette exceileute ^coie
d'art militaire ; ce s'^ge si ardent et si
]ong,oules deux camps luttereDt saiis
cessed^habileteet de bravoure,d*audace
et de patience ; ce combat qui si vite prit
les pro portions d*une£uerre;cesba tallies
successives, ou tousles mo v ens de de-
fense et d'attaque qu*inspire le coeUr
et que combme Tesprit, furent d^velop-
pes a l^nvi ; en un mot ce spectacle ter-
rible, mais grand, qui terriGe les natures
vulgaires et qui eleve si baut les natu-
res (I'elile , n'eut pas sur le coeur de Yezi d
Teffet qu'en attendait son pere. Pendant
toute la dur6e de ce siege iuternn'nable,
qui, depuis le premier jour jusqu'au der-
nier, fut aussi acbarne , aussi vif, aussi
violent, Yezid ne donna aucune preuve
de puissance guerriere. Les bommes
se forniaient autour de lui avec une ra-
pidite merveiileuse; les jeunes soldats
aevenaieiit veterans au bout d'une seule
annee de ce siege continue!; cbacun
y donnait carriere a toutes ses facultes;
et quiconqueavait un talent a deployer^
une superiorite a manifester, rencon-
trait cent occasioiis pour une de me-
riter Testimeet lesapplaudissementsde
ses freresd'armes. Yezidseulsemonira
toujours indifferent et impassible, non
de cette indilference d'un bonnne supe-
rieur, qui se reserve pour les cas extre-
mes; non de cette nnpassibiliie d*un
hommc de grand cccur, qui ne se laisse
^mouvoir ni par le danger imminent, ni
par le peril imprevu, ni par la defaite,
ni par la victoire; mais de C( tte indiffe-
rence terne et froide, qui est le propre
des esprits apatbiques, de c. tte impas-
sibilite instinctive et fatale, qui est le
vice des coeurs muets. Toutes les peri-
p(^>ties (le ce grand drame qui se jouait
entre Byzance a Tagoiu'e et Damas
a Tapogee , n obtinrent de lui qu'une
attention va^ue; et son dme alanguie
n'en comprit jamais toute rimportance.
Jamais il ne trouva un mot d encoura-
gement k dire aux beros qui venaient
lui rendre compte de leurs exploits;
jamais il ne sut adresser a Tarinee une
de ces harangues ou la cbaleur du
cocur equivaut souvent a Fart de Telo-
quence.
eur araft J
nvaioeM
anUDopM
»caladtf1
'les r» I
^rreorfr
Peut-^tre faut-il attribaer unegnnde
part du resultat malbeureux de cette
expedition gigantesque a rmcapacite
dont le tils du khalife donaa le triste
spectacle a Tarm^. Toujours esl-il qv
lorsque les Arabes virent que leurs ef-
forts se multipliaient en pure perte^qoe
tous leurs actes de courage , que tow
leurs devouements n^aboutissaieut qu*a
de vains a vantages, et qu*ils n^avaieit
pas m^me la satisfaction de meritfr Vi^
probation de leur fatur khalife; lofs-
qu'ils virent aussi uulls ne receraiol
plus deSyrie les rentorts qu*on leur araft
promis; lorsqu'ils se furent convair "
que les murailles de Constantifi
etaient trop bautes pour les escaladtf
par surprise, trop solides pour les r*
verser avec des machines de guerre orfi-
naires, qu'il n y avait ju'un nouvdesa
d'attaque generale, oil les masses^**
siegeaiits sesucc6deraient sansiotimf^
tion , (jui pouvait decider celle • ie»«t
sanctin6ed'avancepar le prophctc,iW
le decouragjBnient commen^a a penettv
dans les rangs musulmans, onseotitte
fatigue, on perditlVspoir, etdescetiofp
tantilnyeutplus. dans les ran^ des plui
exaltes, que des bommes uui remplis-
saient un devoir penible, aoot lebut,i
k force d'etre eloigne, paraissail i»
possible k alteindre. Pour combledr
mallieur, aux maux que leur faisaiMt
les armes si meurtrieres des Bv*
tins, a la destruction qu'operait prf
leurs vaisseaux et dans le sein deMi
bataillons le feu gregeois, donti'ussf
deven lit de plus en plus re pel6 et ln»
ble, vinrent aussi se juindre les rdvi|S
de la peste. Ce dernier coup fut fM
aux Arabes : ils se crurent abandonn^-
par le ciel. Mahomet semblait avoir ri-
tire sa main protectrice qui jusuuV
lors les avait soutenus dans les combatSi
Une fois persuades de cette id6e, ^
?|ui faisait leur force fit leur faiblesse:!*
anatisme, qiii avait si puissammentd^
veloppeleur energie, tut remplace par
une superstition funeste, qui les suivait
jusqu'en face de leurs adversaires, leaf
grossissait le danger et les faisait son-
vent mourirsans profit pour leurs coo*
patriotes, sans honneur pour eux. Ce
fut comme une metamorphose com-
plete et generale ; et ce people , qui jus-
que-la n'avait song^ qu'a marcher en
STEIE MODERNS.
119
arant, pensa poor la premiere fois k la
retraite (*).
Les pertes des Arabes leur furent ^
d'ailleurs, d^autant plus sensibles, que
c'etaieiit les meilleurs dVntre eux qui
^taient rcstes sur le champ de bataille.
lis ne se souvenaient de leurs freres
morts les ann^s pr^cedentes, que pour
envier leur sort, et pour plaiiidre le
leur. Abou-Ayoub n*etait plus la pour
relever leur courage, pour rendrea leurs
Ames Tesfioir dans ravenir : lui aussi
avail ^t^ t\i6 dans ce long carnage; et
son tombeau , qui devint prophetique
pour les generations vivantes, restait
muet pour ses contemporains , gour
une arin^e d^im^e et abattue. Rais et
Mohammed, les premiers chefs de I'ex-
p^ition; lebraveKaleh, qui avail amene,
la secondeanneedu siege, on renfort con-
siderable ; Phnbile Sonan , qui etait de-
venu, dans les demiers temps, le chef ge-
neral des troupesdeterre; TincapableY^-
zid, que des victoires partielles n*avaient
pasenflamme, etqui s*etaitmontrecom-
pletenient nul dans Fadversite : tous les
chefs principaux de Texp^dition parta-
Seaient le d^coiiragement de leurs sol-
ats. Ces derniers resolurent done de
lever le siege , et au bout de sept ans
de combats quotidiens, de luttes perp6-
tuelles, les Arabes s'^loii^nerent de
Constantinople, au commencement de
Tann^ 679.
Ce fut une joie sans Gn parmi le
peuple de la capitate byzantine; ce fut
un veritable tnomphe pour Tarm^e
romaine, qui , du reste, a Tabri de ses
murs, avait souvent deploye une
grande valeur, et toujours montre une
active vigilance. Le neuple attribua le
succ^s de la defense ae la vilie a la pro-
tection de la Vierge, Panaia, la Toute-
SaiDte;ilserapperaitquecinquantetrois
ans auparavant les secours de leur toute-
puissante protectrice les avaient sauves
des efforts unis des Perses et des Arabes.
L'arm^e . tout en rend ant a la protec-
tion celeste les hommages qui lui ^talent
dus, ne s*en pr6valut pas pour diminuer
d'energie et d'activit^ : elle eombattit
avec le m^me devouementjusqu^ace que
ledernier descs ennemis edt quitt^ les
murs de la capitate, et s*appreta m^me
• (*) Vayez Tb^opliane.
^poursuivre ses adversaires dans leur
retraite.
Or, les Arabes avaient dd necessaire-
ment se diviser pour fuir. Les vaisseaux
epargn^ par le feu gregeois nVtaient
pas assez nombreux pour porter toutes
les troupes musulmanes. Sofian fut
done oblige de se mettre k la tite de
trente mille hommes, et de gagner la
Syrie, a travers TAsie, a travers un
pays hostile , a travers des contr^es dif-
nciles. L*armee de terre, malgr^ ses
miseres, fut moins malheureuse encore
^ue la flotte. Les vaisseaux musulmans,
a peine parvenus aux cotes de la Pam-
phj^lie, furent assaillis par une temp^te
lurieuse, qui les poussa sur le pro-
montoire de Sylee, entre la ville de
Perge et celle d'Attalia. Les rivages ne
pr^entaient que des rocs mena^ants :
presque toute la flotte vint s'y briser
et y couler.
Durant ced^sastre, les troupes de
SoGan etaient poursuivies a outrance
par une arm^e grecque, commandee
par trois generaux, Florus, Petronos
et Cyprien. A force de marches lon-
fues, penibles et multipliees, les Ara-
es se fatiguerent et furent joints pres
de Cibyre. L'armee musulmane pre-
sentait le spectacle le plus affligeant:
des blesses, des mourants, des hommes
3ui avaient souffertr la faim et des maux
e toute espece, des estropi^s qui
avaieut perdu, qui une jambe, qui un
bras, tous affuiblis, languissants, deses-
peres. Rien ne les soutenait plus dans
leur retraite, ni le fanatisme, qui leur
avait promis le paradis dans la victoire,
ni rhonneur militaire, dont ils n'avaient
plus le sentiment, ni Tamour de leur
patrie, qu'ils avaient quittee pleins d'or-
gueil, et qu'ils ne pouvaient revoir que
pleins de honte. L^armee byzantine,au
contraire , Tesprit allege par la deli-
vrance dela capitate, le coeur enflamme
par un succes d'autant plus attrayant
qu'il etait plus rare, enoouragee sur son
chemin et traitee avec largesse et devoue-
ment par les populations des contrdes
quVlle traversait, augment^e tout le
long de sa route par les renforts que
lui envoyaieut les garnisons des places
fortes et les camps des divisions mili-
taires, cette armee, disons-nous, avait
un aspect aussi fier que I'armee arabe
120
L'UOTVERS.
Favait abattu. Daas d^ pareilles cir-
constances, ni la lutte ne fut longue,
ni la victoire disput^e. Les Arabes se
laisserent entourer par des troupes frat-
ches et nombreuses, ne firent qu*une
resistance partielle, et se laisserent tail-
ler en pieces , ainsi que des blesses qu*on
dgorgerait dans leur ambulance. II n*ea
codta a leurs ennemis que la peine de
lever le bras pour les tuer (*)•
PAtX ENTBB l' ISLAM ET L'eMFIAB
BYZANTIN.
Quelquesfuyards, parmi lesquels^tait
Yezid,«cbappesau naufrage ou au mas-
sacre, arriverent a Damas, pour ap-
{)rendre a Moawiah jus(|u'a quel degr6
a fortune avait frappe son peuple et
avait voulu Teprouver. Moawiah pour-
tant fut encore plus fort que la fortune :
it ne laissa point son esprit flecbir sous
ce coup terrible ; les alarmes de son flis
Y^zid , la vive Amotion de son peuple, ce
premier echec important et complet
qu*6prouvait Tlslam , Hen ne put ^bran-
ler la confiance que IVIoawiah^ malgre
son dge avanc^, conservait en lui-m^me.
Dans cette grande crise seulement , pour
se conformer aux usages de ses pred^-
cesseurs dans le khalifat, il assembia
un conseil compost des emirs de Syrie,
et des homme^ les plus considerables
des autres'contr^es. Mais, dans ce con-
seil solennel, il demanda moins des avis
qu'il ne donna des encouragements, et
n'indiqua des vues nouvelles et ^nergi-
ques. Tpujours politique, il voulait que
les chefs et les anciens dii peuple, re-
monies etenseignes par lui,remontassent
et enseignassent a leur tour ceux dont
ils 6laient1es reprdsentanls. Toujours
habile, il consentit a faire une paix de
trente ansavec lesByzantins; et s1l la
falsait aussi longue , c'etait pour aff'er-
mir sa domination en Syrie, en Pense,
en Epypte et en Afrique; c'^tait pour
etabtir Tlslam sur des bases inebranla-
bles; c*6tait pour fonder une dynastie.
Les h storiens du Bas-Empire ont
cherch^ encore, a propos de celte paix,
a calomnjer les Mahometans , et a rele-
ver quelque peu leur faible gouverne-
(*) Voye? Ocklpy,
ment. lis pretendent que lekha1ifeeoi*J
sentit a payer tribut a rempereor i
Constantmople; ils pretendent que Sb
wiah s*eQ!fagea a envoyer a la r^i
Osarstrois mille livresd*orj)araBtl
lui rendre einquante prisonmers, el|
lui faire present d'autaot de dieq
arabes de la meilleure race. Outnll
possibility^ fondainentale de
conditions acceptees parun pribajl
puissant que celui avec iequel iltn '
et pour un cas de guerre qui 6ulti
une d^faite qu*un malheur, moins 4
faute qu'un accident, il sufGtde [
la valcur des articles du pretendu i
pour se con vaincre qu'il est aussi fwifj
ridicule. Comment sefait-il, pared
pie, que le prince qui a PavaDtafedi
la negociation ne reclame pas tooti
coup les prisonuiers (|u*oo lui aT
permette qu'oane lui en rende^
quante a la fois : ce qui devaite
trente ans de servitude, la viae
d'un horame, pour les dnquaotti
niers, en admettant m^me qull oy<|
eu que quinze cents Byzantins p*^
niers des Arabes pendant aiie[
qui venait dedurer sept ans. QfUDtl
einquante chevaax de race , c*esl p""
un present d^mpereur h empt
qu*une condition de paix. ResteDtj
trois mille livres d'or, qui nc repra
tent pas pour Tempi re musulmao I
entier ce que telle ville de la Sniel
donne pendant la conqu^te poursiifli
de tr^ve. Lorsqu'on a si peu (fia^PT
tion et de bon sens , on ne dPTrait||
in venter d'aussi d^plorablestraitff^
en faire gloire a son pays. Oquiei
dit, d'ailleurs, la maladroite a '
des ecrivains byzantins, c'eslj
clarent que le' n^gociateur ai
Moawiah fut un patrice du mm
Pitzigandes, vieillard de lalentfl*
perience, d'^loquenceet d*habilete;e^
que cet homme sage et eminent fiM
leur dire,parfaitemenl re^u par Moa^
et qu'il se fit tellement esliraer duk
life, que celui-ci le combla de prcsfi
C'edt ^te par trop fort, de iapart^
Moawiah , de se montrer reconnaia*
et gfinereux pour un bomme qui v*
rait humilie par un traitd, '*?"** ^
tout stupide qu'il soit, ifen iraplif
pas moins le pavement d^bonorantdfl
tnijut.
SYRIE MODERNE.
131
STATION B'TEZID AU KHALIFAT.
ons 1^ les r^ves de presomp-
finsensee que des annalistes sans
veulent faire passer pour des
I, et revenons ^ Moawiah et
E&torieos arabes. Moawiah, ce
tkhalife, qui regnait deja depuis
^tans, etqui, dans chacunede
oees, avail accomule tant de
t, commencait a se fatiguer. Sa
favait ete alteree par plus d'ua
>Ie de guerre, par une ad mi-
en aussi difficile que le< com*
|it*il donna etaient chanceux , par
' ation gigaotesque d*uQ empire
I. Une lassitude etrange s'em-
at a coup de cet homme puis-
tCt se seotant desormais trop
; trop malade pour ne pas ^tre
: a lui-m6me, on Tentendit un
Diner ainsi un discours public :
tomme le bl6 que l*on va
noer, mdr et bon a £tre pul-
LHon regne a ^t^ long; peut-^tre
les-nous las les uns des autres,
naisesde nous s^parer? Du reste,
irpasse tous ceux qui me sui-
, comme j'ai ete surpass^ par
ieeaxquim*ont precede. » Etran-
oles oil forgueil resiste au de*
nt, oil le sentiment de Ta-
quivaut presque a la prophetic,
"^cment du passe est aussi noble
t^cu khalife avait raison : Ma-
Abou-Bekr, Omar, Othman,
"snt plus forts, sinon plus
\ Moawiah ; celui-ci, en etfet,
nplace dans bien des cas leur
ar Thabilit^, leur divination par
Moawiah a dd dtre bien mal-
de comprendre qu'apres lui
InWait plus de g^nies aussi im-
"(qu'Omar, de politiques aussi
^ que lui-meme. Et cependant,
i Cfttte penetration sublime , Moa-
qui voyait si juste et si avnnt
p occur humatn, etait aveugle h
vit de son Gls. II eut bien queiques
bles, puisquUI consulta un des
brds les plus respectables et les plus
^ d'entre les Mahometans sur les
ftites et le savoir de Yezid; mais
Nf ce vieillard, voyanr iin'ii ne
pouvait pas dessiller les yeux prevenus
du khaiife , s'etait abstenu de tout ju-
gement, le kbalife passa outre. II eut
bien aussi queiques craintes, comme
nous le verrons par la suite; raais il ne
crut jamais completement a leur reali-
sation. Toujours est-il que cette m^me
annee 679, la soixantie4ne de Th^ire,
anneequi vit la levee du siege de Cons-
tantinople , la perte de la flotte musul-
mane, le massacre de trente mille
Arabes, se termina par un evenement
plus desastreux nour Tlslam que ces
trois premiers, rinstallation d'Yezid
comme heritier presomptif du khalifat.
La ceremonie du partake du khalifat
entre Moawiah et son fils Yezid fut
fort pompeuse et fort belle. Le vene-
rable khalife, qui, malgresa vaste cor-
pulence, n'en possedait pas moinscctte
dignite, qui est Tapanage de toutes les
grandes natures, presenta au people ,
Sans la principale mosquee de Damas,
son fils Y^id , jeune homme k la taille
haute et svelte, h la barbe noire et
epaisse, a I'oeil vif,^ sinon intelligent.
Le fait m^ine qui Tassociait a Tempi re,
avail jete sur les traits dTezid, natu-
rellement nobles, une gravite c|ui leur
seyait h merveille. II avail enhn toute
Tapparence d*un digne heritier de son
pere, et le peuple, trompe par cette
apparence, attendait deja du regne' de
son nouveau khalife une prosperite
egale a celle dont il avait joui sous le
gouvernement de Moawiah. Tout se
passa done avec ces esperances d'ave-
nir et cette satisfaction intime ^ui
caracteriseiit les heureuses soleunites :
les voeux etaient un.mimes, les esprits
d'accord, les coeurs battalent a Tuuis-
son. Un seul homme peut-^lre, dans
cette illusion generaie, voyant plus
Clair et plus loin, conservait queiques
doutes et queiques inquietudes (*).
Cet homme itait Moawiah. Bien
s6r de la Syrie , se rappelant tout ce
qu'il avait fait pour elle, Pattiliide de
ses habitants, qu'il s'^tait attaches par
quarante ans de bienfaits, ne Teton-
nait pas , et ne suffisait pas a lui re-
pondre des eventualites inenacantes. II
songeait deja au complement indispen-
sable de la ceremppie qui se p^ss^i.t;^
(») Voyex Aboiri-hrarlJ.'
122
LTJNIVERS.
c'est-li-dire a rapprob^tion des nom-
breuses provinces de Tlslam. L'Yrak
e^ rHedjaz. le pr^occupaient surtout.
II savait, d*une part, que les Alides nV
vaieut ei^ qu'a moiti6 vaincus, et d'autre
part, il se mefiait avec juste raison de
presque tous les habitants de la Mekke.
bans la premiere de ces deux provinces,
I'esprit religieux s'^tait chang^ en un
esprit de secte ^troit et exclusif ; dans
la seconde , c'^tait bien pis encore. La
Mekke et M^ine n^avaient jamais par-
donn^a Moawiahd*avoirfait de Oamas
la residence du khalifat, la capitaledeFIs-
lam^ Ces deux villes, berceau ettoinbe
de Mahomet, honneur de TArabie par
leurs enfants invincibles, espoir de la
religion par leurs fanatiquesde genie,
etaient devenues depuis quelques an-
nees le refuge de tous les dissidents, qui
y trouvaieat facilement des sympathies.
II fallait done s'attendre de ce c6t6 a la
lutte, lutte oil Tadresse etait plus utile
que la force. Moawiah pourtaut avait
prepare les voies avec sa prudence ordi-
naire : il avait fait le voyage de la
Mekke et de Medine; il s'etait en-
tret enu de ses projets avec les hommes
les plus considerables du pays, les
avait ^tudi6s, les avait penetr^s;
mais son Gls serait-il capable de savoir,
comme lui, comment les prendre? Tel
^tait le fond des pensees au vieux kha-
life; teilos etaient les reflexions qui as-
sombrissaient parfois les nobles traits
de Moawiah au milieu de la joie gene-
rale. Yezid n'avait devine aucune des
preoccupations de son pere; et, en cette
circonstance solennelle, son orgueil
satisfuit etait le seul sentiment qui oc-
cupdt son dine.
Apres la c^r^monie d*investlture ,
Moawiah eut avec son fils un entretien
de la plus haute importance. II sonda
r^me du jeune homme, il la trouva
vide; il interrogea son coeur, il le trouva
sourd. Ce dut etre pour ce pere si ten-
dre , pour ce prince si superieur, une
bien triste confirmation de ses doutes.
Pourtaut IVIoawiah ne d^sesp^.ra pas en-
core : il apprita son filscombien il 6tait
difliciie de regner; ne pouvaiitlui don-
ner des preceptes de conduite, qu'il
n'aurait pas compris , il lui donna des
conseils effectifs et particuliers ; ne
pouvant pas faire saisir sa pensee par
des g^n^ralit^ , il en vm \
suite k des details precis et |i
nous a conserve les traits p
ce grave entretien. Moaviah i
itianda d*abord a sod fils den
danssa patrie d*adoptioD, laS
en sesouvenantsanscessedesc
arabe, et, en eoDservantla[l
fonde deference pour les noi'
dontil tirait son origioe. 11 b
qu'en cas de dissension civile,^
rien a craindre des Syrieos, 4
^te tout devout a sa
famille. II rarmaensuitecoDtn
vaise volonte des tribus de F
en lui apprenantque.pannisi
les plus acharnes, il auraitcerf
dans cette contr6e, quatreh
conservaient chacun des p '
khalifat. Ces quatre bora
HosaTn,filsd'Ali; AbdAlttJ
mar; Abd-Errahman, filsd'lT
et Abd- Allah, tils de Zobaa.j
I.e premier n'etait pas kf
table, quoiqu*il Mt le plusr
pulations qui le souu
inoffensif, sans ambition (
devait avoir besoin qu'oal
cla merle pouvoir; etson^
plut6t aboutir au martynf
toire. Aussi, Moawiah r^
k son fils, s*il etait
battre Hosain , de ne ooiM
parent^ avec lui , et s il lei
sonnier, de lui rendreiirf
la liberie. Quant a Abd-AM
mar, il n'avait de son peref
devotion , son integrity in
son honn^tet^ de coeur et(
tion et de pensee ; mais ii tfj
venir un adversaire dai
tant qu*on en agirait arecN
et sans consideration. '^^
fils d'Abou-Bekr, n'tifUit ]
bien a craindre : n'ajant)
de preuves d'energie eiU
aurait sans doute le boa I
point I utter centre uo priM
que lui; c'6tait un disa*j^
point un rival. Abd-Aliabtl
bair, au contraire , etzii ■
dont il fallait se m^Ger saosa
actif, perfide dans Tooum
les moyens devaient lui^JJ
atteindre un but qu*il nenw
tant pas par ses uaates <
SYRIE MODERNE.
lis
avail du tigre et da renard dans cet
homme tel que Moawiah Tavait vu.
Sans Eloquence pour se creer des par-
tisans en plein soleil, il etait capable
pourtant d'agir en secret et souterrai-
nement, de Cacon a exciter les plus mau-
vaises passions et a faire fermeiiter dans
le cceur de la multitude Tdcre levain de
ses sentiments haineux. Sai)s aller provo-
quer dans son autre cette bSte farouche
et m^hante, il fallait s'apprdter a la
repousser, si elle bougeait, et ne la
point laisser empoisoiiner de son ve-
Din i'liine des Musulmans fiddles.
I
MORT PB MOAWIAH (*).
Ges enseignements aussi profonds
Ijue complets furent, pourainsi parler,
e testament de Moawiah. A quelque
temps de la , au mois de redjeb de Tan-
n^ 60 de rhegire (679), Moawiah mou-
rut. Ton pourrait direde fatigue, tant il
s'etait occupe jusqu*a ses derniers mo-
meuts. II etait dge d'environ soixante-
quinze ans, en avait regn^ dix-neuf
comme khalife, apres avoir ete gou-
verneur de la Syne pendant plus de
vingt et un. Les travaux successifs qu*il
s'imposait, ses preoccupations quoti-
dieiines, avaieiit certai nement a breg^ ses
jours; car, quoique sa corpulence fdt
enorme , sa sante n'en etait pas moins
robuste; et, quoique las d'une vie si rem-
plie, si a<?itee, sans les inquietudes
dernieres que lui causa son tils, il edt
certai nement consenti a regner encore,
et edl trouve assez de force pour vivre.
Sa mort fut une veritable calamite pour
la Sy I ie : ^rdce a lui, cette vaste proviuce
avait repris son activite premiere, et ses
habitants, desormais tranquillessur leur
sort, avaientaccepte son gouvernemeut
comme un bienfait , et avaient Gni par
6'attacher reellemeut a sa personne.
II avait, en effet, toutes les qualites
d*un prince accompli : d*une nun)eur
toujours egale , d'un acces facile , il se
montrait juste et poli avec tons , affable
avecceux qui avaient bien m^rite de sa
part, g^n^reuxenversceux qui lui avaient
rendu des services. Sans dtre prodigue,
83 magniOcence avait tous les caracteres
de la grandeur. II aimait les aru et les
(*) Toyes Ockley, AboaU-fanOJ et Tb^
pbaoe.
lettres , et lea bonorait de sa constante
sollicitude. Selon la coutume orientale,
ses hdtes etaient traits d'apres la puis-
sance de celui aui les recevait ; apres les
avoir combl^ des margues de sa gen^
rosite pendant leur visite , a leur depart
il les mvitait a prendre dans son palais
ce qui leur a||[reait davantage^ soit en
pierreries, soit en ouvrages precieux
nart, soit en manusorits de po^sie. Au-
dessus detous lesprejuges de son temps,
il nese tit aucun scrupule d Wfrir du vin
dans les repas quil donnait, et de porter
des v^tements de soie. Les Mu&ulmans
rigoristes lui reprochirent toujours
cette derogation aux pretendues lois de
rislam; mais nefailait-il pas qu'il pro-
teeedt Tagriculture qu'il avait fait re-
naltre, le commerce auquel il avait ren-
du son ancienne prosp^rite? Moawiah
avait, avant tout, le sentiment du pro^res
et la tendance vers la civilisation. Una
fois les Arabes reunis en corps de nation,
sa tSche a lui n'^ta it-el le pas de trans-
former cette nation k peine policee en
un pen pie digne de succeder a la prepon-
derance romaine ? Les efforts quMl Ot
pour detruire jusque dans sa capitale
rempire Byzantm sont une preuve qu*il
tendait a la domination du monde, et
que c' etait la sa pensee fondamentale.
Les Arabes, a son ^poque, 6taient la
partie hi plus turbulente et la plus ac-
tive de la natiou musulmane tout en-
tiere. Aucun khalife ne sut mieux que
Mo.iwiah tirer parti de ses forces vives
du khalifat. Les Syrieas. plus calmes,
plus casaniers , plus attaches a leur ri-
che nature et a leur beau ciel , etaient
plusciipablesde perfectionner rindustrie
et de developper les arts utiles. Moa-
wiah , qui avait compris le caractere de
cette population, encouragea parmi elle
les travaux de la terre et les eutreprises
commerciales. Or, pour veiller de plus
pres a ces deux sources fecondes de la
prosperity d*une nation , il dut choisir
pour residence une des villes les plus
manufacturieres de Syrie , centre na-
turel , du reste , de son empire, qui ten-
dait vers Constantinople: La Mekke se
montra ialouse de Damas , mais par un
esprit d'egoTsme et d^imprevoyanoe.
Moawiah ne s'en inquieta point; et il
eut raison. A la Mekke, le gouverne-
ment des Arabes serait reste barbare;
124
LnONIVERS.
a Damas, avec un peuple intelligent
pour executer ses idees , Moawiah crea
en peu de temps un ordre stable , uue
administration reguiiere, une arinee
discipline, des villes industrielles.
Les nistoriens qui lui sont le moins fa-
vorables, lui attribuent pourtant deux
creations qui sufOraient pour Timmor-
taliser : une marine , et des postes. Ces
deux ^tablissements ne sont-ils pas la
preuve d*un genie puissant qui, voulait,
d'une part, se cr^r un instrument de
plus, et, d'autre part, centra I iser ses
ordres suivant ses besoins ou les falre
parvenir rapidement aux demieres li-
mitesde son empire? Toutes ies qua-
lites que nous vrnons d'enumercr ne
suffisent-elles pas pour dire avec justesse
oue , si Mahomet fut le createur de
1 Islam , Moawiah en fut Torganisateur.
YEZID, PREMIER SUGCESSEUBDUKH 1-
LIFAT PAR HEREDITE (*).
Ce qu'avait prevu Moawiah arriva:
deux des concurrents quMl craignait
pour son Ols commeno^rent , a la nou-
velle de sa mort, leurs intrigues, sinon
leurs hostility. Ueureusement, leurs
efforts, en divergeant, perdirent deleur
puissance. Loin de s*unir, ils rest^rent
separ^s. Chacun voulut conserver ses
chances pleines et entieres; chacun
chercha d'abord a renforcer ses parti-
sans et a grossir le groupe qui pouvait
un jour le couronner de la tiare islami-
^ue. Tous deux, avant d'agir, songerent
a trouver a la fois un refuge et un appui
dans leur capitate future; tous deux se
retirerent a la Mekke, la ville turbu-
lente, orgueilleuse et jalouse. Aussi
bieii, c'etait agir avec prudence; car
Y^zid, malgre son incapacite gouver-
nementale, sa flicheuse reputation et
son caructere negatif , pour ainsi dire,
^tait a la t^te d'un peuple tout devoue ,
les Syriens; d'une arm^ disciplinee ,
celle qu'avait formee avec tant de soin et
d*li<ibilete son illustre pere; d'un pou-
voir enlin tout cre6, fort et respect^,
ferme et etablisur les plus larges bases.
Yezid n'avait qu*a vouloir eiiergique-
ment, et ses ordres avaient des milliers
de voix pour ^tre transmis, des milliers
{•) VovezCpdrfinus, Th^ophane et Ocklpy.
de bras pour ^tre eiecotes. Yind p
dait en outre tout le prestige donlli
nie deson pere avaitentourelek'
de Damas. Et non-seuleaient lafl
et r£gypte appartenaient de c
d'esprit au successeur de Nos
mais la famille des Ommiadesa
partout des raciues , a Mtiioeir
a la Mekke : c'etait un arbre m
rejetous innombrables, auxr
fondes et 6tendues ; il devait^Ui
la gloire comme il etait deja Ul
rislam.
Les tergiversations de ses 8
furentplus favorables encore ij
que sa cruaute ne lui ful fiwr
peine possesseur du pouvoir,
donn^ Tordre barbare de lui r
tete de tous ceux qui oe lai p
pas serment d'obeissance,et|i
ment eel les des quaU'e dissd
son pere lui avait d^noDce&l
ment il ne trouva pas de s^
sez infSmes et assez impri
conformer en tous points a c
prescription. Mais , quoique lei
pas suivi la pensee, oo aof^'
la rigueur que le nouveaa t
voulu deployer contrc les opp
ses droits ; et loin de jeter If
parmi les Arabes de THedjat,
parvint qu'a s'aliener les espr^
differents et a augmcotcr la Ir*
lui portaient ses rivaux et 1~
rents.
D^ja les deux villes saioUsJ
et Medine, conspiraient M
Deja Kouffa, celte capitate M
dont les habitants avaient U f"
chaude aue leur brQlant i
tait, meprisant son gouff
rien, organisant la guentfl
etat permanent de trouble HW
Cette derniere ville avait ^
Hosain des emissaires noa
mission d'engag r le GIs d'AM
fils du prophet'' par Fatime,!'^
ses'murs, oii les Ajides e'
grande majority , et oii I'honcw
qu'on appelait Tusurpation desC
des permc'ttait de compter sur ir
sant parti. Centre cet orage >««
grossissaut, Yezid , qui navait « «
on le sail, aucune des qualiie*J
pere, ne sii» pas prendre ass*! J
llcaces pre- amioi'S. H p<?r<i'* *1
SYRIE MODERiSE.
135
titaant d^i goa^erneurs, pour les
sr par d'autres qui n'ontinreut
; de succes que leurs predeces-
urdes populations exaltees. Y6zid
i pas mime d'eoergie daos sa f^-
, de continuity dans sa colere; il
vaot tout apathique et debauehe.
ailledans sa ville fidele, a l*abri
I tentative directe contre sa per«
I les dissensions lointaines d'une
de ses £(ats i'iiiipatientaient
u'elies ne Finquietaient. 1) lais-
; faire , tant qu*on ne veuait pas
uner de Tagraiidissement pro-
^du parti de ses adversaires, tant
esoiiicitait pasde lui de mettre
le a teur audaee. Ce earact^re
C, cet esprit sans suite, I'auraient
II si I'inconstance mSme des habi-
p Kouffa n*etait venue fort a pro-
oa secours.
is'ltre montr^s pleins d'ardeur
jkcause d*Hosain, les Kouffiens
fit tout a coup; et les pre-
iult^sles ayant rebutis, ils
taussi V ite clans leur enthou-
: leur khalife preteodu legi-
lij>avaientete promptsa lui offrir
memeut. D*un autre cdte , en
, antlejeu des intrigues civiles,
Bmiades, toujours atlentifs a la
I prireat enfin le dessus, et, tout
Dt le plus profond respect pour
ne sacree d*Hosain, ils s'apprl-
} k detourner les esprits de sa
^ tt a le £sure trahir a Tinstant du
- n a'appartient point a notre
fadoettre ici les diverses compli-
' (pt se multiplierent a Kouffa et
lie. Toujours est-il que, lors-
un , malgre les conseils de ses
I et de ses plus sages amis , se
^a quitter la Mekke, son refuge,
**ercourir les hasards de la guerre
ansportant h Kouffa, au lieu de
' en cheinin une foule de parti-
^une escorte populaire, sinon une
f ) il se vit entierement abaudonne
Bitaux quelques compagnons qui
Btquitte la JVIekke avec lui. Tout
;clleinent, et selon I'habitude des
perlide.s, ks Kouiliens avaitnt
ar se ranger sous la dominatiua
pas fort, et une partie d'enlre eux
"Cut infime enregimentes panni les
■*""» d'Yezid, qui allaient s'emparer
du temeraire comp^titeur au khalifat.
Une fois qu*Hosain se vit trahi, en
perdant son espoir, il ne perdit rien de
sa noble Gert^. 11 se laissa entourer par
I'arm6e de son heureux adversaire , en-
tra en communication avec les chefs de
cette arraee , parlementa longuement ,
non point avant de se rend re, inais pour
ne point se^rendre, et refusa avec une
telle ^nergie de reconnattre son rival
comme khalife, qu'il fallut bit>n, mal-
gre la repugnance que montraient les
K-ouffiens, employer la force pour vain-
ere riuviucible entltement du Ills d'Ali.
Ne pouvant plus negocier en prince,
Hosaln r^solut de mourir en h^ros, Ses
compagnons et lui etaient campes dans
la plaine de Kabil^ avec leurs femmes
et leurs enfants; et, malgre ces obsta-
cles a une defense acharnee, ils n*en
resolurent pas moins de se laisser tuer
plutot que de tomber vivants eutre les
mains de leurs ennemis. Uosaln fit
creuser des foss^ tout autour de son
camp; il fit ensuite remplir ces fosses
de broussailles auxquelles, durant Tac-
tion , on devait mettre le feu ; chaque
tente fut rellee a la tente voisine, sous
forme de barricades, eton n'ou vrit qu'un
passage ^troit ou Ton ne pouvait com-
battre qu'homme h homme comme
dans un defile. Ces precautions prises ,
auxquelles, du reste, Tarmee adverse
ne s opposa pas , taut elle ^tait sQre de
la victoire et tant elle respcctait en
Hosain le sang du prophete , on se pr^-
para au combat.
L'attitude pleine d'^nergiedes parents
et compagnons d'Uosain, le respect
qu'on portait eucore au dernier descen-
dant direct de Mahomet, cette resolu-
tion bien prise de mourir, qui donne
taut de force aux hommes dans tous les
temps et pour toutes les causes, arre-
terent d*abord les soldats d*Yezid et
detacherent mSme de leurs rangs une
treutaine d'hommes que le remords fit
rentrer tout a coup dans le parti des
Alides. Personne n*osait attaquer le
premier 'cette poign^e de braves, ce
groupe de martyrs qui devaient che-
rement veiidre unt' vie sacrifiie li'avance.
Les principaux d'cntre les Rouffiens
furent doiic obliges de relever le moral
de leur troupe si nombreuse ; et , pour
les eijipccjier de se retirer comme de^
13^
LIJNIVERS.'
Tant one voix d'en haut, ils les eneou-
rag^rentjles exciterentde toiites les fa-
cons, et leurdoniierentrexemple. Ils al-
fi^rent done Tun apres t'autre provoquer
en combat singulier les rares partisans
d*HosaTn.Quelleque5oit la force du bras,
rexaltation dePesprit Tcmporte presque
toujours : les Alides, resolus, calmeset
fermes , tuerent un grand nombre de
leurs adversaires dans ees luttes indi-
viduelles. Effray6 dece resultat, lechef
des quatre mille Koufliens,Oinar*ben-
Saad, ne permit plus que ses soldats les
plus vaillants tombassent un a un
sous les coups desesperes des Alides.
U fit reculer sa troupe, et, au lieu de
la lance, n*empioya plus que les fleches.
£11 peu d'instaiits fine grSle de traits
eut aemonte et crible les intrepides ad-
versaires du khalifat de Damas. Bientot
Hosain se vit presque seul debout
parmi les siens , avec des femmes qui
gemissaient au fond des teutes, avec
des enfaats qui poussaient des cris la-
raentables au bruit du carnage (*).
L'iucendie avait gagn6 tout le tour
des fosses, les premieres tentes du
camp tombaient en lambeaux sous les
ileches, et un monceau de caiiavres
avait encore diminue le passage ^trolt
qui avait 6te pratiqu6 pour sortir du
camp dans la piaine. Alors on vit un
homme, tout couvert deja de sang et de
biessures, se prosterner trois tois du
cdte de la Mekke , se relever calme et
digne , la Ogure rayonnante de foi et
de resolution , rejeler loin de lui son
6pee ebreclie^^, e»itrer un instant au
fond d« sa tente, et en revenir presque
aussildc, un petit enfant dans les bras :
c'etdient Hosain et sou plus jeune tils.
II s'avanqa gravement jusqu'a Tentree
de son camp et s'y assit, la t^te tournee
du cote de ses ennemis, les bras croises,
et son Gls appiiye centre sa poitrine.
On ne sait quel barbare tira une fleche
centre ce groupe sacre. L*enfant avait
ete perce, el son sang rejaillit sur son
pere, qui le rejeta vers le ciel pourdeman-
der vengean<e sans doute. Puis d^sor-
mais, seul et aecable , Hosain changca de
posture, laissa tombcr sa t^te sur ses
deux mains , et attendit aiusi le coop
de la raort, qu'on vint lui porter eu lui
n Voyez Ockley et A.hoa*l-fara4|.,
fracassant le er&ne. Uae to lij
des hommes sanguinaires aliaineei
ne s'^teint plus. On coupa i&digMi
la t^te de ce martyr; oo moiili
teusemeut le corps de eeheroi'.i
fut en voy6e a Yezid ; son corptM]
donn^ aux chakals. Quant aux nd
reuses femmes , dont Tune etaitlt
pre sceur d'Hosain , Zeinab, do
prophete, elles aussi fareateoi
Damas, la chatneaucouetaiui
Y^zid, malgre son iosoueia
tuelle, fut saisi par le recitdei
fdme boucherie. L'aspeetdelil
p^ de son arlversaire le troubii;
de la petite-dlle de Mahomet
II regretta sincerement que ses
impitoyableseussent et6executfii
titua legouverneurde &ouf&,iiii
cha amerement sa feroceconduitei
les pri&onnieres qu'il avait
fers au lieu de les traiter iwi
mats il etait trop tard : Fativi
des lieutenants de Tezid '^
famille respectee , quoique
leva un grand nombre de Mualil
de ce jour naquirent des ^
invincibles, un scbisme eM
sang de deux victiraes , Ali et "
et de ce jour les Schiites, j
d'Ali , sont demeures conatamtf
pares de tradition, de re^le^dej
pes religieux , avec les Sunnitai
Sans de Moawiab etdeson filt
L'impression du supplice d'l
du massacre de ses compagiw
traitement odieux de ses feou^
des lors tellement protonde, i|b1
absolument ccarter le sou?enirr™
sanglante tragedie de Fespnld
bes. Yezid, qui craignaiiqB*
tant, rindignationdesespeiifto'
nSt h la re volte, songrai^
a des expeditions lointainei^u^
done Salem-ben-Ziad audeb^J
et Okbah-ben-Naf en Afrique.^
version essayee avec solennil*w|
asspz puissunte pour arriveratt"
tendait Yezid. II restait enareW
life de Damas un adversaire d*
plus redouiable qu'il 6tait a lajj*
adroit ei prudent : c'elait Cflia
Moawiah craignait leplus pours*
c'etait Abd-Allah-ben-Zobair. ^
nier avait habilement prolite du a
d* Arabic qu'Uosain avail si iiupni>
STRIE MODERNE.
127
tfttssL La mort du fils d^Ali lui fut
' iplas favorable : ii le plaignit,
tfes bourreaux a Tex^cration des
ans, maudit Y^zid, Fusurpateur,
' , rin^Hgieux , etsut se faire
jattre pour khalife a la Mekke
i limine. Cette audace surprit
Ji^uepourtaiit avail si bieo averti
t\ et comme ses deux principa-
' Betaient Tune en Afrique , Tau-
fond de la Perse, ne pouvant
^larevolte a sa naissance, il lui
Btrer en negociation avec elle.
ntetourna rapidemeotd sbnpre-
i habitants indecls de THedjaz
nvoy6 a Dainas des deputes,
^fortbien recus par le khalife,
lulroans rigides furentatel point
I des allures de la cour d*Y^zid ,
iinsolent qu'on y d^plovait, du
{j)U'on y anichait pour les pres-
do Goran , des nombreuses
lis'ysuec^aient, que le rapport
ent de ces monstruosit^s vint
llndeclamations d' Abd- A llah-
rsonlre Yezid et accroltre la
BiDnnourrissait a la Mekke pour
*i de Daraas (*)•
stilites cominencerent bientot,
lllut quTezid envoy^t une puis-
' nte dans le pays m^me dont il
pn originc. Cette armee vint met-
iegedevant Meiline, investit de
hparts cette ville; et, apres plu-
l»inbats dont la fortune fut di-
[Medine tomba au pouvoir des
> Soit haine entre les Arabes de
kla Arabes de THedjaz, soit fana-
Ifiireurreciproques, toujoursest-
LJItiineune fois prise, Tarmee
" se porta coiitre la population
'~l deux cit6s saintes aux exces
Icruels. Tous les habitants furent
|.au fil de Tepee; on n'epargna
tiillier de femmes enceintes.
Jlaterreur qu auraitdil inspirer
Ml traiternent, la INIekke n'ouvrit
t portes aux Syriens. Abd-Allah-
bair, plus fort qu'il n'avait ja-
*6. s y etait renferme avec tous
is, tous ses partisans et tous ses
1 Les inurs etaient solides, et les
es de guerre des Syriens les bat-
kloDgtemps sanssucces. Pourtant
f Toyez Ockley et Aboul'-faradj,
les perfectionnements dans la gaerre,
au*avaient pousses fort loin les Arabes
ae S^Tie, donnaient.une grande activity
au siege, et y firent emplojrer tous les
moyens connus de destruction. Parmi
ces derniers le feu jouait un grand role ;
du bitume enflamm^ ^tait lanc^ sur la
vitle et ? portait a ebaque instant Tin-
cendie. tJn jour la Kaaba elle-nrj^me fut
atteinte, et une partie des voiles sacres
furent consumes. Grande fut la desola-
tion des Arabes orthodoxes; mais les
Syriens n'en continii^rent pas moins le
siege, et deja la position de la ville et le
sort d'Abd-Allah-ben-ZobaTr dcvenaient
de moment en moment plus critiques,
lorsque, Y^zid etant venu a mourir,
toute bataille cessa, et I'arm^e assie-
geante reprit la route de Damas.
Qu'avait fait ce Yezid dans son court
regne de quatre ans? rien de saillant,
sinon des cruautes, le massacre des
Alides, le sac de Medine. Qu'etait-ce,
d'ailleurs, quece jeune homnie enleve,
h rdge de trente-trois ans , par les exces
du libertinage? Un Stre faible , dont la
plus admirable education n'avait pu
transformer un esprit sans ^lan, un cceur
sans chaleur, une dme bien vite eteinte
dans la debauche. Ceux qui veulent ab-
solumentlui fairequelques ^logeslouent
son goOt pour la po^ie et sa generor
site pour les poetes ; mais ^tait-ce la la
seule quality que devait montrer le fils
de Moawiah, le premier successeur a un
trone a peine fonde, qui avait des ja-
lousies de toute sorte contre lui , un
competiteur respecte, Hosain, un ad-
versaire habile, Abd-Allah-ben-Zobair?
Son existence fut done plus funeste
aux Arabes de THedjaz qu'utile h ceux
de Damas ; et si la Syrie ne fut pas le
th^dtre de la guerre civile, elle n'en fut
pas moins einue par les sentiments fra-
tricides des Arabes, inquietee ()ar leurs
exces , troublee dans sa quietude par de
violeules reactions (*)•
SITUATION DE LA STRIE AU COMMEN-
CEHE^iT OE LA DYNASTIE DES OH-
MIADES.
Au debut des conqu^tes il y a tou-
jours despotismedes vainqueurs envers
(*) Voyez Aboa'l-feda et Ockley, Hutoin
des Sarrasins.
128
LTJJSIVERS.
les vaincus, baine des vaincus contre les
vainqueurs. Toutes les mauvaises pas-
sions , que la guerre a allumees, n'etant
pas encore satisfaites, d^uae part, Tavi-
dite se gorge de rapines , la cruaute se
baigne dans ie sang, Torgueil se fait
un pi6destal des cadavrcs qu'elle a
amonceies; d*autre part, la vengeance
se trame dans Toinbre, la perGdie de-
nonce et trompe, T^goisme se nicinifeste
par des Idchetes et des trahisons. Plus
tard, quand Ie temps a passe sur toutes
les auimosites, quand Tbabitude a fait
accepter Ie nouveau joug, chacun se
supporte plus facileinent ; on se fait des
concessions peciproques; on se rappro-
che peu a peu. Le despotisme n^etant
plus te moyen unique et souverain de
poss^er et de jouir, la rigueur se reM-
che, et bientot les calculs de TifiterSt
prennent la place des brutality de Ja
force inaterielle.
II n'est pas dans Tesprit de la majority
des hommes de \ivre loi.gteinps en enne-
niis ; et, une fois les premieres luttes ter-
minus, chacun tend a se grouper pourse
porter aide. La difference des races, il
est vrai , a ete souvent un obstacle a ces
fusions aussi utiles que naturelles : sou-
vent aussi certaine antipatbie instinctive
a ^rte violemment entre elies des po-
pulations qui tendaient a revenir Tune
vers Tautre. Toutefois, ces exemples
sont rares : ils ne se $ont rencontres
en Orient qu'a de longs intervalles, et
dans des cas exceptionnels. Les Ro-
mains, peuple d*Occident relativement
aux populations d'l^gypteetd'Asie, ont
trouve beaiicoup plus de resistance a
leur etablissemt-nt niilitaire a Alexnn-
drie et a Antioche, que les Arabes dans
les premieres annees de Thegire. Mais
aussi, c'est que les Arabes avaient pres-
que les m^mes godts , les mSmes ten-
dances, les m^mes habitudes que les
Syriens, dont ils envahissaient le pays,
line fois qu'il n*y eut plus de chancesdans
la lutte, plus de contestation dans la con-
qu^te, les rapports entre les vainqueurs
et les vaincus* s'ameliorerent prompte-
ment ; et par ce besoin ni^me de fusion,
dont le prinr.ipe est une dts lois je I'esnrit
humain, on en vint, plus vite pput-etre
quepartout ai.leurs, a un rapprochement
complet et general. Voila comment une
des raisons de la guerre, la difference de
religion, s'amortlt dejoiirttJQn,d
comment taat de SyrieosarriveRr^
si rapidemeot, a embrasser laj
leurs adrersaires. Quaod la n
cesse d'etre un lien saere,eUe(l
un calcul int6res>e , un moyeo dtflj
slon tout humatne, un pretextedii
pathie dont il peut resulterdttM
ges immediats, que personne if
donne de propos delib^. Cij
point de vue uu'on peut dire
martyrs sont des guerrifrs;
temps de paix, ies martyrs s
exceptions.
Telles sont les causes seDenle^
prompte pacification deiaSyrie|
est la rason du succes prod^
Moawiah, le grand administntfl
prevoyances de cet homine def
realiserent m^me atel point, (
eapacite de son fils et I audaeil
vaux qui vinrent a Ydzid di|
r A rabie , ne purent detacher h
tionssyriennes de sa personnfrt
des horreurs de la guerre, pM
pour le repos qu'elles a?aieQt0
par tant de sacriGces, redwilirtl
tout unchangement dedomioatf"*
qu'il flit, elles demeurerenl I
la famille d'Ommeyyah, etr«
pour khalife le Gs dTeada^
d'entratnement que d'unaniniil
heureusement leur tranquillity 1
core compromise par la ousilh
de Moawiah II, Gls dTezid. Ce|
sans caractere, d^vot plul^r
ffieux , couard plutot qae ir
faible plutot que bon, nepati
que quelques inois la pesaotaf|
voir supreme. L'existence f
la Syrie allait done iin de t
en (question, lorsqu'un li
adroit que resolu , d une cooi
toujours habile, sinon touji
ambitieux depuis sou adolesgHjg
sans cesse rfive la puissance soay
devint Tobjet des supplications*
riens, qui lui offrirent le khaliiW
descendant de la famille r^»*
homme, c*6uiit rastucieux
Tancien secretaire d'Othman,
Moawiah Tavait et^ de Wahod
succes de toutes ses d^marchtf »
riva bien un peu taid ; Ie vceu dej
sa vie ne s*accomplissait , coinwj
une derision celeste, qtfauflwina!
SYRffi MODEtUNE.
129
II allfldt quitter la terre ; mais un reste
de jeiinesse aidant, et surtout les encou-
ragements et leg prieres de son fits,
Abd-el-MeKk , ayant vaincu ses derniers
scrupules, il accepta la souverainet6
qu'oii lui offrait (*).
A peine sur le trdne du khalifat , une
pensee de fourberie et d'usurpation
s^empara de son esprit, et le domina h
tel (K>int, qu'il songea plus a la mettre
a execution qu'a repousser les rivaux qui
s'agitaient autour de lui. Merwan tut
cous^uentavec lui-m^me jusqu'au bout
de sa carri^re ; il etait ne pour trom-
per, et il trompa jusqu'a son dernier
soupir. Les deux conditions de son Ele-
vation au khalifat avaient EtE la promesse
de prendre pour successeur un des des-
cendants directs de Moawiah plutdt
Sue sonpropre fils, etd'epouser la veuve
'Y^id. 1^ derni^re de ces conditions
futimm^iatementremplie par Merwan,
malgr^ son dge avancE; mais il ne satis-
fit en cela le voeu des partisans de Moa-
vf'iahj qu*afin d*toe plus^ portee d*Eviter
Fex^utlon de la seconde condition, qu'il
avait pourtant solennellement accept^.
£n Epousant la veuve d*Y^id , il n'a-
yait pas a craindre son opposition , qui
eOt pu devenir trte-puissante , et en
inline temps il se trou vait naturellement
le tnteur du dernier petit-fils de Moa-
wiah, Khaled-ben-YEzid , et pouvait
facilement T^arter du trdne au lieu de
I'y placer. Des lors toutes les pensees
et tous les efforts de oet bomme,
aussi rempli d'astuce que d'ambilion ,
furent tourn^s vers ce butd^lojal. Loin
d'Epuiser ses forces a ^eraser imm^ia-
tement des rivaux qui ne lui semblaient
pas fort redoutables sans doute , Abd-
Allah-ben-Zobair, lechef de la Mekke,
et un certain Mokhtar, qui s*Etait mis
a la tdte du parti des Alide^, il chercha
au contraire a gagner du temps avec
eux, au risque de les renforcer, et ne
pensa d'abord qu*a s'attacher les habi-
tants de Damas par ses largesses et les
Syriens par ses concessions. Pour lui ,
pour ainsi dire , il s'agissait en premiere
ligne decoiiqiierir moralement la Syrie,
avant de revendiquer ses droits sur
rirak et THedjaz.
Toutefois, li ne fut pas assez long a
(*) Yoyez Aboan-i^da, Aim. MosUm,
9« LivraUon. (syaib moderns.)
s'assurer de la Syrie pour compromettre
son pouvoir au deia de cette province.
Heureusement servi par les circons-
tances et par Tesprit calme et sens6 des
Svriens, il put en quelques mois s'atta-
cner tous les partisans du khalifat
de Damas, et vaincre par la ruse, plu-
tdt que par la force, rarmee envanis-
santed*Abd-Allah-ben-Zobair. Une fois
done les Damasquins ranges dans son
parti , une fois 1 armee de -son plus sd-
rieux rival dispersee, grdce a un stra-
tageme d^loyal , qui avait consist^ en
fausses propositions de traits et en une
attaque contre des troupes debandces,
le vieux khalife songea a TEgypte et a
TArabie. II eut promptement raison
des £gyptiens. Geux-ci, assez indif-
ferents au mattrequi ies devait dominer,
ne soutinrent que faiblement les efforts
d'Abd-errahman , leur gouverneur pour
Abd-AUah ben-Zobair , le khalife ae la
Mekke et de Medine. Abd-el-Aziz, se-
cond filsde Merviran, suffit pour chasser
Abd-errahman , que,,se]on Thabitude
orientale desetoumer toujours du cote
des victorieux, les Arabes d'£gypte
abandonnerent It sa premiere bataille
perdue (*).
Apr^s ces deux revers de S^rie et
d*£^pte, Abd-Allab-ben-Zobair, au
lieu de redoubler d*efforts contre ce-
lui qu'il appelait Tusurpateur de Damas,
s'endormit dans sa d&faite , et laissa
Merwan consolider son pouvoir sur les
plus belles provinces musulmanes; et
grAce a ses triomphes rapideset repetes,
grdce k la reputation que le sort heu-
reux de ses armes lui acquit en Syrie,
arriver aux fins qu'il ddsirait, c'est-adire
a transmettre a son fils Abd-el-Melik
le trdnedont aurait dO legitimement h^
Titer Rhaled,petit-filsde Moawiah. Ainsi
Merwan put voir toutes ses ru^es reus-
sir, et son pouvoir, en moins d'une
ann^, parvenir a son apogee. Sin-
gulier hoinme que ce Merwan , d6vore,
durant toute sa jAunesse, par une am-
bition impuissante; imm^iatement de-
pass^ , du vivant de Moawiah , en bar-
diesse, sinon peut-£tre en habilet^;
malheureux dans son premier gouver-
nemeiit de Medine, ott il fut oblige
de fuir devant le soulevement de la
1*) Yoyez Bf . £UeDne Qualrem^re, loc, laud^
190
.'L'UJMIVEIUL
population, et oik son eri^dit d'bomme
fin et intelligent fut ruin^ par la
Tolonte d'un soldat sans haute capa-
citeet saos instruction r^lle; singulier
homme,en verity, qui ne sed^coura^e
jamais : patient contre les ^venements,
plus fort que sa destinee, pour ainsi
dire , et qui, no pouvant satisfaire ses
propres tendances, ses propres voeux,
sa propre ambition; qui, ne pouvant
jouir de la longue et tranquiile domi-
nation qu'il avait si longtemps rlv^,
la prepare pour son Ols par tons les
inoyens licites et illicites, et meurt, le
dixieme mois de son regne dispute, en
laissant a Abd-ei-Melik un trdne conso-
lidc h Damas , una grande province re-
conquise, TEgypte, et un rival presque
abattu, Abd-Al-lah-ben-Zobair!
Certes si Toccasion favorable s'^tait
plus vite offerte a Merwan, il Taurait
saisie avec tout autant d*a-propos et de
resolution que Moawiah , et il n'aurait
sans doute pas tromp^ pour parvenir,
il u^aurait pas ruse pour vaincre, il
n'aurait pas employ^ des moyens d6-
loyaux qui ont sufG a certains historiens
pour ie decrier et pour attaquer sa m^-
nioire. Quant h nous, ennenii de Texa-
f Oration dans ie panegyrique comme
ans la critique, tout en desavouant, au
nom de la morale ^ternelle, les fourbe-
ries de Merwan, saconduite si bidmable,
comme secretaire du vieux Othman,
lorsqu'au prolit de ses inter^ts secrets
il lui faisait signer des ordres cruels et
contradictoires ; tout en condamnant
son manque de foi a regard du petit-fiis de
Moawiah , nous n'en louons pas moins
5a perseverance comme horonie, et com-
me prince, son esprit d'ordre et de pr6-
voyance. II sut, en effet, achever Toeuvre
du premier des Ommiades, tout en pri-
vant de la couronne le descendant le plus
direct de la famiile adoptee en Syrie.
Merwan, a soixante-trois ans, epoque
ou il fut appeie au khaiifat de Damas,
avait Texperience la plus sdre et la plus
complete. II connaissait , pour les avoir
longtemps pratiques, les rudes habi-
tants de THedjaz ; et, se meGant avec
raison de leur violence reli^ieuse et de
leur farouche ent^tement , il avait com-
pris , lui au.ssi , que Tavenir de Tlslam
n'appartenait pas a ces peuplades guer-
.rieres mais indisciplioees , dont le joug
etait dor, parce qoe leur vpA k
indomptable; dootleearaemMi
teuret severe pouvait D»it-te«te«|
cellent pour la eonquete, mail mi
la it rien pour For^saDiBation (fvn n
empire et pour ramaleameiMit
provinces oonobreuses etdiventt. k
avait-il toume toutes ses vuei v«|
Syriens, et, sous le pAle regne dTI
setait-il efforc6, en place du"^
incapable, d'eneouragercet
h^sion et de sagesse aui cara(
les Damasquina. Grace h lui, il
done en Syrie un parti dt Mi
moderns » tolerants, instruits, ,
des lors le parti le plus wM i
lam, dignes Aleves de Moawiah, h
et s^rieux partisans de Iferfnj
lait il laisser son oeuvrc i ~
failait*ii la compromettre en c
trdne au jeuoe khalife?Neiaa
pour eviter cette faute, qoil
pr^f^ra a un enfant saos geoiiM
atne Abdei-M^lik, qui avaitii
donn6des preuves rep^teesdel
et de talent? Alors Tacte deT
au lieu d'etre traite de bi8» (
devrait s*appeler un boa cakiL
▲CGBOISSBMSNT DB LA
MOBALS DBS KHAUVBS 01 1
IquelesS
Quel qu*il en soit de la
Merwan , toujours est-il qv
adopterent avec cbakur Al
pour nouveau khalife : on
fiance dans sa vaillanoe comote
dans son babilet6 comme
teur, et dans son intelligence
tingu^ et amoureuse des cbi
magination. D^ja lesSyrieos,
le sentiment de leur supa'ii
lectuelle sur les Arabes de
preferaientun prince eclaire^fl^
des preoccupations dvilisatrtct^
de ces rudea et grossiers jonW
la force ne reside que dais k
dont lesprit superstiiiem etin
ne salt qu^interpreter avec ligu*
lois divines et faire execatcr^
rete lesloishuroaines. Abd-el-Mow
d'ailleurs un homme mdr ?***'**
son pere, ran66derhegire,685««
ere, il n'avait pas moins dc9aarin"
ans , et les nombreux succcs «'«"
qu'ii avait obteous, la pnid«fl« f
uptt-iaijj
SYiaiE MOD£RN£.
131
ilinontrfe dans la victoire, laoon-
Mnee parfaite dea homines et la far*
^de son earactere ^taient autant da
ints de son bon gouvernement. II
( d'ailleurs, presque aussit6t a don*
des preuYefi de ses talents, et mature
teines eirconstances graves et in*
jKantes , il ne s'abandonna jamais a
l^aragement funeste, et sut, an
raire, profiter avee promptitude de
slit^ des ^v^nements. A son av^ne-
aa tr6ne de Damas, son rival de
Ike 6tait parvenu a la pluagrande
fencequMledt jamais acquise. Grdce
lestruction du parti des Alides ,
\ Burtout au courage beureun de
l^Blosab, Abd-Allali*benZobair,
ridu farouche mais hard! Mokhtar,
|:^Ddu sa domination sur 1 Irak
CBtiere, et de la semblait menacer
hronoe contest^e des Ommiadea.
IM-Mefik ne perdit point un ins-
t»SQr6 de In Syrie, il comment
iivo^erdes^missaires secrets pour
IMrean compte exact de T^tat da
y^tie ia situation de Kouffa, sa ca-
I. Les premiers rapports qu'on fit
Mife furent compietement favora-
ises projets : les habitants deJ^Irak
lai<^naient tous de Tavidit^ da leur
erneur mekkois. Mosab, luxueux
ebauche, distribuait aux femmes
1 Tor qui) d^robait a ses nouveaux
b<Sf8 depenses toient excessives,
Mr obtenir de quoi j satisfair e il
Mt sorte d'avanies null ne se per-
^m les bommes les plus tran-
K8 et les plus estimfe. Bientdt sa
■uitede plus en plus coupabie, sa
iwtion deplus en plus tyrannique,
jcbirent de son parti le» coeurs les
'patients. Aussi , lorsque les 6mis«
»» (TAbd-el-M^lik flrent entendre
^ K khalife de Damas , grand justi-
^frand redresseur de lorts, avait
«niioa de r^primer les d^sordres
l^oels Hrak eiait en proie, ils trou-
Jnt aupres des habitants les plus con-
soles de cette province desencoura-
jents et des promesses d'appui qu'ils
Bttrent dialler rapporter a celui qui
^^J'^^nvoy^. L'heure 6tait sonn6e
f« Abd-el-M^lik : 11 se mit en personne
£♦1 ^* ^'arm^e nombreuse qu'il
?J^ levte, et marcha tout droit vers
''^^ pour le eombatue au cceur m^me
de son goavernement Poortant ce der-
nier nese laissa point surprendre, et, a
la premiere nouvelle de la marche de
son ennemi, ilpartit lui-m^me deKouffa
avec toutes ses troupes disponibles, et
s'avan^a jusqu^aux bords du Dodjail,
daos la vaste plaine de Maskou (*).
Dha que les deux armies furent en
presence, Abd-el-Melik, fidele k la po- .
litique prudente et astucieuse des Om-
miades , se garda b en d'engager imm^-
diatement le combat, et de jouer la
partie sans en avoir longuement calcui(§
les coups. Bien au contraire, il amusa
assez longtemps Mosab en vaines et le-
geres escarmoucbes, tandis quil faisait
sender les intentions de certains chefs
de son parti. Le khalife trouva plusieurs
consciences lar^es ; et oe que le mecon-
tentement avait commence, Targent
Tacbeva. Puis, lorsqu^il fut sdr qu'au
moment d^istf ses nouveaux allies sau- \
raient vigoureusement Tappuyer, il li- [
vra enfin cette bataille generate si d^-
sir^e par Mosab. Elle fut acharn^e,
aanglaute^ pleine de peripeties Tout
d*abord la ca valeric impetueusedu Rouf-
fien Ibrahim jeta le trouble dans les
rangs de favant-garde Syrian ne, com-
maiid^e pourtant par le brave Hadjadj-
ben-Yousouf, qui devait procbainement
s'illustrer deVant la Mekke. La cavale-
rie d'Abd-el-M^lik , sous les ordres dn
brillant Mohammed-ben-Merwan, pro-
pre frere du khalife, n'aurait m^rae pas
sufiQ peut-^tre pour retablir les chances
du combat si la trahison d'uu certain
Attab-ben-Warka n'^tait encore venue
ausecoursdesSyriens.Cet Arabe, avide
et dissimul^ , gagn^ par les promesses
du khalife, fit donner le signal de la
retraite sur I'aile gauche des Kouffiens^
permit ainsl aux soldats d* Abd-el-Me-
lik d*^craser la cavalerie qui les mena-
cait , et decida par sa defection du suc-
ces delaioul'nee.
Le lendemain, la sc^nela plus d^ses-
p^rante pour Mosab se passait dans
son camp. Toutes ses troupes indiscipli-
n^es, mal attachees a son parti, d*inter^t
et de pays differents, presenterent Ti-
mage du plus pitoyable chaos : les
(*) Yoyez le Mtoioire tm Abd-illlah-beD-
Zobalr par M. Qaatrem^ , dam le Jourtiai
9.
J8J
t'UNIVERS.
nns, sdDS foi et sans scrapule, pass«reDt
impudemment dans le camp ennemi;
les autres, m^^ontents et inquiets, re-
fuserent d*obeir aux sommatioos de
leurs chefs ; les deraiers, enfin , decou-
rages par Tecbec de la yeillo , restaient
indecisetn^osaientpas marcheren avant.
G'^Uit pis qu^uoe d6route, c*etait^ la
fois une r6 volte et une trahison. £a
apprenant ces faits, qui lui assuraient la
victoire, Abd-el-M^iik montra quelle
^tait la g^n^rosit^ de son coeur : ii d^
puta vers Mosab son frere Mohammed,
avec la mission d'offrir a son ennemi la
vie sauve, les honneurs dus k son rang,
et une part detous les biensde Tempire,
excepte du khalifat ; mais Mosab etait
trop orgueilleux pour cMer a son ad-
versaire et pour accepter ses bienfaits.
II refiisa toutes les onres qu'on lui fit,
ets'en remit aDiea surson sort. Abd-
el-M61ik fut done oblige de le soumet-
tre par la force , et le combat recom-
menca. 11 ne fut ni long ni important :
Mosab ne restait entoure que par aUel-
3ues serviteurs fideles. Gependant rau-
acieux Mekkois ne voulut pasentratner
son fiis Isd dans la catastrophe aui le
menacait : il Ten^agea a quitter lecnamp
de bataille; le'jeune homme repoussa
cette proposition comme honteuse. Le
pere insista , supplia son fils de retour-
ner aupr^s de son oncle Abd-Allah-ben-
Zobair, afin de d^fendre les droits du
khalife des villes saintes;lejeune homme
d6clara qu'il se croirait deshonore en
abandonnant son pere dans le danger,
et que sa fuite le couvrirait d'opprobre.
Le p^re alors se r^signa, prit ses armes,
et alia giorieusement se faire tuer au
milieu desSyriens, en defendant jusqu'au
dernier moment sa vie et celle de son
fils. Ainsi tomba un des adversaires les
plus redoutabies du khalifat de Damas.
Abd el-Melik avait montr^ dans cette
circonstance autant d'adresse que de
resolution, et comme il Tavait prevu et
pr^par^ , k la suite de cette bataille il
se rendit mattre sans combat de Kouffn,
de Bassorah , et de la province de TI-
rak tout entiere (*).
Mais ce n'etait 15 que la moitie de
FoDuvre qu'Abd-el-M<^lik devait mener
h lin. Son rival guerrier ^tait vaincu , et
(*) Vovez le M^^moire de H. Quatremere sar
AbdXIlah-ben-Zobalr.
maintenant il faMt abittie bob m
pr^tre. Abd-Allab-ben-Zobair,dB
de la chaire sacrtode la Mekke,iK
quait pas, chaque fois qu*il racitiil
prieres devant le (leuple, de les tens
par des imprtotions centre U U
desOmmiades, et particuliereaxoii
tre Tusurpateur regnant. Or,
temple de la Mekke etait le but dBf
rinage de tous les Arabes, il |
dtre p^illeox ^ur lepouvoiriTi
M^lik d'etre ainsi maudit qootii
roent dans la sainte Kaaba. Pour
plaire a Fesprit pacifique des ^
Abd-ei-M^lik cfaereba d*abord a "
contre son rival autrement que |
armes ; et voici ce qu'il imagiDi : (
Jerusalem etait aussi une viile
selon le culte musulman, il
^ever une mosqu^, et d'y .-^
lui-mdme les Synens aa tempsk ;
rinage. Malheureusement ubil
force de Thabitude, surtout
nations orientates, que, mal^l
que donnait le khalife, il ay eil
que les Svriens qui cbaogereotie|
nage de fa Mekke en celui de Jena
L'id6eingenieused' A bd-el-MelikB'
done pas eu le succ^ qa'il eo ami
il se trouva contraiut d*fa app^
armes pour faire cesser le
mena^t Tavenir de rislam,et
blissait, pour ainsi dire, unf^'
neste a tous les Musulmaas.
Les Syriens penskent
prince, et le soutinrent daassa
Abd-el-Melik , se senlant aimi
par Fopinion g^nerale , se h&ta A
une armee, tout en se garM
d*en prendre lui-mtoe le
ment, de peur de compn
caractdre de chef reJigieui'
porter en personne la gM0^|,
territoire sacre de la MekkiCft
iladjadj-ben-Yousouf, que ooiff
deja vu se distinguer cootre I
qu'il mit a la t^te de Texp^itioB
Abd-Allah-ben-Zobair. Ce gcoeri
n'flvait pas Ws scrupules Je soom
s*avanca hardiineitt jusque sat M
tieres du territoire de la MekkfTS*
dans la ville de Taief, ct de la^
de jour en jour de plus ooniwt
troupes contre la ville sainlepar*!
lence. Bient6t cette cite famcuse,fifl
a Fapathie d'Abd-Allah, fut ccrfleii
SYRIE MODERNE.
1S3
toutes parts. L'audacieux Hadjadj com-
menca des lors le siege , quoiqu on fi)t
dans' le mois de ramadhan , etabiit des
batistes toutautour de la ville, et lan^gi
des pierres jusque sur la Kaaba. Le feu
■Celeste , appele par Abd-Allah , ne vint
§as foudroyer le sacrilege ; et au bout
e plusieurs mois la ville , presque rui-
nee de fond en combte par les machines
de guerre desassiegeants,^puisee de res-
sources de toute espece, songeait a se
rendre pour ^viter la famine et la destruc-
tion. Mais le superstitieux Abd-Allah
voulait mourir eu martyr, et, afin de re-
sister jusqu'au bout, ilautorisa lesMek-
kois, decourag^, k accepter ramnistie
3u'on leuroffrait, et ne conserva auiour
e sa personne que ceux qui voulaieot
gagner le ciel avec lui. Quelques chefs et
quelques soldats exaltes accepterentcette
proposition desesperee ; ils sui virent leur
sbalife dans Tenceinte de la Kaaba, pas-
serent la nuit dans la priere , et au petit
jour, ayant invoque une derni^re fois
Allah etson prophete, ils jeterentau loin
les fourreaux de leurs epees et se pr^ci-
piterent t^te baissee contre les Svriens,
qui avan<^ient d^jh en foule vers le tem-
ple. Bient6t une gr^le de pierres eut
raison de ces martyrs volontaires. Abd-
AUah re^ut ainsi le coup de la mort ,
et sa t^te fut envoys au vainqueur, (]ui,
selon la coutunie orientale, fit diriger
ce triste trophee vers Damas, comme
preuve de sa victoire. Avec Abd-Allah
p^rirent les derniers compagnons de
Mahomet, hommes energiques, mais
stationnaires , qui se plaisaient dans les
m&les m»is sau vages vertus des premiers
temps de Tlslam ; vieillards inutiles, du
reste , car ils n^avaient pas compris les
nouvelles destin^ de leurs descen-
dants (*)•
A dater de ce triomphe, Abd-el-MdIik
vit croltre de jour en lour sa puissance
morale. II n*avait plus d^sormais, dans un
coin de son empire, des opposants rigou-
reux qui niaient son mfaillibilite et
bidmaient ou coodamnaient chacun de
ses actes. Toutes les prerogatives du
khalifat lui furent acquises incontestable-
ment. Makre souverain des corps et des
limes de ses sujets , il pouvait facilement
abuser de sa toute-puissance, et ce fut un
C*) Yoyez Muoadi, Hakrlsi et Tel)rizl.
grand m^rite a lui de se montrer, au con-
traire, plus juste, plus liberal , et plus
^lair^que jamais. Toutd*abord il recom- ,
pensa diguement le vainqueur d'Abd- Al-
lah ; et pour lui donner de nouvelles occa-
sions de se distinguer, il confia a Hadjadj
Je gouverneinent difficile de Tlrak, du
Khora^an et du Sedjestan. II fallait r^pri-
mer dans ces pays quelques troubles qui
venaient d'y eclater, et malntenir d'une
main ferme des habitants au caractere
turbulent et fourbe a la fois. Hadjadj
se montra digne de la confiance du kha-
life, et lui conserva ses provinces orienta-
les, taiidisqu' Hassan etendait en Afrioue
la domination musulmane. Ce dernier,
apres di verses alternatives, remporta
une victoire complete contre les Berbers
qui habitaient les monta^nes de TAuras,
et les soumit au kharadj. Ainsi le litto-
ral de TAfrique aussi bien que ses con-
trees montagneuses appartenaient dejk
aux Musulmans, et d'un autre c6t6 leurs
possessions allaient jusqu'aux frontieres
de rinde.
Cependant Abd-el-Melik , qui avait
coufie k des g^neraux habiles rhonneur
de sesarmes, s'occupait h Damas de
Tadministration compliqu^e de son co-
lossal empire. Deja possesseur de riches-
ses considerables, mattre d*une contr^e
Uianufacturiere, la Syrie, d^une contree
agricole, r£gypte, il s*aper(ut que, dans
le vaste commerce de ses nombreux
sujets, un inconvenient grave pouvait
resulter de la confusion des monnaies.
Chaque province , pour ainsi dire , avait
la SKnne. La Syrie et r£gypte avaient
celle des C^sars, rlrak et la Perseavaient
celle des Cosroes. A peine guelques me-
nues pieces de cuivre porta ient-el les une
legende arabe. C'etait la comme un tri-
but deshonorant a payer a Tindustrie
et a la puissance etrangeres. Abd-el-
Melik resolut de s'en affranchir. Un
modelede monnaie musulmane fut done
choisi par lui , et le type en fut envoye
a tons les gouverneurs de provinces.
Chose etrangel Tempereur de Constan-
tinople, qui n'avaitjamais reclame contre
les agrandissements de territoire de TIs-
1am , eieva une vive altercation a pro-
pos de cette fabrication de monnaie.
Comme son opposition ridicule fut me-
prisee, ainsi qu*elle le meritait, Justi-
nien II commit la faute de rompre |q
114
Ii*UIfIVERS.
traits qui assoraft la traDquillit^ de Fem-
pire byzantin, et la guerre recommenca
eotre les Grecs et lea Arabes. Cette
§uerre, comme tant d'autres depuis pres
'UD siecle, leur devait toe fatale if).
' NODYELLB BBFAITB DBS eiBCS.
Qu'^tait-ce eo efTet, k cette heure,
que Tempire byzantin ? Une sorte d*a-
narchie sanglante pr^sidee par un prince
au coeur de tigre. Justinien U avail
montre , des sa jeunesse , sa cruaute et
sa perGdie. En renouvelant ie traite de
CoDStaniin Pogoiiat avec les Arabes, il
leur avait promis de faire cesser les in-
cursions des Maronites, qui iuquietaient
de plus en plus la Syrie niusuiinane par
leur audace et l^nr activity. Ces bardis
moiitagnards , enuemis nes des Arabes,
furent sacrifies sans scrupule pur un
empereur de vingt ans qui n'avait pas
plus de urevoyunce que de gen^rosite.
Au lieu ae se montrer francbetnent pro-
tecteur de ses braves coreligionnaires
du Liban , il les vendit, pour la security
d'un moment,a leurs plusirrcconciiiables
adversaires II ioignit, en cette occasion,
la fourberie a ra lAcbet^, a la cruaute la
trabison. Son general, Leonce, eut ordre
d'attirer a lui par des Qatteries le cbef
des Maronites , de lui remettre des pre-
sents et une lettre affectueuse de la
part de Tempereur; et, apres Tavoir
ainsi trompe, de le massacrer sans pi tie.
Cette honteuse et barbare mission fut
stricteraent executee par Leonce : le
cbef des Maronites re^ut sans defiance
le general byzantin et ses principaux
ofGciers, les invita a un repas, et ce
fut au milieu mSme de ce festin qu'il fut
assassine par ses hotes. D'abord le peu-
ple de la moulague s'indigna d'une
prcille conduite, se souleva contre
les bourreaux envoyes par Justinien,
et lea menaga de la peine du taliou.
Mais Leonce , a force de menaces d'une
part , et d'ar^ent distribue de Fautre,
calma la revoke pr^te a ^clater.
Ainsi la trabison , le meurtre , et en
dernier iieu la corruption , voila ce aue
I'empereur byzantin apporta vers 1 an
697 dans le Libaii. I£t encore non content
de tous ces maux dont il accabia des
(*) Yoyez Sylveslre de Sacy , JimrnalJLna-
tique.
sujets qui auraient dA ki Itn (ihcn,i
les trompa par les plus fallaeieuMs
messes ; et sous pretexte que leur
tauce lui etait utile , il tira de la
tagno douze mille des plus
Maronites, et les envoya dansdil
provinces de son empire. CeUe
fut a la iois une infamie et une
une infamie, d'avoir abuse de la
plicite de plusieurs niilliers de
guards*, unefaute, d'avoirdisp
cellents soldats qui teoaieat
ment en 6 hec les Arabes, eni
gieux et politiques des Grecf f).
II fallait, du reste, oue Justir^
fdt autant d6pourvu de bon seat
grandeurd'dme,pour avoir aiasii
son empire vis-avis des Arabes, nj
ment de ronipre avec eux. Depui*
que temp« , en effet, ce jeooe
aussi presoniptueux que leroot,
cbait tous les moyens defaireii[
aux Musulmans : la fabricate
monnaies, dont nous avoaspiii
baut , lui fut un pretexte. Ji
avait r^uni a sa cavalerie ^
corps de trente mille Esciavoos;
oomptait avec cette arm^, doot'
tant les ^l^meats h^terogenes poo
se disjoindre au moment de ia
battre facilement les Arabes et'
prendre quelques-unes des
possessions de Tempire byzani
Tenement se chargea de lui
severement la fausset^ de son
D'abord, soit adre$se,>oit
reel de bonne foi, le kbalife Abd-
commen^a par declarer que e«
pas lui qui ronripait les traiiesi
son plus grand desir^tait lar^
tion de la paix. Cependant il o'(
salt pas mo ins une armee qu*il<
a son frere Moliammed-ben-T
D'apres les prescriptioDS do
Mobammed , en presence de fi
byzantin, renouvela ses prob
pacifiques , et mena^a de la ciM
vine les parjures , quels qu'ils to*
Justinien U , sacbant sao arnK
forte que celle des Arabes, <****
missaire de Mobammed , et attag
camp ennemi. Apres plusieurs W
de lutte, les Mu>ulmans, en Dotfl
nombre , allaient ^tre icnsk par »
{•) Yoyez Eimadn, Hist. Stme,
SYRIE MODERNE,
185
|rersaires, lorsque Mohammed, qui
nit ddja essays de corrompre le chef
'}$ Esciavons , lui envoya un carquois
Knpli d^or. Ce riche cadeau d6cida te
ffdes Esciavons, qui , d'ailleurs, etait
n d'etre satisfait de fempereur byzan-
\iUse tourna done du cole des Ara-
il avec vingt'mille de ses soldats, et
'^ apporta la victoire. Le vanileux
iiuen II en fut pour ses menaces
intes , pour ses ridicules projets de
^te, et n'eut que le temps de s'en-
a centre de ses possessions. l»k ,
vengea d*une fa^on horrible des
BTonSy en faisant precipiter du
d'un roeber dans la roer les fem-
^6t les enfants de ceux qui Tavaient
L II S6 consdait d*une d<^faite par
|«niaut6 n.
fmOfiPBBITB ACCWBTITBLLE
DE LA SYRIB.
I que Fempire byzantin , ]ivr6
ces sanguinaires de Justinien IT,
'se deVeiopper dans son sein les
ans les plus brutales , et de jour en
^ies exactions des courtisans augmen-
"line faqon effrayante, le khalifat de
; deveaait, au contraire, de plus
jius puissant. Par ses g^neraux,
I habjies qu'audacieux, Alid-ei-Melik
rDusse ses conqu^tes en Afrique
Carthage, en Perse jusqu*au fond
" orassan; r£ffypte etait pacifiee et
tive; rArabie, nagu^re si tur-
B, reconnaissait sans trop de r^-
la suprematie des Ommiades ;
e, a rabri de toute guerre et de
ll inquietude depuis que Tincapable
ireur de Constantinople avait de-
P lui-ro^me le foyer libanique de
'^tfonisme entre le Chretiens et les
umans, la Syrie, naturellement
Hique, s'abandonnaittranquiliement
' B douce Tie de loisir et de luxe : elle
ait d^autant plus les charmes d*un
ent prosp^re, que le pass^ avait 6t6
calanaiteux et que i'avenir toit
E iueertain.
province, en effet, en ^tait
; h repoque, qui dura malheureuse-
Bt si peu , pendant laquelle elle put
duire sans trouble, jouir sans con-
n Yoyez Tbtopbaoe.
testation, rendre h sa nature toute sa
f(6condite et toute son activite a son
esprit. Le s^jour des khalifes, en assu-
rant la s6curit^ generate, avait peu a peu
fait revivre les qualites natu relies des
habitants de ce pays , si bien dou6 par le
ciel :aussi, quand chacun fut complete-
ment assure de la libre possession du sol
qu*il exploitalt, la Syrie luttaen produc-
tions terrttoriales avec la feconde Egy pte,
en produits manufactures avec Tindus-
trieuse Perse. II lui vint aussi de toutes
parts des richesses et des lumieres : la
courdes khalifes attirait a elle les for-
tunes en encourageant les plaisirs, et
le souverain maitre Abd-el-Melik, ayant
montre du godt pour la po^sie , se vit
bientdt entour^ d'une sorte d'academie,
ou les savants arriverent a leur tour
disputer aux lettres les bonnes graces
du tout-puissaot dispensateur des boo-
neurs et des biens. Peu a peu se pr6pa-
rait cette ere de culture oe Tesprit ou
lesMusulmans montrerent qu'eux aussi
^talent dignes de Tempire du monde. l(
semble quils aient voulu justifier, sous
les derniers Ommiades et sous les pre-
miers Abbassides, les conau^tes de teurs
khalifes de THedjaz , rigicfes reiigieux et
infatigabies soldats. Le re^ne d'Abd-el-
Melik fut i'aurore de ce siecle eclataiit.
Ce prince , qui avait quelques-unes des
vertus de son aieul Moawiah , tout en
se livrant, sans exces pourtant, aux
iouissances du luxe et aux douceurs de
la poesie , n*oublia point de mettre de
I'ordre dans TinimeDse administration
dont ii etait le chef supreme. On Gt, d'a-
prds sa volont^, un recensement general
de tous les habitants de ses nombreuses
f)rovinces; les r6les furent dresses avec
e plus grand soin, et il en resulta F^ta-
blissement le meilleur possible du kha-
radj (capitation), seul impdt r^guUer et
stable qui fut jamais en ^vigueur en
Orient.
GABAGTkBB D'ABD-BL-HBLIK..
Ce qui caract6rise avant tout Abd-el-
M^lik , et ce qui a certes ^te un des
elements les plus f^-conds de la prospe-
rity de son regne, c'est sa tolerance
religieuse. Remarquons que cette qua-
lite, en Orient et a cette epoque, est
un grand progres, et prouve tout a la fois
S36
LUWIVERS.
la mansu^tude et rintdligenee du prince
qui la montre. Un siecle alors s'etait a
peine ecouM depuis que les Arabes
etaieiit sortis du oeaot, grdce aux pre-
dications d'un hommede genie, Matio-
met, et surtout gr^ a leur exaltation
pour les croyances nouvelles quails
avaient adoptees. Leurs conqu6te8
avaient ^te faites tout autaiit avec la pa-
role qu*avec ie sabre, ou plutot avecla pa-
role appuyee par le sabre; c*etaient moins
des provinces quails voulaient |>osseder
que des proselytes qu'ils voulaient ac-
querir; c etait moins un territoire qu'une
nation qu'ils se proposaient de creer.
Tous les vieuxcompagnons du propbete,.
dont les plus forts ont eu leurs anoees
de domination « dont chacun a eu son
jourdegloirCf tous ces hardis etvio-
lents aventuriers ^taient des hommes
iliettres, pour la plupart, et cbacun d'eux
se faisait un devoir de la rigiiiite dans
les principes, de la severite dans les
moeurs, de rinflexibilite dans les idees
religieuses. Le fanatisnie ^tait leur
force, le despotisme ^tait leur gou-
verneroent.
Or, n'etait-ce pas comme une revolu-
tion radicale dans les idees, de vouloir
gouverner un pareil peuple avec les
moyens adoucis de la civilisation, la
mansuetude dans les lois civiles , la to-
lerance dans les lois religieuses , le luxe
pour encourager Tindustrie, la pro-
tection des poetes pour honorer les let-
tres? (^tte revolution sociale, Moa-
wiah Tavait commencee : Abd-el-Melik
Tacheva. Dans lesderniers temps de son
re^ne, quand il fut bien assure de sa
puissance materielle, il ne songea plus
qu*a entourer son tr6ne de toutes les
pompes qu'fl put rdunir. 11 fut prodigue
des richesses que lui avaient accumulees
les victoires de ses generaux; il fut
liberal autant qu'il fut luxueux , et sur-
tout il s'effor^a d*attirer a sa cour les
poetes et les docteurs, les hommes
de rimagination et ceux de la science.
Par mi les premiers, il favorisa mSme
U'une fa<^on toute particuliere un certain
Akhtal , quoiquMl fdt et peut-^tre parce
qu'il etait Chretien. La poesie etait alors
le seul orf^ane des idees du siecle : elle
rempla^ait Thistoire par ses chants
neroiques, la philosopnie par ses pre-
^eptes de morale, la politique par sea
critiques ou ses apo)<^es del ,
et de leurs ministres. Elle etait ea
tres-populaire sous un soioietdass
nature ou presquetouslesbomnMSH
sent avee Tinstinct sinon avec le t
poetique. Encourager la po^
done alors pour le kbalife Abd-4]
se fortifier dans le present autafll
s*bonorer dans Tavenir (*)•
LA POESIV BT LBS P«£TBS .
Si la poesie arabe brillait d^
tout son eclat, si ses images vj '
hardies, si ses roetaphores ooa
et originalesavaientdeslorscecanc
etrange et vigoureux qui la (''"'
les poetes de oette epoqae,eD
comprenaient assez peo leard
et cooservaient assez roal tear m
temps des premiers khalifes, eCi
avant Mahomet , la poesie &aiM
du ciel dont on n'usait quefl
gloire ; du temps d' Abd-el-Melilii
deja un metier dont on dierda
vivre. Lesplusgrands poetesmooiil
meme une avidite qui, daostooti
pays, avee de tout autres nMeois,
eOt deshonores a coup sdr : lis d
taient pour le plus otrraot; ils se
vaientaes vers, soit pour loaer oatit
sure des hommes sans bautes *a^
soit pour invecti ver les eooemis de
aui les payait. L'hyperboiedaDsiV
1 injure dans Tenigramme, voilali
fauts ou ils tomoaient sans scrupui
sans honte. Farazdak, Tun despltf
lebres, faisait de ses vers auui
traits aigus et envenimes dontd
ses adversaires : chacun le d
comme un mechant, quel^oefg
redou taient comme un fleaiLip
digne de ri valiser en verve et cB^^g
poetiques avec Farazdak, s'etailW
chantre ordinaire de Badjadj, ^^
3ueur de la Mekke; puis, ctofl^
oute que ce heros n etait pas a^
nereux k son ecard , il n'cut MsdeP
lorsque sa cefebrite grantw^.JJJ!"
fQt presente et pensionne ricMB*
par le kbalife lui-roeme, preferanU
lors habiter I'opulente Damas qw *
(*) Yoyez If. CaoMta de Perwjjd*"*
exoellent m^moire sur les trois V^^r^
Farazdak el Djirir.AoifV.^«»fW'''^"^ j
STRIE MODERNE.
187
i0ion premier protecteur an fond
'lorassan et dans ses expeditions
, c^etait bien pis encore; h Fa-
r de Targf^nt il joignait celui da
Jn sa quality de Chretien il n'avait
Xeacber son ignoble passion , et,
lie la dissimuler par pudeur, il
iiantait avec effronterie. Mature
Bbonteux, il n'en avait pas moins
pU par Abd-ei-Melik. Ce khalife
ait venir dans son palais, le
kavec somptuosite , et lui deman-
1 lui rteiter quelques chants
oir une occasion nouvelie de le
r de ses faveurs. Cette frequen-
de la cour musulmane, ces
t^te-a t^te avec le comman-
eroyants auraient bien dd le
[de son ivrognerie. Eh bien,
; Toici une anecdote qui prouve
Bntlecontraire : « Un jour qu'il
^e aupresdu khalife, lepre-
tqu'il pronon^a fut pour de-
rlMre; Abd-el-Melikordonna
lies serviteurs d'apporter de
•De Teau , s'6cria Akhtal, roais
boisson des lines! — Qu'on
idu lait, reprit ie khalife. —
I e'estla boisson desenfants! ^->
Mui doQoe de feau mieilee. — De
Diellee, e'est la boisson des ma-
i — Eh! que veux-tu done? dit
' illustre interlocuteur. — Du
ondit impudemment Akhtal.
'} pouvait faire ch^tier comme
lit le poeto saus vergogne
it ainsi mepriser les pres-
Ida Koran et les moeurs de son
|ttaii, pardonnant a sa folic en
'etOD talent, il le renvoya satis-
io de ses yeux , sa sale passion
I encore la bonte de lui faire re-
- des habits d'honneur et une
Dmed'argent. • Cette indulgence
l*Meiik pourrait ^tre critiqu6e
ine se souvenait pas que ce kha-
'~^it aux commencements dune
tion, et qu'il lui fallait accepter
^r les poetes, quels qu'ils fus-
|: e'etait la poesie, ce n^^tait pas
e souvent qu'il honorait. D^
s chose, etqui montre ^ue Tins-
on ne regarde pas touiours au
sor le^oel elle descend! Triste
set qui expUque poorquoi sou-
vent Fceuvrevautmieux que l*homme!
Est-ce la un bien, ou est-ce un mal?
P(*est-il pas hontpux que la poesie, qui
vient du ciel, se souille en touchant
la terre ; mais aussi n*e8t-il pas conso-
lant que , quelle que soit la faiblesse
de Tinstruuient, le chant soit toujours
grand, pur, moral? Laissons la voix,
voyons Tid^.
HOBT I>*ABD-BL-MELIK.
Au commencement de Tannee 86
de IMiegire (705 de J. G.) Abd-el-M61ik
mourut a soixante ansddge, et apres
quatorzeans de regne. Sous ce khalife,
lesepti^me apres Mahomet , lequatrieme
derheureuse fainilled'Ommeyah, Tunit^
du khalifat fut retablie. On doit a IV
dresse autant qu'a I'^ne rgied* Abd-el M6-
likce r^l tat important, quiconsolidait
alors la puissance des Musulmans Mais ,
par ce lait , le pouvoir avait change de
mains. Ce n*etaient plus les rigides ha-
bitants de THedjaz qui gouvernaient
Tempire quails a vaientcr66; ce n*etaient
plus les fondateurs d'une religion plus
politique oue morale qui devaient a Ta-
venir pronter de Textension colossale
de rislam. Par son alliance avec les Sy-
riens , la maison des Ommiades avait,
pour ainsi dire, abdiqu^ son origine
et cbang^ de nationality. D'arabe elle
s'etait laite syrienne; et des lors elle
avait tenement modlG^ les habitudes
et le caractere de ses aieux, qu^elle
devint naturellement Tadversaire de
ceux qui restaient attaches a la tradi-
tion pure. Par une fatality' fUcheuse,
elle en arriva m^me a lutter contre
I'esprit hostile que lui montraient ses
Y^ritables compatriotes; et pour vaiur
ere cette opposition elle en fut bientdt
reduite a braver les pr^juges les plus
vivaces, a exciter les passions haineuses
et les rivalit^ de tribus, et, tout en eta-
blissant Tunit^ du gouvernement , a
scinder les peuples. II y avait la une
grande politique pour le present; mais
il y avait aussi de grands dangers pour
ravenir C).
Le khalifat perdit deson pouvoir sur
les esprits en se dedoublant, mSme
temporairement : il ne s'agissait plus
138
LUNIVERS.
en effit, daps ia guerre entre Abd-el-
Metik et Abd-Allah-ben-Zobair, de la
lutte orduiah*e de plusieun comp^ti-
teurs a la puissance supreme comme
a i'epoque d'Othman; le eas ^tait bien
autrement grave. £nlre Abd-el-Melik
et Abd-Aiian-btn-Zobairilexistait beau-
coup plus qu*une difference d*hom-
ines , il s*elevait un conflit de princi-
pes : Tun eta it khalifa par droit de
naissaiice , Tautre par droit d'election.
Or rejection avait et6 le premier mode
d'elevation au khalifat; par Section,
abandonnee aux aneiens compagnons
de Mahomet, on rattachait le present
au passe; et les hautes fonctions du
ehoix d'un khalife, confiees a Texp^-
rience des vieillards, rappelaient aussi
Tantique autorit^ patriarcale, qui fut
toujours en Arabic aussi sainte que
reelle. L'heredit^, si elle ne preseutait
pas les difiicultes sans cesse renaissantes
de Telection, maiiquait ^videmment
et de Tappui de la tradition et de la
sanction reli^ieuse. Aussi, peut-ondire
qu'^ partir d Abd-el-Meiik, Tempire des
Arabes pferdit sa force divine , s'il ^ta-
biitpiussolidement que jamais sa force
politique. Desormais il ne poss^dait plus
ce qui Tavait fait nattre , le fanatisme
reiigieux , Tesprit de propagande domi*
natrice et absolue; il lui tallait se passer
des raoyens surnaturels , ideals , c^es*
tes; il lui fallait durer par les moyens
ordinaires, inat^riels, terrestres.
Abd-el-Melik montra done qu'il com-
prenait bien sa position particuliere et
qu'il possedait parfaitement le sentiment
desonepoque,encbangeantlatentegros-
siere des premiers khalife^ en unpalais
somptueux. La prodigality et le luxe
dont certains bistoriens arabes Taccu-
sent sont au contraire , de sa part, de
la finesse et de la provision. II lui fallait
ebluuir par les richesses, ne pouvant
plus briller par Taureole des prophetes.
II lui est done pardonnable <l*avoir en-
toure de magniucence sa couronne im-
periale, et d'avoir pris place sur un tr6ne
d'or comme les ancieus princes de TO-
rient, faute de pouvoir mooter sur
la chaire sacr^e de la Mekke. II lui est
pardonnable de n'avoir plus voulu
compromettre sa personne dans les
chances de la guerre; et il ^talt im-
possible de Taccuser de lAcbet^, car
etant b^rilier pr^niptif da \
avait donn6 des preoTes
de courage et d'intrepidit^. Cett^
avee raison qu'tl laissa don
lieutenants le soind'etendrdfsl
de son empire : il profitait uuf j
▼ictoire, et il n'^tait pss mpoofl
la defaite. Homme hd)ile, iri
spirituel , Abd-el-M^lik , uraW
grand nom, n'en fut pas moinsD^
utile a sa nation, approprieasi
11 fut rhomme de la codi
comme Omar Favait Hi de ia t
et Moawiah de retabtissemeaL
CONQUiTS DB h'UBk
A la mort d'Abd el-Mdik I
des Arabes , tout imnMOse (
deja, tendait encore as*agn
que fiii done la vaieur j,
khalife » il lui soffisait de I
ses lieutenants pour
rberitage de sesano^res'. in
dre intelligence des grandest
pouvaity par de simples autoc
par des enooaragemeots doanfai
pos. ^veiller TemulatioD da eeij
actiis et entreprenantsqai toi
geaient qu'a s'llhistrer eti s^a
Walid , fils ato^ d' Abd-el-lldikJ
r^gna le prennier de ses troi$ii
a un haut degn^ le sentiment deb
deur, et tout d'abord il le fit r^
facon telatante. Pour pimir i
A£d-el-Aziz de I'avidit^ qull sr
tree en diverses oecurrenoes, 1
avait retir^ le gouvemeoieDtdell
et de toutes les possessions der
Afrique , et en avait investi i~
Piozair. Ce dernier, aussi i
justifier le chotx que le kbalft
de lui, que pour niettre sooiii
grande entreprise , proposa aijj]
rain d^essayerla con^iMtedern
Ge gigantesque projet, loind
le nouveau confimaiideur dei0
fiit compris et approuv^ par Inl
accorda tout pouvoir d'agirM
ben-Nozair , en se bomant a I» |{
mander la prudence et la tin
les plus rigoureuses , afio de oe p
sertomber dans un pi^e les Mar
qu'il oommandait O.
C) Voyei Now«rt,B«-lttiMow,A«i
; SYRIE MODERNE.
1S9
iMein de respect pour les instmctions
kihalife, Mouza, quoiquMi fQt excite
BSOQ invasion de la Peninsule, d'une
Fpar les divisions des Visigoths, et
Itre part par Tappel d'un des chefs de
1 , le comte Julian , ne voutut pas
promettre les Arabes dans sa pre-
B reconnaissance. 11 s*adressa done
^rbers pour lenr proposer cette
Htion hasardeuse. Parmi ce peuple
, entreprenant , aux moeurs pres-
iffi3ides , il se trouva un chef aussi
i que brave, nomme Tharik , qui
la la proposition du gouverneur
B^ et s^embarqua incontinent pour
f u'tle d*Aig^siras. Ce fut Tan 92
pre, 710 de notre ere, que le
)tr Musulman mit le pied sur le
rEurope. C'etalt un aventurier
« qui venait essayer une raz"
f'lnais cet aventurier avait der-
bf un peuple immense et une dy-
tfde huit sidles. Tharik reussit a
A et rapporta un tel butin , que
Fetborta h retourner imm6-
_eoten Espagne, et cette fois lui
lioaze mille bomroes. Cette pe-
fan^e suflit pour vainere les Visi-
4 tant cette nation ^tait d^ener^e
Kt6t dtvis^ par les haines civiles.
!k ^ son premier d^barquement
jirope n'avait, pour ainsi dire,
irencontre d'ennemis : les popula-
fdu littoral s'etaient enfuies devant
Itiraliers maraudeurs, com me on
i decant une bande de brigands.
„,conde apparition il trouva sur le
i one armee et un roi qui Tatten-
. Mats le destin ^tait pour les Mu-
js : enflamm^ par leur precedent
; lis attaquerent avec impetuosity
ames bardes de fer qui les d^fiaient
.t de leurs lourds chevaux , les en-
ent de leurs escadrons volants,
preel^rent trois lours entiers, et
iit par eofoncer fes murailles hu-
s qu'on leur opposait, par les
^eoulea disperser. Roderik,rusur-
r, mourut en heros ; et sa l^te ser-
\roph^6 a ses vainqueurs et de
^ de leur conqu6te auprcs de Wa-
aquel elle fut cnvoy^e : triste lara-
oyal qui fit plus de six cents lieues
lakari, *crt vaiM arabes; I'Espagnol FaasUno
liQ|o7f.t at. Rosaeeaw Saiat-AiUlre, ^^gftnt
Mien fran^ai*.
pour alter rouler aux pieds dedaigneux
du superbe kbalife de Damas!
Rien ne pouvait arr^ter Tlslam dans
sa course conquerante, ni les efforts
des Visigoths pour se d^fendre , ni les
fautes des Arabes, que la jalousie divisa.
Tharik, qui s'etait aperi^u que Mouza
enviait son succes, eut beau resister
auxordres de son chef immediat; au
lieu de s'unir aux dix mille cavaliers et
aux huit mille fantassins que le gouver-
neur de I'Afrique amenait comma ren-
fort, il eut beau marcher tout seul en
avant avec une armee deja decimee par
des luttes furieuses, la victoire n'en ac-
compagna pas moins les Musulmans a
chacuii de leurs pas. Tandis que Tin-
dependant et audacieux Tharik forcait
la ville d'i&cija , assi^geait Cordoue et
mena^ait Tolede, Mouza, d'un autre
c6te, s'emparait de Seville, de Carmona ,
et s'avan^ait vers la Lusilanie. Tout c^
dait devant ce torrent de vainqueurs , et
les populations terrifies se hdtaient dans
leur fuite, comme si elles etaient chas-
sees par le glaive de Dieu.
Quelle que fdt, du reste, la rapidity
▼ictorieuse de Tharik, Mouza finit par
le rejoindre devapt Tolede. La la colere
du g^n^ral ne fut point desarmee par la
gloire du lieutenant. Mouza depouilla
Tharik de tout commandement, le rae-
naca de verges, et le jeta en prison.
Dur chStiment a coup sAr : mais c'est
avec celte main de fer qu'il fallait con-
duire la nation belliqueuse et quelque
pen barbare des Berbers; c'est avec
cette energie qu'il fallait r^primer un
allie nouveau , qui , apres avoir ete au-
jourd'hui un rival en exploits, pouvait
devenir demain un ennemi par ambition.
La rude discipline des Arabes youlait
une severe repression de la desobeissance
de Tharik, tandis qu'il appartenait a
Pinfaillibletoute-puissanceausuccesseur
de Mahomet de casser le jugement du
gouverneur d'Afrique. Ainsi fit Walid.
Le khalife, considerant le capitaine vic-
torieux et non le soldat mutm, fit elar-
gir Tharik , et lui fit rendre ses hon*
neurs et ses pouvoirs militaires. De cette
faQon, le khalife' put jouir des avan-
tagesdela clemence, tout en proBtaiit
de rinflexibilite de son gouverneur d'A-
ftique, qui avail maintenu la disciphne
k force de vigueur et d'6galite dans les
140
L'UNIVERS.
panitions. Qiose merveilleuse, du reste,
et qui prouve toute Tautori^ morale
qu'ayait alors le commandeur des
croyants! A peine Walid eut-il parl^, que
Mouza reodit lui-m^me a Tharik sa li-
berte et ses troupes ; et tout aussitdt ces
deux habiies guerriers ne songerent plus
qu'a se concerter pour poursuivre ieur
conqu^te. Ainsi , c'etait de la Syrie , k
Tautre extr^mite de ia M^iterran^e,
que venait Timpulsion qui faisait agir
tous ces fiers Musulmans; c*etait de
Damasque venait la parole supreme qui
rapprocnait deux rivaux, Ieur Eaisait ou-
blier Ieur haine , et Ieur ouvrait una
nouvelle carriere d*exploits (*)•
U avait fallu sept ans a quelques tri-
bus, sorties d'un desert, pour oonqu^rir
la Syrie ; il n'en fallut que trois k quel-
aues bandes de Berbers , descendues de
1 Atlas, pour conquerir TEspagne. Tha-
rik et Mouza ne s'arr^lerent qu^aux
Pyrenees; encore pretend-on que ce
dernier con^ut le projet colossal de tra-
verser cette chatne de montagnes , et
dialler rejoindre TAsie par les Gaules ,
I'Allemai^ne et la Thrace , d^etendre la
domination de 1* Islam de TOrient a TOo-
cident, et de faire de la M^iterran^
le veritable lac de Tempire musulman.
Mais, soit que le khalife n*eOt point foi
dans le rive titanique de son lieutenant,
soit qu*il vouldt s'assurer par la pru-
dence la noovelle proie qu*ou lui offrait,
li revint tout a coup sur la rivalit^ qui
avait separ^ Mouza et Tharik; etsous le
pr^texte de juger leurs di£ferend8 en les
questionnant Tun et Tautre, il rappela
brusquement k Da mas ces deux gen6-
raux , tout converts de gloire et tout
charges de butin. Mouza et Tharik ob^i-
rent immMiatement k riiiionction de
Walid. Admirable, obeissancequimontre
a quel point Tautorit^ du khalifat etait
alors respectde! Mais c'est que le khalife
n'^tait pas seulement un prince , c'etait
un pontife : il unissait aux pouvoirs ma-
teriels de Tun le caractere sacr^ de Tau-
tre ; il pouvait a la fois punir ou r6com-
penscr dans le ciel comme sur la terre!
F0BTUJI8E DB WALID I.
Avec ce pouvoir et ce bonheur Walid
devait Itre le plus fortune et le plus
(*).ld., ibid.
puissant prince de son siede. Scsf
verneurs de province, guerriers o
Dimes et infatigables, n'eUient I
()r^('cupes qu'a ^teiidre dejoareiK
es limites de son empire. S
rislam passait en K8pagDe,de(
p^n^trait daus les lodes, de Sfr
r^pandait dans VAsie-MiDeure.!
Tharik s'etaient illustr^ en Oc
Hadjadj, qui pour premier explo^
eo vain<]uant Abd- Allah -ben*!!
rafiernu la dynastie des Oi
rendu Tunite au klialifat, (
comme gouverneur de rirak,il
vrir de gloire en Orient et a y i
ter encore les possessions piesq
lenses de Flslam. Par lesordresK
la direction de ce dernier, unei
nombreuse et aguerrie tramalT
et s^empara avecune rapidity r
leuse de la Bockarie , du V"
du Khasgbar; puisbieotdte
formidable se divisa en dfl
dont I'un eut pour missioo #1
le roi de Kaboul, et doot I'ldM
fon^ avec la plus ^imaptei
dans les contrees les plus mjr*^
de llnde. Ces deux corps
comme le faisaient partoat leil
rousulmanes : le roi 'de KalM"^
jusqu'alors s'etait cm toutii
fut oblige d'entrer encompositii
conserver sa couronae; ettM
riches contrees que bai^ I
depuis les montagnes qui bor
vall^ de Kachemyr jusqu'auxl
de I'Oc^n, furent subjugi'""
par enchantement par res i
cibles, dont elles adopterentil
la domination et le culte (*)•
UardeurcoDquerantedesA
insatiable : tout en avao^j^l
jour vers les limites de TiAj
vaient , parmi les plus bn*j
les nations qu'ils soun '^
troupes fralches et gui <
pays ; ils se recrutaient par laf
Leur khalife ne poovait quV
cet esprit militaire et cette pn
religieuse, dont ii lui revenaitdaj
de nouveaux sujets et des
nouvelles; aussi, loin de s'ai
armees musulmanes oe peD
mais qu'^ marcher en avaat, etij
(*)ToyeiBeIadoii. -
SYRIE MODERNE.
141
Inded il leur falldit la Chine. Dej^ m^me
dies s'apprStaient a penetrer dans le
Celeste empire, et a troubler Tordre
immuable aui y r^nait depuis des miU
Jiers d'annees ^ loraque Hadjadj fut re-
tenu par la main de Dieu mime , et
mourut tout a coup, saos que ses histo-
riens nous aient rapporte comment il
fut frappe, a quelle epoque praise, et
en quelle centime particuliere des im-
menses possessions qu'ii avait conquises
ou quMl gouvernait. Cette mort d'Uad-
jadj, qui coincidait, du reste, avec ceJIe
deiWalid, suspendit la conqulte islami-
que ; tant il est vrai au'il faut toujours
une impulsion supreme aux hommes
les mieux dou^, un commandement
unitaire aux soldats les plus braves.
Mais Fheureux Walid ne devait pas
seulement Itre reconnu khalife depuis
FEspagne jusqu'^ la Chine , sur plus de
quinze cents lieues d'^tendue; par une
singuliere predilection du destin , il lui
appartenait encore de voir sous son regne
la puissance arabe s*etendre au nord ^
plus loin que ne Tavaient port^e et la
fougue de Khaled et Thabilet^ de Moa-
"wiaii. Son frere Moslemah avait assieg^
et pris la ville de Tyanes, clef de la se-
eonde Cappadoce : le Taurus seul lui fai-
sait obstacle ; car les Grecs se mon-
traieut pluseffrayesetplus inquiets que
jamais. C*est que la terreur du nora
arabe commencait a se repandre d'un
bout du raonde' a Tautre. Cette terreur
devint mime si g^n^rale, que les faibles
Byzantiiis se reluserent un instant k
combattre contre ces guerriers bouil-
lants, dont ils avaient naguere m^pris6
les ancltres comme les derniers des Bar-
bares. Moslemah alors profita de Teffroi
de ses ennemis, s'avan^a dansle Pont,
s'empara d'Amasee et des chateaux voi-
sins, ruina la rontree; et qui salt ou
seseraittenitineesa marche victorieuse
si la mort du khalife neilt suspendu
pour quelque temps toute operation
miiitaire sur le territoire entier defem-
pire.' Bardane, dit Philippique, empe-
reur de hasard, qu'une faction avait
eleve, qu*uue obscure conspiration de-
rail abattre ; le cynique Bardaoe , qui
ne voyait dans le pouvoir imperial de
Constantinople qu*une facilite pour ses
vices honteux, Tivrognerie et la debau-
che, aurait-ii pu resister aux Arabcs,
venant cette fois attaquer sa capitale par
terre, apres avoir traverse lAsie-Mi-
neure, inviol^ jusqu*alors (*)?
Walid ne regna que dix ans et dans
ces dix ans il fut temoin , sinon acteur,
deTaccroissement infini deTlslam. Son
pere Abd-el-M^lik avait fait faire un
recensement de ses provinces qui avait
dur6 plusieurs annees, tant I'empire des
Arabes etait deja considerable; sous son
Ills le recensement des nouvelles conqu^
tes auraitetepresqueaussi long,puisqu*il
Jf avait d'a^oute aux possessions de
'empire trois cents lieues en Europe,
et six cents en Asie. C*est. du reste , en
cette ann6e 716, la 96"* de Th^gire,
que la domination rausulmane atteignit
son apogee. Elle formait, pour ainsi
dire, dans le monde un croissant colos-
sal, dont une des extr6mites allait
aboutir aux Pyr^n^es , et Fautre aux
confms des Indes, en traversaut la
Perse, la M6sopotamie, laSyrie, F^ffvpte
et tout le littoral de TAfrique. £t c etait
Damas le centre ^blouissant de ce demi-
cercle prodigieux; c'^tait dans cette
ville fortunee que s*accumulaient les
richesses de la moiti^ de Tunivers connu;
c'etait dans ses murs que revenaient
tons les vainqueurs du levant comme
du couchant ; c'^tait elle qui s*enorgueiI-
lissait de toutes les victoires, qui profi-
tait de toutes les conqu^tes I
Cependant les anciens habitants de la
Syne ne devaient point prendre part a
cettefortune sans exemple. Pau vres Chre-
tiens, dont le culte etait tolere, mais
dont la nationality avait eteeteinte, ils
regardaient d'en has tout ce faste de la
cour des khalifes , et ce spectacle , en
()assant devant ieurs yeux , arrachait de
eur coeur toute esperance d'iudepen-
dance etde liberte. Plus les Musulmans
grandissaient en puissance, plus -les
Chretiens devaient desespererdel'avenir.
Plus les Grecs, Ieurs coreligionnaires ,
6*abaissaient, plus ils se sentijient con-
dainnesa une inferioriteeternelle. Leurs
dominateurs etaieut elements, leurs mai-
tres actuels etaient doux ; mais pour dtre
leger, ce n'en etait pas moins un joug
Qui pesait sur leurs epaules; et puis, qui
devait leur repondre de l*avenir ? Ne
leur pouvait-il pas arriver tout a coup
{^) Voyez Theopbane.
142
LtJNIVERS.
des menaces, dte avanies , des exigences
fnconciliables avec les devoirs de leur
conscience? Quelle que fdt done la
tranquillite apparente des Syrlens , ils
n*en etaient pas moins miserables et
craintifs au fond du coeur. Tel etait le
sort des meilleurs d'entre eux^de ceux
qui Etaient rest6s fiddles a leur foi, k
leurs traditions et k leurs moeurs. Quant
a ceux , au contraire, qui avaient abjur6
le christianisme, qui niaieat leurs anc6-
tres, et qui avaient adopts les habitudes
de l^urs vainqueurs, ils n*etaient qu'en
petit nombre, et la destinde de pareils
homines ne m^rite pas d'ailleurs d*oc-
cuper rhistoire. Dans tout pays et en
tout temps, 11 y put des Inches, qui ven-
dirent leur patrie, des intrigants qui
exploiterent la d^Jaite de leurs freres ,
des ren^gats qui v^curent de leur infa-
mie : la post6nt^ les m^prise autant que
leurs conteinporainslesont maudits!
Walid fut declar6 srand khalife de
son vivant : on Tappela sans doute le
Victorieux, k cause des conqu6tes de ses
g^n6raux; le Magnanime, a cause des
richesses qu'il distribuait ; le Tout-Puis-
sant, a cause de Tautorit^ que son titre
lui avait acquis ; nous nous contente-
rons, nous , de le nommer le Fortune?
Sans quitter Damas, il remua Tunivers;
sans former person nellement la moin-
dre entreprise, 11 se trouva maltre de
nombreiises provinces nouvelles. Exista-
t-il jamais prince plus heureux et a
moindres frais? Son seul maltieur peut-
£tre fut de mourir a auarante-deux ans,
dans la force de son flge et dans lapros-
perite de son tr6ne, d une maladie dont
un ne nous a pas conserve le nom.
NOUVEAU SIBGB DE CONSTANTINOPLE.
Le refine de Souleyman (vulgaire-
ment Soliman), successeur de Walid,
fut court, deux ans et huit mois, et ne
fut rempti que par un uouveau sie^e de
Constantinople ; mais c'elait peut-^tre
la tentative la plus terrible qui Jusqu*a-
lors eilt menace Tempire byzantiu. Gette
expedition, en effet, n'etait pas seule-
ment redoutable parsa force, elle T^tait
encore par la faiblesse deses adversaires.
Depiiis plusieurs annees, rempire by-
zanti n se decimait Iui-m6nie par la guerre
civile. Justiaieull, le dernier des Hera-
dides, ou pnooes de lafamille da
H^raclius, s'^it OKHitr^ si vi
et si cruel, qu'on ne cherehiit ,
d^livrer d^un aossi-iofftmedespote,
par des eomplots individuels, i '
des soulevements de viiles etde
ces. II fut reavers^ ime foil ; poij
incapable rival se laissa f aiacre, rt^
tinien remonta surle trdne pov ~
gner k Taise dans le sangdesei
Enfin Ton paryint k se rendre m
ee monstre : rbumanit^ respira
Fempire ne fut point sauv^. Le
^tait aux conspirations; les
montraient sans cesse en
verte. Chacun avait son candiditl
souverainet^ et Ton combattait
ce qu'on eOt obtenu son eroperMrl
lour. Apr^ Bardane rivrogne, "'
lippique, on couronna tour i
administrateur sans g^nie,
dit Anastase li, et un fini
coeur, du grand nom de
Dans une pareille anarcfaiCi
possible de s'opposer avec urn
an ennemi qui s'avan^it sor n
dix-huit cents vaisseaux , sar ter
pr^s de deux cent mille boi
L*arniee de terre, command^ pi
lemah , ^tait arri v6e jresque inta
qu'aupres des murs de Cons
pie ; chacune de ses Stapes avait
victoire, et bientot elle forma a
immense qui s'etendatt de laCoi
k la Propontide. L*alarme dfs
6tait au comble; les Arabes se
sdrsde la victoire. Mats lefea^
seul protecteur k cette 6poque
pire bpantin, sauva encore Is
de rOrient Chretien en TanneeTU.
plusieurs tentatives de la
lorcer les chafnes du port,
sieurs attaques des forces dt ,^^
feu gr^^eois, conduit contre bio^
desbrdlots, lance contre les
de si^ge par des tubes en airaia^f
ta un tel ravage au milieu des Km
qu ils renoncerent a enlever i
tement la ville sans cesser pourtaa
Tin vest Ir. Ce blocus etait disastl
pour les Grecs ; car, outre qu*il tn
toute communication entre la
dencc du gouvernemeut byzantis
les provinces, il permettait aux Moi
(*} Yofez Thtepbane et Cednau.
SYRIE MODERNE.
148
tas de se r^pandre au loin dans la
impagne, de la piller, de la miner.
klArabesr^solurent d'hivernerdevant
iir prole future, et pour se la partager
^"i 6quitablement its appelerent leur
life, a qui ils -r^ervaient Thonneur
t dans ropuleute cite des Ro-
et d*6n distribuer lui-m^me ie$
illes.
khalife, attendu si impatiemment
[6 arbitre , avait, en effet , la r6-
n d'etre Juste, quoiqu'il ftlt d'une
farouche, ainsi que le prouve le
£caract^ristique que nous allons con-
On se souvient que Mouza-ben-No-
et Tharik avaient 6t^ i^ppeles tons
;,au milieu de leurs victoires, pour
compte ^ Walid de leur conduite.
partit sent sur son petit cheval de
charge simplement de quelques
pr^cieuses qu*il devait deposer
Is du commaiideur des croyants.
llere^utavec bienveillance, ecouta
'''deses exploits, ne lui reprocha
peioe son acte d'iusubordinatlon
sope^n^ral en chef, et s*appr£tait,
t a le recompenser dignement,
e la mort vint arr^ter sa main
itriee. Mouza- ben-Nozair, au con-
, serendit a Dainas avec la pompe
victorieux, avec le deploiemeot de
d'un tout-puissant gouverneur.
uneianombrable caravane de de-
s luxueuses, il tralnait a sa suite
roille captifs ; et ce fut a?ec le
^d'un coiiquerant et le faste d'un
qull entra en Syrie. Mais il n'e-
pas encore parvenu a la capitale de
^1 que la cnaire sacr^e du khalifat
ehaog^ d'organe. Souleyman futr
weou contre Mouza-ben-Nozair?
ik, le vindicatif Berber, fit-il au
eau khalife des denonciations se-
contreson ancien rival? Le luxe
?ainqueur des Visigoths, Torgueii
floininateur de TEspagne, sa marche
"Tiphale a travers la Mauritanie, TE-
.e et la Syrie, deplurent-elles au
pdecommandeurdescroyants? Avait-
I accuse aupres de lui Mouza-ben-
»air dravoir voulu se declarer iiid^
Want? Le khalife, qui n'avait pas
*ore pris les arines en person ne, re-
l^utait il ce fier guerrier, tout convert
wpils, tout entoure de troupes qui
pataissaient lui ^tre devouees, qu'il
avait illustr^es et enrichies' tout en-
semble? Souleyman, en6n, jalousait-il
Mouza-ben-Nozair? Toutes ces suppo-
sitions sont possibles vis-^-vis dufait
qu'il nous reste a rapporter.
Au premier abord Souleyman dissi-
mula : il re^ut solennellement et avec
honneur le glorieux gouverneur d'A-
frique, Tinterrogea longuement sur ses
combats, curieusement surlesmoeurs
des pays nouvellement acquis h Tlslam,
le sonda sur ses projets , puis le con-
g6dia sans lui faire savoir de vive voix
la decision quMi preiiait a son ^gard.
Le lendemam, par un incroyabie re-
virement d'opinion, il ordonna qu'on
depouill^t Mouza-ben-Nozair de tons ses
biens, qu*on le battlt de verges, qu'on
I'exposSt un jour entier, t^te nue, au
soleil de Fete, sur une des places prin-
cipales de Damas, et enGn il le frappa
d'une amende considerable de cent h
deux cent mille pieces d*or, en rendant
sa famille solidaire, pour la ruiner ainsi
aue son chef. Mouza-ben-NozaIr, dg6
^ja de plus de soixante-dix ans, mais
yieillard au corps energique et au coeur
inebranlable, supporta avec la plus no-
ble resignation le chdtiment oarbare
qu'on lui infligeait. Ce stoTcisme herol-
{[ue blessa-t-il encore le khalife, si cruel-
ement susceptible ? 11 le faut croire, car
sa vengeance ue se montra pas encore
assouvie (*)•
Quelque temps apr^s ce supplice,
dont la veritable cause est restee un
mystere, Souleyman apprit que le fits
de Mouza, Abd'el-Aziz, demeure, de-
puis Tabsence de son pere , gouverneur
de TEspagne, tout en etendant le long
des Pyrenees ct sur les rives du Tage
la domination arabe, avait, dans Ta
ville de Seville, sa residence, epous6
avec eclat la belle £gisona , veuve de
Roderik, le roi vaiiicu de Visigoths,
qu'il lui avait permis de consefver sa
religion , et qu'il lui avait laisse des ser-
▼iteurs Chretiens pour sa ma ison.Saufle
manage avec une infid^le, la tolerance
d'Abd el'Aziz n'avait rien de contraire
aux habitudes et a la politique musul- (
manes. Mais les ennemis de Mouza ajou-
taient a ce rapport contre son fils, que
celui-ci etait plein d'orgueil comme fion
(*) Voyez NowaIrL
144
LtmiVERSi
p^re, et qu'il songeait aussi a se rendre
md^pendant. Sans prendre de plus am-
pies et de plus s^rieuses infonnations
8urlaconduited'Abd*el-Aziz,Souleyman
dep^ha Tordre au commaDdant en
second de TEspagne de se d^faire k
tout prix et par tout mo?en d'Abd'el-
Aziz y et d'envoyer sa tete a Damas.
Abd'eUAziz , en se rendant a la mos-
Suee , fut done assailli par une troupe
'assassins et massacre sans piti^.
Quand le khalife eut la t^te du fils il
manda le p^re. Mouza arriva au pa-
lais de son souverain, en v^tements de
bare, le bdton blanc du kalendery ( voya-
geur) a la main, et la besacedu derwich
(mendiant.) sur le dos. Le khalife eut
la cruaut6 de lui presenter la t^te coup6e
d'Abd'el-Aziz, et de lui demander s'il
reconnaissait ces traits deformes par
une mort violente: «Oui,jeles recon-
« nais, repondit le malheurcux pere,ce
« sont ceux d*un brave et fideie musul-
« man , d'un bomme qui te vaut mille
« fois!» Puis le Belisairearabe retourna
dans Taride Hedjaz, sa patrie, pleurer
son fils et mendier sa vie (*).
Telle etait la justice de Souleyman.
Eilt elle ^16 aussi barbare envers les
Grecs gu'envers les Arabes? Sa mort,
qui arriva tout a coup , et presque d^s
son depart de Damas pour se rendre ^
Tarmee qui assi6geait Constantinople ,
ne permit pas de le savoir. Cest h un
neveu d*Abd*el-M^lik, et non h uh de
ses fils, que Souleyman avait destine sa
succession. Soit respect pour les dernid-
res volontes du khalife, soit confiance
dans Omar-ben-Abd*el-Aziz , toujours
est-il que le choix de ce dernier ne ren-
contra aiicun obstacle. Ge retour a I'an-
cien mode de designation au khalifat
fut d'ailleurs approuv6 par le reste des
partisans du regime primitif, et eut en
outre Ta vantage de conserver le khalifat
dans la fanulle d'Ommeyyah. Autant
Abd'el- Aziz-bcn-Merwan a » ait ete avidc ,
interesse, amoureux de Tor dans son
gouvernement de Tfegypte, autant son
fils Omarse montra probe, austere,
dedai^neux du luxe etdes richpsses dans
la chaire sou veraine. 1 1 eut quelques-unes
des vertus de son celebre homonyme :
ii fut comme lui juste pour les autres ,
^n Voyez Murphy et Nowalrl,
rigide pour lai-mtoe. Sa \n(^
^tait extreme; et, loin de nuire I
pouvoir, cette piet^ vint fort a
pour rendre aux habitants de I
et de ITemen quelque pea de
pour lecaractere pontifical drsk
et pour d^truire en partie le prfjane
pulaire de la Mekke et de MeduK
les Ommiades. Les poetes seulsn'
rien a gagner au nouveau r^e.
qui se refusait parfois k lui-n
n^cessaire , afin ae distribuer da
aux pauvres, les pri va des fortes
qu*iis touchaient k la eourde ses,
cesseurs depuis Abd'el-Melik. Tooti
§ea a Damas : de salle de fSte le
u khalifat devint une retraite de
teurs ; de demeure de plaisirs, dc
et d'abondance, un lieu d'ai
privations et de jednes.
Le d^vot et rigide conrniaidar
croyants n'en fit pas moins
si^ge de Constantinople. Se
lieu d'une opulente proie, il vit
espoir de conqudte raceomi"
des traditions religieuses de list
promettaient aux Musuimans
{irise de cette magnifique dti
e retour du printerops I
envoya une Ootte de quatre cents
h Tarmee arabe qui avait hiTerae
de la capitale byzantine. Mab
flotte , mont^e par des fig^tiens,
que tons Chretiens, et c}ui craf^
que la piet^ d'Omar, imitee
gouvemeurs et par une partie
pie, ne reveilldt le £anatisaie
et ne compromtt leur tranquillil^i
g^rent a se rendre aux Grecs, \
ravitailler les Arabes. Leur
odieuse par ellem^me et quel
le motif, touma contre eux tg
quecontre les Musuimans. Esl
arriver a force de voiles et4i
vers le port de Constantinople, ies
crurent h une attaque, et, n '
signes des £gyptiens , ils lf«nr
une telle quantitede feu gr^eois,
incendi^rent les quatre cents vais
et extermin^rent tons ceux qui les .
tatent. Bien plus, glorieux du sod
qu'ils venaient de remporter , enooa
ges par leur empereur, qui , oetle^
n^e-la, sans^tre un homme de genie H
au moins un bon soldat, LjBon III,
Byzantins aborderent tax
SYR1E MODERNE.
145
'i«ste des vaisseanx arabes, lea disper-
a^rent, et mi rent le feu a tous ceux quits
purent alteindre (*).
Gependant rarmi^e de terre des Mu-
sulnians , qui avail eu beaucoup a souf-
frir d'un hiver des plus rigoureux , pri-
Y6e des vivres frais qirelle attendait,
ne put supporter la famine apr^s te
froid. Elle commenQattli se d^courager
et a cbercher sa vie en courant fjar
bandes les campusnes de la Bithpie,
lorsque , pour eviter une desertion g^-
n^raie , Moslemabr^olut de la ramener
enSyrie et d'abandonner une fois encore
le si^ge de cette ville , qui , toute cor-
rompne qu*elle fdt, trouvait une pro-
tection puissante dans la Providence;
qui, toute d^^n^rf e quMle se montrftt,
avait un moyen de defense presque in-
surmoutable dans le feu gregeois. Con-
trairement aux provisions de Moslemah,
la retraite des troupes musuimanes fut
encore plus desastreuse aue ne Favaient
^\jk les glaces, que ne Tetait la famine.
La temp6te d^truisit les na vires qu'avait
epargnes le feu gr^eois^ il f^llut prendre
la voie de terre. Alors, en Tabsence
des Grecs, les Bulgares, excites par eux,
tomb^reut sur les derri^res de Tarm^
arabe, et, en la barceiant sanscesse, lui
tu^nt jusqu'^ vingt*deux mille bom*
mes.
£n apprenant ce dOsastre, d*autant
plus sensible h Torgueil musulinan
qu'il avail etO pr^6d6 par de si prodi-
gieux triomphes en Espagne et dans les
fndes, Omar passa de la devotion an
fanatisme. II crut voir dans Tdchec de
ses troupes une punition du ciel pour
leur foi atti^ie, ordonna un redouble-
menl de zele islamique, el voulut forcer
tous ses sujets sans distinction a em-
brasser la religion mahomOtane. De 1^
une pers^ution des Chretiens, qui sans
doute aurait longtenips durO, et aurait
augment^ de rigueur de jour en jour,
si tout a coop, soil par une main chr6«
tienne , soil par la vengeance d'un en-
nenii des Alides qu'Omar etait accusOde
protO^er, le khaiife n'edt re^ un poi-
son violent dont il mourul. Cette catas-
trophe sauva les Syriens d'un r^ne
qui avait justifiO, des son commence-
ment, leur crainte perpOtuelle, el qui
(*) Voyez Thfophane et Cedrencu.
i^ lAvraiam. (stbie modsrnb.}
mena^it, en continuant, de leur faire
souffrir plus de maiix que n*en avaient
apportOs h leurs anc^tres les farouches
cavaliers de Khaled.
BBBANLEMEIfT DE lA PUTSSANCB
DBS OBIMIADES (*}.
Nous voici arrives a I'Opoque oOi le
khalifat des Oinmiades sembe con-
damnO, mal^re la puissance colossale de
rislam, malgre les efforts des parti-
sans d*une maison puissante, dont le
Sremier membre couronnOfut un homme
e gOnie, Moawiah. Une sorte d'instabi-
litO fata If avait , depuis quelques aiinOes ,
6branl6 le pouvoir des 6 is a*Abd'el-MO-
lik. Apr^ rheureux Walid, qui avait
vu, en dix ans de regno, plusieurs
royaumes conquis h Tlslam et des ri<
chesses fabuleuses accumulOes dans son
palais de Damas, ses successeurs de-
vaient Oprouver toutes les difficultes
qu^entratnentdcs 6tablissements innom-
brables et le gouvernement de cent pro-
y'lnvfis, Souleyman, malgr6 son inflexible
justice, Omar, malgrO le respect que sa
pi6te lui avait attire, avaient send tout
le poids de ce monde qui pesait sur leurs
dpaules. Ilsy purent a peme suffire Tun
et Tautre. Le premier mourul au com-
mencement de sa tilche ; le second fut
victime de la vertu m^me qu'il avait
montree. Si sa piete lui avait fail des
partisans nombreux , elle lui avait fait
aussi d'irr6c«nciliables ennemis, et le
poison arr^tases projets ^ peine form^,
d^truisil brusquement Tempire quUi
8*^tait cr^6 sur les esprits. Le succes-
seur immediat de ces doux princes, qui
n'avaient fait qu'apparaftre dans la
chaire sacree de Damas, sans r^gner
plus longtemps qu*eux , sembia vouloir
fuir les soucis qui avaient accompagn^
le passage au khalifat de ses deux pr6-
d^cesseurs. Ce fut, pour ainsi dire, un
khatife faineant. Caract^re faibieet in-
d^is, dme sans orgueil, esprit sans
ti^vation , il laissa faire autour de lui ,
sans sMnquieter presque des ^vi^nements
nombreux qui se succ^daient dans son
immense empire. li s*6tudia k Eviter
toute preoccupation ficheuse , tout tra-
vail (Hinible et difficile, el ne songea
(*) Toyet Aboon-fMa.
10
14«
LnEimVERS.
I
^'jks'abandonner k Faise a son amour
pour ies femmes et h cacher ses Intri-
gues k la faveur de sa toute-puissanea.
L'empire arabe pouvait mareher quet-
que temps sans un chef dirigeant : ses
soldats etaient encore assez braves « ses
generaux assez beureux, ses gou verneura
assez habiles, et Ton eut a peine le
temps de connaltre d'un bout des pos-
sessions musuimanes a Tautre la nul*
Ht^ du khalife, lorsquecelui-cimourut
d*une peine de coeur, du chagrin amou-
reux que lui causa la perte (Tune de ses
amantes Ies plus belles et Ies plus che-
ries. Mais quelque invisible que fdt en-
core la decadence du khalifat de Damas,
ou pour raieux dire de la domination des
Ommiades, eile n'en existait pas moins :
c'6tait un Ver au coeur du ch^ne islarai-
ue; et il appartenait au su^cesseur
u tendre et incapable T6zid II d'extirper
ce ver, ou de le laisser continuer son
intime et secret ravage.
Hescbam regna vingt ans ; mats son
rSgne fut rempli de p^ripeties nom-
breuses et inattendues. Hescham ne fut
depourvu d'aucune des qualites indis^
pensables h un grand prince : activity ,
intelligence, dignit^., justice, resolution }
et pourtant Tlslam sous son khalifat
ne fit point un seul pas en avant. La^
destinee des amies musuimanes devint
journaliere; certains ambitieux tenterent
de sc rendre independants , et Ies Alides
recommencerent a rfiver Tempire. Un
des coups Ies plus funestes , smon en-
core a la puissance , au moins a Torgueil
des Musulmans, fut la victoire si celebre
que Charles-M artel rem porta contre eux
dans Ies environs de Poitiers. II n'entre
pas dans notre cadre oe suivre Ies Ara-
nes dans leurs diverses incursions au
dela des Pyrenees : le drame de leur eta-
blissement europeen appartient a una
autre histoire que celle cfe la Syrie. Bi-
sons done sommairementqu^apres avoir
pris ^arbonne, pour s*en faire un port ,
Carcassonne, pours'en faire une place
de guerre, Ies Arabes et siirtout ies
Berbers, leur avant-garde ,ne cesserent,
pendant plusieurs annees, de courir Ies
campagnes du beau pays qui fut plus
tard la France. lis y trouverentde rudes
et vai Hants adversaires. £udes leur op-
pose d'abord une armee d*Aquitains et
de Yascons qui Ies arr^terent quelle
temp« ; raais a foree deMriiar cdh
eontre leshommes d'arnws do 6\
quitaine, Ies Arabes fifiirentpat f
Ies bras et baraaser Ies libevaQt i
enneniis. Geux-ei se retirarent
derriere Ies murs de Bcrrdeaui. Ma
Miisulmans se pr^ipttaieot
murailles de pierres des villei <
.nes avee aatant tfardear qae <
Bturailles de fer que leur oppo
lignes des ebevaliers aquitaios.!
suooed^nt done en si groad
aur Ies remparts de Bordeain^ <
cite, malgre son herdlque ("'
tous ses guerriers naoorir snr sal
Ies uns apres Ies autres , et bie
fut prise, pill^, brfllee, sareij
Le lamentable sort d^une
pitales des Gauies jeia FepeoT^
cent lieoes a la ronde. La
nobles ne putr^veilier lepat
paysans. Les eampagnes se di,
tes villes tremblaient, V^\§
c6dait Tarrivte des Arabes. liftf
lations eredulesde tttte ^pwfott ^
dans Ies MUsulmans des dHnoss'l
par I'enfer ; elles eroyaientque I
nissait par leur entreroise Ies i
la perversity du sieele : lea plus <
pel'es aUeadaient la mort
dans Ies couvents on dans i
Ies plus alertes fuyaient de toutes^
jusqu'a ce qu'ils eussent mis i
et leurs ennemis de grands fleuret^
hautesmontagnes, leRhoneou i
lea Alpes ou Ies Vosges. Ge fota
Ies Arabes, presque sans
entrerent dans plus de ringt ^
traiairent des miliiera de roo
s'emparerent tour ii tour de
Chdlons-sur-Sa6ne et de
r^unirent d'inimenses buUtt.1
sement que Ies riche^ses in
dont lis se ^orgerent avee i
toujours croissante embarrasxreaill
a peu leurs marches , et dterait i
nioMvementacette spontan^l^c
gne, cet ensemble qui jusqne-l
avaient rendus invineibles. Cest i
Sue Charles d*Ac^rasife et de Ne
out chacun omoaissarit i'dner;^
courage, fut implore eomme na saa
Ce rnde soldat^ aosai r^selti ^oe I
{") Toyez Abott*l-(Ma, Aboa*l-lanulJ etC
ley. hist 3«rr.
SYRIE MODEHNE.
147
0 faiQit pas k la mission qii*oa lui de-
pBodait de remplir. li appela autour
I sa perso:ine tous les hommes puis*
Dts et valeurcux entre les Chretiens :
[eo Vint du nord et du midi , de I'est
de Touest, des Aliemands et des
tirguigiions autant que des Gaulois;
ivec le reste des A qui tains pt desVas-
tous ces gens d^armes formerent
Ideces armws puissaiites qui vien-
t jouer d^uu coup le sort de plusieurs
'ms, la destine du monde. Les
itiens etiient presque tous a pied,
(Gouveits de larges boucliers; les
.1 k ebeval, mais sans cuirasse. Ku
at dans la plainede Poitiers les I ignes
lites et ^tendues commandoes par
rles d*Austrasie, les Musulinans cru-
tqu^avecleursrapideschevaux il leur
dt d'une seule charge pour de-
r en oiille tron^ns le long serpent
' qui leur barralt le passage, lis
sereot done avec impOtuosite;
\ le long serpent de fer se tordit,
da , inais ne fut point eutain^.
.^seeonde attauue, rieo encore; eu*
\ apres les plus bouillants combats ,
S miUe traits d*audace, de vigueur et
i , les Arabes , doni les dievauK
Uit harasses, furenta leur tour en-
s par lesCliretiens, pourfendus par
i^outables francisques, teras^
louMs marteaux de combat
nuels Charles a dil son sumom iin-
_ iblede Martel.Cette bataiJIe avait
|d*autant plus solenuelle, qu'elte se
att en octobre, au moment ou la
* ,8ur son declin, semble avoir plus
andeur et de majeste ; elle avait
Taiitant plus decisive, que les forces
}4bux partis s^^taient reunies detous
^ I pour ce grand fait, et s'etaieut ob-
' buit jours durant avant de se
a combattre en massse ; etie fut
It plus iinportante que le general
y fut tuO, cet Abd'-er-rahman
on craignait la vaillance, doiiton
lait les talents, dont on parlaitsans
; eorame du plus redoutable d*ea-
Jes Arabes.
grand desastre retentit doulo«i<
^meiit jusqu'eii Syrie : il avait en
1 Tan lUdePhegire (732 deJ. C);
M^ eette ^poque le khalife Hescbam
it rencontre des difGcult^, avait
oav^desrevers que ses predecesseurs
^taient loin de pr^volr. Les Indes Otaient
un foyer de revoltes. La Maurita-
nie, apres s*£tre souniise en apparence,
prolitait de toutes les occasions pro-
pices pour inquieter ses conqu6rants ,
leur causer des embarras , se soulever
contre eux. Dans oe pays, la guerre
permanente fatiguait a la lougue les
plus determines. Eniin, ce qui €iait
plus grave que tous ces obstai-l«»s a la
domination de lAfrique, c'Otait Patti-
tude de THedjaz et de Tlrak, Fun re-
devenu hostile, Tautre se declarant en-
core une fois pour les Alides. Certes ,
cette conspiration des Irakiens n*^tait
pas fort redoutable au fond. Comme
toiijours les Irakiens devaient, aprte
s*6tre prononees avec exaltation pour
les droits immemoriaux des descennants
directs du prophete ,se refroidir tout a
cou^ , abandonner leur r^ve en sacrifiaat
celui qui le leur avait fait concevoir.
Mais la froide haine des rigides Musul-
mansde la Mekke, haine excit^epar une
famille dont nousaurons incessamment
h nous occuper; mais ce levaiu perp^tuel
de revolte qui fermentait dans cette ville
aust^, voila qui avec raison pouvait
Sorter le trouble dans lecoeurdu klialife
e Damas, quelle que fOtson ^nergie per-
sonnelle , quelle que fdt sa confianoe
dans sa force materiel le et dans le
aombre de ses partisans (*).
Avant la calastroplie qui menaqa les
Ommiades , il se |)assa, du reste, un fait
important sur lequel nous devons nous
arreter quelque peu. Ce fait , c*est 1*6-
mis^ration d^oii grand nombre de Sy-
riens pour TEspa^ne. Kemarquons, d*a-
bord , que ces Emigres ^talent des Mn-
sulmans : c^etai^nt, contrairement aux
faiuanalogiies, les descendants des vain-
queurs, et aon les descendants des vain-
cusqui fuyaientau loin. Cesderniers,
au coiitraire, Chretiens pour la plupart,
se montraient aussi attach^ au sol
qu'ils Tavaient iti a leurs idees reU-
gieuses. Cet evenement singulier sen»-
blait done comme un avant-coureur
d'un cataclysroe politique : il ^Cait
6trange, en effet, que des hommes qui
av aient combattu si ^nergiquement pour
conquertr une contr6e, la quittassent
tout k eoup et ai laoileflMBt pour eoo-
OYoyeBAboa'l-iMa,
1(W
14B
!;UNIVERS.
rir de nouveaux hasards, pours*exiler
san.s proGt immediat , sans intdr^t po-
sttif. Ce qui n'etait pas nioiiis singulier,
eVst que ces Emigres semblerent 11*3*
bandoiiner qtj*avec r«>gret leur etablis-
senient oriental, etpour preuve de ce
sputiment , c'est qifils donuercnt aux
nouveaux lieux quails allaleut habiter
les noms de ceuv qu*ils venaient de
quitter. Us eliercherent ni^medans Tas-
pect de la nature, dans des ressem-
blances de climat, des rapports avec le
pays qu*ils regrer taient au fond de Tdme.
A'lnsi, les emigres dc Damas, de ses
plaines fertiles , de ses vergers feconds,
s'arr^t^rent dans les environs d*£lbira,
et dona^rent a cette contree, toute
remplie de jardins abondaiits en fruits,
le nom de Damas et sa cbarmaute ^pi-
th^te de maUson de diUce$ ; ceux qui ve-
naient de Hems , la vitle opulente et
granieuse, choisirent pour sejour la co-
quette et riche Seville, et Tappelerent
la nouvelte Hems ; ceux qui , partis de
Hamah , se souvenaient de la beaut6
de rOronte, de ses luxuriantes prairies,
de ses berges 4maiilees de fleurs, trou-
v^rent dans le Guadalaviar un fleuve
comparable h TOronte ; les autres , qui
s'^tablirent soit a Malaga, soit ^ X^res ,
chang^rent aussi le nom de ce pays en
oeux d'Andar et de Palestine, et ne les
choisirent que parce qu*ils leur rappe-
laient leur patrie syrienne. Comme on le
voit, il^ avait unmyst^re dans cette
Emigration : ce n'Etait ni la misire ni
rambitioQ qui Tavait provoqu6e, et loin
de plaire au khalife etle devait Tinqui^
ter et lui ^tre comme un funeste aver-
tissemeut de decadence.
Une 8orte.de vertigo saisit m6me
Hescham vers la fin de son r^ne. Sans
se preoccuper serieusement ni des r6-
voltes de ses possessions eloign^s, nide
la sourde mais implacable naine de la
Mekke, il nesemblait son;^er qu*a Cons-
tantinople, qu*^ TAsie-Mineure, qu'aox
Orecs, ses moins redo itables ennemis.
Apr^ avoir 6chou^ coiitre eux en per-
sonne des le commencement de son
khalifat, grdce sans doute h son inex-
perience militaire, au bout de dix-huit
ans il forma encore contre la Paphlago-
nie uneentreprise qui nVutpasde suite,
etqui se bornaa une mauvaise comedie,
dont rinsucc^s jeta presque da ridicule
surlecotnmandear descroyaDts^TJnecfi
tain aventurier, comme re,oqtie duli^'
Empire en offrit un grand nombre,
a Pergame, et qui se disait 61s de II
fdme Justinien II, s*avisa de rgfcr
pourpre, et de se faire appeler Ti
reur Tibere dans un viliaue ofasas^
la frontiere musulmane. Brsefaaia
au serieux ce miserable cooivelil
et en admettaat son r^ve, en a|
ses pr^entions, il crut avoir
rival a Leon III. Mais Tarmee ,
khalife lui confia, ret ambitieux
talent ne sut pas la dinger; et
se creer des partisans, eo atan^
les terres de Tempire il suuievaei
lui les populations, qui, levoYUt
les Araoes, le pri rent pour untraltn,
combattirent avec un tel achar
qu'il fut bientdt oblige de fuir
taut de rapid iti^ que de honte. U
life ne recolta que confusion difr
^rossiere dans laqiielle il isak^
a Tendroit d*un fourbe saiis bi
douta de son intelligence , et ft
tique perdit de la consideratioa
tant que ses armes (*)•
Trois ans apres cette ^ipee,
cham mourut. Tan 1 25 del hef ire
de J. C). Sans que IMslam ait
regne rien perdu encore de sa
materielle, il avait pourtaut
des revers signiGcatifs. La '
Poitiers Tavait mis fa(% I face r
religion rivale dont il ne
jusqu*alors que de faibks
ra^eux disciples; apres les mai
la foi chr^tienne, c etaieut a ses
gue les Musulmans devaient a<
faire, et ces derniers leur
par une uctoirc eclatante, <]ue
dent n*etait pas aussi facile aer
que rOrient. Les progres dr
semblaient done bomes en E««|&
projetde Mouza,qui voulaitreis
lesGaulese.trAilemagcieenAsJe,
plus d^ormais qu'un rive bcA fi
un poete entbousiaste, ridioufi
un general exp^rimenie. Getle (^
mer montante sortie d'Arabie qn a
envahi , m ir^epar maree, la Per«^
Indes. la Mauritania et TEspagiM. v
enfin trouve dans les plaines da Pofl
une digue assez puisaaote pourarrSw
n Voyez Mxml-fMa.
SYRIE MODERNE.
14»
flots; il lui fallaitrevenir sur elle-m^me,
afiii d'aller s'^pandre ailleurs. Cest ce
reflux deTIslam que le kbulifeUescbam
ne sut pas dinger.
II ne s'agissait plus mainteoant, ea
effet , d*entreteuir sans cesse cette iie-
vre de couau^tes qui avail si rapide-
ment port^ la terreur des armes musul*
manes d'un bout du monde a Taiitre;
il ne s'agissait plus de pousser toujours
en avant ces Arabes avides, amoureux
de la gloire autaot q[Qe du pillage : il
fallait organiser ces immenses posses-
sions Gomme le grand Moawiab avalt
organise laSyrie; il fallait inspirer k
ces batailleurs ardents Tamour de la
paix, a ces cavaliers infatigabies Tii-
mour du repo8,a ces orgueilleux ind6-
pendants Tamour de Tordre. Cette tlicbe,
ElusdifGcile cent fois que celle des com-
ats, la famiile des Ommiades en etait
incapable : elle n*avait eu qu'uo bomme
de genie, qu*un grand politique, le chef
de sa dvnastie. Gdtee a son soniroet
par rhaBitudedes succ^ militaires, elle
s'etait trop vitehabituee dans ses degr^
inferieurs aux douceurs du commai.de-
ment, aux volupt^ du luxe ; aussl, la
voyous-nous, cette famiile un moment
si puissante,fuirles complications poli-
Uques, ecbapper aux difUcultes cen-
trales, pour aller cbercber, d^le r^ne
d*Hescliam, uneretraite au loin, dans
la plus belle et la plus 6cartee en mdme
temps des conqultes arabes , en Espa-
gne, oil elle esperait jouir a son aise de
ses richesses incalculables. C'en est fait :
il ne reste plus d^elle, a Damas, des
Fan 125 de fbegire, que ses membres
les plus 61ev^, ceux que ieur rang su-
preme, que Ieur position fatale, coiidam-
neot h expier sur un trdne cbancelant
les fautes de quelques-uns de leurs
anc^tres, Tiiicapacite du plus grand
Qonibre. Ge ne sont done plus que des
fantoines de khalifes que nous aliens
voir se succ^er dans la cbaire arri^ree
de Damas ; les Abbassides les minent
de jour en iour, jusqu*a ce qu'ils les
ecrasent enfm sous les ruiues de Ieur
pouvoir (*).
COMMENCEMENT DES ABBASSIDES.
Les historiens modemes ne savent
(*) Voyez Ockley.
comment expllquer ces groapes d*ambi-
tieux qui se disputent rempire chez les
Arabes , et qui formejit une sorte de
noblesse turbulente et active. Gomme le
Koran ne reconnatt d'autre superiority
sociale que celle de la science, de la va«
Ieur ou de la fortune; oomme le prin-
cipederaristocratie ne futjamaisetabli
fondamentalement par les dironiqueurs
arabes, on est toujours tente de voir
dans Thistoire de Tlslam le contre-pied ^
decelledelafcodalite. Etpourtantilya f'
beaucoup plus de rapports qu'on ne
pense entre les hauts barons du moyen
age et les parents de Mabomet au com-
mencemeut de Th^ire. Ainsi que les
hauts barons, les descendants du pro-
pbete, a quelque degr^quMls le fussent,
moiitrereiit des pretentions k Tempire,
et se pr^valurent orgueilleusemeut de
Ieur ancltre. Mais, outre cet element
toutnouveaud*aristocratle,rislameutaf«
faire,dds son d^ut,ad'ancieni)es famil-
ies prepond^rantes, dont Tautorit^ da-
tait de repoaue m^me du gouvernement
patriarcai. Ces families avaieut des es-
claves, des clients, des amis, des alli^
qui tons formaient des partisans d^vou^
quand il s^agissait de reclamer des privi-
leges, des combattants acharn^s quand
il s*afi[issait de conqu6rir ou de defendre
un droit. Voil^ comment s^etait for-
m6t cette grande faunille des Koreis-
chites, qui se trouva assez forte pour
luttermeme centre Afahomet; ainsi s'^-
tait elev^ la famiile des Ommiades ,
tui etait parvenue jusqu'a la chaire du
halifat ; ainsi grandissait , au siecle ou
nous en sommes, la famiile des Abbas-
sides , qui devait renverser celle des
Ommiades.
II faut remarquer, du reste, que cette
puissance de la noblesse arabe gtt bien
moins dans riUustration d*un nomme
que dans ia force et le nombredes mem-
bres de la famiile. LeGlsd*Omar,legraod
khalife, est moins influent que les des-
cendants d*Abbas, bieninfeneur en m^-
rite a Omar. Pourquoi cette auomalie.'
Faroe que lefils d'Omar n'a pas des f reres
et des parents puissants, des allies
nombreux groupes autour de lui, au-
taut de clients et de serviteurs que le
fils d' Abbas. G*est done plutdt des
maisons que des feimilleB illustres qu'on
tfou ve au d^but de Tlslain ; et c'est pr6<
tftO
LTJNIVERS.
cis^ment paree que ees maisons, plus
difliciles a former qu*une fainille feo-
dale, sont aussi plus riches el plus rares,
qu>ilP8 am^nerit plus fataleineiu des
revolutions int^rieures et eapitales.
On peut distinsuer ces maisons en
deux classes, la classe religieuse et la
dasse politique. Dans la premiere se
ningeut les descendants directs de Ma-
homet, All et Hosafii, dont nous avons
racont^ le deplorable sort. Dans la se-
conde il faut placer hors ligiie les des-
cendants d'Ommeyali et ceux d'Abb'as.
Ces deux derni^res maisons, qui se re-
crutaient chaque annee, pour ainsi dire,
non-seulement par des alliances de pa-
rente, mats encore par des alliances d^n-
t^r^ts, de\aient necessaireinent se com-
battre, soit secreteinent, soit ouverte-'
inent,etrune et i*autreavaient dansleur
destin^e de former une dynastle de kha-
lifes. Plus on allait^ plus les families se-
condaires se rattachaient h Tune ou a
Tautre des deux maisons rivales, et il
aurait fallu aux Ommiades plusieurs
hommes du g^niede Moawiah pour vain-
cre la puissance croissante des Abbas-
sides.
Le destin ne lenr accords pas cet avan-
tage ; et, n)atgr6 les m^rites de quelques-
uns des khatifes ommiades , ils ne fu-
rent jamais assez forts pour dter tout
espoir a leurs rivaux. Les dernt^res lut-
tes qui nous restenti d^criresont done
eel les de la faiblesse contre P^nergie, de
rininteiligence contre riiabi.ete. f^ous
avons vu par la mort tragiqae d*Abd-
Allah ben-Zobair la fin de raristocra-
tie religieuse des compagnons du pro-
Shete ; nous avons vu dans les combats
esesper^ des Alides la fin de Taristo-
cratie des descendants directs ^e Ma-
homet. Ces derniers ne forment d^ja
plus une famine en quelque sorte : ils
n'ont plus h songer h fonaer une dynas-
tic, et c*est tout au plus un schisme qui
r^sultera de leurs efforts malheureux.
D^sonnais, si on les respecte toujours,
on ne compte dej& plus sur eux. A Tave-
sir, ils senriront encore de drapeau buk
dissidents, de pr^texte aux ambitieux;
mais on ne pensera plus scrieusenoent
a reamer en leur nom Tempire, et a
les prendre pourgeo^raux d'une armee
ou pour chefs d*une conspiration.
Ce qui avait donn^ longtetnps une
sorte de puissance an parti des Alite,
c*est Tappui que ieur avait offerttet^
mille des Abbassides. L*ud de ses pisi
illustres membres, Abd-AUah-beB-Ab»
bas, fut, dit-on, tellcment attache a AS,
qu*apres s*£tre fait remarqaerau&nicK
comoat du Chameau, il ne esssa,inal|~''
la d^faite du geudrede Mahomet, dt
montrer son partisan, et de di
contre les usurpateursdeDamas,
vait vu, dans la bataille, ralUrr
de la robe de soie noire dont ii
convert les derniers partisans d« It
^itimit<^ arabe; on le vit plus tard, I
jours convert de cette longue robs
soie noire, qui devint la eouleur et lea
tume de ses descendants former!
Mekkeun noyau de dissidenisqui
sit de jour en jour. Ospendant H
toujours restd fidele .1 la cause dis
des ; et lorsque Abd-Aliah-bei&iir
se crut en droit de pretendrew" ^
I'empirp, sans se toumer contre U
Allal]-ben-Abbas ne lui pardoi)Qa[
d*avoir travaille pour soi-mlme, m
de se borner a defeodre la cau^e des
d'Ali. Abd-Allab-ben* Abbas avait
de vertus que de m^rite. Outrela
profondequ*il avait aequisedans les
de rislam, il etait encore renooiuidi
sa liberaliteet pour la satfessede ses*
sells. II ne tenait qu'k lui deviser
la domination souveraine; mats
se montrant d^pourvu d'ambitki
n*en augmentapas moins, parses tri''
et le respect qu'il avait conquts, It
dit de sa maison et rillostratioa U , ,
nom. Apr^s une longue exisleace»i|.
rant laqueile il ne cossa de pnHitt
contre rusurpation des Ommiaiiif i
lalssa plusieurs enfants , qui MM
de sa naine contre les desoeiidii^*
Moawiah.
L'un d'eux, nomm^ All, vanttlsMi
de sa devotion extreme, qui lui avail itf(
de nou veaux partisans, se crut asses iMi
pour aller braver les OmmiadfS /osiift
dans Ieur capitale. Abd*el-Melik, wm
distingu6 parse finesse d'esprit^ptf
son courage, cut Tadresse de
d'abord avec honneur Fun des i .
tants d'une des ^andes maisons de tt
Mekke , et le laissa pendant guelqoi
temps italer a Taise son oipieii. Aiais
Walid, fils d^Abd^el-M6lik, n*eut pas
Tadroite patience de son pere. Jadipt
SYRIE MODERlSrE.
151
feiaftem liaataiiieavtelaqueUe Ali
fctraitait ftirieux contre ceUe protes-
btioo risible, quoique tacite, coutr« sa
pdssauce, ii resoiut de dompter le fiev
lU^asside. IJ fiiUut des snppiices pour
Ipvenirabout, et Waiid ne leshii epar-
I point. II ie fit tour a tour battre
vei^es, exposer aux rayons brdiaots
sot€il, t£te Due et le crftue arrose
DJie, pour donoor encore plusde force
feu qui le devorait. Ce cruel traite-
iieot aurait dure sans doute jusqu^a
[«iort du patient si Walid n'eiltisuo-
be avaut 9Sl victime , et si Souley-
I, SOB frere et son successeur, o'a-
eomniu6 la peine atroce d'Ali en
exildansun dfsert d'Arabie. Malgre
i-clijneace de Souleyman, le filif
Ii, Mohammed, n*en jura pas moins
Qimmiades une haine inextinguible.
r, pour se venger de la dynastlede Da*
it faliait songer a la renverser, el
' eaoiment Mohammed s'y prit pour
- a ses fins, ou ie ressentiment et
m £6 mllaient (*).
bpRmi^edifRcultequ'ildevait ren*
iUisr daos TexecutioQ de son bardi
Iftt, c'^tait Toppositiondes partisan^
lAlidtt.qui espieraient encore lekha*
btpourUurehef. Mohammed profita
pede la qnort mysterieuse du dernier
tlt-filsd'ili,aupres duqueliUe trou-
Iti poor Bupposer um cession de toua
(droits an khalifat que iui aurait faite
I iBoriboBd. Aveo ces titres faux ou
ids ii rattaebait k sa cause les oom-
Mx partisans d'Ali, et pouvait desor-
PMlsaTooer son but, et faire agir direc?
^■flrtses partisans to sa i^veur. Des
fwsaires lurent done envojfes par Iui
fMtt les provinces ou il savait la domi*
H^ m Ommiades ebranlee. Les
tables de I'Afrique, Tesprit indepen-
■ot des h^tants du Kiiora^san ser-
Ijreot i»$ preteatioos. Mecontent des
muades, let peoples de ces contrees
gppr^aient a combattre en faveur de
mn tk Dmu» deseemdeuU de Itffamille
mpropkite^dinBi quese faisait designer
tMaiDiBed. Pourtant, malgre toutes
Beatcs, Mohammed mpurut avast
Avoif pu profiler : elles ne devoienl;
Ittrvir (^'h ses btotiers.
D Yoyei Fakr-Eddin Haz^.
I.ES DBBNIBBS OMMlABSS.
Cependant ie tr6ne des Ommiades
cbanceiait Ae plus en plus. Les prin-
ces qui s'y succed^rent en quelques an*
nees se montr^rent de moins en moins
capables de relevcr le credit de leur
maisonsouveraine. Walid II, successeur
de Hescbam, d^consid^ra autant la chaire
de Domas qu'il Tafr'aiblit. Paresseux ,
ivrogne, debauche, il negligeait le gou-
vernement pour ne s'occuper que deses
bonteiix plaisirs. Mais ce qui porta a
rextr6melem6pris qu'onlui avaitvou6,
cefut rmobservationdes pr^ceptes reli-
gieux du Koran qu'il aflicha sans pu-
deur. Les Abbassides se falsaient re-
marquer par leur devotion : il se fit une
gloire, lul, de son impiete. Gbacun de
ses actes ^it comme un outrage aux
croyances et aux moeurs de ses sujets.
£nnn, comme pour mettre le comble a
ses m^falts, il eut Taudace de trailer en
derision le pelerinage de la Mekke. On
Ie vitun jour arriver daus laville sainte
avec une meute de chiens de chasse,
une bande de debauches et une suite
de oourtisanes. fion content d*avoir
60uill6 le territoire sacre, il s'y livra a
toutes les especes d'orgies, buvant du
vin de Chiraz, avec ses fcmmes, jusque
dans Tenceinte du temple de la Kaaba.
C'etail mettre lui-mSme ie comble a
Finjure, et autoriser le comble de U
vengeance. Peu de temps, en effet,
apres cette provocation audacieuse,
Yezid, Tun des cousins de Walid, se
mita lat^tedes mecontents, els'ayan^a
contre Damas. LesAbl)assidesn'avaient
pas encore voulu se declarer ouverte-
ment contre les Ommiades, et pr^fe-
raient les laissersedevorerentre eux(*).
Grace k Fabscnce de Walid, Yezid
s'empara de la capitale presque sans
coup f^rir. 11 s'y fit declarer khalife;
et, avec les nombreuses ressources que
Iui offrait Damas, il ravitailla el aug-
menla son arm^e, el se mil incoalinenl a
la poursuitede Walid. La mortdece der-
nier fut moins honteuse que sa vie :
quoique abandonn^ par ses soldats, il
ne se d^fendit pas moins avee courage
dans un chateau fori ou il s'6tait retire,
et peril sur la brcche apris avoir loog-
(•) yoyez AboaM-fWeu
152
LUKIVERS.
temps eombattu. Ce fat Tan 126 de Th^
gire que se passa cette tragedie.
Loin de raffermir lepouvoir des Om-
mindeSfUne pareille guerre civile leur
porta un coup funeste. Cetexempleder^
volte jusque dans la famille souveraine
fut suivi par tous les ambitieux qui sou-
vemaient les provinces 61oign6es. Abd'er-
Rahman-ben-Kabil se d^lara indepen-
dant en Afrique. L'Rspagne reconnais-
sait a peine Ta suzerainet^ de Damas.
Les Aubassides gagnaient de plus en
{>Iu8 du terrain dans le Kborassan ; et
a Syrie ni^me, tout enti^re, ne reconnut
pas le nouveau khalife. Au nord de Da-
mas, la villed'Uems (I'ancienne £messe)
sespuleva la premiere : les habitants mar-
cberent contre la capitale du khalifat ;
et cenefut qu*apres un combat sauglant
qu'Yezid III put avoir raison deces re-
voltes. A peine vainqueur deceite cons-
piration, Yezid en eut une autre beau-
coup plus importante a dejouer. La Pa-
lestine s*etait declare contre lui, et
avait choisi pour khalife un de ses cou-
sins. L'Irak mena^ait de se jolndre a
la Palestine; et contre une pareille me-
nace il fatlait a la fois se servir des ar-
mes et de la politique. Les Arabes de la
Palestine furent done sondes sur leurs
intentions. On Gt des concessions au
peupie, des cadeaux aux chefs, des pro-
messes ^ tous; mais ce ne fut qu*avec
grand'peine que cette revolte fiit apai-
see, et certainement au prejudice de
la fortune et de la puissance des Om-
miades.
Inauiet de son empire chancelant,
Y^^id crut qu*il se fortilierait en cban-
geant les gouverneurs des provinces,
et en mettant a leur place ses favoris.
C'etait la un remade dangereux, et qui
(d'ailleurs venait trop tard. Les favoris
d'Yezid ne valaient pas, pour la plu-
part, ceux qo'ils rempla^ient, et les
plus hardis d entre ces deruiers refuse-
rent mtoe de leur ceder la place. Ce
qui devait done consolider le trdne de
Damas le perdit. Parmi les provinces
bostiles au nouveau khalife , le Kboras-
san se montra la plus redoutable. Son
gouverne4ir, Nasr-ben-Sayyar, nesecon-
tenta passeulementde renvoyer sonsuc-
cesseur , mais il suscita un nouveau rival
k Yezid. Ce rival ^tait Merwan, petit-
fils de fancien khalife de ce nom, gou*
yemeur Itil-nitoie de li Mi
et homme det^te et d'
s'apprtoitdeja il marcher oootreT
lorsque ce dernier mourut a "^
apr^cinq mois a peine de regiK,et
sant son tr6ne oontest6 a sob
Ibrahim, homine nul, et dont le
fut aossi court qu'epbteereO-
Avant de raconter les dernieni
Tulsions de la dynastie des
il nous fant constater I'eut do
dont nous traitons particulien
oette epoane, la Srrierecomi .
^tre troiibi6e,divisee, naalbeoreoA]
Arabes qui s*v ^taientetablis fei
deja des families ennemies les
autres et gui allaient latter ii
par ambition autant que par
Les Chretiens , qui avaient penta
esp^rance de revoir le gOQ'
entre les mains de leurs coreli|,
ne pouvaient que soufTrirdees
sions intestines dont etait tra^
pays. liCS richesses que les
de rislam avaient nagu^ aoeoii
a Damas S'^ient dispersfe dm!
plaisirs ou dans les gaerres civila,r
profiter au peuple et encore moii
Chretiens. Les montagnards de '
d^eimes, ruines par Piofiftme Ji
nien II, veg^taient sur leurs pics
La hideuse mis^ et la triste
aocablaient les paavres, tandisqwl
baucbe hfttait Texisteoce des
Damasavaitete firappeed*une
qui Tavait d^peuplee : Antioche
plus que le pdle fant^me d*<
Le regne df s Ommiades, si edal
d^but, si opulent au milieu desoB<
finissait dans la honte et dans le
les flairs de prosp6ri
demi-siecle avaient brilt^' sur ii
n*en devaient faire parattre qs
6paisses les t^nebres qui allaienti
Inlortun6 pays , qui bientdt derA
trouter reduit k i^retter ses
conquerants !
Ce quMl y a desingulier dans la
n^edes princes, c*est que les nMisscrt
pables portent souvent la peine de M
pr^d^cesseurs. Merwan, dernier *
Ommiades , en est un des miUe eicai
pies. D'abord vietorieux dlbrahia
apres une batailte sanglante, on,
r) Toyez Aboo'l-fMa.
SYRIE MODERJSE.
153
?;
Ilnfi^iortt^des forces, i1 dispersa Tar-
m^ de son competiteur , il fut bieii-
t6t victime d*im bien autre desastre.
Eotre dans Damas,saluesolennellemeiit
comme khalife dans la principale mox-
qu6e de cette ville, vainqueur de tons les
princes de sa maison qui pouvaient lui
aisputer Tempi re, il putcroire un instant
lu'il re^meraitsans obstacle. Get instant
ut court. Bieiitdt la villa d*Hems, qui
devenait aussi factieuse que la celebre
Kouffa , se souleva. II lui fallut mar-
cher contre elle, la prendre d*assaut, en
raser les murs, et d^truire ainsi une
des forces de son empire. Puis, comme
pour montrer rinstabilit^ de son pou-
voir, h la porte de sa capitale il rencon-
tra des ennemis. Le canton deGhoutah ,
aussi fertile en bommes qu*en produits,
se r^volta, et vint mettre le si^^e devant
Damas. Merwan fut obiig^ de detacher
dixmille cavaliersdesonarm6edu nord
pour aller mettre ces nouveaux rebelles
a Id raison. Puis, cette insurrection
apaisee, c'est encore la Palestine qui se
souldve. Et apres la Palestine, Rinesrin
Sresd'Alep! Enfinlenord comme leroidi
e la Syne etaient en feu ; et a peine
Merwan avait-il une viile qui lui fAt
fiddle un moment pour se reposer entre
deux combats.
Ma]jsr6cette effervescence desesprits,
grdoe^ Factivite qu*avait d^ploy^e le kha-
fife, Tempire put jouir encore de deux
ann^es de tranquillity. Mais ce n'^tait
la qu*une acatmie dans la temp^te. M-
sormats il n'y avail plus de security pos-
sible pour on prince dont le prestige avait
disparu ; il n'y avait plus d*ordre possi-
ble dans un pays ou la r^volte ^aitper-
manente. L'instabilitepour le tr6ne, Ta-
narchie pour Tempire , telle ^tait aiors la
destin^edu khalifat de Damas. Que vou-
liez-vous que f!t Merwan dans ce cbaos ?
Moawiab lui-m^me n'edt pas suffi pour
le debrouiller. Mais ce qu*il v avait de
Slus terrible dans la position du dernier
es Ommiades , c*est que dans ces an-
n^es de paix menteuse, de calme trom-
neur, il na pouvait user de ses brillantes
tacult^s : il 6taitactif, et personne ne
se montrait digne de seconaer son zeie;
il ^tait brave, et personne ne le provo-
quaat au combat ; il 6tait habile politi-
Sue, et personne ne lui ofifrait Toccasion
e developper ses talents. Entour^d'une
courinquiete,d*une armee mecontente,
d'un peuple desaffectionne, Merwan
voyait se former Pora^esanspouvoir en
prevenir Teclat. C'etait comme un lion
pris dans un inextricable Oiet : il en
voyait se former chaque jour les mailles
nouvelies; mais c'etaient des mains invi-
sibles qui travaillaient ainsi a sa perte.
Toutse faisait dans le secret, dans le
silence, dans les tenebres. On conspirait
sourdement. Les emissaires des Abbas-
sides, prudents comme le renard , dissi-
mul^ comme le serpent, fourbes
comme le tigre , agissaient souterraine-
ment centre lui. La Syrie se reposait
danssa haine, T Afrique s'acharnait dans
sar^volte , Tlrak conservait son attitude
mena^nte, TArabie maudissait tout
haut la famille usurpatrice, le Khorassan
ourdissait de jour en jour sa trame de
vengeance. Dans cette derniere province,
le vfeux etexp^rimentegouvemeur Nasr-
ben-Sayyar ecrivait au khalife ces paro-
les fatidiques : « Je suis eotourc d etin-
celles qui eclatent sous la cendre, et
de ces etincelles pent naitre un immense
incendie. Hdtons-nous de les ^teindre
si nous voalons 6chapper au d65a>tre
qu^elles peuvent causer. "» Ce conseil
venait trop lard. En voulant ^teindre
des etincelles mena^antes, Nasr-ben-
Sayyar foula aux pieds la cendre dont
ilavatt parley Merwan; etau lieu d*6tin-
celles, cefurentdesbrandousenflamm^
qu'il rencontra (*)•
Les Abbassides, au contraire, Etaient
bien servis. Non-seulement leurs parti-
sans ne se laissaient ni p^etrer, ni
^mouvoir, ni surprendre , mais encore
les chefs du complot avaient autant
d'energie que de mse. L'un d*eux,
Abou-Moslem , avait travaill^ dix ans a
son oeuvre, et avait formedes lieutenants
aussi distinguds que lui. Tout etait done
prdt, et c'etait moins un pr^texte qu'on
attendait pour eclater, qu'une circons-
tance favorable aux vceux des innom-
brables conspirateurs. Malheureuse-
meut la principale brauche de la famille
pour laquelle on voulait le trone etait
toujours sous la main de Merwan. Le
chef de cette lamille, qui aliait devenir
souveraine , ibrahimben-Mohammed ,
habitait les confins de la Syrie et de [%»
{*) Yoyei AboQ'H^da.
154 L'UJidVEIlS.
rabie Tet Merwan le surveillait. Aussi,
lorsque Nasr-ben-Sayyar voulut agir
ouvertement aMerou, capitale duKho-
rassan, Abou -Moslem, en se devoilant
tout a coup, ne parvint qu'a Tetoaner et
a Tarrltf r dans ses projets de repression,
Mais la conspiration una fois ^lat^,
Merwan pt't facilement se saisir d'(-
brahiip-ben-Mobammied , e( ^arder 8«
personne comme otage. Jusqu a present
le kbaiife de Danias avait bien lou^ sa
partly ; le destio pourtantoe vouiail pas
qu'il la gagnit ; et il nou$ re^te a voir
par auellis faiite ii la perdi^ complet&-
n^eni.
CATA«TILP?PJ( DBS OlflflAPBS.
Le Kharassan et^it ^ feu; les ha-
bitants de cette province, pleins de force
et devaleur, aiipant d'ailleurs les com-
bats par instinct, et voyant dans le sou-
levement contre le kballfat de Damaj9
line cbance pour eux de dev^n|r a la
fois les dominateurs et les arbitres de
risiam,se rangerentenfoulesous ledra*
peau noir qu'avaitarbore Abou- Moslem.
Avec son armee, qui grossiss^itdejour
enjour, Aboq-Moslem put done s em-
parer de piuiiieurs places, et cominen-
cer dans tous les cantons k la fois
une guerre de jpartisans fort embar-
rassante poi^r m$r-ben-$ayyar, que
ses quatre-vingt-quatre aps d dge ren-
daient presque entierement inhablle a
ces sortes d*hostilites. Ci^tait la un de*
but de campagne bien menacant pour
le kl)9life ge Dam^s: tOMtetois on a
peine a comprendre avec quelle rapi-
dite effrayante le vertige le saisit. Se
croyant tout pres de &a perte, lors<]u'il
pouvait encore nourrir tant d^esperao-
ces , il commit TincoQcevable faute da
faire mettre i mort sou competiteur,
Ibrabim-ben-Mohammed. Par ce crime
Merwan crut se sauver, il se suicidait.
D'un cdte, Abou-Moslem devint plus
ardent que jamais j U s'empara de Me-
rou, apres en avoir chasse Nasr-ben^-
Sayyarj d*un autre c6U^ les Abbassi-
des, qui praignirent tous le mem^ &ort
que leur cbef, s*enfui rent dans le KLborau^
san^ et sanctionn^ent ainsi la revolution
qui se declarait en leur fav^r. Ibrahim
mort, son fr^re Abou'l-Abbas herita de
ses pretentions a rempure; niais* au lien
d*un adversaire gMtt ox, Ucmi
vait tro^verdan8 ce dernier as la
cable ennemi. Abou^l-Abbas avail
de vengeances a assouvir \ ilse
d*Stre si cruel dans leur aeeompli
qu'il allaitmeriter rborriblenirMii
Saffab/lesanguinaire. Ainsi, e'el
giierr<! d^extinction qui veoait ifi
non pas d'homme a bomme,
a rival , 4'AbouM-AbbasaMen
de famine a famille, de maison
son, des Abbassides aux
Apres les premiers socees
Moslem dans leRhora65an,apresf
de Kbahtabah-benChabib to I
les Abbassides, sdrs de lenrspn
prodam^ , d'ailleurs, par hv^
dont le cr^it fut toujours Is^
sant sur les races orientaief ,
rent publiquement leur amhiti .^
jour, dans laprincipale mosfki
rou, au milieu d*une BomJtti
tance, uo boinme, v^tu d'uneM
desoie noire, sedirigeasoM
vers la cbaire sacree, ety [
khotbah , cette priere que ie
rtote k voix haute. CetbonoM,!
Abou'l-Abbas le SanguiBaiR;it
jour, qui toit le cinquieaw<lBJ
rebi-el-aoual de Tanoee iSSiifii
(octobre 749 ), allait daler uaeii
dyaastie. Cetta dyaasda deni
uoe plus Jongue destioee qm r
Ommiades: coiiimeoceedaBiM
les suppticea, elle devait s't{H»t
science, brjller quelqueteippil
met de la civilisation dst^]
teindre enGn dans les vaias boi
rimpuissanne politique.
Maigr^ la r^volte de dm
provinces , flrak et le w
malgre r^ivation d'uo kbM
malgre renthousiaame dei aM
et rabattemeot des Onamim
wan II raontra asses d]aeMf
ver uoe demiere ^^'"••'fj?,
giepourlivrer un ^^^'^^^rjj
evaleurpoor tomberaveop^
trdne depuiasi longtemps ovai'"
m6me auHdevant de ses w^I^
sur le poiat de lassorprcoditi & w
pes avaient valu le capitaiM* m^
sidas eussent M toas^. Masw
marcbait aur an sol qui oMnap*
ioataat de s'ou vrir sous sw p* • "
les se uisaleot a aea ptfMS*) " ^
SYRIE MODERNE.
i«
rnit d^s qnelfg derniersbataillons
fiatife de Damas avaient quitt^
mars ; les populations, loifi de
mpagner de leurs voeux, loin de
w de leur z^le, loin de Tappuyer
IT attacheraent, s'^eartaient a soa
lohe (xinnme d'un homm^ frapp^
, malediction contagieuse. Cetait
ce n*etait plus un peuple
ssedait. II arriva ainsi, triste et
I jusque §vat les frontieres du
BO.
iaat, 8oit inquietude, soft pu-
ite, Abou'l'Abbas , le khalife
I., n'osa pas venir lui-m^me au*
de son redouttble ennenii : il
la iTy envoyer sou onele Abd-
i-Ali, le lutteup de la famille,
teerf^que, maisferoce ,hardi sol"
eruel oooqu^rant. Ca dernier
riunir que vtngt mille bonn-
II divisa en trois troupes, et qui,
inieriorite, attendirent de
les Syriens. Lorsqu'ii aper-
nonibre de ses adversairee,
^tendit ton armee en demi-
is toute la largeur d'une vaste
aftn d'entourer pen a peu see en-
et de lee toaser dans un ear*
fer. An dixienie jour du mois de
i deuxitoe, I'an 1S2 de Tb^ire
750 de J. C), se Uvra enfln cetta
one dee plus solennelles, une das
rtantes, une des plus aebar-
lis I'^tabitssemeni de l^Islam,
k*teit Diusl'raaltationreligieuse
iflH de pree^dentes Tictoires
leot alors les Arabeede Syrie,
riMbaine freide et implacable qui
, dttaaufceoait : sentiment farouitie
lorobrit les traits de la faee kn^
in lien de les 7iviAer, qui eteiot
IK aa lien de iee enOamm/er. Som-
tattle, eti les Syriens, abattus per
urse lesgue et p^nible, vinrent se
. inf cfillMusiasme aofitre les Itf gn-
^ fttaUlooe des Abbassidas, aux v^-
I Is et aax Standards de deuil I Uqe
'i IS d'ttn mois a travars les deserts
iM^ao^otanMe avait fl^tri lea eo«-
JUii briHaateostiwie des Syrieas ,
Iror et I'argeat de leurs armes ; la
i^ les aecaUait; k d^eeuragemeat
piM^t a eoiifdre an fond de leur
^\ et auboot d'liae tralte ^puisante,
fbeatiaeaieivt a une Apre Tall4e du
plateau de la Perse, au fond de laqueile
lis voyaient s'agiter trois legions de
DoirsJemonsI
Quelle oue fflt pourtant leur impres*
•ion terrioante, ils n*en att^qu^rent pas
inoios vigouregsement leurs ennemis.
Leur premier cboc, eomine toujour?,
fut terrible; niais une fojs cet effort
prodait,les troupes syriennes, bares*
8^s, ne purent lutter qu'^vec qesavan-
tage coQtre ragilild infatigable etl^ar^
deur croissante des troupes abbassides ,
eliie des populations agi les et bell iqueu-
sesdu Kborassan. A meiureque le com-
bat se prolongeait, les Syrians se decou-
rageaieot done de plus en plus. Mer^
wan eut been accumuler les prodige^
de valeur et d'babilete militaire, il eut
beau se multiplier, se porterj^ur tous les
points menaci^s, son cercie imniense,
«u lieu d*avancer, reculait d1n«tant en
instant. £n vain youlut*il changer Tor-
dre de sa bataille, former une colonne
eompaote et puissante de son demi-
eerefe trou4 en plusieurs endroits, ces
comoiandemeots furent mfA compris
et mal executes, le vartjge s'etait saisi
des chefs, la stupeur dessoldats. Ce qui
devait amener le aucces de Merwan
eausa sa perte. Loin de presenter une
colonna invincible, son arm^e ne fot-
pna bient^t qu*une m^sse in^puissante.
jAa premiaref; lignes seules bouvaient
eombattre; les. rangs du m'mm deve-
paient inutileset encombrants. Les trois
troupes d' Abd-Ailab-f)ea-A)i voltigeaiejit
eur las flancs du colosse sycien, Ui por-
taot das coups assures , et evit^nt ses
eoiips indicia. Las c^avres, qui s'amon-
^aient de piMS en plus , servaient de
remparts aux Abbassides et d'obstacles
aux Syriens. Bient6teesder/)iers, aecu-
]ea h la riviere de Zab, n'eur^t d*au-
tre alteraative que la mort par le fer
^ per Teav. Tout aJ^rs bit perdu, et
Merwio se vit fsontraint de se laisser
^gorger ca^ame un de $es atupides so|-
diats, ou d'eseayer ui^ia &i^de$;9streuse.
C'est cette demiar/Q rejisoyrce qix'il
<eboleitO*
Mervaa inayait, an retovr^ant vers
saeapitate, iretcoji^vardas^ovinces fi-
deles, et ri^ormer une aroiee; il ne ren-
contra que i'abandoa, le in^pris, la per-
*' (*) Yoyec Abotf'l-fMa.
JW
L'TimVERS,
s^cution. Arrive a Mossonl , en Meso*
potamie, il ne vit qu'one eit6 dans
la joie de la defaite des Sjrriens, ft qui
lui ferroases portescoinme a unrnnemi.
Harran, iiid^se, ie laissa p^netrcr dans
sesinurs; mais Tapproche de Tarm^
victorieuse d'Alxl-Aliah-ben-Ali de bien-
Teillante la rendit hostile. II lui fiiUat
encore fuir a Hems. II ^tait la en pteine
Syrie; il devaits^attendre k une bonne
reception; elle fut mauvaise. Cen etait
fait ; Ie prestige de la victoire Tavait aban-
donne , la defaite semblait lui avoir en-
Iev6 a la fois Tdclat de la couronne et
Tautorit^ du sacerdoce. De ces deux
pouvoirs tempore! et spirituel, il nc lui
restait plus que Timpuissanoe d*un sou-
verain abattu et Ie m^pris d*iin pon-
tife interdit. Damas lui (lit aussi cruelle
que Hems : il n*y passa (|ue pour lire la
trahison sur tous les visages, que pour
y voir son palais ferme et ses richesses
au pillage.
Dans cet abandon g^ji^ral, Merwan
ne trouva un refuge qu*en Palestine.
Ge pays, encore tout peuple de Julfs ,
ne lui fut d'ailleurs favorable que par
hainpcontre les Abbassides, qui sevan-
taient d'etre descendants directs dePim-
posteur Mohammed. II fallait que Mer-
wan fQt bien aveugle par son malbeur
Sour avoir quelques instants Tesp^rance
e resister avec d'aussi faibles p.irtisans
et dans une aussi petite province contre
Ie colossal empire qui lui echappait La
Jud6e, en outre, n*avait plus dans son
sein les soldats de David et de Salomon ;
c'etait une nation en pleine decadence,
et dont Pappui devait perdre plut6t
que sauver 1 infortun^ prince ommiade.
En vain , en effet , sa famille chercha-
t-rllede tous cdtes a rejoindre son om-
bre d'armee; en vain essaya-t-il k rem-
Slacer la force par I'adresse, Ie nombre
es troupes par leur disposition; en vain
voulut il exciter Torgueil et enflammer
Tesprit deses miserables soldats : Ie seul
approche de Farm^ des Abbassides les
terrifia, et k IVntr^e d*Abd-Allab-ben-
Ali sur leur territoire lis se disperscrent
de tous c6t6s,comme des feuillesmortes
balay^s par un vent dunord. Merwan,
abandonn^ de tous, n*eut que Ie temps
de se cacher dans une eglise du rite
Gophte. Cet asile 6tait loin d'etre invio-
lable aux yeux d*un musulman. Aussi
un homme de la plos basse efasK, j
vendait des fruits sur uo ^ nlake^ij
reeonuu Ie khalife depossttie, s
lanoe, et vint egorgor Herrai n j
m^ne de Tautel. Sa t^ fiit e
portee a son vainqueur, oui, v
laire passer, comtne tropberdel
toire, au khalife de la ooincBeil
ordonna (]u*elle fQt embtDinaJ
Here fatalit^l durantroperatioi
baumement, un chatafiame i
langue de celui qui avait etc a
deur des croyants, soaTeraiBjtl
que et de TAsie, Ie plus puistalr
de son temps. Get aoddeot fiiti
par ses ennemis, et Ton ecrintlj
pos ces yers, que dte AboQ^fi^
« Sa langue est dcvenoe hfi
« chat, vengeance toutedivir'
c p^ rorgaiie de sa parole i
La deplorable fin de V
signal de la perstotion c
On les rechercha en tons I
mit k mort partout ouoo ieifl
nom fut maudit, leur racem
^jamais. Deux des fils de r
Merwan se refiigiereot en i
L*un fut indignement lirreMl
Fautre, appeleOb6id-AUah,a>
gloire les armes a la main
amis des Ommiades, eominele
dres parents, furent enief'
cutes. Des poetes infSmes, (
a la fois leur liaine oontrej
miades et leur servile i
Abbassides, conseillaientifl
de quitter leurs €f^ po^
fouet, seule arme digne deo^
les Ommiades. Apr^ Ie r
yivants, on en vint a la pro
tombeaux. Les ossemeots M
kbalifes ommiades furcnlWT
cipit^ aux ^outs, livresl"
Krofanations. Les cendresi
loawiah et d'Abd'eMI«iik«|
m^me pas eparen^es : on»r
vent, comme cdles des plos f
minels. Aucune reaction hw
gala en fureur cellc des An»l
Ie supplice de plus de sonwy
ftmes , apres roille actes de <
giies des cannibales, voiflW*
trait qui les surpasse tous,
sangtante d'une scric de fluss
Cet episode atrocc se pas» * fl
dans laviUeperfidc qui avail a ■
SYRIE MODERNE.
157
t abandonne Merwan. Cette ville
pieine d'Ommindes; quatre-vingt-
les leurs eurentla malheureuse idee
idressera lagen^rositedu vaiDQueur
kir famille, Abd-Allah ben-Ali. Ce
^les caressa avant de les devorer.
laccufiliit avec une feinte bonte et
[ sourire , Gt preparer un im-
^repas, les y invita tous, eut Tin-
ie se mettre a table avec e ux , et
Imilieu du fpstio ilordonna a ua
tserviteurs de r^iter un de ces
cruels cootre les Ommiadee
urtisan avail eu la Idchet^ de
[ injures contre la fainille d6*
Qoerentd'abord lesh6tesd'Abd-
i-Ali. Puis vint une strophe
( qui inauieta le roeur des moins
' Des. ADd-Allah-ben-Alispmblait
I terreur croissantedes Oinmia<
I |)dleur de leurs fronts, de la
BtioD de leurs traits. EnGn Tex-
^ plus violente k la vengeance
leette oeavre satanique, que
ux avaient ordre de mettre
nent en action. En effet. des
i portes de la salle afOudreot
Ks, armes de foupts et de cd-
i firent perir sous leurs cou|w
blades consternes. La lutte etait
>le ; les vietinies ^taient desar-
Ift \fs bourreaux se succMaient
he. Quand les Ommiades, tous
^de blessures sanglantes, furent
JQsqu'au dernier, le feroce
kb fit couvrir d'un larj^e tapis
linlpitants de ses victiines, et
I aor ces chairs fr^missantes
tpffie des Atrides (*)•
*1 te nouveau gouverneur gue
iquins s'etaieut, pour ainsi
lip^ a eux-mlmes en trahissant
lifeHerwan. Au lieu d'un prince
• inais bienveillant, ils allaient
I chef barbare, qui ne devait se
) la civilisation de son epoaue
r rafBner les supplices. Uobeis-
I plus absolue ou la roort la plus
, tel ^tait le sort qui attendait
idents. Damas fut done punie
^Idchete temporaire par un des-
le sans frcin. Le reste de la Sy-
rnit pas plus heureux. Au milieu
**'' tuene continuelie, litravers
^oyecAbouMedfti.
ces haines implacables qui frappaient
partout, sans repitni piti^, la securitede
ceux m^me qui furent Strangers a ces
luttes etait h lout instant com. romise ,
et leur existence comme netrie. Les
Syriens mahometansperdaient Tempi re ,
les Syi iens Chretiens perdaientledr tran-
quillite. C^taient, pour les premiers, des
noinmes d'une autre province qui al-
laient iesdominer; c'etaient, pour les
seconds , des schismatiques rigoureux
et intolerants qui aitaieut les per>ecu-
ter. Ainsi, cette malheureuse Syrie
ne goiltait un moment de repos que
pour retomber brusauement dans les
inquietudes et les catamites. A peine
avait-eile joui de quelques annees de
cairoe qu*une temp^ie nouvelie, plus vio-
lente que les pr6cedentes, lui venai du
sud ou de IVst, de THedjaz ou de Tlrak.
Apres avoir et6 le champ de bataille
des Grees et des Arabes, des Chretiens
et des Mahometans, elle devetiait le
champ de supplice des Ommiades. Heu-
reusement cette ^re nouvelie de carnage
etde vengeance ne deviiitdurer que pen-
dant la courte domination dAbou'i- Ab-
bas le Sanguiuaire; heureusementc|u'une
sorte de predilection de la Providence
devait doter la fiamille des Abbassides de
plusieurs princes au5si grands que g6-
n^reux, protecteurs des sciences et dea
lettres , et dont le regne allait ^tre as-
sez long pour cicatriser encore une
fois toutes les plaies, et faire refleurir la
prosperity sociaie par la culture des
esprits.
LES PBBMIEBS ABBASSIBES.
Apres la chute des Ommiades , apr^s
Fextermination g^n^rale de cette fa-
mille, qui passa si brusquement du
tr6ne aux g^monies , la Syria cesse de
devenir le si^ge de la dommation isla-
mique. C'en est fait! Cette province
n*aura plus sous les Abbassides cet ^clat
Sue le s^jpur des khalifes y repandit
urant un s\Me\ elle ne sera plus le
centre d*un immense empire; elle ne^
sera plus le but du voyage de tous les'
ambitieux , Tentrepdt de toutes ces ri-
ches es d^robees a la moitie du monde
connu, la province imp^riale par excel-
lence. Des le rigne d'Abou-Djaffar-al-
Maosour, premier successeur d'AbouU*
15ft
rUKITEIkS.
AbbaH-el-Saffeh, Sa^deid Va enlever k
Damas son litre de ett^ des khalifea , et
partant sa splendeur, son orgueil , sa
puissance. II ne lui refttera bi6nt6t plus
que son doux climat, ta f^itiliiede son
sot, et sesjardins parftimes, quiont
conservii jusqu*lt nos jours a son terri^^
toire ce litre gracieux et significatif :
cdeur de paradis.
Nous n'avons done plus h suivre pas
k pas la marche cenqu^raiite de rtslatn ;
car ce n'est plus de Sjrie que panent
les premiers bataiilons; ce ii'eist plus
<^n Svrie que les ehefe Tienneijit rece*
voir les ordres suprCmes, que les vain*
queurs viennentdeposer leursinnombra-^
bles butins. Nous ii*avons desormais ^
rapporter que ies ^v^nements qui se
passent dans la province doiit nous ra-
contons Thistotre, les id^es qui en
moditient Tesprit, les institutions qui
en reglent la destine. Le commence-
ment du regne des Abbassides fut,
comme nous I'avous i\6jk vu, un vrai
d^astre pour la S^rie. Apr^ avoir M
ie champ des dernik'es iuttes de Mer*
wan II, apres £tre devenue le th^tre des
rt^actions les plus crudles , eUe eut to
malheur d*^tre ffouvem^ par le feroce
Abd-Allah-ben-Ali. Le diespotlsme te
plus rigoureux pesa alors sur la pauvbe
province di^couronn^ ; liiais heureuse^
mentqu'apr^ta mortd'Abou'1-Abbas-ei
Saffah, qui ne r^gna que quatre ans^
Abd'Atlah-ben-Ali, homme aussiambi-
tieux que barbare, songea k disputer ie
khalifat a son neveu Abou-Djaffar-al-
Mansour, et quitta la Syrie pour n'y
plus revenir.
Vers le milieu de Tanuee 1 36 de Th^-
gire , on le vit sortir avec une puisaante
armee des murs de Damas, se dirigeant
audacieusement vers la residence des
khaltfes abbassides, en 1 rak-A rabi ; mais
foientdt il fut rejotnt par les trouptiis
d'Abou-Djaffar-al-Mansour , eomman*
d^es par Abou-Moslem , Tun des plus
aneiens et des plus actifs partisans de
Ja nouvelle dynastie, capitaine missi
^crgique , homme aussi d^termin^
qu^Abd-AHah-ben-Ali, coeur de fer
comme ce dernier. Ces deux rivaux,
qui avaient eombattu si longteinps eii^
aemble pour ie m^me prince, s'attaqu^-
nnl avec impetuosity dans la plaioe de
i$[isibe. Mais, aoitque les Khorassameiii
d*Abou-Moslem fottent mdllcin
dats que les Damasquins d'AU-i
ben-Ali , soit plut^t qoe ees '
n'^prouvassent que peu d'entfa
pour le rigide et dur ambitini .
avail peut-^tre attaches de fail
cause, toujours est-il qu'sMi
el6 quelque temps iodeeise^ laii
nnla tout entiere a AboihModaM
L*orgueiileut Abd -Allah
eompl^temeot vaiacu , count
sous ie proteation de Soal^
d'Abou-Djaffar-aliMansour, qiii
dans la vilte de ja importaateder
Ce refuge, du teste, oele mit
temps a Tabri de la vengeaaeedil
Pour le frapper plus sQreiiKiit,
DJafrar-aI'MaBsour feigaitde'"
donner, et lui enjoi^nit uxk
biter la demeure qu*il hii &I
Allah-ben-Aii ei»?pta eetti
lui semblaiigitoereii8e;inahi
le Irouva ^as^ sous les f
maison : les fondemeots
m^ de Moos de sel gerniK
d*une aouree myM^rieuaear
peu d^truit le perfide cadew
life n* Aifisi nil delivite li
son lyran ; et oonime , gnoe
tere de ses habitants, ikt
sa nature , a ia ftounlHe de
il lui 6tait facile de r6pwer ssj
lie gui^rir ces biesauras^ die ^
k peu sa quietude iastia^i
goUter Weniot, oomnie twt ie
populations musuhnamSH^^
la civiKsation croissaDtedcCi
Ce qui earacterfee fcs i
c'est d'avoir comprisfaeleiirj
r^dait nmins dans rioianiit
Tarmee, dens ie livre que
Les Abbassides, au contni^
montres plutdl pontic qiip
Moawiah avail raison : V^
eonqu^e etait 1 element d'
progres de Tlslam , 11 faUaits'
«ur les homines d'arnes; ^
obez eux seuls que se trouvvt t
]M du nouvel empire. D'an**
les Abbassides n'avaieot pas ivU
qu'il £alloil aonger eofin a ^
ordre imnmable, seulgaraatde"
p^it6 netiooale., dans le ip
des empires de rcpeqiK. Qf»»^
(*)YoyezEl-]tadD.
SYRIE MODERNE.
isr
lent le brobl^nie ^talt insoluble; que
en deflnitive , le khalifat devait se
iver fatalement perdu entr e Une con-
Ite interminable et une administra-
I impossible, il ne devait pas moins en
liter des annees de tranquillity bien*
cieuses, de bonheur sans nuage pouf
^peuples d'Orient.
I Syrie , comme la plupaft des au-
\ provinces de I'lslam, eut aussi sa
ide oette fi^licit^ g^n^rate. Elle aussi
jiuisit des poetes ; elle aussi vit sor-
ijde son sein quelques-iins de cesi
eurs mahometans moiti6 nhilo^
;et moiti^ poetes, ouplutotau-
I d'une pliilosophie toute poetique,
:lesaxiomes perdaient de leur s6-
esse en empruntant a la langue
|ues-unes de ses images les plus
intes, dont les precept es perdaient
ur rigldite en empruntant a la belle
asiatique quelques-Ones de ses
plendides couleurs. Mais avaiit d'6-
siecle par siScle les horlimes
I que la Syrie eut la gloire de
'h la civilisatioh orientale, afin
i de mieux saisir toute leur valeur
Qte leur originality, il nous paratt
Bpensable danalyser le caraci6r€l
h pens^e , de Tart et de la po^sie
^ Orient. Ce caractere , d'ailleurs , a
DU v6peu de variations en dix slides ;
:peinare les Orieutaux comme ils
Dt sous les premiers Abbassides,
faire un portrait auquel ils out
liembl^ a toutes letirs ^poques de
; et de prosperity.
BE lA. JPENS^E OAISNTAIB.
peuples primitifs, h teurs jours
combats, ne tratnaient pas a leur
te des fabricants de bulletins mili-
res; on ne distribuait point encore
^leurs pas les itineraires de leurs vie-
tes ; de m€me, h Theure des premiers
Nivements intellecluels , h la nals-
iiee de la pens6e , il n*y dvait p9s une
ilbsophie toute Cr66e pour en classer
Sprit ; et chariin sait que les philoso-
les orientates s^appelleraient plus jus-
nent des theologies. L'OMeut n'a
fiais compris la pens^e d*avenir, ddns
sens, qu il ne s*est jamais employ^
I la recherche des idees nouvelles.
ion monde le satisfait ; il n'ea exige pas
un autre de son imagination. II sent^
il chante , II symbolise; mais e*est de
Faspect philosophique seulemefit qu'on
petit dire qu'il svnibollse; lui , il reflate
ce qu'il voit ; if est affbci^, 11 est heu-
rent , il dit son bonheur oq sM sotlf-
franccis ; il sepassionne pour Thumanit^
ou la nature ; puis il traduit avee les
mille cduleurs resplendlssahtes de son
ciel , de sa lumi^re et de 6e^ fleurs , lei
passions gtii Tont a^t^.
En Orient, la philosophie se r^oit
volontiers au rdle de morale, d'bygi^ne :
la religion recottimdnde des ablutioba
pour la saht^ terrestre , t)uis elle pro*
niet dans le ciel les plus sensuelles f4h
\\c\t6s dti corps, jimalgam^es k eelles dd
rdme. Yoyet le paradi^ de Mahomet :
ce dernier paradis, r6vel^ pat un prtH
phete, chant6 par un inspirfi^ ce r^sum^
splendide des plus sublimes r^teriei
tn^loeiques . a-t-ll rien ekelu des ^mO*
tions htimaines, des beaut^s iblouis*i
Santes de la terre? Certes non! ear il
prodiglie aux 61us de son dieu^ pendant
retertiit^, sans^d^godt, sans lassitude i
ce qui ravit Thomme si admirablement
ici-bas : le diamsmt, cette luini^re deft
6t^mentssolides ; la gloii'e, cette lumi^ri
des r^ves de T&me. II immortalise la
virginity des fetnmes; II leur verse k
boire daiis Id m^me edupe la vertu et
la volupt6. Cette supi^noritd relative
du paradis de Mahomet n>st-elle point
dan^ cette allianee de Tenivrement
du corps et de Fenebantemeht de TdmeP
Si vous le comparez k notre paradlft
Chretien , qui n^a ka criier ni formte
arr^t^es , ni coUleurs fixes, vous com-
prendrez facileitient que \k monoto«-
nie de ce dernier ait pr^te a rire atlt
philosophes negateut*s. L'autre, au eon-
traire, pldlt k tous, s^adreese aux mas-
ses, et flatte mime eet instinct de vo-
luptlft inseparable faiblesse de la matiere
humaine. Ainsi done , sensuaiisme e&
poesie, sensuaiisme en religion, sen-
suaiisme eti tout, paree que le mondie
exterieuir est been et bienfaisant, paree
que Tessence de Tesprit oriental est la
joie. Arrive k cette questien vitale des
litt^ratures asiatiques, nousresquissoiis
rapidi^ment ici.
La pens^ humaine, sous quelque
forme quelle se pr^nte, n'est jamais
que le reflet du monde ext^iftur Bur le
160
LUNIVERS
miroir de TAme. Mais chez \es uns ce
reflet est teme ou pMe; chez les autrt^
il est faux et incertain; chez queiques-
uns , ri^oureux et correet : voili pour
le vulgaire et les hoinmes de bon sens.
Quantaceux dont Piiiiag nation, comme
uii cristal a ni*lle facettes, entoure
d'une aur6ole prisma tique les images
qa'elle reproduit , nous les avons sa-
lu^ du nom de poetes. La premiere io-
fluence que la pensee poetique ait eu k
subir est done celle du climat ; car le
climat, c'i'st la lumi^re; le climat,
c*est ia couleur : influence toute mat6-
rielle, ^ui domine 6terneilement le
inonde mtellectuel , et sous laquelle
Thomme a courbe , non pias seulement
sa po^ie, mais encore ses lois, ses
moeurs, sa civilisation. Voyez aussi
avec quel immense avantage la pensee
orientale vient lutter contre la ndtre ;
?oyezcombien ce reflet 6blouissantd'une
nature ricbement 6panouie , d*un ciel
ardent et pur, fait pdlir les froides ima-
ges de notre nature appauvrie. Et,
oomme le g^nie du langage r^pond tou-
jours k celui de la pensee , comparez ces
idiomes si harraonieux, si nches, si
.hardis , avec nos langues du Nord , ra-
pides et alK^briques! Cest que chez
nous rimagination , c'est-^-dire, etymo-
logiqaement parlant, la faculty de refl6-
ter les imases du monde exterieur, est
retr6cie le plus sou vent dans Tdtre d'une
cfaemiu^e, ou tout au plus dans Thori-
zon d'un cabinet de travail : aussi ce
Sue nous appelons poesie n*est-il d*or-
inaire qu'une sonribre inspiration ou se
reflechissent les fa<*ta8ques accidents du
cliarbon que le feu decoupe en festons
bizarres.
Mais rOrient est la terre natale de la
grande poesie. La rien n'arr^te Ten-
thousiasme , la rien ne force la pens6e
h se conceutrer en elle-m6me. L'lmagi-
nation s*^lance, rieuse et foldtre, h
travers les riches jardins de la nature.
Sans cesse entra!n& par le charme d*une
jouissance nouvelle, ou distraite par
Tespoir d*un nouveau plaisir, elle prend
ses ebats , elle se diaulYe au soleil , et
s'impreenp , pour ainsi dire , de Tatmo-
sphere rortementsatur^ de lumtdrequi
Tentuure de toutes parts : alors Tdnie ,
dilatee, se d^veloppe au dehors en mille
fleurs de puesie.
Cl)ez nous , an contraire , la pniBi^
ne se colore qu'a grand*()eine , faote dl
lumiere : on dirait un trait linraiie
quel la gradation des nuances B*a (M
ennore donn^ la vie. Notre line » m
serredans des limites etroites.et
6puisuns toute notre activity ao«isi»
plier sur nous-mdme. Quelle
preuve, en effet, de notre escUi^
boutique , que ce travail aride que
laisons sans cesse sur nos p
id^es .' Singuli^re inspiration de ^
que cette dissection de la pens^l
(|ueUe nous nous acharnons! Om
jamais TO rien t ne vit naltre lu
physicien ; jamais uu poete ne
a penetrer les secrets du roe
dout il se servait par instin t Ai
tandis que nos bons esprits ebbari
peniblemrnt les regies du beau , ctaii
daieut la profondeur de TinteBMb
lepeuple en Orient, floumisatK
irr^sistibles de la nature, s'lM
nait a son insu, dans ses moeurs m
dans son langage, a uue poesie I
sensualiste. De notre c6te, noosii
Tart et la science : les OrieaUux
pour eux Tinstinctet le genie. Nei
plaignons pas : cVst la nature ^Mok
qui a fait les parts; et ses decf«U
sages autant qu^immuables.
J'ai dit que la pens^ orieatile,!
▼oris^ par le soleil , tendait sans-"
k sVpanriier au dehors , a se n\t .
formes de la matiere, parcequeM
ti^re c'est la beauts. Remarquezfll
que la philosophie asiatique, sol
et si digne de 1 6tre, a toujoarsirii
m^me voie. Point de ces dispots
lastiques sur les mysteres ioor
hensibles de notre vie interieurei
de ces combats achames sur hid
exacte d'un abtme sans fond, ft'
plus utile, et par cons^uent^
ole , 6tait propose aux me liutisM^
sages, et les vaines sp^tations'^
th^orie futile n'etouffaient pas dmji
germe une philosophie qui se fonnn
surtout en preceptes de condtritc i
n'est pas, du reste, que les OtiaXA
n'aient aussi un grand fonds de i
cisme ; mats au milieu mime de
plus sublimes contemplations c*est
images qu'ils pro<'edent , c'est pars
boles qu ils parlent : car toutes les
que le poeie cherche un autre lai
SYRIE MODERNE.
161
sa toLt tombe et faiblit , ses accents ne
se font plus comprendre. G'est que la
pens6e cherche toujours ses aises, et
qu*elle a horreur de rabstraction.
Ce n'est pas ici le lieu de comparer le
mysticisme asiatique avec celui que la
civilisation chr^tienne nous permet. Je
ne puis r^sister, cependant, au d^sir de
citer quelques vers de Ferid-Eddin-
Attar, qui roontrent combien la po6-
sie orientale, lors m^me qu'elle se perd
dans les nuages de la plus haute spiri-
tuality, se rattacbe encore k la terre par
le mat^rialisme des images. S*agit-il de
peindre Thomme mystique, Tnomme
aimant^ par la lumi^re de Tessence di-
vine , c'cst :
« Un papiilon qui se pr6cipite au mi-
lieu des llammes. »
Ou encore,
c Un amant, brdl^ de passion, qui
supplie sa bien-aim^e.
c Un buveur, qui demande h son
^chanson une gorgee de la liqueur eni-
yrante. »
Plus tard lliomme aimant^ traverse
les sept vallees qui le s^parent du pa-
lais de Simorg. Dans la sixieme valine ,
celle de la contemplation :
« La respiration est pour lui une
« ^p^ trancnante, etle bruit deson ha-
« leine, un cri de douleur !... de chacun
« de ses cheveux d^coule une goutte de
« sang , qui trace , en tombant , les
« lettres du mot : hSlas!,.. et , une fois
« parvenu dans cette vall^ , Thomme ,
« dont rdme est raturie, demeure stu-
« pide et ne retrouve plus son che-
« min (*). »
T^ous nMnsistons pas ici sur le sens
de ces mysticit^s : peut-^tre seralt-il
curieux de comparer les poemes de cet
ordre, le Pend-Namih. par cxemple,
avec notre Imitatipn ae Ji9U$-Chr%$t;
mais maintenant nous n'avons hi nous
occuper que de Tesprit g^n^ral, que
de rexpression po^tique. II est done
facile de voir qu*en Orient , la pens^e
est toujours exclusivement sensualisee
par rimage , toujours pompeuse et 6le-
v^e , mais contenue cependant dans les
bomes du monde materiel.
C'est un fait , du reste , sur les cons6-
quences duquei on s'abuse commun^-
* Toya le Pend-Namid, livre des oonselU,
MiUoD de M. de Sacy.
!!• Livraison, (Syris modbbnb.)
ment , que cette sorte d*esc1avage de la
pens^e asiatique. Accoutum6s que nous
sommes h joindre incessamment les
mots de bonheur et de liberty , nous
concevons h peine que Tintelligencen'ait
pas chercb^ asecouer les chatnesdu sen-
sualisme. Et cependant , en Orient,
vous avez oe ph^nom^ne moral , que le
scepticlsme n*est entr6 dans aucune
dme. ITest-ce pas 1^ un caract^re bien
saillant de cet esprit de nui^tude et de
contentement? Jamais lOriental ne
pense k renverser I'^difice bdti , h rayer
de son cceur la croyance traditionnelle ;
jamais il ne s*est r6volt6 centre une
pens^e , contre une forme sociale , parce
que toute pens^, toute forme sociale,
sont venues a pr^un bien-^tre phvsique,
parce que la loi humaine n*a ^te ^levee
que pour consolider un bienfait de la
nature , comme une fontafne de pierre ,
pour proteger la source qui vient de
laillir, contre les sables du desert. La
loi, en un mot, est une action de grUces,
une hymne, une harmonle. Le plus ghi-
losophe et le plus penseur des poetes
orientaux , Saadi , est un derviche , reli-
gieux juscpie dans ses passions les plus
effr^n^s, qui exalte et purifie cet amour
voluptueux que condamnent les moeurs
chr^tiennes et la soci^t^ occidentale.
Mais h cette id6e de religion si r^an-
due, n*allez pas vous fa^onnerun monde
d*humilit^ , de larmes et de repentir ;
n'allez pas croire h un peuple ext^nu^
de pridres, pcile de mortifications, sans
cesse agenouill^ dans la poussi^re et la
face contre terre. En Orient , la pridre
se r^it^re souvent, mais se fait rapide.
Le monde ext^rieur tout entier sert k
cette rdlgion du coeur qui n'abandonne
jamais le serviteur de Dieu. Le corps
estsanctifi^ aussi bien querdme;ses
plaisirs , sa sant6 , sa beauts , ses jouis-
sances les plus sensuelles, sont recher-
che avec d^lices, et permis avec pru-
dence et sagesse. L exces n'est con-
damn6 que parce qu'il derange et d^truit
lebien-etredu corps et le reposde Tdme :
la maladie est le plus grand des fl^aux,
et la mort du corps ne se supporte
qu'^ cause de sa renaissance en paradis.
On accuse les Orientaux d'etre sta*
tionnaires, et en cela je les admire. Oh !
sans doute nous ne comprenons pas ,
nous autres , qu*une society puisse reu*
11
i62
VWmERS.
Qir de pareilles conditions d6 dur^e.
t.6s peuples du Nord, toujonrs agiUs ,
toujours Discontents, se remuent sans
cesse sur le roauvais lit que la nature
leur a fait, et quails s'Spuisent h relaire.
Cest en vain quMls chercbent una po-
sition commode, uo tennealeur douiou-
reuse insomnie. Dans leur case de fer,
ils ne peuvent se tenir ni debout ni
coucbes. II est vrai que, pour donner
]e change au malaise social qui nous
dSvore, nous Tavous orgueilleusement
d6cor6 du oom de progres. II est heu*
reux que ce mot nous sufQse. Je ne
sais cependant si , dans notre m^pris
affects pour les constitutions asiatiques,
il ne se glisse pas, a notre insu, un peu
de jalousie. rf*envions-nous pas quel-
quefois ce bien-Stre immSmorial qui ne
permetpas de revolution dans les moeurs,
ce repos politique que le ciel prodi&ue
a tant de generations ? Je suis pret a
rendre hommage aux laborieux efforts
de nos ISgislateurs oour nous crSer un
bien-Stre qui nous fuitsans cesse; inais,
franchemeiit, j*aime niaux, pour ma
part, celui que I iiomma ne cherche pas,
et que la nature donr.e.
Si de Tordre politique nous passona
k Tordre moral , il faut encore iv^poa-
dre a une accusation du radme ^onro.
On refuse quelquefois Tesprit au^> littS*
rateurs orieutaux. En vSritS , je les en
felicite. Remarquez, en effet, que c*est
toujours la mSme question de bien-Sire
reproduite sous unc autre forme. Ils
n*ont pas d*esprit, soit ; niais en ont*
ils besoin ? qu*ei) feraient-ils , je vous
prie? sont-ils obliges, comme nous,
de cacber la nuditc du monde qui les
entoure sous d«*s parures de faux bril-
lants,de fermer les yrux pour rSver?
P^on, sans doute; ils iront pas Tesprit
qui clierche, mais ils ont le genie qui
trouve. Depuis quand faut il mepriser
la grdce, parce qu*ellp est nuturelle; les
rapprochements ingenieux, parce qu'ils
naissent du contraste des idees et non
du choc des mots; le bien-Stre enfin,
parce qu'il n'est point cherche? Oui,
gloritions-nous , vraimeiit,de ce que
nousavons la triste t'acuitede rire. CVst,
a mou seos , le cachet essontici de la
misere. 01) 1 les heureux habitants de
TAsie, qui nejouent p;is sur ies mots,
qui ne prenneni point le souci de se tor-
turer le eerresn, goi m
fu'4 peine ce spasme conndsif qp
appelle le Hre i et qui nous sert c
Tivresse au miserablel Le hve
des pleors, le rtre fatigue; il 9A
simple qu*oa reproche aex Oi*
d^Stre ^ves ; iis sont gravn
resse , ils sont paresseux par "^
Mous avons done appele Th
notre aide : c'est fort bien fait
des efforts soutenus et pSoiblam
avons supplee au bien qui neoij
quait par les mille nuances du k
et du grotesque. Nous avons crtti
derniers temps une litteratun
commune, malgr^ toute son
assez froide , malgr^ son d^i
effront^; nous avons eleve oq
d'ignoble et de ridicule sur ies *
nos passions faetices; nousai
tons les vices et toutes les in
de riiomme int^rieur Com[
tenant Pesprit qui eherehe ao
trouve.
Au reste, lee ecrivains les pte
c^s dans le spirituaiisme, lespo'
moralistes mime, nese sont past
efforces de fronder cetie paretse
cette torpeur de Tesprit qui
la civilisation orientate; et i
retour instinctif , ua regret
leur arrache Teloge de la vie
qu*ils semblent repudier si f^
ment. LMiomme est un aiige
dont les ailes se fati^ent im
dans le vide ; la terre est te di
grd de sa chute , roais c*€St le
repus. Cest done en vain ifof
s^elance dans un espace ou n^e
le soutenir; card faut toujours
lombe. Cest done pour ceU ^
lieu du plus vague idi^lisine,
trouvons encore une tienseed'<
Texistence bo r nee, mais sans il
des enfaiits de TAsie
Cependant, oes reOets da folii<
rient sur nos dmes cliagrioes sal
raient conserver leur iiuanee fi '
leur eclat si vif , si soutenu ; 1' 4*^
du fatalisme se denature au costi^
notre insatiable activity , et ee biee'
passager, qui ne sufHt jamais a eor
sirs devorants, ne nous permH ~^
bonheur piein de larmes , ou la
france Intime devient une JoutssaiM
rdme, et s*appelle melancolie. 1
SYRlti AldblfiftNE-
m
duaud le bien-^^tre est constant et dura-
file; quand Vime peut se iivrer auchaF*
me de la contemplation, sans esp^ranc^
comme sans regret , la melancolie n*est
^u'un mal. Les Orictitaux ne la connate*
sent pas : cbez eux, la iouissance u'e$t
pas ude douleur affaibiie ; le bien et U
mal sont des contrastes ; ils existent k
part) ind^pendants, ennemis ; il n*appar-
tient qu*a nous de les faire transiger,
de les nuancer Tup parTautre, d'eo For-
mer une sorte d'alliage. C^st done a tort
que 1^ plupart des orientalistes , et sur*
tout les orientalistes anglais , ont priti
aux chants asiatiques quails essayaient
la teinte sombre de leur propre coeur.
Au lieu de se mettre a ronisson des
ponies orientales , ils les ont trop sou*
vent ramen^es a leur propre diapason,
sans songer que chai)ue mot dttvenait
une dissonance > que cnaque peos^e
cnangeait de nature , des qu op y ajoa*
lait un Element etranger.
0B li'ABT OatBNTAI.*
Si notreconduitedans la vie ddpend
beaucoup de la mani^re dont pons
envisageons les enoses eontemporaines,
nos jugements sqr les diversites de Te**
prit et de Tart s'impr^nent gravement
aussi de notre fai^on de concevoir le^
cboses d*autrefois. deux qui tendeat k
la poesie, choisissent lepr aspect d'eo
baut : I espace leur divinise le spectacle
des nations. Quelques-uns s'acnarnent
i ue voir que d'en bas, avec mepris et
scepticisme; ils voilent de noir tout
obiet et tout sentiment; ils se froissent
a fegolsme individuel, «u lieu de n em-
brasser jamais que des masses, qui sont
toujours belles et nobles dans leurs
mouvements. Le plus grand nombre,
les petits, regardent devant eu]^, terre
iterre, selon la surface, et alors les
moindres accidents de terrain leur obs^
truent la vue , les moindres obstacles
bor nent leurs regards ; et si des horizons
se deploient tout a coup devant eux ,
iU s'en 6blouissent ou s en Usseat, Ge
D^est done ni pour les sceptiques de
coeur, ni pour les myopes d'iateltigencef
que nous entreprenons notre voyage
poetique a travers TOrient. Les pre-
miers ne seront point eo droit de nous
reprodier an enthousiasme exclusif et
irraisonnable ; et nous topou^ns d'a*
vanoe la oondamnation que peuvajit ful-
miner les seconds contre une par tie du
monde tout entiire, parce que c^tte
Sartie du monde se separe , avec de$
ifferences brusquement tranchees , de
SOS moeurs de nos iois , de nos arts ,
e nos poesies.
A eonsidi^rer Tart et ses d^vetoppe**
ments comma reehelle metrique de
rintelligence sociale , il taut rec^nqat-
tre que la civilisation europienne a\ de-
passe de bien loin la civilisation asiati*
que. Et cependaht, ^'est de 10riei|t
que les arts nous sont vonus , avee la
lumidre, avec la vie peut-^tre. Llpde ,
rCgypte^ la Syricsedisputeal Thon-
qeur d'avotr et^ la premiere ^eole de
Tunivers. La Chine, fiere de ses cohsti-
ttttipris immemeriales, se flatte de nous
avoir dsvanc^s dans la route de la
science , et d'avoir anticip^ sur la plu^
part de nos d^uvertes : et nouS) qui
ne sommes ^ue d^hier, nous, que quel**
ques siecles a peine ont dejii faits vieux
et presque decrepits , nous les avons
laiss^ eii arriere, emprisonnes par la
nature ell^m^me dans un cerole qu'il
ne leur est pa^s permis de francbir ; car
la nature, en im^ant aux civilisations
asiatiques une existence calme et station-
aaire, nous donnait, comma un (larmo*
nieux contraste, cette activite qui devore
le temps et Tespace* Cast ainsi que les
nations occidentales ont v^cu rapide*
ment ; c'est ainsI qu'eliee se sont gran-
dies en peu oe jours de toute la hauteur
de rexoerience asiatique. L'l^umanite
n*est done pas vne^ et Tart^ dans son
essence |a plus intime* sedivise oomme
elle en qcmx par^, sons rinflueiioe des
climate, c'esl>^-dire des bepoins nat^
riels« Verity trop d6daign^^e par ceux
m^mes qui ont le plus etudi^ I nistoire ,
la marcbe et les progr^ de Fart; verite
que nous voulons rendre triviale , en
observant a notre tour le flux et le re-
Iftuxdela eivilisationi eettegrande mer
dont les courants impetueux ont si
soudainem^nt envahi TOccident.
Ne semble-t-il pas, en effet, ^ue la
nature nous ait donn^ la supreinatie
dans les arts oomme une suave eonso*
lation de nos sonfiTraDees sociales ? £1
pouvonsHMMis m^nnatlre le sublime
rapport de ces joies intellectuelles a nos
11.
ie4
LTTNIVERS.
mis^res pbysiqnes? Remarquez que
Jean-Jacques Rousseau a senti ce rap-
port saos vouloir )e com prendre. Plac6
par son humeur chagrine h un autre
point de vue, Jean«Jacques s'est obstin6
a regarder les arts comme les fruits de
Dotre dorruption , destine a r^sir sur
elle et h ia perp6tuer. De oe qirils ne
▼enaient qvrapr^s elle, il a cru devoir
eoncture quails venatent d'elle : e'est d
cause (TeUe qu*il fallait dire; car la
consolation ne vient qu'apres la doulenr,
comme le rem^e h cause de la maladie.
Ne Yoyez-vous pas que Tart, c'est-ii-
dire le centre raaieux de la civilisation,
n*arrive a nous , dans sa marche toute
fatale , qu'apr^ avoir essa^^ la vie sous
le ciel d Orient ? Cest qu'il a besoin de
s'impr^ner d*abord de parfums et de
lumi^re; puis , quand il a fait sa provi-
sion de vie et de force, il quitte son ber-
cean , il laisse derri^re lui ces royan-
mes do bien-^tre , et s*avance comme
un conqu^rant dans les regions barbares
dont il doit briser lescbatnes, diercbant
partout une misto k oombattre, un
ulcere k voiler.
Telle est chez nous la noble mission
de Tart; sa fin est de r^baufTer notre
existence glac^e, de supplier d ce qui
nous manque , de combler le vide de
nos cceurs, enfin, d*amuser, s'il se peut,
nossouf^noes infinies. L'art ne pouvait
done pas rester en Orient, ou il edt ^t6
sans but. Si nous Ty retrouvons encore,
ce n*est plus comme moyen, c*est comme
expression. rToubiions done jamais
cette diffi^rence essentielle dans le tra-
vail intellectuel de ces deux mondes si
distincts. En Europe, l'art , consid^r^
comme moyen , affecte les proportions
de I'industrie ; c*est alors un veritable
travail , oOl Tesprit se propose un but ,
s'cfforce de produire un effet pr^vu et
combing. En Orient, l'art ne se propose
point de but, ne prevoit pas , ne com-
bine pas d'effet. Ce n'est pas k vrai dire
un travail, encore moins une Industrie;
c'est une expression instinctive , un
^panchement fatal, involontaire , o^
le plus ordinairement I'esprit s'ignore
lui-m^me.
Mais, dira-t-on, pourquoi h soleil,
gui avait fait ^lore ce germe pr^cieux
des arts, n'a-t-il pas favoris^ sa crois-
sance ? Pourquoi le jeune arbre n'a-t-il
^tenda ses rameanx que sous k
Stranger, ses racioes qae dans la
dtrang^e? Nous venons (Ten '
la raison morale, et la raifion ^
ne nous nsanquera pas. Ooan^,
effet, que I'intdligenee humaioe, "'
d6e de Inmi^re et de cbalear, lit
Orient son premier
Mais la pena^e est un fluide
qui devient ^nergique et vio
qu'il est comprim^, oui peid sa
se dilatant. Ce floioe ne pov'
6chapper a Paction ardentedo
I'Arabie, et I'efQorescence \M
nouissement pr^coce da genie
a laiss^ 6chapper, daos le vague
la poussiere i6condante de la
poesie. Qui peut dire les ad
visions de I'Arabe, ainsi ran
pens^? Quelle formale homaiaei
^e de fixer les r^ves briliaM
imagination, d'arrfiter les '^^
gitire des tableaux qui la
de recueillir les parfoms
I'enivrent? Gertes, il nefaQt|iaii
dre de sa force intellectQelie,aflf
k une autre force toute fatate^ei
sur elle-m^nne qui est poar Doosi
du g6nie. Son g6nie, a lui, nel
partient plus; et, s'il lai anive
renfermer dans une fonmile
saisissable , c'est encore par
a un ordre fatal. Aussi 1'
homme deg^nie, ne I'estqo'
ment. Mais voyez combien sa
qui se retrouve parmi ses ''
encore satur^e de ia lumi^
aux espaces ^th^r^ ; voyei
jet de la statue est pur et
que le bronze coule sans eesei
qu'une lave briliante; c'est qa(|
la formule, c'est-^-dire le '
pas un moule trop 6troit
Que si vous compares «i
ranee magnifique de Un et •
cette animation qui s'^ncfaeaf
ment au dehors , k notre tosixr
t^rieure de I'Occident, a ootzv
qui se condense, qui se replie ^
mtoe, comme pourser^offiTi
anticiperez peut-tee sur toj^
d^adence qui s'approchenMt
verrez comme nous que rOcddw
duit a se d^vorer lui-nwroe, don
tdt p6rir d'inanition. C'est
se ronge les bras.
SYRIE MODERNE.
165
En Orient, I'art n'a ^t^ qu*une sa-
perflalt^ intellectuelle. En tace d*une
nature si majestueusement fertile , a la
lumiire du plus resplendissant des so-
leils, h Tombre des verdures las plus
embaum^es , que voulez-vous que fosse
rOriental ? II regarde et r^ve. £t n'est*
ce pas la le plus sublime emploi de ses
facult^s? La contemplation solennelle
des beaut^s si splendideroent groupees
autour de lui , n*est-ce pas son hymoe
a Dieu la plus 6loquente, ia plus haute P
Tout lui platt : la moindre paillette de
lumi^re jaillissant a travers les arbres ;
la fa^on diverse dont les ombres sont
projeties sur le sol, ou d^oupees par les
feuilles ; les bruits de Pair, les magnifi*
cences du eiel, tout devient aliment sa-
voureux pour ses sens , joies et d^lices
pour son drae. Eh bien , quand voulez-
vous, au miKeu de cette rotation de jouis-
sanees enivrantes , quand voulez-vous
qu'il trouve la place d*etudier tout le
technique de Tart? Dans notre Europe,
sitdt qu*il nous apparalt une splendeur
de la nature ou de Thumanite, de peur de
la perdre a tout jamais^ de peur de n'en
plus rencontrer d'autres, nous nous ba-
tons de la fixer svtr la toile ou dans le mar-
bre. Et pour nous la traduire ainsi que
d'ennuls nous acceptons! que de de-
goOts ! quelle longue attente ! L'Oriental,
au contraire , n*a pas le triste besoin de
s'enqu6rir de la composition des cou-
leurs, de Pagencement des nuances,
lui qui en suraoonde si in^puisablement
dans sa nature exterieure et dans son
monde mtime. Voila pourquoi Tart, en
Orient, n*est qu*une superfluity intellec-
tueile; on ne 8*en va pas choisir une
seule beauts, s'arr^tera une perfection
unique, lorsque, sous vos yeux comme
dans votre dme, ii en passe dMnnombra-
bles , rivalisant chacune de griice ou de
grandeur.
L'artiste oriental , c'est celui qui vit
de soleil , de parfums et d'images ; c'est
celui qu*un reflet de lumiere enchante;
c'est celui a qui la vue d'un arbre,
d'uDe fleur, donne des heures d'admi-
ration , d*enthousiasme. II ne lui feut
qu*une brise fratche et odorante a tra*
vers un bois de sycomores , une algue
roulant sur sa mer dor^, des touffes
d*arbres et de fleurs parsemees dans les
plaines ; moins que cela ! il ne lui faut
3u'un buisson odorant, ou les eaux
'une source ^gouttant du tronc d'un
palmier, pour le fisire r^ver tout un
jour, r^ver des choses du ciel, rSver les
ddices de son paradls : des virginity
renaissantes et des tables de metsexquis.
Vous le verrez passer de longues heures
a contempler la nature aspect par aspect,
feuille par feuille, herbe par berbe; car
c*est a s'arrdter sur les moindres details
que son eceur 8*emplit et s'el^ve ; c'est
k partir peut-toe d une branche ramas-
see quMl en viendra k comprendre les
prodigieux d^veloppements, la structure
sublime, la splendide variety de la na-
ture; et de la a Dieu il n'ya qu*un
pas.
Maintenant dotez d'un g^nie f^cond
quelques-UDS d*entre ces contempla-
teurs, et ne concevez-vous pas qu'il se
succedera en eux une suite merveilieuse
de r^ves, de pensees, d'exaltations?
C'est lorsqu'un lac est tranquille , lors-
que le calme de sa surface ne s'inter-
rompt d'aucune ride, qu'alors le bleu
des cieux et les verdures d*alentour s*y
refletent. Tun plus splendide, les autres
plus el^antes et plus gracieuses. Le
m^me phenomene arrivera sur la lim*^
pidite de leur dme ; ils se seront choisi
des spectacles de beaute etd'ail^gresse;
ils auront ^cout^ avec extase le concert
des Elements , et les inoombrables bar-
monies de la nature; n*en doit-il pas
naltre au dedans d'eux-m^mes une con-
tinuity d*^lans vers la nature, de retours
k rhumanit^, de louanges a Dieu, en un
mot de quoi faire du lyrisme toute une
vie ? Ne doit-il pas s*etablir un Change
de sublimites entre leur dme et la na-
ture ? Ils opposent aut magnificences
partielles qu elle etale devant eux les
souvenirs des beaut^s d6ja vues ; puis
les richesses humaines, puis les opu-
lences sensuelles leur reviennent aussi I
Ils convoquent k la fois leurs songes les
EIus respfendissants. C'est, comme ils
s disent , les ruisseaux de leurs inspi-
rations diverses qui vienncnt chacun
apporter un tribut d'emotions k leur
fleuve int^rieur de po^sie ; alors le voila
ce fleuve qui roule a travers des campa-
J;nes et des jardins , s'enrichissant de
eurs couleurs et de leurs parfums,
jusqu'a ce qu'il se perde plus tard,
comme toute chose et touta pens^.
I$d
vmm»B.
dans rimnaensiui jnMla^tueUt, tfaos la
mar aupr^ipe i^ poeaie, daoa Diea.
11 9at logigue que ^Orient noua aait
ififerieur dans Tart, puisqu'il a la cod-
tmuiU dana rinipiratioQ, ei que par
consilient i) d^a^ne le cboi)( eotre ses
iQiagin^^ioBS diveraes at le iravail sur le
r^ve pr^fer^.. Que iui importe una aeule
perfeotipn ^teriiisee par le pinceau!
Celui-la ue s'approvisionne point, en
place publique, de quelques roses ^touf-
lees (fans dee vases , qui possede chez
lui des parterre Si da rosiers. L*art ne vit
fue d*etudes : rOri^ntal les repousse,
/artii^te dqit £tre minutieux « attentif
^ tout instant au progres deson type ou
a la verite de son caique ; rOriental passe
rapidemfnt d'une pensee a uue autre,
f)arce qu'il a la certitude de la joie et de
a beaute. L'arliste doit caresser son
luspiratipni la veiller sana cesse, en
avoir tputes les sortes de soucis et de
soins ; rOriental ne clioie pas, il aime.
D'apres les restes qui nous en de-
meurent) etd'apres les raisons nr^orales
que j'ai tooncees , je n*ai pas peine k
^oire aue dans les civilisations prlniiti-
ves de 1 Orient la peintureet la statuaire
nefleurirent que inediocrement. Sana
doute ^n en abandonna la culture a des
eaprits sBOQudaires ; sans doute il dut
I'en suivre un dedain assez g^eral de
oes arts ainsi raval^. Aussi, a Tbeure
de la predominance dea Arabes , Maho*
metordonna-t-ii, de ia part de Dieu» de
ne (ilus representer la face bumainet
4e Be point davantage caricaturer Thu-
manite. Ches oe grand prophete ceUe
defense ful un acte sa^e et ^leve : il
avait mission de reliabi liter le corps , il
ue dt>vait pas permettre qu'on en imitiit
maladroitetnent les formes. L'Arabie
cria done anatbeme a la peinture et a la
statuaire; mais, en revanche, I'arcbi-*
tecture y atteignit une sommite admira-
ble. Si llnde olioisissait sa montagne la
plus liauiedans N cieux, la plus large de
base, pour v taiiler interieurement une
pagode; si r£gypte peupla les deserts
de aes pyramides inimenses, TArabie
oonserTa dignentent la tradition de oes
audaees de pierre. Elle aussi eleva par-
tout $e$ aveltes minarets et bbs domes
majestueux; elle les s«ma sur ia route
de ses conqu^tt^s. Voyeis la Syrie, elle
en eat pUioe. Maia p#urquoi oet art
deviaMI magnHiqin, tsMfii ^t
autrea restaient saoi frogrte? r
2uMl eat le aeul qui sa eon^iei
omroe de g6nie, en one nw
ealme et sans efforts, et qui s'e
par dea nianGcuvriers;e*estqiKl^
tecture est le lyrisme dans lei i
Permettes-nouB de revcoir e
oette gradation , que nous c
o*avoir paa suffisaromeat
et de r^unier ees observation f
lea sur lea arts par quelques i
la musique en particulier. Lci^
taux n*ont pasdemusique^ etnef;
pas en avoir. Leurs moeun not
res , les el^nents multipli^ M
physique qui les entoureot, b*i
necessite cbez eux cet art n i
consolations. Et, en efTet, i
ojel paifum^ tout cbante, tout if
nise : c*est un vaste ensenUii
de tons lea ^trea orM , une i
d*aecord8 sans dissonoaacei, I
lodie abondante oik s'sgeneeotJ
les sons les plus pure , toutei Ir
de la matidre. Que feraicatn
denotre muaiquePLeurssem
seraient bless^ sans doute pv J
flatte lea nAtres, et leur im ,
n*aurait plus de oouleurs biiUaDtl
pensees gracieuses a prater a ee>|
que noua animons oomme ler^
gage du bonheur,
D*un autre o5td, lea
Nord , en proio aux besoiss ]
gjrossiera, aux misses les
tisaantesi eombattaient isolii
tre les rigueurs de la nature,
cher dans la civilisation an a
roent ^oign^ a des maux i
niforniite du mal, oomme ceUe i
devaient emp^clier la
deux extr^mitea du noondec
£n italic, au contraire, si leal
morales commencent k peserj
ccBur, si lea souvenirs du Vm
Tfitna vienneiil attnster Vkmd
la pens^ sombre par inataotB,ea
contraster aveo le oalmede VUi
et la limpidite de PArno : voilki
mieredissonnanoe, voila la musil
musique devait naitre en ItalM^
avait tout juste assez de soutii
tout juste assex de bonheur pear I
tar ; puis a mesure qua la civibl
d6liait les chatnes da oiiiare pbjl
SYRIE MODERNE.
167
qui eourbaient les peoples septentrio-
oaux y eux aussi se cr^ient un bien-^tre
moral, en se errant des jouissances ma-
t^rielles. La musique, non plus aban-
donn^e h riospiration toute sensuelle
d'un eondolier , ni au savoir p^antes-
que aun maltre de chapelle, mais
cultiveeavec soId, avec amour, se na-
turalisait en Allemagne, parce que
rAIIemagne a?ait besoia d*elle. £h
bieQ* Tart, dans sod acception la plus
abstraite , a suiri la m^me marche. Ea
Orient , c*est un reflet souvent insaisis-
sable de la lumi^re qui inonde le monde
^xt6rieur; en Italie, ce n*est plus que
l*^ho de la brise du soir, le murmure
du flot qui vient mourir sur la plage;
dans le Nord enfia, c*est un monde
ideal qu*il faut rSver pour ne point as-
sister au monde reel. Voila pourquoi
rinspirationallemande est plus bardie,
plus eaergique, plus riche d barmonies;
voila pourquoi Tinspiration italienne
est plus suive, plus passionnee, plus
ui^lodieuse; voila pourquoi Tiyispiratiop
orieDtale est plus ^levee, plus piire,
plus ravonn^nte, £a ^rop^ Tar^ ep
Orient k g^ie.
J>B 1.4 MB91B OIUBNTAUi.
Nous avons present^ le sensual isme
eomme le earaetere le plus saillant de la
po^sie orientale, comme la raison dt sa '
superiority sur la n^tre, sans oublier
Sue notre oonvietioa pouTait irriter
'autres eonvictions, que nos preferen-
ces pouvaient blesser les fibres de la
susceptibility nationale; mais lorsqu*une
T^ite puissante, ineontestable^ vient
M ranger h, notre systdme, lorsqu*un
fait materiel vient se Joindre k notre
proposition comme un corollaire im-
m^iat, eomme ub rapport de haute
loglque^ nous ii'avons plus qu'li laisser
parler la raison : elle saura biea nous
dire, en eflfet, que le sensualisme de la
po^sie asiatique devait avoir pour Acho
hpopularUe. Et mainteoaot, poetede
roecident, n'esp^res pas nous ^lap-
j^rl II faut que votre troot se oourbe,
il faut que votre or^eil s'bumilte de-
vant cette popularity qui ne saurait
4tre votre partage; car voos n'oserez
pas meeonnattredaos la g^n^reuse sym-
pathie des masses, dans le oulte uni-
versel de tout ce qui pense, cette aureole
qui vous manque. Eh bien, non I ce
n*est pas h vous qu'il a 6te donne d'e-
inouvoir les masses; ce n'est pas a
vous que le peuple appartient. Jetpz les
yeux sur vos OBUVres , reporte^-les sur
celles d'Orient, et comparez*
En Occident, le poeteest un homme
d*exception. Sans cesse froiss^ par les
prosaiques douleurs de notre monde gla-
cial, son premier besoin comme son pre-
mier desir est de s'elever au-dessus de
la foule, c*est-a-dlre de s*isoler. Alorsil
plane; et, de toute la hauteur de son
lodividualite , il jette en bas quelques
regards de ^itie. Mais bientot son or-
fueil s'est devor^ lui-m^me, et devieat
impuissant a remplir le vide cruel de
son coeur. II tourne done les yeux vers
cette foule tant meprisee : il revienta
elle, il la flatte, il lui demande son
admiration. Mais la fou|e aussi a son
or{;ueil , elle liii rend niepris pour m&
pris. « Tu as voulu te retirer de mol ,
ft dit'^elle au poete , eh bien I reste dans
ji ton empyr^e; desonnais nous ne
« saMrioqs-nous entendre. » Cest ainsi
que le poete d66es|)er^ se plaint de n*e-
tre Das compris, et que rhomnie po-
sitir, loin de s*off^nser des dedains
qu'ou lui prodigue, les accepte comme
un brevet de sagesse. II en resulte que
ehez nous un lioumie de genie passe
le plus soMvent pour un persounage
ridicule, d'autant plus que les gens
veritablenient ridicules savent fort bien
sedonuer poui hommesde genie. Enlln,
soit qu'il y ait une guerre aiiiarnee en-
tre las deux principes du beau et du
bien, soit que Tivraie de i*espnt ait
^touffi6 parmi nous les gernies de la
haute poesie, il ne faut que de la bonne
foi poor reoonn&^tre combien elle est
impopulaire.
Mais le poete ^ en Orient, cVst
rhommedu peuple « e'est Ic bien-aim^
du peuple. 11 ne s'est point retire de la
foule, lui; il n'a pas pris le vulgaire en
piti^; il n'a pas dit dans son orgueil :
« Ces gens-la ne mecomprendrontpas I*
Sait-ilseulementqu'ilest poete? sait-il
3u'il a trouv^ d'admirables paroles pour
'admirables pensees? Esclave d'une
inspiration toute fatale, il ob^it uis-
tinctivement k une sorte de besoiB
sensuel , et sa voix qui s*^ldve dans le
168
LTOaVERS.
silence de la nuit comme tin soupir de
bonheur, module avec emphase , mais
sans orgueil^ des vers pletns de dou-
ceur en m^me temps que d*4^ner^ie. £t
le poete est compris, vous dis-je; car
cette voix est Techo de la pensee de
tons , car chacun de ses vers est une
coupe destin^e a recueillir les gouttes
eparses de la rosee qui flottaient en-
core dans le vague des airs. Avec quel
charme TOriental retrouve dans les
accents du poete ses plus douces illu-
sions , ses raves les plus chers , non
plus dilate, pour ainsi dire, par la
chaleur et le oien-^tre, non plus in-
saisissables et vaporeux, mais fixes par
une formule appreciable , arr^t^ , des-
sines par des contours moins fugitifs !
Quelles delices pour lui d'accumuler
sans peine les tresors de son imagina-
tion , de les rassembler sans efforts , de
les compter sans d^odt I La melodic
qui frapoe ses oreilles est pour lui la
source aune jouissance toute passive,
et il s'abandonne volontiers k ce plai-
sir sans fatigue. Comment le poete ne
serait-il pas compris f Ne devinez-vous
pas qu*en Tdcoutant TOriental s'^ute
penser?
II ne faut pas croire, d'ailleurs, qu*une
telle popularity soit incomoatible avec
la majesty et la {prandeur. Ce qui serait
vrai dans notre civilisation sans dignity,
sans haut caractto, deviendrait une
erreur dans la society orientale, si
magnifique de noblesse. Gardons-nous
bien de juger la popularity de la podsie
en Orient d'apres la valeur que nous
attachons le plus souvent k ce mot ; car
alors nous ne saurions nous attendre
qu'a des chants grossiers , k des inspi-
rations triviales. Mais rappelons-nous
incessamment que nous avons traverse
la M^iterranee et Iaiss6 derriere nous
les bonteuses mis^res de I'Occident.
lei la lumi^re regne, ici le poete n'a pas
besoin de descendre au peuple, parce
que le peuple est a son niveau.
La poesie des sens devait done 6tre la
po^sie populaire ; mais elle ne pouvait
naltre que dans ce monde de bonheur,
oQ rhomme physique domine si com-
pletement Fbomme moral. Les nations
occidentales n'^taient pas faites pour
cette contemplation tranquille , pour ce
calme fortune de la poesie asiatique;
elles ont snivi lear voie d*actmtii
cl*inqui6tude, en n^accordaDt a \
poetes qu'un pen d^envie et bea
de m^pris. Ce n'est pas que ks <
taux n'aient senti comme nous (^
poete etait quelque chose de ploi <
moins que le reste des bommei;i
ils n'ont p9S , comme nous , i
superiority avec jalousie ou i
avec dedain. Peut-^tre, apres t
raient-ils en droit de le prendre es^
car ce besoin de formuler les i '
bles idees , cette activity qui s
concentrer les rayons epars de 1
mi^re, est sans doute aux yeux i
riental une Strange maladie : oefi
il la respecte. £t nous, que ]
monte a la hauteur du poete;]
qui rampons au-dessous de lui^
avons trouv^ pour lui plus d*ei
d'admiration, plus de m^rii i
que d'envie; il semble que le T
cette arme empoisonn^ qui i
particttlite, se soit essayte d*al
les hommes qui devancaient to I
Aox yeux du vulgaire , le nom de|
n'est plus que celui d'unc -^"^
tincte de fous, dont la mon
class^ comme une autre dans Tsi
g^n^al des affections maladi? eid8l|
prit, dont le traitement sp^al c *,
soins extraoidinaires, que sais-je ? |
dtre mdme un corps de logis i
dans les maisons de sant^ En i
lant le poete au fou , nous av
fait pour Tavilir, parce qu'il st|
toujours dans notre coatpassioal'
vain de mepris et de ridicule. I'
traire est arrive en Orient.
: Si le rapport qui existe entitk
du poete et la fidvre du foa r
^happ^ au bon sens popuraire,
insuftant n'a pas accueilli les t
de rhomme inspir^y au sou?
transports de 1 homme en
Tout rOrient respecte le fou a (
poete. Tout TOrient resarde
comme une cr^ture sacree, pai
le poete est un fou. Peut-ltre« i
tournant sur nos pas , troave
dans ce respect , aans cette n
une arrlire-pens^ de vanit^
tive, une logique d'amour-propre. 1
avons dit que le peuple s eeootaiti
mime en ecoutant la parole du ]
il devait done manager Jes .
SY^I£ MODERIO;.
t d*inspirations • et prendre garde au
B oontre-coup du mepris qui aurait pu
e frapper la demence. Au reste, leg
ft OrientauXy et g^ndralemeat les peuples
SI primitifs , ont pouss^ le respect pour
( les fous jusqu*^ les asslmiter aux sages.
B Les Persaos appellent medjzoub, ou
w illuming, rhomme aimanU par la gr§ce
a de Dieu, rhomme qui fait profession de
i piet^ et de contemplation , ce qui n'em-
lE p^che pas ce m^me mot de signifier,
I dans le langaee usuel, un idiot, un
s. bomme dont rintellig^nciB est malade.
» Us ajoutent m^me que le fou est conduit
^ par Dieu, de mSme que le poete est
k mspir^ par lui : de fa^n que ce der-
I! nier, a leur sens , ne 8*appartient pas
I plus au moral, que le premier ne s'ap-
« partient au physique.
} Mais il u est pas besoin de reporter
s sans cesse nos regards sur nous*m£mes,
it sur notre Europe , pour sentir ces puis-
i sants contrastes des civilisations et de
g mceurs. Au milieu des regions les plus
u fortunees de TAsie, la Jud<6e, pauvre et
t souffrante, se montre comme une lepre
i hideuse. La nature semblc Tavoir acca-
( bl6e k plaisir de toutes les mis^res ex-
1 eeptionnelles. Un pays aride , des mon-
\ tagnes d^pouillees, un fleuve triste et
i sans majeste , devaient isoler la nation
i juive des autres nations de TOrient. En
I effet, avaut d'etre les esclaves de leurs
f voisins, les Juifs sont les esclaves
I d'une nature rude et sauvage ; ils sont
ignorants, grossiers et cruels comme
tons les peuples mis^rables. Comment
alors, aux jours de la domination 6tran-
gere , ont-ils pu conserver leur natio-
nality, si orgueiileuse et si m^pris^?
G'est qu*ils etaient eux-m^mes nes Stran-
gers en Orient ; c est aue les chatnes de
misere qui les accaoiaient servaient
aussi ^ les unir. lis n'ont done jamais
pu se confondre avec leurs oppresseurs,
et c'est ainsi quMls ont traverse des sie-
cles , agglomeres par Toppression elle-
m^me. Et voulez-vous comprendre par
un seul mot combien ils sont Strangers
arOrient ? Ouvrez leurs livres : ils par-
lent de Vavenir. Or ce mot A^avenir est
un abtme , que rien ne saurait combler,
^tre la veritable sociStS orientale et la
sociStS juive. Pour esperer, il fout
iM)u0rir ; TespSrance est une larme.
Tandis que lerestedeTOrientjouis-
169
sait sans inquietude du bonheur present
que la nature lui prodiguait, la JudSe
seule nourrissait une pensSe d'avenir,
une espSrance, parce qu'elle etait mise«
rabie et opprimee. Suivons mainlenant,
dans son reOux en Europe, cette civilisa-
tion si dSplacee en Asie. On voit dSjk
que les Hebreux se trouvent dans le
mSme rapport d*opposition que nous-
mSmesavec la sociStS orientale, essentiel-
lemenl basSe sur le bien-Stre matSriel.
Or , nous ne pouvions aller a eux ; ils
sont venus a nous. Sans doute, aux yeux
dela politique, leur dispersion par toute
la terre est le dernier coup aui pdt les
frapper comme peuple, et le aernier de-
gre ae leur ruine ; mais aux yeux de la
philosophic, ce jour-1^ est le premier
de leur triomphe. Croyez-vous que la
societe juive soit ensevelie sous les murs
de Jerusalem ? Croyez-vous que ses (Slq^'
tinees soient accomplies ^ jamais? Non.
La voilaaui serSpand par toute TEurope,
qui envanit I'Occident sans combat. Le
genie qui prSsidait ^ oette bizarre ci-
vilisation se trouve k False dans notre
monde; il se modifie, il s'agrandit, et
lechristianismevainqueurnaitdujudals-
me persecute. C'est que la loi hebraique
semblait faite pour nous au moyen dge,
grossiers, cruels et inquiets comme la
peuplade exceptionnelie qui nous Fappor-
tait de Palestine ; c*est que le principe
social des Juifs, comprimS dans son es-
sor par le bien-Stre asiatique , ne pou-
vait se dSvelopper que parmi les souf-
frances et les misSres d*une autre con-
tree.
Et cependant, chose bien remarquable,
malgreieur dispersion, malgre le triom-
phe de leurs doctrines, les Juifs, aprSs
tant de siecles, ont dA rester unis enlre
eux. Paruneetrangefatalite, le mepris
?ui les avait maintenus dans un coin de
Asie les separe encore du reste des
nations que leurs doctrines ont soumi-
ses. Nous acceptons leur civilisation,
leurs dogmes, leurs livres sacres, et
nous accablons leur secte de persecu-
tions et de haine. Pour expliquer une
telle anomalie , il Caut se reporter au
temps ou ce peuple apprenai t dans la ser-
vitude ^ detester lesetrangers. 11 a con-
serve dans i'exii cette haine des nations
a laquelle les supplices, les vexations
sans nombre, les plus hideuses tortures.
170
LTJNIVERS.
ont trop bien i^pondQ. Wats, apr^ tout,
en Europe comme en Asle, les Juifs,
unis par les Hens d*une foi oommune,
Font et^ bien plus encore par la com*
munion da m^pris et du martyre : c^est
la tout le secret de leur natiDnalit6. Et ,
d'ailleurs, malgr^ ce m^pris, cette
haine , ces persecutions infamantes , ils
sont encore nos vainqueurs : le peuple
est avili , sans doute , mais le dogme
estgiorieux; et Titus, en renrersant
leur temple , n*a fait que les placer au
pointde depart d^une immense conqu^te.
Or, si la lot chr6tienne, qui n'est
qu*une modification du judalsme . nous
a trouv^ si faciles h soumettre , 11 faut
bien reconnattre des rapports frappants
entre le g^nie social de PEuroije ou dix
au quidzl^me si^cle et celui qui malnte*
nait en Asie la petite population b^
braTque : ces rapports sont reux des ml-
s6res materielles. Nous ne devons done
pas nous ^.tonnerde trouver dans iespoe-
tesh^breux ce psychisme 6tranger a rA-
sle, et qui a dd se naturaliser dans notre
Europe. Les poetes h^breux sont des
propn^tes , des voyants. Tandis que le
peuple vainqueur cnante avec une noble
insouciance le repos et le bonheur du
moment present, les poetes du peuple
valncu s*elancent dans les espaces de ra-
venir pour y chercher cette liberty qui
les full. Leur dme se tournesans cesse
vers ces illusions ch6ries de r^g^n^ra-
tion et de vengeance ; leur imagiuation
s'^puise k formuler des promesses de
bonheur et de sloire.
« Israel a mis sa confiance dans le
« Seigneur, disent-ils, et leSeigneurd^-
« livrera Israel. Les ennemis du peuple
« saint seront cou verts de confusion,
« et le Seigneur leur brisera la t^te. »
C'est toujours ainsl qu'un chef re-
muant et ambitieux parlera h un peuple
dVsclaves qu'ilveut exciter li la revolte;
on lui promet sans oesse le secours de
Dieu, on exalte ses souffrances pro-
genies par Taspect du bonheur k venjr,
et on lui livre d*avance tous les objets
de sa haine. A la v0rit6, les Juifs,
continuellement d^us dans leurs esp6-
ranees, n*ont eu d'autres re^sources
que de leur assigner un terme certain ,
mais eloign^. C*est ainsi que leur attente
du Af pssie est devenue le fondement de
leur religion, et, par contre-coup, de
la ndtre; mais par mie Uzamrie
s'attache obstinement aux '
ce peuple, il CautqiieMp
toument coatre laVmliBt
ment Pbeure de la d^HmM
pas, non-seulement il n'est fn
aux Juift d'aliumer lebAcher^r
Seance, mais leur esdtngeie
e gOnOration en g^entioB,
supplices , les persecutions la
bre, sont les seules rinses
hommes h leors eiis d*espolr
haine.
Puis la fatality tembte y
rironie. Plus tard, lorsgrobi
chrOtlenne est devenue rorte tfi
nante^ lorsqu'elle se charge dsi
les tortures et les bOdien rW!
Juifs, e'est pour eux qve ia
du bourreaurougissent danslsl
ardents, c*est pour eux qne k
s'allume. Attendez , la fbrtov
serve encore un sarcasne '
Lorsque rinauisition ti
le fanatisme des tem^\
Telle Texemple horrible dtf
humains, c*est en rOpOtantld
d'espoir que Ton etouffeieaB
gome) Quelle moquerie croeMI
^e la flamme dOvore do r-"'*^
raOlites, quelques moioes
leur jettent & la bee eette
psalmodie:
« Isra3 a mis sa conllaMi
Seigneur, et le Seigneurn'j
pas Israel ; les ennemis do
Seront converts de confunoo.
gneur leur brisera la t^te. *
Et le juge qui les condaaiae
SUIT le texte m^me de leur In:
« Vous les ^orgerrttwB,
serez sans pItiO pour eux. Mi
ch. VII, V. i.)
Mais, sans insister tatwi
leurs poemes, c*est-Jl-dire il«r
ph^ties , 11 faut voir commeid
me exalte^ ces satires violeM^
accueillisde leurs contempofT*
blions pas que chez les Juifi
restait aux mains des pr^tres,
m^me homme parlait so nott
gneur et au nom du peuple-
puissance ne devaient doncpss<
poesies proph^tiques, ^tnaoto
luaire, clans cette constitution
tiquel Ui toix des poites m^
STRVS MODERNE.
171
111
mentun levier politiqnci, un moyen de
goavernement; c'ftaitla trompctte des-
tin^e a r^veiller le courage du peuple^
k I'appeler a la r^volte. On eoncoit alors
jueie metier de proph^te, Intlmement
\U h la religion, et surtout a la boliti-
que de I'ttat, dut ^tre parfois fore dan^
^ereux.
En cffet , |e peuple juif est le senl
peuplede rOrientqui seioitfamaisavis^
de pers^cuter ses poetes. Parmi ceux
m^me dont on r^vera depuis^les ecrits
et les visions, it en est oien pen qui
n'aient paye cher le respect quon leur
porta danfi la suite, lilz^chfel, J^6nile,
soiit lapid^s par le peuple. IsaTe, qui
)robablement s*6tait permis de fatre de
^opposition contreMcinass^, rot deJuda,
(>st 6ci^ en deux par ordre de ce prince.
Nos rapports arec les Hcbreux s'arrl-
tent 1^ , et Ton pent dire qu*il y a pro-
gres; mais,franchement, les peuplesde
"Orient n'ont pas eu besoin ae ce pro-
fres. Je ne sache pas que Haflz , Per-
oussi ouSaadi aient jamais excite autre
chose que de Fad miration , ce qui n'est
pas moms glorieux pour leur nation que
poureux-mdmes.
En rt^Sumant ici les ^l^ments les plus
Tari^s de notre conviction, II sera facile
de feiire remarquer leur concordance.
Kous avons attVibu^ d'abord k I'heu-
reuse influence du eliniat ce caract^re
de naivete sensuelie si profond^ment
cmpreint sur la pens^ orientale; nous
avons vucette pensee eneffi^t se modifier
avec le soleil, avec Paspect des terrains,
et subir, eomme Fair le plus subtil, les
yariations infinies de la nature physi-
que. Puis, en la sufvant dans sa formula
la plus mat^rielle ,' nous avons encore
reconnu combien Texc^s de bien-^re
et , d*autre part , Texces de mis^re nui-
saient a son d^veloppement par les arts.
En dernier lieu, en consid^rant la po^-
sie comme un fpanchement involon-
taire et instinctifdenmagi nation, c'est-
^-dire du souvenir, nous en sommes ar-
rives h ce r^sultat, #galement confirm^
par Texp^rience, que la po^sie devait
etre exclusivement sensuelie ehez un
peuple oh te bien-6tre des sens est le
veritable ^at des faculty humafnes;
tX nous avons dd conclure, sans crainte
d^^tre dementis par la rt^alit^, que la
poesie orientale toit vraiment la po^-
sie populaire. Nous nous attendons
bien h nous voir aecus^ par quelque
raisonneur tres-occidental d*etaolJr en
principe ce qui n'est qu*en question, lors-
que nous pr^sentons la popularity de
la no^sie asiatique comme un signe in-
faillible de sa sup^iorit^ sur la n6tre.
Notre reponse sera fttcile. Traversez la
M^diterran6e , messieurs, chaneez de
Soint de vue : ceiui qui est a l*ombre
eia montagne ne voit pas le soleil ; mais
doitMl le nier^
il&B DB LA 61VILI8i«I0rV ItfcAMIQUB.
Maintenant au'on pent comprendre
par quelle loi nitate, par quelle union
materielle de la nature et de rhumani-
t^, la vie sensuelie a toujours^td si fa-
cile en Orient , si calme quand elle n'est
pas troubl^e par la guerre, si douce quand
elle pent s'abandonner sans obstacle
au courant limpide de Texistence pas-
sive, nous n'aurons plus k nous arr^tcr
longuement sur ces ^poques de f^licit^
inalterable qu*on a sppeHes Tere de la
civilisation fsjamique. Nous laisserons
h d'autres hlstoriens ce r^it des phases
diverses de la destin^e des Abbassides ;
nous ne suivrons pas les Abou-Djafar-
al-Mansour, les Uaroun-al-Raschid et
les AI-Mamoun dans leurs derniercs lut-
tes centre Tesprtt de d^sordre, dans
leurs conqu^tf s int^rieures et extdrieu-
res. A dater du jour oh la rende Bag-
dad fut fondle avec son rempart de bri-
ques , ses cent solxante^rois tours, son
canal int^ieur oh coulaient les eaux
du Tigre, ses portes de W asset, rappor-
t^es soiffneusement de Perse pour em-
bellir l>ntr^e de la nouvelle capitale
des khalifes, a dater de cette ahnee 145
de rhcglre (762 de J. C.) , Tempire is-
lamique , qui avait prefere les chaudes
campagnes de la M^sopotimie aux frais
jardins de Damas, n'eut plus sur la Sy-
rie une action immediate et quotidien-
ne. Cc fut desormais pour la province
d^tr^n^e moins de gioire et moins de
riehesses , il est vrai, mais aussi moins
d'inqui^tudeset moitts delroubies.Tout
bientdt dans cette feconde terre , door-
mats etoignee du centre ra von nant niois
brdlant ou pouvoir supreme, tout re-
prit cette allure tranquille, cet nspect
fepos^ qui catactelrisent la prespitite
i72
L'UNIVERS.
publique cbez les peuples orientaux.
II y a d'ailleurs cela de particuiier
daDS les revolutions musulmanes a par-
tir de cette epoque, qu^elies D*atteigDent
et n*affecteQt que ceux qui y preonent
part. Les Ommiades avaieut complete
roeuvre de Mahomet. De toutes ces tri-
bus noinades ou au moins iad^pendan-
tes qui s'agitaient daus les deserts
d*Arabie Mahomet avait fait une na-
tion. Ses successeurs imm6diats, le
grave Abou-Bekr, F^nergique Omar, en
proposant la conqu^te du monde a ses
races reconciliees, leur avaient ouvert
une carriere ou elles s'^parpill^rent a
Tenvi. Enfin Moawiah, par son g^nie
d*ordre et d^avenir, 6*etait hSt^ de cons-
tituer une portion de la conquSte, la
plus riche, la plus centrale, la Syrie.
D^ lors, pour une grande partie des
vainqueurs, une propri^t^ stable et po-
sitive remplaga un outin variable et
chanceux; une hierarchie paciiique rem-
pla^a Tegalit^ militaire des temps ant^-
rieurs. Lerepossucc6daa la lutte, Tin-
dustrie a la a^vastation ; de mdme que
Section des premiers khalifes etait d^
truiteau profit de Theredit^ dans la famil-
le d*Ommeyyah. Des cette epoque la na-
tion arabe rut irr^vocablement fondle.
Chacun y trouva son emploi, la satis-
faction de ses godts ou le developpe-
ment de ses passions. Ceux que leur
ardeur guerriere appelait a la vie des
combats eurent sans cesse devant eux
le champ le plus vaste et la facility la
plus grande de s'y pr^ipiter. Ceux, au
contraire, dont Fesprit pluscalme, dont
le caractere plus tranquille, pr^feraient
jouir incontinent du bonheur que la
victoire leur avait pr^par^, eurent k
choisir, depuis Fembouchure du f^ond
et charmant Oronte jusqu*au territoire
embaum^ de Damas, leur place au plus
vivifiant et au plus doux des soleils.
QuMmportaient k ces derniers les p6-
ripeties de la guerre, les vicissitudes
de la cour, les wranlements du pouvoir!
Tant qu*un fleau de Dieu ou des nommes
ne les frappait pas, Us demeuraient
dans la plus facile et la plus heureuse
indolence. Nourris par une terre prodi-
gue, charmds par une nature ravissan-
te, ils n*avaient qu'^ se laisser vivre
pourgodter cette telicit^ que Ton res-
pire sous un ciel azur^, dans un climat
d^licieux, en face des plus ^
pavsages de la terre. Grke, cq
k leur croyance au dogme de I
lite, (jui dispense rhomme de
sollicitude s'll le dispense aussi'
remords, ils n*avaient rien a
rien a craindre, aucune ioqi '
ventive k se cr^er. Ce soot
sont ces paresseux mais ft
tels que nous avions particul
vue lorsque nous avons 1
nos trois chapitres precedents,
ner une idee de la pensee , de
de la poesie en Orient. Leur dooj
menta, d'ailleurs, pendant toatej
du regne des Ommiades. lis
terent parmi les anciens iodi
prementdits, cesvoluptueox
qui avaient profite tour ^t
hsation grecque, de la rii
leucides, de Findustrieeffeffli
zantins; etbientdtils foi
me le noyau du peuple h[
done un contraste traoche
moeurs des rudes habitants di
montagne chretienne et i
etcelles des molles popub
talent fixees sur les bords
FOronte, et dans ces
del ices : Hamah, Hems, Fj
De la Fener^ie des uns a
toutes les arcoostaoces ~
leur liberte ; de la aussi
Fingratitude des autres
nier des Ommiades, auqi
fut ferme, tout secours
ceux-la memes quiavaientkj
de Fetablissemeut, de Fi '
et de la fortune de ses ac
Dans ce drama sanglant
des Ommiades, oous Favf
eut bien des vlctimes;
la vengeance abbasside
fois la faraille qui avait
k Damas eteinte dans ses
cipaux, proscrite jusque
tele la plus eioignee, il v eat
du bonheur encorepour la
ment dotee par la Pro
cette nature 81 fertile^ ea
soleil si bienfalsant , il
ques anuees de culture
a la terre toute sa fecoodii
rer les desastres les plus
D Yoyez AboaVFdda.
datfj
STRIE MODERIHE.
173
IS
L
plus eruels rayages des r^volutiong int^
rieures. Puis la reaction des Abbassides
eontre les Ommiades n'etait apr^ tout
qu*uiie calamity locale et particuliere.
Cette guerre civile ne ressemblait poiut
h la guerre deconqu^te, oj^ le vainqueur
p^netre et fonilie partout , se r6pand k
travers les campagnes comme un fleuve
d^bord^, descend jusque dans les val-
ines les plus profondes, ou monte jus-
que sur les plateaux les plus ^lev6s.
Elle n*inqui^tait tout au plus que les
grandes villes ; elle ne frappait que les
partisans de la dynastic dechue. Qu'im-
gorte done, dor^navant,aux insouciants
y liens, quel khalife regne a Bagdad!
Que leur importent les luttes 6Ioign^es
des Grecs et des Arabes I Desormais les
arm^s bellig^rantes ne combattentplus
dans leurs contr^es ; a peine les troupes
arabes y passent-elles quelquefois en se
rendant en Asie Mineure. Les plaines
de FEuphrate et du Tigre ont a^tr5n^
les prairies de rOronte;mais ces derni^
res y ont gagn^ une s^urit^ qui les rend
plus verdoyantes, p\u8 grasses, plus
delicieuses que jamais.
Aprds les quatre ann^es oh Abou-'l-
Abbas-al-Sanah accumula tant de sup-
plices , ^tablit une inouisition si vio-
lente, dans lebutde ne laisser vivre au-
cun de ceux qui pouvaient s'opposer k
r^l^vation de sa famille, son fr^re Abou-
Djafar, plus humain parce qVil ^tait
I^lus fort, dont les nomoreux succ^ mi-
itaires lui valurent le titre d'AlrMan^
sour (le Victorieux), demeura vingt-
deux ans en possession du khalifat. Ge
long r^e fut favorable k Tempire tout
entier, et narticulierement k la Syrie.
Si les annates de ce dernier pays ne pre-
sentent point k cette ^poque de faits di-
gnes d'etre rapport^ , c^est la preuve
la plus ^vidente de sa prosp^rite int^-
rieure. Gomme nous Tavons ^tabli plus
haut, rOriental est facile au bonheur;
il cueille aveo ravissement, sans s*in-
qui^ter de Tavenir, les heures de f61icite
J|ue le ciel lui envoie. Mais aussi, quand
es jouissances de toutes sortes se pres-
sent autour de lui, Tapathie le gagne,
son corps se repose , son esprit reve au
lieu d'agir, son dmeamollies*endort dans
rivresse des plus indolentes volup-
t6s. Tel fut le Syrien , il faut le croire,
surtout k ce moment du khalifat ou la
certitude de la puissance des Abbassides
et les richesses de la conqu^te peupl^
rent en si pen de temps Bagdad d*un mil-
lion d*imes, et y entasserent en un
quart de sidcle toutes les somptuosit^s,
toutes les magnificences, tout 1 or et Tar-
gent de I'Asie et de TAfrique. La Syrie,
qui n'avait fourni aucun g[uerrier fa-
meux aux armies arabes r^unies en M^so-
potamie , et Ianc6es de tons cdt^ par
Abou-Djafar eontre ses ennemis; la
Syrie, qui, assez indiffi6renteaux querel-
lesreligieuses ou aux finesses mystiques,
n*avait encore envoys a la nouvelle capi-
tate de rislam aucun c^lebre docteur en
th^Iogie musulmane, la Syrie n*en par-
ticipa pas moins au bien-^tre general ;
et Damas , sans chercher h Temporter
sur Topulente Bagdad , se fit pourtant
remarauerpardenombreuses construc-
tions ae palais et de mosqu^es , par le
luxe des v^tements et des Equipages
d'un grand nombre de ses habitants.
LUXB OBIBNTAL.
On a beaucoup abus^ du luxe orien-
tal : les uns pour Fexalter et en faire le
texte d'interminables descriptions; les
autres pour le blSmer et le fletrir avec
non moins d'emphase et de declama-
tions. Gertes , un luxe excessif est une
preuve de mollesse chez les grands et
une chance de misere chez les pet its.
G*est du moins ainsi que cela se passe
dans nos climats rigoureux d'Occident ,
sous un soleil qui ne feconde C[u'avec
grand'peine une terre maigre et incons-
tante. Mais en Orient, avantque les lut-
tes r^p^t^es des generations successives
eussent remplace les campagnes pleinea
de moissons par des champs pleins de
ronces , les villes toutes remplies d'habi-
tants par des mines ^parses , au temps
ou la Mesopotamie etait fertile , et la
Syrie dix fois plus peupiee qu'elle ne
Test de nos jours, k repoque des pre-
miers Abbassides enfin, le luxe de quel-
ques-uns n'entralnait pas forceitienta sa
suite le d^ndmentdu plus grand nom-
bre. Plus tard, sans doute, le luxe amena
la faiblesse dans les coeurs, la pusillani-
mity dans les dmes. Durant le premier
siecle si brillant des Abbassides, au con-
traire , le luxe fut la consequence lo-
174
LtmiVERS.
^que du climat, de la victoire, de Tordre
r^tabli en Orient.
On Dous pr^e d6s Tenfance, dn
Kurope , le rn^pris du corps , la supe-
riority de l*esprit sur la matiere. Ce sont
de continuelles declamations sur la va-
nity des avantages physiques, sur la fu-
tility des soins qu*ils ntossitent; en
sorte que Pinfluence de ces doctrines se
fait sentir Jnsque dans nos habitudes.
II semble , en ef fet , que ce soit faire
injure hi la noblesse denotre intelligence
que de nous ocouper de la moitie non
pensante de notreetre. Sans ob^irabso-
lument h cette austerity, qui declare
coupable et condamne les soins niinu-
tieux du corps y nous les m^prisons ,
pourtant, comme vils et grossiers, nous
les dlsavouons comme indignes denous-
memes. En Orient, au contraire, le cli-
mat, les moeurs, la religion elle-meme,
tendent h relever ces habitudes que nous
fletrissons, et le culte de la beauts fi-
nitparidealiserla matiere, ou du moins
par la replaoer «u niveau de Pesprit.
Pourjuger lescoutumes asiatiques avec
impartiality « il ne faut done pas les
prendre aujpoint de vue de nos nropres
coutumes. Sojons fiers, s'il le faut, de
notre vie d^abstractions ; mals ne crai-
gnons pasde reconnattre que la tie sen-
suelle est conforme aux lots primitives,
et partant tr^s-logique. Et vraiment,
en bonne conscience, est-ce done un
si mauvais emploi des facult^s intellec-
tuelles, que d^augmenter la somme de
bonheur mDterierque la nature nous
accorde? If 'est-ce pas h d^faut de ce-
lui-li que nous cnerchons Tautre a
ttrand'peine, dans ce que nous appelons
les plaislrs de Tesprit ? Soyez de bonne
foi: s'il vous est jamais arrive d'envier
anx Orientaux leUrcieletleurs parfums,
que croyez-vous qu'ils vous cnvient en
retoup? Plus sages que nous peut-^tre,
ilsont perfcctionne la science du bien-
ftre, et tant que les khalifes ontmontr^
de rintelligence , de la forc^ et de la re-
solution, leur magnificence n*a fait au-
eun tort k leur politique : ce n'etait pas
le luxe qui devait d^truire leur pou-
Toir et ebranler leur empire.
Cette magnificence, du reste, alia
toujours en croissant depuis Al-Mansour
jusqu*5 Moktader. Malgr6 des guerres
presque consecutives pour fonder sa
dynastie, Al-tfansoUt edtai^di|
voyance pour 61ever un mod
d'edifices, pour entouret Ba^dai
double enceinte f qui la rendit di
Su'eile merita dte lor6 le titndkl
e la Paix. Malgrd ses depeoM f
mes et repet6es,il eut asses f
economic pour laiss^ k sa t '
sept cents millions dans !e 1
faf. Al-Mahadi, son sucoesseufj
pas moins prodigue sans eesiefj
geoereux. Son pelerinage ft la ltt|
presque fabuleux : il y depensaftl
lions de dinars d'or. Mais ^^ *■
transporter sur une troupe de e
des blocs de elace pour raM
un soleil brulant Jes sorbets
fruits qu*on apportait sur Sa 1
en songeant a lui il n'oublla
peuple. On lul doit de non"
ternes , quil fit creuser de
distance dans le desert sut i
de pres de deut cents lieues^ c
caravanserails vastes et eon
les peierins pouvalent t'l
la enaleur du jour (*).
Le grand Haroun-al-Ka
cinquieme des Abba^ldes, M
point ses prodi^alltes a son |
en fit part aussi aux Occidentainu]
tea nos histolres contlennent f
des presents qu'il envojra ^ <
gne, parmi lesquels oil ren
parfums de touted esptes,
et des bijoux ft {Profusion, d^
Fencens, un elephant splendid
en guerre, etsurtoiit one horlogU
rut une merveille h, l^Etlrope, fliN
bare malgre son grand emperetf,!
fut placee dans la tiath^rale f^
Cbapelle. Haroun-al-Kaschid, \
efit solde des armees de ciftq 0
hommps, quoiquMtedtfaitbdUf ^
palais en diverses provinces de f
mense empire, n'en faissa pas tm
r!tit-fils Al-Hamoon de quoi dis
son avenement, deux millioos^
cent mille dinars d'or avant di
cendre de cheval. Mais quand ce |
magnifique se maria , ce fut our
autre liberalite : on versa sur la 1
sa femme mille perles de la plus ^
eau , et on etablit une loterie od ehi
numero gagnant donnaltuaeterre(»i
nVoytsAboQ'l.P^diL
SYRIE MODERI^E.
175
itiai^oii. Or chacun aVait qu^tre-vlngt-
dJx-neuf chances centre une de gagner.
Tout ce luxe pourrait parattre un$
toxag^ration de poSte s! un historien
tres-v^Hdique et trfts-positif, Abou'l-
F^da , ne nous avail donn^ lui-m^me 1^
detail suivant de la cour d*un khalife :
« Toute farm^e du khalife ^tait sou?
4l les armes; la cavaferie et hnfanteri^
« fonnaiertt un corps de cent soixante
« mille hoitimes; les grdnds offlclers,
« T^tus de la hinniere la plus brillante.
« avant des baudriers qui ^tinceiaient
tt d'^or et de pierrferies, se trouvaient
<t rang^ autour de leur chef supreme.
« On voyait ensuite sept niille eunuques,
« parmi lesquels on eil comptait quatre
« mille blaucs; puis sept cents gardes
* d^apbarteraent. bes chaloupes et des
4i gonaoles , d^cor^es de la maniere la
« plus riche, ^talaient leurs banderoles
« sur le Tigre. La somptuosit^ r^nalt
« partout dans Tint^rieur du palais ; op y
« remdrquait trente-huit mille pieces de
« tapisserie, parmi lesquellra dotize
« niflle cinq cents ^talent de sole brod^e
« en or; on y trouvait vlnst-deux mill^
« tapis de pied. Le khalire entretenait
« cent lions avec un garde pour chacun
« d'eux. Entre autres raffinements d*un
« iuxe merveilleux, il ne fautpas oublier
« un arbre d'or et d'argent qui portait
« dix-huit branches, sur lesquelles,
% dinsi que sur les rameaux naturels ,
« on apercevait de$ oiseaux de toute
« espece : ces oiseaux et les feuilles de
« Tarbre ^talent faits des m^taux les
« plus pr^cieux. Get arbre se balancnlt
« comme les arb^es de nos bois , et alors
« on entendait le ramage des differents
« oiseaux. CVst au milieu de tout cet
« appareil que Tambassadeur grec fut
<« conduit par le vizir au pied dii tr5ae
« du khalire. »
Ainsi la magnlQcence ^tait ce quMl y
sivalt d*apparent et de caract^risticnie
dans la domination des Abbassides. Le
prestige oe manquait done pas a ces
elorieux khalifes; et comme Ton ne
discutait plus leur autorit^, elle em«
pruntait a la pompe aui Tentouralt une
grandeur qui tit longtemps sa force, et
^ui ne put se perdre que par des fautes
Dombreuses et des incapacit^s flaj^ran-
tes. Au second siecle ae rh6$;ire tout
servait la domination des khalifes : Tu*
nit^ d^ufi poutclr s<jln« corttr^le , la i^Ui.
nion dans Une seule maiti de la pu!§^
sapce tenlporelle et de la puissance
spirituelle, les risUltatd merveilleut
de cent ann^es de cotiqndtes, les ri'^
chesses qu*ava!ent accumul6«8 tant de
victoires. II sufllsait. pour afnsi dire, atf
fiouverain d*avoir le sentiment de ce pou-
toir Immense et incontest6 ; il sufGsait a
tin khalife de jeter un coup d'ceil intelli^
gent sur I'etat de son empire pour r^gner
sans trouble et sans ditBcult^. Mais si
le prince ^tait puissant, le peuple ^tait-
il heureux? Tout nous le fait pr^umer.
Les Arabes ^talent mattres, ^taient
riches , i^taient forts ; dans une pareille
situatidn, il ne dependait <]Ue de rindi*
vidu de iouir avec s^urit^ des biens
2ui s'ofrraient natureliement a lu!
luant aux Chretiens , comme la certi-
tude de la domination rend d*ordinaire
les Orientaux faciles h vlvre et tolerants ;
comme, d'ailleurs, les industries que
les vaincus cqltivaient ^talent utiles aut
jouissances de leurs vainqueurs , on le$
prot4^eait volontiersdans leurs travaux,
et on les taissait pratiquer leurs devo-
tions ^ raise. L'esprit tranquiilis^ sur
leur existence mat^rielle, assures de la
remuneration de leur travail , jamais
tnquietes daPs leur conscience, its ne
Souvaient 8*en prendre qti'a eux-mdmes
u bonheur qu^tls ne trouvaient point.
En Syrie , particulidrertient, on pent
croire que le peuple etait heureux. On
laissait, dans la grande ville byzantine
d'Antioche, trdner tranquillement un
^v^que grec et un ^v^que latin. Les
habitants de la cite pouvaient, sans
deplaire h leur mattre, sans etre par
eux molestesen aucune fai^on, se par-
lager entre les deux tgllses chreliennes,
se disputer tout h leur guise sur Tinier-
pretation des dogmes et sur Tesprit des
Ecritures. Les autres villes chretiennes
iouissaient pour leur culte de la m^me
liberte; et, tout en se preoccupant de
leur beatitude celeste, elles pouvaient
arrondir avec facilite leUr fortune ter-
restre. Beaucoup d'entrc elles avaient
des marches fort importants , Seieucie ,
Tripoli, Siaon et Tyr. Jerusalem elle-
meme etait devenue une place de com-
merce : elle avail une foire , k la mi-
septembre, od se donnaieol rendez-vous
TAsie et TAfrique, el ou venaienl memo
176
LUiaVERS.
det marehands eorop6ens sous le pr6-
texte de p^6rinage. La Montagne, Taus-
t^re Liban, se tenait en repo8;ses soli-
taires y protestaient sans dangers contre
]a demoralisation du siecle, contre la
corruption des Wiles et contre le triom-
phe de Tlslam.
Si les Chretiens Jouissaient de cette s^
curit^ gui rendait leur sort supportable
au moms, les Mahometans poss^aieiit
cet ordre puissant qui a fait leur civili-
sation. Le Koran, admis par tous, de
code religieux ^taitdevenu un code civil.
Les interpretations uombreuses qu'on
en avait aonn^es le rendaient applica-
ble a toutes les circonstances de la vie
sociale. La politique y trouvait sa force ;
la justice, son autorite. Tout y avait ete
r6gle : les rapports des hommes entre
eux, et retaolissement de la famille.
Ici nous touchons h une question deli-
cate, et gull nous sera permis de
traiter rapidement , celle de la condition
des femmes musulmanes. Vovons com-
ment etait etablie leur destinee.
CONDITION DBS FBlfMES
MUSULMANBS.
Ge qui nous cheque le plus dans la loi
asiatique, «'est assurement la polyga-
mie. Le Koran conseille de n'avoir
qu*une femme, mais il permet d'en
prendre autant qu'on en pourra nourrir.
Cependant il faut distinguer, parmi celles
qu un bon Musulman recueille dans son
harem , diverses classes d'epouses et de
femmes. Groyez-vous done qu'elles
soient moins protegees par la loi que
celles dont un maire revolt le serment fC)
^apparition de Mahomet fut le signal
d*une rdforme dans les moeurs. Avant
lui la polygamic n*etait qu*un mons-
trueux abus de la force et I'absence
totale de morality. G'etait beaucoup que
de regulariser un etat de choses aussi
defectueux. Le legislateur ne pouvait
pas heurter de front des usages consa-
cres par le temps ; il fit tout ce qu*il y
avait a faire : il toUra le principe, mais
en restreignit les applications. D'abord
il etablit des distinctions entre les fern*
mes legitimes et les femmes esclaves. II
^ (*) yoja le Koran, Sarate lY, tradacUoD de
assura anx premieres des avurtasBiiL
qu*a moins de poss^der une gnMi|
tune, un Musulman userarane '
faculte accordee par la kn d'l
mdme temps quatre epooses I
ou nikiahbts,
Le pouvoir de divorcer, k I
sage et si exorbitant, fut eooti
par des stipulations de ie(
des etablissements de dot. <^
esclaves, il les recommanda
nite de leur mattre, el on saHl
vaut une recommandatioa di f
On ne vit plus , comme ao,
malheureuses femmes Inttcr i
misere, et disputer k la fusil
leurs enfants et la leur. En doa
femmes une existence legale,!
raviva aussi le feu de ramoori
?ui s'eteint si vite dans la u
.'homme retrouva ses en£uib|
temps que son 6pouse; etiaf
reforms sur des bases noov "
Puis, oomme cette loi
concession auxfiiiblessesi
cesnon que Ton ne sauiait I
qu'elle portait alors des fndlsl
ration morale, I'lslam peniM(|
une autre sorte de mariage,Br
le^^al , non moins sacre, mais i
prit est si eioiene de nos raor
nous ne chercbons pas a le <
Nous voulons parler du
habin^ par lequel rhomme etj
se prennent a loyer, et <^
entre eux un veritable bail. 1
et conditions une fois
epoques fixees, les prix
manage est consacre. Puis le I
cet engagement arrive, ksJ
sont reglei, et chacun des^
rentre dans sa liberty
surplus, il est bon de
le plus sou vent les oont
de cette liberty que pour Ve
nouveau, comme si la penseei
indissoluble etait plus pesante^
lui-meme.
On nous saura gr^, sans <
rapporter quelques fragments i
de la loi qm r^git les femuDesc
on en comprendra mieux 1%
ce qu1l ne taut pas oublier i
que Mahomet avait li oombattrel
mes abus , et qu*il fit tout ce <
humainement possible de faife
SYKIE MODERNE.
17T
resserrant dans les bornes d'ane l^galit^
telle quelle.
Ain^i, lorsquMl ierlt (Koran^ chapitre
IV) : « Vous n'^pauserez ni vos meres,
« ni vos filles , ni vos beltes-filles,
« ni deux soeurs, » fl ajoute : « Si le
« crime est commis, le Seigneur est in-
« dulgent et mis^ri<x>rd]eux. » D*apr^s
ce seul verset, on peut iuger Tensemble
de la loi : on sent que rautorit^ de Ma-
homet ^tait bien douteuse, puisqu'ii ne
promulgiiait pas une loi sans laisser en-
trevotr le pardon de sa violation.
Gomme la loi chr^tienne, Trslam
Dfoclame hautement la superiority de
rhomme sur la femine. « Les homines
« (vers. 88) sont sup^rieurs aux fem-
« mes. » Et le legislateur, qui veut bien
nous en dire la raison , continue ainsi :
n Parce que Dieu leur a donne la pre^-
« minence sur elles, et qu'ils les dotent
A de leurs biens. Lesfemmes doivent ^tre
« obeissantes, et garder le secret de leurs
« 6poux , lorsque le ciel a permis qu*elles
« le connaissent. Leur d^sob^issance
« pourra €tre punie par le mari, qui se
« retirera d*elles,ou qui usera desa toroe.
« La femme soumiseevitera ces mauvais
a traitements. «
Au surplus, le legislateur n'a pas
livre la femme au despotisme arbitraire
du man : « Si vous craignez la dissen-
« ston entre les deux ^poux , dit le verset
« 39 , appelez un juge de chaquee6te; si
« les parties consentent k vivre en bonne
« intelligence, Dieu assurera la paix de
a la famille. «
En general, le legislateur ned^taille
ses preceptes que pour en fixer le prin-
cipe. Quant aux especes, il les aoan-
donne a la sagacity du juge charg6 d'ap-
pliguer la loi. L'autorite du juge, c'est-
a-clire la puissance arbitrate, devient
done d'autant plus forte, que les regies
trac^es par le texte sont moins ^troites.
Or, dans les circonstances qui accompa-
gnerent la venue de Mahomet, c'etait
beauooup que de substituer la volont6
d'un horame h I'anarchie qui r^gnait
parmi les peuples orientaux. Voil^ pour-
quoi le Koran, comme la Bible, nV
borde gu^re les points de droit, et en
reserve la solution h Tequit^ naturelle.
II n'en faut pas conclure, cep«ndant,
que les expressions de la loi soient tel*
wment vagues qu^n puisse en denaturer
12* Uvraison, (sybis hodebne.)
le sens, et que ce pduvoir conf^re au
juge soit une lacune dans la disposition
du texte. Par exemple, en permettant le
divorce, en Tentourant de sages res*
trictions, Mahomet n'oublie pas qu'il
n'a encore rempli que la moiti^ de sa
tdcbe. II vient de r^gler Texercice de
cette faculte, il lui reste k en r^gler le
r^sultat.
« Que les femmes r^pudiees, dit-il
« (ch. II, V. 228), laissent passer trois
« mois avant de se donner a un autre
« epoux. » Puis , de peur que Thomme
ne soit tente d*abuser de sa force, il
ajoute ( V. 232) : « Lorsque la femme
« que vous aurez r6pudi6e aura laiss^
« passer le temps que je vous ai fix^,
« vous ne Femp^cherez pas de se don-
« ner a un autre ^poux. »
II faut remarquer que la loi mahom6-
tane « si indulgente pour les infractions
de fait qu'elle pr6vient, Test bien da-
vantage pour les fautes qu'on peut avoir
Tintention de eommettre. Gomme nous
Tavons dit, c*estune concession conti-
nuelle aux faiblesses de rhumanit6.
Ainsi , tandis que le rigorisme Chretien
proclame que la pens^ du mal est aussi
coupable que Taction du mal , Tlslam
8*empresse de pr^venir toutes craintes
k cet ^ard :
(V. 235.) ft Le d^sir d^^pouser une
ft femme, soit que vous rexprimiez,
n soit que vous le cachiez dans votre
« coeur , ne vous rend pas criminels a la
ft face de Dieu. II salt que I'image des
ft femmes est toujours devant votre
ft pens^e. »
On remarquera gue le legislateur ne
precede que par voie de conseils , et que
ces conseils se r^sument k peu pres par
ces mots : Faites ce que vous voudrez.
Le nombre des versets du Koran ou il
est pariedu manage des femmes est im-
mense; mais ils se repetent souvent.
Mahomet aocordait bien aux femmes
une existence legale, mais il ne leur
donnait pas Texistence publique; en
sorte que le code de Tlslam est beau-
coup moins riche que le n6tre en dispo-
sitions k leur egard. En effet, il a fallu
r^ler, chez nous, les rapports de la
£emme mari6e au reste de la soci^t^; en
Orient, on n'avait ^ r^gler que ceux de
r^pouse k r^poux. Nous avions a con-
si<ferer les relations d'affaires et d*in-i
12
m
LTJNIVERS.
t^r^U qu'elle peut avoir dans notie
monde agit^, k determiner sa position
dans le commerce, k limiter I'exercice
du droit de contracter. Mais le Koran
n*avait point k s'occuper de pareilles
choses, parce que la femme musul-
mane appartient exclusivement k la
famille, et qu*elle ne sort jamais de la
vie interieure et paisible qu*on lui a faite.
Pour elle, point d'affaires, point de
travaux manuels ; elle laisse aux Juifs et
aux Francs le commerce de ses bijoux
et de ses parures , aux raias grecs le
soin de cultiver la terre qui la nourrit*
Sa magniGque indolence Tannule pour
le reste du mqnde : elle ne vit que pour
son mari, pour ses enfanls et pour
elle-ra^me.
Sauf las femmes musulmanes mari^
chose rare, a des hommes sans avoir
aucun , les autres , le plus grand nom*
bre , n'avaient jadis rien a envier, rien a
craindre, rien a penser, pour ainsi dire.
A Tabri de toute apprehension, elles
vivaient mat^riellement, mais heureuse-
ment, au fond de leur harem ; et pourvu
qu'eiles appartinsseiita une position so-
ciale au-aessus de la misere, elles de-
meuraient s6questr6es, ainsi que des
fleurs dans uue serre. Leur destinee en
etait-elle plus malheureuse? I^ous ne le
croyons pas. On ne souffre en ce monde,
autrement que par les besoins du corps,
qu'autant qu*on a les idees du mieux ou
au moins du cbangement. £h bien,
lorsque, de generation en geoeration,
les femmes ont v^cu dans un bien-^tre
physique evident, quoique dans Tes-
davage apparent de TSme, peuvent-elles,
quelle que soit leur intelligence , cooce-
voir une position differente et meilleure,
ou elles Jouiraieut a la fois de la satisfac-
tion des sens et de la liberie de Tesprit?
Et ne dites pas qu'il leur ^tait tacile
d'apprendreque dans d'autres contrees,
k cote d*eHes quelquefois, leurs sembla-
bles dtaient libres. Quand cela eQt et6,
.lesauriez-vous crues bien a plaindre?
Tons les jours nous voyons des oiseaux
s'ebattre a leur gre dans les plaines de
Tair, soufTrons-iious pour cela de n*a-
voir point des ailes? Que savons-nous?
t.e juge supreme du genre humain n'a
pas encore dit son dernier mot dans cette
question. II a fait les ^tres differents,
leurs instincu presque oontradictoires ,
Itars moears divenes, et il a sa d
bonte n'accorder ^ cbacan que hi
d'idees necessairespoor pofXToirtetli
reux dans le oerde oik il Ta fiii 1
tion facile poor les brutes,
materiel pour Fes Orientaux,
d'aetion et d'esprit pour llioaunei
ment civilise, voila ce que Dtcai
offre k tons pour traverser ee i
que les ingrats seals caiomnieoL
Or, entre la digestion des 1
liberti^ d'action et d'esprit de <
peoples europ^ns, il y a ce (
ment du corps, ce repos de riocd
incapacite de jouissances, a vous i '
qui ont constitq^ et constiuieatc
le bonheur, ou plut6t la destisff i
plete des femmes orimtales. 0
les femmes d'Europe, elles oot^
g^n^ral, et presque dans tous ksi,
faibies de corps et pusiUanimei i^
En consequence, contre ks i
d^hommes brutaux, grossiers,!
mSme , elles avaient a rinteriorii
tection du barem , de ses _ ~ _
ses murs, comme elles avai»t«|
blic centre Tinsolence de o»
bommes la protection de kur
Groyez-vous que les gazelles a'l
raient pas voiontiers d'etre
dans certaine for^t, a laooad
ne tomber jamais sous la
tigres ? Les femmes d*Orie&t~j
gazelles ; elles en ont les grawkj
les jambes fines , Teldganee etb
et de plus elles jouissent da I
d'etre a Tabri des hommes , qiff
aussi , sont des tigres.
Ne vous Imagines pas
cette r^clusion acceptee soit
chementaux satisfactions deUi
aux douceurs de Tamour. £ii
comme en Occident les femmtfl
coquettes, et quelques-ones (
Le voile, si bermetiqaement ftiAf
rinjure, 8*entr'ouvrait fadleniati
laflatterie; les grillages du haita»1
jours lev^ contre un appetit i
baissaient devant Tamour. 11 f a i
quelque chose de plus mjstercr
plus tatal entre le rapprochement d
etres qu'un obstacle materiel sif\
cesse, pour qui les^eux de tous i
yeux jaloux, et am s'isoleot, nc
ment par ce gout inn^ des an
mais par prudence , par devoir.
SYRIE MODERNE.
179
obstacles sont la pierre de touche de
I'amour; et dans quel pays y a-t-ii ja-
mais eu plus d'obstaclesentre les amants
que dans cet Orient ou les deux sexes
ont toujours v^cu sans melange, sans
rapports perpetuus , ou la nature invite
si maenifiquementa Tamour, ou la so-
ci^te la toujours ^pi^ si ardemment et Fa
souvent poursuivi avec tant de rigueur!
IV0UTSAI7X TBOUBX.XS ENSYBIB.
Kous avons chereh6 k pr^enter le ta-
bleau de la civilisation en Orient, ou plu-
tdt de I'epoque d'ordre social le plu^
oomplet cnez les Mahometans ; et sans
nous arrSter maintenant sur les vices ou
les vertus des kh allies qui se succederent,
d'Abou-Djafar-al-Mausour, le second des
Abbassides, k Al-Mamoun, leseptieme,
et peut-^tre le plus ^lorieux , nous en ar-
riverons tout de suite a M otassem ^ Toc-
tonaire, appel6 ainsi parce quil r^gna
huit ans huU mois et Am7 jours, qu'il
laissa huit fils et huit filies , et qu-il etait
d'ailleurs le huitieme prince de sa race.
Cest sous ce dernier khalife seuiement
que la tranquillite dela Syrie fut de nou-
veau troubl^e, et que Tempire des Ab-
bassides commenca k s*approcher de cette
pente , sur laquelle il devait roller sans
cesse jusqu'a sa ruine complete (*).
Yoj^ons d*abord quel coup fut porte a la
Syrie, qui, depuis presd*un siecle, s*ac-
coutumait si bien au repos , et qui n'a-
vait fait que gagner a u^Stre plus le cen-
tre de la domination arabe.
Certes , si la Syrie pouvait s*attendre
a une nouvelle attaque, ce n'etait pas de
la part des Byzantins. Depuis Heraclius,
qui avait si rapidement perdu cette belle
province , il s'^tait succed^ sur son trdne
deshonor6 si peu de princes dignes de la
couronne , que ce fut presque un mira-
cle, au milieu du neuvieme siecle, de
voir Tavenement de Th^ophile, aussi
brave soldat qu'habile politique. Th^o-
phile, honteux d'etre comme le vassal
support^ des Arabes , honteux surtout
du tribut que ses pr^decesseurs avaient
consent! a payer aux khalifes de Bagdad,
Toulut s'affranchir de ces indiguites,
et declara hardiment la guerre au tout-
puissant successeur de Mahomet. Ciog
O Yoyez Elmacin et Ockley.
fois il marcha eontre les Arabes , et mal-
wt€ ses alternatives de succ^ et de d^
faites, il sut si bien proGter des circon-
stances favorables, qu'il acquit uiie repu-
tation merit^e de vaillance et d*audace.
La deruiere de ses expeditions ne fut
pas la moius glorieuse : apres avoir re-
pousse ses ennemis sur les fronti^res de
leurs £tats, il parvint jusqu'en Syrie,
et vint mettre le si^ge devant Sozopetra.
Cette ville etait ebdrea Motassem comme
lieu de sa naissance. Son illustre p^re
Haroun-al-Rascbid , qui voyageait sou-
vent dans son empire , emmenant avec
lui sa eour , ses femmes et ses tr^sors ,
avait vu nattre ^ Sozopetra un enfant
qui devait etre le second beritier de sa
puissance. La cite , favorisee par cette
naissance, avait done ete Tobjet des ge-
nerosites des deux princes, dupere etdu
fils. Elle etait riche, elle etait ornee de
plusieurs palais et dotee de plusieurs
privileges. Ce fut preciseinent pour
ces raisons que Tbeophile , voulant at-
teindre son ennemi dans ses affections
aussi bien que dans son orgueil , porta
tons ses efforts eontre la ville cnerie
par le khalife.
Or, Motassem , occupe k qette epo-
({ue au fond de la Perse k chatier un
imposteur, ne put se porter lui-m^me
avec ses meilleures troupes au secours
de sa ville natale; et, pris ainsi au
depourvu, il essnya, pour sauver sa
bien-aimee Sozopetra, de la ressource
desnegociations. L^audacieux Theopbilo
repoussa toute ouverture, attaqua. |u
ville avec plus d'ardeur que jamais , la
prit d'assaut, et la traita avec la plus
extreme rigueur. Rien n'y fut epargne,
ni les habitants, ni leurs demeures. Tou-
tes les maisons, tous les palais furent in-
eendies ou rases ; tous les Syriens ma*
hometans furent gorges, mutiles, ouau
moins marques d'une maniire ignomi-
nieuse. Non content de ces cruautes,
Theophile permit k ses soldats de se re-
pa ndre dans les environs pour piller et
detruire ; et ce ne fut qu'apres avoir reuni
plus de mille captives jeunes et belles
qu'ii songea a quitter lepays {).
Une pareille conduite appelait des re-
Sresailles. Elles furent terriblesdela part
es Arabes. Apr^s en avoir fini avec la
OYoyeiAboan-Faradl..
13.
180
L1JNIVERS.
revoltepersane, Motassem r^unit une
arm^ considerable, dans la composition
de laguelle quelques annalistes font en-
trer lusqu'^ cent trente niille chevaux.
Puis rayant dif is^e a Tarseen trois corps ,
il se mitlui-m^mea la tdte d'un de ces
corps, et les fit marcher tousles trois smr
Amorium, en Phrygie. Or cette ville gree-
que etait la patne de Michel le Begue,
pere de Tbeophile. En la menacant de la
destruction , le khalife d^voilait un pro-
jet de vengeance qui devait toucher aussi
vivement Tempereur de Byzance qu'il
Tavait 6i6 lui-mSme par le sac de Sozo-
petra : c'etait la ioi du talion appliqu^e
a une expedition militaire. Malgr^ les
efforts desesp^res de Theophile , malgr^
une bataille meurtriere et dont les chan*
ces furent loogtemps balanc^es, les
Arabes, plus nombreux que les Grecs,
forcerent ces demiers a la retraite. Des
lors Amorium n'avait plus qu'a subir
tot ou tard la Ioi cruelfe de son vain-
queur. Presageant le sort affreux qui
lui etait reserve, cette ville se defendit
avec unheroTsme admirable. Cinquante-
einq jours de suite » elle repoussa les
Arabes qui se ruaient en masse contre
ses murailles. Elle avait lasse leur cou-
rage , elle avait ebranle leur espoir de
succes , et deja Tarmee mahometaoe son-
^eait a se retirer, lorsqu'un trattre vint
mdiguer au khalife rendroit le plustiEiibie
des fortifications , et lui donna ainsi les
moyens d'essayer un dernier et defini-
tif assaut. En apprenant la prise de la
ville, pour laquelle ii avait une sorte
d'attacnement filial, Tbeophile,^ son
tour, voulut conjurer la vengeance de
Motassem. II envoya deputes sur depu-
tes, accumula les promesses, en vint
meme jusqu'aux prieres ; tout fut inu-
tile. L'empereur byzantin eut la douleur
de voir Amorium detruite de fond en
comble , le palais de son p^re impitoya-
blement rase, les habitants de sa viile
fidele passes au fil de repee ou emmenes
en esclavage. Theophile n'avait pas de
memoire : les mines de Sozopetra fu-
maient encore ! (*)
Gependant, dans la lutte terrible qui
venait d'avoir lieu entre les Arabes et
les Grecs, il y avait uo fait bien plus
grave qu'une nouvelle guerre des Ma-
(*) Voyez les Annales de Baronios et de Pagi.
hometans comre ies(MieDi,|Kl|
sac de deux vilies, qaelamortoit
davage pour plusiears miUienf^
mes : oe foit, le voici. Dans la s
bataille livree par '
tassem , en Galatie deaxieme, aaa
de Tempire Byzantin , ea dm\ itH
rium , roalgre les troupes nom^
ses de Grecs et d'Arabes, ee 1
trente mille Persans, refu^eal
Mineure et soldes par Tei
Constantinople, qui rompirat^a
mencement de Taction, les mfii
des Mosulmans de la M^ ,
1>lus tard , c'est aux cavalien I
eur habilete dans le maniemeDtd
k Timpetuosite de leurschar^fl
sives, que le khalife dat it ^
Ainsi les deux peuples riyau i
desormais besoin danxiliairesp*
cider entre eux! Ainsi ces f
bes^ qui pendant plus de deii]|
avaient ete la terreurdesCrT
neres , dont la seule ap[K
les campagnes byzantioes I
au loin les populations, dooll
mier choc etait si puissant, di
deur etait infatigable, leswl
tenant, sinon aussi posilia
eeux quils avaient seuls etc
Taincus jusqu*alors, du moiosi
h leur tour, ayant perdu uwjj
partie de leurs vertus militairtr
riers sans energie sinon sans (
C'est qu'a leur tour la cifilis^
sur eux. C'est qu'en lent (
partage ses richesses et ses i
c'est qu'en rendant par iffi I
eontinu leur esprit plus padlij'
demi-civilisationsi predeuse,a
que peu corruptrice, a petit kf^
leur corps , ramolli leur ime,!
cendus latalement au rans dflj
en decadence pour lesauellesl
saient jadis, du temps de I'aof"
ou de 1 actif Moawiab, un r
neral et si profond.
APPAniTION DBS TUBCS S94
Mais quel est oet element i
qui leur procure aujourd'boi i
toire ephemdre? Quels sont ca
race forte , sobre, ardente, coo
talent nagu^re les fils de PBe^
qui, comme eux, va dcfeDira
SYRIE MODERNE.
181
fidre« exigeaDte, despotique? Ce sont
des homines dur4ora,ils sortent des
montagnes ueigeuses et des plateaux
arides de la haute Asie, au dela ae TOxus
et du Jaxarte. L^-bas aussi s'etendent
des deserts , la-bas aussi une nature ma-
rdtre repousse les hommes de son sein ,
en ne leur accordant pour tout avautage
qu'un corps de far et une dme de glace.
Les hordes du Nord viennenta leur tour
offrir leurs bras aux hordes du Midi ,
devenues une nation puissante , riche ,
dominatrice. Comme nous avons vu , il
y a deax siecles, lesGhassanides se met-
tre au service des Byzantins, ainsi les
Turcs, a cette heure, demandent d'abord
aux Arabes la nourriture, rhabillement
et le gite, et mettent leurs corps, qu'on
garantit du froid et de la faim, au ser-
vice de leurs sauveurs. Mais , a I'instar
des auciens Ghassanides vis-a-vis des
Grecs, les Turcs, vis-^-vis des Arabes,
conservent Tindependance de leur esprit,
leurs vertus primitives : la sobriete et
Tardeur militaire. lis se pritent, iis ne
se vendent pas : march6 dangereux dont
les Arabes auront plus tard ase repentir.
Cette milice indomptable, quoique fi-
dele, aura un Jour plus de puissance (|ue
les Arabes eux-m^mes. £lle choisira,
d*ailleurs, son moment, agira avec cette
prudence, cette longanimite, cette perse-
verance qui caracterisent les enfants des
deserts. Plushes maitres temporaires s*a-
moUiront, plus eliesereiiforcera ; plus ils
s'abandonneront au luxe, k la mollesse,
plus elle fuira le contact des superfluites
exigeantes ; plus ils secreeront de besoins
nouveaux, plus elle r^trecira le cercle
des siens. Puis cette milice, qui a le
sentiment de la grandeur, qui a la con-
science de sa souverainete future, segar-
dera de tout melange avec la race arabe.
Elle vivra isolee jusqu'a ce qu'elle do-
mine a son tour et impose des lois h
ceux qui la traitaientd*aDord en infimes
merceuaires. Cette tactique si ancienne,
81 repetee dans le cours des dges, si con-
Dueet si simple, r^ussiratoujours : c*est
pourtant unmstinctplutot qu'un calcul ;
mais cette fatal ite pesera sans cesse
sur les peuples d'Orient. Al-Mamoun
le genereux ne vit en Thaher qu'un de
ses lieutenants magnifiquement recom-
pense, et ce lieutenant enrichi devint le
chef d*uDe dynastie, les Thahehtes.
Motassem le perplexe ne vit dans les
Turcs ^ue des auxiliaires utiles , et ces
auxiliaires indispensables allaient deve-
nir, pour les successeurs du khalifa oc-
tonaire, des maitres despotiques.
Quelies que soieut , du reste, les con-
sequences futures de Tengagement des
Turcs en vers les Arabes , toujours est-
il que rintroduetion de ces hommes
primitifs, de ces soldats feroces dans les
armees musulmanes eut , d^s le regne de
Motassem, une bien deplorable influence
sur la facon de se conduire k la guerre.
L«s Turcs, plus dedaigneux encore
de la vie humaine que ne I'avaient
jamais ete les Arabes , egorgeaient sans
pitie leurs ennemis en deroute. Plus de
troves possibles entre les corps bellige-
rants , plus de pardons a attendre du
vainqueur. Une mort cruelle ou une
servitude plus cruelle encore, voila
quel etait )e sort des vaincus. La haine
personnelle des deux princes, Theophiie
et Motassem , TafTront qu'ils se nrent
reciproquement en blessant leur orgueil
mutuel et en detruisant le berceau Tun
de Tautre, la rage qu'ils mirent tons deux
a rivaliser de rigueurs et d'atrocites,
toutes ces causes d'implacable animad-
version donnerent a la guerre entre les
Chretiens et les Mahometans plus d'a-
charnement que jamais. Des deux parts
les prisonniers fiirent done sacrifies
sans pitie ; et si les Musulmans condam-
nerent les leurs ^ d'horribles tortures ,
Tempereur byzantin Constantin Por-
phyrogenete se complatt de son c6te a
raconter qu'en Crete des Arabes furent
ecorches vifs, et d'autres precipites dans
des chaudieres d^eau bouillante. Suppli-
ces infdmes , qui font la honte des deux
peuples, et qui entralnaient en outre
rexecrable consequence d'allumer entre
les Chretiens et les Mahometans une
haine inextinguible !
DOMINATION BBS XUBCS.
La cruaute militaire, toieree par les
khalifes , employee meme au profit des
armes musulmanes par Motassem, ne
tarda pas a se tourner contre ses succes-
seurs. Le neuvieme Abbasside, Wattek-
Billahy fut un prince debauche et nul ; le
dixieme, Motawakkel, fut un fleau.
L'empire tout entier eut h aouffrir de
1S2
L'UOTVERS.
son esprit fantasque et m^bant. fl 8'6-
tait eotoar6deTurcs ; et, com me il arrive
souvent aux tj^rana, ses propres gardes
r^orgerent, a rinstigation de son fils
aioe. Mais le khalife parricide , Montas-
ser, ne v^ut pas longtemps. Victime a
son tour de Tambition des Turcs, il fut
massacre par euxauproOtde Mostain(^).
Heureusement le d^ordre n^eut d*ae-
tion devastatrice que sur la M^opota*
mie. La Syrie, trop naturellement pai-
sible pour prendre part k ces guerres
civilesy n'en ressentit que le contre-
eoup. Fidele et soumise aux chefjs que
lui imposaient les khalifes qui se sue-
o^d^rent alors si rapidement dans la
chaire ensanglantee de Mahomet , elle
n'eut h souffrir que de rinstabilite du
pouvoir central, qui detruisait toute
s^curitedans les transactions, etfermait
h ses produits leur plus vaste debouch^.
Cependant eile se serait encore remise
de ces maux passagers, si la domination
deplorable des Turcs ne se fdt trop
longtemps prolongee.
Un grand malheur Tavait aussi me-
nac^e , et n*avait pas ^te non plus pour
peu dans le retour de ses inquietudes.
Outre le mal que la rivalite de Th^o-
pbile et de Motassem lui avait fait , ou-
tre le sac de Sozopetra , la fondation de
Samarah ne lui avait pas ete une moin-
dre source de craintes. Motassem , fati-
gue du sejour de Bagdad, ou plutot in-
quiet de Tesprit de cette ville , ia quitta
tout a coup, et alia se bdtir un palais sur
les frontieres de la Syrie Euphrate-
sienne. Autour du palais du khalife
▼inrent bientot s*eiablir le^ courtisans ;
puis il fallut plus tard loger cette redou-
table milice turque que Motassem
avait creee. De ces besoins divers naquit
une cite, qu'on nomma Samarah , et qui
sembla tout d'abord ramener pour la
Svrie avec les honneurs du sejour des
khalifes les dangers qui les suivent. Sous
Motawakkel ce fut bien pis encore ; ce
prince, aussi inconstant que cruel, s'en-
nu]^a un iour de Samarah , et songea
il retablir le siege de Tempire h Damas.
Mais les Damasquins , soit ealcul , soit
effroi, requrent si froidement le de-
bauche Motawakkel , qu*au bout de deux
mois il retourna k Samarah. Les Turcs
partirent avec loi ; et, grke I oti
Dement , Damas et la Syrie fvrait
renavantaTabri des troubles peipC
qui firent, durant une trentalK
nees, de Samarah la yille dest^TaM
khalifales C).
Si les Syriens mabomtos, toi
souffrant de la decadence des ie
de rinsolence de plus en plus gnd
Turcs, pouvaient poartantencon^l
se meiant en aucune oceasionas
ffues du temps , vivre tran^
leur prosperity passde , pour aiosi
n'en etait deja plusde mtoe|N
Chretiens et pour les Juifs.Ces
d^s le regne de Motassem IT
avaieut cfe persecutes paruo
audacieux , que la Chroniqoe
singulier nom d'Abou-Harb.
arabe , signifie la guerre; '
trad ui rait par conseqaent pari
le Pere de la guerre. We^t-ciJ
sumom, qa'un titre que le*
serait donne k lui-m^me pom
la terreur ? Toujours estil qoei
Harb, grdce aux preoocupi
khalife guerroyant tantot ei
tantdt dans rAsie-Mineorc, n
autour de lui une masse coofuscj
gands, de fanatiques et de gcii&<
race, ranqonna d'abordlesw'
s'essaya dan s des sortes de petite
puis, lorsqu'il eut aguerri Si
dans les gorges de la Jud^e ll|
des bords abandonnes de la r^
lorsqu*il I'eut composeed'eari
mille hommes, il entrepHtah
importantes fxpedittons. SfitJ
la loi a certaines villes , (|Qi ^
daient, k cause de la gw
g^re , que de faibles gan '
posa des contributions eotf
acelles qui se soumettaieotJ
saccagea sans scrupule eellesif
rent de lui resister. Son r
crut avec ses succes ; et un j
jusque dans Jerusalem,
detruire tons les temples, de j
cite sainte, si elle nesei
fallut rlen moins que Tinti
patriarche pour sauver jerusa'^
versement immediat d'une forV
a'argent. CJcs brigands associfeq|
alors la capitale de la Paier^'^
O Voycz Khondemlr.
C^ Voy« AbOQi-Feda.
STRIE MODERNE.
18t
\fMie dt nooTeaa dans les campa-
ie$, et iis j continu^rent leurs meurtres
[kuTS depredations jusqu'a ce aue le
piilife, de retour d'Amorium, eAt en-
N centre eux une armee qui en tua
Rt miile, 8*empara de leur chef, et
^ le f este en deroute. Mais ce n'etait
Q*ail orage local y dent la duree fut
I longue, il est vrai , mais qui dispa-
^m vite encore qu'i) ne s'etait form^.
I somJ^xcaiaes db uoxawakksl.
«^ qui, ati contrailre, devait inqui6ter
I ceux qui ne professaient pas le ma-
i^tisrtie, ce qili devait troubler a tout
[is leur existence , c'etaient des lois
gueur et d'exception. Sous les Otn-
Jcs, qui ne songeaient (|u'a acr^-
Idus les elements 6onstitutifs J'un
ire, sous les premiers Abbassides,
: la puissance, ^tant sans bornes,
Euvait aucune de ces inquietudes
'lent les ordres les plus durs, par-
i#es inspirent une m^flance per-
-Je, les Chretiens et les Juifs avaient
irait^s generalement avec douceur,
■^"un pied d'egalite, apparente aU
_, avec les Musulmans. Le tyran
awakkel, qui voyait partout des
Kpirateurs , changea brusquement le
i d'une ffrande partie de la Syrle,
par defiance, soit par haine rell-
we, soit plutdl par ce raffinement du
Dotisuie qui humilie les homines
* les mieux dominer. Cet execrable
Ife ordonna que tous les Chretiens
JUS les Juifs de Tempire arabe, fus-
cootraints de porter une large cein-
de cuir appelee Zonnar. Cette loi
luaire, aussi tyrannique que f6-
.« en d^plorables r6sultats , devait k
•nir distinguer outrageusement ceux-
^s Musulmans , et les priver d'un des
i^fices de la fortune les plus appreci^s
Orient , celui de se montrer en public
^ de riches v^tements. On ne peut
I douter, du reste, de TintentioB
ite malveillante qui animait Motawak-
'; car, comme complement et cons6-
bace de sa loi tracassi^re sur le cos-
fee de ses sujets non mahometans, il
Kcrivit en outre leur ^loignement de
[ite charge de justice on de police ur-
ine, les parqua, pour ainsi dire, dans
IT isolement, et teadit a en faire une
r
population a part, tol^r^e plut6t qu'ad-
mise, abandonn^e k elle-m^me plutdt
que protegee. Ce fut Tan 235 de Thegire
que cette loi somptuairefut promulgu6e;
et Ton a remarqu^ avec raison qu*elle
avait r^siste aux croisades et aax diffe-
rentes dominations de laSyrie,et qu'elle
existe encore en partie (*).
Non content de son cfeuvre premiere,
Motawakkel se complut a la developper,
k y ajouter d*ann6e en ann6e quelques
n6uvelles prescriptions de plus en plus
vexatoires. Ainsi il d6fendit, en 239, aux
Chretiens comme aux Juifs, d'adapter k
leurs selles des ^triers de fer. Puis il
alia encore plus loin , il ordonna k ces
sortes de parias de s'abstenir de Tusa^e
des chevaux et de ne monter d^sormais
que des mulets ou des dnes. Agir avec
une telle rigueur 6tait refuser k la fois
aux Chretiens et aux Juifis leluxe, la
dignity, et partant toute consideration.
On fut oblige, tout en murmurant,
d'en passer, en Syrie, par la volont^
du tyran. La lutte individuelle eAt ^t^
trop dangereuse ; le soulevement g6n6-
ral edf 6te trop chanceux. L'odieux cal-
cul du khalife se trouva malheureuse-
ment fort juste : en humiliant ces ad-
versaires religieux , il leur 6lait toute
puissance actuclle et future. Car s'ils se
r^voltaient imm^diatement, il 6tait en
mesure de les contraindre k lui ob^ir
par la force; s'ils acceptalent, au con-
traire , Toutrage sans en demander rai-
son, il les habituait peu a peu a se con-
siderer comme d'une race inferieure, k
prendre bientdt Failure des esclaves,
comme ils en avaient accepte I'uni-
forme. Infernale logique, qui devait, en
effet , aboutir a former en Orient la
classe faible, debonnaire et m^prisable
qu'on nomme encore les rayasl Triste
origine de la decadence continue des
Chretiensdu Levant, deleurimpuissance
et de leurs malheurs!
' Dl^GADEHCE mMlHBNTBDU KHA.LIFAT.
II n'est rien de plus difficile a mourir
qu'un gouverneraent, k moins que son
agonie ne soit brusquement traneh^c
par le fer d'un conguerant. Dans Tordre
ordinaire des decadences, il v^ctelong-
temps, se tralne de faute en faute,
(*) Voyez Abou'l-Fara^J.
IS4
L'UNIVERS.
rouie de chute en chute, et ne finit qu'a
force d'iiiipuissancechez les goureruants
et de lassitude chez ies gouvern^. Les
80ci6t6s hierarchisees craignent les chan-
gements. II n*y a que les bandes d'a-
venturiers, les hordes demi-sauvages ,
fuyant le d^ert, qui savent facilement,
apr^ la victoire, passer d'un ordre de
cnoses h un autre , ou accepter le joug
du chef a qui lis doivent leur conqu^te.
Uue fois, au contraire, qu*une grande
puissance personuelle s'est impos& a un
pays^ une lois c|u'un principe a ete admis
et mis en pratique avec le concours des
plus entreprenants , 11 faut que les stic-
cesseurs du chef courono^ soient bien
faibies , il faut que les consequences du
principe accepte soient bien df6piorabie8,
pour qu'on se d^barrasse d'une famiLie
importune , pour au'on renverse un gou-
vernement incapable. De pareils revlre-
ments radicaux et interieurs sont rares
partout, et principaiemeiit en Orient.
La ce soot des conqu^tes qui se font, et
non des revolutions. La ce sont les
Strangers qui renversent un ordre de
choses, et non les peuples qui en souf-
frent. La ce sont les nouveaux venus qui
imposent un gouvernement , et non la
volonte publique qui le cree.
Cette difference dans Thistoire des
nations asiatiques avec certaines na-
tions europeennes est, du reste, tres-
concevable. Comment se sont form^es, en
effet , la plupart des nations asiatiques P
DHrruptions success! ves, du nord comme
du midi, op^rees par des hommes fa-
tigues de leur misere, mecontents de leur
climat, extenues de leur regime de pri-
vations , qui se sont ru^s , t^te baissee ,
centre les obstacles , si nombreux qu'ils
fussent, qui les emp^chaient de jouir
des biens materiels qu'offrent une terre
feconde et un soleil radieux. De pareils
hommes affroiitant tout, la mort instan-
tauee leur etant preferable , d'ailleurs , a
une vie presaue impossible , ils sont na-
turellement oraves, tenaces; ils devien-
nent futalement invindbfes. Puis, re-
ducation rigidc que la nature leur a
donnee fait quelque temps durer leur
energie au milieu d6 la jouissance : ils
sont assez longs a8'amollir,as'e£feminer.
Or, si le desespoirlesa rendus victorieux,
leur rudesse native les rend despotes c
jls imposent brutalement leurs lois ^ux
vaincus; et voila un goavt
fonde. Plus tard, h Tavv^e deh
chefs , lis eprouveront rinfloeDtt i
blen-^tre continu; et si leunn
s'adoucissent, si leur cara^ i
manise, ils perdrontpar lai
son de leur force premi^, de J
activity, de leur valeur.Qae wk
mes alors soient mal gouTi
n'auront plus Tenerjpe
joug quails se sont impose a <
mes, qu*ils sont venus, pomaiDsil
chercher du fond de leurs d6serts.ii
nous le r^petons, en OrieDt, ptatj
partout ailleurs , il n'e^t rieii de |
diflicile h mourir qu'un gouT(
A repoque ou nous en soido»|
ves, bien desfautes s'^taieot dqil*
muiees du fait des kbalifes ; et cS^*
leur pouvoir actuel n'en avail pas i
ete aifaibli. La tyraonie {amk
tawakkel ne rebranta pas daosl
sent; Tinflme et absurde kbi
put en prevoir les desastreQsesI
quences. £t cependant la saBeooti
anarchic, sinon d^une revolutiw;
rieure , avait ete repandue aa b '
conduite dissolvante. Les ^pdl
veaux qui devaient se predpitail
tour sur TOrient n'etaient pas «■
formes sur les plateaux neigetu J
Tartaric , et dans les fordts i
deTHimalaya; une nouTellee
etait encore eioignee; etpouj
populations meconteates de I
arabe sembIaients*appreterdQf|^
division de forces, a cette di^
d'eiements , a cette lulte daos to|
rets , a cette contradiction daosh
qui devaient preparer la vole ami
bisseurs futurs, qui devaieotr*'
jetor le gouvernement de IV
premier occupant (*).
Une sorte de fatalite pesaits
les institutions des derniers 1
Motassem avait forme une
milice pour renforcer sonar
garder sa personne. Cette raili««
cause de raftaiblissemeot milittfH
son successeur Wattek-B'illali* J[Jr
mort du successeur de WatlekFJ"
Motawakkel. Ce dernier avait ^^JJ
tinguer les Chretiens et les Joi»^
les Musulmans , afin de mieux sas
(*) VoyczOcWey.
SYRIE MODERNE.
185
la Syrie; et sa stupide loi somptuaire fit
naUre une haioe qui fut pour beaucoup
dau9 la reaction des croisades , et de-
vait entratner pour le khalifat la perte
momentan^ 6% la Syrie. Les d^auches
de Motawakkel ne fureut pas uoins
pernicieuses au goaveroemeDt des Ara-
bes que son iuepte tyrannie. En se per-
mettant tons les exc^ il fit perdre
a sa puissance reiigieuse son prestige
le plus 6clatant. Les esprits les plus
obtus se refusdrent k croire a Tinfail-
libilite d*un bomme en qui ils voyaient
r6unis tous les vices de ia nature hu-
maine. La cmaute pent se pallier; la
corruption des moeurs jamais. Lesang
qu'on verse peut parfois s'interpr6ter en
riffueur utile, en ^nergie faroucne, mais
salutaire; les d6bauches qu*on accumule
sont toujours regard^es par les peuples
comme une preuve de ldcbet6 de coeur
et d'abrutissement d*esprit de la part
des souverains. On redoute la cruaut6,
on m^prise la corruption.
Avant la quatorzldme et derniere an-
n6e du regnede Motawakkel, son pouvoir
religieux ^tait done tellement discr^dit^ ,
oue Torthodoxie musulnjane en fut pro-
fondement atteinte, etqu'il en r6sulta de
toutes parts leravivement des sectes an-
ciennes, et la formation de sectes nouvel-
les , donl quelques-unes devaient avoir
les plus fiinestes d^veloppements. Plus
de r^les communes d^ja parmi les Mu-
sulmans, plus de respect general pour
les anciens rites , plus d'unanimit^ dans
la faj^on de comprendre le Koran et de le
pratiquer. Le kbalife avait donne Texeni-
ple du ro^pris des coutumes religieuses.
Gelui que son sacerdoce appelait pre-
eisement h pratiquer avec le plus de ri-
{[ueur ie culte ^tabli par le Koran, celui-
h semblait vouloir se d^ager de jour
en jour d*une nouvelle entrave qui g^
nait ses monstrueuses passions. Ce mau-
vais exemple, donn6 de si baut et si pu-
bli||uemeot , porta bientdt des fruits em-
poisonnes. Tout en m^prisant le kbalife,
on en vint peu ^ peu ^ suivre avec moins
d'exactitude les prescriptions dont il
s*exemptaitsi scandaleusement. Delaa
reninction de la foi reiigieuse il n'y
avait plus qu'un pas : des nommes au-
dacieux se reneontrereitt pour le faire (*).
(*) Yoyei Elmadn.
Mais comme cette raaladie de Flslam
n*en est encore parvenue qu'a sa pre-
miere periode , nous la laisserons s*in-
filtrer secr^tement dans les veines de
tous. Nous ne devons rigoureusemeut en
parler que lorsqu*elle aura atteint la
Syrie. Maintenantc'est d'une autre plaie
du kbalifat qu'il iaut nous occuper, c*est
de Taction de plus en plus fuoeste des
Turcs , qui se sont attaques tout de suite
au coeur de Tempire , a la cour des
Arabes , et qui vont bientdt envahir les
provinces , et la Syrie a son tour.
DSSPOTISMB DES TURCS.
U y a cela de singulier dans la domiua-
tion des Turcs que, contrairement k
toutes celles que nous avons vues et qua
nous verrons encore regner en Orient,
^Ue ne 8*est pas ^tablie a la suite d'une
invasion. Les autres dominations sont
venues d'elles-m^mes, oelle-la, oo-est all^
la cbercber, pour ainsi dire; les premi^
res se sont imposees,on s'est offertli
cettedemi^e. Cette remaraues'applique
Burtout a la conduite des knaiifes : cW
Tun d'eux qui a attir^ les premiers Turcs,
qui en a compost une mil ice, qui s'en est
servi k la guerre. Motawakkei , rench6-
rissant surMotassem,ena forme d'abord
une garde poor sa personne. Plus t^ird il
a ^t€ bien plus loin encore : des chefs de
eette garde privil^iee il fit les con-
seillers de sa couronne , les compagnons
de ses orgies , les complices de ses cri-
mes.
Ces bommes sortis bier de leurs de-
serts , a peine ddgrossis par les jouissan-
€66 d'un luxe prodigieux, sans croyance
et sans morale, ont brise Tinstrument
qui les avait Aleves , ont assassine sai^js
scrupule leur bienfaiteur interesse. C'e-
taient des natures grossieres, des b^tes
farouches, a peine apprivoisees. 11 y
avait bien plutdt en ces bommes des
bourre;iux avides que des gardes fideles;
et il a fallu a Motawakkei tout t'aveugle-
ment de Torgueil , tout Tabrutissement
de la debaucbe pour ne pas distinguer
tout de suite, dans ceux dont il s'etait si
imprudemment entoure, les griffes sous
les caresses, la trahison sous les pau-
pi^res baissees, la ferocity sur des l^vres
qui murmuraient k regret des protesta-
tions de respect. Etcependant, lorsque
186
LTJNIVERS.
le khalife se plaisait, aa milieu'd'unfestin,
a faire entrer tout k coup dans la sallf
Aimantedemetsexquisunlion ou un ti-
r*e affam6 , ordonnant imp^rieusemeat
ses hdles de ne pas changer de place;
eh bien, quelle que fHx la terreur des con-
vives , its ne tremblaient pas plus alorg
que quand un autre caprice du mattre
tout-puissant ouvrait la porte de la salle,
resplendissante d'habits d'or etde sole,
a un soldat turc, dont les yeoi flam-
bants couvaient la richesse de chacun
avec autant d*avidit6 que les lions et les
tigres se pr^cipitaient avec rage sur les
chairs saignantes. Cette horrear ^ale
de certains courtisans pour les Turcs et
pour les animaux carnassiers ne dessilla
pas les yeux du khalife. Jusau'a son der-
nier moment II joua avec les £tres lea
plus redoutables de la creation , lions et
Turcs ; il les m^la h ses plaisirs f^roces ,
jusqu'a ce qu'il en devint la victime.
L'assassfnat de Motawakkel fut d'une
signiGcation si terrible et d*une conse-
quence si deplorable pour TOrient, que
nous y revenons sans craihte de nous
r^petcT, afinde biencaracteriserce point
de depart de la domination des Turcs. Eh
Tan 247 de Th^gire done, Motawakkel,
qui avail alors quarante ans, et qui sans
doute avail tant abuse deson imagination
perverse, qu'il etait ^bout de sanglantes
mvenlions, etait un joura festoyer, sans
avoir rien con^u celte fois pour faire
succeder une perlp^tie violente a la joie
qui eriatait detoutes parts. Ses convives,
en effel , doues de la plus complete ex-
perience, ne pouvaient plus 6tre trou-
bles par une irruption soudaine de
lions , oupar le bris d'un vase de la ta-
ble rempli de scorpions vivants , on
enfln par des serpents venimeux qu'on
faisait couler par-dessous le si^ge des
convi^s , et qui s'enroulaient le long de6
nieubles, en menacant deleursmorsures
ceuxaupresdesquelsilsapparaissaienten
sifflant. Le repas semblail celte fois de-
voir se passer sans details de blessures
morlel les, sans assaisonnement de dou-
leurs aigues et de cris forcenes, lorsque
tout a coup se precipitcrent dans la salle
une bande de Turcs armes. Par la raison
Sue nous avonsditeplus haul, la frayeur
es convives ne fut pas moindre que si
Ton cdt vu entrer des bfitcs farouches.
Cependant, un des courtisans les plus
braves troava encoremi mot \ iEc,f
resume parfaitement les borK8ii|'
nous venons de raconter : « Ah! s^ci
< t-ilenraiilantavecamertume,eeii
< plusaujourd'huiiajoameeoidesi
c ni des serpents, ni des seorpioai,^
« celle des ^f6e&\ » Ge motkte
r^inoelle qui fait aanter la mioe. h
eut-il ^te pronono6 que le 1
8*appr6tatt il en demanderrapl
fiit assailli par les Turcs, coupe,]
par leurs ciraeterres. ClioseetniM
sc^nedemeurtre devait avoir i 111
partie b^oique et sa partiei
L'on vit , en effet , le visir Fal
server ^ son prince, malgr^rij
ract^rede ee dernier, une
sancesans bomes et du d6vou
qu'a la mort ; on le vit defeadicl
life tant qu^il put, parer de soaei'
premiers coups qu*on Ittipona,^
cu par le nombre , s^ecrier r^
tion , et pour provoquer les c
« O Motawakkel , je ne veux ]
« apr^ vous! > Puis vint, (
rodie de cette noble action. 111
couarde et railleuse a la (m$4»k
eh^ri de Motawakkel, sec
une estrade a la vue des ipees,
4 la lutte, et, lorsque le meuitn
mattre et du g6nereux Fathaki
que consomnie , se moquant f
paroles du visir 6dele : « 0 T
« kel, je serais fort aise del
* vous! » (*)
Fy a-t il pas dans les <
nes de ce drame horrible i
Yolonte providentiellequilese
qui en tire une haute m
I histoire , et qui seinblait i
frir comme un avertissemeDt i
temporains P ff est-ee pas, and
ne orgie, entour^ de ses eon '
debauches, que devait moos»v
sangau*il avaitsi sou vent ver^^
khaliredoutlejoug pesaqu
rislam? M'^tait-il pas juste (
de sa mort Motawakkel s eatei
Cher, sous forme d'ironie, les i
cruelles qu*il avait faitessisoa
convives? N'est-ce pas, non ]
preuve bien ^vidente du reliidM
mceurs de sa cour, que la pr
ce bouffon qui raille quand
(*}VoyezAboal.p«a.
SYKI£ M0DERI9E.
V 18f
%
se moque quand on se d^Toue? En-
fin, pour quiconque aorait r^fl^chi, n'y
avait-il pas une grandele^n pour le kha-
lifat dans la r^volte de ces barbares
;org68 de biens, qui sefont lea bourreaux
ie leur maltre, pis que cela m^me,
3ui agissent avec tant de fourberie et
'audaoe' k la fois qu'ils soul^vent le
p^re contra le fils , t)ervertissent ce der-
nier, Texcitent. au parricide, et exd-
cutent incontinent ce crime execrable ,
d^s que Montasser en exprime le pre-
mier voeu? II ne manquait plus h ces
gardes insolents que de [reclamer leuf
salaire au fils, ia t^te du p^re h la main.
C'est ce qu*ils firent , c'est ce qui carac-
terise toute leur cruaut6, c'est ce qui
etait pour le khalifat , qui , d'apres son
origine , devait parattre aussi saint que
puissant et qui se montrait aussi faible
que criminel, la preuve que la decadence
la plus inevitable et la plus honteuse le
mena^ait, non-seulement dans la per-
sonne de ses princes, mais dans soh hon-
neur et dans son autorit^.
Ainsi, cruaute f^roce, perfldie inn^e,
exploitation impudente des passions des
khalifes , compression de tous sous un
r6gimedeterreur, lelssont lescaract^res
distinctifs de la domination des Turcs.
Que leur importe la dignity du souverain ?
c'est en Tabaissant qu'ils ont le plus
de chances de se rendre puissants. Que
leur importe Pa venir de V Islam ? ils n'ont
f)as assez de foi pour y tenir comme re-
igion, pas assez de g6nie pour en pen6-
trer la politique, lis sontvenus, d'ail-
leurs, trop tard pour saisir le veritable
esprit et Timportance du khalifat.
Dans son commencement si glorieui,
le khalifat fondait avant tout sa prepon-
derance sur son autorite sacerdotale :
Abou-Bekr et Omar sont de veritabies
pontifes, ce sont les chefs presque saints
d'une religion mUitante. Sous Moawiah
le pontife a fait place k Tadministrateur,
sous Abd'el-Melik au soldat, enfin sous
fiaroun-al-Raschid au prince tempo-
rel, fameux par ses victoires, par ses
etablissements sociaux, et principale-
ment par son luxe mondainet sa justice
tout humaine. Al-Mamoun, le glorieux,
le vainqueur, le magnifique, soutient,
k force d'eclat, le pouvoir tout-puissant
des khalifes ; mais ce pouvoir a d^ja fle-
chi du c6te religieux au profit du e6i6
militaire. Mai conseille par son vizir
Fadhal , sentant son insuffisance comme
pontife, s*il ne fait quelques conces-
sions Jk Tesprit tradilionnel, Al-Ma-
moun commet la fame , d^s le commen-
cement de son regne , de se rapprbcher
de la famille d'Ali, de changer la livree
noire de se^ ancdtres pour la livree verte
de la famille de Mahomet , de declarer
meme que Fiman schiite Rizeh devra
lui succeder dans la chaire de Bagdad.
Heureusemeot les Alides, trop presses de
jouir dela puissance souverairte, provo-
querent a tel point les Abbassides, qui, ;
ayant prospere depuis soixante-dix ans, '
etaient dejk au nombre de trente-trois '
mille, que ces demiers menacerent de
se soulever contre Al-Mamoun, mar-
cherent d'eux-mfimes contre les Alides , ;
et forcerent le khalife h rendre sa suc-
cession h un des leurs. QuoiquMl ait re-
pare depuis par dei^ conquetes sur les
Bvzantins, par une conduite hautement
genei^use et edairee, lafaute de sa jeu-
nesse , Al-Mamoun n'en fut pas liioins
considerejusqti'^lavingtiemeetderniere
annee de son regne comme nn prince
p^u orthodoxe. Les docteurs les plus
rigides , et par consequent les plus re-
veres de la loi musulmane, fulminerent
souvent contre lui ; et il resultd de ces
declamations un doute dans bien des es-
prits sur le caractere sacre du khalifat,
une diminution evidente dans son auto-
rite religieuse (*).
Motassem sentit tout le poids de cette
degenerescence du khalifat. II eut tout
d'abord h cntreprendre une guerre reli-
gieuse : un imposteur s'etait rencontre
assbz puissant pour menacer son trdne.
Ici, par une fatalite bien funeste h Tem-
pire arabe , il se trouva que le succes-
seur d'AI-Mamoun, etant loin d'etre
doue des vertus ^uerrieres de son
illustre frere, failht perdre h la fois
les deux pouvoirs, le pouvoir militaire
avec le pouvoir sacerdotal. Qu'est-ce
qui sauva Motassem ; qu'est-ce qui le
couvrit de son epee ? Un ancien esclave,
un Turc , Haidar , fils de Khaous , sur-
nomme Afchin. Ainsi , le remede, s'il
n'etait pirequelemal, etait un mal aussi.
Les rapides progres de la roil ice turque
nous I'ont 'assez fait voir. £t puis ua
n Yoyex Aboa*l-F6(Uu
188
L'UNIVERS,
grand fait, deplorable dans ses oons^-
auenoes , surgit en m^me temps de cette
faiblesse de Motassem : ]a division dans
les deux ponvoirs primltifs, absolus
na^udre, inattaquables , du khalifat.
Si Tun fl^hit au profit de Pautre sous
le regned'Al-Mamoun , les deux fl^chisr
sent sous celui de Motassem ; et ddsor-
mais le khalifat chancellera sans cesse
entre oes deux pouvoirs, jamais plus
il ne les sentira aussi forts, aussi eroca-
ces Tun que fautre, dans la m^me main.
Desormais le khalifat rentrera dans la
condition ordinaire de tous les empires
despotiques, il lui faudra un prince guer-
rier pour dtre grand , et les Turcs sont
la pour empdcher de longtemps un pareil
ev^nement.
Comme on le voit par cette rapide es-
quisse de la nature du khalifat, nous
avions raison de dire que les Turcs ne
surent point en saisir le veritable esprit.
Tout en dominant Tun de ses pouvoirs ,
lis n'essayerent point de renforcer I'autre.
£n divuiguant la faiblesse militaire des
khalifes, leurs creatures, lis n'eurent pas
la provision de rendre son prestlae a leur
autorit^religieuse. De la le mal s^tendit,
sans pouvoir un jour ^tre gu^ri ; de cette
epoque commence la d^dence de Tern-
pire arabe ; de la se prepare cette anar«
chie de I'Orient , qui fut si favorable ,
deux siecies plus tard, k Tinvasion des
croisades.
Ge qui prouve encore Tinfluence per-
nicieuse de la domination turque, c*est
le reene ^h^m^re et impuissant des
khaliies , dout ils se constituerent les
sanguinaires parrains. Les longs re-
gnes en Orient, comme partout ailleurs,
sont g6n6ralement les bons regnes.
Dans un gouvernement despotique
surtout , plus longtemps le mattre sou-
verain tient les rmes , plus il a de chan-
ces de mener Tempire droit et ferme.
L'unitesociale gagne a la prolongation de
I'unit^ des vues. Or cette chance de pros-
E^rit6 fut entierement perdue pour TIs-
im k Tarrivee des Turcs ; et apres Mo-
tawakkel , en dix ans , les Arabes virent
guatre khalifes passer comme des om*
res dans la chaire degradee de Bagdad.
Tout Tempire se ressentit de ces eleva-
tions et de ces chutes r6p^l6es : la Syrie,
non moins aue les autres provinces. La
temp6te, it est vrai, ^clata d*ai>ord
sur la M^.sopotamie ; mais die n^a n>
vint que plus mena^nte et ^os fmiev
sur Damas et son ncke temtoiren>
LBS KHALIFES GBB ATUABS BBST
Le parricide Montasser ae fit qiK|
rattre sur le trdne. Ses remords,^ '^
caus^rent la plus noire des mela
en eurent bientdt d^barrass^ sod pi
indiffn^. dependant, durant lei sn J
qu'ilsurv^ut a Tassassinat de soo^
par sa plate et Idche condesoesdar'
augmenta encore le pouvoir des T
leur insolence, leur aodaoe. D'i|
leurs ord res il disherits sonfrerel
selon leurs d6sirs il distriboa ksl
neurs et dispersa les tresors daki
Mostain , r usurpateur da kbaiiil
detriment du fils de Motawakketr
prince entierement devoue a fal
qui Tavait couronne. Mais la prr^
sonautorite, tout appuy6e(f^
sur la force mat^nelle, n'avait|
rdalit6 de bien solides fon~
que dds qu'il se crut khalife obIi
ce titre. Les Alides songerent ill
veau a faire va loir leurs droits lesi
a la main. 11 fallut toute riiQ
des troupes turques, et toate f
du gouvemeur de Bagdad, pourM
cette revolte. Mostain eAt ete f
ble de vaincre lui-rafime de |
versaires ; et il le montra [
dans la rebellion bien aati
rieuse qui eclata tout a coups
II fut dans cette occasion aus
aussi timor^9 aussi domineparli
ments que possible.
Les Turcs, plus avidesao
plongeaient plus avant dans I
ces du luxe et des richesses, oe^
qu^avec ialou^ie ceux d'enire i
le hasard des armes ou la M^l
cour avaient combl^s aa
leurs compagnoas. lis se t
done un jour contre leurs
chefs, se diviserent en deux j
combattirent , et se disputereB^Jj
Sonne du malheureux knalife. Cr
effray6 tout d'abord et aya»!'^j^-
tement perdu en cette oc(»»«J!
nime part de bon sens et d'e^"*"
n Yoyez Oednniis.
SYRIE MODERNE,
189
?;
la nature Tavait gratifi^, erra d'ane id^
k une autre, accumulales contradictions,
favorisa tour a tour cbaque parti, les m^
contenta tousdeux, et fit tantqu'on crat
que se d^barrasser d*un pnreii 8oli?eau
etait le meiileur parti h prendre. II fut
done enlev6 de sa r^idence de Samarah.
conduit a Basdad, et livre k Mothaz, qu*il
ayait d^possed^. Grdceacet actedetrahi-
son envers un des princes les plus faibles
pi soient monies dans la cnaire khali-
ale , les Turcs parent tratter k leur aise
de leur accommodement avec le non-
vel 6iu , et eurent encore un chef de Vtr
tat de leur fa^n,
Bougha TAncien, Bou^ha le Jeune ,
Wassif et Bagher, tels ^taient les noms
de quatre chefs turcs, dont Taudace etait
sans bornes et Finsolence sans frein.
Mothaz aurait bien voulu s'en d^barras-
ser. D'un esprit m^fiant, d'une intelli-
gence born^e, ce khalife, qui avail com-
mence sa carri^re par renoncer, de son
Sropre mouvement ct par pure couar-
isCt a la succession immediate qui Pat-
tenilait, parvenu par une revolution inat-
tendue, parun revirenient bizarre du ca-
price de ses soldats , au trdne auquel il
ne devait plus songer, n'avait rien tant k
coeur quede se mettre d^sormais k Tabri
des entreprises de sa milice. Or pour at-
teindre ce but tant desire il chercbait
tousles moyens desed^fairedeceuxqull
redoutait au-dessus de tout. Apres avoir
machine centre euxck Bagdad, loin de
leurs regards , ce pauvre prince, k peine
en leur presence , ressentit dans son es-
prit plus d*h6sitationquejamai8, dans son
coeur plus depusilianimiie; et, loind'exi-
ler ou de faire mourir les lyrans dont il
sentait le joug lourd et honleux sur ses
epaules, il les combla tout aucontraire de
faveurs nouvelles , de cadeaux et de di-
gnit^s , il augmenta de plus en plus leur
puissance. Mothaz r^servait son energie
pour frappersa propre famille. On le vit,
en effet, ieter successivement dans les
fers , sur de vagues soupcons , ses deux
freres Mouiad et Mouafrea. Le premier
mSme serai t mort en prison, par le fait
d*un fratricide : quelqueshistoriens i'ont
pens6 (*).
Cependant les Turcs, toujours barba-
resjtoujourscupides, et furieux desqu'ils
(*) Voyec AlKml-FMa.
n^etaient pas gorges d'or, ne trouvant
qui ddpouiller, ni quelle nouvelle victime
laire tomber sous leurs coups, s'en pri-
rentencore unefois k leurs propres chefs,
attaqudrent Wassif, et regorgirent*
Mothaz ne chercha pas k r^tabKr Tordre
dans sa milice,^ punir les coupables.
II profita d'une sedition qui le delivrait
d'un de ses mattres ex^cres , el la benit ,
loin de la reprimer. Un an apr^s , Tan
2S4 de rh^gire , fiougha TAncien jfut k
son tour Tobjet de Y'ani mad version de
ses soldats . Pour fuir sans doute la fin
tragique de son compagnon Wassif, il
quittatout a coupSamarab,et sedirigea
▼ersMossoul. Mothaz laissa piller le palais
de ce dernier par set troupes irritees;
puis, profitant de la detresse momentanee
de Bougha, il le fit surprendre dans une
embdche, se le fit amener et plus tard
ordonna sa mort. Mais toutes ces perfi-
dies ne profiterent pas au Idche knalife
qui s*en rendit coupable. Loin de lui
tenir compte de sa faiblesse a leur ^gard ,
les Turcs, qui n*avaient plus de chefs k
qui s*en prendre, marcherent un jour
contre le propre palais imperial, et exig^
rent arrogammentde Mothaz lespreten-
dus arri^r^s de leur solde. Cetait le mo-
ment de trembler, pour le triste khalife :
il n*avait pas la somme qu*on reclamait
de lui, il promit, il supplia, il se desho-
nora de millefacons; maistout fut inu-
tile , et bientdt il se vit contraint d'abdi-
quer en faveur de Mohammed , fits du
khalife Wathek, qui fut appele par la
suite Mohtadi. Apres trois ann^es d*un
ignoble r^e, k peine dg^ de vingt-qua-
tre ans, Mothaz expia ses turpitudes par
un supplice affreux : on le fit mourir de
soif en prison.
Un Strange hasard fit que le nouveaa
khalife, cre^ par les Turcs, etait un homme
de coeur, de resolution et de vertu. Dans
son court passage par le khalifat, Moh-
tadi , grand jusiicier et severe musul-
man, rendit a la Justice son int^grit^ et
ji la religion son empire. S'ilf(!il resl^ un
plus long espace de temps qu'onze mois
sur un tr6ne dont il etait Thonneur,
que n'edt-il pas ex^cut^ de grand, de no-
ble, de ^^n^reux , de reparateur ! Mais le
mal ^tait d^jk trop violent , trop general,
pourqu*un sful homme pdt le vaincre;
la ganj^^ne etait a la plaie de Tlslam , et
le khalife , qui voulut Textirper, ne par*
too
LUNIVERS.
Tint qu'^ en itre victime. D^ son av^e-
inent, Mohtadi reoonnut les deux vices
qui sourllaient la domination des Turcs*
la cupidity et la debauche. U r^solut ioh
m^diatement de les altaqurr ensemble.
II mit done a ia fois uoe barri^re h la
cupidite des che£s, en supprimant une
partie des tributs doot ilsaccabiaient le^
populations; uoe barriere a leur debau-
che, en abolisaantFusage du Tin,desjeux
et des dan$es defendues par la loi su-
preme. Mais une pareille conduite, si
eoergique et si noble , en trorapant Tat-
tente de ceux aui avaient elev6 le khalife
aur le trdne , cfevait bientdt attirer leur
haine sur sa t£te, et six mois nes'etaient
pas encore ^ules depuis la prumuiga*
lion des sages ordonnances de Mohtadi ,
que la r^volte groodait d^ja autour de
son palajs.
Mohtadi ne se laissa pas intimider :
il y a toujours un bonune de coeur dans
un homme vertueux. Jugeant de toute
la perversity de la milice turque , il lui
declara franchement et bardlment la
guerre. Quoique cette resolution du kha-
life edt rapproche les rivaux, eOt faitou-
blier les dissentiments particuiiers dans
rinter^t commun , Mohtadi eut d'abord
Tavantage. Malgr6 railiance redoutable
de Moussa , ills de Bougha, et du ferooe
Bankial, Taustere khaiife crut indigne
de son rang et de sa moralite de cher-
cher k emp^cher ce rapprochement en-
tredeux brigands, parce qu'il eilt fallu
Sardonner a Tun ou a Tautre, et que,
ans Tesprit rigide du khalife, ils ^taient
^alementcoupables. Pas de concessions
aux r^voltes, pas de clemence pour des
inf^mes, telle etait la politique du nou-
Yeau commandeur des orqyants. Ulime
noblement stoTque du grand Omar sem-
blait animer le cQpur de Mohtadi. La
loyale Anergic de ce dernier fut d'abord
couronnee par le succes qu'elle m^ritait k
tant de titres : il put s'emparer de Ban-
kial, et lui faire subjr le chUtiment de
ses attentats. Mais cet exemple severe,
loin d'arr^ter les seditieux, lojn de les
faire reflechir et de les ramener, ne par-
vint qu'k exciter leur rage. Plutdt que de
Yi vre sous la loi d'un homme de bien , ces
bandits prefererent mill6 fois la mort,
et ils s'acbarn^rent si longtemps centre
les troupes du khalife, ils se succdderent
en si grand nombre aprds les murailies
4e SOB palais, quHls finiroit par fati^Hr,
lesunes et escalader les autres. Uoet ^
mattres de la place, les Turcs, loin del
iDUser cette fois au pillage, IoId '
eompiaire a des vengeances de i
cbercherent avant tout Mohudi,
Tayant trouv^ , ils lui infligerat
une joie de b^tes feroces le plus
suppiices {*).
Quoiqu'elle n'edt pa sauver a
Sonne, 1 opini^tre r^istancede Ma|
fut du plus heureqx r^sultat pour
torite khali&le. Iflalgr^saiaiblesi
sqccesseur Motamea, quatri^
Motawakkel, put se consolider
trdne , et n'eut point repheroexeet'
testee puissance de ses quatre prai,
seurs. La lutte heroique de Mohtadii
tre la depravation des Turcs, a
reuse resolution de combattiela
nation honteuse d*une milice
et insolente , le sentiment de
du pouvoir, qu'il sut elcTer si
susciterent des vengeurs. Si lei
commandeur des croyants n
des qualites n^essaires poor
son fr^re puln6, Mouaffek, eneta^
largement, lui ! Courage, eDer|ie^*
lete militaire , Mouaffek reanisa
trois vertus, sans iesquelles H est
que impossible de gouvemer les
mes. Aussi,quoiqu'uneveneroentj
et dont nous parlerons posterieore
e(lt, en ^braniantd'unautrecoteni
isiamique, n^cessit^ tout d';
cooperation des Turcs, Moua^i
maintint pas moins avec fenafltf
une discipline rigoureuse, etn'ttl
tra pas moins d ^loignement ~^
tout-puissant chef d'alors. Mo
des assassins de Mohtadi. Ge ttl
pea k peu , par une severite frfj
reldcha jamais; ce fut par le aei
prit d'^carter de la cour chacvl
soldats parvenus, ]orsqu*il 6m
une recompense; ce fut en leur
des commandements eloign^ o«
leux, que Mouaffek parvintikk! '
d'anneeenann^e. et Ik mater ies
tins. £n sept ans d'adresse et
v^rance, Mouaffek avait presi}ue;
son but : les Turcs , qui formaieiit^
la ^arnison principale de ia ville aii
daitle khalife, ^ientdeTenasplalj
(*) Voyez Elmadn , O&Stnom cC i
SYRIE MODERNE.
101
lies, moiBS dissolus, moins avides,
ps tyrans.
n hasard heureux vintfort k propos,
264 de I'begire , achcver Tceuvre si
liment commenc^e par Mohtadi. Ce
inqiii^tai t encore de la part des Turcs,
ui laissait constainment I'avenir in-
9, c'^tait raulorit^ qu'avait su con-
rir sur ces barbare^ Tuq dcs chefs
phis polssaots qu'ils eurent jamais ,
Ksa, fils si dignedurude Bougha.
}oussa mourut a point nomm^, sept
^res le meurtre de Mohtadi, quUl
llsi erueilement fait ex^cuter. D^
pk pri vi de sa t^te, le corps de cette
pebe nulice perdit plus de la moiti^
p force ipenai^ante. Tronc mons-
IDC, mais sans intelligence, il ne de-
|lus ^tre de lonjgtemps la terreur
pialifat. D^capite, pour ainsi dire,
**»^ plus si aifGcile k d^couper en
, travail que ne cessa d'op^rer
»vA durant les vjnst ans qu'il gou-
Veinpire. Grdce done a Teoergie
iVeiitabl^ souverain, de cette sorte
'fi du palais oriental, le khalifat
e pour un temps ; etil n'y eut plus
pipais que les provinces qui eurent
fi a souffrir de la tyrannie de ces
II, qui aval ent pen a pen envahi pres-
bus les Gommandements militaires
IQNATION DBS THOULOUNIDBS.
ittd les provinces, martvres d'une
loiede detail. Tune des plus a plain-
tat eertalnement la Syrie. JNous
hUMBmes complu, durant les sept
MB rogues des ^bassides, h vous
jlrer les faciles prosp^rites, les joies
lesde la douce Syrie ; joies, du reste,
Writes qui tiennent bien plus a sa
• qu*a ses gouvernements, qui sont
sntes a son sol , k son solei) fecon-
a ces delices mat^rielles : un cli-
sujoufs ^al , une terre fertile en
I saisons, les plus splendides et les
Bries paysa^. D^s le d^but de cet
Ipe nous avions dit que Dieu seul
ttS boD pour la Syrie ; et certes
*e8t plus vrai. Toujours la Provi-
£emble avoir vouiu, k force de
its, de copieuses moissons, de sa-
ijesAboQl-Y^da.
Toureuses vendanges, de beaux jours,
r^parer tout oe que Tambition et Tavi-
dite bumaine ont accuroul6 de maux,
porte de troubles , dans ce pavs trop
favoris6 du ciel peut-^tre. L histoire
nous offre, de siecle en siecle, des preu*
ves r^pet^es de cette v^rite. Nous devons
les enregistrer les unes apres les autres;
et Ton comprendra alors, mieux sans
douteque nous ne Tavonsexpliqul, con)-
qaent rinsouciance de Tavenir a ii6 de
tout temps le caract^re des peuples orien-
taux ; comment cette insouciance, joints
Il une puissante facul te de sentir, d'aimer,
dejouir, est devenue la cause du bonheur
relatif de ces borames ; comment enOn
cette insouciance fut un don precieux
que Dieu leur a accorde k cette On
m^me de pouvoir prgOter sans inquie-
tude de toutes les au^es graces dont
il les comblait. Un an par generation,
une heure par jour, suffisent an Syrien
ponr goOter dans toute sa plenitude cette
felicity qu'ii porte en lui, qui fait de son
imagination un poete interieur qui co-
lore, embellit, decuple tons lesplaisirs;
de son coeqr, un r^sum^ de toutes les de-
lices *, de ses sens» les agents delicats de
toutes les volupt^s. Que ce soit la le der-
nier terrae du bonheur humain, nous ne
le pretendons pas; mais il faut avouer
que cette faculte de jouir du present
sans trouble est bien la plus heureuse
faculte dont ait pu etre dou^ le Syrien.
toujours en butte aux ravageurs du nord
et du midi. Sans cette faculty precieuse,
rhistoire d'un nareil peuple ne serait
qu'une lon^ue elegie; car> a part les qua-
tre-vingt-cinq annees qui se sont ^cou-
lees depuls Tav^nemeht au khalifat d'A-
bou-Djafar-al-Mansour jusqu'a celui de
Motassem TOctonaire, il n'est pas de sie-
cle, moins que cela, il n*est pas de lus-
tre, que la Syrie n'ait eu a ^prouver quel-
ques cataclysmes sociaux, quelques jougs
politiques, quelques pillages militaires.
La tyrannie qui la mena^ait k I'^po-
que oik nous sommes arrives , sans ^tre
aussi d^vastatrioe que bien d'autres mat-
beurs qui plus tard vinrent fondre sur
elle , n'en a ^as moins eu des consequen-
ces funestes a son repos cb6ri, a sa molte
v^etation bumaine. Pour faire saillir
ces consequences dans toute leur force
nous avons dd nous arr^ter sur la domi-
nation des Turcs, sur leur grossieret^
1*2
L»UmVERS.
native, sur leur cupidity croissante, sur
I'action fatale quMls eurent en ce temps
surles destinies du khalifat. lid Syrie,
dependants encore du sort de Teropire
islamiqoe, devait 6tre affect^e h son tour
de oe qui blessait au coeur Bagdad , sa
mattresse, et Samarah, sa voisine. Etie
eut done, dds le principe de cette usur-
pation d*une tribu du desert , sa part de
souffrances et d^avanies. Mais plus mal-
beureuse que le khalifat , ses douleurs
devaient se prolonger au dela du jour
de la d^liYrance de ce dernier. Comme
nous i'avons vu , c^etait presque une
bonne poiitiaue, c'^tait du moins un
juste calcul d Y^oTsme, de la part des kha-
lifes, d'^carter de leur capitate les Turcs
les plus hardis et les plus braves, sous
pretexte de les gratifier d'une haute fa-
veur, d*un riche gouvernement. L'un de
ces exiles les plus celebres fut un certain
Ahmed-ben-Thouloun. Le khaiife Moh-
taz , pour se debar rasser de sa personne
bien plus que pour ^Fbonorer, lui avait
offert le gouvernement militaire d'une
partie de l£gypte. Ahmed-ben-Thou-
loun , non moins ambitieux , mais plus
intelligent que ses frdres, accepta Toffre
ambigue de Mohtaz, parce qu'il ^tait
sOr d^n tirer bon parti . comme il tit (*).
Ahmed-ben-Thouloun agit, en effet,
avec autant d'adresse que de resolution.
Sa volenti ferme lui fit vaincre peu k
fieu tous les obstacles moraux qu'on
ui opposa; son audace belliqueuse lui
fit vaincre ensuite tous les obstacles
mat6rie]s qu*on r^unit contre lui. Au
bout de dix ans de gouvernement en
Egypte, il s'^tait entoure d'une foule de
partisans , s'etait cr^ une armee, s*etait
fond^ un tr^or. Avec ces moyens habi-
lement combines, il marcha contre la
Syrie, qui lui semblait une proie digne
de son app^tit de conqu^tes. La Syne ,
surprise dans sa mollesse, troubl^e dans
sa quietude, reveill^e brusquement dans
sa demi-somnolence voiuptueuse, ne
sut opposer presque aucune resistance k
cet envahissemeiit inattendn. Kile laissa
done p6netrer dans ses riches campa-
gnes cette armee de mercenaires, mat
pay^s par calcul ; elle laissa entrer dans
ses opulents palais cette foule de parti-
(*) Voyez AJ)OU*l-FaradJ , AboaM-Feda el El-
mado.
sans avides qui swvaieiit leur Mi
cur^e. Elle oe tarda [las , dn restt,k|
repentir de &. faci ht6 a changer de)
Ahmed-ben-Thouloun aimait ie \
devint exacteur ; Ahmedben-T
aimait Tautorite, 11 devint tyiai,|
I'avait vu doubler en qodqiies ;
les imp6ts de FSgypte, et eo r'
norme revenu de trois cents a
voulut traiter de la m6nK
Syrie, et la pressura taot
Alors la malbeureuse proviiitt,]
s^e par son nouveau joug,
de la ruine par son nouveaa
songea, dans sa mis^re, a aMi
elle avait si facilement trahi III
le regretta , et finit par s'ai
comme a un sauveur.
II etait trop tard : en luttaatfl^
Thouloun, le khaiife Motanieddl|
lementcompromis le reste desi
\i. CeM ete d^montrer son w
de la fa^on la plus roanifeste,
vait pas non plussMmmiscerdi
tique de ce soldat usurpatair,
laisse pr^cedemment gouvemerl
sans contr61e, rexploiterasagd
poser k merci. DejaThoulouoiei
rait plussa position vis-a-vis dn
que comme un vasselage d'eti
ne consultait, dans aueun cas,
rain fictif, Mdtamed, et n'agt<
que d'apres son propre et
caprice. II aurait, a coup si;
Tempire arabe un seooursnT'
une expedition qu'il n'eiltpasj
La seule apparence de poufoif <
blait admettre encore dans saai
de ma1tre,c'etaitcelledu [
a je ne sais quel scrupule, fii
plique que par la resolution '
entraversa conqu^emaf '^
dissensions religieuses^ T
naissait la quatite pontifiealeif^
Aussi contmuait-il de fiiire i%i
les mosquees de Syrie, la
lennelle au nom de Mdtai
part cette vaine marque de
dance, et celle, plus insignifiantt^
de faire battre la monnaie
khaiife , il ne rendait aucun
mage au commandeur des c
ne lui offrait aucune autre
sou mission mivae morale.
Dans une parei 1 le situation, ioBi
etaient bien mal inspires, biea ^
SYIU£ MODERNE.
193
9, bien mal venus a adresser des piain-
\ k un bomme impuissant contre uo
gme fort, k Mdtamed contre Thou-
. Poartant, si le khalife, naturelle-
it indolent et pusiliaoime, ne pensa
lit a faire quelqae r^primande sacer-
ple ou quelque demonstration mill-
ft en faveur d'une de ses provinces
lent tyrannise , apres avoir ete
[emment confisquee, son frere
fek, coeur fernoe, esprit prompt,
irit d'intimider Tbouloun par une
derigueur. II le fit excommunier
lement k Bagdad, fit invoquer
lui la vengeance celeste a d^aat
desarmes, le fit maudire comme
Cette vaine tentative de r^pres*
tfaffecta que fort peu Thouloun, et,
J r^pondre d*une maniere ^quiva-
le dominateur de la Syrie employa
' lesmovens contre son adversaire.
lenneilement maudire Mouaffek,
tara indigne de Tautorite qn*il
sar le kbalife. Cette sorte de
de sacristie n'eut point d^autre
'que de reofbrcer la puissance de
et de manifester aux yeux
a quel degr^ dlnf^riorit^ tom-
plus en plus le pouvoir du khali-
qui le prouva bientdt , ce fut ,
ui lutte ouverte entre Tbouloun
imed , la resolution que prit ce
de transferer de nou veau le si^ge
empire de Samarab a Bagdad.
:e retraite forc^e , par cette fuite
live au coeur de sa province la
i^e, Motamed abdiquait, pour
, tout droit sur les campagnes
par roronte et le Jourdain. En
one ville frontiere de cette
il d^non^ait h la fois ses crain-
es et sa renonciation presente.
, Tavait, deux slides auparavant,
Vehement Heraclius , le trente-
suoeesseur de Mahomet put
aussi : Adieu la Syrie (*).
nter de Tan 264 de I'hegire, per-
fe ne contesta la domination de
lloun. Les Syriens n'eurent done
|Q*a se soumettre , et k payer sans
iiores les enormes impdts dont leur
jaa souverain les accablait. Puis
It son ambition grandissant, Thou-
>ongea k fonder un empire. 11 fal-
^oyet Ockley, HisL dn Sarr.
W Uvraisan. (Sybib modbbnb.)
lut en consequence que Ic^ Syriens,
malgreau'ils en eussent^ jurassent fide-
lite au ok atne de leur ^an. Leur for-
tune, leor liberie, avaleotdejk ete la
proie de I'avide parvenu qui, d'enfant
d'unesclave ture, s'etaitfait le maltre
d'une vaste province etlefondateur d'une
dynastie. lis n'avaient plus pour toute
consolation que leur conscience, pour
tout refuge que leur for interieur, pour
toute ressource que ieurs plaintes k la Di-
vinite. Ces derniers biens leur furent
meme contestes par leur insatiable des-
pote. II les mit, en effet, dans la neces-
site de mentir a Dieu, ou de se declarer
rebelles ; il les pla^a entre un crime reli-
gieux et un attentat politique. Void
dans quelle circonstance : etant tombe
malade, Thouloun ordonna que tons
les Syriens, quel que fdt leur culte^
montassent par bandes separees sur
la mentagne, appeiee en arabe Mokat-
tham , lieu sanctifie par un crand nom-
bre de monasteres mahometans et de
retraites de personnes pieuses, et \k
invoquassent publiquement et a haute
voix la Providence en faveur de leur ty-
ran et du retablissement le plus prompt
de sa sante. Jamais pareille pretention
n*avait ete exprimee par les precedents
souverains du pays; jamais surtout
pareil pelerinage n'^avait ete impose a
toute une nation. Les Chretiens et les
Juifs aussi bien que les Musulmans furent
contraints, sans exception, k aller invo-
quer Dieu pour Thouloun sur ce haut
lieu. Quels que fussent les scrupules
de certaines consciences, il fallait obeir
sous les pcines les plus sev^res. Quoique
les Chretiens dussent traiter de supers-
tition cette piete , que leur derge n'avait
pas admise, ils ne pouvaient se dispen-
ser de ce peierinage equivoque que par le
martyre. Thouloun, apres avoir fait pas-
ser sous le joug les corps de ses sujets ,
voulait aussi courber leurs dmes. Exi-
gence impie qui n*en fut pas moins
satisfaite, despotisme d'un raffinement
coupable autant qu*odieux (*)!
Malgreson incessante tyrannie, Thou-
loun n en regna pas moins dans la plus
profonde securite six longues aunees
sur la Syrie. En 270 de rhegire (884
de J. C), ce malheureux pays, tout
(*) Yoyes de Gaigoes, MisUrirt det Huns.
13
194
L'UKIVERS.
appauvri par lui, opprim^ dans ce au'il
avail de plus cher^ sa foi , trouble aana
chacun de sen enfants, lea plua humbles
comme les plus ^lev^, fut eDfin d^li-
vr^ d*une dominatioD d*autant plus
lourde qu'il ne B*y rattachait aueune
grande id^e, aucun grand sentiment,
ni ^loire militaire, ni triomphe religietix.
Mais il n etait quitte du p^e que pour
tomber entreles mains du GIs. IJne fois
Thouloun mort, Khamarouiah lui succ^
da sans obstacle. LesSyriens ^talent d€}k
incapables de s'opposer a qui que ce fQt.
Revenus sur le compte du khalife,
n'ayant plus de secours k esperer de
Bagdad , sans espoir de Tamcre , sans
appui serieux, pourquoi se seraient-ils
80ulev68 oontre ieur mattre actual avec
la chance de rencontrer pire dans le
mattre futur ? II y a dans la destine des
nations des moments de lassitude invin-
cible, d'insurmontable deoouragement
qui les font accepter tel joug qu*on Ieur
veut infliger. La Syrie en 6tait a un de
ces moments. Eile n'aurait pas vers^ une
goutte de san^, eile n*aurait pas fait un
pas pour sortir de son esclavnge , pour
chancer de place sur son lit de douleur.
Aussi Khamarouiah r^na-t-il douze ans,
jusqu'a Tannic 182 de rhegire. Son pere
lui avait laisse en mourant dix millions
de dinars et un tres-grand nombre
d'esclaves, de chevaux, de chameaux
et de mulcts, c'est-^-d ire autant de ri-
chesses qu'un poufoir sans bornes,
qu'une avidit6 insatiable, <(u'un pillage
or^anis^ de tout le pays lui avaient per-
misd'en rnssembler. Si facilement posses-
seur de tant de biens, Khamarouiah
pensa plutdt k en jouir qu'k en amasser
de nouveaux. Ce fut la une consolation
pour les Syriens. lis furent moins de-
pouill^, moins tour men t^ sous le gou-
?f rneraent du fils que sous celui du pere.
Malgre Ieur torpeur morale , ils purent
encore r^tablir pen a peu ieur biennStre
materiel : c'^tait dej& quelque chose pour
eux. Mais ct^tte tr^ve d leurs maux, dont
ils se felicitaient publiauement, ne de-
vait pas durer au deid du r^gne de Kha-
marouiah (*).
La faiblesse du khalifat, le succ^s de
quelques aventuriers heureux, imprim^-
rent un nouvel elan a Tambition des
C*) Yoyex d'Herbelot, BiblioiMpte orientate.
Turcs. Vaincus k Bag^, i Ucmii
Tempi re arabe, et dans toute ia "
tamie. Us n'en devinrent que pi
eieux dans les autreapronneesdel
Le sort briilant de Tnouloune)
par plus d*un chef mil itairei {m
d*un gouverneur de ville. Un
derniers que Thouloun avait iA
de Topulente Damas, loin de r
trer reconnaissant envers la £
son bienfaiieur, n*attendit quN
sion favorable pour usurps a
la domination qu*il r^vait '
moyens sont bona pour des
aans coeur, pour des soldats
cience. Khamarouiah, ub^ pa
che, mourut en 283, laissant
un fils en has dge du nom
enfant fut attaqu6, dq,
mort par le peu scnipuleux '
Mais le gouverneur de Damai
ses d^irs et ses efforts, ne |
k se fiaire accepter aussi fai
Tavait esp^r6. Les Thouloa
d^ja tres-nombreux et tr^-p
Syrie. Thouloun avait laiss^ f
part, trente-trois enfants I
tons ces enfants 6taient ridioi^i
taient attach^ une forte
une grande suite d'esdaves. 1
avec quelques troupes levies i
quelques partisans de reocontie,!
pareille partle, c'edt M la ploif
imprudence. Thagadj ne la (
Apres son l&che attentat c
fant sans defense, il serap,
il put des Thoulounldes et'i
roun , Tun des leurs , pour i
et5*enrichir impnn^ment soost
Puis une fois cet iastrumeati
ses mains, Thagadj le brisa4
mords. De \k denouveaoxf
Syrie, de perp^tuelles s^ditioosJ
zias oper^es par Tun et rautra||
impdts de plus en plus oo
coup sur coup parfois, selool
des armes. Le meurtre
profita pas encore i Thagadj. i
de Thouloun, le premier « i
usurpatrice, monta sur k trdoe^
lant de son neveu , mais sans j
s'y maintenir plus d*une
pouvoir s'y d^fendre centre
tidme Abbasside Moktafi. i
s'empara en effet. Tan 292, deiap
du dernier prinee Thoulottiiidei
SYRIE MOOERNE.
196
enfants de sa maison. Puis lea ayant
eminent a Bugdad, il les fit bient6t
mourir impitoyablement. Aioai il ne
resta plus un seul rejeton de cette dy-
nast ie d'aventuriers, quin'avaiteuqu'un
hommed'^neri^ie, son fondateur, etqui
iravait dure que vingt-six ans, juste as-
sez de teinps pour peser de tout son
poids sur une g^n^ration syrienne, pour
faire beaucoup de mal, et aucunbien.
BRSLBMBHBMENT BB l'eMPI&B ABABB.
Malgre la victoire du khalifeMoktafi, la
Syria, delivree d'une tyrannie aussi vexa-
toire qu*epuisante,nejouitpa8longtem()S
du repos sur leauel elle comptait . Son pro-
tecteur nature!, le mattre qu'elle jugeait
alors comme seul legitime, n'avait plus
d^sormais assez de puissance pour as-
surer la s6curitM'une province separ^e
de sa capitale parun plateau desert, Bar-
rai-al-Cham, et Incapable desed^fendre
elle-mdrne centre la premiere invasion
venue« Ctiaqueanneeamenait pour le kha-
lifat une complication fune^iteou une ine-
vitable diminution dahs sa supr^matie.
Tout remede qui! essayait lui devenail
un nial nouveau. Les Arabes, qui avaient
fait sa force premiere, s'etaient amollis
a te! point qui I avait fallu appeler une
arm^e ^trang^re pour sauver Tem-
pire, former une garde d'esciaves pour
prot^ger le souverain. Ces esclaves
ne furent pas longtemps h devenir les
mattres.On a vuquel emploi ils flrent de
leur autorit^; et les dissensions interieu-
res, les troubles perp^tuels, les revolu-
tions de paiais que les Tares excit^rent,
furent certainement une des premieres
causes de la decadence du kbalifat. Sous
un pouvoir si chancelant, quelle sou-
mission pouvaientmoQtrer ces puissants
gouvern§urs de province qu'un orasd'ai-
rain seul aurait pu maintenir dans To-
belssance ? Plusieurs d*entre eux se ren-
dirent ind^pendants ; les plus audacieul
fond^rent des dynasties. Les Abbassi-
()es avaient vu, d^ leur av6nement au
khalifat, TEspagne leur ^ebapper, et
bientdt un dernier Ommiade braver de
cette contr^e lointaine leur vengeance
inassouvie. Cinquanteans plustard TAfrf-
<j[ue se montra comme TEspagne impa-
tiente du joug de Bagdad, et le ills d un
des lieutenants du grand Haroun-al-
ftaschid, lbrahim-ben*Aglab, crea dans
la maison des Aglabites Find^pendance
et rh^r^dit^ du pouvoir. Apr^s Al-Ma-
mouO) successeurillustre encore de Til-
lustre Haroun, ce fut le tour de TOrient.
Thaher entama de ce cdt^ Tempire de
rislam; et, au boutde quatre genera-
tions , ce. ne fiit pas un khalife qui re-
prit le Khorasaan aux Tbah^rites, mais
un aventurier d^^nergie, qui de chau-
dronnier s*etait fait voleur^ et (]ui finit
sa carridre par d^rober un trone. Le
ooeur m^me de Tlslam fut bientot atta-
qu^. Les Turcs s'etaient empar^s de la
Syrie, ainsi que nous Tavons rapport^;
et une familie arabe de la tribu de
Thdieb, les Hamadanites, se flt un
royaume avec une oartie de la Mesopo-
tamie, avec la villa oe Mossoul sur le Ti-
gre, et celle de Raccab sur TCuphrate.
Plus tard mdme, pour s'etendre et s'en-
nehir, les Hamadanitesajout^renta leur
conqu^te la puissante cit6 d*Alep, enta-
Bfiant ainsi la Syrie, d^tachant un des dia-
mants de son collier, s'appropriant une
des places de commerce les plus impor-
tantes de TOrient, entrepot continental
de TAsie Mineure et des Indes (*).
PILLAOB DBS KHABMATHES.
Outre la transformation de certaines
provinces en royaumes, outre la domina*
tion passagire mais si humiliante des
Turcs , ^v^nements aui attaquaient le
pouvoir temporel des khalifes, leur pou-
voir spirituel, compromis par les vices
et rimpi^te de Motawakkel , fut forte-
ment 6Dranl6 parunesecte idol^tre, les
Kharmalhes. Cette secte, cr66B par Tim-
posteur qui lui donna son nom, s'en pre^
nait aux fondements m^mesde Tlslara.
Pour elle Mahomet avait fait son temps.
Loin d*€tre, k leur sens, le dernier
des prophetes, il n'6tait tout au plus
qu*un envoys temporaire de Died, dont
roouvre incomplete devait ^tre achev^e
par Kharmath. Le Koran nMtatt plus
qu'un livre ephdmdre, et non la lot defi-
nitive. La p}uj)art de ses pr^ceftteSf
traites d*all^ories et de paraboles, etaient
expliqu^parles Kharmatbes selon leurs
caprices ou selon lerirs besoins. Ces
nouveauj^ schism a tlqaes ne consid^
raient la prifere que comme le sym-
boie de robeissance due d leur chef, lis
(*) Yoyez Ab'al-F^ j^nnai. motlnn,
18.
196
L'DNIVERS.
ne ooDsidtoieDt lejedoe que oomme
le symbole du silence et du secret qu'il
est bon de garder Yis-i-visdes Strangers,
lis ne consideraieDt la defense de Ta-
dultdre que comme le symbole du crime
d'apostasie. Gette fagoa d'iDterpretation
de la loi les amena peu a peu ^ regarder
comme des superstitions la plupart
des prescriptions morales et religieuses
" de llslam, et h s'en abstenir. Le chef de
cette secte, qui s*^tait d^claree Tan 270
de I'b^gire, avait vteu dans une grand«»
aust^riS^. Loin de Timiter, ses disciples
se permirent tootes les debauches et
tous les vices. lis s*adonnaient aux bois-
sons d^fendues par le Koran; ils roan-
geaient sans scnipule de la chair de
pore; lis n'^taient arr#t^ dans leurs do-
bordements par aucun des liens sociaux.
Strange contradiction de Faspece bu-
maine! Ges hommes aux moeurs disso-
lues se croyaient conduits par des an-
ges, tandis qu*ils donnaient pour guides
a leurs adversaires des demons. Pares-
seux , corrompus , pillards , ils ne son-
geaient qu'^ s^mparer de vive force des
terres, des femmes et des tr^rs des Mu-
sulmans.
Une pareille secte devait se recruter
parmi le rebut de la soci^t^ orientale; et
comme, a T^poque oik nous ensommes, la
faibiesse du Khalifat et le succesde tant
d'aventuriers avaient fait perdre aux de-
voirs de leur s^v^rit^, a Tobeissance de
sa rigueur, aux moeurs de leur puret^,
il 8*ensuivit, pour le malheur des g^n^
rations vivantes, une augmentation pro-
gressive de la bande des Kharmatnes.
Unis par les liens du crime et les exigen-
ces des passions, ils tenterent, des la fiu
du regne de M6tamed, lequinzieme Ab-
basside, un soul^vement general dans
la ville imm^morialement turbulente de
Rouffah. A partirde cette lev^ de bou-
cliers qui tourmenta les derniers jours du
pusilianime M^tamed , les Kharmathes
prirent de plus en plus d^extension, et
devinrent bientdt le fl^u de Flslam.
Durant ores de cinguante ann^es, en ef •
fet, ils firent la desolation de tous les
pays qu*ils travers^rent ou quMls exploi-
terent. Nomades du crime, on les voit
d*abord, plus terribles que le simoun,
ce vent temp^tueux dud^rt,tomber
sur les caravanes de pelerins, les de-
pouiUer, les accabler d'avanies,- et les
abandonner eosaite, f
etsans vivres, dans les sables aiidei^
rArabio-P6tr6e. Une autre s
andaeieux encore , ils vienneat i
les pelerins dans les murs i
leur viile sainte. La Mekke est i
par eux, prise, 8accag6e..Us \
plus de trente mille personnel,!
sent le puits de Zem-Zem de i
souillentle temple sacre en y (
trois mille morts, et pousseotlei
de la religion islamiguejusqu^a ft
la pierre noire si rev^ree oe k1
E)ur en couvrir, dans leur cap '
trines publiques Q.
Toutes les provinces de
arabe eurent a souffrir, diaoan
tour, la domination immonded
mathes. La Syrie, si tentante ac
ses ricbesses naturelles ^fut i
gnee encore oue les autres. I
n^trerent,dte rannte 290 de f
remontant le cours de TEop
qu'a Annah. Puis de oette ville I
Cerent , comme des Tautoun i
k travers les plaioes si fertiksj
mas. La mort et la d^TasUtionk
virent. Blalgr^ siB cent mille i
mas ne crut pjs pouvoir le i
avec succes contre oette nuees
grossissante de voleurs aussie
satiables. £lle capitula; eilea'a
bonte de se racheter du piU ,
d'argent. Mais que de sacriiM
fallut-ii pas pour satisfaire mw
avides qui se succedaient saattf^
ses murs ! EnGn elle put ks ('
les unes apres les autres. Lesl
thes, gorges d*or sans en 6tR r
se rabattirent sur Baalbek et f
Ces deux derni^res cites opp
vaine resistance : eilesfurentp
saut, devast6es, incendiees. i
formidables du Liban purents
ter les Kharmatbes , et ils s*aii
nerent tout charges de butio ,s '
des milliersd'esciaves, dansF
et dans leur capitale, Uadjar,^
tait autre que la ville grto>-r< "
Petra. Comme les brigands <
Age dans la campagne de 1
avaient choisi pour refuses J
magnifiques de Tantiquite. Deli
leurs, ils pouvaientattendre lei |
C*) yoy« Ab'al-F^da, Anmal.
L
SYRIE MODERNE.
197
de la Mekke comme d*une embuscade
toute trouv^e, puis les d^trousser sans
mis^ricorde. Quoi^^e, la plupart du
temps , les caravaDes fussent armies et
escort^es, elles n'en ^taient pas moins
presque toujours extermin^es par les
Kharmathe8,qui fondaient sur elles par
milliers , au grand galop de leurs cne-
vaux agiles.
LeuT audacefut telle, lear certitude
de vaincre devint si complete, qu'il se
fit a leur occasion une sorte de revolu-
tion religieuse en Orient. Desesp^rant
de parvenir jusqu'll laMekke, lespelerins
musuimans se rendirent k J[6rusaleni,
et fireot leurs pri^res dans la mosqu^
d'Omar, au lieu de lesfaire dans la Kaaba.
II ^tait , en effet , plus facile d*^viter les
Kharmathes en Syrie qu*en Arabic ; Ijp
Barrai-al-Cham 6tait moins long a tra-
verser que le d6sert de r£garement; il
6tait plus ais^ de se d^endre dans les
gorges de la Palestine que le long des
buttes de sable de THedjaz; Jerusalem
enfin ^tait presque aussi sainte que la
Mekke; le Koran le disait : cela dta tout
scrupule aux divots mabom^tans.
Une partie seulement des habitants
de Jerusalem profita de ce changement
dans les habitudes musulmanes , ce fu-
rent ceux qui appartenaient a la religion
islam ique. Quant aux Chretiens, ils n'eu-
rent rien a gagner a ces processions d'en-
nemis religieux qui ne les regardaient
jamais d*un bon oeil , et dont les plus
exait^s les mena^aient et les molestalent.
Ces visites annuelles k la mosqu^e d*0-
mar dur^rent vingt annees, et le retablis-
sement des auciens usages ne s*eJEfectua
que lors de la disparition de la secte des
Kharmathes. Leur disparition, du reste,
ne fut pas moins singuliere que leur forma-
tion. Outre leur esprit de d^sordres li-
bidineux et de brigandages infdmes, les
Kharmathes ^taientde plus fanatis6s par
leurs chefs. En voici un exemple bien
frappant : dans une de leurs courses
d^vastatrices, un certain Abou-Thalier
ayantamen^une petite troupe jusqu'auz
environs de Bagdad, cette troupe se
trouva enveloppee tout k coup par un
corps considerable d'Arabes que Je kha-
life Moktader avait envoys contre elle.
La resistance semblait impossible, et le
g^n^ral arabe d^uta un des siens pour
engager Abou-Tbaher a^d^poser les ar-
mes. Ce dernier, B'€iant informe aupres
de Tenvoy^ des Musuimans du nombre
de ses ennemis, et ayant appris qu'ils
^taient trente mille , lui r^pondit avec
fiert6 : « Si ton g^ntol a trente miile
« hommes, je lui d^e d*en atoir trois
« du courage et du d^vouementdeceux-
<i ci! » Puis il fit venir trois dei siens,
oommanda k Tun de s'enfoncer son poi-
gnard dans la gorge, au second de se Je-
ter la t^te la premidre dans un tourbillon
du Tigre, au troisieme de se pr6cipiter
dans un abtme. Les trois tanatiques
ob^irent , et le chef kharmathe ajouta a
Tenvoy^ stup^fait : « Ya dire k ton g^-
« n^ral qu'avec de pareils hommes, quel
« que soit leur nombre, je veux demaio
« le mettre li la chatne avec mes chiens. »
Le soir m^me , en effet , Abou-Thaher
battit les Arabes , les mit en (iiite, 8*em-
para de leur g6n^ral , et le fit atUcher ,
comme il I'avait promts, entre deux
dogues (*).
Ce fanatisme des Kharmathes pour
leurs chefe semblait devoir assurer a ja-
mais la domination de ces derniers. Pour-
tant ce fut pr^cis^ment sous le oomman-
dement de cet Abou-Tbaher que la secte
8*^lipsa, pour ainsi dire, apr^ avoir
pr^lablement rapport^ ii la Mekke la
pierre noire puritiee au feu. Jie resta-
t-il rien par mi les populations orientales
de cette race si violente et si dissolue?
Tant d*hommes crapuleux et f^roces qui
la composaient purent^ils s*amender ou
s'^vanouir en un instant? Les Druzes,
et plus tard les Assassins, nous prouve-
roiit bientdt que ces Elements de perver-
site, excites et mis en ceuvre pour la
premiere fois par les Kharmathes, furent
bien loin de disparattre compl^tement
de rOrient ve^ Tan 340 de Th^ire ,
sous le khalifat de Mothi , le vingt-troi-
sieme Abbasside.
UBS ikchiditb; bt lbs hamadanites.
La faiblesse croisslinte des khalifes ,
les troubles renaissants de leurs provin-
ces , le d^membrement successif de leur
empire, devaient porter les fruits les
plus amers : Tanarchie pour TOrienttout
entier ; la division pour la Syrie. A peine
cette demiere contr^, en effet, encore
ridie noalgi^ les piilajges qu'elle avait
(*) Yoyei d^BetUAoirBibHoihique onemkUe.
19S
L'UNIVERS*
soufferts, encore inrosp^, malgr6 les
devastations des brigands qui Tavaient
traverse , fut-elle remise de la domina-
tion des Thoulounides et de I'irraption
des Khannatbes,qu'elletoniba sousle
sceptre de fer de noUYeaoK oonquerants.
Mais cette ibis ces nouTeaux oonquerants
ne lui vinrent pas d*ua seul c6te, mais
bien de deux en mdme temps, d'^^pte
et d' Arable. Elle n*en arait pas (ini avec
les Turcs. Ces audacieux aventuriers ne
se contentaient plus depuis Ions temps
dedominer le fantome du khalifat, de
lui arracber quelques villes et quelques
campagaes, de lui soustraire mime une
vaste eontree comme Tancien royaume
des Pbaraons : une fois maitres souve-
rains d*une province , ils voulaient che-
que jour ajouter a leur puissance, et guer-
royaieut sans cesse , non-seulenient par
goQt, mais nar ambition. Aussi, apres les
Tbouiouniaes, ce furent les Ilicbidites
qui fondirent, d^Alexandrie 06 ils re-
gnaient, sur Jerusalem et Damas, et
oui s'etablirent bientot en Palestine et
dans la grasse vallee de Hauran. Les
Ikchidites, d'ori^ine turque comme les
Thoulounides, turent comnie eux ty-
rans etspoliateurs. Leur avidite uesem-
blait jamais satisfaite. Ils pompaient la
sueur des Syriens comme le sable des
deserts absorhe Teau du ciel. Comme
le sable aussi, leur coeur n'en demeu-
rait pas moins aride. La civilisation,
qui ieur offrait tous ses travaux , toutes
ses industries, tout son luxe, ne parve-
nait ni k aroollir leur caractere barbare ni
a adoucir leur f6rocite native. C'etaient
toujours des chefs de brigands qui se
gorgeaient d'or; ce ne furent jamais des
princes qui deployerent une magniO-
cence royale. Les peuples elaient tyran-
nises, et non gouvernes par eux. Aussi,
malgre les pompes de leur cour, le nom-
bre immense de leurs gardes, il y avait
toujours dans ces usurpaleurs quelque
chose de farouche et de ni^ant a la fois :
aussi vit-ou Tun d*eux, quoique envi-
ronnedequatrecentmillesoldat5,cacher
a ses premiers ofti( iers ainsi qu'a qui-
conque la chambre obscure ou il re-
{)osait. Cest qu il savait que la baiue
*entourait, que la vengeance epiait sa so-
litude pour Tassassiner, que fien n'etait
reconnu, accept^, aim^ dans son autori-
te, et que la terreurseule faisait sa force.
comme le sabre avait lait sa
Sous de pareils malties les peoplei'ali
qu'acourberlefrontetag^mir "^
sement pour les Syrieda, toutlesri
toire n*etait pas tombe sou b
execree des Ikchidites , et avant i
vasion, les Hamadanites s'
empares du pays d'Alep et d^unsj
des valines de TOronte (*).
Les Hamadanites sont Ton
brillants exemples de la couslit
dale des andens Arabes,
3ui r^sista victorieusement au
espotique des khalifes. Mal^l
tion au trone de Tlslam, tout a la I
liti^ue et sacerdotal « des deux _
maisons d'Ommeiah et d'Abbai;i
la soumission detant de peuples,!
qu^te de tant de contrees, oui
rent d'autant la puissance kha
augmentant son prestige, ils'cij
pas moins dans les peuplaides k\
jaz et de FYtoien , instincl*— *
tach^ a leurs moeurs prii
esprit de liberty et dlud(
sans refuser Tob^ssance ,
parente qu'on lui demandait ,
princes de Damas ou de Bagdii^
conservait pas -moins touteikir
et toutes les allures du passe.
Su'en Syrte et en Mesopotamiel
es Moawiah et des Uaroui
organisait une ad minis tratioai
er^ait une discipline, fondait
eeux m^mes dont ^taieut
grands bommes conservaient 1
tudes arri^rees, leurs divisioos il
hales en tribus et en families. '
dents ent^tes vou laient bien [
nattrela supr^matie spirituelle^
fes ; mais leur autorit^ im|
I'attaquer ouverteutent, ils sat
jours s'y soustraire. Voiia
Ommiades renoootr^rent pli
vaux de leur puissance dans Vl
prement dite ; voila comment ki
politico-religieux des Alides se
constamment, malgre ses reveRi
malheurs si nombreux; voiia .
il fallut toujours oouipter aveei
qu*oo avait cru tant de fois eiv
et qui renaissait sans cesse do
des cendresetdu sang. Chose sii
le temps, en agissant fatalemeati
n VoyeE AbHil-FMa, dnuaL i
SYRIE MODERNE.
199
t
tes famines dont nous parlons, la dvi-
lisation, en adoucissant leurs moeurset
en apportant des modiGoatioas a leurs ha-
bitudes, ae d^truUirent pourtant ni leur
fiert^ ni leur independance. Elles re«-
ftentirent , oomme toutes les autres po-
pulations , le besoin de godter k leur tour
les douceurs d'uq bien-ltra plus assure,
d^une positioo plus stable ; mais ce ue
fut jamais aux depeua de cette liberty,
donfc elles avaient puis6 Tamour dans la
Yie nomadCt dans les institutions patriar^
eales de leurs ancftres. Tant que le kha-
lifat resplejidit oomoie un soleil au som-
met de Vlslam, elles s*en tinrent 61oi-
n^Bfi , pr^fi^rant n'^prouver jamais les
ienfaits de sa chaleur, que d*^tre ex-
poa^ a sa lumiere dgale et dominatrice.
Puis , lorsque ce soleil , a son d^in , ne
jeta plus sur le monde que de pdles et
impuissants rayons, elles s'avancerent,
elles 8*en approchdrent alors , non pour
lui reodre un cuke ironique mais pour
reclamer leur part des terras qu'il avait
€aoondees.
Parmi les plus empress^es au partajje
des debris de Tempire khalifat , on doit
Qompter les Hamadanites. Descendante
de Uareth le Thil^ite , oette famille
etait taute*puissante deja sous Mota-
dhedyleseisieme Abbasside. Soussesdeux
•uccesseurs, Moktafl et Moktader-Bil-
lab, elle s'aocruteneoreavec une remar-
quable rapidit6. Tons les jours ellovoyait
sa clientele augmenter, et la resistance
qu'elle put faire aux entreprlses d^vasta*
trices des Kharmathes porta an comble
sou credit et son autorit^. Cependant,
originaire de TY^men, on I'avait vue
pen a pen tendre vers la Mesopotamie.
Ses serviteurs ^taient si nombreux , ses
equipages de chevauxet deehameoux pre-
uaient de jour en jour une telle exten-
sion , quelessablonneuses et arides cam-
pagnes de TArabie ne suffirent bientdt
plus pour nourrir son camp inoessaro-
ment agrandi de tentes nouTelles. II lui
fallut pousser petit k petit vers Tlrak ,
cbercher le long du Tisre les eaux et les
pdturages dont Tabondance lui devenait
de plus en plus n^essaire. Enfin d*^tape
eu etape, cette famille considerable, ou
plutdt cette trtbu gross issante , arriva
dans la riche vall^ de Mossoul. Elle s'y
fixa plus longtemps qu'ailleurs, s'y fit
eneare des partisans nouveaux , et flntt,
un beau jour, par entrer dans la ville,
par s'y etablir, par 8*en rendre ipattresse.
Le khalife impuissant de Bagdad ferma
les yeux sur catto usurpation progressive.
11 n'avail, du reste, ri^ k direjus-
gu'alors : les Uamadanites, c'etaientdes
mres, c'^taiealdebons Musulmans. lis
n'avaient pas chass^ les MossoulienS;
e*^taient les Mossouliens qui ^taieni ve-
nus k eux ; ils n'avaient pas expuls^ les
autorites de la vi||^, c'^taient les auto-
rit^ de la viUe qui avaient recounu
d'elles-m^raes la superiority des Darna-
danites , et qui avaient rendu hommage
k leur esprit de justice , k leur g^nero-
site , k leur supr^matie morale. Tant que
les Hamadanites n*eurent point trouve
Toccasion de refuser ob^issance au kha-
life , celui-ci n'avait rien k r^damer,
et il se garda bien de provoquer cette oc-
casion.
Durftnt plusieurs r^gnes, tes Hamada-
nites purent done, sans dtre inquiries,
fonder leur pouvoir en etendant pro-
gressivement leur clientele. £tant de-
veous tres-ricbes, 6tant naturellement
luxueuxet prodigues, ce qu'ils prenaient
d*une main, ils le rendaient de Tautre.
Aussi lesSyriens n'eurent-ils pas trop a
souffrir de la domination de celte famUle
puissante, et durent-ils pr^f^rer de beau-
coup son joug k celui des Thoulounidcs
et des Ikcnidites. En tout temps, les races
arabes montr^rent plus de qualites mo-
rales, sinon militaires, que les races tor-
ques. Les habitants de rY^men, instinc-
tivement nobles et grands, k V&me rigide,
mais juste, au cceur orgueilleux, mais
droit, furent longtemps intr^pides dans
les combats, ettou jours mattres genereux
pour les peuples quits dompt^rent. Les
Turcs, race bAtarde, rami)ssis de bri-
gands plut6t que corps de nation , furent,
au contraire, a toutes les ^poques de leur
puissance, aussi cruels ill la guerre que
piKards durant hs troves qu'ils accorric
rent aux pays envahis par leurs bandes.
Or, les Hamadanites ^talent d'ori^ine
arabe ; ils venaient de TY^men , et il se
rencontre it encore en eux quelques-uiies
des vertus primitives et fondnmentales
d« leurs ancdtres. Ces demi^res lueurs
des moeurs patriarcales rendirent Tes-
poir aux Syriens, et calmerent quelques-
uns de leurs maux. Aussi, c'est a rattaehe-
ment seul d<« populations qu'ils avaient
90O
L'UNIVERS.
conquises beaueoup plus par leur carac-
tere que par leur ▼aillaDoe , que les Ha-
madanites durent la force de roister aux
arnies de pluaieurs khalifes, et le pouvoir
de regner assez tranquillemeut sur une
partle de la Syria, k UQe ^poque de deca-
dence oik ranarchie, oomme uue tacbe
d*huile sur une ^toffe de soie, s'^tendait
a travers FAsie en la souillant et en la
perdant {*).
IfOUTELLES OUEaRBS DE8 GREGS
GONTBE LES ABABES.
Cette anarchie grandissante avail d^j^
telleineot min^ rempire arabe; elle avail
tellemenl d^pr^ci^ la valeur morale de
rislam, que lesGrecssongerentarepren-
dre quelques-unes des provinces que las
Arabes avaienl si rapidement arrachees
a la domination byzantine Irois sidles
auparavant. Ge qu'il y eul de caract^risti-
que dans cette nouvelle guerre, c*est que
ce furent les peuples qui la commencerent
d'eux-m^mes, et ind^pendamment de
la volonte de leurs princes. U y eut
toujours autagonisme de race, haine de
religion entre les Grees el les Arabes. Get
antagonisme instinctif, cette haine aveu-
gle, avaient pu se calmer par instants,
grdce aresprit pacifiqueet tol^raiit dece^
tains chefs, a leurs tendances civilisatri-
ces; ipais ralUance n*avait iamais ^t^ ni
g^n^rale ni sincere. Si le calme ^tait au
sommet des deux soci^t^s , la discorde
rugissait toujours an fond. C^tait une
treve de fr^res ennemis : on ne pouvait
dissimuler tout au plus que jusqu'a la
mort du p^re. Aussi, a chaque r^ne nou-
veau , la paix etait-elle imm^iatement
compromise , el il fallait d*6oergiques ef*
forts de la part des deux souverains pour
Tempteher d'toe desastreusement rom-
pue. Or, au temps ou nous sommes arri-
ve, les deux souverains avaient perdu
peu k pen presque toute leur auloriU pri-
mitive, el ne possedaient quasi plus que
Fombre de Tinduence de leurs anc^tres,
Les deux cours ^talent aussi amollies,
luxueuses, pusiilanimes Fune que Fautre ;
les deux couronnes, aussi chanoelantes. A
peine ces fantdmes d'empereurs avaient-
ils la force de se maintenir quelques an-
n6es sur leur trdne m^rise, et pouvaient-
ils couvrir quelques favoris et quelques
serviteurs d*on Tain sceptre qui n'mft
de valeur que For de sa matiere et bob
le prestige de son s^mbole.
Rhadi-B*illah, le vingtiime i
esprit encore iumineux, maishomnei
ble, n*avait su durant ces sept a
regne que prot^er les lettr^ etk
teurs, que former une phalaogedej
les el non une arni6e oe soldat&r
taotin Vll , dit Porpbyrog^nto 11,1
Ira les mtoesqualil^sintelligeatflEil
la mtoe insuffisance de caract^^'
khalife. II ne sut faire a i
que ce que falsait son rival a ] .
Prince (Fune douceur inalterable, (
tantin Vll attira lescceurs a lui, o
les enflammer. Esprit d'une i
tinction , il sut raviver le godt o
lettreset la culture civilisatrieed
mais en songeant plutdt an I
des individus (|u'a la grandeur 4i I
the. Ges essais de moralisatiai|
philosophic el la litt^rature <
reste, si peu desuccte, qu'ilsnep
m^me pas k inculquer k son i
les preoeptes les plu8ei6roeDtaii
tus sociales. Remain le Jeune, Oil
lure du meilleur des hommes, i
passe son adolescence dans la i
epousa par libcrtinage la trop 1
Theophano , fiUe d*on simple esL
Messaline des rues avant de TA
cours , el dont Feievation in
ne fit au*accro!tre les vices. Gettel
dont 1 ime crapuleuse ne pouvaM
ter que des crimes, impatienteiiil
pour satisfaire a False ses plv i
trueux instincts , commen^, (lb*
parition au palais imperial, i»r f '
poisonner le pere par te fils. Go
Porphjrrogenele par Remain leJ
Qu'on juge du rdgne de Femp
ncide , conseilie par une telle f
debauche fut glorifi^e, la luxurea
nee : la cour devint un maufaisi
NIGSPHOBB PHOCAS.
Desi abominables exemples^
si baut , par un de ces pbenoa.
prouve a quel point le peuple estM
tivement genereux el grand, loiti
trainer les masses dans le vice etlftC
les retremperent quelque peu , m
traire, par le sentinoent du tatpmi
(*) Yoyez Ab'ol-Feda, AimmLmotUm.
(«) Yoyei Lebera^ BiUoirt 4h i
SYRIE MODERNE.
201
Thidifniatioii. Foyant cette sentined^im-
moralit^ dont Constantinople, infect^
par la eour, offrait le repoussant spec-
tacle , tous les hommes de ooeur se refii*
gi^rent a I'arm^, et le peuple, dans sa
partie la plus saine et la plus ^nergique
par consequent) les suivit avec entratne-
ment. Bient6t, grdee a cette Emigration
des grands cceurs, TarmEe devint plus
puissante, plus capable » plus nombreuse
one jamais. La perpetuelie guerre des
tronti^res aidant, 11 se forma d*babiles
g<^Eraux et de bons soldats. Parmi les
I premiers, le plus illustre, celui dont
'existence, quoique fort contradictoire,
eut pourtant uue influence considerable
sur son temps, fut I<iicEphore Phocas.
Fils d*un homme qui s'etait montr6 tac-
ticien distinguE sous le r^ne du malheu-
reux prince utopiste Gonstantin Porphy-
rog^n^, elevE h la meiileure des Eooles
miJitaires , c*est-^-dire dans les camps et
au milieu des batailles, il fut bien vite
guerrier experimente, etprit goOt de plus
en plus aux expeditions aventuri^res. Ce
caractere de franchise et d*dpretE de
moeurs qu*ont d'ordinaire les soldats, et
qui briliait, d'ailleurs, en NicEphore
Pbocas, lui fit prendre en telle aversion
les turpitudes ae la cour, qu'il quitta,
d^ que Romain le Jeune monta sur le
tr^ne, la capitale souiilee de tant de cri-
mes et de bassesses, et s'en retourna au
milieu des hommes qu'il avait deja menes
plusieurs fois a la victoire.
II ne lui fut pas difficile de s'y former
un groupe de partisans quMl augmenta
de plus en plus , qu'il sut s*attacner par
des projets de conqu^tes , et qui finit par
lui former une sorte d*arm& toute de-
vouee et impatiente des combats. Mais
il lui failait k la foi« recruter et solder
les troupes qui se donnaient a lui. Pour
les recruter, il s*adressa hardiment h
tous les aventuriers qu*il reocontra : ii
prit tout aussi bien des Esclavons et des
Russes que des Grecs a son service. Pour
les solder , il pensaa leur mena^er le pil-
lage d'un pays ricbe , d*une ville opvh
lente; et, sans s'inquieter de la volontE
de son souverain , il alia de lui-m|me at-
taquer Ttle de Cr^te. GrAce a la nromp-
titudede ses mouvements, il dd>arqua
sans grande difficult^ danscette conqu^te
des Arabes, ou ces derniers se croyaient
en pleiu'e sEcuritE, la poss^apt deja de*
puis trente-septans, et vint r^olument in*
vestir la plus grande cM de Hie, Candie.
Le si^e de cette place dura dix mois :
il fut poursuivi ayte perseverance par
Ii^icephore, dont la destin6e se jouait
sous ses murailles; il fut soutenu avec
courage paries Musulmans, qui devaient
perdre I tie tout entiere en perdant sa
capitale* La rigueurde Tbiver, si sensi-
ble aux Arabes , la famine et le manque
de provisions de toute espece , furent
les v^ritables auxiliaires a qui Nicephore
dut la victoire. Or, cette victoire , c'etait
une couronne pour son orgueil , et pour
son arm^e la plus magnifique des remu-
nerations. Candie fut prise d*assaut, pil-
leede fond en comble. Chacun des assie-
geantsy trouva sonlot.Celui de Nicephore
tut unbutin considerable et une foule de
captlfs quMl emmena k Constantinople.
L*empereur, quoique secretement irrite
sans doute cootre Tinsubordination de
son general, ne Ten re^ut pas moins avec
toutes les apparencesde la satisfaction
et avec tout Vappareil du triomphe (*).
BNTHBPBISB DB NIGBPHOBB PHOCAS
GONTBB LA SYBIB.
Ce premier sucois nourrit Taudace de
Nicepnore. Sans perdre un seul instant
dans Byzance, qu*il ne se jugeait pas
encore capable de dominer , if se hdta de
retourner aupres de ses soldats, repus de
Candle, mais plus avides que jamais de
nouveaux pillages; et cette fois, ce fut
vers la Haute-Syrie qu'il les entratna.
Cette province fut d*abord desoiee de
cette irruption , loin d'en etre satisfaite.
Ce n*etait point, en efTet, des fr^res qui
arrivaient vers les Chretiens; c*etait une
tourbe d*hommes sans foi ni loi , qui ne
songeaient nullement k venger Thonneur
romain, k rendre au culte de jesus-
Christ son ancienne splendeur, mais bien
a satisfaire leurs plus grossiers appetits,
a se gorger de richesses, indistinctement
arrachees aux Syriens d'origine grecaue
oomme aux Syriens d'originearabe. Cna-
cun se defendit done pied a pied contre
ces sortes de pirates de terre, contre ces
pillards venus les uns des Spres monta-
gnes de la Slavonie, d'autres des mareca-
ges de la Crimecd'autres enfin des plaines
yperboreennes. Mais une armee ainsi
(*) Yayez Meniiis, Crekt.
209
L'UNIVERS.
I
compost, qoi saittoot affronter dans
I'inter^t de ses violentes passions, est bien
difficile a vaincre. Les Syriens ni les
Arabes ne parvinrent a la repousser; ei
apr^s avoir pris successivement plusieurs
villages desrronti^res, lessoldatsde Nie^
phore tinirent par s^emparer d*Al6p.
Ici Mic^phore, mattre d'une ville im-
portante , possesseur de richesses et de
ravitaillements nombreux, d6veloppauiie
capacite administrative et une ^nergie
niilitaire o^ui racheterent en partie ses
premiers tnomphes. Ses vues s'6tendirent
avec son ambition ; son g^nie grandit an
milieu des succes. II comment par met*
tre de Tordredans son arm^e, lui im|)osa
une discipline qu'elle avait ignor^e jus-
au^alors, appela 1^ lui tous les hommes
de tdte et ae coeur, et, second^ par son
frere L6on Pbocas, s'effor^a de changer
Tesprit de son expedition. Ce fiit aux
Grecs quMl s*adressa alors; ce furent les
sentiments de confraternite religieuse
qu'il evoqua pour continuer les hostility
oontre les Musulmans. Cette habile con-
duite lui vaiut de nouveaux triomphes.
Toujours vainqueur, il poussa vigoureu-
sement les Arabes, les accula jusqu'i
TRuphrate, etil serait sans doute parvenu
jusqu'^ Bagdad , il aurait renouvei^ une
nouvelle fois, en s'emparant de cette ca-
pitate , la face du monde , il aurait pris
rang parmi les plus grands capitaines, si
Dieu et Tempereur de Bvzance I'avaient
voulu. Mais Dieu flt tomber sur lui et les
siens les plus ardents rayons de son so-
leil,etlui envoys de plus la faimetiasoif,
ces deux anges exterininateurs des plus
invincibles armees. Quant a Tignoble Re-
main le Jeuoe, jaloux de la gloire de Nic6-
phore auoique incapable de la compren*
dre, il tulmina contre lui les plus injustes
arrets de reprobation, suspita des In-
ches contre le brave, amenta la populace
contre Tarmee, et forca le general con-
querant d'interrompre brusquement ses
oonqu^tes , de congedier ses troupes vic«
torieuses, et de fuir dans un coin de I'A-
sie le poignard des sicaires byzantins (*)•
Ainsi avorta une grande guerre, aa
moment m6me ou elle ennoblissait son
but ; ainsi s'eteignit la premiere reaction
serieuse des Grecs du Bas-Empire cen-
tre les successeurs de Mahomet. Heu-
(*) VoyeE ZoDara&
reasement que rmfiSiroe aiilar deii
avortement oe tarda pas kte puni,(i
le del , de la platitude de soneaneiii
et de rhorreur de ses vices. Sa fam,
qu'il avait tir^ de la fange dos pliant
vais lieux pour r^ever josqu*ai ttk
qu*ell6 soutlla, inassouvie dcKuni^
avec son mari ^uis^, avide du pomi
supreme pour les moyess qu1l ofiiei
satisfaire les plus insatiables ^mm^
reconnut par le poison lei bN|ft|
ignominieiix dont VavaitcomUeil^
main le Jeune : tant il est vrti qmlui
Gonnaissance ne peut germer qiiM
les dmes les plus purest A la^vwl
bas dge de ses enfanta , Th^opiuM m
rait^ouverner seule Tempire. "«•■*'
prisee pour ses vices P*f le .
la capitals, d^test^e pour son onni
par le peu|>le des provinces, elle him
t6t oontraiiite de cberdier autovli
un bras fort pour s'y appo ver. Kia|li
Phocaseut la Iftcbete d'of&ir bai
cette femme pervertie, adults rt
micide. II gfttait ainsi sa visMI
ti^re, et prouvait, a ses eonteiiyr^
comme k I'histoire, qu'il n*y ifst
qu'un ambitieux vulgaire, ne ftifl
bien que par hasard , pr^ i fm^i
au premier appel de son mlMl^^ttM
de tout sens moral , sans ve^!^
sans honneur. Les Cinciniiatiii fli
Washington sont rares dansoesM
et il faut des milliers de sMap^
produire de pareils earaetmkUIPl
de la guerre , g^nie brutal et aiaftijl
rencontre souvent dans lasnte^'
le g^nie de la vertu , g^nie ama
clairvoyant, n'apparaft qu'a da
vallesimmenses, et oommepoff
cher rhumanite de deaespenr^
et de douter de Dieo.
Nicephore avait done
Theopbano; et ne pouvantpto
son existence entim dans m^
eurieux, d'allleun, de eonasiR^
foire jouer«a son tour let i
plus compliques et les plus .
gouvernement, il eonfia ii on 4es I
tenants qu'il avait formes dtfl
premieres expeditions une Nitii
I'armee, et le lan^a en Gilicie. Ge lii
nant etait un hoimne de petite
mais de ^nd courage , soldat ii
ble et dej^ expMmente, plemde
tion au combat comme oe ^
STRIE MODERNE.
90<
dans ses butt. On Tappelait Zimisc^s;
et, quoique ce ne fut \k qti'un suruom,
motive pr^cis^nnent par I'exiguTt^ de
sa taille , c'est ainsi qu'il fut connu dans
ses conquetes, sur le tr6ne ou ii par-
vint a son tour, dans la tradition o^ il
a laisse un souvenir assez ambigu , une
reputation assez ^uivoque. Conime Ni-
c^phore Phocas, son maftre en Tart mi-
litaire et son souverain par la grdce du
sabre , il commen^ par des victoires.
Marchantavechardiesseau-devantd'une
armee musulmane plus considerable que
la sienne, par la promptitude de son at-
tague il lasurprit, la divisa, et en eut
raison fraction par fraction. Aussi cruel
que brave, acharn6 ^ la perte de ses en-
nemis, apr^s plusieurs jours de carnage,
cinq mi lie d'eiitre ces derniers s*etant
r^fugi^s dans une montagne couverte
de bois et de rochers, Zimisc^s , malgr6
le danger de forcer dans leurs derniers
retranchements des hommes decide h
vendre leur vie le plus cherement possi*
bie, marcha contre eux a la t^te de son
infanterie, et ne redescendit des monts
escarp^ oik il s*etdit engage qu'apr^
avoir massacre le dernier Arabe survi-
▼ant. Cette tuerie fut si affreuse, que la
montagne oCk elle s'executa fiit cou-
verte d*ossement8, et qu*il s'y forma des
torrents de sang qui roul^rent jusque
dans les vallons d*alentour : ee qui fit
donner au lieu oil sVtait pass^e cette
terrible tragedie le nom de montagne du
sang. C/est pourtnnt {(ar de seniblables
exc^s, cVst par cette rage execrable, di-
gne tout au plus des sauvages les plus
feroces, qii'onentretenait une haineinex-
tinguibleentre les Chretiens et les Maho-
metans, aii'on eioignait a jamais les ra-
ces, et qu'on s'appr^tait des represailles
qui devaientdurer des si^cles en tiers ! \]\\
general qui, loin d'arr^ter de pare* lies
scenes, lesprovoque, au contraire, les ex-
cite, y mene ses troupes, nVst-il pas le
pluscoupable de ces cannibales? Cest
cependant 1^ le fait de Ziini.sccs; cVst
1^ ce qui lui valait des trioinplirs dans
le cirque de Byzance la degencree (*>!
Quoi qu'il en soit du caractere de la
guerre conduite par Zimisres, elle n>n
cut pas moins uneassez grande influen(!e
wr Tavonir des deux peuples qui se dis-
(*) Yoyez EMICadn, HiMi. Saraeen,
putaient de nooveau TOrient et ses ri-
cbesses, elle u'en fut pas moins fevo-
rable au Bas-Empire,et n*en eveilia pas
moins la jalousie de Nieephore Phocas.
D'abord ce sentiment se manifesta avec
une certaine grandeur dans Time du
chef supreme de TEmpire. 11 ne reagit
pas contre son lieutenant , ne lui enleva
rien de son autorite ; mais il se contenta
de se mettre lui-meme k la tete d'une
expedition plus considerable que ia pre-
cedente, et de ne conGer a Zimisces
2u^une division de son armee. Cette
mulation entre deux ardents capita ines,
tout en etant funeste aux armes musul-
manes , ne fut aucunement avantageuse
h la Syrie et k ses Chretiens affaiblis.
Deveniie le theatre d 'une guerre qui pou-
vait longtemps se prolonger, grdce aux
prises et reprises perpetuelles des forte-
resses importantes, la Syrie allait avoir
a souffrir presque autant des vengeances
musul manes que des exigences byzan-
tines. Ce n*etait pas la, en effet, une
guerre de conquetes , oi les vaincus ce-
dent a la fois aux vainqiieurs le sol et le
Souvernenient , oik les vainqueurs gar-
ent les vilies k mesure quails s*en em-
parent : e'etait plut6t une promenade
triomphale, oik rempereur gree , pour
ne point diminuer son corps d armee
principal, ne mettait dans les cites sur«
prises que d'insignifiantes garnisons,
tournait les places fortes, et laissait de
c6te les grandes vilies. Ce qui le prouve
evidemment, c'est qu'apres etre entre
dans Alep et dans Laoaicee, il ne 6t
aucun effort serieux pour penetrer dans
Antioche, veritable clef de la Haute-Syrie
pourtant; c*est, en outre, qu*il retourna
a Constantinople, apres avoir evacue
completement la Phenirie , qu*il venail
de traverser en vainqueur, ne laissant
qu'une partie de son armee, sous le
commandement de Zimisces, devant les
murs de cette Antioche, si longtemps
metropole grecque, et depuis trois siedes
capitate musulmane.
A peine Nieephore fut-il de retour dans
son palais imperial, (|ue Zimisces, mal^re
les ordres qu*il avait recus de ne point
pousser trop vivement le siege de la
grande cite syrienne, et de n^ point
sacrifier trop de nionde, lion dechatne,
ne songea qu'a s*emparer de la proie
opulente qu^on laissait sous ses griffes.
304
LnraivERS.
II mena le si^ge avec plus de vigueur
que jamais. Mais les Arabes, aui savaient
aussi cequ'iis avaieotlid^fenare, repous-
serent les plus chaudes attaques da sen^
ral byzantin. Ce dernier renon^t deja k
cette conqu^te, dont il s'^tait cependant
Eroinis tant de profits, lorsque la tra-
ison lui vint en aide. On lui indiqua
le c6t6 faible des murailles, il en fit Tas-
saut, et apres une lutte acharn^e, il
parvint enfin dans la ville et 8*y mafn-
tint. Loin de lui m^iter un nouveau
triomphe, cette victoire sangiante valut
une disgrace a Zimisces. ISe fallait-il pas
un pr^texte a Nic^pbore pour se debar-
rasser de son rival de ^loire? Tout
pitoyable que fOt ce dernier pr^texte,
remperear le saisit, et eut bientdt iieu
de s en repentir; car une haine irrecon-
ciliable ^lata des lors entre le cbef et
son lieutenant , et cette haine , pour se
satisfaire, devait aller jusqu*au crime,
selon Todieusc coutume de cette epoque
de d^g^o^rescence sociale (*}.
MEURTBB DB NIG^PHOBB PHOGAS.
Zimisc^ avait plu k Tb^ophanp. Cette
femme , singuliere encore dans son 11-
bertinage, tout en s'abandonnant aux
debauches les plus dehontees, voulait
s*attacher par des liens adulteres tout
honime qui avait attir^ Tattention de la
foule. II lui fallait aussi bien le g6n^-
ral vainqueur que Tatblete applaudi.
Elie jeta done les yeux sur Zimisces, et
lasse de Nic^phore,dont T^toile pAlissait,
e)le employ a tons ses charmes et toute
sa puissance a subjuguer le rival de
fi[loire de Tempereur. Elle y parvint
facilement : Zimisces n'etait pas de
trempe a se conserver pur dans la boue.
Bien plus, une fois que Th^phano eut
seduit celui pour lequel elle r^vait deja
la couronne, elle n eut point de cesse
qu'elle ne Tedt perverti compl6tement,
qu'elle ne lui edt inspire Tidee du
plus Idche assassinat. Zimisc^ fut,
entre les mains de cette furie , Tinstra-
ment cruel et docile qu'eile cherchait.
Avec auelques sicaires de bas etage , il
s*en alia lachement frapper Tempereur
dans son sommeil, et ajoutant la fe-
rocity de la b£te sauvage au crime d'un
homme d^prav^ , il fit endurer a sa vic-
time le supplice le plus barbire, Taoe^
blant de reproches et de coops a la fai| ,
lui brisant les os un par un avec le p ^
meau de son 6p6e O.
Chose Strange! Ce soldat
dont la vietoure avait eommeoce I
tune , qui n*eut pas honte, i
k rempire, de passer pari
le meurtre , semola, d& quit frti
trdne d^honor6 des Byzantins,i
ger d*dme en changeant de da
L*energie qn'il avait montr6e ^ lag
il s*en servit tout d*abord pour ill
rasser de son inflme coinpli«t!
phano. II eut le courage de kitterl
diatement avec elle ; et, loin de U
partager la couronne , il parvintili
mer dans un monastere d Anner^
soi t remords, soit religion, soitc
sonnel, il s'efTorQa d'etre jiUto 4
tons, charitable envers les nM
Nicephore Phoeas avait ^t^avmij
qu'avide; Zimisc^ fut aussi lil'
g^nereux. Nic^pbore, quoiqueli
ral, n*avait jamais ete qu*ua f
pereur; Zimiso^ donna , a la r
chacun, des preuves non '
bilet^ administrative. Sanssoii
c'edt et^ un grand prinoe;
autre peuple que les ByzantiBS,
rendu son Mat k Tempire d '^
Constantin. Mais, des qii*il <}Q
m^, elle n'^tait plus Victoria
fut k la suite de ladefaitef
lieutenants, Temelicus Mel
par les Arabes sur les bordsiij
qu*il entreprit sa secondeei
Syrie. Cette expedition fut <
jugee par leschroniqueurs; i
Mathieu d'l^esse nous a
recit que Zimisces lui-m^meeal
nous donnons int^raleoient i
avant de nous prononcer a Ml
sur le compte du prince gree rtl
irruption.
LBTTRB DB ZIMISGKS A ALCHQDf
HIN, BOI DBS BOIS DB hk
ABMl&NIB.
« Roi desrois, cette lettie^
apprendre les grandes iiMrvdta|
Dieu a daign6 op^rer en notre i
Les vietoires que nous nvons i
t^ sont^tonnantes et prtsqvei
(•) Voy« LebMa , ffittoin du Bas-Bmpirt. (") Toyw Zonsm.
SYRlfi MODERNE.
205
bles. Le Dieu de iius6rieorde agit pour
ses enfjBints, dans ie courant de cette
ann6e , par i'instrumeiit de notre puis-
sance. Nous avoDS Youlu faire part de
ces heureuses nouvelles ^ V . M. , notre
fits cheri Alchod Pacratide (*), parce
que nous safons que vous partagerez
notre joie, comme chr^tien etcomme
ami de notre empire.
« Vous serez charm6 d'apprendre les
saliltaires effets de la protection de J€-
sus-Christ, et de vous convaincre que
Dieu est tomours venu au seeours des
Chretiens. Cestlui qui a rendu les Per-
sana tributaires de notre empire. Vous
saurez que nous avons arrach^ de la
main des Turcs les reliques de saint
Jacques deMisibe, qui se trouvaient dans
cette ville; que nous avons mis les ha-
bitants k contribution, et leur avons
emmen^ beaucoupdeprisonniers. L'emir
Ali-Moumni, prmce des Africains ap-
pel^s Mokrs , Arabes , eut Taudace de
venir au-devant de nous k la t^te d'une
arm^e nombreuse. Les deux arm^s en
Sresence, on se battit aussit6t avec tant
e bra voure et d*opinidtrete, que Taffaire
devenait tr^s-incertaine et que nous nous
vtmes un moment en grana danger. Mais
enfin nous avons vaincu par Tassistance
divine, et nous les avons obliges de
prendre comme les autres ignominieu-
sement la fuite. Nous avons p^n6tr^
dans leur pays, nous avons pris plu-
sieurs cantoris , et pass^ les habitants au
fil de Tep^e, a^rhs quoi nous sommes
entr^s en quartier d^niver. Au commen-
cement du mois d'avril , notre arm^e ,
ay ant la cavalerieen t^te, est entr^ dans
le pays des Pheniciens , dans la Palestine
et dans les terres Canan6ennes. Nous
n*avons fait grdce a aucun des Africains
3ui s*etaient rassembles dans les environs
e Damas.
« Partis de la avec notre arm^e, nous
avons marcb6 du cot^ d*Antioche, par-
courant les divers cantons de notre
royaume , que nous avons reconquis , et
ou nous avons fait un grand nombre de
prisonniers. Nous avons ensuite diri^^
uos pas vers la ville de Hems. Ses habi-
tants, nos tributaires, nous ont bien
recos. De la quelques paysans de ces
cantons nous dht conduits jusqu'a la ville
(*) Pacratide, nom de la dyustie qui rtgnait
alors en Armenle.
de Vadeivoeka, qui s*appelle aussi H61io-
polls, ou Ville du Soleil (*). Cette cit^,
tr^-renomm^ et fort riche, n'^tait
point dispos6e a nous recevoir. Sa garni-
son sortit pour nous attaquer.
« Nos troupes Teurent bient6t re-
pousse, et lui tuerent beaucoup de
monde. Apres quelques jours de si6ge,
la ville s*est rendue. Nous avons fait pri-
sonniers quantite d'habitants, hommes,
femmes et enfants, que nous avons em-
men^ avec un butin considerable et
beaucoup de b^taii. Nous avons continue
notre marche vers la ville de Damas^ que
nous avions I'iutention d*assi^er. Mais
son gouvemeur , vieillard experiment^
et prudent , nous envoya une amputation
cbarg^ de nous offrirde riches presents
et de nous prier de ne point faire subir
a la ville qu'il eommandait le sort de
Vadeivoeka, dene point emmener les ha-
bitants en captivite, et d*emp^her qu'on
ne devastdt leurs campagnes. Us nous
firent present d'un grand nombre de
mulcts dechoix et de superbes chevaux,
converts d'or et d*argent. Apr^s avoir
Iev6 sur eux une contribution de 4,000
tahiqans {**) en or arabe, nous leur ac-
cordames un d^tachement de nos trou-
pes pour garder leur ville, et ils con-
tract^rent par ecrit Tengagement de
demeurer toujours soumis a notre em-
pire. Nous confiAmes le commandement
de Damas k un nomme Tourk , natif de
Bagdad, honime d*un grand merite,
aui , accompagne de cinq cents cavaliers,
etait pass^ a notre service et avait em-
brass^ la religion chr^tienne. II nous
avait d^ja servi utilement en diverses
circonstances. Dans leur transaction les
habitants de Damas s*engagerent aussi
a nous payer un tribut annuel. Flatt^ de
faire partie de notre empire , ils promi-
rent de se battre centre nos ennemis.
En recompense de cette bonne conduite ,
nous n'avons pas laiss^ plus longtemps
leur ville en 6tat de guerre. Nous par-
times done pour Tib^riade, lieu oi^ Notre-
Seigneur J^sus-Christ opera le miracledes
cent ciuquante-trois poissons. Comme
nous nous disposions aassieger cette
(*) (Test la ville oomm^ par les Arabes
Balbek.
(**)Tah^D, nom d*ane monoaie arine-
nieooe. II y avait des tabegans d'or et des tahe-
gans d'argeot
306
vimvnsBs.
ville, |e8 habitants imit^reoteeuxde Da*
mas : ils se soumireot, nous apporterent
de. riches pr^ents, at nous payerent
30,000 tah^ans. lis nous demanderent
^alemeat un d^tacbementde nos troupes
pour former la garnison de leur ville , et
pro mi re lit de rester constamment sou-
mis a notre empire, et de nous payer le
tribut annuel. En consequence, nous ne
ftmes pointde prison nierscbezeux; nous
avoiis quitt^ ce canton sans y commettre
le moiiidre d^dt, parce que e*est la pa-
trie de ptusieursdes saints apdtres. Nous
avoiis tenu h m^me conduite envers la
ville de Nazareth, ou la ^nte Yierge
Marie , Mere de Dieu , recut I'annonce
de la part de I'ange.
« £nsuite nous nous rendimes sur le
moiit Thabor, dans Tendroit in^e ou
J^us-Christ, notre Dieu, fut transfi-
gure. Pendant que nous etions la, des
habitants deRamlah etde Jerusalem vin-
rent implorer notre clemence, nous de-
mander d'etre gardes par nos troupes, et
sedonner entierement a nous. Nous leur
avons aecorde Tobjet de leurs demandes ;
mais nous avons voulu que le saint se-
pulcre fi)t delivr^ de la main profane des
Turcs, et nous avons mis des garnisons
dans tons les cantons soumis a notre do-
mination. Nous avons agi de ra^me avec
les habitants de Beniata, qui s'appelle
aussi Decapolis, avecceux deG^neSareth
et d'Irace, ^ui se nomme aussiPtolemais.
Ils s'enj^agerent par un acte solennel a
nous rester soumis et a nous payer tri-
but. Nous arriydmes a G6sar^, qui est
sur le bord de la mer; les habitants se
donnerent entierementa nous. Si les Afri-
cains, dans la consternation ou ils etaient,
et pour ^chapper a notre poursuite , ne
se fussent retire dans dies forteresses
sur le rivage, nous serious enUres.dans
la sainte ville de Jerusalem, et nous
aurions fait a Dieu nos prieres sur les
saints lieux m^mes; mais, comme ils
s'etaient sauv^s vers les cdtes de la
mer, nous avons gagn^ la partie sup6-
rieure du pays dont nous nous sommes
empar^s , et nous y avons mis des garni-
sons de troupes grecques. Nous avons
pris d'assaut toutes les viiles qui refu-
saient de se soumettre.
« En avancant vers les c6tes jusqu*^
la ville de Wridon , cite fameuse et tres-
fortifiee , qui s'appelle aujourd'hui Bey-
routh, nous avons rencoiitre l*arA6e^
Africains. Nous leur avons Uvr6
nous en avons fait on carnage
et mille d'entre eux sent nAh
niers. lis ne furent pas plusi
Mousui-Emir-Ali-Moumni.
mis des troupes dans Wridon,
avons |)ris la route de Sidon. Liil
niens, informes de nos vi
envoys au-devant de nous les
les plus kgees de la ville jpour i
frir leur soumission , une lorte e
tion , et nous promettre fidd
avons accept^ le tribut et leur I
sion. Nous avons mis gamisoor
chez eux , et nous sommes [
r^duire laforteresse de Byblostj^
cienne et plus fortifiee. Noatl
prise apres quelques heures del
Ses habitants out 6t^ faits i
et nous avons enlev^ un
« Nous avons traverse plusii
maritimes, en passant par voki
etroit, que jamais eavaleneT
s*y engager; ear ce cbemia ciljj
tueux etsi difGeile, qu*onn*fil
rait pointde plus mauvais. JJm
rencontie plusieurs belles vill
chdteaux dont la garde avait i
h des Africains. Nous avons {
toutes les viiles et forteresaesf i
avons fait prisonniers tous Icit '
Avant d*arriver a U ville del
nous avons envoye un corps i
compost de Tymatzw et de 1
madotzy, pour s*emparer T
s'appelle Korered , ou nous (
s'etaient retires ces sctieratsd*!
J'avais fait placer, de edfe6etd
troupes en embuscade pooti
d'eux. Mes ordres furent bteal
DesquMls aper^urent notre av
dpux mills Africains vinrent (
mais bientdt mes troupes <
horrible boucherie, et le
prisonnier. Mous en agissions i
tout ou nous passions. Nous nes
dissimuler que nous avons |
rement detruit les environs <
tu^ les bestiaux, d^vaste les
coup^ les arbres. D autres Afri
rent encore Faudace de venir i
quer; mais ils ne tarderent pasi^
ver le sort de leurs compatriotei;
rent tous tallies en pieces.
« Nous primes ensuite la ville db]
SYR1£ MOD£R]N£.
aor
▼el , qu'on nomme Gabooa , ei celles de
Paiona , de Seoo , et rn^me la viile odle-
bre d'Oursay ; de sorte que, deuuis Ram*
lah et C^sar6e , il oe reatait plus rien a
eonqu^Hr. La mer et la terre se soumi^
rent egalement a nous par Tassistanoe
divine. J usqu*a Babylone m^nrie (Bagdad)
tous les peupies sont nos sujets et nos
trlbutaires. Nous stods employ^ sept
mois a parcourir ees contrto avec nos
troupes. Nous avons ruin6 quaiitite de
villes et de Tillages qui s'^taient mon-
tr^s rebeiles.
« L*^mir Ali-Moumni ^ enferai^ dans
Babylokie, o'a plus ose en soitir pour
lever de noovelles troupes centre nous ;
si nous n'eussions pas rencontre dee ter-
res 8t6riles et sans eau , comme V. M
salt qu'ii s'en trouve am environs de
Babylone , nous eussions conduit jus-
qu'a cette ville nos arm^s Tictorieuses.
« Du edt^ de r£gypte, nous n'avons
laissi^ aueun ennemi. Par la grdce de
Dieu, tous ces (leuples nous sont fiddles
et sounois. A present ^ toute la Ph^nicie,
la Palestine et la Syria font partie de
notre empire, et ne g^mSSsent plus sous
la servitude des Tufcs. Les babitants du
mont Liban sont Sous notre ob^issance^
Nous avons fait prisonniers quantity de
Turcs que nous y avons trouves, et nous
les avons incorpores dans nos troupes.
Nous avons traits avec beaucoup d'hu-
manit^ et de douceur les habitants
d'Assyrie. Nous en avons eminent eo-
viron vingt mllle bommes que nous
avons transports k Gabaon. Voila les
victoires que le Dieu des Gbr^tiens nous
a fait remporter : bienfeit sienal^ qu'il
accorde h notre empire et du il refuse k
d'autres. Nous avons trouvidans la ville
de Gabaon les saintes cbaussur es avec les-
J[uelle8 J. G. voyagea sur la terre. Dans
e courant du mois de septembre , nous
avons retire nos troupes dans la ville
d'Antioche; et puis, nous avons voulu
doiiner k V . M. ces d6tails qui T^tonae*
ront sans doute , et Pengageront k ren-
dre des actions d^ grdce k la Divinity.
Vous connaitrez, par cette lettre, les fa-
veurs que Dieu nous a accord^s et V^-
tendue du pouvoir qu'il a mis entre nos
mains , par la vertu de sa sainte croix.
A pr^ent le nom de Dieu est lou6 par-
tout : et notre royaume devient floris-
sant par son assistance. Nous ne ces-
sons de Ten remercier et de le louer ;
c^est par lui seul que nous avons pu sou*
metue tant de pays, et c'est a lui que
nous adressons toujours nos louanges. »
CABACT^BB DBS BXPl&DITlOnS DS NI-
CBPHOBB PHOCAS Bt Ht ZlMlSCES.
Ge qu'il y a de plus caraet^ristique
dans la lettre que noQs venons de citer,
c'est ce sentiment religieux, reel ou
feint, qui, pour le prince greo, justifie
son invasion, absout ses cruautes, sane-
tifie, pour ainsi dire, sa guerre. Loin
de dissimuler les exces de son armee,
Ziraisofes sen vanteau contraire. II cons-
tate avec orgueil qu'il a completement
ravagiS les environs de Tripoli ; il avoue
qu'il a agi en veritable barbare, qu'il
a tue les bestiaux^ arracb^ les vignes
et coup^ les arbres au pied. Beaux ex- •
{>toits assurementl Et pourtant tel sera
ortgtemps le seul genre de guerre entre
les Chretiens et les Musulmans; telle est
en quelque sorte Torigine de ces exp^
ditions violentes, de ces luttes aveugles,
deoes combats sauvages qu*on a decorS
en Occident du beau nom de croUades,
Les Musulmans, indignS du traitement
que les Ghr^tlens , un instant victo-
fieux apr^s trois sieeles de d^faites , fai-
Saient subir a leurs adversaires vaincos,
k leUrs prisonniers et mdme aux femmes
et aux enfants, reprirent centre eux cette
haine f^roce et inextinguibte que Tes-
prit de civilisation des grands khalifes
s'etait effo^e^ d*extirper du coeu r de leurs
sujets. Le sang, r6pandu ^ profusion,
poussa de nouveau ce cri de vengeance
entendu tdt on tard par les fr^res de ceux
qu'on ^orge. Des repr^saifles terribles
se projet^rent dans les esprits; et le
fanatisme, excite ebez les Grecs, devait
bientot rallumer le fanatisme musul-
man , bien plus implacable encore. Ge
n'etaientd^J^ plus des nations qui secom-
battaient soit par ambition » suit parri-
valite, c'^tatent deux i^ces qui preludaient
a un antagonismede plusieurs sieeles (*).
Quant aux Syriens calholiques, ^cras^s^
chetifs qu*ils ^tnient, entre les deux puis-
sants lutteurs qui s*6treigrtaient de nou-
veau et avec une ^age qui alia toujours
en croissant, d^ rexpwlittort de Zimis-
ees, ils n'eureflt plus, pour ainsi parler,
(*} Yoyei Bl-Maeiii, Ui$L Saracen,
206
L'UJNIVERS.
one aoD^e de paix et de pro8p^rit6,
un jour de security veritable. Joug
pour jottg, ilsauraient prefM peut-6tre
celui de leurs Mres en J^sos-Christ.
Mais chao^r k tout instant de domina-
tion , se voir tour k tour sous la verge
de mattres divers, d'autant plus avides
qu'ils ^talent moins assures de leur
puissance, d'autant plus ricides quMIs
craignaient partout la trahison, une
pareille situation , c'^tait une anarchie
permanente, une pareille existence,
c*^tait une agonie prolong6e. lis eureot,
du reste, ^ pressentir le triste sort qui
etait riserytk un grand nombre de leurs
g^erations, a dater de Tann^ 976. A
cette ^poque, en effet, Zimisc^ toniba
du trdne comme il y etait mont^, par
une mort violente. Celui <iui avait tu6
avec si pen de scnipule Micephore Pho-
cas, son ancien g6n^l, son ancien
bienfaiteur, fut empoisonn^ par un ieno-
ble eunuque, roinistre corrompu , aont
il avait menace le pouvoir usurpe et la
fortune scandaleuse. Ge general hardi ,
plut6t que grand prince, ainsi que I'ap-
pellent certains historiens du Bas-Em-
pire volontiers prodigues d'un ^loge
que si pen ^'empereurs byzantins ont su
meriter, n'eut pas m^rne un successeur
capable de conserver les contr^es qu*il
avait reconquises. Antioche, par la
trahison, retombaaux mains des Ara-
bes; une partie de la Syrie, par la fai-
biesse des garnisons cbr^tiennes , se vit
reJuite de nouveau par les Musuimans.
Ainsi, cette pr^tendue delivrance
que les Byzantins, dans leur vanity,
avaient, disaient-ils, apportee aux po-
pulations des lieux saints, fut plutdt
UQ desastre ^u'un bonheur pour la Sy-
rie. Traversee par des troupes, tantot
arabes, c*estra-dire ennemies, tantdt
grec^ues, ou plutdt composeesde mer-
cenaires de toute nation et de toute ori-
gine; exploit^ aujourd'hui par un con-
querent ezigeant; refoulee le lendemain
par un ancien maltre qui se vengeait;
tiraill^e des deux parts i la Syne vit
la population industrieuse de ses villes
inqui^tee, dlss^min6e, parfois arracb^e
avec violence au pays qu'elie enrichis-
sait, la population de ses campagnes
ruinee par les ravages de la guerre, la
population de ses montagnes enfin pour-
suivie m^me dans ses retraites si long-
temps inaecesaibles. Ansa
tions persecotto
fiiir, a quitter une eontrte
ofi^ait plus aueunesdcorite.
gration qui fot la cause ds oet
des terres les plus fertiles , de
denee si prompte d'un pavs «^
piein de villes et de peuples C).
La nouvdle lutte entre Vi
zantin et Tlslam €tmi , du
d'etre termini par la moitde
cte, et les Syriens pr^voyants
raison de s*ecbapper d'un
bataille qui allait oe plus en
sanglanter. Les expMitioos i
de Nic^phore Phocas et de
tant prdn6es par dea 6crivaioi
tique , avaient produit un mat
irr6m6diabie. Ges deox g^n^
durs soldats I'un que Tautre ,
et bourreaux des contrto
Ear leur sabre, semblaient, pMKJ
eur de la Syrie, avoir rivali '
de toutes especes. Us avaieat
a Tenvi les outrages, les
les vols. Par exemple , Ni(
la prise de Mopsueste,
tante de la frontiere cili
fait d^une mosqu^ une
ironiquement livr6 aux
cbaires sacrto des docteurs de
Euis,ne se oontentant point
)s ricbesses des palais, i'
enlever jusqu'aux portes
de la cite pour servir, a
preuves perpetuelles de sa
encore ravide empereur d
se borna point a depouiller
mans: son avarice avait e
qu'aux biens des Chretiens
et ce que les Arabes avaie
les croix des eglises catholi
pbore, tent^ par Tor et '
qui les decoraient, les em]
sans ^ard pour les recla
freres en religion, sans
ce d^tournement sacrilege.
Zimisces, de son c6te, en
rantd'Alep, outre le sac qa'il
du palais des princes Hamad:
vant dans la ville trop de
pouvoir Temporter tout eolier,
ler sur les places pubiiques toot c
semblait mf^^ieur en prix, cs
(*) Yoyez Ab'uUFMa d ▲b'Ql-Fandl.
SYRIE MOD£EM£.
206
Mus de somme, en nombreinsuffisant,
,ne pouvaieot pas emporter. Une pareille
oonduite ne ressemble-t-elle point h celle
d'un barbare de la plus execrable espdce?
Mais ee ne sont la que des ravages mat6«
riels , et cela ne satisfaisait pas entiere-
ment T instinct de destruction du con-
querant byzantin. II voulait que le mas-
sacre pr^oed^t le pillage : aussi, dans
presque toutes les villes (]u'il prit d'as-
saut , les bommes furent-ils tous cruel-
lement ^org^s, tandisque les femmes
^taient emmeneesen esclavage. Des aetes
aussi odieux, rep6t^ dans plusieurs des
contr^es qu'il traversa , ne produisirent
pas seulement un mal temporaire, ils
amenerent aussi , daris Tavenir, des ca-
tastrophes terribles, des vengeances ir-
rassasiables, et rallum^rent pour toujours
oette haine eternelle entre le cbristia-
nisnie et Tlsiam dont nous parlions tout
I k rheiire (*).
Et maintenant en face de pareils faits,
est-on bten venu de dire que ce sont
les mauvais traitements que les IV^usul-
I mans , daos le dixieme siecle , out fait
^pDroaver aux Chretiens, aui ont cause
et justilie les croisades! liy a-t-il pas,
au contraire, soiidarite de crimes d'un
odt^ comme de Tautre? £t les princes,
2ui ODt donn^reiempie'de la f^rocit6
ans cette guerre interminable des races
occidentales oontre les races orientales ,
n*ont-ils pas devant la post^rite une res-
ponsabilit^ qui doit ecraser leur re-
Domm^, ternir la gloire de leurs armes,
effacer chacun de leurs exploits? A tous
ils ont fait un mal non encore repare
dans les temps modernes; aux Syriens,
en particulier, ils ont porte le coup de
la mort comme nation. Ces derniers , en
effet, quoique longtemps ballott^s d*une
domination a une autre, trouvaient
dans la race arabe des afGnites, des
rapports de caract^re dont un homme
de genie aurait pu tirer le plus civili-
sateur des partis. On a beau faire , la
' m6me religion a beau rapprocher les
' Ames, le Syrien«)'a pas naturellement
de sympathie pour I'Europeen. Le Sv-
' rien est asiatique dans toute la force du
terme, et les envahisseurs qui lui ve-
' naient du fond de Tancienne Scythie
' avaient plus de chances de concorder
(*) Yoyez Zonaras et Cedrenos.
14* Livraison. (SvRiB modsbne
un jour avec lui que leGermain ou le
Gaolois. £b bien, ayoir jet^, par nn
fanatisme sauvage, des brandons per-
pdtuels de discorde entre le Syrien ma-
nom^tan et le Syrien chr^tien, n'est-
ce pas avoir prepare un chaos au lieu
d*un monde: n'est-ce pas avoir s^par^,
par la folic humaine, des frdres que la
nature, dans sa sagesse, devait tdt oo
tard rapprocher? Mais nous n'en som-
mes pas encore a juger de la hitte entre
I'esprit de I'Occident et Fesprit de TO-
rient : avant lescroisades, la Syrie a d'au-
tres malheurs k supporter.
LBS FATHIMITSS.
Comme si la fetalite la plusdesastreuse
eOt preside, dans le dixieme si^le, aux
destinees de cette contree d^ja si pers6-
cutee , il se trouf a , pr^is^ment a cette
^poque , que la decadence rapide du gou-
vernement des khalifes fit sortir de tous
les coins de I'empire de nouveaux am-
bitieux, ardentsi arracher, dans cette
dissolution g6n^rale, un lambeau du
cadavre abbasside. II vint de ces ol-
seaux de p^oie humains de tous les
points de Thorizon. Quand une bande
6tait rassasiee , une autre bande s'abat-
tait immediatement sur les endroits
^pargnes par la premiere. Apres les
Turcs , descendus du nord , ^taient ac-
courus de Touest les Kharmathes; c'6-
tait maintenant le tour du midi. 11 four-
nit les plus terribles peut-^tre d*entre
ces devastateurs. Originaires du lit-
toral africain, ils avaient cette Anergic ,
cette avidite, cette dorete qui caract^-
risent les indigenes de I'Atlas. Mahom^
tans par calcul plutdt que par convic-
tion, ils n'adoptaient du Koran que les
Id^s de guerre et de ravage. Longtemps
k i*affut d*une occasion de conqn^te,
d'un pretexte de saocagement, ils ecou-
terent les propositions que quelques
sectaires sdiiites, refugies dans leurs
deserts, leur firent un jour dans Tes-
poir de former une nouvelle arm66 pour
combattre leurs ^ternels ennemis, les
Sunnites. Comme on le voit, c'^tait tou-
jours cette vieille querelle de Th^ritage
de Mahomet entre les partisans d'Omar
et ceux d'Ali. Cette pomme de discorde
avait toujours fructifi6 au coeur de TIs-
1am, et, malgr^ la puissance successive
des Ommiades et des Abbassides, mal*
310
L'UNIVERS.
gB^ lea vietoirai remport^es ti souveot
8ur les Schiites par its Sunnites, malgr^
tant da massacres, tani d'ex^utiona
sanglaotes, U restait touJQUrs 4es hom-
mes attach^ au adiisina das Alides,
oatures faibles el eatSiees, sans cesse
h la disposition du premier ambitieux
venu. Cette fois rarooitieux qui se pre-
seau se moatra aussi habile que per-
s^verant.
Un certain Obaid-AUah- Abou-Mo«
hammed eut Thabilete de persuader h
Suelques gens creduies qu*ii descerwlait
JrectemeiU d'Ali et de Fatbimah, iille
du propliete. Selon la [coutuine orien-
tate, coutume aussi vietlleque les plus
vieilles traditions, coutume que nous
retrouvoDS dans notre Biule» ObaiJ- Allah
se Ct une genealogie aussi complete que
possible, et il eu( le talent de la faire
adopter. Puis, outre cette genealogie qui
^tablissait ses droits au khalifat, il fit
r^pandre, parmi les Alides uUsemines
daiu tout Tempire, une pr^tendue pre-
diction qui aunonQait que vers I'aa
300 de rhcgire devait venir le madhy
(clief des ildeles), sorte d'antechris'(
mahometan , doi\t la mission etait de
reiidre a la succession du propliete sa
purete et a Tlslam son eclat. En suite
de Ja decadence des Abbassides, cette
promessa de renovation ne pouvait pas
manquer de piaire a tons les esprits
alQ'ges de la laibiesse de Tempi re : elle
devait, en outre, sonner bien agreable-
u)ent a Tor^ille de tous ces aventu-
riers, avides de combats etde piitage,
dont ulors i^O^ient etait renipli. Aussi
Obaid-AihiU vit-il cliaque jour augmen-
ter le cortege de ses clients. Son S'icce^
Cut m^tne si rapide, que le kbaiile ab-
l>asside Muktaly, menace a la fois dans
son pouvoir spirituel et dans son pou-
voir tempore] , s'inquieta d^ ce preteii-
dant, le pers^cuta , et le for^a bientot ^
s'eufuir au fond ^eTEgypleavecses plus
devoues aims (*).
Loin deteindre le schisme renais-
sant des Alides, la persecution ne lit
que lui doiiner ce prestige, cette au-
Keole, pour ainsi dire, que le mat tyre
^meue usa suite. En Afriijue, Obaid- Al-
lah rencontra encore de pius chauds par-
tisans qu'en Mcsopotamie. J^ puissunc^
(•) Voycz (rHorbelol, BibUoth. orUnU, elEI-
MaclQ , Hist. Saracen,
des Aghlabites , chanoelants deiniill
temps, avait reca le cou^ de 1
des mains d*un r^ToUe
nom d'Abou-Abd-Allah.O 1
barrasse sans doute de sa Irop «
vietoire , eut Tidee toange de 1
a oe demi-propbite a aui ih
plus qu'un trdne pour devenir t
sant. Obaid-Allah aooepU Tofiir
Abd-Allab; et, a peine sur let
cain des Aghlabitee, pour
son pouvoir, il ne trouva n
utile que de faire perir 1^
Boanque, qui Tavait ^eve ^r i
par sottise. Puis il rompit ai
inent avec le gouvernement del
en usurpant le titre khaliiair
ui-Moumenin, appeia a luit
dents de Flslam. et pour les s
faci lenient, fonda la ville i
Mahdyab, qu*il eleva pen i
de cap It ale.
Ainsi commen^it. Tan 103 4
une iiouvelte dynastie qui aJ
sur la Syrie la pins funesle id
D^ la mort d*Obaid-Allab, i '
Syrie aurait d<l se tenir en
ces iniposteurs nouveaux,
taquant au khalifat de Bagdadvi
naturellement songer ik la eenf ^
pays, clef de Tempire a Fouestl
Mais la Syrie, a force de roaf '
devenue impr^voyante. Hab
deja si longtemps a devenirl
tous les ambitieux ^ergiqwfl
les peuples avides, ellf se f "^
qu6rir presque sans resists
chercher h pre venir les iiir
a pen ces generations suoeesfiv
faites aux dominations les plosi
toires. (Tetatt conime une t
pays d*aceepter sans munninfl
rents jougs qu*on voulait la"
De ia point d*iinion entre 1
aucune trace de federalisme i
dt verses cit^s, entre Jes divoi |
nements qui s^eievaient d^uisl
L*imlividuali>me au lieu defi
tel etait des lors le caracten <
contree vouee a la servitude, (
deplorable, qui n'etnit., du i
consequence de ses infortunes(*j
Les Fathimiles he furent j
se faire une large part dans ia i
(*) Yoyez El^acio , BiMi, Saraemk
SYRIE M0DERI9E.
211
D^ale de Tenipire mmbe. Ge n^^taient
point, en effet, de simples destnicteurs
Gomme les Turcs : \\s montrerenl, an
contraire, quelqites qualit^s cr^trices.
n y avait en eux un germe de puissanca
r^eUe, un peu du sang g^n^reaxdesOmar
er des Moawiah. T^e chef de leur dynastie
arait, eomme nous Tavons dit, fonde la
▼ille de Mahdyab; ie troisi^me prince de
leur race, Al-Mansour b*lliah,foDda oelle
de Mansouriah, ou Tint plus tard ^bouer
notre magnaninie saint Louis. Le success
seur d^Al-Mansoup-b-Illah , Moez Ledin-
Ulah, pour ne pas restfrau^essousdesea
pr^ecesseurs , fonda a sou tour Ai-Ka-
hirab , le Caire, devenue si fameuse de-
puis. Mais ee ne fut la ou'une partie
bieii l^g^re de son ceuvre. La partie
principale, au eontraire, fut la oonqulte
de i'^gypte que lui fit son general Djau«
bar, qui, cbose singuliere, 6tait Gree
d'origme , et reprenait , an profit d'un
homme ennemi*n6 de sa race, la eit^greo*
Sue parexcelienee, rorgueiileuse Alexan*
rie. Une fois maltre tout* puissant da
r£gypte, Moez Ledi»lllati put mettre
a execution le projet de son ancltre
Obaid-Allah , en suppnmant solanneli»'
ment dans les pri^i^s publiques le nom
du khalife abbasside de Bagdad , Al-Mo-
tbi, et en se d^laiant lui-mdme le ^^ri-
table imam, le auooesseur direct de
Mahomet.
D^s Fannie de Tb^ire 862 , la puis-
sance des Fatbimites tut done reconnue
aussi bien k Alexandrie qu'^ la Mekke
et a Damas. Les Syriens musulmana,
Toyant poindre une nouvelle iueur dstns
rislam , se tournereat vers elle avec fer-
vour et esperiince. Les Syriens chr^
tiens, deleur cdt^, tnsQuciants et fai*
bies comme touiours, ne demand^rent
pas niieux que d^obeir dfeormais a Tim-
pulsion d'Al-Kabirah plutdt qu*a celle
de Bagdad; et dte lors la domination dee
Fatbimites fut fondle sur les deux plus
opuientes provinees d^Orient, sans quHls
aient eu oesoin dune expMitioo mill*
taire pour arriver k oe but ma^nifique.
II r^ulte de ce £ait que, malgr^ les m^
langes si b^ttlrogdnes qui avaient en
lieu en Syrle parmi les races mabome-
tanes, il n*^tait pas moinsrest^ dans
cette eontr^e un certain esprit musul-
man ^ui tendait sans cesse a Tunite de
doGtrme et de pouvoir. 11 r^sulte ea ou-
tre que , malgr^ les pr^tendues conquA*
tes de Nic^phore Pbocas et de Zimisces,
les Grecs netairnt pas assez bien relev^
de leur dech6ance trois fois s^ulaire
pour pouYoir, non pas dominer a leur
tour aans la province perdue par H^ra-
clius, mais y avoir assez de credit pour
peser dans la balance de ses destines,
et faire admettre leurs vceuz sinon leur
volenti O.
, TYftANNTB DB HIUM.
Moez-Ledin-lllah ne fut pas un mau-
vais prince; son Ills Aziz-b*lilab ne le
fut pas non plus. Gomme plusieurs des
chefs de race arabe, il se montra g^n^
reux, clement, ^uitable. La Syrie,
voyant les quality du khalife fatbimite,
s*agr^gea de plus en plus h rfigypte.
Cette cpnfianoe devait bientdt lui etre
funeste. Le successeur d*AziZ'b'lllah,
en effet , fut aussi exterable tyran (|ue
son pere avait ^t6 juste et facile domina*
teur. N6d*unecbretienne, Hakem-Biam^
Allah fut pourtant Tun des pers^uteurs
les plus acharn^s des Chretiens. Quel*
ques historiens modernes, et surtout
quelques voyageurs , amoureux du para-
doxe, ont voulu rebabiliter Hakem et
la secte k laquelle il donna naissanee ,
les Druzes; mais leurs efforts nous sem-
blent impuissants. II y a trop d*unanl-
mit^ dans les maledictions des con tern*
pNorains pour croire que ces maledio-
tlons furent toutes excuses par la baine
Sue les Abbassides, presque valncus et
epouill6s de leurs plus belles provinees,
avaient vouee aux Fatbimites. Uaccord
gu*on rencontre dans les r^its des dif-
lerents chroniqueurs orientaux prouve
d^ailleurs la v^rit^ de leurs dires. -Enfin
la suite des ^v^nements, le earactere
constant de ferocity et de piilage qu*^
diverses ^poques ont montr^ les Druzes,
sufCraient k les faire condamner par
rhistoire, et h iustifier ropiiiioh qu'oQ
a coiiservee de leur crimiHclle origine.
Hakem, pour lemaiheur de son sieele,
herita du khalifat h Tdge de onze an».
II ne put done pas profiter des conseils
de son p^re, et livre aux courtisans des
son adolescence, il lui fut loisibiedes*ar
bandonner a tous les caprices de son es-
prit et a toutes les passions de sa nature.
(*) Yoyex Macel el El-tticin.
14.
212
L'UNIVERS.
Or, lonque la nature orientale est fibre
de tout trein, rimp^osit^ du sang, la
chaleur da dimat, rentratnent souveat
k tous les exces. Quant a Tespritde cette
epoque, il n*avait pas encore des r^
gles assez sllres, aes barrieres assez
puissantes, pour ne pas se laisser empop
ter k toutes les extravagances eta toutes
les monstruosites. Uakem fut un exem-
ple de la depravation du corps et de fes-
prit la plus complete peut-etre dout les
bommes eurent jamais a souffrir. La
premiere circoDStance ou se dessina le
earactere de Hakein dans toute sa per-
versity, fut UD acte de vengeance. Des le
commencefloentdeson regiie, un rebelle
bardi , qui se donnait comme descendant
desOmmiadesparHesobam, Tundesder-
Diers princes de cette d?nastie, apres
avoir iongtemps et vailfamment com-
battu contre les troupes plus nombreu-
ses du kbalife fathimite, fut un jour
fait prisonnier et amene devant le jeune
Hakem. La jeunesse est ordiuairenient
facile a oublier les torts, et a les pardon-
uer : le kbalife de quinze ans se montra
aussi impitoyableque rancunier. La jeu-
nesse, d ordinaire, n'aiine point Faspect
des tortures : Hakem annonca a son pri-
sonnier qu'il assisterait lui-m^me a son
supplice. L'imagination de la jeunesse
est par nature riante et douae : celle du
jeune despote s'appliqua, buit jours du-
rant, a recbercber pour son ennemi la
mort la plus cruelle et la plusoutrageante
k la fois. Indecis entre plusieurs genres
de supplices , Uakem finit par s*arrdter
a celui qui pr^sentait dans son atrocity
assez de ridicule pour ^ayer le bour-
reau, noble fonctionqu'il s'etait r^servee.
II fit attacber son prisonnier pieds et
poings li^s sur un cbameau, et pla^a
derriere lui un sin{B[e de la race la plus
m^hante, qui, lui frappant constam-
roent sur la nuque avec une pierre, fit
mourir le patient aux eclats de rlre du
jeune bourreau (*).
Ce n^etait la que le commencemenlMe
Toeuvre d^montaaue du despote musul-
man. Bient6t on le vjt, alliant la luxure
alacruaute, s'abandonner avec la plus
cynique impudence aux goQts les plus
monstrueux. Puis Tdcre desir de taire
le mal se developpant de plus en plus
(*) Yoyei d'Herbelot, Biblioth, orient.
L
en loi, ii d«Tinl poor tons ses i
plus odleuz des tyrans. Pleia de
pour les femmes , il ordoana ^*i
sortissent jamais de leur logn;
que son orare f&i strictemeot
il defendit aux cordonniers 4e
empire de faire aucune
leur usage. Ce ne fut pas tout
Youlut qu*on les tint enfermeei
des oiseaux en cage , et qu*<»
pr^entit des aliments qu*en
vraut la porte de leur prison,
des palettes k manche lon^,dil
Jiu'elies ne fussent pas vues par
eur donnaient k manjger. Celte
tre les femmes venait , disait-oat j|
preference qu'il aceordatt aui '
dans ses ignobles plaisirs.
Apres avoir et(6 letourmentenr^
ses rivaux, le perstoiteur d*un
entier, il ^tait dilBcile d'imagi
pdt aller plus loin encore. Mais
du mal semble encore plus £m
le g^nie du bien , et Hakem n'(
pr^t d*avoir ^puis^ ia somme d«
mes. II y avait une ville qn'mi'
ancdtres avait fondee, que sot
pere avait dot^ avec muntfioeaei,^
ricbe d^ja , beureuse de la pro!
kbalifes, ville tout arabe A\
Caire. Eh bien, sa prc^p^te
tout k coup k Hakem, et, par
de passe-temps, il ordonna
le feu a Tune de ses parties ,
ses soldats saccageaient rautraj
mieux aue N^ron : le tyran
oubtie le pillage.
Qu*on juge matntenant de la
que ce tigre enrag^ inspira aox
Les Cliretiens furent les premi
souffrir. II les persecuta, aioa
JuiCs , de la facon la plus ci
plus continue. Non-seuleroent
ac(»ibler d'avanies par les
leui Jmposa; non-seulement il
gea d'imp6ts exorbitants ; mais
voulut les humilier dans leur
qu'avait pr^c^demment fait M^
TAbbasside. Les monstressen
parfois dans leur imagination
Hakem , dans Tincendie de la
avait imite Tatroce fils d\
il lui restait a profiler de Vm
d'un autre tyran , quitte plus tard i
depasser tous deux. On se souvieacl
lois somptuaires que jMotawakkel
SYUE MODEimE.
213
mkBsaiCht^enB : elleseurent poar
lUat, tout en frappant )es contempo-
isy de djvlser a jamais les generations
ires; d*babituer ies Musulnians a trai-
oomme d'une nature inferieure,
8 conipatriotes qui ne pratiquaient
ia m^me religion qu'eux; d^exciter
deux partsHntol^rance; d'emp^cber
ipprochementdes vainqueurs et des
icvfl; de niettre un obistacle invin-
eii cette fusion naturelle qui suit une
|u^te vieiile d^ja de plusieurs si^-
k Hakem n'eut done pas Fex^rable
re d'amener la separation des races
stales : ee mal etait dej^ fait ; mais
iggrava et le rendit irreparable. Tout
itaqaaiit les families dans leur ave-
il chereha encore a traiter les indi-
iile plus cruellement possible. Ainsi,
nfut que les Juifis portassent au col
lioe de bois, de la forme d'une t^te
teu, en m^moire du culte condamh6
kors proph^tes. Cetait doublcment
hpper : en premier lieu leur infli-
pe distinction grossi^re , en second
■I faire passer comme ^tant tou-
limbus des superstitions dequel-
^aos de ieurs anc^tres. Quani aux
itiens, it leur ordonna de porter,
i au col , une <;roix en bois d*uno
fe et demie de long, et do poids de
re li?res : leur faisant de cette mani^re
ipplioe ou au moins une g^iie per-
«e du slgne m^me de leur r^emp-
^taient les lois de Hakem ; yoici
imant ses passe-temps. Sous pr^-
Rle|)olice , il se d^isait, et parcoo-
fcraot la nuit, certainesTilles de son
P^Mais loin de r^prlmer les desor-
jMnde punir les attentats a la vie et
f9prietes de ses sujets, ii se plai-
mAt k laisser ^cbapper des crimi-
lantdt k condamner des innocents.
progressant de plus en plus dans
MS les phis mauvaises , il s'amusait
Mberl'usage de certains aliments,
tains fruits , de certaines herbes, et
•per de mort tons ceux qui enfrei-
it ces ridicules ordonnances. Une
fots, <^^tait aux animaux domes-
iqu'il s'en prenait : un chien avait-
peur a sa monture , il proscrivait
e canine tout enti^re et la faisait
pftt tea ^nnaUMde Barooicu et de Pagi.
abattre en masse , quelle que i6t Futility
de quelques-uns. Enfin les chroniqueurs
de son 6poque , entre autres Makrisi , af-
flrment qu un jour, entendant de la rue
des femmes qui riaient dans Finterieur
d*un bain public, il fit murer les portes
de ce bain , et se complut a ecouter les
cris de desespoir de ses nombreuses vic-
times.
Outre le despotisme, la cruaut^ et
la demence, Hakem montrait une contra-
diction et une inconstance qui mettaient
dans le plus grand embarras tous ceux
qui avaient Tesprit assez corrompu pour
courtiser un pareil tyran. Aujourd hul,
Sar exemple, il affectait les pratiques
*un pieux musulman, faisait elever des
mosqu^es et des colleges, dotait ricbe-
ment le^ ^tabiissements de la religion
mabometane, et Ton outrait la devo-
tion pour lui plaire. Demain , au con-
traire , il fermait tout a coup les colle-
ges, condamnait a mort les professeurs,
pillait les lieux consacr^s , et d^fendait
tout exercice de religion, m^me Timm^-
morial pel^rinage de la Alekke. N*etait-
ce pas d^router les courtisans les plus
achames ,tout en commetlant des actes
d'une barbaric impitoyable? Ce ca-
ractere versatile dans son borreurat-
teignait tous ses sujets; mais les Chre-
tiens, comme tou jours, eurent plus de
maux a supporter que les aulres. Non
content de leur avoir inflige un costume
qui blessait n la fois leur bonneur et Ieurs
inter^ts , nou content de faire souvent
main basse sur les meubles et les terres
de Ieurs eglises , il leur enjoignit enfin
d*embrasser rislamisme,sous peine d*exil
et de mort. Puis, lorsqu'il eut vu cer-
tains d'entre eiix pr^ferer Ieurs biens et
leur vie a leur conscience, il ordonna a ces
apostats d'apostasier de nouveau , et les
for^a a employer une partie de la fortune
qu'iis avaient sauv^e a rebStir des tem-
ples Chretiens. Cest ainsi qu'apres avoir
detruit de fond en comble T^glise de la
Resurrection, elevee a Jerusalem sur
Templacement du saint sepulcre, il per-
mit, quelque temps avantsa mort, qu'on
la reedifiSt (*).
Un pareil monstre m^ritait Texecra-
tion de sa nation tout entiere ; et pourtant
Ju
*) Voyci S. de Sacy , Mimotfta de VAcadt-
des iHMcriptiont et b*lUs-UUre$,
214
LURITERS.
il trouvades ministres de ses croaot^,
des executeurs de ses tnoindres caprices,
des garde<( pour le defend re^ des fous pour
rencensek*. Sa d^menee a'aui^menta de
la faibte6s6 dto eeuk qui rentouraient.
6an» foi rti loi^ convaiocu par lea exem*
Klea hombreux i|U'on lui en donnait de
i platitude des hotnmes, ni^prisant
toute idee morale ou religieuse, il iui
prit up jour fa fantaisie de sd faire ado-
rer eomm^ Uit dieu. Pour la bonte de
rhiimanit^f le projetde Hakem r^ussit.
lltrou?a touid'abord seize mille person-
ties qui le prockimerent dincarnation
divine. Puis viiirent les proph^tes de ce
dieu de la folie fVirieuse. Le pnpmter fut
un ei^rtain Mohammed Nechti^ghin « ture
d*origine, etsurnomme Dutzi. Gethom-
me, SuSSi violent que deprave, apr^
avoir detruit tout ce que Tislamisme
avait de respectable, la prii^l-e6 un Dieu
unique el raumdne, permit tous les excis
ti tous leS crimes, en t re aut res le manage
(*ntr« pi^re pt Glle et m^re et GIs. On
rapporte kn^me que cet ignoble sectaire
hlla si loin que le khalife, soti dieu, Ait
eontfaliit de le d^voueK C*est pour-
tant de lui que les Druzes bnt pHs leur
nom. Sans vouloir accuser oes derulers
de pratiquer les preeeptes de feur infer-
nal prophete, toujour^ est-il Singutier
quMts conservent encoi-e respectueusb-
nient Sa ^li^moire. Blais eomme Thistoire
doli ^viter avnht tout de catomnier les
populations, nous ne voulons pasici d^-
tarller tdutes les infamies de la premiere
religion des Druzes , et nouS reniettons
h en parleraTepoqueou elie sVstquelque
peu puriGee , ou , apr^s de nombreuses
modifications, el les' est euGh Gxee.
Aussi bien llamzah , second prophete
du dieu Hakem , fut ji la fois plus con-
tenu , plus adroit, plus humaln qde son
pr^decesseur Durzl. Peut-^tre m^me
eut-il la gloire d'adouctr queique peu le
caractere feroce de Hakem ; car dds qu'il
fut consid^r^ par ce khalife comme son
pontife supreme, on aper^dt queique
diminution dans les accis hirieiix et
dans les caprices sanglants de Hakem.
Malheureusement cette transformation
▼enait trop tard : le vase de la liaine et
des maledictions ^tait plein , et il deborda
sur celui qui Tavait erapii.AGn dimposer
Il l*esprit des cr^dules, Hakem se reti-
rait seul tous les matins , au point du
Jour, sur une n>otttagm dH iMtimi i
Caire nomm^ MokatUm , pour t
dre,disait-il, 83 nature diviDe.C
litude feforisa le projet quei
breux ennemisaTalentfornM^deM
de sa personne esnfer^e. La < ^
fut presque gi^n^aie , le chefdd'l
et la propi^ sceur de Haknn j« "
et le soi-dlsant dieu ftit ass« *
lieu m6me ou il pnctendail i
substanee Immortelle (*).
DB HARElE.
Le r^edeHakem-Biaair'-i
avait dure vingt-sept ans, el
cessa que Tan 411 de rb^giitj
coup de mort de la Syrie. Lestf
. despotismes qu'elle avait suiNSj
lors, maUre dea guerrei i
malgre dliorribles massacres,
tant de pillages et de devnstati
vaient bien moins d^peupleef
que nele fit le systeined*exli,tf
nations individuelles, de ^
rale que le klialUe fatbiraite j
sur tous ses sujets. Deja kn i
d'union et de prosperity di I
avaient M succ6Ssivenoent <
par des iava«ioiis et des <
repetees; iU nepureniresisttfl
dissolvant d'un tvran oomiMii|
a peu Tu de semblabies. i
sion il y a toujours la cbano
veaux venus . subissent,
ment m^me de leur vo
cliose des moeurs el des I
pays sur lequel ilsse sont}
d'une generation ou deux,le<
produits du sol, la nature, i '
cement sur lea ills des don
les agregent aiasi euz masifsd
peu ils se fondeot. Oana lesc '
n*y a souvent qut le nom (
cbang^, au moins pcwr les 1
pratiquent le tnkne oulte. Or, I
au ottzieme sieele de notre i
lalt beaueoup de Mahometans.!
bometana eomme Qiretiens, t
atteintsparla barrede fere
Hakem semblait avoir pour«
Hakem, d'ailieursy avait tf
^ (•) Voyex S. de Sacy , Mimoim *l
de* tntpripl,
(••) Voyez Ab'ul-reda, jinn, •wt
SYRIft MODEBNE.
915^
Mt, ineendi^ par pfaisfr, ifigoi*g6 par be^
tD); et comme h ces instincts de b^te
JlTDce it joignait encore le calcul de Id
uaot^ innee , rimagination du crimi-
H par nature^ rien tie put r^siater a Tac^
hn continue de 6e destructeur. Les po^
Hiltions qui ne furent point disperseefi
1^ ordtt in^nie du tyran ^enfuirent
I ioio pour ^diapt|er h abs fantaisiefl
lllgladtes. Aiiisi disparurent d*abord
I Ctiretiens d^origitle gr^cque , dont
JMostrie enrichissait Damas, Alep et
I cites de i'Anti-Liban. Puis ce fUt 16
im ded Juifs, induatrieux aussi, oil
leulteurs, od marlns. Enfin, le$ Mu-
ns suivirent bient6t cette ^mi^ra-
fen^rale. Lfs families retournaienk
1 lis contr^es d*ou lieurs peres ^taient
IS jadis. On pref6roit le desert et sa
^i aax jardins de i'Oronte avec le
da plu) bat-bare des princes. Oii
donnait les chemp^ IM plus fcrtllea,
Hiissait les herb«^ parasites ^toiiffer
iries merveilleuses de la vall^ du
in, on la d^pouillait dea tronpeaui
peuplaient, on emport^it aiUeurt
nences qui devaient \A f^onder;
la, Gena^C) eea deux fleaux de
Dour I'Europe, quellea qiie fussent
devastations, quels qbe fussent leurs
, amenai^nt au moins une ar-
avec eux. Or (:ette arm^e 6tait un
,)Ve : id lea Huns, la les Vandales ; el
ft Huns, de n)€nie que ces Vandales i
Ibpla^aient les lK>tiinies qu'ils avaient
IjiaiRort, rendaient aux contrees quails
"' it eovahies des bras nouveaux et
pour les eultiver. Uakem , au con*
, n'avait avee luf que des hour-
Son arme n'titait pas une masse
ou des filches : c*(6tait une torielie
aire. Ainsi que le feu sous la
^*^, sa nature perverse eouvait quel-
le temps les plus abominabies pro^
|>; puis tout h coup die ^ctatait, elle
wn^it de tons cotes en tourbi lions
wructeurs,et nkluisnit en cendres un
^toutentier. Ainsi il fit de la Judee,
fe^i de Jerusalem , oQ il s'attaqua aux
■htagnes m^mes et aUx cavernes , em-
jgrant les efforts d*unefou1ed>sclaves
•"•aciner les rocs de la grotte du Saint-
^Icrc, I disperser les lerres du Gol-
a, aniveler leCalvaire. 11 ne lui suf-
it pas dcfrapperlechrislianisme dans
w fiocles, d'abattre ses ^glises , de rui-
ner ses ^tabtlssements; plein de rage
contre une religion qui r^tstatt par ses
martyrs aux vfolenees de ses enuemis,
il erut qu'il lui porterait un coup plus
faneste en Tattaquant dans sa tradition^
en changeant la decoration du grand
drama numano-diirin, en depouiliant
non-seulement tatit^ sointe, mais encore
la campagne qui Tentourait , du prestige
qui leur avait vaiu les hommages dc
tant de generations. Insens^, qui croyait
que la tradition vivait davantage dans les
objets materiels que dans Tesprit, et qu'il
ne fallait pour eteindre la lumiere reieste
que dediirer le tableau qu'etle edairel
£n resume, Uakem, dans un quart
de siecle, fit un mal plus irreparable h
la Syrie que n*a\raient fait les Arabes du-
rant leurs conqu^tes, les Turcs h leurg
premieres invasions, les Kbarmatlies eux*
monies dans leurs pillages continuets.
Les Ommiades avaient conserve dix miU
lions d'habitants dans une province ott
les Roniains avaient eu jusqu*n quiuze
millions de sujets; apres les Turcs et
les Kharmathes, a la decadencede plus ea
plus desastreusedes Abbassides, lorsque
tout Tempire klmiifal dtait ouvert aux
premiers conquerants venus, la Syrie ^
que se di^puterent tant d'ambitieux ,
comptait encore hutt millions d'indi-
genes. Ces derniers etaient reduitsa cinq
millions , lorsqu'eniin le plus juste peutr
etre des com plots debarrassa TOrient
de la plus infdme etmaUieureusement de
la plus longue de ses tyrannies. Ainsi
Tern igrat ion forc^e est pour un pays
plus fatale encore que le decimation (*).
LES SELDJOUKIDES.
L'heritage que Hakem laissa 5 la Sy"
rie fut peut-^ire pour oette province
plus pernicieux encore que le rcgne de
cet abominable insense. Malgr6 la folie
grossiere de sa pretendue divinite, il
avait tenement flatte les app^tits des
mauvaises natures orientales, que son d^
testable culte lui survecut dans les sales
foods de la populace. Son successeur eut
beau revenir a Tislamisme pur, il eut
beau trailer d'impies ceux qui conser-
vaient les pratiques d*une religion ia-
ventee dans un caprice d'orgueil et dans
un accesde cruaut6, il eut beau, apres
(•)yoyaAb'Ql-FtradJ, Dyttatt.
Il»
L'UNIVERS.
les premiers avertissemeDts, poursaivre
les nouveaux sectaires ; ces derniers pr^-
fi^rerent s'exiler eux-m^mes d*£gypte que
de renoncer k leurs absurdes et immora-
les croyaoces. Or, pour 6chapper a Tau-
torit6 du khalife fathimite, lis ne trou-
Terent pas de meiiieur refuge que la
cbatne au Liban. En se dispersant dans
ces montagnes chr^tiennes , its y port^-
rent le trouble, le vol, les vices qu'ils
tratnaient apres eux. Les Maronites,
plus inqui^t^ de ces enaemis indisci-
plines que de toutes les armees qui
avaient traverse leurs valines, s'efforce-
rent de les repousser de leurs sommets
^jusqa'alors ^pargn^s. Mais il est plus
difbcile encore de vaincre des bandes qui
se succedent (ju'une exp6iition en regie;
et apres avoir vaillamment lutt^, les
Maronites furent contraints de faire,
com me dans un incendie, la part au feu ,
et d*abandonner quelques-unes de leurs
terres k ees hommes feroces et perfides
qui sont les v^ritables anc^tres des
Drnzes actuels. Ainsi Hakem, apr^
avoir ravage la Palestine, d^truit le saint
sepulcre, ruin6 Jerusalem, fut encore
celui des dominateurs de la Syrie qui
atteignit le plus profond^ment et le plus
fatalement le christianisme dans la pro-
vince qui fut son bereeau.
Cette fiers^ution continue de la reli-
gion europeenne par les religions asia-
tiques ^mut les peuples au loin. Rome et
la papaute compatirent aux maux de
leurs freres d'Orient. Gertaines nations,
3ui commenqaient k d^brouiller le chaos
e leurs origines barbares , ^prouverent
une sorte de contre-coup des outrages
faits au cathoiicisme. II y eut alors dans
le monde cbr^tien un mouvement d'indi-
gnation qui devait un jour produire un
des plus grands soul^vements de masses
que rhistoire ait conserves dans ses an-
nales. Mais la coupe n'etait pas encore
pleine, et il appartenait a de nouveaux
conquerants des contr^es orientales d'y
verser la derniere goutte et de la faire
deborder. Ceux-la furent les Seldjouki-
des , qui appartiennent a la race turque
dans ce qu'elle a jamais eu de plus ener-
^que,de plusaudacieuxetde plus violent
a lafois.
Seldiouk, selon certains historiens,
avait ete esclave. Par un grand courage
allie k uneadresse des plus habiles, il de-
partki
ille.Prii
vint favori, confident, iieutttaatdbHi
mattre. Tun des princes du IbonsBB*.^
Selon d'autres historiens, auoontiui^ *
c*^tait un chef de tribu tout^isiaot,^
avec lequel les rois de rextremeOiiql
aussi bien au deU de rindus qv'aB P
de rOxus, durent serieasementcu
Quoi qu'il en soit, esclave oa <
Selcyouk n'en devint pas raoins i
soonage capital et le fondatcurj
dynastie qui , en nn siede , i
tresse de toutes les anciennes i
qu'avait poss^ees le khalifat
Ommiades, et, en outre, de <_
provinces d'Asie Mineure que les i
n'avaient jamais conquises. II n'e '
dans notre cadre de sui vre le pet
Seldiouk, le vaillant TbogroulB^ I
ses luttes contre les Gazn^vida,}
chassa de Tlrak- Adjemi ,
trionale de la Perse aetuelfe. I
teur et guorrier ji la fois, '
nait.au loin on peuple avec »il
peaux, et ses guerres furent dei'
Dies migrations oonquerantes.
done les Turcs, conduits par lai
invincible des Seldjoukides, I
pdturages de TOxus aux p
i'Euphrate. lis s*emnarerent
TAderbidjan ou M6die, et p
bientdt jusqu*aux frontieres
d'un cdt6 et jusqu'aax frontiens i
tiennes de Tautre. Ge fut ^ cette a
de grandeur eommen^nte que Icfj
qui jusqu'alors n'avaient foumiilr
que des corps d'aventoriers p
dire , se masserent , s^unirent, < ^
rent une veritable nation, iaqoielStl
bien des elevations et des dtoidtaof
eessives , bien des transformatioMil
perip^ties , devait £tre , en 6q dee
la dominatrice d^nitive de TO '
Chose Strange, mais qui se i
quelquefois pourtant dans les p
do soleil et chez les races privik
Ja nature, il y avait a la fois
groul-Bey, ills d*un chef de trill
pendantes, un conquerant et oai
nistrateur. Assez habile pour sens
tr^-attache a Tislamisme, qu*il fiti
ter a toos ses soldats, dans cha^oei
dont il s'emparait il elevait une
j[u6e avant de se bdtir un palais. i
wtelligent pour faire servir a ses
{*) Yoyei de Guisoct, Butoirtd^ Hm^^
SYRIE MODERNE.
217
6 tout hoflime et toute chose, on le vit
«r a lui ceux , quelles que fussent
inorigines, qui mootraient des ta-
lU, et profiler de ranarcbie de Tempire
Ijbe pour s'emparer du pays de Bag-
" derni^re possession des Abbassides.
tout en se rendant mattre des ter-
il oe disputa pas au khalife sa pre-
' ance sur les esprits. Bieu au con-
f. ii affecta )e plus profond respect
ia puissance sacerootale de Kalm.
jugeaot avec autant de justesse
) penetration qu*ii lui serait plus
dedominerle khalifat moriboud de
que le vivace khalifat du Cairo,
!lara pour les Abbassides centre
ithimites.
oui-Bey s'^tait etendu au sud;
ilan, son successeur, s^tendit
. Aussi brave qu^un lion , ainsl
m nom oi^me I'lndique , le nou-
snltan des Turcs conquit successi-
it TArmenie, la Georgie, une
de la Cappadoce , portant ainsi
ureux empire byzantin un
J plus funestes. Ce qui, d*ail-
aitla victoire desSeldjoukides
iportante que les pr^cedentes vic-
i^s Arabes, c'est qu'a leur exeinple
Digeaient des peuples conquis une
Mnce temporelle et spirituelle a la
Us ne purent , il est vrai , en Ar-
I et en Cappadoce, presque rien sur
iretiens, et renonqant a leur faire
ie Christ, lis en 6gorgereut un
oombre; mais en Georgie, pays
'saavage, ils acquireot des recrues
uses pour leurs armies et de nou-
Benriteurs pour ie Koran. C'^tait
nae fo'is la lutte entre le chris-
jeet rislam : c'etait, des deux
h menie ardeur que quatre siecles
Ifant. Deplorables guerres apres
rail donnent naissance aux passions
pi violentes, le fanatisme et la ven-
SI Recrudescence fatale d'une des
ss humaines , qui a peut-^tre fait
pde victimes, la haine religieuse!
fistianisme allait avoir le dessous
t toute la seconde partie du on-
sieeie de notre ere ; mais quelle
Bhe il devait reprendre des le com-
Nuent do douzieme ; k quelles ter-
represailles il devait se livrerC)!
ijres Goiflaaioe de Tyr,
LB SULTAIf TUBG ET L'BMPKRBUB
GBBG.
Les Turcs, dans leurs conqu^tes , ren-
eontrerent plus d'avantages que n'en
avaient trouv^ les Arabes. L'Orient , au
cinquieme siecle de Thegire, jouissait
d'une civilisation avancee. II ^tait reste
de la longue domination des khalifes
un bien-etre presque general , et la cul-
ture des sciences et des lettres, que les
souverains avaient prote^^es, portait
des fruits precieux. Parmi ces peuples
naturel lenient inteltigents, Tetude devait
developper certains esprits , et offrir a
chacun Temploi de ses aptitudes. Or,
dans un pavs ainsi fait, il suffisait qu'un
prince e6t le bon sens d'attirer a lui les
gens capables pour gouverner avec au-
tant de facilite que de grandeur. Ce bon
sens fut Tune des qualites d'Alp-Arslan :
il reunit a sa cour des poetes et des phi-
losophes, des politiques et des savants.
Aussi.ce petit-hls d'un berger fut-il bien-
tot un grand roi. Ne connaissant que
Tart de la guerre, il se rdservait de com-
mander lui-m^me ses armees ; mais il
laissa administrer son peuple par un
bom me aussi habile que consciencieux,
qui, grdce a la confiance qu'on lui mon-
trait,devintbientdt un ministre excellent.
Ce ministre s*appela|t Nizam-el-Mulk :
il organisait chaque contree a mesure
que son mattre laconguerait; et il por-
tait tant de soins a son oeuvre, il
savait si bien se servir des Elements que
lui offraient la nature et les moeurs des
populations, qu'il consolida partout le
pouvoir des Seldjoukides , et ne fut pas
pour pen dans Tetablissement de leur
puissance.
Outre d*habiles administrateurs, Alp-
Arslan sut former aussi de hardis lieute-
nants. Parmi ces derniers. Fun des plus
illustres fut un certain Atsiz, qui mar-
cbait a Toccident du Tigre, tandis que
son mattre s'avan^ait vers Torient. Cet
Atsiz entra en Sv rie , arracha aux Fathi-
mites lesud de cette province, tandis qu*il
reprenait au nord quelques cites aux By-
zantins. Les Fathimites furent assez pru-
dents pour ne pas entrer en lutte plus
longtemps avec cette puissance nouvelle
et invincible. lis se renfermerent dans
leur £gypte , sans provoquer davantage
les Turcs, qui grandissaient de jour efi
21S L'tmiVEM.
jour. Les Byzantlns, au contraire, plus
imprevoyants et plus pr^omptueux , s*i-
maginerent qu'ils pourraient dompter
ceseiivahisseurs de leurs Etats, et se ven-
ger d*un coup de la perte de piusieufs de
leurs possessions. Ilkavaient alors un em-
pereur ffUerrier Romanus t>iogenes. tis
levereof une arm^e que quelques bisto-
riens portent au nombre de trbis cent
mille hommes ; mais cette armee, comme
toujours, etait un ramassis de peuples de
toutesesp^ces, uue cohue Sans discipline
et presque sans cqurage. Cette hiasse
confuse, malgr^ Hntrepidit^ de son cd-
pitaine , ne put pas tenir contre quarante
mille cavaliers commandos t)ar Alp-Ars-
lan. Ceux-ci, en effet, barcelaierit tene-
ment les Grecs, quails leS s^parerent en
mille tron^ons, et jet^rent Tepouvante
dans leurs rangs. Komanus Diogenes
chercha a ralliet sps troupes 6parses ; et,
malgr^ sa priemiere defaite . malgr6 un
traite avantageux que lui ofrrait le sul-
tan turc, il eut Timprudence de presenter
un nou veau combat 21 son heureux adver-
Saire (*)•
La desertion U joignit encore d la
peur panidue dans Tarm^e byzantlne.
Romanus Diogenes n'en persista pas
Jiiolnfi dans la Tiitte avec Un ent^teraent
inconcevable. Puis, lorsqu'on en virit
aux mains, T^mpeireurde Constantinople
montra la plus grahde inbabilet^ mill-
tuire. Au lieu d etendre ^es troupes en
plusieurs lignes,qui SeSeraient apf uy^es
les unes siir les autres; aulieud etablir
une reserve, utile surtout dans un com-
bat contre des cavaliers, Romanus Dio-
genes crut faire merveille en formant de
son arm^e tout enti^re un colossal ba-
taillon carr^.C'etait donnertoute liberty
aux allures rapidesetdi verses de la cava-
lerie turque. AuSsi, malgr^ la vigueur
du premier clioc des Grecs, leurs ennemis
n*eurent-ils aucune peine a les d^cimer,
sans courir eux-m^mes de ffrands dan-
gers. Alp-Arslan avaitdonne a ses trou-
fes Texemple de la resolution. On rap-
orte quMl releva lui-mfime la queue de
son cheval , qu'il rejeta son arc et s^
Heches pour ne prendre qu'une rnassiie
et un cimeterre, ua'il se revfiiit enflu d'un
habit blanc serre, indiquaot ainsi , par
la toilette de son ehml et dellii•B^
et par le cholx de8esarni«s,qQebv|
toire 6tait dans la l^g^etidesnuirt
ments et Aih^ la raplditf des (Ml
Alp-Arslad avait Hison : \timi
£atigu&rHit des sttagues perfH
des Turcs.dU'ils supportertottMll
long Jour d'6te, ti fM lesbit, loM
vouiurent hntrer dads lebf «lg
ne purent roister atuubttVelks
vres de leurs ennemit, qui fin
oontre eiix un croissaat , dobt b
pointes fihirent par se reJoindltH
lopper entierenienl rariDc« Ijtl
Romanbs Diog^deS, qui, s'il nil
bile general, ireri aaitp^sinoiA
soldat , se defendit avec raiii '
troupbs Jusqu'a laooitSood
tue sous lui , ses j^rdes fdrtit
cr^s jusqu'au dernier , et rt wi
fcouvert de blessures, etsMlp^l
dans des mains, qu'oo put lett^
sonnier. , '
ici se montra le eirsct^rtjw
rent du sultan turc et de
(•) Voyei El-Madn, HitL Saraeen^, etMioi-
pDoro BrieDoiut.
gee. Alp-Arslan fotpleindel
ns ^a cbnduite, Romaotfli
pldii de vanit6. La geoMt i
lie fut surpass!^ que par riflp
d^ I'autr^. Alp-Arslan, a ^ »
amed^ Romanus Diogteel,lAii
niilier dan^ sa defaite, lefeWi^
coui-age personnel, luiimah
aiTection , et lui promit qirti
rait ni a ses joiii* rti a sa ng
ayantcritiqui; a?ecautanl*IJJ
de dignity le plandebatailkkj
tal, Alp-Arslan finit p^r tf*
ce qu'il aurtiit fait de loi JlJ*"
i'^tait prononc^e en feTC«r*
« J*aurais ordonne^u'wteftr
r^pohdit le ridicule ct insoleol
de Constantinople. Alp-ArtjJ^
et ne se Tengea qu'en tnoem
consideration que jamais ^^^
sonhier , et en acceptant de !•'
bon d'un million de p«<^''5[\j||
deux hommes quel etait le IsrtJ
Nous avons racoiiti^ avecq*f
tails les rapports d*Alp-Ar8li»
manus Diogenes parce qa^H i
caracteristiques, et parre que »
sement ils d^montrent am^
Bup^orit^ de Tun sor Tautre. Orl
n Yoyex ZoBarat et RtoiphonV
SYRIE MOD£RNE.
21*
ir de Constant inople etait le ch^f des
fetiens en Orient ; et ii*etait-oe pas uae
Htable caUmite pour )e christronisnie
ftd'avolrun pareit representant? Tous
rdiseiples du Christ devaient soufTrir
ll faibiesse croissante de I'empire hy^
mD, et de Tirremediable stupidite de
[priooes. Les fldeles de Syne furent
paussi abattus qu'humilies de la de^
I da Romanus Diogeoes, et la croiK
|ri)la de noureau devant le croissant,
ioti quelevfeil Omar, qui reste tou-
I im des plus grands libalifes de TIs-
lAlp-Arsian etait rigide mais juste,
re mais liberal , g^nereux parce qu*il
i fort, perseverant paree qu'il etait
viflcu. Dans ces deux hoinmes il y
i a la fois de la fougue et de la prll-
t. deTaudace bt dela sagesse. Seu-
Omar brillait surtout par son
Dce, AI^Arsian par sdn mspira-
L'un etail un esprit longuement
par la reflexion , Taut re un esprit
Irat fait par la nature. Tous deux
'le pastorale, ils dooquirent le
sanss'enorgueilliret presquesans
er. Tous deUx de mceurs auste-
Bs surent dompter leurs propres
M)s,aTant derepriiner ceiles desau-
etvecurent au milieu du luxe sans se
amollir. Nobles et grandes natu-
us df ux Grent des merveilles dignes
comparees ! Omar erea un enopire,
desArabes; Alp-Arslanen ressus-
autre, celui des Persans. Par ses
cueffet* qui servaient de mode-
IX qui Toiilaient lui plaire. Alp-
outre qu' ll fa^onnait les Turcs,
iers sujets , sut rend re aux Per-
^>lBor ancienne valeur. II y eut des
itre ces deux peuples alliance d'in-
!, sinoa fusion de races. Mais ee qui
te cbup le plus violent au clirls-
M, oe hit queceshomniesdu iiord
'Asia, ease mClantainsi alacivilisa-
fislaraique. pour la mieux dominer se
Ik mahometans , etapporterentainsi
religion ritale de celle du Christ un
lent nouveau de vigueur et de jeu*
t. L*Orient desormais ^tait a TIs-
• le ehristianisme indigene ne pou-
plus songer a lutter tout seul contra
oran vainqueur, et il ne faliait rien
us que les hommes du nord euro-
I pour renouTder la combat, et ba-
er la ?tttmre.
En voyant ees puissances diverses si
vite Stabiles et si promptement conso-
lidees , en assistant aux triomphes si ra-
pides de tant de conquerants improvi-
ses , en admirant oe spectacle d*unit^ et
de variety a la fois que presentent las
annales asiatiquea, unite par la religion,
variete par les races dominatrices , on
serait tente de croire a la superiority
definitive du croissant sur la croix, n'e-
tait rinstabilite de ces fortunes d'un
jour , fortune de peuple comme fortune
de prince. Alp-Arslan, 4Aes6 sous la
tente victorieuse et au^t^re deThogroul-
Bejr, son oncle, general habile a vingt
ans^ empereur tout-puissant atrente,
que nVdt-il pas fait a cinquante , lors-
que rdge aurait encore eugmente ses
qualites naturelles^ si ane mort violente
ne TeOt emport^, Tan 465 de I'begire,
Il peine dge de quaronte-quatre annees?
Un assassin obiscur trancha le fil de
cette existence merveilleuse ; et « mal-
gre les vertus singulieres de son succes-
seur pt fils, Melik-Schah, cette catastri»-
nhe ebranla jusqUe dans ses fondements
I'empire dts Turcs. Alp-Arslan , frapp^
d'un coup de couteau , ne mourut pas
immediatement de sa blessure : il eut le
temps de donner a ton fils de pn^oienx
conseils; il conserve jusqu'au dernier
moment la beauts de ses traits « I'itttDl-
ligence de son regard, la hauteur de
son esprit; et, inspire par ce qu'il y avait
de pluk eieve dans les priceptes du Ko-
ran , H ordonna qu*on inscrivtt sur son
tombeau ees paroles vraiment philosophi-
ques : « Vous tous qui avez vu la gran-
« deur d' Alp-Arslan elev^ jusqu'aux
« nues , venez a iVl^ou , et vous la ver-
» res enseveliedans la poussiereC). »
MELIK-SGHAH.
L*empire des Turcs , fond^ par deux
conquerants au lieu d*un, Thogroul-Bey
et Alp-Arslan, parvint a son apo^fee
sous Melik-Schah. Ce prince l^tait digne
d'une si opulente succession. £ieve par
son p^re au milieu deS camps; ^loigne
des capitales , oii les fits des rois trou-
vent tant d 'aliments pour leurs pas-
sions et d*cpuisement pour leur esprit;
heritier d'un sang pur et d'un caractere
fier, il savait des Tdge da dlx-huit ana
(*) Toyez AbNU-Pura^t* I>9*^»L
220
L'DNIVERS.
inener au combat une troupe de eava-
iiers; il eomprenait et r^fl^hissait, il
avait a la fois rintelligence du coeur et
eeiie de rdine. Grandf et beau comme
son pere , sa verte jeunesse ne connut
aucun de oes vices qui eteignent tant de
lumieres en nous, il n'avait d'autres
plaisirs que oeiui de la chasse, et sa
pens^e, toujours chaste, devait tendre
naturellement aux aspirations les plus
nobles et les plus elevees. Ce jeune
homme accompli devint bien vite un
grand empereur. Plein de gravite et de
sens , il se confia tout d'abord au genie
experiments du ministre de son p^re,
Nizam-el-Mulk. II etudiait de longues
heures avec lui , p^Strait avec resolu-
tion dans les arcanes de )a politique et
dans lesieplisde I'administration, vou-
lait tout savoir pour tout ju^er, tout
apprecier d'abord pour tout diriger en-
•uite (*).
Get apprentissage severe et conscien-
cieux ne fut pas long a Itre utile a
Melik-Schah. L'el6yatioQ pbenomenale
de la fa mi lie des Seldjoukides avait fait
en elle germer Tambition. La jeunesse
m^me de Melik-Schah , ce pouvoir im-
mense entre les mains d*un adolescent,
eveillerentTenviedans le coeur de Tun de
ses onc4es. Get homme, nommS Ka-*
derd , deja gouverneur de la Karamanie
persique, malgre les bienfaits dont Ta-
vait comble Alp-Arslan, se revolta oontre
son fils. Ce Kaderd, aussi habile in-
trigant qu'intrSpide general, se crSa
un grand nombre de partisans , et leva
une armSe considerable. II ne fallut rien
moinsque les meilleures troupes de Tem-
pire turc, eel les du Khorassan, pour
vaincre les multitudes qu'avait ameutees
Toncle contre le neveu. Encore la ba-
taille que se livrerent les deux rivaux,
dura-t-elle trois jours et trois nuits, et
fut-elle une des plus sanglantes que les
plaines de la Perse virent daus aucun
temps. Le courage du jeune sultan,
rbabilete de ses genSraux, fardeur de ses
soldats d*eiite lui valurent la vietoire,
et decouragerent les autres pretendants
en ailermissant sa puissance.
Mais Melik-Schah etait aussi genereux
qu'il etait brave : il se contenta (Tenvoyer
Raderd dans un chAteau qui devait lui
n Voyeid'Herbelot, Biblioth. orient.
servir de prison jusqu'a la fin d»
bles. Get acte de veitu fot uoe fand
litique. LesseditieuxamnistiesB*e&i
tinuerent pas moins leurs intri^Ni;]
agirent avec tant d*adresse, qnv
nerent de leur parti les troapes
qui les avaient vaineus. Les
Kliorassan, incessamment
les partisans de Raderd, le
rent. lis exigerent qu'on dooM
solde, et menacerent de del '
lik-Schah au profit de K^aderd, ij
les satisfaisaitpas. Meiik-Schahf
d'ordonner en pleurant ia mort
onde, tant les necessites gouva
tales oommandent parfois aox
des actes contraires a leurs
Gette mort apaisa toote seditej
elle fut un tel sujet de regret p<
Schah, que, plus tard, il ne la
rer qu'en rendant au fils de U
gouvernement de la Karamaw]
que.
Une fois son empire affc
lik-Schah, loin de s'endormir,
s'abandonner mime un instaat
sipations que son ige edt en
songea qu*a agrandir llierit^
pere , et a marcher sur ses
eonquete du monde oriental.
Ian avait a la fois chercbe a si
I'est et k Touest, Melik>Sehah
example difticite et glorieux. Bi
done. Tan 467 de Fhegire,
Souleyman en Syrie avec mt
nombreuse, tandis que
van^ au dela de TOxus
deux armees conqu6rantes
extremites de son empire, a
cinq cents lieues Tune de Ti
leyman reussit au dela mftne
ranees du jeune sultan. II
Fathimites jusqu*au fond de
s*empara des valiees du Utei^
I'Anti-Liban, mit des gamiMfti
toutes les villes de la cdte syiitf
enfin prit I>ama8, Alep et
trois capitales. Ce gu'Atsiz
d'Alp-Arslan , avait eommenal
des fortunes diverses , fl le
un succes constant. Pais,giieea
periorite incontestable du vizir "*
el-Mulk, qui d'lspahan, ou il sej
savalt faire rayonner sur tout V
loisTegulatrices de son admii
en moins d*ua an destributs
SYRIE MODERNS.
S21
'^ farent Qxh, et Tunit^ gouvernemen-
^ tale se trouva 6tablie (*).
^' Les populations syrieDnes pr6feraient
^ un ordre, guel qu*il fttt, a Tanarchie qui
■^ les avail si longtemps accablees , et ir^-
" taient les inconv^ients d'un culte dif-
^ f(6rent, les Chretiens eux-m^mes au-
^ raient pu respirer quelque peu apreg
' tant de malbeurs. Mais Fantagonisme
' entre les deux religions durait toujours.
(Tetait le fruit des expeditions malencon*
'I treuses de Nic^phore Phocas et de Zi-
^' misces. Ausst , quoique les princes do-
' minateurs fussent elements, quelque
>** tolerance personnellequ'ilsmontrassent ,
r la lutte entre les deux cultes n'en demeu-
■ rait pas moins vive, la baine profonde, la
'■ separation perp^tuelie. D^ormais il ne
^ s'agtssait plus de rigueurs temporaires,
^' d'exigences politiques, d'affaires de prin-
f ees h peu pies; la ruction grecquedela
f fin du dixieme si^cle avait tellement d*un
e6t6 reveille les pretentions, et de I'autre
ralhime les dissent! ments, qu'il y eut d^
^ lors en Syrie deux nations divergentes,
I enneniies, les Cbr^tiens et les Mabooi^-
{ tans. Mplorables consequences d'une
r lutte oil le vaincu ne sut pas prendre son
I parti, ou la guerre civile hit regardee
h comme une guerre sainte , ou surtout la
r barbare Ineptie des deux empereurs
i grecs ouvrit f^re des vengeances et des
I persecutions. La Syrie catholique ne
I trouva done, dans la domination de M^
I lik-Schab, aucun adoucissement a ses
maux. Si le gouvernement turc etait
juste et genereux, ses officiers subal-
ternes, sa mliice, et jusqu'a ses par-
tisans dans le |)euple, conserverent con-
tre les Chretiens tant d'animosite, les
accabierent de tant d'avanies, les tour-
menterent de tant de faqons, que leur
sort fut aussi pitovable sous une bonne
administration, celle de ^lizam-el-Mulk,
que sous la plus mauvaise de toutes,
oelle de Hakem.
Melik-Schah r^ussit aussi bien au deU
de rOxus qu'au dela de TOronte. II exe«
cuta le projet gigantesque de son pere,
soumit les villes de Bokharah et de Sa-
markande, s'etendit jusqu^auxconflns des
Indes , et fit graver son nom sur les
roonnaies du ro^aume tartare de Kas-
gtiar. Ainsi voism d'un c6te des peuples
de la supreme Ame . lea Gbifioifi, il n'a-
vait de rautre o6te que le deplorable
empire de Constantinople qui le separait
de TEurope, tandis qa*au sud il poss^
dait la Mesopotamie , la Syrie , et lea
trois Arables. Cet empire eolossal ne
fati^ua point lecourageux et perseverant
Melik-Scbah. Conseilie par son excellent
vizir Nizam*el-Miilk, il sut donner d'e-
quitables lots aux populations innom-
brables de ses immenses posseasions*
Puis, non content des bons rapports
qu'on lui faisait, il voulait tout voir par
ses yeux. II entreprit done le tour de sea
£tats, visitant toutes les villes, sVnque*
rant de la facon dont on rendait la jus-
tice, et faisant rentrer lui-meme les
imp6t8. Cette noble maniere d'agir eta-
blit partout un ordre parfait, et surtout
augmenta enormement le tresor pu-
blic. Avec lessommes considerables qu'il
reunit , avec les trtbuts qu'on lai payait
de toutes parts, Melik-Schah, loin de
s'abandonner k des plaisirs futiles et
toujours onereox, loin de se livrer aux
depenses de luxe, dont la oour de
Constantinople off rait depots des sie-
des le plus scandaleux spectacle, reso-
lur'^d'employer au profit du bien-^tre
general les richesses dont il regorgeait.
Apres avoir traverse tous les pays ha-
bites de son empire , il voulut se baaar-
der aussi dans les deserts, afin de lea
transformer autant qu'il lui serai t poe-
sible. II commenca done son peleri*
nage de la Mekke ,' emmenant avee lui
d'habiles ouvriers au lieu d'oisifs pele-
rins. A cheque etape il fit creuser dea
citernes; de distance en distnnce il fit
bdtir des bourgades : repandant ainsi
sur sa route des bienfaits qui devaient
etre eternels. Sa caravane laborieuse prit
au retoun un autre chemin, perqa
dans un nouveau desert de nouveaux
puits, eieva de nouveaux villages,
et ouvrit des routes qui durent en-
core (*).
C'est par de pareils actes, c*est par
un gouvernement aussi eauitable que
prevoyant, que Melik-Scnah •^s'attira
le coeur des populations, et centupla
sa force. Malneureusement les Musul-
mans seuls devaient profiler de ce
grand r^gue. Nous en avons dit deja
C*) Voyez El-Madn , Hist, Same.
(*) Yoycs Ab*alFeda, AnnaL mo$lem.
m
vmavBW.
ouelquesHUMS d«s raiaoos : la derm^ce
tut la lutte que rempereur bysantio
eut encore la pr^oaption d*engager.
Loin de ae tenir dans una r^rve pru-
dante, le prince grec commit la sottiae
d'attaquer ie aul^in dans une de ses pe-
vegrinationa civiiiaatricea. Uujour iiilmQ
il eut la chaiioe de le voir tomber dana
une de aea embuacadea. Mais lea aoldata
qui a'emparereot de Melik-Schah oe
se douterent paa de la priae qu'ila
avaient faite* Le aultan^ plain defiuease,
diasimula aon rang : il ae fit passes
pour un homme de peu d'importance,
ainsi que eeux qui le auiYaient. S^uler
ment ifae hiita de [w^venir son ministre
Nizam-el-Mulk da la poaitioa ou ii se
trouvait. Le vizir, tluasi adroit que
son mattre, fit placev la garde ordinaire
a la tante imperiale et parti t incontinent
en qualite d'ambaasadeur vera Temper
reur byzantin. Ntzam-el-Mulk offrit la
paix k des conditions fevorablea. Sa
proposition tut acceptee ; et le souve-*
rain grec, pour faire montre de ma-
gnanimity, declare qu'il ailait rendre
au vizir turc quelqued prisonniers que
sea troupea avaient faits. On amena en
consequence le aultau et sa auite a
Kizam-el-Malk. Ce- dernier, conti-
nuant la comedie dont le premier acta
avait si bien reussi, jeta un ceil de
dedain sur le sultan et sembla Temme-
ner avec indifference. Ce ne fut qu*a
queloue temps de la que la paix n'ayant
pas et6 rati Gee, et que Tempereur greo
ayant i aon tour et6 fait prisouuier,
apres la defaite comnl^te de son armee,
reconnut a son grana regret Terreur qu^il
avait commise ; niaia le sultan, toujours
gen^reux, compU au chef des Chr^iens
comma une bonne oeuvre de sa part ce
qui n'avait ^te que Tefff t d'une meprise,
et le renvova a Constantinople.
Kizam-el-Mulk, dont lliabilete avait
aauv^ son prince, devint plus inHuent
aue jamais. Malheureusement cetle in-
uence croissanie augmenta le iionibre
de ses envieux. On se ligua centre lui ,
et il compta m§me parmi ses ennemis
la propre femme de Melik-Schah, la
sultane Tarkhan-Khatoun. Voici a quel
aujet il s*etait fait un adversaire de cette
Srincesse. L'histoire constate. Tan 47$
e riiegire, le manage de Melik-Schah
avec Tarkban-Kbatoun; et cependant,
aana parler d*ane autre aaltane,
clare aussi que le fils de Tar! '
toun n'etait que le cadet des
Melik-Schah. La sultane euit
et ambitieuse, elle s*efl6r^
ment de faire designer son fib i
comme suocesseur de son marv
des enfants de Melik-Schab, i
Berkiarok , ^tait le plus pres
et aemblait en outre a ^"
le plus digne de re^ner. De
ment, rupture et animosite ~
tane et le vizir. Le vizir
doute que Tb^ritage, trai
au cadet, ne fdt unecausiB
futura ddos rttatt et qu*il ^\
des guerres eiviles comme ''
eu avait eu a aoutenir au 001
de son regno. La aultantt
jeunesse de son fils, s'en
vantage a son opiDion; et pevri
aon but , die ne trouva pi|i
kur moyen que de renversir '
Mulk. £lle s-mgenia done a 1
tar dans I esprit de Melik-Seh
de denunciations , dlotrigiMl
lomntes. Ces premises al
impuissantes ; mais Ion
a prouver au sultan que
da it, par aea douze enfisnta
d'autrea membres de sa f
les grandea charges de V
Schah , qui jusqu*alors n>
oes hommea que des servi
prit enfiu ombvage du pow
de Nizam^eUMukk (*).
II iui fit en ooBsequensi
par un de ses ofliciers^ des(
cat^goriques. Cet ofiieMr
creature de Tarklian-Khal
necessairement au dela de
menaca faussement le vizirj
du sultan, de lui enleverla
r^icritotre, marques distil
dignite. Nizam-eUMulk, M
quatre-vingt-dix ans, patri
de genie ct de grandeur, «e
ment blesse de oette iniustiwl
prince et de rinsolenee de i
et il repondit avec hauteur .
net qu'il portait et la charge qu'
dait etiient tellement lies par fa
de la Providence a la courooi
trdne du sultan, que ces q
(*) Voyeid'Herbelot, BibhoiAiqM*
Draoa'd
ue Ml
SYRIE MODERNS.
333
j» poQvaieDt subtler ]\me 6ans
(re. Cette r^ponse , si juste luais si
L fui rapportee aTec toute sorte de
ineoUires calomnieux h Melik-
^ , giii s'en offensa , destitaa son
^^, vizir, et donna sa charge h Tadj-
'krKaipi , chef des conseils de ra
[f i^ir destitu4 , grdce h sa haute et
pte reputation, n'en restait'pas
ijn personnage tres-important
at, un exeiDDle de Tinjustice
et une critique vivante de
.aigne successeur. Celui-ci, au
btein de jalousie et de haine , mit
liUe a son forfait en faisant assas-
|,19izaiD-ei-Mu(k. Ni cet homnie
^ Di Tambitieusesultane, n'avaient
\ d^arm^s par la vie si noble-
»^plie da vieux vizir. En vain .
\me jeunesse studieuse, avait-!I
' toute sa science au bien de
: en rain, en protegeant les
l(ettres, avait-ii avanc^ la civiH-
I en vain, en ^l^vant des colleges
gcandes villes. a Baghdad , k
, Ji, i Herat, k Ispahan, avait-il
l^te rinstruction dans )e peuple;
ik> ^ co|iseillant son prince, lui
I fait remporter des victoires !
> ce^ vertus et tous ces services
t des vices et des trahisohs aux
i^nvieuse sultane et de son
iininistre.Nizam-elMuIk,au nii-
J ses travaux ^olitiques , avait
(^l^loisir de ternxiner un livre ou il
} princes des prteeptes et des
pour bien gouverner leurs
letengn ii eut le temps , avant de
% de laisser cet adieu touchant et
iMeliknSchah :
fraod monarque, j'ai pass^ une
w de ma vie a bannir r injustice
•osEtats, fort de votre autorit^.
^le aveo moi^ et je vais presenter
<<UTcraiu roi du del, les comptes de
^ adiiiinistration , les temoignages
!» fidelite, et les titres de la repu-
EQue j'ai acquise en vous servant,
ae votre royale main. Le terme
de ina vie ^f rencontre dans la
^viugt-treiziemp annee ie mot\
tfA c'est un coup ^e Qouteau qui en
>we le fil. 11 ne tne resle plus qu'k
f^ttre a mes fils ia continuation des
8» services que je vous ai rendus, en
les recommaodant k Dieu et a votre
majeste (*). »
Melik-^Schah fut tr^-affeet^ de la
perte de Nizam-el-Mulk. Cette mort si
r^ignee et ce noble testament lui ou«
vrirent enGn les yeux. Qoe se pessa^t41
alors dans V&vne de ee grand prince?
Fut-il biess^ du caraei^re de sa nmme?
Se d^goOta-t-il tout k coup du pouvoir
suprmne ? Ses idees mahometaiies , ren-
forc^es par les ^v^nements , lui prouvd-
rent-elles evidemment Tinstabilite des
choses hiimaines? Ou bien, JNizam-el-
Mutk n'aura!t-il pas emportlft dans le
tombeau la plus large part du geoie de
son mattref Toujours est-il que, du
jour de Passassinatde sen mlntstre, on
Tit le sultan sombre , charge 4*ennuis
secrets, accabl^ d'un mal int^rieur. Sans
int^r^ pour la vie et le goaverQement,
il allait quotidiennemenl k la ohasse,
pintdt pour chercher la solitude que
pour s'adonner a son plaisir favori. Sa
m^lancoiie m#me augmenta tellemf^nt
qu'elle Temporta quetques mois apres
son vizrr, raq 485 de Fb^ire. Apres
vingt ann^es d'un regne illustre, Melik-
Schah mourait dans la force de T^ge, k
trentehuit ans, et son pouvoir colossal
allait s'eteindre avee lui.
])« LA SYBl^.
Soit gen^rosit^ excessive, soft m^-
fiance de son successeur , Melik-Schab
commit la m^me faute que Charlemagne:
il partagea son empire. Son fils atn^
BerkiaroK en eut la plus forte part;
niais son frere, ses cousins, obtinrent
aussi chacun up royaume. Dans ce par-
tage la Syrie fut litteralement moroelee.
Souleyman, son dernier conquerant ,
n'en garda que la vilte d'Antioeiie, dont
il en fit encore qu*un chef lieu de pro«-
vince pour decorer du titrede sa capilale
Krzeroum en Armenie. Toutouoh, fr^re
de Melik-Schah, devint le mattre de la
Syrie meridionale; un certain Aksankor
eut pour domaine le pays d'Alep. On
^tait fait : la Syrie, deja s^par^e en
deux camps ennemis, celmdes Chretiens
et celui des Mahom^ns, par ses domi«
natious etrangeres et diverses se trouva
encore subdivis^e , incapable desormais
(*) Yoyez d'BabiAoUBibliotheque orieniaU^
234
LUfilVERS,
de former on corps de nation, m^ang^
de races ^ui d^truisirent h jamais son
homogi6n^t^.
II y cut cela de fatal dans la destine
de Tempire turc, qu'une fois prive d'u-
nit^ par le partage qu*en fit Melik-Schah,
la civilisation orientale se concentra en
Perse ; et ies royaumes moins bieu affer-
mis demeur^rebt daos un etat mixte»
entre la guerre offensive et la guerre
d^ensive, ^tat fort peu favorable au
d^veloppement de Tordre et des lumie-
res. Tous Ies £tres turbulents, toutes Ies
natures aventurieres affluerent dans ces
royaumes, ou, i la faveur des combats
sans cesse renaissants, jQorissaient le
vol individuel et le pillage public. Les
Turkomans, race bdtarde des Turcs,
quittdrent leurs plateaux arides de la
mer Caspienne etser^andirent jusgu'en
Syrie. lis amenaient avec eux cet esprit
d'lnd^pendance, ou plut6t cette haine de
toute autorit^ , cette ardeur guerriere ,
ou plutdt cet app^tit de butio , qui ont
t6ujour8 caracterise les tribus nonia-
des. Or il y avait sans cesse des degdts a
faire en Syrie, et les Turkomans ne
manqu^rent pas de s'y abandonner a
toute la violence de leurs passions. Les
exces auxquels ils selivrerent, surtout
en Palestine, furentexcessifset continus.
Le gouvernement de la cit^ sainte avait
et^ c^e a un de leurs chefs les plus f<6-
rooes, du nom d*Ortok. Ce barbare, as-
ses semblable aux barons feodaux de
TEurope , faisait main basse sur tout ce
qu'il convoitait, accablait les popula-
tions d'impdts et d*avanies , et employait
tous les moyens licites et illicites d*ex-
ploitation {*).
line nouvelle source de tyrannic ve-
nal td'ailleurs de s'offrir aux Turkomans.
L'usage des pelerinages Chretiens , qui
n'a vai t iamais €U suspendu depuis les rap-
ports d amitie entre Haroun-AlRascbid
et Charlemagne, prit tout a coup uiie
extension considerable. Apres avoir et^
des expeditions moiti^reli^ieuses, moi-
ti^ commerciales, ces pelermages 6taient
devenus de v^ritables emigrations que
les pauvres entreprenaient tout aussi
bien que les riches. Or , 11 n*est sorte de
vexations, de vols et de mauvais traite-
(*) Yoyez de Gulgnes, HUtoire generaU des
Buns, etc.
meats auxqaela ces nombreux |
ne fussent expose dans leur p
Syrie. Les Turkomans les atl
dans Ies gorges du Taurus oadal
et les depouiUaient sans piti^t^
atteignaient une ville, ils n'y p6
qu'a la condition d'y payer leori
Beaucoup d'entre eux mouraioH
de fatigue, et quelquefois 4ft^^
avant <raniver au but de leu
ges ; et ceux qui , plus favo
nasard, avaient pu eviterle<
des Turkomans et satisfaire ai
ces de leurs chefs, ceox qui t
le bonbeur de parvenir jusqiA I
lem , n'en franchissaient la po '
donnant une piece d'or par i
difficultes pre^que insurmoii
pelerinages, loin d*en diminn
ore, Taiigmenterent an ooi
jour en jour. On s^imposait i
le voyage de la cite sainte
plus rude des penitences ; et ;
avait de dangers a oourir, pin
saituu merited'essayer a less
II semble que le tyran Ortok i
alors au'illui etait avanta^eoil
cuter les Chretiens; car bieidftl
borna pas a imposer arbitr ~
pelerins, il outragea leurs {
sulta a leur religion, et tronUai
fois les ceremonies du culte
du Saint-Sepulcre. Un jo
f)oussa rinsolence jusqu'a s\
a personne du patriarcbe,|
f^iire trainer par les cbeveux I
prison. Puis il le retint dans i
cachot jusqu*a ce que les C
fussent cotises, et eussent ^
ses mains la ran^on qu*il lui |
ger. Ce fut ainsi que, sous lad
de ce feroce brigand, le Liban4
coupe-gorge , et Jerusalem one
supplices.
PkLEBIIIA&B DBS CS
C'est une tr^-ancienne <
celle des pelerinages. Depuis^
jusqu'a repoque ou nous sonuneia
lis n'avaient jamais oesse. D'ift
fiirent des reines qui firent ie
pieux : apres sainte Helene, n
Constantin, au quatrieme siede,
rimperatrice Eudoxie, femme de 1
dose le jeune, au commenceme^
cinquieme siecle. En ce temps-la I^
SYRIE MODERNE.
ns
Milem ^tait tranquille; Tordre polittqne
6t Fordre religieux y wgnaient k la fois.
En politique c*etait une ville ^pargn6e;
en religion c*etait une sbrte de terrain
neutre. La guerre en ire tes schismes cbrd-
tiens ne s'y faisalt pas sentir, at le per>
8onnage r^v^re appel^ patriarche 8*7
onontrait en m6me temps Pami du pape et
rami de Fempereur de Constantinople.
L.*exerople des imperatrices fiit corita-
gieux* 11 entratna des foutes si conside-
rables en Palestine, que certains ^rd-
ques, hommes d'autant de bon sens que
ae veritable pi^te, s^^lev^rent contre ces
Emigrations inutites. L'^v^que d*Hip*
pone, entre autres, dit dans un de ses
sermons cette parole, aussi juste que spi-
rituelle : Jdeum qui ubique est amando
venitur, non navigando, Malheurease-
ment tous les saints ne pens^rent pas
comme saint Augustin, et Ton vit succes-
sivement saint Porphvre, saint J^rdme,
saint Kusebe, sainte Paule, saint Sylvain,
saint Antonin, saint Wilpbage, saint
Arculphe, saint Guillebaut, donner aux
p^lerinages un caract^re d'asc^tisme qui
en aug'menta encore le nombre, Les pre-
miers y vinrent avant la conqu^te niu-
sulmane, les deux derniers apres. Or,
ce qui prouve la tolerance des Mahome-
tans, c est que saint Arculphe est celui
qui constate dans son recit que le 15
septeinbre de chaque ann^ il se tenait
une foire sur la montagne mdme du
Calvaire. Ainsi on se sanctifiait tout en
faisant fortune. Une autre preuveda
caract^re g^nereux de la eonqu^te arabe,
e'est gue saint Guillebaut, traversant la
Tille aHems, fut conduit avec ses com-
pagnons devant T^mir du lieu. Get
emir, qui ^tait un vieillard, apr^ avoir
interroge le pelerin, le laissa partir sans
diflicuiuS, en disant k cetix qui Tavaient
amen^ : « J*ai sou vent vu venir de ces
« hommes; its ne chercbent pas le mal,
« mais d^irent acromplir leur loi. »
L'usagedespderinages ne paraissait pas
' eitraordinaire a un peuple dont les pr6-
' ceptes religieux le prescrivent aussi. Seu-
leraent les sectateurs du Koran faisaient
' ces p^lerinages k travtrs leur propre
I pays, tandis que les Chretiens s'en ve-
, naient accomplir leurs devotions au
' coeur m^me de Tlslam (*).
(*) Toyes ta GUmaire de Dacange.
16* LkraUon, (Sybix hodebnb.)
Du temps de Charlemagne » nous Ta-
▼ons vu, lesort des ChreUens fut r6gl6
par capitulations. On pretend mime
qu*Haroun-al-Ra8chid eut la gracieusete
dVnvoyer k Fempereur d'Occident les
cleft de Jerusalem, indiquant ainsi qu*il
laissait aux Chretiens la fibre disposition
de leur cit^ sainte. Les Chretiens us^rent
de cette permission en y Levant des bos-
prces et des couvenu. C^taient 1^ des
ndtelleries pour tes pdlerins; oe leur fut
aussi dans les temps mauvais des lieux
de refuge. Cette certitude de reneontrer
hospitalitlet protection k Jerusalem don-
nait de Tardeur aux personnes pieuses ,
de mime oue les cnances de quelques
benefices dans un commerce tolerl atti-
raient toujours la foule. 11 arrivait done k
Jerusalem des gens de toute sorte, moi-
nes, n^gociants, seigneurs et hommes du
peuple. II en venait du nord comme du
midi de I'Europe, Anglais et Itaiieos, Al<
lemandset Espagnol8,Suedoiset Proven*
caux. Aussi quelle calamity pour les p^
lerins comme pour les Chretiens d'Orient
que le r^ne du fathimite Hakem , que
nous avons racont^l Les crimes deoe
monstre, les persecutions qu'il fit ^prou-
ver aux disciples de Jesus-Cbrist, sa
destruction de fond en combie de Tl-
glise de la Resurrection excit^rent au
ernier point les ressentiments de TEu-
rope catnolioue. Si Grigoire VU n'avait
pas eu tant de riformes a faire, tant de
combats k soutenir contre Tambition
des empereurs d^Allemagne, peut-ltre,
en conduisant la premidre croisade, au*
rait-il, lui, dllivreles Chretiens. Mais la
coupe d*amertume n*etait pas encore
pleine, et il fallait qu*Ortok et ses Tur-
komans y versassent la demise goutte.
Lorsque le sucoesseur de Hakem, Dha-
her, eut laiss^ rebAtir Teglise de la Re-
surrection , les pelerinages , suspendus
pendant trente ans, reprtrent avec plus
d*ardeur quejamais. Seulement cen*etait
plus isolement au'on les iaisait, e*^tait
en troupe. L'abnl de Saint-Viton , Ri-
chard, partit en 1046 pour la Palestine
siilvi de plus de sept cents pterins.
Dix ans plus tard, Lietbert , evdque de
CambrajT, se fit accompagner aussi par
une partie de son clerge et de ses ouail-
les. Quel que fdt le nombre de ces pe-
lerins, qui s'appelaient eux*m^mes Var-
mie du Sdgnewr, leur caract^re de mo-
16
VUfttVERS.
m
destie et de doocear Atait touto ioqui^ inspirar le respeet de ^ peR<iQBi.Q^ I
tude aux populations parmi lesqueliaa -" ' ' — *••— ^
iis passa lent. Cou verts de v^tements de la
plus graode simplicity, ne portant a?e«
eux aue la paoiietiere , la gourde et le
bouraoQ , its n^inspiraieot de oraiote k
personne. Dans les pays eathoUques oa
les traitait toujours avec egards : les
seigneurs devatent leur ouvrir leurs cha-
teaux , les gens d'armes de^aieat les d4"
fendre. Ite etaient exempts de tous p^
ges, et on ne leur demaodait aucuoe
retribution sur les navires oik ils 8*em«
barquaient. Ces usages etaient bons pour
les peleriiis isoles; mais pour une troupe
de sept cents homnies et au dela, il ^tait
difficile en certains endroits de Vi\^
berger et de la nourrir. Aussi les com-
pagnons de Lietbert eouffrireut ils de
toutes fa9ons dans leur long voyage.
Lietbert etait aussi patient que bon ; sa
venerable figure d^armait les plus ir-
rit^s , et souvent il lui avait sufli de se
presenter pour retablir la bonne bar*
•monie entre les pelerins et ks popula-
tions de TAllemagne. Mais en entrant
en Pannonie, les souffranees de la pieuse
caravans redoublerent. Les Uuiis, qui
habitaient encore les for^tsdu Danube,
prirent m^fiance contre ces Strangers
qui , sous le pretexts d'un acte religieux »
semblaient vouloir envabir leur pays.
Le saint ^v^que sauva encore une rois
son troufMau. Quand le roi de ces coa*
tr^es le vit si debile quoique si digo^,
si sincere dans sa piet^, si egal dans
sa mansuetude, il le crut sur parole et
le laissa passer outre , lui et les sieas.
En Bulgarie ce furent eucore de nou-
velles tribulations. Les oompagnous de marcbe k travers l^urope,
Lietbert vinrent en pleurant lui anoonoer faaueux n'avaient iospirequsfl
qu*ilsnepouvaient poursuivreleur rou- ^- - •• • . . -j
te , menace qu'ils etaient par des embd^
ches conttndelles, et accabl^ par dea
maux sans cesse renaissants. L (§v6que
alors les reunit , et leur paria avec tant
d*eloquence et d'onction qu'il les recon-
forta presque tous. Puis la troupe catli(H
lique ayaut reocontr^ dans les profoii*
deurs d^une foi^t une masse d bomiiies
montes sur de noirs chevaux et arm^
d*arcs h longues Qeches, la terreur se
repandit de nouveau parmi les pelerios*
L'^v^que alors alia seul vera les homines
farouehes qui lui barraient le passage «
et fut eucore assez beureux pour leur
de pouvoir personnel , que d*!
gue de vertus perdus pour une
inutile I Encore cette exp^ditioa
t-elle point au but qu'elle n
Parvenus a Laodicee, les pd(
barquereot pour Jerusalem; eti
p6te les rejeta dans Ttle de ^
ne voulaient pas dtre veous
aooomplir leur pelerinage
se reinbarquerent pour la Pal
les marins grecs , pius p
au lieu de les conduire a
ramenerent a Laodic^. ]
les nouvelles persecutions
mans, et convaincus de "
d'atteindre Jerusalem, iis
leur de retourner dans l(
avoir visite la cite sainte (*).
Apres ce bon ev^ue et
troupeau, eo 1064 on vit
veritable aruybt de sept mill
dont les cheDs etaient Si
v^ue de Maieoce; Guill
d*utrecbt; Gumher, evi
berg ; Otlion , ev£que de
y avait, en outare, des'
et des chevaliers de
Autant les premiers pei<
eir rexcellent Lietbert,
es et modestes ^ autant
meues par d*orgueUleux ev<
Sers et superbes* Autant
Etaient vStus simplement
Gonds Tetaient avec
{^r^tres avaient des
es laiques des cottes en
devait exciter la convoitissT
fois ridicule et iinprudeot
Orient, ils souleverent la <
peine furent-ils eotres sur 1
nom^Unes, que de toutes |
bes erraiits, les Turkomans!
les Bedouins du desert, i
leurs traces. Us fureut <
Ramlab par ces baiides, qui |
k tous les coins de bois , a t
1^ de montagnes. Dans oetle|
ville enOn , Ta vant* veille de f
masse de ces brigands s'ef
coup sur les pelerins. Malgre 1
(*)yoyezletoHieiy da reoocU da 1
dislei.
SYRIE MODERNE^
m
de cbarit^ et de patience, il fallut bien
quails 86 defeDdissent. Superieurs en
nonibre, ils crurent d'abonJ que leurs
bras suftirai'nt pour repousser leurs
agresseurs. Mais que peuvent ies poings
les plus solides centre des lances bien
effiiees? Plusieurs des pi^lerins turent
viclimesde leur courage : ils tomb^rent,
tout couverts de blessures , et parmi eux
Guillaume, ev^que d'Utrecbt. Alors,
pour^cliapper k une mort certaine, il fal-
lut ramasser des pierres; et cVst ainsi
que peu a peuon eii venait aux bostilit^s
que dans le principe on avait voulu evi-
ter. Les brigands, acharn^ apies cette
troupe luxupuse , la forceretit b se re-
trancber derrieredes murs en ruines. Ge
fiit d^s lors un siege en regie. Les as-
saillants couvrirent les retranchements
d'uiie gr^le de fleches; les assieges,
pousses p r le desespoir, firent plusieurs
sorties , arrach^reiit des amies a leurs
ennenifs, et h leur tour r^pandirent le
sang, contrail ement au pr^cepte de
ri^vangile et a la loi impossible quails
sVtaierit imposee. Ceo 6tait fait, la
guerre dtait allumee.
Apres uiie nuit passee dans leur place
improvis^e, les Chretiens se virent le
lendemain attaqner par douze milte
bommes; et encore cette masse, loin de
vouloir les forcer, les entoura de tous
cotes afin de les prendre par la famine.
Quoi qu'on en eOt, il fallut done triiiter.
Les assiegeants se montrerent trte-ri- .
goureux, et le combat dut recommencer.
Enfin , apres trois jours de souffrances,
les pelerins n'avaient plus qu*a succom-.
ber, lorsque Tun d^entre eux put, a la
faveur des tenebres, aller a Ramlab s'a-
dresser h IVmir. 11 se trouva que ce
chef voulut bien arr^ter Pelfusion du
sang , disperser les brigands , et, nioyen-
nant une ran^on, delivrer les Chretiens
et leur donner uneT escorte jusqu'a J^
rusalem. Comme on le voit, le basard
seul les avait sauv^,s. Peu contents, du
reste, de leurs iniprudenoes repetees du«
rant leur longue route, ils commirent
encore la fuule d'entrer a Jerusalem en
triompbe. Ce fut au son des cymbales, h
la lueur des torches, avec un grand ap-
pareil et un grand luxe, qu'ils visiterent
les lieux saints. Une pareille cooduite
ne devait-elle pas btesser Torgueil des
VMiues du pays? K^etait-ce pas idissi
une sorte de proTOcation faite par la
religion chretienne a la religion musul-
mane? Heoreusement pour les pelerins
qu'ils ne renouvelerent point le specta-
cle de leur joie maladroite, et qu'ils
profiterent de Tarriv^e d'une flotte ge-
noise pour retourner en Europe (*).
Malgre la fdcbeuse expedition que
nous venons de rapporter, le goQt des
pelerina<;es fut loin de diminuer. II ^tait
d'ailleurs excite par le cferg^, qui en vint
k remplacer les penitences canoniques
par des voyages a Jerusalem. En outre,
dans le onzieme siccle les temps (^taient
durs et les homm( s 6taient rudes. Les
malheureux et les opprim^^ aimaient
done mieux fuir leur mardtre patrie que
d'y mourir de faim ou dans les tortures.
Aussi, outre les pelerinages de devotion,
voyait-on des pelerinages d'expiation
et des pelerinag[e8 de misere. L' Europe,
en effet, v^getait alors dans des ten^bres
sanglantcs. La ir^oe de Uieu , qui fut
pr^chee par le clerg^ des Gaules , prouve
a quel point la barbaric «sn et«iit arriv6e
vers Tan 1060. Grdce aux deplorables r^«
sultats du systeme f^dal, il n'y avait
plus en Occident qu*une classe, les no-
bles, qui comptdt dans Tliumanite. Or
quand ces nobles « tous ambitieux, gros-
siers , jaloux les uns des autres , se dis*
putaient les lambeaux d*un pavs, ils
^rasaient le peupleeoinme lecaillou des
chemins, ils pillaient les villes, et lais-
saient leurs bommes d'armes commettre
toutes les exactions , tous les vols , tous
les crimes que leurs passions dechaln^es
leur iuspiraieut. Ou en vint au sacri-
lege; alors le clerge s*emut , il se reunlt
en concile, et proposa cette trive de
DieUf f jible remede contre tant de maux,
barriere de pldtre oppos^e k des bommes
de fer. II ne s*agissait , en effet , que de
suspendre cette guerre pcrpetuelle de la
feoaalit^, d'abord quatrc jours p«ir se-
maine, ensuite deux seulement , le sa-
medi et le dimanche. Gependant, tout
impuissant qu*etait cet expedient, on
s'efforca de le maintenir. Ce fut alors
qu'on nnposa le pelerinage aux infrae-
teurs de la trice de Dieu, de m^me
qu'on Pavait impose pr^cedemmeut k
ceux qui avaient detourn^ ou pille les
(•) Yoyez Ganiaume de Tyr, BkL d*<9 qui
^§H pom an 4$la du msrtf elc^
16.
)28
LtJNlVERS.
biens de I'EgUse , et a eeux qui avaient
comrais des meurtres , et qui etaient as-
sez forts pour qu'on ne pQt pas leur ap-
pliquer la peine dii talioD (*).
Parmi ces deriiiers on en compte un
tr^s-grahd noinbre. Ne parlons que des
plus c^lebres. Ce fureut d'abord un cer-
tain seigneur de Frotmond, qui avait as-
sassine son oncle et le plus jeune de ses
freres, et un certain Cencius, prefet de
Rome, qui avait insults le pape a Sainte-
Marie- Majeure, et qui, Tayant arr€te au
milieu d*une ci^r^monie religieuse , Ta-
vait ensuite jet^ en prison. Le meurtrier
et le sacrii^e fureut frapp6rde la m^nie
peine. Seulementcomine lesire de Frot-
mond avait commis deux fois un crime
sen)blable , lorsqu*apres son premier p^-
lerinage , il s*en vint demander au pape
Tabsolution , ce dernier lui imposa un
second pelerinajio qu'il ex^uta avec
autant de soumission que le precedent.
Plus tard on alia m^me jusqu*a exiger
trois pelerinaffes , aiusi qu on fit a Foul-
que III , dit cfe Nerra ou le Noir. Mais
aussi ce comte d*Anjou ^tait un gueux de
la pire esp^. Outre Texploitation de ses
malheureux sujets , outre mille ^uerres
injustes, mille sacs de villes et pillages,
outre le meurtre d'Hu^ues de Beauvais,
fisivori du roi Robert, il avait fait broiler
sa premiere femme, et avait contraint
la seconde a se r^fugier en terre sainte.
Que de crimes a expier! et cependant
avec trois voyages a Jerusalem il se crut
quitte avec Dieu et avec les hommes.
Robert, due de Normandie, pensa
eomme Foulque le Noir;et accuse d*a-
Toir em[>oisonn6 sonfrere, il s'imagina
avoir satisfait a la justice divine et hu-
maine en allant faire une priere pour
riime decefreresur letombeau du Christ.
Seulement, loin d*aller en Palestine sent,
comme avait fait le comte d'Anjou, il ne
se mit en route qu*accompagne de ses ba-
rons, et voulut qu*ils parlageassent toute
sa jM^nitence, les for^ant de marcher
pieds nus , et couverts du cilice. Quelle
opinion devaient donner aux Orien- .
taux, des chevaliers d'Occident, ces suc-
cessions de fiers guerriers deguises en
peJerins. Ces actes de contrition outr6e
pour quelques-uns , ces humilit^s feintes
par d*autres, ne pouvaient que les faire
(*) Yoyes deSiiiiioiidi* HisMn det Fhmfais,
traiter de pusillanimes et dliypoenta
par des hommes qui , ne compiciutt
pas la raison de leurs peniteooes, o'j
voyaient qu'une comedie, qui deieus
fastidieuse a force d'etre r^tee.
En r6sum6, les pelerinages, entiepn
d*abord par quelques t^teseialtmnii
raisonnaoles puurtant, par des ka
devotes mais generalement monks,
cbang^rent peu a peu de caractocet
devmrent au ouzieme siecle la nssom
des malheureux , le but des afentans,
la penitence des plus grands couftato.
Cet Strange ^baotillon des nenoeo-
dentales n'aurait encore fait qu*acilar
le dedain des Orienlaux, si petiuprtit
le nombre des pelerins ne tdt dcroi
alarmant, si , enQn, les expeditioasdB
^vSques aliemands et du due de Kv
mandie n'avaient ressemble a dsasas
d'invasion. Mais lorsqu*on vitUSjiif
ouverte k tout venant, lorsqoc sas
avertissement prdalable des trospa
d^hommes se crureut permis detnnnff
plusieurs royaumes mahomeUos pir
aller visiter une cite qui ne ieurap^*
tenait m^me pas , alors la patieace to
bons fut pouss^ k bout, les passions ds
mauvais se ralluin^rent, etIadivisioBft
la Syrie ainsi que la brutalite desTaik^
mans aidant, les persecutioascootitll
Chretiens repri rent le plusfuDesledM*
loppement. Alors les deceptions^
grand nombre de pelerins qui mf^
vaieut plus parvenir jusqu'a Jens^
les soutfrancesreellesdequelqufsii^fs,
Tetat de plus en plus intolerabk des
Chretiens d^Orient , les mauvais tnit^
nients infliges a tous les pr^trescst^
quesde Syrie, les avanies rep&etsW
le patriarche de la cite sainte df^
rbabituetle victime, le reveil piusiitf
que jamais de cet anla^onisroeiiit'
morial entre TAsie et TGurope deeiM
enfm ces lon^ues et deplorables g«ntt
qu'on a appelees les croisades (*;.
GABAGTBRBS DIVBBS DBS GBODiMi'
Certains historiens ont eu le tortdtj
croire que les croisades avaient un or
ractere unique, des moeurs particuli^
des allures homog^nes {**). Ces bis»
(•) Voyez. les j4nnale$ de Baianioi.fl*^
eantfe, v- Peregrinante$.
fy Voy. MiduuMt, BiiL dM Cni^
torn. YI. I
SYHIE MOD£RK£.
229
riens, pour exalter ces expeditions de
trois siecies consecutifs, citent des fails,
louables saiis doute, mats rares et a la dis-
tance de cinquante etsoixiinle annees par-
fois les UQS des autres. Rien iiVst moiiis
veridique et moins juste qu'une telle
maniere de proceder. Les croisades ont
sui vi TimpulsioD des temps. Ellesont uae
grande diversite dans leur esprit, dans
leurs actes, dans leurs vertus comme
dans leurs vices, parcec|u'elles eprouvent
naturellement les inodiOeations des epo-
3ues qui les volent nattre, les revolutions
es pays dont elles sortent. Elles sunt
variables coinme toute chose liumaine ,
et d'autant plus peut-^tre qu'elles of-
frent a la fois la creiiie et la lie des ge-
n<^ralions, qu'elles se composent d'hom-
mes divers, d'origine et d habitudes dif-
ferentes, etrangers les uns aux autres,
et allies temporairement par le seul lien
retigieux et par un but seinblable. Les
croisades sout done multiples; leurs
causes, leurs tendances, leurs resultats
sont essentiellement tranches; et c'est
separement qu'il ies fautjuger.
C*esl, en outre, du point de vue oriental
quMI noussemble le plus juste de les con-
siderer. PourquolP parce que Thomoge-
neit^ de races, de moeurs, d'intei^ts, se
trouve ^videmment chez les populations
envuhies. Qu'etles fusseut plus ou moius
separees par desdissidences temporaires,
qu'elles tussent divis^es induie par des
ambitionsgui sejalousaient, qu'iuiporte!
Elles n'en rormaient pas moins un peuule
unique , parlant la rn^me laiigue , aj^aht
les m^mes coutuines , se seutant freres
par Torigine, par le ciimat, par des
godts etdes besoius semblables, et dont
le cara< tere particulier a resiste jusqu*a
nos jours a tant de guerres , de revolu-
tions, de siecies vari£, de fortunes chau-
geantes. Les croises, au contraire, n*ont
pour se ranprocher , nous le rep^tuus ,
qae la meme croyance religieuse : le
siffiie de la croix est leur seui moyen de
rsJIiement. Us ne se communiquent pas
leurs peusees, ibse comprenueut a peine ;
leurs lan^ages sont divers, leurs ha-
bitudes et jiisqu'^ leurs gestes dift^rent
radicalement. lis viennent, en eftet, du
I<iord coinme du Midi : les uns »ont pe-
tulants, les autres sont apatliiqucs; et
lis ne doivent, d*ailleurs, vaioir dans
raveoir que par leurs earacteres oppo-
ses. Comment voulez-vous done qu'on
puisse les apprecier rigoureusement,
^uitablemeiit, sans les trier, saus les
jugfr un par un, pour ainsi dire, epo-
que par epoque , expedition par expedi-
tion ?
Ce qui diffi^rencie les croisades, ce
sout les revolutions qui se succederent
en Europe a la fin du onzieme siecle, du-
rant le douzieme tout entier et pendant
la premiere partie du treizieme. Le on-
zieme siecle est un veritable siecle de fer.
C est Tere des efforts prodigieux de la pa-
pautecontre Tempire, c'estlc regne de la
leodalite, c'est 1 epoque de la lutte de
toutes les iudependances : Tindependance
du clerge, qui ne veut plus accepter Fin-
vestiture imperiale , nndependancc du
vassal vis-a-vis de son suzerain , Tind^-
pendance des communes qui reclament
lies privileges municiuaux. Siecle de
guerres , de haine , de tanatisme ; siecle
ou les hommes de Dieu eux-m^mes ont
quelque chuse d*intraitable dans Tesprit,
de feroce dans le coeur ; mais aussi sie-
cle d'iiiusion et de courage. Ce qull y
a done de plus caracteristique dans la
premiere croisade, c'est Tinsouciance
des mis^res a supporter, le mepris des
dangers a courir , rimprevoyance pliysi-
que Ta plus absolue. On s'enUamme pour
une idee, on s'^vertue apres un r^ve de
bonheur, on court a une conqu^te chi-
roeiique; et Ic tout sans s*inquieter un
instant de vivre jusque-la. Le corps est
oubtieau profit dei'dine.L*dme, d'anord, '
nialtrise cette chair infdme, corrompue,
condainiiee d'avance par Texpiation ter-
restre du peche originel. Mais le corps
prendra sa revanche ensuite : il aura des
besoins renaissants, des appetits de mrlle
sortes, et il fera tout pour assouvir les
uns et les autres. 11 sera cruel pour se
procurer des aliments, sanguinaire pour
se procurer un gtte, atroce pour se pro-
curer desjouissances bestiales. Meurtre,
pillage et viol, voila la premiere conse-
quence d'une expedition sainte et benie.
Le douzieme siecle pr^ente deux p^-
riodes distinctes. La premiere est toute
de reaction : c*est le reflux social apr^
le flux religieux. Les papes avaient ebau^
che leur puissance temporelle et afferrai
leur terreur morale, le clerge se croyait
fort et se sentait riche ; un moine d*^-
nergie, un r6volutionnaire bardi, Ar-
380
LTINIVERS.
naud de Brescia , se fait Fap^M du peQ<«
i)le contre le despotisme clerical , sou-
eve les Italiens rontre la popaut^, et
' demande dans sa rigidity republicaine
3ue le pr^tre ne puisse plus neu posse-
er en propre , que le pasteur ne soit
entretenu que par les offrandes volon-
taires de ses ouailles Les Roinains sou*
leves allerent jusqu'^ lapider un pape,
Lucius II. Puis Teinpereur d*Allemagne
se veiigea de ropposition que lui faisait
Ic pape reguli^rement du, en lui susci-
tant uo rival. Or pour emp^clier une di-
tision deplorable, pour ^touffer uq
schisme menacant, et d'autre part pour
eombattre Abelard , c'est-a-dire la reac-
tion pliilosophique , il ne fallut rien
moins que toute la rude eloquence et la
superiority d'intelligence et de coeur de
saint Bernard. La seconde periode est
le renfcrcoment du pouvoir central,
e*est-a^jire de Tautorit^des rois et de
Tefflpereur, en Allemagne par Fr^derie
Barberoufise, en Angtetf rre par Henri II,
en France par Philippe- Auguste; puis
la nalssanoe d un nouveau pouvoir, celui
du commerce, chez les deux ri vales
en habilet^t en adres&e, en ruse, G^nes,
vassale du pape , et Venise , sans vassa-
lile, chose unique en ces temps.
Ainsi entre la premiere et latrotsi^me
croisade la face de TKurope change : la
barbarie du onzi^me siicle , les guerr(*8
fanatiques entre e tempo rel etlespirituel,
Fanarcliie feodjie , la niis^re de tous , la
lutte incessante dans les tenebres, ont fait
place ill une organisation qui se prepare.
be tous cdtes les pouvoirs se cons-
tituent. Vers la fln du douzieme si^le,
la Pologne et la Boh€ine^)assent au rang
de monarchies; la Hongrie a des rois
independants; lapapaute a desdoinaines,
grdce a la muniticenre de la reine Ma-
thilde. Si la Riissie n*est encore qu^un
campde farouches soldats, Waldemar I,
roi de Danemaik, fonde Dantzick, et
£ric , roi de Su^de, dote sa patrie du
premier de ses codes. Si le& factions d6-
chirent encore Tltalie, Venise crott et
possede deja Tlstrie, les cdtes Daimates
et le port de Raguse; G^nes prend
chaque jour une consisUnce nouvelle,
enleve la Corse aux Arabes, et lutte d'a-
dresse commerciale avecsarivale de TA-
driatique; Lucques, Pise et Florence
sont de plus en plus industrieuses, et en-
trevoient la liberty. Enfin n \
a perdu le Cid, elle agagne TiA&i
Saragosse ; et le royaunie de Pofti|pl
a ete loud^ par Alpbonse lifonijdli
apres une grande victoire sur les Uitm !
et la prise de Lisbouae. Au oianllij
ehan|i^uient n'est pas moios eridfouie
indep«*ndanoes ont vaincu ; les arts,li
industries, les metiers put obtmft
liberies , les villet des frauclu:ies;fiii
er^tion de la dime salaJine le Mpi
Jusqu'alors libre des cb«n(es publi|[ij|
a pay 6 ses premieres contributi
university grandisseot, et B<
riiouneur de voir s^ouvrir daas fioai
par le celebre Irnerius, la
ehaire de jurisprudence roroaiae.
le repetons, la difC^reuee nett'dlii
bien trancb6e entre le temps de TA
rite la plus g^nerele, c'esl a difili
zieine siecle, et le douzieme, qua '^
justement gratifie du pom de
renaissance , ou plutoi de .
Le treizt^ne siecle 8*auvr~ep^
erudescence de fanatisme et d"
Le sentiment du libre arbitre, <
dans ses interpretations, les ef
la raison , qui avait deborde de
mites en voulant ressaistr loa
respritd*indiscipline,justiiied«
lesactesdu pouvoirreligieuxei
avaient fait naitre une foule 4
2u'it etait du devoir de la pap
attre, maie non d^^toufler <
Cependant Innocent III, qui)
violence pour la voionte, la eiii
r^nergie, n'eut pas honte
Tinduigence pleniere, reserveej
aux guerres contre les inliileks,!
saereurs du Lanniedoc, et des b
ont appeleles aides-bourreauidel
de Moutfort d^croU^s! 11 etl y
lesac de Constantinople futi
du nom de croisade.
Heurf usement pour Tbe
sait k cettemlme ^que del
rieuse un homme , ou pluiot t
qui devait rendre a la royaui^i
t^re primitif de soltidtude pate
la politique sa haute droiture, a taj
tice son incorruptible eqmte, aatf
sades enfln une noblesse, ane(' ^
et une grandeur qu'ellet u'avaieots
Jamais presentees. Comme, pour I
neur des nations, la vertu est qec
foie oontagteuae ainsi que le viae,i
SYRIE MODERNE.
231
Louis, par bod blatant example, produi-
8it te plus grand des biens. Au milieu
de ce treizieme siecie, si abominable-
ment commene^ , tea esprits se ealme-
rent; Ifs haines ae fireiit aourd^s pour
n*avoir pas k rougir de leur ferocite; la
traDquillit^ de TAme, sinon encore le
bien-^tre du corps , se r^pandit sur les
masses populaires, et les rapports des Oc-
cidentaux aveo les Orientaux devinrent
des rapports d*hommes h hommes, sinon
de freres h Mres. Saint Louis, eomtne
un astre bienfaisant, eclaire, assainit,
fto>nde T^poqae entidre de son rj^e.
Cest h la ibis ie module des guemers
braves et g^reux, le grand juge de
TEurope, Parbitre entre les rois et les
peuples, le saint par excellence.
Yoila le cdte moral de ce slide des
demieres eroisades; le e6i€ politique
n'offre pas moins de transformations
dans r^tat de rOcddent. En premise
ligne, le colosse d'Allemagnes^^branleet
semble pr6t h s^affaisser. Fr6d^ric II ,
malgre son habilet^ et ses talents, tr6bu-
che de Tictolres en victoires, de tr^es
en troves , et voit de toutes parts son au-
torit6 ruin^ , son existence compromi-
se, ses peuples ind^cis ou factieux. Son
assassin Mainfroid achive la desorgani-
sation deTempire; Tanarchie feodale re-
nalt de ses mines immenses. Mais aussi,
a la faveur de ces troubles, les peuples
tributaires secouent leur jou^ : le Dane-
mark, la Pologne, la Hongne, devien-
nent des £tats compl6tement ind^pen-
dants. Le droit public prend nais-
sance -, la Hgue Hanseatique se forme ,
les villes d^impiriales ^u'elles 6taient se
font libres , et ces cites affranchies en-
trant dans une vole de prosp^rit6 , fon-
dle sur une alliance f6d6ratiYe. Quant h
fAngleterre, son faibleroi Henri III en
compromet la puissance; mais saint
Louis la sauTC des dissensions intestines
par ses conseiis et son jugement. L*£s-
Ea^ne aussi a M trouble par des am-
itions insatiables ; cependant le trei-
zieme si^le 8'ou?re pour elle par la £a«
meuse bataillede Tolosa,oi]k les Maures
essuient une d^faite presque egale a cdle
que leur fit ^rouver naguire Charles
Martel. Puis les r^nes successifb de Fer-
dinand III de Castille et d'Alpbouse X
le Sage, eeiui de Jacques I d'Aragon, o^
sont conquis^ tour a tour, Gordoue, S^*
ville et les ties Majoraue et Minorque,
donnent enfin une vafeur a TlCspagne
dans Tensemble de I'Europe, et anienent
Pere moderne tout aussi bien par des
tjctoires que par des institutions.
' En resume, epoque de troubles et de
p^nibles enfaiitements , le onzi^me sie-
ele impriine son caractere k tout ev^ne-
meiit et k tout bomme; et sa croisade
surtout est corome une effervescence
sans ralson qui cherclie un 6tablissement
quetconque, etfait effort pour engendrer
une nouvelle soci^td. Le douzienie siecle
a d^ja, an eontraire, la conscience de
ce quil fait et de ce qu*il veut : les ten-^
dances se contrarient, les opinions se
partagent, les passions se combattent
encore; mais ruuit^ se fait jour, le
monde moderne se degage du chaos feo-
dal. Le treizieme si^cie, enfin, offre d'a-
bord la lutte des reactions ordinaires k
Tbumanite; mais il ecoute le g6nie, il
v^n^re la saintet^, il travaille , il s*orga-
nise, il cr^. Les eroisades du douzi^me
siecle ontune voiont^ determin6e, un
chef supreme, unbut caracteris^, sinon .
encore la science des exp^itions. Les
eroisades du treizieme siecle enfin mon-
trent, grdce k saint Louis, la generosity
militaire des peuples civilis6s, et le sen-
timent du droit des gens et des rapports
interna tionaux. Aussi r6sulte-t-il tie ces
derni^res une veritable extension du
oommerce, une heureuse Emulation d^in*
dustrie. Montpellier, Narbonne, Mar-
seille devlennent, a daterdecette epoque,
les correspondantes ordinaires de r£-
gypte et de la Syrie. Cest la un bienfait
reel : il nous sera difficile d*en constater
d*autres pendant les cent soixante-quinze
annees que dura la lutte colossale de
rOccident centre TOrient (*).
Et maintenant on ne s'etonnera pas
sans doute de notre s^verite en jugeant
les croises. Gertes nous louerons sans
restriction Louis IX , sa liberalite , sa
▼aillance , son caractere doux et ferme
k la fois, ses intentions toujours pures et
grandes,qui rach^tent toutes ses fautes ;
nous ferons saillir avec joie et orgueil la
noble et sainte figure de Gerard de
Provence, Tinfatigable Hospitalier, le
coeur le plus haut et le plus charitable
d'une epoque de passions basses et de
(*> Yoyei Galzot, de Slsmondi , Michelet.
282
LUOTVERS.
hidease intol^raoce^ cet ange parmi tant
de demons. Mais aussi oous serons
sans piti^ pour la eruaut^ et la vaaite
barbare de Richard Coeur de Tigre et
non de Hon. Nous deooooerons les
petitesses ambitieuses et les fourberies
militaires de Philippe- Aususte, qui ne
porte ce dernier nom , il taut 8*ea biea
souvenir, que parce qu*il ^tait n^ en
aodt , et noD parce qu il avail une res-
semblance quelconque avec le premier
empereur romain. Nous montrerons
dans la papaut6 l^intelligence rarement
alliee malheureusement a la grandeur
du caract^re etau d^iuteressement dans
les vues. Nous analyserons la foule aui
s*est pr^cipit^ a la premiere croisade^
et sans excuser ses vices , nous plain-
drons ses misses. Nous serons severe
pour Boh6mond et Beaudouin , ces vo-
leurs de trones, pour Louis VII, le
cagot sans m^rite, pour Fr^^ric Bar*
berousse, le vieux rou, pour Dandolo,
Tusurier-doge, pour les conqu6rants, co-
vers et contre touteloyaute et justice, de
I'empire Byzantin , pour les saccageurs
de Constantinople. Nous serons indul-
§ent pour la foi respectable de Godefroy
e Bouilloix, pour Fardeur suerriere,
quoiqu'un peu folle, de Tancrede, pour
le g^nie de saint Bernard, quoique
trop rigide et trop entier dans ses vo-
lontes. Nous expliquerons surtout com-
ment les papes Urbain II et Eusene III
sauv^rent peut-^tre TEurope eiiTa pons-
sant sur TAsie. En uu mot, nous nous
efforcerons de chercher la v6rit^ dans
un siecie de meosonges, de couronner
la vertu dans un siecie de crimes , de
louer le peu de bons et de fustiger tous
les mauvais. Aussi bien il n*y a guere
dans le fait des croisades , si inhumain
d*ordinaire , si injuste, que deux fortes
et souveraines vertus repr^sent^ par
deux heros que nous avons d6ja nom-
m6s, la grande charite, Tinepuisable
amour des hommes , par Gerard de Pro-
vence, la grande justice, Tinalterable
equity dans tous les actes de la vie, par
saint Louis C).
(*)SI noasvoalioDS appayer notre opinion
sur oelle des pi as grands historlens , les cita-
Uons ne nous manqaeraient pas. Nous noat
borneroos k en invoquer une seule, qui nous
suflit. Voici comment M. Guizot oondamno
L4>uis Yll : « ... Tun des souverains les plus
n lUbles, les plus d&ordonnto, les plus donii-
Noos coQSttlterons, da re8te,leichN2i
Diqueurs eux-mtoes des croisades; c
fautse souvenir que beauooupd'entita
attribuent les defaites des arnitadijj
croix a la oonduite d^ordonntedas
8^. Nous feroos remarqaer la i
de conqu^raut ou plutot rhon
Chretien de quetques chefs, noble i
felair de grandeur d*autant plus k
qu*il sort de t^n^bres plus .
mais nous dirons aussi leur
dans la separation des d^ulUciJ
rivalite dans le partage des trdiM^I
scandaleuses disputes qui oot ]
amen^ des guerres intestines , i
fratricides, d6plorables scandalesQ
au peuple des pelerins. Combia,
outre , ne doitron pas s'lndigDer (
oette cruaute des croises qui sefa '
avec d^lices dans le sang des
mans, d^ la prise d*AoUochectd
rusalem , et qui s'eo vtmt i ' '
se justifier : Jinsi ont eti i
demeure* des infidiiei, ou oieiif
clarent que les Sarrasios ne i
des cMens immondesi oe qn|
verait, par parenth^se, que '
kiopek ( chien) dont nous i
core a cette heure les Orieataox J
qu'une simple reaction.
It faut distinguer, du reste,
differentes masses d'hommcs i
maientla migration complete:!
tout aussi bien que des soil'"
fieux quoique baroares , des4
riques, qui avaient fui la r"
convent pour jouir de la (
la croisacle , des religieuses i
bien dignes de marcher avee I
tu^es des goujats de Tarmee. <
importe que ces soudards et t
las d*orgies , repus et fatigues,
au si^e d'Antioche , par exer
repenteut tout a coup , ecout
deux vins les exhortations de 1
c nte parses godts pef80iiDel8,les|i__
« k Urate penstepuollqae, qui aleot i
« France. » Void oomment il Jnge Pl_
guste : « Qaoiqtt*on ne dtai^le en Ml
« veritable intention morale, paint i
« cupatlon puissante de la Justice a
« Hre des hommes , il avail reaprit
R Ur. eto. » Void oomoMBt il tone sal
« llarc-A.nrMe et saint Loals sonl ,
« les deux spois princes qui, eo loale c.^
<c afent fait de leurs crovances moraksi
« mi^re r^le de lear condoile : Mano-lk
a stolden; saint UmiB, cbrMen. »
STRIE MODERNE.
38S
^ fassent miDe de revenir k la vertu, pour
se repionger, quelque temps apr^, et
plus avaiit que jamais , daos leur era-
pule ignoble. li u^jr a eu, pour les gu^rir
et ea purger Tarmee, qu*un veritable re*
m^de, la peste. Heureusement que dans
toute cette canaille les pires n*6taient
jamais des Fraucais proprement dits,
aiiisi que Tattestela cbroniquede Tours.
En somme , nous n*aurons a louer d*en-
semble dans les croisades que le senti«
ment de la fraternity; encore oe noble
sentiment n'est-il reelleiuent concu , et
surtout n*e8t-il excite que par r£gtise et
ses organes , papes, pr^dicateurs et pr6-
tres.
STAT DB l'sUROPB AY ANT LA PBB-
Ml^BB GBOISADB.
L'^poque dite du moyen dge est pent*
£tre pour TEurope, dans tous les
sidles, ia plus deplorable et la plus t6n4-
breuse. Deux causes de d^adence d6*
passent toutes les autres : Tignorance
des dominateurs, Tabrutissement des
domines. L'^lair trop precoce de Cbar*
lemagne une fois ^teint , la faiblesse de
son fils, rineptie grossidre de ses succes-
seurs, divis^rent fatalement un empire
trop immense, et disseminerent lesforces
de r Europe. Mais ce qui la perdit d6-
finitivement,cefuteetten6cessit6funeste
ou tomba Cbarles le Chauve d'admettre
I'her^dit^des comt6s. De Ik en France,
comme prec6deroment en Alleroagne, la
ftodalite avecses vices, s<>s tyrannies, son
impuissanee : plus de patrie commune,
des fiefs particuliers ; plus de villes , des
chdteaux forts ; plus d armies , des ban-
des de partisans ; plus de rois, des barons ;
plus de peuples, des serfs. Heureuse-
ment , au moyen ige , la barbaric n'a
jamais et6 compile. Au onzieme si&cle,
du temps de la toute- puissance feodale,
durant le r^ne brutal du fer, sous
la domination de la force hereditaire,
il y avait de par le monde , dans des
coins recules, adossto a des montagnes
abruptes, ou au fin fond de vall^ so-
litaires, des maisons'defendues comme
des forteresses, avec une vaste enceinte
de pierre, un large enclos, de bonnes
murailles ; et 1^ des hommes devoues qui
enseignaient, qui conservaient le culte
de la tradition et Tamour de la pens^ :
ainsi Quny. Et de ce Cluny sortait un
jour, arm^ desa pers^vtoncereligieuse,
de son intelligence d^velopp^, de son
Anergic virginale, un Uildebrand, moine
respect^ avant d*dtre pape revolution*
naire. II arrivait k propos, du reste;
car la papaut6 , en se o^adant , me-
naj^it mine. VevMk€ de Rome avait
^te mis a I'encan ; des courtisanes Ta*
cheterent pour leurs amants. La famille
descomtesdeTusculum fit ia surencbere
deeette papautesimoniaque : Benolt VIII,
de cette famille, fut pape (1013 a 1024);
son fr^re Jean XIK lui sucoeda; et
en 1083 Benolt IX, leur neveu , porta
la tiare k son tour, fut tyran execrable,
debauch^ sans pudeur , et partagea la
souverainete pontificale avec ses deux
rivaux, Gregoire VI etSilvestre HI. Sous
pr^texte de parer a ces seandales , Tem-
pereur feodal d'Allemagne imposa cinq
fois de suite a Rome son ^vdque , a la
religion son cbef, k Dieu son vicaire.
II eut fallu alors deux hommes de g^nie
pour sauver le monde Chretien, I'un
guerrier, Tautre pr^tre; il n'en vint
qu*un, le moine Hudebrand (*).
Hildebrand eut une action continue
sur son siecle, comme moine d*dbord,
comme cardinal ensuite, comme pane
enfin. Comme moine de Cluny, par la
sev^rit^ de ses mceurs et les efforts de
son intelligence, il reoonquit en faveur
de rhomme de Dieu le respect des
masses. Comme cardinaUarchidiacre, il
frappa k mort les deux vices qui mena-
faient r£glise tout entiere : le con-
cubinage des pr^tres, et la simonie.
Comme pape, sous le glorieux nom de
Gregoire VII, il d^fendit contre Tern*
pereur d'Ailemagne les prerogatives de
fa papaut^ et Tind^pendance de Rome.
Ainsi, r^forme du pr^tre, r6forme da
r£glise, reforme de la politique , \Qi\k
son ceuvre. Quel qu'en fdt le succes ,
quels que fussent les obstacles qu*il ren-
contra, il n*en parvint pas moins k
rendre a la justice son pouvoir, a la vertu
son ^clat. J ustice un peu farouche, il est
vrai! vertu un peu rigoureuse, assure-
ment I Mais se moutrer juste et vertueux
dans le onzidme siecle, quel m^rite
n*^tait-ce pns? Quoi qu*on puisse done
reprocher a Gregoire VII dans ses rap-
n.Voyez Miehelet, OiMtoire de France, et S*»
gsur, HistottruniveneUe^
M4
LUNIVERS.
ports avec Henri IV d'AHenagne, il
n'en sauTa pas moins la papaute de
rabsorption par I'aoipire; quoi qu^oa
disesur son oespotisme d^rieal, iio'en
chassa pas moins les Yendeursda temple,
oomme sTait fait aon divin niattre. Get
exemple d'energique morale fut suivi
par ses sucoesseurs dans Ja ehaire de
Saint-Pierre, au grand profit de I'Egiise.
Urbain II eontiniia ce qu*avait si bien
oommenoi Gr^oire VII : il combattit
vigoureusement aussi les eoneubinaires
et les simoniaques; il lutta aussi contre
i'empire, et lit k la fois respecter et ie«
douter la ppaut^.
II y a deux hommes dans un pape ;
le souverain pontife et le prince electif.
Le souverain pontife, par la force de la
foi dans les po|nilations au moyen Age, par
I'intelli.^enoe dont son Section ^tait pres«
3ue toujours le garant, par la puissance
e la tradition , par Tuuite du eatholi*
eisme, par les grands principes m^mes
qui sont la base de la religion chr^
tienne, avait toute force morale , et de-
vait fonder son autorit^ sur la justice
envers tous, sur la protection du faible,
sur les droits des peupies, sur les nobles
et souveraioes id^s de la cbarit^ et de
la fraternity. Le prince Electif, au con«
traire, sans prMdents dans la conduite,
sans int^rlts de famille et d'avenir, sans
aieux et sans posterity, devait agir an
hasard, fairs des concessions aujonr*
d'hui , cbercher a les retirer'demain ,
flotter sans cesse et v^ter. Aussi le
prince temporel toiMI souvent plein de
contradiction et de faiblesse ; tandis que
le souverain spirituel brillait toujours
par Tunite et Tinfaillibiiit^. L'un tendait
sans cesse a secr^r un £tat; Tautrepos-
sMait le plus vaste des empires , oelui des
Ames : et oela en montant dans la ehaire
pontificale, sanscraindre les armdes par-
dessus Ifsquelles il passait pour attain-
dre ses enneniis, sans reeours It la foros
mat^rielle, aux armes des hommes, a leurs
moyens ordinairesdedomination.
Cette omnipotence mentale de la
papaot6, Gr^oire VII Tavait renfor-
oee. Ses suocesseurs n'eurent plus qu*A
suivre ses traces. Aussi la premiere
id^e des eroisades, c'est-a-dire d*uiie
guerre que la papaute pourrait mener
e Rome, m elie serait repr^entde par
des l^ats , oil elle pourrait avoir uoe
iofluenoe presque sooreraiBe,
o^ceasairement k Tespritj
profond du moine Hlblebrand. i
tea achamta contre les rices ^
^que, aon rude duel eontra I
Templcb^nt de mettre a i
cette idee. Mais il Tavait eon^l
developpee dans ses eorits; T
elie fruetlfia. Ge n>dt M
pour faire acta «le leur
ideale (]ue lea panes anraieaftj
mettre a la tADe de reudtation r*
qui entratnait les peuples
vers TAsie ; la politique le i
seillait tout autant que lews I
propres. Aussi , une fois Uffaa
cide, sessuccesseurs saisireot-i
que tous , i*occasioo de ees j
taines pour ^carter leurs i
lemagne et de Sidle, et pours
plus que jamais dans le cooseil
Du reste , il £aut le dire, il ■*!
chez chacun des papes que M
raisons toutes d'^oiame; ii fj
core des sentinienu vraisMialf
etmoraux, qui les iaspirtmai
sions : les secours dus an ■■
fraternity entre Chretiens , tas|
de rEvangile.
Faut-il oondore de Ul
des eroisades c*est la pap
absolument. £lle s*en serrit a
elle en accepta I'id^e
approuva rexeoation
tout. Les aentimeota qui i
enflammeot les homoses a I
pies, le sentinMot rdigieax,f
et le sentiment national, i
eoLcks : Tun petit nsener <
comme I'autre a la haina
papautA ignoraift-dle
possibles des exaltatioot
Que non pas; mais entre { '
elie crut cboisir le nMModre,«
rOccident raalade sur IT ~
Urbain II, d'ailleurs, fut
tratn^ par renthousiasose j
la croisade qu*il ne la <
chef et ne rexdta. I9*ea
nr^umer (|no eet elan (
trayait, qu*d en pr^voyait lesi
ees funestes a Tesprit de • '
dvilisatioB, et qu'il fut be
eonvaincu qu'oa ne pease
clamatlons violeotes de Ter
En resume, mal^ le geam <
I lA omJ
apauii?!
SYRIE MODERWE.
1S5
^ d'une part et malj^^ranarchie
de Tautre , la civilisation ou la
nous te repetons, n'a jamais ea^
au moyen dge : tantdt ce sont
qui sont gens d'inteliigen^ ,
[Hods et d^tudes, tantdt lea
couventit, tatitdt lesprofes-
uniyprsit^; queiquefois ces
!e sont ensemble et se dispu-
" ection des esprits. Les peti-
eoDtraire, aceablfs sous le
lervage, les barons f<iodaux,
par la guerre , les princes et
iveugl^ par Pambition, demeu-
Pi^norance et la fn^rocit^ bar-
laibeureuseineot ce sont dea
fi^odaux et.de la popuiaee,
iDaiorit6, qui vont aller en
^ car Inline des causes des migra-
'oyantes du onzi^me siecle,
la premiere, c'est pour la
ta mis^re croissnnte , 1 oppres*
lusen plus rigoureuse, la faim
$poir; et pour les chevaliers
e est le fait qui avait r^sult^
lit^ des flefs, arrachee aa
les le Chauve. Depuis le neu-
Je.en elTet, chaque seigneur,
lire absolu d'une pHrtie du sol
srtaln nonibre de serfs, laissa
tout son pouvoir , toutes ses
t , et rieu h ses aotres fils.
done des cadets de malsons
oil des inal-partag6s dedifffr-
lui en 1095 forment eo
le GodefVoy de BouiHon,
partai;^^ lui-m^me. Ainsi
but secret et s^rieux des
sont d*abord des masses fa-
tutant par la doulenr que par
sont ensuite de hardis aveiita*
qui la religion n'est qu*aQ
\ Tesprlt de conqu0te.
Ift'OBURT 4U ONXliSMS Blicls.
apprteier les bommes, pour
. I laits si souvent contradictoires
Micc^ent dans les dges , pour
Mre Thistoire , il est bon quel-
de recbercber des ezemples
porains de ce que Tftude des
LOffre k nos mSlitations. Les
■nx caractdresde Fhumanit^ n'ont
■M •' r6nergie dans ia sobriM,
M dans la mollesse , Tabnitis-
t dans Tesclavage , i'orgueil daos
la domination, la fausset^ dans la fai-
blesse, se repn^entent toujours parini
les bommes, avee qoelques variations
sans doute, mais avec uti fond esseiitiel-
lement uni forme. L'&ine est une lyre
qui n'a qu'un certain nombre de cordes
ail son unique ; la m^ine oorde vibre
d*une &9on ^ale aussi bien aujourd'hui
qn'il y a mille ans, at vibrera ainsi jus-
qu'a la fin des mondes. Voyez les Grecs
au mayen Age et les Annenieos ac»
tuels : monies qualites, mimes vices.
Les Armeoiens sont oommercants ha-
biles, mais gensde peu de foi;Vuses par
s^ssit6 , lettres par interit , ils cber-
ebent a snrprendre ki eonflanee pluldt
qu'd la nuiriter; ils servent d^inter-
aaediaires k tous , comme baaquiers ou
comme hommes d'affaires : Targent el
la chieane aont leurs seules for«es«
Sans dtre toinbes aussi bas comme
corps de nation, lesByiantins du onzieme
sitele en Itaient au mtoe point comme
individus. Constantinople avait encore
des hatHtants nombreux ^ mais plus un
seul citoyen. Oux que le negoce n'ab*
•orbait pas s'abandonnaient k des occu-
pations rutilas ou a des debouches raffi-
b^s. Les uns etaient des iibertius s<)ns
Arein , les autres des devols sans raison.
Vantards , bavards , superstitieux , on
^yaitceux-ei se livrer a des discussions
ridicules sur la vie presente et sur la
Tie future . ceux*44 s adonner aux pra-
tiques du eulte de tous les saints a la
Ibis , tous enfin se eroire dans ia verity
aussi bien que s'aceorder en partage
toutes les quality et tous les talents. Us
traitaient les Occidentaux de barbares,
et ne s^aperoevaient pas que si ces
demiers se di^attaient dans le chaos
d'une soci6t^ ii veair, eux-mSmess'ever-
tuaient sur les mines d'une society
pass^ (*).
Quant k la eour byzantine, c'6tait
bien pis encore (|ue le bas peuple si
mll6 de Constantinople, que ses clas-
ses interm^di aires qui n'avaient plus
qu'une seuie aptitude^ celle des affaires.
Corruption denont^e , liberiinage scan-
daleux, platitude vis-a-vis des sup^ieurs,
arrogance vis*2hvis des inferieurs , tra-
hison , fourberie , bassesse , tels etaient
les ptebes mignons qui se oommettaient
386
LTJNIYERS.
hi
dans eel antre da despotisme le plus
Idche et le plus ignoble qu'oa ait ja-
mais peut-^tre encens^ sur la terre.
Mais aussi les princes et les princesses
offraient-ils impudemment Texemple
des vices et parrois intoe des crimes.
Nous avons vu que Tassassinat donna
le trdne a plusieurs ; cette usurpation
sanglante passa presque a I*^tat de cou-
tume. Nous avons vu Theopbano d^ho«
norer le rang supreme par sa crapuleuse
conduite ; Zoe depassa, s'il est possible,
sa rivale en infamie. Theopbano , d*ail-
ieurs , n'elait au moins qu*une flile de
rien, arrachee au cabaret de son.p^
par le caprice d'un fou ; Zo^> au oon-
traire , ^tait la propre nitee d*un empe-
reur , Basile II , petit Gis de Constantin
Porphyrog6nete. Cette demiere avait
^p^se Romain Argyre, a qui on ri^mit
la couronne en 1028; mais s*etant un
our prise d'une passion subite pour un
lomme de la plus basse extraction,
Blichel le Paphlagonien , elle r^olut
immediatement de se debarrasser d'uo
mari incommode et de placer son amant
sur le trdne. Presste d*atteiodre son
criminel but , et impatient^ de la len-
teur que le poison mettait a d^vorer les
entraillesde Romain Argyre, elle leOt
noyer dans un bain. Ge n*etait la , da
reste , que le premier acte furieux de
cette meg^re dissolue.
Dans ses clioix adult^res Theopbano
avait montr6 une sorte de pudeur intel-
lectueile : c*etaient de grands guerriers,
des vainqueurs qu*elle couronnait , Zi-
misces apr^ Nic^phore Pbocas. Zo6
avait les ^oi)ts plus bas. Apres son
Paphlagonien , aussi use de corps que
d*dme, et qui, rong^ par les mala<fie8
autant que par les remords, alia cacher
son agonie sous le froc d'un moine,
elle jeta les yeux sur un homme aussi
m^prisiible sinon aussi miserable que
le premier. Cetait le fils d'un calfateur
de vaisseaux, appel6 aussi Michel et
surnomm^ Calaphate. Ce dernier, d'une
nature brutale et imperieuse , ne per-
mit pas longtemps a Timperatrice de le
gouverner. 11 voulut £tre mattre , il
exila Zoe. Gelle ci , a force d'argeut et
de promesses , souleva la populace en
sa favour. Calaphate ne sut pas se dd-
fendre. II fut pris , et on lui creva les
yeuz, Alors Zoe, qui commeo^t a re-
dooter ses amants, voolat rcpv
trouble , et s'adjoignii sa soiv "
dora. Les Byzantins souffrinat
nbd tout entiere cette parodis
nemeutale. Mais les deui '
f utiles que dissolues, devinimi
dale pour Constantinople
fallut que Zoe dierchdt uo
cboix tomba sur un certaio
tin Monomaque , qui jadis
deses favuris d*un jour. Pour;
Tesprit de ce nouvel empereor,
Tinramie de lui permetlre une i
du nom de Selereue, et elle
dace de partager avec cetts
titre d*Auguste.
Cepeudaut Gonstantino|de
veine de morality ; on s*y soaf
oet arran;:ement ignoble. ~
prefera son epouse couroDnee
tresse chargee de la baine
et gr^oe a oette concession,
regner douze ans pour la
Tempire. Ge fut lui, en
adieva la ruine du tresor ^
rapacity. Ce fut lui aussi (^
les provinces frontieres par i
Ces provinces etaient ex
p6ts, aOn de pouvoir toi^
i'endre contre les Barbaits,
contre les Turcs, en Europe
Russes. Constantin Monoi
qu'elles payassent coinine
s'enga^eant par serment ^
seoourir. Mais il prit re ^
gent, et a la premiere
voya point de soldats.
A la mort de eel abjjeel
pire semblait pr^t ^ s^r
avait ^us qu^une ressoune
plir le tr^or , c*etait de del
moines, qui re£orgeaieot dt
unp petite part deleursupf "
nes,sollicit6s, refusereni
Isaac Comn^ne , eut le
coutraindre a venir en aide a
Tappelle alors sacrilege,
rexcommuiiie. L'empereur
que temps a ces maledictions
Mais sa faible t^ie se truublei'
bourrele de remords,
ciel la remission du gros
avait cru com met t re, il
pour se Itvrer a Taise aux prai
la devotion la plus outree. Sm
seur Constantin Ducas fut lii«l
I ai>a«iael
!$oel
SYRIE MODBRNE.
287
frivole , le plus incapable , le plas nul
des princes. Se croyant beau parleur ,
il disrourait a tout venant ; et tandis
auMI Idchait ainsi la bonde au vain flux
e ses paroles, les Turcs ravageaient ses
provinces sans rencontrer de r^istance.
Le peu qu'il faisait finit cependant par
lasser Constantin Ducas : il cr6a ses
trois fiis empereurs , et laissa le ^ou-
vernement h sa m^re Eadoxie, a la
condition qu*elle ne se remarierait pas.
€elle-ci ne fut pas longtemps k man*
quer h sa promesse. Elle vit un jour
un condamne a mort qui lui parut avoir
bonne mine , et qui partait pour Teter-
nit^ avec une insouciance assez bardie :
au lieu de le faire tuer, elle Tepousa.
Cest 1^ ce Remain Diogcne, brave
soldat mais empereur sans talent, que
nous avons Vu si ridicule dans ses rap-
ports avec le sultan turc Alp-Arslan.
Le suppiice auauel cet bomme avait
^happe si singufi^rement une premiere
fois, pour ^tre ditfi^re, n*en eut pas
moins lieu. On se r^volta centre lui
aprdsses d^faites en Asie : il fut blcss^
dans la lutte , et au lieu de panser sa
plaie, on eut Tinfamiede Fempoisonner.
11 ^tait dans sa destine de p^rir de
mort vielente , comme il etait dans son
caractere d'expirer avec courage. Du-
rant sa longue agonte, il ne montra
aucune faiblt^sse, il ne fit aucune recri-
mination : il s'etait babitue depuis long-
temps a ridee de la mort. 11 n*y avait
pas m^me dans le successeur de Re-
main Diogene le courage que ce dernier
montra. Micbel Parapinece ne fut qu'un
pedant sans m^rite ; on 8*en lassa bien
vite , et on mit h sa place un vieillard
cacochyme, ancien soldat revolte , Ni-
c^phore Botoniate , qu'Alexis Comn^ne
d^trdna bientdt (*)•
Nous voila arrives au prince que les
croises trouv^rent k Gonstantmople.
Nous aurons a revenir sur lui et sur ses
actes.' Coiistatons seulement ici a quel
triste ^tat en ^tait r^uit Tempire
Byzantin au commencement du regne
d'un bomme bien diversement jug^.
L*ombre de pouvoir que le gouverne-
ment ^rec avait conserve en Italic jus-
qu*a la seconde moiti^ du onzieme
sitele 8*etait ^vanouieen 1071. Les Nor-
mands avaient alors d^nitivementfond^
leur royaume de Sicile. Non colitents
d'etre maltres de la basse Italic, ils
^taient venus inquieter les Byzantins
jusque sur le continent de Tancienne
Grece, a Durazzo. Telle ^tait la position
deplorable de Toccident de Tempire. Le
nord ne valait guere mieux. Les Bul-
gares , quoique devenus Chretiens, n*en
etaient pas moins de tr^-inquietants
allies ; les Russes poussaient despolntes
jusqu'en Tbrace. Le lien religieux ^tait
aussi reldche que le lien politique entre
Rome et Constantinople. Apres bien des
luttes de preponderance entre levSque
de Rome et le patriarche de Byzance, on
en etait venu a la fin a s'anaihematiser
mutuellement. CVn etait fait ! les deux
eglises avaient rompu , et le schisme s'e-
tait declare irrem»cliablement en 1054.
L*empire des Grecs n'avait done , ^ur
ainsi dire, nlus qu'une capitale en Eu-
rope, capitale monstrueuse d*un gouver-
nement en dissolution, capitale qui n'a-
vait filus qu*un grand noui pour soutie n,
et qu*une populace effrenee pour defen-
seur. Yoyoos maintenant ce qui lui
restaiten Asie.
Ce qui prouve evidemment la fai-
biesse i^nominieuse de Teinpire Byzan-
tin, ce fut la faute ineoncevable que ces
princes commirent de s'adresser aux
Turcs dans leurs querelles interieures.
Cetait reconnaitre la superiorite de ces
nouveaux venus , auxquels il avait suffi
de trols grands princes pour etablir leur
puissance. C*etait abdiquer toute domi-
nation future sur des provinces remplies
de Grecs nourtant , dont les ricbes cites
auraient dd etre defend ues une par une,
comme autant de joyaux de la cou-
ronne de Constantin.' Malgre tant de
raisons de lutter jusqu'au dernier sou-
pir, les armees byzantines avaient
recuie pas k pas devant la cavalerie
d' Alp-Arslan et de Melik-Schah; el,
lors^ue Soiiman, cousin de ce dernier,
devint mattre de TArmenie et de la
Pbry^ie , loin de le combattre encore,
on vit des competiteurs du tr6ne de
Constantinople s^adresser a leur en-
nemipour iuger entre eux, et ne devoir
leur regneaun jour qu*a Tappui interesse
d'un sultan maliometan. Aussi adroit
politique qu^habile soldat, Soiiman re-
connutTavantage qu'il avai^a s^occuper
2S8
vutmHA.
' des affaires des Byaotlns. Or tandia
que les empereura de ceux-ei etaieni
6ocup^ en Europe 9 Soliman promana
dans TAsie mineure abandoniiee ua
faux prince Romain , r«v6tu de la pour*
pre et des brodequina rouges, ooa«
tume distioctif des einpereurs de Cona-
tantinople ; et , ii la faveur de eelte four-
berie grosat^re, il entra sans eoup ferir
dans piusreurs villas grecques, qui
ne savnient plus k qui ofoir. Puis , dea
qu'il s'etait empar^ de eea cites d^ou*
ra^^es, Soliman les fortiOait, et leur
laissait garniaon. £n m^.me temps, en
approchant de plus en plus de Constan*
tinople, il rendait les d^lil^a dea mon-
tagnes et lespassag[e8des rivieres infiran-
chissables ^ Vavenir. Aussi, k mesura
qtie les Turcs s*avan^ient« ne pouvait*
on^liis esp^rer ni leur retraite, ni leor
expulsion (*).
Eiifln , lorsgue les diverges r^voln-
tions de palais fiirent terminies dans
Byzance, le perplexe empereur Alexia aa
Tit obli^6 de conflrmer a Soliman sea
acquisitions faites par la ruae, ausat
bien que ceiles obtenues par les armea.
Malheureux prince, qui ne s'apercevait
pas que ces acquisitions 8uocessi?es for-
maient TAsie mineure presque tout
enti^re; que Tenipire des Turcs s'^ten-
dait alors juBqu*a Nicom^die, c*es^lNtire
jusqu'a soixante milles de Byxa^ice ; que
cet empire possedait trois capitales
chretiennes, Nicee, Iconiom, C^sarto,
et que Trebizonde seule, d^fendue par
ses monts escarp^a et aes rivages dif-
ficiies, demeurait eomme unique colonic
grecque , mats s^par^ de sa m^tropole
parune masse mfranchissabledVnnetnis.
Quant a la Syrfe , divisee entre plu-
aieurs ^mirs, elle n*avait plus aucun
rapport avec Constantinople : Antioche
avaitfait sa soiimission; Jerusalem etait
la proie des Turkomans ; Tyr , Sidon ,
Ascaion et quelques autres villas mari-
times appartenaient aux musulmans
d'Egypte : d^sormais il n'y avail plus de
communications possibles ni par mer
ni par terre entre Tempire Byzantin et
ses freres en religion. Un miracle seul
pouvait sauver la chr^tienU en Orient :
ce ne fut pas un empereur qui le tenta,
ee fut un moine , Pierre TErmite.
PIBBIB X^BftlDll.
Pierre, surBomm^ dans f
mite el par ses contemporaias (
pietre^c'est^^ire Piemre
etait un honrnie d*une taiUe c
igvre commune , d'une aHuri t
d'uns tournure gn>s»iere.
fiamme interieure s'aUuauitp
ses yeux, et imprioiait uni
gique a sa phyaionoaiie ; niaiti
cite faabitueile dans le gesle , i
dance diffuse mais eoatuMti
parole, donnaient a toute la |
un caractere singulier de i '
d'entrafnement. Nature '
geante, Pierre avait lour a twd
I bonheur dans la vie des c
la vie de famille, dans la vie dad
Soldat sans talent, marisaoa
il n avait trouv6 sa voeatien (,
les pratiquea auateres de Tetat^
tique. Son esprit , cftef^rossi par|
annees d'^ude, Uroova dass I
tiona daustrales un aliflNat i
mais puissant. II a'esalta ]
il 8*attacfaa i la religioa jo
tisme ; et o'est par le jedoe, I
silence, la solitude et lesa
qa'il se prepare au peleriaap-j
vatt rimmoruliser C). r
On n'a pas oouaerve la drtai
mier d^rt de Pierre poori
Cet ermite de Picardie , wki
retire sans doute dans «l
oette ville ou des covii
core trop obscur pour i
temporains. Toujours
parveiiir juaqu'a la eit6 1 .._
frapp^ plus que tout autre del
des Chretiens, de I'^at daf
des objets de leur culte, dsl
et de Tavarice des Turke — ^
aviditd ^uand on leur
cruaut^ a la moindre i^
timeiit de la desolation i
son ooeur k uae aorte de
vengeance. Si le moine se I
hii, Tancien soldat se
avec ces Amotions diver
trouver le palriarcbe SimeoB/i
nier etait un vieillard d'a
nerable qu*il avait souficrt avee|
courage de nombfeueea
P)ToyexdeGuIgDeB,ir»Mvd0iAmt,ela. C}Tefei
dal^veli
SYRIE MODERNE.
S8d
C^tait Ini qa*Ortok avail un jour av-
rach^ a sod ^glise , trains par lea cbe*
veux jusqu*eD prison et dont la longii#
et penibie iiicarceration a*avait 6t^ pouf
r^ir qu'ua moyen nouveau d'eidor-
quer de Targent aux ouaities deaesp^*
rees (iu malheureux pasteur. Pierre, k
la vue de Siin^oo , s^abandonaa a tout^
Taffliction de son Ame et k toute la
fougue de sa nature, n pleura , ' il d^
clania, et fiait par promettre au pa-*
triarciie que \es guerriers de TOccideot
viand raient au secours de la cit^sainte.
l^traoge promessa, plus etrangenient
faite ei icore par un moine sans nussion,
aaas c^l^brite, sans g^nie , et qui pour-*
' taat ae real! sal Simeoo, electrise par
renlhousiasoie de Pierre , s'engagea k
^rira au pape et k certains princes de
r£urope; Pierre jura d^interesser las
masses aux malheura des Chretiena
d'Orieot, et de les entrainer a la deli*
vrance du saint sepuicre. Puis, s*echauf*
faut pour sou idee , n'en considerant »i
les obstacles ni les r^sultats douteux ,
la poursuivaat dans ses prieres aussi
bien que daas sas r^ves, Pierre finil
liar se persuader a lui-oitoe <)ue Dieu
lui avait remis sa cause eii oiain. Eufia
soa esprit s*exaitant de plus en plus «
ii arut entendre Jesus-Christ lui disant t
• Pierre, marcbe; va anaonoer lestribu*
• latioiis de mon peuple : il est temps
« que mes serviteurs soient secourus el
• les saints lieux delivrea (*). »
Pierre trouva T Europe dispose et la
papaute prdie. Le godt des pelerinages
ailant toi^jours eo augmentant, on
^prouvait alors plus viveraent que ja-
mais le desappointtment de ne pouvoir
parvenir qu'avec grand peine lusqu'li
Jerusalem, et de n'j entrer qu a force
d'argent. Tout le monde, d'ailieurs, Jes
grands comme les petits, lesbons comma
tesmauvais, desiraient voir U citesainie :
o'^tait la le remede a tons les raaux, la
remission pour lous les p^bes. Or, a V^
poque descroisades, les observancesreli*
gieuses tenant lieu de vertus pratiques^
on toHibait dans les desordres les plus
abjeets comme dans les plus sanglants^
ei Ton s'imaginait , apres avoir comnils
ees manstruositas, les laver complete*
(*) Yoyez Albert d*Aix, Bistoire de I'expHli'
turn d€ Jmu^km,
ment par la p^itence. Ainsi ^talent
tourn^es les rigueurs de la religion, ainsi
etaient elud^es ses lois. ^interpretation
m^nie qu*on eo donnait servait le vice,
et permettait aux passions de se d6-
chainer, quitte ^se latsser renchalner
de temas a autre. On faisait deux parts
de soi, rune demoniaque » Tautre catho-
lique : c'etait toujours le diable qui vous
entratnait au mal, et Dieu ne servait
2u'^ enregistrer, par un des sacrements
e son £glise, le nombre des revoltes de
la cbair 1 Le fanatisme des esprits etant
done m^e a la corruption des mceurs, on
regrettait doublement de ne pouvolr
plus faire le voyage en Palestine , qui ,
aunepart, flattait Tinstinct aventurier
du plus grand nombre, et, d'autre part,
accordant d'avance Tinipunite a tous les
vices. Quant au pape auquel s'adressa
Taudacieux ermite, c*^uit Urbain II,
^leve de Gregoire VII, sentant comme
lui' qua des expeditions religieuses en
Orient ne pourraient Itre que favorables
a la papaute. Aussi iut-il avec attention
les leltres pathetiques du patriarcbe
Simeon, ^couta-t-if avec patience les
declamations de Pierre, et autorisa-t-il
ce dernier k prober les peuples, et k
Les appeler a la vengeance de leurs
freres de Syrie. Fort de cctte autorisa*
tiou, Taveotureux pelerin cominen^a in-
continent son oeuvre.
Cetait bien Tbomine qu'il fallait pour
tourner tous les esprits en Europe que
ce Coucoupietre moitie moine, moiti^
soudard , ou [ilutot soldat converti, qui
avait conserve sous le froc les allures
brusques et vlolentes des camps. II s*en
allait par les cbemins, en Italic et en
France , moate sur une mule , tdte et
pieds nus, avec un mauteau de bure
par-dessus une robe de bure aussi et
ceinte d'une corde ^paisse. Son passage
seul par les villas et les villages faisait
deja ^venement. On le suivait , on s'at-
troupait autour de lui; et quand il s*^
tait forme un auditoire, aussitdt il
prenait la parole, et commen^ait ses elo-
quenies jeremiades. A ceux-ci il repro-
chait avec vehemence leurs vices , leur
apatbie a sortir de la voie infernale;
a ceux-la il peignait les malbeurs des
Chretiens de Jerusalem, les outrages r&-
nouveles chaque Jour centre les lieux
que la mort du Qurist avait sanctifies.
240
L'DNIVERS.
li prenait les ons par la terreur, leg
autres par la vengeance. 11 s*adressait
k la pusillanimity comme au courage.
II promettait k tous le paradis, s^ils
venaient a delivrer le tombeau de leur
divin mattre. Ces discours n^^l^ de
promesses et de menaces , de larmes et
de cris , de malMictions et de pri^res,
de?aient n^oessairement produire un
grand effet aur les masses. C'^talent
des draroes auxquels les spectateurs
^taient appeles a prendre part. Aussi ,
plus Pierre avan^ait, plus la foule Ten-
tourait, ^coutant avec avidtt^ les paroles
hyperboliques par lesquelies 11 Invoquait
tour a tour Dieu, les saints et les anges,
par lesquelies il ^voquait Sion et le Cal-
vaire, le mont desOliviers et la grotte du
saint s^pulcre, toutes id^es qui frap-
paient resprit des multitudes, toutes
images qtie chacun saisissait avec trans-
port. Bient6t le suce^ de Pierre fut td
qu'on le pritpour un saint, presque pour
un prophete. On iui demaodait sa l>^n6-
diction; on voulait au moins toucher
son grossier manteau : les plus fana*
tisds arrachaient quelques poils k sa
mule, et les conservaient comme des re-
liques. La fi^vre populaire en ^tait a son
paroxvsme , et il ne fallait plus qu*un
signal pour soulever les masses (*).
GONGILBS DB PLAISAIICB BT BB CLBR-
MONT.
Gependant la predication de 'Pierre
I*Ermite n*avait ^branl^ que les Gns
fonds de TEurope; il fallait aussi que
le falte orgueilleux des nations , c'est-d-
dire les fiers suzerains et leurs puissants
vassaux fussent a leur tour int^ress^s ,
touches, entratn^s. Ce fut I'enipereur de
Constantinople, Alexis Comnene, qui se
char^ea de cette tAche. De plus en plus
in(]uiete par les Turcs, voyant son empi re
Iui echapper lambeau 'par lambeau ,
il ^rivit des lettres lamentables a plu-
sieurs seigneurs d*Orient , leur annon-
cant en quelle decadence ^tait la chr6-
tiente dans les lieux ou s^^tait accompli
le martyre de Thomme-Dieu, ou r£van-
gile avait trouv^ ses premiers disciples,
ou la vieille £glise avait ^te naguere si
puissante et si d6vou^. Abdiquant
r) Toyei I'abb^ Goibert, Guta Dn per
tramoi.
m£me tout orgueil pmonnel , i
miracle pour un prince byzati
consentaitli perdre la ooaroniK,|
e^er k un plus digne , fAt-ee on f
plutdt que de voir les sectatems i
hornet trdner dans sa capitate. [
phenomenale humilit^! Museei
pas lit ie seul mobile que le i
eraiotif Alexis invoquait en f
son empire en dissolution. II 8*ai
aussi k la devotion de toos, i
rant de sauver des mains du <
reliques saintes dont
^Uit remplie. Puis, ne eroyanli
core assez faire en excitant b [
Tambition de ceux qu*il
secours, il leur pariait aussi J
que renfermaient ses treson,t
diacun de leur cd distribuer i
et en venait m^me jusqu*a ^
beauts des femmes grecqoes, qui
payer de leur amour les
leurs liberateurs. Tout etait i
oeuvre , toutes les passions <
t^k]ai fois C).
Outre ces lettres par
▼oy6es k divers barons et ;
Alexis adressa an pape
par rentremise de pfusieiirs
deurs. II chercbait a attendrir I
d*Urbain II en fiiveor de la
Sion, et en faveur des C
dansdes pays oh leurs p^i
mand^. Cette supplique
coincidait d*ailleurs avee<
triarche de Jerusalem et an
tion de Pierre TEroiite , dk .
k coavoqaer un eoncile davM
Plaisance. Quoiqull vtot oaa^
foule a rappeld*Urbain II, j
cents prelats, de quatre
et de trente mille laiques, i
M oblige , vu ie grand *doi
sistants , de s'assembler dans i
voisine de la ville, quoi quV^
dangers de la cbr^ieate les
deurs d'Alexis d'abord et le ]
suite, le eoncile n*arriu
lution relative a la auerre <
Musulmans. Leclerge av^it
reunion bien d*autres affaira (
plus pressdes, plus inqutetaa
envabissements du spiritiiei {
pereur d'Ailemagne, et kt
OYcjttkaxtt
SYRIE MODERNE.
241
anarchiques de TaDtipape Guibert.
Le secours que r^lamait si {>iteuse-
nient Alexis Comn^efut done ajourne.
C*est qu'aussi Plaisance n*^tait pas la ville
a laquelle il fallait demaoder uue guerre
lointaine, guerre^ qui ne lui paraissait
ni utile, di juste peut-^tre. Ostqu'aussi
les Italiens o'^taient pas une nation
3u*on pouvait si facilement detourner
e ses affaires , enlever a ses fecondes
campagnes, distrairede son avenir, qui,
malgre les troubles feodaux et les diffi-
cult^s de la papaut^, pointait dejk bril-
lant et productif. Les Italiens, d'ail-
leurs , ceux des c6tes et des ties parti-
culidrement, avaient, au onzieme siecle,
d'habituels rapports de commerce avee
les Arabes tant d'Espagne que de Syrie.
lis leur achetaieat directement les pro-
duits de leur Industrie, allaient chei
eux etudier les sciences exactes et la m€'
decine , et empruntaient m^me de la
poesie a leur imagination comme de
rel^gance a leurs moeurs. Les deux es-
prits, Toccidental et Toriental, pou-
vaient ainsi profiter Fun de I'autre, au
benefice de leur destine r^ciproque et
de leurs progr^particuliers ; tandisaue,
par des irruptions fanatiques etsanglan-
tes , tout tendait, au coi\traire, a s eloi-
gner, a se diviser : les ^l^ments civilisa-
teurs devaient ainsi se disjoindre pour
longtemps, loin de s'amalgamer pour le
bonneur de Thumanit^. Les Italiensdonc
ne pou vaient qu' toe sourds, soit par ins-
tinct , soit par prevision , lorsqu'ou leur
parlait d^expeditions Equivoques, de lut-
tes violentes, et dont ils ne distinguaient
pas le profit (*).
Mais Urbain II , soUicitE de plus en
plus par les ambassadeurs du prince
byzantin, Emu des souffrances que cha-
que pelerin de retour de Jerusalem eta-
lait aux yeux de tons, decide d'aii-
leurs par Tagitation frenEliqueque les pr6-
cbes de Pierre TErmite avaient soulevEe
au deia des Aloes, convoqua un second
coiicile, cette fois, seulement, au centre
m^me des pays fanatises , a Clermont
en Auvergne. La foule fut aussi consi-
derable qu'a Plaisance ; bien diffErente
neanmoins quant k la composition , k
Tesprit , aux intentions. Plus de vaine
curiosite , plus de preoccupations per-
[,*) Voyez la GoUectioii des conciles.
16* Uvraison. (Sybis moderne.)
soniielles, plus de calculs individuels :
une ardeur et une abnegation generales,
une devotion farouche , Fatten te so-
lennelle d'un grand Evenement. Dans les
prEambules du concile, le peuple montra
une indifference profonde, quoique
pourtant il se soit agi d*excommunier
un roi, Philippe I de France, de mettre
un frein aux vengeances particulieres en
renouvelant la trive de Dieu. Qu*im-
portait a ce peuple qu*on frapndt un des
plus petits et des plus incapables prin-
ces de FEurope ! Que lui im[>ortait de
mEme qu'on lui assurdt la vie sauve,
cette vie terrestre de misEre et de priva-
tions qu'il ne demandait au Createur qu'a
quitter pour Fautrel G'etait bien de tro-
ves qu*il fallait s'occuper : tout respirait
la jjuerre, et la guerre la plus longue,
la plus haineuse, la plus barbare ! Cetait
bien la tranquillite ici-bas quMl fallait
chercher : le peuple ne tendait qu'au
ciel (*) I
Enfin, ^ sa dixieme seance, le con-
cile prit tout a ooup une attitude popu-
laire. On vit sortir de leurs palais le
ppe et ses cardinaux , les chevaliers et
leurs Ecuyers. lis s'assemblerent sur la
grande place de Clermont. La foule les
yattendait. EUe Etait sombre quoi-
que exaltee, etle Etait taciturne quoi-
que impatiente. Pierre TErmite parut
avec son manteau de bure , son froc et
sa corde, ses pieds nus , sa tEte chauve^
Un fr&nissement courut dans la place,
et dans les rues etroites et toutes rem-
plies qui y aboutissaient. Le peuple etait
satisfait, son saint allait parler. Pierre
reproduisit avec plus de verve que ja-
mais ses v^h^mentes d^lamations , ses
apostrophes ^nergiques , tout le reper-
toire qu il avait promene un an durant
par les chemins. L'emotion devint g^-
n^rale. On pleuralt sur les nialheurs de
Sion, on injuriait ses ennemis , on jurait
leur extermination : le lion populaire
se ramassait sur lui-m£me en gringant
des dents. Apr^s Fapdtre de la violence,
le vicaire de la justice prit a son tour la
parole. 11 fut adroit et eloquent. Sans
calmer le delire de la multitude , il sut
le diriger. II invoqua le Seigneur des
amines, et denonca en sou nom les
(•) Voyez Ordiric VlUil Hisloire icclesiaa-
tigue.
16
Ul
LUinVERS.
maudUs qu'il faliait frapper , le9 fU$ de
CEgypte eselavey oeux qui ne devaient
ressusciter que ^[ir servir de paiUe au
feu iiemel. Puis il appela a son tour la
Fiti^ de touB aur lea c<mciioyen$ de
Homme* DIeu. II montra le temple du
Seigneur traiU comme un homme in-
fdmCy et iee arnements du sanctwure
enlevis comme descaptifs. Puis encore
il ^voqua les ombres des Machab^, et
promit que le courage des guerriers du
Christ deviendrait plus fort que la mort
m^me, Enfin 11 termina par ces paroles
du Seigneur : Celui qui aime son p&e
ou sa mh^ plus que moi n'est pas
digne de moi, Quiconque abandonnera
sa maison ou sonp^e^ ou sa m^re, ou
saje:nme , ou ses enfants, ou son he-
ritage, pour mon nam, sera recom-
pense au ctniuple, et possidera la vie
iterneUe (*).
Dieu le veid ! r^pondit unanimement
la foule ; et cette exclamation, r^p6t^ de
vjlle en ville, devint le mot d*ordre
dNine guerre qui dura pres de deux
cents ans. L'exaltation des assistants
^tait a son comble; Tindignation, Tar-
deur guerri^re, le fanatisme, unissaient
tous les esprits dans la m^me id6e : le
combat. Urbain II voulut sanctifier eet
^lan general , ordonna le silence , Fob-
tint, et pronon^a une formule de con-
fession ^6n6rale. Alors cette multitade,
aussi pieuse cju'ardente, se prosterna
dans la poussiere, se frappa la poitrine,
et r^clama I'absolution. Elle lui fut ac-
cord^ : et cette remission de tous
p^ch^s devint d^s lors le privilege des
expeditions en Palestine. Adhemar de
Monteil, 6v6que du Pu^, supplta le
pape de lui remettre la croix qu*il tenait
a la main, llle fit; et chacun imm^dia-
tement voulut aussi avoir sa croix. On
s'en attacha en drap ou en soie rouge sur
Tepaule droite. Les barons s'en plac^-
rent sur le front du casque. Les plus
superstitieux s*en appliqu^rent sur la
chair avec un fer brdlant. Tous s'ap-
pelerent croisSs^ et Tinvasion qu'ils
ailaient entreprendre, croisade.
Cependaiit un chef ^tait indispen-
sable a rimmensc mouvement qui se
preparait. La foule aurait voulu le pape ;
(*) Voyez Robert le Moine , Histoire de J4ru-
talem.
il sV reiusa ; emgme i
est bien dif&oile d^eipliqner. A mi
tant il la tto de la r6vot«li0BfBf
tait, Urbain II aurait [« ^a "
mattre. Toujours aa moins
pMie ranarchie premi^ d
elle tomba. Mais la papavti i
encore assise en Europe;^
sonnabie de la transporter I
en Asie? Mais Tempereur <
Tattaquait, I'antipape GuibectI
blait ; le vicaire de Dieu poav;
la present mena^nt pour un i
certain? Urbain II deelina la i
Inlit^ qu*on voulait fatre pesvi
et se contenta de nommer Ad' ^
Monteil, ev^que du Puj,
apostolique auprfts de la
6v^ue etait un homme de <
le Terrons a Poeuvre.
Sans participer persoan
Texp^ition , le pape ▼oolut
I'ordonner. La sc^ne que nous \
de raeonter se passait en I
bre 1095. On flxa le depart del
sade k TAsaomption aoiTaote. C
temps necessaire yontr reuur
mee r^ltere. Mais le peuple i
presae et raoint clairvovant qoa I
et il devait devancer llieore. F
s'occupa avec z^le des pn ,
la discipline de la crotsade. Bi
la protection de r&gltse ct dsj
de Rome, saint Pierre et i '
personne, la famiileet lest
des croises. II fit declarer |
que tout aete de violence i
soldat du Christ serait paid <
theme. II r^^la les rapportf i
avec les soldats , et leur reeaa
secours mutuel, c'eat-adirelal
de r£vangiie. Ces di verses |
^aient bonnes : mais n\
passer en m^me temps les
pouvoir reiigieux et de la ^
maine que (Tetablir que toot i
pourrait ^tre poursuivi poor if
dant tuute la dur6e de son «
NVtair-ce pas compromeCtrer^
que d'affranchir les eroise« de 1
p6ts? N'etait-ce pas ^ranlerl
voir politique quede ne remettre^
juridiction religleuse la
crimes et d^lits, et jusqa^a Vi
entre le seigneur et son vassal? I
reils privileges ^taient trop
SYRIE MDDERNE.
U3
poar Itre maiDtmuis « et il ne pouridt
ea r^ulter que I'anardiie d'abont et le
despotUme ensuite (*).
Ainsi, en voulaot trop faire, le pape
d^passa son but au lieu^it ratteindre.
Mais Urbain II ne pr^Toyait pas Tin-
cenciie qui eouTait , et dont le premier
brandon a*^it allum^ en sa prince.
11 se m^fiait de la perseverance popu-
laire ; et de eralnte de voir avorter la
croisade, il auspendit le glaive de
rexcommunication sur la tite de ceux
aui ne tiendraient point lear promeasa
e depart. 11 doutait, le prudent et me*
fiant Italien , il doutait encore , et cinq
mois aprds son discours sur la place de
Clermont, un million d'Ames s*6chap-
paient de Ffiurope avant le j<mr quit
avait flx6.
BBBl.NLX]fSNT PB I.'b17B0PB.
Aiicun ebranlemeot soeial ne fut ploa
profond, aucune r^olution popuiaire ne
iut plus prompte, aucune unanimity ne
fttt plus miracuteuae que rebranlemant,
la r^lution, ruaanimitede rOceideat
h la fin du onzi^me sidele. Une fois ap-
peiee de son nom, la croisade fut im-
mediatementridee, la volonte, le but
de tous. La Palestine devenait eneore
une fois la terre promise. Le pauvre y
eap^rait les aliments qui lui manquaient,
le serf y voyait des terres f(6condea au
lieu desa sterile fflebe, le seigneur mine
Jf r^vait un fief, le baron un eomte,
e comte un trdne. Cette rage des com-
bats que Pfiglise s*etait efforc^e de re-
primer jusqu alor8,elle Tautorisait enfin.
La plupart de ces nobles, aussi pil-
lards qu'insolenta , liomicides parfois ,
despotes toujours, avaient la conscience
chargee de crimes, et, comme dit Mon-
tesquieu, on leur promettaU de les
eaaker, en suivani leurs passions do-
winantes. Aussi ee fut avec la rapidite de
reclair que la sanction papale se r^pan*
dit de pays en pays, de ville en ville, de
bourg en bourg, de boucbe en bouche.
GVtait la guerre pour les belliqueux ;
c^etait remigration pour les miserables;
c'etait la liberty pour les esclaves :
chacun se prepara a partir. Le mari
s*appretait & laisser sa femme, le pere
mia$t\
Voyez Fleury, Discours tur PHiiioire «?-
'-'ique.
aes ao&nts ; et la femme d^solde, et les
enfants inquiets, ae promettalent de
Buivre le chef de la ftmille. 11 y avait
encore en ces tempa confession et pe-
nitence publiques; les coupal^les pre-
feraient ae Joindre a Texpedition sainte
qua d*a?ouer leur honte k la face du
soleil. Souvent le clerge, scandalise
des desordres des seigneurs , leur inti-
mait Tordre, pour se reconcilier avec
le ciel, dentrer dans uo cloltre; ces
aeigneura cboisissaient natureilement
la guerre, leur pas9ion, plutdt que la
retraite, leur terreur. Les moines aussi,
fatigues des rigueurs de leur couvent ,
et apprenant qu*on pouvait faire son
aalut en se dirigeant vers Jerusalem, de-
mandaient immediatement la croix. Les
predicateurs de la croisade , afln d^agir
aelon leurs paroles, pren^ient la resolu-
tion de auivre leur troupeau dan$ le
peierinage arme. Les pretres ambitleux
songeaient a un evech^ en Asie ; les er-
mitea eux-memes esperaient s*y sanc-
tifier plus vite : aussi, seigneurs et serfs,
pretres et moines, criminels et cenobites,
tous faisaient leurs apprSts. Ceuxci en-
cageaient leurs terres ; ceuxla vendaient
leurs meubles. Le pauvre echangeait son
diaume pour une arme quelconque , le
riche son chateau pour un equipenient
militaire et de Tor. Les juifs gagnerent
enormement; ils payerent bien cher
plus tard ce gain inatteudu (*).
Le deiire general s'accrut pendant
tout rhiver de i'an 1095; et des le prin-
temps suivant toutes ces masses 8*e-
branlerent a la fois. Cetaient par toutes
les routes des bandes confuses et suc-
eessives. La piupart ailaient a pied;
quelquesHins B*en venaient sur des cha-
riots tratnes jpar des boeufs ; le plus |)etit
nombre etait a cheval. Ceux-cl cotoyaient
les rivages de la mer sur des barques
pontees ; ceux la descendaient les fleu ves
sur des trains de bois. De mceurs , de
langage, de costume difterents , ils of-
fraient le niciaiif^e le plus inextricable.
On en voyait tout cou verts de four ru res ;
d'autres a peine v^tus d'un haillon de
toile. Tels etaient anaes de tances, ou
d'epees , ou de javelots , ou de masses de
fer ; tels seulement de pieux et d'instru-
(") Vov<« Robert le Moine , Nistoir,- de Jeru-
$alem; Baadri , HUtoire de la ftrise de J^ru-
•iUMi;etral>M GuUiert , Ge$ta Dei per Francoe.
16.
244
L'UNIVERS.
meDts aratoires. II y en avail qui mar-
chaient au son des clairons et des trom-
pettes ; if y en avail qui chantaienl des
psaumes el des cantiques. Depuis la
mer du Nord jusqu^au Tibre, depuis ies
bouches du Rhin jus({U*aux Pyrenees,
ce n*elait que populalionsi en marche.
€es masses s augmenlerent encore en
allanl. Leur exemple ^lait conlagieux :
on Ies suivail malgre soi. Des villages
entiers se mirent en roule, emportanl
provisions , me ubies el uslensiles. Mais
celte foule s'enlendail a peine : on ne
se reconnaissail souvenl comme chr6-
lien qu*en formanl une croix avec deux
doigts de la main. Geux qui pouvaienl se
parler s*excitaient , s'enllammaienl, en
se raconlanl des miracles. Les uns
avaienl vu des ^toiles se lancer vers
rOrienl en lombant des cieux. D'au-
tres avaienl ele diriges pendanl la nuil
par des feux qui couraienl dans Tair.
Ceux-ci avaient remarqu^ des nuages
sanglants se grouper a rhorizon orien-
tal. Ceux-la avaienl apergu une comete
sous la forme d*un glaive colossal. Puis
c^^laient des lours el des remparts, des
armees se combatlanl qu*on dislinguail
dans le ciel. Puis des apparilions de
guerriers religieux : David el les Ma-
chab^es, Conslanlin el Charlemagne.
Ge dernier m6me aurail encourage les
Chretiens a la bataille, el leur aurail
promis de se metlre a leur Idle. Illu-
sion de lous les esprits, accord de loutes
les volontds , enlrafnement universel de
TEurope vers TAsie , voila le spectacle
qu'offrail TOccidenl au printemps de
rannee 1096. ^
L'aRMBE DB PIEERB l'BEMITE.
Pierre TErmite n'avail uas cess^ de
prober la croisade apres le eoncile de
Clernionl. 11 s'en allait toujours par ies
chemins, avec le m^me costume d*or-
gueilleuse humilite, enlralnanl a sa
suite une foule ^lectris^ par ses paro-
les. Enfin, lorsquMi fut parvenu entre la
Meuse et la Moseile, cette foule, grossie
Sar des groupes successifs, comme un
euve par des affluents nombreux , for-
mail (feja presque une armee. Armee
singulidre, assurement! composee tout
aussi bien de femmes, d'eufanls^ de
vieillards, que d'bommcs capables de
porter les armes ! Armee, ou plutot mi-
gration de pauvres heres se i
pour vivre, de serfs fuyant fe
de vUaiM fuyant la misere,d'a]
de bas ^tage trop tarte poor :
dans leur propre pays, de mendia
vagabonds , de gueux de toute (
qui se promellaienl le massacre,!
lage et le viol , el , en petit ood
quel(]ue8 braves gens exaltes, deq
esprits fiaibles fanalises par les |
lions ! Cette populace , en etat i
nent d'^meute , ne se contents i
plus d'^uter Pierre rErmiti
voulut marcher en avant , .
sa conqu^e;^ et, dans son ii;
grossiere, a Id^ut.de chef, i
lendait qu*ane cb^vre el une oiel
firaient pour la mener a J6nu
gre ou de force il failul bien (,
/Ermite c^dl a la tourbe qolj
excitee. De moine il pa
Plus de cent mille Ames,
Champagne, de la Bourgogiie,j
Lorraine , de la Flandre , se i
sous son oommandenDenl. ]
mite eul pourlant le bonhenr dftfl
un homme dans oette multii
d*avoir ainsi un lieutenant sorl
pouvait se reposer. Get homme |.
chevalier appel^ Gauthier Som^
Son surnom disail sa misers;!
major prouvail sa £aiblesse : '
avec lui que huit cavalien. !
fut, il devinl fort utile k C —
Celui-ei le chargea de dir
vements ;de ravant-ffarde, (
seule chose diflicile et d
rexp^itionjusqu'^sonarriTi
A leur passage en France eie
gne, les masses, qui suin'
rErmite, ne rencontrerent i
et protection. Eiles vivaient i
et pouvaienl jusqu*a un certais j
permettre le vol au detriniest (
acte qui n'etait alors regardeq^
une application permise de I
talion. La route pourtaDl j
au plus grand nombre. L'a
parlout des tralnards ; les^fa
tout et les vieillards
coup et restaient pour la i
chemin. Et cependant les [
taient recus encore qu*avecalk
favour, ifs etaient en pays ehreti
dc uouvelles recrues arrivaieot sa
pour remplacer les infirmes et «
SYRIE MODERNE.
S45
se d^coarageaient. Mais une fois par-
venue en Hongrie , rarmee de Pierre
TErmite fut tout etonn^e de trouver
sur les rivages du Danube el de la Save
des cavaliers qui lui barraieiit la route (*).
Quoique devenus cbretiens, quoi-
qu^ayant eu a leur t^te un roi caoonise,
saint £tienne, les Hongrois n'en god-
taient pas plus (a croisade. lis n'avaient
point compris cette e\p^ition si loin-
taine. lis ne se souciaient pas trop d'ail-
leurs de voir leurs prairies envabies ^ar
cette nu6ede gens ae toute nationaliteet
de toute origine, qui deroandaient im-
p^rieusement leur subsistance , et dont
le passage devait avoir pour moindre in-
convenient de reudre infertiles les
canipagnes pietin^es par une foule im-
mense. Malgre les efforts de Gauthier
Sans Avoir , son avant-garde , mal dis-
ci plin^e , commit quelques m^faits , et
supporta en consequence plusieurs re-
presaiiles ! Gauthier fut assez prudent
Eour n'en pas tirer vengeance , et pour
dter de plus en plus sa marche. Mais
apres les piaines de la Hongrie, les pele-
nns trouverent les for^ts epaisses de la
Bulgarie.
Quoique Chretiens aussi, mais de
quelle faQon! ies Bulgares n'en avaient
pas nour cela plus d'affinit^s avec les
Occidentaux. Farouches, ind^pendants
jusqu'ala barbaric, les Bulgares n'avaient
jamais eu qu'a scuff rir de leurs rapports
avec ceux qu'on appelait encore les Ko-
mains. Le Bas-Empire leur avait fait
une longue guerre. Basile avait eu la
cruaut^ d'ordonner qu'on crev^t les
veux a quinze mi lie de leurs prisonniers.
De leur c6te, les Bulgares, ayant tu^ un
empereur byzantin, avaient encbdss^ son
crdne dans' de Tor , et s*en servaient de
coupe d'honneur dans leurs orgies. En
un mot, Slaves d^origine^ ils d^tes-
taient aussi bien les Grecs que les La-
tins , et ne virent qu'avec des yeux hos-
tiles Tarriv^e chez eux de la premiere
bande des croises.
Cependant Gauthier Sans Amir mon-
trait toujours Tintention de maintenir
Tordre et la paix ; mais sa troupe etait
trop aftam^e pour ecouter d^sormais la
voix de la raison et de la justice. Le
Souverneur de Belgrade ayant refuse
es vivres aux pelerins, ceux-ci, pouss^s
par Tindignatlon et le besoin, quitterent
lejs rangs confus qu'ils formaient en-
core , et s'^parpillerent dans les canipa-
gnes. Libres alors de tout frein , ils en-
leverent des troupeaux, et 6gorgerent
impitoyablement ceux qui voulurent
d^iendre leur bien ou leur maison. Ces
exces pousserent a bout les Bulgares.
Leur cavalerie tomba sur ces bandes
spoliatrices et meurtrieres, les pour-
suivit avec acharnement , les massacra
sans misericorde. Une eglise , ou cent
quarante croises avaient cm trouver un
asile, fut livr^e aux flammes par les Bul-
gares eux-m^mes. Gauthier Saru Avoir ^
loin de reparer cette d^faite m^ritce
de quelques-uns de sessoldats, s'en-
gagea imm^diatement dans les bois et
les marais avec le reste de sa troupe.
La repression que leur avait attir^e
leur premier foriait , les lassitudes de la
route , les angoisses de la faim avaient
rendu aux croises plus de souplesse et
de resignation. lis se grouperent de
nouveau autourde leur chef, lui obeirent
avec soumission, et ce fut en suppliants
qu'ils s'adresserent aux gens de Nissa.
On fut touchy de leur misere; on vint
a leur secours ; et ils purent traverser
les Balkans avec beaucoup de peine
sans doute, mais au moins avec des
vivres. Enfin, apres plus de soixante
jours de privations, de fatigues, de froi-
dure excessive dans les montagnes de
la Bulgarie , de chaleur accablante dans
les piaines de la Thrace , ils arriverent
devant la prenftere enceinte de Constan-
tinople, oil Tempereur Alexis Comn^ne
leur permit d*^tablir un camp jusqu*k
ce qu ils fussent rejoints par leurs ire- '
res (•).
La troupe de Gauthier Sans Avoir
avait ^te plus que d^cimee. La rigueur
dessaisons^ les tortures de la faim, les
repr^saiHes de ceux qu'elle avait atta-
ques, Tavaient r^duite de moitr^. Elle
avait sem6 toute sa route de cadavres ,
et la depouille de quelques-uns de ces
derniers devait causer le malheur de
Tarm^ de Pierre TErmite. En entrant
en Uongrie, les pelerins, dont Tesprit
(*) Voycz Guillaame de Tyr , Histoire de ce
9«» ^estpaaee au deld det men^ etc
(*) Voyez Tadd)0de, HitUnrt du voyage a
Jiruialem,
346
LTJTIIVERS.
dMndisciplme , de licence, d^avidit^
n'avait fait qu'augmenter ^ travers la
Bavike et VOsterreich (TAutriche),
commsncaient d^ja k se lasser des paroles
creuses ae leur general missionnaire,
qui De suffisaieDt plos pour les aourrir.
Le premier eathousiaime religieui ^tait
pass^ , te z^le ^vanooi , toute provende
2puis^ : marcher eu avant dans la las-
situde et la mis^re paraissait bien dur ;
s*en retourner a travers des pays d^il-
luslonn^ sur le compte de la croisade
paraissaitimpossible. Desrumeurs, sour-
des d^abord, se repandirent de grou-
pes eii groupes *, puis on en vint a se
plaindre tout haut, h murmurer, k
blasphemer : uiie sedition terrible sembla
imininente. Le premier pretexte devait
la faire eclater. On trouva ce pretexte
devant Semlin, dont les habitants
avaieot eu riroprudence de susoendre
a Tune des portes de leur ville les d^-
pouilles de seize crois^ pillards. A cette
vue, les plus mutins se soulcv^rent.
Pierre L'Lrmite perdit la t^; et, au
lieu de comprimer la i^volte , tl excita
encore les passions de la multitude.
Le soi-disant saint prdcha la guerre ,
poussa au carnage; et son armee se
rua Imm6diatement . sur Semlln. Ef-
fray^s par cette subite agression, les
habitants s'enfuirent h travers les bois
et ies rochers qui d6fendaient Tun des
cdtes de la cit^. Les retardataires , au
nombre de quatre mille, furent ^org^s
par la foule furieuse , et le courant du
Danube, eiitrafnant les cadavres de
tant de victiines, alia donner h la Bui-
garie d*horribles nouvellesde la croisade.
C*^tait desormais Textermi nation au
lieu de la fraternity. Les Hongrois
prirent incontinent les armes. Leur roi,
Koloman, reunit cent mille homines, et
marcha contre les massacreurs de Sem-
lin. Gependant apres plusieurs jours de
debauche et de pillage, les faux soldats
de la croix, aussi Inches que cruels, loin
d'attendre leurs s^rieux adversaires,
bVnfuireut en d^sordre in travers la Bul-
garie. lis esp^raient se reposer, se ravi*
tailler a Belgrade. Cette ville ^tait aban-
donnee. II fallut fuir encore comme des
bandes de loups pourchass^s. Entin de-
vant I>Iissa Tarmee de Pierre trouva des
remparts et des soldats. Ella n*eut pu
d*abord le courage d*attaquer. On par-
; inteotioni
leroenta. La ville vouhit bien \
quelques vivres. Mais avaot de i
mettre en route, one oentaine dec
teutons se prirent de queretlea
ques meuniers bulgares; el, i
rien en obtenir par les nw
mirent le feu k sept mofuliot.
cendie exasp^a les habitants del
et ayant march^ contre Parr"
de Pierre, its en eurent fadk
son , 8*emparerent de deux i
riots et d*un grand oombre d«|
niers. Pierre, qui etait d^ji ,
le gros de sa troupe, s'empr^l
venir sur ses pas. II voulut enlii
n^^ociation; malheureusementflii
aucuiie autorite reelle sursooj
et tandis qu*il rappelait aox <
Nissa le but sacr6 et les intent
fiques de son exp^ition^ deux i
ses bommes cherdiaient deja as
les remparts, inalgr^ la tr^e. C
contre de pareils brigands ,
combattrea mort? Les Bol^
gn^, sortirent en masse oontisi
rieux, lesattaquirentene „ ,
divis^rent, et s'en defirenfaveeli
ou les noyerent dans des 1
La d^route des croises
Les femmes, les en£ants,lesi
ies chevaux , les Mies de i
qu*aux troncs des aumdnes dil
tomberent entre les mains deff
Pierre TErmite s'enfuit av«d
des plus sages sur une moo
virons ; et ce ne fiit qu*avec I
peme, en faisant sooner si
clairons et les trorapettes, q8*fl
sieurs jours d*attente ii pot n
tour de lui sept miile rojardkJ
reduite, Tarm^e de Pierre seil||
marcbe a petites journto. Dixd
mes avaient ^t^ tu6s devant Ma
les bagages enleves; toutes les c
des crois^ i^taient pr
n'etaient alors dans oette troopei
que lamentations , pleurs en"
Elle se sou vint enfin de Dieu :
elle se repentit ; elle devint
mod^r^. Son 6tat deplorable etfi
elle le bonheur d*inspirer la pidlj
nouvelles populations qu'elle
On indiquait aux baodes di&
le rendez-vous commun ; on
(*) YoyarabMGoibcH, Cmt^Dm^
SYRIE MODERNB.
147
lanrs seeours ; on les mettait dans lear
chemin ; et ce fiit au nombre (k trente
, mille hommes r^unis qu*ils entrdrent
dans la Thrace. La , Fempereur byzan-
tin leur envoya des deputes pour se
plaindre de leors d^sordres, et en m6me
temps leor annoncer leur pardon. La
praaent et habile Alexia pouvait avoir
besoiii d'eux , et les traitait en conse*
3uence. Pierre l^rmite, qui desesp^rait
e son expedition, rendit au ciei des
actions de grdces de la conduite du
souverain grec. II pr^ba de nouveaa
son arm^; et cette tois Tayant trouv^e
docile et humble , ce fut au ch<)ut des
cantiquea et des palmes a la main qu'il
lui fit continuer sa route.
I
LA CBOISADB DU Cl^IMB.
Outre les premiers pelerins qui 8*e-
tatent ^lano^ a la suite de Pierre TEr-
mite et de son lieutenant Gauthier Sans
yivoir, il en partit bien d'autres bandes,
dont les principales furent meo^s. Tune
{>ar un missionnaire nomme Gottsehalk,
^autre par ua indigne pr^tre, appel^
Foikniar , et par un certain comte £mi-
con. Gottsehalk etait un fanatique dans
le genre de Pierre FErmite, eloquent
a force de licence , ^nergique h force de
volonte. II reunit autour de lui une ving-
taine de mille hommes, compost cette
fois de soldats hardis , mais grosslers ;
infatigables, mais debauches. Ces sou-
dards en ddire, venus p^esque tons dit
Paiatinat, et pr^venus peut-Stre des
hostility qui avaient eu lieu entre les
premiers croises et les Hongrois , agi-
rent, des qu'ils furent arrives sur les
bords du Danube , comme s'ils ^talent
en pays ennemis. Ces derniers n'avaient
pas de femmes avec eux ; lis en enlev^
rent. Puis ils s'abandonn^rent a tant de
d^sordres, h tant de rapines, a tant d'as*
sassinats, que le roi Koloman , sans de-
claration pr^lable, les attaqua avec fu-
rie. lis se d^fendirent courageusement
en plusicurs rencontres; et, comme
on craignait autant leur f^rocite aue leur
audace , en m^me temps que la force on
I emplova centre eux la ruse. Queiques
chefs oongrois vinrent dans le camp de
ces etranges croises , feignirent de les
traiter en fr^es , et leur promirent le
Sassageetdes vivres, sMIs consentaient
se laisser momentan^ment desanner.
Ces lourds Teutons , aussi stupides que
brutaux, se laisserent prendre a cette
amorce. Mais a peine eurent-ils remis
leurs armes qu'on tomba sur eux avec
rage, et que malgr^ leurs prieres, leurs
promesses, leurs larmes, on les exter-
mina sans scmpule : severe mars juste
punltion de leurs erimes (*) }
N^nmoins on voyait toujours en Eu-
rope s'assembler iiea pelerins arm^,
cherchant un chef et se dirigeant vers
Jerusalem. Seulement , de plus en plus ,
ces pr^tendues arm^s de Dieu se com-
posaient d'hommes per vertis et barbares.
Apres r^cume des populations venalt
leur lie. Apres les fanatiques, les pau<*
vres, les tons command^ par Pierre
I'Ermite; apr^ les soudards entrain^
par Gottsehalk, on vit s'acheniiner
vers la Palestine de veritables hordes
de brigands. lis s'assemblerent sur le
Rhin , et prirent pour chefs un prtoe
sans conscience et un chevalier sans
honneur, Folkmar et £micon. Ces bStes
feroces , dechatn^s , s'en prirent tout
d'abord aux juifs. lis les attaquerent
dans le sein m^me des plus grandes
villas. Apres les avoir pill^s, ils les assas-
sinaient, disant, pour s'excuser que, les
juifs etaient les veritables ennemis de la
croix, les meurtriers de Jesus-Christ. Le
peuple , qui detestait la race Israelite, les
laissait faire. Cetait partout,2i Verdun, a
Treves , a Mayence , a Cologne, a Spire,
k Worms, des se^es de carnage ^ de viol
et de debauches. La terreur ^tait telle ,
qu'avant Tarriv^ de ces bandes furieu-
ses, on voyait des families juives au
desespoir se pr^ipiter dans les eaux ou
dans les flammes pour echapper aux
traitements infftmes dont les soldats de
Folkmar et d*£micon les meua^aient.
L'anarchie ^tait a son comble. tieureu-
sement que , dans ce siecle de fer et de
sang, le cleige pr^sentait queiques hau-
tesvertus,onrait queiques grands coeurs,
qui lui conservaient la superiorite sur
les masses intol^rantes et farouches.
Plusienrs ^v^ues vinrent au secours
des juifs persecutes. lis leur ouvrirent
leurs palais, qui leur servaient d*asiles :
et pour en arracher d*autres a leurs
bourreaux ils pr^tendirent qu'ils s*e-
(*) Voyei Albert d»AU. HUtoire 4§ Vempidi-
248'
L^UNIVERS.
taient convertis au christianisme : saint
mensonge qui sauva la vie a bieo des
Yictimesl
Ainsi.qu'une tronibe d^sastreuse, les
derniers pelerins arriverent k leur tour
jusqu'ea Hongrie. On les y attendait de
pied ferme. lis rencontrerent une yive
resistance dans la ville de Mersebourg ,
dont lis firent le si^e. Mais leurs masses
successives allaient enfin lasser le petit
nombre de Hongrois qui defendaient
les murs , lorsque la chute de quelques
tours ^branl^es par les beiiers jeta un
tel effroi parmi les assi6geaDts, au'ils
s'entuirent dans la campagne en pleine
d^route. On les'y sui?it, ie glaive a la
main ; on profita de leur honteuse lli-
chete pour les accoler a des tourbillons
et a des pr6cipices, ou lis p^rirent en
tr^s-grand nombre (*).
Tout crueliement atteints qu'ils eus-
sent et6 par lefer vengeurdes Hongrois
et des Bulgares , quelques-uns des bri-
gands de Folkmar et d'£micon n'en
arriverent pas moins jusqu'a Constanti-
nople. Plus robustes d*ailleurs, plus
endurcis a la fatigue que la plupart
des honn^tes gens, lis avaient mieux
supports les souffrances de la route. Us
auluerent dans le camp de Pierre I'Er-
mite avec quelques femmes de mauvaise
vie quMIs avaient tratn^s jusque-la, et
leur presence funeste acheva de perver-
tir les pelerins . que le bien-^tre dont
ilsjouissaient depuls quelque temps avait
remis en godt de debauches. Alexis
Gomnene avait commis une imprbdence
en etablissant aussi pr^ des richesses
de sa royaie ville une arm6e indiscipli-
nee, composee, dans le principe, d'un
ramas de fanatiques et ae vagabonds,
augment6e ensuite d*aventuriers qui lui
vinrent de Pise, de Venise et de G^nes ,
perdue enfin par uno irruption de ban-
dits et de prostitutes. Les plus mauvais
sujets entratnerent les douteux; et bien-
tot cette masse, qu'une main ferme ne
savait pascontenir, s'abandonna a tous
les desordresimaginables, pillantindis-
tinctementmaisons, palais et eglises, et
poussant ses excursions d^ vastatrices jus-
que dans les faubourgs de la ville qui lui
av^it accord^ une si coQteuse hospitality.
i") Yoyez rabMGaibert, Getta Dei perFfan-
cos, et Albert d'Aix , HUL de I* expedition d«
Jeruaalem,
Les ByzantinstremblaieatLrarj
employa un dernier moyen poor
rasser sa capitale d'un daneer peai
nent; et ce mojen eut le booail
r^ussir. II fit offrir aux crois6s dai
seaux pour les conduire au ddalii
phore. II leur vanta le biitm qa'ili
vaient faire dans les eampagna
ques. Les Turcs etaient la, __
^etait pour les combattre que
sade s'^tait miseen marche. Les
accepterent cette o£fre, s'l
au nombre de cent mille w
vinrent pla^oer leur nouveau
les environs du golfe de Micoi
h peine en Asie, ils en traitem
les habitants en ennemis, qa*ib
latins , grecs, ou rousulmans.
Une arm^ ou se trooniat
m^le des Italieos et des Ti
Gascons et des Gallois, des
^ux et des Anglais , qui n*
le m^me langage, ni les mlmei
pouvait agir avec unit^ Ella
une sorte de guerre de .
3ue matin plusieurs troupes
u camp, partaient en
s'en allaient de divers e5t^
lant, ^orgeant. Les uns
chance poureux, etfaisaieol
pine; les autres ne renooBi
de pauvres laboureurs H de
cabanes : alors, dans la ragedai
tement , ils commettaieiit di .
ex^crables. Anne Cooinene,!^
fille de Tempereur de
rapporte, dans son AUxiaii,
JHormands hach^rentdes
ceaux, et en mirent d'autresi
On serait tent^ de croire de
faits lorsque tous les chi
onzieme et douzieme sideles
pour maudire les premiers
lorsque Guillaume leSage,
de Tyr, les appelle lui-mtoe
fantj de BiUcU.
Quoi qu'il en soit de oes df
de barbaric, toujours est-il que
venu, les differentes bandes de
deurs rentraient au camp; les
main^ rougies seulement , les ar
mains pleines. De la, jalousie,
discorde. Pui8,qaand il s'a^ssitl
partager le butin , les querela 4
taient ; on s'injuriait , on se
Les Gascons et les Provea^iux ,
SYRIE MODERNE.
249
lement railleurs et pr^somptueux , se
inoquerent des Teutons avec tant de
malice et de coatinuite, que ceux-ci,
{lousses a bout , se separerent enfin de
'armee. Sous la conduite d'un certain
Renaud, lis s'engagerent hardiment dans
les montagnes qui roenent k I<Iic^.
Puis J ayant trouv6 une forteresse sur
leur chemln, ils Tassi^gerent, la prirent,
et s'y installerent (*).
Cependant le sultan seldiouckide de
Koum , KJlidj-Arslan , fils de Soliraan ,
qui^devait son empire a la ^^n^rosite de
M^lik-Schah, avert! de rinvasion des
crois^,envoya une armee contreenx.
Cette arm^ voulut reprendre la forte-
resse, que lecbroniqueur Baudri Guibert
appelleExerogorgon. Mais, loin de tenter
Fassaut , les Turcs se content^rent d'en-
tourer la place. Au bout de quelques
jourSf les assi^i^s, qui n'avaient ni eau,
ni vivres , soutfrirent de la soif et de la
faim. lis vinrent jusqu'd saigner leurs
chevaux et leurs mulets pour en boire le
sang. Enfin , lorsqulls furent k toute
extr^mit^, leur chef Renaud , qui ^tait
un soudard sans foi ni loi , les vendit
secretementanx Tares, ouvrit les portes
de la forteressQ, et se fit musulman. Ge
fat 111 le premier ren^at , ce ne sera
pas le dernier. Quant k ses compagnons,
lis avaient massacre la garnison turque,
ils furent massacre ^ leur tour.
Loin de jeter le d^uragement dans
rarni6e de Pierre I'Ermite, la nouvelle
du desastre des Teutons n'^ excita que
des sentiments d'indi^nation et de fu-
reur. On les raillait vivants, on voulut
les venger morts. Gauthier Sans Avoir,
qui savait la guerre, conseil la d'atteudre
les Turcs dans la bonne position ou se
troQTait le camp chr6tien. Ses troupes
Vaccuserent de idchet^ , et il partit. On
se dirigeait a la debandade vers Nicee.
I Le sultan profita de ce d^ordre : i 1 caeha
une partie de son arm^ dans une for^t,
et rangea fautre dans une plaine. Les
j Chretiens atta<iuerent vivement; les
( Turcs se ddfendirent avec habilete. Gau-
I thier fit des efforts inouTs pour gagner
I une bonne position et Favantage ; il ne put
, que mourir firapp^par sept fleches. Apr6s
I sa mort, les croises, coup^ en milie
\
\ (*) Yoyez Anne Comn^e, AUx,^ etGaillaume
^ de Tyr, Bitt. de ce qui s'est paasiy etc.
troncons, entour^ de toutes parts, nt-
taques a la fin du combat par des trou-
pes fratches, furent compl^tement tallies
en pieces. Trois mille des leurs seule-
ment parvinrent a s'echapper dans une
forteresse voisine dela mer. Les Turcs,
apres leur victoire, amasserent les osse-
ments des vaincus et en form^rent une
pvramide, qui devait servir aux pro-
cnains croises de lugubre jalon sur la
route de Jerusalem.
OPINION DBS GHBONIQCJEUBS SUR LES
PBEMIEBS CBOISES.
En moins d*un an s'epujserent les
divers torrents humains qui s'^taient
precipit^s vers TOrient. Et quelle triste
et funeste idee a la fois donn^rent-ils
aux Musulmans des Chretiens qui ve-
naient leur disputer Fempire du monde!
Hordes indisciplinees, ne sachant ni
attaquer ni se aefendre , cruelles et pil-
lardes plus que ne Tavaient jamais et6
les Bedouins, les Kbarmates, les Turko-
mans; engeance perfide et dissolue^
qui ne proc6dait que par le viol , Tin-
cendie etie meurtre; rebus des nations,
bonte de rbumanit^ 1 Qu'on ne croye
pas , d^ailleurs , que nous ayons outre
la folic des uns et les crimes des autres.
Lisez les cbroniques; consultez les con-
temporains; tons sont d*accord dans
leurs maledictions. Albert, chanoinede
r^lise d*Aix, dans son Histoire de
texpiditiondeJerustjUem, quoique ecri-
vain plein d'indulgence d*ordinaire pour
les croises , dont il approuve les inten*
tions, ne dissimule aucun des exces
de la foule conduite par Gauthier Sans
Avoir et Pierre TErmite. Quant aux
soldats de Gottschalk et d'Emicon , il
dit que c'est Dieu lui-m^me qui , dans
leur terrible d^route, les a punis de
leurs mefaits. Baudri, archevdque de
Dol, aui assista au concile de Clermont,
pour lequel il ne cache point son en-
thoysiasme, va bien plus loin qu' Albert
d'Aix dans son m^pris pour certaines
bandes de crois^ : il les compare k
des juments qui se vautrent dans Tor-
dure {computruerant Uliy tanquam
jumenta, in stercoribus), et il ajoute
3ue leur ooeur €ta\t aussi dur que celui
e Pharaon , le type biblique de Tin-
humanite. Bernard leTr^orierestaussl
deFavis de ses pr6d^sseurs; dans sa
360
L'UKIVERS.
chroniqiie\ il traitede foUt la muHitude
qui suivit le premier pr^dieateur de la
croisade : Menue gent qui ne vouloleni
avoir ni endurer ia maistriie des preud-
hommes sur eulx ; et ii avoue qu'il j
avait dans les autrea bandes des malfat-
teura qai commettaient toutea les sortes
de violence. £nfin nous avons deja rap-
ports oe que pensait des premiers croises
te severe mais juste arcbevdque deXyr (*).
Mais n'y a-t-il pas d^excuse, bistorique
au moins, a la barbarie de ces masses
qui se rucrent p^le-mdle sur TOrient
a la voix du fanatisme? Si, une grande :
la desolation et Tabrutissenient de Tepo-
que qui vit Plater ce eataclysme social.
Laissons parler un eonte mporain, Foul-
cher de Chartres, ne en 1059. Voiei
comment il resume les raisons qui firent
adopter au pape )a croisade : « Urbain,
vovant que la foi chretienne etait con-
sidSrablement diminu6e dans le elerg6
et dans le peuple ; que les princes de
la terre Staient sans cesse en guerre
les uns contre les autres ; qu*on violait
par tout les lois de la paix; que les*
campagnes ^talent alternativement ra-
vagees et pillSes ; quf plusieurs etaient
injustement trafnes en captiviU^, cruel-
lenient maltrait^ dans leur prison,
et ne se rachetaient qu'a un prix exor-
bitant, ou perissaient de faim, de
soif, de froid; que les lieux saints
Staient soui lies, les mouasteres et les
habitations particuli^res livres aux
flammes ; que personne n'etait epar-
gne; qu'on se faisait un jeu des
cboses divines et humaines ; apprenant,
en outre, que les provinces intSrieures
de la Romanic (Asie Mineure] avaient
subi Finvasion des Turcs , et que les
Chretiens y etaient victimes dela fero-
city de ces barbares, touche de pitie
(pietate compatiens) , et plein de Ta-
mour dcDieu, il passales Aipes
Le tableau est-il assez complet? Ne
peut^on pas en conclure que retat des
Chretiens d*Occident n'6tait pas moins
deplorable que Tetat des cbrStiens
d*Orient ? Ge n'est pas tout pourtant.
Voici maintenant le spectacle que prS-
(•) Voyei les difKrents djronlquears : Ro-
bert ie Moloe, Baudrl. Raymond d*Agil«s , Al-
bert d^AiiL, Fouloberoe Chartres, Tudebode,
Raoul de Caea. Tabbe Guibert, GuiUauaie de
Tyr, Bernard le Tr^sonerf etc.
smta Rome au m€me
rann^ 1096:
« Nous autres tous. Francs ooad»
« taux noos aHdmes par Rone M
« partant pour la croisade); m|
« nous fidmes entr^dans la basili^S
« Saint-Pierre, nous trouvflflitedeiprti
« sans de fantipape Guibert qai,
« r^pee (Tune mam, enlevaieiit de
« les offrandes que I'on avail
« sur Fauiel. lyautrea eouraifttl
• poutres de la Toilte de Pt ,
« jetaient des pierres sur noos ^
< que nous Caisions nos pri^itt) (
« lorsqu'ils voyaient qaelqiirim '
« d'Urbain, ils voulaient le trnr.
« hommes attaches k Urbais
« fidelement une partie de la
« et ils se d^fendalent , comoie
a Taient, contre les attaqoa^
« ennemis. » Puis Foulcherde
termiue , sous forme de rdlexiaa,
ces mots : « Qtfy a-t-il d'i
« que le monde soil sans eeaae
c jorsque f£glise romaine,
« pourtant r^ident toute
a toute surveillance, est ell
a ment^ par la guerre civile.'
a le memnre principal soafli
a ment les antrei n*^prov
« pas dedouleurP » DouleBr
efret, douleureontinuelie, ~
neralel douleur qui ex&sp<
tits, qui perverassait les .
avait jete la rage dans tons'
douleur qu'on alia porter aa
Tespoir de la gu^rison , et q|ri att
qu'uQC intensite plus grande, H
seul remMe : la mort !
MOUYBiailT J>BS ABMBBS i
Cependant , outre a
donnas que nous avons vaes \
confiisement vers TOrimt sm
texte de croisade , la veritable i
tion se preparait a mardier k i
Excepts les rots, Tempereiir, I
ceux enfin qui possedaient dl
stables et importants ou qui
une grande tAcbe a remplir, I
petits princes, dues et cool
n'entrevoyaient aucune ebanee i
dissement en Europe , tous ics I
et chevaliers ambitieux, 8*ap
partir en Palestioe, pays
se divlsait d'avanee, terre de
SYRIE 1dODERN£.
»t
pour les UDs, de oonvoitise pour les
autres , de salut ^ternel pour tous. On
6*exhortait muttteUement a la croisade,
OD 8*^crivait, oo se donnait rendez-vous
k Constantinople. Puis pour arriver \k
on faisait argent de tout : (m engageait
aes terres, on vendait see chateaux;
tou8 ces sacrifices afln de s'^uiper soi
et les siens, afin de se procurer armures,
^p^, chevaux. Bientot, a cause m^me
du besoio genial , toutes les choses uti-
les a la guerre de?inrentd*une cherts ex-
cessive; et Ton vit tel petit seigneur
avoir h peine assez de tous ses domaines
pour payer son^uipement, tel autre sans
fortune' s*adresser a la charite publique
pour lui demander de quoi coinbattre,
tel autre eofin ^ Guitlaume , vicomte de
Meiun, par exemple , piller ses bourgs
et ses villages pour armer ses dcuyers et
leur suite r).
La premiere faute de ces crois^ f6o*
daux fut de n'^re pas partis ensemble
du centre de TEurope. Les uns, en etfet,
arriverent k Constantinople eu triom-
phateurs, les autres en maraudeurs,d*au-
tres en prisonniers. lis formerent quatre
armies principales que nous aliens sui vre
tour a tour. Gelle qui se mit en niouo
vement le joor mdine fix6 par le concile
de Clermont, le 15 ao()t 1096, ^tait
composee deLorrains , de Bavarois, de
Saxons au nombre de quatre-vingt mille
hommes et de dix mille ebevaux, et
commandee par le c^lebre Godefroy
de Bouillon. Nous n*essayerons point
lei le portrait de ce due de la Basse-
Lorraine; nous ne r^p^terons pas les
eloges, int^ress^ sansdoute^ qu*ont faits
de lui la plupart de ses contemporains :
c'est k Toeuvre que nous le Jugerons.
Ses antecedents seuls doivent mainte-
nant nous occuper. Or, ils ne sontpas ir-
r^procbabies, sinonbrillants; car, selon
la propre opinion de Godefroy lui-
m^me, il avait k expier k Jerusalem quel-
ques-uns de ses exploits. N6 h fiavsy ,
pr^s de Fleurus , Godefroy de Bouillon ,
dont le grand-p^re, due de Brabant,
avait echou6 centre la Lorraine , dont
le p^e s'etait fait battre par Guillaume
le Conqu^rant, fut, lui ,'l7iumble servi-
teur de Tempereur d'Allemagne. En
(•) Voy«
rrancoM,
rabb« Guibtrt, Cuia Dei per
cette quality il portait le drapeau de
Tempire a la bataille entre Rodolphe de
Rheinfeld , due de Souabe , et Henri IV ,
le constant adversaire de Gr^oire Vll ;
et ce fut lui qui eut le triste honneur
de tuer le rival de son mattre. Puis ce
fut encore eomme soldat de Tempire
teutonique quMl se prooonca en faveur
de I'antipape Anadet, et'qu'it entra
dans Rome prise et saccagee par le
m^me Henri IV. Poor ces services divers,
Godefroy de Bouillon avait et^ gratifie
du marquisat d' An vers en t076, et
en 1093auduch^ de Lorraine, par Tem-
pereur d'Allemagne , qui en depouillait
son ills Conrad , r^volt6. Godefroy de
Bouillon etait done une sorte de favori
de Henri le Germanique, un parvenu
qui ne pouvait avoir ni racines ni au-
torit6 positive en Lorraine, et qur
partait pour la croisade, faute pent-
etre de pouvoir se maintenir dans un
pays dont on avait dispose pour lui par
caprice , et en Tabsence d*un autre can-
didat qui ait consenti a se charger de la
d^pouiUe d'un. prince du sang imperial.
Aussi fit-il ben marche de ses demaines :
il vendit son duche de Bouillon a Teve-
aue de Liege pour la miserable somme
e trois cents marQS d'argent et quatre
marcs d'or , et sa principaut^ de Stenay
k I'ev^ue de Verdun pour un prix eu-
eore moindre. Quant a la ville de Metz,
dont il tolt suzerain, il lui permit de
se racheter elle-m^me. Mais s'il cedait
pour presque rien ses terres en Europe,
il avait une assez forte arm^ pour en
reconquerir en Asie. Cetait bien 1^ son
esperance, ainsi que celle de ses parents,
d6possedes com me lui , et qu*il emme-
nait a sa suite, Eustache de Boulogne et
Beaudouin, ses fr^res, Beaudeum du
Bourg, son cousin. La politique etait
d*accord avec lafoi pour entratner sur la
route de Jerusalem ces princes ftodaux
sans eonsistance r^ile daus leurs Etats.
Godefroy de Bouillon avait appris k
conduire des troupes, et il sut tout
d*abord maintenir une discipline severe
et un certain ordrede roarcne parmi ses
soldats. Ce fut le 30 septembre au'il
arrivaa Tollenburg, ville d'Autriche ,
sur les fronti^res de la Hongrie. La, loin
de demander raison aux Hongroisd*avoir
massacre les bandes de Teutons menses
par le moine Gottschalk et celles du
nr
L'UNIVERS.
comte l^mioon, il s'adressa en ami
au roi Koloman, lui demandant le
libre passage, et Tachat r^ulier des vi-
vres. it DC put pourtant obtenir ce qu'il
d^sirait que moyeonant caution et po-
lice. L'orgueilleuxducet ses fiers barons
feodaux se virent obliges de remettre
en olage Beaudouin et sa famille, et de
se laisser escorter par les troupes hon-
groises, tanton se mefiait encore des
crois^s. En Bulgarie, les sages prece-
dents de i'arm^e allemande la firent
recevoir sans trop de suspicion et de
mauvaise volont^. Elle y trouva de quoi
se nourrir, gr&oe au soin que prirent
ses chefe de faire payer constamment
toutce dont on avaitoesoin. Enfin, elle
n*eut r^ellement k souffrir que dans les
raontagnes de Tancien Hemos , ou la
saison dej^ avanc^e et le depart des
pasteurs la laiss^rent ]ivr6e a elle-m^me
dans des deserts de neige. Mais au ver-
sant des monts Balkans, la feconde
Thrace dedommagea les Teutons , el ils
pufent se rallier et se reposer quelque
temps dans la riche ville de Pniiippo-
polis (*).
£trange contradiction dans les es-
pritsde cette 6poque! Philippe Vy ce
laible roitelet de France, dont les do-
mainess'^tendaient^ peine de Paris a Or-
leans, homme sans Anergic commesans
franchise, ne sachant d*ordiaaire aue se
vautrer dans les orgies et noyer sa nonte
dans le vin, tout excommuni^ qu'il
edt ete en 1095 par le pape Urbain II,
ne sVn montra pas mo ins partisan de
la croisade. II pr^ida une assemblee de
barons ou devait s*organiser la sainte
exp^ition; il engagea son frere Hu-
f^ues , comte de Vermandois , a partir k
a t^te de ses vassaux, et fit tous les sa-
criOces d'argent et d'hommes qui lui
fureot possibles. Malhcureusement cet
Hugues , qui n'avait que sa haute taille
pourjustinersontitre de Grand, montra
autant d* inexperience que d'ent^tement
des les debuts de la carapagne. Robert ,
surnomme Courte-Heuze, due de Nor-
mandie, fils indigne de Guiliaume le
Conquerant, accompagnale fr^re dePhi-
iipne T'. Prince gros et lourd, indolent
et aebauch6, dissipateur etsuperstitieux,
ipartki
Robert ^tait revenu derexil poorp
possession delaNormandie. Hal
de tern ps i I trouva Rioyen, avee ii
tisanes et les bouffous, d'^puiser a^
province; et ce ne fut quegitei
nrere, homme prudent et habile,^
pr^ta dix mille marcs d*argeot i
nant la souverainet^ d^uoe part*
domaines , qu^il put prendre i
guerre sainte. Ce fut dooe i
corps , de bourse et de rqwtal
s'achemina vers Jerusalem. II f
du reste , par une graude [
noblesse normande, aocouU
guerre , amoureuse des gnn
prises, et qui avait deja foi
rope d'heureux aventuriers.
Robert) celui-la comte de Flan
aussi ruin^ pour partir. Eoinl
comte de Blois et de (
riche que les deux prec^eatt]
pauvres, qui comptait autaatr
teaux qu'il y a de Jours dans f
d6cida de son cot^ k acoon
fr^re de son suzerain Philip
diff^rents renforts vinrent !
pos au petit prince Iran
peine commandait-il en ]
gies cavaliers et a un
ntassins. Quoi qu*il en j
partit pas rooins, plein d*e ^
d*illu8ions , pour I'Orient , A^
ffiier pas devait donner daaii
oik son premier acte dtmif
faiblesse (*).
L'aspect de la croisade III
gneurs, aussi ignorants qaef
tueux pour la pTupart, etaiti
rent de Taspect qu^avait offa
de Pierre l^rmite. Plus de I
plus de mis^re ; mais aussi
exaltation et de cette foi
traverser des brasiers
dissipation, au contraire^ dela|
luxe dans les armes , de la f '*
^uipages. Le plus grand
cheminaient avec tous leurs i
chasse et de p6cbe, lignes et i
et faucons. C^tait une cc
croyable de valets, de Mtesi
de chariots. Puis encore , a I
ces bagages interminaliles, T
suivaient leurs maftres k toot I
I prom]
iSoil,j
(*) Voyez Bernard le Tresorier, Hist, d^
Croiiades,
n Yoyes OrdMc Vital, iK»L
Robert leMoiiie, HtML de "
SYRIE MOD£R]S£.
263
lie sans discipline, sans chefs, sans
naissance de la guerre , mal arm^e
lieiix et demassues , et qui s*en ailait
lire tuer par les infid^les, afin de ga-
rplas Tite le paradis.
iijpeodaDt cette arm^e , embarrassee
des bagages de toutes especes ,
Wfie par la foule qui Taccompagnait
ir d'autres foules qui venaient au-
|it d'elle aux faubourgs de chaque
flQx frontieres de chaque pays,
par les femnaes et les enfants
ins qui ^migraient avec les chefs *
feifiilie, n'en traversa pas moins
es sans graves accidents. Arn'v^e
|ues, elTe j trouva le pape, qui
, la benit , et confia a Hugues
andois T^tendard de r£giise.
lie parvint h Rome , ou les crois^
tranquillement leurs devotions
^tres saint Pierre et saint Paul ,
que les soldats d'Urbain II et de
_ie Guibert de Ravenne se dis-
It, comma nous Tavons dit, la
du monde Chretien. Ces trou-
iigieux n'^taient pas faits pour
ttger la croisade : les plus sages,
lioon^, dteerterent. Le plus
aombre perdit un temps pr^cieux ;
l^u'ils entr^rent a Bari , port de
Ibqne ou ils d«vaient s*emoarquer
iHaute-Gr^ce, Thiver ^tait venu,
: etait mauvaise. Malgr6 ces ob-
mat^rieis, qui aoraient dQ arr^ter
Dine sen3e, Hugues n'en per-
moins a passer immediatement
!, jet il entralna avec lui ses
d*armes et ses plus devours
5. £tait-ce le zele religieux
ient qui Tavait decide? On pent
Her quand on se rappelle le peu
He que faisait, a la t^te de ses
les soldats, le frere du roi de
ty grand titre , mais bien lourd
louvoir et sans richesse pour le
r. On peut se eonvaincre du con-
4orsqu'on lit dans les chroniqueurs
nporains que le comte de Verman-
2ui ignorait Tinsucces de Fexp^
le Pierre TErmite, esp^rait, en
isant, se mettre k la t6te de ces
• nombreuses. II avait done hdte
juste raisoD : c'^tait un capitaine
lerchait une arm6e. Quel que fOt,
Bte , son mobile , il n'en fut pas
i puni de son. imprudence. La tern*
pSte Tassaillit, dispersa ses navires, et
le jeta sur la cdte de Durazzo presque
entierement d^pouilt^. La, sous les de-
hors du respect, on Tentoura, on se
rendit maltre de sa personne et de sa
suite, et cVst en veritable prisonnier
qu'on le diri^ea vers Constantinople.
Quel d^appomtemcnt pour ce jiauvre
comte de Vermandois! mais aussi c'est
que, dans son inintelligence, il n'avait pas
prevu a qui il aurait anaire , et qu'il avait
prevenu lui-m^me le perfide Alexis Com-
ndne de son prochain ddbarquement (*).
Tandis que le malencontreux Hugues
ailait servir d'ota^e k la cour de 1 em-
pereur byzantin , il se passait une sin-
guiJere comedie entre les Normands de
France et les Normands d'ltalie. Ces
derniers, qui , c^rdce h Tun de leurs chefs
les plus hardis, Robert Guiscard le
Ruse, ou plut6t lAvisiy etaient venus
s'^tabtir, sous le pretextede pelerinage,
a Textr^mite de la peninsule italique,
ne virent pas sans un oeil d'envie Tex-
p^dition oe leurs jfreres de race. Ils
s'enthousiasmerent h leur tour pour la
croisade , surtout au point de vue tout
particulier du gain qu elle pouvait rap-
garter. Or, Tun des fils de Guiscard,
oh^mond , apres s'6tre distingue dans
des excursions en Grece , s'etait vu, par
un effet tout naturel de reaction , con-
tester sa conqu^te italienne a Amalfi.
Possesseur seulement de la Pouille d^-
peuplee et de la Sicile a peine remise
de la longue domination sarrasine, il
n'avait pas alors grand'chose a esperer
en Italic. Avide, ambitieux, arrogant,
n'ayant plusde chances de s'enrichir dans
la Peninsule, ni de s'attirer la oonfiance
des populations, il ne songea d^ormais
qu'dichercher fortune ailleurs. Or, la croi-
sade se prdsentait pour lui conimeunesu-
perbe affaire : d'une part, il pouvait hu-
niilier les Grecs, qu'ildetestait de longue
date, en traversant leur territoire a
main arm^e ; de Tautre, il comptait bien
se tailler un bon royaume dans la vaste
Asie.
Mais.il fallait dissimuler les raisons
toutes humaines qui le decidaient a pren-
dre la croix; aussi joua-t-il a merveilie
la conversion subite. Au lieu de pousser
f*) Voyez Foulcher de Chartrw, le* G<:»te»
de$ Francs allant armet en pelerinage i Jerw
talem.
164
LUmVERS.
avec vi^ear le si^ed'Amalfi, qu'il avait
entrepna avec son frere et soa on-
cle Roger, il ae mit tout a coop a pr£-
cher la guerre sainte dans son camp et
dans celui de ses auxiliairea. Lea Nor-
mands , aussi Gns que leur prince , sans
se laisser prendre a ses dehors de foi
impromptue, n'en acoepterent pas moiiis
Toffre qu*on leur faisait. lis crierent
avec un enthousiasme tout beliiqueux
le mot d'ordre ordinaire : Dieu le veut!
Dieu le veut ' Et Bob^mond repondit a
c«t entratnemeut calcule par une nou-
velle scene non moins ingenieuse que
les pr6cedentes. II fit apporter deux de
ses manteaux les plus precieux . et les flt
decouper pour en fa^nner aes croix
qu'il aistrinua de sa main. Mais la co-
m^die n'^tait pas termini; et il ^tait
indispensable que le d^vouement fdt fa-
vorable a celui aui Tavait iraaginee. Il
fallait un chef a la nouvelle expedition :
on ne put pas faire autrement que d'of-
frir cet honneur a celui qui Tavait
concue, conseiliee, orgauis^e. Bohemond
fit d abord la sourde oreille vis-a-vis des
seigneurs; mais quand les soidats,par
leurs cris , exprim^rent a leur tour le
voeu qui etait secr^tement si cber au
maliu JNormand, ilfit semblant de ae
laisser entralner , ayant ainsi tout d'a-
bord consolide son nouvoir et emp6ch^
a Taveoir qu*on osat le lui contester.
Dix mille cbevaux et vingt mille fantas-
sins forraerent Tarmee du prince de
Tarente. Richard, prince de Salerne,
se rangea sous le commandement de
riiabile Bohemond , ainsi que le brave
Taucrede,son cousin, iSormand par sa
mere, Sicilien par son pere; puis tons
s'embarquerent pour les cotes de la Gr^
ce, au printemps, par une boune brise,et
non en hiver, par uu ouragan, coramc
riinprudent Ungues de Vermandois C).
HOHMAOB BBNDU PAR LES ALLIES
FBODAUX A ALBXIS COM NEMB.
Ce dernier n'en avait pas lini avec
ses maiadresses.il lui restaii a compro-
mettre rhonneur des princes croi^es.
L'aete odieux de I'empereur b}'^anlin a
regard du frere du roi de France etait
parvenu aux oreilles de Godefroy de
Bouillon , tandis qu'il etitit encore k
(*3 Yoyez Raoal de Caen, le$ GesUsde Tai%-
crfdr.
PhllippopoUg. CeUti-a at bHa
la reparation de cet oQtnfi^
auasi pr^mptueux que pcmb,
du haut de aa grandeor les
prince lorrain. Godefroy r'i
adon reaprit de oea temps
d*explicatioQa , il comoienca i
ment lea bogtilites centre les
Thrace, qui avait ai bieo re^ k$
ae vit tout a coup expoa^e a '
ques. Cette province t^i
grand nombre de ses habii
vers Constantinople, et y jela
Mors Alexis, qui ne se aiiila
taille a se defendre eoBtrc
dix mille Teutons, esaava deH
ilatta son prisonnier, lui proa
berte, implore sa noediatioapoar^
aon redoutable alliedu Brabant-f
^ues de Vermandoia se soit
a ces beaux semblants, eda
mais qu*il ait consent! , lui,
de haut lignage, d'ua esn
leurs plain de morgue et d'i
a rendre bommage d ua priaae]
k passer par toutea lea
tons les sermenta qu* Alexis tt
voila qui est impardonnaUe,
lui fut, du reste, vivemeot
par ceux a qui on le renvop^
au*il se fut aoumia a cette "
cnevaleresque. Huguea ,
vait pas meme le aentimeiH di
miliaiion; car il insista aipi
Jiberateur pour lui £aire
exemple. Mais Godefroy de
refusa tout d'abord avec [
Alexis, voyant rent^tement
veau venu, crut pouvoir le .
la famine , et refusa des virm
mee. Mais les Teutons avaieot
ne furent pas patients; ce qifoa
donnait pas de bon gre, ils la
de force. Voila la guerre r "
8ur ce% entrefaites, 3o1
d^barque a Durazzo. II appril
duitecauteleuaeet l«s exiisences
d' Alexis , la r^istance de Gi
s'en rejouit , se promit la
la Grece, qui lui edt beaucoup
venu que celle de la Palestine
mtoe jusqu'^ engager le
Basse-Lorraine de s'emparer dei
tandis que lui ravagerait I'^pire
ci^oine. Godefroy eut le bon
repousser cette etrange
deej
L
SYIUE MODEaNE.
355
•▼«it fait Ja paix aveo rempereur, qui le
oomblait de carasaes et qai lui avait an-
toyi aon propre ila eomnie otag£. Bo-
h^oiond n*eii Gontinua pas moina k
traiter m aonaiiiia las baoitanta de la
Hauia-Grdoe, at k marcher sur Gonatan-
tiDople tn pillant toot le long de aa
roate. 11 y avak plus de ben^ces pour
lui et les aiens k eontinuer la guerre ,
et euGore une foia lea Mormands cher-
ehaient a?8nt tout a gaignier, aiosi
qo*ile le diaaieot nalvement.
Les Teutons, plus d^sint^resa^ sinon
plus fios , ae laisserent duper de plua an
plua par Taatucieux Byzantin. Alexis ar-
riTa mtoe, par la Toie d^urn^ des fa-
reurs et des preaents, k obtenir au moias
Tapparence de rhommage qu'il desirait.
On oe aatt ici ce qu'il y a de plus ridi-
cule, ou de rentltement du prince grec a
exiger un vain e^emonial de respect ,
ou de la stupidity deees tiers seigneurs
f<todaux, qui inirent toua par acquieacer
k 6e qu'ila avaient d'abord si arrogam-
ment repouas^. Laa ebefs eroises, Gode-
ftoy en t^, entrerent a Constantinople,
pen^tr^nt dans le palais imperial a
travers tout le luxe et la ponape qu'on
avait pu Staler, rest^rent quelque temps
i^blouis i>ar des richesaes quHls n'^taient
paa habitues k Toir reunies dans leqr
rude patrie , et se laisa^nt prosterner
par des courtiaans aux genoux de la
majesty immobile, silencieuse et fourrie
d'hermine qui r^nait sur les Grecs d^-
g^n^r^s. Dana cette cer^monie, k la-
quelle les bona Teutons ne comprenaient
paa malice, Alexis adopta Godefroy pour
aon file , rait son empire sous sa protec-
tion, et en retour demanda que les
croi»68 luirendissent les villes asiatiques
qui lui avaient jadis appartenu. Jus-
qu*ou s'^tendait cette exigence, c'eatee
que ni Godefroy ni sea compagnons ne
surent alors, et ce qui devoit ^e un
jour si difficile k r^ler. En touteas Tern-
pereur byeantin en etait arrive a ses
one ; il s'^tait fait rendre hommage par
leaehevaliersde rOccident,etleur arm^
allait servir sea inter^ts. Au mains Tea-
p^rait-il ainsi (*).
Une fois le premier pa« fait, uiie fois
la coutume de rhommac^e ^tablie , tous
les nouveaux arriTants ^y oonform^rent.
(*) Voyes iinDeComD^iie, AUmiade.
QuelqueS'Uns essayireot bien de lege-
rea objections; aoaia oe fuf le petit
nombre. Robert » due de Normandie ,
Tautre Robert, comie de Flandfe,
Etienne, comte de Cbartres et de Blols,
ex^ut^ent sans murmures ce a quoi
Godefroy de Bouillon avait consenti.
Que leur importait a la plupart d'en-
tre eux , ignorants bommea de guerre, de
se soumettre a une arJ;ion qu'on traitait
d'etiquette pour en dissinuiler laport6e!
Mais quand vint le tour de Bobemoud ,
il fallut 8*y prendre di^feremment. II
ne s'aglssait pas dele tromper, le fin
etraneunier Normand: on ne pouvait
que Tacbeter. Tantdt guerroyant, tantdt
ecoutant les envoys d'Alexis, il avait
traverse la Mac^oineen I'exploitant, et
Ja Thrace en ne s'y refusant rien de
ce qu'il convoitait. Arrive aux portes
de Constantinople , on fut oblige de par-
lementer avec lui. Lea conditions furent
longues a itt% accept^; mais enfin, un
beau jour, on vit Boh^mond entrer
danala capitale. Alexis I'attendait la.
II lui fit traverser plusieurs apparte-
ments somptueux, et enfin une salle
toute remplie de tr^rs. « Ah! s'ecria
i'avide prinee de Tarente, il y aurait la
de quoi oonquerir bien des pays ! » —
« Tout celaest a vous, lui reponditron. »
Des iors ses derniera scrupulea s'eva-
noujreut comine par enoliantement, et
il se montra , au grand ^ahissement
de tous , le plus respectueux et le plus
devoue en apparence des sujets d' Alexis.
L'un et I'autre ^taieni contents : I'empe-
reur de Constantinople jouissait dans
son orgueil; Boh^mond, plus positif,
a'applaudissait de sa bonue aubaine.
Raymond, comte de Saint-Gilles et
de Toulouse , avait promis par ambas-
aadeurs de prendre la croix aes la tenue
du concile de Clermont. II fut pourtant
le dernier k s'equiper. Cest qu'aussi
e'^tait le plus dge peut-4tre des pelerins
armea. Veteran de guerres religieuses ,
il avait rxmibattu les Maures en Espagne
aux cdt^s du Cid. Par aa puissance effec-
tive, par ses richeasea, qui durerent
audelide toutesceliesqu'avaientappor-
tees les plus oputents croises , par son
experience des combats entre Chretiens
et Mahometans, il eOt dd £tre raison-
nablement le chef de la croisade ; il ne
parvint qii'd en £tre le doyen. C'est
3S6
L'UNIVEIUS.
qu'aussi le vieax Raymon avail encore
toutes les passions et toutes les fareurs
de la ieunesse : plein de superbe et de
durete, il etait inflexible dans ses vo-
lont^s, et d*ane violenoe sans pareilledes
qu*on lui r^istait. De semblables defauts
1 avaient fait redouter de ses peuples tout
le long du Rh6ne et de la Durance ; ils
furent loin de lui acqu^rir la confiance
sinon I'estime des croises.
Heureusement que pour temperer la
fouguede Raymond, il vintavec lui Adhe-
mardeMonteil, Tev^queduPuy, nomme
solennellement nar Urbain II son legal
apostolique. Adn^mar n*6tait pourtant
pas un de ces pr^tres tendres, doux, d^
voues,qui ne comprennent surtout dans
Icur mission que la fraternity vis-a-vis
des autres et Thumiiite vis-a-vis d'eux-
m^mes. II appartenait au contraire, corps
et dme, k ce rude cathoficisme qui mitune
masse d'armes entre les saintes mains
de Louis IX, une 6p^ invincible k celles
des chevaliers de Saint-Jean de Jeru-
salem , et qui , du trone papal, b^nissait
la vilie et le monde avec un bras
bard^ de fer. Adh^mar portait tout
aussi bien la robe du pontife que Tar-
mure du chevalier. S'it pr^chait la dis-
cipline, Tordreet la morale, il offirait en
m^me temps i*exemple de la vaitlance.
En outre 1 egalite de son caractere, la
franchise de sa parole , Tautorite de sa
mission, lui donnaientune grande valeur
dans les conseils , et une grande puis-
sance dans les arbitrages. II n'etait pas,
du reste, le seul prelat qui se filt crois^;
mais il ^tait ^videmment le plus intel-
ligent, et celui dont la position etait la
^Fus elevee. L'archev^que de Tolede,
les ^vdques d*Apt, de Lodeve, d'Orange,
ne pouvaient 6tre consideres que comme
des chefs de troupes que. d'ailieurs,
ils avaient eux-m^mes levees (*).
Ce fut avec sa femme £lvire, son
fils et toute sa maison , que Raymond
se mit en route. II avait reuni pr^s de
cent mille hommes, auxqueis il avait
donne rendez-vous a Lyon. De cette
ville ils s'aehemindrent par les Aloes,
la Lombardie et le Frioul. Jusqu aux
fronti^res de la Dalmatie les chemins
leur furent ouverts, les approvision-
nements faciies. Mais une fois dans
(♦)Voyez Raymond d'Aglles, HUtoire des
Francs qui prir&nt JertuaUm.
le
cette contree, sanvage alon, ce tmn
des deserts et des eanemisqo^ils i»«^j
trerent. Diffi^nts des leurs y c
de veritables dangers. Les
€ da m4
ttaqiie,M
les for^ts s*y pr^sentaient i^
bdches. Adhemar de Monteil I
s'^tant un jour toirt^ da ;
troupe, fut surpris, att
de sa mule et grievement i
les indigenes. Enfin rarmte (
de Toulouse arriva a Scodn{k|
modeme ) et put traiter avinl]
avec le roi du pays. " "
Alexis n'etait pas aussi sino^ ^
chef quasi barbare des
trompa le vieux Raymond, Pal
Sue seul a Ck>n8tantioople, i
onna ensuite Tarm^ prov
mtoe. Malffr^ les instances '<
le comte de Toulouse s'^tait i
d'abord k Tbommage qu*a
rendu a I'empereur tons
vaient prMde dans la eapit]
tine. Lorsqu*il appiit ks
nouvelles qu'avait rencontitei
ro^e sur le territoire gree,i
fut bien plus explicite eoen
ment se fait-il n^annooins qp'fll
c^er comme les autres? Ses <
porains se taisent sur oe
ses pn^gyristes en aoeusant 1
d* Alexis , les chroniqueuis i
pr^tendentqu*il fut, iuiausavl
corrompu. En un motj
gueilleux princes et bail
fl^chirent run apres raobcfi
iierent devant la puissance [
norainale et traditionneUedsi
d'aiK)rd les avait appeles a soifl
et aui plus tard cherebait a ksi
en les achetant comme des 1
mercenaires. Le seul Taneredt^
sister aux prieres fiiilaeieosttj
offres deshonorantes d'Alexis}
fut-il oblige de se d^iserj
joindre au camp de CbaU
mitres troupes de croises
Tempereur avait fait passer lei
sur ses propres vaisseaux,
retenait les principaux
les delioes ^nervantes de sax
Maintenant suivons la foule etl
Tancrede en Asie Mineure (*)•
{*) Voyez RaoQl de Cmb, ia Gakii
SYRIE MODERIME.
257
CB0I8ES FBODAUX EN ASIB
MINBURB.
) premier spectacle qui s'ofTrit
yeux des crois^ dans les plaines
I Bithynie fut horrible. On ^tait
rintemps de 1097 : la nature orien-
commen^it h rev^tir son nouveau
fieau vert tout parseme de fleurs ,
ri teit pur et ti^e, les parfums
yjent les airs , renchantement et
Iiipi6 semblaient devoir s*emparer
Itte. Maissur ces peiouses naissantea
ycevaient de place en place des
iients blanchis; mais ceite brise
• apportait avecelle, et par ins-
{^Tflcre odeur des bites carnassi^res
iBhevaient , dans le creux des val-
KHis le taillis des bois, leur repas de
Ires; inais a travers les jasmins
i roses se rencontraient des eten-
I ensangiantes , des debris d'armu-
lisfers de lances rouilles; mais cette
he ^ale et douce eciairait un
• de carnage. Les chevaliers les
lirs furent emus. Puis, Ton vit
Leo se tratnant avee peine , des
Eos hAves,e8tropi^, couverts de
JMix souili^s : c'etaient les deplo-
I restesde la troupe du malheureux
\ier sans Jvoir. Parmi ces mi-
les s'avan^ Pierre TErmite lui-
Ldeeourage, arfaibli, et qui avait
[tout son prestige dans Tesprit des
nodules. 11 se joignit a Farm^;
iftbormais son regne Itait passi,
Mivait guere plus que Texemple
liipoir a donner.
Igte le deuil passager qu'eprou-
l les croises a la vue d*un tel
Ire, au reeit de tant de mal-
p Ms n*en poursuivirent pas moins
laarche. Cetail, du reste, une
i^re armee que la leur : des
leB de tons pays , de toutes races,
ttes langues; des £cossais avec
recs , ues Prisons avec des Ar-
as, des Iberes avec des Daces,
luitains avec des Apuliens , des
vis avec des Bretons , des Gas-
ivec des Anglais, des Normands
ra Teutons , des Champenois avec
orrains, des Bourguignons avec
kvarois et des Lombards : en un
ix neuf nations differentes, scion
ler de Chartres. Puis, comme
17* Livraison. (Sybib modernb,
detail, des femraeset des enfants, des
raoines^et des valets , des Ivlques en
mitre et des barons am casques d*a^
cier, des cavaliers aux cottes de raatlles
et des pistons presque nus , des prin-
ces au manteau d*or et des goujats eu
guenilles, de nombreux chevaliers avec
leur suite , ecuvers avec des chevaux
de rechange, tauconniers avec leurs
faucons, veneurs avec leurs meutes,
tout ce monde plle-mAe , roulantcomme
un fleuve diborde. lis Itaient cent miiie
cavaliers cuirasses , et six cent vnilfe
gens de pied des deux sexes, dit la
chronique. Beaucoup d^exp^itions ont-
elles reuni une pareille toule , si rien
n'est exaglrl dans ce chifl're?
Toute terrible (jue fdt cette irruption,
elle n*inquieta , a ce qu*il paratt , que
les Turcs de Roum. lious avons expli-
qu^ pr^^emment comment MIlik*
Scfaah avait laisse la disioorde pour
heritage a ses successeurs. Preoccupy
seuieuientde leurs querel les intlrieures,
ils s'inquieterent a peine de la venue de
tant d'ennemis nouveaux; et, loin de
s*allier pour opposer masse contre masse,
ils n'en continu^rent pas moins leurs
guerres particuli^resentrerEuphrate et
le Tigre, abandonnant Daoud', sur-
nomiue rJEpie de Han (Kilidj-Arslan),
k son malheureux sort. Celui-ci , pour*
tant, fit des efforU desesp^res. 11 for-
tifia Nio^, sa capitale, r^para ses
soixante-dix tours et sa double enceiute
de murailles, remplit d'eauses larges
fosses, la foumit de toutes provisions
de bouche et deeuerre, ct lui laissa
pour garnison Tllite de ses soldats.
Puis, conliant dans sa fortune, plain
de resolution et d*energie , il alia atten*
dre les croises avec cent mi lie hommes
sur les montagnes voisines de Nicee, et
qui en defendaient Fapproche. Le plan du
sultan ^tait bon; il nous reste h voir par
quelle fatalite il ne lui valut pas la vie-
toire (*).
SIEOB DE I9ICBB.
L'armee chretienne avait mis quel-
que ordre dans sa primitive confusion
lorsqu'elle arriva sous les murs de la
capitale de la Bithynie. Elle r^solut tout
d*abord d*llever un vaste camp dans une
(•^ Vovez Kemal-Eddln, Hittoin tPAlep.
) t7
sss
LUmYERS.
grande plaine, situde entr« It lae Asca-
nius,qui baignait la villeiroocident,
et les coUines qui rentouraient aox troii
autm points cardinaux. Mais les pierres
et ie bois manquant pour les retranche-
meots, les crois^ eniplov^nt les osse-
oients de leurs frerrs, egorg^ Tannte
precMente non loin du lieu ou eux-m^
mes s*etablissaient. Qiaque nation oo-
cupa un quartier s^pare, cliaque chef
de corps une teote somptueuse; et, pour
maintenir une division qu*on croyait
necessaire dans les combats , on convint
de cris divers de ralliement, de m^me
qu*on varia les bannieres des princes
et des chevaliers. Puis on s*eihorta mu-
tuellement a la lutte , les pritres b^oi-
rent les armes et offrirent Ie sacrifice
divin, les chefs donn^rent Texemple de
Tardeur guerriere, et Ie siege commen^.
Les premiers assauts furent repousses.
Kilidj-Arslan ne boiigeait pas de sa mon-
tagne, et se contentait d*envoyer des
messages a la garnison de Nic^ pour
louer son courage , et l*exciter a la de-
fense* Mais quaiid il crut que les pre«
miers efforts Inutiles des crois^ contra
la ville pouvaient les avoir auelque peu
d^couraf*6s , il s'elan^^a sur feur camo ii
la tete de dix miile cavaliers intr^pides,
Leur choc fut terrible : couverls d*ar-
mures en fer, monies sur d*agiles die-
vaux , ils jeterent un instant Ie trouble
parini les Chretiens. Ceux-ci cependant
etaient de m^me bien amies, et leurs
lourds die vaux soutinrent la lutte avec
fermet^. Alors toute la cavalerie des
deux parts s^engagea , soixante mille ca-
valiers musulinansd'un c6t^, cent miile
chevaliers de Tautre. Les Turcs, plus
faibles par Ie nombre, eurent beau es-
sayer de toutes leurs plus habiles ma-
noeuvres : feindre la retraite, se retirer
en masse, revenir tout a coup, faire
preceder leur uouvelle attaque dune
foule de traits et d*une gr^le de fledies
lanc^es de leurs longs arcs de come, ils
ne |)urent entamer les ^pnis batailions
Chretiens. Tout Ie long du jour, sans
se lasser,les Turcs lutterent avec ardeur.
Mais enfiii, Ie soir venu, ils retournerent
dans leurs monlagnes en laissant quatre
mille des leurs sur Ie champ de bataille.
Les crois^, ivres de leur succes, eurent
la barbaric de couper la t^te a tous les
blessds mabometans,etderetouroer dans
leur camp aree ces sanvages t
dus h la sdle de leurs chevaox.'
Ie lendemaio , ils rafOn^rait i
leur cruaut6 de la veille, el 1
guise de proiectilea, un roiltel
sanglantes dans Fint^lenr di J
qu'ils assi^eaienL La guerre r
e est-inlire furieuse et ac*^
en train ; et ea fiurent les
donnerent Fexeniple de la
envoyerent ensnite la reste des|
preuves de kur victoire li Ah
nene , premier hommage I *
Tempereur auqud ils Ie fai
qui out inquieter sa'lMieti, i
sonorgueil(*),
Une fois la cavalene ennemiii
s^e, les Chretiens, qui. dans hi
n*avaientperdu que deux mille I
auraient dd aai ver Ie si^ge, et r^
tesleursforoesoontrelesmuraill
fut pas ainsi. Qiaque nation %'e
Fattaque, avalt cnoisi un point |
porter a false et ycombattres
caprice. Ce n'^tait pas une "
gulidre qui investissait une [
taient des troupes diverses qui i
proposees, chacune, unbittr
et qui s'lnquietaient fort peu 4i%\
fiiisaient leurs allies. Lorsqus ^'
une bande partait a Tassautf
loin de Tappuyer par des real
I'aider par des diversions, d*«
des la suivaient souvent, ea ^
pour juger des coups. Puis.aU
prolon^^eait , les pelerins,]
spectacle, sortaient du campi
s installaient a Tabri des projr
fa^on a ne rien perdre du
a^n^ral et des details de 1>
femmes venaient avec leurs <
Er^tres plle-m^e avec les i
>uait les braves , on plaignait I
mes, les devots ^levaient les ■
del, les meilleurs soignaient lesj
Il se passa ainsi pfusieurs i
captivereut Tattention de la i
Un jour, c'^taieut de hardls)
qui 6diangeaient des milliersi'
dies avec les assises. Une aiiti
d'iatrepides soldats couvraieai |
t^tes da leurs boudiers, et^b
dales en osier par-dessus , et {
{*) Voyez Btathted cTAdene, Haieirt i
Hie. el Albert d'Aii MiM»9krr49t^
UeJirmaaUm*
SmUL MODERIfE.
M9
5
«0tte fa^OB des pi^rres aigues at des bran-
dons brdlants qu'on lan^it sur eux de
Ja ville , ils arrivaient jusqu'au pied daa
remparts , les battaient avee des b^Uers,
ou cherchaient k les demolir avec la
pioche. Uoe autre fois encore, d*habiles
charpentiers construisaient des tours
aussi bautes que eelles de la place, les
roul^ient jusqu'aux murailless et de Ik
■'engageaient entre les chevaliers et les
Musulmans des combats presque corps
it corps, jusqu*li ceque cesderniers, aveo
de rhuile bouillante e^ de la poix enflaoH
m^ eussentenfin ineendie les macbines
3ui les mena^aient. C^taient, en outre,
es Episodes particuliers : un g^ant en-
nemt qui provoquait en combat sineu-
lier les Chretiens les plus braves; Peffroi
|ue cet homme, aussi courageux que
ort, jetait dans les rangs du gros de
I'armee ; son m^pris pourses adversaires
3ue ce Goliath musulman exprimait en
^couvrant sa poitrine devant les traits
impuissants qu'on dirigeait centre lui;
et enfin Godefroy de Bouillon, impa*
tient^deeette fanfaronnade, lui d&ochant
lui-m^me d'une main vigoureuse una
fleche mortelle. Le due lorrain fut ap*
plaudi pour son adresse, jusqu^ace qu*un
nouvel acteur Vedt fait oublier. Cet
acteur,dont le rdlemalheureusement ne
fut que tragique, etait un chevalier nor^
mand , qui , un jour de lassitude uoiver-
selle, de decouragement general, s'avisa,
apres avoir gourmand^ ses compagnons,
de marcher tout seul contre la vilte. Son
audace n*entrntna personne. On se borna
a le reffarder franchir les fosses, com*
battre quelque temps avec un courage
inutile, et tomberenfln percede coups.
Ccpeiidant les Alusulmans , ayant saisi
son cadavre, T^talerent quelque temps
sur les remparts; puis, sous forme de
reprisal lies, le Jancerent ensuite dans
le camp de ses frerps qui Tavaient si ld«
chement nbandonn^ dans lep^ril, etqui
se contenterent de prier pour son dme
et d*enterrer son corps avec pom pe (*).
> Conduit de cette sorte, ce siege res>
sembiait ptut6t a un vain tournoi qu*^
une guerre s^rieuse. II durait dpja depuis
sept semaines , et il aurait pu se prolon-
ger ind^fluiment. Les assises, en effet,
(*) Voy«E GuiUMugM d« Tyr, I7»t de oe qui
gr^ee aux attaguas cpiotidieoiies siur de^
les bribes qu*on faisait a lews fortifi-
cations; el lis avaient eo outre, par le lac
Ascanius, des oommunioations constan-
tes avec leur sultan , qui tenait toujours
la campagna et qui ne laissait manquer
de rien sa riche capitale, k laquelle,
d*ailleurs il avait eonfie sa femroe et ses
enfants. Les croises,dans leur iucapaciti
native, auraient pu perdre ainsi toute une
annee, si les quelques auxiliaires grecs
gu^Alexis leur avait envoys, liommes
abilesetindustrieux, sinon redoutables
aoldats, ne leur avaient indiqu^ ua
excellent moven de d6sesp^rer leurs en-
iiemis. II s agissait de porter la lutte
jusque sur le lac Ascanius , dMsoier ainsi
la place, et de la prendre ensuite soit
par la famine, soit par un assaut gen^
ral. Pour executer ce plan, qui fut adopts
par les plus sailsfaits d'eux-m^mes, on
iroagina de transporter des barques
grecques du bord de la mer au plus pro-
ebe rivage du lac.
L*entreprise ^tait dlfOcile : on y r^us-
sit pourtant. Uoe eentaine de petits
navires furent plac^ sur des planchers,
auxquels ^talent adapt^s des roues, et
k force de bras et de chevaux , dont
les crois^s ne manquaieut pas encore,
on parviiit a transporter ces navires sur
le lac. En voyant voguer la flottille chr^*
tienne, toute rempliedeguerriers, toute
bri Haute des enseignes et des bande-
roles de diff^rents corps, les assises
furent frappes de decouragement. D^
sormais ils ne pouvaient plus ni se ra-
Titailler , ni r^parer leurs pertes par des
renforts. La fatalit6, toujours si redou-
J6e en Orient, sembiait s'€tre tourn6e
contre les sectateurs de Mahomet. Jus-
aue-ia les tours qu*on avait construites
ans le camp chretien , avaient ^t^ in-
ceiidiees plus ou moins vite par les as-
sieges ; un Lombard Gnit par en bAtir
une qui r^sista au feu, aux projectiles en
Bierre, qui tint bou toute une journ^e.
aymond de Toulouse Tacheta ; puis il
monta sur la plate forme pour combat-
tre les Musulmans, tandis qu*au-dessous
de lui et de ses soldats, des ouvriers mi-
naient les fondements de la tour enne-
roie. La besogne des sapeurs fut si bien
faiteque, la nuit venue, la partie des for-
tifications attaqu^ 8* tooulaaveo fracas.
17,
Md
L'UIWVERS.
Cette br^he, plos considerable > ne pot
K8 6lre r^paree aussi promptement que
I prec^dentes. Dejii les crois^ 8*ap-
priStaient h Tassaot, d^ja lafemme de
Kilidj-Arslan, effrayee, s'^chappait de la
ville, et tombait avec ses deux jeunea
eofanta au pouroir des Chr^ens , lors*
que le soleil radieux de la victoire s^^tant
tev6, les crois^ virent ayec autant de
surprise que d'indignation le drapeaa
grec flotter sur les monumeots de la
ville.
Le lieutenant d* Alexis n'ayait pas
perdu de temps : d^ quMl avail vu
r9ic^ en p^il, il avait, d'apr^s les or*
dres de son mattre, penetr6 dans la
viiie, offert aux assieges de se rendre a
I'empereur de Constantinople pour 8*6-
pargner le sac que les Francs se propo*
saient , trace un portrait terrible de la
cruaute de ces barbares , comme il les
appelait , obtenu une capitulation avan-
tageuse , fait entrer de nuit les auxiliai-
res byzantins, et pris possession de la
place. Le matin du jour ou les Chretiens
s*attendaient au triomphe et au pillage ,
on leur signifia, du haut des remparts,
que Nic^e appartenait desormais a leur
seigneur suzerain; quMIs eussent h la
respecter , et quails debarrassassent ses
abords le plus t6t possible. Les crois^s
etaient pris au pi^ge. lis murmur^rent,
lis menacerent ; mais Alexis distribua
quelques largesses aux principaux chefs,
quelques aum6nes aux chevaliers les plus
pauvres , et la masse en fut pour ses
esp^rances de butin : on ne lui permit que
d^entrer par groupes de dix individus
dans la ville qu*elle avait conquise (*).
BAT^ILLB DE DORYLBE.
Quelque mefiance et quelgue haine
que durent d^ormais ressenlir les croi-
si6s h Tendroit des Grecs , ils n*en furent
pas nioins oblige de les prendre pour
guides. lis ne connaissaient rien du pays
qu*ils avaient h traverser; ils se dou-
taient k peine de la longue et p^nible
traite qu*ils avaient k faire pour parve-
nir m^me en Syrie. Plus de deux cents
lieues dans une contr^e ennemie, rava-
§6e par les guerres pr^c^dentes , aban-
onn^ par ses habitants le long du che-
min pr^ume de Tarm^ chr^tienne!
•
(*) Voy« Aoae Gooin«ne, Alexiade.
Plus de deux cents lieiies atni«s|
fordts , des montagnes , anedvi
effondrte , detniites expres par t
militaire ! Plos de deux cenis Gi
une foule diargee de bagagese
8^ de femmes, d*enfant8 et de v
Puis les Turcs allaient rerenir.]
tan ne s'toit pas deooarage. Ho
bien poursoivre les enval^^
ses provinces, les escorter a <
ches et de cimeterres , les an
que defile , les aoeabler da 1
collines. Gefut done avecoad
tement cruel et une secrete 1
les p^lerins s'acfaeminerent k ha
chevaliers (* }.
Dte leur depart de Nkee, lai
comnurent une faute qui maaqM '
dtre funeste : ils se divisereatc
colonnes, esp^rant ainsi ssj
plus facilement des vivres. "
Arslauy qui apprit par ses < ,
disposition maladroite de Tai
tienne, sut bientdt en profifovj
les deux divisions s'engag^
et quand il crut qu'dles
eioign^s Tune de rautre,3l
la plus faible avec toute i
Gelte division etait fortnei
mands de France et dltalie, eti
d6e par le due Robot,
Tancr^e. A rapprocbe desi
mondise hdta de former una
que comme, de rentoorerd
chariots, degros baga^^lt4
k un marais et k une nviott
sius devaient d^fendre on I
ments; les femmes, les enfioisi
mes s'y renfermer, tandis i
valiers, en trois corps, deva'
devant des ennemis , et disj
sage de la riviere. Mais i
s'engag^rent que peu a pea.
d'entre eux s'elanfa d'abonl 4
goes, poussant de grands en^i
pour lancer leurs traits, et r
ensuite leur galop forieux. ~
n'avaient pas traverse Inootr
des chevaliers ; mais dies 1
grand nombre de leurs ct
ans ce temps-la , n*6taient m
bard^ de fer. Un inevitable r^
s'ensuivit dans les rangs <
(*) Voyex Robert le Kfoine , ir«««MR ^
ruwlem.
SYKIE MODERNE.
261
Turcs en proflterent, harccldrent les ca-
valiers demontes, et fireut forcemeut
traverser la riviere a ceux qui s*etaient
promis d*eii empdcher le passage. Puis,
par mi lie evolutions, ils ratiguerent les
lourds chevaux d'Occtdent,jusqu'a ce
qu'une nouvelle et fralcbe ))ande de leur
' reserve viot remplacer celle dont les
forces commencaient a s*6puiser et i*agi-
lite a diminuer (*).
Plusieurs heures durant, la m^me ma-
noeuvre fut employee avec succes par
les Turcs. Deja les chevaliers se las*
saient , Tancrede avait bris^ sa lance ,
perdu son pennon; son fr^re Guil-
iaume avait et^ tue; Boh^mond sentait
son courage cbanceler, lori>qiie le sultan,
voyant le trouble de la cavalerie chre-
tienne , porta tout k coup sa principale
attaque sur le camp presque abandonne.
II detruisit facilement les fortiGcations
improvisees, culbuta non moins faci-
lement les archers , les frondeurs et
les arbaletrters , dont les armes deve-
naient inutiles dans une m^lee ; puis 11
commen^a a s*emparer des femmes chr^-
tiennes, qui, a Papprocbe des Musul-
nians, loin de se lamenter sans raison ,
loin de s'arracher les cheveux de deses-
poir, s*^ient parees de leurs plus beaux
atours, afln sans doute de frapper agrea-
blement les yeux de leurs vamqueurs,
et d'obtenir ainsi un plus doux escla-
vage. La d^route des croises 6tait im-
minente, Tenlevement des femmes et
le massacre des hommes allaient avoir
lieu , lorsqu'au sommet de ces m^mes
montagnes, qui avaient vomi toute la
matinee tant de batailloos ennemis, on
vit tout a coup Hotter les eoseignes de
Godefroy de Bouillon et de Raymond
de Saint-Gilles , on vit luire au soleil
les epees nues des Lorrains et des Pro-
ven^aux. L'espoir revint au coeur des
, chevaliers les plus decourag^, et le
combat cbangea imm^iatement deface.
€e fut au tour de Kilidj-Arslan , dont
Tarmee devenait moins nombreuse que
celle de ses adversaires , k donner le
signal de la retraite. Malheureusement
cette retraite fut lente : les chevaux
arabes euient harasses. Godefroy de
Bouillon put les atteindre. II entoura
>
(N Voyes Eftoal deCaeo, let Gesk» d§ ron-
crtde^ et Baodry, Huloire de Jirutalemn
les Turcs d*une ceinture de fer, et cette
ceinture , en se retrecissaut de plus en
plus , Unit par ^touffer tous ceux au*elle
euserrait. Les Turcs en furent reaults a
abandonner leurs montures, as^^apper
a travers des taillis et des rochers ou
vingt mille des leurs trouverent la mort.
Quelle que fdt la victoire des Chre-
tiens , ils ne la devaient ()u*a un hasard
favorable, a la precipitation des Turcs a
les attaquer. Si ces derniers avaient at-
tendu un jour de plus, la colonne de
Godefroy aurait ^te assez ^loignee du
champ de bataille pour n'y arriver
qu'apres la deroute complete des Nor- .
mands. Quoique les crois^ n'attribuas-
sent qu'a Dieu leur nouveau succes ,
auoiquMls aient cru que la delivrance
e leur cam|) apparttnt surtout a saint
Georges et a saint Demetrius, qu'on
pretendait avoir vus combattant au mi-
lieu des Chretiens , ils ne commirent
pourtaot plus a Tavenir la faute de se
s^parer. Toute vive ^u*^tait leur foi,
toute dominante qu'etait leur super-
stition, il restait encore dans leur
esprit quelque place pour y loger Texpe-
rience.
Les premiers rdsultats de la bataille
de Dorylee furent, du reste, tr^s-eodtes
par Tarm^. A quelque distance au lieu
du combat, elle avait rencontr^ les
tentes abandonn^s des Turcs. Elle les
pilla completement. (Juant a la masse
des pelerins, ils allaient sur le champ
de bataille depouillant les cadavres des
Musulmans , s*armant de leurs cinieter-
res, s*affublant de la robe tralnante
des uns , se couvrant de Tarmure des
auires , preoant a pleines mains le bieu
que le ciel leur envoyait, ou plutdt que
le courage des chevaliers leur avait
valu. Puis, apres avoir rendu graces
a Diea et avoir enterre leurs quatre
mille morts, ils reprirent leur route,
bien repus , satisfaits de leur butin , et
quelque peu tranquillis6s sur Tavenir.
SOUFFEANCBS DBS CBOISBS BR ASIB
MIUBDEB.
. Les illusions des croisds ne durerent
pas longtemps. Kilidj-Arslan, ju^eant
quMl ne pouvait detruire les Chretiens
en bataille rang^, employa d^s lors la
terrible tactique dont nous avons parl^,
c*est-a-dire ravagea tout ie pays^ sur la
Ml
LDNIVERS.
route de Jerusalem. On ^tditen jain 1097 :
les moissons 6taient copieuses et dories,
il les incendia ; les arbres fruitiers com-
meD^ient h motitrer des fruits , il les
abattit. Puis, comme les tilles , bour^
et villages de la Phrygie et de h Pisidie
avalent pour princiDaux habitants des
Grecs et des Latins, u piila leurs denieu-
res, detruisit leurs ^lises, et emmena
la plupart de leurs femnies et de leurs
entants. Ainsi, pour premier r^sultat
la croisade faisait te maiheur des
Qir^tiens d^Asie Mineure. La cruaut6
avec laquelle les Francs avaient entam^
la guerre mit la rage dans le cocur de
leurs ennemis. On rdagit contre les
croises avec autant de fureur qu'iis en
avaient eux-mSmes montre devant Nicee :
ils avaient sem^ la baine , ils recolt^-
rent la vengeance.
II sembie que, loin de prot6ger
Pexp^ition sainte, le del Tait aban-
donuee a elle-m^me , h son inexperience
et a ses fautes. En se divisant en deux
corps, les croises manquerent de se
faire vaincre separ6mcnt. En se reunis-
sant de nouveau en un seul , ils cointni-
rent pr^isement k'imprudence qu*i|s
avaient voulu d*abord eviter : I'agglo-
merationd*un tel nombre dlndividus que
les approvisionuements devenaient pres-
que impossibles. Pieins d^imprevoyance
d^ailleurs, ils ne mettaient rien en
reserve dans les moments d*abon-
dance , et s^acheminaient insoucieuse-
ment a travers les deserts , attendant
la manne que devait leur en^'oyer
J6sus-Clirist, leur supreme poarooyeur.
Apres quelques jours de mardte, ils
commencerent done a souffrir de la cha-
leur d'abord, de h soif ensuite. Les
premiers villages qu'ils rencontrcrcnt
etaient inhabites : il n'y trouvcrent ni
provisions ni secours d'aucuhe eSpece.
La faim les prit; la p^nurie la plus
complete les accabla. Comme il n*y
avait pas plus d'herbe dans les prcs
que d epis dans les champs , its obe-
vaux pdtirent autant ^e les hommes.
Pour trainer Jeurs nobles coursiers quei«
ques pas plus loin, les chevaliers furent
oblige de les mener par la bride, et
encore en tombait-il k chaque pas. On
mit les ba^ages sur des bdies de ren-
coutre, b^hers, chevres, pores et cliienS.
Les tiers barons, vaincua par la lassi-
avatl
tade, farent cMg6s die
etdesboeafo (*).
Bientdt le d^sespoir est m
dans Tarm^e, la mortalne
parmi les pterins ii ta suite,
instant il en tombe , de ces '
Les una meurent dans les
!a faim ; \ta autres a'
font musuimans pour
reste d*existence. D'autres
t6s par leurs croyances
8*etendent sur la terre, les bm
la face tourn^ vers le cieJ,ji
Su'aux yeux de leurs freres i
eurs ennemis, la pire espeea
mes dans tous pays, egor^eatfl
pi tent ces martyrs de Vi '
denQment. Ge n*est pas tout :
mes enceintes accoudiedt
sur le sol brdlant, sans attirer
dre secours, sans ^rovoquer ia
piti^. Des m^res , mcapables da
1)lus lonstemps leurs enfants
a mort a grands cris. Ces ~
atroi-es, ces extinctioqs
d'impmdents et dMnaenses^
apparaissant i peine sur la
tale pour y mourir dans les
les plus aflfreuses : telle fat
eous^uence la plus ii
entlionsiasme popul»ra ^
dlrig^, ni cahne, ni onkmnel
tant quVIie voudra, peal *
roisme de eette expeaiM
fhistoire doit, avanl M
damoer ta demence.
II faut representer les
qu'ils furent : incx,
la folic 9 imprevoya'nts y
tise, se niant sur ie naodi
comme une bfte affam^e aar
et venant ae perdre dans ertte
neure , tombeau imintoiorial i
qu6rants anciens et modemcs.!
leur arm6e louroyant a trav
tagnes et les precipices,
flotte battae par la tcmpdc^^
dans un dedale de rocbars
sombres ravins , de deeerti
laissant un homme ft tons las |
masse de moria a chaque I
tant a la fois contre la nature i
riiumanite ; mala aUaait
(*) Toyez PoolDlier da
^m
STEIfi lfDD£RIfE.
9t la laim aotti bteqnele efmeterre,
rmonUDt les obstacles J usqu'li ce que
obstacles la tuent, passant de jour
jour du deiire des r^ves aux rigueurs
la reality, oreueilleuse au depart «
^le k rarrivM« quittaot rKuropt
la une masse de.pras d*un miUioa
Pss pour aiteiiidre , r^uite k vingt
bommes tristes , d^urag^, ivres
Haouflrances , le but dtovant de sea
irts surhumains. Mais n'aoticipons
Tda^antage sur les malbeurs qu1i
ki rested raconter.
bra privations avaieat fait bien du
Paux croises, Tabondance neleurfut
^noina funeste. Apres plusieurs jours
pttarclie, ou ils ne trouverent ni la
iadre source sous la terre , oi la moin-
\ goutte d'eau dans le creux des ro-
m^ ils Tirent venir k eux des cliiens
pa le poil 6tait roouille. Ils les suivi-
et oes chiens les menerent a una
I qae leur instinct leur avail fait
. ivnr. Tousles pelerinsse pr^ipit^
^dlana ees eaux froides, qui coulaient
. une vall^ ecartee , et en burent
meaiire* Trois cents d*entreeux fu<-
frappes de mort subite. Un plus
IhI iiombre encore ae couch^rent
Mas aor les berges bumides, et furent
pdono^ par leurs oompagnons vali*
k Enllfl , quand ils arrtverent a An-
iwCte^ capitale de la Pisidie, ce fut
iice pour y souffrir des exoes de iiour*
Im et da boissons auxauels ils se li-
■ant. Raymond de Toulouse manqiia
ifMNmr. L'armte pleural t deja un de
nhefs las plus liabiles; mais la ville etait
toa de ressourees, habttee par des
M amia, sttu^ dans une vallee sa*-
Pbi» «t keeomte de Saint-Gillesfinit par
ier eo convalascence. On attrtbua sa
paoii a uo oiirade, et Ton crut que
I i^tron avait soiUcit^ pour lui one
jsr avee ia mart, Dans ie in^me temps
icroiste eraignirent de perdre leur
Miime due de Bouillon. £iant ali^ k
liaase, Godefroy e»tendit les oris de
ieur d'un de ses compagnons atta-
[ par un ours d'une tailie gigantes-
i Le brave Lorrain fondit aussitot
la Mte feroce. Son ehevai ayant 6t^
boiti^ d^vor6, il- n*en continua pas
OS la lutte a pied, accepta I'^treinte
moDStre , eut la force dj roister et
ided^gager son bras arm^d^une
^peeavee laqoalle il ou?rit le dos de Ta-
nimal furieux. Mais sa victoire lui avait
▼alu a la cuisse une blessure si profonde
qu*oo le ramena mourant k la ville,
et qu'il fut oblig6, pendant plusieurs
semaines, de ne poursuivre son expedi-
tion que port6 sur une litiere(*}.
DiPLOBABLt CONVLn ENTRB TAll- *
CBEOB BI BAUDOUIN.
Apres s*^tre repos^e et ravitaill^^e a •
Antiochette , rarinee s*etait remise en
route, bien ditninueedeja, quoique tou-
jours ardente et enthousiaste. Seulement
plusieurs troupes s'en etaient detacliees
el s'etaient lancees en ^laireurs vers la
Sy rie. Deux des principales ^talent com-
mandoes, Tune parTancrede. Tautre
par Baudouin , frere pulne de Godefroy
de Bouillon. Ce Baudouin, soldat aussi
brutal qu'ambitieux. songeait beaucoup
plus a gagner une province que le ciel, et
pour y parvenir tous les moyens devaient
lui £tre bons. 1) s'en allait done a la d6-
eouverte pour son propre compte, lors-
qu*aprcs avoir traverse Iconiuin, aban*
donnee par ses habitants, il aVriva en&n
devant Tarse ea Gilicie. Tancrede Ty
avait devanoO et avait in vest i la place,
d^endue par unefaible garnison turque;
et on lui avait promis de lui en ouvrir
les portes si au bout de quelques jours
aucun renfort n'arrivait aux assieges.
Les deux troupes chrOiiennes fra-
teruiserent devant Tarse; mais lorsque
le lendemain de son arrivee Baudouin
vit Tetendard de Tancrede Hotter sur
les murs de Tarse, ilseorut frustrO,
et reclama. 11 prOtendait que ses soldats
Otant plus nombreux Cjue ceux de Tan-
crede avaient seuls determine par leur
presence la reddition de la ville. Tan-
crede pssa outre a ces observations
singulieres; et Baudouin eut beau s'em-
porter, le chevalier normand ne ceda ^
pus au lorrain. Alors ce dernier , outre
de rage, s^adressa aux ArmOniens qui
remplissaient la ville et, autaut par les
menaces que par les promosses , les de-
cida a remplacer le drapeau de Tancrede
par le sieu. Puis ajoutant Toutrage k la
deloyaute, il fltjeler avec mOpris laban-
aiere de son rival dans ia booa d*ttn fossd.
, Yoyw Albert d*Aix, HitMn i* tespMi-
^mn*4eJ^nuaUm\ «t GolltaumM ds Tyr, 1M»-
lotfv dec$qui t^€$t pattd » ete.
J?J
264
LTJNIVERS.
Tancr^e fut assez g^n^renx pour ne pas
tirer una vengeance immediate de cet
acta si grossierement hostile. 11 laissa
la m^tropolede la Cilicie k son rival, at
s'en alia chercher p\u% loin one autre
victoire a remporter (*)•
Baudoiiin , maftre de Tarse , et voyant
desormais dans tout croise un ami dou-
teux sinon un eniiemi, eut rinfamie de
refuser Tentree de la ville k une bande
de pelerins harasses qui lui demandaient
rhospitalite. Dans la nuit, les Chretiens,
au noinbre de trois cents seulement,
furent surpris et ^gorges par la cavale-
rie turque qui tenait la campagne. Le
lendemain , les soldats de Baudouin eux*
ro^mes sMndignerent contre I'egoisme
cruel de leur chef, rassaillirent de fl^
cbes, et le forcerent a se refugier dans
une tour. Mais, aussi fourbe que per-
lide, Baudouin ailegua pour excuse de
son odieuse conduite le traits conclu
avec les indigenes , et pourtant il fut
oblige, pourse rehabiliter quelquepeu,
de proposer k sa troupe de venger leurs
freres, dont les cadavres etaient encore
4tendusen facedes murailles. On attaqua
done les queiques Turcs qui defendaient
encore un des quartiersde la ville, on les
vainouit, eton les passa tous au fil de Te-
pee. Puis, comme les Lorrains etaient
sortis pour ensevelir les vietimes de la
veille, lis aper^urent une flotte qui s*ap-
prochaitdela cdte. G*etaient descorsai-
res flamands ; ils venaient se joindre k
lexp^ition sainte, et, grAoe a oe renfort
inattendu , Baudouin , tout en conser-
vant Tarse, put coutinuer ses explora-
tions toutes personnelles sous le saint
convert de la croix.
Par une deplorable fatalite, Baudouin
prit precisemeut la m^me route que Tan-
crede , et ne tarda pas k le rejoindre.
Tancrede venait de s*emparer de Mal-
mistra , lorsqu'il vit la troupe de Bau-
douin s'approcher.Quoi qu'il tit, line put
cette fois calmer Tirritation de oeux qui
Taccompa^naient. Chevaliers pour la
plupart, lis n'accordaient k Tancr^e
de supr^matie que dans le cc^mbat; vio*
lents et grossiers de leur nature , pour
decider leur chef a se venger de Bau-
douin , ils allerent jusqu^a Trnjurier. Al-
n Voyez Raoul de Caen , U$ Geslet de Tan^
ariac , et Foulcber de Cbartres , fes GesUs d€s
Franctt etc.
bert d'Aix, iedironiqaear, rap^oiiMB
paroles que Richard , princr de Srim^
tint k ce propos k Tancrede son f
« Va , tu es devenu. aujoord kn
le plus vil dfi tous les bomimsl
y avait qudque couraj^e en loi ,
retomber sur Baudouin les our
tu en a recos ! » A ces mots,
ne put repondre qu'en tiraot
et en se mettant k la t^te des '
se pr^paraient a partir sans
bien Baudouin semblait avoir
pousser k bout : il s'^tait etabii
des murailles de Malmistra . ct
fait dresser ses tentes oorome
voulu, atnsi qu*a Tarse, attcodn
sion d*une trahison. Malgre sob i
inferieur , la troupe de Tancredt i
pr^cipita pas moins , la ianee
contre les Flamands de Bau '
brusque attaque surpril ces
jeta d'abord quelque oonfu>wi
eux. Mais bient6t ds se rallicm
tourerent leurs assaillante , et,
une lutte acharn^, les foroerol
trer p^le-m^le dans la ville elll
donner plusieurs prisonniea^
autres Tinsolent prince de " '
Le lendemain, la raisoo
fous. Ils s'envojereot
des depute, et afia d*i
conduite haineuae et
rejeterent sur une iospinitiai
qui les aurait pouss^ les
les autres. Pour ne pas «
cuses reciproques, oes pieail
pref<6raient accuser la Prov"
sauver leur honueur, ils
taient sans scrupule la
Quo! qu'il en soit, les deux
iurerent pas moins solenni "
biier leurs torts. Les deux
r^nies, Tancrede et Baudouin i
s^rent devant leurs soldats.
tion factice , qui etail bien Im(
un crime aussi odieux que
odieux comme lutte entre
prejudiciable comme exempfe
donne a Tarm^ (*}.
DBSBBTION DB BAUDOVA j
Cependant, dans cette qacMlli|
cide, Tancrede etait le moins <
{*) Yovez Baoul de Caen, Its
Albert a*AlK , Histoire de Vexfi
fa4em*
Pexpeditimi
SYRIE M0DERI9E.
965
in Tavail provoqoes outrage,
iv^. Tous les crois^ ie pensereot
isi. Qtiand les deux avant-gardes eu-
}t ete rejointf s par Tarmee, Godefroy
^ocha a sod frere sa cooduite dpvant
f$6. Ces reprocbfs du due de Bouillon,
de changer Tesprit de Baudouin,
vinreot qu*a Tirriter. Toujours
p^ de toute autre chose que de la
ice du saint sepulcre , il ne rSvait
one conqu^te personnelle. Arrogant
petits, dissimule avee ses
;, il s attira bientdt Tantipathiede
Aiors son dnie s*ulcera de plus en
it, et malgr^ les bons conseils de son
nse Gundescbilde , femme sainte,
avait pris la croix autant par reli-
p que par devoueinent a son marl,
idoijin n'en persista pas moins dans
projets contraires a Tunit^de Tex-
itioii. Cest que pour lui, a cdte de
r, il y avait un denoon; et quil pre-
ecouter les paroles tentatrices de
les recoinn)andatlons paciliques
ire. Ce demon etaii un aventurier
qui se disait prince detrdn^
propres sujets, et aui , refu^sie a
Jitinople , y avait tenement intri-
pi'on avait ^te contraint de I'inear-
f* Puis ^ant parvenu a s'ecbapper de
^, i] n^avait rien trouv^ de niieux
t mal faire que de s*attacher d la
pde. Habile , actif , dou^ de oe ver-
I que ses pareils possedent presque
rvrs,ilcherchaitdes dupes, il trouva
l^in. Grdce a sa perversite intelli-
%U i^netra facilement le caractere
Nbbftieux chevalier: par ses flatteries
Esa confiance ; par ses sugges-
iflamma de plus en plus la pas-
inante de celui qu*il voulait ex-
Itr. Gundeschilde avait beau faire,
erdait cbaque jour du terrain dans
nr pervert! desonepoux. EnGn le
g6)ie c^a au mauvais : abreuv^e
i»grins , desesperee comme les dmes
es qu'on repousse, Gundeschilde
ut.
lieu d'etre une douleur, cette perte
I dcbarras pour Baudouin. Libre
enir de tout lien « il ne chercha
Sue roccasion d*abandonner la
ereligiense, etd*en eutreprendre
son profit. Pancrace, tel ^tait le
de Taventurier armenien, avait
§ an Mre de Godefroy la mauvaise
pensee de la d^rtion, et il put d^sor-
mais la d^velopper sans obstacle. II lui
parlait sans cesse de la richesseet de la
i^odit^ des pjays d*Orient. II critiquait
Texpedition sainte, qui , loin dese din-
ger vers les grasses plaines de la M^o-
potamie, aliait se lourvoyer dans les
apres niontagnes du Liban pour aboutir
aux cliamps d^ol6s de la Palestine. II
se moquait du Jourdain, fleuve sans
vertu et sans eau , et vantait TEuphrate
qui , h Tinstar du I9il , laissait sur les
terres quMl traversait un limon epais et
f^nd. II faisait entrevoir k Baudouin
la gloire unie a la fortune. II exaltait a
la fois toutes ses passions. Le cadet de
Lorraine ne tarda pas a se laisser con-
vaincre, et en arriva h ne plus cacher
ses projets.
Mais un scrupule auqnel il ne s'atten-
dait pas surgit tout a coup dans le
cocur de ceux qui Tavaient accompagn^
jusqu'alors. Ses plus Gdeles chevaliers,
lorsquil leur parla de quitter Tarmee,
refuserent de le sui\re. Malgre ses ins-
tances, ses priereSf^seisemportemenls,
aucun d'eux ne lui^c^a. Force lui fut
de s'adresser aux soldiits les plus obscurs
et les plusavides. II promitdenombreux
butins a la tourbe grossiere vers laquelle
il fut r^uit a tourner ses vues, et en-
core ne put-il reunir qu*environ quinze
cents fantassins et deux cents cavaliers.
Lorsque cet embauchage fut connu , il
indigna toute I'armee. Godefroy, qui
avait encore la faiblesse de compter sur
Fhonneur et sur la piete de son frere , lui
d6puta plusieurs ev^ues et piusieurs •
prmces pour le rameuer a de meillcurs
sentiments. Mais les efforts des uns et
des autres furent inutiles : Baudouin
n*avait jamais et^sincerementreligieux,
et il ne mettait son honneur qu*a con-
qu^rir comme que comme une princi-
paute quelconque. La raison ^tant im-
puissante , on voulut employer la force.
II fut d^fendu , sous les peines les plus
s^veres , k tout crois^ de quitter Tarmee.
La nuit m^me ou cette decision fut prise,
Baudoiun s'en alia du camp avec la
horde de pillards qu'il avait enrdlee (*)•
La croisade, parvenue k Marasch,
devait desormais se diriger vers le sud ,
(*) Voyez Goillanme de Tyr, IHtioin de ee
^ui9*eit pamif etc
L'UNIVERS.
Baadouin 8% hAu de pointer mn Vmt,
Le basard le servit tout d*abord : lea
Tufca avaient fui du paya quMI traveraa.
li put, preaqueaans coup rerir, sVmpa-
rer des villea de Turbeasei et de Ravnel.
Pancrace voulut avoir le prix de ses per*
idea eonseila : il reclama Tune dea aeui
citea. Baudouin, aussi avide qu'ambi-
tieux,refu8a. Alora Panerace employa
la ruae. BaudouiA lui r^pondit par la
force. Pancrace, qui tenait la forteresae
de Ravnel , tardait a la rendre au rude
Flamand. Celui-ci Vy obligea en le char-
geant de fers, eten I'accablantde coupa.
Apres ce rigoureux traitaiient Pancrace
et lea aiens abandonn^rent Baudouin ;
mafs ce dernier n'en trouva pas moina
des guides pourlenrenfrjusqu^a £des8e.
Gette ville avail ^chappe par un sin-
gulier basard I la conau^te des Turcs.
Aneienne m^tropole de la Mesopotamie,
apres avoir perdu son royaume, elle
^tait rest^ comma une tie cbretienne
au milieu d'un ocean musulman. Mais
le petit prince ^ec , du nom de Tbto-
dore, qui y regnait ne pouvaft con-
aervcr de security sur son 6troit terri-
toire qu*en payant aux Turcs des tributs
de plus en plus 6Jev^s. £desse ^tait
done inquiete et tremblante, et sans
a'informer de la moral! t6 de ceux qui
venaieiit k elle , en les s^chant Chre-
tiens , elle les prit pour des sauveurs.
Elle envoya done vers Baudouin douze
de ses principaux habitants et son ^v£-
que pour demander assistance. Bau-
douin , enchante de oette demarche , qui
lui donnait des airs de libcrateur, se
pr^para aussitdt k passer TEuphrate,
qui ie s^parait du territoire d^l^esse.
Comme il avait laisse garnison sur toute
sa route, et qu*i1 n*avait plus avec lui
qu'une centaine de cavaliers, il chercba
a eviter les Turcs, et put arriver sans
combat jusqu*a la ville grecque. Le
peuple le re^ut avec des acclamations
d^aliegresse : c*^tait un defenseur Jeune
et brave qui lui venait , et sou prince
^tait vieux et pusillanime. Ce prince,
ioquiet de la reception, triompnale de
cet ^.tranger, fut pourtant force de lui
offrir la seconde place a sa cour et le
partage de ses tresors. Alais ce n*6tait
pas la I'affaire de Tambitieux Lorrain.
Son orgueil ae toolevait k I'id^e d'etre
a la ioTde d'un prioce ^tratngtr, et M
repoassa avec m^rit leioffirei4en»>
dore d*£desse. Le peuple Bramnin:!
ne voulait pas laisser reparlir mb *•
fenseor. Tli^odore, qui n avail pis to
font , proposa alors a BaodouB k h*
dopter. Celui-ci aocepta, et, idoah
ooutume des Byzantins , posa ettrt k
chemise et la cnair nue de ThMn^
puis lui donna Taccolade de lapeai
Le r^ve de Baudouin sermatttf
il ne songea plus qu*^ defcadnai
augmenter la principaut6 qui deiill
apparteoir un jour. AUi6 k m fm\
annenien appele Constantia, teaii
eontinuer le tribut aux nMisttlnjai,!
marcha eontre eux, et alls m0
leur ville voisine de SaoMKite. Iaii|
douin , assez mai seconde par aes ai^
veaux sujets , et voyant le W i
Samosate se prolonger, reviat Ml
a £desse. On y 6tail monte eoDlrelWri
dore; on I'accosalt d*intdligi»eci
les Turcs. Baudouin se garda biesdi
tifler son p^re adoptif, et m^meii
famie de laisser comploter oo'
eontre ceiui qu'il etait de aoa i
de d^fendre. L'emeute, d^aM
i)eniKne, devint bieiudt furieu^Oil
voulait d*abord qu*expulser iMl
on finit par le precipiter da hal '
remparts. Puis son corps fut tnW
les rues , et insulte de toutes le '^^
aux yeux de son ills adoptif.
li*eut garde de s*indijnier:
qu'il fut proclam^ maltre, fl ftfg
sur £desse une main de for. U^vp
avait change son soliveau inoliasfflt
tre une grue vorace ( * ). ■
Baudouin, au combledesetf
onblia compl6temenl ta rroisiit
pensant plus qu*a dtendn sa |il
paut6, il acheta Samosate, qalli)
pu prendre par les armes. Puis, 4
aussi oublieux que chretieo sav
il 6pousa la niece d'un prioce a
nien , ce qui reciila ses lin]itesi|if
Taurus. Ce perGde allie , ce art
sans honneur, qui avait quitlcsa^
pagnons dans fe p6nl, aiiraitdi
maudit par tons les cruises; aa
avait r^ussi , tout lui fut pardoaoi
jour en Jour Baudouin vit anii
lui de nouveaux cbevaUen qu ^
J2J*^
5YRIE MODE&NE.
M7
rent son arm^, et atigment^r^t sa
oour ; plus tard eufin ii devait le premier
profiler de la conqu^te d*une artn6e
qu'il avail desert^ : la destinee r^r«
vait le trdiie de Jerusalem a ceiui qui
avail irahi son sermeDl el abandonn^
ses freres avant le siege de la ville sainle.
LES CBOI6S8 DEYANI AHTIOCaB.
Jje si^ge d'Antioche se divise en deux
parties : la honte, la gfoire. Au com-
mencement, une abondance momentanee
amene avec elle I'orgie et les debauches
de toutes especes; puis, coninie r^-
SMJtat d'un gaspillage insens^, une mi-
s^re plus profonde qiie jamais , et a sa
suite la crapule la plus ignoble, la de-
sertion la plus deshonorante. Deux
bommes sauverent alors Tarm^e clire-
tienne, Adheraar par ses vertus, Tan-
crede par son courage. Grdce a leur
exemples les croises se reieverent de
leur riuge et de leur desespoir , et^ par
des actes r6p^tes de vaillance, ils par-
vinrent k se sauver d'une destruction
complete. Entrons dans les detals.
Ce ne fut qu'en septenibre 1097 que
les crois6s arriverent en SyrSe , et dans
quel 6tat ! lis avaient abandonne presque
lous leurs chariots dans le mont Taurus
ou dans le mont Amanus. Apres les
chariots, ce furent les bagages quMis lais-
serenl rouler dans dts ravuis; apr^ les
bagages, ce furent, pour auelques-uns ,
leurs armes m£mes quails rejet^rentf
faute de pouvoir les porter davantage.
Puis, comme leurs vetements s'etaient
tout dechir^s aux rochers de la route,
plusieurs d'entre eux 6*etaient habilles
des depouilles de Tennemi , qui de la
longue robe du juif , qui du turban des
sectateurs de Mahomet. Cetail done
harass^ de fatigue , ^uise de besoins ,
presque sans armes , et dans un degui-
semeut moitie grotesque, moitie lamen-
table, que le gros de farmee arhva de-
vaol les murs d'Antioche.
La foule des pelerins aurail voulu
touruer la ville , et passer outre. Elle
o'avail plus de force que pour marcher
jusqu'a Jerusalem; rideeseule d*un long
siege Telfrayait, la desesperait. Lea
chevaliers en jugirent autrement ; et la
foule , abrutie par les souffrances , in-
capable de fkire un pas sans set defeo-
seurs , fut obligee d'ea passer par ou
ces demiers voulureot. Lea chevaliert
avaient peuMtre raison de ne point
laisser derri^re eux une cit^ de Timpor-
portance d'Antioche. Peut-^tre ausai
etaii-il bon de frapper un grand coup ,
de ne pas permeitre k Tennemi de se
remettre de son emotion premiere? Mais
dans ce eas il edt faliu entreprendre le
ai^ge avec intelligence et le pousser avee
Tigueur. Or , comment le commencer sans
machines de guerre ; comment le hAter
en ne s*effor^nt pas m^me d'investir
la place tout enti^re? Les chefs croises
he surenl ni entourer la ville , ni lui
couper les communications avec la cam-
pagiie.
Le siege d'Antioche, du reste, devait
presenter d'assez s6rieuses diflicuit^.
Sans 6tre aussi puissante et aussi peu-
plee que du temps de la domination
romaine , ou sous le r^ne des Ominia-
des , cetle capitale avait encore trois
lieues de circuit, des muraiiles d*une
solidity extreme, trois cent soixante
tours de combat, unecitadelle au sommet
d'un roc , des fosses profonds, un fleuve
sur un de ses c6tes , un marais sur Tau-
tre, et enGii des collines impraticables de
distance en distance. 11 suflisait d'une
garnison de quelques milliersd'hommes
pour y tenir longtemps centre une armee
bien approvisionnee, et bien munie. Or
Baguisian, emir presque independant
qui possedaitcettevilieetson territoire,
s'y etnit renfenne avec sept niille cava-
liers et vingt mille fnntassins. 11 avail
su, en outre, se d^f[)ire des bouches
inutiles , en- mettant hors de ces murs
la plupart des Grecs et des Arm^niens
qui habitaient la ville. Enfin , grdce a la
maladresse des croises, il put, comme
on le verra , se menager sans cesse des
communications avec Texterieur. Plein
done de resolution el d*espoir, il se
prom it de se defend re vigoureusement
derriere ses liauts remparts, tandis
qu'il envoyait ses deux tils demander
des secours a ses allies de TAnti Liban
6t de la Mesopotamie, a Kerbo^ha, mattre
de Mossoul, et a Dekak, niaitre de Da-
mas (*).
Sans s'inqui^tf r ni des forces , ni des
projets des Bssi6g^s , les croises , aprte
s'^tre empares de quelques villages en-
(*) Voy0S JLemaUFdrtln, Bi$loire drjUp,
MS
LUIflVERS.
vironnants, s'approcherent des murs
d'Antioche bannieres depioyees* au
80Q des lambours, des dairoos et des
tronipettes, aux oris tumuttueux de la
multitude. Mais leurs bruits divers,
tout prodigieux qu'ils fussent, ne Greot
pas tomber les rem parts d*Aatioche
eomme ceux de Jericho ; et, apr^ cette
scene inutilede jaetanoe il leur tallut sod-
ger a s'eublir autour de la ville. Divises
toujours en quatre nations priuoipales,
ils iorinerent quatre camps qu'iis en-
tourerent de foss^. Le premier de ces
camps, appuye a lOronte, place au nord
de la ville , etait celui des Lorrains et
des Teutons de Godefroy ; puis venaient
les Proven^ux de Raymond ; puis les
Fran^ais et ^ormands de Uugues et de
Robert; enQn les Italiens de Boh6-
jnond et de Tancr^e. Quelle que fdt 1*^
tendue de ces divers quartiers, ils ne
couvraietit environ qu*un tiers de la
ville. Les croises avaient completement
neglige la partie occidentale d*Antioclie,
d^^ndue par TOronte, et la parlie m^«
ridionale par des collines elevees. II
n'y avait done en r^.ite rien de bien
terrible dans cette arm^e, qui n'emp^-
cbait pas les assieges de recevoir des se-
cours par la montagne et des provi-
sions par le fleuve. Aussi les Turcs ,
lors du mouvement general des assie-
geants ne se doniierent-ils pas m^me la
peine de pnrattreen nombresur les rem-
parts,et de repondre aux provocations
chretieunes. Cette solitude et ce silence
etaient, d*ailleurs, un piege oil les
croises ne manquerent pas de tomber.
Des qu'Hs virent, en effet, que la ville
semblait unetombe et que la campagne
leur etait abandonnee, ils ne songdrent
plus qu'a se dedommager brutalement
des privations qu*ils avaient endurees,
Leur camp tut presque laisse sans de^-
feaseurs , et le plus grand nombre de
ceux qui pouvaient marcher le quit-
tereut pour aller en maraude a droite et
a guuche, pour se repandre de tous
cotes. Les fruits pendaient encore aux
arbres , les raisins aux ceps : ils les ar-
racherent , et les devorerent avec avi*
dite. II y avait dans les champs des silos
remplis de grains, ils les pill^rent; il y
avait dans les pres des troupeaux nom*
breux, ils les emmen^rent. Puis, dans
cette abondance extreme , loin de con-
sorver mesure et prinsion , loiB de »
server quelque chose pour leunbeniH
a venir, ilSf(dcherenttootesiapnj»
sions quails n'absorberent pai inm
tement : ilscboisissaieotdaosJeNtfl
et le mouton les parties les plus deiGi|:
jetant aux chiens les autres.
A la suite de la gloutoiinerieTiinll'
jeu et la debauclie. La lioenceMfaJI
oomble. La voix des chefe et '
tions des pr^tres n'6taient plosi
Quelques-unsm6medeces '
nuient Texemple du vice le plus
Ainsi Alberon, arcliidiacre de
laissait surprendre par les Tm
les berbes d'une verdoyante
jouant aux des avec une iiame
d*une grande beauti et dunek
sance, dit la (hronique. llnesc
pas de jour que les assieges oc
main basse sur des couples d*sn
ou sur des croupes d'ivrognes. Oi!
salt k toute beureles MusulmiBir'
d* Aiitii>che , tomber sur les
Snees du camp , et terminer ks
es crois^ dans des flotsdesaog.]
les Turcs n^egorgeaieot pas ml
ceux quMIs surprenaient, ilsKj
menaient a la ville, les
sur les remparts, et iangaieot
dans les rangs des ChretieDS.
eotre autres, ie sort d'Alberoi
compagne ( * }.
Ces entreprises r^petees del
nemis Gnirent par ouvrir b,'
croises abrutis par la debar^
faute de machines de siege,
vaient tenter un assaut, ils
les cooseils et sui virent les
que leur donna le brave Ti
uns chercherent k demolir
sur un marais et qui sernit
des assieges; d'autres, cfl
Tancrede luimdme, se ioettaieal|
buscade et attendaient ainsi ks
geurs ennemis. Un jour ils eai
soixaiitedix ; une autre fois ^
perserent en plus grand
C'etait toujours Tancrede qui
ces petites expeditions , doat te
plus serieux ^tait d^eotreteoir
de rarm6e. Singulier bomme qi
crede, qui avait, outre labraW*'
(•) Voyex Albert d'AU , HulMit it t
Hon de jirumUtmm
SYR1& MODERNE.
SCO
mune h tantde chevaliers, une modestie
contraire aux moeun de son epoque!
Ctant une fois parti en inspection avee
un seal ^uyer , it tomba dans on gros
deTurcs , en tua plusieurs, les mil tons
en d^route, et apres le combat fit jurer
k son compa^on de ne rien dire de sa
yictoire. £ta]t-ce, du reste, pur acte
de modestie de la part du preux che*
valier ? M'^tait-ce pas plut6t pour ne pas
laisser rarm^ se reposer sur le courage
de quelques hommes comme lui , que
TancrMe ordonnait qu*on ne divulguHt
pas ses exploits tout personnels? Quoi
qu'il en soit, gloire k lui , car il fut le
seul , dans un moment donne , qui prit
a coeur Thonneur de Tarm^ et le but
de la croisade.
•IISERE ET FAMINE DANS LE CAMP
CHRETIEN.
Gependant durant ces festins et ces
debauches, durant ces escarmonches
sans r^sultat , deux mois s*^taient ^ou-
l^s , et rhiver ^tait venu. Ce fut un bien
triste r^eil pour les crois^ : la nature,
de belle devint affreuse ; le ciel si pur
se couvrit de nuages ; des pluies torren-
tielles et continues inonderent les prai-
ries, ramollirent tellement les terres
que les pieux ny tenaient plus. Les pa-
vilions s'ecrouterent; les tentes flecni-
rent ; Thumidit^ attaqua a la fois iacorde
des arcs et le fer des ep^s. On voulut
construire des cabanes : le bois ne r^-
sista pas plus que latoile h Timpetuosit^
des eaux et au souffle des vents. Une
froidure p^n^trante et sans remede at«
teignit Tarmee , et la fit souffrir de jour
en jourdavantage.Bient6taussi la faim
se joignit au froid. Les environs d'An-
tioche etaient ^puis^s; la v^g^tation des
montagnes avait ^t^ emport^e par les
vents, celle des plaines submerge par les
eaux.
De la detresse g^nerale naquit T^
goTsme particulier. Ceux qui trou-
vaient quelques provisions lesgardaient
pour eux el en cachaient le siiperflu,
loin de le partager entre leurs freres. La
disette devint telle qu*il ne fallut plus
songer qu*^ chercher des vivres , codte
que codte, en quelques lieux ^loign^
(]uMl fallut aller. Malgr6 le danger de
-aisser le camp d^pouryu de ses meil-
leurs soldats , une exp^ition lointaine
pour se procurer les aliments les plus
necessaires futresolue en conseil. Le
matin de rtoel , aprte la premiere messe,
vingt mille crois^s quitt^rent le camp
et se dirigerent vers rOrient, sous le
commandement da prince de Tarente
et du eomte de Flandre. Avant leur
retour, ce qu'on avait redouts, arriya :
les assi^^ firent en grand nombre une
sortie visoureuse, et eurent flscilement
raison diiommes ^puis^ de fatigues et
de besoin. Le combat fut meurtrier
sans beoreosement 6tre declsif , et les
Italians de Boh^mond , tout revenus
avee des provisions , rendirent la force
et Tesp^rance k Tarm^ , et retinrent
dans les murs d'Antioche les Turcs qui
s'apprdtalent k une nouvelte attaque {}),
Mais la saison ne s'ameliorait pas; les
expeditions a la recherche de vivres
avaient beau se r^p^ter , elie n'avait plus
de chances heureuses : tout le pays a dix
lieues k la ronde ^tait ravage ou aban-
donn^. On avait espdr^ des secours par
mer de Constantinople : mais la temp^te
^tait permanente , et empdchait toute
flotte deserisquersur les cotes. Celle des
Genois et des Pisans avait quitte le pe-
tit port de Saint-Simeon, situ6 k trois
lieues ducamp Chretien. Toute ressource
etait perdue, tout espoir d^truit. Alors
tomberentsurrarm^edes calamity sans
pareilles : lamaladie, la faimjarage fu-
rieuse. La plupart des cruises n*avaient
plus ni pain, ni abri, ni v^tements. lis
en etaient r^duits a devorer des rats et
descrapauds, a mdcher desracines, a
boire le sang de leurs chevaux, a s'en
arracher les membres. Et ce n'etait pas
tout : pour pouvoir mauger cette viaude
coriace ouces animaux immondes, faute
de branches d*arbres, de roseaux sees, de
combustibles ordinaires , ils etaient con*
traints a brOler le bois de leurs arcs , le
cuir de leurs selles , la toile de leurs
tentes, la laine de leurs manteaux. Ce-
tait une desolation universelle, qu*aug-
nientait encore uue mortality terrible.
Eh bien ! dans cette mis^re epouvanta-
ble, au milieu de cesagonisants, k travers
ces cadavres qui pourrissaieiitsur la terre
humide, il y avait encore place pour la
prostitution, pour les vices les plus infd-
(*)yo7ef Raymond d*AcUes, HigMn dft
Ftanct qui frireni Jerwalem,
ffO
LUinVERS.
nie8. Le eanp to peleriBS ressemblait
a une StKiome affanU^. Tous ceux k
qur il rcsUit enoore quelque peu de
foreeet un sentiment de d^odt fuyaient
06 cloaque de la lubricity unie k la fa-
mine. Lea una rebroussaient cbemia
vers la Ciiicie; les autres fuyaient du
c6i6 de la Mesopotamia. Robert Courte-
heuze se retira a Laodic^; Tatice, ge-
neral des Grecs auxiliaires, retourna k
Constantinople. Guillaume, ce vicomte
de Meiun que nous avons vu piller les
habitants de ses domaines pour partir
en croisade , deserta a son tour ; enfin
Pierre TErmite lui-m£me, le premier
auteur de cette expedition malheureuse,
le premier pr^h^ur du p^lerinage arm^,
Pierre TKrmite dont la saintete n'avait
dure qu*un an, le courage on jour , s*e-
chappa nuilaniment du eamp des Chre-
tiens. II fallut que Tanerede, Thomme
de la rfsolution et deTesperanee, se mil
k la poursuite de celui dont la presence
^tait encore quelque chose pour les mas-
ses Tanerede , s'ii etait brave, etait aussi
quelqueppu brutal etviolent:ilaccabla le
Ideheermite Piei re d'invectives de toutes
sortes, et le ramenaaii camp a coups do
plat d'ep^e. Ce retour d*un fanatique
desiliusionnif ne (it pas tout le bien
au*en attendait Tanerede. Les che£s
etaient aussi desesperes que les soldats :
Godefroy etait malade, Raymond de
SaintGilles et Bohemond da Tarente
attendaient la mort dans leur armure.
L*arniee allait s'eteindre peu a peu dans
le desespoir, dans le blaspheme et dans
lacrapuie , lorsqu'un pr^tre, bien autre-
ment saint que Pierre TErmite, aussi
sas[e que vailiant, aussi reli^ieux que
r^solu , qui avait donne jusque-la auiant
de preuves de bravoure que de veritable
pieti^, dur a la fatigue, infatigable an
combat, chaste et sobre toujours , grand
C(cur et noble esprit, Adhemar de Mon-
tell, ^v^que du Puy, legat du pnpe, se
leva enCn , et commeni^ son rdle ma-
gna nime.
it fallait h Adh^mar autant dVnergie
miiitaire que de mansu^tude cl^ricale.
II lui fallait, avant tout, reprimer des
▼ices hideux, arr^ter une demoralisation
contagieuse. C'^taient lesfoudresder£-
glise dontil avait besointout d'abord : il
f'enservitavec vigueurcoutre les debau- ^
ch^ et les Inches. II mena^a eeux-ei ,
il fit hoBte a oetM^ii; il ordonaa stM
des jeilues et des prieres ttpiatains.lii
tremblement de terre viat a pnw>
pour juatiQer les paroles de com4»
teste qui sortaient joamelleoieBt diH
bouehe.Les erois^iurent aussi «MI:
par ie cataclvsme physique qoe pm.
anath^ines de leur chef religpenL |^
commencerent a s'amender, a«||fc
pentir, a mettre on frein a lewi " "~
dres. Alors, afin que la plaia
ferniait ne se rouvrit plus,
composa un tribunal des
pr^tres et chevaliers pour ,
punir les futurs coupables. Ce
lilt tres-rigoureux : il marquait
rouge ceux qui se iivraient a la
du jeu et ceux qui blasphemaieat
nom du Seigneur; les moines'
etaient frappes de verges ; les
Etaient condamnes a de terriblei
ces. Enfin , pour barter toule
h venir , on enferma les femoHi
uncampsepare (*).
Outre la prostitution, !'«,
portait aussi k Tarmee le pinij
des prejudices. Bohemond se <
d'en delivrer les eroises. II r^-*
tout espion fOt coup(6 en
r6ti pour servir a la noarritBiti
soldats affames. Quoique ks 1
du prince de Tarente n'aieBtj
mang^ de chair huniaine, oil
on s'en ^pouvanta , et le no
pionsdiminuacommepnre
Ce iitratageme reussft nn^mei
Turcs. lis s*imaginerent qu ibi
affaire dor^navant a des
et respecterent le quartier des I
beaucoup plus gue ceux des auti
tions. C etait la uii expedient dii
f^roce et grossier. Le uioyenqoV
Adhemar pour prouver'aux
perseverance des Chretiens fnt I
genieux que productif. II or'
les terres qui environnaient
fussent labourees et ensemenee^l
sure que les enux les aband
On fit ce qiril demandait , et
chr^tienne fut rassur^ contre I
mine en mdme temps que ses <
s'inqui^taient de la prolongatiet|
sible du si^ge. Ainsi , par sa
(*) Toyei rabbA Gaibert, Gmi^ IMJ
L
STRIE MODEimE.
STt
aostte, 1^ SM mmeM do courroui
divin , par set utiles eonsdls , Adb^inar
de Honteil avail eommenoA la reg^^a-
tion de Tarm^; le del flt le reate. Le
£roid cessa tout k coup, les ^id^mies
perdirent de leur iDtensit^ , des vivres
arriverent des ties de Ghypre , de Chio
et de Rhodes, enfin Godefroy, remis
de ses blessures , se montra aux yeux
detous; et, pour lea pelerina supers-
titieux, ce dernier apparut coinme Tastre
de la victoire,de mlinequ*Adhtoaravait
semble celui de rexpiation.
AMBA8SADB DU KHALIFB D*liGYPTX.
Malgr^ lea malbeurs successifs des
crois^ , malgre ia lenteur de ieur expe-
ditioD , Ieur perseverance u*en jeta pas
moins Teffroi daoscertaiDes populations
musulmanes, et nen (it pas moins r6-
flechir ceux qui prevoyaient les rdsultats
de* la croisade. Parmi ces derniers il
s*en trouva qui vouiurent proflter de
cet ebranlemeut de TOccident , de cette
^ouvante de TOrieut asiatique, Les
Fathiniites d'£:gyptp, les plus politi^ues
peut-^tre n'entre les Mahometans, avaient
prudeinmentrecui^ devaut lesconqu^tes
prodigieuses des trois grands sultans
seldjoukides; mats lorsque Melik-Schah
eut detruit Tavenir de sa dynastie en
separant son empire entre tous 6e$ oa-
rents, les Fathiuutes relev^rent latete,
intrigu^rent avec adresse, exciterent
sous main la jalousie des differents
^mirs de TAsie Mineure, les diviserent,
les pousserent les uns contre lesautres,
tout cela pour propter de ces haines, de
ces discordes, de ces guerres intestines,
Les ev^nements Ieur furent favorables
au dela m^ine de leurs esp^rances. Le
khalife de Bagdad u'etait plus qu*une
ombre de souverain : les gouverneurs
turcs de son palais ne lui avaient laiss^
qu'une vaine autorit^ spirituelle; et,
grdce au schisme d*Ali, dont les Fa-
' tbimites ^taient les plus puissants re-
^ pr^ntants, Tlslam se divisait ddsor-
' mais en deux grandes sectea au profit
[ des ambitieux descendants d*Obaid-
I Allah. SOrs de Ieur preponderance en
^ Afrique, les Fathimi tes recommenc^rent
I done h jeter les yeux sur la Syrie et son-
g^renta en faire une annexe deflnitive de
ur empire. Avec leurs flottes nom-
r . breuses il ne Ieur fut pas difficile de
a'emparcr de f^lnsieiirs viUes maHtimea
de la c6te syrienne , Saint- Jean d'Acre,
Tyr, SidoB. Puis, pour se diefaire des
Ortokidea , ils n*eurent hesoin que de
Bousser lespopuiations^EJIesabhorraient
la tyrannic des farouobes Turkomans ;
elles avaient oubliecelledu fatbimite Ha-
kern, bien plus terrible pourtant, et elles
se li vrdrent denouveau aux £gyptiens. La
Palestine tomlia ainsi au pouvoir des
kbalifes du Raire; et ils pouvaient d^jk
esperer la conqu^te du reste de la Syrie,
lorsque de nouveaux comp^titeurs Ieur
vinrent tout k coup d'Occident(*).
Combattre les croises paraissait fort
ehaneeux aux prudenu Fathiniites : ils
essayerent d*abord de s*entendre avec
eux. Leurs perpetuels rapports commer-
ciaux avec les races meridionales de TEu-
rope, Ieur tr^ve int^essee avec rempire
byzantin, Ieur avaient donn6 la connais-
aanee du caractere des Chretiens , et
lis comptaient bien exploiter la naivety
proverbiaie des Francs, lis r^olurent,
en eons^uence* de Ieur envoyer des
ambassadeurs pour les troinper, s'll
etait possible, et pour savoir tout au
jnoins k quoi s*en tenir sur Ieur force
militaire , Ieur organisation inlerieure •
leurs tendances futures. Des le prin-
temps de 1098 , ils expedierent un en-
voye pour annoncer Tarrivee prochaine
de leurs d^put^ au camp des Chretiens,
et reclamer pour eux sdret^ et protec-
tion. Les chefs crois^ vouiurent bien
recevoir Tambassade, et firent repondre
qu'elle pouvait se presenter sans crainte.
II y eut des lors parmi les Chretiens une
Emulation trea-habile pour dissimuler
les souffrances qu'ils avaient endurees ,
lea pertes qu*ils avaient ^prouvees, tous
les dommages de la famine et de Tbiver.
Les tentes, que les vents et la pluie
avaient rendues inutiles, ils les dresse-
reutde nouveau , et les parerent avec le
plus grand soiri. Toutes les epees furent
fourbies, toutes lea armes nettoy^es,
toutes les banni^res et banderoles ^ta-
lees. On attacha des ^us a dts pieux
pour se li vrer a I'exercice de la guintaine ;
on prepara des terrains pour des cour-
ses a cheval. Aussi, quand les envoyesdu
Kaire entrerent au camp des crois^ ,
ils ne virent partout que jeux et joie ,
(*) Yoyez AbouT-F^a, Ann, tnotUm.
att
LUNIVKRS.
abondanoe apparente , tranquillite d'es-
S^rit et oomme certitude de la victoire.
la 8*att»ndaient a trouver dea affam^s
et des mia^rablea; quel ne fut paa ieur
^onnement d'ltre promen^s a travera
una foule rieose et active , parmi des
jeunes gena qui a^exercaient a la lance ,
qui faisaient toornoyer leurs chevaux ri-
chementharnaeh^, ou qui s^oceupaientf
sans pr^eupatiOD aucune, d'amuse-
ments de toutea sortes m^l^ d*exer-
cicea utiles, qui alternaient entre des
joutes et des parties d'echecs. Le stra-
tag^me r^ussissait a menreilte : lestrom-
peurs ^taient tromp^ ( *).
Ce fut dans une tente somptueusement
orn^ qu'eut lieu la conference entre les
chefs principaux de I'armee et les ain-
bassadeursdu kbalife fathimite. Ceux-d
se rtoierent d*abord centre cette nii^e de
pelerins se dirigeant, le glaive an poing,
vers la ville sainte. Cela Ieur sem-
blait coutralre aux»usages ^tablis, aux
habitudes des Orientaux, qui n*allalent
jamais ainsi a la Mekke, au respect
qu'on doit k la maison de Dieu, dans la-
quelle il ne faut se printer qu'avec
humility. Apr^s avoir blSun^ le p^leri*
nage arm6 , ils promirent aux crois^ y
au nom de Ieur maltre, possesseur
actual de Jerusalem, que tous les Francs
qui viendraient avec la besaoe et le bd-
ton dans la cite sacr6e seraient desor-
mais re^us avec honneur et prodigality,
d^fray^ abondammentdetoutes enoses,
libres de parcourir tous les lieux saints
de la Palestine. Que si , au contraire ,
les Francs persistaient a se rendre par
force h Jerusalem , la colore terrible de
rislam toinberait sur eux. Les chefs
crois^ , loin de s*^pouvanter de ces me-
naces , n*en furent que blesses , et r6-
pondirent arrogamment qu*ils ^taient
envoys pour rendre au Christ son ancien
heritage , ajoutant , selon la chronique :
« Nous nous confions en celui qui a
« instruit notre main h combattre , et
« qui rend notre bras fort comma un
« arc d'airainHe chemin s'ouvrira k
« DOS ^p6es , les scandales seront efiao^,
« et Jerusalem tombera en notre pou-
« voir. »
Cependaot, la conference ne se termina
(•) Voyex
Robert le Ifoloe, UiiUnre de Jeru-
pas que parde Taine8pwtmti<«.I(a
crois^ ronaeotirent a Uamt a
uns d*entre eaz aocompagoer i
tiens au Kaire. On ne rmoosia
finitivement Toffre deu pttK,4l
voulait ^tudier ce cpie poaiait i
raliiance deaFathimites. Avm'i
envoys des Alides fosseot r
un ^v^nement heureux viot Mli
eorroborer la haute opinion (
portaient de la croiaade. On ai
au camp Chretien que DekkakM
3ue Redouan d'Alep, que Sob
'Ortok, et plusieurs autres (
environs venaient avec viagt (
valiers au secours d*Antioehe. r
et ses infatigables Italiens i
^k la rencontre de la troupe a
lui livrerent bataille entre le I
et rOronte, et la vainquireaL i
demain de ce briilantcoiiibat,li
envoydrent sur quatre
cents t^es de leurs ennemis i
sadeura ^yptiens, qui ^taieall
au port Saint-Sim^n. Get br'
tout oriental dans la forme,!
Alides, qui voyaient dans ces/
sangtantes rhumiliatioo de la
tuels adveraaires les Sunnita,!
estime pour les Francs s*eB ]
d'aatant. L'ambassade avaiti
n^ pour les Latins : ils avi
oeux qu^on Ieur eoToyait ftmi
milier.
PAISE d'ANTIOCHS PAJl IttC
Le retour du printempii
hostility Ieur ardeur preMlj
si^^ faisaient dea sorties a ^
et avec des chances divenesJ
tait, des deux parts, avec pias^
de fanatisme que jamais. Pour I
les cruises, les soldats deP
^ui dans un combat avaient (
image de la Vierge, Tinsa
toutes facons du haut de leurs*
Les Chretiens r^ndirent a i
vocation en exposant sur des |
t^tes de leurs prisonniers; Cd
guerre a mort, une ettermin *
proque. Les assises profitaicBt^
tes les fautea des assiegeants. Jk
cesdemiers ^tantalies en masses
au-devant d*une flotte genoise ^i
taillement, les Turcs tombereot r^
lorsqu*ils re venaient charges de i
SYRIE MODERNE.
278
en firertt un gf and carnage. Bofatoiond
! et Raymond de Saint-GiUes eureot beau
faire , ils ne purent emp^her la d^route
des leurs. v^jk les Musalmans etaient
oecup^s h oouper les t£tes des Chretiens,
I lorsque Godeiroy, suivi de son fr^re £us-
I tache, de Ungues de Verinandois, de
I Robert de Flandre et de leurs chevaliers,
I 86 pr^ipita sur les massacreurs, et leur
fit expier ch^rement leur premiere vic-
1 toire. Bagui-sian envoyades renforts k
I ses soldats qui pliaient. II en r^sulta une
m^lee de plus en plus grande , oik Tavan-
I tage demeura toujours aux crois^. Cette
bataille dura toute la Joum^ ; il s*y fit
I nombre d'actes de valeur ; tons les chefs,
I Tancr^de et Adhemar en t^te, s'y d istin-
I guerent tour h tour : mais la pal me du
courageet de la force resta a uodefroy.
Ce fut lui qui porta les plus rudes coups ,
I ce fut lui qui s'adressa aux plus redouta-
bles ennemis. On le vit, entre autres
t exploits, attaquer un Turc d*une stature
I eolossale, et d'un coop de sa puissante
^pee couper en deux le colosse, si bien
qu*une des parties de son corps alia tom-
berdans TOronte, tandis que Tautre,
restee en selle , porta dans Aotioche la
preuve de la puissance du bras et de I'a-
dresse de Godefrov (* ).
Gependant, mal|pr^ leurs prodigieux
efforts <, malgr6 la victoire aui se touma
de leur cdte , la perte des Chretiens fiit
Kresque aussi considerable que celle des
[ahom^ns. En comptant les victimes
du combat, les crois^ s*effrayerent de
leur multitude, et en accuserent ores*
que le ciel. Uss^^taient attendrisetddso-
lesquelques instants; mais leur Amotion
dura peu, et leur caraet^re f^roce et
plllard reparut bientdt. Comme lesTurcs
avaient profit^ de la nuit pour enterrer
leurs morts avec leurs armes et leurs ri-
ches v^tements , d^ le matin la popu-
lace chr^tienne fouilla les tombes de ses
ennemis, exhuma leurs cadavres, les
d^apita et les vola. Puis, apres s'^tre
emparee des sabres dor^s, des boucliers
d'acier, des habillements 8omptueux»
qu'elie trouva, ellejeta dans rOronte
les troncs de ceux dont elle avait viol^
le dernier asile, et ^tala leurs tdtes eoa-
pees devant les murailles d*Antioche.
I8» lAvraUon, (Svwb modbbnb.)
Get horrible spectacle acheva de de*
courager les assi^^s. lis ne firent plus
de sorties; iis laissdrent former leurs
commonications ; et comme les assie-
geants, d6nu^ toiyours de machines de
guerre, ne pouvaient £aire de br^ches
et tenter un assaut, il v ent alors une
sorte de suspension d'hostilites. Mais
en place de combats au grand jour, d'une
lutte franche et loyale, aii lieu d*une
tr^ve ce nefurent que surprises, pieges,
assassinats dans rombre, une guerre
honteuse et f^roce h la fois. G'en ^tait
fait, la haine des deux races etait allu-
mee pour ne plus s*eleindre , et des deux
parts Ton rivalisait de cruaute. Les chefs
Chretiens semblaient, du reste, avoir ap-
prouv^ ce systeme d*extermination. 11
y avait k la suite de leur arm^ des gueux
de toutes especes, mendiants, vagabonds,
criminels. Jusqu*alors ils avaient comme
que comme reprim^ leurs m^falts. lis
parurent desormais les autoriser, en
les laissant s'enr^imenter sous le com-
mandement de Tun des leurs, qu'on ap-
pela le roi des Tmands. Ce chef de
brigands employait sa bande a fouiller
les tombeanx , k depouiller les cadavres,
^assassiner If nuit, a combattre en ban-
dits et nonen soldats. Leurs actes nom-
breux defroideet lAche tuerie exasp^re-
rent les assieg^. Si les Truands inspire-
rent la terreur, ils avaient aussi excite
I'ex^ration musulmane. Cette execration
rejaillit bient6t sur tous les crois^i, qui
en vinrent peu ^ peu a imiter les actes
les plus odieux de leur plus vjle canaille.
Ainsi, ayant fait prisonnier le fils d*un
^mir, ils demanderent pour sa r|incon
qu'on leur livrdt une tour de la ville.
Cette exigence ridicule fut repoussee.
Alors, durant un mois tout entier , ils
accabldrentdetraitements affreux lepau*
vre enfant inofifensif, et finirent par
Tegorger devant les remparts, sous les
yeux de ses parents d^sesp^res.
' Cette infamie meritait des represailles.
Elles tomb^rent sur un brave chevalier
du nom de Raymond Porcher. On le
conduisit sur les murailles, en face, du
camp Chretien , et on lui ordonna, pour
sauver sa vie, d'exhorter ses fr^res a le-
ver le si^e d'Antiocbe et a payer sa ran-
^on. Raymond Porcher, avec une ab-
n^tion et un courage dignes de R6-
guTus , s'^cria avec force : « Regardez^
13
974
LUNIVERS.
« moi coinme un homme mort, et ne
« faites aucun sacrifice pour ma liberty.
« Tout ce que je vous aemande , 6 mes
« fr^rea I c*e8t que vous poursuiviez tos
« attaqneacontre cette viUeinfidde, qui
« ne peut roister loogtemps, et que
« vous restiez fermes dans la foi du
« Christ; car Dieu est avec vous et y sera
« toujours. » Un Idohe, oomme il s'en
trouve partout, traduisit oes beJIes paro-
les a Bagui-sian. Gelui*ci exigea que
Raymond Porcher se fh musulman. Le
noble chevalier, loin d'ob^ir, a'apprto
au martyre; et bientdt sa t^te roula du
haut des remparts {*),
SCBPBISB D*ANTI0CHB.
Le si^e se prolongeait toujours , et
une querelle deplorable entre Boh^mond
et Godefroy de Bouillon , a propos de la
possession d*une ricbe tente, aurait en-
core rendu les hostility plus longues
et moins d^cisives , si la trahison d'un
habitant d'Antioche n*etait venue au se-
cours des Chretiens. Ce fut le prince de
Tarente qui la provoqua. I.es diff(6rent8
chrooiqueurs cnr6tiens rapportent pres-
que tous de la m^me fa^on oet incident
capital ; etcomme ils sont d'acoord avec
les historiens orientaux, nous nous
bornerons a citer le recit plus.net et
plus ooncis de Kemal-Eddin :
« 11 y avait, dit-il, dans Antioehe un
homme oonnu sous le nomde Zerrad ,
oufaUeur de cuirasses. On Tavait pro-
pose h la garde de Tune des tours. Cet
homme, voulant se venger de Bagui-sian
^ui iui avait enlev^ ses richesses , ^rivit
a Tun des chefs de I'armee chretienne,
appeie Boh^mond, ces paroles : « Je suis
dans telle tour; je te livrerai Antioehe
si tu me promets avec la vie telle et telle
chose. 9 Boh^mond souscrivit h tout;
mais il se garda bien de parler de cette
oorrespondance aux autres chefs; il se
contents de les faire assembler, et ieur
dit : « Si nous prenons Antioehe, qui en
aura la souverainet^? » Ldhdessus il
8*eleva un vif d^bat, et chacun voulut Itre
mattre de la ville. Alorsil reprit : « Que
obacuki de nous commando le si^ge pen-
dant une semaine, et que la ville soit
au pouvoir de celui sous le commande-
ment de qui elie aura cie priie.tft|
se rangerent de cet avis. Qni hd
maine de Boh^mond futfcne,M
seur de cuirasses, que Dicn hmI
jeta une oorde aux sokbUdeiifii
On ^tatt alors dans la nuit (hiMp
de regeb ( commeacemeotdcjii^il!
Francs escaladerent lei mni^l!
qui arriv^rent les piemioiaiiiM'
autres; et des qails fiireot ctl
suffisant , ils attaqutent les a ''
et les massacrereot. VoiU
Boh^mond prit Antioehe. (
parut les Francs se dis[
r^pandre dans la ville. An Ml
leva, Bagui-sian s'imaginaqMl
delleaussi^taitaupouYoirdesC '
il sortit aussitdtde la villas
fuyards, et eourot quelqueb
plus qu*un de ses gensaveeloil
de cheval , oet homme lerelen;f
encore, cet homme Taf
moment apr^ , un bdeheroo i
passa pr^ de Bagai-siaD, Ini i
t^te et la porta a AntioebeCVt
Kemal-Eddin termiae ureal
paroles : « On ne saurait«rebe
c des Musulmans qui seal
« jour le martyre. » II y (
dix miile de massacres. Polil
tuerie vint Forsie. Les
du^tiens reprocneot aux <
festins, dans leaqueis
danseuses des ptOens { i
ganorum }. Mais leuis i"
pas de loiwue dur^. Une i
doable s^prochait. Elle i
mand^ par Rberboghali ,
soul, vieui soldat blandil
guerres intestines , qui f
profond mepris pour les <
qui marchait aveo orgueii k 1
cent mille hommea, et aeooaf,
princes d* Alep, de Damas, etik vi
toirs de la M^sopotamie » dik
tine et de la Syrie. Ods qaefir^
de Kherbogbah apparut k 1
Godefroy, TancrMe , leeooMi
dre et leuni chevaliers sortiif
ville pour Taller combattre.1
malgr^ leurs efforts , iis re
d^oute. Le d^ouragement aloNi
para des Chretiens. Ifayaat puf
(*) Voyez Tudebode, Hisioire du voyage a
C*) Voyei Kemal-Edd«ii,flMl«nfrf*ilfl
ducUoo de M. Bdoaud.
SYRIE M0DERI9E.
376
rendr« mattres de la citadelle qui domi-
nait la ville, ils se voyaieotdana une
position bien plus p^ritleuse que celle
^ oil s'^taient trouv^s les premiers assi^^.
Puis, comme ils avaieot gdoh^ lears pro-
visions dans I'abondaaoe, ils avaient
aussi a redouter la disette.
r Eile Vint en effet, plus affreuse et
plus complete que jamais. Tous les crui-
ses indistinctement fiirent de nouveau
expose auK horreurs de la famine,
lis d^vor^rent d'abord leurs b^s de
somme, mulets et chameaux; ensuite
les animaux domestiques, ebiens et
ehats; enfin certains chroniqueurs font
entendre que les plus miserables fiirent
r^duits a se nourrir de cadavres humains.
Comme devant Antioche, la disette
amena avec elle la d^sertioB et Taposta-
fiie. Sous le pr^texte d*aller combattre les
Turos , certains crois^ sortaient de la
▼ille , se rendaient au camp ennemi , et
8*y faisaient musulmaos pour un mor-
fteau de pain. D'autres fuyaient au loin,
et tratnaient quelque temps une vie d^
plorabl^, jusqu'^ cequ'ils tombassent
sous le cimeterre mahom^tan. Les bra-
ves voulurent emp^ber cette desertion
croissante ; ils tinrent les portes de la
ville ferm6es. Mais cette resolution ne
fot funeste qu'aux plus d^termin^ , qui
8*6puis6rent dans nnterieur d*Antioelie
sans combattre , tandis que les lliches ,
k Taide de cordes, trouvaicnt encore
moyen de descendre par les remparts et
de s'echapper un par un(*).
Tous les malbeurs semblaient fondre
h la fois sur les infortun^ Chretiens.
L'empereur Alexis, qui, d la nouvelle
des premiers succ^s de la croisade, avait
r^uni une arm^ et s'^tait mis en marche
pourrejoindre les vainqueurs, rebroussa
chemin en apprenant leur misere de la
bouche du comte de Blols, I'un des
d^serteurs d'Antiocbe. Ainsi plus d'es«
poir de secours, plus de cbancesde ra-
vitaillement. Et pourtant de jour en
jour la d^tresse 6tait plus grande dans
Farm^e chr^tienne. D^jili les plus vail-
iants ^uerriers , ext^nues par la faim ,
pouvaieiit h peine tenir la lance et ma-
nier Tep^. On n^giigeait de veiller aux
murailles, et souvent des bandes de
Turcs parvenaient a escalader une tour
(*) VoyezSaudri, UitL dMjirmUem.
abandonn^ , et h porter la mort et Tin*
cendie jusque dans les rues d'Antioche.
Boh^^mond , dont le pavilion rouge flot-
tait tou jours sur la ville , qui en avait
pris la souverainet^ et le commande-
ment , avait beau faire sonner les trom«
pettes, battre les tambours, les soldats ,
aux forces 6pnis^, a Time abrutie,
restaient dans les maisons attendant la
mort dans I'apatbie et le desespoir. Go-
delroy de Bouillon avait beau montrer
une perseverance invinoible, Adh^mar
de Monteil avait beau joindre Texemple
aux exbonations^ presque aucun croise
n'avait le couraae de se lever afin de
mourir au moins les armes ^ la main.
Pour derniere reasource , pour forcer
les pelerins a paraitre enfin sur la place
publique, on fut oblige de mettre le
feu a la ville. Alors ee fut un spectacle
deplorable : des homines amaigns , bdves,
d'une faiblesse sans pareille, trebuchant
k tous les pas, pr6feraient, quelques-
uns , se precipiter dans les flammes que
de maroner a Tennemi. L'incendie n'eut
d'autre resultat, rapporte Aaoul de
Caen, que de detruire de magnifiques
^lises, de superbes palais c&nstruits
avec des cadres du lihan, et ornes de
marbres de VAtliis, de cristal de Tyr,
et d'airain de Chypre, La foi seule
soutenait encore les Chretiens. Plus lis
souffraient, plus leur esprit s'exal-
tait : ils s*imaginaieot devoir attend re
du ciel protection, secours, salut. II y
en avait qui avaient vu, la nuit, dans
line eglise, descendre J^us-Christ et
la Vierge ; a d*autres saint Ambroise avait
Apparu. Ces illumines, pour prouver la
sincerity de leur declaration , propose-
rent, qui de se jeter du haut d'une tour,
qui de traverser les flammes , qui d'a-
bandonner sa t^te au bourreau. La
di^tresse poussait les crois(te au fanatis-
me : oe fanatisme les sauva.
Ici apparalt la saint6 lance, la m^me
qui aurail perc^ le flanc du Sauveur
sur la montac^ne du Galvaire , et qui se
sorait trouv^e, onze sideles apres, a
douze pieds sous terre , dans les ionde-
ments d^une eglise d'Antioebe, tout
exprte pour sauver les debris de la
croisade et pour rendre I'avantage aux
soldats du Cbrist. Ce miracle fut-il ima-
ging par Tastucieux Raymond, bless^
dans son amour-propre et dans sou es*'
IS.
S76
rUNlVERS.
prit de eottTOfitise par le snoees de Fin-
trigant Bobemond ? Le oomte de Tou-
louse en profita en effet ; ayant donn^ la
relique a garder a Raymond d'Agiles ,
son cbapelain , il tronva son benefice
dans les oftrandes qn'etle attira , et elle
lui servit plus tard h contester la pos-
session d Antioejie au prinee de Ta*
rente; car, pretendait-if, si ce dernier
avail pris la eapitale de la Haute-Syrie ,
lui, il Pavait delink, grdce a son strata-
geme pieux, d*une arm6e assi^eante qui
allait la reprendre. Raymond de Saint-
GiJles fill le premier a jurer rautbentieit^
de la lance divine. Adh^mar,au contraire,
douta d*abord , et ne sembia se ranger de
Tavis des fanatiques que lorsau'il vit que
dans la detresse g6n^rale c^^tait la le
seul moyen de rendre quelque confianoe
aux ercHses. Et en e£fet) k lire toutes les
chroniquesdes oontemporaius, il r^sulte
que la tol seule dans un prodige celeste
pouvaitrallumer Tespoirclanslecoeurdes
Chretiens. £coutons done ces cr6dules
et naifs temoins. Voici comment Robert
le Moine rapfwrte I'origine du miracle :
« Un p^lerin, du nom de Bartb^lemy,
s'adressa au peuple assemble , et lui
parla ainsi : « Peuple de Dieu , eeoute
« ma voix : tandis que les croises as-
« siegeaient Antiocne , Taodtre saint
« Andr^ m'apparut, et me dit : — Bon«
« homme, eeoute etcomprends-moi. Je
« lui r^pondis : — Qui 6tes-vous ? — Tu
« vols devanttoi, poursuivit-il, Tapdtre
« saint Andre. Le saint ajouta : — Mon
« flls , quand la ville sera prise , tu iras
« sur-le-champ k T^lisede Saint-Pierre,
« et dans Tendroit que je te montrerai
« tu trouveras la lance avec laquelle on
« per^a le flanc du Sauveur. \o\ik ce
« que m'a dit rap6tre. Pour moi, je
• n*ai voulu parler a personne de ma
« vision , eroyant que ce n'etail qu'un
«> vain songe ; maiscettenuit m^me saint
< Andr^ m*a apparu de nouveau y en
« me disant : — Viens, et je te mon-
« trerai le lieu ou la lance est cach^e ,
« comme je te Pai promis. Hdte-toi de
« ia decouvrir; car la victoire doit ae-
« compagner ceux qui la porteront. »
li paralt que ce fut le comte de Tou-
louse qui jSt proceder k la rechercbe de
la sainte lance , et qu'il assista iui-m^ma
a eette operation, accompagn^ de douze
Qommissaires cboisis saos doute par
lui. Les pioniiiers employes a faiRb
fouilles travaillerent inutilemeatMeli
joum^. Us avaient dfja enakkm
pieds en terre, et riea n'appniaiL
Eufin , la nuit venue, les ooninctt
d^courag^ , k comte de TovloaR (M
sorti sous un pr^texte de sonefliK
militaire, les portes dePeglise cM #
ses , selon Taveu mime de Rijiai
d'Agiles, rbomme-lige du conki
Toulouse, Pierre BartiielemT,dacaii
les pieds nus et en cbemise dan b te
qu'on avait creus^. T&odis qoekte
ti^ue Marseillais cherchait la laoeetM
desiree, le petU nombre^wm
^tait agenouille et priait. • Toai i(nf
le Seigneur, ajoute RaymoDdlApiB,
toucbe de la pi^ de ses senitan,
nous montra sa lance {lanceom tm
nobis ostendU)\ et moi qui men.
aussitdt que le fer sacresoiiitieh
terre, je le baisaid^votemeotlMoiiH
tus turn eum){*), 9
La ruse 6tait grossiere, elle I'a
r^ussit pas moins. Le peuple dfif^
lerins, a vide de prodiges, p iMk
des miracles nartont , am siaiipii'
qu'une l^on d'anges halbilles^^
oombattait de temps a autre mitIb
croises , accepta tout d'oo eoupa W
utile qui devait le sauver. Od pm*
par toute la ville le fer saeii Is^
s'enflammerent; la pi^terepritfeM
sur la ddbauche et le desefin*
Anergic febrile redonna desi>tf.'
chacun.Cette transformatioDfni^^
ment un miracle. DansceU^eoM
Senerale, on ne chercha pastes pR^
e la verity , on Tadmit d'entiiooo*
Ce ne fut que plus tard que les |ito»
cr^dules contest^rent raotbeoti^
la lance merveilleuse. Alors.oa^
reellement qu'elle devait po»wJ|
tons les ennemis du Cbiist, ^
croyance rendait aux plus timi»*
courage, aux plus abattiisder«v[|*
aux plus d^sol^ de Fespoir. I^|*|*
appelaient le combat, lescfaffsir""^
de ne pas abandonnerrariaeeai
Tavoir conduite k J^usaleiOt toia
rent cette ardeur premiere qui •»
naguere lances sur TOrient. Il »]
pas jusqu*a Pierre rErmitequioesei
(*) Voy. Robert le Molne, RM>i*J^
el Raymond d'Agiles, HUL iaFft9»,m
SYRIE MODBRNE.
577
sottvtnt de son premier rdle. II se pro-
posa pour 6tre depute vers les Turcs,
et leur offrir soit un combat singulier,
soit une lutte g^n^rale. U oarla mime a
Ker bo^ah avec tant dlnsoieQce, qu'il se
Gt chasser de sa prince et reuvoyer,
heureusement sans avanies, li Antioche.
Mais en traversant le eamp musulman
il avait 9per^u des provisions en abon-
danee, desricbesses k profusion. A son
retour aupr^s des siens il promit aux
af&mes de quoi se nourrir , aux besoi-
Sneux de quoi s*enrichir, aux piliards
e quoi se gorger ; et Tappflt aune si
bonne rapine, joint a la conGance en la
f>rotection cdeste, acheva d'entratner
a masse, et de la decider h la bataille.
DBLIVRAIfCB DBS GB0ISB8.
Le lendemain , jour de la fSte de saint
Pierre et saint Paul , 29 juin 1098 , tout
^tait prit pour le combat. On avait
trouve la veiile un reste de provisions qui
avait M distribue a tous ||ss soldats.
Cbacun entendit la messe avec une fer-
veur profonde, et, apres s*ltre age-
nouilledevant le Dieu des arm^es,chacun
se crut pousse et soutenu par lui. On
forma douze l^ions en souvenir des
douze ap6tre8 ; on esp6rait que chacune
d'ellesauraitson protecteur celeste. Tous
les chefs se mirent a la tite de leurs che-
valiers. Hugues de Vermandois, quoi-
qu'a peine convalescent d^une longue
maiadie, portait T^tendard que le pape
Urbain 1! lui avait remis. Adh^mar de
Monteil commandait le bataillon au mi-
lieu duquel se trouvait le labarvm du
jour, la sainte lance. Le seul Ravmond
de Saint-Gilles, retenu par une blessure
grave, devait rester a Antioche pour con-
ten ir au besoin la gamison de la cita-
delle. Toute Farmee d^Gla dans les rues
de la ville avec ordre et r^olution. Les
femmes survivantes encoura^eaient les
soldats, les vieillards les excitaient, les
prltres les b^nissaient. Le jeune clerg^
accompagnait en armes son digne chef
Adhemar , et chantait le cantique mar-
tial : Que le Seigneur se l^e, et gne set
ennemis soient disperses. Le peuple en-
tier r^pondait a chaque verset : Dieu le
teutl Dieulevevt{*)I
{*) Toyex Robert le Moioe, et Raymond d'A-
gUet, toe, eii .
Lorsque Tarm^ fut sortie des portes
d' Antioche, tous ceux qui etaient restes
dans la ville, femmes, enfants, vieillards,
invalides, inGrmes, monterent sur les
remparta, s^agenouill^rent , et , levant les
bras au ciel , implorerent le Tr^-Haut.
Kerboghah fut tromp^ par cette appa-
rence. II crut que les Chretiens venaient
implorer son pardon : il laissa Tarmac,
sans I'inquifter , sortir par la porte prin-
cipale d*Antioche. Cette arm6e ofTrait
d'ailleurs dans la plaine un singulier
aspect. Le plus grand nombre des che-
valiws, a^^ant perdu leurs chevaux, al-
laient ^ pied. Plusieurs n*avaient point
d*armure. Les mieux 6quipes montaient
des dues ou des chameaux. Dans les
rangs des legions on voyait des gens
maigres, pftles , portant leurs armes avec
peine. De loin cette arm^ semblait d^ja
vaincue ; de pr^s , en voyant la mdle as-
surance 6crite sur tous les visages , elle
paraissait invincible. Cette vue confirma
rerreur du chef musulman. II n*en dis-
posa pas moins ses troupes en Echelons,
lormantquinze corps. Mais apr^ avoir
consid^r^ quelque temps la marche pd-
nibleet lentedes crois6s, il retourna dans
sa tente continuer une partie d*6checs
commence.
Cependant I'avant-garde chretienne,
command^ par le comte de Vermandois,
bouscula deux mille Turcs preposes a
la garde du pontd* Antioche. Les fuyards,
en se rabattant sur le centre de I arm^e
musulmane^ dessill^rent enGn les yeux de
ieur chef. Get homme si brave fut alors
frapp(6 d*une sorte de terreur. II savait
que la discorde ^tait dans son camp ,
que les Turkomans de Redouan ne s'en-
tendaient pas avec les Syriens de Dek-
kak. II Gt proposer aux crois^ un com-
bat singulier entre un egal nombre de
chevaliers francs et de cavaliers turcs.
II ^tait trop tard : cette proposition ,
qu'il n^avait pas agr^e la veiile, lui fut
refus6e ^ son tour. II lui fallut prendre
son parti , accepter la bataille generale.
II onionna alors.aux ^mirs d'Alep et de
Damas d*emmener quinze mille hommes
vers le port Saint-Sim^n , de facon h
prendre les Chretiens par derri^re, et,
selon Texpression ^nersique d'un histo-
rien, defa^on k broyerKe peuple de Dieu
entre deux meuks, Ge mouvement eut
lieu. Bob^mond, qui 6tait k la t£te du
S78
L'URlVfiRS.
corps de reserve, fut presgue ^ras^.
Mais d'un autre c6U ies Cbr^tiens avaient
d^j^ ravaotage.
Tout seunblait favoriser le corps prio-
cipal des croises. Uoe ploie i^ere et
locale vint rafralchir pour eux Patmos-
phere brQlante. A sa suite ua vent vio-
lent s^^leva , gui , Ies prenant par der-
ri^re , ne Ies inoommodait pas , tandis
2u'il lan^it des ouages de poussiere
ansles yeux deleurs eoDemis. Ge vent,
qu'ils resard^rent comme une faVeur ce-
leste, aidait leurs fleclies dans leur cours
et diminuait T^Ian de ceHes des Turcs.
Aussi, naalgre leur energie premiere,
cesderniersne purent longtempsresister
au choc imp^tueux de Godefroy, de Tan-
crede et de leurs chevaliers. Les Musul-
mans commirent alors une faute qui leur
fut funeste. Us mirent le feu a des mas-
ses de paille et de foin qui remplissaient
les sillons de la plaine; mais la ^mee,
loin d'arrlter les Chretiens, aeheva ce
qu'avait commence la poussiere, elie
ayeugla tous les Turcs. Dans la confu-
sion qui r^ulta de cet acte desesp^re,
plusieurs ^irs , suivis de leurs troupes,
Siitterent le combat, et les Turkomans
cberent pied. Le corps principal des
Musulmans etant disperse , Kerboghah
ayant prisla fuite, tous les Chretiens se
retonrnerent vers ceux qui avaient d*a-
bord fait reculer Bohemond, et les mirent
en deroute k leur tour. Puis, la cavale-
rie ennemie une fois vaincue, on eut fa-
cilement raison de I'infanterie turgue ,
qui s'^taitr^fugi^e dans des fortifications
en bois auxquelies on mit le feu. La vie-
toire ^tait complete, les croises etaieut
encore une fois sauves d*un des plus
grands perils qu*ils eussent courus jus-
qu'alors.
Avec ce trioraphe tout changea pour
la croisade. D'abord on trouva dans le
camp musulman des vivres, des armes,
des ravitaillements de toutes especes,
quinze mille chameaux et ohevaux, sans
compter Tor et les pierreries , les robes
de soie et les chdles de cachemire. Puis
ce succes prodigieux ddcouragea les Mu-
sulmans. Beaucoupd'entreeux , les ado-
rateurs de la victoire si communs en
Orient, se Orent Chretiens. Les defen-
seurs de la citadelle offrirent leur sou-
mission. £nGn les differents emirs de
la Syrie , qui ne voyaient dans Tinvasion
des Oocidentaux qu'iu onge \
dont il etait plus prudent de t'ecaitv
tandis qu*il s^vissait, resoluKBt k
rester enferm^ dans leurs piaees forte,
et ne songereni plus a s'oppostrila
marcfae de ees pelerios armes, fioet it
ciel semblait vouleir le tnemphe »
mentane (*).
DISCOBDB , BPIOBMIl, BfiSSifiB
BR BOBOPB.
A peine rassuressur leur amir, la
Srinces croises repirirent leur caraetcn
*orgueil insense, aesprit ridicule (fiDdt-
peudance, de jalousie indomplaUe. Ii
peuple des pelerins, dans son boDseflM^
mandait a partir immediateiDeot {xnr
Jerusalem , ootnptant avec n\m ^
les Turcs ne mettraient plus d'oistaEk
a leur marche. Ge n'^tait pas lafiiEin
des ambitieux qui , envieux de lifiif
tune de Baudonin, mattred'£desK,fl
de Bohemond f maftre d^AntiodKiCfaff*
chaient toin autour d'eux quelque priR
a d^vorer, quelque vilie a surpreuiL
On en vlt plusieurs qui, repraal
leur vie d^aventures etde rapines, ii^ii
quails menaient en Europe au ^
detriment des populations, quitunrt
la ville, suivis de leurs bommei,f!lsA
allerent par les campagnes oriotiii
qu^tant quelque bon coupafalie,^
que petite seigneurie k se coa^'
Plusieurs s'^ar^rentquine revia^
mais. Ceux qui resterent a Anting
v^curen t pas pour oela en meillettit v
ligence. Dans leur reunion chacuBci^
tait unavis different. Gontradietiott|*
lesvues, rivalit^ dans les coeant^
le spectacle deplorable qu'offraicBnii
leurs conseils de guerre. Raymov i
Toulouse Burtout ne pouvait panM
au prince de Tarente le succes de la rtf
qui Tavait fait possesseur d'AnUov
A tout instant il Tattaquait daas «
opuiions, il denooQaitses ioteoMSi
il calomniait ses actes. II evt ^
faire , le fin Normand ne se iaisn m
dominer par le haineux Provencal. U
conquSte de Bohemond ^iltropW
pour qu'il ne silt pas la defeodre i^ ,
autantdMiabilete qu'il avail mis defiaes* |
a se la faire adjuger. i
(*) Voyei Kemal-Eddin , UitU/in fd^
SYRIE M0DERI9E.
27tf
Cesdiscassions interieores , atissi sta-
les qae proloDg^es, einployirent bien
» jours preeieux. On avait mis neuf
ois a prendre Antioche , on en laissa
utilement ^uler plus de trois encore
105 se9 murs. Mais sMl n'y ayait eu
leperte de temps, le mal edt ^te r6-
irabie. Malheureusement ToisiTete des
idats , rabondaoee dont tia abusdrent
ffime toujourt, la negligence des
"aocs h assainir ane ville oil les meur-
Bs s'^taient sncc^^ si lonetemps,
ihalaison putride de tant de cada-
H mat enterres, Taction d*un soleil
ftlant sur tant d'iinpuretes r^nies,
nn^nt naissanc^ a une epidemic
)leflte qui enleva les croises par mil-
rs. t
Danscett&nouvene calamity, le digne
igue dn Puy , Adh^mar de Monteil ,
iBontra aussi d^vou^ k ses fireres qu'il
lit M brave dans les combats. 11
multipliait pour porter des seeours
tOQtes sortes aux malbeureux attetnta
^la maladie. II se montrait k la fois
Mecin du corps et mddecin de Tdme.
Eirtait aux uns les rem^es que son
enee Jut dictait, aux autres lea
■olations religieuses que sa foi
inspirait. fiDfin il en fit tant^ it se
Igua tellement, que, frappe k son
V par la contagion r6gnante, il ne
It pas a sucGomber sons le poids dea
ids devoirs qu'il s'^ait imposes , des
iifs <|u*il avait brav^ avec une trop
taM intrepidity, avec une trop eom-
la abnegation. Uarm^e le pleura sin-
imettt. U meritait ces larmes ; car il
k M aussi noble par la pensee que
'faction ^ aussi desinteresse , aussi
ireox, que tant d'autres s'^taient
^Ms egoistes et avides. Avec lui
Mterra la vertu , sinon la vaillance
ia croisade. Seul repr^senunt du
t^ veritable chef en Orient de la re-
in catholique, dont rinterdt etait en
16, ii emportait dans la tombe Tilme
'expedition , poor ainsi dire , ee qui
rait la sanetifier plus tard , oe qui
lit arreiee si souvent dans ses mon«-
ex desordree. Pierre rRrmite n'etait
la fou , Adhemar etait un sage. Ge
le fou qui survecnt pour redevenir le
dpal membre du clerg^ pelerin apres
Nirt de celui qu'Urbain II, dans sa
!sse , avait prefer^ au fanatique pro-
moteur de la guerre sainte pour deiegue
de sa haute autorite morale.
Cette perte, si sensible a tons, semble
m^me avoir fait chanceler la r^solutiQu
des croises. Ge fut a dater de ce funeste
eveneroent qu'ils ecrivirent en Europe
pour demander des renforts , et mime
la presence du pape. II y a bien encore
dans leurs lettres la vanite et Tarrogance
de Tepoque ; ils s'efforcent bien de met-
tre a couvert, tant quMls peuvent, leur
orgueil natif; ils savent toujours exa-
gerer leurs exploits et centupler les de-
sastres de leurs ennemis : et cependant
il regne dans cette correspondance un
ton de doleance bien significatif de la
part de ^ens qui croyaient tout vaincre
en paraissant, tout surmonter en per-
severant , tout executer en voulant. Les
pretres ecrivirent aussi bien que les sol-
dats. Tons sembierent d'accord pour
reclamer des seeours ; plusieurs de leurs
missives meme sont collectives , et of-
£rent une parfaite conformite de vceux ,
une entente reelle et cordiale, chose rare
parmi les croises. Le patriarche d' An-
tioche et les evlques de Texpedition s'a-
dresserent au clerge d'Occident. lis se
montrerent d'abord aussi vantards que
les chevaliers les plus orgueilleux ; voici
un ecbantillon oe leurs hyperboles :
« La perte de Tennemi a ete miile fois
« plus considerable que la ndtre. La ou
« nous avons perdu un comte il a perdu
« guar ante roU ; ou nous avons perdu
•t une poignee d'bommes il a perdu une
« legion entiere; oQ nous avons laisse
c un soldat il a laisse un chef; entin ,
« ou nous avons perdu un camp il a
« perdu un royaume. » Malgre cette
enumeration toute gasconne de la valeur
chretienne, les prelats n'en terminent
pas moins leur lettre par ces mots, qui
prouvent a quelle extremite ils devaient
etre reduits pour abuser a ce point des
menaces eplscopales : « Dans la maison
« ou il y a deux hommes , que le plus
' « propre a la guerre prenne immedia-
« tement les armes, surtout ceux qui ont
a fait des vocux (de croisade); car s'ils
« ne se rendent ici pour les accomplir
< (en Syrie), nous les excommunions,
« et nous le« eioi^nons de la societe
« des fideles. Patnarches apostoliques
« eteveques,faitesensortequ*il880ient
« mime prives de la sepulture apres
MO
L'UNIVERS.
« leur niort, sHls n*o]it une cause va-
« lable pour rester (*). »
Lalettre des chevaliers n^estpasmoins
pressante que celle des pr6lats ; on y re-
marque en outre la singuli^re nouvelle
que votci : « Apprenez aue le roi de
« Perse (Berkiarok, le nis de Melik-
« Shah , sans doute, ) nous a envoys un
« message par lequel il nous previent de
« rintention ou il est de nous livrer ba-
« tailie vers la fSte de la Toussaint. S'il
« est vainqueur, son dessein, dit-il, est,
« avec Taide du roi de Babylone ( le
« khalife abbasside de Bagdacl ) , et de
« plusieurs autres princes, de faire une
« guerre sans relache aux Chretiens ;
« mais s*il est battu il veut se faire
« baptiser avec tons oeux que pourra
« entrafner son exemple. » On ne pent
expliquer, de la part d'un sultan, la
promesse de se laire baptiser en cas
dMnsucces (si cette promesse exlsta ja*
mais), que sous forme d'ironie, d*im-
possibilit^ tenement complete, qu'il n*y
avait que la naivete des barons Chre-
tiens pour s*y m^prendre, a moins que
ce ne soitde leur part finesse d'inter*
pr^tation, ou plutdt invention pure.
En m^me temps que les crois^s expe-
diaient leurs messages ambigus en Eu-
rope , ils envoyaient une ambassade a
Constantinople, compost du comte de
Vermandois et du comte de Hainault.
Cette ambassade avait aussi pour but
de r^clamer des secours. £lle devait rap-
peler k Tempereur Alexis Comn^ne qu^ii
avait promis de suivre les croises h Je-
rusalem , et de les foumir de vivres et de
munitions detoutes especes. Malheureu-
sement le choix des ambassadeurs ^tait
mauvais. L'un 6tait un imprudent, Tautre
tin insoucieux. Le comte de Hainault ,
pres(]ue arrive au terme de son voyage,
se laissa prendre paries Turkomans dans
les montagnes qui entourent Nic^e, et
disparut a tout jamais. Le comte de
Vermandois, h peine parvenu h Cons-
tantinople, oublia dans ies d61ices de
cette capitale Tobjet de sa mission et
ceux qui la lui avaient confine. II ne prit
pas ni^me la peine de leurrendre compte
de son ambassade , et , apr^ quelques
jours de repos et de festoyement, if re-
^ (*) Vovex Michaod, HuMredes Cnniadet,
toiM I, Piteet JuaUiicative*.
touraa en France, emportant le mepris
de ses anciens compagnons d*armes , et
oonservant jusqu'a sa mort le sobriquet
aue lui valut sa desertion : Corbeau de
tarche. Ainsi tombe par une lichet^
finale cette reputation de bravoure, de
loyaute, de grandeur que quelques cod-
temporains out voulu raire au rreresans
talent et sans vertu du deplorable Phi-
lippe L Brave par boutade, loyal tant
que son interet y est engage, grand par
la tailie seulement, Hugues, comte de
Vermandois, est le type de ces tStes
creuses , de ces consciences larges , de
ces coeurs sans elevation qui furent la
bonte du onzieme siecle (*).
GONDmTB GRUBLLB BT DBPLORABLB
DBS CROISES.
Les croises avaient perdu neuf mois
devant Antioche, ils en perdirent buit
encore dans ses murs. Jusqu*a leur ar-
rivee a Jerusalem , leur conduite ofFre
une monotonie de misere , de d^rdre,
de superstition, de discorde, veritable-
ment tatigante. Les chefs se montrereut
encore pires que les soldats. Sous le pre-
texte de se. reposer de leurs precedentes
fatigues, ils avaient resisteaux voeux
des peierins, qui voulaient avant tout
parvenir au but de leur expedition , en-
trer dans la ville sainte. L'epidemie
qui ravagea Antioche fit enfin sortir
les princes et les barons de leur funeste
oisivete. lis quitterent alors une ville
empestee ; mais ce fut pour se disper-
ser a Fa venture, pour alter ravager ei
piller de tons cdtes. Bohemond sedTrigea
vers le nord : il songeait deja a arrondir
sa principaute d*Antioche ; il prit tour
a tour possession de Tarse, de Malmis-
tra, place deja ceiebre dans la croisade
par les disputes sanglantes de Tancrede
et de Baudouin. Son perpetuel rival Bay-
mondde Toulouse penetra dans la Syrie,
et s'empara d*Albaree, gull mit a sac.
L'exemple que donnaient les prinoes
fut suivi par les baron». II n'y avait pas
. de jour qu'il ne s'en eehappflt qgudques*
uns de la malheureuse Antioche, cou-
rant la campagne avec leurs partisans
Gomme des loups rddeurs, flairant au
(*) Voyei de Sismondl, Nittoire det Fran-
fou; et Albert d'Alx, HUloire de Vexpedi-
Uon de JermaUm,
SYRIE MODERJ^E.
381
loio le carnage, et s*ehtre*devorant pour
se disputer les morceaux de leurs victi-
mes. On ne rencontrait plus ni ordre , ni
eosemble , ni apparence mSine de disci*
plioe dans ces bandesde barbares, n'ayant
d^autre idee que le nieurtre, d'autre but
que la rapine , repus aujourd*hui , affa-
mes demain, ^4i;orgeant ou egorg^ tour
a tour. Tandisque tout soldatde la croi-
sade devenait brigand, lesp^lerins, man-
quant de direction , sans chef et sans
iois, n'avaient plus reeours que dans le
ciel , s'abandonnaient aux superstitions
les plus grossieres, voyaient en tout
ph^nomene un miracle, en tout fanati-
que un illuming. Les apparitions recom-
menc^rent, et cbaque imposteur trouva
des dupes. Une nuit, des sentinelies aper-
curent un m^t^re formant une masse
lumineuse qui, apres avoir brill^ quel-
que temps et efface la clart^ des ^toiles,
se dispersa tout a coup sous la vodte
eth^ree. Les uns crurent que les ^toiles
s'^tatent r^unies en un groupe compact
pour indiuuer aux croislra le rassemble-
ment de leurs ennemis a Jerusalem.
D'autres interpr^taient diffi^remment
ce ph^noro^ne, et croyaient qu'il slgni-
fiaJt la reunion des Chretiens devant la
villesaiote, et leur diss^minement en-
suite pour la conuulte des autres yillet
de la Palestine. D^autres enfin , qui ne
conservaient plus aucun es|>oir de suc-
ces, n'expliquaient la dispersion des feux
celestes que comme un embldme de la
disparition successive des crois^s.
Quoi qu*il en soit de ces sentiments
divers, ii n'en r^ulta pas moins un en-
tratnement plus C4)nsiderable de gens
a la suite du comte de Toulouse et da
prince de Tarente, qui avaient r^ni de
nouveau leurs forces pour marcher en
avant Gette troupe, plus nombreuse
que celle qui avait prtodemment quitt^
Antioche, se dirigea sur Marcah , ville
situ^e entre Haroan et Alep , au sud-est
d* Antioche. Les assiegeants rencontr^-
rent une defense vigoureuse. Toutes les
fois qu'ils essayaient un assaut, on les
arrStait par une grdle de pierres , par
line pluie de bitume enflamm^, par des
torrents de chaux vive. Gette r^istance
exasp^ra les assiegeants ; et , lorsqu'a-
pres plasieurs semaines de combat ils
86 furent emparte de ia place , ils en
massacr^rent tous les habitants sans
acception d'dge ni de sexe. Laissons
parler un t^moin oculaire, Robert le
Moine : « Les ndtres parcouraient les
rues , les places « les toits des maisons,
se rassasiant de carnage comme unf/
lionne a qui on a enleve ses petits ; ils
taillaient en pieces et mettaient h mort
les enfants, les jeunes gens, et les vieil-
lards cburbes sous le poids des annees ;
ils n'epaKnaient personne^ et pour avoir
plus tot fait , ils en pendaient piusieurs
a la fois a la m^me corde. Chose ^ton-
nante! spectacle Strange de voir cette
multitude si nombreuse et si bien armee
se laisser tuer impun^ment , sans qu*au-
cun d*eux fit resistance ! Les ndtres s'em-
paraient de tout ce qu'ils trouvaient ; ils
ouvraient le ventre aux morts , et en ti-
raient des byzantins et des pieces d*or.
O detestable cupidite de Tor! des ruis-
seaux de sang couraient dans toutes les
rues de la ville , et tout etait joncbe de
cadavres. O nations aveugles et toutes
destinees a la mort! De cette grande
multitude il n'y en eut pas un seul qui
vouldt confesser la foi chretienne. Enfin
Bohemoud fit venir tous ceux qu'il avait
invites a se renfermer dans la tour du
palais; il ordonna de tuer les vieilles
temmes, les vieillards decrepits et ceux
jue la faiblesse de leurs corps rendait
mutiles; il fit rdserver les adultes en dge
de puberte et au-dessus, les honimes
vigoureux, et ordonna qu'ils fussent
conduits a Antioche pour etre vendus.
Ce massacre des Turcs eut lieu le 13 de-
cembre, jour du dimanche; cependant
tout ne put etre fait ce jour-l^ : le len-
demain les ndtres tuerent le reste (*). »
La cruaute des croises avait etc aussi
imprevoyante qu'atroce. La terreur
qu ils inspirerent, au lieu d'attirer k eux
les populations d^alentour, les fit au.
oontraire fuir au loin. N'ayant done
pas trouve de vivres dans la viile, ils fu-
rent bient6t r^duits a d^vorer les cada-
vres de leurs victimes. Au milieu de ces
scenes d'une barbarie hideuse, il y eut
encore place dans certains coeurs pour
Tambition etTenvie. Bohemond et Ray*
mond se disputerent ce diamp de car-
nage et dJhorreur. Enfin le scandale
Alt tel, que Farmee, poussee k bout,
(*J Yoyei aobert le Moloe, SUtaire ie J4-
nualem.
283
LUfOViiJiS.
pleine de mepris poar des chefr avides
jusqu*a la rage, resolut de d^truire I'ob-
jet de leur oontestatioQ fratricide. Eile
abandonna toot d coup les etendards
des deax riTBux, et emplova toutes ses
forces a raser les murs, a abattre les
tours, a detmire les fortifications d'une
Yille qu'elle avait eu tant de peine a
(prendre. Bob^mond quitta le premier
a partie, et Raymond, pour se rcfaabiliter
quel^ue peu dans Tesprit de ses propres
sujets, feigDit le repeotir, pleura sa
faute , et sortit , pieds nus, au chant des
cantiques , de la eit^ a laquelle ii avait
mis le feu.
Gependant si deux des cbefs prind-
paux de la croisade se conduisaieat
a?ec autaot d'indigoit^ que de folic,
Godefroy de Bouillon Iui-m6me sem-
blait pris du vertige commun. Demeur^
a'Antioche, il avait perdu son temps a
s*allier h un ^mir rebelle des environs
d'Alep. En traitant avec lui, il lui avait
inutilement donn^ une importance mo*
mentan^ ; rien ne resulta et ne pouvait
resulter de ce rapprochement sans va-
leur. Godefroy fit une exp^ition sans
port^e pour sauver son infime alli^ de
la vengeance de son mattre; puis il
poussa plqs tard jusqu'^ £desse, pour
rendre visite a son frere Baudouin. Ge
dernier acte prouvait que le sens fhoral
«t la perseverance politique manquaient
h la fois au due de la Basse-Lorraine*
11 avait naguere reproche justement h
son fr^re sa desertion interess^e , et il
semblait la justifler maintenant en allant
amicalement aupres decelui qui lui avail
desobei en se d^shonorant, et qui n'avail
pas voulu faire amende honorable de son
crime militaire. II avait appris ensuite
que Baudouin tyrannisait ses nouveaux
sujets; et c'etait absoudre sa conduite
que de venir lui apporter Tappui de sa
renomm^e personnelle et de ses troupes.
Ainsi les meilleurs d'entre les crois^s
commettaient faute sur faute, et mon*
traient d'ailleurs une indifference cou-
pable pour le but sacre de leur entrc-
prise (•).
Le peuple cependant montra plus de
volonte , de suite dans les idees et de
resolution que les seigneurs fiftodaux. II
{*) Yoyu Raymond d'Aglln, tiUL du Fntnes
qui prirent Jerutalem.
fit ^ ces demios tant de npockK,
tant de reclamations , tant de prims,
meiees de menaces parfois, qv^il la
eootraignit a se dinger eofinstirJai-
salem. Le peuple avait nan : «
avait deja trop tarde i profiler deiw
toires de la croix, on avait trop tiAl
completer la defaiteducroissaittto
rase et humilie devant AntiodK. ||ri
qu il en soit, les premiers pisdeM
cbretieone ^rent beureiu. Usppf^^
tions , soit ierreur , soit syiDfMtlw, il
rent au-devant d^elle, lid ajiftfttl.-
des grains , lui amenaDtdestrouM
la defrayaot et rhebergeaDt (tasjl
villages. Le printemps de fasir *'■"
etait d'ailleurs aussi beau que
avait ete mauvais. Les crolses b'i
a souffrir ni de la cbaleur ai de U
et ils ne trouverent des eBoein
devant la place d'Archas, » H
cliaine Li&nique, au dela d'CosAi
Hamah.
Get obstacle pensa les arritf
nouveau, et leur faire pefdiefi
la plus favorable a Is loogtic ■
qu'ilsavaientenooreadlaetaer.Ui
elevee sur des rochers esarpttt
defendue par de bonnes mvmi»ti
a leurs premiers efforts, llsr
k la prendre par la force, et
a la tiaire capituler par la bBU^
le moyen qu'ils essajereotr^
assieges touma bientot oonv
mes. Forces de rester ai^^ja
place, afin de la tenir to«i«»*B
mentinvestie, ils nepureat*|i^
rer de vivres par des cijwdio*
lielles ; etcommeils n'avaientf*'
appris h se munir de provisMtfi
trouverent bientdt au depajji^
leur ialliit se nouriir d'twrni /
radnes comma en Asie UitMH^^
au siege d'Antioebe. Les
attendaient avec des ravitaiU
tarderent d'atUeurs I ve&ir. As
voler au secoura de leurs firWi'
mond et Raymond s'amosaiesl*
toutes les cites qu'ils reacootnHp
une fois ees cites prises, i^ s^*
talent, selon leur babitode, bP
sion les armes li la main. ApresU*
ee fut Djebileb , puis Tortose, M
points fortifies du littoral, w»»
avatent laiase queiques bonoei «■
' I et qui offraieot auxic«*"
SYRIE MODERNE.
28$
mmn uoe ehance de pillage actuel
un agraadissement futar de leurs
sessions.
ks souffrances morteiles eurent done
«iD|» d^atteindre un grand nombre
^leriosetde soldatsdu corps prin-
il de rarni6e; tandis que Parri^re-
de 8*inquietait a peine de venir en
li ses eompagnons, qui Tattendaient
npatiemmeot. Avec la faim la dis-
ie , la liceoee , le fanatisme reparu-
tpanai les erois^. Ge dernier viee
•m^e des proportions de plus en
tinqui^lantes. On ne parlait que d'ap-
tioiissurnaturelles. Tantot c*^taient
laints du Paradis; tantdt des vic-
• de Texpedition sainte. Les una
eadat^Qt du del pour encourager
Merins ; lea autres pour les engager
u>oe«r'a un projet trop pehlleux
op diffieile. Les vivants faisaient
r les morta selon leurs interlts ou
fasfjons. Puis toutes les supersti-
t, qui toor k tour avaient ete accep-
Bir la multitude , reprirent aveo
hrdeur que jamais. Parmi ces su-
iions, celle de la sainte lance ^tait
iMlpate. Elle trouva pourtant de
(«ax ineredules. Lea Normanda
•aient d'etre une invention des Pro-
fee Les ProTen^aux ripostaient en
ttnt qu'ils avaient vu Adh^mar de
111 leur apparaftre avec la barbe k
Ibr^lief la face.bl^me ^t trisle» et de-
t qu'ii revenait de fenfer , eu il avait
iwlques jours pour avoir doute de
atticit^ de rarme sacreeC*).
le deruiere imposture exasp^ra
inanda. lis accus^^eut les Pro-
« d'etre des fourbes, qui troin-
le peuple pour lui arraclier de
t et le eonduire a leur guise. lis
t; positiYement la saintet^ de la
Muvee dans I'^lise de Saint-
d'Autioc^e, et pour terminer
It il fallut que le malbeureux
qui s'^tait pr^t^ a la com^die
if Raymond, Barth^leroydeMar-
te deeiddt a accepter Tepreuve
Cet acte de barbarie eut lieu avec
grande pompe et la plus com-
leonite. Tous les p^lerms se reu-
mtour du foyer , form^ de bran-
ches d*olivier , et place an centre d'une
vaate nlaine. Puis vint, pr^dde du clerge f
en habits sacerdotaux , le pauvre fana*
tique, tenant a la main la fameuse lance
dontle fer etait renferm^ dans une ^atne
en sole, precaution assez ingenieuse
pourle garantir autant que possible des
atteintes de la flamme. Bartn^lemy tra-
versa le foyer sans ^tre immediatement
asphyxia ou carbonise. On cria au mi-
racle, on Tentoura, bn le pressa da
toutes parts et si bien, qu*il mourut
etouff^ selon les uns^ k la suite de sea
blessures selon d'autres. Malgr^cedemi-
succ^, la lance pretend ue sainte cessa
pen a pen de devenir une relique , d'oe*
casionner des prodiges, et surtout de
rapporter de Targent (*).
Toutes ces disputes, toutes cesfolies,
employerent un temps precieux. L'ar-
riere-garde, arriv^e ennn, n*amenait
pas avec elle des machines de si^e ca-
pables d'dtre utilisees devant Archas.
Les crois^ ne purent done pas encore
essayer autre chose que de faire rendre
la place par famine. D'instant en ins-
tant lis esperaient d^urager les assie-
g^, et lis prolongeaieut leur s^jour. II
ne fallut pas moins qu'une nouvelle pr^
tention de l*empereur de Constantinople
et une nouvelle provocation du kbalife du
Gaire, pour faire prendre un parti decisif
a Tarmee retombee dans son apathie ac-
coutumee. Alexis redama par lettres
Tex^cution du traite pass^ entre les croi-
s^s et lui, c'est-^-dire demanda qu'on lui
remit les villes conquises en Asie-Mlneure
et en Syrie par les Francs. On lui r^
pondit comme il le m^ritalt, en repoua*
sant toute pretention de sa part, et eo. lui
reprochant la Idchet^ qu'il avait montreb
dans son abandon de Tarmee cbr^tiennd
k son premier revers. Le khalife du
Raire proposa de nouveau aux crois^s de
les recevoJr sans armes dans les murs
de Jerusalem , et leur conseilla de re*
noncer k s'emparer de la cite sainte par
la force. Ge defi d^ida les croises. Us
n'attendirent pas plus longtemps la
reddition d'Arcnas, ville d'aitleurs sans
veritable importance , brAl^rent le camp
oCi ils venaient encore de supporter tant
de maux , et s'aebeminerent vers Jeru-
» Raottl de CacD , les Gettes de Tan-
(•) Voyez Raymond d'Agiles, M«/. dies
Franci qui prirent Jiruialem.
S64
L'UNIVERS.
salem, pleios d'enthousiasme, et malgr^
Topposition de Raj^mond de Toulouse ,
qui voyaitavec depit une nouvellq proie
lui echapper.
ARBrVBB DBS GBOISBS DEYANT JBBU-
SALBM.
Le sentiment' moitie chevaleresque ,
moiti^ religieux, qui entraina d^finiti-
vement les crois6s vers Jerusalem , pro-
duisit un ^rand bien , et fiit heureuse-
ment exploit^ par les chefs de rexp6di-
tion. Grace aux exhortations des pr^tres
et aux efforts des chevaliers, une sorte
de discipline s*6tablit dans la marche
des p^lerins. Les etendards, suivis des
cavaliers , pr^oMaient la colonne. Ve-
naient ensuite les divers corps de rarm^
avec les bagages au centre. Enfin le clerg6
et la foule non arm^suivaient i*arri^re-
garde en groupes serr^. Ges derniers
auraient pii ^tre victimes de cet arran*
gement, si Tennemi s^^tait pr^sent^ sur
les derridres de la colonne. Mais loin de
1^ , Tennemi ^tait rentrd dans les places
fortes, ou bien s*^tait mass^ au cceur
de la Jud^. Le seul ^mir de Tripoli
disputa le passage sur son territoire. 11
fut vaincu , et racbeta sa capitale par un
tribut. Les crois^s avaient oris rexcel-
lente resolution de ne plus s arrdter d6-
sormais devant les villes, et de les tour-
ner toutes les unes apres les autres, afin
de ne pas retarder leur marche. Cette
tactique, qu'ils auraient dQ employer
plus t6t , les sau va seule de la destruction
complete k laquelle ils 6taient exposes.
Libres done de toute inquietude, lis pu-
rent admirer k leur aise la belle nature
quMls traversaient. lis avaient choisi le
chemin des cdtes, afin d'etre ravitaill^s
de port en port par les flottes des G^-
nois et des Pisans; or, en tournant le
capde Tripoli, il se d^veloppa a leurs
regards un spectacle qui les enchanta.
A leur gauche la mer bleue , k leur droite
le noir Liban. Ici une fratche valine
I)leined*une herbe verdoyanteet douce;
a unecolline ou les orangers, les grena-
diers et les oliviers s'^tageaient avec
grdce. Parmi lesmerveillesqui s^offrirent
aux pelerins. Tune de celles qui leur fut
a la fois la plus agreable et la plus utile ,
fut un champ de Cannes dont le sue
etait aussi doux <pie le miel , et dont la
quality nutritive tut vlvement appr6ciee
par eux. Les habitants du paysappelatent
la substance qui coulalt de ces Cannes
zukr. Ge fut done k la premiere croi-
sade que la canne a sucre dut son trans-
port et son acclimatement en Sidle et
en Italic (*).
Mais, apres avoir durant quelques
jours c6toye le Liban , il fallut eofin que
rarm^e s*y engage&t. La la scene cban-
gea , au grand regret des croises. Les
moutagnesetaientabruptes, bordees de
precipices profonds, toutes coutur6es de
crevasses ou les hommes pouvaient se
blesser en tombant. On fiit oblige de
suivre des sentiers rudes , ^troits , que
surplombaient des roches mena^ntes ,
qu'embarrassaient des cailloux roulants,
et qui avaient des abtmes toat autour
d'eux. Une poignee d'ennemis edt arr€bi
rarm^e tout entiere a certain d^le ; die
cut le bonheur de n'en rencontrer au-
cun. Les habitantsde la montagne ^talent
d'ailleurs pour le« croises. C^taient
des Maronites, qui leur servaient k la fois
de guides et d^eclaireurs. Toujours reso-
lus il ne pas retarder leur marche, ils
passdrent, sans les attaquer, devant
B6ryte, Sidon et Tvr. Les Musulmaos,
heureux de se voir epargn^s, envoyaient
aux Chretiens des provisions de toutes
sortes , ne leur demandant en retour que
de respecter les arbres fniitiers des ver-
S3r8 et les plantes potageresdes jardins.
8 n'eurent done rien a souffirir jusqu'a
PtoMmais, laSaint-Jean-d'Acreactuelle,
sauf quelques piqdres de reptiles, appa-
lls tarerUas, quails trouvereot sur les
bords du fleuve Adonis.
L'^mir de Ptolemais leur ayant aossi
envoys des vivres, et leur ayant promis
de leur livrer sa forteresse iorsaulls se
seraient empar^s de Jerusalem , les croi-
ses se rejouirent de ce succ^s, et pous-
s^rent jusau'a Gesar6e. Sur le temtoire
de cette aerniere ville, le hasard leur
apprit que la soumission feinte des Ma-
sulmans n*etait qu'une tactique. Une
colombe, poursuivie par un oiseau de
{>roie, se iaissa tomber au milieu de
'armde. £n la ramassant , r^v^ue d*Apt
trouva sous ses ailesla lettre suivante
crue remir de Ptol6maTs ecrivait a oekii
de Cesaree : « La race maudite des Gbr^
(«) Voyez iUbert d*iUx , HisUrin de Vegpedi-
tion de Jerusalem; et JaogiMB de YttrVt IK*-
ioire de Jerusalem.
1
SYRIE MODERNE.
285
« tiens , disait l*emir, vient de traverser
« mon territoire; elle va passer sur le
« v6tre ; que tous lesichefs des villes mu-
ff sulmanes soient avertis de sa marche
« et qu'ils prennent des mesures pour
« ^eraser nos ennemis. » Les crois^s
v!rent dans ce hasard qui leur r6v6lait
les projets de leurs ennemis une pro-
tection du ciel , et leur ardeur s'en aug-
menta (*),
II s*agissait pourtant de quitter les
bords de la mer , et de se dinger a tra-
vers de nouvelles montagnes vers le
triste plateau de Jerusalem. L*esprit
de la foule ^prouva encore, en cette cir-
constance, une de ces fluctuations sin-
gali^res dont il avait tant de fds donn6
le spectacle. Quand I'arm^e se vit s^-
paree de ces flots h Thorizon desquels
il lui semblait toujours distinguer la
patrie absente, Rome qui la regardait,
rEurope qui Tencourageait ; quand il lui
fallut ne plus compter sur ces commu-
nications maritimes , qui lui apportaient
incessammeut des secours en hommes
et en provisions ; auand elle se vit de
nouveau seule et reduite a elle-ra^me ,
un ^tranee d6couragement la prit. Elle
▼enait d^arriver a Ramlah. Cette ville
avait ^t^ abandonn^ , et dans ces murs
d^erts, dans cette absence d^ennemis elle
erut apercevoir un pr^age funeste. Ou
allait done aboutir son long et si p^nible
p^lerJnage? Cette vallee de Josaphat
qui ^tait la , derri^re les procbaines col-
Mnes , au lieu de Musulmans ran^^s en
bataille , ne pouvait-elie pas offnr aux
Chr<§tiens^terrifi6s la lugunre assembl6e
des generations 6teintes? Les temps
peut-etre etaient accomplis : Jesus sans
doute allait descendre pour s^parer les
bons des mauvais. Cette id^e pr^oc-
cupa-t-elle quelques-uns de ces hommes
au bout de leur patience et de leur reso-
lution ? LMnstinct stupide de la conserva-
tion paralysa-t-il seul leur forcei* Toujours
est-il qu'ils se troublerent pfesque tous ,
soldats et chefs, qu'ils delibererent s'ils
n'iraient pas plutdt assi^ger Damas k
cent lieues, le Kaire k deux cents , que
. Jerusalem a dix.
Ce furent les pr^tres qui surmont^-
rent les premiers cetetrangeabattement.
lis convoqu^rent les fiddles k la priere,
les exciterentau repentir de leurs fautes,
et les rappel^ent a Fespoir en Dieu et a la
conOance en eux-m^mes. Leurs efforts,
du reste, manqu^rent d^^tre inutiles par
le fait d'un accident celeste. La nuit
que Tarmac passa k Ramlah, lumineuse
oomme presque toutes les nuits orien-
tales, fut tout a coupehang6e en t^cebres
profondes. Une 6clipse totale de lune
avait occasionne ce phenomdne. Les
crois^s , encore surexcites dans leur su-
perstition habituelle , s*imaginerent que
c'etait la i'annonce d*une destruction
prochaine de rarm^e. Leur effroi gran-
dit encore, et il ne fallut rien moins
qu'une interpretation ing^nieuse de quet
ques hommes de sens pour leur rendre
Fesperance et le courage. Ces hommes
pr^tendirent qu*une eclipse de soleil au-
rait ptu etre un pronostic funeste aux
Chretiens, tandis qu'au contraire une
eclipse de lune ne pouvait annoncer que
Textermination des infideies. Un rien
abattait les croises , un rien les relevait.
lis crurent k la prediction de ceux qui ,
dit ie credule Albert d'Aix, connais-
saierU la marche et le mouvement des
astres, et d^s Taurore ils se remirent en
marche.
A peine parvenus au sommet des col-
lines qui s*eievaient devant eux, ils
aper^urent un groupe de mnrailles qui
scintillaient au soieii levant : Jerusalem!
Jerusalem! s'ecria I'armee ainsi qu*un
seul homme. Puis comme un echo de cette
exclamation, elle poussa avec plus d'ar-
deur que jamais son cri de guerre : Dieu
le veut! Dieu le vent! La premiere im-
pression generale Yut un delire d'alie-
gresse. Les cavaliers descendaient de
cheval, et voulaient s'avancer, pieds
nus, jusqu*aux murailles saintes. Les
fantassins se jetaient a genoux , et bai-
saient avec ferveur la terre sacree qui
avait porte Thomme-Dieu. Ons*embras-
sait, on se felicitait; tous les coeurs
battaient a Funisson , toutes les mains
se levaient vers le ciel (*)•
Mais lorsque le soleil, en se dirige^t
vers son zenith, eut eclaire jusque
dans ses profondeurs les plus secretes
le paysage qui se deroulait aux yeux des
. (•) Voy« Raymond d'Aglles, HisUnre des
Fnnci qui priretU Jerittalem,
(•) Voyez Robert le Molne , Histoitt de J4ru»
salem.
L'UMVERS.
pj^erins ; loraqve lea rayons brOlanta
da midi tomberent d'aplomb sur lea
crois^s ebahis, leur joie ae changea bien-
tdt en tristesse. Les Egyptians avaient
fait un desert du territoire de Jerusa-
lem : ils avaient ras^ les arbres , eom-
bl6 lea citernea, enterre les sources. Le
soleil avait termini I'oeuvre de la des*
truction : il avait desa^ch^ le torrent
de C^dron, ^puise la fontaine de Silo^,
hrdie la montagne des Oliviers , efface
ju$qu*au dernier vestige de vegetation
daqs les vallees de Gehennon et de
Eephaim. Les Chretiens n*avaient plus
devaqt eux qu'un vaste entonnoir sem-
blable a Tenter du Daote, et sur Tun des
cercles duquet apparaissaient les blanes
rem parts d'une viUe qui seinblait celle
de Satan , et non^^elle de Jesus. La tran-
cl)^ qui formait le lit du torrent de
Gedron paraissait un abfme en feu , et
lea minarets de la mosquee d'Omar <]ui
le dominaient reasemblaient a des ^pees
^inceiantes iev^s vers le oiel. Linn-
pression de la terreuir dans Tarmee se
oommuniqua de Tun k Tautre, et ce fut
plutdt comme des ombres qui se ren-
dent au jugement dernier que comme
des soldats qui marchent a una coti-
quete, que les crois6s descendirent vers
Jerusalem. Quaranfe milie bommes les
y attendaient sous le comniandemeni
d'Iftikbar-£ddaiil6, lieutenant du kha-
life du Kaire; et ces quarante raiile
bommes ^talent bien arm^, bien appro-
vifiionn^, et fanatis^ a Tegal des Cnr6-
tieiis.
Le premier d'entre les orois^ qui
poussa son cbeval au galop vers J^rusa-
tern ne pouvait Stre que le brave Tan-
crede. II alia presque seul reoonnaitre
\gs approches de la viUe, raonta jus-
qu'au sommet du moot des Oliviers , et
la , ayant rencontrd un ermite , il ae fit
nommer les coUines saintes qui Ten-
toBraient , U se fit montrer le Golgo-
tha et la place ou Dieu avait 6tendu
ses bras vers ie monde. Au milieu de sa
pieuse contemplation, oinq Musulmans
sortirent de la ville pour le prendre. U
en tua trois, mit les deux autres en
fuite ; puis il s*en retourna tranquille-
ment vers le gros de Tarm^e. Ce Tan-
crcde etait un veritable h6ros. II en avait
la taille et la force, la security et la vail-
lance. Quelques jours auparavant, il
6tait all^ avec trois cents de ms soldHU
planter la (sroix sur les rours de 8f|ii-
t^em. Apres avoir (^esque seal dffttvNi
le berceau du Christ, il avait
dtre le premier k en apereevoir le ti«i-
beau. Mais si la eonqu^te de BelWipB
lui avait sombl^ &eile , celle de J^^imr
lem lui parut, par contre, toute flMi
de perils et de dfiffioult^ O*
8IBGB DB JBBCSALBIC.
Comme devant I<iio6e, comme deMit
Antioche ,les crois^s neformerentfitai
demi-cercle autour de Jenisateini*jOe
demi-oerde partait d*un des versanHide
la vallee de Cedron, et s'^tendait jiMa^
la vall^ de Silo^ La partie de l»sife
gui regardait le raont des Oliviers^ i6-
rendue d'ailieurs par un pr6eipiQe et pr
des mouvements abruptes de temiD,
avait ete n^li^^ dans rinvestinedMot
de )a place, Mais ici cette fautedes as«^
geants pouvait ^tre mows grave qu'a
Kicee eta Antioche. Let aboraaduaaont
Morriah toient imposeibJea des denx
parts , et en outre las Musolmans nV
vaient guere a esperer derenforts oude
ravitaillements du pavs qa'ils avaient
abandonn^ et epuisa. Les Noimands de
Robert et les Italiens de Tancrede s"^-
talent places au nord ; puis vanaieni lei
Lorrains de Godefroy , et enfin les Pro-
ven^ux de Raymond . Outre ces grandes
divisions, il y avait encore des Anglaia
sous le commandement d'un nouveau
venu , Edgard Adeling , et des Bretons
men^ par le due Alain Fergent, le sire
deChdteau-Gironet le vicomtede0iD«l.
D^ que les camps furent6tablis,'det
lugitiis arriv^ent de la ville Ters kiirs
Ireres, leur racont^rent les persteitivM
go'ils avaient souffertes, exdtereot lew
indignation centre les Muaulniana, en-
ilammerent leur courage, et lea pMii-
serent a tenter immddiateaieDt uoe at-
taque. L*ermite du moot des Oliviwa.*
qui d^j^ s*etait entretenu avec TancrUe,
Vint k son tour appuyw de Pautorite de
son experience et de sa saintet6 prtai-
m^ le conseil qoe donnaient les r^fu-
gies Chretiens aux crois^. Ces demiers,
pouss^s ainsi de toutes parts , i^solu-
rent done , malgr^ Tabsenoe de toute
(*) Voyez Baoul de Caen , les Gestes de Tun-
1« • • ••
SYRIE MODERflfi.
987
maflbine de guerre, d'essayer un as-
saut g^D^ral. On eonopta encore sur
Dieu pour auxiliaire , et lea chefs con-
seotirent a ee que r^lamait la foule.
On marcha en bon ordre vers les mu-
railles , les premiers bataillons la tite
couverie du bouclier, les seconds la*
fronde ou Tarbalete a la main. Tandia
que les uns s'effor^ient h entamer les
murs avec des piques et des marteaux ,
les autres lancaient des pierres et des
fishes contre la garoison r^unie Sur les
remparts. Un premier mur s'ecroula ,
on crut k la victoire. Mais le second
mur, plus solide que le premier, r^ista,
et k force d'huile bouillante et de poix
enflamm6e les Musulmansoonsumerent
lesboucliers des mineurs, en firent p^ir
un grand nombre, et d^cid^rent la
masse a ia retraite. Aucun prodige sur-
naturel n'^tait venu au secours des as-
si^geants , et il leur faliut se r^igoer
k rentrer dans leurs camps, le decoura*
gement dans TAme.
Le lendemain de eette tentative un-
puissante, Tarm^ n'eut plus de force
que pour souffrir. Le ciel , semblable k
de Tairain en fusion, ^touffait les p^-
lerins sous sa voAte comme sous una
immense machine pneumatique. La r^
verberation du soleil sur les cailloux du
sol , sur les collines d^nudees, sur Tes-
pace aride , brQlait les yaux ; le vent du
sud , tout impr^gn^ de la poussiere im-
palpable des deserts dessechait le go-
sier, enflammait le sang, renversait
le patient sur la terre brOlante dans les
ain*es de la mort. La soif d^vorait Tar-
m^ entire. Malgre aes sou£&ances,
elle demeurait inerte et passive, taat que
Tastre du feu pesait sur Thorizon. La
nuit venue, on voyait softir du camp,
un par un , des hommes hftves , jaunes ,
au visage d^form^ par la douleur , et ,
selon Texpression ^nergique d'un chro-
niqueur, dont les membres noircis res-
semblaient aux ossements dea tombeaux.
Ges hommea s^en allaient cheveher au
loin une gorg^ d'eau fangeuae, que
leschevaux auraient rejet^ par leura na-
seaux , tant elle etait corrompue , et qui
contenait quelquefois des vers , des rep-
tiles , et jusqu a des sangsues. Parfois
la fontaine de Silo^ laissait ^happer un
filet d'eau de sa source a demi epuisee ;
et les pdlerins, dans le delire de la
torture , se battaient sur les bords de
la citerne pour s*arraoher une goutte de
ce breuvage tant desir^, ou se noyaient
dans la vase humide en s*y precipitant
les uns sur les autres* La lontaine se
remplissait ainsi de cadavres qui en
putr^daient les eaux. D^autres malheu-
reux, qui cberchaient a apaiser leur soif
inextinguible, mauquaient de force tout
a coup , et tombaient sur le sol pour ne
plus se relever. D'autres encore , deses-
p^rant de rencontrer des sources , creu-
saient la terre avec leur ^p^ « et y ap*
pliquaient la bouche pour y chercber
quelque fralcheur : baiser donn^ a une
mar&tre qui ne rendait que la mort.
D'autres enfin , a Taurore , s'en allaient
lechant les cailloux humect^s d'une 16-
gere ros^. .Dans cette calami te univer-
selle, Taspect seul de Jerusalem arretait
le blaspheme sur (es levres les plus irri-
tees. On maudissait la nature, mais
on b^nissait Dieu ; et les plus entbou-
siastes s'en allaient mourir jusque sous
les mura de la cit^ sainte^ baisant lea
pierres comme des reliques, ets^ecriant
d'une voix entrecoupee des sanglots du
d^sespoir et des hoquets de Tagonie :
O J^rusaiem! re^ois nos derniers soU'
pirs; que tes muraiUes tombent siur
nous , ei que la sarnie pqussiere qui
fenvironne recouvre nos ossements {*) I
Par quel etrange aveugleraent les
Musulmans ne tomberent-ils pas sur
cette armee, k bout de toute ressource et
de toute vigueur? Ignoraient-ils la situa-
tion desesp^r^ des crois^? Gela est
douteux, lorsqu'on les voi^, dans les
autres si^es , ne manquantjamais d'etre
avertis par leurs espions ou par des
trattrea. Craignaien1*ils encore ces om-
bres dont la vaillanoe immat^rielle avait
vaincu Kerboghah ? IVedoutaient-ils r^el-
lement une intervention divine ? Balan-
^aient-ils entre Mahomet et J^us? Tou-
jours est-il qu'iU n'attaquerent pas les
Chretiens, etieur laisserent arriver des
secours, grSce auxquels la face des
choses fut completement changee.
Une flotte genoise venait de debar-
3ner a Jopp6. La nouvelle s*en r^pandit
ans le camp. Aussitot les fanldmes
qui le peuplaient s*agit^rent, retrouv^
(•) Voyex GUon, Poime sur la premiire
crouade; et Baudri , Hisloire (fe JirH$alem*
iSA
L*insiVERS.
rent la souplesse de leurs membres, la
resolution de leur esprit , Tenergie de
leur dme. Trois cents hommes se pr^
sent^rent assez forts pour monter k
chevalf et pour partir au galop k travers
les precipices et les d^rts qui les s^pa-
raient de la mer. Cette poignee de braves
rencontra sur ie rivage des milliers d*en-
nemis , elle fondit dessus et les dispersa.
Ces ennemis avaient brille la flotte g&
noise; mais heureusement les vivres et
les instruments propres a la construc-
tion avaient ^te sauv^.
Au bout de quelques jours arriverent
done au camp des crois^s le plus utile
et le plus opportun des convois : des pro-
visions , des instruments de charpentiers
et des ing^nieurs g^nois. II ne manquait
Elus aue du bois de construction pour
dtir des tours, et fa^onner des machines
de guerre. La campagne aride et d^o-
1^, qui entourait le camp des Chretiens,
sembiait n'en devoir point offrir a plu-
sieurs lieues a la ronde. En cette extre-
mity, Tancrdde vint encore au secoursde
sescompa^nons. Durant les courses que,
dans son mfatigable ardeur , il n*avait
jamais cess^ de raire k droite et a gauche,
au midi et au nord , il avait aper^u de loin
les cimes de quelques arbres. II dirigea
done les crois6s vers Tancien pays de Sa-
marie; et ils ydecouvrirent une for^t,
3ui partait des hauteurs de Naplouse et
escendaitjusquedans la plained* Arsur.
Dans cette for^t on trouvades chines de
moyenne grosseur, on les abattit , on les
chargea sur deschameaux ; puis une fois
rendus au camp , ces chines servirent k
Gonstruire catapultes , beiiers, tours et
galeries. On prepara des peaux de bites
f^our arrlter les effets de Tincendie sur
es machines; on Itablit des fascines;
et Ton en vint a faire jusqu*^ des tours
de trois Stages qui , poussees vers les
remparts , devaient mettre a Tabri les
mineurs, et permettre aux assi^geants de
combattre k la hauteur des assilgis (*).
PBISB DB JB&USALBH.
La vie Itait revenue dans le camp
chrltien , et avec elle I'ardeur des pas-
sions religleuses. Outre les preparatifs
du combat , qui se faisaient avec one
^.(*) Vovex Alliert d'Aix, Hisioire de Vexpi-
grande activity, outre les oecofriiH
manuelles qui rendaient des fomi
chaeun « I'esprit avait aussi beMnlli
surexdte. Le derge ooiii^cMi#
cessite, pricha la conooiia'aiifei
soMats, employa lootesetr'
usa de tout son poavoir i
tablir rharmonie, pour
licence, pour ^oquer 4
idees de remisaion , de |
3ue comportait I'exp' ^^
ecorle du titre do i
de bien etablir le lioa qai i
dans le dernier aete de tari
la terre et le ciel , lee <
rent une processioft i
des murs de la eit6 1
sition fut adoptfe ]
et, malffrl les rayo«s«
du soleil, la foule dce-t^
mina, tite decouT8tttf|]
partant du point de '
se trottvait prtcincnwet
vaire. Les pritres en '■ '^
poitaBtrimagedesi
ptoumes, ouvraieut iiiri
suite les soldats ,
enseignes,de leurti
trompettes , s'avan
quoi^ue armis de i
venait la foule des r
cri qui r^sumait ,
exaltation et son aV
Dieu le vetU!
Ces cris, ces broilB,^
fracas d'instruments mi
renvers^rent pmot k
lem comme jadis let
a'en Ibranierent paee
des assiegls. Ce qaii
les efforts des mollahsi
lesMusulmansunf
un antagonisme
sentiments exprimte [
avec une si eomplte \
donn^rent que do
la garnison vociferate
les insultit, les prov
^ons. lis lirent ap
souillaient, qn'ifs
ainsi a bien indiauerle
signer^vlre par leurs i
quoi quails essayereot,
3u*a dissimuler an ia
ans iaquelle les habitaats 4
meuraient plong^s depuisc
SYRl£ MOMRNE.
^qa^eM Tftii^fi elaineurs furent ter-
into, tout retomba daos le sUence le
is f>rofond;et pNisieors jours darant
I D^ntendit s'elever da sein de cette
Ktedt^ que le chant des muessins^
tj, du baut des minarets, appelaient
I Mahom6taos k la priere. S*il y a?ait
Onodt^QD entboasiasme bruvant, ua
Mir manifeste, il n'y ayait de Taotre
raoe resignation farouche, one rage
irdement implacable.
I.es ebds crols^ avaient natarelle-
nt prepare Tattaque du e6t^ oili leur
np ^tait plac^. Le terrain ^tait plane
[eee eodroit, et permettait les evolu*
ns des machines de guerre. Mais les
A^ ayant par contre fortifie dou-
tnent ks parties des remparts les plus
Mc^, on ourrit parmi les Chretiens
Ht de changer de plan, et dVntre-
todre Tescalade k Tantre extr^mit^ de
ffille. Cetait habile, mais plein de
kaltes : il s'agissait en efilftt d'atta-
t du e6U du mont des Oli viers , ma-
(ks ravins, les rochers, les excava-
m da sol Ce projet , tout impratica-
in'il pardt £tre a quelques-uns , n*en
pas moins adopte par le plus grand
ibrcGodefroy, le premier, transporta
l|oartiers vers le point indique, en
i de la porte de Cedar. Tancrede et
lert suivirent oet exemple d*audaee.
nt a Raymond , pour employer les
f foraiioables qu ilavaitordonne de
Mniire , il fut oontraint de faire com-
mn pr^pice tout entier. Afln de
fenir promptement ^ oe but, il pro-
Mtk dmier a tous eeux qui jeteraieut
ipierres dans la large crevasse, et cet
kgat&t poar^aliserau bOutdetrois
s le terrain , malsr^ les fleches des
MBS, qui ne oessaientd*£tre dirig^es •
re les travailieurs. Tous les pi^pa-
lachev^, toutes les precautions pri*
Tassaut gto^ral fut fix^ au 14 juil-
M>9, qui ^tait un jeudi (*).
» le matin de ceijour , Taraiee chr6*
e B'ebraola tout entiere. Les machi*
ft guerre roul^rent de tous cdt^;et
B que celles-ci lancaient des poutres
e les murailles, celles-l^ criblaient
Bsi^^ de pierres. Ces derniers
terent avec non moins d'ensemble,
'oyez Ravnood d' Affiles » HUioire dea
t ^Ms priretil Jerusdiem,
19* lAvrtUson, (Sybib modbbrb
et de plus lancertot des imt contre les
tours en bois, qu*on ne pouvait ^indre
qu'avec du vinaigre. Des deux parts on
combattit avec le m^me courage. Seule-
ment du c6t6 des Chretiens c^^tait une
ardeur surhumaine, du e6U des Mu-
sulmans le sang froid de la conservation
personnelle. Des chevaliers audadeux
appliquaient des eehelles contre les
remparts, et se faisaient hacher sur la
plate-forme. Godefroy , et ses deux pa*
rents rest^ fideles a la cause sainte , son
frere Eustache et son cousin Raudouin
du Rourg, donnaient Fexemple de Tac-
tivite dans la vaillanoe, de lajpers^ve-
ranee dans les attaques. Plus lom c'^tait
le bouillant Tancrede , c'6tait Raymond^
de Toulouse, qui ne manquait pas de'
bravoure, s'iW^tait avide et envieux;
tous deux eombattant sans cesse a la
t^ de leurs soldats. Enfin sur tout le
front de la bataille une emulation natu-
relle entretenait sans cesse le combat ,
malgr^ la chaleur du jour, augmentee en-
core par les incendies partiels qu'il
fiiUait affronter de toutes parts. Les Cnr^
tiens pourtant avaientbeause multiplier,
ils ^taieot materiellement inferieurs aux
Musulmans. Reduits a vingt mille faom-
mes capables de porter les armes, ils se
trouvaient presque partout un contre
deux. Aussi, malgr^ leurs efforts r6p6t^s,
leurs tentatives successives , leurs traits
de courage sans cesse renouveles, a la
fin de la journ^e, aprte douze heures de
lutte non interrompue, ils n'avaient
encore ofotenu aucun avantaee r^l. RIen
au eontraire , leurs morts etleurs bless^
jonchaientle pied des murailles, leurs
tours ne pouvaient plus se mouvoir; et
sans 6tre vaincus, il leur fsllut rentrer
dans leur camp a la nuit tombante, avec
la triste assurance que leurs sacrifices et
leurs exploits avaient 6te inutiles.
Quelle que fdt la douleur des cruises ,
le d^uragement neanmoins ne les
atteignit pas. Ils se frappaient la poi*
trine comme s*ils s'accusaient de n*avoir
point encore ^t^ digues de la victoire,
mais ils n*en d^esp^raient pas. Ce fiit
donc^ dte le lendemain matin, ven-
dredi 15 juillet 1099, que d'un ^lan
unanime ils coururent de nouveau vers
la ville. Huit heures encore ilscombat-
tirentavec une pers^v^raoce infatigable,
et la nature bumaine en eux commen^it
L*iniIVBRS»
enfiD k •'affiuiier mhis les fatiguei, siooa
vis-a-vis des dangers ^ lorequ'une sorta
d'iDspiration divine raoinia daos leur
Ame la fi^vre du succ^, et oentupla lean
forces. 11 6tait trois beures au soir,
rheure derni^re et la plus soleoDelle de
la passion y lorsqae las crois^ enirent
aperoevoir sur le moot des Oiiviers un
eavalier e^leste brandir son bouclier,
et donner le signal de pto^trer dans la
ville. « (Test saiDt George! » s'toient
les Chretiens; et les voila de nooveau,
avec une fougue indomptable« un eosem*
ble merveilleui , qui se precipitent de
tons c6i6s centre les murailles. Les fem-
mes, les enfants , les vieillards, les bles*
8^ s*dGbappent du camp, apportant de
Teau , des vi v res et des armes ae recba Dge,
poussant , eux aussi , les machines, joi-*
gnant aux bras dee ouvriers militaires
leurs faibles bras, auxquels Tentbou-
siasme pr^teune puissance surnaturelle.
Cest ie suprtoe effort de la croisade,
et oe supreme effort r^ussit. Godefroy
parvient a jeter le pontplevisdesa tour sur
les remparts. Suivi deses plus intr^pides
chevaliers, il se bat d^la dans Tint^ieur
de la ville. On met le ten anx ballots de
laine , aux sacs de paiile qui servaient h
amortirles coups des briers. L'incendie
gagne, la fumee se rabat sur les assi^^
etles aveugle. La terreur serre le coeur
desMusulmans,etend6truitlavertu. Us
Silent, on les poursuit. Tancrede et lee
eux Robert rejoijpMnt Godefroyetses
Lorrains. Les crois^ sont en force. Us
aident les Proven<^ux de Raymond k
jeter par terre la porte-Saint-£tienne;
et bient6t les rues de Jerusalem reten*
tissent da cri vietorieux de : Dieu ie
veuHDieuie veutC)!
La gloire des armes fut bien vite 6clip-
s^ Chez les Chretiens par les horreurs at
la vengeance. Lefonatume, qui les avait
fait vamcre , les fit anssi massacrer lears
ennemis. Jusqu'ii la nuit, e'est-ihdire ,
a cette epoque de Tannte, maqu'k neuf
heures du soir , ils r^pandirent le sang
avec une rage toujours croissante. La
ville oik Dieu avait pardonn^ aux bom-
mfs devint Ja cit^ du carnage. On tua lei
babitantsdans les raaisons aussi bien que
les soldats dans les rues. Dix mille Mu«
r) Voyer Raymond d'Aglles, Hittoire de$
^tinct iiui prinnt Jtrusalem,
Salmans i^teient eoten^teli
vastes bAtiments de la noifife A>
mar. Apr^ les y avoir &itte,Mfei
^orgea tons dans eelte eoeoBlinBii
Les femmes et les enfuili, qsi I'Mi
rtfugies, eux aussi, daDseeittile,Kiir
rent pas plus ^rgn^ que 1m cMto
tants. Les fontassios farsatobliililh
quitter cette mare de 6aDg,ctf kiit
liersenavaient jusqu'au poitnilM^
chevaux. Ajoutonseonmwdeniiir"
de pinceau a eette se^borriUeq
traits d*un temoin oeulaiie. • Uy <
il , tant de sang i^pando dans i
temple de Salomon , qua lei eorfi
y nageaient nori^ ^k et la nir iij
On voyait uotterdesoiaiBiAd
coupes qui allaient sejoiudnitei
qui leur ^talent etrangen; de lorf^^
nepouvaitdisUnguera qiMlGorpii|
tenait un bras qu*on voyait lejiia"
tronc Les soldats eox*mtai,.
saient ee carnage, supfKNrtaicQtIpi
fumee qui s*en fsbalatt > Voittf
mosqu^ d*Omar; voict aaiatisi
Ion Raymond d'Agika, pour li i
la ville: « QaandlesnAtnsfimBlg
des remparta et des tows, (
des choses ^tonnaotes (il i
des ehaus ^/ojuianln , eet i
cbroniqueur) parmi les Samni^
una avaient La tte eoupds, et i^
moins qui pi^t leur arrivcr (r
plaisanterie !X les aatits, (wr*'*^!'
ae voyaient forete de s^elaaorMp
des murailles; d*autres eAfff
avoir longtemps sonffert, dttWg
aux flammes. On voyait, ajoslili^
sibie chanoine da Puy , daasbii
sur les plaoes de Jtesalsa, dn
oeaux de tltes, de maiai et dBf
Partout on ne marobait qo^i i
des cadavres. Mais tout cela b*M
que pen de cbose. » Suitbl
tion empestante du sae ds b r
d*Omar, description daos b^
un mot de piti^ ne as troaie i
plume da ce pr^tre aosBi biitf
oeux dont il raoonte les baateii
d^executeurs.
G)ntraste pitoyaUel
anssi stupide que bideuss! a I
masaaere termini, les croiite i
rent de rdle tout a coop : od Itfj
ditpousser les sanj^lottdelar^
se frapper la poitnne, at ^
SYRIE MOD£R]H£.
991
tte, et 8*en aller en procession k V6-
fffisedu Saint-Sepulcreaeroander k J^sus
la remission de leurs p^chte. Le Dieu de
la clemence et de la ademption univer-
selles pouvait-ii accepter ces prieres
blasphematrices, sorties de la bouche
des promoteurs de la guerre la plus
implacable, la plus acharn^ qui fut
jamais. lis venaient, tout souill^ de
sang humain, h l*autel de Tagneau sans
tache ; et leurs faces ne rougtssaient point,
leurs coeurs ne doutaient pas de la mi-
s^ricorde divine. C'etaient des fous fu-
rieux, et rien de plus ! Ge qui prouve,
d*ailleurs , leur deiire monstrueux, et la
complicity de leurs chefs, c^est qu'a-
pr^s leurs patenotres sans raison , c'est
qu*apres leurs actes hypocrites ou insen-*
s^s de devotion, ils n*en continu^rent
pas moins leur cgorgement et leur
{ullage. Tin conseil se tint dans lequel
a majority d^cida Textermination de
tous les inGd^les , quels qu'ils fussent ,
mahom^tans, schismatiques ou juifs.
Huit jours durant la tuerierecommen^.
La populace de la croisade ne connut
Elus de bornes dans ses atrocit^s. Elle
rQIa les juifs dans leur synagogue,
elle ^orgea les malades dans leurs hd-
pitaux , les femmes dans leurs harems ;
les vieillards sur leurs lits de douleur.
Tancrede avait promis la vie sauve k
des Musulmans qui avaient implor6 son
appui ; on lui arracha ses prisonniers ,
et malgre ses reclamations, malgr^ sa
juste mreur, on les decapita sous ses
yeux. Godefroy de Bouillon ne s'^tait pas
m^ie au premier massacre ; et malgr6
^s representations, ses appel^ k nn-
dulgence , on n*en persista que davan-
tage a tuer jusqu'au dernier survivant.
Raymond lui-nvSme cbercha k sauver
quelques indlvidus : on Paccusa d*ava •
rice , on le d^non^ comme ayant re(^u
salaire pour 6tre clement, et il fut
QbUge, pour se justifier , d'abandonoer
ceux qui avaient mis leur existence sous
la sauvegarde de son honneur de che-
Talier. On ne saurait ^uumerer exacte-
ment le nombre des victimea de la tourbe
chretienne, ait^r^ de sang comme une
bande de tigres. Les r^cits les plus mo«
destes en constatent soixante milie.
Quelle iufamie ! Quelle inhumanite (*) !
(*) Voyei Albert d'Aix, tiutoire de Vexpe-
dition de Jerusalem,
s
C'^tait done dans un pareil but qu'on
avait fanatis^ plus d'un miUioA d'Ames,
Su'on avait eipos^aux dif£^reatet marts
s plus cruelles six cent mille mal*
heureux, entrain^ a la suite des ch^
valiers fdodaux 1 C'^tait done pour faire
de la vilie sainte un lieu ex&rable de
suppliees qu'on voulait la reconquer
au cutte catholioael Vraiment, lors-
qu'on veut juger a'ensemble la premiere
croisade , le earact^e dominant qu*oo
lui trouve , c'est la cruaut6. Dans cette
agression barbare de TOccident eontre
rOrient, le courage est commun aux
vaincus comme aux vainqueurs ; le fd^
natisme aussi devient bientdt ^al entra
les Chretiens et les Musulmans. Mais ,
il faut Tavouer, la palme sanglante de la
cruaute appartient sans conteste aux
crois^. Le khalife du Kaire reuvoia
les envoy^s de Godefroy , Temir d'An-
tiocbe se contente de mettre hors de sa
vllle les bouches inutiles; legouvernear
^gyptien de Jerusalem luim^me, quoi-
que autoris^ k la rigueurla plus extreme
par tant d*actes atroces des assi^eants ,
epargne encore un grand nombre d'habi-
tants Chretiens et de pr^tres eatholiques.
Les croises , au contraire , exterminent
partout et toujours : autour d*Antioehe,
lis mettent la campagne k feu et k sang ;
k Marrah ils 6crasent les enfants eontre
les murailles aux veux de leurs m^res;
a Jerusalem, ennn, ils rencherissent
sur leurs crimes precedents : ils tortn-
rent leurs prisonniers, ils les coupent en
morceaux, ils d6chirent leurs caaavres.
Et qu'on ne disc pas que ce sont \k
des calomnies, inventees par des histo-
riens modernes, qui, par opposition aux
cuerres religieuses , ont outre les me*
laits des croises. Heias! les chroni*
queurs contemporains rapportent, tous,
les faits desastreux et desbonoranta
que nous avons resumes. Quelques-uns
les vantent, d'autres les excusent, le
plus ^^nd nombre les racontent sans
reflexion : tant , a cette epoque deplo-
rable du moyen dge, le sens moral etait
al^ent des consciences, tant Thuma*
nite etait une vertu sans module et sans
signification presquel
U est miraculeux qu'une peste hor-
rible ne soit pas resultee uu sac de
Jerusalem. On taa, nous le repetons,
pendant huit jours ; on laissa , durant
19.
7&1
L'UNIVER^.
toote e«tle aemaine d^aftsassinats, les
corps imnrU t'amooeeler dans les nie8«
s'v |Nitr66er au aoleil de juillet; et ce
n W qu*une fois la besosne des bour-
reaox entiirement achevee, qu'on son-
gea k d^barrasser la ville de tous ees
cadavres plus ou moins avano^ , a Pas-
sainir , k la laver sinoD k la purifier.
Encore les chefii ftjrent-lls oblige de
contraindre leun soldats k porter bors
des murailles toutes oes Utes couples,
tous oes bunbeaux de chair humaine,
touscestroncs sans jambes etsans bras.
Les eroises semblaient ne point se ras-
sasier de la vue de leurs Tictimes : ils
eo ^taient venus a Maimer Todeur f^tide
da carnage, comme les vautours qui
se reposent sur les ossements qu'ils ont
dMiiquetes.
iMOTION DB L*I8LAM.
L'effet produit par la prise de J^-
salem fut immense dans le sein de lls-
lam. Pour la premi^r^ fois, depuis cinq
siecles, it serablacraindre pour sa toute-
puissance, 11 sembla douter de son ave-
nir. Jusqu*alors c*dtaient des querelles
int^ieures qui Tavaient d6chire physi-
quement , s'll est permis de parler amsi,
inais sans attaquer son moral. Des sectes
s'etaient dispute la preponderance,
naais sans alterer Tessence m6me de la
religion musulmane. Les unes oomme
les autres , les schiites oomme les sun-
Qites , consid^raient touiours Biahomet
comme le propb^te r^vdateur par excel-
lence; les unes comme les autres adop-
taient le Koran , la tradition divine, et
ne divergeaient que sur le kballfat, la
tradition humaine. Bien plus , des bar-
bares , les Turcs , teient venus du Nord
oriental, et ces barbares, vainqueurs
par les armes, avaient M vaincus par
la parole : ils s'^taient convertis a la loi
arabe, s^ils en avaient conquis I'empire.
Des incrMules s'^taient renooutrds, les
Kbarmates, et ces incrddules, apres avoir
portd au coeur de Tlslam un ravage tout
mat^iel, avaient disparu tout k coup,
comme par une volontd providentiellCf
apr^ avoir fait amende honorable en rap-
portant a la Meoque la pierre noire si v^
ndr^. Ainsi les doranlements accidentels
duMabomdtismen'avaientjusque-laque
prouvd la solidity de ses fondements.
Les guerres des ambitions humaines n*a-
vaient port^ aocon pr^uHeeaiODii'
muabilitd divine. Le triomnheda cni-
8^ au contraire, frappait tfun eoopis'
rible toutes les croyaoees da MmA-
mans. Dieu paraissait lesabaadooner.Ii
r^e du monde dtait dispute wlva
par r£vangile. Lecroissaotteitsi*
mentandment ddipsd par la eroix(*).
La oonstemationfutginMepniki
populations mahomtenes. Totttap»
rent ^alement. On oubiia la dMI*
ments particuliers; on s'liait dm It
communion de la doulear. Le kUii
du Kaire, ne songeant plus a a Us
contre le khalifat de Bagdad, iAap
avec ce dernier des doleantts A ds
lamentations. L'un et FautK s^esfof-
rent des ambassadeurs pour se eoanttr
dans une pareille calamity, poor fst
dre des mesures collectives , povritM
ensemble contre ce redoutaUeadTniR
qu'Allah leur envoyait daas saoleS)
et qu'il avait sratifle de la vict(Mr«,ij^
le plus nuinitestc, efaez lesOrieaiiBi
de rintervention celeste. DusM
comme en £gypte, les equritt lei |li
orgueilleux comme les esprits lei (to
humbles s*humili^raitalaiois.Leii»
lards 8*arrachaiem la barbe,leigiiHn>>
les plus fiers se prostemaieDt das
Eoussi^, les poetes cbaDttieBt itfi
ymnes les plus fiindlires. Vtm^
derniers, Ahivardi semUeaToirM
dans le cri de son ddsespoir , tf»
ments les frfus profonds l««f"S
les plus vifs : 11 pleare, mais ay"^
ses frdres au combat; il les csssMi
et les excite k la fois ; s'il ieor £ritM
de leur ddfaite, il leur oavre «■*
temps la perspective consolatfieidi> ^
vengeance. Yoici, du rests, Mtfg \
toergiques, et toutes pleincsdatv
arabe:
« Nous avoDi mtii le nag ^rilMaiJ
de BOS Unnci. II ne noai rale pdV
contre let malhcan qui nous uimiw*-^
« Les trbles annes pour anbo— ^*^
pandre despleurs; lonquela swntw^
toot de ses epte ^noeleDtei!
«OenfenU de lltlam , bien del «■*
votts reitent k soulenir, dans laqedii**
rouleront a vospiedsl
« Comment fenner les panpicm loof ^
n Voyct AboaM-F^dJ, AMfiktU^
dn genre hutmaiii.
STEIE MODERNE.
dot
Brt alleint ptr des commotions qui r^eille^
nieDt fhomme le plus profondement'endormi !
« Vog freres dans la Sjrie n'ont pour se
rqNMcr que le dos de leurs chamesux ou les
mmilles des ▼aufbnre.
« Les Romains (*) les coovrent d'oppro-
ires; eC vous , vous uissei trainer votre robe
Imis la moUesse, comme quelqu'on qui n'a
Im a craindre !
« Que de sang a Mik repandn! que de
baunes a qui on n*a laisse pour oouvrir leur
Muite que leurs mains I
« Ealre les coups de lance et d^ep^ le
hoc tft si epouTantable , que la t^te des en-
iBts en blanchirait de frayeur.
« Telle est cette guerre , que oeux m^e
■i s*doignent de ses fureurs , dans Tespoir
e 8*en pr^Mnrer, grincent bientot les dents
e regret.
c II me semble voir celui qui repose k
Ifidine ( Mabomet ) se lever pour crier de
■le sa force : O enfants de Haschem 1
« Quoi ! mon people ne vole pas a Ten-
^i la lance i la main , lorsqne la religion
iMle par ses fondemenU!
!«II n'ose pas approcber du fenycrainte
I h mort y et il ne voit pas que le d^bon-
pr est one blessure qui resle!
,« £st-oe done que les cbefs des JUrabes se
tigoeront a de teb maui , et que les guer-
VB de la Perse se soumettront k un tel avi-
mnent!
« S'ils renonoeiit aux recompenses celestes ,
tone le danger les appelle , ne seront-ils
Ida moins atttr^ parrespoir du butin ! C) •
aCTION VE GODSFKOY DB BOUILLON
GOVME ROI DE JERUSALEM.
S leg Musulmaos ^talent dd^sp^r^
b prise de Jerusalem , les Chretiens
semblaient embarrass^. Qu*allaieot-
faire de cette cit^ isol^, sans ressour-
t part Jeuli6res , sans appui autoor
lie? Vue de loin , cette conqu^te de-
tparattre miraculeuse; vue de pres,
i n'etait que triste et pleine d'incer-
tdes. Les crois^ ne s etaient jamais
Q rendu compte de ce qu*ils feraient
cas de victoire. Le plus grand nom-
n'avait compris dfans rexpedition
itequ'im voyage pieux, born^par con-
t que des Romaliia ; Unl les Romains aTaient
* de traces de l«ar empire en Orient
Voyez Bibiioih^gue de§ CrouadeSt tra-
ion de Bf . Reinaod.
s^uent et temporaire, qn'un pelerinage
avec la lance et T^p^e , au lieu d*uii m>
lerinage avec la gourde et le bAton. Une
fois leurs devotions faites au saint s^pul-
cre, lis n*avaient plus ^ penser qu'^
retourner dans leur patrie. Quant a ceux
qui n*6taient venus la que comme aven-
turters , le pillage fini , le butin s^par6 ,
11 n*entrait nas dans leur esprit de jouir
de leurs ricnesses, si p^niblement amas-
sdes, dans une ville austere, dans un
pays ruin6 , sous un ciei qui n*^tait pas
le leur (*).
Lescrois^s, du reste, n'avaient jamais
forme une de ces arm^s r^uli^res qui
ont des communications constantes avee
le point d*ou elles sont parties, qui se
rattachent sans cesse k un centre com-
mun, qui renouvellent leurs forces en
correspondant avec la mere-patrie. La
eroisade n'^tait pas dod plus une do ees
exp^itions colonisatricespour lesquelles
Ton emporte en m^me temps des armes
et des instruments aratoires, dans les-
Suelles les soldats, la bataille adiev^,
eviennent des agriculteurs. N^ d'une
exaltation religieuse, la eroisade avail,
pour ainsi dire, compl^t^ sa tAche en
ddivrant Jerusalem du iou^ des infidi-
les. Selon cette interpretation, elle ue
semblait avoir d*autre devoir que de
remplacer le croissant par la croix, que
de retablir la pr^ominanee du culte de
Jesus-Christ ; et ellepouvaitse retirer en-
suite avec les benedictions des Chretiens
orientaux, auxqueLs elle aurait rendu
leur aneien empire. Malheureusement
ces Chretiens orientaux n'existaient plus.
Les combats, les miseres, les pers^ou-
tions les avaient d^imes. Vers le dernier
3uart du onzieme siede ils ne formaient
ej^ plus qu^une secte vis-l^vis d'un peu-
pie, secte, d*ailleurs, aussi affaiblieau
moral qu*att physique. Lors de la prise
de Jerusalem enfin ce n'^tait plusqa'une
poignee de maiheureux meurtris par
leurs cbatoes, abrutis par leur eselava^,
qui ne savaient que tendre la main k
f aumdne et rendre de vaines actions de
graces k leurs lib^ateurs.
Ainsi, comme arm^, comme eolonie,
comme intervention religieuse, la eroi-
sade n*avait plus d'objet. Entrte dans
(*) Yoyei Goillaume de Tyr, Hhioht d§ ce
yti* /«/ pai$4 au dela den men^ etc.
294
L'urnvERS.
la Tilie sainte , elle se trouYait acculee
en une impasse. Comme arro6e, le licea-
eiemeot la menaqait; comme colonie,
elie manquait de bras; comme iDterven-
tion religieuse , elle dersDait inutile. Sar
quoi fonder la duree de sa domination ?
Une fois les crois^s d^bandes, ilsallaieot
s'eparpiller sur toute la surfiace de TEa-
rope, et on n'attendrait plus que de leurs
de r^cits , plus ou moins exalte , un nou-
Teau soulevement de masse, sansdoute
aussi confus que le premier , et dont Tef-
ficacit^ ^tait pour le moins aussi chan-
ceuse. II n*y aurait probablement que les
insens6s qui se jetteraient de nouveau
dans les aventures pour secourir leurs
freres en relision. Les princes puissants,
les peuples forts se donneraient bien de
garde de se eompromettre dans une ex-
pedition aussi lointaine que douteuse.
Suant aux ambitieux, ils n'auraient
, us qu'a glaner sur les traces des pre-
miers crois^ : Nic^ ^tait h Alexis,
£dessek Baudouin, Antioche a Boh^
mond , Jerusalem allait 6tre possed^e a
son tour. Puis, quelle lamentable expe-
rience de dangers a courir, depriyations
k supporter , de combats a renouveler
sans cesse ! Tout ^tait done lugubre dans
I'avenir de la croisade , tout 6tait noir
li son horizon.
En cette extr^mit^, on n'e tronva pas
' d'autre parti § prendre que d*6lireun roi.
foiger en royaume le territoire d^vast^
de Jerusalem ; ses habitations d6peii-
pl6es , ses nombreuses ^lises anx rares
fideles , ses campagnes sans moisson ,
son tr^sor public sans argent, telle ^tait
la deplorable ressource qui restait a la
croisade pour ne pas avorter. Dans un
conseil des chefis, le comte deFlandre ou-
Tfit cet avis andacieux , mais indispen-
sable. Lediscourg quMI pronon^a dans
cette occasion, discours que rapporte
tout au long M. Michaud, en s'appuyant
de rhistoirc d'Accolti et de celle dTves
Doehat, nous semble contenir un re-
sume si complet de Finqui^de des eg-
prils et de la aifficulte des circonstance^,
que nous le citerons tout entier , quor-
qu*il nous paraisse un pen arrange (*} :
« Mes freres et mo oompagnoitt, aurait dit
« le oomie de Flandre , nous sommes reunifl
(*^yoyez MlchSiud, aUtoire da Croinidu;
pour miter odc affaire dek|ktbMe
importance; nousn'edmes jamiisptukn
des conseils de la sagesse el des iosphiisk
du del : dans les temps ordinaiRs,«d^
sire toujours que rautorite-nil an bis
du plus habile ; a plus forte nisoo igm-
nous chercher le plus digue pour gonsv
ce royaume « qui est enrore engnniiept-
tie au pouYoir des barbares. Dqi m
avons appris que les ^ptiens MBrt
cette ville k qui nous alloos dioiiff ■
maitre. Ia plupart des goerrien dntta
qui ont pris les armes sont inpatial^
retoumer dans leur patrie,etvoiti»
donner a d*autres le soin de defeat in
conqu^te. Le peuple noaveaa; qu ^
habiter cette terre. n'aun pdot^a
voisiuage de peuple du-etieB qoi ^k
secourir et le consoler dans ui difia
Ses ennemis soot pres de lui, so A
sont au dela des mers. Leroi<]aeioB)i
aurons donne sen son seal apfid mi-
lieu des perils qui reaTironuaL II h
done que celui qui est appdei^nav
cepays ait toutes les qualiles w^
pour s'y maintenir avec gloire; il to^^
reunisse a la bravoure, natupeBeiaxrns^
la temperance, la foi et rbasiute; at,
Vhistoire nous Tapprend, e*ai a »■
qt^on a triomphd par let arwu «'*•*
confie let/nuts dt la ticttm k kif
et a ia 'vertu,
« rToublions point, nw &«»«'■
oompagnons, qu*il s^agit nwia ^
d'hui de donner un rai qo'nn ySf^
au royaum« de Jenisalem. Oi^f^
choisiroDs pour dief doit tfvvf
a tous ceux qui auront quilteiw |««*
leur fanille poor le scrvioe de Je«^
et la defeoaedea aaiats Ueox-fl^^
flenrir la tertu aur eette lem «*
lui-oeiBe en a donne k Bodik; ■ *
ramenerles inBd^lcsa lareUgisadrtii^
les aocoutumer 4 noa bmmbi, ke »
benir noa lois. Si ▼©» tenes f *•*
qui n*en est pas digne, tous ^^**?
tre propre outrage, el wos ib»m>* ;
ruine du nom clvetiea dans ce ]f^*
n'ai pas besoin de voos rappdff ^^
ploits et les travaux qui nous «* ••
poaaeision de ce territoire , je °^ fvf
soin de redirc id les ▼owi les f*"^*:
sont restfe «0(»»
trahi et ne^i^ , la «''P<»"**°!*Jr|J
lieux oik nous arvons relete sb ■Jr*v]l
aieurs alors ne manqoeraieDt pit "*2
k la fortune, et non lla tertu, te R^
SYME MODERNE.
295
« cIiMM qae nons atoiu laites, tandis que les
« maux q^eprouverait oe royaume passeraient
« aux yeux aes homines pour £tre le fruit de
« notre impradenoe.
«* If e croyet pas eependant » mes fir^res et
« mes compagoons , qne je parle ainsi parce
ic que faoabitiomie la royauli, et que je r(K-
« chercbe votre faveur et vos boanes graces.
« Moa ; je o'ai point taat de pitemption que
■ daspirer k un tei bonneur; je prends le
• ciel et lea hommes k tkaom que tors Bi4me
m que vous Toudriei me donner la oouronne,
« je ne I'aecepteraU point, etant resolu de
« retourner dans mes ^ta. Ce que je viens
c de vous dire n*est que pour Tutilite et la
m gloire de tous. Je vous supplie, au reste,
« de recevoir oe conseil comme je vous le
« donue, avec affection, franchise , et loyaut^,
« et d*^lire pour roi celui qui , par sa Tertu ,
« sera le plus capable de consenrer et d'^ien*
• dre ce royaume auquel sont attaches I'hon-
« oeur de foa armes et la cause 'de Jisus-
« Gfariat»»
ImmMiatement aprte ee discoare,
les chefs assemble song^ent h nommer
ce roi si necessaire. Le royaume n'^tait
pas teniant; ce fut k qui ne se charge-
rait pas de ce fardeau. Tous les am-
feHieux recnlaient devant les difficult^s,
qui s'amoncelaieDt dans leur imagina-
tion. NouTclle couronne d*^pines , tons
k repouss^rent de leur t^te. On TofTrit
flu comte de Flandre , qui avait si bien
parl^; il d6clina ce dangereux honneur,
et r^p^ta qu'll ne formait plus qu'un
▼ceu, celui de retourner en Europe
evec le surnom de Jib de saint Geor-
ge^ que son courage lui avait m6-
rit6. Raymond de Toulouse fit aussi
la sourde oreille, quoiquli eOt jur^ de
rester en Palestine. L'int^ress6 Proveu-
f al ne Vo]^ait aucun avantage dans la
la possession du pays aride de J^sa-
lem; il rilvaitd^j^ une autre principaut^
phis productive, et cherchatt sans cesse k
concilier ses devoirs religiedx avec ses
int^r^ts personnels. Tancr^de, lui, ^tait
un chevalier dans la plus complete ac-
ception du mot. II pref6rait ce litre k
celui de roi , et Pind^pendance qui y
^tait attach^e §i la responsabilit6 d*un
ehef de peuple. C^tait une belle in-
^iTidualit^ que ce Tancrede, et voiU
tout, (Juant k Robert de Normaadie ,
eipritindolentqaoiquecceurcourageux,
fl n'avait ni la ?olont6 ni la eapaeite
de conduire un rovaume. Baudouin
s'6tait indignement fait sa part tout de
suite; Boh^mond avait eu T^ofsme
de raster dans sa principaut6 estorqu6e
d^Antioche. On ne oouvait pas penser
alors a ces deux d^serteurs. Restait
done Godefroyde Bouillon. Aussi brave
que pleux, aussi modestequ'actif, d'uae
grande vlgueur de corps, ce qui ne
nuisait pas, d*une certaine resolution
d*esprit, ce qui etait indispensable,
Godefroy de BouilloB etait r^ellement
rhomme qu*il fallait dans oette circons-
tance si ^pineuse (*}.
On fit semblant n^nmoins de s^n-
qu^rir du caractere, de rintelligence, des
yertus et des vicesdeplusieurscandidats.
On nojnma une sorte de jury gui avait a
prononcer sur les difterents prmces dont
on balan^it les m^rites. Ce jury devait
consulter I'arm^e, ecouter les observa-
tions de tous, pour fonder son jugement
sur Topinion g^n^rale. Puis on ordonna
des pri^res , on imposa des jeCines , on
recommanda desaum6nes, aiin que Dieu
daignSt eclairer ie choix des eiecteurs.
Dans tout ceci il y avait bien un peu
de oom^ie de la part des principaux
chefs; mais il ^tait necessaire de con-
cilier tout d'abord au futur roi son
peuple. et sous ce point de vue la co-
m6die etaitexcusable. Tous les candidats
laiss^rent done fouiller dans leur pass^,
interroger leurs prec^denu, demander
k chacuQ de leurs serviteurs des detail^
sur leur vie priv^e. Les serviteurs de
Godefroy de Bouillon firent, dit-on, le
plus grand eioge de sea moeurs et de
son caractere. A leur dire, il etait sa
chaste qu'il n*avait jamiais commis le
moindre acta de libertinage. G'etait Ik
)a vertu principale pour gouvemer des
masses dissolues, pour r^ner sur la cite
saiote. On ne reprocha au due de Lor-
raine qu'one devotion trop minutieuse ,
et trop de temps employe a demeurer
dans les eglises , tant pour y prier que
pour y contempler les images des saints
et les peintures reli^euaes. Quelques
chroniqueurs ont ete jusqu'a rapporter
qu*on se plaignit aue , restant aans les
temples divins au dela du temps des of-
fices, il laissaU, passer Vheure de ses
nVojesGoUlaaaie dt Tyr, HkUrire tff m
qt^ t^mtpatsi, etc.
9M
I^UNIVERS.
repa$. et que les meU de sa table se re-
firoimsaient ei perdaient leur aaveur.
Quoi qae firent ies Provencaux pour
repousser la candidature de Godefroy ,
lualgre leurs caloniDies grossi^res , mal-
gt6 leur opposition viotente, outre la
justice, la superstition Tint au secours
deTelection du due de Lorraine. Un illu-
ming pr^endit I'ayoir vu, en songe, assis
sur le trdne du soleil , eotour^ d*olseaux
celestes, symbole mystique des pelerins.
Un autre attesta qu*il lui ^tait appara
portant une etoile en main, et gravis-
sant Techelle de Jacob. Selon une troi-
sieme revelation il aurait ^te salu^
sur le mont Sinai par deux envoy^ de
Dieu , et en aurait re; u la mission de
gouverner la Jerusalem terrestre. L'6-
iection de Godefroy ne devenait done
plus Toeuvre des hommes, mais bien
celte de Dieu. Les fanatiques ainsi fireut
taire les envieux.
USUBPATION DU'PATBIABGAT.
dependant ii d^laisait aux pr^res
qu*un soldat pAt rev^tir les insignes de la
puissance mat^rielledans une ville toute
religieuse. En consequence le derg6 insi-
nua qu*il ne fallait pas que Torgueil pr6-
siddt au rovaume de rhumilit6. 11 agit
avec tant d adresse qu'une fois ^lu, Go-
defroy refusa le diademe et le sceptre, et
qu'il se contenta du titre singulier de
baron du saint s^pulcre. Chose etrange !
ce clerg^ qui se montrait si suscep-
tiMe a l^droit de la superbe militaire,
81 chatouilleux sor le titre de son maf-
tre effectif, n*en r6clama pas moins pour
lui des honneurs, des insignes, toutes
les apparenoes de la domination spiri-
tuelle. Un grand seandale eut mSme
lieu a cette occasion. Toutes sortes d'in*
trignes se crois^nt k propos de T^Iec-
tion d'an patriarche. Guillaume de
Tyr, rhistorien archevAque, s'^ldve vio-
lemment a ce propos contre Tesprit du
derg^ de la croisade. II accuse les pr6«
tres d'ambition , d'avidit^ , de brigues
eoupables ; il n'en ^pargne pas un seul ,
et eondamne partieuli^rement un certain
evdnue de Martharo d'avoir soufiO^ sur
le olera6 latin Fesprit de faction et de
discorae.
Le clerg6 latin , en effet , se conduisit
indigoement vis-a-vis du clerg^ grec.
U lui enleva toutes ses foncttons, le
priva de tons ses btettcei; ettaii ,
que le vieux patriarche Siineoo. fm
teur des suppliques a Urbain Hi li »
time si resignee de taot depaiMi^
^tait encore vivaot dans UledeGlp;
on ne se fit pas scnipule de ienipi
dans sa cbaire de Jeninlem. [&|i^ ]
tre ambitieux, AmoukI, diipaUii '
due de Mormandie, se praMtoM
heriter des depoailles du nmrn
meon. A foree de cabaleif ilttt»
mer patdarcbe avant la mort flAiii
titolaire. Un tel chef ne deviiliil |
tourer que des gens de sa natmiki i
tons les grades rdigieux fmxSAkk I
n6s a Tadresse, et noo a h f8lil|
Godefroy fut uo rude mail t '
soldat, Aroould fatunprdtred'
et pr^varicateur. Oa avail etiji
chansonner ses vices duraotiea
rexp^ditioQ, et il passait a tad
{)our un des hommes les plus i"
es plus laseifs du pelerinage f).
Ce fut eatre ses iodigiieB i '
Godefroy pr^ serment d^
de justice. M'etait-ce pas la des
moutrer une sorte de ftibiew,^
ne pouvait pas s^opposer a ft
quasi poutiiicale du cnapeiaiBdr*
Godetroy n'aurait-il pasdd,i
refuser tout rapport sntm^
aussi indigne ? Godefroy ott^
temps a eprouver les malt
de son aveugle coDdcscendj
le clerg^. Un des premiers i
nould fut de ntelamer, i
appartenant a F^lise df
les richesses conquises par kh
crdde dans la mosqude d'OaM
crede d'abord ne fit que soaiiitdT
en apprenantles preteatioosd'Jlr
Mais celui-ci remua le clerge/'
aux fanatiques, agit de telle f
Sour eviter peut-£tre un
^plorable , Tancrkle fut c
prendre pour juge entre laid I
versaire le conseil des cfaeCs.
La scene fut vive et bien c
Arnould montra la plus perfidek
sie, Tancrede la franchise la ('
Arnould accusa le chevalier f
ne point respecter Us poMei^ ^
ch depouUler les auieU du C'^
(*y Voyes lUymond d*Asnci,
Francs qui |wirf ii< Jirmalem.
SYRIE MODERNE.
297
Tanerede r^pondit en d^Iarant que la
langue du patriarcbe usurpateur con-
tenait de la malice comma la queue du
scorpion contient du venin. « Ou ni'ac-
« cuse, ajouta-t-il , d'avoir d^pouilie le
« sanctuaire, d'avoir detourne, ou plu-
« t6t eveUle Tor ^ui dormaU daos les
« eglises; mais Fai-je garde pour moi ?
« Vai-Je donn^ a mes niicesf ne 1 'ai-je
• paspris, aucontraire, pourremployer
« au service du peuple de Dieu, et
« pour le rendre au cr4ancier apris la
• moissonf Vous le savez , d'aiUeurs,
« iravait-on pas d^ide , avant la prise
« de Jerusalem, que chacun de nous
« poss^erait les tr^rs et les biens
« doDt il s'emparerait le premier ? Ghan-
« ge*t-on de r^^ution tous les jours?
« ]S*ai-je pas coinbattu en face ceux
« qu'on nosait regarder par derridre?
« ]N*ai-je pas le premier p^n^tre dans des
« lieux ou personne n*avait Taudace de
« me suivre? A-t-on tu Arnould medis-
« puter alors la gloire du p^ril ? Pourquoi
« vient-il aujourd*bui demander le prix
« du combat? »
Malgr^ cette dtfense vigoureuse , les
chefs assemble prononcerent un juge-
mentambigu. Us craignaient,d'un c6t^
de blesserle Juste orgueil d'un des plus
valeureux cbevaliers de I'arm^e : de rau-
tre, its redoutaient d^ja Arnould et ses
intrigues, son habilete perverse, sa do-
mination d^j^ puissante sur certains es-
prits. Travail les par de pareilles influen-
ces, aussi indecis et inquiets dans
leurs r^olutionsciviles, quMIs ^talent
d^cid^ et braves dans les combats , lis
d^larerent qu*on pr^l^verait dans les
triors de la mosqu^ d^Omar , h titre
de dimedu butin, sept cents marcs d*ar-
gent pour en gratiner T^lise du saint
sepulcre. Sentence pitoyable, qui ne
donnait tort ni h Fun ni a Tautre des
adversaires, tout en faisant peser sur
eux une certaine exag^ration dans ce
que Tun demandait , et dans ce que I'au-
tre refusait. Tancr^e eut le bon esprit
de se sottmettre h cette decision ridi-
cule; ce qui, sans doute, trompa les es-
p^rances secr^s d* Arnould (*).
n Yoy«f Raoul de Caen, le$ G€iU$ d4 Tom'
crede.
BATAIIXB DASGALON.
Ce jugeroent impolitique fut le der-
nier actederassembl^e des chefs crois^s.
Tous les jours il en partait quelques-
uns. Leur patience 6tait a bout ; la nos-
talgie les avait atteints. S*imaginant
avoir termini leur oeuvre , ceux qui res*
taient encore refusaient de prendre part
aux affaires du nouveau royaume de Je-
rusalem. Leur mauvaise volenti ^ata
surtout h rapprocbe du p^ril, le plus
grand peut-^tre , que courut la <;roisade.
Les Musulmans , apr^s les larmes qu'ils
verserent si abondamment sur leur d^-
faite, songerent a la vengeance. Les
£gyptiens se d^dddrent les premiers;
et comme toute discorde entre le kha-
li&t de Bagdad et le khalifat du Kaire
s*^tait apais^e en face d*une calamity qui
frappait i'lslam tout entier, des auxi-
liaires venus des deux Iraks , de Perse
et de M^opotamiCf se ran^^rent sous
les drapeaux des Fathimites. Afdbal, ce
vizir qui avait arrach^ prec^demment
Jerusalem aux Ortokides , commandait
les troupes nombreuses qui s'^taient
propose de reconqu6rir la Palestine.
Dej& Afdhal et ses soldats se trouvaient
sur le territoire de Gaza, en Syrie, h
quelques journ^ de la cit^ sainte,
lorsque la nouvelle de leur marche fut
apprise par les crois^. Aussit6t Tan-
erede , le comte de Flandre et Eustache
de Boulogne , qui s'^aient port^ vers
le pays de Naplouse pour en prendre
possession, coururentvers les rivages de
fa mer , afin de s^assurer des forces de
ceux qui les menacaient. Ds furent bien-
t6t convaincus de Timminence et de la
gravity du danger, et le firent savoir a
Jerusalem.
On annonip ce message dans la ville
en pleine nuit , ^ la lueur des torches,
au son des trompettes. Les crieurs pu«
blics inviterent les crois6s i se rendre ,
des le lendemain matin , h F^ise de la
Resurrection , et de se preparer au com-
bat. Le peuple , encore entnousiasme de
sa victoire, montra une grande Anergic et
une grande resolution. Certains princes,
au contraire , hesiterent ; d'autres refu-
s^rent de s*engager dans cette nouvelle
lutte. Robert de Normandie pr^tendit
que son voeu ^tait rempH, et qu*il n'a-
Tait point h suivre Farroee de Godefiroy
398
LIJNITERS.
de Bouillon, qui s'apprttait h sortir au-
devant de rennemi. Raymond de Tou*
louse, jaloux du due de Lorraine , Ray-
mond , QUI enrageait au fond du coeur
d'avoir ti6 oblige de remettre au roi de
Jerusalem , ou plut6t au baron souverain
du saint s^pulcre, la forteressede David,
ne voulait pas se souniettre au comman-
dement de son rival. Cela nefui paraisSait
plus que servir une cause particuliere ,
et son orgueil se refusait h tout acte de
subordination. Le due de Normandie et
le comte de Toulouse repousserent done
^galement Tinvitation de se joindre h
ceux qui partaient pour aller combattre
les £gyptiens. Cette decision 6tait grave.
Elle jeta un instant raiarme et la deso-
lation parmi les Chretiens. Alors Pierre
TErmite , qui devait rester dans la ville
avec les femmes, les enfants, les vieil-
lards , les malades , se presenta , accon»-
pagne d*uue grande partie du clerg^ et
d*une foule de p^lerins , aux deux prin-
ces dissidents, les suppliaavectanta*ins-
tances, revint si sou vent h la charge,
qu*ils finirent par consentir h suivre
leurs frkes, et k se joindre, ainsi que
leurs troupes uarticuneres, k Varm^ de
Godefroyde Bouillon O-
Cette arm^e, k laquelle 8*^taient r6u-
018 tous les crois^ ^parpiiMs sur le'
territoire de la Palestme, en quittant
Ramlah , son rendez-vous g^n6ral , des-
cendi t vers la cSte, entre A scalon et Jaffa.
Bient6t elle trouva sur les bords d*un
torrent nomm6 Sorek une masse consi-
derable d'dnes^de mulcts, de chameaux
et de buffles. C'^tait la un butin tout
trouv^ pour les soldats de la croisade,
touiourstoutpr6tsarapiner. Mais lesage
Godefroy ne permit pas k ses hommes
de perdre un temps utile, de se livrer
au pillage, etd^clara que quiconque quit-
terait son rang aurait les oreilles et le
nez coupes. Cette mesure de rigueur
arrSta la debandade, et le soir m^me on
arriva en vue des Musulmans. Les Chre-
tiens, qui avaient emporte avec eux le
bois de la croIx divide, enflamm^s par
la presence de cette relique, s'avance-
rent pleins d*enthousiasme a la bataille.
Cetait le matin dela veilie de 1 Assomp-
tion, 14 aoQt 1099, et Tapprochede cette
grande fiSte redoublait eneore1n»
fiance. lis etaient assure de h,
tion celeste, etcomplaientSBrlt
comme sur J^susCnristpour'
ner la vicloire.
Les Musulmans,dot)t9Qeni
ne s'accorde k ^Mir lednfln
mais qui ^videmmmt etaient
breux que les Chretiens, ft"
Taste demi-cercle dans une
bom^e a Test par des collioest^
par la mer . Ascalon , surlerir
trait derri^re ses rcmpartset
rets une for^t de mdts : eM
^ptlenne toute prlteiportari
k son arm^c. En voyantfemri
Chretiens , les Masulmaiu
d*une sorte deterreur. En vo^
sons : d'abord its ^taifntloia
les croises ; on leor avaitdit ,
niers 6taient a peine capaMei
fendre k Tabri ae murs , et ill
tout a coup en rase camMflK,
par un singulier hasara ,1c9l
qu'avait rencontr^ rarmee ^
attires soit par le bruit des e
par la marche rapide des
r^nirent derriire lea
Francs, etr^t^rent
leurs mouvements. Les crisdi
maux, la poussitoqne
course, fes firent prendft^sl
Musalmans pour des masa
Alors rarmee ^gyptienae
gae les crois^ avaieiit retjl^
breox renforts. Cela
dans ses ranss. Sous
pantque, elle hiissB ses
fuer a leur guise. Godefiw p«J<
sans obstacle Ters la tflte'/
pour en eontenir les
le combat. Raymond de
s'^tendre 9ree set Protenqwt
mer et Tarm^ d*Afdhal , de'''
p^her toute eomnrameatiei
troupes de terre «t la fletts. 1
cfede et Robert de naadre
temps de diriger lenr
point qoi leur parutle
leurs adversaires. Llnfo
commeD<^ par laneer phisicsi
de javelots; puis bientdt ii'
flamande s'^lftooi aor ies p
des infid^les. £lle y trouva
r«;
sttaq^i
»plosf
dcsi
n Voyex Ttadebode, Hi»ioire Ou voyage A "» genou fixe ea terre , m 0
Jirwaiem, ' ' aussi bieu avec Tare qajvee
r^
SYRIE MODERNE.
999
mt, aTfiCfflraod bruit de cimbales et
idtniDultede voix, deshommes noirs.
It. en mains des fl^aux h boules de fer,
11 fiappaieat a coups redoubles sur la
|ise des chevaliers, et sur la t^te
ivrs chevaux. Dinstant en instant
imient d'autres combattants, qui
k de (rondes, oui de sabres recour-
I qui de lances enormes. Malgre leur
imoa rapide, Tancrede , Robert de
iMMlie, Robert de Flandre , a force
riesr etd'acUvite, n'en repousserent
moias ces ennemis sans cesse re-
iuts. £nfin le due de Nornuindie
pdnetr^ jusqu*au centre de Tarm^
tieone, et y arracher le grand ^ten-
rd'Aldhal. C^tait 1^ le plus beau
ide la bataille; il jeta le decoura^e-
Brians Taroiee musulmane, etdevint
Mai de sa deroute (*).
Ve deroute fut aussi rapide que
late. Malbeureusement les fuyards,
pnde partie, tomberent d'eux-md-
iuks les embdches qu*ils aaraient
Mr. Ceux qui se precipiterent du
les flots furent poursuivis par les
iirs du oomte de Toulouse , et trois
^'eotre eux se noyerent en viM»-
Hteiodre la flotte ^gyptkone. Ceux
miureBt se refiigier dans la ville
lalon trouv^reot sous ses murs
|poy et ses Lorrains, et furent
pia jusqu*au dernier. Plusieurs
^escalade les enceintes des jardins
kiriUe, et 6tant mootes daus des
JMres ett des oliviers pour s*y cacher
|r hranchage, furent abattus k coup
^MS comine des oiseaux. Tons ces
■ireux vaiDcus, eoDstern^ de leur
^, ae laissaient ^rger sans r^is-
l Geux que le glaive yainqueur
Kgnait pas s*^touf£aient eux-md-
•IX portes d'Asoalon, tant ils s*y
Htaieat en masse. Afdbal pourtant
\tkyf p^etrer* D'une des touns
^Ua il put assister a la destruction
m arnoee. Sob d^espoir fut pro-
li s^anraeha la Wbe; il se noeur*
irisa^; il poussa des gemisse-
; Di^es de blasphemes , et flnit ,
« pas s'ecrier : « O Mabomet!
it-il rrai que la puissance du Cru-
i fdt plus grande que la tieane,
oyes AolMrt to Moioe, BiMioire 4e M*
« puisque les Chretiens ont vaineu tes
c disciples? » Aprte ce cri de rage , Tor-
guellleux vizir ^gyptien, saisi de ter-
reur autant aue de 'decouragement, s'en-
fuit sur sa dolte, et se h^ta de gagner
le large. Cette fuite honteuse ne laissa
plus aucun espoir a Tarm^e musulmane,
et le peu qui s'en sauva alia mourir de
faim dans le desert.
Atelf B DB 60DBF&0T. ]
A la suite du massacre les crois^
s'occup^rent du pillage. Jamais butin ne
fut plus riche et plus copieux. On trouva
pour la faim des gateaux de miei et de
riz, pour la soit de nombreux vases
remptis d'eau de source. Apres s^^tre
. rassasies de toutefa^on , les croises son-
{;erent a s*emparer d'Ascalon ; mais la
jalousie des chefs entre eux les arr^ta
dans cette derniereentreprise. Le eomte
de Toulouse, le premier, avait somme
la garnison de se rend re. En cons^auence
il voulait arborer sa banniere sur la ville
et la garder pour lui. Godefroy de Bouil-
lon, en quality de roi de Jerusalem,
s'opposa a cette pr6tention. Alors le
vindicatif Raymond eut Tinfamie de s*^
loigner avecses troupes, et de declarer
aux Musulmans d'Ascalon qu'ils n'au-
raient rien a craindre de Godefroy tout
seul. Ge funeste exemple d*ind^pendanee
fut suivi par beaucoup d*autres cheva-
liers. Le due de Lorraine ne put done
tirer parti de sa victoire et n*obtint
qu'un l^r tribut de la ville, dont il tui
etait &i facile de se rendre mattre s'il
eQt ^t^ seconde.
La mauvaise fol et la haine en-
vieuse de Raymond de Toulouse ne se
born^rent pas , vis-a-vls de son rival cou-
Tonn6, a une seule pcrfidie. En quittant
Ascalon, les Provencaux se porterent
vers la ville d^Arsouf, situ^e sur le ri-
vage de la Mediterranee, entre Jaffa et
Cesar^e. Raymond aurait bien voulu
s*eniparer de cette place. II essaya ua
assaut ; on le repoussa vigoureusement.
Alors, avant de lever le si^e, il apprit
^ la garnison le peu de troupes dont
Godefroy pouvait disposer, et la con-
seilla de ne pas se rendre k ses somma-
tions. Lorsque le roi si contest^ du
pauvre royaume de Palestine arrive k
sen tour sous les mars d'Arsouf , il ne
fut pas long k se convaincre de la tra-
$00
L'UNlVERS.
bison de celui <rai aurait dd lui ob^ir.
Malgre sa moderation ordinaire et sa
profonde piet6, Godefroy s^emporta,
jura de venger cette derniere offense, et
marcha resolument contre Raymond,
pour le punir. Une deplorable bataille
allait avoir lieu , lorsque Tancrede et
Robert de Flandre s'interposerent entre
les adversaires, et k force d'instances,
de prieres , de promesses , parvinrent a
r^oncilier les deux riyaux. Mais si la
guerre intestine n'aVait pas ^lat^, le
mai n'etait pas moins terrible. D^u-
nion , jalousie , insubordination par or-
gueil, trahison par rivalit^, tels etaient
les tristes r^sultats de cette egalit^
entre les seigneurs f§odaux que Tdlec-
tion de Jerusalem n*avait pas pa de-
tniire (*). '
Le retour de Godefroy dans la ville
sainte , malgr^ les clameurs enthousias-
tes du peuple, fiit done assombri par un
nuage gros de temp^tes. Le pauvre due
de Lorraine sentit aiors sa ralblesse et
son impuissance ; une profonde m6laa-
colie s'empara de son dme. Ge senti-
ment ne fit que s'aecroftre, lorsque
les cbefs crois^ lui signifi^rent enfin
qu*ils allaient retoumer en Europe , eux
et leurs chevaliers. II nV avait plus de
raison de les retenir. Le Turc n'etalt
plus mena^nt , r£gyptien dtait dtoou-
rag6 par sa derniere defaite. Robert de
Flandre et ses chevaliers, Robert de
Normandie et ses troupes nombreuses,
partirent pour leur patrie , les uns par
terre, les autres par mer. Raymond de
Toulouse , qui avait jur6 de ne pas re-
toumer dans ses £tats, mais qui ne
voulait pas rester le subordonn^ de Go-
defroy, se dirigea vers Constantinople.
II ne resta avec le due de Lorraine,
fidele h son serment jusqu'li la mort ,
que le g6nereux Tancrede et trois cents
chevaliers. La separation des crois^s tat
douloureuse pour tons. Durant quatre
ann^es ils avaient affronts les m^mes
dangers , couru les m^mes hasards , et
nialgr6 la rudesse de leurs moeurs ils
s'etaient accoutum6s les uns aux autres
ets'etaient vou^ unesorted*affection. La
foule des p^lerins surtout, celle qui etait
trop pauvre et trop chetive pour entre-
prendre le noaveau et p^Ue nBf^i
du retour, se d^solait , geinir^ "
dans une calamite publiqne. I
cheux et peu encoarageant poor k
Qu'allait'il lui rester, cb effiit,
monarque improvise ? Quetyieid
liers, dont le zele ne pounit las^
quelquesfantassinsdoiitbfidtel ,
devenir de plus en plus cha]KeK,ii|
milliers de besogneux, de iiialate,l^i
firmes, voila pour les eroiste;|iii '
Cbretieosorieotaax, qui ne pMtt"
cune des langues des FraiKi;tel
qui dfssimulaient leor religioi, i
Arabes apostats, en un motdst
tres et d^ fourbes. Est-ee i la ill
de gouverner une pareillenMBl
fuse et divergente qu'il hA sftT
le decouragement de Godefroy M
Ion ? En tout cas , doming par d
de plus en plus exeessive, il f
k pea le clern^ empieter inr asa J
voir. II Ini fit des ooneesr —
breuses, des dons de toatese .
bientdt la richesse et raaloritep
du e6t6 des pr^tres, an <
soldats.
Sur ces entre£alteB arrin a I
lem un nouveau l^gat dn ]
un certain Daimbm, ai
Pise , homme imperienx, i
4iklf^
:*) Yoyez Albert d'Alx, HUioire de I'exp^
''— de Jerusalem,
pote, et aui venait
le joug de r£glise 8iir*les
peuples croises. DaimbectI
borna pas k Hre UfSBtt do p^t^
devenir patriarehe de JenisiBA.tj
lui fut pas difficile d^ebrader kr^
d*Arnould , prdat sans enui^
sans vertu. Gomme d'aiHeais I
veau legat 6uit fort riefae, - .
cheter des partisans, et, aieel
de Roh6raond , qui , au carlms^
nte 1100 , ^tait vena visiter bi
Dieu, il put forcer AmovM^d
sa demission , et trdner i son isT
la chaire de Sim^n. A peiai
de sa nouvelle dignity, if red!
Godefroy ia sooverainete da qm
Jerusalem oh sVlevait T^lisedil
surrection. Aprte qaeiqnesf '
servations , le brave naais £ii
Lorraine se laissa d^idiler. Oi|
mier suce^ encouragea Tambiti
triarche, et a force diosistai
toutes sortes il obtint eoeore da I
roi de la Palestine la oesakNi de b t
SYRIE MODEftNE.
801
arid €t de la cite de Jerusalem, en
leinortdeGodefroysans post^rit^.
ft pour le due de Lorraine se d6-
r le vassal du pape « et en accepter
nrement le droit de regner sur le
qu'il arait conquis. Cette usurpa-
leaodaleuse eut lieu devant le peu-
Msembl^ pour les c^r^monies du
jour de Plgues H-
MOST DS OODEFJftOY.
ae reatait done plus h Godefroy
I gouvemement tout militaire. Si
m croit quelqnes historiens, il s'ef-
pofirtant defonder des lois civiles ;
noins les Assises de Jirusalem^
I lui attribue, semblent avoir
^ de telles modifieations d*^poque
loque qu'll est impossible de sa-
au juste quelle ^it leur teneur
nps du premier roi de la croisade.
qa*il en soit , ee recueil de lois
)ii*une sorte de code fi6odal , oi^ le
K judiciaire est maintenu , ou les
Isontfavoris^, ou le clerg^ est
i dans ses privileges; mais oik
fftans^ les simples cultivateurs
It consider^ comme rien , ou plu-
nime une propri^6 , comme une
^ le serf avant la m^me valeur ma-
t et p^unlaire ou'un faucon.
86 i>assait-t*il aonc dans Fdme de
iefroy, soldat plein de valeur, mais
sans r^lie capacity? Malgr^ ses
ions de roister anx empi^temens
•^ malgr6 ses efforts pour fonder
Wable royaume , malgr^ ses ten-
rpour le consolider par un croupe
organiques ; apr^ avoir ced6 aux
f la partie la plus s^rieuse de son
w, on ne le vit plus s*occuper
la guerre. II alia prendre plu-
forteresses aux Arabes, il envoya
de en Gallic pour en assurer
Bision ; puis , eelui-ci ayant ^t^
par le aouverain de Damns , Go-
ae porta k son secours avec ses
Hc8 chevaliers , et tour k tour fut
ar des Musulmans de Damas et
qui Tenaient du dtert. Cepen-
Btes ces esearmouehes ne sufB-
s pour oombler le vide de son
our aatisfaire son activity, pour
ex Raool de Caen. Ut GeMiet de Tat^
CuallUome de Tyr, BiiUrire d$ ce
^,ete.
le consoler de ses chagrins intimes.
II tratnait partout une melancolie pro-
fonde ; et pourquoi ? Nul ne le sut. Se
repentait-il de sa faiblesse en vers les
prdtres ? Croyait-il , au contraire , n*a-
voir pas encore assez fait pour la reli-
gion? Regrettait-il amerement ces fral-
cbes vallees de la Lorraine dans les arides
et brdlantes campagnes de la Jud^?
Toujours est-il qu^apr^ avoir langui
queique temps il finit par tomber ma-
lade , et par mourir sans divulguer son
secret. On le pleura cinq jours de suite,
rapporte Albert d*Aix » et on Tenterra
sur le Calvaire, pr^s du saint tombeau
qu*il avait delivr^. Heros de bras plu-»
tdt que de t^te, il sut toujours donner
Fexemple du courage dans les combats;
mais il ne se trouva pas capable de fon-
der un empire. Lescirconstances luifu-
rent defavorables, c*est vrai ; cependant
un autre que lui peu^^treeQt eu le talent
de mieux srouper les hommes, de les in-
t^resser oavantage h leur conqudte , de
retenir plusde trois cents chevaliers li Je-
rusalem. Aucune des ferocity de la croi-
sade ne pent lui ^tre reprocbee : il se
battait avec Anergic contre un ennemi
qui lui ripostait , il ne savait pas for-
ger un prisonnier sans defense; son
malheur est de n*avoir jamais eu assez
d'autorite personnelle pour arrSter les
bourreaux. II fut bon comme on pouvait
r^tre dans un si^le de fer . d*une bont^
passive. C'etait un grand natailleur, ce
fut un pauvre prince (*).
BtoNB DB BAUDOCIIC D'BDBSSB.
A peine Godefroy mort , une explo-
sion d'intrigues contradictoires eclata
dans la ville sainte, dans la cite de Dieu«
dans le royaume de rabn^gation et du
desinteressement. Ce ch^tif £tat etait
ambitionne par d'ardents eompetiteurs;
Daimbert, appuy6 sur les pr^tendues
promesses qu il aurait arrachees k la fai-
Dlesse du due de Lorraine , redamait
Jerusalem au nom du pape. Les sei-
sneurs ftodaux repousserent tout d'a-
bord une pareille pretention « et ne vou-
lurent drautre chef qu*un homme
d*epee. Unn des leurs , Gamier , comte
de Gray, parent de Godefroy, prit
(*) VoveK Albert d'iix, Bittoire ctr I'tspedi-
tion de JirvBalem,
302
LUIHIYERS.
en coDS^uence possession de la tour
de David et des autres j)oints fortifies
de Jerusalem. Le patriarcbe fulmina
une mal^iction eontre le saeril^e ; et
comme le comte de Gray mourut su-
bitement qnelques jours apres, plu-
sieurs fanatiques en cooclurent qu'il
avaitet^ (rapp6 par le del. Neanmoins,
roalgr^ cette interpretation a son profit
d'un accident dd au hasard, Daimbert
n*en cbercha pas moins un allie, et
6crivit a Boh^mond , son fidele protec-
teur moyennant finances. Helas! le fin
Norinand s'etait laiss^ prendre par les
Turcs, et perdait aicsi avec la libert^
la bonne aubaine qui s'offrait a lui.
Force fut a Tavide patriarcbe de c^er a
la n^essitc. Ses pretentions activerent
m^me le choix des barons , et ils offri-
rent a Baudouin d*£desse la couronne
de la cite de Dieu. Baudouin ne se fit
par prier. II accourut a Jerusalem , et
m^me avec une telle pr^ipitation , aull
manqua de tomber dans une embuche
que lui avaient dressee les Arabes dans
les defiles du Liban. A Fentr^ de
Baudouin dans la capitale de son nou-
veau royaume, Daimbert n'eutd*autre
parti h prendre qu'^ se retirer, et, fei-
gnant de n'^tre pas en sQreti^ sur le
Calvaire, il se r^fugia sur la montagne
de Sion.
A peine arriv6 h son nouveaa poste ,
Fancien comte d*£des8e, qui avait laiss6
cette principaut6 a Baudouin du Bourg,
son cousin , voulut m^iter par une pe-
tite exp^ition les suffrages de ses
pairs, (iette expMition se borna k une
sorte de promenade militaire , oii Ton
fit beaucoup de ravages et quelque
butin. A son retour, le nouveau roi
voulut se faire couronner k Bethl^em.
On en passa parson caprice. Daimbert
revint a composition; mais Tancrede,
qui se souvenait de ses nombreux d6-
m^l^s avec le fr^re de Godefroy, re-
fusa d'assister au sacre d*un deserteur
de la croisade , et 8*en alia defendre
Antioche durant la captivite de Boh6-
mond. Ainsi s'eparpillaient les forces
des Cbr^tiens. Grftce h leurs dissensions
intestines, ils ne formaient aucun6ta-
blissement stable et puissant et Syrie.
Cette malbeureuse province, comme
dans ses plus mauvais temps , ^tait di-
▼isee en petits £tat8 independants, et ne
profitait en aucuoe facoQ de k km
tion firanque. Bien au cootrain, m ^
ritoire s'appauvrissait de plos en^
ne servant que de champs deb '
des luttes loeessaotes, 11 der
jour en jour plus arlde et {ilai|
donn6.
II serait fastidieux et inte
de suivre toutes les peripetiess
portance de cette guerre pq
oontentons-nous d'en iadiqwli
sultats. Apres des alteroativeif
ou le nouveau roi de Jerusaien'
tot vainqueur, taotdtvaioeai^
sieges inuombrabLe^deforlerai
des poiutespousseesarorieotfll
apres des hostilitessaos profit f
rent plus de quioze aos, Baa'
vorise coup sur coup par la i
combats, unit par porter lag
£gypte mime. II y fut beoreaifi
la viiledePbaramia, eta'eoief^
la joie du triomphe, lonqued
ii tomba gravement maiadei
entre les bras de ses amis, I'ai
£i-Arischy sur les froDtJoorij
la Palestine. Baudouio, r"^
jours frivole et debauche,
imprudent, sembla meillavj
roi qu'il n*avait iU ooouMr^
valier ou comme comte d'Edi
ambition une foi satisfaiujl
arrogant, moins dissiowie, i
rascible, moins injuste,
qu*il ne s'etait mootrd iHj
mentde la croisade. Lespr
de leg&ter, refonnereot^
des vices de sa nitorecil
ftpretes de son caracteit. f
reste, sans g^nie, pnaoef
vues, il oe sut que maiati
mi^ere premiere le rovaiine^
confix. S*il ao etendit Jes f
s'empara de quelques villesi
il ne sut ni les enrichiri Bt|
tirer toujours uni
on le vit une fois forcer le i
Jerusalem k lui remettre I
des fideles a TegUse de la I
une autre fois dpouser,
ri^ d^ja a une priiicesie^
qu'il avait laiss^ a Edesse,«
comtesse de Sidle, parwgi
portant une riche dot elle »■
sa detresse ordinaire. Epos ■*
pourvu de sens moral, il oe «
STRIE MODERI^E.
808
ffezpMients , at ton YoyatuM que d'au-
mdoes C)-
Tel 6tait done, au bout de viDgt ana
de regne, le r^altat de la dominatloD
firanque en Orient : un royaume mi-
fi^rable en Palestine, des eomtte en
guerre pnerp^tueile, celui d'^desse tomb6
aux mains de Baudooin du Boorg, ee-
lui de Tripoli coneM^ k Raymond de
Toulooie par Tempereur grec Alexia,
la prfndpant^ d*Antioohe ruin^ par
Ta^idit^ et lea fautes aoceeBaives de
Boh^mond ; en un mot une petite fito-
dalit^ sans consistaBoe , aaoa grandeur,
aana a venir, iSnidee en Syrie a I'image des
/(MaJit^s europ^ennea , mais sans leurs
prestiges et aans leur foree; une mi*
s^re presque incurable ches les pelerine,
un eommerce ^teint, une agriculture
d^laissee, une depopulation telle que Ters
Tan 1110 tous leslMbitanU de J^nisa-
lem auraient pu ae loger daos une seuie
des rues de la ¥ille. Puis , en eompen-
nation, queiques beaux fiiits militaires,
quelques brillants actea de eourage,
mais sans consequence victorieuse, sans
r<esuttat dedsif. fin r^eume, la croisade
n'afait porU qne la devastation ea
Orient, le trouble dans lea existences des
Chretiens auasi bien q[ue dans celles dee
llusulmans ; ce n*avail eteque la guerre
permanente en place de ranarchie.
BiONX DB BAUDOUlIf DC BOUa<l
ax DX FOULQOES D*AlliOD.
Rien n'etait plus ni stable ni assure
dans eette pauvre Syrie. Tandis que Ton
contestait a Jerusalem le Irikae de la
ville sainte au cousin de Godefroy de
Bouillon, la malhforeuae prineipaute
d'Antioche etait k Tagonie. Bohemond
et Tancrede une fois morts , ii n*y aTait
plus de gnerriers capables de la defendre
centre les Turcs. Geux-d, en effet,
eommandes par le prince de Mazdin , II-
Gazi , homme feroee et qui fanatisa son
armee, s*avancerent aveo les gena d'A*
lep centre un certain Rog^r qui se trour
Tait Ii la tete des Cbretiens* Ce deniier,
friyoleetinoapable|^entilhomnie, tout en
attendant Tennemi , a*amusait k cbasser
aux faucons , au lieu d'exercer ses trou*
pes. n se laissa surprendre par les
(*) Voya Galllaame de Tyr , Hittoire de ee
aui ^nt wui4, etc; et les historlens Arabci
lLMUl-Ed<Uii , noYtlri » Um-Djousi, etc
Musulmans et battre si compietement,
au*il perdit la vie ainsi que quinze mille
des siens. A eette deplorable nouvelle
pour tous les Francs de Syrie, lenouveau
roi de Jerusalem , malgife les contesta-
tions auxquelles il etait encore en butte,
Youlut yenir au secours d'Antioche. II
antra dans eette ville, dont le ffouver-
nement etait presque abandonne , se fit
livrer par sa soeur, veuve de rimprud^nt
Roger , le tresor de la cite , leva des
troupes, et marcha k son tour contre les
Musulmans I qui avancaient toujours ,
s*emparant des differentes places , bou- :
levards de la prineipaute. Malheureuse- •
ment il n*eut pas plus de succes que
son beau-frere. Accompagne dTArme-
niens et de Syriens d^eneres , 11 ne
nut resistor aux Turkomans d'll-Gazi ,
tut vaincu en plusieurs rencontres , et
dut se considerer comme tres-heureux
de ne pas tomber sous le fer ou entre
les mams de ses ennemis. Telle est du
moins la version du chroniqueur arabe
Kemal-Eddin. Selon les recits Chretiens,
au oontraire, Baudouin du Bourg se-
rait rentre k Jerusalem apr^s une vic-
toire. Quoi qu'il en soit , la prineipaute
d'Antioche avait ea k souffrir toutes les
sortes de calami tea, et noua ne pour-
rions pas faire un tableau plus sombre
de sa situation que celui qu*en a laisse
Gauthier le Chancelier, I'auteur de
V/Iittoire des guerres d'Antioche :
« Antioche, dit-il, depourvue de
narnison et ayant perdu tout secours
des Francs, se vit, par la necessite, sou-
mise k son clerge , et d^s lors elle eut
beaucoup plus a craindre de la trahison
de ses ennemis interieurs que de la
violence de ses ennemis exterieurs. Cela
ne doit paa surprendre; car eette ville,
privee de ses biens par la force et la
mecbancete de notre nation (pi et pravo
' ingenio gentis nortrm prioata suis
bonis ) , adonnee k de mauvaises habi-
tudes ( addicia pravae consuetudini ),
tres-souvent accabiee par le desespoir
(smpius mcerore concussa), aurait
peut-etre voulu, par un retour de justice,
rendre le inal pour le mal, et aurait pu
maltraiter les ndtres, soit ^r trahison,
soit de toute autre maniere. Le pa-
trlarche , en homme prevoyant , appelA
aupres de lui les Francs, et, s'appuyant
aur la force de Dieu et aur le secourl
ZM
L*tWlVfift5.
de sou clerg^, prit des mesures ponr
prevenir toute trahison ; et , de concert
avec le clerg6 et les Francs , il se cbars»a
lui-m^iiie de la garde d*Antioche. II Tut
r^solu que tous les habitants, de guelque
nation qu'ils fussent, except^ les Francs,
seraient sans armes; que personne ne
sortirait jamais la nuit de sa demeare
sans lumi^re. II fut dteide , en outre ,
3u*on 6tablirait des tentes ( sans doute
es especes de eorps-de-earde ) dans
tous les endroits fiaibles de la ville, afin
de prot^er les Chretiens , et que toutes
les tours recevraient un nombre de
moines etde clercs unisauxlaiques (*). »
Ce qu*il y a de signifieatif dans la ci-
tation ^ue nous venons de £aire , c*e8t
3u'Antiocbe, oomme Jerusalem , n*avait
ans son sein qu'un petit nombre de
Francs. C'est bu'aussi les direrses po-
pulations qui rhabitaient, m^ontentes
sans doute du f^ouvemement des crok
8^8 , ^taient touiours toutes pr^Stes k se
soulever contre leursdominateurs. Ainsi
anarchic et r^volte , Yoil& les maux qui
mena^aient sans cesse les Francs , les-
Suels poortant s'^taient pr^sentes comme
es lib^rateurs it I'oriffine de la con-
qu^te, mais qui bientdt devinrent des
tyrans presque aussi d^test^ que ceux
ie la religion islamique.
Aprds la principaut^ d'Antioche ee
fut le tour du comt^ d'^desse a dtre
envahi, mis k feu et sang, sous le
coup d*une destruction presque totale.
Josselin de Gourtenay avait remplace
Baudouin du Bourg k Edesse. II ne put
pas d^fendre longtemps son comt^
contre Balak, successeur d'll-Gazi. Apr^
Dlusieurs engagements malheureux , il
lut m^me fait prisonnier, et conduit
dans une forteresse du nom de Karpont.
En cette extr^mit^ les Chretiens eurent
recours k leur chef sui>r^me , le roi de
Jerusalem. Gelui-ci, plein de bonne vo-
lont^ sinon d'habilete militaire, courut
k la delivrance de son vassal. Mais
loin de le sauver, il ne panrint qu*li se
faire prendre, lui aussi , et a devenir le
compagnon d'infortuoe de Josselin. Puis,
malgr^ un essai de cinquante Arm^
niens pour rendre les deux princes chr^
tiens a leur peuple, Josselin seul put
.(*) Faifez Gaothier le Chancelicr, Bella An-
iMchena, traducUoQ de la Bibtiothique des
Crotaades.
s'^chapper et aller demukder uuim
k la ville sainte. Celle-d D'anitfuk
temps de s'occuper de son ni; IK
fallait songera son propRsriilii
£gyptiens, apprenaot ia ci^iij
Baudouin du Boorg, ^taieotTflMH
quer la Palestine. On dot mitf
devant d*eux josmie sons kii
Jopp6 (Jaf&), qu'ut assitoicBtlhl
par mer et rar tene. Ha
pour les Chrkiens qu'ils i
une Tictoire dans one plaiie i
calon, et oue, grftoe a ramiiil
assec grand nombre de Yditt '
parvinrent ensnite k s'empiRr^i
de Tyr , BMyennant wieenitshl
laissait la vie sauve il tous les 1
mans, et a la camison, fatmkn
de Damasqums , en partie ^
tlCM(*). •
Ce sucote, dA sortootMi
Yenise et It ses Taisseaax, jelap
un certain trouble daas Fa
Mahometans. lis doataesU
foia de leurs suec^ fiitsriii
t^nt la ran^on que leur ofibiti
du Bourg pour sa liberty f^
faster de retoumer dans sa e
prudent roi de Jtosalen i
quelques chevaliers, et 8*eta
le si^e devant Alep. Bieotdte
It le lever, et il revint enfiad'
sainte, apr^ une asses I
pour qu*on le reoonndtt a peiM
pass^ parfaitement de hii f^
ans; et il eut bean tenterl
de petites expMtions, ^
dont le pillage etaitle bot,ii
mort avant <ravoir rien £ut r
son royanme et honora i
m^moire. On ne lone eo ho ^
voure tto^raire, trop 1
et on pourrait lui reprocher o
trop minutieuae nour ub
Serre. Du reate ani pas
atsurletrAnedeJ
cesseur lui fut enooie iaferia*!
un vieillard que des diagritfjr
avaient ponsse en Orient, ct4 '
sola en epouaant la fijle del
du Bourg a la condition de s
dernier. Voillt comment Foi
jou , a peine arrive a J^rustw
uaissant rien aux mceurs des "
(•) Voyei Ibn-DJoml , JWrwr *« '
SYRIC MODERNE.
305
Orient et a la guerre continue centre
s Musulmans , devint le chef de la co-
nie franque en Syrie , etant deja use
corps et d'esprit, dge de soixante
s et couvert d*infirmit&.
Les possessions des Francs en Orient,
li commencaient , tant par la debau-
e et la mollesse que par les dissen-
)i)S intestines, a s'ebranler durant le
iine de Baudouin du Bourg, menac^-
atde se detraquer completement sous
n successeur. La discorde pritdes pro-
rtionsdesastreuses, la demoralisation
mblait generale. Oii vit d*abord Jos-
ui<feCourtenay, ce fou qui avait si
implement compromis le comte d*£-
ise, s*allier avec les Musulmans |)our
aquer le fils de Boh^mond, qui etait
lu dltalie gouvemer Antioche. Ce
dbeareux jeune homme fut tue par les
rcomans en defendant sa principaute.
teine etait-il mort que sa veuve Alyse,
t de Baudouin , proposa a un chef
Mlman sa main et Tneritage de son
f Foulques fut oblige de partir de J6-
bkm avec une armee pour mettre
l>cle a rhifamie de cette mere indi-
L II jr parvint, grdce au prestige qui
Nirait encore sa couroune, plutot
lide par sa valeur personnel le. Mais
itdt Pons, comte de Tripoli, se rangea
parti d^Alyse, et les Francs furent
g6s de marcher centre ce trattre, de
Hnbattre et de le vaincre pour r6-
ur Itordre dans la Syrie chretienne.
tandis que Foulques etait occupe au
*i la dissension atteignait sa capi-
et sa propre maison. II trouva Je-
tlem dans Tanarchie , et sa femme
dult^re avec un certain Hugues,
tc de Jaffa. Ce dernier, denoiic^pour
llonie, deshonore pour son crime,
gea les Musulmans d'Ascalon a
^r la Palestine. Sa trahison trouva
vx d^xcellents auxiliaires ; ils por-
it le pillage dans toutes les contrees
Lugues les conduisit, et quand iisse
It ^ori^es de butin , ils abandonne-
le traitrecomme ille m^ritait. Mais
It enfermedans Jaffa, le chevalier
ne Youlut^e rendrequ'a la con-
1 d'avoir la vie sauve et de pou-
retourner en Europe. Le faible
fues soiiscrivit aux conditions que
iposait le plus deloyal des Francs ,
Ta il rabaissa son autorit^ et lais-
50* JJrraison. (Sybie hodebne.)
sa son deshonneur sans vengeance (*).
Chose singuliere, et qui prouve en
quel etat de faiblesse etait tombe le
royaume des Francs en Syrie ! ce fut le
successeur d' Alexis, Jean Comnene, qui
proGta seul des discordes entre les
Chretiens, et des conqu^tes de la pre-
miere croisade. Non-seulemeut il reprit
une partie des villes de la c6te de
TAsie Mineure; mais comme on lui
refusait Antioche et Tripoli , quMl desi-
rnit aussi , il s'avan^a jusqu'aux fron-
tieres de la Syrie avec une armee con-
siderable. Les pauvres Francs etaient
entre deux ennemis , aussi inquietants
pour eux I'un que Tautre, le Byzantin
d'un c6te, le Turkoman de Tautre.
Les Chretiens implorerent lesecours du
roi de Jerusalem ; mais relui-ci etait
presque cerne par les Musulmans, et ue
pouvait pas faire un pas sans risquer de
tomber en leur pouvoir. Tout alors au-
rait ete perdu pdur les colonies latines ,
si Jean Comnene lui-m^me n'en eAt
eu pitie, et si , au lieu de les ^eraser
comme il le pouvait , il n'edt eu , au
contraire , la generosite de leur offrir
Fappui de ses forces centre les Musul-
mans, moyennant rhommagequ'il exigea
du prince d'Antioche. Jean Comnene ,
du reste , n'eut pas a se loner de sa mi-
s^ricorde. II ne trouva dans ses nou-
veaux allies que des gens amollis , effe-
mines , ne sachant que jouer aux d^s
ou chasser aux faucons, etqui laisserent
ses soldats 8'occu|>er seuls du siege de
Khaizarieb , vilie situee sur POronte , et
nouveilement prise aux Chretiens par les
habitants d'Alep. Bient6t done il aban-
donna a leur turpitude et k leur impuis-
sauce les fils degeneres des croises de
Godefroy, et s*en retourna dans son
empire, plein de mepris pour eux.
Cependant Foulques, dans son ab-
sence de tout sentiment moral, religieux
et poHtiqne , en vint a louer ses troupes
a des emirs mahom^tans qui se ais-
putaient les cit^ de TAnli-Liban , et
accepta des mains des infideles la ville
de Paneas comme prix de la plus Ilche
et de la plus insensee des alliances. Ce
prince, du reste, etait alors presque
tomb^ en enfance ; sa memoire etait de-
(♦) Voya GaiUaume dc Tyr, ffisioire de ce
qui ^est passe, etc
20
806
L'UMVKRS.
venue si courts , qu'il ne reoonnaissait
plus ses familien et tes aerviteun. Oa
doit done Texcuser des dernierea fautes
de son r^Qe,quifureQt plutdtcommises
en son nom que 4*apm aa propre vo-
lonte. El) tout cas ces fautea aont loin de
fa ire honneur a i^esprit qui doniinait
alors h Jerusalem et i la cour du d^fen-
seur du 8aill^s^pulcre. Pour achever la
decadence du pauvre empire des Francs,
Foulques ne iaissa qu'un tils, i^ededouze
ans. La coupable reine Meiisende allait
done ^tre r^gente , et des debiles mains
d'un vieiUard la couronne de Jerusalem
tombait aux faiblea mains d'une femme
etd'un enfant (*).
DBCADBNCE DS LA DOMINATION
r&ANQUB BN OBIBNT.
La Syria n*^tait aux Francs que de-
puis quarante-cinq ana, et dej^ elie
avait eprouv6 autant de malbeurs, elie
etait descendue aussi bas que jamais.
G*est qu'aussi aa lieu d'un seul conque-
rant elie en avait eu cette fois des
milliers. Le systeme fi^odal, implanU
chez elie par la guerre, la trouva im-
ca|)able de le supporter. Les comtes de
Tripoli, de Jopp^, d^Ascalon, les barona
de Berytbe, de Sidon, de CaTpbas, de
Cesaree, devinrent autant de petits
tyrans qui Paccablkent dMmpdts, firent
de ses agriculteurs dea serfs, de ses cam-
pagnes des domaines , laissant k peine
aux citadins leur Industrie et leur com-
merce. Puis, pour achever Toeuvre de
decomposition , les discordes intestines
des seigneurs amen^rent ranarchie,
leurs vices grand issant amen^reot la de-
moralisation. Pour ne pas £tre accuse
d'exageration dans le tableau de cette
effrayante decadence , nous emprunte-
rons celui qu'en a fait un homme
; consid^re , dans ce temps de barbarie ,
comme sage et bon , Jacques de Vitri ,
ev^ue d*Acre. Disons d'abord que les
habitants du royaume de Jerusalem se
composaient , outre des Syriens propre- .
ment dits, deGrecs, de Jacobites, de Ma-
ronites , de Nestoriens, d'Arm^niens, de
Georgiens, puisd'un petit nombred*£u-
ropeens que la piete ou plutot le goAt des
aventures attiraient en Palestine, et enfin
des descendaiits diieets dei cMh,
qu'on appelait P(mta»ns, «Ntqif onkn»
gardAt comme des bomnesoouvonil
Qomme des poussiiis(ptt/[l),soilpM
que leurs meres eiaientgendraleinait»
tivea de la Pouille, pays d'oii les p-
miers crois^ Grant veoir des Iohi
pour repeupler leur conqufte. Qnoifll
en soit, ces Pouiains parureat aioirlBi
les vices <ie8 Orientaux mWs a m
des Europeena d*alors. Mail kw
parier le v^o^rable Jacques de ^
Apres avoir montr^ une graade i#
gence pour les premiers erois6g,tt|i,
pour nous, prouv^ iDdubitaUtontli
sincerite des accusations au'iIlaiMe(»
tre leurs descendants, il ditqaeiittfll
sainte ne renfermait plus, aT^
ou noussommes arrives, veisFaDlA
gu'une race corrompue et diffimk^
et de quelle f a^n encore (*) !
c Aussi Tenfer, ajoute lessen pft
lat , prepara-t-il des lors des hgem"
pour tous leurs crime$ H po» kmk
vices : depuis la plante des pidi^
Sa*au baut de la Ute, 11 dW aval
e sain ; et tel 6tait le peupttt ^
le pr^tre. (^omn^entons par le
tuaire. Depuis qae le moode a
etait devenu tributaire des pdal
des ordres rdguliers par ses a
ses offrandes et ses dons, ks
paissaient eux-mtoes. lis l
aux brebrisleur lait et leiilB««§
n'avaient aucun soin des fiias;c»f4
fr a de pis, ils donnaieot a a8#
eur etaient soumis des exempla^f*
fe
fidie : ils s'etaient enricfais de ii ll|
vrete de Jesus-Christ lis itivsxmi
nus superbes de son bumilit6, f
de son ignominie , et ricbes de smI
trimoine. Cependant , lorsque jsf
gneur dit h Pierre : Paistezmesm
noqs ne voyons pas qu*il loi ait jr
dit : Tondez met breoU...
« Les ordres r^guliers , Ion
M infqctes du venio des rie
etendu outre mesure loirs vastasf
sions; ils ont m^prise leun su|»
rompu les liens qui les
eqx, seooue le joug, et sent <
k charge non-seulemeot aox t^^
aui^ ecclesiastiques , mais a eux-j"^
(*) Voyez GaiUaume de Tyr, ITittetrv tfr e»
(•)Voy«J«s(nwideVttri, tff<w«*^
SYRIE MODERI«£.
Wf
m ia jalousie qui les <Mvore et par
nisdiaaensioiia. An grand aeandale de
Bote la chr^tient^ , ils en sont Teous il
M oatrages publics , k des haioes ma-
Ifestes, k des violeooes et a des com"
Its....
« Les abb^ , les prieurs , les moinea,
B ebapelaiDS, rejetant toute crainte
iDieu, ne redoutaieot pas de porter
fyux dans la moissou d'autrui , ni
Miiir,par des manages clandestins, des
Ksennes qui ne (K)uvaieDt toe uaies 1^
timenieat. lis visitaient les malades,
mpar pitie , nais par cupidity , et leur
taunistraient les saeremeuts malgr^
m propres pasteurs , liant et d^iant,
btre Fordre deDleu et les dispositions
I saints canons, les Am^s dont le soin
leur appartenait pas.
K PariDi les laiques et les sellers la
ruptioa etait d*autant plusgrande
ilB ^talent plus puissants. Une gen^ra-
i mecbante et perverse, des eufanta
maU et d^^nms, des hommes dis*
E, des violateurs de la loi di?ine ,
It sortis des premiers croises, bom-
^ religieux et affr^bles k Dieu«
^e la lie sort du vin et le raarc
Poiivier, oo comme Tivraie sort du
Dent, et la rouille de Tairain. lit
lent suec6d^ aux possessions, mais
aux nicenra de leurs peres; ils abu-
at des biens temporals que leurs pa*
s avaient acquis de leur sang , en
ttettant poor Dieu oontre des Im-
; Tout le monde sait que les eniants
eeox qu'on nommait Poulains ^
ffk dans les delioes, mous et effe-
il, plus accoutumes aux bains
fa combats , adonnte a la d^bauche
Timpuret^ , y^tus auss) mollement
desremmes, se montraient, Inches
iresseux, tiraides et pusillanimes
w les ennemis du Christ ; personne
tore oombien les Sarrasins les m6-
ieat^ ia guerre : leurs andtres, quoi-
I petit nombre , faisaient autrefois
Uer ces Sarrasins. Mais dans les der-
temps, ils n'^taient plus redoutes ,
i ils n^avaient point avec eux des
» , Gu des ^erriers d*occident. Ils
Mit des traits avec les Turcs ; ils
nt en paix avec les ennemis du
I , ef pour la plus l^re cause ils
t CDtre eux en proc^, en querelle,
acre civile, souvent mdmeils deman*
daient du seeours centre les Chretiens
aux ennemis de notre foi. lis ne rougis-
saient point de tourner au detriment de
la chretient^ des forces qu'ils anraieat
dd employer en Tbonneur de Dleu et
oontre les paiens. »
Et ce n^est pas encore U tout ce que
dit Jacques de Vitri sur la depravation
^enerale des descendants des croises;
il ne oesse, au contraire, de les denoncer
en toute occasion , et r^ume ainsi ces
maledictions .* « II ne pent voir , dit-il ,
dans la terre de promission que des
irapies , des sacril^es , des voleurs, des
adult^es, des parricides, desparjures,
des bouifons', des moines lascifs et des
religieuses impudiques. • Guillaume,
Tardiev^que de Tyr ^ n'est gu^e moins
rigoureux dans ses jugements que T^v^
que d^Acre. Voici comment il carac-
&rise les mimes hommes que Jacques
de Vitri fletrit si vigoureusement : « A
la place de nos peres , qui ^taient des
hommes religieux et «raignant Dieu,
sont venus leurs fiis, v^ritables enfants
de perdition, enfants d^atur^s , con-
tempteurs de la foi, se prteipitant a
Tenvi dans toute sorte d*exces.... Tels
sont les hommes du si^cle, et surtout
en Orient ; telle est la monstruosite de
leurs vices, que si un ^rivain entre-
prenait d*en faire le tableau il succombe-
rait sous le poids d'un paieil sujet , et
qu'il parattrait composer plutdt une
satire qu*une bistoire. » On voit de
3uel m^pris ^tahsnt dignes les Chretiens
e Syde au douzieme sitele(*).
LB8 HOSPITALIEBS BT LBS TEM-
PLIBB8.
Au milieu de tons ces.ltres immon-
des ou pervers , un homme montra sa
vie durant une puret^ de moeurs inalte-
rable, une pi^te aussi sincere que f&
conde en bonnes inspirations , une cha-
rity aussi ingenieuse qu*ardente , un d^
vouement k ses fr^res de toutes les
heures, une abn^ation de tous les ins-
tants. Outre cette bont^ si efficace dont
il ^tait dou^, cet homme ^uit aussi
un modele de courage dans les combats
et de resolution dans ses actes. Lors-
qu'il n'^tait pas a la guerre, oocupe a
• (*) Vovez Jacques do Vltrl , et Guillaume de
20.
308
LtJNlVERS.
secourir les blen^, a d^ager ceux que
leur t^m6rit^ entratnait dans des dao-
^ers presque insurmontables , il coarait
Jerusalem et ses environs pour porter
des consolations, des medicaments, des
soins aux malades. li cherchait aux plus
pauvres un abri; et lorsqu'ils ^lent
ffu^ris il les renvoyait avec le produit
des colleetes quil faisait pour eux.
Son saint exemple groupa autour de lui
quelques bonnes natures , qui Taiderent
dans le bien qu*il faisait. Peu a peu le
nombre de ceux qui se devou^rent ainsi
a secourir leurs mres augmenta tene-
ment qu'iifallutsonger a leurdonnerune
rdgie , h leur tracer des devoirs , a les
organiser. C'est dans cette intention que
fut cr^e Tordre des Hospitallers, dont
Tobjet principal etait de secourir les
blesses pendant les batailles , et les ma-
lades apres. Or Thomme excellent dont
nous venous d*esquisser le portrait , le
fondateur de Tordre des Hospitallers ,
le digne successeur d'Adhemar de Mon-
teil, ^i malheureusement mort de la
peste h Antiocbe, c*etait un simple cbe-
valier, appele Gerard de Provence.
Quoiqu'il ne fUt ni legat du pape, ni
seigneur f6odal, il n*en parvint pas moins,
a force de vertus, a acquerir une au-
torit^ reelle, dont il n'usa lamaisque pour
le bien. Sa fondation des Hospitaliers
reussit rapidement. Un assez grand nom-
bre de gentilshommes8*associerent ^ses
vues, et Taiderent et de leurs personnes
et de leurs fortunes. Bientdt de vastes
bdtiments furent construits ii Jerusalem,
les uns pour servir d'hospice aux mala-
des besogneux , les autres d'habitation
aux chevaliers unis. Ces chevaliers ne
se nourrissaient que de pain grossier ,
r^servant les mets succulents ou d^li-
cats pour les blesses, faisantsans cesse
des ^cooomies pour se procurer des me-
dicaments. Puis outre les soins aux in-
firmes, la charity envers leurs Mres, ils
s'oblig^rent a combattre sans cesse et
a outrance les infideles, et dans les
combats de servir, pour ainsi dire, de
r^erve toujours prete a se jeter dans
la m^lee, lorsque les Chretiens etaient
en danger et avaient besoin de renfort.
A la suite des Hospitaliers, et grdce
au succes de leur association, s'^tablit un
autre ordre, dont le but etait de prot6-
ger les pelerins et de d^endre les saints
lieux. Get ordre, ayant ^levesadeMB
dans les environs ou templedeSiloiii,
fut connu d^ lors sous le non ^ (l^
valiers du Temple ou Ten(iiias.fiii
aussi commeocerent par des acts rt
p^tes de d6vouement et de diarite; «
si plus tard ils devinrent ambitieaK
avides , ils n'en rendirent ^ m
d'abord de grands services a b dn*
tiente. Les Templiers rivaliserefltd»
de vertus pratiques et de dev«KMK&
elfectife avec les Hospitaliers, pnai*
ment au moment oik Fegoisme r^
dans presque tons les coetir8,ott(ib»
oubliait les malhenrs de sod pradu
pour ne son^er qu*a ses plaisirs.SaiseB
ordres religieux et militaiics a li te,
la regence de Melisende edt et^aosde^
sastreuse qu*anarchique. Mais csf^
sence de toute vigueur dans le pMiar
central, au milieu de refiervesceoa^
n^rale , les Hospitaliers et les Tempiff
surent et mainteair I'ordre dam to
murs de Jerusalem , et defeodreseif^
procbes.
AYBNEHSNT DE BACDO0I5 III.
La re^enee de Mdisende av»t dri
funeste a Tempire oriental des FMh
en deux annees qu'elle diua efleoitc
souvent Jerusalem en p^i , qo^a ftm
dge de quatorze ans Baudotda IHi^
des barons et des pr^lats Fep^ ^JM""
et la pomme , emUdmes de kkae^
de la loi et du royaume. Cifdg *
jeune ne pouvait avoir ni prw***^
nabilet^. 11 le prouva toutd'aboiA«»
treprenant une guerre aussi fi(^ 9t
tale. Un traltre vint lui ofl&ir la «»
Bosrab. Ce trattre.eUit oa ArmewW
service de Temir deDamas, eiqaj^
vernait un petit territoire sur les ei"*
du Barrai-al-Cham ( desert de Sfni^«!
n y avait rien a gagoer a i
cit6 isolee, bAtie a Toriginc des J
arides, separ6e de Jerusalem P^^J^
nes abandonnto, et plus proehe*^
mas quede la capitale de Tcmpire wjt
Baudouin III n'en parlit pas jjkm^**
tons ses chevaliers pour cetiecqwg
malencontreuse. li iraversee fat piJJ
ble : pas d'eau et un soleil brtlia»ti IJ
• '--=- et des «in«nis «■
de vivres frais .
oesse renaissants qui harcelaraii a m
lonne chretienne. A cha^uei
une attaque, a cbaque menie ■
SYRIE HODERNE.
W9
ihe. Gaillaume de Tyr peint tr^-bien la
lontinaite des efforts mosulroans par
es paroles : « II ^tait tir^ sur les Ghr6-
feus une telle quantite, et quasi conti-
tueile, de toutes sortes de fleches, qirel-
es semblaient descendre sur eux ainsi
[lie gr^le et grosse pluie sur des mai-
ions couvertes d'ardoises et de tuiles ,
slant homines et b^tes cousues d'iscel-
esO..
Dans cette situation critique, uneseule
sbose souteoait Tardeur des Francs, c'e-
ait ridto d'aboutir apres cette raarcbe
ptoible a une ville qu'on allait leur li-
Ter, et qui leur serait a la fois un lieu
le refuge et de repos. Quel ne fut done
OS leur d6sappointement, lorsqu'arri ves
nfin en vue de cette cite tant desir^ ,
Isapprirent que la femmedu gou verneur
irmenien se refusait h obtemp^rer aux
frdres de son Idche mari ; ^u'elle avait ,
tn contraire, arin^ la garnison, fdit en-
ror des renforts musulmans, et s'appr^-
lit a defend re la ville auiieu de lalivrer!
£8 barons se d^couragerent, et loin de
eager a un siege v^ritablement inipos-
iUe, et auquel on n*avait pas pu s*atten-
tie, lis ne penserent plus qu'a la retraite.
i*arni^e fit done volte-face , serra ses
aogs, les fantassins au milieu, les cava-
lers sur les cotes, presenta ainsi un mur
ie fer a sesennemis , et s'achemina len-
Hnent, T^p^e nue a la main. Les Musul-
iians essayerent roaintes fois d'entamer
vtte muraille ambulante; elle resista
OQjours a leurs charges r^pet^es. D^es*
fmt enfin de rompre cette masse com-
^aete, ces hommes si fermes et si reso-
ii, elle employa un autre moyen d'en
Nr raison. La contree ou cette scene
ipassaity toute brdl^ par les feux du
«« ^tait couverte de bruyere, d'arbris-
MX, de plantes parasites dess6ch^s par
ps ardeurs de T^te. Les Damasquins y
airent le feu. Des lors la fum^ et les
lammes accompagnerent k leur tour Tar-
D^ desol^ des Francs. lis marchaient
ucdes brasiers; ils tombaient au milieu
k Tincendie pour 6viter les fleches de
Bors adversaires. Beaucoup d'entre eux
i6rirent ainsi. Tous eurent k soufifrir les
Drtures les plus affreuses. Enfin le d6-
■espoir les prit ; la superstition les gagna.
Us entour^rent Tevlque de Nazareth ,
qui portait le bois de la vraie croix , et
le supplierent de demander a Dieu la fin
de leuFsmaux. Dieu sembia exaucer leurs
prieres. Le vent tourna tout a coup, chan-
gea la direction de Tincendie ; et ce ne
lut que grdce a ce hasard propice , a ce
miracle si Ton vent, que Tarmee put ren-
trer sur le territoire franc, et bient6t
h Jerusalem. Cette expedition insens^e
fut un fdcheux commencement pour le
regnedeBaudouinlll f).
Cependani si les Francs ne pouvaient
trouver parmi eux aucun prince supe-
rieur, et tel qu*il en aurait fallu plusieurs
pour fonder un gouvernement stable,
pour M^er une puissance capable de se
maintenir contre des ennemis si perse-
v^rantsetsi nombreux, Flslam, au con*
traire, reprenait de jour en jour son as-
cendant. Des hommes seformaient dans
son sein contre lesquels les forces les
plus vives de TOccident allaient devenir
n^cessaires sinon pour balancer la vic-
toire , du moins pour continuer Tanti-
gonisme. Apres rardent Il-Gazi s*etait
rencontre Zenghi, nature d6ja plus
complete, caractere plus energi<]ue , vo-
lonte plus ferme que son pr6decesseur.
Emad-Eddin Zenght etait primitivement
eniir de Bassorah. II montra de Thabilet^,
du courage etde la resolution ; et, faute
d'bommes capables de les defendre, les
Mossouliens jeterentlesyeux sur lui. Ils
lui proposerent le gouvernement de
leur ville : il accepta et se fit agreer par
son suzerain, le sultan de Bagdad. Une
fois en possession de Mossoul, il y deve-
loppa assez de qualit^s pour que les
Alepains , a leur tour, vinssent Je sup-
plier de les aider a conserver leur terri-
toire, et a s'opposer aux tentatives des
Francs. Zengni, toujours pr^t a aug-
mentersa puissance, m6me au detriment
de sa tran^uillite personnelle, se fit aussi
ceder la ville d'Alep, et devint de cette
facon prince de toute la Syrie occiden«
tale. Certes, s'il rendit Tespoir aux po-
pulations musulmanes, s'il retablit Tor-
dre dans leurs cites , il ne panit jamais
avoir de bien hautes qualit^s; car ce fut
par la perfidie et la cruaut^ envers les
sienseux-m^mes qu'il etenditd'abord son
(*) Toy« Goinaome de Tyr. fiisloire de ce
^feupttei, etc
(*) Voyez Gaillaame de Tyr, Histoire de ce
qui^eetT^OMMi, etc.
•10
L*UmVEBB.
empire. Llneapable eomte d'fide886« Jo«-
selin de Courtenay, lui accorda une trive
k sa premiere demande. G'^tait donner
a son ennemi le temps et le moyen de
deveoir redoutable. Zenghi profita de
cette paix momentante avec les Francs
pour s'arrondir ; il trompa tour k tour
les ^mirs d'Uamah et d*Hems, leur arra-
cha leurs villes , et les ajouta k ses pos-
sessions, d6ik considerables. De cette fa-
con, sauf Antiocbe, il avait presque tout
le cours de TOronte, c'est-lniire un pa][8
riche, productif, et dont les vastes prai-
ries ^talent tres-^avorables k nourrir les
cbevaux nombreux desa ca valeric. Puis
il commen^a parattaquerle prince d' An-
tiocbe, pour en venir ensuite au comte
d'£desse. Nous avons d6ja rapporte les
diffcrents refers de oesdeux chefs Chre-
tiens ; ce furent les soldats de Zengbui
qui les leur iirent ^prouyer.
Apres avoir pris successiveroent aux
Francs les villes de Barim, de ILapbartab
et de Marrab, Zenghi meuacait serieu-
senient la conqudte des croises et faisait
au lointrembler Jerusalem, lorsque la di-
version op6t6e par Teilipereur de Cons-
tantinople, Jean Gomnene, mit quelque
entravea ses succ^. Voyant tout d'abord
qu'il ne pouvait lutter seol, avec des
troupes quenesoutenaitaucuD renfort s^
rieux venu de Perse ou de M^opotamie,
centre lesGrecs r^unis aux Francs, tout
en conservant la campagne et en cou-
vrant ses possessions, il usa de ruse
Eour s^parer ses adversaires. Au prince
vzantin il ecrivait de se metier de ses
allies les Latins; aux Latins ii d^non-
^it la perfidie imm^moriale des Grecs.
A force de perseverance Thabile musul-
man parvint k mettre le doute et la froi-
deur entre les auxiliaires Chretiens qui as-
siegeaient une des places voisinesd'Alep,
et finit par leur faire lever le siege. Plu-
sieurs ann^es durant , Zenghi , rassur^
du cote des Gbr^tiens, ne cbercha qu'a
affermir sa domination. Le voyant oc-
cupy centre des emirs rebelies, les francs
n'en concurent plus la ni^me apprehen-
sion, et le laisserent tout a son aise m^-
diter et preparer son grand coup, la prise
d'fideSse (*).
Si Josselin de Gourtenay avait etc un
homme sans foi^ sans talents r^eis, sans
(*) Yoyez Ibn-AlatU, Hittoin de$ Jtabeka.
prudence; au moiD8etait-eeimkaii>
dat, et un prince toujours jphfxsfik
son comte, toujours pr^t a le dtfeodit
II n*en fut pas ainsi de sod fib, jew
homme debauche, ivrogneetioMwdaoL
Zenghi attendit done la mort du p
pour depouiller le fils, eotreprise qui «
lui fut pas difficile. Ge JossdiQ,d(iuiae
dtt nom, des que son pere n'exista pjs,
quitta sa capitale ^ur aller habitcrlor-
bessel, ville de delices , situee daas n
pays charmant, entouree d'one ofr
pagne fleurie, et la il s'abaodoonaaw
vices, negligeantet de payer ses tnofieE,
et d^entretenir ses forteresses, etde k
garer contre les incursioos de set a»-
mis. Profitant avec adcesse de l^iaaft
cite et-de Tincurie de son adfersaire,
Zeoffhi endormit c&eore ses sooipoi
en feignant d'aller mettre a la nm
quelques-uns de ses sujets revoltB. Pu,
au moment oft on s'y attendait le moiis,
Tarmee considerable qu1l araitlef^,i
la dirigea tout i coup sur Edesse. |
Gette ville ne manquaitpasd'ai^parm
comme place fortiGee ; mais elle eUitiit' '
pourvue de defenseurs. Uabttee seilt-
ment depuis le depart de Jo^lin 11 pv
des Armeniens et des Ghaldeeiis,boiBaa
de commerce et non de guerre, elk o'lrat
Ju'une tr^s-petite garnison de Fraaci
[ue lui servaient done ses reiujwti^
ves, ses tours nombreuses, sadaW
Personne n'etait capable de dofer Ji
peude troupes qu'elle possedaii.Upc*'
dant le sentiment de la consenffla^li^
sonnelle et de la propriete alM
d'un certain courage ces marcfaaodsitf-
naces dans leur existence et da» i(*
fortune, lis repondireot aui exbsli-
tions de leur clerge en s^armaot eoatt
ils purent; et, pleins d'espoir daoski
secours qu'on leur promettait,ilsM
d'al>ord assez bonne contenaoce. iod^-
lin II, ebahi de cette attaque, deauidi
Tappui du royaume de Jerusalem ;adi
son pauvre roi avait bicu assa \
faire chezlui. Puis il setournaverslU^
mond, prince d^Antiociie. Gedewrii
avait voue une haine morteiie,elM
vouiut pas I'oublier dans cette qcb^^
Josselin II futr^duita iaisser sus**
cours sa malheureuse capitale.
Voici comment Abou'l-Faradj, Hb*"
torien arm^nien, en raconte h ol*
trophe : « Zenghi parut devant Edesseii
STRIE MODERNE. "
Sll
mardi 28 novembre 1145. I^on camp fbt
dresse pits de la parte des Heures, vers
r^lise des Confesseurs. Sept machines
ixireat e)ev6es coDtre la ville. Dans ce
danger, les habitants grands et petits^
sans exceptor les moines, accoururent
8ur les remparts et coinbattirent avblc
courage ; les* femmes m^me 8*y rendi-
rent, apportantaux guerriers despierres,
de- I'eau et des vivres. Cependant Tett-
*inemi avait creus6 sous terre jusqu"^ la
▼iUe; les a8Sieg6s creus^rent aussi de
leur c6t^, et, penetrant dans la mihe
opno»^, y tu^rent les travailleurs. Mais
deja deux tours ^talent enti^rement rui-
D^es. Comme elles ^taient pr^s de s'l^
crouler, Zenghi le fit savoir aux aSsi^
g^ , en disant : « Prenez deux hommes
« d*entre nous en otage ; vous env^rez
Si deux des vdtres, et ils se eonvaincront
« par eux-mlmes de T^tat de8 choses.
« II vaut mieux vous rendre, et ne pas
«• attend re d'etre soumis de force et
« d'etre extermin^. » Get avis fut m^-
pris^. Celui qui commandait dans £desse
four les Francs, attendant d'un moment
Tautre i*arriv6e de Josselin et du roi
de Jerusalem, reieta avec d^iain la pro-
position de Zengni.
« Alors Tennemi m!t le feu aux pou-
tres qui soutenaient leS tours, et elles
S*6croul^rent. Au bruit qui en retentit,
les habitants et les ^v^ques accoururent
sur la breche pour arr^ter Tennemi.
Mais pendant qu'ils d^fendaient cet en-
droit, les Tures (soldats de Zenghi)
trouv^rent les remparts disarms et for-
cerent la ville. Alors les habitants quit-
t^rent la br^he et coururent a l8 cita-
delle. A partir de ce moment, quelle
bouche ne se fermerait, quelle main ne
reculerait d'effroi, si elle voulait racon-
ter ou d6crire les malheurs qui dUrant
trois heures accabl^rent iSdesse !
« On ^it au samedi S de canoun se-
cond , ou Janvier 1145 de J. G. Le glaive
des Turcs s*abreuva du sang des jeunes,
des vieux , des hommes , des femmes ,
des pr^tres, des diacres, des religieux,
des religieuses, des vierges , des^poux ,
des Spouses. Hdas! chose horrible h
dire ! la ville d*Abgar , ami du Messie, fut
foul6e aux pieds pournos p^ches ! 0 de-
plorable condition humaine! Les p^res
resterent sans piti^ pour leurs enfants,
les enfants pour leurs p^res, les mdres
furent insensibles pour le fruit dis leurs
entrailles, tous couraient au haut de la
montagne vers la citadelle. Quand les
f>r6tres en cheveux blancs,qui portaient#
es chdsses des saints martyrs, virentf
luire let signes du Jour de colere, du .
jour dont un proph^te a dit : J'ttpprou- ^
verai tecanrroux cilexteparce que fat
pich4, ils s'arr^t^rent tout court, et ne
cesserent d'adresser leurS voix h Dieu ,
jusqu*A ce que le glaive des Turcs leur
edt dt^ la parole. Plus lard , on retrouva
leurs corps en habits sacerdotaux teints
de sang. II y eut cependant quelques
meres qui rassemblerent leurs enfants
autour d'elles , comme la poule appelle
ses petits,et qui attendirent de perir.
tous ensemble par T^p^, ou d*6tre k la
fois men^s en servitude. Geox qui avaient
couru vers la citadelle n'jr parent entrer.
Les Francs qui la gardaient refiiserent
d'ouvrir les portes, et attendirent que
leur chef, qui ^tait k la breche, fdt revenu.
II arriva enfin , mais trop tard , et lors-
que des miliiers de personnes avaient
m etouffees aux portes. En vain voulut-
II s*ouvrir un cHemin, fl ne put passer
outre , a cause de^ cadavres entasses sur
son passage, et fut tu6 k la porte mdme
d*un coup de fleche. Enfin Zenghi,
touch^ des maax qui accablaient £desse,
ordokina de remettre r6p^ dans le four-
reaU(*). »
Telle fut la deplorable fin du si6ge
d'Edesse. Josselin Tavait laiss^ faire sans
bouger. Eiifin , poussiS sans doute par la
honte de sa conduite, et sans doute aussi
entrain^ par le ^este d'hommes d'hon-
neur qui Tentouraient, il tenta de re-
{>rendre sa capitale. II y r6u$sit, grdce k
a faible garnison turque que Zenghi
y avait laiss^, grdce aussi k la coopera-
tion des habitants de la ville , qui lui
tendirent des ^chelles pedant la nuit
pour escalader les remparts. Mais le
triomphe de I'indigne comte d'^desse
ne fut pas de longue dur^e. L*un des fi Is
de Zenghi, ISour-Eddin, 8oldat d^ja
aussi brave qu'habile, revint contre
£desse. Gette fois Josselin ne se crut
pas de force k lutter contre un pareil
adversair^; et, apres mille propositions
contradictoires du conseii de ses cheva-
liers, il r^solut de fuir definitivement
(*)yej«cAl)^ool-Fan^, CkromfUM9f/rUiqm*
S14
LUNIVERS.
saisir <t*un oheval abandonn^ pour fliir
la mort ou resclavage qui Tattendait. Ce
fut done en fuyard quil rejoignit sa
femme et ses troupes. Des lore il fiit
jug^ , et se fit justice a lui-m^me en
confiant d^ormais la conduite de Son
arm^e k un certain Gilbert . Boidat exp^
rimenteet capable. Grdce a ce dernier,
et aussi h £verard des Barres , grand-
mattre des Templiers , qui , avee une
troupe de cavaliers hardis , etait yenu
au-devant de Texpedition euroD^enne,
Tarm^e, apr^s mille combats, mille souj^
irances, manquant souvent de nour-
riture et d'abri , d^m^e par les mala-
dies , diminu^e chaque jour par le cime-
terre musulman et la rigueur de Thi-
ver , arriva eofin k Satalie , ville grecque
bdtie sur le rivase mediterrau^en , h
Tenibouchure du fleuve Cestius (*)•
La trahison attendait les crois^s de-
vant ces murs inhospitaliers. On com-
men(^a par ieur refuser Tentr^e de la
cite. Mais a force d'instances de la part
de Louis VII, les sujets.du perfide em-
pereur de Constantinople consentirent
a fournir des vaisseaux a Texpedition
sainte. Malheureusement ces vaisseaux
se firent longtemps attendre, et Tarro^e
eut ie temps de se voir accabler par tous
les maux possibles, daus une plaine inon-
d^e , sans vivres et presque sans vt-
tements. Puis , ^uand les vaisseaux ar-
riv^rent , ils n'etaient pas assez nom-
breux pour embarquertoutes les troupes.
Louis VII alors, malgre les belles pro-
messes quMl avait faites a ses soldats
de he jamais les abandonner , de parta-
ger Ieur fortune quelle qu'elle frtt, fei-
gnit d'etre contraint de partir le pre-
mier, d'etre appel^ a Antiochepour leoien
general, et monta avec sa femme, ses
. chevaliers, ses courtisans, sur les navi-
! res qu'on lui offrait. L'infanterie et la
I foule des pelerinsfut laissee sur le rivage,
/ sous le commandement de deux cheva-
liers, Thierrv, comte de Flandre , et Ar-
chambault de Bourbon. Ainsidelaisses,
ces pauvres crois^ suppli^rent de noa-
veau les gens de Sataiie de Ieur ouvrir
leurs portes. On eut encore la barbarie
de repousser leurs prieres. Alors ils s'a-
chemmerent tristes , d^courag^ , affai-
blis par les tortures de la faim et du firoid.
(*) Voyez (Mod de Deoil , ibidem.
lis cherchaient h suivre la cAta ji»qn*d
la Syrie; leurs guides les ^gar^rent, et
bientdt ils tomberent dans une embuacade
de Musulmans. qui en eurent <aeiie-
ment raison, les ^orgi^rent presque
tou^ , ou les etnmenerent en esclavage.
Cest ainsi ^u6 par une suite dMmpruden-
ces , d'incapacites , de trahisons succes-
sives fut d6truite une arm^ de prte
de cent mille Francais , au diire des nis-
toriens les moins exag6r^.
Tandis que son arm6e abStttdonnee ,
tandis que les malheureux pelerihs qui
avaient eu confiance en lul , mouraieni
victimes de Ieur credulity en sa parole
royale, LOuiS Vlt abordaii tranquil*
lement a Antioche, et a peine arrive s*j
plongeait dans les plafsits [>bur oUblier
ses remords peut-itre. Mais le del te
Dunit de cette absence de coeur en le
irappant par oh mtoie il avait nMiL
Le prince qui r^j^nalt alors h Anuoehey
Kaymond de Poitiers , ne manquait of
de ^rdce, ni d'esprit, ni surtoutdegalan-
terie. Sa cour voluptueuse , qui , malgre
des dangers mena^ntSp ne songeait le
plus souvent qu*au plaisir, avait un bien
doux attrait pour des femraes qui ve-
naient d'6prouver tant de fntinies , tant
de privations, tant dlnqui^tudes sur les
cdtes desertes de la mer Miiditerra-
q^enne, et dans les montagne^ neigeuses
de la Pamphylie. Raymond de Poitiers
et ses seigneurs panirent done chamiants
i £l^onore de Guienue et ^ ses da-
mes d'bonneur. Puis, le printemps ai-
dant , la nature orientale ajoutant bien-
tdt ses d^lices aux fStes continuelles, le
coeur naturellemeiit facile, di sent les con-
temporaius, de I'^pouse de Pennuyeox
Louis VIl ae laissa entratner aux tenta-
tions qui Tentouraient. Elle to)uta,
rapporte-t-on , les propos d*amour du
galant et spirituel Raymond , chercha h
prolonger son s^jour sur les bords en-
chants de rOronte , et finit par exciter
chez son froid et d^vot mari la pins
vive jalousie. Raymond de Poitiers au-
rait voulu retenir le roi de France et
surtout ses chevaliers pour Taider d re-
pousser les Turcs , pour attaquer m^me
] usque dans Ieur nid ces vau tours avl-
des, pour mettre le si^ge devant Alep.
L'amour en cela ^tait pour lui d^aocord
avec la politique. Mais Louis YII , ()ui
d*abord avait refuse de sui vre rexp6dition
SYAm MODERNE.
315
des habitants d^Antioche contre leors
^tfi^rnels ennemis > sous pretexte quil de-
vait avanttoutse rendre h la villa sainte ,
persista plus tard dans sa resolution de
parti r au plus vite pour Jerusalem, afin
de sauver son honneur marital. Aussi ,
una nuit, enleva-t-il sa femme, Tem-
mena-t-il , majgr^ sa r^istanee , dans
sa tente royale , et leva-t-il bAtiTement
son camp. 11 6tait trop tard, sa femme
^taitsubjuguee , et des lors elle song^a i
faire rompre une union qu'elle abhor*
rait (*).
LOUIS Til BT GOTTBAD III
k ji^BUSiXBM.
Louis VII s'achemina par terre vers
Jerusalem , en ^vitant d'entrer dans les
grandes villes, ^e peur d'y Itre retenu.
II ne voyait plus dans la croisade.qu'un
{M^lerinage ordinaire, et avait hdte d*ar-
river au saint s^pulcre. Son expedition
avait ete sollicitee pour venir au seoours
des etablissements Chretiens les plus
menaces, pour arr^ter le d^veloppement
que prenait de nouveau Tlslam vain-
Sueur, pour reprendre ^desse; et le
eyot souverain ne songeait plus qu'k
accomplir un acta de pi^te , dissimuiant
peut-^tresous eette afiec^tion religieuse
la honte qu*il avait d'avoir abandonn^
le corps principal de son arm^e, apr^s
Tavoir deplorablement conduit a travers
FAsie Mineure. Quels que fussentd^ail-
leurs ses sentiments, il se refusa aux
instances du comte de Tripoli , qui Tap-
Selait au secours de ses fronti^res. A quoi
one servait cette croisade, prech^e par
un saint , excit^e par un pape , comman-
d^e par deux souverains? A tromper les
populations chr^tiennes dans leurs es-
p^rances , h ne leur prater aucun appui
dans leur d^tresse , a mener jusqu*a Je-
rusalem un roi bigot, Louis Vll, un
empereur sans talent, Conrad III , quel-
ques barons f^odaux sans enthousiasme,
queiques grandes dames d^Europe sans
pudeur.
Conrad III arriva dans la ville sainte
presque seul , et com me un inutile pele-
rin. 11 avait emmene plus de cent mille
bomnoes d^Allemagne , et apres en avoir
disperse les cadavres dans la Pbrygie ,
(*) Yoyez GuUIaume de Tyr, Hutoin de ce
qui t'eit passi au deUi det men, etc
il avait rejoint, vaincu et d^courage,
Tarmee de Louis VII sur les cdtes de la
Mediterranee. Puis, au premier echec
du roi de France , il Tavait quitte pour se
refugier a Constantinople. EnGn I'or-
gueilieux chef du saint Empire, si fier
auparavant de ses masses de Teutons ,
du nombre de ses etendards, de la foule
de ses cavaliers, 8*en revint sur un
bdtiment grec k Ptoiemals , et se diri-
gea tristement vers Jerusalem, pour
demander sans doute k Dieu pardon de
son insigne et deplorable folic , du mas-
sacre de ses sujets , dont son iucapacite
etait cause.
Les deux princes europeens, une fois
reunis dans la ville sainte , ne montre-
rent pas plus d*habilete pour etre utiles
aux Chretiens d'Orient qu ils n*en avaient
developpe dans la ponduite de leurs ar-
mees. lis epouserent tout de suite les
ridicules dissensions qui divisaient les
princes latins. Une reunion de tons les
barons eut iieu a PtoiemaTs , et loin d*y
appeler le comte d'fidesse fiigitif, le
comte de Tripoli menace , le prince d^An-
tioche supportant seul le poids de la
guerre contre Tlslam, on fit bande a
part , on ne tint pas compte des dangers
que couraient des freres , on ne se sou-
Vint que des querelles personnelles. Or,
loin de retablir la concorde , la presence
des souverains de France et d' Allemagne
ne parvint qu'a renforcer Tanarchie dans
les £tats Chretiens. D'une pareillc as-
semblee il ne pouvait resulter qu'une
folie. Elle eut lieu. On convint d'aller
assie^er DSimas, beaucoup moins pour
prendre une ville, qu'on n*aurait pas pu*
garder, que pour se preparer un pillage
ou chacun se proposait une part denutin.
Toutes les troupes qui devaient prendre
part k cette expedition insensee se reu-
nirent en Galilee au printemps de 1148.
Ces troupes etqient singulierement com-
posees : elle formaient plutdt des ban-
des separees qu'une armee reguliere. 11
y avait k la fois Louis VII et ses barons,
Conrad 111 et ses queiques mercenaires
grecs, Baudouin III et ses Poulains,
enfin les chevaliers independants du Tem-
ple et de Saint-Jean. Trois souverains ,
et pas un general. Personne n'avait eu le
genie de prendre le commandement de
Texpedition tout entiere. II devait ne-
cessairement en resulter une division fu-
die
LTJNIVERS.
neste , deg oonfliU' d*autorit^ sans cesse
renaissants, des discordes pitoyables (*).
Damas, a cette ^poque, etait deja
une ville populeuse et riche. Elle pr^para
^nergiquement sa defense. Son emir
Moin-Eddin ^tait k la fois un homme
oourageux et ruse. Bien sdir que sa cit^
etait imprenable a Test et au sud , grdce
a ia hauteur de ses rourailles , il ne sod-
gea a fortifier que les c6t^s de Toccident
et du septentrion, tout couvertsde jar-
dins et de vergers , et ou ia riviere £1-
Barradeh, quise precipitait des monta-
gnes et qui se divisait en sept bras, avait
permis d'^tabiir une grande quantit^^ de
canaux d'irrigation. Moin-Eddin fit
en cons^uence agrandir les fosses , re-
treeir les sentiers, elever de place en
RIace des tourelies de combat , creneler
is enceintes fermees, de &gon qu*^
travers ce d^ale d'eau et de muraflles
ii fut impossible aux barons de mener
leurs chevaux et m^me aux fantassins de
combattre plus de deux par deux.
Pendant cinq jours en effet les croises
firent de vains efforts pour p^n^trer a
traversoelabyrinthe detours, de canaux,
de palissades. Les vingt miile chevaux
de rarm^e f6odale devinrent inutiles.
Malgr^ quelques succ^s partiels, les Chre-
tiens finirent done par se decourager de
oette guerre de bocages , et dans uu de
de ieurs conseils ils resolurent de chan-
ger leur attaaue, etde porter leurs forces
vers lesud et rest. lis n'avaient rien perdu
de leur assurance premiere, et deja sdrs
de la victoire , ils se disputaient la pos-
session de Damas, lorsque les Pouiains,
plus experimentes que les chevaliers
a 'Europe, entrerent en n^gociation avec
Moin-Eddin. Celui-ci offrit a Baudouin
in de lever le si^e moyennant finances.
Ce traits de trahison eut lieu au prix de
deux cent mille pieces d*or. Seufement
le fourbe Arabe trompa Tinnocent roi
de Jerusalem, en lui faisant remettre des
pieces de cuivre artistement recouvertes
d'une lame d'or. La fraude ne fut re-
connue que plus tard , lorsque la retraite
des Pouiains et des Templiers eut en-
tratn^ celle des barons europ^ns. Con-
rad HI, instruit de Facte odieux de
Baudouin, s'en retourna immediatement
dans ses £tats. Qoant i Lous TE,i
resta encore un an dans U riliesaiiftpi
v terminer ses devotions, etiaisb is
bras croises a la decadence npiielB
possessions chretienncsenOibUV
NOUB-BDDIV.
Tandis que le rovaamedeJMi
et les autres principautes frufis j
mal secourus par rinfrudneosecMrii
de Louis Vfl et de Conrad ID, tmjH
de jour en jour leur paissaooedioH;
la securite de leurs Wiles iMt^
rhonneur de leurs armes s'ete
rislam reprenaitdeploseoplBseMi
son ^lat , son nmtk. Les praoino^
86s n'avaient rencontre en Oriotf^
anarchie n6e de rambition de m
vaux , qui se disputaient le i "^
mais lourd heriuge de Mellk-
seconds crois^ trouvereotnoe
dynastie naissante, oelle des
Atabek , qui veut dire mota omI
du prince, fut le litre que priwfli
gouvemeurs puissantsdonBtlafli
des sultans se]djoukides.Gesg(iM
devinrent bientdt des princes ii^
dants dans les provinces qu'ookvi
confiees. II y en eut de (ptRJrt
auxquels leurs fils sooce(ieRit,tf
diviserent en quatre ro¥iuo6ltl|
et ephtoereerapirede Melik-&Jpj
que
(•) Voyez AbooU-Fara^ , Chronique syria-
et eph toere empire de
n'avons pas a nous occuBerAfitfj
de Perse , de Medie, etdiLtf**g!
Atabeks dlrak seuis coi«(i»«*J2
les Francs. Ces derniersaBii**ff
filer de cette division de Fcsftt"}
mique; nous avons vupirfWj*
de liautes il leur fut impossibiejTl
ger. Nous allons voir n»iai»»
Atabeks de Tlrak suffirepourlesi*
Omad-EddinZengbi,fils (TAkari
^it devenu prince independiBUW
talent et de victoires sur les CVl
11 avait peu a peu augment^ soap^
autant par des concessions qiK^'
des ^mirs musuimans que ps^Ufl
quotes sur les Francs. 0u pays*
soul, dont il ^it le gouTeraet
le principe, il s'etait itenda jj
Hems , Hamah , Alep , et fl avail
vie par la prise d'£desse. Attlaitfl
ruse que par les armes, ii s*cuiiij«
(♦) Voyei GaHlaame de l>fr. Bit^
qui ^est paw au dtla it* wmi, cK-
SYRI£ MOD£RN£.
3ir
aotant par son activity que par sa ^rs^
v^ranee , il s'etait consotide. Aussi bon
adininistrateur que brave soldat , il avait
fiait k la fois bonne guerre et bonne po-
lice. Grdoe II lui, sa capitate Mossoul ,
qu*on lui avait livr^ presque ruinee,
avait vu ses fortifications relev6es , plu-
sieurs ^ifices embellir son sein , enfin
Fabondance revenir k tel point sur son
territoire que, suivant {'expression d'un
auteur arabe , le raisin gu'avant le r^-
gne de Zenghi on coupait avec une ser-
pette, de peur d'en perdreun seul grain,
devint aussi abondant qu'il etait rare.
Le fits de Zenghi n'avait done qu'a con-
tinuer I'ocuvre patemelle pour augmen-
ter encore son heritage. II parut doue ,
du reste, de toutes ies qualitesdeson pere
jointes encore a une plus haute compre-
hension de Tantagonisme de TOrient
oontre ^'Occident.
Nour-Eddin, quoique le cadet des
enfants de Zenghi, se montra des sa
jeunesse le veritable successeur de sa
puissance. II laissa son frere aine Saif-
Eddin trdner tranquil lement a Mossoul ,
land is que lui s'etablissait a Alep, aOn
d'etre plus pr^ des frontieres de ses
perpetuels ennemis. II avait fait ses pre-
mieres armes sous son pere de la facon
la plus briilante au premier siege (r£-
desse ; il chercba k 1 imiter aussi dans
ses qualites administratives. Comma il
voulait passer pour aussi equitable que
ferme , il cr^a une cour souveraine de
justice , qu'il presidait souvent , et qui
devint, pour ainsi dire, une veritable
cour d'appel des jugements ordinaires des
cadis. II fit en outre abolir Ies tortures
qu*on appliquait avant lui a certains ac-
cuse. Puis il s'appliqua k £tre aussi
liberal qu'6conome. Ilned^nsaitd'au-
tres revenus que celui oe ses biens
propres, declarant qu*il n'etaitgue depo-
sitaire de la fortune de ses sujets. £n-
nemi du luxe pour lul-m^me, il s'in-
terdisait dans ses vdtements Tor , Tar-
gent et la sole ; scrupuleux observateur
des coutumes musulmanes, il s'abstenait
de vin et de toute liqueur spiritueuse.
Ces diff^rentes qualites austeres ne Tern-
p^chaient pas d'etre un des plus bril-
lants cavaliers de son empire , un des
flus courageux soldats de son armee.
I maniait uu cheval avec autant de
grAce quede vigueur; ii n'allait jamais
a la guerre qu'avec deux arcs et deux
carquois , afin de combattre personnel -
lement comme le plus humble des siens.
Mais ce n*6taient lit que des vertus or-
dinaires pour un prince oriental , vertus
bonnes a lui cr^r des partisans , mais
insuffisantes a lui acquerir des pro-
vinces. Ge qui fit, au contraire, sa force
contre Ies Francs, ce fut la piete qu'il
affecta, et la resolution qu*il prit de
faire sans oesse la guerre aux Chretiens,
tant crecs que latms. Nour-£ddin fut
doncle veritable promoteur de la guerre
sainte chez Ies Musulmans. Selon lui , il
ne s'agissait pas avec Ies Chretiens de
se venger d'un grief politique, il ne s*a-
gissait pas non plus de reconqu^rir Ies
anciennes possessions arabes, il ne s'agis-
sait pas des interdts materiels de natio-
nality, mais bien des interdts sacr^s de
rislara. II voulait forcer tons Ies Orien-
taux a adopter le Koran pour loi , ainsi
qu'avaient fait Ies premiers khalifes.
Voila ce qui le rendit terrible et victo-
rieux (*).
PHOGB^S DE l'ISLAU CONTBE
LA CBOIX.
Durant vingt-huit ans de r^gne, c'est-
a-dire de 114G a 1174, Nour-£ddiu r^-
tablit peu a peu Tunite musulmane,
augmenta pas a pas ses possessions,
consolida victoire par victoire ses con-
quotes. Apres la seconde prise d'l^Messe,
il n'eut point la peine de combattre Ies
seconds croises : ils furent disperses ou
detruits avant d'arriver jus^u'a lui.
£n 1148 il rasa le chdteau d'Arima dans
le comte de Tripoli. Puis avant surpris
une troupe de francs a Yagra, il en
massacra bon nombre, fit le reste pri-
sonnier, et envoya des captifs et une
part de butin en pr^ent a son frere ,
maltre de Mossoul, au khalife de Bag-
dad , et au sultan seldjoukide. C'etait la
moins un hommage qu'il voulait rendre,
qu'une preuve de ses exploits qu'il vou-
lait donner. Du comte de Tripoli il
passa sur le territoire d'Antioche. Le
chateau de Harem couvrait ia frontiere
de cette principaute du cote d*Alep.
Mour-Eddm I'attaqua , et mit a feu et a
sang ses environs. Ensuite il se tourna
soudain vers la place d'Anab, a I'autre
n Yoya Ibn-AIatIr, HMoire des AtaUU^
St8
LUNIVERS.
extr6mit6 de la frontiere fraoque. Le
prince d*Antiocbe, Raymond, courut
alors au secours d'une de ses principales
forteresses ; mais des qu'ii eut rejoint
son rival deja redoutable, il fut battu et
tu6 par lui. Ce fut Renaud de Ghdtillon
qui, ayant ^pous^ la veuve de Raymond,
succ^da a ce dernier , maljjpre les droits
d*un enfant en bas dge. Aii^si de 1149
k 1151 Nour-Eddin avait deja rase ou
pris toutes les places chr^tieoues de la
Syrie septentrionale. II avait mis a
roort un prince d'Antioche, le beau
Raymond ; il avait fait prisonnier Tan-
cien comte d'£desse, Tivrogne Josselin;
sa puissance etait consolidee dans la
Syne Libanique , il jeta des lors les yeux
sur rfigypte.
Ce rovaume se d^traquait. Les kha-
lifes fatnimites, a Texemple des kbali-
fes abbassides , n'etaient plus que des
sorter de grands pr^tres sans action
continue , sans autorite mater ielle sur
leur empire. Renferm6s dans leur pa-
laiscoinme dansun sanctuaire, ou plutot
comme dans une prison , ils laissaient
gouverner en leur nom d'ambitieux
vizirs, pour qui tous les moyens etaient
bons d*accroltre leurs richesses et de sa-
tisfaire leurs passions. Les £gyptiens,
qui, a la premiere croisade, avaieut sup-
porte tous les efforts des Francs en
Palestine; qui, a le seconde, possedaient
encore plusieurs villes du littoral de la
Syrie, n'avaient plus en 1153 que la
seule Ascalon , et ne surent ra^me pas
la defendre contre Raudouin IIL Ce
prince, si affaibli a Torient de son
royaume, profita de Tanarcbie du Kaire,
ou, apres Tassassinat du vizir Adhel,
plusieurs rivaux se disputaieut sa suc-
cession, pour mettre de nouveau lesi^e
devant Ascalon. Cette place, mal d^fen-
due par quelques Egyptians press^ de
retourner dans leur patrie, raal secourue
par sa m^tropole, divisee elle-m^me par
des partis ennemis , apres avoir cepen-
dant repousse les premises attaques
des Francs , capitula tout h coup , et
ouvrit un beau iour ses portesaux Chre-
tiens, tout ^bahis de leur victoire (*).
Suivant un auteur Arabe, la prise
d*Ascalon resserra les poUrines el
abatUt Us esprits des Mustdmans,
n V07f» K«nal-Eddin, J»tM« d'jOqi.
Noup-Eddia ea fdt particiiy^raialii^
flig^, d'autant plus qu'en Vf^mAi
si^ge de cette ville il avait eDtiefniv
diversion, que rev^neine&t nehodHi
pas le temps de mener ii bieD, i ft
s'en prendre de cette d^feiu,iiain
rimpuissanoe des possessean iklf
gypte, a la nouvelle deeadeanii
Alides? Nour-Eddia songea pksfr
jamais a pareraoetaffaibliuefflolii
de rislam. Mais pour devemr idm
de TEgypte il lui &llait Daoai OK
ville, ffouvernee par no simple owii
dependant, ne pouvaitdans sa^
ambigue prendre une part letmil
srande iutte oontre les Chretim,"
aevenait ainsi un embarras pourk
leureux promoteur de la guemi
Damas etait d^ailldun la fBOsk
d'£gypte, c'etait Tarseoal fotwa
vait Nour-£ddin. Ce dernier tm
done toute son babilet^ poor eai
des partisans au mattre impoisail
Damas. A force de finesse «t<lefi
v^rauce, il fut au^i vaiaqoflorl
cette guerre d'intrigues. Qoaoi 1^
isoie son rival, quand il sefutil
sirer par presque tous lei babM
Damas, il demasqua soobut.^*'
cba a la t^te de toutes sestnapat
cette ville. Son rival , qui n^ip*
t^te, s*adressa aui Francs povMf
rer leur secours. Cette fart*™!!
sa chute. Nour-Eddin , pte (Jjj !
que les Francs , awiva afa«««^
Damas, y entra en trioofi*.*"
Chretiens u'eurent plus 9uis'««*f
ner piteusement, tandisquef^^
mattre de Tantique eapita)edeliS|i
se refugiait a Ragdad.
Ces evenennents se pasuieot ff"
de rhegire. D«8 ranneesoinoUltl
Eddin allait mettre ses o^ads j^
a ex^ution , o'est-a-dire la doB»
de I'Egypte et rextinctioo des oil
franques, lorsqu'un veritable eaWf
physique Tarreu pour quelquc M
Un enouvantable trembiemeDtde^i
eblanla la Syrie tout eotiere. Us 9
nombre d'haniUnts perirent soosltt;
nes de leurs maisons. Les fbrtM
d*Antioehe, de Tripoli , deSeba^
Hamah , d*Hems tureot booleM
plusieurs citadelles croolerent, p^J
toutes les cit^ fnreot gravementeiM
mag^es. Durant oette caiaiart^g^D''"
SYRIB MOPERI^E.
319
le loi d9 J&rusiJ^fD etait tranquiUement
a GoQStantioople , dans le$ files et les
plaisirs , et revint trop tar4 pour porter
UQ secQurs efficace a^ d^ssistre ae soa
royaMiD^. Nour-£d(iin, nm contraire,
se hUta de r^parer \es malheurs de
800 pays, de relever ses forteresses,
d'entourer sea viilea de nouveiles mu-
railles. Cette differeDce de conduite eo-
tre les deux adversaires fut bien fiineste
auz Ghretieos. G'est qu'aussi le roi de
Jerusalem etait uu honame avare , am-
bitieux, inpapable, et par consequent
detest^. Cetait uq certain Amaury,
irere de Baqdouin III , lequel ^it iport
empoisonn^ par un noedecin syrien. 11
fallait que (set Amaury fdt bieh detes-
table pour qu'il fit regretter Tind^is
et imprudent Baudouin III (*).
Pauvres Chretiens d'Qrientl depuis la
roort de Godefroy de Bouillon, ils
avaient ^u une successiqa de princes
plus impuissants les uns que les autr^-
lis avaient vu tour a tour leur pays d^-
vaste par la guerre., ou ruine par Tari-
dit^ de leurs nouveaux chefs. Le r^ime
ftodal leur avait 6U aussi fatal qu'^
I'Europe au dixieme et au onzieme siecle.
Sans cesse inquietes (>ar une lutte ^ui
de jour en jour prenait une proportion
plus terrible , ils avaient vu a annee en
annee leur commercediminuer, leur agri-
culture baisser , leur Industrie s'etem-
dre, leur s^curite devenir de plus en
Plus ^pbem^. La eroix avait remplac^
odieux croissant sur leurs ^lises ; mais
cette croix n'etait pour eux que le signe
de la redemption celeste, et non celui
de la liberation terrestre. Toujours mal-
heureux, que leur importait au fond d'e-
tre en possession de ce saint sepulcre,
radieux de loin, |uf;ubre de pres. lis
n'avaient que le tnste droit de venir
user leurs genoox sur sa froide pierre ,
et ne pouvaient esp^rer tout au plus
que de s'^lanoer de la, comme le Christ,
vers un monde meillear. Rieu p'etait
change dans leur destinee pr^sente , et
ils ne pouvaient songer a Tavenir qu'avec
terreur. Le vieuK prophite de TAncien
Testament avait toujours raison : la
vallee de Josaphat avait etc constam-
ment uoe vallee de lariiiesl
OYofm. Aboa'l-F^da, Jnnalea mosUm...
REYOLUTIONS MSf BOYPTB.
Les choses allaient de mal en pis en
£fljpte, et cette situation de plus en plus
difbcile decida Nour-£ddin a en tirer
f)arti. Plusieurs ^mirSi devenus forts de
a faiblesse du khalifat fathimite, se dis-
putaient la preponderance avec plusd^ar-
deur que jamais. lis combattaicnt sans
cesse, et par tons les moyens, la puissance
du vi^ir en litre. Darghapn, Tun d'eux et
desplus turbulents, parviqt 2kchasserson
oompetiteur Schaver, et se posa Qomme
mahre de I'l^gypte. A peine , du reste ,
eut-il en main rautorite qu*on conspira
detoutes parts contre lui. Maisce Dar-
gham etait un homme aussi feroce que
ardi : pour sauver sa puissance, il ne
recula pas devantle meurtr^, etGt egor-
f;er dans un reps^s soixante-dix emirs qu]
ui etaient opposes. Ce massacre porta
^a prejudice ino^meose k 1 Egypte : en
voulant sauver sqn autorite, Darghaip
avait affaibli sa piitrie. Cet acte, aussi
odieux qulmpolit^que, d^termina Nour-
Eddin a soutenir Schaver, q^i s'etait r^-
fugie en Syrie. II accorda a c^ dernier
line armee pour faire valoir ses preten-
tions, eteq con^a le oompfiandement au
brave Schir-Rou , le plus puissant et le
plus audacieux de ses lieutensiqts.
Cependant Pargham, plein de resolu-
tion, alia au-devant deses qouveaux en-
nemis. Lorsque les deux armees se ren-
contrerent h £la, ITextremite de la mer
Rouge, Schir-Kou, etonne du grand nom-
bre de trpupes du vizir dgyptien , dit
a Schaver : « Yous nous assuriez a Da-
ft mas que T^gypte n'avait pas de. sol-
« data, et nous voila en face d une armea
« formidable. — :Ne vqus epouvantez pas
« de cette multitude, rfpondit Schaver;
« la plus grande partie de c^ux que vous
« voyez devant vous se compose d'ar-
ci.tisans et de paysans, que le tambour
« rassemble et que 1^ bdton disperse. »
Schaver avait raison. II conseiUa d'atta-
quer les £gyptiens au plus fort cje la
chaleur du jour, pendant que le plus
grand nombre d'entreeux avaient anan-
donne leurs armes , e^ s*^taient couches
aTombre. Les Syriens eurent facilement
raison de ces noncbaiants. Ustuerent tons
ceux qui leur resisterent , et firent pri-
sonniers le reste. A la suite de cette de-
iaite Dargbam mourut, maudit par le
320
L'UNIVERS.
peuple , et Schaver le rempla^ oomme
vizir (*).
Mais rarm6e de Nour-Eddin avail
conduit Schaver jusqu*au Kaire, et avail
^tabii son camp devant ses mars. Scha-
ver, qui oubliait dans satoute-puissance
lespromesses qu'il avail failes aux Syriens
dans sa disgrace, voulul en outre forcer
Schir'Koud*evacuerr£gypte;orcelui-ci,
dans soil indignation , au lieu d'obeir a
ia sommationinsolented'uningrat, s'em-
para de vive force de la ville ae Belbeis.
Pour sed6faire d'un aussi terrible pro-
tecleur, Schaver commit la faute de
s'adresser aux Francs et de leur deman-
der Tappui de leurs armes. Le roi de Je-
rusalem, Amaury, accepta celt6 offre
etrapge, etvint, concurremment avec les
£gyptiens, assieger Schir-Kou dans Bel-
b^is.Trois moisduranllevaillanl Schir-
Kou se defendit contre les bizarres al-
lies qui ravaient atlaqu^. II aurait pu
facilemenl se faire jour a travers les as-
siegeants, et sau ver tons ses soldats ; mais
il avail Fordre de Nour-Eddin de tenir
le plus longlemps possible , afin d*occu-
per les chevaliers Chretiens en E^ypte ,
pendant que son maltre envahissait leurs
royaumes en Syrie. Nour-Eddin en effet
ravagea lout le pays de Tripoli et d'An-
tioche, recueillil un grand nombre de
bannieres f^odales , Ot couper la cheve-
lure de tons les Chretiens que ses soldats
avaienl tues, et, les ayant fait mettre
dans un sac , il les envoya par un emis-
saire a Belbeis, endisant ^ cet homme :
« Tu donneras cela k Schir-Kou; il
Texposera sur .les remparls de la ville
3uMl defend , et ce spectacle remplira
'effroi les infideles. » Les Francs en
efiet voulurenl se retirer, et Schaver ful
contrainl de laisser partir Schir-Kou
avec les honneurs de la guerre. Celui-ci,
toujours fier, fit defiler tons ses soldats
devant rarmee ennemie, et s'achemina
le dernier, tenant a ia main une ^norme
massue en fer, el pr^t a frapper Pauda-
cieux qui aurait os^Fattaquer malgre la
convention. INour-Eddin etail satisfait :
d'une part il avail monlr6 sa puissance
en figypte , et d'autre part il avail encore
ruine plusieurs etablissements Chretiens.
Les Syriens musulmans firent de nou-
veau deux expeditions en liigypte. Ce ful
(•) Voyez lbo-A.laUr, Hisioire des Atahtkt.
encore Schir-Kou qui solBcitallHwa
dValler, etqui Foblint. Sduver^sn
cole, reelamaooefoisdeplosrapputo
Francs ; et eel appui fut anssi infias {
que le precedent. Le brave Schir-ln,
avec ses deux miile cavalien etSBB
miile Turcomans, vim fadlnetf)
bout des deux armdes combiQe&ta i
ayant pouss6 jasqu'a AleiaodriiJ
laissa garnison dans cette Tille,6i9|
ses ennemis a reclamer laiaix,etni
retourna a Damas avec toot fafi
qu*il avail lev^ sar les pn)nMa<|!f
liennes. La troisieme expedition a«
Finfatigable Schir-Kou, apres{ikM
succes, jusqu'a la capitate de &Fai^
sule, jusqu'au Kaire. LaScham,i^
gr6 les apparences de raatorite, fi"
qu'il ne sorlK jamais desoapalaisyil
bruit des tymbales el des eM
voyail son pouvoir baisser de joti
jour. Ses alliances avec les Frtton^
caus^ son impopolarite, et TinM
perdu aux veux des veritabki tm
mans. Les emirs resolunot ^
defaire. II fut done denoocel^^*^
a qui , pour toule autorite, ot
parfois le droit de faire couper ii
soil vizir. On reclama dooe^
pontife des A lides Foidred'eififll»<
qu'on appelait un Irattre, d ^^
sa place Schir-Kou iui-oi&irf.
Nour-Eddin , de cctlef8?».^*J'
vail, pour ainsi -dire, mato«<j|f^W'
par son lieutenant Mafcawfijj
Schir-Kou , d'origine kurd^' ^^'Jfl
dat de Zenghi , lieutenant si «a*|
Nour-Eddin, ^lait us^ paruBfitai*^
de fatigues et de combats. lli«P*
port , aeux mois el cinq jours 8p«* J
elevation au viziral; il sbccobMJ
indigestion compliqu^d'ooee
cie. Ce vieux soldat, qui nese
sail que de viandecommeualiw"
etail, avail besoin de FacliTiled»f
pour vivre; le repos le tua. Maisf
sail un successeur bieo dignedel*
tail son neveu, le fils de sob te
jeune homme deja pleia d'espen
qui pourtanl avail commence saw
la mollesse des serails. M**^"*
mene a la guerre par son oacie,!!^
lingua de plus en plus.Cej«of"*
appele Youssouf, devail sooftlff fj
dtalemenla Schir-Kou comme'J
FEgypte, el rodriter bieoidt le si»
SYRIE MODERNE.
831
i flaunt et si e^^bre de Salab-Eddin
bonheur de la religion), dont nous
rons fait le nom, si redout^ par les croi-
^, deSaladinC).
Ces revolutions d'£gypteavaient dur^
ixans, et elles n*aboutirent qu'a ren*
ireer la puissance de Flslam, qu'^ com-
romettre les Francs dans des exp^di-
ons, ou lis n'avaient rien k gagner , et
lileur faisaientabandonner imprudem-
lent leurs royaumes de Syrie. A mesure
I'il arrivait de nouveaux crois^s, lis s'en
laient en £gypte, esperant plut5t y
ioa?er le biitin qu'ils cherchaient que
ins la d^solee Palestine. Amaury, dont
futorite n*avait jamais ete bien grande
Jerusalem j ne demandait pas mieux ,
lilieurs, que d'habiter le moins possi-
9sa capitale, inecontente de lui , et que
RDtrafner au loin les rivaux qui lui ve-
ient d'Europe , et aui auraient pu lui
rterombragedans la ville sainte. Mais
qtt*il y cut de plus honteux dans ces
ores sans but, ce fut pour les Francs
devenir,pour ainsi dire, les mercenai-
ld*un vizir musulman;ce quMlyeut de
Is deshonorant pour le roi tres-chr6<
n de Jerusalem , c*est de s'^tre mis
01 a la solde d'un Mahometan; ce
11 y eut enGn de plus funeste pour
P!enir, c*est d'avoir attir^ les crois^
B r£gypte, au lieu de les dinger vers
Syrie creuse, faute qui, du reste , de-
iplus tard ^tre commise aussi bien
Philippe- Augustequepar saint Louis.
SALAH-EDDIN.
^Orient se r^uroe en Saladin : ce
lisjt pas seulement un f^and homme,
babile capitaine, un int^gre justicier ,
■it aussi ie vivificateur de Tesprit
ntalj le premier entretous pour toute
le, pour la pensee et pour Taction,
r la conqu^te et pour Torganisation.
fond politique, il sut s^associer avec
ftyzantlns contre les nouveaux croi-
r Europe. 11 comprenait avec son g^-
ce que les autres sentaient d*iiis-
t, qtril y avait plus d'affinites entre
rurcs et les Grecs qu'entre les Turcs
s Francs ; que les Grecs etaieiit au
des Orientaux comme les Turcs, et
ieot, a un moment donne, s*unir avec
Tares centre les envahissemeuts
Toyez AboU'Scham^b, Les deuxjardifis.
21^ Livraison. (Sybie modernb.
des Oecidentaux. Intelligenoe essentiel-
lement unitaire, il r^tablit le khalifat de
Bagdad , effa^ant entre les Musulmans
toute trace de divergence, 6touffant tout
schisme, ramenant tous les Mahometans
a la loi pure du Koran, a la tradition histo-
rique de leur puissance. Capacity souve-
ramement g^n^rale , il eroploya tous les
moyens pour vaincre, adoptant a la fois
ridee de la guerre sainte de Nour-Eddin,
et. la tendance aux traits internationaux
3u*avaient montr^ certains gouverneurs
er£gypte.Coeur aussi g^n^reux qu'^-
lev^, tout en combattant a outrance les
Chretiens comme corps de nation, il fut
sou vent clement et maenanime envers les
individus Isolds et inonensifs de la secte
de Jesus , comme il les appelait. Esprit
d*une superiorite incontestable, il fut en
m^me temps le protecteur des lettres et
le modele des guerriers, le plus libe-
ral des princes et le plus econome des
particuliers , le fidele le plus s^rieuse-
meut attach^ k sa religion et le moins
fanatique des sectateurs de Tlslam (*).
Et cependantp malgr^ toutes ces bril-
lantes qualites, il n'eut ni la volenti in^-
branlable de Mahomet, ni la roideur su-
blime d^Omar, ni la perseverance domi-
natrice de Moawiah. Saladin ne tenta
jamais de s*imposer comme chef absolu
des dmes et des corps tout ensemble : il
pr^f^ra e^ouronner de la tiare islamique
un fant^me abbasside que de s'emparer
k son tour delasouverainete sacerdotale.
Saladin etait un sultan, et non un kha-
life. Aussi, quoi qu1l fit, il lui manqua
toujours une des deux parts de Tautorite
terrestre; quoi qu'il grandtt, il y eut tou-
jours de par le monde un homme aux
pieds duquel il dut se prosterner. Yoila
pourquoi il ne fut jamais le premier
des Orientaux de son temps; voila
pourquoi il fut un g^nie r^sumateur,
et non un genie fondateur. II s^etait
eieve peu a peu, dignite par dignity, au
lieu de se poser tout d'abord au falte de
la puissance humaine. Loin d*avoir ar-
r^te d'avance, en lui, le point ou il ten-
dait, son ambition ne se developpa qu'a-
vec les circoustances. Les ^venements
lirent sa fortune tout autautquesou g^-
nie. En unmot, on pent le comparer aux
(•) Voyez Boha-EddiD , fUa ei na gesia tul-
iani Safadinu
) SI
zn
L'UNIVEIIS.
conqu^ranU Beldjoukides , et non aux
illustres Ommiades ou aux celebres Ab*
bas.>ides. Aussi sa puissance tomba avec
lui : il eQt faliusasuperiorite pourpou-
voir lui sueo^der sans rien perdredeson
SoQvoir. A sa mort i*empire musu^man
^cbit; fia vie n'avait donn^ k rislam
qu'uo Eclair de prosp^rite, qui s'etetgnit
DJen vile. Ce iui un m^teore du moode
oriental, et nou une 6toite de plus dans le
ciel islamique.
Voicr une petite anecdote qui prouve
coinbien ies vues de Saladin lureut d'a-
bord inodestes , et eomblen se« desirs
^taient born^. EHe se rapporte a Tepo-
que ou il fa isait ses preniieres armes. Lais-
sons raconter ie fait par Tauteurder/Zi^-
ioiredes Atabeks, Uii certain^Ahmed, fils
de Massoud, parle en ces tennes : « Me
« trou vant au siege de Harem par Nour-
u Eddin, j'allai in'asseoir par basard
« sous un arbre avec un de mes amis,
a et j'y trouvai Teinir Megd-Eddin Ibn-
a Daie et Saladin qui s'entretenaient
« ensemble. — PWl a Dieu, disait Megd-
« Eddin, que nous prissions Harem, et
« que Nour-Eddin m'en fit pr^entf
ft — El moi, repondit Saladin , plOt h
« Dieu q\\e JNour-Eddin filt maftre de
« rfegyple, et qu'il in'en donnSt ie gou-
« vernementiPtiis^setournantversmoi:
« — Et tol, me d(t-il, n*as-tu pas de de-
« mande a faire ? — Mais, repondis-je ,
« quand tu auras Tfegypte et lVle?;d-Ed-
« din Harem, il ne restera plus rieuv
« Comme il insistait, je repris : — Puis-
« qu'il en est ainsi, je mer<^serve le cha-
« t<^au de Hamm. Voila comment nous
« parlions pour passer le temps. Cepen-
« dant le Dieu tr^s-baut n'en allait pas
a moins a ses fins ; il dechia dans sasa-
« gesse que Ies Francs seraient baltus ,
tt que Harem ouvrirait ses portes et se-
« rait donn^ a Megd-Eddin, q\xQ j'aurais
« Hamm pour ma part, et que Saladin
« ne ferait qu'un empire deTltgyple, de
K la Syrie, de T Arable heureuse et de la
a Mesopotamie (*). »
Nous avons dc^a rapports comment
Saladin devint vizir d*6gypte. Ce qui I y
a de singulier dans son Elevation, c*est
que le kbalife fathimite le cho sit, dit-on,
comme le plu-^ jeune, le moins influent,
et ie plus faible des emirs. Ce kbalife
C*) Voyez Ibn-Alatir, iiisUnre det Atabekt,
ii*eot pas de chanee. Saladin, ilettmi,
8>ffraya d'abord de ia charge (fiM
dont on legratifta, semblableen m,^
tend un ecrivaio arabe,a ees ^tresdootl
esX^WqtiUfaudralestireravecdaM
nes pour ies /aire entrer au PftniL
Mais Saladin se rassora bieiitdt;f(,
comme tout bomme fort, aTaatdrl^
miner Ies autres, il comment a >'«»
der lui-m^me. Jusqne-la son cxrOk
avait et6 impetueux et l^er.flsel
calme et s^rieux. Afin de ne s'oeop
exduslTement que des devoin k a
haute function, il se sevra demyk
plaisirs et de tout amuse^nent frirdL
Puis sachant que ies largesses an !»
pie et a rarmee^taient un nwsmAii
popularite, et ne tenant pas a FsfAt
pour lui-mSme, il distribaa, saasaiiH
garder, Ies tresors amasses par smndt
Ensuite, par une imitation assezord^l
nairechez lesOrientaux destnrdHntf
bibliques , comme it s^appdait Jovpk
(Youssoof), il voulut agir comae «tf
patron, et attirer aiipr^ de lai, en ttf
pte, sesfreres et son vieux pere. Vkm
Saladin reussit a tel point daiissoopi*
yernement qu'il inspira de la jakxBiel'
Nour-Eddin. Celui ci avoaa mkae fft
craignait beaucmip pour le poirr«irll
son fils : « Quand je serai mort, dsM
« b ses confidents, prenez mm Su Ih
« mael avec vous , et inener-Ap M
« Alep ; e>st la seule TilJe fei aa JM
« lui re.stera de toutes mes prcm»«8« •
La provision de Nl»ur-Eddifi st nte-
Un des premiers actes du jeo«*erae-
ment de Satadfa fot la repressM»ta
complot de nt^ontents de tacrle sole^
d'Alides ent^t^ et de Negnes de T '
et d*Abyssinie. Les eonspirateurs,
le chef '^tait le propre drrecfeiir d
lais khalifal, ^crivirent aux Frwifs .
se joindre a leur coup de main. Mass S
ladin, grdce a sa perpetoelle vigiaai
snrprit Ies men^ de ses'eDoeniiS.i
trancher la t^te a leor dbef^ attaqia
bat tit Ies Negres dans leur qoartier.
aUa ensuite faire lever le siege de t
miette, que Ies Francs avaient enlt«(Ril
Ce si^e avait en cinquante Jotirs de
ree , pendant laqueile Hour- Edcfia
tout le temps de ravai^er en Syne
possessions clir^tiennes ; ce qui fit all
pliquer au roi de Jerusalem le proveiftj
sui vant : La brebis est oMecherckeriti
SYRie MOBfilU^E.
83»
fomessit eike$i revenue seM oreUks.
Pendant deux aos SaMio exctca ses
foopes eoDtre les Chretiens. l\ ^ bat-
it entre A8f alon et Ham tab ^ sur leitr
)roppe lerriloir*. Puis \\ leur prit ia vtile
ioD^, et d'eo Toil pouvail eommaoder
e desert et la ^rande #eiite d^ypte.
Aak ee n'^tait fa ^e des detasaemeMs
KMirSaladtii; ee q»i le preoceuiiait gr»-
^ement, an eonlraire, c'etait de d^traire
fi dynastie des Faihimitee. A» profit de
|ui ? if ne poof ait pa» encore esperer
inecefot Aour lui-m^Ae. If sembla done
fir k la fois aonom du khelifede Rag-
9d et de Nour-Eddin. Apres avoir bien
lie ie terrain, prepare les YoieSy sond^
« espnts, il essaya un jour, durant tme
tttoAe<f Adbeil-Giddifr'AUah , dernier
m Fatbinites , et pendaat qtie ct pau-
ft lihalife etarfe eiiferm^ dMis son p»-
ia, de £aire dire dans Hoe des- mosgiteee
iKatre ia priere au non du kbalife ab>
fenide. L'essai retisait : on ne RMirmura
«, e» hriss» faire, et, Fa mort du kk^-
Ibfetimmf e aidant^ lerevolutions'op^a.
Meur-Eddiii n'osit pas se felieiter de
f meersy ii redovtait d^^ Saladiit. Ce-
vd, et effet ,- tettt ea se declarant Ie
Haidv mafCre de ia Coel^yrie, n'en
isoikkHt paa moias aoo aouvoir en
Qrpte. 11 reirtsah soareafe a Nour-£d-
I de le seeonder daasses expeditions,
m M prdtexte gae sa presence etait
ifonrs indispensable daas sofi gower^
rtleat. Pfour-Eddhi fluit par se iasser
set lergiversatkms perpetaeHes. 11
^tna toat Inut ledessein de marcher
Itivr£g7pt0. Ace(CenoaYelle,Satiidia
vmbla sea prnKipaux emirs, sa f»-
He tovt entiere, et leor demanda eon^
^1 11 temhiait pencher vers la resis-
ioe. Un de sea iieveoi aHa m^e jus-
a proposer de repousser ia force par
hree. A ces mots, ie pere de Saladin^
\eva pietn de eoih^i tt, s'adressant at
fiis, ii s^^erra (*) :
IViot, qui siiia ten p^re, et Sehehnb*
;ddin ici present, qui est ten oncle,
^s devons avoir pear toi Men ptas
^amoor que tons les aatres; eh Ine n,
ttew m>«t tem^in, aassrbk»n qifh ton
nele, quasi nousvoyiohsfftaifKenant
fear-Eddiff ae pr^irteranoas^aout
• Toyes Iba^Alatl^ Bhtohe de$ JtoMit.
« aoasprottemerioBtdevaDtlaijiitqu*^
c terre, et que s*U aouseemnrianddit de te
« eoaper la t^te aoua le lerions sana ba-
« lancer. Or, si moi, qai sois tea p^e,
« et Scbebab-Eddui, qui est ton onole,
« noQS sommes dans de semblables dis-
« poskioas, \u^ par-la de eelles des
« aetres. Non, il n'y a pas iei un seui
« toir qui, s'il apercevait Nour-Eddin,
« 6sM rMster dans tea arfom et ne pas
« mettre pied a terre. Ce pays lui ap-
« partieat , oous sommes set esclaves.
« Ca done, qu*on lui euvoie tout de suite
« an cot»rner avec ces mots de ta part :
« iim'est revenu que umu uoukz venir
« jusquHei pour 6ter fEgupte de mes
« mains. Ques^il besoin de toui celaf
« Que noire seigneur n'envoie'MpkuW
« vn ejtpres pour me mener a tuk la
« corde etu eou; il ne renconireraii de
• ma pari aucune resistance. » La-
dessus Fassetnbl^fut reavoyee, et cba-
can rest ( persuade qu'Agouy ^tait de
bonne foi. Mais ensaiie Agouy prit soa
fils a part, et lui dit : « A quoi peinaia*
« tu eaasaembiaat les ^mirs , et en nous
« faisanC aae telle pro()08iUoB? Ne
« sais-tupas que si Nt)ur-£dd)a appre-
« nait que nous voolons lui resititer,
« il ferait tr^ve a toute autre guerre
« pour veuir nous attaquer , et que nous
« ae pourrions lui tenir t^te? Ignore>-ta
« que les emirs, qui sent ici, lui soht
« tous devout? Au lieu qu'a present,
« quand il saura ce qui sVst passe, il
« noQ^lafssera tranquilies; ii s'occopera
« d'autre cbose , et le temps fera le reste.
« Par Diea, s'il pr^tendaitexigerdenous
« seuiement une canne a sucre , je serais
c le premier a la lui diaputer , et je la lui
« arraciierais , ou fy laisserais ma vie. »
Ces deux discours , rapport^s textnel-
lement par on auteur arabe , prouve at
h la fois et la rase ordinaire aux penples
orieataux , et le talent que devejoppa en
cette occasion le vieux cheick, cehii
qui derail 6tre le fondateur posthume
d*one dynastie, celle des Ayoubites.
Saladin Vecoanut , du reste , la haute
raison de son pere, se rangea a I'avis de
Texperience, et dissimulti teilement set
intentions qne Noar-Eddiny fut tromp^.
Quoi qu'il en soit^ pour se mettre h
I'abri des tentatives de son puissant ri-
val, Saladin songea a etendreson empire.
II eavahit et sourait tour a tour la Nn-
21.
S94
LTTinVEBS.
bie et FAnbie hetnrmtte. Ainsi agrandi ,
il esp^rait latter avee avantage ; mais le
del fit encore plus pour lui , et le ddi-
vra de son adfersaire, qui mourat en
1174, ^ Damas, au moment m^me ou il
s'appr^it definitivement a punir son
douteui et d^sobdssant vassal. Noar-
Eddin ne laissait qu'un fils sans g^nie,
Malek-Saleh Ismael. Ce dernier f^t im-
m^diatement en butte aiix tentatives de
plusieurs ^mirs , qui voulaient se rendre
independants , et qui, pour arriver plus
facilement a ieur but, traiterent indivi-
duellement avec les Francs. L'anit^ de
rislam etait menac^e de nouveau. Gedan-
ger dicta a Saladin son devoir, il ^rivit
unelettre fulminante aoeuxqu'il appeiait
des trattres; et comme ces r^vottes ne
r^pondaient pas assez vite k ses injonc-
tions imp^atives, il se rendit avec une
arm^ en Syrie pour chdtier Ieur inso-
lence, et sauver les Musulmaos de la
plus tuneste des divisions. Un prince
*du nom de Saif-Fxldin, roattre de Mos-
soul et neveu de Nour-Eddin , se mit da
parti des ^mirs revolt^, et marcha
contre Saladin. Ceiui-ci le battit eom-
pletement. Des lors il n'y avait plus k
douter. Rendre la Syrie a Matek-Saieh,
c'^tait la compromettre follement Le ciel,
la victoire aussi bien que la politique
Texigeant, Saladin s«empara de la suc-
cession de Noiir-Eddin, et prit des lors
le litre de sultan (*).
DBGADENGE DU BOYAUMB DE JEBU-
SALEM.
Pendant que Sal adin retablissait Tunit^
de rislam ,deveaait souverain absolu,et
agrandissaitde jour en jour sa puissance,
le royaume de Jerusalem etait h I'agonle.
A cliaque prince nouveau qui montait
sur le trdiie, le peuple en 6tait k se piain-
dre d'un nouveau chef plus incapable ou
plus (Jur que le ])r^cedeiit. Sous Amaury
on regretta Baudouin 111, qui au inoins
possedait quelques vertus chevaleres-
ques. Pourtant sous le regne de ce der-
nier la discorde la plus deplorable avait
d^chir^ le royaume. Ce n'^tait pas seu-
lemeut jalousie entre barons , anarchic
f§odale, cVtait la plus houteuse et la
plus detestable lutte, celle de la ntere
contre le fils. Tant que ranibitieuse Me-
(•> Voycz Emad-Eddfn , Viclmr de la Syrie.
lisende avait y€ea\ die s*teit achmfe,
malgr6 les efiTorts des hommes KffiA
partager Fautorit^ avec Bandooiiin.
a contre-carrer sei projets lorstpi^eBeK
les approavait pas, a sonlerer eoBbik
roi une partie de acs sujets, a serte-
▼er dans fempire la poesessooct Ip9»
vemement de plusiears villes. EaBsa
ne fut que grdee aux instances reitns
des hommes senses, aox prieresdo^
pie entier , oo plutdt a la crainte im
soul^vement g^eral que I'oi^ueilln
reine mere, qai avait d^ja leve hum-
mto contre son fils, consentit h tin
deposer les armes a ses partisans, lbs
d^ja des hostility impies avaient «i
lieu k Maplouse et an chateau de Mi-
rabel.
Lorsque Amaury sneoeda k Baodm
III, les Chretiens d^Orient oa platotia
barons francs avaient encore qodqv
chose^ perdre, Phonneur ; ilsne maoqai'
rent pas d'en arriver a cette extrMe.
Tandisqu'Amaury et ses vassaoi sed»
honoraient en £gypte en devensBt Is
auxiliaires pav^ d^un vizir intiiiiait,
Renaud de Cbdtillon eomroettait rHk
le plus injuste et le plus odieux m ltt^
quant puis en sarcageant life de Off-
pre. €e Renaud de Cbdttllon elait ■
veritable parvenu . Chevalier sansRMBi
il avait epous6 pour sa belle %iiv li
veuve du prince d'Antioche. Vmrapm
avoir usurps le pouvoir sur le iide
{>rM^eesseur , il en avait us^ dr b '
a plus coupable, trahissant ks
de ses sujets, se riant de la
ternationale , et envahissant, nripe
les traits , les possessions byxaatin
Puis, ayant ainsi provoqoe rempeRff^
Constantinople , il eot plus tarn par ib»
reur la Idchete de lui laire les so
sions les plus completes. Enfin,
maladroit avec les MosulmaDS 4ft*m
les Grecs , il se fit prendre par les sri
dats de Mour-Eddin, et condaireenchif>|
a Alep. Le corote de Tripoli oe
guere mieux que Tusurpatear d*Arti
cbe. Bl^sd par un procAle de Teaf*
reur byzantin , il ue trouva pas d art*
moyen de se venger que de preodrt J
sa solde des pirates , et de 6if*- r»*«|W
les c6tes de TAsie Mineure, jMHeHj
convents, brdler les eglises, ae§fm^
les p^lerins, et voler les mardiafl*
CEuvre de brigand que ooauneCtait
SYRIE MODERNE.
335
crupale ua chevalier qui se croyait
>jal!
Ainsi , a uause du caract^re d^testa-
le de leurs princes, jamais les Francs
e pureut pioneer de veritabies racines
aos le sol oriental. Les Musulnians
raient ^te divises, et les Francs n'a-
lient pas su profiler de cette division.
lOrsqu on apprit la mort de Nour-£d-
in, les Chretiens se crurent sauves.
latheureux peuple, qui ne s'apercevait
as qu'uo nouvel antagooiste, et plus
edoutabie encore que le premier, aliait
'clever con treeux. Du reste, les Francs
*avaieot pas m^me compris Tutile con-
uite a tenir, lorsqi;^e Tambition de cer-
lios emirs les fit se soulever contre le
Isde r^our-Eddin. S'ils avaient appuye
mael, ils se. seraient sauves de Saia-
Iq. Le fiis de Nour-Eddin, consolrde
I Syrie, serait peut-^tre parvenu a
lainlenir Saladin en £gypte. Mais les
bretieus devaient accumuier toutes les
Ates imaginables : ils s'alienerent Sala-
A , pour soutenir sans efficacit^ cer-
jos revoltes. Par leur ind^'ision, par
or deloyaute , par leurs rigueurs lors-
I'ils etaieut victorieux , par leur avi-
te coustante , ils augment^rent encore
baine que leur portaient les Musul-
aos. Aussi , des que Saladin fut trao-
liUe sur Daiiias, son^ea-t-il tout de
tite a s*emparer de Jerusalem, et a
itruire les colonies franques (*).
Le ciel, du reste, serablait vouloir
Hnine lui cette destruction. Amaury
ant mort la m^me ann^e que Nour-
Idjn, il laissa pour successeur un en-
ot de treize ans , pres^ue idiot et 1^-
eux. On se disputa la regence; et deux
'Oimes se mirent sur les rangs, aussi
testables Tun que Tautre. Le premier
lit Raymond , comte de Tripoli, d'un
ractere eoiport^, d'une arrogance
supportable , d*une durete sans exem-
;; le second ^tait Milon de Plansy,
gneur de Karak , que Guiliaume de
r depeint comme^tant sans vertu,
IS remords et sans craintes. A force
itrigues et de violences, le pire des
IX concurrents Temporta d'abord;
is 11 fut tyran si execrable qu'on
trouva un jour crible de coups d'e-
') Toyes Aboo-F-FMa, AMgi de Vhittoin
fenre humain.
p^e dans une ruelle de Ptol^mafs. Ray-
mond alors lui succeda; mais ce ne
fut que pour abuser de son autorit^, se
jouer de la justice , molester ses sujets ,
et gouverner pitoyablement. Sur ees
entrefaites, Saladin marcha contre la
Palestine. Les Chretiens des frontieres,
loin de se defeiidre, s'enfuirent dans les
montagnes et se cacherent dans les ca-
vemes. Raymond perdit la t^te, et Bau-
douin IV, malgre ses infirmit^s, fut
contraint de prendre les r^nes du ^ou-
vernement. Mais ce malheureux pnnce
ne sut qu'abandonner Jerusalem, s'en«
fermer dans Ascalon , et assister de Ih a
ia destruction de ses provinces. Cepen-
dant le desespoir reudit une certaiue
Tigueur aux Francs : ils se precipite-
l^^nt en masse contre un corps d'armee
musulmau , le forcerent a la retraite , et
obtinrent une tr^ve a la suite de cet
avantage. Pauvres gens , ils ne surent
pas plus profiler de la paix que faire la
guerre, lis laisserent Saladin se renfor-
cer de plus en plus , et preparer a I'aise
la plus terrible des expeditions. Un cer-
tain Guy de Lusi^nan, etant venu en terre
sainte, devtnt a son tour regent du
rovaume de Jerusalem , en seduisant ia
fille d^Aroaury, el en la for^ant ainsi a
r^pouser. Ce fut lui qui perdit d^niti-
vement les colonies franques.
Mais si les princes Chretiens n'ofifraient
aue des sujets de scandale, de honte et
de perdition, les barons, leclerge, etjus-
qu'aux chevaliers dea ordres militaires
ne valaient guere mieux. Les barons,
S>rofitant de I'instabilit^ du pouvoir a
^rusalem , s'eiaient reudus presque in-
dependants duns leurs chateaux torts.
(Is ne repondaient plus aux injonctions
de leur souverain ; ne voyant que leurs
inter^ts, ils ne cberchaientqu'a agrandir
leurs possessions particulieres ; ils en-
treprenaient pour leur propre compte
des excursions et des pillages , et ils ne
s'enqueraient plus jamais de la situation
de leurs voisius,de leurs freres. D'autres
faisaient pis encore : durant la guerre
contre les Musulmans, ils trafiquaient
de leur neutrality*, quelques-uns allaient
inline jusqu'a vendre leurs services aux
ennemis de leur foi. Quand il arrivait
de nouveaux chevaliers d*Europe, les
barons de Syrie se servaient de leur ap-
pui les uns contre les autres, et degod-
d^
UUWIVERS.
taieotbientdi ies oouveaiix vanmh force
de felonies.
Les Teiupliers et Ies Hospitalkp se
jalousaient teJ(£mei]t, q^e souveot ils ea
yenaient aux mains pour se disputer
quelaues parts du butiu. Quells ignoble
decaoenee! Ces Hospitallers qui s*etaienfc
cou verts de gloire p^ndautuo denii-sied^,
aui s'etaieut niootres jadis si g^nereux, si
evoues, si desiuteresses, etaient devenus
perGdes, egoistes et spoliateurs. Pleins
d'orgueil et d'avidite, ils refusereat de
payer la dune des depouilles musulma-
nes , et eo vinreiit jusqu'a repousser la
juridiction eccle^iastique du patriarclie.
Bient6t ni^ine ils ajouterent TouOrage k
la desobeissaiice, en couvrant du bruit de
leurs arnies les chants sacerdotaux dans
Teglise de la Resurrection ; puis, comme
on voulait reprimer leur iiibolence, ifs
eureat Taudace de pou2»uivre a coups de
flechesles pretres catholiques. Quant aui^
Templiers , ils ne pensateut qu'a s*enri-
cbir, et ils avaient pour habitude d*exi-
ger, mduie les armes a la main, la pos-
session de la moiti^ des yilles ou des
terrltoires qui reciamaient leurs secours.
En outre, coiniue les Uospitaliers , ils
dedaignaiejit les ordres de leurs supe-
rieurs sacerdotaux (*).
Le clerge, mulheureusement, la^ritait
le mepris qu'oo iui avait voui^. li doB-
nait 1 exeuiple de la depravation et de
la debauche. Le patriardie Heraclius ,
qui ne devait sa dignite qu'a ses brl-
gues , fut assez impudent pour afficber
pubhquement une mditresse, assez in^
fi&ine pour Iui prodiguer \^ tresors dea
pauvres et des pelerins. Uo clerg6 ainsi
cojiduit ue pouvait que souiller Jj^rusa-
lem, et scandaliser les autres villes de
la Syrie. C'est ce qui arriva; et leg
schismes reparureut, et les superstitions,
et les haines religieuses : tous les maux
foudireut ensemble sur ks Chretieas.
CATASTBOPHB DB JBBUSALElf.
Cependant Baudouin IV le Lepreux
termiua bientdt sa triste existence, it
ne laissait qu'uH enfant eo bas dge. Get
enfant mourut quelques jours apres
600 pere. Fut-ce violemment ou natu-
rellemeot? G'est I^ une terrible res-
(*) Voyez Jacques de Vitry, Hutotre de Ji-
Sonsabilite qui p^ mx la n<M
e Guy de Lusignan. Toujoun eM
qu'il obtint la oouroooe d'ane Uf^
subreptice tout au naolos. Cette m
tioB au trone du plus iacapablep*
£tre des princes cbretieas Atakit
ladin a tenter sen grand coup. II «»
cha done contre la palestioe^ablli
d*une armee de quatre-nngt ofi
bommes. Ses premiers pas fbreot wk
qu^ par plusirurs vjctoinss. iyi
avoir extermine cinq cents cbe?ali6i«
Temple et de Saint-Jeao, qui fornii
Telite des guerriers clireUens, fl i9t
para de la ville de Tiberiade. A a9i
nouvelle 11 fallut bien que le faibleGw
de Lusignan se d^i^id^t a la lutttl
partit avec cinquante roille des s«i
mais, au lieu cfe se retrancber a ■
endroit avan^geux, au Ijeudecto
le terrain de la bataille, il alia ^am
un insense jusque devaat Tibriiadei
Qu les soldats de Saladio ^ieflt n^
veilleusemeut po'stes sur les ooUiDesfi
doraiaent le lac. Aussi, malgre ieor b*
voure, makre leurs efforts repeU$,»
gre les exhortatioos et les priemt
quelques boos et braves prtoiV
rrancs vireut tout de suite qu^fl
pouvaient point esp^e^ la TictaA^i
ne s*en battirent pas moiDscoiiyMw
desespere^ pendant tout uo jow-W
la nuit etant venue sans suooMjJ^
mine, ils furent le leiideinail<(^
par le choc de leurs epneipis,Wg«
disperses, et la deroute la plusc(ip»
commenija. Les MusulraaQS li^
trente raille Chretiens, sesaia«Bi*i
vraie croix , lireot prisoDoicrs « JJ
Guy de Lusiguan, le seigmurdcM
et le grand maltre des Templiers (V
Apr^ cette victoire edataoWj St
din alia mettreincootinetitlesteiffr
vant Ptolemals. Cette ville, habitM
partie par des coramer^anls peu [**
sans de ia guerre, ne se defeodu #
moilement, et se renditauboBtdew
jours. Puis, sans perdreuoioso^'j;
ladin , deployant la plus admiraw*
activites , plauta tour a tour soaj^;
dard jaune sur les cites d'Yaffo,*^
saree, d'Arrouf, de Berilhe;puis«Bw
remontant sur les hauteurs, iicnw J*
(♦) Voypz GttUluune deTyi^ W^^^
qui fe$i paasi au detd det mtrti^^
SYRIE AlODhRiNE.
327
oup f^rir daos Naplouse, Jericho et
tanilab. Tout cedait devaut lui. II en-
!)urajt peu a peu Jerusalem d'uii r^eau
e garnisons musulnianes. Sans s'achar-
er h preodre Tjr, qui lui avait r6sist^
*ap ioogtemps pour ses desseins , sans
ouloir forcer Ascalon, a laquelle il
ecorda une capitulation honorable , il
int enOn devant Jerusalem porter aux
br^tiens la coup de la mort comme na-
on. En s'approchant de la vitle sainte
utadin fut inu par un seutiinent de cle-
tence et de generosite; il appela a lui les
otabJes de la cite, et leur dit : « Je
sais, comme vous, que Jerusalem est
la maisoii de Dieu ; je ne veux point
€D profaner la saintet^ par Teffusion
du sang. Abandounez ses murailles ,
et ie vous livrerai une partie de mes
tre>ors ; Je vous donnerai autant de
terre que vous en pourrez cultiver. »
offre etait aussi noble qu'avantageuse,
neanmoins les deput^ Chretiens cru-
it devoir y repondre de la facon sui-
dte : a Nous ne pou vons vous ceder une
rilleou notre Dieu est mort ; nous pou-
rons encore moins vous ia veudre. •
cependauX ces Chretiens si hautains
lent iocapables de defend re lougt^^mps
B^rieuseiiieut cette ville sacree, qu*ils
?aient pas craint de souilier par tant
crapuies hideuses. Kile n'avait |jour
if.qu'un brave mais vieux guerrier ,
eaD dlbelin. 11 fit tous ses efiorts
ir rassembler quelques troupes. U6-
tiliravait autourde lui que quelques
ards ^cliappes au carnage de Tib^-
ie, qu'une reioe au desf spoir, que des
unea veuves et des enfants orphelins.
iDmoins, a force d'encouragemeuts et
rolont^ , Balean finit par reunr une
arence d'armee qui se battit avec
ra^. En voici la preuve dans un
orieo arabe:
i^rusalein, ditlbn«Alatir, ^tait alors
place trds^forte. L'altaque eut lieu
Ie odte du nord. C'est la qu'^tait le
-tier du sultan. Les machines furent
s^a pendant la nuit , et Tattaque
lieu ie lendemain , 20 de regeb. Les
ics monirerent d'abord une grande
oure. I>e part et d'autre eette guerre
regard^ conHne une affaire de re-
D. 11 n'etait pas besoin de Tordre
shafs pour exciter les soidats , tous
idai3Xit leur poste sans crainta ; tous
combattaient sans regarder en arri^re.
Les assieg^ faisaicnt cbaque jour des
sorties, et desoendaient dans la pJaine. ^
Dans un de ces combats , un ^aiir de 5
distinction ayant 6x6 tu^, les Musul- :
mans s'avancerent tous a la fois, en
comme un seui homme, pour venser sa
mort, el mircnt les Chretiens eu fuite;
ensuile ils s^approcherent des fosses de
ia place , et ouvrirent la breche. Des
archers, post^ dans le voisinage, re-
poussaient a coups de traits les Chre-
tiens de dessus les remparts , et prote-
geaient les travailleurs. En m^me temps
on creusait la mine. Quaod la mine fut
ouverte, on y plai^a du bois ; il ne res-
tait plus qu'a y mettre le feu. Dads ce
danger, les chefs des Chretiens furent
d'avis de capituler. »
C'etait une veritable grdce que Saia-
din faisait aux Francs de ne les point
forcer dans leur deruiere place; e'en
fut uqp autre de leur accorder la vie
sauve , le pouvoir de se radieter, les
hommes moyennant dix pieces d'or, les
femmes cinq, les enfans deux, eniin de
leur acrorder quarante jours pour le
payement de ce tribut. Mais Saladin ne
borna pas la sa gen^rosite detainqueur.
II permit aux chevaliers de se rendre,
sans £tre inquietes, a Tyr et a Tripoli.
II laissa les gens du peuple pr^rer leur
depart, sans 6tre molestes d'aueune
facon. Et quand vint le jour de ('emi-
gration g^n^rale, apres avoir fait fermcr
toutes les portes de la ville , moiiis celle
de David, il voulut voir defiler devant
son trdne toute la population , non pour
satisfalre son orgueil , mais pour ^tre a
m^me d'emp^eher tout d^ordre , de r^-
parer toute injustice, d'alleger toute mi-
sere (*).
Le patriarche, siiivl du clerg6 por--
tant les vases consacr^s, sortit le pre-
mier; Saladin respeeta en lui le cardct^re
sacerdotal, sinon Thomme. Purs vint
la reine, accompagnee de ses femmes
en larmes; Saladin lui adressade nobles
paroles de consolation. Ensuite arrive-
rent, en poussant des sanglots, des e^ ou-
ses privees de leurs ^oujt , des meres
privees de leurs enfants; Saladin rendit
a quelques-ujies leurs maris , h d'autres
(*) Yoyes Bernard to tr^rier, HMoin ties
CronadeM,
828
L'UN1Y£RS.
leurs fits. Enfin parurent des Chretiens
qui , au lieu de s'^tre charges de leurs
meubLes et de leurs hardes , portaient
sur leurs ^paules , les uns leurs vieux
parents , d'autres leurs amis iniirmes ;
Saladio , emu de ce d^vouemeat , en re-
compensa les auteurs par d'abondantes
aumdnes. Bien plus, pour qu'aucune in-
fortune ne fdt oubliee, Saladinacheva sa
journ^e de bienfaits en permettant aux
Uospitaliers de demeurer k Jerusalem ,
afin d'y secourir les malades que leurs
souffrances avaient reteuus mai^r^ eux
dans la ville , et de les soigner jusqu*a
leur gu^son. Sur les cent mille dmes
3ui formaient la population chr^tienne
e la cite sainte, quatorze mille pauvres
n'avaient pas pu se racheter; Saladin
vida sa bourse particuliere pour payer la
rancon d'un grand nombre d*orphellns
et oe besoigneux, et son frere Malek-
Adhel , suivant ce magnanime exemple,
rendit par ses sacrifiies d'argeiit la li*
bert^ iideux mille captifs. Grdce a cette
conduite admirable du sultan etd'un des
membres de sa famille , la misere ni le
tr^or public n*eurent rien a perdre.
Quelle difference entre cette conduite
de Saladin et celle de ce Godefroy de
Bouillon tant vante! Saladin pardonne a
tous ; Godefroy de Bouillon punit sans
cesse. Saladin defend tout pillage ; Go-
defroy de Bouillon laisse ses chevaliers
saccager et voler. Saladin emp^che toute
vengeance, tout massacre, toutmeurtre
m^me; Godefroy de Bouillon tue jusqu'a
marcher dans le sang au deik desgenoux.
Saladin secourt, console, prend piti^
des femmes; Godefroy de Bouillon n*e-
pargne ni le sexe ni renfance. £t pour-
tant Saladin ^taitpouss^ aux represailles
par ses ^mirs , ses conseillers , ses lieu-
tenants ; mais Saladin domine tellement
les siens, qu'il salt leur imposer la cl6-
mence dans la victoire , la probity dans
la ^erre. Godefroy de Bouiilon^u con-
tra ire, ne pent reprimer ni les infamies
ni lesassassinats de ses propres troupes.
£t maintenant de quel cot^ ^tait la bar-
baric, de quel c6t^ la civilisation? L'his-
toire peut-elle excuser les horreurs des
Francs sous le pr^texte ^u'ils ^talent
Chretiens? £tait-ce du christianisme que
ce fanatisme violent, cet app6tit de
carnage, oette ra^e de vol?On! ne ca-
lomnions pas'ainsi la plus ^clairteyla
plus humaine , la plus deslDterea^ k
religions! Separonsles boosdesmaata,
c*€St le devoir de la morale histonqur).
TBOISISMB CBOISADB.
Quoique le goAt des croisidessft
beaucoup diminue en Europe, qoMi |
Finsucces de tant d'expeditioDS A
rentes edt bien calme resi'ritiTavatiR,
quoique la philosophie naissante eii^
refroidi Pexaitation retigieuse, il ett
bien difficile d'appreudre sacs dMii
et de latsser sans vengeance la att
trophd de Jerusalem. Ce fdt&Dfan
de Tyr, I'^nergique chroniqtteur,leB'
vant pr6lat, qui vint en Europe aps-
mer la d^olation des Chretieasd'OrKd;
et prdcher la nouvelle croisade. ijiii
s'dtre entendtt avee le pape, ii paiii
en France au moment ou PfailipjpeAi'
custe allait livrer bataille a Hoiil
d'Angleterre. Les deux camps etaktt«:
presence, les deux monarquessete;
taient le Vexin Normand. A foree w^j
quence et de cbaleur d'&meilei^i
ardiev^ue sut r^concilia- 1« im^
vaux prets a se combattre. Dsdenaii'
rent tons deux la croix. Mms P^^lJi
expedition aussi longue et aoapo-i
leuse il fiallait autant d*arg(flt#
d'hommes. Grftce a Fappoi ds dsi*
aux efforts de Guiilaume de TfTjt
hommes ne manqu^rent poiitw^
Targent , voici la fa^n d«* « *■
procura : k Thonneur de Sal»**i*
cr^a un impdt sp^ial pour hi to«
guerre, et on I'appela la dimeSil^^
$ous ceux qui ne pouvaient pas itam
la croix etaient obliges de soWerMj
de la guerre sainte , en payant le^4|
de leurs revenus de toates f^f^l
Malbeureusement uoe fois f*J
populations confiantes eureot i«a>
leur prince respectif I'argent defa*]]
sade, les deux ambitieux d'AqgM
et de France employcrenl ks suT^
sacrees a recommencer la guemt
eux. Ce qu'il y eut de plus odi«n
ces hostilites sacrileses, c'est ^^
lippe-Augusteexcitaleflls contretej
Richard contre Henri. Les fi»*tt
Vatican furent impuissanies
forcenes. Tout excommunie qaii
(•; Yoyei Boha-Eddin, nta eims^
iani Saladim,
STRIE MODERNE.
329
lichard n*en persista pas moins dans sa
evolte infdme, et Henri II, incapable
e resister a la fois contre une conspi-
ition intestine et une guerre etrangere,
lourut de chagrin au milieu de la lutte.
on flJs, moraiement parricide , lui suc-
Ma, et soit bonte, soit reinords, ou
iQtdt soit ardeur belliqueuse et appetit
» butin , il (it sembiant de se repentir ,
(s'appr^ta a parti r en Palestine. Mais
8 produits de la dtme avaient 6te en-
loutisdans Tablme desguerres civiles,
i il falluit trouver d 'autre argent. Alors
tprioce crois^, rentredans ie giron de
iffise, n'6prouva aucun scrupule a pil-
r les juifs , h les depouiller de tout ce
I'f i5poss^a lent. Les ressources duvol
isumsant pas encore, Richard emplova
corruption. li se fit payer toutes les
ai^esae r£tat qu'il n'auraitdO donner
raum^riteeta la probite; il mit^ Ten-
DJesfonctions les plus elev6es de son
Iraunie, et finit no^me par aligner, con-
ifarement aux lois de son pays, les
maiues de sa couronne. Tel est Tun
( li^os les pi as celehres de la troi-
ne croisade ; tels fiirent les ignobles
rjnans dont il se servit pour satisfaire
I godt des aventures.
Sans aller aussi loin que son com-
;»on de croisade, Philippe-Auguste
n epuisa pas moins son royaume pour
w une arm^. Puis les deux monar-
!8, s'tont reunis a Nonancourt, se
Qt toutes sortes de protestations d'a-
U et de confraternity militaire.
meet meDsongere comedie ; ils ctaient
i deux trop ambitieux et trop arro-
ts pour ne point se disputer, a la
jBiere occasion , la prominence et la
duite supnfime de Texp^ition. Ils
ibarquerent s^parement, Richard h
seille, .Philippe-Auguste a G^nes;
I une temp^te terrible les ayant con-
its tous deux a se r^fugier dans le
de Messine, iBt ^ y passer Fhiver,
e purent ainsi rester six mois amis.
alousie , une rivalit^ orgueilleuse et
onptable, une haineferoceeclaterent
lit entre les deux princes, et se com-
iquerent a leurs troupes. On fut sur
lint d*en venir aux mains, de se d^-
e mutuellement en Sicile, au lieu
sr au secours de la Syria. Qu^lques
iies sages, quelques bons pr^tres
nreot, aforced^instances etae pri^
res , a plaquer une sorte de reconciliation
entre les rivaux , et le printemps revenu
ils se rembarquerent avec leurs soldats ,
sans les avoir diminu^ heureusement
par des combats fratricides (*).
Gepe ndant outre les rois de France et
d*Angleterre , Tempereur d'AUemagne,
le vieux et vaillant Frederic Barberousse,
r^olut aussi d*aller en terre sainte. 11
leva une armee considerable, et voici
comment il en enumere lui-mdme les for-
ces dans une declaration de guerre qu*il
envoya a Salad in : « Dieu aidant, vous
apprendrez ce que peuvent nos aigles vic-
torieuses , ce que peuvent les cohortes
de plusieurs nations. Vous eprouverez
la rureur de ces Teutons , qui prennent
les armes mSme pendant la paix ; vous
connattrez les habitants du Rhin; la
jeunesse d'Istrie , qui ne sut jamais fuir ;
le Bavarois, grand de taille; les habitants
de la Souabe , fiers et rus^s ; ceux de la
Franconie, toujours circonspects; le
Saxon, qui joue avec le glaive ; les peuples
de la Thunnge et de Westphalie; Tagile
Braban^on; le Lorrain, qui ne connalt
point de paix ; Tinquiet Bourguignon ;
les habitants des Alpes ; le Frison, habile
a lancer lejavelot; leBohemien, qui salt
mourir avec joie ; le Polonais, plusferoce
que les b^tes de ses for^ts ; TAutriche ,
rlstrie, ruiyrie, la Lombardie, la Tos-
cane, Venise, Pise ; enfin, le jour mar-
qu^ pour le triomphe du Christ vous
apprendra que nous pouvons encore
manier T^p^e, quoique, selon vous, la
vieillesse nous ait d^ja abattu. »
Outre la curieuse Enumeration que
fait ici Frederic Barberousse, sa der-
niere phrase n'est pas non plus sans
originality. Le vieux soldat Etait encore
sensible aux blessures d*amour propre;
le terrible batailleur, qui n'avait pas pu,
trouver un seul rival en Allemagne,
Youlut aller le chercher au fond de TA-
sie. Saladin lui paraissait digne de lutter
avec lui. Mais le ciel ne permit pas ce
duel grandiose. Frederic eut beau par-
tir k la t^te de la grande armee qu*il
avait annoncEe ; il eut beau Etre assez
fort pour punir de sa perfidie Tusurpa-
teur byzantin Isaac I'Ange; il eut beau,
apres avoir traverse THellespont, battu
(*) VoyeB de SismoDdl, HUiaift des Fron-
•luO
L LMVLuS
les Turcs a Laodicee, s'emparer d'leo-
Ilium , en repartir des le priiileinps; ua
acciiient phy>ique Tarreta tuut a coup
au tnilieu de sa carriere. II pa$>ait pres
d'uri fleuve, aux eaux limpides et irai-
ches, au lit rempli d'un sable doux,
aux l)erges lleuries; spduit par taot
d*attraits, il voulut se baigner dans ses
flots teiitateurs; iims ie froid le saisit
presque aussitot, et, son grand 5ge ai-
dant la maladie, 11 ne put pas faire un
Eas de plus. Sa inort fut le signal i\f la de-
andjde de son arniee. Les uns desert^
rent ; les aulres >'egarerent dans les inon-
tagnes; d'autres enfln se laisserent at-
teindre par la famine et la peste.Dece co-
lossal d^ploiement de forces, cinq mille
hommesseulement, menes par leducde
Souahe, fils de Frederic Barberousse,
parvinrent jusqu'en Syrie en 1150.
Pend^iut que les Teutons di>parais-
saientainslen AsieMineure, les Anglais,
apris avoir ete encore une fois disperses
par un ouragan, abordaient en (^nypre,
vaisseau par vaisseau, et se voyuient
refuser IVnliee du port de Liraijivso par
Isa.ic (^onmene. Ce dernier, refngi^
apres les revolutions de Constantinople
d.ins rile de Chypre, y re^naitdeja de-
puis quelque temps , lors(jue arriverent
les croises. Effriiye du noinbre des nau-
frages qiii descendaient sur s» s coles et
envahissaieiit son tie, il fit jcter en pri-
son les plus turbuleuts et repoussa les
autres. Mais Richard, avec le reste de
ses navir s , ne tarda pas a debarquer
lui-m^ino en Chypre. A la nouveile de
la conduite d'Isiiac Comnene, Richard
s'en allu attaquer sa capiiale. Le prince
byzantin ne put rcsiater a la mjisse de
ses agressenrs. II fut pris dans sa ville,
chaige de chahic^s a son tour, et sorv
vainquenr se declara roi de Chypre a sa
^lace. Bi»nnc aubainc pour ^Anglais,
qui oublia aiiisi dans une conquete im-
provisee la pronjesse quHl avait faile de
serendre sansretard a Acre (Plolema'is),
3ue les Chretiens d'Orient assiegeaieut
epu s viiigt mois (*).
Philippe-Augnste avait, du reste,
precede Richard au pied du mont Car^
mel ; niais, soit par un ridicule senti-
ment ciievaleresque , soit par une ralsoa
(*) Voyex Gautli&er Yimsauf / lUneruirt du
roi Richard.
secrete que rbistoir€ a'a pa peoetreffrsr*
dent Philippe-Auguste, malgre lesiris-
taaces de ses freres en religiou, maigrt
la politique et le bons sens qui auniiet
dd lui conseiller d'agir, se refwa ^
tinement a prendre U moindre^si
siege de Plolemais avaot VatrimMm
rival d*Aogleterre. Ainsi, vatvmx
allemaude , reduite a queiques Iiobim
accables de fatigue, use amttfrji*
^ise qui se condamnait alipbitede
inaction , luie araaee anglaise qvi i>
musait eii route a s^emparerd'iuNilifc
TArchipel, tel ^tait le premier rMI
de cette troisienae croisade , qui s aoKo-
Ctiit,en partaDt,comiiiedevaDtrc^
dre Jerusalem et detruirt la puisna
de Saladin. VoyoDS maiftteout i ^
en etoieot reduius les oaiaoies m
tiennes.
SI^B D*AG]IB (PTOLEXA&!.
Le roVaume de Jerusaiem B*c&i^
plus. Sou roi etait prisoooier,iff v^
etaient prises. Dans cette posiUM ^
plorable rambition parliculiert ^
encore augmenter Tetal frtain m
Chretiens. Le jeune Conrai de Us^f-
rat, arrive de Constantinople i Iff*
voyant le roTaunie franc »bs brt-
gence d*une teoinie, som^ as'«tf»-
rer du pouvoir. Coinme ia viliedrTr.
par sa position sur un promtff^nr,^
ses bolides fortiQcation8,pf«"*
et ses bassins, etait facile 4 i(s«^>
Conrad parvint a dccoura^^*^*
d'uue armee musulmane. Dei 1(n) v''
crut tout perm is , et ie fit ytw^^^
de Jerusalem. Triste roi , enlertte^
une sorte d1le , a peine incapaWe «»
feridre la derniere place du roraomewj
il s'elait erige ie maiire. Ilitedfliwa**
aucun ombrage aux MusulflMDii «* '
servit qu'a opprimer et k diiis* •
Chretiens.
Saladin, durant les dispiiU««M»:
de ses ennefnis , contiauait i ^'^ \
peoter ses amies et benir sa f^^**J*
A mesure qu'il prenait une *'*^^5
4'en massacrer les iiabitants a Ymt3i»
des cruises, il ieur laissait toojcwft ■•I
vie sauve. Enfiu, lorsqu'il ful mavtm
toute la Palestine, sa iwnie ««^
jusqu'a r6ndre la liberie an pWT,
prince Guy de Lusignan. Qu^fJ"^
coioptAt aucuneffleot «ur la pn*^
SYIUE MOULRNE.
3^1
1 tel homine, il ne t'en flt pas inoins
(T de reaoncer au royaunie de Jeru*
m et de retourner en Europe. Des
Guy de Lusignan se vit libre, son
nier aete fut de se parjurer, de
rdes troupes centre son liberateur,
e s'appr^er a te combaltre. Saladia
'emut pas de eette iafamie, ii i'avait
'ue. Etie etait d'aiileurs utile a se$
ets ; void comme : D'abord les pre*
ions de Guy de L4isignan, contra-
t Tusurpation de Conrad de Munt-
at , entreteoaient la division panni
francs; en second lieu, en (aissant
de Lusignan assizer une ville du
ral , Saiadin roettaitpour longtemps
l>ri de la guerre Tinterieur de la Pa-
ne ; en troisieme lieu , en occupant
i^ge d'une cite sans importance ,
^ les soldats Chretiens et les reii-
successifs que leur promettait la
ieine croisade, il usait dans une
d'escarinouches le courage et la
iT^raoce des croises. La prevision
iladin se r^lisa. II avait calculi
:. aussi habile politique que grand
rier, ii sut fatiguer Ir-s armees coa-
coutre lui, eonfondre les projets
s enneniis, et sauver son empire
ce (*).
SH^e d'Acre, outre sa duree exces-
eut cela d'original que les deux
*s, chretienne et musulmane , s*y
ereiit egalement , et que de cette
Acre, avec les deux camps qui IVn-
ient, paraissait une ville defendue
ne autre ville et altaquee par une
hme. Saladin avait parfuiteinent
i'acharnement que les Francs
'eraient contre ce boulevart inari-
le la Palotioe. Aussi fit-il venir
He un fortiGcateur c^iebre, t'emir
ou.cl], qui avait rele\6 les murs
lire ; et il lui ronfia Acre pour en
■a, premiere place de Syrie. Les
ens , apr^s la prise de Jerusalem,
rii^ d^abord , divis^s ensuite par
mentions de Conrad de Monferrat,
tes c'bn>tamment par les truupes
adin, qui tenaient Tyr cern^e,
I assiegee, tout le territoire trane
; les Chretiens, disons-nous,
ertt s'opposer aux travaux de Ra*
ti. Aussi, iorsque Guy de Lusi-
y esc Emad-Eddin , V£i:lair dt la Syrie.
gnan arriva derant les uiurs d*Acre,'
cette place n'avait rien a craindre de lui.
Elle etait comme un appdt offert aux
Francs , appdt qui ne devait servir qu'a
les faire toniber tour a tour dans les
t&iA musulmaus.
Des que Saladin apprit que les Chre-
tiens cernaient Acre, il marcha contre
eux pour retablir les communications
entre sa ville et son armee. Les premiers
efforts des Chretiens furent ^nergiques.
Leur masse ^tait si compacte et si so-
lide que durant la premiere jour nee
les Musulmans ne purent Tentamer.
Les historiens arabes la comparent a
un rocescarpe aue rien ne pouvait abat-
tre. Mais le lenaemain, apres avoir inu-
tilement lutte jusqu'a midi , les Musul-
mans tinirent par trouver Tendroit fai-
ble des Francs : c'etait au nord de la
cite, sur les rivages de la mer. Les Mu-
sulmaus fondirent en troupes si succes-
sives sur ce point, qu*ils enfoncerent
ieurs ennemis, et s'ouvrirent ainsi un
passage juscju'a la ville. Mais des qu'ils
furent enlres a Acre ils erurent tout
termine, et commirent la faute de ne
pas poursuivre ieurs adversaires et de ne
pas achever leur del'aite. Cette suspen-
sion «du combat rendit Tesperance aux
Chretiens. Tandis que les Musulinaus
envoyaient Ieurs chevaux a Tabreuvoir
et Ieurs chameaux au pdturage, les Chre-
tiens passerent le reste de la joun;^ et
de la nuit suivante a creuser autour de
leur camp de nouveaux fosses, a reparer
ieurs armes, a rallier Ieurs archers,
Ieurs lauciers, Ieurs cavaliers. Et le ien-
demain , Iorsque les soldats de Salndia
raarcherent sur les Francs, dans la per-
suasion de les vaincre sans difOeulte, el
d'en d^livrer la ville, ils rencontrerent
la resistance la plus desesper^e , et trou-
verentdevant eux un camp inexpugnable,
dont il leurfallut bientot renoneer as* em-
pa rer.
Des lors le siege prit des proportions
enormes de duree : on se battait tous
les jours, mais plutot en escarmouches
qu'en bataille rangee. C^tait la, du
reste, ce qu'avait voulu Saladin. II lui
etait indispensable d'entretenir I'ardeur
et de conserver la reunion de ses trou-
pes, afin d'etre pr^t contre riuvasion '
des nouveaux croises. Aussi ne cessait-il
de pr^ider lui-m^me k loiu les eoaibats
83a
L'UNIVERS.
partiels qai se donnaient devant la place
assiegee , et jamais son zete ne faiblis-
sait, jamais son activity ne diminuaft.
Cependant, a force de luttes sans r^suN
tat , les Musulmaas Onirent peu a peu
par se n^liger , et par renoocer a atta-
quer quotidieonement leurs adversaires.
Les Chretiens alors, qui crai^naient
les renforts que Saladin attendait d*£-
gypte, resolurent de prendre eux-ml-
mes Toffensive sur une grande echeile.
Saladin comptait encore sur cette de-
cision de ses ennemis, et sembla ne
rien faire pour s'y opposer. II laissa en
effet ses soldats se retirer par moitie
sous leurs tentes, tandis que Tautre
moitie se tenait sous les armes.
Les Chretiens, trorapes par cette ap-
parebce de negligence et d'apalhie, sor-
tirent en foule de leur camp , se precipi-
t^rent sur Taile droitede^ Musulmans,
la bousculerent , et la forcerent de plier
devanteux.Alorslecentrederarmeema-
bometane se porta au secours de ceux
qui fuyaient deja,et les Chretiens, comp-
tant sur la victoire , se tournerent tous
immediatement contre le centre d^arni.
Saladin les attendait la. Avec Taile
gauche de son arm6e il commenca par
couper la retraite a ses ennemis, en
placant ses troupes disponibles entre le
canip Chretien et une coUine infranchis-
sable. Bientdt les fuyards musulmans
s'etant rallies , les Chretiens furent a la
fois pris en tSte et en queue. Malgre
leurs eflfbrts prodi^ieux , malgr^ toute
leur bravoure individuelle, ainsi ^ras6s
entre deux masses qui se rapprocbaient,
ils furent presque tous tues ou faits pri-
sonniers. Dix mille d' entre eux reste-
rent sur le terrain. Ceux qui parent se
refugier dans leur camp , qui beureu-
sement n^avait pas encore ete envahi,
y auraient et^ necessairement forces le
lendemain , si on les eut attaques (*).
Mais, par un hasard Strange , par une
aberration d'esprit singuliere , les emirs
arabes crurent, apr^s cette victoire,
avoir assez fait pour la cause de TIs-
1am , et ne demanderent plus qu'a re-
tourner dans leurs foyers. On etait a
la fin de Tautomne, le siege durait deja
depuis plus de six mois^ 1 epoque de la
guerre pour les Orientaux etait terming
• («) Yoyez BoluhEddki, ^ie 40 5a/ac(»». ,'.t
tous les Musulmans Toolaieot pnr
comme a Tordittaire leorhiTer d«(nt
quitte a revenir an priDtem|£.S^.
eut beau faire , il eut beau apHqitri ^
politique a ses ^mirs, leur mm ;
qu*une nouvelle croisade ks mnni,
les engager a profiler de roecasidpt
cbasser definitivemeot les Chretknl
la Palestine, pour les emp^cberdeett
fa^on d'toe utilement seooomp
des renforts europeens, m k^
vaincre reot^tement des clx& >
bes, leur obstination ahivefwr**
eux. Par respect pour leursulta,i^ii^
gnirent de deliberer longueiMBt.*
consulter leurs troupes; nuis a W
de quelques jours iU exprin)Wjt
nouveau la resolution de v dM^
Ainsi , malgr6 son genie, Sabdio ug
vaincre les coutumes iminemoraai
son peuple. N'ayant pu coBsenwi^
lui que sa garde particuliere,ses&^
luks d6vou6«, il fut contraiflid«5f
tirer sur le mont !Uroubeh,r*"
quelques lieues d*Acrc. QuaniM^
sa troupe, elle se debaDdi,eta|
tachement par detaeheaw«t,sflj^
mas , soil a Alep,soitm6ffleen"^
tamie (*). ^
Des que les Musuunaosefflw""
donne la defense d'Acre, tejw
cerndrent la ville deto«se«8t«
s'occup^rent plus qu'a fig*j!
camp une veritable place ijgj*
Outre les foss^ , qu'ils 8gn^*2
core, ils eleverent un row^JH
d'une solidity a toute cpreuw,«*fl
des ceuries pour leurs cIjc«w,»J
qu'a des ^lises pour y dire la J
rabri. Les soldats qui restaienUSJ
quoiqu'ils ne cessassent V^^^.^
les travail leurs francs, ^^^
en assez graud nombre l»«|^'
cher de mettre a fin leor ceff*
devint bientdt aussi comf»leie «
rassurante que possible : c'ettf»
blissement definilif pour Ic^CbJ
qui ne pouvait dcsormaisetreaWJ
{)ar eux qu'aprcs la prise das*
a ville. Les Musulmans, dareit^J
ils eurent recu en renforts l«
egyptiennes cle Malek-Adhel,*^
la saison des pluies fut tennwtfi
(») Voyer Abd'AllaUf , Bi$U>irt if*
cha d'Jlexaudrit,
i
SYRIE MODEKNE.
338
Irent atissi dans leur eamo de la ool-
e de Kisan , eo face de celui de leure
rersaires. Ce camp n*6tait pas moins
te, rooins important que le camp
I Chretiens.
?o\d un extrait d'Abd'allatif qui en
me une id^ , et qui montre en outre
ament on entendait )a guerre a cette
tque des croisades : « Au milieu du
ap, dit I'6crivain arabe, 6tait une
$e place remplie de cent quarante
es de mar6chaux ferrants. On peut
er da reste par cette proportion.
US une seule cuisine etaient vingt-
t marmites pouvant contenir cha"-
e une brebis entiere. Je fis moi-
ne I'enum^ration des boutiques en-
istr^es chez Tinspecteur du mar-
; j'en comptai jusqu'a sept mille.
esB que ce n'etaient pas des boutiques
me nos boutiques de ville : une
Belles du camp en edt fait cent des
«8 ; toutes etaieut bien approvision-
L J'ai out dire que quand Saladin
Sea de camp pour se retirer a Ka-
b , bien que la distance fOt assez
te, il en co(!ita k un seul vendeur de
1^ soixante-dix pieces d*or pour le
ta|>ort de son magasiu. Quant au
she de vieux babits et d'habits neufs,
ane chose qui passe Hmagi nation.
omptait dans le camp plus de mille
I : la plupart Etaient tenus par des
mes d^Afrique; ordinairement ils se
alent deux ou trois ensemble. On
rait Teau k deux eoud^es de profon-
« La piscine etait d'argile; on Ten-
■it aane palissade et de nattes ,
•que les baigneurs ne fussent pas
\u poblic; le bois ^tait tir^ des jar-
des environs. II en coOtait une
'■d'argent ou un peu plus pour se
ler. »
ksi, si^reU contre les attaques, as-
ice de toutes provisions necessaires,
16 ni€me de se procurer le superflu,
■ftaient les avantages que pr^sen-
. ces vastes camps , qui etaient de
l>le8 cit^. C^tait, par contre, un
n d*^erniser la guerre, et cela ar-
urtout devant Acre. Les Chretiens,
l^s, defendus comme dans une
#brte • purent recevoir successive-
tjous les oouveaux crois^s qui leur
Ejit d'Europe, et qui, par nandes
iO moins nombreuses, prec6derent
les trois grandes expMitions d'Allema-
gne, de France et d^Angleterre. Quand
0/1 avait 6prouv^ un revers, on se re-
tirait derriere ces fortifications pour
prendre le temps de le r^parer; quand
on obtenaitun avantage m^me partiei,
on le faisait sonner bien baut, afin
d*attirer de nouvelles recrues a Tarmee
de la croix. Les revers furent, il est
Trai , pins graves et plus rep^t^ que les
avantages; cependant Tespoir qu'on
avait dans la solidity des murailles du
camp et dans la prochaine arrivee des
troupes de Philippe- Auguste etde Ri-
chard emp^cha, quels que fussent les
Rebecs essuyes par les Francs , la lev^
d^un si^^e sans utility bien prouv^e et
qui codtait deja tant d'hommes et tant
d*areent. Saladin, de son cdt^, n*avait
garde de presser par trop ses ennemis ,
e peur de les voir s^eparpiller sur les
differents territoires de la Syrie, et,
quoique battus . devenir inqui6tants par
leur dispersion m&ne. II valait bien
mieux pourlui les tenir, pourainsi dire,
sous la main, afin de les atta(]uer en
bloc, et de les detruire tous si Tocca-
sion s'en pr^sentait (*).
Saladin, en outre, n^^tait pas satis-
fait de son arm6e. Malgr^ ses talents
militaires, maigre son energie gouver-
nementale, malgr6 la discipline severe
qu'il maintenait dans son camp , il n'e-
tait pas parvenu d'une part h obtenir de
la regularit6 dans ses recrues, et d'autre
part k faire com prendre la n^ssite de
la permanence des bostilit^s aux tribus
nomades que commandaient certains
^mirSf ses vassaux. Comme un jour
il etait alit^sous sa tente, on Tengagea
k permettre a ses soldats de prendre les
armes ; mais il repondit : « Mon arm^
ne fera rien que lorsque je monterai a
cheval pour me mettre k sa t^te. Je
connais depuis longtemps mon armee ;
si je ne suis avec elTe , elle ne fera rien ,
ou plut6t le mal qu'elle fera sera cent
fois plus grand que le bien qu'on en
pent attendre. » On voit de quels obs-
tacles ce grand bomme 6tait entoure; et
cependant il sut les vaincre k force de
perseverance. Cetait done pour lui une
tactique aussi necessaire qu'avanta-
geuse de prolonger la lutte sur un seul
i") Yoyez Abd*Allatif, ibidem.
334
LTOnYEfcS.
point, et de manitenfr saM cesse les
Chr^iens, qael que fdt le nombre des
soidats quMI possMdt sons ses dra*
peaux.
Les tristes restes cle Tarm^e de Fr6»
d^ric Barfoeroosse n'^aient pas faits
pour rendre beauconp d^e^p^rance aux
Chretiens. L'arriv^ de Henri, comte
de Champagne, avec plasieurs braves
chevaiiers , prodaisit done parmi eux
un meilteur effet aue les ctnq mille
hommes harasses, oecoarages du due
de Souabe. Les Francs recommencerent
alors Jeurs entreprises contre la ville,
en^agerent ptusieurs fois le combat;
mais , toirjours recus arec fermete par
les assieii^s . attaques avec vigaeur par
Saladrnr , ils furent constamnient forces
de retourner dans leur camp, apres
avoir 6prouve des nerles plus ou morns
fortes. Pour coinble de mallieur, la
peste et ta disette vinrent enCore, et
si inu I tenement , apporter la souffrance
et)a mort parmi les Chrelieus. Beaucoup
percent par lafaim ou par Pepid^mie,
ft Vum des premieres vjctimes fut le
due de Souabe tui-m^me. La disrorde
se joignit entin a tant de iiiaiix.''La
femnrje de Gay de Lusienan ^,tant morle,
on contesta la eotrroiihe de Jerusalem a
ce dernier. Les partlsan^de la legitimitc
pretend arent qtie le trone devart revenir
alsabelle, seconde fiHe rf*Amaury, et
femme de Honfroy de Thoran. Airisi ce
sceptre fictif avail trois pr^tendamts, Guy
de Lusignan d'abord , comme mari de
Tancienne reine; Honfrov de Thoran,
CO I rime mari de la nonvtlle; en fin Con-
rad de Monferrat, qui s'^tait d^clar^ sow-
verain dans la vilie de Tyr. Celui-cf eut
m^ine Taudace de faire casser le manage
d'fsabelle avec Honfroy cJe Thoran, et
fut assez hahile pour obtenir la main de
la jeune reme, qiioiqn'il fOt deja mari6
avec h soeur de renipvreur byzantin.
Que d'intrigues! que de fourberies!
oue de crimes! Et tout cela pour se
OTSputer nn royaunie in pariibus.
Telle etait la situation deplorable des
Cbretiens d'Oricnt divi<;es entre deux
princes aussi pitoyables Fun que I'autre,
lorsqiie debarquefeiit eniin sur ta plane
de Saint- Jean d'Aere Philippe- A uguste
et Richard. Tout d'abord ces deux mo-
narques, inalgro les j>romesses de Con-
corde et d'accord qu'ils s'etaieftt renou-
Telto en Sfdte, diverg^rent (fepift
Philippe-Auguste se d&bra poor (k^
rad, Richard pour Guy deU|m
Des lors nnimitie Mala entre en. I;
firent bande a part Or lorsqiu Ini- 1
taquait les Musufmaos, TaHtre nev .
quait pas de deroeurer oisif daess'
camp. Funeste conduite, qui tai
tout Tavantage a leurs ennfmis,<4i;
tendait k prolonger indefiaiastil
hostility, sans les decider janttlfri
fin une nialaiiie s^rieuse frapfAibttj
les deux rivaux de France etfA^;
terre. A la faveur du troabkaAi
Jeta leur esprit , on paniot eooort i U
r^oncilier. II fut decide que 6r|
Lusignan garderait son rm titrca^
duraut,etque sa succession affetm
drait h Conrad de Moaiferrat (*]. J
BBDDITION BS SAIllT-nill D^H
- GrSce a cet Strange cora|TOfl»,
put du moins agir de coa«ert,eta
prendre eflBcacemenl le siege jfutf
qui avait deja dure plusdevu^tl
Chaque jour c'^tait noBvelle M
nuuvel assaut , lutte de plus«n|^«i
Aucun historieii n'a mieuipro^
ardeur des Chretiens que &bil
m6me, et la lettrequ'iladressiW
klialife de Bagdad est le meiHwH,
de cette phase de Ta guerre d<fW>
contre TOrient ; laissons ^fi^*
suitan lui-m^ine : 1
« Voire serviieor « toojoonii^JI
peel pour vous; mais ikx li«*»^
d'avofr a tout iDSiant avoBscfi"'
eunemis, dont la puissa«i« »*«*
cessc, el donl la mcchaaceleo'ifj**'
lies. Non I jamais le* bomine* i«'w**
ni eiitendu un Ifl enii€ini,qoi***?^
assi^'ige , qui resserre el est rtssffn,^
I'abri de ses relrancheraenls, Umij*
cenx qui vondraienl s'ap(»rocher,d
qiier rocrasion k cenx qui hfht'^
ce moment les Francs tie soat
dessous de ciiiq mille caraKrts «*
mille fanta&sins. Le carnage e* h
lea out aneantis; la guerre le$ i de«J
vietoire les a delaisa^ : maw la ■»•
eux ; la mer s'est drrhree poor W*
du feu (**). De vouloir defiair le aa**
(*) Voyei Bernard le Tr&orief, ft**
Croisades. . _^
{♦•) SaladtDveot falreenteodieftf'
aue,8uivautl'opiiiioo de§Mo*uiniaaj»5
eus sent vodfe au feu de renief. w.»'
SYRIE MODERNE.
B8A
pies <|ui composent rann^o chretienne et
■ngues barbares qii*iis parlent, cela serait
DMihle; riniaginatlon m^me oe saurail
) represeuter; on dirait que e'est |)OQr
que Moteonabbi a fail cg yen :
ii 8ont rassembl^ toas les peupfes avec
> laDgoflB<ltTer&es; anx interprttes seals
Ioqa6 de cooTeraer aveo eiUL. »
C'est au point que lorsqiie nous faisons
risonnier, oa qu'un d*eo(re eiix passe de
e cote, nous manquons d'interpretes pour
iBttfodre; souvent I'interprete h qui on
«ise rcBYoie a ud autre , celui>ci a un
idme, et ainsi de suite. La T^rit^ est
■OS tranpes sont la^sees et dego6iees :
ont vaitiement tenu bon jusqu'a repiii-
Dt des forces. ; eltes sont demeurees fer*
jttsqu'a Tailaibtissement des orgaoes.
etireiuieoMrnt les guerriera qu'ou nous
1^ venani de fort loin, arrivent en rooins
i Ji9iiil>re qu'ils ne sont partis, et k poi-
<u>pressee par I'ennui ae cette gitei3*e;
irirant, ils voudraient partir, et ils ne
IM que de leur retour. Tent de faiblesse
« pne nouvelle audace a nos ennemis.
toncinis de Dieu iniaginent tons l«s
iuelques nouTelles ruses : tantot ils nous
lent avec des tours, tantot avec des
Ib ; nn jonr c'est avec fes cUbadcs (*) ,
Ire at^ec les betters; quelqnefois ils sa-
tes imrs; d'antres fois ils s'avancent
ear clieinins couverfs ; on bien ils essayent
0iHer dqs fio^ses; ou bien encore iIr es-
nt lea remparts; <ra bien ils attaquent
er montcs sur leurs vaisseaux.
Ailin Toila qu'ii present, non contents
Pi^ier^ dans leur camp un mtir de terre,
MMU mis en t6le de con&truire des coi"
i»Ddes, en forme de tours, quUls out
f de bois el de pierres; et lor>que cet
^ a ete conduit & sa perfectiou, ils
)fO»k la terre par derriere, et Font jetee
tat , ramoncelani pen a peu , el s*avau-
ers la ville Fes uns a la suite des autres,
i ce qirils se trouvent matuienant a
ewii-portee de trait. Jusqu'ici , le feu
Aierres avaient prise sur leurs tours et
^i«sades de bois; mais ^ present, com-
exst«aDer avec les pierres ou consumer
t Jea ces collines de terre qui soul a
idi'«*ss^ an ctief rellgienx de I'Tsfam, il
I tfjc^rimer sa reprobation compile con-
roxiemki du Koran.
es ticbndes t'taient des machines forml-
cofislruites en bois avec de graudes
B de fcr, et roontees sur df« roues. Ces
it«« elaient munles d'une ^norme l*te,
a iT>c>>en d*un mecanisme , haltait les
10^ arree One puissance prodigieuse.
la fois un rempart pour les hommea, et un abri
pour les macbines ? »
Dans cette extremite, les assieg^s n'a-
vaient plus qu'a capftuler. L'emir qui
eommandait a Af re alia done trouper
Philippe-Auguste sous sa tente. II pro*
posa au roi de France la reddition cle la
▼ille, moyennant la viesauve accord^e
aux habitants. Mais Torgueilleux prince
europeen exigea en outre qii'on lui ren-
dtt Jerusalem et toutes les places fortes
de la Palestine. Ces conditions n'etaient
pas acccptables; Tennemi les repoussa
comme il le devait. II follut done repren-
dre les hostilil^s, livrer nn rrouvel as-
saut. hes Musulmaus, exasp^res contra
leurs ennemis, les repouss^rent avec
Anergic. Puis, a la suite de ce succ^, its
tenterent de quitter laville, etde se din-
ger en masse, pendant lanuit, vers le
camp deSaladio. Mais les croisesfaisaient
bonne garde; et les assi^ges durent re-
Doncer a cette derniere ressouree. Alors
lis r^solurent d'offrir de nouvelles con-
ditions aux assiegeants. lis leur propos^-
rt'Dt de briser les fers de quiuze cents
captifs francs, de rendre le bois de la
vraie rroix, eV de payer deux cent mille
besants d'or. Malgre leurs pretentions
plus hautes, les croises turent pourtant
obliges de souscrire & ces derni^res con-
ditions, fis exigerent seulement que la
garnison et les principaux habitants de la
ville restassent prisonniers jusqu a Tac-
complissement de toutes les clauses du
traite (*).
A peine maltres de la ville, les princes
croises s'y disputerent la suprematie. Lc?
danger seul pouvait moinentaneinent
melt re d'accord ces homnies de rac^s et
de laiigues differentes , ces fiers suze-
rains habitues chezeux a faire tout plier
sous leur volonl6. Richard particuiicre-
meut se inoiitra d'une arrogance insup-
portable. 11 poussa un jour Finsolence
jusqu'a faire ienominieusement jeter
dans les fosses de la ville Teteudard de
Leopold d'Autriche, qui flottait sur Pune
des tours. Cette insulte grossiere fit a
Richard du prince allemand un enne-
ni irreconciliable, et 1 on salt que celui-
ci s'en vengea en retenant prisonnier le
roi d'Angleterre, lorsqu'au retour de la
croisade il traversa lesfetals autrichiens.
(•) Voyez Boha-Eddin, Vit de Saladin.
136
L'UNIVERS.
L'anitnosit^ devint telle , la haine^'aug-
inenta d'uDe faqon si progressive parmi
tous ces crois^ , jaloux les uns des au-
tres , et m^contents d*ailleurs du mai-
gre benefice qu'ils avaient (ait dans tear
expeditioD, qae beaucoup d*entre eux
rdsolurent de retourner eo Europe. Phi-
lippe-Auguste fut un des premiers a se
degoiiter de cette croisade si codteuse ,
et qui n'avait abouti qu'a s'emparer
d'une ville de secoad ordre. Malgr^
les instances que les Chretiens d O-
rient Grent aupres de lui pour le rete-
nlr, il n'en alia pas moins se rembarquer
k Tyr, se bornant a laisser sur les c6tes
de Syrie cioq cents ehevaUers et dix
mi lie fantassins, sous le commandement
du due de Bourgogne.
I.UTTE BNTRE BICHABD ET S4LADIN.
Une fois Philippe-Auguste parti avec
les maledictions des Chretiens, qui I'ac-
cusaient d'avoir d^sert^ la cause sainte,
Richard devint le chef supreme de la
croisade. Aussi impatient que cruel,
comme il trouvait que Saladin tardait
trop longtemps a remplir les clauses de
la capitulation , 11 eut Pinfamie de faire
forger, en vue du camp des Musul-
mans , deux mille sept cents habitants
d'Acre. Un pareit acte de fi6rocit^ fit
execrer Richard paries Musulmans, et
le souille a tout jamais dans Thistoire.
Comment vouliez-vous que la civilisa-
tion ptit 8*etabiir a une ^poque ou des ca-
racteres aussi odieux se rencontraient
parmi les monarques ? Que vouliez-vous
que f!t Saladin , lorsqu'ou r^pondait a sa
clemence en vers les Chretiens de Jerusa-
lem par le massacre des Musuimans de
Saint-Jean d'Acre? II ne pouvait que trai-
ler tes crois^s com me des b^tes feroces, et
leiir faire desorinais une guerre d*exter-
roination. Ainsi, tous les maux de la Syrie
lui vinrent, dans ce siecle, de la part
des Francs. Si cesderniers s'etaient mon-
tr6s moins cruels , la reaction musul-
mane n'aurait pas eu lieu.
Saladin, dont YStme geoereuse esperait
encore ramener les croisesaux sentiments
de fhumanite, et qui, comptant sur leur^
idees chevaleresqueset sur les nobles qua-
lit6s dont ils se vantaient , s'^tait efforc^,
durant tout le cours du siege de Saint-
Jean d'Acre, de traiter ses ennemis
avec estime, de les accabler de bons pro-
c^^, d'envoyer aujonrd^hmdejeBi
pouieta h Phiiippe-Augaste matade.de
faire porter demain des soriwts et k
glaces a Richard soaffirant de iaebieB.
de permettre , pendant lestrto i^
ques-uns de ses officiers <rassstffas
toumois des Francs; Saiadio,^
nous, dut ^prouver autant (firriahi
aue de piti^ pour des geoa qdiffr
daient si indignement a ses ima,
Pauvre grand homme d'Onest, li
dans son inlelligenoe, simple das t
bont^ , g^n^reux dans sa for»,[lanl
les princes de TEurope tallies sa'wk
modele; il r^vait la magDaniioileditt
les combats , la grandeur dans la jmi^
la clemence apres b victoire. II M
reveille par les torrents du sag ^■
siens que Riehard eut rabominatiflini
n6e de faire couler jusque daassoi fli|i
Quel desencbantement douloomnpnt
lui ! II en pleura a ehaudeslanoes, I'm
lent homme! 11 aurait voula^npifflv
Chretiens dans ses conqo^es, etali
en imposait le massacre. Soaesi?il
dechir^ ; car ses emirs sembUiestniii
raison : il fallait dorenaniat de ir«N
repr^sailles ; lesfanatiquestnoopMa
c'etait une lutte a mort que leooim
devait poursuivre contre la eraii- W
din courba en gemissaot Je ^Jf^
la fatalite de sa deatinee; maisMt
il releva fierement la t&e, rf A*?"*
de nouveau son dmeterre vsusi^'
Homme de genie et de c€Ear,wffl*Jf
tdt pour lebonheurd€frbDinaKte:««^
saint Louis qu'ii aurait dd anir p^
adversaire (*) ! |
Richard avait la pretentioB de MJ
querir Jerusalem. II reunit ea «■■
quence tout ce qu'il reslaitdeFn*
sur la cote syrienne , c*est-a-<firt N
de soixante m'ille combattants, softfl
Saint-Jean d'Acre, el se dirtgea'
Cesar^e. Cette nombreuse arm* J
cel6e constamment par la caTal«»
honietane, ne pouvait faire <F**|
lieues par jour. Ellc souffrit lii«*J
la soif , de la faim, et tomha peu if
dans un profond deoouragemtft *^
chefs des crois^s , qui en ^^ '
aux regrets de leur expedilioa^
contreuse, s'adrcsserent aa n«« J
Saladin , Malek-Adhel, pour trai»^
SYRIB MODERNE.
337
ta patx. Mais la coDclition qulla y mi*
rent de la reddition de la ville sainte fit
hausser les ^aules aux Mosolmans ; et ,
maigr^ lean fatigues, les crois^ furent
oblige de oootinuer leur chemin. Dans
la Diaine d'Arsor ils rencontr^ot Sa-
laoin. II fallait absolameDt accepter le
combat. Les Francs se Imttirent en d6-
sesoMs. Lear chocfut si terrible au*ils
calbotdrent les premiers rangs de leurs
enneniis , et aaralent obtenu sans doute
un grand r^altat de cette victoire par-
iielte, s*i!s avaient os^ poursuivre dans
uoe torit voisine rarin6e masulmane,
qui sV^tait cetir^. lis n'obtinrent done
pas d'autre avantage de cette journ^
briliante que de [)OUvoir entrer ^ JaflEa,
dont Saladin avait pr^o^demment ras^
les murailles (*).
Arrift^ dans cette Wiley la division
reparut encore une fois au milieu d^enx.
Richard, par son arrogance et sa duret^,
blessait tons les amours-propres et s'a-
li^nait tons les coeurs. II sentit alors
qu'il finirait par ne plus avoir que das
4nglais autonr de lui, tant la doertion
s'^tait mise dans le camp des crois^. II
renouveia done des propositions depaix
aoprte de Saladin. Cette fois il promote
Uut de retonmer en Europe si le sultan
coDsentait k rendre aux Chretiens J6ru-
saleoi et la yraie croix. Cette nouTclle
tentative , apnuy^ sur aueune victoire
importante , tut repouss^ par Saladin
commeelle Pavait 6t6 pr6o6demment par
ion frere. Mais Richard voulait absolu-
meiit la fin de sa lutte personnelle, et
cherchai t tons les moyens possibles d'ar-
rangeoient. Il alia jusqu*^ proposer en
manage sa soeur h Maiek-Adhel. II de-
mandait seniement qu^on eonstitudt
pour dot aux ^poux le royaume de
r^rusaiem , qui deviendrait par 1^ oom-
nun aux Chretiens et aux Musulmans.
Saladin , fort peu fanatique de sa na*
ture, ne reculait pas devant cette pro-
iHMition; mais les imans de son cote,
it les pr^tres du c6t6 de Richard,
rrierent unanimeroent au sacril^e. 11
-altut done, malgre les deux souverains,
feprendre les hostility.
Richard n'osa pas s'engager dans les
rnontagnes de la Jud6e , et se contenta
^') Voyez Gaolhler Vinisaaf , Wnirain du
HM Richard.
22* LivraUon. (Syrib moderne.)
de longer les rivagesrde la mer jusqu*a
Ascalon. Mais eette place avait ^te ras^
aussi bien que Qtsar^^ et 11 fallut pour
s'y maintenir entreprendre d*en relever
les murailles. Cette oeuvre de laa^ns
d^plut aux chevaliers. lis profit^rent de
cette occasion pour refuser tout service
h Richard. Son ennemi Lipoid d'Au-
triche doona le signal de la desob^is-
sance. Le due de Bourgogne suivit ; et
I'envieux Conrad avoua alors tout haut
la haine qu'il avait con^ue pour Richard.
Pour ne pas voir avorter compl^tement
la croisade, Richard fiit ennn oblig^,
au printemos de Tannee 1082, de mar-
cher sur Jerusalem. Cette r^lution
rendit Fesipoir aux Chretiens d'Orient.
Mais leur illusion fut de courte dur^.
Richard avait appris que Jean, son frere,
cherehait k s'emparer de sa couronne ,
et il ne songeait plus ^u*^ retoumer en
Angleterrie. L'ind^cisiou le prit; una
sombre irritation rendit son abord de
plus en plus difficile. Arrive dans la pe-
tite ville de B^th^nopolis , a une jour-
n6e tout au plus de jAusalero, il s*arr^
tout court, et malgr^ les plaintes de
son arm^, malgr6 les instances de ses
chevaliers , il perdit un mois sans agir.
Saladin I'attendait dans la ville sainte ,
Qull avait fait entourer de fortifications
tormidables. Richard n*osa pas Vy bra-
ver. On le pressait de plus en plus d'al-
ler mettre le si^ge devant Jerusalem ;
il s'emporta , et refusa (*).
Le meeontenteraent de Tarm^ devint
gto^ral ; la rage de Richard ne coanut
plus de homes. Enfin, on rassembia
un conseil de guerre pour aviser a ce
qu'il y avait h [aire. Richard s'obstinait
toujours a ne pas aller en avant; les An-
glais n'osaient pas se detacher de leur
prince : et le conseil decida qu^on quit-
terait les montagnes pour retoumer sur
les bords de Ta mer. Saladin, tout
surpris de la retraite des crois6s , les
preceda k Jaffa , et s*empara de cette
ville par surprise. Alors le fftutasque roi
d'Angleterre se rdveilla soudain de son
assoupissemeiit letbargique : il monta
sur des vaisseaux marcnands avec quel*
ques troupes, et cingia vers le rivago
de Jaffa. Sa brasque arrivde rendit Tes-
poir k la citadelle chretieone, qui rdsis-
(*) Voyez Idem, ibidem.
22
3S8
L*uinyERS.
tail eneore. Ilalgr6 mb terfilfemtknis
singulieres , malgn set entetements d6-
sastreux, Richard avait un tel cou-
rage personnel , que sa aeule pr^rance
inqnietait lea MusulmaDS, et readait
am crois^ toate leur 6nergie. Avee uoe
poign^ dliommea. il fit merveilie de-
yaot Jaffa. Sorte de h^ros sauYage, il
s'^lan^it parfois tout seul k travers lea
rangs eoneiiiisyetles dispersal ten grand
nombre avee sa lanoe ioTindble. Mais
quoi qa*il flt, Saladin s'apercevait bien
gu'il n'ayait plus afifoire qu*^ an seul
omme , et il aurait attendu da hasard
des combats la fin de la guerre , si ses
emirs , effrayes et d^ourag^ , ne Fa-
Yaient pousse a rentrer en n^ociations.
Ce qui proure , du reste, la lassitude
ou Ton en 6tait arriv6 des deux parts ,
c'est Taspect des arni^ bellig^rantes :
Richard en ^it r^duit k deax ou trois
cents chcTaliers et qaelques milliers de
fantassins. Saladin avait vo ses troupes
refuser un jour, malgrd ses ordres,
d'engager le combat. Lesdeux camps
^ient en face Tun de Tautre, et aa
regardaient sans s'attaquer. Le roi d'An-
gleterre ^tant m^me tomb^ malade, il
^ eut une sorte de suspension d'hosti-
it6s, dont les Francs profit^rent pour
renouveler une derni^re fois les onres
de la paix. Malek-Adhel y 6tait favo-
rable; saladin seul, dont les vuesetaient
plus profondes et plus nettes, aurait
voulu continuer la guerre , pour acbever
la destruction des colonies cbr^tiennes.
Mais qne faire avec une arm^ decou-
rag^, dans laquelle Tinsubordination
^tait tous les jours pr6te a eclater, k la
veille, enfin, delasaison despiuies, c*es^
5-dire de Tbeure de la d^baodade gen^-
rale? Le sultan fut done oblige d*eeou-
ter k son tour les propositions de paix.
II n'y avait plus de difficult^ que rela-
tivement k la possession d'Ascalon ; et
encore Richard, oui faisait bon march^
des Chretiens d'Orient, ne r^damait
cette ville que pour sauver son honneur
en Europe , et pour paraftre avoir iait
autre chose, durant sa croisade, que
de frapper hardiment d*estoc et de taiUe.
Apres plusieurs conferences, durant les-
quel les les Musulmans montrerent au»
tant de finesse que de persistance , il
fut convenu qu Ascalon serait rasee
comme place torte , et des lors il n'y
I
eut plus qa*^ pandierer le tnUA k
paix.
Les Musulauns consentent toate
la Palestine, j oompm^ hien entttdB,
Jerusalem, roBJet de la guerre MMitM,
le modf de la troisi^iiie croisade. Oa m
laissa auz Cbr^tlena que le littoral k
la Syrie, les places de Jafib , deCte-
r6e, d'Arzouf, deKaifa, d'Aeretili
Tyr. On stipola ainsi pour la liberty Aa-
tioche et de Tripoli. Saladio , en eolR,
promettait de reecvoir en peierios les
Chretiens dans la ville sainte peote
toute la dnree de la paix , qui mitfiiK
Il trois ans et quelques mois. Ge fiit «
commencement de aeptemiire 1092 qw
futaccept^ce traits par Richard etHavi
de Champagne, qui avait saeoM^Cm-
rad dans la souveraitiel6 des otoiei
chretiennes. La paix one fins rttifitt,
les deux annees ae mdl^rent daos do
r^jouissancea communes. Puis dftm,
les gens pieux ae diriaferent eo pderi-
nage vers Jerusalem. lis y yenaiefitpir
bandes nombreuses , les paavies eaaoe
les riches , les nobles cooncne ks vilaiBk.
Saladin les re^tavec autant d'epidi
que de politesse. II leur faisait senirt
manger, et eausait gracieusemeotaite
eux. Sa cooduite en eette oeoasioa ftf
si noble et si ^^n^reuse que les priam
francs en pru-eot de rombra(ge. fli
s'efiforcerent de r^primer le ad» dei
pelerinages , de peur que les OnAm
ne prtferassent la dominatioa, ajtfte
et SI douce, de Saladin a la Icsr, fv
^tait loin d^^lre aussi equitable clan
liberaie (').
MOBT DE SALAJDIlf.
Cependant Richard , relevede sa ■»>
ladie, finitpar s'embarquer. Des Ion,
Saladin n'avait plus rien k redoutar : 1
licencia son arm^B; et la Syrie, apii
cent ans de guerre, put enfin respinr
sous le joug du plus clement et da pba
honn^te des princes. Malheurecisefsoa
son bonheur ne dura pas longtcaas-
Moins d'une aon^ apres cette paix , »
ladin mourut d'une fievre bilieose ii
etait n^k Tekrit, sur le Tigre, avait veea
cinquante-sept ans lunaires , avait r^
cinq ans sur r£fflrpte seule, et dix-aotf
sur la Syrie et 1 Egypte r^nies. Tons
(*}yoyczBoha-Ed(Ua ^Ude
SYRIB MODERNE.
33»
Bt Iiigli»rieii8 nuigoimanB s'aooordent i
lire r^ge dece prince, et d^olarent
oe rafBietion fot g^D^rale k ta mort.
I'teit k Damas qn'il avait rendu la
ernier soupir, et fa Tille tout enti^re
Bit frapp^,gelon Texpression arabe ,
rune tristesse dont Dieu ieui eiUpuse
afrefidie. II ftait si g^nereux, il fai-
Bittant d*aum6ne8, qu'on ne trouva
•na son trter particuiier qu'une piece
f^or et quarante^sept petites pieces d'ar^
;eot, w tout foisant au plus cinquante
rancs de notre monnaie. G^est qu'aussi
inesureque Saladin prenait une ville,
>in de raccabler d'impiSts , il lui prodi-
uait des largesses. A son entr^ a Da*
IMS , il ne sarda rien pour lui des biens
e son pr^deoesseur Nour-Eddin , et dis^
ribua le tout. A ce propos il eut m^me
oecasion de dire oette oelle parole, que
avarice itait faite pour let mar*
hands, etnonpouriesrois.
Ge guerrier si ^ergique 6tait dans son
ilMeurd*une douceur sans ^le. A oe
Bjeton rapportedeux traits bien earac«
fristiques. Tin jour, 6tant assis dans n
mte , deux de ses mamelouks se dis*
nt^rent , et Tun jeta k la tdte de Tautre
I bottine, qui vint eflleurer la Joue du
sltan. Saladin d^uma auasit6t la tite,
imme s'il n*aTait rien tu ni senti , afla
e ne pas avoir ^ pnnir rirr^vtencede
in soldat. Une autre fois,tont malade,
demanda de I'eau tidde; on lui en
jiporta de bouillante. II en rtelama
*autre ; cette fois on eut la sottise de la
lidonnerglac^. Alors, sans s'empor-
sr, sans gronder le maladroit, il secon-
Mta de dire : « Dieu soit lou^ \ ne pou^
li-je done pas avoir de Feau telle que
» la demande. » Outre son indulgence
Mr sea domesttoues , il ^tait d'une po-
tesse et d*une oienveillance parfaites
tMir 868 fiimiliers. Sa conversation ^tait
I T^servte, qu'elle ne devait inspirer
ii*Dne ^gale reserve a oeux qui caii»
lient avec lui. II ne pouvait pas sup-
Mter la m^isance, etselon le dire
'Aboy V-fiMa , personne devant lui n'ou"
wU ati d^hirer Fhonneitr de son pro-
\ain.
Toutes ces qualit^s scares n'ex-
luaient point pourtantchez lui ni ra-
tability , ni m6me la jovialite. II aimait
jouar avec sea enfants , et Ton rap-
orte que des arobassadeurs cbr^iens le
aurprmnt un jour falaant une partte de
barre avec son plus Jeune fils. Instruit
Il la fois dans lea sciences et dans les let*
tree, il converaait aussi bien avec les bia^
toriens des traditions de rislam., qu*a-
vee lea savants d^astronomie et de ina-
th^mati^es. Sa bont^, du reste, ne
s^^tendait pas seulement sur ceux qui
Tentouraient, mais ella savait encore
soulager toutes les misses humainea.
Quand il rencontrait on orpheltn , on le
voyait s'altendrir, puis doter lepauvre
enunt et ie confier k un des siens. S'il
rencontrait, aucontraire, un vieiilard du
peuple, il lui o^daitle pas, apres lui
avoir fait quelques lib^ralit^. II savait,
en un mot , faire Taumdne sans jamais
bumilier celui qui la reoevait.
Void lea nobles conseils qu'il donnait a
son fils Oaher, en le nommant au gon*
vemement d'Alep : « O mon fils, ale
toujours le saog en horreur; prends
garde de le r^pandre et de t*en souiller,
car le sang ne dort jamais. Teille sans
eesse au bien-£tre de tes suiets, et io-
forme-toi quotidiennement oe leur si-
tuation : tu es pour eux mon ministre
oomme je le suis moi*mtoe de Dieu,
Aie soin de contenter tout le moode :
c*est par mes bonnes manikes que je suis
parvenu k ce degr6 de puissance. Ne
garde de rancune centre qui que eesoic,
car nous sommes tous mortds. Sois at>
teotif II tes devoirs cnvers les autres ;
sois liberal , sois juste : c*est en donuaot
satisfaction k chaeun que tu obticodras
la mis^corde d'Allah(*). »
Saladin donnait en outre a son IDs
rexempk de tous ces prtoptes. Mais il
aimait avant tout la justice , veilbut k
ce qu'on la rendh exactement , et la ren-
dait lui-m^me quand ses occupations le
lui perraettaient. Deux fois par aemaine,
le lundi et le ieudi , il pr^idait le tri*
bunal de ses aadis. Dans ses expMi-
tions militaires il agissait comme dans
sa capitale , recevant toutes les requites
que les moindres de ses sujets tui pr^
sentaient. Quand une cause exigeajt une
minutieuse attention , il prenait sur ses
nuits pour I'appr^der. Il se declarait
aussi, comme les autres, coniptable
de la justice du pays. Un ntarcliand
arm^nien I'ayant cit^ injustement , non
(*) Voyez ideoif ibidem.
22.
840
LinOVEES.
sealeme&t il rint plaider luwntoM, mais
encore, aprds le jagement, qui lai fiit
favorable , il donna an marchand ane
aomme d'argent pour le rtompenser
de la bonne opinion <]u*il avait eue de
lui en I'appelant , qaoique sultan , de*
▼ant un simple kadi. Son amour pour
la justiee^taitsi connu qu'on Faccaolait
h toutes les heures de requdtes et de
sollicitations. Jamais pourtant il ne
montra ni impatience ni ennui.
Un jour qu^apr^s un long conseil de
guerre il s^etait tourt^ de la foule pour
prendre un pen de repos, un de aes
mameluks le poursnivit pour r^damer
de lui une audience immediate. Saladin
le pria avec douceur de revenir le len-
demain. Le mamduk insists, d6clara
que son affaire ne souffrait pas de d61ai,
et finit par jeter son m^moire presque
a la figure au sultan. Saladin, sans se
blesser de cette impatience, ramassa le
m^oire , le lut tout entier , et , trouvant
la demande iuste , il aocorda satisfaction
au mameluk. Une autre fois, comme
il delib^rait h eheval avec ses sdn^rauz,
une femme du peuple lui presenta un
placet. Saladin lui aemanda d'attendre.
Alors la femme s'^ria : « Pourquoi done
ftes*yous notre sultan » si vous ne vou-
lezpas^trenotrejuge? — EUe araison,
r^pondit Saladin. » Puis il quitta ses
s^neraux, s'approcha de cette femme,
r^couta , et lui accorda ce qu*elle r^da*
mait.
Les auteurs arabes ne tarissent pas
en pareilles anecdotes. Toutes servent k
prouTcr que Saladin unissait ia man-
fiu^tude h la justice, I'^nergie k la dou-
ceur, gu'il se d6vouait a la fois k tons
ses sujets , de m^me qu'^ la guerre il
^tait toujours au premier ran^. G^n6-
reux , clement, charitable, aussi mod6r6
dans ses goUts que simple dans ses v£-
lements, il ^tait en outre le plus habile
des g^n^raux de son temps, le plus
hardi.des conqu<^raDts. Voici ce qu'il
disait a un de ses confidents, un lour
qu*il se promenait sur les bords dfe la
mer : « Je vais te faire part de ce que j*ai
dans mon dme. Lorsaue Dieu m'aura
remis entre les mains le reste des villes
chr^tiennes de Syrie, je partagerai mes
£tats entre mes enfants ; je leur laisserai
mes dernieres instructions; et, leur di-
sant adieu, je m'enftarquerai sur cette
mer pour alter soljuguericstlesetkBiqi
d'Ooddent. Je ne veoz mettrebas lca»
mes que loraqu*il ne restera plus un mi
infidelesurla terre, limoiiia que fiafi
je ne sois arr6t6 par la mort. »
On Toit par cea mots quels teientki
projets giffantesqoes de Saladin , «, •
effet, il nTivait et6 air£l^ par una aart
hAti?e. On eompreod aussi nar la —
■ I seiu he
quo! il fut un moment le sent hoiUKlB
son empire qui ne voulAt pasaeeoiteh
paix aux Fnnes. Et mainteoaat fl fan
moins s*^tonner peut-toe da mai r-
nom quMl avait en Oeeideot, de la Mm
ou'on leva pour Taller eombattre , ct de
rinsuce^ de la troisi^me croisade. K-
ehard ^tait aussi intrftpide que Sah<n,
c'est Trail Maia qu'il ^talt loin d*lbi
dou^desm&nes quality merries, #a-
▼oir sur les siais la mtoe ament^lB-
dto k la fois sur lefi6oie et la vertBl S
I'un ^tait un ooeur die lion , cooune sa
pan^yristes Tont appd^, rautie toit,
pour tous les hommes sans exctptiot,
un ooeur d'or. Certains htstoricos cW-
tiens en font le mtoe floge qaetesli»'
toriens musulmans. L'auteur de Fflih
Mre de$ patriarckes d^jilexamdikA
de lui {*) :
« Saladin , dans toutes les eapilrii*
tions qu'il accorda aux Francs, fit i>
deleli sa parole. Lorsqu'une TiUeainfr
dah, il laissait les habiuuts ssrt^ei
liberty avec leurs fenunes , leunoftsft
et tout ce qui leur appartenatt. AFffsi
des captifs musulmans dont eesdonn
s'^tatent empar^s, Saladin ofi&ailift1»
racbeter, et proposait une somas ai-
dessus de leur valeur. Si les Francs ify
refusaient, il les leur laissat, £sait:
« Je ne veux pas vous Iiustrer dsiv
« prisonniers; traitez-les bien, oomm
« moi-ra^me je traite les vdtres. * Bri^
sulta de 1^ que plusieurs Ghritieseli
remirent volontairenient les piiaonait
musulmans quMls avaient entre km
mains, et le sultan les d6domma^4»
plement de ce sacrifice. OrdioaireflMl
les chevaliers sortaient des places cm
quises avec leur Equipage de gocoSi
cest-a-dire armes de la cuirasse, dl
la cotte de mailles et du casque, m i
mot comme lorsqu'ils
n Voyez AlKl^Ailatif,
che» d*Alexawirie,
SYRIE MODERME.
S41
combat. En lea foyant le sultaD aou-
riait, el enauite pleurait d'attendriaae-
meat ; mais il ne leor faisait aucun mal ;
bien au eontraire , il lea fiaisait eacorter
aur toute la route. G*est ainai que Sala-
dio en usa avee lea ennemia de sa reli-
gion et de son autorit^, agiasant ainai
par une eapto d*in8piration divine. »
Voiei maintenant comment £mad-Ed-
dinterminerdlofledu pluspaiaaant etda
meilleur dea aoltana : « Ayec Saladin
noorurent lea grands honmies ; avec lai
dispamrent lea ^ena de m^rite ; lea bon-
nes actlonadimmuerent, lea maavaiaea
a'accrurent; la vie de?int difficile, la
terra ae convrit de t^n^bres, le ai^le
eut a pleurer aon pb^nix, et Halam per-
dit aon aoutien ! » Cette louange , tout
byperbolique qu'elle aoit, ne manque
paa, comma on a pu le voir, d'un fonda
de verity (*).
HOOVXLLBS SOnVFBANCBa
DB LA aVBIB.
Avee Saladin ausai ae termina cette
srandelutte entre TOrientet FOccident,
dont la troiai^me croisade avait donn^ le
spectacle. IMaormaia juaqu'li saint Loula
lea cpoisades n'offrirent plua que dea
eonbala aana importance , dea conqu^
tea d'un jour, dea d^foitea plua deplo-
rablea que les victoirea n*avaient pu
€lre a vantageusea. Tout d^6n^ra encore;
•t lea malheureux Syriena ne trouvdrent
3ue aouffirancea nouveUea dans chacune
ea exp^ditiona dont leur d^livranceaem-
blait le but. Gontinuona done, au point
de vue de la Syrie aeulement, ce long
martyrologedeaCbr^iensd'Orientqu'on
a dMor6 d*un nora si pompeux dana
Fhistoire , mala qui ne fut pour lea eon-
temporaina qu'une ^poque de calamity
aana ceaae renaisaantea.
La croisade dite. quatri^me est par-
faltement nulle : aucun bon aentiment
ne Fa excite, ainon les suppiicationa
d*un vieillard de quatre-vingt-dix ana,
le pape C6lestin III. Mais le malheureux
vlcaire de J^sua-Christ trouva Richard
dto>urag6, Philippe- Auguste interess^
h agrandir son royaume; et illui &llut,
en d^aeapoir de cause » a'adresser k
Henri VI, empereur d'Alleraagne, qu'il
(*) Toyei Bmad-Eddln, eitraiti de VBclair (h
laSffntf Al'borak9l'CKamL
avait«xcommuni< un an auparavant. Ce
fourbe ambitieux et habile , aoua le pre-
texte d'une croisade, son^ait k a^m-
parer de Maples et de la Sicile, ce qu'ii
fit. De cette fagon , il n*y eut, en r^-
lit^ , qu'une femme fiddle au aerment
aacr^; ce fut Marguerite de Hongrie,
aceur de Philippe de France. Pdurtant
une exp^ition quitta FAllemagne, et
commit encore la faute de se diviaer en
deux partiea. La premiere, sous le com-
mandementde FarcheWSque de Mayenoe,
vint fort mal k propoa rompre la tr6ve>
faite avee Saladm. Malgr^ les observa-
tiona aena6es d*Henri de Champagne,
qui , quoiquMl ne fQt roi de Jerusalem*
cnie de nom , n'en ^tait pas moins le re-
(hr^sentant le plusconsiderable dea Cbrd-
tlens d*Orient, les Allemanda, dans leur
orgueilleux enUStement , ne voulurent
rien entendre, et commenoerent lea hoa-
tilites. II en r^ulta que Malek-Adhel,
auccesseur de Saladin , r^nit aea ^mira
et leurs contingents; et d^ que son.
arm^ fut rasaemblte , il a'en alia battre
les Allemaoda dana la montagne de Ma--
plouae^
La aeconde partie des forces chr^
tiennea, sous les ordres des dues de Saxe.
et de Brabant, arriva trop tardpour em-
p^cher Jaffa de tombec au pouvoir dea
Musulmans. Ausai, apr^diverses alter-
natives militairea, dont aucune ne pou-
vait ^tre d^nitive, la discorde , Fen-,
vie ^ la haine, aepar^rent les Chretiens
d'Asiedes crois^, et neutralis^rentleurs
efforta divergenta. Les Allemands ne
combattaient que pour For que leur £ii-
aait distribuer Henri VI : une fois que
ce dernier eut attaint son but, tout eu-
rop^en et tout tempore!, sa main ai pro^
digue se ferma, et aes aoldata se de-
band^rent, ne laiasant sur les rivages
de Syrie que dea cadavres,.desennemi8,
et les Chretiens d*Orient plus ch^tifs que
jamais.
Si les Synens durent se oonsid^rer,
api^ le depart dea Allemanda, comma
d autant ^lua malheureux que la rupture
Jju'on avait op^r^ si malaoroitement de
a tr^ve conclue avee Saladin faisait mal
proffer de celle de troia ana qu'avait
accord^ Malek-Adhel, ila concurent ce-
pendant quelque eapoir , lora de F^I6va-
tiond'Innocentinau trdne pontifical. Ce
pape, ausai 6clair6 qu'^nergique, fit, ea
843
LUNIVERS
effet, pr^er iiiie nooveHe croisade tout
aussi bien en Allemagne , en France, en
Angleterre qn'en Italie. Aussi ardent
dans sa ToIont6 que dans son ex^tion,
il r^olut le premier de donner Texem-
pie des sacrifices a faire : ne pouvant
pas marcher comme soldat, il voulut con-
tribuer h la guerre sainte par Fachat
des sobsistanciss et des armes. En con-
s^uence il ordonna qu'on fondtt sa vals*
selte d*or et d'argent , ddclarant qu'il ne
se servirait , p^ant toute la dur6e de
la croisade, que de vases de bois et d'ar-
gilen.
Mais I'^t agit6 de I'Europe, ses dis-
soDSkms int^rieures , ses euerres inter-
ndlMibies entre princes , (retaient \k des
obstacles qu'il toil bien difficile a In-
nocent III de surmonter. Aussi, malgr6
tous ses efforts, n'aurait-il pas pu
meftre en branle une nouyelle arm^e de
la croix , si ua seeond Pierrre FErmite
ou plutdtun second saint Bernard n'avait
sargi tout ^ eoap li Neuilly sur Mame.
Foulque, le simple eur^, vint en aide au
souverain pontile: il s'en alia pr^cher la
croisade par monts et par vaux ainsi
que ses pr^d^oesseurs. Ajant appris
gu*un grand tournoi devait avoir lieu
a ia cour de Thibanit IV , comte de
Champagne, il y apparut tout k coup,
fit honte aux chevaliers r^unis de leurs
jodtes inutiles , de leurs jeux improduc-
tife, et par ses paroles 61oquentes , de
gens de plaisir il flt des §ens de guerre ,
de chevaliers en liesse il fit d'austdres
erois^s. Puis, passant en Flandre, il
augmenta de jour en jour le noyau de
son exp^itlon sainte, si bien qu'au
commencement de Pan 1 20) one nou-
velle arm^ se trouva pr^te^ partir pour
la Syrie.
Malheureusement les chefs de cette
arm6e de Flamands et de Oiampenois ,
dans le louable but d'^viter les dangers
et surtout les lenteurs des exp^itions
prec^dentes, r^olurent de se rendre
par mer en terre sainte. Or, il fallait des
vaisseaux, et les V^nitiens ^taient senis
capables d'en foumir. Ceux-ci , toujours
int^ress^, demand^rent 85,000 marcs
d'argent pour transporter les croises en
Syrie. Les erois6s ne purentr6unir cette
(*) Voyez Muratorl el Balaze» Tie <nHn<h
€6ni ill.
^norroe somme , ot Tadnrit doge D»
dolo proposa aux naifii FlanoiMbdeW
prendre la ville de Zara oomoae appilt
de la location qa*il leur fiteit ^
mi^ dMation de la en^sade, fate
bientdt suiviedHine aolare beaampiki
eonsid^able. De Zara od se dlriaeii*
Constantinople. On Toulait r^ldir ■
certain Alexis sur le trdne byzaalia;*
rcfliBinkii
fit le si^ge de la capitate de I
la prit, on la' saccagea; on y ioMkm
Srmce flamand, et les paavres CI *^""
*Orient attendirent en vain k i
qui leur avait ^t^ si fastoe
nonc^. Les croisfe avaient reoeoalil«
chemtn oe qa*iis Toulaient, des oonMik
des pillages, des maasaeres, de Firi
voler, des femm^ a Tioler , des na I
boire : que leur importaientleisoalto
ces de leurs frares en J^sva-Clnt dli
d^faitedelacroix!
A coup sdr, entre les plus hoatana
exp^itions guerri^res cette doqvite
croisade est la plus honteuse. Elleitf
aassi i^oUe cpe stupide : oesoatte
aventuners ridicules exploit^ pv te
Qsoriers avides, des cbevalien vradH
de la plaa basse espeoe qui ae wM
aux gages de la riche et avare Ven.
Puis tromperie sur tromperie, e&nm
a eorsaire : ia jeuoe AJexis cbeRte i
berner les croises qui lui ont mdi 9m
trdne a des conditions trop dons? ^M
on debitear qui ne vent pas PV*!^
detta toonne que sa detresae ami a
fait'conseotir. Eolin , surrial siin*
gant sans eoura^ et sana gMs^latt*
zoufle, qui ne sait qae ooaamettie ^m
sur crime, perfidie aur poMs. Ui
excds des crois^ avaient m tela iQB»
tantinople, qu'Innocent Oi leor aaft
honte. Pouitant il eonfirma rMnri*
de Baudouin, comtede Flandre, aattiv
byzantln. Ce dernier ne fut |kb ka|>
temps tranquiUe : on se aonleva cart*
son usurpation en Tbraer; les GaV
s'ailierent centre hii avee in liulff*^
battirent la louide eavalerieflaniandt^
vantAndrinoplcets'emparerent^a^
vei empereur. Son fr^ Henri i' "^
nault, vittttcop tard k sonaeeon!
assez t6t pour re^joer dix ana O-
IXurant ces ^pisodea do oefW|
toutes temporellffs, les soldats de lass
n Voyei Hio6UH Chooiateet
SYRIE MODERNE.
843
wiiilnieQl M Syrle de la famiiie H« 1&
^te el des iremblefneiitB da terre. Cette
lerni^ ealamiU foppa partieulite-
neot Damas, Tjrr, Ptoltoais, Tripoli et
Naploiise. Mais comme si la fareur das
^l^ments n'edt pas ^t^sufifisante k la des-
ractioa das raees syricnnes, la fureur
lea liomioes ?iot s'y joindre. Las Hos*
^talien et las Tampuers , eas soldats
noiaes cr^ pour seeourir rhumanit^.
He scrvaieot plus qa'k la penteiter. Gas
leax ordras religieoi , dana le dtiiie de
la jaloosie , se eombattireot avee autant
de rage qu'ils ea auraieot pa montrtr
contra lea Musulmaos , et portdrent par
leutes las possessions ebr&ieniies le far
H le feu. Dans cette anarehie gto^rale ^
Tombre m^med'un poavoir eentral vint
i Dianaaer : Amaury mort, on fut oblige
le s'aoreser an roi de France pour lui
Lrouver an auooassear. Jean de Brienne
fat ehoisi par Pbilippe-Auguste; mala
le malheareax prince ne put trouver
ians toute FEarope que trois cents che-
raliers pour lui faire eort^e, et II n'ar-
riTa en Syne que pour voir toutes ses
brteresses tomoer les unes aprte les ao-
ves au pouvoir de Malek-Adbel , et son
riste royaume bientdt r6duit k la seule
rille de Ptol^mais«
SIXlibcB GBOISADB.
Jamais la chr^ent^n'avait^t^aussibas
\a Orient. Elle tendi t encore one fois ses
nains suppliantes vers I'Europe; mais
'Europe se oonsuoiait au fieu sioistre des
Mssioos royales, et Innocent III mou*
-ut avant a avoir pu envoyer Taumdne
funsoldatases fil8d*0rient.Qaedireeii-
iore I Honors 111 ne put faire partir pour
a Palestine que guclques Allemands et
Hidques Hon^is^souslesordres d'An-
M II. Celui-ci , apres quelques inutiles
xcursions sur les rives du Jourdain et
ontre le moat Thabor, s'en retourna
[toiuras6. Pour le remplacer vinrent k
A suite les uns des autres des Francis,
es Italiens, de nouveaux Allemands,
aioqueurs des Maures en Portugal : et
B Terre Sainte devint encore une fois le
hamp-clos de soldats amoureux des
ataiUes, qui guerroyaient beaucoup
ilus par int^r^t que par religion. En
318 la mort de Malek-Adhel sembla
levoir rendre quelque.espoir aux Clire-
iens. Cette mort pourtant, loin de leur
proftter, les autorisa 5 iT^adormir. Ce-
taitd'une part une apatliie oonpablech^z
les Syriens; c'toit iPaotre part une per-
p^tuelle promenade decroiB^s nonvAiax
et un inrompt depart de eeux qui avaient
une lois toucb^ la Palestine, cette terre
de larraes et de missies ^temelles.
Enfin le pr^lat PHage arrive. Loin de
s*ooeuper de J^salem, on assi^eait
Bamietle. Cette ville fut prise au bout
de seize mols de si^. Une fois \k Far-
dent Pelage voulot pousser jusqu'au
Kaire. Jean de Brienne s'y oppose;
mais, pour le malheur de la croisade, le
l^t du papa Femporta sur le roi de Je-
rusalem. Les croises, en eff^, furent
d'abord arr^s dans leur marche en
£gypte par de noirs £thiopiens , sorte
de oetes fauves qui les attaquaient aveo
furie, etqui se suocMaient innombra-
bles sous leurs coups. Puis la nature
vint encore au seeours de la contr^e en-
vahie : le Nil d^borda ; et son inonda-
tlonsubiteemporta dans ses ondes bouil-
lonnantes des bataillons entfers. Dans
cette extr6mit6 Forgueilleux Pelage fat
oblige, pour sauver le reste de son ar-
m^e, de trailer avec son ennemi le sul-
tan Malek-Kbamel,* et de proinettre d'a-
bandonner Damiette et de se retirer k
Ptoiemafs. Ainsi toojours les m^mes
fautes : da courage d^pens^ en pure
perte, une arrogance ridicule au moindre
sucees, un d^sespoir insurmontable au
moindre ^cbec. En somme, que voyons-
noos sans cesse obex les croises d 'Eu-
rope? Orffueil, presumption, et pro-
ibnde indifference pour le sort des Chre-
tiens d'Orieut : tant quMis sont victo-
rieux , les croises vont en avant pour
piller ; quaod its sont vaincus, ils se rem-
narquent au plus vlte, et abandonnent
leurs fireres sans aucun scrupule (*).
Gependant la politique de FEurope
etait en pleine contradiction avec ses
mceurs actuelles ettous ses antecedents.
Innocent III, malgre ses talents, n'avait
pas peu contribue a confusionner les es-
priu. En effet, apres avoir ordonne la
cruelle croisade centre les Albigeois, il
en Vint plus tard k bidmer onvertement
la barbarie de Simon de Montfort et son
ambition de bourreau. D'nn autre c6te,
n Voyez le coDUnoatear de GuUlnuue d»
Tyr.et IbD-Djouzl alnsI qulbo-Fdntz.
L*UNIV£RS.
il soutint la maisoD de Sonabe eontre
Othon de Brunswick, else fit ^belin.
quand tous sea pr^^cesseurs avaientm
guelfes. Puis, il semble toot a eoap
renoQcer h soutenir lea liberty religieu*
sea et monicipaleaf ce qui pourtaot ^tait
le beau rdie : il anaule la grande Gbarte
anglaise, arracbto an roi Jean ; il bldme
Tarchev^ue de Canterbury d*6tre all^
trop loin eontre son prince temporal.
En un mot il veut concilier les pf^ten-
tions et n*allume que leshaines ; li cher-
che a mod^rer les bommes, et ne parrient
qu*a les irriter de pins en plus. Ses suc-
cesseurs k la cbaire de Saint-Pierre torn-
bent dans les mimes erremeDts.Gr^oi-
re IXse fait tour a tour Tami et Tennemi •
deFr^dricIld*AUemagne: tantdtiU'ap-
pelle son tr^-cher file et le nomme chef
de la croisade ; tantdt il lance eontre lui
toutes les foudresdu Vatican. Cette in-
coh^nce dans Tespritdes diefe saoer-
dotauz et militaires fit le plus grand tort,
au commencement du treizieme sitele,
a la foi religieuse. Les uns Tabandon-
n^rent presque; les autres devinrent
plus fanatiquesque jamais. Le plus grand
exemple de cette folic g^ndrale eut lieu
durant la sixi^me croisade.
Frederic II, quoique d'unepeti te taille,
d*une vue myope, d'une tete 6troite,
^tait un prince d'^ergie et de talent.
Parmi les accroissen^pts divers de sa
fortune, il ne dedaigna pas de se laisser
appeler au trdne de J^salem. Mais au
moment de partir pour sa nouvelle con-
qu£te, le paj)e Texcommunia, et son
arm^ de croisds sedissipa sous ses yeux.
Cependant Malek-Khamel, inqui^te par
I'ambition de ses competiteurs au trone
d 'Orient, et ayant appris par la renom-
mee la puissance et Taudace de I'em-
pereur germain, songea a se s^parer le
monde avec lui. 11 envova done des am-
bassadeurs k Fr^d^ric if, lui proposant
une alliance; et pour la cimenter , pro-
mettant de lui rendre B^thl6em et Je-
rusalem, k la fois le berceau et le torn-
beau du Christ. L*offre ^tait engageaote ;
et Fr^d^ric II partit en reamer Tex^-
cution. Mais yoil^ bien la d^aison la
plus ridicule etla plus funeste qu'on vit
jamais! Sous le pr^texte que Frederic II
etait excommunie, les Chretiens d'O*
rient refusent d'entrer avec lui a Jeru-
salem, et d'en prendre possession. Fr6-
derie 11 est obiig< de pteetnrmen
seuls bafODS dans le saint MifKlm.k
placer lui-mtoiesursattoUeoonaii
Jeru8alem» et de &ire ooavrir lai^R'
cationsdo people par les aedanatigifitf
ses oourtisans. A Ptoieoiais hneefte
qu*on lui fit fut encore pliis<K|ilm:
les prltresavaientfulmmeriflieriitB
la YiUe tant que remperaor ? iqo»
rait ; les statues des saints euioiti-
l^es, lesaotels denudes, les cniin-
vers^es; on ne ebantait pkn^oiBt
soonait plus, les pritrei diuBih
messe k voix basse et portes (iim\t ,
cequietait pis enooEe,lesaiortseta«i
emport^s de lear demeoze nns ti»
monie et sans prieres, et ensefdute
des terres non eonsacrte. Fomfati
Frederic II de quitter eette phpfiit
maudissait, et dont les babitams etMi
assez stupides pour ne pasaooefMerk
bien qu*il leur offralt C)*
Apr^ Frederic II rexcofflimmi^ ■»
le triomphateur , vinreot toor i tw
Tbibaut de Navarre, poeie bcii, ■■
prince battu ; et Henri ID d*AogklaR^
petit-fils deRidiard Coearde-IMsn
aabord par la renomm6edesQBaKft^
mais incapable d'y rienajooter.GBte
derniers princes ne firent que des t»
tatives sans r^sultals, ^ s'enreua*
rent en Europe, Pun, rABgiais,oM
abouti qu'a rendre les hoBoettrgdea»
puiture aux morts que raatit,le]^
varrais, avaient laisMs sor leeki^*
bataille de Gaza. £n r6ud,(^
sixieme croisade n*e8t pas edridk**
expedition unique, ayant on M^
mme, une armee homogeoe,da v
avec un plan , des soldatsavee vfr
cipline; c'est plutdt une proeeooi*
chevaliers, et, pour ainsiaire,oMP^
menade militaire de crois^ aDitesi
£lle neproduisit absolument ria f
Ihabitude du m^pris des trait6,|if
rompait ou qu'on signait au cipnta
chacun,- et par la elle ameoa a la Fas-
tine une nouvelle cause ded^cadeoM
fit plus inoonsistante que jamais U«t^
nee des Chretiens d'orient.
(•) Voyfa Jean VllUnI, ilitioSn iifltii^'
et Frao^oto Pipio, Chromigue it F. r.
STRIE MODERNE.
S45
LBS TATAB8*]IOaOL8 BT LBS KHA-
BISMIBN8.
Comme s'il ne suffisait pas de I'an-
igODisme des Chretiens et dss Musai-
lans poor niioer la Syrie, de nouveaux
nnemis Tinrent encore t'abattre sur
lie, et rachcYer. l^eNord, si prodigae
B races innombTables et barbares,
pi^ avoir fourni les Scythes contre
empire ffrec, les Hoos contre rempire
omain, Tes Abares contre Tempire by-
antin, rtervait d^autres masses plus
srribles encoreeontre TRurope et i'Asie
a moyen im. Descendos des plateaux
iae^ de la Sib^e, les Tatars-Mogols,
B s'aebeminaut inatinctiveinent vers le
[idi , groBsireot leurs bordes erraotes
isqu'a en former des masses de quinze
snt mille Ames. Ge n'^tait j^ une ar-
)ik, c*toit une nation ^migrante, le
ar et la torche h la main. Compost de
ibus f^roees de toutes espeees, mon-
is sur des cheraux aussi infatigables
ii*eux-m^mes, tratnant a leur suite,
ir de grossiers cbariots, leurs femmes,
urs enfants et leurs vieillards , vivant
1 besoin du lait de leurs chamdles, ar«
1^ d'arcs ^oormes et de ileches empoi-
Hinto, sans liens sociaux, sans jpatrie,
^bres et intr^pides k la fois, les Tatani-
logola devinrent la terreur de toute
s contrte qu'iis travers^rent. Un sid-
ednrant ils secontent^rentd'envahir,
sravager, de dtoimer la Chine, et d'en
oublerpour longtem^ rimm^moriale
▼ilisation. Mais tout a coup a ces ban-
es indiscipline, ^cescbefs envieux les
us des autres, il arriva un maltre puis-
int, Gengiskan (Djenghuis-Khan, le
Mdesrois).
Enfant^ , selon la sopersUtion de son
lys , par un rayon du soleil , venu an
onde avec du sang caill^ dans une
ain , prtoge sinistre, signe de fl^u
I Dieu , Gengiskan d^ I'lge de qua-
rze ana accumulait les. prodises de
leur, et se faisait 6lire chef de la
ibu des Karaites. Avec elle il rava-
ait une demise fois la Chine; et,
renu Tainquenr et couvert de butin
cette terrible exp<^ition , il se d^la-
It mattre du monde , pretendait que
titre supreme lui avait 6te apport^
I ciel par un proph^te, mont^ sur un
eval blanc; et grdce au prestige de
sa force fndomptaUe , de ses exploits
nombreux et de son audacieuse impos-
ture, il a^lom^rait autour de lui des
myriades mfinies de cavaliers. Son im-
mense arm^ se pr6c(pita comme une \
trombe de fer sur Tempire des Kharis-
miens. Mohammed, sultan du Kha-
risme, malgr^ ses cinq cent mille com-
battants, dotcMerdevant ce cataclysme
homain. Puis les Tatars, victorieux, se
r^pandirent de la mer Caspienne a la
mer Noire, p^n6tr^rent de la en Russie,
en Pologne, en Hongrie, et jusqu'en
Bohtoie. UEurope s'epouvanta a leur
approche; on les redoutait en Frise et
en Danemark aussi bien qu'i Rome ; on
croyait k tout instant et partout voir ap-
parattreaux diffi^rents horizons la pous-
si^re de leurs chevaux k tous crins, et
par-dessus le poitrail de ces b^tes 6che-
veie les tdtes jaunes et monstrueuses
de leurs maltres (*).
Cependant les Kharismiens, refoul^
par leurs vainqueurs, se pr^ipiUrent
oomme des fous et des atfam^ sur la
Mesopotamia et la Syrie. Dans leur d61ire
farouche ils semblaient vouloir se venger
sur les malbeureuses populations chrd-
tiennes de la d^faite qui les avait priv^
de leur empire. Leur avant-^arde etait
compost de durs soldats qui portaient
k leur lance les chevelures de leurs vic«
times. Dans leur rage ils immolaient
aussi bien les Chr^iens que les Musul-
mans. En cette calamit6 g^n^rale les
peuples de Syrie oubli^entleur rivalit^
religieuse , et s'unirent pour combattre
Fennemi commun. Les soldats du Christ
et ceux de Mahomet, malgr^ leurs efforts
^gaux , ne purent emp^cher les Kharis-
miens d*entrer a Jerusalem, d'y mettre
tout a feu et k sang, et de massacrer les
femmes, les enfants et les vieillards r^-
fugi^ dans T^lise du Samt-S6pulcre.
Pour vei^r cette abomination , Chre-
tiens etlmisulmans se r^unirent de nou-
veau, lutt^rent deux jours contre les
Kharismiens ; mais ils ne purent r6sis-
ter k la foucue de leurs ennemis : les
Musulmans oattirent en retraitesur Da-
mas ; et les Chretiens furent ^ tel point
d^cimes, qu*il ne revint k PtoI^maTs que
trente-trois Templiers, vingt-six Hospi-
(*)yoyesAbel ^imvMi, RecherchetiurUs.
Tariarei, et de Guignes, Histoire deiffunt.
S40
L'UN!VERS.
taliers et trois chevaliers Teutoiuqiies.
Pour oeUe fois c*en ^tait fait d^fiuilive-
ment dea possessions chr^ilenoes ea
Orient, si Dieu ne leur avail envoys un
saint pour retarder ieurd^faite, Louis IX
de France.
SA^IIIT LOUIS.
Fait inoui jusque alors I Innocent IV ,
entrain^ par sa haioe contra Fr^d^ic II^
qui s'etait adress^au roide France oomme
inediateur entre lui et le souverain poo-
tife, s'oppose de tout son poavoir an d^
part de saint Louis pour laTerre Sainte.
Quelle deplorable vari^te, quelle funeste
contradiction dans cescroisades 1 La sep-
ti^e a pour adversaire un pape. Celt
que saint Louis seul , k cette epoque ,
comprenait I'union catholique , la fra-
ternite evang^lique, la solidarity chr^
tienne. Aussi son arm^ est-elle la v^
ritable £clise : il y r^unit ies proscrits
d'A ibi etoe Toulouse aux plus ardents pa-
pistes, Ies ^elfes aux gibelins. Son ex-
pedition, SI Ies homrnes de son temps
eussent €t^ meilleurs, aurait offert
Texem pie d' u ne guerre reellement sa i nte,
reactive contre Ies traiteinents cruels
que Ies Musulmans, pouss^s k bout,
avaient iniliges aux Chretiens, mais r^ao-
tive seuleiiient par la douceur envers Ies
prisonniers, par la gen^rosite en dehors
de Taction du combat, par la grandeur
et par la noblesse. Malheureusement
saint Louis ne commandait ni a des hom-
rnes vertueux coniaie lui, ni a des
troupes disciplinees :sessoldatsn'etaienl
pas mSme h demi polices 1
Malgr6 Ies exhortations de sa mere,
Blanche de Castille, Louis IX se croisa
avec ses trois fr^res : Robert, comte
d'Artois, Alphonse, due de Poitiers,
Charles , due d'Anjou. Sa croisade eut
tout d*abord Ies caracteres de la charity :
le roi ordonna k ses juges d'activer tous
Ies proces ; aux chevaliers feodaux en
querelle de jurer entre eux une tr^ve de
cinq ans; k ceux qui tenaient d^ biens
injustement de Ies restituer sur 1 heure;
aux barons rigoureux envers leurs vas-
saux de leur demander pardon. Saint
Louis voulut aussi faire participer le
peuple a son entreprise. II emporta des
instruments aratoires, afin d*etablir une
colonic agricole en £gyptc. En outre il
avait fait creuserle porta'Aigues-Mortes
pour entreteair plus tari des nph
commerciaux avec rQrienl(*).
La croisade de saint Loois fot, k
leste, une suite d'actioos ooUttet g»
reuses de sa part plmdt qu'ufle e^
tion utile aux Syriens. Aioa^pitifii-
gnes^Mortes en automoe avce d^Hlt
mille hommes, ii fut fonidemt
cale en Cbypre. Cette tie fdi>to9B
line sorte de lieu de deiieesiteifnii
abondants desonsd, lesmaontam
ses et inlompMes de sss haiMi,
parvinrent k eomnipre,danBtk^
jour d'une saison , rann6e ds nini.
Ce dernier fat fortk, parMjisls^
primandes, par r^oagie da saiUBi
par la s^v^nt^ de ses ordosBMKS,*
rendre k see soldats le sntiBal*
rhonnear, dn devoir et de la £fdpfe
MalheureosemeBt, enquitiiDteetiitBR
de moltesse et d*abtodiBaMt, ■
lieu dese dinger SOT la Syrie,iienrtp^
xAt devoir attaqoer la puiasaaceft
sulmaneen £gypte q<i*ao pal di 1^
ban. II fit done voile venD»«^<t
a peine aborde ii sa plage saUvnas^
il donna Texemple de Tintrqiidii^ ■
se prdcipitant l\in desprenimfaii
rivage. L*6mir Fakr-Bddin, m ■
puissante arm^ de tore «l **;
attendait Ies croisds; maisles Mff^
ne purent roister a V&» i"?**
des Cbrdtimis : leurs troupes fcwJJ
fonoees, disperse, lean vaiajoW^
Ies ; la d^route parml eux ft^^JifS
ne song^ent mtoie pas kms»^
ville, et qu'ils dvaeu^rent Daoi^'^
oser r^sister un instant demei««F
santesmurailles. -
Les croises, a peuiematw^
cite opulente, tomberent ^'•JJ*
dans les.d^sordres et ks de#i|*
de toutes espies. Its en Tinn**
a m^onnattre I'autoritd du pw|»
peetable des souverains. Iosooo»i<
leur propre vie, on les voyait<l«'J!
Postcs avancds s*adonoer an jeBi*
orgie, plutdt que de repounec |fr
cursions des Arabes-Bcdooii»g*J
vaient jusque dans leur eaop WBJJ
enlever des prisonniers. CetliiBIJj
de quelques partisans audscietf »•■
Tespoir au suhan du Raire. H »W
D Voyei rabbd de Choliy, '**'*
Lcwtt.
L
SYRIE MODBRNE.
347
MM de rdevtr le moral de ses popula-
HIS, de rassembler une nouvelle armte
as considerable que la premiere; et
ooofiance, qui reoaissait de jour en
ur , fot eneore augment^e par la nou*
lie de la prise de Sidon, due k la vio-
ire des Husulmans de Damas sur let
u^tieos de Sy rie. U ne fellut rien moint
le le d^barquement du comte de Poi-
are avec Tarndre-ban des chevaliers
uiotispour secouer raraihiedeacroi-
s, a6j^ eff(§min68 par le climat oriental.
intLouiSfd'ailleurs, profitadePardeur
s Doureau-venus pour faire bonte a
3 aodennes troupes. Malbeureuaement
ur la chretient^, si saint Louia avait
ites les vertus d'un roi , tout le cou-
IB d*un guerrier sans peur et sans re«
Mbe, 11 ne montra pas toujours toute
prodenoe d'aa g^n^ral consomni^.
Dsi , avec une arm^e qui ne pouvait
ievoir ni recrues ni ravitaillement,
leeraignit pas de s'enfonoer aucoeur
IB vaste empire et de marcher a la
iqu^e du Kaire. Sea premiers pas
«nt des succ^. Sea ennemis ne pu-
it emp^cher sa marcbe sur ie bord da
. lis enfurentro^mesi effray^* qu'ila
firent de nouveau des propositions de
X. Mais saint Louiv, apres avoir con-
t/i ses chevaliers, repoussa Toffre dea
isulmans. li semble aue ce fut un sys-
le chez les crois^s de ne rien devoir
aleurs armes, ala victoire, k la sou-
nion absolue de Tame et du corps :
nde faute , preuve dc barbaric et de
atiamealaiois(*)!
ivant d^assieger la villa de Mansou-
I, ks crois6s vinrent camper sur le
d d'un canal qui leur barrait le
sage, et en face duquel ^taient pos-
ies Musulmans. Pour franchir ces
t profondes , saint Louis fit entre-
odre une di<;ue. Ge travail n'inquieta
les Musulmans, qui y r^pondirent de
aeon la plus ins^nieuse, en creusant
iol de leur c6te. De cette fa^n la
! reculait sans cesse devant les Cbr^
s; et malgre leurs efforts ils ne par*
uent pas a Tatteindre. Un mois du-
I les crois^ s'obstinerent k conti-
r leur digue* Les Arabes, par centre,
e iasserent pas de creuser le terrain ,
▼oyez Joiovine, Chrvnique, et Mathiea
k, Hutoive^ etc.
et de plus ils aocabltont leurs advcr-
saires de leurs tongues flecfaes et de leur
feu grteeois. Enfin un trattre de leur ar-
voM indfiqaa nn ffo6 aux Chr6tiens. Saint
Louis et son firere le eorote d'Artois le
franohtrent des premiers; puis le comte
d'Artois n'ayant su, malgresa promesse,
attendre le reste de Tarmee, se preci-
pita comme un fou k travers les lignes
musulmanes . Decedeimprudence daleiit
fiitalement tous les malheurs de Farm^e
ehr^tiennel
L*irruptioninattenduedu comte d'Ar-
tois et de ses chevaliers porta tout d*a-
bord le trouble et la conuisioa dans les
rangs arabes. Les Chretiens jparvinrent
m^nie, apr^ un choc terrible, k s'em-
parer du camp musulman. G*6tait plus
3ue jamais le cas de s'arr^ter, apres rar-
eur de consulter la prudence. Le bouil-
lant comte d'Artois ne se crut pas vain-
queur qu*il n'edt extermin^ tous ses en-
nemis ; et, malgre les representations
du grand mattredesTempliers, il 8*en-
gagea imm^iatement k iaponrsuitedes
Arabes. Avec les fuyards il p^etra jus-
que dans la viile de Mansourab. La les
Musulmans, s*apercevant du petit nom-
bre de leurs vainqueurs, iirent volte-face,
harcelerent detous cotes lesguinze cents
chevaliers du comte d*Artoi8, et les ex-
termindrent jusqu'au dernier avec le mal-
heureux prince qui les commandait.
Par une fatality singuiiere , pour r6-
parer la t^m^rite de son fr^re, saint
Louis en commit un nouvel acte. II Gt
passer ie canal au reste de son armee,
de fajon qu'a mesure que les Arabes se
ralliaient, ils tombaienten masse sur
les crois^s, qui n'arrivaient , eux , que
par pelotons. fiientdt une peur panique
vint encore troubler le mouvemeot des
Chretiens. Le bruit se r^pandit que les
Musulmans ^talent vainqueurs. La masse
des troupes chr^tiennes reflua alors vers
le canal, et el les s'y noyerent en grand
nombre. Saint Louis, rest^ presque seul
au milieu des ennemis , se d^fendit aveo
un courage de h^ros centre six Musul-
mans. Cette resistance desesp^ree de
leur roi fit honte aux chevaliers : ils s'e-
lancerent de nouveau au combat, et d^
gag^rent saint Louis(*).
(*) VoyeE Guillaame de NaoRto, Ut Gettea d§
848
LUNIVERS.
Quoique mattres du terrain, leg Chr6*
tiens n'en ^taient pas moiDS ^puis^ el d^
cournses. II leurtallut les jours suivants
renou^eler des luttes p^n^rales qui les
lasserent et les d^cimerent peu a peu.
Quels que fussent les traitsde vailfanoe de
saint Louis , il ne put faire gue son ar-
m6e redeTint agressive. Or la tempori*
sation ne pouvait que lui Itre funesle ,
rimmobilit^^taitsa perte. Bient6tmtoie
elle eut k luttercontreleclimataussi blen
Suecontre leshommes. L'amoncellement
es cadavres autour du camp chr^tien
oceasionna une 6pid6mie ^pouvantable,
2ui frappa k la fois les chefs et les sol-
ats. Mouvel b^roisme de saint Louis :
apr^s avoir brav6 le far des ennemis, il
voulut braver les atteintes de la peste.
On le vit k tout instant non-seulement
porter des consolations aux mourants,
mais soigner de ses propres mains les
malades. II fit tant que la contagion
Tatteignit k son tour. Sa maladie fut le
dernier coup pour son arm^. Elle se
renferma dana son camp inerte et d^o-
lee; elle laissa les Arabes Tentourer
d*une ceinture de fer impenetrable, lui
couper les yivres, d^truire ses convois
de ravitaiilement ; et bient6t pour elle
la famine sejoignit^ la peste. Dans eette
extremity , saint Louis fut contraint de
songer k traiter avec ses ennemis. Ceux-
ci voulurent lui imposer des conditions
inacceptables ; alors le h^ros Chretien,
a peine convalescent d'une effrayante
maladie, malgr^ safaiblesse corporelle
sentant toute la force de son Ame, ra-
nima le courage de ses soldats, exalta
leur enthousiasme, et les entratna k sa
suite vers Damiette. Durant cette re-
traite, saint Louis se battit comme un
simple capitaine. Toujours a Tarriere-
garde, aussi actif que valeureux, il com-
men^a une retraite oil il ne fut egal6 en
heroisme que six si^cles plus tard, par le
mar^chal Ney. Comme ce dernier, saint
Louis lutta a la fois contre la nature et
contre rhumanit6 ; seulement au lieu du
soufle glace du septentrion, c'etait Tba-
leine brtllante du simoun que le roi de
France avait k yaincre, aussi bien que
des myrlades de Bedouins, ces Cosaques
de I'Afrique.
Apres s*etre multiplie pendant la re-
traite de ses troupes , saint Louis ar-
riva epuise de fatigue , de maladie, de
veilles dans le bourg de MuodiJ a|fr
rait y trouver un rduge, 0 B^ynaaa-
tra que la trahison. Au nMMMtdil
allait traiter d'une sos^euioa f ns
avec Temir qui le poursuivait,iinlHM
inf^me parcoumt les raogs de fni i
francaise en criant : « Au noodeliii
du roi , came de toutes parts, idl»
vous tous , si vous ne voulez pnfA
meure. » A cette faussenouvdleltid^
valiers mirent bas les annes,ilflii
Louis fut charge defer pir aescsHB.
La captivite <Tit pour laittae^
capitale, durant laqudie aedMMa
nouvelle face de sa grande ime. w
Sue sur le Nil avec one partie bmbIimi
e sa noblesse, H voulut partagercaki
les souffranees et le watmai km
compagnons. Tratne en triomplieali
sourah , tl fiit impassible deraotlBii'
jures de la populace ; jete dans as oM
presque sans pain et sans v^MilJ
ne daigna pas se plaindre. Sawasg
fiirent contraints d'admirer la klM
de son caractere et la fiertedeaw
gnation. fitendu sur la paillc,leq
des psaumes k la main, u M<UMi
pas les yeux aux menaces de ses gBfi^
et donnait la meilleure partie desBjt
slers aliments 11 I'unique seniasrg
ferme avec lui. Le sultanduKiiniPP
de cette grandeur royale, «w»jit*
Louis cinquante pelisses d^boaav^
lui et ses principaux ebeniia^ (^
Tin vita k un superbe festio : ^^^
refusa et le present et le feslip.Uflr
tan lui offritensuite la libcrteii»<^
dition de faire rendre aux Mtfwgi
les villes cbretiennes de bPalaW
saint Louis ne voulut pas Mfi|
Syrie k son profit. Le sultan, irrag'
sista, et mena^ de mort le roi ina|V
saint Louis resta aussi indifliM*]
menaces qu'aux avances desM*!
nemi(*). i
Sans doute saint Louts serattw
gue devenu victime de sob suwijj-
tetement, si le souievemoit dM|
du sultan n*etait venu k soa mt^
souievement etait dd k la toriisw^
plus en plus anarchique des "*J*5
mil ice fanatique, composectfeBB* j
tars, qu'on avail eievcs daos b w"**
(•) Voy«i DjeDMa-EddiD , StMlsirt H ^
MeUk'SaUh.
STRIE MODEANE.
849
(^tieni et dans ramoor du pillage,
fat 1^ , du rette , ran des plus tria-
I rtoltals des croisadea, qui, en exaa-
raot lea populations, poosskent les
bCb arabea k a'adreaser aux plus man-
ia penchants , et k reeruter des d^fen-
irs de risiam jusque parmi les bar-
PBB. Geabarbares^ pourtant, traiterent
K saint Looia ; et, moyennant la seule
lede Damtette, lis rendirent la liberty
roi de France. Quelques historiens
ientaux pretendent m^me qu'apres
Mr ta^ lear sultan , et entbousiasm6s
r les vertus militaires et ci?iles de
ntLoais, les mamelouks allerent jos-
'k loj offrir le trdne d*Cgypte. Quoi
'tl en soit , Damiette fut ^vacn^e par
erois^. Bien ne fot plus triste que
r letonr de la deplorable expedition
Sgypte. Una armee de malades, d'af-
BO, demeadianta« aborda en 1251 k
iiemaTs; et, une fois seeouru par leura
Ns de Syria, chacun Toulut s*en
oomer au plua vite en Occident.
m IX perslata presque seul k raster,
id'alieger autant qu^il ^tait en lui lea
iffranees des Chretiens d'Orient
li'Europe ne fut pas entrain^e k suivre
lemple da saint roi; quelques rares
ivaliera r^pondirent a son appel. Puis
bergers et des laboureurs quitt^rent
rs tronpeaux et leurs champs pour
ir en aide k saint Louis. Ce fut \k
faonunage anx qualit^a de roi et
omme de ce dernier, quoique la croi-
e des pastoureaux n*ait point abouti
i)u*en Syrie. Malgr^ Tabandon dans
uel on le laissa, saint Louis n'en
neora pas moina deux ans encore en
estine, releva les murs de Sidon,
dit de I'autorite morale au royaume
ftien,' et ne retouma en France en
4 qu'^ la nouvelle de la mort de sa
'e, r^gentedu royaume. Louis IXs*en
nt sans ^tre parvenu jusqu'a Jerusa-
, but de son expedition : il ne rdus-
qii'^ developper toutea les qualites
1 bon prince, toute Tintrepidite d*un
soldat, totttes lea vertus d un homme
BQsur , douceur, charite, bumanite ;
lerite lea plus grands eioges comme
vidu, il pourrait etre critique comme
rerain.
'interralle de seize ans dela septieme
huitieme croisade est remplie en Sy-
(ardesdiasenaionadeplorables,^ pro-
po8 de commerce, entre les venitiens et
les Genois, k propos de preponderance
militaire, entre les Templiers et les Hos-
pitaliers. Puis viennent les Tatars-Mo-
gols , sons la conduite d*Houlakou , pe-
tit-filsde Gengiskan. lis tomberent (Ta-
bord sur Alep et Damas; bientot ils
traverserent le Liban et se repandirent
en Palestine. Pour lea en chasser, les
Chretiens et les Musulmanss'alUerentde
nouveau. Desormais les colonies euro-
peennes d*Orient agissent avec leurs ad-
versaires et irrecondliables ennemis les
Musulmans, comme si les interlts ma-
teriels etaient k Favenir seuls en cause
entre eux. Ils furent du reste dupes de
leur con6ance. Beybars, sultan nsurpa-
teur da Kaire, apr^s avoir vaincu avec
les Chretiens, Kerbogba, Tun des lieute-
nants d'Houlakou, profita des dernie-
res pertes de ses allies pour leur pren-
dre la forteresse de Sepned, la ville de
Jaffa et le chateau de Karak. Puis, non
content de ces diverses perfidies, il
s*en alia ravager la principaute d'Antio-
che, jasqu*alors a Tabri de la guerre ,
B*empara de la capltale , la livra an pil*
la^e de ses soldats , massacra dix-sept
roiUe de ses habitants, et en emmena cent
mille en esclavage(*).
Quels que fussent les malheurs des
Chretiens d'Orient , en Europe on ne
pensalt plus k eux gue quand les troubles
civils etaient apaises, les conquerants
repus , les rivaux las. Si Tune des in-
tentions des croisades a ete de chercher
k fonder parmi les Chretiens un esprit
de secours motuel et de fraternite , une
alliance defensive et offensive , une so-
lidarite dans la fortune , une charite re-
ciproque dans les rapports internatio-
naux, ilfaut avouer que le but des papes
a ete bien mal attaint. Clement Iv pre-
che en vain une nouvelle croisade :
saint Louis seul I'entend , et encore au
grand regret de Joinville , des esprits
senses et des populations fran^ses.
Mais Texcellent roi nevoulutpas quitter
de nouveau la France sans lui assurer
latranquiliiteet lebonheur. II dicta done
cette ceuvre de justice, de sagesse et
de liberalisme , qui nous est parvenue
aous le nom (TEtabUssemeni de icUnt
(*) Voyei Makrid, TTnUU de larouU qui
mitM A la coHnaitsanee de$ dtfna$Ue9 royaU*.
850
L'OHIVERS.
Louis. AprSs avoir dol6 sea sujets , em-
brass^, et coDsole sa femme Marguerite,
saint Louis s'enibarqua une seconde et
derui^re fois, le4 juillet 1370, h Aigues-
Mortes, avec trente mille bomtnes d'in-
fanterie et six mille de cavalerie. On ne
comprend pas dans quelle ^tran^e er-
reur 6tait tomb6 saint Louis en dirigeant
sa flotte vers la terre africaine , au mo-
ment des plus violentes chaleurs , et
dans Tespoir que le prince de Tunis se
ferait Chretien. Fatale illusion qui valut
h Tarmee fran9aise des souffrances
inouTes , la dyssenterte et la peste 1 Une
des premieres victimes de ce dernier
fleau fut le fils chM du roi de France,
le due de Severs. En soignant I'enfant
le pere fut atteint. Saint Louis sentit
bientdtqu'il 6tait perdu , et il ne songea
a employer ses dernicrs moments qu'd
donner des conseils h son fils afne et h
lui recommander sa patrie ador^. £nfin
apr^s ses devoirs de p^re et de roi ac-
complis , il ne pensa plus qu'li Dieu, et
lui rt^ndit son atne aussi pure que forte,
aussi crande que g^nereuse , le 25 aoiit
1270, a trois heures apr^ midi, moment
de la journee ou le Christ lui-m^me avail
rendu le dernier soupir. Telle fut la fin
d'un prince qui semble n'6tre venu en
Orient que pour sanctifier les croisades,
pour en faire un fait civilisateur, pour
terminer noblementethumaiuement une
guerre qui avait et6 si longtemps aussi
abjecte que barbare.
DBSTAUCTION DB l'bMPIEB CHABTIEK
BN PALESTINE.
La mort de saint Louis fut pour les
Chretiens d'Orient comme le signs de
Tabandon de Dieu. Apres lui ^ouard
d'Angleterre seul vint k leur secours.
Malheureusement les sept mille soldats
(]u*il avait amenes ^talent ]oin;de suffire
a I utter contre le sultan mamelouk Bey-
bars, le heros sauvage de T^poqoe. Le fu-
tur conqu^rant de TEcosse seborna done
en Palestine h reprendre la petite villa de
r^azareth , et h obtenir des Musalmaas
une tr^ve de dix ann^es. Les esp^rances
qu'on avait concues en Syrie de rarriv6e
d'un descendant de ce fameax Richard,
dont le nom ^tait rest^ r^pouvantaii de
rislam , iurent done bien promptement
'frustr^es, de mdme que eelfes que donna
r^l^vation de Thibaut , ancien arche-
v^ue crois^ , au trdoe pMitiM.C«
^Uit fait des croisades : Tciprit dii»
cle les avait d^passees; d, oalpcii
bonne volontedu nouTeattpape,iiit^
un concite qu'il avait ooovoi^apBi
Lyon , il ne partit pour la Paksliae fi
quelques chevaliers aTeDtiiKDX(ti»
1^. BeybarsavtitbeaumenaeerdeiriB
en plus Ptoltoais, demiere fie »
portante des possessions chr^teB.
TEurope laissa faire le sultan duEan;
et si la mort n'en avait dtiivie b%-
riens, le royaume de Jerusalem ini
en 1)77, sous le r^gne de eel wLsa^
soldat. Son sucoessear, du rem, Ii
laoun, h^rita de sa haioe contie b»
lonies franques ; et Tan mo il |ifit,»
cagea, rasa Tripoli, et snr ses »■
fumantes il rebfttit une autre cit^f*
la entierement musulinane. Diiawa
durant Kalaoun ravages les ^oamm
chr^iennes; et n'ayant po panoiri
8*emparer de Ptolemais, il fit jiucr iai
fils Khalil de poursuivre Mtt ta^Jk
Le fils fut fid^e aux piescn^ii
p^e. A la tite d'ane arm^ de soini
mille hommes il vint entourer kMv
rempart de la croix en PalestiaPiV
Le premier effet que prodiiiareBfttf
les Cliretiens lesrangsserresteMj^
sulmans, leurs trois cents chancMLJi
musique sauvage de leufs taoAflgj
numbre prodigieuz de leans"**
de guerre, fut un effet d'6pflP»*t^
Chretiens revinrent poorlirtfcl«*
froi, se d^fendirent longlcflf ^
courage du desespoir, i i:|w«»»^ — .
fois les ennemis enti^ j^''^^
vilie; mais la desertion du njj^
pre et de ses chevaliers, tetow'g'
ment des Templiers et des Bo^v
apprirent enfin aux babitaotsdePv
mais qu*il8 n'avaient plus qa's s'<^
lir sous les ruines de leor cilt^
quMIs firent. Au dernier a«$vA,(p^
purent pas repousser, ii seretiiM#
ftasdans leurs rues, d^eodaotpHtiip
e terrain, se battant de maisoBCfi^
son , )usqu*li ce que la masse sax^
renaissante de leurs enneniis )b*
^ras6s, vers le milieu do dix-ti^
jour de raai 1291. Apr^ cetleia*
d^faite le massacre aes Chreliessi^
(•) Voyei \boal-a|.Fand]. Cln*^^
Hague.
L
SYRIB MODERNR.
S6I
n(a fOfa n*4tre plus interrompo que
r un ouragan tmible, qui detniisit
faottlarersa tout ee que le fer et le
J des Musulroans n'avait paa encore
ittBtdanslaTille.
BBSIILTA.TS DBS C&OISADBS.
▲ la nouvelle du dtoatre d^nitif
I Chretiens d*Orient , le pape M ioo-
I IV fit toos lea efforta imagioablea
inr r^Teilier Tardeur dea fideles. Afln
poosaar la efar^tient^ a une nouvelle
naade, il acoumula leapromeasea mi-
■ioordieuaes , promit dea indulgeacea
toiites aortea, admit parixii lea aol-
ta de la croii lea pleura lea plua
hirds^ et s'adreaaa tour k tour ^
Niard, roi d'Angleterre, h Rodolphe,
penur d'AUeina^e, k Philippe le Bel,
de France, puis aux empereurs de
istantinople et de Tr^bisonde* aux roia
rmteie, de G^rgie et de Ghypre,
JQsqu'ao khan dea Tatars-Mogola.
aa! toos sea efforta furent ioutilea,
tea aes lettrea aana effet, toutes sea
res sans r^ultat« Depuis vingt-cinq
« da reste, les croisadea avaient
tn leur dernier prestige : or les mal-
neox Chr^tiena d*Orieot, abandon-
k eux*mime%^ vaincus sur tout le
0i de la Sjrrie, oe furent plus d^or-
qo'une tribu vis-i-vis d'un people,
ne poiga^ dliommes eontre une
le. £a ti^finitive, qu'adyint-ilde plus
de ees eroisades si vant^ f Beau-
d6 malbeur pour les petites gens;
[ues riches butins poor les che-
rs^ffodaux; une haine entre deux
efttretenue pendant deux slides ;
laiisme , ce vice des religions, ali-
6 par one guerre perpetuelle; la
labie peas€% du Christ, enfin, chan-
I une intolerance barbare, qui re-
ft civiiisation europ6enne de troia
a preaque toujours mal ju^e les
dea : lea nns enont fait un Episode
1^ de l^histoire desonzieme, dou-
et treiziime siecles; les autrea
>rte d'inspiraUon reKgieuse qui a
98 peuples tout k coup, et lea a
a sous les drapeaux de Dieu par
d'uJia grdce toute sp^iale; ceux-
0i|dent qu'eilesfureot un sujet de
et de pr^pond^ranee elericalea,
propoa Us ont ^it des livres de
partis, desd^amationsultramontaines ;
oeux-ld enfin veulent qu*d la France re*
vtenne tout Tbonneur oe ces guenrf s In-
terminables. Quant k ces demiers, nous
leur demanderions d'abord ce qu*ctait
la Franee en 1096? £tait-ce Taventu-
ridre Normandie, la sournoise mais
brave Breta^ne , la molle mais indns-
trieuse Aquitaine, le Poiton ind^is,
I'Anjou ind^pendant, la Flandre alle-
raaude , la Lorraine ftodale ? Ou bien
etait-ce ee pauvre petit royaume dont
le roitelet, laible et pieux homme, avait
de la peine a se defendre centre ses pro-
pres vaasaux Sans nous croire les ins-
tigateurs et les seuls h^ros des eroisa-
des, oontentons-nous de leur avoir fourn i
d^intr^ides soldats et leur plus grand
homme , saint Louis. Les Anglais , du
reste, soot plus managers que nous de
leurs anc^tres : ils ne redescendent pas
volontiers dans les siecles pour epouser
les querelles et prendre leur partde res-
ponsabilite dans les actea de quelques
barbares. Hallam*, dans son Europe au
moyen dge, ^vite m^me de parler des
croisades, et par cons^uent des exploits
de ce Richard, si vantes en Palestine. II
n'y a pas de quoi en effet s'enorgueillir
de quelques batailles gagnees a travers
tant de turpitudes et de crimes {*),
Ce qui prouve ^videmment la barbaric
des croisades, et ee qui fait qu^il est dif-
ficile decomprendre qu*on en veuille,
k la gloire d'une nation quelconque, re-
vendiquer Tid^e et Tex^ution, c'est que
leurs lois de n^pression ^taient aussi (lu-
res, aussi inflexibles, aussi injustes sou-
vent que leurs lois de possession. Les
lois de repression ^talent presaue toutes
r^ies par la sauvage 6quit6 ou talion.
La disposition qui reglait la conqu^te
toit la loi brutale du premier occupant
Quant aux assises de Jerusalem, ce fu-
rent les lois du royaume de Godefroy
de Bouillon, et non oelles des eroisades.
A la seconde exp^ition, on fit des r^-
f;lements, mais on ne les suivitpas. A
a troiaieme, on 6tablit des defenses
somptuaires, qui ne servirent euere
plus. Du reste, ce qui donne prects6-
ment un caract^re de migration k la
premiere croisade, c'est, outre les mul-
C*) Voy« Micbclet, JJistoire de Franee, V ? o-
Z&f
LUNIVERS.
titudes a la suite de raring, la vente
3ue firent les barons f^aux de leurs
omaines, les richesses qo^ils einport^-
rent avee euz, lear nombreuz domea-
tique , le luxe de lean armes , de leurs
chevaux , de leurs habits, de leur table.
La seconde eroisade a un caract^ plus
guerrier ; c^est beauoou^ plus que la pre-
miere une expedition militairey drcons-
crite et discipline. Un autre abas qui
fttt corrig^ en partie h la seconde expe-
dition, fut le privil^e qu'avaient les croi-
s^ de ne pas payer leurs dettes et de ne
pas tenir leurs engagements, abus qui
faisait ressembler la premiere eroisade
a une faillite colossale.
Gomme on le voit, les papes avaient
employ^ tous les moyens pour exciter a
la guerre sainte : avec rentnousiasme re-
ligieux rint^r^t personnel , avec la re-
mission des p6cbes la remise des dettes
et Texempticfti de la taille, plus Fabso-
lution du pass^ et carte blanche pour
Tavenir. Ce qui, dans cette confusion,
fit neanmoins quelque bien et porta un
coup puissant^ la teodalit6, fut le droit
aux possesseurs de fiefs de les engager
et m^me de les ali^er sans le consen-
tement de leurs suzerains et de l^urs
fdmiiles. En somme, on se ruine pour
aller k la premiere eroisade ; a la se-
conde il faut justifier de la possession
de trois marcs d'argent; a la quatri^ne
enfin on re^it une solde de trois onces
d'or par an. Louis IX alia plus loin en-
core, il paya ses propres chevaliers : 1*6-
ventuaht^ des conqu^tes et du pillage
n'etait dej^ pins une amorce, Tacte reii-
gieux n'etait plus un devoir (*)•
Avant la dime salacUne, dte la se-
conde eroisade , on avait leve des im-
p6ts pour la guerre sainte; les convents,
les ^liseSy le clerg^ avaient dH fournir
de Targent pour Texp^tionsacr^e. Plus
tard , comme tout se perfectionne vite
en mati^re d'irop6ts k percevoir sinon
k employer, on punit de la prison les
mauvais payeurs , et on se racheta du
p^Ierinage arm^ rooyennant finance.
Grdce a ces ressources on chercha a s'ap-
provisionner : le saint roi fit de Tile de
Chvpre son d^p6t central ; mais les dis-
tributions se firent si mal que la disette
accabla encore les crois^ sur les bords
OYoyeiJoinviUe Chr<miqu$,
du Nil. Done, silescraiiiisMrini
auxarmees earop^eones^tebpm
au loin, ce fut oertes bien m iifs
desg^nerationsqui wtnoMnAkm
cent qnatre-vingta annees m hn*
de la Palestine.
II serait absurde d'attribncrHi
des croisadestoos les progrtini»M
operes eo Occident dclOK I UHl
faut se homer k oonstater eefiii
sult^ de direct de ce gruid mttsii
de I'Europe eontre TAsie, tagt«»
marquant neanmoins qiw la nnH
de guerre et de haine ruigieaKiiAi
n6cessairenieDt moins faire en 4eB»
cles que des relations amioleiB^flMi
fait en deux lustres. Eh bin, i Mi
sens, la seule eonqu^ Mahfc
croisades, ooDquteouiDepsaill»
nir, d'aiileun, que ae la pvc ^in
qui eusaent a^joam^ '^^"'^J
Orient , qui eo eusseot paroomM
f(6rente8 contrees, tandii qseliMt^^
meroe maritiaie 8*an^ vaiaiiflitf
cdtea dans ses ezploratioDS,cf«l)iilJ
qutedequelques plantesutileiai w
hies, teilesqae ki canoe lacR^
rosier, et d*un assez graod bmMI
bres Iruitiers , tela que le (ttra
cerisier. Cest k le seul biofflitlir'^
et r6el des croisades; qnaati
ges commereiauz, il n y cot .
les V^nitieos qui en proitM'
dant des comptotrs dans M>"
les villes de Svrie, et enttaiM<
manufacture de verre k Tyrijlg
zieme sitele. Pour ce qui
sultatspoUtiques, eefiireot
toute I'Europe, lanM>dificati«i
mefeodalfC'est-Ji-dJrederr "
greasier et brutal de la u.t-^
temps barbares ; puis, en FnsM
uncertain bonbeur, sinoai naM
nos rois, raffaiblissemeotdoaoni
Tind^pendance, et partaot defj
des grands vassaox. On doit wj
croisades une certaine lei^ nP
d'hommea , une habitude de hiM
des impdts sur la noblesse et kdai
Ton n*avait point pu obtenif jof *
Tel est le bien; void le w <
tenant : Saadi , le grand poett ptf
aussi sage qu'il ^it savaat, i^i
n^reuz qu*il toit inspir^;, Sapt
des gloires de la plus glonetfe i^
litteratre de rorient; Saadi, fv
L
SYRIE MODERNE.
858
I uii de 868 blographes , passa trente ans
de 88 vie dans I'etude^ trente ans dans les
' voyages, trente ans dans ia retraite et
[ la composition, eut le malbeor, k X^
I poque oe la troisitoe croisade, de tom-
ber au pouvoirdes Francs. Ceux-ci,inep-
tes et gros8iersqu*iis6taient, le firent tra-
vailler, lui Thomme de contemplation et
de poesie, a une des tranche de Tripoli
de Syrie , mile \ des juifs sordides et
^ de simples manouvriers. Aussi le g[rand
{)oete, victime des Francs et ttooin de
eur durete, dit-il dans son immortel Gu-
iJUtany en parlant des crois^s, qxiih ne
meritent pas mime U nom d'hommes.
V6m\T et le kadi de C^aree s'adres-
gaient ainsiaux Chretiens qui assi6geaient
leur ville : « Pourquoi voulez-vous en-
▼ahir notre pays et nous donner la mort,
puisqu'il est 6crit que Dieu nous a.cr6^
eomme vous a son image? » Paroles de
raison, de justice et de fraternite r^elle,
qui eussent dd fairer^^chir les crois^,
si le fanatisme le plus violent ne les avait
coinpl^tement doming. Mais, sous cou-
leur de religion , les crois^ n'accom-
plissaient en r^alit^ k T^ard des Orien-
taux quele mime fait brutal, sauvage,
atroce, de tons les barbares du Nord dans
lears irruptions oonslcutiveset spoliatri-
ces a travers les pays mlridionaux. En-
core les irruptions des barbares Jurent-
elles jusqu*a un certain point des faits
civilisateurs. En efifet,^ la suitede ces ir-
ruptions les barbares demeur^rent dans
les lieux qu'ils avaient envahis; ils
s'incorporerent aux masses qu'ils y
avaieni trouvles , et en venant appor-
ter a des gln^ations vieiUies du sang
jeune et chaud ils recurent en ^change
des idles sociales gui les dipouillerent
peu k peu de leur rlrociti native. Dans
les croisades, auoontraire, les envahis-
seurs ne purent pas se maintenir dans
leurs conqultes; loin de s'unir aux
populations asiatiques, mille causes les
en siparaient ; ils ne leur apport^rent
qu'un fanatisme extrlme, qui excita
chez elles un autre fanatisme rlac-
tioonaire : ce qui fit oontinuer la
guerre mime apres la domination , et
r^ternisa sans aucun avantage.'pour Fa-
venir(*).
(•) Voyei Alxml-r-FMa, Abrigide Vhistoire
du genre humain.
2^^ LivraUon {SYtiiE hoderne).
Jamais de sinclriti , jamais de pro-
bitl politiques de la part des crojsls.
Voyez les Itranges conflits diploniati-
ques entre Frideric Barberousse, puis
entre Richard Goeur de Lion et Sala-
din , ou la raison , le bon sens et ia jus-
tice des reprlsailles reste h ce dernier.
Pourquoi oonc les Oocidentaux ne fai-
saienMls aucun cas des traitis conclus
avec les Orientaux , des trives consen-
ties de part et d*autre? Pourquoi £es
loyaux chevaliers ne croyaieni-ils pas
forfaire k Fbouneur en meprisant , vis-
^•vis leurs adversaires, la lettre des con-
trats? G*est pourtant ce manque de foi
Internationale qui nous a fait le plus
frand tort>t a aiscrldite les Europeens
ans Tesprit des peuples d*Orient, dont
la parole estsacrle en toutecirconstance,
et gui respectent la tradition et I'usage
{aJhef) au suprlme desrl.
Ainsi on lenoua en Orient aussi bien
par la force des armes que par le mepris
des traitis. Ainsi la leosiation , la di-
plomatic aussi bien que Hart de la guerre
ne firent, en somme, aucun progres par
le fait des croisades. Elles ne rlussirent
qu'a occasionner une des plus immenses
boucheries d'bommes dont les siedes
ofQrent Texemple, qu'k allumerle fana-
tisme dans deux religions qui avaient
pourtant toutes deux des principes sa-
crls de tolerance , qu'a profiter a quel-
ques marchands de vivres et de navires,
3u*k enrichir quelques villes maritimes ,
ont les destinies n'eurent jamais au**
cune grande influence sur TEurope,
Pise , GInes, Venise; qu'& laisser enGn
sur les rivages orientaux une peuplade
mislrable, quelques moines craintifs et
une colonic k laquelle on sMntlressa de
moins en moins. G'est de cette demiere
dont il nous reste k retracer la dlplo-
rable histoire.
Plus disormais de grands Ivlnements,
{>lus de mimorables batailles, plus de
uttes gigantesques^ rien qu*un abrutis-
sement de plus en plus profond, un es-
clavage de plus eta plus penible. Des mat-
tres difflrents : des mamelouks Borgites
aprls des mamelouks Bahrites. Aprls
un silcle d'obscure servitude une tem-
plte de fer et de feu land par Timour-
Leng : Alep, £messe. Damas et tant
d'autres villes noyles dans le sang. Puis
Torage se ditourne, laissant aprls lui des
28
364-
L'UMVER&
rafages qu'un siibek entier ne pcut r6-
parer. Enfin en 1517 un nouveaa con-
qu^rant, Selim 1*', un nouveau peuple,
les Osmanlis , qui impoaent a ia Syne le
terrible gonvernement des pachas, dont
la civili^tion moderne n'a pas pu en-
core la d^livrer. Gette demiere p^riode
exige quelques developpements.
LBS OSMANLtS.
A la fin de treizi^ie sieele s*etait ag-
glom^de dans I'Asie Mineure une nou-
velle race d'hommea. Pasteurs errants
d'abord, soldats d*aventure ensuite, les
Osmanlis pen a peu devinrent les mat-
tres d^finitiiis de Tempire t^i6 par Ma-
homet, et h^rit^rent de I'autont^ reli-
gieuse des khalifes, aprte avoh* mkcM6
en Asre Mfneure a la puissance politique
des Seldjoukides. Leur fondateur, Os-
man, sarnomm^ Ghazi (le victorieux),
prince aussi riffide que braye , de vassal
et lieutenant mi prince seldjoukide Ala-
Fddin (Aladin), sefit bientdt son rival
en force et son ^1 en droit^ sans pour-
tant le combattre ou le trahir. Les sol-
dats de cet bomme entreprenant et s^
vere appartenaient a des hordes nomades
qui n'avaient d^autre occupation que de
niener des troupeaux : r^unis par le g6-
nie d*un chef beiliqueux , lis ajont^rent
plus tard k leur premiere occupation
roccupation, moins innocente et moins
patriarcale, d^augmenter leurs troupeaux
des troupeaux de leurs ennemis les By-
zantins. C'est sur ceux-la qu'ils s'agran-
dirent ; c*est avec quelques-unes des an-
ciennes provinces grecques qu'Osman se
fbriiia un royaume, dont 11 sut de jour
en jour ^tendre les limites. Cependant ,
lorsqu'il se fut rendu mattre de la Bi-
thynie tout enti^re et d'une partie de
la Paphlagonie, il s'arrfita juste a temps
pour consolider son empire par des lois,
apres i'avoir 6bauch6 par des victoires.
II oflrit la paix h quelques-uns de ses
voisins, s'etablit dans les environs de
la celebre Brousse, premiere convoitise
des Turcs avant qu'ils songeassent h
Constantino[)1e, et organisa son empire
ou plut6t divisa son arm^e, et lui imposa
une discipline ri(;oureuse. Onaattribu^,
du reste, les resolutions pacifioues et
regulatrices du premier sultan des Os-
manlis aux conseils de Malboun-Kha-
toun , femme tHsor^ oome f ofne
•on nom (*)•
Gette fcmme, anm beUe qteiifii'
gu^ ditlatnditioa,teittHitaa»
pie cheik (ebef mmalmn), boht
Edebaijr. OunaoramiieMiiiwclM
qoand il teifc d^ le favori ihi pin
seldjoukide Ala-Eddin. Tout ooaaa-
dant en cbef d^une arm^ ipwaBk^i
fiQt^Osiiian n'en^poiisapasaoiasblk
du fieux cheik. Elle deriat m^ a
1274 du saeood aultan de ia nn la
Osmanlis, OrUiao-Gfaazi. Oa ntak
au manage d'Osman one tndititt»
perstitieuae qui caffact^rise ami hia
le fatalisme oriental. Avant fepov
Malhoun-Khatoatt, Oamaa ortaKOi-
▼ersatioQ avee ella, oik , n'oantpid-
fronter le pr^ug^ lu6nrdmim^k
s^parait de aa mca-ain6e, cdlMi li
eonsola en Tinvitant k se ditfrnie m
la guerre et par lee ttrnqoi^timm
prouvant qu*alla aTait efiefliae pn
son parti par eea fwoles, deicaania
l^bres : « 1a iila iToii pavm ebdk,fi
« nTa pour toote fortoae qa^maa*
c doctrine et one mnde veita, nfitf
« asptrer k a'oair 1 un seigaev ^o^
« tre rang. » Oanan, dte^iM, im
une nuit toot anMw dans la wi»
tion et dans las lannea;etaaleMrd
Taurore, en hon mnanlaaBn, il se ^
terna la hoe contra tern , et prii a«
ferveor. Gette pritee ealoia adMkai
et tout k coop, conmie one uaHlM
celeste, un sommeil proteddneoi
suraesyenx.
Or il vit en songe
semblable k h blanche etaore
ia pleine luna, soitir das ctai * ^
£debaly,eon]Hie aotrefoii Kaedni^
d'Adam. Gette hiaor myH^iaat^
entourer Osman, ea Kii fit apau«iH
arbre immenae qui preoait raott j
son nombril. Get arbre fentasti^*'
levait joaqn*aax aoeg;& aes
nombrables , pandaient d*!
fruits auasi beaux que aafoureai,
feuillage, ^paia, briliant, inoo«
rable, eou vrait la terre eatieredeaa*
bre. Un des rameaux, d'un vert ^
que leg autrea, et fii^onn^ en cintf^^
s^tendait vers GonstantinopAe. St0'
ombrage prodigieux, qui ser^a^^
(♦) Voyei Cbalooadyle, De rehmM /»**
SYRIE MODER-NP:
^fl/it/<^ f/t' / '^ ///^f. /V • ■^v//-'////.
STRIE MODERNE.
US
tanteau globe terrestre, on apereevait ie
Uxigss fleuves roaler dans dlmmeoses
prairies, et se distribaer en eourants di-
vers , qui allaient iroctifier d'admiraUes
ver^rs et des terres toutes couvertes
d*6pi8; enfin dans de vastes plaines se
remarquaient des villes aux admes co-
lossaux , aux minarets aigus , dans les-
quelles cent peuples , venus de tons les
coins du monde, iaisaient Plater dans
les airs leurs acclamations d'all^gresse.
Le cbeik £d^baly expliqua de ia fa-
^on suivante a Osman, qui Ie consultait,
ce songe miraeuleux : Tarbre ^tait le
Thoubah, qui ombrage leparadis maho-
m<^tan; sa hauteur, ses fruits admira-
bles, sa v^^tation puissante , c'^taient
autant d'images de la prosp«rit^ de la
raced'Osman; les fleuves, lespalais,
les villes indiquaient T^endue de I'em-
pire que oette race allait fonder; les ^u-
f)les Dombreux et satisfaits exprimaient
es diverses nations adiointes tour a
tour k sa domination ; le rameau pen-
cb^ vers Constantinople ^tait le pronos-
tic certain de la prise future de cette
ville; enfin la lueur qui 6manait des
cotes du cbeik n'etait pas autre choae
aue le fantdme de Malnoun-Kbatoun ,
ont Ie mariage avec Osman semblait
£tre commande par Allah lui-«itoe. Os-
man crut-il aux promcsses miraculeuses
du vieux cbeik ; ou bien proflta-t-il de
oette circonstance royst^ieuse pour
vaincre ses demiers sorupules ? Les his-
toriens orientaux ne le disent pas. Ton-
jours est-il que Malbonn-Rhatoun sot
exciter dans son mari les plus nobles
passions, les plus sages pens^, eCtera-
perer par sa douoeur rApret6 queknie
pen sauvage de ce fondateur de la dj-
nastie des Osmanlis (^.
Sous ie regne d'Orkhan, fils bien di-
gne par sa vaillance dans la lutte, son
Anergic dans la conqudte, sa volont^ in-
flexible dans le gouvemement des bom-
mes , de Tillustre fondateur d'empire a
qui il devait le jour , fut cr^ cette mi-
lice c^lebre nomna^ par nous les janis-
saires, par les Turesy^ni-tekM, mot
a mot : nouvelle troupe. Ce furent les
Chretiens qui firent les fraisde cette or-
ganisation militaire qui, cinq sidles
durant, leur fut si funeste. On leur en-
DYoyezCbalcoDdyle, I>erebm Tkweieu.
levait des enfants de dix h quinze ans :
on faisait abjurer aux fils la religion de
leurs p^res ; puis , plus tard , on les me-
nait, arra^ et fanatis^, oontre leurs
mtos et leurs soeurs. On salt que cette
faroucbe milice fut fondle par le con-
sell d'Hadji-Bektach , sorte de moine
militaire aussi fanatique que brave,
vieillard renomm^ surtout par son ex-
perience presque s^ulaire. Grdce h ce
corps , qui d& sa cr^tion devint ter-
rible, et grdce a une reorganisation des
autres corps ottomans, le sultan Orkhan
put^tablir k Brousse Tavant-garde de
son arm^. Mais comme la r^rganisa-
tion de ces troupes encore barbares n'a-
vait 4^ r^lis^ que par des promesses
de victoiras, et que ces hommes de fer
ne pouvaient 6tre sold^ que par le bu-
tin pris sur I'ennemi, ilfaliutbien qu*Or-
khan ne restilt ii Brousse que Tespace
d*un campement, et s'envolAt bientdt
avee ses sipahis, cavaliers aux chevaux
arabes, ses azabSy coureurs infatiga-
bles , et ses jeunes et bouillants y&ni-
tchifij vers de nouveaux pays k sacca-
ger, vers de nouvelles villes a detruire.
Les prises sucoessivesd'AIdos, de Nic^,
de Pergame, furent le r^ultat de cette
maicbe fiiribonde en avant; et k peine
resta4-il au sultan , qui s*avan^it tour a
tour vers I'empire de Byzance et vers
les aneiens royaumes des Seldjoukides ,
le loisir d'^ever quelques monuments
religieux k Nic^ et un palais (serai) a
Brousse.
Pendant au*une nouvelle puissance
tendait ainsi ses bras inonstrueux vers
elle, la Svrie restait plong^ dans Tescla-
vage des Eg}[ptiens et dans Tinsouciance
de son avenir. Les derniers espoirs de
soalagementdans sa mis^requ'elle avait
con^us, en 1396, par rexp<§dition du
Mo(;oi Kazan, a moiti^ eonverti au
ebnstianisme,(en 1890), par la prise de
Rhodes, due a la hardiesse des Hospita-
llers; ces derniers espoirs k si longue
distaiioes'toient malheureusement Chan-
el bien vite en dtoptions. L'exp^ition
de Kazan ne dura que le temps d'un
Eclair, laissant aprte son apparition plus
d*obscurite que jamais; laconqudte d une
fle de r Arcbipei sembia contenter Tam-
bitiondes ex-chevaliers de Saint-Jean de
Jerusalem , et a la suite de cet exploit
^oiste ils abandonn^reot sans plus
33.
t66
L'UmVERS.
s*toonvoir leurs frtoes du continent
sous le joug iofleiible des mamelouks.
I*es Syriens finirent m^rne par redouter
plutdt qu'appeler les secours de lean
coreligionnaires d* Europe. £n effet, en
1366, le roi de Chypre, apresla plus
vaine et la plus piteuse promenade k tra*
vers les diff^rentes cours chretiennes,
parvint k r^nir quelques mercenaires,
et, les d6corant du nooi pompeux de
croisi^s , il tomba tout a coup avec ces
soudards sans discipline sur les cdtes
d'£gvpte et de Syrie. Loin d'etre pro-
fitable aux Syriens, cette irruption leur
fit le plus grand mal. EUe fut d*abord
la cause de Tincendie de plusieurs de
leurs cit6s maritimes , et plus tard le
pretexte de nouvelles pers&utions con-
treleur religion dela part de Musulmans,
demeurte vainqueurs (*).
Gependant le successeur d*Orkhan,
Murad-Kban (en frauQais Amurat), fut
encore plusaudacieux, s*ii est possible,
et certainement plus ayentureux que son
pere. Ce fut lui qui eut la gloire , |>armi
les Osmaniis, de mettre le premier le
pied en Europe. Tout fier de la prise
d'Andrinople , il r^olut d'y 6tablir sa
cour, et d'en relever la splendeur en Tor-
nant de monuments superbes et colos-
saux. Le djami (cathedrale) qu'il fit
Clever au milieu de cette capitale excite
encore Tadmiration des generations ac-
tuelles. Ce prince eut, d*ailleurs, le
temps de fonder quelque cbose de du-
rable, aussi bien en edifices qu'en insti-
tutions, k la £a?eur d'une paix de six
ann^es dont il sut faire jouir son em-
pire naissaftt.
Grdce , du reste , aux Osmaniis et a
leurs conqu^tes, les luttes de TOrieut et
de rOccident sont desormais transpor-
t's bien loin de la Syrie, dans les pro-
vinces qui formerent depuis la Turquie
d'Europe. Les Francs n'eurent pourtant
pas rhabilet^ de profiler de la diversion
que leur offrit en 1403 Tinvasion de Ti-
mour-Leng et de sa nu' vengeresse de
soldaits. Les Syriens avaient et^ les pre-
mieres victimes du plus invincible des
chefs Tatars. lis ne surent , quand il se
retira de leur pays pour alier combattre
un rival digne delui, Baiezid (Bajazet I ),
surnomm& Il-Dirim, le foudrede guerre,
(*) Toyes Zaofliet , Chroniguc de Cornelius, {*) Voyez Raynaldi , AmaaU$.
gu^ensevdir leurs morts et iaire des vm
impuissants pour la paix du nonde. Di<
rant les r^es de Mobammed-tiBi
( Mahomet I«), &t Marad-Ua& (Aa-
rat 11 ), mtoe impuissanee de la inrt is
Chretiens de Palestine. La croisadeiV
rive plus jusqu'a enx : on ne oombit iV
lam a cette ^poquequ'en AlbaBie,«Sff*
vie et en Uong;rie. Les deux h^ a-
tholiques de fepoque, Jean Hoooiiie.
Yanhiy comme rappel lent les OsflBslii.
et Scanderberg (Iskender-bey) lottnt a
Europe : la Syrie est trop loin; li Sfne
est separ^e de ses freres par ine nn
nouvetle de Musulmans qui bieotdt a
retournera contre elle. La Sjrie iV
Erouve done que le contre-eoup des i^
lites du chnstianisme : a la prise ie
Constantinople, en 1453, par lesntini
sultan osmanlique, MubaauneMka
£1-Fatyh (Mahomet II, le Cooqanst:,
elleentrevoit de noureaai maffleo&Efi
effet ce suco^ prodigieiix de llsiaa sa-
ble rendre plus haioeux,piiis iatoleraiai,
plus feroces les mamefoiiks, toug«n
maltres de l« Palestine. Us oe fcolat
plus supporter ni I'aspect des GfamiBBi
ni la vue des objets de leur euAe. Dsdt
vastent leurs convents, ila ruiDeatlen
dglises , iis dispersent ies <
leurs saints. Lesaint^s^lcreeste
une fois la proie de la rage
tane(*).
Le tombeau de Diea,
ment yiol6 en Asia par des birtaes, ae
sool^ve plus rindigoatioD des mies
europdens. Le pape Galyxte III , nw
son z^le pieux , mal^ sa darite a
faveur de ses fils d*Onent , au fiea fo
voyer une armde en Palestine, oe p
▼lent qu'k institner unepriere, VJwf-
ku, en faveur des eombattaots dR*
tiens. Les Vdnitiens, innesque seuis, M
la guerre religieuse aux Mnsolmaai,*
1472 k 1478; et encore ils la cessei
apr^ s*dtre fait odder Cbypie parli
veuve de Jacques de Lusignan , dnr
roi de Chypre et de Jemsalem. Eoii k
ddcouverte de rAmdrique niioe ett
rement Tidee des croisades. Toss 'm
esprits se tonment vers ce nauvot
monde; les expdditions miiitaires aasi
bien que les missions evangeliqaei J
trouvent en mdme temps le but de ksn
L
SYRIR MODERNE.
857
rives. Qu'importedor^navant a TEurope
Suelqucs malheureux moines ^ar^
ans la valiee de Josaphat ! Que ]ui im-
porte le sondes Maronites, a Tabri,
d'aiileurs , des ennemis de leur foi der-
riere les pics ioaccessibles du Liban !
Yoici une terre noyvelle a conqu6rir,
d'innombrables peupiades a convertir,
des royaumes k fonder , des ^glises a
elever , une oeuvre de guerre et de re-
ligion k mener k bien , el assez vaste
encore pour occuper toutes les ambi-
tions, pour satisfaire tous lesappetits,
pour donner carriere a tous les vices et
in^me a toutes les vertus ! L'Amerique
acheve de tuer la Palestine. G'est done
rheure pour les nouveaux conquerants
de rislam d'absorber a leur profit cette
province. Mais helas! quel est Tauteur
de cette con'qulte definitive, c*est le
{)lus cruel des tyrans , c'est Selim P' ,
e feroce (El-Yavous ).
GOUVEBNEHERT DES PACHAS.
Le pred^cesseur de S^lim P^'au trdne
ottoman de Constantinople, Balezid li,
avait et^ un prince sans energie, et oui,
]e premier , avait manqu6 de la qualit^
ordinaire et souveraine de sea aieux ,
le courage. Esprit inquiet, coeur de
femme , caractere sans solid ite aucune ,
Balezid U avait pr^sent^ dans sa vie les
contrastes les plus ^transes : d^vot et
ddi)auch^ a la fois , tantot il s'enivrait
de vin , tant6t il se condamnait a des
jednes prolong^ ; adonn^ aux vices de
la chair, apres plusieurs jours d*orgie
il se faisait fustiger , se couvrait d'un
cilice, et cacbait sous la cendre Vomhre
de Dieu>sur terre. En affaiblissant son
corps par la debaucbe et la penitence ,
il parvint aussi a affaiblir son esprit :
dans les derniers temps de sa vie il
^tait devenu m^lancolique ; il passait des
senoaines entieres en contemplation reli-
f;ieuse , le corps prosterne sur la terre,
a tite baiss6e etles mains suppliantes;
et quand il se relevait de cette attitude
d'humiliation , ce n'etait p^s pour
agrandir son empire, pour faire du
bien a ses peuples , c'^tait pour se livrer
secretement et honteusement aux fem-
ines et 5 la boisson.
11 fallut un bapt6me de sang pour
laver toutes ces horreurs , et le feroce
Selim P" alia bien au dela des prescrip-
tions les plus inhnmaines du plus cruel
des dieux. A peine eut-il monte sur le
trdne, par un caprice des janissnires et
par la volont6 de quelques minislres
ambitieux , <]u*ii r^^git presque aussit6t
conUre ceux a qui il devait Tempire. La
reconnaissance ne Tembarrassait passeu-
lement, elle Thumiliait. Certains his-
toriens accusent Selim 1^^ d'avoir fait
mourir son pere pour pouvoir , en I'ab-
sence de tout coropetiteur au trdne,
s'abandonner a loisir aux elans fougueux
de son atroce tyrannic. Aussi durant
les neufs ans que ce tigre bumain resta
sur le tr6ne , est-il impossible de comp-
ter le nombre de ses victimes. Apres
avoir massacr^ soixante mille dissidents
religieux nomm^s chHU, ou partisans
d'Ali ; apr^ avoir fait ^or^er des trou-
pes entieres pour insubordmation , des
chefs pour un conseil malsonnant, et
sept de ses ministres pour lui avoir d^-
plu , il s'en prit k sa propre famille , et
tit etrangler son frere Korkoud et cinq
de ses neveux. Le camp des Osmanlis
^tait alors une cour martiale en perma-
nence, et la tente du sultan la deroeure
du bourreau. Le sang ruisseUnit sans
cesdse dans cet antre de b4te fi^roce , et
les portes avaient pour ornement les
tites perp^tuellement renouvel^es des
executes. Que maintenant on glorifie
S^lim I^' de la conqulte de la Syrie,
de r£gypte , de TArm^nie : pour nous,
k peine si ces trois royaumes nous pa-
raissent assez grands pour ^taneher le
sang quMI a r^pandu (*).
Apres la victoire qu'il remporta sur
le sultan d'£gypte Kansou -Ghawri ,
Selim T' n'eut, pour ainsi dire, qu*a
traverser la Syrie pour s'en emparer.
Halep, Hamab, Henas et Damas lui
ouvrirent successivement leurs portes.
Puis , a son retour de r£gypte, qu'il
avait conquise avec autant de facility
que la Syrie, il s'occupa de donner a
cette demi^re les lois qui la r^issent
encore. Ces lois sont avant toutes des-
poti^ues; et mal^r6 leur apparence d'in-
t^it^ et de justice , elles sont devenues
la source de I'arbitraire le plus odieux
et des avaoies les plus r^p^tees. Divis^e
en cinq pacbalfks , la Syrie se trouva
livr^e ainsi a la volont^ toute puissante
(*) Voyez Cbaloondyle, Dt rthv» Thvrcicit,
. Qu^est-ce en
t ^ la fois un g^n^ral*,
3ft8
de cinq vice-rois.
qu*un pacha ? G'est
liQ administrateur , un juge et un exac-
teur souverain en matiere d*imp6ts et
de confiscations'. II peut en mtoe temps
mettre son pachalik en etat de si^e ,
y lever des contributions forcto, faire
tomber la t^te de tou» ses ennemis,
imprimer en un mot ia terreur pour se
oonsolider ou s'enriehir. Lon de la
conqu^te des Arabes, Omar respecta les
{)ropri6tes quMl trouva etablies, et les
aissa se transmettre hereditairement,
niovennant une legere contribution de
racnat. Lors de la conqu^te des. Os-
manlis, Selim V se d^clara mattre su-
prtoe du sol , et les propridtaires ne
furent plus oonsid^r^ que eomme des
usufruitiers , et ne purent par conse-
quent ni vendreni transmettre. £n
outre , sous le nom de miri , chaque
ex-proprietaire fut fome de payer un
impdt fonder au gouverneur de la pro-
vince, impdt qui variaitselon les besoins
ou m^me lea caprices des pacbas. On en
Vint m^me plus tard a faire peser sur
tous les Syriens une nouvelte charge
appelee le miri vert, c'est^a^dire une
imposition sur les plans d'oliviers et lie
mdriers. Gette imposition, fixeed'abord
a cinq pour cent du revenu d'une faible
ann6e, mouta bient6t jusqu'^ dix et
quioze pour cent ; et enqpre on imposait
Tarbre des qu'il etait plante, de faijon
qu'il paystit au fisc avant de produire
au proprietaire.
Comment une telle facilite d'ex-
ploiter les populations n'edt^elle pas
fait du gouvernement des pachas la
plus odieusQ des tyrannies? Ajoutez a
cela que les sultans, de plus en plus avi-
des, (inirent par vendre les pacbaliks
a Tenchere , laissant celui qui leur don-
nait la plus grosse somme se r^cup^rer
en extorquant le plus oargent possible
a tous ceux qui avaient le malheur de
vivre sous son ioug« Ainsi, les cultiva-
teurs, pour ^chapper au miri vert,
arracbaient-ils leurs mauvais plants d'o-
liviers , on leur donnait la bastonnade
comme ayant voulu frustrer le fisc. En
plantaient'ils de nouveaux en place des
anciens , on les faisait payer h la fois
pour les anciens et pour les nouveaux.
Ces exactions continuelles d^coura-
g^rent peu a peu les Syriens, et leur
L'UNIVERS.
firent abandonner des coltores qaidsi
les siecles pass^ leur servaient a r-
parer les malbeors des temps. Les li-
tres conquerants de la Syne aviiat
parfois fait de cette proTinoe un dnf
de carnage; le gouvemement des pa-
chas tendait a en Cure on desert. E2
encore nous ne parloos id qoe d^soi^
frances des Syriens musulnaans ; quart
aux Syriens catholiqaes , e*etait foo
autre chose I Ces derniers, outre k
payement du baradi , c'est-^ire la ca-
pitation , le droit de porter leur tAe
sur leurs epaules , ^taient en botte a
toutes les sortes d^exactions et ^Ta
mendes. Portaient-iis du rouge dans laos
v^tements , amende. Ifesed^onnaieK-
ils pas de leur route a Fapprocbe di
pacha ou de Tun de ses of&xn,
amende. Oubliaient-ils d'dter leurdas-
sure en passant devant une mosqak,
amende. Montaient-ils un ebevsJaslies
d'un dne, amende. Enfin, malgre ks
capitulations passees entre SouirynnB
et Francois T', les Chretiens d'Orieit
n'en sounraient guere moins qo'asp*
ravant : settlement , les avanics afamt
remplac^ les persecutions.
Que devait amener le gouvernesMt
des pachas, outre la ruine des poff^
tions? La guerre entre tous les rimti de
ce pouvoir sans bornes ddegu^ par k
maitre souverain de Constantiaip^
Tel fut done, trois siecles donsi, ^
sortd^linitif de la Syne. Pami een
qui se montrdrent les plus audawn
et les plus tenaees dans cette n^ dc
dominatipn, il faut eompter Farafee
Dhaher. N^ en 1686 d'une raoBdell^
douins qui erraient le long du Jov*
dain, Dnaher, a la mort de soa per
Omar , partagea avec son oade a ses
deux freres le oommandemeot 4r fl
tribu. Hardi , ^nergique, entrepmaitT
de la petite villede Sapbetb,snifn-
mitif domaine , il sVlanca avee ses »
valiers sur Tib^riade, et s'enenpn i
En 1742, le gouverneur de Daoai nrt
Tattaquer ; il se dtfendit avecoourtfc
et fut servi par le destin, qui le <icitt^
rassa de son ennemi. Alors,ioo*i-
bition grandissant, avec laperfdiedt
sa race il se delivra tour a tour de se
differents concurrents; puiseafio.^
venu unique chef de ses partisans, ii^
rendit maitre par un ooupd^aadieedt
L
SYRIE MODERNE.
ZSO
Saint-Jean d'Acre et de son beau port.
Une fois la il lui fallut l^gitimer son
usurpation, et a force d'argent et de
caresses il obtint de la Subliiue-Porte
son investiture en 1750.
Par son adresie autant oue par aa
valeur, Bhaber augmenta de jour en
jour sa puissance, et finit par faire
ombrage an divan de Constantinople.
Des lors on lui susdta partout des
rivaux. Ce furent d'abord Othman,
pacha de Damas , et ses deux fiis, pachas
de Tripoli et da Saida. La guerre en«
sanglanta done encore uoe fois la Sy-
rie ; et malgr^ la d^faite d'Otbman par
Dhaherenl766,elle se prolonged encore,
grdce a rentremise du rdvolte d'£gypte,
Ali-Bey. Lea deux nouveaux allies, aussi
ambitieux Tun que Fautre , voulaient se
partager la Syrie, et y seraient peut-^tre
{)arvenus ai la Pcnrte aux abois n'avait
dch^ contre mcb ennemis de ia Pales*
tine un obat-tigre huoiain, le trop c6-
lebre Ahnoed, k qui sa oruaut^ valut le
titre de Djeziar (leboucher).
Ahmed ne put paa d*abord roister k
Ali-Bey et k Dbaher r^unis. Mais Ali-
Bey tout retourn^ en £gvpte , oit il fCit
tu^ par trahison, Ahmed, tant par la
mw que par la force, finit par vainere
I'usurpateur Dbaher. La %rie et la
Porte n'eurent pas lieu pourtant de se fe-
liciterduehangementde I'Arabe Dbaher
en DJezzar le Bosniak. Djezzar^Pacha
devint pour Tune le plus execrable dea.
tyrans, et pour Tautre le plus rebelle
des gou verneurs . II s'enrichit des sueurs
du pauvre , en mtoe temps qu*il se mo-
qua des ordres du divan. Auasi avide
que cruel, il d^pitait les chefs dea fa-
milies puissantes, afin des'emparer de
leurs biens. Yainqueur dea Druses, aui
s'etaient r^volt^ contre lui , il les d^
chatna plus tard oontre lesMaronites, et
trouMa fiins^la quietude du Liban. Enfin
ce tyran inflme , malgr^ sea exactions
de toutes sortes, ses vengeances terriblec
contre quiconquea'opposait k ses volon-
t^s, ses crimesiiideux, ses pasaions f<6ro-
ces , r^nait encore par la terreur et la
mort , lorsque Bonaparte et les Francis
pen^rerent en Syrie, en fevrier 1799 C).
II ne nous appartient pas de raconter
{*) Voyez Histoire du consulat et de Vempire
par M. Thi«n.
cette mervdlfduse campagne d'^ypte
et de Syrie , ou le drapeau de la France
se montra de uouveau vainqueur et, ce
qui vaut mieux, dvilisateur en Orient.
Constatons aeulement que le g^n^raP
Bonaparte, alora dans te plus pur mo-(
ment de sa gloire et mu par ses senti->
menta devds de respect pour les peu*
pies et de comprehension du rdle sacre
de la r^publique., dont il 6tait Fun des
plus illustres enfanta, tout en respec-
tant lea Musulmans dans leur foi , sut
prendre sous sa protection les Chretiens,
imm^morialement pers^utea. D'^tapes
en Stapes victorieiAes , il entra tour a
tour dans les villas d'EI-Arish , de Gaza ,
de Yafa. Malheureusement Tartiilerie
lui manqua devant Saint^Jeaa d*Acre,
et, les Anglais aidant, il neput pas faire
br^he et Bvrer assaut k ha place, avant
Tarriv^ de Tannee turque, eommandee
par Abdallab , paeha de Damas. La ne-
cessity de vaiocre oes auxiliaires de I'exe-
crable Djezsar exigea que Farm^ fran-
false quiltAt en partieSainMean d'Acre
^ur se rendre a Esdrelon, ou, ayant
trouv^une plaineoonvenable, elle battit,
dispersa et d^truisit ces janissaires tant
vantes, ces Arnautes soi-disant invin-
ciblea. Les Syriens respiraient, et se
croyaient a Pheure de leur delivranee
^erneile. Helas ! une autre nation chre-
tienne, qui avait jadis combattu si vail-
lamment et si longtemps pour le triom-
phe de T Europe contre i'Asie a T^poque
des croisades , s*allia cette fois avec les
oppresseurs de TOrient , avec les pachas,
ces tyrans subalternes , plus faroucbes
au'aucun de leurs aouverains, et la
flotte anglaise for^ , par les ravitaille-
menta et les secours qu'elle offrit a
DJezzar, les Francais lifairateurs a lever
le si^e de SainWean d*Acre et a eva-
cuer la Syrie. Que resulta-t-il de ce
crime de l^-humanite commis par
r Angleterre ? Une consolidation du pou-
voir arbitrage et deplorable des pachas,
un etat pour ainsi dire appMuv^ de
la servitude chretienne, tousles mal*
hours et toutes les faiblessea de Tanar-
chie, rimpuissance gouvernemeutale de
la Porte , la division haineuse des races,
unelutte partielle et constante entre
certaines tamilles, Tassassinat, le viol
et le pillage toler^s, une misdregenerale
et presque incurable.
MO
L'UNIYERS.
tXAT DC LIBAN BN 1842.
3;
Nous ne pourrtoDS pas faire un ineil-
)eur tableau de T^tat actuel du Libaa
et des trait(6s qui en r^issent la pro-
tection que le tableau suivant, qui fut
presents h la Cbambre des depute
en 1843 par M. Pierre David, ancien
consul genial en Orient de 1806 a 1826,
et alors deput6 du Calvados. Revendi-
quant Tappui de la France pour les po-
pulations chr^tiennesde la Syrie, M. Da-
vid s*exprimaiten ces termes (*) :
« Nous etions en Orient les protecteurs
nes de la religion catholique et de ceux
ui la professaient. Nous tenionsjce droit
es concessions de plusieurs sultans ^ et
surtout de la coutume, ce consentement
gen6ral qui , sous le nom d'adhet, est ,
apres le Koran , la loi commune des
Ottomans. C^ droit de protection, ce
droit consacr^ par une possession de
trois siecles , ce droit devenu respec^
table a force de blenfaits , nous fut mo-
men tanement enleve, en 1840, par le
concert de quatre puissances quipr^ten-*
dirent r^ler sans nous les anaires in-
t^rieures de Tempire ottoman. On salt
trop ce qu'il en r^ulta de troubles et
de violences. Les pr^tendus mod^rateurs
des Turcs devinrent les destructeurs
de leurs villes , frapperent sur tous ies
partis a la fois, et, pour d^ivrer les
Chretiens du Liban de la domination du
pacha d'i^ypte, les livr^ent a des pa-
chas de Syne, cent ibis plus oppresseurs
encore. lis enleverent m^me a ces mon-
tagnes , oil la croix surmonte le crois-
sant, le vieux ^mir Bechir , victime ap-
pareminent de son aucienne sympathie
pour les Fran^ais. Plus que jamais les
aniinosit^s s'enflammerent. U fallut,
apres deux ans de guerre civile , inter-
venir de nouveau , et cette fois on vou-
lut blen admettre dans le concert euro-
peen le veritable protecteur de ces po-
pulations , le roi des Francis.
n Nous avons avec Tempire ottoman,
sous le nom de capitulations , des con-
cessions imp^riales qui remontent au
commencement du seizieme siecte. Ce
fut en 1585, sous ie regne de Fran-
cois I'", que fut accorde le premier de
(*) Voyez MtmiUur vniversel^ seance de la
ChambredeB D^pul^ du 80 Janvier iSiS.
ce8 firmans; c'est, sous one fane
nouvdie , une espdee de traite deeo»
merce et d'amiti^ entre la France et fa
Turquie. On j stipula des eonfitMi
oui fondant notre droit Gomnia»
dans le Levant. Henri IV , Louis IH
et Louis XY obtinrent ie reaooi^
ment de ces coneessioiis , el diafit
fois elles re^orent plus d'extensioB,^
force et de solennite.
« Parmi les privil^es qu'elles aeeor-
daient k la France, k la seule France, k
plus glorieux sans doute futde faiicGft-
ferer la protection de la retigiimcatki-
lique dans ies £tats du grand-seipMr.
Cette protection, grandissant de »de
en si^ie, s*^tendit au saint-sepnkn,
aux ^lises, aux 6v^ques, aux prto
et aux ordresreligienx, et, parmeia-
terpr^tation qui fut raremeot eo^esta,
elle enveloppa k certains ^rds iaaa-
ples habitants qui professaient le mtat
culte. II en results que les popoiatietf
chr^tiennes , g^n^raltaMont sovsuies a
leurs pasteurs spirituels, ae trsmfot
couvertes elles-m^oies de eetts ^gide.
Ainsi les catholiques de P« «t de Gi-
lata, ceux deSmyrne, deSyra, d»71se,
de Naxos et de quelques aotics Isi^
TArcbipel, ceux de Rhodes, de 0^
et de la Syrie , fiirent tacttemcat mm
sous la protection de la France; el e^
protection religieuse devint f
ment une protection dvile, qui (
tissaitjces populations des avaaies an*
quelles elles avaient M jnsgn'alana-
pos^. LaFranoe nelettrlitja«abie'
faut; ses ambassadeurs et^MS ssbsdIs
se £aisaient un devoir, miaiae oa ta-
neur, d*intervenir sans oesse.enfricar
de leurs coreligionnaires , et Os eiea-
daient ainsi dans ces vasles eonlreesk
respect du nom fran^is.
« Le palais de notre ambaasade, les
hdtels de nos consuls daient defew
des lieux d'asile; its etaienl nspalB
par les Turcs des plus basses eoodiiM
comme par leurs cnefe de tous les raie
on a vu souvent la fureur popebfli
s'amortir au seuil de ceshabitatioossa-
cr6es : les agents de Tautorit^ s'jr anf
taient de m^me. Les coneessioos'tacto
de ce droit de protection sont aUecs s
loin, que les eglises catholiques da Le-
vant ont pu arborer le pavilion fran^
sur leur portail, pour marque a toes la
L
SYRIE MODERNE.
S61
yeux guelle protection Auissante coa-
vrait le cuite qu'on y eelebrait. Ce signe
tut^laire les a garantis de toute insulte
pfMidant la guerre civile; enfin, le mo-
nastere du moot Carmel ^tait aussi,
dans la Syrie, un refuge prptecteur, une
oasis d'humanit6 au sein delabarbarie.
Le fanatisme d'un pacha le detruislt;
rinfluence d'un ambassadeur de France
]e releva ; et c'est encore 1^ , sous la
banni^re fran^aise, que tant de savants
voyageurs de toutes les nations trouvent
la confraternity europeenne , Timage de
la civilisation et les soins de Fhospitalit^.
Qui peut mieux que ces faits, mieux aue
notre longue possession, mieux que ru«
sage encore recent de notre preponde-
rance, constater la r^alite des droits qui
nous fiirent conc^d^s par des actes so-
lennels ou par le consentement c^n^ral ?
C'^taitjpour la France un bel empire
dans rOrient Chretien, que ce droit de
le pro^ger au sein mdme de Tlslam , que
cette faculte d'y faire prdcher r£vangile,
cette loi du libre arnitre, k c6i6 du
Koran, ce code de la fatality. *
i« Les capitulations , en reconnaissant
h notre roi le titre de padishah, qui cor-
respond h celui d'empereur, nous ont
donn^ le pas sur les autres nations fran-
ques; mais qui pouvait nous envier
cette pr^toinence, auand nous ne la
faisions servir qu'^ Fhonneur commun
des nations chr^tiennes? Qui pou/ait
nous envier nos privileges commerciaux,
quand notre premier soin fut de les
partager avec nos allies? DeS^ 1535 la
France obtint de Soliman T' que le
pape et les rois d' Angleterre et d'Ecosse
fussent compris dans les premieres ca-
pitulations qui , comme je viens de le
dire, ^talent un veritable traits de com-
merce et d'amitie. Sur la sollicitation
de la France, toujours conciliatrice, on
permit plustard aux autres nations, que
les Turcs appelaient ennemies, de navi-
guer dans les mers du Levant sous le
pavilion fran^ais et d'y jouir de nos pri-
vileges. Cette concession leur fut retiree
par suite de quelques m^contentements
politiques. En bien , la France cut en-
core une fois, sous Louis XY , la g^n^-
rosit^ de faire rendre k ces nations la
faculte de revenir dans les ports de
Fempire ottoman, a I'abri de notre ban-
niere. Quel aveu,pour les populations
musulmanes comme pour les nations
europ^nnes, de notre incontestable
preponderance!
« Cette prerogative, qu'on nous a ravic
dans le Li ban , ce droit de protection
qui nous fut donne par les souverains
ottomans , et confirme par Tassenti-
ment universel , comment Favons-nous
exerce lorsque nous le possedions sans
partage ? Nous Favons etendu non-seu-
lement sur les Catholiques, mais encore
sur tous les autres Chretiens, lorsqu*ils
Font invoque. On nous a vus prote^er
les Armemens k Constantinople et faire
rappeler de Fexil une population enti^re.
Qui ne se souvient de la revolution
grecque en 1821 , et de Fappui que la
France a donne partout k des popula-
tions proscrites? Le pavilion francais les
protegeait. Seul il le pouvait aux yeux
des Turcs , parce qu*il leur etait egale-
ment tuteiaire, lorsqu'ils redamaient sa
protection dans leurs perils. Cette im-
riale humanite fit sa gloire , et ren-
son droit sacre pour tous. P^os
amiraux, nos commandants, tous nos
marins firent alors une croisade de civili-
sation et d*humanite qui les honore k
jamais, et qui les a rendus*chers a tous
les partis.
c Les traites, dans ce pays-la, les vrais
et bons traites ne sont pas ceux qui
sont ecrits , mais ceux qui sont deposes
dans la memoire des peuples et des gou-
vemements. Tout y est confiance , reci-
prodte de services , communaute d^in-
terlts. C'est le pays des faits, des sou-
venirs et de la coutume. Les capitula-
tions soDt ecrites, il est vrai ; mais elles
ne sont point des traites condus entre
deux parties contractantes et se faisant
des conditions redproques. Elles sont ce
que nous appelions dans Fancienne mo-
narchic des lettres patentes ; elles expri-
ment les volontes du souverain en faveur
d'un peuple ami , et commandent aux
sujets de s*y conformer. Ce sont done ,
ainsi que je les ai nommes en com-
men^ant, des concessions imperiales.
Ces concessions, toujours interpretees
en notre faveur par les dispositions ami-
cales du pays et du gouverneroent , ont
cree, ont etendu , ont fixe nos droits et
nos privileffes en Orient. Ce que ces
droits ont de simplement oral ou cou-
tumier y est aussi connu , aussi respecte
862
L'DNIVERS.
que l6s stipulationB qui toat dans les fir-
mans. 11 fauldonc lea conserver, les sou-
tenir teis qu'ils soot Merits dans les es-
prits et dans la eooscienoede ces peuples.
Ne les ali^mms pas , ne les modinons
pas, ne les parta^eons pu , car il ne nous
serait plus permis de les rcpreodre. Ge
qui s'effaee daos des archires tiTantes
lie s'y retroure jamais.
« Gherchoos mainteiiant ce qui peut
avoir arme les Druses eontre les Maro*
nites , ces deux popalatioos longtemps
unies pour leur propre sArete. On a
parle , dans le temps, de missionnaires
americaioB qui ^talent venus Chauffer
les esprits par uo mysticisme relt^ieux,
ni^l6 d'id^ de Uberte; mais qui peut
croire que de Tieux Catboliques du
sixieme sftele, sans lettres, sans pre-
p«iration d'aueuoe sorte aux id6es poli-
tiques , oonstamment sons les yeux de
leurs evdques el de leurs pr6cres , se
soient hiss6 squire par oes reveries
transatlantiques? Qui pent croire que
descultiTateurs devignes et de mdriera,
contents de leur sort, soient devenus des
penseurs philosopbes etdes Instruments
revolutionnaires ? Quant aux Druses,
ces especes d'amphibies religieux qui
professent tour a tour, selon le besom,
rislamisroe, le duistianisme; etje ne
sais quelle obecure idoMtrie qui ressem*
ble a eelle du Teau d*or, ils ont pu feia*
dre unequatritoe croyanoe, si leur ava-
rice y a ete int^ressde , naufk la rejeter
quand ils n'auront plus d'int^r^t k la
professer ; mais eette croyanoe, toujours
ni^lee d*id6es politiques, a-t-ellepu touta
seuie leur mettre les aemes h la main ?
Sont-ils devenus des propa^andistes re-
volutionnaires sur Tiavltation de quel-
ques pr^dicateursam^icains? Gela n'est
guere plus eroyable« Oik done ^tait la
cause de cette guerre civile, si eontraire
a la sdret^ commune des deux popula-
tions ? On a 8oup42>eiine TAngleterre d'a-
voirfavoriseles missionnaires soi-disant
americains dans un int^rSt purement
politique.
« lei jem'arr^tedansmes conjectures;
il faut aes fai^, des preures pour attri-
buerdepareilles manoeuvres ^un gouver^
nement; je m'abstiens d'autant plus que
leininistred'Angleterre h Constantinople
a protest^ liautement centre Taccnsation
de connivence avec les missionnaires
amdricains ; mais je sois ofafi^ de fm
un rapprodiemeot quiietiiMejistiier
les doutes qu'on a con^. L'AngtelaR
fit enlever remir Bkkir de la moabpe
a la m6me ^poque ou ses valsseioieca'
saient Beyrool et Saint-Jeao Shm.
Quel int^r^t aviex-vous k cikreraa
populations du Liban ee prince pilriar-
cal qu*elles Teneraient^EtaitKX ymk
remplacer par un geuvenear de niR
choix, et iaire coiocider la founim
de la montagne avec eelle do tittoni?
Vos projeU sur la Syrie n'ayant pu ti
les suites que vous eo esperia, ct»
trouvanft ijoum^, voos voos ftam-
nis aux autres puissanees poor r^ir
la paix dans cette province: leneiika
raoyen sant <toute edt ^dereodicjB
populations une famiUe priodere fi
leur toit ch^. Poorquotdeachiiifo-
vous donn^ formelleroeot retdusoD/
C'^talt lorsque la n^iatiootoKkaita
sa fin , quo vous vous ttes pronewa
fortaroent eontre elie; de sorte fie d
Porte en a pris pr^xte poorlin«li
gouternemont de la montagoeanx «8
kaimaeama d'un pacha. QaVnnH
r^ulter? un nouveau malaiae pirfl^
populations, et bientdtuaerepri*"^
mee eontre teurs oppwaseon. 0* «"
prise d'armes les aaaiWIw de |iteg
plus, et laisseraees grandeaban^
deTOrieotii la dlspodtioa ■» P«"*
occnpant. ^
« Il faut ea voir en effet «e ytag
le titre de kaimacaoM. On la WW'
rur nous raasurer, par cdoidadMjJ
est vrai, les kafmacams aoet »«•
l^u^; mais de qui le aoat^? •»
pacha dont ils sont les lieuwaatt^
vous saurex que le deapotiaroeeaOnjw
sed^l^uetontentlerdaiap^Mr'''^
fSrieur : il ne r^tr^it oue ^^^
il s'exerce, en passant du f wfld4«P*[
aux pachas, de eeux-ci a tours «»»•
cams, et de ces deraiera «» *^ *JS
simples agas; mais daitf le pw'JS
de bes cercles il a la mtoe in^j^
qu'au s^rail , c*e8l-a-dire Ic Aj^V*/:
et de niort, et surtout celui d«aB»j
arbitraire. C'eat la spirale du W«wi
y a souffrance et terrcor tlaw w^^
cercles. Leskaimaca!ns,enTui!|BK! ,
sont done que des pacbas P^^
ils seront dans ^ ^•^"JTi^'b
nSnts ou vice-pachas i poUe »*
L
I ^
V
SYRIE MODERNE.
S6S
arrive soavent que ces despotes subor-
donnessont plus violents que leurs chefs,
surtout en niatiere d'exaction , car its
ODt des tributs a lear transincttre et
des presents a leur faive.
•Etvoilaradministratioa promise aui
Chretiens deSyrie; voita les concessions
obtenues avec tant de peine par les cinq
grandes puissances! La seule France
autrefois avait fait inieux que oela. Elle
avait admis, avec les Druses, la fable
qui les faisait descendre des soldats ^ga*
res d'un comte de Dreux, a T^poque dea
croisades. Elle lesprot^geacommeorigf*
naires Frangais; maiselleadmiten mmt
temps, sous sa protection , ees vieux
Chretjena du sixitoe siecle, qu'on ap-
pela Maronitea , da nom d'un de leurs
apdtres ; et bienloin de diviser oes deux
races , et de les Cure egorger Tune par
Tautre, )a France les rapprocba, les reu-
nit presqueen un seul corps. Puis, apr^
que la raee de leur fameux emir Fakr-
ed«Din«que nousappelons Fakardin, fut
eteinte , la France cut assez dlnflueoce
pour faire d^ferer Fautorite, par Telec-
tion des cheiks, k la maison Schabab,
^uia gouTern^ te Liban jusqu'en 1840,
epoque oik Temir Beaonir, prince re-
inont, a H6 enlev^ par les Anglais et
soaduit a Malte.
« Ceroi patriarcal r^nait depuis long-
lemps. II avait vu les Fran^ais en Syrie,
H apr^ letir retraite il en sauva Mau-
»ap dans ses montagnes ; il ne voulut
lamais les livrer ni a la vengeance des
Furcs Di k rhumanit^ des Anglais. On
iit maintenant que nous avons eu k
wuB en plaindre. J'ignore les grie& de
lotre gouvernement; mais il me semble
[ue nos ressentiments auraient di) se
aire devant ces souvenirs, et surtout de*
ant not int^r^s politiques et religieux.
je prince da Liban ^tait tributaire du
rand^seigneur, et non sabordonn^ aux
achas du littoral syriaque. Ces pachas
evenaient souvent des rebelles , qui se
erp^tuaient dans leur gouvernement
'une ann^ , comme tit Djezzar-Pacba
ana celui de SaintpJean d'Acre. Ces
mrpateurs ne tardaient pas a vouloir
evenir cooqu^rants. De la les attaques
fr^quentes qu*ils faisaient contre les
liiicea de ia montagne, et la perp^
lelie resistance des Chretiens pour d^«
adre leurs eheft et leur ind^pendanee.
Tel ^tait le {[ouvememeDt tut^aire du
Liban; c'etait celui qu'il fallait lui ren-
dre. Mais au lieu de oette maison Scha-
bab, si v6ner^ depuis un siecle et
demi , on assuiettit les habitants de ces
montagnea a des primats, qui vont y ap-
porter tous les abus, toutes les violences
du regime des pacbaliks. Ces primats
repondent sur leur t^te , au pacha de
Saida, de la souinission des populations
et du payement des tributa, doubles
ou triple par les exacteurs, au profit
des kaiinacams et de leurs officiers. Ce
pacha de Salda n*cst nomme que pour
un an. Celui qui aura achete ce poste a
Constantinople pourra dtre un autre
Omer ; fdt-il m^me le raeilleur des Turcs,
il fautqu*il s'enrichisse pour payer ses
Eroteeteurs a la Porte , et les nouveaux
aimaeams feront aussi oomme le nou*
veau pacha.
« On parte, pour r^pondre a c«8 crain-
tes, de radoucissement de Fadminis-
tration turqne. Nous aimons trop a
croire ce que nous d^irons,et anous
eontenter d'illusions pbilaotliropiques :
les Turcs sont ce quoits ^talent, malgre
leur travestissement, et le batti-seherif
de Gul*Han6, au'on a nomn»6 si lege-
ment la cbarte aw Ottomans, n'a deja
£lus aucune valeur. Le regime de Far-
itraire n'a jaaials aesa^ dans les provin-
ces , et reprend toua les jours son em-
pire dans Constantinople, Mahmoudest
mort dix ana trop t6t : son ouvra^e se
r6duit k quelques ebangements de titres
et de cofttumes. Je regarde done la con-
cession obtenue de la Porte en faveur du
Liban comme illusoire , et renfermant
toujourson germe d'oppression contre
nos Goreligionnaires , et d'abolition des
privileges de la France »
CONCLUSION.
Que s'est-ii passmen Svriedepuis 1842 ?
Rien qui ait am^lior6 le sort des Chr^
tiens. Le protectorat de la Franee s'est
de plus en plus affaibli , annule sous
riniluence de la politique ^oiste du der-
nier r^gne. Aussi , dans leur d^spoir,
les Maronites envoyaient^ilB le 12 fe-
vrier 1848 au minist^, si indifferent
k leur ^ard , de Louis-Philippe , une
dernito potion , ou plntAt un cri su-
364
UUTflVERS.
pr^nie dedouleor, eontenant ce r^um6
81 pitoyable des calamilis qui ont suivi
dans le Liban notre abandon momen-
tane : « Voil^ ia cause des malheurs-
« ^ui nous ont atteints, de notre ruine
« immense, de notre sang vers6, de Tin-
« cendie de nos maisons , de la profana-
« tion de nos ^lises, du d68honneur de
« nos Giles vierges, du massacre de nos
« enfants, fendus en deux par r^p6e sau«
« vage des Druses. »
Mais Dieu semble enfin avoir en-
tendu les g^missements de ce peuple
si odieusement opprim^; ear il a voulu
que sa petition, adress^ a la monar-
chle, fut rapportee par la R^publique.
La R^publique g^n^reuse et sensto,
par humanite autant que oar raison ,
prendra h coeur de secourir aes malheu-
reux, et de revendiquer les droits et pri-
vileges qui furent conc^^ il y a trois
siecTes k la France par la Turquie. (Test
la un beau rdle assurement , et nous ne
doutons pas qu'il ne soit accept^ tout
entier par le gouvernementdu 24 f^vrier.
Seulement sufflra-t-il maintenant de
ne r^lamer en Syrie que le protectorat
des Chretiens ? Les choses n'en sont-elles
Eas venues a ce point oik un rem^e plus
eroique soit n^cessaire? La haine, exci-
tdede nouveau et si criminellement dans
* le coeur des Druses cootre les Maronites,
8*apaisera-t-elle a un signe de nos con-
suls? La Porte, aupouvoirsi faible et
si tiraitle, pourra-t-elle, en admettant sa
bonne volont^ , rendre au Liban la paix,
a sesrepr^sentants en Syrie le sentiment
de la justice, delaprobite, deTimpar-
tialite? Nous ne le croyons gu^re, et
voici les raisons de notre doute :
Le Turc n*est plus aujourd*hui ce
qu'il fut si longtemps. Pfagu^e, les
jambes nues, le front d^ouvert, la barbe
epaisse, la poitrine charg6e d'armes de
toutes especes , il vivait fier, insoucieux,
dans la contemplation de sa puissance
et dans le m^pris de ses adversaires : k
rheure qu*il est, avec sa redingotte dtri*
qu^e, son pantalon de palefrenier, ses
bottes a ^perons, qui le ginent, sa cra-
vatte , veritable carcan , il semble aussi
cb^tif que son anc^tre paraissait fort.
IVaguere, apr^ avoir retire des peuples
nouvellement conquis tout le sue qu*il
enpouvait extraire, apres s*ltre entoure
du luxe de rameublement , de la beauts
des femmes, de la sensuality des ntt,
apres s*toe abandonn^ aux pbisosit
toutes sortes, il se ievait tout a of ,
secouaitson enivrante apathie, duipt
ses longs pistolets , aiguisait son b
kandjar, montait son clieval rapide,!
avec quelques poign6es de riz poor u»
riture, son raanteau poareoodx.si
intrepidity pourlroe, s*en allaiteaiir
les longues plaint de la Senrieoi Is
vastes prairies hongroises. Maiofeent,
range par avarice, sobre par neoessst
ne recherchant plus les cootrastes &
ciens de son existence , mais envioidi
con/ort de la vie modeme , il rM
I'Autriehien et tremble devant le RoiK.
Que voulez-vous que fasse le dtrai,
autrefois si orgueilleux , actueUeoxstfi
OKMleste, le divan, qui s^inspire diiciiei,
lui qui jadis n'^coutalt que raadacc;qK
voulez-vous que resolve ce dwm k-
gen^re vis-a-vis desdifficultes insoni^
tables que lui nreseote la jnd&atie
du Liban ! II a laisse des mwioiiBain
protectants y soufDer la discorde ; ii i^
pas efOcacement appuye des coTOfs
francais qui charchaient a y rmr
I'ordfre. Ce quUl fiit en 1840 et eo I84T,
il le sera tou jours : il sera tout aussi i»
puissant pour fonder le bienffliiira^
pour emp^cher le mal. II d a \maa
trouve, pourdetraire en Syrie one a■^
chie de plus en plus eflrayantCtf*^
expedients sans duree, quedesna^ier
sans valeur : atnsi, pour o'eaoiff
3ue deux exemples , son desaiM^
ela montagne, qui ne s'estop^f
chez les Maronites, et aucunemcDl ekii
les Druses ; sa nomination de deas ^
macams, qui ne pouvait aboatir fi'<^
viser la tyrannic en deux portifli«%»
lieu de lui laisser au moins la poi»"g
de Tunite. II n'y a rien done a atww
d'un gouvemenient en decadeocf,^
promettra toujours sans tentr, fanffi
sans agir, ordonnera sans etreobo.
Au lieu de perdre ainsi sob teflfi ^
negociations inutiles , la France oe ^
rait-elle pas mieux de redamer »*«
suite ce que Favenir forcera laPwte*
faire, c'est-a-dire, neferait-ellcpisBW
de demander au divan dc laisserlo Ma*
ronites se gouyemer eux-roeow, y^
ter le Liban comme il traitc la Mw«**
la Valachie , la Servie. PcMirat(««»«
but il fiiudrait d'abord detniire r«iat a-
SYRIE MODERKE.
3G5
UAitMe de oes villages roixtesde la Mon-
tagne, oik les Druses arm^ inspirent sans
cesse I'effroi, Finqui^tude de ravenirja
crainte du cri me aux Maroni tes d^sarmes.
II faudrait aussi ^loiffiier ces premiers ,
Daturellement nomades et aventuriers ,
en les faisant indemniser, s'il y a lieu ,
fMir les Maronites devenus les h^ritiers des
champs qiie les Druses lalssent en friche.
II faudrait encore permettre aux Chre-
tiens de porter, eux aussi, le vatagan
et la carabine, Tep^e et le fusil. 11
faudrait enfin tolerer qu'ils se fortiGas-
sent dans leur montagne, & la condition
formelle de n'en point sortir. Alors le
Liban deviendrait une Suisse orientate ,
oii, grdce h rindnstrie de ses habitants ,
a Factivite de leur travail , h leur s^u-
ri^ future , pourrait commencer pour ses
peoples une hrt de paix et de prosp^rite
que nous leur avons vu , dans le oours de
cette histoire, esp6rer inutilement pen-
dant douze sidles , et poursuivre h tra-
vers tant de larmes et tant de sang. Nous
emettons ce dernier voeu sous le patro-
nage de la fraternity r^publicaine.
FIN DE LA SYRIK MODERiNB.
TABLE ALPHABETIQUE
ET ArtALYTIQUE
DES MATli^RES CONTENUES DANS LA SYRIE MODERNE.
NoTA. - Les lettres a et b qnl aeeomptgnent les cbtfTres de rcnrol <Miignent , rone li premt^rv colonne,
rantre la seconde.
4bd-Allaht fila deRavahal),gaerrierarabe,52b.
ibd'AUah, ])eau-fil8 d*Abou-Bekr, 66 a.
4bd' Allah, fils de Zobair; son portraii, 122 b,
123 a, 126 b; i1 defend la Mekke contre les
Syriens, 127 a, b. Toy. aussiI29 a, 130 a,
131 a, 138 b, 138 a, 150 b.
m-Attah, fr6re dukhallfe Othman, TOO b.
tbd- Allah , fits d'Omar ; son portrait, 122 b.
lihd'Allah-'ben-Abbas, ilhistre membre de la
fiiinllle des Abanldes, 150 b.
fbd^AUah-hen-Mij onde d'AbotH-Abbas, T65 a-
156 a, 167 a, 168 a, b.
ibd-Allah-bei^Saadi p089e88eiird*Alexandrie,
96 b.
4bd'Allah'Klm'HotUtfah , WBipagiion de Ma-
homet, 87 a, b.
ibd-Allah-KaU , g^n^rad arabe, 113 a, b, lT9a.
ibd-AlloHf, mMedn et historten araihe, avtenr
de VBistohre des patriarches d^AUxandrie,
dt^ 332 b, 833 b, 340 b.
tbd-el'Atizj second Als de Merwan, IS9 b,
188 b, 143 b. '
ibd-eUMelih, His atn6 et saccesseur de Merwan,
129 b, 130 b, 134 a, 136 a, b ; son carael^pe,
13b b-186 b; sa mort, 187 b-i88 t. Yoy.
anssi isob, I66b.
ibd-er-Rahman, IHs d*Ab(m-Bekr, et svoces-
sear de Rofmahi dans te gonveraeneBt de
Bostra, 68 a, 60 a, 66 a, 122 b, I2»4>, 147 a.
fhd'er-Rahman'hen-'KdbHt gpuvcfMur de
PAfrique, 162 a.
thivardi, poSte arabe; ses stances sar les nal-
heun de llslamisme, 392 b.
ibtm^Ald' Allah, r^volt^ aodadeOK, q«f raine
rempire dea Aghlabites ; sa mort, 210 b.
tbou'Bekr, sQCcesseur de M abomet, 65 a - 56 b,
69 b,64b, 91 a, 92 b, 96 b.
Abou-Djaffar^l-Mamour ( Le khaiire \ siic-
cessenrd'AbouU-Abbas-el-Salfah, 1&7 b-iriS li,
173 a, 174 b.
Abou-Zbarb ( le p6re de la guerre ) , audanouK
aventarier arabe, 182 b, 183 a.
Abou*UAbba*, fr6re d'lbrahlm-ben-Mohammed,
154 a-156 a.
Abou'lyibbas-el'Sa^ah ( Le kbalifc ), 167 1»,
158 a, 173 A.
AbauTawar, commandant de la flotte arabe
sous Moawiah, 98 b, 99 a.
AbouTfaradJ , hfstorien araDe, cil^ 47 b, 62 h ,
64 b, 66 b, 73 b, 100 a, 101 b, 109 a, ll5b,
121 b, 123 a, 126 a, 127 a, 179 b, 183 b, lih> a,
208 b, 215 b, 219 b, 310 b, 31 1 b, 316 a, 350 I).
AbouT/edat bistorien arabe, autear des An-
naUs moaUfniquea, clt^ 54 b, 64 b, 00 b, 08 a,
74 b, 77 b, 87 a, 01 a, 98 b, loi a, b. 102 b,
103 b, III a, 112 a, 127 b, 129 a, 137 b, I45 b,
147 b, 148 b, 151 b, 152 b, 153 b^ 155 b, 156 b,
167 A, 172 b, 174 b, 175 a, 182 b, 186 b, 187 b,
188 a, 190 b, 191 a, 192 a, 196 b, 196 b, 198 b,
200 a, 208 b, 214 l]|, 221 b, 271 b, 292 b, 319 a,
325 a, 363 a.
Abou-Mo$lem, conspirateqr de la famiUe des
Abassides, 153 b- 164 b, 168 a, b.
jibou^Mouga , I'lin des arbitres k la notninalion
da khalifat eotre All el Moawiah, I03 b.
Abou-Obaida, gaerrier arabe , 66 a- 57 a, C2 a,
63 b, 66 a-67 b, 70 b, 71 b, 73 a, b, 78 a, b,
79 h> 80 b, 81 a, 82 a, 84 b, 86 b, 88 b. 89 b,
96 b.
JbtU'Sekameh, auteur des Deux Jardins, cite
321 a.
Abou-Sqfian, general mosulroan, 71 a, 1 19 a.
Ahou-Thaher^ chef kharmathe; fonalUme de
sa troupe, 197 a, b.
I Ab'ul'Faradj. Yoy. AboWVfaradj.
867
ac6
TABLE ALPHABftTIQlTE
,jib*^l'Feda. Voy. Abau'Cfeda.
Acre, aQcieime PtoUmaU^ vilie da littoral sy-
rien de la M^terran^; bod histolns, 88 a;
prise par Saladin, 396 b; plus tard asal^gfe
par Phillppe-Aogaste at Richard Coear de
UoD, 330 b; leddlttoQ de oetteYUle,S34b;
manitee doot FrM^ic II y eat re^i, 3U b;
les restes de rarmte de saint Louis y abordeat,
349 a; prise par Khalil, 360 a; asst^gfe par
le8FraD9ais,369 b.
Acre ( Pacbalik d* ) ; sa descriptiOD, 90 b- 38 a.
Adhemarde Monteii, 6v^ae da Pay, l^gat da
pape, 242 a; son portrait, 256 a; bless^ par
les Dalmales, 366 b; saave rann^ aa si^e
d*Antiocbe, 267 a; r^tablit Tordre et la disci-
pline dans rarm^ 270 a, b; ne croitpas dV
bord a la dtoNiverte de la Salnte lance, 276 a ;
commaude to bataillon qui la porte, 277 a;
son d^voaement, sa mort, regrets qa*elle ex-
cite, 279a.
Afdhal ( Le vlsir ), commandant de I'armee en-
voyee par l^Islam oontre les croises, 297 b ; son
d^sespoir, 299 a.
Agtabites ( Dynastie des ), 196 b; son empire
rain6 par Aboa-AbdAllah, 210 b.
Ahmed'ben-Thouloun, cbef tore, foodateur de
I la dynastie des Thoulounldes, 192 a- 194 b.
Ahmed, samomm6 Djezzar ( le boacher },
36 a, b; defait Dhaher, 359 a; son portrait,
ibid.
Ahmed-eUMakari, terivain arabe, dt^ 189 a.
Ahcula, riyi^, 10 b.
Afetchah, veave da proph^ ; sa balne contra
Ail, 101 a, b.
Aigues'MorUty ville de France ou s*embarqua
saint Louis , 346 b, 360 a.
Aintab, yille de Syrie, 19 b.
AhhtaU pofite arabe chrMien, 136 a, 137 a.
Alberofiy arcbidiacre de Metz; sa oonduite aa
. 8i6ge d'Antiocbe, 268 b.
Al'Hadhir ( La viUe d' ), dtte 66 b.
Al'Kantara ( L'oasis d* ), 36 a.
Al-Mahadi ( Le kbaUle ), sucoesseur d'Abon-
DJaffar-al-Mansoar, I74 b.
Al'Mamoun ( Le khalife ), petit flls ^Hanmn-
alRascMd; samagdf licence, 174 b, 176 a. Toy.
' aussii87a, b, 195 b.
Al'Manaour-VIllah^ prince fathimite, 211 b.
AlbeH, chanoine de T^lise ^Aix, autearde
VHisioire de Vexpidition de Jeru$alem, dt6
2d8b, 239 a, 247 b, 248 a, 249 b, 268 b, 263 b,
264 b, 268 b, 273 a, 280 b, 284 b, 288 a, 291 a,
300 a, 301 b.
Albert U Grand ( ChroDique d' ), cite 109 b.
^Alchod Chahin, roi de ia Grande- A rmteie;
iettre que Zlmisces lal terit, 204 b-207 b.
AUp ( VHaiab da arabei; inriwMMlh
B^hoe dea Grecs ), 17 b, I8«, »t; tt/jt
SOBS le khaiifeOmar, 77 b«> a; pdi}ili
HamadaDitea,H5b; par Hinptano,
202 a ; manure dool Ziinisete tnteOBiill
206 b, 200 a; prise par Us&L4d^,m
to pays d'Alep ^chott, afirb UmaAkh
lik-ScbaK, k od certain AksaBk,Sltb;if
da goavemement de Nour-Eddifi, W i
^^(LariYi^d*),lia.
Alep ( PachaUk d* ), 16 b-2l a.
AlexandreUe oa Skamderoum, vffleAi W
Syrian de la MMilerrante, 19 a.
AUxiB^ emperear de Conitantlao|»ie,di>i
leacrois68,ai2 b.
Aifakis, ou doclears de la loi (La k W^
AU, gendrede Blahomet, 56 b, 74 a, iif Hfit
Alt, ills d'AUah-bcn-Abbaa, iMb, uii
Ali^Bey, pacha d*£gypte r^voHi, Wi.
Al-Kahirahy vllle d*£e^te. Toy. Cm'M).
Alp-Ardan, sultan sdtQookide, SI7 1'M^
main Dlog^ 218 a. b ; sa grandeur, h 9»
rQ8il6, 218 b; parallde de'ee priaa d 4t}>
mar, 2I9 a;samort. paroksqaliAiw*
sor sop tombeaa, 219 b.
Alphonte, due de Poitiers, frteedenU Ms
part pour la croisade, 846 a.
Amaury, frire de Baodooin III, roi deJ^nB-
lem, 810 a; pr«te aecoais 4$Gkiiv.»^
321 a; samofttStta.
Amorium, YlUe de raodeoiie GabfiMBS
parleaarabes anrHoai^ i06b;flBMP>
par Hotaaaam, 180 a.
Anuvu, chef arabe, 68 b, 69 h.
Arnnm-ben-el-As, chef arabe, 68 b,£^'^
93 a, 94 a, 102 b, 108 b.
Andr4 ( L*eanaqae }, I06 In
Annah, vUto de rirao-Araby; |Kte|irl>
Kbarmathea, I9<b.
Anne ComiUne. Voy. Commene ( >■» )■
Antariihi(^h» ), peoplade deSjneBsiWiiA
22 a, b.
Antakiih, Voy. AnUocht,
AnUoche ( Antakl^ ), aodenae cV^fj
Syria, 17 a, 18 a, b, 47 a; aMl^««*'"r
life Omar, 82 b-86 b; sa dto*f^**"
Ommiadea, I52b; aasi^parZinii*,*^
prise par lal, 204 a; repriie |»af »»»
sulmaoa, 206 a; prise par **"'^
220b;asd;^ par lei eroli*. « • Jj^
par eax, 272b^ 274 a;sltaallofl*U|^
paut^ d'Antioche k I'dpoquedeU ff^
croisade, 808 b. ^
AntiochetU, irilte de U PWdie; te ««»*•
ravitalUent, 268 a, b.
Antoura ( Boarg et coovent d» ), »*
fit ANALYTIQUfi.
S^d
^pnmie. Voy. PamiaK
.^Tabat, ou cbariote, 41 a.
.^Tahe ( Empire ); ion d^embrement, 196 a.
.^rabe$; gnem des Grees oontre ler Araba,
900 a ; chaaste d» Candle par If ic^phore Pho-
cas,aoia«b.
.j^raduM CL'tle d*), 28 b, 96 b -07 a.
j^rchas, place forte da Ubao, asti^gee par lee
croiB^ 282 b.
^reulphe ( Saiot ), eit< k propos des p61erl-
nagea, 225 a.
Mmaud de Bretcia, tonlive les Italiens oontre
la papaat^, 230 a.
^mouid, cbapelaio du doc de Normandie, &u
aa patriarcat de Jerusalem, 296 b; oonflft
eotre lui et TancrMe, ibid.; il est force de
donner sa demission, 300 b.
Armuf, TlUe da littoral syrien, assl^gfe par
Raymond de Tooloase , pals par Godefroy de
Bouillon, 299 b.
Atealom ( Rulne d* ), 45 a, 89 a ; bataille d'Asea-
Ion, 297 b.
Aiolik, historian armenien, dt^ 96 a.
Aiphaltiie ( Lac ), ou mer MorU, 10 a, b.
Anemani, cit6 47 b, 116 b, 117 b.
Aatise* de Jerusalem, code ftedal attrlba^ h
Godefroy de Boaifloo, 3oi a.
Aiabeks ( p^res da prince ) ( Dynastie des ), 3 16 b.
Athalaric, fib d'H^racllus, 68 b.
Atsiz, lieutenant d'Alp-Arslan, 2i7 b.
Aveugiemeni ( La Joam^ de I' ), 72^.
AzaZt place forte prte d'Antloefae, assi^gte par
le reo^t YoalUnna, 80 b, 8i a.
AzixVJUah, prince fathlmite, 2II b.
Baalheek, Voy. Balbek,
Bagdad^ ville de Tandenne Bfesopotamie, si^
d'an lLhaUfat,i58a,i7i b,l74 b, I93a,i94 a-196 a.
Baguisian ( L*^mir ) ; defend Antloebe contre les
crois^ 267 b, 272 b-273 a, 274 a; 11 est ta^,
274 b.
Baiezid ( ]m><et ), sonomm^ U-dirim ( le foo-
dre de gaerre ), 366 b.
'Bafezid It; son portrait, 357 a.
BuUau ( Le village de ), 18 b, 19 a.
Balbek ( Baalbek ), Tanclenne Hiliopolis, Title
de la Syria, 44 a- 45 a, 48 a, 67 b; incendite
par lea Kbarmatbes, 196 b; prise par Zimls-
c^205b.
Balian d*Ibelhi, brave chevalier, dtfend J^ra-
salem oontre Satadin, 327 a, b.
BiUuze, savant Ustorlographe fran^, aateur
d'one Fie d'lnnocenl IIJ, cit6 342 a.
Bamkhs, peapladas odtibres par leurs brigan-
dages, 2ob.
34* Livraison. ( Syrie vodernb. )
Batdane ( L'empereur ), dit Philippique, 14 1 a, b.
Baroniut ( L'annalLste ) , cit^ 80 a, 213 a, 228 b. '
Barihilemg de ManeiUe, qui avait pr^ienda
avoir trouv^ la sainte lance, aocepte r^reave
da feu, 283 a, b.
BoM'Empin ( Les historiens da ) r^fotte k pro-
pos de la paix entre rislam et oet empire,
120 a, b.
Baskhoniah, ville maronite dallban, 1 15 a.
Batroun ( Poiote de ), 29 a.
Baudouitt, comte de Flandre, &u. empereor la-
tin de Constantinople, 342, b.
Baudouin /, frdre de Godefroy de Bouillon,
232 a, 251 b; resle en otage ches le roi bul-
gare Koloman, 252 a; deplorable oooflit entre
lui et TaocrMe, 263 b; sa d^rUon, 264 b; il
enire k £desse, et se fait adopter par le prince
Tbtedore, 266 b; ^poose la nitee d*ttn prince
armdnien , ibid.; son Election comme roi de •
Jerusalem, 302 a ; meort k El- Ariscb ; son por-
trait, 302 b.
Baudouin II, dit du Bourg, cousin de Bau-
douin d*£desse, 302 a ; du roi de Jerusalem,
303 a ; battu par les Turca, 303 b ; Islt prison-
nier par eux, 304 a ; il se racb^te ; sa mort, ibid.
Baudouin Illy filsde Foulques, du roi del^
rusalem , 308 b ; sa foUe ezpMitioo contra
Bosrah , 309 a; est tromp^ par Temir de Da-
mas, 816 a; meurt empolitnn^, 3i9 a.
Baudouin IF, successeur d*Amaury, roi de
Jdrusaiem, 325 a, b; sa mort, 826 a.
Bttudrit archevAque de Dol, auteur d*ane Hit-
ioire de la prite de Jinualem, dti 243 b^ 249 b,
261 a, 275 a, 287 b.
Bayrouth , Tandenne BiryU, ville du littoral
syrien, 82 a, b, 47 b, 89 a.
Bayrouth ( Yall^ de ), 32 a.
Bazlle, oonJur^ tyrlen, complice de YoaKinna,
89 a.
Bichir, teiir da Uban, 360 a; enlev^ par lea
Anglais, 868 a.
Beladori, terivain arabe, dt4 140 b.
Belloz, riviere de Syrie, 10 b.
Beniaia ou Dicapolii ( La ville de ), se rend k
Zimiscte, 206 a.
Bernard le Tresorier, chroniqueur, auteur d'une
BiUoire dee eroitadet ; son opinton ser les pre-
miers crois^, 249 b, 250 a, 252 a, 827 b, 834 b.
Bernard ( Saint ), premier abbe de Glervaux,
230 a, 232 a; pr^e la seoonde croisade,
812 a, b.
BiryU. Voy. Bayrouih.
Be$eierral, ville du Uban qiii deviot la capi-
tate des Maronites, 1 15 a.
Beyban, sultan du Kalre, 349 b, 350 a, b.
Bibliothique dee eroieadee, collection traduite
par M . Rdnaod, dtte 293 a.
24
370
Beha-Eddin, htotorlen aniM, auteur de 1*00-
Trage intitule : Fiia et rea getUB »uttani SalO'
dmi, cil^aai b, 828 b, 33a a, 336 b. 336 b, 838 b,
839 b.
Bok^mond, flls de Gaiscard, et prince de Ta-
reote, 233 a; part pour la croisade, 253 b,
264 a ; d^barque k Dourazzo, 2S4 b; rend an
bommage slmul^ h Alexis Comntoe, 266 b;
floo ordre terrible oootreiea eapiona, 270 b ; U
d^fait trois^mirs, 272 b; prend AnUoche par
larprlae, 374 b ; soo corps d'arm^ eat ^as^,
278 a; il prend Tarae et Malmistra, 28ob,
•es cruaut^ h Marrah, 281 b ; il est pris par
les Turcs, 303 a.
Bokharah, ville de la Kharismte, prise par Bfe-
lik-Scbah, 221 a.
BoUanditiet ( Les K dt«s 226 b.
Bonaparte, g^o^ral frangais en Syrie, 369 b.
Boatra, ville de ridam^ assi^gee, 67 a.
Briennnu ( Nloepbore), bblorien byRanUn, ci(^
49 a, 62 a, 94 a, 97 b, III a, 112 b, 2I8 a, b.
Bulgares ( Les ), indigo^ des exc^ des crois^,
en massacrent pluskeurs mille, 246 b; lis les
d^Dt encore devant ffissa, 246 b.
Bybto9, ae rend k Zimisc^ 206 b. Yoy. Djebail.
Bffzanlm ( Empire ); sa faibiesse an oozi^me
sitele, 237 a-238 a.
TABL£ ALPHAB^QUE
Cain ( Le ) ( Al-Kabirab ), vUle d'figypte, fon-
dto par Mo6z-LediQ-Allahy 211 b; saocagee
par Hakem, 212 b
Calixie /// ( Le pape ) institue la pri^re dite
If r^ii^^/aM,8b6b.
Callinictu, Invenieardu fea gr<^geois, I09 a.
Candie, ville de la Ct^ie, qui donna plus tard
sou noffl k l*Ue eoU^, prise par Micepbore
r Phocas, 201 a, b. Yoy. Crete.
Canne a tucre ( La ;, apporteo en Europe par
les crols^, 284 b.
CapUulaiions de la France avec Tempire Ot-
toman, 360 a, U
Carmel ( Ld mont ), et ses religleux, 36 b, 37 a.
Carthage, c61ebre ville de TATrique ancienne,
envoie ane deputation k Moawiah, I06 a.
Ctuiel-Peregrino ( cbAteau des Pdlerins ), bourg
de Syrie, 87 a.
Cauatim de Perceval, orientaliste fran^, cite
136 b.
Cidr^nm, compUateurgrecdte 47 a, 61 a, 83 b,
94 a, 97 b, 107 a, 109 b, 110 b, 1I3 b, 124 a,
142 b, I4ft a, 188 b, 190 b, 209 a,
CidreeduLiban ( Lea), 87 b, 28 a.
Cenciue, prtfet de Rome, condamna au p^leri-
nage,238a.
Cesar^e, ville de Syrie, 87 b, 88 b, 89 a ; assl4- 1
gte par Moawiati, 98 b; se reai iHns
206 a, 238 a.
Chalcondgle, hiatocteo grec, aoteqr €m om
pilation intitalte De wmbue torcsdi^ ^u^
366 a, 867 b.
Chameau ( Joanne da )« loi b.
Charles, dnc d*AnJoa, frere 4e i^ Un.
part pour la croisade, 346 a.
Chhar ( Village de }, M b, es b, 61a.
Choisy i L'abbe ), auteur cTune Fie ir ah
Louis, cite 346 b.
Chosrois, roi de Perse, ne Ycot pa a^ee^
Fambassadeur de Mahomet, &i b.
Chroniqveurs ( Les ); leur opinion sor k» ^
miers crois^s, 249 b- 250 b.
Chypre, lie de la Mediterrao^ ; saiot Lo^n
arreie, 346 b; les venlUeos se to Icwt ads,
366 b.
C/tfm«ji/ //^ ( Lp pape ), prtehe en vain aae B»
velle croisade, 349 b.
Clermont, vUle de France; UriuJo 0 y eoove*
que nn condle, 241 a, b.
Comnine ( Alexis ),emperear bysanfln. 337 *.
238 a, 240 a, b; permet aux croisn dta&
per devant GonstaotbDople , 246 b; acBRi*
aux eroises le pardon de lears daoniRs,2i7i;
le repent bieotAt, 248 a; el ebmke a m
debarrasBerd'eax,24S b; homni^efBifei
rendmt les allies ffodaoz ; U est aflsfssiv
Godefroy, 264 b; aa rose, ibieL; U adopie €*•
defroy de Bouillon poor Als, 266 a; TteoA
aeol ne lol rend pas bommage, 266b; kifx»
B^s lui enyoieot dlwrriblea pniivcsdrte
bommage, 268 b; son mroy^ se Mt nt^e
nic^, 200 a; II rMame rexeeotka Isbb
traits avec les croiste, 288 b.
Comnene ( Anne ), tille de rempenv Akife
Comntoe et auteor de VJieximt, dftfe m k
240 b, 948 b, 949 a, 266 a, 200 a.
Comnine ( Isaac ), empereor byanfia
sa condutleli P^rd des Angilals de
CoBUr de Lion , qoi It Mi charger de
330 a.
Comnene ( Jean ) , sooeesaenr d*A]exts ,
des disoordes des cbr^tlens, 306 b; t
diversion en leor favear, Sf 0 a.
Connies de Plalsanoe, 940 b; de
241 a, b.
Conciles (Collection des ), dCfe ut a.
Conrad 111, empereor d'Alleraagne , paff pas
la croisade, 313 a; ses soldaU soot i pas pf#
ex termini en AsieMineure, 318 b;tei4
et Louis VII k Jerusalem, 316 a; il abasda^e
la croisade, 316 a.
Conrad de Montferrat, se fait prodaoer roi ir
Jti^rusalem, 330 b; Spouse babcUa iila Ar
ET AWALYTIQUE.
871
maary, 834 a; Pbittppe-Aaguste se dMare
poor lui, 834b; U refiue toot Mrvioe liRi-
chard Cceur de lioD, 887 b.
Constant II ( L*enipereur ) , Ills et saeoesiear
de Cobslantin, 97 b, 98 b, 99 b, too a, 104 b-
106 a, 107 a.
Conttantia, capitate de Tlie de Gbypre, aaoca-
g^ par Moawiab, 96 b.
Cimttantin, fils de Tempereur H^racUus, 69 a,
81 b-84 a, 88 a, 89 a, 94 a, 97 b.
€Jofutantin 7^ ( L'empereur ), fila de Cona-
tantll, I07a,l09a, iioa, b, Ii6a,b.
C&nstantin Dueat, emperear byzaDtln , 236 b,
237 a.
Constantm Monoiiuiqut, 6poaz deHmp^atrice
Zo^236b.
€Jonatantinople, assl^gte par lekballfeMoawiah,
III a-113 b; leyte da si^e, 1 17 b-i20 a;atti^
gfie de Dooveau par Souleyman, 142 a- 145 b;
- oorraptloD de la oour de CoDstantiiiople,
236 b; elle est saccag^ par lea crois^ , 342 b.
Constantht Porphifroginite , cit^ 10 1 b, 108 b,
109 b, iia b, 116 b. 181 b. 200 b.
Cot ( LMIede), Wyriek Bfoawiah, 98 b.
Costhah, gtoayeroear de Tyr, 89 a.
OmcaupUtre { €*e§t-lhdire , Pierre VEncajm"
chonne ). Voir Pierre VBrmite,
Crete ( LMIede );attaqa^parAbd-A]lab-Kab,
1 13 a, b ; prise par Nio^phore Phocas, 201 a, b-
Cro'uadee; elles De soot pas jastitl^ par les
exces oommis sar les chr^ens par les mu-
sulmans, 207 b, 209 a; caract^res divers des
croisades, 228 b; elies darent cent soixaote-
qulDze aos, 231 b ; oe D*est pas la papaat^ seule
qui en est TaQtettr, 234 b ; bat secret et s^ieux
des crois^, 236 a, 239 a, b; Pierre I'fimiite,
238 b et sal v.; eothoosiasme des oroisds, 241-
244; arm^ de Pierre l*Ermlte, 244 a; les Bal-
gares massaereotquekiaes millecroiste, 246 b;
ceax-d se laisseot aller aa d^sespoir, 246 a;
ilssaccagent Semlin, tftid.; soot d^aits par
les Bulgares defant Nlssa, 246 b; iear d^aes-
poir, ibid.; la crotsade da crime, Gottschalk,
Foikmar, £mloon, 947 a -248 b; trait de
cmaute de qaelqaes RormaDds, 248 b; les
Teutons se s^pareot des orolite, 349 a ; lis soot
massacre |tar les Tons, i6Ml^*qui talllent aossi
en pieces rarai6e qoi vieot 6 leur seooors ,
249 b ; opinion des chronlqueurs sar les pre-
miers crois^, ikid.; r^m6 des ralsons qui
flrent adopter la croisade aa pape, 260 a, b;
mouvemeot des anodes ftodales, 260 b ; fautes
' descroistefftodaax, 261 a; Godefroy de Bouil-
lon, ibid,; croisade de qaelqaes sdgoearg
frao^, 262 a, b; panlldle de eette croisade
6VMUpE6o6deDt0, 969 b, 2686; les croiste fifo-
daax'en Asie Hloeare, 969 a; spectacle hor-
rible qnl s'offre h leurs yeox , 269 a; compo-
sition de tear arm^ ibuL; tear nombre, 267 b;
lescrols^ devant Rio6e, 368 a; lis batfent Kl-
lid^l-Arslao, 268 a ; tear maoi^ de combattre,
268 b; trait d'b^rolsme d'un chevalier nor-
maod, 269 a ; bataille de Doryl^, 260 a ; soaf-
france des crois^ en Asie Hineare, 261 b;
cooflit entre Baadouin et TancrMe, 263 b;
d^rtion de Baudouin, 264 b; les crofs^ de-
vant Antiocbe, 267 a; mis^re dans leur camp,
269 a; ambassade du khallfe d*£gypte, 271 a;
les crois^ deterrent les morts enoemis, 273 a;
surprise d*Antioche, 274 a, b ; nouvelte famine,
276 a; d^ivrance des crois^, 377 a ; discorde,
^pid^mie et messages en Europe, 278 b ; con-
duile cruelle et deplorable des crois^, 280 b;
leur fanatisme, 283 a ; arriv4e des crolses de-
vant Jerusalem, 284 a; leur all^grease ft la
vae de Jerusalem, 286 b ; leur tristesse ensuite,
286 a; si^ge de Jerusalem, 286 b ; prise de oette
ville, 288 a ; massacre des musulmans, 290 a, b ;
toiotioo de rislam, 292 a; Election de Code-
froy de Bouillon comme rol de Jerusalem,
293 a; bataille d^Ascaloo, 297 b ; mort de Go-
defroy de Bouillon, 301 a; r^e de Baudouin
d*£de8se, 301 b ; r^ultats de la croisade, 303 a ;
r^ne de Foulques d'A^fou, 304 b; dteadence
de la domination franque, 306 a; les hos-
pitallers et les templlers, 307 b; av^nement
de Baudouin Ifl, 8u8 b; seoonde croisade,
312 a; Louis VII et Conrad ft Jerusalem, 316 a;
progrte de fislam contre la crolx, 317 b; Sa-
lab-Eddin, 831 a; d^denoe do royaume de
Jerusalem ,324 a; Baadouin IV , Guy de Lu-
signan, 325 a, b; catastrophe de Jerusalem,
836-327 ; troisteme croisade, 328 b; si^e d^A-
cre, 330 b; reddition de cette ville, 334 b;
prise de JaKa, 337 a; mort de Saladin, 338 b;
saint Louis, 346 a; nouvelle croisade; des-
truction de rem pi re chr^tien en Palestine,
360 a; r6saltat des croisades, 351 a.
Cyzique, ville de TAsie Mineore, 113 a; assle-
gte par les Arabes, ibid.
D
Daimbert, archev^e de Pise , l^at du pape ,
4Ani patriarche de J^usalem, 300 b; reclame
Jerusalem au nom du pape, 801 b; se r^fugie
sar la montagne de Sion , 302 a.
Dalr-Bl'Kamar ( Maison de la lone }, riviere
de Syrie, 10 b.
Damas ( La riviere de ), if a.
DaiNoj, one des principaies vllles de Syrie,
chef-lieo d*an pachalik, 4 1 a-43 a, 48 a; assi^
gfe soas Abou-Bekr, 69 b-63 b. Voy. aussi
128 b. 163 b, 166 a, 178 b. Prlse par les Kbai^
24.
872
TABLE ALPHABferrQTJE
B, 196 1>; se rend h Zimlscds, 206 b;
prise |Mur M^Uk-Scbah, 820 b; assi^gfe par
Louis YII et CoDrad III, 316 a.
Damas ( Pacballk de ) , 38 a-46 b.
Damit, odaTe arabe devenu capltaine et o61^
bra par 8QD intrepidity aa sidge d*AIep, 79 b,
80 a, 86 a, b, 86 b.
DamieUe, irllie d*£gypte, prise par lea crolaei,
343 b ; par saint Loots, 346 b ; est rendue pour
ia raofon da roi, 349 a .
Dandolo, doge de Venise, 232 a; sa ooDdoite k
I'egard des crois^, 342 b.
Dargham ( Le vizir ), 319 b.
Davidi Pierre ), ancien ooosol general en Orient*
fait k la cfaambre des d^ut^ le tableaa de
retat aclael da Uban, 360 a et saJv.
Defr-il-Konuir, capitate des Druses, 32 b- 34 a.
Deny* de Telmahar, bistoHen syrien, clt^ 96 a.
Dtrhend ( DeUle de }, 96 a.
Dhaher, suocesseur de Hakem, laiisse rebAtir
r^Iise de la R^arrection h Jerusalem, 226 b.
Dhaher, arabe syrien ; sa r^volte, 358 b; ilde-
vient pacha, 369 a ; defait Othman, ibid,; batta
par DJexzar, ibid,
DhamouTj riviere de Syrie, 10 b, 34 a.
Dherar, Jils d*Azwar, intr^pide masalman,
60 a, 61 a, 66 a, 69 b.
Divan, son Impuissanoe h reparer le mal qu*il
afaitlilaSyrie,364 b.
DjaaSoT, oousin de Mabomet, 62 b.
DJabalah, dernier roi des tribus de Gbaasau,
69 b, 79 b.
Djauhar, Grec, gtoeral de Mofiz-Ledin-Illah,
211 a.
DjebaH, ranclenne Byblot, 29 a, 89 a, 116 b.
DJebiUh, Tille turqae de Syrie, 22 b, 28 a, 68 a;
prise par les croiaes, 282 b.
Djeboul ( Salines de ), 1 1 a, 20 b, 21 a.
Djeich , ills de Kbamarouiab, mis a mort par
ThagadJ, IM b.
DJeloula, ville maritime, Tandenne Byzactee,
assl^g^e par iioawiah-ben-JnUr, 106 a.
DJenuU-Eddin, hlstorien arat)e, auteard^une
hisloire du tuUan MilikSaUh, dt^ 348 b.
Djezzar. Voy. Ahmed,
DoryUe, ville de TAsie Hineure ( BataiUe de ),
26ua-26lb.
Davin, ville d*Armtole, rteldence d'un patriar-
cbe grec, saocag^ par Habib, 96 a.
DpUdin, andenne r^idence de la famllle Sbaab,
33 b, 84 a.
Driues ( Les ), 31 a, b ; sede fond^ par Ha-
kem, 211 b.
Ducange^ glossaleur et historien fran^is, dt^
. 225 a, 228 b.
Sbtt-Khaldmrn, bIslotieD arabe* die wk
iTcf^tety ( Le ebdk ), beut-ptec dX)«B, Sib,
366a.
£den ( Le bourgd* ), 27 a.
^deue, ciUhn ville de U ll^iop:>taidr, dchrf-
lieu d^ne prindpaat^ 49 a; BaofloatejflC
re^avecallegresK,M6a; ileadevjal|nBa,
266b; prise par Zea^hl, 310 b, 3ii a; |bIb tf
saocagte par IfoofCddio, 3U a.
idouard, rol d'Angleierre, vicBtaoBOBB
des Chretiens de Palesttiie, 960 a.
Jtleonore, fiUe do oomte de Polticn^ fccsr k
Louis YII, part poor la eraisade.3i3s;di
se laisse s^ire par Bayinoad dt Psifea,
Si4b.
tl-Kibir ( U grande ), rivi«K de Syria, Mk
il'Ktlb ( la rivitee du diieo ;, lo b, 21 b.
SlmaciH ou Bl-Madn, bistorien anbc, d^ii v
60a, 61b, 64b,70a,72a,b,7Sbk74b,«i,
•8 b, 100 b, 134 b, 158 b, 179 a, 186 a, m^
192 a, 203 a, S07 b, 210 a, b, 311 b, 218 a, sii ^
£l'Saiib, rivlete de Syrie, 10 b.
Bmad-Bddin, bistorien arabe, aalenr de ZV-
Clair de la Syrie, dt< 924 a, 331 a, 341 a.
inUte. Voy. Hewu,
imieon, oomte allemand, cbef d'uae baiidi
croiste. 247 b.
Srzerottm, vlUe d'Anninie, eapilaie dafo^iaa
que forme le general de If «Uk<SdkabSoBi?
man, 223 b.
Btdrelon ( Plalne d* } ; kt Fnn^ak vMitf li
Janissalres, 360 b.
Bnpagne ( £mlgraUoQ des Syriens tt'^MT k,
148 a.
HiieHne, comlede Btois et de Cbartics, psri|aa
la croisade, 262 b.
Budoxie ( L^mp^ratrice ) fatt na 1
Jerusalem, 224 b.
Bug^M III ( Le pape } autorin la i
croisade, 232 a, 312 a -313 a.
Europe ( £tat de V ) avani la pn
238 a; ebrantement de I'Eiirope aa esBBa-
cement de la craiaade, 243 a.
Butychius, hUlorien, dt^6l b,64 b,73K«k
Bverard det Barres, grand maHn d« *■-
ptien, seoourt Taroifo de Louis Til, au a
I
Fakr-Bddm, ^ir droie, 2 b.
Fakr-Bddm, 6mir de Damietlc, balta p« is^
Louis, 346 a.
Fakr^Bddin Hazy, terivahi arabe, dl^ lU a.
Famiah, Pandenne Jpamee, ville de Sync, sU,
48 a, 49 a.
ET ANALYTIQUE.
373
Juirazdak, poSte arabe, 136 1).
FiMth'imiies, dyDOslie foodie par Obald-AIJah-
AlKMi-Mobammed, 200 a- 215 b; leur d^caden-
cCf 318 a ; SaladlD met fin a celle dyoastie, 323 a.
FausU NJHron, bistorien, cit^ 47 b, 1 16 a, 116 b,
117 b.
Faustino Borbon, terivain espagnol, cit6 130 a.
Ferid'Eddin-Attar, poetearabe, cite par extrait,
101 a.
wneury ( L'abb^ ), auteur ^^VHUtoire ecclesiat-
tique, cild 243 a.
Folkmar, chevalier, cbef de crolste, 247 b.
Fcrtufiaif cbefmarooite, I15 b. ^
Foulcher de Chartna, chroniquear,* auteur des
Gette* de$ Francs allanl armes en pilerinage
d JerutaUm, rteame les ralsons qui font adop-
ter aa pape la eroisade, 250 a, b, 253 b, 257 a,
26S b, 284 a.
Fifulque, cat€ de Neollly-sur-Marne, prtehe la
cinquleme eroisade, 842 a.
Fouique 111, dit de Nerra ou le Noir, oondamnd
aa pMerfnage k Jerusalem, 228 a; dia roi,
804 b; loae ses troupes a des ^mlrs mahome-
tans, 306 b ; sa mort, 306 a.
France ( Incursions des arabes eo ), 146 a- 147 4.
Frederic Barberousse, empercur d'AIIemagne,
232 a; part pour la eroisade, 320 b; ses ooq-
qu6tes et sa mort, 390 a.
Frederic //, empereur d*Allemagne, 844 a; ma-
Dl^re dont le re^ivent les ehrillens d^Ortent,
ibid,
Froimond ( Le seigneur de ), condamn^ au p^Ic-
rioage de Jerusalem, 228 a.
Gabaonr vllle Domm^ aussi Djovel, se rend a
Zimiscte , qui y transporte vingt mille Turcs ,
207 a; il y trouve les saintes cbaussures
de J. C, ibid.
Galilie ( L'ancienne ), 38 a.
Gamier, comte de Gray, parent de Godefroy
de Bouillon, 301 b-302a.
Gauihier le Ckancelier, auteur d'une Histoire
des guerres d'Jntioche, iA\6 303 b, 304 a.
Gauihier sans Avoir, lieutenant de Pierre l*Er-
mite, 2U b; ne peat maintenir la discipline
dans rarmte des.crolste, 246 a, b; est tu6 par
les Tares, 240 a; les crois^ rctrouvent les
* debris de ses troupes, 257 a.
Gauthier Finisanf, chroniqueur, auteur dHin
Jiiniraire du roi Richard, cit6 830 a, 387 a, b.
Gaza, vine de Syrie, 45 a ; sod si^ soos Aboa-
Bekr, 58 b, 60 a ; prise par lc« Francis, 350 b.
Ginisareth, vllle'de la Palestine, se rend h Zi
misote, 206 a.
Gengiskan ou Djenguizkhan ( le roi des rols \
345 a; d^faiC le sultan du Kbatism, 345b.
Gerard de Provence, chevalier, 231 b, 232 a;
fondateurdes hospitalieis, 306 a.
GiloH, chroniqueur, auteur d'un Poeme sur la
premiire eroisade, ci(6 287 b.
Godefrog de Bouillon, 232 a; ses ant^cMeoU,
251 a, b; engage ses domalnes pourparlir,
ibid.; laisse son fr^re Baudoufn en otage au
roi Koloman, 252 a; ses menaces k Alexis
Comntoe; ilfait la paix, 254 b; Alexis Com-
ntoe I'adopte pour fils, 255 a ; il tue un Go-
liath musulman, 250 a; vient au secours des
croiste devant Nicde, 261 a; sa lutte avec uu
ours, 263 a; il reproche k Baudouin sa con- '^
duite, 265 a ; et veut en Tain le ramener k de
meilleurs sentiments , 265 b ; sa lutte avec un
g6ant turc, 273 a ; il rend visite k son fr&re
Baudouin, 282 a; son ^leclion commeroide
Jerusalem, 203 a; sou r^ne, 200 b; sa mort,
301 a; paranoic de Saladio et de Godefroy de
BouilloQ, 328 a. *
Gottschalk, fanalique, se met k la t«te d*une
bande de crois^, 247 a; leur conduite, ibid-
Grecs [ Guerre des ) oontre les Arabes, 200 a;
ceux du moyen Age sont semblables aux Ar-
mdniens actuels, 235 b.
GHgeois ( Feu ), 100 a-IlO b.
Gwibert, abb^, chroniqueur auteur de Phistoire,
intitulte : Gesta Dei per Francos, 240 a, 243 b,
246 b, 248 a, 251 a, 270 b.
Guignes ( De ), sinologue, auteur de VHistoirt
ginirale desr Huns, dt6 108 b, 216 b, 234,
288 a. 845 b.
Guillebani ( Saint ), pilerin ii Jerusalem, 226 a.
Guillaume, yioomte de Melun, part poor la
eroisade, 251 a; ild^serte, 270 a.
Guillaume, 6v^e d*Utrecht ; son pelerinage en
Palestine, 236 b; sa mort 227 a.
Guillaume de Nangis, chroniqueur, auteur des
Gestes de saint Louis, cAXi 347 b.
Guillaume de Tyr, archev^ue, chroniqueur,
auteur de VHistoire de ce qui s'est passi au
deld des mers, cit^ 113 b, 2i7 a, 227 b, 298 b,
245 a« 248 b, 240 a, 250 a, 263 b, 266 b, 203 b,
206 b, 301 a, 303 a, 305 b, 306 a, 307 b, 300 a, b,
315 a, 316 b, 326 a *, il va prteher en Europe la
troisidne eroisade, 328 b; et rteondlle Hen-
ri II etPhlllppe-Auguste, ibid.
Guixot, blstorien fran^is, cit6 231 b;sonjuge-
ment sur Loois YII, Philippe- Auguste et saint
LoaiB,382b.
Gundeschilde, iigoxue de Baudouin ; sa mort,
366 a.
Gunlher, «v«quede Bamberg; son pMerinage
en PalesHne, 226 b.
374
Guy de Lusignan, r^Dt da royaame de Jfini-
sakm, 325 b; est batta et prlspar SaladiD,
326 b ; SaladiD lul reod la liberty , 330 b ; par-
Jare h sa parole, 33i a; tlichard Coear de Ltoo
le soutient dans sea efforts pour arrlver k la
royaul^ de Jerusalem, 334 b.
n
Habib, lieutenant de Moawlah, commandant
dc Kinesrin ; ses exploits, 96 a, b.
Haddethy \llle maronile, 115 a, b.
HadjadJ ben-Yousouf» general syrien, 131 b,
132 b-i33b, 140 b, 141 a.
Hadjal ( Us ^rabes dito U 20 b.
IJadjar, Tantique Petra, dans I'lrak-Araby, ca-
pitate des Kharmatbes, 196 b.
Hakem-Biamr-AUahy fondatear'de Ja secte des
Druzes, prince fatbimite; son bistoire; sa ty-
rannie, 2i I b-2l4 b; sa ferocity ; se fait adorer
comme Dieu,2l4 a ; ttest assassin^, 214 b; etat
de la Syria k sa mort, 214 b-2i5 b.
Ualab. Voy. AUp.
HamadatiiUs, riche et nombrease famille arabe,
originaire de Tinmen, I9& b, 197 b; s'i^tablis-
sent dans la vall^ de Mossoul , et se conci-
lient Taffection des Syriens^ 199 a -200 a.
Hamah, ville da pachaiik de Damas, 39 a, b,
66 b, 66 A.
Namaher, professeur k runiversit^ de Leyde,
on des cootinuateurs de la Byzan Uncy cit^ 58 b.
Bamxah, imposteur, second propb^te de Uakem,
214 a.
Haroun, on des Thouloanides, mis sur le trone
par ThagadJ, et ensulte mis k mort par Jul,
194 b.
Haroun»al-Rascfiid ( Le khalife ); sa magnili-
ccnoe, 174 b.
Hasan, flls aln^ d'Ali, 103 b, 104 a.
Hassan-Pacha { Khan d* ), 41 b, 42 a.
HiliopoUs. Voy. Balbeck.
Hems, ville de Syrie, Tantique tmkse, 40 a, b,
4S a, 65 b-67 a, 82 a, 153 at se soamet a Zimib-
G^, 205 a; son 6mir permet a saint Gulllebaat
d'acGoroplir son p^lerinage, 226 a.
Henri de Hainault, emperear latin de Constan-
tinople, 342 b.
Henri HI, roi d'Angleterre, cit6 344 b.
H^acieoms, frire de Tempereur H^raclias,
depose, puis Qfiutile, 97 b.
Heraclius, patrlarcbe de Jerusalem j sa condnite
scandaleuse, 326 a.
Heraclius ( L*emperear ), 49 a, b, 51 b •52 b,
54 b, 65 a, 56 b, 67 a, b, 69 a, b, 60 b, 61 b,
63 b, 65 b, 68 b, 81 b, 94 a-95 a, 97 b.
Herbelot ( D' ), orientaliste francs, aufeur de
TABLE ALPHABlfeTIQUE
la collection dite BthUatMiqme ortoifti^ m
100 b, 194 a, 197 b, 2foa, siaa,s9o&,ttlL
Herbis, goayernear de Balbck, 87 b,«i.
Hescham ( Le khalffe }, 140 a, f47 a - 148 L
Hethoum, historien armenien da ffistatSm
sltele, dt£ 86 a.
Hierapolis, Toy. YaraboulaB et BatbeL
Hildebrandj moine deCIuny, pais papeioa^
Dom deGc^Ire VII, 233 b-234 b.
Hongroh { Lea ) lalssent difQcilaafflt pwr
les croIa6i, 845 a.
Honori IJI ( Le pape ) prdche TauMBBBi Si
sixltoie croisade, 343 a.
Hosain, fils d'Ali, 122 b, [24 b - 126 b.
Hospitaliers ( Les ), 307 b ; leurs qaen^liesaiir
les templiers, 326 a et 34.3 a; Saladalor
permet de rester a Jerusalem, 838 a.
Houlakou, petU-OisdeGengisiLao ; sescoo^ate,
849 b.
Hvgves, oomte de Jaffa, sorpris en sdaieR
avec la femme de Foulqaes, 3u9 a; fl r^
avee let mosolmans, qui cosatte rabafida(>
nent, ibid.
Hugue$ de Fermandtris, fr6r« de Philippe F,
'part pear la croisade, 262 a ; le pape kii oi»
fie mendard de I^lise, 253 a; il s^fmbam*
k Bart, ibid.; fait naofrage A Daraoo.ft ^
oondoli oomme prisonnier a Coo^aniiaoptk
268 b; il rend hommaee a Alexb CoeaK.
264 b ; il porte Tetendard du pape. 27: t; s-
voy6en amt>aasade, il abandonne IcscraiA
280 a, b.
Ibn-MaHr ou Ibn^ilrMkir, histonn »tai
anteor d*une Histoire des jitabeks, dlP»4ik
317 b, 320 a, 322 a, 823 a; son rMt date pnc
de Jerusalem par Saladin, 327 a. b.
Ibn- DJouzi, aateur arabe ; son Stiroir des ia^
dt«304b.
Ibrahim-ben-Aglab, flls d'an des lieolmi*
d'Haroun^al-Raacbid, et fondatmr deU^
nastie des Aglabites, 196 a.
ibraMm-bfU- Mohammed^ competitearda|i§-
fils du kbalife Merman , I68 b, IM a.
Ikckidites, people d'origine tarqae, 197 k; i
piUent la Syrle, 198 a.
Innocent III, pape, accorde Hndal^eBer |i^
ni^re aox crois^ de Simon de MooliBfl, SHI;
il prtebe ane noaveile croisade, HI m.^^
a^ssi 343 et 344.
Innocent IF {bt pape ),'s*oppoit an dcpK
de saint Louis pour la croisade^ 346 a.
Irace, nomro6e aussi Ptolemait^ an ttad k ft*
misc^, 206 a.
£T ANALYTIQUE.
S75
Jstnail, goavernear de Damas, fio a.
Jacquti de NUibe (Saiot) ; sesreliqaea reprises
aux Tores par Zimisoes, 306 a.
JtKquu de Vitryy 6v^ae d' Acre, chroolqaeor,
autear d'one HUtoirede JinuaUm, cM 284 b,
309 a- 307 b, 326 a.
JaifOj ville de Syrle, prise par lea crof s^ 337 a ;
par Saladln, 337 b ; par les Francis, 369 b.
Janissairei (Les) ( Yini-Tcherif Doavelle Iroape),
cr^ par Orkban » 366 a; baltus par lee Fran-
cis, 369 b.
JeoHf fr^re de TookiDoa et oo-goaTemeor d'A-
lep, 78 a -79 a.
Jean de Brienne, tia rd de Jerusalem, 348 a;
il esaaye vainemeat de ooojarer la ruloe des
crols^, 843 b.
Jdriualem, ville e^l^bre de la Palestine, 46 b,
^ 48 a; assi^gte par Omar, 78 a, 77 b, 176 b;
devieot, poor qaelqae temps, la capitale re-
Ugirase des masutmaos, I97 a ; se reod a Zi*
misote, 206 a; pers^outlons du chef turko-
man Ortok, 224 b; si^ de J^nualem par les
erols^ 286 b; prise de cetle ville, 288 a; dee
tioD de Godefroy de Bouillon oomme rol de
Jerusalem, 393 a; usurpatioo du patriarcat,
286 a; dteadenee du royaume de Jerusalem,
334 a ; catastrophe de oette cit^,336 a ; Conrad
deMootferrat s*y fait proclamer rol, 330 b;
les Kbarismieos la saccagent, 846 b.
Jomville ( Le duoDiqueor ), tiU 109 b, 847 a,
362 a.
Jonelin d§ dmrtenay, prince d*£de8se, fait pri-
soonier par les Turcs, 304 a; it s'^chappe,
804 b; son alliance avec les musulmans,
306 a. Voy. aussi 3ioa.
Jonel'm, tils du pr^oMent, comte d'fidesse,
310 b; reprend sa capitale sur Zenghi, 3II b;
il s'enfuil devant Mour-Eddin, 3i2 a.
Jourdaim^ fleuve de la Palestine, o a-io a.
Jules 4fricain ( L'bistorien }» cit^ I0» t>.
Juttmien JI ( L'empereur ), 134 a-i 86 a, I43 a, b.
Kaaba, pierre sacr^; prise etsootllto paries
Kharmalbes, 196 b; porlllte et rapports par
■ eux, 197 b.
Keakaa, chef arabe, 82 a.
Kabin ( Le marlage ao ), 176 b.
Kaderd, onclede M^llk-Sch^h , se r^volte contra
loi; 220 a; enlerm^ par loi dans un chAteau,
et ensuite mis a moii, 220 b.
Ea{ffa, villagfrsyrien, ToMa da aioDt Carmel,
36 a.
Kafmacana, d^I^gu^des pachas; leurs exac-
tions , 362 b.
Malaotin, sultan du Caire, et son tUs KhalU,
350 b.
Kalih, h^roi arabe, ill a, lio a.
Kana, bourgade de Pancienne Palestine, 37 b.
Kanah, riviere de Syrle, 10 b.
Kanoubin, convent roaronlte, 27 a, II4 b.
Kararouch^ ^mir ^gyptien, dtfend Acre oontre
les crols^ 331 a.
Kdriat-el'Anep ( Vall^ de ), on de J6r6mie, 46 a.
Kasiminkif interpr^te de la lotion fran^aisc
en Perse, traducteur du' Koran, cil6 176 a.
Kasmiih { \jt ), anciennement JJonUs^ petit
fleuve de Syrie, I Ob.
Kemai'Eddin, historien arabe, auteor d*ane
Hietoirt dP.4hp, dt« 79 b, 82 a, b, 267 b, 267 b,
274 a, b, 278 b, 303 a, 318 a.
Kerbogkah, ^mirde MomouI, d^fait les croia^i,
374 b; fait chasser Pierre l'Ernilte,277 a; eit
batto par les crois^, 277 b, 278 a.
Kerboghak, Uentenant d'Boulakoa, 849 b.
Kesrouan ( Le }, contr^ servant de rafoge aux
maronites, 26 b • 28 b.
Khadidja, femme de Mahomet, 60 a.
KhaUd, sumomm^ Salf-AUah { Vipit de Uieo),
guerrier arabe, 62 b, 63 a, 66 b, 67 b, 68 a, 69 b,
60 a, 61 a, 62 a 64 a, 66 a, 66 a, b, 69a-7ob,
79 a-80 b, 82 a, 84 b, 87 a, 88 b, 93 a, 96 b.
Khated'btn'Yezid,deniker peUl-llis de Moawiah,
129 a, b.
Kkatouny chef arabe, 69 b, 60 a.
iTAamarouia A, soocesaeurdeThoulonn, 194 a, b.
Kharadjt ou eapKation, 136 b.
Kharismiens ( Les ), et les Talars-Mogols, 346 a;
lis saocageni Jerusalem, 346 b.
Kharmaih^ Imposteur, fondateur d'une sec^ A
laquelle il donne son nom, 196 b, 196 a.
Kharmathes, sectaires qui pretendent reformer
rislamisme, 196 b; leur liistoire, 196 a- 197 b.
Khondemir, ^crivaln arabe, cit^ 182 a.
Khoraasan, province de I'empire des kbaltfes,
196 b.
KieS( Le),39b.
KHldj'^rafan ( Daoud) ( IV;»^« de lion ), sol-
tan seifJUoukide, envoie one arm4e cootre les
crois^, 240 a; les d^lalt, ibid., et 249 b; py-
ramlde Alevde par lui avec les ossements des
pelerins, ibid.; ses pi^paratlfs centre les crol-
8^ f^odaux, 267 b ; il est battu devant Nlcte,
368 a; sa femme et ses deux enfants tombent
ao pouvoir des Chretiens, 26o a ; 11 reprend
roflensive, 260 b; puis est defait, 361 a; sa
iaetique, 261 b.
t76
TABLE ALPHAB^TIQUE
KinewriM, vllle ▼oislne d'Atep, 66 b, 66 b, 153 a.
Koloman, rol de Hoogrie, se dispose a paoir
lei croMs, 246 a; massacre ceux de Gotts-
chalk, 247 a, b; ne perniet le passage k Go-
defroy de BoaUloo que moyenoaDt otaget,
352 a.
Hoiiffa, caplUle de I'lrak, 124 b-I25 a, I3i a,
190 a.
lance ( La salate ), troav6e k Antioebe, 275 b-
276 b.
Laodieee oa LatakUh ( Canton et vlUe de ), 22 a,
68 a ; prise par les crols4s, 282 b.
LatakUh.y oy. LaodMe.
Lebeau { L'hislorien ), dl^75 b, 76a, 200 b^ 20ia,
235 b, 237 b.
Lion, filsdeTbeodore,goavenieard*AEaz, 81 a.
Lionee, g^o^ral de Jastinlen 11, 134 a.
Lequien ( Le p^re ), cit6 47 b.
JAban, chatne de montagoes de la Syrie; ^at
du Liban en I8i2, 360 a.
JUeibert, «v^e de Cambrai , pfelerin en Pales-
tine, 225 b.
LouiM Fli, roi de France, 232 a; Jag6 par
M. Guizot, ibid.; il prend la croii, 312 b, 813 a ;
son incapacity, 313 b;ii abandonneson ar-
. m^ 314 a ; sa femme le 1 rabit, 314 b ; Louis VII
et Conrad HI k Jerosalem , 316 a; il assiste k
la d^dence de la dooiinatton franque, 316 b.
LouiM IX ou »aint Louii, roi de France, 231 a-
232 a; jagemcnt porti sarlui par Bl. Guizot,
232 b; il part pour la croisade, 346 a; preod
Damiette, 346 b; refuse les propositions de
paix des musulmans, 347 a; sa laute, 347 b
, son b^rolque dtfense, 347 b, 348 a ; il est folt
: .prisonnier, 348 b; refuse les offres dn sultan,
ibid.; se racb^, ^9 a; revient en France,
ibid.; nouvflle croisade, 350 a; sa mort, ibid.
Luc, fils de Thfedore , gouverneur d*Azaz, 81 a.
Lueaif gouverneur de Ravendon, 80 b.
Lucius II, pape lapldd par les Romalns, 230 a.
M
Mac-Culloch, savant anglais, clt6 109 b.
Madhy ( Le ) ( chef des fiddles ), sorle d'ante
Christ mabom^n, 210 a. '
Madhyah, ville d^Afrlque, fondte par Timpoa-
teur Obald- Allah- Abou-Mohammcd, 210 b.
Mahomet ( Mohammed ), le prophete, 49 1) • 62 b,
63 b- 64 b, 66 a, 90 b, 94 b-95 b.
Maiuarah-Bbn'Bl'At, jeune goerrler arabe,
86 b, 87 a.
Maktiai, historien arabe, auteor du TraHi de
la route qui mhte a la eoMMtttaiia fa^
natUeg royaUs, tile 133 a, M3 b,3llk
MaUk'Adhel, tr^n de Saladia; sa {
328 a; les crofs^ s'adicnent a U pm^
ter deU pais, 336 b;aidiArd ioii
scearen maiiage, 337 a. Voy. ansii I4ih»3i
MaUk-Khamel, sultan iTEicyple, 3tt b, )
Malhoun-Khatotm ( femme-tRsar X
d'Osman; son hisloire, d&4 b, 3S6 a.
ManiourahoaMttiuimriahy ▼llled'fig^ll
d^ par Al-Mansoar4nilah, 211 a;|riB|
saint Louis, 347 b; Uj est pliiitaid|4i6
an cacbot, 348 b.
MofdaStet { Les ), peaple tjfiak^ 114 a.
Maref, bistorien, dt6 211 b.
MartmiUt { Gokmie des ), II a, b, » b-fif
leur organisation dvile, mfiiialreclr
30 a. Voy. aussi 31 a, b, 47 b, it a; lar«
gioeet leurs progrte, II3 b-ll7b;i
de leur chef, par ordre de JustiiiMB 11, A ^
Voy. ausst 152 b,2i« a, 963 a, h.
Maroun, premier ^reque maraoile, m \
116 b.
Marrah , Tille Toisliie d'Alep , saecagfe par lm\
crols^, 381 a, b.
Martine, femme de rcmperear Heradtaa»S}k '
Maaoudi, historien arabe, dte laS a.
Maihieu d'Hdetse, autear iTiine Hiakmt€^
meuie, dte la leltre de Zimlaote a Attsi
Chahin, roi d'Ann^nie, 204 b, 268 b, an ^
tHatkieu Pdrie, chroniqiiear anglais, eHrlCs.
Midine, ville sainte de PAfabfe, Mde^pvto
Kgyptlens, loi a. Voy. auasl I2S a. Bl>, n-
sl6g«e et prise par lea Syrtens son feril
127 a.
Utekk ( La ), Tille sainte de r Arable, mitt^,
124b;a8si«g6e parT^iid, IS7a, b; pvAlM-
Melik, 133 a; saocagee par les Kbunnm.
196 b.
Milik'Schah, fils et sneoenenr d'Alp^iri^
219 b ; il bat son onde, rAvolleeontie ln,S»«;
il ie fait enfermer dans un Htitran, pab oi
foroi delemettre lioiort, 2aob;aesaB^Bl'
tes, X20b-221 b;soa gouTcnienMOl, il^
^tendue de soa empire, S2i b; nme qiA #-
plole dans one position dangefense, SSa;!
disgrade Nizam-6i-Malk, ibid^ n^^m^
^prouve de la mort de son vlxir, S23 b; s
mort, ibid,
Meliaende, femme de Foulques d'Ai^oi^ Hf^t^
3U6 a, 308 b.
Menebourg, ville de Hongrfe, ■■il^pfe psr sae
armte de croises, qui y ^pronve one dtfrib,
248 a.
Mef9iut, autear de rouvrage iaiilflli OHt,
dte2Ulb.
ET ANALYTIQUE.
8T7
Mferwan, aecrtlalre d^Olbman deveou kbalife,
101 a, 138 b- 130 b.
Mtnoon II, petit-filB derancieQ khaUfe de oe
nom, rival de Yezid, HI, 162 a -156 b.
MeUMlu ( Ln ), aecUtean de raoU-kbaUfe All,
31 b.
MichoMd, historien jGrao^, aatear d*aiM ffu-
toin da Croitades^ dt^ 328 b, 2fl0 a, 394 a.
Michei Calaphaie, amant de nmp^ratrlce Zo6,
qui plus tard lui fait crever les yeax, 336 a.
MU1ul^Jntioch£{VhitU}thtn\dii96h, 107 a.
Midkel Parapinice, empereur byzaotio, 337 a.
Michel U P^phlagonien, amant de rimp^trioe
Zo<, poii rnoine, 336 a.
JUichelei, blstorien fran^ais, dl^ 231 b, 333 b,
312 b, 361 b.
MtimMt boarg d^Egypte, ou satot Looto est
fait prisonoier, 848 h»
Mhi, impdt fonder ; son caradere, 358 a.
WUizei L^Arm^ofen ), courono^ emperear k la
nort de Constant II, 107 a.
Hioaioiah, fr^it de Ydzid, secretaire de Maho-^
net, devena khalile, 92 a -94 a, 95 b -Its b,
110 b, 113 a, b, 116 b, 117 a, I20 a-i22 b;
samort, 123 a -134 a. Voy. aussi 156 b.
Moawiah II, fils et suooesseor da kbalife Tddd,
138 b.
Moawiah'ben-jimir, gtocral da kbalife Moa-
wiah, 106 a.
Moez-Ledinr Allah, prince fatbimite, 311 a.
Mohammed, "Soy, Mahomet,
Mohammed, fils d'Aboa-Bekr, lOO b, 101 a, 119 a.
Mohammed, fils d'Ali, fils d*Abd-A11ah-ben-Ab-
bas, 151 a.
Mohammed ( Le khalifa ), fils da khaliCs Wa-
thefc, estappeM plas tard Mohtadiy i89b •I90b.
Mohammed'ben'Merwan, fr^re du kbalife Abd-
d-Meli|i, 131 b, 133 a, 134 b, 135 a.
Mohammed-Neehteghin, saroomm^ Durst, im-
postear, premier pmptidte de Hakem, 314 a.
Mohtaz ( Le kbalife ), saooessear de Mostain,
189 a, b, 193 a.
Moin'F.ddin, €mif de Damas ; sa rase k r^ard
des crois^ qai rassltSgeaient, 316 a.
MokaUham{UoDi de ), Ilea sacr^ 193 b; Ha-
kem y est assassin^, 314 b.
Mokhtar, chef da parti des Alides, 139 a, 131 a.
MokU^fl { Le kbalife ), d^rone Sinan, et met fin
k la dyoastie des ThooloooideSt 194 b, 196 a.
MoniUur univenel ( Le ), dt6 360 a.
MomothilUes; tear dodrine, 49 b.
Mon/aster ( Le kbalife } , assassin de son p^re,
Motawakkel, 188 b.
MonUftk ( Les Arabes dits ], 30 b.
Mopnurte, Ttlle de Pandenne QlldCf prise par
lllMphore Phocas, qai la pUle et y commet
loates iortes d*exces,208 b.
Moeah, gouTerneor de la Mekke, 131 a - 1 32 a. '
Sioilemah, frtee de Walld l«% Hi a, 143 b,
145 a.
Mououi, ville de Mesopotamie, 195 b.
Moeiam^ asorpatebr da khalifal, sous Mootas-
ser, 188 b, 189 a.
M6tamed ( Le kbalile), saceesseor de Moham-
med ditMohtadi, I90b» 193 b, 193 a.
MoUuaem ( Le kbalife ), samomm^ VOctonaire,
179 a -180 a, 181 b, 183 a, 184 b, 187 b.
Motawakkel (Le khalife ), 181 b-183 b, 184 b-
186b;sesk>is,si2b, 3i3a.
Mou^ek, ithn palo« de MoUmed, 190 b, 191 a,
193 a, b.
Nourad'Khan, saceesseor d'Orkhan, 356 a.
Mouradlia d'Ohsson, dipkunate d historien, dtd
96b.
Mourzot^fle, intrigant da empereor de Cons-
tantinople, 343 b.
Moueni'tmir-Ali-Mowmni, prince des Mockrs,
battu par Zimlscte, 306 a, 306 b.
lUousta, cd^bre chef tare, 190 b, 19 1 |i.
Mouza'ten-Nozair , goovemear de r£gypte
soas walld I*', 138 b-i40 b, 143 a - 144 a.
Muhammed-Khan-el'Pathy ( Le conqu^rant X
oa Mahomet II, 866 b.
aturatori, Credit et historien Kalien, dte 343 a.
Mwrex purpureut ( Le ), mollasqoe c^l^bre ,
35 a, b.
Murphy, dcrivaln arabe, dt6 144 a.
N
Piahr-Hai/a ( U riviere d'Halfa ], 10 b.
Naplous ( U vUIe de ), 46 a, 89 a.
Pfasr-ben^Sayyar, goavemear da Kboraisan,'
153 a, 153 b, 154 a.
Kaiartlh, ville calibre de Tandenne Palestine,
37 b; se rend k Zimiscte, 306 a.
Nestorius, g6n^ral grec, 8i b, 86 a, 86 a. '
Nicie, ville de PAsie BUneare, assi^gte par lef
barons ftodaux, 357 b; rose des crois^ poor
s*en emparer, 359 b; prise par Orkhan, 365 b.
Nicephore Brienniue. Toy. JBrienniut ( NM-
phore),
Nicephore BoUmiate, emperear byxanlin, 337 b.
NieiUu ChomaU, an des aateors de la Bpzan'
tine, dt6 343 b.
Nicephore Phocas, Voy. Phoea${ Nicephore ).
Nicolas IF ( La pape ), prtehe vainement la
croisade, 351 a.
Nieaa, Tfile de Balgarie, secoart les croises,
345 b; defaite de oeax-d devant ses mars,
346 b.
Nizam-el-Mulk, mlnislre d*Alp- Arslan , 317 b;
et de son fils Mdik-Schah,29Da-33tb, 333 a,b:
les inlrlgoes de la soltane Tarkhan-Khatoon le
J
)78
TABLE ALPHABATIQUE
font disgrader, 913 A, b; ion saoeenear le
fait assasstoer, S28 a ; goaTBTMBieDt de Nlzam-
el-Mulk; lettre qo'UterIt avant de moarir a
Mdlk-Schah, 233 a, b; regrete du saKan,
333 b.
Noil de» Vergen, orientallste, dM 49 a.
Nour-Eddin, fliide Zenghl, preiid et saoeage
£desse, 313 a; bod portrait, 317 a; ses con-
quotes, 317 b-3l8 b; II soatleDt Sehaver,
319 b; ses ravages en Syrie,380 a; envoi qaMl
fait k son g^n^ral Schir-Koa , ibid,; par Inip
il devieot maitre indirect de rSgjpte, 330 b.
Toy. anssi 881, 323, 333 et 334.
Piowairi, terivain arabe, cit6 138 b, 143 b, 144 a.
O
Ohaid-'Mlah'Jh<m'' Mohammed^ imposteuT
qal se bit passer pour descendant d*Ali et de
Fatiiimab; son hisloire; il fonde la dynastie
des Fatbimites, SiO a, b.
O^ama, gnerrier aralM, 55 b.
OchUf^ ( L'bistorlen ), dt6 51 b, 61 a, 75 b,
78 a, 79 b, 83 a, 85 b, 88 b, 100 b, 120 a, 123 a,
134 a, 136 a, 137 a, b, 149 a, 179 a, 184 b, 193 a.
Odon de Deuit, cbroniqueor, aatenr da Livre
sur le voyage de Louis FII en Orient, cite
313 a, 314 a.
Omar^ snocesseur da khalife Aboo-Bekr, 65 b,
64 b, 65a, 73a-77a,79b, 82 a,83 b-84 a,
87 a, b, 90 b, .91 a, 96 b; la mosqaee d*0-
mart Jerusalem remplaoe pendant vingt ans
]a kaaba de la Mekke, comme m<^lropole
religieose de IMslamisme, 197 a; parali^Ie
d'Omar et d*A.lp-Arslan, 319 a.
Omar-ben- Jhd'el-Aziz, soocessear da khalife
Soaieyman, 144 a - 145 a.
Omar-ben-Saad, cbef des Koaffiens, 136 a.
Orchosias, Voy. Tortose.
Orient ( fitat de V ) au onzt^me siteie, 335 a.
Oronte, fleave de Syrie, 9 a.
Ortoh, cbef Inrkoman, s'^tablit k Jerusalem,
334 a; ses persteations k T^ard des p61erins,
224 b, 339 a.
Osmanf sarnomm^ Ghazi ( Le Victorieux ),
fondateur des Osmanlis, 354 a; son mariage
avec Malhoun-Khatouo, 354 b; pr^age de
son ^l^vatioo, ibid.
Osmanlis ( Les }, dynastie fond^ par Osman,
354 a.
Orkhan^ fils d^Osman, cr§e la milioe des Jania-
saires, 355 a.
Othman, sacceasear d'Omar, 73 b, 74 a, lOO b.
Othony ev^que de Ratlsboooe ; son p^lerlnage
en Palestine, 226 b.
Ott«((/, cap de la Syrle, 38 b, 39 a.
Pachas ( GoavememeDt des ) en Syrie, ST l
Pagi, cordelier italien, annaliste, dlfcwi,
313 a.
Palmare. Voy. Tadmar.
Paneraee, aventnrler armtofeo, came deli de-
sertion de Baadoain, 266 a, b; ilTabaadsBK,
366 a.
Pavl, chef maronite, 115 b.
Paul Diaere, historien lombard, fAU 4aa, ick
Pelage, l^t da pape, caose la roloe des cri-
ses, 343 b.
PiterinageM ; lis prennent uoe extension texMk-
rable, leors dangers; pelerinages chr^Sna,
334 a, b; differences entre oeux drs dir^fios
et oeax des mosuimans, 335 a; persfaodoosii
fatblmite Hakem, 235 b; caradere des pk-
rinages de Richard de Saint-Viton et delitt-
bert , 326 a ; p^erinages des ^^qoes Ssefra?,
Gaillaame, Guntberet Otboo, SIS b;<&liB-
rences entre lears oompagnoos eC erax dk
Lietbert, 226 b; IVmir de Ramiah les drfivn
des altaqaes des Turkomans, SS7 a; lean Is-
prudences, 337 a, b ; lis reviennent en Eoro^
337 b; les pderlnages deviennent on h^
d'expiation, 227 t>, 238 a ; caractere des peie-
rinages aa onzi^e siteie, 338 b; les persccs-
tions cause des croisades, ibid^
Pette ( La ), 16 a; en Syrie, i*ao 18 de l^^e.
89 b, 93 a.
Philippe i***, rol de France, proiDOteor de fi
croisade, 252 a.
Philippe-AugusU, roi de France, 233 i:Jl9
par M. Goizot, 232 b; Guillaun^e de I^it!
reconcilie avec Henri II, 328. b; il eir^l^
cbard conlre son pere, ibid.; II part af« li-
chard pour la croisade, mais s'eo a^pait tan-
t6t, 329 a ; ii d^barqae a Acre, 334 a ; aprati
prise d\Acre il abandoone la croisade, sua.
Phocae { Le tyran ), 48 b, 49 a.
PhocM ( L^on ), fr^re de Nic^phore PteoM,
qnUl seconde dans ses entreprises adasiaistii-
tives et goerrieres, 202 a.
Phocat ( Nlc^phore ), fameax ^to^nJ grecSWk
8*empare de I*ile de Crete, dont il efaese la
Arabes, 2oi a, b; entreprend one cxp^ifita
cootre la Syrie, 30i b; son adminktraboaip
Syrie, 2«I2 a; ses exploits oontre tea Ar^ss.
ibid.; Remain le Jeaoe, Jaloux, venC k hi«
assasslner, ibid,; 11 spouse la veovede Roada
et s'empare du poavoir, 203 b ; laisae le oos-
mandement de I'armte k Zimisote, no fiedr-
nant, dont ensaite ii devient JaJooz, S03a,b;
le disgrade,S04 a; est assaaslne par lui, 3Mk
caract^ de ses exp^U4Mis, 397 b, SS» b;«
oondalte k la prise de Mopsaeste.
ET ANALYTIQUE.
37»
Fi€rre VErmite; son portrait, 238 b; son ptie-
rinage k J^rasalem, 238 b, 239 a; son exalta-
-lion, ihid.; U s'adrasse aapape UrbaSn II;
ses plications, 239 b , 240 a ; Pierre an eon-
eile de Ciermoot, 241 b ; son annte, 244 a ; son
lieutenant, 244 b; 11 fait massacrer les habi-
tants de Semlln , 246 a ; est batta par les Bal-
gares, 248 b ; se Joint, en Asle Mlneare, k l*ar^
m&B des crols^ fifodaax, 257 a; s'eehappe
nnitamment da camp des crois^, mais Tan-
crMe 1*7 ramtoe, 270 a; d^pat^ en parlemen-
taire, se Halt chasser par Rerboghah , 277 a;
apaise les dissensions qui s'^l^rent entre les
cheb biDis^, 296 a.
Pepin ( n«n^ls ), antenr d'ane Ckrtmique,
344 Ki
PJaitance, Tllle dltalle, cooctle qnl s*y tient,
940 h,
PoiHen ( Bataille de ), 146 b, 147 a.
PoulatM ( Les ) , descendants directs des crol-
S^, 306 b, 307 a.
PtoUmais. Voy. Acre,
Quairem^re ( £tienne ) , oiientallste fran^als,
Cfl6 129 ^ 131 b, 132 a.
ttaecah on Rakka, flllede M^sopotamie, Ma,
196 b.
Rqfy, lib d*Omtfrah, hdros arabe, 6i a, 87 b,
09 b.
Makka, Toy. Raeeah.
BamUth, Tille de Syrie, 46 a» 77 b, 89 a; se rend
k Zimisc^, 206 a. Voy. aassl 285 a.
Eapul de Caen, chronlqaenr, auteur des Ge$U$
de Tanerede, cit^ 254 a, 256 b, 261 a, 264 a, b,
S75 b, 283 a, 286 b, 297 a, 301 a.
tUt^-el'jiin, oa puite de Salomon, 35 b.
Ravendou, petite ville de Syrle, 80 h,
Rmymond, comte de Saint-Gilles et de Tonloose,
pajt pear la erolsade, 255 b, 256 a; est tromp^
par Alexis Comntoe, 256 b ; vlent ao seooan
des erotste devant Nlcfe, 261 a; saocage Alba-
rfe» 280 b; son repentir, 282 a; sa roajindse
foi, 999 b; 11 abandonne la crolsade, 300 a.
Jtaymofui; domte de Tripoli; son indlgoe con*
dafte, 324 b, 326 a.
Moifm&nd d'Jgiles, chapelaln da oomtede Ton-
loose, aatear d*ane Hutoire dee France qui
prirent J^rmealem, dM 256 a, 269 b; 11 est
HabXi gardlen de la sainte laooe, 276 a, b.
Toy. aoasi 277a,282a,283b, 285 a,S89a,
990 a, b, 996b.
Eawmand de PoUien, seignflor d>Antloeho , 86-
duit ftMonore de Guienne, 314 b; est batta ei
tii6 par Noor^Eddln, 318 a.
Raymond Poreher, chevalier eroM; son b^
roIsm^ 273 b -274 a.
Raynaldi ( Les Annales de ), (Mm 866 b.
Rimutat { Abel ), sinolngoe, anteor de Recher-
chet ear le$ Tariaree, 845 b.
Renaud, aventorier, se met k la tMe des Teu-
tons qui qulttent Tarm^e des crols^, 249 a;
▼end ses oompagnons aox Tares, et se fait
mosalman, ibid,
Renaud de ChdtilUm, cfaevalier; son indigne
oondnite, 324 b. *
Restan ( La ville de), 66 b; prise par Aboa-
Obafda, 66 a.
RhadUb' lUak, vingtlime Abbasside, 200 h.
Rhodei ( L'lle de ), cooqolse par Moawlab, 96 b ,
99 a ; prise par lea hospitallers, 365 b; son
oolosse, 99 a.
Rkoeoe ( Le hamean de ), 18 b.
Rickanlie ( Les ), 20 b.
Richard, abb6 de Saiot-Titon, pterin k J^rasa-
lein, 225 b.
Richard Cceur de Lion^ Ills de Henri II , 232 a;
Phliippe-Aagaste Peidte oontre son p^,
328 b; 11 sacoMe k Henri II, 329 a; manl^
dont N se procure Fargent n^oessslre k la crol-
sade, ibid,; 11 s'allle k Philippe- Auguste, mals
s'en s^pare bientOt, ibid.; 11 d^barqae k Acre,
334 a; Insalte qoMl fait k Leopold d'Autriche
k la prise d*Acre, 335 b; ses cruaat^ , 336 a;
lutte entre Saladln et Richard , ibid.; 11 fait
des propositions de paix, 337 a ; sa rage k la
voeda mtotntentement de Parm^, 837 b;
paix entre ial et Saladln, 338 a; 11 qultte les
croiste, 838 b.
Robert, comte d*Artols, frire de saint Louis,
part poor la crolsade, 846 a ; II est to^ par les
mosnlmans, 347 b.
Robert, due de NoraMmdle, condamn^ aa p^le-
rinage de Jerusalem, 228 a ; 11 prend ie prin-
cipal ^tendard des masulmans, 299 a; II aban-
donne la croisade, 300 a.
Robert Courte'Henze, due de Normandle, part
pour la crolsade, 252 a, b; t1 se retire k Lao-
diofe, 270 a; son dlsooors aux crols^ sur
r^eetiori d*an rol, 294 a, b; 11 abandonne la
crolsade, 300 a.
Robert le Maine, chronlqaenr, anteur d*aoe
Histoire de Jiruealem, cit« 242 a, 243 b, 252 b,
960 b, 272 a; son rfcit de la dtoHiverfe de la
Sainte lance, 276 a, b. Voy. anssl 277 a, 281 a, b«
285 b, 299 *a.
Roderik, usnrpateordutrdned'Espagne, 139 a, b*
Remain, goavemeor da Bostra, 67 b, 58 a.
Jfomom Argyre, emperear byzantin, 6poux de
Zo6, anpolsooiit pals noy6 par elle, 236 a. i
S80
TABLE ALPHAB^TIQUE
Momain ( Diogpne ), emperear byzantin, batta
par Alp-Anlao, 318 a, b; sa ridicule vaults,
318 b. Yoir aoMl S87 a.
Homain le Jetiw, Ala de OonataDlin Porphyio-
gdoele II , et ^poox de Thtepbaoo, soo b; )a-
loox de la gloiie de If io^bom Pbocas, veat
to faire awMnlner, 9ca a; tl est empoisoon^
par sa famine, aos b.
Rome, piUte par Constaot II, 106 a.
Uos9euw Sami-Hilairt, bistorien fraofals, cit6
130 a.
8
Saad, flis d'Aboo-Wakkas, gto^ral arabe, 83 a.
Saadi, poMepersan, 161 b; les Fraocs le font
travailler k ane des trancbto de Tripoli,
' 863 a.
StUd'Ebn'Jmir, gto^ral arabe, 70 a.
SaiiUh, Titto de Syrle, Pancieaiie sidon, 34 a,
47 b, 175 b.
Saint Jean Damatcine ( Mosqnte de ), 41 b.
Saint'MartiH, orieoUlisle. cit^ 63 b.
Saladin ( Salab-Eddin, bonheur de la re/t-
gion ); son portrait, 331 a -333 b; ses pre*
mitres armes, 333 a; i( prend le tilre de
saltan, 834 a; s'emJMre de Tlb^riade et d^fait
les cbr^tiens, 336 b; ses oooqu^tes, 336 b,
337 a ; sa g^o^rosit^ h la prise de Jerusalem ,
387 b ; parall^ de Saladln et de Godefroy de
bouillon, 338 a; troisi^me crolsade,838 b;
li^ d*AcTe,330b; Saladin y bat les croises,
888 a; est foro6 de lever le si^, ibid. ; des-
cription de son camp, 333 a; sa leltre au
khalife de Bagdad sar le si^e d*Acre, 334 b;
lottre entre Richard et Saladin, 336 a; 11 est
battu devant Jaffis, 337 a; paix enlre lai et
Richard, 338 a; sa gfoirosit^, 338 b; sa mort,
ibid,; son portrait, 389-340; conadla qa*il
doone k son flIs, 339 b.
Saladine {Dtme), A quelle occasion elle est Ini-
titu^ 338 b.
Salem, prince maronite, II6 b, 1 17 a.
Samarah ( La dt6 de )» fondte par Motassem,
183 a, b; eesse d*Mre le si^ de Pemplre,
183 a.
Satnarkande, rille de la Boukharie, prise par
M^k-Schab, 831 a.
Samotate, YUto de FAsle Mineure, assi^g^e pds
achette par Bandouin, 366 b.
Sannin ( Pic du ), 30 a, b.
Saphet ( Village de >, andennement Pane des
quatre villes salutes des H^reux, 37 b, 38 a.
Satalie, yUte grecque de TAsie Mineuie; sps
habitants trabissent les croisds, 314 a.
SauierelUi ( Nu4es de ), 16 a, 16 a.
Scaliger, eit« 109 b.
Schahpowr, gouTcneor de ia troiiiene C^vs-
dooe, 106 b.
Schahab I Malaon), dynaatie de Scteks 4i
Uban, 363 a.
Sehaver, ^mir eomp^ttieor de Durgbn ««•
zirat, est sonteou par Ifoor-fiddin, 3tf ki
demande du seooois aox cbrttfens ei*
Nour-Eddin, 330 a; est mis a nott, 3Bk
Schir^Kou, gto^ral de Ifoar-Eddia , liitB»
gham, 319 b ; prend Belbeis , dyettfai*
assi^ par SebaTet, 330 a; fait lercr fcriip.
ibid.; fait deux ooavclica eaprdiliaw a
£gypte, 330 b; sa mori, tfruf. *
Sehourahbil, dtoyeo chef arabe, 88 a, 81 k
Sel4fouk, esdaYe oa chef de tiiba, faudilM
de la dynastie des SekUoukldea, 3i6a, bw
SeldjoukideM ( Les ), dynastie jwlMimr, 3» btt
sui?.
Sigur, diplomate et bistorien^ anteord^aae Jb>
toire wuvenelU, clt^SSS b.
SiUttciei Souddi«h),Tillec<tttiredeSyiie,n&
18 b, 47 a, 175 b.*
Sdlim /«% sultan deConstairfiiiople; soaenc-
t^ f^rooe, 357 b.
SenUin, ▼Ule <ie rEsdaTonle, est pfBeectwa-
gto par les crols^ 346 a.
S«pu<c7v ( Le saint ) est pfot^ oootie iB Xpb
parZUnisoes, 806 a.
Sirgius , gfo^ral romaln sous H^cadin, wa, k
Sidon, se rend k Zlmlsois, 308 h. Toy. SriU.
Sigtiftay, archeT^que de lfaycnce;fcisloke6t
son p^lerinage k JerusalesD, SS8 b.
Stm^off, patriacchedeJiftisaleBi, XMl^ak.
339a.
SiiMif, ills deThouloun, detr6o« parkkWk
Moktafi,l94b.
Sismondi, bistorien italien, autcor de f S*»!
det Fruueau, dt6 328 a, 381 b, saftLSHk
339 b.
SkanderouH. Toy. AlexandrttU.
Soknah, ville de Tandenne Palmyrtee feat fit
les musulmans, 59 a.
SoUil ( Temple du ), k Tadmor, 43 a -44 \,
SoUmiah, vlUe saocagfe par les Kbaishilln
196 b.
Sophroniut, patriarche de J^msaloa, 73 fe, %i .
77 a.
Soueidiih. Toy. Sileude,
SouUyman ( vulgairement SoUmau ), m»
seur de T^alid I*', 143 a, 143 a- 144 a.
Sotdegman, general et ooosfai de Mdik-Sd^;
ses conqudtes, 330b, 331 a;kUBnrtiF■^
Uk-Scbah, U se er6e un peUtroyaaiBe,Sk
Toiraossi 337 b, 338 a.
Sounna ( La)(tradltk«).rWB4eparsi*««
Moawlah,I04b.
Sour, Tille de Syrie, randenne rgr,»r^
ET ANALYTIQUE.
ZSX
47 b, 88b, 176 b ; priae pat lei cnMa, 804 b;
Ici y^tiem y atbttsMiit, mi doazlteMiUde,
one iMDafactore de vene, au b^
U^^opiUrm ( La TUIe de ), laooafffe par Thfo-
pblle,i7»b.
l^tvesin deSacff, orientaliBtofran^1s,ctt4 184 a,
181 a. Slab, 214 b.
lynuniM, o^Ubn vUle da Sidle, priae par Moa-
^wlah, 107 a, b.
9sffie Modeme : limovucnoH k rhistoire da
cette ooDtrte, I >a- 8 b^ Sa dbscbiption : •#
dtoomiDatkm arabe; noma dea Mnfi ooatrfea
qui la parlagealant aneteniiemeDt ; aa latitade
ei aa longitade; aea ttmltea; ^tendae de aea
cdtea. 7 a ; sa oonatltntion gfologlqoe, 7 a, b^,
vaiMM de aon cUmat, 7 b; rieheaae de son
rtgne "v^gMal, natare de aon terrain , vart^td
de aea aapeeli,8a; noma de aea prlncipales
moBtagnea, lear baatear, 8 a, b; aereanx,
8 b -II a ; oonfiguntionde aea riTagea, li a, b;
rigne mineral, is a; r^gney^ta), is a, b;
r^oe animal, IS b-l8 a ; aa aoperflcie, I8 a.
8E8 MTiaiOIISAGTDKLLES; 18 b, 48l>;pacAa-
Uk ^jilep, 18 b-SI a; jfaehalik d§ TripoU,
lia-aob; paehttUk d^Aen, aob-38a; pa-
chtUik de Damat^ 88 a- 48 b. CoNQOfiTBS DB
L'lsuui. £tat de la Syria en 83S, 48 b-49 a;
H^racUoa et Mabomet, 40 a- B3 b ; premt^rea
hoatim^a entra lea Arabea et lea Romaina,
SS b-66 a; aacete rapidea dea Arabea, 66 a-
60 b-, al40B de Damaa, 69 b- 88 b; progi^ de
ploa en ploa rapidea dea Arabea, 88 b-88b;
JbalaiUednrarmoak, 88 b-78 a; Omar |i J^m-
satan, 78 a '77 b; le ehiteao d'Alep, 77 b-
80 b; priae d'Antiocbe, 80 b*88 b ; combata
daaa le Liban, 88 b-87 b; lea Romaioa cbaa-
ala de Syrle, 87 b-88 b; la Syria aoua lea
Omniadea, earaet^rea dea premi^rea oooqnAtea
arabea, 80 a -OS a; oommeocement de Moa-
wiab, OS a-04a; mort d*H^acliiia , 04 a-
86 b; pvenlteea exp^tiooa maritimea dea
Arabea, 06 b- lOO a; gaerrea civilea cntre lea
Arabea, lOO a - 107 b; expMition oontre Gona-
tantioople, 107 b- ill a ; al^ de Conatanti-
BO|»le, III a- 113 b; origlne et progrte des
marooilca, lis b-ii7 b; levfe da ai^de
Conafantlnople, 1I7 b- ISO a; paix enire I'la-
' lam el rempire byzantin, ISO a- ISI a; ei^ra-
tkm d^«iid aukbalifat, isi a-lS8 a; moride
Moawiab, IS8 a -134 a ; T^zld , premier aoo-
eeaaeor do kballfat par h^rMitii, 1S4 a - IS7 b;
aHnatlon de la Syria an oommeocement de la
dynaatiedeaOmmiadea, iS7b-l80 b;aocrola-
acment de la pOlaaanoe morale dea kbalifea de
Daaaaa, 130 b-i34 a; noavelle defaite dea
Greea, 134 a- 136 a; proap^rit^ aecldenlelle .
de la Syria, I36 a, b ; caract^re d*Abd-el-Md
Uk, i86b-i88b;lapoeale et lea po8les ara-
bea ; 188 b - 137 b ; mort d'Abd^M8Uk, 137 b-
138 b; oooqoMe de TEgpagna, 138 b-i40a;
fortane de Walld !•' , I40 a-i«s a ; noaveaa
ai^ de Conatantlnople, I4S a - 146 b; Airan-
lement de la polaaance dea Ommladea, I46 b-
149 a; oommeDoement dea Abaaakiea, ue a-
I6t b; lea demiera Ommladea, I6I b- 164 a;
cataatropbe dea Ommladea, 164 a- 167 b ; lea
premiere abaaaldea, 167 b- 160 a; de la pen-
wbt orientale^69 a - 183 a; da I'art oriental,
188 a- 187 a ; de la po^aie orienlalc, 187 a -
171 b; dre de la dTiliaatioo ialamiqae, I7I b-
173 b; luxe orieptal, I73 b-i78 a; oooditiona
dea femmea muaafmanea, I78 a- 179 a; noa*
yeaax trooblea en Syrie, 179 a- 180 b; appa-
rition dea Tnrca en Orient, I80 b-i8i b;
domination dea Tarca, I8i b-i83 a; loia
aomptuairea de Motawakkel, 183 a, b; dtea-
denoe immlnente da khattfat, issb- 186 b;
deapotiame dea Tarca, 186 b- 188 b; lea kba-
lifea crtetarea dea Torea, 188 b- loi a ; domi-
nation dea Tbooloanidea, I91 a- 196 a; la Sy-
rie aooa lea Kharmathea, I96 b • 197 b; pltl4e
par lea Ikdilditea, 198 a; aooa lea Hamadani-
tea, 108 b-soo a; entzepriae de IfMptaore
Pbocaa oontre la Syria, soi b-S04 a; pre-
mise expMitionde ZImiaoteeo Syrie,S03 a, b;
aeoonde expMition, S04 b; la Syrle repriae
par lea Moaalmana, S08 a; lea Fatbimitea,
209 b; tyrannie de Hakem, sii b; «tat de la
Syrie k la mort de Hakem, 214 b ; lea SelOJoa-
kldea, S16 b; moroellemeot d^aaatreox de la
Syrie, S33 b; la Syrie mMdionale tehoit k
Toatoadi, Mre de M^llk-Schab, S23 b; lea
Tofkomana a*y r^pandent, leara exote, SS4 a, b;
la Syrle k I'^poqae dea premiere et aeoonde
cririaadea, S38 a et aoiv.; Salab-Eddla, 3SI a ;
noatelleaaooffranceade la Syrie aprte la trol-
* aiteiecroi8ade.34l a; qoatriteae eroiaade, ibid.;
dnquiimecroiaade, 842 a ; alxitaie crolaade,
343 a; lea TaUra-Mogola et lea Kbariamiena,
346 a ; aaint Loala , 348 a ; deatradlon de Tem-
pire cbi^tien en Paleatine, 360 a; lea Oamoo*
lla, 364 a; la Syrie toajoaca malbeurfoae, 366-
368 ; goovememrut dea padiaa, 367 a; aoof-
francea dea Syriena, 368 a. b; ^tat da Liban
en 1842, 380 a; ooncliuion, 383 b et aolT.
Syriem* Voy. Syrie modeme.
TadH-el'Mulk'Kami, aooceaaeur du vizir Nizam -
el-Malk, le fait aaaassiner, 223 a.
Tadmwr, Fandenne Palmyre, 43 a- 44 a, 48 a,
69 a.
Tancrede, oooain deBob^mood, 232 a; par.
382
IMNir taeroiiade, iMa; leat de toot les ba-
looi ffodaax oe rcod pat bommafe k Alexia
ComDtee, 366 b; iMplorable ooalUtentra Tan-
erMe ek Baudouio, 963 b; aaave rarmte 4
AnUocha, 967 a; sa bravoate, 960 a; ramtee
Pierre I'CrMile, qui cherobalt k fair, 970 a;
va pmqae seal reooDiiallre J^nualeBi, 986 a ;
d^oouvre ane fortt auz eavirons, 988 a; sa
dispute avec ArDoold, 9M b.
Tmraboulousi'ChatH, Voy. Tripolu
Tarkhan-Shatoun, femme de Melik-Scbah ; in-
triguecoDtre le vizir NUam-eNMulk, 993 a, b.
Torse, viile de rancieoDe Cilicle, prise par Bo-
bdoioad, 280 b.
Tatars- Mpgola ( Les ) et les Kharismieos,
8A6 a; leun conqu^tes soos GengUkao, ibid*;
soas Houlakoa, 849 b.
Tsbrizi, bistorien arabe, dt^ 188 a.
Tekbir ( Le ), pri^ arabe^ 70 a.
Ttmulicus Melchi, l&ealenant de Zlmisces, battu
par les Arabes, 204 b.
Ttmplien ( Les ), 807 b; leun querelles avec
les liospitaliers, 396 a el 343 a; lear grand
maitre est pris par Saladin, 326 b.
Thagadj, goavernear de Damas, meartrler da
fllsde KbamarcKiiab et comp^Uleur k rempirr,
194 b.
Thaher, fondatear de la dynasUe des Thab^<
rites, dt« 195 b.
Thaherite* ( Dypastie des ). Voy. Thaher.
ThdUb, triba arabe, I9K b.
Tharik, ci\tbrt chef berbere, 139 a - 140 b, 148 a.
Thashahf pr^tendant h la saccession d'Otbman,
lOi a, b.
Theodora^ s«ar de llmp^ratrloe Zo^, 236 b.
Theodore, prince d^^desse, adopte Baudoaln,
966 b ; est prMpit^ par ses su^pls, ibid.
Theodore, ills deTbtodore fr^re d*H^racIiUs,
68 b.
Theodore, tthn de rempercar H^acllus, 60 b,
61 a.
Thiodore, gouverneur d^Axaz, 80 b, 81 a.
Thdodose, fr^re de Constant 11, 104 b.
ThiophanCy bistorien byzantln, cit^ 47 a, 56 b,
61 a, 62 b, 69 b, 73 b, 76 b, 83 b, 88 b, 94 a,
99 b, 100 a, 109 b, 106 b, 108 a, I09 b, 112 b,
114 a, 115 a, 119 a, 193 a, 124 a, 135 a, 141 b,
149 b, 146 a.
Thiophano, coartlsane de Constantinople, pats
femme de Romain le Jeane, 200 b ; elle Pem-
poisonne, pais devlent repoase de Nio^pbore,
qui alors s*empara da goavemement, 902 b ;
ilprise de Zlmisces, elle sacrifie Nic^phore,
qu*elle lul fait assassiner, 904 a, b; Zimiscte
la fait renfermer dans an monast^ ibid.;
paralieie des imp^atrices Tbtopbano et Zo^
236 a.
TABLE ALPflABfiTICtJE
TheophiUi Vaupetmu )» I79a-180 a,t8ik
Thibautie Nomurre, cit^ 364 b.
Thien, dipkniuitA et bistorien fnofaii; a^v
de rtftftoirv du ConsuUi et de rEmpat^m
869 a.
Thognmi^Bev. pettt-fib de Sd^ook, 2isb.
Thomas, geodre de rempereur HeraefiiB, Ol
64 a.
Thotdtmn. Toy. Ahmed-hem-Thtmlma.
Thoulounides, dynaatie (bndte par AhaBeM»
^TbookMin. Yoy. Ahmed 'kem-TkmOmm ct
Tibere ( Le faux emperear ), 148 b.
Tibtriade, vUlede randemie Palestill^ TV
89 a; se rend k Zimisote, a06 a; Salsfia b
prend, 326 b -, Dbaher s'ea empare, 858 k
TibMade ( 'Lac de ), 8 b.
Tifiisy ville capitale de la Gtergfe, 96*.
Timom^leng defalt Batazet, 3M a.
Tolaiah, transf uge arabe» 88 a.
Tortose, ville greoqoe de Sycie , FaoeieaBr 0^
chosiast 98 a» 47 b, 68 a; priae par tescnks^
289 b.
Totark, Aiabe de Bagdad, kqul Zimiseis co*
le oommandement de Damas, 906 b.
I^iouch, Mn de Mdik-Schah, UAiak ea pir
tage la Syria mMdlooate, 99S b.
Dnemblement de tern, l» a, 348 a.
TrHfe de Dieu; ce que ci'^ait ; eeoz qiiliviE»-
ient soot ooDdamnte aa ptetnage deJaw-
lem, 997 b, 941 b.
Tripoli, ville de Syrle« aetadleawDt 21rI»
louei'Cham, oa les noit^Fittes, 9ib-9A
47 b, 88 b, 176 b; ae rend k TAmWfoa^mii
son ^mir est vainca par lea crolsA dK»
diMe,984 a ; SaaditraTaOleli aea IbiliflLi**
863 a.
rrtpofi ( Paebalik de ), 91 ft-80 h.
Tyipolitaitu ( H^rofsme de dem Irites \»»^
loo a.
Trithurius ( 'niA>dore ), gdodral i
laire imperial de Taham, 61 b, a b.
TruandSt ramas de brtgaods; km d
dans rarm6e dea crols^ S73 k
Tudeboth, diroaiqiiear, atilear d*BBe i
du voyage A Jirusalem, dt« 916 b,XH a, t»a.
Turcs ; parallde de ee people avec eelol ds m-
men, 199 b; lears oonqottes mm ks SaH-
joukides, 916 et soiv.; portrdt des Itnd ac-
toels, 864 a, b.
Turkomans ( Les ), raee bAtarde d« Taa, se
r^ndent m Syrie; lea exete qelli y «•-
mdtent sartoat k 1i>4gaid dea pderlas, 9M a«b.
Tyanes, ville de
par Modemah, 141 a.
Tgr. Voy. Sour.
ET ANALYTIQUE.
883
U
Vrbam // ( Le pape ), 932 a, 234 a, b, a$0 b;
ooDToqae ud oondle k Plaisance, 340 b ; pais
k Clermont, 341 a -343 a; ses prescriptions
pour les croiste, 343 b.
Fadelvoeka, la m^e vilte qa^Hiliopolis; prise
par Zlmiscte, 306 b.
Fahan, persand'orlglne, commandant destroQ-
pes d'HeracIias , 61 b, 62 b, 68 b- 70 a, 73 a, b.
Villani ( Jean ), bistorien italien, auteur d'une
HUtoire de Florence, cit^ 844 b.
ri7/eAan2otim,cbroniqaearrran^is, cit^ 343 b.
FittU ( Orderic ), chrdnlqueor normand}, dte
341, 262 b.
fFakedy^ bistorien arabe, ctt6 69 a, 7i a, so b,
'80. a.
JTaiidl*; flls alo^ etsaccesseur d'Abd-el-M^lik,
138 b, 139 b, 140 a; saft^ortune, 140 a- 142 a.
Voy. anssi 150 b, Kl.a.
ff^alid 11, saoceaseor da kbalife Ibesebam,
161 b.
fFatek ( Le r^n^t ), 83 b.
fTridon, la mteie qae Beryte, se rend k Zimis-
cte, 206 b.
Yd/a, 46 a. Voy. Jaffa,
YfUrahoulM i Village de ), pr^lendu bAU sar
Templaoement de I'aotique HierapoliSf I9 b.
Yarmouk ( Bataille de ). Voy. Syrie Modeme,
Yarmouk ( Eivl^ de ), 69 b.
Ybrahim oa AdonU, riviere de Syrie, 29 a.
Yimen, one desr^onsde l*Arable; parallde
de sa habitants avec les Tares, 199 b.
Yixidy ills et saccesseur da kbalife Moawiah,
117 b, 118 b, 119 a, ^20 a; son ^l^vation au
khalifat, 12i a -123 a; il «t le premier Sac-
cesseur da kbalifat par b«r^t6, 134 a*i37 a.
Yizidt guerrier arabe, 69 b, 77 b, 83 a, 89 a, b.
Yezid III, cousin de VTalid IT, et son oomp^ti-
tear, I6i bi62 b.
Youkmna, gouveroeur d*A1ep, 78 a -81 a, 82 b,
88 b, 84 a, 86 b, 86 a, 88b, 89 a.
YouMouf. Voy. Saladin,
Zafd, affranchi de Mahomet, 62 b.
Zanfiiet ( Chronique de Comiliua }, cit^ 866 a.
Zem-zem, pults sacre k la Mekke , combi^ de
cadavres par les Kharmathes, 196 b.
Zenghi ( £road-Eddin ), 4mir de Bassorah, 309b;
menace la domination franqae, SIO a ; prend
fidesse, 3iob, 311 a. Voy. auMi 316 b.
Zerrad ( le faiseur de cuirasses ), livre Aotiocbe
aax croisM, 274 a.
Zimiscis, lieutenant de Nlc^phore Phocas, lui
sacc^de dans le commandement de Tarmi^,
202 b; ses exploits, 303 a; 11 excite la Jalousie
de If io^phore, 203 b; est disgraci^ par lui,
204 a; s'en venge par an assasslnat, et Spouse
Tbfopbano, qa*il fait ensuite enfprmer dans
an convent, 204 a, b; entrepreod une secoode
expMiUon en Syrie, 204 b; sa Jettre k Alchod
Cbahin , rot de la Grande- Arm^nle, dans la-
quelle il lui raconte ses exploits, 204 b- 207 b;
caract^re de ses expMiUons, 907 b- 209 b;
11 est empoisonn^ par un eunaque, 308 a;
sa conduite k la prise d*Alep.
Zobair, pr^tendant k la succession d*Olliman,
101 a, b.
Zo^f impera trice, ni^ de Basile II; ses debau-
ches, ses amants, 236 a; elle spouse Con.stan- ^
tin Monomaque, 236 b.
Zjonaras, bistorien grec du douzitMne sitele,
cite 49 a, 202 a, 204 b, 209 a, 218 i).
••••*«•»«•••*«••••«•••••£••••«•«••«»»»•*»**•••••••• ••»»»«**«*»»««»*f
TABLE DES MATlfeRES.
IntrcxlucliOD. : i
Descriplion de la Syrie (
Divisioos actuellM de la Syrie. • .- is
Pachalik d'Alep *i
PacbalikdeTripoU ' n
Paehalik d'Acro M
Paclialik de Damas 4
Conqu^tet de nslaoi .- M
£tot de la Syrie en 622 : M
H^raclias et Mahomet M
Premieres hostility entre les Arabea et lea Romaiiu 9
Succte rapides des Aiabea ^
Sl^ de Damas »
Progrte de plus en plus rapides des Arabes ^
Bataille dTarmouk. ^
Omar h J^salem ^
Le ch&teau d'Alep ^
Combats dans le Liban 1^
Les Remains cliass^de Syrie ^
La Syrie sons les Ommiades. . *
Caract^ des premieres oonqu^tes arabes. ^
Cemmencemenls de Moawiab *
Mort d'H^racUus ; *
Premises expeditions maritimes des Arabes .* ^
Goerres civUes entre les Arabes. ^
Exp^tion contre Constantinople ^
sage de. Constantinople "^
Origtne et progrte des Maroniles • '^
LeT^dnsi^de Constantinople • ^^
Palz entre fislam et Tempire Byzantin '^
JftKraUon d*y&id au khalifat "'
Mort de Moa?iah ^
Y^tid , premier successeor do khalifat par hMAM ; ^^
Situation de la Syrie ai. commencement de la dynastie des Ommiadea. ^
Accroissement de la puissance morale des kbalifes de Damas. ^'
NoQTelle d^faite des Oreca. • ^
8S4
S8 (•HNHaaon SIHAS) •uostwatI •sz
g ••• eep^STOJo sep 9J©atp •af%o»jiiO
8 9tl•T^fJq9 ©ep •Svn^aaxfd
5 •T*^^ «T •? xn0a^«Mfp tuevatl^OJOif
S • • • • • q»M08-3|TItil
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S ••PMnopPTes ••^
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I • %Q9T-<0 ^* 'OJinx ••P uoxtTJ^ddy
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•T^Xg «X •P 9XX«^«^PT00« f^TJ♦<I•o•Xd
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• • I
TABLE SSS 1UTIKRS8.
Pages.
. dm l*Xurope avant la praaiire croldada 233.
; (to l^Oriant au onsiiiw ai4cle 235
v# d*Ermlta 236
(ilea de Plalaanee et de Clermont 240
inleaent de 1' Europe • ••••••••• 243
«*e de Pierre d*Ermite 244
iroiaade du eriae •••• 247
lion dea chroniqueura sur lea preaiere croiaia...* 249
reaant dea ara^ea f4odalea • 250
lage rendu par lea all lie fiodaux A Alexia Coanine* 254
oroiaAa f4odaux en Aaie Mineure 257
re de NicAe ibid.
lille de SorylA 260
rf rancea dea croiaAs en Aaie Uineure • • • • 261
lorable conflit entre TanerAde et Baudouln 263
irtion de Baudouin • • 264
croiaAa devant Antioche 267
kre et faaine dana le eaap chtAtiea 269
taaada du khalifa d*Egypte 271
le d* Antioche par lea croiaAa 272
priae d*Antioche 274
LTrance dea croiaAa 277
tardea, Apidiaie, meaaagea en Europe ••• 278
luite cruelle et dAplorable dea croiaAa 260
LvAe dea croiaAa devant JAruaalea • 264
;e de J&ruaalea 266
le de JAruaalea •• 266
tion de l*ialaa 292
Uion de Godefroy de Bouillon coaae roi de <^Ai^fa* 293
rpation du patriarcat 296
lille dUacalon ••••• 297
le de Godefroy • 299
t de Godefroy 301
le de Baudouin d*Edeaaa ••••••• • •ibid.
le de Baudouin du Bourg et de Foulquea d^AnJou ••• 303
idence de la doaination franque en Orient 306
hoapitaliers et lee teapliera • 307
Aeaent de Baudouin III • •••• 306
)nde croiaade ••• 312
la VIII et Conrad III A JAruaalea 315
r-lddin 316
(r&B de l*ialaa contra la croix 317
)lutiona en Egypta 319
ih-Eddin 321,
L
TABLE DBS lUTIERES 367
Pages.
d^nce du roj^aume da JArusalam ••• • 324
•tropha da •^Aruaalaa •••• 326
slAma croisada 328
a d*Acra (PtolAmaXs) ••• 330
Ition da Saint-Jaan d*Acra 334
a antra Richard at Saladin 336
dci Saladin 336
alias souffrancas da la ^rla ••« • 341
&ma croisada •••••#•••••••••• ••• 343
Tatars-Mogols at kaa Kharianiana ••••315
t Iioula ••••• 346
ruction da l*amplra chr4tlan an Palaatlna 350
Itats das Croisadaa 351
Oasuinlla 354
arnaaant das pachas ••••••••• • •••• 357
du Llban an 1642 ^ 360
luaion ••• • • 363
asr
PLACEHBNT SES GRAVURS8
▼oluB« a d^ux paginations, l*una pour la Syria An-
•nna, l^autra pour la Syria Modarna: quoiqua das daux a
rias da planchas portant an tata,las unaa Syria An-
inna.laa autras Syria Modarna, allaa dsTront atra
tarealAaa au taxta ainsi qua la porta 1* indication
Lvanta i
Taxta da la 8YRIS ANCIKNNI.
La paga ' < A 1 a paga
^raapla da Jupitar A Baal-
l.La carta da la Syria
ancianna.
S.Vua dd la chaina du
Lib^ pr4s da BayroiAh
I.Mdaillas das villaa,
pl«8.
e. Sculpture A Bayrouth,
}.|^daillaa daa roia,pl.
r.cinotapha da CaXda CA-
aar pris da Hana EaiAsa,
pl.22«
l*Antiocha,pl«l(8yria
modarna).
l.Rulnas ditaa da la
Porta da far A An-
tiocha, pi* 21.
bak.piaa.
jPorta du Tampla da Jupitar
A Baalbak, pl.li.
,^^iPlan du Tanpla da Jupitav
110/A Baalbak. Dl. 14.
Plan at lUVation du Taa-
pla circulaira A Baalbak,
fBl.17.
Coupa tranavaraala du
Tampla da Jupitar i.
Baalbakt pi- IS.
Ruinaa Afmn Tampla k
^'iaaama, pkae.
119. Pont prAs la couvant
St.-Antoina, pi* 24.
da
Taxta da la SYBIE liOSSBNB.
A (la paga
la paga
..Vue g4n4rala da la Uoa-
QuAa d*Rabron,pl.l2.
).Fort A lantraa du port
da Bayrouth, pi .20.
..Entr4a du port da Bay-
. routh,Dl.21.
S.L'una aas portas da
Ian g4n4ral du Tampla du
lolail A,Baalbak(Qyria
iHCianna), pi .10.
ampla circulaira A^Baal-
bak( Syria ancianna) .pi •16.
46. Jaffa, pl.4.
Bayrouth, pi. 19. ^J-"^" *J ^^^^^ fl;i^-
I.Tombaaux A Tartoua,Tor- 59. Porta A Oamaa, pi. 23.
toaalSyria ancianna )« 66. Couvant daa Darvichaa A
8ath*drala da Tortoaa, gce-ErSlllia^ii^iura A An-
i.tripoii, pi. S. tiocha(8yria ancianna),
t.Las cAtoa du Liban(Sy- pi -20.
ria ancianna), pi. 4. 282. Tortoaa (Tartoua),pl.a-
.Rochars aculpt*s A Bay-327.Tyr, pl..3.
routh(^ria ancianna), SSB.Tombaaux A Oamaa, pi. 24.
pl.6.
• Pont oris da Bayrouth,
talaia da lUmir A Bat-
adin ou I)pt4din,pl.l4.
dam, pi. is.
Chapyalla da la Nativl-
t4 a Bathliam,pl.7.
Egliaa A BatJ14am, pl.6,
idam. pi .9.
-b
lS.Vu« •xt4rieure d« la
Porte d« M«dl08 k
intioch«(^rle an-
cl«on«)t pi* 19.
/Vu« g4nArala das Ru-
Ulinas da Baalbak( Syria
/anciaima)tpl«9«
ATaspla du Solell k
IBaalbakCSyria an-
Vplanna)* pi* 11
353«Chataau pria da
Tripoli, pl.l6.
350.Cloitra da Saint-
Jaan-d*Aera,pl«ll.
362. Vua int4riaura da
fortifications k
Bayrouth, pl.22:*
359.Saint-JaanAd*Aera,pl.
6.
U das Souaoriptaurs qui ont racu avac la livraiaoa
no. 1491a la granda planeha raprAaantantlaa ruinaa
da Palmyra davront la conaarvar,pour la Joindra
au eoluaa naintanant sous praaaa. da la ChaldAa,
Babylonia •PhAniclia, Palfl^yrinai atc«
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